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Full text of "Dictionnaire universel, historique, critique, et bibliographique;"

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DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL, 

HISTORIQUE,   CRITIQUE 


ET  BIBLIOGRAPHIQUE. 


TOME  YUJ. 


GRAA.  =  HY 


L.  PRUDHOMME,  Editeur,  rue  des  Marais , 

au  bureau  du  Lavater  5 
CiiKZv^  PRUDHOMME  fils,  Imprimeur-Libraire, même  )>  à  Pari*. 

rue ,  n°  i  y  j 
GAriNEPxY  ,  Libraire ,  rue  de  Seine  j 


i 


Madame  BUYNA?JD  née  BRUYSET Lyon, 

Mademoiselle  LKROY  et  Compagnie Caen. 

Au-ô Amiens. 

Frîirk  ,  aîné Rouen. 

VALLÉEjalût' Id, 

Renault Id. 

Blocquel  et  CastiAitx Lille. 

Stapleaux - Bruxelles. 

Victor  JIangiw Nantes. 

BïJSSET'IL Il^id. 

Lafite » Bordeaux. 

DuRViLLE Montpellier. 

FoDRiER-MiME Angers. 

Catikeau Poitiers. 

Desoer Liège. 

BovARD Aix-la-CIiap. 

Xjeroux Mayence. 

ElisiÇe  AxJiiAHEt Tarascon. 

4jossE Bayonne. 

Pertuès Hambourg. 

IiiMERZEEL  et  Compagnie Amsterdam. 

Uaîlang Berlin. 

Artaria.  .  . Vienne. 

Auici,  Libraire  de  la  Cour S.  Pëtersbourg. 

Riss  et  Saxtcet Moscou. 

Brummeh Copenhague. 

ÈOREL    €t    PiCHARD NapleS. 

BoRET,  et  PiCHARD Rome. 

GiEGLER  et  DuMOLARD • Milan. 

Gries^iammer Leipsick. 

EssLiNGER Francfort. 

Et  chez  tous  les  principaux  Libraires  et  Directeurs  des  postes. 

Les  articles  nouveaux  sont  marqués  d'une*.  Les  articles  anciens ,  corrigés 
"Jli  augmentés  sont  distingués  jjar  une  f. 


DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL, 

HISTORIQUE,  CRITIQUE 
ET  BIBLIOGRAPHIQUE, 

Ou  Histoire  abrég<'e  et  impartiale  des  hommes  de  toutes  les  nations  qui  se 
sont  rendus  célèbres,  illustres  ou  fameux  par  des  \ertus,  des  talens  ,  de  grandes 
actions  ,  des  opinions  singulières  ,  des  inventions  ,  des  dëcouverles ,  des 
monumens  ,  ou  par  des  erreurs  ,  des  crimes  ,  des  forfaits ,  etc. ,  depuis 
la  plus  haute  antiquité  jusqu'à  nos  jours  ;  avec  les  dieux  et  les  héros  de  toutes 
les  mjthologiesj  enrichie  des  notes  et  additions  des  abbés  Brotier  et  Mercier 
DE  Saint-Léger,  etc.,  etc. 

D'après  la  huitième  Edition  publiée  par  MM.  Chatjdgn  et  Delandine. 

NEUVIÈME  ÉDITION, 

REVUE,   CORRIGÉE    ET    AUGMENTÉE    DE    l6,000  ARTICLES   ENVIRON, 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ  DE  SAVANS  FRANÇAIS  ET  ÉTRANGERS. 


jimicHS  Plato  ,  amicus  jiristolelea  ,  magis  arnica  Veritas 


Suivie  de  Tables  chronologiqvies,  pour  réduire  en  corps  d'histoire  les  article» 
répandus  dans  ce  Dictionnaire. 

Ornée  de  1,200  portraits  en  médaillons. 

TOME  VIII. 


PARIS,     ^m^ 

DE  L'IMPRIMERIE  DE  MAME  FRÈRES 
18  10. 


PORTRAITS 

QUI  SE  TROUVENT 

A  LA  FIN  DU  TOME  YIIL 


PLANCHE  XL. 


(juARiNi  (Jean-Baptiste). 
GuESCLiN  (Bertrand  du). 
GuicHARDiN  (François). 
Guide  (le). 

GuiLLAUME-LE-CONQUÉRANT. 

GuiLLAU3iEj  prince  d'Orange. 


Guise  (François,  duc  de). 
Guise  (Henri,  duc  de). 
Gustave  (Adolphe). 
Gustave  III. 
Gustave  Wasa. 
GuTTEMBERG  (Jean). 


PLANCHE  XLL 


Habert  (Henri-Louis). 
Halle R  (Albert), 
Halley  (Edmond). 
Hall  (  J  osepli  ). 
Hamilton  (Antoine). 
Hampden  (Jean). 


Handel  (Georges-Frédéric). 
IIarcourt  (Henri  deLorr.  d'). 
Harcourt  (maréchal  d'). 
Harlay  (Achille  de). 
Harlay  (François  de). 
Harpe  (Jean  de  la). 


PLANCHE  XLIL 


Harrington. 
Harrisson  (Jean). 
Harvey  (Guillaume). 
Hecquet  (Philippe). 
Heinnecius  (Jean). 
Heinsius  (Daniel). 

T.  VllI', 


Héloïse. 

Helvétius  (  Claude-Adrien  ). 

Henault  (Jean-François). 

Hennuyer  (Jean). 

Henri  HL 

Henri  IV. 


2122GR1 


PLANCHE  XLIII. 


Henri  V. 

Henri  VIL 

Henri  VUI. 

Henriette  de  France. 

Hérodote. 

Hésiode. 


Heurnius  (Jean). 
Heyn. 

HiPPARQUE. 
HiPrOCRATE. 

Hor.BEs  (Thomas). 
Hugarth  (Guillaume). 


PLANCHE  XLIV. 


Holbein  (Jean). 

Homère. 

Horace. 

Hortensitjs-Quintus. 

HospiTAL  (Michel  de  1'). 

Houdart  de  La  Motte. 


HouLiÈRES  (madame  des). 
Hugues  CAPET,chef  delà  3^  race. 
Hume  (David). 
liuNiADE  (Jean  Lorrin). 
Hus  (Jean). 
HuYGHENS  (Gommare). 


NOUVEAU 

TIONNAÏRE 


HISTOPJQUE. 


GRAA 


GRAB 


-;- VJRAAF  ou  Graef  (Reignier 
de),  médecin,  né  à  Schoonhove  en 
Hollande,  l'an  1641,  d'un  père  cé- 
lèbre |);ir  plusieurs  machines  hydrau- 
liques ,  le  fut  lui-même  par  quel- 
ques découver  les  anatomiques.  Après 
avoir  étudié  à  Leyde  et  en  France , 
il  se  relira  à  Delfl,  où  il  mourut 
le  17  août  1670.  Gruaf  s'éloit  ac- 
quis ,  dans  un  âge  peu  avancé , 
une  grande  réputation  par  de  savans 
ouvrages.  I.  De  succu  pancreahco, 
Leyde,  1664  ,  in-12  ,  et  1.671  ,in-8°. 
II.  £>c  virorum  organis  generationi 
inseivientibus  ,  Rolerdam ,  1668 
et  1672.  111.  Un  Trailé  semblable 
sur  les  organes  des  femmes  ,  à 
Leyde,  1672,  in-8°.  Il  prétend  dans 
ces  différens  écrits  que  tous  les  ani- 
maux tirent  leur  origine  des  œufs. 
Avant  lui,  Stenon  avoit  prétendu 
avoir  vu  ces  œufs  ;  Graaf  lui  disputa 
cet  avantage  ;  Swammerdam  reven- 
diqua aussi  la  même  découverte  ; 
mais  il  paroit  qu'il  n"y  avoit  pas  de 
quoi  se  quereller.  Vallisnieri ,  en  exa- 
minantcesprétendusœufs,  a  reconnu 
ou  cru  reconuoilre  que  cène  sont  que 
les  réservoirs  d'une  liqueur  fécon- 
dante. Quoi  qu'il  en  soit,  le  système 
de  l'ovairisme  a  eu  de  grands  par- 
tisans et  n'est  pas  encore  générale- 
ment abandonné,  malgré  les  diffi- 
X.    VIII, 


cultes  insurmontables  qu'on  lui  op- 
pose ,  ainsi  qu'à  ceux  des  autres 
naturalistes  occupés  à  expliquer  uu 
mystère  qui ,  au  jugement  des  plus 
grands  physiciens  ,  ne  sera  jatuais 
éclairci.  Tous  les  ouvrages  de  Graaf 
furent  recueillis  à  Leyde,  1677  et 
170.')  ,  in-S°.  On  a  traduit  en  fran- 
çais son  Histoire  anatamique  des 
partiesgénitales  de  V homme  el de  la 
J'emme  qui  servent  à  la  génération, 
Kàle  ,  1699  ,  iu-8°. 

*  GRABA  (Jean -And ré),  mé- 
decin de  Mulhauseu  dans  la  Thu- 
ringe  ,  pratiqua  son  art  à  Erfurt,  et 
mourut  dans  sa  ville  natale  en  1669. 
On  a  de  lui  quelques  onvrages  en 
allemand  sur  la  fièvre  péléc/iiale  ; 
la  maladie  de  Hongrie  ;  la  petite 
vérole;  larougeole  ;  et  le  suivant  qui 
est  écrit  dans  le  goût  de  l'académie 
impériale  ,  sous  le  litre  lYElapho- 
graphia  ,  sive  cervi  Descriptio 
physico  -  medico  -  chymica ,  Jenae , 
1667  ,  in-8". 

t  GRABE  (  Jeaii-En>est  ) ,  né  à 
Kœnigsberg  en  Prusse  l'an  1666, 
quitta  sa  patrie  pour  l'Angleterre  , 
où  il  fut  ordonné  prêtre.  Il  reçut  le 
bonilet  de  docteur  à  Oxford ,  ob- 
tint une  pension  du  roi  Guillaume  , 
1 


2  GRAC 

qui  fut  contiQuée  par  la  reine  Anne , 
et  mourut  à  Londres  le  1 5  novembre 
1711.  Ce  savant ,  qui  s'est  fait  hon- 
neur par  ses  counoissances  dans 
Tantiquilé  ecclésiastique,  n'avoit 
ni  assez  de  génie  ni  assez  de  jugement 
pour  bien  discerner  les  faits  et  les 
autorités.  Tl  eut  plutôt  la  réputation 
d'un  liomme  laborieux  que  celle  d'un 
grand  critique.  On  a  de  lui,  I.  Un 
Spicilegium  des  écrits  des  Pères  et 
des  hérétiques  des  trois  premiers 
siècles,  Oxford  ,  I7i24  >  2  vol.  in-8°. 

II.  Uue  édition  de  \ Apologie  de 
saint  Justin  martyr,  in-fol. ,  1700  , 
en  grec  et  en  latin,  avec  des  notes. 

III.  Une  autre  des  Septante  ,  suv  le 
manuscrit  alexandrin  ,  Oxford  , 
1707  à  1720  ,  4  vol.  in-folio,  réim- 
primée à  Zurich  en  1700  ,  même 
format:  cette  édition  est  plus  ample; 
la  première  est  plus  belle.  IV.  De 
fbrnidconsecrationis  Eiicharistice , 
Londres ,  1721,  in-S".  V.  Une  édi- 
tion de  saint  Irenée ,  Oxford ,  1 702  , 
in-folio ,  qui  fut  effacée  par  celle  de 
D.  Marsuet ,  Paris,  1710,  iu-fol. 

t  I.  GRACCHUS  (Tibérius  et 
Caïus  ) ,  fils  de  Sempronius  Grac- 
chus  et  de  Cornélie  ,  fille  de  Sci- 
piou  l'xlfricain  ,  furent  très  -  bien 
élevés  par  leur  mère  ,  et  se  signa- 
lèrent l'un  et  l'autre  par  leur  élo- 
c[uence  et  par  leur  zèle  i)Our  les 
intérêts  du  peuple  romain.  Tibé- 
rius s'étant  fait  élire  tribun  du  peu- 
ple ,  demanda  ,  qu'eu  exécution  de 
ia  loi  agraire,  quiconque  possède- 
roit  plus  de  cinq  cents  arpens  de 
terre  en  fût  dépossédé  ,  que  ces 
terresfussent  réparties  entre  les  plus 
pauvres  citoyens;  et  que  les  pro- 
priétaires fussent  obligés  à  ne  se 
point  servir  d'esclaves  pour  les  cul- 
tiver ,  mais  de  gens  de  condition 
libre  pris  dans  le  pays.  Il  falloit  un 
homme  aussi  audacieux  que  l'éloii 
(îracchus  pour  faire  passer  une  loi 
si  contraire  aux  intérêts  du  sénat 
et  de  la  uoblesse.  lille  pajîsa.   On 


GRAC 

le  nomma  commissaire  ou  trium- 
vir ,    avec    Appius  f'iaudius  ,  son 
beau-père,  et  Caïus  Gracchus ,  son 
frère  ,  pour  faire  la  distribution  or- 
donnée. Tout  concourut  au  succès 
de   son  entreprise.    Altaie,  roi    de 
Pergame  ,  mort  sans  enfans,  avoit 
nom  mêle  peuple  romain  son  héritier. 
Gracchus  se  saisit  de  ses  trésors  au 
notu  du  peuple  ,  et  les  distribua  à 
ceux  des  citoyens  qui  ne  pouvoient 
pas  avoir  part  à  la  distribution  des 
terres.  Son  triomphe  fut  de   courte 
dtvrée.  Il  fut  massacré  au  milieu  de 
ses  partisans  ,  le  même  jour  qu'ils 
alloient  le  continuer  dans  le  tribu- 
nat    pour   l'année   suivante,    i.^o"^ 
avant  Jésus-Christ.  Caïus  Gracchus, 
son  frère  ,   plus  emporté  que  lui  , 
plus  ouvertement  ambitieux  ,  ayant 
donné  de  l'ombrage  au    sénat,  fut 
tué  environdouzeansapres.il  avoit 
été  soupçonné  d'avoir  trempé  dans 
le  complot   qui    lit    périr    le   jeune 
Scipion  l'Africain.  L'abbé  de  JMably 
a    peint  ainsi  les   deux  Gracques  : 
«Tibérius Gracchus  avoit  toutes  les 
qualités  qu'aimoit  le  peuple  ,  dont 
il    se   disoit    le  libérateur ,   et  que 
haïssoient  les   riches   qu'il   vouloit 
humilier.  Son   éloquence  ,  douce  et 
persuasive  conduisoit  à   la   terreur 
par  ia  pitié.  Jamais  homme  ne  fut 
plus  altier,  et  n'affecta  tant  de  mo- 
dération.  Adroit    à    émouvoir   les 
passions,  plus    habile  encore  à  eu 
nourrir  le    feu,  il    serabloit  plutôt 
se   laisser  emporter  par  les   senti- 
mens  de  la  populace  que  lui  inspi- 
rer les  siens.  Toujours  courageux  , 
mais    presque  toujours     timide   en 
apparence ,  la  crainte  qu'il  affecloit 
fut  un  aiguillon  pour  le  peuple  :  et 
la  cuirasse  dont  il  éloit  couvert  ,  et 
qu'il  lui  faisoit  adroiiement  aperce- 
voir, en  feignant  de  la  cacher  ,  l'a- 
vertissoit  coutinuellemenl  des  dan- 
gers qui  le    pressoientj    et   que  le 
moment  d'exécuter  éloit  le  moment 
présent.  Tout  ce  que  Rome  renfer- 
moit  de  citoyens  que  la  loi  Lici- 


GRAC 

nia  oHensoil  se  souleva  conlre  Ti- 
bériiis.  Le  Iribiiu,  aigri ,  devint  phis 
impétueux ,  et  les  injures  île  ses 
enueinis  lassèrent  sa  probité  ou  dé- 
masquèrent sa  politique.  Ses  vrais 
sentimeus  se  firent  voir  an  travers 
de  la  modération  snus  laquelle  il  se 
cachoit  également  au  peuple  et  aux 
grands.  L'amour  de  la  patrie  ,  sou 
salut  ei  l'intérêt  public  ne  servirent 
plus  que  d  vm  prétexte ,  ou  pour 
consommer  sa  révoile  ,  ou  pour  ren- 
dre "sa  perte  plus  dillicile,  eu  in- 
téressaul  à  son  sort  uu  plus  grand 
nombre  de  citoyens.  Caïus  hu  suc- 
céda ;  mais  il  n'avoil  jamais  eu  les 
dehors  de  probité  qu'on  a  voit  vus 
dans  son  frère.  Les  efforts  qu'il  s  éioit 
faits  pour  renfermer  son  ambition 
et  sa  vengeance  avoienlciiangé  tons 
ses  sentimens  enpassionet  enlureur. 
Il  regarda  la  loi  Licinia  comme 
l'ouvrage  de  sa  maison.  Vaste  et 
tunniltueux  dans  ses  desseins,  hardi 
et  violent  dans  l'exécution,  nourri 
depuis  long -temps  des  idées  les 
plus  ambitieuses  ,  avec  lesquelles 
il  s'étoit  familiarisé  ,  il  fut  extrême 
dès  qu'il  put  agir;  il  vouloit  fran- 
chir, el  non  pas  lever  les  obstacles 
qui  s'opposoient  à  ses  desseins.  Em- 
porté par  ses  succès  encore  plus  loin 
qu'il  n'avoit  peut-être  osé  l'espérer  , 
il  ne  commença  ,  pour  ainsi  dire  ,  à 
avoir  de  l'ambition  que  quand  celle 
d'un  autre  auroit  été  satisfaite.  11 
devint  l'arbitre  de  la  république,  el 
tout  changea  de  face.  Le  peuple 
domina  ,  la  noblesse  se  vit  accabler  ; 
elle  fit  périr  le  tribun  ,  el  reprit  sou 
autorité.  «  Ce  fut  Caïus  Gracchus 
qui,  i4o  ans  avant  l'ère  vulgaire, 
lit  mesurer  pour  la  première  fois 
les  grands  chemins  de  l'empire  ,  el 
placer  des  bornes  pour  marquer  les 
milles. 

n.  GRACCHUS  (  Sempro- 
nius  ),  exilé  dans  lile  de  Cérine  sur 
ia  côte  d'Afrique,  pour  son  com- 
merce avec  Julie,  fille  d'Auguste, 


GRAC  3 

fut  assassiné  après  un  exil  de  i4 
ans,  par  Tordre  de  Tibère ,  qui  fit 
mourir  aussi  Julie  dans  lile  Peii- 
daiaire,  où  elle  avoit  été  confinée. 
L'amour  l'avoit  rendu  poète.  On 
croit  que  c'est  à  lui  qu'on  doit  at- 
tribuer les  vers  insérés  dans  le  Cor- 
pus Poëlaium  de  Mailiairc. 

t  m.  GRACCHUS  (Rutilius), 
sorti  sur  la  fin  du  lo'^  siècle  d'une 
famille  de  Rome,  noble  ,  mais  mort 
pauvre,  fil  des  vers  qu'on  au  roi  l  pu 
comparer  à  ceux  des  plus  habiles 
poètes  de  son  temps.  C'étoit  nu 
homme  très-bizarre;  on  en  raconte 
celle  singularité  entre  autres  :  pour 
saluer  les  personnes  de  différentes 
qualités  en  différentes  manières  ,  il 
imagina  de  faire  faire  trois  chapeaux 
enchâssés  l'un  dans laulre;  il eiiôtoit 
un  seulf-ment  devant  les  moins  qua- 
lifiés ,  deux  à  ceux  qui  l'éloient  da- 
vantage ,  et  tous  les  trois  aux  per- 
sonnes les  plus  1  élevées  en  dignité. 
11  crula\oir  rendu  un  si  grand  ser- 
vice à  l'élat  par  celte  rare  décou- 
verte, qu'il  demandad'èlieeutreleuu 
aux  dépens  du  trésor  public. 

*  GRACE  (  Thomas-Françoisde  ), 
fils  d'un  capitaine  irlandais  du  régi- 
ment de  Clare,  où  il  servit  lui-même; 
mais  le  peu  d'atlraits  qu'eut  pour  lut 
le  métier  des  armes  le  lui  fit  bientôt 
abandonner  pour  suivre  la  carrière 
des  belles-lettres  el  se  consacrer  à 
l'instruction  de  la  jeunesse  qu'il  ché- 
rissoit.  Fréret  ,  de  l'académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  i'avoit 
attaché  au  secrétariat  de  celte  com- 
pagnie, place  qu'il  occupa  pendant 
44  ans,  et  dont  la  révolution  le  dé- 
posséda au  moment  ou  l'académie 
venoitde  lui  accorder  sou  traitement 
à  titre  de  retraite.  Un  de  ses  princi- 
paux ouvrages  est  l'édition  en  8  vol. 
\\\-^ ,  dune  histoire  universelle  sur 
le  plan  de  Puff.mdorf  :  édition  pré- 
férable à  celle  de  La  IMartinière  , 
parce  qu'il  ^  çjhbrasse  riùsloire  au- 


4  GRAG 

cieuue  (le  chaque  pays  el  celle  des 
peuples,  doiil  La  Mailiniere  ne  lail 
aucune  ineuliou.  Elle  se  lerniine  à 
lanuée  1750.  t,es  siipplémeus  cioul 
il  l'a  enrichie  sont  lires ,  en  grande 
partie  ,  des  Mémoires  de  l'académie 
et  de  quelques  écrits  de  Frérel.  De 
Grâce  aimoit   beaucoup   la  botani- 
que; ilcuUivoit  avec  succès  les  Heurs 
et  dilTérenles  piaules  exotiques.  Il  a 
été  long-temps  un  des  rédacteurs  du 
Journal,  ensuite  de  la  Gazelle  d'agri- 
culture, où  il  a  inséré dexcelleus ar- 
ticles, il  laisoit  imprimer  tous  les  ans 
ses  observations  dans  un  ouvrage  , 
auquel  il  dounoit  le  titre  modeste  de 
Y  A I inatiacJi  du   bon  jardinier.  De 
Grâce ,  devenu  aveugle  sur  la  tin  de 
ses  jours  ,  avoil  exercé  les  fonctions 
de  censeur  royal  ,et  seroit  mort  dans 
l'indigence    sans    les    bienfaits    des 
ministres  et  la  reconnoissance  de  ses 
élèves.  Outre  les  ouvrages  ci-dessus 
indiqués  ,  on  a  de  lui,  I.  Ecole  d' A~ 
gricullure pratique  sur  les  principes 
lie  Saivej  de  Sutières ,  Paris,  1770, 
in-ia.  II.  Tableaux  hisluriques  et 
chronologiques   de   l'histoire   an- 
cienne et  du  /noyenâge,  des  princi- 
paux pays  de  l' Asie  ,  de  l'yifriquè 
et  de  r Europe,  auec  un  précis  de  la 
3Ty I hologie grecque ,  expliquée  d'a- 
près Hésiode  ,  et  un  tableau  des 
principes  généraux  de    la    langue 
française  ,    ouvrage  élémentaire  , 
1789  ,  iu-8°.  III.  Principes  géné- 
raux de  la  langue  française ,  ex- 
traits de  V ouvrage  précédent,  1789, 
in-i2.  IV.  11  a  donné  beaucoup  d'ar- 
ticles au  Journal  de  Médecine  eu 
1769  et  années  suivantes.  Ce  savant 
laborieux  est    mort  à    Paris  le   28 
novembre  1798,  âgé  de  85  ans. 

GRACES  (les)  ou  Chabitjîs 
(Mylh.),  divinités  célèbres,  tilles 
de  Jupiter  et  de  la  belle  Eury- 
îiomé  ,  Hlle  de  l'Océan  ;  et  selon 
d'autres  ,  de  Bacchus  el  de  Vénus. 
On  en  comptoit  deux  ou  quatre  , 
mais    plus    comiauuéaient     trois, 


GRAC 

Agla'ia  ou  Fasithée  ,  Thalic  cl 
Luphrosine,  c'est-à-dire,  J'rillaii;, 
I leur.  Gaieté.  Pelles  éloient  lou - 
|ours  auprès  de  Vénus.  On  rcpréstu- 
loil  ces  déesses  jeunes,  riantes  ,daijs 
l'atlitude  de  personnes  qui  dansent  , 
se  teuanl  par  la  main  ,  et  couvertes 
d'un  voile  léger.  L'antiquité  les  ré- 
véroit  comme  présidant  aux  bien- 
faits ,  à  la  reconnoissance,  à  la  cou- 
corde,  aux  réjouissances,  à  l'élo- 
quence el  à  tout  ce  qui  peut  rendre 
la  vie  agréable.  On  n'enlroit  dans 
leur  temple  que  couronné  de  tleurs. 
La  coutume  de  peindre  les  Grâces 
nues  n'est  pas  de  la  plus  haute  an- 
tiquité. Pausanias  é  rit  qu'il  n'a  pu 
découvrir  quel  est  le  peintre  ou  le 
sciiipleur  qui  a  commencé  le  pre- 
mier à  leur  ôler  leurs  habits,  car 
les  anciens  les  peignoient  velues. 
Ceux  qui  ont  fait  ce  changement 
ont  voulu  sans  doute  faire  entendre 
que  les  Grâces  ne  plaisent  que  par 
leur  simplicité  ,  et  qu'elles  n'ont 
besoin  d'aucun  oruemeut  qui  les 
cache. 

*  I.  GRACIAN  (Jérôme  ) ,  carme 
déchaussé  ,  né  à  Valladolid  le  6 
juin  lô/i;"),  commissaire  apostolique 
l^our  la  réformation  des  carmes  dans 
l'Andalousie;  mais  cet  emploi  lui 
occasionna  beaucoup  de  cliagria. 
Obligé  d'aller  à  Rome  pour  se  jnsli- 
tier  sur  les  accusations  qu'on  a\'oit 
in  tentées  contre  lui,  il  eut  le  malheur 
de  tomber  enlve  les  iiiains  des  Tu- 
nisiens ,  qui  le  firent  esclave.  Ea 
iSgS  il  fut  racheté:  quelque  temps 
après  l'archidiicliesse  Isabelle  ,  gou- 
vernante des  Pays-Bas,  le  i)rit  pour 
son  confesseur.  Ce  père,  mort  Je 
2J  septembre  1614.  a  toujours  été 
un  modèle  de  l'crtus.  Sainte  Thérèse, 
saint  François  de  Sales  ,  Clément 
Vlll ,  le  père  Ribera  et  D.  Jean  Pa- 
lafox  en  ont  parlé  avec  éloge.  11  a 
publié  un  très-grand  nombre  d'ou- 
vrages ascétiques ,  presque  tous  en 
espagnol.  André  del  Mainiol,  avocat 


GRAC 

de  Madrid,  a  publié  sa  Vie  ,  Vallado- 
lid  ,  1619  ,  in-4'. 

-\  II.    GRACIAN  (Balihasar), 
jésuite    daus    le    royaiiiiic   d'Ara- 
gon,  mort  recleiir  du    collège    de 
Tarragone  le  6  décembre  jCoS  ,  se 
disiingua  daus  sa  société  par  ses  ser- 
inons et  par  ses  écrits.  lAi  plupart  de 
ses  ouvrages  out  été  recueillis  eu  2 
vol.  iu-4°  ,  et  souvent  réinipi  inù's. 
Les  Espagnols  les  eslinientbeaucoup  ; 
les  Français  en  font  moins  de  cas.  11 
])aroit,  dit  l'abbé  des  Fontaines  ,  que 
cet  écrivain  avoil  plus  de  mémoire 
et   d'imagination  que  de  jugement 
ot  de  bon  sens.  Il  faut  lire  quantité 
de  choses  extravagantes  avant  que 
d'en  rencontrer  qui   soient  un  peu 
raisonnables.  En  clierchaul  toujours 
l'énergie  et  le  sublime  ,   il  devient 
outré  ,  et  se  perd  dans  les  nues.  Gra- 
•  ian  est  aux  bons  moralistes  ce  que 
don  Quichotte  est  aux  vrais  héros, 
lis  ont  l'un  et  l'autre  un  faux  air  de 
grandeur  qui  en  impose  aux  sols  ,  et 
qui  fait  rire  les  sages.  Pour  couliimer 
le  parallèle:  Don  Quichotte,  au  mi- 
lieu de  ses  folies  ,  disoit  dis  choses 
très-sensées.  Gracian  ,  malgré   une 
loule  de  pensées  décousues,  obscures, 
impénétrables,  a  des  maximes  ren- 
dues avec  vivacité  ,  avec  esprit,  et 
qui  renferment  un  grand  sens.  Ceux 
de  ses  ouvrages  qui  ont  été  tradi;its 
d'espagnol  en  français  sont  ,  I.  Le 
Héros  ,  traduit  par  le  P.  de  Cour- 
beville,  jésuite  ,  Paris,  172.^,  et  Ro- 
lerdam ,  172g,  in-12.  II.  L'FIomme 
j/nii-ersel ,  in-12,  par  le  même.  III. 
Les  Maximes  de  Jja/f/iasar  Gra- 
cian, Paris,    1700,  in-12,    par  le 
même.  Amelot  de  La  lîoussaye,  qui 
se  croyoit  un  grand  politique,  avoit 
traduit  cet  ouvrage  so\is  le  titre  de 
YHomme  de  Cour;  mais  le  couiste 
manqua  son  original  :  où  Gratian  est 
obscur ,  son  interprète  l'est  du  moins 
autant.  Il  en  a   paru  une  nomelb^ 
édition  en  1S08  ,  in-8°.  Daus  l'épitre 
dédicaloire  à  Louis  XIV,  qui  figure 


GRAD  5 

à  la  tête  de  ce  volume ,  pièce  curieuse 
qui  n'a  pas  iiîoins  de  quinze  pages 
111-8°,  imprimées  en  petit  romain, 
et  qui  de  plus  est  enrichie  de  notes, 
Amt'iol  y  dit  au  roi  qu'il  est  un  prince 
àtt  /.odas prcndus,  c'est-à-dirc  un 
prince  universel ,  un  prince  incom- 
préhensible, un  grand  tout  qui  ren- 
ferme dans  une  grande  singularité 
la  catégorie  de  tontes  les  perfec- 
tions, fct  dans  chacune  l'excellence 
du  premier;  il  lui  donne  non  seule- 
ment le  titre  de  grand  ,  mais  encore 
celui  de  plai'..''.ible  dont  il  a  soin  de 
joindre  la  signification  espagnole 
dans  une  note  ;  car  ce  n'est  pas  dans 
le  sens  français  qu'il  doit  être  pris. 
Dans  une  autre  note,  Anielot  fou- 
droie les  mauvais  plaisans  qui  s'é- 
toient  moqués  du  titre  de  roi-roi 
dont  il  avoitaussi  gratifié  Louis  XIV, 

et  leur  cite    Homère  et   Islarol 

IV.  Réflexions  politii/t/es  sur  les 
plus  grands  princes,  et  particuliè- 
mentsur  Verdi nand-le- C'at/iotiquc, 
Amsterdam,  1751  ,  in-12  ,  traduites 
par  Silliouetle  ,  contrôleur  général. 
Un  an  après,  en  1 7?i2,  le  P.  de  Cour- 
beville  en  publia  une  seconde  ver- 
sion, sous  ce  titre  :  La  Politique  de 
Don  Ferdinand  -  le-  Cat  ho  tique  , 
Paris,  in-12.  V.  L'Homme  détrom- 
pé ,  ou  le  Crilicon  ,  traduit  par 
Maunoy  ,  La  Haye,  1704,  3  vol. 
in-12;  beaucoup  moins  célèbre  que 
l'Homme  de  Cour.  VI.  11  a  donné  eu 
espagnol  l'Etranger  ,  Bruxelles  , 
in-4°,  i6ô5.  VU.  La  finesse  d'es- 
prit ,  in-4°,  1  vol.  1649  ,  à  Huesca. 
Vlll.  Des  Méditations  sur  la  com- 
munion. C'est  le  seul  ouvrage  auquel 
il  ail  mis  son  nom. 

L  GRADENICO  (Pierre),  doge 
de  Venise  en  1290,  découvrit  la 
conjuration  de  Bajamonte  Tiépolo  , 
et  en  prévint  les  suites.  Il  gouverna 
la  république  avec  sagesse ,  et  mou- 
rut en  i5o3.  C'est  lui  qui  changea  en 
aristocratie  le  gouvernement  de  Ve- 
nise, qui  depuis  1175  éloil  presque 


6  GRAD 

entièrement  poinilaire,  et  qui  tlouna 
à  celle  république  à  peu  près  la  forme 
qu'elle  avoit  avant  la  révolution 
tratiçciise.  —  Bartliélemi  Giîade- 
NiGO,  autre, doge  de  Venise  ,  élu  en 
loog,  soumit  les  Candiols  ré  voilés, 
et  mourut  en  iSzji.  C'est  de  sou 
temps  qu  arriva  l'aventure  d'un  pé- 
cheur, qui  reçut,  dit- on,  un  an- 
neau dor  de  lu  main  de  saint  Marc 
l'Evangéliste,  anecdote  crue  seule- 
ment à  Venise.  —  Jean  Guadenigo, 
élu  doge  de  Venise  en  i53.| ,  marcha 
sur  les  traces  de  ses  ancêtres.  La 
guerre  contre  les  Génois  se  renouvela 
de  ton  temps-  elle  dura  peu.  On  en 
soutint  une  plus  violente  contre  le 
roi  de  Hongrie  ,  qui  assiégea  Trévise. 
Le  doge  déletidit  celle  place  en  per- 
sonne, et  y  mourut,  n'ayant  gouverné 
qu'un  an  et  quelques  mois. 

*  IL  GRADENIGO  (Jean- 
Antoine),  morne  du  Mout-Cassin 
et  célèbre  littérateur ,  né  à  Venise 
le  lo  juillet  1720  ,  d'un  sénateur 
gouverneur  d'Udine  ,  mourut  le 
j6  mars  i774-  Outre  plusieurs  let- 
tres sai-'Ci/i/es  et  des  Mémoires  Jiisto- 
riques  et  critiques  ,  on  a  de  lui ,  L 
Calendario  polironiaiio  del  XII 
secolo  illuslrato  da  un  socio  co- 
lombario  ,  Veaise,  1759  ,  IL  F'ita 
delvener.  seivo  didio  D.  Gio.  Ba- 
tista  Aani  palrizio  veneto  e  mo- 
jiacu  cassincse  ,  V^enise,  1761.  ill. 
Série  de'  podestà  di  Chioggia,  Ve- 
nise ,  1767.  IV.  Epis/u/ce pastorales 
et  sermoiies jamiUares  ad  cleriim 
et pupulu.n  Lla^iensem ,  etc. ,  Ve- 
ueliis  ,  J770. 

*L  GRV13I  (  Antoine  de)  ,  de 
Milan  ,  praUqua  la  médecine  dans 
celle  ville  avec  la  plus  giunde  ré- 
pualion  vers  l'an  iG^S.  On  a  de  lui 
un  Traité  des  lièvres,  écrit  suivant 
la  doctrine  des  Arabes,  et  plusieurs 
lois  imprimé  sous  ce  litre  .  De  r'e- 
bribus  tractatus,  signa,  causas  ci 
curas  J'cbiiuin  c^jiniAtiutcns  ,  Lug- 


gr.î:v 

duni,  i5i7,  1627,  in-4°j  avec  d'au- 
tres ouvrages  sur  le  même  sujet, 
Basilese,  lôjf),  in-fol. 

*  II.  GRADI  (  Élienne  ) ,  né  à  Ra- 
guse  ,  successeur  fie  LucOIsleniuset 
de  Léon  Allani  dans  l'emploi  de  bi- 
bliothécaire du  Vatican ,  se  distingua 
par  sou  talent  à  écrire  la  langue  la- 
tine en  verset  en  prose.  On  a  de  lui, 
I.  In  funere  Cœsaris  Rasponi  S. 
R.  E.  iardinalis  oratio  ,  Romae  , 
1670.  II.  Step/iani  Gradii  patricil 
Ragusini  de  laudibus  serertissimce 
reipublicas  T"enetœ,et  cladibus  pa- 
Iriœ  suce  ,  carmen  ,  Venetiis,  1675. 
m.  Oratio  deeligendo  sumrnu  jwn- 
tiftce  sede  vacante  post  obitum 
Alexandri  Vil  habita  Roniœ  in 
basilicd  jjrincipis  apostolurum  die 
ajunii  1667,  à  Htepkano  (l radio 
Ragusi/io  ,  bibliotliecœ  Vativanœ 
custode  ,  Romae,  16&7.  IV.  J'esti- 
natio  beatissimœ  virginis  Elizabe- 
thaia  invisentis  ,  latine  ,  grœcè  , 
oratoriè,  ac  poëticè  pcrtractata; 
accesserunt  harmonica  inetra  ac- 
iivnibus  interjecta  anno  i65i.  Il 
mourut  eu  i685. 

GRJiClNUS.  T'oyez  Grecinus, 

GRAEF.  Voyez  Graaf. 

GRAES.  Voyez  Gratius  n°  II. 

t  GRiEVIUS  (  Jean  -  George  ) , 
né  àNaumbourg  en  Saxe  Tan  i632  , 
étudia  deux  ans  sous  Gronovius. 
Après  avoir  enseigné  à  Duisbourg 
en  i656,  et  à  Deventer  en  iG58, 
il  obtint  une  chaire  de  politique  , 
d'histoire  et  d'éloquence  à  Ulrecht. 
11  l'occupa  avec  distinction  ,  compta 
des  princes  parmi  ses  disciples  ,  et 
mourut  le  1 1  janvier  1705.  On  doit 
à  ses  recherches,  1.  Thésaurus  an- 
tiquitatum  Grœcarum  et  Romana- 
rum  ,  16g  J  et  années  suivantes, 
09  gros  vol.  iii-fol.  Celle  coliectiou 
immense  ne  reuferine  pas- tous  iea 


GRAF 

auteurs ,  ui  même  les  meilleurs  qui 
ont  traité  celte  matière,  et  le  com- 
pilateur n'a  pas  toujours  choisi  les 
bonnes  éditions  de  ceux  qu  ily  a  in- 
sérés. On  lui  a  cepeutlaul  obligation 
d'avoir  réuni  un  grand  nombre  de 
traités  épars  ,  dont  la  plupart  éloient 
devenus  rares.  IL  T/icsciu-us  a/iti- 
(juitatum  Italicarum ,  9  vol.  iu- 
jfolio,  continué  par  l'inlaligabloBur- 
mann  jusqu'au  45'^  tome;  compila- 
tion énorme  ,  sans  choix  et  sans  or- 
dre, mais  pourtant  nécessaire  dans 
«ne  grande  bibliothèque.  III.  Des 
Editions  de  plusieurs  auteurs  grecs 
et  latins  ;  d  Hésiode  ;  de  la  plus 
grande  partie  des  (lïnvres de  Cicéron; 
de  Ftorus  ,  avec  une  préface  dictée 
par  le  jugement  et  par  le  goût  ;  de 
César  ;de  Suétone;  etc.  IV.  Sjntag- 
ma  variai  um  dissertationitm  /-ariu- 
/7//7z,Utrecht ,  1702,  in-4°.  V.  Prœ- 
fationes  et  Epistolœ  i  20,  Hamburg. 
1707,  in-8°.  Voyez  Nicéron  ,  tome 
deux  ,  Mémoires  littéraires  des 
Pays-Bas,  lom.  ib  ,  in-8°.  et  le 
Journal  des  Sauans ,  in-4°. 

GRAF  (Jean),  peintre,  gendre 
et  disciple  de  Van-Alen  ,  naquit  à 
Vienne  vers  1680.  Des  places  pu- 
bliques ,  des  basses-cours  ,  et  d'au- 
tres objets  de  caprice ,  sont  le  sujet 
de  ses  peiulures. 

t  GFvAFIGNY  (Françoise  b'Is- 
SEaiBOURCr  DH.U'Po.N'counT,  dame 
de),  née  à  Nanci  vers  la  lin  du  17* 
siècle  ,  d'un  major  de  la  gendarme- 
rie du  duc  de  Lorraine  ,  et  dune 
petite  -  nièce  du  fameux  Callot  , 
fut  mariée  ou  plutôt  sacrifiée  à 
François  Hugot  de  Grafigny,  cliam- 
bellau  du  duc  de  I^orraine  ,  liomnie 
emporté  ,  avec  qui  elle  courut  plu- 
sieurs fois  risque  de  la  vie.  Après 
bien  des  années  d'une  patience  hé- 
roïque ,  elle  en  fut  séparée  juridi- 
quement. Cet  époux  ,  indigne  d'elle , 
finit  ses  jours  dans  une  })rison  ,  où 
l'avoieut  fait  reafernier  sou  caiac- 


GRAF  7 

tère  violent  et  sa  mauvaise  con- 
duite. Madame  de  Gratiguy ,  libre 
de  ses  chaînes  ,  vint  à  Paris  avec 
mademoiselle  de  Guise  ,  destinée  au 
maréchal  de  Richelieu.  Elle  ne  pré- 
voyoït  pas  la  réputation  qui  l'at- 
tendoit  dans  la  capitale.  Plusieurs 
gens  d'esprit ,  réunis  dans  une  so- 
ciété où  elle  avoit  été  admise  , 
ayant  reconnu  son  mérite,  la  for- 
cèrent de  fournir  quelque  chose 
pour  le  Recueil  de  ces  Messieurs  , 
vol.  iu-12,  publié  en  1745.  I.a 
Nouvelle  Espagnole ,  intitulée  Le 
mauvais  exemple  produit  autant 
de  vices  que  de  vertus  ,  est  d'elle. 
Cette  bagatelle  essuya  des  critiques. 
Madame  de  Grafigny  y  prépara  la 
meilleure  de  tontes  les  réponses  ; 
elle  fit  mieux.  Ses  Lettres  d  une 
Péruvienne  ,  Paris,  Didol ,  1798, 
2  vol.  in-12  ,  parurent,  et  eurent 
le  plus  grand  succès.  On  y  trouva 
ouelques  beaux  détails  ;  des  images 
vives  ,  des  sentimens  délicats ,  naïfs , 
passionnés.  C)n  fut  touché  de  ce 
grand  morceau  plein  d'art ^  de  feu 
et  d'intérêt ,  où  la  Péruvienne  se 
trouve  plus  que  jamais  pressée 
entre  son  cher  Aza  et  le  plus  géné- 
reux des  bienl'aileurs.  Voilà  les 
beautés  de  cet  ouvrage  ;  voici  les 
défauts  :  le  dénouement  ne  satisfait 
pas.  Les  lettres  3o  et  5i  refroidis- 
sent la  scène  ;  le  style  est  souvent 
alambiqué.  L'auteur  affecte  nu  ton 
métaphysique ,  essentiellement  froid 
en  amour.  On  lui  a  d'ailleurs  re- 
proché d'avoir  pris  plusieurs  situa- 
tions et  des  idées  dans  Paméla,  les 
Lettres  persannes  et  les  Arausemens 
sérieux  et  comiques  de  Dufresny. 
(  Voyez  l'article  Marche  -  Cour- 
mont.  )  On  donna  à  peu  près  les 
mêmes  éloges  à  Cénie ,  pièce  en 
cinq  actes  en  prose  ,  et  ou  en  fit 
la  même  critique.  C'est  un  de  ces 
petits  romans  dialogues,  qu'on  ap- 
pelle Comédies  larmoyantes.  Il  est 
écrit  avec  délicatesse  ,  et  plein  d« 
traits  finement  rendus  et  de  choses 


8 


GRAF 


bien    senties.    Après   IMélauide ,   ce 
serolt   la   meiileuie    pièce   clans  le 
genre  alteiulrissaul  ,  si  raiiloiir  ne 
clonnoit   trop  souvent  dans  lo  n>:o- 
logisnie  et  le  précieux  ,  et  si  on  n  y 
voyoït  une  imitation   trop  marquée 
de  la  Gouvernante  de  La  Ciiaussce. 
On  trouve  dans  la  pièce  de  ce  der- 
nier    plus     de      connoissances    du 
théâtre,   des  scènes  mieux  liées  et 
un    style   pins  naturel  ;    mais  dans 
celle  de  madame  de  Graligny ,  plus 
d'esprit   et   d'idées,    des    caractères 
mieux  prononcés ,  et  nue  scène  supé- 
rieure qui  est  la  première  du  cin- 
quième acte.  I.a  Tille   d' yirisùde  , 
autre  pièce  en  cinq  actes ,  en  prose  ^ 
dans  le  genre  de  Cénie,  n'eut  pas  de 
succès.  Madame  de  Graligny  ,  ayant 
îong-temps   vécu  à  la  cour  de  Lor- 
raine, y  fut  connue  de  l'en)  pereur,  qui, 
après  avoir  lu  avec  ])laisir  %es  Lettres 
pérai'ienries ,   la   fil   prier  de  faire 
quelques  comédies    propres    à   être 
jouées  par  les  jeunes  princesses  de 
la    cour    et   les   dames    qui   appro- 
thoient   de    l'impérairice.    Madame 
de  Grafigny  y   consentit  ,    fit  cinq 
ou   six  petits  drames  envoyés  à  la 
cour  de  Vienne  ,  qui  y  furent  joués 
avec  plaisir,  et  en  reçut  pour   ré- 
compense mi  brevet  de  pension  de 
i,5oo  liv.,  à   condition   qu'élis  ne 
feroit  point  imprimer  ,  ni  ne  don- 
iieroit  à  a\icun  théâtre  ,  les  comé- 
dies dont  elle  avoit  fait  hommage  à 
la    famille   impériale.    Celte   dame 
morte  à  Paris  en  1708,  à  64  ans, 
légua  ses  livres  à  Guy  moud  de  La 
Touche  ;  et  à  un  homme  de  lettres , 
ses  papiers  qui  ne  conlenoieut  rien 
qui     lût    digue    de    voir    le   jour. 
Comme  elle  s'étoit  livrée  au^c  lettres 
fort    tard,   elle  avoit  embrassé   les 
opinions  modernes  sur  les  diflérens 
genres  de  littérature.  Elle  n'aimoit 
point  les  vers.  L'académie  de  Flo- 
rence se  l'éloit  associée  ;  l'empereur 
fl    l'impératrice,    qui    l'honoroient 
d'une  estime  particulière,  lui  fai- 
8oienl    souvent    des  présea».     Les 


GRAII 

Lettres  d'une  Péruuienne  et  Cénrtt 
ont  été  traduites  en  italien  par 
IJeodati ,  Paris ,  1797  ,  iu-8°.  Mad, 
de  Graîigny ,  pour  i.avacti'nser  la 
vivacité  des  Français  ,  les  piriul  in- 
génieusement dans  le  premier  de 
ses  ouvrages  comme  sécliappant 
des  mains  du  créateur  ,  au  moment 
où  il  navoit  assemblé  pour  l'orga- 
nisation de  l'homme  que  le  feu  et 
l'air.  Les  œuvres  de  aiadaiiie  de 
Grafigny  ont  été  recueillies  en  1788, 
4  vol.  iu-12. 

*  GRAFTON  (  Richard  ) ,  histo- 
rien anglais  ,  né  à  Londres  sous  le 
règne  de  Henri  Vlll,  mort  sous 
celui  d'Elizabetli  ,  a  compilé  une 
Chronique  de  l'Angleterre  et  de 
ses  rois ,  depuis  les  premiers  temps  , 
qu'il  fait  remonter  à  la  créalioii  du 
monde. 

t  I.  GRAHAM  (  George  )  ,  cé- 
lèbre horloger  de  Londres  ,  né  à 
Gratwick  en  Norlbutiiberlaud  ea 
167:),  nio^t  en  novembre  175)  , 
quaker  et  membre  de  la  société 
royale,  a  inventé  Véchoppeinent  à 
cylindre,  et  a  fait  ù'excellens  ins- 
truniens  d'astronomie  et  de  mathé- 
matiques. Cet  homme  ,  tout  entier  à 
son  art,  alla  plus  loin  que  les  autres 
artistes.  Cest  lui  qui  a  exécuté  le 
secteur,  à  laide  duquel  Bradley  a 
découvert  de  nouveaux  mouvemens 
dans  les  étoiles  fixes  ,  et  c'est  lui 
aussi  qui  a  fait  les  instrumens  avec 
lesquels  des  membres  de  l'académie 
des  sciences  de  France  ont  mesuré 
les  degrés  du  méridien  au  iiôle. 
Grabam  ,  membre  de  la  société 
royale  de  Londres  ,  lui  a  commu- 
niqué plusieurs  découvertes  impor- 
tantes. Il  a  été  enterré  à  l'abbaye 
de  'Weslmiusler. 

*  II.  GRAHAM  (Catherine Ma- 
caul,\Ct)  ,  Anglaise,  distinguée  dans 
la  littérature,  morte  en  1791  ,a 
donné  ,  1.  Une  Histoire  d  Angle- 


GRAI 

ten'e  depuis  Jacques  I  jusqu'à  la 
branche  de  Brunswkii.  II.  Un 
Traité  de  l'immutahililé  de  la 
vérité.  IIL  Des  Lettres  sur  l'édu- 
cation. 

HT.  GRAHAM.  Voy.  Montrons. 

I.  GRAILLY  (  Archamljciiid  de  ) , 
roy.  Foix  ,  n°  II.  • 

t  II.  GRAILLY  ou  plutôt  ne 
Grely  (Jean  de  ),  captai  de  Biich, 
un  des  plus  grands  capitaines  de  son 
siècle,  d'une  maison  originaire  dn 
pays  de  Gex  ,  établie  dans  le  Bor- 
delais ,  et  attachée  aux  Anglais , 
donna  de  bonne  heure  des  preuves 
de  sa  valeur.  Revenant  de  Prusse 
eu  j358,  avec  le  cotnte  de  Foix  , 
son  parent ,  il  entra  courageusement 
dans  Meunx,  où  s'étoient  réfugies  le 
duc  d'Orléans,  frère  du  roi  de  Fran- 
ce ,  et  plusieurs  antres  seigneurs. 
Employé  successivement  au  service 
des  rois  de  Navarre  et  d'Angleterre  , 
il  se  signala  contre  les  généraux  fran- 
çais ;  mais  son  courage  ne  le  garantit 
pas  d'être  deux  fois  leur  prisonnier  ; 
Ja  première,  en  1064,  à  la  bataille 
de  Cocherel ,  gagnée  par  Bertrand 
du  Guesclin  ;  la  seconde  ,  en  1071, 
durant  le  siège  de  Soubise.  La  perle 
de  ce  général ,  dit  Hénault ,  fut  plus 
fatale  aux  Anglais  que  celle  d'une 
bataille.  Le  roi  d'Angleterre  ne  put 
«bleuir  sa  liberté  qu'avec  Ijeaucouj) 
de  peine  ,  et  à  condition  que  ce  gé- 
néral ne  porteroit  plus  les  armes 
contre  la  France;  mais  celte  con- 
dition parut  si  dure  au  captai  de 
Buch  ,  qu'il  aima  mieux  rester  pri- 
sonnier dans  la  lotir  du  Temple  à 
Paris,  où  il  mourut  l'an  1377  ,  sans 
avoir  jamais  été  marié. 

•;■  G  R  A I N  ou  G  R  f  N  (  J.an  le  ) , 
d'une  ancienne  famille  originaire 
des  Pays-Bas,  né  en  i.')6ô,  con- 
seiller et  maître  des  requêtes  de 
fllarie   de   Médiris  ,    mourut    diUis 


GRAI 


9 


sa  n1ai?on  de  Montgeron  près  Paris 
ie  ■:;  juillet  i6.)2  ,  à  77  ans  ,  avec  la 
réputation  d'un  savant  plein  de  pro- 
bité. Il  défendit  par  son  testament 
à  ses  desceudans  de  confier  aux  jé- 
sniles  l'éducation  de  leurs  enfans. 
On  lui  doit,  I.  Deux  Décades i 
la  première  ,  contenant  VHistoire 
de  Henri  If  ;  et  la  seconde,  celle 
de  Louis  XIII  jusqu'à  la  mort  du 
maréchal  d'Ancre  en  1617.  Ces  His- 
toires ,  l'une  imprimée  en  161/1  »  ^^^ 
l'aulre  en  1618,  in-fol.,  sont  plei- 
nes de  candeur  ,  et  curieuses  à  bien 
des  égards.  II.  Recueil  des  plus  si- 
gnalées batailles ,  journées  et  ren- 
contres ,  depuis  Mérouce  jusqu'à 
Louis  XIII ,  in-  fol. ,  5  vol.  ;  col- 
lection assez  mal  digérée.  Les  His- 
toires de  Le  Grain  sont  plus  recher- 
chées pour  les  faits  que  pour  le 
langage.  11  narre  désagréai)lement  ; 
il  s'écarte  à  tout  moment  de  son 
sujet  ,  pour  dire  ce  qu'il  sail  sur  la 
phiIosoj)hie  ,  l'iiistoire  ,  etc.  Il  se 
permet  des  déclamations  emportées, 
et  ses  ouvrages  contiennent  plus 
d'une  puérile  ineptie. 

I.  GRAINDORGE  (  André  ) ,  de 
Caeii  en  Normandie  ,  fit ,  le  pre- 
mier, dans  le  16"  siècle,  des  figures 
sur  les  loiles  ouvrées.  Ricliard  ,  son 
lils  ,  perfectionna  son  invention.  Le 
père  ne  représentoit  sur  la  toile  que 
lies  carreaux  et  des  fieurs  ;  le  fils 
y  représenta  des  animaux  ,  toutes 
sortes  d'aulres  figures,  et  donna  à 
cet  ouvrage  le  nom  de  Haute-lice  , 
peut-êtrii  à  cause  des  lices  pu  fils 
entrelacés  dans  la  trame.  C'est  ce 
que  nous  appelons  toiles  damas- 
sées ,  à  cause  de  leur  ressemblancs 
avec  le  damas  blanc.  Cet  liabile 
ouvrier  donna  le  premier  la  mé- 
lliode  d'er.  faire  des  services  de  ta- 
ble. La  ville  de  Caen  ayant  fait  pre'- 
sent  à  la  reine  Marie  de  i'\Iédici* 
de  ces  toiles  de  liaute-lice  ,  repré- 
sentant des  sièges  et  des  combats, 
Graiudorctj  éloit  du  nouibre  de  ceux 


lo  GRAl 

qui  les  lui  présenlèreiit.  Pendant 
que  le  roi  Henri  IV  admiroit  la 
beauté  de  l'ouvrage ,  ilrépétoit  à  tout 
instant  :  «  Ce  sont  là  aies  œuvres  , 
sire  roi.  »  Sou  tils  Michel  éleva  plu- 
sieurs manufartures  en  divers  en- 
droits de  la  France,  où  ces  ioilas 
damassées  sont  devenues  fort  com- 
inunes. 

t  II.  GRAINDORGE  (André  de)  , 
né  à  Caeu  ,  membre  de  l'acadéuiie 
de  celte  ville  ,  docteur  en  mé- 
decine de  la  faculté  de  Montpel- 
lier ,  savant  philosophe  ,  suivoit 
les  principes  d'Epicure  et  de  Gas- 
sendi. Il  mourut  le  i3  janvier  1676 
à  60  ans.  On  a  de  lui ,  I.  Un 
Traité  en  latin  de  la  nature  du 
Feu  ,  de  la  Lumière  et  des  Cou- 
leurs,  in-Zj'^.  II.  Un  autre  Traité , 
en  français  ,  peu  commun  ,  de  l'o- 
rigine des  Macreuses  ,  Caen  ,  \  680 , 
in -8°.  III.  De  principiis  genera- 
tionis  ;  de  origine  formarum  et 
staterâ  aeris  ,  ainsi  que  d'autres 
ouvrages. 

fin.  GRAINDORGE  (Jacquesde), 
parent  du  précédent  ,  religieux  bé- 
nédictin de  l'abbaye  de  Fonlenay  , 
et  prieur  de  Culey ,  livré  à  l'é- 
tude de  l'astronomie  et  aux  extra- 
vagances de  l'astrologie  ,  crut  avoir 
trouvé  le  secret  si  recherché  des  lon- 
gitudes, et  annonça  sa  prétendue 
découverte  dans  des  programmes 
qu'il  fit  imprimer.  Il  en  lit  mystère 
jusqu'en  1669  ,  qu'il  eut  ordre  de 
venir  à  Paris.  On  lui  promit  une 
récompense  convenable  ,  si  sa  dé- 
couverte étoit  réelle.  L'académie  des 
sciences  ,  après  un  examen  série  ix, 
trouva  que  celte  découverte  ii'étoil 
l'ondée  que  sur  l'astrologie  judiciaire. 
Il  vouloit  cependant  ia  soutenir  par 
un  livre,  qui  ne  servit  qu'à  don- 
ner plus  d'éclat  à  sa  folie.  Il  mou- 
rut quelque  temps  après  ,  en  1G80  , 
378  ans. 

*  GRAINGER (  Jac(iucs  ) ,  poêle  el 


GRAI 

médecin,  né  en  1724  à  Dunse,  aa 
comté  de  Bervick,  mort  eu  1767, 
a  voit  étudié  la  cliirurgie,  el  servi 
en  qualité  de  chirurgien  à  Edim- 
bourg, ensuite  dans  les  armées.  En 
J748  il  fut  reçu  docteur,  et  s'é- 
tablit à  Londres.  Cependant  il  n'eut 
jamais  beaucoup  de  vogue  comme 
praticien,  et  finit  par  être  précep- 
teur d'un  jeune  seigneur  ,  qu'il  ac- 
compagna dans  un  voyage  à  l'ile 
de  Saint -Kilt  aux  Indes  occiden- 
tales ,  où  il  mourut.  Ses  écrits 
sont ,  I  Une  Ode  sur  la  solitu- 
de. II.  Brian  et  Péiyne,  ballade. 
III.  La  Canne  de  sucre,  poëme  en 
vers  blancs.  IV.  Les  Elégies  de 
Tibutle,  en  vers  anglais.  Ses  ou- 
vrages en  médecine  sont  ,  I.  His- 
luria  febris  anomalœ  Batavœ  , 
,1764.  II.  Traité  des  maladies  dans 
les  Indes  occidentales ,  in-8". 

*  GRAINSBOROUGH  ,  un  des 
plus  liabiles  peintres  de  l'Angleterre, 
né  à  Siilibury,  dans  la  provuice  de 
Suffolck,  en  1727,  mort  à  Londres 
le  2  août  1  788  ,  excellait  dans  divers 
genres,  et  a  laissé  des  Tableaux  que 
les  Anglais  mettent  à  côlé  de  Vau 
Dick  et  de  Rubeus. 

L  GRAINVILLE  (Charles-Joseph 
DELEsi'iNEde),  conseiller  au  parle- 
ment de  Paris  ,  savant,  laborieux, 
et  bon  juge,  mort  eu  1704,3  donné, 
1.  Un  Recueil  d'Arrêts  rendus  à  la 
quatrième  chambre  des  enque'tes, 
iribo  ,  in-4*'.  II.  Mémoires ,  curieux 
et  exacts  ,  sur  la  pie  de  Fibrac , 
1758,  iii-12. 

*  II.  GRAINVILLE  (Jean-Bap- 
liste-Frauçois-Xavier  Cousin  de  )  , 
né  au  Havre-de-Grace  le  5  avril 
1746  ,  fit  ses  éludes  à  Paris  au  col- 
lège de  Louis-le-Giand.  Destiné 
par  ses  pareus  à  l'état  ecclésias- 
tique ,  il  i'eiuljrassa  avec  l'espérance 
de  se  distinguer  dans  la  chaire  ,  où 
il  se  fit^  e»  effet;  bientôt  remarquer. 


GRAI 

Ses  succès  oratoires  et  ses  succès  lit- 
téraires (  il  remporta ,  jeune  encore , 
quelques  prix  académiques  )  ne  tar- 
dèrent pas  à  animer  contre  lui  l'en- 
vie et  la  persécution.  Indigné  des 
rebuts  qu'il  essuyoit,  il  cousacra  ses 
talens  à  d'autres  études  qui  parois- 
soient  moins  compati  hles  avec  son 
ministère;  une  comédie  en  5  actes 
et  en  prose ,  intitulée  Le  Jugement  de 
Paris  ,  qu'il  lit  recevoir  au  théâtre 
français  ,  et  qui  y  alloit  être  repré- 
sentée à  l'époque  de  la  révolution , 
mérita  du  moins  les  éloges  les  plus 
distingués  de  plusieurs  gens  de  let- 
tres. Il  en  avoit  ébauché  d'autres , 
dont  les  manuscrits  sont  conservés 
par  sa  famille  ,  et  annoncent  un  vé- 
ritable talent  pour  ce  genre.  Mais  si 
la  proscription  que  les  événemens 
politiques  ont  fait  peser  sur  lui ,  et 
les  vexations  de  tout  genre  dont  il 
n'a  cessé  d'être  la  victime ,  n'avoient 
])as,  en  quelqvie  sorte,  restreint  le 
développement  de  son  génie  ^  Grain- 
ville  auroit  d'autres  droits  à  la  ré- 
putation littéraire.  On  ne  doit  effec- 
tivement regarder  que  comme  une 
simple  esquisse  le  poëme  qui  a  pour 
titre  :  Le  Dernier  homme ,  et  qui  a 
été  imprimé  à  Paris  ,  il  y  a  quelques 
années,  en  deux  petits  vol.  iu-12. 
Ou  appelle  ce  livre  un  poème,  quoi- 
qu'il soit  écrit  en  prose  ,  parce  qu'il 
est  certain  que  Grainville  avoil  l'in- 
lenlion  de  le  mettre  eu  vers  ,  et  qu'il 
y  avoit  déjà  beaucoup  travaillé. 
Quoiqu'il  en  soit,  cette  publication 
posthume  a  eu  le  sort  de  beaucoup 
d'ouvrages  de  génie  que  les  conlem- 
poiains  u  ont  pas  estimés  à  leur  va- 
leur. On  auroit  pourtant  trouvé 
dans  /e  Dernier  homme  des  concep- 
tions dignes  de  la  plus  haute  épopée  , 
nue  invention  simple  et  touchante  , 
un  genre  de  merveilleux  tout  neuf 
et  admirablement  tiré  du  fond  du 
sujet,  un  style  plein  de  vigueur  et 
de  feu  ,  et,  en  général,  une  imagi- 
nation qui  tu;  le  ceiie  peut-t  Ire  pas  à 
celle  de  Milton  et   de   Kiouslock. 


GRAI  II 

Quoique  cet  éloge  puisse  paroître 
exagéré ,  on  n'a  vu  personne  ce- 
pendant qui  ne  soit  tenté  d'y  ajou- 
ter encore  après  la  lecture  de  lou- 
vrage.  D'où  vient  donc  son  obscu- 
rité? De  ce  que  l'auteur  n'avoit  point 
de  cotlerie,  point  de  preneurs,  point 
de  journaux  à  gages  ;  de  ce  qu'il  n'y 
avoit  plus  rien  à  gagner  de  louer  uu 
mort;  de  ce  que  certaines  gens  ,  au 
contraire,  avoient  intérêt  à  éviter 
une  concurrence  dangereuse.  Con- 
venons maintenant ,  d'ailleurs,  que 
l'auteur  avoit  laissé  dans  ce  manus- 
crit ,  qu'il  ne  destinoit  pas  lui-même 
,à  la  lumière  ,  des  fautes  de  goût ,  des 
incorrections  de  langage  ,  des  taches 
et  des  foiblesses  qu'il  n'auroit  pas 
épargnées  en  transportant  ses  idées 
dans  la  langue  de  la  poésie  qui  lui 
étoit  tres-familière  ;  mais  disons  de 
lui  ce  qu'on  a  dit  avec  justesse  d'un 
autre  écrivain  :  «  L'écolier  le  plus 
médiocre  pourroit  corriger  ces  iné- 
galités presque  indispensables  ,  elle 
plus  rare  talent  n'atteindroit  qu'à 
peine  aux  beautés  que  ces  inégalités 
déparent.  Grainville  éprouva,  sur 
la  lin  de  sa  carrière  ,  que  le  génie 
n'est  pas  souvent  accompagné  du 
bonheur.  Accablé  de  travaux  sans 
fruit,  las  de  contrariétés  et  d'épreu- 
ves, de  dédains  et  de  misère,  il 
contracta  une  lièvre  chaude ,  qui 
acheva  de  brûler  son  sang  ;  et ,  au 
milieu  d'un  de  ses  accès  ,  il  se  préci- 
juta  dans  le  canal  de  la  Somme,  qui 
couioit  au  pied  de  son  jardin  ,  à 
Amiens.  Ce  fut  le  1'''"  février  i8o5. 
Outre  Le  Dernier  homme,  il  a  laiâîê 
quelques  écrits  que  ses  héritiers  se 
proposent  de  publier. 

*  m.  GRAINVILLE  (  Jean-fîap- 
tiste-Chrisiophe),  né  à  Lisieux  eu 
1760,  fut  destiné  à  suivre  la  car- 
rière du  barreau  ;  mais  un  attrait 
plus  puissant,  l'amour  des  belles- 
lettres  prévalut  sur  les  desseins  et 
les  conseils  de  ses  parens.  Le  premier 
essai  de  la  plume  de  ce  littérateur 


12  GRAM 

fut  le  Carnaval  de  Paplios ,  publié 
à  Paris  en  i784,<li'i  fut  suivi  de  la 
traduction  d'un  roman  italien,  eu 
S  vol.  ,  intitulé  yfventurcs  d'une 
Jeune  sauvage  écrites  par  elle- 
même.  II  composa  et  mil  an  jour, 
feu  1787,  Ismène  et  Tarsis ,  ou  la 
colère  de  J^'énus  ,  roman  poéliqiie , 
suivi  d'une  Traduclion  de  quel- 
ques poésies  fugitives  de  îMélastase. 
L'idée  de  ce  roman  est  ingénieuse, 
et  l'exéculiou  agréaljle.  Quelque 
temps  après,  ayant  acheté  le  privi- 
lège des  Elrenncsrlu  Parnasse,  il 
rédigea  ce  recueil  pondant  les  an- 
nées 1788  et  1789.  Il  a  traduit  de* 
laiigues  latine,  italienne,  espagnole  , 
Je  Jiemède  d'amour  d'Ovide;  les 
Hymnes  de  Sapho  ;  le  Vendan- 
geur, de  Tanzillo  ,  et  deux  Foi'mes 
sur  la  musique  ,  l'un  de  Le  Fèvre  , 
et  l'autre  de  D.  Thomas  Yriarlé. 
Ces  divers  opuscules  ont  été  succes- 
sivement imprimés  à  Paris  en  1  792, 
1796  ,  1797  et  1801.  I\Iais  l'ouvrage 
qui  lui  fait  le  plus  d'honneur  est  les 
Monumens  inédits  de  "Winckel- 
man ,  gravés,  avec  leurs  explica- 
tions, traduits  de  l'italien,  Paris, 
1789,  in-4°,  deux  livraisons.  Il  a 
laisse  ,  en  manuscrit ,  un  Poërne  sur 
la  chasse  ,  qu'il  avoil  achevé  peu  (!e 
tpmps  avant  sa  mort ,  arrivée  le  i3 
(li-ceml)re  1800.  Il  est  encore  auteur 
d'une  foule  de  morceaux  détachés  , 
soit  en  vers,  soit  en  prose,  qui  se 
trouvent  épars  dans^les  feuilles  pé- 
riodiques du  temps. 

^PgRAM  (Jean  ),  arrliiviste,  his- 
toriographe ,  bibliothécaire  et  con- 
seiller du  roi  de  Daneniarck  ,  né 
flnns  le  Jutland  en  i6S5,  mort  à 
Copenhague  en  17/18,  à  63  ans, 
laissa  un  Corpus  diplomatum  ad 
res  Danicas  atùnenlium  ,  encore 
t>iauuscrit,  en  plusieurs  volumes 
iii-iol.  Ce  savant  contribua  beau- 
coup à  l'établissement  de  l'académie 
de  Copenhague. 

GRAMAYE  (  Jeau-Baplisle  )  , 


GRAM 

d'Anvers  ,  prévôt  d'Arnheim  et 
historiographe  des  Pays-Bas  ,  par- 
courut l'Allemagne  et  l'Italie,  d'où 
il  alloit  passer  en  Espagne,  lorsque 
des  corsaires  d'Afrique  l'emmenè- 
rent à  Alger.  Il  obtint  sa  liberté  , 
revint  dans  les  Pays  -  Bas  ,  fit  di- 
vers voyages,  et  mourut  à  Lubeck 
en  i635.  On  a  de  lui,  I.  jlfricœ 
illustratœ  libri  X,  in-4°,  1^22. 
C'est  l'histoire  de  l'Afrique,  depuis 
l'antiquité  la  plus  reculée  jusqu'au 
17^  siècle.  Quoique  l'historique  y 
domine,  il  s'y  trouve  de  très-bons 
détails  pour  la  géographie.  II.  Dla- 
riuni  -îlgericnse ,  Ath,  1622,  in-S". 
L'auteur  avoit  été  malheiireusemer.l 
à  portée  de  bien  connoitre  celte  par- 
lie;  ses  infortunes  ont  été  utiles  aux 
géographes.  I!î.  Peregrinalio  Bel- 
gica ,  in-8°;  livre  curieux  et  exact. 
IV.  /Intiquilates  Belgicœ  ,  1708, 
in-fot.  ;  ouvrage  savant.  V.  Ilistoria 
Namurcensis,  1607,  2  vol.  iu-q"- 
Gramaye  étoit  poète  aussi  ;  mais  ses 
vers  ne  valent  pas  ses  recherches. 

-;-    GRAMOND  ou  GuAMivTONn 

(Gabriel,  seigneur  de),  dont  le 
nom  étoil  Barthélemi ,  président  au 
pariemeiit  de  Toulouse  ,  iils  du 
doyen  des  conseillers  de  ce  même 
parlement,  d'une  ancienne  maison 
de  Rouergue  ,  très  -  bien  alliée  , 
distingué  counne  magistrat  ,  par 
son  zile  et  son  intégrité,  fut  moins 
recommandable  comme  écri  vain.  On 
a  de  lui  une  Histoire  de  Lcnis 
XllI,  depuis  la  mort  de  Henri  IV 
jusqu'en  1629,  in-folio,  j645  : 
elle  est  intitulée  Ludovicus  XIII, 
siue  jinnales  Galliœ  ab  cxcessu 
llenrici  IV.  I/auteiu-  la  composa  en 
latin  ,  pour  qu'elle  put  être  regardée 
comme  une  conlinualion  de  celle 
du  président  de  Thou  ;  mais  n'ayant 
ni  le  cœur  ni  l'esprit  de  cet  illustre 
historien,  il  a  écrit  avec  moins  d'é- 
légance et  moins  de  liberté.  Il  llaîle 
le  cardinal  de  Fiichelieu  ,  dont  il 
altendoil  des  grâces ,  et  déchire  Ar- 


GRAM 

rauki  d'Andilly  cl  d'antres  dont  il 
n'avùil  rien  à  aUendre.  Son  style  est' 
guindé,  el  sa  latiuilé  uVsl  pas  pure, 
t'ellt;  liisloire  a  cepc'iuh'ut  ,soii  iili- 
lilé,  parce  qu'elle  renferme  des  iails 
curieux  el  bien  démaillés  sur  la 
France  ,  el  même  encore  sur  le 
reste  de  l'Europe.  11.  Une  His- 
toiie  (les  gucr/es  de  Louis  XJJI 
con/re  ses  sujets prutesta/is,  iB^.^, 
in-4'' ;  curieuse  ,  inléressanle  ,  mais 
partiale.  Il  prend  le  ton  d'un  con- 
Iroversislc  ardenl,  et  non  d'un  his- 
torien. Le  titre  est  :  Hisloiia  prus- 
trade  à  hudouico  XIII ,  sscta/io- 
ru/n  in  Galliâ  religionis.  11  mou- 
rut en  1654.  Il  avoit  tpousé,  vers 
l'an  1620,  mademoiselle  de  [\lale- 
coste  ,  dont  il  eut  plusieurs  eni'ans  ; 
l'un  d'eux  fut  évtque  de  Saiut-Pa- 
poul.  L'ainé  se  niana,  cl  eut  de  !a 
postérité. 

t  I.  GEAiMMONT  (  GaLiiel  de  )  , 
cardinal  ,  de  l'illustre  maison  de 
Grammont  dans  la  Navarre,  s'ac- 
quit Testime  el  l'amitié  de  Fran- 
çois r''  ,  qui  l'employa  dans  des 
négociations  importautes  ,  et  le 
combla  de  biens  el  d'honneurs.  Il 
eut  successivement  les  évccliés  de 
Conserans  ,  de  Tarbes  et  de  Poitiers, 
puis  les  archevêchés  de  Bordeaux  et 
de  Toulouse  ,  el  Clément  VU  lui 
donna  la  pourpre  romaine  eu  1  5.5o. 
Il  mourut  au  château  deBahna,  près 
de  Toidouse,  en  i.^34,  avec  la  ré- 
putation d'un  prélat  comlisan  ,  d'un 
négociateur  habile  ,  et  d'un  ministre 
fidèle.  Envoyé  par  la  cour  de  France 
en  Angleterre  ,  il  conseilia  en  plein 
parlement  à  Henri  VIII  de  répu- 
dier Catherine  d'Aragon  ,  pour 
épouser  madame  d'Alen(,on  :  projet 
qui  n'eut  point  de  suite  ,  mais  dont 
Grainmonl parla  comme  d'une  chose 
conforme  aux  règles  de  la  cons- 
cience. Une  telle  décisionétoilplutôl 
d'un  politique  que  d'un  prêtre.  En 
lui  finit  l'ancienne  maison  de  Gram- 
iHout;  sa  sœur  fit  passer  l'héritage 


GRAM 


i3 


de  celte  famille  dans  celle  d'Aure  , 
qui  pvil  le  nom  de  Grammont.  K\\- 
loine  ï,  inorl  en  j  r)7ti ,  fils  de  Claire 
uj;  Ghamimont,  père  de  Philibert 
dont  il  C'I  parlé  ilans  l'article  suivant, 
lui  le  premier  qui  porta  ce  uom. 

t  II.  GFvA:\BIONT  (  Antoine  duc 
de  ) ,  éloil  fils  d'Antoine  II ,  comte  , 
puis  d'jc  de  (iiammont ,  qui  des  oit 
le  jour  à  Philibert  de  Crammonl  , 
emporté  d'un  coup  de  canon  au  siége^^ 
de  î,a  Fere  en  août  i58o  ,  à  28  ans  , 
laissant  pour  veuve  la  belle  Cori- 
saude  d'Andouins.  {P'oy.  GuiciiE  ^ 
^\°  11.)  Antoine  111  porta  les  armes 
de.s  l'âge  le  plus  tendre  ,  el  se  signala 
en  i6.oo  à  la  défense  de  ÎNlanloue  , 
où  il  fui  blessé.  Le  cardinal  de  Ri- 
chelieu lui  fil  épouser  une  de  ses  pa- 
rentes ,  el  se  cliargea  de  sa  fortune. 
11  servit  avec  distinction  en  Alle- 
magne en  i65.T,  en  Flandre  et  en 
Alsace,  les  deux  années  suivantes, 
et  commanda  en  Piémont  sous  le 
cardinal  de  l^a  Valette  en  jG38.  U 
secourut  Verceil  l'année  d'après  ,  et 
prit  Chivas.  Ses  exploits  aux  sièges 
d'Arias ,  de  Bapaunie  et  de  la  Bassée, 
lui  méritèrent,  en  iti.(i  ,  le  bâton 
de  maréchal' de  France.-  Au.  com- 
mencvraeut  de  1642,  il  fut  défait  eu 
Flandre  ,  près  de  l'abbaye  d'Uonnc  - 
court.  On  préteiidil  que  c'étoil  i)ar 
ordre  du  cardinal  de  Richelieu  qu'il 
s'étoil  laissé  battre  ,  afin  que  le  roi , 
qui  vouloil  disgracier  ce  ministre» 
le  conservai  dans  celle  conjoncture 
fâcheuse.  Cette  anecdote  ,  adoptée 
avec  ]>laisir  par  les  ennemis  de  Ri- 
chelieu ,  lui  rejetée  par  ceux  qui 
savoieul  que  Giatuniont  avoit  ét4 
forcé  dans  son  camp.  Quoi  qu'il  en 
soit,  le  maréclial  répara  sa  faute  à 
la  prise  de  Phili.sbcurg  ,  en  J(xj4, 
el  à  la  bataille  de  Lens,  eu  i6^8.  U 
fut  chef  de  l'ambassade  qu'ori  envoya. 
à  Francfort, en  1GÔ7,  pour  l'éiecliou 
de  l'empcrenr  ;  el  il  alla  à  Madrid  , 
deux  ans  après  ,  faire  la  demaïKle  de 
rinlanle.  En  s'adressanl  au  roi  d.'Es- 


i4 


GRAM 


pagne,  il  lui  dit  :  «  Sire  ,  le  roi 
mon  inailre  vous  donne  la  paix  )>  ; 
et  ensuite  se  tournant  vers  la  prin- 
cesse :  «Et  à  vous,  madame,  son 
cœur  et  sa  couronne.  »  En  1660  il 
liit  reçu  duc  et  pair,  et  mourut  à 
Baïonue  en  1678  ,  à  74  ^ns.  Celoit 
un  des  hommes  les  plus  aimables  de 
la  cour  de  Louis  XIV,  poli ,  magni- 
fique, bon  ,  plaisant,  également  pro- 
pre aux  armes  et  au  cabinet.  Nous 
avons  de  lui  des  Mémoires  ,  in-i  2  , 
ou  2  vol.  petit  in-12.  Ils  renrerinent 
ses  négociations  en  Allemagne  et  en 
Espagne  ,  lorsqu'il  y  fut  envoyé  pour 
le  mariage  de  l'infante  avec  Louis 
XIV.  C'est  le  duc  de  Gr^mmont, 
sou  fils  ,  qui  publia  ces  Mémoires. 
Armand  de  Gr4.mmont,  cotnle  de 
Guiclie,  fils  aîné  du  maréchal ,  sei- 
gneur aimable  ,  mais  avaulageux  , 
que  sou  imprudence  avec  Madame 
lit  exiler,  mourut  ,  sans  postérité, 
en  1673,  à  34  ans.  Son  frère,  An- 
toine IV,  duc  DE  Grammont,  mort 
en  17 20,  fut  père  d'Antoine  V,  duc 
DE  Grammont  et  maréchal  de 
France  en  1724,  qui  mourut  l'an- 
née d'après  ,  laissant  des  eufans. 

t  III.  GRAMMONT  (Philibert, 
comte  de  ) ,  tils  d'Antoine  H,  comte 
de  Grammontet  frère  d'Antoine  III, 
distingué  de  bonne  heure  comme 
militaire  ,  suivit  Louis  XIV  dans 
la  conquête  de  la  Franche-Comté  en 
16G8  ,  et  de  la  Hollande  en  1672.  Il 
se  signala  dans  d'autres  occasions  , 
et  obtint  différentes  grâces  ,  Je  cor- 
don bleu  ,  le  gouvernement  du  pays 
d'Aunis,  et  la  lieutenance  générale 
du  Béarn.  Il  mourut  le  10  janvier 
1707,  à  86  ans.  Il  avoit  épousé 
mademoiselle  Hamilton.  (  Voy .  Ha- 
MiLTON.  )  Son  esprit  orné,  plein  de 
,sel  el  de  grâces,  plut  beaucoup  à 
Louis  XIV.  On  cite  plusieurs  de  ses 
bons  mots.  Un  marquis  ,  de  nou- 
velle date  ,  rencontrant  le  comte  de 
(irammont  à  la  cour  ,  lui  dit,  d'un 
sir  assez  délibéré  :  «Bonjour,  vieux 


GRAN 

Comte...  — Bonjour,  jeime  Mar- 
quis, lui  répondit  sur-le-champ 
Grammont...  »  Grammont  fut  dans 
le  17*^  siècle  ce  que  le  maréchal  de 
Richelieu  fut  dans  le  18^.  On  les  a 
comparés  l'un  à  l'autre  :  «  effaçant 
tous  les  deux,  a-t-on  dit,  leurs  ri- 
vaux à  la  cour  ,  à  la  ville  ;  héros 
dans  les  boudoirs  et  quelquefois  dans 
les  armées  ,  ils  brillèrent  par  les 
mêmes  agrémens  ,  le  même  esprit, 
les  mêmes  défauts  ,  les  mêmes 
succès.  » 

IV.  GRAMMONT.  /^cyesGRAN- 

MONT. 

*  GRANADO  (Jacques),  jésuite, 
né  à  Cadix  en  1672,  se  distingua 
par  sa  piété  et  par  une  charité 
active  et  infatigable;  sa  mémoire 
esl.  encore  en  grande  vénération  eu 
Espagne,  principalement  à  Séville  , 
où  il  a  introduit  l'usage  de  célébrer 
très-solemiellement  l'octave  du  St.- 
Sacrement  ,  et  à  Grenade  ,  où  il 
mourut  le  5  janvier  1602.  On  a  de 
lui  des  commentaires  sur  la  pre- 
mière partie  de  la  Somme  de  saint 
Thomas. 

*  G  R  ANBY  (  Jean  Manneks  mar- 
quis de  ),  fameux  gén  rai  anglais, 
fils  auié  du  duc  de  Rulland,  né  en 
1720,  mort  en  1770,  commanda  en 
Allemagne  dans  la  guerre  de  sept 
ans,  et  se  fit  une  grande  réputation 
comme  militaire  ;  après  la  paix  de 
1763,  il  quitta  le  service  et  vécut 
dans  la  retraite. 

I.  GRANCEY.  /"oj.  Haute-mer. 

II.  GRANCEY  (Jacq.  deRouxel- 
de-Medavy  ,  comte  de  ) ,  d'une  an- 
cienne maison  de  Normandie ,  ayant 
servi  avecdislinctionsousLouisXlII, 
en  Piémont,  en  Flandre,  en  Lor- 
raine et  ailleurs  ,  obtint  le  bàtou 
de  maréchal  de  France  en  i65i.  Il 
gagna  ,  depuis  ,  une  bataille  en  Ita- 
lie ,  contre  le  comte  de  Caracène  ; 
mais  ses  irrésolutions  l'empêchèreut 


GRAN 

d'en  profiter.  Il  mourut  en  1680,  à 
78  ans.  Le  père  du  maréchal  de 
GraHcey  étoit  doué  d'une'  i'orce  égale 
à  sa  valeur.  On  dit  qu'ayant  percé 
d'un  coup  d'épée  le  sieur  de  Tre- 
pigni ,  gendarme,  il  le  porta,  tout 
armé  et  enferré  dans  son  épée,  plus 
de  quatre  pas  en  l'air.  Son  petit- 
fils,  Jacques -Léouor  ,  maréchal  de 
France  en  1724,  et  mort  en  1725, 
lie  laissant  qu'une  fille  ,  avoit  été 
employé  dans  presque  toutes  les 
guerres  de  Louis  XIV  ,  et  s'étoit 
distingué  par  sa  prudence  et  son 
courage. 

t  GRANCOLAS  (  Jean  ) ,  Pari- 
sien ,  docteur  deSorbonne ,  chapelain 
de  Monsieur  ,  frère  de  Louis  XiV  , 
ensuite  chanoine  deSt.-Benoit ,  mou- 
rut en  1752,  dans  un  âge  avancé, 
avec  la  réputation  d'un  liomme  sa- 
vant.  Ses  ouvrages  ne  sont  néan- 
moins qu'une  compilation  indigeste 
de  passages  des  Pères  ,   de  Canons  , 
d'extrailsde  liturgie  et  d'autres  mo- 
numens  ecclésiastiques.  On  a  de  lui , 
I.  T raité des  'Liturgies ,  in-i  2, 1G98, 
dans  lequel  il  décrit  la  manière  dont 
on  a  dit  la  messe  en  chaque  siècle 
dans  les  églises  d'Orient  et  d'Occi- 
dent. II.  U Ancien  sacramentaire  de 
l'Eglise,  en  1699.  On  y  trouve  tou- 
tes les  anciennes  pratiques  observées 
dans  l'administration  des  sacremens 
chez  les  Grecs  et  chez  les  Latins. 
m.  Commentaire  historique  sur  le 
Bréuiaire  romain,  2  vol.   in-i2, 
1727  ;  un  des  meilleurs  ouvrages  de 
Grancolas.  Il  a  été  traduit  en  latin 
et  imprimé  à  'Venise,  in-4'* ,  1704. 
IV.  Critique  des  auteurs  ecclésias- 
tiques,  2  vol.  in-8°,  dont  il  fit  pa- 
roitre  un  abrégé  en    1716  ,    2  vol. 
in-16.  V.  De  l'antiquité  des  céré- 
monies des  sacremens.  VI.  Histoire 
abrégée  de  l' Eglise  de  Paris ,  1728, 
2  vol.   in- 12  ,    supprimée  par  le 
ministère  public ,    à  la   prière   du 
cardinal  de  Noailles,  qui  n'y  étoit 
pas  méuagé.  VII.  Des  T/aduc(ions(JiQ 


GRAN  ij 

quelques  Pères  (  pojez  Cyrille, 
n°  1.  )  ,  et  des  Traités  sur  des  ma- 
tières théologiques  ,  parmi  lesquels 
ou  remarque  :  J?e  la  coutume  de 
tremper  le  pain  consacré  dans  le 
vin  ;  le  Quiétisme  contraire  à  la 
doctrine  des  sacremens  ;  la  Tra- 
dition de  f  Eglise  sur  le  péché  ori- 
ginel et  sur  la  réprobation  des 
en/ans  morts  sans  baptême.  U  a 
aussi  publié  des  Instructions  sur 
la  religion ,  tirées  de  l'Ecriture 
sainte,-  la  Science  des  confesseurs  ; 
des  Heures  sacrées ,  etc. 

I.  GRAND  (  Antoine  Ie)i  phi- 
losophe cartésien,  appelé  par  quel- 
ques-uns l'yi^/'ei^/a/ew/T/eX^esta/Ves, 
étoit  de  Douay ,  et  vivoit  dans  le 
17"^  siècle.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  ,  I.  Jnstitutio  philosophiœ  se- 
cundùm principia  Ren.  Descartes, 
iu-4°-  II-  Curiosus  natvrœ  atca— 
nornm  perscrutator  ,  in  -  8°.  Ces 
écrits  ne  peuvent  être  que  d'une 
utilité  médiocre.  III.  Historia  sacra 
à  mundo  condito  ad  Constantinum 
Magnum ,  Loudini,  iu-8°.  C'est  son 
meilleur  ouvrage. 

II.  GRAND  (  Pierre  le  ) ,  célèbre 
corsaire  de  Dieppe  ,  redoutable  dans 
les  mers  de  l'Amérique.  Le  Grand 
ayant  découvert  un  gros  vaisseau 
espagnol  vers  la  partie  occidentale 
de  l'île  de  Saint  -  Doniingue  ,  fit 
force  de  voiles  pour  lui  donner  la 
chasse ,  quoiqu'il  n'eût  qu'un  très- 
foible  vaisseau  ,  monté  de  quatre 
pièces  de  canon  et  de  vingt -huit 
hommes.  Lorsqu'il  eut  abordé  ce 
bàtimcni ,  il  y  entra  avec  ses  gens, 
armé  de  deux  pistolets  et  d'un  cou- 
telas ,  et  passa  dans  la  chambre  du 
capitaine,  où  il  lui  mit  le  pistolet 
sur  la  gorge  ,  et  lui  commanda  de 
se  rendre.  C'est  ainsi  que  cet  homme 
intrépide  se  rendit  maître  de  ce 
navire  ,  monté  de  cinquante-quatre 
pièces  de  canon ,  et  rempli  de  vivres 
et  de  richesses.  C'étoit  le  vice-ami- 

,  rai  des  galions  d'Espagne  ,    lequel 


iCy 


GRAN 


a  voit  jierdu  sa  flotte  par  un  coup 
<le  vent.  Cet  heureux  aveulurier 
conduisit  sa  prise  en  Europe  vers 
]'an  1640,  et  eu  profita,  sans  se  sou- 
cier de  relouruer  en  Amérique. 

t  m.  GRAND  (  Joarhim  le  ) ,  ne 
en  1655  y  Thoriguy  en  Normandie, 
entré  à  rO/atoire  en  167 1,  quitta 
cette  congrégation  cinq  ans  après. 
I, éducation  du  marquis  de  Vins, 
celle  du  duc  d'Estrées ,  dont  il  lut 
charge,  ne  rempcchèreut  point  de 
fe  Uvier  à  l'étude  de  l'iiistoire , 
})Our  laquelle  le  célèbre  P.  l.e  Cointe 
lui  avoil  donné  du  goût.  Il  appliqua 
iuix.  affaires  les  conuoissances  qu'il 
iivoit  puisées  dans  les  livres.  Il  lui 
secrétaire  d'ambassade  eu  Portugal 
et  en  Espagne.  11  n'y  eut  point  d  af- 
faires iuléressantes  auxquelles  il 
n'eût  part.  Le  marquis  de  'Torcy 
lui  donna  des  marques  d'estime  et  de 
confiance  :  et  il  lut  sous  I>ouis  XIV 
ce  que  l'abbé  de  La  Ville  a  été  sous 
Louis  XV.  Le  Grand  mourut  à  Paris 
Je  i'-'''  mai  1705,  laissant  plusieurs 
ouvrages  qui  firent  beaucoup  de  sen- 
satio)i  dans  leur  temps.  1.  Mémoires 
touchant  la  succession  à  /a  cou- 
ronne d'Espagne  ,  1711,  in  -  S''. 
II.  Ij' Alieniagne  menacée  d'être 
bientôt  réduite  en  monarchie  abso- 
lue,  eu  1711,  iu-zi".  liï.  Traité 
de  là  succession  à  la  couronne  de 
Trancc par  les  Jgnals ,  c'est-à-dire, 
jjour  la  succession  masculine  di- 
recte,  1728  ,  in-12.  Cet  ouvrage  est 
Irès-ulile  pour  connoitre  une  partie 
du  dioit  public  de  France.  IV.  Jlis- 
toire  du  divorce  de  Henri  Vlll , 
eu  5  vol.  iu-12;  ouvrage  qui  ren- 
ferme des  pièces  curieuses ,  la  dé- 
fense de  Sanderus  cl  la  réfutation  de 
Biirnel.  V.  La  Traduction ,  du  por- 
tugais en  français ,  de  la  Relation 
historique  de  l'Abyssinie  du  P.  Jé- 
rôme Lobo ,  jésuite  ,  qu'il  a  ornée  de 
quinze  Dissertations  savantes  ;  les 
huit  dernières  regardent  la  religion 
des  Ethiopiens,  Paris,  1728,  iu-/|°. 


GllAJN 

VI.  Traduction  de  l'Histoire  de 
l'île  de  Ceyiau,  par  Ribeyro, Paris  , 
1701  ,  in-12." 

t  IV.  GRAND  (Marc- Antoine 
le),  acteur  et  poète  i'rançais,  mort 
à  Paris  en  i  728  ,  a  .'56  ans  ,  éloit  né 
dans  cette  ville  d'un  chirurgien-ma- 
jor des  invalides.  Il  a  fait  au  moins 
une  treuteiine  de  pièces  pour  les  co- 
médiens franf,ais,  ou  pour  les  ita- 
liens. Les  plus  connues  sont,  he 
Roi  de  Cocagne  ;  Plutus  ;  Le 
Triomphe  du  temps,  comédies  eu 
trois  actes:  La  Fenimejille  etveure; 
La  Famille  ridicule;  Le  Galant 
coureur;  Belphégor;  l'Jmour Via- 
ble ;  La  1 01  re  Saint-Laurent  ;  La 
Famille  extravagante  ;  La  Méta- 
morphose amoureuse  ;  l'Usurier 
gentilhomme  ;  l'Jpeugle  clair- 
voyant ;  l'Jmi  de  tout  le  monde  ; 
Lja  Nouveauté ,  pièces  en  un  acte. 
Il  fit  aussi  une  comédie  de  Cartouche, 
jouée  le  jour  que  ce  mallieureux  fut 
roué.  Le  Grand  a  de  la  gaieté  ,  des 
saitlias  ,  un  peu  trop  peul-ètre  de 
licence.  Son  comique  est  très-souvent 
aussi  bas  que  l'action  est  invrai- 
semblable. Il  excelloit  sur  le  théâtre 
dans  les  rôles  de  roi ,  de  héros ,  et 
dansceiui  de  paysan.  Le  Grand, dont 
la  figure  éioitdésagréableet  qui  sa  voit 
que  le  public  la  trouvoit  telle,  finit 
une  de  ses  harangues  au  parterre 
par  ces  mots  :  «  Messieurs,  il  vous 
est  plus  aisé  de  vous  accoutumer  à 
ma  ligure ,  qu'à  moi  d'en  changer...  » 
Ses  Uluvres  ,  publiées  par  l'abbé  de 
La  Porte,  ont  paru  eu  1731,  1742 
et  1770,  4  vol.  in-12.  Ou  y  trouve 
loutes  ses  pièces  de  théâtre,  à  l'excep- 
tion du  Luxurieux ,  qui  a  été  im- 
primé séparément  en  1702,  in-12. 

V.  GRAND  (Louis  le),  né  à 
Troyes  eu  ir)88,  mort  en  i(i6-4  ,  à 
76  ans,  dans  cette  ville,  où  il  étoit 
conseiller  ,  a  laissé  un  Commentaire 
estimé  sur  la  Coutume  de  sa  patrie  , 
réim|1rimé,  pour  la  troisième  fois, 
à  Pans ,  en  1737,  in-folio. 


GRAT^ 

VI.  GRAND  (Louis  le),  sulpi- 
cien,  docteur  de  Soibonue  ,  hoiiimu 
sludieiix,  uiiiqnenieiit  occupé  de  ses 
li'avanx  el  de  ses  exercices  ,  et  comb- 
lant loiU  le  resie  pour  rien  ,  na- 
quit à  Luzij^ui  ,  dans  le  diocèM' 
d'AiiUin  ,  et  mourut  en  1780.  On  a 
de  lui  ,  1.  Prœleclioiies  iheolo- 
!>icœ  fie  Deo  ,  2  vol.  iu-12,  i75j. 
jl.  De  Incarnatione  P'ethi  clivini. , 
2  vol.  in-i  2.  m.  De.  Ecclesid  C/tris- 
/f/jin-h",  1779.  Il  publia  en  1767, 
in-12,  la  Censure  de  la  Soi  bonne  , 
contre  les  ouvrages  du  P.  Berruyer 
et  contre  Bélisaire.  Ses  livres  théo- 
logiques  sont  estimés  pour  la  clarté 
cl  l'onire  qui  y  régnent. 

Vil.  GRAND  (  Etienne-Anloine- 
Matlhieu  le  ) ,  us  à  Versailles  ,  long- 
temps interprète  dans  dilférenles 
villes  du  Levant,  obtint,  à  sou  re- 
tour en  France,  une  place  de  secré 
taire  interprèle.  Ce  fut  lui  qui  ré- 
digea en  arabe  le  Traité  de  com- 
merce conclu,  en  i7f)8,  avec  le 
royaume  de  Maroc.  On  a  de  lui  la 
Traduction  d'une  Controverse  des 
religieux  maronites  avec  un  Mu- 
sulman ,  sur  la  religion  chré- 
tienne et  le  mahoniétisme ,  1766, 
in-12.  Il  monrul  à  Paris  ,  eu  juillet 
j  784  ,  à  60  ans,  et  légua  à  la  biblio 
ihèque  du  roi  cPliq  manuscrits  orien- 
taux rares  el  curieux. 

T  VUI.  GRAND  { N.  le) ,  mort  en 
1802,  passa  sa  vie  h  étudier  tous 
les  détails  de  la  marine,  et  à  aider 
de  ses  lumières  les  minisires  dans 
celte  partie ,  sans  vouloir  jamais  y 
occuper  aiiciia  emploi.  Il  a  écrit 
plusieurs  juémoires  utiles,  dont  un 
seul  a  été  publié,  .sous  ce  lilre  :  Le 
rétablissement  de  la  marine  J'ran- 
ta/.se,  par  la  prati(juc  du  catiio- 
licisme.  Une  anecdote  paroit  avoir 
lonrni  à  l'auteur  le  sujet  de  cet 
écrit,  a  Un  enseigne  de  vaisseau, 
le  chevalier  de  Vesle  ,  chnant  un 
jour  chez  le  grand  Colbert,  pendant 
le  carême,  se  plaignoit  de  ce  que 

T.    VIII. 


GRAN 


17 


le  catholicisine  imposoit  tant  de 
jours  d'abstinence  en  viande.  Le  mi- 
nistre, se  tournant  vers  ce  jeune 
homme  ,  lui  dit  :  Monsieur  de 
Vesle,  votre  oljservation  ])aroitroit 
au  nuMUs  déplacée  dans  la  bouche 
d'un  officier  de  terre  ;  mais  eiie  est 
inexcusable  dans  celle  d'un  marin. 
Ne  savez-vous  doue  'pas  que  la  loi 
de  l'Eglise,  ici,  sert  merveilleuse- 
me)il  l'état,  et  que,  sans  les  absti- 
nences de  précepte  religieux,  vous 
verriez  tomber  les  ptcherics,  qui 
sont  les  séminaires  naturels  de  xos 
matelots.  »  Le  but  du  Mémoire  de 
Le  Grand  est  de  prouver  ces  ])ro- 
posilious  :  sans  matelots,  point  de 
marine  ;  sans  pêcherie  ,  point  de 
matelots  :  sans  consommateurs  de 
poisson  ,  point  de  pèc'hcrie  ;  san» 
abstinence  catholique,  point  de  cou- 
sommation  (  Cette  dernière  consé- 
quence peut  être  contestée)  ;  donc, 
sans  cailioiicisme,  ou  l'abstinence 
qu'il  impose,  point  de  marine. 

*  IX.  GRAND  (le),  architecte 
des  monuinens  publics  de  la  ville 
de  Paris,  mort  à  Saint -Deiiys  le 
9  novembre  1807,  puisa  d.ius  l'é- 
cole de  Clérissean  celle  pureté  de 
sl}'!e,  ces  principes  sévères  et  cet 
amour  pour  la  belle  antiquité  dont 
ce  mailre  célèbre  avoit  fait  revivre 
en  France  le  goût  el  les  maximes. 
Pour  prix  de  son  assiduité  au  tra- 
vail ,  de  ses  succès  et  des  excellentes 
qualités  qui  le  faisoienl  aimer  ,  Clé- 
rissean lui  accorda  la  main  de  sa 
fille.  L'art  d'écrire  nétoit  point 
étranger  à  Le  Grand.  Erudit  et  ca- 
pable d'une  critique  éclairée  sur 
l'art,  il  employa  Iructueusement  le 
temps  que  les  orages  révoliuion- 
naires  ne  lui  permirent  pas  de  con- 
sacrer à  son  genre  oïdinaire  d'occu- 
p.ation.  Un  grand  nombre  d'écrits, 
de  la  UiOrale  la  plus  saine  ,  des  re- 
cueils de  monumeus  illustres,  sa- 
vamment commentés,  et  des  col- 
lections de  tout  genre,  où  respire 
2 


i8 


GRAN 


son  zèle  infatigable  pour  le  progrès 
(îe  l'art,  alleslent  à  la  fois  1  éléva- 
tion de  sou  esprit  et  ses  vastes  cou- 
uoissances.  Ou  a  de  lui  cinq  3lé- 
nioires  abrégés  si/r  les  Monumens 
publics;  introduction  à  l'histoire 
générale  de  l'architecture  ,  un  vol. 
Ija  Partie  historique  et  descriptit^e 
de  V Architecture  ,  dans  le  texte  du 
Voyage  pittoresque  de  la  Syrie  , 
Phénicie  et  basse  Egypte,  par  Le 
Cassas,  peintre,  grand  in-folio  , 
3  vol.,  avec  yltlas,  iu-fol. ,  Paris. 
Un  des  derniers  ouvrages  auxquels 
cet  artiste  ait  attaché  son  nom  est 
le  premier  volume  in-folio  des  An- 
tiquités de  la  France ,  par  Cléris- 
seau ,  ouvrage  accueilli  par  l'Em- 
j)ereur  Napoléon  d'une  manière  dis- 
tinguée. On  attribue  à  sa  passion 
excessive  pour  le  travail  la  maladie 
cjui  a  teruiiné  ses  jours.  Il  venoil 
fi'entreprendre  la  restauration  de  la 
porte  Saint-Denys  et  celle  de  1  e- 
glise  de  Saint-Denys  ,  sépulture  de 
nos  rois.  Déjà  ce  monument  com- 
îTiençoit  à  se  relever  de  ses  ruines  , 
«luand  la  mort  vint  ravir  à  Le  Graud 
la  gloire  de  l'avoir  rétabli. 

*  X.  GRAND  d'Aussy 
(  Pierre-Jean-Baptiste  le  ) ,  conser- 
vateur de  la  bibliothèque  nationale  , 
et  garde  de  ses  manuscrits  ,  membre 
cie  l'institut ,  classe  des  sciences  mo- 
rales et  politiques,  né  à  Amiens  en 
1737  ,  et  mort  à  Paris  en  1800,  prit 
le  nom  d'Aussy ,  du  château  de  ce 
nom  ,  où  son  père  faisoit  sa  rési- 
dence. 11  fit  ses  études  au  collège 
des  jésuites  d'Amiens,  et  professa 
la  rhétorique  à  Caen.  11  resta  chez 
les  jésuites  jusqu'à  la  dissolution  de 
ce  corps.  A  celle  époque,  il  se  char- 
gea de  l'éducation  du  fils  de  M.  de 
Bouillac,  fermier-général.  Quelque 
temps  après  ,  il  fut  employéau  Glos- 
saire de  Lacurne  de  Sle. -Palaye, 
et  aux  extraits  que  le  cointe  de 
Tressau  faisoit  faire  pour  la  Biblio- 
tJieijue  des  Komaus.  Ou  a  de  lui  les 


GRAN 

ouvrages  suivans:  L  Fabliaux ,  ou 
Contes  des  douzième  et  treizième 
siècles,  traduits  ou  extraits  d'après 
divers  manuscrits  du  temps,  avec 
des  notes  historiques  et  critiques , 
et  les  imilatious  cjui  ont  été  faites 
de  ces  coules,  depuis  leur  origine 
jusqu'à  nos  jours,  Paris,  1779,  3 
vol.  in-8*.  II.  Contes  dét-cfis,  Ta- 
bles et  Romans  anciens ,  poursen  ir 
de  suite  aux  l'abliaux  ,  Paris  , 
1781,  i  vol.  in-8°;  nouvelle  édi- 
tion, augmentée  d'une  Disserta- 
tion sur  les  Troubadours  et  les 
Trouvères,  5  vol.  in-12.  L'ouvrage 
a  été  traduit  par  extrait  en  anglais  , 
Londres ,  1 786.  Ces  Contes  ont  aussi 
été  traduits  en  allemand  ,  Halle  , 
I  795 ,  in-S".  îll.  Histoire  de  la  T^ie 
privée  des  ]  rançais  depuis  l'ori- 
gine de  la  nation  jusqu'à  nos 
Jours,  Paris,  178:^,  5  vol.  in-S". 
IV.  F'oyage  d' Auvergne  ,  Paris  , 
1788,  1  vol.  in-S".  Nouvelle  édi- 
tion sous  ce  titre  :  Voyage  fait  en 
1787  et  1788  dans  la  ci- devant 
Haute  et  Basse  Auvergne,  etc.,  Pa- 
ris ,  an  3  (  1 793  ) ,  5  vol.  in-8°.  Ce 
Voyage,  curieux  et  instruclif ,  a  été 
traduit  en  allemand  par  extrait  , 
Bayreulh  ,  J791  ,  in -8".  V.  Vie 
d' Apollonius  de  Tyanes  ,  2  vol. 
in-S".  VI.  Dans  le  volume  des  No- 
lices  et  extraits  des  mauuscrits  de 
la  bibliothèque  nationale,  lom.  V, 
publié  par  l'inslitiit  en  1800,  il  y 
en  a  un  grand  nombre  de  Le  Grand 
d'Aussy.  On  a  aussi  de  lui ,  dans  les 
Mémoires  de  l'inslitul ,  classe  des 
scieuces  morales  et  politiques  ,  I.  un 
Mémoire  sur  l'état  de  la  marine  en 
France  au  commencement  du  qua- 
torzième siècle.  H.  Lhi  autre  sur  /es 
anciennes  sépultures.  Lorsque  ce 
savant  laborieux  mourut,  il  prépa- 
roit  une  Histoire  de  la  langue  et 
de  l'ancienne  littérature  fran- 
çaise ,  des  sciences  ,  des  arts  et  des 
usages. 

*  GRANDCLAS  (Maurice ) ,  pro- 


GRAN 

fesseur  et  doyen  de  la  faculté  de 
iiiédeciiie  en  l'université  de  Pont- 
à-!\îoiis.soii ,  né  à  Chalel-sui -Mo- 
selle ,  (!iiseigiia  aussi  la  botanique, 
dans  laquelle  il  avoit  des  conuois- 
sances  très  -  étendues.  On  a  de 
lui  une  Disserlatiun  sur  les  diffé- 
rentes températures  de  la  Lorraine, 
et  leur  intluence  sur  la  sauté;  bro- 
chure iu-4"  ,  imprimée  à  Nanci  en 
J728. 

t  GRANDET  (Joseph  ) ,  curé  de 
Sainte -Croix  d'Angers,  procura  à 
6a  paroisse  tous  les  biens  spirituels. 
Il  mourut  en  1724,  à  78  ans.  11 
est  auteur,  l.  De  la  vie  de  made- 
moiselle de  Melun ,  princesse  d'E- 
pinoy  ,  institutrice  des  hospitalières 
de  Baiigé  et  de  Beaufort  en  Anjou. 
11.  De  celle  du  comte  de  liloret , 
tils  naturel  de  Henn  IV.  111.  Celle 
de  Louis-Marie  Grignion  de  Mon- 
fort ,  prêtre  missionnaire  aposto- 
lique, Nantes,  1724,  iu-12,  et  de 
quelques  autres  libres  édifians  , 
chacun  en  un  voUur.e,  in-ia.  Gran- 
ilel  a  encore  laisse  une  Histoire 
ecclésiastique  d'u4iige!'s  ,  que  l'on 
conservoit  en  manusci  it  dans  le  sé- 
minaire de  cette  ville. 

*  GRANDI  (P.  D.  Guido) ,  moine 
camaldule  ,  célèbre  philosophe  et 
mathématicien  à  l'université  de  Pi- 
se,  né  à  Crémone  en  1671,  se  dis- 
tingua par  son  profond  savoir  dans 
les  mathématiques  ,  et  par  son  ani- 
mosité  contre  ses  adversaires  ,  par- 
ticulièrement contre  Marcheti.  11 
mourut  en  1 742  ,  presque  dans  l'en- 
fance. On  a  de  lui  ,  1.  Geometrica 
demonstratio  vivianeorurn  prohle- 
/?ia/«/«,  etc. ,  Florenliœ,  1699.  II. 
Geometrica  demonstratio  t/ieore- 
?natum  hugcnianorum  circa  l(^gis~ 
ticam  ;  seu  logarithmicam  lineam, 
qud  occasioiie  plures  geometricœ 
melhodi  exibentur  circa  tangentes 
<iuadraturas,  etc.,  Florenliae,  1701. 
ÏII.  Quadrature  lircuU  et  hyper- 


GRAIN 


19 


bolœ  per  injinitas  hyperholas  et 
paraholasgeomelrLcèex'iibilas,t\.c. 
Pisis  ,  1 70.3  ,  1710.  IV.  De  injinilis 
injiniloriun  et  infini tèparvorumor- 
dinibus  disquisitio  geometrica,  etc. 
Pisis,i7  10.  Si .Sectionumconicarum 
synopsis,  Neapoli,  1787.  VI.  f^ita 
di  S.  Pietro  Orseolo ,  doge  di  Ve-r 
nizia  ,  Indi  monaco  ed  eremita  , 
Venise  ,   1  701  et  1753. 

i   ï.  GRANDJEAN  de  FotxcHY 

(Philippe),  né  à  Màcon  en  1666, 
d'une  famille  ancienne  ,  venu  à  Pa- 
ris après  la  mort  de  son  père  ,  pour 
y  suivre  un  procès  ,  avoit  ,  pac 
obéissance  ,  embrassé  l'étal  ecclé- 
siastique. L'ami  chez  lequel  il  éloit 
descendu  s'empresï^a  de  lui  faire  voir 
ce  que  la  capitale  renferme  de  cu- 
rieux. 11  le  mena  dans  divers  ate- 
liers,  et  enlin  dans  une  imprimerie. 
Frappé  d'élonnement  et  d'adiuira" 
tien  a  la  vue  d'un  spectacle  nouveau 
pour  lui  ,  le  jeune  homme  examina 
avec  beaucoup  d'attention  le  méca- 
nisme de  cet  art  nouveau  pour  lui, crut 
apercevoir  des  défauts  et  des  imper- 
fections dans  les  diiférens  caractères 
alors  en  usage  ,  et  se  proposa  de  les 
réformer.  Sonamilayanltrouvé  tra- 
vaillant avec  ardeur  à  lexéculiou  de 
son  j)roiet,  s'empara  de  ses  essais, 
et  les  montra  à  ]M.  dePontcharirain  , 
chancelier,  qui  eu  fut  si  surpris, 
qu'il  en  parla  à  Louis  XIV^.  Peu 
après,  Grandjean  fut  mandé  par  le 
chancelier  ,  qui  lui  ordonna  de  quit- 
ter l'iiabit  ecclésiasticiue ,  et  lui  re- 
mit un  brevet  par  lequel  ie  roi  lu 
retenoilà  son  service,  lui  enjoignant 
de  s'occuper  spécialement  de  tout 
ce  qui  avoit  raportà  ripinprimerte  , 
et  le  renvoyant  à  l'abbé  Bignoii 
pour  l'exécution  de  la  réforme  de* 
caractères.  Grandjean,  bien  accueilli 
deBignon  ,  qui  approuva  son  plan  , 
changea  presque  tous  les  ])oinçoiis 
et  toutes  les  matrices  de  l'impri- 
merie, et  imagina  divers  instrumena 
très-ïimples,  à  l'aids  desquels  ou 


20  GRAIN 

pouvoit  tracer  sûrement  tel  angle 
qu'où  désiroit,  même  d'une  ligue 
carrée ,  frapper  et  justitier  les  ma- 
trices ,  etc.  Les  caractères  qui  ont 
le  plus  assuré  la  réputation  de  cet 
artiste  sont  le  neuvième  ,  qui  a 
servi  à  l'impression  lies  médailles  de 
Louis  XIV,  et  le  onzième,  avec  le- 
quel on  a  l'ail  la  prélace  de  cet  ou- 
vrage. La  goutte  et  la  gravelle  réu- 
nies termuierenl,  à  48  ans,  la  car- 
rière de  cet  artiste  célèbre  ,  mort 
le  6  mai  1714?  généralement  re- 
gretté. 

*  II.  GRANDJEAN  (Henri  ), 
chirurgien  oculiste  ,  né  à  Housse  , 
pays  df  Liège  ,  le  20  décembre  172.^, 
d'un  père  ,  chirurgien  distingué,  qui 
lui  donna  les  premiers  élémens  de 
son  art.  Grandjtan  vint  à  l'âge  de 
17  à  18  ans  faire  ses  cours  à  Paris  et 
entra  à  L'Holel-Dieu,  comme  gagnant 
maîtrise,  en  17:12,  sous  le  célèbre 
Moreau  ,  dont  il  se  ht  remarquer  par 
6on  aptitude  et  ses  dispositions.  Il 
s'adonna  particulièrement  à  la  chi- 
rurgie oculaire  ,  et  devint  l'élevé  et 
l'ami  du  célèbre  Daviel,  qui  le  pre- 
mier a  fait  l'opération  de  la  cataracte 
par  extraction.  Grandjean  la  sim- 
plilia  ,et  l'ut  le  premier  qui  ht  lex- 
Iraclion  de  la  membrane  cristall.ue 
sans  extraire  le  cristallin.  Sesqiialités 
personnelles  et  ses  lalens  extraordi- 
naires lui  attirèrent  la  conhauce  de  ses 
maîtres  ,  l'estime  el  l'amitié  de  tous 
ceux  qui  le  connoissoient.  Il  devint 
l'ami  intime  de  La  RIartinière,  pre- 
mier chirurgien  du  roi ,  qui  le  ht  cou- 
noitre  à  Louis  XV^  Ce  monarque  le 
nomma  son  chirurgien  oculiste  et 
celui  de  toute  sa  tamille  ;  il  fut  con- 
tinué dans  les  mêmes  fonctions 
par  Louis  XVI ,  qui  le  décora  du 
cordon  de  l'ordre  de  Saint- Michel , 
en  récoinppiise  des  services  qu'il 
rendoil  à  l'humanité.  Une  circons- 
tance à  laquelle  celte  nomination 
donna  lieu  prouve  CMiibien  (îraiid- 
jean  avoil  de  déférence  el  de  véné- 


GRAN 

ration  pour  celui  à  qui  il  devoil  sf»» 
premières  leçons.  Aussitôt  qu'il  eut 
reçu  le  cordon  il  partit  pour  Ver- 
sailles, où  il  arriva  avant  le  retour 
du  courrier  ;  et  s'adressant  d'a]>ordà 
de  La  Martinierc ,  il  lui  observa 
qu'il  ne  pouvoit  porter  le  cordon 
noir  avant  que  M.  Aloreau  son  an- 
cien maitre  et  son  ami  en  eût  été 
décoré.  M.  de  La  Martinière  l'ap- 
prouva ,  et  l'accompagna  chez  le  roi , 
à  qui  M.  Grandjean  dit ,  avec  sa 
franchise  ordinaire  :  Sire,  vous  avez 
eu  la  bonté  de  m'eiivoyer  Je  cor- 
don de  l'ordre  de  Sainl-Micliel,  mais 
j'observe  à  votre  majeslé  que  le  cé- 
lèbre Moreau  n'en  est  point  encore 
décoré  ,  et  (ju'il  m'est  impossible  de 
le  porter  avant  lui.  Le  roi,  admi- 
rant cette  délicatesse,  le  chargea  lui- 
même  de  remettre  le  cordon  à  M. 
Moreau  ,  et  lui  promit  que  la  pre- 
mière uominatiou  seroit  pour  lui  ; 
ce  qui  se  réalisa  eu  1782.  C'est  par 
hn  que  le  collège  de  chirurgie  fut 
ouvert.  Grandjean  ht  avec  succès 
trois  opérations  de  cataractes  à  trois 
aveugles- nés  ,  con|ointemeut  avec 
son  frère  Guillaume.  Ces  enfans  fu- 
rent présentés  au  roi  ,  qui  leur  ht 
douner  à  chacun  20  louis.  Grand- 
jean a  donné  la  lumière  à  ii4  aveu- 
gles-nés ,  et  Irailoil  graluileineiit  les 
pauvres  deux  fois  par  semaine  ,  et 
même  tous  les  jours  lorsqu'il  s'agis- 
soit  de  maladies  graves.  Il  a  laissé 
différentes  pommades  très-précieu- 
ses pour  les  maladies  des  paupières. 
11  est  mort  à  Paris  en  1802,  âgé 
de  78  ans.  On  lui  doit  un  lieciieiL 
inédit  d' observai iouà.  Il  a  laissé  pour 
successeur  M.  Masson  -  Grandjean  , 
son  élève  et  son  parent. 

*  m.  GRANDJEAN  (Guillaume), 
frèrjp  puîné  du  précédent,  mort  le  j8 
octobre  1795,  à  66  ans  ,  apprit  de  sou 
frère  lesprcmiersélémeusdeson  art; 
l'exerça  coucurremmenl  avec  lui , 
et  y  acquit  aussi  ,  à  l'aide  de  ses  con- 
seils ,   beaucoup  de  réputation.    Il 


GRAN 

avolt  été  nommé  sou  survivaucier 
eu  1782   par  Louis  XVI. 

t  GR  VNDIER  (Urbaiu),   lils 
d'un  notaire  cle  Sablé,  curé  et  rha- 
uoine  de  Saiul-Pierre  de  Louduu, 
réuuissoit  aux  agrétt-.ens  de  la  figure 
les   taiens  de    lespiil.et    sur-toul 
relui  de  la  chaire.  Ses  succès  exci- 
tèrent l'envie  de  quelques  religieux 
de  Louduu  ;  celte  envie  se  changea 
vn  haiue  lorsqu'il  eut  prêché  sur  l'o- 
Lligatiou  de  se  confesser  à  sou  curé 
an  temps  pascal.  Applaudi  d'abord 
par  la    plupart   des   hommes,  re- 
cherché par  les  femmes  ,  auxquelles 
il  pJaisoit   beaucoup,  il    traita    ses 
enuemis  avec   hauteur.  Leur   veu- 
neance  couva  quelque  temps,   pour 
éclater  avec  plus  de  force.  Il  avoit 
été  directeur  des  ursuliues  de  Lou- 
duu, et ,   s'il  faiit  en  croire  le  Mer- 
cure français  ,  il  n'avoit  brigué  cet 
emploi   que  pour  faire  de  cet  asile 
de  la  pudeur  le  centre  de  ses  plai- 
sirs.   Ou  dénonça    ses  galanteries  à 
Vollkial  de  Poilievs  ,  qui  ,  en  1629, 
le  condamna  à  les  expier  clans  un 
séminaire  ,  et  le  priva  de  ses  béné- 
lires.  Eu  ayant  appelé  connue  d'a- 
bus ,  il  f\it  déclaré  innocent  au  pré- 
sidial    de    Poitiers.   Ses    ennemis  , 
loujours  acharnés  à  le  perdre ,  lui 
SMscilèrf  nt  trois  ans  après  une   af- 
faire plus  sérieuse.  Le  bruit  se  ré- 
]>andit  parmi  le  peuple  que  les  tu'su- 
luie^  de   Loiubin  éloieut  possédées. 
Celte  prétendue    possession    écla'a 
vers  la  tin  de  j65'2.  o  Quelques  re- 
ligieuses, dille  P.d'Avrigny,  eurent 
dabord  des  visions  la  nuit  ;  elles  ea 
eurentbieutôlle  jour.  Ce  n'étoit  dans 
leur  maison  que  .'spectres   et  fantô- 
mes.   Graudier  se  présentoit  à  elles 
sous  les    plus  horribles  figures,    et 
elles  tonihoienl  dans  d'étranges  cou- 
\  ulsions.  Le  curé  de  Louduu  se  plai- 
gnit  qii'on    vouloit  le   perdre ,   et 
i>rit  des  mesures  pour  se  défendre.  » 
F.n  effet ,  ses  ennemis  ne  manq»ièrcnt 
pas  de  publier    que  c'éloit   lui  qui 


GRAN 


21 


avoit  causé  la  possession  par  ses  ma- 
léiices.  r.,a  magie  étoit  alors  le  crime 
de  ceux  auxquels  on  n'en  pou  voit  itn- 
putcr  aucun  autre.  Pour  perdre  \y\us 
sûrement  Graudier  ,   on   le  noircit 
auprès    du   cardinal   de    Richr-lieu. 
Laubardemont  ,    consedler    d'état  , 
s'élaul  trouvé  à  Louduu,  Mignon, 
directeur  des  ursulines  ,    l'eulrelint 
fort  au  long  des  troubles  que  Grau- 
dier,  de    concert   avec  le  démon  , 
evciloit  dans  le  couvent.  Il  fut  se- 
coudé  dans  ses  accusations   par  les 
principaux    habitans    de     Loudun. 
Pour   mieux  prouver  la  méchancet:^ 
de  Graudier  ,  ils  l'accusèrent  d  être 
l'auteur   de    la    misérable  et    plate 
satire  publiée  dejaiis  peu  contre  le 
cardinal  ,  sous  le   titre  de  la  Cor- 
donnière de  Louduu.  Celui-ci  ,  plus 
sensible  aux  libelles  que  n'auroit  dli 
l'être  un  grand  homme  ,  saisit  avi- 
dement cette  occasion  de  se  défaire 
de   Graudier.     Laubardemont  ,   sa 
créature,  et  douze  juges  des  sièges 
voisins  de    Loudun  ,   tons  gens  de 
bien  ,  mais  d'une  crédulité  extrême, 
furent  chargés  de  lui  faire  son  i)ro- 
cès.   Graudier  fut   arrêté   le   7  dé- 
cembre  i633,  et  conduit  à  Augers. 
On   lui  fit  souffrir  une  question   si 
cruelle  ,  qu'elle  lui  fracassa  les  jam- 
bes. x\près  avoir  entendu  Astarolh  , 
de  l'ordre  desSéraphius,  chef  des  dia- 
bles qui   i)Ossédoient  les  ursulines  ; 
Basas,  Ceisus  ,  Acaos,  Cedou  ,  As- 
modée,  del'ordre  desTrônes  ;  Alex  , 
Zabulon  ,  Neplilalim ,  Chain  ,  Uriel , 
Achas,  de  l'ordre  des  Principautés , 
ou   le  condamna  à  être  brûlé  vif, 
comme  coupable  du  crime  de  magie 
et  de  possession.  Il  est  bien  extraor- 
dinaire, sans  doute,  qu'on  ait  reçu 
eu  justice  ia  dé])Osition  des  diables, 
et  que  leur  témoignage  ait  servi  de 
preuve  dans  un  procès  criminel  riù 
les  juges  opinèrent  pour  la  peine  du 
feu:  mais   ce  fait,  quoiqu'élnmge  , 
n'en  est  pas  moins  vrai.  Ou  le  con- 
duisit au  lieu  du  supplice  ,  et  il  aima 
mieux  mourir  sans  confession  que 


32  GRAN 

fie  se  confesser  à  un  des  religioux 
de  Saiiil-Fi-ançois,  qu'on  avoU  nom- 
mé pour  l'assister  ,  prëteudanl  qu'ils 
étoienl  ses  parties.  Grandier  lui  brûlé 
vif  le  i<S  avril  i63^.  Ou  dit  aièiiie 
qu'il  endura  ce  cruel  sujiplice  avec 
autant  de  constance  que  de  rcsigua- 
tion.  Comme  il  étoit  sur  le  bâcher  , 
on  aperçut  une  grosse  mouche  qui 
voloit  en  bourdonnant  sur  sa  tète. 
Uii  moine  ,  présent  à  celte  cruelle 
exécution,  et  qui  avoit  oiiï  dire 
que  Beelzébut  en  hébreu  signifie 
Dieu  des  mouches ,  s'écria  aussi- 
tôt «  que  c'étoit  ie  diable  Beel- 
zébut qui  voloit  autour  de  Gran- 
dier ,  pour  emporter  son  ame 
aux  enfers.  »  Si  l'on  demande 
comment  une  vingtaine  de  reli- 
gieuses ont  pu  se  croire  on  se  dire 
possédées,  la  réponse  est  facile.  L'es- 
prit ,  les  grâces,  la  figure  de  Grau- 
tiier  avoienl  fait  une  forte  impres- 
sion sur  CCS  i>onnes  filles  ;  honteuses 
«ie  leurs  foiblesses ,  elles  s'imaginè- 
rent que  ces  foiblesses  étoient  sur- 
naturelles. Cette  pensée  épargnoit 
à  l'ainour-propre  l'aveu  humiliant 
de  leur  fragilité.  On  se  crut  donc 
ensorcelé,  et  ou  le  dit  tout  haut. 
La  mort  de  Grandier  ne  rétablit  pas 
îe  caluie  dans  le  couvent  de  Loudun. 
«  Il  fallut  ,  dit  le  P.  d  Avrigny  , 
continuer  long-temps  les  exorcis- 
mes  :  car  ,  quoique  Asmodée  ,  Aman 
el  Gresis,  .se  fussent  retirés  an  pre- 
mier ordre  qu'on  leur  en  avoit 
donné,  il  en  resloit  assez  d'autres 
qui  disputèrent  le  terrain  tant  qu'ils 
purent.  Le  P.  Surin,  jésuite  ,  hom- 
me consommé  dans  les  voies  de 
I3ieu  ,  avoit  élé  mis  aux  pri.ses  avec 
le»  diables  ,  après  la  mort  de  Gran- 
dier. On  voit  ,  par  la  relaiion  qu'il 
vn  lit  ,  combien  ils  lui  donnèrent 
de  peine.  Jamais  ennemi  ne  s'est 
ïnieux  défendu  dans  ses  retranche- 
mens.  La  prieure^logcoit  Laviétan, 
qui  avoit  choisi  poi.r  demeure  la 
tète  de  celle  (ille.  li  s'y  défendit 
juHf]ir.iii  h  novembre  if>33.  Ce  ii''t;^l  ' 


G  RAIS 

pas  ,  comme  il  le  dit  lui  -  même  , 
qu'il  ne  se  fùl  repenti  plus  d'une 
fois  d'être  venu  faire  la  religieuse 
à  Loudun  ,  où  il  avoit  eu  beaucoup 
à  soufl'rir  ;  mais  il  n'avoil  pas  été 
le  maitre  de  s'en  aller  comme  il 
étoit  venu.  Balaam  prit  congé  de 
la  compagnie  le  29  du  même  mois  ; 
Isaacarnm  ,  le  jour  des  rois  ,  iC56. 
Behemot  fut  celui  qui  se  maintint 
le  plus  long-temps  dans  son  poste. 
Il  tint  bon  jusqu'au  i5  d'octobre 
1657  ;  mais  il  quitta  la  place  après 
un  vœu  que  fit  la  prieure  ,  d'aller 
en  pèlerinage  au  tombeau  de  saint 
François  de  Sales.  Voilà  eu  abrégé 
l'histoire  de  la  possession  de  Lou- 
dun. Deux  moines,  dit-on  ,  Mignon 
et  Baré,  avoient  préparé  de  loin  cette 
farce  atroce  pour  perdre  Grandier, 
faire  parler  d'eux  ,  et  attirer  des  au- 
mônes au  cou  veut,  qui  étoit  très-pau- 
vre. Les  diables  se  conlredisoient 
souvent  ,  savoient  si  peu  le  latin  , 
qu'ils  répondoient  tout  de  travers 
aux  iuterrogatious  qu'on  leur  fai- 
.soit,  faute  de  les  entendre  ;  faisoient 
même  un  grau.l  nombre  de  solé- 
cismes ,  tant  ils  avnienl  mal  retenu 
leur  leçon  !  On  ajoute  que  quelques 
filles  séculières  qui  avoient  fait  les 
possédées  avouèrent  la  friponnerie, 
quand  elles  virent  qu'on  neparloit 
plus  de  leur  doni\er  des  maris  ,  ainsi 
qu'on  le  leur  avoit  l'ai  !.  espérer.  Ceux 
qui  seront  curieux  de  connoitre  en- 
tièrement les  détails  de  cette  affreuse 
intrigue  auront  un  grand  nombre 
d'ouvrages  à  consulter.  Je  vais  citer 
les  piincipaiix  ,  el  d'abord  ceux  qui 
sont  favorables  à  la  prétendue  pos- 
session et  aux  exorcistes.  I.  Récit 
véritable  de  ce  qui  s'est  passé  à 
Loudun  ,  contre  rnessire  Urbain 
Grandier ,  Pans  ,  j63.q.  II.  Véri- 
lahle  7-e  talion  des  justes  procédu- 
res observées  au  fait  de  fa  posses- 
sion des  ursuUnes  de  Loudun  ,  et 
au  procès  d'Urbain  Grandier,  avec 
/es  ///('«es  généra/es  ,  touchant  les  , 
diables  exorcisés  par  le  père  Tran- 


GRAIN 

quille ,  capucin  ,  I.a  Flèche ,  1 634  , 
111-12.  III.  La  Déinonoinaiiie   de 
Loudun ,  qui  montre  la  véritable 
possession  des  religieuses  ursulines 
cl  autres  séculières ,   avec  la   liste 
des  religieuses  et  séculières  possé- 
dées ,  obsédées   et  maléjiciées  ,   le 
nom  de  leurs  démons,  le  lieu  de 
leur  résidence  et  signe  de  leur  sor- 
tie. La  mort  de  Grandier,  auteur 
de  leur  possession ,  La  Flèche ,  1 634 , 
in-i2.  iV.  Cet  ouvrage  a  eu  deux 
éditions.  Interrogatoire  de  messire 
Urbain  Grandier ,   etc.  ,  avec  les 
confrontations  des  religieuses  jjos- 
sédées  ,  contre  ledit  Grandier ,  en- 
semble la  liste  et  les  noms  des  ju- 
ges députés  par  sa  majesté  ,  Paris  , 
1634.  V.  Relation  véritable  de  ce 
qui  s'est  passé  aux  exorcismes  des 
religieuses  de  J^oudun  ,  en  la  pré- 
sence de  Monsieur  ,  frère  unique 
du  roi  ,  avec  l'attestation  des  exor- 
cistes ,  Paris  ,   iG35.  VI.  Relation 
de  la  sortie  du  démon  Balaam  du 
corps  de  la  mère  prieure  des  ur- 
sulines de  Loudun  et  ses  épouvan- 
tables   mouvemens  et  conto/sions 
en  l'exorcisme  ,  avec  l'e.rtrait  du 
procès  -  verbal  desdits   exorcismes 
qui   se  font  à-  Loudun  par  ordre 
de  monseigneur  l'évcque  de  Poi- 
tiers sous  l'autorité  du  roi ,  Paris , 
i635.  Vil.  Lettre  écrite  à  monsei- 
gneur l'évéque  de  Poitiers  par  un 
des  pères  jésuites  (Surin  )  qui  exor- 
cisent à  Loudun  ,   conte/tant    un 
brief  récit  de  la  sortie  de  Lévia- 
ihan  ,   chef  de   cinquante  démons 
qui  possèdent   tant   les  files  reli- 
gieuses que  séculières  ,  avec  un  ex- 
trait du  procès-verbal  des  e.vorcis- 
jues  qui  se  font  à  Loudun,  etc.  , 
Paris ,  iG55 .  VllI.  Miraculeux  effets 
de  l'Eglise  romaine  sur  les  horri- 
bles actions  des  princes  des  démons 
en  la  possession  des  religieuses  de 
Loudun  ,  par  Lafoucaudière  ,  Pa- 
ris ,  i655  ,  in-8°.  IX.  Les  Interro- 
gatoires  et   exorcismes   nouvel le- 
lement  faits  à  un  démon  sur  le 


GRAN 


2J 


sujet    de  la  possession    des  files 
ursulines  de  la  ville  de  Loudun , 
avec  les  réponses  du  démon  auR.  P. 
ftlallhieu  de  Luché,c<7/)//c///  et  exor- 
ciste sur  le  même  si/ jet,  au  grand 
étonnement  du  peuple, Vax'is,  i657, 
X.   Les   Miraculeux  ejj'ets   de   la 
Vierge ,  de  saint  Josep/i  et  de  saint 
7'rançois  dans   le  soulagement  et 
délivrance  des  fi  lies  ursulines  pos- 
sédées à  Loudun  ,  contre  tous  les 
efforts  des  diables  et  démons ,  Pari.s , 
1657.  Il  existe  eucore  plusieurs  ou- 
vrages imprimés  sur  celle  nialière 
el  dans  les  mêmes  principes.   Mou.* 
ne  cilerons  que  les  deux  pièces  ma- 
nuscrites suivantes  ,  que  les  auteurs^ 
de  la  Bibliothèque  historique  de  la 
France  n'ont  point  connues  ,  el  qui 
sont  conservées  dans  le  cabinet  de 
M.  Dulaure.  XI.  Rcspunses  des  dé- 
mons lorsqu'ils  ont  été  pressés  ,  ez 
e.rorcismes  d'adorer  le  St.  Sacre- 
mcnt  et  de  dire  ce  qu'ils  adoroient. 
XII.  Récit  d'une  chose  merveilleuse 
arrivée  dans  Loudun  le  %q  febvrier 
i635.  L'opinion  publique  étoit  for- 
mée sur  rinnocence  de  Grandier  , 
sur  la  crédidité  ou  la  fourberie  de 
ses  exorcistes  ,  lorsque  ,  vers  le  mi- 
lieu du   18'^  siècle,  un  prêtre  s'est 
avisé  de  composer  un  gros  volume 
dans    le    dessein    d'accuser    Urbain 
Grandier  el  de  justilier    ses  assas- 
sins. Voici  le  titre  de  cet  ouvrage, 
le  dernier  qui  ail  paru  en  faveur  de 
la  possession.  XIII.  F..xamen  et  Dis- 
cussion critique  de  l'Histoire   des 
diables  de  Loudun  ,  de  la  posses- 
sion  des  religieuses  ursulines  ,  et 
de     la     condamnation    d'Urbain 
Grandier  ,   Liège,   1749,   in  -  ^''• 
Nous  allons  maintenant  citer  les  ou- 
vrages les  plus  considérables,  écrits 
en  faveur  d'Urbain  Grandier  contre 
les    exorcistes  et  les  diables.    XIV. 
Histoire  des  diables  de  Loudun  , 
ou  de  la  possession  des  religieuses 
ursulines  et  de  la  condamnation 
et  du  supplice  d'Urbain  Grandier, 
curé  de  la  même  ville  ;  cruels  effets 


24 


GRAN 


(te  la  vengeance  du  cardinal  Rl- 
chslicu  ,  Ainsterdain  ,  i  GoS  ,  i  7  1 6  , 
1707  ,   iii-8°  ,  par  Aubin  ,  protes- 
tant de    Loiichni,   réfugié  en  Hol- 
lande. XV.   Discoi/rs  de  la  posses- 
sion   des  religieuses  ursi/liries  de 
Loiidun,  1654.  Cet  ouvrage  est  at- 
tribué à  Marc  Duucau  ,  habile  mé- 
decin de  Saumur  ,   témoin   de  ces 
scènes   ridiculf's.    XVI.    UOmbre 
d'Urbain  Grandier,  de  Loudun , 
s.i   rencontre    et   conférence    avec 
Gaufrédi  en  l'autre  monde,  i634- 
XVII.  Histoire d' U rbain  Grandier, 
condamné  comme  magicien  et  com- 
me auteur  de  la.  possession  des  re- 
Jig/euses  ursulincs  de  Loudun  ,  par 
!\I.  ***,  à  Amsterdam  ,  1705  ,  in-8°. 
Il   paroîl  que  cette  histoire   est  la 
même  que  celle  qui  est  insérée  dans 
les    Causes     célèbres    de    François 
Gayot  (le  Pitaval ,  tome  VI.  On  peut 
aussi  consulter  le    Dictionnaire  de 
Bayle  à  l'article  GRANDtER  ;   la  Bi- 
Lliotlieque  historique  du  Poitou,  par 
Dreux  du  Piadier,  tome  IV  ;  THis- 
loire  de  ]a  ville  de  Loudun,  i  vol. 
i\\-  8°  ;  IHisloire   du   Poitou  ,   par 
M.  Thibaudeau  ,  tome  VI,  cliap.  Vl  ; 
le  ?,Ionde  encliauté,    par  Baltluizar 
Beker ,  tome  IV:  Bibliothèque  uni- 
verselle et  historique  ,  tome  XXIV, 
p.  224  :  méthode  historique  de  labbë 
Lenglet  du  Fresuoy,  p.  124,  i6.')  et 
son  supplément,   p.  174,  etc.  ,  etc. 
Des  scènes  a   peu  p.ès  semblables  , 
mais  de  moindre  durée,  eurent  lieu 
clans  le  nume  temps  au  monastère 
de  Cliinon.  Quelques  années  après  , 
en  1645  ,  les  xeligieuses  de  Saint- 
Louis  de  Louviers  turent  aussi  pos- 
sédées,   mais    les    circo\istanccs  de 
leurs  possessions  ont  uii  caractère  de 
gravité  bien  supérieur.  I^es  faits,  ré- 
sultant de  la  procédure,  offrent  un 
mélange   inconcevable   de  prol'aua- 
tions  et  de  débauches  :  l'honime  le 
plus  corrompu  ne  pourra  les  lire  sans 
être  ré\oUé.  Eu  ififii  ,  les  religieu- 
ses ursulines  d'Auxonne  turent  en- 
core possédées;  mais  celte  posses- 


GRAN 

sion  ,  aussi  ridicule  que  celle  de» 
religieuses  de  Loudun ,  n'est  point 
aussi  criminelle  que  celle  des  reli- 
gieuses de  Louviers.  Les  progrès  de» 
lumières  du  iS"  siècle  ont  enfui  ar- 
rêté le  cours  de  tette  crédulité  ri- 
dicule, des  fourberies  et  des  crimes 
qui  en  résultoient ,  et  ,  sans  le  se- 
cours des  exorcismes  ,  ont  restreint 
l'autorité  du  diable. 

1 1.  GRANDIN  (  LÏÏartin),  docteur 
et  professeur  de  Sorbonue  ,  né  à 
Saint-Quentin  en  i&o4,mort  à  Paris 
le  16  novembre  i6gi  ,  a  laissé  un 
Cours  de  théologie,  en  6  vol.  in-4°, 
intitulé  Opéra  //ieo/o^/ta, purement 
écrit,  et  publié  après  sa  mort,  par 
labbé  d'Argentré,  eu  1710  et  l'j \i. 

*  II.  GRANDIN  (François),  curé 
de  St.-Julien  d'Angers  vers  1^70, 
fit  imprimer  à  Paris,  en  1674  >  ""^ 
Instruction  chrétienne  pour  les  en- 
fans,  dont  Pierre  Viel  de  Sorbonne 
étoil  auteur.  Il  y  ajouta  la  traduction 
de  plusieurs  p.saumes,  des  hymnes, 
des  cantiques ,  des  oraisons  et  des 
endroits  clioisis  de  l'Ecriture  sainte. 

GRANDiMONT.  roj.  Etienne, 
n°  Xil. 

t  I.  GRANDVAL  (Nicolas 
Racot  )  ,  organiste,  mort  à  Paris 
sa  patrie  eu  i7iî3,  à  77  .ins  ,  au- 
teur ,  I.  Vu  Foëme  de  Cartouche , 
Paris,  1725,  iu-8°,  qui  réussit 
beaucoup  dans  le  temps.  U  parodia  , 
pour  ce  sujet,  les  plus  beaux  vers  de 
la  Menriade.  il.  De  quelques  Comé- 
dies ,  comme  le  Camp  de  Porc/ié- 
î  on  lai  ne,  ylgathe.  Graudval  a  fait 
la  musiqi;e  d'une  fouie,  de  pièces  on 
vaudevilles  qui  y  étoienl  joints.  La 
petite  pièce  du  Quartier  d'Iliicr, 
(pi'on  lui  a  attribuée,  est  de  Villa- 
rel  et  lîret  ;  celle  du  Mariage  par 
Lettre-de-change ,  qu'on  lui  a  aussi 
donnée ,  est  de  Poisson.  On  a  encore 
de  lui  le  Théâtre  de  campagne ,  ou 
les  Débauches  de  l'esprit ,  Paris  , 
1708  ,  in- 12. 


GRAN 

V II.  GRANDVAL  (  Charles-Fran- 
çois Racot  ) ,  comédien  français,  fils 
du  précèdent ,  liiorl  à  Paris  le  2/\  sep- 
tembre 178.4,  à  74  ans,  représenta 
pemlanl  55  ans  les  pelits-maitres , 
à  peu  peu  près  anssi  l>ien  qi>p  Ka<on 
et  Dnfresne.  Il  remplissoii  dnns  la 
tragédie  certains  rôles  011  il  appro- 
choil  d.';  ces  grands  ac^el.lr^'.  Il  avoit 
débulft  en  1719  ,  el  lorsqu'il  se  fut 
retiré  du  théâtre,  il  continua  de 
jouir  ,  auprès  de  quelques  anciens 
aniia,  de  ratlachenienl  que  la  gaieté 
de  son  caractère,  el  sou  ame  bonne 
et  indulgente  leur  a\  oient  inspiré 
pour  lui.  La  conformité  des  lalens  , 
cl  le  même  goiV.  po'jr  !a  retraite,  le 

lièrent  avec  madame  Duinesnil 

Grandval  joignoit  au  talent  de  la 
comédie  celui  de  la  poésie.  On  a  de 
lui  quelques  Opéras comi(ji/es,\)él[l- 
lans  d'esprit  et  de  bonne  plaisante- 
rie, mais  dont  les  situations  et  les 
expressions  font  souvent  rougir  la 
pudeur. 

*  GRiVNELLI  (  Charles  ) ,  jésuite 
italien  ;  parmi  les  connoissauces 
qu'il  cultiva,  il  se  livra  p.rliculie- 
rement  à  l'élude  des  médailles  ;  et 
ayant  fait  un  très-long  séjour  à 
Vienne  en  qualité  de  contésseur  de 
l'impératrice  Guillelmine -Amélie  , 
il  en  recueillit  une  grande  (juanlilé 
venant  de  Hongrie  ,  de  Transylva- 
nie ,  de  la  Valachie  et  de  Coustanti- 
nople.  Ces  médailles  furent  pulilifjes 
par  le  P.  Frolicb,  aussi  jésuite  ,  et 
céleljre  antiquaire  ,  dans  l'ouvrage 
intitulé  Qualtior  lenîaml/ia  in  re 
nummariâ  vftere,  Viennae  Austriaj, 
i737.GraneIli  niourulàVi»  une  \  srs 
1740  :  on  a  de  lui  Topugrup/iia 
Germaniœ  ^iustrlacœ ,  eu  use  ri p  la 
à  (arolo  Granelli,  soc.  Jesu  aa- 
ver.iote,  iioi'is  accession i bus  Locu- 
ple/ata,  etc.,  Vieimae ,  1759. 

t  I.  GRANET  (  François  ) ,  dia- 
cre de  Briguolts  en  Provence  ,  vint 
assez  jeune  à  Pans.  Son  érudition 
variée  ,  et  iou  goût  pour  la   lilléra- 


ture  el  la  critique  ,  le  firent  con- 
noiire  avanlageusemenl.  Il  donna 
des  éditions  de  divers  ouvmges  , 
jusquà  sa  mort,  arrivée  le  2  avril 
I  7^1  ,  à  49  ans.  Ses  principales  pro- 
ductions sont,  I.  La  l'raa't/clion  de 
la  Chronologie  de  Newton,  1728  , 
in-4°-  IL  Un  Recueil  de  remarques 
sur  les  tragédies  de  Corneille  el 
Racine,  1738 ,  3  purt.  ,  2  vol.  iii-ii. 

III.  Plusieurs  vol.  du  Journal  inti- 
tulé Bibliothèque  Française  ,  ou 
//is/oire   liltiraire  de  la  T'rance. 

IV.  Plusieurs  articles  du  Nouvel- 
liste du  Parnasse  ,  et  dos  Obssr- 
vations  sur  les  écrits  modernes  ; 
feuille?,  périodiques  auxquelles  l'abbé 
des  Fontaines  l'avoit  associé.  Les 
déîauls  el  les  qualités  des  deux  cri- 
tiques étoient  les  mêmes  ;  du  savoir, 
du  goût,  mais  peu  de  finesse,  peu 
d'iinparlialiié  ,  trop  d'humeur  et  de 
passion.  L'abbé  Granet,  plus  criti- 
que par  intérêt  cjue  par  caractère  , 
ne  travailloit  qu'à  contre-cœur  à  ces 
uavrages  hebdomadaires,  qui  font 
souvent  beaucoup  d'ennemis,  sans 
faire  acquérir  beaucoup  de  gloire.  Il 
se  cousoloit  dans  l'espérance  qu'on 
le  inellroit  dans  un  étal  où  il  ])our~ 
roit  suivre  avec  plus  de  liberté  son 
goût  pour  les  recherches  et  l'érudi- 
tion. V.  KecueiL  de  pièces  d'histoi- 
re et  de  littérature.  Les  tomes  1  ,  2 
el  4  sont  de  fabbé  Grauet ,  le  tome 
5  du  père  Deunolets.  {Voyez  At- 
TBRBUBY.)  Vl.  UEdilion  des  (Eu- 
vres  de  Launoy,à  Genève,  1  73i,  eu 
10  vol.  in-folio  ,  avec  la  Préface ,  la 
Vie  de  l'auteur  ,  et  un  Launoyana  , 
morceau  curieux  ,  dont  le  style 
montre  que  facteur  éloit  bon  huma- 
niste,  /^q/es  Brun  ,  u'^  III. 

II.  GRANET  (Jean-Joseph  ) ,  cen- 
s'Mir  royal,  el  ancien  avocat  an  con- 
seil ,  né  à  Aix  ,  et  mort  à  Paris 
en  17.^9  ,  à  74  aus  ,  a  fait  \ His- 
toire de  r Hctel-Royal  de.-^  Invali- 
des ,  Paris,  1706  ,  m-foî.  avec  fig.  ; 
redonnée  par  l'abbé  Péran  tu  )'3'i 


26 


GRAN 


Il  avoil  de  la  liuéraUire  ;  et  ses  Ivi- 
mières  en  ce  genre  u'avoient  point 
mu  aux  études  propres  à  son  état. 

T.  GRANGE  (  Jean  de  la  ) ,  d'une 
ancienne  faïuille  du  Beaujolais  ,   se 
fit   b(':iédiclin,  et   se   rendit  habile 
dans  la  jurisprudence  civile  et  cano- 
nique. Devenu  abbé  de  Fëcanip,  il 
fut  eaii)loyé  par  le  pape  Innocent 
VI   dans  des    affaires   imporlautes. 
Charles  dit  le  Sage  le  fil   minisire 
d'état  et  surintendant  de  ses  finan- 
ces, lui  donna  l'évêché  clAuiiens  , 
et  lui   procura  la  pourpre  romaine 
en  lîîy.T.  On  remarque  de  lui  une 
chose  assez  singulière  ,  c'est  qu'étant 
président  à  la  cour  des  aides  ,  puis 
conseiller  au   parlement  ,    il  jugea 
plusieurs  procès,  même  étant  car- 
dinal. Après  la  mort  de  Cliarles  V  , 
arrivée  en  i58o,  il  craignit  le  res- 
senlimenl  de  Charles  VI ,  auquel  il 
avoit  parlé  durement,  du  vivant  de 
son  père  ,  il  quitta  la  cour  ,  et  se  re- 
tira à  Avignon ,  où  il  mourut  dans 
un  âge  avancé,  en   i4o-!,  peu   re- 
grellé.  Lorsque  CharlesVI  eut  appris 
son  départ,  il  dit  à  un  de  ses  favo- 
ris .  a  Dieu  merci  ,  nous  voilà  déli- 
vré de  la  tyrannie  de  ce  capellan.  » 
Urbain  VI ,  dans  ini  nioinerit  d'hu- 
meur ,  lui   reprocha  sou  avarice  et 
sa  perfidie.  Ce  fut  à  l'occasion   de 
la  guerre  entre  les   Anglais  et  les 
Français    que   le   pape    l'accusa    de 
prolonger   sa   commission   de  légal 
dans  la  vue  de  s'enrichir.  Un  jour  le 
pontife  s'écliappa  jusqu'à  dire  «  qu'il 
n'y  avoit  point  de  mai  au  inonde  que 
le   cardinal    d'Amiens  n'eût  fait.  » 
C'éloit  sans  doule  une  exagéralion  ; 
mais  on  ne  jieut  nier  que  ce  prélat 
ne  fût  avide  et  ambitieux.  Dans  le 
conclave  où  Clément  VI  fut   élu,  il 
se  servit  d'artiliccs  peu   honorables 
pour  se  procurer  la  tiare. 

II.  GRANGE,  rojcz  MoNTiGNY 
e/ Rivet. 

t  III.  GRANGE  (Joseph  deChan- 


GRAN 

CET,  de  la),  né  en    1676,  d'une  fa- 
mille ancienne,  à  Anloniat  près  de 
Périgueux  ,  lisoit  dès  ses  plus  ten- 
dres années  les  poètes  et  les  roman- 
ciers.  Son  père  ,   vieux   guerrier  , 
crut  corriger    sa    manie    en  jelaut 
au  feu  sa  petite  bibliothèque,  et  ne 
Kl   que   l'augmenter.    I,e   jeune  La 
Grange  passa  de  Périgueux  à  Bor- 
deaux ,    où  il  conlinua   ses   éludes 
chez  les  jésuites;  il  y  fit  \\n^.  pelile 
comédie  en  trois  actes,  qui  fut  re- 
présentée plusieurs   jours  de    suite 
par  les  écoliers.    Celle    singularité 
d'im  enfant  de  neuf  ans  lui  fit  un 
nom.  Madame  de  La  Grange  ,  deve- 
nue  veuve ,    et  espérant    bien   des 
lalens  de  son  fils  ,  le  mena  à  Paris  , 
el  le  lit  placer  dans  les  pages  de  ma- 
dame la  princesse  de  Conti.  Il  avoit 
apporté  de  Bordeaux  sa  tragédie  de 
Jugurtha;   il  la  lut  à  la  princesse  , 
qui  la  communiqua   à   Uacine.  Ce 
grand  maître  donna  des  conseils  et 
des  encouragemens  au  )eune  élève 
de  Melpomène.  Jugurtha  fut  enfin 
représenté;  et  cette  tragédie,  sans 
être  bonne,  ht  honneur  à  la  jeunesse 
du  poète  ,  qui  navoil  que  seize  ans. 
De  nouvelles  pièces  lui  procurèrent 
de  nouveaux  lauriers;  mais  ce  qui 
le  fit  le  plus  connoitre,   fut  un  li- 
helle  contre  Philippe ,  duc  d'Orléans, 
intitulé  PhUippiqiies.   La   Grange 
passa  j)0ur l'auteur  de  ces  Otfes, on, 
à  travers  ]>lusieurs  morceaux  pro- 
saïques et  beaucoup  de  vers  lâches  , 
nn   trouve   des   stances  énergiques. 
Ces  odes  restèrent  long-temps  ma- 
nuscrites; les  copies  en  étoienl  ex- 
trêmement   inullipliées  :   elles   ont 
été  imprimées  à  Paris,   eu   1795, 
in-i  2.  La  Grange  fut  obligé  de  se  sau- 
ver à  Avignon.  Il  y  avoit  dans  celle 
ville  nn  oITicier  français  qui  s'y  éloit 
réfugié   pour  un  meurtre.    On   lui 
promit  sa  grâce  s'il  en  pouvoil  faire 
sortir  l'auteur  des   Philippiques  ;  il 
l'attira  ,  sous  prétexte  d'une  pnrlie 
de  plaisir ,  hors  des  limites  du  Coin- 
tal  .   et  le  livra    lâchement  à  des 


GRAN 

gens  aposlôs  pour  le  prendre.  La 
Grange,  condiiilaux  iles  de  Saïute- 
Alargnerite  ,  y  fui  euferuié  très- 
élroitement.  Ses  talens  et  sa  gaieté 
le  rendirent  agréable  au  gouverneur, 
qui  lui  donna  quelque  liberté  dans 
le  château.  Le  poète  lit  uneépigram- 
me  contre  cet  homme  généreux  , 
qui  le  renvoya  dans  son  cachot.  Ex- 
trêmement resserré  dans  celte  pri- 
son ,  il  trouva  le  moyen  de  l'iure 
parvenir  une  Ode  an  duc  d'Orléans, 
t entre  lequel  il  avoil  écrit  sesPhi- 
lippiques;  il  y  avouoit  son  crime  et 
peignoil  son  repentir.  Ce  prince  eut 
la  bonté  de  lui  accorder  la  permis- 
sion de  se  promener  quelquefois  ;  il 
en  profila  pour  recouvrer  enlière- 
menl  sa  liberté.  11  gagna  les  soldais 
qui  l'escorloient  dans  ses  heures  de 
promenade;  ils  lui  procurèrent  une 
barque  qui  le  conduisit  au  port  de 
Ville-Franche.  La  Grange  ,  se  llat- 
tant  d'obtenir  de  l'emploi  en  Espa- 
gne ,  se  rendit  à  Madrid.  L'ambas- 
sadeur de  France  lui  ayant  enlevé 
la  proteclion  du  roi  d'Espagne  ,  il 
passa  en  Hollande.  Dès  qu'il  l'ut  ar- 
rivé à  Anislerdam  ,  les  Etals-géné- 
raux ,  dont  il  réclama  l'appui  ,  le 
firent  recevoir  liourgeois  de  celle 
ville  ,  pour  le  mettre  à  l'abri  des  re- 
présentations de  l'ambassadeur. 
I-e  roi  de  Pologne,  Auguste,  élec- 
teur de  Saxe ,  lui  lit  un  présent  et 
l'invita  à  se  rendre  auprès  de  lui  : 
il  eût  sans  doute  atceplé  celle  oflVe, 
sans  la  mort  du  duc  d'Orléans.  11 
obtint  peu  après  son  rappel  en  Fran- 
ce où  il  vécut  toujours  depuis.  Il 
mourut  au  château  d'Anlonial  le  27 
décembre  1738.  La  Grange  mettoit 
presque  toujours  du  fiel  dans  ses  dis 
cours.  Ses  concitoyens  et  ses  parens 
étoient  l'objet  de  ses  épigrammes  el 
de  ses  chansons ,  et  il  ne  les  épar- 
gnoit  pas  plus  que  ses  ennemis  :  à  ce 
défaut  il  joignoil  l'orgueil  el  la  va- 
nité :  il  faisoil  sans  façon  l'éloge  de 
ses  talens,  et  disoil  de  lui-même 
ce  que   les    autres  su    anroicul    pu 


GRAN  27 

dire,  ou  peut-être  ce  qu'ils  n'au- 
roienl  jamais  dit.  Il  travailloil  de- 
puis long-temps  à  une  Histoire  du 
Périgorcl.  Son  grand  âge  ne  lui  ayant 
pas  permis  de  continuer  ce  travail  , 
il  donna  ses  manuscrits  aux  cha- 
noines réguliers  de  Cliancelade.  On 
a  publié  les  Œuvres  de  I^a  Grange- 
C/ta/icel ,  corrigées  par  lui-même, 
à  Paris,  en  1759,  eu  .5  vol.  iu-12  ; 
on  y  trouve  les  pièces  dramatiques 
de  l'auteur  ,  plusieurs  opéras  et  des 
poésies  diverses.  Les  tragédies  sont 
ce  qui  mérite  le  plus  l'attention. 
Les  principales  sont ,  I.  Jugurtha  , 
roman  assez  bien  tissu  ,  mai» 
sans  caractères  marqués,  et  où  le 
dialogue  froid  est  dénué  de  poésie 
et  du  jeu  des  passions.  II.  Oresle 
et  Pilade  ,  pièce  ]ouée  avec  ap- 
plaudissement en  1697.  Elle  offre 
beaucoup  moins  de  simplicité  ,  mais 
plus  d'action  et  de  chaleur  que  l'I- 
phigénie  en  Taunde  de  GuymoucI 
de  l.a  Touche.  Le  dénoûintnl  est 
ridicule  dans  l'une  el  dans  l'autre 
pièce  ;  et  pour  tout  dire  ,  les  deux 
poètes  n'ont  pas  su  tirer  parti  de 
leur  sujet.  III.  jithénais  ,  aulre  tra- 
gédie pleine  d  art  et  d'intelligence  , 
mais  qui.  n'a  point  le  caractère  ,  la 
noble  simplicité  de  la  vraie  tragé- 
die. IV.  ^hnasis  ,  jouée  avec  iiii 
grand  succès  en  1701.  Nous  n'avons 
point  de  pièce  mieux  intriguée  ,  et 
dont  la  marche  soit  plus  rapide; 
mais  elle  est,  pour  le  stvie,  fort 
au-dessous  de  la  Mérope  de  Voltaire: 
c'est  le  même  sujet  sous  des  noms 
différens.  V.  I/io  et  Melicerte  parut 
pour  la  première  fois  au  théâtre  en 
1715.  A  cette  tragédie  ,  une  des  plus 
intéressantes  que  nous  ayons,  il  ne 
manque  que  la  simplicité  et  du 
coloris.  Vl.  Jd/ierlxi/ ,  roi  de  Nu- 
midie,  jouée  en  1694-  VII.  3Iéténgre, 
représentée  en  1699.  Vill.  ylkesfe, 
donnée  en  1705.  IX.  Sop/wnisùe. 
X.  Jî,rigone.  XL  Cassiusct  Viclo- 
ri/ius,  1732.  Les  principaux  Opé- 
ras de  La  Graiigesont ,  I.  Médus  , 


représentée  en  J702.U.  Cassandre, 
joiiée  en  170G.  lil.  O/p/tée,  pièce 
très- médiocre  et  mal  %'ersiriée.  IV. 
Trois  autres  Opéras  non  représen- 
tés :  ceux  qui  l'ont  été  ne  le  seront 
plus.  C;>s  six  opéras  occupent  les 
^1^  et  5*  volumes  des  Gîiivres  de  La 
Grange.  Si  ce  poêle  avoil  en  pins 
de  goùl,  il  1er  auroit  supprin:és 
absolument,  ainsi  que  ses  Poésies 
diverses,  sans  chaleur  et  sans  gra-- 
ces.  lia  pourtant  quelques  cantates 
qui  méiiieroieut  d'être  conservées, 
quoique  bien  éloignées  de  celles  de 
Rousseau.  Le  poêle  lyrique  dans  La 
Grange  éloit  fort  au-dessous  du 
poêle  tragique.  Si  on  le  considère 
sous  ce  dernier  point  de  vue,  on  ne 
peut  lui  refuser  de  l'invention  dans 
ses  plans,  quelquefois  même  un  art 
qui  tient  du  génie,  de  l'enlenle  dans 
les  scènes,  de  rintelligence ,  de  la 
justesse  dans  le  dialogue;  mais  il  a 
toujours  bâti  sur  des  fonds  roma- 
nesques. Nulle  force  dans  ses  carac- 
tères, nul  coloris:  une  versification 
lâche,  entoriillée,  des  lieux  com- 
muns, de  la  froideur.  iVrsoune  n'a 
plus  a;:pi0Lhé  que  lui  de  Th.  Cor- 
neille. 

IV.  GRANGE  (  N....  dehO  ,  d'une 
bonne  famille  de  3,Ionlpellier  ,  reçut 
une  excellente  éducalioii  ;  mais  l'in- 
quiéUide  et  la  bizarrerie  de  son  es- 
prit ne  lui  p:  rmireiit  pas  de  se  fixer 
à  un  éiat.  Il  dissipa  ses  biens ,  Cl 
neut  que  la  foible  ressource  de  sa 
plume.  Il  donna  an  théâtre  italien 
diverses  comédies,  dont  quelques- 
unes  furent  applaudies  ,  telles  que 
l.'s  Cuiit.re-'i'e,iiips  ,  Vlia/ien  marié 
à  Paris ,  la  Ga>jei/rc  ,  le  Déguise- 
ment et  les  J'cmmes  corsaires.  Il  a 
donné  au  théâtre  fiançais  ,  W^c- 
(ommodeme/it  imprévu  ,  et  le  Pa- 
jt'ii/iissement  i/ii/tile ,  1738.  Il  mil 
aussi  en  fers  l'Ecossaise  de  Vol- 
tai,re.  Nous  devons  encore  à  cel  an- 
leur  plusieurs  Traduction'i.  I.  Celle 
du  roman  d'Adrienne  ,  en  2    vol. 


GRAN 

in-12,  qui  eut  quelque  succès.  IL 
Ctlle  d'un  mauvais  roman  anglais  , 
iutitulé  :  le  Coche,  1767  ,  2  vol. 
in  li.  m.  Enfin  il  uv.lenvers  de 
huit,  syllabes  le  Phuélon  renversé, 
poème  allemand  ,on  il  y  a  des  grâces 
et  de  la  gaieté.  La  Grange  travailioit 
facilement  ;  mais  les  mallieurs  qui 
troublèrent  sa  vie  l'obligèrent  trop 
souvent  d'écrire  à  la  haie.  Il  mou- 
rut i;  l'hopilal  de  la  Charité,  à  Pans, 
eu  1767. 

■;  V.  GRANGE  (N....  de  la  )  ,  né 
à  Pans  en  1708,  parvint,  malgré 
la  pauvreté  de  ses  parens,  à  faire  des 
études  distiuguéesau  collège  de  Beau- 
vais.  Un  peu  de  pain  qu'il  einporloit 
le  malin  éloil  sa  seule  nourriture  jus- 
qu'au soir.  Comme  il  étoitéloigné  de 
la  maison  paternelle,  il  passoitles  in- 
tervalles des  classes  dans  une  allée  on 
dans  le  vestibule  d'une  église. Un  pro- 
fesseur l'ayant,  aperçu  deux  ou  trois 
fois ,  lui  fil  avouer  avec  pt  ine  findi- 
gence  de  sa  mère ,  et  lui  procura  une 
bourse.  l)e\  euu  gouverneur  du  tUs  de 
M.  le  baron  d'Holbach  ,  il  alloit  re- 
cueillir les  fruits  de  celte  éducation, 
lorsque  la  mort  l'enleva  en  1778.  La 
Grange  esl  connu  ,  I.  Par  une  édition 
des  Antiquités  de  la  Ci'èce ,  de  Lam- 
bert Bos,  Paris,  i76çi,in-i2.  IL  Par 
une  Traduction  de  Lucrèce  ,  et  des 
remarques  d'une  critique  saine  ,  dont 
plusieurs  Iniavoient  élé  fournies  par 
son  ami  le  baron  d'Holbach  ,  Paris  , 
avec  le  latin  ,  et  de  savantes  notes  , 
1768  ,  en  2  vol.  in-8°,  ou  2  vol. 
in-12.  III.  Par  une  autre  de  Sénè- 
que  ,  qui  n'a  paru  qu'après  sa 
mort,  en  1778-79,  en  7  v.  in-12, 
traduction  laissée  imparfaite  ,  et 
achevée  par  Naigeon  ,  qui  l'a  revue 
enlièrement  :  elle  est,  à  quelques 
endroits  près,  fidèle  ,  claire ,  élé- 
gante, et  supérieure  à  la  précédente; 
mais  elle  manque  quelquefois  d.^  pré- 
cision. Diderot,  ami  de  l'auteur  ,  a 
orné  cette  version  d'un  septième 
volume;  c'est  un  tableau  éloquent 


GRAN 

de  la  viedeSënèqiie.et  des  rfjines  de 
Claude  et  de  ISérou.  L'n  g')iU  i)e)iec- 
lioiiiié  parla  lecture  des  ailleurs  an- 
cieuseUiioderues  ,  une  crilique  judi- 
cieuse ,  un  caractère  doux  et  hon- 
nête ,  dislinguoieul  La  Grange. 

*  GRANGENEUVE  (  J.  A),  avo- 
cat et  substitut  du  procureur  de  la 
couinnine  de  Bordeaux  ,  où  il  etoit 
né,  fut  nommé  député  de  la  Gironde 
à  1  assemblée  législative.  Des  le  coni- 
inencetuenl  de  la  session  ,  il  provoqua 
des  mesures  de  rigueur  contre  l'énii- 
gralion  ,  et  fît  supprimer  le  litre 
de  ma)e^té  qu'on  accordoil  au  roi. 
Ce  décret  fiil  cependaiit  rapporté  le 
lendemain  ,  parce  qu'il  excila  de  la 
fcrmenlalion  dans  les  partis,  qui 
tous  y  virent,  avec  des  seulimeiis  di- 
vers de  joie  ou  de  mécoulenlemenl , 
nu  signal  de  mépris  pour  la  consli- 
Uilion  nouvelle.  Le  i*^  janvier  1792 
il  appuya  l'accusation  des  princes 
ëmii^rés  ,  el  le  1"''^  léxrier  suivant 
il  dénonça  dans  un  discours  viru- 
lent Bertrand,  ministre  de  la  ma- 
rine. Le  .21  mars  il  demanda  (pie 
la  provision  à  accorder  aux  femmes 
ou  enfans  d'émigrés  fût  lixée  à  un 
maximum  de  800  liv.,  quelsque  lus- 
sent C\v\  reste  les  droits  qu'ils  pussent 
faire  valoir.  Le  14  juin  il  insulta, 
dans  un  comité,  un  aulre  député, 
nommé  Jouneau,  et  ce  dernier  lui  en 
ayauldemaudéraison.il  la  lui  refusa, 
en  continuant  ses  msuîleset  ses  me- 
naces ;  mais  Jouneau  ,  poussé  à  bout, 
le  maltraita  de  coups  de  baionet  de 
coupsde pieds, au  pointqu'il  futforcé 
de  rester  au  lit  quelque  temps.  Jou- 
neau fu  t  en  voyé  à  l'Abbayepour  quel- 
ques jours  ,  et  Grangeneuve  lui  in- 
tenta un  procès.  11  fut  un  de  ceuxqui, 
de  concert  avec  l'ex-capucm  Cliabol, 
convinrent  en  juillet  de  se  faire  as- 
sa.-^siuer  par  des  gens  qu'ils  sol- 
dèrent ,  afin  d'exaspérer  le  peuple 
en  faveur  de  la  liberté  :  mais,  au 
moment  de  lexéculion,  il  craignit 
d  être  trop  bien  assassiné,  et  y  re- 


GRAIN 


20 


nonça.  Madame  Roland,  amie  ce 
Grai!geneu\e  ,  cite  celte  anecdote 
dans  SCS  Mémoires.  Le  5  août  il  de- 
manda que  l'assemblée  ouvrit  sur- 
le-champ  la  discussion  pour  savoir 
si  ou  prononceroit  la  déchéance 
du  roi.  Devenu  membre  de  la  con- 
vention ,  il  y  figura  moins  que 
dans  la  Isgis'alure  ,  suivit  la 
marche  de  la  Gironde,  qui  devint 
plus  modérée  à  mesure  que  la  Mon- 
tagne prit  plus  d'empire.  Enveloppé 
dans  la  proscription  du  5 1  mai  1793, 
il  s'échappa  de  Paris,  fui  niis  hors 
de  la  loi  le  28  juillet  ,  et  ensuite 
arrélé  à  Bordeaux,  où  la  commission 
militaire  le  condamna  à  mort  le  1^'' 
nivôse  an  :2  (  Ji  décembre  1795.  )  11 
étoit  âgé  de  i\'h  ans. 

L  GRANGER  (N.),  célèbre  voya- 
geur, natif  de  Dijon  ,  mort  en  reve- 
nant d'un  voyage  de  Perse  ,  à  deux 
journées  de  Bassora  ,  vers  l'an  i755, 
a  laissé  ,  dit-on  ,  des  Ilelations  exac- 
tes el  curieuses  de  ses  cour.-cs  dans 
différentes  parties  du  Levant  ;  mais 
on  n'a  encore  mis  au  jour  que  son 
Voyage  d'Egypte ,  qui  est  mslruclif 
et  intéressant.  On  y  voit  ce  qu'il  y 
a  de  plus  remarquable  dans  ce  pays  , 
principalement  sur  Ihistoire  natu- 
relle. Celte  relation,  publiée  eu  1 74 '\ 
à  Pans  ,  est  précédée  d'une  préface 
hisLorique  ,  daus  la'^ueile  on  hi  plu- 
sieurs particularités  lutére.  santés  sur 
l'auteur. 

*  11.  GRANGER  (Jacques),  théo- 
logien anglais  ,  mort  en  1776  ,  vi- 
ctirc  de  Shiplake  au  comlé  dOx- 
ford  ,  a  publié  un  ouvrage  très- 
précieux  ,  intitulé  Histoire  bio- 
graphique de  l'Jngleterre ,  4  vol. 
in-8".  Granger  ,  frappé  d'apoplexie 
dans  sou  église  ,  à  l'instant  où  il 
donnoit  la  communion,  mourut  le 
lend  inain. 

GRANGES  (des).  Voy.  ■Massox 

DES   Gn\Nl>ES. 

I.  GRANIER.  Voyez  Mauj-éox. 


3o  GRAN 

n.  GRANIER  (Pierre),  sculpteur  , 
(lu  diocèse  de  Montpellier,  mort  en 
171  b,  à  So  ans  ,  orna  de  ses  ouvrages 
ies  jardins  de  Versailles. 

GRANJON  (Robert),  célèbre 
graveur  et  fondeur  de  caractères 
d'imprimerie,  tlonssoil  vers  le  mi- 
lieu du  16*^  siècle,  li  quitta  Paris 
pour  se  fixer  à  Lyon  ,  où  il  grava 
des  caractères  propres  à  l'impression 
de  la  musique  eu  15?^. 

GRANMONT  ,  si  célèbre  dans 
l'histoire  des  tlibusliers  ,  gentil- 
homme, né  à  Pans  dans  le  17" 
siècle  ,  perdit  son  père  dès  sa  pins 
tendre  enfance:  sa  mère  se  remaria  ; 
et  un  ofticier  étant  devenu  amou- 
reux de  sa  scDur,  Granmont,  choqué 
de  ses  assiduités  ,  mil  l'épée  à  la 
main  contre  lui,  quoique  encore  en- 
fant,  et  Ir.i  fit  trois  blessures.  Cet 
amant  inl'ortuné  en  mourut  peu  de 
temps  après  avoir  obtenu  la  grâce 
de  son  meurtrier.  Granmont  entra 
ensuite  au  service  ,  et  lit  plusieurs 
campagnes  suriner,  où  il  acquit  une 
grande  réputation.  Enfin,  ayant  eu 
le  commandement  d'une  frégate  ar- 
mée en  course  ,  avec  un  cinquième 
de  profit ,  il  prit  auprès  de  la  Mar- 
tinique une  tlûle  hollandaise  qui  va- 
loi  t  quatre  cent  mille  livres,  la  mena 
à  St.-Dommgue  où  il  perdit  au  jeu  , 
et  où  il  consomma  en  débauches  sa 
jiart  et  celle  de  ses  associés.  N'osant 
retourner  en  France  ,  il  se  Ht  thbus- 
tier.  Sa  bonne  grâce  ,  ses  manières 
lionnètes ,  beaucoup  de  désintéresse- 
ment, jointsà  toutes  les  qualités  d'un 
grand  capitaine ,  le  distinguèrent 
bientôt  des  autres  chefs  de  ce  corps  , 
qui  étoit  alors  dans  sa  plus  grande 
réputation.  Mais,  avec  des  qualités 
(|ni  l'aiiroient  puéleveraux  premiers 
honneurs  de  la  guerre  ,  il  avoit  tous 
les  vices  d'un  corsaire.  Il  porta  la 
débauche  des  Icuuncs  et  du  vin  aux 
plus  grands  excès.  Une  de  ses  plus 
t.onsidérables  expéditions  fut  la 
j;)iise  de  Campèche  en  i6S5.  Celte 


G  II  AN 

ville  étoit  aux  Espagnols  ,  et  Cran- 
mont  ne  leur  lit  aucun  quartier. 
Deux  de  ses  geus  ayant  été  pris  dan* 
cette  occasion  par  un  détachement 
que  conunandoit  le  gouverneur  de 
Mérida ,  Granmont  les  envoya  re- 
demander au  gouverneur ,  promet- 
tant de  lui  renvoyer  tous  les  prison- 
niers (jiùl  avoit  faits  jusque-là,  sans 
en  excepter  le  gouverneur  de  Cain- 
pèche  elles  autres  olficiers.  Sa  de- 
mande lui  ayant  été  refusée  ,  il  ré- 
duisit toiUe  !a  ville  en  cendres,  fit 
sauter  la  forteresse,  brûla,  le  jour 
de  Saint-Louis,  dans  un  feu  de  joie  , 
pour  deux  cent  mille  écus  de  bois 
de  Campèche  ,  qui  étoit  le  meilleur 
de  son  bu  lin,  cl  i)arlil  pour  la  côte  de 
S.-Uoimngue.  On  croit  que  ce  guer- 
rier mourut  l'année  suivante  i686. 
Il  fut  fait  celte  année-là  lieutenant 
de  roi  ,  et  l'on  conçut  le  dessein  de 
lui  donner  le  comniandemenl  de  la 
côte  du  Sud.  Pour  se  rendre  encore 
plus  digne  de  cet  honneur  ,  il  voulut 
faire  une  dernière  course  en  qualité 
de  flibustier.  Après  avoir  armé  uti 
navire  ,  où  il  mil  environ  cent  qua- 
tre-vingts hommes,  il  partit  clans  le 
mois  d'octobre  1 686  ,  et  l'on  n'a  ja- 
mais pu  savoir  ce  que  ni  lui  ni  son 
équipage  éloienl  devenus. 

t  GRx\NNACCI ,  peintre  de  FIo^ 
rence  ,  mort  en  i543,  âgé  de  h'j 
ans.  Cet  artiste,  auquel  on  accorde 
de  la  célébrité  ,  n'est  cependant 
connu  que  tomme  peintre  de  déco- 
rations et  des  mascarades  alors  eu 
usage  à  Florence  dans  le  temps  du 
carnaval.  Celles  où  l'on  représente 
des  actions  héroïques  et  sérieuses 
sont  de  son  invention.  Laurent  tU 
Rlédicis  lui  en  fil  composer  une  dont 
le  sujet  éloil  le  triomphe  de  Paul- 
Emile.  Lors  d'un  voyage  que  fit  Iç 
pape  l,éonX  à  Florence  ,  Graniiacci 
fut  encore  chargé  du  triomphe  dç 
Camille,  et  l'exécution  cb:  cet  ou- 
vrage surpassa  tout  ce  que  l'on  avoit 
vu  de  lui.  Au  veste ,  s'il  est  Vrai  que 


GRAIN' 

Mirhel-Ange  l'ait  choisi  pour  tra- 
vailler à  ses  cartons,  cet  artiste 
lie  devoit  pas  être  dépourvu  de 
mcvite. 

*  l.  GRANT  (François,  lord 
CuLL.EN  ),  Ecossais  ,  né  vers  1660, 
dune  famille  ancienne ,  mort  en 
1726  ,  est  auteur  d'un  Traité  où  il 
entreprend  de  prouver  que  le  roi 
Jacques  a  abdiqué  la  couronne.  La 
reine  Anne  le  créa  baronnet ,  et  le 
nomma  juge. 

*  II.  GRANT  (Patrice),  juge 
écossais,  né  à  Edimbourg  eu  1698, 
mort  dans  la  même  ville  en  176^, 
l'ut  en  1754  un  des  lords  de  celle 
session, sous  le  titre  de  lord  Preston- 
Grange.  Grant  est  auteur  de  plu- 
sieurs écrits  contre  ta  rébellion. 

GRANVELLE.  roj.  Perrenot. 

*  GRANVILLE  (  George  ,  baron 
DE  Lansdoavn  )  ,  fils  de  Bernard 
Greenville  ou  Granville  ,  et  petit- 
lils  du  fauieux  sir  Bevil-GreenviUc  , 
né  en  1667  au  comté  de  Coruouailles, 
mort  en  1735  .  ne  fut  pas  nioius 
distingué  par  ses  talens  que  par 
sa  naissance.  A  12  ans  il  fut  mis  au 
collège  de  la  Trinité  à  Cambridge ,  et 
en  i685  ilavoitdéjà  composé  quel- 
ques pièces  de  vers  à  l'occasion  de 
i'avénenient  de  Jacques  11  au  trône. 
Pendant  la  révolulion  ,  il  se  retira 
dans  ses  terres ,  où  il  s'occupa  uni- 
quement de  littérature.  Eu  1686  il 
iit  jouer  sa  comédie  de  V Amour  hé~ 
roicjue  ,  qui  eut  un  grand  succès,  et 
qui  fut  suivie  peu  après  d'un  poëme 
dramatique  ,  les  Enchanteurs  bre- 
tons. A  l'avènement  de  la  reine 
Amie  il  fut  nommé  an  parlement; 
et  en  1710  le  lord  Granville  fut 
fiait  secrétaire  d'élat  au  département 
de  la  guerre  ;  la  même  année  il 
épousa  la  fille  du  comte  de  Jersey  , 
et  peu  après  fut  créé  pair,  sous  le 
titre  de  lord  Lansdown  ,  baron  de 
Bidsford.  A  l'avénenieul  de  Geor- 


GRAS 


3i 


ge  II  il  perdit  sa  place,  et  eu  17 19 
\\  fut  mis  à  la  tour  de  Loudres  ,  sur 
le  soupçon  d'avoir  trempé  dans  un 
complot  contre  le  gouvernement.  11 
obtint  sa  liberté  en  1717,  et  passa 
en  Frar\ce  ,  où  il  demeura  plusieurs 
années.  Les  (Euvres  de  Granvill* 
ont  été  publiées  eu  2  vol.  in-4°. 

*  GRAPALDUS  (François -Ma- 
rins )  ,  né  à  Parme  au  16''  siècle  , 
a  donné,  dans  mi  livre  assez  curieux, 
uue  description  de  toutes  les  parties 
d'une  maison.  Cet  ouvrage  a  eu 
beaucoup  d'éditions. 

GRAPH^US  ou  SciiRivER, 
(  Corneille)  ,  imprimeur  et  bon  lit- 
térateur, né  à  Alost ,  secrétaire  de 
la  ville  d'Anvers,  mort  eu  i.o58, 
à  l'âge  de  77  ans  ,  publia  beaucoup 
de  petits  Poëmes  à  loccasion  des 
évènemens  mémorables  arrivés  de 
son  temps .  el  des  Eglogues  sacrées. 
Jean  Servilius  a  donné  des  uotes  sur 
ses  Eglogues  sacrées,  Anvers,  i556, 
in-12. 

I.  GRAS  (Louise  de  Marillac 
veuve  de  M.  le  ) ,  née  à  Pans  le 
12  août  lôgi  ,  éloit  fille  unique 
de  Marguerite  Camus  et  de  Louis 
de  Marillac,  seigneur  de  Perrière, 
frère  de  Michel  de  Marillac  ,  gardç 
des  sceaux.  Elle  épousa  en  161 3 
Antoine  Le  Gras,  de  Monlferrand 
en  Auvergne,  secrétaire  des  com- 
raandemens  de  la  reine  ftlarie  de 
Médicis.  Son  mari  étant  mort  eu 
162»  ,  elle  se  consacra  entièrement 
à  la  piété.  Jean  -  Pierre  Camus  , 
évèque  de  Belley  ,  qui  avoit  été  sou 
directeur,  la  coulia  à  saint  Vincent: 
de  Paule  ,  qui  s'en  servit  pour  ses 
divers  élablissemens.  Elle  fonda  , 
avec  ce  saint  homme  les  Sœurs 
de  la  Charité  ,  connues  sous  le 
nom  de  Sœurs  Grises  :  il  l'en- 
voya en  1629  dans  les  villages  vi- 
siter les  confréries  de  charité  qu'il 
y  avoit  établies  pour  le  secours  de« 
pauvres  malades  ;  et  cpinme  on  cjou- 


32 


GRAS 


ta  à  ces  coiilVcries  ,  qui  s'etublirenl 
dans  phiEieurs  paroisses  de  Ptins  , 
des  servantes  pour  soulager  les  da- 
mes qui  se  dévouoient  à  ces  cliari- 
laWes  exercices  ,  il  jugea  à  propos 
d'eu  fonner  une  espèce  de  commu- 
naulë  sous  le  uoiu  de  Sœurs  Grises. 
Ces  lîUes ,  destinées  à  avoir  soin 
des  pavivres  malades ,  se  multipliè- 
rent beaucoup  eu  peu  de  temps  Elles 
avoient  plus  de  trois  cents  étnblis- 
semens  ,  tant  en  France  ,  qu'on  Po- 
logne cl  dans  les  Pays-Bas.  «Peul- 
èlre  u'esl-il  rien  de  plus  grand  sur 
la  terre  ,  dit  Voltaire  ,  que  le  sacri- 
fice que  lait  un  sexe  délicat  ,  de  la 
beauté  et  de  la  jeunesse  ,  souvent  de 
la  haute  naissance,  pour  soulager 
dans  les  liûpilaux  ce  ramas  de  tou- 
tes les  misères  humaines  dont  ia  vue 
est  si  humiliaule  pour  notre  orgueil, 
et  si  révoltante  pour  notre  délica- 
tesse. »  Les  enf'ans  trouvés  se  sen- 
tirent aussi  des  effets  de  la  chanté 
de  madame  Le  Gras.  Elle  loua  une 
maison  dans  le  faubourg  Sainl-Vic- 
tor  pour  servir  de  retraite  à  ces  iu- 
joitunés.  Ses  soins  s'éteudirenl  jus- 
que sur  les  fous  et  sur  les  galér-iens. 
Celte  généreuse  bienfaitrice  de  l'hu- 
manilé  mourut  le  i5  mars  1662. 
Ou  peut  consulter  sa  vie  écrite  par 
Gobillon  ,  in-i:2. 

II.  GFix^S  (Antoine  le  ),  Pari- 
sien ,  entra  dans  la  congrégation  de 
l'Oratoire  ,  où  il  se  fil  remarquer 
par  ses  lalens  et  ses  mœurs.  Etant 
rentré  dans  le  monde  ,  il  cultiva 
les  lettres,  et  s'altacha  sur-tout  à 
l'étude  de  l'Ecriture  et  des  Pères. 
Nous  avons  de  lui  ,  L  Fies  des 
grands  capitaines  ,  traduites  en 
français  du  latin  de  Cornélius  Ne- 
pos  ,  1729  ,  iti-i->.  U.  Oui'rages  des 
SS.  pères  qui  ont.  vécu  du  temps 
des  Jpôtres  ,  traduits  ,  avec  des 
notes,  1717  ,  in-12  ,  et  réimprimés 
en  )T29,  sous  le  mèine  formai.  Ces 
deux  versions  sont  exactes  et  lidèles  ; 
toais  Ja  première  est  ùoide   et  dil- 


GRAS 

fuse.  L'auteur  inonrui  en  17P1  ,  âg" 
d'environ  70  ans.  —  Il  ne  faut  pa» 
le  confondre  avec  Jacques  Le  Guas, 
avocat  à  lloucn  sa  patrie  ,  mort  vers 
1600  ,  dont  on  a  en  vers  français  une 
Tradurlion  de  l'ouvrage  d'IlésioJc 
qui  a  pour  titre  :  Les  (::,uvres  et  les 
Jours,  que  l'auteur  dédia  à  sou  père, 
et  qui  ne  fut  imprimée  qu'en  i586  , 
à  Paris. 

*  GRASLIN  (Jean-Joseph-Louis  ) , 
né  à  'l'ours  en  \']'2'j ,  mort  en  1^90 
à  Nantes,  où  il  fui  trente- trois  ans 
receveur-général  des  lèrmes  ,  conçut 
et  exécuta  le  projet  d'élever  dans 
cette  Ville  ,  sur  un  terrain  aride  el 
niontueux,un  quartier  neuf,  d'a- 
j)res  un  pian  régulier.  Les  obstacles 
qu'il  eut  à  sunuouter  ,  les  travaux 
les  plus  pénibles,  ne  le  rebutèrent 
pouu.  Sa  cousiance  ,  ^a  fermeté  el 
ses  lumières  furent  couronnés  ,  et 
en  dix  ans  les  habitans  de  Nantes 
durent  à  Grasiin  le  plus  beau  quar- 
tier de  leur  vill<--.  Ou  a  de  cet  homme 
eslinudile  un  Lissai  analytique  sur 
ta  ric/iesse  el  l' impôt. ,  vol.  in-S". 
Londres  J767,  dédié  à  la  société 
royale  d'iigricidlure  de  Tours,  ou- 
vrage où  il  développe  .les  idées  vas- 
tes et  profondes  sur  le  système  éco- 
nomique. La  société  d'agriculture  de 
Limoges  ,  ayant  proposé  de  démon- 
trer et  d  apprécier  l'effet  de  l'impôt 
mdirect  sur  le  revenu  des  proprié- 
laires  de  biens-fonds  ,  Graslni  traita 
cet  le  question  en  financier  Ires-éciairé, 
el  son  mémoire  reçut  lapprobalioa 
générale. 

*GRASSEK  ou  Guassecius 
(George),  médecin,  né  à  Stras- 
bourg, florissoit  dans  celte  ville  au 
commencement  du  17"^  siècle.  11  est 
auteur  de  quelques  ouvrages  peu  in- 
téressans  ;  ou  remarque  cependant 
celui  intitulé  O ratio  de  dicta  \'ulr- 
gari  :  Medicè  vivere  est  pessimè 
uiuere  ,  Argentinaj  ,  1611,  in-8°, 
dans  le  second  tome  des  oraisons  pro- 
noncées à  Suasbourg. 


GRAS 

*  GRASSET-SAINT-SAITVEUR 

(  N***  ),  né  à  Aloatréal ,  eu  Canada, 
en  1737,  mort  à  Paris  eu  1810, 
fut  vice-consul  de  France  en  Hou- 
j^rie.  Comme  lilléraleiir  on  lui 
doit ,  I.  Costumes  civils  et  actuels 
de  tous  les  peuples  connus,  avec 
Maréchal,  1784.  II.  Tableaux  de 
la  fable ,  représentés  par  Jigures  , 
accompagnés  d'explications,  avec  le 
même.  III.  Tableaux  cosmogra- 
phiques de  l'Europe ,  l'Jsie  ,  1'j4- 
frique  et  l'Amérique,  1787  ,  in-4°. 
IV.  L'antique  Rome,  ou  descrip- 
tion historique  et  pittoresque  de 
tout  ce  qui  concerne  le  peuple  ro- 
main dans  les  costumes  civils ,  mi- 
litaires et  religieux  ,  dans  les 
mœurs  publiques  et  priuées  ,  de- 
puis  Ronwlus  jusqu'à  Auguste , 
17950U  1796,  [n-i\".V .Les Amours 
du  comte  de  Botinei'al ,  pacha  à 
deux  queues ,  connu  sous  le  nom 
d'Osman  ,  rédigés  d'après  quelques 
mémoires  particuliers ,  1796,  in- 
18.  VI.  Le  Sérail ,  ou  histoire  des 
intrigues  secrètes  et  amoureuses 
du  (.irand-Seigneur ,  1790  ,  2  vol. 
VII.  Fastes  du  peuple  français  , 
ou  Tableaux  raisonnes  de  toutes 
les  actions  héroïques  et  civiques 
du  soldat  et  du  citoyen  français  , 
etc.,  1796,  in-4°.  VllI.  11  arc  , 
Julia  et  Zelrnire  ,  Histoire  véri- 
table,  traduite  de  l'anglais,  1796  , 
in-i  2.  IX.  Voyage  dans  les  îles  Vé- 
nitiennes ,  3  vol.  in -8°,  avec  un 
allas,  in-4°.  X.  Voyage  dans  les  îles 
Baléares  ,  encyclopédie  des  voya- 
ges, .T  vol.  ,  in-4'',  et  enfin,  XII. 
Le  J^fuséum  de  la  Jeunesse  ,  dont 
dix  livraisons  ont  paru  avant  sa 
mort.  M.  Babié  ,  homme  de  lettres  , 
son  ami ,  avec  lequel  il  avoit  donné 
les  Archives  de  [honneur ,  ou 
notice  sur  les  généraux ,  amiraux 
et  officiers  de  tout  grade  qui  ont 
fait  les  campagnes  de  la  réi'olu- 
tion,  huit  voîum.  in-8°  ,  s-e  charge 
de  terminer  cet  intéressant  ou- 
vrage. 

T.    TlII. 


^GRAS  33 

*  GRASSETTI  (  Jacob  ) ,  Alode- 
nois  ,  de  la  compagnie  de  Jésus  , 
distingué  par  son  savoir  et  par  sa 
grande  piété  ,  mourut  à  Kimiui , 
où  il  étoit  professeur  ,  en  1667  ,  à 
l'âge  de  80  ans.  On  a  de  lui  ,  I.  Vita. 
del  B.  Liiigi  Gonzaga  ,  Mauloue  , 
1608.  II.  Manuale  degli  escrcizi 
spirituali  del  P.  Villacastin  tra- 
detto  dallo  spagnuolo  ,  Modene  , 
iG36.  III.  Vita  di  S.  Caterina  da. 
Bologna  ,  Bologne  ,  1620.  —  Il  ne 
faut  pas  le  conibudre  avec  le  P. 
Hippoiyte  Grassetti  ,  aussi  Mo- 
deiiois  et  jésuite,  bon  théologien, 
qui  mourut  a  Plaisance  en  1663  ,  et 
qui  a  laissé  ,  I.  Anatome  necis  p?v~ 
ditoriœ  ,  [Lu{;duai  ,  ifiGo  ,  in-fol. 
II.  Epigjammatum  liber  primus  , 
Placenliae ,  1660. 

*  I.  GRASSI  (  Charles  de') ,  de  Pa- 
lerme,  jurisconsulte,  mort  eu  1617  , 
a  écrit ,  Tractatus  de  exceplionibus 
ad  materiam  statuti  cxcludenlis 
omnes  exceptiones;  De  ejfeclibus 
clericatus ,  in  qio prœter ecclesias- 
licam  jurisdictioncm ,  et  clcrico- 
rum  privilégia  ,  omnes  ferè  casus 
ad  materiam  pertinentes  declaran- 
ti/r,  et  resoluuntur;  De  ejfectibus 
amicitiœ  ,  etc.  Ou  a  de  Pierre  de' 
GKAsst  son  frère, aussi  jurisconsulte, 
Additiones  ad  tractalum  de  excep- 
tionibus  ad  mareriam  statuti  ex- 
cludenlls  omnes  exceptiones  Caroli 
de  Grassi  f/at/ v'5 . 

*  II.  GRASSI  (Horace),  jésniie 
de  Savone  ,  professeur  de  mathé- 
matiques au  collège  Romain ,  où 
il  mourut  en  j  6.^)4,  s'est  rendu 
célètne  parsesdispiiles  avec  Galilée  , 
sur  la  doctrine  qu'on  devoii  adop- 
ter pour  les  comètes  ,  et  il  publia  , 
sous  le  nom  sujiposé  deLotario  Sarsi, 
un  ouvrage  intitulé  Libra  astro- 
nomica  e flosojica,  qui  fut  suivi 
de  celui-ci  :  ïiatio  ponderum  li- 
brœ  et  symbellœ.  Galilée,  d'accord 
avec  Saggiatore  ,  lui  ré])ondit,  et 
ce  fut  ce  deruiet  qui  lui  fournil  le* 


i 


GRAS 


meilleures  armes  pour  l'attaquer. 
Ou  doit  encore  à  Grassi  le  plan  de 
la  vaste  église  de  S.  Iguace  à  Rome. 
Le  Uoiiiiuiquiu  avoit  fait  deux  des- 
sins pour  celte  église  ;  mais  Grassi 
en  tira  ce  qu'il  y  avoit  de  mieux, 
et  eu  fit  un  troisième  ,  ce  qui  fcicha 
Le  Doininiqutn  au  point  qu'il  ne  vou- 
lut point  donner  le  dessin  qu'il  avoit 
fait  pour  la  façade.  Ou  a  encore  de 
cet  auteur  ,  Lfiuinl  templi  exc/si 
oratio  habita  in  F'aticano  sacello 
ad  summum  Urbanum  T'IIl  ipso 
parasceue  die  ,  Roinse,  i63i. 

I.  GRASSIS  (Paris  de),  maître 
des  cérémonies  sous  le  pape  Léon  X, 
ensuite  évêque  de  Pezaro,^t  uue 
Epitaphe  ,  qu'il  supposa  que  Publius 
Grassus  avoit  composée  pour  sa 
mule.  Ou  raconte  que  quelques  mau- 
vais antiquaires,  trompés,  lui  pro- 
diguèrent des  éloges  ,  parce  qu'ils  la 
croyoïeut  ancienne  ;  ils  l'auroient 
mise  au-dessous  du  médiocre,  s'ils 
l'avoient  sue  moderne.  Il  a  laissé  un 
Cérémonial  qui  est  estimé. 

II.  G  R  x\  S  S I  S  (  Paduanus  de  )  , 
franciscain  ,  natif  de  Barlelte  ,  ilo- 
rissoil  au  16*^  siècle.  11  prêcha  et 
écrivit  avec  un  succès  égal.  On  a  de 
lui ,  De  Repuhlicd  ecclcsiasticâ  , 
et  Enchiridion  ecclesiasticum  , 
Venise,  i58o,  in-4°,  et  d'autres 
ouvrages  bons  pour  leur  temps. 

t  GRASWINCKEL  (Théodore), 
natif  de  Uelft,  avocat  fiscal  des  do- 
maines de  Hollande  ,  greffier  et  se- 
crétaire de  la  chambre  mi-partie  de 
la  part  des  États-généraux  à  La  Haye, 
mort  à  Rlalines  le  12  octobre  1666, 
à  66  ans,éloit  versé  dans  les  ma- 
tières de  droit ,  les  belles-lettres  et 
la  poésie  latine.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont,  I.  Un  livre  JDe  jure 
7najestatis ,  1642,  in-4°.  11.  De 
fide  àœrelicis  et  rebel/ibus  se/van- 
dâ ,  1660.  III.  Ijiberias  J^eneta.  , 
seu  Venelurum  in  se  ac  suos  i/n~ 
perandi  jus  ,  i654,  iii-4°  >  q"i  l»» 


G  RAT 

procura  le  titre  de  chevalier  de  St.- 
Marc.  IV.  Vsalniorum  Davidis  Fa- 
raphrasis ,  en  vers  héroïques ,  Lu 
Haye,  \bl\"t,  in-4"-  V.  Thomœ  a 
Kempis  de  Imitatione  Christ i  li- 
hri  très ,  carminé  expressi  ,  Ro- 
terdam  ,  166  j  Graswinckel ,  parent 
et  grand  ami  de  Grotius  ,  accompa- 
gna cet  homme  célèbre  lorsqu'il  fut 
obligé  de  se  retirer  en  France  ,  pour 
se  soustraire  aux  poursuites  des  go- 
maristes  ,  et  publia  plusieurs  ou- 
vrages pour  la  défense  de  ceux  de 
sou  parent. 

I-  GRATAROLE  ou  Gkatabo- 
Lus  (  Guillaume  )  ,  médecin  de  Ber- 
game  ,  professa  son  art  à  Padoue 
avec  beaucoup  de  distinction.  ÎMais 
setant  laissé  séduire  par  les  uou- 
veaux  hérétiques,  il  sacrifia  sa  for- 
tune au  calvinisme  ,  et  se  retira  à 
Bàle  ,  où  il  mourut  le  16  avril  i568, 
à  52  ans  ,  dans  un  éiat  qui  appro- 
choit  de  findigcnce  Gralarole  étoit 
un  homme  d'une  probité  rigide.  Les 
ouvrages  qui  lui  ont  fait  le  plus 
d'iîouueur  sont  ,  I.  Un  Traité  de  la 
manière  de  conseruer  et  d'augm^en- 
ter  la  mémoire ,  en  latin ,  Francfort, 
in- 12  ,  traduit  eu  français  par 
Etienne  Coppe ,  Lyon  ,  i586  ,  iu-i  2. 
H.  Uu  autre  Traité  de  la  conserva- 
tion de  la  santé  des  magistrats ,  des 
voyageurs  ,  des  hommes  d'étude , 
eu  latin  ,  Francfort,   1591  ,  in-12. 

III.  JJe  prœdicfione  morum  natu- 
rarumque  hominum,  facili  ex  ins~ 
pectione  partium  corporis ,  iii-8". 

IV.  De  vini  iiaturâ,  Strasbourg, 
i56.S  ,  réimprimé  à  Cologne,  1671, 
in -8°.  V.  11  fut  éditeur  d'un  Re- 
cueil de  divers  ouvrages  de  Pom-  I 
poaace.  Baie,  1565,  iu-8°.  II  avoit  f 
été  disciple  de  cet  homme  célèbre  , 
dont  il  adopta  quelques  -  unes  des 
idées.  VI.  Prog/iostica  naturalia 
detemporum  mutatione,Bà\e,  1 55^, 
in-h".  Gratarole  voulut  aussi  se  rac- 
ler de  controverse.  Il  écrivit  un  li- 
vre sur  les  marques  de  VAutechrisl. 


G  HAT 

ToHlce  qu'il  a  composé  est  éciilen 
latin.  —  lîoujeau  Gkatakole  ,  son 
parent  ,  vivoit  à  peu  pies  dans  le 
même  temps,  et  s'acquit  quelque 
renom  par  une  Topographie ,  en 
italien  ,  de  la  rivière  de  Salo  ,  dans 
le  Bressan ,  sa  patrie  ;  et  par  quel- 
ques bonnes  tragédies  ,  Jclé  ,  Po- 
lixèrie,  Jstiaiiax.  Le  marquis  Mal- 
l'ei  a  ji'.gé  cette  dernière  digne  d'en- 
trer dans  sou  recueil. 

*  GRATI  (Jérôme),  noble  bolo- 
nais et  célèbre  juriscoasulle  ,  après 
avoir  pris  le  bonnet  de  docteur  dans 
sa  patrie  en  ib-i'j ,  et  avoir  pendant 
quelque  temps  professé  le  droit,  passa 
à  Valence  en  Dauphiné  en  1 5^o  ,  où 
il  se  Fit  une  grande  réputation.  En 
i544  le  sénat  de  Bologne  le.  contrai 
guit  de  retourner  dans  sa  patrie  ,  où 
il  mourut  presque  en  arrivant. 
Clément  VII  Tavoit  créé  chevalier, 
et  Paul  m,  comte  palatin.  On  a  de 
lui ,  I.  Hieronymi  Craii  Bononicn- 
sis  J.  C.  et  consiliaril  regil  res- 
ponsorum ,  Luneîii,  ib/\:\,  3  vol. 
in-fol.,  avec  une  dédicace  à  Fran- 
çois \".  Cette  édition  est  x-are.  U. 
Vousiitum  matrimoniale ,  Franco- 
furti ,  i58o. 

GRATIAN.  rojez  Gractan. 

t  I.  GRATIANI  ou  Gsaziani 
(Antoine-Marie)  naquit  eni556, 
dans  la  petite  ville  del  IJorgo  san 
Sepulcro,  en  Toscane  ,  d'une  tamille 
noble.  Le  cardinal  Commendon 
voulut  bien  être  son  maître  ,  et 
trouva  dans  son  disciple  les  dispo- 
sitions les  plus  heureuses  pour  en 
faire  son  secrétaire.  Gratiani  le  sui- 
vit en  Allemagne  ,  en  Pologne  et 
ailleurs.  Ce  cardinal  le  traita  plutôt 
eu  ami  qu'en  homme  de  sa  suite, 
lui  conhant  toutes  ses  affaires  , 
prenant  conseil  de  lui ,  et  cher- 
chant les  occasions  de  l'employer 
pour  faire  valoir  son  mérite  :  il  le 
récompensa  de  ses  services  par  une 
riche  abbaye.  Après  la  mort  de  son 


G  RAT 


35 


hienrailenr  ,  Gratiani  fut  secréinire 
de  Sixte  V  ,  nonce  à  Venise  et  é\t- 
que  d'Amélia.  Il  inourul  dans  celte 
ville  en  i6n.  Les  ouvrages  qui  Vont 
f'aitleplusconuoitresont ,  1.  De\ild 
Joannis  l'rancisci  C'ommendoni  , 
cardiiiaHs  libri  quatuor  i  ])ubliés 
parFléchier,  sous  le  nom  supposé 
de  Roger  Akakia,  in-  12,  164?, 
in-£(°  ,  eu  16G9  ;  et  traduits  en  fran- 
çais par  le  même,  Paris  ,  iGti  , 
iu-4°.  II.  De  bello  Cjprio,Y,\\hY\é 
à  Rome  eu  1624,  in-4*'.  Cet  ou- 
vrage ,  écrit  avec  autant  d'élcgance. 
el  de  purelé  que  le  précédent,  a  été 
traduit  en  français  ,  avec  moins  de 
succès,  par  Le  Pell  tier  d'Angers, 
à  Paris,  168.Î  ,  ui-:°.  III.  iJe  casi- 
biis  aduersis  iUustrium  idroruni 
siii  œui ,  imprimé  par  ics  soins  de 
Fléchier  en  1680,  à  Paris,  in-/j'*, 
IV.  IJe  iScriplis  invita  minerud. 
libri  t-'igiafi,  publiés  |)ar  le  jésuite 
Lagomarsini  ,  Florence  ,  17:^0  et 
1746  ,  2  vol.  in-i|°.  L'éditeur  a  orné 
de  notes  cet  ouvrage  ,  l'un  des  plus 
curieux  de  Gr^uiani.  An  reste  ,  ce 
livre  n'est  point  un  traité  des  livres 
faits  eu  dépit  du  bon  sens,  comme 
on  ponrroit  le  croire  sur  le  litre. 
C^est  la  vie  de  l'auteur,  qui  préteu- 
doit  l'avoir  écrite  malgré  lui.  Mais 
il  auroit  pu  lui  donner  nu  titre  ]Aus 
convenable.  On  y  trouve  beaucoup 
de  choses  relatives  à  l'histoire  de  sou 
temps.  Gratiani  a  composé  aussi  un 
Traité  pour  prouver  le  droit  des 
papes  sur  la  mer  Adruitique.  Gra- 
tiani mourut  à  Pergola  en  iGyn. 

II.  GRATIANI  (Jérôme),  secré- 
taire et  conseiller  d  étal  du  duc  d© 
Modène,  auteur  italien  du  dernier 
siècle.  On  lui  doit  plusieurs  ou- 
vrages en  prose  el  eu  vers.  Le 
principal  ,  dans  ce  dernier  genre  , 
est  un  poëme  épique ,  sous  ce  titre  : 
//  conquisto  di  Grunada  ,  bien  in- 
férieur à  celui  du  Tasse  ,  quoique  la 
versihcatiou  en  soit  assez  douce.  Ou 
estime  une  tragédie  de  cet  auteur  , 


36 


G  RAT 


intitulée  //  Cromuele ,  dédiée  à 
l.ouis  XIV, et  imprimée  à  i'aris.  On 
trouve  ,  dans  le  recueil  de  ses  f'^arie 
pro^e ,  quelques  morceaux  agréables. 

t  m.  GRATIANI  (Jean),  pro- 
fesseur en  philosophie  à  Padoue,  a 
donné  en  latin  3  vol.  in-4° ,  Pa- 
doue, i7  35;i)ne  Histoire  de  Venise, 
qui  couimence  à  Tm  i6i5  ,  el  linit 
à  l'an  1724-  EHe  i-enfermeun  grand 
nombre  d  événeinens  qui  n'ont  ja- 
mais eu  le  moindre  rapj)ort  avec 
celle  république.  Ou  auroil  pu  l'in- 
tituler Hisloire  de  L'Europe. 

I.  GRATIEN,  père  de  l'empe- 
reur ^'^albnUnlen  I  ,  de  Cibale  en 
Pannonie  (  aujourd'hui  Hongrie  )  , 
surnonniié  le  Cordier  ,  parce 
qu'un  jour,  dans  sa  première  jeu- 
nesse ,  portant  une  corde  pour  la 
vendre,  cinq  soldais  ue  purent  ja- 
mais réussir  à  la  lui  arracher.  Celle 
force  extraordinaire  le  (il  connoilre. 
11  entra  dans  1  état  militaire,  par- 
vint, par  degrés,  à  la  dignité  de 
tribun  ,  et  obtint  le  commandement 
de  l'armée  d'Afrique.  Des  envieux 
l'accusant  de  concussion  ,  il  quitta 
ce  poste ,  el  se  retira  dans  la  Grande- 
Bretagne,  où  il  commanda  ,  quelque 
temps  après,  les  troupes  qui  s'y  tiou- 
voienl.  Entin,  après  s'être  démis  de 
ses  emplois  ,  il  hnit  ses  jours  dans 
une  retraite  honorable. 

t  II.  GRATIEN  ,  empereur  ro- 
main, naquit  à  Sirmick  le  i8  avril 
559.  Son  père  Valenlinien  lui  donna 
le  titre  d'Auguste  dès  l'âge  de  8  ans, 
en  067 .  Gralieu  lui  succéda  le  17  no- 
vembre 575.  A  une  figure  impo- 
sante ,  il  joignoil  lin  maintien  mo- 
deste ,  un  caractère  modéré ,  un  cœur 
humain  el  sensible.  Hrave  capitaine  , 
sage  empereur,  ])hilosophe  sur  le 
trône  ,  il  Ht  des  lois  équitables ,  pro- 
tégea les  lettres  et  sauva  l'étal.  Pour 
soutenir  le  fardeau  de  l'empire,  il 
s'associa  Tiiéndose  ,  et  lui  donna 
Conslantinople  avec  la  Thrace  et 
toutes  les  provinces  de  1  Orient.  Sou 


G  RAT 

courage  éclata  bientôt  après  contre 
les  Golhs  el  contre  les  Allemands. 
La  guerre  avec  ceux-ci  lui  fui  Ires- 
hcureuse  ;  il  ht  cesser  le  ravage  qu'ils 
faisoient  dans  les  Gaules,  en  les  tail- 
lant en  pièces  ,  et  en  leur  luant 
5o,ooo  hommes.  Son  zèle  pour  le 
christianisme  égala  son  courage  ; 
mais  ce  zèle  lui  devint  funeste.  Une 
cruelle  famine  ayant  désolé  Rome, 
le  peuple  murmura,  el  l'accusa  d'a- 
voir attiré  ce  mallieur  sur  l'empire 
par  ses  édits  contre  le  paganisme. 
("es/,  disoit-il,  V effet  de  la  pen- 
geance  dit  ciel  qui  afflige  an  peu- 
ple ,  dont  le  prince  s  est  déclaré 
l'ennerni  des  dieux  et  de  leurs 
pontifes.  11  y  avoil  à  Rome,  dans 
le  sénat  ,  un  autel  de  la  Victoire , 
démoli ,  en  357,  P^i"  ordre  de  l'em- 
pereur Constance  ,  el  rétabli  ensuite 
par  Julien.  Gratien  le  ht  détruire.  Il 
supprima  les  privilèges  et  les  immu- 
nités des  sacwHcateurs.  Il  abolit  éga- 
lement celles  que  les  pa'iens  avoienl 
accordées  à  leurs  vestales,  el  ordonna 
que  le  fisc  se  saisiroit  des  terres  qna 
l'on  donneroit  par  testament,  ou  à 
ces  vierges,  ou  aux  lemi)les,  ou  aux 
prêtres  des  idoles.  H  leur  permit 
seulement  de  recevoir  les  legs  des 
choses  mobilières.  Tous  ces  change- 
mens  irritèrent  le  peuple.  Maxime, 
général  des  troupes  romaines  dans 
la  Bretagne  ,  prolilanl  de  ces  dispo- 
sitions, promit  de  relever  les  tem- 
ples et  les  autels  des  dieux ,  si  ou 
lui  donnoit  la  couronne  impénale. 
Presque  tout  l'empire  le  reconmu. 
Gratien  marcha  contre  lui,  le]oignit 
à  Paris;  mais  il  fut  abandonné  par 
ses  troupes.  Obligé  de  se  sauver,  il 
tourna  ses  pas  vers  l'Italie  ;  el  eu 
arrivant  à  Lyon  ,  il  fut  arrêté  ,  livré 
aux  rebelles  et  massacré  le  2')  août 
3cS3.  Ce  prince  navoit  alors  que 
24  ans  ,  dont  il  en  avoil  régné  sept  I 
et  neuf  mois.  St.  Ambroise  versa  | 
des  pleurs  sur  son  tombeau  ,  qu'il 
reganloit  comme  celui  d'uu  martyr. 
Voyez  AusoNU,  n"  11. 


GRAT 

m.  GRATIEN  ,  simple  soldat  , 
couronué  empereur  par  les  lé- 
gions voiiKiines  ré  voilées  dans  la 
Graiide-Bielague  ,  pour  l'opposer  ;i 
îionorius  ,  vers  1  au  407  ,  fui  l"is 
à  mort,  quatre  mois  après,  par  ceux 
mêmes  qui  ravoieulélevéà  leinpire. 

t  IV.  GRATIEN,  de  Chiusi  dans 
la  Toscane,  béui^dictin  dans  le  mo- 
nastère de  St. -Félix  et    Nabor  ,    à 
Bologne  ,  est  auteur  d'une   célèbre 
collection  des  décrets  des  papes  et 
des  conciles  ,    qui  con)pose  la   |)re- 
niière  partie  du  Droit  canonique. 
Il  acheva  ce  recueil  vers  l'an   1  i5i  , 
peu   de   temps  avant  sa    mort ,  et 
l'intitula    La    Concovile    des   Ca- 
nons discordans ,  parce  qu'il  y  rap- 
porte plusieurs  autorités  qui  paiois- 
sent  opposées  ,  et  qu'il  concilie  bien 
ou    mal.    «   Gralien   a   divisé    son 
recueil  en  trois  parties.  La  1'^''  com- 
prend cent    et  une  distinctions  ,  et 
il  y  traite  ,  premièrement,  du  droit 
e'.i  général  et  de  ses  pariies;  ensuite 
<lfs  ministres  de  l'Eglise  ,   depuis  le 
pape  jusipiaux  moindres  clercs.  La 
2*  partie  est  divisée  en  trente-six. 
causes,  qui  sont  autant  d'espèces  ou 
cas  particuliers ,  sur  cliacun  desquels 
il  propose  plusieurs  questions  ;  et  à 
la  55^,  il  insère  par  digression  sept 
questions  sur  la  pénitence.  La  o"""  par- 
tie est  intitulée  de  la  Consécration  , 
et  traite  de  l'eucharistie  ,  du  baptême, 
de  la  confirmation  ,  et  de  quelques 
cérémonies.    Dans  tout   l'ouvrage  , 
l'auteur  traite,  par  occasion,  quel- 
ques questions  de  théologie.  On  dit 
que  le  pape  Eugène  lll  l'approuva  , 
et  ordonna  de  l'enseigner  publique- 
ment à  Bologne.  Ce  qui  est  certain, 
c'est   que    depuis  ce    temps   on    ne 
connut   presque    plus  d'autre   droit 
canonique  que  celui  qui  étoit  com- 
pris dans  ce  livre  ,  et  on  le  nomma 
simplement  le  Décret.  »  L'extrême 
négligence  de  l'étude  des  faits  ,  qu'on 
abandounoit  dans  le  siècle  de  Gra- 
lieu  pour  la  vaiue  étude  des  mots, 


G  H  AT 


37 


faisoit  adopter,   sans  examen,  des 
pièces    dépourvues    d'autorité.     I^ 
compilateur   inséra    donc    dans    ce 
recueil  toutes  les  fausses  décrélales 
d'Isidore  Le  .Marchand  ,  et  de  quel- 
ques autres  ignorans  qui    i'avoieut 
précédé.  I^ans  cespiecfsapociyphes, 
on  autorise  les  translations  dtsévè- 
ques  d'un  siège  à  \\\\  autre  ;  transla- 
tions SI   sévèrement  défendues  par 
les  conciles  des  premiers  siècles  de 
l'Eglise;  on  attribue  au  pape  l'érec- 
tion des  nouveaux  évêchés  ,    droit 
qui,  suivant  l'ancienne  discipline, 
u'appartenoit   qu'au    concile    de    la 
province  ;   on  ne  veut  pas  que  les 
conciles  se  tiennent  sans  l'ordre  ou 
la  permission  du  pape  ;  mais    que 
toutes  les  causes  ressortis«ent  à  lui  : 
de  là  ,   la  cessation  des  conciles  pro- 
vinciaux ,  la  diminution  de  l'auto- 
rité des  métropolitains,  et  une  foule 
d'autres  abus  que  le  judicieux  Fleury 
a  détaillés   dans    ses    Discours    sur 
l'Histoire  ecclésiastique.  Pendant  les 
1  5  ,  1 4  et  1 5^  sie<  les  on  ne  connut  et 
on  ne  suivit  point  dans  les  écoles,  et 
même  dans  les  tribunaux,  d'autres 
cauonsqucceux  du  recueil  dt- Gralien. 
Ces  fausses  décrétales  abusèrent  les 
hommes,  même  les    plus   éclairés, 
jusqu'aux  temps  de  la    renaissanca 
de  la  saine  critique  ;  et  enfin  ,  quand 
l'erreur  fut  reconnue,  les  usages  éta- 
biispar  elles,  leschaiigemens  qu'elles 
a  voient  occasionnés  dans  l'aucieiuie 
discipline    subsistèrent     dans     une 
partie  de  l'Eglise.  Plusieurs  auteurs 
ont  travaillé  à  corriger  les  défauts 
de  la  collection  de  Gralien  ,   entre 
autres  Ant.  Augustinus.   Son  traité 
De  emendatione  Gratiani  est  né- 
cessaire à  ceux  qui  lisent  l'ouvrags 
dubénédictin.  Nousavonsune  excel- 
lente édition  de  ce  Traité ,  publiée 
par  les  soins  de  Baluze.  Le  Décret 
de  Gratieu,  imprimé  à  Ma yence , 
in-fol  1/172  ,  fait  une  des  principales 
parties  du  corps  du  Droit  Canon  , 
dont  nous  avons  plusieurs  éditions. 
Celles  de  Rome ,  1682, 4  ^'ol-  iuibl. , 


38 


G  RAT 


et  de  Lyon,  1671  ,  0  vol.  in-folio, 
sonl  recherchées.  Ployez  les  arl ides 
de  GiBEiiT.n"  ï.  e^  Pithou,  11°  11.  ; 
et  pour  les  autres  pirties  du  droit 
carton  ,  consultez  les  articles  de 
Clément  V,  Bonif'ace  VIlI,Giégoire 
XIll,  qui  travaillèrent  à  raiiginenler 
ou  à  le  perlecliouuer. 

*  V.  GRATIEN  (  Guillaume),  né 
en  Piémont ,  entra  dans  la  cougi^é- 
galion  de  Samt-Lazare  ,  y  proiessa 
îa  théologie  et  lut  élu  en  1732  pour 
occuper  le  siège  mélropoliiain  de 
Rouen  ,  vacant  par  la  démission 
de  M.  Charrier  de  La  Roche,  aujour- 
d'hui évèque  de  Versailles.  A  cette 
époque,  accepter  l'épiscopat,  c'étoit 
se  dévouer  à  la  persécution  et  à  la 
misère  ;  il  éprouva  l'une  et  l'autre. 
Traîné  dans  les  cachots  pendant  la 
terreur  ,  il  attendoit  en  paix  le  nio- 
ineut  de  monter  ù  l'échai'aud  ;  le  9 
tlieriiiiùor  le  sauva.  Gratien  assista 
au  premier  concilenatioual, s'y  mon- 
tra tomme  un  des  plus  éclairés  dé- 
feuseiirs  des  libertés  gallicanes  et 
iiU  un  des  cooi/éraleurs  du  projet  de 
paciiicaliou  proposé  par  celle  assem- 
blée pour  terminer  les  troubles  reli- 
gieux. Ses  principaux  écrits  sont, 
1°  Quelques  oiu'rages  reiatifs  au 
serment  exigé  des  ecclésiastiques; 
2°  la  Vérilé  de  la  religion  chré- 
tienne prouvée  par  les  miracles  de 
Jcsus-Càrist,  petit  voî.  iu-8°,  Rouen, 
i  7<)5;  3°  un  écrit  sur  la  continence 
des  prêtres.  Ces  ouvrages  sont  des 
traités  trè» -abrégés,  mais  forts  de 
raisonnemens.  C'est  dans  sa  prison 
inème  qii'il  rédigea  le  dernier  contre 
un  ministre  des  autels  qui  nvoil 
iibjuré  le  céliljat.  Il  est  diPTicile  de 
pousser  la  ftrmelé  ,  la  prudence, 
1  abnégation  de  soi-même  ,  le  dé- 
.sinléresseinent ,  la  douceur,  l'hu- 
inanité  et  la  charité  aussi  loin  que 
ce  vénérable  prélat ,  dont  les  der- 
nières années  furent  une  agonie  pro- 
Jongée  à    iacjuellc  il   suctomlxi    en 


GRAT 

t  L  GRATIUS-FALISCUS, 
poëte  latai ,  contemporain  d  Ovide  , 
auteur  d\\n  Puëme ,  plein  de  dou- 
ceur et  de  grâces,  sur  la  manière  de 
chasser  avec  les  chiens.  Scaliger 
préféroit  ce  poëme  à  celui  de  Né- 
mésien  sur  le  même  sujet.  La  lin  eu 
est  perdue,  et  ce  qui  nous  en  reste 
n'a  point  été  traduit  en  eulier  dan» 
noire  langue.  On  a  publié.  Tan  8, 
une  traduction  élégante  de  Némé- 
sien  ,  à  laquelle  on  a  réuni  celle  de 
cinq  morceaux  épisodiques  de  Gra- 
tins. Les  meilleures  éditions  de  ce 
dernier  poëte  sont  celles  de  Leipsick , 
1669,  in- 4",  •'Jvec  les  notes  du  sa- 
vant Janus  Ulitius  de  Londres  , 
1699,  in-8"  ,  cuni  notis  variorum, 
Mittau  ,  1773  ,  in-8°.  il  y  en  a  une 
autre  d'Elzevir  ,  1645  ,  iu-i  2.  Ou  le 
trouve  aussi  dans  les  Foctœ  latini 
/7z//io/'e5deBunnann,  Leyde,  ivôi, 
2  vol.  in-4°  ;  dans  le  Corpus  Poë~ 
faru/n  Ae  Maittaire;  et  dans  le  Re- 
cueil des  poêles  qui  traitent  de  la 
chasse  ,  avec  des  notes  de  Gérard 
Kempher  ,  Leyde  ,  17  28 ,  111-4°. 

IL  GRATIUS  (  Ortiiinus  ) ,  supé- 
rieur d'un  collège  à  Cologne  ,  on  il 
mourut  le  22  mai  1542  ,  étoit  né  à 
Holvick,  diocèse  de  Munster.  On  a 
de  lui,  I.  Triumphus  B.  Job.,  en 
vers  élcgiaques  ,  et  en  trois  livres  , 
Cologne  ,  ir)57  ,  in-fol.  W.' Fasci- 
ciilus  rerum  cxpeicnclarum  et  fu~ 
giendarum  ,  Cologne  ,  i535  ,  in- 
folio ,  réimprimé  par  les  soins  d'Ed- 
ward Brown  ,  îiOudres  ,  1 690  ,  3 
vol.  in-fol.  C'est  un  recueil  de  pièces 
concernant  le  concile  de  Bàle.  Son 
attachement  à  la  religion  catholique 
lui  attira  l'inimitié  de  Reuchlin  , 
d'iïutten  et  de-  plusieurs  autres  pro- 
fesseurs. CeuN.-ci ,  pour  tourner  en 
ridicule  le  langage  barbare  des  théo- 
logiens scolasliques  ,  et  quelques- 
unes  de  lesirs  opinions  ,  lirent  im- 
primer, en  ifnG  et  i5i7,  in-4°,  2 
parties,  Epistolœ  obscurorum  vi^ 
rorum    ad   dominum    magistrum 


GRAV 

Ortuinum  Gratium,  réimprhnée» 
souvent  depuis  ,  eutie  au  1res  à 
Londres,  1710,  in-i 2.  Léon  X  con- 
damna, le  i5  mars  i5i7  ,  ce  livre  , 
cù  la  plaisanterie  préparoil  l?s  es- 
prits aux  nouveautés  du  luthéra- 
nisme. Gratins  y  opposa /,a//2e/;/(Z- 
tiones  obscururum  virorum  non 
prohibitœ  per  sedem  apusloticam , 
Cologne,  i5i8,  in-8°,  réimprimées 
en  1649.  Le  vi^ainom  de  cet  écrivain 
étoit  GraÈs. 

t  GRATUS  ,  diacre  de  l'Eglise 
catholique  dans  le  5*^  siècle,  vivoit 
dans  quelque  retraite  de  Provence  , 
peu  éloignée  du  célèbre  monastère 
de  Lérins,où  ilpraliqnoil  de  grandes 
austérités  ,  et  s'appliquoit  beattcoup 
à  la  lecture.  Croyant  avoir  des 
révélations  ,  il  étoit  dans  cette  il- 
lusion lorsqu'il  composa  un  petit 
Traité ,  daus  lequel  il  prétendoit 
montrer  qu'il  n'y  avoit  en  Jésus- 
Christ  ,  Dieu  et  homme  ,  qu'une 
seule  nature  ,  qui  étoit  In  divine  ; 
d'où  il  suivoil  qu'on  ne  devoit  pas 
dire  que  Dieu  Iiil  le  père  de  l'homme, 
ni  la  femme  mère  de  Uieu.  Cétoit  là 
proprement  l'euticliianisme.  Gratus 
envoya  son  écrit  à  Fauste  ,  alors 
abbé  de  Lérins  ,  depuis  évèque  de 
l\iez,  qui  hésiia  d'abord  de  répoudre. 
Il  répondit  cependant  après  un  cer- 
tain temps  ,  et  réfuta  fortement  les 
opinions  de  Gratus. 

t  GRAVE  (N.  marquis  de),  fit 
jouer,  en  1701,  une  tragédie  de 
T^arron,  qui  n'eut  qu'un  foible  suc- 
cès. Le  plan  cependant  en  est  assez 
sensé  et  assez  neuf;  le  dialogue  en 
est  naturel  ,  mais  la  versification  est 
mauvaise;  l'exposition  sur-toui  fut 
appelée  avec  raison  ,  pour  son  obs- 
curité ,  un  Logogryplie. 

t  GRAVELOT  (  Henri-François 
BouKGTiiGNON  dit),  né  à  Paris  le 
26  mars  1699,  y  mourut  le  20 
avril  1773  ,  après  avoir  été  marié 
deux  fois.  Son  peu  de  progrès  dans 


GRAV 


39 


les  éludes  ordinaires  lui  fit  préférer 
le  crayon.  Il  accompagna  de  La  Rc- 
chalard ,  nommé  gouverneur-général 
de  Saint-Domingue,  et  trouva  dans 
celte  île  Frezier  ,  qui  l'employa  à  la 
levée  de  la  carte  du  pays.  Gravelot 
repassa  en  France  en  17 4 5  ,où  il  s'ap- 
pliqua sérieusement  an  dessin.  En- 
touré d'un  grand  nombre  d'artistes 
célèbres  ,et  craignant  de  ne  pouvoir 
se  faire  distinguer ,  il  passa  à  Londres, 
où  il  fut  bien  accueilli  ,  et  où  il  resta 
treize  ans.  C'est  depuis  son  retour  , 
en  1 745  ,  que  sont  sortis  de  son 
crayon  tous  ces  beanx  dessins  qui 
ont  enrichi  nos  meilleurs  livres,  et 
dont  il  choisissoit  lui-même  les  si- 
tuations :  Corneille,  Racine,  Vol- 
taire, Boccace  ,  l'Ariosle  ,  les  Contes 
moraux  de  IMarmonlel ,  l'Almanach 
Icouologique  ,  les  qiiaire-vingt-dix 
petites  ligures  pour  la  loterie  de 
lEcole  Militaire ,  à  chacune  des- 
quelles il  mit  un  madrigal.  Aux 
talens  de  la  main  ,  il  joignoit  les  lu- 
mières de  l'esprit.  Il  avoit  étudié  son 
art,  et  l'avoit  éclairé  de  toutes  les 
counoissances  qui  pouvoient  y  avoir 
rapport.  (  Voyez  Anville  d'.  ) 

t  I.  GRAVEROL  (  François  )  , 
avocat,  membre  de  l'académie  des 
Ricovrati  de  Padoue  ,  né  à  Nimes 
en  i63.'î,  et  mort  dans  cette  villa 
en  1694,  laissa,  I.  Plusieurs  Dis.- 
sertations  sur  diverses  médail- 
les. II.  Le  médiocre  recueil  in- 
titulé Surberiana  ,  in-12.  III.  De 
savantes  Obserualio/is  sur  les  ar- 
réls  du  parlement  de  Toulouse  , 
recueillis  par  La  Rochellaviu  ,  Tou- 
louse ,  1720,  in-4°.  \S'.  Notice  on 
yJbrégé  historique  de  vingt -deux 
pilles  chefs  des  diocèses  de  la  pro- 
vince de  Languedoc  ,  in-folio  ;  ou- 
vrage sujierficiel  et  inexact.  Ce  ju- 
risconsulte eut  une  grande  réputa- 
tion dans  son  temps,  par  son  érudi- 
tion et  par  la  conuoissance  des  mo- 
numens  de  l'antiquité. 

t  H.  GRAVEROL  (Jean),  frèra 


4o 


GRAV 


du  précédent  ,  d'abord  ministre  à 
I-yon  ,  puis  à  Londres  ,  mort  en 
1718  ,  est  auleiir  de  divers  ouvrages 
de  controverse  peu  connus,  tels  que 
l'Eglise  protestante  jiislijiée  par 
l'Eglise  romaine  ,  sur  quelques 
jjoints  de  controverses  ,  Genève  , 
1682,  in-12;  Instruction  pour /es 
nii.otlémit<is  ,  ou  pour  ceux  qui 
feignent  d'être  d'une  religion  dont 
ils  ne  sont  pas ,  et  qui  cac/ie::t  leurs 
véritables  sentimens ,  Auisierdain, 
1687,  in-12,  réimprimée  en  1700. 
I.e  principal  est  sou  Moses  vindi- 
6fl/«A' ,  Amsterdam  ,  1694,  in-iJ, 
où  il  défend  la  narration  (ie  Moyse 
contre  le  livre  d>i  B-.iniet,  intitulé 
Archœologia  philosopkica ,  sive 
doctrina  antiqua  de  rerum  ori- 
ginibus. 

*  GRAVES  (  Richard  ) ,  savant 
ih'éolooieii ,  né  en  1715  à  Midlelon 
au  comté  de  Gloucester,  aiort  à  Cla- 
verloii  en  1 80) ,  élève  de  l'école  d'A- 
biuglon  ,  ensuite  du  collège  dePem- 
brocke  à  Oxford,  fut  boursier  au 
collège  de  Toutes  les  Ames ,  où  il 
étudia  la  médecine,  qu'il  abandonna 
ensuite  pour  la  théologie.  En  1740 
il  prit  les  ordres  sacrés  ;  en  1750 
il  obtint  le  recloratdeClavertou  j)rès 
de  t)alh,el  fut  encore  depuis  cha- 
pelain de  milady  Chaltam.  Graves  a 
couiposé  un  Ires-grand  nombre  d'ou- 
vrages. I.  Le  1  estoon.  C'est  un  re- 
cueil d'épigramincs  ,  in-12.  II.  Des 
Uélanges  amusans,  en  vers  et  en 
prose, sous  le  nom  supposé  de  Pierre 
de  Pouafret.  III.  Le  Dom  Quixote 
spirituel ,  roman  qui  tourne  les  mé- 
thodistes en  ridicule  ,  5  volumes. 
IV.  Col u nielle  o\\  r anachorète  dé- 
sintéressé. V.  Un  recueil  de  pièces 
sur  la  politique,  intitulé  Eitp/iro- 
syne.  Vï.  Eugène  o\i  anecdotes  rie  la 
Vallée  dorée.  V  H.  Les  souvenirs  de 
quelques  traits  particuliers  de  la 
vie  de  M.  S/ienstone  Vlll.  plexippe 
0»  l  aspirant  plébéien.  IX.  La 
f^ie  de  Commode,  traduite  du  grec 


GRAV 

d'Hérodien.  X.  lliéron  ou  la  Cun~ 
dition  de  la  royauté,  d "a près  Xé- 
nophon.  XI.  Les  Rêveries  de  la 
solitude.  XII.  La  Coalition  ou  ré- 
pétition de  la  pastorale  d'Echo  et 
Narcisse.  XllI.  Sermons  sur  diffé- 
rens  sujets.  XIV.  Le  Fils  du  fer- 
mier,  contre-partie  de  la  fille  du 
fermier  de  M.  Ansley.  XV.  L'in- 
valide ,  avec  les  moyens  de  pro- 
longer la  vie.  XVI.  De  la  vieil~ 
lesse. 

t  GRAVES ANDE  (  Guillaume- 
Jacques  de  S'  ) ,  mathématicien  cé- 
lèbre ,  né  à  Bois-Ie-Duc  le  27  sep- 
tembre 168S,  se  Ht  un  grand  nom 
dans  un  âge  peu  avancé,  par  ses 
heureuses  dispositions  pour  les 
sciences.  A  dix -huit  ans  il  avoit 
commencé  sou  Essai  de  perspec- 
tive. Associé  en  1713  au  .Touî/ial 
Littéraire ,  il  remplit  cet  ouvrage 
d'extraits  et  de  dissertations  qui  le 
firent  rechercher.  11  passa  deux  ans 
après  en  Angleterre  ,  en  qualité  de 
secrétaire  d'ambassade  ;  il  y  vit 
Newton,  s'en  fil  aimer  et  estimer, 
et  obtint  une  place  dans  la  société 
royale  de  Londres.  De  retour  en 
Hollande  ,  il  accepta  une  chaire 
de  professeur  en  astronomie  et  en 
mathématiques  qu'on  lui  offrit  à 
Leyde.  La  physique  étoit  alors  assez 
mal  enseignée  dans  cette  académie. 
S  Gravesande  ouvrit  un  cours  com- 
plet de  physique  expérimentale  ,  et 
le  reinj)lit  avec  la  plus  grande  dis- 
tinction. Le  landgrave  de  Hesse 
l'ayant  appelé  en  1721  à  Casse!, 
pour  porter  son  jugeineut  sur  la  fa- 
meuse machine  du  Saxon  Orifyrcus, 
qui  préteudoil  avoir  trouvé  le  mou- 
vement perpétuel  ,  il  l'admira. 
I\Iais  ne  pouvant  rien  décider,  parce 
que  l'artiste  en  cachoit  l'intérieur, 
il  engagea  le  prince  à  la  faire  dé- 
placer, pour  voir  si  elle  u'nvoit  au- 
cune communication  ftvcc  quelque 
mobile  extérieur.  Orffyi  eus ,  homme 
bizarre,   ne    voulut  donner    cette 


GPtAY 

satisfaction  ni  an  prince  ni  an 
mathématicien;  il  aima  mieux  met- 
tre sa  machine  en  pièces,  et  se  piivi: 
par  ce  caprice  d'une  l'ortnne  consi- 
dérable. S  Gravesande  ,  de  relour 
en  Hollande,  Iht  nommé  profes- 
seur de  philosophie  à  Leyde  en 
1734  ,  et  mourut  à  Paris  le  28  fé- 
vrier 17.43.  Sts  principales  produc- 
tions sont ,  I.  lassai  sur  la  pers- 
peclive ,  pent-ètre  le  meilleur  qni 
ait  paru  sur  cette  matière,  avec  un 
Traité  de  l'usage  de  la  chamhK 
o/wriz/e  pour  le  dessin.  11.  P/iy.sives 
elemciilis  mat/iernalica  ,  expéri- 
menta co/ijirmata  ,  sive  Introdiic- 
tio  ad  philusop/uam  neivtaiiia- 
nam  ;  ouvrage  excellent  ,  composé 
eu  partie  dans  les  barques  publi- 
c]\ies ,  sans  que  le  bruit  et  le  babil 
clés  voyageurs  pussent  le  tirer  de 
ses  profondes  méditations  ,  et  le  dis- 
traire des  calculs  les  plus  compli- 
qués. Jean-Nicolas-Sébaslien  Alla- 
mand  de  Lausanne,  digne  disciple 
d'un  tel  maitre,  savant  professeur 
de  Lt^yde ,  en  a  donné  mie  bonne 
édition  eu  174-2  >  2  vol.  in-q°.  Eloi 
de  Joncourt ,  pasteur  et  professeur 
à  Bois-le-Duc,  l'a  traduit  en  fran- 
çais, Leyde,  174''»  f'i  2  vol.  in-8°. 
Quoique  zélé  ueAvtouien  ,  S'Grave- 
sanùe  y  donne  de  sages  avis  tou- 
chant le  peu  de  soUdilé  des  opéra- 
lions  algébriques  ,  fondées  souvent 
sur  des  supposlions  gratuites,  et 
les  erreurs  où  l'on  peut  tomber  en 
s'appnyant  sur  des  calcids  dirigés 
par  l'opinion  même  qu'ils  doivent 
établir.  III.  Tdat/teseos  universalis 
elemejita^  Leyde,  ini  ,  in -8°. 
C'est  un  cours  d'algèbre  à  l'usage 
de  ceux  qni  fréquentent  les  collèges. 
Tout  abrégé  qu'est  cet  ouvrage,  il 
\c  fit  placer  an  rang  des  premiers 
maihématiLiens  de  l'Europe.  W. 
F/iilosophice  Newlonianœ  Insli- 
tu lianes,  1744  >  in-8°  ,  dans  les- 
quelles l'auteur  abrégea  ses  Élé- 
inens  de  physique.  V.  Inlroduclio 
ad philosophiam ,  inetaphjsicam , 


GUAV 


4r 


et  logicam  continens.  Cet  ouvrage 
fut  si  goîité, qu'on  l'imprima  aussitôt 
à  Venise,  avec  la  j)eriiiission  des 
réformateurs  des  études  de  P.idoue. 
Il  fut  aussi  traduit  en  français  , 
1757  ,  in-12.  Ses  ^Ituf'res  pliiloso- 
pkiques  et  mathématiques  ont  été 
publiées  par  Allama-.id ,  Amsterdam, 
1774  .  2  \ol.  in-^°. 

t  GRAVESON  (Ignace-Hyacin- 
the-Amal  de  ),  jacobin  ,  flocieur  de 
Sorbonne ,  né  à  Graveson  ,  village 
près  d'Avignon  ,  appelé  à  Rome  par 
son  aéni.'ral ,  lut  un  des  théoiopjens 
du  concile  de  cette  ville  ;  mais  l'air 
de  Rome  lui  étant  contraire  ,  il  se 
retira  à  Arles  où  il  mourut  en  1763  , 
à  63  ans.  Ses  ouvrages  écrits  en  latin, 
et  pidjliésà  Veiiiseen  1740, en  7  vol. 
in-^",  renferment,  I.,Uue  Histoire 
de  l'aniien  Testament ,  et  une  His- 
toire ecclésiastique  jusqu'en  1700, 
assez  peu  lues  l'une  et  l'autre,  et 
dans  lesquelles  dominent  les  idées 
uUramontaiues.  l-a  dernière  a  néan- 
moins été  réimprimée  séparément 
à  Augsbourg  en  17.ti  ,  2  tom.  in- 
fol.  II.  Un  J'raité  de  la  vie  et  des 
mjstèj-es  de  J.  C.  III.  Une  mauvaise 
Histoire  du.  brave  CriUon  ,  Rome  , 
1724,  in-12.  IV^.  Plusiturs  Opus- 
cules sur  la  grâce  efficace  et  la 
prédestination ,  ainsi  qu'un  Traité 
de  l'Ecriture  sainte,  imprime  à 
Rome  en  J7i.'i,  in-4''. 

1 1.  GRAVILLE  (  Anne  Mai.let 
de  ) ,  nUe  d'un  amiral  de  France 
sous  Louis  XI  ,  Charles  VIII  et 
Louis  XII  ,  épouse  de  Pierre  ds  Bal- 
zac, seigneur  d'Enlragues  ,  morte 
dans  le  i  G*  siècle  ,  cul li voit  la  poésie 
avec  distinction.  Elle  avoit  pris  pour 
sa  devise  :  F'a,  11  en  dis  mot  ;  on 
cite  même  d'ells  un  p;is?age  où  elle 
recomn-.aude  fort  la  discrétion.  Le 
marquis  de  Paulniy  possédoit  dans 
sa  l)ibiiot]ièque  un  manuscrit  de  ses 
(Euvres  ,  dont  ou  trouve  une  notice 
dans  les  iMélanges  tirés  dune  grande 
Bibliothèque ,  lom.   G. 


42  GRAV 

t  II.  GRAVILLE  (  Barthélemi- 
Claude  Graillaf.d  de  ) ,  Parisien  , 
mort  en  1764,  à  07  ans,  écrivain 
subalterne  ,  donna  diverses  bro- 
chures ,  enlre  aulres  VJmi  des 
Filles,  1761  ,  in- 12  ;et  fe  Génie  de 
la  Uliérature  italienne  ,  1760, 
in-12  ,  ouvrage  périodique  qui  n'eut 
ni  suite  ni  succès. 

t  I.  GRAVINA  (  Pierre  ) ,  poète 
italien  de  Gravina  ,  ville  du  royaume 
de  Nazies ,  mort  en  i528  ,  à  75  ans. 
Dans  ses  Poésies ,  in-4°  ,  imprimées 
à  Naples  en  i532  ,  on  trouve  de  la 
douceur  ,  de  la  délicatesse  dans  le 
style  et  de  la  finesse  dans  les  pensées. 

t  IL  GRAVINA  {  Dominique  ) , 
dominicain,  parvint  aux  premières 
charges  de  son  ordre,  et  mourut  à 
fîome  le  26  aoiit  l[^/^'5 ,  à  70  ans. 
On  a  de  lui ,  I.  Stato  délia  reli- 
giorie  di  San  Vomenico  ,  Rome  , 
1604,  in- 12.  II.  De  Catholicis 
p?'œscriptionibus ,  Naples,  1719- 
1739  ,  en  7  vol.  iu-fol.  ,  et  d'autres 
ouvrages  de  théologie  estimés.  On 
a  encore  de  cet  écrivain  un  Jhrègé 
en  vers  latins  de  la  Somme  ihéolo- 
gique  de  saint  Thomas  ,  qui  parut  à 
Naples  en  1625  ,  iu-i  2. 

t  III.  GRAVINA  (Jean-Vincent), 
né  en  1664  à  Roggiano  dans  la  Ca- 
labre  ultérieure  ,  ht  éclater  de  bonne 
heure  son  zèle  pour  le  rétablisse- 
ment des  bonnes  éludes  et  de  la 
saine  morale.  Plusieurs  savans  en- 
trèrent dans  ses  vues.  Sa  maison  éloit 
le  lieu  des  assemljîées  (  uoyez  Mé- 
tastase ),  d'abord  secrètes  ,  mais 
que  le  nombre  des  associés,  qui  gros- 
sissoil  tous  les  jours,  ne  permit  bien- 
tôt plus  de  tenir  cachées.  De  là  na- 
quit à  Rome  la  sociélé  des  Arcades  , 
à  laquelle  Gravina  donna  des  lois 
promulguées  le  i'^'^  juin  1716.  Celle 
même  année  parut  la  2''  ('dilion  de 
ses  Opuscules  ,  dont  le  quatrième 
roule  sur  le  mépris  de  la  mort.  Il 
les  publia  pour  la  première  l'ois  à 


GRA7 

Rome  en  i696,in-i2.  Innocent  Xl[ 
lui  donna  une  chaire  de  droit  trois 
ans  après;  et  le  premier  abus  qu'il 
corrigea   fut  V argumentation  sco- 
lastique.  Le  premier  des  ouvrages 
que  publia  Gravma    est  un  in-4"  , 
imprimé  à  Naples,  1691  ,  sous  la  ru- 
brique  de  Cologne;  il   est   intitulé 
llydra  mjstica ,  sive  de  corruptd 
doctrinâ  dialogus ,  et  parut  sous  I9 
nom  pseudonyme  de  Priscus  Censo- 
rinus  Photisticus.  Cet  illustre  sa- 
vant mourut  à  Rome  le  6  janvier 
1718,  avec  la  réputation  d'un  poète  ' 
et  d'un  orateur  médiocre,  mais  d'un 
excellent  littérateur.   Son   humeur 
emportée  et  satirique  lui  fit  beaucoup 
d'ennemis  ;  ils  tachèrent  en  vain  de 
déprimer  ses  écrits,  surtout  les  sui- 
vans  :  I.  Origines  juris ,  libri  très  ; 
l'ouvrage  le  plus  savant  qui  ait  paru 
sur  cette  matière  ,  Leipsick,  1717  , 
in-4°;  Venise  ,  1758  ,  in-4°  ,  mais  la 
meilleure  édition  est  celle  de  Leip- 
sick, 1707,  in-4°.  Requier  a  traduit 
cet  ouvrage  en  français  sous  le  titre 
d'Esprit  des  lois  romaines  ,  Paris  , 
1766  ,  5  vol.  in-]  2,  II.  De  Romano 
imperio  liber  singutaris.  L'auteur 
le  dédia  au  peuple  romain.  Quoique 
ce  Irai  té  fourmille  d'erreurs,  il  prouve 
son  profond  savoir  dans  ranliquité 
grecque  et  romaine.  111.   Delhi  ra- 
gione  poetica  ,  en  2  livres  ,  semés 
d'une  critique  fine  ,  et  d'une  grande 
connois&ance  delà  poétique.  Requier 
les  a  traduits  eu  français  ,  à  Paris  , 
1755,  ea  deux  petits  volumes  in-12, 
sous  ce  titre  :  Raison  ou  Idée  de  la 
poésie.  IV.  Instil.utiones  canonicœ, 
ouvrage  posthume,  imprimé  à  Tu- 
rin en  1742,  in-8°.    V.   Cinq  tra- 
gédies ,  Palamède  ,  Andromède  , 
Jppius  Claudius,  Papinien  ,  Ser- 
vius  Tullius  ,  faites  sur  le  modèle 
de  celles  des  Grecs  ,  Venise  ,  1 740  > 
m  -  8°.  VI.  Discours  sur  les  l'a- 
bles  anciennes ,  et  un  autre  sur  la 
Tragédie...  On  a  une  bonne  étlilinii 
des  (Entres  de  Gravina  à  Leijv.ick, 
eu  1707,  111-4°  >  «J^cc  les  notes  de 


GRAV 

Masco  vins.  On  a  publié  s.i  Vie  à 
Rome,  eu  1762  ,  sous  ce  tilre:  De 
l'ilâ  et  scriptis  Vincentii  Graviiiœ 
commenlarius.  Serrey  ,  prêtre  liic- 
rouymile,  auteur  de  cet  ouvrage,  l'a 
rendu  doublement  intéressant  ,  par 
]a  pureté  du  style  et  par  les  détails 
historiques. 

*  IV.  GRAVINA  (  Joseph-Marie), 
de  Païenne  ,  né  eu  1 702 ,  entré  dans 
la  compagnie  de  Jésus  en  1716  ^ 
un  des  esprits  les  plus  cultivés  et 
les  plus  élevés  de  son  temps ,  lit 
beaucoup  d'honneur  à  sa  société  par 
son  savoir.  Il  professa  la  théologie  , 
et  à  la  suppression  de  son  ordre  il  se 
retira  à  Modène,  où  il  mourut  pres- 
que octogénaire  ,  vers  1780.  On  a 
de  lui ,  I.  Coiiclusiones  theolog/cœ 
crltico-ctkicœ  de  iisu  et  abusu  opi- 
nionis  probabilis ,  Pauormi  ,  17.52. 
II.  Tratteiiimenti  apologetlci  sul 
probabllismo  ,  Palerme  ,  17,55  ,  3 
vol.  in-4°,  avec  une  dédicace  au  car- 
dinal Jean-François  Albani.  m.  Con- 
cliisiones polemicœ  de  quinqueJan- 
senianoritm  eiroribits  in  /tœreses 
vergentibus  ,  Panormi,  1755.  IV. 
Jesulta  rite  edoctus  piis  exercita- 
tionibus  S.  P.  Ignalii  de  Loyola, 
Panormi,  1746.  \.De  electorum 
hamimnn  numéro  respecta  honù- 
imrn  reproborum,  Panormi,  1764. 

1.  GRAVIUS  (  Henri),  ou  plutôt 
'  Vermolanus,  prit  le  nom  de  Gra- 
vius,  parce  qu'il  éloit  de  Grave. 
Gravius,  savant  dans  les  langues, 
enseigna  la  théologie  ,  fut  prieur  des 
Dominicains  à  Niaiègne  ,  et  mourut 
dans  sa  pairie  le  20  octobre  i552. 
Nous  avons  de  lui  ,  I.  Annotatioiies 
in  B.  Cjprianuni ,  Cologue,  1544- 
Jacques  Pamélius  s'est  servi  de  ces 
noies  pour  son  étlilion  de  Saint  Oy- 
prien.  II.  Scholia  et  an/iotatio/tes 
in  Ilieronyml  epiblolas  ,  Anvers 
i5G8  ,  et  Cologne  ,  1618.  Elles  sont 
plus  pr0|)res  à  faire  remarquer  les 
beaiités  <lu  siyle  de  saint  Jérôme 
qu'à  servir  d'explication.   111.   Une 


GRAU 


/i 


Edition  des  (Euvres  de  saint  Jean 
Daniascène  ,  Cologne,  i56o,  confé- 
rées avecplusieiusexemplaires  grecs. 
IV.  Une  Edition  des  ûïuvres  de 
saint  Paulin  ,  corrigée  ,  Cologne  , 
i55o,  in-S°.  P\¥ez  le  PèreEihard, 
tom.  II. 

t  II.  GRAVIUS  (  Henri  )  ,  natif 
de  Louvaiu,iils  d'un  imprimeur, 
enseigna  la  théologie  avec  beaucoup 
de  réputation  pendant  vingt  ans.  11 
fut  appelé  à  Rome  par  le  pape  Sixte- 
Quint  pour  soigner  l'édition  de  la 
Vulgale.  Grégoire  XIV  l'admit  à  sa 
cour  ;  les  cardinaux  CarafFa ,  Borro- 
mée  (Colonne, et  sur-tout  Baronius, 
l'honorèrent  d'une  affection  toute 
particulière.  Il  mourut  à  Rome  eu 
1591  ,  cinq  mois  après  sou  arrivée, 
à  .55  ans.  Les  notes  du  septième 
tome  des  (Euvres  de  saint  Augustin, 
Anvers,  1678,  sont  de  Gravius. 

m.  GRAVIUS.  Voy.  Greaves. 

I.  GRAUNT( Edouard), écrivain 
anglais,  maître  de  l'école  de  'West- 
minter,  mort  l'an  1601  ,  a  donné, 
I.  Grœcœ linguœspicilegiuni,  1675, 
in-ij°.  II.  Institulio  grœcœ  gram- 
maticœ.  Ces  ouvrages  furent  esti- 
més deins  leur  temps. 

II.  GRAUNT  (  Jean  )  ,  d'abord 
quincaillier  ,  renonça  au  commerce  , 
devint  membre  de  la  société  royale 
de  Londres  ,  et  se  ht  un  nom' 
par  son  ouvrage  intitulé  Obserua- 
tions  naturelles  et  politiques  sur 
les  Bilh  de  mortalité.  Il  embrassa 
la  religion  catlîolique-romaiue  sur 
la  lin  de  sa  vie,  après  avoir  été  pu- 
ritain   et    socinieu.    Il  mourut    en 

1  674,  à  54  ans. 

*  GRAU  V>^  (Henri  ),  né  à 
Ilooru  dans  le  nord  de  la  Hollande 
vers  1681,  d'une  famille  riche, 
qui  crut  devoir  suivre  -son  incli- 
nation, et  lui  donna  pour  maîtres 
Greber  et  Vau  Kampen  ,  peintres 
habiles.  Grauw  débula  avec  succès 


44 


G  RAY 


par  quatre  grands  tableaux  que  le 
]iriuce  Maurice  de  Nassau  lui  coui- 
ni.mcîa  pour  la  coupole  de  la  maison 
cl  1  Rois  près  La  H;iye.  Les  applau- 
disseineus  que  cet  artiste  en  recul 
et  d  autres  ouvrages  qu'on  s'empres- 
£oit  de  lui  donner  ne  purent  cepen- 
dant l'arrêter;  il  vouloit  se  perfcc- 
lioiiner  en  Italie.  Il  y  dessiîia  beau- 
(  oup  iTapre*  l'antique ,  copia  les  ])lus 
1)  aux  tableaux,  et  parvint  ainsi  à 
Jéforrner  Ja  manière  de  son  pays. 
Uu  jour  que  Le  Pous'.in  avoit  pris 
plaisir  à  le  voir  travailler,  i!  lui  dit 
«  qu'il  n'avoit  pas  encore  vu  d? 
paiutre  hollandais  promettre  au- 
tant. »  Grauw,  de  retour  dans  son 
l'ays  ,  travailla  alteniativenieut  à 
Amsterdam  ,  à  Utrecht,  et  vint  se 
fixer  à  Alcmaer ,  où  il  mourut  en 
]68i.  Sa  manière  de  composer  est 
grande  ,  noble  et  sage  dans  l'ordon- 
ïiance  ;  ses  draperies  jelees  large- 
ment ;  les  nus  d'un  beau  choix 
et  son  coloris  très-beau. 

GRAWER  (  Albert  )  ,  llicologien 
lulliérien  né  à  Mesecow  ,  village  de 
la  iMaiclie  de  Brandebourg,  en  i575, 
s'acquit  une  grande  re'pulalion  dans 
son  parti  par  ses  écrits  contre  les  so- 
ciniens  ,  contre  l'Eglise  romaine  et 
contre  les  calvinistes.  Sou  style  étoit 
tres-emporlé.  On  a  de  lui  ,  1.  Ah- 
i>urda  nbsurilorum  absurdissima 
cahdiiistica  ,  lène,  1612,  in-4°.  11. 
Anti  -  Lubinus  de  naturâ  mali , 
Rîagdeboiirg  ,  1G06  ,  in-4°  Ce  livre 
est  contre  Eilliars^Lul»m.  III.  Bel/urn 
('ah'trii  et  Jesu-('hristi\,  ibid.  1600, 
in-4°.  Grawf^r  mourut  en  1617,  sur- 
intendant des  églises  du  pays  de 
Weiniar. 

V  \.  GR\Y  ou  Ghey  (  Jeanne  ) , 
]vMile-Hlle  de  Marie,  scmr  de  H''uri 
VIII ,  épouse  de  Gillorl ,  fils  de  J.-an 
D'idley  ,  duc  de  Nurlhumberland. 
Marie  étant  restée  veuve  de  Loui;: 
XU  ,  roi  de  France  ,  et  n'en  ayant 
point  eu  d'enf'ans  ,^avoii  épousé 
lirandoUj  duc  de  Suffoick  ,  père  de 


GRAY 

Jeanne.  Le  duc  de  Northnmberland 
ayant  succédé  à  la  laveMr  du  duc  de 
Sommersel  auprès  d'Edouard  VI  , 
craignit  que  ce  prince  ne  succombai 
en  [leu  de  temps  à  la  foiblevse  de  sa 
coiuplexion.  Il  ne  trouva  d'autre 
moyeu  de  maintenir  son  autorité 
que  d'éloigner  du  trône  les  princesses 
Marie  et  Elizabelh,et  de  taire  pro- 
clamer reine  Jeanne  sa  bru  ,  prin- 
cesse éclairée,  aiuiable  et  vertueuse. 
Edouard  VI,  zélé  protestant,  se  prêta 
aux  vues  de  son  niiuisire,  dérogeai 
Tordre  de  succession étalili  par  Hen- 
ri VIll  ,  et  désigna  pour  Un  succé- 
der les  filles  de  Henri  Gray  ,  dont 
Jeanne  étoit  lamée.  Cette  princesse 
tut  proclamée  à  Londres  :  mais  le 
parti  et  le  droit  de  Marie  remportè- 
rent. En  vain  Jeanne  se  dépouilla  de 
la  dignité  qu'on  lui  avoit  donnée  et 
qu'elle  ne  garda  quencuf  jours:  Marie 
enferma  celte  dangereuse  rivale  dans 
la  tour  de  Londres,  avec  ElizabctK 
qui  régna  depuis.  On  lui  fit  son  pro- 
cès ;  et  le  beau-pere  et  lépoux  de 
cette  infortunée  eurent  la  tèie  tran- 
cliée  avec  elle  eu  i5.'i4-  Son  mari 
avoit  obtenu  de  lui  dire  le  dernier 
adieu  ;  mais  elle  s'y  refusa,  dans  la 
crainte  de  lémoigner  delà  foiblesse. 
Cliarun  ])laignil  le  sort  de  Jeanne, 
qui,  malgré  son  innocence,  périssoit, 
à  17  ans,  victime  de  l'ambition  do 
son  beau-père.  C'étoit  la  troisième 
reine  qui  péiissoit  en  Angleterre 
du  dernier  supplice.  Cette  prin- 
cesse étoit  savante  ,  et  se  plaisoit  à 
lire  Platou.  La  langue  grecque  lui 
étoit  si  familière  ,  que  la  veille  de  sa 
mort  elle  écrivit  à  sa  sœur  ,  la  com- 
tesse de  Pembrock, une  ie/Z/f  en  grec, 
dont  la  traduction  se  trouve  dans 
l'Histoire  d'Augleterre  de  Larrey. 

t  IL  GRAY  (  Catherine)  ,  sœur 
de'la  précédente ,  mariée  au  comte 
de  Pembrock,  qui,  n'ayant  pu  vivre 
a\ec  elle  ,  s'en  tit  séparer  par  un- 
acte  judiciaire.  E'ie  épousa  ensuite 
le    comte    de   Hanforl  ,   qui   alla 


GRAY 

voyager  en  Fram;;? ,  et  la  laissa 
tueeiute.  La  reine  i\laiie,  iiiforuiée 
de  ce  mariage  clautleslin  ,  punil  Ca- 
tlieriiie  par  la  prison  ;  le  couile  à  son 
retour  subit  la  même  peine,  et  le  ma- 
riage fiildeLlaré  nul  par  sentence  de 
rarchevêqiiedeCantorbéry.  Leconile 
b'irrilanl  contre  les  obstacles  trouva 
moyen  de  voir  celle  qu'il  regnrdoil , 
malgré  le  jugement  ,  comme  son 
épouse:  Catherine  offrit  bientôt  des 
preuves  certaines  de  leur  intelli- 
gence. Le  comte  fut  poursuivi  alors 
par  la  reine.  On  l'accusoit  de 
trois  crimes  capitaux  ,  i"  D'avoir 
violé  la  prison;  a°  d'avoir  corrompu 
uiieiu'inccsse  du  sang  royal  ;  5°  d'a- 
voir eu  commerce  avec  une  femme 
dont  il  étoit  séparé  par  L.s  lois  ;  et 
pour  cbacun  de  ces  crimes  ,  il  fut 
co.idamué  à  une  amende  de  cinq 
mille  livres  sterling,  et  obligé  d'a- 
bandonner Catherine  par  acte  au- 
thentique, il  Ht  enfin  ce  sacrifice 
après  avoir  essuyé  une  longue  déieu- 
licn,  durant  laciuelle  il  tenta  en  vain 
de  taire  révoi^uer  cet  arrel.  Cathe- 
rine mourut  eu  1662  dans  sa  prison. 

t  IIL  GRAY  (  Thomas  ) ,  né  à 
Coruhill  le  26  décembre  1716  ,  dis- 
tingué parmi  les  poêles  de  sa  nation, 
a  cultivé  particulièrement  les  genres 
de  l'ode  et  de  l'élégie;  il  s'essaya  aussi 
dans  le  genre  didactique  et  a  laissé 
des  fragnieus estimables  d'un  Foc/ne 
sur  le  gouvernement  el  l'éducation. 
Il  a  e;icore  déployé  un  talent  peu 
commun  pour  la  poésie  latine.  Ayant 
reçu  sa  première  éducation  littéraire 
àEion,  il  s'y  lia  avec  Horace  Wal- 
pole,  qui  le  prit  pour  sou  compagnon 
de  voyage  en  France  el  en  Italie  : 
mais  ils  se  séparèrent  à  Florence. 
Deux  mois  après  son  retour  en  An- 
gleterre ,  il  perdit  son  père  qui  le 
laissa  sans  fortune.  Gray  se  livra  à 
Cambridge  à  l'étude  des  lois  ,  el  il 
y  fut  bientôt  reçu  bachelier.  Sans 
aimer  ni  Catrbridge,  nises  liabitans, 
Uy  fixa  depuis  presqu'invioiablemeul 


GRAZ  45 

sa  résidence,  et  tu  1768  il  y  fui 
nommé  à  une  chaire  d'histoire  mo- 
derne, qu'il  avoit  sollicitée  sans  suc- 
cès quelques  années  auparavant. 
U'nne  sanlé  délicate,  il  a  voit  lait  en 
176.')  un  voyage  en  Ecosse  pour  lafor- 
lilier  :  il  en  fit  unaiiireà  Weslmor- 
laiid  et  à  Cuinberland  en  J769*  Les 
lettres  où  il  rend  compte  de  ses  difFé- 
rens  voyages  se  font  lire  avec  intérêt 
el  plaisir.  11  e.»;!  mort  le  .no  juilhl 
1771.  Gray, doué  d'un  goût  exquis 
pour  les  tableaux,  l'architeclnre  et 
les  jardins,  possédoit  une  cruditiou 
également  vatte  ,  élégante  et  pro- 
fonde. Sou  caractère ,  sans  être 
exempt  de  quelque  afiectation  ,  éloit 
estimable.  Parmi  tes  poésies  ou  dis- 
lingue le  Barde,  \ Hymen  à  l'ad- 
l'ersité  et  le  Cimetière  de  campagne, 
dont  plusieurs  poètes  ont  donné  des 
imitations  en  vers.  On  doit  encore  à 
Gray  des  lettres  imprimées  avec  ses 
poésies  et  la  vie  de  l'auteur,  à  Yorck, 
4  vol.  in-8°,  1  778. 

GÎIAZIANI.  /--.  Gratiaxi  ,  n"  1. 

*GRAZI0L1  (Pierrre),  lU 
Bologne  ,  né  en  1700  ,  prit  à  i  9  ans 
rhai)it  des  clercs  réguliers  de  Saint- 
Paul  ,  dits  burnabites  ,  et  étudia 
la  théologie  et  la  philosophie  avec 
succès,  et  professa  pendant  d^ux 
ans  au  collège  de  Lodi.  Comme  il 
éloil  tres-versé  dans  les  humanités  , 
il  fut  fait  professeur  de  rhétorique  a 
l'université  de  Milan,  où  il  enseigna 
l'espace  de  J2  ans.  Ou  lui  donna  la 
prévôté  de  Saint-Paul  à  Bologne,  el 
il  gouverna  ce  collège  jusqu'à  l'épo- 
que où  Benoit  XIV  le  fit  recteur  ri.i 
séminaire  de  Bologne,  on  il  mourut 
en  1753.  On  a  de  lui  :  De  prœc/aris 
Tiîeilionali  œdi/iciis  ,  quce  yi.no- 
barbi  cladem  antecesseiunt ;  Dis- 
serinlio  cuni  duplici  ajipendice , 
altéra  de  sculpturis  cjus-lem  urbis, 
in  quû  nonnulla  usque  hac  inedila 
monunienla proj'erunttir  :  altéra  de 
carcere  Zebediu  ,  ubi  nunc  primui/r 
S.  ALcxandri  Thtbeitnartyrisactu 


46  GRAZ 

illustrantii?- i  Accessit  rhythmus  de 
Jifedlulaiio  jam  eclltus  ^  ab  eodein 
pcro  emendatiis  ,  et  notis  auctus; 
Traltatu  di  puesia  ,  etc.;  F'iia  dl 
Carlo  Giuseppe  Fedell  ,  professa 
barnahita;  Vita  del  padre  Ales- 
sandro  Saidi  ,•  Eloquentlœ  prœ- 
liidia  ,  S.  yJIexandcr  e  tkeband 
legioiiQ  martyr  ,  Bergomefisium 
iiilur  secundis  curis  illustratus 
l-'rœstantiu/n  virorum ,  qui  in  con- 
grcgatione  S.  Pauli ,  vulgo  harna- 
bitciruni  memoriâ  iioslrâ  florue- 
riinl. 

*  I.  GRAZZINI  (Jules-César),  cha- 
noine de  Ferrare,  secrétaire  de  l'aca- 
démie des  intrépides  ,  distingué  par 
sou  goût  pour  la  poésie  ,  resta  long- 
temps à  Rome,  et  fréquenta  l'acadé- 
mie du  cardinal  Pierre  Otloboni  , 
grand  littérateur  et  protecteur  des 
hommes  de  lettres.  Sa  Traduction 
eu  vers  de  l'Art  poétique  d'Horace, 
généralement  estimée  ,  fut  pul^liée  la 
première  fois  à  Ferrare,  1698,61 
eut  ensuite  beaucoup  d'éditions.  Ou 
a  encore  de  lui  Corona  poetica,etc., 
in-  onore  delV  immacolata  conce- 
zione,  Rome,  1712.  Il  mourut  vers 
1700. 

i-II.  GRAZZINI  (Antoine-Franc.) 
poète  italien  ,  .surnommé  //  Lasca 
mi  en  i.'iooà  Florence,  où  il  mou- 
rut octogénaire  en  i.'îS.T,  fut  un  des 
fondateurs  de  l'académie  de  la  Crus- 
r.a.  Il  laissa  six  Comédies  ,  Venise  , 
j5<S2,  in-8°;  des  Stances  et  des 
Poésies  diverses ,  à  Florence  ,  2  vol. 
in-8°,  qui  ont  quelque  agrément  ;  la 
Guerra  de'  Mostri  ,poëma  giocoso, 
ibid. ,  1  .^84  ,  in-4"-  L"ouvrar,e  qui  a 
ïe  plus  fait  de  réputation  au  Lasca  est 
ini  recueil  de  Nouvelles  ou  de  Con- 
f.s ,  imprimé  à  Florence  en  i  b^c\ ,  à 
Paris  en  17B6,  in-8°,  et  in-4''  sous 
le  titre  de  Londres;  et  traduits  en 
français  par  Le  Fèvre  de  Ville- 
brune,  en  J  776  ,  2  vol.  in-8''.  Le 
traducteur  prétend  avoir  inséré  les 
neuf  histoires  qui  manquoienl  dans 


GilËA 

la  Iroisiàme  soirée ,  d'après  une  an- 
cienne liaducliou  l'rançaise  manus- 
crite. Le  Lasca  est  regardé  en  Italie 
comme  un  digne  éimde  de  Boccace, 
dont  il  a  l'élégance  et  la  pureté  ,  sans 
en  avoir  la  gaieté  et  la  naïvelé.  H 
conte  avec  esprit,  et  il  est  mis  pour 
la  diction  au  rang  des  auteurs  clas- 
siques. Parmi  ses  Nouvelles  ,  il  y  eu 
a  de  très-tragiques,  dans  lesquelles  il 
a  l'art  d'intéres&er.  Le  Lasca  a  été 
l'éditeur  du  deuxième  livr«  de  Berni 
à  Florence,  i555  ,  iu-8°  :  L>e  tutti 
trionji  ,  carri ,  mascherite  0  canti 
carnascialeschi  del  tempo  di  Lo- 
renzo  de  3Jedici,  à  queslo  anno 
j559  ,  in- 8°.  Cet  ouvrage  réim- 
pruué  ,  CosmopoJi  (  nom  imaginaire 
pour  le  véritable  lieu  de  l'impres- 
sion ) ,  1761),  eu  2  vol.  in-8°,  u'est 
pas  reclierché. 

*  GRÉARD  (Guillaume),  sieur 
DU  MoNTiER  ,  né  eu  1641  ,  dans  la 
paroisse  de  Frév.ille,  à  deux,  lieues 
de  Valogne  ,  acheva  ses  études  à  Pa- 
ris. Etant  encore  fort  )eune,  il  com- 
posa une  Dissertation  sur  la  comète 
de  iGG.T;  et  par  ce  premier  essai  il 
s'attira  l'estime  et  l'amitié  de  plu- 
sieurs savaus.  Il  alla  ensuite  à  Rome, 
où  il  remplit  la  place  de  secrétaire 
auprès  de  plusieurs  cardinaux  ,  et 
en  reçut  des  marques  de  bienveil- 
lance ,  sur-toul  du  cardmal  des  Ur- 
sins.  Pendant  son  séjour  à  Rome  il 
donna  quelques  écrits  en  prose  et  eu 
vers  ;  un  entre  autres  sur  les  Vêpres 
siciliennes.  De  retour  à  Pans,  il  fut 
employé  dans  différentes  affaires  , 
qui  lu!  firent  honneur.  Sur  la  fin 
de  ses  jours,  il  se  relirait  Fréville, 
où  il  mourut  eu  i7.'')o.  Il  avoit  com- 
posé des  Mémoires  de  sa  vie  ,  qui  se 
sont  égarés  entre  les  u)ains  de  ceux 
à  qui  il  les  avoit  donnés. 

t  GRÉATERICK  ou  Gheate- 
raojk:  (  Valenliu  ) ,  imposteur  irlan- 
dais, issu  d'une  assez  bom\e  maison  , 
qui  fil  beaucoup    de  bruit  eu  Au- 


GREA 

gletferre  an  17^  siècle,  principale- 
jiieul  en  1G64  et  ]663.  Gréalerick 
a  voit  été  lieutenant  d'une  compa- 
gnie pendant  la  guerre  d'Irlande  , 
et  avoit  exerce  ensuite  f|uelques 
cliarges  dans  le  comté  de  Corck.  Il 
avoit  une  grande  apparence  de  sim- 
plicité dans  ses  mœurs,  et  croyoit 
avoir  le  don  de  guérir  les  écroucUes  ; 
dans  cette  persuasion  ,  il  loucha 
plusieurs  malades  qu'il  prétendoit 
guérir.  Trois  ans  après ,  il  crut,  ou 
Aoulut  l'aire  croire  qu'il  guérissoit 
facilement  une  lièvre  épidémique 
qui  euievoit  beaucouj)  de  montle  en 
Irlande.  Tout  le  peuple  courut  à  lui , 
el  il  en  imposa  à  la  muUilude.  A 
mesure  que  sa  réputation  augmen- 
loit,  il  se  vantoit  que  son  pouvoir 
augmentoit  aussi.  Il  poussa  la  folie 
jusqu'à  prétendre  qu'il  n'y  avoit  au- 
cune maladie  dont  il  ne  pût  guérir 
par  son  seul  attouchement.  Ce  char- 
latan allribuoit  toutes  les  maladies 
aux  esprits.  Les  infirmités  étoient 
pour  lui  des  possessions  démonia- 
ques. A  proportion  qu'il  s'avançoit 
daivs  les  provinces  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  les  magistrats  des  villes 
et  des  bourgs  voisins  le  prioient  de 
pass>^r  chez  eux.  Le  roi  lui  Ht  or- 
donner de  se  rendre  à  Whilehall, 
où  la  cour  ne  lut  pas  trop  persuadée 
de  son  don  des  nnracles.  Ce  fou  , 
n'ayant  point  réussi  à  la  cour ,  parut 
à  la  ville,  et  y  fut  plus  goûté.  On  le 
\oyoit  tous  les  jours  à  Londres ,  en- 
touré  d'un  nombre  incroyable  de 
personnes  de  toute  condition  ,  de 
tout  sexe  et  de  tout  âge,  qui  lui  de- 
mandoient  le  rélablissement  de  leur 
santé.  Cependant  il  ne  put  pas  per- 
suader les  philosophes.  On  écrivit 
contre  lui  avec  force;  mais  il  eut 
aussi  ses  défenseurs ,  même  parmi 
les  médecins.  Il  publia  lui-même  une 
Lettre  adressée  an  célèbre  Coylp , 
dans  laquelle  il  fait  une  histoire 
abrégée  de  sa  vie.  Il  joignit  à  cet 
écrit  un  très-grand  nombre  de  certi- 
ficats signés  par  des  théologiens ,  qui 


GREA 


47 


allesloient  la  réalité  des  cures  qu'il 
avoit  faites.  Malgré  ces  attestations, 
sa  réputation  ne  se  soutint  guère 
plus  long-temps  en  Angleterre  que 
celle  de  Jacques  Aymar  en  France. 
Il  se  trouva  eniin  qu'il  n'éloit  rede- 
vable de  tant  de  guérisons  préten- 
dues miraculeuses  qu'à  la  crédulité 
du  public.  Ou  remarqua  même  qu'il 
louchoit  les  femmes  avec  plus  d'at- 
tention que  les  hommes  ,  et  il  fut 
obligé  de  disparoitre.  Voy.  la  Vie 
de  saint  Evremout,  par  des  Mai- 
seaux;  Je  lom.  n  des  (Euvres  du 
même  saint  Ev  remont,  dans  la  pièce 
intitulée  Le  Prophète  irlandais  ; 
pièce  que  l'on  trouve  encore  dans 
V Esprit  de  cet  auteur  ,  publié  en 
1761,  in- 1 2  ,  par  de  Leyre , 

t  GREAVES  (Jean  ),  Gravats  , 
né  à  Colmore  ,  dans  le  comté  de 
Hunt  en  Angleterre,  fit  de  grands 
progrès  dans  l'étude  de  la  philoso- 
phie ,  des  mathématiques,  et  sur- 
tout des  langues  orientales.  Son  mé- 
rite lui  procura  une  chaire  de  géo- 
métrie dans  le  collège  fondé  par 
Greshaiîi.  L'avidité  de  tout  savoir 
par  lui-même  lui  fit  entre-pren- 
dre  plusieurs  voyages  en  Italie,  en 
Turquie  et  en  Egypte.  Il  fit  un 
assez  long  séjour  à  Couslautinople, 
à  Rhodes  et  a  Alexandrie.  Il  mesura 
les  fameuses  pyramides  d'Egypte  , 
et  en  rendit  compte.  Il  repassa 
en  Angleterre  l'an  1640,  avec  une 
abondante  moisson  de  manuscrits, 
de  pierres  gravées  ,  de  médailles 
et  de  monnoies.  On  le  choisit  alors 
pour  proiesibsur  d'astronomie  à 
Oxford;  mai»  son  attachement  à  la 
famille  royale  le  lit  chasser  de  fu- 
niversilé  par  les  parlementaires. 
Greaves  ,  relire  à  Londres ,  y  tra- 
vailla sans  relâche  jusqu'à  sa  inorl , 
arrivée  en  i652,  à  5o  ans.  Parmi 
les  savans  ouvrages  dont  il  enrichit 
la  république  des  lettres  ,  on  distin- 
gue ,  I,  Elerne/ita  lingi/œ  persicœ  , 
Londres,  1649,  in-^".  II.  De  Cy~ 


48 


GRJLB 


c/is  Jrabiim  et  Persarum  astro- 
nornJcis,  164X,  in-4°  l'ï-  Epochœ 
celebriores  Ultig-Bei ,  16S0,  'n\-i'\  . 
IV.  jlstronornia  Scha/i  -  Cholgii 
Fersœ ,  i653  ,  \n-/\°.  V.  Une  excel- 
leiile  Description  des  pyramides 
d'Fgypte  ,  eu  anglais  ,  lu-S",  tra- 
duiie  eu  français  parThévenot ,  qui 
l'inséra  dans  le  premier  recueil  de 
ses  voyages,  in-fol.  VI.  Traité  de 
la  manière  de  faire  éclore  les  pou- 
lets dans  les  foins  ,  selon  la  mé- 
l/tode  des Lgyptlens.  VU.  Uu  savanl 
JJiscours  sur  le  pied  el  le  denier 
romain  ,  pour  servir  de  principe 
aux  mesures  et  aux.  poids  des  an- 
ciens ,  en  anglais,  in-8°.  Vlll. 
Une  Dissertation  1res  -  curieuse 
du  Sérail  de  Rob  -  Tf  il/iers,  en 
anglais ,  iu-8°.  On  a  donné  le  re- 
cueil de  ses  œuvres,  Londres,  1  787, 
i"  vol.  iu-8". 

GRÉBAN  (  Aruoul  et  Simon  )  , 
poêles  français  du  15"  siècle,  tous 
deux  nés  à  Couipiègne;  le  premier  , 
chanoine  du  iMaus  ;  le  second,  doc- 
teur en  théologie  ,  et  secrétaire  de 
Charles  d'Anjou,  comte  du  Maine, 
sous  le  roi  Charles  Vil,  ont  com- 
posé, vers  1450,  le  Mystère  des 
Actes  des  ylpôtres  à  personnages , 
dont  il  y  a  à  Paria  deux  éditions 
différeiues  pour  les  c4iangemens;  la 
première,  de  155?  ou  i54o,  la 
seconde  ,  de  i54i  ,  in-fol, 

*  GREBBER  (  Pierre  ) ,  né  à  Har- 
lem vers  1600,  peignoit  bien  l'his- 
toire et  le  portrait.  On  voit  à  Har- 
lem pluKieurs  de  ses  tableaux.  La 
galerie  de  Dresde  possède  de  lui  un 
beau  buste  de  femme.  Ce  peintre  a 
eu  beaucoup  d'élèves  qui  ont  fait 
honneur  à  son  école.  Sa  sœur,  Marie 
GnEBiir.R,avoilune  grande  inlelli- 
gtnce  àcïarc/iiiec/urc  el  de  la  pers- 
pective. 

*  GREBNËR  f  David  ) ,  médecin, 
né  à  Breslaw  en  1 6.'J5,  commença  son 
«?unrs  de  médecine  à  Konigsberg ,  eu 


GREC 

1674  ,  et  lecoHlinua  jusqu'en  1679  ; 
bientôt  le  vif  désir  de  multiplier  bcs 
connoissances  par  les  voyages,  de 
conuoitre  et  de  se  lier  d'amitié  avec 
les  hommes  les  plus  instruits  de  ce 
temps  ,  le  fit  sortir  de  celle  ville  et 
passer  dans  les  Pays-Bas  ,  el  par- 
courir successivement  l'Angle  1er  réel 
ritîdie.  11  s'arrêta  à  Padoue  où  il 
prit  le  bonnet  de  docteur.  A  son  re- 
tour en  Allemagne,  il  pralupia  son 
art  avec  distinction  à  Frausladt. 
L'empereur  Léopold  l'auoblit  ,  et 
ha  accorda  le  titre  de  médecin  de  sa 
cour.  Grebner  mourut  dans  sa  ville 
natale  le  21  janvier  1707,  avec  la 
réputation  d'un  savanl  modeste  ,  et 
d'un  homme  de  lettres  ires-inslruit. 
On  a  de  lui ,  l.  Tractaius  de  expe- 
rientiâ.  IL  Medicina  pelas  restitu- 
ta  ,  sive  paragraphe  liyppocratico- 
galenicain  T /leodnri Craanen  trac- 
tatumphysico-medicum  de  homine, 
Lipsiae  ,  169.5,  in-4°.  IIL  Diariunt 
meteorologicum  Uratislaviense  , 
Uratislavias,  1700,  iu-4°,avec  l'ex- 
position des  maladies  qui  régnèrent 
de  son  temps  à  oreslaw.  IV.  Trcc- 
latuN  philulogico-physico  Medici 
septe/n  ,  Lipsiae,  1714  ,  in-4°.  C'est 
un  recueil  de  la  plupart  des  traités 
de  sa  façou  ,  dans  lequel  celui  de 
e.xperientiâfi&\.  sans  doute  compris. 

t  GRÉCINUS  (  Julius),  sénateur 
romain,  né  à  Fréjus,  vivoil  sons 
l'empereur  Caïus  Caligula  :  il  cul- 
tiva les  belles-lettres  avec  succès  ,  et 
fut  un  des  hommes  les  plus  éloquens 
de  sou  temps.  Sénèque  le  philosophe 
n'en  parle qu'avecadmiration.  Il  s'ap- 
pliqiia  beaucoup  à  la  j)hilosophie,  et 
il  paroit ,  p;u-  Cohimelle,  qu'il  avoit 
écrit  ,S7//-  l'agriculture  et  les  vignes. 
On  lui  accorda  une  place  dans  k 
sénat ,  et  il  la  remplit  avec  beaucoup 
d'honneur.  F.nnemi  du  vice,  il  en 
fuyoil  jusqu'à  l'ombre.  Caligula  vou- 
lut l'obliger  à  accuser  Marcus  Si!a- 
nus,  quoiqu'il  fût  innocent;  Gré- 
ciuus    s'y    refusa  ,  el    l'empersur, 


GREC 

irrité,  Ivii  lit  ôler  la  vie  vers  l'an 
/i9  de  iio'.re  ère  vulgaire. 

•;    GRÉCOURT  (Jean-Baptiste- 
Joseph  \  ILLART  de),  chanoine   de 
l'église  cie  Saint-Marlin  de  Tours, 
naquit  d'une  bonne   famille  ,  dans 
cette  ville  vers  ï6S7>  ,  et  débuta  dans 
le  inonde    par  quelques  Sermons , 
jilus  satiriques    que  moraux,  il  en 
])rèchaun  plein  d'allnsions  malignes 
sur  la  plupart  des  dames  de  Tours  ; 
mais  il  abandonna  bientôt  cet  état, 
qui    demandoit     un     liomme    plus 
grave    et   plus    exemplaire.    Etant 
venu  de  bonne  heure  à  Paris,  il  y 
connut   le   maréchal  d'Estrées,  qui 
le  mena  avec  lui  aux  états  de  Bre-  1 
tagne.  Il  passa  une  partie  de  sa  vie 
à  l'aire  des  vers ,  et  à  se  divertir  au 
château  de  Véret ,  qu'il  appeloit  son 
Paradis  terrestre.  Sa  frivolité,  son 
goùl  pour   les  plaisirs ,  sou  irnagi- 
nalion  sans  frein,  le  rendoieut  in- 
capable de  toute  étude  sérieuse  et 
suivie.  Il  fit  des  Contes  et  des  Epi- 
grammes  ,   qu  il  lisoit  dans  la  so- 
ciété ,  de  façon  à  séduire  les  juges 
les  plus    sévères.     1/abbé    de    Gré- 
court  éloit  un   dei   meilleurs   lec- 
teurs  de    son   temps;    ses    Poésies 
perdoient  leur  prix  dans  toute  autre 
bouche.  Ce  talent,  son  enjouement 
et  ses  saillies  le  faisoient  rechercher; 
mais  son  humeur  satirique  le  faisoit 
craindre.  11  se  piquoit  d'érudition. 
Il  possédoit  assez  bien  les   auteurs 
latins,  et  vouloil  qu'on  crût  qu'il 
counoissoit  encore  mieux  le  grec  , 
quoiqu'il  n'en  sut  pas  un   mot.  On 
se  plaisoit  souvent  à  confondre  son 
ignorance  ;  mais  il  payoit  d'eifron- 
Itrie.  Il  mourut  à  Tours  le  2  avril 
1743.  Ses  Poésies  ont  été  publiées 
en  174?  ,  en  2  vol. ,  et  réimprimées 
à  Paris  eu   1761  ,  mais  enviées  de 
diverses  pièces  du  même  genre  par 
diflereus  auteurs  ,  8  vol.  in-12.  Elles 
renferment ,  I.  Le  Poëme  de  P/ii- 

lotnnus ,  qui  n'est  pas  de  lui,  à  ce 
.que  prétendent  les  auteurs  du  qua- 

T.    VIIJ. 


CREE 


49 


trième  volume  de  la  France  litté- 
raire.   (  Fojez,  JouiN.  )  Il   ue  fit  , 
dit-on,  que  le  revoir  et   l'embellir 
de  quelques  tirades:  mais  il  est  cer- 
tain  qu'ils   se  sont   trompés.    Quoi 
qu'il  en  soit ,  ce  poème  eut  un  suc- 
cès prodigieux.  (  /ojes  l'art.  Lar- 
CHANT,.  )  «  Le  mérite  de  ces  sortes 
d'ouvrages,   dit    l'auteur  du    Siècle 
de  Louis  XIV  ,  n'est  d'ordinaire  que 
dans  le  choix  du  sujet,  et  dans  la 
malignité    humaine.    Ce    n'est    pas 
qu'il  n'y  ait  quelques  vers  bienfaits 
dans  ce  poème  •  le  commencement 
en  est  très-heureux:  mais  la  suite 
n'y  refond  pas.  Le  diable  n'y  parle 
pas    aussi    plaisamment    qu'il    est 
amené.  Le  style  esî  rniforme,  sans 
finesse,  sans  pureté;  ce  n'est  enhu 
qu'une  histoire  satirique  de  la  bulle 
Unige/'.itus,    eu    vers    burlesques  , 
parmi  lesquels  il  s'en  trouve  de  très- 
})iai.eaus.  «  Quelque  mécontente  que 
dut  être  la  compagnie  de  Jésus  de 
cet  ouvrage  ,  l'abbé   de   Grécourt , 
qui   passoit   pour  en  être  l'auteur  , 
voyoil  souvent  des  jési:itcs  à  Tours , 
vivoit  et  mangeoit  avec  eux.  Il  pré- 
paroit,  dil-ou,  un  autre  Poë//ze  où 
le  parti  opposé  n'auroit  pas  été  plus 
épargné.    11.  Des  Contes.,  qnehjue- 
fbis  plaisans,  mais  presque  toujours 
obscènes.  111.  Des  Lpigramnies  ;  des 
Chansons  ;  des  Fables,  eu  général 
assez   médiocres  ,   et  d'une    poésie 
foible.    L'abljé  des  Fontaines  ,    qui 
avoit  beaucoup  connu  Grécourt,  dit 
(c  que  sa  langue  et  sa  plume  l'avoieut 
exclus  de  la  plupart  des  maisons  de 
l'ours.  » 

t  I.  GRÉEN  (  Matthieu  ) ,  poète 
anglais,  de  la  secte  des  non-confor- 
mistes, occupoil  une  place  à  la  douane. 
On  recherchoil  sa  conversation,  qui 
étinceloitde  saillies  toujours  exemp- 
tes de  malignité.  Il  mourut  vers 
1  767  ,  âgé  de  4i  ans.  Son  poème  du 
Spleen,  le  plus  considérable  de  ses 
ouvrages  ,  est  rempli  d'une  gaieté 
origiuale    el    franche.    Une   de  ses 

4 


So  GREE 

meilleures  plaisanteries  est  une  re- 
quête des  chais  de  la  douane,  à  qui 
l'on  vouloit  ôter  une  pension  de 
quelque  monnoie,  allouée  pour  leur 
nourriture.  La  requête  empêcha  celle 
suppression. 

*  II.  GRÉEN  (  Robert  )  ,  poète 
anglais  de  beaucoup  d'esprit  et  de 
talent ,  mais  crapuleux  ,  le  premier 
Anglais  ,  dit-  on,  qui  ail  fait  de 
la  littérature  un  métier  pour  vivre. 
Gréen  mourut  en  lôga,  d'une  in- 
digestion. 

*  III.  GRÉEN  (  Jean  ) ,  évêque 
anglais,  né  en  1706  à  HuM  ,  au 
comté  d'Yorck,  mort  à  Bath  en 
1779)  obtint  plusieurs  bénéfices 
dans  l'Eglise,  et  fut  élevé  sur  le 
siège  de  Lincoln.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs Traites  religieux,  et  quel- 
ques Sermons. 

*  IV.  GRÉEN  (Guillaume), 
théologien  anglais  ,  élève  de  Cla- 
rehall  à  Cambridge,  où  il  fut  reçu 
maîlre-èsarls,  el obtint  une  bourse, 
l'ut  ensuite  nommé  recteur  de  Ha- 
diu?haur ,  au  comté  de  Norfolck  ,  el 
mourut  eu  1794.  On  doit  à  Gréen 
plusieurs  ouvrages  estimés.  I.  Le 
Cantique  de  Déborah ,  mis  en  uers , 
avec  une  nouvelle  Traduction  et  un 
Commentaire ,  in-4°.  II ■  Nouvelle 
Traduction  de  la  Prière  d'Haha- 
cuc/t  ,  de  la  Prière  de  Mojse  ,  et 
du  io<f  Psaume,  avec  un  Commen- 
taire, in-4°.  III.  Nouvelle  Traduc- 
tion des  Psaumes  sur  l'original 
hébreu  ,  avec  des  Notes,  in -8". 
IV.  Nouvelle  Traduction  d'Isaïe  , 
avec  des  Notes  ,  in-4°.  V.  Morceaux 
poétiques  de  l'ancien  Testament , 
nouvellement  traduits  de  l'hébreu  , 
avec  des  Notes  ,  in-4''. 

*  V.  GRÉEN  (  N.  ) ,  professeur  à 
Hall,  mort  dans  celte  ville  eu 
1799,  ^^^'*-  ""  savant  du  premier 
(uévile.  C'est  à  lui  que  rAlleuiagne 
est  reàawMe  du  premier  Livre  élé- 
fucntaire  de  la  nouvelle  chitnie  , 


GREE 

dont  il  a  lâché  de  répandre  les  lu- 
mières par  son  Journal  de  Physi- 
que i  il  en  a  paru  12  volumes. 
C'est  à  lui  aussi  qu'on  doit  principa- 
lement Vapplication  de  la  théorie 
anti-phlogistique  à  la  médecine. 

*  I.  GRÉENE  (  Maurice  ) ,  i)ro- 
fesseur  de  musique  à  Cambridge  , 
né  à  Londres,  mort  en  i7r)5,  en- 
treprit de  corriger  el  de  réformer 
lu  musique  d'église,  qui  avoil  été 
considérablement  altérée  par  les  co- 
pistes. Son  ami  Boyce  a  achevé  cette 
entreprise. 

*  II.  GRÉENE  (Edouard-Barria- 
bée  ),  écrivain  de  quelque  mérite, 
mort  en  1788,  est  auteur  de  Tra- 
ductions d' Anacréon  et  de  Vin- 
dare  ,  et  de  plusieurs  Essais  e/i 
vers. 

*  GRÉENVILLE  (  sir  Richard  ) , 
vaillant  officier,  hls  de  sir  Roger 
Gréenville,  né  en  i54o  au  Devous- 
hire  ou  en  Cornouailles,  servit  en 
Hongrie,  contre  les  Turcs,  dans 
l'armée  impériale  d'Allemagne.  A 
son  retour  ,  il  fut  employé  dans  l'ex- 
pédition pour  soumettre  l'Irlande. 
Gréenville  fut  ensuite  nommé  repré- 
sentant du  comté  de  Cornouailles 
au  parlement;  et  à  peu  près  dans  le 
même  temps,  il  fui  fait  chevalier. 
On  le  cliargea  encore  d'une  expédi- 
tion contre  l'Amérique,  el  il  ht  quel- 
ques découvertes  dans  ce  continent. 
Nommé  vice-amiral,  il  commanda  en 
cette  qualité  nue  escadre  chargée  d'en- 
lever une  riche  llolle  d'Espagne.  Il 
s'avança  jusqu'aux  îles  W^estern  ou 
Hébrides  ,  où  une  forte  escadre  étoit 
envoyée  d'Espagne  pour  soutenir  la 
llolle.  A  l'approche  de  l'amiral  an- 
glais-id^ Thomas  Howard  vint  au- 
devant  de  lui;  el  Gréenville,  s'élant 
avancé  pour  prendre  à  son  bord 
quelques  malades  de  celui  d'Howard  , 
fut  surpris  par  la  Hotte  espagnole. 
U  défendit  sou  vaisseau    avec   ua 


GREG 

courage  peu  commun;  et,  couvert  ' 
de  blessures ,  il  voulut  couler  bas  ; 
mais  il  l'ut  pris  avant  par  l'amiral 
tspagnol.  Gréeuville  mourut  de  ses 
blessures  trois  jours  après. 

t  ï.  GRÉGOIRE  (  saint  ) ,  pape  , 
Burnommé    /e    Grand  ,    iia(|uit    à 
Rome  ,  vers  l'an  55o ,  de  Gardien  et 
de  Sylvia.  Sa  famille  éloit  une  des 
j)lus  nobles   du  sénat;  sa  naissance 
et  ses  lumières  relevèrent  a  la  di- 
gnité de  prél'et  de  cette  ville  eu  573. 
Le  mépris  des  grandeurs  humaines 
l'engagea  à  quitter  cette  place ,  et  à  se 
retirer  dans  un  monastère  qu'il  avoit 
fait  bâtir  sous  l'invocation  de  saint 
André.   Le  pape  Benoit  F'  le  lira 
de  cette  retraite  pour  le  faire  un  des 
sept  diacres  de  Rome.  Pelage  U ,  suc- 
cesseur de  Benoit ,  l'envoya  quelque 
temps  après   à    Constantiuoi)ie    en 
(jualité  de  nonce  ,  pour  implorer  le 
secours  de  Tibère  11  contre  les  Lom- 
bards; il  y  prit  un  ton  d'indépen- 
dance et  de   dignité  que  le  plus  il- 
lustre laie  de  l'empire    n'auroit  pu 
prendre  sans  danger.  Celle  amba.ssa- 
de  ajouta  à  sa  célébrité.  De  rslour  à 
Rome  ea  SS/j,  il  fut  secrétaire  de 
l*é!age,  et ,  après  la  mort  de  ce  pape, 
le  clergé  et  le  peuple  l'élurent  pour 
lui  succéder.    Grégoire  ,  se  croyant 
incapable   de   soutenir   un    fardeau 
doul  tout  le  monde  l'avoit  jugé  di- 
gue ,  supplia  l'empereur  iMaurice  de 
lie  pas  confirmer  le  choix  des  Ro- 
yiains.  Lorsque  la  conlirmation  de 
te  prince  arriA  a  ,   il  détermina  des 
inarchands    à   l'enfermer   dans   un 
pauier  et  à  le  contUiir^  au-delà   des 
t>ortes  de  Rome  :  il  se   tint   caché 
pendant  plusieurs  jours  au   milieu 
des   bois  et  des  montagnes;    on  le 
découvrit  enliu,  el,  le  dimauche  5 
septembre  Sgo,  il  lut  ordonné  pape. 
La  plus  importante  affaire  qui  oc- 
cupoit    l'Église  dans    ce   temps -là 
éloit  la  querelle  des  trois  chapitres; 
le    saint  pontife  n'oublia  rien  pour 
éteiudre   ce  schisme  :  son   ^elc  se- 


GREG  5i 

tendait  à: tout.  Il  envoya  en  Sardai- 
gne  des  évèques  pour  convertir  les 
idolâtres;  il  eu  ensoya  en  Angle- 
terre ;  exhortant  les  missionnaires  à 
se  servir  à  propos  de  la  douceur  et 
des  récompenses.   [>aint  Augustin  , 
chef  de  la  mission  d'Angleterre,  con- 
vertit le   roi  de  Kent.  Saint   Gré- 
goire teuoit  de  temps  en  temps  des 
conciles  à  Rome  ,  pour  maintenir  la 
discipline  ecclésiastique,  el  réprimer 
i'inconlmeuce  du   clergé.  Il  s'éleva 
avec  force  contre  le  titre  de  patriar- 
che universel  que  prcnoit  Jean,  pa- 
triarche de  Constantiuople,  et  lui 
en  écrivit  le  premier  janvier  59.6 , 
pour  lui  remontrer  combien  ses])ré- 
tentions  étoient  contraires  à  sa  ma- 
nière de  vivre  et  aux  règles  de  l'au- 
tiquilé.  «Je  ne  sais,  lui  disoil-il, 
par  quel  motif  vous  voulez  usurper 
un  nouveau  titre  qui  scandalise  tous 
vos  confrères.  Lorsque  vousparois- 
siez  fuir  l'épiscopal  jiav  des  seuti- 
mens  d'humilité  ,  auroil-on  cru  que 
vous  eu  useriez  dans  la  suite  comme 
si  vous  l'aviez  recherché  avec  am- 
bition? Vous  vous  reconuoissiez  in- 
digne du  uom  d'évêque,  et  à  pré- 
seul vous  prétendez  être  le  premier 
et  le  seul  é\  èque.  Je  vous  prie ,  je 
vous  conjure,  et  je  vous  demaude 
avec  toute  la  douceur  possible,  de 
résister  à   ceux  qui  vous  llaltent , 
en   vous   attribuant  ce  nom    plein 
d'orgueil   et   d'extravagance.    Vous 
n^'iguorez  point    que   le  concile    de 
Clialc<'doine  offrit  cet  luimieur  aux 
évèques  de  Rome,  eu  ks  nommant 
universels  :   mais  qu'il  ne  s'en  est 
trouvé  aucun  qui  ail  voulu  l'accep- 
ter ,  de  ])(;ur  qu'il  ne  semblât  s'altri' 
huer  seul  l'épiscopat ,  el  l'ôler  à  tous 
SCS  frères.  »  Grégoire  en  écrivit  en» 
cxjre  plus   fortement  à   l'empereur 
IMaurice.   Apres   lui  avoir   dit    que 
l'ambition  des  évèques  étoil  la  prin- 
cipale cause  descalamilé'  publiques, 
il  ajoute  contre  le  patriarche  :  «Nous 
détruisons  par  nos  exemples  tous  les 
l'rivil»  que  pourroienl  taire  nos  pa- 


52  GREG 

rôles.  Nos  os  sont  consumes  déjeu- 
nes ,  et  notre  esprit  est  entlé  d'or- 
gueil. Nous  sommes  fiers  etliautains, 
sous  des  habits  vils  et  méprisables. 
Sur  la  cendre  où  nous  sommes  cou- 
chés ,  nous  regardons  avec  des  yeux 
jaloux  le  faite  des  grandeurs  liumai- 
nes  ;  et  non  contens  des  honneurs 
réels  auxquels  la  providence  nous 
a  élevés,  nous  portons  nos  regards 
sur  de  vains  litres.  Pour  moi ,  je 
suis  le  serviteur  des  évêques,  tant 
iju'ils  vivent  en  évèques  ,  et  si  Jean 
veut  m'écouter,  il  trouvera  eu  moi 
un  frère  entièrement  dévoué  à  ses 
intérêts;  mais  s'il  persiste  dans  sa 
prétention,  il  aura  pour  adversaire 
celui  qui  résiste  aux  superbes.  »  St. 
Grégoire  termina  sa  vie  le  12  mars 
6o/( ,  et  fut  enterré  sans  pompe  , 
comme  il  l'avoit  ordonné.  Sow  prin- 
cipe étoit  de  n'employer  envers  les 
hérétiques  que  les  voies  de  la  per- 
suasion. II  a'opposa  aussi  aux  vexa- 
tions qu'on  exerçoit  contre  les  juifs 
pour  les  attirer  au  christianisme. 
«  C'est,  disoit-il  ,  par  la  douceur  et 
l'inslruclion  qu'il  faut  appeler  les 
infidèles  à  la  religion  chrétienne,  et 
non  par  les  menaces  et  la  terreur.» 
Ce  fut  lui  qui ,  par  les  conseils  qu'il 
donna  à  son  prédécesseur,  procura 
les  premiers  missionnaires  à  l'An- 
gleterre. Lorsqu'il  fut  parvenu  au 
souverain  pontificat,  il  soutint  de 
tous  ses  moyens  la  mission  qui  s'y 
,  Irouvoit.  Quoique  saint  Grégoire  fût 
d'une  si  grande  humilité  qu'il  se 
donna  lui-même  le  titre  de  servi- 
teur des  serviteurs  de  J.  C.  (  titre 
adopté  par  ses  successeurs)  ,  il  soii- 
■tenoit  avec  chaleur  l'autorité  du 
saiut-siége  ,  et  niénageoil  à  l't^glise 
la  faveur  des  princes.  On  lui  a  nuuie 
reproché  d'avoir  trop  loué  des  sou- 
verains \HU  dignes  de  ses  éloges  : 
il  est  difl'icile  d'excuser  ceux  qu'il  se 
permit  de  prodiguer  à  riisiirpateur 
Phocas  ,  qui  avoit  ravi  le  trône  et  la 
vie  à  l'empereur  Maurice.  Malgré 
les  richesses  de  l'Église  romame  , 


GREG 

Grégoire  eut  le  train  le  plus   mo- 
deste,  et   la   taljle   la  plus  frugale. 
Dans  une  lettre  au  sous-diacrePierre, 
recteur  du  patrimoine  de  Sicile,  il 
lui  dit  :  «  Vous  m'avez  envoyé  un 
mauvais  cheval  et  cinq  bons  ânes  ; 
je  ne  puis  monter  le  cheval  parce 
qu'il   ne  vaut    rien  ,  ni  les  ânes  , 
parce  que  ce  sont  des  ânes.  »  Ces 
paroles  sont  une  preuve  que  l'écurie 
de  ce  grand  pape  n'étoit  pas  bien 
magnifique.  Voici  le  portrait  qu'en 
fait    un    historien    moderne  :   «  Le 
pontifical  de  Grégoire-le-Grand  , 
qui  dura  i3  ans   6  mois  10   jours, 
est  une  des  époques  les  plus  édifian- 
tes de  fEglise.  Ses  vertus  et  même 
ses  fautes,  une   réunion  singulière 
de  simplicité  et  d'ailuce,  d'orgueil 
et  d'humilité,  de  bon  sens  et  de  su- 
perslitiou,  convenoient  beaucoup  à 
sa  position  et  à  l'esprit  de  son  temps. 
Il  s'éleva  contre  le   titre  antichré-' 
lien  d'évèque  universel  que  se  don- 
noit  le  patriarche  de   Constautino- 
ple  ,  son  rival.  Le  successeur  de  St. 
Pierre  éloit  trop  fier  pour  le  lui  lais- 
ser, et  trop  foible  pour  le  prendre 
lui-même.  Il  n'exerça  sa  juridicliou 
qu'en  qualité  d'évèque  de  Rome ,  de 
primat  d'Italie  et  d'apôtre' de  l'Oc- 
cident. Il  prêcha  souvent,    et  sou 
éloquence  grossière  ,   mais  pathéti- 
que ,  embrasoit  les  passions  de  sou 
auditoire.  On  lui  reproche  d'avoir,- 
dans  un  discours  prononcé  en  public, 
applaudi  à  la  chu  le  et  au  massacre 
de  l'empereur  IMaurice,   ainsi  qu'à 
l'élévation  an  trône  de  son  meur-i 
trier ,   son   successeur  ,   le  sangui- 
naire Phocas.  On  lui  a  reproché  en- 
core d'avoir,  en  haine  du  paganisme^ 
réduit  en  cendres  la  bibliothèque  pa- 
latine ,  formée  à  Rome  par  l'empe- 
reur Auguste,  ou   seulement  quel- 
ques   ouvrag.'S  réprouvés  conlcnus 
dans  celle  bibliollièque.  Ce  reproche 
est   fondé   sur  un   seul  passage   du 
Polycratique    de    J^an    Salisbury  , 
moine  du  12^  siècle.  On  a  beaucoup 
écrtl  pour  couiballie  ou  i^our  ap-* 


GREG 

piiyer  la  solidité  de  ce  reproche. 
Quoi  qu'il  eu  soit,  il  u'aimoit  point 
les  ouvrages  où  se  trou  voient  les 
noms  des  dieux  des  anciens  Romains, 
et  il  en  a  prohibé  la  lecture.  Rome 
n'a  pas  eu  de  ])ontife  qui  ail  com- 
posé un  plus  grand  nombre  d'ou- 
vrages que  Grégoire  ;  les  principaux 
sont,  I.  Son  Pastoral;  c'est  un 
traité  bien  fait  des  devoirs  des  pas- 
leurs.  H.  Des  Homélies.  III.  Des 
Commentaires  sur  Job ,  pleins  de 
leçons  propres  à  lormer  les  aiœurs  ; 
ce  qui  les  a  fait  appeler /e5  morales 
de  saint  Grégoire.  Il  faut  avouer 
cependant  que  cet  ouvrage  diflus  et 
négligé  est  trop  surchargé  d'allé- 
gories qui  manquent  quelquefois  de 
justesse.  IV.  Des  yy/fi/o^'i/6,s  pour  cé- 
lébrer les  miracles  de  plusieurssainls 
cl'Ilalie;  c'est  un  tissu  de  fables. 'V. 
Douze  livres  de  Lettres  qui  offrent 
quelques  particularités  sur  i'hisloire 
de  son  temps  ,  et  des  décisions  sur 
-divers  points  de  discipline.  Ce  pape 
avoil  le  génie  tourné  du  côté  de  la 
morale.  On  lui  reproche  une  abon- 
dance excessive  et  trop  de  recherches 
dans  ses  allégories.  On  a  perdu  ,  ou 
l'on  n'a  pas  voulu  imprimer  celui 
de  ses  ouvrages  dont  parle  Jean  de 
Salisbury,  écrivain  du  12'^  siècle, 
et  dans  lequel  il  l'accuse  avec  raison 
d'avoir  fait  brûler  les  livres  des  au- 
teurs païens.  Il  conseille  aussi  à  Di- 
dier,  archevêque  de  Vienne  ,  de  ne 
pas  s'amuser  à  enseigner  la  gram- 
maire ,  parce  qu'un  évèque  a  des 
occupations  plus  importantes.  [T^oy. 
ce  que  dit  M.  Lanzi ,  daus  son  His- 
toire de  la  littérature  de  l'Italie ,  t.  I, 
pour  justifier  saint  (irégoire  de  l'im- 
putation qui  a  été  laite  à  sa  mémoire 
par  les  amateurs  de  l'antiquité.  )  De 
toutes  les  éditions  des  ouvrages  tle 
ce  Père  ,  la  plus  ample  et  la  ]j1us 
correcte  est  celle  que  dom  de  Sainte- 
Marthe  ,  général  des  bénédictins  de 
Saint- Maur  ,  ])ublia  en  1707,  en 
4  volumes  in-folio.  Sa  Vie  ,  écrite 
par  le  même,  et  imprimée  à  Rouen, 


GREG 


53 


in  -  4°  »  en  1697,  est  préférable 
à  l'Histoire  de  son  pontificat ,  par 
Rlainbourg.  On  date  communément 
du  pontificat  de  saint  Grégoire-le- 
Grand  l'usage  de  faire  des  souliaits 
eu  faveur  de  ceux  qui  éternuent. 
On  prétend  que  du  temps  de  ce  saint 
pape  il  régna  dans  l'air  une  mali- 
gnité si  contagieuse ,  que  ceux  qui 
avoient  le  malheur  d'élernuer  expi- 
roient  sur-le-champ;  mais  e'esl  une 
fal)le,  puisque  celle  coutume  éloit 
en  vogue  chez  presque  toutes  les  na- 
tions du  monde,  iong-temps  avant 
J.  C.  :  que  les  Grecs  el  les  Romains 
avoient  des  formules  de  comj)limens 
pour  ces  sortes  d'occasions  ;  telle» 
éloienl  celles-ci  :  «  Vivez!  Portez- 
vous  bien  !  Jupiter  vous  conserve  î 
etc. 

t  II.  GRÉGOIRE  II  (  saint  )  , 
né  à  Rome,  pape  en  7i.'i  ,  après 
Constantin,  mérita  la  double  clef  par 
le  succès  avec  lequel  il  avoil  rempli 
des  commissions  importantes.  Gré- 
goire convoqua  deux  conciles  ,  l'uu 
en  7  21 ,  contre  les  mariages  illicites, 
et  l'autre  en  72g  ,  contre  les  ico- 
noclastes; envoya  saint  Bonifiice 
prêcher  en  yUlemagne  ,  et  mourut 
le  12  février  731  ,  regretté  pour  ses 
vertus  et  ses  lumières.  On  a  de  ce 
pape  quinze  Lettres.,  et  un  Mé- 
moire donné  à  ses  envoyés  de  Ba- 
vière ,  sur  divers  points  de  disci- 
pline. Ces  ouvrages  sont  imprimés 
dans  les  Collections  des  conciles^ 
On  a  encore  de  lui  Explanatioimm 
ecclesiasticaium  libri  X ,  grœcè  et 
latine  eclente  Ant.  Morello, \euibt, 
1791 ,  iu-lol. 

t  ni.  GRÉGOIRE  III.  natif  de 
Syrie ,  successeur  de  Grégoire  II  Jè 
i8  mars  701  ,  assembla  un  concile 
en  732  ,  dans  lequel  il  excommu- 
nia les  iconoclastes.  Les  Lombards 
faisoient  tous  les  jours  de  nouvelles 
entreprises  contre  les  Romains  ;  le 
pape  ,  pressé  par  ces  barbares  ,  im— 


54-  GREG 

plora  le  sf cours  de  Charles  Mar- 
tel. Ses  légats,  envoyés  à  ce  prin- 
ce ,  lui  promirent  ,  de  la  part 
du  pontife  ,  qne,  s'il  le  secoiiroil,  il 
lui  donnsroit  le  consulat  de  Rome. 
Cei  le\e;;alio  1 ,  qu'on  regarde  connne 
l'origine  des  nonces  apostoliques  en 
France,  ne  produisit  rien.  Charles 
Martfl  etoit  trop  occupé  en  France 
contre  ks  Sarrasins  pour  aller  se 
battre  en  Italie  coiure  les  Lomhards. 
Grégoire  Ilî  mourut  peu  de  temps 
après ,  le  ^8  novembre  yzji  ,  regardé 
comme  un  pontil'e  magnifique  et 
charitable.  C'est  le  premier  pape 
qui  gouverna  en  souverain  l'exar- 
chat da  Ravenne  ;  non  qu'on  lui  eu 
eûtfail  une  donation  expresse,  mais 
par  l'espèce  d'abandon  où  les  Grec  ■ 
l'avoienl  laissé,  elle  consentement 
de  fait  qu'on  donne  à  l'aliénation 
d'une  chose  qu'on  ne  veut  ni  con- 
server ni  réclamer.  Son  pontificat 
est  une  des  époques  de  la  grandeur 
temporelle  des  papes.  On  a  de  lui 
tlenx  Lettres  dans  la  Collection  des 
conciles. 

IV.  GRKGOÏRE  IV,  Romain, 
recomn)anda]ile  par  son  sa\  oir  au- 
tant que  par  sa  piété ,  obtint  la  cou- 
Tonne  pontificale  le  5  janvier  827 
on  828.  Ce  lut  lui  qui  entreprit  de 
rebâtir  la  ville  d'Ostie,  pour  dé- 
fendre l'embouchure  du  Tibre  con- 
tre les  incursions  des  Musulmans  , 
qiii  s'étoienl  emparés  de  toute  la 
Sicile  ;  il  la  nomma  Grcgorlopolis. 
Dans  le  temps  des  troubles  entre 
Loviis-le-Débonnaireel  ses  fils,  Gré- 
goire vint  en  France  ,  à  la  prière 
de  Lolhaire  ,  pour  tâcher  d'y  mettre 
la  paix.  Le  bruit  couroit  qu'il  vou- 
ioit  excommunier  les  évèques  fidèles 
à  l'empereur;  maiscws  prélats  dirent 
«  qu'il  s'en  retourneroit  oxcommn- 
îiié  lui-même,  .s'il  eutreprenoit  de 
les  excommunier  contre  les  canons.» 
Ce  u'i'loil  point  l'inlenlion  du  pape , 
il  vouloil  seulement  être  l'arbitre 
tl'uue  luniîieureuse  qutrclic.   a  Sa- 


GREG 

chez  ,  dit-il  à  l'empereur  ,  que  je 
ne  suis  venu  que  pour  procurer  la 
paix,  que  le  Sauveur  nous  a  tant 
recommandée.  »  Il  se  retira  à  Ro- 
me, mécontent  des  deux  partis, 
el  y  mourut  le  25  janvier  844- 
C'est  ce  Grégoire  IV  qui  fil  célé- 
brer la  fête  de  Tous  les  Saints 
dans  l'univers  chrétien.  On  a  de  lui 
trois  Lettres  dans  la  Collection  des 
conciles. 

V.  GRÉGOIRE  V,  Allemand, 
nommé  auparavant  Brunon  ,  pa- 
rent de  l'empereur  Olhon  ,  fut  élu 
pape  après  Jean  XV^I ,  en  mai  996. 
Crescenlius ,  consul  de  Rome  ,  qu'il 
avoil  protégé  auprès  de  lempereur, 
eut  l'ingratitude  de  lui  opposer 
Philagalhe  ,  évèque  de  Plaisance, 
el  d'obliger  le  vrai  ponlife  à  cher- 
cher un  asile  en  Franconie  ;  mais 
cet  antipape,  qui  prit  le  nom  de 
Jean  XVll,  fut  chassé  par  Olhon, 
el  excommunié  dans  le  concile  de 
Pavie  en  997  ,  par  Grégoire  ,  qui 
ne  jouit  pas  long-lemps  du  ponti- 
ficat. 11  mourut  le  iS  février  999  , 
après  avoir  gouverné  avec  autant  de 
\  igilance  que  de  fermeté.  Ou  a  de 
Im  quatre  Lettres  dans  la  Col- 
lection des  Conciles. 

-;-  VI.  GRÉGOIRE  VI,  Romain  , 
el  archiprèlre  de  l'Eglise  romaine  , 
nommé  auparavant  Jean  Gralien  , 
l'ut  ordonné  pape  en  io44  ,  après 
que  Benoit  IX  lui  eut  cédé  le  ponti- 
ficat ,  moyennant  une  somme  d'ar- 
gent. Le  motif  qui  engagea  le  nouveau 
pontife  et  le  clergé  de  Rome  à  payer 
Benoit  IX  pour  abdiquer,  c'est  qu'il 
étoit  réellement  indigne  de  la  pa- 
pauté ,  el  que  sa  démission  faisoit 
cesser  un  grand  scandale  dans  l'E- 
glise. Grégoire  trouva  le  temporel 
de  son  Eglise  diminué  à  tel  point, 
qu'il  fui  obligé  d  excommunier  avec 
éclat  ceux  qui  l'avoienl  usurpé. 
Cel  anathème  ne  fil  qu'irriter  les 
coupables^  qui  viurenl  eu  armes  jus- 


GREG 

qu'à  Rome.  Mais  Grégoire  les  chassa, 
retira  plusieurs  terres  de  l'Eglise  , 
et  rétablit  la  sûreté  des  chemins  , 
tellenienl  remplis  de  voleurs  ,  que 
les  pèlerins  étoient  obligés  de  s'as- 
sembler en  grandes  troupes  pour  se 
défendre  contre  eux.  Celle  sage  con- 
duite déplut  aux  Romains  ,  accou- 
tumés au  brigandage.  Le  iéu  de  la 
.sédition  alloit  se  rallumer,  lorsque 
l'empereur  Henri  111  vint  eu  Italie  , 
et  convoqua  un  concile  à  Su  tri ,  près 
de  Rome  ,  en  1046  ,  où  Grégoire  VI 
abdiqua  le  pontificat.  Clément  II  fut 
mis  à  sa  place.  Grégoire  se  retira 
ensuite  dans  le  monastère  de  Cluni, 
où  il  termina  ses  jours.  On  a  dans 
la  Collection  des  conciles  une  Lettre 
circulaire  At  ce  pape  à  tous  les  fidè- 
les ,  pour  leur  demander  des  aumô- 
nes, afin  de  soutenir  l'éclat  d'une 
dignité  qu'il  a  voit  achetée. 

t  VII.  GRÉGOIRE  VII,  appelé 
auparavant  Hildebrand  ,  Hls  d'un 
diarpeiitier  de  Soano  en  Toscane  , 
lut  élevé  à  Rome  ,  et  se  fit  moiue 
de  Cluny,  sous  l'abbé  Odilon.  De- 
venu prieur  de  cet  ordre  ,  il  passa 
à  Rome  avec  Brunon  ,  évèque  de 
Toul ,  qui  avoit  été  désigné  pape 
par  l'empereur  Henri  IV,  et  qu'il 
eut  le  crédit  de  faire  élire  sous 
le  nom  de  Léon  IX.  Ce  pontife  lui 
laissa  la  principale  autorité  ,  et  il 
la  conserva  sous  Alexandre  II.  Après 
la  mort  de  ce  pape,  en  1070,  la  voix 
publique  le  désigna  pour  son  suc- 
cesseur. Il  fut  élu;  mais  il  ne  fut 
sacré  que  deux  mois  après  son  élec- 
tion ,  parce  qu'il  voulut  attendre  le 
consentement  de  l'empereur  Henri 
IV.  C'est,  suivant  le  savant  Pagi, 
le  dernier  pape  dont  le  décret  d'é- 
lection ait  élé  envoyé  à  l'empereur 
pour  être  confirmé.  Le  nouveau 
pontife,  animé  d'un  zèle  intrépide  , 
forma  de  vastes  projets  louchant  la 
réformalion  de  l'Église,  c.  .i'ai  sou- 
vent prié  Noire-Seigneur  ,  écrivoit- 
il  à  saint  Hugues  ,  abbé  de  Cluni , 


GREG 


5j 


on  de  m'ôler  de  cette  vie ,  ou  de 
nie  rendre  utile  à  son  Eglise;  car 
je  suis  environné  d'une  douleur  ex- 
cessive et  d'une  tristesse  universelle. 
L'Eglise  orientale  abandonne  la  foi 
catholique,  et  les  chrétiens  y  sont 
par-tout  mis  à  mort.  Quand  je  re- 
garde l'occident  et  les  autres  par- 
ties du  monde  ,  à  peine  trouvé-je 
des  évêques  dont  l'entrée  ait  été 
légitime  ,  dont  la  vie  soit  pure,  qui 
gouvernent  leur  troupeau  plutôt  par 
charité  que  par  ambition  ;  et  entre 
tous  les  princes  séculiers ,  je  n'en 
connois  point  qui  préfèrent  l'hon- 
neur de  Dieu  au  leur  ,  et  la  juslice 
à  l'intérêt.  Quant  aux  peuples  entre 
lesquels  je  demeure,  les  Romains  , 
les  Lombards  et  les  Normands,  je 
leur  dis  souvent  que  je  les  trouve 
en  quelque  façon  pires  que  des  juifs 
et  des  jxiïens.  »  Grégoire  crut  pou- 
voir se  conduire  selon  les  droits 
que  lui  atlribuoit  la  jurisprudence 
canonique  d'alors.  Il  se  crut  le  maître 
spirituel  et  temporel  de  tonte  la 
terre,  le  juge  et  l'arbitre  souveraiu 
de  toutes  les  affaires  ecclésiastiques 
et  civiles,  le  disiribuleitr  de  toutes 
les  grâces,  de  quelque  nature  qu'elles 
fussent,  et  le  dispensateur,  non- 
seulement  des  bénéfices  ,  mais  aussi 
des  royaumes.  Avec  de  telles  idées  , 
il  ne  pouvoit  être  long-temps  ami 
de  l'empereur  Henri  IV.  Ils  se  brouil- 
lèrent dès  le  commencement  de  son 
pontificat,  se  raccommodèrent  bien- 
tôt après  ,  et  se  brouillèrent  de  nou- 
veau en  107.^).  Le  pape  ,  à  qui  Henri 
avoit  élé  dénoncé  comme  un  simo- 
niaque ,  lui  fit  ordonner  par  ses  lé- 
gats, sous  peine  d'ana thème,  de  se 
rendre  à  Rome  un  jour  marqué.  Le 
prince  irrité  chassa  ignominieuse- 
ment les  légats,  et  se  vengea  eu 
suscitant  contre  le  pape  un  nommé 
Cencius,  fils  du  préfet  de  Rome  ,  qui 
saisit  le  pontife  dans  Sainte-Marie- 
Majeure  ,  au  moment  où  il  disoit  la 
messe.  Des  satellites  le  menèrent 
prisonnier  dans  une  toïir  ,  d'où  Cen- 


5r> 


GREG 


cius  de  voit  l'envoyer  en  Allemagne. 
Le    peuple    romain,    ofteusé  d'une 
telle   violence,   escalada  la    tour  et 
délivra  le  pontife.  Henri  IV  convo- 
quoi'  ."•  même  temps,  en  1076,  nn 
concile  .1  Worms,  qui  déposa  Gré- 
goire ,  sur    rexhiljilioir   d'une  his- 
toire scandaleuse  de  la  vie  du  pape  , 
dans  laquelle  on  le  chargeoil  de  cri- 
mes uiouïs  et  incroyables.  Grégoire  , 
de   son    côté,   lenoit   un    synode  à 
Rome;  Henri  y  fut  déposé  et  ex- 
communié.   La  sentence  étoil  con- 
çue   en   ces  termes  :   a  De   la  part 
de   Dieu    tout-puissant,  père,    iils 
et  saint-esprit,  et  par  l'autorité  de 
saint  Pierre  ,  prince  des  apôtres,  je 
défends  ù  Heu  ri ,  iils  de  l'empereur 
Henri ,  de   gouverner    le  royaume 
leutonique  et  l'Italie.  J'absous  tous 
le5  chrétiens  du  serment  qu'ils  lui  ont 
prêté  on  prêteront;  et  je  défends  cà 
toutes  personnes  de  le  servir  comme 
roi,  le  chargeant  d'anathème  ,  etc.  » 
Cette   extravagance     eût    été    sans 
effet ,  si    Henri   IV   eût  été  assuré 
de  l'Allemagne  et  de  l'Italie  :  mais 
il  y  avoit  des  ennemis ,  et  elle  lui  de- 
vinlfuneste.  Les  seigneurs  allemands 
prirent  ce  prétexte  pour  se  donner 
lin  autre  empereur.  Henri  IV  crut 
parer  ce   coup  en  allant   en    Italie 
désarmer   la    colère    de    Grégoire. 
Lorsqu'il  fut  arrivé  à  Canosse,  for- 
teresse où  le  pape  s'étoit  retiré  ,  il 
fut  obligé  de  demeurer  dans  son  en- 
ceinte trois  jouis,  nu-pieds  et  cou- 
vert d'un  cilice.  Enfin,  le  quatrième, 
le  pape  permit  qu'il  parût  en  sa  pré- 
sence. Grégoire  consentit  ,   jiar  un 
acte  du  18  janvier  107  7,  à  lui  donner 
l'absolution  ,  à  condition  qu'il  se  jus- 
tifieroit   en    Allemagne,   dans   une 
diète  générale,  de  tous  les  crimes 
dont  on  l'accusoit  ;  que  le  pape  ,  qui 
seroit  présent,  le  jugeroit;  et   qui-, 
^      jusqu'à  ce  temps-là,  il  ne  porleroil 
aucune  marque  de  la  dignité  royale; 
qu'il  seroit  à  l'avenir  pat  f.iilrmenl 
soumis  au  sainl-siége,  et  (piil  lais- 
seroilau  chef  de  l'Eglise  une  entière 


GREG 

liberté  de  faire  en  Allemagti«,  par 
ses  légats  ,  toutes  les  réformes  ([u'il 
jugeroit  nécessaires.  Henri  promit 
avec  serinent,  sur  l'Evangile,  de 
faire  tout  ce  que  Grégoire  exigeoit 
de  lui.  Le  pontife,  lui  ayant  donné 
l'absolution  ,  célébra  la  messe  en  ca 
présence.  Après  la  consécration  ,  il 
fit  approcher  l'empereur  de  l'autel  , 
et,  tenant  l'hostie  entre  ses  mains,  il 
lui  rappela  les  lettres  injurieuses  où 
il  l'accusoit  de  simonie  et  de  divers 
auirescriraes.  «Pourôter,  ajoula-t-il, 
toute  ombre  de  scandale,  je  veux  que 
le  corps  de  Notre-Seigueur  ,  que  je 
vais  prendre,  soit  aujourd'hui  une 
prenve  de  mon  innocence  ,  et  que  , 
si  je  suis  coupable,  Dieu  me  fasse 
mourir  subitement.  >j  Grégoire  prit 
ensuite  la  moitié  de  l'hostie  e^l'a  vala  ; 
et  ayant  présenté  à  Henri  l'autre 
moitié,  il  lui  dit  :  «  Faites,  mon 
Iils,  ce  que  vous  m'avez  vu  faire. 
Prenez  celte  autre  partie  de  l'hostie, 
alin  que  cette  preuve  de  votre  iuno-. 
cence  ferme  la  bouche  à  vos  enne- 
mis. »  L'empereur  ,  se  rappelant 
dans  ce  moment  les  malversations 
commises  en  Allemagne  ,  pria  le 
pontife  de  remettre  l'affaire  à  la  dé- 
cision d'un  concile  ,  et  reçut  la  com- 
munion de  ses  mains,  mais  sans  làire 
de  serment.  On  auroit  de  la  peine, 
dit  Hardioa  ,  à  croire  un  si  étrange 
événement,  si  le  pape  lui-même  ne 
l'avoit  publié  dans  ses  lettres  avec 
une  sorte  de  complaisance.  Les  sei- 
gneurs de  Lombardie,a3onte  le  même 
auteur,  indignés  que  Henri  IV  se 
tût  soumis  a\'ec  tant  de  bassesse  à 
un  traitement  si  indigne,  vouloient 
le  rejeter  pour  donner  la  couronne  à 
son  Hls  encore  enfant.  Henri  ne  les 
apaisa  qu'eu  promettant  de  se  ven- 
ger, et  en  rompant  sou  traité  avec 
le  pape.  Grégoire  l'excommunie  de 
nouveau  ,  et  engage  les  seigneurs  et 
les  évêques  d'Allemagne  d'élire  l'em- 
|)ereur  Rod()l|)be  ,  duc  de  Souabe  , 
le  17  mars  ]<)77.  11  encourage  ce 
prince  el  son  parti,  et  leur  promet 


GREG 

que  Henri  mourra  bientôt  ;  mais  , 
dans  la  fameuse  bataille  de  Mers- 
bourg  ,  Henri  IV  est  vainqueur,  et 
Rodolphe  blessé  à  mort.  Après  cette 
victoire  ,  il  marcha  vers  Rome  , 
avec  Guibert  ,  archevêque  de  Ra- 
venne  ,  qu'il  avoit  fait  élire  sous  le 
nom  de  Clément  III ,  assiégea  (Gré- 
goire dans  le  château  Saint-Ange  , 
et  alloil  ft  faire  prisonnier,  lors- 
que Robert  Guischard  ,  prince  de  la 
Fouille  ,  se  présenta  pour  le  secourir." 
Henri  repassa  en  Allemagne,  lais- 
sant l'Italie  dans  le  trouble.  Le  pape 
étoit  regardé  par  les  Romains 
comme  la  cause  de  leurs  malheurs 
et  de  leur  misère.  Las  de  leurs  nuir- 
mures,  il  se  retira  à  Salerne,  où  il 
mourut  le  24  n)ai  io85,  avec  une 
grande  réputation  de  piété.  L'atta- 
chement de  la  comtesse  Mathilde 
(vojez  ce  mot)  pour  ce  pontife 
donna  lieu  aux  clercs,  dont  ii  avoit 
condamné  les  mariages  sacrilèges  , 
de  semer  des  bruits  calomnieux  con- 
tre sa  réputation  ;  mais  ces  impos- 
tures, dictées  par  la  méchanceté  et 
la  vengeance ,  tombèrent  d'elles- 
jnémes  ,  parce  que  la  conduite  de 
Grégoire  VII ,  depuis  son  enfance  , 
i'avoit  mis  au-dessus  même  du  soup- 
çon. Ses  dernières  paroles  furent  : 
«J'ai  aimélaiuslice  et  haï  I  iniquité  : 
c'est  pour  cela  que  je  meurs  en  exil.» 
Il  auroitdûdire  :  «  J'ai  aimé  la  puis- 
sance ,  et  mon  extravagante  ambi- 
tion a  causé  ma  disgrâce.  »  L'empe- 
reur Henri  IV  ne  fut  pas  le  seul  qu'il 
traita  en  vassal.  Il  étendit  ses  pré- 
tentions anil)itieuses  sur  la  France  , 
l'Angleterre,  la  Hongrie,  le  Dane- 
marck  ,  la  Pologne  ,  la  Norwége  ,  la 
Dalmatie.  11  envoya  des  légats  dans 
la  plupart  des  royaumes  du  l'Europs, 
pour  y  tenir  des  conciles  et  y  établir 
son  autorité.  Tout  incroyables  que 
paroissent  aujourd'hui  ces  entre- 
prises, elles  éloienten  partie  la  suite 
des  opinions  de  ce  temps -là.  Au 
reste  ,  Grégoire  VU  ,  né  avec  im 
g!  and  courage ,  élevé  dans  la  disci- 


GREG 


57 


pUne  monastique  la  plus  régulière, 
avoit  un  désir  ardent  de  purger  l'E- 
glise des  vices  dont  il  la  voyoil  in- 
fectée. On  pourroit  appliquer  ,  dit  le 
président  Hénault ,  à  ses  prétentions 
sur  le  temporel ,  le  mol  de  l'histoire 
grecque  :  «  Prenez  garde  ,  disoit-on 
un  jour  aux  Athéniens  qui  se  rui- 
noient  à  bâtir  des  temples ,  que  le 
soin  du  ciel  ne  vous  fasse  perdre  la 
terre.  »  On  auroit  pu  dire  alors  aux 
papes  :  «  Prenez  garde  que  la  pas- 
sion d'acquérir  la  terre  ne  vous 
fasse  perdre  le  ciel.  On  vous  dispu- 
tera la  puissance  sur  le  spirituel ,  si 
vous  vous  obstinez  à  vouloir  la  puis- 
sance sur  le  temporel.  »  Ce  qu'il  y  a 
de  singulier ,  c'est  que  l'empereur 
lui-même  ignoroit  ses  véritables 
droits,  et  partageoit  l'erreur  de  sou 
siècle,  a  Un  souverain  ,  dit-il  dans 
une  lettre  adressée  à  Grégoire  ,  n'a 
que  Dieu  pour  juge  ,  et  ne  peut  être 
déposé  pour  aucun  crime  ,  si  ce  n'est 
qu'il  abandonne  la  foi.  »  En  1  .'i8/( ,  le 
nom  de  Grégoire  Vil  fut  inséré  dans 
le  Martyrologe  romain  ,  corrigé  par 
ordre  de  Grégoire  XI  11.  Enfin  ,  sous 
le  pontificat  de  Benoit  XllI ,  on  l'a 
placé  dans  le  Bréviaire  ,  avec  une 
légende,  où  l'on  canonise  toute  sa 
conduite  à  l'égard  de  Henri  IV  ;  mais 
cette  légende  ,  digne  du  siècle  de 
Grégoire  Vil ,  a  été  supprimée  par 
les  parlemeus  en  France  ,  et  par 
l'empereur  dans  tous  ses  états  d'Al- 
lemagne et  d'Italie.  On  la  récite  ce- 
jjendant  en  divers  endroits  de  l'Alle- 
magne; et,  après  avoir  été  proscrite 
en  Portugal ,  on  l'a  rétablie  en  1777. 
Ou  a  de  (irégoire  VU  neuf  livres  de 
Le/// es,  écrites  depuis  1073  jusqu'en 
1082.  Il  y  a  parmi  ces  Lettres,  insé- 
rées dans  lu  colleclioii  des  Conciles, 
un  Traité  intitulé  Dictatus  papœ , 
qui  lui  a  été  faussement  attribué.  Il 
y  a  apparence  que  celle  pièce  ,  re- 
marquable par  les  prétentions  exor- 
bitantes qu'elle  renferme,  a  été  com- 
posée ,  ou  par  un  ennemi ,  qui  vou- 
ioil  le  reudre  odieux,  eu  hu  prèlaul 


58 


GREG 


les  vues  les  plus  ambitieuses  ,  ou  par 
un  imbecille,  enlètë  des  maximes  de 
ce  pape  ,  ou  par  un  lâche  ilatlenr  , 
qui  vouloit  aller  à  la  iortune  par 
celti;  bassesse. 

t  VIIÏ.  GRÉGOIRE  VIII,  ap- 
pelé anparavaat  Albert  de  Mora  , 
né  à  Béiiéveial  ,  succéda  avi  pape 
Urbain  III  le  20  octobre  1187,  et 
inourut  le  17  décembre  suivant, 
après  avoir  exhorté  le?  princes  chré- 
liens  à  entreprendre  une  110a vlîe 
croisade.  C  ëtoit  un  pontife  éloquent 
et  savant.  On.  a  de  lui  trois  Lettres 
dans  la  Collection  des  conciles.  — 
Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  l'an- 
tipape Bourdin  ,  qui  avoit  pris  le 
nom  de  GuÉgoire  VIII.  /'.  Bour- 
din, n"  II. 

t  IX.  GRÉGOIRE  IX  (Ug-lin) , 
cardinal ,  éveque  d'Oslie ,  élu  ])ape  le 
19  mars  1227,  étoit  neveu  d'Iuuo- 
cenl  III,  de  la  famille  des  comtes  de 
Segui,  et  natif  d'Anagnie.  Le  triste 
étal  de  la  Terre-Sainte  l'engagea  à 
faire  prêcher  une  nouvelle  croisade. 
Leuipereur  Frédéric  II  reculoit  le 
■voyage  de  la  Palestine  autant  qu'il 
poiivoit  :  Grégoire  lui  écrivit  pour 
l'y  encourager.  Frédéric,  enhn  dé- 
terminé à  s'embarquer  pour  la  Pa- 
lestine, se  rendit  à  Brindes,  où  éloit 
l'armée  des  croisés  ,  tomba  ma- 
lade, et  ce  fut  un  sujet  de  différer. 
Le  pape,  ne  pouvant  se  persuader 
que  celte  maladie  fût  sérieuse,  l'ex- 
communia, [^'empereur  partit  pour 
la  Terre-Sainte,  nonobstant  son  ex- 
communication ;  à  sou  retour  ,  il  fui 
absous.  La  guerre  se  ralluma  en 
jaog.  Lempereur  ayant  donné  à  un 
de  ses  fils  naturels  le  royaume  de 
Sardaigne,  le  pape,  qui  préleudoil 
que  cette  ile  lui  appartenoit ,  l'ex- 
communia solennelleuîonl  à  Rorae, 
le  jour  des  Rameaux.  11  tit  plus  :  il 
osa  offrir  l'empire  à  saint  Louis  pour 
Robert  son  frère  ,  comte  d'Artois. 
«  Comment ,  répondit  ce  saml  roi; 


GREG 

le  papca-t-il  osé  déposer  un  si  grand 
prince  ,  qui  n'a  point  été  convaincu 
des   crimes   dont   ou  l'accuse  ?  S'il 
avoit  mérité  d'être  déposé  ,   ce  ne 
pourroil  être  que  par  un  concile  gé- 
néral. »   Ces  paroles  prouvent  que 
saint  Louis  n'étoit  pas  exempt  de 
toutes  les  erreurs  de  son  siècle.  Fré- 
déric II  brûloil  deuvie  de  se  venger 
de  Grégoire ,  lorsqu'il  apj^it  sa  mort 
arrivée  le    21  août  1241.  Ce  pape 
a  voit  témoigné  beaucoup  d'ardeur 
pour  la  réunion  des  Grecs  et  la  con- 
version des  Maiiométans.  Il  envoya 
même  à  plusieurs  princes  musul- 
mans de  longues  instructions,  par 
lesquelles  il  les  meuaçoit,  s'ils  ne  se 
converlissoient ,  de  soustraire  à  leur 
obéissance  les  chréiiens  qui  vivoient 
sous  leur  domination.  Cette  menace 
ne  produisit  que  de  nouvelles  per- 
sécutions. On  a  des  Lettres  de  ce 
pape  dans  les  conciles.  Il  condamne  , 
dans  une  de  ces  lettres  ,  les  héréti- 
ques nommés  stadingues,  qui  paru- 
rent en  Allemagne  sous  son  ponti- 
ficat. Voici  ce  qu'il  leur  reproche. 
«  On  dit  que ,  quand  ils  l'eçoivent  un 
prosélyte,  et  quil  entre  pour  la  pre- 
mière fois  dans  leur  assemblée ,    il 
voit    un    crapaud   d'uue    grandeur 
énorme  ,  que  les   uns   baisent  à  la 
bouche ,  les  autres  au  derrière.  Le 
prosélyte     rencontre     ensuite     un 
homme    paie   avec  les   yeux   frès- 
noirs ,  si  maigre  qu'il  n'a  que  la  peau 
elles  os;  il  le  baise  et  le  sent  iroid 
comme  la  glace,  et,  après  ce  baiser, 
il  oublie  entièrement  la  foi  catholi- 
que. Ensuite  ils  font  ensemble  un 
festin ,  après  lequel  on  descend  un 
cliat  noir  derrière  une  statue ,  qui 
est  ordinairement  dans  ce  lieu.  Le 
prosélyte  baise  le  premier  ce  chat  an 
derrière,  el  api-ès  lui  celui  qui  pré- 
side à  l'asseiubléo,  et  les  autres  qui  en 
sont  digue-.  Les  imparfaits  reçoivent 
spulemenl  If  baiser  du  maître  ,  et  ils 
ne  baisent  le  cliat  que  lorsqu'on  est 
contenl  de   leur  conduite  ;  ils  pr(î- 
nie  tient  obéissance  ,  après  quoi  ils 


GREG 

éteignent  toutes  les  lumières,  et  ils 
commettent  entre  eux  toutes  sortes 
d'impuretés.  »  On  a  encore  de  ce 
pape  ,  Nova  compilatio  decreta- 
liiim  cum  glossâ ,  imprimée  pour  la 
première  fois  à  Mayeuce  ,  1475  , 
in-folio. 

X.  GRÉGOIRE  X  (Thibaud), 
né  à  Plaisance,  de  Tillustre  famille 
des  Visconti,  archidiacre  de  Liè- 
ge ,  étoit  dans  la  Terre  -  Sainte 
avec  Edouard,  roi  d'Angleterre,  lors- 
qu'il apprit  qu'il  avoit  été  élu  pape 
par  compromis  le  i*^"^  septembre 
1271.  Il  indiqua  ,  1  année  suivante, 
im  concile  général.  La  lettre  de  con- 
vocation marquoit  trois  principales 
raisons  de  le  tenir  :  le  schisme  des 
(rrecs,  le  mauvais  élat  de  la  Terre- 
Sainte  ,  et  les  vices  et  erreurs  qui 
se  muUiplioient  dans  l'Eglise.  Ce 
concile  se  tint  à  Lyon  en  1274,  et 
lut  très-nombreux.  On  y  compta  5oo 
évêques ,  70  abbés  ,  des  ambassa- 
deurs de  presque  tous  les  princes 
chrétien*.  Après  le  concile,  Grégoire 
Ht  faire  des  préparatifs  pour  la  croi- 
sade ;  mais  ils  furent  sans  effet  :  il 
ne  se  ht  plus  aucune  entreprise  gé- 
nérale pour  la  Terre-Sainte.  Le  pape 
mourut  peu  de  temps  après  à  Arezzo 
le  10  janvier  1276.  Ilserenditre- 
commaudable  par  sa  piété,  son  sa- 
voir ,  et  son  amour  de  la  discipline. 
Il  avoit  été  élu  à  la  persuasion  de 
saint  Bonavenlure.  Ce  fut  lui  qui 
ordonna  que  les  cardinaux,  après  la 
mort  du  pape  ,  seroient  renfermés 
dans  un  conclave ,  et  qu'ils  y  reste- 
roient  jusqu'à  ce  que  l'élection  fut 
faite;  règlement  sage,  qui  empêcha 
que  le  saint-siége  ne  fût  trop  long- 
temps vacant ,  et  quiarn'ta  les  intri- 
gueset  les  séditions.  Le  jésuiteBonuc- 
ci  a  publie  la  Vie  de  Grégoire  X,  en 
1711,  à  Rome  ,  in-4°.  On  a  de  lui 
des  J^ellres  dans  les  conciles. 

i-  XI.   GRÉGOIRE  XI  (  Pierre 
Roger  ) ,  Limousin ,  étoil  neveu  du 


GREG 


5g 


pape  Clément  VI ,  et  fils  de  Guil- 
laume ,  comte  de  Beauforl,  qui  vi- 
voit  lorsqu'il  fut  élu  pape  le  29  dé- 
cembre 1070,  âgé  seulement  de  4f> 
ans.  Clément  VI  l'avoit  fait  cardinal 
avant  l'âge  de  18  ans,  et  lui  avoit 
donné  un  grand  nombre  de  béné- 
fices ;  abus  qu'on  s'efforçoit  de  justi- 
fier ,  par  la  nécessité  où  étoient  les 
cardinaux  de  soutenir  leur  dignité. 
Sou  savoir  et  son  mérite  lui  ayant 
procuré  la  tiare,  son  premier  soin 
fut  de  réconcilier  les  princes  chré- 
tiens ,  d'envoyer  du  secours  aux  Ar- 
méniens attaqués  par  les  Turcs  ,  et 
de  réformer  les  ordres  religieux.  Le 
saint-siége  étoit  encore  à  Avignon; 
mais  la  présence  du  pape  étoil  très- 
nécessaire  a  l'Italie.  Les  FInrenlins 
et  la  plupart  des  villes  de  l'état  ec- 
clésiastique s'étoient  révoltés.  Le 
pape,  croyant  remédier  à  ces  désor- 
dres ,  et  sur-tout  vivement  pressé 
par  sainte  Brigitte  de  Suède  et  sainte 
Catherine  de  Sienne  ,  passa  à  Rome 
en  1377.  11  y  mourut  l'année  d'a- 
près ,  le  28  mars  1  078  ,  à  47  ans  , 
peu  regretté  des  Romains  et  des  Flo- 
rentins ,  et  soupirant  après  le  séjour 
d'Avignon.  Ce  pontife  se  rendit  re- 
commaiidable  par  sa  vertu  ,  par  sa 
charité,  par  la  bonté  de  son  carac- 
tère ,  par  son  savoir  dans  le  droit 
civil  et  canonique, et  par  la  protec- 
tion qu'il  accorda  aux  gens  de  let- 
tres. Le  père  Berlhier  lui  reproche 
un  peu  trop  de  tendresse  pour  ses 
parons.  Ce  fut  lui  qui  proscrivit  le 
premier  les  opinions  de  Wiclef.  On 
a  de  ce  pape  des  Lettres  dans  Wa- 
ding  et  daus  Bzovius. 

XU.  GRÉGOIRE  XII, Vénitien  , 
connu  sous  le  nom  A' Ange  Corario  , 
avoit  été  honoré  de  la  pourpre  par 
le  pape  Innocent  VII.  L'esprit  Ap 
conciliation  qu'il  avoit  marqué  dans 
ses  nonciatures  lui  fit  donner  le 
souverain  pontificat  le  3o  novembre 
1 406  ,  dans  jp  temps  malheureux  du 
schisme  d'Occident.  On  eut  la  pré- 


6o 


GREG 


caution  de  lui  faire  signer  un  com- 
promis, par  lequel  il  s'engageoit  à 
renoncer  à  la  liare  ,  en  cas  que  l'au- 
tre conleiidant  cédât  de  son  côté.  Les 
deux  papes  s'épuisèrent  en  lettres  et 
eu  promesses.  Ils  dévoient  abandou- 
iier  leurs  droits  respectifs:  Grégoire 
Xll  ne  cessoit  de  l'écrire  ,  Benoit 
XUl  de  le  dire  ,  et  tous  les  deux 
éloient  fort  éloignés  de  l'exécuter. 
Les  cardinaux,  voyant  qu'ils  n'agis- 
soient  pas  de  bonne  foi ,  convoquè- 
rent un  concile  général  à  Pise  ,  dans 
lequel  ils  les  déposèrent  ,  et  élurent 
Alexandre  V.  Pour  contrebalancer 
ce  concile,  Grégoire  en  tint  un  à 
Udine  dans  le  Frioul  ;  mais,  crai- 
gnant à  tout  moment  d'être  arrêté  , 
il  se  retira  à  Gaële ,  sous  la  protec- 
tion de  Ladislas,  roi  de  Naples. 
Ce  prince  l'ayant  abandonné  ,  il  se 
réfugia  à  Rimini ,  d'où  il  envoya  sa 
l'enonciation  au  coucile  de  Constan- 
ce. Grégoire  ,  instruit  qu'elle  avoit 
été  acceptée  ,  quitta  toutes  les  mar- 
ques de  la  dignité  pontificale.  Le 
concile,  en  reconnoissance  de  sa  sou- 
mission, lui  donna  les  titres  àndojen 
des  cardinaux  et  de  légat  perpétuel 
dans  la  Marche d'Ancône.  Il  mourut 
à  Recanali  le  18  octobre  1417,  à  92 
ans  ,  pénétré  du  néant  de  la  gran- 
deur ,  et  détrompé  sur  ces  sublimes 
misères  qui  avoieut  semé  sa  vie  d'a- 
inerluines. 

tXlII.  GRÉGOIRE XIII (Hugues 
BuoNCOMi'AONO) ,  Bolouais ,  succes- 
seur de  Pie  V  le  i3  mai  1072.  C'é- 
toit  un  des  lioinmes  les  plus  profonds 
de  son  siècle  dans  la  jurisprudence 
civile  et  canonique.  Il  i'avoit  profes- 
sée avec  distinction  ,  et  avoit  paru 
avec  autant  d'éclat  au  coni;ile  de 
'i'renle,  en  qualité  de  jurisconsulte. 
Pie  V  récompensa  ses  services,  et  le 
lit  cardinal  après  sa  légation  d'Es- 
])agne.  Il  avoit  70  ans  lorsqu'il  fut 
élu  ])ape.  Les  principaux  événemens 
de  son  pontificat  sont  l'embellisse- 
jiicul  de  la  \  illc  de  lluitie,  qu'il  orna 


GREG 

d'églises  ,  de  palais,  de  portiques ,  de 
j)onts,  de  fontaines;  lacoudanniatiou 
de  Baïus  ;  le  rétablissement  de  l'or- 
dre de  Saint-Basile  ;  les  secours  de 
troupes  et  d'argent  qu'il  envoya  à 
Henri  lll  contre  les  calvinistes.  Mais 
il  s'est  principalement  rendu  célèbre 
par  la  réforinaliou  du  calendrier.  Il 
s'y  éloit  glissé  des  erreurs  si  consi- 
dérables ,  qu'on  ne  célébroit  plus  les 
fêles  dans  leur  temps  ,  et  que  celle 
de  Pâques  ,  au  lieu  de  demeurer 
entre  la  pleine  lune  et  le  dernier 
quartier  de  la  lune  de  mars  ,  se  se- 
roit  trouvée  insensiblement  au  sol- 
stice d'été  ,  puis  en  automne,  et  enlia 
en  hiver.  Il  s'agissoitde  mettre  ordre 
à  cette  confusion,  et  il  en  avoit  été 
question  dans  les  conciles  de  Coijs- 
lance,de  Bàle  ,  dans  le  cinquième  de 
Latran  ,  etc.  Sixte  IV  y  employa  Re- 
giomonlan  ,  qui  mourut  avant  d'a- 
voir exécuté  son  projet.  Enfin  Gré- 
goire XIll  s'en  étant  occupé  sérieu- 
sement ,  un  mathématicien  romain 
(  Louis  Lilio)  fournit  la  manière  la 
plus  simple  et  la  plus  facile  de  ré- 
tablir l'ordre  de  l'année  ,  tel  qu'où 
le  voit  dans  le  nouveau  calendrier, 
ïl  ne  falloil  que  retrancher  dix  jours 
à  l'année  i,'i82  où  l'on  étoit  pour 
lors,  et  prévenir  le  dérangement 
dans  les  siècles  à  venir.  Grégoire XIII 
jouit  de  la  gloire  de  cette  réforme  ; 
mais  il  eut  plus  de  peine  à  la  faire 
recevoir  par  les  nations  qu'à  la  faire 
rédiger  par  les  mathématiciens.  Elle 
fut  rejelée  par  les  proteslans  d'Al- 
lemagne ,  de  Suède  ,  de  Dauemarck, 
d'Angleterre  ,  uniquement  parce 
qu'elle  venoit  du  pape.  Ils  craigni- 
rent que  les  peuples,  en  recevant  des 
lois  dans  l'astronomie  ,  n'en  reçus- 
sent bientôt  dans  la  religion,  llss'o- 
piniàlrèrent  à  suivre  l'ancien  ca- 
lendrier ;  et  c'est  de  là  qu'est  venu 
l'usage  d'ajouter  aux  dates  les  termes 
de  vieux  style  pour  ceux  qui  rele- 
noient  l'année  Julienne  ,  et  de  !iou~ 
i'eau style  pour  l'année  Grégorienne. 
En  Fiance,  dans  les  Pays  -Bas,  dans 


GREG 

la  Grèce ,  on  refusa  d'abord  ;  mais  on 
reçut  ensuile  celle  vérité  utile,  qu'il 
auroil  t'.illu  recevoir  des  Turcs,  dit 
un   homme  despril,   s'ils  l'avoieut 
proposée.  Les  Anglais,  les  protestans 
d'Allemagne  el  du  Nord  ,  l'ont  reçue 
depuis  quelques  années.  Il  n'y  a  que 
les  Russes  qui  aiment  mieux  ,  a-l-on 
dit,  èUe  brouillés  avec  tout  le  ciel 
que  (le  se  rencontrer  avec  l'Eglise  ro- 
maine. Grégoire  XllI  mil  en  même 
tenijis  la  dernière  main  à  un  ou- 
vrage aussi  désiré  par  les  juriscotisul- 
tes  que  la  réformalion  du  calendrier 
l'étoil  par  les  aslronomes.  C'est  le  Dé- 
cret de  Graùen.  11  le  publia  ,  enrichi 
de  savantes    noies.    Le   pape   avoil 
beaucoup  travaillé  lui-même  à  celle 
correction,  dans  le  temps  qu'il  ])ro- 
lessoit  à  Bologne.  I!  amioit  les  scien- 
ces, el  s'en  occupoit  quand  les  affaires 
lui  laissoieut  quelque  loisir.    «   Un 
pape,  disoil-iljdevroil  tout  savoir.  » 
Le?   derniers  jours  de  son  ponliticat 
lurent  marqués  par  une  ambassade 
envoyée  du  Jaiion  ,  de  la  part  des 
rois  de   Bungo   et  d'Arima  ,  et  du 
jirince   d'Omura,  })Our  reconnoiire 
lautorité  du  saint-siége.    C'étoit   le 
l'ruit  des  missions  des  jésuites.  Gré- 
goire mourut  peu  de  temiis  après, 
le  lo  avril  i.TiSôjà  83  ans.  Le  peu- 
ple eût  été  très-heureux  sous  ce  pon- 
tife, doux  jusqu'à  la  foililesse  ,  si  la 
tranquillité  publique  de  sesétals  n'a- 
voil  pas  été  quelquefois  troublée  par 
des  bandits.  C'est  sousson  poulilicat 
qu'arriva  en  France  le  terrible  mas- 
sacre  de  la    Saint-Barlhéleuii.    On 
prétend  qu'il  existe  une  médaille  que 
ce  pape  fit  frapper  sur  cet  événe- 
ment, avec  celle  légende  d'un  côté: 
Gkegorius  Xlil.  Pont.  Max. 
An.  1.  ,  et  le  porlrail  de  ce  pane  :  el 
de  l'antre,   l'Ange  exterminateur, 
armé  d'une  croix  et  d'une  épée  ,  qui 
massacre  les  biiguenots  ,  et  ces  mots  : 

HUGEN'OTGRUM     STKaGES   ,      IÔ72. 

(  Voyages  de  Misson  ,  tom.  P'',  p. 
1Ô8.)  Il  ne  voulut  jamais  écouter 
le  cardaial  de  Pellevé,  qui  le  pressoit 


GREG 


6r 


.d'assister  la  Ligue  de  troupes  et  d'ar- 
gent ,  persuadé  que  les  vices  secrets 
de  Heijri  lU  n'étoientpas  une  raisoa 
de  se  révolter  contre  lui.  On  repro- 
choà  ce  pape  d'avoir  eu  trop  de  com- 
plaisance pour  sa  famille  ,  et  trop 
peu  de  fermeté  pour  arrêter  et  pu- 
nir les  désordres,  et  sur-lout  ceux 
des  bandits,  qui,  sons  son  pontificat, 
couroienl  impunément  la  campagne 
de  Rome ,  et  osèrent  même  porter 
leurs  fureurs  en  plein  jour  jusque 
dans  cette  capitale.  Le  cardinal  Bor- 
romée,  à  (pu  il  avoit  la  principale 
obligation  de  son  élévation  sur  le 
siège  pontifical  ,  lui  dit  un  jour  : 
«  Saint-père,  si  javoiscru  que  vous 
eussiez  tenu  une  telle  conduite  étant 
pape  ,  vous  n'auriez  eu  ni  ma  voix 
ni  celle  de  mes  amis.  —  Bon  ,  dit 
Gi'égoire,  est-ce  que  le  Sainl-Espnt 
ne  le  sa  voit  pas  ?  »  On  a  de  ce  pape  , 

I.  Ijitterœ,  processus,  lectœ  die  cœ- 
iiœ  /Jo/;;//«' ,  Farisiis,  i58o,in-8^. 

II.  Tractatus  uniuersi  juris  duce  et 
ausphe  (iregoiio  XIII ,  in  ununi 
coiigesfi  ,  Venetiis  ,  i58o  ,  27  lom. 
en  21  vol.  in-fo!.,  y  compris  la 
table. 

t  Xiy.  GRÉGOIRE  XIV  (Nico- 
las Sfondrate),  pape  après  Urbain 
Vil,  le  5  décembre  i5()0,  étoit  fils 
d'un  sénateur  de  Milan.  GrégoireXIlI 
l'avoit  fait  cardinal.  Dès  qu'il  eut 
été  placé  sur  le  troue  pontifical,  il 
se  déclara  contre  le  roi  Henri  IV,  à 
la  persuasion  de  Phiiijjpe  II.  Une 
armée  d'Ilaiiens  l'ut  levés  pour  ra- 
vager la  France  aux  dépens  du  tré- 
sor que  Sixte-Quint  avoit  laissé 
pour  défendre  l'Italie;  cette  armée 
fut  hallue  et  dissipée.  Bien  diflerent 
de  8ixle- Quint,  Grégoire  XIV  ne 
parut  propre  à  commander  que  tant 
qu'il  demeura  dans  un  état  |)rivé. 
Il  u'avoil  que  les  qualités  d'un  moi;ie. 
Sa  sobriété  éloit  si  grande  ,  qu'il 
n'usa  d'un  peu  de  vin  que  sur  la  fin 
de  sa  vie.  H  donna  le  chapean  rouge 
aux  cardinaux  réguliers  ,  envoya  dus 


62 


GREG 


missionnaires  au  Japon  pour  consoler 
les  chrélieus  qu'on  y  persécutoit,  et 
lâcha  de  faire  exécuter  les  décrets  du 
couciie  de  Trente.  Il  mourut  de  la 
pierre  le  i3  octobre  iBgi  ,  à  67  ans, 
n'ayant  occupé  la  chaire  de  î3.  Pierre 
que  dix  mois. 

XV.  GRÉGOIRE  XV  (Alex. 
LuDOVisio  ),  Bolonais,  d'une  famille 
ancienne  ,  fut  fait  archevêque  de 
Bologne,  et  honoré  de  la  pourpre 
par  Paul  V.  Sa  science  dans  le  droit 
canon  ,  sa  douceur  et  ses  autres  ver- 
tus le  firi'ut  élire  pape  le  9  février 
162],  à  67  ans.  Sa  couiplexion  éloit 
foible  ,  son  zèle  ardent ,  et  il  mourut 
le  S  juillet  1625.  Ce  pontife  érigea 
l'évèché  de  Paris  en  métropole , 
fonda  la  Propagande  ,  approuva  la 
xéforme  des  bénédictins  de  S.  Maur  , 
donna  des  secours  considérables  à 
l'eanjereur  et  au  roi  de  Pologne  qui 
soutenoient  une  rude  guerre  ,  l'un 
contre  les  hérétiques,  l'autre  contre 
les  Turcs.  11  aima  les  pauvres  et  as- 
sista les  malades.  On  a  des  preuves 
de  sa  science  dans  plusieurs  ouvrages 
qu'il  laissa  ,  entre  autres  ,  Epistula 
ad  regcrn  /-^e/Sf/yw/zi  Schah  Ahbas, 
cunt  nous  Hegalsoni ,  1627,  in-ii"^, 
et  les  Décisions  de  la  Rote. 

t  XVI.  GRÉGOIRE  de  Néocé- 
sarÉe  (saint),  surnommé  le  thau- 
maturge ,  disciple  d'Origène  ,  fut 
élevé  sur  le  siège  de  Néocésarée,  sa 
patrie,  vers  l'an  2^0.  Grégoire  évita 
cet  honneur  par  la  fuite;  mais  il  fal- 
lut qu'il  se  rendit  aux  sollicitations 
du  peuple.  On  a  prétendu  qu'il  avoit 
fait  des  miracles.  Lorsqu'il  monta 
sur  le  siège  de  Néocésarée ,  il  ne 
trouva  dans  cette  ville  que  dix-sept 
chrétiens  :  se  \oyaut  près  de  mourir, 
il  n'y  laisivoit  plus,  dit-on,  qu'un 
pareil  nombre  d'idolâtres.  Grégoire 
mourut  le  17  novembre  263.  Les 
Pères  parlent  de  lui  comme  d'un 
HOU  veau  Moyse ,  d'un  nou\  eau  Paul. 
Rufiiu  et  Uiuard  le  nummcui  m;;!- 


GREG 

(yr ,  suivant  la  coutume  des  Grecs 
qui  donnoient  ce  nom  à  ceux  qui 
avoienl  beaucoup  soutîtrl  pour  la 
cause  de  l'Evangile.  Parmi  les  ou- 
vrages de  ce  défenseur  de  la  foi,  il  y 
en  a  plusieurs  qui  ne  sont  pas  de  lui  ; 
mais  le  l'ernercîment  à  Origè/ie , 
morceau  d'éloquence ,  l'fJpitre  ca- 
nonique et  la  Paraphrase  de  VEc- 
clésiasle  que  nous  avous  sous  son 
nom  ,  sont  cerlainement  de  lui. Tous 
ces  écrits  ont  élé  recueillis  par  G. 
Vossius  et  autres,  en  un  volume 
in -fol.  ,  grec  et  latin,  eu  16:22,  à 
Paris. 

i   XVn.  GRÉGOIRE  DE  Na- 

ZfANZE  (saint  ),  dit  le  ihéulogien  , 
né  vers  l'an  028  à  Arianze,  petit 
Itourg  du  territoire  de  Nai^ianze  en 
Cappadoce  ,  étoit  hls  de  saint  Gré- 
goire ,  évêque  de  Naziauze,  et  de 
sainte  Nonne,  l'un  et  l'autre  égale- 
ment célèbres  par  leur  i)iété.  Leur 
premier  soin  fut  d'élever  leur  fils 
dans  la  vertu  et  dans  les  lettres,  il 
brilla  dans  Césarée,  dans  Alexandrie, 
dans  Athènes,  où  on  l'envoya  étudier 
sous  les  plus  habiles  maîtres.  C'est 
dans  celte  dernière  ville  qu'il  connut 
le  fameux  Julien  ,  qui  depuis  voulut 
l'approcher  de  son  trône,  mais  inu- 
tilemeut.  Dès  (ju'il  eut  fini  ses  étu- 
des ,  il  s'enfouva  dans  un  désert  avec 
Basile,  son  illustre  ami ,  et  n'en  sor- 
tit que  pour  aller  soulager  son  père 
qui ,  accablé  sous  le  poids  des  an- 
nées,  ne  pouvoit  plus  porter  le  far- 
deau de  réj)iscopat.  Ce  respeclai)le 
vieillard,  aiToibli  ])ar  l'âge,  avoit 
signé  le  formulaire  de  Rimiui;  son 
fils  rengagea  à  rétracter  sa  signa- 
ture ,  uistruisit  les  lidèles  ,  et  lésisla 
aux  hérétiques.  Elevé  au  sacerdoce 
pur  sou  père  ,  elensuite  sacré  éveque 
de  Sajiime  en  Ca[)i>adoce  par  saint 
llasile ,  il  abandonna  ce  siège  à  un 
autre  évêque  pour  se  retirer  de  nou- 
^eau  dans  la  solitude.  Son  père, 
l)rè'  à  desccntlre  au  tombeau  ,  le  pria 
y  une  secondt,'  lois  de  n  enir  gouverner 


GREG 

son  église.  Grégoire  se  rendit  à  ses 
instances;  il  fit  toutes  les  fonctiens 
d'évêque,  mais  sans  en  vouloir  pren- 
dre le  titre.  Ou  A'oulut  le  lorcer 
d'accepter  1  episcopat  ,  et  il  s'alla 
cacher  encore  une  ibis  dans  son  dé- 
serl.  Ses  amis  l'eugagèrenl  à  en  sor- 
tir pour  aller  l'an  079  à  Coustanti- 
iiople  combattre  les  ariens.  11  fut 
mal  reçu  d'abord  ,  et  n'opposa  à 
leurs  outrages  que  la  patience.  Mais 
son  genre  de  vie  simple,  retiré, 
austère  ,  fixa  bientôt  le  respect  et 
l'affecliou  du  peuple.  Ses  prédica- 
lious  en  eurent  plus  de  poids.  Joi- 
gnant à  une  conuoissance  profonde 
de  l'Ecriture  un  raisonnement  juste 
et  pressant ,  une  imagination  vive 
et  une  merveilleuse  facilité  de  par- 
ler, il  attiroit  autour  de  sa  chaire 
les  hérétiques  et  les  païens  même. 
En  peu  de  temps  les  ariens  parurent 
vaincus.  En  vain  s'armèrent-ils  de 
la  calomnie  et  de  l'imposture  ;  l'em- 
pereur Théodose -le -Grand  rendit 
justice  au  saint  evèque ,  et  se  déclara 
pour  lui.  Les  ])rélals  d'Orient,  as- 
semblés par  ordre  de  ce  jirince,  l'é- 
lurent évoque  de  Conslanlinople  ; 
mais  voyant  que  son  éleclion  eau- 
soit  du  trouble,  il  y  renouça  ,  re- 
tourna à  Nazianze ,  gouverna  encore 
cette  église  pendant  quelque  temps  , 
y  fil  établir  un  évèque ,  et  enfin 
revint  dans  sa  retraite,  où  il  mou- 
rut en  Sgi  ,  suivant  l'opinion  la  plus 
probable.  Son  >  isage  étoil  desséché 
par  les  larmes;  sa  nourriture  irès- 
iVugale;  c'éloit,  comme  il  le  dit, 
celle  des  hèles  et  des  oiseaux.  Il 
navoit  qu'un  seul  babil,  ne  porloit 
point  de  souliers,  passoit  Ihiver 
sans  feu ,  et  ne  couchoit  que  sur  la 
paille.  Il  sorloit  très-peu.  Il  redou- 
toit  la  tenue  des  conciles, où  il  avoit 
plus  souvent  vu,  disoit-il,  l'cspiÉI 
de  dispute  et  de  domination,  que 
l'envie  de  faire  le  bien  et  de  parvenir 
à  la  paix.  11  nous  reste  de  lui  beau- 
coup d'ouvrages  ,  dont  les  princi- 
paux sont  ,  I.  55  Semwns  qui  ont 


GREG 


63 


été  traduits  en  français  par  l'abbé  de 
Bellegarde  , Paris,  169:1,  2  vol.in-S". 

II.  Un   grand   nombre  de  Lettres. 

III.  Des  Poésies.  Ces  différentes  pro- 
ductions ont  été  recueillies  à  Paris 
en  1609  et  1611,  2  vol.  in-fol.  , 
avec  des  notes  ,  et  la  version  de 
labbéde  Billy,  très-inslruit  dans  la 
langue  grecque.  On  trouve  dans 
Tollii  i/tsignia  itinerarii  Italicl , 
à  Utrecht ,  1696,  in-4°,  des  J^vésics 
de  saint  Grégoire  de  Nazianze  ,  qui 
n'avoient  pas  encore  été  imjirimées. 
Ce  père  de  l'Eglise  a  été  l'un  des 
premiers  orateurs  chrétiens  de  sou 
siècle  ,  par  la  pureté  de  sa  diction  , 
la  noblesse  de  ses  expressions  ,  l'élé- 
gance du  style,  la  variété  des  figures, 
la  justesse  des  comparaisons ,  la  force 
des  raisounemens  ,  l'élévation  des 
pensées  :  malgré  cette  élévation  ,  il 
est  coulant  et  agréable.  Ses  périodes 
sont  pleines ,  et  se  soutieuueut  jus- 
qu'à la  fin.  C'est  l'Isocrale  des  Pères 
grecs;  et  sa  sainteté  ne  rempèchoit 
point  d'être  ilatlé  du  rang  qu'on  lui 
donnoit  parmi  les  orateurs  de  sou 
temps.  Ou  peut  néanmoins  lui  re- 
procher qu'il  affecte  trop  de  se  servir 
d'antithèses  ,  d'allusions ,  de  compa- 
raisons. Ses  pensées  et  ses  raisoune- 
mens portent  quelquefois  à  faux. 
Ses  Sermons  soûl  mêlés  d'un  grand 
nombre  de  pensées  pliilosophiques  , 
et  semés  de  traits  d'histoire  et  même 
de  mythologie.  Quoiqu'il  enseigne 
la  morale  d'une  manière  qui  est  plus 
pour  les  gens  d'esprit  que  pour  le 
vulgaire,  il  est  très- exact  dans  l'ex- 
plication des  mystères;  qualité  qui 
lui  mérita  le  nom  de  théologien 
par  excellence.  Dans  ses  Foésies , 
presque  toutes  le  fruit  de  sa  re- 
traite et  de  sa  vieillesse  ,  on  trouve 
encore  tout  le  feu  et  la  vigueur 
d'un  jeune  poêle.  Hermanl  a  écrit 
sa  \ie  ,  in-4°  ,  avec  exactitude  et 
aAcc  éloquence. 

t  XVUI.  GRÉGOIRE  de  Nysse 
,  (iaint  )  ,  évèque  de  cette  ville  ,  né 


64 


GREG 


en  Cappadoce  vers  l'an  35 1.  Frère 
puîné  de  saint  Basile- le  -  Grand  , 
et  digne  de  lui  par  ses  taleus  et  ses 
vertu,  d  s'appliqua  de  bonne  heure 
aux  belles-lellres ,  et  acquit  une  pro- 
fonde érudition.  Apres  qu'il  eut 
prol'essé  la  rhétorique  avec  distinc- 
tion ,  saint  Grégoire  ds  Nazianze 
l'engagea  à  quitter  cet  emploi ,  pour 
entrer  dans  le  clergé.  11  abandonna 
des -lors  la  littérature  profane,  se 
donna  tout  entier  à  l'élude  des 
saintes  Ecritures  ,  et  se  lit  autant 
estimer  dans  1  Eglise  qu'il  l'avoit  été 
dans  le  siècle.  Ses  succès  le  firent 
élever  sur  le  trône  épiscopal  de  Nysse 
en  072..  Les  hérétiques  vinrent  à 
bout  de  le  faire  exiler,  en  574,  par 
l'empereur  Valens.  IJu  fond  de  sa 
retraite,  il  ne  cessa  de  les  combattre 
et  d'instruire  les  orthodoxes.  Il  s'ex- 
posa à  toutes  sortes  de  dangers  pour 
aller  consoler  son  peuple.  L'empe- 
reur Théodose  ayant  rai)pelé  les  exi- 
lés ,  à  son  avènement  à  l'empire  , 
Grégoire  retourna  à  Nysse  eu  378. 
L'année  suivante  il  assista  au  grand 
concile  d'Antioche  ,  qui  le  chargea 
de  visiter  les  églises  d'Arabie  et  de 
Palestine,  et  d'en  cliasser  l'arianisme. 
Il  n'y  réussit  pas.  Il  alla  ensuite  à 
Jérusalem  ,  et  lut  très-scandaiisé  des 
mœurs  de  ses  Iiabitans.  L'impression 
dél'uvorable  qu'il  en  rapporta  ,  la 
dissipation,  suite  des  grands  voyages, 
le  dégoûtèrent  de  cette  pratique  de 
dévotion,  dès -lors  très -commune 
parmi  les  chrétiens.  L'église  de  cette 
ville  éloit  dominée  par  les  ariens  ; 
saint  Cyrille,  son  évèque,  n'y  étoit 
reconnu  que  par  un  très-petit  nom- 
bre. Saint  Grégoire  ne  put  ramener 
les  schismatiques  à  l'unité.  11  mourut 
le  9  mars  096  ,  dans  un  àgy  fort 
avviucé ,  avec  le  surnom  de  Père  des 
Pères.  Sesouvragesontélé  recueillis 
en  ibof),  à  Paris  ,  en  2  voi.  in-fol. , 
par  Fronton  du  Duc.  Frédéric  Morel 
en  lit  une  antre  édition  en  i6i5,  à 
laquelle  il  faut  joindre  jippandix 
Crc^orll,  ex  editionc  Jacobi  Gret- 


GREG 

fcrl ,  Paris,  1G18,  in-fol.  ,  et  l'on 
y  ajouta  encore  quelque  chose  eu 
iGj8.  Celte  dernière  édition  ,  eu 
trois  volumes,  n'est  pas  correcte,  et 
l  on  préfère  celle  de  iGâS  ,  trois  vol. 
in-fol.  Ses  principaux  écrits  sont  , 
i.  Ues  Oraisons  J'uncbrcs.  II.  Des 
Sermons,  lll.  Des  Panégyriques  des 
saints.  IV.  Des  Com/nentaires  sur 
l'Ecriture.  V.  Des  Traités  dogma- 
tiques. (  Voyez  Dj;ny:j  ,  n"  XVL  ) 
Quoique  sairt  Grégoire  eût  enseigné 
féloquence  ,  et  que  l'holius  loue  les 
agrémens  et  la  noblesse;  de  son  style  , 
il  n'appiocl.e  ni  de  iaint  Basile  ni  de 
saint  Grégoire  de  Nazianze.  Il  parle 
plutôt,  en  dJclamaleur  qu'en  orateur. 
Toujours  c  d'oncé  dans  l'allégorie  ou 
dans  les  raisonnemens  abstraits ,  il 
mêle  la  philosophie  avec  la  théologie, 
et  se  sert  des  principes  des  philo- 
sophes dans  l'explication  des  mys- 
tères. Aussi  ses  ouvrages  ressemblent 
plus  aux  traités  de  Platon  et  d'Aris- 
tote  qu'à  ceux  des  autres  Pères  de 
l'Eglise.  11  a  suivi  et  imité  Origèue 
dans»  l'allégorie.  Dans  %Qi\  Discours 
SU/'  la  mort ,  il  paroit  admettre  cette 
purgation  générale  qu'oji  attribue 
aux  origénistes  ;  ce  qui  fa  fait  ac- 
cuser d'avoir  partagé  leurs  opinions; 
mais  ])iusieurs  prétendent  que  ce 
qu'on  trouve  dans  ses  écrits  de  trop 
favorable  à  l'origénisnie  y  a  été 
ajouté  par  les  hérétiques. 

1  XIX.  GKÉGOIEE  de  Touiis* 
(saint),  évèque  de  cette  ville,  né 
vers  l'an  5.445  d'une  famille  illustre 
d'Auvergne.  Gallus,  évèque  de  Cler- 
niont,  son  oncle  ,  le  fit  élever  dans 
les  sciences  et  dans  la  vertu.  Devenu 
évèque  de  Tours  en  .57r),  il  assista  à 
plusieurs  conciles  ,  montra  beaucoup 
de  fermeté  en  diverses  occasions  , 

g^ur-tout  contre  Cliilpéric  et  Fréde- 
gonde,  qu'il  reprit  souvent  de  leurs 
désordres.  Cette  princesse  ayant  été 
accusée,  par  le  bruit  public,  d'adul- 
tère avec  un  évèque,   Grégoire  de 

i  Tours  fut  dénoucé  comme  répau- 


GREG 

dant  ce  bruit.  Chilpéric  le  fil  ciler 
dans  un  concile,  où  il  prolesla  qu'il 
ii'ëloii  point  railleur  des  propos 
contre  la  reine  ;  mais  qu'il  les  avoit 
entendu  tenir.  On  lui  ordonna  de 
se  purger  par  serinent  ;  il  le  lit,  et 
lut  oibïous.  Sur  la  Hn  de  ses  jours 
il  se  rendit  à  Rome, et  mourut  le  27 
novembre  Sg.î  ,  à  5i  ans.  On  a  de 
lui  ,  I.  Une  Hisloire  ecdésiastique 
et profafie ,  depuis  L'étabinsemciit 
du  c/trislianis/ne  dans  les  (îaults  , 
par  saint  Pothin,  éyêque  de  î.yon  , 
jusqu'en  .^96.  Grégoire  de  Tours  est 
le  père  de  notre  Histoire  i  mais  il 
n'est  pas  le  modèle  des  historiens. 
Simple,  crédule,  il  n'a  mis  de  clioiic 
ni  dans  les  laits  ni  dans  les  expres- 
sions. Son  style  est  aussi  grossier 
que  le  siècle  où  il  vivoil.  11  ne  se 
lait  pas  un  scrupule  de  mettre  dans 
son  latin  un  cas  pour  un  autre.  II 
ne  marque  les  dates  ni  des  jours  ni 
de  l'anuëe  où  sont  arrivés  les  évé- 
nemeus.  Animé,  en  écrivant,  du 
même  zèle  qu'inspiroient  ses  dis- 
cours ,  il  n'épargne  pas  ses  ennemis; 
et  Chilpéric  n'est  à  ses  yeux  que 
le  Néron  de  son  temps  ;  et  Frécié- 
gonde  ,  qu'une  femme  abominable  , 
ennenne  de  Dieu  et  des  hommes. 
Quelques  critiquesont  cru  qu'il  avoit 
un  peu  exagéré  les  vices  de  l'un  et  de 
l'autre.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne  sa- 
vons guère  sur  nos  premiers  rois  que 
ce  que  cet  historien  nous  eu  a  appris. 
La  meilleure  édition  de  son  ouvrage 
est  celle  de  dom  Ruinart  ,  en  1699  , 
à  Paris,  in- fol.  Dom  Bouquet  l'a 
insérée  dans  sa  grande  Collection 
des  historiens  de  France  ,  après 
l'avoir  revue  sur  des  manuscrits  in- 
connus à  son  confrère.  L'abbé  de  ftla- 
rolles,  le  plus  infatigable  et  le  plus 
médiocre  de  nos  traducteurs ,  en  a 
donné  une  version  ,  1688  ,  2  vol. 
in-8'^ ,  qui  est,  comme  toutes  celles 
qui  sont  sorties  de  la  même  main  , 
rampante ,  infidèle ,  etc.  II.  Huit  li- 
vres snr  les  vertus  et  les  miracles  des 
Saints  :  ils  sont  remplis  de  tant  de 

T.    VIII. 


GREG 


65 


prodiges  si  extraordinaires  ,  qu'il  est 
difficile  qu'on  y  ait  ajouté  foi ,  même 
daiis  son  siècle ,  quelque  goût  qu'on 
eût  pour  le  merveilleux.  La  liberté 
que  se  sont  donnée  les  copistes  ,  d'a- 
jouter ou  de  retrancher  à  ses  écrits  , 
a  pu  augmenter  ,  dit  le  père  Lou- 
gueval ,  le  nombre  des  fautes  qu'on 
lui  reproche  :  la  différence  qui  se 
trouve  dans  les  manuscrits  et  dan» 
les  éditions  de  ses  ouvrages  prouve 
effectivemeat  que  quelques-uns  ont 
été  altérés.  On  jieut  consulter  , 
sur  cet  historien  ,  le  tome  III"  de 
IHistoire  litlcraire  de  la  France  , 
par  dom  Rivet  :  on  y  trouvera  une 
notice* exacte  de  tous  les  ouvrages 
de  Grégoire  de  Tours,  et  un  détail 
circonstancié  de  toules  les  éditions  , 
tant  générales  que  particulières  qu'on 
en  a  faites,  avec  le  jugement  qu'où 
doit  eu  porter. 

XX.  GRÉGOIRE  d'Arimini  ou 
DE  RiMlNl ,  général  des  augustins 
en  lo.'jy,  surnommé  le  Docteur 
aiit/ienlique,  est  auteur  d'un  Corn- 
metilalre  sur  le  maître  des  sen- 
tences,  Valence,  i56o,  in -folio ; 
d'un  Traité  de  l'usure  ,  et  à' autres 
ouvrages  peu  estimés,  Rimini,  j  622, 
in-fol.  Il  combattit  les  théologiens 
qui  soulenoieut,  que  «Dieu  peut 
permettre  que  deux  propositions 
contradictoires  sur  un  même  sujet 
soient  vraies  en  même  temps.  » 

t  XXI.  GRÉGOIRE  de  Saint- 
Vincent  ,  né  à  Bruges  en  i584  ,  se 
lit  jésuite  à  Rome  à  l'âge  de  20  ans. 
Disciple  de  Clavius  pour  les  mathé-i 
matiques ,  il  les  professa  avec  répu- 
tation ,  et  fut  appelé  à  Prague  par 
feinpereur  Ferdinand  II.  Philippe 
IV,  roi  d'Espagne,  le  voulut  avoir 
pour  enseigner  cette  science  au  jeune 
prince  Jean  d'Autriche,  son  iils.  Il 
sui  vitl'arméede  Flandre  peudaii  luire 
campagne  ,  et  y  reçut  plusieurs  bles- 
sures en  coufessaut  les  toldats  blessés 
ou  mourans.  Il  mourut  à  Prague  li 
5 


66 


GREG 


27  janvier  1667.  On  a  de  lui,  en 
latin,  trois  savans  ouvrages  de  ma- 
ihéinaliques ,  dont  le  priucipiil  ,  el 
le  pins  connu ,  est  intitulé  Opus 
gcometincuni  quadraturœ  circuli , 
el  .section  II  m  coni  ,  decem  libris 
cumprehensuin  ,  Anvers,  1647,  en 
2  vol.  in-lbl.  Quoiqu'il  ne  dëaioutre 
pas  celle  qnadraliire,  son  livre  con- 
tient un  grand  nombre  de  vérités 
et  de  découvertes  importantes,  l^e 
père  Léotaud,  jésuite,  a  publié  une 
Criliq.ie  de  cet  ouvrage  ,  Lyon  , 
16,'î/j,  ia-4°.  II.  T/ieorernata  ma- 
thematica  ,  Louvaiu  ,  1624  ,  in-q°. 
m.  Opus  geometricum  poslhu- 
înum  ,  Gand  ,  1668  ,  in-foL.  Le  père 
Grégoire  a  i-nrichi  la  géométrie  d'un 
grand  iionibn^  de  vérités  nouvelles  , 
de  vues  profondes  ,  de  recherches 
étendues.  Leib  lilz  l'élève  au-dessus 
de  Galilée  el  de  Cavaliéri  du  côté 
de  riiiventiiiii.  Auteur  vaste  ,  péné- 
trant,  original,  il  a  résolu  la  plu- 
part des  prol)lèmes  qui  a  voient  ar- 
rêté les  anciens  géomètres  ;  et  ceux 
qu'il  n'a  pu  résoudre,  il  en  a  porté 
la  solution  au  point  où  les  calculs 
moderne-!  les  laissent  encore  aujour- 
d'hui, ijt  P.  Castel  ,  qu'  éloil  exngé- 
rateur,  disoit  qu'en  possédant  bien 
les  ouvr;iges  de  Grégoire  de  Samt- 
Vincent ,  on  savoil  tout  Newton  , 
et  que  le  j^éomètre  anglais  s'étoit  en- 
richi des  tlépouilles  du  géomètre  fla- 
mand. Tout  ce  qu'on  peut  dire  ,  c'est 
que  le  jésuite  ne  fut  pas  inutile  à 
Newton. 

XXII.  GRÉGOIRE  (  Pierre  )  , 
Toulousain  ,  célèbre  professeur  en 
droit,  mort,  en  1397,  à  Pont-à- 
Mousson ,  a  laissé  ,  I.  Sjntagma 
Juris  universi ,  lu-fol.  U.  J)e  lie- 
pultlicd ,  iii-8°  ,  et  d'autres  ouvrag'js 
pleins  dune  érudition  mal  digérée. 

*  X>Cni.  GRÉGOIRE  (Mari m  )  , 
médecin,  natil  de  Tours,  profps-^a 
à  Paris  vers  le  milieu  du  \^Y'  siècle. 
Savant  dans  la  langue  grecque  ,  il  a 
traduit  les  ouvrages  de  Galieii,sous 


GllEG 

ces  litres,  De  aUmentorum  fa~ 
cjtltatlbus  libri  très  ;  De  atténuante 
l'ictus ratiune ,Vnr\s\is ,  i5.^)0,in-4"; 
Lngduni ,  1555,  in- 12;  Lugduni 
kJalavorurn,  i653,  in- 12.  Intro- 
(iuctlo  in  pulsus  ,  Lugduni ,  i55o  , 

iu-l  :i. 

*  XXIV.  GRÉGOIRE  (  saint)  , 
Parthe  ,  surnommé  illurniiiateur  , 
parce  qu'il  fut  l'apôtre  d'Arniéiiie , 
el  convertit  les  Arméniens  au  chris- 
tianisme, étoit  iils  d'Anag  ,  per- 
sonnage illustre  ,  descendant  de  la 
famille  Arsacide  en  Ptrse  ;  son  père 
ayant  tué  par  trahison  Khosrov  1^"^, 
roi  d'Arménie  ,  sa  famille  lut  dé- 
truite sur-le-champ  par  les  troupes 
de  ce  prince  ;  mais  Grégoire  ,  encore 
en  bas  âge  el  étant  chez  sa  nourrice, 
échappa  à  c*  massacre  el  se  sauva 
en  Césarée  de  Cappadoce  ;  après  y 
avoir  été  élevé  dans  les  principes 
du  christianisme,  il  s'y  maria  et  eut 
plusienr.s  enfans.  A  celle  époque  , 
1  Arménie  étoil  subjuguée  par  Ar- 
dacliir-Sassanide,  elTiridate,  Iils  de 
Khosrov  Y^  et  héritier  du  trône  de 
ce  pays,  s'étoit  sauvé  à  Rome.  Gré- 
goire se  rendit  alors  auprès  de  ce 
jeune  prince  el  entra  à  son  service 
sans  avoir  fait  connoilre  sa  véri- 
table origine.  En  286  Tiridate  en- 
tra dans  son  royaume  à  la  tète  d'une 
armée  annénieiine  et  romaine  ,  et 
Grégoire  le  suivit  en  qualité  de 
chambellan.  Mais  le  roi  sut  bientôt 
qu'il  éloil  hls  d'Anag  ,  l'assassin  de 
.■^on  père  ;  il  ordonna  aussitôt  de  le 
renfermer  dans  le  cachot  de  la  ville 
d'Ardacliad  ou  Artakale.  Après  1/4 
ans  de  détention  saint  Grégoire  fut 
mis  en  liberté  par  la  médiaiion  de 
Khosrovilouklil ,  sœur  du  roi  ,  el  il 
s'efforça  de  gagner  de  nouveau  l'af- 
feclion  de  ce  prince  ;  le  christia- 
nisme avoit  fait'dcjà  des  progrès  à 
la  cour  et  parmi  le  peuple  de  ce 
royaume.  St.  Grégoire  s'y  mitalorsà 
))richer  publiquement  la  doctrine  de 
J.  C.  Il  convertit  d'abord  le  roi  el  sa 


GREG 

famille  ;  ensuite  ,  par  la  force  dis  ar- 
mes el  par  la  prédication  ,  il  amena  la 
plus  granue  partie  du  peuple  à  la 
religion  de  l'Evangile  vers  l"!in  aoi. 
Il  en  reçut  le  suruosn  Aillurni/ia- 
tturel  d'aj)6t/e  d'yjrniéiiie.  Après 
avoir  détruit  les  teniples  et  brisé 
ton  tes  les  statues  des  divinités  païen- 
nes d'Arménie  ,  il  alla  par  ordre  du 
roi  à  Césarée  de  Caj)padoce  pour  être 
sacré  évèque  métropolitain  de  ce 
pays.  Au  retour  à  Vagharchabad  , 
alors  ville  capitale  de  ce  royaume  , 
il  balil  l'église  patriarcale  d  Elch- 
rniatzin  ,  qui  existe  encore  aujour- 
d'hui ,  el  fut  nommé  premier  ca- 
iholicos d'Arménie.  Malgré  l'autorité 
du  roi  il  tiouva  sans  cesse  de  grands 
obstacles  à  l'établissement  dflinilif 
du  christianisme.  Dégoûté  par  des 
troubles  religieux,  il  laissa  le  pou- 
voir ponlilkal  à  son  fils  Arysda- 
ghès  ,  et  se  relira  dans  un  lieu 
sûr  et  tranquille  sur  la  montagne 
de  Sébouh  ,  où  il  mourut  vers  la  tin 
de  l'an  o'6 1 .  Grégoire ,  illumiiiaieur, 
est  le  saint  le  plus  révéré  ])ar  les 
Arméniens.  On  iui  attribue  un  Re- 
cueil ci' Homélies ,  qui  a  été  impri- 
mé à  Constantinoiile.  Koyez  les 
articles  Arzan,  n"  I  ,  et  Arys- 
dagijÈ3,u°I. 

*  XXV.  GRÉGOIRE -MAKIS- 
DUOS  ou  MaoystÈre,  descendant 
d'une  branche  latérale  de  la  famille 
Parlhe  ou  Arsacide,  naquit  vers  le 
commencement  du  1 1*  siècle.  Son 
père,  Vassag ,  prince  de  Pégeny  dans 
la  grande  Arménie,  lefitd'abord  ins- 
truire par  d'habiles  maiires  jusqu'à 
l'agede  12  ans  ;  ensuite  il  l'eiivova  à 
Couslantinople  pour  y  acquérir,  de 
nouvelles  connoissances.,  Après  la 
•  mort  de  Vassag  ,  Grégoire  succéda  à 
son  père  dans  la  principauté  de  Pége- 
ny. Jean  ,  roi  Pacralide  ,  le  nomma 
versl'an  io3o  membredesonconseil, 
etluidonnalecoramaudement  d'une 
armée.  E\^  1042  les  Scythes  en- 
Irèreui  en  Arménie  avec  une  armée 


GREG 


67 


formidable.   Ce  prince   les   pvé\int 
par  une  manœuvre  sagement  com- 
binée ;    il   les  envelojjpa  entre   ses 
troupes,  lesdétruibitpresqueentière- 
ment  eu    une   seule  journée ,  et  iit 
connoitre  la  supériorité  de  ses  taleus 
militaires.  I,esla\orisdu  voïKakiklI, 
successeur  de  Jean  ,  jaloux  de  la  re- 
nommée .de  Grégoire,  le  desservi- 
rent auprès  de  leur  maître  ,  au  point 
que  ce  princp,ne  croyant  plus  être 
en  sûreté,  se  relira  à  Oonslanlinopie 
vers  l'an  1044,  et  s'occupa  à  cul- 
tiver les  lettres  et  à  entretenir  une 
correspondance  avec  les  savaus  de 
toutes  les  nations  d  Orient.  11  acquit 
également  de  grandes  tonnoissauces 
dans  les  langues  arménienne  ,  grec- 
que ,  arabe  ,  persane  ,   syriaque   et 
géorgienne  ;  la  philosophie  ,  les  ma- 
ihématiques  ,   l'aslronomie  ,    l'his- 
toire ,  la  poésie,  l'Ecriture-sainte, 
la  théologie  et  l'art  militaire.  A  cette 
époque,  se  Irouvoil  dans  cette  capi- 
tale un    savant  arabe  nommé  J\ia- 
noutcbé  ,    instruit   également  dans 
toutes  les  langues,  el  qui  avoil  reçu 
des  marques  d'honneur  de  la  pa^t 
du  calife  d'Egypte  ,  de  celui  de  Bag- 
dad et  de  l'empereur  grec.  Ce  per- 
sonnage eut  quelques  démêlés  liité- 
raires   avec  le  prince  arménien.  11. 
méprisoitle  style  de  la  Bible  etpar- 
ticulièrement  celui  desEvangiles ,  el 
il   regardoit   l'Alcoran    c.omtne    un 
livre  divin  ,  parce  qu'il  étoil  écrit 
en  vers  el  dans  un  style  éloquent. 
Grégoire,  pour  lui  prouver  que  la 
poésie  et  l'enchaulemenl  dans  l'éio- 
cution  li'éloient  point  des  choses  di- 
vines ,  composa  lui  -  même  en  trois 
jours  un  poëme  de   1,000  versets, 
chacun    de   deux  vers  ,   contenant 
.toute  l'histoire  de  la  Bible  depuis  la 
création  jusqu'au  jour  du  jugement 
dernier.  Manonlché,  étoinié  de   ce 
fait,  embrassa  le  christianisme  com- 
me on  en  éloit  convenu  d'avance, 
et  fui  baptisé  dans  celte  vilie.  Uu 
autre  savant  arabe  ,  nommé  Emir 
,  Abraliim^  eut  des  disputes  irès-sé- 


68 


GREG 


rieuses  avec  ce  prince  sur  la  reli- 
gion ;  ils   enlretimeut  une  corres- 
poudauce  suivie  pendant  loiig-lenips, 
mais  on  ignore  de  quelle  manière 
leurs  querelles   ont    été   terminées. 
Eu    1045    Tenipereur    Mononiaque 
lui  accorda  le  titre  de  magistère,  et 
peu  de  temps  après  il  lui  donna  le 
duché  de  la  Mésopotamie.  Grégoire 
fut  un  des  derniers  et  le  plus  vio- 
lent persécuteur  d'une  classe  d'Ar- 
méniens qui  conser  voient  encore  jus- 
qu'alors leur  ancienne  religion  qui 
ëtoill  adoration  du  soleil  ,  et  ils  s'a p- 
peioienl  Arevorly  ou  Tontragatzy. 
Eu  loôo  ce  prince  parcourut  pres- 
que toute  l'Arménie  à  la  tète  de  ses 
troupes,   et  les  détruisit  par-tout; 
il  brûla  leurs  habitations  ,  leurs  li- 
vres et  leurs  temples.  Il  obligea  les 
prêtres  et  le  peuple  de  cette  secte 
d'emljrasser  le  christianisme  et  d'o- 
béir  aux   évèques.    Grégoire   étoit 
grand  dans  toutes  ses  actions,  sage 
dans  les  conseils  ,  vaillant  dans  les 
combats.  Tous  ses  écrits  sont  rem- 
plis de  bons  préceptes  ,  de  philoso- 
phie ,    de  politique    et   d'érudition 
sacrée  et   profane  :  peu   de   temps 
avant  sa  mort ,  qui  arriva  en  io58  , 
il  écrivit  à  son  Hls  Vahran  une  lettre 
d'exhortation  ,  dans  laquelle  il  lui 
dfsoit  :  «  Vivre  dans  ce  monde  est 
nu  sentiment  commun   à  tous   les 
animaux  ,  mais  vivre  en  homme  de 
bien  est  un  devoir  à  tous  les  hom- 
mes qui  raisonnent.  »  El  il  lui  ajou- 
loit  à  la   fin  de  la  même   lellre: 
«"Vous  connoissez  la  manière  dont 
je  me  suis  conduit ,  j'en  attends  l'é- 
change de   votre  part  ,  et  je  vous 
invite  de  n'oublier  jamais  les  tra- 
ditions de   nos  pères  ,   ni  l'amour 
envers  Dieu  ,  et  de  suivre  toujours 
Jes  traces  lumineuses  de  nos  ancê- 
tres, les  Par  thesnos  premiers  aïeux. w 
Ce  prince  eut  quatre  fils  et  plusieurs 
lilles.  Vahran  qui  étoit  l'aîné,  suc- 
céda   d'abord   à  son    père   dans  le 
duché   d'Edesse  ,  ensuite  il   devint 
^rand  calholico»  d'Arménie.  Le  ca- 


GREG 

det,  nommé  Vassag  ,  occupa  la  prin- 
cipauté d'Anlioche,  et  les  deux  der- 
niers eurent  des  commandeiuens 
dans  les  armées.  Tous  les  auteurs 
arméniens  contemporains  et  posté- 
rieurs ne  parient  qu'avec  les  éloges 
les  plus  pompeux  de  ce  prince.  Les 
ouvrages  savans  que  nous  connois- 
sonsdelui  sont ,  I.  Une  Grammaire 
arménienne ,  laite  à  l'usage  de  Vah- 
ran (son  hls).  Ezengantzy,  dont 
nous  avons  quelques  productions 
dans  la  bibliothèque  impériale,  en  a 
tiré  beaucoup  de  matériaux  pour  la 
composition  de  sa  Grammaire.  11. 
Un  Poë/ne  sur  la  Bible  ,  dont  nous 
avons  pailé  plus  haut;  on  le  regarde 
comme  un  chef-d'œuvre  en  poésie  ; 
il  a  été  imprimé  à  Constantinople 
avec  le  poëme  du  catholicos  Ner- 
sès  IV.  lil.  Une  Traduction  ^n  ax- 
ménieu  des  (Euvres  d  Euclide.  IV. 
Un  très -grand  nombre  ait  Lettres 
adressées  à  toutes  classes  de  per- 
sonnes. C'est  dans  ce  précieux  re- 
cueil que  se  montrent  le  plus  l'élo- 
quence sublime  des  jugemens  phi- 
losophiques ,  la  morale  stoïcienne  , 
l'érudition  la  plus  vaste  des  cou- 
noissances  sur  l'antiquité  et  l'his- 
toire. Tous  ces  ouvrages  mauuscriu 
se  trouvent  dans  la  bibliothèque  du 
monastère  arménien  à  Venise. 

*  XXVI.    GRÉGOIRE,  de 

Sghevra  en  Cilicie  ,  né  vers  l'an 
1 1/19  ,  étudia  pendant  plusieurs  au- 
néesauprès  de  saint  Nersès  de  Lam- 
pion ,  devint  un  des  premiers  doc- 
teurs d'Arménie ,  et  professa  long- 
temps avec  succès  la  théologie  et  l'é- 
loquence. Il  forma  un  grand  nombre 
d'élèves  ,  et  laissa  difierens  ouvrages 
qui  sont  encore  manuscrits.  1.  Com- 
mentaire sur  le  prophète  Isaïe.  H. 
Explication  des  (Ëui'res  de  saint 
Evacre  ,  disciple  de  saint  Basile. 
III.  La  fie  de  saint  Grégoire  de 
Nazegli.  IV.  Dix -sept  Homélies 
sur  les  fêtes  de  la  Résurrection  , 
de  U Assomption  et  autres.  V.  Uu 


GREG 

Ih're  de  prières  pour  l'usage  (Ju 
clergé  et  des  laïcs.  VI.  Un  Eecueil 
<V hymnes  et  de  chansons  sacrés  et 
profanes.  VII.  Un  Traité  desjigu- 
res  de  rhétorique.  La  pUipurl  de 
ces  ouvrages  manuscrits  se  Irouveiil 
dans  la  bibliothèque  du  couvent  ar- 
ménien à  Venise. 

*  XXVII.  GRÉGOÏRE-ERETZ 

ou  PiiÊTRK ,  natif  de  Kessoun  dans 
la  petite  Arménie ,  s'appliqua  à  la 
littérature  avec  ardeur  ,  et  mourut 
vers  la  fin  du  12*  siècle.  Il  laissa, 
1.  La  continuation  de  l'histoire  de 
lïlatthieu  d'F.desse  (  dont  il  y  a 
deux  exemplaires  manuscrits  dans 
la  bibliothèque  impériale  )  jusqu'à 
l'an  1161  de  J.  C.  Outre  les  évé- 
uemens  arrivés  en  Arménie  et  dans 
d";nilres  contrées  voisines,  l'auteur 
y  rapporte  les  faits  liistoricpies  con- 
cernant les  croisés,  et  les  guerres 
qu'ils  eurent  à  soutenir  contre  les 
Scythes,  les  Arabes  et  autres  peu- 
ples d'Orient.  La  bibliothèque  du 
monastère  arménien  à  Venise  pos- 
sède un  exeniplaire  manuscrit  de 
cet  ouvrage  ,  qui  seroil  très-utile 
])our  éclaircir  quelques  points  de 
l'histoire  de  ce  temps  reculé.  II.  Un 
Traité  sur  les  civilités  à  l'usage 
de  la  jeunesse. 

*  XXVIU.  GRÉGOIRE- 
TZERENTZ,  né  à  Khiat,  ville 
de  la  grande  Arménie  ,  vers  l'an 
13/(5,  s'appliqua  de  bonne  heure 
à  lélude  de  la  philosophie,  de  l'élo- 
quence et  de  la  théologie.  En  i378 
il  reçut  le  bâton  doctoral  ,  ouvrit 
nne  école  dans  la  ville  d'Arlzeghé 
et  forma  gratuiteinent  un  grand 
nombre  d'élèves.  En  i4o6  il  eut 
l'abbaye  de  Tzibna  près  de  cette  der- 
nière ville,  et  il  y  partagea  son 
temps  entre  la  lecture  et  la  compo- 
sition de  plusieurs  ouvrages.  L'es- 
time et  la  réputation  dont  il  jouissoit 
parmi  le  peuple  fil  nailre  dans  l'es- 
prit des  Kurdes,  qui  gouveruoient 


GREG 


69 


alors  ce  pays ,  une  espèce  de  jalousie 
et  de  haine;  ils  l'emprisounèrent  et 
It  forcèrent  d'embrasiser  le  maho- 
métisme  :  \\n  homme  aussi  éclairé 
que  lui ,  disoient-ils ,  ne  devoit  point 
rester  dans  une  religion  erronée. 
Mais  Grégoire  ,  constant  dans  ses 
principes,  mourut  en  héros  par  les 
mains  de  ces  barbares  ,  vers  l'an 
142.5  ,  à  l'âge  de  80  ans.  On  a  d« 
lui  ,  I.  Un  Livre  de  poésies  et  de 
chansons  sur  plusieurs  sujets  sa- 
crés et  profanes.  IL  Un  Faaégy- 
rique  en  honneur  de  la  Fierge. 
On  regarde  ce  morceau  comme  un 
chef-d'œuvre  d'éloquence.  III.  Vies 
de  plusieurs  saints.  W .  Préceptes 
de  rhétorique ,  en  deux  livres.  V. 
Explication  de  la  physique  d'Jl~ 
ristote. 

GRÉGORAS.  Foy.  Nicéphore, 
n°  IX. 

*  I.  GREGORIO  (  Pierre  ) ,  de 
Messine  ,  célèbre  jurisconsulte  , 
exerça  ,  dans  sa  patrie  ,  plusieurs 
emplois  honorables  ,  et  vécut  du 
temps  de  Charles  V.  On  a  de  lui  , 
Ad  bullani  apostolicani  Nicolai  V 
et  regiam  pragmaticarn  Alphonsi 
régis  de  censibus  commentarius  ; 
de  concessionibus  feudorum  trac- 
tatus  ;  de  pi  ta  et  militid  tractatiis  ; 
de  dote  ;  de  paragio  ;  de  judi- 
ciis  causarum  feudalium  ;  de 
usuris  et  censibus  ;  de  appellatio- 
nibus  ;  genealogia  fa/niliœ  Car- 
bonœ ,  etc. 

*  II.  GREGORIO  (  Charles  )  , 
graveur  ,  né  à  Milan  en  171g  ,  et 
mort  à  Florence  en  1759  ,  a  gravé 
plusieurs  des  statues  antiques  des 
galeries  de  Florence  ,  Clémentine  et 
du  Capitole ,  ainsi  que  plusieurs 
portraits  avec  Faucci  et  autres  ;  les, 
tableaux  de  la  galerie  du  marquis 
de  Gerini  à  Florence. 

L  GREGORY  (  Jean  ) ,  écrivain 


GREG 


anglais,  lifibile  dans  les 'langues  pt 
dans  la  théologie,  mort  en  1G46,  a 
donné,  t.  Des  Notes  sur  le  ihvlt 
cii'il  et  canonique.  H.  IJes  Remar- 
ques en  anglais  sur  qnelriues  passages 
de  IT-criture  sainte  ,  Oxford  ,  j646  , 
in-4"  ;  et  en  lalin,  Londres,  1660, 
in-4°.  Ces  ouvrages  sont  très-më- 
diocres. 

t  II.  GRÉGORY  (Jacques),  pro- 
fesseur de   niallunnatiques  à  Edim- 
bourg ,    né    à  Ai)erdeen    en   i658  , 
élevé    du    collège     de    I\Iarischall  , 
voyagea  eu  Italie  ,  et  demeura  quel- 
que leuips  à  Padone,  où  il  publia  son 
ouvrage  sur  la  Quadrature  du  cer- 
cle ,  dans  lequel  il   voulut  prouver 
qu'elle  étoit  impossible  ,  et  qu'on  ne 
pou  voit  déterminer  que  par  approxi- 
mation le  rapport  du  diamètre  du 
cercle  à  la   circonférence.  Huygens 
combattit  son    opinion.    A  son  re-  | 
lOur   en  Angleterre ,  il  fut  nommé 
membre  de  la  société  royale.  Il  eut 
avec  NevvTtou  une  dispute  purement 
scientifique ,  au  sujet  de  laquelle  il 
mit  au  jour  des  idées  nouvellejs  sur 
le    miroir    ardent,    qui    firent  une 
grande  sensation  et  contribuèrent  à 
étendre  sa  ré|)U!alion.  On  a  encore 
de  ce  savant  ,  I.  Oplice  prumota  , 
qui    fut   traduite  eu  anglais  par  le 
docteur  Désagulière.  II.  Exerclta- 
tiones  geometrkce.     III.    D'autres 
Ecrits  et  \)\\\&\e.\.\\:s3Témoires  insé- 
rés  dans    les  Transactions  philo- 
sophiques. Grégory  est  mort  vers 
J67.5. 

t  III.  GRÉGORY  (  David  ) ,  ne- 
veu du  précédent ,  né  à  Aberdeen 
en  1661  ,  acheva  ses  éludes  à  Edim- 
bourg, où  il  fut  reçu  maitre-ès- 
tirls,  et  se  dif-tingua  tellement  par 
ses  talens ,  qu'à  làge  de  aS  ans  il 
•  fut  nommé  professeur  de  ntalhé- 
inatiques  dans  l'université  de  cette 
ville.  En  1(191  ,  à  la  recomman- 
dation de  Newton  ,  il  fut  reçu 
membre    de    la   sociélé    royale ,  cl 


GREI 

professeur  d'aslronomie  à  Oxford. 
En  1695  il  publia  ses  Elémens  de 
dioptrique  et  de  caloplrique  ,  in- 
8'^  ;  et  eu  1P97  ,  sa  J)éinonstratioii 
des  é  lé  mens  de  la  courbe,  uommeB 
caténariene ,  qui  se  trouve  dans 
les  Transactions  philosophiques. 
Mais  le  plus  célèbre  de  ses  ouvrages  , 
publié  en  1702  sous  le  titre  de  yJs- 
tronomiœ  physicce  et  geomeiricas 
elementa,  in  -  fol.  ,  a  été  traduit 
en  anglais,  2  vol.  in-S".  En  1703 
il  donna  une  superbe  édition  des 
ouvrages  d'Euclide,  in-fol.  Quand 
Grégory  mourut,  il  s'occupoit  d'une 
édition  des  .Sections  coniques  à' A^i-- 
pollonius;  et  après  la  mort  de  ce 
laborieux  écrivain  ,  on  a  encore 
publié  de  lui  ini  Traité  des  loga- 
rithmes ,  et  un  de  géométrie-pra- 
tique. 


*  IV.  GREGORY  (  Jean  )  ,  mé- 
decin, né  à  Aberdeen  en  1724» 
mort  dans  celte  ville  en  1773  , 
commença  ses  études  à  Aberdeen 
et  à  Edimbourg,  et  les  acheva  à 
Leyde.lieçu  docteur  en  médecine  eu 
174-^  ,  il  professa  d'abord  la  philo- 
sophie à  Aberdeen;  mais  en  1749 
il  quitta  cette  chaire  pour  celle  de 
médecine.  Vers  1701  il  s'établit  à 
Loudres  ,  et  fut  reçu  membre  de 
la  société  royale.  Eu  1764  il  passa 
à  Edimbourg,  et  en  1766  on  le 
nomma  professeur  de  médecine.  On 
doit  à  cet  habile  écrivain  plusieurs 
bons  ouvrages  de  médecine .  I.  Des 
deuoirset  de  l'office  d'un  médecin, 
in-S°.  II.  Elémens  de  médecine- 
pratique  ,  iu-8°.  Mais  il  est  encore 
plus  célèbre  par  ses  ouvrages  mo- 
raux, dont  les  plus   connus  sont, 

I.  T^ue  comparative  de  l'état  de 
l'homme    et  des  autres  animaux. 

II.  Legs  d'un  père  à  ses  filles , 
in-12.  Tous  ses  ouvrages  ont  été 
recueillis  en  4  vol.   in-S". 

*   G  R  EIDE  ou  G  R  El  n  A  NUS 
(Jean    Vandk),   né   à  Fraueker 


GREÏ 

Ters  l'an  i6ô3,  t'iudia  la  philoso- 
phie et  la  médecine  ;  sou  altache- 
nieut  pour  les  opinions  de  Des- 
tartes troubla  sa  tranquillité,  et 
il  fui,  pour  ainsi  dire,  persécuté 
j)Oiir  avoir  adopté  les  senlinieus  de 
ce  philosophe.  Mais  toutes  ces  per- 
sécutions n'empêchèrent  pas  que  le 
^4  lîiai  1660  il  ne  fût  pourvu  de 
la  chaire  de  philosophie  dans  l'uni- 
versité de  Franeker  ,  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort.  Ses  ouvrages  sont, 
Y.Idea  lugicœ  noi'.-anl/'quce,  Frane- 
kerœ  ,  iGSg  ,  in-16.  11.  Institi/tio- 
nes  rnetaphysicœ  ,  ihid.  ,  1660  , 
in-j6.  111.  Institutlones  p/ijsicœ  , 
LeovardiaB,  1664,  iu-12. 

*  GREIF  (  Frédéric  ) ,  né  à  Tu- 
bingue  eu  1601  ,  s'appliqua  uni- 
quement à  la  préparation  des  re- 
mèdes chimiques  ,  et  principale- 
ment à  celle  de  la  thérlaque  cé- 
leste ,  qui  lui  donna  beaucoup  de 
réputation  ,  mais  dont  ou  doit  la 
première  idée  à  Joseph  Duchesne. 
Gieif,  mort  dans  sa  ville  natale  en 
]  668  ,  est  auteur  de  difFéreus  ou- 
vrages en  poésie  allemande  ,  indé- 
pendamment de  '  ceux  qu'il  publia 
sur  la  pharmacie  et  la  chimie  ,  et 
qui  ont  été  imprimés  sous  ces 
titres ,  I.  Decas  nobillssimontm 
m  edicamen  ta  ru  m  ga  Jeu  o-ch  im  ico- 
rum  ^  Tubiugae,  1641,  in  -  4°-  H. 
Vonsignatiu  medicamenloruni  , 
tam  galenicè  quain  chimicè  prœ- 
paralorum  ,  quce  in  officind  Greif- 
fiand  prostan! ,   ibid.  ,    i64' >  ^^~ 

o 

^l  • 

*  GREISEL  (Jean-George),  doc- 
teur en  médtcine  et  professeur  d"a- 
natomie  en  l'université  de  Vienne 
sa  patrie,  médecin  de  la  cour  im- 
périale et  membre  de  l'académie 
des  Curieux  de  la  nature  ,  mou- 
rut à  Vienne  en  i684-  On  a  de 
ce  inédecin  quelques  Observations 
insérées  dans  les  éphemérides  d'Al- 
lemagne, et  le  traité  suivant,  inti- 


GREN  71 

tulé  Tract  a  fus  medicus  de  curd 
lactis  in  arthritide  ,  in  quo  inda- 
gatd  naturâ  lactis  et  arthrilidis , 
tandem  rationibus  et  experientiis 
allatis  ,  diœtâ  lacteâ  optima  ar~ 
t.'iritidem  curandi  methodus  pro- 
ponitur  ,  Viennes,  1670,  in-12  ; 
Biidifsmae,    1681,  in-12. 

*GRELLMAN,  mort  en  i8o5  , 
après  avoir  occujîé  avec  distinction 
une  chaire  d'histoire  moderne  et  de 
statistique  à  l'université  {le  Goet- 
tiugue.  Sur  l'invitation  de  l'empe- 
reur de  Russie,  il  s'étoit  rendu  à 
Moscow  ,  pour  y  professer  ces  scien- 
ces ;  mais  le  mois  même  de  son  ar- 
rivée ce  sa\nnl  estimable  y  termiua 
sa  carrière.  Ses  ouvrages  de  statisti- 
que, sont  ce  qui  a  été  écrit  de  meil- 
leur sur  l'Allemagne.  L'auteur  de  la 
Théorie  élémentaire  de  la  Statistique 
cite  ,  comme  très-versé  dans  celte 
science  ,  ce  célèbre  professeur  dont 
il  déplore  la  perte. 

t GRENADE  (Louis  de),  domi- 
nicain, né  l'an  1.504  en  Espagne, 
dans  la  ville  de  ce  nom  ,  l'un  des 
premiers  prédicateurs  de  son  siècle 
et  le  plus  éloquent  des  orateurs  espa- 
gnols ,  fut  ,  dans  la  classe  des  écri- 
vains dogmatiques,  ce  qu'étoit  Bos- 
suet  parmi  les  orateurs.  Il  fut  l'ami 
et  l'élève  du  célèbre  Jean  d'Avila , 
surnommé  Y  apôtre  de  l' Andalousie. 
Grenade  jouit,  dans  le  fond  de  sa 
cellule,  d'une  gloire  que  peu  d'hom- 
mes de  son  temps  purent  acquérir 
en  se  dérobant  aux  grandeurs  hu- 
maines. Il  fut  consulté  par  de  grands 
princes  ,  et  par  les  plus  fameux  capi- 
taines de  son  siècle,  André  Doria  ,  et 
le  trop  fameux  duc  d'Albe.  La  reine 
Catherine,  sœur  de  Charles-Quint , 
voulut  le  placer  sur  le  siège  de 
Brague  ;  mais  il  le  refusa  ,  et  y  fit 
nommer  à  sa  jjlace  dom  Barthélemi 
des  Martyrs.  Ce  religieux  mourut  le 
5  1  décembre  i.t88.  Ses  ouvrages  se- 
roienl  meilleurs  s'il  eu  eût  retranché 


^2 


GREN 


quelques  visious  et  des  légencles  ab- 
surdes. Ltîs  principaux  sont,  I.  f-e 
Guide  des  pécheurs ,  i  vol.  II.  Le 
Mémorial  de  la  vie  chrétienne  , 
5  vol.  III.  Un  Catéchisme  ,  4  vol., 
1709.  IV.  Un  Traité  de  l'oraison , 
2  vol.  :  ces  écrits  sont  en  espagnol. 
V.  Un  Traité  du  devoir  des  évê- 
ques  ;  une  In^rur.lion  pour  les 
prédicateurs.  VI.  Des  Sermons  la- 
tins, en  6  vol.in-8°,  Anvers,  i6o4, 
etc.  Girard  a  traduit,  en  français, 
la  plus  grande  parlie  des  ouvrages 
de  Grenade.  Celle  version,  en  3  vol. 
in-fol.  et  en  10  in-Ji"  ,  est  enrichie 
de  la  vie  de  l'auteur. 

t  GRENAIL.LE  (  François  de  ) , 
lié  à  Uzerche  dans  le  Limousin  ,  fil 
jouer,  en  1606  ,  L,a  mort  de  Crispe, 
tragédie.  Ce  sujet  a  été  aussi  Irailé 
par  Tristan.  Il  a  encore  traduit  du 
iatin  le  Sage  résolu  contre  la  for- 
Uine,  ou  Entreltens  de  Pétrarque  , 
intitulés  des  Remèdes  à  l'une  et  à 
l'autre  fortune,  Paris,  i6,5o,  in-12. 

■\  GREN.\N  (  Bénigne  )  ,  poêle 
ïatin  ,  de  Noyer  en  Bourgogne  , 
professeur  de  rhétorique  au  collège 
d'Harcourt,  mort  à  Paris  îe  10  mai 
17^5  ,  à  42  ans  ,  a  laissé  des  Ha- 
rangues et  des  Poésies  latines.  On 
remarque  dans  les  unes  et  dans  les 
autres  un  style  pur,  élégant,  des 
pensées  nobles  et  délicates,  et  une 
imagination  vive  et  sage.  Ses  T^crs 
sont  en  parlie  dans  le  Selecla  Car- 
mina  quorumdam  in  universitalc 
Parisiensi  professoruui  ;  et  ses 
Discours  se  trouvent  dans  nu  Re- 
cueil de  Harangues.  Comme  poète 
et  comme  orateur  ,  il  fut  le  rival 
du  célèbre  Cofïîn.  Ces  deux  profes- 
seurs ,  rivaux  et  amis  ,  firent  ,  à  la 
j'joire  de  leur  patrie  ,  l'un  pour  le 
vin  de  Bourgogne,  l'autre  pour  le 
vm  de  Champagne,  des  pièces  char- 
luantes.  Parmi  les  harangues  latines 
de  Grenan  ,  on  remarque  \ui  Dis- 
Vtiuis  sur  les  causes  de  la  corruption 


GREN 

du  goût ,  et  sur  les  remèdes  qu'on 
peut  y  apporter.  Les  sources  du  mal 
sont  la  dépravation  des  mœurs,  la 
lecture  des  écrits  frivoles  ,  le  mépris 
des  anciens  :  les  remèdes  seroient 
une  éducation  sévèr?  ,  l'amour  et  le 
goût  du  vrai  ,  la  connoissance  et 
l'estime  de  l'anliquilé.  On  a  encore 
de  lui  une  Paraphrase  en  vers  la- 
lins  des  Lamentations  de  Jérémie. 
—  Pierre  Grenan  ,  frère  aîné  de 
Bénigne,  mort  en  17^2  ,  à  62  ans, 
provincial  de l  Doctrine  chrétienne  , 
est  connu  par  une  Saiirede  22  pages, 
sous  le  titre  à'Jpologie  de  l'Equi- 
voque ,  qui  se  trouve  dans  la  Bi- 
bliothèque Française  de  Dusauzet , 
tora.  I  ,  1'*  parlie  ,  art.  5  ;  c'est  une 
continuation  de  celle  de  Despréaux 
sur  le  même  sujet. 

*  GRENET  (  N.  )  ,  mort  h  Paris 
en  1797,  a  donné  ses  soins  cons- 
laiis  à  des  objets  d'utilité  publique 
et  privée.  C'est  lui  qui ,  par  le  moyen 
A'uneprompte  dessiccation  ,ç^\.  par- 
venu à  conserver  la  pomme  de 
terre  sous  la  forme  de  vermicelle 
ou  semouille:  son  procédé  estaujour- 
d'hui  généralement  répandu.  Il  a 
aussi  travaillé  à  faire  du  bouillon 
avec  des  os^  à  extraire  de  la  potasse 
des  marrons  d'Inde  ,  et  de  la  farine 
des  racines  qu'il  soupçonnoit  pou- 
voir en  contenir. 

*  I.  GRENVILLE  (  sir  Bevit.  ), 
né  en  1096  à  Slov\r ,  terre  de  sa  fa- 
mille ,  dans  le  Cornouailles  ,  mourut 
en  1643  ,  élève  du  collège  d'Exeter, 
où  il  avoit  eu  pour  professeur  le 
docteur  Prideaux  ,  depuis  évèque. 
Dans  le  lemps  de  la  rébellion  ,  il  se 
distingua  parmi  les  royalistes  dont 
il  défendit  la  cause  de  tout  son  pou- 
voir ;  après  s'être  trouvé  dans  plu- 
sieurs actions ,  il  fui  tué  à  la  bataille 
de  Lansdown  près  Balh. 

*  II.  GRENVILLE  (  George  )  , 
d'une  ancienne  famille  du  comté  de 


GREIS 

Bucklugham ,  mort  eu  1770,  se 
distingua  au  parlement  où  il  fut 
appelé  très-jeune.  En  17.'»/|  il  fut 
nommé  trésorier  de  la  marine  ,  et 
en  1707  il  présenta  son  fameux  bill 
pour  le  paiement  régulier  des  dé- 
penses de  ce  ministère.  Ce  bill,  et 
celui  pour  les  preuves  des  élections 
contestées,  auroient  suRl  pour  im- 
mortaliser son  nom  comme  légis- 
lateur. Grenville  fut  le  premier  qui 
eut  le  titre  de  lord  de  la  trésorerie  , 
qu'il  obtint  en  17G3  ,  et  le  lord  Ro- 
ckingliam  lui  succéda  en  celte  qua- 
lité eu  1760. 

*  GRENUS  ou  Grenut  (Pierre), 
brigadier  des  armées  de  Louis  XIV  , 
fils  de  Jacques  ,  premier  syndic  de  la 
république  de  Genève,  issu  d'une  fa- 
mille originaire  de  Flandre  ,  naquit 
à  Genève  en  i658  ,  entra  en  1679  au 
service  de  France  ,  dans  la  com- 
pagnie franche  de  son  frère  aîné  ,  et 
devint  eu  1690  capitaine  comman- 
dant de  la  compagnie  colonelle  des 
Gardes  Suisses  ,  à  la  tête  de  laquelle 
il  se  distingua  dans  les  campagnes 
suivantes.  Eu  1696  il  quitta  le  régi- 
ment des  Gardes  Suisses,  et  fut 
nommé  colonel  commandant  du  ré- 
giment suisse  de  Surbeck,  et  devint 
en  même  temps  propriétaire  dune 
seconde  compagnie .  Grenus  se  si  guala 
au  siège  de  Landau  ,  en  170S  ,  et 
contribua  beaucoup,  par  ses  conseils 
et  sa  bravoure  ,  à  la  victoire  rem- 
portée la  même  année,  près  de  Spire, 
par  le  maréchal  de  Tallard  ;  il  en  lut 
récompensé  en  1704  par  le  brevet 
de  brigadier.  Le  roi  lui  confia  ,  en 
1 7<>S ,  le gou  vernemenl  de  Weissem - 
l:)0urg,  où  il  fut  bloqué  à  deux  re- 
prises et  qu'il  défendit.  11  rejoignit, 
en  1710,  l'armée  du  maréchal  de 
Viliars  ;  mais  blessé  au  vif  de  ce 
qu'une  intrigue  avoit  empêché  qu'il 
ne  fût  compris  daus  la  prouioliou 
des  maréchaux  de  camp  de  cette 
année,  il  quitta  le  service  et  se  re- 
tira à  Genève,  où  le  gouvernemeut 


GRES 


73 


de  Berne  lui  fit  offrir  du  service  lors 
de  la  guerre  civile  de  Sui.sse  ,  eu 
1712  ;  il  se  disposoit  à  partir  au 
n)oment  où  la  paix  d'Arau  fut 
signée  ,  et  M1\I.  de  Berne  le  remer- 
cièrent de  son  zèl^!.  Le  brigadier  Gre- 
nus ,  du  conseil  des  deux-ceuls  dès 
fan  1C91 ,  où  l'on  lit  une  prohioliou 
particulière  pour  lui  seul,  montoit 
encore  à  cheval  à  l'âge  de  90  ans, 
et  mourut  célibataire  à  Geuève,  ea 
1749,  agi  ans. 

GRESHAM  (  Tliomas  ) ,  né  à 
Londres  eu  1619  ,  d'une  famille, 
uoble ,  exerça  le  négoce  ,  à  l'exem- 
ple de  plusieurs  geutilshommes  de 
sou  pays  ,  et  fit  un  usage  magnifique 
des  richesses  que  son  industrie  lui 
avoit  procurées  ;  il  fît  bâtir  ,  à  ses  dé- 
pens ,  la  Bourse  deLondres  en  i  .t65. 
Le  feu  la  consuma  cent  ans  après, 
et  on  l'a  rebâtie  depuis  ,  mais  aux 
dépens  des  deniers  publics.  On  lui 
doit  aussi  la  fondation  de  cinq  Hô- 
pitaux et  d'un  Collège  qui  porte 
sou  nom  :  la  moitié  des  professeurs, 
qui  tous  doivent  garder  le  célibat, 
est  nommée  par  le  lord  maire  et 
par  les  aldermans  de  Londres  ,  et 
l'autre  moitié  par  les  marchands  de 
soie.  11  mourut  eu   1379. 

*  GRESNIK  (  Antoine  ) ,  célèbre 
compositeur,  né  à  Liège,  et  mort 
à  Paris  eu  1799,  âgé  de  47  ans, 
étoit  élève  du  célèbre  contrepointiste 
Sala  ,  du  conservatoire  de  Naples. 
11  a  composé  plusieurs  opéras  eu  Italie 
et  eu  Angleterre,  où  il  avoit  passé 
quelques  années  ,  directeur  àLondres 
de  la  musique  du  prince  de  Galles. 
Pendant  sou  séjour  à  Lyon,  il  avoit 
écrit  la  musique  d'un  grand  opéra 
en  trois  actes  ,  \ Amour  exilé  de 
CytJicre  ,  de  Pyère,  et  de  plusieurs 
autres  poèmes  dans  le  genre  pa.'^to- 
ral.  Les  Opéras  qu'il  a  donnés  à 
Paris,  où  il  s'étoit  fixé  depuis  cinq 
ans  ,  sont  au  théâtre  Louvois  ,  les 
Petits  Commisstonnaires  ,   i  acte; 


1\ 


GRES 


le  Savoir  faire,  2  actes;  les  raux 
mcndians,  1  acte  ;  le  Baiser^rlonné 
et  rendu,  1  acte;  V Extravagance  de 
la  vieillesse ,  1  acte  ;  Eponlne  et 
Sabl/ius  ,  drame  lyrique  eu  3  actes  , 
à  Feydeau  ;  la  ToiirfereUe  dans  les 
bols;  y  îleureux  procès, o\\  jjlphonsc 
et  E!éd/iore  ;  aux  Italiens  ;  le  Rcve  , 
1  acte  ,  etc.  Gresnik  excelloit  dans 
1  !  genre  gracieux  et  dans  la  niiisifine 
descriptive.  Sa  mélodie  étoil  toujours 
agréable  et  chantante  ;  son  harmo- 
nie simple  et  fondamentale.  Il  étoii 
convaincu  que  Iharmonie  n'est  que 
l'accessoire  de  la  musique ,  et  il  pen- 
soil,  avec  Sacchini  ,  que  la  clarté 
et  la  simplicité  sont  le  cachet  du 
véritable  compositeur  ;  aussi,  s'il  ne, 
fai^soil  point  abus  des  recherches  har- 
moniques, il  vonloit  que  les  accom- 
pagnemens  n'étouffassent  jamais  les 
voix  ,  et  il  avoit  un  soin  extrême  de 
ne  pas  forcer  leur  diai>ason. 

t  GRESSKT     (  Jean-Baptiste- 
T.oiiis),  chevalier   de   St. -Michel  , 
historiographe  de  l'ordre  de  Saint- 
Lazare  ,   l'un  des  qnarant-e  de  l'aca- 
démie française  ,    né   à  Amiens  en 
1709  ,  se  fit  jésuite  à  l'âge  de  seize 
ans  ,  et  sortit  de  cet  ordre  à  vingt- 
six  ,  à  cause  de  l'éclat  que  Ht  dans  le 
monde  son  poème  de  f^erl  Vert.  An- 
noncé à  Paris  par  la  voix  de  la  re- 
nommée ,   il    sontint   la  réputation 
qu'il  s'étoit  faite  au  fond  du  cloilre, 
et  fut  reçu  à  rucadémie   française 
eu   17/18.  Il  eut  des  succès  an  théâ- 
tre, auquel  il  renonça  solennellement 
douze  ans  après  ,   dans  une  Lettre 
OiA  il  montroit  les  dangers  des  spec- 
tacles. Les  littérateurs  orélendirenl 
qu'il  y    avoit   autant  d'ostentation 
que  d'hypocrisie  dans  celte  démar- 
che ;   mais  sa  conduite  postérieure 
]i!Ouve   l'injustice   de  ce  reproche. 
<'rressel  étoil  alors  retiré  à  Amiens  , 
(>\  il  avoil  un  excellent  emploi  de 
finance  ,  et  on  il  avoit  épousé  une 
f'inme  riche.   La  campagne  ,  où  il 
avoit  presque  toujours  pris  ses  ima- 


GRES 

ges ,  devint  son  séjour  favori.  lîdi- 
reux  ,  disoit-il  , 

Hnnreuic  (pii  dans  la  paix  sccrtte 

U'nne  llb»-e  ol  sûre  veirailc 

\  il  ig!iur6  ,  cnnient  <tp  peu, 

El  qui  110  se  vuit  point  sant  cejse 

JiiUPl  lie  t'aveugle  dcpsse  , 

Ou  ilupe  de  l'aveugle  dieu! 

Il  implora  quelquefois    les    secours 
des  grands    pour    les  malheureux  , 
qu'il   soulagea    souvent  lui-même. 
A  la  mort  de  Louis  XV,    il    vint  à 
Pans.   Ce  fut  lui  qui  eut  l'honneur 
de  complimenter   J^ouis  XVI  à  son 
avènement  au  trône,  au  uoin  de  l'a- 
cadémie. Lit  cour  et  la  ville  voulu- 
rent voir   nu  homme  qui  les  avoit 
si  bien  peintes.  Mais  il  ne  parut  plus 
le  même  à  ceux  qui  l'avoient  connu. 
Ce  qui  acheva  d'affoiblir  l'idée  que 
ses    premières   productions  avoient 
donnée  de  lui,  ce  ïu\.i,o\ï  Discours 
en  réponse  à  celui  de  M.  Suard.  Il  y 
épancha  sa  bile  sur  les  vices  et  les 
ridicules  qui  lavoient  révolté  dans 
la  capitale  :  les  intéressés  n'y  virent 
plus  le  peintre  du  Méchant.  Ses  ta- 
bleaux leur  parurent  des  caricatures, 
et  non  des  portraits.  Ils  l'insinuèrent 
même    à   l'auteur    pour   l'empêcher 
d'imprimer  son  discours;    mais  ils 
ne  purent  persuader  un  homme  pré- 
venu. Ue  retour  à  Amiens  ,  il  le  fit 
réimprimer  avec  une  Eeltre  mêlée 
de  prose  et  de  vers  ,    où  il  donne  nu 
cours  encore  plus  libre  à  sa  plume.  11 
survécut  peu  à  son  retour  dans  sa 
patrie,  où  il  mourut  le  16  juin  1777, 
sans  laisser d'enfan«.  La  Harpe  a  rap- 
porté   ces    deux    anecdotes    sur    ce 
poète  célèbre.    «  Gresset  ,    dit  -  il  , 
étoit  dans  une  société  on  l'on  pio- 
posoit    souvent  des   énigmes  ,  l'un 
des 'grands  travaux  du  bef  esprit  de 
province.  Gresset ,  qui  en  étoil  las, 
apporta  un  jour  la  sienne  qui  na- 
voit  que  ces  deux  vers  : 

Je  suis  un  ornement  <|u'on  porte  surlp.  I?lc  , 
Ji  in'nppollc  Chapeau;  devine,  grosse  l)êle. 

On  sa  rail  à  rire  ;   mais  quelqu'un 


qui  ne  rioit  pas  ,   après  avoir  rêve 
quelque  temps  liès-sérieuseiiienl,  se 
leva  en  s'écviaiit  :  «  Je  lai  trouvé  ; 
c'est  une  perruque.  »  L'autre  anec- 
dote prouve  tout  le  despotisme  que 
Gresset  exerçoit  sur  racadëaiie  d'A- 
miens.   L'al)bé    Delille  ,  alors    tort 
jeune    et   professeur  au   collège  d-t 
celle  ville  ,    avoit  désire  d'être   de 
celle  académie,  et  avoit  élé  élu  en 
J'abstnce  de   Gressel.  Ceiui-ci ,   pi- 
qué qu'on  eût  fiiil  cpielque  chose  sans 
lui  ,  trouva  moyen   de  faire   casser 
l'élection  ,  sous  prétexte  d'un  dtfaut 
de  loi  me  ,  et  lit  recevoir    son  chi- 
rurgien. Les  agrémens  de  son  com- 
merce ,   la    solidité   de    ses  princi- 
pes ,   rhonnèlelé    de    ses    mœurs  , 
lui  firent  des  amis  distingués  ,  et  lui 
méritèrent  les   grâces    de   la   cour. 
Louis  XVI  lui  accorda  des  lettres  de 
noblesse  en    17 ''5.  Son  f'^erL-Vert 
est  uu  ouvrage  plein  de  sel  ,  de  fa- 
cilité et  de  grâces,   dont  le  mérite 
parut  d'autant  plus   grand,  que   le 
sujet  offioit    moins    de   ressources. 
«  Gresset ,  dit  d  Alembert  ,  eut  l'art 
de  deviner  dans  sa  retraite  la  juste 
mesure  de  badinoge,  qui  pouvoilren- 
drepiquant,  pour  lesgensdu  monde, 
un    ouvrage   dont  le    sujet  devoit 
leur  paroitre  si  futile.  »  On  conte, 
au  sujet  de  ce  pocaie,  une  anecdote 
d'autant    plus    piquante    qu'elle    se 
passa  dans   un   parloir  de  visitan- 
dines.  Une  religieuse  ,  fille  d'esprit , 
le  sollicitoit  de  lui  lire  Vert-Vert 
dans  sa  nouveauté  ;  Gresset,   après 
s'être  fait  long-temps  prier  ,  y  con- 
sentit enfin,  à  condition  qu'elle  se- 
roit  seule  au    parloir.   Il  arrive  et 
commence  sa  leclu're.  A  un  endroit 
plaisant  on  entend  un  éclat  de  rire. 
Tout  à  coup  on   lire  \\\\  rideau,   et 
Je  lecteur  surpris  aperçoit  toutes  les 
religieuses  rangées  en  cercle  ,   et  la 
prieure  qui  étoit  à  la  tète  cie  la  com- 
munauté. Après  s'être  amuse'de  son 
ctonnement ,  on  le  pria  de  continuer 
la  lecture  de  son  poëme.   Il  l'avoil 
augmenté  d'un  nouveau  chant  ,  lu- 


GRES  75 

litulé  XOuvroir  des  noRes,o\x\'o\\ 
relrouvoit  ,  dit-on  ,    des  traces  de 
son  talent;  mais  il  le  brijla  dans  sa 
dernière    maladie.    Vert-  Vert  fut 
suivi  de  la  Chartreuse.  Celle  épitre 
annonce  un  caractère  original,  une 
philosophie  douce  ;  on  y  trouve  de 
l'harmonie    et  une    fécondité   d'ex- 
pressions qui  dégénèrent  quelquefois 
en  luxe.  X.'iqntre  au  F.  Bougeant , 
et  les  Ombres,  qui  lui  sont  fort  in- 
férieures ,  rouleutsur  le  même  fonds 
d'idées  ,   trop   souvent  répétées  en 
phrases  lorgueset  traînantes.  «  Gres- 
set ,  dit  Voltaire  au  roi  de  Prusse, 
a  des  vers  heureux  et  faciles  ;  il  ne 
lui  manque  que  de  la  force,  un  peu 
(le  variété  ,  et  sur-tout  un  style  plus 
concis  ;  car  il  dit  d'ordinaire  en  dix 
vers  ce  qu'il  ne  faudroit  dire  qu'eu 
deux.  »  \JEpitre  à  sa  sœur  sur  sa 
convalescence  vaut  beaucoup  mieux. 
Le  gtyle  en  est  plus  fort  ,  plus  soi- 
gné. L'auteur  voulut  s'élever  de   la 
poésie  légère  à  la  tragédie:  mais  son 
Edouard  III  ,  joué   en  17/10,  n'a 
plus  reparu  sur  le  théâtre.  L'intri- 
gue en  est  froide  ,  et  le  style  plus 
Iroid    encore.    Sidnej  ,    représenté 
en  1745  ,  n'offre  qu'une  intrigue  pe- 
tite et  un  roman   assez   commun  ; 
mais    celte    comédie   ,    écril>e  avec 
une   élégance    soutenue  ,    renferme 
de  très-beaux  vers.   Le  Méchant  , 
joué  avec  grand  succès  en  17/17  -,  est 
une  de  nos  meilleures  comédies,  par 
la  facilité,  la   variété  et  les  agré- 
mens de  la  versification  ,  par  la  vi- 
vacité e*  l'abondance  des  saillies ,  par 
la  vérité  des  portrails.C'esl  dommage 
que  la    force  comique   n'y   soit  pas 
poriée  an  même  degré  ,  él  ne  cou- 
ronne pas  ces  diverses  qualités.  On 
a  encore  de  Giesset  des  Odes  ,  dont 
quelques-unes  offrent'de  b.'^lles  ima- 
ges ;  une  Traduction  des  Eglogues 
de  Virgile  ,  en  vers    assez   doux  , 
assez   harmonieux  ,   qu'on    lit   avec 
quelque  plaisir,  quoiqu'elle  ne  res- 
pire   pas   ce    bon     goût    d'antique 
qu'offrent  les  deux  eglogues  imitées 


76 


GRES 


du  poète  latin  par  le  lyrique  Rous- 
seau ;  eutin  ,  il  a  laissé  uu  Discours 
sur  l'harmonie ,  en  prose  ,  qui  n'est 
qu'une  déclamaliou.  Ses  ouvres  ont 
été  plusieurs  fois  réimprimées  en  2 
vol.  in-  1 2  ;  on  en  a  donné  une  édi- 
tion ,  pui)liée  par  M.  Fayolle,  Paris  , 
Didot,  iSo4,  3  vol.  in-Î8.En  i8ou, 
on  a  donné  une  édition  stéréotype, 
procédé   d'Herhan  ,   de    ses  œuvres 
choisies,  1  vol.  in-i  8,  augmentée  de 
plusieurs    pièces    inédiles,   et   dans 
laquelle  ou  a  rétabli  deux  ou  trois 
passages  essentiels   qui   avoienl  été 
altérés  par  la  négligence  des  précé- 
dens  éditeurs.  Ou  espère  qu'à  la  pro- 
chaine édition  de  ces  (Euuies  ,  on  y 
ajoutera  les  deux  petits  poëmes  in- 
titulés   le    Gazeliii  et  le   Parrain 
magnifique,  qu'on  a   trouvé  parmi 
ses  papiers.  Le  GazeUne&i  un  poème 
en  quatre  cl\ants.  L'auteur  y  peint  un 
homme  raffolant  des  papiers  nouvel- 
les et   les  réunissant  tous  à  grands 
frais.  Le  Parrain  magnifique  est  un 
poème  satirique  en  dix  chants  ,  d'en- 
viron 3,000  vers.  (^.  l'analyse  de  l'un 
et  de  l'autre  dans  une  notice  sur  une 
nouvelle  édition  projetée  de  Gres- 
set,  Magasin  encyclop.,  t.  1.  p.  108- 
114.  On   y  annonce  que  le  chant 
de  ïOi/i^roir  n'est  pas  perdu.  )  «  On 
sait,  par  l'auteur,  que  Gressel  l'avoit 
envoyé  au    feu   roi    de   Prusse  ,  et 
ainsi  il  ne  faut  pas  désespérer  de  le 
ra%'oir.  »  —  Quatre  vers  en  étoienl 
restés  dans  la  mémoire  des  gens  de 
lettres.  L'auteur  peint    les  occupa- 
tions des  religieuses.  # 

li'uii»  déciiuiie  un  agnus  en  losange, 
On  met  du  ronge  à  ([uelque  bienheureux, 
li'aulre  tiiclionne  une  vierge  aux  yeux  bleux  , 

Ou  passe  au  fer  le  tonpel  d'un  arcliange. 

D'autres  pièces  inédites  de  Grasset 
verront  le  jour  ;  des  Ppifres  où  res- 
pire une  profonde  mélancolie;  d'au- 
tres où  celte  muse  badine  s'amuse 
des  travers  et  des  ridicules  de  son 
siècle  ;  d'autres  où  l'on  aperçoit  une 
tpiule  plus  forte  et  une  philosophie 
plus  hai-die  :  de  ce  nombre  est  celle 


GREV 

intitulée  V Abbaye  ;  beaucoup  de 
Poésies  fugitives,  quelques  mor- 
ceaux de  prose ,  etc.  Il  a  paru  en 
1779  une  Vie  de  Gresset ,  Paris, 
in-12  ,  dans  laquelle  le  biographe  a 
inséré  un  petit  Voyage  à  la  l'icche, 
dans  le  goût  de  celui  de  Chapelle  , 
auquel  il  est  très-inférieur.  (  Voyez 
Rousseau  ,  n°  III.  ) 

i-  GRETZER  (  .Tacques  )  ,  jésuile 
de  Marckdorf  en  Allemagne ,   pro- 
fessa long  -  temps  avec  distinction 
dans   l'université     d'iugolstadt  ,   et 
mourut  dans  cette  ville  le  29  jan- 
vier   162.^,    à  Gô    ans.    Egalement 
versé  dan.s  les  langues  anciennes  et 
modernes  ,  dans  l'histoire  et  la  théo- 
logie ,  il  a  beaucoup  compilé  sur  l'an- 
liquilé  ecclésiastique  et  prolane.    II 
seroit  au    rang  des  savans  du  pre- 
mier ordre  ,  si  le  ttambeau  de  la  cri- 
tique eût  éclairé  ses   recherches,   et 
s'il  eût  écarté  de  ses  livres  tant  de 
pièces  et  d'histoires  fabuleuses.   Ce 
qu'on  doit  le  plus  estimer  dans  ses 
écrits  est  la  variété  prodigieuse  des 
matériaux  qu'il  a  amassés  pour  ceux 
qui  voudront  travailler  après  lui  sur 
les  sujets  qu'il  a  traités.  «  Il  eût  été 
à  souhaiter,  dit  Niceron ,  qu'il  eût 
su   retenir    son    impétuosité   nalu- 
lelle  ,  et  que   son  style  fût   moins 
aigre  et   moins  violent.  »  Les  ou- 
vrages qu'il  a  composés  ou  traduits 
forment  un  KecAieil  de   17  vol.  in- 
folio ,    imprimés  à  Ratisboune  en 
173/1,  et  années  suivantes.  Plusieurs 
sont  contre  les  hérétiques  ,  d'autres 
pour  les  jésuites,  et  quelques  -  uns 
sur    des    matières    d'érudition.    Le 
plus  connu  est   un  traité    savant  , 
mais  diffus.  De  cruce ,  3   t.  111-4", 
et   1   vol.  in-folio.    Daus  cette  col- 
lection curieuse  il  faut  avouer  qu'il 
y  a  plusieurs  choses  qui   n'ont  pas 
toujours  un  rapport  direct  avec  son 
sujet. 

GREVENBROECK ,  peintre  fla- 
mand ,  excellent  dans  les  Marines  , 
se  signala  sur  -  tout  dans  l'art  de 


GREV 

faire  des  figures  en  petit,  en  obser- 
vant exacleinent  la  perspective  et 
la  gradaliou  des  diflëreiis  plans,  les 
jours  et  les  ombres  ,  en  un  mot,  la 
vérité  des  objets.  H  vivoit  daus  le 
l'j"  siècle. 

t  GREVIL  (  Foulques  )  ,  cheva- 
lier du  bain  et  baron  du  royaume  , 
né  dans  le  comté  de  Warwick  en 
i55zj,  contribua  à  la  renaissance 
du  bon  goût  en  Angleterre.  Ses 
deux  tragédies ,  Jtakani  et  Mus- 
tapha ,  i65S,  in-f'ol.  ,  laites  sur  le 
modèle  des  anciens  ,  ainsi  que  son 
Histoire  des  quatorze  premières, 
années  de  Jacques  F',  i65i,in-4°, 
obtinrent  un  succès  mérité.  Vin  de 
ses  domestiques  l'assassina  en  )62b, 
à  74  ans  ,  et  se  tua  lui-même  sur- 
le-champ. 

t  GRE  VIN  (Jacques),  poète 
français  et  latin  ,  né  à  Clerniont 
eu  Beauvoisis  l'an  i558,  mit  au 
jour,  dès  l'âge  de  i5  ans,  une  tra- 
gédie, la  Mort  de  César,  représen- 
tée au  collège  de  Beauvais  en  i56o; 
deux  comédies,  /a  Trésor ière  cl  /es 
Ebahis ,  et  une  J-'astora/e  impri- 
mées en  iô6o,  in-S" ,  par  Robert 
Estienne.  Le  Théâtre  de  Jacques 
Grevin  parut  en  i562  in -S".  On 
admira  ces  pièces,  moins  pour  leur 
mérite,  qu'à  cause  de  la  jeunesse  de 
l'auteur.  Marguerite  de  France,  du- 
chesse de  Savoie  ,  qui  i'avoil  mené 
en  Piémont  avec  elle  ,  le  ht  son  wié- 
decin  et  son  conseiller.  Il  mourut  à 
Turin  le  5  novembre  lôyo.  Les 
Foésiesàe  Grevin  ne  sont  plus  con- 
nues; ils'en  trouve  unegrande  partie 
dans  le  volume  de  ses  Amours,  qui 
a  pour  titre  Y  Olympe,  et  imprimé, en 
i56i  ,  in-S".  Il  étoit  calviniste,  et 
se  joignit  à  La  Roche-Chandieu  et  à 
Florent  Chrestien  pour  travailler 
à  la  pièce  ingénieuse ,  intitulée  le 
Temple  ;  satire  contre  Ronsard  ,  qui 
avoit  fort  maltraité  les  cal\  inisles 
dans  son  Discours  sur  les  misères 
du  temps.  Greyiu  se  méloil  aussi  de 


GREU 


77 


médecine  ;  et  un  de  ses  Oiturages 
contre  r antimoine ,  publié  en  iSfiG, 
in-.'î",  Ht  i)ro.>ciire  ce  remède  jiar  la 
l'acuité,  ('elte  dél^nse  fut  couiiin;ée 
par  nu  arrêt  du  parlement.  Paiil- 
mier,  médecin  de  Paris,  convaincu 
d'en  avoir  fait  usage,  fut  diassé  en 
iGog  de  son  corps.  On  a  encore  de 
lui  \\n  Traité  des  venins,  in-zj°  , 
qu'on  a  traduit  eu  latin  ;  une  Des- 
cription du  Beauvoisis  ,  Paris  , 
1 5.58  ,  in-S"  ;  Parti u m  corporis  hu- 
mant, lum  sitnplicium ,  tum  com~ 
positarum  ,  brevis  elucidatio. 
Luletiœ,  i565  ,  in- fol.  ;  Antver- 
pia3  ,  1672  ,  iu-fol.  :  c'est  un  abrégé 
de  J-'ésale  ;  et  cinq  livres  de  l'im- 
posture et  tromperie  du  diable  , 
traduit  du  latin  de  Jean  Vier  ;  Paris, 
1577,  in-8*>. 

*  1.  GREUTER  (  aiatthieu),  gra- 
veur allemand  ,  né  à  luspruck  eu 
i5  2/(,  a  gravé  eu  Italie  diverses  es- 
taiiipes, entre  ^n\.tes,V Embrasement 
de  Troie ,  d  après  Lanfranc. 

*  II.  GREUTER  (Jean-Frédéric  ), 
H's  el  élève  du  précédent,  l'un  des 
meilleurs  graveurs  de  son  temps, 
né  à  Frauctort  en  i566  ,  s'éta- 
blit à  Rome.  Il  y  a  gravé  plusieurs 
estampes  ,  où  l'on  trouve  beau- 
coup de  correction  de  dessin  ;  ou  re- 
marque principalement  les  l'orges 
de  Vulcaiii  ,  où  se  voient  deux 
hommes  qui  tiennent  un  écussou  aux 
armes  d'un  cardinal ,  gravées  d'après 
Lanfranc  ;  Ilarc- Antoine  Colonne 
porté  en  triomphe  par  les  divinités 
mannes ,  d'après  P.  de  Cortone;  la 
Mort  de  sainte  Cécile  ,  d'après  Le 
Dominiquin;  une  Grande  bataille 
d'après  Ten»peste.  Diverses  autres 
pièces  d'après  Le  Pomerange,  André 
d'Ancoue,  Josepiu,  Le  Guide,  Vouet, 
Stalla,  etc. 

*  GREUZE,  peintre,  né  à  Tournus 
près  Màcon,  en  1  72.5,  n'eut  de  guide 
que  son  génie.  Après  avoir  éU'dié  à 
Rome .  et  admiré  dans  les  prin.ipalts 


;8 


GREU 


villes  les  chefs-dœuvre  dont  elles 
etoieut  alors  embellies,  il  revint  en 
France  avec  un  lalenl  qui  setoit  dé- 
veloppé, pour  a, usi  dire,  jusqu'à  la 
perfection  ,  et  qui  lui  attira  autant 
dadniiraleursqued'envieux.  La  J'rai- 
clieur  et  le  précieux  de  son  coloris  ne 
le  cèdent  eu  rien  à  celui  de  Van  Dick 
et  à  la  manière  large  et  franche  de 
Rembrandt.  Enthousiaste  de  son  art , 
Greuse  disoil  que  la  peinture  éloit 
un  champ  vaste  et  sans  limites 
que  le  génie  seul  pouvoit  agrandir. 
Quelques  connoisseurs  lui  ont  repro- 
ché d  avoir  donné  les  mêmes  airs  de 
tête  à  presque  tous  les  personnages 
de  ses  tableaux.  Ce  peintre  prenoit 
ses  modèles  dans  sa  famille;  les  traits 
de  sa  femme  et  ceux  de  ses  filles  sont 
ceux  qui  se  reproduisent  sans  cesse 
sous  ses  pinceaux.  L  humeur  difficile 
de  son  épouse  ,  dont  il  fut  toujours 
amoureux  ,  empoisonna  sa  vie.  11 
mourut  à  Paris  en  i8o5,  âgé  de  7g 
ans  ,  laissant  deux  hlles  ,  dont  l'une, 
nommée  Anna,  a  hérité  de  ses  ta- 
lens.  iMadame  Caroline  de  Valory  , 
élève  de  Greuse  ,  Un  a  consacré  l'épi- 
taphe  suivante  : 

Ci-gît  Greuze,   peiiilre  i-ni;hatUeur  ; 
De  iMrl,   par  une  iDule  sûre, 
11  sut  aUeindie  la  linuleur 
Jit  rivalisti-  la  uaUcie. 

Ce  peintre  ,  original  dans  le  choix 
de  ses  sujets,  et  dans  sa  manière  de 
les  composer  ,  l'est  encore  dans  sa 
couleur,  et  dans  son  dessin.  Un  de 
ses  caractères  distinclifs  est  de  di- 
riger vers  nn  but  moral  ses  concep- 
tions, qui  presque  toutes  éveillent  la 
sensibilité  ,  el  inspirent  la  vertu  : 
c'est  un  vieillard  au  milieu  de  sa 
famille  assemblée  ,  el  l'instruisant 
par  une  sanite  lecture;  un  père  pa- 
ralytique trouvant  encore  de  douces 
jouissances  au  milieu  de  ses  enfans 
empressés  à  le  consoler  ;  nu  père 
désespéré  ,  maudissant  d'une  main 
tremblante  un  fils  coupable:  mi  époux 
heureux  arrivant  de  hi  chasse  ,  et 


GREU 

jouissant  avec  transport  du  spectacle 
attendrissant  de  son  éjjouse  accablée 
des  caresses  de  son  eulaiil ,  et  enivrée 
du  bonheur  maternel.  Il  a  peint  une 
dame  de  charité  condui.^anl  sa  jeune 
lille  dans  les  tristes  asiles  des  maux 
et  de  la  pauvreté  ,  et  lui  donnant  les_ 
premières    leçons    de    la    pitié    qui 
vient  secourir  et  consoler  la  misère 
et  le   malheur.   Greuze  étoit  facile 
et  abondant  dans  ses  compositions, 
comme  on  en  peut  juger  par  ses  ta- 
bleaux ,  el  par  le  nombre  prodigieux 
de  ses  dessins  répandus  el  estimés 
dans   toute    l'Europe.  Comme    tout 
homme  bien  organisé,  il  a  répandu 
un  ion  de  volupté  sur  tout  ce  qu'il  a 
fait,  non  pas  en  la  présentant  sous 
un  aspect  dangereux  pour  les  mœurs, 
car  on  pourroit  presque  dire  qu'il  a 
donné  ce  ton  mèmeaux  peintures  de 
la  vertu.  11  s'est  beaucoup  occupé  de 
l'expression  ;  c'est  aussi  uat  des  par- 
ties de  la  peinture  qui  assure  sa  cé- 
lébrité; peul-etre  peut-on  lui  repro- 
cher un  peu  d'affdctation  et  quelque 
chose  d'un  peu  ihéàlral.    On  peut 
le  blâmer  encore  d'avoir  cherché  à 
imiter   la  nature  avec  des  méplats 
trop  uniformes  el   trop  affectés  ,  ce 
qui  donne  souvent  à  ses  peintures 
l'air  d'ébauches  de  sculpture.  Sa  cou- 
leur ,  belle  el  harmonieuse  ,  se  com- 
pose  en    général   de    trop  de   tons 
violets  ;  mais  ces  mêmes  teintes  sont 
pleines  de  vérité,  et  font  le  point 
distinclif   de    son    originalité    dans 
cette  partie.  Son  tableau  de  la  FetUe 
fille  au  chien  passe  pour  son  chef- 
d'œuvre  ;  c'est  sa  manière  avec  toute 
son  originalité,  approchant  de  plus 
près  l'imitation  piiriaitede  la  nature. 
Ses  tètes,  ses  demi-figures,  répan- 
dues dans  tous  les  cabinets  de  1  Eu- 
rope ,  ont  beaucoup  de  vérité  ,   soit 
dans  la  couleur,  soit  dans  la  dégra- 
dationde  la  lumière,  soildansle  des- 
sin plein  d'esprit  el  de  vie.  Le  repro- 
che le  plus  fondé  que  f  on  puisse  faire 
à  Greuze  est  sa  négligence  dans  le 
(iui  des   draperies  ;    ce    défaut    est 


GREW 

même  chez  lui  un  principe  ;  il  les 
uégligeoit  exprès  pour  faire  briller 
les  chairs.  Le  plus  bel  ouvrage 
qui  soit  sorli  de  ses  savanles  mains, 
dil  M.  Talaisson  ,  est  Sainte  Marie 
Egyptienne  ;  ce  n'est  pas  un  ta- 
bleau ,  c'est  un  èlre  animé  ,  c'est 
la  beauté  idéale  ,  la  nature  pcrlec- 
lionuée  qui  sans  doute  a  lait  ima- 
giner les  auges  ;  la  Fénilc/ile  de  la 
Théhaicie ,  réfugiée  dans  la  solitude 
d'un  rocher,  n'est  vetue  que  de  ses 
longs  cheveux,  de  sa  pudeur  et  de 
son  repentir.  Une  teinte  de  volupté 
se  mêle  au  sentiment  d'une  sainte 
admiration.  Si  l'on  s'éloigne  un  mo- 
ment de  ce  magique  tableau  ,  un  at- 
trait irrésistible  vous  y  ramené  bien 
vite,  comme  un  amant  revient  à  sa 
maîtresse  éplorée.  Ce  tableau  fut 
exposé  au  salon  de  1791.  Dans  un 
poème  sur  la  peinture,  par  Al.  H.  de 
Valory  ,  qui  a  paru  en  i^îog  ,  in-8°, 
on  remarque  les  verssuivaus  : 

Toi  ftn  i).iralvlit)ue  inimitalilc  aulciir, 
Grciizc  ,  tu  déployas  un  L'ilenl  créatciii-  ! 
Du  village  jjaroîl  la  raodestf  accordée  ; 
Pompeinilrela  vrrlu  ,  noble  fl  touclianle  idie  , 
Jl  Ini  falliiit  .   dil-on  ,  un  inodf-lo  ,   un  appui  ; 
Où  les  prit-il?  Sa  fille  iloit  aupiJ-sde  lui. 
Toujours  l'un  citera  ses  lêles  expressives  , 
Son  coloris  siia»e  el  hes  louches  nnïves  : 
Ses  ouvrages  poui  nous  sont  djs  contes  moraux. 
I>e  genre  humain  s'estime   -.1   voyant  se»  ta- 
bleinix. 

On  a  beaucoup  gravé  d'après  les  ou- 
vrages de  Greuze  ;  on  trouve  ses 
estampes  dans  les  apparlemens  des 
grands  ,  des  riches,  cliez  de  modestes 
bourgeois,  chez  de  pauvres  artisans; 
on  en  voit  dans  les  villages  ,  chez 
les  plus  simples  habitans  des  cam- 
pagnes. Cette  place  vaut  bien  celle 
du  piédestal  dune  statue. 

*  I.  GRE'W  (Obadiah),  théolo- 
gien anglais  non -conformiste  ,  né 
au  comté  de  Warwick  ,  mort  eu 
1689  ,  curé  de  Saint-Michel  de  Co- 
veniry  jusqu'à  la  restauration  ,  qu'il 
fut  dépossédé  et  mis  en  prison.  On 
a  de  lui  des   Sermons,!.    Sui'   la 


GREY  70 

parabole  de  l'enfant  prodigue  ;  W. 
Sur  la  pécheresse  justijiée  par  Jé- 
sns-C/trist ,  in-8°. 

t  II.  GREW  (  Néhémie  ) ,  méde- 
cin de  Londres,  mort  en  1711, 
connu  par  plusieurs  écrits  ,  1.  yîna- 
tomle  des  Plantes,  en  anj^lais ,  Lon- 
dres, 1682,  in-folio,  traduite  eu 
français,  I>eyde,  1691,  ou  Paris, 
1675  ,  in- 12.  II.  description  du 
Cabinet  de  la  Société  royale  de 
Londres ,  en  anglais ,  Londres,  1681, 
in-iolio,  figures.  111.  Cosmologie 
sacrée,  Londres,  1701  ,  in-folio. 

I.  GREY  (N.  ),  célèbre  physi- 
cien anglais  ,  s'occupa  l'un  des  pre- 
miers des  phénomènes  de  l'électri- 
cité,  et  publia,  en  1728,  le  résultat 
de  ses  expériences  et  de  celles  de  son 
ami  Wheeler  sur  ce  sujet.  Il  démon- 
tra la  communication  de  l'agent 
électrique  duu  corps  à  l'aiilre,  sans 
qu'il  y  eût  même  de  contact  inimé- 
dial.  11  découvrit  qu'en  susptndant 
une  baguette  de  1er  avec  des  cordons 
de  cheveux  ou  de  soie,  et  meltaul 
an-dessous  d'elle  un  tube  agité,  on 
pouvoit  retirer  des  éliucelles  des  ex- 
trémités de  cette  baguette,  et  y  aper- 
cevoir delà  lumière  daus  l'obscunié. 
Grey  est  mort  au  milieu  du  18® 
siècle. 

*  II.  GREY  (Richard),  savait 
tlîéologien  anglais  ,  né  en  169.")  , 
mort  en  1771  ,  élève  du  collège  di; 
Lincoln  à  Oxford^  où  il  lut  re(,u 
raaitre-ès-arts  en  1718.  Grey  fi^t 
curé  successiv^enient  de  Kilncote,  de 
Leicester  et  de  llinlon  ,  au  coir.li 
de  Norihamplon  ;  il  fut  aussi  cha- 
noine de  la  cathédrale  de  St. -Pai.î.  !1 
a  laissé  beaucoup  d'ouvrages,  dont 
les  principaux  sont  ,  I.  Idemoria 
technica  ,  ou  Nam'elle  inéthode  de 
Mémoire  artificielle ,  in- 1  2 .  H.  Sys- 
tème de  la  JJgislotian  ecclésias- 
tique en  .Angleterre  ,  iu-8°.  l/iiu;- 
versité  d'Oxford  lui  conféra  le  é^■.■  • 
lorat  pour  cet  ouvrage,  \\\.Mèl'iQ(,s 


8o 


GRIB 


7iouvelle  el  facile  pour  apprendre 
l'hébreu  (  sans  points) ,  in-8°.  IV. 
Z,e  liure  de  Job  en  vers.  V.  Les 
dernières  paroles  de  David.  Il 
passe  pour  auteur  d'un  pamphlet 
anonyme  ,  intitulé  Le  misérable 
état  de  la  religion. 

*  111.  GREY  (Zacharie  ),  théolo- 
gien anglais,  né  en  1696  au  comté 
d'Yorck,  mort  en  1766  ,  très-connu 
par  sou  édition  d'Hi/dibras  ,  enri- 
chie d'un  grand  nombre  de  notes 
curieuses  ,  2  vol.  Ce  même  docteur 
a  donné  encore  v\\\e.  Notice  sur  S/ia- 
hespeare ,  2  vol.;  el  une  Réponse 
à  l'Histoire  des  puritains  par 
Réale ,  5  vol.  in-S". 

*  GRIBALDI  (  Matthieu  ) ,  sur- 
nommé Mofa,  de  Chieri  en  Pié- 
mont, excellent  jurisconsulte ,  pro- 
fessa à  Padoue  ,  à  Pise,  à  Péruse  el 
à  Pavie  jusqu'en  ibôi .  Ayant  été 
accusé  d'hérésie,  il  quitta  l'Italie,  et 
se  retira  à  Genève.  Il  passa  ensuite 
à  Lyon,  où  il  mourut.  On  a  de  lui 
trois  livres  de  Metliodo  et  ratione 
studendi  injure  civili ,  et  un  Com- 
mentaire inPandectas. 

*GRIBEAUVAL  (Jean-Baptiste 
Vaquette  de),  né  à  Amiens  le  ib 
septembre  17  i5  ,  mort  eu  1789.  En- 
tré comme  volontaire  au  corps  royal 
d'artillerie,  Gnbeauval  fut  fait  otli- 
cier  pointeur;  el  comme  ilétoit  très- 
instruit  dans  la  partie  des  mines  , 
on  le  nonnna  peu  après  capitaine  de 
mineurs.  Sur  la  réputation  de  son 
savoir  ,  le  ministre  de  la  guerre  , 
d'Argenson  ,  le  choisit  pour  aller 
prendre  des  renseiguemens  sur  l'ar- 
tillerie prussienne.  Il  s'acquitta  de 
celte  comtnissiou  en  homme  habile, 
el  fut  fait  lieutenant-colonel  à  son 
retour.  Le  comltfdeBroglie  parlant 
pour  Vienne  ,  au  commencement  de 
Ja  guerre  de  sept  ans ,  obtint  de  la 
cour  la  permission  d'emmener  Gri- 
beauval  avec  lui.  Le  géuéral  Dauu, 


GRIB 

par  reconnoissauce  des  bons  offices 
qu'il  lui  avoil  rendus  auprès  de  l'im- 
pératrice-reine,  le  lit  nommer,  dans 
son  armée,  général  de  bataille,  com- 
mandant l'artillene,  le  génie  et  les 
mineurs.  Il  servit  eu  celte  qualité 
pendant  cinq  ans  dans  l'armée  au- 
trichienne, et  se  signala  teilemeut 
au  siège  de  Glatz,  que  le  général 
Laudon  se  plaisoit  à  convenir  qu'il 
lui  devoil  le  succès  de  celle  brillante 
expédition.  La  défense  de  Schveid- 
nitz,  forteresse  délabrée,  qui  ne  se 
rendit  au  roi  dé  Prusse,  y  comman- 
dant en  personne ,  qu'après  soixante- 
trois  jours  de  tranchée  ouverte, 
acheva  de  le  rendre  à  jamais  célèbre. 
Pourlerécoinpenserdesesservicessi- 
gnalés  ,  l'impéralrice-reine  l'éleva  au 
grade  de  feid-maréchal ,  et  le  décora 
de  la  grand'croix,  de  l'ordre  de  iMa- 
rie-Thérèse.  La  paix  étant  faite  ,  le 
duc  de  Choiseul,  alors  ministre, 
désiroil  le  retour  de  Gribeauval  eu 
France  ;  mais  n'ayant  point  à  lui 
offrir  des  avantages  équivaleus  à 
ceux  dont  il  jouissoil  eu  Autriche, 
il  hésitoit  à  lui  proposer  de  revenir  ; 
cependant,  au  premier  mot  qui  lui 
eu  fut  dit ,  ce  guerrier  revit  sa  pa- 
trie ,  et  s'y  couleula  du  grade  de 
maréchal-de-camp.  Peu  après  ,  il  fut 
nommé  iu  *  cteur-général  de  l'ar- 
tillerie et  commandant  en  chef  du 
corps  des  mineurs.  Ce  fut  alors  , 
qu'occupé  sans  relâche  des  chauge- 
niens  utiles  qu'il  méditoit  depuis 
long-temps  dans  la  coustiuition  du 
corps  royal  de  l'artillerie,  il  rédi- 
gea, en  1764  ,  celle  ordonnance  qui 
hxe  la  proportion  des  troupes  de 
rarlillene  relative  à  la  force  des 
armées,  et  eu  détermine  l'emploi. 
Dès  l'année  i7.'J2,  à  sou  retour  de 
Prusse,  il  avoit  conçu  et  écrit,  re- 
lativement à  l'artillerie  de  cam- 
pagne, des  projets  que  l'expérience 
acquise  pendant  la  guerre  de  sept 
ans  le  metloit  à  même  de  réaliser. 
Partisans  de  la  a  ieille  routine,  beau- 
coup  d'officiers  d'artillerie,   parmi 


GRÎB 

lesquels  sr   Irou voient    même    des 
hommes  distingués  par  leurs  coii- 
iioissances,  crièrent  à  l'inuovatiou  : 
il  falloit  les  combattre  et  les  con- 
•vaincre  ;    c'est  ce   qu'il  fit  avec  la 
plus  grande  modération,  en  démon- 
trant rutilité  des  changemens  qu'il 
proposoit  d'une  manière  si  précise, 
que  son  nouveau  système  obtint  en 
peu  de  temps  le  suffrage  universel. 
Parvenu  an  point   qu'il  ambition- 
noit  d'atteindie  pour  l'avantage  de 
sa  patrie,  il  ne  s'arrête  pins  :   les 
écoles  d'artillerie,  jusqu'alors  négli- 
gées ,  sont  établies  sur  un  excellent 
pied  ;  les  manufactures  d'armes  ,  les 
iorges,  les  fonderies,  enhn  ,  toutes 
les  parties  soumises  à   sa  surveil- 
lance renaissent   en   quelque    sorte 
sous   son   administration.  Par  lui  , 
Ions  les  ateliers   des    ai'seuaux  de 
construction     travaillent    dans    le 
même  genre  et  dans  les  mêmes  pro- 
portions ;   de   sorte   qu'on  ne    voit 
plus,   comme  autrefois,  des  pièces 
appartenant  à  un  train  d'artillerie  , 
île  pouvant  servir  à  un  antre  ,  parce 
quelles  étoient  laites  sur  des  modèles 
diflerens  entre  eux  par  la  forme  el 
les  dimensions.  La  similitude  par- 
faite qu'il   a   élablie  dans    tous  les 
arsenaux  de  construction  de  France 
est  peut-être  la  plus  grande  preuve 
qu'il  ait  donnée  de  sou  génie.   Au 
reste  ,  il  n'est  pas  une  partie  relative 
à  l'artillerie,  tant  de  siège  que  de 
campagne  ,  qu'il  n'ait  recréée  ou  ré- 
formée.  Gribeauval  ,  mort  lieute- 
nant-général des  armées,  victime 
d'une   maladie  douloureuse  et   Irop 
longue  ,  a  vu  avec  le  calme  d'une 
conscience  sans  reproche  arriver  son 
dernier  moment. 

t  GRIBNER  (  Michel  -Henri  ) , 
né  à  Leipsick  eu  1682,  fait  pro- 
fesseur en  droit  à  Witlemberg  ,  d'où 
il  passa  à  Dresde,  et  enfin  à  Leip^ 
sick,  où  il  avoit  été  appelé  pour 
succéder  au  célèbre  Mencke ,  son 
beau -père,  mourut  eu  i"Oi\,  à 
T.  viir. 


GRIE 


8r 


L^&  ans.  C'étoit  un  homme  de  bien, 
un  savant  tliariu.tjle  et  laborieux, 
cjui  rendit  de  grands  services  à  l'uni- 
versité. Outre  phisiei'.rs  Disse/ fa- 
llu/is  académiques ,  on  a  de  lui  des 
Ouvrages  de  Ju/i^yj/udeuceen  latin. 

*GR1ENPERGER  (Chri<.tophe  ), 
jésuite  ,  natif  du  Tiro! ,  jîiolesàa 
avec  réputation  les  maihén.;t(;ques 
à  Rome,  à  Gratz,  el  eu  difj'érens 
collèges  du  cercle  d'Autriche.  11 
mourut  en  1606,  âgé  de  7,1  ans; 
il  a  publié  Elernenla  EuvUdis  con- 
tracta, Gratz,  i636,et  quelques 
autres  oui-'rages. 

*  G  RIE  R  S  ON  (Constance), 
femme  d'un  imprimeur ,  versée  dans 
la  lilléralure  grecque  et  latine,  l'his- 
toire, la  théologie,  la  inri.'prudenc^ 
la  philoi;,ophie,  les  nialhénialiques, 
el  entendant  même  l'hébreii ,  née 
en  Irlande  en  J706  ,  et  morte  eu 
1755,  à  l'âge  de  vingt-sept  ans, 
a  composé  des  fers  ajiglais.  Mis— 
triss  Carber  a  conservé  quelqiles-unes 
de  ses  pièces  fugitives  ,  el  il  s'en 
trouve  deux  dans  les  îMémoires  da 
mistrissPiikinglon.  C'est,  avec  deux 
Dédicaces  latines  et  une  Epi- 
gramme  grecque ,  tout  ce  que  l'on 
possède  de  celle  femme  inléressante. 
Elle  avoit  fait  un  Précis  de  l'His- 
toire d'Angleterre ,  qui  ne  se  re- 
trouva point  après  sa  mort.  On  a 
d'elle  une  Edition  de  Tacite  et  une 
de  Térence.  Ce  fui  elle  qui  procura 
àson  mari  une  patente  d'imprimeur 
du  roi  en  Irlande,  qui  voulut ,  pour 
marque  de  sou  estime  pour  Cons- 
tance, que  son  nom  y  [ùl  inséré. 

*  GRÈVES  (George),  né  aux 
Etats-Unis  de  l'Amérique,  et  mort 
à  Bruxelles  eu  1809,  après  s'être 
signalé  comme  militaire  dans  la 
guerre  de  l'indépendance  améri- 
caine, se  fit  une  réputation  dans  les 
sciences  et  les  lettres  par  la  publi- 
cation de  divers  Ouvrages  anglais  et 
français.  Ses  concitoyens  lui  don- 
^  6 


82 


GRIF 


nèrent  nue  preuve  de  leur  estime  , 
eu  le  dépulaut  comme  envoyé  ex- 
traordiuaii-e  auprès  des  états-géné- 
raux des  Provinces  Unies.  Grieves 
fut  lié  d'amitié  avec  beaucoup  dhom- 
nies  célèbres,  tels  que  Wasbington, 
Jeffersou,  Franklin,  Fox,  etc. 

t  GRIFFET  (Henri),  jésuite, 
prédicateur  du  roi,  né  à  Moulins 
en  Bourbonnais  le  9  octobre  1698, 
mort  le  22  février  1776  à  Bruxel- 
les, où  il  sétoit  relire  après  la  des- 
truction de  sa  société  en  France  , 
a  donné ,  1.  Une  nouvelle  Edition 
de  l'Histoire  de  France  du  P.  Da- 
niel,  Paris,  1706,  17  volumes  in- 
4°,  et  Amsterdam,  1768,  24  vol. 
in-i'i,  avec  des  Dissertations  &n- 
(iranteset  curieuses.  Les  tomes  XUI, 
XtV  et  XV  contiennent  une  His- 
toire du  règne  de  Louis  XIII,  qui 
appartient  entièrement  à  1  éditeur , 
et  qui  est  écrite  avec  autant  de  sa- 
gesse que  d'exactitude.  II.  Traité 
des  différentes  sortes  de  prévues  qui 
servent  à  établir  la  périté  de  l' his- 
toire ,  Liège,  1769,  iii-12  :  livre 
sensé  ,  judicieux  ,  solide  ,  sur  les 
moyens  de  connoitre  la  vérité, 
quand  on  écrit  ou  qu'où  étudie  l'his- 
loire.  in.  Des  Sermons  ,  à  Liège, 
1767,  4  vol.  in-8°  et  in-12.  Son 
éloquence  est  très-médiocre,  et  il  y 
a  du  vide  et  de  la  sécheresse  dans 
certains  discours.  IV.  Divers  Ou- 
vrages de  piété  ,  parmi  lesquels  on 
dislmgue  son  Année  du  Chrétien  , 
Pans,  174?  >  'î^  ^'^^-  iii-i2.  V.  Des 
Poésies  latines,  in-8°;  pièces  faites 
pour  les  collèges,  et  qui  ne  méri- 
toient  pas  d'en  sortir.  Il  avoit  pro- 
fessé avec  distinction  à  celui  de 
Louis-le-Grand.  VI.  Une  bonne 
Edition  des  Mémoires  du  P.  d'Avri- 
gny ,  pour  l'Histoire  profane ,  Paris , 
1757  ,  5  vol.  in-12  ,  avec  des  aug- 
mentations et  des  corrections  utiles. 
Vil.  Insuffisance  de  la  Religion 
naturelle  ,  Liège,  2  vol.  in-12.  Sous 
ce  titre  il  a   donué  tout  ce  qu'il 


GRIF 

avoit  dans  son  porte-feuille  sur  les 
matières  de  religion ,  et  même  sur 
celles  qui  n'y  ont  que  peu  de  rap- 
port. VIII.  Une  Edition  des  Déli- 
ces des  Pays-Bas  ,  avec  des  augmen- 
tations ,  Liège,  1769,  5  volumes 
iu-12. 

GRIFFIER  (Jean),  peintre  con- 
nu sous  le  nom  de  Gentilhomme 
d'Utrecht  ,  ué  à  Amsterdam  eu 
i658,  et  mort  à  Londres,  s'at- 
tacha particulièrement ,  et  réussit  à 
représenter  les  plus  belles  F'ues  de 
la  Tamise.  Il  excelloit  dans  le 
paysage.  Robert  GuiFFiEa,  son  fils, 
soutint  avec  honneur  la  gloire  de  son 
père. 

*GRIFF1N ,  prnice  de  Galles ,  der- 
nier souverain  de  ce  pays  ,  avant  sa 
réunion  an  royaume  d'Angleterre, 
mort  eu  io5o.  Edouard-le-Confes- 
seur  le  fit  mourir  à  Londres. 

GRIFFITH  (  Michel  )  ,  connu 
aussi  sous  les  noms  d'Alford  et  de 
Jean  Flood  ,  naquit  à  Londres  eu 
1 587,  étudia  la  philosophie  à  Séville, 
entra  dans  la  société  des  jésuites 
aux  Pays-Bas ,  de  là  passa  succes- 
sivemeut  à  Naples  et  à  Rome ,  re- 
tourna vers  1626  en  Angleterre  , 
où  il  exerça  les  fonctions  de  mis- 
sionnaire pendant  trente-trois  ans , 
et  mourut  à  Saiut-Omer  en  i652. 
Nous  avons  de  lui ,  I.  Annales  Ec- 
clesiœ  Britannicœ  ,  etc.  ,  Liège, 
1 665 ,  4  volumes  in-folio.  L'auteur  a 
suivi  la  méthode  de  Baronius.  Ces 
annales ,  fruit  de  bien  des  recher- 
ches, ont  beaucoup  servi  au  père 
Serein  Cressy,  bénédictin  anglais  , 
pour  son  Histoire  ecclésiastique, 
il.  Britannia  illustrata,  Anvers, 
1641,  iu-4°,  enrichie  de  disserta- 
lions  sur  la  Pàque  des  Bretons ,  le 
Mariage  des  clercs,  etc. 

*  GRIFFITHS  (  Raoul  ) ,  homme 
de  lettres  et  libraire  d'Angleterre  , 
né  au  comté  deShropen  1720,  mort 
eu   i8o3  ,    teuoit  uu    magasiu   de 


GRIG 

librairie  à  Louches.  En  1749  il 
commença  le  Monthly  Review  ; 
le  succès  n'eu  fut  pas  d'abord  ra- 
pide ,  mais  il  parvint  enfin  à  être  le 
premier  des  ouvrages  périodiques.  Il 
étoil  à  la  fois  éditeur  et  propriétaire 
de  cet  ouvrage ,  pour  lequel  il  fut  de 
temps  en  temps  aidé  parles  premiers 
taleus  de  l'Angleterre.  Long-temps 
avant  sa  mort  il  avoit  quitté  les 
afii\ires  et  s'étoit  retiré  à  Turnahm- 
Greeu  ;  le  collège  des  Américains 
lui  donna  le  doctorat  eu  droit  sans 
qu'il  l'eût  demandé. 

GRIGNAN  (  Françoise  -  Mar- 
guerite UE  SE  VIGNE,  comtesse  de  ), 
iille  de  Henri,  marquis  de  Se  vigne, 
d'uue  très-ancienne  maison  de  Bre- 
tagne ,  et  de  Marie  de  Rabulin  , 
daraede  Chantai  et  de  Bourbilli,  etc., 
née  en  1646,  fut  aussi  connue  par 
sa  beauté  ,  que  distinguée  par  sa 
naissance  et  par  les  antres  dons  de 
la  nature.  Le  bruit  de  ses  charmes , 
de  sa  sagesse  et  de  son  esprit  l'avoit 
déjà  précédée  à  la  cour ,  lorsque 
madame  de  Sévigné,  sa  mère,  l'y 
mena  eu  1 663  pour  la  première  fois. 
La  cour  de  Louis  XIV  étoit  alors  le 
centre  des  plaisirs.  Mademoiselle  de 
Sévigné  y  plut,  et  représenta  divers 
personnages  dans  plusieurs  ballets 
qui  furent  domiés  en  présence  du 
roi  et  par  son  ordre,  en  i665,  64 
et  65.  Sa  vertu  autant  que  ses  char- 
mes la  firent  rechercher.  Elle  fut 
mariée  le  27  janvier  1669,  à  Fran- 
çois Adheraar  de  Monteil,  comte  de 
Griguau  ,  chevalier  des  ordres  du 
roi ,  lieutenant-général  an  gouver- 
"nemeut  de  Provence  et  des  armées 
de  sa  majesté.  Peu  de  temps  après, 
le  service  du  roi  appela  son  époux 
eu  Provence ,  où  il  commanda  pres- 
que toujours  eu  l'absence  du  duc  de 
Vendôme,  qui  en  étoit  gouverneur. 
Madame  de  Grignan ,  obligée  de 
l'y  suivre  ,  y  fit  de  fréquens  voya- 
ges ,  qui  ont  donné  lieu  en  partie 
aux  Lettres  de  sa  mère.  Madame  de 


GRIM 


83 


Grignan  mourut  en  1700,  avec  la 
douleur  d'avoir  vu  descendre  au 
tombeau  sou  fils  un  an  auparavant. 
Elle  avoit  beaucoup  d'esprit ,  mais 
un  esprit  moins  naturel  que  celui  de 
sa  mère.  Sou  mari  mourut  en  1714, 
à  85  ans;  elle  en  avoit  eu  ,  fulre  sou 
fils  ,  deux  filles  ,  l'une  ,  du^tinguée 
par  ses  vertus  ,  sou  esprit  et  ses  lu- 
mières, dont  il  est  fait  mention  dans 
les  lettres  de  madame  de  Sévigué  , 
sous  le  nom  de  Pauline,  morte  en 
1707  ,  avoit  épousé  M.  de  Simiane, 
marquis  d'Esparon.  La  seconde  fille 
de  madame  de  Grignan  se  fit  reli- 
gieuse à  Aix.  Koyez  Sévigné. 

GRILLOT  (Jean  -  Joseph  ),  clerc 
tonsuré ,  puis  chanoine ,  mort  à  Cha- 
blis ,  sa  patrie,  en  1765,  mis  au 
carcan  eu  1731 ,  pour  avoir  favorisé 
l'impression  de  quelques  brochures 
satiriques  contre  les  adversaires  du 
jansénisme,  se  retira  en  Hollande, 
où  il  publia  les  Mémoires  de  Lan- 
celot,  de  Fontaine  et  de  Dufossé  ,  et 
les  (Eu\>res  de  Colbert,  évèque  de 
Montpellier.  Sa  vie  ne  fut  qu'une 
vicissitude  continuelle  de  prisons  et 
d'exils  ;  mais  il  aimoit  à  souffrir 
pour  ce  qu'il  appeloit  la  bonue  cause. 

*  I.  GRIMALDI  (François-Marie), 
né  à  Bologne  en  i5i8,  d'une  famille 
illustre  ,  entré  chez  les  jésuites  à 
l'âge  de  i5  ans,  s'acquit  en  peu  de 
temps  une  grande  réputation,  et  se 
distingua  sur-tout  dans  la  physique 
et  l'astronomie.  Sou  traité  de  Lu- 
mine  et  coloribus  iridis  a  servi 
beaucoup  à  ceux  qui  ont  écrit  après 
lui  sur  cette  matière.  {VoyezXio- 
MiNis.  )  Newton  en  a  pris  plusieurs 
principes  fondamentaux  de  son  op- 
tique. Le  père  Griraaldi  avoit  cru 
reconnoitre  une  différente  refraugi- 
bililé  dans  les  rayons.  Newton  n'a 
pas  hésité  d'adopter  cette  idée,  qui , 
aujourd'hui,  est  combattue  par  des 
physiciens  du  premier  nom ,  et  par 
des  expériences  qui  paroisseul  déci- 


84 


GRIM 


sives.  II  esl  aussi  le  premier  qui  ait  ob- 
servé la  diffraction  de  la  lumière  qui 
ne  pou  voit  pas  passer  près  d'un  corps, 
«aus  s'eu  approcher  et  se  détourner 
de  sou  chemin.  11  travailla  long- 
temps avec  Riccioli ,  augraeula  ,  de 
coucerl  avec  lui  ,  de  3o5  tStoiies  le 
catalogue  de  Kepler,  et  mourut  eu 
a  552.  Quelques-uns  lui  attribuent  la 
dénomination  des  taches  de  la  lune , 
mais  elle  est  de  Riccioli  ,  et  c'est 
pourquoi  ou  y  trouve  le  nom  de 
Griraaldus  entre  ceux  des  philoso- 
phes illustres,  et  non  pas  celui  de 
Riccioli,  qui  ne  pouvoit  pas  décem- 
ment l'y  placer  lui-même. 

*  II.  GRLMALDI  (Dominique), 
archevêque  et  vice-légat  d'Avignon, 
abbé  de  Montmajor-les-Arles,  etc. , 
fils  de  Jean  -  Baptiste  ,  seigneur 
de  Monlaldeo  ,  et  chevalier  de  la 
toison  d'or  ,  fut  nommé  ,  par  le 
pape  Pie  V,  commissaire-général  des 
galères  de  l'Eglise ,  et  se  trouva  à  la 
bataille  de  Lépante  l'an  iSyi.  De- 
puis ,  il  fut  évêque  de  Savone  l'an 
i58j  ,  sous  Grégoire  XllI  ,  qui  le 
transféra ,  trois  ans  après ,  à  l'évèché 
de  Cavaiilon  ,  dans  le  coratat  Venais- 
sin  ,  et  peu  api^ès  le  nomma  à  l'iu'- 
chevèché  et  à  la  vice-légation  d'Avi- 
gnon. Grimaldi,  mort  l'an  i.'iga, 
a  laissé  un  volume  de  lettres  qui 
n'ont  pas  été  publiées. 

III.  GRIMALDI  ( Jean- Fran- 
çois ) ,  surnommé  le  Bolognèse, 
parce  qu'il  étoit  de  Cologne  ,  ué 
en  i6o6  ,  élève  et  parent  des  Car- 
rache  ,  s'acquit  une  réputation  aussi 
étendue  que  la  leur.  Le^  papes  In- 
ïiocent  X  ,  Alexandre  VII ,  et  Clé- 
iiient  IX  l'honorèrent  de  leur  pro- 
tection. Le  cardinal  Mazarin  l'ayant 
fait  venir  eu  France,  employa  son 
pinceau  à  embellir  le  Louvre  et  son 
palais.  De  retour  à  Rome,  il  fut  élu 
prince  de  l'académie  de  Saint-Luc. 
Ses  manières  nobles  et  son  cœur 
bienfaisant  lui  avoient  fait  autant 
d'amis    que  ses   lalens  lui  avoient 


GRIM 

clonné  d'admirateurs.  Touche'  de 
l'étal  d'indigence  d'un  gentilhomme 
sicilien  logé  près  de  lin,  il  alla  jeter 
plusieurs  fois  de  l'argent  dan»  sa 
chambre  sans  se  laisser  apercevoir. 
Le  genlilhoinuie,  ayant  euHn surpris 
son  bienfaiteur,  tomba  à  ses  pieds  , 
pénétré  d'admiration  et  de  recou- 
noissauce.  Le  Rolognèse  le  prit  alors 
dans  sa  maison,  el  en  fit  sou  meil- 
leur ami.  Cet  honnne  célèbre  excel- 
loii.  dans  le  paysage  ;  le  feuille  en  est 
admirable;  ses  sites  sont  très-heu- 
reusement choisis;  son  pinceau  est 
moelleux ,  son  coloris  agréable.  Ses 
Dessins ,  ainsi  que  ses  Gravures , 
sont  tres-goûtés  des  artistes.  Il  mou- 
rut à  Rome  en  i6So. 

*  ly.  GRIMALDI  (  Jérôme  )  , 
noble  génois,  cardinal  du  titre  de  la 
Sainte  -  Trinité  in  monte  Pincio  , 
archevêque  dAix  eu  Provence  el 
évêque  d'Albano,  fils  de  Jean-Jac- 
ques Grimaldi,  baron  de  Saint-Félix 
au  royaume  de  Napels  ,  fut  vice-' 
légat  du  patrimoine ,  gouverneur  de 
Rome ,  nonce  en  Allemagne  l'au 
\^o2  ,  nonce  en  France  l'an  1641, 
et  créé  cardinal  par  Urbaai  VIII 
l'an  1G42.  Par  le  décès  du  cardinal 
Farninelti  il  étoit  devenu- doyen 
du  sacré  collège  ;  rattachement  qu'il 
avoit  pour  son  église  l'empêcha 
d'aller  à  Rome  jouir  des  hoimeurs 
attachés  à  cette  dignité.  11  mourut 
dans  soil  palais  archiépiscopal  le 
4  novembre  i6y.5  ,  âgé  de  90  ans, 
regretté,  particulièrement  des  pau- 
vres, à  cause  de  sa  charité. 

*  V.  GRIMALDI  (  François  ),  jé- 
suite napolitain  ,  pendant  long- 
temps professeur  de  rhétorique  au 
collège  romain,  où  il  mourut  eu 
1708,  a  donné  trois  livres  de  poé- 
sies latines  eu  vers  élégiaques  ,  dans 
lesquels  il  unit  l'élégance  et  la  no- 
blesse à  la  facilité  d'Ovide.  Ces  trois 
livres  ont  pour  titre,  1.  De  Vild 
urbanâ,  Romae ,  1 7  a5 .  IL  De  P^itd 
œcoiwjnicâ,  Rom»,  1738,  IIL  De 


GRIM 

Vitd  aulicâ^  Romae,  i?/]©-  Ce  der- 
nier livre  ne  fut  publié  qu'après  sa 
mort. 

*  VI.  GRIMALDI  (Constantin  ) , 
Napolitain,  né  en  16G7  et  mort  eu 
1760,  étiulia  seul  les  mathémati- 
ques, et  acquit  de  grandes  connois- 
sances  dans  la  médecine ,  l'hisloire  , 
la  théologie,  et  les  lois,  dont  il  lit 
une  étude  parliculièie.  On  a  de  lui 
beaucoup  d'ouvrages  ;  les  suivans 
ont  été  imprimés  :  Risposta  alla 
lettera  apologetica  in  clifesa  délia 
teulogia  scolastica  di  Benedetto 
Aletino  (le  père  Jean-Baptiste  de 
Benedlctis  ,  jésuite  ) ,  opéra  nella 
qiiale  si  dimostra ,  esser  quanto 
necessaiia  e  utile  la  ieologia  dom- 
matica  ,  e  nietodica ,  tanto  inu- 
tile e  vana  la  volgar  teologia  sco- 
lastica ;  Rispos/a  alla  seconda  let- 
tera di  Benedetto  /lletino  ,  opéra 
utilissima  a'  profesMri  délia  Jilo- 
sofia  ,  in  cul  fassi  vedere  quanto 
manclievale  sia  la  peripatetiva 
dottrina  y  Risposta  alla  terza  let- 
tera apologetica  di  Benedetto  Ale- 
tino, opéra  in  cuidimostrasi  quanto 
salda  c  pia  sia  lajilosojia  di  Re- 
nato  Descartes  ;  Considerazioni 
teologiche  e  politic/ic  faite  a  pro 
degli  editti  di  S.  M.  C.  inlorno 
aile  rendite  ccclcsiastiche  del  regno 
di  Napoli  ;  JJiscussioni  isloric/te, 
teologiche  ,  e  jilosojiclie  fat  te  per 
occasione  délie  risposte  aile  let- 
tere  apolcgetiche  di  Benedetto 
Aletino  ;  JJissertazione  sopra  l'o- 
perazione  délie  magie  diabolica  , 
arlificiale ,  e  naturalc. 

GRIMANI  (  Dominique  )  ,  car- 
dinal célèbre  par  son  savoir  et  sur- 
tout par  sa  piété  tiliale  ,  employé 
fort  jeune  par  la  république ,  ho- 
noré de  la  pourpre  par  Alexandre 
VI,  en  149^  ,  éloit  né  à  Venise  en 
1460.  Son  père  ,  Antoine  Grimant  , 
procurateur  de  Saint-Marc  ,  et  gé- 
néral de  l'armée  navale  de  la  répu- 
blique ,   ayant   élé  délait  par   les 


GRIM  85 

Turcs,  et  ayant  perdu  la  ville  de 
Lépante  ,  fut  mis  en  prison  et  traité 
avec  beaucoup  de  rigueur.  Son  iils 
s'offrit  pour  être  mis  en  sa  place  ,  et 
n'ayant  pu  obtenir  celle  grâce  des 
juges  ,  il  rendit  tous  les  devoirs 
imaginables  à  son  père  ,  soutenant 
les  chaincs  pendant  qu'il  mouloitcii 
prison,  et  suppliant  qu'on  lui  per- 
mit de  le  servir  ,  quoiqu'il  fût  alors 
revêlu  de  la  pourpre.  Ce  père  hil'or- 
tuuéj  ayant  élé  banni,  se  relirai 
Rome  ,  où  son  fils  le  reçut  et  eut 
pour  lui  les  soins  les  plus  tendres  , 
jusqu'à  ce  que  la  haine  qu'on  lui  por- 
toitdans  Venise  étant  ralentie  ,  il  y 
retourna.  Après  la  mort  du  doge 
Loredano  ,  il  fut  choisi  pour  être  sou 
successeur,  d'un  commun  consenle-' 
ment ,  étant  âgé  de  près  de  90  ans  : 
il  jouit  de  cette  dignité  pendant 
vingt  mois.  Le  cardinal  de  Gri- 
muni,  son  fils,  servit  très-ulilement 
la  riîpublique  de  Venise,  et  mourut 
le  37  août  i525  ,  dans  la  même  an- 
née que  son  père,  à  l'âge  de  63  ans. 

t  GRIMAREST  (  Jean-Léonor 
I,E  Gai.lois  ,  sieur  de  ) ,  maître  de 
langues  à  Paris  ,  mort  en  1720 
dans  un  âge  assez  avancé  ,  ne  maa— 
quoil  pas  d'esprit  ;  mais  il  avoit  en- 
core plus  de  vanité.  Comme  les  Sué- 
dois ,  les  Danois  ou  Allemands  ,  qui 
venoient  en  France  ,  s'adrossoient 
ordinaiî-ement  à  lui  pour  apprendre 
à  écrire  des  lettres  en  frrruçais  ,  il  di- 
soit  sans  façon  de  lui-même  «qu'il 
avoit  donné  de  l'esprit  à  tout  le 
nord.))  Lorsqu'il  paroissoit  quelque 
livre  nouveau,  Grimarest  avoit  en- 
core coutume  de  dire  :  «  Ce  livre  est 
assez  bien  écrit  ;  ce  n'est  pourlauE 
pas  Grimarest  qui  l'a  fait.  Nous 
avons  de  lui  ,  I.  Les  Ca/npa^  tes  de 
C/tarles  XII ,  4  '^'oî-  in-r^,  qu'on 
ne  lit  plus.  II.  Une  J^ie  de  Molière  , 
Paris,  1705,  in-ii2,  qu'on  trouve  à 
la  lêle  des  anciennces  éditions  de  ce 
poète  comique.  Voltaire  dit  qu'elle 

est  pleine  de  coûtes  liiux  sur  ^loLièiX' 

1        '■ 


86 


GRIM 


et  ses  amis.  Grimarest  prétendoit 
cependant  qu'elle  étoit  très- vraie, 
el  qu'il  i'avoit  écrite  en  partie  sur 
les  Mémoires  du  fameux  comédien 
Baron.  Ilï.  Eclahcissemens  sur  la 
langue  française  ,  1712,  où  l'on 
trouve  quelques  bonnes  observa- 
tions. IV.  Traité  du  récitatif,  Pa- 
ris ,  1707,  in-12;  et  Roterdam , 
1740,  in-13. 

GRIMAUD  (N.  de),  professeur 
de  médecine  dans  l'université  de 
Montpellier,  mort  en  1791  ,  posséda 
la  tliéorie  et  la  pratique  de  son  art. 
On  a  de  lui  un  Cours  complet  ou 
Traité  des  fièvres  ,  Montpellier  , 
1791 ,  3  vol.  in-8°,  dans  lequel  il  a 
fait  entrer  les  meilleures  observa- 
tions d'Hippocrate,  de  Galien,  de 
Sydeiiliara  ,  de  Stahl  ,  de  Stoll,  de 
Boerhaave,  etc.  sur  cette  importante 
matière.  Ce  livre  n'a  paru  qu'après 
sa  mort.  L'auteur  étoit  déjà  connu 
par  deux  excellens  Mémoires  sur  la 
Nutrition. 

GRIMAUDET  (Frauçoîs)  ,  avocat 
à  Anvers  sa  patrie  ,  puis  conseiller 
au  présidial  de  cette  ville  ,  mourut 
en  i58o,  a  60  ans.  Ses  (Euvres  im- 
primées à  Amiens,  1669  >  m-folio  , 
ont  été  consullées  et  citées  par  les  ju- 
risconsultes. 

GRIMBERGHEN.  Voy.  Albert 
(Joseph  d'),  n°  XXIII. 

*  I.  GRIMM  (  Herman-Nicoks  ), 
né  à  Wisby ,  dans  l'île  de  Gotlaiid 
en  Suède  ,  après  avoir  reçu  quelques 
])rincipes  de  médecine  el  de  chirur- 
gie ,  passa  en  Asie ,  de  là  dans  la 
nouvelle  Zemble  en  i66ô,  et  fui  suc- 
cessivement nommé  chirurgien  des- 
cadre  et  médecin  de  la  compagnie 
des  Indes.  En  1680  il  repassa  eu 
Europe,  el  retourna  aux  Indes  en 
1682.  En  1706  il  se  rendit  à  Stock- 
holm ,  où  il  obtint  le  titre  de  j)liysi- 
cieu  et  de  xuédeciu  du  roi.  Ce  inéde- 


GRIM 

cin  a  composé  plusieurs  ouvrages  , 
parmi  lesquels  on  compte  01  Obser- 
vations qui  ont  rapport  à  l'histoire 
naturelle  des  Indes  Orientales  ;  elles 
sont  insérées  dans  les  Mémoires  de 
l'académie  impériale  d'Allemagne  ; 
il  y  eu  a  trois  antres  dans  les  actes 
de  la  société  de  Copenhague.  Il  a 
aussi  écrit  un  T/a^Ve  en  hollandais  , 
que  Barthélemi  Piélat  a  mis  en  latin 
sous  le  titre  de  Thésaurus  Iiisulœ 
Ceyloniœ  inedicus  ,  Amsterdam  , 
1 679  ,  in-i  2.  On  a  encore  de  Grimm 
Compendium  medico-chy micum  , 
seu  accurata  medendi  meihodus  , 
quœ  excellentissimis  medicamenlis 
tam  Europœ  quam  Indiœ  orientali 
proficuis  repleta,  rariores prœtereà 
obseruationes,  et  curiosum  optimo- 
rum  medicamentorum ,  in  libellL 
liujus  formulis  contentorum ,  prœ- 
parationem  exkibet,  Balaviae,  1679, 
in  -  8°  ;  Auguslae  Vindelicorum  , 
1684,  iu-8°.Les  remèdes  chimiques 
sont  les  seuls  que  l'auteur  conseille 
pour  la  cure  de  toutes  les  maladies. 

*  II.  GRÏMM  (  Le  baron  de),  con- 
seiller d'état  de  Russie  ,  et  grande- 
croix  de  l'ordre  de  Waldirair,  mort 
à  Golha  le  19  décembre  1808  , 
âgé  de  85  ans,  vécut  long -temps 
à  Paris,  où  il  fut  lié  avec  les  gens  de 
lettres  les  plus  distingués  à  cette 
époque;  savoir,  Diderot,  Helvëtius, 
d'Alembert  ,  le  baron  d'Holbach  et 
J.  J.  Rousseau  ;  il  se  brouilla  depuis 
avec  ce  dernier,  qui  ne  le  ménagea 
pas  toutes  les  fois  que  l'occasion  se 
présenta  de  le  critiquer.  Il  éloit 
1res  versé  dans  la  connoissance  des 
beaux-arts.  Diderot  lui  écrivoit  en 
1767  :  ce  Si  j'ai  quelques  ^lotions  ré- 
tléchies  delà  peinture  et  de  la  sculp- 
ture ,  c'est  à  vous  ,  mon  ami ,  que  je 
le  dois.  »  Le  baron  de  Grimm  a  en- 
richi le  Dictionnaire  encyclopédique 
de  plusieurs  articles  plus  ou  moins 
intéressaus.  Sa  réputation  littéraire 
a  été  plus  grande  en  France  qu'en 
Allemagne,  où  ses  premiers  essais. 


GRÎM 

etentreautres  sa  tragédie  de  Banise, 
furent  vivement  critiqués. 

GRIMOALD  ,  fils  de  Pépin  de 
Lauden  ou  le  Vieux,  eut  après  lui 
la  place  de  maire  du  palais  d'Auslra- 
sie  en  GSg;  mais  ayant  voulu  mettre 
son  fils  sur  le  trône  en  656,  le  roi 
Clovis  II  le  fit  mourir  ,  ou  le  con- 
damna ,  suivant  d'autres  historiens  , 
à  une  prison  perpétuelle. —  Il  ne  faut 
pas  le  confondre  avec  Grimoald  , 
fils  de  Pépin-le-Gros  ou  d'Hérislel, 
et  maire  du  palais  du  roi  Dago- 
bert  II,  assassiné  en  714  —  ni  avec 
GRiMOAiiD  ,  duc  de  Bénévent  ,  et 
roi  des  Lombards  vers  665.  Gode- 
bert  et  Pertharile  ,  fils  d'Aribert , 
dernier  roi  de  Lombardie  ,  se  dispu- 
toieut  la  couronne  ;  Gi  imoald  pro- 
fita de  leurs  divisions  pour  la  leur 
enlever.  Il  se  soutmt  sur  le  trône 
par  son  esprit  ,  sa  sagesse  et  son 
courage,  et  mourut  en  671. 

*  GRIMOARD  (  H.  B.  ) ,  colonel 
d'artillerie ,  né  et  domicilié  à  Ver- 
dun ,  condamné  à  mort  le  5  tloréal 
an  2  (  24  avril  1794  )>  âgé  de  70 
ans  ,  par  le  tribunal  révolution- 
naire de  Paris,  comme  conspirateur, 
est  auteur  d'un  Essai  théorique 
et.  pratique  sur  les  batailles  ,  et  de 
V Histoire  des  conquêtes  de  Gustave- 
Adolphe  en  Allemagne.  Il  avoit 
publié  en  1782  les  Lettres  et  les 
Mémoires  de  Turentie  y  eu  2  vol. 
in-folio. 

GRIMOU  (  Alexis  ),  peintre  fran- 
çois  ,  mort  vers  l'an  1740,  excelloit 
dans  le  portrait.  Ennemi  de  la  con- 
trainte ,  il  ne  travailloit  que  par 
caprice  ;  la  nuit  et  le  jour  lui  étoient 
indifférens.  Il  bornoit  sa  société  à 
celle  des  personnes  qui  s'enivroient 
avec  lui.  Il  devoil  à  tout  le  inonde. 
Son  boulanger  ,  ne  pouvant  absolu- 
ment être  payé  ,  exigea  du  moins 
qu'il  fit  son  portrait;  mais  Griniou 
ne  voulut  jaujais  !e  pemdre  ijn'avec 
son  bonnet  et  sa  veste  de  travail. 


GRIN 


»7 


Il  mourut  comme  il  a  voit  vécu ,  c'est- 
à-dire,  d'un  excès  de  boisson.  On  re- 
marque de  la  finesse  et  de  la  légèreté 
dans  son  pinceau  ,  de  la  force  et  de 
la  beauté  dans  son  coloris.  Il  melloit 
des  couleurs  si  épaisses  à  la  plupart 
de  ses  tableaux  ,  qu'il  en  résultoit 
presque  des  reliefs  ;  et  dans  l'obscu- 
rité, on  distinguoit ,  au  toucher  ,  le 
nez,  les  yeux  ,  les  oreilles.  Il  avoit 
la  plus  haute  idée  de  la  supériorité 
de  ses  talens  ;  et  lorsqu'il  se  retiroit 
à  des  heures  indues,  il  se  niettoil  à 
crier  au  moindre  bruit  :  Je  suis  Gri- 
mon  ,  imaginant  qu'un  nom  aussi 
connu  que  le  sien  seroit  une  sauve- 
garde. 

GRIN.  Voyez  Grain. 

*  GRINDAL  (Edmond),  arche- 
vêque de  Canlorbéry ,  né  en  iBig  à 
ïleusingham  au  comté  de  Cuniber- 
laïul  ,  mort  à  Croydon  en  i.^85  , 
élève  de  Cambridge  où  il  fut  boursier 
du  collège  de  Penibrocke.  Comme 
il  étoit  altathé  aux  principes  de  la 
réformation,  l'évèque  Ridley  le  fit 
son  chapelain  et  grand-chantre  de 
St. -Paul.  Peu  après  il  fiit  chapelain 
du  roi ,  et  clianoine  de  Westminster; 
mais  à  ravénemenl  de  Marie  ,  il  se 
retira  en  Allemagne  ,  et  s'établit  à 
Strasbourg.  Quand  Élizabeth  fut  sur 
le  trône,  il  revint  en  Aiigleter.e  et  fut 
employé  à  la  révision  de  la  liturgie. 
En  lôSg  il  fut  nommé  mailre  du 
collège  de  Pembrocke;  et  ia  inîme 
année  évèque  de  Londres.  Fn  1670 
il  passa  au  siège  d'Yorck,  et  ea  157.^» 
à  celui  de  Canlorbéry.  ÏJeux  ans 
après  il  fut  suspen'ïu  des  foi;cticns 
archiépiscopales  pour  avoir  refusé 
d'ol)éir  aux  ordres  de  la  reine  quand 
elle  voulut  supiirimer  touieslps  cor- 
poratioasdu  clergé  pour  l'espùcanon 
de  1  Écriture  sainte  Sou  in:e'.dic.ion 
fut  levée  ;  mais  i!  ne  recouvra  ja- 
mais la  faveur  dt  laremc. 


t  GRlNG^^Ni: 
P.iiiSien,  •  .-   .li- 


,  .l;i   qiii''-i^l'), 


88 


CRIN 


venta,  dit-on,  les  Caries  à  jouer 
vers  iau  i5g2.  On  ajoute  qu'il  ima- 
gina ces  peintures  pour  dtslraire 
Cliarles  Vi  de  sa  triste  ^Uialiou,  et 
pour  cliannei"  ses  cliagnns  dans  les 
inttrvalles  de  sa  démence  ;  mais 
l'aljljj  liive  a  prouvé  dans  une  dis- 
sertation savante  et  bien  écrite  , 
publiée  en  1780,  iii-8°  ,  que  linveu- 
tiuii  des  caries  est  anléiieure  à  la 
fréiiésiedeCliark'sVI.  L'abbé  de  Lon- 
guer.ie  parle  d'un  concile  de  Co- 
logne où  elles  sont  défendues  aux 
ecclésiastiques.  Apparemment  que 
Gr.ngonueur  perrectionua  les  peiii- 
turs.s  qui  sont  sur  ces  petits  cartons 
et  ou  l'eiiauradit  l'inventeur.  Voyez- 
en  d\ulleurs  une  autre  preuve  à  lar- 
ticle  du  roi  Ciuules  V  ,  dans  l'anec- 
dote ds  SaiiUré.  On  lit  dans  un 
compte  de  Cliarles  Poupart  ,  tréso- 
rier (!.'  l'épargne  :  «  Donné  à  Jacque- 
min  Griiigonneur  ,  peintre  ,  pour 
trois  jeux  de  cartes  à  or  et  à  diverses 
couleurs,  a  porter  devers  ledit  sei- 
gneur roi  ,  pour  son  ébalemeut  , 
cinquante-six  sous  parisis. 

t  GR[NGOREo?//7////o7  Grtn- 
coinr;  (  Pierre  ) ,  poète  français  ;  il 
prend  dans  ses  derniers  ouvrages  le 
surnom  de  F'ni/démont  et  les  litres 
de  lléraii!  d'armes  du  duc  de  Lor- 
raine, ainsi  que  celui  de  Mère-Sot  le , 
nom  d'un  personnage  de  théâtre 
qu'il  jouoit  ordinairement.  Ce  poè- 
te, qui  Horissoit  un  commencement 
du  i<i*  siècle,  a  composé  un  grand 
ijomi)re  d'ouvrages  qui  sont  deve- 
nus rares.  1.  Les  folles  entreprises 
dédiées  à  Pierre  de  T'errières. 
Cet  ouv  rage  a  eu  plusieurs  éditions 
depuis  iho'rt  jusqu'en  i5io.  H.  Le 
jeu  du  prince  des  Sols  et  Mère-Sotte, 
joué  aux  halles  de  Paris  le  mardi  gras 
de  l'an  i5i  1  ,  larCv'  |)oliti(pie,  com- 
nia'idée  par  le  roi  5-ouis  Xll  dont 
le  i)ul  l'ioil  de  lourner  en  ridicule 
la  cour  de  Rome  et  le  pape  Jules  II. 
Gnngore  y  jouoil  le  personnage  de 
la  Mere-Soile.  U a  composé  iHusieurs 


GRIN 

autres  pièces  dramatiques,  appelées 
alors  Myslèrer.  ou  Sollies,  qui  lurent 
jouées  dans  diverses  occasions  solen- 
nelles. 111.  Le  Château  d'Amours, 
ouvrage    moral.  IV.  Les  Abus  du 
Monde,  où  l'auteur  censure  sans  mé- 
nagement les  divers  états  de  la  so- 
ciété. Les  prélats  ,  les  marguilliers  , 
la  noblesse ,  l'artisan  ,  le  marchand  , 
les  bigots  et  bigotes,  le  laboureur, 
l'homme  de  lettres,  l'homme  de  lois, 
nul  n'échappe  à  ses  traits,  etc.  V  .En- 
treprise de  f-^enise ,  etc.  ouvrage  sur 
les  affaires  politiques  du  temps.  VI. 
L' espoir  de  l  a  P  aix .  VII.  Lâchasse 
du  cerf  des  cerfs  ,  allégorie  sur  les 
différens  des  princes   avec  le   pape 
quil  appelle  cerf  des  cerfs  ,  par  al- 
lusion au  titre  qu'il  prend  de  servus 
servorum.  Presque   tous  ces   écrits 
furent  commandés  par  la  cour.  Voici 
ceux  qu'il  composa  de  son  propre 
mouvement.  VllI.  Les  dits  et  au- 
torités des  sages  philosophes.  IX. 
Les  fantaisies  de  Mère- Sotte  ,  eu 
i.TiG.  X.  Les  menus  propos  ,  eu 
1,52  2,  XL  T^es  feinlises  du  monde 
ijui  règne.  XII.  Les  notables  ensei- 
gneniens,  adages  et  /yroi^eries. 'K.lll. 
Les  visions  de  Mère- Sotte.  XIV. 
La   complainte    de  la  Cité   chré- 
tienne. XV.  Le  Blason  des  héréti- 
ques.   Ou  pense  que  Gringore  fut 
aussi  l'auteur   des  dits  de  Maisfre 
Alihornm  qui  de  tout  se  mêle  ;  des 
contredits  du  prince  des  sots  ,   ûm- 
trcrnent  Songe-Creu.x;  du  château 
de  I^ahour.   Ces  ouvrages   rares  et 
recherchés,  quoique  peu  estimables 
du  côté  du  talent  ,  doivent  être  con- 
sidérés comme  des   monumeus   de 
l'état  de  la  littérature  et  des  mœurs 
au  .  commencement   du    16*   siècle. 
Gringore  traduisit  de  latin  en  fran- 
çais ,  par  le  commandement  de  la 
ducliesse  de  Lorraine  ,  les  heures  de 
Notre-Dame,  mises  en  rimes  addi- 
tionnées de  plusieurs  chants  royau.v 
figurés  et  moral/ses.  Cette  traduc- 
tion fut  imprimée  on  Lorraine  et  en 
Allçiuagne.  Il  voulut  obtenir  la  pev- 


GRIS 

mission  clela  faire  inipriinereu  Fran- 
ce. Il  s'adressa  eu  i525  au  parlemeul 
qui  s'en  référa  à  la  faculté  de  lliéolo- 
gie.  La  Sorbonue  décida,  par  décret 
fit;  26  août  iSaf)  ,  que  les  heures  de 
Noire-Dame  translaiées  de  laUii  en 
français  par  Pierre  Gringore  dit 
j)Ière-Sotle  ,  ne  seroient  point  un- 
priniées  en  France,  et  par  la  même 
occasion  elle  défendit  toutes  traduo- 
tions  de  la  Bible,  comme  Irès-per- 
iiicieuses.  Le  parlement  adopta  celte 
décision  ridicule.  Cet  ouvrage  pro- 
hibé eut  plusieurs  éditions  ,  et  les 
curieux  le  recherchent.  (  Koyez  Bi- 
bliothèque française  par  ral)bé  Gou- 
iel,toni.  Il,  p.  2ii2,  et  les  registres 
manuscrits  du  parlement  de  Paris  , 
sons  l'amiée  i5i25.  ) 

t  GRIS  (  Jacques  le  ) ,  écuyer  et 
favori  de  Pierre II,  comte  d'Aleuçou, 
devint  amoureux  de  la  femme  de 
Jeau  de  Carouge ,  ofàcicr  du  même 
prince.  Le  mari  étant  allé  faire  un 
voyage  à  la  Terre-Sainte,  Le  Gris 
rendit  visite  à  son  épouse  ,  qui  le 
reçut  comme  un  ami  de  son  époux. 
Ce  perlide  lâcha  d'abord  de  la  sé- 
duire ;  mais  n'ayant  pu  y  réussir  , 
il  lui  ht  violence.  Elle  instruisit  son 
mari  de  cet  outrage  lorsqu'il  fut  de 
retour.  Caronge  cita  le  coupable  au 
parlement  de  Paris,  qui,  fiuite  de 
preuves  convaincantes,  ordonna  que 
les  deux  parties  videroient  leur  que- 
relle dans  un  champ  de  bataille  , 
seul  à  seul.  Le  roi  et  toute  la  cour 
furent  présens  à  ce  duel  ,  qui  se  lit  à 
Paris  en  lôtiy.  La  victoire  que  Jean 
de  Carouge  y  remporta  persuada 
tout  le  monde  de  la  justice  de  sa 
cause  et  de  l'innocence  de  sa  femme. 
Sou  adversaire  fut  livré  mort  au 
bourreau  ,  qui ,  après  l'avoir  trainé 
comme  uu  scélérat  ,  le  pendit  à 
Rlontfaucon.  Voilà  comme  le  plus 
grand  nombre  des  historiens  racou- 
lent  cette  aventure.  Cependant  Ju- 
vénal  des  Ursins  ,  et  le  IMoine  de 
Saint-Deuys, disent  que  Le  Gris  éloil 


CRIV 


89 


innocenl.  Le  véritable  coupable , 
étant  près  de  périr,  avoua  son  crime, 
et  disculpa  Le   Gris. 

*  GRISANT  o«Grisaunt  (Guil- 
laume) ,  médecin  anglais. qui  vécut 
dans  le  \i\  siècle,  exerça  sa  profes- 
sion avec  honneur  et  distinction  à 
Marseille.  Il  est  auteur  de  plusieurs 
traités  de  matlicmaliques,  d'aslrolo- 
gie  judiciaire  et  de  médecine  ;  ils 
sont  intitulés  De  qua(iraliirâ  cir- 
culi  ;  De  qualitatiius  aslioru/n  ; 
De  slgnijicalionibus  astrorum  ;  De 
inagnitudine  solis;  Spéculum  as~ 
truLogiœ;  De  causa  igiwranliœ ;  De 
judkiu patle/Uis ;  De  motu  capil'isi 
De  urina  non  visa. 

t  GRIVE  (  Jean  de  la),  géographe 
de  la  ville  de  Paris  ,  ué  a  Si  dan  , 
pendant  quelque  temps  membre  de 
la  congrégation  de  Saint  -  Lazare  , 
la  quitta  pour  se  livrer  entièrement 
à  la  géométrie  et  aux  mathémati- 
ques. 11  mourut  à  Paris  au  mois  d'a- 
vril 1757,  à  68  ans,  avant  4  avoir 
mis  la  dernière  main  à  une  Topo~ 
graphie  de  Paris,  si  bien  circons- 
tanciée qu'on  devoil  avoir  toutes 
les  dimensions  de  la  capitale  de  la^ 
Franceà  celte  époque.  Huguin,  digne 
élève  de  l'abbé  de  La  Grive,  a  publié 
quelques  Feuilles  de  ce  vaste  plan: 
On  a  encore  de  ce  célebre'géographe, 
I.  Un  P/ande  Paris  ,  17 28,  exact 
mais  mal  gravé.  11.  Les  Pnuirars  de 
Paris.  III.  Le  P/an  de  Versalllc!;. 
IV.  Les  Jardins  de  Marlj.  V.  Le 
Terrier  du  domaine  du  roi  aux 
enviruns  de  Paris.  VI.  Un  Manuel 
de  trigonométrie  sphérique ,  publié 
en  1754. 

GRIVEL(Jeau  ) ,  conseiller  d'élat 
des  archiducs  Alliert  et  Isabelle  , 
né  à  Lous  -  le  -  Saunier  en  Fran- 
che-Comté,  et  mort  à  Bruxelles 
eu  1624  ,  àî^é  d'environ  (io  ans  , 
donna  des  décisions  du  parlement  de 
l)61e,  dont  il  avoit  été  conseiller, 
sous  ce  titre  :  Decisiones  senatila 


90 


GROB 


Do/ani,  in-hl. ,  Dijon,  lySi.  Cette 
ëclitiona  été  dirigée  par  sou  petit-fils. 
Cet  ouvrage  a  été  estimé  dans  son 
temps. 

*  GRIZIO  (  Annibal  ) ,  de  Jesi ,  né 
en  i55o  et  mort  en  1612  ,  fut 
beaucoup  regretté  par  Paul  V,  qui 
après  l'avoir  honoré  de  plusieurs  em- 
plois qu'il  avoit  exercés  avec  hon- 
neur ,  l'avoil  fait  gouverneur  de 
Terni.  On  a  de  lui,  I.  //  Castiglione, 
ovveio  delV  arml  di  nobillà  ,  ou- 
vrage loué  par  Le  Tasse  ,  par  Aide 
Manuce  le  jeune  et  d'autres  littéra- 
teurs de  son  temps.  II.  Ristrelto 
délie  slo/ie  di  Jesi ,  imprimé  à  Ma- 
céra ta,  1578,  in-4°- 

*  GROBENDOUGUE  (  Charles), 
né  à  Malines  en  1600 ,  entra  chez  les 
jésuites,  et  fut  envoyé  en  1625  en 
Bohême,  où  il  enseigna  la  philosophie 
à  Prague  et  à  Olmutz.  Les  Saxons 
s'élant  emparés  de  ce  royaume  en 
1621,  il  se  retira  à  Passau  avec  le 
comte  de  Martinitz ,  vice  -  roi  de 
Bohème.  De  retour  à  Prague ,  il 
mourut  le  1 6  décembre  1672,  par- 
ticulièrement Regretté  de  la  noblesse 
de  Boueine ,  qui ,  dans  les  affaires 
difficiles,  le  consultoit  comme  un 
homme  qui  connoissoit  à  fond  la 
vraie  politique.  On  a  de  lui  quelques 
écrits  contre  Ja  fausse  politique ,  en- 
tre autres,  L  De  ortu  et  progres- 
su  spiritih  politici ,  et  quo  ille  , 
nisi  foititer  occurratur ,  tandem 
sit  euasu rus,  Vra^iË,  1666,  in-fol. 
II.  y/pologeticus  pro  societate  Jesu, 
politissiini  à  pluribiis  insimulata  , 
Pragaî,  1666,  in-fol.  WX.Methodus 
pie  transigendi  tenipus  sacri  ad- 
pentûs ,  Pragae,  1660,  in-4''.  IV. 
Modiis  transigendi  lempus  iiitra 
adventum  et  quadrageslmam  , 
Pragae,  1661,  in- 12.  V.  Modiis 
transigendi  tenipus  S.  quadrage- 
simœ  ,  Pragae,  1661,  in- 12.  VI. 
Modus  transigendi  iempus  àpascha 
usque  ad  corpus  Christi ,   Prag;p  . 


GROE 

1662,  in -12.  VII.  Modus  transi- 
gendi  prœcipuas  feslivitates  bea- 
tissimœ  virginis  Mariœ ,  Pragas, 
1669 ,  in-12. 

i  GROCHOV^SKI,  général  polo- 
nais, commença  sa  carrière  militaire 
dans  les  troupes  du  roi  de  Prusse. 
De  retour  dans  sa  patrie,  il  fut  em- 
ployé en  1792  contre  les  Russes, 
en  qualité  de  lieutenant  -  colonel 
d'infanterie.  Dans  la  révolution  des 
Polonais  tenrlant  à  secouer  le  joug 
de  la  Russie,  Grochowski  les  spcouda 
de  tous  ses  efforts,  et  fut  élu  général 
des  troupes  rassemblées  dans  les  can- 
tons de  Lublin  et  de  Chelm.  Il  rem- 
porta divers  avantages  en  Volhinie  , 
et  se  réunit  au  général  en  chef  Kos- 
ciuszko  pour  livrer  aux  Russes  la 
bataille  de  Syezekociny ,  le  6  juin 
1794;  mais  il  y  fut  atteint  d'une 
balle,  mourut  le  lendemain,  et  fut 
enterré  à  Malagosh. 

*  GROCYN  (  Guillaume),  savant 
théologien  anglais,  né  à  Bristol  en 
1442,  mort  à  Maidstone  en  1767, 
fut  intimement  lié  avec  Erasme  ,  et 
parrain  du  grammairien  Lilly.  On 
trouve  de  lui  une  Epître  adressée  à 
Aide  Manuce  en  tète  d'une  traduc- 
tion du  De  spherd  de  Proclus. 

GRODICIUS  (  Stanislas),  jésuite 
polonais ,  recteur  du  collège  de  Cra- 
covie,  mort  en  161 5,  à  72  ans,  a 
donné  8  vol.  de  Sermons  latins , 
pour  tous  les  dimanches  et  toutes 
les  fêtes  de  l'année  ;  et  divers  écrits 
polémiques  et  ascétiques  en  polo- 
nais. 

*  GROENEVELT  (  Jean  ),  docteur 
en  médecme  et  membre  du  collège 
royal  de.  Londres,  né  à  Devenler 
dans  la  province  d'Overissel,  dans 
le  17®  siècle,  s'appliqua  à  opérer  les 
malades  de  la  pierre,  et  y  ob'.int  de 
grands  succès.  On  a  de  lui  les  ou- 
vraaes  suivans  :  1.  Dissertatio  Litho- 


GROE 

logica  varils  observationihus  et  ft- 
gujis  illustrata  ,  Londini ,    i684, 

1687,  iii-8°;  en  anglais  avec  des 
augmeutations  ,  Londres,  1710, 
iu  -  8".  II.  Piactica  quâ  humaul 
morbi  describunlur ,  Francofurli , 

1 688 ,  in-8".  III.  Tractatiis  de  tiito 
canlaridum  in  medicinâ  i/su  in- 
leriio  ,  Londini,  1698,  1700,  iu-8°; 
en  anglais  par  Jean  Marten  ,  chirur- 
gien ,  Londres ,  1706,  in-8°. 

*  GROENEWEGEN  (  Simon  Van), 
jurisconsulte  hollandais  du  17^  siè- 
cle ,  secrétaire  de  la  ville  de  Delft , 
a  laissé  un  ouvi'age  estimé,  intitulé 
De  Icgibits  ahrogatiset  inusitatis  in 
Hollandiâ  vicinisque  regianibus , 
Leyde  ,  1649  ,  ia-4°.  Il  a  aussi  am- 
plifié et  commenté,,  dans  sa  langue 
maternelle ,  V Introduction  à  la  ju- 
risprudence hollandaise  deQrolius, 
qui  lui-même  le  remercie  de  ce  tra- 
vail dans  une  lettre  datée  de  Paris  , 
lo  décembre  1640. 

*  GROESBEECK  (  Gérard  de  ) , 
d'une  illustre  famille  du  duché  de 
Gueldres  ,  élevé  sur  le  siège  épis- 
copal  de  Liège  l'an  i5  64  ,  gouver- 
na ce  vaste  diocèse  tlans  des  lemp< 
difficiles  avec  prudence,  pA  sur-tout 
avec  beaucoup  de  zèle ,  iie  fermeté 
et  de  courage.  Il  préservtî  le  trou- 
peau qui  lui  éloit  confié  de  ia  conta- 
gion des  nouvelles  hérésies  qui  fai- 
soient  tant  de  progrès  dans  les  envi- 
rons. Par  un  Discours  qu'il  pro- 
nonça à  l'assemblée  des  étals  de  la 
principauté,  il  démontra  d'un'."!  ma- 
nière si  vive  et  si  patiiétique  que  le 
salut  de  la  patrie  dépendoit  d'un 
attachement  inviolable  à  la  foi  an- 
tique ,  que  tous  les  membres  des' 
états  s'écrièrent  d'une  voix  com- 
mune qu'ils  étoient  prêts  à  tout 
sacrifier  pour  conserver  ce  précieux 
trésor.  Quelques  petites  villes  de  sa 
dépendance  s'élant  laissé  séduire 
et  se  préparant  à  h  révolte,  il  s>u 
les  faire  rentrer  dans  le  devoir  par 


GROL 


91 


la  force,  ayant  employé  atiparavnut , 
mais  sans  fruit  ,  la  voie  de  la  dou- 
ceur et  de  la  persuasion.  "Voyant  que 
les  apôtres  des  nouvelles  erreurs  se 
vantoient  de  pénétrer  jusque  dans 
sa  capitale,  il  ht  une  loi  par  laquelle 
il  défendoil  à  tous  les  Imurgeois  de 
cette  ville  de  donner  asile  à  aucun 
étranger,  sans  en  avertir  les  magi.s- 
trats  ou  ses  officiers.  Le  prince  d  O- 
rauge,  chef  des  rebelles  des  Pays- 
Bas,  amenant  en  i568  une  armée 
de  l'Allemagne,  demanda  à  traver- 
ser Liège.  Groesbeeck  assembla  les 
états ,  leur  représenta  de  qvselle  coii- 
séquence  il  étoit  de  recevoir  dans 
une  ville  ecclésiastique  un  prbice  qui 
n'avoit  pris  les  armes  que  pour  se 
révolter  contre  son  souverain  ,  et 
pour  détruire  l'ancienne  religion  ; 
en  conséquence  le  passage  lui  fut  re- 
fusé. Le  prince  d'Orange  assiégea  la 
ville  ;  mais  Groesbeeck  l'obligea  de 
se  retirer.  Grégoire  XllI  l'honora  de 
la  pourpre  romaine  l'an  1678;  il 
n'en  jouit  pas  long-temps  ;  il  mourut 
Tau  i58o,  âgé  de  C54  ^us.  U  avoit 
signalé  les  commencemens  de  sou 
gouvernemeul  par  un  recueil  de 
Statuts  et  Ordonnances  touchant 
la  manière  de  procéder. 

*  GROGNARD  (N.  ),  ingénieur 
de  la  marine,  mort  à  Paris  en  i7gci, 
avoit  du  talent  et  des  connoissances 
étendues  dans  sa  partie.  On  lui  doit 
la  construction  du  Bassin  de  Tou- 
lon ,  jeté  au  milieu  de  la  mer,  au 
moyen  d'une  vaste  caisse  de  bois  qui 
en  forme  la  base  et  sur  laquelle  on  a 
bâti.  11  ne  falloit  pas  moins  de  génie 
qu'en  avoit  Grognard  pour  suppléer 
ainsi  au  défaut  du  lUix  et  du  retlux. 
On  prétend  que  le  modèle  de  ce  bus- 
'   siu  est  à  Car tha gène. 

I.  GUOVXIER  (  Jean  ),  né  à  Lyon 
en  14^ 9»  devint  le  Mécène  deshora- 
iives  de  lettres  de  son  siècle.  Fran- 
çoi'a  l"*^,  dont  il  mérita  la  confiance  , 
lui  douua  la  charge  d'intendant  des 


95 


GROL 


finances,  et  l'envoya  eu  ambassade 
auprès  du  pape  Clément  V5I.  Ce  fut 
pendant  celte  mission  qu'il  fit  im- 
primer à  Venise  le  livre  De  Asse  de 
Budé.  Egnace  raconte  que  se  trou- 
vaat  à  diaer  avec  Aide  Mariuce  et 
divers  savaus  chez  Grollier ,  ce  der- 
nier leur  fit  don  au  dessert  d'une 
paire  de  gants  remplis  de  pièces 
d'or.  De  retour  à  Paris,  Grollier  y 
ramassa  une  énorme  collection  de 
livres  qu'il  se  faisoit  \\\\  plaisir  de 
prêter  aux  hommes  de  lettres,  et  qui 
portoient  pour  devise  :  «  A  J.  Grollier 
et  à  ses  amis.  »  Il  mourut  en  i565 , 
à  86  ans. 

t  II.  GROLLIER  (  Antoine  ),  de  la 
même  famille  que  le  précédent, 
né  à  Lyon  en  1.545,  se  trouva  à 
la  marche  des  Suisses  sous  FifEer, 
conduisant  Charles  IX  à  Paris,  et  à 
la  bataille  de  Saint -Denys.  Les  li- 
gueurs le  mirent  en  prison  uv,  châ- 
teau de  Pierre-en-Scize  à  Ly  on ,  mais 
il  sévada  par  l'adresse  de  Marie 
Camus  son  épouse  qui  hîi  poita  des 
cordons  de  soie  sous  sou  verlugnlin. 
Il  contribua  ensuite  à  faire  rer>trer 
Lyon  sous  l'obéissance  de  Heuv-  VV; 
mais  ayant  appris  la  mort  fuuct?  de 
ce  prince  ,  il  ne  put  surmonter  le 
chagrin  qu'il  en  conçut,  et  mourut 
peu  de  temps  après  à  St.-Germain- 
au-Mont-d'Or  ,  près  de  Lyon. 

III.  GROLLIER  DE  SERvirnr. 
(  Nicolas  ) ,  de  la  même  famille  que 
les  deux  précédens ,  né  à  Lyou 
eu  1590  ,  se  distingua  par  son  goût 
pour  les  mécaniques.  Il  perdit  un 
ceil  au  siège  de  Verceil ,  et  se  re- 
tira dans  sa  patrie,  où  il  forma  un 
cabinet  curieux  de  machines  que 
Louis  XIV  visita.  Sa  gaieté  et  sa 
sobriété  prolongèrent  sa  viejusqu'à 
l'âge  de  95  ans.  11  s'étoit  fait  celte 
épitaphe  :  «  Ci  gît  qui  a  vécu  long- 
temps ,  parce  qu'il  }ie  connut  îii 
procès  ni  médecin.  »  La  Description 
de  sou  cabinet,  augtuQnlêe  par  ies 


GROIN 

ouvrages  de  tour  de  son  fils,  parut 
à  Lyon  en  1719 ,  puis  à  Paris,  i75i, 
in-/(°,  avec  figurés.  Grollier  mourut 
eu  1689. 

1 1 .  GRONO  VIUS  (Jean-Frédéric), 
né  à  Hambourg  eu  1611,  \)rofesseur 
Ai.  bdiles-lettres  àDoventer,  puis  à 
lieyde  ,  mort  dans  celte  ville  ea 
167:2,  à  61  aus,  a  donné  des  édi- 
tions estimées  de  plusieurs  auteurs 
latius,  de  Plaute,  de  Salluste  ,  de 
Tite-Live,  de  Sénèque  le  philosophe, 
de  Pline  ;  de  Quintilien  ,  d'Aulu- 
Gelle ,  etc.  Il  a  restitué  quantité  de 
passages  et  et  en  a  corrigé  d'autres 
avec  beaucoup  de  succès.  On  a  encore 
de  lui  un  in-4°,Leyde,  i68j  sous  ce 
litre  :  De  sesterciis ,  seu  subseci- 
vorum  pecuniœ  veteris  Grœcœ  et 
Romance,  lib.  4,  Amsterdam,  i656, 
in-8°  ,  et  1691;  et  une  édition  du 
traité  De  jure  helli  et  pacis  de 
Grotius,  avec  des  notes,  Amster- 
dam, 1680,  iu-8°  ;  In  Papiriii  Statu 
syluaruin  ,  lib.  b  ,  diatribe  ,  La 
Haye,  1637,  iu -S''.  Les  Ijelies-lettres 
n'occnpoient  pas  tous  ses  momeus; 
il  éloJt  aussi  habile  jurisconsulte. 

t  II.  GRONO  VIUS  (Jacques), 
fils  du  précédent ,  aussi  sav-iuit  que 
son  père,  uaquit  à  De  venter  en  1  6/j.t, 
voyagea  en  Angleterre  et  en  Italie, 
et  s'y  fil  des  amis  et  des  protec- 
teurs. Le  grand-duc  de  Toscane  lui 
donna  une  cliaire  à  Pise  ,  qu'il 
quitta  eu  167g,  pour  aller  occuper 
celle  de  son  père  à  Leyde ,  où  il  mou- 
rut le  21  octobre  1716.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont,  I.  Le  T/ie- 
saiirus  anllqultaluiii  Grœcarum  , 
Leyde,  1697;  compilation  assez 
bonne ,  en  10  vol.  ii\-fol.  On  accom- 
pagne ordinairement  ce  recueil  de» 
Antiquités  romaines  de  Graevius ,  1  2 
vol.  in-fol.  ;  de  celles  de  Sallengre, 
3  vol.  in-fol.  ;  du  Dictionnaire  de 
Pitiscus,5  vol.;  des  Supplémens  de 
Polénus,  Veuise,  17.''>7,  5  v.  in-fol.; 
des  Inscriptions  de  Gruler ,  4  voL, 


GROO 

ïu-fol.  ;  des  Auliqnilts  d'Italie  de 
Graevius  et  de  Burmann  ,  4^  vol. 
il.  Une  Version  latine  des  pierres 
antiques  d' Àgostini.  III.  Une  iniinité 
defl'/Vio/M  d'auteurs  grecs  et  latins, 
de  Macrobe  ,  de  Polybe ,  de  Tacite  , 
de  Sëuèque  le  tragique  ,  presque 
achevée  par  sou  père;  dePomponius- 
Rléla  ,  d'Aiilu  -  Gelle ,  de  Cicérou , 
d'Animieu- Marcellin,  de  Quiute- 
Curce,  de  Phèdre,  de  IManélhou,  etc. 
La  meilleure  de  toutes  est  celle  d'Hé- 
rodote ,  publiée  en  i7i5,  in-f'ol., 
avec  des  corrections  et  des  notes  ; 
elle  contient  cependant  des  fautes 
grossières,  selon  Niceron.  D'ailleurs 
Groiiovius  y  prodigue  les  injures  les 
plus  grossières  aux  savans  les  plus 
célèbres  ,  tels  que  Valla  ,  Henri 
Etienne,  Holsténius,  Gale,  Span- 
heim,  Vossius ,  Sûumai?e,  Le  Clerc  , 
BocharL ,  Le  Fèvre  ,  Grasvius,  etc. 
IV.  Geographi  antiqui  ,  Leyde, 
1694  et  itigg,  2  vol.  in-4°,  recueil 
estimé.  V.  Dissertations  sur  dijfé- 
rens  sujets ,  chargées  d'érudition. 
VI.  Plusieurs  écrits  polémiques , 
mouuniens  de  sa  bile  autant  que  de 
son  érudition. 

*  GROOTE  -  PIER  (  c'est-à-dire 
T ierre-le-Grand  ou  le-Long),  ainsi 
nommé  à  cause  des  proportions  co- 
lossales de  sa  taille ,  étoit  un  pay- 
san frison  qui,  au  commencement 
du  16''  siècle,  joua  dans  sa  patrie 
nu  rôle  remarquable.  Indigné  des 
déprédations  que  les  Saxons  venoient 
de  commettre  d^ius  la  Frise  ,  et  par 
lesquelles  Uù-mèrae  ,  d'une  honnête 
aisance,  s'éloit  vu  ruiner,  la  soif 
de  la  vengeance  le  convertit  en 
guerrier.  Il  s'associa  un  de  ses  ne- 
veux, nommé  Wyard  ou  Wiert  , 
vaillant  et  courageux  comme  lui  , 
et  la  fortune  servit  ces  deux  héros 
au-delà  de  leur  attente.  Groote- 
Pier  fut  bientôt  amiral  de  la  Suder- 
zée  ;  avec  16  bâtimens  qu'il  com- 
mandoit,  il  extermina  la  flotte  saxon- 
jie  forte  de  trente -six:  il  devint 


GROP 


93 


alors  la  terreur  do  celle  mer ,  et 
même  de  celle  du  nord;  il  se  don- 
noit  lui-même  le  nom  de  tléau  des 
Danois,  des  Brùuois,  des  Ham- 
bourgeois,  des  Hollandais,  et  mit 
dans  son  blason  la  roue  et  la  po~ 
tence.  En  1617  ,  se  trouvant  à  la 
tète  de  i5o  voiles,  il  surprit,  pilla 
et  brûla  la  ville  de  Maderabhk;  eix 
en  i.Tiy  il  battit  les  Hollandais  près 
de  Hoorn ,  et  s'empara  de  cette  ville 
ainsi  que  de  celle  d'Alkmaar ,  Be- 
vernik,  Nieu^vport,  et  de  plusieurs 
autres.  On  a  de  lui  une  espèce  de 
manifeste  rimé ,  c^ui  courut  versce 
temps;  il  est  remarquable  par  son 
Ion  de  jactance.  Groote-Pier  s'y  dé- 
core des  litres  fastueux  de  roi  des 
Frisons,  duc  de  Sueek  ,  comte  de 
Hindelopen ,  capitaine-général  delà 
Suderzée  ;  mais  il  se  dégoûta  à  la  fin 
d'iuie  gloire  achetée  au  prix  de  tant 
de  sang  :  il  reconnut  qu'en  s'armant 
contre  les  Saxons  en  faveur  du  duc 
de  Gueldre  ,  il  s'en  falloil  qu'il  se 
fût  armé  pour  la  liberté,  et  que  sa 
patrie  ne  faisoit  qu'échanger  un  joug 
contre  un  autre.  Il  rétléchit  sur  l'iu- 
graiitude  des  princes  ,  et  il  termina 
ses  jours  dans  une  paisible  retraite. 
11  est  mort  à  Sueek  le  18  gctobre 
1620. 

i-  GROPPER  (  Jean  ) ,  savant  con- 
troversisle,  chanoine  de  Cologne, 
né  à  Soest  en  Westphalie  eu  i5o2. 
Paul  IV  ,  satisfait  du  zèle  qu'il 
niontroit  contre  les  nouvelles  sectes, 
voulut  l'élever  à  la  pourpre  romai- 
ne ;  mais  il  eut  l'humilité  de  la  re- 
fuser. Il  se  rendit  cependant  à  Fvome, 
à  la  sollicitation  de  ce  pontife  ,  et  y 
mourut  le  14  mars  i55g.  Paul  IV 
prononça  lui-même  sou  oraison  fu- 
nèbre. Gropper  étoit  savant  dans 
l'histoire  et  la  discipline  de  l'Église  , 
dans  la  théologie  dogmatique  et  la 
science  de  la  tradition.  Il  l'ut  l'arae 
des  conciles  provinciaux  de  Colo- 
gne, tenus  l'an  i556  et  1649.  On  a 
de  lui ,  I.  Enchiridioii  chiistiancs 


94 


GROS 


rellglonis ,  imprimé  à  la  suite  du 
coucile  de  i556.  C'est  un  excellent 
abrégé  de  la  théologie  dogmatique. 
II.  I)e  la  présence  véritable  du 
corps  et  du  sang  de  Jésus- C/irist , 
Cologne,  i5zj6,  in-f'ol.,  eu  allemand. 
Surius  en  a  donné  une  bonne  Ira- 
duclion  en  latin  ^  Cologne  ,  i56o, 
in-4°.  Cet  ouvrage,  l'un  des  meil- 
leurs que  nous  ayons  sur  la  contro- 
verse ,  est  le  premier  où  la  matière 
de  l'Eucharistie  soit  traitée  à  fond. 
Son  amour  pour  la  pureté  alloit  jus- 
qu'à des  singularités  ridicules  ;  ayant 
trouvé  une  servante  occupée  à  faire 
son  lit,  il  la  lit  sortir  de  sa  cham- 
bre, et  jeta  le  lit  par  la  fenêtre. 

t  I.  GROS  (  Pierre  le),  sculpteur, 
né  à  Paris  en  i66fi  ,  envoyé  à  Rome 
par  Louvois ,  mérita  la  protection  de 
ce  ministre  par  son  assiduité  au  tra- 
vail et  par  ses  talens.  De  retour  en 
France,  il  embellit  Paris  des  fruits 
de  son  génie.  Après  avoir  montré 
ce  que  pou  voit  son  ciseau  quand  il 
Iravailloit  d'imagination,  il  copia 
la  Vénus  de  Richelieu  et  l'Antinous 
du  Belvédère,  et  rendit  avec  une 
tidélité  peu  commune  expression 
pour  expression.  Ces  morceaux  de- 
vinrent originaux  ,  par  les  beautés 
qu'il  sut  y  introduire.  On  a  de  lui 
différentes  Statues  qui  décorent  le 
parc  de  Versailles  et  le  jardin  des 
"l'uileries.  On  remarque  dans  ce  der- 
nier la  statue  de  Mncmosjne,  qui  est 
très -belle  enfin  on  connoit  encore 
de  lui  plusieurs  OTorfè/es  et  dessins  , 
que  les  curieux  conservent  précieu- 
sement. Ce  célèbre  artiste  retourna 
à  Rome,  et  y  mourut  eu  1719. 

t  II.  GROS  (  Nicolas  le  ) ,  doc- 
leur  en  théologie  de  l'université  de 
Reims  ,  né  dans  cette  ville  en  1675, 
de  parens  obscurs  ,  s'est  fait  un  nom 
par  le  rôle  qu'il  a  joué  dans  le  parti 
des  anticonstitutionnaires.  Après 
avoir  brillé  par  sa  mémoire  et  par 
sa  pénétration  en  philosophie  et  en 


GROS 

théologie,  il  fut  chargé  par  l'arche- 
vêque do  Reuus,  Le  Tellier  ,  dn 
petit  séminaire  de  Saint-Jacques.  11 
obtint  ensuite  un  canonicat  de  la  ca- 
thédrale ;  mais  son  opposition  à  la 
bulle  Unigenilus  ayant  déplu  à 
Mailly  ,  successeur  de  Le  Tellier,  ce 
prélat  l'excommunia  et  obtint  une 
lettre  de  cachet  contre  lui.  Le  cha- 
noine, obligé  de  se  cacher,  parcou- 
rut différentes  provinces  de  France, 
passa  en  Italie,  eu  Hollande,  en  An- 
gleterre, et  enfin  se  fixa  à  Utrecht. 
L'archevêque  lui  confia  la  chaire  de 
théologie  de  son  séminaire  d'Amers- 
fort;  emploi  (pi'il  remplit  ;vec  au- 
tant de  zèle  que  de  lumière  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  à  Rhinwik  j)rès 
d'Utrecht  le  4  décembre  17,^1.  Ou 
a  de  lui  plusieurs  ouvrages  ,  la  plu- 
part sur  le  jansénisme.  Les  princi- 
paux sont ,  I.  La  sainte  Bible  tra- 
duite sur  les  textes  originaux  ,  avec 
les  différences  de  la  T^ulgate  ,  Co- 
logne ,  1759  ,  in-12.  La  même  a  été 
publiée  par  Rondet,  Paris  ,  17.^6  , 
5  petits  vol.  in-12;  mais  cette  édi- 
tion ,  dans  laquelle  on  a  fait  quel- 
ques chaugemens  ,  est  moins  re- 
cherchée. 11.  Manuel  du  chrétien  , 
Cologne,  1740  j  in-12,  contenant 
l'ordinaire  de  la  messe  ,  les  psaumes, 
le  nouveau  Testament  et  l'Imitation 
de  Jésus  -  Christ  ,  traduits  par  le 
même.  Ce  recueil  utile  a  été  plu- 
sieurs fois  imprimé  in-iS  et  in-12. 
III.  Méditations  sur  la  concorde 
des  éuangiles  ,  5  vol.  in-i  2  ,  Paris, 
1 7  5  5  ;  Méditations  sur  l'épître  aux 
Romains,  i^ôb ,  2  vol,  in- 12; 
Méditations  sur  les  épitres  cano- 
niques. Ces  trois  ouvrages  estima- 
bles sont  le  fruit  des  conférences  qije 
l'abbé  Le  Gros  faisoit  au  séminaire 
d'Amersfort.  IV.  Motifs  invinci- 
bles d'attachement  à  l'Eglise  ro- 
maine pour  les  catholiques ,  ou  de 
réunion  pour  les  prétendus  réfor- 
més. V.  Discours  sur  les  nouvelles 
ecclésiastiques ,  in -4"  et.  in-12, 
1735.  VI.  Les  Entretiens  du  pré- 


GROS 

tre  Eusèbe  et  de  l'avocat  Théo- 
phile ,  sur  la  part  que  les  laïques 
doivent  prendre  à  l'affaire  de  la 
constitution  ,  in-12.  VII.  Lettres 
théologiques  contre  le  traité  des 
prêts  de  commerce  ,  et  en  général 
contre  toute  usure,  17-19,  in-4'. 
VIII.  Dognia  Ecclesiœ  circa  usu- 
ram  expositum  et  vindicafum, avec 
divers  autres  écrits  eu  latin  sur  la 
même  matière,  et  des  Observations 
touchant  une  lettre  attribuée  à  feu 
de  Launoy  ,  sur  l'usure,  1700, 
iu-4°.  Le  Gros  fut  un  des  principaux 
soutiens  des  églises  jansénistes  de 
Hollande. 

t  III.  GROS(N.  le),  prévôt  de 
la  collégiale  de  Saint-Thonias-du- 
Louvre  à  Paris,  député  de  cette 
ville  aux  états-généraux  de  1789  , 
et  mort  dès  le  commencement  de 
la  session,  en  1789,3  fait  l'ana- 
lyse et  la  critique  de  plusieurs  écrits 
philosophiques.  I.  Analyse  des  ou- 
vrages de  J.  J.  Rousseau  et  de 
Court  de  Gébelin  ,  parmi  solitaire, 
Genève  et  Paris ,  1785  ,  in-8°.  L'au- 
teur publia  eu  1786  une  suite  à  cet 
ouvrage,  sous  le  titre  A' Examen 
des  systèmes  de  J.  J.  Rousseau  et 
de  Court  de  Gébelin.  II.  Analyse 
et  examen  du  système  des  philoso- 
phes économistes  ,  Genève  et  Paris , 
1787,  in-8°.  III.  Analyse  et  exa- 
men de  l'Antiquité  dévoilée  ,  du 
Despotisme  oriental  et  du  Christia- 
nisme dévoilé ,  attribués  à  Boulan- 
ger,  Genève  et  Paris  ,  1788,  in-8°. 
Ces  ouvrages  sont  estimés  des  adver- 
saires de  la  philosophie.  Voyez 
Boulanger  ,  n°  III. 

*  IV.  GROS  (  J.  M.  ) ,  curé  de  St.- 
Nicolas-du-Chardounet  à  Paris  , 
député  du  clergé  de  celte  ville  aux 
états -généraux,  signales  protesta- 
lions  des  12  et  18  septembre  1791. 
Eu  1790  il  défendit  une  kltre  pas- 
torale de  l'évêque  de  Toulon,  dé- 
noncée à  l'assemblée,  et  il  rétracta 


GROS 


95 


le  désaveu  qu'il  avoit  fait  de  la  dé- 
claration du  clergé.  Il  fut  enfermé 
après  la  session  de  l'assemblée  dans 
la  maison  de  Sain l-Firmiu,  et  mas- 
sacré avec  les  autres  ecclésiastiques 
détenus  le  0  septembre  1792.  Ayant 
reconnu  parmi  ses  bourreaux  un  da 
ses  paroissiens  à  qui  il  avoit  rendu 
des  services ,  il  lui  dit  :  ((  Mon  ami , 
tu  sais  que  je  t'ai  obligé  ;  si  tu  pou- 
vois  me  sauver.  »  Le  malheureux 
lui  répondit  :  «Je  m'en  souviens, 
mais  je  ne  saurois  qu'y  faire  ;  la  na- 
tion le  veut  ainsi  )>  ,  et  il  le  poussa 
à  l'instant  au  milieu  des  assassins  , 
qui  lui  portèrent  plusieurs  coups  de 
sabre. 

V.  GROS-GUILLAUIME.  Voyez 

GUERIN  ,   11"  m. 

*  GROSE  (François  ) ,  célèbre  an- 
tiquaire anglais,  né  en  1709  ,  movt 
à  Dublin  en  1791  ,  a  donné  des 
Eclaircissemens  sur  les  antiqui- 
tée  d' Angleterre  et  de  Galles ,  4 
vol.  Idem  ,  sur  celles  d'Ecosse  ,  2 
vol.  Il  s'occupoit  d'un  semblable 
ouvrage  sur  celles  d'Irlande  quand 
il  mourut.  Outre  ces  ouvrages,  il 
a  encore  publié  un  Dictionnaire 
classique  de  la  langue  anglaise  ; 
un  volume  de  Mélanges,  in-8°,  et 
les  Antiquités  militaires ,  iu-4°. 

tGROSLEY  (  Pierre -Je?n), 
avocat  associé  de  l'académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres  de  Paris  , 
né  à  Troyes  le  18  novembre  1718  , 
mort  dans  la  même  ville  le  4 
novembre  1785  ,  se  destina  d'abord 
au  barreau  ;  mais  un  goût  décidé 
pour  la  littérature  et  pour  les  re- 
cherches d'érudition  le  tourna  en- 
tièrement vers  ces  deux  objets.  Ce 
ne  fut  pas  cependant  un  savant  de 
cabinet,  étranger  au  reste  du  mon- 
de. Il  lit  deux  voyages  en  Italie  , 
deux  en  Angleterre  ,  un  eu  Hol- 
lande :  il  se  moutroit  aussi  presque 
toutes  les  années  à  Paris.  Etant  en- 
core jeune  ,  il  se  désista  volontaire- 


q6  g  Pi  O  s 

nient  eu  faveur  de  sa  sœur  tl'uii  legs 
universel  de  40,000  livres.  Vers  le 
même  temps ,  sa  patrie  dut  à  ses 
libéralilés  les  bustes  en  marbre  des 
hommes  illustres  qu'elle  a  produits. 
Ses  principaux  ouvrages  sout ,  I. 
Recheivhespour  l' hïstuire  du  droit 
français  ,  Paris  ,  17^1-2  ,  ia-i  2;  livre 
esiinië  ,  plein  d'une  ënulition  solide 
et  d'une  critique  saine.  II.  F'ie  des 
frères  rilJum  ,  Paris  ,  17.Ô6,  2  vol. 
iu-1'2.  lU.  Observations  de  deux 
genlilshoin/nes  suéi/oi^  sur  l'Italie, 
seconde  édition  ,  Paris,  J774,  4 
volumes  iu-)2.  Ce  voyage  ,  dont 
le  style  manque  quelquefois  de  uel- 
leté  ,  d'élégance  et  de  coloris ,  est 
estimé  à  cause  des  recherches  origi- 
nales et  des  traits  piqnaas  dont  il 
est  semé.  IV.  Londres  ,  Lausanne 
(  Paris  ) ,  1770  ,  5  vol.  iu-i  2;  réim- 
primé en  1774»  4  '^"O^-  iii-i2.  On 
peut  appliquer  à  ce  voyage  d'An- 
gleterre ce  que  nous  ^^ons  dit  du 
voyage  d'Italie.  Les  observations 
de  l'auteur  paroîlroient  plus  inté- 
ressajUes,  sises  fréquentes  digres- 
sions ne  dégéuéroient  en  longueurs  , 
et  si  les  tirades  de  vers  latins  dont 
il  charge  sou  livre  ne  faisoient  lan- 
guir la  narration.  V.  Essais  //isto- 
7-iquessurla  Champagne.  VI.  Ep/ié- 
jnérides  troyeitnes  ,  continuées  de 
1757  à  17,68,  12  vol.in-iS,  rem- 
plies de  mémoires  instructils  sur  la 
ville  de  T.^oyes.  A  dater  de  leur 
origine  iusnu'en  1761  ,  l'année  176,0 
exceptée  ,  ces  ephemendes  turent 
supprimées  par  sentence  du  prési- 
dial  de  Troyes ,  comme  conleoank 
des  satires,  des  invectives,  des  ca- 
lomnies, des  faussetés,  des  indé- 
cences, etc.  VII.  Il  eut  part  aux  dlé- 
moires  de  l'académie  de  Troyes, 
1756,  2  vol.  in-12,  et  à  la  Traduc- 
tion de  Davila.  VllI.  Un  giaud 
nombre  de  T^eftres  instructives  , 
d'Opuscules  polémiques  ,  cV Eloges 
littéraires  ,  publiés  en  partie  dans 
le  Journal  encyclopédique  ,  depuis 
1771  jusqu'ui  1785.  Daus"  sa  vieil- 


GROS 

lesse  son  style  devint  encore  puis 
obscur  ,  soii  qu'il  développât  plus 
difficilement  ses  idées,  soit  qu'il  eût 
gàlé  sa  diction  par  la  lecture  de  Ra- 
belais, de  ÎMontaigne  et  des  vieux 
auteurs  français  ,  dont  il  aimoit 
beaucoup  la  naïveté  et  le  franc-])ar- 
1er.  Lorsqu'il  écrivit  son  Discours 
sur  l'influence  des  lois  sur  les 
mœurs  ,  qui  concourut  avec  celui 
du  célèbre  Rousseau  de  Genève,  et 
obtint  un  accessit,  il  a\oit  unedic- 
lion  bien  plus  correcte  et  plus  élé- 
gante. Son  Testament ,  qui  fut  ira- 
))rimé  après  sa  mon,  est  original  et 
singulier  ;  c'est  une  pièce  qu'on  lit 
avec  plaisir,  et  qui,  plus  que  tonte 
autre,  décèle  la  tournure  d'esprit 
de  Grosley  ;  mais  cette  copie  impri- 
mée n'est  pas  conforme  a  un  ma- 
nuscrit que  nous  a  communiqué  M. 
Aubert ,  l'un  des  régisseurs  de  l'oc- 
Iroi  de  Paris,  et  parent  de  Grosley. 
Il  a  paru, eu  1787,  F'ie  de  Grosley, 
écrite  par  lui-même,  conliuiié^  et 
publiée  par  M.  l'abbé  Maydieu,  cha- 
noine de  l'église  de  Troyes  ,  un  vol. 
in-8°,  dédiée  à  un  inconnu,  avec 
celte  épigraphe  :  Tum  dentum  vi- 
tam  ,  cuni  moriunlur ,  agunt.  M. 
Patris  du  Rreuil  de  Troyes  a  donné 
un  recueil  en  prose  et  en  vers,  dans 
lequel  se  trouve  une  notice  très-iu- 
léressanle  sur  Grosley ,  avec  le  Tes- 
tament original ,  d'après  le  manus- 
crit commuiiiqué  par  M.  Aubert, 
un  vol.  in-12,  Paris,  1810. 

"•GROSPRÉ  (Robert),  médecin 
du  16^  siècle,  natif  d'Arras  ,  est 
connu  par  deux  traités  qu'il  dédia 
à  Henri  V^III  ,  roi  d'Angleterre ,  et 
qui  ont  paru  sous  les  litres  suivans: 
I.  Traclalus  de  Peste  ,  Parisiis  , 
i538  ,  in-4".  II.  Re^imen  saiiilatls, 
Gandavi ,  i558,  in-4°;  Parisiis, 
I.5.T9,  in-4'',  avec  le  précédent, 
ibid. ,  i?i.\o  ,  in-i  2. 

GROSSE"^!  (Chrétien),  théolo- 
giea  lulhéritu,  né  à  Witlemberg  eu 


GROS 

i5o2  ,  mort  en  1670  ,  professeur  à 
Stelliu  eu  1 654,  et  surinteiidant- 
géuéral  des  églises  de  la  Poméranie 
eu  j()63,  à  61  ans  ,  a  donné  un 
Tracté  contre  la  primauté  du  j,ape , 
et  d'autres  ouvrages  de  controverse 
qu'on  ue  lit  plus. 

GROSSE-TESTE (Robert),  roy. 

ROBEPxT  ,  U°  XV. 

'  GROSSI  (Jeau- Baptiste),  de 
Cataue  ,  né  en  ibo5,  et  mort  eu 
1666  ,  lut  protouotaire  apostolique 
et  chanoine ,  et  jouit  d'une  grande 
réputation.  On  a  de  lui ,  Catanense 
decachurduni  ,  sive  nouisslma  sa- 
crée Caïaiieusis  ecclesiœ  notltla  ; 
Catanaui  sacrain ,  siue  de  episco- 
pis  Cata/ieiisibus  ;  controversla- 
lum  forensium  judicioruvi  com- 
mentarius  ad  c.  78  reg.  Caroli  K, 
de  coutractibus  per  minores  non 
celebrandis  absque  auctoritate  cu- 
ratoris ,  vel  judicis ^  etc. 

t  I.  GROSTESTE  (Marin), 
seigneur  des  IMaius  ,  né  à  Paris  eu 
décembre  1649,  élevé  dans  la  reli- 
gion réibrmée  ,  dont  il  fil  abjuration 
à  Paris,  Tau  1681 ,  entre  les  mains  de 
Coishu  ,  évèque  d  Orléans  ,  depuis 
cardinal  ,  alla  peu  de  temps  après 
à  Orléans,  où  il  convertit  à  la  foi 
catholique  un  grand  nombre  de  per- 
sonnes ,  entre  autres  son  père,  sa 
mère,  et  un  de  ses  frères.  Il  devint 
ensuite  chanoine  de  la  cathédrale 
d'Orléans  ,  et  mourut  dans  cette 
ville  le  G  octobre  i6g4  ,  n'étant  que 
diacre,  n'ayant  jamais  voulu  rece- 
voir l'ordre  de  la  prêtrise.  On  a  de 
lui,I.  Considérations  sur  le  schisme 
des  prolest  ans.  11.  Traité  de  la 
présence  réelle  du  cojps  de  Jésus- 
Christ  dans  l'Eucharistie.  Ces  deux 
Traités  parurent  à  Orléans  eu  iItSô. 
III.  La  i'érité  de  la  religion  ca- 
thoH(iue  ,  prouvée  par  l'Ecriture 
sainte,  Paris,  1697  ,  in-12.  Cet  ou- 
vrage a  été  réimprimé  à  Paris  en 
1715,  5  vol.  iu-12  ,  avec  des  aug- 
»  T.    YllI. 


GROT 


97 


meutations   considérables  de  l'abbé 
Geoffroi ,  mort  à  Paris  en  1715. 

t  II.  GROSTESTE  (Claude),  sieur 
DE  La  Motke  ,  frère  du  précédent , 
qui  se  l'etira  à  Londres  en  iGS5, 
après  la  révocation  de  l'édit  deNau- 
tes ,  y  fut  ministre  de  l'Eglise  de  la 
Savoie  ,  et  y  mourut  en  i7i3  ,  à  66 
ans  ,  membre  de  la  société  de  Ber- 
lin. Grosteste  étoit  savant ,  éloquent 
en  chaire,  d'une  prudence  r;ire,  et 
d'une  chanté  consommée.  On  a  de 
lui  ,  I.  Traité  de  l'inspiration  des 
Lii-res  sacrés,  Amsterdam,  ifigS. 
II.  Plusieurs  Kermo/is.  111.  D'autres 
OV/t'/o^es,  qui  eurent  au  tant  de  succès 
dans  li-s  pays  proteslans  que  ceux  de 
son  frère  dans  les  pays  cutlioliques. 

i-I.GROTlUSo;/GRooT([-Iuo„es), 
né  à  UAix.  le  10  avril  i58j,  d'une 
f;imil!e  illustre  ,  reçut  une  t  xcelleute 
éducation  ,  et  y  répondit  d'une  ma- 
nière distinguée.  Des  l'i.ge'  de  huit 
ans  il  faisoit  des  vers  latins  qu'ua 
vieux  poète  n'auroit  pas  désavoués. 
A  i5  ans  ,  en  1697  ,  il  soutint  des 
thèses  sur  la  philosophie  ,  les  mathé- 
inali(|ues  et  la  jurisprudence  ,  avec 
un  applaudissement  général.  L'an- 
niîe  d'après  il  vint  en  France  avec 
Barneveldt,  ambassadeur  de  Hol- 
lande ,  et  mérita  par  son  esprit  et  par 
sa  conduite  les  éloges  de  Henri  IV 
qui  le  graliHa  d'une  chaîne  d'or.  De' 
retour  dans  sa  pairie,  il  plaida  sa 
première  cause  à  1  7  ans  ,  et  fut  fait 
avocat-général  à  24.  Roterdam  sou- 
haitoil  de  jouir  de  ses  lalens  :  il  s'y 
établit  eu  iGi5,  et  y  futfait syndic. 
Lt  s  querelles  des  remoutrans  et  des 
contre-remoutrans  agiioieut  alors  la 
Hollande.  Barneveldt  étoit  le  pro- 
tecteur des  premiers.  Grotius  s'élaut 
déclaré  pour  le  parti  ds  ce.  grand 
homme,  son  ami,  le  soutint  par 
ses  écrits  et  par  son  crédit.  Leurs 
ennemis  se  servirent  de  ce  prétexte 
pour  les  perdre  l'un  et  l'autre.  Bar- 
neveldt eut  la  tète  tranchée  eu  1619, 
et  Groliui  fut  eufermé  à  vie  daus 


98  GROT 

le  château  de  Louvestein.  Sa  femme  , 
ayant  eu  la  permission  de  lui  faire 
passer  des  livres,  les  lui  envoya  dans 
un  grand  coH're  ;  l'illuslre  prisonnier 
se  mit  dans  ce  coffre  ,  et ,  par  cette 
ruse,  sut  échappera  ses  persécu- 
teurs. Les  poêles  contemporains  , 
Barlœits  ,  Rutgersius  ,  Erycius  Pu- 
teanus  (  où  Henri  Dupuy  ),  etc. ,  ver- 
sifièrent à  l'envi  en  l'honneur  de  ce 
coffre.  Grotius  lui-même  fit  des  vers 
à  ce  sujet.  Après  avoir  erré  quelque 
temps  dans  les  Ptiys-Bas  catholiques, 
il  chercha  et  trouva  un  asile  en 
France.  Alors  on  l'accusa  dans  son 
pays  de  vouloir  se  faire  catholique  ; 
mais  il  répondit  à  un  de  ses  amis 
que  ,  a  quelque  avantage  qu'il  eût  de 
passer  d'un  parti  foihle  qui  l'avoit 
maltraité  ,  à  un  parti  fort  qui  le 
recevroit  à  bras  ouverts  ,  il  n'étoit 
pas  tenté  de  le  faire Et  puis- 
que j'ai  eu  ,  ajoutoit-il  ,  assez  de 
courage  pour  supporter  la  prison  , 
je  n'en  manquerai  point,  j'espère  , 
pour  soutenir  f  exil  et  la  pauvreté....» 
Les  protecteurs  que  Grotius  trou  vaen 
France  le  préseutèrentà Louis XIll, 
qui  lui  donna  une  pension  de  mille 
écus.  Les  ambassadeurs  de  Hollande 
travaillèrent  en  vain  à  donner  au  roi 
sur  son  compte  des  impressions  dé- 
favorables :  ce  prince  ne  voulut  point 
les  écouter.  Il  rendit  même  à  Gro- 
tius un  témoignage  avantageux  , 
parce  qu'il  le  voyoit,  avec  un  éton- 
nemeiil  mêlé  d'estime,  conserver  tou- 
jours de  l'amour  pour  son  ingrate 
patrie.  Cependant  ses  ennemis  re- 
doubloient  leurs  efforts  pour  le  per- 
dre ;  et  le  cardinal  de  iiichelieu  , 
qu'il  ne  llattoil  pas  sur  ses  produc- 
tions ,  à  force  de  dégoûts  ,  l'obligea 
enfîii  de  se  retirer.  Sa  pension  l'ut 
même  supjfnmée  en  i63i.  Cet  il- 
lustre réfugié  prit  alors  le  parti  de 
retourner  en  Hollande.  Il  espéroit 
beaucou'p  des  bontés  du  prince  d'O- 
range Frédéric-Henri ,  qui  lui  avoit 
écrit  une  lettre  consolante  ;  mais  ses 
ennemis    représeulèrenl  au   prince 


GROT 

qu'il  y  auroil  du  danger  à  le  réta- 
blir ,  et  le  firent  condamner  de 
nouveau  à  un  bannissement  perpé- 
tuel. Ce  nouvel  orage  obligea  Gro- 
tius de  quitter  une  seconde  fois  sa 
patrie.  On  le  désiroit  en  Suéde.  Il 
se  rendit  donc  à  Hambourg  ,  pour 
s'inlbrmer  de  ce  qu'il  avoit  à  espé- 
rer de  la  cour  de  Stockolin.  Pendant 
le  séjour  qu'il  iil  dans  cette  ville  , 
plusieurs  princes  ,  tels  que  les  rois 
de  Daiiemarck,  de  Pologne  ,  d'Es- 
pagne ,  firent  des  tentatives  pour 
l'attirer  dans  leurs  étals  ;  mais  la 
protection  que  lui  accordoit  le  chan- 
celier d'Oxenstiern  ,  et  le  goût  que 
la  reine  Christine  avoit  pour  les 
savans  ,  le  déterminèrent  à  s'atta- 
cher à  Cl  tte  princesse.  Il  partit  en 
1634  pour  Slockolm  ,  où  on  l'ac- 
cueillit comme  il  leméritoit;  et,  peu 
de  temps  après  son  arrivée,  il  fut 
nommé  conseiller  d'état  et  ambas- 
sadeur en  France.  Ce  choix  déplut 
an  cardinal  de  Richelieu ,  qui  le 
voyoit  avec  peine  revenir  dans  nu 
royaume  où  on  lui  avoit  refusé  la 
subsistance,  après  l'avoir  reçu  avec 
la  plus  grande  bonté.  Oxenstiernne 
voulut  pas  nommer  d'autre  ministre; 
et  Grotius  fit  son  entrée  à  Paris  au 
commencement  de  mars  i635.  Après 
un  séjour  d'onze  mois  dans  cet  te  ville, 
où  il  jouit  des  hommages  des  savans, 
il  revint  en  Suède.  11  passa  par  la  Hol- 
lande. Les  choses  étoieut  bien  chan- 
gées. La  plupart  de  ses  ennemis 
étoieut  morts  ;  et  l'on  se  repenloit 
d'avoir  forcé  un  homme  qui  faisoit 
tant  d'honneur  à  sa  patrie  ,  de  la 
quitter.  Aussi  fut-il  reçu  à  Amster- 
dam avec  une  grande  distinction. 
Arrivé  en  Suède  ,  il  ne  fut  pas  ac- 
cueilli moins  favornblement  par 
Christine,  à  laquelle  il  demanda  son 
cons^é  ;  mais  il  l'obtint  avec  peine. 
Grotius,  en  retournant  dans  son  pays, 
mourut  à  Roslock  ,  le  28  août  1646, 
à  62  ans.  Cet  homme  célèbre  avoit 
une  figure  agréable  ,  des  yeux 
viis  ,   un   visage    serein  et    riant. 


GllOT 

ïl  écrivoit  à  son  père,  tandis  qu'il 
éloil  ainbassaiieur  :  «  Je  suis  rassa- 
sie d'Iionneins.  J'aime  la   vie  tran- 
quille,  et  je   serois  fort  aise  de  ne 
plus  m'occuper  que  de  Dieu  el  d'ou- 
vrages ulilesala  postérité.  »  llétoil 
à  la  lois  bon  ministre,  excellent  ju- 
risconsidle  ,  théologien  ,   historien  , 
poêle  el   bel    esprit.    C'a  été  ,    sans 
contredit  ,  un  des  plus  grands  hom- 
mes de  son  temps,  soit  par  son  éru- 
dition profonde  ,  soit  pour  la  beauté 
de  son  esprit,  soit  pour  la  pureté 
de  sa  diction.  11  possédoit  parluite- 
nient  les  langues  ,  la  fable  et  l'his- 
toire ,    l'antiquité    ecclésiastique    et 
profane,  sur-tout  la  science  du  droit 
public.  Ses  écrits    sont    une  source 
où  tous  les  jurisconsultes  ont  puisé. 
Les  principaux  sont  ,  1.  Un  excel- 
lent traité  De  jure  Belli  et  Pacis 
libri  1res.  Accesserunt  ejusdem  dis- 
sertalio  de  Mari  liberu,  etc.  cum 
iiutis  varioriim,  Amsterdam  ,  1712, 
et  1755  ,  2   vol.  in-S".  11  a  été  tra- 
duit en  français  par  Barbeyrac,  1724, 
2  vol.  in-4°;   mais  on  le  lit  moins 
utilement  dans  la  version  que  dans 
l'original  latin  ,  quoique  le  style  en 
soit  un  peu  dur.  Cet  ouvrage  a  passé 
autrefois  pour  un  chef-d'œuvre  ;  et 
malgré  la  foule  de  livres  publiés  sur 
cette  matière  ,  il  mérite  encore  au- 
jourd'hui une  place  distinguée  parmi 
les  productions  de  ce  genre.  On  lui 
reproche  cependant  un   trop  grand 
étalage  d'érudition:   les  citations  y 
étouffent  les  raisonnemens.  La  meil- 
leure édition  du  texte  est  celle  en  3 
vol.  infol.  ,  1696,   1700  et  17145 
avec  des  commentaires.  La  traduc- 
tion ,  accompagnée  de  remarques  , 
pa*se   pour  fort   exacte.  11.  Traité 
de  la  i'érilé  de  la  religion   chré- 
tienne,  Leyde ,   1662  ,  in-12 ,  tra- 
duit du  latin  eu  français  par  Mé- 
zerai  ,   1 644  >    iu-8°   (  Ployez  une 
Dissertation   sur   cet  ouvrage  dans 
le  Dictionnaire   des   anonymes,  n*^ 
7278,  el  dans  le  Magasin  encyclo- 
dique,  8*^  année  ,  l.  5,  pag,  182.)  Le 


GROT 


99 


même  Traité  a  encore  e'té  traduit  en 
fiançais  par  le  P.    Talon  ,  de  l'O- 
ratoire ,  Paris,    iGftg  ,  in-12,  par 
Pierre-le-jeuiie  ,  Ulrecht ,  1692,  iu- 
8°,  par  rabl)é  Goujel ,  Pans  ,  1724, 
m-12,  et   1754,   2    vol.  in-12,   et 
par  plusieurs  autres.  Cet  ouvrage, 
composé    d'abord  par  Grotius  ,   eu 
vers  llamands,  pour  forlilier  dans  le 
chrisliaiiisnie  les  matelots  qui  font 
le  voyage  des  Indes ,  a   été  traduit 
en  grec  ,  eu  arabe  ,  en  anglais  ,  ea 
persan   ,     en     allemand.     111.     Des 
Œuvrer,  ihéotogiques  ,    qui  venfer- 
menl   des    Coinnientaires  sur   l'E- 
criture sainte;  et  d'autres   Traités 
recueillis  à   Amsterdam  en     167g  , 
en  4   vol.  in  -  tolio.  On  a    accusé 
l'auteur  d'avoir    donné  quelquefois 
dans  le  pélagiauisme  et  le  .soci:nia- 
nisme  ;  d'avoir  prodigue  l'érudi'ioa 
profane  dans  des  matières  sacrées  ; 
d'avoir  cherché  dans  le  texte  de  l'E- 
criture ,  moins  ce  qui  y  est ,   que  ce 
que  le  commeniateur  vouloity  voir, 
etc.  La  plupart  de  ces  reproches  sont 
fondés,   et  il  faut  avouer  que   plu- 
sieurs endroits  de  ces  Commentaires 
paroissent  fa'x>rables  aux  uouveaux 
ariens.  Il  esl  vrai  qu'il  a  combattu 
le  sentiment  de  Socin  ,  en  soutenant 
la  préexistence  du  Verbe  ;   mais  il 
se  rapprochoil  de  lui  dans  plusieurs 
autres  points.  Grotins  éloit  un  des 
plus  modérés  prolestans.  11  est  à  jné- 
sumer    que   cette   modération    ve- 
noil  plutôt  d'une  indifférence  pour 
toutes  les  religions,  que  de  la  cou- 
noissance  qu'il  avoil  du  protestan- 
tisme. On    trouve  dans  Ja  Biblio- 
thèque Polonaise  une  de  ses  Lettres 
au  fameux  socinien    Crellins ,    qui 
donne  des  soupçons  sur  sa  religion. 
Jurieu  , dans  l'Esprit  d'Arnauld  ,  dit 
«  que  Grotius  étoit  mort  sans  vou- 
loir faire   profession    d'aucune   re- 
ligion el  ne  répondant  à  celui  qui 
l'exhortoit  à  la  mort  que  par  un  non 
intclUgo.  »  IV.  Des  Poésies,  1617  , 
itJ32  ,  in-8°,  et  Leyde,  i  tîSg  ,in-ij. 
Il  y  en  a  quelques-unes  d'iiturcuses  ; 


loo  GROÏ 

mais  sa  vaste  lluéralure  cleint  sou- 
vent son  l'en  poétique.  Les  Hollan- 
dais en  font  un  grand  cas  ;  en  France, 
on  en  juge  autrement.  V.  De  ifiipc- 
r'io  summarum  potestatuin  ciica 
sacra  ,  La  Haye  ,  1661  ,  iu-i  2  ;  tia- 
duil  en  français  par  Lescalopier  , 
Londres,  1751  ,  in-12  ,  sous  ce  litre  : 
Traité  du  pouvoir  du  magistrat 
politique  sur  tes  choses  sacrées. 
VI.  Annales  et  hisluriœ  de  rébus 
Belgicls,  ab  obitu  régis  P/tilippi, 
îisque  ad  indacias  aiini  1619.  Ams- 
lelodarni ,  i657  ,  in-fo!.  L'auleitr  a 
parfaitement  imité  Tacite  dans  ses 
Annales;  il  est  comme  lui  énergicpie 
et  concis  ;  mais  cette  précision  le 
rend  quelquefois  obscur  :  comme 
lui ,  il  a  développé  toutes  les  intri- 
gues, tous  les  ressorts,  tous  les  motifs 
des  événemens  dont  il  a  été  le  té- 
moin. Cet  ouvrage,  traduit  en  fran- 
çais par  Nicolas  l'Héritier  ,  Ams- 
terdam, 1G62  ou  1672  ,  lu-fol. ,  est 
plein  de  maximes  que  la  politique 
peut  adopter  ;  et  les  passions  des 
dilférens  acteurs  y  sont  peintes  avec 
art  et  avec  énergie.  VIL  Historia 
Golhorurn  ,  in-S",  inférieure  à  la 
précédente  pour  le  style  ,  mais  très- 
utile  pour  les  recherches  sur  l'his- 
toire d'Espagne  ,  et  sur  celle  de  la 
décadence  de  l'empire  romain.  Vlil. 
De  antiquitafe  reipublicœ  Bâta- 
vicœ  ,\\\-i^\  ouvrage  plein  d'éru- 
dition. IX.  Des  tragédies  peu  théâ- 
trales, et  dont  le  sujet  est  ma!  choisi. 
Elles  parurent  sous  le  litre  de  ïVa- 
gœt/ice ,  e\.c. ,  1635,111-/1°.  X.  De 
origine  gentiurn  Americanarum 
dissertationes  duœ ,  1642  et  16.45, 
2  vol.  iii-S".  XL  Excerpta  ex  tragœ- 
diis  et  coinœdiisgrœcis,  emendtita., 
et  latinis  versibus  red<{ita,  Paris, 
i6:a6,  in-4''-  Xll.  P/iilosop/ior/tm. 
sententiœ  de  falo  .,  Paris,  16  jS  , 
in-/|°.  Xlll.  Des  L'tlres  ,  puliiié"s 
en  i687,iu-fol.  XIV.  Une  édition 
de  l'.apella ,  sous  le  titre  de  Mar- 
îianl  Miiiel  Felicis  Capellœ  ,  safy- 
ricon,  in  quo  de  nuptiis philologiœ 


GROT 

et  Mercurli  Libri  duo  ,  etc.,  emen- 
dati  et  notis  llug.  Grulii  illustrait, 
t.ugduni  liatavoruin  ,  i.'igg,  111-8°; 
premier  ouvrage  publié  par  Grotius, 
à  l'âge  de  16  ans.  Cette  édition,  qui 
n'est  [)ascommune,est  plus  rarelors- 
qu'ilya  deux  portraits  qui  ne  se  trou- 
vent que  dans  w\\  très-pelil  nombre 
d'exemplaires.  Le  premier  est  celui 
de  Henri  de  Bourbou-Condé  ,  pre- 
mier prince  du  sang  ,  à  qui  l'ouvrage 
est  dédié.  Le  second  est  celui  de  Gro- 
tius ,  à  l'âge  de  i5  ans  ;  ils  sont  gra- 
vés par  Jacques  Gliein.  (  Voyez  ce 
mot.  )  XV.  Un  Conihienlaire  sur  les 
Annales  de  Hollande .,  par  Douza. 
On  peut  consulter  sur  cet  homme  cé- 
lèbre sa  Vie,  par  de  Burigny  ,  en  2 
vol.  iu-i  2  ,  J7.'i2.  L'historien  y  entre 
dans  de  grands  détails  sur  ce  grand 
homme  et  sur  ses  négociations.  Le 
caractère  de  Gro tins  ressembloi là  son 
style  ;  c'est-à-dire,  qu'il  étoit  noble, 
ferme  ,  et  quelquefois  dur.  On  voit 
d;ms  l'Histoire  métallique  de  la  Hol- 
lande une  médaille  sur  laquelle  Gro- 
tius est  appelé  le  'Phénix  de  la  patrie, 
\ Oracle  de  Delft ,  le  grand  esprit , 
la  lumière  qui  éclaire  la  terre. 

^  IL  GROTIUS  (  Corneille  ),  fils 
aillé  du  précédent,  étudia  d'abord 
les  sciences  et  les  belles-lettres,  qu'il 
quitta  bienlôl  pour  embrasser  le  mé- 
tier des  armes.  Il  servit  sous  le  duc 
de  Saxe-Weiinar,  sons  le  maréchal 
de  Chatillon,  et  obtint  enfin  une 
compagnie  dans  un  régiment  que  les 
états  de  Hollande  avoient  donné  au 
vicomte  de  I\Iombas,son  beau-frère. 
Il  mourut  célibataire  sur  la  lin  du 
17^ siècle.  On  trouve  de  lui  quelques 
poésies  latines  dans  le  recueil  de 
celles  de  Vinceutius  Fabricius. 

*  in.  GROTiUS  (Pierre) ,  second 
fils  de  Hugues  Grotius,  fut  employé 
dans  plusieurs  ambassades.  L'ébc- 
leur  Palatin,  rétabli  par  la  paix  de 
Munster  ,  le  lit  son  résident  auprès 
des  états-généraux.  Nommé  pen- 
sionnaire de  la  ville  d'Amsterdaru 


G  ROT 

«a  1G60  ,  il  exerça  honorablement 
cet  etiîploi  pendant  sept  ans.  En 
1668  il  fut  envoyé  ambassadeur 
vers  les  couronnes  du  norti.  Apres 
avoir  rempli  les  postes  les  plus  iui- 
porlans,il  mourut  dans  une  maison 
de  campagne,  près  d'AmsIerdain  , 
sur  la  lin  du  17''  siècle.  (i\i  doit  à 
ses  soins  l'édition  des  (Euvres  théo- 
logiques de  son  ])ère  ,  eu  5  volumes 
iu-lbl.  ,  1679,  dédiée  à  Charles  11  , 
roi  d'Angleterre. 

*  IV.  GROTIUS  (  Guillaume  ) , 
troisième  l'rère  des  précédens  ,  dis- 
tingué au  barreau,  refusa  en  i658  la 
place  de  conseiller  pensionnaire  de 
la  ville  de  Délit,  en  quoi  il  fut  ap- 
])rouvé  par  Hugues,  «  attendu  ,  dit- 
il  ,  le  malheur  des  temps  où  nous 
AMVons  ,  et  où  il  est  difficile  de  cuii- 
cilier  l'honneur  et  le  devoir.  »  L'an- 
née suivante  il  fut  nommé  avocat 
de  la  conspagnie  des  Indes.  Grotius 
fut  le  principal  correspondant  de  son 
frère.  Il  a  écrit  en  latin  les  vies  de 
quelques  juriscousulies  ,  et  publié  en 
1667  un  Jfa/iuel  des  principes  du 
droit  naturel. 

*GROTTO  (  Louis),  dit  ilCieco 
d'Âdria,  parce  q;i'il  étoit  né  dans 
celte  ville  ,  et  qu'il  éloit  devenu 
aveugle  presque  en  naissant,  se  dis- 
liUs^ua  par  son  esprit  et  ses  connois- 
sauces  dans  les  sciences  philosophi- 
ques et  tlans  les  langues.  11  ionda 
dans  sa  patrie  l'académie  des  lllus- 
irati ,  et  acquit  l'estime  de  ses  con- 
riioytus.  On  a  de  lui  UOrazioni 
x'o/gari  e  latine;  Earthelemi  Vioite, 
de  Lyon  ,.ea  a  donné  ,  en  1628,  \.n\t 
traduction  in-S°  sous  ce  titre  :  Les 
harangues  de  Louis  GruUo  ,  aveu- 
gle d' Hadrie  ,  admirable  en  élo- 
quence ,  par  lui  prononcées  en  plu- 
sieurs lieux  où  il  a  été  em^ové 
ambassadeur ,  très-  utiles  à  foules 
sortes  de  personnes  i  traduites  de 
latin  et  d'italien  en  français  i  Let- 
terefaniigUari  ;  Il  primo  libro  delV- 
Uiade  aOiaero  tradotlo  ;  Il  pen- 


GROV  ICI 

timento  amoroso  ,  pièce  pastorale  ; 
La  Callislo  ,  idera  ;  L' jldriano  , 
tragédie:  le  sujet  est  tiré  de  la  pre- 
mière Nouvelle  du  second  volume 
de  Bendel  ;  La  J)alia  ,  tragédie  :  Il 
Tesoro  ;  La  E  mi  lia  ,  l'yllteria  , 
comédies  ;  l'Eniilia  a  été  traduite  en 
prose  française  ,  par  un  anonyme, 
en  1609,  Paris,  \\\-i2  ■,Oraziune 
in  Iode  di  tutti  i  santi  ,  e  memoria 
di  certi  pagnni  ;  Jlcuni  paragoni 
tra'  Romani  e  Venezianii  T'ila  di 
S.  Caferina  virgine  e  martire  ; 
Isaac  rappreseniazione  spirituale , 
et  autres  Ouvrages.  11  mourut  à 
Venise  en  i585,  âge  de  /|4  ans. 

GROUAIS.  P'oy.  DiiSGROUAis. 

t  GROUCHY,  Gn/cliius  (  Nico- 
las de  )  ,  d'une  famille  noble  de 
Rouen,  expliqua  le  premier  Aris- 
tote  eu  grec  :  il  enseigna  avec  ré- 
putation à  Paris ,  à  Bordeaux  et  à 
Coimbre.  De  retour  en  France ,  il 
alla  à  La  Rochelle,  où  Ion  vouloit 
établir  un  collège.  Il  y  mourut  eu 
i57g.  On  a  de  lui  v\n  grand  nombre 
d'ouvrages.  Les  principaux  sont  ,  I. 
Une  Traduction  de  l'Histoire  des 
Indes  ,  par  F.  L.  de  Caslanedo  _, 
Paris,  i5ô4,  in-4°-  H-  Un  traité 
L>e  Cumitiis  Romaiiorum  et  des 
Ecrits  contre  Sigonius ,  in-fol.  Ce 
savant  craignoit  Grouchy,  et  eut  la 
lâcheté  impardonnable  de  ne  pailer 
contre  lui  que  lorsqu'il  eut  appris  sa 
mort.  Au  surplus  ,  l'ouvrage  le  plus 
remarquable  de  Nicolas  de  Grouchy 
est  celui  intitulé  la  Béatitude  ,  ou 
les  inimitables  amours  de  T/ieoys 
(  fils  de  Dieu  ) ,  et  de  Carite  (  la 
grâce  )  ,  eu  dix  poèmes  dramatiques 
de  cinq  actes  ,  Paris  ,  i63:2,  in-H*^  de 
plus  de  900  pages.  Dans  sa  Biblio- 
thèque du  théâtre  français  ,  le  duc 
de  La  Vallière  a  donné  un  long  ex- 
trait de  cette  bizarre  concepiiou 
(lom.  II,  pag.  53i  ),  qu'il  appelle 
\\\\  chef  d'oeuvre  de  déraison. 

*  GROVE  (Henri),  théologien 


102  GKOU 

nn^lais  non  -  conformiste  ,  né  en 
i685  ,  à  Tauuloa- ,  au  comté  de 
Soinnieriet  ,  mort  an  même  lieu, 
eu  1708  ,  après  avoir  reçu  à  f^oiulres 
nue  ëuucalioa  so.guée  ,  enlra  dans 
l'Eglise;  'et  eu  1706  il  fut  à  Tanii- 
tou  maître  daus  une  académie,  qui 
dut  beaucoup  à  ses  soins.  Outre  dif- 
férevis  Sermons  qu'il  a  publiés  ,  il  a 
donné  ,  dans  le  Spectateur,  les  nu- 
méros 088.  601  ,  G26  et  683  ;  Un 
JEssai  sur  t irnmorlalité  de  rame; 
Un  lissai  sur  les  (ondiùons  de  la 
communion  chrétle/ine ;l.ii&  Cunsi- 
dératiuns  sur  l'évidence  de  la  ré- 
surrection du  Sauveur  ;  Pensées 
sur  les  preuves  de  i  état  futur;  Dis- 
cours sur  la  nature  el  l'inlention  de 
l'Eucharistie. 

GROUîMBACH  (Guillaume  ), 
oenlilliomme  saxon  ,  chassé  de  son 
pays  pour  (|.ie!ques  crimes  ,  se  retira 
fu  i5r)6  à  Go'uia  ,  avec  ses  coMïplices, 
auprès  de  J(  an-Frédéric  ,  fils  de  ce 
Jean-Frédéric  que  l'empereur  Char- 
Jes-Qu  iîil  a  \' oit  dépouillé  de  l'électoral 
de  Saxe.  Groumbacli  avoit  princip.a- 
ïemenlen  vue  de  se  venger  du  nouvel 
électeur  Auguste,  chargé  de  faire 
exécuter  contre  lui  l'arrêt  de  sa  pros- 
cription. S'étant  associé  à  plusieurs 
brigands,  il  forma  une  conspiration 
avec  eux  pour  assassiner  l'électeur. 
Un  des  conjurés,  pris  à  Dresde, 
nvoua  le  complot.  L'électeur  Au- 
guste ,  ayant  une  commission  de 
l'empereur  ,  Ht  marcher  ses  lioupts 
contre  Gotha.  Groumbach,  que  le  duc 
Jean-Frédéric  soutenoil ,  y  éloit  ren- 
ferméavec  plusieurs  soldais  délermi- 
nésattachés  à  sa  fortune.  Ses  troupes 
et  les  bourgeois  dél'eiidireul  la  ville  ; 
mais  enliii  il  fallut  se  rendre.  Le 
<luc  Jean-Frédéiic  ,  aussi  malheu- 
reux que  son  père,  fut  arrêté  et 
tonduit  à  Vienne  dans  une  char- 
rette, avec  un  bonnet  de  paille  atta- 
ché sur  la  tête  ,  et  ses  étals  furent 
donnés  à  Jean-Guillaume  ,  son  frère. 
Groumbacli  el  ses  complices,  pris 


GROU 

en  même  temps,  finirent  leurs  jours 
par  le  dernier  supplice  eu  1067. 
f^ojez  Languet,  n"  1. 

*  GROUVELLE(  Philippe),  né  à 
Pans  en  1758,  homme  de  lettres, 
ancien  ministre  de  France  eu  Dane- 
niarck  ,  el  correspondant  de  la  classe 
d'histoire  el  de  littérature  ancienne 
de  l'iustilut  national  ,  fut  l'élève  de 
Champfort,  et  devint  secrétaire  du 
prince  de  Condé.  Il  embrassa  le  parti 
de  la  révolution  ,  figura  dans  le  club 
dit  de  1789,  rédigea  la  J  euille  vil- 
lageoise sous  Cérutli;  et  fut  ,  au  J<> 
aojil  1792,  nommé  secrétaire  du 
conseil  exécutif  provisoire.  Envoyé 
comme  ministre  de  France  eu  Dane- 
marrk  ,  eu  juin  1 790  ,  il  se  tronvoil 
encoie  à  Copenhague,  en  1799,  lors 
du  changement  survenu  dans  le 
gouvernement  français:  ce  fut  lui 
qui  en  fit  part  à  cette  cour.  11  venoit 
d'être  nommé  ambassadeur  à  La 
Haye  ,  lorsque  le  général  Bonaparte 
prit  les  rèues  du  gou'i  ernetnent  de 
la  France.  Il  fut  rappelé  avant  d'en- 
trer dans  sesnoiivelles  fonctions.  Le 
a8  mai  1800,  il  entra  au  corps  lé- 
gislatif. On  a  de  lui  ,  I.  Une  assez 
grande  quantité  de  Pièces  fugitives 
remplies  d'esprit ,  qui  ont  été  insé- 
rées dans  les  journaux  et  les  alma- 
nachs  littéraires.  \\.  IJ Epreuve  dé- 
licate ,  comédie  en  3  actes  et  en 
vers  (Paris,  178,5.)  III.  Des  Pam- 
])hlets  politiques  ,  tels  qu'une  ^///a- 
lyse  critique  de  Montesquieu,  qu'on 
retrouve  tlaus  la  Bibliothèque  de 
l'homme  y)ii})li(; ,  rédig('e  par  Cou- 
dorcet,  Chapelier,  etc  IV.  l'oint  de 
duel  ou  poLiit  de  coiistitulion.  V. 
yî dresse  des  habilans  d'un  ci~de- 
\'ant  bailliage  à  leur  député,  sur 
\  son  duel  et  sur  le  préjugé  du  point 
!  d' honneur,  première  et  seconde  édi- 
tion, 1790,  in-8°.  VI.  Un  Précis 
historique  sur  la  condamnation  des 
Templiers,  Paris,  180.').  Il  a  dirigé 
l'édition  des  Lettres  de  madame  ds 
Se  vigne  ,  qui  parut  en  1804,  édition 


GRUB 

qu'il  dassa  dans  un  uou  vel  ordre ,  et 
qu'il  accompagna  de  A'otes  biogra- 
])hiques  et  historiques  tres-inléres- 
saules.  Il  fui  encore  l'édileur,  pour 
la  partie  littéraire ,  tonjoiuleinenl 
avec  INI.  de  Grinioard  pour  la 
partie  militaire  ,  des  Gliiures  de 
Louis  XI P',  Paris,  1806,  6  vol. 
in  -  8°  ,  ornes  d'un  portrait  du 
prince  et  de  22  jilanches  chirogra- 
pliiques.  Grouvelle  est  mort  le  5o 
octobre  i8oô  à  Vareunes ,  départe- 
ment de  Seiue-el-Oise. 

GROZELLIF.R  (  Nicolas  ) ,  prêtre 
de  l'Oratoire,  né  à  Beauiie  le  2g 
août  1692,  iwort  le  19  juin  1778, 
est  auteur  de  quelques  ouvrages, 
dont  le  plus  counu  est  un  Hecueil 
de  Fabien,  in-12,  }768.  Voyez 
Bougeant. 

GRUAU  (Louis)  curé  de  Sauge 
dans  le  diocèse  du  Mans,  publia  en 
161 3,  à  Paris  ,  un  ouvrage  sous  ce 
litre  :  Nouvelle  itn'ention  pour 
prendre  et  oler  les  luups  de  la  l  rari- 
ce,  in-12,  avec  Hgures.  Dans  ce  traité, 
dédié  à  Louis  Xlll ,  qui  n'avoit  alors 
que  douze  ans,  on  trouve  des  anec- 
dotes qui  prouvent  un  grand  ins- 
tinct dans  le  loup  ,  de  la  prévoyance , 
une  combinaison  d'idées  et  du  cou- 
rage. La  conclusion  de  l'auteur  est 
originale;  c'est  que  plus  nous  ap- 
procherons de  la  lin  du  monde  ,  plus 
les  loups  se  nuilliplieront. 

*  GRUBE  (  Herman  )  ,  membre 
de  l'académie  impériale  des  curieux 
de  la  nature,  né  à  Lubeck  en  1607, 
pratiqua  son  art  avec  succès  dans  les 
villes  de  lîadersleben  et  de  Flens- 
bourg,  et  mourut  dans  la  première 
de  ces  villes  eu  1698.  Parmi  les 
ouvrages  qu'il  a  laissés,  on  distin- 
gue les  snivans  :  De  icfu  taren- 
tulœ,  et  i'i  mus/ces  in  ejus  cura- 
tione  ,  Francot'urli ,  j  679  ,  in-S".  II. 
Ânalysis  mail  cilrei  conipcndiosa  ; 
Ilafuiœ,  1668,  in-8".  lll.  Conunen- 
tarius  de  modo  simplioiuni  medi- 


GRUE 


io3 


camentorum  facultates  cognosren- 
di,  llafiiiae  et  Francolurti,  in-8".  IV. 
JJe  arca/iis  medicorum  non  arca- 
nis  vommentatio  ,  Hafuiœ,  1670  , 
m- 8°. 

*  GRUBEUMANN  (Jeau-Ulrich), 
né  à  Tuli'en  dans  le  canton  d'Ap- 
penzel ,  se  distingua  par  des  ouvra- 
ges de  cliarpente  ,  et  sur-lout  par 
les  ponts  nommés  Hasngwerck,  ou- 
vrages pendans  ,  tels  que  celui  de 
Schafi'house ,  qui  n'a  que  deux  ar- 
ches, et  qui  n'en  auroit  qu'une  si 
on  avoit  laissé  faire  le  constructeur. 
Ce  pont  à  néanmoins  069  pieds  de 
long.  —  Sou  frère  ,  Jean  Guubetj- 
MANN  ,  construisit  le  pont  d'une 
seule  arclre  ,  long  de  240  pieds  ,  qui 
est  sur  le  Rhin,  auprès  de  Reichenau, 
dans  le  iiays  des  (^risons.  Les  deux 
frères  construisirent  ensemble  un 
pont  de  bois  long  de  200  pieds,  qui 
n'esl  pas  un  hœngMerck,  ou  pont 
pendant  ,  dont  la  force  est  dans  la 
charpente  supérieure  ,  mais  une 
seule  arche  où  le  l)ois  tient  lieu 
de  voûte.  Ou  ignore  l'année  de  la 
monde  ces  ingénieux  charpentiers. 

GRI^CHIUS.  Voyez  Grouchy. 

GRUDIUS  (  Nicolas  Everard  , 
dit  ) ,  trésorier  du  Hrabant ,  et  fils 
d'un  président  du  conseil  souverain 
de  Hollande  et  de  Zélande,  mort 
en  1.S71  ,  a  donné  des  Poésies  pro- 
fanes,  Leyde  ,  1612  ,  in-S" ,  en 
latin  ;  et  des  Poésies  sacrées  ,  An- 
vers ,  i566,  in-S"".  11  avoil  pour 
frères  Jean  Second  et  Adrien  ]\Ia- 
rius,  qui  se  distinguèrent  aussi  dans 
la  versification.  Voyez  Second 
(  Jean,  j 

GRUE  (Tliomas),  littérateur 
français,  mort  vers  la  fin  du  17* 
siècle,  à  qui  nous  devons  des  tra- 
ductions de  quelques  ouvrages  an- 
glais. Les  principales  sont  ,  L  Les 
Religions  du  monde,  traduites  de 
l'anglais    de    Ross  ,    iu-4°.  11     La 


io4  G  RU  G 

Porte  ouverte  pour  parvenir  à  la  ' 
coniioissance  du  paganisme  ,  lia- 
diiite  aussi  de  l'anglais  d'Abraham 
Roger,  '\n-/°.  On  l'estime  pour  la 
counoissance  qu'il  donne  des  mœurs 
des  brames  asi?aiques. 

t  I.  GRUET  (Jacques),  Gene- 
vois, vivoit  vers  le  milieu  du  16*^ 
siècle;  il  éloil  aussi  opposé  à  Calvin 
et  à  ses  partisans  qu'aux  défenseurs 
de  la  religion  catholique,  parce 
qu'il  n'en  professoit  aucune.  Il  ne 
nianquoit  d'ailleurs  ni  d'esprit  ni 
d'érudition  ,  et  il  soufFroit  impa- 
tiemment les  calvinistes  et  leur  ré- 
forme. Il  eut  la  hardiesse  d'afticlier  , 
en  i.T47,dcs  placards,  dans  lesquels 
il  accusoit  les  réformés  de  cette  ville 
d'être  des  esprits  remuans  ,  qui 
après  avoir  ,  disoit-il  ,  renoncé  à  la 
vérité,  et  la  plupart  à  leur  premier 
état  '  vouloieul  dominer  sur  toutes 
les  consciences.  On  saisit  ses  papiers, 
on  y  trouva  des  preuves  d'irréligion, 
et  on  se  ser\it  de  ce  prétexte  pour 
le  condamner  à  perdre  la  tête.  Celte 
sentence  fui  exécutée  en  i549.  Son 
plus  grand  crime ,  aux  yeux  des 
Genevois  ,  étoit  d'avoir  démasqué 
leur  patriarche  Jean  Calvin  ,  dont  il 
avoil  peint  le  caractère  et  la  con- 
duite sous  des  couleurs  peu  fa- 
vorables. 

t  II.  GRUET  (N.  ),  Jeune 
poêle  du  iS''  siècle,  fut  ravi  à  la 
littérature  à  l'âge  de  25  ans  par 
un  accident  déplorable.  Etant  à  la 
chasse  il  appuya  la  tête  contre  son 
fusil ,  sou  chien  le  fit  partir ,  et  il 
mourut  du  coup,  en  1778.  On  lui 
doit  Les  ^J dieux  d'Heclor  et  d'jîn- 
dromaque  ^  pièce  couronnée  à  l'a- 
cadémie l'rançaise  en  1776.  Une  Hé- 
roïde  intitulée  Jnnibal  au  sénat  de 
Carthage.  La  Traduclionenvers  du 
commencement  de  l'Iliade.  11  avoil 
entrepris  aussi  de  mettre  Télémaque 
en  vers. 

GRUGET  (  Claude  ) ,_  Parisien  , 


G  Pi  U  L  ^ 

vivoit  au  16"^  siècle.  U  s'est  fait 
c-onnoilre  par  des  Traductions  (\\i'\\ 
a  données  de  l'italien  et  de  resi)a- 
guo!  ,  et  par  les  éditions  de  ^ Uepla- 
rneron  de  la  reine  de  Navarre , 
i56o,  in-4°  ;  du  Dodec/içdron  ,  ou 
Plaisant  Jeu  de  fortune  ;  de  Jé/ian 
de  Meung. 

*GRUIWARDT  (Ferdinand), 
médecin  ,  né  à  Tergoes  eu  Zélaude 
en  1628,  pratiqua  d'abord  son  art 
à  Middelbourg  pendant  J7  ans,  et 
revint  ensuite  dans  sa  ville  natale, 
où  il  fut  successivement  premier  des 
échevins,  conseiller  et  bourgmestre, 
saui  jamais  discontinuer  l'exercice 
de  sa  profession.  11  y  mourut  en 
1701.  Ce  médecin  a  fait  impri- 
mer la  harangue  qu'd  prononça  à 
l'occasion  de  son  doctorat  ;  elle  traite 
De  cotnparatione  microcosmi  cum 
macrocosmo.  Ses  autres  ouvrages, 
qui  sont  écrits  en  flamand  ,  peu- 
vent se  rendre  par  ces  titres  :  1.  Exa- 
men de  ta  chirurgie,  recueilli  par 
Corneille  Tlerls ,  présentement  cor- 
rigé et  augmenté,  Middelbourg, 
)6(5o,  in-b°  ;  Amsterdam,  j66o  , 
iu-8°.  II.  ylpologie  contre  les  accu- 
sations et  les  maximes  inouïes  de 
ses  commodes  ennemis,  La  Haye, 
i66jj  2  vol.  in-4°.  III.  Observa- 
tions médicinales  et  chirurgicales , 
dressées  d'api  es  une  expérience  de 
36  ans,  et  publiées  pour  rinstruc— 
tion  des  jeunes  élèves  en  cet  art  , 
Amsterdam,  i658,  in-8°.  IV.  Théâ- 
tre tragique  de  laZélande ,  ouvert 
pour  l'utilité  du  peuple  belgique , 
1680 ,  1690,  in-zi". 

*  GRULING  (  Philippe  ), 
médecin,  né  à  Stolberg  ,  dans  la 
Thuringe,  et  mort  dans  cette  ville 
en  1667  ,  à  l'âge  de  74  ans,  cul- 
tivoitsou  art  par  goût,  et  se  fai- 
soit  un  vrai  plaisir  de  communi- 
quer le  fruit  de  ses  études.  Parmi 
les  ouvrdges  sortis  de  sa  plume  ,  on 
distingue  les  suivans  ,  1.  Florile- 
gium  Hippocratico-chytnicum  no- 


GRUN 

»7///.',  Lips.,  Ib3i,in-i2,i644j  ifil^iî, 
iti-4°  ;  cest  un  recueil  de  nialières 
médicales,  qui  comprend  des  re- 
mèdes pour  loiiles  les  maladies  ;  ii 
y  parle  même  du  quinquina  dans 
1«8  dernières  éditions.  Ce  médica- 
ment éloil  alors  bien  nouveau,  s'il 
est  vrai  qu'il  u'ail  été  pavfailenienl 
connu  quenviron  l'an  i6i^9,  par  le 
moyeu  des  jésuites  assemblés  à 
Rome  en  leur  congrégation  géné- 
rale ,  à  qui  le  provincial  de  l'Amé- 
rique en  avoit  distribué.  II.  Ciira- 
tionitm  dogfiialico  -  hernielUariim 
cenlitria  primai  Lipsiae  ,  1608, 
in-8°.  Le  même  ouvrage,  augmenté 
de  six  centuries  ,  parut  sous  ce  litre, 
Observalionum  et  cm  aiionuni  ms- 
ciiciiialium  dogmatuo-hermelica- 
rum  centuriœ  sepiem  ,  Nortbusje  , 
1662  ,  in-4°  ;  LipsisE  ,  1668  ,  in-4°. 
Cet  ouvrage  n'est  qu'une  compila- 
lion.  III.  ])ecakitlo  et suppressione 
urinœ  ,  Northusae  ,  1662^  in --4°; 
Lipsiae,  1668,  i.n-4°.  IV.  Traotalus 
singularis  de  puigatione  ,  ibid. 
1668.  Tous  les  ouvrages  de  ce  mé- 
decin ont  été  recueillis  en  4  ^'ol.  iu- 
4°  ,  Leipsick  ,   1680. 

*  GRUNDEL  (Jean -Benoit), 
membre  de  l'académie  des  curieux 
de  la  nature ,  né  à  Glogawen  Silésie , 
s'appliqua  à  la  médecine  ,  dans  la- 
quelle il  lit  de  si  grands  progrès  , 
qu'il  fut  bientôt  en  éUit  de  la  pra- 
tiquer à  Marpurg.  Nommé  pbysi- 
cien  du  duclié  de  Stirie,  il  mourut 
dans  celte  province  en  ]7o5.  On  a 
de  lui  des  Observations  assez  in- 
téressantes ,  insérées  dans  les  ]\Ié- 
moires  de  l'académie  d'Allemagne. 

*  GRUNER(  Jean-Frédéric)  ,  sa- 
vant lilléraleur  et  théologien  ,  né  à 
Cobourg  en  lyaô,  mort  en  177S. 
On  lui  doitplusieurs  bons  ouvrages. 

I.  Une  nouvelle  édition  de  Cœlius 
Sedulins  ,  avec  des  commentaires. 

II.  Ilicellanea  sacra.  III.  Une  In- 
troducliun  aux  aiitiquilés  de  Ro- 


CRUT  in5 

me.    \Y .    l'es   remarques  sur  les 
auteurs  c/nssiques. 

*  GRUNSKLÉE  (Jean),  né  à 
Ludiz  eu  ISolieine  en  i65o,  entra 
chez  les  jésuites  en  1671  ,  et  y  en- 
seigna diverses  scii;"nces.  On  a  de  lui 
des  /•.'/(  ges  funèbres  ,  et  quelques 
Uraisutis  académiques ,  où  l'élo- 
quence va  de  niveau  a\ec  la  pure 
latinité.  On  distingue,  ])armi  ces 
pièces  ,  Y L  loge  de  ( Jiarles  de  Lic/i- 
teusteiii  ,  évéque  d'Olmutz  ,  01- 
muîz,  1 690 ;  celui  d' Kléoiiore  d' Au- 
triche ,  reine  de  Pologne ,  inîprimé 
sous  le  titre  :  Virtus  pust  J'ata  pe- 
rennans  ,  Prague  ,  1698  ;  et  une  ha- 
rangue intitulée  JJeus  adjulor,  sur 
la  prise  de  Rade,  prononcée  devant 
Us  étals  de  Bohème  eu  1C86. 

t  I.  GP.UTER  (Jean),  né  à  An- 
vers en  i56o  ,  reçut  au  baptême  le 
nom  de  Jean,  qu'il  changea^  pour 
sC  conlormer  à  la  mode  jjédanlesque 
de  son  temps ,  en  celui  de  Jauus.  Iles 
l'âge  de  7  ans,  il  passa  en  Angleterre 
avec  son  père  et  sa  mère,  qui  éloit 
Anglaise.  Le  prolesCantisme  les 
avoit  fait  chasser  d'Anvers.  La  mère 
de  Gruler,  femme  d'esprit  et  de  sa- 
voii^,  domia  les  j)remières  leçons  à 
sou  lils.  Après  a\oir  étudié  dans 
plusieurs  universités  ,  il  professa 
avec  réputation  à  Wiltemberg  ,  où 
le  duc  de  Saxe  lui  avoit  donné  une 
cbiaire  d'histoire  ;  et  à  Heidelberg , 
où  il  eut  la  direction  de  cette  magni- 
fique bibliothèque  ,  transportée  à 
Rome  quelque  temps  après.  Ce  sa- 
vant mourut  le  20  septembre  1627. 
Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  utiles. 
Les  principaux  sont ,  I.  Un  llecueil 
d'Inscriptions  ,1^X1  un  gros  vol.  in- 
fo!., à  Ikidclberg,  ifoi.  L'auteur 
a  voit  beau  coup  fou  il  lé  dans  les  ruines 
de  l'antiquité;  cet  ouvrage  en  est 
une  preuve.  Il  le  dédia  à  l'empereur 
Rodolphe,  qui  l'en  remercia  en  lui 
accordant  un  privilège  général  pour 
tous  SCS  livres  ,  a\ec  ])ouvoir  d'ac- 
corder lui-même  des  privilèges  aux 


loG 


GRUT 


autres  aiiteiirs.  Ce  monarque  lui 
flesLinoil  aussi  la  dignité  de  coml.; 
de  leaipire;  mais  il  mourut  avant 
d'en  avoir  été  revêtu.  Grasvius  a 
considërahlement  augmenté  le  re- 
cueil de  Gruter,  et  eti  a  lait  4  gros 
vol.  iii-fol. ,  imprimés  à  Amster- 
dam, 1707.  Cet  ouvrage  fait  partie 
de  la  coUeclion  d'antiquités  de  GrsG- 
vuis.  11.  Lampas  ,  seu  Fax  arùuni 
Liberaiium  :  lioc  est ,  Thésaurus 
criticus  à  bi.bliot/tecis  erutus  , 
t'raïuiort ,  1602,  7  vol.  in-8°,  réim- 
priuiés  à  Florence,  1737,  eu  .( 
tom.  2  vol.  in-fol.  Ke  but  de  Tau- 
leur  est  d'indiquer  les  bons  livres, 
en  c!\aque  partie  ,  à  ceux  qui  veu- 
lent s'appliquer  à  l'étude  des  lettres 
et  des  Ijeaux  arts.  lll.  Delhiœpoë- 
iaruin  GalLoru?n^  Francfort,  1609, 
5  v.  in-i  2  ;  -  Italorum,  Francibri , 
1608,  2  V.  ;  -  Belgicurum  ,  Franc- 
fort ,  1614,  4  vol.  iu-12  ;  -  Germa- 
no  rum  ,  6  vol.  ;  -  Hungaricorum, 
i  vol.  ;  -  Sco forum ,  2  vol.  ;  -  Dauo- 
runi,  2  vol.  IV.  Hisloriœ  Augustœ 
scriptoies  ,  in-tol.  et  cuin  notis  va- 
riorum,  Leyde,  1671,  2  vol.  iu-S°. 
V.  C.hron'icon  chronicorum ,  Franc- 
fort ,  1614.  2  vol.  in- 8".  Cette 
chronique  ,  pleine  d'inexactitudes , 
d'inutilités  ,  tandis  que  bien  des 
choses  remarquables  sont  omises, 
commence  à  la  naissance  de  J.  C.  , 
et  finit  eu  161  5.  VI.  M.  T.  Cice- 
ronis  opéra-  cum  notis  ,  Hambourg  , 
3  vol.  in-fol.  Jean-Albert  Fabricius 
estimoil  beaucoup  celte  édition.  Gru- 
ler  a  encore  donné  des  éditions 
avec  des  notes,  d'Ovide  ,  de  Plante  , 
de  Florus  ,  de  Séneqne  le  poëte, 
de  Sénèque  le  philosophe,  de  Tite- 
Live  ,  de  Valléius  -  Palerculns  ,  de 
Salluste  ,  et  quantité  d' autres  ou- 
vrages. Gruter,  homme  fort  labo- 
rieux ,  étiidioit  tout  le  jour  et  une 
grande  partie  de  la  nuit,  et  toujours 
debout.  Son  désintéressement  étoil 
extrême  ,  et,  outre  d'abondantes  au- 
mônes ,  il  exerçoit  \\\\t  antre  espèce 
de  charité;  il  nrêtoit  de  l'argent. 


GRYjL 

sans  s'informer  si  l'on  étolt  en  état 
de  le  lui  rendre.  Ses  ennemis  l'accu- 
sèrent d'athéisme  ;  mais  son  attache- 
ment au  protestantisme  ne  s'accorde 
point  avec  celte  inipiitalion.  11  i'ul 
marié  quatre  fois.  Plein  de  suU'i- 
sauce,il  ne  répondoit  à  ses  criii- 
(jues  que  par  des  invectives.  L'éru- 
dition dont  il  ht  parade  ne  lui  ap- 
partenoit  pas  toute  en  propre;  il 
fut  aidé  ^lans  ses  recherches  par 
Marc  Velser  et  d'autres  savans. 

*  II.  GRUTER  (  Pierre  ) ,  méde- 
cin ,  né  vers  l'an  i555  dans  le  Pa- 
lalinat  du  Rhin  ,  après  avoir  voyagé 
en  Italie,  praliqua  son  art  à  Dix- 
mude  ,  à  Ostende  ,  se  rendit  ea 
1620  à  Middelbourg,  et  se  hxa  en- 
hn  à  Amsterdam,  où  il  mourut  eu 
1654.  On  a  de  ce  médecin  les  deux 
ouvré.ges  siuvans  qui  ne  contien- 
nent rien  de  fort  remarquable, 
I.  Hpistolarum  centuria  ,  accessit 
apologia  pro  eddein  ,  quâ  instituLi 
sui ,  et  stjli  ab  usu  et  latiuisrni 
puritate  ablmrreutis  ,  rationem 
reddit,  Lugdum-Batavorum ,  1608, 
111-12.  II.  Epislo/ari/tn  cenluria 
secunda  ,  Amslelodaini  ,  1629  , 
in-i  2. 

GRUYER.  F'ojezBvFViÉ , n° IX. 

*  GRYLL  (Laurent  ),  médecin, 
deLandshut,  dans  laBasse-Baviere , 
s'appliqua  à  l'élude  des  langues  ,  et 
\'oyagea  dans  la  plus  grande  partie 
du  l'Europe.  Les  comioissauces  qu'il 
recueillit  de  ses  courses  aussi  lon- 
gues que  laborieuses  lui  procurè- 
rent la  chaire  de  médecine  dans 
l'université  d'ingolsladt ,  où  il  en- 
seigna jusqu'à  l'époque  de  sa  uiorl, 
arrivée  en  1.061.  On  a  de  lui,  Ve 
sapore  du/ci  et  amaro  iibri  duo  ; 
Oratio  do  peregrinalioiie  studii 
rnedici  crgo  susceptâ ,  Pragœ ,  1 566  , 
111-4°.  Le  second  écrit  ,qui  contient 
la  description  des  voyages  de  l'au- 
teur, renferme  plusieurs  particula- 
rités sur  1  histoire  littéraire  du  16'" 
siècle. 


GRYP 

GRYLLUS.  r.  XÉNOPiioN,  \\°  T. 

t  GRYNÉE  I,  SimoTi  )  ,  ami  de 
Luther  et  de  Mélaiichtlion,  né  en 
Souabe  l'an  i495  ,  et  mort  à  Baie 
en  j54i  ,  l'iiblia  ,  le  preruier  ,  lV/7- 
/nngeste de Ptoloméc  eu  grec,  Baie  , 
JÔ38,  in-fol.  —  Il  y  a  eu  de  la 
même  famille  Jean -Jacques  Gry- 
NÉe  ,  professeur  à  Heidelberg  ,  mort 
eu  1617,  auteur  de  plusieurs  savans 
Fcrils,  principalement  sur  l'Ecri- 
ture saiule.  T'oyez  -  en  le  catalogue 
dans  le  tome  XXXVIldesJireV//o//es 
<lu  P.  Nicerou. 

i-  I.  GRYPHE  (  Sébastien  ) ,  de 
Reulhliugen  eu  Souabe  ,  vint  s'éta- 
blir à  Lyon  ,  où  il  exerça  l'art  de 
J'imprimerie  avec  beaucoup  de  suc- 
ces.  11  a  fait  à  son  Ktrgile  une  pré- 
iace  très-bien  écrite.  Ou  peut  louer 
aussi  celle  qu'il  a  mise  en  tète  du 
Politien.  11  mourut  le  7  septembre 
jôôG  ,  à  63  ans.  Charles  La  Fontaine 
lui  fit  cette  épitaplie: 

Le  prrind  OriflV, 
(jui   loHi  griffe  , 

A  griVé 
I/e  corpi  de  Grjplie. 

Parmi  les  belles  éditions  dont  il  a 
tnrichi  la  lilléralure,  on  distingue 
sa  Bible  latine  de  i5ôo  ,  in-fol.  il 
V  employa  des  caractères  ronds  et 
les  plus  gros  qu'on  eût  vus  jusc|u'a- 
lors.  C'est  un  chef-d'œuvre  de  ty- 
})ographie.  (  Voyez  Dolet  ,  11°  \" 
<!e  ses  ouvrages.  )  On  fait  cas  de 
toutes  les  Bibles  Itébraiques  qu'il 
a  pul)liées  ,  et  eu  particulier  de 
l'édition  dn  Trésor  de  la  langue 
.sainte  de  Pagni/i.  —  Son  frère  , 
François,  impiiinenr  de  Lyon,  et 
ensuite  (le  Paris,  substitua  le  ca- 
ractère romain  aux  caractères  ita- 
liques dont  Sébastien  se  servoit 
dans  toutes  ses  éditions;  ce  qui  eu 
diminue  le  prix.  —  Antoine  Gfiv- 
3PnE,  lils  de  Sébastien,  soutint  di- 
j^nement  lai^épnlation  de  sou  père. 
Sa  seconde  édition  du  Trésor  de 
/a  langue    latine     est    un  inodclc 


GUA 


107 


d'impression,  lis  avoient  pour  en- 
seigne un  Gryphon  ,  et  c'est  la 
marque  ordinaire  de  leurs  livres  , 
avec  cette  devise  :  f'irtute  duce  , 
comité  fortunâ ,  que  le  commerce  de 
Lyon  a  prise  depuis  pour  la  sienne. 

II.  GRYPHE  (  Audré  ) ,  né  à 
Glogaw  en  1616,  mort  en  1664, 
syndic  des  états  de  Clog;nv ,  s'ac- 
quit une  si  grande  réputation  par 
ses  pièces  de  théâtre  ,  qu'on  peut 
l'appeler  le  Corneille  des  Alle- 
mands. Il  tient  le  premier,  ou  du 
moins  l'un  des  premiers  rangs  dans 
le  tragique  parmi  les  poètes  de  sa 
nation.  11  a  aussi  composé  quelques 
petites  7  arecs  et  nue  Critique  assez 
fine  du  ridicule  des  anciennes  comé- 
dies allemaudes. 

III.  GRYPHE  (Chrétien  )  ,  fils 
dn  précédent,  né  à  Fraustadt  en 
1649,  professeur  d'éloquence  à  Bres- 
law  ,  puis  principal  du  collège  de 
la  Magdeleine  dans  la  même  ville , 
et  enfin  bibliothécaire,  mourut  le  6 
mars  1706  ,  à  57  ans  ,  après  s'être  fait 
jr>uer,dans  sa  chambre,  une  Pièce  de 
poésie  de  sa  composition  qu'il  avoit 
fait  mettre  en  musique;  le  sujet  eu 
étoit  pieux.  Ses  ouvrages  sont,  1. 
V Histoire  des  ordres  de  eheralerie, 
en  allemand,  1709,  in-8°.  11.  Poésies 
allemandes,  entre  autres  des  Pas- 
torales ,  in-8°.  III.  I.a  langue  alle- 
mande /l/r/née  peu  à  peu ,  ou  Traité 
de  r  origine  et  des  progrès  de  celte 
langue,  in- 8°,  en  allemand.  IV. 
Dissertalio  de  seriptoribus  histu- 
riam  seculi  xvii  illuslrantibus  , 
in-8".  V.  11  a  aussi  travaillé  au 
Jourr.al  de  .heipsick.  C'éloit  un 
homme  d'une  vaste  littérature.  Ses 
poésies  allemandes  sont  estimées , 
et  sa  langue  doit  beaucoup  à  ses 
ouvrages  et  à  ses  recherches. 

t  GUA  DE  Maeves  (Jean-Paul 
de  )  ,  né  eu  Languedoc  en  1712  , 
d  un  père  ruiné  par  le  système  de 
Law  ,  embrassa  l'état  ecclésiastique; 


loS 


GUA 


et  vint  à  Paris  ,  oà  il  se  livra  avec 
passion  à  l'éURie  des  mathi^maliques. 
hoii  profuml  savoir  dans  celle  partie 
le  fil  recevoir  au  nombre  des  mem- 
bres de  l'académie  des  sciences  ,  et  de 
}u   société   royale    de    Londres.    Le 
premier,  il  eut  l'idée  de  réiniir  dans 
un    seul   dépôt  littéraire  toutes  les 
connoissaiîces  snr  les  sciences  el  sur 
les  arts  ,   possédées  par  les  nations 
savantes  ;d"Alembcrlel  Diderot  exé- 
C'.Uerenl  VE/icyclopédie  d'après  ce 
plan  ;  si  i'abbé  coulriljua  peu  à  cet 
ouvrage  immense  ,  il  a  du  uioins  la 
ojoire   de    l'avoir   conçu.    En   1764 
il  présenta  un  projet  d'exploitation 
(ies  miiiss  d'or  du  Languedoc,  el  se 
chargea  du   premier   essai    qui   ne 
réussit  pas.    Il   mourut  à  Paris  en 
1786.  Ses  ouvrages  les  plus  connus 
sont  ,    ].    Usage  de    I'  Inalyse    de 
JJescaries.  On  y  Iroave  une  savante 
théorie  des  coiui)es  algébriques  :  l'au- 
teur a  pour  but  de  prouver  qu'on 
peut    se  passer  du  calcul  difiéren- 
tiel  ,   pour  n"eni[)loyer  que  les  mé- 
thodes de  Descartes.  II.  Dialogues 
c\'I/y/as  el  Phiioiiuù's  ,   contre  ies 
sce])iiques  et  les  athées,  de  George 
Berkeley,  Amsterdam  (Paris),  j  760, 
in- 1  2  ;    jyialogiies    sur    l'mtcnde- 
ment  humain  ,  trachiits  de  l'anglais. 
L'existence  des  corps  y  est  ingénieu- 
sement mise  en  problème.  Uns  gra- 
vure ingénieuse  esl  l'embième  de  ce 
sujet.  Un  [iliilosophe  rit  d'un  enfatit 
qui,  consiihJrant  son  image  dans  un 
miroir,  la  prend  pour  un  objet  réel, 
et  s'efTorce  de  la  saisir  ;  on  lit  au  bas 
ces  mots  de  Phèdre  :    Qui d  rides? 
jnutatn  nom  lue  de  te  fabula  nar- 
ratur.  Ul.  Nouveau  voyage  autour 
du  monde  ^  par  G.   Anson  ,   Pans 
1750,    in-/|°,    el  /j   vol.   in -12. 
IV.  Discours  pour  el  (onlre  la  ré- 
duction   de    l'intérêt    de    l'argent  , 
V/cscl    el   Paris,     1707  ,    in -12. 
'V.  A'ssai  sur  les  causes  u'u  déclin  du 
(  ommerce  étranger  de  la  Grande- 
Ji'reeagne,iU\  chevalier  Ueker,  1 707, 
2  vol.  in-ia. 


GUAD 

*  GUADAGNl  (  Léopold-André)^ 
excellent  jurisconsulte  ,  originaire 
d'Arezzo  ,  né  à  Florence  en  1700, 
et  niorl  en  1785  ,  apprit  le  grec  et 
la  jurisprudence  à  Pise,  et  en  1701 
il  obtint,  à  l'université  de  cet  te  ville, 
la  chaire  des  Pandectes  ,  qu'il  occupa 
jusqu'à  sa  mort.  On  a  de  lui  un 
traité  De  legibus  censoriis  ;  Irois 
volumes  sur  le  premier  Hure  et  une 
partie  du  second  des  Institules  de 
Justinicn;  une  Dissertation  sur  le 
Co<le  Florentin  des  Pandectes  ,  pu- 
blié dansles  Simbolelelter.  de  Gori  ; 
un  livre  de  Grœcis  pandectorum  ; 
deux  Oraisons  en  latin  ,  une  de 
Laudibus  Josephi  II ,  et  l'autre  de 
periculis  ex  copia  subsidiorum  in 
litterarurn  studio  capendis. 

GUADAGNOLl  (Philippe  )  ,  ne 
vers  l'an  1696  à  Magliano  dans 
rAl)ruzze  ultérieure  ,  occupa  avec 
honneur  une  chaire  de  prol'esscur  eu 
arabe  el  en  chaldéen  dans  le  collège 
de  la  Sapience.  La  congrégation  de  la 
Propagande  l'employa  à  traduire  l'E- 
criUire  sainle  en  arabe  ,  sous  le  pou- 
Lilicat  d'Urbain  Vill.  Il  mourut  à 
Rome  en  i656  ,  âgé  d'environ 
Go  ans  ,  laissant  une  bonne  Réponse 
aux  objections  d'Ahmed  ben-Zin 
Uiabpden,docteu  r  mahomé  tan ,  1 6  3 1 , 
in-4°.  On  a  encore  de  lui  une  Gram- 
maire arabe  .  in-îol. ,  Rome  ,  1642; 
et  la  Uible  traduite  en  arabe  ,  qui 
parut  aussi  à  Rome  en  1671  ,  trois 
vol.  in-1'olio. 

t  GUADET  (  MarguerileElie  ) , 
né  à  Saint-Einiiion  en  Guyenne, 
remplissoil  la  profession  d'avocat  à 
Bordeaux  ,  lorsqu'il  fut  député  de 
celte  ville  à  la  première  législature 
et  à  la  convention.  Son  talent  pour 
l'art  oratoire  le  plaça  bientôt  à  la 
tête  du  parti  de  la  Gironde.  Ton- 
jours  impétueux,  trop  sou  ventcruel, 
il  embrassa  toutes  les  idées  révolu- 
tionnaires. On  le  vit  défendre  les 
assassins  d'Avignon  ,  et  présenter 
leurs  allenlals  comme  des  erreurs. 


GUAG 

Guadet  pressa  la  déclaration  de 
guerre  contre  l'empereur;  fit  décréter 
ijne  les  prêtres  qiu  ret'iiseroient  le  ser- 
ment seroient  déportés  ;  et  que  les 
émigrés  ,  pris  les  armes  à  la  maii\ , 
seroient  mis  à  mort  dans  les  viugt- 
qualre  heures.  Ennemi  particulier 
de  Marat  et  de  Robespierre  ,  il  les 
accusa  plusieurs  t'ois  avec  courage, 
et  tinil  par  succomber  sous  les  coups 
de  ce  dernier.  Mis  hors  de  lu  loi ,  il 
se  sauva  d'abord  à  Evreux,  déguisé 
en  garçon  tapissier  ,  puis  à  Caen  , 
euiiii  à  Qniniper ,  au  milieu  des  plus 
grands  périls.  Là ,  il  s'euibaïqua  pour 
la  Guyenne  ,  où  il  erra  long-temps  , 
sans  ressources,  sans  asile,  ne  sor- 
tant que  la  nuit  ,  et  se  cachant  le 
jour  dans  des  rochers.  L'une  de  ses 
tantes  lui  ouvrit  sa  maison  ,  et  paya 
ensuite  son  hospitalilé  de  sa  vie. 
Découvert  chez  son  père  à  Libourne  , 
et  traduit  à  Bordeaux  ,  il  y  fut  exé- 
cuté le  1*"^  messidor  de  lan  2 
(  19  juin  1794))  '^  l'^îg^-  de  55  ans. 
Sa  perle  entraîna  celle  de  son  père  , 
âgé  de  70  ans ,  de  sa  tante  ,  âgée  de 
65  ans  et  de  son  Irere  Jean-Baptisle 
Guadet  St.-Brice,  adjudant  général 
de  l'armée  de  la  Moselle.  Le  capi- 
taine même  du  navire  qui  l'avoit 
amené,  sans  le  conuoitre ,  de  Brest  à 
Bordeaux,  n'échajipa  pas  à  la  mort. 
Lorsqu'on  conduisit  Guadet  au  sup- 
plice, il  voulut  haranguer  le  peuple: 
mais  les  roulemens  des  tambours 
étouffèrent  sa  voix  ,  et  l'on  ne  put 
entendre  que  ces  dernières  paroles 
prononcées  avec  énergie  :  Peuple  ! 
voi/à  l'unique  ressource  des  ijrans ; 
ils  étouffent  la  voix  des  hommes  li- 
bres pour  coinmellre  leurs  attentats. 

GUAGNIN( Alexandre)  ,  né  ea 
i558  à  Vérone,  mort  à  76  ans 
àCracovie,  après  avoir  été  natura- 
lisé Polonais,  est  auteur  d'un  livre 
fort  rare  et  tort  estimé,  intitulé 
Sarmalire  Eiiropœ  dcscrlptio  ,  à 
Spire,  i58i  ,iii-iolio.  On  a  encore 
de  lui  lieruni  Pohnicaruni  scr/p- 


GUAL 


lOQ 


fores,  i58j,  5  vol.  in-8°,  Franc- 
fort ,  et  un  Compendiuin  clironi- 
coru/ii  Poloniœ  ;  cet  abrégé  forme 
le  premier  volume  de  l'ouvrage  pré- 
cédent. 

GUAGUIN.  royezGKOvia. 

*GUAINER(  Antoine),  médecin, 
professeur  en  l'universilé  de  Pavie  , 
et  mort  dans  cette  ville  en  ij-io,  a 
laissé  un  manusirit  qui  fut  iniiirimé 
en  1497  ,  in-fol.  Jean  Faucon,  pro- 
fesseur de  la  faculté  de  Monti)ellier  , 
a  joint  à  cel  ouvrage  ,  réiniprimé  en 
1/198  ,  un  commentaire  de  sa  façon  , 
qui  se  trouve  dans  les  éditions  sui- 
vantes. Cet  ouvrage  de  Guaiiier  est  1 
\\\û\\\\éOpus  prœclaruin  ad  p7-ax  l/n, 
Papia;,  1 5 18 ,  in-4°  ;  Lngduni ,  1 5  2."), 
in -4°. 

GUALBERT  (  saint  Jean),  né 
vers  le  commencement  du  1 1"  siècle, 
d'un  gentilhomme  floreiuin  ,  qui 
sui\oit  la  profession  militaire,  à 
l'exemple  de  son  père  ,  embrassa 
d'abord  le  parti  des  armes.  Son  frère 
ayant  été  assassiné  dans  des  temps 
de  troubles  par  un  de  ses  ennemis, 
il  résolut  de  venger  sa  mort.  L'occa- 
sion  s'en  présenta  bientôt.  Gualbert 
bien  armé  rencontra  Tastassin  dans 
un  chi-min  ,  où  l'un  et  l'autre  ne 
pouvoient  s'éviter.  Ce  dernier,  se 
voyant  perdu  ,  se  prosterne  les  bras 
en  croix,  et  conjure  son  ennemi, 
au  nom  de  J.  C.  mourant  sur  la 
croix,  et  qu'il  représenioit  en  cette 
posture,  de  lui  laisser  la  vie.  Gual- 
bert, louché  de  ce  spectacle  ,  lui 
pardonne,  l'embrasse,  et  va  faire  sa 
prière  devant  un  crucifix  dans  une 
église  voisine.  Dès  ce  moment  il 
quitta  ses  habits  militaires,  renonça 
au  monde,  se  ht  religieux,  et  fonda 
im  ordre  célèbre  dans  l'Église,  sous 
le  nom  de  congrégation  de  Val- 
lombreuse.  Indépendamment  des 
moines,  il  reçut  des  laïques,  qui 
menoient  la  même  vie,  et  ne  diffé- 
roient  que  par  l'habit  :  c'est  le  pre- 


iio  GUAL 

niier  exemple  que  l'on  trouve  de 
frères  lais  ou  coiivers  ,  clisUngiiës 
par  élal  des  luoines  de  chœur  ,  qui, 
dès -lors,  ëloienl  clercs,  ou  pro- 
pres à  le  deveuir.  Gualbert  jeta  les 
premiers  iondemens  de  son  insti- 
tut à  Camaldoli  ,  et  se  retira  en- 
suite à  Vallombreuse.  Cëloit  une 
soli  tude  dans  l'Apennin  ,  à  sept  lieues 
de  Florence.  Ce  tut  là  qu'il  hàlil  un 
monastère  ,  construit  de  bois  et  de 
terre,  et  qu'il  mourut  le  i  2  juillet 
1  070,  à  74  ans.  Parmi  les  vertus  qui 
le  distinguèrent,  on  admira  sur-lout 
son  désintéressement.  Le  prieur  d'un 
de  ses  monastères  ayant  fait  faire  à 
un  novice  la  donation  de  tous  ses 
biens  en  faveur  de  la  communauté  , 
Gualbert  se  lit  donner  le  contrat  et 
le  déchira  ,  en  disant  (\\\  il  était  in- 
digne d'ac(]aérir  des  biens  ,  en  dé- 
pouillant les  légitimes  héritiers. 

GUALBES.  rojez  Cai.vo,ii°  III. 

t  GUALDO  -  PRIORATO  (  le 
comte  Galeazzo  ),  mort  à  Vicence 
sa  patrie  en  1678,3  72  ans,  histo- 
riographe de  l'empereur  ,  a  laissé 
plusieurs  ouvrages  historiques  , 
écrits  d'une  manière  assez  agréa- 
ble. Les  principaux  sont ,  I.  UHis- 
ioire  des  guerres  de  Ferdinand  II 
et  de  Ferdinand  III ,  depuis  i65o 
jusqu'en  1640,  in-fol.  11.  Olle  des 
troubles  de  la  France ,  depuis  i645 
jusqu'en  i654,  et  continuée.  III. 
Celle  du  ministère  du  cardinal 
3Iazarin,  1671  ,  3  vol.  in-12.  Elle  a 
été  traduite  en  français.  IV.  h'His- 
toire  de  l'empereur  I^éopold  ,  à 
Venise ,  1 670  ,  5  vol.  iu-folio ,  avec 
figures.  Tous  ces  écrits  sont  en  ita- 
lien ,  et  le  dernier  est  le  plus  re- 
cherché. Il  a  traduit  lui-même  en 
français  son  Histoire  des  révolu- 
tions et  moui'cmens  de  Naples  pen- 
dant 1647  et  1R48,  Paris,  i6r)4, 
in-4°.  I/abbé  de  Franche  vil  le  a  aussi 
traduit  l'Histoire  des  dernières  cam- 
]>agnci>  et  négociations  de  G^istavc- 


GUAL 

Adolphe  en  Allemagne,  Berlin,  1772, 
in-4°. 

*  GUALFREDO ,  Italien  qui  pril 
possession  de  l'évêché  de  Sienne  eu 
loSo,  et  mourut  en  1 127  :  il  a  écrit , 
en  latin  ,  un  Poème  héroïque  sur 
l'expédition  de  Godefroy  de  Bouil- 
lon. On  croit  qu'il  s'est  emparé  le 
premier  de  l'Ireureux  sujet  des  croi- 
sades. Le  manuscrit  de  son  ouvrage 
est ,  dit-on  ,  encore  aujourd'hui  con- 
servé à  Sienne. 

i  GUALTÉRIO  (Philippe-An- 
toine ) ,  né  le  24  mars  1 660  ,  à  Feruo , 
ville  de  l'état  ecclésiastique  dans  la 
Marche  d'Ancône  ,  devint  cardinal, 
et  mourut  d'apoplexie  le  21  avril 
1728.  Sa  passion  pour  les  livres  et 
le  travail  fut  extrême.  Deux  fois  il 
perdit  ses  manuscrits,  ses  collections 
littéraires  ,  et  eut  le  courage  et  la 
patience  de  les  recommencer  ;  mais 
il  ne  put  réparer  la  perte  de  ses  ma- 
tériaux pour  une  Histoire  univer- 
selle, qui  remplissoient  quinze  cais- 
ses. A  sa  mort  ,  il  laissa  encore 
trente-deux  mille  volumes,  un  riche 
cabinet  de  médailles  et  d'antiques, 
et  plusieurs  salles  remplies  d'objets 
d'histoire  naturelle  et  d'arts.  Gual- 
terio  fut  admis  à  l'académie  des  ins- 
cripiions  et  belles -lettres  comme 
honoraire  étranger. 

i-GUALTHER  ou  Gauthier  de 
Chatillo.v,  natif  de  Lille  en  Flan- 
dre, vivoil  au  commencement  du 
1  2"^  siècle.  Il  est  auteur  d'un  poëme 
latin  ,  intitulé  Alex  and  reides  ou 
Histoire  d'Alexandre,  en  10  livres, 
Ulm  ,  i.^Sg,  iu-i  2  ;  Lyon,  1558, 
in  "4°,  en  caractères  italiques.  La 
bibliothèque  impériale  possède  plu- 
sieurs manuscrits  de  cet  ouvrage  qui 
a  servi  de  thème  à  ceux  qui  ont  tra- 
duit le  fameux  roman  d'Alexandre. 
Mëzeray ,  dans  son  abrégé  de  l'His- 
toire de  France  ,  page  58o,*tome  I , 
dit  que  le  poëme  de  Guallher  fut 
composé  sous  le  règne  de  Philippe- 


GUAR 

Aug\iste.  Il  paroîtêtrele  premier  eies 
poêles  latins  modernes  qui  ait  eti 
wiie  étincelle  du  vrai  génie  ()oéUqne. 
Phisieviis  critiques  oui  mal  à  i)roj)os 
coulondu  Gauthier  de  Ciialiilou 
avec  Gauthier,  évèque  de  Mague- 
lone  ,  mort  en  ii53. 

t  GUALTHERUS  (  Rodolphe  ) , 
gendre  de  Zuingle  ,  né  à  Zurieh 
en  ir):2f)  ,  succéda  à  Buliinger  ,  et 
mourut  en  i586.  Ou  a  de  lui  des 
Cummentaires  sur  la  Bible  ,  et 
Gorluuil  Meyer  assure ,  duns  Plac- 
cius  ,  que  Guallhérus  est  uuleur  de 
la  Vtrsiun  de  la  Bible  attribuée  à 
Valable  ;  mais  il  se  trouipe.  L'ou- 
vrage le  plus  connu  el  le  plus  rare  de 
cet  auteur  est  une  déclamation  con- 
tre le  pape,  sous  ce  tilre  :  u^'nti- 
Christits^  id  est,  Homiliœ  quibus 
probaluj' ponlijicem  Kumanum  i>e- 
rè  esse  Jiiti-Christurn  ,  in-S" ,  sans 
date.  Il  a  élé  traduit  en  italien  ,  Zu- 
rich ,  i54fi  ,  in-8°.  Son  fils,  mort 
eu  1677  ,  étolt  poêle  latin. 

*GUALTiERRl(Paul),deTeira- 

Nuova  eu  Calabre  ,  vécut  dans  le  1  7*^ 
siècle  ,  el  fut  professeur  de  philo- 
sophie el  de  théologie.  Ou  a  de  lui 
Jl  glorioso  trionfu ,  oiveru  le^^gen- 
dario  de'  sariti  marliri  dl  Cala- 
bria  ,  etc.  —  Paul  Gualtikrki  ,  de 
Tramanti  ,  jurisconsulte  du  même 
siècle,  a  écrit  Praclica  criminalli 
inslrumenlaiia  ,  etc. 

*GUARIENTO,  peintre  pa- 
douan  ,  Ilorissoit  vers  le  milieu  du 
i/j*^  siècle.  Il  acquit  de  la  répulaliou 
par  ses  peintures  à  Venise,  à  Pa- 
doue  ,  à  Bas-cano  Ridolfi ,  dans  ses 
f^ile  de'  Pit/ori,  touie  1'^^'^ ,  page  1 7  , 
dit  que  Guariento  l'ut  un  des  pre- 
miers peintres  qui  s'éloignèrent  de 
la  nianière  grecque,  et  qui  introdui- 
sirent quelque  mouvement ,  des  at- 
titudes ,  de  la  grâce  dans  les  dra- 
peries et  de  l'imagiuatioa  dans  les 
compositions.  On  trouve  de  ses  ou- 
vrages à  liassauo  plus  qu'ailleurs  ; 


GUAR  III 

Verci  en  a  donné  la  description  dans 
ses  Notizie  sopra  la  pittura  Bai- 
satiese  ^  177 5. 

t  GUARÎN  (Pierre) ,  béucdiclin 
de  Saint*JMaur,  né  dans  le  diocèse 
de  Rouen  en  1678,  et  uiort  biblio- 
thécaire de  Saiul-Germain-des-Près 
à  Paris  le  29  déceuibre  17:29,  pro- 
leasa  les  langues  grecque  et  hébraïque 
dans  sou  ordre.  On  a  de  lui  ,  1.  Une 
Grammaire  hébraïque  et  c/ialddi- 
qiie  ,  en  laliu,  2  vol.  in-4'' ,  1724 
et  1726.  11.  Un  Lexicua  hébreu  et 
chaliléeu  ,  publié  en  1746  ,  aus-si  en 
2  vol.  in-4''.  I/auteur  avoil  laissé 
cet  ouvrage  à  la  lettre  M  ;  mais  il  tut 
achevé  par  dom  Philippe  Girardel  , 
sou  cont'rère  ,  mort  en  1754.  Doux 
Guariu  éloil  un  adversaire  de  Mas- 
clef  ;  il  attaqua  ,  dans  sa  Gram— 
maire,  la  méthode  de  ce  novateur. 
I,'abl)é  de  l,a  Bletlerie ,  alors  de 
l'Oratoire,  disciple  du  célèbre  hé- 
braïsaut ,  lui  répondit ,  dans  la  nou- 
velle édition  de  la  Grammaire  de 
son  mailre,  publiée  à  Paris  eu  1700, 
2  vol.  in-  1  2. 

I.  GUAR  INI,  d'une  illustre 
famille  de  Vérone,  ayant  appris 
la  langue  laline  ,  fit  le  voyage  de 
Conslantinople  pour  prendre  ,  sous 
Clirysoloras  ,  des  leçons  de  grec  , 
qu'il  re\  iul  enseigner  à  Venise  ,  à 
Florence  ,  à  Vérone  et  à  Ferrarc.  Ou 
prétend  qu'à  son  départ  de  Constan- 
tinople  ,  Guarini  ayant  acheté  deux 
grandes  caisses  de  manuscrits  grecs  , 
qui  éloienl  uniques,  les  chargea  sur 
deux  vaisseaux.  Il  arriva  heureusc- 
mcnl  avec  l'une  en  Italie  :  mais  laii- 
tre  périt  dans  la  route.  Cet  accident 
lui  donna  tant  de  chagrin,  que  se.* 
cheveux  devinrent  tout  blancs  dans 
nne  nuit.  Il  mourut  en  1460,  dans 
uu  âge  fort  avancé,  laissant,  outre 
un  Compendium  grammaticœ 
grœcœ  ab  Emm.  Chrisologd  di- 
gestes,  Y^vxavq  ,  j5o9,  iii-(S°,  di- 
verses Traductions  el  JSotcs  su/  lc& 


112  G  UAR 

auteurs  anciens.  —  L'un  de  ses  fils  , 
Bapiifte  Guarini  ,  professeur  de 
belles-lelires  à  Ferrare  depuis  IreiUe- 
trois  ans,  en  il\<jl\,  a  public  des 
Poésies  latines  à  iModèue  ,  1/196, 
in-folio;  De  sectd  F.picfiri  ;  De 
ordine  docendi  et  stadendi ,  lene  , 
1704,  m-o  . 

II.  GUARINI  (  Baptiste  ) ,  ueveu 
du  précédent,  naquit  à  Ferrare  en 
1537.  C'éloil  alors  les  beaux  jours 
de  la  litléralure  eu  Italie.  Les  Gua- 
rini,  ses  aïeux  ,  avoient  contribué  à 
la  faire  renaître  par  leurs  soins  et 
parleurs  écrits.  Les  talens  du  jeune 
Guarini  lui  frayèrent  la  voie  de  la 
fortune.  Il  fut  secrétaire  d'Alfonse  11, 
duc  de  Ferrare,  qui  le  chargea  de 
plusieurs  commissions  dans  les  diffé- 
rentes cours  de  l'Europe.  Après  la 
mort  de  ce  prince,  il  passa  au  ser- 
vice de  Vincent  de  Gonzague  ,  de 
Ferdinand  de  Médicis,  grand-duc  de 
Toscane  et  duc  d"Urlna.  Les  épines 
des  cours,  et  la  servitude  du  métier 
de  courtisan  ,  le  dégoûtèrent  plu- 
sieurs fois  ;  mais  trop  peu  philo- 
sophe pour  renoncer  aux  grands  , 
il  promena  son  inconstance  d'escla- 
-vage  en  esclavage.  Il  n'avoil  pas 
plutôt  quille  un  prince ,  qu'il  vo- 
loit  en  servir  nn  autre.  Il  inourul  à 
Venise  en  1612.  Ses  productions 
poétiques  sont  en  grand  nombre. 
L'esprit,  les  grâces  ,  la  délicatesse  , 
les  images  ,  la  douceur,  la  facilité  , 
les  caraclérisent  ;  mais  elles  man- 
quent souvent  de  naturel  et  de  dé- 
cence. On  peut  sur-tout  faire  ce  re- 
proche à  son  Pastor  Fido  ,  Venise  , 
1602  ,  in-4°  ;  Amsterdam  ,  Elzevir  , 
1678,  in-i!4,  figures  de  Sybaslien 
Le  Clerc;  Vérone,  i733;  et  Ams- 
terdam ,  1736  ,  in-4°  ;  Glascow  , 
1765,  in-tl'*;  Edimbourg,  1724, 
in-12  ;  et  Paris,    1729,  111-8°,   et 

1768  ,  ini  2 Les  beautés  de  cette 

pastorale  fermèrent  les  yeux  de 
presque  tons  les  lecteurs  sur  ses  dé~ 
iaul»  ,  sur  les  longueurs,  les  jeux  de 


GUAPt 

mots,  les  pensées  fausses,  les  com- 
paraisons outrées  ,  les  saillies  froides, 
les  peintures  troj)  voluptueuses,  dont 
elle  est  remplie.  Pecquet  en  a  donné 
une  traduction,  dout  il  a  paru  une 
jolie  édition  italienne  et  française  , 
Paris,  1755  ou  1769,  en  2  vol. 
m- 12.  D'autres  traductions  oui 
eu(ore  été  données  par  l'abbé  de 
Torche,  Cologne  (  Amsterdam  )  , 
1677  .^  in  -  1  2  ;  par  Léonard  de  La 
Roche,  Lyon,'  1720,  in-12.  On  a 
encore  de  lui  VIdropica  ,  Cornedia  , 
1614,  iu-8°.  Rime,  à  la  suite  de 
plusieurs  éditions  du  Pastor  Fido  , 
et  séparémenl.  Ses  (Euvres  furent 
imprimées  à  Vérone  en  1707  ,  4 
vol.  iii-4°.  Celle  édition  devoil  être 
composée  de  huit  volumes;  mais  il 
n'en  a  paru  que  quatre.  Ses  liladrl- 
gaux  amoureux  owi  été  traduits,  en 
vers  par  Antoine  Picot,  baron  du 
Puiset ,  Paris,  i'664,  in-12.  Koyez 

NORKS. 

-;-  III.  GUARINI  (Guarino), 
théatiu  ,  né  à  JModene  en  1 624 ,  mort 
en  i685  ,  étoil  architecte  de  Char- 
les-Enjmamiel ,  duc  de  Savoie.  Turin 
renferme  plusieurs  églises  et  plu- 
sieurs palais,  élevés  sur  ses  dessins. 
C'est  dans  le  genre  des  édiiices  sacrés 
qu'il  a  le  plus  exercé  ses  talens  :  on 
en  voit  à  Modène  sa  patrie ,  à  Vé- 
rone,  à  Viceuce  ,  et  même  hors  de 
l'Italie,  à  Lis1)onne,  à  Prague,  à  Paris. 
Quelque  vogue  qu'ait  eue  Guarini  , 
il  s'en  faut  bien  cependant  que  son 
architecture  ait  le  suffrage  des  con- 
noisseurs.  Avec  moins  de  génie  que 
Le  Borromini,  il  a  beaucoup  ren- 
chéri sur  tous  les  défauts  qu'on  re- 
proche à  ce  dernier.  Ses  composi- 
tions sont  pleines  d'irrégularités,  de 
caprices  et  de  Ijizarreries  ,  lant  dans 
les  plans  que  dans  hs  élévations  et 
les  ornemens.  Cet  artiste  ,  an  reste, 
avoil  étudié  les  meilleurs  antems 
d'architecture,  Vitru\e,  Alberli  , 
l'aliydio,elc.  On  peut  s'i-n convaincre 
eu  lisaul  sou  .'Irchl  lecture  ciiùie,  ou- 


GUAR 

vrage  \ioslliume  publié  à  Turin  , 
17^Î7  ,  m-fol.  Comineut ,  avec  tanl 
de  liuv.icres  sur  sou  arl ,  a-t-i!  jiu 
prendre  une  roule  si  opposée  au  bon 
20ÛI  ? 

*1V.  GÛARINI(  Jean) ,  cordeUer 
savoyard,  le  plus  forcené  tic  loub  les 
moines  ligueurs ,  devint ,  le  jour  delà 
réduclioudcParis,rob)et  parlici4licr 
de  la  clémence  de  Henri  ÎY. 

*  GUARiNONË  (  Christophe  )  , 
médecin  ,  né  à  Vérone  ,  tlorissoil 
vers  la  fin  du  1 6*  siècle.  II  prali- 
qua  son  arl  dans  sa  ville  natale  ,  et 
il  devint  ensuite  médecin  de  l'empe- 
reur Rodolphe  II  a  Prague,  où  il 
mourut  en  1602  dans  un  âge  fort 
avancé.  Ou  a  de  Guarinone  des  Com- 
mentaires sur  Aristote,  dont  il  étoit 
grand  partisan,  et  d'autres  o;ivra- 


rUAS 


ii3 


glnesital'qucs  ,  en  iialien  ,Lncques, 
J7r)8,  2  V.  ni-f'ol., auxquelles  il,i|oiita 
un  3  '  vol. ,  LuC|Ues,  1  T'/'i  :  oh\  lage 
crititjué  par  l'auteur  du  'l'railé  des 
premiers  habilans  de  l'Italie  ,  attri- 
bué au  P.  Berdalti.  Philippe  Ferroni 
a  publié  sou  éloge  funèbre,  enrichi 
de  notes,  Florence,  i7ij>)  ,  in-4'*- 
l.a  ville  de  Volterre  (ioil  dis  ers  em- 
bellissemeus  à  ce  littérateur  ,  l'un 
des  plus  illustres  d'Italie  ,  qui  mou- 
rut le  21  août  1785. 

GUARNÈRUS.  roj.  Irnérius. 

*  GUARNIERI  -  OTTONI  (  le 
cou.Le  AuRELio) ,  uéù  Osimo  ,  vint 
se  fixer  à  Venise,  où  il  se  livra  avec 
succès  à  l'élude  des  antiquités.  Il 
mourut  dans  cette  \iUe  à  l'âge  de 
40  ans  vers  1788.  On  a  de  lui, 
1.  Disserlazioiie  cphlolare  sopra 


ges  ,  parmi  lesquels  on  remarque  le     ^«'  antica  ara  marmorea  esistente 


suivant  :  Cousilla  viedic: nalia  , 
in  quitus  unwersa  praxis  medica 
exacte perfrac(atur,\ea*tlns ,  1610, 
in-f ol . 

*  GUARNACCl  (  Mario  )  ,  né  à 
Volleire  en  1701  ,  s'appliqua  avec 
ardeur  à  l'étude  des  helSes-lelires  d  à 
ja  théologie,  et  prit  le  degn  de  doc- 
leur  a  Florence.  Guarnacci  fut  aide 
d  étude  de  liezzouico  ,  élevé  depuis 
au  ponlilical  sous  le  nom  de  Clé- 
ment  XIII ,  après  a\oir  élé  piéiat- 
domeslique  de  Clément  XII  ,  clia- 
nome  de  St.-Jean  de  Latran,  etc.  Re- 
tiré dans  sa  pairie,  en  1767  ,  il  y  fil 
ime  précieuse  collection  d'antiquités 
étrusques,  dont  on   trouve  la  des- 
cription dans  le  tome  111  des  (Eu- 
vres  de  Muratori.  On  a  de  ce  pré- 
lat ,  1.  Une  continuation  des  /7/ûb 
et  gesta  Romanurum  pontijicum  el 
cardinalium  d'Aifouse  Ciaconivis  , 
entreprise  par  ordre  de  Benoit  XI V, 
et   poussée    jusqu'au   pontificat    de 
Clément  Xll  ,  Rome  ,  1751  ,  2  vol. 
in-fol.  11.  Un  Recueil  de  poésies  , 
entre   lesquelles  on    distingue  une 
Foëlique  en  vers  italiens,  ill.  Ori- 
T.  VTir. 


nel  f'e/ieto  museo  hani  ,  Venczia  , 
1785  ,  in- 4".  11.  Ijisserlazione  in- 
turito  ail'  antica  via  Claudia  délia 
città  di  Aitino  Jino  a' Jiume  J)a— 
nubio,  Bassauo,  1789,  in-4''.  Cette 
dissertation  fut  publiée  après  1;.  mort 
de  l'auteur.  Guaruieri  a  laisse  aussi 
quelques  ouvrages  inauuscrils. 

*  I.  GUASCO  (  Aunibal  ) ,  d'A- 
lexandrie de  l.a  Paille  ,  distingué 
par  ses  connoissances  et  par  son 
amour  pour  ks  b  !ks-leltres  ,  se  li- 
vra sur-tout  à  la  poésie,  et  il  publia 
un  assez  gros  volume  de  madrigaux 
sous  te  litre  :  Vi  'Xela  cangianle. 
Il  mit  PU  vers  la  nouvfclle  de  Boc- 
cace,  iniitulée  Rosimouda  ;  c'est  un 
de  ses  meilleurs  ouvrages.  On  a  en- 
core de  lui  Istituzione  ad  una 
dama  corne  s'abbia  du  regolor  bejie 
in  carte  ;  un  livre  de  Rime;  un 
Discorso  volgare  nella  inulazione 
del  governo  délia  palria  ,  e  le  let- 
tere  divise  in  tre  parte.  11  mourut 
dans  un  âge  avancé  en  1619. 

*  II.  GUASCO  (Jean),  de  Reggio  , 
docteur  eu  droit ,  d  ai)ord  secré- 
taire de  Gonzague,  archimandrite 

8 


ii4 


GUAS 


de  Messine  et  de  Païenne  ,  et  ea- 
auite  de  deux  évêques  de''Reggio  , 
devint  membre  et  historiographe 
de  l'acadëmie  de'  Muti  dans  sa  pa- 
trie, et  mourut  en  1746.  Sou  prin- 
cipal ouvrage  est  le  suivant  :  Sturia 
letternria  delpiinclpio  e progressa 
deW  accademia  di  belle  Lettere  in 
Reggio  cou  diverse  composizioni 
latine  e  toscane  degli  antichi  ora- 
tori ,  poeti ,  ed  accadeinicl  reg- 
giani ,  Reggio  ,.1711,  iu-4°- 

-;-in.  GUASCO  (Oclavien  de), 
chanoine  de  Touruay  ,  de  la  société 
royale  de  Londres ,  de  l'académie 
dbs  inscriptions  de  Paris  ,  né  à 
Turin  d'une  famille  noble  en  1712  , 
et  mort  à  Vérone  en  1781  ,  vint 
eu  France  vers  1738.  Il  y  plut 
par  la  vivacité  de  sou  esprit,  par 
son  langnge  moitié  français  ,  moitié 
italien  ,  soutenu  d'une  pantomime 
expressive  ,  qui  donuoit  plus  d'in- 
térêt à  sou  récit ,  et  qui  auimoit 
les  choses  agréables  etllatteuses  dont 
il  n'étoit  point  avare.  Lié  avec  le 
prés^ideiît  de  Montesquieu  ,  il  en 
parloil,  long-temps  après  sa  mort  , 
avec  tout  l'attendrissement  de  la- 
rnilié.  Sou  cœur,  susceptible  d'im- 
pressions profondes  ,  n'oublioit  ni 
les  bienfaits  ,  ni  les  outrages.  Ayant 
eu  à  se  plaindre  de  madame  Geof- 
frin  ,  il  se  vengea  d'elle  avec  peu 
de  délicatesse  ,  eu  publiant  une  Cor- 
respondance de  Montesquieu ,  Paris , 
1767  ,  in-12  ,  où  elle  étoit  peu  mé- 
Tiagée.  Plusieurs  bonnes  œuvres , 
faites  long-temps  avant  sa  mort  , 
J\ii  firent  pardonner  ce  caractère 
vindicatif.  l>a  variété  de  ses  con- 
iioissances  paroit  dans  quelques-uns 
de  ses  ouvrages.  Les  plus  estimés 
8onl,l.  I,e  Traité  sur  les  asiles,  tant 
«acres  que  politiques.  IL  Des  Disser- 
tations historiques  et  littéraires  , 
1766,  2  V. '\\i-8°.\l\. Essai Âislorique 
sur  l'usage  des  statues  citez  les  an- 
ciens, iu-^",  Bruxelles,  1768.  On 
froil  dans  cet  ouvrage  nue  diudtlion 


GUAS 

choisie,  une  critique  saine, un  style 
clair  et  net.  Il  publia  encore  des  Let- 
tres familières  de  Montesquieu ,  avec 
des  notes,  dont  quelques-unes  sont 
satiriques.  Il  avoit  traduit  en  ilalieu 
son  Esprit  des  Lois  ;  en  français , 
l'Economie  de  la  Vie  humaine  , 
I7!i5  ,  in-8° ,  et  du  russe ,  les  Satires 
du  prince  de  Cantemir ,  Londres, 
1760  ,  2  vol.  in-12. 

t  GUASPRE-DUCHET  ou  Gas- 
PRE,  élève  et  beau-frère  du  Poussin, 
naquit  à  Rome  en  i6i5.  Son  goût  et 
ses  lalens  pour  le  paysage  éclatèrent 
de  bonne  heure.  11  loua  quatre  mai- 
sons dans  les  quartiers  les  plus 
élevés  de  Rome,  pour  y  étudier  la 
nature.  La  chasse  ,  qu'il  aimoit  pas- 
sionnément, lui  fournit  des  sites 
d'un  effet  piquant.  Ses  ouvrages  sont 
recommaudables  par  un  air  de  li- 
berté admirable  ,  par  la  délicatesse 
de  la  touche,  par  la  fraîcheur  du 
coloris ,  par  un  art  particulier  à 
exprimer  les  vents  ,  à  donner  de 
l'agitation  aux  feuilles  des  arbres  , 
à  représenter  des  orages  et  des  bour- 
rasques. Il  mourut  à  Rome  en 
1676.  Le  fameux  Poussin  venoit 
souvent  le  voir  ,  et  s'amusoit  quel- 
quefois à  peindre  des  figures  dans 
ses  paysages.  Le  Guaspre  s'étoit  fait 
une  telle  pratique,  qu'il  finissoit , 
en  un  jour  ,  un  grand  tableau 
avec  les  figures.  Ou  distingue  trois 
manières  dans  les  ouvrages  de  ce 
peintre  ;  la  première  est  sèche  ;  la 
seconde  ,  simple ,  vraie  et  très  -  pi- 
quant© ,  est  la  meilleure.  Elle  ap- 
proche de  celle  du  Lorrain  :  sa  der- 
nière manière  est  agréable.  Le  mu- 
sée Napoléon  a  deux  de  ses  tableaux. 

GUAST  (du),  ^ojes  AvALos, 

n°n. 

*  GUAST AVINI  (  Jules  ) ,  né  à 
Gènes  ,  d'une  famille  patricienne , 
enseigna  la  médecine  à  Pise,  en  qua- 
lité de  professeur  primaire ,  vers 
l'an  1614.  Les  ouvrages  qu'il  a  cojn- 


GUAZ 

posés  sont ,  1.  Commeiitarn  inpr!c- 
res  fiecem  Aristo'elis prchleinalum 
sectio/ies  ,  I.ugduni  ,  )  t-o8  ,  lo-fol. 
11.  Locorum  de  medlcind  seleclo- 
riim  llùer,  Liigduii'  ,  1616  ,  m-/^". 
Haller  parle  de  ce  livre  avec  esii me. 
m.  Locorum  de  medlcind  flecto- 
riun  //iiv  û//e/-,  Fioreni.ae  i6:^5, 
in-^*'-  Ce  stcoLid  orvraj^e  est  écrit 
dans  le  goùl  du  précédent. 

GUATLMOZIN.    Voyez    Gati- 

IIOZIX. 

I.  GUx\Y  (  Pierre  le  ).  Voy.  Pré- 

M  ON  VAL. 

II.  GUAY-TROUIN  (René  du). 
f'^Giyez  Dlgua\-'1'kouin. 

*  GUAZZESI  (  Laurent),  cheva- 
lier de  Siuut-  Etienne  et  littéraleiir 
disliugué  ,  né  à  Arezzo  en  1708, 
et  mort  à  Pise  en  1764  ,  a  pul)Ké 
quelques  Disserlalioiis  savantes  sur 
le  voyage  d  Atinibal  en  Toscane  , 
sur  quelques  Geografiche  posiziuni 
si  délia  guerra  gallica  clsalpina, 
si  delta  via  Cassia  ;  il  donna  aussi 
J)ella  disj'atta  e  morte  di  To/tila, 
et  traita  quelques  au/res  sujets 
historiques.  Il  traduisit  V /luhdaria 
de  Piaule,  et  quelques  bonnes  f/«- 
gédies  fran<,'aises  avec  él 'gance  tt 
exactitude.  F.a  plupart  de  ses  ou- 
vrages sont  insérés  dans  le  Gior- 
iiale  de'  leilerali  d'italia ,  et  dans 
les  Opuscoli  scientifici ,  etc.  ,  de 
Calogera. 

I  GUAZZI  (Etienne  ) ,  bel  espnt 
italien  ,  et  secrétaire  de  lu  d'iclussi- 
de  Manioue,  étoil  de  Casai,  et  mou- 
rut à  Pavie  en  i,t65.  Oii  a  di;  lui  , 
I.  Des  Poésies,  il.  Un  7  rai  té  en 
italien  ,  qui  a  pour  titre  :  La  ciuile 
Coifersazione  ,  Eres:  a  ,  i5  ■/- 
in-  t".  III.  Dialogfte  piacuvoH ,  Ve- 
netia  ,  i586,  in  -  j°.  Ces  ouvrages 
eurent  beaucoup  de  cours  dans  leur 
tcm,is. 

t  II.  GUAZZI  ou  GuAZZo 


GUEA  ii5 

(  Marc  ) ,  natif  de  Pudoue  ,  se  signala 
dans  les  armes  aussi-bu.n  que  dans 
l.sleùres,  el  mourut  eu  i55tS.  Ses 
ouvrages  sont  ,  1.  Une  Histoire  de 
Charles  Vlll ,  Venise ,  1  .^,45  ,  in- 1 2. 
II.  Une  Histoire  de  son  temps , 
\ïtb'^ ,  in-fol.  III.  Un  Jhrégede  la 
guerre  des  Turcs  contre  les  Véni- 
tiens ,  in-8°.  IV.  Div«^rses  Poésies  , 
entre  autres,  Aslolfo  horioso,  che 
segue  alla  morte  di  Ruggiero  ,  Ve- 
nise, i;ki9  ,  in-4°. 

*  GUDIUS  (  î\îarquart  ),  savant 
critique  allemand  ,  mort  en  1689. 
Après  avoir  lait  sps  études  à  Reus- 
berg  el  a  léna ,  il  alla  en  Hollande  ,, 
où  i|  coutratjia  des  liaisons  avec  Sa- 
mu'lSchas^  homme  riche,  qui  lui 
iaibba  en  raoi;r.)n!  tonte  sa  fortune. 
Gudius  avoii  aissi  des  liaisons  in- 
times avec  Hieinsiiis,  Grdbvius  et 
Gronovius.  C'étoit  ce  dernier  qui 
l'avoit  introduit  chez  Schas,et  il 
dit  que  Gudius  ,  après  avoir  fait 
forUme,  rompit  avec  tous  ses  an- 
ciens aruis. 

*  GUDVER  (  N.  ) ,  curé  de  Saiut- 
Pierre-le- Vieux  à  Laon,  dépouillé 
ensuite  de  sa  cure,  à  cause  de  sou 
opposition  aux  décrets  de  1  Eglise  , 
t^jj^rt  le  5  septembre  J75-,  après 
avoir. renouvelé  son  appel  au  futur 
concile  ,  et  parlé  contre  la  bulle  Uiii- 
genitus  dan^  son  testament  ,  est 
auteur ,  I.  De  la  Constitution  ,  auec 
des  'emarques  et  des  notes.  II.  De» 
Entretiens  sur  tes  miracles  de  M, 
Paris. 

ï  GUEAU  (Jacques -Etienne), 
né  à  Chartres,  d'une  famille  noble  , 
en  i7o(î,  se  destina  par  goût  a  la 
profession  d'avocat.  Sa  plus  forte 
passion  étant  cellf  de  s'y  distinguer, 
il  fut  bientôt  placé  ,  sou  dans  le 
barreau,  soit  dan^  le  conseil,  au 
rang  des  plus  célèbres  orateurs  et 
ilo,  plus  grands  junsconsnlles.  Le 
duc  Orléans  l'honora  d'une  place 
de  couseilier  dans  tous  ses  conseils. 


iifj  GUEB 

Il  mourut  en  17  53 ,  laissant  un  <^ranfl 
nombre  de  Âîàmoircs  luipi  imés ,  cjiii 
inërileioienl  d'èlie  recuiUis. 

GUÈBRES.   P'ojez  Zoroastre. 

I.  GUÉ13RIANT  (Jean -Bap- 
tiste BuDis  ,  coiule  clo  ) ,  maiéchul 
ùe  France,  et  gouveiiieiir  d'Auy.o- 
ne ,  né  au  château  du  Piessis-Budes 
en  Bretagne  lan  1G02  ,  til  ses 
premières  armes  eu  Hollande;  et, 
après  s'être  signaié  eu  diverses  occa- 
sioas  imporlaiiles,  il  fut  créé  ma- 
réchal de  camp.  Chargé  de  conduire 
l'armée  de  la  Valteline  dans  la  Fran- 
che-Comté, pour  l'unir  à  celle  que 
le  duc  de  Longuevill*^  y  coruman- 
doil,  il  s'en  acquitta  glorieusement. 
Il  fut  ensuite  envoj'é  en  Allemagne 
auprès  du  duc  d-j  Weimar  ,  et  con- 
tribua beaucoup  .à  la  victoire  rem- 
portée sur  les  Impériaux  eli  1608. 
Le  duc  de  Weimar  ayant  été  tué  , 
la  fortune  sembla  avoir  abandonné 
les  Suédois  et  les  Français ,  com- 
mandés par  Bannier.  I-a  hauteur 
de  ce  général ,  à  l'égard  de  Gué- 
briant  ,  rendit  le  commencement 
de  la  campagne  de  1641  si  malheu- 
reux ,  qu'on  iul  obligé  de  se  séparer 
quelque  temps  après.  Le  géné!J||l 
français  fit  des  niarches  forcées  à 
travers  des  pays  très-difficiles  pour 
voler  à  son  secours.**  A  Dieu  ne 
plaise  ,  dit-il  à  ceuK  qui  vonloient  le 
détourner  d'une  résolution  si  géné- 
reuse ,  que  je  me  venge  d'un  par- 
ticulier aux  dépens  de  la  cause  com- 
imme  !  Quand  même  il  ne  s'agiroit 
que  de  sauver  l'honneur  que  Ban- 
nier a  si  justement  acquis,  je  serois 
prêta  tout  entreprendre.  L'indigna- 
tion que  m'a  causée  son  procédé 
sera  pleinement  satisfaite,  si  je  puis 
lui  donner  une  preuve  convain- 
cante de  ma  générosité.  »  Bannier 
jie  vouUU  pas  céder  à  son  ennemi  en 
grandeur  d'ame;  en  mourant,  peu 
de  mois  après,  il  légua  ses  armes  à 
Guébrtaut ,  qui  avoit  déjà  reçu  \q 


GUEB 

même  honneur  du  duc  de  Weimar. 
Ct  tte  même  année  ib.ji  ,  le  général 
français  fui  vainqueur  à  Wollicin- 
\)\\U-\  et  au  combat  de  Clopenslaî. 
I^'aim'ée  d'après,  il  gdgna  la  'uataille 
ifOrdingen  ,  près  de  Coiogne.  Lam- 
boi ,  général  des  Impériaux,  y  lut 
l'ait  prisonuiei"  avec  i\ierci.  Le  comte 
de  Guébriaul  cueillit  de  nouveaux 
lauriers  à  Ordmgen  ,  à  Niais,  a 
Quimpen,  qu'il  assiégea  el  qu'il 
prit.  Louis  XIU  récompensa  .ses  ex- 
ploits par  le  bàtou  de  maréchal  de 
France.  Il  coiUmuoit  de  soubjuir  et 
d'étendre  la  gloire  du  nom  français 
en  Allemagne,  lorsqu'il  fut  mortel- 
lement blessé  au  siège  de  î\olweil, 
petite  ville  de  Suabe.  Tandis  qu'on 
le  portoit  d?  la  tranchée  dans  sa 
tente,  il  dit  aux  soldats  :  «  Com- 
pagnons ,  ma  blessure  est  peu  d« 
Ciiose  ;  mais  j'appréhende  qu'elle  ne 
m'empêche  de  me  trouver  à  l'assaut 
que  vous  allez  livrer.  Je  ne  doute 
pas  que  vous  ne  fassiez  vaillam- 
ment, comme  je  vous  ai  toujours 
vus  l'aire.  Je  me  ferai  rendre  compte 
de  ceux  qui  se  seront  distingués  , 
el  je  recounoilrai  le  service  qu'ils 
auront  rendu  à  la  patrie  dans  celte 
occasion  si  brillante.  »  Son  capitaine 
des  gardes,  homme  naturellement 
vif,  se  domioit  des  mouveraens  ex- 
traordinaires pour  trouver  un  chi- 
rurgien. Gaébriant  l'aj-ipelle  ,  et  lui 
dit  avec  un  sang-froid  admirable  : 
a  Allez  plus  doucement ,  Gau ville; 
il  ne  faut  jamais  effrayer  le  soldat.  ■» 
Les  assiégés,  ne  voulant  pas  s'expo- 
ser à  être  em'porlés  de  vive  force, 
prirent  le  parti  de  se  rendre.  Ce 
héros,  en  mourant,  se  lit  porter 
dans  la  place,  et  y  expira  tranquil- 
lement, au  milieu  des  soins  qu'il  se 
donnoit  pour  son  salut  et  pour  la 
conservation  de  sa  conquête.  Ce  fut 
le  7  novembre  itl/iô.  Guébriaul, 
un  des  plus  grands  hommes  de 
guerre  de  son  temps,  mourut  sans 
jjoslérité.  Le  roi  le  lit  enterrer  avec 
pompe  à  NoUe-Dame.  Ou  peut  cou- 


GUED 

suller  sa  Vie  par  Le  Laboureur  ,  elle 
est  mal  ccrile  ,  inajs.  assez  (.-xacte. 
—  Son  frère  laissy  des  fillps ,  dont 
Tmie  épousa  le  marquis  de  Rosma- 
flec ,  à  condition  f[iio  sou  lils  pre>i- 
(Iroit  le  notn  de  Bndcs ,  conile  de 
Gutib.iiant. 

II.  GUÉBRIANT  (Renée  vu 
Ijix-Cresitn' ,  maréchale  de  },  Tiile 
du  ninr<|uis  de  Varde?  ^  et  feoime 
du  précédenl  ,  charf^ce  démener  au 
roi  de  Foingne  la  princesse  iMarie  de 
Gon7,ague  ,  qu'il  a  voit  épousée  à  Pa- 
ris par  pi ocu ration  ,  fut  revêtue  à 
cette  occasion  i\'\n\  caractère  nou- 
veau, de  celui  d'ambassadrice  quelle 
soutint  avec  beaucoup  de  dignité. 
Celle  femme  Inlrigame  ,  qui  joi- 
guoit  une  fermeté  mâle  au  talent 
de  persuader  ,  mourut  à  Péri- 
gueux  eu  1609,  avec  le  titre  de  pre- 
mière femme  d'honneur  de  la  reine. 
liLle  avoil  d'abord  été  mariée  à  un 
homme  sans  mérite  ;  mais  elle  Iron- 
\a  moyen  de  faire  rompre  ce  ma- 
riage pour  épouser  Guéluiaiit  ,  à 
qui  la  capacité  te.uoil  lien  de  fortune; 
et  elle  ne  lui  fu.t;  pas  inutile,  te  Le 
litre  de  maréchal  de  PVauce,  dit 
l'Iîistoricn  du  héros  d'Ordingen  ,  ap- 
parlenoit  anlanl  à  sa  femme  qu  à 
iu;-|fnètnc.  »  ,,  ^ . 

ri-Miçhfcl)„  docteur  et  bibiioihé- 
eaire  de  Sorboune,  rtislingué  par  ses 
vertu?  et  par  sep  ItuiVi ères  ,  naquit 
à  Gourna}-' -  eu  -  Uray,  diocè.se  de 
Roi^en  ,  l'an  iftoS  ,  et  mourut  je  2» 
sept.  1742.  (iuedier  savoit  le  f;rec  , 
l'hébreu  .  l'anglais,  l'italien,  et  tcnites 
Ses  sciences  qui  ont  du  rapport  à  la 
théologie  et  à  la  morale.  On  lui  doit , 
I.  TJHisloire  sainte  des  deux  Jl~ 
liafices,  7  vol.  in-i2,  l^aris,  \n/\\. 
C'est  une  espèce  de  concorde  de  l'an- 
cien et  du  nouveau  Testament ,  en- 
richie de  ré'.lexions  t-ages  ,  de  dis- 
sertations savantes,  et  dirigée  par 
l'intelligence  des  langues  et  par  une 


GUEN 


1 1 


critique  judiciense,  IL  Plusieurs 
l'iaités  ds  T/iiiulcgie ,  manuscrits, 
m.  [j\\  grand  noui'Mrede  Décisions 
de  cas  de  conscience. 

CUEILLETTE,  r.  Gueilette. 

*  I.  GUELPHE  ,  né  à  Beauvais, 
{'ut  enfant  de  chœur  dans  l'église  de 
Notre-Dame  de  Paris,  d'où  il  entra 
chez  MM.  Arnauld  et  Nicoh  ;  sou 
principal  emploi  auprès  d'eiri  étoit 
de  transcrire  leurs  ouvrages.  Lors- 
qu'Arnauld  sortit deP'rance en  1(179, 
il  le  suivit ,  et  l'accompagna  toujours 
depuis  dans  ses  voyages  et  dans  ses 
retraites.  Ce  fut  hii  qui  apporta  le 
oœiH"  d'Arn;!u!d  ,  mort  eu  it/94  » 
à  Port-Royal-des-Charnps  ,  et  ou 
lit  sous  son  nom  un  discours  qui 
fut  prononcé  dans  cette  circon.s- 
tance.  Il  mourut  le  27  juillet  1720. 
On  a  iuîprimé  après  sa  mort,  en 
1733  ,  la  Relation  de  M.  ylinauld 
dans  les  Pays-Bas ,  qu'il  avoit 
laissée  manuscrite,  1  vol.  in-12. 

i  II.  GUELPIIE.  r.  l'orisine  de 
ce  nom,,  en  11 36,  art.  WiXF  ou 
■Welmie  (  Henri  -le-Superbe  ,  duc 
de  Bavière.  )  Ce  fut  un  nom  généri- 
que donné  au  parti  des  papes  e,u 
Italie,  et  à  tous  cenx  qui  éloient  eu 
opposition  aux  empereurs. 

GUENEBAUÏ)  (Jean  ),  médecin 
de  Dijon,  est  connu  par  un  livre 
singulier,  intitulé  J^e  R.éi'çil  de 
Chindonax ,  piiice  des  Faciès^ 
Dru  ides.  Celtiques,  Dijon,  1621  , 
iu-Zl".  C'est  l'explication  d'un  mo- 
nument relalifà  la  ri.-Jigion  des  Gau- 
lois. Guéiiebaud  l'avoil  trouvé  dans 
son  vignoble  ;  il  ne  voulut  s'en  des- 
saisir qu'en  laveur  du  cardinal  du 
Richelieu  ,  qui  lui  donna  en  échange 
la  charge  de  bailli  de  l'abbaye  de 
Citeaux.  GnentLaud  mourut  vers 
iG3o. 

*  GUENEE  (  Antoine  ) ,  chanoine 
d'Amiens  ,  abbé  de  l'Oroy  ,  ué  à 
Elampeô  le  23  novembie  1717,  fit 


ii8  GUEN 

ses  éludes  à  l'université  de  Paris, 
■brillante  alors  du  nouvel  t'cha  que 
lui  doimoient  Rollin,  Cievier  ,  Cof- 
fiu  ,  Le  Beau  ,  eîc.  Noiniuë  à  la 
chaire  de  rhétorique  au  collège  du 
Plessis,  il  se  lit  chérir  de  ses  élevés, 
auxquels  il  inspiroil  la  piété  ,  !a 
vertu  el  le  goût  des  lettres.  Apres 
avoir  occupé  celie  plac^^  piiiidaut 
■vingt  ans,  il  fui  déclaré  é;.!érile. 
Guénée  visUa  i'Italif  ,  1  Allemagne  , 
l'Angleterre  ;  il  a  traduit  de  l'auglair. 
plusieurs  ouvrages  pour  la  dét'euse 
de  la  religiou.  Le  premier  est  du 
lord  Lytleiton,  iiurnbre  du  parle- 
ment ,  inl'tu-é  La  Reli^iion  Chré- 
tieuue  déiaoatree  par  la  Conver- 
sion et  l'Aposiolui  de  saint  Paul,  in- 
12,  1764.  Il  y  joignit  deux  Dis- 
cours de  Seed  sur  l'excellence  de 
l'Eciitiire  sainte  ;  2°  l'ouvrage  de 
West ,  iulitulé  Observations  sur 
1  Histoire  el  sur  les  preuves  de  la 
Résurrectioude  Jésus-Chnst,in-i  2, 
1757.  En  17G9  parut  la  première 
édition  de  ses  Lettres  de  quelques 
juifa  portugais ,  aileniands  cl  po- 
lonais à  M.  de  Voltaire,  3  vol. 
in-12.  C'est  l'ouvrage  qui  a  fait  à 
Guénée  !e  plus  de  rénuliitiou.  Pro- 
fondément versé  dans  les  langues 
grecque  et  hébraïque,  il  relève  les 
bévues,  l'ignorance  et  la  mauvaise 
foi  des  écrits  composés  par  Voltaire. 
Ces  lettres  ingémeuses  sont  écrites 
avec  une  modération,  une  décence 
«l  une  force  de  logique  qui  con- 
trastent avec  l'emportement  de  Vol- 
taire. Cet  excellent  ouvrage  a  eu  six 
éditions,  dont  la  dernière  est  de  Pa- 
ris, 5  V.  iu-S°ou  in-12  ,  180.5.  Il  y  a 
joint  ses  Considérations  sur  la  lé- 
gislalion  mosaïque.  Nommé  mem- 
bre lit  l'académie  des  inscriptions  et 
Ijellcs-lettres  en  1770  ,  il  y  commu- 
niqua, sur  la  fertilité  de  la  Judée, 
quatre  Dissertations  insérées  dans 
le  recueil  d~:s  Mémoires  de  celle  so- 
ciété savante;  mais  daus  les  der- 
niers volumes  qui  viennent  de  pa- 
loilre,  0!i a  réimprimé  ces  Mémoires 


GUEN 

perfectionnés  par  l'auteur  et  fondi;,? 
dans  un  traité  complet,  où  brillent 
lérudllion  la  plus  étendue  el  toute 
la  force  du  raisonnement.  Cuénée 
a\oit  le  projet  d  •  publier  quelques 
autres  ouvrages,  qui  sans  doute  sont 
tutre  les  mains  de  ses  héritiers.  Sur 
la  fin  de  ses  jours,  il  s'étoil  retiré 
à  Foutainebleau ,  où  il  mourut  le  27 
novembre  iSoo  ,  a  8;}  ans.  Il  s'étoit 
pr  :^posé  et  avoil  promis  aux  évèques 
as-ermeulés  ,  réunis  en  concile  na- 
tional à  Paris,  d'y  assister;  ses  iu- 
firmités  l'en  empêchèrent.  Promu  au 
.«acerdoce ,  il  montra  qu'il  en  étoit 
digne  par  la  pureté  de  ses  mœurs 
et  de  sa  doctrine ,  par  une  piélé 
sincère  et  éclairée  ,  une  modestie 
simple  ,  affable  ;  il  fa-soit  aimer  en 
lui  l'homme  vertueux. 

GUENOIS  (  Pierre  ) ,  lieutenant 
particulier  à  Issouduu  dans  le  16*^ 
siècle,  a  donné,  1.  Une  Conférence 
des  ordonnances ,  1078,  en  3  vol. 
in-fol.  II.  Une  Conférence  des  cou- 
tumes ,  1696  ,  2  loin,  en  un  volume 
in-fol.  Il  y  eu  a  des  exemplaires  avec 
le  titre  de  1 620  ;  mais  c'est  la  même 
édition. 

*  GUENZt  (  Jean  -François  )  né 
à  Frassinelo  del  Po  ,  daus  le  Mont- 
ferrat,  en  171 3  ,  après  avoir  fini  ses 
études  à  Casai,  obtint  la  chaire  de 
rhétorique  au  collège  de  Verceil  , 
où  il  acquit  la  réputation  d'un  excel- 
lent professeur.  En  1741  le  roi  de 
Sardaigne  lui  accorda  un  canoni- 
cat ,  ensuite  une  pension,  et  il  fut 
agrégé  au  collège  des  sciences  et 
beaux-arts.  Il  mourut  en  l'j^o  ,  âgé 
d'environ  40  ans.  On  a  de  lui,  I.  Lo. 
religione  ,  poema  di  M.  Racine  il 
giouine ,  tradotto  in  veisi  italiani , 
con  aggiunta  di  36  sonelti  sacri  e 
morali,  Turin,  1760.  II.  Se/iti- 
menti  di  Cicérone  raccolti  dell' 
ahateOlivet,  e  tradotti  dalGuenzi^ 
Turin,  1751.  III.  Partitiones  ara- 
torios  M.  Tul.  Cicer.  nolis  illustra- 


^  GUER 

tie.  TV.  Panegirici  sacrl,  Venise, 
1756.  V.  Prediche  quaresimali  , 
Venise,  1758.  VI.  Orazlone  e poésie 
per  lafaustissima  nascila  di  S.  A. 
Ji.  Carlo  Emmanuele  principe  di 
Piemonte ,  Turin ,  1 7  f)  1 . 

GUÉRARD  (  D.  Robert  ) ,  bé- 
nédictin de  Saint -Maur,  né  en  1641 
à  Rouen  ,  relégué  à  Ambournay  eu 
Biigey  pour  avoir  eu  part  au  livre 
inlilulé  l'Abbé  commendataire  ,  sut 
mettre  à  protit  sou  exil.  Il  recher- 
cha les  manuscrits  anciens,  et  trouva 
l'ouvrage  de  saint  Augustin  contre 
Julien  ,  intitulé  Opiis  imperfeclum, 
dont  on  ne  connoissoit  alors  que 
deux,  exemplaires  dans  l'Europe.  Il 
l'envoya  aux  éditeurs  des  (Suvres 
de  ce  l'ère,  avec  lesquels  il  avoit 
travaillé  avant  son  exil.  D'Ambour- 
uay  dom  Guérard  fut  envoyé  à 
Fescamp,  et  ensuite  à  Rouen,  où  il 
mourut  en  171.5.  On  a  de  lui  uu 
Abrégé  de  la  Bible,  eu  forme  de 
questions  et  de  réponses  familières, 
avec  des  éclaircissemens  tirés  des 
saints  Pères  et  des  meilleurs  inter- 
prètes, en  2  volumes  in-12,  pu- 
blié en  1707  ,  et  composé  avec  soin. 
L'auteur  avoit  beaucoup  de  savoir 
et.  de  piété. 

GUERCHEVILLE  (  Antoinette 
DE  Pons,  marquise  de  )  épousa  en 
premières  noces  Henri  de  Silly  , 
comte  de  La  Rocbe-Guyon ,  et  en 
secondes ,  en  i594 ,  Charles  du  Pies- 
sis  ,  seigneur  de  Liancourl;  mais 
elle  ne  voulut  jamais  porter  le  nom 
de  son  mari ,  «  pour  n'être  pas  con- 
fondue ,  disoit-elle,  avec  la  mai- 
tresse  de  Henri  IV,  Gabrielle  d'Es- 
trées,  qui  se  uomraoit  alors  madame 
de  Liancourt.  Ce  prince,  qui  avoit 
voulu  prendre  quelques  liberlésavec 
elle  lorsqu'elle  éloit  encore  tille,  eu 
fut  hautement  refusé.  «  Si  je  ne  suis 
pas  d'assez  bonne  maison  pour  être 
votre  femme,  lui  dit -elle,  je  suis 
(Vunc  trop  bonne  pour  être  votre 


GUER 


iif>> 


maîtresse.  »  Henri  n'oublia  pas  ce 
trait  de  vertu;  et,  après  son  mariage 
avec  Marie  de  Médicis,  il  nouniia  la 
marquise  de  Guercheville  dan.e 
d'honneur  de  cette  princesse.  «  Puis- 
que vous  êtes  véritablement  dame 
d'honneur,  lui  dit-il,  vous  le  sereis 
de  la  reine  ma  femme.»  Cependant 
ce  prince  ne  renonça  pas  au  dessein 
de  lui  plaire.  Sachant  qu'elle  étoil  à 
la  Roche-Guyon,  il  lui  envoya  uu 
gentilhomme  pour  la  prévenir  que 
la  chasse  l'ayant  couduil  d;ius  ce 
canton  ,  il  lui  demaudoit  à  souper 
et  à  coucher.  La  marquise  fit  pré- 
parer un  grand  souper,  et  disparut 
au  moment  de  se  mettre  à  table.  Le 
roi,  surpris  et  affligé,  lui  fit  deman- 
der la  raison  de  cette  prompte  re- 
traite; elle  répondit  :  «Un  roi  (ioit 
être  maître  dans  tous  les  lieux  oii  il 
se  trouve;  et  moi  je  suis  bien  aise 
d'être  libre  dans  ceux  que  j'habite.» 
Ce  fut  la  marquise  de  Guercheville 
qui  introduisit  l'abbé,  depuis  car- 
dinal de  Richelieu,  auprts  de  Marie 
de  Médicis;  et  elle  commença  la 
fortune  de  ce  prélat,  dont  les  Ser- 
mons l'avoient  charmée.  Elle  mourut 
à  Paris  en  1  53  2.  Elle  avoit  eu  de  son 
premier  époux  un  fils  mort  sans 
postérité  en  1694;  et  du  second, 
un  autre  fils  ,  Roger  du  Plessis  , 
duc  de  Liancourt.  Voyez  ce  dernier 
mot. 

GUERCHI  (  Claude -Louis  de 
Régnier  ,  comte  de  ) ,  chevalier  des 
ordre  du  roi,  et  lieutenant-général 
de  ses  armées  ,  d'une  famille  illustre 
et  très-bien  alliée,  lit  ses  premières 
armes  sous  le  marquis  de  Guerchi 
son  père  eu  1704.  Il  passa  en  Italie 
où  étoit  le  théâtre  de  la  guerre  ,  en 
qualité  de  capitaine  de  cavalerie  ,  et 
fut  blessé  à  la  bataille  de  Guastalle. 
Bientôt  après  le  roi  lui  donna  le  ré- 
giment Royal-Vaisseaux  qui  éloit  eu 
Bohème  :  il  s'empara  d'Eiins  ,  y  vsou- 
lint  un  siège  ;  et  sur  le  point  de  voir 
donner  le  dernier  assaut  à  la  placp  , 


120  GUER 

il  s'ouvrit  un  passage  h  U'ayers  l'en- 
nemi,  bien  supérieur  eu  nombre, 
joignit  l'armée  et  entra  dans  Liniz 
qui  fut  bientôt  assiégé.  Après  quel- 
ques [ours  de  défense,  ayant  entendu 
parler  de  rendre  cette  place,  le  comte 
de  Guercl'.i  proposa  des  sorties  qu'il 
fit ,  et  gigna  une  barrière  dont  leii- 
neiiii  s'étoit  emparé;  enfin  on  capi- 
tula malgré  son  avis  ,  mais  il  refusa 
de  signer  la  capitulation.  Ayant  été 
ensuite  employé  en  Flandre  daus 
l'armée  que  commaudoit  le  maréchal 
de  Saxe ,  il  donna  trois  fois ,  à  la  tète 
de  son  régiment,  sur  une  formidable 
colonne ,  et  trois  fois  il  fiit  repoussé. 
Maurice,  admirant  sa  conduite  dans 
le  fort  de  l'action ,  lui  crie  «  courage, 
Guerchi  !  le  roi  vous  voit.  »  Son 
habit^fut  criblé  de  balles;  presque 
tous  les  officiers  de  son  régiment  pé- 
rirent à  cette  journée.  Sétaut  rendu 
après  l'action  au  quartier  du  roi,  ce 
prince  lui  dit ,  sans  lui  donner  le 
temps  de  parler  :  «  Guerchi  ,  vous 
venez  me  demander  mon  régiment , 
je  vous  le  donne  m  Dans  la  guerre  de 
1756,  tout  le  monde  sait  combien  il 
contribua  à  la  victoire  d'Hasteni!)ec; 
coin  •  enl  il  se  conduisit  à  Corliach  , 
où  il  commaudoit  la  brigade  de  Na- 
varre. On  dit  encore  qu'à  la  malh'u- 
ïeuse  affaire  de  Minden,  le  comte  de 
Guerchi  ,  voyant  les  Pranç.iis  céder 
le  terrain,  gagna  la  tète  de  l'armée, 
l'arrêta,  jeta  sa  cuirasse,  découvrit 
son  sein,  et  dit  aux  soldais  qu'il  s'ef- 
forço;t  de  ramener:  «  Amis,  vous 
voyez  que  je  ne  suis  pas  plus  eu  sû- 
reté que  vous  ;  allons ,  Français  ! 
suivez  -  moi ,  venez  combattre  des 
gens  que  vous  avez  vaincus  plus 
d'une  fois.  »  Peu  de  temps  après  Ui 
paix,  il  fut  nommé  ainl)a'<sadeur  à  la 
cour  deT>oiidres;  il  y  arriva  dans  le 
temps  le  plus  orageux,  où  l'ancien 
ministère  traversoit  le  nouveau  ,  et 
daus  un  moment  où  la  haine  des 
Anglais  contre  lesFrançaiséloit  dans 
toute  son  effervescence.  Les  prélimi- 
naires de  la  paix  étoieut  arrêtés  ;  il 


GUER 

eut  !a  gloire  de  mettre  la  dernière 
main  au  traité.  Sa  santé  ayant  beau- 
coup souffert  de.  son  séjour  en  An- 
gleterre ,  il  revint  eu  France  ,  et 
mourut  en  1768,  honoré  des  regrets 
des  deux  cours. 

i  GUERCIIÎN  (Françoi&BARBEB  t 
or,  Cento,  dii  le),  ainsi  nommé 
parce  qu'il  étoit  louche  ,  né  à  Cen- 
to ,  près  de  Bologne,  en  i.'îgo  ,  pei- 
gnit dès  l'âge  de  huit  ans,  tira  de 
son  génie  les  premiers  principes  de 
son  art,  et  se  perfectionna  ensuite 
à  l'école  des  Carraches. Une  académie 
qu'il  établit  eu  1616  lui  attira  un 
grand  nombre  d'élèves  de  toutes  les 
parties  de  l'Europe.  La  reine  Chris- 
tine de  Suède  l'honora  d'une  visite 
et  lui  tendit  la  main,  «  pour  tou- 
cher, disoit  elle,  celle  qui  avoit  pro- 
duit tant  de  chefs-d'œuvre.»  Le  roi 
de  France»lui  offrit  la  place  de  son 
premier  peintre  ;  mais  il  aima  mieux 
accepter  un  apparlement  dans  le  pa- 
lais du  duc  de  Modène.  Il  ne  sortoifc 
jamais  de  son  atelier  sans  être  accom- 
pagné de  plusieurs  peintres  qui  le 
suivoient  comme  leur  maître  et  le 
re.spectoient  comme  leur  père.  Le 
Guerchin  les  assisloit ,  dans  le  be- 
soin ,  de  ses  conseils ,  de  sou  crédit  et 
de  son  argent.  Dovix ,  sincère  ,  poli , 
bienfaisant,  il  fui  un  modèle  pour  les 
artistes.  11  mourut  en  1667.  Sesprin- 
cipaux  ouvrage,^  sont  à  Morne ,  à  Bo- 
logne, à  Parme  ,  à  Plaisance  ,  à  Mo- 
dène ,  à  Rcggio  ,  à  Milan  et  à  Paris  au 
musée  Napoléon.  Il  reudoit  certains 
objets  avec  beaucoup  de  vérité  ;  mais 
la  correction  ,  la  noblesse  et  l'expres- 
sion, qui  sont  les  fruits  d'un  travail 
réfléchi,  lui  ont  manqué  pour  l'or- 
dinaire. Cet  artiste  aima  mieux  se 
livrer  à  la  nature  et  donner  plus  de 
force  et  de  fierté  à  ses  tableaux ,  que 
de  mettre  son  génie  dans  les  entraves 
de  l'imitation.  Il  s'éloigna  sur-tout 
du  Guide  et  de  l'Albaue,  dont  la 
manière  lui  parut  foible.  Personne 
n'a  travaillé  avec  nlus  de  facilité  et 


GUER 

de  proipptitnde.Des  veligieiix  l'ayant 
prié,  la  veillfi  de  leur  fêle,  de  repré- 
sçnler  un  Vère  Eternel  au  mailre- 
aulel,  Le  G.iieichiu  le  peignit  aux 
flambeaux  eu  «ne  nuit.  ^oj.Saintj; 

PÉTKQNITiî-E, 

'  t  GUEUCflOlS  (  Magdeleine  d'A- 
GUESSEÀr,  épouse  de  Pierre- Hector 
Je  ) ,  née  en  1679  et  morîi:  en  iV^o, 
eloil  sœur  du  célèbre  cUaucelier  d'A- 
guessean  dont  elle  eiil  les  vertus  et 
en  partie  les  lalens.  0e  sa  pluuie , 
aussi  solide  que  chrîl'.enue  ,  sont 
sortis  les  livres  suivans  :  1.  Ré- 
flexions sur  les  lii'res  historiques 
fie  r ancien  Testament ,  1  v.  in-ta. 
II.  Trois  Traités  réunis  en  11 /\l, 
en  3  vol.  petit  in-12;  jivis  d'une 
mère  à  son  fils,  Paris,  1745,  2  v. 
in-12  ;  Instruction  pour  les  sacre- 
mens  de  pénitence  et  d'euc/iaris- 
tie  ;  Pratique  pour  se  disposera  la 
mort. 

I.  GUERET,  jésuite.  Fojez  Cha- 
TEL,  n''lV^ 

\\.  GUEI\ ET  (Gabriel),  né  à 
Pa.ris  eu  1641  ,  avocat  en  ifiGo, 
distingué  au  palais,  moins  par  ses 
plaidoyer?  que  par  ses  CQUS'villations; 
et  d.OV?  ''1  république  des  lettres  , 
pAV  soi^  ériuliliou,  la  jiiste^e  de  sa 
crjùque  çl  les  agrémens  de  soii  es- 
p,t;\|  ,  ijriourut  à  Paris  le  :^3  avril 
i6,\St>,  à  47  '"'is ,  laissant  plusieurs 
ouvrages  qui  faiil  liouueiir  à  sa  mé- 
nuiire.  \.  \.t  Famasse  reformé.  II. 
La  Guerre  des  jîuteurs  anciens  et 
modernes ,  La  Haye  ,  1 7  1 G  ,  iu-i  2. 
Cest  ixxxfi  suite  de  l'ouvrage  précé- 
dent. L'un  et  l'autre  renferment 
d'assez  bonnes  plaisanteries,  de  l'en- 
jouemetît,  et  une  ironie  communé- 
ment assez  fine.  Ce  recueil  a  aussi 
été  réimprimé  sou.s  le  dire  des  .'1u- 
teursen  belle  /ainieur,  Aui.-.lerdam, 
1725,  iu-12.  III.  Entretiens  sur 
l'éloquence  de  la  chaire  et  du  bar- 
reau ,  Paris,  1666  iu-J2,  semés 
de  rétlexions  judicieuses  et  de  leçons 


GUER  iî>.i 

utiles.  IV.  T.n  carte  de  la  cour , 
Paris,  i6(i5  et  1674,  in-12  :  c'est 
une  allégorie  int;énieuse  ,  mais  moins 
piquante  que  sou  Parnasse  réformé. 
V.  La  Promenade  de  Saint-Cloud  , 
ou  Dialogues  sur  les  auteurs;  ils 
sont  très-bien  assaisonnés.  VI.  Le 
Journal  du  Palais  ,  conjointement 
avec  lilondeau.  C'est  un  recueil  bien 
digéré  des  arrêts  des  parlemens  de 
France  ,  publié  d'abord  en  2  vol, 
in-4°  >  *^t  ensuite  en  5  vol.  ,  17^7  , 
depuis  ei\  2  vol.  in-fol.  ,  i75.'i.  VIL 
Une  édition  des  Arrêts  notables  di(. 
parlement ,  recueillis  par  Le  Prêtre, 
et  réimprimée  en  1679  ,  augmentée 
de  notes  savantes  et  de  pièces  cu- 
rieuses. Voyez  Blondeau  ,  n"  lll. 

t  IlL  GUEHET  (Louis-Gabriel), 
docteur  de  Sorbonne ,  ancien  vi-^ 
caire-géné'"al  de  Rodez  ,  né  à  Paris , 
mort  le  9  septembre  i7!'9,  âgé  de 
80  ans,  fils  du  précédent,  s'est  fait 
connoitre  par  quelques  brochures 
sur  les  afi'aires  ecclésiastiques.  L 
Lettres  d'un  théologien  sur  l'exac- 
titude des  certificats  de  confession, 
Paris,  1 70 1 , in- 1  2. II.  Droits  qu'ont 
les  curés  de  commettre  leurs  vicai- 
res et  les  conjésseurs  dans  leurs 
paroisses ,  Paris,,  1709  ,  ui-12.  III. 
Quelques  Livres  dans  le  même  goût, 
qui  sont  dans  l'oubli.  IV.  UELoge  de 
Bernard  Couet,  qiii  se  trouvf  en 
tête  du  catalogue  des  livres  de  ce 
dernier.  Pans,  1757  ,  in-12. 

G  U  E  II  I K  C  ou  G  uïnïcK£  , 
(Othou  de),  conseiller  de  l'électeur 
de  Brandebourg  ,  et  bourgmestre 
de  Magdebourg,  né  en  1602,  et  mort 
en  i6h6  à  Hambourg,  un  des  plus 
grands  y)kysicieus  de  son  temps  , 
inventa  la  Machine  pneumatique , 
dans  le  même  temps  que  Robert 
L'oyle  en  concevoit  lui-même  l'i- 
dée en  Angleterre.  Cette  niachiue 
fil  clianger  de  fr.rie  à  la  physique 
expérimentale  ,  et  donna  les  con- 
noissances  les  pins  certaines  sur 
la  r.ature  d  les  ofTc'.s  do  l'air.  Les 


122 


GUER 


animaux  qui  en  sont  priv^fs  lors- 
qu'ils sont  placés  sous  le  récipient 
périssent  ;  les  plantes  ne  croissent 
plus  ;  la  lumière  et  les  phosphores 
naturels  s'y  éteignent  ;  et  la  fumée  , 
<juelr|Uc  temps  suspendue  ,  tomho  à 
Ja  fin  ;  le  fusil  qui  frappe  la  pierre 
n'y  donne  point  d'étincelles  ;  la  pou- 
dre à  canon  qu'on  laisse  tomber  sur 
ini  f<tr  ardent  s'y  fond  et  ne  s'en- 
ilamme   pas  ,   tandis  qu'une  denii- 
draclune  de  sel  dy  nitre  de  Glauber, 
mêlé  avec  autant  d'huile  de  tarvi  , 
fait  explosion,  et  met  en  pièces  la 
liole   qui    contient  le   mélange  ;  la 
pomme  ridée  y  devient  unie  ;  enfin, 
les  corps  pesaus  ou  légers  tombent 
sans  difierence  de   gravité  au  fond 
du  réci[jienl.  Papin  ,  s'Gravesande , 
€t  Hauxbéeont  perfectionné  la  ma- 
chine de  Guéri ke.    On  doit  encore 
à  ce  dernier    les  deux   hémisphè- 
res (le  cuivre  appliqués  l'un  contre 
l'autre,  que  seize  chevaux  ne  pou- 
voient   séparer;   le  Marmouset   de 
verre  ,  qui  descend  dans  un   tuyau 
quand  le  temps  est  pluvieux,  et  en 
sort  quand  il  doit  être  serein.   Cette 
dernière  macliiue  disparut  à  la  vue 
du  baromètre  ,  sur-tout  depuis  que 
Huyghens     çt     Amonlons     eurent 
donné  les  leurs.  Guerike  se  servoit 
de  son   Marmouset   pour  annoncer 
les   orages  ;    le    peuple   le   croyoit 
sorcier.  La  foudre  étant  tombée  un 
jour  s\ir  sa  maison  ,  et  ayant  pul- 
vérisé plusieurs  machines  dont  il  se 
servoit  pour  ses  expériences  ,  on  ne 
manqua  pas  de  dire  que  c'étoil  une 
punition  du  ciel  irrité.  Les  expé- 
riences de  Guerike  sur  le  vide  ont 
été  imprimées  en  1672  ,  in-fol. ,  en 
latin,   sous  le  yilxe  A' Expérimenta 
Magdehurgica.    Ce  fut  le  premier 
qui  observa  le  pouvoir  répulsif  de 
l'électricité,  la  lumière  et  le  bruit 
de  son  explosion.  Il  fut  marié  deux 
fois  :  il  eut  de  sa  première  femme, 
Ollion  Guerike  ,  conseiller  -  privé 
du  roi  de  Prusse  ,  qui  soutint  la  ré- 
pulalioa  de  son  père.  \ 


GUER 

'  I.GUÉRIN(Guillaume),  avocat- 
général  du  parlement  de  Provence, 
et  revêtu  (le  cette  charge  la  même 
année  que  celte  cour  donna  un  arrêt 
terrible  contre  les  Vaudois  ,  se  char- 
gea de  le  faire  exécuter,  et  portant 
la  cruauté  aussi  loin  qu'il  le  put  ,  il 
fit  tuer  tout  ce  qu'il  rencontra.  Un 
jeune  homme  de  Mérindol ,  tâchant 
de  se  sauver  ,  et  les  soldats  favori- 
sant sa  fuite,  l'avocat-général  cria 
de  toutes  ses  forces  :  Toile!  Tulle  ! 
et  ce  malheureux  fut  arquelnisé.  On 
compta  vingt-deux  bourgs  détruits 
ou  mis  en  ceudres.  Henri  II ,  dont  le 
père  avoit  toléré  celte  exécution  , 
permit  aux  seigneurs  ruinés  de  ces 
villages  détruits  et  de  ces  peuples 
égorgés  de  porter  leurs  plaintes  au 
parlement  de  Paris.  On  chercha  des 
crimes  pour  faire  périr  Guérin ,  et 
l'on  n'eut  pas  de  peine  à  lui  en  trou- 
ver. Il  fut  condamné  à  être  pendu, 
non  pour  le  massacre  de  Cabrières 
et  de  Mérindol,  comme  plusieurs 
historiens  ,  et  entre  autres  Voltaire  , 
l'ont  avancé;  mais  pour  plusieurs 
faussetés,  calomnies, prévarications, 
abus  et  malversations  es  deniers  du 
roi  et  d'autres  particuliers  ,  sous 
couleur  et  titre  de  son  état  de  pro- 
cureur du  roi;  et  la  sentence  fut  exé- 
cutée à  Paris  en  i5.ô4  :  tous  les  bons 
citoyens  se  réjouirent  de  sa  mort. 
«  C'étoit  ,  dit  Nostradamus  ,  uu 
homme  aussi  noir  de  corps  que 
dame  ;  autant  froid  orateur  que 
persécuteur  ardent  et  calomniateur 
effroulé.» 

II.  GUÉRIN,  dit  Flechelles 
(Hugues),  acteur  du  théâtre  du  Ma- 
rais, àParis,  avoit  épousé  la  fille  de 
'l'ubarin,  et  réussissoit  dans  tous  les 
rôles,  même  dans  celui  de  Gaultier- 
Garguille,  qu'il  jouoit  sous  le  mas- 
que. Il  mourut  en  i633.  La  farce  de 
la  querelle  de  Gaultiei-Garguille  et 
de  Perrine  sa  femme  est  imprimée 
sans  date  à  Vaugirard,  chez  A,  E, 
I ,   O ,   U ,  à  icnseigue   des  Trois 


GUER 

Baves;  celte  pièce  a  été  réimprimée 
<!aus  la  coUectiou  dite  de  Caron. 
Giiéria  publia  en  ib3i  ,  in-i2,iui 
recueil  de  prologues  et  de  chanaons  , 
où  l'on  trouve  quelques  traits  heu- 
reux et  plaisans. 

m.  GUERIN  (  Robert),  dit  La 
pLEtit ,  acteur  du  iMarais  ,  à  Paris, 
jouoil  saus  masque,  contre  lusaj^ede 
sou  temps,  même  les  rc'cs  de  Gros- 
Guillaume.  Son  caractère  ëloit  de 
mêler  son  jeu  de  sentences.  Un  jour 
s'é  tan  la  visé  de  contrefaire  un  homme 
de  robe  qui  avoit  une  grimace  d'ha- 
bitude fort  ridicule  ,  le  magistrat 
le  lit  mettre  au  cachot  ;  Guérin  eu 
mourut  de  saisissement  en  i63;i. 
Huit  jours  après  ,  ses  camarades 
Turlupiu  et  Gaullier-Garguille  eu 
moururent  de  dpuleur.  —  Un  autre 
acteur  de  ce  nom  épousa  la  veuve  de 
Molière  ,  et  mourut  en  1728,  à  92 
ans. 

IV.  GUÉRIN  (Nicolas- Armand- 
Martial)  ,  fils  de  la  veuve  de  JMo- 
lière  ,  naquit  eu  1678,  et  mourut 
en  1708,  âgé  de  30  ans,  après  avoir 
fait  jouer  la  comédie  de  la  Psyc/ié 
de  village ,  et  la  pastorale  de  Méli- 
certe. 

V.  GUÉRIN  (Gilles),  sculpteur, 
mort  en  1678  ,  à  72  ans,  auteur  de 
divers  morceaux  qui  n'ont  rien  de 
séduisant  ;  mais  sou  ciseau  tailloit 
le  marbre  avec  beaucoup  d'inlelli- 
gence  ,  partie  qu'on  estimoit  alors, 
parce  qu'elle  étoit  peu  connue. 

t  VI.  GUÉRIN  (Frimçois),  profes- 
seur an  collège  de  Beanvais  à  Paris  , 
mort  le  29  inai  1751  ,  âgé  de  70 
ans,éloil  deLoches  en  Touraine.  On 
a  de  lui,  1.  Les  yînnalesde  Tacite, 
traduites  eri  français,  eu  3  vol. 
C'ëtoit  un  ouvrage  au-dessus  de  ses 
forces  ;  il  est  resté  trop  inférieur  à 
son  originil.  II.  Une  Traduction 
de  Tite-Live  ,  plus  exacte,  plus 
fidèle  et  plus  éiégaula  que  celle  de 


GUER 


l'ij 


Tacite,  et  qu'on  a  réimprimée,  avec 
des  corrections,  à  Pans,  en  10vol. 
m-  12.  m.  Des  Tocsies  latines^ 
remarquables  parla  fiuesse  d'txpres- 
sion  ,  et  qui  forment  le  h^  livre  des 
i-ieiecla  carmina  ,  etc.  ,  ///  unii^. 
Paris,  prof. 

Vir.  GUÉRIN  (Hippolyle-l.ouis), 
imprmic'.ir  de  Paris,  né  eu  1698, 
mort  en  1765  ,  se  distingua  |.ar  ses 
éditions.  Son  Cicéron  de  l'abbé  d'O- 
livet  ;  son  Tacite  de  labbé  Brotier 
sont  justement  recherchés.  Coignarcl 
fil  la  nioitiéde  l'édilio!)  du  premier; 
etDelalour  ,  gendre  de  Guérin,  ache- 
va le  second.  Le  Cicéron  eu  grand 
papier  se  vend  fort  cher. 

VIII.  GUÉRIN  (Nicolas-François), 
recteur  de  l'université  de  Paris  ,  né 
à  Nauci  le  20  janvier  17^1,  mort 
à  Paris  le  i5  avril  1782  ,  fil  d'ex- 
cellentes éludes  sous  le  jésuite Porée, 
et  se  distingua  par  l'élégance  de  ses 
poésies  latines,  doul  la  plupart  n'ont 
pas  vu  le  jour.  On  a  seulemeni  publié 
de  lui  ,  1.  des  Hymnes  à  l'usage  de 
divers  diocèses.  11.  LOraison  Junè- 
bre  au  Dauphin.  HT.  \]n  Discours 
sur  l'émulation.  IV.  Un  poème  la- 
tin intitulé  Perainbulatio  poi'iica. 
C'est  la  description  des  curiosités 
de  Paris.  V.  Une  autre  Pièce  de  re/s 
sur  l'éducation  des  princes.  L'uni- 
versilé  l'avoit  choisi  pour  syrdic 
en  1755,  et  il  en  fut  deux  lois  rec- 
teur. Guérin  étoit  frauc  et  ouvert  ; 
sa  gaieté  dounoit  des  charmes  à  sa 
conversation  ,  animée  d'ailleurs  par 
tous  les  agréiiiens  de  l'esprit  cl  du 
savoir. 

*  IX.  GUÉRIN  nu  RociirR 
(  N.  )  ,  après  avoir  passé  jilusicur* 
années  dans  la  Société  des  jésuites  , 
continua,  après  l'extinction  de  la  so- 
ciété ,  à  se  livrer  an  goût  des  lettres 
et  aux  recherches  d'érudition.  Eu 
1777  il  tit  paroitre  Vllistoire  iéri- 
tablc  des  temps  fabuleux ,  Paris, 
3  vol.  in-S".  il  y  uionlrc  que  l'Ecri- 


124  GUER 

Une  sainte  a  fourni  la  matière  des 
anciennes  histoires  et  des  luyllio- 
logies,  et  que  l'histoire  d'Egypte  en 
particulier  n'eyt  qu'un  tiavestisse- 
ment  des  faits  rapportés  dans  la 
Bible.  Si  ses  observations  sont  fon- 
dées sur  des  étymologies  plausibles, 
elles  le  sont  bien  davantage  encore 
sur  des  rapprocheraeus  et  des  paral- 
lèles toul-à-fait  frappaus.  Les  j-dii.- 
losophes  se  sont  élevés  contre  un  ou- 
vrage qui  ruinoil  de  foiid  en  comble 
plus  d'une  spéculation.  La  Karpe  y 
a  d'abord  opposé  une  critique  que 
les  savans  ont  regardée  comme  une 
turiupiuade  ,  et  qu'ils  ont  dédai- 
gné {poyez  le  Journ.  hist.  et  litlér, , 
i5  octobre  1777,  pag  207).  De 
Guignes  ,  Auquetil  et  du  Voisin  l'ont 
attaqué  plus  sérieusement  ;  mais 
l'abbé  Chapelle  a  repoussé,  leur  cri- 
tique,, celle  dé  du  Voisin  sur- 
tout, avec  tant  de  vigueur,  que 
celui-ci  n'a  cru  pouvoir  y  répondre. 
Toute  iedition  de  la  défense  a  été 
saisie  par  voie  d'aulorïté  (  il>id. , 
i5  août  1780,  pag.  601  ).  L'ou- 
vrage devoit  être  porté  à  12  volu- 
mes. Guérin  du  Rocher  a  été  im- 
molé dans  sa  prison ,  dans  les  ter- 
ribles journées  des  2  et  3  septem- 
bre J792. 

X.  GUÉRIN.  Fofez  Tencin. 

t  GUÉRINIÈRE  (François  RoBi- 
CHON  de  la) ,  écuyer  du  roi,  distin- 
gué daiis  cette  place  par  son  assi- 
duité et  ses  connoissances,  a  donné 
deux  ouvrages  estimés.  I.  V Ecole 
lie  cavalerie ,  phisieurs  fois  réim- 
primée, et  doul  la  plus  belle  édi- 
tion est  de  Paris,  1730,  in-fol. , 
avec  iig.  Elle  fut  réimprimée  en 
173G  et  1751  ,  2  vol.  in-8°  ;  mais 
les  figures  sont  inférieures  à  celles 
f!e  i'in-fol.  II.  Des  Elémcns  de  ca- 
valerie ,  en  2  vol.in-12.  Ces  deux 
(i\res  sont  consultés  tous  les  jours. 
L'auteur  ,  contemporain  de  Bour- 
};i:lal  ,   possédant   parfaitement   les 


GUER 

])riucipes  d'équilation  ,  ignoroitceux 
de  la  médecine  vétérinaire;  pour  ne 
pas  laisser  à  cet  égard  son  travaij 
incomplet ,  il  coniia  le  soin  de  dé- 
crire les  maladies  du  cheval  :\  un 
médecin  de  Paris  qui  se  contenta  de 
répéter  les  documens  utiles  et  jus- 
qu'aux erreurs  de  Soljeysel.  La  Gue- 
rinière ,  honoré  d:'8  bienfaits  de  la 
cour,  mourut  le  2  juillet  1751,  dans 
un  âge  assez  avancé. 

GUERNIER  (  Louis  du  ),  ex- 
cellent peintre  en  émail  ,  s'appliqua 
dans  le  17''  siècle  à  la  miniature,  et 
y  réussit.  Il  trouva  diverses  teintes 
de  carnations,  inconnues  avant  lui  ; 
et  il  auroit  porté  cet  art  beaucavip 
plus  loin ,  si  la  mort  ne  l'eût  pas  en- 
levé à  la  Heur  de  sou  âge. 

GUEROAND  (Guillaume)  vivoit 
au  comuiencemeut  du  16*^  siècle.  Il 
étudia  la  médecine  à  Caen ,  sous  Jean 
Contif  et  Noél  Etienne  ,  maitres-ès- 
arts  et  eu  médecine.  C'est  dans  cette 
ville  qu'il  publia  un  Commentaire 
peu  savant  sur  Touvrage  supposé 
d'iEmiliiis  Macer,  orné  de  77  plan- 
ches en  bois,  très-maiiyaisos,  sans 
date,  in-8°  et  in-4°,  pour  l'instruc- 
tion des  jeimes  médecins.  Il  s'applit- 
qua  dans  la  .sviite  à  pratiquer  sou  art. 
L'auteur  a  vécu  après  i.'ïoi  ,  temps 
des  conquêtes  de  Louis  XII  en  Ita- 
lie, dont  il  parle  comme  d'une  chos'e 
récente.  La  distinction -qu'il  fait  dti 
menlagra  etdumal  vénérien  protive 
assez  qu'otî  ne  se  f:rompoit  point  sur 
la  cause  de  cette  dernière  maladie. 

I.  GUERRE.  Voy.  Jacquet. 

IT.  GUERRE  (  RIartin  ),  né  à  Au- 

daye,daris  iepays  des  Basques,  connu 
par  limposture  d'Arnaud  du  Thil , 
son  ami.  Mariiu  ayant  épousé  Ber- 
Iraudo  de  Rois,  du  bourg  d'Artigal, 
au  diocèse  de  Rieux  eu  Languedoc , 
eii  janvier  ifioq,  et  ayant  demeure' 
environ  dix.  ans  avec  elle,  passa  en 
Espagne,  où  il  prit  ks  armes.  Huit 


GUER 

ans  après,  Arnaud  du  Tlill,  scu  ami, 
se  préseula  à  Bertrande  ,  et  lui  dit 
qu'il  cloit  son  mari  ;  il  donna  à  cette 

"femme  tant  d'indices,  qu'elle  le  prit 
en  ellei.  pour  sou  époux.  CeL  impos- 
teur ,  peu  couteiil  de  la  première  sé- 

'  duclion ,  voulut  encore  avoir  les 
biens  de  Bertrande ,  et  son  avarice 
le  découvrit.  Pierre  Guerre,  oncle 
de  Martin,  qui  avoit  iniérèt  à  ne 
point  laisser  passer  ces  biens  dans 
une  famille  étrangère  ,  et  qui  croyoit 
avoir  des  preuves  assez  l'or  les  \)our 

^^émonlrer  l'imposture  de  du  Thil, 

^'appela  en  justice  ,  et  résolut  de  le 
poursuivre  comme  séducteur.  Ber- 
Iraude  ,  qui  avoit  aussi  de  fortes 
présomptions  depuis  quelque  temps 
pour  croire  que  du  Thil  ii'étoit  pas 
son  mari,  fortii'ia,  par  ses  déposi- 
tions ,  les  preuves  de  Pierre  Guerre. 
Le  juge  de  Rieux  commença  te  sin- 
gulier procès ,  et  condamna  le  fourbe 
à  être  pendu.  Du  Thil  appela  de  cette 
sentence  au  parlement  de  Toulouse, 
qui  étoit  très-indécis,  lorsque  le  vrai 
mari  revint  d'Espagne,  où  il  avoit 
toujours  demeuré.  Quoiqu'il  eût  une 
jambe  de  bois,  parce  qu'il  en  ;ivoit 
perdu  une  à  la  fameuse  bataille  île 
Baint-Quentin,  on  ne  laissa  pas  de 
le  recoiinoitre  pou  rie  véritable  époux 
de  Bertrande.  Du  Thil  ayant  été  con- 
vaincu d'imposture,  d'adultère  et  de 
sacniége,  fut  condamné  à  cire  pendu 
et  bri!ilé  ;  ce  qui  fut  exécuté  à  Arti- 
gat ,  devaut  la  maison  de  Martin 
Guerre,  au  mois  de  septembre  i56o. 
Ses  biens  furent  donnés  à  une  fille 
qu'il  avoit  eue  de  Bertrande,  pen- 
dant qu'elle  avoil  habité  avec  lui  de 
bonne  foi. 

GUÇ:RRY  (N.  ) ,  appelé  commu- 
nément /e  Capilaine  Guerry  ,  a 
vendu  son  nom  célèbre  dans  l'his- 
toire par  sa  valeur  intrépide  et  par 
son  zèle  pour  son  roi;  il  eu  donna 
des  preuves  signalées  dans  la  guerre 
de  la  religion  eu  1667.  Les  hugue- 
nots, irrités  d'avoir  perdu  ia  bataille 


GUES  120 

deSaiul-Denys,  vinrent  attaquer  un 
moulin  de  pierres  de  taille,  erivirouml 
de  fossés  profonds  ,  et  bien  percé  du 
toutes  parts;  ils  l'investirent  aveu 
toute  leur  infanterie,  commandée  par 
leurs  plus  vaillaus  chefs  :  mais  ils  fu- 
rent toujours  repoussés  par  le  brave 
Guerry,  qui  défendoit  ce  moulin  avec 
peu  de  monde  ;  et  l'armée  prolestan- 
le,  après  avoir  perdu  ses  meilleur* 
soldats  ,  fut  obligée  de  regagner  St.- 
Deuys,  avec  la  honte  d'avoir  échoué 
devant  un  simple  moulin.  Ce  théâ- 
tre de  la  gloire  de  noire  illustre  ca~ 
pitaine  fut  depuis  appelé  Moulin- 
(iiier/jy  du  nom  de  son  généreux 
défenseur;  et  le  roi  Charles  IX,  en 
récompense  de  cette  belle  action ,  l'é- 
leva  à  de  plus  hauts  emplois  dans 
ses  armées. 

IGUERSANS  ou  Guersens  (Ju- 
les ou  Julien),  poète  et  jurisconsulte, 
né  à  Gisors  en  Normandie  l'an  i543, 
avocat  ,  puis  sénéchal  de  Tiennes 
en  Bretagne  ,  morlj^de  la  peste 
dans  cette  ville  en  i583.  11  a  laissé 
la  tragéfiie  de  Panthée  ,  imprimée 
à  Poitiers  en  i.ôyi  ,  et  diverses  Poé- 
sies,  soit  en  latin  ,  soit  en  français, 
toutes  également  mauvaises. 

t  GUESCLÏN  (Bertrand  du),  con- 
nétable de  France  ,  né  en  Bretagne 
l'an  1020,  s'est  iinmorlalisé  par  une 
valeur  héroïque  ,  accompagnée  d'une 
prudence  consommée.  Ses  parens 
négligèrent  tellement  son  éduca- 
tion ,  qu'il  ne  sut  jamais  ni  lire  ,  ni 
écrire,  à  l'exemple  de  presque  tous 
les  nobles  de  son  temps.  Dès  sa  plus 
tendre  enfance,  il  ne  respiroit  que 
les  combats.  Il  avoit  formé  un  régi- 
ment d'enfants  de  son  âge  ,  séloit 
nommé  leur  général  ,  e1  ,  les  parta- 
geanl  en  compagnies,  leurenseignoit 
l'ait  de  se  ranger  en  bataille.  H  //y 
a  pas  de  plus  mauvais  garçon  au 
?nonde  ,  disoit  sa  mère  ;  il  est  tou- 
jours blessé ,  le  visage  déchiré,  tov- 
jQurs  battant  ou  lallu.  On  l'a  dépeint 


126 


GUES 


cVmie  taille  foit  épaisse,  les  épaules 
la^es,  les  bras  nerveux.  Ses  yeux 
ëloienl  petits  ,  vifs  et  pleins  de  l'eu. 
Sa  pliysiojiomie  n'iivoit  lieu  d'agréa- 
ble.  «Je  suis  fort  laid  ,  disoit-il  étant 
jeune:  jamais  je  ne  serai  bien  venu  des 
darnes;  mais  du  inoiiis  je  saurai  me 
l'aire  craindre  des  ennemis  de  mon 
roi.»  Il  ne  dut  sa  fortune  qu'à  son 
génie.  Dès  l'âge  de  17  ans  il  reçut 
le  prix  da.is  un  toui'noi  donné  à  Ren- 
nes. Il  y  étoit  allé  inconnu,  et  con- 
tre la  volonté  de  sou  père,  après 
avoir  emprunté  le  cheval  d'un  meu- 
nier. Depuis  il  ne  cessa  de  porter  les 
armes ,  et  toujours  avec  succès.  Apres 
la  funeste  journée  de  Poitiers  ,  en 
lofiG,  pendant  la  captivité  du  roi 
Jean,  il  vint  au  secours  de  Charles, 
fils  aillé  de  ce  prince,  et  régent  du 
royaume  ;  Melun  se  rendit ,  la  ri- 
vière de  Seine  fut  libre,  plusieurs 
places  se  soiimirpnl.Cliarles  V,a3-ant 
succédé  à  son  père  en  1064  ,  récom- 
pensa ses  services  comme  ils  le  mé- 
ritoieul.  Cette  même  année,  du  Gues- 
clin  ,  à  qui  ce  prince  avoit  confié  le 
commandement  de  ses  armées ,  rem- 
porta sur  le  roi  de  Navarre  la  bataille 
de  Cocherel ,  près  du  village  de  ce 
nom.  Le  captai  de  Buch  ,  qui  coni- 
mandoit  les  troupes  du  Navarrais  , 
fut  fait  prisonnier  par  du  Guesclin 
même.  Un  moment  avant  la  bataille, 
noire  héros  ,  courant  de  rang  en 
raiip ,  inspira  à  tous  ses  soldats  le 
courage  qui  l'aiiimoit.  «  Pour  Dieu, 
amis,  disoit-il,  souvenez-vous  que 
nous  avons  un  nouveau  roi  de  Fran- 
ce ;  que  sa  couronne  soit  aujourd'hui 
étremiée  par  vous  !  »  Les  victoires 
de  du  Guesclin  accélérèrent  la  paix 
entre  le  roi  France  et  celui  de  Navar- 
re. Il  porta  alors  du  !-ecours  à  Henri , 
comte  de  Ttanslatiiare  ,  qui  itvoit 
pris  le  titre  de  roideCaslille  ,  contre 
Pierre-le-Cruel,  son  frère,  possesseur 
de  ce  royaume  :  il  fit  di\erses  con- 
quêtes sur  ce  prince  ,  lui  ravit  la 
couronne  ,  et  l'assura  à  Henri.  Ce 
monarque  lui  donna  iop,ooo  écus 


GUES 

d'or,  avec  le  titre  de  couuétable  de 
Castille.  iJei'trr.nd  retouina  bientôt 
en  Fiance,  pour  dcil-ndre  sa  pairie 
contre  l'Angleterre  Les  Anglais,  au-  H 
puravant  victorieux  dans  tous  les 
combats  {t^ojez  Ciîandos)  ,  fureut 
battus  par-tout.  Du  Guesclin  ,  de- 
venu connétable  de  France,  tomba 
dans  le  Munie  et  dans  l'Anjou  sur  les 
quartiers  des  troupes  anglaises  ,  les 
délit  toutes  les  unes  après  les  au- 
tres, et  prit  lui-même  leur  général 
Grandson.  Il  rangea  le  Poilou  et  la 
Sainton»e  sous  lobéissauce  de  la 
France.  11  ne  resta  aux  Anglais  quei(|t 
Bordeaux ,  Calais ,  Cherbourg ,  Brest 
et  Bayonne.  Le  connétable  mourut 
au  milieu  de  ses  triomphes  devant 
Chàleau-neuf-de-Randon,  le  i.ï  juil- 
let i58o.  Il  fut  enterré  à  St.-Denys, 
auprès  du  tombeau  que  Charles  V 
s'étoil  fait  préparer.  Sun  corps  fut 
porté  avec  les  mêmes  cérémonieà  que 
ceux  des  souverains.  On  a  fait  depuis 
le  même  honneur  à  Turenne.  <c  Si , 
parmi  cette  foule  de  héros  connus 
clans  nos  annales,  dit  ViUaret ,  il 
éioii.  permis  d'en  choisir  un  pour  le 
placer  à  côté  de  lui ,  le  grand  Turenne 
seroit  peut-être  colui  qui  paroitroit 
le  plus  propre  à  être  mis  en  parallèle 
avec  le  bon  connétable  (  car  c'est 
de  ce  nom  que  nos  aïeux  appeloieut 
du  Guesclin  long  -  temps  après  sa 
mort).  Turenne,  aidé  des  connois- 
sauces  d'un  siècle  plus  édairé  ,  étoit 
sans  doute  plus  habile  capitaine  que 
Bertrand.  Mais  on  peut  dire,  à  la 
gloii'e  de  ce  dernier  ,  qu'il  tira  de 
son  propre  fonds  tout  ce  qu'il  fit 
voir  de  génie  militaire  ,  dans  un 
temps  où  l'art  de  la  guerre  étoit 
encore  dans  son  enfance.  Il  est  peut- 
être  le  premier  de  nos  généraux  qui 
ait  découvert  et  mis  en  pratique 
Uavanlage  des  carapemens,  d 's  mar- 
ches savantes ,  desdispo^itlons  réllé- 
chies ,  des  manœuvres  négligées  par 
nos  aïeux  ,  et  que  même  ils  faisoient 
gloire  d'ignorer.  Avantetlong-len.ps 
après  lui ,  011  ue  savoil  que  fondre 


GUES 

«V€c  impétuosité  sur  l'ennemi  ;  on 
sî  baUoit ,    sans  presque   observer 
aucun  ordre   :    le   sort  détidoil  de 
levéuemeut.  Bravoure  ,   modestie, 
générosité,  tout  se  trouve  égal  en- 
tre nos   deux    héros.    Tnrenne    fit 
disiribuer  sa  vaisselle  d'argent  à  ses 
soldats;  du  Guesclia  vendit  ses  ter- 
res pour  payer  sou  ami  ■*-.  La  plus 
belle  campagne  de   du  Guescliu   et 
celle  de  Turenne  se  ressemblent.  Us 
aimèrent  tous  deux  également  leur 
patrie   et  leur   souverain  ;     ils  les 
servirent  également,    et  furent  il- 
lustres par  les  mêmes  vertus.  »  Ils 
étoient  l'un    et   lanlre  ,   ù  certains 
égards  ,   le  modèle  des  hommes  et 
des  guerriers.  U  y  a  peu  d'histoire 
plus    remplie      que     la    leur     de 
traits  ds  prudence  ,  d'humanité,  de 
générosité.    En    disant    adieu    aux 
vieux  capilainei  qui  i'avoient  suivi 
depuis  quarante  ans  ,  du   Guesclin 
les  pria  de    ne    point   oublier  ce 
qu'il  leur    a^oit  dit  mille  fois  , 
(\\\en  quelque  pays   qu'ils  fissent 
la  guerre ,    les  gens  d'Jglise ,  les 
femmes ,    les  enfuis  et  le  pauvre 
peuple   n'étaient  point   leurs  en- 
nemis. Les  étrangers  ne  le  respec- 
toieut  pas  moins  que  les  Français. 
Le    gouverneur   de    Randon   avoit 
capitulé    avec    le    connétable  ;     il 
devoit  rendre  la  place  le  12  juillet, 
en  cas  qu'on  ne   lui  apportât  pas 
du  secours.  Le  lendemain  ,  jour  de 
la  mort  de  du  Guesclin,  ou  le  somma 
de  se  rendre.  Il  ne  lit  aucune  dif- 
ficulté de  lui  tenir  parole  ,    même 
après   sa  mort.    Il  sortit   avec   les 
officiers   les   plus  distingués   de  sa 
garnison,  et  vint  mettre  sur  le  cer- 
cueil du  connétable  les  clefs  de  la 
ville  ,    en   lui  rendant  les   mêmes 
respects  que  s'il  eût  été  vivant.  Les 
généraux  qui  avoient  servi  sous  lui 
refusèrent    l'épée     de    connélal)le  , 
comme  ne  ie  sentant  pas  dignes  de 
la  porter  après  lui.    On  peut  cou- 
suliersur  cetillustre  capitiuneMons- 
trelet  ,  du  Tilkt,  el  sm-tout  Chd- 


GUES  127 

telet ,  t[ui  publia  en  i666  ,  in-fol. , 
V Histoire    de   ce    grand   Iioiame  , 
d'après  Aléuard  ,   qui  l'avoit  écrite 
eu   1387.    Du    Guesclin,    quoique 
marié  deux  tois  ,  n'eut  point  d'en- 
fans  légitimes  ;  mais  il  laissa  un  lil« 
naturel,  nommé  Michel  uu  Gues- 
clin. Le  dernier  mâle  de  cette  mai- 
son mourut  en  1785,  brigadier  des 
armées  du  roi.  L'empereur  ,  \  oulant 
honorer    la  mémoire  du    connéta- 
ble, accorda,   en   1806,   une  pen- 
sion   de    6000  fr.    à    madame    de 
Gèvres  ,    unique   et    dernier    reje- 
ton  de   la   famille    de   ce   dernier. 
(  P'oyez  l'Histoire   de  Bertrand  du 
Guesclin  ,  par  Guyard  de  Berville  , 
Paris  ,     1777  ,    2   vol.    in-]2  ;    et 
encore    les     Mémoires    de    M.     de 
La   Curne  ,   sur   l'ancienne    cheva- 
lerie.)Uu  Guesclin  avoit  mené  avec 
lui  en  Espagne  les   troupes  restées 
sans  emploi  après  la  paix  faite  avec 
la  Bretagne  et  1  Angleterre.  On  les 
appeioit   les   grandes    compagnies. 
C'étoient   des    espèces    de    !)rigands 
qui    mettoient   k    contribution     les 
pays  qu'ils  parcouroient.  Ils   déso- 
lèrent   les   campagnes    d'Avignon  , 
el   le  pape  qui   siégeoit   alors  dans 
cette   ville    excommunia    les    chefs 
et  les  soldats.  Du  Guesclin  s'étant 
mis  en   chemin   pour    la    Castille  , 
pria   le  pontife  de    contribuer  aux 
frais  de  la  guerre  ,  le  pape,  au  lieu 
d'argent  ,  lui   offrit  une   absolution 
pour   l'armée.  Les    troupes  irritées 
n'en  furent  que  plus  ardentes  dans 
le    pillage    des    terres    d'Avignon. 
Un  légat  vint  solliciter  auprès  de 
du  Guescliu  la  cessation  de  ces  désor- 
dres.  «Je  ne  le  puis,  répondit  le 
général,  vous  devez connoitre  mieux 
que  moi  la  force  des  anathèmes  de 
l'Église.  Depuis  qi-'ou  les   a  lancés 
contre  nos  soldats  ,  ils  sont  devenus 
loups  garoux.  Ils  ne  nous  écoutent 
])lus.   Je  conseille  au  pape  de  lever 
l'excommunication  ,   et  de  leur  en- 
voyer de  l'argent.  C'est  le  seul  moyen 
de  leur  rendre  la   raison  ;    autre- 


128 


GUES 


ment,  ils  deviendront  pis  que  dcâ 
diables.  »  Le  pape  fut  lorcé  de 
lever  raualhèiae  ,  et  d'offrir  et- iit 
mille  francs  levés  sur  1^  peuple,  j 
<(  Reportez  votre  argent  ,  dit  du 
Guestiin  au  légat  ,  je  ne  veux 
rien  du  peuple.  C'esi  au  poulife  et 
à  ses  riches  cardinaux  (pie  j'en 
demande  :  c'est  à  eux  de  m'en  don- 
ner. »  Les  cent  mille  francs  furent 
effectivement  reudus  au  peuple  ,  et 
les  seuls  gros  béiiëiiciers  furent  obli- 
gés de  payer.  Le  tombeau  de  dn 
Guesclin ,  sur  lequel  il  est  repré- 
senté couché  ,  est  actuellement  au 
Musée  des  monnniens  français. 

t  L  tSUESLE  (  Jean  de  la  ) ,  pré- 
sident   au    parlement     de     Paris  , 
d'une   bonne    famille    d'Auvergne , 
vm  des  plus  illustres  magistrats  du 
16*  siècle  ,  mérita  les  grâces  de  la 
cour ,    par    son    exacte    probité   et 
son    esprit    brillant   et    juste.    I-a 
reine     Catherine    de    Médicis    lui 
donna  la  charge  de  premier  prési- 
dent  au   parlement  de  Bourgogne. 
Le  roi  Charles  IX  l'employa  ensuite 
dans    plusieurs    négociations    aussi 
importantes  qu'épineuses.  LaGuesle 
s'en   acquitta  si   bien ,    que  ce  mo- 
narque   le  nomma  son   procureur- 
général    au  parlement  de  Paris  eu 
1570.  Henri  III,  non  moins  content 
de  ses  services  que  Charles  IX ,    le 
lit  président  à  mortier  en  ]585.  Ce 
bon  magistrat,  vivement  affligé  des 
guerres   civiles,   se  retira  dans  sa 
maison  de  Laureau  en  Beauce ,  où 
il  mourut  en  i58S,  loin  des  orages 
qui   bouleversoient  le  royaume.  Il 
laissa  cinq  fils   qui  eurent  tous  dn 
auérile. 

t  II.  GUESLE(  Jacques  de  la),  iils 
du  précédent,  et  procureur-général 
comme  lui  ,  marcha  sur  les  traces 
de  son  père.  Il  eut  la  douleur  d'être , 
en  quelque  sorte  ,  1  instrument  de 
la  mort  de  Henri  111,  en  iutrodui- 
•saut  dans  sa  chamljre  Jacques  Clé- 


GUEV 

ment  qui  le  poignarda.  Le  forfait 
de  ce  moine  parricide  lui  troubla 
tellement  l'esprit,  qu'il  le  tua  dans 
l'instant.  La  Guesle  ,  quoique  très- 
atlaché  à  la  religion  catholique  , 
servit  Henri  IV  avec  beaucoup  dé 
zèle.  Il  mourut  le  3  janvier  j6i2. 
On  a  de  lui,  I.  Des  ïîemonlrances , 
gros  in-4°.  II.  Un  Traité  in-4°  sur 
le  comté  de  Sai/tt-Pol.  III.  Une 
lielation  curieuse  du  procès  fait 
au  maréchal  de  hiron. 

GUET  (  du  ).    Voyez  Duguet. 

t  GUETTARD  (  Jean-Etienne), 
médt-cm  ,  né  aux  environs  d  Etam- 
pes  le  23  septembre  i7i5,  acquit 
de  bonne  lieure  ,  sous  les  yeux  d'un 
aïeul  très-instruit  dans  ia  botani- 
que, les  premiers  principes  des  scien- 
ces naturelles.  Venu  jeune  a  Pans  , 
il  s'y  fit  bientôt  une  répnlaliou 
qui  lui  mérita  uiic-  place  dans  l'aca- 
démie des  sciences,  et  celles  de 
médecin-botaniste  et  de  garde  du 
calinet  d'histoire  naturelle  du  duc 
d'Orléans.  Il  mourut  le  7  jan- 
vier J786.  "ài^  Mémoires  sur  diffé- 
rentes parties  des  scie/ices  et  des 
arts,  1768,  5  vol.  iu-4° ,  rédigés 
avec  méthode  et  clarté,  sont  tres- 
uliles  aux  progrès  des  unes  et  des 
autres.  On  a  encore  del  ui  des  Ob- 
seruatioiis  sur  les  plantes ,  en  2 
vol.  in-12.  Gnettard  a  été  un  des 
traducteurs  de  l'Histoire  naturelle 
de  Pline,  avec  Poinsmet  de  Sivry , 
de  Querlon  et  autres,  Paris,  1771- 
1782,  12  vol,  in- 4",  et  fuu  des 
rédacteurs  du  Voyage  pittoresque , 
ou  Description  générale  et  parti- 
culière de  la  ]  rance ,  avec  de  La 
Borde.  Paris,  1781-1796,  78  li- 
vraisons, formant  12  vol.  in-lbl. 

L  GUEV  ARA  (  Louis-Velez  de 
DuEONA.s  et  de  )  ,  dramatisle  et 
romancier  espagnol  au  17*  siècle, 
natif  d'Icija  en  Andalousie,  mort 
en  1646,  avoit  une  imagination 
riante.    11  donnoit  uu  caractère  de 


GUEV 

gaielé  aux  sujels  niènie  les  plus 
graves.  On  peut  le  uonmier  le 
Scarron  de  l'I'spogne  ,  en  ne  coii- 
sideraiil  ce  cieruier  tjue  comme  iui- 
leur  de  sou  Roui£m  comique.  Gué- 
viira  a  laissé  plusieurs  couiëilies , 
imprimées  en  diverses  villes  d"Es- 
pague  ;  mais  l'ouvrage  qui  a  le  plus 
conlribué  à  ié[;andre  sou  nom  est 
une  pièce  facétieuse,  iiililiilée  El 
Uiablo  cojiielo,  Nuvella  de  la  otra 
i'ida...  Baillel  ,  qui  appareini.ieul 
ne  savoil  pas  iVspaguci ,  a  étrange- 
nieul  défiguré  ce  liire  daus  s^^aJi/- 
gemens ,  en  substituant  aux  trois 
premiers  mots,  ElJJiabolo  cojudo  ; 
ce  dernier  terme  répond  en  mauvais 
latin  à  Testiculosiis ,  ou  Test  i  a  m 
immanitate  laborans.  Cette  faute 
a  été  relevée  par  Bernard  La  JMon- 
noye  ,  qui  a  restitué  le  titre  comme 
l'avoil  écrit  Guévara  et  comme  il 
doit  être.  La  Nouvelle  de  L'autre 
vie  a  servi  de  canevas  au  célèbre 
Le  Sage ,  pour  composer  sou  Diable 
boiteux  ,  signifié  par  El  Diabolo 
cojuelo ;  mais  ["écrivain  français  l'a 
lelleiiient  embellie  par  des  pemtures 
satiriques  et  des  caractères  nou- 
veaux, que  Guévara  ne  se  recon- 
uoit  qu'à  peine  dans  cette  copie  , 
supérieure  à  l'original.  L'auteur  des 
Eec turcs  amusantes  a  traduit  de 
nouveau  cet  ouvrage,  mais  moins 
librement ,  et  l'a  iiîséré  ,  dans  sa 
première  partie,  à  peu  près  tel  qu'il 
66  lit  eu  espagnol. 

t  II.  GUÉVARA  (Antoine  de), 
écrivain  du  1 6"  siècle  ,  né  dans 
la  province  d'Alava,  introduit  des 
l'âge  de  douze  ans  ,  par  son  père  , 
à  la  cour  de  la  reiue  Isabelle  de  Cas- 
tille  ,  entra  ensuite  dans  l'ordre  de 
Saint-François ,  où  il  se  distingua 
par  ses  taleus  et  par  sa  piété.  Cliar- 
les  V  le  choisit  pour  son  prédicati-ur 
et  son  historiographe, réleva  ensuite 
au  siège  de  Guadix ,  et  depuis  à  celui 
de  Moudonedo.  Guévara  étoit  si  élo- 
quent et  si  habile  dans  l'art  de  s'insi- 

T.    VJII. 


GUEV 


129 


uuer  dans  les  esprits,  que  sa  corres» 
pondance  fut  recherchée  par  Ito  j.lu» 
grands  personnages  de  la  cour , 
ainsi  que  l'alteslcut  ses  lettres  qui 
ont  été  traduites  dans  jjresque  toutes 
les  langues  de  lEurope.  11  nous  a 
laissé  ,  1.  Yi Horloge  des  }>riiices  , 
ou  Vie  de  Marc-Aurèle  ,  imprimée 
à  Valirdojid  en  1529  ,  1  vol.  in-S", 
C'est  une  fiction  morale  et  politique, 
dout  Voûsius  u"a  pas  dédaigné  d'eu 
conseiller  la  lecture  ,  princiijalemeut 
aux  grands.  Cet  ouvrage,  traduit  eu 
italien  en  if)  jS,  en  français  en  1088, 
et  en  In  lin  par  le  duc  de  Saxe  eu  1 611, 
a  eu  trois  éditions.  11.  Le  JFépris  de 
la  cow/-,  imprimé  à  Alcala  de  Hena- 
rès  eu  1^9^  ,  1  vol.  in-b".  111.  Dei 
Epitresy,in-b,°.  JV.  Vies  des  empe- 
reurs lomai/is.  V.  Le Iiloiit du  Cal- 
i^aire ,  2  vol.  in-8°  ,  et  d'au  très  écrits 
moins  importans.  Tous  ces  ouvra- 
ges, et  principalement  ceux  intitulés 
ï  Horloge  ots  F  rinces  el  le  JI épris 
de  la  cour  ,  brillent  d'une  érudiliou 
vaste  et  \ariée,  d'une  protoude  poli- 
tique, et  de  celte  philosophie  née 
de  l'expérience  du  monde  ,  de  la 
cour  et  du  cœur  humain ,  qu'il  ac- 
quit nécessairement  eu  voyageant,  à 
côté  de  Charles  \ ,  dans  une  parlia 
de  l'Europe.  On  peut  sans  doutu 
accuser  Guévara  de  n'avoir  pa» 
toujours  été  historien  fidèle  ,  et  d'a- 
voir mérité  les  reproches  qui  lui  ev.. 
furent  adressés  de  sou  vivant  par 
!e  père  La  Rue ,  savant  critique; 
mais  si  Guévara  a  manqué  à  cetla 
sévère  exaclilude  que  réclame  l'his- 
toire ,  il  faut  convenir  que  ]  ou  n'a 
connu  en  Espagne,  ni  avant  ni 
ap;es  lui,  aucun  écrivain  qui  ail  dit 
plus  de  vérités.  Un  autre  défaut 
qu'on  pourroit  encore  remarquer 
en  lui ,  ce  seroit  d'avoir  eu  quel- 
que sorte  prodigué  tout  ce  que  le 
style  a  déplus  séduisant,  pour  don- 
ner plus  de  prix  à  ses  sentences , 
à  ses  maximes  et  à  ses  raisonne- 
mens.  Les  écrits  de  Guévara  houo- 
rcul  la  langue  espagnole  et  le  siccla 
9 


3o 


GUi".U 


de  Charlos  V  ,  qu'on  peut  considérer 
comme  la  pépinieij  fécoiiile  des 
bons  écrivains  de  la  nation.  Gué- 
vara  mouriU  eu  i5^|S. 

t  lil.  GUéVARA  (  Antoine  de  ), 
prieur  de  Sainl-Mij,ue!  dil-.calada  , 
el  a;;rnômer  de  Pààlippe  11  ,  roi 
d'Espagne,  neveu  dj  ])réccd'Ma , 
abandonna  la  cour  pour  se  livrer 
à  1  éUide.  On  a  de  lui  des  Commeii- 
-Maires  la.'ins  sur  Hab;!cuc  et  sur  les 
Psaumes,  m-4°  cl  in-lol.,  avec  un 
Traité  de  l'aiilorhè  de  ta  f^ulgate  , 
du  M'épris  de  La  Cour ,  et  de  la 
I^ouange  de  la  vie  rustique,  tra- 
duit en  i'ratiçais  par  Antoine  Allègre, 
Lyon,  1545 ,  in-8°. 

t  GUEUDFA^LLE  (  Pierre-Ni- 
colas) ,  Bis  d'un  uu'decin  de  Rouen  , 
bénédiclm  de  Sami-Manr  en  167], 
X]uilta  sa  religion,  son  ordre  et  la 
France,  pour  vivre  indépendant  en 
Hollaudi^,  où  il  se  maria.  Ilenseigna 
d'abord  1;-  latin  à  Rolerdam,  et  lint 
des  pensionnaires;  mais  ce  double 
emploi  assujettissant  trop  son  génie 
bouillant  el  impétueux,  il  s'érigea 
en  écrivain.  Les  principaux  fruits 
de  la  pUuiie  de  cet  apostat  sont  , 
I.  \J Esprit  des  cours  île  l'Europe  , 
ouvrage  périodique  qui  parut  en 
1699,  eî  que  le  comte  d'Avjuix  lil 
supprimer  ,  pane  que  la  France  y 
étoit  souvent  outragée.  Après  le 
départ  de  ce  ministre  ,  le  gaz  lier 
reprit  son  ouvrage,  et  le  p  u-sa 
jiîs  ju'à  1710  ,  sons  le  titre  de  Nou- 
velles des  cours  de  r  Europe  ,  i^ar 
ini  homme  qui  n'avoil  jamais  vu 
l'anlichambre  ni  le  cabinet  d'un 
ministre.  \j  Esprit  des  co///'5  forme 
18  vol.  in-12.  11.  Critique  générale 
du  Télé/naque  ,  Cologne,  1700  et 
1701  ,  in-12,  en  2  parties,  qu'il  ne 
iaut  pas  confondre  avec  la  Télé'ia- 
cor.'ianic  de  l'abb  '•  Faydit.  La  re- 
jniere  est  mouis  mauvaise  qi  e  la 
tecoude  ;  mais  l'une  el  l'aulr.'  ne  ,né- 
riteiit  ^  lèred'èlre  lues.  IlL  U utopie 


GLEU 

de  Thomas  Morus  ,  Leyde  ,  1 7 1  iï , 
in-12,  traduite  du  latin,  louguc- 
UKiUeL  platement.  IV.  La  Traduc- 
tion de  l'Eloge  de  la  J'olic  ,  in-i  j  , 
marquée  au  même  coin  que  la  pré- 
cédente. V.  Celle  de  la  l^'' a  ni  lé  des 
sciences,  à' y- grippa  ,  en  3  \oluiues 
in-12.  'VL  Celle  des  Comédies  de 
P/dute  ,  avec  des  remarques  ,  en 
10  vol.  iii-12.  Le  style  du  Iraduc- 
lenr  est  traînant,  ampoulé,  bas, 
hérissé  de  phrases  de  halle  ,  et  obs- 
cènes. Les  remarques  ne  valent  pas 
mieux  ;  le  texte  y  est  noyé  dalis 
un  amas  de  plaisanteries  sans  esprit 
el  sans  sel  ,  (  t  de  réllexioiis  sans 
justesse.  VU.  Le  Grand  théâtre  his- 
torique ,  7  vol.  in -fol.,  Leyde, 
I  70 3  ,  1721  ,  ouvrage  né  du  besoin,' 
el  compilé  avec  autant  d'inexac- 
titude que  de  précipitation.  Gueii- 
tle ville  ,  associé  à  un  autre  religieux 
apostat,  nommé  Carillon,  mourut 
malheureux  à  La  Haye  vers  1720. 

t  G  U  E  U  L  E  T  T  E  (  Thomas- 
Simon  ),  avocat  au  parlement  ,  et 
substitut  du  procureur  du  roi  au 
ctialelet  ,  né  à  Paris  en  i685, 
mort  doyen  de  la  compagnie  le 
22  décembre  1766,  Ri  remettre  aux 
héritiers  de  sa  femme  tout  le  bien 
qu'elle  a  voit  laissé,  et  dont  il  devoit 
jouir  après  sa  mort  en  propriété , 
par  leur  contrat  de  mariage.  Gueu- 
îelte  esi  auteur  des  Contes  Mo- 
gols ,  des  Mille  et  une  Heures  ,  d^s 
Mille  et  un  Quart  d' heures  ,  Paris, 
17B.Î  ,  en  3  volumes  in-12  ;  ce 
dernier  ouvrage  a  reparu  sous  le 
îiiie  des  Sultanes  de  Guzarale  ; 
des  Aventures  merveilleuses  du 
mandarin  fum  -  Ho-  Hum ,  conte 
chinoij* ,  Paris  ,  17  23  ,  2  vol.  in-i  2  ; 
des  Mémoires  de  mademoiselle  de 
Jlontenis.  'Vous  ces  romans ,  liis  dans 
leiu-  nouveauté  ,  prouvent  plus  son 
goût  pour  ce  gpure  frivole  que  le 
1  lenî  de  le  rendre  piquant  el  agréa- 
'ile.  Il  a  donné  plusieurs  pièces  au 
théâtre  italien  ,    entre  autres,  VA- 


GUFF 

mour  précepteur ,  V Horoscope  ac- 
co?npti,  les  Comédiens  par  hasard , 
yJrlequin-Pluton,  elle  Trésor  sup- 
posé. La  plupart  de  ces  pièces  ont  été 
imprimées  à  Paris.  Gueulelle  a  pré- 
sidé à  lédilioii  de  V  Histoire  et  Chro- 
nique du  Fctil-Jéhan  de  Saititré , 
Pans  ,  1724  ,  3  vol.  iu-i  2  ;  à  celle 
(le  V Histoire  de  très-noble  et  très- 
valeureux  prince  Gérard  ,  comte 
de  Nevers  ,  Paris,  17/17,  i»  -  8*^  ; 
des  Contes  el  Tables  de  Pilpaj  et 
de  Lokman;  des  (Euvres  de  Rabe- 
lais ,  Paris,   1720,  5  vol.  ia-8°. 

*  GUFFKOY  (  A.  B.  J.  ) ,  avocat 
et  député  du  Pas-de-Calais  à  la  cou- 
vetitioii ,  ré.iigeoit  une  feuille  in- 
titulée le  Rougiff,  anagramme  de  sou 
nom  ,  jourual  p!us  qu'incendiaire  , 
dont  le  comité  de  saint  public  ,  dit 
Prudh«mme  ,  se  servit,  amsi  que  de 
ceux  de  Marat ,  Hébert  et  Audouiu, 
pour  «  organiser  un  empciioune- 
lueul  universel  de  Topinion  publi- 
que, ))  Voici  coinnienl  il  v  c-élélira 
la  victoire  du  3 1  mai.  a  Enfin  ,  écri- 
voit-il ,  le  peuple  triomphe,  elles 
aristoirates  courent  porter ,  comme 
sanilDenys,  leurs  tètes  k  madame 
(Ivillotine  »  Il  entra  le  1 4  septem- 
Ijre  1790  au  comité  de  sûreté  géné- 
rale. A  la  séance  des  jacobins  du 
1"'  mars  1791 ,  Ciiales  dénonça  son 
jourual  le  Rougiff ,  ou  la  France  eu 
vedette  ,  comme  propre  à  désorga- 
niser l'armée  du  Nord  où  il  circu- 
loit.  Un  autre  membre  l'accusa  en 
outre  d'avoir  des  liaisons  avec  le 
marquis  de  Travenet ,  el  de  proléger 
le  serrurier  de  Louis  XV'^L  Guffroy 
vouhit  prendre  la  parole  ;  mais 
Maure  ayant  réclamé  la  lecture  du 
dernier  u°  de  son  journal  ,  elle  ex- 
cita de  violens  murmures.  Guffroy 
fut  exclus  de  la  société ,  on  ar- 
rêta (]ue  ses  feuilles  seroie\it  dénon- 
cées à  la  convention  ,  el  que  le  co- 
mité de  sûreté  générale  seroit  invité 
à  prendre  contre  lui  les  mesures  de 
rigueur  nécessaires.  A  la  ch'.ite    de 


GUFF 


i3i 


Robespierre  ,  dont  il  éloit  devenu 
rennemi  depuis  celle  expulsion  , 
Guffroy  embrassa  le  i^arli  des  ther- 
midoriens. Dès  le  )8  (  5  août  1794) 
il  dénonça  Joseph  Lebon  avec  lequel 
il  avoil  été  très-lié  ,  el  se  fil  nom- 
mer commissaire  pour  l'examen  des 
papiers  trouvés  chez  l<obct;pierre, 
aiin  d'en  retirer  les  dénonciations 
de  friponnerie  qui  s'y  trouvoient 
contre  lui.  L.e  .5  janvier  lyg'i  il  fut 
nommé  au  comité  de  sûreté  géné- 
rale. Le  4  février  il  fit  approuver 
la  condiuiede  Cadroyel  de  Marielle 
contre  les  terroristes  de  IMarseille, 
et  donna  des  détails  sur  la  sitnatioa 
de  celle  ville.  Le  27  mars  il  accusa 
Duhem  d'être  en  relation  avec  les 
terroristes  prisonniers  de  la  maison 
d'arrèl  de  la  Bourbe  ,  «  dont  le  pro- 
jet, dit-il,  éloit  de  dissoudre  la  re- 
présentation nationale.  »  Sur  son 
rapport ,  il  fut  décrélé  ,  le  29  ,  que 
les  trois  prévenus  Billot  ,  Collol  et 
Bcinère  sci oient  entendus  ,  chaque 
jour,  jusqu'à  ce  que  la  convention 
déclarai  qu'elle  étoit  sulîisamment 
éclairée.  Dénonciateur  de  Joseph 
Lebon  ,  il  fui  inculpé  ])ar  lui  à  la 
séance  du  2  juillet.  Leboa  lut  plu- 
sieurs pas'<ages  du  journal  de  Gul- 
froy  où  il  disoit  entre  aulr2S  cho- 
ses :  «  Abattons  les  nobles  ,  et  tant 
pis  pour  les  bons  ,  s'il  y  en  a  ;  que  1& 
guillotine  soil  en  ])ermanence  dans 
toute  la  république  ;  la  France  aura 
assez  de  cinq  millions  d'habilans.  » 
On  discuta  l'arrestation  deGuflroy; 
les  pièces  qui  le  concernoient  furent 
renvoyées  aux  comités;  niais  le  mé- 
pris le  sauva  des  suites  de  celte  affaire. 
Lebon  réclama  de  lui  des  pajjiers  né- 
cessaires à  sa  justification  ;  il  nia  les 
avoireulre  ses  mains.  Il  fut  accusé, 
au  conseil  des  5oo  ,  le  g  juin  1797,  de 
fausses  dénonciations  contre  Rouge- 
ville,dout  il  étoille  débiteur,  et  qu'il 
avoit  fail  arrêter  par  le  comité  de 
sûreté  générale  ,  après  avoir  causé 
la  mort  du  père  dont  il  étoit  l'agoni. 
Guffroy  fut  aussi   chiuid    réaction- 


l32 


GUGL 


naireqivilavoitété  violent  terroriste. 
IL  subsliUia  à  sou  journal  le  Jlou- 
giff ,  (]ui  ne  pouvoil  plus  paroiire  , 
des  pamphlets  virulens  couire  ceux 
ou'il  appeioit^  naguère  ses  amis  ,  ce 
qui  lui  ailira  des  coups  de  bàtou  de 
ia  part  de  ULKjuesuoy  et  de  Le  Sage- 
Ijéuault.  Les  thermidoriens  ,  hon- 
teux d'un  tel  auxiliaire,  renoncè- 
rent à  employer  sa  plume.  Battu 
par  les  uns  ,  sans  être  payé  par  les 
autres ,  il  remplit  obscurément  le 
reste  de  ia  session  ,  ne  fut  point  réélu 
aux  conseils  ,  et  retourna  végéter 
dans  son  pays,  où,  mal  vu  de  tous 
les  partis  ,  il  essuya  des  désagrémens 
qui  le  l'oîoerenl  de  re\euir  s'établir 
à  Paris.  GulFroy  y  fut  nonuné  chef 
adjoint  au  ministère  de  la  justice, 
et  mourut  en  1800,  âgé  d'environ 
56  ans. 

*  GUGLÎELMI  (  Pierre  ) ,  associé 
de  finstilut  national  de  France  et 
maître  de  chapelle  de  Saint-Pierre  à 
lAome,  né  à  JMassa-di-Carrara ,  étu- 
dia ,  jusqu'à  lage  de  18  ans,  la 
inutique  sous  son  père  ,  qui  éloit 
maître  de  chapelle  du  duc  et  de  la 
diicheîse  de  Modene  ;  il  i'iit  ensuite 
envoyé  au  conservatoire  deLoretto  à 
Naples ,  qui  étoit  sous  la  direction  du 
célèbre  Durante,  et  y  resta  dix  ans. 
(iuglielmieu  sortit  à  l'âge  de  28  ans, 
et  cuinnosa  presqu'aussilôt,  pour  les 
principaux  théâtres  d'Italie  ,  des 
opéras  Ijouifons  et  des  opéras  sé- 
rieux, dans  lesquels  il  réussit  éga- 
lement. De  Naples ,  de  Venise  ,  de 
Milan,  de  Florence,  ses  succès  re- 
tentirent en  Europe,  et  il  fut  de- 
mandé à  Vienne  ,  à  Madrid  ,  à 
Londres  ,  où  il  obtint  encore  de  plus 
grands  applaudissemens.  En  179Ô 
il  eut  la  ])Uice  de  mailre  de  chapi  lie 
de  Saint-Pierre  à  Rome,  où  il  mourut 
le  iq  novembre  1804,  à  l'âge  de'77 
ans.  Ses  plus  beaux  opéras  sont  ./>i2 
l'asture/la  noblle  Knea  c  Liauinia , 
/a  l-'e.sca/rice .  et  ses  meilleurs  orato- 
rio» iont  Debora  et  Sisaria,  el  la 


GUGL 

;?zo;-/ôr/'0/q/è/v/e.  On  compte  plus  de 
200  ouvrages  de  ce  célèbre  compo- 
siteur ,  parmi  lesquels  ,  sans  raji- 
peler  ceux  déjà  cités  ,  les  plus  sad- 
lans  sont  Les  duc  Gernelle  ,  la 
f^irtuosa  in  Mcrdgellina  ,  la  seiva 
iniiamoiala^  Il  fiiiti  amori.  Les 
musiciens  reconnoissent  que  les  com- 
positions de  Guglielmi  sont  eu  gé- 
néral d'une  facture  pure  ;.  que  ses 
chauts  sont  simples  el  aimables  ; 
que  les  accompaguemens  ont  de 
l'élégance  ;  que  l'harmonie  en  est 
claire  ,  el  qu'd  s'est  toujours  dis- 
tingué ,  purliculièremeul  dans  ses 
derniers  opéras  ,  par  les  morceaux 
d'ensemble  où  l'on  trouve  réunies 
la  verve  ,  la  grâce  el  l'originalité. 

t  GUGLIEMINI  (  Dominique  ) 
naquit  à  Bologne  en  i65o.  Ses  talens 
pour  les  mathématiques  furent  re- 
connus dans  son  pays  même.  Le 
sénat  de  Bolo-^ne  le  fit  premier  pro- 
lèsseur  de  mathématiques  ,  et  lui 
donna,  en  1686,  l'inlendance  gé- 
nérale des  eaux  de  cet  élat  Ciuq 
ans  après  il  publia  un  excellent 
Ouvrage  sur  la  mesure  des  eaux 
courantes.  Ce  traité ,  fort  net  et  très- 
méthodique  ,  lui  valut,  en  169/)  , 
une  chaire  de  professeur  en  hydro- 
mélrie.  Le  nom  de  cette  chaire  étoit 
nouveau  ;  mais  la  science  qui  y  avoit 
donné  heu  ne  l'éloit  pas  moins  en 
Italie.  Gugliemini  ht  voir  qu'il  avoit 
porté  celte  science  plus  loin  qu'elle 
n'avoit  encore  été,  en  mettant  au 
jour  son  grand  ouvrage  de  h\  Nature 
des  rit-'lères  ,  dans  lequel  il  sut  allier 
les  idées  les  plus  simples  de  la  géo- 
métrie avec  la  physique  la  plus 
compliquée.  L'académie  des  sciences 
de  Paris  se  l'éloil  associé  eu  1669, 
avant  la  publication  de  cet  écrit,  qui 
passe  pour  son  chef-d'œuvre.  11  ter- 
mina sa  vie  eu  1 7 10.  Il  eut  part  aux 
bienfaits  de  Louis  XIV.  Il  bàtil  une 
maison  de  l'argent  que  ce  monarque 
lui  avoil  fait  passer,  et  mit  le  nom 
de  son  bienfaiteur  sur  le  froalispice. 


On  a  de  lui ,  I.  Le  Trailc  rhIJa  Na- 
tura  de  flunii ,  dont  nous  venons 
de  parler  ,  el  dont  la  meilleure  édi- 
liou  est  de  Bologne,  lyofi,  in-4" , 
avec  les  noies  de  Maufredi.  Ou  y 
trouve  tout  ce  qui  a  rapport  aux 
nouvelles  comuiunicalious  des  ri- 
vières ,  aux  cauaux  que  l'on  tire 
pour  arroser  ,  aux  écluses,  au  des- 
sèchement des  marais.  II.  De  co- 
melarum  nalurâ  et  orlii  ,  j68i  , 
in-i  2.  C'est  un  nouveau  syslème  sur 
les  comètes  ,  qui  u'est  ni  vrai  ni 
vraisemblable.  III.  J)^  saiiguinis 
nalurâ  et  coustllulione  ,  in  -  1 2  , 
J70I.  L'auteur  éloit  aussi  habile 
médecin  que  bon  niMlhénialicien. 
IV".  Deux  Lettics  hiJiosta tiques  , 
sur  une  disj)ule  qu'il  eut  avec  Pa- 
pin,  au  sujet  de  son  Hjdroslc  tique. 
Tous  ses  ouvrages  furent  imprimés 
à  Genève  eu  1719  ,  2  vol.  in-4°. 

*  GUGLIENZI  (  Jeat;-Paul  ) ,  gen- 
tilhomme véronais  ,  mort  en  ïioo, 
se  livra  particulieieuieut  à  lélude  de 
la  physique  et  de  l'asUonomie.  Pour 
l'acililer  ses  observations  astrono- 
miques, il  fil  un  méridien  dans  sa 
maison,  el  se  procura  des  télescopes 
et  desinslruinensde  mathématiques. 
On  a  de  lui  une  Lettcra  delU  inu- 
guaglianza  de'  giorni  ilaliaiii,  in- 
sérée dans  le  tome  XXX  des  Opus- 
coli  Calogeriaiiijossen-'asioni  délia 
cometa  di  quest'  aimo  J744  ,  ^  di 
due  eclissi  lunari.  fatle  in  T'erona 
insieme  con  Gian-Fraucesco  Se- 
guier  con  la  posizioiie  geogra~ 
fica  di  delta  cilla  ,  Vérone  ,  1744  - 
in-8° ,  insérées  dans  le  tome  XXII 
des  Opusco/i  Calogeriani  y  Diario 
delV  anno  \']I\']-,Jino  al  j8oo,  Vé- 
rone. 

1 1.  GUI,  hls  d'un  antre  Gtjt  ,  duc 
de  Spolelte,  se  ht  déclarer  roi  d'Italie 
en  889  ,  et  couronner  empereur 
d'Allemagne  eu  891  ^  après  la  mort 
de  Charles  Ilï  dit  le  Gros.  Béreu- 
ger,  duc  de  Frioul ,  preuoil  alors  le 


GUI  i3:î 

même  litre.  Les  deux  compétiteurs 
s'accoidèrent  ,  et  convinieiit  que 
Gui  auroit  la  France  ,  et  Bérenger 
rilalie  :  mais  Gui,  ayant  différé  trop 
long-temps  de  se  rtndre  en  France  , 
y  trouva  les  aiTaires  clunigées.  Il  ne 
tarda  pas  à  se  brouiller  avec  Bé- 
reuger  ,  auquel  il  enleva  Pavie  , 
après  avoir  remporté,  en  ^^90  ,  deux 
victoires  sanglantes.  Cependant  son 
règne  ne  fut  pas  heureux.  Arnonld  , 
fils  de  Carloman,  auquel  on  avoil 
décerné  la  couronne  impériale  ,  le 
chassa  de  la  Loinbardie  en  ygT),  et 
l'obligea  de  se  retirer  à  Spolelte. 
Gui  montra  quelques  talens  ,  mais 
encore  plus  d'ambition;  il  iravailloit 
à  rassembler  une  armée  ,  lorscpie  la 
moi  t  l'enleva  à  ses  projets  ,  en  894. 

*\\.  GUI  ,  évèque  d'Aii>»ens,  de- 
puis 11)58  jusqu'en  10711 ,  a  composé 
un  Poëme  héroïque  latin  sur  les 
e.rjdoits  de  Gui/ !aume-le- Conqué- 
rant. On  y  recounoil,  suivant  Or- 
deric  \  ilal  ,  des  traces  d'imitation 
de  Virgile  et  de  Slace.  Ce  poème  est 
perdu. 

III.  GUI  DE  CrÊme  ,  cardinal  , 
élu  antipape  l'an  1 164  par  la  faction 
d'Octavit-n,  auquel  il  succéda  sous 
le  nom  de  Pascal  111.  Appuyé  de 
l'autorité  de  l'empereur  FrédericF', 
il  continua  le  scliisme  contre  le  pape 
légitime  Alexandre  lll  :  mais  ,  après 
beaucouj)  de  traverses  ,  il  mourut 
misérablement  l'an  1 1 68.  Le  schisme 
ne  finit  pas  à  sa  mort. 

i  IV.  GUI  DE  SiENNr,  fameux 
peintre  du  i5^  siècle,  dont  on  a  , 
pour  le  temps  ,  un  excellent  tableau 
de  la  sainte  Vierge  tenant  l'enfant 
Jésus  entre  ses  mains.  Ce  tableau , 
de  l'an  1221 ,  est  le  plus  ancien  ou- 
vrage actuellement  existant  dliucua 
peinlre  italien.  L'église  de  Saint-Dc- 
m inique  à  Sienne  le  possède  encore 
passal)lemenl  conservé.  11  est  gravi 
dans  ÏEliuria piltrice. 


i3/i 


GUI 


t  V".  GUI  DE  PEnprcjfAN , 
ainsi  nommé,  parce  qu'il  éloil  de 
cette  ville,  fut  général  des  carme-i 
en  i5i8  ,  évêque  de  Majorque  en 
iSai  ,  puis  d'Ehie  vers  i33o  -.  il 
mourut  à  Avignon  en  i54-2.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  ,  I.  De 
Concordiâ  euangcllstarum  ,  i63i , 
ii'.-fol.  II.  Correctoriurn  décret/. 
lir.  Une  Somme  des  hérésies ,  avec 
leur  réfii talion  ,  Paris,  iSaS.  IV. 
Des  Statuts  synodaux  ,  publiés  par 
Baluze  à  la  lin  du  Marca  Hispa- 
nica  ,  etc. 

*  Vï.  GUI  Ott  GUIDO-JUVENAI,  , 

chargé  dans  le  \b^  siècle  de  la  ré- 
forme des  bénédictins  français  , 
publia  sur  ce  sujet  et  sur  quelques 
autres  dis^ers  écrits  qui  lui  acquirent 
une  grande  réputaliou.  /'"ojez  Sin- 
gularités liisloriques  et  littéraires, 
par  I.yron  ,  tome  IH  ,  page  49. 

VIT.  GUI,  templier.  F^ojez  Mo- 

LAY. 

VIII.  GUId'Akezzo.  F'oj.  Are- 
tin  ,  u*^  I. 


IX.  GUI  DE  Lt'ZICNAN.  J^'oy.  l.v- 
ZIGNAN. 


X.  GUI  DE  Foulques.  J^oy  Clé- 
ment, u°  VI. 

Xî.  GUI.  Koy.  Mead,  à  la  fin. 

XII.  GUI ,  fils  du  comte  de  t,ei- 
cester.  T'^oj  .  Leicester,  vers  la  fin. 

XIII.  GUI-PAPE,  né  au  cMlean  de 
Ja  Pape  près  Lyon  ,  éjjousu  la  liUe 
d'F.lienne  Guiilon  ,  jurisconsulte 
célèbre  ,  né  aussi  près  de  Lyon  ,  à 
Saint-Sinipborien-d'Ozon  ,  et  qui 
devint  président  du  parlement  du 
Daupliiné.  Dos  sou  établissement  ,> 
Gui -Pape  son  gendre  y  fiit  reçu 
conseiller,  et  employé  ensuite  par 
Louis  XI   dans  plusieuri»  négocia- 


GLin 

lions  importantes  auprès  dn  pape 
Nicolas  V  et  dn  roi  son  père.  Gui- 
Pape  sauva  à  Crest-  de  la  fureur  du 
l^euple  nn  j\uf  accusé  de  sortilège, 
et  soutint  à  Gap  les  droits  dn  dau- 
pliin,  malgré  les  menaces  des  en- 
voyés du  roi  René  :  il  reçut  en  ré- 
compense, de  Lonis  XI  ,  l'ordre  de 
se  démettre  de  sa  charge,  et  se  retira 
à  la  campagne,  où  il  mouruteii  i4^7» 
à  l'âge  de  83  ans  ,  après  avoir  publié 
plusieurs  ouvrages.  Le  plus  connu 
est  intitulé  Decisiones  Gratiano- 
politaaœ.  Ibia  meilleure  édition  de 
ce  livre,  estimé  pour  la  justesse,  la 
clarelé  et  la  méihode,  est  de  Genève, 
1643,  in-folio,  avec  les  notes  de 
plusieurs  juriscousnltcs.  Chorier  eu 
a  donné  un  abrégé  en  français  ,  sous 
le  titre  de  Jurisprudence  de  Gui- 
Pape ,  Lyon,  ifiga,  iii-4.°  On  a 
d'autres  lli'ves  de  droit  de  cet  écri- 
vain: mais  ils  sont  d'un  uiérile  in- 
férieur. 

I.  GUIAI^D,  fanatique  qui  ré- 
pandit ses  rêveries  sous  Philippelc- 
Bel  ,  se  disoil  lange  da  Philadel- 
phie, dont  il  est  parlé  dans  l'Apoca- 
lypse. II  fut  pris,  et  répondit  en 
extravagant.  Condamné  au  feu,  il 
abjura  son  fanatisme,  et  fut  enfermé, 
vers  l'an  1 5 10, dans  une  prison,  où 
l'on  croit  qu'il  mourut. 

t  lî.  GUIARD  (  Antoine  ) ,  béné- 
dictin de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur,  né  à  Sanlien,  diocèse  d'Autun, 
en  1692  ,  mort  en  1760,  à  68 
ans  ,  aussi  pieux  qu'éclairé ,  a 
donné,  L  Entretiens  d'une  dame 
ai'cc  son  directeur ,  sur  les  modes 
du  siècle,  in-12.  II.  Réflexions 
politiques  sur  la  régie  des  béné- 
fices. III.  Dissertations  sur  f  hono- 
raire des  messes ,  1748,  réimpri- 
mées en  1707,  in  8"  :  elles  ont  paru* 
sévères  à  ceux  qui  le  reçoivent. 

III.  GUIARD.    Foy.  Guyaud. 

*  GUI3AULT  (  N.  ) ,  oratorieu  , 


GUIC 

né  à  llières  le  20  septembre  lyiS, 
el  mort  dans  la  même  ville  en  i7i)4, 
a  coniposé  dans  le  Victiunnaire 
hlslurique ,  Uuéraire  et  critique  ^ 
Soi&sons  et  'Prov-fS ,  1758  ,  b  vol. 
in-S"  ,  rédigé  et  publié  par  ra!)bé 
Barrai, r,idê des  PP.  Ganl.il  e!  Valla, 
oraiorieiis,  les  articles  de  [-.Insic^iirs 
lettres  de  lalpbabet,  et  en  particulier 
celui  de  TabLié  de  Sl-Cyraii ,  pent- 
èlre  un  peu  trop  long,  mais  Ircs-bien 
fait. On  aeucnrede  lui,  1.  hamorale 
en  ntiiun  ,  i.you  ,  1  797  ,  in-i  2  ;  ou- 
vrage qu'il  ne  Tant  pas  confondre 
a\ec  celui  de  Bérenger  qui  porle 
le  même  litre.  II.  Fxplicatiun  du 
nouveau  Testament,  à  l'usage  prin- 
cipalement des  collèges.  Pari?,  1785, 
8  vol.  iu-S"  ,  qui  se  relient  en  ;'). 
ni.  Lesgérnissemens  d'une  aine  pé- 
nitente ;  la  troisième  édition  , 
bien  augmentée  ,  a  été  traduite 
en  italien.  IV.  Explication  des 
Psaumes. 

I.  GUIBETVT,an!ipape,  natif 
de  Parme  ,  cbancelier  de  l'empereur 
Henri  IV,  parvenu  au  trône  arcliiépis- 
copal  de  Ravenne,  ensuite  au  .sainl- 
.•îiége  de  Rome  en  1080,  qiioicjuM 
eut  été  excommunié  pour  avoir  dé- 
pouillé son  église  ,  prit  le  nom  de 
Cléuient  III,  et  se  rendit  maitre  de 
Rome  par  les  armes.  x\près  nue  for- 
lune  diverse  et  une  vie  scandaleuse  , 
il  mourut  raisérableraent  en  1100. 
Celte  mort  n'éteignit  pas  leschisme; 
on  élut  pape  sur  pape.  Dès  qr.e  la 
paix  eut  été  rendue  à  l'Egli.sp  ,  les  os 
de  l'antipape  Guiberlfnienl  déterres 
el  jetés  dans  la  rivière. 

H.  GUIBERT ,  abbé  de  Nogent- 
sous-Coucy,  né  d'une  famille  dis- 
tinguée à  Ciermont  en  Beauvoisis  , 
embrassa  la  vie  monastique  à 
Sainl-Germer,  et  mourut  dans  son 
abbaye  en  1 1 2/\  ;  il  consacra  sa  vie 
entière  à  la  piété  et  an  travail. 
Doni  Luc  d'Acbery  a  publié  ses 
ouvrage*  en   i65i^   in-folio.    Les 


GLIB 


135 


principaux  sont,  1.  Une  Histoire 
des  premières  croisades,  connue 
sons  le  titre  de  Gesta  i.ei  per  I  ran^ 
eus.  On  y  trouve  des  fails  curieux 
et  vrais  ,  mêlés  avec  d'antres  minu- 
tieux o:!  fabuleux.  II.  Un  Tiaité  des 
rerujues  des  saints,  dans  lequel  il 
rejettr  une  dent  rie  J.-C. ,  conservée 
à  St.  Mfcdard  de  Soissons  ,  et  qu'il  a 
regardée  connue  une  (^usse  relique. 
Il  prétend  que  tous  les  restes  qu'on 
peut  avoir  du  Sauveur  ,>oni  contrai- 
res à  la  foi  de  la  résui  rect;on,  qui 
nous  apprend  qu'il  a  pris  son 
corps  tout  entier.  111.  Plusieurs 
autres  Traites  utilfs  et  curieux  , 
dont  on  peut  \oir  une  notice  exacte 
dans  le  tome  lo"^^  de  Vllistoire  litté- 
raire de  î'rance.  On  voit,  dans  une 
lettre  de  Guibert  à  l'abbé  SigelVoi  , 
ce  passage  remarquiible  sur  la  pré- 
sence réelle  :  «Si  l'Eucbarisiie  n'est 
qu'une  ombre  et  qu'une  ligure  , 
nous  sommes  tombés  des  ombres 
de  l'ancienne  loi  en  des  ombres  en- 
core plus  vides,  d  On  trou\e,  dit  le 
père  Longueval  ,  plus  d'esprit  que  de 
style  dans  les  ouvrages  de  Guibert  , 
et  plus  de  piété  que  do  discernement 
et  de  vraie  critique.  Du  reste,  c'est 
un  auteur  habile  et  sensé,  mais  quel- 
quefois trop  présenu. 

Y III. GUIBERT  (François-Apolline 
comte  de  ),  fils  d'un  gouverneur  des 
Invalides  ,  né  à  Montanban  le  12 
novembre  i745,  servit  avec  dis- 
tinction dans  la  guerre  de  1766,  et 
en  Corse  au  combat  de  Pon  te-Nuovo, 
qui  assura  la  conquête  de  cette  île  à 
la  France.  Devenu  colonel  du  régi- 
ment de  Neustrie  ,  et  inspecteur- 
général  d'infauleriê  ,  il  chercha  à 
réi'.niv  les  lauriers  des  'Muses  à  ceiiK 
de  Mars.  Avec  ueaucoup  d'esprit , 
nue  imagination  vive,  il  a  souvent 
des  idées  plus  brillantes  que  solides, 
et  quelques  défauls  de  goût.  Il  désira 
devei'.ir  déi)iité  du  Bourbonnais  aux 
élats-généraux  ;  tuais  ayant  éprouvé 
nue  vive  opposition,  il  eu  resseu'.it. 


i36  GUIB 

ini  profoivl  ilKigrin,tlontil  mourut 
v.n  an  après,  îe   16  mai  J790.  Ses 
ouvr;\r;es  sont ,  T.  Le  connétable  l'.e 
Bourbon  ,  tragédie  jouée  à  Versail- 
les ,  el  qui  auroit  élé  mieuîc  inliUilée 
la  Mort  de.  Bavard  ,   puisque  la 
pièce  Unit  par  les  obsèques  de  ce  che- 
valier français  ,  tandis  rpie  le  conné- 
table va  porter  en  Espaj^ne  les  re- 
mords de  sa  rébellion.  La  pièce  est 
mal  conduite,  hors  des  règles  de  l'art  ; 
mais  de  la   niaguilicence  dans    une 
rêcepViou  de  chevalerie,  un  appareil 
militaire   imposant  ,  de  la  chaleur 
clans  le  sijle,  quoique  trop  souvent 
décousu  ,    et    plusieurs    tirades    de 
l)eaux  vers,  lui  donnèrent  de  ta  ré- 
putation dans  la  plupart  des  sociétés 
où  elle  fut  lue.  L'auteur  lit  des  chan- 
geuiens  à  sa  pièce ,  mais  ils  ue  réus- 
sirent pas;  et  on  ne  se  rappelle  que 
le  mol  d'une  femme  qui   répondit  à 
ceux  qui  lui  demandoieut  ce  qu'elle 
en  pensqit  :  «  Je  la  trouve  d'un  chan- 
gemeiit    affreux.   «     Celte    pièce   , 
imprimée  c\  Paris  en   1785,    iu-18 
de    i()G    pages,    n'a    élé    tirée  qu'à 
cinquante  exemplaires.  II.  Eloge  de 
Caùnat ,  Edimbourg  (Paris),  1775, 
in-S".  Après  un  long  trftvail,  Gui- 
hert;  concourut  par  cet  éloge,  plus 
historique  qu'oratoire  ,  au  prix  d'élo- 
quence  de  l'aradémie  française,  el 
ne    le    remporta    pas.    On.    y   dé- 
couvre cependant  q\ielques  pensées 
fortes  ,  des  élans  de  sensibilité  ,  et  en 
généra!  beaucoui)  d'esprit.  lU.  Eloge 
de  Frédéric,  roi  de  Prusse,  Lon- 
dres (  Paris  ),  i';i87.  On  fut  surpris 
de  voir  que  lauteur,  dusciple  de  la 
philosophie,  y  faisoit  un  pompeux 
éloge  de  la  gueifre  ,  en  la  regardant 
comme  la  source  de  la  gloire.  IV. 
Eloge  de  rilàpitël,  chancslier  de 
France.     Cet    ouvrage  ,    imprimé 
sans   permission   en    1777,    in- S'', 
parut  sans  nom  d'auteur,  et  portoil 
CCS  mots  pour  devise  :   «  Ce  n'est 
point  aux  esclaves  à  loiier  les  grands 
liommcs.  »  De  la  hardiesse  dans  les 
idée»,  une  attaque  indirecte  contre  le 


GUÏB 

ministère,  une  marche  rapide,  un 
morceau  éloquent  où  il  reproche  à  la 
France  de  souffrir  un  commissaire 
anglais  à  Dunkerque  ;  plusieurs  traits 
énergiques  el  heureux  ,  firent  le  suc- 
cès de  cet  écrit.  V.  Eloge  de  Tho- 
mas ,  de  l'académie  française.  VL 
Eloge  de  mademoiselle  de  VEspi- 
nasse.  Ces  deux  Eloges  sont  infé- 
rieurs aux  précédens.  Tous  ont  été 
(■éunis  en  nu  vol.  iu-S",  Paris ^  1806. 
VU.    Essai  général   de    taclique , 
Liège,  177.1,  1  vol.  in-4°  on  2  vol. 
iii-S".  C'est  le  meilleur  ouvrage  de 
Guibert.  Il  a  été  loué  par  les  tiiili- 
taires,  juges  naturels  des  objets  qui 
y  sont  traités;  cependant  ils  y  ont 
reconnu  le  danger  de  plusieurs  pro- 
jets proposés.  Les  gens  de  lettres  y 
applaudirent  le  Discours  p'x'Umi- 
nuire,  plein  d  enthonsiasme  national 
et  de  vues  profondes.  Voltaire,  après 
l'aNOir  lu,  adressa  à  l'anleur  l'une 
de  s°s  pièces  fugitives  les  plus  agréa- 
bles, intitulée  la  Tactique.  VIII.  De 
l'Ordre  mince  et  de  l'Ordre  pro- 
fond.  «  On  trouve  dans  ce  livre, 
ditLa  Harpe,  une  analyse  très-bien, 
détaillée  de  quelques-unes  des  plus 
belles  opérations   de    Turenne  ,   de 
Luxembourg  ,  du  roi  de  Prusse,  qui 
viennent  à  l'appui  de  sou  système. 
La  dernière  jiavtie  roule  sur  l'impor- 
tance dont    il    est  pour    la   France 
d'augmenter  son   état    militaire  de 
manière   qu'il   soit  au'  niveau    des 
puissances  voisines,  et  en  propor- 
tion de  ses  moyens.  "  Celte  question 
est  très-bien  traitée;  el  dans  tout  le 
cours  de  l'ouvrage  on  rencontre  des 
idées  saines  et  justes  qui  font  voir 
que  l'esprit  de  l'auteur  est  ici  au  ni- 
veau de  son  sujet,  ce  qui  ne  lui  est 
pas  toujours  arrivé  quand  il  a  voulu 
être  poète  ou  orateur.  »  IX.  Trallé 
de  la  force  publique ,  Paris ,  1 790 , 
in-8".   L'auteur  y  offre  les   mêmes 
idées  que  dans  le  précédent.  Guiliert 
né  avec  des  connoissances,  de  l'es- 
prit el  du  courage  ,   y   réunit  une 
envie  trop  démesurée  d'occuper  le 


GUIB 

public  de  Ir.i.  Il  afficha,  comme  mi- 
litaire, comme  écrivain  ,  des  inéten- 
lious  trop  exclusives  qui  lui  lirent 
des  ennemis.  Sou  ambiliou  le  por- 
tail l  tout  à  la  fois  à  être  à  la  tête  de 
l'armée,  de  la  littérature,  de  l'admi- 
nistration,eii  lit  un  homme  tonjours 
inquiet,  raremenlheuieux.  11  disoit, 
à  ce  que  prétend  La  Harpe,  qu  un 
seul  homme  pou  voit  èlre  à  la  Fois  un 
'l'urenue,  un  Corneille  et  un  Bossuet  ; 
et  il  est  probable  qu'il  entendoil 
])arler  de  lui  -même  et  de  ses  espé- 
rances. X .  Voyages  de  Guibeit  dans 
diverses  parties  de  la  France  et  de 
la  Suisse,  faits  en  177.^,  1778, 
1 784  Gt  1 78.T  ,  ouvrage,  posthume  , 
publié  par  sa  veuve,  1  vol.  in-8"  , 
au  14.  Sou  Eloge  ,  composé  par 
M.  de  TouJoiigeoii ,  et  imprimé  à 
Paris,  1790,  iH-8°  ,  a  été  revu  et 
corrigé  à  la  tête  (lu  Voyage  de 
Guiberten  Allemagne ,  2  vol.  in-8°. 

*GUIB0N  (J.-D.  ),  ué  à  Besan- 
çon ,  s'enrôla  jeune  encore  dans  un 
régiment  d'infanterie  ,  eliléloit  eai 
i7.j3  canonnier  dans  l'armée  em- 
ployée contre  la  Vendée  ,  où  il  se 
tlistingiia  par  son  courage  et  par  son 
Lum-anité.  On  l'y  vil  combattre 
corps  à  corps  avec  un  royaliste,  lui 
porter  un  coup  mortel,  et  attendri 
à  la  vue  de  son  sang,  di'chirer  ses 
vèlemens  pour  mettre  sur  sa  blessure 
un  simple  appareil  ,  et  l'emporter 
dans  ses  bras  pour  en  ])rendre  soin. 
Quelque  temps  après  Guibon  fait  pri- 
sonnier est  amené  devant  le  prince 
fie  Talmont,  qui  le  condamna  à  ctre 
fusillé  avec  quarante  soldats  ré- 
publicains. Comme  il  alloil  au  sup- 
plice, nu  olVicier  vendéen  s'élance 
et  l'arrache  des  mains  des  soldats 
eu  s'écriant  :  «  C'est  lui  qui  a  sauvé 
mes  jours.»  Talmont  apprend  qu'en 
effet  Guibou  maître  dans  un  combat 
de  la  vie  de  cet  officier,  qu'une  loi 
barbare  ordonuoit  de  massacrer  , 
l'avoit  caché  aux  proconsuls  de  sou 
aimée  ,  et  avoit   refusé   cent  louis 


GUIC 


ij 


J 


pour  prix  de  ce  bienf-.t.  Talmont, 
louché  de  ce  beau  trait,  lit  grâce  aux 
quarante  prisonnier»  ,  et  retint  Gui- 
bou captif  dans  sou  château.  Celui-ci 
trompa  quelques  mois  après  la  sur- 
veillance de  ses  gardes,  rentra  dans 
l'armée  répnl>licaine,  et  fut  tué  dans 
une  bataille. 

GUIBOURS  (  Pierre  ) ,  plus  connu 
sous  le  nom  de  P.  jSnselme.  Voyez 
Anselme  ,  u"  N ,ei  Dufourny. 

*GU1CC1AR[)I( Joseph),  jésuite, 
né  à  Rcggio  eu  16/41 ,  après  avoir  fait 
profession  à  Venise  en  167;),  se  voua 
au  ministère  de  la  chaire,  qu'il  exer- 
ça pendant  quarante  ans  av>  c  éloges. 
11  mourut  dans  sa  patrie  en  1716. 
Ou  a  de  lui  Meditazioni  per  otto 
giorni  d'  esercizi  spirituali  ad  itso 
principalmente  de'  religiusi  délia 
sua  compagiiia  ,  Modène  ,  1G99, 
réimprimées  plusieurs  fois  à  Venise. 
Cet  ouvrage  fui  traduit  en  lalin  par 
ordre  du  général  des  jésuites,  sous 
ce  titre  :  Meditationcs  per  octo  aut 
dece/n  diebus  secessus  spiritua/is, 
Bainl)urgag,  1761,  in-8°.  On  doit 
au  même  auteur  Modo  d'  onorare 
la  passione  del  Signorc. 

I.  GUICHARD  DE.iGEANT.  Voy. 
De.vgeant. 

t  II.  GUICHARU  (Claude  de), 
seigneur  d'Arandas  et  de  Tenay  , 
naquit  à  Sainl-Kambert  eu  Bugey, 
où  il  s'illustra  par  la  fondation  du 
collège  du  Saint -Esprit.  Ses  talens 
l'ayant  fail  connoitre  au  duc  de  Sa- 
voie, ce  prince  le  nomma  sou  histo- 
riographe ,  et  l'éleva  ensuite  aux 
places  de  secrétaire  d'étal  et  de 
grand  -  référendaire.  Il  mourut  eu 
1607,  ajirès  avoir  publié  une  Tra- 
duction de  Tite-Eive,  et  un  ouvrage 
curieux  el  recherché  des  antiquaire.'^, 
malgré  sou  style  suranné, dont  voici 
le  titre  :  Funérailles  ,  el  dit.'erses 
manières  d'ensevelir  des  Romains, 
des  Grecs  et  des  autres  nations  , 
Lyon  ,  i58i ,  ia-4"- 


.38  GL[G 

t  ni.  GUIGHARD  (  Éléouore)  , 
fille  (l'un  receveur  des  lailles  de 
Normandie,  suivit  à  Paris  sa  inere 
devenue  veuve  ,  et  y  mourut  en 
J747,  à  28  ans.  Elle  joignoit  aux  at- 
traits et  aux  agréuicus  de  sou  sexe 
des  comioissauces  et  de  l'esprit;  c'est 
jiour  elle  que  lui  faite  cette  jolie 
rliaiison  : 

!,e  coniiois-';i  ,  ma  clière  Kléonore, 
<"■>  lenilre  enfant  c|ui  te  suit  en  limt  lieu? 
Ce  foihie  enfant,  ((iii  le  seroii  eiicoie  , 
Si  tes  regards  n^en  avaient  fait  un  dieu? 

C'est  par  ta  voix  i|u'il  clend  son  empin' , 
i.-  ne  le  sriii  qu'eu  voyant  tes  appas; 
11  csl  il)iis  l',iir  que  la  bi>iK-he  respir»;, 
J^.t  S0U5  les  fleiirs  pni   nhi>^scnt   sons  les  jias, 

Oiii  te  coiiuoil  ,  cor.nnîira  la  tendresse; 
Qui  voi(  tes  yeux  en  boira  le  poison  : 
Tu  (!onn:  lols  d'S  scn«  i  la  sagesse  , 
V.l   des  dé«ir*  k  U  Froide  raison. 

î\Iademoiseile  Giiicliard  est  auteur 
de  plusieurs  Chansons  et  des  3té- 
muires  ds  Cécile ,  1  7  :'>  1 ,  2  v .  in- 1  2 , 
roiiiau  intéressant  dont  I>a  Place  n'a 
été  que  l'éditeur. 

*  IV.  GUICHARD  ,  avocat  ,  né  à 
Marseiiie  ,  Fini  des  plus  savai>s  juris- 
consultes de  Pari-;,  étoit  avocat  du 
roi  an  bureau  des  luiance.*»  et  ciiuin- 
hre  du  doinaii^e  ,  et  avocal-général 
du  conspil  de  Moiisiein- ,  tVère  de 
Louis  XVr,et  par  suite  sou  inlen- 
daiil  des  linances.  Depuis  la  révo- 
lution, lors  de  forganisalioa  ,  d'a- 
près la  loi  sur  les  liypollieques  de 
Paris  ,  il  en  fut  le  premier  conser- 
vateur ;  après  avoir  porté  l'ordre  et 
la  lumière  dans  cette  précieuse  ins- 
lilution,  il  mourut  en  iSo'j,  regretté 
de  tous  ceux  qui  l'avoient  connu. 
—  Son  frère  Guiciivkd  ,  avocn» 
à  la  cour  de  cassation  et  du  conseil 
d'état,  jouissant  d'une  grande  réputa- 
tion ,  se  Ht  souvent  remarquer  par 
.'on  éloquence  et  son  courage  à  dé- 
1  -ndre  les  hommes  des  dilFérens  par- 
tis traduits  altemalivemrnt  devant 
l'S  Iriliiuiaux  criminels  :  il  est  au- 
lour  d'un  grand  nombre  d'ouvrages 


GUIG 

sur  la  jurisprudence  ;  les  principaux 
sont,  1°  Code  méthodique  des  noii- 
pe  les  loii  françaises  ;  2"  Code  des 
juges  de  paix;  0°  Coi/e  hypothé- 
caire ,  et  un  Journal,  de  législation 
et  de  jurisprudence  en  J'un/ie  de 
dictionnaire. 

*  V.  GUICHARI3  (  N.  ),  compo- 
siteur célèbre  de  musique  d'égl-.se, 
et  compositeur  a;:;réable  de  musique 
profane.  On  a  de  lui  des  Messes ,  des 
Motets,  etc. ,  qui  ont  eu  beancoup  de 
succès,  sur-tout  à  raison  de  leur  e\- 
csllente  mélodie  11  a  composé  et 
publié  des  recueils  d'airs  pour  la 
guitare  .  parmi  lesqtiels  se  trouve  le 
fameux  Bouquet  de  romarin,  qui 
avoit  été  d'abord  créé  sur  les  paroles 
Kyrie  Qi  Christe  eleison.  Guicbard, 
dans  le  commencement  de  l'établi'^- 
sement  du  théâtre  du  Vaudevdle  à 
Paris,  avoit  fait  des  accompagtic- 
mens  trcs-ingénieux  à  la  jolie  pièce 
de  la  Revanche  forcée  ;  mais  il 
abandonna  ce  théâtre  des  qu'il  vit 
que  le  vrai  genre  du  vaudeville  et 
de  la  romance  dégénéroit  en  petit.s 
opéras  à  duo  et  à  arieties  ,  plutôt 
faits  pour  le  théâtre  de  Feydeau  que 
pour  la  scène  à?  iiSIomus;  il  se  con- 
tenta de  chanter  chez  lui  sa  romance: 
//  est  passé  le  bon  temps,  et  vécut 
dans  une  médiocrité  dont  il  snt  se 
contenter.  Comme  il  avoit  été  autre- 
fois attaché  à  la  musique  de  Notre- 
Dame  ,  il  le  fut  encore  lors  du  réta- 
blissement du  chapitre  de  ceitle 
église.  Il  est  mort  à  Paris  le  24  fé- 
vrier 1807.  Au  nombre  de  ses  q\ia- 
lités  estimables,  Guicbard  joignoit 
un  enjouemeul  à  toute  épreuve,  et  il 
éioit  rigoureux  observateur  des  pro- 
sodies latine  et  française  dans  ses 
compositions  musicales,  parce  qu'il 
avoit  fait  de  bonnes  études. 

■;-   I.  GUICHARDIN  ,  en  italien 
Guicc'iARDiNi    (François),    né   à 
Florence  le  6  mars  14H2  ,  d'une  fa- 
mille  noble   et  ancienne.,    profes^^a 
;  d'abord  le  droit,  et  parut  au  barrean 


CLIC 

avec  lin  lel  eclal  ,  qu'on  IViivoya 
en  anil)aï.sac!eà  la  cour  de  Ferdiiiaiul, 
roi  d'Aragon.  Trois  ans  après  ,  eu 
i5i't,  l.tfoii  X  !e  prit  à  son  service, 
et  lui  donna  le  gouvernement  de 
Rlodèneel  de  Rfogio.  Panne  ayant 
été  as^iegél;,  il  ladéfendil  avecbeau- 
conp  de  valeur  et  d'-  prudence.  C'est 
ainsi  du  moins  qu'il  en  p;irle  dans 
son  liisloire;  car,  s'il  en  faut  croir' 
Angéli  ,  auteur  d'une  Histoire  de 
Parme  ,  imprimée  en  iftgi  ,  per- 
sonne ne  montra  peridiint  le  siège 
moins  de  réîiolulion  que  lui.  Il  le- 
iioit  toujor.rs  ses  clinvaux  lout  prèls 
pour  s'enliiir  ;  et  il  l'auroit  fait,  si  les 
hajjilaus  ne  s'éloient  efforcés  de  le 
rassurer  ,  et  n'eu.^seul  repoussé  vi- 
goureusement rennemi.  Néanmoins 
rfprès  la  mort  dn  Léon  X  ,  et  celle 
d'Adrien  VI,  son  successeur,  Gui- 
chardin  devint  gouverneur  de  Bo- 
logne sous  Clément  VU.  Le  pape 
Paul  III  ,  trompé  par  les  ennemis 
que  son  zèle  pour  l'exacte  observa- 
lion  de  la  justice  lui  avoit  faits,  le 
priva  de  ce  gouvernement.  Guichar- 
din  ,  obligé  de  retourner  dans  sa 
patrie  ,  y  vécut  en  philosophe  ,  eu 
homme  de  lettres  et  en  citoyen  , 
après  s'être  signalé  dans  les  armes  et 
dans  les  négociations.  Sa  mémoire 
est  chère  aux  gens  de  lettres,  par 
nne  Histoire  eu  italien  des  princi- 
paux événemewi  arrivés  depuis 
1%!};  jusqu'en  1002.  Son  premier 
dessein  avoit  été  d'imiter  César  ,  et 
de  composer  les  Mémoires  de  sa  vie  ; 
inais  Jacques  Nardi  lui  conseilla 
d'étendre  son  plan  ;  et  le  croyant 
incapabled'ètre  intimidé  par  les  cen- 
sures, on  corrompu  par  l'esjioir  des 
récompenses,  il  lui  proposa  de  faire 
l'hisloire  miiverselle  de  son  temps  . 
et  Gnicliardin  suivit  ce  conseil,  f.es 
seize  premiers  livres  de  son  histoire 
sont  d'une  beauté  aclievée;  mais  les 
autres  n'en  approchent  pas.  Ses  ha- 
rangues ,  d'une  longueur  assom- 
mante ,  sont  d'ailleurs  écrites,  com- 
me l'histoire,  d'un  style  pur  et  lleuri. 


GUÎC 


IJQ 


On  lui  reproche  d'être  trop  attentif 
à  remarquer  )us([n'aux  minuties;  de 
prêter  trop  facilement  des  motifs 
honteux  et  injustes;  d'être  trop  pré- 
venu pour  son  pays.  La  vérité  ne 
conduit  pas  sa  plume,  lorsqu'il  parle 
des  Français  ,  contre  lesquels  il 
montre  de  la  passion.  Le  style  trop 
diffus  de  Gmchardin  donna  occasion 
à  une  plaisanterie  de  Boccaliui.  I3ans 
ses  Raguagli  dcl  Farnasso  ,  il  feint 
qu'un  citoyen  de  I^acéilémone, ayant 
dit  en  trois  mots  ce  qu'il  pomoil  dire 
en  deux  (  ce  qui  éloit  une  es])èce  de 
crime  en  celte  ville)  fut  condamné 
à  lire  une  fois  la  guerre  de  Pise  , 
écrite  par  Guichardiii.  Le  criminel 
lut,  avec  une  sueur  mortelle  ,  quel- 
ques pages  de  cette  histoire:  mais  la 
peine  que  lui  causa  la  prolixité  dix 
st^le  fut  si  grande,  qu'il  courut  se 
jeter  aux  pieds  des  jiigf'S,  et  les  pria 
d  l'envoyer  aux  galères  ,  plutôt  que 
de  l'obliger  à  la  lecture  fatigante  de 
ces  discours  sans  fui ,  de  ces  couseil.s 
si  ennuyeux,  et  des  froides  harangues 
qu'on  y  fait  pour  des  sujets  fort 
minces,  comme  sur  la  prise  d'uu 
colombier.  «Ces  liarangues  d.ffuses  , 
qui  revicuneiU  à  lout  moment  ,  sont 
pour  la  plupart  écrites,  dit  Niceron, 
d'un  style  languissant  ,  et  n'ont  pas 
toujours  assez  de  rapport  an  sujet 
dont  il  s'agit  dans  l'histoire.  Il  y  eu 
a  cependant  qui  ont  leur  mérite  , 
(t  l'on  a  remarqué  que  les  meilleures 
sont  celles  que  lit  Gaston  de  Foix  an 
camp  de  Ra  venues  ,  et  celle  que  le 
duc  d'Albe  prononça  devant  Charles- 
Quint  ,  pour  l'cmpècher  de  mettre 

îrii    liberté   François   l »     Les 

éditions  les  pins  belles  faites  de 
Ihisloire  de  Guichardin  sur  l'ori- 
ginal sont  celles  de  Venise,  17^8, 
en  -2  vol.  grand  in-folio  ;  de  Lon- 
dres 2  volumes  in-4'',  etdeFrilxMirg, 
1773-7I),  4  vol.  111-4°.  On  en  publia 
la  même  année  une  traduction  à 
Paris  en  1708  ,  sous  le  titre  de  Lon- 
dres, en  3  vol.  in-4''  T''""  Favre  , 
retouchée,  revue  avec  soiuparGeor- 


i4o 


GIUC 


geon,  avocat  au  parlement,  qui  l'en- 
richit de  beaucoup  de  uoles ,  et  d  une 
préface  dans  laquelle  il  trace  en 
al)ré_£^(i  les  principaux  traits  de  la 
vie  et  di  caractère  de  Guichardin. 
L'édiliou  oriEjinale  de  sou  IlisLoire  , 
imprimée  à  Florence  en  1061,  in- 
i'olio  ,  et  en  2  vol.  in-8°,  est  fort 
chère.  En  1765  il  a  para  une  nou- 
velle édition  de  cet  ouvrage  à  Fri- 
bourg  eu  Brisgaw,  en  4  ■^'•^''-  'i''~4°) 
faite  sur  le  manuscrit  autographe  de 
la  bibliothèque  Magliabecci  de  Flo- 
rence ,  qui  répare  les  lacunes  que  les 
éditeurs  avoient  été  obligés  de  l'aire 
en  cédant  aux  circonstances.  Jean- 
Baptiste  Adriani,amide  Guichardiu, 
et  son  concitoyen  ,  en  a  donné  la 
continuation  ,  en  deux  vol.  in~4°- 
Cet  historien,  mort  au  mois  de  nuii 
1540,  aimoit  tellement  l'étude  qu'il 
passoit  des  jours  entiers  sans  manger 
et  des  nuits  sans  dormir.  Charles- 
Quint  lui  donna  des  marques  d'une 
estima  particulière.  Les  oîiiciers  de 
sacours'élaut  plaints  de  ce  qu'il  leur 
refusoit  audience,  taudis  qu'il  eirtie- 
teuoil  Guichardin  pendant  lies  heures 
entières  :  <(  Daus  un  instant,  leurré- 
pondit  le  prince,  je  puis  créer  cent 
grands;  mais  daus  vin);!  ans  je  ne 

saurois   faire  un  Guichardin » 

Jaeqnt's  Corbinelli  ,  Florentin  ,  lira 
de  l'Histoire  de  son  compatriote  des 
y/i'is  et  Conseils  en  matière  trèlat, 
iSi.'S,  Anvers,  iu-4'' ;  traduits  en 
français ,  Paris,  1  677  ,  in-S".  Ce  re- 
cueil plein  de  maximes  de  politique 
prouve  que  Guichardin  joignoit  aux 
connoissances  historiques  l'expé- 
rience du  gouvernement. 

Y  II.  GUICHARDIN  (  Louis)  , 
neveu  du  précédent ,  né  à  Flo- 
rence vers  ifîiS,  alla  se  fixer  dans 
les  Pays-Bas.  Ayant  conseillé  au  duc 
d'Albe  d'abolir  le  carême  ,  pour 
ramener  plus  facilement  les  pro- 
testans,  ce;  seigneur  le  lit  mettre  en 
prison  ,  non  i*  cause  de  celte  opi- 
uiou,  mais  parce  qu'il  i'avoit  mise 


GîJIG 

par  écrit.  Guichardin  mourut  à  An- 
vers en  1589.   Nous  avons  de  lui  , 

I.  Une  Description  savante  et  cu- 
rieuse des  Pays  -  Bas  ,  in  -  folio  , 
i587,  en  italien  ,  et  traduite  en 
français  par  Belleforct  ,  avec  un 
grand  nombre  de  ligures.  L'auteur, 
pour  s'instruire,  s'étoil  transporté 
sur  tous  les  lieux  qu'il  décnvoit. 
La  version  française  fut  publiée 
à  Amsterdam  en    1626  ,   in-folio. 

II.  liaccolla  di  dctii  e  Jalti  nola- 
hili  ,  if)8i ,  in-8".  III.  //o/e  di  re- 
créa zione ,  Anvers  ,  i.'^ôS,  in-iG  ; 
ce  dernier  a  été  traduit  en  françai» 
par  Bellefoiét,  iri78,  in-12,  sous 
le  titre  à' Heures  de  récréation  ,  et 
yïprès-Dinées  de  L.  Guickardin. 
\S .  Des  Mémoires  sur  ce  (pii  s'est 
passé  eu  Europe  ,  depuis  li'ioo  jus- 
qu'en j56o,  Anvers,  i.f^iGn  ,  iii-4". 
11  y  blâme  les  impositions  du  duc 
d'Albe.  Si  Louis  Guichardin  n'eut 
pas  les  lalens  de  son  oncle,  il  f  égala 
pas  ses  connoissances. 

L  GUICHE  (Jean-François  de  la  ) , 
comte  de  la  Palice  ,  seigneur  de 
Saiui-Géran,eV  maréchal  de  France, 
d'ime  fannlle  noble  et  ancienne , 
se  signala  en  diverses  occasions  sous 
les  rois  Henri  IV  et  Louis  XIII  , 
eut  beaucoup  de  part  aux  afliures  de 
son  temps,  et  mourut  à  la  Palice  eu 
Bourbourutis  en  1602  ,  à  65  ans.  11 
éloit  neveu  de  Philibert  de  La 
GuTCîiK,  maître  de  l'artillerie  sous 
Heuri  IV, qui,  à  la  journéed'j  vry,  lit 
(aire  quatre  décharges  avant  que  les 
eimemis  eussent  pu  tirer  un  coup  de 
cation.  Le  maréchal  de  La  Guiche 
obtint  ic  bàlon  par  le  crédit  du  duc 
de  Luynes.  Il  servit  avec  distinction 
aux  sièges  qui  se  firent  en  i(32i  et 
1623.11  passoit  pour  avoir  plus  de 
bravoure  que  de  talent.  —  Le  petit- 
fils  de  ce  maréchal ,  Beruard  de 
La  Guiciie,  eut  un  procès  fameux 
à  soutenir  pour  être  réintégré  dans 
sou  clal  qu'on  lui  voulut  ravir  au 
moaienl  de  sa  naissance  ,  et  qui  lui 


GUIC 

fut  rendu  pnr  arrêts  de  iG65  et  1 666. 
l.a  Guiche  éloit  lieulcnaïU-geiiéral , 
et  avoil  été  chargé  de  plusieiirs  am- 
bassades. 11  mourut  eu  1696  ,  ne 
laissant  qu'une  iille ,  religieuse. 

II.  GUICHE(  Diane,  dite  Cori- 
SANDE  d'Anuotjins,  veuvedePlù- 
Iil)ert  de  Gramniont  ,  comte  de  ) 
llUe  d'un  geulilhomnje  noiriiiié 
d'Aiidouins,  connu  par  sa  bravoure. 
Ses  charmes  lui  lirenl  donner  le  nom 
de  belle  Corisande.  Elle  étoit  encore 
tort  jeune  ,  lorsqu'elle  épousa  ,  en 
1067  ,  le  comte  de  Guiche,  gouver- 
neur de  Bayonne,morlau  siège  de  La 
Fereen  i.'itic). Demeurée veuveà  l'âge 
de  26  ans  ,  cl  ayant  toute  sa  beauté, 
elle  plut  à  Henri  ,  roi  de  Navarre, 
si  connu  depuis  sous  le  nom  de 
Henri  IV  ,  qui  l'aima  éperdument 
pendant  cjuelques  années.  En  1  .'186 
il  se  déroba  de  son  camp  pour  aller 
oflrir  à  Corisande ,  en  chevalier  er- 
rant, quelques  drapeaux  pris  devant 
Caslels,  deuil  le  maréchal  de  Mati- 
gnon fut  obligé  df:  lever  le  siège.  La 
passion  du  roi  de  Navarre  s'eullam- 
manl  tous  les  jours,  i!  résolut  d'é- 
pouser la  comtesse  de  Guiche.  11  de- 
manda à  d'Aubigné  son  sentiment 
sur  ce  mariage ,  en  lui  cilaul  l'exem- 
ple de  plusieurs  princes  qui  avoienl 
donné  la  main  a  leurs  sujelles.  «  Sire, 
lui  répondil  d'Aubigné  ,  les  princes 
que  vous  citez  jouissoient  tranquil- 
lement de  leurs  étais,  el  vous  com- 
ballez  pour  avoir  le  vôtre.  Le  duc 
d'Alençon  est  mort;  vous  n'avez  plus 
qu'un  pas  pour  monter  sur  le  trône. 
Si  vous  devenez  l'épouK  de  voire 
maîtresse,  vous  vous  le  fermez  pour 
jamais.  Vous  devez  aux  Français  de 
grandes  vertus  el  de  belles  aclions. 
Ce  n'esl  qu'après  avoir  siil/pigué 
leur  cœur  et  gagné  leur  estime  ^]ue 
vous  pourrez  coulracler  ini  mariage 
qui  aujourd'hui  ne  farcit  que  vous 
avilir  à  leurs  yeux.  «  Henri  proHla 
du  conseil  de  ce  fidèle  el  sincère  ser- 
viteur ,  et  se  dégoûta  peu  à  peu  de 


GUID 


lAi 


sn  maîtresse.  Elle  monrnl  en  162..  , 
laissant ,  du  comte  de  Guiche  ,  An- 
loinc  de  Grammonl,  IP  'du  nom  , 
el  une  fille,  nommée  Catherine,  qui 
épousa  le  con)ledt;  Lauzun,Fran(,oitt- 
Nompar  de  Caumont.  Sa  figure  nu 
s'éloil  pas  soutenue;  et  Sully  dit 
«  qu'elle  avoil  honte  qu  ou  dil  que 
le  roi  l'avoil  aimée  ,  sur-tout  de- 
puis que  sa  laideur  éloiguoil  ceux  qui 
auroienl  pu  la  consoler  de  l'incons- 
tance de  Henri.  »  On  a  plusieurs  des 
lettres  que,  Henri  IV  lui  écrivoit 
dans  "L  Esprit  de  Henri  17^,  ^11^  ■, 
in-8°,  ouvrage  composé  par  Prault 
le  jeune,  imprimeur  à  Paris. 

-;-  G  U I C  H  E  N  O  N  (  Samuel  )  , 
avocat  à  Bourg-en-Eresse  ,  né  à 
Macou  ,  mort  le  8  septembre  1664  , 
à  07  ans  ,  après  avoir  été  marié 
trois  fois.  Sa  première  femme  , 
riche  veuve,  lui  donnant  le  moyen 
de  cultiver  la  science  qui  lui 
plairoit  le  plus  ,  il  s'allaclia  à  l'his- 
toire et  aux  recherches  généalogi- 
ques, et  devint  l'un  des  liisloriens 
les  plus  judicieux  du  17*  siècle. 
Le  duc  de  Savoie  lui  donna  le  litre 
de  sou  hisloriograplie ,  avec  une 
pension.  On  a  de  Guichenon,  1. 
Histoire  généalogique  de  la  mal- 
son  de  Savoie ,  iu-fol.,  1 660 ,  Lyon, 
•2  V.  Celte  histoire  savante  el  exacte  , 
mais  dom  le  style  est  lourd  et  peu 
correct,  a  été  réimprimée  à  ïuiin  , 
1778,  îi  lom. ,  2  vol.  in-folio.  II. 
H  is  tu  ire  de  Bresse  et  de  Biigey , 
Gex  et  T'alromey  ,  iu-fol.  ,  Lvon 
1600.  Cet  ouvrage  ,  devenu  rare  , 
mérile  le  même  éloge  el  les  mêmes 
reproches  que  le  précédent  ;  il  v  en 
a\  oit  ua  exemplaire  manuscrit  dans 
la  bibliolhèquedesaugustinsà  Lyon, 
où  l'on  Irouvoil  eu  uoles  des  choses 
curieuses  sur  les  familles.  III.  Bi- 
hliotkeca  Sebusiana,  in-/|°,  1660. 
C'est  nu  recueil  des  actes  et  des  ti- 
tres les  plus  curieux  de  la  province 
de  Bresse  et  de  Bugey. 

GUmALOTI(  Dioraède  ) ,  savant 


i4i  GUID 

tleliologne,  vi\o'il  au  milieu  du 
16*^  siècle,  il  a  publié  d'assez  bons 
Commentaires  sur  plusieurs  poètes 
latins,  et  enlre  autres  sur  les  Fglo- 
îjues  de  Némésieii,  Bologne,  lôSzj, 
iu-lbl.  Ce  commeiilaire  a  été  réim- 
primé dans  la  collection  des  fuetœ 
lat'uii  lei  penalicœ  scriptores. 

;■  GUIDE  (  le  ) ,  ou  GuiDo  Reni, 
peintre  Bolonais  ,  né  en  lôyo  , 
d'un  joueur  de  flûte  ,  qui  lui  tll 
ap])reudre  à  toucher  du  clavecin; 
mais  la  musi([ue  ayant  moins  de 
charmes  pour  lui  ({ue  le  dessin  ,  on 
le  mit  chez  Denys  Calvarl  ,  peini 
Ire  ilamand  :  il  passa  ensuite  sous 
la  discipline  des  Carrache,  et  ne  fut 
pas  long-temps  sans  se  distinguer 
par  ses  ouvrages,  [-a  jalousie  que 
les  ixieilleurs  pemtres  conçurent  con- 
tre lui  éloil  une  preuve  de  l'ex- 
cellence de  ses  talens;  Le  Carravage 
s'oublia  même  au  point  de  le  frap- 
per au  visage.  Si  son  pinceau  lui 
lit  des  envieux,  il  lui  procura  aussi 
des  prolecteurs.  Le  pape  Paul  V, 
f[ui  prenoit  un  plaisir  singulier  à  le 
voir  peindre  ,  lui  donna  un  carrosse 
avec  une  ibrte  pension.  Le  prince 
Jean-Charles  de  Toscane  lui  lit  de 
riches  présens  pour  une  tête  d'IIer- 
cule  qu'il  avoit  peinte  en  moins  de 
deux  heures,  tant  sa  facilité  éloil 
prodigieuse.  Toujours  opposé  par 
les  circonstances  aux  meilleurs  pein- 
tres de  son  temps,  il  entra  en  con- 
currence avec  LeDominiquin  pour 
peindre  le  martyre  de  saint  André. 
Il  seUibla  sortir  vainqueur  de  cette 
lutte  ,  cependant  il  n'eut  pas  le  suf- 
frage d'Aiinibal  Currache.  Le  Guide 
est  moins  profond,  moins  naturel 
que  Le  Dominiquin;  mais  il  n'est 
pas  moins  savant ,  et  l'on  peut  dire 
que,  sous  le  rapport  de  l'effet ,  des 
idées  ingénieuses,  de  l'élégance  du 
dessin  ei  de  la  grâce  du  pinceau. 
Le  Guide  ne  le  cède  à  aucun  autre 
peiiitre.  M  auroit  fini  ses  jours  com- 
blé de  biens  etd'hoHncurs ,  mais  le 


GUID 

jeu  le  délournoit  du  travail,  et  fii 
eulevoil  dans  un  iiislaul  tous  les 
fruits  de  son  application.  Réduit  à 
l'indigence  par  cette  p:ission ,  il  ne 
peignit  plus  que  pour  vivre,  et  pei- 
gnit mal ,  parce  qu'il  le  ht  avec  trop 
de  rapidité.  11  eut  la  douleur  de  voir 
dans  sa  vieillesse  ses  tableaux  né- 
gligés par  les  connoisseurs.  Pour- 
suivi par  ses  (réanciers,  et  aban- 
donné par  ses  prétendus  amis  ,  il 
mourut  de  chagrin  à  Rologne  en 
iG.'i'-  Le  Guide  étoit  jaloux  qu'on 
lui  rendit  beaucoup  dhouneurs 
comme  peintre  ;  en  celte  qualité  il 
éloil  fier  et  superbe.  Sur  ce  qu'on 
lui  reprochoil  qu'il  ne  faisoil  pas 
-sa  cour  au  cardinal  légal  de  Bolo- 
gne ,  il  répondit  :  a  Je  ne  troquerois 
pas  mon  pinceau  contre  sa  barrette  » 
Il  ne  rendoit  aucune  visite  aux 
grands.  «  Quand  ils  viennent  me 
voir,  disoil'il  ,  ils  recherchent  mon 
art  et  non  ma  personne.  »  Il  tra- 
vailloil  avec  un  certain  cérémonial  : 
il  étoit  pour  lors  habillé  magmh- 
qnement  ;  ses  élèves,  rangés  autour 
d;3  lui  en  silence  ,  préparoient  sa 
palette,  neltoyoient  ses  i)inceaux  et 
le  servoienl.  Il  ne  mettoit  point  de 
prix  à  ses  tableaux;  c'étoit  un  ho- 
noraire qu'il  recevoil.  Ennemi  de  la 
galanterie  ,  quoiqu'il  eût  la  physio- 
nomie la  plus  agréable,  il  ne  resloit 
jamais  seul  avec  les  femmes  qui  lui 
servoienl  de  modèle.  Les  dettes  qu'il 
avoit  cou  tractées  à  Rome  l'ayant 
obligé  de  quitter  cette  ville  ,  le  car- 
dinal légal  de  Bologne  le  menaça 
de  le  faire  arrêter  s'il  n'y  retour- 
noit.  Un  gentilhomme  ,  témoin  de 
cotte  menace,  dit  au  légat:  «S'il 
faut  des  chaines  au  Guide  ,  elles 
doivent  être  dor.»  11  se  rendit ,  et 
Paul  V  le  combla  de  bontés.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  en  Italie; 
il  y  en  a  plusieurs  en  France.  On 
remarque  dans  tous  un  pinceau  lé- 
ger et  coulant ,  une  louche  gracieuse 
et  spirituelle,  un  dessin  correct, 
des  carnations  si  fraîches  qu'où  sem- 


GUID 

bie  y  voir  circuler  le  sang.  Ses  lètcs 
sur-lout  sont  admirables.  Ce  peintre 
allia  la  douceur  et  la  force.  Ses  des- 
sins sont  marqués  au  même  coin 
que  ses  tableaux.  On  a  beaucoup 
gravé  d'après  lui.  Suivant  l'usage  de 
la  plupart  des  maîtres  italien^,  Le 
Guide  a  beaucoup  graué  A  l'eau 
forte. 

1 1.  GUIDI  (  Charles-Alexandrej, 
né  à  Pavie  en  1600,  nu>rl  à  Fres- 
cali  en  1712  ,  reg;irdé  en  Italie 
comme  le  restaurateur  de  la  poésie 
lyrique.  Le  duc  de  Parme  ,  le  pape 
Clément  XI,  la  reine  Christine  de 
Suéde,  applaudirent  à  ses  lalens  et 
les  employèrent.  Cette  princesse  , 
voulant  célébrer  l'avènement  de  Jac- 
ques 11  au  trône  d'Angleterre  ,  le 
chargea  de  composer  la  pièce  qu'elle 
vouloii  faire  mettre  en  musique. 
Christine  lonmil  l'idée  de  ce  mor- 
ceau ,  qui  offre  des  beautés  ,  et  y 
ajouia  même  (pielques  vers  de  sa 
façon,  qui  ne  furent  pas  les  plus  ap- 
plaudis. On  a  de  lui ,  l.  Les  Homé- 
lies de  Clément  XI ,  son  bienfai- 
teur, imitées  en  vers.  Cette  traduc- 
tion est  fort  libre  ,  et  il  falloit  qu'elle 
le  fut  pour  se  faire  lire.  Elle  parut 
en  1712.  11.  Plusieurs  J-'oésies  ly- 
riques, Rome,  170'j,  in-4";  trcs- 
estiinées  pour  la  douceur  et  la  facilité 
de  la  versitication.  lU.  La  Pastora- 
le d'iLmlymion ,  publiée  en  17 26, 
avec  sa  Vie  par  Crescimbeni ,  in-i  2. 
Ce  fut  la  reine  Christine  qui  donna 
le  dessein  de  celle  espèce  de  pasto- 
rale, et  qui  en  fournit  même  quel- 
ques vers  qu'on  a  distingués  par 
des  guillemets. 

IL  GUIDI  (Louis),  prêtre  savant 
et  vertueux,  mori  le  7  février  1780, 
s'étoil  consacré  pendant  3o  ans  à 
l'uistruction  de  la  jeunesse  dans  la 
congrégation  de  l'Oraloire  ;  l';iyant 
tjuittée,  il  composa  divers  ouvra- 
ges dont  11  s  plus  connus  sont,  1.  Kn- 
trctieiis  philosophiques  sur  la  reli- 


GUID 


i/i3 


giori  ,  5  vol.  11.  \Jylme  des  bêles  , 
111-12,  17^5.  L'antrur  y  embrasse 
le  système  de  Descaries.  Ces  deux 
ouvrages,  qui  sont  en  forme  de  dia- 
logue ,  dont  le  style  est  vif,  pressé 
el  naturel,  prouvent  que  laïUeur 
étoit  né  avec  lieaucouj)  d'esprit,  el 
que  l'étude  lui  avoit  procuré  des 
cotinoissances  variées.  III.  Dialo~ 
gue  entre  un  curé  et  un  évéque  sur 
le  mariage  des  jirotesians ,  Paris  , 
1 77,^1,  in- 12.  Sui/e  du  même  dia- 
logue, Paris,  1776,  in-12.  IV.  Let- 
tres à  un  ami  sur  le  livre  de  d'wt- 
lembert  ,  sur  la  destruction  des 
jésuites  en  J'rnnce,  Paris,  1765  , 
in-12.  V.  Il  A  aussi  coopéré  à  la  Ga- 
zette ecclésiastique. 

*  III.  GUIDI ,  censeur  royal ,  ne- 
veu du  précédent,  est  auteur  des 
ouvrages  suivans  :  1.  Lettres  conte- 
nant le  journal  d'un  i-'oyage  fait 
à  Rome  en  1775  ,  Genève  el  Paris, 
17'85,  2  voliu-12.  Ces  leltns  of- 
frent quelques  observations  nouvel- 
les ,  el  l'auteur  juge  en  général  avec 
impartialité.  II.  La  véritable  dé- 
votion,  traduite  derilalien  de  Mu- 
ratori  ,  Paris  1778,  in-12. 

*  IV.  GUIDI  (Jean-Baplisle)  , 
Bolonais  ,  arcliiprèlie  de  Samte- 
Muiie-degli  -  Alemanni  ,  dans  les 
faubourgs  de  Bologne,  mourut  le 
\b  avril  1771.  On  a  de  lui  IJu- 
plicato  animale  de  parocchiali 
discorsi  per  lutte  le  domeniche,  e 
solennita  del  Signore,  detla  B... 
P'ergine  ,  e  dei  snnti ,  Bologne  , 
1745.  Cet  ouvrage ,  revu  et  consi- 
dérablement augmenté  par  l'auleiiF, 
a  été  réimiuimé  à  Venise  en  1761  el 
1766,  el  de  nouveau  en  177.Î  et 
17H2  ,  2  vol.  in-4°. 

GUlDlCClONE(Jeaii) ,  né  à  Luc- 
ques  ,  s  attacha  au  cardinal  Faruase, 
qui  prit  la  tiare,  sous  le  nom  de 
CiéuieiU  VU,  en  ibzi\.  Guidiccione 
éloit  déjà  évèque  de  Fossombroiie  : 
mais  le   pape  le  t\t  gouverneur  de 


i44 


GLID 


Rome,  nonce  auprès  de  Cliarlcs  V, 
et  successivenital  gouverneur  de  lu 
Piomagiia  et  de  la  Marclie  d'Aucôue. 
Il  mourut  au  mois  d'août  i54i,dans 
sa  5 1'' année.  On  a  de  lui,  I.  Ora- 
z'ione  alla  republica  lil  Lucca, 
in-S",  Firenze  ,  i5G8.  II.  Rime, 
Bergame  ,  i7r)5  ,  in-S".  Ces  poésies 
sont  estimées. 

GUIDON.  Koyez  Leicester  , 
\ers  la  fin. 

*  GUIDONIS  (Bernard  ) ,  né  en 
i26odansleLiraosin,  entra  eu  1279 
dans  l'ordre  de  Saint-Dominique, 
i'ul  procureur  de  son  ordre  auprès 
de  la  cour  de  Rome  en  i3i2,  inqui- 
siteur de  la  foi  en  Languedoc  des 
1 008,  elcondannia  durant  les  quinze 
années  de  son  exercice  607  héréti- 
ques à  diverses  pemes.  Employé  par 
le  pape  Jean  XXII  dans  diverses 
négociations  importantes  ,  il  en  eut 
pour  récompense,  en  i525,  l'évê- 
ché  de  Tuy  en  Gallice ,  d'où  il  passa 
l'année  suivante  à  celui  de  Lodève  , 
oùilmourulàlafinde  i53i.Guidonis 
composa  plusieurs  écrits  ,  dont  un 
des  plus  considérables  par  son  im- 
portance et  son  étendue  est  une 
Chronique  depuis  J.  C.  jusqu'à  l'an 
1329;  elle  a  pour  tiire,  Fleurs  des 
chroniques  ,  ou  Catalogue  des  pon- 
tifes romains  ;  on  en  trouve  un 
aperçu  intéressant  dans  le  lonie  II 
des  noliceset  extraits  des  manut^crils 
de  la  Ijibliolhèque  impénale,  pages 
1-18  ;  elle  n'est  imprimée  que  par- 
tiellement, et  l'on  peut,  à  quelques 
égards,  eu  désirer  une  édi  Lion  com- 
plète. 

*  GUIDOTT  (Thomas),  d'une 
famille  originaire  de  Florence,  né 
eu  i638  à  Liiningtou  dans  la  pro- 
vince de  Soutamplon  en  Angleterre, 
étudia  la  médecine  à  Oxl'ord ,  et  la 
prali<jua  à  lialh ,  d'où  il  se  rendit  à 
I.ondres  en  1679.  Ce  médeciu  a 
coiuposé  plusieurs  ouvrages  en  au- 


GUIE 

glais  et  en  laliu  sur  les  eaux  miné- 
rales d'Angleterre.  Haller  cite  une 
édition  de  Londres  de  1691  ,  in-Zi"  , 
intitulée  de  Thcrmis  Lrilaniiicisi 
Guidolt  en  a  fait  aussi  quelques  Ira- 
duciious  ;  celle  du  livre  de  Théo- 
phile sur  les  urines  parut  à  Leyde 
en  1705  ,  in-8'\  sous  le  litre  de 
Theophili  de  urinis  libellus.  Tho- 
mas Guidolius  innumeras ,  quihus 
hacte/ius  scaluit ,  mendas  sustulit, 
hiulcœ  supplewil ,  de  iiovo  vertit 
et  notas  adjecit. 

t  GUIDOTTI  (  Paul  ) ,  bon  pein- 
tre, sculpteur  passable,  et  médiocre 
architecte,  né  à  Lucques  en  i-'>6g, 
et  mort  en  162g,  à  60  ans  ,  avoit 
reçu  de  la  nature  un  génie  ardent  et 
insatiable  de  connoissances.  Tout 
éloit  de  son  ressort,  musique,  poé- 
sie, mathématiques,  astrologie,  ju- 
risprudence, analomie.  Exlrénie  eu 
tout,  il  portoil  à  l'excès  le  goût  de 
cette  dr-rniare  science.  Il  alloit  la 
nuit  exhumer  des  cadavres  ,  pour 
étudier  la  structure  du  corps  hu- 
main. Guidolti  se  distingua  par  une 
singularité  d'un  autre  genre,  et  qui 
mit  le  sceau  à  sa  réputation  d'hom- 
me extraordinaire  en  tout.  11  ima- 
gina de  se  faire  des  ailes  et  de  voler; 
ces  ailes  éloient  fabriquées  de  ba- 
leine ,  recouvertes  de  plumes  ,  et 
adaptées  au  corps  par  dessous  les 
bras.  Après  quelques  expériences 
secrètes,  il  voulut  en  faire  l'essai 
public  à  Lucques:  il  prit  son  vol 
d'un  lieu  élevé  de  la  ville,  et  se  sou- 
tint assez  bien  jusqu'à  la  distance 
d'un  quart  de  mille,  au  bout  de 
laquelle  ses  ailes  le  laissèrent  tom- 
ber sur  un  toit  qu'il  enfonça ,  et  de 
là  dans  une  chambre  ,  avec  una 
cuisse  cassée. 

GUlELMEoz/  Girii.i.Ki.Mi: 

(Jean),  jeune  hommed'uue  profonde 
érudition,  né  à  Lubeck,  mort  en 
ir)84  à  Bourges  ,  où  il  étoit  al!.' 
pour    entendre    Cujas  ,    a     douuu 


GUIG 

Qieestiunes  Plautinœ,  et  d'aulres 
ouvrages  ,  dont  Juste -Lipse  ,  de 
Thon  et  d'aulies  savans  fout  de 
grands  éloges. 

GUIENNE  (  ducs  de  ).  F'ojez 
Louis  X,  n°  XV ,  et  Guil- 
laume ,  n°  VII. 

GUIET.  rojez  Guyet. 

*  GUIFFAR'r  (  Pierre  ) ,  docteur 
en  médecine  ,  doyen  en  charge  du 
collège  de  Rouen,  zélé  défenseur  des 
Ouvrages  de  Pecquet,  eu  faveur  des- 
quels il  a  composé  un  livre  où  l'on 
trouve  de  bonnes  choses  noyées  dans 
un  amas  de  discussions  inutiles,  el 
défigurées  par  une  foule  de  para- 
doxes, est  encore  auteur  d'un  Dis- 
cours du  vide  sur  les  expériences  de 
Pascal  et  le  Traité  de  Pierius  , 
Rouen,  1647,  in-8°,eld'un  ouvrage 
sur  les  Motifs  de  sa  conversion  à  la 
religion  chrétienne . 

t  GUIGNARD  (Jean)  ,  jésuite  , 
natif  de  Chartres  ,  éloit  bibliothé- 
caire du  collège  de  Clermont,  lors- 
que Jean  Chatel  ,  élève  des  jésui- 
tes ,  porta  ses  mains  jiarricides  sur 
Henri  IV.  Cet  assassin  ayant  avoué 
qu'il  avoit  souvent  entendu  dire 
chez  ces  religieux  qu'il  étoit  permis 
de  tuer  un  prince  hérétique  ,  le  par- 
lement envoya  des  commissaires 
pour  faire  la  visite  de  leurs  papiers. 
On  trouva  dans  \\n  manuscrit  de 
Guiguard  ces  paroles  ,  écrites  de  sa 
propre  main  :  Ni  Henri  III ,  ni 
Henri  IV,  ni  la  reine  Elizabeth  , 
ni  le  roi  de  Suède ,  ni  l'électeur  de 
Saxe,  ne  sont  de  véritables  rois.... 
Henri  III  est  un  Sardanapale  ,  le 
Béarnois  un  renard ,  Elizabeth 
une  louve ,  le  roi  de  Suède  un  grij- 

fon ,  l'électeur  de  Saxe  un  porc 

Jacques  Clément  a  fait  un  acte  hé- 
roïque ,  inspiré  par  le  Saint-Es- 
prit    Si    on   peut  guerroyer  le 

Béarnais ,  qu'on  le  guerroie;  si  on 
ne  peut  le  guerroyer ,  qu'on  le  fasse 
mourir.  »  Il  est  bien  étrange  que 

T.    VIII. 


GUIG 


145 


Guiguard  n'eût  pas  brûlé  cet  écrit 
dans  le  moment  qu'il  appritlattentat 
de  Chàtel.  Les  troubles  avoient  en- 
fanté des  libelles;  et  une  curiosité 
indiscrète  ,  ou  un  reste  de  fanatisme 
les  conservoit.  Quoi  qu'il  en  soit ,  on 
arrêta  Guiguard;  on  travailla  avec 
chaleur  à  son  procès,  et  il  fut  con- 
flamné  à  être  pendu  et  brûlé.  Cette 
sentence  fut  exécutée  le  7  janvier 
159Ô.  Quand  il  lit  amende  honora- 
ble, il  ne  voulut  jamais  convenir 
qu'il  se  fût  rendu  coupable  envers  le 
roi  ;  il  s'excusoit,  en  disant  que  l'écrit 
pour  lequel  on  j'avoit  arrêté  étoit 
composé  avant  la  réduction  de  Paris 
et  avant  le  pardon  général  accordé 
parle  roi;  que  depuis  ce  pardon  ii 
avoit  toujourspenséqu'ilfalloil  prier 
Dieu  pour  lui ,  et  qu'il  ne  l'avoit  ja- 
mais oublié  au  Mémento  de  la  messe. 
Il  est  certain  qu'en  condamnant  ce 
jésuite  au  feu,  on  le  traita  bien  ri- 
goureusement :  mais  on  crut  qu'il 
lalloit  un  exemple  pour  intimider 
les  fanatiques  qui  auroient  pu  abu- 
ser de  la  doctrine  abominable  du  ré- 
gicide, trop  en  vogue  alors.  Voyez 
Chatel  ,  u°  IV. 

t  GUIGNES  (  Joseph  de  ) ,  né  à 
Poutoise  le  ig  octobre  1721  ,  mort 
à  Paris  en  1800  ,  étudia  les  langues 
orientales  sous  le  célèbre  Etienne 
Fourmonl,  et  fut  nommé  interprète 
du  roi  en  i  741  ,  et  membre  de  l'aca- 
démie des  belles-lettres  en  it.Sd.Dc 
Guignes  s'apjiliqua  particulièrement 
à  la  connoissance  des  caractères  chi- 
nois ;  en  les  comparant  avec  les  lan- 
gues anciennes,  il  crut  découvrir 
qu'ils  n'étnient  que  des  espèces  de 
monogrammes  formés  de  trois  lettres 
égyptiennes  ,  et  il  en  conclut  que  la 
Chine  avoit  d'abord  été  peuplée  par 
une  colonie  d'Egyptiens.  Avant  lui, 
Huet  ,  Kircher  et  iMoiran  l'a  voient 
pensé  de  même;  cependant  d'autres 
savans,  tels  que  Deshauteraies,  Paw, 
et  les  missionnaires  de  la  Chine  ont 
réfuté  celte  opinion.  De  Guignes 
jo 


î4r> 


GUIG 


a  travaille  poiidaiil  irente-cinq  ans 
tsLW  Journal  des  sauans;  il  a  enrichi 
cet  ouvrage  périodique  ,    ainsi    que 
les  Mémoires  de  l'académie  des  bel- 
les-lellres,   d'une  toule  d'articles  el 
d'ëci-its  remplis  d  érudition  ,  de  vnes 
neuves  ,  et  d'une  critique  judicieuse. 
Ce  fui  lui  qui  découvrit  les  poinçons 
el  matrices  de  caractères  orientaux, 
que  Savary  de  Brèves  ,  ambassadeur 
de  Henri  ÏV  à  Conslantinople ,  avoit 
apportés   en  France.   Ces  poinçons 
s'éloient   égarés   el    tellement  em- 
brouillés ,  qu'il  n'y  eul  que  de  Gui- 
gnes qui  put  les  reinetlre  en  ordre. 
Ces  caractères  olîrenlune  suite  arabe, 
turque,  persane,  syrienne,  armé- 
nienne ,  hélnaïque  el  cliinoise  ;  lui- 
même  apprit  aux  ouvriers   à  s'en 
servir.   Ce  savant  estimable,   sans 
fortune  comme  sans  ambition,  passa 
sa  vie  au  milieu  des  livres,  des  ma- 
iinscrits,   el   des  soins  de  l'amitié. 
Devenu  octogénaire  ,  la  révolution 
le   réduisit    presque   à  l'indigence  ; 
ruais    il    conserva     sa     tranquillité 
d'aine,  son  désinléressenient  et  son 
indépendance  ,   qui   ne  lui   permit 
d'accepter  aucun  secours.   Grosley, 
son  confrère  à  l'académie,  avec  le- 
quel il  avoit  peu  de  relation,  lui  fit 
cependant  un  legs  dans   son  lesla- 
nienl,  en  ces  termes  :  a  Edilié  de  la 
manière  dont  M.  de  Guignes  cultive 
les  lettres  ,  sans  forfanterie  ,  sans 
intrigue,  sans  préteiiîiou  à  la  for- 
tune ,  je  lègue  à  lui ,  ou  à  ses  enfans 
s'il  me  prédécédoil  ,  la   somme  de 
trois  mille  livres.  »  La  liste  de  ses 
écrits  esl  considérable.  Ou  lui  doit , 
I.  Abrégé    fie    la    Vie    cF Etienne 
Fourmont  ,   avec  la  notice   de   ses 
ouvrages,  Paris,  174?,  iïi-4"-   II- 
Hisioire  générale  des  Huns  ,  des 
Turcs ,  des  Mogols  el  des  autres 
Tartares  occidentaux ,  1736,  5  vol. 
in-4°.  Dans  cet  ouvragi^,  qui  coûta 
un  travail  prodigieux  à  sou  auteur  , 
el  dont  il  puisa  les  faits  dans  une 
foule  de  luaiiiiscrils  dont  il  apprit  la 
langue,  on    trouve  des   écluircissK- 


GUIG 

mens  utiles  sur  l'histoire  du  califat , 
el  sur  celle  des  croisades;  il  ne  lui 
manque  qu'un  {)pii  plus    de   style, 
de   goût  ,  de  critique  el   de  philo- 
sophie. La  langue  n'y  esl  pas  assez 
respectée  ;  ce  défaut ,  joint  à  l'assem- 
blage des  noms  barbares  qu'on  ren- 
contre à  chaque  jihrase  ,  en  rend  la 
leclure  tres-pénibie.  Un  peu  plus  de 
goût  auroil  rendu  les  tableaux  plus 
serrés  et  plus  frappans  ,  les  réponses 
plus  vives  el  plus  piquantes ,  cer- 
taines   expressions  orientales    plus 
énergiques.  Un  peu  plus  de  philoso- 
phie étoit  nécessaire  ,  pour  tirer  de 
ces  grands  événemens  quelques  ré- 
ilexions  profondes,  pour  rejeter  des 
failles  orientales,  pour  découvrir  des 
motifs  et  pour  discuter  certains  faits 
imporlans,    sur    lesquels   on   passe 
trop  légèrement.  Eiiiin  la   critique 
paroi t  la  partie  que  l'auteur  a  le  plus 
négligée.    Comme  d'Herbeiol  ,  il  a 
travaillé  sur  un  grand  nombre  de 
manuscrits  ;    comme    lui   ,     il    est 
tombé   dans    des    répétitions    fré- 
quenles  ,  el   quelquefois    dans    des 
contradictions.  111.  Mémoire,  dans 
lequel  on    prouve  que   les  Chinois 
sont  une  colouie  égyptienne,  )  769  , 
iu-12.  IV.  Le  C/iou-King,  1770, 
111-4°.   Le  père  Gaubil  a  publié    la 
traduction  de  ce  livre  sacré  des  Chi- 
nois ;  mais  de  Guignes  l'a  revue  et 
l'a  accompagnée  de   remarques    et 
d'uuenolice'del'Yking.  V.  \JJ  ri  mi- 
litaire des  Chinois,  in-4°.  Cet  ou- 
vrage ,   traduit  du    chinois  par  le 
père  Amiol,  a  de  même  été  corrigé 
par  de  Guignes.  'VI.  Fssai  histori- 
que sur  la  typograpliie  orientale 
et  grecque  ,     1787  ,  in -4°  :   écrit 
plein  de  recherches  et  d'anecdotes 
curieuses.  VU.  Principes  de  com- 
position  typogiaphique  ,  pour  di- 
riger  un  compositeur  dans  l'usage 
des    caractères    orientaux  ,     1790  , 
in-4°-  VUl.   Dans  les  Mémoires  de 
l'académie  des  inscriptions  ,   Kingt- 
n eu f  Mémoires ,  qui  ont  pour  objet 
lu  littérature  ,  U  pliiiosophie  el  la 


'      GlIIG 

navigaliou  des  Chinois  ,  le  momi- 
xiieiil  tle  Sigenf'ou  ,  le  lomlieaii  de 
Sardanapale,  les  croisades  ,  le  moyeu 
de  parvenir  à  la  lecture  et  à  l'-a- 
telligeave  des  hyéroglypli^s  égyp- 
tiens, etc.  IX.  Notices  d'ouvrages 
i!ri'.bas,  aussi  iuléressanles  que  Lien 
écrites,  insérées  dans  les  Notices 
des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
impériale. 

t  GUIGNON  (Jean-Pierre  ) ,  né  à 
Turin  le  lo  février  1702,  venu  de 
bonne  heure  s'établir  en  France,  fit 
des  progrès  si  rapides  sur  le  violon  , 
qu'il  devint  bientôt  lémule  du  fa- 
meux Le  Clerc.  Guignon,  du  con- 
cert spirituel  ,  où  il  setoil  acquis  la 
plus  .grande  réputation  ,  passa  ,  eu 

I  753  ,  à  la  inusi(jue  de  la  chapelle  du 
loj,  et  ensuite  à  celle  desachandjre. 
l.e  dauphin  et  luadaine  Adélaïde  , 
auxquels  il  donnoit  des  leçons,  lui 
firent'  obtenir  plusieurs  pensions. 
Depuis  la  mort  de  Claude  Dunia- 
îloir  il,  c'est-à-dire  ,  depius  quaraute 
ans  ,  itn'existoit  plus  de  roi  et  mai- 
Ire  des  mànestriersÇwi&ùiwùow  ri- 
dicule); Guignon  fut  nommé  le  i5 
juin  1741  pour  occuper  ce  trône 
vacant.  Les  professeurs  d'inslru- 
raens  servant  à  l'accompagnement 
des  voix  lui  intentèrent  un  procès 
qu'il  perdit  an  parlement ,  le  3o  mai 
1760  ,  ce  qui  le  décida  à  demander 
lui-même  la  suppression  de  ce  titre 
dérisoire.  Ilmonrul  à  Versailles,  en 
1774  ,  d'une  attaque  d'apoplexie.  Sa 
maison  fut ,  pendant  toute  sa  vie, 
une  école  publique  et  gratuite  ,  où  il 
forma  d'excelleus  élèves.  Guignon  a 
composé  des  Sonates  ei  des  Concer- 
tos fqrt  estimés. 

t  GUÏGUE,  cinqnième  général 
des  chartreux,  né  dans  le  ii"^  siècle 
au  château  de  Saint-Romain  enDau- 
pliiné,  don  il  avoit  pris  son  surnom  , 
succéda  vers  l'au  1 109  à  Jean  I*"^,  et 
gouverna  son  ordre  pendant  près  de 
trente  ans.  Il  écrivit  la  f^ie  de  sai/it 

II  ligue  s  ,  évèque  de  Grenoble,  «on 


GUIL 


47 


contemporain  :  ce  n'est  pas  le  plus 
célèbre  de  ses  ouvrages.  Guigne  rédi- 
gea aussi  les  coutumes  et  tes  statuts 
cie  son  ordre.  Cet  ouvrage ,  Tmprimé 
àBaleeii  lôjo,  in-folio,  réimprimé 
en  J7o3,  et  extrèmenient  rare,  a 
cinq  parties,  dont  la  cinquième, 
qui  renferme  les  privilèges  de  l'or- 
dre, manque  quelquefois.  11  est  inti- 
tulé Statu  ta  ordinis  Cait/msiensis. 
On  y  voit  que  la  vie  des  chartreux, 
quelque  austère  qu'elle  fïit  dans  le 
dernier  siècle  ,  l'avoit  encore  été  da- 
vantage. Comme  il  prouve  aussi  que 
les  chartreux  n'étoient  pas  ancien- 
nement exempts  de  l'ordinaire,  ils 
supprimoienl  tous  les  exemplaires 
qui  toiiiboientsousleursinains  ;  c'est 
ce  qui  rend  ce  livre  si  cher  et  si  peu 
commun.  Guigne  a  encore  composé 
des  Méditations ,  Munich,  j685, 
in- 12,  et  insérées  dans  la  Biblio- 
llièque  des  Pères.  Il  mourut  en 
1 107. 

GUIJON  (  Jacques  ) ,  avocat  au 
parlement  de  Dijon  ,  né  à  Autun 
en  i.i4iî,  mort  dans  la  même  ville 
en  1625,  cultiva  la  poésie  latine. 
"àt^Uluures  ont  été  recueillies  avec 
celles  de  ses  irci>.  frères ,  André 
Hugues  et  Jean,  par  de  La  I\îare  , 
conseiller  au  parlement  de  Dijon  , 
i6r>8,  111-4".  Son  frère  André  éloit 
mort  en  i65i  ,  Hugues  en  1622  , 
et  Jean  eu  i6o5.  On  estime  sa  Tra- 
duction en  vers  ktius  de  l'ouvrage 
de  Denys  de  Carax  (  voyez  D£NYS , 
11°  XV  ).  Elle  est  aussi  exacte  qu'unu 
version  en  vers  peut  l'être. 

t  GUILBERT  (Pierre),  clerc 
tonsuré  ,  ancien  précepteur  des  pa- 
ges du  roi,  publia  les  Mémoires  his- 
toriques et  chronologiques  de  Port-' 
Royal,  troisième  partie  de  1G68  à 
1752  ,  Utrecht,  1755,  7  vol.  in-i2; 
et  la  première  partie  du  même  ,  de- 
puis l'origine  jusqu'en  i653,  2  vol  , 
1758  :  la  deuxième  n'a  pas  été  im- 
primée C'est  un  ouvrage  tniuutieux, 


U8 


GUIL 


dans  lequel  cependant,  parmi  les 
clioses  intéressantes ,  noyées  dans 
un  amas  de  circonstances  inutiles, 
il  Y  ^  quelques  faits  bien  discutés. 
On  a  encore  de  lui  ,  I.  Jésus  au 
Caluaire ,  1701  ,  in-16.  II.  La  Tra- 
duction de  l'Amour  Pénitent  de 
Jean  Néercassel,  Utrecht ,  1741  ,  3 
vol.  in-12.  III.  Une  Description  de 
Fontainebleau,  i75i,  2  vol.  in- 
12.  Guilbert  mourut  le  20  octobre 
1769 ,  à  62  ans. 

t  GUILLAIN  (Simon),  sculp- 
teur, né  à  Paris,  où  il  est  mort  en 
i658,  âgé  de  77  ans,  y  établit  l'a- 
cadémie de  peinture  et  de  sculpture, 
dont  il  fut  directeur.  Conjointement 
avec  le  célèbre  Sarasin,  il  imagina 
de  former  une  réunion  composée 
des  meilleurs  artistes  du  temps  ,  dont 
les  lumières  et  les  réflexions  pour- 
roient  servir  au  progrès  des  arts. 
Les  assemblées  se  tinrent  d'abord 
dans  des  maisons  particulières  ;  mais 
l'illustre  Le  Brun  ,  à  son  retour  d'Ita- 
lie, obtint  des  lettres-patentes  et 
donna  ainsi  une  existence  réelle  à 
cette  académie,  qui,  depuis, a  comp- 
té autant  d'artistes  célèbres  que  de 
membres.  C'est  donc  à  Guillaiu  que 
les  arts  sont  redevables  de  cette 
belle  et  utile  institution.  Divers 
ouvrages  font  honneur  au  génie  de 
cet  artiste.  De  ce  nombre  sont  les 
Bas-reliefs  ei  les  Figures  en  bronze 
élevés  à  la  mémoire  de  Louis  XIII, 
qui  étoieut  autrefois  dans  l'angle 
du  Pontau-Change  (  la  statue  de  ce 
prince  est  de  la  plus  grande  beauté); 
les  Figures  des  niches  du  portail 
de  laSorbonne,  et  celles  qui  ornoienl 
le  maître-autel  des  minimes  de  la 
place  Royale,  et  que  l'on  voit  ac- 
tuellement au  Musée  des  monumens 
français  ;  enhn  la  représentation 
de  Louis  XJJI,  placée  sur  l'entrée 
de  la  porte  du  tribunal  de  commerce 
à  Paris. 

GUILLANDINO  (Melchior), 
médecin,  né  à  Kcenisberg  eu  Prusse, 


GUIL       • 

voyagea  en  Asie  et  en  Afrique  pour 
satisfaire  sa  curiosité,  et  se  per- 
fectionner dans  la  botanique.  Il 
fut  pris  dans  une  de  ses  courses  par 
des  pirates  ,  et  conduit  à  Alger,  où 
il  servit  sur  les  galères.  Ayant  ob- 
tenu sa  liberté  par  le  crédit  de  Fal- 
lope,  qui  paya  sa  rançon,  il  se  ren- 
dit à  Padoue  auprès  de  son  bien- 
faiteur ,  et  son  habileté  lui  procura 
la  place  de  démonstrateur  des  plan- 
tes. Il  mourut  dans  cette  ville  en 
1589,  extrêmement  âgé.  On  a  de 
lui  divers  ouvrages  ;  mais  il  est 
connu  principalement  par  un  in-4°  , 
imprimé  à  Venise  en  1572,  et  en- 
suite à  Ambergen  ,  i6i3,  sous  ce 
titre  :  Papyrus.  C'est  un  commen- 
taire ,  savant  et  plein  de  recherches  , 
des  trois  chapitres  de  Pline  sur  cette 
plante  d'Egypte  qui  fournissoit  la 
matière  du  papier  des  anciens. 
Kirchmayer ,  dans  sa  dissertation 
philosophique  De  papyro  veterum , 
imprimée  à  Wiltemberg  en  1666, 
n'a  fait  que  donner  un  extrait  de 
Guillandino.  Son  traité  De  stir- 
pium  aliquot  nominibus  vetustis 
ac  novis ,  Bàle,  1657,  in-4°  ,  est 
curieux. 

t  GUILLARD  (Charlotte), 
veuve  de  Rembolt,  et  ensuite  de 
Claude  Chevalon  ,  imprimeurs  , 
ayant  appris  du  premier  l'art  typo- 
graphique, s'y  perfectionna,  et  se 
rendit  célèbre  par  beaucoup  d'édi- 
tions très-recherchées.  Elle  com- 
mença à  imprimer  en  i538  ,  et  con- 
tinua jusqu'en  i555.  Plusieurs  as- 
sociés partagèrent  avec  elle  les  frais 
de  ses  grandes  entreprises.  Ces  asso- 
ciés sont  Jean  Roigny  ,  Guillaume 
Desbois,  Guillaume  Merlin,  Sébas- 
tien Nivelle,  Guillaume  Guillard  et 
Gervais  Chevalon.  Elle  donna,  en 
i54o  ,  une  édition  de  Corpus  juris 
civilis  ad  exemplar  haleandri , 
in-S" ,  7  vol.  Sept  ans  après  ,  elle  eu 
lit  une  seconde;  en  1646,  S.  Gre- 
goril  magni  opéra ,  in-fol. ,  3  voL 


GUIL 

En  1^54,  S.  C/irysostofui  opéra. 
Il  seroit  trop  long  de  citer  les  ou- 
vrages sortis  de  ses  presses  ,  tels 
que  toutes  les  (Euvres  de  saint  Au- 
gustin ,  le  Lexicon  ,  grec  et  latin  , 
la  Vulgate  ,  in-folio ,  etc.  ;  mais 
parmi  ses  éditions  ,  toutes  fort  esti- 
mées ,  on  distingue  sa  Bible  latine , 
avec  les  notes  de  Jean  Benedicti , 
et  un  S.  Grégoire  en  2  volumes  , 
tellement  correct ,  que  Yerrata  n'est 
que  de  trois  fautes. 

*  GUILLAUD(  Claude),  natif  de 
Beaujeu-sur-Saôue ,  près  de  Lyon  , 
docteur  de  la  faculté  de  Paris  ,  cha- 
noine et  théologal  d'Autun,  mort 
vers  l'an  1  &5o.  Ou  a  de  lui ,  I.  Com- 
mentaire  sur  les  Ei^angiles  selon 
S.  Matthieu  et  S.  Jean ,  Paris , 
i55o  et  i562.  II.  Conférence  sur 
les  Epures  de  S.  Paul  et  les  Epi- 
ires  canoniques  ,  Paris  ,  i544  et 
1548.  IIÏ.  Homélies  pour  le  ca- 
rême ,  Paris  ,  1 5 60.  Les  Conférences 
sur  les  Epi  1res  furent  condamnées 
eu  1545  par  la  faculté  dont  il  étoit 
membre.  Il  se  relira  en  Bourgogne, 
où  il  donna,  selon  le  témoignage  de 
Ja  même  faculté ,  des  marques  d'at- 
tachement à  la  saine  doctrine,  et 
de  haine  pour  l'erreur. 

+  L  GUILLAUME r^  le  Conqué- 
rant, fils  naturel  de  Robert  I,  duc  de 
Normandie,  et  d'Arleite,  HUe  d'un 
pelletier  de  Falaise  ,  né  dans  cette 
ville  en  i024,réguoil  paisiblement 
en  Normandie,  après  avoir  disputé 
son  héritage  avec  ses  pareus,  lors- 
que Edouard-le-Coufesseur,  roi  d  An- 
gleterre, l'appela  au  trône  par  son 
testament.  Il  passa  dans  cette  ile  en 
io66,avecune  flotte  nombreuse,  pour 
prendre  possession  de  son  royaume. 
Lorsque  toutes  les  troupes  furent 
débarquées,  il  ht  brûler  ses  vais- 
seaux, et  dit  à  son  armée,  en  lui 
montrant  l'Angleterre  :  «Voilà  voire 
patrie.»  En  même  tempsil  lii  chauler 
les  exploits  del\.euaud,de  Hlonlaubau, 


GUIL 


149 


et  de  Roland  sou  cousin ,  afin  d'a- 
nimer ses  soldais.  Cette  chanson 
étoit  un  coûte  romanesque,  qu'une 
quantité  de  voix  fortes  et  graves 
chanloient  avant  le  combat.  Cet 
usage  s'est  pratiqué  jusqu'à  la  bataille 
de  Poitiers  ,  où  le  roi  Jean  dit  à  ua 
soldat  qui  la  chantoit  pour  exciter 
ses  camarades,  «  11  y  a  long-temps 
qu'il  n'y  a  plus  de  Roland.  »  Le  .sol- 
dat lui  répondit  aussitôt  :  «  U  y  a 
tout  aussi  long -temps  qu'il  n'y  à 
plus  de  Charlemagne.  »  Les  Anglais 
avoieut  déféré  la  couronne  à  Harold, 
le  plus  grand  seigneur  du  pays,  qui 
tint  tète  à  Guillaume.  La  bataille  de 
Hastings  décida  du  sort  des  deux 
concurrens.  Harold  y  fut  tué  avec 
ses  deux  frères  ,  et  cinquanle  mille 
Anglais.  Le  vainqueur  fut  couronné 
soleunellement  à  Londres  ,  après 
quelques  autres  avantages  qui  lui 
méritèreut  le  surnom  (Vt;*:  onquerant. 
Guillaume  sut  gouverner  comme  il 
avoil  su  combattre.  Pliisiems  ré- 
voltes étouCées,  les  irruptions  des 
Danois  rendues  inutiles,  des  lois 
rigoureuses  durement  exécutées  , 
tels  furent  les  événemeus  principaux 
de  sou  règne.  Anciens  Bretons  , 
Danois,  Anglo-Saxous  ,  tous  furent 
confondus  dans  le  même  esclavage. 
Les  révoltes  continuelles  de  ses  sujets 
lui  firent  penser  qu'il  valoit  mieux 
les  gouverner  avec  l'épée  qu'avec  le 
sceptre.  Il  auéautit  leurs  privilè- 
ges, s'appropria  sans  aucun  scrupule 
leurs  biens,  ou  en  gratifia  ceux  qui 
avoieut  vaincu  avec  lui ,  leur  donna 
d'autres  lois,  et  même  une  aulre 
langue.  U  voulut  qu'on  plaidât  dans 
le  français  usité  en  Normandie  ; 
et  depuis  lui,  tous  les  actes  lurent 
expédiés  eu  celte  langue,  jusqu'à 
Edouard  lll.  C'éloit  uu  idiome  mêlé 
de  fiançais  et  de  danois.  Un  préiend 
qu'il  traita  la  nation  vaincu;-  avec 
mépris  et  dureté,  el  qu  il  afJtcioit 
encore  des  caprices  lyraniiiques. 
Ou  en  doune  poiirexemjile  la  loi  du 
Couvre-feu  ,  par  laquelle  il  falloit , 


i5o 


GUIL 


au  son  de  la  cloche  ,  e'teindre  le  feu 
dans  chaque  maison  à  huit  heures 
du  soir.  Mais  celle  loi  ,  hien  loin 
d'être  lyrannique,  n'esl  qu'im  an- 
cien reglemeni  de  police  établi  dans 
toutes  les  villes  du  nord  ;  il  a  élë 
long-temps  en  usage  dans  les  cloîtres. 
Les  maisons  ëloieiil  bâties  de  bois 
et  couvertes  en  cliaume;  et  la  crainte 
tin  t'en  ëloit  un  oljjet  des  phis  im- 
portans  de  la  police  générale.  Il 
lit  laire  le  dénombrement  des  biens 
de  tous  ses  sujets.  Toute  l'Angleterre 
fut  décrite  sur  deux  livres,  nom/uts 
le  petit  et  le  grand  livre  du  jour  du 
jugement.  Ces  registres  furent  placés 
dans  la  chambre  du  trésor  royal , 
pour  y  être  consultés  dans  les  oc- 
casions où  l'on  pourroit  en  avoir 
besoin,  c'esl-à-dire,  suivant  l'expres- 
sion de  Polidore  Virgile  ,  lorsqu'on 
voudroit  savoir  combien  de  laine  on 
pourroit  encore  ôter  aux  brebis  an- 
glaises. Il  est  constant  que  Guillaume 
lit  la  gloire  et  la  sûreté  de  l'Angle- 
terre par  ses  armes  et  par  ses  lois. 
11  divisa  le  royaume  en  baronnies  , 
et  malgré  les  murmures  du  pape, 
malgré  les  plaintes  du  clergé,  il  sou- 
mil  les  terres  ecclésiastiques  aux  lois 
féodales,  et  même  à  l'obligation  de 
fournir  unnomlire  de  troupes  au  sou- 
verain ,  sous  peine  d'encourir  la  félo- 
nie. Des  citadelles  furent  bâties  dans 
différensendroits;la  lourde  Londres, 
commencée  par  son  ordre  ,  fut  ache- 
vée en  1078.  Inconnus  ou  méprisés 
jusqu'alors  en  Europe,  les  Anglais 
commencèrent  à  y  jouer  un  grand 
rôle  par  leurs  lumières,  par  leur 
puissance,  par  leur  cotnmerce ,  et 
par  leurs  conquêtes.  Guillaume,  de- 
venu valétudinaire  ,  quitta  l'Angle- 
terre pcair  aller  faire  diète  en  Nor- 
mandie. Il  éloit  à  Rouen  ,  tâchant  de 
diminuer  par  les  remèdes  et  l'exerci- 
re  l'embonpoint  qui  l'incommodoit, 
lorsqu'il  apprit  que  Philippe  1 ,  roi  de 
France,  avoit  demandé  quand  il  re- 
levcroil  de  ses  couches.  Le  Normand 
lui    fit    répondre    «    que    cela    ne 


GUIL 

tarderoit  pas,  et  qu'au  jour  de  sa 
sortie,  il  iroit  lui  rendre  visite 
avec  dix  mille  lances  en  forme  de 
chandelles.»  En  effet,  dès  qu'il  put 
se  tenir  à  cheval  ,  il  désola  le  Vexin 
français,  et  brûla  Mantes  ;  vengeant 
ainsi,  par  des  exécutions  barbares, 
une  mauvaise  plaisanterie.  Il  vint 
jusqu'à  Paris,  ravageant  tout  sur 
son  passage;  mais  étant  tombé  de 
clieval  en  sautant  un  fossé  auprès 
de  Manies  ,  il  mourut  à  Rouen  de 
celte  chute  le  10  septembre  1087, 
après  avoir  possédé  la  Normandie 
près  de  cinquante-deux  ans ,  et  l'An- 
gleterre vingt-un,  regardé  comme 
lin  grand  capitaine,  un  bon  politique, 
un  roi  vigilant,  mai»  trop  sévère  et 
trop  desposte.  «Guillaume,  ditle  P. 
Longueval ,  éloit  d'une  fort  grande 
taille  et  fort  gros.  11  avoit  le  visage 
plein  et  rouge,  le  regard  farouche 
et  terrible,  sur-tout  lorsqu'il  étoit 
en  colore.  Quant  à  la  religion  , 
quoiqu'il  n'en  suivît  pas  toujours  les 
maximes  ,  il  l'honora  et  la  protégea 
toujours.  Il  étoit  grand  amateur  de 
la  justice  ,  et  il  en  faisoit  exactement 
observer  les  règles.  I!  punissoit  avec 
tant  de  sévérité  les  brigands  ,  qu'il 
les  extermina  de  ses  élals;  mais  il 
ai  moi  t  l'argent  pins  qu'il  ne  con- 
venoit  à  un  prince,  w  II  laissa  de 
Mathilde,  fille  du  comte  de  Flandre, 
Irois  fils  :  Robert,  qui  étoit  l'ainé  , 
eut  le  duché  de  Normandie  avec  le 
Maine:  Guillaume  eut  le  royaume 
d'Angleterre  ;  et  Henri  ,  le  plus 
jeune,  hénta  de  ses  trésors,  avec 
une  pension  considérable  ,  et  il  lui 
dit,  pour  le  consoler  de  ce  que  son 
lot  n'éloit  qu'en  argent ,  «  qu'il  au- 
roit  un  jour  les  états  de  ses  deux 
frères.  »  Guillaume  n'eut  pas  plutôt 
les  yeux  fermés  ,  que  tous  les  sei- 
gneurs de  sa  cour  disparurent.  Ses 
officiers  ne  pensèrent  qu'à  piller  sou 
palais.  Guillaume,  archevêque  de 
Rouen,  et  Helluin  de  Conteville  , 
furent  les  seuls  qui  s'occupèrent  des 
soins  de  sa  sépulture.  Son  corps  fut 


GUIL 

transporté  à  Caen,et  inhume  dans 
l'église  dn  monastère  de  Sl.-Etienne 
qu'il  avoil  fondé.  Voyez  Asselin  , 
11°  II.  Avant  sa  conquête  d'Angle- 
terre, onlesuruommoit  Guillaume- 
le-Bâtard ,  à  cause  du  défaut  de  sa 
naissance.  L'abbé  Prévost,  et  Bau- 
dot de  Juilly  ont  donné  chacun  une 
Histoire  de  ses  exploits. 

II.  GUILLAUME  II,  le  Eaux, 
fds  de  Guillanme-le-Conqnérant , 
dur  et  fier  comme  lui  ,  et  destiné 
par  son  père  à  régner  en  Angleterre, 
pour  raffermir  un  trône  chancelant, 
que  la  modération  et  la  clémence 
auroient  renversé  ,  fut  couronné  le 
27  seplemlire  1087.  En  recevant  le 
sceptre,  il  lit  beaucoup  de  promesses, 
et  n'en  tint  aucune.  La  religion  ,  qui 
adoucit  si  heureusement  les  mœurs 
les  plus  féroces  ,  n'éloit  pour  lui 
qu'un  fantôme.  Il  persécuta  le  clergé 
séculier  et  régulier  ,  exila  le  célèbre 
Lanfranc,  archevêque  de  Canlor- 
béry,  pour  avoir  osé  lui  faire  des 
renioulrances  ,  et  ne  traita  pas 
mieux  Anselme  ,  son  successeur.  Les 
avantages  qu'il  eut  à  la  gutrre  le 
mirent  en  état  d'appesantir  le  joug 
des  Anglais.  Il  vainquit  Malcolme  , 
roi  d'Ecosse  ,  et  le  tua  ainsi  que  son 
fils  Edouard  ;  il  passa  en  France  au 
secours  du  château  du  IMans  ,  assiégé 
parle  comte  de  La  Flèche,  et  le  fit 
prisonnier  en  j  ogc).  L'année  d'après, 
Guillaume  ,  chassant  dans  une  forêt 
de  Normandie  ,  y  fut  blessé  d'un 
coup  de  ilèche ,  tiré  sans  dessein  par 
Gautier  Tirel ,  l'un  de  ses  courtisans. 
Il  mourut  de  cette  blessure,  le  a  août 
1 100  ,  à  44  ans  ,  avec  la  réputaiioii 
d'un  tyran  avare.  11  n'avoil  point 
été  marié. 

m.  GUILTAUME  de  Nassau  , 
fondateur  des  Provinces  -  Unies. 
Voyez  Nassau  (  Maurice  de.  ) 

t  IV.  GUILLAUME  III  ,  de 
Nassau,  prince  d'Oiauge,  roi  d'Au- 


GUIL  i5i 

gleterre,  né  à  La  Haye  le  \/\  no- 
vembre iG5o  ,  de  Guillaume  de  Nas- 
sau ,  prince  d'Orange  ,  et  de  Hen- 
riette-Marie, tille  de  Charles  T',  roi 
d'Angleterre  ,  éloit  arrière-pelii- 
Kls  de  ce  Guillaume  ,  fondateur  de 
la  république  des  Provinces-Unies  ^ 
assassiné  jiar  le  perfide  Gérard. 
(  Voyez  ce  mol.  )  Élu  stathouder  en 
Hollande  l'an  1672,  il  fut  noinnié 
généial  des  iroupesde  la  république, 
alors  en  guerre  avec  Louis  XIV.  Ce 
prince,  dit  un  hislorien  célèbre, 
nourrissoit,  sous  le  flegme  hollan- 
dais ,  une  ardeur  d'ambilion  et  de 
gloire  ,  qui  éclata  toujours  depuis 
dans  sa  conduite,  sans  s'échapper 
jamais  dans  ses  discours.  Son  hu- 
meur étoit  froide  et  sévère  ,  son 
génie  actif  et  perçant.  Son  courage, 
qui  ne  se  rebutoit  jamais,  fit  sup- 
porter à  son  corps  ibible  et  languis- 
sant des  fatigues  au-dessus  de  ses 
forces.  Il  étoit  valeureux  sans  osten- 
tation ,  ambitieux  ,  mais  ennemi  du 
faste  ;  né  avec  une  oi)inialreté 
flegmatique  ,  faite  pour  coinballre 
l'adversité  ;  aimant  les  affaires  et  la 
guerre;  ne  connoissantniles  plaisirs 
attachés  à  la  grandeur,  ni  ceux  de 
l'humanité.  Teléloit  lepriuce  que  les 
Hollandais  opposèrent  à  Louis  XIV. 
La  république  craignoil  alors  beau- 
coup pour  sa  liberté.  Les  armées 
françaises  étoient  en  Hollande.  Gu'I- 
laume  ofl'rit  le  revenu  de  sis  charges 
et  tout  son  bien  pour  secourir  l'élal  : 
il  fil  percer  les  digues  ,  et  couvrir 
d'eau  les  chemins  ])ar  où  les  Français 
ponvoient  pénétrer  dans  le  l>ays  ; 
résolu  de  ne  pas  survivre  à  la  perle 
de  sa  patrie,  et  «  de  mourir,  disoit-il, 
dans  le  dernier  retranchement.  » 
Quand  le  danger  fut  passé  ,  il  ligua 
une  partie  des  puissancesde  l'Europe 
coulK;  eux.  Ses  négociations  promp- 
tes et  secrètes  réveillèrenl  de  leur 
assoupissement  l'empire,  le  conseil 
d  Kspagiie ,  le  gouverneur  de  Flan— 
die  ,  lélecleur  de  Brandebourg.  La 
C«m|)agne  de  1674  ue  (iil  pas  pour- 


l52 


GUIL 


tant  heureuse  pour  lui.  Il  fnthalUi  à 
Senel  par  le  pruice  de  Coudé  ,  après 
avoir  l'ait  des  prodiges  de  valeur  el 
de  prudence.   En  1677  il  fut  obligé 
de  lever  le  siège  de  Charleroi^  q\ril 
avoit    attaqué    une    première    fois 
quelques  années  auparavant.  C'est  à 
celte  oceasion  qu'un  seigneur  anglais 
dit  :  «  Le  prince  d'Orange  peut  se 
vanter  d'une  chose  :   c'est  qu'auciui 
général  à  son  ;ige  n'a  levé  tant  ds 
âiéges  et  perdu  tant  de  batailles,  m 
Les  succès    divers  de   cette  guerre 
anienèient  la  paix  de  Nimègue.  On 
venoit  de  signer  le  traité  du  loaoût 
1678.  Le  prince  d'Oi'ange  ,   sans  y 
avoir  ég.ird  ,  fond  sur  le  maréchal 
de  Luxembourg,  tranquille  dans  son 
quartier  ,   engage   un  combat  san- 
glant, long  et  opiniâtre  ,  qui  le  cou- 
vre de  honte  ,  sans  produire  aucun 
fruit  ,  que  la    mort  de  deux  mille 
Hollandais  el  d'autant  de  Français. 
Guilla;nne  savoit  certainement  que 
la  paix  étoit  signée,  ou  qu'elle  alloil 
l'être  :  il  savoil  que  cette  paix  étoit 
avantageuse  à  son  pays;  cependant 
il  exposa  sa  vie,  et  prodigua  celle 
de    plusieurs    milliers    d  hommes  , 
pour  prémices  d'une  paix  générale. 
Lorsqu'on  lui  reprocha  cette  infrac- 
tion, il  répondit  froidement  «qu'il 
ii'avoit  pu  se  refuser  cette  dernière 
leçon  de  son  métier.  »  Cette  paix  , 
entièrement  conclue  en   1678,   fut 
suivie  d'une  guerre  plus  glorieuse, 
mais   bien   plus  injuste.    Le  prince 
d'Orange  avoit  épousé  Marie  Sluarl, 
fdle  de  Jacques  11.  L'ardeur  du  zèle 
de  ce  monarque  pour  la  religion  ca- 
tholique irrita  ses  sujets  contre  lui. 
Son  gendre  ,  résolu  de  protiter  de  ce 
soulèvement ,  passa   en  Angleterre 
eu   1688,   chassa  son  beau-père  de 
son  palais  et  de  son  trône  ,  et  s'y  mil 
à  sa  place.   Reconnu  roi  par   toute 
l'Angleterre,  sous  le  titre  de  Guil- 
laume ,  il  ligua  une  partie  de  l'Eu- 
rope contre  Louis  XIV ,  pour  qu'il  ne 
pîit  pas  secourir  le  roi  détrôné.  L'Ir- 
lande tenoit  encore  pour   Jacques. 


GUIL 

Guillaume  passa  dans  cette  île  pour 
la  soumettre.  Le  lendemain  de  son 
débarqueraetit ,  son  aumônier  prêcha 
un  sermon  où  il  prit  pour  texte  ces 
paroles  de  saint  Paul  :  Verfidein  t  i- 
cerunt  régna.  An  sortir  de  l'église  , 
Guillaume  dit  :   «  Mon  chapelain  a 
fort  bien    ouvert    la    campagne.   » 
Comme    on   l'exhortoit  à    prendre 
quelque  repos  :  ce  Je  ne  suis  pas  venu 
en  Irlande  ,  répondil-il ,  pour  laisser 
croître  l'herbe   sous  mes  pieds.  Un 
royaume  où  le  fourrage  est  aussi  bon 
qu'en  Flandre  mérite  bien  qu'on  se 
balte  pour  le  conquérir.  »    Peu   de 
temps  après  il  gagna  la  bataille  de 
la  Boine  ,  en  1690  ,  qui  obligea  Jac- 
ques II  à  quitter  l'Irlande.  Dans  la 
chaleur  du  combat ,  Henri  Hubdar  , 
l'un  des  officiers  de  Guillaume,  en- 
tendant un  boulet  de  canon  siftler  à 
ses  oreilles,  plia  les  épaules  comme 
un  homme  qui  craint.  Le  roi  sourit, 
et  donnant  un  petit  coup  sur  l'épaule 
de  ce  gentilhomme  :   «   Courage  , 
monsieur  le  chevalier  ,  lui  dit-il,  je 
vous  crois  à  l'épreuve  du  canon.»  Les 
partisans  de  Jacques  ayant  remar- 
qué, durant  la  bataille,  l'endroit  où 
étoit  Guillaume,  traînèrent  vis-à- 
vis  de  lui  deux  pièces  de  campagne  , 
et  le  blessèrent  à  réi)aule  d'un  boulet 
de  six  livres.  Le  coup  effraya  tons 
ceux  qui  enlonroienl  le  prince  ;  lui 
seul ,  conservant  son  sang-froid  ,  se 
fit  panser  à  la  tète  de  ses  troupes  ,  et 
demeura  à  cheval  jusqu'il  ce  qu'il  eût 
gagné  la  bataille.  Après  l'action  ,  on 
demanda  à    quelques  Irlandais  qui 
avoient  été  faits  prisonniers  sous  les 
drapeaux   de  Jacques,  s'ils  éloient 
encore  tentés  d'en  venir  aux  mains 
«  Changeons  de  roi ,  répondirent-ils , 
nous  vous  livrons  demain  bataille, 
et  nous  sommes  assurés  de  vous  bat- 
tre. »  Cela  n'étoit  pas  si  certain  ;  car 
dans   les  années  suivantes  ,   Guil- 
laume fut  battu  à  Sleinkerque  el  à 
Nerwinde  ;  mais  ces   défaites  ne  le 
découragèrent  point.  On  disoit    de 
lui  «  qu'avec  de  grandes  armées  il 


.       GUIL 

faisoit     admirablemeut    la     petite 
guerre,  comme  Turemie  avoil  fait 
supérieurement  la   grande  a\ec  de 
petites  armées.  »  Il  Ht  des  retraites 
qui  valoieut  des  victoires,  prit  Na- 
nuir  eu  1695,  et  tint  tou|oiirs  la 
campagne  [voyez  Athlone  t'/Bou- 
FI.ERS  ,  \\°  111).  Louis  XIV  Tayaut 
recouuu  roi  d'Angleterre,  la  paix  fut 
rendue  à  l'Europe.  Le  traité  eu  fut 
signé  à  Ryswick  en  1697,  Le  testa- 
ment de  Charles  II,  roi  d'Espagne  , 
en  faveur  des  Bourbons,  ralluma  la 
guerre.  Le  roi  Guillaume  ,  plus  agis- 
sant que  jamais  dans  un  corps  sans 
force  et  presque  sans  vie  ,  remuoit 
toute  l'Europe  pour  donner  de  nou- 
veaux embarras  à  Louis  XIV.  Il  de- 
voit,  au  commencement  de  1702, 
se  mettre  à  la  tête  des  armées.  La 
mort  le  prévint  dans  ce  dessein  ;  une 
chute  de  cheval ,  suivie  d'une  petite 
fièvre,  l'emporta  le  16  mars  de  la 
même  année.  Guillaume,  en  usur- 
pant le  trône ,  conserva  la  place  de 
stathouder.  Il  se  déplaisoit  en  An- 
gleterre, où  il  essuyoit  continuelle- 
ment des  dégoûts.    On  le  ibrça  de 
renvoyer  sa  garde  hollandaise,  et  de 
congédier  les  régimens  formés    de 
réfugiés  français,  qu'il  s'étoit  atta- 
chés. 11  passoit  très-souvent  à   La 
Haye  ,  pour  se  consoler  des  chagrins 
qu'on   lui   donnoit  à  Londres    On 
a   dit  ,  pour  justifier  ses    fréquens 
voyages ,  «qu'il  n'étoit  que  stathou- 
der en  Angleterre,  et  qu'il  étoit  roi 
en  Hollande.»  Les  Anglais  cessèrent 
de   l'aimer  dès  qu'ils  l'eurent  pris 
pour  maître.   Ses  manières   étoienl 
fières,  austères,   rebutantes.   Quoi- 
qu'il sût  toutes  les  langues  de  l'Eu- 
rope, il  parloit  peu  et  sans  agrément. 
Sa  dissimulation  tenoit  trop  de   la 
défiance.   Toujours   sombre    et  rê- 
veur, il  avoit  plus  de  jugement  que 
d'imagination.  Malheureux  à  la  tète 
des  armées,   il  le  fut  autant  .sur  le 
trône.  11  y  montra  ime  grande  inap- 
plication ,    beaucoup    d'humeur    et 
très-peu  de  capacité.  Sa  haine  contre 


GUIL 


i53 


la  France  lui  tint  lieu  de  tous  les  ta- 
lens.  Elle  le  fit  l'ame  d'une  puis- 
sante ligue  ,  lui  attacha  tous  les  en- 
nemis de  Louis  XIV,  et  lui  donna 
tous  les  réfugiés  pour  panégyristes. 
Ses  flatteurs  ,   qui   étoient   presque 
tous  des  gens  de  lettres  ou  des  gens 
qui  croyoient  l'être,  lui  prodiguè- 
rent la  louange  ,  quoiqu'il  ne  mon- 
trât jamais  de  goût  pour  les  beaux- 
arts  ,  ni  d'estime  pour  ceux  qui  les 
cultivoient.  Elevé  dans  le  bruit  des 
armes,  son  oreille  ne  fut  sensible 
qu'à  l'harmonie  des  tambours  et  des 
trompettes.  N'étant  encore  que  sta- 
thouder ,  il  se  trouva  ,  dit  Duclos  ,  à 
la  représentation  d'un  opéra,  dont  le 
prologue  étoit  à  sa  louange.  «  Qu'on 
me  chasse  ce  coquin,  dit-il  en  par- 
lant de   son    auteur  ,  me  prend-il 
pour  le  roi  de  France?  »  en  faisant 
allusion  aux  prologues  où  Quinault 
prodiguoit  l'encens   à    Louis    XIV. 
Quouju'il  n'aimât  pas  ce  prince ,  il 
savoit  eu  imposer  à  ceux  qui  en  par- 
loient  indécemment  en  sa  présence. 
Un  jeune  milord  lui  disant  un  jour 
que  ce  qu'il  avoit  trouvé  de  plaisant 
à  la  cour  de  France  ,  c'est  que  «  le  roi 
eût  une  vieille  maîtresse  et  un  jeiuie 
ministre  (  Barbezieux.  )  —  Cela  doit 
vous  apprendre,  jeune  homme,  lui 
répondit  Guillaume  ,  qu'il   ne   fait 
usage  ni  de  l'une  ni  de  l'autre.  »  hv 
roi  d'Angleterre  n'étoit  point  traité 
avec  celte  équité  en  France.  La  cour 
ne  prit  point  le  deuil  à  sa  mort  ;  et 
Louis  XIV  délèndit  aux  Bouillons  et 
aux  La  Trémouille,  alliés  de  la  mai- 
son d'Orange  ,  de  le  porter.  Je  ne 
sais  où  Duclos  a  pris  que  la  haine  de 
ce   prince   pour  Guillaume    venoit 
de  ce  qu'il  avoit  refusé  d'épouser  une 
de  ses  filles  et  de  la  duchesse  de  I,a 
Vallière.  (  /^ciyec  un  portrait  détaillé 
de  Guillaume  ,  dans  le  tome  IV^  de 
l'Histoire  d'Angleterre  de  SmoUet, 
page  i8o,in-4°,  à  Londres,  1758.) 
Nous  citerons  aussi  quelques   trait» 
de  celui  qu'en  a  tracé  le  père  D'Avri- 
gny.  Le  fond  eu  est  vrai ,  quoique  les 


i54 


GUIL 


couleurs  en  soient  un  peu  sombres  ; 
mais  il  est  bon  d'opposer  quelquefois 
les  historiens callioliqiies  auxauteurs 
])rolestans  :  «Beaucoup  d'écrivains  , 
dit  le  célèbre  jésuite,  ont  pwirlé  de 
Guillaume  III  comme  de  lun  des 
plus  grands  capilames  de  son  siècle. 
Ils  dévoient  ajouter  ,  pour  le  peindre 
au  naturel,  qu'il  étoii  des  plus  mal- 
heureux. Larrey  peut  l'appeler  tant 
qu'il  lui  plaira  un  Alexandre,  nu 
Cyrus  ,  un  César  ;  ce  sont  des  noms 
qui  ne  coûtent  rien  ,  que  la  flatterie 
donne  ,  que  l'intérêt  ou  la  reconnois- 
sance  justiiie  ,  et  qui  ne  peuvent  im- 
poser qu'à  ceux  qui  ignorent  ce  qui 
s'est  passé  sous  nos  yeux.  l,es  An- 
glais n'étoient  pas  bien  persuadés 
que  sa  valeur  ei!it  fait  beaucoup 
d'honneur  à  Lur  nation.  Mais  il  ne 
pouvoit  manquer  de  panégyristes, 
ayant  eu  à  ses  gages  la  plupart  des 
réfugiés  de  France  ,  qui  ,  eunemis 
de  toute  autorité  légitime  ,  ont  pré- 
conisé jusqu'à  cette  excessive  ambi- 
tion qui  lui  lit  violer  ce  qu'il  y  a  ds 
plus  sacré  ,  et  fouler  aux  pieds  tons 
les  sentimens  de  la  nature.  C'est 
dans  son  usurpation  que  son  habi- 
leté si  vantée  a  sur-tout  éclaté.  Il  y 
lit  concourir  ,  non  seulement  les 
princes  proteslans ,  maisencore  ceux 
qui  affectent  le  plus  le  litre  de  catho- 
liques. Prenant  les  uns  par  l'intérêt 
(le  leur  secte,  attaquée  dans  la  pro- 
tection que  Jacques  II ,  son  beau- 
père  ,  donnoit  à  ceux  de  ses  sujets 
qui  éloient  de  sa  religion;  les  autres 
par  le  fantôme  de  la  puissance 
énorme  de  la  France;  il  sut  les  ame- 
ner tous  à  ses  vues,  et  les  faire  servir 
au  dessein  qu'il  avoit  de  changer  sa 
qualité  de  stalhoiuler  de  Hollande 
tn  celle  de  roi  de  la  Grande-Breta- 
gne. C'est  sans  doute  le  chef-d'œuvre 
de  sa  politique,  et  quiconque  suit  les 
principes  de  Machiavel  lui  doit  de 
grands  éloges.  »  Apres  les  avantages 
que  Marlborough  eut  dans  les  Pays- 
Bas  ,  en  1702,  il  fut  rninplinienlé 
par  les  députés  de  la  chambre  des 


GUIL 

communes,  qui  le  remercièrent  d'a- 
voir réparé  l'honneur  de  la  nation 
anglaise.  Pouvoit  on  dire  rien  de  plus 
injurieux  à  la  iuémoire  de  Guil- 
laume? 

V.  GUILLAUME  ,  roi  des  Ro- 
mains, comte  de  Hollande,  2''  de 
ce  nom,  étoit  fifs  de  Florent  IV, 
comte  de  Hollande,  et  de  Mathilde 
de  Brabant.  Le  pape  Innocent  IV 
et  les  Romains  ,  opposés  à  l'empe- 
reur Frédéric  II  ,  hrent  si  bien , 
(|u'après  la  mort  de  Henri  de  Thu- 
riuge  ,  roi  des  Romains,  lecomle 
Guillaume  lui  fut  subrogé  ,  par  l'é- 
lection des  sept  grands  officiers  de 
l'empire  ,  à  Veringen,  près  de  Co- 
logne ,  en  1247.  L'année  suivante, 
Guillaume  assiégea  Cologne,  la  prit 
après  6  mois  de  siège,  et  y  lut  cou- 
ronné le  jour  de  la  Toussaint  :  il 
avoit  alors  20  ans.  11  choisit  pour 
ses  ministres  Othon  ,  évêque  d'U- 
treclit ,  et  Henri,  duc  de  Brabant, 
son  oncle.  Après  la  mort  de  Fré- 
déric, arrivée  en  I  25o,  Hugues,  légat 
du  saint-siége  ,  le  confirma  dans  la 
possession  de  l'empire,  qu'on  con- 
tinua néanmoins  de  lui  disputer.  Il 
délit  les  Flamands  ,  et  lit  la  guerre 
aux  Frisons  occidentaux  ,  qui  s'é- 
toient  révoltés  contre  lui;  mais  celte 
guerre  lui  fut  fatale.  11  futassomraé, 
en  1256  ,  par  des  paysans  cachés 
dans  les  ^pseaux  d'un  marais  ,  où 
son  clieval  s'enfonça  dans  la  glace. 
Guillaume  étoit  âgé  de  28  aus.  Ses 
grandes  qualités  l'avoient  rendu  di- 
gne du  trône  ,  et  il  s'y  seroil  main- 
tenu avec  gloire  ,  s'il  n'a  voit  régné 
dans  un  temps  de  troubles  et  de 
discordes  suscitées  avant  lui.  11  avoit 
di  courage  ,  de  l'application  aux 
affaires  ,  de  la  jn^lice  ,  de  la  généro- 
sité, elle  désir  de  rendre  ses  peu- 
ples heureux.  Si  une  élection  illé- 
gitime le  lit  parvenir  à  .l'enn^ire  , 
ses  vertus  reconnues  par  les  princes 
allemands  lui  a.'>surèrent  cette  con- 
roune  après  la  mort  de  Courud.  U 


GUIL 

ne  lui  manqua  que  d'être  élu  dans 
des  ciiconsiances  plus  favoraljles  ; 
niais  irest  probable  qu'il  ne  l'auroit 
jamais  été,  si  lAUemague  eût  joui 
d'une  silualiou  plus  tranquille.  Les 
Frisons  le  irailèrenl  beaucoup  mieux 
après  sa  mort  qu'ils  ne  l'avoieut  fait 
de  sou  vivant:  ils  l'enlevrereut  ma- 
gnihquemeut  dans  un  ancien  tom- 
beau ,  élevé  dans  la  Frise  pour  un 
empereur  romain.  Guillaume  laissa 
un  tiis  ,  appelé  T Lurent ,  qui  succéda 
à  son  oncle  dans  le  comté  de  Hol- 
lande. 

VI.  GUILLAUME  de  Nassau  , 
prince  d'Orange.  Voyez  Gérard  , 
u"  V  ,  e^  Imbvse. 

'  tVn.  GUILLAUME(saiut), 
dnc  d'Aquitaine  ,  fils  du  comte 
Thierri  ,  commanda  les  armées 
de  Cliarlemagne  contre  les  Sarra- 
sins ,  les  chassa  d'Orange  ,  etrera- 
j)orta  sur  eux  des  victoires  décisives. 
11  lit  tleurir  ensuile  la  justice  et  les 
lettres  dans  sa  ])ro\  ince  ,  et  tinit 
par  se  retirer  dans  le  monastère 
de  Gellou,  diocèse  de  Lodève.  Après 
avoir  fait  un  trophée  de  ses  armes 
à  saint  Julien  de  Brioude  ,  il  prit 
l'habit  monastique  en  806  ,  et  mou- 
rut le  28  mai  8i:2.  Tandis  qu'il 
avoit  vécu  dans  le  monde  ,  il  a\uit 
su  soutenir  sou  rang  sans  fierté  ; 
il  sut  encore  mieux  l'oublier  dans 
le  cloître.  11  travailloit  à  la  boulan- 
gerie ,  et  faisoit  la  cuisine  à  son  tour. 

t  VIII.  GUILLAUME  IX  ,  der- 
nier des  ducs  de  Guienne  et  des 
comtes  de  Poitou  ,  lut  dans  sa  jeu- 
nesse abandonné  à  tous  les  vices. 
Sa  naissance  ,  son  pouvoir  ,  ses  ri- 
chesses, son  esprit  ,  sa  Ibrce  cor- 
porelle, touLsembloit  lui  piomeltre 
l'impunité.  Lorsque  1  antipape  Ana- 
clet  II  fut  opposé,  par  un  parti, 
au  pape  Innocent  II  en  1 1 3o  ,  Guil 
laume  se  déclara  contre  le  vrai 
pontife.  Innocent,  n'ayant  pu  le  ga- 
gner ,  lui  envoya  S.  Beruuid,  qui  se 


GLIL  io5 

rendit  auprès  de  lui  à  Parlhenay  en 
l'oilou,  et  qui  le  trouva  très-opiuiaire. 
Un  jour  que  le  duc  étoit  à  la  jjorte 
d'une  église  où  Bernard  disoil  la 
rness^e  ,  ce  dernier  viul  à  lui,  tenant 
en  main  une  hostie  ;  «  Voici ,  dit-il 
à  Guillaume  ,. votre  Dieu  et  votre 
juge  ,  oserez  -  vous  le  méjiriser  ?  » 
Le  duc  ,  ému  et  surpris  ,  reconnut 
Innocent  II,  fut  récoiicilé  à  l'Eglise, 
et  le  schisme  finit  dans  la  Giuenne. 
Etant  allé  en  pélermage  à  Saint- 
Jacques  en  Galice  ,  il  mourut  à 
Composlelie  en  1106  ,  laissant,  eu 
mourant ,  ses  états  au  roi  Louis-le- 
Gros  ,  avec  prières  de  marier  sa  fille 
unique,  Eléonore,  suivant  sa  condi- 
tion. Elle  épousa  Louis  Vil  ,  dit  le 
Jeune.  Voyez  ElÉonore  ,  u"  I. 

,  IX.  GUILLAUME  LoKGUE- 
EpÉe  ,  lils  et  successeur  de  Kollon  , 
premier  duc  de  Normandie  ,  ne  fui 
ni  moins  ferme  ni  moins  courageux 
que  son  père.  Les  Bretons  n'ayant 
pas  voulu  reconnoitre  sa  suzerai- 
neté, il  les  contraignit,  par  la  force 
des  armes  ,  à  hii  faire  hommage. 
Il  rendit  peu  de  temps  après  lui- 
même  un  semblable  devoir  an  roi 
Raoul ,  qui  a  jouta  à  son  duché  la  terre 
des  Bretons,  c"esl-à-fiire,rA  vranchin 
etleColeutin.  îliulfe,  comte  de  Co- 
lenlin,  ajaut  voulu  imiter  larévolte 
des  Bretons  ,  n'eut  pas  un  meilleur 
succès.  Guillaume  aida  Louis  d'Ou- 
tremer, l'an  906  ,  à  mon  ter  sur  le 
trône  à  la  place  de  Raoul.  U  lbr(,a 
ensuile  Arnould  ,  comte  de  Flan- 
dre ,  à  rendre  à  Hellnin  de  Mon- 
Ireuil  la  forteresse  qu'il  lui  avoit 
enlevée.  L'an  g42  ,  étant  allé,  loiis 
la  foi  du  serment,  a  Péqumy-sur- 
Somme  ,  pour  une  entrevue  que  ce 
comte  lui  avoit  demandée,  il  fut 
assassiné  par  les  gens  de  ce  dernier. 
Comme  on  le  déshabilloit  pour  vi- 
siter ses  plaies  ,  on  trouva  sur  lui 
mie  petite  clef  d'argent  qu'on  crut 
être  celle  de  son  trésor.  Sou  cham- 
bellau  dit  que  c'éloil  «.v  la  cltf  d'une 


i56 


GUIL 


cassette  où  ëtoit  l'habit  de  moine 
qu'il  avoit  résolu  de  prendre  à  Ju- 
miège  après  celle  malheureuse  con- 
férence. » 

i  X.  GUILLAUME  de  Malaval 
(sninl),  gentilhomme  français,  après 
avoir  mené  pendant  quelque  temps 
inie  vie  licencieuse ,  se  renferma  dans 
IVruntage  de  Malaval,  au  territoire 
de  Sienne  ,  y  fonda  les  guillemins 
ou  guillemiles  ,  et  y  mourut  le  lo 
février  iiSy.  On  croit  qu'il  fut  ca- 
nonisé vers  l'an  1202  par  Inno- 
oeul  II.  Sa  nouvelle  famille  s'étendit 
beaucoup  en  France,  en  Bohême  et 
t-n  Saxe.  —  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  St  Guillaume  ,  né 
de  parens  nobles  ,  à  Verceil  en  Pié- 
mont ,  et  fondateur  de  la  congréga- 
tion du  Mont- Vierge.  Il  institua  cet 
ordre  en  1119,  sur  une  montagne 
du  royaume  de  Naples  ,  appelée  le 
Mont-Virgilieii ,  à  cause  de  Vir- 
gile, et  qui  fut  nommé  ensuite  le 
Mont- Vierge ,  depuis  qu'il  eut  édifié 
une  église  en  l'honneur  de  la  Vierge. 
Les  premiers  compagnons  de  ses 
austérités  l'ayant  quitté  ,  il  se  retira 
à  Salerne  ,  où  il  fonda  un  monas- 
tère. Se  voyant  près  de  mourir  , 
il  fut  habiter  le  monastère  qu'il 
avoit  fait  bâtir  à  Golète, petite  ville 
vers  l'Apennin.  Il  y  mourut  le  20 
juin  1142.  Roger,  roi  de  Sicile, 
lavoit  a|)pelé  à  sa  cour,  et  avoit  fa- 
vorisé son  ordre  naissant. 

tXt.  GUILLAUME  (saint), 

de  la  maison  des  anciens  comtes  de 
Nevers,  d'abord  religieux  de  Gram- 
mont,  ensuite  de  Citeaux,  gouverua 
diverses  maisons  comme  prieur  ou 
comme  al)bé.  Elevé  sur  le  siège 
de  Bourges  en  1199  ,  il  tâcha  de 
déraciner  tous  les  abus,  et  gouverna 
celte  église  en  pasteur  des  premiers 
siècles  du  christianisme.  On  obii- 
geoit  alors  les  excommuniés  de 
payer  une  amende  quand  on  leur 
ilonnoil  l'absoluliou.    Le  molif  de 


GUIL 

celle  exaction  étoit  de  les  pre'server 
des  rechutes  ,  par  une  ci-ainle  pécu- 
niaire. Saint  Guillaume  demaudoit 
aux  excommuniés  la  caution  de  l'a- 
mende; et  pour  les  retenir  dans  le 
devoir  ,  il  les  menaçoit  souvent  de 
l'exiger,  et  ne  l'exigeoit  point.  Ja- 
mais il  ne  voulut,  malgré  l'usage  de 
son  siècle  ,  poursuivre  par  les  armes 
les  médians  que  la  crainle  des  cen- 
sures de  l'Eglise  ne  pou  voit  retenir; 
Il  mourut  le  10  janvier  1209.  Ses 
reliques  furent  brûlées  par  les  cal- 
vinistes en  1663  ,  et  ses  cendres  je- 
tées au  vent. 

XII.  GUILLAUME  d'Hirsatjge 

(  saint  )  ,  tiré  en  1069  de  l'ab- 
baye de  Saint -Emmeran  de  Ratis-* 
bonne,  pour  être  abbé  d'Hirsauge, 
fonda  un  grand  çombre  de  mo- 
nastères ,  fit  tleurir  dans  son  abbaye 
la  piété ,  la  science  et  les  arts ,  et 
mourut  eu  1091.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages  de  Philosophiu  et 
à'jlslroiwmic ,  Baie  ,  i55i  ,  in-4° , 
dont  le  mérite  esl  très-mince. 

XIII.  GUILLAUME    de   Tyr  , 

archevêque  de  cette  ville,  dressa  les 
actes  du  coucilede  Latrau,  prononça 
l'Oraison  funèbre  de  /'empereur 
Barberousse  quand  son  fils  Frédéric 
lui  fit  rendre  les  derniers  honneurs, 
et  vint  à  Rome  où  il  mourut  vers 
1 194.  On  a  de  lui,  en  02  livres,  une 
Histoire  des  croisades  qui  finit  à 
l'an  1184.  Son  style  est  simple  et 
naturel  ;  l'auteur  est  prudent,  judi- 
cieux, modeste,  et  savant  pour  le 
temps  où  il  écrivoit.  Celle  His- 
toire publiée  à  Baie  en  i549  »  i"- 
fol.,  se  trouve  dans  Gesla  Dei  per 
Francos,  de  Bongars.  Il  y  en  a  une 
continuation  jusqu'en  1  27.5,  que  l'on 
trouve  dans  Vyltnplissima  Collectio 
de  Martenne.  Jean  Hérold  en  avoit 
fait  une  deuxième  continuation  jus- 
(lu'eu  1^21  ,  qui  a  été  imprimée 
avec  l'histoire.  Baie,  i.')64,  iu-fol. 
Gabrid   du  Préau  l'a   traduite   en 


GUIL 

Français,  Paris,  i573,  in-fol.  —  Il 
ne  faut  pas  le  confondre  avec  un 
autre  Guillaume  ,  évèque  de  Tyr, 
mort  en  1129,  dont  il  nous  reste 
des  Epiires  à  Bernard ,  patriarclie 
d'Antioche. 

XIV.  GUILLAUME,  surnommé 
Calcidus,  moine  de  Jumiège,  vivoil 
dans  le  ii*^  siècle,  sous  Guilkuime- 
le  -  Conquérant.  On  a  de  lui  une 
Histoire  de  Normandie ,  divisée  en 
8  livres,  dans  le  recueil  deCanibden, 
i6o3,  et  dans  celui  deduChesue, 
1619,  tous  deux  in-fol.  Le  style  de 
cet  auteur  est  passable  pour  le  siècle 
où  il  vivoit;  mais  il  manque  de  cri- 
tique ,  défaut  commun  à  presque  tous 
les  anciens  écrivains. 

t  XV.  GUILLAUME-LE-BRE- 
TON,  ainsi  nommé  parce  qu  il  étoit 
de  Bretagne,  né  vers  l'an  1170, 
fut  chapelain  de  Philippe-Auguste, 
qu'il  accompagna  dans  ses  expédi- 
tions militaires,  et  dont  il  mérita 
l'estime.  II  lui  coriRa  l'éducation  de 
son  fils  naturel  ,  Pierre  -  Charles. 
L'instituteur  dédia  à  son  élève  un 
poëme  intitulé ATa/ZoZ/s,  qui  n'a  pas 
encore  été  publié.  On  a  de  lui ,  I.  Une 
Histoire Aq  ce  monarque  pour  servir 
de  suite  à  celle  de  son  médecin  nom- 
mé Rigord.  II.  Un  poëme  intitulé 
JPAilippide  ,  qui  est  une  gazette 
longue  et  rampante.  Ce  poëme  a 
deux  dédicaces  séparées  ,  l'une  à 
T^ouis, successeur  dePhiiippe;  l'autre 
encore  à  Pierre-Cliarles,  qui  mourut 
évèque  de  Noyon  en  1  2J19.  Ces  deux 
ouvrages  de  Guillaume-le-Breton, 
impriiflés  à  Zwickau  en  i6ri7,  iii-q", 
6t  dans  la  collection  des  Historiens 
de  France,  sont  utiles  pour  l'his- 
toire de  son  temps,  et  Ion  y  trouve 
des  faits  qu'on  chercheroit  V  ainement 
ailleurs. 

XVI.  GUILLAUME  d'Auxekke  , 
évèque  de  cette  ville ,  transféré  en- 
suite sur  le  siège  de  Paris  ,  et  mort 
eu  1325,  n'est  point  auteur^  comme 


GUIL 


157 


on  le  croit  communément  ,  d'une 
Somme  de  théologie ,  in-fol.  ,  1 5oo, 
qui  porte  le  nom  de  Guillaume 
d'Auxerre.  Le  Guillaume  ,  archi- 
diacre de  Beauvais,  auteur  de  celte 
Somme  vivoit  dans  le  même  ten!ps 
que  lui,  et  mourut  en  laSo,  après 
avoir  professé  avec  beaucoup  de  suc- 
cès la  théologie  à  Paris 

Xy  II.  GUILLAUME  d'Auxeiîre, 

dominicain,  mort  provincial  de  son 
ordre  eu  \  294,  que  loti  dit  avoir  élé 
égalemen  t  professeur  à  Paris ,  et  dont 
il  reste  parmi  les  manuscrits  de  Sor- 
bonue  quelques  Sermons.  Voyez  les 
Mémoires  de  littérature  du  P.  des 
Motets,  tome  III,  partie  2,  page 
5i7,  etc. 

t  XVIII .  G  U ILL  AUME  d' Au  vek  - 
GNE,  évèque  de  Paris,  gouverna  sa- 
gement cette  église,  fonda  des  mo- 
nastères, opéra  des  couverjions  par 
ses  Sermons,  fit  condamner  la  plu- 
ralité des  bénélices  par  les  plus  ha- 
biles théologiens  de  son  diocèse,  et 
mourut  eu  1248.  On  a  de  lui  des 
Sermons  et  des  Traités  sur  divers 
points  de  discipline  et  de  morale.  Le 
Féron  les  a  recueillis  et  publiés  en 
1674,  2  vol.  infol.  Les  J?ia/ogues 
des  sept  sacretnens  ,  les  Sermons 
durant  l'année,  et  plusieurs  autres 
Traités  qu'on  lui  attribue  dans  cette 
édition,  ne  sont  pas  de  lui.  Le  style 
de  ce  prélat  est  simple,  naturel ,  et 
bien  moins  barbare  que  celui  des 
scolasliques  de  son  temps.  Il  traite 
beaucoup  moins  de  questions  méta- 
physiques qu'eux ,  et  s'attache  sur- 
tout à  la  morale  et  à  la  discipline.  Il 
réfute  quelquefois  Aristole;  ce  qui 
n'étoit  pas  nue  petite  témérité  dans 
son  siècle.  U  savoit  très-bien  l'Ecri- 
ture et  les  écrivains  profanes;  mais 
il  avoit  peu  lu  les  Pères. 

XIX.  GUILLAUME  de  Saint- 
Amour.  F'oyez  Amour  ,  n°  Il 
(  saiut) 


i58  GL'IL 

XX.    GUILLAUME    de   Lind- 

wooDE,  i  uriscoiisiilte  anglais,  évèqiie 
de  Saint-David  ,  mort  en  i44*^,a 
laissé  im  recueil  desCo\isliUUiovis  de 
quatorze  archevêques  deCantorbéry, 
sons  ce  litre  :  Vrovinciale^seu  Coiis- 
lituùones  ^Ivgllœ  ,  Oxford,  jGSd, 
in-fol.  ;  mais  l'édilion  de  Londres, 
1679,  iu-ibl.,  est  plus  ample. 

XXL  GUILLAUME  de  Malmes- 
EURY  ,  bénëdiclin  anglais,  célèbre 
historien  du  12''*  siècle.  Henri  Savill 
iit  imprimer .  à  Londres  en  lôgb, 
iu-fol, ,  les  Ouvrages  de  cet  écri- 
vaiu.  Us  sont  estimés  ,  quoique  son 
style  soit  sans  01  iieraens. 

XXILGUILLAUMEDEVorxiLONG, 

fameux  théologien  scolaslique  du  1  f/* 
siècle  ,  de  l'ordre  des  frères  mineurs, 
mort  en  i464»  laissa  un  Commen- 
taire sur  F ieri-e  Lombard  ,  dit  le 
Maître  des  sentences ,  et  un  Abrégé 
des  quesliuns  de  théologie  ,  intitulé 
Vade  mecurii.  in-lol. 

XXIIL  GUILLAUr\IE  on  Char- 
tres, religieux  dominicain,  chape- 
lain de  saint  Louis,  mort  vers  le 
milieu  du  1 3*^  siècle  ,  a  continué 
YfJistoirc  de  ce  prince  ,  commencée 
par  Geofioy  de  Beaulicu.  Il  recueil- 
lit avec  faoai  tout  ce  qui  avoit  pu 
échapper  aux  recUercVies  de  celui-ci, 
et  l'ajouta  à  sou  ouvrage.  Cette  con- 
liuualiou  insérée  daus  le  5*  tome  de 
la  collection  de  du  ChéSile  ,  écrite 
d'un  style  guindé,  contient  cepen- 
dant des  faits  qui  mériloient  d'être 
conservés. 

XXIV.  GUnrj,AUME  jiE  Neu- 

BR1DGE.    P'oj.  t-tTI,î;. 

XXV.  GUILLAUME  de 
Nangis,  bénédictin  de  labbaye  de 
Saint-Deuys  en  France,  mort  vers 
1  3o2  ,  est  auteur  des  f^'/cs  de  saint 
Louis;  de  son  fils  Philippe-le- 
Jiardi ,  et  de  deux  C/noniques , 
dont  les  hislorieus  ecclésiastiques  et 


GUIL 

profanes  ont  fait  usage.  La  principale 
qui  est  écrite  clairement,  et  dont  le 
latin  est  passable,  s'éleiid  jusqu  en 
ir)Oi.0nla  trouve  dans  le  6'  volume 
de  la  collection  de  du  Chesnc.  Elleaeu 
i\iiu%  continuateurs  qui  l'ont  poussée, 
l'un  jusqu'en  i54<),  l'autre  jusqu'en 
i568.  Le  premier  paroit  homme 
d'esprit  ;  l'autre  est  un  moine  agreste 
et  grossier.  Sans  le  secours  de  ces 
deux  continuations  nous  n'aurions' 
presque  rien  de  sûr  touchant  les  évé- 
nemens  écoulés  daus  cet  espace  de 
temps.  Voyez  Melot. 

XXVI.GUILLAUME,néà.Conclies 
en  1080,  donna  des  leçons  de  gram- 
maire et  de  philosophie  à  Pans,  et 
mourut  au  milieu  du  1  2^  siècle.  On  a 
de  lui  un  ouvrage  intitulé  Fkiloso- 
p/iia  de  naluris,  i474>  2  v.  in-fol. , 
aussi  rare  qu'inutile.  Son  système 
est  celui  des  atomes. 

t  XXVn.  GUILLAUME  de  Pas- 
TRiNGO,  Véronais  ,  fut  employé  par 
les  l'Escale,  ses  souverains.  11  obtint 
de  Benoit  XII  leur  absolution  pour 
avoir  tué  l'évêque  de  Vérone,  et  une 
autre  fois  la  confirmation  de  la  sei- 
gneurie de  Parme.  Nou$  avons  de  lui 
un  livre  7J>e  originibus  reruni  , 
Venise,  1.547,  bien  moins  connu 
que  le  manuscrit  intitulé  De  viris 
il/ustiibus  :  c'est  une  espèce  de  Bi- 
i)liothèque  universelle  daus  la  i'* 
partie  ;  et  dans  la,  2",  un  Dictionnaire 
géographique.  Il  étoil  syndic  de  Vé- 
ioue  en  iSôy. 

iXXVIlI.  GUILLAUME  (le  frère), 
dominicain  ,iriortàCortoiieiyi  i557, 
à  C2  ans,  étoit  peintre  sur  verre, 
et  peignit  à  Uome  les  Vitraux  du 
Vatican,  et  de  Sainte-Marie  del 
Popoto^  Vasari ,  qui  fut  son  élève  , 
di  t  que  ces  peintures  sur  verre  étoient 
si  bien  exécutées  ,  qu'il  y  avoit  quel- 
que chose  de  divin  dans  les  belles 
expressions  des  figures  ,  et  sur-tout 
dans  celle  de  Jésus-Christ,  à  la  vitre 
où  est  représentée  la  Vocation  de 


GUIL 

saint  Matthieu.  Il  avoit  eu  pour 
maille  le  peiuUe  Claude.  Fuyez  ce 
110  ni. 

t  XXIX.  GUILLAUME  (Char- 
les), mort  à  Paris  le  S  dëcemlire 
1778  ,  se  lit  iibryire  dans  celte  ville  , 
et  a  publié  quelques  écrits  peu  re- 
iioruinés  ,  I.  La  Mer  des  /iistoires , 
Paris,  1753,  4  parties,  in-i  2.  11. 
Ktrennes  aux  dames,  3  748-  lH-  ^^- 
manac/i  Dauphin  ,  ou  I/is/aire 
abrégée  des  princes  qui  ont  porté  le 
nom  de  Dauphin,  Pans,  i75i  , 
in-S". 

t  XXX.  GUlLi.AUME  (  Jac- 
quelte)  est  auteur  d'iru  livre  iulilulé 
i.es  dames  illustres,  où,  par  bo:!ncs 
et  fortes  raisons,  il  se  prouve  que 
lesexejérrnin  surpasse,  en  toutes 
sortes  dcge.ires  ,  le  sexe  masculin, 
in-  12,  Pans,  167.'» ,  dédié  à  niade- 
inoiselle  d'Alençon.  C'est  un  fatras 
de  raisonnemeiis  en  vers  et  en  prose, 
mal  digérés  et  mal  conçus.  On  y 
trouve  cependant  le  portrait  pseu- 
donyme de  quelques  personnes  il- 
lustres de  son  sexe;  les  Conférences 
catholiques  de  la  reine  Christine  , 
pour  répondre  aux  objections  des 
ministres:  et  un  Eloge  de  mademoi- 
selle Schurman.  E!!j  cOiUpLi;  parin 
les  femmes  célèbres  la  duchesse 
d'Enguien,  les  marquises  de  Lenon- 
courl,  d'Harancourt,  de  Rosay,  la 
baronne  de  Changy,  la  vicomtesse 
d'Aiichy  de  Saint-Bal  mont ,  les  de- 
moiselles des  ArmoiNCS  ,  d'Orsagnes , 
des  Roches.  —  Une  auire  femme  ,  du 
même  nom,  Marie -Anne  Guil- 
laume ,  a  publié  à  Paris,  en  1668, 
un  Discours  sur  la  prééminence  des 
femmes  sur  la  hommes. 

*  XXXI.  GUILLAUME  de  la 
PouiLLE  a  laissé  un  Poë/nc  lutin 
en  cinq  livres  sur  les  guerres  des 
Normands  dans  la  Sicile  ,  la  Poniile 
et  la  Calabre  ,  jusqu'à  la  mort  cio 
Roberl  Guixard  ,  leur  prince,  au 
lils  duquel  il  a  adressé  son  ouvrage. 


GUIL  î5o 

II  le  composa  ,  à  la  sollicitation  du 
pape  Urbain  11 ,  entre  lesauiiées  uuSo 
et  1099;  il  lut  imprimé  pour  la 
première  fois  en  i582,  à  Rome, 
in-  j",  et  réim[)rimé  dans  les  Scriplo- 
res  reriini  Jtalicar.im  de  Muratori, 
loin.  V  :  il  est  meilleur  à  consulter 
comme  monument  historique  qi  e 
comme  modèle  de  poésie  ou  de 
latinité. 

*  XXXIL  GUILLAUME  ,  sur- 
nommé Feregrinus  ,  parce  qu'il 
SUIVI i  fi;.uslaTerrt  sainte  Richard  1 , 
;.i.  d  Angleterre  ,  a  célébré  en  vers 
latins  les  exploits  de  ce  prince. 
Leiand  le  nomme  Guillaume  de 
Canno  ,  et  Pils  lui  assigne  le  pre- 
mier rang  parmi  les  poeies  de  sou 
temps,  li  ne  paroit  pas  que  son  ou- 
vrage ait  jamais  été  imprimé,  et 
les  dilférens  biographes  qui  en  ont 
parlé  ne  disent  pas  où  se  trouve  le 
manuscrit. 

^  XXXIII.  GUILLAUME  be 
Hauteville,  surnommé  lier-à- 
(j/us  ,  tils  aine  de  Taiicrède d'Hau- 
leville  cl  de  lAlnrlella  ,  éloit  un  de 
ces  seigneurs  uoruiands  qui.  attirés 
de  la  province  de  France,  à  laquelle 
ils  donnèrent  leur  nom  ,  eu  Italie  et 
dans  le  pays  de  la  Pouille ,  par  un. 
nommé  Meno ,  furent,  après  une 
expédition  sans  succès  ,  dispersés  et 
eiitin  réunis  en  lo.ic)  ]>ar  le  duc  de 
lNa[tles  dans  la  ville  d'Averse  ,  qu'il 
venoit  de  construire.  Celle  colonie 
naissante,  qui  eut  pour  premier  ma- 
gistral le  comte  Rainoli'e,lburnit  une 
Iroupe  de  guerriers  à  l'expédition 
que  lempereur  de  Conslantinople 
lit  en  S;cile  contre  les  Sarrasins  qui 
depuis  long-temps  occnpoieiit  cette 
lie.  LesiSormaads  menoientravant- 
garde  ,  et  les  Sarrasins  de  Messine 
sentirent  leur  vale'jr.  Oaiis  une 
seconde  action ,  Guiiiaume  Ficr-a- 
bras ,  qui  commandoit  cette  avant- 
garde,  désarma  et  transperça  l'einir 
de  Syracuse,  et  mit  en  déroule  nue 


iGo 


GUIL 


armée  de  soixante-mille  Sarrasius. 
iVIaniaces,  qui  commandoit  en  chef 
cette  expédition  ,  s'y  déshonora  par 
sou  ingratitude  et  sa  tyrannie  dan» 
le  partage  du  butin.  Il  oublia  le 
mérite  de  ces  braves  auxiliaires , 
et  les  révolta  contre  eux  ;  ils  per- 
lèrent leurs  plaintes,  par  la  bouche 
d'un  interprète, et  loind'être  écoulé , 
celui-ci  fut  dédaigné  et  fustigé.  Les 
Normands  ,  indignés  ,  s'emparèrent 
delà  province  de  la  Fouille  en  io4o  , 
vingl-ans  après  leur  première  émi- 
gration. Bientôt  ils  formèrent  une 
cxrmée  de  60  mille  hommes  ,  et 
fondèrent  une  république  divisée  en 
douze  comtés,  dont  un  des  comtes 
fut  nommé  président  ou  général. 
Pour  occuper  cette  dignité,  qui  ne 
donnoil d'autre  avantage  que  la  pré- 
séance ,  on  choisit  Guillaume  Fier- 
à-bras  ,  qui,  au  milieu  de  ses  com- 
patriotes ,  accoutumés  aux  brigan- 
dages et  aux  violences  de  toutes 
espèces ,  montra  beaucoup  de  bra- 
voure et  de  fermeté  ,  et  même  quel- 
ques vertus  civiles.  Il  fui  ,  suivant 
uu  écrivain  du  temps  ,  un  lion  dans 
les  combats  ,  un  agneau  dans  la 
société ,  et  un  ange  dans  les  con- 
seils. Guillaume  mourut  vers  l'an 
1046  ,  et  Drogon  ,  son  frère  puîné  , 
lui  succéda  dans  la  présidence  de 
la  nouvelle  république  ;  il  montra 
autant  de  bravoure,  mais  il  ne  sut 
ou  ne  put  point  réprimer  la  vio- 
lence des  douze  comtes  qui  dévas^ 
loient  l'Italie.  Il  fut  assassiné  dans 
iine  église  en  io5i  ,  et  Hunilied 
ou  Homphrey  ,  troisième  fils  de 
Tancrede,  lui  succéda  ;  il  fut  à  son 
tour  remplacé,  en  io54  ,  par  un 
autre  frère  d'un  second  mariage  , 
qui  se  rendit  célèbre  sous  le  nom 
de  Robert  Guischard.  Voyez  Guis- 
t:iiARD ,  n°  I. 

*  XXXIV.  GUILLAUME  o«  Wil 
J>TAM,  architecte  allemand  ,  bâtit 
on  1774,  con)ointemeut  avec  Bo- 
luuino  et  Thomonaso  ,    sculpteur» 


GUIL 

pisans  ,  le  fameux  Clocher  ùq  Pise  , 
derrière  la  cathédrale  de  cette  ville. 
Ce  clocher  ,  entièrement  de  marfere, 
et  haut  de  deux  cent  cinquante  pal- 
mes ,  est  incliné  de  dix-sept  pal- 
mes hors  de  sou  aploml)  ,  par  la 
faute  des  architectes ,  qui  négligèrent 
de  bien  faire  piloter  le  terrain  sur 
lequel  il  devoil  s'élever.  L'édifice, à 
peine  à  moitié  de  sa  hauteur,  la 
partie  la  plus  foible  de  ce  terrain 
tléchit.  Pour  empêcher  la  tour  de 
tomber,  il  fallut  renforcer  avec  la 
plus  grande  diligence  les  fonda- 
tions de  ce  côté  ,  et  comme  la  cons- 
truction en  avoit  été  très-soignée, 
et  que  tontes  les  parties  étoient  par- 
faitement bien  jointes,  la  ligne  de 
direction  ne  sortit  point  de  la  base. 
Ce  clocher  excite  l'admiration  des 
voyageurs. 

XXXV.  GUILLAUME  de  Piure- 

MONDE.  ^OjeZ  RXJREMONDE. 

GUILLEBAUD.  Voyez  Pierre 
DE  Saint-Romuald. 

GUILLELME.  /^ojesGuiELME. 

*  GUILLEMAIN  (  C.  J.  ),  poète 
dramatique  à  Paris,  né  le  20  août 
1760  ,  mort  en  1800,  a  donné 
r)68  pièces  au  théâtre  ;  c'étoit  le 
Cervantes  des  Français  et  le  Vadé 
moderne  ;  il  savoit  onze  langues  : 
la  navigation  ,  l'astronomie,  la  géo- 
graphie et  l'histoire  lui  étoient  fami- 
lières ,  et  cependant  il  n'^  jamais  joui 
d'une  grande  célébrité.  Voici  le  titre 
de  quelques-unes  de  ses  pièces: 
V Enrôlement  supposé  ;  le  Nouveau 
parvenu  ;  Boni/ace  pointu  et  sa 
famille;  le  Mariage  de  Jeanut  et 
son  prologue;  Churchill  amoureux 
ou  la  jeunesse  de  Marlbo7-ough  ;  le 
Vannier  et  son  seigneur;  la  Rose 
et  l'Epine;  V Amour  et  Bacchus  au 
village  ;    les   Cent  écus ,  etc. 

I.  GUILLEMEAU  (Jacques),  na- 
tif d'Orléans ,  clùrurgieu  ordljiaire 


GUIL 

des  rois  Charles  IX  et  Henri  TV , 
un  des  plus  célèbres  disciples  d'Anti- 
broise  Paré ,  ])orta  dans  lélude  de 
la  chiriugie  un  esprit  cultivé  par 
les  belles- lettres.  Familier  avec  les 
langues  savantes,  il  lui  étoil  facile 
de  connoitre  les  ouvrages  des  anciens. 
Ces  guides  ,  aidés  de  celui  de  1  ex- 
périeiice  ,  en  firent  un  des  plus  lia- 
biles  hommes  de  son  temps.  Ses 
principaux  ouvrages  recueillis  à 
Koueu,  en  1649,  in-folio,  sont, 
I.  La  Chirurgie  d'ylmbroise  Paré , 
traduite  du  français  en  latin  avec 
autant  de  lidélité  que  d'élégance.  II. 
Des  Tables  anatomiqites ,  avec  figu- 
res. III.  Un  Traité  des  opérations, 
écrit  avec  beaucoup  de  précision  et 
de  justesse.  H  mourut  ù  Pans  eu 
i5i2  ,  dans  un  âge  avancé. 

*  II.  GUILLEMEAU  (  Charles  ) , 
fils  du  précédent,  né  à  Paris  ,  devint 
médecin  du  roi  après  y  avoir  pris 
le  bonnelde  docteur  en  i626,el  tnou- 
rut  le  21  novembre  i656  ,  à  1  âge  de 
68  ans.  Ce  médecin,  d'une  humeur 
irascible,  a  écrit  divers  ouvrages 
contre  plusieurs  membres  de  la  la- 
cullé  ,  dont  le  seul  tort ,  peut-être, 
éloit  d'avoir  raison.  Nous  ne  citerons 
point  les  pamphlets  qu'il  écrivit 
pour  assurer  à  la  faculté  de  Paris 
la  prééminence  sur  celle  de  Mont- 
pellier ,  et  pour  tourner  en  ridicule 
l'orateur  qui  avoil  voulu  défendre 
la  dernière.  Nous  nous  boruerons  a 
donner  les  titresde  deuxlraités,  qu'il 
a  écrit  sur  son  art,  et  qui  ne  sont 
pas  sans  mérite,  I.  Oslo?njologie,  ou 
]}iscours  des  os  et  des  muscles  ,  Pa- 
ris, 161Ô  ,  in -8°.  II.  ^'Jp/iurismes 
de  chirurgie,  Paris,  1622,  in- 12. 

GUILLEMETTE  ,  de  Bolième, 
fanatique  du  3  3*  siècle  ,  se  fil  dts 
sectateurs  par  son  hypocrisie.  Elle 
sut  si  bien  se  contrelaire  ,  qu'elle 
mourut  en  odeur  de  sainteté  fan 
128).  Ses  fourberies  ayant  été  dé- 
voilées après  sa  mort ,  on  déterra 
sou  corps  et  on  le  brûla.  Ses  disci- 

T.    VI II. 


GLIL 


\C)i 


plessoutenoient  qu'elle  éioil  le  Saint- 
Esprit  incarné  sous  le  sexe  féminin  ; 
qu'elle  néloit  morte  que  selon  la 
chair;  qu'elle  ressustiteroil  avant  le 
jugement  universel  ;  qu'elle  monte- 
roi  t  au  ciel  à  la  vue  de  ses  prosélytes  ; 
enfin ,  qu'elle  avoit  laissé  pour  sou 
vicaire  sur  la  terre  Maifrcda  ,  reli- 
gieuse de  l'ordre  des  humiliés.  Celle- 
ci  devoil  occuper,  à  Rome,  le  su^ge 
pontifical ,  en  chasser  les  cardinaux, 
et  leur  substituer  quatre  docteurs 
qui  feroient  quatre  nouveaux  évoU- 
giies. 

*GUILLEI\11N  (Nicolas),  méde- 
cin, né  à  Nanci  en  1755.  Après  y 
avoir  fait  avec  succès,  au  collège 
des  jésuites  ,  un  cours  complet  d'étu- 
des des  langues  anciennes,  de  belies- 
letties  et  de  philosophie ,  il  embrassa 
de  suite  l'étude  de  la  médecine ,  pour 
laquelle  il  avoit  une  vocation  décidée. 
Reçu  ensuite  docteur  à  Montpellier, 
il  pratiqua  son  art  à  Nanci  avec  le 
plus  grand  succès,  et  y  obtint,  en 
1770,  une  chaire  de  professeur  à  la 
faculté  de  médecine  ,  qu'il  remplit 
pendant  vingt  -  quatre  ans.  11  y 
mourut  en  1799.  O"  ^  '''^  ^^''  ♦^'^^ 
Thèses ,  des  Discours  et  des  Disser- 
tations, lia  laissé  en  outre  plusieurs 
manuscrits  sur  l'art  de  guérir,  entre 
autres  ,  un  Traité  de  matière  médi- 
cale. 

GUILLEMITES.  JToyez  Guil- 
laume ,  n°  X. 

*GUILLERAGUES  (N.  de)^.pre- 
mier  président  de  la  cour  des  aides 
de  Bordeaux  ,  sa  patrie  ,  ensuiltj 
secrétaire  de  la  chambre  et  du  cabi- 
net du  roi  (  Louis  XIV  ),  eut  pen- 
dant quelque  temps  la  direction  de 
la  Gazi-tte  de  France.  C'étoit  un 
homme  qui  joignoit  aux  qualités  so- 
lides un  caractère  aimable  : 

E.'îfrit  né  pour  Iti  cour  ,  et  maître  <-rr  l'ait  ilc 

]ilîiiie  , 
Qui  savojl  à  jimpos  ^^  pailcr  et  se  tnirc. 

Ce  sont  les  élogts  que  lui  donne  Eoi- 


îC2 


GUIL 


leaii ,  en  lui  adressant  sa  cinquième 
ppitre.  Le  roi  le  nomma  amljassadeur 
à  Constaiilinople,  où  il  se  rendit  en 
1679.  11  mourut  d'apoplexie  quel- 
ques années  après.  On  a  de  lui  une 
traductioii  des  Ijettres  crime  reli- 
gieuse jjorti/gaise  ,  in  -  1 2  (  3Ia- 
liane  jllcafaroda  ) ,  adressées  au 
tomle  de  Cliamilly ,  officier  fran- 
çais. Nous  ignorons  si  celte  traduc- 
tion est  celle  que  publia  Jubligny, 
qui  peu  t  bien  n'avoir  été  que  le  prèle- 
uoni  de  Guilleragues. 

GUILLEPvI,  nom  de  trois  frères 
d'une  maison  noble  de  Bretagne , 
qui ,  après  s'élre  signalés  dans  les 
<iuerres  de  la  Ligne,  se  firent  vo- 
leurs de  graml  chemin  lorsque  la 
paix  eut  été  rendue  à  la  France.  Ils 
firent  bâtir  une  forteresse  sur  le  clie- 
iriin  de  Bretagne  en  Poitou  pour 
leur  servir  de  retraite.  Us  laisoient 
«les  courses  jusqu'en  Normandie  et  à 
Lyon,  affichant  sur  les  arbres  de 
leur  route  ces  mots  en  gros  carac- 
tères :  «Paix  aux  gentilshommes, 
la  mort  aux  prévôts  et  aux  archers , 
et  la  bourse  aux  marchands.  »  Ou 
envoya  cinq  mille  hommes  pour  as- 
siéger la  forteresse  de  ces  brigands. 
Ou  la  foudroya  à  coups  de  canon,  et 
les  scélérats  qui  l'habitoieut  furent 
loinpus  en  1608. 

GUILLER;\I1N  (  Jeau-Baptiste  ) , 
sculpteur,  ué  à  Lyon  ,  vint  s'établir 
à  Paris,  et  s'y  distingua  par  la  dé- 
licatesse de  ses  ouvrages  en  ivoire  et 
en  coco.  Il  fit  ini  Crucifix  très-ad- 
miré  pour  le  chœur  du  Val-de- 
Grace ,  et  il  mourut  en  1 699. 

GUILLET  DE  Saint-Georoi: 
(  George  },  premier  iiisloriographe 
de  l'académie  de  peinture  et  de  sculp- 
ture à  Paris,  où  il  fut  reçu  eu  i  682, 
lié  à  Thiers  eu  Auvergne  ,  vers 
iGs5,  et  mort  à  Pans  le  G  avril 
1705,  à  80  ans,  se  lit  connoilre 
jiur  plusieurs  ouvrages  qu'il  donna 


GUIL 

sous  le  nom  de  son  frère  Guillet  cle 
La  Guilletiere.  1.  Histoire  de  Ma- 
honict  II,  2  vol.  in-12;  il  ne  rend 
pas  une  exacte  justice  à  ce  héros. 
l[.  La  Vie  de  Castracini,  in- 12, 
curieuse,  lit.  Les  ylrts  de  l' homme 
d'épce,  2  vol.  in-12,  IV.  Lacédé- 
nione  anciciiiie  et  moderne ,  in-i  2  , 
V.  Athènes  ancienne  et  nouurlle  , 
in-12.  Guillet  eut  de  grands  démê- 
lés avec  Spon  ,  sur  les  antiquités  de 
cette  ville.  Son  livre  offre  des  re- 
cherches curieuses. 

GUILLEVILLE  (Guillaume  de), 
bernardin  de  ral)baye  de  Chalis  , 
vivoit  encore  en  i558,  et  a  voit  alors 
65  ans.  Il  est  auteur  d'un  roman  en 
vers,  intitulé  Les  trois  pèlerina- 
ges, celui  de  la  Vie  humaine,  celui 
de  l'Ame  séparée  du  corps;  et  celui 
de  Jésus- Christ ,  à  Paris,  in-4''» 
sans  date  ;  mais  il  est  de  la  fin  du  14* 
siècle. 

t  GUILLIAUD  (Claude),  doc- 
teur de  la  maison  et  société  de  Sor- 
bonne,  né  à  Villefranche  en  Beaujo- 
lais, enseigna  l'Ecriture  sainte,  et 
devint  chanoine  et  théologal  d'Au- 
tun  ,  vers  le  milieu  du  16*  siècle. 
On  a  de  lui  ,  I.  Des  Commentaires 
sur  saint  Matthieu,  in-fol.  ;  sur  saint 
Jean,  et  sur  les  Epîtres  de  saint  Paul, 
in-b".  1!  est  court,  et,  sans  s'éloigner 
de  la  Vuigate,  il  marque  les  diffé- 
rences du  texte  grec,  et  tache  de  cop.- 
cilier  les  passages  qui  lui  semblent 
opposés  à  d'autres.  11  éclaircit  ce  qui 
a  rapport  aux  dogmes  de  l'Eglise.  Le 
père  Berthier  dit  que  ce  sont  deo 
chefs-d'œuvre  en  ce  genre.  II.  Des 
Homélies  pour  le  Carême. 

*  I  GUILLIELM  DE  Balaun  ou 
Balazun  ,  poète  provençal  que 
don  Vaissette  fait  fleurir  dans  le  12* 
siècle,  sous  Raimond  V,  qui  occupa 
le  comté  de  Toulouse  depuis  ii45 
jusqu'en  ii94-  Gn  fait  de  ce  poète 
uu  noble   thaslelain  du   pays    de 


GUIL 

Montpellier,  bien  amoureux  d'une 
dame  de  Joviac,  avec  laquelle  il  se 
brouilla  p.  r  pur  caprice.  Elle  v.e 
voulut  d'abord  le  voir  d'une  a;inée 
entière,  et  ensvnlc  lui  accorder  sa 
grâce  qu'à  condition  qu'il  sarra- 
cheroit  l'ongle  du  petit  doigt  ,  et 
qu'il  le  lui  a[)j>orlfroit  avec  une 
chanson  où  il  (^Xi)riineroil  son  re- 
pentir. On  se  doute  bien  que  de  se 
laire  lier  le  doigt  ,  arracîier  l'oiigle, 
soutenir  l'opëral  on  ,  sans  avoir  l'air 
de  sentir  la  douleur,  furent  la  suite 
de  cette  constance,  et  qu'à  la  vue 
du  sacrifice  et  de  la  clianson  ,  la 
dame  lui  pardonua,  en  lui  promet- 
tant à  son  tour  un  amour  éternel. 
Les  manuscrits  de  la  bibliothèque 
impériale  ne  contienuent  qu'une 
ChaiiHoii  de  ce  poète.  Elle  est  pré- 
cédée de  sa  vie. 

*  II.  GUILLIELM  DE  S.UNT- 
Leydier  ,  pccte  provençal ,  né  dans 
le  1.5'^  siècle  au  château  de  Vediac, 
dans  l'évèclié  du  Puy-Sainle-Marie, 
connu  par  quelques  Chansons  d'a- 
mour faites  à  l'imitation  de  celles 
de  ses  confrères  ,  n'a  pas  mis  en 
rimes  ,  comme  on  le  dit ,  les  Fables 
d'Esope  et  un  Traité  des  Songt-s  ; 
c'est  une  de  ces  méprises  si  com- 
munes chez  Nostraclamus ,  et  qui 
liialheureusemenl  ont  été  copiées 
dans  tous  les  ouvrages  sur  les  trou- 
badours. Comme  il  faut  toujours  ac- 
corder une  Iris  aux  poêles  méridio- 
îiaux,  le  même  Nostraclamus  s'est 
chargé  de  donner  à  Guillielin  ,  pour 
dame  de  ses  pensées ,  Adélaïde  de 
Claustra,  sœur  du  dauphin  d'Au- 
vergne ,  et  femme  du  vicomte  de 
Poliguac.  Les  manuscrits  de  la  bi- 
bliothèque impériale  contiennent 
douze  C'hansuiis  àa  ce  Guillielm  de 
Salut-Leydier.  Elles  sont  précédées 
de  sa  Vie. 

*  GUILLIM  (Jean),  l'un  des 
rouges -croix  poursuivans  d'armes 
d'Angleterre,  né  en  i.t65  ,  mort  en 
1622.  Il  passe  pour  auteux  d'mi  ce- 


GUîlN 


î63 


lèbre  ouvrage  iiisilulé  F.rpusilio/i- 
du  Blasun  ,  mais  qui  est  réelle- 
ment du  docteur  b'arkham. 

GUILLIM  AN  01/  Vv'['(j.i,j'MArNN- 

(  Frau(,ois  ) ,  du  canton  d:;  F;  ibourg, 
mort  vers  ilijb  ,  cékbre  en  Alle- 
magne, I.  Par  son  lisre  dr«  /'nii- 
qidlés  de  la  Suisse.  11.  Par  son 
Histoire  des  époques  de  .Stras- 
boiirg.  m.  Par  une  Histoire  des 
Comtes  de  Uapsbourg.  IV.  Par  des 
Poésies  latines.   —    f-'ojes  Mar- 

GUILLOT-GORJU  (Bertrand 
Harduin  de  St- Jacque.s  )  aban- 
donna l'élude  de  la  médecine,  et 
remplaça  Gaultier  Gargiulie  sur  le 
théâtre  de  la  foire.  Cette  profession 
lui  paroissant  avilissante,  il  alla 
exercer  la  médecine  à  Meluiiy  mais 
chassé  par  l'ennui,  il  vint  mourir 
à  Paris  en  1 6.(3  ,  à  5o  ans. 

GUIMENIUS.  ^cyezMoLA. 

G  LIMIER.  Fuyez  Guymier. 

t  GUIMOND  ou  GuiTMOND, 
bénédictin  ,  né  en  Normandie  , 
se  Ht  religieux  dans  le  monastère 
de  la  Croix  de  Saint-Leuiroi.  Pour 
se  délivrer  des  ennemis  que  son  mé- 
rite lui  avoil  laits,  il  demanda  la 
permission  à  son  abbé  de  se  retirer 
en  Italie.  L'abbé  ,  qui  avoit  peu 
de  lumières,  ne  connoissant  poait 
le  mérite  de  ce  religieux  ,  le  laissa 
partir.  Guimond  se  fit  bientôt 
connoitre.  Grégoire  VII  le  lit  car- 
dinal, et  Urbain  11  lui  donna  l'ar- 
chevêché dAverse.  On  lui  doit  un 
Traité  de  la  vérité  du  Corps  et  du 
Sang  de  Jésus- C/irist ,  contre  Bé- 
renger ,  qu'il  publia  vers  l'an  1070  , 
et  qui  fut  iaipriraé  avec  d'autres 
ouvrages  sur  le  même  sujet,  i56i  , 
Louvain,  iu-8°. 

"^  GUINIGI  (  Vincent  ) ,  jésuite  , 
bon  poète  latin  ,  né  à  Lucques  ,  llo- 
rissoit  vers  le  milieu  an  17''  siècle. 
On  a  de  lui,  1.  Vincenti.i  Guinisii , 


i64  GUIO 

soc.  Jesu  ,  oralio  i/i  pai'asceve 
habita  curam  Urbaiio  Vlll pon- 
tif.  max.  ,  Romaï  ,  1624.  II.  Allô- 
cutiones  gymnaslicœ  aiictœ  et  te- 
ce/isitce ,  Ant  verpiœ  ex  otRcinà  Flan- 
liuiaiià  ,  i638.  Il  ue  funt  pas  le  coii- 
foucire  avec  Viucent  G'Jtnîgi  ,  de  la 
même  lamiUc  ,  a;ir,si  jésuite  ,  qui 
précéda  le  célèbre  Cordara  dans  l'em- 
ploi d'hisloriographe  de  son  ordre, 
dont  les  essais  /listoriçues  res- 
tèrent uiannscrits  ,  et  qui  mouriu  à 
Rome  vers  1740. 

t  GUINTIEH  (  Jean  ) ,  né  en  1 487 
à  Andernach  ,  d'abord  médecin 
de  François  T'',  se  relira  à  Stras- 
bourg pour  se  dérober  aux  troubles 
de  religion;  il  y  professa  le  grec 
qu'il  avoit  déjà  enseigné  à  Louvain  , 
et  y  exerça  la  médecine.  11  fut  obligé 
de  renoncer  à  la  chaire  grecque  ,  et 
mourut  eu  1 574- C'est  Guuitier qui  a 
donné  le  nom  de  pancréas  au  corps 
glanduleux  attaché  au  péritoiue: 
qui  a  découvert  l'union  de  la  veine 
et  de  l'artère  spernialiques  ,  des  deux 
couduits  qui  répondent  de  la  ma- 
trice aux  mamelles.  lia  traduit  lieau- 
conp  d'écrits  de  Galieu  et  d'autres 
auteurs.  Il  a  aussi  donné  quelques 
Traités  latins  sur  la  Peste  ,  m-S"  ; 
sur  les  l'emmes  grosses  et  les  En- 
fans  ,  in-8"  ,  etc.  Ses  Traductions 
et  ses  autres  ouvrages  auroient  été 
plus  utiles,  sans  la  dureté  de  son 
style  ,  et  le  grand  nombre  d'ex- 
pressions barbares  qu'il  emploie. 
I,'empereur  Ferdurand  lui  donna 
des  lettres  de  noblesse  ,  sans  qu'il 
les  eût  demandées.  Antçine-Pros- 
per  Hérissant ,  imprimeur  à  Paris, 
a  publié,  en  1765  ,  iu-12,  l'Eloge 
liislorique  de  ce  médecin  ,  avec 
le  Catalogue  de  ses  ouvrages. 

GUION.  f-^ojez  GuvoN. 

t  GUIOT  i)F,  Provins,  moine 
bénédictin  dans  le  ïîi"  siccle,  com- 
posa un  roman  en  vers,  connu  sous 
le  iioui  dti  U  Uible-Guiot.  L'an- 


Gum 

teur  annonce  qu  il  l'appelle  Uihlc  , 
parce  que  son  ouvrage  ne  renferme 
que  des  vérités.  C  est  une  satire 
contre  les  mœurs  de  son  temps,  et 
sur-tout  contre  celles  des  seigneurs 
de  fiefs  et  du  clergé.  La  Bihle-Guiot 
est  restée  manuscrite;  on  en  trouve 
des  copies  dans  plusieurs  bibliothè- 
ques. Quelques  écrivains  pensent 
avec  raison  que  l'auteur  a  décrit  dans 
ses  vers  Vusage  de  la  boussole^  long- 
temps avant  la  naissance  de  Gioja  , 
a  qui  on  en  attribue  la  découverte. 
Voyez  Gioja. 

*  GUIRAUDET  (  Cbar!es-Phi- 
lippe-'i'oussainl),  député  en  1  78g  par 
la  ville  d'Alais  aux  états  généraux. 
Après  la  session  de  l'assemblée  natio- 
nale ,  il  fut  nommé  secrétaire  général 
an  ministère  de  la  marine,  et  ensuite 
d  n  ministère  des  relations  extérieures 
sons  Charles-la-Cioix;  eu  1800  pré- 
fet du  déparlement  de  la  Cote- 
d'Or,  et  mourut  à  Dijon  en  1804. 
Il  a  publié  les  ouvrages  suivans  : 
Erreurs  des  économistes  sur  l'im- 
j)dl ,  et  nouveau  mode  de  percep- 
tion qui  remédie  à  l'un  des  prin- 
cipaux pices  de  l'impôt  prétendu 
direct,  1790,  in -8";  Explication 
de  quelques  mots  importans  de  no- 
tre.langue  politique  ,  pour  servira 
la  théorie  de  nos  lois;  de  f In- 
fluence de  la  tyrannie  sur  la  mo- 
rale publique  ,  1790  ,  in-8°  ;  Doc- 
trine sur  l'impôt  ,  précédée  de 
quelques  Vues  sur  l'économie  po~ 
litique  en  général ,  i8oo_,  in-i8; 
Traduction  des  (Euvres  de  Machia- 
vel,  9  vol.  iii-8°;  De  la  famille 
considérée  comme  l'élément  des 
sociétés. 

GUIRLANDAIO  (  IJonùuique  ). 
Voyez  GiHBXANUENi. 

*GUlRSCHASn ,  ou  ,  comme  plu- 
sieurs hisiorieiis  l'appellent ,  Kiscil- 
TASi"  ,  fils  de  Zou  ,  roi  de  Perse, 
hérila  de  la  couronne  à  la  mort  de 
soa  père,  vers  l'an  1335  avant J.  C. 


GUIS 

C'eloit  un  prince  l'oiljle,  sans  mé- 
rite ,  sans  aucune  vertu  royale  Avec 
luiiinil  la  race  îles  premiers  rois  de 
Perse,  appelés  Pyschdadyens.  Jamais 
famille  n'eut  plus  de  ressemblance 
avec  celle  de  nos  premiers  rois. 
Comme  la  race  des  Mérovingiens, 
elle  se  conquit  un  royaume,  créa 
ses  lois  :  comme  elle,  ses  premiers 
membres  furent  tous  guerriers  •  elles 
comptèrent  l'une  et  l'autre  de  grands 
niouaT<|ues  parmi  eux.  Ces  <]v\\\ 
familles  s'alwlardirent  également  , 
après  une  période  assez  longue  de 
splendeur  :  l'indolence  ,  la  foiblcsse  , 
ledcrautd'éuergie,riueplieniénienes 
derniers  rois  de  chacune  préparèrent 
lentement  la  clnite  de  ces  races.  Le 
règne  de  Guirschasl)  fut  court  :  on  le 
fait  rapporter  au  temps  de  la  fonda- 
tion de  Rome.    - 

t  GUISAR  (Pierre),  né  à  la 
Salle  ,  dans  les  Cévennes,  d'un  nn'- 
decin  [)roleslant ,  embrassa  la  pro- 
fession de  son  père  :  mais  ne  pou- 
vant enseigner  dans  les  écoles  publi- 
rpics,  à  cause  du  calvinisme,  il  l'a- 
bandonna pour  la  religion  catho- 
licjue.  Cin'sar  vint  à  Pans  en  1742,  et 
s'y  fil  estimer  :  mais  l'amour  de  la 
patrie  le  rappela  à  Montpellier  ,  où 
il  fit  un  cours  gratr.it  et  p\iblic  de 
physique  expérimentale.  Ou  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages  estimés  ,  I.  Pra- 
iii/ue  de  c/nrurgie ,  ou  Tllslolre  n'es 
jilaies  ,  réimprimée  pour  la  troi- 
sième fois  en  1747  ,  en  2  vol.  in-i  2  , 
avec  de  nouvelles  observations  et 
im  recueil  de  thèses  de  l'auteur.  Cet 
ouvrage  contient  uiie  niélhode  sim- 
ple, courte  et  facile  pour  se  con- 
duire siiremeni.  dans  les  cas  les  plus 
difficiles.  11.  Lssai  sur  les  maladies 
vètiériemies  ^  iii-8°,  à  Avignon, 
sous  le  titre  de  La  Haye,  en  i7<4i. 
L'auteur  proscrit  les  méihodes  vio- 
lentes ,  et  en  propose  une  plus  do'.ice, 
plus  simple  ,  et  inlrnim.  iit  plus  as- 
surée. Il  mo-.nulà  ?\IonloeUier  le  i5 
eoptembre  1 74G ,  à  4^  ans. 


TxUIS  iGj 

GUISCARD.  f'uy.  KcurxLiE. 

t  r.  GUISCIlARDoz/GT-iscAini 
(  Robert),  duc  de  la  Ponille  et  de  la 
Calabre,  lils  de  Taucrède  de  Ilaute- 
ville  ,  seigneur  normand  ,  et  de 
Frausendis,  sa  seconde  Ttunne. Trois 
de  ses  i'ièrcs  ,  du  pfemier  lit,  qui 
étoient  passés  eu  Italie  et  dans  la 
Pouille  ,  avoient  mérité  l'honneur 
délie  les  cliefs  et  les  fondateurs 
d'une  république  dans  ce  pays.  {Vny. 

GUILI>\ITME     DE     HaUTEVTLÏ-E.     ) 

Encouragé  par  leur  exempk- ,  Cuis- 
chard  se  rendit  auprès  d'Hiinifred  , 
le  troisième  de  ses  frères  aînés  , 
comle  ^  la  Pouille  et  président  des 
douze  comtés  <pn  composoient  celte 
réiiublique.  I,e  courage  et  l'extrèuie 
ambition  de  Guiscliard  excitèrent  la 
jalouMo  d'Hunifred,  qui  ,  dans  une 
querelle  passagère,  menaça  sa  vie  el 
mit  des  entraves  à  sa  liberté.  A  la 
mort  d'Hunifred  ,  Guiscliard  ,  élevé 
sur  un  bouclier  ,  fut  proclamé  comte 
de  la  Pouille  et  général  de  cett&  ré- 
pidjlique.  Parvenu  à  ce  poste  émi- 
nent  ,  il  voulut ,  par  ses  caiiquètes  , 
accroitre  son  autorité  aux  dépens  de 
celle  des  comtes ,  ses  égaux.  11  acheva 
de  conquérir  ia  Calabre,  el  bientôt 
le  pape,  qui  l'avoit  excommunié  à 
cause  de  ses  rapines  et  de  ses  sacri- 
lèges ,  lui  accorda,  par  des  motifs 
poii'iijues  ,  l'absolution  et  le  titre 
de  duc  avec  l'investilure  pour  lui  et 
sa  postérité  de  la  Pouille  ,  de  la  Ca- 
labre et  de  toutes  les  terres  de  l'Italie 
el  de  la  Sicile  qu'il  eulèveroit  aux 
Grecs  schismaliquesel  aux  Sarrasins 
inFidcies.  Ses  soldats  raliSièrent,  avec 
des  acclamalions,  de  joie,  la  n«u- 
velle  autorité  de  leur  chef;  mais  les 
comtes  de  la  Pouille  ,  qui  avoient  été 
jusqu'alors  ses  égaux,  prononcèrent 
le  serment  de  fidélité  avec  l'indigna- 
tion dans  le  cœur.  Il  fut  alors  qualilié 
de  duc  de  la  Pouille,  de  la  C:dabre 
et  de  la  Sicile  par  la  grâce  de  Dieu. 
Pour  se  maintenir  dansces  titres  llat- 
tciirs  pour  la  vauitédansnneaulorilé 


iGG 


GUIS 


usurpée  dont  son  ambUion  étoit  si 
avide,  il  falUit  à  Gnischard  vingl 
années  de  travaux.  Le  parlement 
des  barons  s'opposa  quelquefois  à  ses 
desseins  :  les  douze  comtes,  ëlus  par 
le  peuy)!e  ,  conspirèrent  contre  lui: 
les  (ils  d'Hunirred  ,  qui!  avoil  exclus 
du  cominandement  et  réduits  à  une 
vie  privée  ,  réclamèrent  contre  la 
perfidie  de  leur  oncle  et  den):nidè- 
lenl  justice  et  vengeance.  Giis- 
chard  ,  en  condamnant  les  uns  à  la 
mort ,  les  autres  à  l'exil ,  termina  ces 
querelles  domestiques  ,  dans  les- 
quelles il  consuma  ses  années  et 
la  l'orce  de  la  nation.  Lorsau  il  eut 
inis  en  déroule  ses  ennemiPdu  de- 
hors ,  les  Grecs  ,  les  l.omljards  ,  les 
Snrasins  ,  ceux  -  ci  vinrent  se  ré- 
fugier, dans  les  villes  f'ortiliées  dp  la 
côte  de  la  mer.  Ils  occupèrent  no- 
tamment Buri  et  Salerne.  La  pre- 
mière de  ces  places  soiiliiit  nn  siège 
de  quatre  ans  ;  la  seconde  se  défendit 
pendant  huit  mois,  et  le  duc  nor- 
mand ,  q  li  se  montroit  le  premier 
dans  tous  les  dangers  ,  y  fut  blessé  à 
la  poitrine,  d'un  éclat  de  bois  d'une 
de  ses  macb.ines,  mise  en  pièces  par 
xiiic  qross^  pierre  lancée  de  la  place. 
Guiscbard  conquit  à  pen  près  lonles 
les  provinces  qui  forment  et  qui  ont 
formé  depuis  le  royaume  de  Naples, 
et  les  révolutions  de  huit  siècles 
n'ont  pas  séparé  les  contrées  réunies 
par  ses  armes.  Ver»  l'an  1060,  Gius- 
cliard  app.ila  auprès  de  lui  le  plr.s 
jeune  île  ses  frères  ,  Roger.  Ce  jeune 
hoiiiiue  ,  plein, d'audace  et  d'ambi- 
tion, quitta  la  Mni-mandie  pour  se 
r^idre  en  ilaiie,  et  fut  employé  à  la 
corupièle  de  la  Sicile,  qui  ,  entière- 
ment jmrgée  des  Sarrasins  qui  la  pos- 
séùoient  ,  revint  sous  la  |uridiction 
spinlnelle  du  l'-onlile  de  Rome.  Il 
fut  la  soncbe  d'une  dynastie  de  rois, 
et  son  lils  Roger  fut  I-  premier  roi 
de  Sicile  [l'oez  Rogi:u  ).  Guis- 
clnnl  eut  ,  d  une  i)reinière  femme  , 
lin  fils  appelé  Hnliémoiid  ;  il  divorça 
et  épou&a  uue  lilie  du  prince  de  Sa- 


GUIS 

lerne,  appelée  Gaita  ;  il  eu  eut  cioq 
filles.  I/une  d'elles  fut  fiancée,  en 
Ijas  âge  ,  à  Conslanlin  ,  fils  et  hé- 
ritier de  l'empereur  d'Orient ,  Mi- 
chel.. Mais  une  révolution  ébranla  le 
trône  de  Consiantinople.  La  famille 
royale  lut  envnrisonnée.  Guischard  , 
qui  s'intéressoil  au  sort  de  sa  fille 
et  à  celui  de  son  g(  ndre,  médita  des 
projets  de  vengeance  qui  s'accor- 
doient  avec  son  ambition.  Il  suscita 
iiti  imposteur  grec,  moine  défroqué, 
ou  domestique  ,  qui  avoit  servi  dans 
le  j>alais  de  Consiantinople,  et  qui 
se  disoit  l'empereur  Michel  et  père 
de  Constantin,  11  racontoit,  à  Sa- 
lerne ,  riiistoire  de  son  détrônement 
et  de  son  évasion.  Guiscliard  le  re- 
connut pour  tel ,  lui  donna  un  cor- 
tège et  les  litres  de  la  dignité  im- 
périale ,  et  le  lit  parcourir  en  triom- 
phe la  Fouille  et  la  Calabre.  Le  pape 
Grégoire  VII,  dupe  ou  complice  de 
celle  imposture,  exhorta  les  évèques 
à  concourir,  par  leurs  sermons,  et 
les  catholiques,par  le  secours  de  leurs 
bras ,  au  rétablissement  de  ce  pré- 
tendu prince.  L'adroit  Guischard 
voiiloit  donner  des  apparences  de 
justice  au  projet  qu'il  avoit  conçu  de 
conquérir  l'empire  d'Orient,  per- 
sifadé  qu'il  feroil ,  lorsqu'il  en  seroit 
temps  ,  rentrer,  d'un  seul  mot  ,  le 
faux  empereur  dans  l'état  obscur 
d'où  il  venoit  de  le  tirer.  Il  s'occupa, 
pendant  deux  années  ,  de  prépa- 
ratifs ;  il  leva  une  armée  de  terre  et 
de  mer  ,  composée  de  trente  mille 
liommes,  dont  le  rendez-vous  étoit 
à  Otrante.  Guischard  s'y  rendit  , 
accompagne  de  sa  femme  qui  com- 
battit à  ses  côtés,  de  son  fils  Bohé- 
mond  et  du  faux  empereur  Michel. 
Tandis  qu'il  commençoit  le  siège  de 
Uurazzo  ,  Bohémond  atlaquoit  et 
prenoit  Corfou  ,  et  les  iles  et  villes 
maritimes  qui  opposèrent  pen  de  ré- 
sistance. Mais  Guiscliard  ne  fut  pas 
aussi  heureux.  Une  tempête  affreuse 
dissipa  sa  Hotte,  brisa  une  partie  de 
ses  vaisseaux  j  ceux  qui  échappèreal 


GUIS 

à  la  tempèle  n"ëchap|)èrenl  point 
aux  armes  des  Vénitiens,  qui  étoient 
entrés  dans  le  parti  de  la  cour  de 
Constanlinople.  Une  sortie  de  la  gar- 
nison de  Durazzo  porta  le  carnage 
et  l'épouvante  au  milieu  du  camp 
de  Guischard  ;  une  maladie  conta- 
gieuse lui  enleva  cinq  cents  che%a- 
liers  normands  et  leursiiite.  Au 
milieu  de  ces  désastres,  Guischard 
fut  inébranlable.  Letnpereur  Alexis 
marcha  lui-même  au  secours  de  Du- 
razzo ,  avec  une  armée  de  soixanie- 
dix  mille  hommes.  Guischard  as- 
.«enibla  ses  officiers  et  leur  dit  : 
u  Vous  voyez  dans  quel  péril  vous 
êtes  ,  il  est  pressant  et  inévitable. 
Les  collines  sont  couvertes  de  guer- 
riers et  de  drapeaux,  et  IVmpereur 
des  Grecs  est  accoutumé  aux  guerres 
et  aux  triomphes.  Nous  ne  pouvons 
nous  sauver  que  par  l'obéissance  et 
l'union  ,  et  je  suis  prêt  à  céder  le 
commandement  à  un  général  plus 
habile.  »  Les  acclamations  de  son 
armée  attestèrent  l'estime  et  la  con- 
liance  qu'on  avoil  en  lui.  «Comp- 
tons sur  les  fruits  de  la  victoire  , 
ajouta-t-il ,  et  ne  laissons  aux  lâches 
aucun  moyen  d'échapper.  Je  suis 
d'avis  qu'on  brûle  les  vaisseaux  et 
les  bagages ,  et  que  nous  nous  battions 
sur  ce  terrain ,  comme  si  c'étoit  le 
lieu  de  notre  naissance  et  de  notre 
sépulture.  »  Enfin  ,  le  18  octobre 
1081  fut  donnée  la  bataille  de  Du- 
razzo ;  elle  fut  longue  et  meurtrière. 
Les  Normands  tombèrent  le  dos.  On 
voyoit  la  femme  de  Guischard  ,  cou- 
verte de  blessures  ,  rallier  ,  d'une 
foible  voix,  les  troupes  qui  fiiyoient; 
et  Guischard  ,  calme  au  milieu  de 
l'action  ,  crier  :  «  Où  fuyez-vous  ; 
l'ennemi  est  implacable  ;  la  mort  est 
moins  fâcheuse  qus  la  servitude.  » 
L'arm-ée  de  l'empereur  Alexis  fut 
mise  en  déroute  ,  et  l'imposteur  Mi- 
chel fut  tué  dans  le  combat.  L'année 
suivante  ,  au  mois  de  février  ,  Guis- 
chard prit  Durazzo  ,  pénétra  au 
«entre  de  l'Epire  ,  passa  les  pre- 


GUIS 


1G7 


mières  montagnes  de  la  Thcssalie  , 
s'approcha  de  l'hessalonique  et  lit 
trembler  Conslantinople. Guischard,  , 
forcé  d'abandonner  à  Bohémond  la 
conduite  de  son  armée  ,  retourna 
en  Italie,  où  l'appeloit  l'arrivée  de 
Henri  III,  empere\ir  d'Allemagne, 
que  l'empereur  d'Orient  avoit  attiré 
dans  ce  j^ays.  Henri  111,  qui  délestoit 
le  pape  Grégoire  Vill,  s'étoit  emparé 
de  Rome,  et  tenoit  le  pontife  i)lo- 
qué  dans  le  château  Saint -Ange. 
Guischard  nétoilpas  fort  attaché  ù 
Grégoire  ;  mais  ,  entraîné  par  ses 
sermens  et  sur-tout  par  son  intérêt, 
il  résolut  de  voler  an  secours  dti 
saint-ptre.  Il  rassembla  une  armée 
de  trente-six  mille  hommes.  A  sou 
approche ,  l'empereur  d'Allemagne, 
elfrayé  ,  quitta  cette  capitale  pour 
se  retirer  eu  Lombardie,  en  exhor- 
tant les  Romains  à  lui  rester  fidèles. 
Guischard  ,  favorisé  par  les  par- 
tisans du  J^ape ,  entra  dans  Rome. 
Cette  ville  fut  pillée,  incendiée,  les 
lieux  saints  furent  profanés  par  des 
vainqueurs  barbares  et  avides  de 
butin.  Ou  réduisit  eu  captivité  et 
on  égorgea  des  milliers  de  citoyens 
sous  les  yeux  du  pape  qui  alla  finir 
ses  jours  à  Saler-ue.  L'ambition  de 
Guischard  ne  lui  laissant  aucun  re- 
pos, il  tenta  une  seconde  expédition 
contre  l'empereur  d'Orient,et  débar- 
qua avec  vingt  fortes  galères  sur  la 
côte  de  l'Epirtj.  Trois  combats  furent 
livrés  sur  mer  ,  à  la  vue  de  Corfou  , 
et  ce  ne  fut  qu'an  dernier  que  les 
Normands  remportèrent  une  vic- 
toire complète  et  décisive.  Les  Grecs 
furent  dispersés  ,  et  treize  mille 
d'entre  eux  perdirent  la  vie.  L'hiAer 
suspendit  les  opérations  de  Guis- 
chard ;  mais  il  les  reprit  au  retour 
du  printemps.  II  se  proposoil  do 
prendre  Conslantinople.  11  avoil 
pénétré  dans  la  Grèce,  s'étoit  em- 
paré des  villes  de  l'Archipel,  lors- 
qu'un événement  imprévu  vint  dé- 
concerter ses  projets.  Une  maladie 
épidémi(jue  nivageoit  l'ile  de  CépUa- 


1^8 


GUIS 


loiiie  ;  Gii'isch»rcl ,  qui  s'y  trouvoit  , 
en  fut  attaqué,  et  y  mourut  le  17 
juillet  io85,  à  70  ans,  trop  lard 
pour  le  repos  et  le  bonheur  de  l'IlaHe 
et  de  la  Grèce.  Son  armée  co-nsteraée 
S8  retira  en  désordre  ,  et  la  galère  qui 
porloit  les  restes  de  Guiscluird  iil 
naufrage  sur  la  côte  d'Italie  ;  ils  fii- 
reit  déposés  dans  les  tombeaux  de 
Veuuse.  Il  eut  pour  successeur  dans 
îc  duché  de  la  Fouille,  son  fils  Roger 
(  l'ojez  Roger  ) ,  et  laissa  ses  con- 
quêtes à  Bohéinond  ,  qui  devint 
prince  d'Antioche.  Voici  ce  que  Gib- 
boa  dit  de  ce  conquérant  :  «  Il  avoit, 
inême  de  laveu  de  ses  ennemis  , 
toutes  les  qualités  d'\ui  capitaine  et 
d'un  homme  d'état.  Sa  stature  excé- 
doit  celle  des  hommes  les  plus  grands 
de  son  armée;  son  corps  avoit  les 
proportions  de  la  beauté  et  de  la 
grâce.  Au  déclin  de  sa  vie  ,  il  jouis- 
."~oit  encore  d'uno  santé  robuste,  et 
son  maintien  li'avoit  rien  perdu  de 
sa  noblesse.  Il  avoit  le  visage  ver- 
meil ,  de  larges  épaules  ,  ds  longs 
cheveux  et  une  loiigue  barbe  couleur 
de  lin,  des  yeux  très -vifs,  et  sa 
voix,  comme  celle  d'Achille,  ins- 
piroit  la  soumission  et  l'effroi  au 
milieu  dn  tumulte  des  batailles.... 
11  faisoit  tout  ù  la  fois,  et  avec  la 
même  dextérité,  nsage  de  son  épée, 
qii'il  tenoit  de  la  main  droite,  et  de 
sa  lance,  qu'il  tenoit  de  la  gauche... 
Son  ambition  ne  connoissoit  point 

de  bo!  nés Les  scrupules  de  la 

justice  ne  l'arrêtèrent  jamais....  Les 
émotions  de  l'humanité  le  touchèrent 
rarement.  » 

i-n.  GUISCHARD  (  Charles) ,  co- 
lonel au  service  du  roi  de  Prusse  , 
itianioit  également  bien  la  plume  et 
l'épée.  Cet  oflîcier ,  dont  le  noui 
militaire  étoit  Quiulus  Icilius  ,  ser- 
vit avec  distinction  dans  la  guerre 
lie  sept  ans,  et  pvolita  du  loisir  que 
la  paix  lui  laissoil  pour  mettre  au 
uel  ses  Mémulres  militaires  sur  les 
Grecs  et  les  Romains  ,  où  l'on  re- 


GUIS 

lève  les  erreurs  du  chevalier  Fol  lard, 
avec  la  Traduction  d'Ono-sander  et 
de  la  Tactique  d'Arrieu  ,  dont  la 
dernière  édition  est  de  Berlin  1774, 
4  vol.  in-S"  ,  ou  2  tomes,  un  vol. 
in-4°-  Quoiqu'il  y  ait  quelques  idées 
particulières  dans  cet  ouvrage  ,  et 
qu'il  déprime  trop  le  célèbre  Fol- 
lard  ,  on  ne  peut  qu'estinier  la 
sagacité  et  l'érudition  de  l'auteur  ; 
on  lui  doit  encore  Mémoires 
critiques  et  historiques  sur  plu- 
sieurs points  d'antiquités  mili- 
taires ^  Berlin  ,  1770,  iu-4''  ;  réim- 
primés à  Strasbourg,  1774,  4  "^'ol- 
in-S°.  Cet  ouvrage  est  une  réponse 
a  celui  du  chevalier  Lo-Looz  ,  inti- 
tulé Recherches  d'antiquités  mili- 
taires ,  avec  la  défense  du  clieva- 
lier  Foliard  ,  etc. ,  Paris,  1770,  in- 
4°.  Lo-Looz  répliqua  à  son  tour 
par  un  écrit  intitulé  Défense  du 
chevalier  Foliard  ,  e!  ., ,  opposée  aux 
Mémoirescritiquesde  M.  Guischard, 
Bouillon  ,   1778,  in-S". 

I.  GUISE,  ou  GUYSE  (Claude 
DE  LoRRAlXE  ,  duc  de  ) ,  cin- 
quième Hls  de  René  II  ,  duc  de  Lor- 
raine, et  de  Philippe  de  Gueldre  ,  sa 
seconde  femme.  Après  avoir  contes- 
té inutilement  la  succession  du  du- 
ché de  Lorraine  à  Antome  de  Vaude- 
nront ,  son  frère  aine,  il  vint  s'éta- 
blir en  France  ,  et  y  épousa  Antoi- 
nette de  Bourbon,  princesse  du  sang, 
le  18  avril  i5i3.  Sa  valeur,  son 
génie  hardi,  ses  grandes  qualités, 
et  la  faveur  du  cardinal  Jean  de 
Lorraine  son  frère  ,  cimentèrent  .sa 
jjuissance.  11  fonda  une  maison  qui 
lit  trembler  les  successeurs  légitimes 
.le  la  couronne.  C'est  en  sa  faveur 
que  le  comté  de  Guise  fut  érigé  en 
duché-pairie  au  mois  de  janvier 
1527.  Il  mourut  en  i35o  ,  après 
s'être  signale  en  plusieurs  occasions, 
et  sur-tout  à  la  bataille  de  Mari- 
gnan.  Il  nétoit  alors  âgé  que  de  22 
aus;  il  y  reçut  jîlus  de  vingt  bles- 
sures, et  auroit  péri  tres-cerlaine- 


GUÎS 

nieul  si  Adam  de  Nuremberg,  son 
écnyer  ,  ne  Im  cùl  sauvé  la  \  le  aii\ 
ticpens  de  la  sienne,  en  lui  Taisant 
lin  bouclier  de  son  corps.  Claude  de 
Guise  laissa  six  fils  et  quatre  filles, 
dont  l'amée  épousa  Jacques  Sluart 
V  ,  roi  d"Ecosse.  De  ses  six  fih ,  l'un 
l'ut,  1°  François  (  t^oy.  ci -dessous 
Gi'isE  ,  11°  11  )  :  2°  Charles  ,  cardi- 
nal (  i--oyez  Lorraine,  n°  1);  3° 
Claude  ,  duc  d'Autnale  ■  (  i'oy.  Au- 
MALK  )  ;  ii°  Louis  ,  cardinal  (  voj. 
ti-après,  au  n°  VI):  h"  François  , 
grand-prieur  et  général  des  galères  , 
mon  en  iô65;  6"  René  ,  marquis 
d'Elbœuf  {voj.Ei.\i(S.VT).  François 
de  Lorraine  ,  l'aine  de  tous  ,  eut 
trois  lils;  le  second,  Charles,  l'ut 
duc  de  Mayenne  {<-'oy.  Mayenne); 
le  troisième  ,  Louis  (  vor-  ci-après, 
11°  VI)  ;  L'ainé  éloil  Henri  ,  qui  est 
l'objet  de  l'arlicie  Guise  ,  ii°  III.) 
Parmi  les  fils  de  Henri  ,  deux  méri- 
tent une  place  dans  ce  Dictionnaire. 
I/un  fut  cardinal  (  vuj.  le  n'*  VI)  ; 
l'autre  éloit,  Cbaries  (  t'or.  Guise, 
n°  IV  ).  Le  fils  aiiié  de  Charles  l'ut 
Henri  ,  qui  mourut  sans  laisser  de 
postérité  (f^oj.  Gui.se  ,  n"  V).  Sou 
Irère  puinë  ,  nommé  Louis  ,  fut  duc 
de  Joyeuse,  et  mourut  en  1G.Î4, 
avant  son  frère;  mais  il  laissa  de  la 
hlle  du  duc  d'Aiigoideine  ,  qu'il  a\o;t 
épousée  ,  Louis-Joseph  de  Lorraine, 
duc  de  Guise,  mort  en  1671  :  son 
fils  unique  ,  François-Joseph  ,  mou- 
rut a  1  âge  de  r>  ans,  en  iG-ô.  Cette 
famille  subsiste  encore  dans  les  Ijran 
elles  collatérales  des  ducs  d'Elbœuf. 
Vvjez  Harcourt  ,  n°  II. 


i"  II.  GUISE  ou  GuY.SE  (François 
de  Lorraine  ,  duc  de  )  et  d'Aumale, 
fils  aine  de  Claude  de  Lorraine  ,  duc 
de  Gnise  ,  lié  au  château  de  Bar  le 
17  lévrier  1 5 1  g,  fui  appelé /e //a - 
lafré ,  à  cause  d'une  blessure  qu'i! 
reçut  au  siège  de  Boulogne  en  i5  |.t. 
Frappé  entre  le  nez  et  l'œil  dvoit 
par  une  lance,    tout  le  fer  ^  avec 


GUIS 


1^9 


un  tronçon  de  bois,  resta  dans  la 
plaie.  Ambroise  Paré,  fameux  chi- 
rurgien ,  fut  obligé  de  prendre  des 
tenailles  de  maréchal  pour  arracher 
ce  tronçon,  et  de  lui  mettre  le  pied 
sur  le  visage:  tous  le-s  spectateurs 
frémifsoienl, Guise  seul  parut  tran- 
quille, et  ces  mots  :  Ah  !  mon  Dieu, 
furent  les  seuls  qu'il  laissa  échapper 
pendant  cette  cruelle  opération.  Mal- 
gré l'heureux  succès  de  Paré  ,  les 
chirurgiens  désespérerentlong-tenips 
de  la  vie  de  Guise;  cependant  il 
guérit  si  bien  qu'il  ne  lui  resta 
qu'une  légère  cicatrice.  Son  courage 
se  montra  bientôt  d'une  manière 
éclatante  en  \ïr:)o  ,  à  Metz,  qu'il 
dél'eiidil  vaillamment  contre  Char- 
les-Quint ,  qui  fut  forcé  de  lever  le 
siège,  quoiqu'il  eût  imprudemment 
juré  d'y  périr  plutôt  que  de  l'aban- 
donner. Les  troupes  de  l'empereur  , 
engourdies  par  le  froid,  laissèrent 
plusieurs  soldats  après  elles  ;  le  duc 
de  Guise,  loin  de  les  faire  assom- 
mer, comme  faisoient  quelques  gé- 
néraux de  ces  temps  malheureux, 
les  reçut  avec  humanité.  Pendant 
le  siège  de  Metz,  un  officier  espa- 
gnol lui  écrivit  pour  lui  demander 
un  de  ses  esclaves  ,  sauvé  dans  la 
viUe  avec  un  cheval  de  prix  qu'il 
avoit  dérobé  ;  Guise  renvoya  le  che- 
val ,  après  l'avoir  payé  à  celui  chez 
qui  il  se  Irouvoii;  mais  quant  à 
l'esclave,  il  répondit  qu'il  ne  con- 
tribueioit  pas  à  remettre  dans  les 
fers  un  homme  devenu  libre  en 
nieitant  les  pieds  sur  les  terres  de 
F'rance.  «  Ce  seroit  ,  ajouta-t-il, 
violer  les  privilèges  de  ce  royaume, 
qui  consistent  à  rendre  la  liberté  à 
tous  ceux  qui  l'y  viennent  chercher.-» 
Autant  sa  valeur  avoit  paru  durant 
le  siège,  autant  sa  générosité  éclata- 
l-el!e  après.  Personne  ne  connois- 
soit  mieux  les  règles  de  l'honneur  , 
et  ne  savoit  mieux  réparer  une  of- 
fense. A  la  bataille  de  Renli ,  10 
août  1.05.!,  où  il  fit  des  prodiges  de 
valeur,  Saiul-Fal ,  uu  de  ses  lieu- 


170  GUIS 

teiians,  s'avaucanl  avec  trop  de  pre'- 
cii)ilalion,  il  l'arrêta  en  lui  donnant 
1)11  coup  d'épee  snr  le  casque.  On  lui 
dit,  après  la  bataille,  que  cet  olTi- 
cier  éloil  blessé  de  ce  Irailement: 
«  Monsieur  de  Saint-Fal  ,  lui  dit  le 
duc  ,  eu  présence  de  tous  les  oHi- 
ciers  ,  el  dans  la  lente  même  du 
roi ,  vous  êtes  offensé  du  coup  que 
je  vous  ai  donné  ,  parce  qne  vous 
avanciez  trop,  inais  il  vaut  inienx 
que  je  vous  l'aie  donné  pour  vous 
arrêter  que  pour  vous  laire  avancer. 
Ce  coup  est  plus  j^lorienx  qu'humi- 
liant pour  vous.  ■>■>  Alors  il  prit  pour 
juges  lous  les  capitaines  ,  qui  con- 
vinrent qu'un  coup  re(,u  pour  ar- 
rêter l'excès  d'ardeur  et  de  courage 
faisoit  plus  d'honneur  quo  de  lorl  ; 
et  Sainl-Fal  fut  satisfait...  Plusieurs 
autres  avantages  en  Flandre  et  en 
Italie  firent  proposer  à  quelqiies- 
inis  de  faire  le  duc  de  Guise  vice- 
roi  de  la  France;  mais  ce  titre  pa- 
roissant  trop  dangereux  dans  un  su- 
jet puissant  et  belliqueux  ,  on  sg 
contenta  de  lui  donner  celui  de 
lieutenant-général  des  armées  du 
roi  au  dedans  et  an  dehors.  Les 
malheurs  de  la  France  cessèrent  dès 
qu'il  fut  à  la  tête  des  troupes.  En 
huit  jours  il  prit  Calais  et  tout  son 
territoire,  au  milieu  de  l'hiver.  Il 
chassa  pour  toujours  de  cette  ville 
les  Anglais  qui  l'avoient  possédée 
deux  cent  dix  ans.  Cette  co.uquète  , 
suivie  de  celle  de  ThionviUe,  prise 
sur  les  Espagnols,  mit  le  duc  de 
Guise  au-dessus  de  tous  les  capitai- 
nes de  son  temps.  Il  prouva  que  le 
bonheur  ou  le  malheur  des  étals  dé- 
pend souvent  d'un  seul  homme. 
Maitrede  la  France  sous  Henri  11, 
dont  il  a  voit  épousé  la  sœur  ,  il  le 
fut  plus  encore  sous  François  II.  La 
conspiration  d'Amboise  ,  tramée  en 
i56o  par  les  protcslnns  ,  pour  le 
perdre  ,  ue  fil  qu'augmenter  son 
crédit.  Le  parlement  lui  donna  le 
litre  de  conservateur  de  la  pairie. 
Souauiorilé  éloil  lelle ,  «ju'il  recc- 


GUIS 

voit  assis  et  couvert ,  Antoine,  roi 
de  Navarre  ,  qui  se  tenoil  debout  et 
tête  nue.  Le  connétable  de  Mont- 
morency le  traitoit  de  Monseigneur 
et  se  disoit  son  très -humble  et 
très  obéissant  serviteur,  tandis  que 
Guise  lui  écrivoil  simplement  , 
Monsieur  le  connétable  ,  et  au  bas  , 
votre  bien  bon.  ami.  Apres  la  mort 
de  François  H  ,  cette  autonté  baissa, 
mais  sans  être  entièrement  abattue. 
D.  s-lors  se  formèrent  les  f.ictions 
des  Coudé  et  des  Guise.  iJu  côté 
de  ceux-ci  étoienl  le  connétable  de 
Montmorency  et  le  maréchal  de 
Saint-André  ;  de  l'autre  ,  étoient  les 
l'roiestaus  et  les  Coligni.  Le  duc 
de  G>Hse  ,  aussi  zélé  catholique 
qu'ennemi  des  protestans  ,  avoit  ré- 
folu  de  les  poursuivre  les  armes  à 
la  main.  Passant,  le  1^'  mars  1162 
auprès  de  Vassi ,  sur  les  frontières 
de  ia  Champagne,  il  trouva  des  cal- 
vinistes qui  chantoient  les  psaumes 
de  Marot  dans-  lîne  grange  ;  ses  do- 
mcsliqr.es  les  insuiièreyt  ;  on  en  vint 
aux  mains  ,  et  il  y  eut  près  de  Ro 
dp  ces  mal'neureux  tués  el  200  de 
blessés.  Cet  événement  imprévu  , 
q\ie  les  protestans  appellent  le  mas- 
sacre de  Vassi  ,  alluma  la  guerre 
civile  dans  tout  le  royaume.  Le  duc 
de  Guise  prit  Rouen,  liourges,  et 
gagna  la  bataille  de  Dreux  le  19  dé^- 
cembre  i562.  Le  soir  de  celle  glo- 
rieuse journée  il  s'enferme  sans 
déiiance  dans  la  même  tente  avec 
le  prince  de  Coudé  ,  il  partage  avec 
lui  son  lit ,  et  dort  d'un  profond 
sommeil  à  côté  de  son  rival,  dans 
lequel  il  ne  voyoit  plus,  après  la 
victoire  qu'un  parent  et  un  ami.  Le 
duc  de  Guise  fut  alors  au  comble  de 
sa  gloire.  Vainqueur  par-tout  où  il 
s'éloit  trouvé,  il  étoit  l'idole  des 
catholiques  ,  elle  mailre  de  la  cour  ; 
affable ,  généreux  ,  et  eu  tous  sens 
le  premier  homme  de  l'état.  Il  se 
prépavoit  à  assiéger  Orléans,  le  cen- 
tre delà  faction  protestante,  et  leur 
place  d'armes,  lors(iu'il fui  lue  d'un 


^  GUIS 

roup  fie  pistolet, le  24  février  lâGo, 
par  Poltrol  de  Méré  ,  geulillionime 
iuigr.eiiot.  Les  cah  iiustes,  qui,  sous 
Henri  II  et  François  H,  u'avoient 
su  que  prier  et  souffrir  ce  qu'ils 
appeloient  le  ir.arlyre,  éloient  de- 
\ei)us,  du  un  historien  ,  des  enl'.iou- 
sinsles  furieux  ;  ils  ne  li'^oiem  plus 
l'Dcrilure  que  pour  y  chercher  des 
e!<euii)les  d'assassinats.  Pollrot  se 
crut  un  Aod,  envoyé  de  Dieu  pour 
hier  un  chef  ph.ilistin.  Le  parti,  aussi 
fanatique  que  lui  ,  fil  des  vers  à  son 
lionneur  ;  et  il  reste  encore  des  es- 
tampes avec  des  inscriptions  ,  qui 
élèvent  son  meurtre  jrsqu'au  ciel, 
quoique  ce  ne  fût  que  le  crime, d'un 
furieux  ,  aussi  lâche  qu'imbccille... 
Vnlincourt  a  e'crit  sa  Vie,  in-:  2. 
Il  parut  en  1576  une  satire  sanglante 
contre  lui ,  le  cardinal  son  frère  ,  et 
les  autres  Guise  ,  sous  le  titre  de 
Légende  de  Charles,  cardinal  de 
1-orraine,  etc.,  par  François  de  flslc, 
in-8".  On  la  trouve  dans  le  tome 
VI  des  Mémoires  de  Coudé,  in-/^". 
I-e  nom  de  l'auteur  est  supposé  ;  on 
la  croit  de  Régnier  de  La  Planche. 
La  vie  de  ce  grand  homme  est  plei- 
ne de  traits  qui  attestent  une  ame 
forte  et  ningnanime.  Un  jour  qu'il 
Tisiloit  sou  camp  ,  le  baron  de  Lu- 
nebourg,  un  des  principaux  chefs 
desreistres,  trouva  mauvais  qu'il 
voulut  examiner  sa  troupe,  et  s'em- 
porta jusqu'à  lui  présenter  le  bout 
de  son  pistolet;  le  duc  de  Guise 
lira  froidement  Tépée  ,  éloigna  le 
pistolet  et  le  lit  tomber.  Montpezat, 
lieutenant  des  gardes  de  ce  pr;nce  , 
choqué  de  l'insolence  de  l'officier 
allemand  ,  alloit  lui  ôtcr  la  .vie  , 
lorsque  Guise  iWi  crie  :  «  Arrêtez, 
Montpezat ,  vous  ne  saVez  pas  mieux 
tuer  un  homme  que  moi  ;  et  se 
tournant  \  ers  l'emporté  Lunebourg: 
«  Je  te  pardonne  ,  lui  dit-il,  l'injure 
que  tu  m'as  faite;  il  n'a  tenu  qu'à 
moi  de  m'en  venger  :  mais  pour 
celle  que  lu  as  faite  an  roi,  dont  je 
représente  ici  la  personne ,  c'est  à 


GUIS  171 

lui  d'en  faire  la  justice  qu'il  lui  plai- 
ra.» Aussitôt  il  l'envoya  en  prison  , 
et  acheva  de  visiter  le  camp,  sans 
que  les  reistrcs  osassent  murmurer  , 
quoiqu'ils  fussent  naturellement  sé- 
ditieux. On  avnit  averti  le  duc  de 
Guise  qu'un  gentilhnuime  hugue- 
not étoit  venu  dans  son  camp  ,  à 
dessein  de  le  luer  ;  il  le  iil  arrêter: 
ce  protestant  lui  avoua  sa  résolu- 
tion ;  alors  le  duc  lui  demanda  : 
«  Est-ce  à  cause  de  quelque  déplai- 
sir que  tu  aies  reçu  de  moi?  Non  , 
lui  répondit  le  protestant  ;  c'est 
parce  que  vous  êtes  le  plus  grand 
ennemi  de  "ma  religion.  —  Eh  bien! 
répliqua  Guise  ,  si  la  religion  te 
porte  à  m'assassiner  ,  la  mienne 
veut  que  je  te  pardonne,  et  il  le 
renvoya,  m  Réponse  sublime  ,  dont 
l'auteur  d'Aizire  a  fait  usage  dans 
la  dernière  scène  de  cette  tragédie... 
Le  duc  de  Guise  avoit  une  intré- 
pidité qui  l'accom.pagnoit  même 
dans  les  accidens  où  sa  personne 
étoit  intéressée.  On  lui  montra  un 
jour  un  homme  qui  s'étoit  vanté  de 
le  tuer  ;  il  le  ht  venir  ,  le  regarda 
entre  les  deux  yeux  ,  et  lui  trouvant 
un  air  embarrassé  et  timide  :  «  Cet 
homme-là,  dit -il  en  levant  les 
épaules,   ne  me    tuera   jamais;   ce 

n'est  pas  la  peine  de  l'arrêter » 

Henri  II  le  créa  duc  d'Autmie  en 
i5/(7,  et  érigea  en  i.'iôa  sa  lerre 
de  Joinville  en  principauté,  {uojez 
l'art.  CoLTGNi,  n°  IV.  )  Sa  femme  , 
Anne  d'Est, petite  fille  de  Louis XII, 
morte  en  1607,  se  remaria  au  duc 
de  Nemours. 

t  III.  GUISE  01/  GUYSE  (  Henri 
DE  LoHRAïKE,  duc  de  ),  Hls  aillé 
du  précédent,  naquit  le  3i  décem- 
bre i55o.  Son  courage  commença 
à  se  déployer  à  la  bataille  de  Jar- 
uac  en  i56f),  et  se  soutint  toujours 
avec  le  même  éclat.  Un  coup  de 
feu  qu'il  reçut  à  la  joue  dans  une 
rencontre,  près  de  Château -Thierri , 
le  fit  suruounner  le  Balafré ,  ainsi 


Î72 


GLIS 


que  son  père  François  de  Lorraine  ; 
mais  celle  blessure  ne  lui  ôla  rien 
d(s  charnies  de  sa  Hgure.  (  Voyez 
Marguerite  ,  n"  IX.)  Sa  bonne 
mine  ,  son  air  noble  ,  ses  manières 
engageantes  lui  concilioienl  tous  les 
cœurs.  Idole  du  peuple  et  des  sol- 
dais ,  il  voulut  se  procurer  les  avan- 
tages que  le  suffrage  public  lui  pro- 
mjUoit.  Il  se  mit  à  la  tèle  d'une 
armée  ^  sous  prctexle  de  défendre 
la  foi  catholique  contre  les  proles- 
latis.  Il  conseilla  le  massacre  de  la 
Sainl-Barthélemi,  et,  pour  satisfaire 
sa  vengeance  particulière,  il  voulul 
commander  lui-même  la  mort  de 
l'amiral  Coligni  ,  qu'il  accusoit  du 
meurtre  de  son  père.  Ce  fut  le  com- 
aieucemeut  de  la  Ligue,  confédéra- 
tion d'abord  projetée  par  son  oncle 
le  cardinal  de  Lorraine.  La  pre- 
mière propositio!!  de  celle  associa- 
tion funeste  fut  faite  à  Paris.  On  Ht 
courir  chez  les  bourgeois  les  plus 
zélés  un  projet  iVU/iiuii  pour  la 
défense  de  la  religion,  du  roi  et  de 
la  liberté  de  l'état,  c'est-à-dire 
pour  opprimer  à  la  fois  le  roi  et 
l'élat.  Leduc  de  Guise,  qui  vouloit 
^  élever  sur  les  ruines  de  la  France, 
anime  les  factieux,  remporte  plu- 
sieurs victoires  sur  les  calvinistes  , 
et  se  voit  bientôt  en  élat  de  pres- 
crire des  lois  a  son  souverain.  1! 
jorce  Henri  III  à  publier  un  édit 
<|ui  anéantissoil  tons  les  privilèges 
(les  huguenois.  11  demande  iiupe- 
rieusenieiit  la  publication  du  cou- 
(  ile  de  Trente  ,  l'établissement  de 
l'inquisition  ,  la  cession  de  plusieurs 
places  de  sûreté  ,  le  changement  des 
gouverneurs  ,  et  plusieurs  autres 
choses  qu'il  .savoit  que  le  roi  nepou- 
voit  ni  ne  devoit  accord' r.  Henri  lll, 
fatigué  de  ses  insolences  ,  lui  défend 
de  paroitre  à  Paris;  le  duc  y  vient 
malgré  sa  défense,  le  giiiai  i  558.  De 
Kl  la  journée  des  barricades ,  qui 
lui  donna  un  nouveau  crédit,  en  fai- 
liaal  éclater  sa  puissance  aux  yeux 
des  ligueurs  et  des  partisans  du  roi. 


GUIS  W 

Son  autorité  éloit  si  grande,  que 
les  corps  -  de- garde  de  la  capitale 
refusèrent  de  recevoir  le  mot  du 
guet  ,  que  le  prévôt  des  marcliands 
vouloit  leur  donner  de  la  part  du 
roi,  et  ne  voulurent  recevoir  l'ordre 
que  du  duc  de  Guise.  Henri  lll  fut 
Ibrcé  de  quitter  Paris,  fuyant  de- 
vant son  sujet,  et  obligé  de  faire  la 
paix  avec  lui.  Enivré  d'un  sembla- 
ble trioin[)he,  il  manqua  de  prii- 
deuce.  Piassuré  par  l'indolence  de 
Valois  ,  qui,  chassé  de  sa  capitale  , 
se  livroil  à  Rouen  aux  plus  puériles 
amusemens  ,  Guise  s'occupoit  alors 
de  la  formation  des  états  de  Blois  , 
qu'il  composoil  fie  ses  créatures. 
Celte  dernière  leiilalive  devoit  dé- 
cider de  sa  fortune  et  de  sa  vie.  Il 
comptoit  autant  de  partisans  que 
de  députés,  qui  presque  tous  éloient 
ses  complices.  La  Brie,  la  Norman- 
die ,  la  Picardie  ,  la  Bourgogne  , 
l'Orléanais,  Paris,  ponvoient  d'un 
seul  mot  se  réunir  à  lui;  jamais  am- 
l)iiieux  ne  put  former  de  plus  bril- 
lantes espérances;  tout  secoudoit  ses 
voeux  ,  tout  servoit  ses  projets  ; 
adoré  du  peuple  et  de  l'armée  ,  il 
n'a  voit  à  vaincre  qu'un  roi  méprisé 
et  sans  force.,  et  la  différence  de 
religion  rendoit  peu  redoutable  le 
roi  de  Navarre,  qui  n'avoit  pour  ap- 
puyer ses  droits  au  troue  qu'un  paru 
ioible  encore.  Ce  fut  le  i6  octobre 
)588  que  se  fil  l'ouverture  des  états. 
Guise,  en  qualité  de  grand-mailre 
de  la  maison  du  roi,  lit  les  hon- 
neurs de  la  première  séance,  «  per- 
çant de  ses  yeux  toute  l'épaisseur 
de  l'assemblée,  dit  l'historien  Mat- 
thieu ,  pour  distinguer  et  recou- 
noitre  ses  servite(|i"s ,  et,  d'un  seul 
élancement«de  sa  vue,  les  fortifier 
en  l'efpérance  de  ravancement  de 
ses  desseins,  de  sa  fortune  et  de  sa 
grandeur.»  11  vouloit  être  nommé 
connétable  et  généralissime  ,  et  ne 
déguisa  plus  le  but  qu'il  cherchoit 
à  atteindre.  Les  entreprises  contre 
l'autorité  royald  firent  enfin  résou- 


GUIS 

dre  le  roi  ,  dit  l'abbé  de  Choisy  ,  à 
se  déRiire  du  duc  de  Guise,  qui  les 
aniinoil  loiiles  ,  même  assez  ouver- 
tement. Il  avoit  été  averli  que  la 
duchesse  douairière  de  ftloutpensier, 
sœur  du  duc  de  Guise,  avoit  eu 
rinsolence  de  dire  qu'elle  espéroit, 
qu'avec  des  ciseaux  u'or  qu'elle  por- 
toit  toujours  à  son  côté,  elle  lui 
couperoil  les  cheveux  pour  le  con- 
tiuer  dans^un  monastère,  il  reçut 
en  même  temps  un  billet  qui  ne 
contenoil  que  ces  mots  :  I^a  mort 
de  Cou  radin  est  la  lue  de  Chartes  j 
faisant  allusion  à  la  conduite  de 
Charles  d  Anjou  ,  frère  de  saint 
Louis,  qui  avoit  fait  mourir  Con- 
radln  de  Souabe,  sou  compélileur 
au  royaume  de  Naples.  Le  roi,  sur 
tant  davis  qu'on  lui  dounoil  de 
prendre  garde  à  lui,  cousulla  le 
maréclial  d'Aumont ,  Rambouillet , 
et  Beauvais-Nangis ,  qui  tous  trois 
conclurent  que  ,  nélaul  pas  possible 
de  faire  le  ])rocès  dans  les  formes 
au  duc  de  Guise  ,  convaincu  de 
tant  de  crimes  de  lèse-majeslé  ,  il 
lalloit  se  résoudre  à  l'assassinai, 
seule  voie  sûre  et  unnuuKpuible  , 
par  la  contiance  aveugle  où  éloil  le 
duc.  Les  ordres  furent  donnés  pour 
l'exéi  ulion.  Grillon,  mesire-de-camp 
des  Gardes-françaises  ,  ne  s'en  vou- 
lut pas  charger,  a  Je  me  battrai 
contre  lui ,  dit  Grillon,  il  me  tuera, 
je  ne  parerai  point  ;  mais  eu  même 
temps  je  le  tuerai.  Quand  on  veut 
bien  donner  sa  vie  ,  on  est  maître 
de  celle  daulrni....  »  Lognac,  pre- 
mier geulilhomme  de  la  chambre, 
et  capitaine  des  4-^  gentilshouimes 
gascons  de  la  nouvelle  garde  du 
roi,  en  prit  la  commission;  il 
eu  choisit  neuf  des  plus  déter- 
minés ,  et  les  fit  cacher  dans  un 
cabinet  du  roi.  Le  duc  de  Guise 
reçut  plusieurs  avis  qu'on  en  vouloil 
à  ses  jours.  La  veille  de  sa  mort,  il 
trouva  en  dînant,  sous  sa  serviette, 
vni  billet  ([ui  lui  marquoit  que  son 
dernier  moment  approclioil.  Il  dit 


GUIS  i;3 

seulement  :  Ii,  x'osKRoiT  !  et  acheva 
dedmertrau  [uillemeut.jNéanmoin.*, 
l'apres-diné  ,  sur  des  averlissemens 
réiléiés  ,  il  tint  cduseil  avec  le  car- 
dinal de  Guise  ,  son  frère  ,  et  l'ar- 
chevêque de  Lyon  ,  sur  le  parti  qu'il 
devoit  prendre.  Le  cardinal  l'ut  d'a- 
vis qu'il  s'en  allât  à  Paris;  mais  l'ar- 
chevêque lui  ayant  représenté  que 
s'il  abaudonnoit  les  états  de  Blois , 
où  il  étoil  alors  ,  tous  ses  amis  per- 
droienl  courage  ,  et  qu'il  lu;  relrou- 
veroit  jamais  une  si  belle  occasion 
d'établir  ïon  autorité,  il  se  résolut  à 
tout  hasarder.  Le  lendemain  ,  20 
décembre  i5S8  ,  il  alla  chez  le  roi. 
11  fut  un  peu  surpris  de  voir  la 
garde  reniorcée  ,  les  cpiit-  suisses 
rangés  sur  les  degrés.  Dès  qu'il  fut 
entré  dans  la  première  salle  ,  on  eu 
ferma  la  porte.  Il  ne  laissa  pas  de 
laire  bonne  mine,  salua  tous  ceux 
du  conseil  avec  ses  grâces  oïdinai- 
res  ;  et  dans  le  temps  qu'il  vouloit 
entrer  dans  le  cabinet,  il  fut  percé 
de  plusieurs  coups  de  poignard  ,  sans 
pouvoir  mettre  l'épée  à  la  main,  et 
expira  en  disant  :  «  Mon  Dieu  ,  ayez 
pitié  de  moi  !  ....  »  Dès  fpi'il  fut 
mort ,  le  roi  descendit  dans  la  cham- 
bre de  la  reiue-mere ,  qui  étoit  ma- 
lade ,  et  lui  dit  ce  qi:i  venoit  d'être 
l'ait.  «  Je  ne  sais,  lui  dit-elle,  si  vous 
en  avez  bien  prévu  les  suites.  »  Le 
duc  de  Guise  avoit  alors  58  ans.  A 
la  nouvelle  de  sa  mort  ,  le  généreux 
Henri  de  Navarre  ,  depuis  si  clier  à 
la  France  sons  le  nom  de  Tîcnri  IJ'\ 
dit  :  «  Si  Guise  fût  tombé  entre  mes 
mains  ,  je  l'aurois  traité  autrement. 
Pourquoi ,  ajoula-l-il ,  ne  s"est-il  pas 
uni  avec  moi?  Ensemble  nous  eus- 
sions pu  conquérir  toute  l'Italie.  » 
L'ambition  de  Henri  de  Guise  émit 
si  connue  ,  que  Henri  II  ayant  de- 
mandé à  Marguerite»  de  Valois,  sa 
hlle,  âgée  alors  de  7  ans  seulement , 
le  juel  elle  aimeroit  le  mieux  ,  du 
marquis  de  Heaupréau  ,  ou  du  prince 
de  Joiiu  ille(  c'éloilainsi  qu'on  nom- 
ma d'abord  Henri  de  Guise  ) ,  q\ii 


1-4 


GUiS 


samusoieul  avec  elle  :  Beanprt'au  , 
répondit  la  princesse  ;  Joiiiviile  l'ail 
toujours  du  rpal  ,  et  veut  èlre  le 
maître  par  tout.!....  Le  cardinal  de 
Guise,  son  Irère  ,  l'ut  massacré  le 
lendemain.  (  Voy.  ci  après,  n°  VI.  ) 
Leurs  cadavres  t'urenl  mis  dans  de 
la  chaux  vive,  pour  être  promple- 
iiient  consumés;  les  os  furent  brû- 
lés dans  une  salle  du  chuleau  ,  et 
les  cendres  |elées  au  vent.  On  prit 
ces  précautions  ^  pour  empêcher  le 
peuple  d'honorer  leurs  reliques.  L'en- 
thousiasme étoit  si  violent  ,  que  la 
Soi  bonne,  aprèsavoirdécidé  «  qu'on 
ponvoit  ÔL">'  le  gouvenvemeiil  aux 
princes  qu'on  ne  trou  voit  i)as  tels 
qu'il  falloit ,  comme  l'administra- 
tion au  tuteur  qu'on  avoit  pour  sus- 
pect »  ,  délibéra  ,  après  la  mort  de 
Henri  lll,  de  demander  à  Rome  la 
canonisation  de  Jacques  Clément.  Le 
meurtre  de  ces  deux  frères  n'éleignit 
point  les  feux  de  la  guerre  civile  : 
l'assassinat  d'un  héros  et  d'un  prê- 
tre rendirent  Henri  lll  exécral)le 
aux  yeux  de  tous  les  catholiques  , 
sans  le  rendre  plus  respectable.  l/cs 
hommes  qu'il  veiioil  de  faire  mou- 
rir éloienl  adorés,  le  duc  sur-tout. 
Auprès  de  lui  ,  tous  les  autres  prin- 
ces paroissoieul  peuple.  On  vantoit 
non  seulement  la  noblesse  de  sa  li- 
gure ,  mais  encore  la  générosité  de 
^011  cœur  ,  quoiqu'il  n'en  eût  pas 
donné  un  grand  exemple ,  quand 
il  fo.iia  ;  aux  pieds,  dans  la  rue 
Pétis:  ,  le  corps  de  l'amiral  de  Co- 
iigni  jeté  par  les  fenêtres.  Mais 
il  étoit  magnifique  et  libéral  ;  et  ces 
deux  qualités  éblouissent  toujours 
le  peuple.  Ayant  gagné  au  jeu  cent 
mille  livres  à  d'O  ,  surinteudanl  des 
linances  ,  ce  ministre  luien\oya!e 
lendemain  70  mille  livres  en  ar- 
gent, et  10  inille  écus  en  or,  ren- 
iermés  dans  un  sac.  I^educ  croyant 
cpi'il  n'y  avoit  que  de  l'argent  dans 
ce  sac  ,  le  donna  au  commis  qui  lui 
api)ortoi.t  la  somme.  Cet  homme 
ignoroil  ce  (jue  ce  sac  pouyoxl  cou- 


GUIS 

tenir  ;  mais  ayant  vu  par  les  espèces 
en  or  que  Guise  s'éloit  mépris  ,  il 
lui  rapporta  sur -le-chainp  le  don 
que  ce  seigneur  avoit  voulu  lui  faire. 
Cl  Puisque  la  fortune,  lui  dit  le  duc  , 
vous  a  été  aussi  favorable  ;  cher- 
chez un  autre  que  le  duc  de  Guise 
pour  \  0118  envier  votre  bonheur.  » 
Ce  n'est  pas  le  seul  trait  de  géné- 
rosité qu'on  pomroit  rapporter. 
Cependant  l'ambition  ^voil  cor- 
rompu toutes  ses  vertus  ,  dit  ral>bé 
de  Cboisy.  Ce  n'éloit  point  une  ter- 
leur  panique  dans  Henri  lll  ,  dit  le 
président  Hénaull  ,  que  la  crainte 
des  entreprises  que  Guise  pouNoit 
former  :  celui-ci  étoit  dans  des  cir- 
constances pareilles  à  celles  dont 
Pépiii  profila  pour  s'approprier  la 
couronne.  Henri  lll  ne  ressembloit 
pas  mal  aux  derniers  rois  de  la  pre- 
mière race;  et  le  prétexte  de  la  re- 
ligion eût  fort  bien  pu  susciter 
quelque  pape  de  l'humeur  de  Za- 
charie.  A  l'occasion  du  meurtre  des 
deux  frères  ,  ou  publia  dillérens 
libelles.  Les  plus  curieux  sont  ,  L 
Les  Signes  merveilleux  apparus 
sur  la  ville  et  château  de  Blois  , 
en  présence  du  rui ,  Paris,  ifiSg. 
11  seioit  hien  étonnant,  dit  Au— 
qiietil  ,  que  ce  meurtre  se  lût  passé 
sans  que  les  partisans  des  Guise 
eussent  vu  dans  le  ciel  des  signes 
de  celle  catastroyihe.  Us  virent  donc 
un  tlambeau  tomber  sur  la  ville 
de  Blois,  deux  gendarmes  blancs, 
tenant  dans  la  main  droite  une 
épée  sanglante,  et  enliii  des  armées 
entières  qui  combaîloient  tant  sur 
iîlois  qu'ailleurs  II.  Histoire  au 
vrai  rhi  martyre  ,  etc.  ,  pour  être 
ccnsidèré  par  les  gens  de  hien  ; 
à  laquelle  il  faut  ajouter  le  mar- 
tyre des  deux  jrcres.  Le  premier 
est  un  éloge  ,  précédé  d'une  es- 
tampe, assez  mal  laits  l'un  et  l'au- 
tre. Le  second  est  nu  libelle  san- 
glant ,  dans  lequel  le  nom  de  Henri 
de  Valois  est  changé  en  cet  ana- 
na>nauime  ,  vilain   liéivde.  L'au- 


GUIS 

leur  ,  clans  sa  fureur  ,  ne  sait  à  qui 
s'en  prendre.  Farce  que  ce  rneurlre 
a  élé  commis  à  Blois  ,  il  tombe  sur 
cette  pauvre  ville  ;  il  dit  que  «les 
Irois-quarts  sont  hérétiques  et  alhéis- 
tes,el  le  reste  païen;  et  que  trois 
mois  auparavant ,  on  y  a  surpris 
et  brîdé  uu  vilain....  et  son  ânesse; 
que  le  roi  a  marché  sur  le  visage 
du  A\\c  ;  et  qn'il  lui  a  donné  un  coup 
tVépée  ,  tout  mort  qu'il  étoit ,  elc.  m 
Dans  un  moment  de  iernieîilation  , 
tout  sert ,  mensonges  et  vérités.... 
Sa  femme ,  Catherine  de  Cleves  ,  ne 
mourut  qu'en  1 633  ,  à  Sa  ans.  ï'^oy. 
CoLiGNi,  n'^  IV;  Matthieu,  u"  V, 
à  la  lin ,  et  Molac. 

IV.  GUISE  ou  GuYSE  (Charles 
DE  Lorraine,  duc  de  ),  lils  aiaé  de 
Henri,   duc   de  Guise,  sun:ommé 
le   Balafré,  né  le    20  août   ibji, 
iut  arrêté  le  jour  de  l'exécution  de 
Blois ,  et  renfermé   au  château  de 
Tours  j  d'où  il  se  sauva  en  iSgi.  Il 
fui   reçu  à  Paris  avec  de   grandes 
acclamations  de    joie.  Les  ligueurs 
l'auroient  élu  roi,  sans  le   duc  de 
Mayenne ,  son  oncle  ,  jaloux  de  l'em- 
pire qu'il  acquéroil  sur  les  esprits  et 
sur  les  coeurs.  On  prétend  que  la  fa- 
meuse duchesse  de  Montpensier ,  sa 
tante,  éloit  amoureuse  de  lui.  Cest 
ce  jeune  prince  qui  tua  de  sa  main 
le  brave  Saint -Pol.  H  se  soumit  à 
Henri  IV  eu  1594 ,  et  ohtial  le  gou- 
vernement de  Provence  {voy.  Gril- 
lon, n"  I,  à  la  fin).  Il  fut  employé 
sous  Louis  XIII  ;  mais  le  cardinal 
de    Fdchelieu  ,    redoutant  la  puis- 
sance de  cette  maison,  le  contraignit 
de  sortir  de  France.  Charles  se  re- 
tira à  Florence  ,  et   alla  mourir  à 
Cuna  dans  le  Siennois  ,  le  5o  sep- 
tembre   1640  ,  à  69   ans.   Il  laissa 
plusieurs   enfans   de  Heuriette-Ca- 
therine    de  Joyeuse  ,   son    épouse  , 
venveduducdeMonlpimsier,  et  hlle 
miique  du  maréchal  de  Joyeuse.  Son 
lils  aine  fut  Henri  ,  qui  suit, 

i-  V  GUISE  ou  G  XI  rs£  (  Henri  D£ 


GUIS 


t75 


Lorraine,  duc  de),  petit-fils  un  Ba- 
lafré, naquit  à  Blois  le  4  avril  1614. 
Après  la  mort  de  sou  frère  aiué ,  il 
quitta  le  pelil  collet  et  l'archevêché 
de  Reims,  auquel  il  a  voit  étéuoniiné, 
pour  épouser  la  princesse  Anne  de 
Manloue.  Le  cardinal  de  Richelieu 
s'ét;:nt  opposé  à  ce  mariage  ,  il  passa 
à  Cologne ,  s'y  fit  suivre  par  sa  maî- 
tresse ,  etlabaudouna  bientôt  poi;r 
la  comtesse  de  Bossut,  qu'il  épousa 
et  qu'il  laissa  peu   de    temps   après 
pour  revenir  eu  France.   Il   auroit 
pu  vivre  tranquille;  mais  son  génie 
ardent  et  incapable  de  repos  ,  l'envie 
de  faire  recjvre  la  fortune   de  ses 
ancêtres   dont  il  avoit  le  courage  , 
le  lit  entrer  dans  la  révolte  du  comte 
de  Soissons  ,  uni  avec  l'Espagne  con- 
tre Richelieu  et  la  France.  Le  par- 
lement lui  lit  son  procès;  il  fut  con- 
damné   par    contumace    eu     1641. 
Après  s'être  ligué  avec  l'Espagne  ,  il 
se  ligua  contre  elle.  Les  Napolitains, 
révoltés  en  1G47  contre  Philippe  IV.. 
l'élurent  pour  leur   chef,    et  le  dé- 
clarèrent généralissime    des  armées 
et   défenseur  de    la    liherté.    L'Eu- 
rope ,   l'Asie  et  l'Afrique    retentis- 
scient  alors  des  cris  de  la  révolte  elde 
la  sédition  :  les  Anglais  taisoieut  cou- 
per la  tête  de  leur  roi  Charles  P"^; 
les  Français    se    révolloient   contre 
Louis  XIV  ;  les  Turcs  massacroient 
leur  sultan  Ibrahim  ;  les  Algériens 
leur   dey  ;   les    IMogols    déchiroient 
rindoustan  par  des  guerres  civiles; 
les  Chinois  éloient  conquis  par  les 
Tarlares  ;  entrn  on  conspiroit  contre 
les  jours  du  roi  d'Espagne.»  Le  duc 
de  Guise  étoil  à  Rome,  lorsque  les 
Napolitains  le  pressèrent  de  venir  se 
mettre  à  leur  tète  ;  il  ne  balança  pas 
un  moment.  Il  s'embarque  seul  sur 
une    felouque",  passe    à    travers  la 
tlottc  espagnole  ,   et  descend  sur  le 
port  de  Naples  ,  au  milieu  des  cris 
de  joie  delà  ville.  Il  fit  de's  prodiges 
de  valeur;  mais   les  eiiorls  de  spn 
courage ,  mal  secondés  par  la  France, 
ueproduisiieul  rien.  (  Foy.  Anjel- 


i7(; 


GUIS 


xoc/Cerisantes.)  Favorisé  par  une 
partie  du  peuple  et  Uichaiil  de  mc- 
iiaspr  les  esprits  avec  dextérité  ,  il 
toiichoit  au  mouienl  de  voir  retirer 
les  Espagnols  ,  lorsqu'il  fut  tralii  par 
ceux  en  qui  il  avoit  le  plus  de  ccn- 
iîauce.  Don  Juan  d'Autriche  gagna 
secrëteiiienl  l'otficier  i(ui  gardoit  la 
porte  d'Albe.  Un  jour  que  le  duc 
sortoit  de  la  ville  pour  une  expédi 
lion  militaire,  cet  ohFicier  rendit 
sou  poste  ;  et  les  Espagnols  entrè- 
rent dans  Napies  par  une  porte  , 
tandis  que  le  duc  sortoit  par  1  autre. 
Leur  premier  soin  i'ut  de  publier  que 
Guise,  ayant  fait  sa  paix  avec  l'ils- 
pague  ,  avoit  abandonné  la  ville  pour 
n'y  plus  revenir.  Ce  taux  bruit  abat- 
tit le  courage  des  Napolitains  ,  qui 
déposèrent  leurs  armes.  Le  duc  de 
Guise  ,  ayant  appris  cette  fâcheuse 
nouvelle,  retourna  sur  ses  pas  pour  re- 
pousser les  Espagnols  ;  mais  en  vain. 
Obligé  de  fuir  dans  la  campagne  , 
il  donna  dans  une  embuscade  aux 
environs  du  cliateau  de  Cazerie  , 
fut  fait  prisonnier  et  conduit  eu  iis- 
pagne,  où  il  demeura  quatre  ans, 
jusqu'en  i652.  Maigre  les  vives 
sollicitations  du  duc  de  Lorraine , 
il  n'auroil  pas  obtenu  sa  liberté,  si 
le  conseil  de  Madrid  nel'avoit  jugé 
propre  à  seconder  le  prince  de  Cou- 
dé dans  la  guerre  qu'il  faisoit  contre 
la  cour.  Le  duc  le  promit;  mais 
comme  il  détes'.oit  les  Espagnols  ,  il 
se  moqua  de  la  parole  qu'il  leur  avoit 
donnée.  Telle  fut  l'issue  de  la  ré- 
volte de  Naples  ,  commencée  d'abord 
avec  tant  de  chaleur  ,  ménagée  en- 
suite avec  une  sorte  d'habileté,  et 
dont  le  succès  auroit  été  fatal  à  1  Es- 
pagne ,  si  la  France,  plus  tranquille 
dans  son  intérieur  ,  avoit  été  en  étal 
de  faire  la  guerre  au  dehors.  Guise  , 
de  retour  à  Paris,  se  consola,  par 
les  plaisirs,  du  malheur  d  avoir  per- 
du une  couronne.  11  brilla  beaucoup 
dans  le  fameux  carrousel  de  ]65S. 
On  le  mil  à  la  tèle  du  quadrille  des 
.Mdures_,  le  prince  de  Coudé  éloil  chef 


GUIS 

de  celui  des  Turcs.  Les  courtisan^ 
disoient,en  voyant  ces  deux  hom- 
mes :  «  Voilà  les  héros  de  l'Histoire 
et  (le  la  Fable,  n  Le  duc  de  Guise 
ressembloil  eûVctiveinent  beaucoup 
à  un  héros  de  mythologie  ,  ou  à  un 
aventurier  des  siècles  de  chevalerie. 
Sîs  duels  ,  ses  amours  romanesques  , 
si'S  profusions  ,  ses  aventures  ,  leren- 
doient  singulier  en  tout.  11  mourut 
a  Paris  le  2  juin  1664  Ses  mé- 
moires sur  son  eutreprise  di;  Naples 
ont  été  publiés  en  1  vol.  in-4''  et 
iii-i  2. 

VI.  GUISE  ou  GuYSE  (  Louis  du 
LoiîRAiNE,  cardinal  de),  né  avec  des 
inclinations  plus  militaires  qu'ecclé- 
siastiques ,  éioil  fus  de  Henri  de 
Lorraine ,  duc  de  Guise  ,  tué  à  Blois; 
comme  son  père  ,il  ne  respiroit  que 
les  armes,  (^uoiqu  archevêque  de 
lieims  et  honoré  de  la  pourpie  ro- 
maine ,  il  suivit  Louis  Xlll  dans 
l'expédition  du  Poitou  en  1621.  A 
lallaque  d'un  faubourg  ,  au  siège  de 
Sainl-Jean-d'Angely  ,  il  se  signala 
comme  les  plus  braves  officiers.  Il 
mourut  quelques  jours  après  à  Sain- 
tes ,  le  22  juin  1621  ,  uétant  que 
soudiacre.  Guise  avoit  eu  ,  avec  Je 
duc  de  Nevers  ,  au  sujet  d'un  bé- 
néfice,  un  procès  qu'il  auroit  voulu 
terminer  l'épée  à  la  main.  11  lui  fit 
fair^  des  excuses  en  mourant ,  et 
laissa  plusieurs  enfans,  entre  autre» 
Acliille  de  Lorraine,  comte  de  Ro- 
moranlin,  qu'il  avoit  eu  de  Charlotte 
des  Essarts, comtesse  de  Romorautin, 
à  laquelle  Moréri  donne  le  nom  de  son 
amie  ,  et  qui  fut  une  des  maîtresses 
de  Heu  ri  IV.  Charlotte  Christine, 
fille  d'Achille,  et  veuve  du  marquis 
d'Assy  ,  inlenla  ,  en  iG88  ,  un  pro- 
cès pour  avoir  la  succession  de  la 
maison  de  Guise.  Elle  prétendit  que 
le  cardinal  de  ce  nom  avoil  épousé 
la  comtesse  delvomorantin  son  aicule 
le  4  février  161  1  ,  et  elle  produisit 
dilférens  papiers  pour  appuyer  ses 
prélenlions.  L'affaire   ue  fui  point 


GUIS 

jugée.  —  Il  ne  faut  ])as  le  confondre 
avec   deux  antres  cardinaux  de  ce 
nom.  Le  premier  ,  frère  de  Fjau- 
çois  de  Lorraine  ,  duc  de  Guise,  et 
fils  de  Claude  de  Lorraine  ,   \\é  en 
1  527  ,  fnlévèqnede  Troyes  ,  ensuite 
d'Albi ,  puis  de  Sens,  et  enfui  de 
Metz.  Il  eut  beaucoup  de  part  aux 
affaires  de  son  temps,    et   mourut 
à   Paris   le  28  mars    iSyS.   Le    se- 
cond,  neveu  du  précédent,   et  lils 
de  François,  duc  de  Guise,  Iné  au 
siège  d'Orléans  par  Polirot ,  succéda 
au  cardinal Ciiarles  de  Lorraine,  son 
grand-oncle,  dans  l'archevêché  de 
Reims  ,  et  fut  un    des  principaux 
partisans  de  la  ligue;  mais  Henri  111 
le  lit  tuer  à  Blois  le  24  décembre 
i388.  Sou  frère,  le  duc  de  Guise, 
avoit   été   massacré  la  veille  (t'oj'. 
ci-dessus,  n"  III  ).  On  conduisit  le 
cardinal  dans  ime  salle  obscure  ,  où 
quelques  soldats  le    massacrèrent  à 
coups  de  hallebarde.  S^s  cendres  fu- 
rent jetées  an  vent ,  de  peur  <(ue  les 
ligueurs    n'en  fissent    des    reliques. 
Henri  III  n'avoit  jamais  pu  pardon- 
ner à  ce  cardinal  plusienrs  traits  de 
satire  lancés  contre  lui.  Il  avoit  sur- 
tout irriff;  le  roi  par  une  épigramme 
qu'il  ciloit  à  tout  propos.    Elle  étoit 
faite  sur  la  devise  du  roi,  dont   le 
corps  éloit  trois  couronnes ,  avec  ces 
mots  :  3Ianet  iiltima  cœlo.    «  La 
troisième  m'attend  dans  le  ciel.  »  Les 
deux  premières  représeuloient  celles 
dePologneetdeFrance.L'épigramme 
étoit  renfermée  dans  ce  distique  : 

Qui    (hderat   htnas  ^    unam    ahstiilH  ;    altéra 
nrilat  ; 
jTertiu  tonsoris  nunc  facienda  manu. 

«  De  ces  trois  couronnes ,  Dieu  lui 
en  a  déjà  ôléune  ,  (  celle  de  Pologne  ); 
l'autre  chancelle  :  la  troisième  sera 
l'ouvrage  d'un  barbier.  «  Le  cardinal 
de  Guise  ajoutoil  qu'il  auroit  beau- 
coup de  joie  de  tenir  la  tète  du  roi , 
si  on  lui  faisoit  celle  troisième  cou- 
ronne chez  les  capucins (  Voyez 

BoicuER  ,  n"  I.  ) 

T.  VIII. 


GUIT 


^  J  J 


VII.  GUISE  ou  GuvsK  {  Dom 
Claude  de  ) ,  iils  naturel  dé  Claude 
de  Lorraine,  duc  de  Guise,  ablié 
de  St.-lSicaise  et  ensuite  de  Cluni  , 
mourut  eu  1612.  On  auroit  de 
lui  une  idée  bien  désavantageuse,  si 
on  s'en  rapporloit  à  une  satire  aussi 
grossière  que  maligne ,  intitulée 
Légende  de  J) .  Claude  de  Cuise, 
1.^74,  in  -  8°.  Ce  libelle,  Irès- 
rare  avant  davoir  été  réimprimé 
dans  le  tome  6^  des  Jflémoircs  de 
Coudé,  est  attribué  à  Dagonneau, 
calviniste  ,  juge  de  Cluni  ,  ou  a 
GiiberlRegnaul,  juge-mage  d<-Cium, 
aussi  calviniste.  Le  cardinal  de  Guise 
avoit  voidii  le  déposer, à  l'insligaliou 
de  D.  Claude  :  mais  il  s  "étoit  fait 
maintenir  par  arrêt;  el  le  lendemain, 
après  son  audience,  il  jeta  ses  provi- 
sions dans  le  parquet ,  el  alla  faire 
les  fonctions  d"a vocal  à  Mùcon. 

VIII.  GUISE,  royez  Gutse. 

GUITMOND.  royez  Guimond. 

GUITON  fJêan),  se  signala  ;\  La 
Rochelle  ,  lorsque  le  cardinal  de 
liichelien  assiégea  ,  en  16:27  ,  ce  bou- 
levard du  calvinisme.  Les  Roche- 
lois  ,  animés  par  la  religion  et  par 
la  liberté  ,  voulant  avoir  un  chef 
aussi  déterminé  qu'eux  ,  élurent 
pour  leur  maire  ,  leur  capitaine  cl 
leur  gouverneur,  l'intrépideGuiton. 
Avant  d'accepter  une  place  qui  lui 
dounoit  la  magistrature  et  le  com- 
mandement des  armées  ,  il  prit  un 
poignard  ,  el  dit,  en  présence  de  ses 
principaux  compatriotes  :  «  Je  serai 
maire  ,  puisque  vous  le  voulez  ,  à 
conditioxi  qu'il  me  sera  permis  d"tu- 
foncer  ce  poignard  dans  le  sein  du 
premier  qui  parlera  de  se  rendre. 
Je  consens  qu'on  eu  use  de  même 
envers  moi  ,  dès  (|ue  je  proposerai 
de  capituler  ;  et  je  demande  que  ce 
poignard  demeure  tout  exprès  sur 
la  table  de  la  chambre  où  nous 
nous  assemblons  dans  la  maison  de 
villç...  «  Guiton  soutint  ce  varac- 


irS  GUND 

1ère  jusqu'à  la  fin.  Un  jour  qu'un 
de  ses  aaiis  lui  montra  une  per- 
sonne de  sa  connoissance,  tellement, 
exténuée  par  la  faim,  qu'elle  n'avoil 
plus  qu'un  souffle  de  vie  :  «Etesvous 
surpris  de  cela,  lui  dit-il?  11  faudra 
bien  que  nous  en  venions  là ,  vous 
et  moi ,  si  nous  ne  sommes  pas  se- 
courus. »  — Un  autre  citoyen  lui 
disant  que  la  faim  faisoit  périr  tout 
le  monde  ,  et  que  bientôt  la  mort 
achèveroit  d'emporter  tous  les  habi- 
tans  :  «  Eh  bien  !  répondit  froide- 
ment Guiton  ,  il  suffit  qu'il  en  reste 
un  pour  fermer  les  portes.  »  Il  dé- 
clara hautement  que  (csi  l'on  vouloit 
le  tuer  ponr  se  nourrir  de  sa  chair  , 
il  y  consentiroit  plutôt  que  de  se 
rendre  à  l'ennemi.  »  Son  intrépidité 
fut  enfin  subjuguée  par  la  famine 
en  1628  :  il  se  vit  forcé  de  céder  à 
l'entreprise  heureuse  de  Métezeau  , 
et  au  génie  de  Richelieu. 

GUITTON  d'Arezzo,  un  des 
premiers  poètes  italiens ,  florissoit 
■vers  i25o.  On  trouve  ses  Poésies 
daus  vm  Recueil  d'anciens  poètes 
italiens  ,  Florence  ,  16.27  ,  in-8°. 

*GULDENSTEAD(Jean-Anloine), 
célèbre  voyageur  ,  né  à  Riga ,  mort 
en  1781 ,  profond  dans  l'histoire  na- 
turelle, et  possédant  plusieurs  lan- 
gues, avoit  employé  7  années  à  par- 
courir la  Tartarie  et  la  Géorgie  ,  et 
avoit  pénétré  jusqu'au  Caucase. 
Sbs  lalens  le  firent  appeler  à  Péters- 
bourg ,  où  il  fut  professeur  d'histoire 
naturelle. 

GULPHILAS .  Voyez  Ulphilas . 

>^-  t  GUNDLING  (  Nicolas-Jérôme), 
né  près  de  Nuremberg,  en  1671, 
d'un  père  ministre  ,  auteur  d'une 
Disserlation  sur  le  concile  de  Gan- 
gres.  Le  fils  devint  successivement 
professeur  en  philosophie  ,  en  élo- 
quence et  en  droit  naturel  à  Hall. 
Sa  capacité  étoit  si  connue  à  la  cour 
de  Berlin,  qu'on  l'yconsultoit  sou- 
vent sur  les  affaires  publiques.  Ses  | 


GUINN 

services  lui  valurent  le  litre  de 
conseiller  privé.  Il  mourut  recteur 
de  l'université  de  Hall  le  16  décem- 
l»re  1729,  laissant  un  grand  nombre 
de  bons  ouvrages  de  littérature,  de 
jurisprudence,  d'histoire  et  de  poli- 
tique. Guudling  étoit  laborieux  ,  et 
avoitdeJ'esprit  ;  maisonsouhaileroit 
dans  ses  écri  ts  plus  de  modération.  Ses 
principaux  ouvrages  sont ,  I.  Nou- 
peaux  entretiens ,  in-8°.  II.  Pio- 
jet  d'un  Cours  d' histoire  littéraire. 
III.  Historia  philosophiœ  moralis , 
ia-8°.  IV.  Ôlia  ,  ou  Recueil  de 
Discours  sur  divers  sujets  de  phy- 
sique ,  de  morale  ,  de  politique  et 
d  histoire  ,  trois  vol.  in-8°.  Y.  De 
jure  oppignorati  territorii  ,  in-4°. 
VI.  Status  naturalis  Hobbesii ,  in 
corpore  juris  cipilis  defensus  et  de- 
fendendus  ,  iu-4''.  VII.  De  statu 
reipublicœ  Germanicœ  ,  sub  Con- 
rado  I ,  in-4°.  Ludwig  a  réfuté  cet 
ouvrage  dans  sSiGermania princeps. 

VIII.  Gundlingiana  ,  en  allemand. 

IX.  Commenlatio  de  Henrico  Au- 
cupe ,  in-4°.  X.  Via  ad  veritatem , 
ou  Cours  de  philosophie ,  5  vol. 
in-8°.  XI.  Il  a  eu  beaucoup  de  part 
aux  Obseruationes  Hallenses,  excel- 
lent recueil  en  1 1  vol.  in-8°.  XII. 
]\lèmoire  historique  sur  le  comté 
de  Ncufchâtel. 

GUNIMOND.  Voyez  Alboin. 

*  GUNNERUS  (Jean  -  Ernest  ), 
théologien  danois,  néà  Christiania  eu 
1718.  Son  mérite  éminent  le  porta 
sur  le  siège  de  Drontheim  en  1768, 
et  il  fut  le  principal  fondateur  de  la 
société  royale  de  Norw^ège  pour 
l'encouragement  de  l'étude  de  l'his- 
toire naturelle.  Linnée  a  donné  le 
nom  de  Gunnera  à  une  plante  de 
.son  système  des  végétaux.  On  doit 
à  Gunnerus  la  Flora  Norwegiœ , 
publiée  en  1776. 

*  GUNNING  (  Pierre  )  ,  prélat 
anglais,  né  en  161 3  à  How  ,  au 
comté  deKent,  mort  eu  1684,  élève 


GUNT 

d'abord  de  l'école  du  roi  à  Cantor- 
béry,  puis  de  Cambridge  ,  où  il  se 
distingua  comme  maître  et  comme 
prédicateur  ;  mais  son  allachemeut 
au  royalisme  l'ayant  fait  déposer  et 
chasser  de  Cambridge,  il  se  relira 
au  nouveau  collège  d'Oxtbrd  ,  où  il 
trouva  piotection  et  s'avança.  A  la 
restauration  ,  il  fut  envoyé  à  la 
conférence  de  Savoy  ^  où  il  fit  re- 
marquer ses  lalens  ;  et  eu  iti^g  il 
fui  nommé  évêqiie  de  Chisler  ,  d'où 
il  passa  en  1674  au  siège  d'Ely. 

*  GUNST  (  Pierre  Van  ) ,  graveur 
célèbre,  ué  à  La  Haye,  en  Hollande, 
en  1724  ,  a  gravé  au  burin  im 
grand  nombre  de  pièces  ,  1''  les 
Amours  des  dieux,  d'aprèsLe  Ti  li  en  ; 
2°.  une  collection  de  portiails  eu 
pied ,  d'après  Van  Uyck  ,  dont 
Charles  P"^  ,  roi  d'Angleterre  ,  et 
Henriette  de  France ,  son  épouse; 
n°  Un  grand,  nombre  de  portraits, 
et  plusieurs  autres  sujets  d'après  Van 
der  Werff ,  Karel  de  ftloore ,  etc. 

I.  GUNTHER  (  Edmond  ) ,  pro- 
fesseur d'astronomie  au  collège  de 
Gresham  en  Angleterre,  né  en  lUBi, 
mort  en  16126  ,  avec  une  grande  ré- 
putation ,  acquise  par  ses  leçons  et 
ses  écrits.  On  a  de  lui  Canon  irian- 
gulorum  ,  seu  Tabulœ  tangentium 
et secaniium ,L.ondres,  i6jo,  in-8°, 
etc.  Toutes  ses  œuvres  furent  pu- 
bliées en  1 674 ,  iii-4°,  l^ar  Leybourn. 

t  II.  GUNTHER ,  poêle  allemand, 
né  en  Silèsie ,  se  distingua  de  bonne 
heure  ;  mais  ses  talens  firent  son 
malheur.  Un  poète  jaloux  mêla 
dans  sa  boisson  des  drogues  qui  l'eni- 
vrèrent au  moment  qu'on  devoit  le 
présenter  à  Auguste  II,  roi  de  Po- 
logne. Au  milieu  du  complimeut 
qu'il  débita  à  ce  monarque,  il  fil 
une  chute  honteuse.  Cet  accident  lui 
causa  un  chagrin  si  amer  ,  qu'il  en 
mourut  à  l'âge  de  28  ans  ,  laissant 
plusieurs  morceaux  de  poésie  ,  dans 
lesquels  on  remarque  un  talent  na- 


GUSS 


179 


turel  et  des  grâces  ,  mais  peu  de  cor- 
rection. Ce  poète  tlorissoit  au  com- 
meucement  du  18"  siècle.  On  a ,  en- 
tre autres  ouvrages  de  sa  façon,  une 
Ode  sur  une  bataille  que  le  prince 
Eugène  gagna  contre  les  Turcs,  évé- 
nement aussi  célébré  par  le  grand 
Rousseau. 

III.  GUNTHER.  r.  GoNTHiEK. 

GURTLER  (Nicolas),  né  à  Bàle 
eu  1654,  après  avoir  professé  en  dif- 
férentes villes  d'Allemagne,  occupa 
la  chaire  de  théologie  de  Franeker 
en  1707,  et  mourut  en  1711  ,  à  67 
ans.  Ses  principaux  ouvrages  sont , 
I.  Lexicon  linguœ  latinœ ,  germa- 
nœ , grœcœ  et gallicœ,  1702.  W.His- 
toria  templarioruni ,  1702,  iu-4.'' 
III.  Origines  mundi  ,  in-4°  ,  1708  : 
ouvrage  d'une  prodigieuse  érudi  - 
lion  ,  mais  dans  lequel  l'auteur 
adopte  beaucoup  d'étyniologies  in- 
certaines ,  et  d'idées  ridicules  sur  la 
mythologie.  \S .Institutiones  l/ieo- 
logicce ,  m-/\°,  1721.  Les  écrits  de 
Gurller  sont  estimés  des  théologiens 
proleslaus. 

GUSSANVILLAN  (Pierre)  nalif 
de  Chartres  ,  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique, et  s'appliqua  à  la  critique 
sacrée.  Un  des  fruits  de  son  élude 
est  une  bonne  édition  des  (Euv-:es 
de  saint  Grègoire-le-Grand  ,  Paris  , 
1670  ,  5  vol.  in-fol.  C'étoil  la  meil- 
leure avant  celle  des  bénédictins  de 
la  congrégation  de  Saint-Maur ,  don- 
née en  1705,  4  vol. 

*  GUSSEME  (Thomas-André 
de  ) ,  savant  antiquaire  espagnol ,  de 
l'académie  de  l'histoire  el  de  celle  des 
belles-lelUes  de  Séville,  né  à  Alar- 
chena  vers  le  commencement  du  18^ 
siècle.  Nous  avons  de  lui ,  en  espa- 
gnol ,  un  Dictionnaire  universel 
des  médailles,  très-eslimé,  et  im- 
primé à  Madrid  en  1773,  6  vol.  in-4''- 
GusseiTie  mourut  vers  l'année  1770, 
lorsqu'il  n'y  a  voit  encore  qu'un  vo- 
lume d'imprimé   de  cet   ouvrage  , 


,8o  GUST 

mais  le  duc  de  Arcos,  sou  ami,  qui 
en  iivoit  {lajé  les  frais  d'impression  , 
voulut  égaleuient  qu'où  imprimât 
les  ciuq, autres  à  ses  trais. 

tl.GUSTAV^E,roi  de  Suède, connu 
sous  le  uom  de  Gustave-Wasa  , 
lils  d'Eric  -  Wasa  ,  duc  de  Gris- 
psholin,  né  eu  «490,  desceudoit  des 
anciens  rois  de  Suède,  et  ètoit  petit- 
neveu  de  ce  Canulson  detrôué  uo)u- 
l)re  de  fois  et  nombre  de  l'ois  rappelé. 
«Cétoit,  dit  un  historien,  uue  de 
ces  grandes  aines  que  la  naitire  forme 
si  rarement  pour  commander  aux 
hommes.  Sa  taille  avanlagtiuse  et  son 
air  noble  lui  faisoieut  des  partisans 
des  qu'il  se  moiilroit.  Sou  éloquence, 
à  qui  sa  bonne  mine  donnoit  de  la 
lurce,  étoit  d'autant  plus  persuasive 
qu'elle  étoit  sans  art  :  son  génie  for- 
inoil  de  ces  entreprises  que  le  vul- 
gaire croit  téméraires,  et  qui  ne 
hont  que  hardies  aux  yeux  des  grands 
hommes  ;  sou  courage  infatigable  les 
faisoit  réussir.  Il  étoil  intrépide  avec 
])rudence,  d'un  naturel  cloux  dans 
un  siècle  féroce,  vertueux eutia,  au- 
tant qu'un  chef  de  parti  peut  l'être,  n 
Gustave,  grand-enseigne  de  la  cou- 
ronne et  cousin  germain  de  l'admi- 
iiistrateur  Steeu  Skure ,  étoit  à  26  ans 
l'aine  de  ses  conseils  ,  et  l'aidoit  par 
ea  valeur  et  sou  génie  à  défendre  la 
pairie  contre  le  féroce  Christiern  II, 
roi  dcDanemarck,  qui  prétendoitau 
trône  de  Suède  eu  vertu  du  traité  de 
Calmar;  et  contre,  Gustave  Trolle  , 
nrchevèqued'Upsal,  qui  vendoil  sou 
pays  aux  Danois  pour  satisfaire  sa 
vengeance  et  sou  ambition.  Chris- 
tiern trouva  bientôt  le  moyeu  d  é- 
carter  un  adversaire  qui  ei^it  prévenu 
l'exécution  de  ses  desseins.  11  se  fit 
livrer  Gustave  comme  otage  ,  le  re- 
tint prisonnier  contre  le  droit  des 
gens,  et  n'ayant  pu  réussir  à  le  ga- 
gner ,  donua  secrètement  l'ordre  de 
l'assassiner.  Heureusement  qu'il  ne 
fut  pas  obéi.  A  la  fin  de  i^iq,  Gus- 
tave apprend  la  mort  de  l'acùniuis- 


GUST 

irateur  Sleen  Slure ,  les  succès  de 
Christiern  et  les  malheursde  la  Suède. 
Du  fond  de  sa  j)nson  il  ose  former 
le  projet  de  délivrer  son  pays,  se 
déguise  en  paysan  et  se  sauve  à  Lu- 
bec  ,  y  sollicite  inutilement  des  se- 
cours, s'embarque  et  descend  à  Cal- 
mar ,  se  découvre  aux  soldats  de  la 
garnison  qui  refusent  d'embrasser  le 
parti  d'un  fugitif,  traverse  les  quai- 
liers  des  Danois  sous  les  livrées  d^ 
la  misère  ,  et  va  ihercher  chez  des 
chartreux  dotés  par  sa  famille  un 
asiie  fju'il  ne  peut  obteuir.  Proscrit 
par  Chnsliern  ,  poursuivi  par  les 
soldais  de  ce  tyran  ,  repoussé  par  ses 
amis  ,  et  même  par  ses  parens,  Gus- 
tave se  dirige  vers  la  Dalécarlie  pour 
tenter  d'en  soûle  ver  les  hahilans:  il  est 
volé  et  abandonné  par  son  guide  au 
milieu  des  forêts  ,  s'enfonce  dans  les 
mines  et  y  travaille  pour  sa  subsis- 
tance, est  reconnu,  accueilli  avec 
sensibilité  par  un  paysan,  trahi  et 
sur  le  point  d'être  livré  par  un  ami 
perfide  ;  enfin  il  échappe  encore  à  ce 
danger,  et  se  réfugie  chez  un  curé, 
qui  seconde  ses  projets  et  l'aide  à  la 
fois  de  son  crédit ,  de  sa  bourse  et 
de  ses  conseils.  Les  esprits  étant  pré- 
parés ,  on  profite  d'une  fêle  qui  ras- 
sembloit  à  Mora  les  paysans  du  can- 
ton ;  Gustave  paroitau  milieu  d'eux: 
son  air  noble  et  assuré,  ses  malheurs, 
l'horreur  quinspiroit  Christieru,  et 
le  massacre  récent  des  sénateurs  de 
Siockholm  ,  tout  prête  à  l'éloquence 
du  piince  une  force  nouvelle.  Des 
cris  de  fureur  l'interrompent  ;  on 
court  aux  armes ,  et  le  château  du 
gouverneur  est  escaladé.  Les  Dalé- 
carliens,  animés  par  ce  premier  suc- 
cès ,  se  rassemblent  en  foule  sous  les 
drapeaux  du  vainqueur,  qui  profile 
de  leur  ardeur  et  les  mène  à  de  nou- 
veaux combats.  De  ce  moment  ^  la 
vie  de  Gustave  n'est  plus  qu'uu  en- 
chaînement de  triomphes.  A  la  tète 
des  troupes  qu'il  a  disciplinées,  il 
hasarde  les  actions  de  guerre  les  plus 
périlleuses  ;,  ei  ses  efforts  sont  lou- 


« 


GUST 

jours  couronnés  par  la  victoire.  Le 
plus  étonnaul  de  ses  exploits  esl  l'as- 
buut  donné  de  pied  ferme  ,  eu  pleine 
raer,  à  la  tlotle  danoise,  surprise  el 
fuchalnée  par  les  glaces  devant  le 
port  de  Slockliohn.  Sans  la  retraite 
des  troupes  auxiliaires  que  Lul>ec 
fournissoit  aux  Suédois  ,  la  Hotte  en- 
tière de  l'ennemi  étoil  incendiée  ou 
dcvAoil  leur  conquête.  Les  états- 
généraux  avoient,  en  i52i  ,  conféré 
à  Gusiave  le  titre  d'administrateur; 
en  1520  ils  le  proclamèrent  roi.  Il 
parut  ne  se  rendre  qu'avec  peine  aux 
instances  du  corps  entier  de  la  na- 
tion ,  reçut  le  serment  de  ses  nou- 
veaux sujets  ,  fit  son  entrée  dans  la 
capitale,  mais  dilléra  la  cérémonie 
de  son  couronnement  ,  pour  n'être 
pas  forcé  de  jurer  le  maintien  de  la 
religion  catholique  et  des  privilèges 
du  clergé.  A  peine  affermi  sur  le 
trône,  il  voulut  détruire  celte  puis- 
sance d'autant  plus  terriMe  que  l'i- 
gnorance l'a  voit  rendue  Sitcrée.  C'é- 
toit  tenter  une  entreprise  plus  ditïi- 
cile  peut-être  que  des  conqiièles  : 
osons  dire  cependant  qu'elle  étoit 
nécessaire.  Le  clergé  form  >it,  dans 
l'état,  mie  espèce  de  république  in- 
dépendante, l'actiense  et  redoutable  : 
il  possédoit  plusde  la  moitiédes  biens 
du  royaume,  et  étoit  lîi,  comme  par- 
tout, exempt  des  charges  publiques. 
Les  évèqiies  habitoienl  des  forteres- 
ses, f  entrelenoient  de  nombreuses 
garnisons  ,  donnoient  asile  aux  re- 
belles dans  les  temps  de  trouble, 
opprimoienl  les  peuples  el  faisoient 
la  guerre  aux  rois.  On  ne  compose 
])oinl  avec  ini  pareil  corps.  Vouloir 
restreindre  sa  puissance,  c'est  l'at- 
taquer; et  latlaquer  sans  le  détruire 
esl  presque  toujours  aussi  inutile  que 
dangereux. Gustave  le  sent-oil.  Lardz 
Anderson  ,  son  chancelier,  lui  con- 
seilla de  se  servir  de  la  réforme  de 
Luther  pour  remplir  ses  vues.  11 
adopta  ce  projet  hardi,  et  l'exécuta 
par  la  supériorité  de  sa  politique 
plus  encore  que  par  l'autorité.  En 


GUST 


i8i 


même  temps  qu'il  favorisoit  secrè- 
tement les  progrès  du  luthéranisme, 
il  distribua  à  ses  créatures  les  bé- 
néfices vacans  ,  et,  sous  prétexte  de 
soulager  le  peuple,  chargea  le  clt- rgé 
de  l'enlrelien  et  de  la  subsistance  drS 
troupes.  Eii'Utôl  il  osa  davajilage  : 
il  demanda  aux  états  de  i.'ïay  la  re- 
mise des  forteresses  et  l'abandon  dts 
privilèges  des  évèqnes ,  et  obtint 
iun  et  l'autre.  Pendant  ce  temps  le 
luthéranisme  se  propageoit  avec  ra- 
pidité. Gusiave  prévint  les  troubles 
ou  les  réprima;  il  contint  les  nié- 
contens,  flatta  les  ambitieux  ,  gagna 
les  foiblcs,  et  finit  par  adopter  pu- 
bliquement lui-même  une  religion 
qui  étoit  devenue  celle  de  la  grande 
mojfuité  de  ses  sujets.  En  i65o  un 
coi:cile  national  reconnut  la  confct- 
sinnd'Ausgbourg  pour  règle  de  la  foi. 
Après  a\oir,  comme  il  le  disoil,  con- 
quis son  royaume  une  seconde  fois  , 
il  ne  resloit  plus  à  Gustave  que  d'ob- 
tenir le  droit  de  le  transmettre  à  ses 
eni'ans.  Sur  !a  demande  qu'il  en  lit, 
les  états  abolirent,  en  \^/\2,  l'usage 
de  l'élection  ,  el  établirent  la  loi  de 
succession  appelée  uii^ion  litrédi- 
tairç.  Dansunemonarchieoù  le  pou- 
voir royal  étoit  alors  très -limité, 
Gusiave  exerça  une  autorité  presque 
absolue  ;  on  ne  résiste  nulle  part  et 
en  aucun  temps  à  l'ascendant  du 
génie,  des  vertus  et  sur- tout  des 
bienfaits.  Mais  il  respecta  toujours 
la  constitution  de  l'état,  et  ne  se  ser- 
vit de  son  pouvoir  que  pour  rendre 
la  Suède  heureuse  au  dedans  ,  au  de- 
hors redoutable  à  ses  ennemis,  et  res- 
pectable à  ses  alliés.  Il  perfectionna 
la  législation,  civilisa  le  peuple,  adou- 
cit ses  mœurs  ,  encouragea  les  scien- 
ces ,  excita  l'industrie ,  étendit  et  af- 
francbit  le  commerce  de  la  Suède  , 
et  lui  apprit  à  se  passer  de  l'onéreuse 
intervention  des  villes  anséatiques. 
Après  07  ans  de  règne,  il  laissa  le 
domaine  royal  augmenté,  l'épargne 
remplie,  les  arsenaux  abondamnu  ut 
fournis,  une  Hotte  conndèrable  dans 


i8: 


GUST 


les  ports ,  les  places  frontières  eu  état 
de  défense ,  le  royaume  en  paix  avec 
tous  ses  voisins,  forlitié  de  1  iilUance 
de  la  France ,  et  enrichi  par  des  re- 
lations directes  avec  tous  les  étals  de 
l'Europe.  Ce  graud  capitaine  mourut 
en  i56o  ,  âgé  de  70  aus.  Sentant  ses 
forces  s  alfoiblir  ,  il  appela  ses  en- 
fans  et  les  conjiu'a  ((de ne  pas  se  mê- 
ler d'affaires  inutiles  et  étrangères, 
de  s'occuper  uniquement  de  celles  qui 
leur  étoient  propres,  et  de  ne  rien 
entreprendre  qui  fût  an-dessus  de 
leurs  forces.  »  La  considération  dont 
la  Suède  jouissoit  en  Europe,  sous 
le   prince  qui  l'avoit  délivrée  de  la 
tyrannie  de  Christiern  II,  diminua 
SI  fort  sous  ses  successeurs  ,  que  Pi- 
brac ,  chancelier  de  Henri  IV ,  encore 
simple  roi  de  Navarre  ,  se  plaignant 
des  procédés  de  la  cour  de  France  , 
diso\t  (c  qu'elle  n'avoit  pas  plus  d'é- 
gard pour  ce  monarque  que  pour  un 
roi  de  Suède  ou  de  Chypre.  »  Gus- 
tave-Adolphe recloima  à  cette  na- 
tion le  lustre  qu'elle  avoit  perdu.  11 
laissa  trois  tils,  Eric,  Jean  et  Char- 
les ,  qui  occupèrent  successivement 
le  trône  de  Suède.  {Ployez  l'art,  sui- 
vant elles  tables  chronologiques. )La 
meilleure  histoire  de  Gustave-Wasa 
est  celle  publiée  par  d  Archeuhdltz  , 
en  allemand,  à   Tubingue ,   1801  , 
2  vol.  in-8°  ;  elle  a  été  traduite  en 
français. 

t  II.  GUST  AVE- ADOLPHE  II , 

dit  le  Grand  ,  roi  de  Suède  ,  né  à 
Stockholm  en  1  594,  successeur  de  son 
père  Charles  IX  en  1611  ,  fut  nom- 
mé Gustave,  en  mémoire  de  son 
a'ieul  paternel ,  et  Adoj.I'IIE  ,  à  cause 
de  son  a'ieul  maternel.  On  l'éleva 
d'une  manière  digne  de  sa  naissance. 
A  12  ans  il  éloit  bon  officier,  et  sa- 
voil  les  principales  langues  de  l'Eu- 
rope; à  16  il  dirigeoil  déjà  les  al- 
faires,  paroissoil  an  conseil  et  à  la 
tète  des  armées ,  obéissoit  en  soldat , 
négocioil  en  ministre,  et  comman- 
dotl  en  roi.  En  1611,  après  la  mort 


GUST 

de  Charles  IX,  les  étals  lui  décer- 
nèrent la    couronne  et    le  déclarè- 
rent majeur.  La  Suède  avoil  besoin 
d'un  chef  qui  sût  la  défendre;  une 
régence  l'eiit  perdue  :  la  confiance , 
l'enthousiasme  et  la  nécessité  firent 
taire  les  lois  ;  les  taleus  et  le  dévoue- 
ment du  jeune  roi  sauvèrent  l'état. 
Sa  valeur  éclata  d'abord  contre  les 
rois  de  Danemarck  ,  de  Moscc^ie  et 
de  Pologne  ,  qui  l'avoieut  attaqué 
en  même  temps.  II  lit  la  paix  avec 
les  deux  premiers  ,  et  obligea  le  der- 
nier à  quitter  laLivonie.  Après  avoir 
terminé  heureusement  cette  guerre, 
il  fit  alliance  avec  les  proteslans  d'Al- 
lemagne contre  l'empereur  et  la  ligue 
catholique.  La  France  accéda  à  ce 
traité  en  1601.  Les  états  protestans, 
encouragés  ,  présentent  des  requêtes 
à  l'empereur,  lèvent  des  troupes,  tan- 
dis que  Gustave  avance  en  augmen- 
tant toujourssonarmée.Ses  ministres 
voulurent  le  détourner  de  cetleguer- 
re,  sous  prétexte  qu'il  manquoit  d'ar- 
gent. ((  Les  gens  du  pape  que  je  vais 
attaquer ,  leur  répondit-il,  sont  riches 
et  efféminés.  Mes  armées  ont  du  cou- 
rage et  de  l'intelligence  ;  elles  arbore- 
ront mou  étendard  chez  l'ennemi,  qui 
paiera  mes  troupes.»  11  commença  ses 
conquêtes  en  Allemagne  par  lile  de 
Rugen  et  parla  Poméranie,  pour  être 
assuré  de  ses  derrières.  Il  défendit, 
sous  les  plus  grièves  peines  ,  de  faire 
le  moindre  tort   aux   habitans.  Ce 
héros  sensible  distribua  du  pain  aux 
pauvres.     Sa    maxime     éloit    que, 
«  pour  se  rendre  maître  des  places, 
la  clémence  ne  vaut  pas  moins  que 

la   force »    Gustave   parcourut, 

dans  moins  de  deux  ans  et  demi  , 
les  deux  tiers  de  l'Allemagne,  de- 
puis la  Vistule  jusqu'au  Danube  et 
au  Rhin.  Tout  se  soumit.  Il  força  , 
les  armes  à  la  mam ,  l'électeur  de 
Brandebourg  à  se  joindre  à  lui  ;  l'é- 
lecteur de  Saxe  lui  donna  ses  pro- 
pres troupes  à  commander  ;  l'élec- 
teur Palatin  ,  dépossédé ,  vint  com- 
battre avec  son  protecteur.  Il  rem- 


GUST 

porta  une  victoire  complète  devant 
Leipsiclc^  le  7  septembre  j63i  ,  sur 
TilU,    général   de  l'empereur.    Les 
troupes  de  Saxe,  nouvellement  le- 
vées,   prirent  la   fuile  dans    cette 
journée  ;    mais     la  discipline   sué- 
doise répara  ce  contre-temps.  Le  roi 
de  Suède  charge  l'élecleur  de  Saxe, 
quia  combattu  avec  lui,  déporter 
la  guerre   dans   la    Silésie  et   dans 
la  Bolième  ,  et  il  entre  lui-même 
dans  la  Franconie  ,  dans  le  Pala- 
tiuat  et  dans  l'évêché  de  Mayence. 
Son    chancelier  ,    Oxenslieru  ,    l'y 
joint,  et  lui  dit  :   a  Sire,  jaurois 
été  plus   content  de    vous  féliciter 
de   vos    conquêtes   à     Vienne    qu'à 
Mayence.  »  Le  héros,  qui  sent  très- 
bien  la    justice  du   reproche    que 
ces  mots  renferment,   ranime    son 
ardeur.  Il  commençoit  à  faire  du  la 
guerre    ini   art  nouveau.   Il    avoit 
accoutumé  son  armée  à  un  ordre  et 
à  des  manœuvres  inconnues  ailleurs. 
Tilli,  vaincu  devant  Leipsick,  le  fut 
encore  au  passage  du  Lech.  Gustave, 
méditant  alors  le  siège  dlnoolstadt , 
varecounoitre  une  forlihcalion  qu'il 
vouloil faire  attaquer  ;  les  canonnieis 
de  la  place  tirèrent  sur  lui  si  juste  , 
qu'un  boulet  emporta  la  croupe  de 
sou  cheval.  11  tombe  dessous,  en- 
seveli dans  la  boue  ,  et  couvert   de 
sang;  mais    il    se  relève  promple- 
ment,  saule  sur  un  autre  cheval  , 
et  continue  de  donner   ses   ordres. 
Gassion  fut  un  des  premiers  qui  ac- 
coururent au   roi ,   et  cet    empres- 
sement    lui    valut    un    régiment. 
Gustave,  qui  avoit  le  talent  heu- 
reux de   relever    le   prix  de    tous 
les  grades  qu'il  donnoit  ,  dit  à  Gas- 
sion :    «  Ce  sera    un    régiment   de 
chevet  ;  et  on  pourra  dormir  auprès 
dans  une  entière  sécurité.  »  L'année 
.suivante,  le  16  novembre    i652, 
Gustave    donna ,    dans    la    grande 
plaine  de  Lutzen  ,  la  fameuse  ba- 
taille contre  Walstein,  autre  géné- 
ral de  l'empereur.  Quelques-uns  de 
»es  régimeus  plièrent  d'abord.  Gus- 


GUST 


i83 


taveleur  dit  :  «  Si,  après  avoir  tra- 
versé tant  de  tleuv es  ,  escaladé  tant 
de  nmrailles  et  forcé  tant  de  places  , 
vous  n'avez  pas  le  courage  de  vous 
défendre,   tenez  ferme,  au  moins, 
pour    me    voir    mourir  »  ,    et  ces 
mots  ranimèrent  leur  courc'ge.  La 
vicloirje  fui    lonjÉlenips    disputée. 
Les  Su  dois  la  remporlerent  ,  mais 
ils  perdirent  Gustave, dont  le  corps, 
percé   de  deux    balles   il    de    deux 
coups    d'epée  ,    lut    trouvé    parmi 
les  morts.   11  n'avoit  <|ue  trenle-huit 
ans.  Gustave  paroissoil  avoir  quel- 
que pressentiment  de  son  malheur, 
lorsque  voyant,  peu  de  jours  au- 
paravant ,  les  peuples  accourir  eu 
foule  au-devant  de  lui  avec  de  gran- 
des démoustralious  de  joie  ,  de  res- 
pect et  d'admiration  ,  il  dit  «  qu'il 
craignoit   bien  que   Dieu  ,    offensé 
de  leurs  acclamalions  ,  ne  leur  ap- 
prît bientôt  que  celui  qu'ils  révé- 
roient  comme  un  dieu  n'éloit  qu'un 
homme  mortel.  »  11  avoit  coutume 
de    dire    «   qu'il    n'y    avoit    point 
d'hommes   plus  heureux  que   ceux 
qui  inouroient  en  faisant  leur  mé- 
tier. »   11  emporta  dans  le  tombeau 
le  nom   de   Grand  ,   les  regrets  du 
Nord  et   l'estime    de  ses   ennemis. 
11  disoit  «  qu'il  n'y  avoit  de  rang 
entre  les  rois  que  celui  que  leur  don- 
noit le   mérite.    »    Les   vertus    de 
Gustave  répoudoient  à  ses  taleus. 
Deux  défauts  ,    l'emportement    et 
la  témérité,  les  ternissoient  un  peu. 
Pour  excuser  le  premier  ,  il  disoit  : 
«  Pui.sc}ue    je  supporte  patietiin!t:i\t 
les  travers  de  ceux  auxquels  je  ccm- 
mande  ,  ils  doivent  aussi  excuser  la 
promptitude  et  la  vivacité  de  ii  on 
tempérannneut.   »  Voici  con!i.,nt 
il  se  juslilioit  sur  le  second  :  «  Uu 
roi  !<e  déclare  indigne  delà  couronne 
qu'il  porte  lorsque,  dans  uu  enga- 
gement ,  il  fait  difiiculié  de  se  battre 
comme   uu  simple  soldat.  »   Reve- 
nant un  jour  d'uuealiacjueoùil  a\oit 
élé  exposé    cinq  lieurcs  de   suite  à 
UU  feu  terrible ,  Gassion  lui  dit  que 


i84  GUST 

Jes  Français  verroientavec  déplaisir 
leur  soiiverinii  courir  d'aussi  grands 
risques.  «  F.es- rois  de  France  ,  ré- 
poiidil  Guslave,  soûl  de  grands  mo- 
narques,   el    je    suis  un   soldat   de 
fortune.  »  Guslave  donna  de  bonnes 
lois  à  son  peuple  el  les  fil  exécuter. 
Il  corrigea  beauqg^ip  d'abus  dans  la 
forme  du  gouveruemeul.  Il  anima, 
il  éclaira   Tindusirie  de  ses   sujets. 
Le  mérite  el  les   lalens  utiles  trou- 
vèrent toujours  près  de  lui  un  ac- 
cueil  distingué.    Il    cultiva    l'étude 
de  l'histoire,  de  la  lactique,  et  des 
arts  qui  avoienl  rapport  à  celui  de 
la  guerre.    Il  ne   négligea  point  la 
politique.  Le  traité  du    Droit  de  la 
guerre  el  de  la  paix,  de   Grotins  , 
éloit  une  de  ses  lectures  favorites. 
Naturellemenl  éloquent,    il  ainioil 
à  haranguer,  et  le  i'aisoit  avec  beau- 
coup de   feu.    Il  parloil     plusieurs 
langues.  Le  caractère  de  ses  enne- 
mis ,  les  projets  de  ses  alliés,  les 
ressources   de    ses    airiis  ,  rien  n'é- 
chappoil  à  son  coup-d'œil  perçant. 
Il    montra  beaucoup  de  zèle    pour 
tout  ce  qui  conceruoit  la  religion. 
Il  composa  lui-même  des  prières  , 
qu'on    récitoit   tous  les  jours  dans 
son   camp  à  des  heures  marquées. 
Ce    prince   avoil  coutume  de  dire 
«  qu'un  bon  chrétien  ne  pou  voit  pas 
être  un  mauvais  soldat. wSous sa  ten- 
te, au  milieu  des  armes  ,  il  donnoit 
quelque   temps  à    la   lecture    de  la 
parol(=i  de  Dieu  :  «  Je  cherche  à  nie 
fortifier   contre  les    tentations  ,   en 
méditant   nos   livres  sacrés,  dit-il 
un     jour    à    l'un    de    ses    officiers 
qui  le  surprit  dans  ce  pieux  exercice  ; 
les  personnes  de  mon  rang  ne  sont 
responsables  de    leurs   actions   qu'à 
Dieu  seul  :    et   cette  indépendance 
donne  lieu  à  des  tentations  contre 
lesquelles  nous  ne  pouvons  être  assez 

si'.r  nos  gardes w  On  n'a  pas  vu 

chez  les  Grecs  ni  chez  les  Romains 
d'année  mieux  disciplinée  que  celle 
des  Suédois  durant  la  guerre  de 
ireule  ans.  Tous  les  eiifans   qu'ils 


GUST 

avoient  eus  depuis  Fentrée  de  Gus- 
tave-Adolphe eu  Allemagne  étoient 
accoutumés  aux  coups  de  fusils ,  el 
portoieut ,  des  l  âge  de  six  ans,   de 
(]Uoi  manger  à  leurs  pères  qui  étoient 
dans  les  tranchées  ,  ou   en  faction. 
Gustave  alloit'porter  la  guerre  au- 
delà  du  Dauubs  ,  et  peut-être  dé- 
trôner l'empereur  ,  lorsqu'il  fut  tué. 
Que  n"a-t-on  pas  débité  sur  la  mort 
de  ce  grand  homme?  On  accusa  Fran- 
çois Albert,  duc  de  Lawembourg,  un^ 
de  ses  généraux,  gagné  par  Ferdi- 
nand Il ,  de   l'avoir  assassiné.   Puf- 
lèndorif  pense  que  ce  fut  le  duc  de 
Saxe  -  Lawembourg  ,  qui  le  fit  tuer 
à    la    sollicitation    des    Impériaux. 
D'autres  disent  que  ce   mime  duc 
vengeoit   un  soulïlet  que  lui  a  voit 
donné  Guslave  ,  irrité  de  la  manière 
trop  libre  dont  il  vivoit  avec  la  reine 
sa  mère.  Enfin  ou  imputa  sa  mort  an 
cardinal  de  Richelieu  ,  qui  avoit  be- 
soin de  sa  vie.  N'est -il    donc  pas 
naturel  qu'un  roi  qui  s'exposoit  eu 
soldat  soit  mort  en  soldat?  Ce  nom 
lui  plaisoit  ;   et  se  livrant   au    feu 
comme  le  dernier  de  ses  soldats  ,  il 
fui  de  bonne  heure  tout  couvert  de 
blessures.    Ce   héros ,    d'une    taille 
moyenne,  mais  d'une  grosseur  pro- 
digieuse qui  ne  l'empèchoit  pas  d'ê- 
tre Irès-vif  cl  très-agile,  avoit  une 
physionomie   majestueuse  el  mar- 
tiale, de  grands  traits  sans  être  durs, 
un  air  riant  et  familier.  11  aiinoilà 
railler.  On  lui  a  encore  reproché  de 
s'être  trop  livre  à  son  penclianl  pour 
les   femmes,  et  d'avoir  quelquefois 
sacrifié  au  vice  de  sou  temps  et  de 
son  pays  ,  où  le  goût  du  vin  étoit  une 
passion.  En  ce  cas  ce  seroit  donc  la 
tlatterie  el  le  mensonge  qui  auroient 
dicté  celte  inscription  qu'on  fil  pour 
lui  :  Mais  sine  J-'enere ,  Alexander 
sine  vino.  Lorsque  son  corps  fut  ou- 
vert, on  lui  trouva  un  cœur  beau- 
coup plus  grand  qu'il  ne  devoil  l'être 
suivant  les  lois  de  la  nature.  Puffen- 
dorff  a  écrit  sa  Vie  en  lalin  ,  in-fol. 
Il  en  a  paru  une  uouvelle  Histoire  à 


GLST 

Amsterdam  ,  1 764 ,  111-4")  ou  A  vol. 
iu-12.  Gustave-Adolpheestà  la  lête 
des  grauds  capitaines  du  17*^  siècle, 
et  regardé   avec   raison  comme    le 
fondateur  de   lecole   moderne.  Ses 
élèves,  Wrangel ,  Tortenson  ,  Wei- 
inar  ,  Horn  ,  Banner  ,  ont  sor.le.nu 
long-temps  après  lui  la  gloire  de  scn 
nom.  11  donna  à  la  Suède  une  nou- 
velle constilutioa  militaire,  et  créa 
nue  milice  permanente  qui  assuroit 
en  même  temps  la  tranquillité  inté- 
rieure et  la  bonne  composition  des 
armées.   11  établit  dans  les  siennes 
une  discipline  sévère  et  une  instruc- 
tion jusqu'alors  inconnue.  C'est  à  lui 
que  l'on  doit  les  premiers  exemples 
de  cet  ensemble,  de  cette  précision, 
de  cet  ordre  et  de  cette  rapidité  dans 
les  manœuvres  ,  d"où  d;-peud  le  suc- 
cès de  tous  les  mouvemens  en  face 
de  l'ennemi.  Les  occupations  do  la 
guerre  ne  l'avoieiit  pas  détourné  des 
autres  soins  de  l'administrât  ion.  Aidé 
des    conseils  du   célèbre  chancelier 
Axel-Oxenstiern,  il  réiornia  la  jus- 
tice, améliora  les  tinances,  dota  les 
imiversités,  établit  une  compagnie 
des  Indes.  Son  iul'atigable  activité  em- 
brassoit  les  moindres  détails.  Aussi 
grand  au  milieu  de  l'assemblée  de  la 
nation  qu'à  la   tète  des  armées,    il 
inspiroit  par-tout  la  confiance,  l'a- 
mour et  le  respect.  Gustave  portoit 
♦la  bravoure  jusqu'à  la  témérité  :  il 
regardoit  même   comme  v\n  de  ses 
devoirs  ,  de  diriger  tous  les  mouve- 
mens  de  Sfs  troupes  ,  et  d'eu  partager 
les  fatigues  et  les  dangers.  Avant  la 
bataille  de  Lutzeu  il  a  voit  déjà  reçu 
14  blessures  sur  le  champ  de  bataille. 
Quoique  luthérien  zélé  ,  il  respecta 
toujours  les  autres   religions.   «  H 
prioitDieu  ,  disoit-il ,  de  réunir  tous 
les  hommes  par  la   charité,   puis- 
qu'il éloil  inn&ssible  de  les   réunir 
par  la  foi.  w  11  laissa  de  Marie-Eléo- 
nore,  fille  de  Sigismond,  électeur  de 
Brandebourg,  une  fille  unique  ,  qui 
lui  succéda  à  lage  rie  cinq  ans  :  c'est 
la  célèbre  Chrislme  {poj.  ce  mol  ). 


GUST 


i85 


Elle  laissa  la  couronne  à  Charles- 
Gustave,  prince  palatin,  fils  d'une 
sœur  de  Gustave-Adolphe.  Charles 
XI,  fils  de  ce  prince,  fut  père  de 
Charles  XII  et  d'Ulrique  Eléonore  , 
en  qui  finit  la  postérité  de  Guslave- 
Wasa. 

t  m.  GUSTAVE  m ,  né  le  24 
janvier  1746,  succéda  en  1771  à 
Frédéric-Adolphe ,  roi  de  Suède.  Dès 
son  avènement  au  trône,  sentant 
l'oppression  on  la  cour  de  Russie 
et  le  sénat  de  Stockholm  tenoient 
les  monarques  suédois,  il  chercha  à 
secouer  ce  double  joug. I-e  sénat,  vou- 
laut  de  son  côté  accroître  son  auto- 
rité, lui  fit  signer  une  formule  de 
serment  différente  de  celui  de  ses 
prédécesseurs,  et  s'arrogea  jusqu'au 
droit  de  lui  choisir  un  confesseur,  et 
de  fixer  la  quantité  de  vin  qu'on  de- 
voit  servir  à  sa  taf)le.  Gustave  con- 
fia son  projet  d'afiranchissemenl  au 
ministre  de  France,  Vergennes  ,  au 
sénateur  Hernianon  ,  et  aux  comtes 
de  Scheû'er  et  de  Salza  ;  ils  ti'acèrent 
ensemble  le  plan  de  révolution  qui 
fut  opéré  bientôt  après.  Le  sénat, 
environné  des  gardes  du  roi ,  céda 
sans  résistance.  Les  troupes  prêtèrent 
serment  de  fidélité  an  monarque  ; 
tous  ceux  qui  prirent  en  ce  jour  le 
])arti  de  Gustave  nouèrent  un  mou- 
choir  blanc  autour  de  leur  bras  gau- 
che ;  et  ce  signe  de  dévouement  con- 
tinua à  distinguer  les  officiers  suédois 
pendant  tout  le  règne  du  monar- 
que :  l'assassin  qui  lui  ôta  la  vie  le 
portoit  lui-même.  Lorsque  Gustav» 
se  fut  emparé  de  tous  les  postes  de  ia 
ville  ,  il  assembla  les  principaux 
membres  delà  diète,  et , après  leur 
avoir  reproché  leur  morgue,  leurs 
usurpations,  leur  corruption,  il  lut 
son  projet  de  constitution ,  qui  fut 
approuvé  sur-le-champ,  sans  qu'il 
s'élevât  de  contradicteurs.  Les  offi^ 
ciers  furent  alors  avancés  d'un  grade, 
et  les  bourgeois  de  Stockholm  obtin- 
rent des  médailles  d'or  ou  d'argent 


i86 


GUST 


qu'ils  eurent  la  permissiou  de  porter 
à  leurs  boutonnières.  Gustave  ,  crai- 
gnant que  l'impératrice  de  Russie  ne 
continuât  à  fomenter  les  divisions 
qui  troubloient  depuis  long  -  temps 
ses  états  ,  se  rendit  à  Pétersbouvg 
sous  le  nom  de  comte  de  Golhland  , 
pour  couférer  avec  cette  souveraine 
sur  les   moyens  de    terminer    tout 
différent.  Dans  leur  entrevue  ,  ils 
montrèrent  lun   à  l'égard  de  l'au- 
tre une  cordialité  également  feinte  , 
et  la  guerre  s'alluma  bientôt  entre 
ces  deux  puissances.  Gustave,  irrité 
de  ce  que  des  émissaires  russes  s'ef- 
forçoient  de  faire  insurger  la  Fin- 
lande ,  prit  les  armes  et  fit  équiper 
une  flotte  formidable  à  Carlscrona. 
Un  traité  .particulier  attacha  à  ses 
intérêts  la  Prusse  et  les  Turcs  qui  lui 
firent  passer  des  subsides;  malgré 
ces  secours,  sa  flotte  fut  battue  le  17 
juillet  1788  à  Hoglaud  par  l'amiral 
Greig,  et  quoiqu'il  n'y  eût  que  huit 
vaisseaux  russes  qui  combattissent 
avec  courage,  ils  triomphèrent.  Les 
Suédois  se  réfugièrent  à  Sweaborg  , 
où  ils   restèrent  bloqués  très-long- 
temps. La  défection  de  plusieurs  of- 
ficiers vint  assurer  les  succès  de  la  1 
Russie.   Les   Norwégiens ,  conduits  i 
par  le  prince  de  Danemarck,  se  réu- 
nirent à   celte  dernière  puissance, 
forcèrent  à  Quistrum  le  régiment  de 
Westrogothie  à  capituler,  s'emparè- 
rent d'Oudewalla,  et  vinrent  mettre 
le  siège  devant  Gothembourg  ,  ville 
ia  plus  considérable   de    la  Suède  , 
après  Stockholm.  Gustave  alors  en- 
voya jusqu'à  ses  propres  gardes  au 
secours  de  celte  place.  Pour  lui,  cou- 
rant dans  les  forêts  de  la  Dalécarlie, 
il  en  rassembla  les  sauvages  habi- 
tans ,  se  mit  ù  leur  tète ,  et  marcha 
vers   Golhembourg.  Craignant  que 
cette  ville  ne  se  rendit  avant  que  son 
armée  ne  fût  arrivée  ,  il  se  déguisa, 
partit  avec  un  simple  aide-de-camp, 
et  parvint  jusqu'aux  portes ,  où  ou 
eut  beaucoup  de  peine  à  le   recon- 
noîlre.  Bjpntôl  la  médiation  de  l'An- 


GUST 

glelerre  et  de  la  Prusse    força    le 
prince  de  Danemarck  à  lever  le  siège  ; 
et  le  traité  de  paix  de  Varéla,  signé 
le  i4  août  1790,  mit  fin  aux  hosti- 
lités.  Gustave  s'engagea  aussitôt  à 
devenir  le  chef  de  la  coalition  du 
nord  contre  la  France,  et  à  contri- 
buer à  éteindre  les  principes  d'une 
révolution  efi"rayante  pour  tous  les 
rois.-  Catherine  donna  ordre  à  sou 
ministre  Stockelberg  de   promettre 
à  ce  prince  douze  mille  soldats  russes, 
et  un  subside  de   trois  cent  mille 
roubles  ;  mais  il  n'eut  pas  le  temps  rie 
commencer  son  entreprise.  Les  no- 
bles suédois  ,  mécontens  de  son  gou- 
vernement, et  de  ce  que  leurs  droits 
avoient  été    restreints    non   seule- 
ment par   la  révolution   de  1772, 
mais  par  la  diète  que  le  roi  avoit  as- 
semblée à  Gèfle ,  au  commencement 
de   1792,   jurèrent  sa  perte.  Trois 
conjurés  tirèrent  au  sort  à  qui  l'as- 
sassineroit.   Il   tomba   sur  Ankars- 
troom  qui  tira  sur  Gustave  un  coup 
de  pistolet  au  milieu  d'un  bal ,  dans 
la  nuit  du  i5  au  j6  avril  1792.  Le 
jour  même  Gustave  avoit  reçu   ce 
billet  :  «  Je  suis  encore  de  vos  amis, 
quoique  j'aie  des  raisons  pour  ne  plus 
l'être.  N'allez  pas  au  bal  ce  soir ,  il  y 
va  de  votre  vie.  w  Le  monarque  dé- 
daigna cet  avis  et  vint  à  minuit  dans 
sa  loge  à  l'opéra  pour  y  jouir  du  coup 
d'œil  du  bal.  «  La.  gaieté  qui  règne* 
ici ,  dit-ij  à  son  écuyer  qui  étoil  dans 
sa  confidence,    est  trop  vive  pour 
qu'il  s'y  trouve  des  assassins,  m  Aus- 
sitôt il  descendit  dans  la  salle.  Quoi- 
que masqué,  il  étoit  facile  à  recon- 
noître  par  la  vitesse  de  sa  démarche. 
La  foule  l'ayant  pressé,  l'assassin  en 
profita  pour  lui  tirer  le  coup  à  bout 
portant   [voyez   Ankarstroom ). 
Le  monarque  expira  le  29  du  même 
mois.  A  celte  époque,  le  jugement 
contre  le  meurtrier  et  ses  complices 
avoit  déjà  été  exécuté.  Gustave  fut  le 
seul  des  rois   de  Suède  qui,  depuis 
CbarlesXIl,  parla  parfaitement  sué- 
dois; ce  qui  le  rendit  cher  aux  pay- 


GUST 

sans  et  aux  soldats.  Hardi  ,   impé- 
tueux,ayant  l'esprit  chevaleresque, il 
ue  manqua  ni  de  sang-froid,  ni  de  dis- 
crétion. Dans  ses  voyages  il  montra 
par-tout  un  abord  prévenant ,  un  es- 
prit aimable  et  des  dehors  séduisans. 
Étant  à  Paris  ,   il  refusa    d'y  voir 
Francklm  ,    «  parce  que  ,  dil-il,  il 
n  étoit    pas   prudent    aux  rois  de 
voir  et  d'aimer  de  pareils  hommes.» 
Il  passa  ensuite  eu  Italie,   séjourna 
avec  plaisir  à  Rome,   et  y  admira 
en   connoisseur     les  chefs-d'œuvre 
des  arts  ,  encourageant  les  artistes, 
et  leur  donnant  des  conseils  utiles. 
11   conserva  ,  malgré  les   douleurs 
violentes  que  lui  causoit  sa  blessure  , 
la  plus  grande  fermeté  jusqu'à    son 
dernier  moment.  Uconsola  ses  amis, 
et  pourvut  à  leur  soit.  La  veille  de 
sa  mort,  il  écrivit  de  sa  main  un 
codicille,    qui    nomma   régent  son 
frère  le  duc  de  Sudermanie ,  et  le 
pria  de   faire  grâce  aux   complices 
de    sou    assassin;    il  fit   approcher 
Gustave-Adolphe  son  fils,  âgé  de 
quatorze  ans ,  et  l'exhorta  dans  un 
entretien    noble   et  touchant    à  la 
modération,  à  l'amour  de  la  paix, 
et  sur-tout  à  se  garantir  du   désir 
de  toute  expédition  lointaine.   Son 
cerps  fut  ouvert  :  on  y  trouva  uue 
balle  carrée ,  et  deux  pointes  de  clou 
eutre  les    côtes.    Mallet    Dupau    a 
tracé   de  ce   prince  le  portrait  sui- 
vant :     «    Nul    souverain    du    18" 
siècle  ,  si  Tou  eu  excepte  Frédéric-le- 
Graud ,  n'occupera  uue  place  si  ho- 
norable  dans  1  histoire.  Réunissant 
les  lumières  à  la  capacité,   le  cou- 
rage à    l'adresse ,  l'application  aux 
taleus,  Gustave  lll  a  effacé  tous  ces 
monarques  endormis  sur  le  trône  , 
qui  laissent  errer  les  événemens  au 
gré  de  leurs  ministres.  En  1772    il 
vengea  les  droits  de  la  nation  ;   il 
reprit  les  siens;  il  rétablit  les  bases 
de  l'ancienne  constitution;  il  replaça 
l'équilibre  eutre  laliberté  et  la  monar- 
chie. Sous  sou  administration  vigou- 
reuse la  vénalité  disparut.  Nul  nosa 


GUST 


187 


trafiquer  de  la  patrie,  en  citant  son  pa- 
triotisme. La  marine,  l'armée,  les 
forteresses,  le  commerce  maritime, 
la  considération  extérieure  ,  les  arts, 
l'industrie,  se  ranimèrent  pendant 
ce  règne  calomnié.  N  ayant  pu  étouf- 
fer le  germe  des  factions,  Gustave  lll 
sut  les  contenir.  Il  punit  très-rare- 
men  t,  pardonna  à  des  ingrats,  sachant 
qu'ils   ne  cesseroient    pas  de  l'être, 
î^iul  souverain  n'eut  des  amis  plus 
zélés,   des  sujets  plus  affectionnés, 
des  ennemis   plus  implacables.  On 
lui  a  reproché   sa  dernière  guerre 
(  contre  la  Russie  );  elle  étoit  juste 
autant  qu'indispensable.  11  s'agissoit 
de  décider  qui  règneioil  à  Stockholm 
du  roi  de  Suède  ,  ou  des  émissaires 
de  la  Russie.  Celte  puissance ,  indi- 
gnée de  larévo]utiondei772,n'avoit 
cessé  d'entretenir  le  germe  de  nou- 
veaux troubles.  Gustave  111  pénétra 
avec    justesse   que  son    salut    étoit 
attaché àcelui  de  la  Porte  Ottomane, 
et  que  les  victoires  de  Catherine  11 
vers  le  Bosphore  riveroieut  les  chaî- 
nes de   la   Baltique.    Au    moment 
où  il  se  déclara  ,   trente-cinq  mille 
Russes,  répandus  eu  Italie  ,  ou  près 
d'y   arriver ,    alloient  s'embarquer 
sur  la  Hotte   attendue  à   Cronstadt , 
par  le  détroit  de  Gibraltar.  Ces  for- 
ces dévoient  tout  de  suite  se  porter 
à    Sinope  ,     et    s'emparer     de     la 
iVIorée.  La  cour   d'Espagne    donna 
l'alarme  ;  la  Suède  s'arma  ,  et    les 
vaisseaux    russes    furent  enfermés 
dans  la   Baltique.    Ayant  à   lutter 
contre   les  traîtres   et  les    ennemis 
extérieurs  ,    Gustave  remplit     sou 
but ,  et    maintint   sa   dignité  avec 
les   ressources   les  plus   médiocres. 
L'Europe  fut  témoin  de  son  activité  , 
de  sa  bravoure,  de  son  courage  d'es- 
prit qu'aucun  revers  ne  déconcertoit. 
Infatigable  et  présent  ]>ar-tout,  ua 
jour  il   combattoit   en  Finlande,  le 
lendemain  il  se  rendoit  à  Stockholm, 
parcouroit  ses  provinces  sans  pren- 
dre de  repos ,   raffermissoit  par  sa 
I  présence  la  Scauie  menacée,  et  re- 


i88  GUST 

paroissoit  bieulôt  à  la  tête  de  ses 
armées.  Peu  de  princes  ont  eu  l'es- 
prit aussi  cultivé  ;  il  connoissoit  eu 
homme  de  lettres,  et  parloit  cor- 
reclement  les  principales  langues  de 
l'Europe.  Il  écrivoit  comme  le  chan- 
celier d'Oxenstiern.  Son  style  oH'roit 
le  mérite  de  la  concision ,  de  la 
vigueur  et  de  la  clarté.  La  plupart  des 
dépèches  et  des  mémoires  imi»or- 
tans  furent  rédigés  de  sa  main.  Son 
genre  de  mort  prématurée  inspire 
à  la  fois  l'horreur  et  la  pitié.  Avant 
d'expirer  ,  il  éprouva  des  souffrances 
cruelles.  Les  derniers  jours  ,  il  ne 
pouvoit  rester  couché,  et  se  leuoit 
assis  dans  son  lit.  Pondant  la  mati- 
,  née  où  il  rendit  l'ame,  il  se  ht  ap- 
procher d'une  croisée  de  son  appar- 
tement ,  et  se  montra  au  peuple 
pour  la  dernière  fois.  Ses  derniers 
momeus  furent  donnés  à  la  religion. 
Il  communia  des  mains  de  son  grand- 
aumônier  ,  et  s'entretint  assez  long- 
temps avec  ce  prélat ,  «pu  a  piiblié 
le  rapport  de  cette  conlérence  ,  où 
le  roi  montra  autant  de  piété  que  de 
stoïcisme.  «  Dans  une  salle  de  l'u- 
niversité d'Upsal  on  voit  un  grand 
coffresurraontéd'un  autre  plus  petit, 
tous  les  deux  fermés  avec  des  verroux 
et  des  chaînes.  Ces  deux  coffres  ont 
été  légués  à  l'univ^ersité  par  Gustave, 
avec  ordre  de  ne  les  ouvrir  que 
cinquante  ans  après  la  date  de 
sa  mort.  Il  écrivoit  avec  élégance  , 
et  avoit  des  connoissances  très-va- 
riées. On  lui  doit  ,  I.  Des  pièces 
de  théâtre  ,  qui ,  sans  être  correctes, 
ne  sont  point  sans  intérêt.  Ces  piè- 
ces sont ,  Siri-Brahé ,  drame  ,  dont 
le  sujet  est  historique  ,  et  date  du 
j'ègnede  Gustave- Adolphe  ;  Helm- 
feld  ^  autre  sujet  historique  du 
temps  de  Charles  '!k\\Natalle  Na~ 
rlskin,  sujet  russe  ;  l'Un  pour  l'y} li- 
tre, comédie.  11.  Des  Discours  aca- 
fiémiques.  TH.  Un  E/oge  de  Tor.t- 
(e/ixon.  Cet  écrit,  envoyé  dans  le 
plus  grand  secret  à  l'académie  de 
Slocliliolm,   y  obtint  le  prix   que 


GUTT 

Gustave  lui-même  y  avoit  fon.lé. 
IV.  Des  Essais  polilic/ues.  V.  Des 
Lettres  à  divers  personnages  re- 
marquables, au  cardinal  de  Bernis, 
à  MacU;d'Egniont  ,  et  dont  les  plus 
intéressantes  sont  adressées  au 
comte  Ulric-Scheffsr  ,  sou  ambas- 
sadeur en  France,  pour  lequel  il 
avoit  la  i)lus  tendre  amitié.  Le 
comte  d'Oxensli.;rn  ,  membre  de 
l'académie  suédoise,  adonné  une  édi- 
tion complète  des  (Ein'res  de  Gus- 
tave 111 ,  et  M.  Deehaux  a  publié 
une  édition  des  (Euvres  politiques  , 
dramatiques  et  littéraires  de  Gus- 
tave lll,  Stockholm  et  Paris,  i8o5, 
5  vôl  iu-8°.  La  statue  de  Gustave, 
par  le  célèbre  sculpteur  Serget  ,a 
été  érigée  à  Stockholm  sur  la  place 
où  ce  roi  descendit  a  son  retour  de 
la  Finlande,  après  la  paix  de  Wérela. 
[/inscription  gravée  au  pied  de  la 
statue,  porte  ces  mots  :  A  Gus~ 
tauelll,  législateur,  vainqueur, res- 
taurateur de  lapaix ,  par  la  bour- 
geoisie de  Stoclulm,  1808.  Voyez 
C.vTHEniNE  H,  n"  VIII,  Ankars- 
TKOOM,el  les  Tables  chronologiques 
à  l'article  de  la  Si'ÈnE. 

GUTHIER.  rojesGouTHiER. 

*  GUTHRY  (Guillaume),  géo- 
graphe écossais  ,  né  en  1701  ,  mort 
en  17^9  ,  élève  d'Aberdeen.  Le  plus 
estimé  de  ses  ouvrages  est  sa  Gram- 
maire géographique  ,  traduite  en 
français  en  1799  ,  5  vol.  in-8°,- 
abrégée  en  iSoo,  i  vol.  in-S"  ;  et 
ensuite  augmentée  jusqu'à  9  v.  in-8°. 

GUTNER  (Jean -Gabriel),  im- 
primeur distingué  à  Chemnitz  en 
Misnie  vers  lan  1660,  a  écrit  sur 
l'art  de  l'imprimerie. 

GUTTEiMBERG  (  Jean  )  naquit 
à  Mayence  d'une  famille  noble  ,  du 
nom  de  Sorgenlock,  dont  les  diffé- 
rentes branches  avoient  des  surnoms 
pris  des  enseignes  qui  disliugiioient 
les  maisons  qu'elles  habitoienl,  tel 
que  celui  de  Gullemberg,  qui  éloit 


GUTT 

le  surnom  tle  la  sienne.  C'est  ce 
gentilhomme  allemand  qui  doit  être 
lei^arde  comme  riuvenleur  de  l'im- 
primerie, ou  du  moins  comme  le 
premier  qui  ait  conçu  et  exécute 
l'idée  d'imyirimer  nn  livre  ,  d'abord 
avec  des  planches  de  bois  gravéts , 
et  ensuite  avec  des  caractères  de 
bois  sculptés  et  mobiles  ;  car  on 
ne  conleste  point  à  Schœffer  la  gloire 
d'avoir  imaginé  les  caractères  de 
fonte. Il  est  constaté  aujourd'hui  par 
des  documens  authentiques  ,  tirés 
des  archives  de  la  ville  de  Stras- 
bourg ,  et  pul)liés,  eu  1760  ,  par 
Scliœpilin  ,  dans  nn  ouvrage  inti- 
tulé fi/idiciœ  Ijpograp/ticiti,  qu'a- 
vant 1440  ,  Gulttuibergavoil  com- 
mencé dans  cette  ville  ses  premiers 
essais  de  typogra])liie.  Ces  estais 
furent-ils  laits  avec  des  caractères 
de  bois  mobiles  ,  compie  prétei:d 
le  prouver  Schoepllin  ?  Furent -ils 
faits  avec  des  planches  gra\ées  , 
comme  le  veut  Fournier  ,  célèbre 
fondeur  de  caractères?  Voilà  le  seul 
point  sur  lequel  il  reste  des  doutes. 
Ce  ne  fut  qu'après  i444  ,  qu'obéré 
par  les  dépenses  que  ces  essais  lui 
«voient  coûté  ,  il  vint  s'associer 
à  Mayence  avec  Jean  Fustli ,  or- 
févi'e ,  qui  lui  fournit  des  ionds 
pour  continuer  et  pei'fectiouuer  son 
entreprise.  SchœfTer ,  écrivain,  et 
homme  industrieux  ,  fut  aussi  ad- 
mis dans  cette  société.  Us  travail- 
lèrent ensemble  jusqu'en  i435  ,  et 
il  est  très-probable  qu'un  des  pre- 
miers fruits  de  leurs  travaux  est  une 
Bible  sans  date ,  et  sans  aucune 
indication  du  nouvel  art  qui  l'aVoit 
produite,  dont  le  deuxième  volume 
seulement,  impi'imé  sur  vélin, existe 
dans  la  bibliothèque  Mazarine  ,  et 
dont  le  caractère,  sculpté  en  l)ois 
et  mobile  ,  atteste  vme  antiquité 
plus  reculée  que  la  Bible  comme 
que  Fustli  et  Schœff'er  imprimèrent 
l'an  1462  en  caractère  de  fonte.  11 
est  encore  assez  vraisemblable  que 
«elle  même  Bible,  dont  tous  les  som- 


GUTT  189 

maires  el  les  lettres  initiales  sont 
ajoutées  à  la  main  ,  est  celle  dont 
ou  a  taut  parlé,  pour  avoir  été 
vendue  à  Paris  par  Fuslh ,  comme 
mamisc-rite,  plutôt  que  la  Bible  dû 
i4t52  ,  annoncée  dans  la  suscription  , 
comme  une  production  du  nouvel 
art  d'imprimer.  11  faut  pourtant 
convenir  que  celle  raison,  souvent 
alh'guée  par  quelques-uns  de  ceux 
qui  ont  écrit  ^ur  l'origine  de  l'im- 
primerie ,  n'est  jias  aussi  décisive 
qu'elle  le  paroil  an  premier  coup- 
d  œil  ;  car  la  suscription  n'est  pas  la 
même  dans  tous  les  exemplaires  de 
cette  Bible  de  i/\^2  ,  sans  qu'on  soit 
d'accord  sur  la  cause  de  celle  va- 
riété. Il  y  en  a  deux  différentes  : 
l'une  annonce  claix"ement  la  nouvelle 
invention  d'imprimer  ,  ahsqiie  ca~ 
lami  exaratione  :  l'autre  porte  sim- 
plement que  l'ouvrage  a  été  ache- 
vé par  Fuslh  et  SchœfFer  .  tel  jour 
eu  1462  ,  industrie  J'inilum  ,  com- 
pleii/m  et  co/tsunimatiim  est.  Or , 
on  ne  voit  pas  ce  qui  auroil  pu 
empêcher   de   vendre    ces  derniers 

exemplaires  comme  manuscrits 

Gullemliergf  se  sépara  de  ses  asso- 
ciés vers  i4n,T.  Les  dix  années  de 
sa  vie  qui  s'écoulèrent  entre  celle 
époque  el  l'année  1/460  sont  rem- 
plies dilléremment  par  les  auteurs 
qui  ont  parlé  de  lui.  Les  nns  ,  pré- 
tendaulqu'ilséioil  brouillé  avec  ses 
associés  en  i456  ,  le  font  revenir 
à  Strasbourg  ;  les  antres  le  font  res- 
ter à  Mayence  ,  où  il  étoit  au  ser- 
vice de  l'électeur  Adolphe  de  Nas- 
sau en  1465.  Mais,  comme  on  ne 
peut  citer  aucun  ouvrage  imprimé 
qui  porte  son  nom  ,  il  n'y  a  là- 
dessus  que  des  conjectures  plus  ou 
moins  arbitraires.  Ce  que  les  monu- 
meus  du  temps  nous  apprennent, 
c'est  qu'en  146 5  ,  il  fut  reçu  au 
nombre  des  geulilhommes  d'Adol- 
phe de  Nassau ,  électeur  deMayence , 
avec  des  appointemena  annuels  ,  el 
qu'il  mourut  vers  it|6b  ,  âgé  de  pluu 
de  60  ans.  Ce  qu'il  y  a  de  certain , 


iQo  GUY 

c'est  qu'il  u'exislori  pas  le  24  février 
de  celte  auiite.  (  Vuyez  dans  les  ar- 
ticles COSTER  ,  U°  I  ,  FUSTH  61  MeX- 
TEL ,  quelques  aulreséclaircissemeiis 
sur  l'origine  de  l'imprimerie  du  roi.) 
Eii  1801  M.  Oberlin  a  publie  un 
Essai  sur  la  vie  de  Gultemberg  , 
plein  d'érudilion  et  d'intérêt. 

*  GUTWIRTH  (Melcliior  ) ,  né  à 
Budweiss  en  Bohème  l'an  1636,  se 
fit  jésuite  en  1644  ,  et  mourut  d"a- 
poplexie  à  Prague  en  ]7o5,  après 
avoir  exercé  divers  emplois  dans  sa 
société.  On  a  de  lui  divers  ouvrages  , 
parmi  lesquels,  Saticli  Tf'enveslai 
mart.yris  et  patroni  Bohemiœ  vir- 
lûtes,  Olmutz  ,  i65i,  in-«°  ;  De 
virtutibus  XIV  Cœsarum  Justria- 
corum  ,  Olmutz  ,  iGSg",  in  -  8°; 
Melc/dsedeck pariein  et  viniim  of- 
ferens ,  Prague,  1669  ,  in-4'',  etc. 

*  I.  GUY  (Thomas),  Anglais, 
fondateur  de  l'hôpital  de  Guy ,  né 
en  1645  ,  mort  en  1724  ,  avoit  été 
destiné  au  commerce  de  librairie ,  et 
il  le  commença  avec  une  somme  de 
5200  liv.  sterling.  Mais  ce  ne  fut  pas 
dans  ce  commerce  qu'il  amassa  l'im- 
mense fortune  dont  il  a  joui.  Ce  fut 
en  achelantdes  billets  de  la  marine, 
sous  le  règne  de  la  reine  Anne  ,  et 
par  des  spéculations  sur  les  fourni- 
tures pour  les  mers  méridionales 
dans  la  mémorable  année  1720. 
Quand  il  mourut,  sa  fortune  mon- 
toit  à  ,"500,000  liv.  sterling.  Outre 
l'hôpital  de  Guy  ,  il  a  fondé  encore 
un  hospice  à  Tamworth. 

*  II.  GUY  DE  MuNOis  ,  abbé  de 
Saint- Germain  d'Auxerre,  depuis 
l'an  15285  jusqu'à  fan  1009,  s'ap- 
pliqua à  déchiffrer  tous  les  anciens 
diplômes  des  rois  et  autres  seigneurs; 
il  en  tirades  copies,  et  les  fit  toutes 
écrire  en  beaux  caractères  du  temps 
dans  un  livre  appelé  carlulaire,  et 
qui  subsiste  encore.  C'est  de  ce  livre 
que  le  savant  dom  Mabillon  ,  l'abbé 
Baluze  et  l'abbé  Le  Bœuf,  ont  tiré 


GUYA 

plusieurs  chartes  curieuses  qu'ils  ont 
publiées. Guy  de  Muriois  mourut  dans 
un  village  près  d'Auxerre  en  i3i5. 

III.  GUY.  Voyez  MÉad  ,  à  la  fin 
de  l'article. 

IV.  GUY,  moine  d'Arezzo.  Voy. 
Akétin. 

i-I.  GUYARD  (Bernard),  né  n 
Craon  dans  l'Anjou  en  1601 ,  jacobin, 
docteur  en  ihéologieet  prédicateur  du 
roi,  mort  à  Paris  le  ig  juillet  1674, 
est  auteur  ,  I.  De  la  Vie  de  saint 
Vincent  -  renier  ,  i654,in-8°.  II. 
Discrimina  inter  doctrinam  Tho- 
mislicam  et  Jansenianam  ,  ibbh  , 
in-4°.  IIÏ.  La  fatalité  de  Saint- 
Clou  d ,  Paris  ,  1672  ,  in-i  2  ,  où  il 
tâche  de  prouver  que  ce  n'est  pas  un 
jacobin  qui  a  tué  Henri  III  ;  il  a  été 
réfuté  par  la  véritable  Fatalité  de 
Saint-Cloud  ,  qui  se  trouve  dans  le 
Journal  de  Henri  III,  avec  l'ouvrage 
du  P.  Guyard ,  et  qui  est  insérée  aussi 
dans  la  satire  Ménippée  ,  tome  II . 
page  'hofb. 

i  II.  GUYARD.  /^'.GiiiAiir),n°  II. 

t  III.  GUYARD  DE  Berville 

(N...  ),  né  à  Paris  en  1697  ,  nulle- 
ment favorisé  de  la  fortune  ,  traîna 
une  vie  obscure  ,  qu'il  finit  à  70  ans, 
en  1770,  à  Bicêlre,  où  la  misère 
l'avoit  forcé  de  se  retirer. Nousavons 
de  lui ,  ï.  Histoire  de  Bertrand, 
du  Guesclin,  Paris ,  1767,  in-12, 
'2  vol.  II.  Histoire  du  chei^alier 
Bayard ,  Paris,  1760,  in-12.  Le, 
sujet  de  ces  liistoires  est  intéressant, 
mais  le  style  est  diffus,  et  la  plupart 
des  réflexions  de  l'historien  sont  très- 
communes. 

IV.  GUYARD  (  madame).  Ployez 
Vincent. 

V.  GUYARD.  Voyez  Gciard. 

t  GUY  AUX  (  Jean- Joseph  ) ,  né 
l'an  1684  à  "Wamfercée ,  village  du 
Brabant  Wallon  ,  professeur  de 
l'Ecriture  sainte  en  1725,  docteur 


GUYE 

en  lliéologie  et  chanoine  de  Saint- 
Pierre  eu  i7i27,  et  enfin  doyen  et 
prévôt  de  celte  église  ,  mourut  le 
8  janvier  1774,  à  Louvain,  après 
avoir  l'ait  des  legs  considérables  aux 
pauvres.  On  a  de  lui,  I.  Commen- 
tariits  in  jlpocaljpsîm,  Louvain, 
1781,  in-8°,  où  il  combat  le  sys- 
tème que  Kerkherder  établit  dans 
sa  Monarchia  Romœ  paganœ.  Le 
style  de  cet  ouvrage  n'est  ni  pur  ni 
agréable.  II.  Quœstio  mo/iastico- 
t/ieologica  de  carnium  esu ,  Lou- 
vain, 1749»  in-4°-  111-  Prœlec- 
tiones  de  S.  Jesu-Chrlsti  Evange- 
lio  ,  deque  Actis  et  EpisloUs  apos- 
tolorum.  M.  Gérard,  chauome  de 
l'église  de  Gand  ,  ancien  professeur 
en  philosophie  à  Louvain  ,  a  donné 
l'édition  de  cet  ouvrage  en  sept  vo- 
lumes iu-8°. 

t  L  GUYET  (  Charles  ) ,  jésuite 
à  Tours, né  en  1 601  ,  mort  en  1664, 
à  63  ans,  enseigna  les  belles  lettres 
pendant  cinq  ans  ,  et  la  théologie 
morale  pendant  deux  ans.  Il  a  tra- 
vaillé sur  les  cérémonies  de  j'Eglise  ; 
le  fruit  de  ses  travaux  fut  un  gros 
in-folio  ,  plein  d'érudition  et  cu- 
rieux, intitulé  Heortologia,  sive  de 
Festis propriis  Iocorum,eA  un  autre 
ouvrage  sous  le  titre  de  Ordo  gene- 
ralis  el  perpeluus  diuini  officii  re- 
citandi.  l^oj ez.GviLi.ET. 

t  II.  GUYET  (  François  ),  prieur 
de  Sainl-Andrade  ,  dans  le  diocèse 
de  Bordeaux,  ha1)ile  et  hardi  criti- 
que ,  dont  les  conjectures  ,  quoique 
très -hasardées,  sont  recherchées  et 
estimées  des  savans  ,né  à  Angers  en 
1575  ,  et  mort  dans  la  même  ville 
en  i655,  avoit  fait  des  Noies  sur 
différens  auteurs  ,  dont  Boeder  et 
Grœvius  ont  prolité;  il  en  a  laissé 
de  manuscrites  sur  la  Pharsale  de 
Lucain,  qui  se  trouvent  dans  l'édi- 
tion de  cet  auteur  ,  publiée  à  Leyde, 
1728,  iu-4°,par  les  soins  de  Fran- 
çois Oudendorp.  La  Traducliou  de 
Stace  par  l'abbé  de  Marolles  seroit 


GUYO 


'9î 


entièrement  oubliée ,  sans  les  remar- 
ques de  Guyet,  que  le  traducteur  a 
placées  au  bas  du  texte.  On  a  aussi 
publié  ses  Noies  sur  Térence ,  à 
Strasbourg  ,  en  1657.  Ce  savant  cri- 
tique légua  par  son  testament  tous 
ses  livres  au  célèbre  abbé  Gilles 
Ménage,  qui  les  légua  ensuite,  avec 
sa  riche  biljliotlicque  ,  à  la  maison 
professe  des  jésuites  de  Paris. 

GUYMIER  (Côme),  conseiller- 
clerc  au  parlement  de  Paris,  «sa 
patrie  ,  çt  président  aux  enquêtes  , 
magistrat  plein  d'intégrité  et  de  lu- 
mières, composa,  vers  l'an  i486  , 
un  Commentaire  sur  la  Pragma- 
tique sanction  de  Charles  fil  ^ 
roi  de  France  ,  plusieurs  fois  réim- 
primé. La  meilleure  édition  est  celle 
qu'en  donna  Piusson ,  avocat  au  par- 
lement de  Paris,  en  1666,  in-folio, 
qu'il  orna  d'une  Histoire ,  aussi  utile 
que  curieuse,  de  la  Pragmatique- 
Sanction  ,  et  de  plusieurs  pièces 
servant  de  preuves. 

GUYî\IONT.  V.  Touche  (Claude 
Guymont  de  la  ) ,  et  Guimond. 

1 1.  GUYON  (Symphorien  ) ,  né 
à  Orléans,  entra  dans  l'Oratoire  en 
1625,  et  fut  envoyé  quelque  temps 
après  avec  le  P.  BourgoingàMalines, 
pour  y  établir  inie  maison  de  sa 
congrégation.  Nommé  curé  de  Saint- 
Victor  d'Orléans  en  1608,  il  gou- 
verna celte  paroisse  avec  édification, 
et  s'en  démit  en  faveur  de  son  frère, 
trois  mois  avant  sa  mort ,  arrivée  eu 
1657.  On  a  de  lui  \lHistoire  de 
l'église  et  diocèse  ,  uille  et  uni- 
versité d'Orléans,  1647,  in-folio. 
Elleavoil  d'iibord  paru  eu  1657  sous 
le  litre  de  Notifia  sanciorum  ec- 
clesiœ  Aurelianensis  et  hisloria 
c/ironotogica,  episcoporum  ejusdem 
ecclesiœ  u traque  è  probalis  aitclo-' 
rions  collecta  ,  operà  et  studio 
Symphoriani  Guy  on,  Aurelii  pres- 
byteri  è  congregntioiie  Oratorii. 
La   seconde  partie  de  cet  ouvrage 


i%2  GUYO 

curieux,  mais  mal  écrit,  ne  parut 
cju'eii  i65o,  avec  une  préface  de 
Jacques  GuYON ,  son  frère,  auteur 
d'un  petit  ouvrage  intitulé  Entrée 
solennelle  des  Evéques  d'Orléans, 
166G,  in-8*  ,  composé  à  l'occasion 
de  leulrée  de  d'Elbène.  —  Il  y  avoit 
eu  auparavant  im  autre  Guyon 
(  Loys  ) ,  dont  les  Leçons  diverses, 
imprimées  à  Lyon,  1625,  t>  vol. 
în-8°  ,  sont  au  nombre  des  livres 
rares  et  curieux. 

t  II.  GUYON  (Jeanne-Marie 
Bouvières  de  La  Mothe  ) ,  née  à 
Monlargis  en  1648  ,  épousa  ,  à  l'âge 
de  18  ans,  le  fils  de  l'entrepreneur 
du  canal  de  Briare  ,  appelé  Guyox. 
Devenue  veuve  à  25  ans ,  avec  de 
la  beauté  et  du  bien,  de  la  naissance 
et  un  esprit  fait  pour  le  monde  ,  elle 
s'entêta  du  quiéstlsme.  Un  voyage 
qu'elle  fit  à  Pans  Inidouna  le  moyen 
de  se  lier  avec  d'Aranihon,  évécpie 
de  Genève,  qui,  touché  de  sa  piété  , 
l'appela  dans  son  diocèse.  Elle  s'y 
rendit  en  1681 ,  et  passa  ensuite  dans 
le  pays  de  Gex.  Il  y  avoit  alors  dans 
cette  contrée  un  La  Combe,  bar- 
uabite  savoyard,  d'une  physiono- 
mie sinistre,  homme  ardent  pour 
les  plaisirs  dans  sa  jeunesse,  et  pour 
la  dévotion  dans  l'âge  mûr.  Devenu 
ledirecteur  de  Mad.  Guyon,  le  P.  La 
Combe  communiqua  toutes  ses  rêve- 
ries à  sa  pénitente.  «  Dieu  m'a  fait 
la  grâce  de  m'obombier  par  le  P.  La 
Combe  »,  disoil  la  mystique  ;  et  le 
barnabite  répondoit  :  «  Jai  obom- 
bré  Mad.  Guyon.  »  Ces  deux  en- 
thousiastes prêchèrent  chez  les  ur- 
sulines  de  Gex  le  renoncement  en- 
tier à  soi-même ,  le  silence  de  l'ame , 
ranéanlissement  de  toutes  les  puis- 
sances, une  indifférence  totale  pour 
la  vie  ou  la  mort,  ])our  le  paradis  ou 
l'enfer.  Cette  vie  n'éloit,  en  suivant 
la  nouvelle  doctrine,  qu'une  anti- 
cipation de  l'autre ,  qu'une  extase 
sans  réveil.  L'évêque  de  Genève  , 
iastriùtdu  progrès  que  faisoienl  ces 


GUYO 

deux   apôtres   d'un   nouveau   qui.'- 
tisme  ,  cessa  de  les  favoriser,  llsquil- 
tcrent  Gex,  cl  passèpent  à  Turin  , 
de  Turixi  à  Grenoble  ,  de  Grenoi)le  a 
Verceil ,  et  enfin  à  Paris  ;  et  par-tout 
ils  se  iireut  des  prosélytes.  Les  jeu- 
nes ,    les    courses  ,   la    persécution 
aclievèrent  d'afl'oiblir  leur  cerveau. 
Maiiame  Guyon  se  donnoil  des  titres 
aussi  pompeux  qu'insensés  :  elle  se 
qualifioit  At  femme  enceinte  de  l'A- 
pocalypse ,    de  fondatrice    d'une 
nouvelle  église.  Elle  prophétisa  que 
tout    l'enfer    se    banderait  contre 
elle  ;  que  la  femme  serait  enceinte 
de  l'esprit  intérieur  ;  mais  que  le 
drago7i  se  tiendrait  debout  devant 
elle.  Elle  fut  enfermée  en  168H,  par 
ordre  du  roi ,  dans  le  couvent  de  la 
Visitation  de  la  rue  Saint- Antoine 
à  Paris,  Mise  en  liberté  par  le  crédit 
de  madame  de  Maintenon  ,  elle  parut 
à  Versailles  e^  à  Saint-Cyr.  Les  du- 
chesses de  Charost ,  de  Chevreuse  , 
de  Beauvilliers  ,  de  Mortemarl ,  tou- 
chées de  l'onction  de  son  éloquence, 
et  de  la  chaleur  de  sa  piété-douce  et 
tendre  ,  la  regardèrent  comme  une 
samte  faite  pour  amener  le  ciel  sur 
la  terre.    L'abbé  de  Fénélon  ,  alors 
précepteur  des  enfans  de  Frano*,  se 
fit  un  plaisir  de  former  avec  elle  un 
commerce  d'amitié,  de  dévotion  et 
de   spiritualité,  inspiré  et  conduit 
par  la  vertu  ,  et  si  fatal  depuis  à 
tous   les  deux.   Un    rapport  d'hu- 
meurs, une  sympathie  invincible, 
un  je  ne   sais  quoi    de  touchant  et 
d'élevé  dans  le  caractère  de  l'un  et  ds 
l'autre  les   lièrent   bientôt   étroite- 
ment. Madame  Guyon  ,  sûre  et  fière 
de  son   illustre  disciple  ,   se  servit 
de  lui  pour  donner  de  la  vogue  ù  ses 
idées  mystiques;  elle  les   répandit 
sur-tout  dans  Ja  maison  de  Sainl- 
Cyr.  L'évêque  de  Chartres  ,  Godet- 
Desmarels,  s'éleva  contre  la  nou- 
velle doctrine.  Un  orage  se  formoil  ; 
Madame  Gnyon  crut  je  dissiper  en 
confiant  tous  ses  écrits   à  Bossueî. 
Ce  prélat,  l'évêque  de  C hâtons  ,  de- 


GUYO 

puis  cardinal  de  Noailles ,  l'abbé 
Tronçon,  supérieur  de  St.-Snlpice, 
elFénéJou  ,  assemblés  à  Issy,  dressè- 
reul  54  articles.  On  vouloii ,  par  ces 
arliclts,  proscrire  les  maximes  per- 
nicieuses de  la  fausse  spiritualité. 
Madame  Guyon,  retirée  à  Meaux  , 
les  souscri\it,  et  promit  de  ne  plus 
dogmaliser.  Une  femme  eniliou- 
siasle  pouvoil-elJe  tenir  sa  parole? 
Deux  joursaprès  elle  chercha  à  faire 
de  nouveaux  disciples.  La  coui",  fa- 
tiguée des  plainles  qu'où  portoil 
contre  elle,  la  fit  enfermer  d'abord 
à  Viaceunes,  puis  à  Vaugirard,  et 
enfin  à  la  Ba&lille.  Libre  au  milieu 
de  ses  chaines,  elle  composoil  des 
cantiques  où  elle  se  livroit  aux 
transports  que  lui  inspiroil  l'amour 
pur.  L'affaire  de  madame  Guyon 
produisit  la  querelle  du  quiétisme 
entre  Fénélon  et  Bossuet.  Cette  dis- 
pute ayant  été  terminée  par  la  con- 
damnation du  livre  des  lilaximes 
(les  saints  ,  et  par  la  soumission  de 
l'illustre  auteur  de  cet  ouvrage,  ma- 
dame Guyon  sortit  de  la  Bastille 
en  J702  ,  el  mourut  à  Blois  le  9 
juin  1717.  Tons  les  jours  du  der- 
nier âge  de  sa  vie,  dit  un  de  ses 
panégyristes,  se  passèrent  dans  la 
consommation  de  son  amour  pour 
Dieu.  Ce  n'étoit  pas  seulement  plé- 
nitude ;  elle  en  éloil  enivrée.  Ses  ta- 
bles, les  lambris  de  sa  chambre  , 
tout  ce  qui  tomboit  sous  sa  main  , 
lui  servoit  à  y  écrire  les  heureuses 
saillies  d'un  génie  fécond  et  plein 
de  son  unique  objet.  Après  sa  sortie 
de  la  Bastille  elle  vécut  dans  un 
oubli  entier,  et  mena  la  vie  la  plus 
retirée  et  la  plus  uniforme.  Lillus- 
Ire archevêque  de  Cambrai  conserva 
pour  elle  la  plus  singulière  vénéra- 
lion.  Sur  le  point  de  mourir  ,  elle  Ht 
eon testament ,à la  lèteduquel elle  mil 
sa  professionde  foi.  a  Jeprotesle  , dit- 
elle  ,  que  je  meurs  fille  de  l'Eglise 
catholique  ,  apostolique  et  romaine  ; 
n'ayant  point  d'autres  senlimens, 
ne  voulant  point  eu  admettre  aucun 

X.  VJÏI. 


GUYO 


193 


autre  que  les  siens  ;  condamnant  , 
sans  nulle  restriction ,  tout  ce  qu'elle 
condamne  ,  ainsi  que  je  l'ai  toujours 
fuit.  Je  dois  à  la  vérité  ,  pour  ma 
jusliHcalion  ,  prolesleravec  serment 
qu'on  a  rendu  de  faux  témoignages» 
contre  moi,  iijoutant  à  mes  écrits, 
me  faisant  dire  et  penser  ce  à  quoi 
je  u'avois  jamais  pensé,  el  dont  j'é- 
tois  miiuiment  éloignée  ;  qu'on  a 
contrefait  mon  écriture  diver  es  fois  j 
qu'on  a  joint  la  calomnie  à  la  faus-^ 
seté,  me  faisant  des  interrogatoires 
ca[)iieux  ,  ne  voulant  point  écrire  ce 
qui  me  justiUoit ,  et  «joutant  à  mes 
réponses;  mettant  ce  que  je  ut  di" 
sois  pas,  supprimant  les  faits  vé-r 
ritabïes.  M  Tout  ce  qu'on  peut  con- 
clure de  cette  protestation,  c'est qu^ 
la  condamnation  de  ses  erreurs  lui 
avoil  laissé  des  impressions  défavo- 
rables contre  ceux  qui  avoieut  <  ou^ 
tribué  à  les  faire  proscrire.  Labbé 
de  La  Bletterie  a  écrit  trois  Leltret» 
eïlimées  et  rares  ,  dans  lesqueiles  ii 
la  justifie  des  impostures  que  ses 
ennemis  avoient  inventées  pournoif- 
cir  sa  vertu.  Malgré  dis  lettres  ip- 
terceplées  du  barnajjile  La  Combe  à 
son  élève,  et  de  l'élève  à  sou  maître, 
très- tendres  et  très -vives,  on  a 
prétendu  que  leurs  mœurs  furent 
toujours  tres-pures.  Les  priuçipauît 
ouvrages  de  cette  femme  çélebrit 
sont  ,  I.  Torrens  spiriluçls  ,  04 
l'on  trouve  \e  Moje/i  court  et  irès- 
facilè  défaire  oraison,  déjà  imprimé 
en  1690  ,  iu-i  2  ,  el  le  Ca/Uique  ries 
Cantiques  interprété  selon  le  sens 
mystique  ,\.yon  ,  1688,  iu-i  -2.  11.  Sa. 
P^ie  écrite  par  elle-même  ,  en  5  vol. 
in-12,  Cologne,  1720.  Df  toutes 
les  productions  de  madame  Guvon, 
c'est  la  moins  commune.  Se  croyant 
une  aulre  Thérèse,  elle  voulut,  û 
l'fxemple  de  cette  sainte,  et  rire  sà 
vie.  Elle  dit  qu'elle  voyoït  clair  dan* 
le  fond  des  aines  ,  sur  lesquelles  elle 
recevoit  une  autorité  iniraculcuss^ 
aussi-bien  que  sur  les  corps  :  que  Dieu 
l'avoiUhoisie  pour  détruire  I3  rfiiseji 
»5 


Î94  GUYO 

humaine,  et  rétablir  la  sagesse  di- 
vine. «Ce  que  je  lierai  ,  ajoute-l- 
elle,  sera  lié;  ce  que  je  délierai, 
sera  délié.  Je  suis  celle  pierre  fichée 
par  la  croix  sainte  ,  rejelée  par  les 
archilectes.  »  Elle  étoit  venue  à  un 
tel  point  de  perfection  ,  qu'elle  ne 
pouvoilplns  prier  les  saints  ni  même 
Ja  sainte  Vierge.  La  raison  de  cette 
impuissance ,  «  c'est  que  ce  n'est  pas 
à  l'épouse  ,  mais  aus.  domestiques 
de  prier  les  autres  de  prier  pour 
«ux...)^IIÏ.  Discours  chréliens ,  i 
vol.  IV.  h'ancien  et  le  noweaii 
•Testament,  avec  des  explicatiojis 
^t  des  réflexions  qui  regardent  la 
vie  intérieure,  Cologne,  i  7 1 5,  Ams- 
lerdauï  ,  1689  ,  in-S".  Dans  son  ex- 
})lica/,io/i  de  l'^Jpocalypse  elle  fait 
la  propliétesse  ,  raconte  des  visions  ; 
€l  il  y  en  a  qn'on  ne  pourroit  rap- 
porter sans  salir  l'imagination  la 
plus  pure  ,  quoiqu'elle  dise  ,  après 
-cela  ,  qu'elle  avoit  l'esprit  si  net  , 
qu'il  ne  lui  restoil  nulles  pensées, 
si  ce  n'est  celles  que  J.  C.  lui  don- 
lioit.  V.  Des  Lettres  spirituelles  , 
4  vol.  in -8°.  VI.  Des  Cantiques 
spirituels  et  des  vers  mystiques  , 
dont  plusieurs  sont  parodiés  des 
opéras  ,  en  5  vol.  On  remarque  dans 
tous  ses  écrits  de  l'imagination  , 
cru  feu  ,  mais  encore  plus  d'extra- 
vagance ;  un  style  emphatique ,  des 
applications  indécentes  de  l'Ecriture 
sainte,  etc.  Voltaire  dit  «que  ma- 
dame Guyon  faisoildes  vers  comme 
Cotin  ,  et  de  la  prose  comme  Po- 
lichinel.  » 

111.  GUYON  f  N.  ) ,  chirurgien 
de  Marseille  ,  s'offrit  généreusement 
à  disséquer  le  premier  cadavre  de 
^tesl'iféré  que  les  médecins  exami- 
nèrent ,  lors  de  la  fameuse  peste  de 
1720^1  péril  deux  jours  après. 

t.  IV.  GUYON  (  Claude-Marie  ) , 
né  à  Lons-le-Saimier  en  Franche- 
Comté,  entré  dans  la  congrégation 
de  l'Oratoire,  qu'il  quitta  ensuite, 
vint  à  Paris,  où  sa  pjume  s'exerça 


GUYO 

sur  divers  sujets.  Il  ht  quelques  ex- 
traits pour  les  feuilles  de  l'abbé  des 
Fontaines,  qui  ,  en  reconnoissaiice  , 
retoucha  le  style  de  quelques-uns 
de  ses  écrits.  Il  mourut  à  Paris  en 
1771  »  3gé  d'environ  70  ans.  Ses 
priiicipaux  ouvrages  sont,  I.  La  con- 
tinuation de  l'Histoire  romaine  de 
Laurent  Echard  ,  depuis  Constantin 
jusqu'à  la  prise  de  Constantinople, 
par  Mahomet  II,  1  o  vol.  in- 1  2.  C'est 
une  espèce  d'histoire  du  Bas-Empire, 
écrite,  dit  Voltaire,  d'un  style  digne 
du  litre.  Celle  saillie  est  doublement 
injuste ,  en  ce  que  l'ouvrage  de  l'abbé 
Guyon  n'est  pas  intitulé  Histoire 
du  Bas-Empire  ,  et  que  le  style  est 
convenable  au  livre  et  assez  pur.  Les 
faits  ne  sont  pas  toujours  exacts  , 
mais  ils  sont  assez  bien  rapprochée  ; 
et ,  en  général ,  cet  abrégé  est  esti- 
mable. II.  Histoire  des  empires  et 
des  républiques  ,  12  vol.  in-12, 
1755  et  années  suivantes.  Quoique 
ce  livre  se  soit  moins  vendu  que 
celui  de  RoUin  ,  parce  qu'il  est  écrit 
avec  moins  de  douceur  et  d'élégance, 
il  a  dû  plus  coûter  à  son  auteur. 
L'abbé  Guyon  a  travaillé  sur  les 
anciens  ,  au  lien  que  Rollin  a  trop 
souvent  copié  les  modernes.  Il  y  a 
d'ailleurs,  dans  son  ouvrage  ,  plus 
d'ensemble  et  moins  de  réflexions  et 
des  hors  d'oeuvres.  III.  Histoire  des 
Amazones  anciennes  et  modernes, 
Paris,  1740,  ou  Amsterdam,  1748, 
deux  tomes  en  un  volume  in-12, 
curieuse.  IV.  Histoire  des  Indes, 
5  vol.  in-12  ,  telle  qu'on  pouvoit 
l'attendre  d'un  homme  qui  n'avoit 
voyagé  que  dans  son  cabinet  ,  et 
qui  n'avoit  pas  toujours  consullé  les 
meilleurs  auteurs.  V.  Oracle  des 
nouveaux  pkilosophes  ,  2  vol.  iu- 
8°.  La  fiction  qui  sert  de  cadre  à 
ce  livre  est  maladroite  et  odieuse, 
le  style  pesant ,  les  plaisanteries  lour- 
des ;  mais  il  y  a  de  la  force  dans  les 
réfutations  ;  et  eu  rassemblant  les 
principes  épars  de  Voltaire,  il'le 
met  souvent  en  conlradiclion  avec 


GUYO 

lui-même.  Ce  dernier  opposa  à  l'a bW 
Giiyofi  ,  pour  louie  réponse  ,  des 
injures  aiixciiielle.'.  celui-ci  fut  d'aii- 
taiil  iiio'.iis  sensible  que  son  livre 
eulle  plus  grand  succès.  \'I  BiLllo- 
thcqtfe  ecctésiiislique  en  lortne  d'iiis- 
tri.ciions  sur  tonu-  la  v-eligion,  1772, 
8  vol.  in- 12. 'C'est  ic  dernier  ou- 
vrage de  r.ibbé  Guyn  i  ,  et  ce  n'est 
pas  cpIiu  qui  a  le  plus  réussi.  VU. 
Essai  critique  sf/r  CétabLhseinent 
de  i empire  d  Occident ,  l'Sa  ,  lu- 
S"  ;  a-spz  bon  ,  quoiqvi  un  peu  su- 
perficiel. 

I  GL'YOT  (Germain-Antoine), 
avocat  au  pnrlenient  de  Paris  ,  ^a 
patrie,  né  en  109/4,  mort  eu  1730, 
a  laissé  jîiusteurs  ouvrages  de  droit. 
Le  principal  est  i  11  Traité  ou  Dis- 
sertalioii  sur  plusieurs  matières  féo- 
dales ,  laut  pour  le  pajs  de  droit 
écrit  que  pour  le  pays  coiUiunier, 
en  6  vol  in-q.  Ce  livre  em Liasse 
toute  la  matière  des  liefs  ;  elle  y  est 
traitéeavec  beaucoup  d'étendut,inais 
avec  as-st'Z  peu  d'ordre  :  ou  y  a  joint 
des  ULservalions  sur  le  drjii  des 
patrons  et  des  sei^^/ieurs  de  pa- 
roisse aux  honneurs  dans  l'E- 
glise ,  etc.  ,  in-4''. 

*  II.  GUYOT  (  Daniel  ) ,  natif  de 
la  vallée  de  Prag^las  ,  mort  à  Ge- 
nève en  1780,  âgé  de  76  ans,  pro- 
fesseur de  chirurgie  en  cette  ville  , 
fut  associé  de  l'acadénde  de  médecine 
et  de  cliirnrgie  de  Paris  ,  dont  les 
mémoires  oflVent  de  lui  qut-Iqnes 
Disserlalions  ,  Obsen'afions  ,  etc., 
qu'on  peut  encore  lire  av<c  fruit. 

*  m.  GUYOT  (Jean),  fr.ie  du 
précédent  ,  mort  pasteur  de  l'église 
Valone  de  Rolerdam  tu  mai  1778, 
à  l'âge  de  68  ans  ,  jo'.gnoil  un  rare 
mérite  à  une  motleslie  et  une  i-\tn~ 
plicilé  plus  rares  encore.  On- a  im- 
priuié,  après  sa  mon,  5  Vi.lunics 
de  ses  Sermons.  Le  délùl  de  leui 
auteur  éloit  si  bien  assorti  au  ca- 
caclerc  de  sa  cemposiLioUj  que  ces 


GUYS  195 

productions  avoieni  un  tout  autre 
intérêt  dans  sa  bouche  qu'à  la  lec- 
ture. 

IV.  GUYOT  DE  Mer  VILLE. 
Voyez  Merville. 

V.  GUYOT  DES  «Fontaines,  o« 
Gyot.  Voyez  Fontaines,  n°  1V^ 

t  GUYS  (Pierre-Augustin),  aé 
à  IMarseiUe  en  1720,  se  livra  aveu 
succès  au  commerce,  e'  l'honora  par 
ses  ouvrages  et  sa  probité.  Appelé 
jdusieurs  lois  ..  Constantuiople  ,  à 
Smyrne  et  dans  la  Grèce  poui  les 
alioires  de  sa  profession,  il  conçut 
l'heureuse  idée  liecompa reries  Grecs 
anciens  ïux  moderne? ,  de  recherclier 
parmi  ces  derniers  i;  s  traces  de  gran- 
deur ,  le  genre  d'esprit,  les  institu- 
tions de  leurs  ancêtres.  Homère  à  la 
ujaiu,  il  parcourut  plusieurs  fois  tout 
l'Archipel,  et  il  y  voyag»  oit  encore 
pour  ])errecliouner  une  nouvelle  édi- 
tion ùii  sou  ouvrage,  lorsqu'il  mourut 
Cl  Zanle,  l'une  des  lies  de  la  iiier  d'Io- 
nie  en  I7y9.  Guys  avoit  été  nommé 
nuuibie  de  l'iiislilut  national.  Ses 
ouvrages  sont,  1.7Îia/ie//7efl«67'e««e 
et  moderne  ,  Paris  ,  1786  ,  in-S". 
II.  Relation  abrégée  de  poyages'eu 
Italie  et  dans  le  nord ,  in-8",  111. 
Eloge  de  IJ'uguay-Troui/i,  1761.  Ce» 
éloge  fui  envoyé  an  concours  de  l'a- 
cadémie française  ,  qui  couronna 
l'écrit  de  Thomas.  IV.  Voyage  lit- 
téraire de  la  Grèce.  11  parut  d'abord 
en  1771  ,  eu  2  vol.  in-12  ,  puis  eji 
1780,  en  ^  V.  in-b'^,  avec  ligures  , et 
2  vol  in-4".  L'auteur  a  complète  ce 
dernier  ouvrage  parla  traduction  de 
<).ielques  eUgies  de  TibuUe  et  des 
t^oésies  Jdgiùues.  Dans  ce  Noyage, 
véritable  litre  littéraire  de  Gu}s  , 
il  cite  a  ,ec  profutiou  ;  mais  se;  cita- 
tions sont  intéressantes,  [-uisqu'elles 
peignent  les  Kiœuis  et  les  u<age$ 
aciiK.ts  des  hai)Hans  de  l'Ar;  hipei  de 
la  ;\iorée.  Les  Grecs  modernes,  tiatlés 
de  ses  eioges  et  de  ce  qu'il  les  d^'oit 
peints  dans  cet  ouvrage  comme  spi- 


i9<3 


GUZM 


rituels  et  non  avilis,  lui  décernèrent 
dans  lin  diplôrae  le  tilre  de  citoyen 
d'Athènes.  Guys  en  préparoit  de- 
puis douze  ans  un  ■  <  dition  pins  cu- 
rieuse et  plus  complète  ;  on  espère 
que  sou  fils  qui  a  rempli  long-temps 
avec  distinction  la  place  de  consul  de 
la  nation  française  en  Sardaigne  et  à 
Tripoli  de  Syrie  ,  connu  par  une 
vaste  érudition  et  de  profondes  cou- 
noissances  en  anliqnilë  ,  partagera  la 
gloire  de  son  père  en  la  publiant. 

I.  GUYSE  (  Jacques  de  ) ,  né  à 
Mons  ,  cordelier  ,  et  mort  en  i  .'S98  , 
avoit  travaillé,  en  latin,  sur  l  His- 
toire du  Hainaiit  ^  dont  on  a  donné 
nn  extrait  en  français,  sous  ce  titre  : 
Jilustraùons  de  la  Gaule  belgique 
ou  Annales  et  chroniques  du  Uni- 
naut,  jusqu'en  ii/\/\  yVa.ni  ,  i53i, 
5  parties  en  1  vol.  lu-fol. 

II.  GUYSE  ou  Guise  (Guil- 
laume), tliéologien  anglais,  habile 
dans  les  langues  orientales ,  né  au- 
près de  Glocesler  eu  j653,  d'une 
i)onne  famille,  mourut  en  1682, 
tomme  il  préparoit  une  édition  de 
la  Gëograpliie  d'Ahulfeda.  On  a  de 
lui  une  Traduction  latine  du  com- 
mencement de  la  Misc/me ,  avec 
de  savantes  remarques  ,  Oxford 
1690,  in-^°. 

I.  GUZMAN  (Alpbonze  Ferez 
de),  fameux  capitaine  espagnol  vers 
l'an  1295  ,  servit  long  -  temps  en 
qualité  de  lieutenant- général  dans 
les  armées  des  princes  de  Maroc. 
Après  y  avoir  acquis  beaucoup  de 
réputation  et  de  richesses  ,  il  passa 
«n  Espagne  ,  où  il  donna  commen- 
cement à  la  maison  des  ducs  de  Mé- 
diua-Sidonia.  Il  étoit  gouverneur  de 
Tariffc  ,  lorsque  cette  ville  fut  as- 
siégée par  Juan,  infant  de  Castille. 
Ce  prince,  qui  avoit  en  sa  puissance 
un  des  lils  de  Guzman,  menaça  le 
père  de  lui  couper  la  gorge  à  ses 
veux  s'il  ne  reiidoit  la  place  qu'il 
djftndyit.  Mais  Guzman,  méprisant 


GUZM 

ses  menaces, lui  répondit  «que,  pla- 
tôt  que  de  commettre  une  trahison, 
il  lui  donneroit  lui-même  de  quoi 
égorger  son  tils  w  ,  et  en  même 
temps  lui  jetant  son  poignard  par- 
dessus les  murailles,  il  alla  se  mettre 
à  table  avec  sa  femme.  Cette  fer- 
meté héroïque  irrita  la  cruauté  de 
l'infant,  qui  fit  couper  la  tête  au 
jeune  Guzman.  Un  spectacle  si  bar- 
bare fit  jeter  des  cris  aux  soldats 
assiégés  qui  en  étoient  les  témoins. 
Guzniau  qui  les  entendit ,  craignant 
qu'ils  ne  fussent  causés  par  quelque 
assaut,  quitta  son  diner  pour  courir 
aux  remparts  ;  mais  ayant  appris 
de  quoi  il  s'agissoit  :  «  C'est  peu  de 
chose,  dit-il,  veillez  seulement  à  la 
garde  de  la  place.  »  Alors  il  re- 
tourna se  mettre  à  table  avec  la 
même  constance ,  sans  marquer  au- 
cun trouble  ,  et  sans  en  rien  té- 
moigner à  Marie  Corouel  sa  femme. 
Lopez  de  Véga  a  consacré  ,  par  de 
beaux  vers  ,  l'action  de  Guzman. 
Les  descendans  de  ce  héros  ont  pri» 
pour  cimier  de  leurs  armes  une 
tour,  au  haut  de  laquelle  paroît  nn 
cavalier  armé  qui  jette  un  poiguard, 
avec  ces  mots  pour  devise  ;  «  Mas 
pesa  el  rei  que  la  sangre,  »  Je  i)ré- 
fere  l'intérêt  du  roi  à  celui  du 
sang. 

»  II.  GUZMAN  (  Ferdinand 
Pkrez  de  ),  conseiller  du  roi  de  Cas- 
tille Jean  11 ,  né  à  Batres  au  commen- 
cement du  i5''  siècle,  se  distin- 
gua de  bonne  heure  dans  la  car- 
rière militaire  et  comme  poète.  En 
i43i  il  se  trouva  à  la  bataille  dite 
de  Fliguerela  ,  gagnée  sur  les  Mau- 
res ;  il  y  commandoit  une  brigade  à 
sa  solde.  Quelque  temps  après , 
soupçonné  d  avoir  des  rapports  con- 
traires aux  intérêts  du  roi,  il  fut 
arrêté  ;  mais  «s'étant  complètement 
justifié,  on  lui  rendit  sa  liberté  ,  et 
il  se  retira  à  Batres ,  où  il  passa  le 
reste  de  sa  vie  qu'il  partagea  entre 
la  philosophie  el  les  belles-lettre». 


GYGE 

Parmi  ses  œuvres  envers,  celles  qui 
le  rendirent  célèbre  sont  VI 11  recueil  de 
diverses  poésies  murales  ,  iuipriiné 
à  Lisbonne  eu  i564;  mais  ce  sont 
sur-tojU  ses  deux  ouvrages  en  prose 
qui  ont  transmis  son  nom  à  la  pos- 
térité; l'un  est  intitulé  ylbrégé  de 
la  vie  du  roi  Jean  11  ;  l'autre  ,  Por- 
trait  des  rois  et  des  grands  hommes 
de  son  temps.  Ces  ouvrages  sont 
écrits  d'un  style  plein  de  force  et 
de  grandeur ,  mérite  rare  dans  un 
temps  où  la  langue  espagnole  sortoil 
à  peine  de  sou  berceau. 

*  m.  GUZMAN  (Louis),  jésuite 
espagnol,  recteur  de  divers  collèges 
de  sa  société,  ensuite  proviucial  de 
la  proviuce  de  Séville  et  de  Tolède, 
mort  à  Madrid  en  i6o5,  est  auteur 
d'un  ouvrage  en  espagnol  ,  intitulé 
Histoire  des  Jésuites  dans  les  In- 
des ,  et  succès  de  leur  mission  au 
Japon. 

IV.  GUZMAN.  r.  Olivarès. 

*  GWINN  (Éléonore),  élevée  de 
l'état  de  fille  publique  à  celui  de 
maîtresse  de  Charles  II ,  est  repré- 
sentée, dans  la  première  partie  de 
sa  vie,  comme  courant  les  tavernes 
pour  y  chanter  et  amuser  ceux  qui 
les  fréquentoieni  ;  et  dans  la  seconde, 
comiue  ayant  appartenu  successive- 
mentaux  seigneurs  de  Hart ,  de  Lacy 
et  de  Buckharst ,  avant  qu'elle  eût 
fixé  l'attention  du  monarque. 

GYAC.  rojrez  Giac. 

GYE  (  le  maréchal  de  ).  Trayez 
Rohan  ,  n"  L 

GYGÈS,  officier  et  favori  de 
Candaule  ,  roi  de  Lydie,  qui  lui  fit 
voir  sa  l'eunne  toute  nue.  La  reine 
aperçut  Gygès,  et  foit  amour,  soit 
vengeance  ,  elle  ordonna  à  cet  offi- 
cier de  tuer  son  mari ,  lui  oflrant  à 
ce  prix  sa  mninet  la  couronue.  Gyges 
devint  roi  de  Lydie  par  ce  meurtre 
ver«  l'au  718  avant  J.  C.   Pialon 


GYMIS 


Ï97 


raconte  différemment  cette  tisurpa- 
lion.  11  dit  que  la  terre  s'étant  entr'- 
ou  verte  ,  Gygès  ,  berger  du  roi ,  des- 
cendit dans  cet  abîme  ;  que  là  ,  il 
vil  ua  grand  cheval  ,  dans  les  flancs 
duquel  éloit  un  homme  qui  avoit 
à  son  doigt  un  anneau  magique  , 
doué  de  la  vertu  de  rendre  invisi- 
ble; qu'il  le  prit  et  s'en  servit  pour 
ôter,sans  péril,  la  vie  à  Candaule, 
et  pour  monter  sur  son  trône.  Mais 
ce  récit  ne  peut  être  admis  que  dans 
la  fable  (  voyez  Aglaus  ).  La  my- 
thologie vante  \\i\  géant  de  ce  noar 
de  GvGÈs,  qui  avoit  cent  bras, 
comme  Briarée  sou  frère. 

i-  GYLIPPE,  capitaine  lacédé- 
monieu  ,  envoyé  eu  Sicile  pour 
porier  du  secours  aux  Syracusaius 
contre  les  Athéniens,  remporta  des 
victoires  signalées  sur  Nicias  et  Dé- 
mosihènes,  après  avoir  élé  vaincu 
dans  le  premier  combat.  Ces  géné- 
raux se  rendirent  avec  leurs  trou- 
pes ,  à  condition  qu'on  leur  laisseroit 
la  vie  ,  et  qu'on  ne  les  retiendroit 
point  dans  une  prison  perpétuelle  ; 
mais  on  ne  leur  tint  pas  parole.  Ils 
furent  mis  à  mort  et  leurs  soldais 
tourmentés  avec  une  cruauté  inouïe. 
Gylippe  accompagna  ensuite  Lysau- 
dre  à  la  prise  d'Athènes,  vers  l'an 
414^'vanl  J.  C.  Ce  général  le  chargea 
de  porter  à  Sparte  l'argeii  t  qu'il  avoit 
recueilli  dans  ses  glorieuses  campa- 
gnes. La  somme  se  monloit  à  i5oo 
taleus,  sans  compter  les  couronnes 
d'or  dont  les  villes  lui  avoient  fait 
présent.  L'avaries  de  Gylippe  lui  lit 
commettre  une  bassesse  :  il  ouvrit 
les  sacs  par  dessous,  et  ,  après  eu 
avoir  tiré  trois  ceuls  talens  ,  il  les 
recousu  fort  adroitement  ;  mais 
les  bordereaux  renfermés  dans  cha- 
que sac  dévoilèrent  sa  fri[)onnerie. 
Pour  éviter  le  supplice  ,  il  se  ban- 
nit lui-même  de  sa  patrie. 

GYMNOSOPHISTES  ,  philoso- 
phes luditus ,   ainsi  appelés  parce 


iqB 


GYMN 


qvi'ils  se  proihenoient  tout  nus  en 
regardant  iixemenl  le  soleil  pen- 
dant tout  le  jour.  Ils  supportoient , 
sans  douleur  ,  le  plus  grand  froid  et 
la  plus  grai.ide  chaleur  ,  s'ahslenant 
de  tous  les  plaisirs  et  se  livrant 
tout  entiers  à  la  coulemplalion  de 
la  nature.  Lorsqu'ils  éloient  las  de 
la  vie,  ils  se  ]etoieut  dans  un  bra- 
sier ardent.  On  leur  attribue  l'in- 
vention des  caractères  hiéroglyphi- 
ques. Cicëron  rapporte  qu'Alexandre 
étant  aller  les  visiter,  leur  fil  offre 
de  services  en  les  invitant  à  lui 
demander  ce  qu'ils  jugeroient  à  pro- 
pos, r/un  d'eux  ,  prenant  la  parole  , 
liu  dit  de  leur  accorder  rimmorlalilé 


GYZE 

qw'ils  désiroient  uniquement.  «Je 
suis  mortel,  leur  répondit  le  roi,  je 
ne  puis  donner  l'immortalité.  »  — 
«  Pourquoi  donc,  répliqua  le  philo- 
sophe ,  puisque  vous  n'êtes  qu'un 
mortel,  ne  restez-vous  pas  dans  le 
royaume  de  vos  pèVes,  et  venez- 
vous  ,  comme  l'ennemi  du  genre 
humain,  ravager  l'uni  vers?»  Alexan- 
dre se  retira  confus  et  piqué  de  cette 
réponse. 

*  GYZEN  (  Pierre  ),  célèbre 
peintre  de  paysage,  né  à  Anvers  en 
16.Ï6  ,  élève  de  Jean  Breughel,  a  fait 
plusieurs  tableaux  qui  représentent 
des  Fues  du  Rhin. 


HAAS. 


HAAS. 


*  O-AANSBERGEN  (Jean  Van), 
peintre,néàUtrecbt  en  1642,  mort 
en  1705  ,  élève  de  Cornélius  Pœlem- 
bourg  ,  excella  dans  le  paysage,  et 
peignit  aussi  la  figure  ;  il  a  si  bien 
imité  la  manière  de  son  maitre,  que 
.souvent  on  avoit  peine  A  faire  la  dif- 
férence de  leurs  tableaux. 

*  HAAS  (Guillaume),  graveur 
de  caractères  ,  inspecteur-général  de 
l'artillerie  helvétieime  ,  et  directeur 
de  l'école  générale  d'artilîerie,  né  à 
Bàle  le  23  août  1741,  fut  un  des 
hommes  les  plus  a<:lifs  et  les  plus 
distingués  de  son  pays  par  l'étendue 
et  la  variété  de  ses  comioissances. 
Pendant  25  ans  il  fit  différens  essais 
pour  embellir  les  caractères  d'im- 
primerie. H  a  été  le  premier  en  Al- 
lemagne et  en  Suisse  qui  ait  gravé 
avec  succès  dos  caractères  fmnçais 
dans  le  goût  de  Baskerville.  On  lui 
doit  aussi  plusieurs  autres  décou- 
vertes et  améliorations  dans  l'art 
typographique,  parmi  lesquelles  on 


distingue,  T.  Vue  nouvelle  Presse 
d'imprimeur  établie  en  1772,  par 
le  moyen  de  laquelle  il  y  a  économie 
de  force ,  et  eu  même  temps  écono- 
mie de  temps,  parce  qu'il  ne  faut 
qu'une  pression  au  lieu  de  deux.  Il 
publia  une  description  de  sa  presse 
eu  allemand  et  en  français,  sous  le 
titre  de  Description  d'unç  uaU" 
velle  Presse  d'imprimerie ,  inven- 
tée à  Bêle  en  1111  ,  et  publiée  à 
l'avantage  de  l'art  typographique , 
l)ar  Guillaume  Haas  père; imprimée 
chez  Guillaume  Haas  fils  en  1790, 
in-4°,  douze  pages,  avec  deux  gra-- 
vures.  Il  La  composition  srstéma~ 
tique  des  filets  et  interlignes,  dont 
il  donna  une  description  eu  17*2, 
in -4°.  ni.  L'art  d'imprimer  les 
cartes  géographiques  avec  des  ca- 
ractères mobiles.  M.  Pleuschcn  d» 
Carlsrouhe  a  donné  à  cette  invention 
le  nom  de  typométrie ,  et  a  publié 
à  Bàle,  en  1778,  in-4'*,  l'Hisloira 
de  l'origine  et  des  progrès  de  cet  art. 
IV.  Carte  du  canton  de  Bâle  en 


HABA 

1776  :  c'est  le  premier  essai  typomé- 
trique fait  en  grand.  V.  Carte  de  la 
Sicile,  1777.  VI.  Deux  Cartes  de 
la  France  pour  le  compte  rendu  au 
roi  par  M.  Necler.  VII.  Et  plusieurs 
Cartes,  parmi  lesquelles  ou  en  dis- 
tingue principalement  deux  repré- 
sentant la  marche  des  troupes  fran- 
çaises en  Bavière  sous  le  général 
Moreau,  et  leur  retraite  eu  1796, 
en  français ,  d'après  deux  dessins 
faits  par  le  général  Uegiiier.  Haas  a 
inséré  en  outre  ^ans  les  Mémoires 
de  la  société  économique  de  Baie 
plusieurs  Mémoires  sur  des  objets 
«l'économie  politique ,  et  sur-tout 
sur  l'administration  forestière  né- 
gligée dans  sa  })alrie.  II  mourut  le 
8  juin  1800  au  monastère  de  Saint- 
Urbain,  dans  le  canton  de  Lucerne, 
où  fut  fondée  en  1799  ""^  école 
d'artillerie  qu'il  dirigea  jusqu'à  sa 
luort. 

t  HABACUC  ,  le  8«  des  douze 
petits  prophètes,  commença,  dit-on, 
à  prophétiser  en  même  temps  que 
Jérémie.  Ce  prophète  sachant  que 
Nabuchodonosor  s'approchoit  de  Jé- 
rusalem ,  et  prévoyant  la  |>rise  de 
cette  ville,  se  sauva  dans  l'Arabie  , 
et  y  vécut  quelque  temps  ;  mais  il 
revint  en  Judée  lorsque  les  Chal- 
déens  furent  retournés  dans  leur 
pays,  et  il  s'occupoit  à  cultiver  ses 
champs.  Un  jour  qu'il  porloit  à  di- 
ner  à  ses  moissonueuis  ,  l'auge  du 
Seigneur  le  transporta  par  les  che- 
A'eux  dans  Baljyjone,  et  lui  lit  don- 
ner à  Daniel,  qui  éloit  enfermé  dans 
la  fosse  aux  lions ,  ce  qu'il  avoit  pré- 
paré pour  ses  ouvriers.  La  même 
main  le  rapporta  en  Judée  ,  où  il 
mourut  ,  et  fut  enterré  deux  ans 
àv.nnt  la  fin  de  la  captivité;  c'est  ce 
qu'en  rapporte  S.  Jérôme.  Quelques 
autres  attribuent  cet  événement  à  un 
autre  Habacuc,  différent  du  pro- 
phète ,  qu'ils  fout  aussi  auteur  des 
histoires  de  Susauue  ,  de  Bel  et  du 
Dragon.  Quoi  (^ii'ileu  soit ,  les  pro- 


HABE 


199 


phélles  d'Habacuc  ne  renferment 
que  trois  chapitres.  Il  pn'dit  à  Jia 
nation  la  cap!i\ilc,  le  rctiYeiS'.inent 
de  l'empire  des  Clialdéens,  la  déli- 
vrance des  Juifs  par  Gyrus,  et  celle 
du  genre  humain  par  J.  C.  Les  Grecs 
font  la  fête  d'Habacuc.  Ses  prophé- 
ties ont  été  traduites  en  français  par 
les  PP.  Louis  de  Poix,  Jérôme  d'Ar- 
ras  et  Séraphin  de  Paris,  Paris,  1775, 
3  vol,  in-12. 

*  HABDARAMANHUS  ou  Hae- 
aABRAHMAWUP  ,  Egyptien,  nuieur 
d'un  Truite  sur  les  propriétés  des 
animaux  ,  des  plantes  et  des  })ierres 
précieuses,  qui  étoil  en  manuscrit 
d.tns  la  bibliothèque  du  cardinal 
IMliizarin.  Ce  traité  a  été  traduit  de 
r.uabe  en  latin  par  un  maronite 
nommé  Abraliam  Ecchellensis ,  qui 
eufeignoit  les  langues  arabe  et  sy- 
riaque au  collège  royal  de  Paris.  Sa 
VPi'sion  parut  dans  cette  ville  en 
1647,  in-S",  sous  ce  titre  :  Depro- 
priehiiihus  ac  virtittibus  medicis 
aninm/ium  ,plantarum  ac  gemma- 
rum  tractatus  triplex.  On  en  a  en- 
core une  édition  de  Londres  de  1  6^9, 
in-z(°,  avec  les  notes  de  Jean  Eliot. 

HÂBERKORN  (  Pierre  )  ,  né  en 
1604  à  Butzbach  en  Wétéravie,  sur- 
intendant et  professeur  en  théolo- 
gieàGiessen,  où  il  mourut  au  moisu 
d'avril  1676,  pîirut  avec  éclat  à  di- 
vers colloques  tenus  au  si-,  jet  de  la  Re- 
ligion. Son  principal  ou  vrn?^e  est  in-* 
tilulé  Hcptas  disputdiiiiiuni  anti^ 
JJ'allemburgicarum.  Ce  livre,  dan.» 
lequel  il  s'efforce  de  renverser  )?« 
principes  des  de  IValternhourg,  es^t, 
estimé  des  luthériens.  Ses  autre» 
ouvrages  sont  tous  en  laveur  de  la 
secte  Julliérienne.  dont  il  éloit  un 
des  plus  ardens  sectaires. 

■;-  I.  H ABERT  (  François  ) ,  poël» 

français  du  second  àgc  de  notre  poé-' 

sie,  natif  du    Berri,  ileuril  depuis- 

ifi/jO  jusqu'après  i.'Ai9  ,  et  iraduisiD 

,  eu  vei s  fiançais  le  pcLn;c  latin  ('///i-t 


«joô  ÎÎAuE 

ênpocia  cle  Jean  Aurelle  Aiignrelle 
de  Himiiii.  Ou  lait  encore  un  peu  cle 
t'as  de  ses  Trois  /louvelles  Déenses, 
petit  i)(iemeinipiiii)ëàPariseiii54'î, 
in-i  2  ,  passable  ])oiir  son  temps.  La 
iriaiiie  de  la  pierre  piiilosophale  ga- 
gna cet  auteur,  et  lui  lit  traduire 
quelques  ouvrages  sur  celle  matière. 
Il  a  pid)iié  les  Epilres  ciipidiniqiies 
t/u  bannv  de  Lyesse  ,  présentées 
aux  Dames  de  la  cour  de  Vénus  , 
tenant  la  cour  plénière  à  Paris 
Paris,  in-8°,  saus  date  (vers  i55o); 
}L,a  Jeunesse  du  banny  de  Lyeste 
escalier  esludiant  à  Tholose ,  Paris 
1  54 1 ,  in-»".  On  a  encore  de  lui  quel- 
ques Fables  ,  dont  plusieurs  se  trou- 
vent dans  le  5**  volume  dus  Annales 
poétiques.  La  morale  en  est  juste  tl 
ingénieuse  ;  mais  le  style  est  froid  , 
monotone  ,  sans  couleur  ,  sans  har- 
monie. Il  paroit  être  le  premier  de 
nos  anciens  poètes  qui  se  soit  exercé 
dans  ce  genre. 

t  II  HABERT  r>E  Cerisi  (  Ger- 
triaîn  ),  abbé  de  Saint- Vigor  de  Ce- 
risi au  diocèse  de  Bayeux  ,  l'un  des 
ornemens  de  Tacadémie  française 
dans  sa  naissance,  homme  d'une  so- 
ciété douce  et  d'un  caractère  modéré, 
étoit  de  Paris.  Il  mourut  dans  cette 
ville  en  i65.t  ,avec  la  réputationd'un 
des  plus  beaux  esprits  de  son  temps. 
Lorsque  le  cardin^tl  de  Kichelieu 
voulut  soumettre  le  Cid  de  Corneille 
à  l'examen  de  l'académie  ,  Habert 
dit  à  ceux  qui  critiquoient  durement 
cette  tragédie:  «Je  voudrois  l'avoir 
faite.  ))  On  a  de  lui  des  Poésies  ga- 
lantes et  chréliennes.  Sa  Métamor- 
phose des  yeux  de  P/iylisen  astres , 
iGSg,  in  8°,  que  quelques  tlalteurs 
Vanlèrent  comme  un  chef-d'œuvre 
»;l  mirent  au-dessus  de  toutes  les 
métamorphoses  d'Ovide,  cessa  de 
paroitre  telle  dos  que  le  bon  goût 
commença  à  hiirc  en  France.  Ce 
ti'est  pas  qu'il  n'y  ail  quelques  jo- 
lis vers  dans  ce  poème:  mais  il  s'y 
trouve  encore  plus  de  concelti  et  de 


HABE 

mauvaises  pointes.  On  a  encore  Ai 
ce  poêle  une  J^^'ie  du  cardinal  de 
Bérulle, qui  n'estqu'un  panégyrique 
boursoutlé,  111-4°  ^  Paris,  1646. 

t  m.  HABERT  (  Philippe  ) ,  frère 
du  précédent,  Parisien  et  académi- 
cien comme  lui  ,  mourut  en  i637  , 
à  33  ans,  au  siège  d'Emmerick.  Son 
poème  intitulé  ,  te  Temple  de  la 
Mort)  offre  de  beaux  vers  et  quelque* 
belles  idées  ;  mais  il  ne  se  soutient  pas. 

i  IV.  HABERT*(  Isaac  ) ,  docteur 
de  la  société  de  Sorbonne,  théologal 
de  Paris  ,  nommé  évèque  de  Va- 
bres  en  1645,  et  mort  le  11  jan- 
vier 1668  ,  se  lit  un  nom  par  ses 
Sermons  ,  par  son  érudition,  et  sur 
tout  par  la  vivacité  avec  laquelle  il 
s'éleva  contre  ArnauKi  et  les  autres 
disciples  de  Jans'^nius.  C'étoit  un 
homme  aussi  estimable  par  sa  vertu 
que  par  ses  counoissauces.  On  a  de 
lui  ,  I.  Une  Traduction  latine  du 
Ap^/Spc6'4,/;cor  ou  Pontifical  des 
Grecs  ,  in  -  fol.  ,  Paris  ,  i643.  Cet 
ouvrage,  imprimé  avec  le  texte  eu 
regard  ,  est  enrichi  de  savantes  re- 
marques,  qui  ont  fait  regarder  son 
auteur  comme  un  des  théologiens 
qui  aient  le  mieux  connu  les  vrais 
principes  de  la  liturgie  et  des  céré- 
monies ecclésiasiiques.  II.  Des  Vers 
latins  ,  et  des  Hymnes  en  la  même 
langue  pour  ta  fête  de  St.  Louis , 
dans  le  Bréviaire  de  Paris.  Les  muses 
latines  luiéloient  favorables.  111.  De 
consensu  Hierachiœ  et  Monarchice 
adversùs  Optatum  Gallum  ,  Paris , 
1640,  in-4°.  IV.  Plusieurs  JS^c/vVs 
contre  .lanséuius  et  contre  Arnauld. 
Quoiqu'il  leur  fût  fort  opposé ,  il 
ne  l'éloil  pas  moins  à  leurs  adver- 
saires ,  à  Molina  ,  à  Lessius  ,  à  Vas- 
quez ,  etc. 

i  V.  HABERT  (  Hsnri-Louis  ) , 
seigneur  we  Montmokt  ,  conseiller 
an  parlement ,  doyen  des  maîtres  des 
requêtes,  membre  de  l'académie  fran- 
çaise, mort  dans  un  âge  avancé,  l» 


HABE 

fil  ianvier  1679,  donna,  en  )G.')8  , 
en  6  vol.in-fol.,  tes  (âwc/csdu  plii- 
losoplie  Gassuutli ,  dont  il  avoil  été 
l'ami  el  le  piolecleiir.  Il  orna  a-Ue 
édition  dune  préface  latine  bien 
écrite.  On  a  encore  de  Mon  lui  on 
trois  on  quatre  Epigrammes  (l'Oj. 
C/IAPELAIN,  n"  11),  el  quelques  au- 
tres petites  Pièces  de  Poésie ,  impri- 
mées dans  les  llecireils  de  sou  temps. 
Iluet ,  clans  ses  Mémoires  latins  ,  dit 
de.  Monlmort  qu'il  éloit  f'ir  amnis 
doctrinœ  et  mbliniioiis  et  liunin- 
ttioris  amanlissi/nus.  Ce  magistrat 
trigea  au  philosophe  Gassemli ,  qui 
mourut  dans  sa  maison  où  il  lavoil 
leiiré  depuis  plusieurs  années  ,  un 
mausolée  dans  l'église  de  Saint-Ni- 
tolas-des-Champs  à  Paris. 

t  VI.  HABERT  (  Louis),  docteur 
de  la  société  de  Sorbonne ,  natif  de 
Blois  ,  successivement  grand- vicaire 
de  Luçon  ,  d  Auxerre  ,  de  Verdun  et 
de  Chalons-sur-Marue ,  se  ht  géné- 
ralement estimer  dans  tous  ses  dio- 
cèses. 11  se  retira  ensuite  e>i  Sor- 
bonne ,  où  il  passa  le  reste  de  ses 
jours  a  décider  les  cas  de  conscience. 
Il  mourut  le  7  avril  171^^,  à  83  ans. 
On  a  de  lui,  I.  Un  Corps  complet  de 
théologie,  en  8  vol.  in-i:2',  dont  le 
premier  parut  eu  1709  el  le  dernier 
en  1712.  La  partie  dogmatique  et  la 
partie  morale  y  sont  traitées  avec 
autant  de  solidité  que  de  précision. 
«  J'avoue  (écrivoit  cependant  Féné- 
lou  à  la  maréchale  de  Noailles  )  que 
te  livre  me  paroit  irès-daiigereux  ; 
ie  n'y  trouve  que  le  système  de  Jan- 
sénius  avec  des  radoucissemens  ima- 
ginaires qui  en  rendent  le  poison 
plus  insinuant.  II.  La  Pratique  de 
La  pénitence ,  connue  sous  le  nom 
de /a  pratique  de  Verdun,  1  vol. 
in- 12. 

t  VII.  HABERT  (  Susanne), 
femme  de  Charles  du  Jardin  ,  offi- 
cier du  roi  Henri  lll  ,  restée  veuve 
à  l'âge  de  24  ans  ,  sa  voit  l'hé- 
breu, le  grec,   le   latin,   l'italien^ 


HABY  3of 

l'espngnnl,  |;i  philosophie,  et  même 
la  théologie.  Elle  mourut  en  i655  , 
dans  le  monastère  de  Notre-Dame- 
de-Grace  à  la  Vdle-i'E\oque  ,  pro- 
che Piiris,  où  elle  s'éloit  retirée  de- 
puis près  de  iq  ans,  laissant  uiv 
grand  nombre  d'ouvrages,  restés 
manuscrils  entre  les  rnaïus  de  «on 
neveu  Isaac  Habert.  (  f'oyez  ce 
mot.  ) 

HARICOT  (  Nicolas  ) ,  chirur- 
gien de  Bonny  en  Gàliaois ,  em- 
ployé à  la  suite  des  armées  et  à  l'Hô- 
tel-Dieu  de  Paris  ,  mourut  en  if'J^, 
laissant  plusieurs  ouvrages.  On  es- 
time sur-tout  son  Traitédela  Peste. 
On  trouva  en  1 61 3  ,  près  le  château 
de  LangonenUaupiiiné,  le  corps  dn 
prétendu  Teulhobocus  ,  roi  des  Ttu- 
thons,  d'une  grandeur  énorme.  Celte 
découverte  donna  lieu  à  HalMCOl  de 
composer  sa  G/gantos/éogie  oi\  Dis- 
cours des  os  d' un  géant ,  écrit  de  60 
pa'ges  ,  qu'il  dédia  la  même  année  à 
Louis  XIll.  Ce  livre  Ht  naître  une 
foule  d'écrits  pour  et  contre,  qui 
n'ont  laissé  que  des  doutes  sur  celte 
question. 

t  HABINGTON  (Guillaume), 
né  à  Hendip  dans  le  comté  de  Wor- 
chester  en  1600  ,  lit  ses  études  à 
Saint-Omer  et  à  Paris,  el  retourna 
dans  sa  patrie.  On  a  de  lui ,  en  an- 
glais, Y  Histoire  d'T'.douard  l,  roi 
d' Angleterre ,  Londres,  1640,  in- 
fol. ,  et  d'Edouard  If',  1  648  :  l'une 
et  l'autre  assez  estimées  ;  de  plus  des 
Poésies,  Londres,  i635,  in-8''.  Il 
mourut  en   1654. 

*  HABYB  (Aly  ben  Mohammed), 
imposteur  musulman  ,  prétendant 
descendre  d'Aly  ,  gendre  de  Malio- 
inet,  par  Hosseyn  ,  se  ht  chel'  d  une 
secte  dont  il  éloil  l'auteur,  et  réussit, 
à  l'aide  de  sa  prétendue  parenté,  à 
tromper  un  certain  nombre  de  gens. 
Mais  il  ne  put  abuser  que  la  popu- 
lace. Cependant  les  secours  qu'il  lira 
de  cette  canaille  le  mirent  eu  élat 


202  HA  Cil 

cVeulever  Bassorali  au  klialyf  Mota- 
lued  vers  l'an  256  de  l'hégire.  11  s'y 
inainlint  pendant  quatorze  années 
contre  toutes  les  forces  de  ce  klialyt , 
et  construisit  la  ville  de  Mokhtarah 
à  peu  de  distance.  C'éloit  une  place 
exlrèiiietuent  forte;  mais  Mouaffak, 
frète  de  Motamed  ,  vint  enfin  à  bout 
de  s'en  rendre  maître.  Bassorali  fut 
prise  aussi  peu  de  temps  après,  et 
le  vainqueur,  s'étant  saisi  de  Hahyb, 
le  mit  à  mort  aussitôt  l'an  de  ll>ég. 
270 —  8S.i  de  J.  C.  Sa  tcte  fut  portée 
an  bout  d'une  lance  par  tous  les  lieux 
de  la  province,  et  on  finit  par  l'atta- 
cher à  la  porte  du  pont  de  Bagdad. 
Habyb  étoit  un  fourbe  adroit,  et  qui 
joignoit  un  grand  courage  à  une  hy- 
pocrisie adroitt;,  11  électrisoit  ,  par 
sou  intrépidité  ,  les  sectaires  que  sa 
iausse  piété  lui  avoit  faits,  ou  qu'il 
avoit  séduits  par  des  mensonges  ; 
seinl'lable  en  ce  point  au  trop  célèbre 
Mahomet  ;  avec  le  bonheur  de  ce 
faux  prophète,  ilauroit  peut-èlreélë 
aussi  loin  que  lui. 

*  IIACHEN-BEN-IIASCHEM, 
fameux  imposteur  qui  parut  en  Ara- 
bie vers  l'an  162  de  l'hégire.  Dune 
petite  stature  et  très-laid  ,  il  por- 
tait toujours  un  masque  d'or  pour 
cacher  la  difformité  de  sou  visage, 
te  qui  lui  fil  donner  le  surnom 
lie  Mocana  ,  qui  signilie  en  arabe 
masqué.  11  eut  l'audace  de  se  faire 
passer  pour  Dieu;  ce  qui  lui  fit  un 
grand  nombre  de  partisans  ,  à  l'aide 
(lesquels  il  se  rendit  maître  de  beau- 
coup de  placesfortesdans  leKorassau 
i'X  dans  la  province  de  Transoxane. 
Il  sut  tromper  les  chrétiens  ,  les  ido- 
lâtres et  les  musulmans  par  ses  près- 
liges,  et  particulièrement  en  faisant 
^o^tir  du  fond  d'un  puits  une  grande 
lumière,  qui  éclairoit  tout  l'horizon 
]iendanl  long-temps.  Les  conquêtes 
«le  cet  imposteur  devinrent  bientôt 
assez  considérables  pour  fixer  l'al- 
lenliou  du  calife  Mahadi  ,  qui  en- 
voya une  armée  povrr  exterminer  lui 


HACH 

et  les  siens.  Il  fut  assiégé  dans  un© 
forteresse  ,  où  ,  se  voyant  dans  la 
cruelle  nécessité  de  mourir  de  faim 
on  de  se  rendre  à  discrétion,  il  prit 
le  parti  d'empoisonner  tous  ses  sol- 
dats, de  brûler  leurs  corps,  et  de  se 
consimier  lui-même  dans  une  cuve 
d'eau-forle  qu'il  avoit  préparée  ,  aliu 
qu'il  ne  restât  aucun  vestige  de  ses 
membres,  et  que  ses  disciples,  ré- 
pandus dans  le  pays ,  pussent  pu- 
blier qu'il  étoit  monté  au  ciel  ;  ce 
qu'ils  ne  manquèrent  pas  de  faire. 

*  H  ACHERT  (Jean),  né  eu 
1744  à  Prentzlau  dans  l'électoral 
de  Brandebourg  ,  fit  des  progrès 
remarquables dansl étude  du  dessin. 
En  1766  il  vint  à  Paris  avec  son 
frère  Philippe ,  et  tous  deux  se  reu- 
direnthabiles  à  faire  des  tableaux  en 
détrempe  sur  parc'nemin.  Pour  se 
perfectionner  davantage  ,  il  fit  le 
voyage  d'Italie  avec  son  frère  ,  pour 
étudier  les  ouvrages  des  plus  grands 
maitres.  En  1772  il  partit  pour 
l'Angleterre  ;  mais  à  peine  arrivé  à 
Bath  ,  il  y  mourut  en  1773.  Cet  ar- 
tiste étoit  singulier  dans  ses  peinture? 
d'animaux,  particnlièremenldes  che- 
vaux et  des  chiens  ,  et  il  peignoit  à 
l'huile  et  à  la  gouache.  Ses  détrempes 
sur  parchemin  ont  autant  de  vi- 
gueur et  de  beauté  que  si  elles  étoient 
peintes  à  l'huile.  —  Jacob-Philippe  , 
de  la  même  famille  ,  dans  le  séjour 
qu'il  fit  à  Rome  en  1778,  après  plu- 
sieurs voyages  faits  en  Europe, pei- 
gnit divers  tableaux  pour  l'impéra- 
trice de  Russie ,  et  une  Galerie  pour 
le  prince  Borghèse  à  sa  Villa  hors 
la  porte  Pinciana.  Il  a  gravé  à  l'eau- 
forte  divers  Paysages  d'après  na- 
ture. La  famille  Hachert  a  produit 
plusieurs  hommes  distingués  dans  la 
pratique  des  beaux-arts. 

HACHETTE  (  Jeanne  ) ,  femme 
illustre  de  Beau  vais  en  Picardie  ,  qui 
se  mit  à  la  tête  des  autres  femmes ,  eii 
1472,  pour  combattre  les  Bourgui- 
gnons qui  tcaoient  celle  vtlle  as- 


PîACK 

siégée.  Le  jonr  de  l'assaiit,  elle  parut 
sur  la  brèche,  arracha  le  drapeau 
qu'on  y  vouloil  arborer ,  et  jela  le 
soldat  qui  le  portoit  en  bas  de  la  mu- 
raille. Le  nom  de  celle  amazone  est 
cher  à  Béarnais.  Ses  desceudans 
éloienl  exempts  de  taille  :  et  en  mé- 
moire de  cette  belle  action,  il  sest 
fait  louslesans,  le  lo  juillet,  jusqu'à 
ces  derniers  temps,  nue  procesjsion 
où  les  femmes  marchoienl  les  pre- 
mières. Les  lettres-patentes  données. 
par  Louis  XI,  en  i^'jô,  à  cette  occa- 
sion, prouvent  que  le  véritable  nom 
d'Hachette  éloit  Jeanne  Lainée,  dite 
J'ourqi/et,  épouse  de  Colin  Pilon. 

*  HACK  (François  ),  imprimeur 
célèbre  de  Leyde,  distingué  par  plu- 
sieurs belles  éditions.  Ses  héritiers 
ont  cru  avec  raison  faireestimerleurs 
ouvrages,  eu  mettant  toujours  au 
frontispice  :  J^x  ajficinâ  Hackianâ. 

HACKEMBACH.  roj.  Hagem- 

BACH. 

t  L  HACKET  ouMxGVzr  (Guil- 
laume), fanatique  anglais  du  lô*" 
siècle.  Après  avoir  éle  valet  d'un 
gentilhomme  nommé  Ussei ,  et  avoir 
vengé  son  tnaitre  par  une  action 
tout-à-fail  brutale,  en  coupant  le 
nez,  avec  ses  dents  ,  à  une  personne 
qui  l'avoit  offensé  ,  il  épousa  une 
veuve  riche,  et  meris  ui;e  vie  fort 
déréglée  :  on  dit  même  qu'il  vola 
sur  les  grands  chemins.  Mais  entin 
il  s'érigea  eu  prophète,  et  prédit  que 
l'Angleterre  ressentiroit  les  Iléaux  de 
la  faim  ,  de  la  peste  et  de  la  guene  , 
si  elle  ii'établissoil  la  discipline  con- 
sistoriale.  Le  chàliuient  du  fouet 
qu'il  souffrit  ne  l'empêcha  pas  du 
continuer  de  dogmatiser;  il  attira 
dans  son  parti  deux  personnes  qui 
avoicnt  quelque  savoir  ,  Edmond 
Copinger  et  Henri  Arlhingtou.  Le 
premier  fut  appelé  prophète  de  mi- 
séricorde, et  le  second  du  Ji/gement. 
Ces  deux  fanatiques,  devenus  les  hé- 
rauts de  Racket ,  voulurealle  faire 


IIACK 


2o3 


passer  pour  un  grand  prophète  , 
com])arable  à  Jv^sus-Chrisl.  Us  en- 
treprirent même,  le  lO  juillet  iSgi, 
de  le  publier  hauttinuit  dans  les 
ruesde  la  ville  de  Londres:  ils  lurent 
arrêtés,  et  on  leur  (it  leur  procès. 
Hackel,  fui  condamné  à  être  pendu  ; 
Copinger  sa  laissa  mourir  dans  la 
prison  , et  Arlinglon  ol)Untsa  grâce. 
Racket,  étant  sur  i'échal^uid  ,  de- 
manda un  miracle  à  Dieu  pour  le 
juslitier  ,  mais  n'en  obliul  pas, 
comme  on  peut  bien  le  croire. 

*  IL  HACKET  (Jean),  évêque 
de  Litchiield  et  Coventry  ,  né  à 
Londres  en  ifiga,  se  lit  connoitre 
de  bonne  heure  par  les  plus  heu- 
reuses dispositions  ,  et  remarquer 
par  une  comédie  latine  intitulée  • 
Loyola,  qu'il  composa  dans  le  temps 
des  vacances  chez  lord  Byron.  Celle 
pièce,  représentée  deux  fois  de\ant 
le  roi  Jacques  T'',  fut  imprimée  de- 
puis en  1648.  Les  troubles  civils  qui 
survinrent  ayant  forcé  Hacket  de 
se  retirer  à  Cheam ,  il  n'y  trouva  * 
po  nt  In  sécurité  qu'il  alloit  y  cher- 
cher. L'armée  du  comte  d'Essex 
l'emmena  prisonnier,  et  sa  liberté 
ne  lui  fut  rendue  que  quelque  temps 
après.  Lorsque  Charles  11  parvint  an 
trône,  il  recouvra  ses  places,  et  re- 
fusa î'offit-  qui  lui  fu  l  faite  de  lé  vècné 
de  Glocester,  pour  accepter,  quelque 
temps  aprèk ,  celui  de  Litchiield  et  de 
Covenlry.  11  lit  reconstruire  la  ca- 
thédrale de  î-ilchlield  en  çrande  par- 
tie à  f  f  s  Irais,  ainsi  que  le  pakns  épis- 
copal  détruit  par  lesgueriesciviles;  It 
collège  de  la  Trinité  à  CiUi>bridgç  dut 
à  sa  nuinihcenceun  nouveau  bâtiment 
dont  les  revenus  furent  consacrés 
par  le  donateur  à  l'augmentation  de 
la  bibliciheque  du  collège.  11  légua  la 
sienne  propr.-  à  l'université  de  la 
même  ville  ,  et  mourut  à  Litchtield 
en  1670.  Après  sa  mort,  Thoma» 
Plume  publia  une  centurie  des  Ser- 
mons, que  cet  évcqne  avoit  prêches 
sur  différeus  sujets,  167," ,  iu  fol.  Oa 


ao4 


H  AD  A 


a  encore  de  lui  la  f^ie  de  l'dfche- 
vécjue  Jf'illLatns  ,  imprimée  en 
1690  ,  dont  Ambroise  Philips  a 
donne,  eu  1700,  un  abrégé  en  un 
vol.  in- 8". 

-1-  HACKSPANt  Théodore  ) ,  théo- 
logien liilhérien,  né  à  Weimar  en 
1607,  devenu  habile  dans  les  lan- 
gues orieulales,  en  fui  le  premier 
j>rofesseur  à  Allorl, et  oblint  aussi  la 
chaire  de  théologie;  il  mourut  le  19 
janvier  1659.  On  prétend  qu'il  n'y 
avoit  personne  de  son  temps  qui 
possédât  si  bien  que  lui  l'hébreu. 
On  a  (le  lui ,  sur  la  Bible  ,  un  grand 
nombre  d'ouvrages  estimés  en  Alle- 
îiiague.  Les  principaux  sont,  I.  Mis- 
cellaiieorum  sacruriim  lihri  duo. 
11.  Notœ  p/iil(;lt}gico-tkeologicœ  in 
rnriora  et  diffici livra  veleris  et  novi 
Testumenti  loca  ,  5  vol.  in-8".  111. 
Obseivationes  arabico-S}rlacœ  in 
qiiœdam  loca  veteris  et  noii  Tes- 
tamenti  ,  in-4°-  IV.  Spécimen 
theologiœ  Thalmudicœ.  \.  Syl- 
loge  dispitlalioniun  theologicanim 
et  philulugicarum  ,  Allort ,  ib63, 
in-4'*.  VI.  Liucubrationes.,..  in  dif- 
Jicillima  utrii/sque  Testamenli  lo- 
ca ,  hX^oxi ,  1680,  in-8®. 

HACMEON ,  prince  grec  ,  tour- 
menté des  furies  comme  Oreste,  pour 
avoir  tué  sa  mère,  qui  avoit  égorgé 
son  mari  à  l'exemple  de  Clylem- 
iiestre. 

*  HADANCOURT  (  Jérôme  ) , 
astronome  du  déparlement  de  la 
Haute-Garonne,  né  à  l'oulouse  en 
1748,  après  avoir  fait  ses  pre- 
mières éludes  cliez  les  jésuites,  liit 
destiné  par  un  de  ses  ondes  à  suivre 
la  carrière  du  barreau  ;  mais  un 
instinct  particulier ,  plus  Ibrl  que 
toutes  les  considéralions  de  famille  , 
le  voua  à  l'étude  des  malhémali- 
ques,  et  par  suite  à  celle  de  l'as- 
tronomie, où  il  s'acquit  de  ia  répu- 
tation. Cet  astrouoiue  n'a  point  pu- 
blié  d'ouvrage  j   il   a   coopéré  aux 


Il  A  DG 

observations  astronomiques  de  I\f. 
Darquier  ,  imprimées  en  iBoo  aux 
irais  du  gouvernement.  [,e  lycée  de 
Toulouse  conserve  cependant  dans 
ses  archives  un  Mémoire  deHadan- 
courl.  C'est  un  rapport  sur  le  cata- 
logue de  888  étoiles  australes  qui  ne 
sont  point  visibles  à  Paris.  Cet  astro- 
nome est  mort  dans  sa  ville  natale 
le  22  avril  1800. 

HADDICK  (  N.  comte  d'  ) ,  gé- 
néral autrichien,  servit  avec  cou- 
rage l'empereur  pendant  la  guerre 
de  sept  ans.  11  fut  nommé  en  1789, 
malgré  sou  grand  âge ,  général  en 
chef  de  l'armée  envoyée  contre  les 
Turcs.  Il  mourut  quelque  temps 
après,  le  12  mars  1790,  à  l'âge 
de  80  ans. 

*  HADDON  (  Waller  ),  né  dans 
le  comlé  de  Buckingham  en  1.Ô16, 
professeur  en  droit ,  se  montra,  sou» 
le  règne  d'Edouard  ,  l'un  des  plus 
ardens  défenseurs  de  la  réformation; 
sous  la  reine  EUzabelh  il  fut  nommé 
l'un  des  trois  commissaires  envoyés 
à  Bruges  pour  rétaljlir  sur  l'ancien 
pied  le  commerce  qui  exisloil  entre 
l'Angleterre  et  les  Pays-Bas.  Haddon 
travailla  avec  sir  John  Cheke  à  la 
traduction  latine  du  code  ecclésias- 
tique, publiée  eu  ii?!  par  John 
Fox ,  sous  le  titre  de  Refcrmatla 
legiim  ecrfcsrasticarum  ,  in-4°-  Oa 
a  recueilli  ses  ouvrages  sous  le  titre 
de  Lucubrationes  ,  eu  1  vol.  in-4°, 
qui  contient  ses  JJiscoi/rs ,  des  Let- 
tres et  quelques  Poésies.  Haddon , 
distingué  par  sa  piété  autant  que  par 
son  savoir, mourut  en  1571. 

*  HAUGI-CHALFA.  C'est  sous 
ce  nom  qu'est  vulgairement  connu 
Mustapha-Ben-Jbdallah-Kalib-' 
Tschelaby  ,  de  Constantiuople  , 
mort  en  i658.  Son  ouvrage  ,  tra- 
duit en  allemand  par  un  orienta- 
liste distingué ,  mais  qui  a  gardé 
l'anonyme  ,  a  paru  à  Leipsick  , 
chez  Breilckopf  en   i8o4;  voici  le 


HAEF 

titre  allemand  :  Aperçu  er/cjclopé- 
dique  des  sciences  en  Orient,  tiré 
de  sept  ouvrages  arabes ,  persans 
«t  turcs ,  2  pallies  in-8*. 

HADRIEN.  Voyez  Adpten.  Ce- 
pendaiil  il  faut  observer  que  Ha- 
drien est  la  véritable  orlbographe  , 
ce  mol  étant  écrit  par  une  H  dans 
les  médailles. 

*  HAECX  (  David  ),  né  à  An- 
vers vers  l'an  lôgS  ,  embrassa 
létat  ecclésiastique  et  se  transporta 
à  Rome  ,  où  il  devint  camérier 
d'Uri)ain  VIII.  11  mourut  le  7  fé- 
vrier iGTig.  On  a  de  lui  Dictio- 
narium  malaico-latinuin ,  el  latino- 
malaicum  ,  Rome  ,  de  l'imprimerie 
<le  la  Propagande,  iGôi  ,  in  -  4''' 
Il  a  été  traduit  en  hollandais,  et 
imprimé  à  Batavia  en  1707. 

*  HAEFTEN  (  Jacques  Van  )  , 
béoédictin  ,  né  à  Ulrecht  en  i588, 
cliangea  son  nom  de  baptême  en 
celui  de  Benoît,  quand,  en  1627, 
il  fut  reçu  abbéd'Atïliguem  ;  dans  le 
Brabanl  :  il  y  introduisit  les  cons- 
li  tu  lions  de  lu  congrégation  dessaints 
Vitone  et  Idulfe,et  mourut  dans  son 
abbaye  en  1648.  On  a  de  lui,  1. 
Disquisitioiies  monasticœ ,  sur  la 
règle  de  suint  Benoit,  etc. ,  Anvers, 
i6z|5  ,  in-fol.  Dom  Charles,  Stein- 
gelius,abbé  d'x\nhusc-n ,  a  fait  l'a- 
brégé des  di.squi^ilions  monastiques 
qu'il  Ht  imprimer  i\  Augsbourg.  II. 
f'enatio  sacra  ,  siue  de  arte  qiiœ- 
rendi  Deuni  libri  XII ,  ibid. ,  1 6.')0, 
in-fol.  Cet  ouvrage  n'a  paru  qu'a- 
près la  mort  de  l'auteur.  111.  P'ia 
regia  sanctœ  crucis.  Cet  écrit  ,  où 
il  y  a  de  la  piété  el  de  l'onction  , 
a  été  traduit  en  français  par  uu 
cordelier,  sous  le  titre  de  Chemin 
royal  de  la  croix,  in-8°,  avec  des 
gravures.  IV.  Le  pain  quotidien  , 
ou  Méditations  pour  tous  les  jours 
de  Cannée  ,  en  6  livres  ,  i654  ,  et 
quelques  autres  productions. 


HAER  2o5 

H^MUS.   Voyez  Hemus. 

*  I.  HAEN  (  Abraham  de  ) ,  dessi- 
ualeur  el  poêle  hollandais,  naquit 
à  Amsterdam  en  1707,  el  mourut 
en  17/18.  Ou  a  gravé,  de  lui,  uii 
bon  nombre  de  vues,  de  villes, 
villages  ,  châteaux  ,  etc.  Sara-Marie 
Vander-Wiip  a  publié  ses  Voésies 
posthumes. 

11.  HAEN  (Antoine  de),  con- 
seiller-aulique  et  médecin  de  l'im- 
pératricd  IMarie-Thérèse ,  exerça  son 
art  avec  succès  ,  et  écrivit  sur  fart 
de  guérir  avec  proxililé,  mais  avec 
sagesse.  Ennemi  de  l'empirisme,^  il 
s'altachoit  à  l'expérience  et  aux 
principes  reçus.  Les  traités  qu'il  a 
successivement  publiés  sous  le  titre 
At  Ratio  medendi  forment  17  vol. 
in-8°  ,  dont  le  dernier  parut  à 
Vienne  en  1774-  Dans  quelques- 
uns  il  ijaroit  plutôt  compiler  le» 
observations  des  médecins  ses  pré- 
décesseurs,  qu'observer  lui-même; 
mais  dans  d'autres  ,  il  joiut  ses 
rétlexions  à  celles  d 'autrui.  On  a 
encore  de  lui  plusieurs  Disserta- 
tions sur  des  sujets  particuliers  , 
tels  que  son  traité  De  Magid  , 
Venise,  1776  ,  in-8°  ,  où  il  soutient 
la  possibilité  et  la  réalité  de  la  ma- 
gie. Haen  nsourul  l'année  suivante, 
le  5  septembre  1776,  dans  uu  àg« 
assez  avancé. 

HAER  (  Florent  Van  der  ),  cha- 
noine et  trésorier  de  la  collégiale  de 
Saint-Pierre  à  Lille,  né  à  Lou\aia 
en  i.'')47  ,  mort  en  i634,  ht  une 
étude  particulière  de  l'histoire  de 
son  pays  el  des  antiquités  ecclé- 
siastiques, et  publia,  1.  De  initiis 
tumuLtuum  Be/gicorum ,  Louvain, 
i587,  iu-12.  C'est  une  histoire, 
écrite  avec  élégance  ,  de  ce  qui 
est  arrivé  aux  Pays-Bas  du  temps 
du  duc  d'Albe.  II.  Antiquita- 
tum  Liturgicarum  arcana  ,  Douay, 
i.6o5,  in  -  8°.  Il  y  donne  deuic 
explications   de    chaque    messe    do 


2oG 


HAFE 


Tempore.  La  première  ,  moitié  lit- 
térale ,  moitié  ascélicjiie  ,  reiiferme 
renchainemenl  des  parties  qui  com- 
poseut  le  texte.  I.a  seconde  est  une 
suite  de  recherches  sur  l'origine  des 
cérémonies  de  la  messe.  Quoiqu'il  y 
ait  dans  cet  ouvrage  beaucoup  d  éru- 
dition pour  le  temps  où  il  vi\oit, 
cependant  il  a  été  effacé  par  le  car- 
dinal Boua  ,  par  1).  Marlenne  et  par 
Je  P.  Lebrun.  111.  Les  chaslelains 
lie  lAlle ,  leur  ancien  estât,  office 
et  famille  ,  des  Comtes  anciens  de 
Flandre  ,  et  une  description  de 
l'ancien  état  de  la  ville  de  Lille  , 
etc. ,  Lille ,  1611.  Ouvrage  écrit  sur 
de  bons  mémoires  avec  exactitude 
et  discernement  :  il  est  d'une  grande 
milité  pour  Tins  toi  re  tle  la  généalogie 
des  princes  de  ce  pays. 

*HAERLEi"\I  ou  Hahlem  (Théo- 
dore Van),  peintre,  né  en  1410 
dans  la  ville  du  inème  nom,  mort 
en  1.1(70.  On  voit  dans  l'église  d'U- 
irecht  nu  très-beau  tabieau  de  cet 
artiste  ,  représentant  Jésus-Christ 
et  les  apôtres. 

*  HAFENREFFER  (  Samuel  )  , 
docteur  en  médecine  ,  né  à  Hérem- 
berg  dans  le  duclié  de  Wirteinberg, 
exerça  sa  profession  ;i  Kircliheim  , 
ville  de  Souabe  ,  passa  ensuite  à 
Tubinge  ,  où  il  enseigna  avec  dis- 
tinction dans  les  écoles  de  la  l'acuité, 
et  mourut  dans  cette  dernière  ville 
en  1660,  âgé  de  73  ans.  On  a  de  ce 
médecin  plusieurs  ouvrages  ,  à  la 
plupart  desquels  il  a  donné  des  titres 
qui  se  ressentent  du  goût  de  son 
siècle  et  de  son  pays.  Nous  ne  cite- 
rons que  le  suivant,  itititiilé  f'e- 
xillum  liap/iacliticum  per  artem 
îuedicam  et  vitani  comniunem  vo- 
/rt/^5,  Tubingae,  iGT)!,  iii-S" 

*  HAFEZ-SHEMSEUDIN 

(  Mahomet  ) ,  poêle  persan  ,  né  à 
Shiraz,  capitale  de  la  province  Far- 
sistan  (  ancienne  Per.->e  ) ,  an  com- 
uieuuemeul  du  8*  siècle  du  l'hégire, 


HA  F]]; 

et  llorissoit  à  l'époque  où  le  fajiieux 
'l'aïuerlan  délit  le  sultan  Shah 
Mansor.  La  céiéiinlé  de  son  nom 
fut  telle  ,  que  les  souverains  de  ces 
contrées  s  efforcèrent,  avec  toute  la 
vanité  orientale,  d'obtenir  de.s  éloges 
dans  ses  vers ,  considérés  des-lor» 
comme  domaine  de  l'immortalité. 
Trtmerlan  le  sollicita  vivement  de 
venir  visiter  son  palais  à  Samar- 
cande.  Mais  le  poète  célèbre  dans  u/ie 
ode,  avec  une  extrême  énergie,  la 
libéralité  et  les  qualités  personnelles 
du  sultan  Mansor ,  et  dans  divers 
passages  d'autres  odes  ,  la  munifi- 
cence du  roi  d'Hormuz  et  de  quelques 
autres;  comme  aussi  il  s'élève  contre 
l'avarice  et  les  mauvaises  mœurs 
d'un  plus  grand  nombre  de  souve- 
rains. Il  refusa  les  offres  généreuses 
de  différeus  princes  de  son  temps  , 
connoissant  leur  inconstance  et  les 
pièges  ([ue  cachent  souvent  les  ca- 
resses de  cour.  Il  aima  beaucoup  sou 
pays  natal ,  qu'il  abandoima  unique' 
ment  pour  répondre  au  vif  empres- 
sement du  roi  lesdi,  près  de  qui  il 
passa  quelque  temps  ,  et  qu'il  quitta 
peu  satisfait  ,  quoiqu'il  se  vantât 
d'avoir  célébré  hautement  sa  gloire. 
On  ne  doit  pas  s'étonner  si  les  per- 
sonnages les  plus  considérables  de 
ce  temps  recherchèrent  l'amitié  et 
les  éloges  (!  ilafez  ;  cet  empressement 
doit  être  autant  attribué  à  l'e&time 
dont  joiiissoient  ses  ouvrages  qu'à 
la  vénération  qu'on  avoit  pour  la 
poésie  en  Orient.  Son  penchant  aux 
plaisirs  les  plus  délicats,  et  la  pureté 
de  ses  expressions  ,  montrent  en  lui 
\Mi  homme  au-dessus  du  vulgaire. 
On  sait  encore  qu'il  éloit  sa  vaut  dans 
toutes  les  sciences  ,  et  qu'il  ensei- 
gnoil  publiquement  les  lois  et  la 
religion  dans  un  collège.  11  dt'plor© 
tendrement  -,  dans  un  grand  nombre 
de  l'ers,  la  jjerte  de  son  éi-.ouse.  Il 
paroit  qu'il  avoit  un  ami  favori  à  qui 
il  adresse  beaucoup  d'odes,  comme 
le  poète  Anacréon  ,  à  Balhylle.  On 
croit  qu'il  consacra  les  derniers  jours 


HAGE 

de  sa  vie  à  la  pénitence  et  à  l'aus- 
térité. Il  moiuiil ,  selon  Herbeiol  , 
l'an  de  riiégire  797  ,  correspoiulaul  ù 
peu  près  à  l'an  i594  f'e  ïnrn  chré- 
tienne. On  a  fait  de  ses  ouvrages  mi 
recueil  contenante inq  centsoLxanle- 
ncuf  odes,  qui,  depwis,  a  été  coni- 
inenlé  par  plusieurs  Turcs  célèbres. 
La  lubricité  de  si'S  vers  Kt  que  quel- 
ques zélés  niah(»m('lansdoulerenls'il 
étoit  digue  de  rcccs  oir  l'honneur  or- 
dinaire de  la  rénullure  selon  leurs 
usages  ,  le  regardant  comme  i;n  vio- 
lateur des  lois  du  koran  ;  mais  le 
recueil  de  ses  J^oésics  ayant  été  ou- 
vert an  hasard  pour  prendre  nue 
décision  à  ce  sujt.'t,  Je  passage  qui 
s'offrit  porta  ses  ennemis  à  lui  ac- 
corder cet  honneur  .  ce  qui  fui  exé- 
cnléà  Mosella  pies  Shiraz.  Le  r/iui.r 
des  odes  <ie  ce  poêle,  appelé  ])ar  ia 
plupart  des  Onenlaux.  l'.-Jnacréon 
Persan  ,  a  été  traduit  en  vers  an- 
glais ,  avec  des  noies  ,  par  Jenu 
T*Jott,  et  imprimé  à  Londres  en  1787, 
avec  une  notice  sur  ce  poêle.  On 
trouve  dans  le  G/'orna/e  (/e'  letle- 
rat'i  ,  Pise  ,  1788  ,  quelques  essais  de 
traduction  de  ces  odes  en  italien. 

HAGANON.  f^ojez  Chaeles  , 

n°  m. 

*  HAGECIUS  ou  DE  Hayck 
(  Thadée  ) ,  ainsi  nommé  parce  qu'il 
étoit  de  la  bourgade  de  Hayck  en 
Bohême,  vivoit  dans  le  iG*^  siècle; 
il  pratiqua  la  médecine  plutôt  en 
charlatan  qu'en  homme  de  l'art. 
Quelques  cures  heureuses,  auxquelles 
sa  s.  lence  eut  peu  de  jjart  ,  lapant 
mis  en  vogue  ,  il  fut  apjHlé  à  la  cour 
de  l'empereur  Maximilien  ,  qui  le 
mit  au  nombre  de  ses  médecins.  Il  y 
figura  aussi  comme  aslrouoiue  et 
comme  astrologue  jusqu'à  la  méto- 
poscopie  ,  ou  la  divination  par  les 
traits  du  visage.  Il  publia  même  un 
ouvrage  sur  ct.'lle  vaine  science,  qui 
fut  imprimé  à  Francfort  en  1.^)84  , 
in-8°  ,  sous  le  litre  d' Jp/iorismi 
Mçtoposcopici.  U  ea  a  écrit  d'autres 


HAGE        207 

qui  valent  un  peu  mieux:  ils  sont 
intitulés,  I.  ytj)/iorismo?-iirn  medi- 
corvm  libellas  iinus,  Francofurti  , 
in-S".  II.  De  cereuisid  ,  ejusqnc 
coufiviendi  ratione ,  iiatuiâ ,  vi- 
ribus  et  facultalibus ,  ojmsci/litm  , 
ibid.,  iô85,in4°. 

I.  lïAGEDORN,  poète  allemand 
du  18"^  siècle.  Dans  sest^ers,  recom- 
manc'iibles  parla  pureté  de  l'cxpres- 
sicn  et  par  la  délicatesse  des  pen- 
sées, il  célèbre  tour  à  tour  l'amour 
et  la  vertu,  le  vin  et  la  sagesse.  Ce 
pcétc  a  imité  plusieurs  fables  et 
{ilusit'urs  coules  du  célèbre  La  Fon- 
Uune.  Il  en  a  composé  lui-même 
qui  sont  estimés. 

*  II.  HAGEDORN  (  Christian 
Louis  de),  né  à  Hambourg  en  1717, 
a  gravé  à  l'eLu-forte  ,  en  1744  5  ""^ 
suite  de  têtes  de  caractère  et  des 
petits  paysages  de  sa  composition. 
U  mourut  à  Dresde  en  1782,  direc- 
teur depiiis  long- temps  de  l'acadé- 
mie des  arts  de  celte  ville. 

'  HAGEMANN  ,  originaire  d'Ha- 
novre ,  et  mort  à  Naples  au  mois  de 
mars  3809,  à  la  fleur  de  son  âge  , 
très-versé  dans  le  sanscrit,  avoil  été 
éle\é  par  son  mérite  à  lemiiloi  de 
précepteur  des  enfans  de  sa  majesté 
le  roi  de  Naples.  On  a  de  lui ,  dacs 
le  Magasin  encyclopédique  ,  quel- 
ques articles  inléressans  sur  la  lit- 
térature orientale. 

HAGEMBACH  (Pierre  de)  ,  che- 
valier, conseiller  et  mailre  d'hôtel 
de  Charles  ,  duc  de  Bourgogne  , 
nommé  par  ce  prince  ,  en  1469  , 
gouverneur  des  comtés  de  Ferrèl-e  , 
de  Suudgaw,  de  Brisgaw  et  d'Alsace, 
se  conduisit  d'une  manière  si  ly- 
rannique  dans  ses  gouvemeniens  , 
que  Sigismond ,  archiduc d'AulricUe, 
lit  une  ligne  avec  les  Suisses,  le 
Palatinal  ,  les  villes  de  Strasbourg 
et  de  Baie ,  el  même  avec  Louis  XI , 
elc.  ,  pour  chasser»Charles ,  duc  de 


-io8 


HAGU 


gager  ce  duc  à  se  retirer,  à  rendre 
ce  qu'on  lui  avoit  accordé  ;  il  ne 
le  voulut  point ,  et  sur  son  refus  la 
guerre  fut  déclarée.  On  érigea  aussi 
un  tribunal,  où  Pierre  Hagembach 
fut  entendu ,  convaincu  de  concus- 
sions et  de  malversations  ,  et  con- 
damné à  perdre  la  tète.  Il  subit  son 
jugementle  9  mai  i474»  aprèsavoir 
été  dégradé  de  sa  chevalerie.  Cette 
exécution,  loin  de  terminer  la  guerre, 
l'anima  davantage,  parce  que  le  duc 
de  Bourgogne  voulut  venger  la  mort 
de  son  favori.  Cette  querelle,  dura 
longtemps,  et  les  peuples  en  lurent 
les  victimes,  comme  dans  toutes  les 
disputes  des  rois. 

*  HAGENDORN  (  Erfroi  ) ,  mé- 
decin ,  ué  en  1640  à  Wolaw^  en 
Siiésie  ,  pratiqua  son  art  à  Gorlitz  , 
et  ensuite  à  la  cour  de  Saxe,  où  il 
mourut  le  27  février  1692.  Outre 
plusieurs  Observalions  insérées  dans 
les  iMémoires  de  l'académie  impé- 
riale, on  a  de  lui  plusieuVs  ouvrages, 
parmi  lesquels  on  distingue,  I.  Trac- 
ialiis  p/tysico-inedicus  de  Catechu  , 
sive  tend  japonicâ  in  vulgiis  sic 
dicta  ,  lense  ,  1679  ,  iu-S".  II.  Ilis- 
toriœ  p/ij  sico  -  medicœ ,  Arnslii  , 
1690 ,  in-8'*. 

HAGENHUSËN,  major  de  vais- 
seau au  service  de  Suède  ,  coa^mau- 
doit  une  galère  dans  le  combat  naval 
livré  le  ^2  août  1789  par  les  Suédois 
à  la  Hotte  russe  ,  à  la  hauteur  de 
Kotkasari.  Au  milieu  de  l'action  , 
se  voyant  prêt  à  tomber  entre  les 
mains  des  ennemis,  il  préféra  une 
mort  glorieuse  ,  et  lit  sauter  son 
liatimeut,  où  il  mil  lui-même  le 
feu. 

HAGUENBOT  (Jean)  ou  CoR- 
NARius  ,  médecin  allemand  ,  de 
Zwickau  ,  chercha  avec  grand  soin 
les  écrits  des  meilleurs  médecins 
grecs,  et  employa  environ  quinze 
ans  à  les  traduire  en  latin.  11  s'at- 
latba  fiur-loulà  ceux  d'Uij»pocrule  , 


HAGU 

d'Aëtius  ,  d'Egiuète  ,  et  à  une  partio 
de  ceux  de  Gulien.  Ces  versions  sont 
fort  imparfaites.  Coruarius  médio- 
crement versé  dans  la  langue 
grecque,  ignoroit  les  finesses  de 
la  langue  latine.  Ses  travaux  litté- 
raires ne  l'empêchèrent  point  de 
pratiquer  la  médecine  avec  répu- 
tation à  Zwickau  ,  à  Francfort  ,  à 
Marpurg  ,  à  Norlhausen  et  à  lèue, 
où  il  mourut  d'apoplexie  eu  i5.t8, 
à  48  ans.  Son  précepteur  lui  avoit 
fait  changer  son  nom  de  Haguenbot 
en  celui  de  Coruarius  ,  sous  lequel 
il  est  plus  connu.  Outre  ses  Traduc- 
tions ,  on  a  de  lui  ,  I.  Quelques 
Traités  de  médecine.  11.  Ues  Edi- 
tions de  quelques  poèmes  des  anciens 
sur  la  médecine  et  sur  la  botanique. 
111.  Des  Poésies  latines.  W .  Des 
Traductions  de  quelques  écrits  des 
Pères  de  l'Eglise  ,  entre  autres  du 
sacerdoce  de  saint  Chrysostôme,  des 
(Euvres  de  saint  Basile  ,  et  d'une 
partie  de  celles  de  saint  Epiphane. 
V .  Theologia  uitis  pini/'erœ  ,  Hei- 
delberg  ,  1614,  in-8°.  VI.  Prcecep" 
tiones  de  re  rusticâ ,  Bàle  ,  i538, 
in-8°. 

t  HAGUENIEP.  (  Jean  )  ,  né  en 
Bourgogne  près  d'Auxonne  ,  mort 
en  1708,  âgé  de  60  ans,  a  fait 
plusieurs  Chansons  ,  dont  quelques- 
unes  respirent  l'enjouement  ;  mais 
il  faut  moins  le  regarder  comme  uu 
auteur  que  comme  un  homme  de 
bonne  compagnie  ,  qui  versilioit  le 
verre  à  la  main.  Voltaire,  quil'avoit 
vu  dans  sa  jeunesse,  disoit,  pour  ex- 
primer la  froideur  de  ses  chansons  , 
que  c'étoient  des  chansons  à  boire. . . 
de  l'eau.  Celles  qui  commencent 
ainsi:  aNousautresbons  villageois... 
Je  n'ai  pour  toute  maison  qu'une 
pauvre  et  simple  chaumière,  etc.  ,» 
ont  encore  de  l'agrément  et  n'ont 
pas  vieilli. 

HAG U  EN  OT  (Henri) ,  savant 
médecin  de  Monti>ellier ,  mort  eu 
1776,  a  publié,  L  Tractatus  dtt 


HAID 

morbis  externis  capitis  ,  1760, 
in-12.  II.  Otia  p/iysiu/u^ica  ,  \'!ÏiZ. 
III.  Plusieurs  Mémoires  adressés  à 
l'académie  des  sciences  ,  parmi  les- 
quels on  doil  distiugner  celui  qui  a 
pour  objet  de  démontrer  le  danger 
des  inhnnialious  dans  les  églises, 
1748  ,  in-b". 

HAHN  (Simon -Frédéric)  fit, 
dès  son  enfance  ,  des  progrès  si  ra- 
pides, qu'à  l'âge  de  10  ans  il  sa  voit 
plusieurs  langues  vivantes.  Ce  sa- 
vant, mort  eu  1729  à  07  ans,  pu- 
blia en  1708  la  Continuation  de  la 
Chronique  de  Bergen ,  par  iMeibo- 
mius.  Après  avoir  donné,  pendant 
quelques  années  ,  des  leçons  publi- 
ques à  Hall ,  il  devint  à  l'âge  de  24 
ans  professeur  d'histoire  à  Helm- 
stadt.  Son  mérite  fut  ensuite  récom- 
pensé par  les  titres  de  conseiller  , 
d  historiographe  ,  et  de  bibliothé- 
caire du  roi  de  la  Grande-Bretagne, 
à  Hanovre.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  encore  ,  L  Les  quatre  premiers 
volumes  d'une  Jlisiuire  de  f  empire, 
exacte,  mais  pesamment  écrite.  IL 
Colleclio  tnonutneiitorum  veterum 
et  reeentiurum  ,  iiieditoriim ,  Bruns- 
wick, 17^4»  1726,  2  vol.  iu-b". 

*  IIAIDEN  (Jean),  né  à  Hra- 
disli  en  Moravie  en  1716,  vni  des 
hommes  les  plus  érudiis  de  ce  siècle, 
comme  ses  ouvrages  le  prouvent ,  se 
fit  iésuite  en  1756,  et  professa  di- 
verses sciences  avec  un  succès  ex- 
traordinaire. 11  vivoit  encore  ,  mais 
vieux  et  caduc,  en  1786.  Ou  a  de 
lui ,  I.  Dissertationes  de  t/ierapeii- 
fis  Philonis  Judœi ,  Prague,  I7ri6  , 
in-4°.  II.  JDe  inslittito  Ecclesiœ  in- 
fant! hus  mox  cum  bapiismo  con- 
ferendi  sacrarnenla  coiifirmatioriis 
et  eucharistiœ  dissertatio  ,  1768, 
in-4°.  lll.  De  luigenii  IV  décréta 
pro  Jtrmenis ,  ni/nc  tanquam  pars 
synodi  œcumenicœ  Florentinœ  sii 
respicienduui ,  1759,  in-4°.  IV.  De 
Trud-entii  Marani  opinione  ho- 
moiisioii  Antiocinœ  secuto  tertio 
T.  Vin. 


HA  IL 


209 


proscripfitm  iiegaiitis  ,  1760,  i.i- 
4°.  V.  Aniinadversiunes  criticœ  iii 
chronologiam  ,  1760,  in  -  8°.  V'I. 
F.xercitatioiics  chronologiœ  de  tri- 
bus prœcipuis  aniiis  C/iristi ,  imli, 
biptisali  et  morienlis  ad  calculuin 
Joannis  Kepleri  olim  apud  Pra- 
genses  astru/ioml  avcornmodatœ  , 
1761,  in-8".  VU.  Jppendix  adexer- 
citationes  chronolugicas  de  prœj'ec- 
tiunis  Jiomaiiœ  sedis  et  obitusprin- 
cipis  apustoloruta  Fetri  annis  , 
1761  ,  in-8°.  Tous  ces  ouvrages, 
dont  une  vaste  érudition  fait  seule 
le  mérite,  sont  peu  reclierchés  au- 
jourd'hui, et  avec  raison. 

•{-HAILLAN(BernardDEGiRAKD, 
seigneur   du  )  ,    né  à  Bordeaux  en 
]  535  ,  se  livra  d'aliord  à  la  poésie  ,  et 
s'adonna  ensuite  entièrement  à  l'his- 
toire. Charles  IX  l'houora  du  titre 
de  son  historiographe.  11  éloit  cal- 
viniste ;  mais  il  se  fit   catholique  , 
quand  il  parut  à  la  cour.  Henri  III 
le  fit  généalogiste  de  l'ordre  du  Sainl- 
Es]Hit.  Il  mourut  à  Paris  le  2^1  no- 
vembre  1610.  I.a  manière  dont  du 
Haillan  parle  de  lui  inèinf  dans  quel- 
ques-uns de  ses  livres  prouve  que  la 
gloire  et  la  fortune  étoient  deux  divi- 
nités aux(]uell -.s  il  teiinit  siiigulière- 
ment.  II  vanle  beaucoup  ses  travaux, 
le  succès  de  ses  ouvrages,   et  leurs 
diverses  éditions.  11  témoigne  trop 
visiblement  qu'il  voudroit  être  ré- 
compensé ;  et   comme   les  censeurs 
empêchent  quelquefois  \\\\  écrivain 
(le  rece\oir  le  priv.  de  ses  peines  ,  il 
traite  lesMeus  avec  aigreur.  Il  écri- 
vit    au    maréchal    de    Biron     que 
((  Henri  III  ne  l'avoit  pas  seulement 
remercié    de    l'honuiuige    qu'il    lui 
avoit  tait  de  son  Ilistnire  de  Fran- 
ce ,  quoique    ce  fùi    le    plus   beau 
présent  de  livre  qu'on  lui  eût  ja- 
mais fait....   11  lisoit  el  r^compen- 
soit  ,  ajoute-t-il,  bien   de    |)flites 
(Siivres  plnines  de  vilenies  :  il  dou- 
noit  des  al)bayes  à  leurs  auteurs  ,  et 
ue  lit  cas  de  ce  qui  servoit  à  la  gloire 
14 


210  HAÎL 

des  siens  el  à  la  sienne.  »  On  a  cle 
lui  ,  I  Une  Histoire  de  France  , 
depuis  Pharamoud  jusqu'à  la  mort 
de  Cliarles  VUI  ,  en  plusieurs  vol. 
in  -  8"  ,  et  1627,  2  vol.  in -fol. 
C'est  le  premier  coîps  d'IItsloire  de 
France  composé  en  tVan(,ais.  L'au- 
teur u'adople  pas  tontes  les  labiés 
qui  éloient  C:i  vogue  de  sonlemiis. 
Il  rejette  même  diverses  traditions 
qu'un  zèle  indiscret  pour  la  gloire 
de  la  France  avoit  répandues  ,  el 
{.'explique  assez  librement  sur  la 
Pucelle  d'Orléans  et  sur  d'autres 
objets.  Mais  il  rapporte  encore  assez 
de  faits  incertains  pour  mériter 
quelquefois  le  reproche  de  crédulité. 
Son  style  est  celui  de  sou  pays  , 
vif  et  fanfaron.  Il  a  surchargé  son 
Histoire  de  plusieurs  harangues  en- 
nuyeuses ,  traduites  presqu  ;  mot  à 
mot  de  Paul- Emile;  il  a  encore 
suivi  cet  historien  dans  plusieurs 
de  ses  narrations,  en  y  ajoutant 
quelques  remarques  tirées  d'ailleurs. 
Mais  ce  qu'il  n'a  copié  nulle  part  , 
c'est  le  commencement  de  son  His- 
toire ,  qui  est  entièrement  de  sou 
invention.  Il  fait  tenir  un  conseil 
entre  Pharamoud  et  ses  plus  fidèles 
conseillers  ,  auxquels  il  donne  des 
noms  imaginaires.  Il  s'agit  de  sa- 
voir s'il  doit  réduire  les  Français 
au  gouvernement  aristocratique  ou 
au  monarchique  :  chaque  conseiller 
l'ait  une  harangue  pour  soutenir  le 
jjoiir  o\\  le  contre.  Son  ouvrage  eut 
cependant  un  cours  extraordinaire, 
malgré  ces  énormes  défauts.  Du 
Haillan  ,  parlant  sans  ménagement 
du  pape,  des  évèques  el  des  maisons 
les  plus  illustres,  plut  infiniment  à 
ceux  qui  ne  cherchent  dans  la  lec- 
ture que  le  plaisir  de  la  satire.  II. 
J)e  l'état  et  succès  des  affaires  de 
France  ,  iGi  3  ,  in-S"  :  livre  curieux 
qui  offre  des  choses  singulières  ,  et 
quelques-unes  de  hasardée^.  Il  con- 
lienl ,  dit  Lenglet,  dans  un  détail 
assez  exact ,  ce  qui  regarde  l'état  de 
la  France.  II  peut  même  servir  pour 


HAIIN 

commencer  l'étude  de  notre  his- 
toire. Dans  la  première  édi lion  in-4°, 
1.570  ,  il  y  a  un  pelit  JJbrégé  de 
l'histoire  des  comtes  d' Anjou,  qu'où 
ne  trouve  pas  dans  les  éditions  pos- 
térieures ,  qui  sont  meilleures  à 
quelques  égards,  lll.  Hegum  Gal- 
loruni  Icônes  versibiis  expressœ  , 
in-4°.  IV.  Histoire  des  ducs  d'An- 
jou ,  ib^o  ,  in-S".  V.  Un  Poème  in- 
titulé Le  To/nbcau  du  roi  très- 
clirétien  Henri  II ,  in-8".  NI.  VU- 
nion  des  princes  ,  autre  poëme 
in- 8°.  Du  Haillan,  se  croyant  un  po- 
litique ,  avoit  suivi  l'évèque  d'Acqs 
(  Noadles  )  à  l'ambassade  d'Angle- 
terre et  de  Venise. 

*  HAINERS  ,  un  des  professeurs 
les  plus  distingués  de  l'université  de 
Gottingue  ,  on  il  étoit ,  lors  de  sa 
mort  en  iSio,directeur  de  la  société 
royale  des  sciences.  L'institut  de 
France  l'avoit  admis  au  nombre  de 
ses  membres.  Les  principaux  ouvra- 
ges de  cet  écrivain  estimé  sont ,  Mé- 
moires pour  la  société  ;  Lettres  sur 
la  Suisse,el  la  décadence  des  scien- 
ces en  Grèce  ,  traduits  en  français. 

*  HAINES  (Joseph  ) ,  connu  sons 
le  nom  de  comte  Haines  ,  excellent 
comédien  dans  le  genre  du  bas  comi- 
que ,  s'est  fait  un  nom   par  le  tour 
facétieux  de  son  esprit  et  la  ])romp- 
titude  de  ses  reparties.  Ses  talens  et 
ses    connoissances    fixèrent  l'atten- 
lion  et  l'estime  de  sir  Josepli  Wil-       ■ 
iiamson,  qui,  parvenu  à  la  place  de      1 
secrétaire  d'état ,  le  choisit  pour  se-       » 
crélaire  en  langue   latine   dans  ses 
bureaux  ;  mais  la  discrétion  qu'exige 

un  pareil  emploi  n'étant  pas  l'une 
des  qualités  dont  Haines  eût  le  plus 
à  se  vanter  ,   Williamson   le   reu-      É 
voya  et  le  reconmianda  cependant      f 
particulièrement  aux  dignitaires  de 
l'université  de  Cambridge.  A  peine 
Hainesyctoit-il  rendu  qu'une  troupe     | 
de   comédiens    étant  venue    à   une      1 
foire  du  voisinage  ,  Haines  renon-     | 
çunl  à  sa  nouvelle  carrière  se  joignit 


HAJA 

à  eiiT.  Ses  talens  renient  bientôt 
appelé  au  lliéàtre  de  Drurylaue  et 
protUiil  dans  la  socitlé  des  grands  , 
où  les  agrémens  de  sa  conversation 
et  la  vivacité  de  sou  esprit  lui  pro- 
curèrent de  puissans  protecteurs. 
Haines  mourut  à  Londres  eu  1801. 

*  HAINS  (  Joseph  )  ,  peintre  ,  né 
à  Berne  en  Suis?e ,  vivfiit  dans  le 
.1  6"^  siècle.  L'empereur  Rodolphe  II 
qui  se  Tétoit  attaché  ,  l'envoya  en 
Ilaliepoury  copier lesplus  beaux  rao- 
numens  de  peinture  et  de  sculpture. 
Il  s'acquitta  de  cette  commission  à 
ïa  grande  satisfaction  du  prince  , 
dont  il  mérita  l'estime  et  la  protec- 
tion. Hains  composa  beaucoup  d'ou- 
vrages ,  la  plupart  gravés  par  les 
Sadeler  ,  Lucas  Kibian  ,  et  Isaac 
Mayer.  Il  mourut  à  Prague. 

HAIS.  T'oyez  ll.\.\&. 

*HAIT0N,  prince  arménien, 
seigneur  de  Curchi ,  servit  pendant 
long-temps  dans  les  guerres  contre 
lesSarrasms  et  les Tar tares. En  i3o5 
il  embrassa  dans  l'ile  de  Cypre  la  vie 
religieuse  dans  le  monastère  appelé 
Episcopla.  En  lôoj'il  se  rendit  à 
Poitiers,  où  il  se  trouva  à  une  con- 
férence relative  aux  croisades;  il  y 
donna  des  instructions  à  ce  sujet  , 
et  y  récita  une  histoire  des  peuples 
de  l'Orient,  ou  plutôt  une  descrip- 
tion des  royaumes  de  ce  pays.  Nicolas 
Salcon ,  interprète  du  pape  ,  la  tra- 
duisit eu  latin. 

HAIWARD.  Voyez  Hayw.\rd. 

*  HAJAR  (  ibn  )  ,  El-Hâfedli- 
Schahàb  et Schahàb-ed-d}are , naquit 
en  77.T  de  l'hégire,  1071  de  l'ère 
chrétienne  ,  à  Askalàn  (  Ascalon  )  , 
en  Syrie.  Sa  vocation  étoil  pour  les 
belles-lettres  ;  son  goût  lui  fit  pré- 
férer l'histoire  aux  autres  genres,  et 
on  lui  doit  plusieurs  cuivrages  sur 
les  annales  de  l'Egypte  :  entre  autres 
une  Histoire  des  princes  qui  ont 
régné   dans   cette   contrée    depuis 


HAJE  2ri 

l'introduction  du  mahoméllsme , 
et  ^Histoire  des  câdis  (  juges  )  du 
Caire ,  continuée  par  El-Sakhàouy. 
Le  premier  de  ces  deux  ouvrages, 
avec  un  épiloine  de  ?,Ioh?mmed  El- 
Dhoraayry,  se  trouve  à  la  biblio- 
thèque impériale  ,  en  plusieurs  vol. 
manuscrits.  Ibn  Hajar  mourut  dans 
un  âge  avancé ,  l'au  de  l'hégire  802 , 
1448  de  notre  ère. 

*  HAJEB  (  ilm  ) ,  Jémâl  ed-dyne, 
connu  aussi  sous  le  nom  de  Al-T;ikh- 
lazâny  ,    mort   à   Alexandrie   l'an 
646  de  l'hégire  et  de  l'ère  chrétienne 
1248  ,   à  75   ans,   grammairien  et 
poète  arabe,    s'est  fait  une  grande 
réputation  par  l'élégance  de  sou  style 
et  la  pureté  de  ses  principes.  Ou  a 
de  lui  ,  I.  Grammaire  arche ,  im- 
primée à  Rome,  iSga  ,  in-4°  ;   à 
Constantinoplc ,  1786,  in-4° ,  et  à 
Calcutta,  1800,  petit  in-4°.  L'édi- 
tion de  Constantinoplc  est  augmen- 
tée d'une  syntaxe  et  d'un  bon  com- 
mentaire. II.   Un  petit  poème  ma- 
nuscrit et  fort  rare  ,  de  l'Art  poé- 
tique ,  en   i58  vers,   ouvrage  pré- 
cieux aux  yeux  des  savans  araljes 
qui  en  ont  parlé  ;  la  bibliothèque  de 
l'Escurial  en  possède  un  exemplaire, 
m.  Un  Poëme  de  Dieu  et  de  ses 
attributs.  IV.  Abrégé  des  décrets. 
On  lui  attribue  aussi  une  Histoire 
des  khalyfs  Omniades.  Ces  divers 
écrits  ont  été  le  sujet  d'une  multi- 
tude de  commentaires  que  l'on  trouve 
manuscrits    dans   les    bibliothèques 
d'Europe.  La  grammaire  en  compte 
sur-tout  un  grand  nombre  ,    dont 
quelques-uns   sont  joints  au   texte 
dans  les  exemplaires  manuscrits  que 
toutes  les  bil)Uothèques  célèbres  pos- 
sèdent ,  et  qui  se  rencontrent  aussi 
dans  celles  de  plusieurs  savaus  orien- 
talistes ,  par  la  quantité  de  copies  que 
le  mérite  de  cette  grammaire  eu  a 
fait    tirer.     Plusieurs    auteurs    du 
même  nom  ont  écrit  sur  la  méta- 
physique ;  leurs  ouvrages  sont  à  la 
bibliotlièque  impériale. 


:2T2  HAJJ 

*HAJ.TAH  (ibii),  Tnaiiy-pcl-ilyne 
jVbouhekr  Al-Hamaouy,  d'une  des 
premières  familles  de  Hàmali  ,  en 
Syrie  ,  se  fil  connoitre  au  commen- 
cement dn  9^  siècle  de  l'hégire  par 
l'élégance  de  ses  poésies.  Ayant  qui  tté 
sa  patrie  pour  s'élahlir  au  Caire  ,  il 
y  jouil  d'une  réputation  justement 
acquise,  et  de  la  laveur  du  sultan, 
qu'il  conserva  jusqu'à  la  Hn  de  ses 
jours,  arrivée  dans  la  même  ville, 
«n  857  de  l'hégire,  i/|35  de  J.  C. 
Ou  estime  son  poème  intitulé  , 
Haâyeh ,  chose  nouvelle ,  coni  meute 
par  Sçahnoudy;  et  un  autre  ouvrage 
<de  poésie  ,  sous  le  titre  des  fruits 
et.  (les  feuilles.  C'est  un  assemblage 
de  toutes  sortes  de  poésies  ,  de  mor- 
ceaux à  la  louange  de  plusieurs 
princes  de  Syrie  et  d'Egypte ,  et  d'his- 
lon-es  relatives  à  l'élégance  arabe  , 
qui  sont  entremêlés  avec  des  pré- 
ceptes sur  les  belles-lettres  ,  pour 
corriger  ce  que  le  g(  nre  didactique 
a  de  fastidieux  ;  la  bibliothèque  impé- 
riale possède  plusieurs  exemplaires 
îuanuscrits  de  cet  ouvrage  qu  ou 
Toit  aussi  dans  celle  de  l'Escurial. 
libn  Hajjah  a  aussi  écrit  en  prose 
te  J^in  de  la  jeunesse,  vauté  pour 
l'éloquence  du  style  ,  et  quelques 
autres  ouvrages  moins  connus. 

*  HAJJY-KHALFAT-MOUS- 
THAFA,  surnommé  Kâleh  Tché- 
léhy ,  né  à  Constantiuople  vers  la 
fin  du  1  y>^  siècle,  entra  jeune  encore 
an  service  du  sultan  Amouralh 
(Ainural)IV,  en  qualité  de  i'^'' se- 
crétaire. Son  mérite,  l'amabilité  de 
son  esprit  insinuant ,  lui  gagnèrent 
les  bonnes  grâces  de  son  maître  ,  et 
avancèrent  rapidement  sa  fortune  ; 
il  se  trouva  ,  au  bout  de  quelques 
années  ,  investi  du  ministère  des 
finances  de  l'empire  olhoman.  Ce 
poste  émiuenl  fovunit  à  Hajjy  Khal- 
î'al  l'occasion  de  développer  tous 
ses  taleus  comme  homme  d'état  ; 
mais  il  ne  l'enleva  jiointà  des  occu- 
pations plus  doutes,  celles  d'homme 


HAJJ 

de  lettres.  Il  s'en  lit  un  délassement,  ^ 
et  ce  passe-temps  lui  assura  ('im-  '^ 
mortalité,  taudis  que  le  rang  qu'il 
occupoitet  ses  fonctions  importantes 
n'auroient  point  empêché  sa  mé- 
moire de  mourir  avec  lui.  Les  ou- 
vrages qu'il  a  laissés  sont  nombreux, 
et  s'ils  ne  sont  point  par  leur  genre 
de  nature  à  porter  l'empreinte  du 
génie ,  leur  mérite  du  moins  est 
incontestable  ,  et  ils  doivent  être 
placés  au  premier  rang  parmi  les 
écrits  orientaux  qui  roulent  sur  des 
sujets  semblables.  Les  plus  connus 
eu  Europe  sont ,  1.  Uue  Bibliotlit- 
que  orientale ,  composée  en  arabe, 
contenant  l'histoire  des  poètes  , 
hommes  de  lettres  ,  sa  vans  ,  tant 
arabes  que  turks  et  persans  ,  qui 
se  sont  distingués  depuis  le  commen- 
cement de  l'hégire  ,  jusqu'en  1028 
de  la  même  ère,  époque  à  laquelle 
l'auteur  écrivoit.  Il  y  en  a  plusieurs 
exemplaires  manuscrits  à  la  biblio- 
thèque impériale.  II.  Des  Tables 
chronologiques  écrites  d'abord  en 
persan  ,  puis  eu  turk  ,  et  imprimées 
dans  cette  langue  à  Constaulinople, 
1753  ,  petit  iu-fol..,  avec  une  conti- 
nuation jusqu'à  cette  année,  par 
Emyr-  Bokra-Mohammed-  Efeudy 
et  Hrahym -Efeudy,  éditeur.  Elles 
sont  manuscrites  ,  en  persan  et  eu 
turk,  à  la  bibliothèque  impériale, 
et  renferment  Ihisioire  profane  et 
sacrée  depuis  Adam  ;  la  liste  des 
rois,  princes  ,  souverains,  etc.  ,  qui 
se  sont  succédés  depuis  le  commen- 
cement du  monde  jusqu'à  Mahomet; 
l'histoire  dece  prophète  ,  deskhalyfs 
ses  successeurs,  des  rois,  monarques, 
souverains  musulmans  de  toutes  les 
sectes  et  de  tous  les  pays ,  des  sultans 
othomans,  des  grands  vizyrs,  grands 
mouftys  ,  grands  dignitaires,  etc., 
delà  su!)lime porte.  La  seule  traduc- 
tion complète  qu'on  connoisse  de 
cet  utile  et  intéressant  ouvrage  a 
été  faite  en  latin  par  Reiske  ,  avec 
un  commentaire  ,  et  est  encore  iné- 
dite.  11  y  en  a  bien  une  certaine 


/ 


HAKE 


HAKK 


2l3ï 


/ 


(Vi  italien  ,  Venise,  1697  ;  maiselle 
tal  si  piloyal)le  quaulaul  vaut-il  ne 
'la  pas  compter.  111.  Une  Géographie 
composée  en  arabe,  et  traduite  en 
lurk  ,  par  Ibr.ihyni  Efendy  qui  l'a 
fil  imprimerdanscette  langue,  Cons- 
lantinople,  1  \/\h  —  ) 702, petit  in-fol. 
sous  le  litre  de  Miroir  du  momie. 
Les  deux  premières  parties  ont  été 
réimprimées  en  Allemagne  e)ii7tS4, 
avec  une  version  latine  par  Nor- 
berg.  Cette  édition  est  très-rare. 
IV.  Jï/s/o//e  des  guerres  maritimes 
des  Othomans ,  eu  turk  ,  sous  le  litre 
de  Don  aux  Grands,  Constantin... , 
1 1 4 1  —  1 728  ,  petit  in-fol.  On  voit 
que  HajjyKhalfat  éloil  versé  dans 
les  langues  arabe  et  persane  ,  aussi- 
bien  que  dans  la  sienne  ,  puisqu'il 
écrivoit  avec  une  égale  pureté  dans 
les  trois,  exemple  très-rare  dans  un 
Turk  ,  et  qu'on  verra  pourtant  se 
renouveler  d'une  façon  plus  extraor- 
dinaire à  l'article  Séjd  Moustafà. 
HajjyKhalfat  mourut  dans  l'exercice 
de  sa  charge  à  Coustantinople  ,  l'an 
de  l'hégire  loây  —  1647  de  l'ère 
chrétienne. 

HAKEM-BAMRILAH,  troisième 
caille  de  la  race  des  falimites,  com- 
mença à  régner  à  lage  de  onze  ans, 
sous  la  tutelle  d'nn  gouverneur, 
l'an  de  J.  C.  996.  Son  règne  ne  fut 
célèbre  que  par  des  extravagances. 
II  ordonna  que,  toutes  les  nuits  ,  les 
maisons  et  bouliqnes  du  Caire  fus- 
sent ouvertes  et  éclairées  ;  que  les 
femmes  ne  sortissent  jamais  de  leur 
logis,  et  défendit  aux  ouvriers  de 
fane  aucune  cliaussure  à  leur  usage. 
Il  vouloit  passer  pour  dieu  ,  et  iil 
faire  un  catalogue  de  seize  mille  per- 
sonnes qui  le  reconiioissoient  pour 
Ici.  Il  iil  brûler  la  moitié  de  la  ville 
du  Caire  ,  et  piller  l'autre  par  ses 
soldats.  Il  obligea  les  juifs  et  les 
chrétiens  de  porter  sur  leurs  habits 
des  marques  qui  les  distinguassent 
des  musulmans  :  il  en  contraignit 
plusieurs  à  renoncer  à  ia  religion, 


puis  il  leur  permit  d'en  faire  une 
profession  ouverte.  11  lit  démolir 
l'église  de  la  Résurrection  on  du 
Calvaire  de  Jérusalem  ,  et  la  fil  rebâ- 
tir ensuite.  11  inleiùit  le  pélcrinape 
de  la  Mecque ,  supprima  le  jeune  du 
ramadhan  et  les  cmq  prières  par 
jour.  Ses  sujets  s'imagincreut  qu'il 
avoil  dessein  d'abolir  le  mahomé- 
tisme  ,  et  de  s'ériger  en  nouveau 
législateur  :  on  conspira  contre  lui, 
et  il  fut  tué  sur  le  mont  Mocalani 
l'an  1021 ,  par  ordre  de  sa  sœur  ,  à 
ce  que  Ion  croit. 

*  HAKEWILL  (  George  )  ,  né  à 
Exeler  en  ifivg,  savant  lliéologien, 
chapelani  du  prince  Charles ,  et 
archidiacre  deSurrey,  ne  fut  point 
appelé  à  de  pins  hautes  dignités  ,  à 
raison  de  la  vive  opposition  qu'il 
montra  au  mariage  del'mfanle  d'Ef- 
pagne  avec  le  prince  auquel  il  éloil 
attaché.  Il  publia  en  1627  une  Ex- 
posiiivn  ou  apologie  du  pouvoir  de 
la  providence  de  Dieu  dans  le 
gouvernemenl  du  monde,  dont  il 
a  paru  en  ]655  une  troisième  édi- 
tion fort  augmentée,  en  un  volume 
in-fol.  11  mourut  en  1649. 

*  HAKKERT  (  Jean  ),  peintre  de 

paysage,  né  à  Amsterdam  en  iG52, 
voyagea  en  Allemagne  et  en  Suisst. 
I.a  vue  de  ces  pays  montagneux 
enflamma  son  génie  naturellement 
porté  vers  ce  genre  de  dessin.  Sei'î. 
au  milieu  des  rochers  les  plus  tris- 
tes, il  se  plaisoit  à  peindre  Ventrée 
des  cavernes ,  les  chutes  d'eau ,  et 
divers  effets  de  la  nature  ,  tantôt 
agréables  ,  tantôt  bizarres  ,  mais 
toujours  inléressans  par  leur  res- 
semblance. Les  paysages  qu'il  fit 
d  après  ses  dessins,  à  son  retour  en 
Hollande  ,  sont  fort  estimés.  Ce  qui 
a  rendu  les  ouvrages  d'Hakkerl  plus 
précieux,  c'est  son  association  avec 
AdrieuV^anden  Velde,qui  peignit  le» 
ligures  de  la  plupart  de  ses  tableaux, 
C(,H  artiste  csl  mort  e;i  Hollande, 


2i4  HAKL 

*  HAKLUYT  (Richard)  ,  né  à 
Eyloii  dans  le  comte  d'tîereford 
vers  i5.>5j  mort  ea  i6i6,  s'adorina 
avec  passioQ  et  avec  beaucoup  de 
succès  à  l'élude  de  l'hisloire  navale 
d'Angleterre,  dont  il  fut  chargé  de 
donner  des  leçons  dans  l'université 
d'Oxford;  il  fui  le  premier  qui  in- 
troduisit dans  les  écoles  du  dernier 
rang  l'usage  des  caries,  des  globes, 
des  sphères  et  des  autres  instrumens 
nécessaires  à  l'étude  de  la  géogra- 
phie et  de  la  navigation.  11  se  lit 
bientôt  counoilre  des  principaux  of- 
ficiers de  marine  et  des  navigateurs. 
Le  célèbre  Fr.  Drake  applaudit  à 
son  entreprise,  et  insista  vivement 
pour  que  ses  cours  fussent  niaiule- 
nus  et  continués  dans  l'université 
d'Oxford  ;  le  secrétaire  d'état  Wal- 
singiuun  donna  les  plus  grands  en- 
couragemens  à  leur  auteur,  qui  , 
instruit  de  bonne  heure  dans  les 
langues  anciennes  et  modernes,  eu- 
trelenoil  des  correspondances  dans 
l'étranger  ,  et  s'étoil  lié  avec  les 
plus  habiles  cosmographes  de  son 
temps,  tels  qu'Ortélins  ,  Mercator  , 
etc.  Sou  industrie  ,  ses  travaux,  ses 
voyages  ,  ses  études  étoient  tous 
dirigés  vers  l'unique  objet  dont  il 
s'occupoit ,  et  auquel  il  sembloit  s'ê- 
tre voué  exclusivement,  à  tel  point 
qu'ayant  accompagné  dans  son  am- 
bassade à  Paris  sir  Edouard  Slaf- 
l'ord,  et  y  ayant  trouvé  en  manuscrit 
l'histoire  de  la  Floride  ,  décbuverle 
alors  depuis  environ  vingt  ans  par 
le  capitaine  Loudonnière  et  quel- 
ques autres  aventuriers  français ,  il 
la  fit  imprimer  à  Paris  à  ses  frais  en 
ir)86;  dans  l'année  suivante  il  en 
publia  une  traduction  anglaise.  De 
retour  en  Angleterre  en  i58b  , 
Hakluyt ,  encouragé  par  sir  Walter 
Raleigh ,  s'occupa  à  mettre  au  jour 
VHLituire  navale  (V Angleterre,  pré- 
senlée  avec  plus  d'extension  qu'on 
nel'avoil  fait  jusqu'alors.  Elle  parut 
à  la  hii  de  1689  ,  en  \\\\  volume 
ia-iblio.  Dès  lùi^a  il  ayoii  publié 


HALB 

une  collection  de  voyages  et  de 
découvertes  ,  dédiée  à  M.  Philippe  V  1 
Sidney.  On  lui  doit  encore  une  Ira-  ^i 
duction  du  portugais  de  ÏHistoiie 
des  découvertes  de  cette  nation 
dans  différentes  parties  de  L'uni- 
vers, depuis  les  premiers  temps, 
qui  parut  en  1601,  et  une  nou- 
velle édition,  avec  notes,  de  l'ou- 
vrage de  Pierre  Martyr  ,  intitulé 
De  orbe  novo ,  et  une  Carte  de 
l'Amérique  et  de  la  Nouvelle  Angle- 
terre. Hakluyt  voulut  instruire  sa 
nation  par  ses  recherches  et  son 
propre  travail  ,  il  engagea  même 
ses  amis  à  concourir  à  ce  but;  c'est 
ainsi  qu'à  sa  prière  John  Pory  tra- 
duisit de  l'espagnol  de  Léo  l'His- 
toire géographique  de  l'Afrique , 
Londres,  i6oo,  in-fol,  ,  et  que  fut 
traduite  eu  i6o5,  par  M.  Lock  , 
l'Histoire  des  Indes  pccidentales  de 
Pierre  Martyr.  Tant  de  titres,  qui 
doivent  rendre  la  mémoire  d'Ha- 
kluyt  chère  à  sa  nation  ,  lui  conci- 
lièrent aussi  l'estime  des  étrangers. 
Dans  les  découvertes  faites  dans  le 
nord  en  160S  ,  par  le  capitaine 
Hudson  ,  et  aux  frais  du  commerce 
de  Moscou  ,  les  Russes  ,  dans  la  dé- 
nomination des  dilTérens  lieux  qu'ils 
ont  reconnus  sur  le  continent  du 
Groenland,  ont  désigné  sous  le  nom 
de  cap  Hakluyt  un  promontoire 
élevé  qui  se  trouve  à  80  degrés  vers 
le  nord.  En  j6ii  on  apprit  qu'ils 
avoient  aussi  donné  le  nom  d'Ha- 
kluytà  une  rivière  qu'ils  découvri- 
rent dans  un  voyage  à  Peckora  en 
Russie. 

HALBAUER  (Frédéric),  théo- 
logien luthérien  ,  né  à  Alslad  en 
Thuringe  l'an  1692  ,  devint  pro- 
fesseur d'éloquence  et  de  poésie  en 
1710  ,  puis  de  théologie  dans  la 
même  académie  en  1738.  Ou  a  de  lui 
des  livres  t/iéologicjues  ;  un  grand 
nombre  de  JJissertations  académi- 
ques ,  des  Lettres  ,  des  Recueils 
de  nouveilcs  cdilious  daùleurs  co- 


/ 


HALE 

Jébres,  elc.  Ce  savant,  qui  n'ëloit 
guère  au-dessus  d'un  compilateur  , 
iîiourul  l'au  1760,  à  58  ans. 

*  HALBERSTADT  (Christian  de 
Brunswick  ) ,  connu  dans  les  guer- 
res d'Allemagne  sous  le  nom  de  duc 
irHalberstadt  ,  parce  qu'il  étoit 
administrateur  de  cet  ëvêché ,  si- 
gnala sa  haine  contre  les  catholi- 
ques ,  dit  l'abbé  Feller  dans  son  Dic- 
tionnaire. Ou  le  nomma  Yéréqiie 
enragé ,  et  il  se  nommoit  lui-même 
l'ami  de  Dieu  et  l'ennemi  des  prê- 
tres. Il  ravagea  une  grande  partie 
de  l'Allemagne ,  brûlant  et  sacca- 
geant tout  ce  qui  tomboit  en  sou 
pouvoir.  S'étant  rendu  maître  de 
Paderborn  ,  il  fit  enterrer  l'ëvêque 
tout  vif,  laissant  seulement  paroi- 
tre  la  tète ,  qu'il  écrasa  avec  les  pieds 
de  son  cheval,  en  saulaut  et  volti- 
geant dessus.  Il  se  faisoit  servir  à 
table  par  des  femmes  et  des  filles 
catholiques  toutes  nues,  et  après  le 
repas  ,  les  ayant  fait  prostituer  par 
ses  favoris  ,  il  les  faisoit  égorger  ou 
noyer.  Le  brave  Tilli  poursuivit  ce 
monstre  et  l'abattit  par  de  grandes 
victoires,  sur -tout  par  celle  de 
Sîadlo  en  iGsô,  Le  vaincu  imputa 
cette  défaite  au  colonel  Kniphausen, 
qu'il  fil  arrêter  et  renfermer  au  fort 
de  Scheuk.  «  C'est  l'ordinaire  ,  dit 
lin  auteur  contemporain  ,  eu  telles 
grandes  affaires ,  où  l'on  jette  tou- 
jours la  faute  sur  quelqu'un  ,  ne  re- 
gardant qu'à  ce  qui  est  de  la  con- 
duite humaine,  et  non  à  la  provi- 
dence divine.»  Il  mourut  à  Wol- 
feubultel  en  1626,  détesté  même 
par  les  proteslaus. 

HALDE  (  du  ).  P^oy.  Duhalde. 

t  HALE  (  Matthieu  ) ,  né  à  Al- 
derny,  dans  le  comté  de  Gloces- 
ter,  en  1609  ,  d'un  avocat  deLen- 
col's  Inn  ,  exerça  la  charge  de 
chef  de  justice  du  banc  du  roi,  sous 
Charles  II  ,  avec  autant  d'intégrité 
que  de  lumières.  U  étoit  iî  lu  fois 


HALE  r>i5 

jurisconsulte,  théologien  et  philo- 
sophe. On  a  de  lui ,  I.  La  première 
origine  ries  hommes,  i677,in-fol. 
II.  Contemplations  moraleset théo- 
logiques ,  1679,  in-8°.  m.  Obser- 
vations sur  les  expérlenees  de  To- 
rlcelll.  IV.  Essai  sur  la  gravita- 
tion des  corpsjluldes  ,  2  vol.  in  8°. 

V.  Observations  sur  les  principes 
des    inouvemens    naturels,     ^^''77' 

VI.  Histoire  des  ordonnances  roya^ 
les,  1668.  On  peut  consulter  sur 
ce  savant ,  mort  en  1676,  sa  Vie  par 
Buniet,  évêque  de  Salisbury. 

*  HALEN  (  Aaron  Van  )  ,  gra- 
veur hollandais,  llorissoit  dans  le 
17*^  siècle,  et  gravoit  en  mauicre 
noire.  Ou  a  de  lui  entre  autres  le 
portrait  de  Jérémle  Dekker ,  d'a- 
près Rembrant,  où  au  lieu  du  vrai 
nom  de  ce  graveur,  ou  lit,  Jqulla 
sculpslt  ;  parce  qu'c/e/7/  a  la  même 
signification  en  hollandais  v^u'agulla 
en  latin  :  l'un  et  l'autre  siguitient 
un  aigle. 

1 1.  HALES  (Etienne),  docteur  en 
théologie,  recteur  deTheddinglhon, 
chapelain  du  prince  de  Galles  ,  et 
membre  de  la  soc'ieté  royale  de  Lon- 
dres, naquit  eu  1677.  Sa  Statique 
des  animaux  fut  traduite  en  fran- 
çais par  Sauvages,  Genève,  i744» 
in-/j°-  Son  ouvrage  de  la  Statlqua 
des  végétaux  et  de  l'Jnalysc  de 
l'air  le  fut,  eu  i735,  iu-4°,  par 
KufFon.  Cesdeux ouvrages, revns  par 
SigaiiddeLalont,  on  télé  réimprimés 
à  Paris,  1779,  2  v.  in-8°.  Haies  ré- 
pauditaussien  Angleterre  l'usage  du 
ventilateur ,  machiue  dont  d'autres 
physiciens  avoient  eu  l'idée,  mais 
qu'il  perfectionna.  11  obtint,  en  1759, 
le  prix  fondé  par  le  chevalier  Co- 
pley,  et  ce  furent  ses  expériences 
sur  la  manière  de  dissoudre  la  pierre 
dans  la  vessie  qui  le  lui  méritèrent. 
Nous  avons  encore  de  lui,  l'Jrt  de 
rendre  l'eau  de  la  mer  potable  y 
traduit  en  français,  iu-12;  et  plu- 
sieurs Dissertations  sur  l'eau  d» 


2i6  HALK  HALL 

goudron  ;  sur  tes  iujeciions  utiles  i  à  Londres  en  1622  ,  morleeni699, 
aux  liydrupiques;  sur  tes  tremble-     a\oU  été  mariée  en  jfiôb  à  Jacques 


liydrupiq 
meus  de  terre  ;  sur  l' électricité  i  sur 
la  mari 'ère  de  faire  passer  de  l'air 
à  travers  une  liqueur  qi^ on  distille; 
sur  le  moyen  de  conserver  les  ap- 
proi^isionuemens  dans  les  vais- 
seaux ;  sur  les  abus  des  liqueurs 
fortes,  etc.  On  lui  doit  encore  l'in- 
veation  d'mre  machine  en  cuivre 
deslinêe  à  démonlrer  le  raouvemenl 
des  planètes,  qm  a  peiil-èlre  donné 
l'idée  de  celle  qui  lui  quelque  temps 
après  construite  })ar  Rowley  sous  le 
nom  d"(9/v  rye.  Ces  divers  ouvrages, 
pleins  d'idées  neuves  et  profondes, 
prouveiU  sa  sagacité  autant  que  son 
zele'i'Oiir  lehien  public.  On  Un  a  élevé 
un  tond)eaii  parmi  ceux  des  ro  sd'An- 
glelerre,  dans  l'abbaye  de  Westmins- 
ter. 

HALÈS.  Voyez  Ai,Ès ,  n°  I. 

T.  HALI-BACHA,  geudrede  Séiim 
ÏI,  et  général  de  la  llotie  des  Turcs 
en  1 570  et  1  671  ,  après  avoir  ravagé 
plusieurs  iles  de  la  république  de 
Venise,  combattit  dans  le  goife  de 
Lépante  contre  l'armée  chrétienne 
qui  veuoii  a  pleines  voiles  sur  sa 
flotte.  Don  Juan  d'Autriclie  ayant 
vigoureusement  attaqué  la  capitaue, 
Hali  tomba  mort  d'un  coup  de 
mousquet,  et  les  Espagnols  y  mon- 
tèrent aussitôt ,  en  arrachèrent  l'é- 
tendard ,  et  s'en  reuriireut  les  maî- 
tres. Don  Juau  iit  eu  mèine  temps 
crier  victoire!  I,es  chrétiens  ayant 
gagné  la  bataille  lireul  prisonniers 
\i^  fleux  hls  dr-  Hall  ,  ei  les  con- 
.  duisirent  à  Rome  ,  où  l'un  d'<  ux 
mourut ,  et  l'autre  lut  renvoyé  à  la 
princesse  sa  mère  ,  qui  avoit  fait 
de  magnifiques  présens  à  don  Juan, 
pour  obtenir  sa  liberté. 

II.  HALf-BE(;.   r.  Ali-Beigii. 
HAUTGAKiUS.  Voy.  Rabax. 

*  HAl.KKT  (  lady  Anne  ),  dame 
anglaise,  tille  de  Uoborl  Mmray  , 
précepteur  du  prince  Charles  1  ,  née 


Halket  ,  qui  eut  d'elle  quatre  ea- 
lans.  On  a  imprimé  à  Edimbourg  , 
en  1701  ,  un  soWxm^àt  Méditations 
tirées  des  manuscrits  de  lady  Halket. 

*  I.  HALL  (Jean)  exerça  la 
chirurgie  à  Londres  vers  le  milieu 
du  16"  siècle  ,  et  publia  en  anglais, 
en  i56i,  un  ouvrage  in-4'',  dont 
on  peut  rendre  ainsi  le  titre  en 
français  :  Utile  et  fidèle  abrégé  d'a- 
natomie,  ou  dissection  du  corps  de 
l'homme,  dans  laquelle  on  verra 
en  raccourci  la  nature  ,  la  forme 
et  lesfunctions  de  chaque  membre, 
depuis  la  têtejusqu' aux  pieds,  avec 
des  remarques  utiles  pour  diriger 
la  main  d'un  jeune  chirurgien 
dans  les  différentes  opérations ,  en 
trois  traités.  C'est  sur  ce  plan  que 
P.iltiti  a  composé  son  analomie  chi- 
rurgicale. 

1 11.  HALL  (Joseph) ,  surnommé 
le  Sénéque  d'jJnglelerre,  né  à  Ashby, 
dans  le  comté  de  Leicester,  en  ibi^, 
d'abord    professa    l'éloquence    avec 
succès  ,   Ini  doyen  de   Worcesler  , 
eiisuite  évéque  d  Excester,  etenfiii  de 
Norwich.  11  eut  beaucoup  à  souffrir 
dans  les  orages  des  guerres  civiles  de 
Cromwel  ;  il  fut   emprisonné,   dé- 
pouillé de  ses  biens,  et  mourut  la 
plume  à  la  main,  en  i656.  Cétoit 
un   philosophe  quant  à    la    théorie 
et  à  la  pratique.  On  remarque  dans 
tous  ses    ouvrages,     imprimés  in- 
folio    à    Londres,    1662,  nu  style 
pur,  simple  et  clair,   et  une  mo- 
di^ratiou  qui  venoit  peut-être  de  son 
iiulittérence  pour    les   diverses  re- 
ligions. 11  auroit  voulu  réunir  tou- 
tesles sectes  divisées.  «Noussommes 
tous  frères,  dit-il  un  jour  dans  uu 
de  ses  sermons  ,  pourquoi  donc  em- 
ployons-nous les  termes    injurieux 
de  calvinistes  et  d'arminiens  ?  Nous 
sommes  tous  chrétiens;  n'ayons  donc 
qu'un  même  sentiment.  »   11  disoit 
que  le  livre  le  plus  utile  seroLl  Ve 


HALL 

ij)aucitate  credendorum.  Son  livre 
Mundus  aller  et  idem,  Ulrechl, 
1648,  in-16,  esl  ime  peinlme  des 
mœurs  de  plusieurs  nations.  Hall 
n'iipprouvoil  point  les  voyages  que 
les  Anglais  aiment  lant  à  faire  dans 
les  pays  étrangers.  11  écrivit  sur  ce 
sujet   un     opuscule    inlilulë     Quo 

.  F'adis  ?  Censure  des  voyages  et  de 
ta  manière  dont  ils  sont  entrepris 
par  nos  compatriotes.  Quelques- 
uns  des  écrits  de  ce  prélat  ont  été 
traduits  en  français  par  Théodore 
Jacqnemot,  Genève  ,  1627,  10  vol. 
in-12.  Urbain  Clies'reau  a  aussi 
traduit  de  fiall  l'ouvrage  inliluié 
J}es  considérations J'ortuites ,  celui 
ayant  pour  litre  ;  I)e  la  tranquil- 
lité d'esprit ,  Lyon,  1660,  in-12; 
entiii  ï Ecole  du  sage  ,  ou  Ca?  ac- 
te/es  des  vertus  et  des  vices ,  Paris  , 
1664  ,  in-12.  Ses  ouvrages  forment 
une  suite  de  5  v.,  lant  in-f.  qu  in-4". 

*  m.  HALl-  (  Jean  ) ,  né  à  Dur- 
ham   en     1^27  ,    mort   en     i6.t6. 
Destiné  d'abord  an  barreau,  il  exerça 
sa  plume  sur  des  sujets  de  politique 
relatifs  au  temps  où  il  vécut,  et  par- 
là  s  attira  l'attention  du  parlenieiit, 
quilui  confia  divers  emplois,  aux- 
quels il   renonça   pour  se   livrer  à 
son  goîit   pour  le  plaisir.  Le  pre- 
mier essai  de  ses   talens  en  poésie 
parut  en  1G46,  sous  le  titre  de//o- 
rce  pacii'CB  or  essajs.   On  lui   doit 
la  première   traduction  anglaise  de 
Longin,  sous  le  titre  de  lleigkt  vf 
eloquens ,  Lond.  ,  1602,  in-b"  ;  elle 
est  faite  sur  le  texte  grec,  ainsi  que 
celle  qu'il  a    donnée   d'Hieruciès , 
Commentaire   sur  les  vers    dorés 
de  Pjt/iagore  ,  qui  parul  eu  1657  , 
une  année  après   sa   mort  ,  en  un 
vol.  in-S".  Ou  trouve  dans  ïf  ood 
AtJienœ  Oxonienses  des  détails  pins 
étendus  sur  ses  ouvrages,  j)ariui  lis- 
quels  on  distingueencore  un  ouvrage 
intitulé  Le  Gentilhomme  cultiva- 
teur dont  la  traduction  française  a 
paru  en  1664  et  forme  16  vol.iu-12. 


HALL 


217 


Jean  Hall  habiloit  dans  le  comté  de 
Cornouaillcs,  il  excelloit  dans  l'art 
de  faire  le  cidre  ,  et  il  en  envoyoït 
jusque  dans  les  grandes  Indes. 

*  IV.  HALL  (  Henri  ) ,  bibliothé- 
caire de  l'archevêché  de  Lanibeth  , 
et  recteur  d'Arbledown  ,  né  à  Lon- 
dres en  1716,  et  mort  en  1765, 
se  rendit  reconimandable  par  ses 
connoissances  et  ses  talens  ,  et  plu.s 
encore  par  sa  grande  modestie.  Il  se 
fit  aiiner  et  estimer  dans  les  diverses 
fonctions  du  ministère  ecclésiastique 
qui  lui  furent  contiées,  et  se  distin- 
gua par  sa  prédication. 

*  V..  HALL  (  Jacob  )  ,  célèbre 
danseur  de  corde  sous  le  règne  de 
Charles  II.  Les  agrémens  de  sa  per- 
sonne et  les  charmes  de  sa  conver- 
sation ,  réunis  à  une  force  et  à  une 
agilité  extraordinaires  ,  fixèrent  lal- 
tention  des  femmes  de  cette  coin- 
licencieuse,  et  particulièrement  de 
la"  duchesse  de  Cléveland  qui,  dit- 
ou,  le  gratifia  d'une  [)ensiou. 

*  VI.  HALL  (  Richard  ),  théolo- 
gien ans^lais  attaché  à  l'Eglise  ro- 
maine,  (piilla  l'Angleterre  par  rap- 
port aux  peines  portées  par  la  reine 
Elizabeth  contre  ceux  qui  profes- 
soieut  la  religion  catholique  ,  se 
retira  dans  les  Pays-Bas  espagnols. 
11  professa  la  théologie  à  Uouay, 
\\\\\A\s.  jylusieurs  ouvrages ,  et  mou- 
rut eu  iGo4. 

*  HALLAY  (  Jean  ) ,  jésuite  fran- 
çais, né  en  1697,  i)rofessa  la  rhéto- 
rique à  Dtjon  ,  et  y  mourut  en  i  fi^f). 
On  a  de  lui  un  ouvrai'^e  qui  a  été  au- 
trefois fort  recherché  dans  les  col- 
lèges de  la  société;  il  est  lutitulé 
R/ietoricœ  Divionensis  societatis 
Jesu  analy'ticœ  eluqucntix  pro- 
gymnasmata  in  aliquot  Ciccronis 
orationes ,  Dijon,  1629,  in-4°- 

i  I.  HALLE  (Pierre),  né  à  Bayeux 
en  1611  ,  acheva  ses  éludes  à  Caen, 
€l  s'y   distingua  tellement  par  se& 


2l8 


HALL 


Poésies,  qu'il  fut  nommé  profes- 
seur de  rhélorique  ,  et  recleur  de 
l'iuiiversité  de  celte  ville.  Le  chan- 
celier Ségiiier  étant  allé  à  Caeu  pour 
apaiser  les  troubles  de  Normandie, 
conçut  pour  lui  beaucoup  d'estime,  et 
l'amena  à  Paris.  Halle  y  devint  régent 
de  rhélorique  au  collège  d'Harcourt, 
puis  lecteur  en  grec  au  collège  royal , 
et  enliii  professeur  en  droit  canon.  11 
mourut  à  Paris  le  27  décembre  16S9. 
Ou  a  de  lui  ,  I.  Des  Harangues 
latines  ,  recueillies  ensemble  en 
a  655,  in-S"  ,  sous  le  titre  de  Peiri 
Hallœi  j'uris  utriusque  doctoris  , 
in  academid  Parisiensi  eloquentiœ 
prufessoris  ,  poëtœ  ac  interprelis 
regii  orationes  et  poëmata.  Le  re- 
cueil est  dédié  au  chancelier  Seguier  ; 
il  contient,  1°  Jpologia  regenliœ: 
ce  discours  est  adressé  à  Louis  XIV 
en  minorité  ;  2*  Laudatio  funebris 
Luduvici  XIII,  Galliœ  régis;  0° 
Panegyriciis  optimo  serenissimoque 
principe  Gastuni  l'ranciœ  ,  régis 
patriio  et  ylurelianoriim  duci  oh  ex- 
puguatam  Grauelingarn  diffus  ;  4" 
De  arc/iidiaconatu  de  Vadis  Bajo- 
censis  ecclesiœ  oralio  ;  5°.  yid  illus- 
trissimum  Petrum  Scguier,Franciœ 
cancellariumcum  ad  Cadomensem 
academiam  accederet,  salulaiio;  6" 
Prœfatio  in  quarlum  Georgicoruui 
Virgilii  lihrum  ;  7°  Un  Discours 
latin  prononcé  à  l'occasion  de  Fran- 
çois de  La  Chambre  lorsqu'il  prit  le 
degré  des  mai  tre-és-arls  dans  l'univer- 
sité de  Paris  ;  8°  Discours  apologé- 
tique des  sciences  où  l'auteur  prouve 
iiec  scientiis  animas  enervari ,  nec 
hebctari  ingénia  ;  9°  Discours  où 
l'on  examine  s'il  est  plus  avantageux 
de  donner  les  préceptes  des  sciences  , 
ou  d'enseigner,  en  se  servant  des 
langues  grecque  et  latine,  ou  en 
employant  la  langue  française.  Ces 
wew^ Discours  s,o\\\.  suivis  de  Poésies 
latines  de  l'auteur  divisées  en  six 
livres  sur  toutes  sortes  de  sujets,  et 
d^  Tragédies  tirées  de  rEcritiue 
samie.  II.   Des    Ouvrages  de  ju~ 


HALL 

risprudence.   Il  a  bien  écrit  dan» 
ces  différens  genres. 

t  II.  HALLE  (Antoine),  pro- 
fesseur d'éloquence  dans  l'univer- 
sité de  Caeu,  et  l'un  des  meilleurs 
poètes  latins  de  son  siècle  ,  né  à 
Bazanville  près  de  Bayeux ,  mou- 
rut à  Paris  le  5  juin  1676  ,  à  l'âge 
de  85  ans.  On  a  de  lui  plusieurs 
Pièces  de  Poésies  ,  in-8°  ,  et  quel- 
ques Traités  sur  la  Grammaire 
latine.  —  Son  frère  ,  Henri  Halle, 
professeur  de  droit  très-distingué 
dans  la  même  université  que  lui , 
mourut  eu  1688. 

7  m.  HALLE  (Claude -Guy)  , 
peintre,  né  en  i65i ,  mort  en  1706, 
à  Paris  ,  sa  patrie  ,  à  85  ans ,  dut  sa 
supériorité  dans  son  art  à  l'étude 
constante  de  la  nature.  Il  devint 
directeur  de  l'académie  de  peinture, 
et  se  concilia  l'estime  des  connois- 
seurs  par  ses  talens  ,  et  leur  amitié 
par  l'enjouement  de  son  caractère. 
Halle  ne  vit  jamais  l'Italie,  et  pei- 
gnit néanmoins  dans  le  bon  goût 
italien ,  en  étudiant  les  tableaux  des 
grands  maîtres  qui  sont  dans  les 
cabinets  des  amateurs  à  Paris.  On 
le  nomma  un  jour  arbitre  au  sujet 
d'un  tableau  qu'on  ne  vouloit  pas 
recesoir,  parce  que  le  jeune  peintre 
à  qui  on  l'avoit  commandé  s'en 
éloit  fort  mal  acquitté.  Halle  re- 
toucha le  tableau  ,  et  termina  le 
différent  aii  contentement  de  toutes 
les  parties.  Ce  maître  disposoit  heu- 
reusement son  sujet;  ses  composi- 
tions sont  riches  ,  ses  tètes  gracieu- 
ses. Son  dessin  est  maniéré,  et  ses 
ouvrages  manquent  de  force  et  de 
vigueur.  On  voyoit  de  ses  tableaux 
dans  l'église  de  Notre-Dame,  entre 
autres  ,  une  y.'nnonciotion  ,  peinte 
avec  tant  d'agrément  et  de  vérité  , 
qu'elle  semble  sortir  de  l'école  du 
Guide  ;  à  Saint-Jacques  -  de-la-Bou- 
cherie  ;  à  Saiut-Germain-des-Prés  ; 
dans  la  chapelle  du  collège  des  jésui- 
tes; dans  l'église  de  la  Charité;  à 


/ 


HALL 


Saint -André -des -'Arcs  ;  à  Saint- 
Paul;  dans  l'église  et  dans  la  chapelle 
du  séminaire  de  Saint-Sulpice;  aux 
lilles  du  Saint-Sacremeul  ;  dans  les 
salles  de  l'académie.  On  a  gravé 
d'après  lui.  Il  laissa  un  fils  (  pojez 
l'article  suivant  ),  et  une  fille  ma- 
riée au  fameux  Reslou. 

IV.  HALLE  (  Noél  ) ,  fils  du  pré- 
cédent ,    né   à  Paris   le    2  seplem- 
Ine    1711  ,     y    mourut  le    5   juin 
1781.  Consacré  de  bonne  heure  à  la 
peinture    comme   son   père   et  son 
grand-père  ,  il  alla  perfeclionner  ses 
talens  à  Rome.   De  retour  dans  sa 
patrie  ,  il  parvint  successivement  à 
tous     les  grades   de  l'académie  de 
peinture  ,  et  fut  nommé  ,  en  1771  , 
surintendant   des   tapisseries   de  la 
couronne.  L'académie  de  Romeéloil 
dans  un  grand  désordre  ;  HalIé   fut 
choisi  pour  y  aller  Taire  des  réfor- 
mes   utiles,   et   remplit  si  bien  sa 
commission  ,  qu  à  son  retour  il  ob- 
tint le  cordon  de  Saint-Michel.  Ses 
tableaux     ornoieut    les    églises   de 
Paris   et    les    maisous  royales.  Son 
dessin, d'un  mauvais  style,  est  en- 
core plus  maniéré  que  celui  de  son 
père,  et  son  coloris  est  rouge  et  fac- 
tice. Sa  composilion  est  grande,  sou 
expression  heureuse  et  noble,  sa  pers- 
pective parfaite.  Les  morceaux  d'ar- 
chitecture y  sont  traités  avec  autant 
d'exactitude  que  de  supériorité.  Par- 
mi les  tableaux  qui  servirent  de  mo- 
dèles aux  tapisseries  des  Gobelins,  ou 
cite  la  Course  d'Hlppoinèneet  d'A- 
talanle  i  Jchille  dans  Vile  de  Sy- 
los;  Silène  et  Eglé.  Le  plafond  de 
la    chapelle  des    fonts   baptismaux 
de  Saint-Sulpice  ,  et  le  tableau   de 
laPrédicalion  de  Saint- Vincenl- 
de-F aille  ,  à  Saint- Louis  de  Ver- 
sailles peuvent  donner  une  idée  de 
ses  talens. 

t  HALLER  (Albert  ,  baron  de)  , 
célèbre  médecin  ,  disciple  de  Eoër- 
haave,  né  à  Berne  le  16  octobre 
1708 ,  mort  dans  celle  ville  le  i  2  dé- 


HALL  219 

cembre  1777,  dans  un  âge  avancé, 
devint  membre  du   conseil  souve- 
rain   de  cette  république  ,  et  che- 
valier de  l'Éloile  polaire.  Haller  fut, 
dès  l'âge  de  neuf  ans,  un  prodige  de 
savoir.  Il  commença  par  être  poêle. . 
11  eut  le   courage  de  s'exposer   avi 
feu  pour  sauver  ses  vers,  et  Tannée 
suivante  il  eut  celui  de  jeter  au  feu 
ces  mêmes  productions  qu'il  enavoit 
tirées.    Les   spectacles    touchans   et 
magnifiques  que  la  nature  ofiVe  dans 
les  Alpes  ranimèrent  sa  muse,  et  de 
temps  en  temps  il  donna  des  preuves 
de  ses  talens  poétiques.  Sa  réputa- 
tion le  fit  appeler  à  Gottingue,  où  il 
fut  fait  président  de  l'académie.  Celle 
des  sciences  de  Paris  se  l'agrégea  eu 
1755  ,  à  l'imitation  d'une  partie  des 
sociétés  savantes  de  l'Europe.  De  re- 
tour dans  sa  patrie,  qui  le  mit  nu 
nombre  de  ses  magistrats,  il  y  fit , 
ainsi  qu'à  Gottingue,  les  élabli.sse- 
mensles  plus  avantageux  aux  scien- 
ces, et  sur-tout  à  la  médecine  et  à 
ranatomie.  Membre  d'un  état  libre  , 
il  refusa  le  litre  de  baron  de  l'Ern- 
pire.  Il  fut  ,  jusqu'à   ses   derniers 
momens   ,    homme   de    cabinet    et 
homme  d'état.  Son  activité  et  sou 
ardeur   pour  le   travail   étoienl    si 
grandes,  qu'ayant  eu  le  bras  droit 
cassé,  il  apprit  en  une  nuit  à  écrire 
passablement  de  la  main  gauche.  11 
étoit  sans  cesse  en  action,   et  il  y 
meltoit  tout  ce  qui  étoit  autour  de 
lui.  Lorsqu'il  sentit  sa  fin  approcher, 
il  observa  ce  spectacle  avec  tranquil- 
lité; se  làlant  le  pouls  dans  ses  der- 
niers instans,  et  disant  à  son  méde- 
cin, au  moment  même  où  il  expira  : 
«  Mon  ami,  l'artère  ne  bal  plus.  » 
Il  avoil  eu  Irois  femmes,  les  avoit 
rendues  heureuses  ,  et  avoit  été  heu- 
reux avec  elles.  Il  avoit  laissé  un  lils 
qui  n'a  guère  survécu  à  son  père  ;  il 
est  mort  en  1 78G ,  après  avoir  publié 
une    Biograp/iie  littéraire    de   la 
Suisse,  estimée;  Guillaume  Tell ^ 
fable  danoise,  Berne,  1762  ,  in-S", 
et  s'èUe  l'ail  couuoilre  comme  bota- 


220  HALL 

nisie  et  liltëraleur.  La  vie  de  Haller 
avoitété  très-réglée.  Entraîné  liaiis  sa 
jeunesse  dans  nue  partie  de  débauche, 
il  (  oîïçnt  inie  telle  horreur  des  excès 
dont  U  fut  témoin,  que  dès  ce  mo- 
ment il  fut  d'une  sévérité  extrême. 
De  La  Melterie  voulut ,  dit-on ,  l'as- 
socier à  ses  principes   de  matéria- 
lisme. On  ajoute  qu'Haller  ne  voulut 
jauiais  l'écouter,  à  cause  de   l'ellet 
qu'il  avoit  ressenti  à  la  lecture  d'un 
petit  ouvragede  LaMelterie, intitulé 
l'Homme  machine,   Leyde,   i  74^  > 
in-i2,  qu'il  avoit  eii  l'impudence  de 
dédier  à  Haller.  Ce  dernier  répondit 
par  une  critique  qui  parut  sous   le 
litre   de  l'Homme   plus   que  ma- 
chine ,  Londres  (Hollande),  1748  j 
in-12;    et  dans   les  (ïïuvres  de  La 
Metterie,  1764,  lom.  lll.  Mais  tout 
cela  est  contro.ivé  ;  cette  critique  est 
d'Elie  Lu/ac.  An  surplus  ,  la  pliilo- 
sophie  de  Haller  éloit  douce  et  sage. 
Il  avoit  eu  dans  sa  jeunesse  le  talent 
de  la  satire,  et  y  avoit  renoncé.  11 
disoit  que  la  tranquillité  vaut  mieux 
que  la  gioire,  et  il  se  lélicitoit  dètre 
caché  dans  un  coin  du  monde ,  et 
d  avoir  j>eu  de  liaisoiis  et  peu  d'in- 
fluence. Sa  cliarité  active  et  tendre 
lui  lit  trouver  des  moyens  et  des  res- 
sources pour  le  -soulagement des  mal- 
heureux. Biœnrstahl,  dans  ses  lettres 
durant  le  cours  de  ses  voyages,  fr:' 
le  parallele'suivaut  de  Haller  et  de 
Voltaire  ,    qu'il  avoit  connus  tous 
deu.x.   :    «    L'un   est   superticiel  ,   et 
l'autre  solide;  l'un  fait  des  vers  sur 
toutes  sortes  de  sujets  et   verse  sur 
tout    les    couleurs    de    ses  fictions  ; 
l'autre,  poète  elphilosophe,  aime  sur 
toutes  choses  la  vérité  et  la  vertu. 
L'un  ne  parle  que  de  tolérance,  et  ne 
peut  ricii  souffrir  ni  de  Dieu  ni  des 
hommes;  l'autre,  pratique  la  morale 
et  l'Evangile  :  l'un  détruit,  l'autre 
édifie.  »  Haller  ayant  des  principes 
SI  différeus  de   Voltaire  ,    estiinoit 
médiocrement  ses  ouvrages,  et  ne 
suivoil  en  rien  sa  philosophie.  U  est 
vrai  que  Voltaire  de  son  coté  fuisoil 


HALL 

assez  peu  de  cas  de  Haller  comme 
poète.  Cependant  les  ouvrages  poé- 
tiques du  médecin  suisse  sont  pleins  « 
d'imagination    et    de    philosophie  ;  ' 
maison  leur  reproche  une  imitation, 
quelquelbis  trop  ii:arquëe,  du  style 
oriental,  des  détails  peu  piquans  et 
des  longueurs.  Laj)lupartde  ses  pro- 
ductions eu  ce  genre ,  traduites  en 
français  par  Tscharner,  ])arurent  à 
Berne  en  l'j'j^,  111-8°.  On  dislingue 
l'Ode   intitulée   les  ^dlpcs ,  et   une 
autre  fort  touchante  que  Haller  fit 
sur-  la  mort  de  son  épouse.  Ses  ou- 
vrages sur  la  médecine  et  sur  l'his- 
toire naturelle,  et  ceux  dont  il  a  été 
l'éditeur  ,   sont   la  Tormation    du 
poulet ,  traduite  en  français,  in-12  ; 
et  XIritahilité  des  nerfs,  aussi  tra- 
duite, 2  vol.  in-12.  Ce  dernier  livre 
est  frès-estimé;  il  parut  en  1756  ,  et 
en  dévoilant  la  nature  des  forces  qui 
président  à  la  vie,  il  renversa  le  sys- 
tème   de  Boërhaave  qui  attribuoit 
toutes  les  opérations  corporelles  aux 
simples  lois  de  la  mécanique.  L'au- 
teur a  en  des  vues  nouvelles  sur  l'ir- 
ritabilité,  qu'il  a  le  premier  biea 
connue  :  connoissance  qui  seule  suf- 
firoit  pour  rendre  son  nom  immortel. 
Il  a  eu  aussi  des  idées  neuves  sur  la 
génération  de  l'homme ,  et  sur  la  for- 
mation des  os ,  consignées  dans  sa 
Physiologie.  Ses  autres  écrits  sont  en 
latin.  1.  Historia  stirpium  indige- 
narum  Helvetiœ  inchoata  ,  Berne  , 
1  768  ,  3  t.  en  2  V.  in-f.  ,  réimprimés 
àGottingue,   en  2  tom. ,  1  v.  iu-f. 
II.  Opéra  minora,  Lausanne,  1762^ 
1768,  5  vol.  in-4''-  111.  Dispulatio- 
rium  analomicarum  scleclarum  l'o- 
luniina  seplem  ,  Gottingue,  i75i  , 
7  vol.  in-4°.  IV.  Disputationes  ad 
morhorum  kisloriam.  et  curationem 
facientes ,  Lausanne,     17.07-1759, 
7  vol.  iu-/]".  V.  Disputationes  chi- 
rurgicœ  selectœ ,  Lausanne,  1755, 
5  vol.  in-4°.  VI.  Biiliotheca  medi- 
cinœ  theoricœ  et praclicœ  ,  Berne, 
1776,  1787,  4  vol.  iii-4°.  VII.  Ele- 
meiila pàjsiologiœ  curporis  huma- 


HALL 

«/.Lausanne,  ii^j  à  1766,  8  vol. 
iti-/)",  abrégés  en  noire  langue  par 
Tarin,  17 52,  in-8".  Dans  cet  ouvrage, 
plein  d'expériences  curieuses  et  d'olj- 
servalio\is  nouvelles  ,  on  reconnoil 
un  auteur  qui  ne  se  bornoii  pas  à 
compiler  sur  la  nature ,  mais  qui  sa- 
voit  l'interroger  et  la  bien  voir. 
Piet,  médecin-accoucheur,  a  extrait 
de  cet  clément  un  ouvrage  imprimé 
à  Paris  ,  1 774  ,  en  2  vol .  m-8"  ,  sous 
ce  titre  :  la  Géuéraiion,  ou  Exposi- 
tion des  phénomènes,  relaliis  a  celle 
fonction  naturelle,  traduite  de  la 
Piiysiologie  du  baron  de  Haller,  avec 
des  notes  et  une  disserlaiion  sur  l'o- 
rigine des  eaux  de  rAiiinios.  Vlll. 
JJippocratis  opéra  genuina  ,  Lau- 
sanne, 1770,4  vol.  in-8'^,  elc.  f  f'^ar. 
f,l\ciiVART  et  Alexandre  Tral- 
LiKN  ,  n"  XXVll!  ).  Tous  les  écrits 
d'Haller  reufermenl  des  vérités  bien 
développées,  et  quelques  erreurs.  Il 
avouoit  lui-même  qu'il  .s'éloit  quel- 
quefois trompé,  el  il  avoit  pris  pour 
devise,  à  la  tète  d'un  de  ses  ouvra- 
ges, une  boussole  avec  ces  mots: 
/idem  non  abslulit  errur.  IX.  Des 
liclious  ingénieuses,  telles  que  ^11- 
Jied,  Fabius ,  Usong.  Celle-ci  a  été 
traduite  en  français,  in-12.  Ces  ro- 
mans moraux  reiilerment  des  vérités 
utiles  aux  gouverueiiiens.  Haller, 
appelé  à  radminislialion  de  sa  pa- 
trie, y  avoit  montré  autant  de  sens 
que  de  modération  et  de  connois- 
stuice  des  droits  de  la  justice.  11  fut 
du  petit  nombre  des  écrivains  qui 
réunirent  aux  sciences  exactes  les 
lauriers  des  muses.  Sou  Eloge  a  été 
publié  à  iJerne  en  1778. 

*  HALLERSTEIN  (  Augustin  ), 
né  en  Autriche  d'une  famille  illustre, 
se  Rt  jésuite  et  se  consacra  aux  mis- 
sions étrangères.  Envoyé  à  la  Cliine , 
il  succéda  au  P.Koegler  dans  la  place 
de  président  du  tribunal  des  mallié- 
inaliques,et  mourut  en  i774,fi"appé 
d'apoplexie  au  moment  qu'il  apprit 
la  suppression  de  sa  société.  Ses  Ob- 


HALL  221 

sensations  ont  été  publiées  par  le  P. 
Helle,  avec  celles  du  P.  Koegler, 
Vienne,  17^)8,  2  vol.  in-4''.  Il  avoit 
un  frère  qui  fut  loug-iemps  confes- 
seur du  duc  Charles  de  r.orraine, 
gouverneur  des  Pays-Bas  ,  et  qui 
mourut  vers  1780. 

HALLER VOr.DT  (Jean),  savant 

bibliographe  de  Kœnisberg,  a  publié, 
en  lalin,  wwf;. h i bliothèij ut'  iurieuse 
des  auteurs  rares  ,  imprimée  à 
Francfort  en   1676,  in-S". 

t  HALLEY  (  Edmond  )  ,  né  à 
Londres  en  i6f)6,  s'adonna  d'abord 
a  la  liiléralure  et  aux  langues,  et  se 
consacra  ensuite  entièrement  a  l'as- 
tronomie, pour  laquelle  la  nature 
l'avoit  fait  naître.  Ayant  résolu  , 
des  l'âge  de  ig  ans  ,  un  problème 
très-difficile  ,  par  lequel  il  délerniiiia 
les  aphélies  et  Cexceniricilé  des  pi  l- 
nètcs  ,  le  gouveruement  l'envoya  en 
1676  à  l'île  de  Sainte- Hélène.  Ce 
voyage  lut  la  source  de  plusieurs 
découvertes  astrononiiques.  \)h  re- 
tour dans  sa  patrie,  il  succéda  à 
Wallis  ,  en  i7o3,  dans  la  plaie  de 
professeur  de  géométrie  à  Oxford , 
et  à  Fiamsteed  ,  dans  celle  d'astro- 
nome du  roi.  Ce  fut  en  celle  qualité 
qu'ayant  dessine  un  planisp/ière  , 
où  il  avoit  iixé  la  place  exacte  des 
étoiles  observées  dans  le  voisinage 
du  pèle  antarctique  ,  il  le  présema 
à  S.  M.  avec  une  courte  descrip- 
tion :  jiarmi  ces  étoiles  il  avoit  placé 
la  constellation  du  chêne  royal ,  avec 
celte  adroite  inscription  :  lîohuv 
Carolinuin  in  perpeluam  siib  il/ius 
lalcbris  servali  ,  Caroli  secundi 
magnœliritanniœ  régis  rnemoriam, 
in  cœlo  mérita  translalum.  D'après 
ce  catalogue  de  nouvelles  étoiles  , 
qu'on  dut  regarder  comme  une 
conquête  de  1  astronomie,  Flamstcpd 
lui  dnmia  le  surnom  qui  lui  est  resté 
de  'Tycho-Brcihé  du  midi.  La  so- 
ciété royale  de  Londres  et  l'académie 
«les  sciences  de  Paris  s'associèrent  le 
jeune  aslroAiome,  alors  âgé  seulement 


222  HALL 

de  22  ans  ;  la  première  le  fit  son  se- 
crétaire, place  qu'il  remplit  avec  dis- 
tinction. A  son  retour  de  Dantzick,  j" 
oùilavoitété  envoyé  par  la  société 
royale  de  Londres  ,  il  passa  en 
France  en  1680, et  à  moitié  distance 
de  Calais  à  Paris  il  aperçut  la  fa- 
meuse comète  qui  parut  une  seconde 
fois  cette  année  en  revenant  du  so- 
leil; il  l'avoit  observée  à  sa  première 
apparition  ,  il  eut  la  satisfaction  de 
l'observer  encore  de  l'observatoire 
royal  alors  nouvellement  construit. 
Le  but  (le  son  voyage  en  France 
ëtoit  d'éumlir  une  correspondance 
entre  les  astronomes  de  Greenwicb 
et  de  Paris,  et  de  s'instruire  sous 
Cassiui ,  comme  il  avoit  déjà  cher- 
ché à  le  faire  sous  Hévius.  Revenu 
en  Angleterre  ,  la  suite  de  ses  études 
Je  porta  à  se  rendre  à  Cambridge 
auprès  de  Newton  qu'il  vouloit  con- 
sulter ,  et  ce  fut  dans  cette  entrevue 
qu'il  détermina  ce  célèbre  philosophe 
à  donner  la  première  édition  de  ses 
principes  mathématiques  de  philo- 
sophie naturelle  qui  parut  en  1686: 
il  eu^la  satisfaction  d'en  être  l'édi- 
teur sous  la  direction  de  la  société 
rojale ,  et  de  présenter  cet  immor- 
tel ouvrage  au  r,oi  Jacques  II.  Halley 
mourut  à  l'observatoire  de  Green- 
wichle  2.'>  janvier  1  742.  A  un  esprit 
vif  et  pénétrant ,  il  joignit  une  ima- 
gination féconde  et  fleurie.  II  s'amusa 
quelquefois  à  la  poésie.  Ses  réponses 
ëloieiit  promptes ,  et  cependant  me- 
surée^  judicieuses  et  toujours  sin- 
cères. Lorsque  !eczarPicrre-1e-Grand 
vint  en  Angleterre  ,  il  y  vit  Halley. 
Il  l'interrogea  sur  la  flotte  qu'il  avoit 
dessein  de  former,  et  sur  les  sciences 
et  les  arts  qu'il  vouloit  introduire 
dans  ses  étals.  Sa  curiosité  ingénieuse 
fut  tellement  satisfaite  de  ses  ré- 
pouses  et  de  son  entretien  ,  qu'il  l'ad- 
mit familièrement  à  sa  table ,  et  qu'il 
en  lit  son  ami.  Halley  inonlra  tou- 
jours un  désintéressement  extrême. 
11  s'ouvrit  le  chemin  de  la  fortune 
pur  ses  travaux  en  faveur  de  Li  uayi- 


HALL 

galion;  et  il  a  ajouté  à  celte  gloire 
celle  de  n'avoir  jamais  rien  fait  dans 
la  seule  vue  de  s'enrichir.  11  a  vécu 
et  il  est  mort  dans  la  médio«rité  , 
dont  il  ne  tenoit  qu'à  lui  de  sortir. 
Quand  le  roi  Guillaume  ordonna  le 
grand  renouvellement  des  espèces 
d'Angleterre  en  1699  ,  et  qu'il  lit 
construire  cinq  monnoies  hors  de 
Londres,  Halley  fut  nommé  contrô- 
leur de  celle  de  Chester.  C'est  le  seul 
emploi  de  cette  nature  qu'il  ait  ja- 
mais eu  ou  voulu  avoir  ,  et  il  ne  le 
conser  vaque  pendant  les  deux  années 
que  dura  la  refonte.  Libre  de  pré- 
jugés ,  il  ignoroit  ces  préventions 
outrées  en  faveur  d'une  nation  et  in- 
jurieuses au  reste  du  genre  humain. 
Ami  ,  compatriote  et  sectateur  de 
Newton  ,  il  a  parlé  de  Uescartes 
avec  respect  ;  successeur  de  Wallis , 
il  a  su  rendre  justice  à.  nos  anciens 
géomètres.  Les  ouvrages  qui  font  le 
plus  d'honneur  à  sa  mémoire  sont, 
ï.  Calalogus  stellarum  australio- 
rum  ,  Londini  ,  1678  ,  in-4°.  Cet 
ouvrage  fut  donné  la  même  année  à 
Paris  in-i  2  ,  par  Royer  ,  avec  la 
traduction  française  à  côté  ,  et  un 
planisphère  céleste  de  l'hémisphère 
austral,  pour  faire  une  seconde  par- 
tie à  ses  Cartes  du  Ciel  et  à  son  Ca- 
talogue des*  Etoiles.  Celui  de  Halley 
avoit  été  dressé  d'après  les  observa- 
tions que  l'auteur  avoitfaitesen  1677 
à  File  de  Sainte-Hélène,  pays  le  plus 
méridional  que  les  Anglais  eussent 
alors  sous  leur  domination.  II.  Apol- 
loii'i  Fergcei  de  sectione  ratior.is 
lihri  duo ,  ex  arabica  maniiscripto 
latine  versi ,  Oxonii,  1706,  in-8° / 
et  Jpollonii  Pergœi  conicorum  li~ 
bii  oclo  ,  et  Sereiii  JÏntissensis  ,  de 
sectione  cylind ri,  etconi,  lihri  duo, 
Oxonii,  1710,  in -folio:  éditions 
magnifiques,  et  qui  sont  le  fruit 
d  un  travail  immense.  Halley  y  a 
rétabli  les  textes  originaux  et  les  a 
traduits.  III.  Une  autre  édition  des 
Sphériques  de  Menelai/s,  Oxford  , 
175s,  in-5J".  IV,  Tahiilœ  astrono- 


HALL 

micas  ,  fort  exactes  ,  Londres  en 
i549,  in-4''-  Elles  ont  ëlé  liaduiles 
eu  français  par  l'abbé  Chappe  d'Au- 
teroche,  ia-S",  1754;  et  par  de  La 
Lande,  1759,  in-8°  :  celle  dernière 
tradiicliou  est  la  plus  esliiiie'e.  V. 
ylbrégéde  l'astronomie  des  comètes  ; 
c'est  par  une  prédicliou  de  Halley 
qu'on  a  cru  démoulrer  le  cours  des 
comètes  ;  mais  les  astronomes  ne  sont 
pas  encore  d'accord  sur  l'apparition 
îixe  et  régulière  de  ces  aslres  cau- 
dalaires.  VI.  Théorie  sur  les  varia- 
tions de  la  boussole ,  dans  les  mé- 
moires de  la  société  royale.  Il  dressa 
une  carte  pour  ces  variations  ,  qui 
est  d'un  grand  usage.  On  Ja  trouve 
daiis  l'Essai  de  physique  de  l\Iuss- 
clienbroëk  ,  publié  à  Leyde  eu  1709. 
Vil.  Méthode  directe  et  géomé- 
trique,  pour  trouver  les  aphélies  et 
les  exentricilés  des  planètes.  VllI.Un 
Mémoire  sur  un  Télescope  de  son 
invention  ,  qui  fit  beaucoup  de  bruit 
dans  le  monde  savant.  IX.  Plusieurs 
aiUres  Mémoires  suv  diEFéreus  points 
de  physique  et  d'astronomie.  X. 
Quelques  fers  latins. 

t  I.  HALLIER  (François),  né 
à  Chartres,  docteur  et  professeur 
de  Sorboune  ,  successivement  ar- 
chidiacre de  Dinau  ,  théologal  de 
Chartres  ,  syndic  de  la  facullé^  de 
théologie  de  Paris,  et  enfin  évèque 
de  Cavaillon  eu  1606  ,  ne  garda 
pas  long-temps  ce  siège,  étant  mort 
en  1609  ,  à  64  ans  ,  dune  paralysie 
qui  lui  fil  oublier  tout  ce  qu'il  avoit 
su  ,  jusqu'à  l'Oraison  dominicale. 
Hallier  fit  plusieurs  voyages  dans  la 
Grèce,  en  Angleterre,  en  Italie,  et 
fit  par-Ion  t  adimrer  ses  taleus.  Ur- 
bain VIII  lauroit  fait  cardinal,  si 
une  forte  brigue  et  des  raisons  d'état 
n'avoi'ent  fait  passer  le  chapeau  qui 
lui  éloit  destiné  sur  la  tèle  du  com- 
mandeur de  Valencey.  Dans  sou  se- 
cond voyage  de  Rome  ,  eu  iGSa  ,  il 
fit  éclater  beaucoup  de  zèle  contre  les 
cinq  propositions  de  Janséuius,  dont 


HALL 


228 


il  sollicita  et  dont  il  obtint  la  con- 
damnation. De  là  le  bien  et  le  mal 
que  les  deux  partis  oiitdit  de  lui.  En 
ne  le  considérant  que  comme  savant, 
on  recontioil  généralement  dans  ses 
ouvrages  de  la  force  dans  Its  rai- 
sonnemens ,  et  de  l'érudition  dans  Its 
recherches.  Les  principaux  sont  ,  I. 
Un  savant  Traité  de  la  Hiérarchie. 
II.  Des  Commentaires  sur  les  rcgle- 
mens  du  clergé  de  France  louchant 
les  réguliers,  qui  lui  attirèrent  une 
foule  dad\ersaiiies  parmi  les  jésuites, 
eutre  autres  Cellot,  Banni,  Pinle- 
reau,  etc.  III.  Un  Traité  des  élec- 
tions et  des  ordinations ,  i6»6  , 
iu-fol.  Cet  ouvrage  ,  bon  et  mélho- 
dique  ,  lui  valut  une  pension  de  la 
part  du  clergé  de  France.  IV.  Des 
Ecrits  polémiques  contre  les  jan- 
sénistes et  contre  les  réguliers,  sur- 
tout contre  les  jésuites. ^Tous  ces  ou- 
vrages sont  en  latin. 

II.  HALLIER.  ;f^ojez  HospiTAL, 
u°  111. 

*  I.  HALLIFAX  (  George  Sa  vile, 
marquis  de)  ,  grand  homme  d'état 
d'Angleterre  ,  né  en  i65o  ,  mort  en 
1695.  Charles  II  le  créa  marquis 
en  i685,  le  fit  conseiller  privé,  et 
lord  privé  du  sceau.  Ce  prince  lui 
offrit  aussi  les  places  de  secrétaire 
d'état  et  de  lord  lieutenant  d'Irlande; 
mais  Hallifax  refusa  l'une  et  l'autre. 
A  l'avénemeut  de  Jacques,  nommé 
président  du  conseil ,  il  perdit  celte 
place  pour  refus  de  sou  consentement 
à  rappeler  le  serment  du  Test  (  con- 
tre les  catholiques  romains.  )  A  l'a- 
vénemeut do  Guillaume  et  Illane  , 
il  fut  nonuné  de  nouveau  lord  privé 
du  sceau.  En  1689  il  se  démit  de 
cette  charge  et  se  rangea  du  côté  de 
l'opposiliou.  On  a  de  lui  un  excel- 
lent ouvrage  inlitulé  yjpis  d'un  père 
à  sa  jille. 

*  II.  HALLIFAX  (  Samuel  ) ,  évè- 
que de  S.  Asaph  ,  l'amé  des  fils  d'un 
apothicaire  de  Chesterfield  ,  profes- 
seur royal  en  droit  civil  à  l'uuiver- 


224  HALM 

sité  (\^  Cambridge,  clij<lingtie  égals- 
ïiieiit  cotnnie  jiinscoiisulleel  comme 
oraleiir,  se  fit  une  grande  réputation 
par  son  analyse  du  droit  civil. 
Nommé  en  1781  évèque  de  Glocts- 
ter  ,  il  fut  appelé  en  1787  à  l'évèché 
de  S.  A«apli.  Si^s  Sermons  furent 
admircjs  par  ses  auditeurs.  Il  est  mort 
en  1790,  âgé  de  60  ans. 

lll.  HALLIFAX  (le  comte  de). 
{  Voyez  MoNTAGUE.  ) 

HALL.MANN  (  «Jean  -  Chrétien  ) 
renonça  au  luthéranisme  pour  em- 
brasser la  religion  caliiolique  ,  et 
mourut  à  Breslaw  dans  une  extrême 
jnisere  en  170,'i.  Il  a  laissé  diverses 
Fièccs  de  théâtre  en  allemand. 

*  HALLOIX  (Pierre),  jésuite, 
né  à  Liège  en  i.t7  2  ,  possedoil  les 
langues  savantes  ,  et  éloil  versé  dans 
l'histoire  ecclésiastique.  Il  prêcha 
avec  beaucoup  d'éloquence  pendant 
plusieurs  années.  A  la  science  il  joi- 
gnoit  toutes  les  vertus  qui  font  le 
-vrai  religieux.  Il  mourut  le  00  iiiil- 
let  1  656.  On  a  de  lui  ,  I.  Anlhologia 
po'iitica  grœco  -  latina  ,  Doiiay  , 
1617,  in-12.  11.  lliiistrium  eccle- 
siae  orientalis  scriplorum  qui  saiic- 
titate  et  eriiditione  flonterunt  , 
Douay,  i653  et  iG36,  2  vol.  in-fol. 
Le  premier  volume  a  pour  objet  les 
écrivains  de  l'Eglise  d'Orient  du 
premier  siècle;  dans  le  second,  il 
s'agit  de  ceux  du  2"  siècle.  Cet  ou- 
vrage est  plein  d'érudition  cl  de  re- 
cherches ;  un  écrivain  lui  reproclie 
cependant  un  défaut  de  critique  , 
sur-toul  à  l'égard  de  saint  Denys 
l'Aréopagiie.  Plusieurs  Vies  de  ces 
saints  ont  trouvé  place  dans  les 
yicta  sanctorum.  lll.  O  ri  gènes  de - 
fensus,  Liège,  1648  ,  in-fol.  ,  dédié 
au  pape  Innocent  X  ,  et  attaqué  par 
le  cardinal  Henri  de  Noris. 

ÎIALLUIN  (le   duc  d').    Foyez 

ScilOlIBEROr  ,  II"  II. 

HAT.MA  (  FraiMVMS  ) ,  savant  im-  I      *  HALTAUo  (  Christophe  Goll- 


II  ALT 

primeur  allemand  ,  tout  à  la  fois 
poète, grammairien  et  historien.  Les 
éditions  qu'il  a  publiées  sont  cor- 
rectes et  recherchées.  Il  imprima 
d'abord  à  Ulrechl  en  16S2  ;  il  trans- 
l)orla  ensuite  ses  presses  à  Amster- 
dam en  1701  ,  et  à  Leewarde  en 
n\îi.  Il  est  auteur  d'un  grand  Dic- 
tionnaire fra/içais  et  flamand,  dont 
les  meilleures  éditions  sont  celles 
de  Leyde,  1778  ou  17S1  ,  deux  vol. 
in-f. 

*HALOANDEîl  (George),  ju- 
risconsulte allemand  ,  né  à  Misnie 
en  Saxe,  distingué  par  son  savoir, 
et  mort  à  Venise  vers  l'an  i53i  ou 
xhoi  ,  a  fait  imprimeries  cinquante 
livres  des  Digestes  ou  Pandecles, 
avec  un  Catalogue  des  consuls  ro- 
mains,  et  d'autres  pièces. 

1 1.  HALS  (  François),  peintre  de 
Harlem  ,  mort  en  1666  ,  a  67  ans, 
excelloit  dans  le  portrait.  Ses  ta- 
bleaux sont  pleins  de  force  et  de  vie. 
Il  meltoit  beaucoup  de  soin  et  d'exac- 
titude dans  ses  ébauches  ,  et  cachoit 
ensuite  par  des  touches  hardies  ce 
que  son  premier  travail  avoil  de 
pénible.  Van  Dyck,  eu  admirant  la 
facililé  de  son  pinceau ,  auroit  désiré 
plus  de  moelleux  dans  son  coloris. 
11  n'y  a  guère  que  ce  grand  peintre 
qui  l'ail  surpassé  dans  le  portrait ,  et 
avec  plus  de  conduite  ,  il  auroit  été 
sans  rivaux.  Il  y  a  deux  beaux 
portraits  de  ce  peintre  dans  le  Musée 
Napoléon  et  trois  autres  dans  la  ga- 
lerie de  Dresde,  mais  ils  manquent 
de  moelleux.  Hais,  toujours  pressé 
de  retourner  à  la  taverne,  on  il  011- 
blioit  ses  travaux,  sa  femme  et  ses 
enlans  ,  n'avoit  pas  le  temps  de  re- 
loucher ses  tableaux. 

*  II.  HALS  (Dirk) ,  frère  dn  pré- 
cédent ,  lié  en  1  Ç)hÇ) ,  inorl  en  17  1 3. 
Ce  peintre  ,  dont  l'expression  est 
viveel  spirituelle, excelloil  à  rendre 

les  Têtes  de  vilUu'e. 


HAMA 

lieb).  Allemand,  Irès-verse  daus  la 
counoissaiice  deselymologies,  a  pu- 
blié Glossaiiu/ii  Germanicum  rne- 
dil  œvi ,  Leipsick  ,  i758,  2  vol. 
iii-fol.,  ouvrage  fort  estimé.  Ilal- 
taiis  est  mort  à  la  lin  du  iS*  siècle. 

HALYATES.  Voy.  Alyates. 

*  HAï,Y-IBN-ABAS-AL-MA- 
GINSCHI  ,  célèbre  par  sa  magie , 
tlorissoit  envii-ou  vers  l'an  1000  de 
l'ère  chrétienne.  11  exerça  la  iiiéde- 
cine  ,  et  laissa  nn  ouvrage  célèbre, 
dont  le  litre  siguilie  en  lalm  Thé- 
saurus ai  lis  «zerf/cce,  divisé  en  deux 
parties,  la  théorie  et  la  pratifpie.  Ou 
eu  imprima  uue  versiou  à  Venise 
eu  1^92,  et  à  Londres  en  iBs.^  , 
in-fol.  Ou  conserve  l'original  arabe 
dans  la  biblioihèque  de  Leyde  ,  et 
Fabricius  fait  mention  d'Haiy  daus  sa 
Bibliolhèfiue  grecque. 

*  lIALY-ROnOHAM  ,  ou 
Eben- Rouan,  Egyptien,  cultiva 
J'aslroiogie,  la  physique  et  la  méde- 
cine avec  beaucoup  de  succès.  Il  Vi- 
Toit  sous  le  règne  de  l'empereur 
Conrad  II,  et  écrivit  des  Comnicii- 
tairea  in  arlem  paivarii  Galerii  , 
Venetiis  ,  149^^5  ^t  Luj^duni,  i5i6. 
—  Il  y  a  eu  aussi  an  Gesù  Haly, 
qui  a  écrit  De  cognitione  infirmi- 
latiim  oculorurn  ,  et  curalioiie  eo- 
lum  y  Venetiis,  i/jgg  ,  in-fol.  Eloy 
parle  de  l'un  et  de  l'autre. 

*  HARlAE  (  Jean-Noel  ) ,  ecclésias- 
tique, né  à  Liège  en  1709  ,  de  Henri- 
Guillaume,  mailrede  musiquede  la 
cathédrale,  succéda  en  1788  à  sou  père 
daus  cet  emploi,  y  porta  ses  lalens 
et  sa  rép'.îtatlou  ,  et  se  fit  uue  rclé- 
brilé  beanco\ip  plus  grande.  Deux 
voyages  qu'il  fil  à  Rome,  et  les  liai- 
sous  qu'il  y  forma  avec  les  plus 
{^rauds  maîtres,  coulribuèrent  beau- 
coup à  le  perfectionner  dans  un  art 
Cil  ilavoitdéjà  fait  les  plus  grands 
progrès.  La  hardiesse  du  génie  l'af- 
iVauchit  quelquefois  des  règles ,  et 

T.   Yiu. 


lîAMC  2v>5 

ou  le  vit  avec  succès  s'élancer  dans 
des  routes  nouvelles,  qui  fixèrent 
l'admiraliou  des  connoisseius.  Ses 
comi.uitriotes  ont  célébré  beaucoup 
Xopcrc  de  Chaufoutaine,  musique 
d'un  goût  tout-à-fait  ingénieux  et 
habilement  assortie  au  "sujet.  Ses 
Oratoires  de  Judith  et  de  Joiiathas, 
et  le  Psaume  In  te  Dominesperavi, 
qu'il  mit  en  musique  peu  de  jours 
avant  sa  mort ,  arrivée  le  aC  uo- 
■vembre  1778,  doivent  être  placés 
parmi  ses  meilleures  compositions. 

t  HAMA^'DE  (  Ignace  -  Fran- 
çois ),  docleur  cl  professeur  en  droit 
à  Loti  vain  ,  mort  dans  cette  ville  le 
21  mars  1712,  à  64  ans,  fut  l'oracle 
des  Pays-Bas.  On  le  consnltoit  de 
tontes  parts  et  sur  toutes  les  ma- 
tières. De  tous  ses  écrits  ,  le  plus 
utile  est  le  traité  De  rccusatiunibua 
juii  icum . 

I.  HAMBERGER  f  George- Al- 
brecht  )  ,  né  à  Bej'erberg  en  Fran- 
conie,  l'an  16IÎ2,  mort  le  i5  fé- 
vrier 1726,  à  léua,  où  il  professoit 
la  physique  et  les  malliémaliques , 
a  donné  divers  traités  ,  fort  esti- 
més, sur  ces  deux  scieuces.  Les  plus 
conuus  sont  ,  I.  De  Iride  diluvii. 
II.  De  opticis  oculorurn  vilris.  111, 
De  hjdraulicn  ,  de  J'rignre.  IV.  De 
basi  computi  ecclesiastici ,  etc. 

*  II.  HAÎ\IBERGER  (  George- 
Christophe),  membre  de  l'univer- 
sité de  Gotlingue  ,  auteur  de  /)/t'- 
sieurs  ouvrages  qui  font  honneur  à 
ses  lalens  et  à  sou  érudition  ,  est 
sur-tout  connu  dans  le  monde  lit- 
téraire par  une  édition  des  Poésies 
d'Orphée  ,  à  laquelle  Gessner  a  aussi 
contri!)ué.  Né  eu  1726,  il  est  niorl 
eu  1773. 

*  HAMCOMUS  (Martin^,  Frison, 
mort  septuagénaire  vers  l'an  lôai  , 
a  laissé  un  ouvrage  curieux  en  vers 
latins  hexamètres,  imprimé  à  Fra- 


220 


H  AME 


ueker  en  1620,  et  iulilulé  Fr/'s/'a , 
seu  de  viris  rebusque  Frisiœ  illus- 
tribus  libri  II ,  111-4"- 

HAMDAM.  Fo/esCAPEL. 

*  HAMD  OULLAH-BEN-ABOU- 
BEKPi ,  né  a  Casouyu  de  parens 
aisés  ,  coinin«uça  par  embrasser 
le  métier  des  armes  ;  mais  une 
blessure  assez  grave  ne  lui  permit 
point  d-  suivre  long -temps  cetle 
carrière.  Rentré  dans  la  yie  civile  , 
il  cultiva  les  l.-ttres  ,  et  ne  tarda 
point  à  se  faire  une  répulation  aussi 
solide  que  brillante.  Son  meilleur 
ouvrage  ,  intitulé  Délices  des 
cœurs  ,  est  écrit  e.i  persan  avec 
une  éléj^ante  siaialioité  ,  et  con- 
tient ,  1°  un  Traité  assez  superficiel 
d'astronomie;  2"  un  T  aite- de  phy- 
sique et  d'histoire  naturelle,  où  il 
n'entre  guère  dans  des  détails  plus 
approfondi';;  3"  un  Abrégé  de  géo- 
graphie. Ce  dernier  morceau  ,  qui  a 
la  Perse  pour  objet  princijial ,  est  le 
meilleur  de  l'ouvrage,  par  l'exacli- 
titude  qu'on  y  remarque,  liamd- 
Oullali  mourut  dans  sa  patrie  l'an 
de  l'hégire  75o-]349  de  J.  C. 

HAMEL.   J-^ojez  Dt^iiamcl. 

HAMELAR    Voy.  Hemei.ar. 

HAMELMANN  (  Hermaii  ) ,  né  à 
Osnabruck  en  15^5  ,  commença  à 
y  prêcher  la  doctrine  de  Luiher. 
Chassé  de  cette  ville  ,  et  reçu  à  Bilefeld 
par  les  chanoines,  il  instruisit  la 
jeunesse  selon  le  catéchisme  de  son 
patriarche  ,  et  fut  nommé  eiisuile 
eurintendant  des  églises  du  duché  de 
Brunswick  ,  pour  ler^  régler  selon 
la  confession  d'Aui^sbourg.  Eiihii 
il  devint  surintendant  général  du 
comté  d'Oldembourg  en  iSgS,  et 
mourut  en  1  595.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont ,  I.  Commentarii/s  in 
Pen!ateijc/ium ,  i5ç)5  ,  in-fol.  II. 
Ilistoria  Jf  estpltalorum  seci/ti 
6.  III.  Chronicurn  Oldembiirgi- 
Cum ,  etc.  On  y  trouve  des  recher- 


HAMI 

ches ,  mais  peu  de  métho  le  et  d'agré- 
ment. 

HAMERSTEIN.  Foy.  Brunn  , 
n-»  I. 

HAMID  IV  (  Abdul  )  ,  sul- 
tan des  Turcs  ,  successeur  de  son 
frère  Mustapha  ,  continua  la  guerre 
qu'il  avoit  déclarée  à  la  Russie  : 
il  n'obtint  pas  de  grands  succès 
contre  cette  puissance,  et  mourut 
au  commencement  de  1789.  Abdul 
Hainid  ,  dévot  rigoriste,  étoit  très- 
attaché  i\  tontes  les  pratiques  pres- 
crites par  l'Aleorau.  Son  neveu, Sé- 
lim  111,  fils  de  Mustapha,  lui  suc- 
céda. 

i  I.  HAMILTON  (Antoine, 
comte  d'  ) ,  de  l'ancienne  maison  de 
ce  nom  en  Ecosse,  né  en  Irlande, 
passa  en  France  avec  sa  famille, 
qui  avoit  suivi  Charles  II,  lors.-ju'il 
vint  y  cherclier  un  asile  après  la 
mort  de  son  père.  Ce  prince  ayant 
été  rétabli  sur  le  trône  de  ses  an- 
cêrres,  Hamilton  le  suivit  en  An- 
gleterre. Ce  fut  alors  que  le  comte 
lie  Graramont  connut  sa  sœur,  une 
des  plus  aimables  personnes  de  son 
sexe.  Il  lui  lit  assidûment  sa  conr , 
et  lui  promit  de  l'épouser.  Mais,  soit 
inconstance, soit  pour  quelque  autre 
raisoji  ,  il  jjartil  de  îyondres  sans 
remplir  sa  promesse.  Hamilton,  seu- 
.sible  à  cet  affront ,  court  sur  ses  pas, 
résolu  à  lui  proposer  de  se  battre  , 
s'il  refuse  de  remplir  ses  engage- 
mens. 'Il  atteint  le  comte  de  Grain- 
mont  à  quelques  milles  de  Londres. 
Après  les  premiers  complimens ,  il 
iiu  demanda  froidement  s'il  n'avoit 
rien  oublié  dans  cetle  capitale.  uOui , 
dit  le  c^mte,  qui  pénétra  son  des- 
sein, j'ai  oublié  d'é[)Ouser  votre 
sœur  »  ,  et  il  retourna  à  Londres 
pour  faire  ce  mari.ige.  Le  nouvel 
époux  emmena  sa  fpiume  en  France. 
Le  comte  d'Hamiltou  passoit  sou- 
vent la  mer  pour  la  voir.  Obligé, 
enfin ,   de  se  fixer  pour   loujour* 


HAMÎ 

eH   France   ,    lorsque  Jacqnrs    II  , 
après  la  \\er\e  de  ses  étals,  viirt  s'y 
réfugier,  il  mourut  à  Sainl-Gennain- 
eu-Layele6  août  1720,  a  74  ans.  Il 
avoil  l'espnl  aisé  et  dëlicul,  l'ima- 
ginalion  vive  el  brillaïUe,  un  juge- 
lueiil  sûr  el  beaucoup  de  goùl.  Sfs 
ow'iages,  recueillis  d'abord  en  1 7^19 , 
eu  6  petits  volumes  in- 12,  suivis 
d'un  sepliètne  publié  en  1776,  en- 
suite eu  l'an  i3  (  iSof)  ),  3  volumes 
in-S"  ,   précédés  d'une  Notice  his- 
torique et  littéraire  par  M.  Auger  , 
renferment,  1.  des  Poésies.  Le  plus 
joli  morceau  dans  ce  genre  esl  son 
Epîlre  au   comte   de  Grammout  , 
mêlée  de  prose  el  de  vers.  Chapelle 
elChauUon  n'ont  rien  déplus  agréa- 
ble. Les  autres  pièces  de  cet  écrivain 
lui  soûl  inférieures.  La  totalilé  du 
plus  pelil  de  ses  ouvrages  ,  dit  l'abbé 
des  Fontaines,  esl  presque  toujours 
assez  mauvaise.  11  eu  esl  peu  cepen- 
dant où  l'on  ne  découvre  celle  lé- 
gèreté  de   style,  ce  ton  aisé  d'un 
homme  de  qualité,  plus  courtisan 
que  poêle.  II.  Des  Croules  dejérie: 
i"  Zénéide,  mélange  monstrueux  de 
faits  historiques  el  d'aventures  fa- 
buleuses, qui  ue  sont  ni  instnic- 
tives,  ni  agréables;   a"  les  Quatre 
J'acardins,  enchaiuemeut  insipide 
d  histoires  qui  se  croisent  les  unes 
el  les  autres,  sans  qu'on  voie  la  fin 
d'aucune  ;    5°    Le   Bélier  ,    coule 
moins    instructif  qu'amusant  ,   qui 
offre  des  saiihes  heureuses,  des  des- 
criptions  brillantes  ,  des   peintures 
de    mœurs  ,    finement    emeloppées 
sous  le  déguisement  ingénieux  de  la 
fable;  4°  ^  l^ur  d'épine ,  conte  plein 
de   naturel  ,  d'inlérèl    et  de  goût  , 
mats  inférieur  iui  précédent  pour  le 
fond  et  pour  la  forme.  IIl.  Les  Mé- 
moires du  comte  de   Grammout , 
qui  occupent  î   vol.  dans  l'édition 
de  i7'i9  ,  et  qu'on  a  imprimés  sépa- 
rément, en   un  vol.  iii-12,  à  Co- 
logne, 1710  ,  el  à  Londres  ,  i-fi5  ou 
1772,   1  vol.  in-4''.  Ces  Mémoires 
sont ,  de  lous  les  livres ,  celui  où  le 


HAMI 


227 


fond  le  1  lus  mince  est  paré  du  style 
le  plus  gni,  le  plus  vif  et  le  pluj 
agréable.  C'est  le  modèle  d'une  tOn- 
vers.itiou  enjouée,  plus  que  le  nio- 
dèle  d'un  livre.  Les  quatre  premiers 
chapitres  sont  un  chef-d'œuvre  de 
finesse  et  de  narration.  «Son  héros 
n'a  guère  d'autre  rôle,  dit  Voliaire, 
que  celui  de  friponner  «es  nniis  au 
jeu ,  d'être  volé  par  son  valet  d« 
chambre  ,  et  de  dire  quelques  pré- 
tendus bons  mois  sur  les  aventures 
des  autres,  w  Mais  plus  le  badiui!"e 
du  héros  et  de  l'historien  est  léger  , 
plus  le  livre  esl  immoral.  Son  suc- 
cès fut  un  avis  pour  les  gens  du  bel 
air,  qu'ils  serpieul  désormais  dis- 
])ensés  d'avoir  des  mœurs  et  de  la 
probité,  s'ils  avoienl  de  l'audace  et 
de  la  bravoure ,  de  l'esprit  et  de 
renjcuemenl.  Une  chose  remar- 
quable, c'est  qu'Hamiltou,  <jui  est 
si  gai  dans  les  Mémoires  de  Gram- 
monl,  cloit  sérieux  dans  la  société. 
L'édition  compleledes  ffî'/^ivesd'Ha- 
milton,  Paris,  iSoô.en  5  volumes 
in- 8°,  est  estimée. 

''IL  HAMÎLTON  (Patrice), 
gentilhomme  anglais,  né  en  i.5o2 
mort  eu  i.')27,  martyr  de  sa  re- 
ligion en  Ecosse  ,  tu  commence- 
ment de  la  réformation,  renommé 
pour  son  savoir  et  sa  piété  ,  étoil  pa- 
rent de  Jacqueg  V.  Il  avoit  été 
nommé  fort  jeune  abbé  de  Ferme 
et  auroit  obtenu  de  l'avancement 
dans  l'Eglise  ,  s'il  ne  s'étoit  pas  laissé 
séduire  par  les  opinions  de  Luther, 
qu'il  rép;mdit  avec  un  zèk  ardent! 
Celte  conduite  irrita  les  catholiques, 
et  il  s'attira  sur-tout  la  haine  dû 
cardinal  lîealon,  archevêque  d'An- 
drews,  qui  lui  fil  faire  son  procès  et 
le  fit  condamnera  être  brûlé.  H  souf- 
frit ce  supplice  avec  nn  grand  cou- 
rage. Sa  profession  de  fm  a  été  pu- 
bliée depuis  par  Jean  Frith. 

*  ni.  HAMILTON  (Jacques 
preniier  duc  de),  Ws  de  Jacques, 
marquis  d'Hamillou,  né  eu  x6o5^ 


228 


HAMi 


mort  eu  1649,  élève  d'Oxford.  Eu 
1625    ce    seigneur  succéda    à   son 
père,  et  gagua  la  coiîHauce  de  Char- 
les r''  roi  d'Angleterre.  Eu  i65i ,  il 
servit  avec  dislincliou  dans  les  ar- 
mées de  Gustave-Adolplie,   roi  de 
Suède.    L'aunée  suivante  il  revint 
en  Angleterre  ,  et  accompagna  le  roi 
eu  Ecosse ,  où  il  assista  à  la  cérémo- 
liie  du  couronnement.  Lorsque  les 
troubles    commencèrent    à    éclater 
"dans  ce  pays ,  Hainilton  fut  chargé 
parle  roi  de  lever  des  troupes  pour 
soutenir  les  droits  de  la  niouarchie  ; 
en  même  temps  il  fut  créé  duc  d'Ha- 
milton  et  comte  de   Cambridge.   Il 
remporta,  dans  les  commenceaiens  , 
des  avantages  importans  pour  le  roi  ; 
mais  il  perdit,  contre  Cromwel ,  la 
bataille  de  Preston,  et ,  quoiqu  il  ne 
Se  fût  rendu  que  sur  la  promesse  de 
la  vie  sauve  pour  tous  les  prison- 
niers, son  procès  lui  fut  fait,  et  il 
eut  la  tète  tranchée. 

*  IV.  HAMILTON  (  Guillaume , 
duc  de),  frère  du  précédent,  né  en 
1616,  mort  en  1625,  succéda,  en 
1640,  au  titre  de  sa  famille,  fut 
secrétaire  d'état  en  Ecosse  ,  et  dé- 
fendit vaillamment  la  cause  du  roi. 
Il  mourut  couvert  de  blessures  au 
«iége  de  Worcesîer. 

*  V.  HAMILTON  (N.  ),  ré.^ent 
de  l'université  deiParis,  et  cuié  de 
Saint-Côme,  fut  un  des  plus  for- 
cenés ligueurs.  Henri  IV  le  sauva 
du  supplice  de  la  roue,  auquel  il 
a  voit  été  condaimié  ,.et  se  contenta 
de  le  faire  chasser  de  la  capitale, 

*  VI.  HAMILTON  (  George  )  , 
comte  d'Orkney ,  cinquième  (ils  du 
comte  de  Selkirk,  et  général  distin- 
gué par  sa  bravoure,  se  couvrit  de 
gloire  à  la  bataille  de  Boyne,  ainsi 
que  dans  tous  les  sièges  et  les  ba- 
tailles où  il  s'éloit  trouvé.  Guil- 
laume III  le  créa  pair  d'Ecosse, 
lorsque  la  reine  Anne  fut  montée 
sur  le  irôue.  Il  servit  sous  le  duc  de 


HAMI 

Marlborough ,  et  contribua  beaucoup 
au  gain  des  batailles  de  Bleuheim 
et  de  Malplaquet.  II  mourut  eu  1707, 

*  VIL  HAMILTON  (  Guillaume) , 
poëte  a-gréable,  né  à  Bangore  eu 
1704,  mort  en  1734,  a  donné  plu- 
sieurs Oui'rages  agréables,  dont  le 
recueil  a  été  imprimé  en   1760  à 


t  VIII.  HAMILTON  (  sir  Guil- 
laume ),  chevalier  anglais,  né  eu 
1730,  de  la  noble  famille  écossaise 
de  ce  nom,  fut  nommé,  en  1764  , 
ambassadeur  à  Naples.  Sa  mission 
diplomatique  fut  pour  lui  une  occa- 
sion de  cultiver  sou  goût  pour  les 
sciences,  et  de  multiplier  ses  con- 
noissances  dans  les  arts.  On  lui  doit 
une  belle  collection  d'antiquités ,  et 
ses  travaux  dans  cette  partie  furent 
très-utiles  aux  savans.  Il  a  visité 
avec  le  plus  grand  soin  les  mon- 
tagnes volcaniques  du  Vésuve  et  de 
l'Etna.  Ses  Ohsen'alions  ont  été  pu- 
bliées sous  le  tilrede  Campi  FhLe- 
grœi ,  2  vol.  in-fol.  Le  luxe  typo- 
graphique et  celui  de  la  gravure  se 
se  sont  réunis  au  mérite  des  recher- 
ches et  du  savoir  pour  rendre  cet 
écrit  précieux.  Ou  doit  encore  à  sou 
zèle  pour  les  arts  la  publication  des 
jlntiquités  étrusques  ,  grecques  et 
romaines  ,  tirées  du  cabinet  de  M. 
Hamillon  ,  et  dont  d'HancarviUe 
a  été  l'éditeur.  Plusieurs  lilémoires 
de  sir  Guillaume  Hamillon  enri- 
chissent les  Transactions  piiilosophi- 
ques  ,  et  le  Muséum  britannique 
doit  à  sa  générosité  beaucoup  d'an- 
tiquités et  de  morceaux  curieux. 
Cet  illustre  savant  est  mort  à  Lon- 
dres en  iSoj. 

*  IX.  HAMILTON  (Ferdinand 
et  George  )  ,  peintres.  La  mémoire 
de  ces  artistes  qui  ont  demeuré  à 
Vienne  comme  pensionnaires  de 
l'empereur  Charles  VI  ,  se  conserve 
dans  cette  ville,  où  l'on  cite  ave< 
éloge  les  beaux  chei-'aux  en  grand, 


HAMM 

"jielnls  par  Ferdinand ,  c[ui  escelloit 
dans  ce  genre  ,  comme  George  dans 
la  peinture  de  toutes  sortes  de  qua- 
drupèdes et  d'oiseaux.  Un  autre 
Hamilton  ,  leur  parent ,  avoit  le 
même  talent;  mais  l'extrême  fini 
de  ses  ouvrages  le  faisoit  un  peu 
tomber  dans  le  sec.  On  voyoit  dans 
le  cabinet  de  l'électeur  Palatin  u/i 
tableau  estimé  de  cet  artiste. 

*  X.  HAî\IILTON  [  Gaviu  )  , 
peintre  ,  mort  d'effroi  à  Rome  eu 
1797  ,  lorsque  l'armée  française  oc- 
cupa celte  ville  pour  la  première 
fois  ,  s'est  fait  connoilre  comme 
peintre  par  plusieurs  tableaux  , 
dont  les  sujets  sont  pris  de  l'IIiade , 
^t  qui  ont  été  gravés  par  le  célèbre 
Cunégo  à  Rouie.  En  177^  il  avoit 
déjà  plublié  sa  Schola  picturœ  Ita- 
licœ.  Ce  fut  lui  qui  dirigea  avec 
beaucoup  de  succès  les  fouilles  d'an- 
tiquités qu'on  faisoit  à  Rome  et  dans 
les  environs. 

HÂMMELIMANN.     Voyez    Ha- 

MELMANN. 

HAiMMON.  roy.  Ammon,  n"  II. 

I.  HAIMMOND  (  Henri  )  ,  docteur 
en  théologie  d'Oxford  ,  naquit  à 
Çliersey  dans  la  province  deSurrey, 
et  mourut  le  26  avril  1660,  à  55 
ans,  chargé  de  la  conduite  du  dio- 
cèse de  Worcester,  dont  il  devoit 
être  évèque.  Ses  ouvrages  ont  été 
recueillis  à  Londres  en  1684,  en  4 
vol.  iu-fol.  U  y  en  a  quelques-uns 
en  latin;  mais  le  plus  grand  nom- 
bre est  en  anglais.  On  dislingue 
ceux-ci  :  l.  Catéchisme -prati- 
que ;  c'est  un  abrégé  de  la  morale 
chrétienne.  H.  Commentaire  sur 
le  nouveau  Testament ,  traduit  en 
latin  par  Jean  Le  Clerc,  1698,  2 
vol.  in -fol.  Celle  traduction  vaut 
mieux  que  l'original.  Le  style  an- 
glais d'ilammoud  esj  fort  négligé, 
dur  et  embarrassé  ;  Le  Clerc  lui  ôta 
ces  défauts  ,  et  sou  travail  fut  fort 
estimé  eu  Angleterre.  Cepeudaut, 


HAMM 


229 


comme  il  critique  son  auteur  en 
divers  endroits  ,  quoique  avec  beau- 
coup de  retenue  ,  quelques  person- 
nes ,  jalouses  de  l'honneur  de  leur 
compatriote  ,  furent  choquées  de  la 
liljerlé  que  le  traducteur  avoit  prise. 
On  vit  même  paroitre  deux  petits 
livres  contre  lui  à  ce  sujet  ;  mais 
Le  Clerc  les  méprisa  ,  et  se  contenta 
de  faire  voir  en  peu  de  mots  qu'il 
étoit  facile  de  les  réfuter,  lorsqu'on 
réimprima  à  Francfort,  en  in\i\, 
sa  traduction  en  2  vol.  ia-fol.  Celle 
seconde  édition  est  augmentée  d'un 
grand  nombre  de  notes  tirées,  pour 
la  plupart,  de  celles  de  sa  traduc- 
tion fran(,aise  du  nouveau  Testa- 
ment. 111.  Commentaire  -^ur  les 
Psaumes,  etc. 

*  II .  HA  Î^.I MONO  (  Antoine ) , 
issu  d'une  lamille  établie  dans  le 
comté  d'Huntington  ,  né  en  16G8, 
fut  commissaire  de  la  m:a'ine,  ex- 
cellent orateur  dans  le  parlement 
(  lord  Bolingbroke  lui  avoit  donné 
le  surnom  de  langue  dorée  ),  et  se 
distingua, au  commencement  du  18® 
siècle  ,  i)armi  IfS  beaux-esprits,  les 
poètes  et  les  écrivains  parlemen- 
taires. En  1720  il  publia  un  re- 
cueil de  poésies  originales,  dont  la 
plupart  étoient  de  sa  composition; 
il  eut  soin  de  les  distinguer  ,  de 
peur  ,  disoil-il ,  de  nuire  à  ceux  à 
qui  on  pourroit  dans  la  suite  les  at- 
tribuer. 

t  III.  HAMIMOND  (  Jacques  ) ,  se- 
cond tils  du  précédent  ,  né  en  i  710, 
jouit  de  l'estime  et  de  la  faveur  des 
grands  et  des  gens  distingués.  Il  fut 
écuyer  du  pvmce  de  Galles.  Ses 
liaisons  intimes  avec  des  person- 
nages célèbres  ,  tels  que  Cobham  , 
Lylteîson  et  Chesterfield  ,  le  servi- 
rent dans  l'opinion  publique  ,  et  ai- 
dèrent à  sa  réputation.  Sa  vie  se 
partagea  entre  ses  plaisirs  et  son 
goût  pour  la  littérature  ;  dans  la  re- 
traite, il  oublioit  la  ville;  au  sein 
des  aniusemeus  ,  l'homme  d'éludé 


HAMO 


2^0 


dispaioissûit.  Ou  a  publié  de  lui  , 
après  sa  mort  ,  des  Elégies  amou- 
reuses^ qu'on  a  paru  lire  avec  plai- 
sir, et  qu'où  a  admirées  ,  tant  que 
le  souvenir  de  l'auleur  étoit  encore 
récent.  Il  mourut  à  Stowe  eu  1742. 

1 1.  HAMON'  (  Pierre  ) ,  uatif  de 
Blois  ,  écrivain  de  profession  ,  mon- 
tra ù  écrire  à  Charles  IX  ,  dont 
il  devint  ensuite  secrétaire.  Il  en- 
treprit de  publier  quelques  Es- 
sais des  différentes  manières  d'é- 
crire dont  ou  séloit  servi  dans 
les  siècles  précédens  ,  et  même  dans 
les  plus  éloignés.  Il  réussit  heureu- 
sement dans  ce  projet,  qu'il  exécuta 
vers  l'an  i566,  avec  le  secouisdes 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du 
roi ,  et  de  ceux,  des  abbayes  de  Saint- 
Deuys  et  -de  Saint- Germain- des- 
Prés  à  Paris.  Ses  alphabels  furent 
utiles  à  Mabillon  qui  s'en  servit 
j)our  sa  diplomatique  ;  mais  le  sa- 
vant bénédictin  adopta  aussi  d'IIa- 
mon  le  prétendu  Testament  de 
Jules-César  ;  et  quand  ou  se  moqua 
de  celle  rêverie,  Mabillon  se  dé- 
Ifcûdit  comme  il  put.  Pierre  Hamon 
avoit  aussi  fait  douze  Cartes  de  la 
France,  exéculées  sur  vélia  ,  qu'il 
piéseula  hu-mème  au  cardinal  de 
Lorraine.  Plusieurs  écrivains  rap- 
portent qu'il  fut  pendu  i\  Paris  le 
\b  mars  1569,  pour  avoir  contre- 
fait la  signature  du  roi  sou  maitre. 
D'autres  écrivains  contredisent  cette 
accusation  ,  et  disent  qu'IIamou  , 
qui,  en  effet,  étoit  protestant,  fut 
supplicié  pour  cause  de  religion. 

II.  HAMON  (Jean),  docteur  en 
médecine  de  la  faculté  de  Paris,  né 
à  Cherbourg  en  Niirmandie,  mort 
à  Porl-Royal-des-Champs  le  32  fé 
vrier  1687  ,  à  69  ans  ,  étoit  depuis 
trente  ans  dans  celte  retraite  ,  à  la- 
quelle il  s'éloit  consacré ,  apr^s  avoir 
donné  sou  l>ien  aux  pauvres  ,  et 
vendu  sa  bibliothèque.  Ce  pieux  so- 
litaire mil  au  jour  plusieurs  ouvrages 


HAMP 

d'un  style  propre  à  tous  les  auteurs 
de  Port-Royal.  Les  principaux  sont , 
I.  Des  Soliloques  en  l^lin,  traduits 
en  français  par  l'abbé  Goujet  ,  sous 
ce  titre  :  Gémissemens  d'un  cœur 
chrétien  ,  exprimés  dans  les  pa- 
roles du  psaume  cxviii  ,  Paris, 
1701  ,  in-i  J.  IL  Un  Recueil  de  di- 
vers Traités  de  piété  ,  Paris  ,  1 67:) , 
2  vol.  iu-12  ,  et  deux  autres  Re- 
cueils eu  1689,  2  vol.  in-h°.  III.  La 
Pratique  de  la  prière  continuelle  , 
ou  Sentimens  d'une  ame  vivement 
touchée  de  Dieu  ,  in- 12  ,  traduite 
par  domDuret.IV.  Explication  du 
Cantique  des  Cantiques ,  avec  une 
longue  préface  de  Nicole,  Paris, 
1708,  4  ^'ol-  in-12.  Boileau  a  fait 
ces  vers  eu  son  honneur  : 

Toiil  hrilliiiil  ilfl  savoir,  <1  cspril  cl  (rùliuiiicucp. 
Il  couru»  au  déseil  clierclier  l'ol)scurilé  ; 
Aux  jKuivrei  roii:  ?,ci  a  sdii  hien  cl  sa  sriencv  , 
J  11  ticule  aus  Jan.s  lu  j^nnc  cl  dan-  rauslt-nl^  , 
Filanu  iiiiii{ue  V"luplé 
Des  travaux  de  la  ])éiiileiice. 

*  HAMPDEN  (Jean),  né  à  Lon- 
dres en  1  r)94  ,  célèbre  par  son  refus , 
sous  Charles  F',  de  payer  l'impôt 
du  ship-nwney  ,  alors  perçu  pour 
la  construction  des  vaisseaux ,  et 
par  les  persécutions  qu'il  lui  attira, 
éloit  parent  de  Cromwel  ,  et  lit  de 
grands  progrès  dans  l't'teudue  du 
droit.  Sa  jeunesse  fut  orageuse;  il 
s'abandonna  ,  en  eniranl  dans  le 
monde  ,  à  tous  les  excès  ;  mais  il 
sut  s'en  retirer,  sans  rieu  peidre 
de  sa  gaieté  et  de  sa  vivacité  natu- 
relle. Il  siégea  dans  la  chambre  des 
communes  eu  iGs.î  ,  sous  le  second 
parlement ,  pendant  le  règne  du  roi 
Charles  ,  ainsi  que  sous  les  deux  qui 
suiviient,  et  fut  peu  remarqiié  ; 
mais  ,  en  1606  ,  le  procès  (pii  iiu  fut 
iuleuié  à  la  cour  du  banc  du  roi  , 
pour  son  refus  <le  p^iyer  le  ship- 
nioney  ,  fixa  sur  lui  l'atteulion  uni- 
verselle. Il  se  conduisit  ,  dans  cette 
occasion,  avec*  beaucoup  de  modé- 
ration el  df  uiq(deslie;  mais  sa  con- 
dampalion  lui  lui  plus  utile  qu'elle 


HAMS 

ne  ^lovivoil  l'être  aux  iuU'rcls  du 
Hsc.  Il  deviiîS  l'idole  du  peuple,  et 
l'im  des  membres  du  long  parlement 
qui  eut  le  plus  dinllutiice.  Apres 
avoir  été  ,  dans  la  chambre  des 
communes  ,  le  clief  du  parti  qui 
s'étoit  lot  nié  contre  le  roi,  il  prit  les 
armes  daus  la  même  cause  ,  et  coui- 
mença  les  hosliliiés  par  une  attaque 
contre  Brill  ,  petite  place  où  le  roi 
avoit  mis  garnison  ,  à  cinq  lieues 
d'Oxford.  11  eut  ,  sous  le  conile  d'Es- 
sex  ,  le  commandement  d'un  régi- 
ment d'infanterie,  et  se  seroit  ai- 
sément élevé  pai^  sa  bravoure  au 
rang  de  général,  si  la  mort  ne  l'eût 
enlevé.  11  péril  d'une  blessure  qu'il 
reçut  dans  nne  escarmpuche,  contre 
le  prince  Rupert,  à  Chalgrovelvld  , 
dans  le  comté  d'Oxford  ,  le  24  juin 
1643  ,  à  la  grande  consternation  de 
sou  parti,  plus  affligé  de  cette  perle 
qu'il  ne  l'auroit  été  d'une  déroule 
entière.  Hampden  eut  toutes  les4|iia- 
lilés  qui  peuvent  servir  l'ambition 
d'un  chef  de  faction  populaire  ,  beau- 
i"oup  d'adresse  et  de  dissimulation. 
Il  jouit  d'une  très-grande  popula- 
rité ,  et  personne  n'eut  sur  le  peuple 
un  empire  plus  absolu  ;  il  sut  con- 
tenir ses  passions,  et  par-là  même 
diriger  celles  des  autres.  Il  eut,  dit 
Clarendou ,  tout  à  la  fois  le  talent 
de  l'invention  ,  celui  de  la  persua- 
sion ,  et  le  courage  d'exécuter  le  bien 
et  le  mal. 

HAMSA,  docteur  mahomélan  , 
vivoit  vers  l'an  1020  ,  sous  le  calife 
Haken.  Mécontent  du  gouverne- 
ment, il  ne  craignit  pas  d'oser  eu  ire- 
prendre  d'abolir  le  mahon^etisme. 
Pour  ôter  à  l'Alcoran  toute  la  consi- 
dération qu'on  lui  portoit ,  il  jugea 
habilement  qu'il  falloit  oppost:r  un 
nouveau  plan  de  religion  à  celui  du 
faux  prophète.  Il  composa  un  livre 
plus  élégant  et  d'une  aussi  grande 
pureté  de  style  que  l'Alcoran  ,  et  il 
l'intitula  Le  livre  des  témoignages 
des  mystères  de  l'unité.  Les  cou- 


llklsC 


2.51 

noisseurspvélendent  que  cet  ouvrage 
égale,  pour  le  moins,  l'Alcoran.  Petit 
de  La  Croix,  qui  le  traduisit  de  l'arabe 
en  fran(,ais ,  par  l'ordre  de  Pont- 
cbarlraiu  ,  dit  qu'on  peut  l'appeler 
la  crème  de  l'élégance  arabique.  Mais, 
tout  élégant  qu'il  étoit ,  il  ne  pro- 
duisit rien. 

HAN  (du).  Koyez  Duhan. 

*  lîANAPES  (  Nicolas  ) ,  né  près 
d'Aubeuton  ,  dans  la  Thierache  , 
dominicain  ,  devint  patriarche  de 
Jérusalem.  Il  a  donné  l'.xempla 
hiblica  in  materias  moraJes ,  etc.  , 
Prague  et  'Wurlzbourg,  170. 5;  ou- 
vrage utileaux  prédicateurs  qui  veu- 
lent nourrir  leurs  discours  des  pas- 
sages et  exemples  de  la  Bible. 

HANBALITES.    rojez  l'article 

ASCIIARI. 

*  HANCARVILLE  (  Pierre-Fran- 
çois-Hugues  d'  ) ,  membre  des  aca- 
démies de  Londres  et  de  Berlin  ,  né 
à  Naaci  le  i*^"^  janvier  1729  ,  mort 
à  Rome  vers  1 800,  a  publié,  T.  Essai 
de  politique  et  de  morale  calculée  y 
1709,  3  vol.  in-8°.  11.  Heclierches 
sur  l' histoire  ,  l origine ,  l'esprit  et 
les  progrès  des  arts  de  la  Grèce  , 
Londres,  178.S,  3  vol.  iu  4°-  lU.  Eu 
société  av^ec  Maréchal  ,  Antiquités 
étrusques ,  grecques  et  romaines  , 
etc.  ,  «dessinées  et  gravées  par  Da- 
vid ,  accompagnées  de  leur  expli- 
cation, 5  vol.  iu-4''  et  .■)  vol.  iii-8°. 

HANCKIUS.   roj.  Hankius. 

*  HANCOKE  fjean),  prêtre  de 
l'Eglise  gallicane, avoil  des  connois- 
sances  en  médecine  ;  grand  partisau 
de  l'eau  ,  et  ne  négligeant  rien  pour 
convaincre  le  public  des  vertus  efH- 
caces  de  cette  boisson  ,  il  ht  impri- 
mer un  traité  intitulé  Febrifuguni 
magnum,  or common  water  t/ie  besl 
cure  for  feavers ,  Londres,  1723  et 
1724  ,  itJ-S"  ;  en  français,  avec  d'au- 
tres ouvrages  sur  le  même  sujet  , 
Paris,  1725,   iu-j.:,   sous  le  liir« 


à32  HAEN 

fie  Traité  des   vertus  tnédkiiiales 
de  l'eau  comniuiie. 

t  HAENDEL  ou  plutôt  Hendel 
(  George-Frédéric  ),  iiiusicieu  célè- 
bre ,  né  à  Hall  en  Saxe  l'an  1 685  , 
d'un  valet  de  chambre  du  dernier 
archevêque  de  Magdebourg, Auguste, 
duc  de  Saxe  ,  composa  des  l'âge  de 
dix.  ans  une  suite  de  sonates  a.  trois 
parties  ,  qui  se  trouvent  niainlenant 
dans  la  Collection  britannique.  Bien- 
tôt après  il  fit  le  voyage  d'Italie  pour 
cultiver  ses  lalens.  S'étant  trouvé  à 
Venise  dans  le  temps  du  carnaval , 
sans  se  faire  coinioitre,  il  joua  de  la 
harpe  dans  une  niascarade.  Domini- 
que Scarlatti  ,  le  plus  habile  musi- 
cien sur  cet  instrument ,  l'enlendil 
et  s'écria  :  «  U  n'y  a  que  le  Saxon  ou 
le  Diable  qui  puissent  jouer  ainsi.  » 
Haendcl,  arrivé  à  Hambourg  dans 
lelé  de  1705  ,  s'engagea  comme  vio- 
lon à  rorclieslre  de  l'opéra,  et  pa- 
voissoit  alors  si  taciturne  qu'il  au- 
roit  passé  pour  inepte,  sans  des 
Cantates  qu'il  publia,  et  dont  l'har- 
monie fut  trouvée  excellente.  Ses  au- 
tres talens  furent  bientôt  découverts. 
Ijb  joueur  de  clavecin  de  l'opéra  étant 
absent ,  Haeudel  olfrit  de  quitter  sou 
violon  pour  le  remplacer  :  il  se  mon- 
tra un  mailre  très-habile  ,  an  grand 
étounement  des  auditeurs.  H  excel- 
loit  aussi  dans  le  hautbois. Une  place 
d'organiste  à  Lubeck  étant  venue  à 
vaquer  ,  il  alla  s'y  faire  entendre  ; 
mais  il  ne  conço^irut  point  pour  la 
place,  parce  qu'une  des  conditions 
pour  robtenir  étoit  d'épouser  une 
femme  du  pays.  Il  prit  querelle  à 
rette  époque  avec  le  musicien  IMallhe- 
son  ;  ils  se  battirent  devant  l'entrée 
rie  l'opéra  le  5  décembre  1704  , 
rX  bientôt  aprî^s  ils  s'unirent  de 
la  plus  étroite  amitié.  Haendel  ayant 
reçu  ,  en  1710  ,  des  invitations 
très -^pressantes  d'aller  en  Angle- 
terre, s'y  rendit  et  s'y  enrichit. 
•  Ses  Opéras  enchantèrent  la  nation 
britannique ,  et  l'enihousiasrae  qu'ils 


HAING 

y  excitèrent  fut  tel  que  le  docteur 
Arbuthnot  disoit  à  Pope,  au  sujet  de 
Haendel  :  «  Faites-vous  de  son  talent 
la  plus  haute  idée  qu'il  vous  sera 
possible  ,  et  vous  serez  encore  beau- 
coup au-dessous  de  la  réalité.  »  On 
le  combla  de  bieus  et  d'honneurs 
pendant  sa  vie,  et  on  lui  érigea  un 
monument  après  sa  mort ,  arrivée  en 
1769  à  Londres.  Haendel  laissa  une 
succession  de  vingt  mille  livres  ster- 
ling ,  et  fut  inhumé  à  l'abbaye  de 
Westminster,  où  Pearce,  évêqne  de 
Rocbeeter,  lui  fit  élever  un  monu- 
ment, C«  musiÔten  a  composé  des 
Opéras,  des  Oratorios,  des  Sonates. 
Sa  musique  est  noble,  expressive, 
pleine  d'harmonie  etd'images.  Sa  vi- 
vacité contre  les  chanteurs  étoit  quel- 
quefois extrême.  La  cantatrice  Cuz- 
zoni  ayant  refusé  un  jour  de  chanter 
son  air  admirable  ,/rt/5a  imagine, 
dans  l'opéra  d'Othon  ,  il  s'approcha 
d'eSe  et  lui  dit  qu'il  avoit  appris 
qu'elle  faisoit  souvent  le  Démon  ; 
mais  que  ,  de  sou  côté  ,  il  lui  feroit 
connoilre  qu'ilétoit  Béelzéhuth  ,  le 
prince  des  diables.  Sur  la  fin  de 
ses  jours  il  devint  aveugle.  Il  con- 
tinua néanmoins  d'exécuter  des  (.'on- 
certos,  et  de  composer  des  Oratorios 
et  desC//œ«/5.  Il  portoit  une  énorme 
perruque  blanche  ;  lorsque  les  choses 
alloieut  bien  à  l'Oratorio  ,  elle  pre- 
noit  un  mouvement  de  vibration 
qui  indiquoit  le  plaisir  qu'il  éprou- 
voit.  Sans  cela  ,  les  observateurs 
étoienl  certains  qu'il  étoit  de  mau- 
vaise humeur.  Aussi  la  princesse  de 
Galles  avoit-elle  coutume  de  dire  à 
ceux  qui  parloient  un  peu  trop  haut 
auprès  d'elle  :  «  Chut  !  la  perruque 
d'Haendel  est  en  colère.  »    Voyez 

SCARL.VTTI. 

t  HANGEST  (Jérôme  de),  docteur 
de  la  maison  de  Sorbonne  ,  né 
à  Cotnpiegne,  d'une  famille  noble 
^  et  ancienne ,  chanoine  ,  écolatre 
et  grand  -  vicaire  de  l'église  du 
Mans,  sous  le  cardinal  de  Bourbon , 


HAISK 

fcv-èf]iie  de  cette  ville,  où  il  mourut- 
1<»  H  septembre  iô38.  Ce  savant  se 
signala  contre  les  luthériens,  et  en- 
l'anta  quantité  d'ouvrages  de  morale 
et  de  controverse.  Le  plus  connu 
dans  ce  dernier  genre  est  sou 
Traité  des  Académies,  contre  Lu- 
ther. On  a  encore  de  lui,  L  Un  traité 
de  controverse  ,  intitulé  Lumière 
évangélicfue  sur  la  sainte  Kucha- 
j  istie.  IL  Un  autre  ,  De  Libero  ar- 
bitrio,  etc. 

HANIFAX.    royez    Abou- 
ILynifa. 

t  HANKIUS  (Martin) ,  né  à 
Breslavv  en   i635  ,  nonuné  profes- 
seur eu    histoire ,  en  politique  ,  et 
eu  éloquence  ,  l'an  1661  ;  bibliothé- 
caire   d  Elizabeth    dans    la     même 
ville  eu  iG^o:  protecteur  du  col- 
lège de  cette  princesse  en  168 1  ;  enfin 
recteur  et  inspecteur  de  toutes  les 
écoles  de  la  confessiou  d'Augshourg 
dans   ce  pays  eu    1688  ,  mourut  à 
Breslaw  en  1709.  Voici  ses  meilleurs 
ouvrages  ,  L  De  Bysantiuaram  re- 
rum    scriploribus    liber  ,    in  -  4°  , 
1677  ;  ce    livre  ,    recherché    pour 
l'érudition,   est    trop  diffus.  II.  Z^e 
Romaïuirum  rerum    scriploribus , 
1669  et  1675,    2  vol.  in-4''.  Daus 
l'ouvrage  précédent,    l'auteur  rend 
compte  des  écrivains  de   l'histoire 
byzantine  ;   dans  celui-ci ,  de  ceux 
de  Ihisioire  romaine.  Il  compile  les 
différens)ugemensqu'onen  a  j)0v;?s. 
lll.   Plusieur.s  ouvrages   sur  V His- 
toire et  les  .dntijuités  de  la  Silésie  , 
tels  que  Autiquilates  Silesiacce  ad 
annum   1J70,   2  vol.  in-'j",  1707; 
et  de  Silesiis  indigenis  erudiiis,  de- 
puis   Il 65   jusqu'en    iSfjo,    iu-4°  , 
1702  et  1-705.  iV.  des  Tfaraiigues , 
des  Comédies  et  des  Poésies.  Ces 
divers  écrits  lui  acqiirent  tant   de 
réputation  en  Allemagne,  que  l'em- 
pereur   Léopold   l'appela- pour    lui 
coulier  en  partie  le  soin  de  ta  bi- 
bliolhè<jue. 


HArNN 


i33 


*I.  Hx^N.MER  (Jonathan) ,  théo- 
logien non  -  conformiste  ,  ué  vers 
iio.^  à  buiaslaple  ,  au  comté  de 
Dévonshire  ,  mort  en  J687,  élevé 
du  collège  Emmanuel  à  Cambridge, 
obtint  la  cure  de  Tawlon-l'Evêque, 
et  fut  prédicateur  de  Barnstalpe. 
On  a  de  lui  un  Discours  sur  la 
Con.fi rmali on ,  et  un  ouvrage  in- 
titulé T'ue  de  l'antiquité  ecclé- 
siastique. 

*  II.  HANMER  (sir  Thomas 
lÎART  ) ,  né  eu  1676  ,  homme  d'état 
distingué  et  écrivain  élégant ,  siégea 
au  parlement  pendant  3o  années  , 
comme  représentant  du  comté  de 
Suffolck,  de  Finit  ou  du  bourg  de 
Thetforcl ,  et  s'y  fil  remarquer  par  l'as- 
cendant de  son  éloquence  et  par  sou 
incorruptible  intégrité.  En  i7i3, 
choisi  pour  orateur  de  la  chambre 
des  communes,  il  s'acquitta  digne- 
ment de  cette  fonction  difficile  dans 
tous  les  temps,  mais  à  cette  époque 
plus  délicate  encore.  S'élant  retiré 
des  affaires  publiques,  il  partagea 
daus  sa  retraite  son  temps  entre  ses 
amis  et  ses  livres.  Ce  fut  alors  qu'il 
prépara  ,  et  fit  imprimer  à  ses  frais 
la'belle  édition,  en  six  vol.  in-4°, 
des  (lluvres  de  Shakespear,  dont  il 
fit  présent  à  l'université  d'Oxford  , 
où  elle  fut  imprimée  en  i744  7  <^r- 
uée  de  fort  belles  gravures  de  Gra- 
vtlot.  Sir  Thomas  mourut  à  Suf- 
folck le  5  avril  1746. 

IIANNEKEN  (Mennou),  théo- 
logien liilhénen,  né  à  Blaxen  dans 
le  pays  d'Oldenbourg  en  109'), 
professeur  de  morale ,  puis  de 
théologie  et  des  langues  orientales 
à  Marpurg  ,  et  enfin  surintendant 
des  églises  de  Lu beck,  où  il  mourut 
le  ]'7  février  1671,  dont  les  princi- 
paux ouvrages  roulent  sur  la  contro- 
verse ,  est  encore  auteur  ,  I.  Dune 
Crammaire  /lébraique .  IL  De  £.1^ 
positio  episto/œ  Fauli  ad  Epfie- 
sios,  Marp.  1  Go  1,  in  .4*'.— Philippe- 
Louis  11,\NJN-EKEN,  son   fils,  mort 


^31 


HAIs^N 


profHSsenr  de  théologie  à  Wittem- 
berg  en  1706,  est  aussi  auteur  de 
divers  écrits  peu  connus  sur  l'Eeri- 
luie  ,  m-In"  el  in-12. 

t  HANNEMAN  (Adrien)  .peintre 
hollaïidais  ,  né  à  t.a  Haye  vers  i()io, 
se  forma ,  d'après  l'étude  des  ou- 
vrages de  Van  Dyck  ,  et  fut  le 
peintre  de  Marie,  princesse  d'O- 
range ,  fille  de  Charles  F'.  L'An- 
gleterre renferme  un  gra/ul  nombre 
de  ses  ouvrages  ;  mais  les  plus  con- 
sid«^rables  sont  chez  l'étranger.  On 
en  conserve  plusieurs  à  La  Haye. 

HANNIBAL.  Voyez  Annibai- 

HANNIBALIEN  (  Flavius  Clau- 
dius  Hannibalianus  )  ,  né  à  Tou- 
louse, élevé  à  Narhonue,  étoit  ne- 
veu de  Constantin.  Ce  prince, l'ayant 
formé  à  l'art  militaire  ,  le  déclara 
roi  de  Pont,  de  Cappadoce  et  d'Ar- 
ménie ,  et  lui  fil  épouser,  en  o35  , 
Constantine  ,  sa  hlle  ainée.  Hau- 
nibalien  aiuioit  le  faste  ,  el  l'on 
prétend  qu'à  l'exemple  des  rois  de 
Perse  il  prenoit  le  titre  de  Roi  des 
Rois.  Il  ne  régna  pas  long-temps. 
Les  soldats,  excités  par  Constance  , 
soncousiu,  le  poignardèrent  en  358, 
sous  prétexte  qu'il  ne  devoit  y  avoir 
d'autres  Aug'.istes  que  les  fils  de  Cons- 
tantin. Hannibalien  péril  à  la  tleur 
de  son  âge  ,  dan*  une  ville  de  JJi- 
thynie  ,  011  étoit  la  sépulture  du 
fameux  Annil)al. 

L  HANNON,  fils  de  Naas , 
roi  des  Ammonites.  Ses  courtisans 
lui  ayant  insinué  que  les  anabassa- 
deurs  envoyés  par  David  pour  le 
complimenter  sur  son  avénemeu" 
à  la  couronne  n'étoienl  que  des 
espions ,  il  leur  lit  raser  la  barbe 
al  couper  les  habits  jusqu'à  la  moitié. 
Cette  cruauté  lui  coûta  la  vie  et  son 
royaume,  David  lui  ayant  ôlé  l'un 
et  l'autre. 

II.  HANNON  ,  l'un  des  plus  puis- 
saus  citoyens  de  Carlhage  ,  voulant 


IIA]NN 

se  rendre  maitre  delà  république, 
a  voit  invité  aux  noces  de  sa  fille 
les  sénateurs,  pour  les  faire  empoi- 
sonner. Son  projet  fut  déctnivert  ; 
inais le  sénat,  apj)réheiKbnt  le  cré- 
dit du  coupable,  se  conVenta  de  le 
prévenir  par  un  décret,  q-iidcf-nuloit 
en  général  la  trop  graiule  magui- 
ficence  des  noces.  Hannon,  n'ayant 
point  réussi  par  la  ruse  ,  eut  recours 
à  la  force  ouverte.  A  la  tète  de 
:20,ooo  esclaves  armés,  il  se  retira 
dans  un  château  extrêmement  for- 
tilié ,  d'où  il  tâcha  d'engager  les 
Africains  et  le  roi  des  Maures  à  se 
révolter;  mais  il  fut  pris  et  conduit 
à  Carlhage.  On  enveloppa  sa  famille 
dans  son  malheur  ;  el  quoiqu'elle 
n'eût  point  de  p^art  à  sa  conjuration, 
elle  fut  exterminée  avec  lui. 

III.  HANNON  ,  général  carthagi- 
nois ,   chargé  par  sa  république  de 
faire  !e  tour  de  l'Afrique,  versl'an  5o8 
avant  l'ère  chrélieune  ,  entra   dans 
l'Océan  par  le  détroit  de  Gibraliar,  dé- 
couvrit plusieurs  pays  ,  et  ne  fut  ar- 
rêté dans  ses  courses  que  par  ledéfaut 
de  vivres.  Quelques  savaus  ont  pré- 
tendu   qu'il    éloil  parvenu    jusqu'à 
l'extréuiilé  de  l'Arabie  ;  mais  ce  sen- 
timent n'est  pas  fondé.  Pline  et  Plu- 
tarqne    rai)porteut  à  son  sujet    une 
anecdocte  qui  montre  combien   ses 
compatriotes  éloieut  jaloux  de  leur 
liberté.  Il  avoil  tellement  adouci  la 
férocité  d'un  lion,  qu'il  s'en  servoit 
]>our  porter  une  partie  de  son   ba- 
gage. Les  Carthaginois  s'imaginant 
que  cet  homme,  après  avoir  appri- 
voisé un  animal  si  farouche,  vien- 
droil  à  bout  de  tout  ce  qu'il  entre- 
prend roil  ,  et   qu'ainsi   ils  avoient 
lieu  de  craindre  qu'il    ne  se  rendit 
maitre  de  leur  étal,  l'exilèrent  pour 
le  reste  de  ses  jours.  On  a  sous  son 
nom  des  J'ojages  qui  ne  sont  pas 
de  lui.  Henri  Boeder  en  donna  une 
savanle  édition  en  grec  et  eu  latin  , 
avec     des     noies     utiles  ,    Leyde , 
1674,  in-i  2.  Us  soûl  encore  dans 


ÏIAJNR 

Je  tome  second  ,  pag.  i  220,  des  Dis- 
serta/iones  academicœ  du  même 
Boucler  ,  étiilioii  de  Strasbourg  , 
1710,  iii-4'^.  Ou  les  trouve  aussi 
dans  les  Petits  GfcOgraplies  ,  de  le- 
diliou  d'Oxlord  ,  1698.  Eaunou 
avoit  composé  vingt  -  huit  livres 
sur  l'agriculture  ,  dont  il  uexisle 
qu'un  Iragment  maniiscril  très-an- 
cien à  la  bibliollièque  impériale. 

HANNSACKS  ,  poëte  allemand  , 
natif  de  Nuremberg,  lise  forma  en 
Allemagne  un  corps  de-  poètes  ,  sous 
le  nom  de  Meister  Songer ,  ou  Maî- 
tres poêles.  Cetoieut  des  gens  de 
métiers,  qui  imaginèrent  d'assujcltir 
le  talent  des  Muses  aux  statuts  de 
leur  communauté.  Cette  conirérie 
d'artisans  accordoit  la  perniissiou 
de  faire  des  vers,  et  pour  rimer 
en  paix  ilfalloit  se  faire  inscrire  sur 
les  registres  du  corps ,  qui  étoit 
divisé  eu  (iarf utis poêles  ;  Compa- 
gnons poêles  el  Maures  poêles.  Les 
licences  sexpédioient  dans  ce  bu- 
reau des  Muses  ,  au  nom  des  com- 
pagnons et  des  maîtres.  Hannsacks, 
mauvais  cordonnier  ,  mais  poëlc 
passable,  en  ëtoil  le  doyen.  Il  a 
laissé  cinq  gros  volumes  in -folio 
de  fort  mauvais  vers  ,  où  l'on  voit 
cependant  briller  quelques  étein- 
celles  de  talent ,  à  ti"avers  cent  bas- 
sesses et  cent  grossièretés. 

II  A  N  R 1  O  T  (  François  ) ,  né  à 
Nanterre  ,  de  parens  pauvres  ,  en 
1761  ,  et ,  sous  le  règne  de  la  ter- 
reur ,  comniaodaul  de  la  garde  na- 
tionale parisienne  ,  avoit  débulé 
par  le  rôle  de  domeslique,  et  fut  , 
dil-on,  chassé  pour  vol.  Devenu 
garde  de  la  ferme  aux  barrières  de 
Paris, il  en  fut  chassé  pourvoi.  Reçu 
par  la  police  au  nombre  des  espions, 
doul  il  exerçoit  l'emploi  sous  Je 
déguisement  de  marchand  de  dro- 
gues ,  il  fut  pour  vol  mis  à  Bicèlre  , 
dont  il  ne  sortit  qu'à  l'époque  delà 
révolution.  C'est  dans  les  terribles 
journées  des  2  et  3  septembre  qu'il 


HANW 


(3.) 


prouva  qu'il  éloit  capable  de  tous 
les  crimes  ;  aussi  fût-il  protégé  par 
Maral ,  et  devint-il  l'inslrumenl  de 
son  parti.  Ce  liit  llanriût  qui  ,  en 
qualité  décommandant  de  la  garde 
nationale  ,  lit  investir  la  couveuliou 
|)0«r  la  forcer  à  décréter  d'accusa- 
tion le  parti  des  députés  de  la  Gi- 
ronde ,  en  disant  :  «  Le  peuple  ue 
s'est  pas  levé  pour  écouler  vos 
phrases  :  ce  sont  des  victimes  qu'il 
lui  faut.  »  Hanriot ,  tout  dévoué  à 
Robespierre,  voulut  le  l'aire  triom- 
pher dans  la  iournée  du  9  thermi- 
dor ('Î7  juillet  1794)»  d  marchant 
à  la  convention  avec  des  canons. 
Heureusement  que  le  brigand  fut 
an"èlé  dans  sa  marche  ,  et  décapité 
le  lendemain  avec  son  protecteur. 
royez  Robespierre. 

*  HANSITZ  (  Marc  ),  jésuite  de 
Cologne,  ej||reprit  vers  l'an  1727 
une  Gerniania  .sacra  ,  que  la  mort 
l'einpccha  d'achever.  Cet  ouvrage 
lailà  l'instar  du  Cailla  c/irisliana , 
devoit  former  une  longue  suite  d'in- 
folios.  Il  n'en  a  paru  que  trois  ,  en- 
core na-t-on  du  troisième  que  le 
Pruciromus.  Ces  trois  premiers  vo- 
lumes ,  imprimés  à  Augsbourg  , 
roulent  sur  l'anciemie  métropole 
de  Lorch.  On  ignore  l'époque  de 
la  naissance  et  de  la  mort  de  ce 
jésuite. 


HANTEVILLE 

TEVIl.LE. 


Voyez   Hau- 


*  H  AN  W  AY  (  Jonas  ) ,  né  à  Ports- 
tnoutli  eu  171J  ,  doit  être  mis  au 
rang  des  plus  zélés  bienfaiteurs  de 
l'humanité.  Il  fit  à  Lisbonne  son  ap- 
prentissage dans  le  commerce,  et 
se  lia  ensuite  avec  une  maison  de 
Pétersbourg,  qui  l'engagea  à  faire 
un  voyage  en  Perse.  En  quittant  \a 
liussic,  il  revint  habiter  sa  patrie 
avec  une  foi  lune  indépendante  ,  y 
tenir  un  élat  houorable,  et  chercher 
à  se  rendre  utile.  En  1763  il  publia 
la  relation  de  son  Voyage  de  Kussie 


236 


ÏÏA?sW 


en  Perse  ,  et  de  son  Retou?'  par  la 
liussie ,  l' Allemagne  et  la  Hol- 
lande. 11  y  joignit  Vàisloi.re  des  ré- 
volutions delà  Perse  dans  le  18^ 
siècle.  On  trouvera  une  enn  mération 
de  savans  ouvrages  qui  furent  très- 
nombreux,  dans  1  lùsloire  t:le  sa  vit, 
par  M.  Piigh  ;  la  plus  grande  partie 
lut  très-bien  accueillie;  dans  tous  , 
il  se  inoutra  excellent  citoyen ,  et 
rempli  d'idées lil)ér£iles. L'institution 
de  la  société  maritime  ,  qui  a  eu  tant 
de  succès  ,  fut  l'ouvrage  de  son  ac- 
tivité et  de  sa  bienft\isauce.  En  j  708 
il  fut  le  promoteur  de  rétablissement 
de  la  Charité  de  la  Magdeleine.  Sou 
zèla  pour  le  bien  public  ,  et  sur- 
tout son  désintéressement  absolu  se 
inoatroieut  par -tout  si  souvent, 
que  les  principaux  marchands  de  la 
cilé  lirent  une  déjjutation  au  comte 
de  Bute,  alors  premier  ministre,, 
pour  lui  représenter*  qu'Hanway 
avoit  rendu  tant  de  services  aux 
dépens  de  sa  propre  fortune,  qu'il 
é.toit  juste  de  lui  donner  quelque 
témoignage  éclatant  de  la  recou- 
noissance  et  de  l'estime  publique. 
Ce  fut  d'après  une  démarche  si  ho- 
îiorable  pour  lui  qu'il  fut  nommé 
à  l'emploi  de  commissaire  de  la  ma- 
rine, qu'il  exerça  près  de  vingt  ans, 
et  dont  les  émoluaieus  lui  turent 
continués  pendant  sa  vie  ,  lorsqu'il 
cessa  de  le  remplir.  11  seroit  difficile 
de  citer  toutes  les  occasions  où  il 
manifesta  sa  bienveillance  et  cette 
bonté  de  cœur  qui  le  caractérisoieiit. 
Les  écoles  du  dimanche  (  sunday 
schools)  furent  son  ouvrage;  jus- 
qu'aux petits  ramoneurs  éprouvè- 
rent sa  bienfaisance  ;  aucune  cala- 
mité u'aifligea  quelque  partie  du 
royaume  ,  sans  qu'il  ne  cherchât  à 
soulager  ceux  qui  en  av^oient  été 
victimes.  Il  étoit  si  universellement 
respecté,  que,  lorsqu'il  mourut  en 
1786,11  s'ouvrit,  pour  élever  un 
monument  à  sa  mémoire,  une  sous- 
cription qui  produisit  plusieurs  cen- 
taiues  de  livres  sterling.  Ses  écrits 


H  ARC 

portent  le  caractère  d'une  vigueur 
inàle  ,  d'un  profond  jugement,  et 
d'une  touchante  simplicité.  Sa  vie 
privée  ne  se  distingua  que  par  une 
extrême  régularité  de  conduite  ,  une 
franchise  et  une  candeur  auxquelles 
ia  confiance  ne  sauroit  se  refuser. 
On  a  remarqué  ,  comme  une  cir- 
constance curieuse  ,  quoiqu 'assez  in- 
différente ,  qu'il  fut  le  premier  qui 
se  hasarda  à  porter  un  parapluie 
dans  les  rues  de  Londres,  il  vécut 
assez  pour  voir  cet  usage  devenu 
général. 

HARALD.  roj.  Haeold. 

t  HARBARD  (  Burchard),  profes- 
seur de  théologie  à  Leipzick,  mort 
eu  j6i4à  68  ans,  dut  le  jour  à 
une  famille  noble  et  distinguée  de 
Coiiilz  eu  Prusse.  Ses  écrits  ,  faits 
principalement  pour  la  défense  du 
luthéranisme  ,  attestent  son  éru- 
dition. I.  Doctrina  de  conju^io  ; 
de  confessione  ;  de  inagistratu. 
polit ico.  11.  Thèses  de  Smalhaldi^ 
nœ  con/èssionis  articulis  ;  de  legs 
divinâ ,  etc. 

*  HARCHÏES  (  Josse  ) ,  médecin 
de  Mons  eu  Haiuaut,  où  il  exerça 
d'abord  sa  profession,  et  ensuite  à 
Strasbourg,  où  il  se  mêla  de  théo- 
logie ,  vivoit  dans  le  16"^  siècle. 
Il  voulut  chercher  un  milieu  dans 
la  doctrine  du  mystère  de  l'Eu- 
charistie entre  les  catholiques  ro- 
mains et  les  protestans  ,  pour  pa- 
cifier leurs  controverses.  Ses  bonnes 
intentions  ne  purent  se  réaliser;  on 
continua  de  se  disputer,  et  le  plus 
souvent  sans  s'entendre.  On  attribue 
à  ce  médecin  les  deux  ouvrages  sui- 
vans  :  I.  De  causis  contemptœ 
medicinœ.  Leodii ,  1667,  iu-8°. 
II.  EiK/iyridion  medicum  simpli- 
cium  p/iarmacori/m  qiiœ  in  usu 
sunt ,  nomenclaturam,  historiam  , 
facultatem  et  usum  eleganti  poë- 
mate  comprehendens.  Basilese  , 
1673,  in-8°. 


HARC 

i-  1.  HAHCOURT  (  Made  d'  ), 
femme  d'Antoine'  de  Loiraine  , 
comte  de  Vaiidemout,  eut  part  à 
presc|ue  toutes  les  expédiiious  de 
guerre  qu'entreprit  son  mari.  Ou 
dit  qu'un  jour  cette  courageuse  prin- 
cesse ,  étant  nouveliemeut  relevée 
de  couches,  monta  à  cheval,  fit 
prendre  les  armes  à  plusieurs  sei- 
gneurs, et,  par  une  valeur  inouïe, 
contraignit  les  ennemis  de  lever  le 
siflge  de  Vaudemont.  Cette  héroïne 
mourut  en  i475  ,  dans  sa  78'^ année. 

-;■  II.  HARCOURT  (Henri  de 
Lorraine,  comte  d'  ),  d'Armagnac 
et  de  Brionne  ,  vicomte  de  iMarsan  , 
chevalier  des  ordres  du  roi ,  grand- 
ëcuyer  de  France  ,  éloil  hls  de  Char- 
les de  Lorraine,  duc  d'Elbœuf. 
Après  s'èlre  signalé  à  la  bataille  de 
Prague  eu  1620  ,  ilserviten  qualité 
de  volontaire  dans  les  guerres  contre 
les  huguenots  ,  et  se  distingua  aux 
sièges  de  Saiut-Jean-d'Angély  ,  de 
Monlauban  ,  de  l'iie  de  Ré,  et  de 
La  Rochelle.  En  1629  il  se  signala 
à  l'attaque  du  Pas  de  Suze.  Honoré 
par  Louis  XlIlducoUierde  ses  ordres 
en  i65ô,  il  le  paya  par  des  services 
importans.  Un  des  plus  considéra- 
bles* fut  de  reprendre  ,  en  1607  ,  les 
îles  de  Lérins,  occupées  depuis  deux 
ans  par  lesEspagnols ,  contre  lesquels 
il  coinmandoit  une  armée  navale. 
Le  combat  de  Quiers  en  Piémont  , 
l'an  j639,  le  troisième  secours  de 
Casai  ,  le  siège  de  Turin  en  iGqo, 
et  la  , prise  de  Coni  en  1641  ,  ne 
lui  acquirent  pas  moins  de  gloire. 
Dans  la  journée  de  Quiers  il  battit 
avec  huit  raille  hommes  vingt-mille 
Espagnols.  Léganès  ,  général  dos 
ennemis ,  enluidemandaut  l'éc  îinnge 
de  quelques  prisonniers  ,  lui  lit  dire 
que  ,  «  s'il  étoit  roi  de  France,  il  lui 
feroit  couper  la  tète  ,  pour  avoir  ha- 
sardé une  bataille  contre  une  armée 
beaucoup  plus  forte  <|ue  la  sienne.  — 
et  moi,  répondit  Harcourt  ,  si  j'é- 
tois  roi  d'Espagne,  le  marquis  de 


lîARG 


287 


Léganès  perdroit  la  tète,  pour  avoir 
cédé  la  victoire  à  une  armée  beau- 
coup plus  foil;le  que  la  sieijne.  » 
Les  particularités  du  siège  de  Turin 
ont  été  décrites  avec  complaisance 
par  divers  auteurs.  Les  assiégeans  , 
a^aut  affamé  les  assiégés  ,  furent 
eux-mêmes  aflamés  dans  leurs  re- 
tranchemens.  IMais,  quelque  grande 
que  lût  la  disette  ,  le  comte  (l'Har- 
courluese  rebuta  jamais.  11  répondit 
à  ceux  qui  lui  parloient  de  quelque 
trêve  <c  que  quand  ses  chevaux 
auroieut  mangé  toute  l'herbe  qui 
étoit  autour  de  Turin,  et  ses  sol- 
dats tous  les  chevaux  de  l'armée , 
illèveroil  lesiégs».  Ses  domestiques 
lui  ayant  procuré  quelques  barils  de 
vin  pour  sa  table  ,  il  n'en  voulut 
point  faire  usage ,  et  les  envoya 
aux  malades  et  aux  blessés.  Enfin 
la  ville  fut  contrainte  de  capituler 
le  17  septembre.  Le  roi,  vor.lant  ré- 
compenser les  services  du  comte 
d'Harcourt  ,lui  donna  le  gouverne- 
ment de  Guienne  en  1642,  et  la 
charge  de  grand-écu}er  de  France 
en  iG/jo.  Il  alla  la  même  ainiée  en 
qualité  d'ambassadeur  en  Angleterre, 
pour  eu  pacifier  les  trouble?.  En 
1645  il  fut  fait  vice -roi  de  Cata- 
logne ,  et  délit  les  Espagnols  à  la 
bataille  de  Liorens.  Peu  de  temps 
après  il  prit  Balaguer,  et  remporta 
d'autres  avantages.  Mais  le  siège 
de  Lérida,  en  164G  ,  fut  raouis 
heureux  pour  lui;  il  y  perdit  soîi 
canon  et  son  bagage.  Eu  1649  il 
fut  envoyé  dans  les  Pays-Bas,  où 
il  prit  Coudé,  iMaubenge,  le  châ- 
teau de  TEcluso,  etc.  Il  servit  en- 
suite avec  beaucoup  de  fidélité  en 
Guienne,  pendant  la  guerre  civile 
qui  désola  celte  province  en  j  65  i  et 
et  itîôa.  Sur  la  fin  de  ses  jours  il 
obtint  le  gouvernement  de  l'An- 
lou.  Il  mourut  subitement  dans  l'ab-» 
baye  de  Royanraont ,  le  af)  juillet 
ibGG,  à  66  ans,  avec  la  répuia- 
tion  d'un  général  l)rave  ,  généreux  , 
intrépide  et  toujours  viclorie-js^  ex- 


•23H 


liAllC 


cepté devant  l,é;  ida  ,  doul  il  fui  obli- 
gé de  lever  le  siège,  llarcourlassuroii 
que  ,'S'ii  f  a  îles  malheurs  Im- 
ivévus  à  la  guerre ,  il  f  a  aussi 
des  succès  i/tattendi/s.  Il  éloit  le 
père  des  soldats.  Jean  de  Werl  di- 
soit  ,  après  la  prise  de  Turin,  qn'/V 
aimeroil  mieux  être  le  !;énéral 
Harcourt  qu'empereur.  Ce  général 
e.it  quelquefois  le  malheur  d'être 
trop  courtisan.  Lorsque  le  prince 
de  Coudé  fui  transféré  au  Havre,  le 
comte  d  Harcourt  se  chaigea  de  le 
conduire.  Tous  les  lionnëtes  p,ens 
trouvèrent  celle  action  indigue  d'un 
héros;,  et  Condé  lit  cette  chanson 
j)endanl  qu'on  le  trausféroit  : 

Cel  ho;iime  gros  el  court", 
Si  coiii'u  dans  l'histoire; 
Ce  grand  cnmic  (l'HarioarV , 
Tout  coiircrné  ilc  gloire, 
Qui  secournl  C.isal ,    et  qui  reprit  Turin, 

Ksi  maiiilenant  , 

Ksi  mainlpiianr, 
Eerors  do  Jules  ^Vlazarin. 

Le  comte  d'Harconrl  avoit  d'autant 
.  plus  de  tort ,  que,  dans  le  temps  de 
sa  défaite  devant  Léiida,  le  prince 
de  Condé  avoit  répété  plusieurs  les 
en  plein  conseil,  que  «  quelque  ha- 
bile el  quelque  heureux  que  soit  un 
général,  on  ne  doit  pas  s'attendre  à 
le  A'oir  in^  incible.  »  Sa  posiérilé 
s'est  continuée  dans  le  prince  de' 
Lamhesc,  duc  d'Elbœuf. 

m.  HARCOURT  (Henri,  duc  d'), 
ne  en  i  654  >  d'iitie  ancieime  maison 
de  Normandie,  féconde  en  person- 
nages iskislres,  porta  les  armes  dès 
l'âge  de  dix-huit  ans.  Après  s'être 
distingué  dans  plnsiems  sièges  et 
combats,  il  fut  envoyé  ,  en  1697  , 
comme  ambassadeur  en  Espagne,  el 
s'y  conduisit  a.vec  tant  d'esprit  el 
ds  sagesse,  qu'à  son  retour  le  roi 
érigea  son  marquisat  de  Thury  en 
duché  ,  sous  le  litre  d'Harcourt ,  en 
novembre  1700  ,  puis  en  pairie  l'an 
1709.  Harcourt  mériloil celle  récom- 
pense. U  fut  le  premier  qui,  par  sa 
luagnilicence ,  par  sa  dexléntc'  et 


HARC 

parle  grand  art  de  plaire,  fil  changer 
eu  bienvedlauci-  cette  antipathie  que 
la  nation  espagnole  noiirrissoil  con- 
tre les  Français  depuis  Ferdinand-le-  _ 
Catliolique.  Si  ])riideMci'  prépara  les  '  ■ 
temps  oii  la  France  el  l'Espagne  ont  w 
renoué  les  anciens  nœuds  qui  les 
avoienl  mues  avant  ce  Ferdinand, 
de  couronne  à  couronne  ,  de  peuple 
à  peuple,  el  d'homme  à  homme.  U 
accoutuma  la  cour  d'Espagne  à  aimer 
la  maison  de  France  ,  ses  itiinislrcs  à 
ne  pins  s'effrayer  des  renonciations 
de  Marie-Thérèse  el  d'Aune  d'Autri- 
che, et  Charles  11  lui-mêmeà  balancer 
entre  sa  |)ropre  maison  et  celle 
de  Hourbon.  11  mourut  le  19  octo- 
bre 1718  ,  après  avoir  reçu  le  bàion 
de  maréchal  de  France  en  i7o3, 
et  le  collier  des  ordres  dn  roi  eu 
l'^o.'i.  L'abbé  de  Saint-Pierre  dit  qu'il 
éloit  excelleni  oiricier,  bon  négocia- 
teur, peu  courtisan  el  bon  citoyen. 
1!  eut  eiilre  autres  eni'ans  ,  de  Marie- 
Anne-CiacdedeBrulard,  sou  épouse, 
1°  François,  duc  d'HARCouur,  pair 
el  maréchcd  de  France,  capitaine  des 
gardes  du  corps,  mort  en  1750  ,  à 
61  ans  ;  2°  lyOuis-Abraham  ,  doyen 
honoraire  de  l'église  de  Paris  ,  et 
abbé  de  Signy  et  de  Preuilly,  tuort 
eu  1760  ,  à  5G  an.s  ;  5°  Ilenri- 
Claud»^ ,  lieutenant-général  des  ar- 
mées du  roi ,  mort  en  1 769,  à  6:2ans, 
et  à  qui  sa  veuve  a  fait  élever  ,  eu 
1776,  un  magnilique  tombeau  dans 
l'église  de  Nolie-Dame  à  Paris;  4°  et 
Anne  -  Pierre  ,  fait  maréchal  de 
France  en  1775,  el  mort,  en  i'7  84, 
gouv(  rneiir  de  la  province  de  Nor- 
mandie. 

*  IV.  HARCOURT  (  Henriette- 
Eiisebia  ) ,  célèbre  dame  anglaise  , 
tille  d'un  gentilhomme  puissam- 
ment riche  au  comté  d'Yorck ,  où 
elle  est  née  en  170^.  Son  père 
lui  donna  une  brillante  éducation, 
et  l'emmena  avec  lui  dans  un  vovage 
qu'il  lit  autour  de  l'Europe  ;  à  sa 
mort  elle  hérita  de  sa  fortune,   et 


Hard 

«n  I  73â  ,  de  Co.istantinople  ,  où  elle 
avoil  perrlii  son  père,  elle  reviiil 
en  Angleterre.  Ayant  amené  avec 
elle  plusieurs  demoiselles  des  pays 
ëtranf,ors  ,  elle  forma  dans  une  de 
&es  Urres  ,  an  comté  d'Yorck  ,  et 
dans  une  antre  tn  Ecosse  ,  deux 
espèces  de  monastères  sans  vœnx  et 
sans  austérité.  Ces  insliuuions  ex- 
traordinaires n'ont  pas  été  soulennes 
après  sa  mort. 

*  I.  HARDER  (  Jean-Jacques  ) , 
né  à  Baie  le  17  sepiemlne  iG.tG, 
sticcessi veinent  professeur  de  phy- 
sique ,  d'analomie,  de  botanique  , 
et  de  théorie ,  dans  les  écoles  de  sa 
ville  natale,  mourut  eu  1711, 
selon  dautres  en  J7J8.  L'empereur 
l,éoj',old  le  créa  comte,  el  il  obtint 
de  plusieurs  antres  princes  des  dis- 
tinctions non  moins  honorables.  Oa 
a  de  lui  plusieurs  ouvrages ,  parmi 
lesquels  on  distingue  ,  1.  EpiAei- 
resis  physioln^'ica  in  aiiinuB  hu~ 
manœ  ,  seu  inteilectivœ ,  naturam 
iitquirens ,  BasileiE,  it>7i,  in-4°. 
II.  Epislulœ  aliquut  de  parliùus 
^eiiitaliùits  cochleanim  ,  genera- 
tione  item  irisectorur/i  ,  Auguslae 
Vindelicorum  ,  1684,  in-12  ,  avec 
ime  lettre  d'Antoine  Félix  qui  traite 
de  oi'is  iiisecloritm.  111.  JJe  prœci- 
puoi'um  viscenim  structura  ,  Basi- 
jeœ,  i685,  in-4°. 

*  11.  HARDER  (Jérôme),  frère 
du  précédent  ,  théologien  distin- 
gué ,  nornmé  professeur  de  langues 
orientales  à  Leyde  ,  voulut ,  a\aul 
d'entrer  en  exercice,  faire  un  voyage 
dans  les  contrées  orientales  ,  et  mou- 
rut à  Constanlinople. 

*  HARDING  (Thomas),  théolo- 
gien célèbre  par  ses  disputes  de  con- 
troverse avec  l'évêque  Jewel,  naqmt 
eu  \ï^\•2  dans  le  comté  de  Devon. 
Henri  VUl  le  nomma  prof  ssenr  en 
langue  hébraïque  dans  l'université 
d'Oxford  :  et  comme  apparemment 
sa  conscience  lui  prescrivoil  de  vivre 
«n  paix  avec  les  rois,  il  avoit,  à 


HARD 


239 


la  mort  de  ce  prince  ,  déjà  em- 
brassé la  réibrme  en  partie.  Edouard 
ne  fut  pas  plutôt  sur  le  trône  , 
qu  Hardmg  se  .trouva  tout  à  coup 
])rotestant.  Il  devint  chai)elain  du 
duc  de  SufFolck  ,  père  de  Jeanne 
Grey  ,  et  eut  l'honneur  d'instruire 
cette  jeune  personne  dans  la  religion 
alors  estimée  vraie;  mais  bientôt,  à 
l avènement  de  Marie  au  trône, 
Hardiug  reconnut  son  erreur  el  re-- 
devint  catholique  romain.  Fox  a 
conservé  une  Ictlre  prétendue  écrite 
par  Jeanne  Gray  ,  dans  laquelle 
elle  ré^^roche  à  son  instituteur  son 
apostasie  ;  le  ton  de  véhémence  et 
d'aigreur,  ainsi  que  les  expressions 
grossières  dont  elle  est  remplie  ,  ne 
permettent  pas  de  croire  qu  elle  ait 
été  l'ouvrage  d'une  jeune  dame  pleine 
d'ingéuniîé  et  de  douceur  ,  et  âgée 
de  17  ans.  Harding  perdit  ses  reve- 
nus et  renonça  à  l'Angleterre  au 
coromencemenl  du  règne  de  la  reine 
Elizabeth  ,  el  vint  se  i'ixer  à  Lou- 
vain.  On  ne  peut  lui  refuser  det 
talens  et  beaucoup  d'érudition. 

*  HARDI  NGE  (Nicolas),  né 
à  Cainbury  ,  près  de  Kingston , 
boursier  au  collège  du  roi  à  Cam- 
bridge ,  membre  du  parlement, 
député  d'Eye  dans  le  comté  de  Suf- 
l'olck,fut  cliargé  en  1752  de  donner 
des  leçons  de  droit  au  duc  de  Cuir.- 
berland ,  et  s'acqui t  la  honorablement 
des  emplois  qui  lui  furent  confiés. 
On  le  comp'.e  p  irini  les  bous  litté- 
rateurs de  son  temps;  il  éioit  très- 
versé  dans  la  connoissance  de  l'his- 
toire ,  du  droit  et  de  la  constitution 
d'Angleterre.  Hardinge  a  laissé  des 
poésies  anglaises  (\\\\  ont  été  impri- 
mées dans  différens  recueils,  et  des 
poésies  latines  dont  quelques-unes 
ont  été  insérées  dans  la  coUecliou 
imprimée  sous  le  nom  de  Muscf 
anglicanœ.  Il  mourut  en   175S. 

i-  HARDION  (  Jacques  )  ,  né  à 
Tours  en  i6«L-  ,  venu  à  Paris  eu 
1704,  se  dévoila  à  l'étude  des  belles- 


24o  ÏIARD 

ïellres,  et  fît  un    cours   de  langue 
grecque  sons    Boiviu    et   Massieu  , 
professeurs  au  coUt^ge  royal.  Admis, 
eu  1711,  à  l'académie  des  iii'crij)- 
tions  eu  qualité  d  élevé  ,  il  fut  associé 
eu  171  ô  ,  et  pensiouuaire  eu  1728.1! 
donna  plusieurs  Dissertalloiis  inté- 
ressantes,   qui  ont  été  recueiilns  , 
et  qu'on  peut  consulter  dans  les  Mé- 
moires de  celte  compagnie.  En.siiiie 
il  fut  noitiiné  gardedes  livres  et  anti- 
ques du  cabinet  du  roi.  En  1780  il 
fut  élu  de  l'académie   française,  et 
l'année  suivante  il  commença  VH/'s- 
ioire  de  l'origine  et  des  progrès  de 
la  rhétorique    dans    la   Grèce.    11 
avoit  publié,    sur   celle    matière, 
douze  dissertations,  lorsque  le  roi , 
en   1748,  le  chargea  d'enseigner  à 
madame  Victoire  la  fable  ,  l'instoire 
et   la    géographie.    Il    montra    les 
mêmes  sciences  à  mesdames  Hen- 
riette, Adélaïde,  Sophie  et  Louise. 
Ce  fut  pour  l'usage  de  ces  illustres 
élèves   qu'il  composa   sa   nouvelle 
Histoire  poétique ,  avec  deux  Trai- 
tés., l'un  de  la  Poésie  française,  et 
l'autre    de   la  Rhétorique  ,  Paris , 
i7.'îi  ,  5  vol.  in-12  ;  son  Histoire 
universelle ,Ao\\\  il  a  donné  18  vol. 
in-i  2  ,  auxquels  Linguel  en  a  ajouté 
deux  autres.  Ces  ouvrages  sont  re- 
commandables  par  un  style  élégant 
et  sûr  ,  par  des  recherches  exactes, 
et  par  une  littérature  saine  et  pui- 
sée clans  les  meilleures  sources.  Cet 
académicien    mourut    à    Paris     au 
mois  de  septembre  17()6. 

t  HARDOIN  DE  La.  Reynerik 
(Louis-Eugene  } ,  célèbre  avocat  au 
parlement  de  Paris ,  né  à  Joiguy  le 
20  décembre  1748,  eut  au  biirreau 
d'éclatans  succès.  Le  roi  de  Suède , 
après  l'avoir  eiilendu  ,  lui  donna 
une  médaille  dor.  Hardoin  est  mort 
à  la  Heur  de  l'âge ,  le  27  février  1 789. 
Parmi  v^n  grand  noinbi'e  de  mé- 
pioires  qu'il  a  publiés  ,  on  dislingue 
sa  Consultation  Your  la  compagnie 
des  Indes,  dans  laquelle  il  combat- 


HAIID     • 

toit  des  écrivains  en  réputation  et 
des  opinions  en  crédit. 

i  HARDOUIN  (Jean),    né 
à  Oiiimptr  ,  d'un  libraire  de  cette 
ville  ,    entra    fort   jeune    chez    les 
jésuites,  et   s'y  distingua  beaucoup 
par  une  péuéiration  prompte,  une 
mémoire  heureuse  ,  mais  encore  plus 
par   le  goût  des  paradoxes.    Selon 
hii  ,   tons  les  écrits  anciens  étoient 
supposés  ,  à  l'erKCeptiou  des  ouvra- 
ges de  Cicéron  ,  de    l'Histoire  ua- 
Li'ielle  de  Pline,  des  Satires  et  des 
Ej)itres  ci'llorace,  et  des  Géorgiqnes 
de  Virgile.  So.i  Enéide  a  été  visi- 
blement composée  par  un  béuédic- 
lin  du  i3'^  siècle,  qui  a  voulu  dé- 
crire allégoriquement  le  voyage  de 
saint  Pierre  à  Rome  ,  lequel  cepen- 
dant,  suivant  Kardouin,n"y  a  ja- 
mais été.  Il  n'est  pas  moins   clair 
que  les  Odes  d'Horace  sont  sorties 
de  la  même  fabi^ique,  et  quelaLa- 
lage  de  ce  poète  n'est  autre  choso 
que  la  religion  chrétienne.  «  Je  ne 
sais   ce  qui  en  est  de  ce  système  , 
disoit    Boileau  ;    mais   quoique    ;e 
n'anne  pas  les  moines  ,  je  naurois. 
pas   été  fâché  de  vivre  avec   frère 
Horace  et  dom  Virgile.  »   Selon  le 
père    Hardouin  ,   aucune    médaille 
ancienne  n'est  authentique,   ou  du 
moins  il  y  en  a  très -peu.  Cette  bi- 
::arre  façon  d'interpréter  lui  attira 
une  plaisanterie  singulière.  Un  an- 
tiquaire ,  outré  de  tant  d'extrava- 
gances, voulut  les  pousser  encore 
plus  loin.  ((  Non  ,  mon  père ,  lui  dil- 
il  un  jour  ,  il  n'y  a  pas  une  seule 
seule  médaille  ancienne  qui  n'ai l  élé 
frappée    par  les   bénédictins.  Je  le 
prouve  :  ces  lettres  CON.  OB. ,  qui 
se  trouvent  sur  plusieurs  médailles, 
et  que  les  antiquaires  ont  la   bèlise 
d'expliquer    jiar     Cunstantinopoli 
Obsignalum  ,    signifient     évidem- 
ment.,   (^i/si  Omnes  Nurnmi  0//i~ 
cina  Bencdictina.  »  Cette  inleriné- 
lation  ironique  ëb-anla  le  père  Har- 
douin ,  mais  elle  ne  le  changea  pas. 


HARD 

L'Enéide,  selon,  lui ,  étoit  une  fable 
iuveutée  d'après  les  evëiieiiieus  qui 
avoieiit  coiisoiuniô  le  triomphe  de  la 
religion  clirélieune  sur  la  synagogue, 
ïi^oie  en  cendres  étoit  Tincendie  de 
Jérusidem  ;  Enée  portant  ses  dieux 
en  Italie  représenloit  l'Evangile 
aunoticé  aux  Romains,  etc.  Ainsi, 
la  bataille  de  Bovines,  où  l'empe- 
reur qui  a  l'aigle  dans  ses  drapeaux 
cornbatl-l  le  roi  Philippe-Auguste, 
surnommé  Dieu- Donné  ,  repré- 
sentoit  les  trqis  traducteurs  de  la 
Bible,  Aquila,  Symmaque,  Théo- 
dosien.  Il  croyoit  aussi  que  ks  di- 
vers officiers  de  la  cour  de  Philippe- 
Auguste  ,  ou  de  tout  autre  prince 
qui  réguoit  du  temps  des  faussaires  , 
donnoient  la  clef  des  noms  des  évè- 
ques  ,  des  papes,  des  saints  dont  il 
est  parlé  dans  l'histoire,  Ainsi ,  Ja- 
iiuarius  éloil  le  capitaine  des  gardes 
de  la  porte  du  roi  ;  Cœcilianus  son 
organiste, Troi)hinus  sa  nourrice, etc. 
Un  jésuite,  son  ami,  lui  représentant 
un  jour  que  le  public  étoit  fort  choqué 
de  ses  pararloxes  et  de  ses  absurdités, 
le  père  UardryViin  lui  répondit  bru- 
quement  :  «  lié  !  croyez-vous  donc 
que  je  me  serai  levé  toute  ma  vie 
à  quatre  heures  du  matin  pour  ue 
dire  que  ce  que" d'autres  avoieut  di'jà 
dit  avant  moi?  »  Son  ami  lui  répli- 
qua :  «  Mais  il  arrive  quelquefois 
qu'en  se  levant  si  matin  ou  com- 
pose sans  être  bien  éveillé,  et  qu'on 
débite  les  rêveries  d'une  mauvaise 
nuit  pour  des  vérités  démontrées.  » 
Le  savant  lluel  disoit  :  «  Le  père 
Hardouin  a  travaillé  pendant  qua- 
rante ans  à  ruiuer  sa  réputation  , 
sans  en  pouvoir  venir  à  bout,  m 
Ses  supérieurs  l'obligèrent  de  don- 
uer  une  rétractation  de  ses  folies  ; 
il  la  donna  et  n'y  fut  pas  moins  at- 
taché. 11  mourut  à  Pans  le  3  sep- 
tembre 1729,  à  8,5  ans.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont ,  I.  Une  édi- 
tion de  Pline ,  le  naturaliste ,  à 
l'usage  du  cbuphiu,  en  i685  ,  en  5 
vol.  m -4°,  réimprimée  eu  1725, 

T.  VIII. 


lîARD 


241 


en  3  vol.  in-i'ol.  Les  notes  sont  aug- 
mentées dans  cette  dernière  édition, 
et  les  paradoxes  y  sont  un  peu 
moins  multipliés.  L'ouvrage  est  exé- 
cuté d'ailleurs  avec  beaucoupd'exac- 
tiluue  et  de  sagacité.  Huel  disoit  à 
4|||  sujet  «  que  le  père  Hardonm 
a  voit  fait  dans  cinq  ans  ce  que 
cinqsavans  du  premier  ordre  n'au- 
roieiit  pas  l'ait  dans  cinquante,  m  H. 
La  Chfonologie  rétablie  par  les 
médailles  ,  en  2  vol.  in-Zj",  Paris  , 
1697  ,  en  latin.  C'est  dans  ce  livre, 
supprimé  dès  qu'il  parut,  que  l'au- 
teur débite  son  .système  insensé  sur 
la  supposition  des  écrits  de  l'auli- 
quilé.  111.  Une  édition  des  Conci- 
le ;  tiavai!  auquel  le  clergé  de 
France  favoit  engagé,  et  pour  le- 
quel il  lui  faisoil  mie  pension.  11 
est  d'autant  plus  singulier  que  fau- 
teur se  Éiiit  chargé  de  cette  entre- 
prise ,  qu'il  peusoil  que  tous  les 
conciles  tenus  avant  celui  de  Trente 
éloient  tout  autant  de  chimères, 
«  Si  cela  est,  mon  père,  dit  un 
jour  le  père  Le  Brun  de  1  Oratoire  ait 
jésuite,  d'où  vient  avez-vous  donné 
une  édition  des  conciles.»  —  «Il  n'y 
a  que  Dieu  et  moi  qui  le  sachions  , 
répondit  Hardouin.  »  Cette  édition, 
imprimée  au  Louvre  à  grands  frais, 
en  12  vol.  in-fol.,  1715  ,  et  dont 
on  estime  la  table  ,  est  une  réim- 
pression augmentée  de  l'édition  pré- 
cédente du  Louvre,  i644-  Le  débit 
en  fut  arrêté  par  le  parlement, 
sur  le  rapport  de  six  docteurs  nom- 
més pour  l'examiner.  Le  résultat  de 
cet  examen  fut  que  cette  compi- 
lation renfermoit  plusieurs  maxi- 
mes contraires  à  celles  de  l'Eglise 
gallicane  ,  et  que  le  compilateur 
avoit  écarté  plusieurs  pièces  essen- 
tielles et  authentiques  ,  pour  mettre 
à  leur  place  des  pièces  futiles  et 
fausses.  L'auteur  fut  obligé  de  fîiire 
beaucoup  de  changemens  ,  qui  pro- 
duisirent plusieurs  carions  qu'on  ne 
trouve  pas  facilement.  Cette  collec- 
tion est  moins  estimée  que  celle  du 
16 


242  HARD 

père  Labbe,  quoiqu'elle  renferme  pins 
de  vingl-lrois  conciles  qui  n'avoient 
pas  encore  ëlé  imprimes,  paT.e  que  le 
pèra  Hardouin  eu  a  écarté  l)eaucoup 
de  pièces  qui  se  trouvent  dans  celle 
du  père  Labbe.  IV^.  Un  Co?nnientaire^ 
sur  le  nuitveau  Testament ^  in-f'ol|P 
publié  à  Amsterdam  et  à  La  Haye 
eu  ly/)»  :  ouvrage  rempli  de  visions 
et  d  érudition  ,  comme  tous  ceux  de 
l'auleur.  Il  y  prétend  que  J.  C.  et  les 
apôtres  prèchoienl  en  latin.  V.  Une 
savante  édition  des  Harangues  de 
Themistius.  VI.  Opuscula  seleita , 
imprimés  en  Hollande  en  1709  , 
in-fol.,  VIL  Opuscula  varia,  plus 
recherchés  que  les  précédens  ,  et  pi^- 
bliés  après  sa  mort  en  i755,in-i'ol., 
Amsterdam.  Le  traité  le  plus  consi- 
dérable de  ce  recueil,  tant  par  sasin- 
•.^ularitéque  par  sa  longueur  ,  a  pour 
litre  :  Atkei  detecti  ;  Les  athées 
découverts.  Ces  athées  sont  jansé- 
iiius  ,  'i'homassin  ,  Malebrauche  , 
Qiiesnel ,  Arnauld  ,  Nicole  ,  Pascal , 
'Descartes ,  Le  Grand ,  Régis.  Ses 
preuves  sont  sans  réplique  ;  tous 
ces  gens-là  éloienl  cartésiens  :^or  , 
l'athéisme  et  le  cartésianisme  sont 
deuxchosesparfailement  les  mômes, 
«H  qui  ne  différent  que  par  le  nom. 
VIII.  Quelques  autres  ouvrages  im- 
primés ,  sur  la  dernière  pnque  de 
J.  C.  ,  1690  ,  m-4"  ;  contre  la  va- 
lidité des  ordinations  anglicanes , 
})ar  Le  Courayer  ,  2  vol.  in-12  ,  et 
plusieurs  Manuscrits  déposés  à  la 
bibliothèque  du  roi  par  l'abbé  d'O- 
livel,  à  qui  Tauteur  les  avoit  con- 
fiés. On  y  trouve  des  choses  aussi 
extraordinaires  que  dans  ses  autres 
productions.  En  1766  il  a  paru  à 
Londres  un  vol.  in-8°  ,  intitulé  J. 
Hardiiini  ,  ad  censnram  peterum 
scripfori/m  ,  prolegomena.  Il  for- 
tifie dans  cet  ouvrage  son  système 
sur  les  aiiciras  ,  malgré  la  rétracta- 
tion qu'il  avoit  été  contraint  d'en 
faire  en  1707.  Le  débit  de  ces  pro- 
légomènes fut  arrêté  à  Paris  par  des 
ordres  bispérieurs.  Ou  ne  sauroils'é- 


HARD' 

garer  phis  liii^énieusement  ni  plus 
savamment.  Ton tescesétranges idées 
lui  ont  mérité  de  Vernet  ,  pro- 
fesseur de  théologie  à  Gi;nève ,  Véiii- 
lapbe  suivante  qui  peint  assez  bien 
cet  homme  à  la  Ibis  dévot  et  pyrrbo- 
nien,  adorateur  et  destructeur  de 
l'anliquilé,  prodige  d'érudition,  en 
anéantissant  tous  les  monumens  des 
counoissances  humaines: 

In  expecîatiune  judicii  , 

Ilîc.  jacet 

Motninum  pctt'udo^atato.f  , 

Nations    Gallw  ,  ReViglone  Romanus  , 

i  'rh:s  titterati  jiortenium  .• 

VeneratidcjeunliquUcitis  cuftor  et  deprœdatur } 

Docte  fi-hricitans  , 

Somnla  et  inaitdtta  cojnmenta  vigilans  edïdit^ 

Sccpticum  piè  egit , 

Crcdu-Jitute  f,ncr  ^  audac'iâ  juvenis  , 

Drlirits  scnex. 

Uno  perho  dïcam  : 

Hic  jacet  Harwinus.. 

L  HARDUIN  (  Alexandre-Xa- 
vier), avocat,  né  à  Arras  en  1718, 
secrétaire  perpétuel  de  l'académie 
de  cette  ville  ,  annonça  d'abord  des 
talens  ])our  la  poésie  qui  le  firent 
connoitre  ;  mais  c'est  sur-tout  comme 
grammairien  qu'il  acquit  plus  de 
réputation  ;  il  est  mort  en  1788.  S-» 
ouvrages  sont,  ï.  Mémoires  pour 
sert'ir  à  U histoire  de  la  province 
d'Artois ,  1763  ,  in-12.  II.  Remar- 
ques diverses  sur  la  prononciation 
et  Corthographe,  1 7Ô7,in-i  2  ;  on  ne 
peut  mettre  plus  de  précision  e\^  le 
linesse  dans  uwe  discussion  dont  le 
sn]et  est  aussi  aride'.  L'auteur  l'a 
traité  avec  la  supériorité  d'un  écri- 
vain qui  a  passé  de  longues  années  à 
l'approfondir.  III.  Dissertation  sur 
les  voyelles  et  les  consonnes  ,  1 760 , 
in-12.  IV.  Lettres  à  l'auteur  du 
Traité  des  sous  de  la  langue  fran- 
çaise ,  1762  ,  tu-i  2. 

*  II.  HARUUIN  (Deuys),  de 
Gand  , versé  dans  le  droit,  l'histoire 
et  les  belles-lettres  ,  a  travaillé  au 
Recueil  des  écrivains  de  Flandre, 
publié  par  Sauderus.  Il  mourut  eu 


HARD 

;  (ioG .  On  a  de  lui ,  De  magistraltbi/s 
j  laiidiiœ  nie  cancellai  ils  Jiurguii- 
diœ  i  de  /wbililale  lîurgundicd  ,  el 
quelques  autres  ouvragts  relalils  à 
ces  jaoviaces. 

*  I.  HARDWICKE  (Philippe 
YouKE,  coinle  tle  ) ,  né  à  Douvres 
dans  le  coinlé  de  Kent  en  logo  ,  se 
voua  a  rélude  des  lois  ;  ineinuie  du 
pailenieut ,  député  de  Lewes  dans  le 
coinlé  de  Sussex  tu  1718,  el  de 
fS.-at'ord  dans  les  deux  parlenieus 
fiui  suivirent,  il  3'  acquit  une  grande 
î  éiiuialion  ;  il  fut  noujuié  procureur- 
£énéral ,  et  successn  ement  lord  chef 
de  justice  du  banc  du  roi ,  créé  baron 
tt  lord  grand-chancelier  à  la  aîorl 
de  lordTalbolea  1756.  Il  eu  xeni- 
plit  les  {onctions  avec  éclat  pendant 
inie  vingtaine  d'années  ,  et  lut  en 
1754  créé  conUe  de  la  Grande-Bre- 
tagne avec  le  litre  de  vicomte  de 
ï'ioyslou ,  coniledeHardwicke.  Cette 
faveur  qu'il  n'avoit  point  sollicitée 
])roine  également  lélendue  de  la 
conliance  de  son  sou \  train  et  l'es- 
time qu'il  avoit  accordée  autant  à 
l'homme  qu'au  niinislre.  La  nation 
Je  vit  avec  peine  résigner  le  grand 
sceau  erf  ^766.  Mais  il  n'en  fut  pas 
inoins  empressé  à  la  servir  dans  des 
posles  moins  éininens.  On  admira 
dans  lui  la  fermelé  et  la  dignité  que 
lui  donnèrent  ses  talens  et  lélendue 
de  ses  connoissances;  l'expédition  des 
affaires  de  la  chancellerie  acquit  sous 
lui  une  célérité  qu'elle  n'avoit  point 
auparavant.  Sa  conduite  dans  la 
])résidence  de  la  chambre  des  lords 
ajouta  à  la  dignité  de  cette  assem- 
lilée  ;  ses  laieus  comme  orateur 
iixèreut  dans  tous  les  temps  l'at- 
tention publique  ;  son  élocjuence 
avoil  un  caractère  noble  et  simple  , 
sans  ornemens  étrangers,  sans  exa- 
gération et  sans  invectives.  11  s'ex- 
primoit  avec  grâce,  avec  douceur, 
avec  modestie  el  cependant  avec 
énergie.  Sa  voix  éloit  claire  ,  liar- 
mopiense  ,  el  forte  en  même  temps, 


HARD  9.43 

enfin  l'iutégnté  de  son  «ara^tere 
a;ouioil  à  l'empire  que  hu  liou- 
noit  sou  éloquence.  La  régiilarilé 
de  ses  marurs  avoil  îbrliiié  sa  cons- 
lilulion,  qui  dans  le  prmcipe  ii'an- 
nonçoil  ])as  autant  de  vigueur.  Jus- 
qu'à l'àgo  de  70  ans  il  parut  cou- 
server  toute  la  vivacité  et  presque 
le  maintien  de  sa  jeunesse,  il  mou- 
rut le  ô  mars  1764. 

*  11.  lîARDWICKE  (  Philippe 
YoRKi:,  comte  de  )  ,  genlillionime 
de  la  i'aniilie  du  précédent  ,  né  eu 
1720,  mort  en  1790,  fut  élevé  à 
Hakney  par  Newcome  ,  puis  au  col- 
lège de  Benêt  à  Cambridge.  En  1708 
il  fut  l'un  des  examinaleurs  des 
co^iptes  de  l'écliiquier ,  puis  succes- 
sivement représeataiîl  de  plusieurs 
comlésaupariemenl.  En  i  764  ilsuc- 
c.da  à  son  père,  el  fut  nommé  eu  mê- 
me temps  lord  lieutenant  i\w  comté 
de  Cambridge  ,  et  surintendant  de 
l'universué.  Pendaiil  son  séjour  au 
collège,  aidé  de  quelques-uu!:  de  Ses 
compagnons  d'éludés,  il  entreprit  ? 
les  Lttlres  athéniennes  ,  qui  font 
honneur  au  savoir  et  au  goût  de  lu 
sociéié  à  laquelle  il  ajJparlenoit.  Cet 
ouvrage  ne  fut  d'abord  imprimé  ■ 
qu'en  très-pelit  nombre;  mais  il  a 
élé  réimprimé  el  publié  réceuimeyi. 
Le  comte  de  Hard\vick:e,  et  .son  freie 
Charles  Yorke,  ont  eu  la  principale 
part  à  ce  savant  et  ingénieux  éciil. 
Le  comte  a  publié  encore  la  Corres- 
pondance de  sir  Dud/ey  Carieton, 
ambassadeur  aux  J^lais-Unis,  sou  .■ 
le  règne  de  Jacques  F^  ;  el  deux 
autres  volumes  de  Mémuiies  polL" 
tiques. 

t  L  HARDY  (Alexandre),  Pari- 
sien ,  mort  eu  i65o,  l'auteur  le  plus 
fécond  qui  ait  jamais  travaille  en 
France  pour  le  théâtre.  Nous  disons 
en  Fj  auce ,  car  il  n'a  fait  que  (3oo 
pièces  ,  et  les  Espagnols  le  teirasse- 
roient  parles  2000  de  Lopez  de  Vé- 
ga.  «Des  qu'on  lit  Hardy,  dil  Foute- 


M 


HARD 


îielle  ,  sa  fëcondilé  cesse  d'être  mer- 
veilleuse. Les  vers  ne  lui  oui  pas 
beaucoup  coûté,  ni  la  disposition  de 
ses  pièces  non  plr.s.Tout  sujet  lui  est 
hon.  La  mort  d'Achille,et  celle  d'une 
bourgeoise  que  son  mari  surprend  en 
flagrant  délit ,  tout  cela  est  égale- 
ment tragédie  ciiez  lui.  Nul  scru- 
pule sur  les  mœurs  ,  ni  sur  les  bien- 
séances. Tantôt  on  trouve  une  cour- 
tisane au  lit ,  qui ,  par  ses  discours  , 
soutient  assez  bien  son  caractère. 
Tantôt  riiéroïne  de  la  pièce  est 
violée.  Tantôt  une  femme  mariée 
donne  des  rendez-.vous  à  son  galant  : 
les  premières  caresses  se  font  sur  la 
scène,  et  de  ce  qui  se  passe  entre 
les  deux  amans  ,  on  n'eu  fait  per- 
dre aux  spectateurs  que  le  nieins 
qu'il  se  peut.  »  Hardy  suivoit  une 
troupe  errante  de  comédiens,  qu'il 
i'ournissoil  de  pièces.  Quand  il  leur 
en  falloil  uue  nouvelle,  elle  étoit 
prête  au  bout  de  liuil  jours  ,  et  seul 
il  suffisoit  à  tous  les  besoins  de  ce 
théâtre  ambulant.  Parmi  les  pièces 
de  ce  poète  il  n'en  est  point  qu'on 
puisse  lire  d'im  bout  à  l'autre  sans 
dégoût  ;  mais  ,  dons  presque  toutes, 
on  trouve  des  morceaux  qui  font 
plaisir.  Marianne  est  sans  contredit 
la  meilleure  ;  les  caractères  en  sont 
bien  soutenus  ;  les  situations  sont 
intéressantes  et  naissent  du  sujet. 
Ou  est  étonné  de  trouver  une  pièce 
si  régulière  faite  par  un  auteur  qui 
ne  suit  ordinairement  aucune  règle 
et  qui  choque  toute  vraisemblance. 
Ses  ouvrages  forment  six  gros  vo- 
lumes iu-S"  ,  Paris,  1620-  1628  , 
qui  contienuenl  54  pièces  ,  en  ne 
comptant  que  pour  une  les  yhnoura 
de  Théagène  et  Chariclée,àï\\%ées, 
eu  8  poëmes  dramatiques,  qui  seuls 
forment  le  6^  vol.  On  prétend  qu'il 
fut  en  France  le  premier  auteur 
dramatique  qui  introduisit  l'habi- 
tude de  retirer  des  honoraires  des 
pièces  mises  au  tliéàlre. 

II.   HARDY  (Purrele),  mé- 


HARD 

decin ,  né  à  Dinant ,  fut  nomme- 
député  du  Morbihan  à  la  conven- 
tion nationale.  Ses  principes  y  pa- 
rurent d'autant  plus  modérés  que 
la  tribune  ne  relentissoit  alors  que 
de  motions  effrayantes  et  sangui- 
naires. Dans  le  procès  de  Louis 
XVI ,  il  osa  reprocher  à  ses  col- 
lègues de  vouloir  rester  juges  après 
s'être  déclarés  accusateurs  ;  bientôt 
après  il  s'opposa  à  la  suppression 
de  la  maison  de  Saint-Cyr  ,  et  sa  îj 
plaignit  avec  douleur  qu'où  n'avoit  1 
encore  cherché  qu'à  détruire,  et  ja- 
mais à  réformer  ;  il  réclama  l'arres- 
tation de  Marat  comme  prédicateur 
du  meurtre  et  du  pillage  ,  et  s'écria 
une  fois  que  l'on  avoit  tellement 
proidigué  les  noms  de  royalistes  et 
de  contre -révolutionnaires  ,  qu'ils 
étoieut  devenus  synonymes  de  ceux 
d'amis  de  l'ordre  et  des  lois.  Enve- 
loppé dans  la  proscription  des  Gi- 
rondins ,  il  fut  condamné  à  mort  le 
3o  octobre  1793,  et  la  subit  avec 
courage  ,  àsé  de  55  ans. 

*  m.  HARDY  (  J.  )  général  fran- 
çais ,  né  à  Mouson  eu  Lorraine 
en  J763»  entra  au  service  à  21 
ans  ;  il  fut  nommé  en  1792  chef  du 
7*^  bataillon  de  Paris,  et  en  1794 
général  de  brigade  à  l'armée  des  Ar- 
dennes  ,  après  s'être  distingué  dans 
plusieurs  combats  près  de  Givet  et 
de  Phllippeville.  Il  passa  en  1796  à 
l'armée  de  Sambre-et-Meuse  ,  où  il 
se  signala  de  nouveau  ,  notamment 
à  Nider-Ulm,  Olcer  et  Nider-In- 
gelheim  :  à  la  tête  d'un  corps  assez 
considérable,  il  attaqua  et  prit  Samt- 
Weuder  ,  Kaiser-Lautern  ,  Dingeii , 
et  la  montagne  Saint- Roch.  Le  26 
novembre  il  fut  blessé  à  l'afltiire  du 
Mont-Tonnerre.  Eu  1798  ,  il  prit  le 
commandement  de  l'expédition  d'Ir- 
lande et  fut  fait  prisonnier  sur  le 
vaisseau  le  Hoche  ,  au  combat  du 
Il  octobre.  II  rendit  dans  cette  oc- 
casion la  plus  grande  justice  au  chef 
de  division  Rompart.  Hardy  obtint  eji 


HARE 

1799  le  grade  de  général  de  division  ,  1 
et  eiiiSoû  il  servoil  eu  celle  qualité 
Cl  Tannée  du  Rhiu ,  lorsqu'il  fut  blessé 
à  la  bataille  d'Ampfiesegg.  Peu  de 
temps  après  il  fut  nommé  luspecLeur 
en  chef  aux  revues ,  et  ensuite  en- 
voyé à  Saint-Domingue  ,  où  il  con- 
tribua aux  victoires  du  général  Le 
Clerc.  Ce  fui  lui  qui  s'empara  ,  en 
décembre  i8oi  ,  du  poste  d'Ennery, 
dont  sa  division  chassa  Christophe; 
ruais  il  succomba  peu  après  aux  ma- 
ladies du  pays  ,  et  mourut  le  6  juin 
]  802  à  rage  de  09  ans.  Le  général 
Hardy  instruit  à  fond  de  la  topo- 
graphie a  dressé  et  puhlié  une  J:lx- 
cellente  carte  du  Hi/usd/uÀ. 

'*  IV.  HARDY  (  Charles  ) ,  pelit- 
lils  d'un  chef  d'escadre  sous  le  règne 
de  la  reine  Anne  ,  remplit  avec 
distinction  toutes  les  gradations  suc- 
cessives de  la  carrière  d'un  officier 
de  marine  ,  et  fut  nommé  eu  1779 
commandant  eu  chef  de  la  grande 
escadre  destinée  pour  rOccideiit.  Il 
mourut  la  même  année  à  Spilhead 
d'une  inflammation  deutrailles. 

*  HARE  (docteur  Francis), 
évèque  de  Chichester,  et  avant  sa 
promotion  doyen  de  Saint -Paul, 
publia  sur  la  fin  du  règne  de  la  reine 
Anne  un  pamphlet  intitulé  Difficul- 
tés attachées  à  l'étude  des  saintes 
Ecritures ,  dans  lequel  il  paroil  avoir 
cherché  à  les  éloigner  ou  à  les  affoi- 
btir  ,  mais  bien  loin  d'avoir  atteint 
son  but,  on  crut  voir  qu'il  avoit  au 
contraire  combattu  l'étude  de  l'Ecri- 
ture. Il  fut  soupçonné  de  scepti- 
cisme et  d'être  peu  affermi  dans  les 
principes  du  christianisme.  Il  a  pu- 
blié plusieurs  ouvrages  qui  ont  été 
recueillis  après  sa  mort  en  4  vol. 
in-8°.  On  lui  doit  encore  une  Edi- 
tion de  Térence  avec  des  notes , 
in-4°.  Le  Hure  des  psaumes  en  hé- 
breu dans  leur  mètre  origin.il  que 
l'auteur  prétend  avoir  recouvré  et 
qu'on  croyoit  irrévocablement  per- 
du. Maib  son  assertion  ,  quoique  dé- 


HARI 


245 


fendue  par  quelques  personnes  ,  a 
trouvé  beaucoup  de  contradicteurs, 
et  particulièrement  le  docteur  Lowth 
dans  sou  Traité  De  sacra  Hebrœo- 
rumpoesi.  Hare  mourut  en  1740- 

HARÉE  ou  Veriiaer  (Fran- 
çois Hareus  )  ,  né  à  Utrecht  vers 
i55o  ,   enseigna    la    rhétorique     à 
Douay,  puis  voyagea  en  Allemagne, 
enllalieet  en  Moscovie,  où  il  accom- 
pagna le  P.  Possevin  ,  que  le  pape 
y  envoyoit  en  qualité  de  nonce.   A 
son  retour  il  fut  chanoine  de  Bois- 
le-Duc  ,  puis  de  Namur  et  de  Lou- 
vain ,  où  il  mourut  le   11   janvier 
1602.  Ses  principaux  ouvrages  sont, 
I.  Biblia  sacra  expositionibaspris- 
corum  l'alruin  lilterulibus  et  niys- 
ticis  il/ustrata ,  Anvers,   i65o,   2 
vol.  in-fol.,peu  estimée.  H.  Catena 
aiirea     in    quatuor    Evangclia  , 
i62.T,in-S°.  IlL  Jnnales  ducum 
Brabanliœ^ac  tumultuum  ilelgico- 
iiim  ,  Anvers  ,  1625  ,  2  vol.  iii-fol. 
C'est  la  meilleure  histoire  du  Bra- 
baut.  IV.  Un  Abrégé  des  f'ies  des 
Saints  de  Surius  ,  in -fol.,  160.')  , 
V.    Lhie     Chronologie  ,    Anvers , 
1614  ,  in-fol.,  publiée  sous  le  titre 
de   Concordia    hislorije   sacrœ    et 
profanas,  per  Oli/npiades  et  Fastos, 
depuis  la  fondation  de  Rome  jusqu'à 
la  mort  de  J.  C.    VL  D'aiUres  ou- 
vrages dans  IjMjuels  il  y  a  beaucoup 
d'érudition,  flRiis  peu  d'élégance. 

tHARIOT  ou  Harriot  (Tho- 
mas), mathématicien  anglais,  né  à 
Oxford  en  liioo,  mort  à  Londres 
en  1621  ,  fil  un  voyage  à  la  Virginie 
en  i585.  Outre  la  Jielation  de  ce 
voyage,  traduite  de  l'auglais  eu  latin, 
avec  figures,  Francfort  ,  1090, 
in-folio  ,  on  a  de  lui  la  Pratique 
de  l'art  analytique  ,  pour  réduire 
les  équations  algébriques ,  pul^liée 
en  latin,  Londres,  )65].  Dans  cet 
ouvrage  plein  de  découvertes  int('res- 
santes,  l'auteur  appr.  nd  à  flùgagerles 
termes  algébriques  ;  il  donne  aux 
équaliou*  une  forme  plus  commode 


246  HA  RI     -, 

pour  les  opérations  ;  il  moulre  com- 
bien iiiiB  équaHou  peut  contenir  de 
racines  Causses  el  de  racines  véri- 
tables. C'est  dans  ce  livre  que  les 
Anglais  prétendent  que  Descartes  a 
copié  eu  qa"il  a  écrit  sur  !'algél)re. 
Ils  donnent  l'honneur  de  Tinvention 
à  leur  compatriote  ;  mais  presque 
tous  It-s  étrangers  la  lui  refiisenl. 
Cette  dispute  sur  llariol  et  sur  Ues- 
cartes  ,  an  sujet  de  l'algèbre  ,  est 
assez  semblaljle  à  celle  que  nous 
avons  vue  de  nos  jours,  entre  Leib- 
nitz  et  Newion ,  a\i  sujet  du  calcul 
différentiel  et  intégral.  Un  peut  voir 
sur  ce  difi"érenl  les  ouvrages  de 
Waîlis.  Woo-d  accuse  Hanot  de 
déisiue  et  d'atoir  imbu  de  sa  doc- 
trine sir  Waller  Raleigh  ,  dont  il 
avoit  été  le  précepteur  et  Tarai.  Cette 
inculpation,  dénuée  de  fondement, 
se  trouveroit  en  contradiction  avec 
f'a  conduite  en  Virginie ,  où  ,  lors  de 
l'établissement  de  la  première  co- 
lonie anglaise  ,  Ilariol  expliq\ioit  la 
Bible  aux  liabitansdo  chaque  ville 
où  il  se  trouvoit  ,  et  démentiroit 
singulièrement  l'épitaphe  mise  sur 
son  tombeau  : 

Ç«j  omnes  scientiax  calhiit  et  in  nmnihu'i  exr,-!~ 

luit; 

Malîir^matici!:  ,  phiforopMci': ,  t^ien/ngiria  ; 

ï'entali'!  hiJi<:ntiir  strirHoiissinnis  , 

Dei  tri  uJtiifs  rultnr piissintus. 

*  HARIRI ,  iiomiaPproprement 
j!hou-Mo/ia/nmerl ,  eî'Quccm.  l>cii- 
yj  Ij-hen-Mu/iamnicd-ben-O'feman , 
et  surnommé  el  Hariri,  parce  qu'il 
habitoit  un  petit  bouvg  de  ce  nom  en 
Perse  ,  naquit  à  Bassorat ,  l'an  de  l'hé- 
gire 446  (  io5  1  de  l'ère  vulgaire  ),et 
mourut  en  ;)i  ;>  (i  i  ji),  sous  le  règne 
de  Mostarfhed  ,  vingt  -  neuvième 
calife  Abasside.  Ifanri  est  célèbre 
parmi  les  Arabes  par  des  discours 
.'uadémiques  qui  passent  po\ir  des 
chers-d'œuvre  d'éloquence.  Ces  dis- 
cours, nommés  en  aralje  méqo/nat 
(  mot  qui-correspond  aux  lieux  com- 
muns de  nos  rhéteurs),  sont  d'un 
style  irès-redierchéet  euircmèlés  <ie 


HARL 

vers.  Ils  sont  au  nombre  de  cin- 
quante ,  et  roulent  sur  rtifferen;» 
sujets  de  morale  et  quelquefois  sur 
des  sujets  erotiques  ,  mais  alors  si 
ingénieusement  gazés,  qu'il  faut  ôn« 
profonde  connoissavfce  de  la  laiigue 
arabe  pour  pénétrer  le  vode.  J^e Ha- 
riri composa  ses  quarante  premiers 
d!sco\irs  à  Bassorat.  11  les  porla  avec 
lui  à  Bayhdat  et  les  montra  à  plu- 
sieurs savans  de  cette  ville.  Ceux-ci 
nièrent  qn'il<en  fût  l'auteur.  Le  di- 
van ,  pour  mettre  à  l'épreuve  les 
talens  de  Hariri ,  le  somma  de  com- 
poser à  l'instant  quelque  morceau 
d'imagination.  Il  se  retira  dans  un 
coin  pour  im])roviser;  »nais  le  très- 
haut  ne  lui  ayant  riea  inspiré,  sg. 
déconvenue  lui  valut  un  torrent 
de  mauvaises  plaisanteries  ,  aux- 
quelles il  répondit  en  publiant  des 
méqâmats  plus  éloquens  encore  que 
les  premiers.  Ces  discours  i'expo- 
sèrent  à  d'autres  désagréraens.  Les 
dé\  olsluireprochèrentd'avoir  voulu 
lutter  avec  le  korau.  Il  repousse 
dans  sa  Fréjhce  une  imputalioii 
aussi  dangereuse.  Hariri  étoit  d'une 
petite  taiHeet  contrerait.  Il  répondoit 
aux  sarcasmes  que  l\ii  altiroit  sa 
ligure  désagréable  :  «  L'homme  n'est 
homme  que  par  les  deux  plus  petites 
parties  de  son  individu  ,  sa  langue 
et  son  creur.  »  Albert  Schultens  a 
publié  une  Traduction  latine  de 
Hariri,  à  Fraueker  en  17a 2,  \\w  vol, 
in-4°.  Colins  l'a  publié  en  arabe  et 
en  latin,  à  Leyde ,  ifi.fiB  ;  et  Ciinp- 
pelovsT ,  professeur  d'arabe  à  Cam- 
bridge, en  a  traduit  six  conférences 
en  anglais  ,1767.  " 


HARISCON. 
u°  XI. 


Voyez  Aaf.ov  , 


ï.  HARLAY  (Achille  de),  né  à 
Paris  en  i5.'^i'>  ,  de  Christophe  de 
llarlay  ,  président  à  mortier  ,  fut 
conseiller  au  parlement  à  22  ans  , 
])résident  à  56,  el  premier  prési- 
dent après  la  mort  de  Chrisiop'ie  de 


HA  RI. 

Thon,  son  beau -père.  Il  montra, 
dans  celte  cliarge  ,  rratégrite  et 
la  t'eraielé  des  anciens  magistrats 
romains.  La  ligue  entrainoit  alors 
flans  ses  fureurs  les  grands  'U  l(!s 
petits;  Harlay  fut  inéljranii.hie.  Il 
vitqnela  religionservoilcle  masque, 
<iaus  ces  querelles  tatale_s  ,  à  laml)!- 
tion  et  à  1  emportement.  Il  répondit 
courageusement  au  duc  de  (Juise , 
chef  de  la  révolte  :  «  C'est  une  houle, 
mousieur  ,  que  le  valet  mette  le 
maitre  hors  de  la  maison.  Au  reste, 
mon  ame  e.st  à  Dieu  ,  mon  cfrnir  au 
roi  ;  et  quant  à  mon  corps,  |e  l'aban- 
donne ,  s'il  le  faut ,  aux  méchans 
qui  désolent  ce  royaunif^  «  Bussi-le- 
Clerc,  ce  factieux  insolfut,  le  retiut 
quelque  temps  prisonnier  à  la  Bas- 
tille. (  V.  Bris.son.u"  II).  «  Le  pre- 
mier jour  de  l'an  ifjSg  ,  Guincestre, 
cure  de  Saint- Gervais ,  prêchant 
«Unis  Teglise  de  Saint-Barihélemi  à 
Paris,  exigea  de  tous  les  auditeurs 
le  serment  d'employer  tous  leurs 
biens  et  de  répandre  iusqu'à  la  der- 
nière goutte  tie  leur  ^^ang  pour  ve»- 
ger  la  niorUles deux,  princes  lorrains 
catholiques*  massacres  aux  étals  de 
Blois,  et  leur  dit  de  lever  la  maiu 
comme  un  signe  de  leur  cousenle- 
mcnt;  ce  qu'on  lit.  Le  premier  prési- 
dent, Achiliede  Harlay,  qui  éloilàce 
.sermon  ,  n'ayaiit  pas  levé  la  main, 
le  prédicateur  l'apostropha,  et  lui 
ordonna  d'imiter  4'exeniple  des  an- 
tres. On  dit  que  ce  magistral  le  fit 
aussitôt  ,  pour  ne  pas  s'exposer  à 
l'iusoleuce  d'ime  populace  irritée  , 
qui  le  soupçonnoit  d'avoir  consenti 
à  la  mort  des  deux  Cuise  ,  que  tout 
Paris  regardoil  comme  ses  dieux 
tutélaire.-;...  (  Fabre  ,  Histoire  ecclé- 
siastique. )  »  Heiiri-le-Graud  ayant 
reiiflu  la  paix  à  son  royaume ,  Harlay 
profita  de  ces  heureux  momens  pour 
rétablir  la  justice  et  faire  Heurir  les 
lois.  Il  mourut  le  20  octobre  j6i6. 
On  a  de  ce  courageux  magistrat  la 
Coutume  d'Orléans  ,  imprimée  en 
i585,  in-4°.  Sa  postérité  masculine  | 


MARL  a47 

finit  à  son  fils.  Mais  un  de  ses  oncles 
forma  une  autre  branche  dont  étoit 
l'archevêque  de  Paris  ,  n"  111. 

t   II.   HARLAY  nr.  Sa.vcv 

(Nicolas  de),  né  en  lâ-^^'j,  succes- 
sivement conseiller  an  p^irlemenl  , 
maître  des  requêtes,  ambassadeur 
en  Angleterre  et  en  Allemagne,  co- 
lonel-général des  Ceni-Suisses ,  pre- 
mier maille  d'îiolel  et  surintendant 
des  finances.  N'étant  encore  que 
maître  des  requêtes  ,  il  se  trouva 
dans  le  conseil  de  H^nri  111  lors- 
qu'on délibéroit  sur  les  moyens  de 
soutenir  la  guerre  contre  la  ligue  , 
et  proposa  de  lever  nue  armée  de 
Suisses.  Le  conseil,  qui  savoitquele 
roi  n'avoit  pas  un  sou  ,  se  moqua  de 
lui.  «  iMessieui-s  ,  dit  Sancy  ,  puisque 
de  tous  ceux  qui  out  r;çu  du  roi 
tant  de  bienfaits,  il  ne  s'en  trouve 
pas  uu  qui  veuille  le  secourir,  je 
vous  déclare  que  ce  sera  .moi  qui 
lèverai  celte  armée.))  On  lui  donua 
j^iir-le-champ  la  commission  eti)oiiit 
d'argenl,  et  il  partit  pour  la  Suisse. 
Jamais  négociation  ne  fut  si  singu- 
lière :  d  abord  il  p;rsuadaanx  Ge- 
nevois et  aux  Suisses  de  faire  la 
guerre  au  duc  de  Savoie,  conjointe- 
ment avec  la  FraudI;  il  leur  promit 
d*  la  cavalerie,  qn'i.l  ne  leur  donna 
point.  11  leur  ni  lever  dix  mille 
hommes  d'infanterie,  et  les  engagea, 
de  plus,  à  donner  cent  mille  écus. 
Quand  il  se  vit  à  la  lète  de  cette 
armée  ,  il  prit  quelques  places  au 
duc  de  Savoie  ;  ensuite  il  sut  telle- 
ment gagner  les  Suie,>-es  ,  qu'il  en- 
gagea l'armée  à  marcher  au  secours 
du  roi.  A'iiisi  l'on  vil ,  pour  la  pre- 
mière fois,  les-Suisses  donner  des 
hommes  et  de  l'argent.  Après  l'as- 
sassinat de  Henri  III,  Henri  IV  étant 
reconnu  roi  par  la  plus  grande  partie 
des  seigneurs  de  son  royaume,  man- 
quoil  néanmoins  d'argent.  Ce  fut 
Sancy  qui  engagea  de  nouveau  les 
Suisses  à  rester  au  service  de  ce  mo- 
narque ,  au  moyen  des  sommes  qu'il 


248  HARL 

emprunta  svir  im  irès-beaii  diamant, 
qu'il  alla  mellre  en  gage  chez  les 
juifs  de  Metz.  C'est  ce  n)èine  clianiaul 
qui ,  apresaioir  passé  par  différentes 
raains  ,  fui  eulin  racheté  par  le  duc 
d'Orléans,  régent,  lequel  le  joignit 
aux  bjoux  de  la  couronne,  sous  le 
nom  du  Sancy....  Sancy  se  fil  catho- 
lique quelque  temps  après  Henri  IV, 
di-ani  qu'il  falloit  être  de  la  même 
religion  que  son  prince.  C'est  sur  ce 
changement  que  d'Aubigné  composa 
l'ingénieuse  et  sanglante  satire  Lnti- 
tulÉe  :  La  conlessioii  catliolique  de 
Sancy  ,  qu'on  trouve  dans  le  Journal 
de  Henri  III.  Gabrielled'Estrées,  qui 
ne  l'aimoit  point,  lui  lit  ôler  la  surin- 
tendance des  tiuances,dont  Sully  lut 
revêtu.  Sancy  mourut  le  i5  oclolne 
16^9.  On  a  de  lui  un  Discours  sur 
Foccwence  de  see  affaires  ,  iu-4°. 
On  y  voit  bien  des  particularités 
sur  les  règnes  de  Henri  III  et  Henri 
IV.  Les  Mémoires  de  Villeroi  ren- 
ferment plusieurs  de  ses  Remon- 
trances à  la  reine  Marie  de  Médicis. 

i-m.HARLAY  (François  de), 
archevêque  de  Rouen  ,  puis  de  Pa- 
ris, ué  dans  cette  ville  eu  1625, 
d'Achille  de  Harlay  ,  marquis  de 
Cliampvallon  ,"se  Ht  connoître  par 
ses  taleus  sons  Anne  d'Antricfîe. 
'Vincent  de  Paule,  qui  savoil  que  ses 
moeursnerépondoientpasà  son  état, 
ayant  éîé  consulté  par  la  reine  dans 
le  conseil  de  conscience  ,  l'avoil  for- 
mellement exclus  de  la  coadjulorerie 
de  Rouen.  Péréiixe  prit  le  temps  où 
une  indisposition  éloignoil  du  con  ■ 
seil  ce  saint  lipmine  pour  la  lui  ob- 
tenir. Une  physionomie  heureuse, 
une  politesse  extrême,  le  talent  de 
parler  sur  tout,  el  de  parler  bien  , 
le  goût  des  sciences  et  des  belles- 
lettres,  lui  g;ignoipnl  les  cœnrs  et 
les  esprils.  On  lui  appliqua  ce  vers 
de  Virgile  : 

Fovmosï  pccorl.i  custos  ,  formosior  ipap. 

Son  zèle  pour  la  conversion  des  pro- 


HARL 

teslaus ,  ses  succès ,  ses  sermons ,  la 
prudence  avec  laquelle  il  gouverna 
l'archevêché  de  Rouen  ,  lui  valurent, 
eu  1671  ,  celui  de  Paris,  aprts  la 
mort  de  Pérétixe.  11  n'édifia  pas  sou 
diocèse;  mais  il  l'iustruisit.  Il  linl 
des  conférences  de  morale  ,  convo- 
qua des  synodes  ,  donna  des  règle- 
meus  salutaires ,  publia  des  mande- 
ineus,  et  présida  eu  chef  à  plus  de 
dix  assemblées  du  clergé.  Personne 
ne  parloit  avec  plus  de  grâce ,  et 
n'avoit  plus  de  présence  d'esprit. 
Louis  XIV,  devant  assister  à  la  bé- 
nédiction des  drapeaux  à  Notre- 
Uame ,  lui  avoit  défendu  de  le  ha- 
ranguer. Il  se  contenta  de  lui  dire  à 
la  porte  de  l'église  où  il  le  reçut  : 
(c  Sire  ,  vous  me  fermez  la  l)ouche 
pendant  que  vous  l'ouvrez  à  la  joie 
publique.  »  Ce  prince  lui  prëparoit 
un  chapeau  de  cardinal,  lorsqu'il 
mourut  le  6  août  1696,  à  70  ans. 
A  l'occasion  de  la  faveur  qu'il  alloit 
recevoir  ,  le  P.  de  La  Rue  ,  jésuite  , 
fit  une  devise  qui  avoit  pour  corps 
•n  bouton  de  rose  vert  éclaii-é  par 
un  soleil ,  qui  désignoit  Louis  XIV  , 
et  pour  ame  ces  parcfles  :  Le  so- 
leil le  fera  rougir.  Son  éloge  fut  pro- 
noncé dans  l'assemblée  du  clergé  ; 
mais  son  oraison  funèbre  parut,  à 
bien  des  orateurs ,  un  ouvrage  plus 
embarrassant.  «  Deux  choses  ,  dit 
madame  de  Sévigné  ,  le  rendoient 
difficile  ,  la  vie  et  la  mort.  »  Le  P. 
Gaillard  l'ayant  entrepris  fut  obligé 
de  se  jeter  sur  les  lieux  communs. 
IMascaron  avoit  refusé  de  faire  cette 
oraison  funèbre  ,  sous  prétexte  qu'il 
étoit  incom'modé.  «  Monsieur  ,  lui 
dit  Clermont-Tonnerre  ,  évèque  de 
Noyon ,  vous  ne  dites  pas  tout  ;  c'est 
(pie  la  matière  est  incommode.  » 
L'abbé  Le  Gendre  à  écrit  sa  vie  , 
in-4*' ,  en  latin.  {  J^oyez  l'article  de 
cet  historien.)  11  avoit  succédé,  dans 
le  siège  de  Roneir  ,  à  François  de 
Harlat,  sou  oncle,  qui  mourut  en 
i653  ,  el  de  qui  on  a  des  Observa~ 
lions  sur  l'Epiire  aux  Romains ,  qu'il 


lIAPtL 

fit  imprimer  au  chàleau  de  Caillou , 
en  1641 ,  111-8°. 

t  IV.  HARLAY  (Achille  de), 
fils  d'Achille  de  Harlayll  du  nom, 
procureur- général   au  parlement, 
comme   lui    conseiller     procureiir- 
géaéral  ,   puis     premier    président 
au    parlement    de     Paris  ,    exerça 
ces  charges  avec   applaudissement. 
Il   se    démit    de    la     dernière    en 
1707  ,     et    mourut    le    2S    juillet 
.1712,  à  75  ans.  C*loit  un  magis- 
trat attaché  à  ses  devoirs  ,  mais  trop 
porté   à  la    raillerie    trop    souvent 
cruelle  dans  la  bouche  d'un  homme 
en  place.  Ou  cite  encore  aujourd'hui 
plusieurs   de   ses   bous    mots.   Une 
vieille  marquise  qui  avoit  un  pro- 
cès   important  ,    craignant   que  le 
premier  président  ne  lui  fût  pas  fa- 
vorable, ne  l'appeloit  que  le  Vieux 
Singe.    Cependant   elle   gagna   son 
procès  ,  et   vint  remercier  le  ma- 
gistrat, à  qui  l'on  avoit  répété  sou 
ëpilhete  ofl'ensanle.  Harlay  se  con- 
tenta de  lui  répondre:  «Vous  ne 
ine   devez  point  de  remerciment  ; 
ce  que  j'ai  fait  pour  vous   est  très- 
naturel,  r.es  vieux  singes  aiment  à 
obliger  les  guenons...  «  Un  jour  que 
quelques    conseillers    parloient   un 
peu  trop  haut  à  l'audience,  il  leur 
dit  :  (c  Si  ces  messieurs  qui  causent 
ne  i'aisoient  pas  plus  de  bruit  que 
ces  messieurs  qui  dorment ,  cela  ac- 
commoderoit  fort  les  messieurs  qui 
écoulent  »  Les   comédiens  du   roi , 
étant  venus  lui  demander  une  grâce, 
se  servirent,  en  parlant  d'eux-mê- 
mes ,  du   mot  de   compagnie.    Le 
premier  président  répondit  à  leur 
député  :   «  Je  délibérerai   avec  ma 
troupe,  pour  savoir  ce  que  je  dois 
faire  pour  votre  compagnie.  ■>•>  Dans 
le  temps  qu'il  fut  nommé  premier 
président ,  les  procureurs  en  corps 
vinrent  lui  demander  sa  protection. 
«  Ma  protection  ?  leur  dit-il ,  les  fri- 
pons ne  l'auront  pas;  les  honnêtes 
gens  n'eu  ont  pas  besoin.  »  Un  fa- 


HAÎ\L 


249 


meux  architecte,  honoré  de  la  fa- 
veur et  des  grâces  de  Louis  XIV  ,  as- 
piroit,  dit-on,  à  une  place  d.i  pré- 
sident à   mortier  pour  son   lils.   Il 
sonda  là-dessus  le  premier  président, 
qui  lui  répondit  :   «  Mousieur  Man- 
sard  ,  ne   veuillez  pas  mêler  votre 
mortier  avec  le  nôtre.  »  Df-s  jésuites 
s'étanl  trouvés  à  son  audience  avec 
des   oraloriens  :  Mes  pères  ,  dit  le 
caustique   magistrat  en   s'adressanl 
aux  premiers,   il  faut  piure  avec 
vous  ;  et  se  tournant  vei's  les  ora- 
toriens ,  et  mourir  avec  vous.  L'é- 
vêque  d'Auluu  (Roquette)  se  plai- 
gnant que   les  consuls  de  ^a   ville 
épiscopale  avoieut  quitté  son  sermon 
pour  aller  à  la  comédie  !  «Ces  gens- 
là  sont  de  bien  mauvais  goi!it ,  lui  ré- 
pondit Harlay,  de  vous  quitter  ainsi 
pour  des  comédiens  de  campagne.» 
(Fu)'.  Roquette.)  Le  caustique  duc 
de  Saint-Simon  a  fait  \\\\  portrait  de 
ce  magistrat,  dont  les  couleurs  sont 
chargées ,  mais  en  général   fidèles  : 
«  11  étoit  savant  en  droit  public  ;  il 
possédoit   fort  le  fond  de   diverses 
jurisprudences;   il    égaloit  les  plus 
versés  aux  belles-lettres  ;  il  connois- 
soit  bien  l'histoire  ,  et   savoit  gou- 
verner sa  compagnie  avec  une  au- 
torité que  nul  autre  premier  prési- 
dent  n'atteignit  jamais  avant   lui. 
Une  austérité  pharisaïque-le  rendoit 
redoutable,  par  la  vigueur  de   ses 
répréheusions    publiques    aux  par- 
ties ,  aux  avocats  et  aux  magistrats. 
Toujours  soutenu  par  la  cour  dont 
il  étoit   l'esclave  ,    rusé   politique , 
tous  ses  talens,  il  les  tournoil  uni- 
quement à  son  ambition  de  domi- 
ner ,  de  parvenir  et  de  se  faire  une 
réputation  de  grand  homme.  D'ail- 
leurs, sans  honneur  effectif,  sans 
mœurs  dans  le    secret,,  sans    pro- 
bité intérieure,  sans  humanité  mê- 
me ;  eu  un  mot  un  hypocrite  par- 
fait :  cruel  mari ,  père  Inubare  ,  frère 
tyran  ,  ami  uniquement  de  soi-mê- 
me,  méchant  par  nature  ,  se  plai- 
sant à  insulter,  à  outrager,  à  acca- 


!iao  HAIIL 

bler.  Ses  Irails  éloienl  daulaiil  plus 
perçaiis,  qu'il  avoit  infiniment  rl'es- 
prit ,  et  I  esprit  ualnrellemeiit  porté 
à  cela.  Pour  l'extérieur,  c'éloil  un 
petit  homme  vigoureux  et  maigre, 
lin  visage  en  losange,  un  n^^z  grand 
et  aqmiin  ;  les  yeux  beaux  ,  parlans, 
}>erçans ,  qui  ne  regardoieal  qu'à  !a 
dérobée  ,  mais  qui  ,  tixés  sur  un 
client  ou  sur  un  magistrat,  étoienl 
pour  le  fiaire  entrer  en  terre.  U  se 
tenoit  et  marchoit  presque  toujours 
courbé  avec  un  faux  air  ,  plus  lium- 
ble  que  modeste.  U  ii'avançoit  qu'à 
force  de  révérences  respectueuses 
et  comme  honteuses  à  droite  et  à 
gauche.  A  Versailles,  il  tenoit  au  roi 
cl  à  madame  de  Mainlenon  par  l'en- 
droit sensible.  C'étoit  lui  qui,  con- 
sulté sur  la  légitimation  inouïe  d'eii- 
fans  sans  nommer  la  mère,  avoit 
donné  la  planche  du  chevalier  de 
Longueville ,  'sur  le  succès  duquel 
ceux  du  roi  passèrent.  U  eut  alors 
parole  d'être  nommé  chancelier  ,  et 
toute  la  confiance  du  roi ,  de  ses  en- 
fans  et  de  leur  toute-puissante  gou- 
Ternaute  ,  etc.,  etc.  » 

*  HARLEY  (  Robert),  né  à  Lon- 
dres le  .')  décemlire  1661,  mort  le  2 1 
mai  1724-  A  l'époque  de  la  révolu- 
tion, sir  Edouard  son  père  et  lui 
levèrent  à  leurs  ])ropres  frais  une 
troupe  de  cavalerie,  et  à  l'avéne- 
ment  au  trône  de  Guillaume  et  de 
la  reine  Marie,  Robert  fut  élu  metir- 
bre  du  parlement  député  de  Tre- 
gouy  en  Cornonailles;  U  remplit  les 
mêmes  fonctions  pour  la  ville  de 
Radnor,'  jusqn'au  moment  où  il  fut 
appelé  dans  la  chambre  des  lords. 
En  1690  il  fut  noanné  au  scrutin, 
par  la  chambre  des  communes,  l'iin 
des  neuf  commissaires  qui  dévoient 
ëtal)lir  les  corn  oies  de  l'état ,  et  tra- 
vailler à  la  réunion  des  deux  com- 
pagnies des  Indes.  Orateur  de  la 
même  chambre  en  1701  ,  il  remplit 
les  mêmes  fonctions  dans  le  parle- 
ment suivant ,  ainsi  que  dans  le  pre- 


lîAllM 

mier  ,  qui  fut  convoqué  par  la  r»  lue 
Anne.  Bientôt  après  (  en  1704  )  il 
fut  admis  au  conseil  privé  de  S.  IM. 
et  nommé  secrétaire  d'étal.  11  rési- 
gna cette  place  en  1708  ,  et  remplit 
deux  ans  a[)rès  celles  de  cc-'.imis- 
saire  de  la  trésorerie  ,  de  chancelier 
et  de  sous-trésorier  da  l'échiquier.  La 
reine  Aune,  en  récompense  de  ses 
services  ,  le  nomma  successivement 
pair  de  la  Grande-Bretagne,  cheva- 
lier du  bain,  lord  grand  -  trésorier 
d'Angleterre  ,  et  chevalier  de  l'ordre 
de  la  Jarretière.  Après  la  mort  de  la 
reine  ,  Harley  fut  accusé  par  la 
chambre  des  communes  de  haute- 
trahison  ,  de  malversations  et  d'au- 
tres crimes;  il  fut'en  conséquence 
envoyé  à  la  Tour  le  1 6  juillet  1 7 1 5  , 
et  n'en  sortit  que  le  i^''  juillet  1717, 
déchargé  de  toute  accusation  par  le 
jugement  de  ses  pairs,  lî  mourut 
bientôt  après  dans  la  64*^  année  de 
son  âge.  Pope  a  consacré  à  sa  mé- 
moire les  vers  snivans  : 

A  soûl  mipTeine ,    in  each  hanl  hisCnnce  trird , 
Ahave  al!  pain  ,  aU  angnr  ,  and  ail  p ride  , 
The  rarre  of  power ,  theh'n.'.t  ofptihli'-hr^alh, 
The  liist  of  lucre  ,  and  the  dreiid  of  dcuth. 

*HARMER  (Thomas),  né  eu 
1 7 1  .•>  à  Norwich  ,  ministre  dissideut 
à  Walertield  ,  dans  le  coin  lé  de  Spf- 
fock  ,  occupe  une  place  honorable 
dans  le  monde  littéraire.  Ses  Obser- 
vations S!/r  dh-ers  passages  de  l'E- 
cri titre,  en  4  vol.  in-B*^ ,  ont  eu  plu- 
sieurs éditions.  L'auteur  a  eu  l'avan- 
tage ,■  non  seulement  de  donner  sur 
l'Ecriture  des  édaircissemens  satls- 
faisans,  mais  encore  de  répandre  na 
grand  jouY  sur  les  mœurs  orieiilaks  : 
il  a  aussi  publié  des  Notes  sur  le 
canii(]iie  de  Salomon.  Harmer  ex- 
celloit  dans  la  counoissance  des  lan- 
gues orientales,  et  dans  l'étude  de 
l'antiquité.  11  mourut  en  1788. 

*HARMODIlJS,  ami  d'Arislo- 
oiion,  se  réunit  à  lui  pour  déiivrt-r 
leur  patrie  de  la  tyrannie  des  Pisis- 


HA'RN 

traliues  ;  ils  s'accp.i»rent  parmi  leurs 
coticiloyens  un  honneur  infini  ,  et 
leur  nitinioire  est  devenue  chère 
à  tous  ceux  qui  ont  su  appré- 
cier les  avantages  de  la  liherlé  ,  et 
n'ont  pu  supporter  rinjuslKe  de 
l'oppression.  Voyez  le  rédi  d  Hé- 
rodote, et  les  articles  Aristogiton 

et  lIll'l'ARQUE. 

HARMOND  (  Pierre  )  ,  pendant 
43  ans  htucounier  de  la  clr.mibre 
sous  Henri  Itl  et  Henri  1\',  re- 
cueillit ses  observations  sur  la 
chasse  dans  \\\\  traite  intitule  Le 
Ailirolr  de  Fancormerie ,  imprimé 
à  l*nrisen  i6jo,  j655,  1640,  in-4", 
avec  figures,  qu'il  dédia  à  Charles 
d'Albret,  duc  de  Lnynes,  qui  éloit 
tout  à  la  fois  grand  -  fauconnier  , 
garde  des  sceaux  et  connétable  de 
France. 

*  HAUMONIUS  ,  grammairien 
célèbre  dans  le  4*  siècle,  enseigna  la 
grammaire  à  Trêves  ,  sous  l'empire 
<le  Valentinien  I.  Aiisone  ,  qui  sui- 
voit  alors  la  cour  de  cet  empereur  , 
se  lia  d'aniilié  avec  Harmonius  ,  et 
fait  mention  de  lui  dans  une  pièce  de 
vers.  Ce  grammairien  possédoit  si 
parfaitement  le  grec  et  le  latin,  qu'il 
entreprit  d'épurer  les  poésies  d'Ho- 
mère de  tout  ce  qui  s'étoit  glissé 
d'étranger  dans  l'Iliade  et  l'Odyssée. 
C'est  aux  soins  d'Harmonius  qu'on 
est  peut-être  redevable  de  ces  chefs- 
d'œuvre  de  l'esprit  humain. 

*  HARNEY  (  Martin  )  ,  né  à 
Amsterdam  le  6  mai  i634  ,  étudia 
en  philosophie  *Louvaiu  ,  et  entra 
chez  les  dominicains  en  i65o.  Il 
enseigna  dans  son  ordre  avec  beau- 
coup de  distinction,  y  occupa  les 
emplois  les  plus  importans  ,  fil  trois 
fois  le  voyage  de  Rome,  et  mourut 
à  Louvain  le  22  avril  1704.  Harney 
composa  différens  ouvrages ,  en  fa- 
veur des  décrets  émanés  du  sainl- 
siége.  Un  des  plus  connus  est  son 


HàRjN'  25  [ 

traité  de  X Obéissance  raisonnable 
des  cai/toUques  des  Pays-Bas,  par 
rapport  à  la  lecture  de  l'F.criture 
sainte  en  langue  vulgaire,  exami- 
née à  fond,  eldèmontrécconlre  mon- 
sieur Jî.  A.  (  Antoine  Jrnauld)  dans 
son  traité  de  la  lecture  de  V Ecri- 
ture sainte  ;  avec  quelques  pièces 
aut/icnttques  relatives  à  la  matière, 
C'i  llamand  ,  Anvers  ,  iG(S>i,  ^u-i  2. 
Les  dc'fenseurs  d'Arnankl  lui  oppo- 
sèrent douze  lettrés.  Mais  il  établit 
son  senliment  avec  une  nouvelle 
force  dans  la  dissertation:  De  lec- 
tione  galUcœ  translationis  novi 
Testamenti  ,  Mon  ti  bus  impressa, 
etc.;  et  publia  en  latin  .son  traité 
llamand ,  sons  le  titre  :  JJe  sacra 
Scripturâ  linguis  i<ulgaribus  legen- 
dâ  rationabile  ubsequium  Bcigii 
cat/iolici,  1692,  in-J2.  Les  jansé- 
nistes continuèrent  à  l'attaquer,  a  Je 
trouve  très  sage,  dit  J.  J.  Rousseau  , 
la  circonspection  de  l^Eg'jse  romaine 
sur  les  traductions  ^plÉcriture  eu 
langue  vulgaire;  et  comme  il  n'est 
pas  nécessaire  de  proposer  toujours 
au  peuple  les  images  allégoriques  du 
Cantique  des  Cantiques  ,  ni  les  ma- 
lédictions de  David  contre  ses  enne- 
mis ,  ni  les  raisonnemeus  de  saint 
Pau!  sur  la  grâce  ;  il  est  dangereux  de 
lui  yiroposer  la  sublime  morale  de 
l'Évangile  dans  les  termes  qui  ne 
rendoient  pas  exactement  le  sens  de 
l'auteur  ;  car  pour  peu  qu'on  s'en 
écarte  en  prenant  nue  autre  route 
ou  va  très  loin.  «  David  Hume  nous 
apprend  qu'en  Angleterre,  après  la- 
naissance  de  la  réforme,  ou  fut  obligé 
d'ôter  au  peuple  les  traductions  vul- 
gaires de  l'Ecriture  sainte  à  cause  des 
conséquences  qui  enrésultoient  et  du 
fanatisme  que  cette  lecture  enlrele- 
noit.  (c  Dans  aucune  école  de  philoso- 
phie, dit  un  auteur,  ou  ne  s'est  avisé 
d'instruire  les  élèves  eu  leur  meilant 
seulement  à  la  main  leséciilsdu  fon- 
dateur de  la  secte  ;  on  n'espéi'a  ja- 
mais former  des  jurisconsultes  par 
la  simple  inspection  des  lois,  desiué- 


252  HARO 

decins,  par  la  seule  lecture  d'Hii)- 
pocrnte,  ni  des  géomètres  sans  autre 
secours  que  les  élémens  d'EucUde. 
On  sait  que  tout  livre  quelconque 
a  besoin  d'explication  ,  siu'-tout  pour 
les  commençans,  que  les  instructions 
de  vive  voix  aplanissent  le  chemin, 
et  préviennent  les  méprises.  Si  quel- 
ques génies  supérieurs  se  sont  ins- 
truits par  les  livres  sans  le  secours 
d'aucun  maître  ,  ces  exemples  très- 
rares  ne  sont  pas  des  règles  pour  tous 
les  hommes  »,  Voyez  Arundjel  , 
nM. 

HARNONCOURT  (  Pierre  d'  )  , 
né  en  Bourgogne  ,  mort  à  Paris 
fermier  général ,  en  176;') ,  à  84  ans. 
Nous  avons  de  lui  des  mélanges  de 
Maximes  ,  de  Réflexions  et  de  Ca- 
ractères^ 1763,  in-8°,  où  Ion  trouve 
quelques  bonnes  pensées ,  mais  ra- 
rement bien  exprimées. 

HARO  (  Do||Louis  de),  héritier 
du  célèbre    corme   duc  d'Olivarès  , 
son  oncle  maternel ,  minisire  d'état 
de  Philippe  IV,  lui  succéda  dans  le 
ministère,  et  gouverna  l'Espagne  sous 
le  nom  de  ce  monarque.  Ce  lut  Haro 
qui  conclut  la  paix  des  Pays-Bas  ,  et 
celle  de  France,  en  i65g,  avec  le 
cardinal  Mazarin.  Les  deux  ministres 
se  rendirent  à  i'ile  des  Faisans  ,  et  y 
déployèrent  l'un  et  l'autre  toute  leur 
politique.  Celle  du  cardinal ,  dit  l'au- 
teur du  Siècle  de  Louis  XIV,  étoit  la 
fniesse  ;  celle  de  don  Louis ,  la  len- 
Jeur.  Celui-ci  ne  donaoit  presque  ja- 
mais de  paroles,  et  celui-là  en  don- 
noit  toujours  d'équivoques.  Le  génie 
du  minisire  ilalien  étoit  de  vouloir 
surprendre  ;  celui  de  l'Espagnol  étoit 
d'empêcher  qu'on  ne  le  surprît.  On 
prétend  qu'il  disoit  du  cardinal:  «Il 
a  un  grand  défaut  en  politique,  c'est 
qu'il  veut  toujours  tromper.  »  Pour 
le  prix  de  la   paix  que   don   Louis 
avoil  conclue  ,  le  roi  d'Espagne  éri- 
gea ,  eu   1660  ,  son  mavqui.«y,   de 
Carpio  eu  duché-graudesse  de  1:^  pie- 


HARO 

mière  classe  ,  et  lui  donna  le  surnom 
de  La  Paix.  Ce  ministre  mourut  le  1 7 
novembre  1661 ,  à  63  ans.  C'éloitun 
homme  d'un  esprit  conciliant,  d'un 
caractère  doux  et  sans  ambition,  et 
parvenuà  la  faveur  de  son  maître  piir 
son  seul  mérite.  Il  avoit  épousé  Ca- 
therine de  Cordoue,  dont  il  eut,  entre 
autres  eufans ,  Gaspard  et  Jean-Do- 
minique DE  Haro.  Celui-ci  mourut 
sans  postérité.  Gaspard  fui  vice-roi 
deNaples,et  mourut  le  16  novembre 
1687  ,  laissant   d'Antoinette   de    la 
Cerda  une  fille  unique  ,  nommée  Ca- 
therine DE  Haro  de  Guzman  ,  la- 
q\»elle  épousa  ,  en  1688, François  de 
Tolède,  duc  d'Albe.  —  On  connoit 
encore  de  la  même  famille  don  Lopez 
DE  Haro  ,  prince  de  Biscaye ,  qui 
bâtit,  en  i5oo,  la  ville  de  Bilbao. 

L  HAROLD  I  ,  ou  Harald  , 
roi  d'Angleterre  ,  (ils  naturel  de  Ca- 
nut 1,  lui  succéda  en  io36  ,  au  pré- 
judice de  Canut  II ,  Ris  légitime  de 
ce  prmce.  Les  Anglais  voulurent 
mettre  la  couronne  sur  la  tête  de  Ca- 
nut; mais  Harold  fut  le  plus  fort,  et 
l'emporta.  L'année  suiVante  il  écri- 
vit une  lettre  sous  le  nom  de  la  reine 
Emme ,  pour  inviter  Alfred  et  E- 
douard  ,  les  fils  de  cette  reine  et 
d'Elhelred  II ,  à  venir  eu  Angleterre 
afin  de  recouvrer  la  couronne.  Les 
deux  jeunes  princes  donnèrent  dans 
le  piège  :  Alfred  fut  arrêté,  on  lui 
creva  les  yeux,  et  il  mourut  peu  de 
temps  apiès.  Edouard  repassa  en 
Normandie  ,  et  la  reine  Emme  se 
relira  en  Flandre  ,  chez  le  comte 
Baudoin.  Harold  se  fit  détester  par 
ses  crimes  ,  et  moilful  sans  eufaiis 
eu  1009. 

t  II.  HAROLD  II ,  fils  du  comte 

Godwin  ,  se  fil  élire  roi  après  la  mort 
de  S.  Edouard  III,  en  lobn,  au  pré- 
judice d'Edgard  ,  à  qui  la  couronne 
d'Angleterre  appartenoit  par  sa 
naiisauce.  Toston  son  frère  ,  et  Guil- 
hiume-le-Conquéraut,  la  lui  disputé- 


HARP 

rent  :  il  vainquit  le  premier,  et  fut 
tué  par  le  second  à  la  célèbre  bataille 
d'Hasliiigs.  Ou  avoit  vainement re- 
préseutéàHarold  qu'il  seroitplussage 
de  tirer  la  guerre  eu  longueur  que 
de  hasarder  une  action  décisive.  Enor- 
gueilli de  quelques  succès  ,  et  poussé 
par  sou  courage  ,  il  voulut  risquer 
tout,  et  se  perdit..  Deux  de  ses  frères 
furent  tués  dans  la  même  bataille.  A 
sa  mort  finit  la  domination  des 
rois  anglo -saxons  ,  qui  régnoient 
depnisplus  de  Gooaussur  la  Grande- 
Brelagne. 

HAROUL.  Voyez  Rollon. 

HAROUN.  Voyez  Aaron-Ras- 

CHID,    u"    IV. 

HARPAGES  ,  seigneur  raède  , 
l'un  des  principaux  officiers  d'As  tva- 
ges  ,  ayant  reçu  ordre  de  faire  mou- 
rir Cyrus,  le  confia  à  un  berger ,  lui 
apprit  sa  naissance  ,  et  le  porta  à  dé- 
trôner Aslyages.  Voy.  ce  mot. 

HARP  ALICE  (  Myth.  ) ,  la  plus 
belle  fille  d'Argos  ,  aimée  éperdu- 
ment  de  Clyménus  son  père  ,  qu? 
assouvit  sallamme  incestueuse  après 
avoir  gagné  sa  nourrice  et  qui  en  eut 
un  fils.  11  la  maria  avec  beaucoup  de 
peine  ,  et  fifc  ensuite  mourir  son 
gendre  pour  la  reprendre  :  mais  Har- 
palice  ,  outrée  de  ce  double  crime, 
lui  fit  manger  son  propre  fils  ,  à 
l'exemple  de  Procné.  Elle  fut  changée 
en  oiseau,  selon  la  fable.  Clyménus 
se  tua  de  désespoir,  —  Il  y  a  deux 
autres  Harpalice.  La  première 
aima  avec  passion  Iplilcus,  el  mou- 
rut de  chagrin  de  s'en  voir  méprisée  ; 
c'est  d'elle  qu'un  certain  cantique  fut 
appelé  Harpalice.  L'autre  est  celle 
dont  il  es^  parlé  dans  l'article  sui- 
vant. , 

HARPALICUS  ,  .roi  des  Amvm- 
néensdansla  Thrace,  eut  une"fillc 
nommé  Harpalice,  qu'il  nourrit  de 
lait  de  vache  et  de  jument  ,  et  qu'il 
accoutuma  de  bonne  heure  au  ma- 


HARP 


253 


niement  des  armes.  Elle  le  secourut 
contre  Néoptolème  ,  fils  d'Acliille  , 
qu'elle  mu  en  fuite.  Harpalicus  ayant 
été  lue  quelque  temps  après  par  ses 
sujets,  Harpalice  se  relira  dans  les 
bois,  d'où  elle  fondoil  sur  les  bes- 
tiaux du  canton  et  les  enlevoit.  Elle 
fut  prise  dans  des  rèls  qu'on  Ini 
avoit  tendus  ;  el ,  après  sa  mort,  les 
paysans  se  firent  ki  guerre  pour 
avoir  les  troupeaux  qu'elle  avoit  vo- 
lés..On  établit  des  assemblées  el  des 
tournois  au  tombeau  de  cette  fille  , 
pour  expier  sa  mort.  * 

I.  HARPALUS,  célèbreaslrouome 
grec-,  vers  l'an  480  avant  J.  C,  corri- 
gea le  cycle  de  huit  années  que 
Cltoslrale  avoit  inventé  ,  et  proposa 
celui  de  neuf  ans:  mais  ce  nouveau 
cycle  d'Harpalus  eut  besoin  lui- 
même  d'être  corrigé  par  Mellon. 
Voyez  l'Histoire  des  Ma  thématiques, 
par  i\Ioutucla. 

II.  HARPALUS  ,  seigneur  macé- 
donieu  ,  el  l'i^u  des  lieulenans  de 
rarmée  d'Alexandre-le-Gr^nd  ,  s'at- 
cha  à  ce  prince  durant  ses  démêlés 
avec  Philippe,  qui  l'exila;  mais,  dès 
que  ce  roi  fut  mort,  Alexandre  rap- 
pela Llarpalus  ,  et  lui  dounu  la 
charge  de  grand-trésorier,  ensuite  le 
gOu\  ernemeut  de  Babyloue.  Le  con- 
quérant macédonien  ayant  entrepris 
son  expédition  des  Indes,  Harpalu-r, 
persuadé  qu'il  ne  reviendroit  plus, 
accabla  le  peuple  de  vexations 
inouïes  ,  et  dissipa  par  ses  prodiga- 
lités le  trésor  confié  à  ses  soins.(>Py;-. 
Glyckke,  11°  1.  )  Le  héros  revitù  ; 
et  le  gouverneur  ,  pour  échapper  à 
sa  colère  ,  ramassa  .5ooo  lalens,  leva 
6000  hommes  ,  et  se  sauva  dans  l'At- 
lique.  Chassé  d'Alhènes ,  qui  uc  vou- 
loit  point  attirer  sur  elle  les  armes 
d'Alexandre,  il  se  relira,  vers  lau 
3^7  avant  J.  C. ,  en  Crète  ,  où  il  fut 
tué  eu  trahison  par  un  de  ses  amis. 
Alexandre  a]ouloitunefbi  si  aveugle 
à  KT  probité  d'Harpalus  ,  qu'il  fit 
mettre    aux   fers  ,   cojome  caiom- 


2a4  HARP 

iiialeurs ,  ceux  qui  lui  porlèrenl  ia 
première  nouvelle  de  la  fuile  de  ce 
jieftide. 

t  HARPE  (  Jean-François  de  la), 
membre  de  lacademie  fraii(,uise , 
lié  à  Paris  le  20  novembre  lyôg  , 
d'un  père  orij^inaire  de  Suisse  ,  et 
qui  se r voit  en  France  en  qualité  de 
capitaine  d'artillerie,  n'ayant  à  alleu- 
tire  aucime  fortune,  La  Harpe  dut 
à  G.  T.  Asselin,  principal  du  collège 
tVHarcourt,  la  place  de  boursier,  il 
S3>dislingua  dans  .ses  classes,  et  rem- 
])orta  toujours  les  premiers  prix  de 
l'université.  A  la  Hn  de  sa  rhétorique, 
ayant  écrit  quelques  plaisanteries  sur 
des  particuliers  obscurs  du  collège  , 
il  fut  envoyé  à  la  Bastille,  d'où  il  ne 
tarda  pas  a  sortir.  Livré  tout  entier 
à  l'étude  des  belles-lettres ,  La  Harpe 
fit  paroitre  ,  en  1762,  un  recueil 
A'Héro'i'des  et  de  Voéfiies  fugitiues , 
dont  quelques  -  unes  respirent  la 
grâce  et  1  élégance,  avec  un  Essai 
sur  ce  genre  de  pièce,  il  navoit  que 
^20  ans  lorsqu'il  donna  ,  eu  1760  ,  sa 
Tragédie  de  Ji'arivick.  Elle  obtint 
ini  grand  succès ,  et  le  melritoit.  La 
noblesse  du  rôle  principal ,  le  carac- 
tère soutenu  de  la  reine  Marguerite , 
tout  le  (juatriènie  acte  qui  étincelle 
de  beautés,  l'ont  fait  rester  au  théâ- 
tre. L'auteur  s'est  jiermis  cependant 
de  dénaturer  l'histoire  en  taisant 
mourir  Warwich  combattant  pour 
le  duc  d'Yorck  ,  taudis  qu'il  fut  tué 
au  contraire  eu  combattant  contre  ce 
prince.  Tinwléon ,  qui  suivit  ce  dé- 
but brillant,  joué  en  1764  ,  fut  beau- 
coup moins  applaudi  ;  et  Phara- 
mond  ,  qui  le  fut  en  \n&^,  ne 
réussit  point  aux  premières  repré- 
sentations. C  esl  à  peu  près  de'  cette 
époque  que  date  la  liaison  de  La 
Harpe  avec  Voltaire,  qui  lui  dounu 
des  témoignages  de  sa  généreuse  bien- 
veillance, et  aux!;\ieis  l'auteur  de 
M'avH'ick  ne  répondit  pas  toujours 
avec  reconnoissam  e.  Après  ses'pre- 
iiiiers  essaii  sur  le  théâtre ,  La  Harpe 


HARP 

entra  dans  ia  carrière  des  concours 
académiques,  et  peu  d'écrivains  ont 
été  aussi  heureux  que  lui.  Parmi 
tous  aes  E  loges ,  on  distingue  celui 
di'  Henri  If'',  Paris,  1770,  in-8". 
L'auteur  a  retracé  avec  son  talent  or- 
dinaire les  grandes  actions  et  la  belle 
ame  du  meilleur  des  rois.  On  doit 
encore  remarquer  ceux  de  Trénélon , 
de  liacine  et  de  Catinal ;  dans  le 
premier,  La  Harpe  semble  s'èire  pé- 
nétré rie  la  manière  de  cet  illustre 
prélat;  dans  le  second,  qui  est  son 
chef-d'œuvre,  il  montre  par- tout 
Racine  comme  créateur,  et  ii  l'est 
lui-même  de  toutes  les  idées  dont  il 
compose  ce\.  Eloge,  c'est  le  plus  beau 
monument  élevé  à  la  gloire  du  plus 
grand  fies  pot-les;  dans  le  troisième 
entin  ,  l'orateur  paroit  avoir  parfai- 
tement senti  le  mérite  et  le  carac- 
tère de  son  héros,  et  en  traçant  sa 
valeur  tranquille,  sa  prudence  et 
l'universalité  de  ses  connoissances, 
il  emploie  une  diction  élégante  el 
sans  apprêt.  Ses  pièces  en  vers,  et 
qui  sont  intitulées  la  JJêlivrance 
de  Salernc  ;  le  Tor trait  du  sage  ; 
les  Tale/is  dans  leur  rapport  auec 
la  société  e!  le  bonheur;  le  Poêle; 
la  Navigation;  les  Â\>anlages  de 
la  paix  ;  le  Philosophe  des  Alpes  ; 
Conseils  à  un  jeune  poëte;  Bru  tus 
au  Tasse;  aux  M  dues  de  p^o  Italie , 
n'offrent  pas  toutes  le  même  degré 
de  talent;  La  plupart  de  celles  qui 
ont  été  couronnées  se  fout  îemar- 
quer  par  une  grande  pureté,  beau- 
coup d'élégance  et  de  facilité;  mais 
peul-êtreue  s'y  trouve-t-il  pas  assez 
de  poésie.  Ses  Odes  manquent  d'en- 
thousiasme, et  valent  bien  moins 
que  ses  Epitres ,  qui  ont  toutes  l'es- 
prit du  genre,  et  celte  aisance  et 
celte  fmesse  qu'il  ne  conserva  pas 
louiours  en  écrivani  en  prose.  Mai- 
gri le  peu  de  succès  de  ses  dernières 
'Jfagédies ,  La  Harpe  n'abandonna 
p.us  la  carrière  du  théâtre;  il  donna 
(rustaue-  TFasa  en  i7';6  ;  Menzikoff 
eu  1776;  les  Barméiides  eu  177^5. 


HARP 

CiUe  dernière  pièce,  qui  ofFroil  des 
inœnrs  nouvelles,  eu  r;îppt'.l;nil  une 
d'js  brillantes  éponnes  de  l'hisloire 
des  Arabes,  n'eut  pas  un  sort  bril- 
Jisiit.  On  reniarcpia  que  l'auteur,  en 
rechîjrcnanl  dans  celte  tragédie  des 
siUuiiions  extraordinaires,  manqua 
presque  toujours  ses  effets.  Jeanne 
de  ISaplcs,  jouée  eu  1783,  rér.ssit 
davantage;  le  sujet  est  iuléressaul, 
et  le  coloris  lacal  y  est  conservé 
a\''ec  iiQ\\\.'*ïjes  y^rarnes ,  représentés 
la  même  année,  n'eurent  aucun 
succès.  Coriolan  ,  joué  eu  178.11, 
sujet  si  souvent  traité  ,  ne  le  fut  pas 
lieureusemeut  par  Laliurpe;  il  y  a 
dans  celle  pièce  des  beautés  de  dé- 
tails, des  silnatious  bien  conçues  ; 
niais  au  total  ce  n'est  qu'un  ouvrage 
médiocre.  Virginie ,  qui  fut  repré- 
sentée en  1790,  n'obtint  aucun  suc- 
cès. Fhiloclète ,  traduit  de  Sophocle , 
est  la  seule  tragédie  qui,  après 
Warwick  ,  se  soit  conslanunenl 
soutenue.  En  le  faisant  passer  dans 
noire  langue ,  La  Harpe  a  su  lui  cou- 
server  ses  beautés  antiques,  et  ja- 
mais il  n'a  porté  le  style  tragique  à 
un  si  haut  degré  de  force  et  de  véhé- 
mence que  dans  cette  belle  iutilalion 
du  poète  grec.  Celle  tragédie,  qui 
n'est  qu'en  trois  actes  ,  fut  représen- 
tée pour  la  ',)remière  fois  en  1781. 
Une  singularité  de  cette  pièce,  c'est 
qu'elle  n'a  point  de  rôle  de  femme  ; 
mais  sans  amour  elle  intéresse  ]Kir 
sa  noble  simplicité,  et  en  nous  repor- 
tant au:i  beaux  siècles  de  l'art  tra- 
gique chez  les  Grecs.  On  sait  que  le 
sujet  de  cette  pièce  fait  l'un  des  plus 
beaux  épisodes  du  Télémaqiie.  (Quoi- 
que La  Harpe  se  fût  souvent  élevé 
contre  les  drames,  il  en  composa 
deux.  3]é!aiiie,  le  premier  des  deux, 
fit  quelque  bruit  dans  sa  nouveauté. 
On  convient  que  le  style  de  ce  drame 
est  dune  élégance  soutenue,  et  sous 
ce  rapport  ccst  sa  production  la 
pins  soignée.  C'est  au  sujet  de  celle 
pièce  que  V^ollaire  a  bien  voulu  com- 
parer le  style  de  Tauleur  à  celui  de 


iïAFvP  25j 

Racine.  Celle  pièce  offre  de  trop 
longues  conversations  et  un  rôle  trop 
ré\ollant;  des  per.sonnages  religieux 
mis  sur  la  scène,- tels  (ju'un  curé  et 
une  jeune  novice,  l'aspect  dé  l'inté- 
rieur d'un  couvent,  avoient  fait  dé- 
fendre pendant  long-lemps  la  repré- 
sentation de  ce  draine;  el  l'auteur  a 
reconnu  lui-même,  sur  la  lin  de  sa 
vie,  la  justice  de  celle  défense  eu  re- 
tirant J/t7fi/.'/e  du  théâtre,  eten  or- 
donnant dans  sou  leslament  qu'elle 
ne  fut  plus  jouée.  BarncveU ,  l'aulrp 
drame ,  t-st  une  imitation  d'une  pièce 
de  M.  Lille ,  intitulée  le  Marchand 
de  Londres.  Cette  pièce  n'a  jamais 
été  mise  sur  la  scène;  sou  élégance 
soutenue  en  rend  la  lecture  aiia- 
cliaule,  les  défauts  ne  pourroient  se 
sentir  qu'à  la  représentation .  Des 
prix  remportés,  une  foule  de  pièces 
fugitives  remarquables  i)ar  les  grâces 
el  l'esprit,  un  succès  brillant  dans 
If  arwic ,  et  d'excellens  morceaux 
de  littérature  insérés  dans  les  Jour- 
naux ,  ouvrirent  à  La  Ilarjje  les 
partes  de  l'académie;  il  y  fm  reçu 
en  1776.  Le  fauteuil  ne  ralentit  point 
son  ardeur  pour  le  travail  ;  il  lit  pa- 
roilre  peu  de  temps  après  la  Tra- 
duction de  la  Lusiade  ,  du  Ca- 
moens.  En  1779  i^  ^^^  jouer  aux 
Français  les  ]\juses  riuales  ,  hom- 
mage qu'il  rendoil  à  la  mémoire  de 
V^ollaire,  et  1  année  suivante  il  fit 
V Eloge  du  même  Voltaire.  Ce  fut  à 
cette  époqui;  qu'il  se  chargea  d'abré- 
ger VHisloire  des  pojagcs  de  tablé 
Prévost,  Paris,  1700,  21  vol.  iu-S", 
avec  un  allas.  Ctlle  partie  de  ses  tra- 
vaux pcul  être  rcganlée  plutôt  com- 
me une  spéculation  de  librairie  que 
comme  une  production  littéraire. 
Dans  la  même  année  il  lit  imprimer 
Tangu  et  J'élinie  ,  poëme  erotique 
en  quatre  chants,  qui  renferme  des 
descriptions  voluptueuses ,  et  qui  est 
une  de  ses  meilleures  productions 
dans  ce  genre,  Paris,  1780  ,  -in-S" 
C'est  principalement  sur  son  Cours 
de   littérature  en  ig  parties  ou  16 


25G 


HARP 


vol.  în-8°,  que  repose  sa  véritable 
gloire.  Les  auteurs  y  sont  appréciés 
quelquefois  avec  uu  partialité  into- 
lérable ;  mais  ordinairement  avec 
courage'  et  d'excellentes  vues  pour 
les  progrès  des  lettres.  On  y  trouve 
des  connoissances  prolondes  en  tout 
genre  ,  une  critique  fine  dans  les  dé- 
tails, le  style  propre  à  cbaque  genre  ; 
mais  l'auteur  manque  de  méthode , 
perd  trop  souvent  de  vue  son  objet , 
et  s'étend  dans  d'immenses  digres- 
sions qui  paroissent  entièrement  dé- 
placées. Ces  défauts  se  découvrent 
sur-tout  dans  les  trois  derniers  vo- 
lumes dont  on  a  surcliargé  la  pre- 
niière  édition  après  la  mort  de  l'au- 
teur. «  Dans  cet  ouvraoe,  devenu 
beaucoup  trop  long,  dit  M.  Palissot, 
on  trouve,  comme  dans  tous  les  ju- 
geraens  littéraires  de  l'auteur  ,  la 
pureté  ordinaire  de  son  style,  des 
principes  de  goût  très-sains  quand  il 
n'est  animé  par  aucune  passion  ,  un 
talent  remarquable  pour  la  discus- 
sion,  une  dialectique  serrée  et  pres- 
sante ;  mais  indépendamment  de 
quelques  erreurs  un  peu  fortes  dans 
lesquelles  il  est  tombé  sur  la  litté- 
rature ancienne,  à  commencer  par 
Homère  ,  ou  lui  reproche  avec 
raison  presque  tout  ce  qu'il  a  tra- 
duit, soit  en  vers,  soit  en  prose. 
La  négligence  avec  laquelle  il  a  rendu 
plusieurs  morceaux  des  Oraisons  de 
Cicéron  contre  F'errès  ,  ou  des  Ca- 
/i/inaires, -esl  plutôt  d'unécolier  que 
d'un  professeur  de  goût.On  lui  repro- 
che encore  la  longueur  démesurée 
dequelques  articles,  deceluideiS'eV/è- 
çz/e,  par  exemple,  qu'il  commence 
par  une  digression  sur  Diderot  d'en- 
viron 200  pages,  tandis  qu'il  donne 
k  peine  quelques  lignes  à  des  objets 
plus  importaus.  L'auteur  auroit  pu 
s'asseoir  avec  dignité  dans  la  chaire 
de  Quintilien  ,  s'il  eût  su  se  défendre 
de  la  violence  de  son  caractère  et  du 
Ion  décisif,  impérieux  et  tranchant 
qu'on  peut  lui  reprocher  contre  pin- 
feieurs  de  ses  coutemporaius  qui  lui 


HARP 

sont  supérieurs C'est  un  homme 

d'une  taille  bien  prise  dans  s;  s  petites 
proportions,  mais  qui  a  le  ridicule  de 
se  croire  un  colosse.  »  La  conduite 
de  I-.a  Harpe  dans  la  révolution, 
a  dit  un  publiciste ,  lut  une  suite 
des  principes  qu'il  avoit  puisés 
à  l'école  des  philosophes  et  des 
encyclopédistes  dont  il  suivoit  de- 
puis long-temps  les  bannières  ;  et  il 
se  rendit  doublement  coupable  aux 
yeux  des  gens  de  bien ,  en  célébrant 
les  excès  de  cette  même  révolution. 
En  vantant  les  principes  d'une  pré- 
.tendue  égalité,  il  mentoit  à  sa  cons- 
cience ,  puisqu'il  avoit  trop  d'esprit 
et  de  lumières  pour  penser  qu'elle 
pût  jamais  exister.  On  ne  doit  donc 
attribuer  son  adliésion  à  des  prin- 
cipes subversifs  de  l'ordre  qu'à  des 
motifs  qui  ne  font  honneur  ni  à  son 
cœur  ni  à  son  esprit.  Quoi  qu'il  eu 
soit,  lorsqu'il  eut  été  enfermé  comme 
suspect  dans  l'une  des  prisons  de  la 
capitale  ,  il  n'en  sortit  qu'outré  d'iu- 
diguation.  »  C'est  de  cette  époque 
que  date  le  changement  de  ses  prin- 
cipes religieux.  11  avoit  été  disciple 
et  grand  admirateur  de  Voltaire,  qui 
l'avoit  payé  par  des  éloges  et  des 
bienfaits  de  son  dévouement  au  parti 
des  philosophes  modernes  ;  il  se  dé- 
clara dès-lors  leur  ennemi.  La  phi- 
losophie avoit  favorisé  sou  amour- 
propre  excessif  ;  et  la  religion  ne  le 
corrigea  pas.  A  peine  devenu  chré- 
tien ,  il  s'engagea  dans  les  querelles 
de  l'Eglise  gallicane.  Un  néophile 
étoit-ilfait  pour  entrer  dans  de 
telles  discussions?  Il  devoit  sur-tout 
se  défendre  de  ce  ton  présomptueux 
et  magistral ,  de  cette  aigreur  ou- 
trageante, de  cet  air  de  mépris  in- 
.sultant  qu'il  avoit  toujours  montré 
dans  ses  critiques.  A  quoi  serviroit 
la  religion ,  si  elle  ne  conlribuoit  pas 
à  la  réiorme  de  nos  mœurs  et  de  nos 
défauts  ?  Ayant  changé  d'opinion 
politique,  il  embrassa  en  religion  le 
parti  qui  favorisoit  le  plus  celui  qu'il 
vouloit  l'aire  triompher.  Un  écrivain 


HARP 

a  dit:  «  Les  vrais  chrétiens  onroleut 
été  q'  elquel'a  s  tentés  de  soiipyouner 
la  sincérilé  de  sa  cojivrrsion  ,  s'ils 
li'avoient  pas  su  que  la  dévotion  na 
change  ])us  toujours  le  caractère,  w 
On  auroit  pu  lui  dire  ; 

Tu  ne  peux  rien  souîTrir  ,  el  lu  ledii  clirélien  ! 

Au  18  fructidor  (  1798  )   il  fut  con- 
damné à  la  déportation;  mais  il  eut 
le  bonheur  de  se  rélugier  dans    iiii 
asile   où  il    ne   fut    pas  découvert. 
Il  est  mort  en  1  SoS  ,  après  une  ma- 
ladie de  vingt-cinq  jours  ,  M.  Fon- 
tanes  lui  a  consacré  un  court  et  bril- 
lant F.loge.  Outre  les  TJéroïdes ,  les 
Tragédies ,  et  lesonvragfsdontnous 
avons  parlé,  on   doit    ;;ncore  à  La 
Harpe,  I.  Mélanges  liliéraires  ,  ov\ 
Epïlres  el  pièces  phllusop/ùques  , 
1765,  in-12.  II.  'iradi/ciion  de  la 
vie  des  douze  Césars ,  par  Suétone , 
avec  des  notes   et  des  réjîe.xioiis , 
1770,  2  vol.  in-8*.  L'auteur  y  réfuie 
avec  énergie  les  paradoxes  de  Linguel 
sur  Néron  cl  Titus.  Celle  traduction 
n'est  pas  sans  défauts  ,  ci  on  a  repro- 
ché  à  i'auleur  quelques  contresens. 
IIL  Discours  de  réception  à  l'aca- 
démie française ,  1776,  in-4".  !V. 
Traduction  de  la  iMsiade  de  Ca- 
moëns,  avec  des  notes  cl  la  P^ie  de 
l'auteur,  1776,  2  vol.  in-8°.  C'est  le 
premier    ouvrage    publié     par    La 
Harpe  depuis  son  entrée  à  Tacadémif 
'V.  Eloge  de  /Tollaire,  1780,  in  <S". 
VL  De  la  guerre  déclarée  par  nos 
derniers  tyrans  à  la  raison,  à  la 
morale,   aux  lettres  et  aux  arts, 
1796,  111-8°.  Ce  discours  fut  pro- 
noncé à  Paris  lors  de  l'ouverture  du 
lycée.    VIL   Du   J  anatisme  de  la 
langue  révolutionnaire ,  in-S**.  VUl. 
Correspondance  littéraire  adressée 
à  Panll,  1801,  4  V.  in-8°.  C'est  un,' 
sorte  de  Journal   sur  la  liuél■alur^ 
française   écrit  avec  pureté  en  gé- 
néral, tuais  rem  pli  d'an  iniosi  lé  contre 
tes  ennemis  ou  les  rivaux  de  !'aul("iir, 
et  que   la  malignité  publn-^ie  a  lu 
avec  d'autant  plus  d'avidité  ,  q^u'il 
T.  vm. 


IIARP  257 

renferme  un  grand   nombre  d'éj)!- 
gramnies  et  d'anecdotes  mordantes 
contre  des  auteurs  vivans.  iX.  Com- 
mentaire des  Tragédies  de  Racine , 
Paris,  7  V.  in-8";  ouvrage  imprimé 
après  la  mort  de  l'auteur.  On  a  re- 
cueilli quelques-uns  des  ouvi  .Tges  de 
La  Harpe  en  G  vol.  in-8''.  Celle  édi- 
tion est  l)ien  loin  de  contenir  tous  ses 
ouvrages  ;  il  est  vrai  que  tous  ne  mé- 
ritent   pas  (I  être    conservés.   On   a 
encore  de  lui  une  Traduction  en  vers 
français  des  Psaumes  de  David.  11  a 
laissé  en  manuscrit ,  I  rcgmens  d'une 
tragédie  de    Folixène  ;   J  ragmens 
de    Gustave,  avec  la  préface  ;   la 
Vengeance     d'jîchille  ,     tragédie 
lyrique;  les  huit  premiers  Chants 
de  la  Jérusalem  délivrée  ;  le  Chant 
deuxième  du  Poème  des  femmes; 
le  deuxième  et  le  dixième   Chants 
de  la  Tharsale  ,  avec  l'épilogue  ; 
Morceaux  de  critique  pour  le  Mer- 
cure; environ  deux  forts  vol.  in-8° 
sur  lu  littérature  et  la  philosophie 
du  i  S'  siècle  ;  J  ragmens  de  l'.ipo- 
h.gie  de   la  religion;  les  six   pre- 
miers Chants  du  Triomphe  de  la 
religio n ,  po ëm e  ép iq un . 

HARPIES  (MythoL),  monstres  , 
filles  de  Neptune  et  de  la  Terre , 
avoient  un  visage  de  f'ennne  ,  le 
corps  d'un  vautour  ,  avec  des  ailes  , 
des  gritfes  aux  pieds  et  aux  mains', 
et  de-,  oreilles  d'ours.  Les  princi- 
pales éloient  Aëllo,  Ocypèle  et  Cé- 
lasno.  Junoii  les  envoya  pour  infec- 
ter de  leurs  ordures  et  enlever  les 
viandes  de  dessus  la  table  de  Phinée. 
Zelhes  et  Calaïsles  chassèrent  ;  mais 
Iris,  par  l'onîre  de  Junon  ,  les  fit 
revenir  dans  la  Thrace.  Les  Troyens 
de  la  suite  dEnée  ,  ayant  tué  des 
troupeaux  qui  apparienoient  aux 
Harpii^s  ,  ils  eurent  ur,e  espèce  de 
guerre  à  soutenir  contre  elles  ,  et 
Ce!aeno,dans  sa  fureur,  fit  à  Enée 
les  plus  terribles  prédictions, 

HAUPOCRxVl'E  :  Myliiol.  ),  dieu 
du   Silence  ,   fiL  d'Isis.  On  le   re- 


2  58 


HARR 


présentoit  sous  la  figure  d'un  jeune 
homme  demi-nu,  avec  un  manteau 
parsemL  d'yeux  et  d'creilles  ,  et  une 
nuire  égyptienne  sur  la  tète.  Il  a\oit 
un  doigt  posé  sur  sa  bouche  ,  et  le- 
noit  une  corne  de  l'autre  main.  Le 
pêcher  lui  étoit  consacré  ,  parce  que 
la  feuille  de  cet  arbre  a  la  forme 
d'une  langue.  Ou  a  imprimé  à  Lyon, 
en  i6o5  ,  iu-8°,  JJarpocrates  su'e 
de  reclâ  silendi  ratione. 

t  HARPOCRATlON(Valerius), 
rhéteur  d'Alexandrie  ,  laissa  un 
Lexique  curieux  sur  dix  orateurs 
de  la  Grèce.  On  y  trouve  des  détails 
utiles  sur  les  magistrats  ,  sur  les 
plaidoyers ,  sur  le  barreau  d'x\thènes. 
Philippe  de  Maussac  donna  une  édi- 
tion grecque  et  latine  de  cet  ou- 
vrage ,  avec  de  savantes  notes  ,  à 
Paris,  i6i4  ,  in-4'*.  Valois  l'ainé  a 
fait  sur  le  même  livre  des  observa- 
tions Jmporlanîes  ,  insérées  dans  les 
éditions  de  Leyde ,  in-4°,  i683  et 
1696.  Ces  éditions  sont  les  meil- 
leures. La  première  fut  donnée  par 
les  Aides ,  à  Venise  ,  i6o5  ,  iu-fol. 

*HARPPRECHT  (  Jean) ,  célèbre 
professeur  eu  droit  dans  l'université 
de  Tubiuge,  né  le  10  janvier  i56o, 
à"Wallenheim  ,  village  dans  le  du- 
ché de  Wirlemberg,  et  mort  le  18 
septembre  iGSg  ,  a  publié  en  î6i5  : 
Commentarlus  in  qiialuo?-  libios 
JiistitulionumjiirisCLi'ilis  iiid  Jus- 
tiniani.  La  seconde  édition  fut  faite 
dans  la  même  année  à  Francfort,  et 
la  troisième,  en  quatre  tomes,  y  pa- 
rut aussi  eu  1  708. 

*HARPSF1ELD  (Nicolas  ) ,  théo- 
logien anglais,  arcliidiacre  de  Cau- 
torbéry,  morlen  ;  573,  distingué  par 
son  zèle  pour  la  religion  catholique 
romaine,  fut  long-temps  en  prison 
sous  le  règne  d  Elizabeth.  Ha;})s(ield 
est  auteur  ,  1.  D'une  Histoire  ecclé- 
siastique ({' Angleterre.  II.  De  \ His- 
toire de  V  hérésie  de  TVickliff. 

*  HARRAVAD   (  Isaac  -  Ben  ) , 


HARR 

rabbm  célèbre  vers  la  lin  du  j  2* 
siècle  ,  jouit  de  la  réputat  ou  d'avoir 
possédé  un  talent  particulier  en  lait 
de  physionomie.  11  distinguoit  (  dit- 
on  )  au  visage  des  gens  s'ils  avoieut 
une  ame  qui  fût  venue  d'un  autre 
corps,  ou  quieûtcommencé  d'exister 
au  uionieut  qu'elle  avoit  été  unie  au 
ieur. 

*  HARREVIN  (  François  ) ,  né  à 
Bruxelles  en  1681  ,  graveur  habile, 
et  disciple  de  Romain  de  Hooge.  On 
a  d'Iiarrevin  un  grand  nombre  d'Es- 
tampes de  sa  cou'.position ,  et  plu- 
sieurs gravées  à  l'eau-forlc  d'après 
Rubens  et  autres  maîtres. 

*HARRIET(N.),  peintre,  élève 
de  M.  David  ,  mort  à  Roiue  eu 
1804.  Après  avoir  remporté  tous 
les  prix  aux  diflérens  concours,  il 
concourut  en  1794  au  gi"and  prix.  Le 
programme  étoit  les  runérailles  de 
J uni  us  Bru  tus  l'ancien.  Il  n'a  voit 
alors  que  17318  ans,  et  cependant 
il  fit  un  tal)leau  plein  de  feu ,  de 
sentiment  ,  d'expression  et  de  di- 
gnité. Pensionné  de  l'état  pour  l'aca- 
démie de  Rome  ,  il  arriva  dans  cette 
ville  après  1790,  rempli  du  grand 
projet  d'y  exécuter  l'un  des  plus 
brilians  et  des  plus  difficiles  sujets 
de  l'Iiistoire  romaine,  Huratius  Co- 
dés défendant  le  j  ont  Sublicien 
contre  l'armée  entière  de  Porsenna^ 
tableau  d'environ  dix-huit  pieds  de 
haut  sur  vingt- six  de  large,  que  la 
mort  l'empêcha  d'achever.  l,es  objets 
terminés  sont  d'un  dessin  et  d'une 
couleur  admirables.  On  peut  juger 
de  l'étendue  de  cette  machine  pitto- 
resque par  le  nombre  des  figures  ; 
le  seul  premier  plan  en  offre  plus  de 
quarante,  grandes  comme  nature. 

1 1.  HARRINGTON  (  sir  John  ) , 
poète  anglais  ,  né  à  Kelslou  ,  près  de 
Bath  ,  dans  le  comté  de  Sonimerset , 
sous  Elizabeih  qui  fut  sa  marraine, 
et  sous  Jacques  F'  ,  s'est  lait  un  nom 
par  !(oa  livre  d'Epier  a  m  mes  ,  et  par 


HARR 

une  bonne  traduction  en  anglais  du 
Roland  le  Furieux  de  l'Ariosle  ,  (]u'il 
publia  avaul  lage  de  5o  ans.  Mais 
il  a  maTlieureuseuient  imité  les  Ita- 
liens dans  leurs  stances,  dont  la  pro- 
lixe uniformité  endort  dans  un  long 
ouvrage.  11  fut  fait  chevalier  .sur  le 
c}\amp  de  bataille  par  le  comte 
d'Essex  ,  au  grand  mécoutenlemenl 
de  la  reine  ,  avare  et  jalouse  dhon- 
ueurs  qu  elle  ëtoit  bien  charmée  de 
conférer  elle-même.  Sous  le  règne 
de  Jacques  Y^  il  fut  créé  chevalier 
du  Bain.  On  rapporte  qu'étant  à 
Bath  dans  une  auberge  ,  il  remarqua 
qu'une  iille  le  servoit  à  table  avec 
plus  d'attention  que  les  autres,  quoi- 
qu'il fût  au-dessous  d'eux.  Harring- 
lon  lui  en  ayant  demandé  la  raison  , 
elle  répondit  que  ,  le  connoissant 
pour  un  homme  desprit ,  elle  tà- 
choit  de  ne  pas  lui  déplaire ,  de  peur 
qu'il  ne  fil  contre  elle  quelque  épi- 
gramme.  I-es  ouvrages  de  John  liar- 
rington  en  prose  et  en  vers  ont  été 
recueillisparHenrilIarringlon,  sous 
le  titre  de  Niigœ  antiquœ.  Sir  John, 
dont  nous  nous  ocLU])ons  dans  cet 
article,  avoil  formé  le  plan  d'une 
Histoire  de  son  temps  ,  qu'il  n'eut 
pas  le  temps  d'exécuter.  Il  mounit 
eu   i6ii2,  âgé  de  ôi  ans. 

t  II.  HARRINGTON  (  Jacques  ), 
écrivain  politique  d'Angleterre  ,  né 
eu  i6i]  ,  d'une  ancienne  famille  de 
Rulland  ,  voj'agea  en  France  ,  en 
Hollande  ,  eu  Dauemarck  ,  eu  Alle- 
magne et  en  Italie  ,  où  il  ne  voulut 
point  baiser  les  pieds  du  pape  ;  le  roi 
d'Angleterre  lui  en  ayant  demandé 
la  raison,  il  répondit  «qu'un  homme 
qui  avoit  baisé  la  main  de  sa 
majesté  ne  devoit  baiser  les  pieds 
de  qui  que  ce  fût.  »  Cette  réponse 
ingénieuse  lui  valut  la  charge  de 
gentilhomme  privé  de  la  chambre, 
que  Charles  premier  lui  donna. 
Ce  fut  eu  cette  qualité  qu'il  accom- 
pagna ce  prince  dans  sa  première 
expédition  d'Ecosse.  Après  la  mort 


HARll 


■^9 


déplorable  de  ce  monarque  ,  il  s'en- 
lénua  dans  son  cabinet.  Ses  ennemis 
l'ayant  peiut  comme  un  homme  dan- 
gereux ,  il  fut  conduit  en  1661  à  la 
tour  de  Londres  ,  avec  le  comte  de 
Bath  ,  ensuite  à  l'ile  de  Saint-Nico- 
las ,  de  là  à  Plymouth.  Un  médeciu 
gagné  ,  clit-ou  ,  par  ses  persécuteurs^ 
Un  conseilla  l'usage  du  gayac  mêlé 
avec  le  café.  11  eu  prit  une  si  forte 
dose,    qu'il  en    jierdit    l'esprit.    Le 
comte  de  Bath  obtint  sa  liberté;  mais 
sa  raison  demeura  toujours  aliénée. 
Il    mourut    à   Westminster     le   17 
septembre    1677.    Ses    jiphoi isiues 
politiques  ont  été  traduits  en  fran- 
çais par  Aubin,  qui  a  mis  eu    tel* 
une  notice  raisonnée  .sur  la  vie  et  les 
ouvrages  de  l'auteur.  Ces  ouvrages  , 
rassemblés  par  Jean  Tolaiid  ,  ont  été 
magniliquemenl  imprimés  à  Londres 
en   1 700 ,   iu-fol.  ,  et    réimprimés 
en  170701  en  1771  ,  in-4°;  ils  ont 
été  traduits  en  français,  avec  sa  vie 
composée  par  Toland,  par  M.  Henri, 
Paris,    ]7cS9    ou  1795,    5   vol.   iu- 
8''.  Le  principal  est  celui   intitulé  : 
Oceana.  Il  fut  imprimé  en   i65(S  , 
et    parut  eu  un    petit   in-fol.    sous 
ce     titre    :    La    République  ,     ou 
Oceana  :  à  son  altesse  mylurd pro~ 
lecteur  de  la  république  d' cingle- 
terre ,  d'Ecosse  et  d'Irlande.    Eu 
16.S9,  il  donna  un  abrégé  de  cetou- 
vrage,et  l'intitula  V  Jrt  de  faire  des 
lois.  C'est  un  pian  de  république,  où 
l'on  trouve  du  génie,  de  l'invenliou 
et  des  projets  chimériques.  Son  style 
n'est  m  lacile,  ni  coulant,  mais  la 
matière  qu'il  traite  est  importante. 
Cet  ouvrage  ne  plut  ni  à  Cromwel , 
ni  à  SCS  créatures.  Une  foule  de  cri- 
tiques s'élevèrent  ;  Harrington  leur 
ré|)ondit.  On  trouve  ces  réponses  à 
la  suite  de  son  ouvrage.  Montesquieu 
a  dit   de    ce    politique    «   qu'il   n'a 
cherché  la   liberté    qu  après    l'avoir 
méconnue  ,  et   qu'il    a    hati  Calcé- 
doine  ayant  le  rivage  de  liysance 
devant  les  yeux.  Harrington  ne  se 
contenta  pas  de  répoudre  à  ses  priu~ 


2()0 


HARR 


cipes  sur  le  gouvernement  dans  ses 
«crits,  il  élablit  encore  des  assem- 
blées ,  composées  de  personnes  d'es- 
prit ,  qui  se  leiioienl  le  soir  à  Wesl- 
.minsltr  dans  la  cour  du  nouveau 
palais.  On  nomma  celle  sociélé  la 
Roue.  Ces  assemblées  durèrent  jus- 
•qu'au  21  février  iGfiq,  que  le  géné- 
ral Monck  ayant  rétabli  les  membres 
du  parlrinenl  qui  avoientété  exclus, 
tous  ces  plaus  de  république  s'en 
allèrent  en  fuuiée.  Harringlon  a  pu- 
blié en  i6.)8  la  traduction  anglaise 
de  deux  Eglogues  et  des  deux  pre- 
miers livres  de  I  Enéide  ,  sous  le  tu  te 
di  Essai  de  Iradiicliun  de  quelques 
morceaux  de  Virgile.  Il  donna  en 
1659  la  Iraducliou  des  quatre  livres 
suivaus  ,  mais  ces  essais  et  sa  poésie 
n'eurent  aucun  succès,  et  n'eu  mé- 
riloienl  point. 

HARUIOT.   Voyez  HAraox. 

*  I.  HARRIS  (  Robert  ) ,  théolo- 
gien anglais,  né  en  1678  a  Broad- 
Camden  au  comté  de  Glocester  , 
mort  en  1608  ,  élevé  d'Oxford  ,  flans 
le  temps  de  la  rébellion  ,  se  joignu 
aux  piesbyiériens  ,  et  fui  nommé 
recteur  de  Peler  frt-ld  et  président 
du  collège  de  la  Trinité  à  Oxiord  , 
où  il  mourut  Ses  ouvrages  sont  ,  I. 
Des  Serinons.  11.  Un  Traité  De 
Fœdere  novi  Testamenti.  111.  Be- 
médium  contra  avaritlam.  W.Epis- 
tolœ  apologeticœ ,  etc. 

*  II.  HARRIS  (  Guillaume  )  , 
théologien  dissident,  et  du  parti  des 
indépendants,  né  en  167.1,  mort 
en  17/io,  peiidanl  /jo  ans  pasteur 
tl'une  congrégation.  Il  a  donné  un 
volume  de  Sermons  sur  les  princi- 
pales représentations  du  Messie 
dans  l'ancien  Testament  ;  Un  autre 
Yolmne  c\  Oraisons  funèbres  ;  et 
quelques  Ecrits  sur  la  religion. 

m.  HARRIS  (Ganlhier),  Anglais, 
médecin  et  membre  du  collège  roya' 
de  Londres  ,  extr^oit  sa  prolès- 
fiiou  avec  beaucoup  de  réputation  | 


HARR 

vers  l'an  1680  .  et  vivoit  encore  en 
1710.11  fut  médecin  de  Guillaume, 
prince  d'Orange  ,  depuis  roi  de  la 
Grandc-lirelagne.  Nous  avons  de 
lui  un  traité  fort  estimé  :  De  mor- 
bis  acutis  injantiuni ,  1705,  in- 12, 
qu'il  mit  au  )our  à  la  prière  de  Tho- 
mas Sydenham  ,  fameux  médecin 
de  Londres.  Ce  traité,  qui  lui  Ht 
donner  le  nom  de  Médecin  des  en- 
fans  ,  a  élé  ;raduil  en  français  par 
Uevaiix  ,   1708,  iii-12. 

^  IV.  HARRIS  (  Jean  ) ,  théolo- 
gien et  malhémalicien  anglais  , 
mort  en  1730  ,  secrétaire  de  la 
société  royale,  a  donné  quelques 
ouvrages  dont  le  principal  est  une 
Traduction  des  élémc/is  de  géomé- 
trie de  Pardie ;  mais  ce  qui  l'a  fait 
connoilre  davantage  ,  c'est  le  projet 
qu'il  conçut  le  i)remier  d'une  Ency- 
clopédie ou  Dictionnaire  des  scien- 
ces. Cet  ouvrage  parut  d'abord  en 
1710,  2  vol.  in-fol. ,  sous  le  lilre  de 
Lexicon  Thecnicum  ;  un  supplé- 
ment parut  encore  en  1786  ;  mais 
le  Di(  tiounaire  de  Chambers  a  fait 
tomber  cet  ouvrage. 

tV.  HARRIS  (Jacques),  écri- 
vain anglais  irès-distingué  ,  né  près 
lie  Salisbury  en  1709  ,  mort  a  Lon- 
dres le  22  décembre  1780,  membre 
du  parlement ,  secrétaire  et  inten- 
dant de  la  maison  de  la  reine  ,  pu- 
blia ,en  1744,  son  premier  ouvrage, 
consistant  en  trois  Mémoires  sur  les 
J ris  en  général ,  sur  la  Peinture, 
la  Poésie  et  la  Musique  ,  et  sur  le 
Bq.r/teur,  11 /\^,  in-8°.  En  1761 
parut ,  en  2  vol.  in-8'',  son  Hermès, 
ou  Peclicrclies  philosophiques  sur 
la  Gra.'nmairc  unii'erselle  ,  traduit 
en  plusieurs  langues.  Cet  ouvrage 
jouit  en  Angleterre  de  l'estime  des 
hommes  éclairés,  el  depuis  l'édilion 
annoncée  ,  il  s'en  esl  fait  trois  au- 
tres. M.  Thurot  l'a  traduit  en  fraii- 
çaisen  1 796  ,  el  y  a  ajouté  un  savant 
Discours  ]>réliminaire  sur  l'histoire 
de  la  grauimaiic.  11  lit  imprimer. 


HARR 

en  177ÎÎ ,  sons  le  lilre  à'Essa/'s  phi- 
losophiques ,  le  Précis  d'un  ouvrage 
plus  étendu  qu'il  médiloit  el  qu'il 
n'a  pas  fiui  sur  la  lof^ique  des  péri- 
palétiiiens  :  il  devoil  y  coniballre 
les  principes  des  malénalisles.  Son 
dernier  ouvrage  eut  pour  lilre  :  Re- 
cherches philologiques.  —  SouHls, 
le  célèbre  lord  Malmesbury,  a  re- 
cueilli toutes  ces  prodiiclions,  et  les 
a  accompagnées  d'une  biographie 
intéressante,  à  Londres,  eu  2  vol. 
iii-4°,  1801. 

*  VI.  HARRÏS  (Thomas) ,  chi- 
rurgien de  Londres  ,  qui  vivoil  dans 
le  iS*'  siècle,  a  publié  en  sa  langue 
malernelle  un  ouvrage  intitulé  A 
Trealise  on  the  force,  and  energy 
ofcrude  Mercury,  Londres,  1755, 
in-8°.  Il  conseille,  dans  cet  ouvrage, 
l'usage  du  vif'-argeui  dans  la  cure  des 
écrouelles  et  de  la  passion  iliaque. 

*  VII.  HARRÏS  (Guillaume),  mi- 
nistre dissident  à  Honilun,  dans  le 
comté  de  Dévon,  a  donné  une 
Histoire  critique  ries  Vies  de  Jac- 
ques I ,  (  hor/es  1  et  Olivier  Crum- 
wel ,  en  5  vol.  in-8° ,  dans  laquelle 
il  a  suivi  el  imité  la  manière  de 
Bayle  ;  el  indépendamment  de  plu- 
sieurs autres  pièces  fugitives  ou  de 
circonstance  ,  nue  Vie  de  flug/i 
Péters.  li  préparoit  une  Histoire  du 
règne  de  Jacques  H  ,  quand  il  mou- 
rut encore  jeune  en  lévrier  1770. 

I.  HARRISON  ,  fils  d'un  boucher, 
devenu  général  des  parletnentaires  , 
et  complicede  la  coudanniation  du  roi 
d'Angleterre  Charles  l'""",  fut  pendu 
l'an  1670.  Ensuite  on  lui  arracha  les 
entrailles,  que  l'on  brûla,  et  on  lui 
coupa  la  tète,  qui  fut  exposée  sur  la 
tour  de  Londres  :  son  corjjs  fut  mis 
en  quatre  quartiers,  que  l'on  exposa 
8ur  les  portes  des  quatre  principales 
villes  du  royaume. 

t  H.  HARRISON  (Jean  ),  savant 
mécanicien  anglais  ,  célèbre  par  l'in- 
veuliou  et  la  fabrication  du  Pendule 


HARR 


26Z 


à  gril  ei  du  fameux  Time-Recper^ 
dont  l'objet  est  de  lixer  la  lonr^itude 
en  mer,  naquit  en  l'oqS  à  Foulby, 
dans  le  comté  d  Yorck,  el  pril  d'a- 
bord l'état  de  son  père,  qui  éloit 
charpentier.  Des  1726  il  avoit  m- 
ven.é  son  échappement  et  son  pen- 
dule ,  et  eu  avoit  fait  l'applicalion  à 
deux  horloges  presque  entitrenient 
de  bois.  Us  se  trouvèrent  d'autant 
supérieurs  à  tous  ceux  de  ce  genre, 
qu'en  un  mois  ils  se  dérangeoient  à 
peine  d'une  seconde.  En  17:28  ,  Har- 
risou  se  rendit  à  Londres  avec  les 
dessins  d'une  machine  propre  à  dé- 
terminer les  longitudes  en  mer.  11  y 
parut  avecsa  machine  mèmeen  i735, 
et  la  perfectionna  successivement  en 
17  59  et  eu  1749  •  P^'  *'"  iioi'^P'*ti  tra- 
vail encore  il  obtint  de  ses  principes 
des  cfl'ets  tellement  supérieurs  à  sa 
propre  attente,  qu'il  se  sentit  encou- 
ragea faire  unquatrieme  /  ixe-temps, 
auquel  il  donna  la  fornied'une  montre 
de  SIX  pouces  environ  de  diaiwelre. 
Il  toucha  la  récompense  de  -iOjOOO 
livres  sterling,  promise  par  nn  acte 
du  parlement  pas.sé  du  vivant  de  la 
reine  Aune,  à  qui  en  rempliroit  les 
conditions  pour  la  déterminai  ion  de 
la  longitude.  Harrison  euipluja  ses 
dernières  années  à  faire  un  cin- 
quième Time- Âeeper  sy\r  les  mêmes 
principes  que  le  quatrième.  En  1-71  , 
a  la  fin  d'un  essai  qui  avoit  duié  six 
semaines  ,  et  dont  l'observatoire  de 
Richemoud  fui  le  ihéaire,  on  tioiiva 
qu'il  ne  s'éloit  écai  té  que  de  quatre 
secondes  et  demie.  11  moiin.l  à  Lon- 
dres le  2/\  mars  1776.  L';.nuée  pré- 
cédente, il  a\oil  f;  il  im|.riniet"  t 
Description  containing  suça  me- 
chanisin  as  will  afforJ  a  niée  or 
Irue  mensuration  of  time,  in-8°  ; 
omragi-  qu'il  ne  faud.oi'  pas  luger 
sans  laire  enirer  dans  la  balance  de 
la  critique  rigiiorancf-  absolue  de 
l'auteur  en  matière  de  littérature  , 
el  l'exlréme  caducité  d-  son  âge. 
Ou  y  trouve  un  compte  abrégé  de  fa 
nouvelle  échelle  musicale,  ou  di— 


U)2 


HARS 


■vision  mécanique  de  l'octave,  sui- 
vaiU  la  proporliou  qui  existe  entre 
les  rayons  ou  le  diamètre  d'un  cercle 
et  sa  circonférence.  Harrison  avoil 
l'oreille  très-iusle,et  il  avoit  été, dans 
sa  jeunesse,  à  la  tête  d'une  troupe 
distinguée  de  musiciens  d'église. 

*  III.  HARIUSON  (  Guillaume  ) , 
écrivaiuanglais,  mort  en  1712,  bour- 
sier du  nouveau  collège  à  Oxford, 
et  secrétaire  du  comte  de  Stafford  à 
La  Haye,  fut  ami  de  Swift,  avec  qui 
il  eut  uue  correspondance  suivie. 
Harrison  a  écri  t  quelques  Poésies, qwi 
se  trouvent  dans  le  recueil  deNichols. 

*  IV.  HARRISON  (  Guillaume  ) , 
jeune  homme  plein  d'esprit  ,   d'un 
grand  sens  et  d'un  excellent  carac- 
tère, d'après  le  rapport  du  docteur 
Swift ,  et  qu'une  mort  prématurée 
empêcha  de  réaliser  les  espérances 
<ju'il  avoit  données.  Elève  de  l'uni- 
versité d'Oxford  ,  il  n'avoit  d'autre 
revenu  que  40  livres  ,  qu'il  gaguoit 
anuucUemeTit  ea  qualité   d'institu- 
teur   de    l'un  des    fils   du  duc    de 
Queensbury.  Il  sut ,  dans  cet  emploi , 
se  concilier  l'amitié  et  la  faveur  du 
docteur  Swift,  qui  obtint  pour  lui 
la  place  de  secrétaire  auprès  de  lord 
Baby  ,    ambassadeur    à    La    Haye. 
Harrison  ne   jouit  pas  long-temps 
du  commencement   de  sa  fortune  : 
ayant  été  envoyé  à  Londres  ,  il  y 
mourut  le  14  février  1712.  Les  re- 
grets qu'ont  donnés  publiquement  a 
sa  mort  le  docteur  Swift,  M.  Tickell 
et  le  docteur  Young  ,  font  également 
l'éloge  de  ce  jeune  poète  et  des  pièces 
de  sa  composition  éparses  dans  les  re- 
cueils du  temps.  11  a  eu  quelque  part 
au  5"  volume  du  Talter,  dont  il  fut 
l'éditeur,  sous  la  direction  de  Boling- 
broke,  Henley  et  Swift.  —  On  ne  doit 
pas  le  confondre  avec  un  autre  Wil- 
liam Harki.son-,  auteur  d'un  drame 
pnsioral  intitulé  le  Pèlerin  ou  V  Heu- 
reux Co/iuerti ,([m  parut  eu  1  709. 

*  HARSCHER  (  Nicolas  ),  docteur 


HAUT 

en  philosophie  et  en  médecine ,  pro- 
fesseur d'éloquence  dans  l'université 
de  Bàle,  né  en  i685  ,  soutint  dans 
celle  ville  une  dissertation  X>e  tu//o 
uenlriculi  et  iiitestiiiorum  naturali 
et  prœternnturali.  On  a  encore  de 
lui  une  disserlalioii  assez  longue 
sous  ce  titre  :  IJe  divi/ialiune  Cice- 
ruriis  diatribe,  qitâ  ratioiies prœ- 
dicendœ  mvtalionis  reipublicœ  et 
belli  civilis  inter  Pompeium  et  Cœ- 
sarern  gesti  ,  osteiidunlur  ,  et  in 
exempli/m  divinalionis  civilis  pro- 
ponuntur i  et  un  Discours  intitulé 
De  ingénia  et  moribus  hominum , 
ex  stylo  œstimandis.  Ce  médecin 
mourut  à  Bàle  ,  le  27  octobre  1742. 

t  HARSI  (Olivier  de),  célèbre 
imprimeur  de  Paris  ,  mort  en  1 584  , 
connu  par  la  beauté  de  ses  édi- 
tions ,  parmi  lesquelles  on  distingue 
son  Corps  de  Droit ,  avec  les  Cnm- 
meulaires  d'Accurse  ,  5  vol.  in-fol. 

*  HARSU  (  Jacques  de  ) ,  né  à 
Genève  en  i75o,  mort  en  1784,  en- 
thousiasmé pour  les  effets  médicinaux 
de  l'aimant ,  a  publié  un  Recueil 
d'Obsenjationsà.ceiiU]e\,i']S2,in-S°. 

*  HARTE  (  Gautier  ) ,  poêle  et 
historien  anglais,  mort  en  1770  , 
né  et  élevé  à  Marlborough ,  au 
comté  de  Wilts  ,  a  publié,  I.  un 
recueil  de  poésies  intitulé  y/mante  , 
un  vol.  in-12.  II.  Une  Histoire  de 
Gustave-Jdolpke ,  2  vol.  111-4°. 
m.  Essais  sur  l' agriculture. 

*  H ARTIG  (  François ,  com  le  d'  ) , 
né  en  1761  d'nue  famille  d'Alle- 
magne très- ancienne,  éloit  geutlre 
du  célèbre  comte  Collorédo,  celui-ci 
ayant  été  nommé,  par  l'empereur 
d'Autriche,  ministrepléuipoleuliaire 
à  la  cour  de  Saxe ,  d'Harlig  prohla 
de  quelques  momens  de  loisn^  (|ue 
lui  laissoil  sa  placr  ,  et  vint  à  Pans 
en  178(1.  Né  avec  le  goût  le  |;kis 
vif  pour  les  lettres  et  les  voyages, 
i!  s'y  lia  avec  l'es  savans  et  les  Ijcaux 
esprits  de  ce  temps,  et,  profitant 


H  ART 

de  leur  sociëlé  et  de  leurs  conseils, 
il  composa  plusieurs  ouvrages  eu 
vers  el  en  prose,  qui  parurent  im- 
primés en  1708  sous  le  lilre  sui- 
Tant  :  Mélange  de  F'ers  et  de  Prose 
par  le  comte  I  rançois  d'Ilai  tig , 
membre  de  l'académie  des  sciences 
et  belles-lettres  de  Marseille  ,  du 
musée  deFaris,  de  l'académie  des 
sciences  de  Prague  ,  et  de  la  société 
d'émulation  de  Liège.  Ce  recueil  ren- 
ferme une  belle  Fpït/e  sur  l'amour 
des  voyages ,  plusieurs  fers  de  so- 
ciété fort  agréables,  el  quelques iVo//- 
velles  en  prose ,  entre  autres  la  Belle 
Spichilde.  Le  comte  d'Hartig,  pas- 
sioimé  pour  la  langue  française,  l'é- 
crivoil  avec  grâce,  pureté  el  correc- 
tion. Il  mourut  fort  jeune  en  1792. 
Ce  fui  une  perte  véritable  pour  les 
lettres  françaises.  On  lit  au  bas  de  la 
gravure  qui  est  à  la  tête  de  ses  CoUiures 
les  vers  suivans  de  M.  Cubières- 
Palniézeaux  : 

Saveï-rous  quel   esl  son  partage? 
Les  i|ua1ilûs  du  cœur,   les  taleiis  de  l'cspiil; 
I!  a  voyagé  iroinine  iiii  sage. 
C'est  <-ii  poote  qu'il  écrit. 

*  HARTKNOCH  (  Christophe  ) , 
savant  liistorien  allemund  ,  profes- 
seur à  l'Iiorn ,  puis  à  Kœnigsberg,  et 
mort  en  16S7,  a  donne,  I.  De  Pu- 
hlicâ  Polonicâ  libri  II,  Francfort , 
1687,  2  V.  in-8°.  Il  traite,  dans  le 
premier  livre  ,  de  l'histoire  de  Polo- 
gne ;  dans  le  second  ,  du  droit  public 
de  ce  royaume.  Cet  ouvrage  est  esti- 
mé, quoiqu'il  soi  l  écrit  sans  ornement 
et  sans  grâce.  11.  Description  et  His- 
toire de  la  Prusse  ,  en  allemand , 
Francfort,  1684 ,  in-f  °. ,  avec  fig.  111. 
Histoire  ecclésiastique  de  la  Prusse, 
Francfort,  168G,  iu-4°,  en  allemand. 
IV.  De  Originibus  Pomeranicis.  V. 
Chronicon  Prussiœ ,  de  Durbourg  , 
enrichies  de  notes  savantes,  lène , 
1679,  in-4°. 

*  HARTLEY  (  David  ) ,  méde- 
cin anglais,  né  en  1704,  a  joui 
d'une  grande  réputation  et  exercé 


IIART 


2^3 


la  médecin?  avec  succès  à  Londres 
et  à  Hath,  où  il  mourut  eu  i7.'i7  , 
âgé  de  55  ans.  Il  publia  ,  eu  1739  , 
ini  Ecrit  contenant  tout  ce  qui  avoit 
été  dit  pour  et  contre  le  spécifique 
de  mademoiselle  Slephens  pour  dis- 
soudre  la  pierre  ,    accompagné  de 

I  5.1  f'.remples ,  de  plu'.;ieurs  J  xpé- 
riencesel  de  cjuelques  Observations. 

II  s'employa  chaudement  pour  faire 
obtenir  à  mademoiselle  Slephens  les 
cinq  raille  livres  sterling  promises 
parle  parlement  à  l'inventeur  de  ce 
dissolvant.  Cependant  le  docteur 
Hartley  mourut  ,  dit-on  ,  de  la 
pierre  ,  après  avoir  consommé  plus 
de  deux  quintaux  de  pilules  de  sa- 
von ;  et  la  nullité  du  remède  de 
mademoiselle  Slephens  est  reconnue 
depuis  long-lemps.  Hartiey  a  dé- 
fendu aussi  la  cause  de  l'inoculation 
dans  plusieurs  Lettres  insérées  dans 
les  Transactions  philosophiques.  Le 
plus  important  de  ses  ouvrages  est 
intitulé  Observations  sur  l'/iomme, 
sur  sa  constitution  ,  ses  devoirs  et 
son  état  à  venir,  1 749 ,  iu-S",  2  v. 

*  HARTLIB,  fils  d'un  marchand 
polonais ,  venu  en  Angleterre  vers 
1G40  ,  écrivit  sur  les  moyens  de 
mettre  la  paix  entre  les  théologiens 
protestans.  N'ayant  pas  réussi  ,  il  se 
porta  vers  les  études  ,  où  il  eut  plus 
de  succès.  Instruit  à  l'école  des  Fla- 
mands ,  il  publia  d'abord  son  Traité 
sur  V  agriculture  de  la  Belgique , 
ensuite  l'ouvrage  intitulé  L^egs ,  qui', 
si  l'on  en  croit  les  auteurs  du  Fer- 
mier Complet ,  eyt  de  Child  ;  ainsi 
lïartlib  n'auroil  fait  que  corriger  et 
publier  cet  ouvrage,  destiné  à  exa- 
miner les  défauts  et  les  remèdes  de 
l'agriculture  anglaise.  On  y  voit  que, 
dans  le  comté  de  Keni  ,  on  alteloit 
quatre,  six  ,  et  même  douze  chevaux 
à  une  chc-frrue  ;  on  n'y  lit  pas,  sans 
étonnemenl,  qu'en  Irlande  oiielques 
laboureurs attachoicnt  leurs  ciievaux 
par  la  queue  pour  traîner  les  cha- 
riots, etc.  L'auteur  se  plaint  amère- 


2G4 


HAUT 


ment  de  la  grande  variété  de  char- 
rues usitées  dans  le  même  canton  , 
au  lieu  de  comparer  leurs  effets  et 
d'adopter  ce  qu'il  y  avoit  de  mieux. 
Hartlib  n'éloit  jjas  encore  salist'ait 
de  réducaiion  des  bèies  à  laine  ,   et 
il  se  répand  eu  plaintes  SIM"  cet  objet. 
Il  veut  qu'on  s'occupe  davantage  des 
abeilles;  car  le  uuel  d'Angleterre  lui 
pareille  meilleur  que  l'on  conuoisse. 
11  cite  l'urine  de  vache,  employée 
par  les  Hollandais  comme  un  excel- 
lent engrais  au  pied  des  arbres.  Il 
avoit  envoyé  en  France  des  Ques- 
tions sur  la  luzerne  :  on  les  trouve 
dans    ses    ouvrages,   ainsi    qu'une 
foule  d'autres  questions  sur  l'agri- 
culture de   l'Irlande ,  avec  les  ré- 
ponses. Il  désire  qu'on  s'occupe  des 
vers  à  soie  ,  et  rapporte  une  lettre 
du  roi  Jacques  ,  qui  ordonnoit  la  cul- 
ture du  mîirier.  Si  l'on  en  croit  Gau- 
tier Harle  et  les  autres  écrivains , 
l'époque  de  Hartlib  est  celle   de   la 
gloirede  l'agriculture  anglaise.  Crorn- 
wel ,  convaincu  du  mérite  d'un  tel 
homme  ,  lui  assigna  une  pension  an- 
nuelle de  cent  pounds,  dont  il  ne 
toucha  que  le  brevet.  Semblable  en 
cela  à  Descaries,  qui  mourut  à  4oo 
lieues  de  sa  patrie,  sans  en  avoir  ol)- 
tenu  d'autre  bienfait  que  le  brevet 
d'une  pension  de  3ooo  francs.  Hart- 
lib  étoit  ami  de  Millon  ,    qui   lui 
dédia  un  Traite  d'éducation. 

*  I.  HARTMANN  (  Jean  ) ,  d'Am- 
terg  ,  dans  le  haut  Palatinat  de  Ba- 
vière ,  enseigna,  dès  l'an  i5gi,  la 
philosophie  et  les  mathématiques  à 
Marpurg  ,  ety  pricle  bonnet  de  doc- 
teur eu  médecine  en  i6o'i.  Bientôt 
après,  en  i6og,  nommé  à  la  chaire 
de  chimie  de  celle  ville,  il  la  rem- 
plit avec  tant  de  lalens  et  de  dis- 
tinction ,  que  le  landgrave  de  liesse 
le  fit  venir  à  Cassel  pour  remplir  la 
charge  de  son  premier  médecin; 
charge  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort , 
arrivée  le  7  décembre  1 65 1 .  Les  ou- 
vrages que  ce  médecin  a  laissés  sont, 


HART 

I.  Praxis  c//jmialrica ,  Lipsias  , 
1635,  in-4°.  Par  les  soins  de  Jean 
Michel  et  de  George-Everard  Hart- 
mann ,  tils  de  l'auleur,  il  y  en  a  eu 
plusieurs  autres  éditions  postérieu- 
res. II.  Traclatus  physlco-medicus 
cleopio ,  Villebergae,  iGo.ô  et  i658, 
iu-8°  ,  par  les  soins  de  Jean-George 
Pelshofer.  III.  Opéra  omnia  tne- 
(Uco-chymica ,  Francofurti,  1664 
et   1690,  in-folio. 

*  II.  HARTMANN  (  Sigismond  ) , 
jésuite,  né  à  'Vienne  en  1602,  distin- 
gué par  ses  connoissances  dans  les 
inathémaliques  et  en  astronomie  , 
mou  ru  t  à  Prague  en  1 68 1 ,  après  a  voir 
publié,  Observatio  cometœ,  i664; 
CoLoplrica  illustrata propositioni- 
huspliysico-matliemaîicis  ;  item  de 
rnaximis  et  miiiimis  speculis ,  Pra- 
gue, 1668  ,  in-folio. 

III.  HARTMANN  ( Jean- Adol- 
phe )  naquit  à  Munster  en  1680, 
de  parens  catholiques.  Après  avoir 
été  jésuite  pendant  plusieurs  années , 
il  se  lit  calviniste  à  Caste!  en  I7i5  , 
et  devint ,  peu  après,  professeur  de 
philosophie  et  de  poésie.  Il  fut  fait , 
en  1722,  professeur  d'histoire  et 
d'éloquence  à  Marpurg,  où  il  mou- 
rut en  1744  y  à  64  ans.  Ses  ouvrages 
les  plus  eslimés  sont ,  I.  Historia 
Hassiaca,  5  v.  II.  Vitœ  pontificum 
Roinanorum  Vicloris  III,  Vrbaui 
II,  Paschalis  II ,  Gelasii  II ,  Ca- 
listill,  Honorii  II...  III.  Etat  des 
sciences  dans  JaHesse,ç\\  allemand . 
IV.  Frœcepta  eloquentice  rationa-  ■ 
lis  ,  etc.  Ou  a  aussi  de  lui  plus  de 
qualre-viugts  Harangues ,  ou  Dis- 
sertations académiques. 

IV.  HARTMANN  (  George  ) ,  ma- 
thématicien  allemand  ,  inventa,  eu 
1.^  jo,  le  Bàlon  de  l'artillerie,  Ba- 
culus  ùomlidrdicus.  Il  est  aussi  au- 
teur d'une  Perspective ,  réimprimée 
à  Paris  en  1  556  ,  in-4°. 

V.  HARTMANN  (  "Wolfgaug  ) 
composa  ,  en   iSgG  ,  les  Anriales 


HART 

d' JugshoiiJ'g ;  compilation  plus  sa- 
vante qu'agréable. 

HARTUNG  (  Jean  ) ,  né  à  Mil- 
temberg  eu  i5o5  ,  mort  en  lôyg, 
professeur  de  grec  à  Fribourg  clans 
Je  Brisgaw  ,  a  donné  de  savantes 
Notes  en  latin  sur  les  trois  premiers 
livres  de  VOdyssée  ,  et  une  Jerslon 
latine  des  Argonautiques  d'Apollo- 
nius, qui  est  peu  exacte. 

1 1.  HARTZHEIM  (  Joseph  ),  jé- 
suite ,  né  à  Cologne  en  1694  ,  d'une 
fai'iiille  patricienne  ,  y  enseigua  les 
belles-lettres,  et  passa  à  I\Iilanpour 
y  professer  le  grec  et  l'hébreu.  De  re- 
tour danssapatrie,ildirigea,  prêcha, 
enseigua  la  philosophie  et  la  lliéo- 
logie  ,  et  fut  dix  ans  interprète  de 
l'Ecriture.  Schannat ,  savant  ecclé- 
siastique,   auteur  de    l'Histoire   de 
Wornis  ,    ayant    formé   le  dessein 
de  donner   la  Collection  des  Con- 
ciles de  l'Eglise  d'Allemagne,  amassa 
des  matériaux   qui  la  couduisoient 
depuis  le  4'  siècle  jusqu'au  lo*".   La 
mort  Tayaut  empèihé  de  les  mettre 
en  œuvre ,  le  P.  Hartzheim  se  char- 
gea de  le  mettre  eu  élat  de  paroitre. 
Par  ses  connoissances  et  ses  corres- 
pondances avec   les  savans  d'Alle- 
magne, il  les  augmenta  du  double. 
Il  mit  au  jour  les  quatre  premiers 
volumes  ,  et  avoil  achevé   le    cin- 
quième, lorsqu'il  mourut  en  1763. 
Le  P.  Heruian  Scholl ,  sou  confrère , 
publia  les  cinq,  six,  sept  et  hui- 
tième volumes.  Il  mourut  en  17G8. 
Le  P.  Gilles  Neisstn  lui  succéda  ,  et 
a  publié  les  neuf  et  dixième  volumes 
de  celte  collection  ,  quilinit  en  17-J7. 
Ou  voit,  à  la  tète  du  premier  vo- 
lume ,  une  carte  de  l'Allemagne  ,  de 
la  Pologne  et  de  la  Russie,  divisées 
en  provinces  ecclésiastiques.  L'édi- 
tion ,  qui  est  in-folio  ,  est  de  Co- 
logne, eu  beau  papier  et  beaux  ca- 
ractères. On  trouve,  au  commen- 
cement du  cinquième  volume  ,   la 
liste  des  ouvrages  du  P.  Harlzheiin. 
Les  principaux  sont,  L  Summa  his- 


HART 


2G5 


torice  omnis  ah  exordio  rerum  ad 
annumà  Chrislonato  i7i8,Luxem 
bourg  ,  ia-18.  II.  De  initio  métro- 
poleos  ecclesiaslicœ  Culoiiiœ,  etc.  , 
d/s(peis/tio ,  Cologne,  1731  ,  iii-4'*. 

III.  Bibllol/ieca  ncnptovvm  Colo- 
jiiensium  ,  Cologne,    1747,  in-fol. 

IV.  Dissertatioiies  X  historico-cri' 
ticœin  sacram  Scripturam,  in-fol., 
estimées  des  savaus.  V.  luscriptio- 
nis  ficjsellensis  Ubio-Pomnnœ  e.v- 
planatiu ,  Cologne,  i745,  in-8°. 

*  II.  HARTZHEIM  (  Gaspard  ) , 
jésuite, né  à  Cologne  ,  enseigua  jien- 
daut  presque  toute  sa  vie  les  belles- 
lettres  ,  la  philosophie  et  la  théolo- 
gie dans  différens  collèges,  et  mou- 
rut dans  sa  patrie  sers  i755.  Ou 
a  de  lui,  I.  Explicatlo fabitlaruni 
et  superstit/'o/ium  in  S.  S.  indica— 
'iarum,al.'egoiico,aiialogicomorali, 
prœter  Littei aletn,  se/isum, Coloone  , 
1724,  et  Padoiie,  1751  ,  iu-8".  II. 
yicolaï  de  Cusa  cardinaiis  vit  a , 
Trêves,  i75o,iu-8°.  111.  Plusieurs 
livj/es  de  piété  en  latin. 

t  HARTZOEKER  (  Nicolas) ,  né 
à  Goude  en  Hollande  l'ati  i656, 
d'un  ministre  reuiontraut  ,  s'appli- 
qua aux  belles-lettres,  aux  langues, 
et  s'attacha  sur-tout  à  la  physique 
et  aux  nuuhéuiatiques.  L'académie 
des  sciences  de  Paris  et  celle  de 
Berlin  se  l'associèrent.  Le  czar  Pierre 
voulut  l'emmener  avec  lui  :  mais 
Hartzoeker  préféra  le  séjour  d'Ams- 
terdam à  celui  de  JMoscow.  Pour 
reconnoitre  cette  préférence,  on  lui 
fit  dresser,  aux  dépens  du  public, 
une  espèce  d'ol)sers  a  luire  sur  un  des 
bastions  de  la  ville.  Cest  là  qu'il 
enlrepril  un  grand  miroir  ardent, 
compo^é  de  pièces  rapportées  , 
pareil  à  celui  dont  on  préiend 
qu'Archimède  se  servit.  Jean-Guil- 
laume ,  électeur  i)alatin  ,  lui  ayant 
donné  les  titres  de  son  premier  ma- 
thématicien, et  de  professeur  hono- 
raire eu  philosophie  dans  l'univer- 
sité d'Hcidelberg ,  il  quitta  Amsler- 


26(J 


HARV 


dam.  Après  la  uiorl  de  ce  prince , 
il  se  relira  à  Ulrecht ,  où  il  iiioii- 
riit  le  lo  tléceinl>re  17:25.  Il  aima 
mieux  ramener  les  tourbillons  de 
Déscarlts  ,  que  d'adopler  le  vide 
de  Newton.  On  a  de  lui ,  l.  Un  Cours 
de  physique  ,  accompagné  de  plu- 
.sieurs  pièces  sur  cette  science,  à  La 
Haye,  in-i|°,  1780.  II.  Une  foule 
à'Opuscu/es ,  parmi  lesquels  il  y  en 
a  quelques-uns  d'mtéressans. 

t  I.HÂRVÉE  ou  Harvei  (Guil- 
laume), Ilarvœus  ,  né  à  Folkston, 
dans  le  comté  de  Kent ,  en  1578, 
mort  en  1657  ,  fut  médecin  de  Jac- 
ques 1'^'"  et  de  Charles  1'''  ,  el  pro- 
lèsseur  d'anatomie  et  de  cliirurgie 
dans  le  collège  des  médecins  à  Lon- 
dres ,  sur  lequel  il  répandit  ses  bien- 
faits. C'est  à  lui  qu'on  fait  honneur 
de  la  découverte  de  la  circulation 
du  sang,  quoiqu'on  ait  prétendu 
que  Césalpin  el  le  jésuite  Fabri  en 
avoient  parlé  avant  lui.  Ce  qu'il  y 
a  de  vrai  ,  c'est  que  Harvée  est  le 
premier  qui  l'enseigna  j)ubiique- 
nienl  dans  ses  leçons.  Il  la  déve- 
loppa ensuite  dans  un  ouvrage  inti- 
tulé Exercilatio  anato/nica  de  rnotu 
cordis  el  sanguiuis  ,  pul)lié  pour  la 
première  fois,  et  dédié  à  Charles  I" 
en  1628,  réimprimé  à  Leyde,  17.17, 
in-4°.  Les  médecins  s'opposèrent  vi- 
goureusement à  celle  opinion  ,  et 
traitèrent  Harvée  de  visionnaire, 
ris  voulurent  le  perdre  auprès  des 
rois  Jacques  et  Charles  l'"^.  11  se  dé- 
fendit, il  répliqua,  il  répéta  les  ex- 
périences, et  la  vérité  se  fil  jour. 
Alais  on  le  persécuta  d'une  autre 
manière.  Lorsqu'il  eut  communi- 
<pié  son  idée  à  ses  confrères,  ils 
la  dirent  d'abord  absurde  et 
nouvelle  ;  et  lorsqu'ils  ne  purent 
s'empêcher  de  l'applaudir  el  de  la 
recevoir  ,  ils  pri'lendirent  qu'elle 
éloit  1res  -  ancienne.  Les  envieux 
aiiroient  dû  avouer  qu'elle  étoit  du 
moins  enseignée  avant  lui  d'une 
jiiiuiière   très  -  obscure;   et  l'on  ue 


HARV 

peut  lui  disputer  la  gloire  de  l'a- 
voir, le  premier,  mise  dans  tout 
son  jour  ,  et  de  lavoir  prouvée 
par  des  expériences  incontestables. 
D'ailleurs,  dit  Hume,  son  Traité 
de  la  circulation  du  sang  est  em- 
belli par  celte  chaleur  el  cette  no- 
blesse qui  accompagnent  si  natu- 
rellement le  génie  de  l'invenlion. 
Charles  honora  ce  grand  homme 
d'une  laveur  distinguée,  et  lui  ac- 
corda la  liberté  de  faire  servir  les 
daims  des  forêts  royales  pour  per- 
fectionner ses  découvertes  sur  la 
génération  des  animaux.  On  a  de 
cet  illustre  médecin  d'autres  ou- 
vrages estimables  Les  principaux 
sont  ,  outre  celui  dont  nous  avons 
parlé,  I.  Le  traité  De  circulatloue 
sanguinis  ,  Roterdain  ,  1649  H. 
Un  autre  J?e  generatione  auima- 
lium  ^  Londres,  i6,^r,  in- 4°.  La 
maison  d'Harvée  ayant  été  pillée 
pendant  les  troubles  de  la  lin  du 
règne  de  Charles  F'',  une  grande 
pariie  de  cet  ouvrage  se  perdit,  et 
ce  qui  nn  reste  n'auroit  pas  même 
été  publié  ,  si  George  Eut  n'eût 
fait  en  quelque  sorte  violence  à  l'au- 
teur ,  pour  l'engager  à  laisser  im- 
primer son  livre  en  i65i.  Harvée 
y  (iémoutre  que  tous  les  corps  vi- 
vaiis  doivent  leur  origine  au  déve- 
lojjjiement  des  germes  ,  et  c'est 
comme  dans  son  Traité  de  la  cir- 
culation ,  par  la  voie  des  expé- 
riences, qu'il  le  prouve.  III.  Uuautre 
De  ovo.  IV.  Un  livre  en  anglais, 
intitulé  Nouveaux  principes  de 
phi/usophie ,  etc.  Ces  divers  écrits 
ont  été  réunis  à  Londres,  1766,  in- 
4°.  Ce  grand  homme  avoil  autant 
de  modestie  que  de  génie;  il  la  té- 
moigna par  la  manière  douce  dont 
il  répondit  à  ses  adversaires  ,  et 
sur  tout  à  Kiolan  qui  l'avoil  atta- 
qué avec  violence.  II  eut  l'air  de 
prendre  pour  juge  cet  homme  sur 
lequel  il  avoil  tant  de  supériorité. 
Le  docteur  Lawrence  en  a  donné  en 
176.6  nue  nouvelle  édiliou  très-bien 


I 


HARW 

exécutée,  en  2  volumes  iii-4° ,  à  la 
tèle  de  laquelle  il  a  placé  la  vie  de 
l'auleur.  Harvée ,  suivant  la  re- 
marque de  Hobbes  ,  a  pu  voir 
de  son  vivant  sa  doctrine  sur  la 
circulation  du  sang  gënéraUment 
adoptée,  et  peul-ttre  est-il,  parmi 
ceux  qui  ont  enrichi  le  domaine  des 
sciences  de  découvertes  utiles,  le 
seul  qui  ail  eu  cette  satisfaction. 
Le  manuscrit  original  de  ses  leçons 
existe  dans  le  inuséum  de  H;nis- 
Sloane,  acheté  par  le  parlement, 
avec  cet  intitulé  :  Frœlectiones 
anatomiœ  nniversalis  per  me  Gu- 
iielmum  Harvœum  medicum  I.on- 
dinenseni ,  anal,  et  china  g.  pio- 
j essorent ,  ann.  Dont,  ifiiti,  anno 
œlalls  07  .  prœlec.  apr.  16,  17  ,  18. 

II.  HARVÉE  (Gédéon),  Haï- 
fœns  ,  habile  médecin  ordinaire  du 
roi  Charles  II,  et,  à  l'avènement  de 
Guillaume,  médecin  delà  leur  de 
Londres  ,  mort  à  Heinpsted  dans  le 
comté  d'Hertford  en  1700,  est 
connu  principalement  par  deux 
Tiaités  curieux  ,  et  qui  ne  sont  pas 
communs  :  I.  Jrs  ciirandi  morbos 
expectatione ;  bonne  idée  ,  qui  four- 
iiiroit  la  matière  à\\\\  excellent 
livre;  celui  de  Harvée,  sans  être 
mauvais,  pourroii  être  meilleur. 
II.  De  vanitatibus  ,  dolis  et  rnen- 
dacils  medicorum  ,  in-12  ,  à  Ams- 
terdam ,  1695.  Ces  deux  ouvrages, 
fort  reclierchés  ,  sont  ordinairement 
joints  ensemble. 

HARWARD  (  Jean  ) ,  ministre 
anglo -américain  ,  mort  en  i658 
à  Charles-Town  ,  fonda  par  son  tes- 
tament l'université  de  Cambridge  , 
à  quatre  milles  de  Boston  dans  la 
nouvelle  Angleterre.  La  bibliothè- 
que de  est  établissement  avoit  eu 
1787  plus  de  douze  nulle  volumes, 
et  le  cabinet  de  physique  éloit  le 
plus  riche  et  le  plus  comi)let  de 
tous  ceux  de  l'Amérique.  Il  y  avoii 
alors  à  Cambridge  un  professeur 
de   rualhémaliques  ,    un  autre  de 


HASG 


2G7 


philosophie  naturelle  ,  un  de  langues 
orientales  ,  un  d'anatomie  et  de 
chirurgie ,  \\\\  de  médecine  théori- 
que et  pratique,  un  autre  eiiHn  de 
chimie  et  de  botanique,  et  quatre 
sous-])roiesseurs. 

*  HAR'WOOn  (Edouard),  né 
en  1729,  dans  le  comté  de  Lan- 
castre  ,  littérateur  distingué  ,  au- 
quel on  doit  plusieurs  ouvrages  es- 
timés. Celui  qui  a  le  plus  contribué 
à  sa  réputation  est  intitulé  Revue 
des  différentes  éditions  des  clas- 
siques grecs  et  latins  ,  dont  il  y  a 
eu  plusieurs  traductions  et  plusieurs 
éditions.  Malgré  les  imperfections 
qui  s'y  trouvent,  cet  ouvrage  est 
très-propre  à  inspirer  le  goi!it  de 
la  littérature  et  des  bonnes  études. 
Harvvood  mourut  très -pauvre  et 
dans  un  âge  avancé  en  J  794- 

t  HASAN  oit  Hassan-,  l'un  des 
califes  successeurs  de  Maliomet ,  fut 
élu  d'une  voix  unanime  pour  oc- 
cuper le  trône,  après  la  mort  de 
son  père  Ali  en  66 1  :  mais  né  avec 
des  inclinations  douces,  il  se  démit 
volontairement  six  mois  après  en 
faveur  de  Moavia  ,  qui  commença 
la  dynastie  des  Ommiades.  Pendant 
un  règne  trop  court ,  Ilasan  se  ht 
chérir  par  sa  bonté.  Un  jour  qu'il  di- 
uoit,  une  esclavequile  servoit,  ayant, 
laissé  tomber  sur  lui  un  potage 
bouillant  ,  se  jeta  à  ses  pieds  : 
«  Seigneur,  lui  dit-elle,  le  paradis 
est  pour  ceux  qui  maîtrisent  leur 
colère.  —  Je  ne  suis  point  fâché  ,  ré- 
pondit Hassan;  —  et  pour  ceux  qui 
pardonnent ,  continua  la  femme  ;  — 
je  vous  pardonne,  répliqua  le  ca- 
life; —  car  Dieu  ,  ajouta- t -elle  , 
aime  tous  ceux  qui  font  du  bien. — 
Cela  étant,  reprit  le  prince,  je  vous 
donne  la  liberté  et  quatre  cents 
pièces  d'argent.  Ce  musulman  se 
retira  à  Médilie  ,  où  il  vécut  heu- 
reux et  mourut  en  669. 

'^HASCH ARDUS  oi/IlASCHAERT 
(  Pierre  ) ,  médecin  ,  né  à  Armen- 


268 


HASE 


tières  dans  le  1 6*  siècle  ,  donna 
dans  les  rêveries  de  l'astrolonie , 
qu'il  soiilinl  avec  opiniâtreté  contre 
François  Rapardiis  de  Bruges,  qui 
avoit  écrit  un  livre  dans  lequel  il 
se  moquoit  des  folies  des  aslrolo- 
gnes.  Entre  autres  ouvrages  que  ce 
médecin  a  laissés  sur  celte  science 
ridici'le  ,  on  cite  le  suivant,  intitulé 
Sa/uberrima  boiiœ  valeludinis 
luendœ  prœcepta  Eobani  Ilessi 
jjuël.œ  Jesl.hnssiini  ,  elegiaco  ca?'- 
niine,  ad  iniilatiuiiern  Galeni  co/is- 
cnp/a ,  /lorisqi/e  commenlariis  II- 
lusUala,  Francofurti,  i568,  iu-S"". 

tHASE  (Théodore  de),né  à  Brème 
en  1682  ,  reçut  de  son  père  une  ex- 
cellente éducation,  il  parcourut  l'Al- 
lemagne et  la  Hollande,  et  devint  pro- 
fesseur de  lielles-letlres  à  Hanau. 
L'année  suivante  il  fut  rappelé  à 
Brème ,  pour  y  être  ministre  et  pro- 
fesseur d'hébreu. Il  fut  reçu, quoique 
absent,  docteur  eu  théologie  à  Franc- 
forl-sur-l'Oder  en  171:2,  et  membre 
de  la  société  royale  de  Berlin  en 
1718.  Enfin  il  devint  ,  en  1723  , 
professeur  de  théologie  à  Brème  , 
où  il  n)ourut  le  25  avril  i73i.  On 
a  de  lui  un  vol.  in-S"  de  Disser- 
tations pleines  d'érudition.  11  ira- 
vailloit  avec  Lampe  à  un  journal, 
commencé  sous  le  titre  de  Biblio- 
theca  historico-pli'iloliigico-theo- 
logica  ,  et  continué  sons  celui  de 
Miisœum  historico  -  philologico- 
l/teolugiciim.  Sou  frère  Jacques  Hask 
se  disling'ié  par  sa  vaste  érudition  ,  a 
publié  duers  ouvrages  estimés.  Il 
est  jnorl  en  1723. 

*  H  ASECH  (  Antoine  ) ,  ecclésias- 
tique du  diocèse  de  Eiège,  devint 
célèbre  par  son  grand  âge  ,  et  les 
moyens  qui  l'y  firent  parvenir.  Son 
évêque  l'ayani  interrogé  comment  il 
avoit  conservé  ses  Ibrces  et  sa  santé 
beaucoup  au-delà  d'un  siècle ,  il  ré- 
pondit qu'il  s'éloit  constamment 
abstenu  de  trois  choses  :  Mutierum , 
ebrietalis    et  iracimdiœ.   (  Ployez 


HASS 

Leontcenus.  )  Il  mourut  en  iSaG; 
à  l'âge  de  lat)  ans,  ayant  été  durant 
cent  ans  ciué  de  Gulich  ou  Gouri, 
dans  le  pays  de  Luxembourg  ;  et 
selon  d'autres  ,  de  Gelick  ou  Geule  , 
près  de  Mastricbt.  Son  portrait  , 
gravé ,  est  fort  rare. 

HASENMULLER.  r.  Lysekus  , 
11°  1. 

*  HASSAN-BACHA ,  grand-visir 
•del'empire  ottoman  ,  né  en  Afrique, 
pritd'abord  du  service  dans  la  marine 
d'Alger.  Tombé  entre  les  mains  des 
Espagnols  ,  il  fut  envoyé  à  Naples  , 
d'où,  après  avoir  été  mis  en  liberté, 
il  passa  à  Constantinople.  Les  irai- 
temens  doux  et  humains  qu'il  avoit 
constamment  éprouvés  de    la  part 
des  chrétiens  pendant  sa  captivité 
lui   avoient    inspiré    les    senlimens 
favorables  qu'il  a  conservés  toute  sa 
vie  pour   les  Francs.    Son  courage 
éclata     à    la    fameuse    bataille     de 
Tschesmé,le.'îjuilleti770,oùlatlotte 
tunjue  fut  réduite  en  cendres  par  les 
Russes.  Avant  la  bataille,  il  avoit 
proposé  un  moyen  extrême  :  c'éloit 
d'accrocher  chaque  vaisseau  russe  par 
une  caravelle,  d'y  metlrele  feu,  et  de 
faire  sauter  les  deux  bàtimens  à  la 
fois.  Tous  les  capitaines  rejetèrent 
ce  projet  ;  Hassan-Bacha  fut  le  seul 
(jui    l'exécuta  ,   et   il   parvint  à   se 
sauver.  Elevé  ensuite  au  poste  éini- 
nent  de  grand-amiral  ou  capitan- 
bacha  ,  il  sut  conserver  cette  dignité' 
pendant  une  longue  suite   d'années 
dans  une  cour  orageuse   et  sujette 
aux    plus   grandes    vicissitudes.   Sa 
réputation  s'élablit  de  plus  en  plus 
par  li's  expéditions  dans  la   Syrie  , 
el  sur-tout  en  Egypte  où  il  parv  intà 
soumettre  les  rebelles  par  une  grande 
rigueur.  Après  avoir  rétabli  l'ordre 
en  1775  à  Srnyrne  ,  il  prit  les  villes 
de  Gaza,deJaffa  el  d'Acre,    où   le 
fameux  IJaher  ,  cheik  de  cette  ville  , 
eut  la    tête  tranchée.  Il    parcourut 
une   partie  de  l'Egypte,  et  en  rap- 
porta un  butin  immense.  Les  beys 


HASS 

d'Egypte  s'étaut  révoltes  ,  Hassan- 
Badia  mit  à  la  voile  de  Conslanli- 
nople  au  prinlenips  de  1786  :  il  dé- 
barqua à  Alexandrie,  mit  en  déroule 
laniiée  des  rebelles,  en  lit  passer 
un  grand  nombre  au  lil  de  IVpée  ,  et 
marcha  vers  le  Caire  dont  il  s'em- 
para. La  guerre  ayant  étiaté  de  nou- 
veau entre  les  Turcs  el  les  Russes 
en  1 788,  il  fut  nommé  grand-amiral 
de  la  mer  Noire  el  généralissime  des 
troupes  qui  dévoient  agir  sur  ses 
bords,  il  y  eut  des  batailles  navales 
peu  décisu  es,  le  i  8  et  le  28  juin,  et  le 
1  /(  juillet.  Mais  la  mer  ayaul  été  prise 
de  glaces  des  le  mois  de  no\  embre  , 
et  Oczackow  ayant  perdu  par  la  sa 
principale  défense,  celle  forteresse 
fut  emp.ortée  le  6  décembre,  sans 
que  l'amiral  pût  rien  faire  pour  l'em- 
pêcher. Ces  mauvais  succès  le  lirenl 
déposer  ;  mais  ,  en  rendant  jiislice  .1 
sa  valeur,  lesnitaii  le  lit  séraskier 
d'Ismuïl.  Il  commanda  un  corps  en 
Bessarabie  en  i"8(> ,  ma's  ne  Ht  rien 
de  remarquable.  I^s  'l'iircs  avoient 
essuyé  des  malheurs  de  tout  côié 
pendant  cette  canipague.  Le  grand- 
"visir  avoil  été  battu  à  ÏMartiiiesîi  , 
près  de  Focksan  ,  par  l'armée  com- 
binée des  Aulrichiens  et  des  Russes  ; 
la  Porte,  dans  celte  cxtrémilé,  le 
nomma  grand-visir:  mais  il  n»^  ré- 
])ondil  point  à  I  attente  du  public  , 
et  donna  lieu  à  divers  bruils  qui 
n'ont  pas  été  bien  éclaircis.  Il  mou- 
rut à  Sehiuida ,  au  mois  de  mars 
1790  ,  âgé  de  87  ans. 

*HASSAN-BEN-SAB13AH  fonda, 
l'an  Z|83  de  Ihégire,  1090  de  J.  C.  , 
la  secte  des  musulmans  connue  sous 
le  nom  û' Ismaéliens ,  appelés  aussi 
bathéniens  ,  molalieds  el  assassins. 
Hassan  ,  dit  un  savant  de  nos  jours 
(M.  Silvestre  de  Sacy  ) ,  étoit  his 
d'Ali,  homme  assez  obscur  ,  livré  à 
la  vie  religieuse,  mais  dont  l'ortho- 
doxie étoit  suspecte.  Après  beaucoup 
de  vicissitudes  ,  la  forlmie  se  mon- 
trant favorable  au  jeune  Hassan  ,  il 


HASS 


2()9 


crut,  à  ce  qu'il  paroit,  devoir  se 
donner  mie  origine  illustre  ,  et  pré- 
tendit descendre  de  f\Inhammed-ben- 
Sabbah  Homeiri,  pir.-oiiuage  célèbre 
]'ar  ses  verlus  ,  à  qui  l'on  aliribuoit 
même  des  miracles  ;  aussi  esl-il  gé- 
néralement conuu  sous  le  nom  de 
Hassan  Ijeii-Sabbah. Hassan  se  trans- 
porta en  l'gypte,  el  y  obtint  la  faveur 
du  khalife  Aioslanstr  ;  mais  en  ayant 
été  eiismle  chassé  par  une  intrigue  , 
il  aborda  eu  Syrie  et  parcourul  la 
Perse,  en  y  e>eiçant  les  ioiulions 
dedai,  et  jjroppg  ant  sa  secte.  11  se 
lit  nn  grand  nombre  de  proséIyt»s 
par  ses  i.rédications  pendi.nl  les;  ace 
de  7  à  8  ans.  Etant  parvenu  ,  par 
corruption  on  par  ruse  ,  à  s'empa- 
rer de  la  foiteresse  d'Alan. ont  qui 
apparleuoit  au  sultan  Seldjoukide- 
Mclicschali ,  il  sut  s'y  maintenir, 
quoiqu'avec  un  petit  nombre  de  dé- 
fenseurs ,  centre  les  troupes  que  le 
sulian  envoya  pour  l'en  chasser. 
I\l  licschah  élant  mort,  Hassan  resta 
maure  dAlaïuonl  i^t  du  territoire 
environnant.  C'est  de  là  que  ,  par  le 
moyen  de  ses  dais,  il  étendit  rapi- 
deiueut  sa  secte  ,  et  avec  elle  sa 
puissance.  Il  choisissoit  un  nombre 
déjeunes  g'-ns  i)armi  ses  sujets,  (t 
les  faisoit  élever  dans  des  eiidroiis 
secrets  ,  où  tout  éloit  disposé  pour 
émouvoir  et  enllammer  leur  imagi- 
nation. Obéir  aveuglément  aux  \  0- 
lontés  de  leur  prince  éloit  pour  eux 
ledevoirlepliiS!*acré  ;  et  ilscroyoient 
que  s'ils  perdoient  la  vie  en  exécu- 
tant ses  ordres  ,  jiiUes  on  injns/es  , 
ils  jouiroient,  après  leur  mort,  d'une 
éternelle  félicité.  On  leur  enseiguoit 
plusieurs  langues  ,  et  Has.'^an  les  en- 
voyoit  assassiner  les  princes  qu'il 
regardoit  comme  ses  ennemis.  Tel 
étoit  1  horrible  emploi  q\i  il  faisoit 
de  ces  jeunes  inspirés,  pour  lesquels 
l'assassinai  devenoit  un  acte  de  re- 
ligion. Les  Ismaéliens  ont  été  gou- 
vernés pendant  lespacede  171  ans 
par  une  dynastie  de  huit  souverains 
qui  se  succédèrent  dans  l'ordre  sui- 


'2']0 


HASS 


vaut:  Hassan  -  beii  -  Sabbah  fut  le 
premier  :  il  régna  55  ans  ,  et  raourul 
l'an  de  l'hégire  5 18,  de  J.  C.  ii2,|. 
Son  successeur  fut  Bouzroiik  ,  son 
fils  ,  qui  régna  1.4  ans.  Mohammed  , 
fils  de  Boiizrouk  ,  régna  2^  ans  et 
8  mois  ;  il  eut  pour  successeur  Ha.s- 
san-Dhekral ,  qui  conserva  l'aulorité 
pendant  4  ans  ;  iMohammed  son  tils 
lui  succéda  ,  el  eut  un  règne  lur  46 
ans;  Dgeladeddiu  ,  sou  fils,  régna 
après  lui  1 1  ans  et  6  mois  ,  et 
eut  pour  successeur  Alaeddin  ,  sou 
fils,  qui,  après  avoir  conservé  la 
souveraineté  pendant  55  ans,  mou- 
rut l'tni  125b  de  J.  C.  ;  Rokneddin  , 
sou  tils,  ne  régna  qu'un  an  ,  et  fut  le 
dernier  prince  des  assassins.  (  Koyez, 
dans  le  dictionnaire  de  .Moréri ,  au 
mot  Ismaéliens, de  quelle  manicre 
furent  détruites  e(  la  famille  de  Cis 
princes  et  leur  souveraineté.  )  Les 
historiens  font  monter  jusqu'à  60 
mille  le  uom])re  des  Ismaéliens. 
Quelques-nus  rapportent  que  lun 
des  souverains  de  cette  peuplade  ex- 
traorduiaire,  voulant  donner  à  des 
ambassadeurs  étrangers  une  preuve 
de  sa  puissance  el  du  dévouemenl 
de  ses  sujets,  il  en  ht  venir  deux  eu 
leur  présence ,  comma.Kia  à  l'un  de 
se  précipiter  du  haut  d'une  tour  ,  à 
l'autre  de  se  plonger  un  poignard 
dans  le  cœur  ,  el  qu'il  fut  obéi  à 
l'instant.  Dès  le  temps  de  leur  fou- 
dateur  Hassan  ,  les  Ismaéliens  firent 
un  établissement  en  Syrie.  Ils  se  lo- 
gèrent au  milieu  des  rochers  el  des 
montagnes,  dans  nue  dixaine  de  châ- 
teaux inaccessibles.  Ceux-ci  étoienl 
gouvernés  par  un  chef  qu'on  appe- 
loil  le  ï'ieillard  de  la  montagne,  et 
qui  dépendoit  de  celui  qui  éioit  eu 
Perse.  V.  Vieux  de  la  MoNTAONi;. 

*  HASSF.T.QXITST  (  Frédéric  ),  né 
en  1722  à  'rouriialla,  dans  la  Golliie 
orientale,  perdit  son  père  étant  en- 
core lres-)eune,  et  vint  à  l'âge  de 
19  ans  à  l'uuiversilé  d'Upsal  ,  où 
il  se  procura  quelques  élevés   pour 


HAST 

gagner  sa  subsistance.  Il  s'attacha  à 
l'étude  de  l'histoire  naturelle,  et 
obtint  quelques  secours  du  gouver- 
nement. Son  premier  ouvrage  ,  in- 
titulé Essai  sur  la  vertu  des  plan- 
tes ,  fui  reçu  avec  applaudissement. 
Ayant  entendu  I.inuaeus  dire  daus 
ses  leçons  de  botanique  qu'on  ne 
connoissoit  presque  rien  des  produc- 
tions de  la  Palestine,  Hasselquist 
ibrme  aussitôt  le  dessein  d'y  aller  , 
et  se  réjouit  déjà  de  l'idée  «l'enrichir 
la  science  ,  de  l'histoire  naturelle  de 
ce.tte  contrée.  Il  communique  sou 
projet  à  Linuaeus  ,  qui  l'encourage 
et  laide  de  loul  son  pouvoir.  Ne 
perdant  point  de  vue  '-on  voyage,  il 
vint  à  Stockholm  enseigner  la  bo- 
tanique ,  attendant  une  occasion  fa- 
vorable pour  son  départ;  la  com- 
pagnie du  Levant  la  lui  procura, et 
lui  offrit  gratuitement  son  passage 
pour  Smyrue.  Il  rassembla  une  im- 
mensité de  productions  curieuses 
des  trois  règnes  ;  et,  après  une  ab- 
sence de  deux  ans,  il  se  préparoit  à 
revenir  daus  sa  patrie  ,  lorsque  , 
épuisé  de  fatigue  ,  accablé  par  la  cha- 
leur du  climat  ,  il  mourut  eu  1762  , 
dans  le  voisinage  de  Smyrue,  n'ayant 
pas  encore  atteint  l'âge  de  trente  ans. 
Ses  créanciers  firent  saisir  ses  pa- 
piers et  ses  collections  ;  mais,  sur  les 
représentations  que  fit  l^innœus  à  la 
reine  ,  S.  M.  se  chargea  d'acquitter 
sesdettes.  Le  célèbre  professeur  d'Up- 
sal ,  chargé  de  mettre  en  ordre  tes 
observations  d'Hasselquist  et  les  ri- 
chesses qu'il  avoil  rassemblées  , 
s'en  acquitta  dune  manière  hono- 
rable pour  l'un  et  pour  l'auti'e. 

ï.  H  ASTINGS  (Guillaume),  cham- 
bellan d'Edouard  IV  ,  roi  d'Angle- 
terre ,  jouit  d'une  grande  faveur 
auprès  de  ce  prince  ,  qui  ,  des  la 
première  année  de  son  règne  ,  le 
créa  baron  d  Haslings  ,  el  1  honora 
de  l'ordre  de  la  jarretière  l'année 
suivante.  Lorsqu'en  i470  Edouard 
fut  obligé  de  chercher  uu  asile  eu 


HAST 

Hollande ,  Hastings  le  suivit  par- 
loul,  el  conliibiia  beaucoup  au  gain 
de  la  bataille  qui  se  donna  près  d<: 
Baiiiel ,  el  qui  fil  renionler  le  roi 
sur  le  trône.  Il  ne  tut  pas  moins 
fidèle  à  son  fils  Edouard  V.  Il  ëloit 
d'abord  entré  dans  les  vues  de  Ri- 
chard ,  duc  de  Glocester  ,  oncle  pa- 
ternel dj  ce  prince  ,  prolecteur  et 
régent  du  royaume  :  mais  lorsqu'il 
s'aperçut  que  Riciiard  chrrchoil  à 
enlever  la  courorme  à  son  neveu  , 
il  lui  fut  tres-conlraire.  Ce  prince 
najanl  pu  séduire  cet  excellent  ci- 
toyen, résolut  de  s'en  délivrer  par 
\\n  crime.  Il  demanda  eu  plein  con- 
seil quel  cliàliment  inériloienl  ceux 
qui  avoient  attenté  sur  la  vie  du 
protecteur  ?  tlastings  répondit  qu'ils 
dévoient  être  pnnis  comme  des  traî- 
tres. «  Eh  bien!  ces  traîtres,  répli- 
que le  protecteur ,  sont  la  reine  , 
\'euve  de  mon  frère  ,  coupable  de 
magie,  et  ses  complices.  Voyez  en 
quel  état  ils  m'ont  réduit  par  leurs 
sortilèges.  »  En  même  temps  il 
découvre  son  l)ras  tout  desséché.  Per- 
sonne n'iguoroii  que  Riciiard  ,  né 
aussi  coiitrelait  de  corps  que  d'es- 
prit ,  avoit  cette  infirmité  dés  l'en- 
fance. «  Assurément ,  dit  Hastings  , 
ils  ne  peuvent  être  trop  punis,  s  ils 
sont  coupaljlesde  ce  crime. —  Quoi  ! 
s'écrie  le  protecteur  ,  vous  répondez 
par  des  si  et  par  des  ma/s  !  Vous 
êtes  le  premier  coupable,  vous  êtes 
un  traître,  et  je  jure  par  saint  Paul 
de  ne  pas  diner  qu'on  ne  m'ait  ap- 
porté votre  tète.  »  En  achevant  ces 
mots  il  frajjpe  sur  la  table.  Des 
satellites  entrent,  on  saisit  Hastings, 
on  l'entraîne,  el  on  lui  tranche  la 
lèle  une  heure  après,  le  i  ,5  juin 
i48a.  Richard  ,  pour  se  justifier  au- 
près du  peuple  ,  publia  un  manifeste 
où  il  accusoil  l'inforluné  Hastings 
d'avoir  voulu  lui  ôter  la  vie  et  s'em- 
parer du  gouvernement.  Il  lui  re- 
prochoil,  en  même  temps  ,  d'avoir 
entretenu  ,  après  la  mort  d'E!douard 
IV,  un  commerce  de  galanterie  avec 


HATR 


271 


Jeanne  Shore  ,  maîtresse  de  ce  mo- 
narque. Ce  dernier  fait  étoit  vérita- 
Ide  ;  mais  ce  u'étoit  pas  une  raison 
pour  donner  la  mort  à  un  sujet 
fidèle  ,  qui  ,  dans  tous  les  temps  , 
avoit   bien  servi  sa  patrie. 

*  H.  HASTINGS  (Elizabelh),  fille 
de  Théoi)hile,  comle  d'Huntington. 
Cette  dame  réunit  toutes  les  veflus 
à  la  piété.  Ses  chantés  furent  in- 
nombrables: elle  assistoit  les  pauvres, 
elle  visiloilles  malades,  el  leur  por- 
toit  les  consolations  elles  conseils  de 
la  religion,  en  même  temps  que  les 
secours  de  la  médecine.  i\I.  Cou- 
grève  a  tracé  son  portrait  ,  et  donné 
son  carac'ere  sous  le  nom  d  Aspasie, 
dans  le  Mémorial  de  Weifort,  el  [,e 
Palier  a  célébré  sa  mémoire.  Lady 
Elizabeth  mourut  en  17. jo. 

HATE.M'l'AI  ,  Arabe  ,  célèbre 
par  ses  richesses  et  sa  bienfaisance  , 
dans  le  lo*^  siècle.  Un  lui  demanda 
s'il  avoit  connu  quelcui'un  qui  eût 
le  cœur  plus  nobleque  lui.  Il  répondit 
alfirmativement.  a  Un  jour,  dit-il, 
je  sortis  dans  la  campagne,  et  j'y  vis 
un  liomine  qui  avoit  ramassé  une 
ciiarge  d'épines  scellés  pour  son  feu. 
Je  lui  demandai  jjourquoi  il  u'alloit 
pas  chez  Hatemtai  ,  qui  distribuoit 
chaque  jour  du  bois  au  peuple?  Çi/i 
peut  vivre  du  travail  de  ses  mains  , 
me  répondit  le  vieillard  ,  ne  peut 
consentir  à  avoir  ohligatioiià  Ha- 
lemlai.  Cet  homme,  ajouta  ce  der- 
nier, a  le  cœur  plus  noble  que  moi.» 

*  HATRY  (  J.  M.  ) ,  général  fran- 
çais ,  né  à  Strasbourg  ,  mort  à  Paris 
en  1802,  entré  fort  jeune  an  service, 
étoit,  lors  de  la  révolution  ,  capi- 
taine au  régiment  de  La  ]Marck,mais 
bienlôl  il  fut  fait  colonel  ,  et  les 
succès  de  ses  premières  campagnes 
lui  firent  obtenir  le  grade  de  général 
de  l)rigade  :  élevé  ,  en  179  j ,  à  celui 
de  général  de  division,  il  contribua, 
avec  celle  qu'il  commandoit,  aux 
brillans  succès  de  la  journée  de  Fleu- 
rns.  Au  combat  de  Samlnoff  ou  de 


272 


HATR 


Sombief ,  Hatry  attaque  remiemi  , 
le  IjLit  ,  le  met  eu  déroute  et  lui  fait 
huit  cents  prisonniers.    D'après  les 
ordres  du  général  Jourdan,  il  mar- 
che sur  Naumr    qui    lui  ouvre  ses 
portes,  en  abaudoauant  cinquante- 
inie  pièces  de  tanon  ;  il  poursuit  les 
Autrichiens  ;  tous  leurs  avant-postes 
sont  forcés  devant  Liège,  où  ce  gé- 
néral entre  triomphant.    Chargé  du 
commandement  du  blocus  de  la  for- 
teresse de  Luxeiii bourg  ,  il  s'en  rend 
maître  ,  fait  prisonnière  la  garnison 
autrichienne,  composée  de  plus  de 
douze   mille  hommes  ,  et  s'empare 
de  huit  cent  dix-neuf  bouches  à  feu 
employées  à  la  défense  de  cette  place. 
Peu  de  jours    après  il  entre    dans 
Kuisertwerth  ,  en  chasse  l'ennemi , 
et  va  s'établir   sur  la  Sieg.  Hatry 
commandoit  la  dix-septième  division 
militaire  à  Paris  ,  sous  le  directoire  ; 
mais  au   18   fructidor  il  fut  rem- 
placé par  le  général  Augereau.  Bien- 
tôt après  on  le  vit  ,  comme  général 
en  chef  de  l'armée  de  IMayence  et 
cliargé  des  opérations  militaires  rela- 
tives à  l'occupation   de   cette  ville, 
travailler  à  l'exécution  du  traité  de 
Campo-Formio.  Dans  ces  opérations, 
et  dans  toutes  celles  qui  furent  néces- 
sitées par  les   circonstances,  Hatry 
se  fit  remarquer  par  son  zèle  ,   sa 
fermeté  et  le  soin  qu'il  prit  de  faire 
respecter  le  gouvernement  français. 
Après    avoir    remplacé    le    général 
joubert  dans  le  commandement  des 
troupes  statioiyiées  en  Hollande,  et 
s'y  être  distingué,  ses  services,  ses 
vertus  lui  sei'virent  de   titres  pour 
être  nommé  membre  du  sénat  con- 
servateur.   Mort  subitement  d'une 
attaque  d'apo|)lexie  ,    regretté  de  ses 
collègues  ,  et  de  tous  ceux  qui  appré- 
cioieul  son  mérite  ,   il  fut    inhumé 
avec  les  honneurs  qui  lui  étoienl  dus; 
et  le  général  l'ériguou,  dans  le  dis- 
cours qu'il  prononça  sur  sa  tombe, 
professa  hanlement  que  la  France  de- 
voità  ce  héros  une  partie  des  triom- 
phes (jui  oiilalfvruu  su  puissaucu. 


HATT 

HATTÉ  (  Jean-Baptiste)  ,  méde- 
cin d'Arras,  né  en  1727,  mort  en 
176a,  est  auteur  d'un  assez  bou 
Traité  de  la  J^érolelte,  1759,  in-i  2; 

*  HATTEM  (  Pontieu  Van  ) ,  sec- 
taire hollandais ,  dont  les  parti- 
sans s'appellent ,  d'après  lui ,  hal- 
témistes  ,  avoit  fait  un  amalgame 
monstrueux  de  quelques  opinions  de 
Spinosa  avec  la  doctrine  orthodoxe 
enseignée  dans  les  sept  Provinces- 
Unies.  Il  est  auteur  d'un  Traité  sur 
le  Catéchisme  d'IIeidelberg  :  lo 
système  des  verchoristes  et  celui 
des  hattèmisles  se  rapportent  pres- 
qu'en  tout  point.  Van  llatt-em  étoit 
ministre  du  S.  év.  dans  la  province 
deZélande,  vers  la  fin  du  17*^  siècle. 

I.  HATTON  ou  Hetton,  ablié 
de  Richenou ,  puis  évêque  de  Baie 
vers  801  ,  fut  envoyé  en  ambassade 
par  Charleraagne  vers  Nicéphore  , 
empereur  de  Constantinopie ,  l'au 
811.  Il  publia  une  Relation  de  ce 
voyage,  qu'il  nomma  Itinéraire, 
Hatlo.i  se  démit  de  son  évêché  en 
^■2-2,  et  se  retira  dans  le  monastère 
de  liichenou  ,  où  il  mourut  sainte- 
ment l'an  8S6.  On  a  de  lui  un  Ca- 
pitulaire  pour  l'instruction  de  ses 
prêtres.  Cet  ouvrage  curieux  est  in- 
séré dans  le  Spicilège  de  dom  Luc 
d'Aciiëri. 

*  11.  HATTON  (  sir  Christophe  )  , 
né  à  Holdenby,  an  comté  de  Nor- 
thampton,  d'une  ancienne  famille 
du  comté  de  Chafl',  chancelier  sous 
le  règne  d'Elizabeth  ,  fut  élevé  à 
cette  liante  dignité  sans  jamais  avoir 
étudié  en  droit.  11  jouit  de  la  plus 
grande  faveur  auprès  de  la  reine  ; 
et  quoiqu'il  n'eût  fait  aucune  étude, 
jamais  il  ne  put  être  pris  en  défaut 
dans  ses  décisions  comme  chance- 
lier ;  toutes  portent  l'empreinte  de 
l'équité  et  du  jugement  le  plus  soli- 
de. Ce  fut  par  l'effet  de  son  insi- 
dieuse éloquence  qu'il  persuada  à 
Marie,  reine  d'Ecosse,  de  renoncer 


HAVE 

à  ses  droits,  el  de  consentira  subir 
son  procès. 

111.  HATTON.  K.  Otiiox,  u°  VI. 

HAUDICQUFTi  de  Blancourï 
(François)  s'occupa,  dans  le  der- 
uicr  siècle,  de  recherches  f^cnèalo- 
giques.  Nous  avotis  de  lui ,  L  i' jirt 
de  la  verrerie ,  Paris,  1667,  in-12. 
II.  Recherches  sur  l'ordre  duS/.- 
Msprif,  109:")  ou  1710,  en  2  vol.  iu- 
1  2.  111.  Le  Nobiliaire  de  Picardie, 
Paris,  1695,  et  avec  des  fronlispi- 
tes  de  iégô  ,  in-/)".  L'auteur  de 
Ctt  livre  recherche  des  curieux  à 
cause  de  sa  rareté  ,  mais  non  à  cause 
de  sa  Udtlité  ,  fut  condamné  aux 
galères,  pour  avoir  supposé  de  faux 
titres  contre  l'honneur  de  cpitlques 
maisons.  Il  es-l  assez  diificile  de  le 
trouver  complet  ;  car  il  y  a  ordi- 
iiaireuient  onze  familles  de  suppri- 
mées entre  celle  de  Faguel ,  page 
1 85 ,  et  celle  de  Le  Féron.  Ce  No- 
biliaire a  été  effacé  par  celui  que 
Lignon  a  fait  dresser  en  1717  ,  en 
427  feuilles  ,  forme  d'alias  ;  ou  en 
trouve  plus  ou  moins,  suivant  le 
temps  où  elles  ont  été  tirées,  parce 
ijue  plusieurs' familles  n'ont  appoin- 
té leurs  pi'euves  qu'après  sa  con- 
fection. 

HAUDIQUER  (  Jean-Eaptiste  )  , 
bénédictin  de  Sainl-Maur  ,  né  à  Eu, 
a  été  ,  avec  son  l'rere  Cliarles-Michel, 
nn  des  éditeurs  des  tomes  IX  et  X 
des  Historiens  des  Gaules  el  de  la 
/7a«6e,  publiés  en  1707  et  1760. 
Il  est  mort  le  11  février  1775.  Son 
frère  a  continué  l'flistoire  de  la  pro- 
vince de  Bourgogne. 

*  HAVELANGE  (  Jean- Joseph  ) , 
ex-jésiiilc,  proléssenr  au  séminaire 
de  Luxembourg  ,  en  lui  chassé  à 
cause  de  son  ouvrage  lalin  ,  in-S"  , 
de  4-'>o  P'iges,  intitulé  f.cclesice  in- 
fallibilitas  in  Jadis  duclrinalihus 
demonstrala  ,  1 7^ ,  ».;uis  nom  d'im- 
primeur ni  du  lieu  de  l'impression. 
L'infaillibilité  sur  la  doctrine  est  lui 
r.  Yiii. 


HAVE 


1-3 


dogme  ,  mais  sur  les  faits  ,  c'est  une 
invention  du  17*"  siècle,  mise  en 
avant  par  Pierre  de  Marca ,  puis  son- 
tenue  pour  la  première  fois  en  1661 
par  les  jésuites  de  Paris  au  collég» 
de  Clernionl.  Cette  nouveauté  ,  dé- 
jioncée  par  les  curés  de  Paris  ,  fut 
foudroyée  de  toutes  paris.  L'arche- 
vêque péréli.x.e  déclara  que  des  ma- 
licieux ou  des  ignorans  pon voient 
seuls  exiger  ,  sur  le  fait  de  Jansé- 
nius  ,  une  foi  divine,  tandis  qu'il 
lalloit  se  borner  à  une  foi  lunuaine 
et  au  silence  rt-sptctuenx.  Le  titra 
de  l'ouvrage  de  Havelange  aunonce 
le  projet  de  touleuir  la  doctrine  de 
la  défunt-  société  :  il  s'irrite  parti- 
culièrement contre  IMuralori^  Ber— 
lieri,  Gazzaniga  ,  sa\ans  italiens, 
qui ,  dans  des  ouvrages  approuvés 
par  Benoil  XIV,  ont  combattu  ce 
système.  Havelange  assure  que  la 
secte  janséniste  est  diabolique;  que 
c'est  une  hydre  infernale,  un  mons- 
tre pestilentiel  dont  les  défenseurs 
méritent  d'être  condamnés  à  une 
prison  perpétuelle.  Son  fanal ismw 
avolt  jeté  le  Iroubie  dans  le  sémi- 
naire de  Luxembourg.  Le  procu- 
reur-général du  conseil  de  celte  ville 
lil  saisir  le  livre  comme  séditieux  et 
difi'amaloire.  Havelange  devint  en- 
suite professeur  à  Louvain.  Sous  le 
gouvernement  directorial,  quoiqu'il 
eût  écrit  en  laveur  du  serment 
exigé  des  ecclésiastiques  ,  un  décret 
lyrannique  le  fit  déporter  à  la  Guia- 
ne,  où  il  esl  mort, 

*  HAVENREUTER (Jean-Louis), 
né  à  Strasbourg  le  i*"^  août  lô/pS  , 
enseigna  la  philosophie  dans  cette 
ville;  mais  bientôt  il  quitta  sa  chane 
pour  aller  à  Tubingue  ,  où  il  prit 
le  bonnet  de  docteur  en  iô86.  lia* 
venreuler  revint  dans  sa  patrie  où  il 
l)iofessa  successivement  la  mcta- 
jjhysique  ella  physique.  Comme  ce» 
d(-iix  chaires  le  distrayoienl  trop  de 
la  pratique  de  la  médecine  ,  il  stj 
borna,  bieulol  à  celle  de  phvsique  , 
j8' 


374 


HAVE 


qu'il  remplit  avec  distinclion  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  i'''^  octobre 
j6i8.  Ce  médecin  n'a  prévue  écrit 
que  des  disserlatioHs  académiques.  I. 
O ratio  de  ai  te  werZ/ca  ,Francofurti, 
i586,in-8°.  II.  Dispulatlo  de  epl- 
/pjDS/;Vz,  Argentorali  ,  i586,  '\\\-/° . 
m.  Hisputatlo  medica  de  ils  quœ 
in  principio  arlls  medicœ  Galeni 
traduntur,  ibid  ,  i586  ,  iti-4''.  IV. 
Dlspulatio  medico-physica  de  ele- 
mentis,  ibid,  ifiyt ,  in-4°.  V.  Corn- 
inentarii  in  Aristotelis  de  anima  et 
parvis  naturalibus  diclos  libros  , 
Fraucofurli,  1600,  in-8°.  VI.  Fna- 
retra  sagittifera  et  vcxillum  Ra- 
phaeliticum ,  Tubingas,  i63i. 

HAVENSIUS  (  Arnaud  )  ,  savant 
jésuite,  né  à  Rois-le-Duc  eu  1640  , 
enseigua  la  lliéologie.  Le  désir  dune 
plus  grande  solitude  l'engagea  à 
se  faire  chartreux  à  46  ans.  Il  fut 
prieur,  visiteur,  et  mourut  à  Gand 
eu  1611.  Havensius  est  auteur  de  di- 
vers ouvrages,  dont  les  plus  connus 
sont ,  L  De  auctoritate  SS.  Vatrum 
in  decenieiidis  jidei  dogmatibus , 
1600  ,  in-8°-.  IL  J}e  erectione  iiovo- 
rum  episcopatuiim  in  Belgio,  Colo- 
gne ,  1607,  in-8''.  III.  De  creduli- 
tale  moribusque  priscorum  ac  re- 
centiorurn  hœrcticoriim  1 608,  in-8°  ; 
ouvrage  écrit  avec  nue  sorte  d'élo- 
quence. 

i-HAVERCAlMP  (Sîgebert),  pro- 
fesseur eu  histoire  ,  eu  éloquence  et 
eu  langue  grecque  à  Leyde ,  et  mem- 
bre de  l'académie  de  Cortoue  eu  Ita- 
lie, s'acquit  une  grande  réputation 
par  son  savoir.  Il  possédoit  supé- 
rieurement la  science  des  médailles. 
Entre  autres  fruits  de  sa  laborieuse 
application,  on  a  de  \\n  plusieurs 
éditions  d'auteurs  grecs  et  latins  : 
dEutrope,  iu-8",  1729;  de  Lu- 
crèce ,  in-4°,  2  vol.  ,  1725;  de  Jo- 
sèphe,  1726,  iu-foj. ,  2  volumes, 
Amsterdam ,  avec  des  notes  très- 
savantes  ,  mais  trop  étendues;  de 
rA])o!ogé  tique  d«  TerUilUsu.    Ou 


HAVE 

lui  doit  encore  ,  I.  Les  Médailles  de 
grand  et  moyen  bronze  du  cabinet 
de  la  reine  Christine  de  Suède ,  en 
latin,  1742  ,  à  La  Haye,  in-folio  , 
avc'cdes  Commentaires  ;  et  en  fran- 
çais, dans  le  même  formai.  II.  Les 
Médailles  du  duc  de  Croy  ,  Ams- 
terdam, 1738  ,  in-4°.  111.  Un  bon 
ouvrage ,  intitulé  Sjlloge  Scripto- 
rum  qui  de  grœcœ  linguce  rectd 
pronunliationescripserunt ,  Leyde, 
1756,  1740,  2  vol.  in-4°.  {Voy. 
MoKEL,  n°V,  ê/Paruta,  u'^H.) 
IV.  Museu/n  Wildianum  in  duas 
partes  divisum  ,  Amsterdam,  1 740, 
in-8°.  V.  Prodrumus  animaduer- 
sionum  {Pet.  Burmann.)  in  novam. 
edilionem  poetarum  rei  venaticœ  , 
sub  auspiciis  viri  clarissimi  pro' 
ditœ  ,  in-4°  ,  sans  date  ni  nom  de 
lieu.  VI.  Dissertationes  de ^lexan-' 
dri  Magni  numismate ,  La  Haye  , 
J7  22,in-4°.  Il  mourut  à  Leyde  le 
aS  avril  1742  ,  à  58  ans. 

HxWERMAN  (  N.  )  ,  fille  d'uu 
peintre,  élève  du  célèbre  Van  Huy- 
sura,  et  presque  l'égale  de  ce  grand 
artiste  dans  la  représentation  des 
fleurs  et  des  fruits.  Ce  mai  ire  ne 
fut  pas  exempt  de  jalousie  en  voyant 
tant  de  lalens:il  se  félicita  de  ce  que 
la  jeune  Haverman  ,  victime  de  sa 
tendresse  pour  un  ingrat  qui  l'aban- 
donna, fut  forcée  de  quitter  Amster- 
dam. Elle  resta  long-temps  à  Paris, 
où  ses  tableaux  furent  recherchés  , 
et  où  elle  est  morte  vers  la  fin  du 
18' siècle. 

ï  HAVERMANS  (Macaire), 
Flamand ,  chanoine  régulier  de  l'or- 
dre des  prémontrés,  né  avec  im 
génie  prématuré  ,  vif,  pénétrant  , 
mais  avec  une  sauté  extrêmement 
délicate ,  mourut  le  26  février 
1680  à  Angers,  âgé  seulement  de 
36  ans.  Sou  principal  ouvrage  est 
intitulé,  I.  Trroanium  théologies 
moralis,  en  2  vo*  in-8°.  II.  hà  Dé- 
fense de  ce  Hure  contre  les  Thèses 
des  jésuites ,  où  le  Tyrocinium  était 


I 


H  A  VI 

aaqué.  III.  Lettre  apologétique  au 
jmpe  Innocent  X.  IV.  Disquiailion 
tJiéologique  sur  l'aniour  du  pro- 
ckaiii.\ .  Disqulsition  où  il  exa- 
mine quel  amour  est  nécessaire  et 
suffisant  pour  la  justification  dans 
le  sacrement  de  pénitence.  Tous 
ces  ouvrages  sont  en  latin.  Sa  doc- 
liine  ,  approuvée  par  le  pape  Inno- 
cent XI  ,  lui  valut,  quelques  heures 
avant  sa  noort  ,  des  lettres  d  appro- 
bation de  ce  pontife,  principalement 
sur  la  nécessité  d'aimer  Dieu  en  tout 
temps. 

HAVERS  (  Clopton  ),  médecin  an- 
glais ,  qui  publia  en  1691  un  Traité 
il'ostéotogie,  traduit  de  l'anglais  en 
latin  l'année  suivante.  La  dernière 
édition  est  celle  de  Leyde  ,  eu  173.4, 
sous  ce  litre  :  Nupœ  quœdam  ohser- 
vationes  de  ossibus  ,  in- 8°.  H<i\'ers, 
outre  ses  écrits  sur  les  os ,  a  fait  quel- 
ques découvertes  sur  le  périoste  et 
sur  la  moelle  ;  et  le  premier  ,  il 
aperçut  dans  celle  articulation,  des 
glandes  particulières  ,  d'où  sort  une 
substance  mucilagineuse  ,  dont  il  a 
constaté  la  nature  par  un  grand 
nombre  d'expériences  qui  non l  pas 
été  sans  irait  pour  ses  successeurs. 

H  A  VI  EL  (  Thomas  )  ,  cheva- 
lier anglais,  forma  un  parti  contre 
Marie  d'Angleterre  eu  1.553.  Fort 
attaché  au  calvinisme  ,  il  ne  pou- 
voit  souffrir  que  la  reine  Tabolit 
dans  son  royaume.  Comme  il  ne 
Touloit  point  paroi  Ire  chef  de  la 
conspiration  ,  il  engagea  dans  son 
parti  la  princesse  Elizabetli  ,  sœur 
consanguine  de  la  reine  Marie  ,  avec 
le  prince  de  Conrteuai  ,  petit-tils 
d'Edouard  IV.  11  se  mit  à  la  tête  de 
1200  clievaux  et  de  8000  hommes 
de  pied  ,  s'approcha  de  la  ville  de 
Rochesier,  et  la  prit  par  intelli- 
gence an  mois  de  janvier  1554.  II 
s'y  empara  en  même  temps  de  dewx 
grands  vaisseaux,  destinés  à  porter 
en  Angleterre  le  prince  d'Espagne; 
puis  il  s'avança  vers  Londres.  La 


HAUS  275 

reine  lui  fit  dire  que  ,  si  son  alliance 
avec  le  prince  d'Espagne  déplaisoit 
aux  Anglais  ,  elle  choisi  roitim  autre 
mari  qui  fût  à  leur,  gré  ,  et 'lui  pro- 
mit des  gratihcalinns  considérables  , 
s'il  melloit  les  armes  bas.  Haviel, 
comptant  être  iuli'oduit  dans  Lon- 
dres par  les  complices  de  sa  révolte , 
l'efusa  toutes  ces  offres  ;  mais  lors- 
qu'il pensoità  se  faire  ouvrir  une  des 
portes  de  la  ville,  il  fut  investi  par 
levlroupes  de  la  reine,  et  pris  avec 
environ  200  des  conjurés,  qui  l'ac- 
compagnèrent au  supplice, 

HAVINGE.  rojez  Philippe  de 
Bonne-Espérance. 

t  HAULTIN  (Jean -Baptiste), 
conseiller  au  chàtelet ,  préparoit  un 
Recueil  de  médailles  <;ui  n'avoieut 
pas  encore  été  données  par  les  an- 
tiquaires ,  lorsque  la  mort  le  surprit 
en  1640.  On  conserve  à  la  biblio- 
thèque impériale  ce  qu'il  y  eu  avoit 
de  gravé,  en  un  vol.  in- fol.  ,  com- 
posé de  i57  feuillets  destinés  à  re- 
cevoir des  médailles;  il  est  sous  ce 
titre  :  Numismata  non  antehac 
antiquariis  édita  ,  1640.  Ce  vo- 
lume est  très -rare.  On  ne  sauroit 
assez  regretter  qu'il  n'ait  pas  eu  le 
temps  d'achever  son  Recueil,  et  de 
faire  le  commentaire  qu'il  se  propo- 
soit  de  donner.  Ou  a  de  lui  les  Fi- 
gures des  monnaies  de  l'rance, 
1619  ,  in-4°  ;  rare. 

*  HAUPAS  (Nicolas  du),  mé- 
decin du  16'^  siècle,  né  à  Arras 
traduisit  les  Apkorismes  d'Hippo- 
crate  de  grec  en  latin  ,  et  les  en- 
richit de  notes  savantes.  Sa  Version 
parut  à  Douay  en  ]563,  in  -  8°, 
On  a  encore  de  ce  médecin  De 
contemplatione  naturœ  humanœ , 
neinpè  de formatione  fœtus  in  utero, 
Lutetiœ  ,  i555  ,  in-8°. 

*  HAUSEN  (  Guillaume  )  ,  né  à 
Dillingen  en  Suabe  l'an  1710,  en- 
tra chez   les  jésuites  en  1700,    et 

.  se  livra   çntieremeut  aux  travaux 


:.76 


HAUT 


des  missions  an  grand  conleute- 
Hient  des  ëvtques  ,  qui  Taijpeiloieut 
poiir  venir  les  aider  dans  les  de- 
voirs de  la  dignilé  paslorale.  Le 
tomle  de  Schrallenbach  ,  avclievécjiie 
de  Sallzboing  ,  alarmé  des  progrès 
que  les  seeUures  t'uisoienl  dans  son 
diocèse  ,  et  des  troubles  qui  me- 
uaçoient  l'état  vers  1760,  eut  re- 
cours au  zèle  de  ce  missionnaire , 
qui  répondit  pleinement  à  ses  es- 
pérances, et  contribua  beaucoup  à 
ramener  l'ordre,  liaseu  mou  rit  à 
Aichstadt  en  17S1  ,  après  avoir  pu- 
blié j'en  allemand  ,  plusieurs  livres 
de  piété  ,  et  eu  latin  :  Sanctiîas  sa- 
cerdotalis  in  Fefro  apostolorurn 
dC  sacerdotum  principe  proposita  , 
DiUingeu,  i769,in-8°. 

*  HAUSTEAD  (  Pierre  ) ,  auteur , 
sous  le  règne  de  Charles  Y^ ,  d'une 

Comédie  mtiiulée  Les  Amis  rivaux, 
jouée  devant  ce  monarque  ,  lorsqu'il 
visita  avec  la  reine  l'université  de 
Cambridge,  ne  paroi  t  pas  avoir  suivi 
la  carrière  dramatique,  car  Lang- 
l.'ajne  *ite  de  lui  des  Sermons  publiés 
à  Londres  en  1646. 

HAUTECOUR  (Joseph-Louisde ), 
jésuite  ,  né  en  170Ô  ,  mcrt  en  J  776, 
«ist  auteur  des  yimusemens  physi- 
ques ,  sur  le  syslème  newlouien  , 
1760,  in-ii>,  qui  eurent  de  la  vogue 
à  l'époque  où  ils  parurent. 

t  HAUTEFEUILLE  (Jean), 
habile  mécanicien ,  né  d'un  boulan- 
ger à  Orléans  en  1647  ,  connut  ma- 
dame de  Bouillon  dans  celle  ville, 
où  elle  éioit  exilée  ,  la  suivit  eu 
Italie  ,  en  Angleterre  ;  il  obtint 
plusieurs  bénéfices  par  son  crédit  , 
et  une  pension  par  son  testament. 
Kautcfeuille  avoit  un  goût  et  xva. 
talent  particuliers  pour  l'horlogerie. 
Il  trouva  ,  dit  -  on ,  le  secret  de 
modérer  les  vibratiunsdu  balamier 
des  montres  ,  par  le  moyen  d'un 
j.elit  rf;.ssort  d'acier,  dont  on  a  fait  I 
uopuib  usage,  {fuyez  HooK.)  L'aca-  [ 


HAUT 

demie  des'sciences  ,  à  laquelle  il  fit 
part  de  celte  découverte,  la  trouva 
Irès-propve  à  donner  une  graude 
justesse  aux  montres.  Celles  où  Ton 
a  employé  ce  petit  ressort  s'appel- 
lent par  excellence  montres  à  pen- 
dule. Le  célèbre  Hviygliens  a  depuis 
perleclionné  cette  heureuse  inven- 
tion. L'abbé  Hautefeuilîe  n'excelloit 
pas  moins  dans  les  autres  parties 
de  la  mécanique.  11  mourut  à  Or- 
léans le  18  octobre  17 34-  C'étoit 
un  homme  exempt  de  toute  ambi- 
tion, et  plus  attentif  à  cultiver  les 
sciences  que  la  fortune.  Ou  a  de 
lui  un  grand  nombre  de  Brochures 
courtes  ,  mais  curieuses  ,  et  semées 
d  observations  utiles.  Les  principales 
roulent  sur  des  couslruclions  nou- 
velles de  trois  montres  portatives; 
d'un  mouvement  eu  forme  de  croix, 
qui  fait  les  oscillations  des  pendules 
très-petites  ;  d'un  gnomon  spéculaire, 
pour  régler  au  soleil  les  pendules  et 
les  montres: et  d'un  inslriuueut  pro- 
pre à  faciliter  les  travaux  des  pein- 
tres. 

HAUTEFORT  (  Marie  de  )  ,  née 
eu  1616,  de  Charles,  marquis  de 
Hautefort,  élevée  dans  la  maison  de 
la  reine  Anne  d'Autriche ,  devint 
une  de  ses  dames  d'aloui's.  Sa  vertu, 
ses  grâces  et  la  douceur  de  sou  ca- 
ractère ,  lui  acquirent  de  l'empire 
sur  l'esprit  de  celte  priucesse,  et  sa 
beauté  fil  impression  sur  LouisXIU; 
mais  leur  sagesse  ne  se  deuieutil  ja- 
luais.  Cependant  le  cardinal  de  Ri- 
chelieu en  conçut  de  la  jalousie,  parce 
qu'elle  éloil  dans  les  intérêts  de  la 
reine, et  ce  ministre  impérieux  la  lit 
renvoyer  de  la  cour.  Louis  XIU  ,  qui 
ne  launoit  que  comme  un  prince 
dévot  et  sans  tempérameut  peut 
aimer  ,  conseulit  à  cet  éloiguement. 
Lorsque  Anne  d'Autriche  l'ut  dé- 
clarée régente,  elle  la  lit  revenir 
avec  les  plus  grandes  démonslration» 
d'amitié  ;  mais  son  opposition  au 
cardinal  Mazarin  lui  lit  perdre  les 


HAUT 

bonnes  grâces  de  sa  mailrcsse.  Le 
îiiaréchal  de  Schombevg  ,  devenu 
veuf,  l'éponsa  en  i(i46.  Elle  n'en 
eut  pas  d'enfausjet  mourut  eu  iGgi . 
I,a  maison  de  Hautctbrt ,  branche  de 
celle  deGoutaul-Biron,  subsiste. 

HAUTE -MER  be  Guvkcky 
(Guillauiue  de),  seigneur  de  Fer- 
vaques,  le  plus  vieux  guerrier  qu'il 
y  eùl  du  temps  de  Henri  IV  ,  s'éloit 
fait  conuoilre  dès  la  bataille  de  Ueuli, 
tu  i534  ,  et  depuis  ,  il  s'éloit  trouvé 
à  celles  de  Saiul-Queuliu,  de  Grave- 
îmes  ,  de  Dreux ,  de  Saint- Der,ys,  et 
de  Moncontour.  François  de  France  , 
duc  d'Aleuçon  ,  Je  ht  «rand-maitre 
de  sa  maison,  premier  gentilhomme 
<Ie  sa  chambre  ,  géuéral  de  ses 
armées  eu  Flandre,  et  chef  da  tous 
ses  conseils.  Fervaques  u'eu  fut 
f;uère  plus  estimé.  Le  duc  ,  ni  ses 
icivoris  ,  ne  passoient  pas  pour 
gens  de  bien;  et  d'ailleurs  il  en- 
j;agea  ce  prince  dans  des  entreprises 
iîi)U5les  qui  le  forcèrent  à  sortir 
de  Flandre,  couvert  de  confusion 
et  méprisé  de  tout  le  monde.  C'est 
l'er vaques  qui  le  délermina  à  ten- 
ter de  surprendre  et  de  piller  An- 
vers ,  en  i583  :  journée  qui  fut 
aussi  glorieuse  aux  habilans  que 
ibnesle  aux  Français  :  ils  y  per- 
dirent pbis  de  ooo  gentilshommes 
et  i,900  soldats,  massacrés  par  les 
bourgeois.  Après  la  mort  de  son 
prolecteur  ,  il  se  donna  à  Henri  IV, 
qui  le  lit  maréchal  de  France,  en 
ifigo  ,  autant  par  amitié  ,  que  pour 
lui"  donner  une  juste  récompense. 
Ce  maréchal  se  signala  an  siège 
d'Amiens  eu  i.ng?  ,  et  mourut  en 
1 61 3  ,  âgé  de   v-t   ans. 

tHAUTEROCHE  (Noël  Le  Bue- 
ton  ,  sieur  de),  comédien  et  poète 
dramatique  français  ,  mort  à  Paris 
en  1707  ,  à  90  ans  ,  distingué  sur  le 
théâtre  dans  les  rôles  tragiques  de 
conhdent,  excelloit  sur-tout  dans  les 
récits; il  aimoit  telleraeul  la  profes- 
sion d'acteur ,  qu'il  jouoit  encore  à 


lîx\UT  'J-n 

l'âge  de  90  ans.  On  a  de  lui  un  Pecite/l 
de  Comédies  ,  imprimé  à  Paris  ,  eu 
o  vol.  in-12  ,  1736.  Quelques-uutLi 
sont  conduites  avec  art  ,  vivement 
dialoguées,  pleines  de  bon  comique  : 
mais  ii  n'y  faut  chercher  ni  peintures 
des  mœurs,  ni  rien  de  ce  qui  peut 
les  corrigi  r.  On  joue  encore  le  Deuil; 
Crispin  médecin  ;  le  Cocher  sup- 
posé ;  les  Bourgeoises  de  qualité, 
et  l'Esprit  jolIeL  on  la  Dame  in- 
visible. Cette  dernière  pièce  est  mie 
imitation  de  ia  pièce  de  Caldéron, 
intituiéfi  La  Dama  duende.  On  y 
trouve  du  naiurei  dans  ie  dialogue, 
une  gaieté  franche  ,  et  des  incinens 
bien^'aniGués.  Sa  première  repré- 
sentation eut  lieu  en  168,4.  Hante- 
roche  écrivoit  facilement  eu  prose 
et  en  vers.  On  a  encore  de  lui  plu- 
sieurs IJistorietics ,  assez  insipides, 
qui  furent  néanmoins  bien  reçuf's 
dans  leur  naissance.  Haulerocheétoit 
fo»t  jaloux  de  sa  prétendue  noblesse^ 
et  se  plaisoit  à  vanter  ?on  crédit  et 
les  présens  qu'il  recevoit  des  grands  ;  . 
du  moins  c'est  ahisi  que  Quinault 
l'a  peint  dans  sa  pièce  ,  intitulée  la 
Comédie  sans  comédie. 

HAUTESERRE(  Antoine  Daktne 
de  )  ,  professeur  en  droit  à  Tou- 
louse ,  né  dans  le  diocèse  de  Cabors, 
et  mort  eu  1682  ,  à  l'âge  de  80 
ans  ,  est  regardé  comme  un  des  plus 
habiles  jurisconsultes  de  France.  On 
a  de  lui ,  l.  Un  Traité  des  Ascéti- 
ques ,  on  de  f origine  de  l'état 
monastique.  11.  Des  Notes,  pleines 
d'érudition  ,  sur  les  vies  des  papes 
par  Anastase.  III.  Un  Commen- 
taire sur  les  Décrélales  d'Innocent 
m,  i666,iu-fol.IV.  Uu  Traité  Z)f 
ducibus  et  comitibus  Gallice  pro- 
vincialibus  ,  en  5  livres;  réimpri- 
mé à  Francfort,  in-12  ,  en,  lySi  , 
avec  une  longue  préface  de  l'éditeur, 
Jean-George  Estor.  V.  Gestare- 
gum  et  ducum  Aquitaniœ  ,  ibqS  , 
2  vol.  in-4''.  VI.  Ecclesiaslicœ  ju- 
risdictiuuis    vindiciœ  ,    Orléans  , 


s-S  HAWE 

1702  ,  in-4''.  C'est  une  réfutation 
du  Ti-ailé  de  l'abus  ,  par  Févret. 
L'aulfiur  reulrepril  à  lage  de  70 
ans ,  par  ordre  du  clergé  ;  mais  il 
^  traile  la  uiaLière  plutôt  eu  hislo- 
rieu  jUlLramontain  qu'eu  juriscon- 
sulte français.  VII.  Un  Traité  eu 
latin  des  Origines  des  fiefs  ,  que 
Schilierianus  lit  rsiinprinier  dans 
son  Comnienlaire  sur  le  droit  féo- 
dal d'Allemagne.  Peu  d'hommes  ont 
possédé  plus  à  fond  que  Hauleserre 
le  droit  canon,  la  discipline  de  l'E- 
glise et  les  libertés  gallicanes. 

I.  HAUTEVTLLE.  Voyez  Tan- 
crÉde  de  Hauieuille ,  et  Tende. 

II.  HAUTEVILLE  (Jean  de), 
Normand  ,  et  moine  de  Saint-Albaus 
en  Angleterre,  llorissoit  à  Paris  vers 
l'an  1 180,  sous  le  règne  de  Philippe- 
Auguste.  Il  a  écrit  un  Poème  mo- 
ral contre  les  vices  du  genre  humain, 
intitulé  Aixhitrenius  (  le  Pieuret*  ) 
en  9  livres,  Paris,  lôiy  ,  iu-4''. 
L'auteur  prend  lui -même  le  nom 
d.'Architrc/iiiis ,  comme  qui  diroit 
^ichi-  Jéréinie  ,  du  nom  grec  des 
lamentations.  Ce  livre  ,  très -rare, 
est  recherché  par  les  bibiiograplies, 
non  à  cause  de  son  mérite  ,  mais  à 
cause  de  sa  rareté. 

HAUTIN  (Pierre),  graveur  et 
fondeur  ,  ht  en  lôsa  les  premiers 
poinçons  pour  imprimer  la  ujusique. 
Les  notes  elleshlets  sont  gravés  sur 
le  poinçon.  Ou  voit  à  la  bibliolliè- 
que  impériale  plusieui-s  de  ces  pre- 
mières éditions,  l'une, de  l'an  i55o., 
est  un  recueil  de  chansons  en  4 
vol.  iu-S"  obloug.  Haulin  publia 
encore,  en  157G  des  motets  à  cinq 
parties  ,  composés  par  Roland  Las- 
sutio. 

*  HAWES  (  Etienne  ) ,  poète  an- 
glais, ne  à  Suffolck,  élève  d'Oxford  , 
irès-versé  dans  la  poésie  française  et 
italienne,  éloit  valet  de  chambre 
parliciilier  de  Henri  VU;  ses  ouvra- 
ges sont ,  I.  le  Temple  de  rerre  : 


HAWK 

c'est  une  imitation  du  Temple  delà 
renomm,ée  de  Cliaucer.  II.  Le  Passe- 
temps  du  ])laisir ,  qui  fut  achevé 
en  i5o6  ,  et  imprimé  en  1617  par 
Wyukyn  de  Worde.  L'éditeur  y 
ajouta  des  gravures  en  bois. 

*  H  A  W  K  E  (  Edouard  ,  lord  ) , 
fils  d'un   avocat  qui   le  destina  an   , 
service  de  la  marine;  il  en  suivit 
toutes  les  gradations, jusqu'en  1734  , 
qu'il  fut  nommé  capitaine  du  Wolû". 
Hawke  se  distingua  par  son  intrépi- 
dité et  sa  conduite  dans  le  combat 
que  l'escadre  anglaise  ,  sous  le  com- 
mandement des  amiraux  Mutthevvs  , 
Leslock  et  Rowley,  livrèrent  aux 
escadres  française  et  espagnole  à  la 
hauteur  de  Toulon.   Il  y  comman- 
doit   le   Berw^ick  ,    et  rompit  sans 
ordre  la  ligne  de  bataille  pour  com- 
battre un  vaisseau   espagnol  ;    cet 
acte  de  bravoure  et  d  indiscipline  lui 
fil  perdre  sa  place  ;   mais  le  roi   le 
rappela  avec  honneur  au  rang  qu'il      ■^. 
a  voit    perdu.    En     174?  .    nommé    Jlj 
contre-amiral,  il  rencontra  l'escadre     ai 
française  qui  se  rendoit  aux  Indes 
occidentales;  dans  cette  occasion  il 
s'affranchit  de   l'ancien  préjugé   de 
s'arrêter  pour    former   la  ligue   de 
bataille  _,    «  Je  donnai ,  dit-il    dans 
ses  lettres  à  l'amirauté,  le  signal  de 
chasser  jusqu'à  portée  de  combattre.» 
A  son  retour  il  reçut  l'ordre  du  Bain, 
et   l'année    suivante  il  fut  nommé 
vice-amiral.   En  1  757   il  commanda 
l'escadre  qui  devoit  coopérer  à  l'ex- 
pédition contre  Rocheforl.  Ses  ser- 
vices lui. valurent,  de  la  part  du  roi , 
une  pension  annuelle  de  2,000  liv. 
(environ  44jOf><^fi'3»cs  ) ,  réversible 
sur  SCS  deux  fils  ,  ou  sur  le  survi- 
vant de   l'un  ou  de  l'autre  ;    mais 
elle  ne  fui  pas  sa  seule  récompense; 
en  1765  il  fut  nommé  vice-amiral 
de  la  Grandc-Breiagne  ,  et  premier 
lord  de  l'amirauté,  et  quelques  an- 
néesaprès,  pair  d'Angleterre.  Hawke 
mourut    à     Shepperlon,     dans    le 
Middlesex,  le  i4  octobre  1781. 


HAWK 

HAWKESBÉE  (N.),  célèbre 
physicien  anglais  ,  analysa  les  phé- 
nomènes de  i'électncilé,  et  publia 
l'un  des  premiers  ,  eu  1709  ,  des 
expériences  et  des  obser\  allons  sur 
ce  sujet;  mais  ces  observations  soûl 
fiuuives  ,  depuis  celles  faites  par  le 
docteur  Prieslley  ,  l'un  de  ceux 
qui  ont  écrit  avec  le  plus  de  sagacité 
sur  cette  matière.  11  est  nioil  au 
milieu  du  iS"^  siècle. 

t  HAWKESWORTH  (  Jean  ) , 
presbytérien  anglais ,  né  eu  17 15, 
mort  en  1 77  3  ,  donua  la  Relation  Au 
premier  voyage  de  Cook  ,  l^yron  el 
Curleret  ,  5  vol.  in-^"  ,  Londres, 
1773,  dont  MiM.  Suard  et  Uemeu- 
nier  ont  donné  une  bonne  traduc- 
tion française,  Paris,  J774,  4  '^'^l. 
in-4°.  Ou  a  encore  de  lui  l'yldre/i- 
turer  ,  dont  la  meilleure  édition  est 
celle  de  Londres,  1794?  3  vol.  in-8°; 
Teitilh  morale  ,  dans  le  goût ,  mais 
noïi  dans  le  style  du  Speclalor  d'A- 
disson  :  excellent  modèle  qui  a  l'ourni 
de  médiocres  copies.  L'Adveuîurer 
a  été  extrait  et  traduit  en  français 
sous  le  litre  de  Contes  traduits  de 
l'anglais,  Londres  et  Paris  ,  1774  , 
i2  vol.  in-ii3.  Le  Coq  de  Vilkray  a 
traduit ,  de  Hawkesworth  ,  en  fran- 
çais, Ariana,  ou  la  patience  récom- 
pensée, Paris  17.17,  in-12. 

*  I.  HAWKINS  (  sir  John  ) ,  vail- 
lant amiral ,  né  à  Pl^'inonth  ,  mort 
à  Porlo-Ricco  en  iôç)0,  entré  jeune 
dans  la  marine  marchande ,  lit  voile , 
en  jiiG2,avec  trois  vaisseaux  de 
Loudres  à  la  côte  d'Afrique  ,  pù  il 
acheta  un  grand  nombre  d'esclaves 
qu'il  Irausporta  dans  les  ilcs  de  l'Inde 
occidentale.  11  lit  depuis  plusieurs 
autres  voyages  dans  la  Guinée  ,  et 
dans  ces  mêmes  Indes ,  où  il  eut  nu 
grand  nombre  d'aventures  ,  dont  il 
a  douné  la  Relation,  détaillée  dans 
ses  'Voyages  d'Hakluyt.  En  iSSS, 
Hawkins  ,  nommé  contre-amiral, 
et  lait  chevalier,  pour  récompense 
de  ses  services  dans  la  guerre  contre 


HAWK 


279 


les  Espagnols  ,  fonda  un  hôpital  à 
Clialham. 

*  II.  HAWKINS  (sir  Richard  ), 
fils  du  précédent,  né  à  Plymoulh, 
se  distingua  dans  la  guerre  contre 
l'Espagne  ,  où  son  père  mérita  le 
titre  d'amiral.  En  1595  il  obtint  une 
commission  du  grand  sceau  pour 
attaquer  les  établlssemens  espagnols 
dans  l'Amérique  méridionale  ,  où 
les  Anglais  furent  battus,  après  un 
combai  obstiné  contre  des  forces 
supérieures.  Sir  Richard  fut  griève- 
ment blessé  dans  l'aclion  ,  et  retenu 
long-temps  prisonnier  eu  Améri- 
que ,  puis  transporté  en  Espagne  , 
où  il  passa  encore  quelques  années  ; 
à  son  retour  en  Angleterre  il  s'oc- 
cupa à  écrire  ÏIJisloire  de  sa  vie. 
Hauwkins  mourut  d'une  attaque 
d'apoplexie. 

*  III.  HAWKINS  (sir  John),  né 
à  Londres  tn  1719,  fut  un  de  ces 
hommes  rares  qui  se  sont  acquis  un 
nom  aussi  recommandable  jiar  leurs 
tcùensquepar  d'éminenles  vertus  so- 
ciales. Peu  favorisé  de  la  fortune,  il 
fut  placé  de  bonne  heure  cliez  un 
procureur  en  qualité  de  clerc;  ses 
occupations  ,  bornées  à  des  écritures 
stériles  pour  son  instruction  et  trop 
multipliées  pour  lui  laisser  le  temps 
de  s'instruire  ,  le  forcèrent  a  con- 
sacrer une  partie  des  heures  de  sou 
sommeil  pour  y  suppléer.  Hiwkins, 
en  acquérant  les  conr.oissances  né- 
cessaires à  l'élat  qu'il  se  proposoit 
d'embrasser,  sut  encore  cultiver 
son  goût  pour  la  littérature  :  il 
se  lia  avec  différens  auteurs  de 
papiers  périodiques  du  temps  ,  et 
leur  ïowxn\\  plusieurs  morceaux  de 
poésies  et  de  prose  dont  ils  enri- 
chirent leurs  journaux.  Parvenu  à 
pouvoir  exercer  lui-même  la  pro- 
fession qu'il  avoil  embra>isée  ,  il 
réussit  bientôt  à  se  former  des 
liaisons  utiles  pour  sa  fortune,  et 
développa ,  dans  les  sociétés  de  choix 
où  il  s'inlroduisit^  un  goût  et  uu 


280 


HAV 


nru 


talent  {lëcidé  pour  la  musique.  Ses 
succès  ,  qu'il  dut  à  sou  excelleute  ré- 
pulatioQ ,  ini  mariage  avantageux 
et  uue  succession  assez  considérable, 
le  mirent,  en  1769,  à  portée  de 
résigner  son  olïiLe  et  de  se  retirer  des 
aiFdires.  L'année  suivante  il  donna 
une  édition,  avec  beaucoup  dénotes, 
de  l'^4rt  de  pêcher  à  la  ligne  de 
Wallon.  Il  s'étoil  fait,  depuis  long- 
temps, un  ainuseineul  de  cet  art  in- 
nocent, daus  lequel  il  excelloil  ;  cinq 
<;ditions  successives  qui  ont  paru  de- 
puis attestent  le  succès  du  travail 
dont  il  avoil  enrichi  le  premier  au- 
teur. Bientôt  après  il  se  livra  à  une 
entreprise  plus  vaste  et  plus  intéres- 
sante; il  rassemblas  grands  frais  des 
luatérianx  immenses  pour  exécuter 
ie  pro)et  qu'il  ayoït  formé  de  donner 
une  Hisloire  de  la  musirii.'e  théo 
rique  et  pratique.  Ses  occupations 
littéraires  ne  purent  le  distraire  du 
désir  de  se  rendre  utile  ;  le  duc  de 
Nev/caslle,  alors  lord  lieutenant  de 
Middlesex  ,  l'incorpora  dans  la  ma- 
gistrature du  conilé.  Hawicins  s'ac- 
quitta avec  zèle  de  ses  nouveaux 
devoirs  ,  et  ses. courses  fréquentes  le 
mettant  à  portée  de  voir  journelle- 
înent  le  mauvais  étal  des  grands 
chemins  et  de  rechercher  l'imper- 
fection des  lois  déjà  promulguées 
pour  leur  entretien  ,  il  forma  le  pro- 
}^t  d'un  bill  po-.;r  leur  restaura- 
tion, qu'il  étaya  d'observations  ju- 
dicieuses publiées  en  lySo.  ^^n  projet 
présenté  et  adopté  eu  parlement 
«levinl  uue  loi  qui  existe  encore, 
et  il  est  à  remarquer  que  trente  ans 
iiprès  il  n'y  avoit  eu  besoin,  dans 
cette  partie  ,  d'aucune  réparation. 
Hawkins  ,  dans  ses  nouvelles  fonc- 
tions ,  s'étoil  fait  un  devoir  de  ne 
percevoir  aucun  des  droits  (jui  y 
fîloient  atlacliés.  Il  s'aperçut  que  son 
«lésiutéresise'neul  eniretenoit  ,  dans 
le  bas  peuple  ,  le  goût  de  la  chicane 
fit  des  procès  ;  il  changea  de  mé- 
thode et  exigea  les  éinolumens  qui 
Jui    éloieut  dus,    mais   eti  lit   une 


ÎÎA^VK 

bourse  particulière  ,  pour  eu  faire 
distribuer,  à  la  lin  de  chaque  an- 
née, le  monlanl  aux  pauvres  de  la 
paroisse,  par  la  main  du  minisirc. 
Celte  conduite  généreuse  et  la  cons- 
tance de  ses  services  dévoient  lixer 
laltenliou  publique  et  du  gouver- 
nement. En  1763  il  fut  appelé  à 
la  présidence  des  assises  de  quartier 
du  comté  de  Middlesex,  et  en  1772, 
le  roi  réleva  au  rang  de  chevalier. 
Au  milieu  de  tant  d'iiouneurs  et 
d'occupations  ,  Hawkins  n'en  fut 
pas  moins  hdele  aux  muses  ;  il  tra- 
vailla à  l'édition  de  Shakespear  , 
donnée  en  1773  ,  par  Johnson  et 
Slevens  ,  en  10  volumes  in-8°,  se 
lit  distinguer  par  une  adresse  du 
comté  de  Middlesex  au  roi,  à  l'oc- 
casion de  la  guerre  d'Amérique,  et 
publia' euhn  en  177(1,  eu  5  vol. 
in-q°  ,  son  Histoire  général e  de  la 
théorie  et  de  la  pratique  de  la 
musique,  fruit  de  seize  années  de 
travail  ,  qu'il  dédia  et  présenta  lui- 
même  à  S.  IM.  Le  dernier  de  ses 
travaux  littéraires  fut  la  vie  de 
son  digne  et  ancien  ami  le  doc- 
leur  Jouhson  ,  qu'il  publia  en  1787, 
à  la  tète  de  ses  œuvres,  en  11  vol. 
in-8°,  dont  il  fut  l'éditeur  et  qu'il 
dédia  encore  au  roi.  Hawkins  mou- 
rut d'une  attaque  de  paralysie  le  il\ 
mai  1789,  et  fut  enterré  daus  le 
cloilre  de  l'abbaye  de  Westminster. 
11  ea)oiguil  à  ses  héritiers  de  ue 
mettre  sur  sou  toml)?an  d'autre 
épitaphe  que  les  lettres  initiales  de 
son  nom. 

*  HÂWKS:\IOOK  (  Nicolas  ) ,  ar- 
chitecte, élève  de  Christophe  Wreu  , 
quoique  fort  instruit  dans  toutes 
les  connoissances  qu'exigeoit  son 
art,  n'égala  point  son  maître  dans 
la  pratique  ;  il  fut  employé  sous 
les  règnes  de  Guillaume  ,  de  la 
reine  Anne  et  de  George  T"'.  Charge 
de  la  cofislriiclion  des  nouvelles 
églises  ordonnées  par  le  statut  de  la 
reine  Anne ,  celles  qui  ont  été  cous- 


HAWK 

truites  d'après  ses  dessins  sont, 
Sainte-Mavlc-lf'oolnutli  ;  (li'trist- 
C/iunh  ;  Saint-George  ;  Aliddle- 
s°x\  Sainte-Anne  et  Saint-George 
Elaomsburv  ;  le  clocher  de  celle 
dernière  ,■  d'une  absurdité  remar- 
quable ,  consiste  en  un  ob-Jliscjue 
leriiiinéparûne  statue  de  George  1*^'', 
accompagnée  du  lion  et  de  la  licorne 
cjui  sont  les  supports  des  armes  il'An- 
gleterre.  11  rebâtit  une  portion  du 
I  ollége  d'Allsouls  à  Oxlord  ,  et  s'oc- 
cupoit  à  réreclioTi  d'un  nianniluiue 
Mausolée  à  Blenheira  lorsqu'il  mou- 
rut en  mars  1756,  âgé  de  70  ans. 

*  HAWKWOOD  (sir  John), 
soldat  de  fortune  (dont  la  mémoire 
elles  taiens,  presque  iguorés  dans 
sa  pairie  ,  ont  été  rappelés  en  1775 
par  lord  Halles  j,  né  dans  la  classe 
«les  artisans  ,  éloit  apprenti  tail- 
leur à  Londres,  lorsqu'il  fut  eu- 
levé  par  la  presse  pour  servir  sous 
Edouard  UT  dans  ses  guerres  contre 
la  France.  Hawkwood  s'}''  comporta 
avec  tant  de  bravoure  qu'il  obtint 
bientôt  le  grade  de  capitaine  ,  et 
quelque  temps  après  les  honneurs 
de  la  chevalerie  ;  mais  n'a  va  ut  au- 
cune fortune- pour  en  soutenir  le 
rang  ,  il  se  trouva  le  chevalier  le 
plus  pauvre  de  toute  l'armée,  lors- 
que le  traité  de  Bretigny  ramena 
la  paix  en  i56o.  Dans  cet  état  de 
dénuement,  sir  John  n'eut  d'autre 
ressource  que  celle  de  se  réunir 
aux  compagnies  connues  sons  le 
nom  de  Tard  venus,  composées  de 
gens  de  diverses  nations,  qui,  ne 
trouvant  plus  d'emploi  dans  le  ser- 
vice militaire  ,  ou  ruinés  par  la 
guerre  ,  furent  réduits  ù  la  nécessité 
de  marauder  el  de  piller,  ou  de 
s'engager  dans  les  guerres  des  par- 
ticuliers. L'historien  Villani  accuse 
Edouard  Kl  d'avoir  autorisé  en  se- 
cret ces  ravages  en  France  ,  tandis 
qu'en  apparence  il  se  moiUroit  strict 
observateur  des  conditions  du  traité 
de  paix.  «A  celle  époque,  ajoute 


HAWK 


a8t 


T^illani  ,  un  tailleur  anglais  nommé 
John  délia  Guglea  (Jean  de  l'Ai- 
guille), qui  sétoit  distingué  à  la 
guerre  ,  se  forma  une  compagnie 
de  inaraudeurs  ,  la  plupart  anglais  , 
qui  prirent  plaisir  à  vivre  de  pillage, 
et  à  se  livrer  à  toutes  sortes  d'ex- 
cès, à  saccager  el  à  mettre  à  contri- 
bution ,  tantôt  une  ville,  tantôt 
l'autre.  Celle  troupe  dévastatrice 
tdevint  bientôt  si  considérable,  qu'elle 
fut  la  terreur  de  tout  le  pays.  Ceux 
quin'avoient  point  de  retraite  dans 
quelque  heu  fortifié  traitoient  avec 
les  maraudeurs,  el  acheloieiit  à  prix 
d'argent ,  ou  à  l'aide  des  provisions 
qu'ils  leur  livroient ,  la  protection 
du  chef,  qui  amassa  des  richesses 
immenses  en  peu  de  mois.  A  me- 
sure que  ses  moyens  s'accrurent ,  il 
s'avança  dans  le  pays  ,  et  parvint 
jusqu'aux  rives  du  Pô  ,  portant 
par-tout  la  désolation  et  l'effroi.  A 
larrivée  de  quelques  Anglais  ,  dont 
l'apparition  semble  justifier  l'incul- 
pation de  Villani,  Hawkwood  se 
démit  du  commandement  enlreleurs 
mains,  et  leur  abandonna  la  meil- 
leure partie  d'une  fortune  acquise  par 
de  si  odieux  moyens  ,  après  avoir 
prèle  serment  de  fidélité  au  roi 
d'Angleterre.  A  cette  époque  Haw- 
kwood s'engagea  an  service  de  la 
république  de  Pise.  En  i564,  trans- 
porté sur  un  nouveau  théâtre,  il  ne 
se  montra  plus  que  comme  un  guer- 
rier accompli ,  digue  d'avoir  été 
formé  sous  les  étendards  du  prince 
Noir.  En  i3§7  il  parut  avec  éclat 
sous  les  drapeaux  de  la  république  de 
Florence.  Le  comte  d'Armagnac , 
général  des  Florentins,  venoitdèlre 
battu  par  Venni,  qui  commandoit 
les  SieunoqJPes  vainqueurs  s'avan- 
çoienl  pour  surprendre  Hawkwood  , 
qui  batut  eu  retraite  dans  leCrémo- 
nais  ;  et  après  avoir  amusé  l'ennemi , 
qui  croyoit  le  forcer"  dans  son  camp  , 
parvint  à  le  repousser  avec  perte. 
Vanni  envoya,  dit-on  ,à  Hawkwood 
un  renard  enfermé  dans  une  cage  , 


aS'i 


HAWK 


pour  faire  allusion  à  sa  situation  : 
celui-ci  répondit  que  le  renard 
saurait  bitn  s  en  tirer.  Eu  effet  ,  il 
fit  sa  retraite  sur  l'Ohio ,  plaça  sa 
meilleure  cavalerie  à  son  arrière- 
garde  jusqu'à  ce  que  l'ennemi  eût 
passé  la  rivière,  à  la  rive  opposée 
de  laquelle  il  avoit  placé  quatre  cents 
archers  à  cheval.  L'arrière-garde 
traversa  à  leur  aide  et  suivit  le  reste 
de  la  troupe  qui ,  après  avoir  passé* , 
à  gué  le  Mincio,  vint  camper  à 
dix  milles  de  TAdige.  Ce  fut  là  qu'ils 
coururent  les  plus  grands  dangers. 
L'ennemi  rompit  les  levées  de  la 
rivière  ,  dont  les  eaux  grossies  par 
la  Conte  des  neiges  eurent  bientôt 
iaondé  la  plaine.  La  troupe  de  Hawk- 
wood  ,  surprise  dans  la  nuit  par 
Cette  inondalioii  subite,  n'eutd'au- 
tre  ressource  que  de  monter  à  che- 
val et  d'abandonner  ses  bagages  , 
marchant  avec  beaucoup  de  peine 
sur  un  terrain  où  l'eau  s'élevoil  jus- 
qu'aux sangles  des  chevaux  ;  l'infan- 
terie suivit  à  la  nage  à  la  queue 
des  chevaux  ;  après  une  perte  qui 
ne  pouvoit  être  que  considérable, 
ils  parvinrent  à  gagner  Baldo  dans 
le  Padouan.  Les  Siennois  ,  croyant 
leur  armée  complètement  détruite  , 
n'osèrent  les  poursuivre.  Muratori  , 
qui  donne  à  Hawkwood  le  nom  de 
îlprode  e  l'accortissimo  capitaiio, 
présente  cette  retraite  comme  l'une 
des  plus  belles  actions  de  sa  vie ,  et 
digne  d'être  mise  eu  parallèle  avec 
tout  ce  qu'on  peut  raconter  des 
généraux  romains.  L*  paix  que  les 
Florentins  firent  en  lôgi  avec  Ga- 
leazzo  et  leurs  autres  ennemis  les 
ayant  mis  dans  le  cas  de  renvoyer 
leurs  alliés  étrangers  ,  ils  en  excep- 
tèrent Hawkwood,  qi^P^  retinrent 
en  lui  donnant  le  commandement 
de  mille  hommes  de  guerre.  Il  mou- 
rut en  logô,  dans  mi  âge  avancé, 
laissant  après  lui  une  réputation  que 
plusieurs  historiens  italiens  ont  eu 
soin  de  lui  conserver.  Hawkwood 
s'associa  à  quelques  particuliers  opu- 


IIAY 

lena  et  charitables  pour  fonder  à 
nome  l'hôpital  anglais  pour  les  pau- 
vres voyageurs  de  sa  nation. 

HAXO,  général  de  la  république 
française ,  employé  dans  la  Ven- 
dée, obtint  divers  avantages  sur 
Charrette.  Il  s'empara  de  l'île  de 
Noirmoutier  et  de  celle  de  Boin. 
Battu  complètement  le  26  avril 
1794  ,  et  craignant  de  tomber  entre 
les  mains  des  vainqueurs,  il  se  tua 
d'un  coup  de  pistolet.  La  conven- 
tion décréta  que  son  nom  seroit  ins- 
crit sur  une  colonne. 

I.HAY.  Voyez  Cheron  (  Eliza- 
beth-Sophie  ),  el  Ciîateivet. 

II.  HAY  (Alexandre),  jésuite 
fanatique  ,  banni  à  perpétuité  par 
arrêt  dn  10  janvier  1695,  pour 
avoir  prêché  la  sédition  en  public 
et  en  secret  ,  avec  injonction  de  ne 
pas  rentrer  dans  le  royaume  ,  sous 
peine  d'être  pendu.  Plusieurs  témoins 
déposèrent  qu'il  avoit  dit  souvent , 
depuis  la  réduction  de  Paris  ,  «  qu'il 
désiroit ,  si  Henri  IV  passoit  devant 
leur  collège  ,  tomber  de  la  fenêtre 
sur  lui ,  pour  lui  rompre  le  cou.  » 

III.'  HxAY  (  Jean  )  ,  savant 
jésuite  écossais  ,  enseigna  la  théo- 
logie ,  les  malliémaliques  et  la  lan- 
gue sainte,  en  Pologne,  en  France 
et  dans  les  Pays-Bas  ,  et  mourut  , 
chancelier  de  l'université  de  Pont- 
à-Mousson  ,  en  1607.  On  a  de  lui 
divers  ouvrages,  sur-tout  plusieurs 
Livres  de  controverse  contre  le» 
calvinistes. 

*IV.  HAY  (Jacques),  comte  de 
Carlisle  ,  Ecossais,  mort  en  ]656, 
vint  en  Angleterre  avec  Jacques  Y^ , 
qui  le  chargea  de  plusieurs  ambas- 
sades,  parliculièremcnt  en  France  , 
pour  négocier  le  mariage  du  prince 
de  Galles  avec  la  princesse  Hen- 
riette-Marie. Hay  fut  le  premier  de 


HAYD 

celte «ation  qui  eut  l'honneur  d'être 
crée  pair  d'Augleterre.  Sou  premier 
titre  étoit  l)arou  de  Hay.  11  fut  eu- 
suite  fait  vicomte  Daiîcasler,  et  eu- 
liu  comte  de  Carlisle. 

*V.  HAY  (Guillaume),  ué  à 
Glenbunie ,  comté  de  Sussex ,  eu 
1700,  chargé  ,  en  lyo/j,  de  repré- 
senter dans  la  chambre  des  com- 
munes le  bourg  de  Seaford,  a  donné 
plusieurs  ouvrages.  Un  poème  inti- 
tulé i?/oi///f  Cabiirn  ,  dans  le  genre 
descriptif,  1700  ;  des  Bemarques 
sur  les  lois  relatives  aux  pauvres  , 
avec  un  projet  pour  les  soulager 
et  les  employer,  1735  ;  Principes 
de  morale  et  '  de  religion ,  /on- 
des sur  la  contemplation  de  l'uni- 
vers et  la  situation  dans  laquelle 
l'homme  y  est  placé,  i755  ,  Essai 
sur  la  laideur ,  1754;  une  traduc- 
tion d'Hawkius.Browne  ,  i)e  im~ 
mortalitate  animœ;  une  Traduc- 
tion et  une  Imitation  de  quelques 
ëpigrammes  de  Martial,  publiées  en 
1755.  Les  ouvrages  de  lîaj,  mort 
celte  même  année  ,  ont  été  recueillis 
par  les  soins  de  sa  lille,  eu  2  vol.  in- 

*  HAYÂn  (  Abba),  dont  le  vrai 
nom  est  Mohammed  beu  Youssef 
A!y  ben  Hayàa  ,  poiite  esliinable  , 
savant  jurisconsulte  et  grammairien 
habile  ,  né  à  Grenade  l'an  de  !  heg. 
652-1254  de  lere  L'hiétienne  ,  mou- 
rut au  Caire  eu  745-  i344)  à  gS 
années  lunaires,  et  seulement  no- 
nogénaires  suivant  notre  mauièrede 
compter.  T.es  orientaux  distinguent 
entre-  5o  ouvrages  qu'il  a  composés, 

I.  Commentaire  du  Coran ,  sous  le 
titre  d'OctfO«,  mot  parfaitement  bien 
adapté  à  la  diffusion  de  cet  ouvrage. 

II.  Cojiimcntaire  sur  le  livre  de 
grammaire  d'Ibn  Malély.  11  est 
maniiscril  à  la  bibliothèque  de  TEs- 
curial. 

*  HAYDN  (Joseph  ),  né  en  i7r.o, 


HAYD 


28^ 


au  village  de  Rohron ,  sur  les  confins 
de  l'Autriche  et  de  la  Hongrie.  Son. 
père  ,  qui  étoit  charrou^  le  ht  entrer 
comme   enfant  de  chœur  à   Saint- 
Etienne  de  Vienne,  pour  y  cultiver 
la  imtsique  ,  et  y  faire   les  études 
qu'on  nomme  humanités.  Le  jeune 
Haydn,  qui,  avec  une  voix  char- 
mante ,  jouoit  très-bien  du  violon  , 
et  étoit  assez  fort  sur  le  clavecin , 
fut  bientôt  admis  dans  plusieurs  con- 
certs  particuliers,  et  commença  à 
composer  de  petits  airs  et  de  jolies 
sonatines.  Parvenu  à  l'adolescence, 
le  maitre  de  chapelle  ,  craignant  que 
sou  jeune  enfant  de  chœur  ne  vmt 
à  perdre  ce  beau  dessus  ,  Thoftneur 
de  son  église  ,  résolut  de  le  hxcr  par 
la  castration,  et  y  fil  conseulir  ai- 
sément Haydn;  mais  heureusement 
le  père  du  jeuue  musicien  s'y  opposa, 
et  l'opération  ne  lu  t  pomt  iai  le.  Ren- 
voyé quelque  temps  après  de  la  maî- 
trise, il  se  mit  à  composer  de  Y>etites 
sonates,  dont  une  tombée  entre  les 
mains  de  la  comtesse  deThuu ,  grande 
miisicieiine,  lui  valut  tout  à  la  lois 
une    récompense   et   la   protection 
de  cette  dame.  Comme  les  sonates 
que  composoit  Haydn  ,  à  celte  épo- 
que ,  ne  prou  voient  pas  vme  profonda 
connoissance    de    l'harmonie  ,   elle 
lui  fit   pré.seut ,  pour  l'étudier ,  du 
traité  de  Fuchs,  le  meilleur   qu'où 
conuîit      en     Allemagne    dans     ce 
temps.  Haydn  n'eut  jamais  d'autre 
maitre  de  composition.  Bientôt  s-a 
brillante    réputation    le    fit    placer 
comme  maitre  de  chapelle  dans  la 
maison  du  prince  d'Eslhérazy  ,  et 
c'est  chez  ce  prince  que   Haydn   a. 
composé  la  plupart  de  ses  beaux  ou- 
vrages ;  c'est  pour  lui  qu'il  a  fait  pres- 
que toutes  ses   symphonies  ,  geure 
dans  lequel ,  avant  ni  depuis ,  aucuu 
compositeur  ne  l'a  égalé  ;  supérieur 
à  tout  dans  la  musique  iuslrumenta- 
!e  ,  c'est  lui  q\ii  le  premier  imagina  , 
pour  les  petits  concerts  particrdiers 
du  prince  ,  ces  luttes  si  piquantes,  où 
quatre  iuslrTOieus  seuls  s'efforcent 


284  HAYD 

tour  à  loiir  de  fléployer  toute  leur 
habileté.  Les  fonctions  de  maître  de 
cliapelle  ne  se  bornent  pas  à  com- 
poser de  la  musique;  il  est  encore 
ciiargé  de  diriger  celle  de  tout  autre 
auteur  dont  l'exécution  lui  est  de- 
mandée ,  soit  pour  le  théâtre,  soit 
pour  les  concerts,  et  à  former  et 
conduire  des  compagnies  italiennes 
d'opéras-bouffons  et  sérieux.  Haydn 
av^oit   fait  souvent  représenter  par 
ces   dernières  le  Giulio   Snbino  de 
Sarti.  Ce   dernier  ,  appelé  un  jour 
dans  une  cour  du  nord  ,  et  passant 
près  d'Esihérazj,  se  détourne  de  sa 
route  ,  curieux  de  voir  un  homme 
que  les  symphonies  avoient  rendu 
cétèbredaiis  toute  l'Europe  ;  ilarrive 
sur  la  lin  dn  jour  au  palais  du  prince  ; 
c'est   à  Haydn    qu'il   désire   parler. 
«  Pour  le  moment,  lui  dit-on  ,  cela 
est  im|)Ossible  ;  le  maître  conduit  l'o- 
péra qui  va  commencer.  —  Ne  pour- 
rois-je  au  moins  trouver  place  dans 
un  coin  de  la  salle  ?  —  Oh!  sans  dif- 
(icnllé.  —  Quel  est  l'opéra  que  l'on 
chante?  —  C'est  l'Armida,  celui  des 
ouvrages  du  maître  qu'il  affectionne 
le  plus.»  Pendant  tout  le  premier 
acte,  la  l)eauté  des  morceaux  qui  se 
succédoientrétonna,leravit,  le  mil 
dans  l'enchantement  ;  il  les  applau- 
dit avec  transport  ;  mais  vers  !a  lin 
du  second,  il  ne  se  possède  plus:  dans 
une  sorle  de  délire  il  se  lève,  fran- 
chit les  banquettes  qui  le  séparoient 
de  l'orclieslre,  saute  au  cou  de  Haydn 
surpris «C'est  Sarti  qui  t'em- 
brasse, lui  crie-t-il  ,  Sarti  qui  vou- 
loit  voir  le  grand  Haydn,  admirer 
ses  beaux  ouvrages;  mais  qui  u'espé- 
roit  pas  en  admirer  un  aussi  beau  !  » 
Ce  mouvement  exalté  de  Sarti  pour 
l'opéra  d'Arinide  dcvoit  être  sincère  ; 
car  c'est  le   plus  beau    des  ouvrages 
dramatiques  d'Haydn.  Peu  de  musi- 
ciens furent  plus  féconds  que  lui  ;  le 
nombre  de  ses  ouvrages  se  monte 
à  8S2  ,   parmi   lesquels    on   compte 
j  I  iS  grandes  sy//ip/ionies;  ^o petites 
symphonies i  i65  morveaux  de  dif- 


HAYD 

fêrentes  espèces  ,6a\\?,  lesquels  le  ba- 
ryton ,  instrument  favori  du  prince 
d'Esllîérazy  ,   et   qui  n'est  pas  d'u- 
sage en  France,  a  été  spécialement 
employé.  Des  concertos  ,  des  sona- 
tes, des  morceaux  pour  deux  ,  trois, 
quatre  instrumens  de  toute  nature. 
Haydn  ne  fut  guère  moins  fécond  nu 
musique  vocale:on  conuoitenouvra- 
ges  de  moindre  importance  17  mor- 
ceaux à  deux  ,  trois  ,  quatre  ,  cinq  , 
six  ou   huit   voix:  4 2  c/musot/s  ù 
voix  seule;  5.i  cfl/to//*,el,  pendant 
son  séjour  à  Londres,  SGf)  c/iansons 
dites  écossaises ,  dont  quelques-unes 
à  deux  voix.  En  musique  d  église  , 
ses  Itlesses ,  OJfertoires  ,  Te  iJeum , 
Salue  Regina,   Chœurs,  etc.  sont 
au  nombre  de    27  :  ou  a  da  lui  \.\ 
Opéras   italiens  ,  lant  sérieux  qua 
bouffons  et  de  demi-caractère  ;  \0~ 
péra  héroïque  d'ylnnide  est  le  seul 
dans  ce  nombre   qMi  mérite  d'être 
cité  ;  c'est  celui  qu'il  a  écrit  avec  le 
pins  de  soin.  Haydn ,  admirable  dans 
jjresque  toutes  ses  compositions,  fut 
foible  dans  celles  qu'il  ht  pour  le  théâ- 
tre ;  cependant  il  fut  plus  heureux 
daus   cette  sorte  d'ouvrage  que    les 
Italiens    nomment   oratorio  ;  il    en 
a    fait  5  ,    \   italien ,    1   latin  et  3 
allemands  ;    l'italien  ,     intitulé    11 
Riloriio  di  Tuhia  ,  est  inconnu  eu 
France  ;  c'est  le  meilleur  de  tous.  Le 
latin  est  le  Stabat ,   qui   n'a  point 
fait  oublier  celui  de  Pergolèze  ,  dont 
la  réputation  iinmorteile  a  été  faite 
dans  u\\  temps  où  les  compositeurs 
italiens  ne  l'aisoient  que  commencer 
à  senlir  que  l'expression  des  paroKs 
est  préférable  aux  vaines  combinai- 
sons de  la  science.  Le  Stabat  de  Per- 
golèze a  quatre  ou  cinq  versets  su- 
périeurs à  ceux  de  Haydn  ;  mais  ce- 
lui de  ce  dernier ,  dans  son  ensemble  , 
a  plus  de   variété  de  motifs,  pins 
d'effets  d'harmonie  ,  })lus  de  ricliesse 
d'iiccompagnemens.  Le  premier  des 
trois   allemands  est    celui  que    l'on 
connoit  sous  le  titre  de  la  Création; 
le  second  est  inltlulë  Les  sept  der~ 


HAYE 

filtres  paroles  de  J.  C.  ;  le  dernier  , 
quia  j)oiir  litre.  Les  Quatrs  sai- 
S(i//Sj  est  la  plus  foible  de  loutcs  ses 
}noiUu-iions  ;  c'esl  l'effort  de  sa  \  ieil- 
lesse.  FJaydu,  avant  sa  mort,  avoit 
été  admis  par  riiistilul  de  l'VaiKe  au 
nombre  de  ses  associés  étrangers. 

t.  I.  HAYE  (Jean  de  la),  cordelier 
parisien  ,  i)rL'dicateur  ordinaire  de 
la  reine  Anne  d'AiUriche,  né  en 
lôqo,  et  mort  en  i66i  ,  est  fort 
connu  par  deux  ouvrages,  l'un  in- 
titulé Bihlia  /na^/ra  ,Var\s ,  i643, 
î)  vol.  in-iol,  Cette  compilation,  utile 
et  assez  bien  faite  ,  contient  les 
Commentaires  de  Ganœus.d'Estiiis, 
de  Tiriu  et  de  plusieurs  autres. 
L'autre  ,  Eiblla  maxirna  ,  Paris  , 
1660,  ig  vol.  in-lol.  est  un  recueil 
informe  et  peu  estimé.  Les  prolé- 
gomènes de  cet  ouvrage  reuFernitut 
beaucoup  d'érudition;  mais  elle  est 
mal  distribuée,  et  souvent  mal  choi- 
sie :  ce  livre  est  cependant  peu 
commun. 

-;-  IL  HAYE  (Jean  de  la),  jé- 
suite, mort  en  1614,  à  74  ans ,  a 
donné  une  Harmonie  év aii^é tique , 
en  2  vol.  in-lbl. ,  et  d'autres  ou- 
vrages. —  Il  ue/aut  pas  le  confondre 
avec  un  autre  Jean  de  La  Ha^^e  , 
valet  de  clîambre  de  Marguerite  de 
Valois,  éditeur  de  ses  Poésies.  Voy . 
Marguerite  ,  n*"  VII. 

III.  HAYE  (  Jean  de  la  )  ,  lieute- 
nant-général  de  la  sénéchaussée 
de  Poitiers,  tué  en  i575.  On  lui 
doit  Ilèmoires  et  Recherches  sur 
la  France  et  la  Gaule  aquilanique  , 
i58i,  in-8°. 

*  IV.  HAYE  (  Gilbert  de  la  ) , 
dominicain  ,  né  à  Lille  en  i6.(0,  se 
fit  aimer  et  estimer  par  la  pureté 
de  ses  mœurs  et  par  la  douceur  de 
8011  caractère  :  quoiqu'il  s'adonnât 
beaucoup  à  la  prédication  ,  il  sut 
trouver  le   temps  de  fouilitr  dans 


HAYE 


28f 


beaucoup  d'artbives  des  monastère» 
des  Pays-Baa,  d  où  il  lira  un  grand 
itouibre  de  pièces  pcuréclaircir  i  his- 
toire des  conven»  et  dt-s  écrivains  de 
son  ordre.  La  Haye  mourut  à  Lille  le 
17  juin  1692.  Guy  conserve  en  ma- 
nuscrit ,  I.  Compendium  historiée 
pnwinciœGermaiiice  inferioris  IF. 
prœdica/oruni.  Le  P.  Richard  en  a 
prciilé  dans  l'Histoire  du  couvent 
des  dominicains  de  Lille,  1781  , 
où  l'on  voit  une  très-bonne  réfuta- 
tion de  la  dernière  hisloire  de  cette 
ville,  rédigée  par  un  barbouilleur 
philosophie  le.  II.  Eibliotheca  Bel- 
go  -  IJominicana.  Le  P.  Echard  u 
fait  entrer  cet  ouvrage  dans  sa  con- 
tinuation des  Scriptorcs  '  ordinis 
prœdicalorum  du  P.  Quetif  ,  Pa- 
ris ,  1721  ,  ia-fol. 

*  V.  HAYE  (Charles  de  la), 
habile  graveur  ,  né  à  Fontaine- 
bleau en  164^,  a  gravé  eu  Italie 
conjointement  avec  Bloermaerl  , 
Blondeau  ,  Spierre  et  autres,  les 
peintures  des  trois  salons  du  palais 
Pi  ni  àJ'orcnce  ,  d'après  P.  de  Cor- 
tone  ;  la  Mainte  Vierge  ,  d'après 
Ciro-Fetri  ;  Coriolan  prêt  à  tirer 
vengeance  des  Romains  qui  Pa- 
vaient exilé  ,  d'après  le  même  ;  est 
plusieurs  MWcdi,  pièces ,  d'après  dif- 
ferens  maîtres. 

I.  HAYER  DuPERRON  (  Pierre 
le),  né  à  Alençon  en  i6o5,  d'un 
procureur  du  roi  au  pitsidial  de  cette 
ville ,  charge  dont  il  fut  lui-même 
pourvu  après  la  mort  de  son  père  , 
se  fit  en  son  temps  quelque  répu- 
tation par  ses  Poésies.  Son  ouvrags 
le  plus  considérable  en  ce  genre,  est 
intitulé  Les  Palmes  de  Louis-le- 
Juste  ,  Poëme  historique  divisé  en 
JX  libres ,  o// ,  par  l'ordre  des  an- 
nées ,  sont  contenues  les  immor- 
telles actions  du  très  -  chrétien  et 
très- victorieux  monarque  Louis 
XIII,  etc.  ,  Paris,  i65.5  ,  in-4^ 
Ce  poëme ,  présenté  au  roi  par  i"aa-r 


28G 


HAYE 


tcur ,  lorsque  ce  prince  passa  à  Aleii- 
çoii  pour  aller  enBrelague  ,  fut  bleu 
accueilii .  cl  lui  valut  sur-toiil  la  pBo- 
tectiou  du  carilinal  dont  les  louan- 
ges n'y  cloient  pas  oubliéi^s.  Les  eiïets 
de  cette  protection,  qu'il  ne  tarda  pas 
àresseulir,  furent  d'abord  des  let- 
tres de  réhabiliialiou  de  noblesse 
pour  sou  père,  et  d"anol)lissement , 
en  tant  que  besoin  seroit.  11  obtint" 
ensuite  le  cordon  de  Saint-Micliel , 
el  entin  un  brevet  de  conseiller 
d'état.  Le  Hayer  fut  un  des  pre- 
miers nienîi)res  de  lacadémie  nais- 
sante de  Caeu.  Nous  ignorons  l'an- 
née de  sa  mort  ;  mais  nous  savons 
qu'il  écrivoit  encore  en  1678.  Outre' 
le  poëme  dontuous  veiious  de  par- 
ler ,  et  quantité  d'autres  ]>oésies  fu- 
gitives ,  telles  qv.'Epïtres  ,  Odes  , 
Sonnets  ,  etc.  ,  il  a  traduit  quelques 
ouvrages  de  l'espagnol ,  et  entre  au- 
tres V Histoire  de  l'empereur  Char- 
les-Quint ,  par  J.  Aut.  de  Verra , 
Paris,  i66:2  ,  in-.'f". 

t  IL  HAYER  ( Jean-Nico!as- 
Ilubert,  rëcollet ,  ancien  protèsseur 
de  philosophie  "et  de  théologie  dans 
son   ordre. ,  né  à  Sar- Louis   le   i5 
juin    1708  ,    mort   à    Paris    le    16 
juillet    1780  ,  fut    un  des  athlètes 
qui  se  mesurèrent  le  plus  souvent 
avec    les    incrédules    modernes.   11 
composa  pendant  quelques  années  , 
en    société    avec     Soret,    un    ou- 
vrage périodique  ,   intitulé  La  reli- 
gion vengée  ,  ou  Kéfutalion  d'au- 
teurs impies,  Paris,  17.^1  et  suiv. , 
ai  vol.  ia-12.  Ce  journal  leur  pro- 
curai l'un  et  à  l'antre  plus  d'injures 
que  d'argent  ;  et  le  public  cessant  de 
l'accueillir  ,  les  deux  auteurs  furent 
forcés  de  le  discoiUinuer.  On  a  en- 
core du  P.  ilayer  divers  ouvrages  en 
faveur  de  la  religion.  Les  principaux 
sont ,  L  -i-"  spiritualité  et  l'immor- 
y        îalité  de l'ame  ,1757,5  vol.  in-i  2  , 
où  <«lle  matière  est  discutée  avec 
ïoUdilé.  IL  La  règle  de  foi  vengée 
dûi  calaniniesdesprotcslaiis }  1761 , 


HA  Y  M 

3  vol.  iu-12.  IIL  L'Jpostolicité  du 
ministère  de  l'Eglise  romaine  , 
176:'),  iu-12.  IV.  Traité  de  l'exis- 
tence de  Dieu,  in-12,  1769.  V. 
L'Uulililé  temporelle  de  la  reli- 
gion chrétienne  ,  1774,  in-12.  VL 
La  Charlalanerie  des  incrédules  , 
1  780  ,  in-12.  VIL  Pensées  éuangé- 
liques ,  1772  ,  in-12.  Plus  de  force 
et  de  chaleur  dans  son  style  au- 
roienl  été  nécessaires  pour  qu'il  ne 
survécût  pas  à  ses  ouvrages.  Voyez 
Boui-Lî£R,  nM. 

*  IlAYES  (  Charles  ),  savant  an- 
glais ,  très -versé  dans  la  connois- 
sance  des  langues  anciennes  et  mo- 
dernes ,  et  d'une  si  grande  modestie 
que  son  nom  est  beaucoup  moins 
connu  que  ses  ouvrages,  naquit  en 
1678  ,  et  publia  en  170.4  un  Tiaité 
des/luxions ,m-io\.  (C'est  la  seule  de 
ses  productions  qui  porte  son  nom); 
en  1710,  un  pamphlet  111-4"  intitulé, 
Méthode  nouvelle  et  aisée  de  trou- 
ver les  longitudes  par  r observation 
de  la  hauteur  des  corps  célestes  ;  en 
1725,  la  Lune,  dialogue  philoso- 
phique où  l'on  montre  que  cet  astre 
n  'est point  un  corps  opaque  et  br  ille 
de  sa  propre  lumière.  11  s'occupa 
en  17,55  à  composer  en  latin  son  ou- 
vrage intitulé  Cronographia  jîsia- 
tica  et  JEgyptiaca  ,  qui  n'a  paru 
qu'après  sa  mort,  arrivée  en  1760. 
Il  a  eu  pendant  une  longue  suite 
d'années  la  direction  de  la  compa- 
gnie royale  d'Afrique  dissoute  en 
1752. 

HAYM.   Voyez.  Aym. 

I.  HAYMON  ,  géant ,  ué  dans  le 
Tirol  au  i5®  siècle  ,  avoit  seize 
]:»!eds  de  haut,  et  assez  de  force, 
dit-on  ,  pour  porter  un  bceuf  d'une 
main.  On  raonlre  son  tombeau  dans 
le  château  d'Uinbras  ,  ù  ime  lieue 
d'iiispruck.  A  côlé  du  squelette 
(IHaymon  est  celui  d'un  nain  qui 
j  lut  cause  d«  sa  mort.  Ce  naia  ayant 


HAYN 

délié  le  cordon  du  soulier  du  gëauL  , 
celui-ci  se  baissa  pour  le  renouer  ; 
le  uni u  profila  de  ce  moment  pour 
lui  donner  un  soufflet.  Celte  scène  se 
passa  devant  l'arcliiduc  Ferdinand 
et  sa  cour  ;  on  en  rit,  ce  qui  lit  tant 
de  peine  au  géant  que  peu  de  jours 
après  il  m^i  niourul  de  chagiiu.  Le 
Tirol  a  pi'oduit  souvent  des  hom- 
mes d'une  taille  extraordinaire.  Ber- 
nard Gilli  ,  ayant  onze  pieds  de 
haut  ,  etoit  de  cette  contrée  ;  il  par- 
courut la  France  en  lyG/j-  A  l'âge 
de  9  ans  sa  taille  n'excédoit  point 
celle  des  autres  enfans  ;  mais  dès  ce 
moment  ses  membres  se  dévelop- 
pèrent et  s'étendirent  d'une  ma- 
nière surprenante. 

*  II.  HAYMON,  Anglais  de  nais- 
sance, eulra  dans  l'ordre  de  Samt- 
François  ,  enseigna  avec  répulation 
la  théologie  à  Paris  dans  le  i  5*^  siècle 
et  devint  général  de  son  ordre. 
Grégoire  IX  l'envoya  en  qualité  de 
nonce  à  Constaulinople ,  et  le  char- 
gea de  revoir  le  ùréiùai/e  et  les  ru- 
vritiues  de  1  Église  romaine. 

*  I.  riAYNES  (Hoptou),  essayeur 
de  la  monnoie  à  Londres,  mort  en 
1749  »  ^  laissé  un  ouvrage  posthume 
publié  à  Londres  en  1760,  inlilule 
Tableau  des  attributs  et  du  culte 
de  Dieu  d'après  les  saintes  Ecri- 
tures, ainsi  que  du  caractère  et  de 
la  mission  de  J.  C.  ,par  un  homme 
qui  recherche  sincèrement  la  vérité, 
publié  après  lui  conformé  nient  à 
son  désir. 

*  II.  HAYNESC  Samuel),  théo- 
logien anglais,  fils  du  précédent, 
chanoine  de  Windsor  et  recleur  de 
ClolhallelHalfield,aucomléd'lIert- 
fort ,  mort  en  1752,  a  publié  en  2 
vol.  in-Iol.  un  Recueil  de  mémoires 
politiques. 

HAYNEUVF.  (  Julien  ) ,  jésuite  , 
né  à  Laval  eu  x58.8^  mort  à  Paris  en 


lîAYT 


287 


1 663,  a  puhUé  des  Méditations  pour 
tous  les  /ours  de  l'année,  qui  ont 
eu  autrelois  beaucoup  de  réputation. 

t  1.  IIAYS  (  Jean  de  ),  mau- 
vais poêle  français  du  iG*"  siècle, 
conseiller  et  avocat  du  roi  au  bail- 
liage et  siège  présidial  de  F«ouen  , 
a  fait  quelques  Pièces  de  Théâtre  , 
dont  l'une,  intitulée  Camniate  ,  est 
en  7  actes.  Cammate  se  trouve  dans 
les  premières  Pensées  de  Jean  de 
IJays ,  Rouen,  1698  ,  in-ia.  Ou 
a  encore  de  lui,  Amarylle ,  Rouen, 
1595, in-12. 

II.  HAYS  ,  sieur  nr,  La  Fosse 
(  Gilles  le  ),  poêle  latin  ,  ualif  du 
village  d'Amayé ,  à  deux  lieues  de 
Caen  ,  professeur  de  rhétorique 
et  recteur  de  l'université  eu  cette 
ville  ,  vint  ensuite  à  Paris  ,  où  il  en- 
seigna la  rhétorique  dans  les  collèges 
du  Plessis,  du  cardinal  Le  Moine  et 
deBeauvais,  jusqu'en  1666,  qu'il 
devint  curé  de  Geutilly,où  il  mourut 
en  1679.  Ses  Poésies  latines  sont 
satiriques  ,  et  jouissent  de  quelque 
estime. 

III.  HAYS  (Jean-Bapliste  des  )  , 
Ployez  Desiiayes  —  et  Gendron. 

*  HAYTON  ou  Ayton,  neveu 
d'un  roi  d'Arménie  de  même  nom  , 
entra  dans  l'ordre  des  préniontrés  en 
i5o5  ,  et  s'attacha  à  l'abbaye  d'Epis- 
copie  dans  File  de  Chypre  ;  ce 
religieux  se  rendit  célèbre  par  sa 
doctrine.  On  a  fle  lui  des  Commen- 
taires sur  l' Apocalypse,  et  le  pape 
Clément  V  le  chargea  d'écrire  \\\\ 
livre  qu'il  a  intitulé  les  Fleurs  de 
l'histoire  d'orient.  Cet  ouvrage  fut 
imprimé  àHaguenau  sous  le  titre  de 
Liber  hisloriarum  partium  orien- 
lis  ,  sive  passagium  Ternv  sanclcR 
Tlaytono  ordinis prœmonslratensis 
aulore  scriptus  anno  redemploris 
nostri  i3oo.  M.  Lécuy  ,  religieux 
et  dernier  2^"*^*'i  *^^<  »uèine  ordre , 


^88 


HAZO 


remarque  ilans  son  dictionnaire  que 
celle  histoire  selon  loiUe  apparence 
avoit  été  écrite  originairement  en 
français  ,  sous  le  titre  de  Passage 
de  la  Terre  sainte  ,  et  qne  Nicolas 
Falconiiis  ou  Faucon  la  traduisit  en 
latin  à  Poitiers  eu  1 007  ,  par  ordre 
de  Clément  V. 

HAYWARD  (  Jean  )  ,  historien 
anglais,  mort  à  Londres  en  1627  , 
écnvoit  avec  une  liberté  qui  tenoit 
de  la  licence.  On  a  de  lui  en  anglais 
les  T'aies  des  trois  rais  normands  , 
iu-4°;  celle  A/  roi  Henri  Jf^,  111-4"; 
le  règne  d'Edonard  FI,  in-4°  ,  etc. 
Ses  écrits  liu  causèrent  des  inquié- 
tudes. Voyez  Elizaueth  ,  u°  XII , 
à  la  hn. 

HAZAEL,  officier  de  Bénadad  II, 
roideSyrie,  étouffa  ce  prince  sous  une 
touverlnre,  et  régna  à  sa  place  vers 
l'an  S89  ans  J.  C.  ii  tourna  ensuite  ses 
armes  contre  les  Jmfs  ,  ravagea  leur 
pays,  el  entreprit  le  siège  de  Jéru- 
salem. Joas  ,  voulant  empêcher  la 
ruiue  de  ce  ville,  envoya  à  1  usurpa- 
teur tout  l'or  et  tout  l'argent  du 
temple,  et  de  ses  coffres.  11  se  relira 
et  mourut  laissant  la  couronne  à  son 
fils  Uénadad  111. 

t  HAZON  (  Jacques  -  Albert  ) , 
mort  le  17  avril  1780  ,  prit  le  i)oniiel 
de  docteur  dans  la  l'acuité  de  méde- 
cine de  Paris.  Ses  recherchessur  l'his- 
toire et  les  progrès  des  éludes  aca- 
démiques lui  ont  founii  la  matitre 
de  deux  éloges  qu  il  a  prononcés 
dans  les  écoles  de  la  faculté  ,  l'un 
pour  les  vespéries,  et  l'autre  pour 
la  réception  des  huniers  :  Eloge 
historique  de  l université  de  Paris, 
français  et  latin,  1770,  in-4''  ;  le 
même  en  français  seulement,  1770, 
iu-4°  ;  Eloge  historique  de  ta  Jd- 
culté  de  Paris  ,  en  français ,  avec 
des  notes,  3770,  in-4"-  L'auteur 
l'a  voit  prononcé  en  latin  le  16  oc- 
robi«  1770.  Ces  deux  éloges  prou- 


IIEAR 

vent  que  ce  médecin  n'éloit  pas  sans 
mérite. 

*  HEAU  (  Richard  )  ,  Irlandais  , 
quelque  temps  membre  de  l'uui- 
versilé  d'Oxford,  et  ensuite  libraire 
à  Londres  ,  périt  dans  la  mer  eu 
1678  en  passant  dans  l'jle.df:  \Vight. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages.  \. 
Le  Tripon  anglais.  II.  L'art  d'en' 
jôler.  III.  Ees  caprices  de  Dublin, 
comédie  ,  el  d'autres  ouvrages  de 
ce  genre. 

*  HEADLEY  (  Henri  ) ,  écrivain 
anglais  de  beaucoup  d'espérance  , 
qui  mourut  à  25  ans  à  Norwich 
en  J788,  où  il  éloit  né  et  avoit  eu 
M.  Parr  pour  gouverneur.  Headiey 
avoit  étudié  au  collège  de  la  Trinité 
à  Oxford,  où  il  avoit  été  reçu  bache- 
lier es-aris.  On  a  de  cet  auteur  ,  I. 
Un  volume  de  Poésies.  II.  Quelques 
Pièces  en  vers  insérées  dans  l'OUa 
Podrida.  III.  un  recueil  intitulé 
Choix  de  beaux  jnorceaux  des 
anciens  poètes  anglais  ,  arec  des 
remarques  ,  2  vol.  IV.  quelques 
Ecrits  insérés  dans  le  Genlleman's 
magazine  et  dans  l'European  maga- 
zine, sous  la  signature  T.  E.  O. 

t  HEARNE  (  Thotnas),  écrivain 
anglais  distingué  par  ses  ouvrages 
el  par  les  services  qu'il  a  reudus  à  la 
bibliothèque  bodiéienne,  dont  il  étoit 
sous-bibliothécaire,  mourut  en  i735, 
à  57  ans.  Il  voulut  qu'on  ne  mit  sur 
sa  tombe  ([ue  celte  épilaphe  :  «  Ci- 
git  Tliomas  Héanie ,  qui  passa  sa  vie 
à  étudier  et  à  cfiuserver  les  antiqui- 
tés. »  On  a  de  lui  quelques  ouvrages 
dont  les  principaux  sont ,  I.  Scrip- 
tores  varii  de  historid  JÎngUcanâ , 
1709-1755,  en  fi4  vol.  in-8",  qu'il 
est  très-difficile  de  rassembler,  parce 
que  les  exemplaires  ont  été  tirés  à 
petit  nomjue.  11.  Les  Antiquités  de 
la  l'yran  de  -  Bretagne  ,  Londres  , 
1778-1786,  ia-lol.  obloiig.  111.  6'. 
Pliuii  sixi/ndi  epislolœ  et  panegy- 


HE  AT 

?icus.  Cl/m  peu  lis  leclioiiiliis  et  an- 
nulalloinbus,  Oxford-,  lyoo,  ih-b". 
IV.  Ji/stinus  ,  recogniliis  et  atinota- 
tionibiis  illustralus,  Oxfoid,  1705', 

*  I.  HEATII  (Thomas),  jésuite, 
envoyé,  ep  i5G8,  j>ar  s<rs  supé- 
vieufs,  en  mission  en  Angleterre, 
sous  riiabil  ecdésiasliqiie  puril;iin, 
obliul  la  peraiission  de  prêcher 
dans  la  cathédrale  de  Rochesler  ,  et 
il  y  déclama  contre  la  liturgie; 
mais  il  eut  le  malheur  de  laisser 
lomher  de  sa  poche  la  lettre  d'un 
jésuite  de  IMadrid  ,  qui  avoit  rap- 
port à  sa  mission  et  qui  fut  portée 
a  l'évêque.  On  fit  une  recherdie  chez 
lui,  et  on  y  trouva  une  bulle  du 
jiape  el  d'autres  ])apiers  sur  lesqxiels 
il  fut  reconnu  pour  jésuite.  Il  fut  eu 
conséquence  condamne  au  pilori  el  à 
vuie  prison  perpétuelle;  mais  heu- 
reusement il  mourut  quelques  mois 
après. 

*  II.  HEATH  (  Jacques) ,  historien 
;>ug!ais,  né  en  16.29  d'mi  conseiller 
du  roi,  el  mort  en  1G64,  d'abord 
dissipa  sou  patrimoine  el  chercha 
ensuite  à  se  faire  par  ses  écrits  une 
ressource  contre  l'indigence.  On  à 
de  lui,  I.  Chronique  de  la  dernière 
guerre  intestine  entre  l'ylnglelcrre, 
L" Ecosse  et  l'Irlande,  j66i  ,  iii-8°, 
qu'il  augmenta  et  continua  depuis 
jGôy  jusqu'en  1660,  un  très-gros  iu- 
8"  publié  eu  i663. 11  y  a  eu  une  autre 
continuation  par  John  Philips  jus- 
qu'en 1675,  qui  a  paru  en  1676,  in-f. 
11.  heg/orieu.v  et  inagnijique  triom- 
phe de  la  bienheureuse  restaura- 
tion du  7-ui  Charles  11 ,  etc.  ,  1  6.")2  , 
m -8°.  111.  Flagelluni  ou  vie  et 
mort  d'Olivier  Cromwell  l'usur- 
pateur ,  i665  11  en  a  paru  depuis 
une  troisième  édition  avec  des  addi- 
tions ,  in- 8"  .  IV.  Le  Nécrologe  des 
loyaux  Anglais  ,  martyrs  et  con- 
fesseurs qui  ont  souffert  les  angois- 
ses de  la  terreur  de  la  mort  pour  le 

T.    VIII. 


lîEAT  289 

maintien  du  gouverneuient  légi- 
time ^ÊÊes  trois  royaumes  ,  etc.  , 
in-i  a,  Td6  5.  V .  Courte,  mais  exacte 
revue  de  la  situation  des  Froviii- 
ces-Unies,  in-12.  Healh  ,  qui  peut- 
être  n'a  compilé  ses  éciits  que  d'a- 
près des  gaKeltes,  rapporte  souvent 
des  faits  qui  jettent  un  grand  jour 
sur  rhi.stoiie  de  son  ti-mjjs  et  qui 
ont  échappé  à  Clarendon  ,  qui  n'a 
écrit  que  d'aprts  les  pièces  les  plus 
authentiques. 

*  111.  HEATH  (  Benjamin  ),  ju- 
risconsulte et  littérateur  estimé  , 
s'est  l'ail  connoilre  sous  ce  der- 
nier rapport   par  divers   ouvr;iges. 

I.  iLssai  sur  une  pieuve  démons- 
trative de  l'existence  ,  de  l'unité 
et    des  attributs  de  Dieu,    i']l\0. 

II.  Isotœ ,  si'.'e  lectiones  ad  Iragi- 
coruni  Grcscorum  veterum  opéra  , 
Ceschyli  ,  etc.,  iria,  in-4°.  lU. 
Revue  du  texte  de  Shakespear  , 
où  l'on  examine  particuiièremeni 
les  changemens  introduits  par  les 
Cl  itiques  et  les  éditeurs  moder- 
nes,  176.5  ,  ia-8°.  —  Son  frère  Tho- 
mas HiiATH  a  publié  en  1700  une 
nouvelle  Traduction  du  livre  de  Job 
en  anglais. 

*  IV.  HEATH  (  Nicolas  ) ,  arche- 
vêque d'Yonk  et  chancelier  d'An- 
gleterre sous  le  règne  de  la  reine 
Marie  ,  mort  à  Oobbam  en  1750, 
élève  du  collège  du  Chrisl  à  Cam- 
bridge ,  fut  estimé  pour  sa  piété  et 
sa  modération  :  mais  ses  places  lui 
furent  otées  pour  refus  du  strmeul 
de  suprématie. 

*  HEATHCOTE  (  Raoul  ) ,  théo- 
logien anglais  ,  né  en  1721  ,  mort 
en  1795  , .élève  de  Cambridge  ,  où 
il  fut  reçu  docteur  ,  a  donné  ,  1. 
Vue  Esquisse  de  la  philosophie  dç 
tord  Boliiigbrocke.  11.  Sylva,  qm 
le  liois.  111.  Un  long  Traité  contre 
les  Uutchinsoniens  ;  el  quelques 
autres  ouvrages. 

'9 


lijo  HEBE 

HEAUVILLE.  iToy.  Bourgeois 
(  Louis  le  ) ,  n°  II.  m 

HÉBÉ  (Mythologie)  ,  fille  de 
Jupiter  et  de  Juuou ,  et  déesse  de 
la  jeunesse.  Les  poètes  disent  qu'A- 
pollon invita  Junou  à  un  souper  où 
il  fit  servir,  entre  autres  mets  ,  une 
espèce  de  laitue  sauvage  ;  la  déesse 
en  ayant  mangé  avec  appétit,  de 
stérile  qu'elle  éloit  auparavant ,  de- 
vint féconde ,  et  enfanta  Hébé.  D'au- 
tres disent  que  Junon,  piquée  de  ce 
que  Jupiter  avoit  tiré  Minerve  de 
son  cerveau,  tira  du  sien  la  jeune 
Hébé.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  maître 
des  dieux  prit  la  jeune  déesse  à 
cause  de  sa  beauté  ,  pour  lui  servir 
le  nectar.  Elle  s'acquitta  de  cette 
tonctiou  avec  grâces  ,  jusqu'à  ce 
qu'étaut  tombée  un  jour  en  lui  pré- 
sentant à  boire  ,  ce  dieu  lui  défendit 
de  le  servir  davantage  ,  et  mit  Ga- 
nymède  à  sa  place.  Homère  dit  qu'en 
prenant  Ganymèd?  pour  échanson  , 
il  permit  à  Hébé  de  verser  le  nectar 
aux  autres  dieux.  Cette  déesse  avoit 
aussi  le  soin  d'atteler  le  char  dé 
Junon.  Dans  la  suite,  elle  épousa 
Hercule  lorsqu'il  fut  mis  au  rang 
des  dieux ,  et  rajeunit  le  vieux  lolas  , 
cocher  de  son  nouvel  époux.  On 
l'appeloit  aussi  Juvenla. 

HÉBED-JÉSU.  Ployez  Abdissi. 

1 1.  HÉBENSTREIT  (Jean-Ernest), 
savant  jurisconsulte  deLeipsick,  a 
publié  un  grand  nombre  d'ouvrages 
de  droit ,  dont  les  plus  remarquables 
sont  Uue  Histoire  de  la  juridic- 
tiun  ecclésiastique  ,  et  une  Disser- 
tation curieuse  sur  l'interrogatoire 
secret  des  témoins.  On  lui  doit 
aussi  Muséum  Richterianum ,  con- 
lincns  fossilia  ariimalia  ,  etc.  , 
Leipsick  ,  174^  ,  in-fol.  ,  texte  alle- 
mand et  latin.  Il  est  mort  dans  sa 
pairie  en  1781. 

*II.  HEBENSTREIT  (.Tean-Ernesl), 
professeur  de  médecine  en  l'univer- 


HEBE 

site  de  Leipsick,  de  l'académie  des 
curieux  de  la  nature  et  de  celle  des 
sciences  de  Marseille,  né  à  Neus- 
tàdt  le  i5  janvier  1702,  savant 
dans  les  langues  grecque  et  latine  , 
cultiva  la  poésie  avec  beaucoup 
de  succès  ,  et  mourut  le  5  décembre 
1757.  Les  ouvrages  de  ce  médecin 
consistent  principalement  en  Dis- 
sertations académiques.  Le  célèbre 
Haller  en  a  inséré  plusieurs  dans 
sou  recueil  de  Thèses.  I.  Disserta- 
tiunes  ac  dejinitiones  planlarum  , 
Lipsiae  ,  i75i  ,  in-4°.  IL  De  usu 
parti um  carmen ,  ibid . ,  1709,  iu-8°. 
m.  Fathologica  melrica  ,  seu  de 
inorhis  carmen ,  ibid.,  i74o,  ÏQ- 
8".  IV.  Anthropologia  forensis  , 
ibid.,  1751,  17.53,  in- 8°.  V.  De 
/i.omine  sano  etcegro  carmen  ,  Lip- 
sic-B  ,  17. 5 3,  in-8".  VI.  Tentamen 
pàilosophico-medicum  super  yy.lii 
Jmydenii  synopsim  medicoium 
veterum,  libri  octo  grœcè  et  la- 
tine,  ibid,  1757,   in-4°. 

HÉBER,  fils  de  Salé  et  père 
de  Phaleg  ,  né  l'an  1281  avant 
J.  C.  ,  mourut  âgé  de  4^4  ^us. 
Josèphe  ,  Eusèbe  ,  St.  Jérôme  ,  le 
vénérable  Bède,  St.  Isidore,  et  pres- 
que Ions  les  interprètes  assurent  que 
les  Hébreux  ont  tiré  leur  nom  de 
Héber,  qui  conserva  la  première 
laugue,  nommée  de  son  nom  hé- 
braïque ,  depuis  la  confusion  de  ces 
ruèoics  langues.  D'autres  savans  les 
contredisent.  Huet  ,  dans  sa  Dé- 
monstration évangélique  ,  a  voulu 
démontrer  que  le  nom  hébreu  vient 
du  mot  Héber,  c'est-à-dire  de-delà  , 
parce  qu'ils  étoient  venus  d'au-delà 
de  l'Euplirate.  C'est  en  effet  le  sen- 
timent le  plus  probable. 

*HÉBERS,  poêle  français,  qui 
vivoit  selon  les  unssous  Louis  VIII , 
père  de  S.  Louis,  selon  d'autres  sous 
Louis  Ilutin,  roi  de  Navarre,  est 
auteur  du  Roman  des  Sept-Sages , 
autrement  intitulé  Dolopat/ios.  Un 
moine  de  l'abbaje  de  Haute-Sehe 


HEBE 

avoit  traité  le  même  sujet  en  latin  , 
long-temps  avaul  que  ce  poêle  en- 
treiiril  de  l'exéculei"  en  vers  fian- 
çais. L'ouvrage  du  moine  de  Hauie- 
belve  est  inférieur  au  poème  d'Hé- 
bers,  (juaulàlexéculion;  ilendiQere 
même  moins  pour  le  fond.  Le  Foënie 
desSept-Sas^es  est  un  monument  du 
1  y  siècle  qui  n'est  pas  sans  mé- 
rite. L'auteur  a  semé  dans  son  ou- 
vrage un  grand  nombre  d'épisodes 
qui  sont,  pour  la  plupart,  des  contes 
aussi  plaisans  que  moraux.  On  y 
trouve  la  seconde  nouvelle  ,  dont 
Boccace  a  tiré  si  bon  parti  dans 
la  troisième  journée  de  son  Déca- 
méron.  Le  coule  du  jeuue  homme 
qui  ,  n'ayant  jamais  vu  de  femmes  , 
eu  demande  une  à  son  père  ,  comme 
la  plus  belle  chose  du  monde  ,  est 
aussi  tiré  de  la  'même  source.  On 
rencontre  d'excellentes  maximes 
dans  le  Dolopathus  d'Hébers  ;  il 
abonde  sui-lout  eu  proverbes  pleins 
de  sens  et  de  morale.  Celui-ci  mé- 
rite d'être  cité  : 

On  sert  le  chien  porte  seignor. 
Et  por  l'amor  le  chevalier. 
Baise  la  daiae  i'escuJer. 

L  HÉBERT.  Foy.  Ébertus. 

t  n.  HÉBERT  (  François  )  ,  curé 
de  Versailles,  mort  à  Paris  le  21 
aoiît  ,  1728,  mérita  ^e^lime  de 
Louis  XÏV  par  s<  s  vertus  et  se? 
talens,  et  devint  ,a  la  lin  de  l'aunée 
1700,  évèque  d'Aoen.  Nous  avon^ 
de  lui ,  1.  Des  Hro/ies  pour  tous 
les  dimanches  de  l'année,  à  Paris, 
172.5  ,  eu  4  "vol.  in-i  2.  Le  siyle  en 
est  simple  ,  comme  il  couvient  à  ces 
sortes d  instructions,  sanscependaut 
être  négligé.  11.  Ues  Mémoires  ma- 
nuscrils  sur  les  événemeus  dont  il 
avoit  été  témoin  à  la  cour  taudis 
qu'il  étoit  curé  de  Versailles.  La 
Beaumelle  ,  qui  eu  a  profité  pour 
composer  ses  Mémoires  de  Mainte- 
non  ,  dit  qu'Hébert  écrivit  avec 
l'exactitude  d'un  homme  qui  avoit 


HEBE 


9.91 


tout  vu  ,  et  avec  la  liberté  d'un 
liomme  qui  n'écrivoit  que  pour  lui- 
uième.  Ou  dit  dans  ce  dernier  on- 
vrage  que  madaïaie  de  Mainienon 
ayant  voulu  engager  Hébert  à  se 
trouver  à  la  représentation  de  lEs- 
llierdeRacine,  il  lui  répondit  :  «  Ma- 
dame ,  rinnocence  des  vierges  est 
un  attrait  plus  dangereux  que  le  li- 
bertinage des  prostituées  ;  le  vice 
profane  tout.» 

t  in.  HÉBERT  (  N.  ),  chirurgien 
dentiste,  très-esllmé  dans  son  art, 
membre  de  l'académie  de  Ville- 
franche  ,  pensionné  de  la  ville  de 
Lyon  ,  où  il  fixa  son  séjour  ,  y 
publia  quelques  écrits  sur  son  art , 
entre  autres  le  Citoyen  Dentiste  , 
1779  ,  in-i  2.  Il  mourut  en  1780. 

*  IV.  HÉBERT  (Michel) ,  jésuite , 
né  à  Caeii  en  1672  ,  enseigna  les 
humanités,  et  fut  successivement  se- 
crétaire du  P.  de  La  Chaise  et  de  Mi- 
ihel  Le  Teliier.  11  mourut  à  Paris, 
dans  la  maison  professe  desjésuites  , 
le  2:^  m  v"mbre  1711.  Hébert  a  pu- 
blié ,  1.  Katis  elegiaci  somnium. 
Celle  pièce  fait  partie  du  recueil 
intitulé  l^iusarum  jésti  plan  sus 
ad  nuptias  Ludovici  Buigundiœ 
ducis  ,  Paris,  1697  ,in-i2,  et  iu-4". 
II.  y!?'s  Jocandi  :  ce  poëme,  en  vers 
élég  aques  ,  fut  imprimé  à  Paris  ,  en 
1698  ,  in- 12,  et  traduit  en  vers  fran- 
çais par  Bellechaume  ,  Paris  ,  1 699  , 
iii-i  2  ,  sous  ce  titre  :  L'y/rt  des  bons 
mots.  On  le  trouve  aussi  dans  les 
Cannina  didascalica,  tom.  I.  On 
a  encore  dece  jésuite  plusieurs  Fgto- 
gués  e\.  Elégies ,  imprimées  séparé- 
ment. 

i-  V.  HÉBERT  (Jacques-René),  né 
à  Alençon.Cet  hommed'un  caractère 
remuant, d'une  imagination  ardente, 
mais  sans  moyens,  et  sur-tout  dé- 
po;irvii  d'instruclion,  vivoit  d'in- 
trigue ù  Paris  avant  la  ré\olu- 
tiou.  Employé  au  théâtre  des  Va- 


292 


HEBE 


riélés  r:oiimie  coiilrôleur  des  cotilre- 
inarques,  il  en  fut  chassé  pour  cause 
(i'itiliclélilé.  Un  médecin  lui  donna 
l'liospilalilé.Hét)erl  fui  accusé  d» la- 
voir dévalisé.  L'époque  de  1789  lui 
lournilentin  un  moyeu  d'existerelde 
se  taire  connoilre  p;ir  le  journal  inli- 
lulé  le  Père  Duchesne.  La  folie  des 
idées  de  ce  journal,  ses  injures  gros- 
sières ,  son  cyussiiie  effronté  ,  ses 
ternies  orduriers,  sans  cesse  mêlés 
à  des  jureniens  ,  enciiaulèrent  la  po- 
pulace. L'auteur  devint  membre  de 
la  municipalité  qui  ordonna  l'atia- 
qne  du  10  août,  et  contribua  en- 
suite aux  massacres  exécutés  dans 
les  prisons.  Devenu  substitut  du  pro- 
cureur de  la  commune  lors  du  pro- 
cès de  Marie-Autoinelte  ,  il  eut  liii- 
faillie  de  l'accuser  du  crime  d  inceste 
avec  son  tils.  Cette  princesse  ré- 
pondit avec  calme  :  «  J'en  appelle 
à  toutes  les  mères  ici  présentes  :  y 
en  a-l-il  une  d'elles  capable  d'un 
pareil  crime?  »  Cette  accusation  ré- 
volta même  Robespierre.  Hébert  re- 
çut bientôt  le  prix  de  ses  crmies. 
Quelqu'un  lui  fil  le  reproche  d'avoir 
accusé  d'une  manière  horrible  Ma- 
iie-Anlomette.  11  répondit  :  «  J'ai 
vu  l'instant  où  le  public  commen- 
çoità  s'attendrir  pour  cette  femme; 
j'ai  dû ,  pour  (jnelle  ne  nous  échappai 
point,  cliauger  celle  sensibilité  en 
un  sentiment  d  horreur.  »  Danton  et 
Rol)espierre  ,  s'apercevautqu'fiéberl 
el  ses  adliérens,  appelés  hébertistes, 
cherchoient  à  élever  la  puissance 
de  la  commune  de  Pans  au-dessus 
de  celle  de  la  convention,  se  réu- 
nirent, malgré  leur  iiaine  muluelle, 
pour  perdre  ces  eiineinis  communs. 
Hébert  et  ses  partisans  Ronsin,  IMo- 
moro  et  Cloolz  furent  subitement 
arrêtés,  et  condamnés  à  mort  le  24 
111  irs  1794-  Hébert  ,  la  subissant 
a  .'ec  lâcheté,  tomba  plusieurs  fois 
en  défaillance  avant  d'arriver  à  i'é- 
chafand.  Il  avoit  épousé  une  reli- 
gieuse qui  fut  condamnée  vingt  jours 
après  sou  luari.  Ou  a  reinar(iué  «jue 


H  ET.  Il 

le  même  cachot  de  la  coiicitrgen' 
rtçut  successivement  iléberl ,  soti 
ami  Chaumelte,  et  enfin  ses  ad- 
versaires Danton  et  Robe^^pi^rre. 
Hébert  fut  le  principal  ordonna- 
teur des  orgies  nouimées  les  7 êtes 
de  la  raisun  ,  elc-  «  Ceux  qui 
font  connu  parliculieremenl ,  dil  ua 
écrivain  ,  assurent  que  le  journa- 
liste et  l'homme  de  société  éloietil 
deux  êtres  qui  n'avoienl  aucune  res- 
semblance :  l'un  étoil  fougueux,  for- 
cené, atroce  ;  l'autre  doux  ,  liant ,  et 
même  patelin.  L'écnvaiu  ,  sous  le 
nom  du  Père  Duchesne,  ne  prè- 
choit  que  lal)stirience  et  les  priva- 
tions ;  il  déclamoil  sans  cesse  contre 
les  voleurs,  el  api'eloit  à  grands  cris 
la  vengeance  )iationale  sur  la  lête 
de  loui  les  scélérats,  tandis  que  le 
magistrat  Héberl,  logé  magmiique- 
ment,  donnoit  des  repas  somp- 
tueux ,  vivoit  dans  la  mollesse  avec 
des  hommes  intéressés  dans  les  four- 
nitures des  armées,  et  souvent  se 
réunissoil  le  soir  avec  des  pei sonnes 
qu'il  avoit  dénoncées  le  matin.  A  lit 
commune,  c'étoit  le  républicain  le 
plus  sévère;  au  club  des  cordeliers  , 
le  moteur  le  plus  audacieux  des 
mouvemeus  populaires.  Dans  l'in- 
térieur de  sa  maison  ,  c'étoit  un 
homme  facile,  complaisant,  qui 
s'occupoit  de  ses  jouissances ,  et  qui , 
loin  de  blâmer  les  plaisirs  et  les 
prodigalités,  se  livroit  à  tous  les 
excès  d'une  vie  molle  et  sensuelle.  » 
Outre  le  journal  dont  nous  avons 
déjà  parlé,  il  en  fit  un  autre  sous 
le  litre  de  Petit  Carême  de  l'abbé 
Maury  ,  ou  Sermons  prêches  dans 
l'asscmbjlée  des  enragés ,  10  numé- 
ros iu-S"  ,  qu'il  avoit  fait  précéder 
d'une  satire  intitulée  /^/'e  Privée  de 
l'abbé  Maury ,  Paris,  1790,  in-S". 

HÉHRON,  chef  de  la  famille  des 
Hébroniles,  doima  sou  nom  à  la 
ville  d'ilébron,  appelée  aussi  Athée. 
Abraham  avoit  acheté  une  caverne 
dans  cet  endroit  ^  pour  eu  faire  ie 


IlECA 

S'.'piilcre  de  Sara  eX  le  sien.  Ce  fui 
diins  celle  nicme  ville  qu'Absaîon  se 
lit  sacrer  roi,  du  vivant  de  David 
son  père. 

ÎIÉCATE  (Mythologie),  fille 
de  Jupiler  el  de  Laione.  C'est  ainsi 
qu'on  nommoit  l^iane  dans  les  eu- 
firs.  Elle  leiipil  au-delà  du  St)  x  , 
pendant  cent  ans,  les  ombres  de  ceux 
qui  avnienl  été  privés  de  la  sépul- 
ture. Hécate  éloil  regardée  coiniue 
la  déesse  de  la  nuit,  des  ombres, 
des  enfers  cl  des  songes  :  elle  pré- 
sidoit  aux  enelianleinens  et  à  la  ma- 
gie. Elle  s'appeloil  Hécate  ,  on  parce 
qu'on  ne  l  apaisoit  que  par  des  .sa- 
crifices de  t -"it  victimes,  on  parce 
qu'elle  faisoit  erret  cent  ans  sur  les 
bords  du  Styx  les  morts  sans  sépul- 
ture. Elle  avoil  encore  les  noms  de 
Terj^emina  et  de  Triceps ,  parce 
qu'on  la  représentoil  tantôt  avec 
un  seul  corps  à  trois  têtes  et  à  qua- 
tre bras,  tellement  disiiO'és,  que, 
de  quelque  côté  qu'on  se  tournât, 
chaqvie  lete  a  voit  ses  deux  bras  ; 
tantôt  avec  trois  ligures  adossées  les 
unes  aux  autres.  IJaus  une  main, 
'on  lui  mettoil  un  llambean  ;  dans 
deux  autres  mains,  on  lut  tloii- 
noil  lin  lonet  et  un  glaive  ,  comme 
gardienne  de  l'enfer  :  dans  la  qua- 
trième, on  lui  faisoit  tenir  nii  ser- 
pent, symbole  de  la  santé,  à  la- 
quelle elle  présidoil.  ^-  HÉCATE  fhl 
aussi  le  nom  d'une  magicienne  de 
l'antiquité  ,  qui  ,  après  avoir  em- 
poisonné plusieurs  personnes  qn'i  Ile 
haïssoit ,  et  même  son  père ,  clierclia 
un  asile  chez  ^î)elès  ,  son  oncle  ,  roi 
de  Colchos,  qn'elle  épousa,  et  dont 
elle  ent  la  fameuse  Médée. 

*  HÉCATÉE,  de  Milet,  vivoit 
dans  le  4"  siècle  avant  notre  ère.  Il 
se  proposa  ,dansson  H/.tiu/retX  dans 
ses  Généalogies  ,  d'érlaircir  les  an- 
tiquités des  Grecs,  a  Voici,  disoit-il 
an  commencement  de  sononvr;ign, 
ce   que   raconte   Hécalce  de   Milel. 


EECK 


o.(y) 


J'écris  ce  qi:i  me  paroit  vrai.  Les 
Grecs,  à  mon  avis,  ont  rapporté 
beanconp  de  choses  (onlradutoires 
el  ridicules.  5)  Cependant  ce  même 
auteur  accordoil  le  don  de  la  iiaroie 
an  bélier  qui  transporta  Phritns 
en  Cokiiide.  Hécalée  étendit  le  do- 
maine de  l'histoire,  qui  ne  s'éloit 
encore  occupée  que  de  la  Grèce.  Il 
parcourut  l'Egypte  et  d'autres  con- 
trées jusqu'alors  inconnues.  Sa  Des— 
cripliuii  (le  la  '/'e/yeajouia  de  nou- 
velles lumières  à  la  géographie,  et 
fournit  des  matériaux  aux  bistoriens 
qui  I  int  suivi.  ySnavh.  .*i ,  407. 
Dans  la  jL/.s/e  n'es  hommes  illustres 
qui  est  à  la  sui»e  de  cet  ouvrage, 
l'auteur  a  placé  deux  historiens  du 
nom  d'HÉCATÉE,  l'un  du  .S^,  l'autre 
du  4""  sit^cle  a\  ant  noire  ère.  l.e  pro- 
fesseur Frédéric  Creutzer  d'Hpidel- 
berg  ,  dans  le  premier  volume  de  ses 
Hislorivort/m  Grctcoriim  antiquis- 
simonim  fragmenta,  a  recueilli 
tout  ce  qui  nous  reste  dllécalée  de 
Milet,  iSof). 

HECÎÎT  (Chrétien),  natif  de 
Hall ,  ministre  d'Essen  eu  Oslfrise  , 
mort  eu  1748,  âgé  de  62  ans,  a 
laissé  des  ouvrages  qui  lui  ont  lait 
un  nom  parmi  Its  savans.  [.es  pviu- 
(ipaux  sont  ,  1.  Cumine/itatio-p/ii- 
lologico-cri fico-e.regelica ,  de  secfd 
scribarum.  II.  ^intiqintas  Ba~ 
rœorum  inler  Jiirlœus  m  Poloniœ 
el  Tun  ici  imperii  regioiiibus  flo- 
re nti  s  sectœ  ,  a  (i sert  a  et  cinrli- 
cata.  111.  Plusieurs  Ecrits  eu  alle- 
mand ,  etc.  —  11  est  différent  de 
Godefr.  Hecht,  recteur  de  Lucaw  en 
Uasse- Lusace,  auteur  de  savantes 
Dissertations  latines,  elc. ,  en  assez 
grand  nombre,  mort  en  1721. 

*  I.  HECK  (  Jean  Van),  peintre 
célèbre,  né  eu  i6o5à  Oudenarde , 
mort  à  Anvers  à  la  fin  du  1  7"'  siècle , 
alla  à  Rome,  où  il  résida  bien  des 
années.  Heck  a  peint  les  J^ leurs  eX  les 
l  ruits  d'un   tres-boa   style.    Ou  a 


294 


HECQ 


aussi  de  lui  des  tabliaux  des  Envi- 
rons (le  Rome ,  qui  sont  fort  esti- 
més ;  et  une  suite  de  douze  /hilmaux 
divers,  portant  la  date  de  iGSb, 
sur  lu  première  desquelles  se  voient 
plusieurs  animaux,  qui  boivent  dans 
une  auge. 

*  II.  HECK  ^Nicolas  Vander  ) , 
peintre  dliisloire  ,  né  vers  1.^80 
eu  Hollande.  Son  pinceau  terme 
et  vigoureux,  sa  couhnir  nalnreile 
et  animée,  et  la  connoisance  <iu"il 
avoit  du  clar-oîiscur  ont  donné  à  srs 
Tableaux  un  effet  frappant.  —  Son 
fils,  Martin  Hemskirk,  fut  un  bon 
peintre  de  paysage. 

1 1.  HECQUET  (Pbilippe  ) , méde- 
cin, né  a  Abbeville  en  iG6j  ,  exerça 
d'abord  son  art  dans  sa  pairie  ,  en- 
suite à  Port-Royal ,  et  enfin  à  Paris  , 
après  avoir  reçu  le  bonnet  de  docteur 
en  1697.  Des  1698  il  ne  pouvoit 
suffire  à  ceux  qui  demandoient  ses 
soins.  Malgré  son  goût  pour  la  sim- 
plicité, il  fu!  oblig'  de  prendre  un 
carrpse  ,  qui  lui  \.\x\.  lieu  de  cabinet. 
Il  .s'y  livroil  à  l'étude  avec  antaui 
d'application  que  s'il  1  îil  été  chez  lui. 
Nommé  doyen  de  la  faculté  de  mé- 
decine en  1712  ,  il  fu  travailler  au 
nouveau  Code  de  pbarmacie  ,  pu- 
blié dans  la  suite.  Ses  infirmités  cl 
l'esprit  de  pénitence  l'engagèrent 
à  se  retiier  ,  en  1727  ,  cbez  les 
cirmélites  du  faubourg  St. -Jacques 
Sa  retraite  ne  cessa  d'être  ouverîe 
aux  pauvres  dont  il  fut  l'ami,  le 
consolateur  et  le  père.  Il  faisoit  tou- 
jours maigre,  et  ne  buvoil  que  de 
l'eau.  Le  Sage  l'a  peint  dans  Gilhlas 
sous  le  nom  du  docteur  Saugrado. 
Il  mourut  le  1  i  avril  1757.  Hecqiicl 
vouloit  que  la  pratique  de  son  art 
fiil  élayée  d  une  étude  réllécbie,  et 
d'une  théorie  i)nifonde: et,  selon  lui, 
«  nu  médecin  qui  voyoil  beaucoup 
de  malades  voyoil  peu  de  maladies.  » 
On  raconte  qu'en  visitant  ses  ma- 
lades opuleiis  il  alloit  souvenl  dans 


HECQ 

la  cuisine  eni])rasser  les  cuisinier." 
et  les  chefs  d  office.  «Mes  amis, 
leur  disoil-il,  je  vous  dois  de  la 
reconnoissance  ,  pour  tous  les  bons 
services  que  vous  nous  rendez  a 
nous  autres  médecins;  sans  vous, 
sans  votre  art  empoisonneur,  la  fa- 
culté iroit  bientôt  à  l'hôpital.» 
C'étoit,  si  le  fait  toutefois  est  vé- 
ritable ,  faire  \\\\&  platitude,  pour 
avoir  occasion  de  dire  nu  bon  mot. 
Tous  ses  ouvrages  prouvent  une 
lecture  immense  et  un  savoir  pro- 
fond ,  mais  quelquefois  mal  di- 
géré. Outre  les  anciens  médecins, 
dojii  il  avoit  fait  des  extraits 
étendus ,  accompagnés  de  ses  ré- 
ffexions,  il  avoit  lu,  avec  la  même 
application,  tout  ce  qvie  les  méde- 
cins modernes  ont  pu  écrire  sur  leur 
an,  en  latin  ou  en  français.  Il  ue 
paroissoit  rien  d'estimable  en  ce 
genre  ,  qu'il  n'eu  enrichit  sa  biblio- 
thèque,, et  il  douuoit  au  cabinet  tout 
le  temps  qu'il  pouvoit  dérober  à  ses 
autres  occnpatious.  Il  avoit  toujours 
beaucoup  pris  sur  son  sommeil  , 
pour  faire  de  plus  grands 4)r©grès 
dans  ses  études  :  on  l'a  vu  passer  jus- 
qu'à vingt-quatre  nuits  de  suite  sans 
se  coucber  ,  pour  approfondir  des 
questions  particulières  qui  dévoient 
entrer  dans  ses  ouvrages.  On  ne  pou- 
voit lui  parler  d'aucun  livre  de  mé- 
decine ,  qu'on  ne  le  trouvât  prêt  à  en 
rendre  un  compte  exact ,  et  le  juge- 
ment (pi'il  en  portoit  étoit  presque 
toujours  juste.  Il  avoit  mis  à  prolil 
toutes  ses  lectures.  C'est  dommage 
qu'il  se  trouve  dans  la  plupart  de  ses 
ouvrages  peu  d'ordre  et  de  méthode, 
et  que  son  style  soit  beaucoup  trop 
négligé  lorsqu'il  écrit  en  français.  H 
rejette  presque  tous  les  remèdes  in- 
connus aux  anciens  médecins.  Jan- 
séniste même  en  médecine  ,  il  parle 
avec  beaucoup  de  dureté  des  ino- 
culateiirs  el  de  l'inoculation,  «con- 
traire ,  dil-il ,  aux  vues  du  créateur, 
et  ne  ressemblant  en  rien  à  la  mé- 
decine, mais  plutôt  à  la  magie.»  On 


IlECQ 

lui  a  encore  reproché  d'avoir  été  trop 
vif  daus  ses  écrits,  et  trop  attaché  a 
ses  propres  sentimens.  Il  avouoit 
quelqiielbis  «qu'il  craiguoilcle  don- 
ner à  rhutpeur  ce  que  la  vérité 
seule  est  ea  droit  d'exiger  »  ;  mais 
ce  qui  peut  l'excuser  ,  c'est  qu'il  n'a 
jaariais  défendu  un  sentiment,  ni 
soutenu  un  système,  qu'il  n'ait  cru 
(jue  c'étoit  celui  qu'il  t'alloil  défen- 
dre et  soutenir,  il  étoit  toujours  dis- 
posé à  se  rétracter ,  si  on  lui  eût 
montré  évidemment  qu'il  se  trom- 
poit  ;  et  c'est  ce  qu  il  coucevoii  assez 
difficilement.  Il  n'éloil  jamais  con- 
sulté sur  les  maladies  dont  les  symp- 
tômes paroissoieutohscurs  qu'iln'eut 
recours  à  la  prière  avant  de  donner 
sa  décision  ou  ses  conjectures.  11 
voyoit  avec  peine  le  peu  de  cas  qu'on 
laisQil  de  ses  exemples  et  la.  licence 
qui  s'mtroduisoit  dans  les  mœurs; 
c'est  ce  qu'il  déplore  dans  un  ma- 
nuscrit intitulé  «  Le  tombeau  de 
la  médecine.  »  On  a  de  lui  ,  I.  JJe 
l'indécence  aux  hojnmes  d'accou- 
cher les  femmes  ,  et  de  l' obligalioii 
aux  femmes  de  nourrir  leurs  en- 
fans ,  Paris,  1708,  in- 12.  Ouvrage 
appuyé  de  raisons  morales  et  phy- 
siques. Cet  auteur  ,  élevé  de  Fort- 
Royal,  est  quelquefois  rigoureux  daus 
sesdécisious.ll.  Traité  des  dispenses 
de  carême  ,  1  v.  in-i  2  ,  Paris,  1 709, 
réimprimé  en  174^  ,  2  vol.  in-12.  11 
auroil  accordé  d'autant  plus  cUUicile- 
ment  ces  dispenses,  qu'il  croyoïL  les 
alimeus  maigres  aussi  lions  que  les 
gras.  11  pensoil  même  qu  ils  étoieul 
plus  favorables  à  la  sensualité.  111. 
J)e  la  digestion  des  alimens  ,  cl 
des  maladies  de  l'estomac ,  Paris  , 
1712,  1  vol.  in-12.  Ouvrage  savant 
sur  un  viscère  trop pïu  connu,  réim- 
primé en  1729  et  1700.  Mais  ,  dans 
ses  livres  les  plus  utiles,  l'auteur 
porte  son  esprit  systématique  ,  qui 
l'éloigné  quelquefois  de  la  vérité.  IV. 
Traité  de  lapeste,  aucc  unproldème 
sur  cette  maladie ,  in-i  2.  V.  Norus 
medicincB  conspectus,  2  vol.  iu-i  j. 


HECQ 


295 


VI.  La  Médecine  théologique  ,  2 
vol.  in-12.  \'ll.  La  Médecine  na- 
turelle, 2  vol.  in  12.  VIIL  Depur- 
gandâ  medicind  à  curarum  sordi~ 
bus  ,  in  -  1  2.  IX.  Ohseryations  sur 
la  saignée  du  pied ,  Paris,  1724  ' 
iu-i  2.  X.  T'ertits  de  l'eau  commune, 
Paris,  1730,  2  vol.  iu-12.  Cei  ou- 
vrage n'est  qu'un  recueil  de  pièces 
de  différens  auteurs  qui  fiircnt 
réunies  et  publiées  par  lioiulou.  Il 
en  fait  presque  une  médecine  uni- 
verselle. En  géuéral ,  il  étoit  grrud 
partisan  des  délayans  chauds  et  de 
la  .saignée  ;  eu  quoi  il  ne  s'accor- 
doit  guère  avec  quelques  médecins 
modernes.  XL  Jlbus  des  purgalij's  , 
in-12.  Hecquet  étoit  persuadé  que 
beaucoup  de  maux  se  guérissent , 
sans  qu'il  faill>?  continuellement  tour- 
menter la  nature.  La  médecine  s'ap- 
peloit  autrefois  la  science  de  peu  de 
remèdes, ^Jû//ca/7//«  herbarum  scien- 
t/a. Ces  herbes  même  éîoient  plutôt 
des  alimeus  que  des  remèdes.  La 
meilleure  médecine  étoit  de  nourrir 
à  propos  ,  et  d'assujettir  à  la  diète 
quand  ou  avoit  trop  nourri.  Si  Hec- 
quet a  voit  pu  rappeler  ses  confrères 
à  celte  simplicité  primitive,  il  ausoit 
été  sans  doute  le  j  remier  des  mé- 
decins. XII.  Le  Brigandage  de  la 
médecine ,  dans  la  m.'nière  de  traiter 
les  petites  véroles  et  les  plus  grandes 
maladies  par  l'émétique  ,  la  saignée 
du  pied  ,  et  le  kermès  minéral  ,  U- 
Irecht,  Paris,  17^2,  2  part,  in-12. 
Il  y  a  encore  une  édition  de  1749- 
XUI.  La  Médecine ,  la  chirurgie  et 
la  pharmacie  des  poui'/es  ,  5  vol. 
in-12  ,  dont  la  mei)le\  re  édition  est 
de  17^2,  en  4  vol. ,  donnée  par  Le- 
fèvre  de  Saint-Marc,  qui  y  a  jouit 
nue 'Vie  de  l'auteur,  aussi  édifiante 
pour  les  chrétiens  qu'instructive 
pour  les  gens  de  l'art,  et  le  Catalogue 
raisonné  de  ses  ouvrages.  XIV.  Le 
JSatural/smc  des  convulsions ,  dans 
l'épidémiedesmaiadicsconvu.'sion- 
jiaires,  173Ô,  3  j)arlies,  iii-12.  Il  ne 
voyoildaus  celle  folie  épidémique  et 


éphémère  qnelescffrlsde  la  fourberie 
dans  les  lUis,  une  iaiagiualiou  déré- 
glée dans  les  autres,  et  dans  qneiques- 
uiis  les  suites  d'une  maladie  cachée. 

*  II.  HECQUET  (  Robert  ),  habile 
graveur,  né  à  Abbevilie  en  1674, 
où  il  mourut  en  1776,681  l'auteur 
dit  premier  Ca'aJogue  de  l'œuvre  de 
Rnbcns  ;  il  a  gravé  à  P'iris  les  Tra- 
l'.ii/x  d' Hercule ,  d'après  les  tableaux 
du  Guide;  un  Bain  de  femmes  , 
d"a[)rès  Le  Poussin  ,  etc. 

ÎÎECTOU  (Myihol. ) ,  fi!s  de  Priam 
et  d'MtCube  ,  épousa  Andromaque 
{voyez  ce  mot),  et  eu  e\U  Astya- 
îiax.  11  fut  la  terreur  des  Grecs,  et 
fit  de  grands  ravages  dans  leur  ar- 
ine'a.  Sa  force  éloit  prodigieuse  ;  il 
leva  seul  très-f;ici!ement  une  pierre, 
que  deux  hommes  des  plus  robustes 
n'auroient  soidevée  de  lerre  qu'avec 
peine  ,  et  la  jeta  contre  le  milieu  de 
la  porte  du  camp  des  Grecs  ,  qu'il 
cnîoiiça  avec  un  fracas  horrible  ;  il 
j)orla  le  feu  jusque  dans  les  vais- 
seaux ennemis,  et  tua  Palrode  ,  qui 
vouloit  s'opposer  à  ses  piogrès.  Sui- 
vant les  oracles  ,  tant  que  le  redou- 
table Hector  vi\ro; t  ,  l'empire  de 
Priam  ne  pouvoit  être  détruit.  11  fui 
eulia  vaincu,  et  lue  par  Achille,  qui 
exerça  sur  son  corps  une  basse  ven- 
geance. F'ojez  Acini.T.E. 

HÉCUBE  (  Mylhologip),  fille  de 
Dimas,  roi  de  Tlirace,  et  femme  de 
Priam  ,  roi  de  Troie,  échut  en  par- 
trge  à  Ulysse ,  après  la  prise  de  cette 
ville.  Elle  eut  tant  de  douleur  de 
voir  immoler  sa  fille  Polixène  sur 
le  tombeau  d'Achille  ,  et  -de  trou- 
ver sou  lils  Polydore  tué  par  la  tra- 
hison de  PolyrnupRtor  ,  à  qui  elle 
l'avoit  confié,  qu'<>!Ie'se  creva  les 
yrux  :  ensuite,  vomi.-^sant  mille  im- 
précations contre  1  s  Grecs,  elle  fut 
métamorphosée  en  chienne. 

*ITEDA( Guillaume),  Hollandais 
ualtf  d'Alphen,  cloytn  du  chipitrc  de 


IlEDE 

Harlem,  etc., secrétaire  de  Philippe 
1"^' ,  archiduc  d'Autriche  et  roi  d'Es- 
pagne ,  et  très-versé  dans  la  c<m- 
noissance  de  l'histoire  et  des  antiqui- 
tés de  sa  patrie,  florissoit  an  com- 
mencement du  16''  siècle.  Il  a  conli- 
nué  la  Chronique  de  Beka  (  voyez 
Bek\),  et  mourut  à  Anvers  l'an 
1526. 

t  HÉDELIN  (  François  ) ,  abbé 
d'Aubignac  et  de  Meimac  ,  d'al)oril 
avocat,  ensuite  ecclésiastique,  na- 
quit à  Paris  en  ifio4.  Le  cardinal 
de  Richelieu  lui  confia  l'éducation 
du  duc  de  Frousac ,  sou  neveu  ,  et 
récompensa  ses  soms  par  deux  ab-  ^ 
bayes.  D'Aubignac  se  rendit  si  agréa-  > 
ble  à  sou  élevé,  que  celui-ci  étaut  " 
mort  dans  l'âge  de  lester,  lui  légua 
une  pension  de  4^00  livres.  Le 
prince  de  Coudé  ,  héritier  du  jeune 
Fronsac  ,  refusa  de  la  payer.  D'Au- 
bignac écrivit  une  savante  requête 
qu'd  adressa  au  prince  ,  en  le  lais- 
sant seul  juge  de  la  contestation. 
Coudé  après  l'avoir  lue,  ne  voulant 
pas  être  vaincu  en  géuéro>ilé,  or- 
donna que  la  pension  seroit  conti- 
nuée. La  protection  dont  Richelieu 
honoroit  d'Aubignac ,  et  son  pro- 
pre mérite  ,  lui  firent  jotier  un 
grand  rôle  dans  le  monde  et  dans 
la  république  des  lettres.  Il  fut 
tour  à  lour  grammairien  ,•  huma- 
niste ,  poète  ,  antiquaire,  prédica- 
teur et  romancier.  Dans  une  de  ses 
disiertalions ,  il  entreprit  de  prouver 
qu'Homère  uavoil  jama  s  exisié  ,  et 
que  l'Odyssée  et  l'Iliade  n'éloient 
qu'une  compilation  de  plusieurs 
tragédies  chantées  anciennement 
sur  les  théâtres  de  la  Grèce.  Il  a  voit 
boa'icoup  de  feu  dans  l'imagination, 
mais  euvore  plus  dans  le  caractère. 
Hautain,  présomptueux,  bizarre, 
il  se  brouilla  avec  une  partie  des 
gens  de  lettres.  Ses  querelles  a\  ec 
Corneille,  Méu.ige ,  mademoiselle 
de  Scudéri  et  Richelet,  sont  celles 
qui  ont   lo  phis   édalé.   U   rompit 


HEDE 

avec  le  premier  ,  parce  qui!  u'avoil 
Jias  ci  le  SI  Pratique  fin  théâ- 
tre dans  l'examen  de  ses  iragt^dies; 
ave*  le  second  ,  parce  qu'il  n'estinioil 
pas  assez  Ti-rence  ;  avec  ni;  denioi- 
s^elie  de  Scudiui  ,  parce  qu'elle  se 
jilaiguit  que  l'abbé,  dans  son  Jlo- 
y  a  unis  de  Coquetterie  ,  n'avoit 
l'ail  que  copier  ou  dL'M:loi)per  les 
idées  iie  sa  Carie  de  Tendre,  eniin 
avec  RicheUt,  parce  qu'il  n'avoit 
pas  assez  loué  son  insiiiide  roman 
de  Macarise.  Cependant  ,  malgré 
sa  canslicité,  Talbè  d'Aubi^nac 
avoil  un  fonds  de  ])iulo.«opliie  que 
la  vie  de  lacoujwje  lui  (il  pas  perdre. 
Il  se  renf'ernRTde  bonne  heure  dans 
son  cabinet.  Aussi  dit  -  il  dans  ya 
quatrième  Dissertation  sur  le  poè- 
me dramatique  «  que  depuis  17 
ans  il  n'avoit  pas  vu  seultmeiil  la 
porte  du  Louvre,  et  qu'il  n'a\oil 
jantiais  voulu  demander  de  pensions 
au  cardinal  de  Richelieii.  »  11  me 
suHit,  a)oule-t-il  ,  d'un  giand  don 
que  le  roi  me  fait,  el  pour  lequel 
je  nie  seiîs  l'on  oblige  à  ses  bontés 
Il  me  donne  la  liberté  de  vivre  selon 
mon  piaisir,  de  [liiisosopher  en  re- 
pos, de  jouir  de  la  paix  démon  ca- 
binet, comme  de  celle  du  royaume  , 
d'étudier  les  vertus  ,  et  d'écrire 
meà  faiitaisies  pour  me  divertir....  w 
Je  ne  suis  pas  propre,  dil-il  d;U¥ 
sa  troisième  Dissertation  y  à  l'aire 
de  gr.tnds  voyag«'s  ;  el  l'on  ne  peut 
me  conter  dt  la  Çliine  ou  de  l'Amé- 
rique d'assez  grandes  meiveilles 
pour  me  doinur  envie  da  les  aller 
Tor.  Ma  mau\aise  saute'  ne  me 
permet  pas  de  prendre  aucun  em- 
ploi lal)or;eux  ;  et  ceux  cpie  ja\  ois 
pris  biintfois  volontairement  dans 
la  chaire  e»  dans  le  barreau  ,  avec 
HU  a.«f?i;  favorable  succcs  ,  me  sont 
n:aiutenant  ,  eu  i663  ,  interdits 
iPM°  re'.our.  la  proniviiado  est  \m 
divenissemeut  trop  proche  de  1;* 
lassitude  ,  et  pour  moi  Irop  pénible  : 
l'applicaîion  de  la  pensée  aux  ou- 
vrages qui    demandent   une    forte 


HEDE 


9.97 


méditation  ne  manque  jamais  à 
me  rendre  malade.  Je  n'aime  pas 
le  jeu  ,  et  quoique  je  le  sache  ,  je 
n'y  trouve  aucun  charme  capable 
de  m'y  faire  perdre  du.  temps  ;  il 
y  a  trop  de  violence  pour  la  foiblesse 
de   mon   corps  ,  ou   trop   d'oisiveté 

pour  l'iictivité  de  nion  esprit » 

i/abbé  d'Aubignuc  mourut  à  Ne- 
mours le  2")  juillet  1676.  On  a  de 
lui ,  I.  Pratique  tlu  tliéa'tre,  Amster- 
dam, 1717,2  \ol.  in-8°  ,  el  Paris  , 
in-4°,  pleine  d'ériulit'on.  II.  Térence 
justifié  ;  livre  semé  de  recherches  sur 
le  théâtre  ancien.  11  .se  trouve  dans 
l'édilicn  de  sa  Pratique,  faite  en 
Hollande  en  171.'^.  111.  Une  inau- 
v:'ife  y'pvlogle  des  spectacles.  IV. 
Zénobie  ,  1647  ,  in-q"  ,  tragédie 
en  prose,  composée  suivant  les 
règles  prescrites  dans  saW'/atique 
du  Théâtre;  elle  fui  sifflée.  Jamais 
pièce  n'ennxiya  pins  méthodique- 
n.enl.  Celle  triste  expérience,  dit 
un  auteur,  dut  apprendre  à  l'abbé 
d'Arbigiiac  que  le  gén'e  fait  loiit  , 
que  du  moins  sans  lui  les  règles  ne 
^oiit  rien.  11  dut.  voir  qu'il  ii'éloit 
pas  plus  initié  dans  le  grand  art 
il'exciler  f(>rtemenl  les  passions  , 
que  ne  l'est ,  dans  les  secrets  de 
l'arrhitecture,  un  nianœuvre  servile 
et  sans  tfdens.  Le  prince  de  Cordé 
tlu.oit  :  «Je  sais  bon  gréa  l'abbé  d' Au  ■ 
bionac  d'avoir  si  bien  suivi  les  rèsles 

o     .  _       ■  ^  o 

d'Aris'ote;  mais  je  ne  pardonne 
point  aux  règles  d'Arislote  d'avoir 
t'ait  faire  à  l'abhé  d'Aiibignac  une 
si  méchante  tragédie.  «  11  a  encore 
laissé  Ifs  tragédies  de  la  Pucel/e 
r/'0r/éa/}5,Vin-\s  ifi67,in-i2;  de 
Cyminâe,  Paris  i6/|2,  in-i-z  ,  en 
prose(  d'autres  l'atlribncnt  à  Colle- 
lel  );  e[  /e  JtJai-tyre  de  Sfe  Cathe- 
rine ,  en  vers  ,  Paris  ,  iG.'îo, jin-4°. 
Ouxrages  plus  m:iuvais  ,  s'il  se 
peut ,  que  sa  Zénobie.  V.  TJacarise, 
ou  la  Heine  des  Is/es  fortunées  , 
Paris,  1666,  2  vol.  in  8°.  VI  Con- 
seils d'Jrisie  à  Célimhie  sur  le 
moyen  de  consvrver  sa  réputoiirn. 


298 


HEDL 


Paris  i665  ,  ia-12.  VU.  Histoire 
du  temps,  ou  Relation  au  Ro- 
yaume de  Coquetterie,  ia-12.  Quel- 
ques-uns lui  attribneut  encore  un 
Traité,  curieux  et  peu  commun,  ofes 
iSatyres  ,  Brutes  ,  Monstres  et  Dé- 
mons,etc.  Paris, 1627,  ia-8°;  mais  il 
n'est  pas  sûr  qu'il  soit  de  lui.  L'au- 
teur de  ce  livre  singulier  s'appeloit 
hien  Hédelin  ;  mais  on  n'a  aucune 
preuve  qu'il  fût  le  même  que  l'abbc 
d'Aubiguac.  Ce  livre  n'est  point 
non  plus  de  Claude  Hédelin  sou 
père,  dont  on  a  des  poésies  latines 
et  françaises  dans  un  recueil  in- 
titulé Les  Muses  françaises ,  et 
séparément,  les  Héroides  d' Ovide. 

t  HEDERIC  (  Benjamin  )  est 
auteur  d'un  excellent  JLe.ricon  ma- 
nuale  gj^g^cum:  Patrick,  Guillaume 
Yoimg  et  Morell  ont  domaë  de 
bonnes  éditionV  de  cet  ouvrage,  à 
Londres,  1790  ou  1778,  in-4".  Er- 
nesli  en  a  publié  ime  encore  meil- 
leure en  1  767.Hédéi-ic,  ué  en  1675, 
mourut  eu  1748. 

HEDIBIE.  rojez  Algasie. 

HEDINGER  (  Jean-Reiuhard)  ,ué 
à  Slutgard  eu  1684,  vojagea  avec 
deux  priiicps  de  Wittemberg  ,  en 
qualité  de  leur  chapelain,  fut  pro- 
fesseur de  jurisprudence  civile  el 
canonique  à  Giesseu  ,  ensuite  prédi- 
cateur de  la  cour,  et  conseiller  cou- 
sis torial.  Ou  a  de  lui  des  Remarques 
sur  les  Psaumes  et  sur  le  nouveau 
Testament.  Il  a  donné  aussi  une 
édition  de  la  Bible  ,  avec  des  chan- 
gemeiis  qui  ont  été  désapprouvés.  Il 
mourut  eu  1754. 

t  HEDLI^GER  (  Jean-Charles  ) , 
habile^  dessinateur  suisse  ,  né  à 
Schi/^œrls  eu  iligi  ,  acquit  uu  goût 
exquis  de  dessin  ,  par  une  élude 
très-appliquée  des  chefs-d'œuvre  de 
l'antique  et  du  moderne.  Carie  Ma- 
ratli  et  Busceni  Inreiil  ses  guides  et 
ses  modules.  Les  belles-lettres  qu'il 
avoit  étudiées  ne  lui  servirent  pas 


HEDO 

peu  pour  la  composition  des  inscrip- 
tions et  des  revers  de  ses  médailles. 
Les  premières  sont  d'un  style  laco- 
nique :  il  en  a  renfermé  toute  Isfno- 
blesse  dans  une  pensée  courte.  Ses 
revers  annoncent  le  génie  de  l'in- 
vention. Les  amateurs  des  beaux- 
arts  recherchent  ses  médailles,  qui 
sont  fort  rares  ;  et  ou  estime  des 
pièces  séparées  d'Hedlinger  plus  qui; 
des  collections  entières  de  médail- 
listes  communs.  Hedlinger  mourut 
dans  sa  patrie  en  1771.  Chrétien  de 
Méchel ,  et  M.  Laveaux  ,  ont  publié, 
en  1776  et  1778,  3  vol.  in-fol.  ,  a 
Bàle,  son  (Euvre  eu.  taille -douce. 
La  première  partie  comprend  les 
gravures  de  cet  habile  artiste,  et  la 
seconde  partie  renferme  les  explica- 
tions ,  qui  sont  piécédéesde  sa  Vie. 
Hedlinger  étoit  chevalier  de  l'ordre 
de  Christ,  et  membre  de  différentes 
académies.  M.  Fuslin  ,  à  qui  on  doit 
une  Histoire  curieuse  des  peintres 
suisses  ,  et  qui ,  après  la  mort  d'Hed- 
linger, en  a  ramassé  toute  la  collec- 
tion ,  se  propose  d'en  donner  une 
édition. 

*  HEDOUIN  (  Jean-Baplist€-An- 
toine),  fils  unique  d'Hédouin  Le- 
doux ,  trésorier  de  la  ville  de  Reims , 
où  il  naquit  le  26  mai  1749,  étudia 
les  mathématiques  ,  et  s'y  perfec- 
tionna chez  Perronet  à  Paris.  Une 
partie  de  jeunes  geiis  ,  où  il  fut  en- 
traîné, lui  ht  abandonner  l'état  d'in- 
génieur ,  pour  entrer  à  Sainte-Gene- 
viève, qu'il  quitta  pour  faire  auxPré- 
moulrés,  profession  le  24  avril  1 774- 
Ou  l'envoya  étudier  en  Sorboime  à 
Paris,  mais  préférant  Rayual  au 
grand-maitreRibalIier,il  fit  l'Esprit 
du  philosophe  ,  qu'on  imprima  a 
Montargis.  Cet  ouvrage  fut  saisi  ; 
l'imprimeur  ,  l'auteur  furent  inquié- 
tés. Hédouin  se  tira  d'atfaire  ,  en 
priant  son  cousin  germain  ,  qu'une 
lettre  de  cachet  reteuoit  à  Ham ,  en 
1776  ,  de  .s'en  avouer  l'auteur  à  un 
nommé  Mairobert,  qui  imprima  ce 


HEED 

pseiidoiiysme  clans  1  s  Mémoires  se- 
crets, dits  de  Haucliaumont.  Cet  ou- 
vrage a  aussi  été  imprimé  à  Genève 
en  17S2,  iu-8°.  Lejeune  prémon- 
iré  ,  ordonné  prèire'en  1777,  tU,  eu 
1787,  les  principes  de  {'Eloquence 
sacrée,  1  vol.  in- 12,  Soissnus , 
17S7.  Nommé  prieur-curé  de  Ré- 
thonvillers  eu  1780,  maire  dudii 
lieu  eu  1791  ,  il  s'y  'il  estimer  el 
chérir,  et  présida  le  canton  jusqu'à 
la  fin  du  18"  siècle.  11  mourut  eu  oc- 
tobre 1802,  dans  la  54"  année  de 
sou  âge  ,  en  sou  presbytère  de  Ré- 
ihonvillers.  Il  a  laissé  des  7/t/j- 
fne/is  historiques  sur  la  révoluliou 
de  1789,  avec  cette  épigraphe  :  O 
lempiis  jtiiserum  alqiie  acerbiim  ! 
O  casum  illum  /nu/tis  innocenti- 
hus,  catamitosum  atque  funestuni! 
(Cicer.,  Orat.  in  Verrem.  )  Ces 
fragmeus  inédits  tbrmeul  ôo  pages 

t  HEDWIGE  (  sainte) ,  nommée 
aussi  sainte  yU'oie ,  tille  du  duc  de 
Carinlhie ,   épousa   Henri  ,  une    ne 
Siiésie    et  de  Pologne  ,    dont    ellf' 
eut    trois  fils  et   cinq  filles.    Reti- 
rée   ensuite  ,  du    consentement    de 
son   mari  ,   daus   uu    monastère  à 
Trebuitz  ,    où    elle   mil    des    reli- 
gieuses   de     l'ordre     de    Citeaux  , 
elle  y  mourut  eu  1243.   Elle  avoit 
autant  de  soin  des  pauvres  que  de 
ses  propres  enfans.  Clém€nt  IV   la 
canonisa  en  1266.  —  Il  y  a  eu  une 
autre  Heowige  ,  fille  de  Louis,  roi 
de  Hongrie ,  devenue ,  par  élection  , 
reine    de   Pologne    eu    i584  ,    qui 
épousa  Jagellon  ,  grand-duc  de  Li- 
tîuiauie  en  1 386  ,  à  condition  que  ce 
prince  recevroit  le  baptême  ,  et  qui 
niourul  à  Cracovie  eu  1399  ;  ses  su- 
jets lui  donnèrent  le  nom  de  Sainte, 
qu'elle  mérita  par  ses  vertus  ,  et  sur- 
tout par  une  charité  sans  bornes  et 
une  modestie  peu  commune  dans  uu 
si  haut  rang. 

*  I.  HEEDE  (  Guillaume  )     lrè.s- 
bou  peiuUe  d'histoire ,  né  à  Furaes 


HF.EM 


^99 


eniGfio,  mort  en  1728,  a  pa«sé  la 
plus  grande  partie  de  sa  vie  en  Italie. 
Ses  tableaux  sout  1res -estimés  et 
rares. 

*  II.  HEEDE  (Vigor)  ,  peintre, 
frère  du  précédeut,  né  à  Fumes  en 
1 6*19  ,  mort  en  1 708  ,  a  passé  pres- 
que toute  sa  vie  en  Italie  avec  son 
Irere,  et  a  été  estimé  coiume  artiste; 
mais  ses  tableaux  sont  moins  rare» 
et  moins  recherches  que  ceux  de 
Guillaume. 

HEEM  (Jean -David  de),  né  à 
Uirecht  en  1604,  mort  à  Anvers  eu 
1674,  consacra  sou  pinceau  aux 
Jleurs  ,  aux  fruits  ,  aux  i^^ases  ,  aux 
iiistrununscie  musique, e\  aux  tapis 
deTurquit.  Il  reudoit  ces  divers  ob- 
jets d'une  manière  si  séduisante  , 
que  le  premier  mouvemeut  éto.t  d  y 
porter  la  main.  Sou  coloris  est  d'une 
Iraicheur  agréable ,  sa  touche  d'une 
légcrelé  singulière.  Les  insectes  pa- 
roissent  être  animés  dans  ses  ta- 
bleaux. Il  laissa  un  fils  ,  Corn,  de 
Hk-M  ,  qui  hérita  d'une  partie  de  ses 
taleus.  f'oyez  Mignon. 

I.  HÉEMSKERK   (  îMarliu  de  )  . 

surnommé,  de  sou  temps,  le  Ea- 

phael  de    Hollande  ,  naquit  ,  eu 

1/498  ,  au  village  deHéemskerkdont 

il  prit  le  nom  ,  et  mourut  à  Harlem 

eu  1  .T74-  Sou  dessin  est  correct  ;  il  a 

de  la  facilité  et  de  la  fécondité  daus 

linvenliou  ;  mais  il  a  trop  négligé  le 

clair-obscnr.  Ses  draperies  manquent 

de  légèreté,  et  ses  têtes  de  noblesse. 

Ce  pt'intre  laissa  beaucoup  de  biens, 

et  lit  un  testament ,  par  lequel  il  lé- 

oua  une  somme  considérable,  pour 

marier,  chaque  année,   un  certain 

nombre  de    filles  ,  leur  imposant  . 

pour   toute   condition,  «   de  venir 

danser,  à  un  jour  marqué,  autour 

de  la  croix  qui  seroit   mise  sur  son 

tombeau.  »  Ou  remarque  que  c'est 

la  seule  croix  qui  ait  été  conservée 

par  les  protestans  dan»  le  lieu  de  sa 

sépulture,  pour  servir  de  litre  ii  sii 


3oa 


ÏÎEER 


fonJalion.  Les  principaux  ouvrages 
de  ce  maître  sont  dans  les  Pays-Bas. 
Oa  a  grave  d'après  lui. 

*  II.  IIEEMSKERK:  (Jacob  de)  , 
un  des  plus  célèbres  navigateurs 
hollandais  du  iG^  siècle  ,  nalif 
d'Ainstierdam.  De  deux  vaisseaux 
que  le  magistrat  d'Amsterdam  en- 
voya,  en  1:19-'.  po'ir  chercher  au 
nord  un  passage  à  la  Chine  ,  l'nn  fui 
conlié  à  son  commandement.  Ce 
voyago-fiit  un  des  plus  périlleux  et 
des  plus  remarqun'blês  de  ce  genre. 
En  1607  ,  envoyé  contre  les  Es- 
p:tgno)s  avec  une  flotte  de  26  vais- 
'eau,x,  il  les  attaqua  à  la  rade  de  Ci- 
l»raltar.  La  -dcfaite  des  Espagnols  lut 
complète ,  mais  Ileemskerk perdit  la 
vie  dan^  ce  conibot  glorieux.  Son 
corps  ,  transporté  à  Amsterdam  , 
i'nt  inhumé  avec  une  grande  pompe 
dans  le  chœar  de  la  vieille  église,  où 
l's  états  lui  ont  fait  ériger  un  mau- 
solce. 

*  1!L  HEEMSÎŒRK  (  -lean  ), 
membre  du  haut-conseil  de  Hol- 
lande, a  laissé  v.n  ouvrage  mêlé  de 
prose  et  de  vers ,  de  recherches  his- 
toriques sur  les  usages  et  les  anti- 
quités de  sa  patrie,  et  de  récits  fabu- 
leux ou  romanesq-es  ,  sous  le  litre 
rV  Jrcadie  batave  ,  dont  la  première 
édition  est  de  iGSy,  in-8°,  et  quia 
été  réimprimée  plusieurs  fois.  Cette 
production  estimable,  (aile  à  l'imi- 
laliou  de  celle  de  Sannazar  el  de 
Philippe  Sidney,  portant  le  rnème 
nom,  a  donné  à  son  tour  la  nais- 
sance à'  plusieurs  autres  du  même 
genre ,  tels  que  l'Arcadie  saaulau- 
d.ùse  ,  de  H.  Soelebooin,  Amster- 
dam, iG58  ,  in-12;  l'Arcaelie  de 
Dordrechl ,  de  l,.  \'an  deu  Bosch, 
Dordr. ,  1662  ,  in-i  2. 

*Î-TEEU  (  Martin),  médecin,  né  à 
F  auban  dans  la  liante  Lusace  le  10 
l'ovuibre  1^43,  pratiqua  d'abord 
son  art  dans  aa  ville  natale  et  ensuite 


IIEER 

à  Gorlitz  ,  où  il  mourut  en  i  707.  On 
le  dit  auteur  d'un  ouvrage,  pour 
servir  de  clef  à  ceux  de  Van-EImonî, 
sous  ce  titre  :  PZ/ys/o/utr/a  llelincn- 
lianci  ,  sLve  tractatus  dece/n  île 
archeo,  Lipsiae  ,  1706  ,  in-/)°. 
Dans  cet  ouvrage  ,  il  multiplie  h 
nombre  des  archées,  et  il  leur  at- 
tribue toutes  les  opératioub  du  corps 
humain. 

HEEREBOORD  (  Adrien  )  ,  pro- 
fesseur de  philosophie  à  Leyde  , 
adopta  ,  des  preu)iers  ,  les  principes 
de  Descaries,  réformateur  de  cette 
science  en  Europe,  et  osa  les  ens.n- 
guer.  Ses  priiicii)aux  écrits  en  ce 
genre  sont,  I.  Meletemata  p/iihso- 
phica.W.  Philosophi.a  natiiralis , 
rnoralis,  et  ratio nalis ,  etc. 

*  lîEERKENS  (  Gérard-Nicolas  ) , 
célèbre  îiuératenr  hollandais.  Eu 
1760  il  lit  un  voyage  en  Italie,  et 
se  lia  d'amitié  avec  les  houimes  de 
lettres  les  plus  distingués  de  ce  temps. 
De  retour  dans  sa  pairie,  il  publia 
eu  1764  un  livre  intitulé  Aofabi- 
/ium ,  etc.  ,  dans  lequel  il  fait  meii- 
liou  des  choses  qu'il  a  observées  et 
des  honiiues  savans  qu'il  a  connus 
particulièrement  à  Rouie,  où  il  de- 
vint membre  de  l'académie  des  Ar- 
cades, el  prit  le  noui  de  Curillo  Cal- 
cidico,  sous  lecpiel  il  publia  un  petit 
livre  de  ses  Satires  latines.  Quel- 
ques unes  de  ses  poésies  furent  pu- 
bliées dans  Vylrcadum  carinina, 
pars  lerfia,  pag.  52.  On  a  aussi  de 
lui  un  pelit  poème  latin  ,  intitulé 
Itcr  veiu'tum  canniiiibus  expres- 
si/m.  Il  mourut  à  Grouingue  sa  pa- 
trie en  17S0.  On  parle  avec  beau- 
coup d'éloges  de  lui  dans  les  ])îe~ 
inorie  isloriclie  d'ell'  a'iii/ianza 
^li  arcaili,  pag.  126  et  24!i. 

*  HEERS  (  Henri  de  ),  médecin  , 
né  à  Tongres  da>is  l'état  de  Liège 
vers  l'an  iSto,  distingué  par  son 
'^^avoir  en  philosophie  et  eu  malh»V- 


HEGE 

yiialiqiies  ,  c'ioil  aussi  versé  dans 
les  l;iiigiies  latiue ,  grecque  et  iié- 
braïque.  Il  exerça  sa  prof;  ssion  dans 
la  ville  de  f.iège,où  il  uiourul  \er> 
Tan  1606.  On  a  de  lui  ,  1.  Spada- 
cre/ie,  hoc  esC  ,  fans  spada/u/s  , 
t'/as  singutaria  ,  bibendi  rnodus  , 
ineilicamiiia  bibenllbus necessa/ia, 
Leodii ,  it)i4  ,  1622,  in- 8'';  Lugdu- 
ni  Batavorum,  ifi/jS  et  1647,  hi-12  : 
iùid ,  i683  et  1689  ,  2  vol.  in  16. 
11.  Obscrpalio/ies  medicœ  oppidu 
rarœ  in  Spa  et  Leodii  animadver- 
sœ  ,  (  uni  aliquot  ntedicanieritis  se- 
ioc/is,  Leodii,  i65i  ,  in-S";  Lipsitt, 
1045.  ui-12. 

*I.  HÉGÉSIAS,  philosophe  cy- 
rénaïqiie,  tloris'^oil  vers  l'an  i^l6 
avant  J.  C.  Il  fui  disciijle  de  Parœ- 
hale  ,  et  fonda  l'école  qu'on  appeloit 
liégésienne.  Valère  Maxime  rap- 
porte que  les  discours  de  ce  pliilo- 
sophe  l'aisoienl  une  lelle  impression 
sur  lame  et  l'esprit  de  ses  auditeurs, 
qu'après  avoir  un  jour  discouru  , 
avec  léloijuence  la  plus  pathétique, 
sur  les  maux  de  la  vie  ,  la  plupart 
de  ceux  qui  l'écoutoienl  voulurent 
se  tuer  de  leurs  propres  mains.  Ce 
fut  pour  celte  raison  qu'on  lui  dé- 
fendit de  parler  sur  ce  sujet. 

*  II.  HÉGÉSIAS,  de  Magnésie, 
orateur  et  historien  ,  vivoil  vers 
l'au  4^'4  avant  J.  C.  Il  inlroduisil 
dans  la  Grèce  tous  les  \u;es  de  l'élo- 
quence asiatique.  Ses  discours étoieul 
aussi  répréhensibles  par  les  pensées 
que  par  la  diction.  11  écrivit  V/tistoiie 
d'Jlexandre  avec  un  style  décousu, 
illégal  et  plein  d'ornemens  puérils. 
Lougiii  et  Uenys  d'IIalica  masse  le 
caractérisent  ainsi  de  concert,  et  le 
dernier  appuie  ses  reproches  par  un 
fragment  qu'il  cite  de  cet  écrivain 
sur  le'  sié^e  de  Gaza. 

I.  HÉGÉSIT.OQUE,  l'un  des  sou- 
verains magistrats  de  l'île  de  Rho- 
des .  usa  si  lusokmaieut  de  sou  au- 


HEGl 


3oi 


lorilé  ,  qu'il  fut  dégradé  comme  u:i 
infâme.  Lis  autres  sénateurs,  ;i  son 
exemple  ,  jouèrent  des  femmes  aux 
dés.  Le  perdant  étoil  obligé  de  se 
servir  de  toutes  sortes  d'arlii'ces,  et 
même  de  violence  ,  pour  .mener  Ut 
femme  jouée  à  celui  <pii  l'avoit  ga- 
gnée. Hégésiloque  signala  le  plus  sa 
licence  en  ce  genre.  Il  vi\oil  sous 
Phi!i])pe  ,  roi  de  Macédoine,  père 
d'Alexandre-lc-G  rand . 

U.  HÉGÉSILOQUE,  autre  ma- 
gistral rhodien  ,  l'an  17  j  avant  Jé- 
sus-Christ ,  engagea  ses  concitoyens 
à  équiper  une  flotte  de  quarante  vais- 
seaux, pour  se  joindre  aux  Romains 
contre  Persée  ,  dernier  toi  des  Ma- 
cédoniens. Ce  secours  leur  servit 
beaucoup. 

t  HÉGÉSIPPE,  Juif,  quitta  la 
religion  de  ses  pères  pour  embrasser 
le  christianisme,  et  mourut  l'an  i8i . 
C'est  le  preiiiier  auteur,  après  Its 
apôtres  ,  qui  ait  laissé  un  corpfc 
iXlIisloire  ecclésiastiqut ,  depuis  la 
mort  de  J.  C.  jusqu'à  son  temps.  Il 
ne  nous  en  reste  que  quelques  frag- 
mens  dans  Eusèbe.  Cet  ouvrage 
étoil  écrit  avec  beaucoup  de  simpli- 
cité ,  «  parce  qu'il  vouloit ,  dit  saint 
Jérôme,  imiter  le  style  de  ceux  dont 
il  écrivoit  la  vie.  w  Les  cinq  livres  de 
Bello  jadaico  ,  el  nrbis  Hierosol)- 
mitanœ  excidiu  ,  qu'on  Irouve  dans 
la  Bibliothèque  des  Pères  ,  et  sépa- 
rément ,  Cologne,  1559  ,  in-8°,  ou 
Genève,  1614  ,  in-B",  en  grec  et  en 
latin,  lui  ont  été  attribués  mal  à 
propos  :  ils  sont  d'un  autre  Iliof.- 
STVPE,  qui  vivoit  avant  la  Oinle 
de  l'empire  d'occident,  mais  après 
le  règne  de  Constantin. 

*HEGIUS  (Alexandre),  ainsi 
surnommé  du  lieu  de  sa  naissance, 
dans  la  Wesiphalie  ,  lloritsoil  dans 
le  1.5*  siècle,  et  lut  pendant  00  ans  , 
avec  la  plus  grande  célébrité,  prin- 
cipaldu  collège  de  Dewealer.  Il  avo.L 


3o2  HEID 

eu  pour  maître  Rodolphe  Agricola. 
Hëgins,  déjà  parvenu  à  l'âge  de  4o 
nus,  et  niaitre-ès-arls  ,  l'ecourul  à 
Agricola,  beaucoup  plus  jeune  que 
lui ,  pour  prendre  des  leçons  de 
grec,  et  eut  la  gloire  de  compter 
lirasnie  au  nombre  de  ses  disciples. 
Très-instruit  dans  les  belles-lettres 
j^jrecques  et  latines,  il  a  laisséquelques 
ouvrages  de  littérature  et  de  philoso 
phie.  Hégius  refusa,  à  cause  de  son 
grand  àgj  ,  la  direction  de  l'école 
qu'on  fonda  a  Munster  vers  la  tiu 
du  15"^  siècle. 

HEID  (  Anne-Marie  ) ,  née  à  Dan  t- 

zick  en  1688  ,  morte  en  1753,  passe 
ordm;nrenient  pour  l'inventrice  de 
la  peinture  au  pastel. 

*  HEIDANUS  (  Gaspard  )  (  pro- 
prement V^an  der  Heiden  )  ,  né  à 
Malines  ,  attaché  comme  pasteur  à 
une  colonie  de  réformés,  fug  tifs  des 
provinces  belgiques  ,  que  l'électeur 
Frédéric  111  avoit  accueillis  dans  ses 
états  ,  joua  un  rôle  distingué  dans  la 
réforuiation  des  Pays-Bas.  La  tra- 
duction hollandaise  ,  acluelletnenl 
en  usage,  du  catéchisme  de  Heidel- 
berg,  qui  parut  eu  i58o,  est  de  lui. 

i  II.  HEIDANUS  (  Abraham  ) , 
fils  du  précédent,  professeur  de  théo- 
logie à  Leyde ,  né  à  Frankenlhal , 
dans  lePalatinat,  eu  1697,  s'acquit 
une  grande  réputation  par  ses  écrits 
et  par  ses  sermons.  Il  lia  une  étroite 
amitié  avec  Descartes  ,  et  mourut 
à  Leyde  en  1678.  On  a  de  lui  un 
Corps  de  théulogle  en  2  vol.  in-4°, 
1686,  et  \'Exa;/ie/i  du  catéchisme 
des  reinontrans ,  \\\-l°. 

*  lïEIDE  ou  Van  der  Hr.innv 
(  Antoine  de  ) ,  né  à  Midd^lbourg  en 
Zélaude,  pratiqua  la  médecine  vers 
le  milieu  du  17'' siècle.  Ses  ouvrages 
sont,  1.  Anatume  inyiull.  Observa- 
liununi  medicarum  cen t uria .\\.  Ex- 
peri/nenla  circa  sa/iifui/us  missio- 


HEID 

nem  ,  ftbras  motrices  urticam  ma- 
rinam.  Ils  parurent  à  Amsterdam  , 
i(î8  jet  1686,  in-8'';  mais  la  seconde 
édition  est  préférable  à  la  première. 
Ce  médecin  est  encore  auteur  d'un 
Traité  en  flamand  sur  la  pharma- 
cie ,  publié  à  Amsterdam  en  ibSa  , 
in-8°,  sous  le  titre  de  JSieuw  licht 
der  apotliekers. 

-\  I.  HEIDEGGER  (  Jean-Henri  ), 
théologien  protestant ,  né  près  de 
Zurich  en  i653,  fui  professeur  d'hé- 
breu et  de  philosopliie  à  Heidelberg, 
enseigna  la  théologie  et  l'histoire 
eccléMastique  àSleinfnrt,  et  la  nio- 
ralo  ainsi  que  la  ihéolog  eà  Zlirich, 
où  il  mourut  eu  1698.  Ou  a  de  lui 
divers  ouvrages.  I.  Exercitationes 
se/ectœ  de  historiâ  sacra  patriar- 
charum,  in-4°  ,  2  vol.,  dont  le 
premierparulà  Amsterdam  en  1667, 
et  le  second  vol.  en  1 67 1 .  II  JJe  ra- 
tione  studiorum  opuscula  aurea  , 
Zurich,  16^0,  in-12.  m.  Tumu- 
lus  cuncilii  Tridenfini  ,  Zurich  , 
1690,  iu-4°.  W.  Historiâ  papa- 
tus,  Amsterdam,  1698,  in-4°.  V.  Ou 
lui  attribue  aussi  un  ouvrage  inti- 
tulé J)e  peregrinationibus  religio- 
sis,  itiTO,  iu-8°.  VI.  Un  Système 
de  théologie,  1700,  in-fol. 

t.  II.  HEIDEGGER  (Jean -Jac- 
ques) ,  né  dans  le  canton  de  Zurich  , 
voyagea  de  bonne  heure  dans  les 
principales  villes  de  l'Europe.  Un 
penchant  ires-vif  pour  le  plaisir  et 
l'habitude  de  la  dissipation  déve- 
loppèrent en  lui  un  goût  décidé  pont 
l'élégance  et  le  sentiment  de  tout  ce 
qui  peut  être  agréable.  Heidegger, 
fut ,  en  1 708 ,  à  i'age  de  bo  ans  ,  nom- 
mé par  son  canton  pour  une  négo- 
ciation en  Angleterre  ;  elle  échoua. 
Mécontent  et  sans  ressources  ,  il 
s'enrôla  couune  simple  soldai  dans 
le  régiment  des  gardes.  Son  adresse 
insinuante  et  les  charme-^  de  sa  con- 
versation lui  attachèrent  bientôt  les 
jeunes  gens  à  la  mode  ,  qui  iappe- 


HEID 

lèrent  le   comte   suisse.   Il    s'avisa 
d'ouvrir  une  souscrip lion  pour  mon- 
ter et  faire  jouer  sur  le  théaUc  de 
la  reine  l'opéra  de  Thomyris  ;    les 
paroles  étoient  en  anglais  ,  mais  la 
musique  étoil  italienne  et  composée 
d'airs  choisis  dans  les  opéras  des  plus 
grands  niailres  d'Italie;  les  chanteurs 
étoient  exceliens.  Heidegger  gagna 
5oo  guinées  dans  son  entreprise.  Ses 
remarques  judicieuses  sur  la  conduite 
des  opéras  de  Londres  en  général  ; 
les  vues  qu'il  développa  pour  la  per- 
fection  du    théâtre    royal    fixèrent 
l'altenlion  ;   on  s'empressoit   de  le 
consulter  ;   l'élégance  et  la  richesse 
des  décorations  qu'il  aroit  conseil- 
lées plurent  à  tel  point  à  George  II, 
qui  aimoit  avec  passion  le  spectacle 
de  l'opéra  ,   qu'il  s'affectionna  pour 
Heidegger.  La  direction  du  théâtre 
d'Ilaymarket  luifut  conhée.  Il  s'ap- 
pliqua alors  à  perfectionner  un  au- 
tre amusement  qui  ne  plaisoit  ])as 
moins  à  S.  M.  ,  celui  des  bals  mas- 
qués où  présidoit  toujours  le  direc- 
teur ;  bientôt  après    il  fut  nommé 
intendant  des  menus  plaisirs  de  la 
cour,  et  il  n'y  eut  aucune  fêle  pu- 
blique ou  privée  où  on  ne  l'appelât 
pour  le  prier  de  la  diriger.  Sa  for- 
tune s'accroissant  avec  sa  célébrité, 
il  parvint  à  se  faire  eu  peu  d'années 
un  revenu  annuel  de  5ooo  1.  slerl. 
(environ    110,000    francs),  qu'il 
dépeusoit  avec  une    libéralité   peu 
commune  ;  il  se  fit  des  revenus  et 
^  n'eut  jamais  de  capitaux.  Il  donuoit 
immensément  aux  pauvres  ,  et  ou 
lui  a  vu,  dans  une  soirée  ,  donner 
pour    leur     soulagement    plusieurs 
centaines    de    guinées.    Heidegger, 
d'une  taille  avantageuse  et  bien  fait, 
étolt  -d'une  laideur  de  visage  si  re- 
marquable, que  Pope  l'a  célél)ré  dans 
sa  Dunciade.  Il  étoit  le  premier   à 
plaisanter  sur  sa  Hgure  ,    et    fit  un 
jour  ,  avec  le  comte  Chesterfield,  le 
pari  que  ,  dans  un  temps  donné,  on 
ne  Irouveroit  pas  dans  tout  Londres 
«n  visage  aussi   laid    que    le  sien. 


HEID 


3o3 


Après  bien  des  recherches  on  ren- 
contra une  femme  dont  les  traits  , 
au  premier  aspect,  sembloient  effacer 
la  laideur  d'Heidegger  ;  mais  il  ne 
se  fut  pas  plutôt  atiublé  de  lu  coif- 
fure de  la  personne  qu'on  lui   pré- 
seutoit ,  que  tous  les  assistans  lui  ad- 
jugèrent le  prix  de  la  gageure.  On 
rapporte  qu'un  jour  un  tailleur  très- 
laid  aussi  présenta  son  mémoire  à 
unseigneur  de  la  cour,  qui,  pour  re- 
conduire ,  luidit  qu'il  ne  seroit  payé 
que  lorsqu'il  lui  auroit  amené  quel- 
qu'un qui   le  surpassât  en  laideur. 
Le  tailleur  n'hésite  pas  à  faire  tenir 
à  Heidegger  une  lettre  par  laquelle 
lord  un    tel   l'invitoit  à  se   rendre 
chez  lui  pour  une  affràre   particu- 
lière. Heidegger  se  présente  le  len- 
demain et  le  tailleur  lutpayé. Leduc 
de  Montaigu  ,    homme  de  plaisir  , 
d'un  caractère  facétieux  et  gai ,  vou- 
lant amuser  la  cour  aux  dépens  du 
comte  suisse  ,  l'invita   à  un    diner 
où  des  convives  grands  buveurs  et 
prévenus    du     complot     incitèrent 
Heidegger  à  boire  jusqu'à  le  rendre 
ivre-mort;  on  l'emporte  dans   cet 
état  ,  et  on  ne  l'a  pas  plutôt  mis  sur 
soulit,  qu'une mam  adroite  et  exer- 
cée prend   avec  du  plâtre  de  Faiis 
un  moule  exact  de  ses  traits,  d'après 
lequel  on    fait    un    masque    qui   le 
représente    parfaitement.   Quelques 
jours  avant  le  bal  masqué  où  le  roi 
avoit  promis  de  se   re#lre  avec  la 
comtesse  d'YarmoulU,  le  duc  s'in- 
forme auprès  du  ypÀel  de  chambre 
d'H(iidegger  de  Ihabit  qu'il  y  por- 
tera ,  en  lait  faire  un  semblable  et 
eu  afliible  un  homme  de  sa  taille  et 
de  son  maintien.   Le    roi   s'y   rend 
masqué  ,  et  Heidegger  n'en  est  pas 
plutôt  informé  ,  qu'à  son  ordinaire 
il  ordonne ,  d'un  bout  de  la  salle  à 
raulie,aux  musiciens  ,  déjouer  l'air 
accoulumé  de  Qod  save  the  King. 
A  peine  a-t-il  tourné  le   dos,  que 
le  faux  Heidegger  ordonne  un  autre 
air  populaire  et  rebattu  ;  toutelas- 
semblée  s'étonne,  las  courtisans stu- 


3o4  HEIL 

p^tails  sont  tlaus  la  consternation  , 
lleiilegger  coiul  à  l'orchcslre  ,  jinv, 
leuapéle  ,  s'emporlp  co;ilre  les   iiui- 
sicieiis,  les  accuse  dnrogiierie  ,  tan- 
dis que  ceux-ci    le    croient  à    leur 
tour  ou  pris  de  viu  ou  devenu  fou. 
Ua  instant  de  silence    succède,   on 
recommence  ;  ia  même  scène  se  re- 
produit ,    Heidegger  ne  sait  plus  où 
il  en   est.  Le  duc  de  Moulaigu   lui 
iusinue  adroitement  que  S.  i\l.  es! 
outrée  de    celte  scène  scandaleuse  , 
et  l'engage  à   lui  en  faire   des  ex- 
cuses :   SKI  même  iaslaut  il  y  eusoi^- 
le  f  iiix  Ik-idegger  ,  qui  ,  après  que  le 
directeur  eut  cherché  à  se  justiiier, 
se  présente  en  disant  :  «Ce  n'est  poiut 
ina  l'aule  ,  sire  ,  mais  le  diable  a  pris 
jua  ligure,  et  tout   est  ailé  de  ira- 
vers.  »   Heidegger ,  étonné  ,  ne  sait 
que  penser  ,  hésite ,  pâlit ,  et  ne  peut 
articuler    une    |)arole  ;   le  duc  alors 
liuslruisit  à  basse  voix  du  complot , 
et  lit  démasquer  celui  qui  avoitpris 
sa  ressemblance.  —  On  disputoit  un 
jour   dans  un  souper  brillaui,   de- 
Aant  Heidegger,  sur  la  nali<)n  qui 
l'emporloiten  Europe  pour  l'adresse 
et  rhidusirie  ;  les  Anglais  ne  man- 
quoieul  pas   de    faire    valoir    leurs 
droits  :  ce  Je   réclame  la  préférence 
pour  les  Suisses ,  reprend  Heidegger; 
je  spis  né  suisse,   venu   en   Angle- 
terre sans  un  sou  ,  j'ai  réu«si  à  y  ga- 
gner 5ooo  livres  de  rente  et  de  les 
y  dépenser^  eiivoyez   en  Suisse  le 
plus  habJe  el  le  plus  adroit  de  tous 
les  Anglais  ,    j^  lui  délie  d'y  parve- 
nir à  en  faire  autant.  »    Heii.U;gger 
mourut  le  4  septembre   1749,  ''8"^ 
de  90  aub. 

HEIUMAN  (  Christophe  )  ,  luthé- 
rien ,  natif  d'Helmsladt ,  mort  pro- 
fesseur d'éloquence  en  1627  ,  est  au- 
teur de  divers  ouvrages.  Le  plus 
connu  est  J' a/est  ina  ,  sive  Terra 
sancta.W  s'y  trouve  de  l'érudition. 

*  HEIL  (Daniel  Van,  Jean'-Bap- 
lisle  el  Léonaid  ) ,  peiutros  liollan- 


H  Elis 

dais.  Daniel,  aiué  des  trois  frères, 
lé  eu  ifioi  à  Hruxelle*!  ,  s*;  ht 
Jii.^  grande  répiitalion  dans  Icj^);;/- 
sa^;e.  U  a  peint  aussi  des  Incendies 
esliméês.  Jean  -  Baptiste  extelloit 
dans  V/àstoirf  el  le  portrait.  Léo- 
nard a  peint  avec  beaucoup  de  goût 
\ès,/leurs-\  les  insectes. 

*  \.  HEIMREICH  (  Jean  ) ,  profes- 
seur de  médecine  ,  de  jihysique  et 
de  langues  orientales  à  racadémj,e 
de  Cobourg  en  l'rauconie  ,  el  biblio- 
thécaire du  collège  académique  de 
cette  ville,  où  il  mourut  l<=  8  oc- 
tobre 1730  à  55  ans,  estanleurde 
auelques  uui^'rages ,  outre  un  ample 
manuscrit  volumineux  qu'il  laissa 
sur  \i\  grammaire  /lébraique. 

*  11.  HEIMREICH  [  Ernest-Fré- 
déric -  Justin  ) ,  lils  du  précédent, 
né  en  1701  à  Eismach  ,  ville  de 
la  "^l'iuiringe,  où  son  jiere  exerçoit 
alors  la  médficiue,  vint  à  l'âge  de  1  5 
ans  à  l'académie  de  Cobourg ,  où 
son  père  éloit  aussi  professeur  ,  et  s'y 
appliquaaiix  humanités,  à  l'histoire  , 
à  la  géogr;.  »'ue,  auxiiialhéinatiques, 
à  la  méd.  cine  et  à  l'élude  des  lan- 
gues orientales.  En  1720  il  passa  à 
l'uni versi lé  d'iéna  ,  où  il  se  livra  à 
l'étude  d('  la  mécanique  ,  de  l'astro- 
logie et  de  la  physique  expérimen- 
tale moderne.  Ayant  pris  le  bonnet 
de  docteur,  il  fut  fait  m'^decin  au- 
lique  de  la  cour  de  Meiumigen,  et 
physicien  ordinaire  de  la  ville  et 
province  deScîiaIkoveise.  Ayant  pu- 
blié un  écrit  sur  la  transnnHalioii 
du  fer  en  cuivre  ,  il  fut  admis  à  l'a- 
cadém  e  royale  des  sciences  de  Ber- 
lin. 11  donna  encore,  1.  Traité  sur 
le  café.  U.  Histoire  xini\'erselle 
depuis  le  commencement  du  monde 
jusqu'à  l'an  i7'i4j  et  fut  auteur 
d'un  Journal  littéraire  ,  commencé 
en  J7i4,  ^^  ^^^  j4cles  érudits  et 
curieux  du  cercle  de  Frauconic. 

Hein  (Pien-e),  d'une  naissance 
obscure  ,  s'éleva  par  sa  valeur  à  la 


dignilé  d'amiral  de  Hollande.  Il  fut 
tiabord  vice-amiral  delà  Hotte  des 
ludes  orientales  ,  et  trois  ans  après  il 
«ul  le  commandement  de  celte  Ho  lie. 
Il  battit  celle  d'Espagne  en  1626  ,sur 
les  côtes  du  Erésil,  prit  plusieurs 
vaisseaux,  et  lit  un  bulin  considéra- 
ble, qu'il  emmena  j  lan  1627,611 
Hollande,  où  il  reçulde  très-grands 
.  honneurs.  L'année  suivante  il  se  ren- 
dit maître  de  la  ilolte  d'Espagne  , 
chargée  d'argent  ,  dont  la  valeur 
inonloilàprès  de  douze  millions,  cu- 
ire le  musc,  l'amljre  gris  ,  le  bézoar, 
et  quantité  de  uiarchandises  de  soie 
très  -  précieuses.  Pour  récompenser 
fie  si  grands  exploits,  on  lui  donna  la 
charge  de  grand-amiral  de  Hollande, 
l'an  1629  ;  quelque  temps  après  il  lut 
tué  sur  mer,  dans  i]n  combat  contre 
deux  vaisseaux  de  Dunkerque. 

HEINECCIUS.   rojez  Heinne- 

ClUS. 

t  HEINECKEN  (Chrétien-Henri), 
enfant  célèbre  par  sou  génie  préma- 
turé, né  à  Lubeck  en.1-21 ,  et  mort 
en  i72."i,  parloil  à  dix  mois;à  un  an 
il  savoil  les  principaux  événemens 
du  Penlaleuque  ;  à  treize  mois,  l'his- 
toire de  l'ancien  Testament  ;  et  à 
quatorze,  celle  du  nouveau  ;  à  deux 
ansel  demi,  il  répondoit  aux  prin- 
cipales questions  de  la  géographie  et 
de  l'histoire  ancienne  et  moderue. 
Bieulôl  il  parla  le  lalm  et  le  l'ran- 
çais  avec  assez  de  facilité.  Avant  le 
commencement  de  sa  quatrième  an- 
née ,  il  connoissoil  les  généalogies 
des  principales  maisons  de  l'Europe. 
11  alla  en  Danemarck,  et  tut  présenté 
au  roi  et  à  toute  sa  cour.  De  retour 
de  ce  voyage  ,  il  apprenoit  à  écrire 
quand  il  tomba  malade.  Cet  eulant 
j  merveilleux  ne  fui  que  moalré  au 
monde.  11  éloil  d'un  tempérament 
délicat,  et  haïssoit  tout  autre  ali- 
ment que  le  lait  de  sa  nourrice.  11 
ne  lut  sevré  que  ptru  de  mois  avant 
sa  mort,  occasionnée  par  une  com- 

f.    YIII. 


HEIJN 


3or» 


plicalion  de  maladies.  P'ojtz  la 
Dissertation  de  Î.Iarliui  ,  publiée  à 
Lubeck  eu  i75o,  où  il  lâche  d"e.\.- 
pliquer,  p^ar  des  causes  naturelles  , 
la  capacité  étonnante  de  cet  eulant. 

Y  HEINNECIUS  (  Jean  Gottlieb  ), 
né  à  Eisemberg  dans  la  princi- 
pauté d'Altembourg  en  1681  ,  pro- 
fesseur de  philosophie  à  Hall  eu 
1710  ,  j)uis  professeur  de  droit  en 
1721,  avec  le  titre  de  coiîsci!lt;r  de 
cour,  fut  appelé  par  sa  répuiaîion  à 
Eraneker  eu  1724  par  les  états  de 
Frise.  Trois  ans  après  le  roi  de 
Prusse  le  détermina  à  accepter  une 
chaire  de  droit  à  Franctort-sur- 
rOder  eu  17.53.  Ce  incme  prince  le 
força  en  quelque  sorte  d'aller  pro- 
fesser à  Hall  où  il  mourut  en  1741. 
On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, donl  la  collection  a  été  im- 
primée à  Genève,  1744»  '^  '^ol. 
111-4°,  ii'ais  dont  la  réimpression  de 
1771  en  pareil  nombre  de  volumes 
est  préférable,  à  cause  des  addi lions 
de  Jean-Ciirislophe-Goltl;eb  Hein'- 
NECius,  tils  de  fauteur  ;  il  faat 
même  y  joindre  un  i  2^  vol.  de  sup- 
plément pour  les  deux  collections, 
qui  a  été  imprimé  en  1771  ,  111-4°. 
Les  principaux  sont  ,  l.  yindcjul- 
tatuin  jîomanariirn  juiispruden- 
liam  illnstrantium  syntagina  ,'^\.xîi.%' 
bourg,  1741  ,  ou  1755,  2  vol.  in- 
8'\  Cet  excellent  abrégé  cominen(,-a 
sa  réputation  dans  ffes  pays  étran- 
gers. IL  Elément  a  jurio  civilis  , 
seciiiidùiii  ovdineni  insliluliuniim , 
La  Haye  j  1751  ,  in-8°,  traduit  en 
français  par  M.  Berthelot,  Paris, 
1806,  4  vol.  in- 12.  On  ajoute  à 
cet  ouvrage  Etemeiila  juris  civilis 
socuiidùin  ordinern  Pandectarum, 
Utrtcht,  1772,  2  vol.  in-8°.  UL 
J'tindamenta  stjli  cultioris.  11  y  a 
peu  d'ouvrages  aussi  utiles  jiour 
former  le  style  en  latin.  IV".  ./.,7e- 
mciita  philosophiœ  rattonalis  et 
moialis  ,  quibits  prœmi.ssa  est 
/lisioria  philosophica.  C'est  àin. 
?0 


3o6  HEIN 

bon  abrégé  de  logique  et  de  morale. 
V.  Ilistoria  juris  civilis  Romani 
ac  Germanici.  VI.  Lleme/ita  juris 
jiaturœ  et  gentium.  Plusieurs  Dis- 
sertations académiques  sur  divers 
sujets.  Ces  ouvrages  allestenl  que 
leur  auteur  iul  un  des  plus  savans 
hommes  du  nord.  — Il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  Jean  IMichel  Hein- 
NEcius  ,  auleur  d'un  excellent  ou- 

vraoe  tur   les  Sceaux  des  anciens 

o 
Germains   et  des  antres  nations  , 

imprimé  à  .Francfort  en  1709,  in- 
fol.  lig. 

tl.HEINSIUS(Daniel),uéàGand, 
en  1780,  d'une  famille  distinguée, 
disciple  deScaliger,  alors  professeur 
d'histoire  et  de  politique  à  Leyde , 
]ui  succéda  dans  sa  chaire,  après 
avoir  rempli,  dès  l'âge  de  18  ans, 
celle  de  la  langue  grecque ,  et  mou- 
rut le  20  février  16.^5.  On  a  de 
lui ,  I.  Des  Traductions  assez  li- 
dèles  ,  en  particulier  de  Maxime  de 
Tyr  ;  de  la  poétique  d'Arislote,  a 
laquelle  il  a  joint  un  Traité  de  la 
tragédie  ;  d'Hésiode  ,  auquel  il  a 
ajouté  des  Notes ,  An\ers  ,  1600, 
in-4°;  deThéocrile,  1604,  in-4'' ; 
de  Moschus;  de  Biou....  11.  Des  Re- 
marques sur  le  nouveau  Testa- 
ment, 1659,  in-4°-  111-  Lausasini, 
citm  aliis  Jestivis  opuscuiis,  Leyde, 
Elzevir,  1629,  in-24.  IV.  Un  re- 
cueil de  ses  Harangues ,  imprimé  à 
Leyde  en  1609.,  in-4'^.  V.  Histoire 
du  siège  de  Bolduc ,  traduite  du 
latin  en  Français  par  André  Rivet, 
Leyde,  i65i  ,  in-fol.  VI.  Des  P^ers 
grecs  et  latins,  d;ms  lesquels  l'au- 
teur a  mis  plus  d'érudition  que  de 
poésie.  Ses  poésies  hollandaises  ont 
paru  à  Amsterdam  ,  1  6 1 6  et  1 6 1 8  , 
in-4°-  11  avoit  en  effet  beaucoup  de 
savoir.  La  république  de  Venise  le 
fit  chevalier  de  Sainl-i\larc;  Gus- 
tave-Adolphe et  Urbain  Vlll  lui 
donnèrent  des  marques  d'estime. 

■\  H.  HEINSIUS  (Nicolas),  hls 
du  prccédenl,  aussi  savant  que  sou 


ÎÏEIP^ 

père  ,  né   à   Leyde    en    1620  ,    et 
mort  à   Viane   le  7  octobre   1681  , 
avoit  un    caractère    doux  et  hon- 
nête ,  propre  à  lui  faire  des  p;<rti- 
sans.  Ou  a  de  lui  plusieurs  ouvra- 
ges. I.  Des  Poésies  latines  impri- 
mées plusieurs   fois  ;    la   meiUeure 
édition   est  celle  d'Amsterdam  ,  en 
1666,  in-12.  II.  Des  Lettres  assez 
curieuses  et  purement  écrites  ,  pu- 
bliées par  Burmann  dans  sa  collec- 
tion ,  en  5  vol.  ;  des  Lettres  de  sa- 
vans illustres.  111.  Une  bonne  édi- 
tion de   Virgile.  IV.   De  savantes 
Notes  sur  Ovide,  Valérius  -  Flac- 
cr.s  ,  Claudien  et  Prudence.    On  a 
encore   de    lui  des  Aduersaria  et 
des  Notes  sur  Catulle  et   sur  Pro- 
perce, publiées  àflarlingne  eu  1742  , 
in-4°  ,  par  les  soins  de  Pierre  Bur- 
mann le  jeune  ,  qui  y  a  joint  une 
curieuse  vie  de  cet  auteur,  où  l'on 
voit  des  relations  de  ses  voyages  ea 
France  ,  en  Augleterre ,  en  Suède  , 
en  Italie  ,  etc.  Il  fut  appelé  en  Suède 
par  la  reine  Christine  ;  il  se  trouva 
à  Stockholm  avecVossius,  Saumai- 
se  ,  Bochart ,  Meibouius  et   autres. 
Heinsius  se  donna  beaucoup  de  pei- 
nes pour  enrichir  la  bibliothèque  de 
cette  princesse,  qu'il  quitta  en  i653 
par    mécontentement  ,    après    lui 
avoir  présenté  nu  placet  qui  est  im- 
primé   parmi    ses    lettres    à    cette 
reine.  Ce  ne  fut  qu'après  l'abdication 
de  Christine  et   son    départ  de  la 
Suède  que  les  états  de  Hollande  le 
nommèrent ,  le  7  octobre  i6.'i4  ré- 
sident de   la   république  à  la  cour 
de  Suède.   11  a  laissé  des  Mémoires 
manuscrits  sur  sa  résidence  à  la 
cour  de  Suède.  G  ras  vin  s  deyoit  les 
piil)lier  avec  la  vie  de  Heinsius  qu'il 
avoit    entrepris   d'écrire  ;     mais    ce 
projet  n'a  pas  en  d'exécution.  A  la 
mort  de  GriBvins  ,  les  Mémoires  en 
question  ont  été  rendus  à  la  famille 
de  Heinsius  ,  ainsi  qu'un  recueil  con- 
sidérable de  lettres  qu'il  avoit  reçues 
des   plus    savaus  hommes   de    sou 
siècle. 


HEIN 

t  m.  lîEINSlUS  (N.),  gramî-pen- 
sioiinaire  rie  Hollande,  mort  à  La 
Haj'e  le  3  août  i  7  jo  ,  à  87  ans  ,  fui 
long-temps  k'  premier  mobile  et 
comme  le  maître  île  toutes  les  d('- 
libériilinii-  importâmes  oe  la  répu- 
lilique.  Creaiiire  et  ensiùl^  coiitidenl 
iulime  de  Guillaume  ,  prince  d'O 
range,  il  succéda ,  non  a  si-.s  charj^es, 
mais  à  sou  aulorilé.  Ce  pri'ce  l'a- 
voil  autrefois  envoyé  en  France , 
ponr  y  discuter  ses  droits  snr  la 
principauté  d'Orange.  Il  parla  si 
vivemeiil  à  I.ouvois  pour  les  inté- 
rêts de  son  mailre  et  ponr  les  cal- 
vinistes d'Orange,  que  ce  uiinistre 
le  menaga  de  la  Bastille.  Un  tel 
discours  len^l  à  un  sujet  eût  été 
odieux  ;  tenu  à  un  négociateur  étran- 
ger ,  (tc'éloil  un  insolent  outrage  an 
droit  des  gens  ,  du  Voltaire.  Ou 
peut  juger  s'il  avoil  laissé  de  pro- 
foniles  racines  dans  le  cœur  d'uu 
magistrat  d'un  pef.ple  libre.  »  Hein- 
sins  montra  sur-tout  son  ressenti- 
ment contre  Louis  XIV  ,  dans  la 
guerre  de  la  succession  d'Espagne. 
Entraîné  par  son  grnnd  oljjet  d  hu- 
milier la  France  el  Louis,  tlallé  par 
la  cour  rampante  que  lui  faioieiit 
Eugène  et  Marlborough  ,  qu'il  iaisoit 
attendre  quelquefois  deux  heures 
dans  sou  antichambre,  il  ne  vouloit 
jamais  la  paix  ;  el  par  celte  obsli- 
iialion,  il  jeta  la  république  dans 
des  dettes  immenses.  Pendant  treille 
ans  qu'il  l'ut  grand-pen^onuaire  , 
il  fut  aussi  absolu  qu'on  lep^-uteire 
dans  un  gouvernement  d.'mocrali- 
que  ,  tenipéranl  seulement  son  ;  u- 
lorité  par  des  insinualious  adroiles 
et  délonrnées.  Pour  que  rieti  ne 
mampiai  à  son  pouvoir,  il  avoil 
aussi  les  sceaux.  Mais  les  yeux  s'oii- 
vrireul  eutiu  ,  lor^qu'apres  la  con- 
clusiou  de  la  paix,  la  répuitlique 
vit  l'étsrndue  des  eugagemeus  où 
Heinsins  l'avoil  enlrainée.  Il  perdil 
ses  places  ,  el  les  dégoiits  qu'il 
éprouva  ,  encore  plus  que  son  grand 
âge,  le  couduisirenl  au  lomheau. 


HFJS 


f 


307 


*  HElNZELMAPsN  (Elle),  gra- 
veur habile,  né  à  Augsbomg  eu 
ifiSe,  élevé  de  François  de  Poilly , 
gras  a  nn  grand  nombre  desianipes  ; 
La  Vierge  et  VI  nfaritJé.sus ,  d'a- 
près Anii:bal  Carracbe  ,  coiinie  sous 
le  nom  de  Silence.  Une  Mainte  J'a- 
mille,  où  la  Vierge  savonup  du 
Imge, d'après  l,e  ljoiiidon./-7//67'ea/* 
rnojceaitx  d  a()rès  l'Albaue  ,  etc. 

*Hli;iRlC,  moine  de  Sauil-Ger- 
main  d  Auxerre,  vuoil  dans  le  g* 
siècle.  Il  lut  poêle  ,  orateur  ,  cl  phi- 
losophe ,  autant  qu'il  étoit  possible 
de  l'être  dans  son  siècle.  lieiric, 
cliargé  de  l'éducaiioii  du  |)rince  Lo- 
ihaire,  lils  de  Charlts-le-C'hauve  , 
préféra  l'obscurité  du  cloilre  à  l'éclat 
des  honneurs  qu'il  j.ouvoit  oj)tenir. 
On  l;t  encore  son  T'vl'inek  la  louange 
desainl  Germain ,  é\èquedAuxerre. 
Ses  Homélies  offrent  quelques  détails 
éloqueus. 

t  HEISS  (  N.  )  est  connu  par  une 
Histoire  de  l'empire  (i\-.Uemagne , 
i\\\\\  publia  eu  ib84,  tu  2  vol. 
in-^j",  el  dont  la  nieiUeure  édition 
est  celle  de  Paris,  i73i  ,  10  vol. 
iu-12,  on  3  vol.  iu-zj",  avec  les 
iS'o/es  de  Vaugel ,  grand-juge  des 
gardes-sii.sses.  «Ce  livre,  dit  l'abbé 
Lenglel  du  Fresiioy,  qui  est  peu 
tstimé  des  gens  habiles,  est  In  par 
les  ignorans.  11  seroit  bon,  si  la 
preuiiere  partie  qui  conlienl  l'his- 
toire de  l'empire  ëloii  plus  exacte 
tl  plus  étendue;  si  la  deuxième 
couienoil  un  état  plus  juste  et 
plus  précis  de  l'Allemagne  ;  et 
si  la  troisième  qui  comprend  les 
actes  et  les  preuves  nétoii  pas  aussi 
impc;rlaite.  »  La  dernière  édition, 
qui  a  été  forl  aiipmeulée  ,  u'est 
point  de  labbé  dcVirloi  ,  comme 
ou  l'avoit  publié  par  une  rnse  iyi)o- 
graphiqiie,  trop  commune:  elle  est 
flun  inrchant  écrivain,  qui  avoit 
une  médiocre  teinture  des  affaires 
de  l'empiix".  Hciss  lie  valoii  pas 
aiieux  ijue  sou  couliuuaieur,  et  il 


3oB  HEIS 

joignoit  Te  mensonge  à  l'ignorance 
et  à  l'impudence.  Il  a  farci  son  his- 
toire d'une  fonle  de  particularités 
et  d'anecdoles  qui  lui  ont  f'oiiini 
des  épisodes  agréables  ,  mais  qu'on 
ne  trouve  que  chez  lui.  (  Voyez 
Henri  le  Sévère,  v^  VI ,  à  la  tin  , 
et  Otiion  ,  n°  V.  ) 

i-HEISTER  (Laurent),  célèbre 
médecin  ,  né  à  Francfort-sur-le- 
Mein  en  i685  ,  professeur  à  AUorf 
en  1710,  passa  à  Helmstadt  en 
1720  ,  où  il  s'acquit  une  grande 
réputation  par  l'exercice  de  son 
art,  et  par  les  leçons  qu'il  donna 
sur  la  chirurgie  ,  Tanaiomie  ,  la 
théorie  et  la  pratique  de  la  médeciue, 
et  sur  la  botanique.  Pierre  P"^  voulut 
l'attirer  en  Paissie  ,  mais  Heister  ne 
put  se  résoudre  à  quitter  l'Allema- 
gne ,  où  il  avoit  acquis  l'estime  de 
plusieurs  souverains.  11  mourut  à 
Helmstadt  en  1758.  Ses  principales 
productions  sont  ,  I.  Compendium 
anatomicum ,  dont  on  a  fait  grand 
■nombre  d'éditions  ,  et  qui  a  clé 
traduit  en  français  d'abord  par  De- 
A  aux  ,  Paris  ,  1724  ,  in-12  ;  ensuite 
par  Senac,  Paris,  1706,  in  -  8°  , 
réimprimé  en  1753  ;  il  a  paru  aussi 
en  anglais  et  en  allemand.  L'anato- 
mie  de  Verheyen  ,  généralement 
adoptée  dans  les  facultés  de  méde- 
cine ,  tomba  dans  l'oubli  au  mo- 
ment que  Heister  publia  la  sienne. 
11.  Z>e  medicanieiitis  Gennaniœ  in- 
digenls  sufficientihus ,  Helmstadt, 
ï73o  ,  in-4°,  pidilié  ensuite  en  fran- 
çais ,  à  Paris,  lit.  Institutiones  chi- 
rurgicœ ,  Amsterdam,  1750,  3  par- 
ties eu  2  vol.  in-4°  avec  fig.  Cet 
ouvrage  a  été  traduit  en  espagnol , 
en  anglais  ,  en  français  ,  par  Paul , 
Avignon,  1770-1770,  en  5  vol. 
i!i-/("  ou  5  vol.  in-S".  IV.  Com- 
j)endium  iiistitutionvm  medica- 
riim  ,  Amsterdam  ,  1764  ,  in-8°  , 
estimé.  Il  a  donné  un  grand  nombre 
de  Dissertalions  sur  des  matières 
irès-inléressantes  ;  il  en  a  fait  plu- 


HELE 

sieurs  pour  soutenir  que  le  siège  de 
la  cataracte  est  dans  le  cnstaiiin. 
C'est  le  premier  médecin  allemaïKl 
qui  ait  été  de  ce  sentiment. — Son 
lil»  Elle- Frédéric,  né  à  Altorf  en 
1715  ,  mort  à  l^eyde  en  1740,  com- 
meuçoit  à  se  distinguer  par  son  sa- 
voir. On  lui  doit,  l.  Une  2'radur- 
lloii,  en  latin,  du  traité  anglais  de 
Douglass  sur  le  péritoine.  II.  .Ijio- 
logia  pro  mednis  atheisinu  accu- 
salis,  Amsterdam,  1756. 

HELCIASjgrand-prèlre  des  juifs 
sous  le  règne  de  Josias,  roi  de  Juda, 
trouva  dans  le  temple  quelques  li- 
vres de  Moyse,  qu'on  croit  être  le 
Deutéronome  ,  écrits  ,  dit-on  ,  de  la 
propre  main  de  ce  législateur  du 
peuple  de  Dieu. 

t  HELDING  (  Michel  ),  surnommé 
Sidonlus  ,  parce  qu'il  se  fit  sacrer 
évèque  de  Bidon  pour  être  suEfra- 
gant  de  l'arclievêque  de  Mayence  , 
travailla  à  YliiLeiim  de  Charles- 
Quint.  Ce  prince  lui  donna  ,  en 
récompense,  lévêché  de  Mersbourg. 
Helding  ,  employé  dans  diverses 
négociations  importantes  par  l'em- 
pereur Ferdinand  ,  parut  avec  éclat 
au  concile  de  Trente,  et  mourut 
en  i56i  ,  à  55  ans.  On  a  de  lui 
quelques  ouvrages  ,  entre  autres  des 
Sermons,  un  Catéchisme ,  etc. 

t  HELE  (Thomas  d' )  ,  gentil- 
homme anglais  ,  du  comté  de  Glo- 
cester,  mort  à  Paris  le  27  décembre 
1780  ,  étoit  né  vers  l'an  1740  ,  dans 
le  comié  de  Glocester  ,  d'une  fa- 
mille distinguée;  il  commença  par 
servir  dans  les  troupes  anglaises, 
et  fut  envoyé  à  la  Jamaïque,  où  il 
resta  jusqu'à  la  fin  de  la  guerre 
de  sept  ans.  Curieux  de  connoilre 
les  nations  les  plus  distinguées  de 
l'Europe,  il  quitta  bientôt  sa  famille 
et  son  pays  ,  et  se  rendit  en  Italie. 
La  beauté  du  climat ,  et  la  réunion 
des  merveilles  que  tous  les  arts  y 


HELE 

avoieiil  rassemblées  ,  ue  poiivoienl 
que  captiver  un  hoiuaie  qm  voii- 
loit  s'iiislniire  à  la  source  du  vrai 
beau  :  d'IJêley  r-esta  plusieurs  années. 
Enfin  le  désir  de  voir  la  France  le 
couduisitàParis  versl'an  1770.  Après 
V  avoir  examiné  les  arts  avec  beau- 
coup de  curiosité,  il  fit  une  étude  par- 
ticulière des  spectacles  :  la  comédie 
italienne  fixa  ses  regards  ;  et  il  réso- 
lut de  travailler  pour  ce  théâtre. 
I^e  Jugement  de  Midas  fut  son  pre- 
mier ouvrage.  Cette  comédie  ,  re- 
lative à  la  révolution  que  notre  mu- 
sique venoil  d'éprouver,  est  pleine 
rie  gaieté,  de  saillies,  d^ finesse 
et  de  traits  d'esprit  ;  le  dialogue  en 
♦!.st  vif  et  naturel.  Le  fond  de  la 
pièce  est  emprunté  dune  comédie 
anglaise.  Clairval  qui,  dans  la  nou- 
veauté de  cet  opéra,  jouoil  le  rôle 
d'Apollon  ,  contribua  beniicoup  à  son 
succès  •,\'yima/Uja/oi/x  ,  qui  lui  suc- 
céda, en  euldavantage.  Le  contraste 
d'un  Espagnol  grave  et  jaloux  avec 
un  amant  français  ,  léger  et  tendre  , 
y  produit  un  assez  vif  inlértt.  Les 
£i'énemens  i/npréuus  essuyèrent 
quelques  critiques.  Docile  et  de 
bonne  foi ,  d'Hele  retira  cette  pièce  , 
répondit  à  ses  censeurs  en  profitant 
de  leurs  avis  ,  fit  reparoilre  son 
ouvrage  ,  et  le  fil  applau<iir.  En  gé- 
néral,  les  comédies  de  cet  auteur 
sont  fortement  intriguées  ,  et  ont 
de  l'originalité  ;  l'action  en  est  vive  , 
et  l'intérêt  eu  est  soutenu.  Ses  vers 
sont  un  peu  lâches  .  le  style  de  sa 
prose  n'est  pas  toujours  pur;  mais 
son  dialogue  est  vif,  naturel  et  dune 
facilité  étonnante  pour  un  étranger. 

L  HÉLÈNE  (  Mythol.  ),  fille  de  Ju- 
piter et  de  Léda  ,  femme  deTindare, 
roi  de  Laconie ,  surpassa  en  beauté 
toutes  les  femmes  de  son  temps. 
Ayant  été  enlevée  dès  sa  plus  tendre 
jeunesse  par  Thésée  ,  ses  frères  Cas- 
tor et  Poilu^  la  lui  arrachèrent,  et 
la  marièrent  à  iMénélas,  roi  de  Spar- 
te ,  dout  elle  eut  Herirnone.  Paris, 


HELE 


.300 


fils  de  Priam  ,  roi  de  Troie  ,  sur  Is 
bruit  de  la  beauté  d'Hélène  ,  vint  a 
la  cour  de  Ménélas ,  cpii  le  reçut 
avec  de  grands  honneurs  ,  et  le 
logea  dans  son  palais.  Ce  novivel 
hôte  ne  tarda  pas  à  inspirer  à  la 
reine  uno  passion  si  violente  pour 
lui,  qu'elle  consentit  à  le  suivre  à 
Troie  ,  où  elle  l'épousa.  Rlénélas  , 
outré  de  cette  perfidie  ,  envoya  des 
ambassadeurs  à  Priara  ,  pour  le  prier 
de  lui  rendre  sa  femme  ;  mais  ils  ne 
furent  point  écoules.  Le  roi  de  I\!y- 
cène  ,  indigné  d'un  tel  procédé  ,  sol- 
licita vivement  tous  les  princes  de 
la  Grèce  à  se  joindre  à  lui ,  pour 
venger  un  outrage  dont  la  honte 
rejaillissoit  sur  toute  la  nation.  La 
ligue  s'é'.ant  formée,  on  s'assembla 
dans  le  port  d'Elidc  en  Béotie  ;  et  on 
mil  à  la  voile  avec  une  ilolte  de 
mille  vaisseaux ,  pour  se  rendre 
devant  Troie.  Le  siège  dura  dix 
ans  ,  avec  de  grandes  perles  de  part 
et  d'autre.  Paris  ayant  été  tiré  dans 
un  combat  singulier  ,  Hélène  ëpousa 
Déiphobe  ,  autre  fils  de  Priam.  Peu 
après  ce  nouveau  mariage  ,  la  prin- 
cesse, voyant  la  ville  sur  le  point 
d'être  prise ,  songea  à  regagner  les 
bonnes  grâces  de  son  premier  mari , 
en  tralnsanl  les  Troyens.  Elle  fil 
allumer,  pendant  la  nuit ,  des  tor- 
ches au  haut  de  la  citadelle  ,  pour 
avertir  les  Grecs  d'approcher  ,  tan- 
dis que  tout  le  monde  éloil  plongé 
dans  le  sommeil  ;  et  lorsqu'ils  s'en 
furent  rendus  maitres,  elle  introdui- 
sit iMéiiélas  dans  la  chambre  où  dor- 
moit  sou  nouvel  époux ,  qui  fut 
égorgé  dans  son  lit. 

t  IL  HÉLÈNE  (  sainte)  ,  née 
dans  l'obscurité  au  bourg  de  Dré- 
pane  en  Bilhynie  ,  'en  sortit  par 
les  charmes  de  son  esprit  et  de 
sa  figure.  Sa  première  condition  , 
selon  saint  Ambroise ,  fut  d'être 
hôtelière.  ConstapccCliIore  l'épousa  ; 
mais  ayant  éléfUsbcié  à  l'empire  par 
Dioclélien,  il  la  répudia  en  292, 


3^0 


HELE 


pour  lui  Riibstiiupr  la  fille  de  Ma- 
xiinilieii-FIitxule  I^  hisloire  ne  nous 
apprend  pas  ce  quVlle  devml  de- 
puis le  temps  ,  jusqu'à  ce  que  Cous- 
tantai  so  i  ti!s  ,  ayaat  été  couronné 
empereur  ,  la  rappela  à  la  cour  ,  lui 
donna  le  tiire  d'Augusle  ,  et  lui  t'il 
rendre  lous  les  honneurs  dus  à  la 
mère  de  l'empereur.  Non  content  de 
la  i'ti're  respecter  daiis  sa  cour  et 
dans  ses  armées,  il  \oidul  qu'elle 
disposai  ,  comme  il  lui  pla'iroit  ,  de 
l'argent  de  son  épargne.  Elle  ne  se 
servit  de  ce  crédit  que  j)our  le  bien 
de  lEgiise  ei  pour  le  soulagement 
des  miséiables.  Vers  l'an  3^6  elle 
visita  les  lieux  saints  ,  et  y  batil 
diverses  églises.  Ce  fut  vers  ce  temps 
que  Ton  trouva  ou  qu'on  crut  trou- 
ver la  \  rai  croix.  Elle  en  envoya 
inie  pa nie  à  Constant inople  ,el  laissa 
l'autre  à  Jéiusalem.  Sai;it  Cyrille, 
évêqne  de  celle  dernière  ville,  dit 
qu'il  s'y  en  fit  nue  si  grande  dis- 
tribution ,  que  l'univers  se'lronva, 
en  prii  de  temps  ,  rempli  de  mor- 
ceaux d.-  la  vraie  croix.  Cependant 
cette  partie  de  la  croix  ,  par  un 
mr.acle  continuel  ,  ne  dimimioit 
point  ,  selon  saint  Paul  de  ?Jole. 
I.t-s  Perses  lenlevèreut  l'an  614. 
Héraclius  la  retira  de  lenrs  mains  en 
6i8  (  i^oyez  HÉraclius  ) ,  et  la  trans- 
porta à  Cosistantiuople.  Les  empe- 
reurs en  h  ent  de  nouvelles  drslri- 
bulions.  Le  dernier  morceau  ,  porté 
à  Vem.se,  lut  racheté  par  saint  Louis, 
qui  le  mit,  en  12  ji  ,  avec  la  cou- 
ronne d'épines  dans  la  sainte-cha 
pelle.  Pe.i  après  la  dpcoinerte  dt  la 
croix  ,  H  lene  mourut  le  iS  août 
5^7  on  028,  ag:-e  de  80  ans,  en  Ire 
les  bras  de  Constantin  «Celle  prin- 
cesse, dit  Crevier,  lut  recomman- 
dable  par  sa  p;udeuce  il  par  l'ha 
hileté  de  .sa  conduite  ;  c'est  ce  qui 
paroit  par  l'aulonié  qu'elle  conserva 
loujours  sur  son  iils;  et  rattenlioii 
qu'elle  eut  à  retenir  les  Irères  de 
Constantinenest^j|M||e  une  prenve. 
Ils  éloient  trois  ,  imeT,  Conslatice  et 


HELE 

Hannibalien  ,  et  i!s  avoient ,  sur  leur 
l'rère  aiué  ,  l'avantage  de  la  noliles'^e 
du  côté  de  leur  inert- ,  qui  éloit  belle- 
ùile de Maxi mien-Hercule.  D'ailleurs 
il  éto;l  sans  exemple  que  des  filsdem- 
pereur  lussent,  restés  dans  la  condi- 
tion privée.  Ils  n'avoient  pourtant 
pas  un  droit  acquis ;i  l'empire,  puis- 
qu'il étoil  électif;  et  le  bas  âge  où 
leur  père  les  laissa  en  mourant,  l'in- 
convénient de  partager  le  domaine 
de  Constance-Chlore  ,  qui  ne  l'aisoit 
déjà  que  la  quatrième  partie  de  l'em- 
pire romain  ,  éloient  des  raisons 
légitimes  pour  réunir  toute  la  suc- 
cession paternelle  sur  la  tête  du  seul 
ConslaMin ,  qui  se  lrou\oit  en  état 
de  la  défendre  contre  l'injustice  et 
l'ambition  de  Galérius.  Il  ne  paroit 
point  qu'Hélène  ait  pu  avoir  aucune 
part  à  ce  premierarrangemenl,  puis- 
qu'elle ne  devoit  point  être  à  la  cour 
de  Constance  -  Chlore,  qui  l'avoit 
répudiée  ;  mais  elle  sut  le  maintenir 
par  des  précautions  de  prudence. 
Craignant  que  les  jeunes  ;  rinces  ,  on 
par  eux-mêmes,  ou  par  de  mauvais 
conseils,  ne  se  portassent  à  des  in- 
trigues contraires  à  leur  devoir  ,  et 
à  la  tranquillité  de  l'état  ,  elle  les 
tint  loujours  éloignés  de  la  cour  et 
des  emplois,  tantôt  à  Toulouse, 
tantôt  en  quelque  autre  ville  ,  et 
enfin  à  Corinthe,  où  elle  fixa  leur 
séjpnr.  Julien  l'Apostat ,  fils  de  Ju- 
les Constance,  taxe  cette  conduite 
de  ruse  artificieuse  d  une  belle-mère. 
De  Tillemonl  n'y  voit  qu'une  sage 
politique,  en  supposant,  comme  il 
est  vrai ,  que  le  droit  d'hérédité  dans 
les  fils  d'empereur  n'avoit  de  force 
qu'autant  qu'il  étoil  reconnu  et  ap- 
puyé des  suffrages  du  sénat  et  des 
armées.  » 

i  III.  HÉLÈ.NE  (  Flavia  Julia  He- 
lena  ) ,  fille  de  l'empereur  ConsUn- 
tin  ,  qui  la  donna  en  mariage  à  Ju- 
lien, à  la  sollicitation  de  l'impéra- 
trice Eu.^iébie.  On  ne  sait  rien  de  la 
vie  ni  des    mœurs  d'Hélène  ;  elle 


II  ELI 

îiiourul  peu  de  temps  nprès  que  l'ar- 
niée  des  Gaules  eut  proclamé  Julien 
auguste.  Céloit  à  la  lin  de  l'auuee 
56o ,  et  la  cinquième  de  son  ma- 
riage. Ses  médailles  la  représentent 
avec  des  traits  qui  ont  de  la  dignité. 
Elle  devint ,  un  an  après  son  ma- 
riage, mère  d'un  Fils  qui  mourut  en 
naissant  ,  par  la  faute  de  la  sage- 
femme  ,  qui  lui  coupa  de  trop  près  le 
cordon  ombilical ,  soit  par  inadver- 
tance, soit  qu'elle  eut  été  corrompue 
par  Eusébie  ,  femme  de  Constance, 
laquelle  craignoit  que  Julien  n'ei!tt 
des  successeurs. 

HÉLÉNUS  (  Mylhol.  ) ,  fameux 
devin  ,  fils  de  Priain  et  d'Hécube  , 
outré  de  dépit  de  n'avoir  pu  obtenir 
Hélène  eu  mariage ,  quitta  Troie  , 
el  fut  fait  prisonnier  de  guerre  par 
les  Grecs.  Poussé  par  son  ressenti- 
ment, il  leur  découvrit,  dii-on,  un 
moyen  sûr  pour  surprendre  celte 
ville.  11  prédit  depuis  à  Pyrrhus  une 
navigation  heureuse  ,  et  reçut  de  lui 
la  Chaouie,  où  il  bâtit  beaucoup  de 
villes.  Le  fils  d'Achille  lui  céda  aussi 
Audromaque,  veuve  d'Hector  ,  qu'il 
avoit  épousée  par  violence;  et  il  eu 
eut  un  lils  nommé  Molossus. 

HÉLIADES  (  Mythologie  ), 
filles  du  Soleil  el  de  Clynièue ,  el 
sœurs  de  Phaéton,  de  la  mort  du- 
quelelles  furent  si  sensiblement  tou- 
chées, que  les  dieux  les  métamor- 
phosèrent en  peupliers ,  et  leurs  lar- 
mes en  ambre.  Leurs  noms  étoient 
Lampétuse,  Lampétie  et  Phaéluse. 

HÉLICE,  rojez  Calisto. 

HÉLINAND.  Foj.  Élina^-d. 

*  HÉLINGAUDE  (  le  comte  ) ,  au- 
teur, selon  quelques-uns,  d'un  célèbre 
fragment  que  Canisius  a  recueilli 
sous  le  titre d'--^«/za/c5  de  laT'rance. 
C'est  une  histoire  complète  d'une 
partie  du  8°  siècle,  depuis  l'année 
74»  jusqu'en  795  inclusivement.il 
est    vraisemblable   que    les    autres 


HELI 


3ii 


annalistes  ,  contemporains  d'Hélin- 
gaude,  ne  sont  que  ses  abrévialenrs  ; 
ils  ne  dilfcrcnt  entre  eux  que  parles 
dates  qu'ilsassignent  aux  é\  éueiiiens 
dont  ils  fout  menl'kon.  D'ailleurs, 
ce  sont  les  mêmes  observations  ,  le 
même  ordre  et  la  même  grossierrié 
de  style.  11  faut  convenir  a  cel  égard 
qii'Héliugaïule  a  renchéri  sur  laloule 
de  ses  compila  leurs,  el  que  sou  ou- 
vrage n'est  bon  que  pour  reuseigne- 
niens. 

t  L  HÉLIODORE ,  l'un  des  cour- 
tisans de  Séleucus  Pliilopator ,  roi  de 
Syrie  ,  eut  ordre  de  ce  prince  d'en- 
trer dans  le  temple  de  Jérusalem  , 
l'an  176  avant  J.  C.  ,  pour  en  ravir 
les  trésors.  Comme  il  vonloil  péné- 
trer dans  l'intérieur  ,  il  en  fut  , 
dil-on,  chassé  par  des  Anges  qui  le 
frappèrent  si  rudement,  qu'il  tomba 
comme  mort.  On  a)OutequeU'grand- 
prètre  Onias  ayant  offert  le  sacriiice 
pour  lui,  Dieu  lui  rendit  la  santé, 
el  lui  fil  dire  par  les  mêmes  Anges 
qui  l'avoient  châtié,  d'annoucpr  par- 
tout la  puissance  de  Dieu,  el  qu'Hé- 
liodore  obéit  à  cet  ordre. 

t  II.  HÉLIODORE  (saiut),  de 
Dalmalie  ,  évêque  ci'Alliuo  en  Italie, 
ami  de  saint  Jérôme  ,  qui  dit  de 
lui,  qu  il  conserva  dans  l'épiscopat 
toute  l'austérité  du  cloilre  ,  suivit 
ce  saint  docteur  jusque  dans  le  dé- 
sert de  Chalcide ,  d'où  il  revint  en 
Dalmatie.  11  fut  élu  évèque  d'Altino, 
diocèse  suQ'ragant  d'Acjuilée,  el  y 
assista  à  un  concile  eu  58 1. 

i-lll.  HÉLIODORE,  dEmèse  en 
Phénicie,  cvèque  de  Trica  en  Thes- 
salie  ,  sous  Théodose-le-Grand  ,  com- 
posa en  grec  j  dans  sa  jeunesse,  le 
romandes  Amours  île  T/iéa^èiie  et 
de  (  hariclàe ,  publié  en  grec  el  eu 
Intin  ,  à  Paris  ,  1619  ,  in-H".  La  pre- 
mière édition  est  de  Bàle ,  i554  , 
iii-4°-  La  dernière  ,  recoin inandable 
pour  la  beauté,  la  ncttf;lé  el  la  cor- 
rection du  texte,  a  paru  à  Slras- 
bouro  en  l'an  7  (  1  79b  ) ,  2  volume» 


12 


HELÎ 


111-8°.  Cet  ouvrage,  par  la  manière 
dojil  les  passions  y  soiil  traitées  ,  la 
variélé  des  épisodes  et  les  agréiiu-iis 
du  slyie,  a  inérilé  deservirdemodele 
aux  produclioiifi  de  ce  genre.  Le 
roinau  d'Héliadore  a  été  traduit 
dans  presque  loules  les  langues ,  et 
dans  ia  nôtre  par  Ainyol  et  Mon- 
lyard.  La  nouvelle  Traduction  par 
Quenneville,  Paris,  i8o3,  5  vol. 
in-i  2  ,  intitulée  les  Eliiiopiennes  ou 
Tliéagèiie  et  Cliaricléc  (  il  falloil  les 
Ethiopiques  ) ,  est  accompagnée  de 
îiotes  sur  le  texte  grec.  1).  Coray 
a  donné  à  Paris  ,  eu  i  8oî)  ,  une  nou- 
velle éditions  des  Et/tiopiques  d'He- 
liodore  en  laveur  des  Grecs  ,  avec  un 
comuienU'.ire  dans  leur  langue,  et 
des  variantes  médiles  ,  recueillies 
par  .\niyot ,  2  vol.  in-S".  Cette  pu- 
l^licatioii  ,  faite  aux  frais  du  Grec 
Alexandre  Basili  ,  est  digne  de  la 
Véputalion  de  son  savant  éditeur. 
On  a  atlnbué  au  nièiue  Héliodoi  e 
un  Poème  sur  la  chimie,  c"est-à- 
dire  sur  l'art  de  faire  de  i'or  et  de 
l'araent  ,  inséré  par  Fabricius  dans 
sa  Bibliothèque  grecque;  mais  rien 
n'est  plus  dissemblable  que  le  style 
élégant  et  pur  d'Héiiodore  ,'  et  ie 
style  dur  et  Ijarbare  de  ce  poëme. 

i-    IV.    H  É  L  I  O  D  0  R  E  ,   de 

Larisse  ,  nialiiémalicien  grec  dont 
lage  est  iiuoniiu  ,  a  laissé  i\v.\\yi.  li- 
vres à' Optique  ,  dont  Erasme  Bar- 
iholina  donné  une  traduction  latine, 
le  texte  en  regard  ,  Paris,  1657, 
in-4°,  et  réimprimé  chez  Cramoisy 
en  1680,  même  formai.  Frédéric 
I>inden))rog  avoit  déjà  publié  à  Ham- 
bourg ,  en  i6io  ,  quelques  chapitres 
de  ces  deux  livres  d'optique  ,  d'après 
un  manuscrit  de  Florence  ;  mais  plus 
anciennement,  Iguace  Uati  en  avoit 
donné  une  Iraduclion  italienne  d'a- 
près un  manuscrit  du  Vatican,  im- 
primée à  Florence  chez  les  Juntes, 
en  1575  ,-in-4°,  avec  la  perspective 
d'Euclide  ,  qu'il  avoit  également 
traduite. 


M  ELI 

*  V.HÉLIODORE,  prêtre  d'An- 
tioche ,  vivoit  dans  le  4^  siècle. 
Genuade  en  fait  mention  dans  le  b" 
chapitre  des  Ecrivains  ecclésiasti- 
ques, et  il  ajoute  qu'il  est  auteur 
d'un  Traité  iniilulë  De  iialuris 
rerunt  exordialiuin . 

*  VT.  HÉETODORE,  aussi  prêtre 
d'Aulioche  ,  fiorissoit  dans  le  5* 
siècle.  Gennade  ,  dans  le  29^  cha- 
pitre des  Ecrivains  ecclésiastiques  , 
parle  de  lui  et  le  prétend  auteur 
d'un  ouvrage  sur  la  virginité.  Edi- 
(lit,  dit-il,  rie  virginitate  egregium, 
de  scripturis  inslructum  votumtn. 

HÉL 10 CABALE  ou  Émoga- 
BAi.E,  empereur  romain,  surnommé 
le  Sardannpale  de  Rome ,  fils  de 
Varius  Marcellus  et  de  Saeinias  , 
né  dans  cette  ville  eu  204  ,  fut 
établi  pontife  du  Soleil  par  les  Phé- 
niciens ;  c'est  de  là  que  lui  vint  le 
nom  d'IIéliogabale.  Après  la  mort 
de  Macrin  ,  l'an  218,  il  fut  élevé  à 
l'empire.  Le  séual,  quoique  mécon- 
tent de  se  voir  soumis  à  un  enfant 
de  14  ans,  le  reconnut  empereur,  et 
lui  donna  le  litre  d'Augnsle.  Massa  , 
s<ni  aïeule,  et  Saemias,  sa  mère,  fu- 
rent honorées  du  même  litre.  Hélio- 
gabale  joignoil  à  l'humeur  despoti- 
que d'un  vieillard  emporté  tous  les 
caprices  d'un  jeune  étourdi.  11  vou- 
lut que  son  aïeule  fût  admise  dans  les 
assemblées  du  sénat ,  et  qu'elle  eîil 
sa  place  auprès  des  consuls.  Il  établit 
sur  le  mont  Quirinal  un  sénat  de 
femmes,  où  sa  mère,  monstre  d'im- 
pudicilé  bien  digne  d'un  tel  hls , 
donnoit  des  arrêts  sur  les  habits  et 
les  modes.  Le  palais  impérial  ne  fut 
plus  qu'un  lieu  de  prostitution,  ha- 
bité par  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus 
infarae  dans  Rome  pour  la  nais- 
sance et  pour  les  mœurs.  Les  co- 
chers, les  comédiens,  composoieut 
la  cour  de  ce  scélérat  imbécille  qu'on 
appeloit  empereur.  Il  tua  de  sa  jiro- 
prc  main  Gannys,  son  précepteur  , 


HELt 

jt]ui  lui  reprodioil  ses  di'baiiclies. 
IJne  des  folies  d'Héliogcbale  éloit  de 
faire  adorer  le  dieu  El;igai)al ,  r|u'il 
avoil  apporte'  de  Phénicie.  Ce  dieu 
n'etoil  autre  chose  qu'niu'  grosse 
pierre  noire ,  ronde  par  le  bas ,  poin- 
tue par  le  liant,  en  forme  de  coiie, 
avec  des  figures  bizarres.  ]lélion;a- 
bale  f\l  bàlir  un  temple  à  celle  ridi- 
cule divinité,  et  il  le  para  des  dé- 
pouilles de  tous  les  autres  temples.  Il 
fil  apporter  de  Carthaj^e  tor.les  les 
richesses  du  temple  de  Ja  Lune,  fi 
enlever  la  statue  de  cette  déesse  ,  e 
la  plaça  dans  le  temple  de  son  dieu  , 
qu'il  maria  avec  elle.  Leurs  noces  fu- 
rent célébrées  à  Rome  et  dans  toute 
l'Italie.  Il  se  Fil  circoncire  en  l'iion- 
nenr  des  nouveaux  époux,  et  leur 
sacrifia  des  enfaus  de  la  première 
distinction.  Ceux  qui  ne  voulurent 
pas  leur  rendre  hommage  périrent 
par  les  derniers  supplices..  .  (  T'oy. 
Paula  el  Faustine  ,  n°  111.  )  Hélio- 
gabale  éiiousa  cinq  l"emn)es  pendant 
ies  quatre  années  qu'il  régna,  l  ne 
de  ces  femmes  fut  une  vcslaie  ;  et 
comme  c'étoil  un  sacrilège  parmi  les 
Romains,  il  répondoilà  ceux  qui  le 
lui  reprochoient:  «1-lien  ne  convient 
mieux  que  le  mariage  d'un  prêtre 
el  d'une  veslale.  m  II  lui  prit  bieulôt 
nne  envie  plus  étrange  :  il  déclara 
publiquement  qn'il  éloit  femme.  Il 
épousa  eu  celte  qjialité  un  de  ses  ofti- 
tiers,  ensnileunde  ses  esclaves.  Due 
académie  établie  dans  son  palais 
donnoit  des  décisions  sur  les  rafline- 
mens  de  la  plus  honteuse  lubricité. 
Onaditdeluicequ'on  disoit  de  César 
avec  moins  de  justice  :  «qu'il  étoit 
l'homme  de  toutes  les  femmes,  el  la 
femme  de  tous  les  hommes.  »  — 
«Son  mari,  dil  Crevier,  éloit  un 
certain  Hvérocics  ,  esclave  carien 
d'origine,  et  conducteur  de  chariots 
dans  le  cirque.  Ce  misérable  acquit 
im  pouvoir  qui  surpassoil  celui  de 
l'empereur  même,  11  vendoit  toutes 
les  grâces  :  il  promettoit  aux  uns, 
menaçoitles  antres^  et  tiroil  de  l'ar- 


HELI 


3i3 


gent  de  tons  en  les  trompant.  — 
J'ai  parlé  de  vous  à  l'empereur ,  di- 
soit-il  aux  avides  courtisans  :  vous 
obtiendrez  telle  charge  ;  ou  au  con- 
traire :  vous  a\ez  beaucoup  à  crain- 
dre. —  Souvenl  il  n'éloit  rien  de 
tout  cela  ;  et  néanmoins  liiéroclès 
ne  laissoii  pas  de  se  faire  bien 
payer.  Il  vendoit  de  la  fumée , 
pour  me  servir  de  l'expression  usi- 
tée alors  parmi  les  Romains;  il  se 
faisoit  \\\\  gros  revenu  de  son  cré- 

it  ;  artifice  qui  réussit,  dit  un  his- 
rien  ,    auprès  des  mauvais  prin- 

!fes  ,  et  aussi  auprès  de  ceux  qui  , 
ayant  de  bonnes  intentions,  négli- 
gent les  affaires.  Sa  mère,  qui  éloit 
encore  esclave  à  la  naissance  de  sa 
faveur  ,  lïit  amenée  à  Rome  en 
pompe, avec  nu  cortège  de  soldats  , 
el  mise  au  rang  des  dames  dont  les 
inaris  avoienl  été  consuls.  Hélioga- 
bale  éloit  teliemeul  soumis  à  Hiéro- 
dès  ,  qu'il  se  laissoit  battre  par  lui , 
et  frapper  au  visage  ,  jusqu'à  en  por- 
ter les  marques,  et  il  tiroil  vanité 
de  ces  mauvais  trailemens,  comme 
de  témoignages  d'un  amour  pas- 
sionné. H  voulut  eu  récompenser 
l'auteur  en  le  faisant  César  ;  et  sou 
allachemenl  pour  celte  infamie  fut 
une  des  principales  causes  de  sa 
ruine.  liiéroclès  craignoil  pourtant 
\\\\  rival.  Anrélius  Zolicus  ,  natif  de 
Smyrne  ,  fils  d'un  cuisinier  ,  plut  à 
Héliogabale;  mais  son  crédit  fut  do 
peu  de  durée,  liiéroclès  le  lui  fit 
perdre  par  une  voie  que  la  pudeur  «e 
permet  point  de  rapporter.  Zolicus 
fut  chassé  de  Rome  et  de  l'Italie,  et 
sa  disgrâce  lui  fut  avant.geuse  :  elle 
lui  sauva  la  vie,  au  lieu  qup  Hiéro- 
cles  périt  dans  la  révolution  (pii  mit 

sur  le  trône  Alexandre  Sévère » 

Si  Héliogabale  ég«la  en  impudicité 
les  empereurs  les  plus  débordés,  il 
les  surpassa  tous  en  profusion.  C'est 
le  premier  Romain  qui  ail  porté  un 
habit  lont  de  soie.  Pour  satisfaire  à 
ses  dépenses  excessives, il  accabla  le 
peuple  d'impôts  :  il    le    regardoit 


3i4 


HELI 


comme  les  eiinins  regardent  im  petit 
oiseau  rjui  leur  sert  de  jouel.  Il  se 
plaisoil  a  inviter  à  souper  des  gens 
de  ly  lie  du  peuple;  il  les  laisoil  as- 
seoir sur  de  grands  soufflets  eutlës  de 
veut,  qui,  se  vidant  lonl  à  coup , 
les  ren\  ersoient  par  lerre  ,  pour  être 
l.t  pâture  des  ours  et  des  bètes  ié- 
voces.  Ces  scènes  sanglantesledi ver- 
tissoicnt.  Quelquefois  il  inviloit  à 
manger  huit  vieillards,  huilcliuuves, 
huit  borgnes,  huit  boiteux.  Ce  mons- 
tre ayant  lassé  lonl  le  inonde  par  ses  |^ 
caprices  el  par  ses  cruautés  ,  ses  solÉI  ^ 
dais  se,  soulevèrent  :  il  voulut  les 
apaiser  ;  mais  ne  pouvant  en  venir 
à  bout ,  il  alla  se  cacher  dans  les  la- 
trines (lu  camp.  On  le  découvrit 
avec  su  mère  Ssemias,  qui  le  tenoit 
embrassé  ,  et  on  leur  coupa  la  tête  le 
1 1  mars  222.  Héiiogabale  éloit  d'une 
très -belle  figure  ,  el  avoit  dix- 
huil  ans  ,  dont  il  en  avoit  régné  5  , 
g  mois  et  .j  jours.  En  1802,  on  a 
publié  à  Paris  un  ouvrage  sous  ce 
litre  :  Héiiogabale  ,  ou  Esquisse  mo- 
rale de  la  dissolution  romaine  sous 
cet  empereur  ,  2  vol.  in-S".  Des 
images  trop  obscènes  el  des  tableaux 
d'une  hideuse  prostitution  rendent 
dangereuse  la  lecture  decet écrit, qui 
auuouce  du  Salent ,  soit  par  le  style, 
»oii  par  la  disposition  des  faits. 


HELL 

l'empereur  pour  le  presser  dépasser, 
eu  Italie  ,  et  alla  lui-même  en  Grèce 
pour  hàler  son  retour.  Il  fut  puni 
depuis  par  Galba.       ■• 


HELISENNE.  ^oj.  Crkne. 

HÉLIUS,  affranchi  de  l'empereur 
Claude  ,  acquit  un  très-grand  pou- 
A^ir  sur  l'esprit  de  Néron  ,  son  suc- 
cesseur. Ce  prince  ,  dans  un  voyage 
d'une  année  qu'il  lit  en  Grèce,  lan 
de  J.  C.  67  ,  le  laissa  à  Rome  comme 
régent  4e  l'empire.,  avec  autorité 
absolue  sur  tontes  sortes  de  person- 
nes ,  et  la  puissance  de  faire  mourir 
les  sénateurs,  même  sans  lui  en 
écrire.  Hélius,  secondé  de  Polyclète, 
autre  affranchi  ,  aussi  digne  que  lui 
de  servir  Néron ,  exerça  les  der- 
nières violences.  Mais  comme  leurs 
cruautés  tyranniqu<\s  sembloient  pré- 
parer un  soulèviineiit  ,  il  écrivit  à 


*  I.   ÏIEf  l.  (  Maximilien  ) ,   jé- 
suite ,   très-célèbre   astronome    de 
l'eujpïreur    à    Vienne,    où    il    fut 
long-temps  professeur  d'astronomie 
et  directeur  de  l'observatoire,  as- 
socié de  beaucoup  d'académies  étran- 
gères ,  né  en  1791  ,  occupa  un  rang 
si  dis\iugué   dans  l'Europe   savan- 
e,  t\  sacqûit  tant  de  réputation  , 
sur-tout,  dans  l'astronomie,  que  ses 
ouvrages  et  ses  observations  astro- 
nomiques lui  donnèrent  avec  justice 
une  grande  célébrité.  En.1768  il  se 
rendit ,  par  ordre  et  aux  frais   de 
Cliristiern  VII,  roi  de  Uanemarck  , 
et  avec  la  permission  de  l'empereur, 
à  l'ile  de  Warde-Huys  ,  capitale  de 
la  [,aponie  danoise,  accompagné  du 
P.  Gainnovics,  aussi  jésuite,  et  pro- 
fesseur de  mathématiques  à  Tirnau 
en  Hongrie,  où  il  observa  le  passage 
de  V^énus  sous  le  disque  du  soleil  le 
3  juin  1769.11  fut  plus  heureux  dans 
cette  entreprise  que  treize  autres  as- 
tronomes très-savans   qui  étoient 
répandus  sur    différens   points    du 
nord  ,  parce  que  le  ciel  lui  fut  plus 
favorable  par    sa   sérénité.   Ou   lit 
dans  l'histoire  de  l'académie  royale 
des  sciences,  année    1770,   Paris, 
1775  ,que,  «parmi  tontes  les  obser- 
vations faites  eu  Europe  ,  la  plus 
complète   est   sans    doute   celle  de 
■Warde  ,  faite  par  le  père  Hell,  as- 
tronome de  l'empereur.  »  Le  roi  de 
Danemarck ,    protecteur    zélé    des 
sciences,  pour  lui  donner  une  preuve 
de  sa   satisfaction  ,  lui  fit  présent 
dune  très -belle  tabatière  d'or  en- 
richie de  diamans  et  ornée  de  son 
portrait,  et  honora  du  même  pré- 
sent le  P.  Gainnovics  ,  son  associé. 
L'un  et  lautre  furent  ensuite  reçus 
membres  des  académies  de  Copen- 
hague  et   de  Drontheim  en  No  - 
wi'Z",  et  re"  inrerit  à  Vienne ,  où ,  en 


HELL 

1772,  ils  doniùrml  leurs  Ep7ié- 
mévides  ,  et  publièrent  le\irs  cu- 
rieuses observations  ,  leurs  ré- 
flexions, et  une  carte  corrtcte  et 
plus  exat^  de  diverses  parties  du 
nord.  I/iiReniion  que  lit  le  père 
Ilell  d'un  loil  jiiobile  à  l'usage  d'un 
des  pruicipaux  inslrumeus  d  aslro- 
iioniK-  lui  allira  encore  un  témoi- 
gnage deslime  de  la  p.irl  de  Sta- 
nislas j  roi  de  Pologn  .  Ce  souverain 
lui  en' ayant  demandé  un  ntodeie  , 
pour  Je  faire  exécuter  à  l'observa- 
toire qu'il  avoit  élevé  d.ius  son  pa- 
lais ,  enfui  si  satisfait,  qu'il  lui  en- 
voya une  médaille  d'or  d'un  grand 
prix  ,  accompagnée  d'une  lettre  très- 
gracieuse  écrite  de  sa  propre  main. 
Quelques  observations  sur  la  méde- 
cine ,  faites  par  Hell  dans  son  voyage 
an  nord  ,  lui  acquirent  peut-être  au- 
tant de  réputation  que  ses  observa- 
tions astronomiques.  Ce  savant  mou- 
rut à  Vienne  en  1792.  Parmi  les 
ouvrages  qu'il  a  publiés,  on  distin- 
gue les  suivans  :  1.  Obst'ivatio  lian- 
sitih  Fener!s  aute  discurn  solls  die 
b  junii  1761  ,  Vindobonas  ,  1761. 
\\-  Ep/iemerides  aii/ii  17.08  et  «705, 
Viudobouae,  2  >ol.  in-8°.  III.  Ep/ie- 
meiides  aslroiwmicœ ,  auctoie  P. 
Maximiliano  Htll  soc.  Jesu  ,  Vin- 
dobonas  ,  1772.  Dans  ces  Epbémé- 
rides  ,  comme  nous  l'aNons  dit  ci- 
dessus  ,  le  P.  Hell  corrige  plusieurs 
erreurs  géographiques,  et  donne  en- 
suite d'importantes  obser\ allons,  et 
])articulièreinent  celles  sur  l'éclipse 
obst^rvée  à  Pékin  le  27  mai  1770 
par  les  pères  HuUersteins  et  Espen- 
ha  ,  et  celle  d'une  aurore  boréale, 
observée  aussi  à  Pékin  par  le  même 
P.  HuUersteins  le  27  septembre  de 
la  même  année,  phénomènes  très- 
rares  dans  les  paj's  méridionaux. 
IV.  Ephemeridesastronomicœ  a  nul 
1791  ad  meridiani/m  Vindobuneii- 
sem  jussu  ai/giistisaimi  a  Maximi- 
liano Hell  astj-oiiomo  rcgio  uni- 
vPKsitalis  et  J'raricisco  de  Pau  la 
Triesneker  adjunclo    astrouGmlœ 


HELL  3i5 

regio  caJci/!atœ,(vm  appendice  coii- 
ti/ienle  :  i"  CÔAc/vaiio/ies  as/rouo~ 
mil  as  la/if//di/i//m,  et  Ivngiiiidiinnn 
lucijru//i  bujeaiiu'i:  l.aniœ,S\  eciœ, 
ISuivigiœ ,  et  1  i/imarc/iiœ  J.appo- 
iiicœ pet  iler  arciiium  uitm  17^8, 
17(19  et  x'j'jo Jactasa  A.'oa  iiiiiliatio 
Hell;  2°  De  jigi.râ  teliuiis  à  .'  ran- 
cisiode  l^aiilâ  '}'i iesnvt.eri  "h^L.bser- 
valid/ies  barometriccs  ,  ei  t/,e/mo~ 
meli'ivas  aiiiii  178g  .J'actas  f  iiti- 
iiœ  iii  observa lorio  rcgio  u/iircrsi— 
tatis  ,  \  indobona^ ,  1  79 1  :  ^^  J'iplo' 
tnata,  bultœ  ,  priiiligia  .  libcrta- 
les  ,  immmiilates  ,  cnurdilutioties  ^ 
et  statu  ta  celeber/  imœ  uiiivtr^  ta  lis 
Viiidoboiiensis  ah  aniio  iSfij  pri- 
ma; suœ  iiistilutiofiis  ad  atirurn 
1 089  ,  (juo  studio  t/ieotogico  avcta  , 
et  compléta  Jlorebat ,  excerpfa  ex 
lib.  Il  Cornmentariorum  \ .  CL- 
Petri  Lnmbecii ,  editio  tertia  , 
idiomate  latino  ,  et  teulonico  ,  cum 
notisprœserlim  Lanibecianis,  Vin- 
dohonaî ,  i"9i,  iu-/|°.  Celle  utile 
collection  obtint  les  suffrages  dfs  sa- 
vans.  Hell  se  proposoil  de  publier, 
en  1778,  un  ouvrage  en  troit-  gros  vo- 
lumes ,  intitulé  i.i7^e(^////o  littcra- 
ria  ad  polum  arcticum  ,  elc.  INIais 
un  concoure  malheureux  de  ci; cons- 
tances, au  nombre  desquelles  lut  la 
suppression  de  son  ordre,  l'ayant 
privé  du  secours  des  coniprigi;ons 
de  ses  travaux  ,  l'obligea  d'abandon- 
ner une  entreprise  presque  arrivée 
à  son  terme.  11  se  proposnit  ,  pour 
offrir  une  espèce  de  compensa- 
tion ,  d'insérer  chaque  année  dans 
les  Ephémérides  quelques  fiagmens 
intéresfians  de  cet  ouvrage  sur  l'as- 
tronomie ,  la  géographie,  la  navi- 
gation ,  la  météorologie  ,  etc.  :  mais 
la  mort  l'empêcha  d'exécuter  ce 
dessein. 

*  HELLADIUS ,  grammairien ,  né 
à  Antinoé  en  Egypte,  vivoit  sous  le 
règne  de  Constantin -le- Grand.  Il 
avoit  composé  diverses  pièces  eu 
v(rs  grecs  ,  mais  il  ne  reste  de  lui 


3i6  HELL 

que  quelques  fragmeus  de  sa  Chres- 
îomatJiie ,  conservés  par  Photiiis  , 
svir  laquelle  Menrsiiis  a  fait  des  no- 
ies. Elle  fut  imprimée,  en  ifiSy  ,  par 
les  soins  de  Graevins.  L'n  autre  Hel- 
JjADiiîs  ,  aussi  giammaineu,  natif 
d'Alexandrie,  a  donne  entre  autres 
ouvrages  un  Dictionnaire  grec. 
que  Suidas  a  inséré  dans  le  sien.  Ce 
grammairien  vivoit  du  teroj>s  de 
Théodose-le- Jeune. 

i- HELLANICUS  ,  de  Mitliylène, 
célèbre  historien  grec,  né  lo  ans 
avant  Hérodote,  lan  /\\i  avant  J. 
C. ,  avoit  écrit  une  Histoire  des  an- 
ciens rois  du  monde  et  des  premiers 
fondateurs  des  villes ,  qui  n'est 
point  parvenue  jusqu'à  nous,  et  une 
Histoire  d'Egypte  ,  citée  par  Athé- 
née ,  par  Arrieu  et  par  Aulu-Gclle. 
Hurz  a  recueilli  Hellaiiici  Lesbii 
Jragmen ta,  he\p&ick,  i^SIJ,  iu-8°  , 
qu'ila  fait  précéder  d'une  tres-savante 
dissertation  sur  la  vie  et  les  écrits 
d'Hellauicus.  11  y  a  eu  dans  les  temps 
postérieurs  un  autre  Hei.i>a.nici;s, 
qui  étoit  de  Milel. 

HELLÉ  (Mylhol.),  fille  d'Atha- 
mas ,  roi  de  Tlièhes,  eldeNephelc, 
fuyailt,  avec  sou  frère  Phrixus  ,  la 
fureur  et  les  embûches  de  sa  marâ- 
tre ,  voulut  traverser  le  détroit  qui 
est  entre  la  Propontide  et  la  mer 
Egée  sur  le  dos  d'un  bélier  à  toison 
d'or  ,  que  son  père  lui  avoit  donné. 
Mais  elle  fut  si  effrayée  quand  <:lle 
se  vit  au  milieu  des  Ilots  ,  qu'elle 
-  s'y  noya ,  et  donna  son  nom  à  ce 
détroit  qui  fut  appelé  mer  d'Hellé 
ou  Hellespout.  Les  poêles  ont  placé 
le  bélier  au  rang  des  signes  du  zo- 
diaque. 

HELEEBIC  (  Agnès  ) ,  vivoit  à 
Paris  sous  Philipi)e- Auguste.  Un 
désespoir  d'amour  la  fil  précipiter 
dans  vui  puits  situé  sur  la  petite 
place  qui  termine  les  rues  de  la 
Truanderje  et  de  INlondétour  ,  el  qui 
prit  le  nom  de  Fuils  d'amour. 


HELM 

tHELLOT  (Jean),  mort  à  Par!.*! 
le'  if)  février  1766  ,  à  80  ans,  s'étoit 
d'abord  destiné  à  l'état  ecclésiastique; 
mais  un  livre  de  chimie,  qu'il  trouva 
par  hasard  ,  le  décida  «jÉj^ièrement 
pour  celte  étude,  dans  laquelle  il  fit 
des  progrès  rapides.  Hellot ,  de  l'aca- 
démie des  sciences  de  Paris,  et  delà 
société  royale  de  Londres,  a  retouché 
el  enrichi  de  ses  remarques  la  tra- 
duction ,  imprimée  à  Paris  en  17,'io 
et  1755,  et  publiée  en  2  vol.  in-.4°, 
faite  par  ordre  du  ministère  ,  du 
Traité  de  la  fonte  des  mines  et  des 
fonderies  ,  écrit  en  allemand  par 
Schlulter.  On  a  encore  de  lui  ,  1. 
\JArt  de  la  Teinture  des  laines  el 
étoffes  de  laine,  i7Î>o,  iu-ia.  IL 
Des  Dissertations  recueillies  dans 
les  Mémoires  de  l'académie  des 
sciences,  lll.  Quelques  autres  ou- 
vrages, faits  avec  soin,  ainsi  que 
les  précédens. 

*  HELMAN  (  Stanislas-Isidore  ) , 
habile  graveur,  né  à  Lille  en  1742  , 
élève  de  Le  Bas ,  a  gravé  plusieurs 
Sujets  ti\.Vaysages,à'a\>xk.s  Le  Prince, 
Lagrenée,  Lavreina  ,  etc.;  la  Suite 
des  batailles  de  la  Chine  ,  en  petit, 
d'a[)rès  les  grandes,  exécutées  par 
Aliamot,  Le  Bas,  Delaunay  ,  Chof- 
fard  ,  et  autres. 

t  riELMBREKER  (Théodore),  de 
l'école  hollandaise  ,  né  à  Harlem  eu 
1624,  mort  à  Rome  en  1694,  s'ius- 
truitil  des  premiers  élémens  de  sou 
art  dans  sa  ville  natale;  mais  la  perle 
qu'il  fil  de  son  habile  maitre  le  dé- 
termina à  consulter  lui-même  la  na- 
ture, pour  se  mettre  à  portée  d'étu- 
dier avec  succès  les  chefs-d'œuvre  des 
grands  peintres.  A  près  la  mort  de  son 
père,  Théodore  alla  à  Venise,  où  il  fut 
accueilli,  encouragé,  cl  puissam- 
ment protégé  par  le  sénateur  Coré- 
dano.  Les  ouvrages  qu'il  fit  dans 
celte  ville  portèrent  sa  réputation 
jusqu'à  Rome  ;  il  s'y  rendit  el  fut 
reçu  avec  dislinclion  dans  le  palais 
Mcdicis.    Do  là  il  vinl  à  Florence, 


HELM 

à  Ntiples,  eu  France,  et  par-tout  il 
Irouvoit  des  nmaleurs  empresses  de 
se  iJiocurer  ses  ouvrages.  Ou  admire 
dans  la  manière  de  cet  arliste  dis- 
tingué beaucoup  de  vërUé.  Son 
paysage  est  vigoureux,  ses  figures 
ugrcaijies  et  pleines  d'expression  ;  la 
couleur,  le  relief,  l'esprit,  la  va- 
riété, le  parfait  accord  de  ses  Ta- 
bleaux enchanteut.  Quoique  son 
goîil  le  portât  à  peindre  des  mar- 
chés et  des  foires,  avec  un  grand 
nombre  de  figures  ,  on  a  de  lui  plu- 
sieurs Tableaux  de  dévollvh  ,  en- 
richis de  tout  ce  que  i'arl  peut  ima- 
giner de  beau,  et  qu'on  reclierchoJt 
à  Rome  comme  ceux  de  Bamboche. 

HELMHARD.  roy.  Hobkeg. 

*HELMICH  (Werner),  né  à 
Ulrecht  en  j55i,  .théologien  esti- 
mable, fut  appelé  de  bonne  heure 
(en  ir)79  ),  par  la  conHuuce  de  ses 
concitoyens,  à  exercer  dans  sa  ville 
natale  le  ministère  évaugélique.  La 
réformalioii  n'avoil  pas  encore  sur- 
monté à  celle  époque  toutes  les  dif- 
ficultés qui  s'opposèrent  à  son.  éla- 
blissemeutdan:.  les  Provinces-Unies. 
DansJa  mèmeannée  liîyg  ,  Helmicli 
lut  envoyé  en  Angleterre ,  avec  quel- 
ques autres  pasteurs,  pour  solliciter 
les  bons  oftices  de  la  reiueElizabelli, 
à  l'effet  de  stipuler  dans  le  traité  de 
paix  avec  l'Espagne  l'entière  liberté 
du  culte  protestant.  En  i58i  ,  le  if) 
janvier,  Helmich  annonça  le  pre- 
mier les  principes  de  ce  culte  dans 
la  cathédrale  d'Ulrecht,  malgré  les 
efforts  des  chanoines  pour  l'en  em- 
pêcher. En  1:190  il  fut  nommé  pas- 
leur  àDclft.  Il  refusa  peu  après  une 
chaire  de  théologie  dans  l'univer- 
sité de  Leyde  ,  mais  il  accepta  les 
fonctions  pastorales  à  Amsterdam 
en  1602.  Il  y  mourut  eu  1608.  On 
a  de  lui  un  ouvrage  de  controverse 
particulièrement  dirigé  contre  le  jé- 
suite Coster,  sous  le  titre  de  (rla- 
diui  Goliat/ii ,  et  utie  Jnaljsc  des 


HELM  317 

Psaumes  de  David ,  Amsterdam  > 

i64i,in-4°. 

HELIVIIGE .  V.  RosEMONDE,  n»  I. 

*  HELIMOLDE ,  prêtre  de  Bu- 
soeu ,  près  de  Lubeck,  vivoit  dans 
le  12^  siècle.  A  la  sollicitation  de 
Gerolde  ,  premier  évèque  de  Lubeck, 
il  composa  la  Chrunique  des  Es~ 
clavons,  qui  commence  à  l'époque 
de  la  conversion  des  Saxons  et  des 
peuples  voisins,  sou»  lenipire  de 
Charlemagne  ,  et  qui  huit  l'an  1 168. 
Ainaud,  abbé  de  Lubeck,  continua  cet 
ouvrage  ,  qui  fut  puhlié  avec  des  no- 
tes de  Reiiiier  Reinnecius. 

t  I.  HELMONT  (Jean-Bapliste 
Van),   gentilhomme  de  Bruxelles, 
né   en     ibjj ,     porta    si    loin     ses 
connoissances  dans  la  physique  ,  la 
médecine  et  l'histoire  naturelle  ,  qu'il 
lui  soupçonné  de  magie.  L'inquisi- 
tion ,  adoptant  celte  idée  ridicule, 
le   fit    renfermer  dans  ses  prisons. 
Ayant  eu  le  bonlieur  d'en  sortir,  il 
alla  chercher  la  liberté  en  tlollande, 
ety  mouruten  16  (/[Helmonln'fctoit 
guère  au-def;susd'un  empirique.  Son 
Jicmc'Je  u/ilversel  \K  put  l'arracher 
à  la  mort,  il  opéra  pourtant  des  cu- 
res extraoriiinaires ,  en   employant 
daus  Us  maladies  chroniques  des  re- 
mèdes violons,    qui   lui   réussirent 
avec  les  hommes  d'une  constitution 
forte.    Il   avoit  d'ailleurs  la  vanité 
d'un  noble  allemand  :  croyant  avoir 
dérogé  en  cultivant  la  médecine  ,  il 
quitta  sa  patrie  ,  et  n'y  reparut  que 
dix  ans  après.  Ses  Out-rages  ont  été 
recueillis    in-folio,  Leyde,   1667 
etFrauci'ort,  1707.  Les  productions 
de  ce  c'iimiste  sont ,  pour  la   plu- 
part ,  posthumes  ,  et  celles  -ci  sont 
peu  estimées,  maison  fait  beaucoup 
de  cas  de  celles  qu'il  publia  ku-mè- 
me.S<:sécrits  roulent  tous  sur  la  \>hy- 
sique  ou  sur  la  médecine.  Les  prin- 
cipaux sont ,  \.  De  Magneticâ  cor- 
pur  uni  luratione.  II.  Fehiium  doc- 
trina  inaudita.  III.  Horlua  medi- 
cinœ ,  Amsterdam,    1648,  iu-4'*. 


3i8 


HELO 


IV".  Faradoxa  de  aquls  Spada- 
nis ,  elc.  Tous  ses  ouvrages  ont  l'té 
recueillis  en  j  vol.  iii-fol.  Ou  lr<  uVf 
dans  ces  diverses  produclious  pLi- 
sieurs  idées  extravagantes. 

t  II.  HELMONT  (  Franco  s-Mer- 
cure  Van)  ,  lils  du  précédent,  ué 
en  1618  ,  fut  moins  célèbre  que  son 
père  ,  parce  que  n'ayant  qu  t-rileuré 
toutes  les  scieucc'S  ,  il  ne  put  se  faire 
vui  nom  dans  aucune.  Né  avec  un 
c;iraclere  bouillant ,  il  s'enrôla  dans 
une  troupe  de  t^ohémiens,  avec  les- 
quels il  parcourut  divers;;»  provin- 
ces ;  mais  lorsque  l'âge  l'eut  mûri  , 
il  eut  une  conduite  plus  régulière. 
On  le  soupçonna  d'avoir  trouvé  la 
pierre  phdosophale,  parce  qu'avec 
peu  de  revenus  il  faisO'il  beaucoup 
de  dépense.  Helinont ,  mort  à  Co- 
logne eu  1699,  croyoit  à  la  mé- 
It-mpsycose.  Il  a  laissé  des  livres  sur 
des  matières  théologii-|ue-.  I.  ^Jl- 
jiliabcii  uerè  naturalis  htbraïcl  de- 
lineatio.  11.  Cogi/atiurus  auper qua- 
tuor prlora  caplta  Geiieseus,  Ams- 
terdam ,  1697  ,  in  -  8°.  III.  De 
attributis  divinis.  IV.  De  liij'erno  , 
etc.  On  voit  par  ces  ouvrages  que 
c'étoit  un  esprit  singulier  et  pyn- 
doxiil  —  Il  y  3  *="  n"  bafou  de  Van 
Hi;!-MONT,  vrai  iHiumué,  qui  lin  il 
par  se  faire  quaker. 

*II1.HE[-:\10NT  (Matthieu Van), 
peintre  d'Auvers,  vivoil  encore  à  la 
tin  du  11^  siècle  :  il  a  peint  avec 
bcaiHOiip  de  vérité  des  Scè;jes  de 
niaixhé,  des  Boutiques  de  fruitiers, 
des  Laboratoires  de  chimie ,  etc.  — 
Si'gres-Jacquf»*!,  son  fils,  mort  en 
1726,  peignoit  y  Histoire  dans  le 
grand  genre ,  et  ia  Décoration  d  é- 
glise. 

t  HÉLOÎSE,  abbesse  du  Parac.let , 
célèbre  par  son  esprit  et  par  s;s 
amoiirsavccAbailaru(wjesceinol), 
se  lit  religieuse  au  prieuré  d'Argeu- 
teuilapres  la  funeste  aventure  de  sou 
aioanl,  et  devml  supérieure  de  ce 


HELO 

monastère.  Héloïse  s'appliquoil  plus 
à  l'élude  qu'au  gouvi^rneiueiil  de  ses 
religieuses  ,  qui  -.i  voient  dans  le  (jIus 
grand  relâchement,  et  celle  cause 
les  fit ,  dil-on  ,  renvoyer  du  monas- 
tère. Les  scandales  qu'elles  donuè- 
reiit  les  firent  chasser  d'Argeuleuil 
en  1129  ,  pour  y  mettre  des  moines 
à  leur  place. Ce  fut  alors  qu'Abi.i!i.rd 
offrit  à  Héloïse  l'oratoire  du  Paraclet 
qu'il  a  voit  fait  bàlir  près  de  Troyes. 
Elle  s'y  retira  avec  quelques-unes  de 
ses  rejigieuses,  et  elle  y  établit  un 
nouveau  monastère  qui  fut  bientôt 
doté  par  les  seigneurs  d^'s  environs. 
Héloïse  y  vécut  plus  r  f.idierement. 
Si  nous  eu  croyons  Abailard  ,  «  les 
évèques  raimoieiit  comme  leur  fille, 
les  abbés  eoinme  leur  sœur,  et  les 
laïques  comme  leur  mère.  »  Elle 
écrivit  à  Abailard  pour  lui  deman- 
der une  règle  proportionnée  à  la 
foiblesse  de  son  sexe.  Elle  lui  mar- 
quoit  que  celle  de  St.  Benoil  n'ayant 
été  faite  que  pour  les  hommes,  ren- 
fermoit  plusieurs  iboses,  telles  que 
le  maigre  et  la  privation  du  linge, 
trop  dures  pour  des  filles  I>a  règle 
des  chanoines  ,  qui  porloicnl  du 
iinge  et  qui  niangeoieiit  de  la  vian- 
de, iiii  paroissoil  plus  convenable, 
Abailard  composa  donc  pour  le  Pa- 
lacîet  une  règle  tirée  des  divers 
statuts  monastiques  qui  lui  a\oieut 
paru  les  plus  sages.  Pour  faire  le 
■|)orlrait  d'une  parfaite  religieuse,  il 
avoil ,  disait-il,  «  imité  Zeuxis , 
qui,  en  peignant  sa  Venu--,  avoit 
emprunté  les  traits  des  plus  belles 
femmes  de  la  Grèce.  »  Abailard  qui, 
dans  l'état  où  i'avoieul  mis  ses  enne- 
mis ,  croyoit  n'avoir  plus  rien  à 
craindre  de  la  médisance  ,  s'appliqua 
à  l'aire  observer  celte  règle  à  Héloïse 
et  à  ses  religieuses.  Mais  il  se  trom- 
pa. La  malignilé  prélendit  que  îa 
direclioude  ce  monastère  lui  servoit 
de  voile  pour  cacher  son  ancienne 
passion.  Ces  discours  l'oliligerent 
ainsi  qu'Hélofse  à  s"ol)server  davan- 
tage. Cependant  il  eut  le  crédit  de 


HELO 

faire  approuver-  le  nouvel  é!al>lis- 
seinenl  tlii  Paraciet  par  liiuoceiil  11. 
Héloise  surv.'ciit  plus  tic  vuigl  ans  à 
Abdilartl.Ellenemovriii  qu';  n  i  ib5. 
Ellef'i\l  iiil)iin)éeàcotL- ueson  amant, 
et  dans  le  nitine  loiiibeau.  On  sir,)- 
posa  qn'Abailardéleiidillesbravdniis 
la  loiube  pour  veievoir  Héloïs?.  Il 
reste  encore  au  Paraciet  une  Iial)i ta- 
lion antique  qu'oii  d:t  avoir  tilc  oc- 
cupée pai'  Ab;,ilard  ,  lorsqu'il  duinioit 
ses  leçons  de  llu-ologie.  En  1791  le 
tombeau  d'AhaiLud  fV.t  enlevé  du 
Para(  let  et  envoyé  à  Noo-mîI  ,  d'où  il 
a  été  transporté  A  Pans  au  Musée 
des  nioiuunens  .français.  Oa  a  me- 
suré et  dessiné  rossilica'.iou  de  la 
lèle  d'Héloïse,  et  d'après  les  règles 
de  l'art,  on  a  fait  sur  ces  données 
un  buste  qui  représente  cette  illus- 
tre femme.  Les  auteurs  du  temps 
parlent  avanlageuseineut  de  l'es^iit 
d'Héloïse.  Il  éloit  supérieur  ù  sa 
beauté.  Elle  savoit  le  iatiu,  le  grec, 
l'hébreu.^  pcssédoit  les  auteurs  an- 
ciens, la  phiiosoplne  ,  et  beaucoup 
de  théologie.  Nous  avons  trois  de  ses 
Lettres,  toutes  de  feu,  pleines  d'ame 
et  d'imagination  ,  parmi  celles  d'A- 
bailardqutse  trouvent  dans  le  recueil 
donné  par  Duchesue.  (  Voyez  Abai- 
L.tRD.  )  On  y  voit  un  mélange  bitu 
singulier  du  langage  et  des  senti- 
niens  de  la  tendresse  ,  avec  le  lan- 
gage et  les  senlmiens  de  la  vertu. 
Qu'elle  consulte  Abailard  en  ruaiire 
ou  eu  direcleui ,  dit  le  P.  Fonlenay, 
c  est  toujours  sou  époux,  et  un  époux 
passionnément  aimé  qu'elle  entre- 
tient. Les  Epitres^Q  ces  deux  aiuans, 
publiées  en  1616,  in-^°  ,  par  d  Am- 
hoise  et  Dtichesne,  l'ont  été  de  nou- 
veau à  Londres  ,  in-8°,  et  à  Paris ,  en 
latin  et  en  français,  par  doin  Ger- 
\aise,  ancien  abbé  de  la  Trappe  ,  el 
par  l\L  Bastieu,  eu  2  vol.  m- 12. 
Elles  ont  été  imitées  par  Pope ,  el 
par  différens  poètes  français  ,  qui 
se  sont  ilisputé  à  l'envi  la  gloire 
de  leur  donner  en  notre  langue  les 
charmes  cju  elles  oui  eu  latin.  Colar- 


HELS 


319 


deau  y  a  réussi  :  mais  c'est  encore 
dans  le  texte  original  (pion  sent 
mieux  lar.ied' Héloïse  ,  elle  mérite 
de  ses  épi  1res. 

*  HÉLOT  (  N.  ) ,  Fils  d'un  lieute- 
Eaut  des  cent-suis.-cs  du  roi,  sous 
Louis  XV,  est  auteur  d'un  ou\  rage 
très-scandaleux,  intitulé  i'Lcoledts 
JiUes,  Paris,  iliya,  in-12.  La  jus- 
iice  le  lit  pendre  en  effigie  el  brûler 
to-,;!e  l'éiliiion  tle  sou  livre  an  pied 
de  ia  potence.  On  en  a  fait  une  réim- 
pression en  Hollande. 

HELSSAM  (  Richard  ),  professeur 
de  médecine  et  de  physique  daus 
rtmiversilé  de  Dublin  ,  auteur  d'un 
Cours  de  physique  expérimentale 
imprimé  après  sa  mort.  Cet  ouvrage 
est  estimé  en  Augleterre. 

*  HELST  (  Bartholomée  Van  der), 
peintre,  ué  à  Karlem  en  ilun  , 
parvint  .sans  avoir  voyagé  à  la  j)lus 
grande  célébrité.  11  est  vrai  que  ne 
peignant  que  le  portrait,  qui  n'est 
léuide  tlt  s  grands  maîtres  de  Rome 
qu'une  imitation  exacte  de  la  nature, 
et  de  Florence  lui  éloit  moins 
nécessaire.  On  vante  beaucoup 
un  tableau  fait  par  cet  artiste 
pour  la  salle  du  conseil  de  guerre  à 
Amsleri'.am  ,  où  il^  représente  un 
banquet  public  entouré  des  compa- 
gnies bourgeoises  sous  les  armes, 
avec  des  dtlaih  si  vrais  qu'on  y  re- 
connoit  par  les  étoffes  et  les  habille- 
mens  les  diverses  conditions  des  per- 
sonnages. Selon  Descamps,  Helst  n'a 
élé  surpassé  ,  mais  a^vec  peu  d'avan- 
lage  ,  que  par  Van  Dyclc.  «  Avant 
d'avoir  vu  les  ouvrages  de  Van  der 
Helsl  (dit  Falconet),  je  l'enlendois 
mettre  au-dessus  des  Rcnibranl,  des 
Van  Dj-ck  et  d'autres  de  leur  lorce, 
el  je  conviens  que  j'avois  beaucoup 
de  peine  à  le  croire.  Je  les  ai  vus  , 
bien  vus  ,  el  plusieurs  fois  ,  (  t  je 
pense  qu'en  se  dé;iouillaut  de  tout 
préjugé,  on  trouvera  ,  à  certains 


3l40 


HELV 


égards  ,  Helst  supérieur  aux  grands 
maiUes  ,  parce  qu'il  est  plus  vrai  , 
etc.  »  Pour  parvenir  à  ce  grand  el 
rare  tnérile,  cet  artiste  u'eniployoil 
point  nu  pinceau  froid  et  léché.  Il 
pcigiioil  d'une  manière  grande.  Ses 
draperies  sont  larges  ,  ses  ligures 
bien  dessinées  :  il  iniiloil  jusqu'à  la 
plus  étonnante  illusion ,  les  vases 
d'orel  d'argent  et  tous  les  accessoires. 
On  ignore  l'époque  de  sa  mort.  On 
sait  seulement  qu'iil  liabiloil  Ams- 
terdam ,  et  que  son  i'ds  devint  bon 
peintre  de  portraits. 

*  HEE-TSOKADr^  (  Nicolas  de  ) , 
peintre  ,  né  à  Nimègue  eu  i6i5  , 
reçut  d'abord  les  leçons  de  David 
Rickaert,  son  beau-père;  il  quitta 
ensuite  la  maison  paternelle,  et  de- 
meura presque  tonte  sa  vie  ,  soU  à 
Rome,  soit  à  Venise  ;  il  passa  cepen- 
dant quelque  temps  en  France  avec 
le  titre  de  peintre  du  roi.  Cet  artiste 
peignait  l  histoire  en  grand.  Ses  fi- 
gures sont  d'un  bon  eoiit ,  et  ses 
portraits  sur  -  tout  lorl  estimes  ; 
mais  il  n'étoil  pas  coloriste.  Chris- 
tine ,  reine  de  Suéde,  le  roi  d'An- 
gleterre, le  duc  de  Brandebourg  et  le 
pnnce  d'Orange  achetèrent  à  l'euvi 
1  es  ou  V  rages  de  Hellsokade.  On  ignore 
et  le  lieu  et  l'aunée  de  la  mort  de  cet 
artiste. 

I.  lïELVÉTIUS  (  Adrien  )  ,  mé- 
decin hollandais  ,  fils  d'un  médecin 
fameux  par  ses  prétendus  secrets  en 
alchimie  ,  vint  à  Paris  sans  autre 
dessein  que  voir  les  curiosités  de  celle 
ville  immense,  ou  plutôt  pour  débiter 
des  poudres  de  la  composition  de  sou 
père.  Ceremèdoirayautpas  eu  beau- 
coup de  succès,  un  droguiste  lui  fil 
présent  de  cinq  ou  sixîivresde  la  ra- 
cine du  Brésil  ,  qu'il  lui  donna 
comme  un  spécifique  contre  la  dys- 
senteri?  Le  jeTine  Helvétins  court  à 
l'hôp  i  a  pour  en  faire  l'essai,  et 
bientjl  après  avoir  éprouvé  l'ellica- 
ciléde  son  remède  ,  il  le  fit  afficher. 
Tous  les  malades  atlaqufes  de  la  djs- 


HELV 

senterie  s'adressoient  à  lui ,  et  il  les 
guérissoit  tous.  Louis  XIV  lui  or- 
(lonua  de  rendre  j)ublic  le  remède 
qui  produisoil  des  effets  si  merveil- 
leux :  il  déclara  que  c'éloil  ïiptca- 
ciia/ilia,  et  reçut  mille  louis  d'or  de 
gratification.  Son  mérite  étant  re- 
connu de  plus  en  i)lus  ,  il  devint 
inspecteur-général  des  hôpitaux  de 
Flandre,  el  médecin  du  duc  d'Or- 
léans, régent  du  royaume.  Helvé- 
tius  mourut  le  20  février  1727,  à  65 
ans,  laissant  quelques  ouvrages.  Le 
plus  estimé  est  sou  Traité  des  Jla- 
ladies  les  pl'/s  fréquentes ,  et  des 
Remèdes  spécijiques  pour  les  gué- 
rir,  1724,  2  vol.  iu-8"*,  dont  il  s'est 
fiùl  plusieurs  éditions.  La  théorie  de 
cet  ouvrage  nest  pas  toujours  bonne; 
mais  on  y  voit  un  esprit  net  et  mé- 
thodique, elou  y  trouve  d'excellen- 
tes recettes. 

1-  II.  HELVÉTIUS  (  Jean-Claude- 
x\drien  ) ,  conseiller  d'état ,  j)remier 
médecin  de  la  reine,  inspecteur-gé- 
néral des  hôpitaux  militaires,  mem- 
bre des  académies  des  sciences  de 
France  ,  d'Auglelerre  ,  de  Prusse  , 
de  Florence  et  de  Bologne  ,  né 
en  i685  ,  fut  recherché,  comme 
.son  père,  par  la  cour  el  par  la  ville. 
Il  guérit  Louis  XV  d'une  maladie 
dangereuse  ,  dont  ce  prince  fut  atta- 
qué à  l'âge  de  sept  ans  ,  et  mérita 
l'estime  et  la  confiance  de  la  reine. 
H  mourut  en  1755.  Helvétins  ré- 
pandoit  avec  un  plaisir  égal  ses  lu- 
mières et  ses  revenus.  Il  recevoil 
chez  lui  un  grand  nombre  de  pau  vres 
et  alioil  voir  assidûment  ceux  que 
leurs  infirmités  retenoient  chez  eux. 
Il  légua  eu  mourant,  à  la  faculté  de 
médecine  de  Pari?,  tous  les  livres 
de  sa  bibliothèque  que  celte  corfi- 
pagnie  n'avoit  pas  dans  la  sienne. 
Nous  avons  de  lui  ,  1.  Idéegénerale 
de  l'Economie  aalinale  ,  in  -  S"  ,. 
Paris,  i7;>j.  Cet  ouvrage  estimable 
est  enrichi  d'observations  Irès-éten- 
dues  &ur  le  trailenieut  de  la  petite 


HELV 

V(;roie.  IT.  Principla  p/ijsico-nie- 
dica  ,  in  tyronuin  medUinœ  ^ra- 
tlam  cuiiscripta ,  en  2  vol.  ni-8"  : 
livre  composé  pour  les  élèves  de  la 
riiédeciiie,  et  qui  ue  seroil  pas  iiui- 
Itle  aux  luailres. 

t  III.  HELVÉTIUS  (Claude- 
Adrien),  hls  du    piécédeiil,  né   à 
Paris  en   I7i5  ,   fit  ses   études  au 
collège  de  Louis  -  le  -  Graud  ,  sous 
le  fameux  P.  Porée  ,  qui  ,  trouvant 
dans  les  compositions  de  son  jeune 
élève  plus  d'idées   et  d'images  que 
dans  celles  de  ses  autres  disciples  , 
lui    donna  une   éducation  particu- 
lière.  Lié  de  bonne  heure  avec  les 
y)hilosoplies  les  plus  célèbres  de  la 
France  ,  et  sur-tout  avec  Voltaire, 
il  voulut  marcher  sur  leurs  traces. 
Il  donna  ,    en   1758  ,  5011  livre  de 
XEsprit.  La  publication  de  cet  ou- 
vrage eut  un  éclat  qui  valut  à  l'au- 
teur de   longues  et   vives   persécu- 
tions. Tous  les  intérêts  se  réunirent 
contre  un  livre  qui,  selon  l'cxpres- 
siou  d'une  femrt^d'espnl,  (cdisoil 
le  secretde  tout  Immonde»  :  des  jour- 
nalistes le  déchirèrent,  la  Sorbonue 
le  censura,  l'inquisition  de  Rome  , 
sollicitée  par  le  clergé  de  France,  le 
condamna,  le  parlement  le  proscri- 
vit, comme  bornant  les  facultés  de 
riiomme  à  la  sensibilité  physique ,  et 
coniine   encourageant  au    vice  ,   en 
donnant  des  motifs  trop  peu  nobles 
à  la  vertu  ;   le  conseil  le  supprima. 
Eu  butte  à  tant  d'eimemis  ,  obligé 
même  à  une  rétractation   qu'il  ac- 
corda à  la   sûreté  de  son  censeur  , 
Helvclius  l'ut  dn  moins  soutenu  par 
les  suffrages  des  liommes  de  lettres 
les  plus  distingués  de.  son  temps  : 
peut-être  aussi  fut-il  consolé  par  les 
plaisirs  de  celte  gloire    qu'il   a  voit 
tant  désirée  et  qu'il  payoit  si  cher. 
Son  livre  ,  traduit  dans  presque  tou- 
tes les  langues  de  l'Europe  ,  fut  par- 
tout lu  avec  avidité,  liume  et  F.o- 
bertsou  en  parlèrent  comme  d'un 
ouvrage  supérieur  ;    la  Suide ,    la 

T.  VIII. 


HELV 


32[ 


Ru.'^sie  ,  l'Allemagne  et  l'Italie  re- 
tentirent d "éloges  non  moins  hono- 
rables :  deux  cardinaux  unirent  mê- 
me ,   mais  en  secret  ,  leur  suffrage 
à  celui  du  public  ;  l'un  d'eux  man- 
doit  à  l'auteur  qu'on   ue   concevoit 
pas  à  Rome  la  sottise  et  la  méchan- 
ceté de  ses  ennemis.  Helvétius ,  de- 
puis les  désagiémens  qu'il  essuya  à 
l'occasion    de  cet   ouvrage ,  lit'nn 
voyage  en  Angleterre  en    1764  ,  et 
nii  autre  en  Prusse  en   176.S.  Fré- 
déric voulut  le  loger  dans  son  pa- 
lais ,  et  l'avoir  toujours  à  sa  table. 
Revenu  en  France,  il  passoit  la  plus 
grande  partie  de   l'année  à  sa  terre 
de    Voré.    Bon    mari,    bon    père, 
content  de  sa  femme  cl  de  ses  eu- 
fans  ,   il  y  goûloit  tous  les  plaisirs 
de  la  vie  domestique.    11  s'y  livroit 
sur-  tout   à  son  incliuatron  domi- 
nante ,  à  la   bienfaisance.  Il  cher- 
choit  par  -  tout  le  mente  pour  le 
secourir  :  il  faisoit  une  pension  de 
deux  mille  livres  à  âlarivaux,  et  nue 
de    trois   mille    livres  à  Saurin  de 
l'académie  française.   11    étoit  dans 
ses  terres  trop  jaloux  de  la   chasse 
et  de  quelques  autres  droits  féodaux  ; 
mais  si  ses  vassaux  ou  ses  fermiers 
essuyoient  quelque  perte  ,  il  leur  fai- 
soit des  remises  ,    et   souvent  leur 
donuoit  de  l'argent.  Ce  philosophe 
doux  et  humain  prolongea  son  sé- 
jour à  la  campagne  pendant  les  der- 
nières années  de  sci  vie.  a  Le  spec- 
tacle d'une  misère  qu'il  ue  p»uvoit 
soulager  ,  dit  l'auteur  de  son  Eloge  , 
lui  rendoit  triste  le  séjour  de  Paris. 
11  faisoit  cependant  de  grands  biens. 
Tous  les  jours  on  introduisoit  chez 
lui  ,    avec  beaucoup   de    mystère  , 
quelques  nouveaux  objets  de  sa  gé- 
nérosité. Souvent  ,  en  leur  présen- 
ce, il  disoilà  son  valet  de  chambre; 
«  Clievalier,  je  vous  défends  de  par- 
ler de  ce  que  vous   voyez  ,  même 
après    ma   moi  t.  »    Il   lui   arrivoit 
quelquefois  d'étendre  ses  libéralités 
sur  d'assez  mauvais  sujets,   et  on 
lui   en    faisoit  des   reproches.  «  Si 
21 


322  HELV 

i'élois  roi  ,  disoit-il ,  je  les  corrige- 
rois  ;  mais  je  ne  suis  que  riche ,  el  ils 
soûl  pauvres  :  je  dois  les  secourir.  » 
Il   mourut   le   26   décembre  1771. 
Helvëlius  avoil  aimé  beaucoup  les 
femmes;  mais   sans  passion,  et  en- 
traîné par  les   sens.  Il   n'avoil  pas 
(latis  l'amilié  de  préférence  exclu- 
sive ;  il  y  portoit  plus  de  procédés 
que  de  tendresse.  Ses  amis,  dans  leurs 
peines,  le  trou  voient  sensible  ,  parce 
qu'il  étoit  bon;  dans  lecoursordinaire 
de  sa  vie  ,  ils  lui  étoient  peu  néces- 
saires. Il  aimoil  à  faire  penser  ceux 
qu'il  eu  croyoït  capables  ;  il  disoit 
qu'il  alloit  avec  eux  à  la  chasse  des 
idées.  Il  craignoit  le  commerce  des 
grands;  il.avoit  d'abord  avec  eux 
l'air  de  l'embarras  et  de  l'ennui.  11 
a  aimé   la  gloire  avec  passion  ,  et 
c'est  la  seule  qu'il  ait  éprouvée.  » 
Ses  ouvrages  sont,  I.  De  l'Esprit, 
1758,  in  -  4°  et  2  volumes  in-8°. 
Ou  dispute  encore  aujourd'hui  sur 
]e    mérile    littéraire   de    ce    livre. 
Voltaire  le  ti'ou voit  rempli  de  vérités 
Triviales    débitées   avec    emphase  , 
déuué  de  méthode,  et  gâté  par  des 
coûtes   indignes  d'une    production 
philosophique.  Celte  critique  n'a  pas 
été  adoptée  par  tous  les  philosophes. 
L'ouvrage   d'Helvétius   leur   paioit 
écril  avec  beaucoup  de  netteté,  avec 
de  la  pureté  et  souvent  de  l'élégance, 
couçu  et  rédigé  avec  une  méthode 
supérieure.  Cependant  ils  sont  for- 
cés d'avouer  qu'il  manque  de  rapi- 
dité dans  la  marche  ,  et  d'éloquence 
dans  le  style;  qu'il  pèche  souvent 
par  des  ligures  recherchées,  par  une 
fausse  chaleur  et  de  froids  ornemens. 
Il  y  a  peu  de  livres  où  l'art  de  dé- 
velopper un  vaste  système  d'idées 
abstraites  ait    été  porté  plus  loin. 
Mais  ce  système   est  dangereux  en 
métaphysique ,  el  pernicieux  eu  mo- 
rale. En  voulant  prouver  que  l'es- 
prit de  l'homme  se  rapproche   de 
celui  des  animaux  ,  el  que  les  hom- 
mes ,  dans  les  devoirs  les  plus  sa- 
crés cl  diius  Ic3  seulimens  les  plus 


HELV 

tendres,  ne  sont  dirigés  que  par  leur 
intérêt,  il  avilit  la   vertu  ,  ébranle 
les  fondemens  sur  lesquels  reposent 
les  mœurs  ,  l'amour  paternel  et  l'a- 
milié. Son  affectation  à  rappeler  des 
coutumes  scandaleuses,  clés  usages 
vicieux   dont  il  prétend   expliquer 
les  principes  ,  peut  encore  être  très- 
dangereuse  ,  puisqu'elle  tend  à  prou- 
ver que  les  idées  de  picc  et  de  vertu 
dépendent  du  climat.  L'auteur,  qui 
paroit  pénétré  du  désir  du  bonheur 
des  hommes,  auroit  dû  rechercher, 
avec  plus    de   soin,    les   véritables 
moyens  de  le  leur  procurer.   II.  Le 
Bonheur,    poème  en    six  chants, 
in-12,   1772  ,  avec  des  fragmens  de 
quelques  Epîtres.   Ce   poème  offre 
quelques  beaux  vers  ;  mais  le  fond 
de    l'ouvrage  est  une    déclamation 
écrite  d'un  style   quelquelois    bril»- 
lanl,  et  plus  souvent  dur  et  forcé. 
Dans  cet  ouvrage,  au  lieu  de  pla- 
cer  le   bonheur  entre  la    vertu  et 
l'amilié  ,  il  le  fait  consister  exclu- 
sivement dans  la  culture  des  lettres 
el  des  arts.  LaJfcoésie  d'Helvélius 
est  plus  emphatique  que  sa  prose  , 
et  bien  moins    claire ,   bien  moins 
coulante.    On   a    publié    ce   poème 
avec  im  Eloge  Ae  l'auteur.  III.  De 
l'Homme  ,   2  vol.   in-8°  ;  ouvrage 
non  moins  hardi  que  le  livre  de  V Es- 
prit. L'auteur  veut  peindre  l'hom- 
me  tel  que  la  nature  et  la  société 
l'ont  fait  dans  tous  les  temps  et  dans 
lous  les  lieux.  S'il  ne  saisit  pas  tou-' 
jours  bien  son   objet ,    on  voit  au 
moins  qu'il  l'a  bien  étudié.  Le  pa- 
radoxe ,  que  a  les  hommes  naissent 
avec  les  mêmes  talens  ,  el  qu'ils  doi- 
vent tout  leur  esprit  à  l'éducation  ,  » 
y   est  présenté  sous  toutes  les  faces 
possibles.    Les  conséquences   qu'on 
peut  tirer  de   ce  livre  seroieut  en- 
core plus  funestes  que  celles  qui  ré- 
sultent du  livre  de  l'Esprit,  parct 
que  l'auteur  écrit  d'une  manière  plus 
nalurelle,  et  s'y  explique  avec  encore 
moins  de  ménagement.  Il  y  monUe 
d'ailleurs  une  aigreur  et  un  empor- 


HELV 

temeut  coulie  les  ennemis  de;  la  phî-^ 
losopliie  ,  qui  s'accordent,  peu  iivec 
la  douceur  qui  caractérisoil  llely'c- 
lius.  Cet  écrivain  ëloit  uiaitre  d'hô- 
lel  de  la  reine  ,  et  il  avoit'élé  1er- 
niiei-géuéral,  place  qu'il  quitta  pour 
cultiver,  sans  distraction  ,  It^sletlns 
et  la  philosophie.  Lorsqu'il  s'en  (k'- 
mit ,  il  y  avoil  six  inois  qu'il  solii- 
citoitsa  retraite  des  fermés  avec  au- 
tant d'ardeur  qu'un  autre  en  eût  mis 
à  s'en  procurer  l'entrée,  aussi  le 
contrôleur-général  Machault  lui  dit: 
«  Vous  n'êtes  donc  pas  insatiable 
comme  les  autres.  »  M.  Bastien  a 
publié  à  Paris,  en  1791  ,  une  belle 
édition  complète  des  (Fui'res  d'Hel- 
A'étius,  en-5  vol.  in-8°.  Dans  cette 
édition  le  livre  de  VEsprit  a  été 
corrigé  sur  un  exenplaire  non  car- 
tonné ,  et  tel  que  l'auteur  l'aNoit 
composé.  En  1792  ,  la  municipalité 
de  Paris  donna  le  nom  A'Helvétius 
à  la  rue  Sainte-Aune. 

*  IV  HELVÉTIUS  (Madame), 
fille  du  comte  de  Ligneville,  alliée 
à  la  maison  de  I^oriaine  ,  née  en 
1719,  an  cliàteau  d:>  Lignev  ille  en 
Lorraine,  devenue  l'épouse  du  pré- 
cédent ,  liahita  long-temps  les  terres 
de  son  mari,  et  plus  ordinairement 
celle  de  Voré  ,  où  sou  occupation  ha- 
bituelle éloitde  visiter  les  pauvres  et 
les  malades,  accompagnée  d  un  chi- 
rurgien et  d'une  sœur  de  la  charité. 
Lorsqu'Helvétius  l'ut  persécuté  pour 
son  livre  de  r Esprit ,  un  homme  en 
crédit  écrivit  à  sa  femme  pour  l'en- 
gager à  obtenir  du  pli 'loso plie  une 
rétractation  déshonorante.  Elle  re- 
poussa sa  proposition  ,  résolue  à 
s'expatrier,  s'il  le  l'alloit,  plutôt 
qu'à  l'aire  tléchir  la  conscience  de 
son  mari.  Après  sa  mort,  elle  se 
relira  à  Auteuil ,  où  sa  maison  .  com- 
me celle  de  madame  Geoffrin  , 
devint  un  point  de  réunion  des 
hommes  les  plus  distingués  dans 
les  sciences,  les  arts  et  les  belles 
lettres.  La  Roche,  Ca'janis  ,   Gai- 


HELV  323 

Ibis  ,  lui  ont  fermé  les  yeux. 
Francklin  la  vcnoit  voir  tous  les 
jours  ;  l'abbé  Morellet  passa  peu- 
daut  dix  ans  trois  jours  de  la  se- 
maine chez  elle.  Tiirgol  l'aima  Ic^ir 
drement  ;  Champforl  prenoil  i,iii 
plaisir  extrême  à  sa  conversation. 
Quoiqu'elle  ne  sut  rien,  et  ne  ré^ 
Uéchii  à  rien  de  ce  qu'elle  disoii^ 
elle  plaisoit  toujours  ,  et  instruisp^^ 
quelquefois.  Elle  se  moquoit  ijes 
prétentioiîs  nobiliaires.  Lç  maré- 
chal de  B***,  son  pareil,,  L,ui  .fç- 
prochoit  un  jour  de  ue  pqs  con- 
noitre  sa  famille  ,  de  ne  pas  i)ren- 
dre  le  deuil  d'un  parent  illuslrq. 
«  Je  ne  sais  si  j'étois  de  sa  famille, 
répondit -elle  au  maréchal,  mais 
savoit-il  s'il  étoit  de  la  mienne?» 
IMadame  Helvétius  njourut  à  Au:- 
teuil  et  fut  inhumée  dans. son  jardin, 
«Vous  ne  savez  pas,  disoit-elle  nu 
jour,  en  s'y  promenant  avec  Napo- 
léon,  combien  ou  peut  trouver  de 
bonheur  dans  trois  arpensde  terre.  » 

*  V  HELVÉTIUS  (  Jean  ) ,  de 
la  même  famille  que  lés  jirécédens  , 
lils  d'un  négociant  d'^^^insterdam, 
qui ,  fort  versé  dans  les  langues  laliue 
et  grecque,  les  enseigna  lui-même 
de  bonne  heure  à  son  fils,  lequel  ,  à 
l'âge  de  10  ans,  possédoit  déjà  Dé- 
moslhènes  à  fond.  Il  en  apprit  par 
cœur  les  plus  belles  harangnes,  çt  il 
en  rétablit  quelques  leçons  vicieuses 
avec  la  plus  grande  sagacité.  11  pour- 
suivit et  acheva  ses  études  à  l'acadé- 
mie d'Utrecht.  Son  père  en  mourant; 
lui  laissa  une  fortune  considérable  p 
mais  ,  livré  tout  entier  aux  sciences^ 
Helvétius  en  abandonna  la  gesliorg 
à  un  homme  daffitires  qui  abusa  de 
sa  confiance  elle  ruina.  Sa  biblio- 
thèque fut  le  seul  débris  qu'il  sauva 
du  naufrage  de  ses  biens.  Quelque 
tenips  après ,  menacé  encore  nue 
fois  de  la  perdre  .  il  en  dut  la  con- 
servation à  la  générosité  d'un  de 
ses  amis,  M.  Bergmanwuy tiers, 
écheviu  de   la  ville  d'Amsterdam. 


3>4  HELV 

Il  obtint ,  par  la  protection  d'un 
autre  Méccue,  le  bourgmestre  Has- 
selaer ,  une  place  peu  avantageuse, 
inais  qui  cependant  lui  sutRl  pour  se 
inettre  dësornuùsàrabri  des  risques 
qu'il  venoilde  courir.  Helvéliiis  per- 
fectionna, par  des  voyages  ,  l'ëdiica- 
lion  soignée  qn'il  avoit  reçue.  Il  a 
tlécril  eu  beaux  vers  latins  son 
voyage  eu  Angleterre  ,  sous  le  litre 
â'ïrer  .Brltaniucuni.  Se  trouvant  à 
Caiîibridge ,  il  l'ut  voir  avec  quel- 
ques Anglais  la  statue  du  grand 
Newton.  Une  araignée  avoit  tendu 
sa  toile  sur  la  tête  de  cet  illustre 
philosophe.  Helvétius  se  retire  de 
sa  compagnie,  et  il  revient  un 
moment  après ,  muni  d'un  grand 
balai  dont  il  se  sert  pour  réparer 
l'injure  de  l'insecte  impur.  Ce  trait 
de  vénération  plut  singulièrement 
aux  Anglais,  qui  màuqnèrenl  toiii- 
lieraux  genoux  dlTeivétius.  Na- 
turellement enthousiaste  ,  quel- 
ques fois  même  singulier,  il  éloit 
tout  entier  à  l'objet  qui  l'occnpoit. 
Se  trouvant  à  Paris  à  rai)proche 
d'un  phénomène  important  qui  ex- 
citoil  la  curiosité  de  tous  les  astrono- 
mes ,  il  s'huagiua  qu'il  pourroit 
Itiieux  l'observer  ta  Franeker  en 
Frise;  il  part  aussitôt  pour  cette 
■ville  ,  et ,  l'observation  faite  ,  il  re- 
tourne de  suite  à  Paris.  Helvétius 
joignoit  à  une  érudition  très  vaste 
]a  counoissauce  d'un  grand  nombre 
d'idiomes  tant  anciens  (y  compris 
ceux  de  l'orient  )  que  modernes.  Il 
^voil  beaucoup  d'habilelé  et  de  sou- 
plesse dans  les  exercices  .du  corps. 
Sa  mémoire  étoit  prodigieuse;  il 
réciloildes  chantsentiers  d'Homère, 
de  Virgile  ,  de  Lucain  ,  dn  Tasse  , 
de  Milton.  Quoique  d'une  petite 
taille,  et  d'une  coiiiplexion  peu  ro- 
buste, il  fut  toutesa  vie  tourmenté  des 
douleurs  de  la  colique  de  Poitou;  il 
avoit  une  voixde  tonnerre,  q\ii  ,ionite 
aune  action  pleine  de  fen,donnoit 
an  récit  qu'il  faisoil  de  ses  vers 
nue  force  et  vuie  expression  unique. 


HELY 

Nous  n'avons  de  lui  qu'un  recueil 
peu  volumineux  de  poésies  latines, 
sous  le  titre  de  Jani  Heluetii  Poe- 
mata ,  ederite  Lnuieutio  Sante- 
iiio ,  Leyde  ,  1782,  in-8°;  et  deux 
feuilles  détachées,  intitulées  ./^//t'c- 
(lula  Helvetiana.  Ces  poésies  sont 
partagées  en  deux  classes  ,  Elegiaca 
et  Ljrlca  ,  il  n'a  dans  l'élégie  ni 
l'enjouement  d'Ovide,  ni  la  mollesse 
deTibidle,  mais  beaucoup  de  l'éléva- 
tion de  Properce.  Son  goût  le  por- 
toit  vers  le  grand,  le  sublime.  Aussi 
dans  l'ode  il  est  peut-être  au-des- 
sus de  tous  ses  contemporains.  La 
hardiesse  de  ses  expressions  et  de 
ses  images  le  rend  par-ci  par-là 
un  peu  obscur.  L'amitié^  le  patrio- 
tisme, la  liberté  ,  sont  ses  divini- 
tés favorites.  ]3aus  une  élégie  à  P. 
Burmann  le  second  il  se  trouve  des 
prédictions  frappantes  sur  le  sort 
de  la  république  hollandaise  ,  et  une 
plus  singulière  encore  sur  la  révolu- 
tion américaine.  Sa  pièce  sur  la  mort 
de  son  intime  ami  Hinloopen  l'af- 
fecta au  point  de  lui  causer  une 
maladie  très-sérieuse.  Il  est  mort  à 

la   fleur   de  son   âge  en   17 Sa 

pierre  sépulcrale  que  l'on  voit  à 
Nimègue  ,  porte  une  inscription 
simple,  où  il  a  lui-même  exprimé 
son  es|)érance  d'une  glorieuse  iin- 
morlaiiié. 

HLIIAICUS  (  Christophe) ,  né  en 
1581  ,  mort  à  la  ileur  de  son  âge, 
le  lo  septembre  it3i6  ,  remplit 
avec  honneur  une  chaire  de  langues 
orientales  dans  l'académie  de  Gies- 
sen  ,  et  laissa  quelques  ouvrages.  LeS 
plus  connus  sont,I.  Théâlre  hls- 
lurique  et  chruuologique  ,  in-folio, 
Francfort ,  1666.  C'est  un  recueil  de 
Tables  de  chronologie  assez  exactes, 
quoique  non  exemptes  de  fautes  ,  et 
défigurées  par  un  attachement  peu 
ri'lléchi  aux  rêveries  d'Annius  de 
\'ilerbe  et  du  faux  Bérose.  II.  Sy- 
nopsis hisloriœ  universalis  ad  an~ 
nuin  iGx2,  111-4°;  iGS?- 


HELY 

HELVIDIUS,  fameux  arien  ,  dis- 
ciple d'Auxence,  proscrivoit  la  vir- 
ginilë  de  Marie  ,  el  soutenoit  qu'a- 
près la  naissance  de  J.-C.  la  Sainte 
Vierge  avoit  eu  des  enfans  de  St. 
Joseph.  Il  vivoil  dans  le  4*^  siècle. 
S.  Jérôme  la  combattu. 

*  I.  HELWIG(Jean),  médecin, 
né  à  Nuremberg  en  J  609  ,  exerça 
son  art  dans  sa  vilie  natale  et  à 
Halftbonne  ,  où  il  mourut  en  1674. 
Il  a  donné  ,  I.  jilpliabeliun  iatrl- 
cum ,  hoc  est  hrevis  lotius  mé- 
dicinal Hippocratiœ  in  paucas  ta- 
bulas redactœ  delineatio  ,Nonher- 
gae ,  i63i  ,  in-fol.  II.  Observalio- 
nes  pJiysico-medicœ  poslhumœ  , 
Augustae  Vinrielicorunij  1680,  in-4°, 
avec  les  notes  de  Luc  Scroeck  ,  qui 
est  l'éditeur  de  ce  recueil. 

*  II.  HELWIG  (  Jean  Otton  ),  né 
en  Thuringe  eu  i654,  prit  le  bon- 
net de  docteur  en  médecine  à  Er- 
ford  en  1675.  Le  goût  des  voyages 
Icconduisitsuccessivementà  Amster- 
dam et  à  i3alavia  ,  en  Portugal,  en 
Italie  ,  en  Angleterre  et  en  Dane- 
marck  :  il  mourut  à  BariUh  en'Sy- 
rie  en  1698.  On  a  de  lui  ,  Introi- 
lits  in  verain  et  inauditam  phjsi- 
cani  ,  Batavii ,  1678,  in-4°;  Uam- 
burgi ,  1680,  iu-8°;  Heidelbergae  , 
1680,  in-i2  ,  avec  deux  de  ses 
Lettres  ,  l'une  sur  la  Pierre  philo- 
sop/iale,  et  l'autre  sur  la  Société 
des  frères  de  la  Rose- Croix. 

t  HELYOT  (  Pierre  ) ,  religieux 
picpus  ,  connu  sons  le  nom  du  P. 
Hippolyte ,  né  à  Paris  eu  1660, 
d'une  bonne  famille  originaire  d'An- 
gleterre, fit  deux  voyages  à  Rome, 
et  parcourut  toute  lllalie.  Ce  fut  là 
qull  recueillit  les  principaux  mé-* 
moires  pour  sou  Histoire  des  ordres 
monastiques  ,  religieux  et  mili- 
taires, et  des  congrégations  sécu- 
lières de  l'un  et  de  l'autre  sexe  , 
qui  ont  été  établies  Jusqu'à  pré- 
sent; contenant  leur  origine,  f on- 


IIEME 


325 


dation ,  progrès  ,  événemens  consi' 
dérables ,  leur  décadence ,  suppres- 
sion ou  réforme  ,  les  pics  de  leurs 
Jbndateurs  ou  réformateurs,  auec 
des  figures  assez  Jidèles  de  leurs 
hahillemens ,  Paris,  1714,  1719, 
en  8  vol.  in-/]";  le  premier  parut 
en  1714.  Cet  ouvrage  ,  fruit  d'un 
travail  de  20  ans,  est  plein  de  sa- 
vantes reclierclies  ,  el  plus  exact  , 
quoiqu'il  ne  le  soit  pas  toujours,  que 
ceux  des  écrivains  qui  l'avoient  pré- 
cédé. Son  style,  sans  èlre  élégant  , 
a  du  naturel  et  de  la  netteté.  On 
imprimoit  le  5°  vol.  de  celte  His- 
toire ,  lorsque  l'auteur  mourut  à  Pic- 
pus  ,  près  Paris  ,  le  5  janvier  1716. 
Nous  n'avons  aucun  livre  dans  notre 
langue  qui  s'étende  autant  sur  les 
ordres  religieux  :  il  fut  continué  par 
un  de  ses  confrères  ,  Maximilieii 
Bullot,movt  en  1748,  qui  écrivoit 
mieux  qulïélyot,  et  qui  a  donné 
un  Commentaire  sur  la  règle  de  S. 
François,  qui  fut  estimé  dans  son 
ordre.  Il  a  paru  une  espèce  à' Abrégé 
de  son  ouvrage,  Amsterdam  ,  1721  , 
zj  vol.  in-S"  ,  pour  les  religieux  ,  et 
autant  pour  les  militaires.  Cet  Abré- 
gé ,  fort  inexact,  n'est  recherché  que 
pour  les  Hgures.  Le  P.  Hélyot,  aussi 
pieux  que  savant,  a  donné  quelques 
livres  de  dévotion ,  dont  le  plus 
connu  est  le  Chrétien  mourant  , 
1705,  in-12....  (  Voyez  Elioxt  eu 
Elyot.  ) 

*HE.\IARD  (Urbain) ,  chirurgien 
du  cardinal  d'Armagnac,  exerça  son 
art  dans  le  Rouergue  vers  la  Hn 
du  1 6'  siècle  ;  il  a  publié  un  ouvrage 
intitulé  Tîecher-ches  de  la  vraie 
anatomie  des  dents ,  nature  etpro~ 
priélés  d'icelles,  Lyon,  i582,in- 
8°.  Peu  d'auteurs  avant  lui  avoieut 
aussi  bien  traité  de  la  structure  des 
dents. 

t  HEMELAR  (Jean  ),  savant  an- 
tiquaire, né  à  La  IL-ye  ,  fut  d'abortt 
poêle  et  oralenr.  Gronovivis  le  com- 
pare à  Allicus  pour  sa  probité,  sou 


3^.6 


HEMI 


goût  pour  la  vie  trauqnille  ,  son  ùé- 
claiii  pour  les  honneurs  et  les  emplois 
puljlics.  Il  passa  à  Rome  six  années 
dans  le  palais  du  cardinal  Cesi  ,  el 
y  Hl  le  Panégyrique  du  pape  C/é- 
menl  f^lll ,  r|ui  fiil  si  bien  accueilli, 
qu'on  lui  offiit  l'oplion  de  la  place 
de  bibliothécaire  du  Vatican  on  un 
riche  bénélice  ;  il  accepta  le  béné- 
lice  ,  el  fut  nommé  chanoine  de  la 
cathédrale  d'Auvers.  Hémelar  étoit, 
flu  côté  de  sa  mère ,  oncle  de  Jacques 
,Golius  ,  célèbre  par  son  habileté 
dans  les  langues  orientales  ;  il  fut 
aussi  l'ami  du  célèbre  Grotuis.  On  a 
de  lui ,  I.  Expusitio  numismatum 
imperalorum  Komanoruin  à  Julio 
Cœsare  ad  Heraclium  è  imtsœo  Ars- 
ckotano.  Ce  livre  n'est  pas  commun, 
et  a  cependant  été  imprimé  quatre 
lois.  La  première  à  Anvers  en  iGi4, 
à  la  suite  d'un  ouvrage  de  Jacques 
Biaeus  ;  la  seconde  eu  1627  ;  la  troi- 
sième à  Amsterdam  en  iGaS  ,  in-^"  ; 
et  enhn  in-folio  en  i654-  C'est  un  re- 
cueil de  médailles  précieux,  Hémelar 
eut  cependant  la  modestie  de  ne  pas 
youloir  mettre  son  nom  à  la  têted'un 
livre  qui  auroit  fait  à  tout  autre  sa- 
vant une  répulalion  dont  il  eût  été 
jaloux.  1!.  Foëmata  inulta  sparsiro. 
edila.  Hémelar  mourut  en  1640.  Ou 
l'appelle  quelquefois  Hamelak. 

HÉMERÉ  (  Claude  )  ,  bibliothé- 
caire de  Sorbonne,  mort  à  S.  Quen- 
tin ,  dont  il  étoit  chanoine,  vers  le 
niilien  du  17*"  siècle,  laissa  divers 
écrits.  Les  plus  connus  ont  pour 
titre  :  1.  De  acadcmid  Farisiensi , 
qualis  primo  fuit  iiilnsuldet  epis- 
coporum  scholis  ,  1637,  in-4°.  IL 
De  Sc/iolis  publicis,  i655,in-8". 
JIL  Jiigustœ  Veromanduorum,  Pa- 
ris ,  1643  ,  in-4°. 

4  HÉMITHÉE  ,  Marseillaise  ,  ma- 
riée à  MatUclins  ,  citoyen  de  la  même 
yiUe,  eut  le  mallieur  d'inspirer  la 
pllis  violente  ])as.sion  à  un  jeune 
homiTi?  qui  l'avoit  vue  dans  une 
f^te  inibiique  \  U  s?4sil  Je  «4CJ»eiil 


HE  M  M 

où  celle  femme  se  Irouvoit  seule  ,  et 
voulut  user  avec  elle  de  violence; 
mais  elle  s'élança  sur  l'épée  qu'il  por- 
loit ,  et  se  tua.  Rlarhdius,  arrivé  sur 
ces  entrefaites,  se  perça  de  la  même 
épée  sur  le  corps  de  sa  femme. 

*  HEMMELTNCK  (Jean),  peintre, 
né  à  IJamme  près  Bruges,  vers  i45o, 
regardé  comme  le  meilleur  pein- 
tre flamand  de  son  siècle  ,  s'étoit 
enrôlé  comme  simple  soldat  ;  mais 
après  beaucoup  de  peines  et  de  fati- 
gues ,  étant  tombé  malade  ,  il  se  vit 
réduit  à  la  dernière  extrémité  dans 
riiôpilal  de  Saint-Jean  de  Bruges. 
Quelques  ouvrages  que  ce  raaiheu- 
r!  ux  peintre  y  lit  ,  montrèrent  ses 
laleus.  On  obtint  son  congé  el  il 
hl  pour  l'hôpital  un  tableau  repré- 
sentant une  nativité  de  J.  C.  C'est 
vers  ce  temps  qu'il  a  peint  la  fa- 
meuse chasse  de  sainte  Ursule  ,  où 
il  a  représenté  ,  dans  plusieurs  cora- 
parliiuens  ,  le  martyre  de  la  sainte 
et  des  onze  mille  tierges.  Il  a  égalé 
Van  -Dyck  ,  et  dans  quelques  parties 
il  la  surpassé.  U  a  suivi  l'ancien 
usa"e  de  peindre  à  l'eau  d'œufs  , 
quoique  la  peinture  à  l'huile  fût  con- 
nue de  son  temps.  On  voit  nu  ta- 
bleau de  lui  au  Musée  Napoléon;  il 
représente  saint  CUristop  lie  portant 
l'Enfant-Jésus. 

HEMMERLINUS  (  Félix  Malléo- 
lus  )  ,  chanoine  el  chaulre  de  Zu- 
ricli  en  1428,  perdit  ses  bénéfices, 
et  fut  mis  en  prison  pour  des  satires 
contre  sa  patrie  et  le  clergé  séculier 
el  régulier.  Ses  Opuscules,  en  deux 
parties,  l'une  et  l'autre  in  -  fol.  , 
sans  indication  de  lieu  et  d'année, 
en  caractères  gothiques,  sont  très- 
rares  ;  la  première  l'est  plus  que 
la  seconde.  Dans  celle-ci  ,  on  trouve 
Dialogus  de  nobilitate  et  rustici- 
late  ,  etc.  Dans  l'auire  :  Tracfalus 
contra  validos  rnendicaiites  ,  Beg- 
hardos  et  Beg/tinos  ,  Monachos  , 
etc.  Ses  opuscules  sont  de  véritables 
titcéUes  f|ui  n^anr^uenl  de  liuessç. 


HEMM 

•  HEMMING  (Sixte  de  )  ,  ue  fii 
i535,  dans  une  pelile  ville  delà 
province  de  Frise,  lit  ses  premières 
éludes  à  Grouingue  ,  et  pjissa  de  là 
à  Cologne  ,  041  il  s'appliqua  aux  m*- 
théinaliquesetàla  médecine.  Il  mou- 
rut vers  l'au  i586.  Son  traité  De 
Jstrologid  ratione  et  experienliâ 
rej'utalâ  liber  units,  Antverpias  , 
i583  ,  in-4°,  prouve  que  bon  opi- 
nion sur  l'astrologie  étoit  plus  éclai- 
rée que  celle  de  ses  confrères.  L'as- 
trologie eut  anciennemenl  tant 
d'mtluence  sur  la  médecine,  qu'elle 
avoit  presque  réduit  cette  science  à 
un  pur  charlatanisme. 

HEMMINGA.  Voyez  Sixte  , 
11°  VII. 

*  HEMMINGFORU  (  Walter  de) , 
chanoine  régulier  de  l'abbaye  de 
Gisborough  dans  le  comté  d'Yorck, 
vécut  dans  le  1 4°  siècle,  sous  le  règne 
d'Edouard  111  ,  et  Au  auteur  d'une 
Histoire  qui  commence  à  la  con- 
quête des  Normands  et  {\nit  au  règne 
d'Edouard  II  (depuis  l'an  1066  jus- 
qu'en 1  008. )Elleestécriteavec  beau- 
coup de  soin  et  d'exactitude,  et  le 
style  en  est  assez  bon  pour  le  temps. 
Gale  en  cite  cinq  copies  manuscrites  ; 
deux  au  collège  de  la  Trinité  à  Cam- 
bridge ,  une  au  bureau  des  généalo- 
gies (  Hcrald's"  office  ) ,  une  à  la  bi- 
bliothèque de  Collon  ,  et  celle  qu'il 
possédoit  lui-même.  Himmingford 
mourut  àGisborough  en  lo/j?. 

HEMMINGIUS  (Nicolas),  né 
eu  i5i3,(!ans  i'ile  de  [,aland,  d'un 
l'orgeron,  étudia  sous  î\îélanclithon  , 
dont  il  devint  l'ami  et  dont  i!  adopta 
la  doctrine  ;  il  fut  fait  ministre,  puis 
professeur  d-iiébreu  et  de  théologie  à 
Copenhague,  et  ensuite  chanoine  de 
Roschild.  Hemmmgins  essuya  quel- 
ques disgraci;;s  de  la  part  des  luthé- 
riens ,  qui  le  soupçonnoienl  de  pen- 
cher vers  le  calvinisme,  et  devint 
aveugle  quelques  années  avant  .--a 
jnort  ,  arrivée  en  1600.  On  a  de  lui 


HEMS  327 

'  plusieurs  ouvrages  peu  estimés  ,  ex- 
cepté ses  Opuscules  théologiqucs , 
dont  on  fait  cas  chez  les  calvinistes  , 
et  qui  furent  imprimés  à  Genève 
en   i564  ,  in-fol. 

HEMON,  prince  thébain  ,  aima 
tellement  Antigone ,  lille  d'Qîdipe 
et  de  Jocasle,  qu'il  se  tua  lui- 
même  sur  le  tombeau  de  celte  prin- 
cesse. 

*  IîEî\IRICOURT  (Jacques) ,  gen- 
tilhomme liégeois  ,  chevalier  de 
Saint-Jean  de  Jérusalem  ou  de  Malte, 
mort  le  1  8  décembre  i4o3  ,  a  donné 
le  Miroir  des  nobles  de  Hesbaye  , 
avec  fig.*Bruxelles  ,  1. 5 7 3,  in-fol. 
On  en  a  fait  nue  nouvelle  édition  , 
Liège  ,  1 791 .  Cet  ouvrage  a  été  d'uu 
grand  secours  à  tous  les  généalo- 
gistes des  Pays-Bas.  Si  on  n'y  peut 
lire  sans  quelque  émotion  l'histoire 
de  la  valeur  un  peu  dure  et  barbare 
de  ces  héros  de  la  féodalité,  ou  doit 
convenir  aussi  qu'elle  présente  des 
traits  de  franchise  et  de  probité  de- 
venus bien  rares  dans  des  siècles  plus 
p;.'licés  et  plus  élégans.  S'ils  s'éga- 
roient  quelquefois  dans  l'idée  qu'ils 
se  faisoient  du  j)oint  d'honneur  , 
nous  ne  pouvons  pas  dire  que  nous 
en  ayons  une  notion  plus  juste  ,  ni 
que  nos  duels  soient  plus  luiinains 
ou  plus  raisonnables  que  leurs  im- 
posans  et  courageux  combats,  qui 
jouissoient  au  moins  d'une  espèce 
de  sanction  de  la  part  du  gouver- 
nement alors  établi ,  suppléoient  eu 
quelque  sorte  à  la  vigueur  des  lois 
insuffisantes  pour  réprimer  ou  ré- 
parer les  injustices,  et  étoieut  par 
leur  nature  une  gymnastique  salu- 
l)re  ,  ennemie  de  la  corruption  et 
de  la  mollesse. 

*  HEMSKERCK  (IMartin),  né 
au  village  de  son  nom  ,  près  de 
Harlem  ,  eu  1498,  sappeloit  Vau- 
deen.Son  père,  qui  exerçoit  la  pro- 
fessiou  de  niaçou ,  l'occujpoilaus  ira- 


328 


HEM  S 


vaux  les  plus  vils  pour  l'empèclipr 
de  se  livrer  à  son  goût  pour  la 
peinture.  Le  jeune  homme,  d'ac- 
cord avec  sa  mère,  qui  lui  donna 
le  peu  d'argent  dont  elle  pouvoil 
disposer,  quitta  la  maison  paternelle, 
vint  à  Delfl,  et  travailla  d'abord 
dans  l'atelier  do  Jean  Lucas  ,  puis 
dans  celui  de  Jean  Schoorel ,  le  pre- 
mier qui  ail  apporté  en  Flandre  le 
bon  goût  de  la  peinture.  Ce  maître, 
jaloux  des  progrès  surprenans  de 
.sou  élève ,  le  renvoya  ;  mais  cet 
élève  éloit  déjà  l'égal  du  maitre. 
Pendant  un  voyage  qu'il  fit  à  Rome, 
il  s'appliqua  à  l'étude  de  l'antique 
et  des  chefs-d'œuvre  ^  Michel- 
Aiige.  Ses  dessins  éloieiii  faciles  et 
savans,  mais  lourds;  ses  draperies 
trop  chargées  de  plis  ,  et  l'on  remar- 
quoit  dans  ses  figures  nues  de  la 
sécheresse  et  des  muscles  trop  pro- 
noncés; malgré  ces  défauts,  comme 
dans  son  pays  l'art  éloit  encore- 
an  berceau  ,  il  s'y  acquit  de  la  ré- 
putation. Hemskerck  a  gravé  lui- 
jiîèaie  d'après  ses  propres  dessins  , 

I.  Les  Batailles  de  Charles-Quint. 

II.  Les  Vierges  folles  et  les  vierges 
sages.  ïil.  Les  hommes  occupés  de 
ri/utttstrieel  du  commerce.  Philippe 
Galle  a  gravé  d'après  lui  VEnfant 
jirodigue  quittant  la  maison  pa- 
ternelle ,  et ,  d'après  Her.  Muller , 
Moyse  donnant  le  dixième  com- 
mandement. Cet  artiste  est  mort  à 
Harlem  en  1674,  âgé  76  ans. 

*  L  HEMSKIRK  (Egbert),  ap- 
pelé vulgairement  Y  Ancien  ,  a  peint 
fort  plaisamment  des  sujets  grotes- 
ques et  des  conversations. 

*  11.  HRMSKIRK  (Egbert),  vul- 
gairement appelé  le  Jeune  ,  qu'on 
croit  fils  et  élève  du  précédenl  , 
né  en  1645  ,  mort  en  1704.  Lhie 
imagination  bizarre  lui  a  suggéré  !e 
choix  de  presq\ie  tous  ses  sujets  , 
qui  sont  toujours  des  assemblées  de 
sorciers  et  diables. 


HEMS 

i-  I.  HEMSTERHUIS  (  Tibère  ), 
excellent  critique  ,  né  à  Groningue 
en  i68r>,  professa  la  philosophie 
et  les  mathématiques  à  Amster- 
dam,  ensuite  le  grec  et  l'histoire  à 
Franeker  ,  puis  à  Leyde  ,  où  il  mou- 
rut le  7  avril  1766.  David  Runhken, 
son  disciple,  bibliothécaire  de  l'aca- 
démie de  Leyde,  prononça  en  latin 
son  Eloge,  qui  a  été  imprimé  à 
Harderwick,  178,'i,  in-S".  Hems- 
terhuis  a  publié  diverses  éditions 
estimées  des  auteurs  grecs.  11  a  donné 
la  meilleure  de  i'Onomasticon  de 
Juluis  Pollux  ,  Amsterdam  ,  1706  , 
2  vol.  in  folio,  et  celle  des  (Euvres 
de  Lucien,  Amsterdam,  174^,  5 
vol.  va-n° ,  à  laquelle  il  faut  réunir 
Vlnde.x  imprimé  en  174^-  On  lui 
doilçncore,  Christomathia  Pelro- 
nio  -'  Eurmannia  ,  x\msterdain  , 
1734  ,   in-S". 

i  II.  HEMSTERHUIS  (François), 
petil-fiSsdu  précédent,  premier  com- 
mis de  la  secrétairerie  du  conseil 
délai  des  Provinces-Unies  des  Pays- 
lias  ,  mort  en  1791  ,  fils  d'un  mé- 
decin de  Groningue  ,  se  consacra  , 
comme  son  aïeul  ,  aux  sciences ,  et 
particulièrement  à  la  n)élaphysique. 
On  a  traduit  en  français  ses  'Ruvrcs 
philosophiques ,  Paris  ,  1795  ,  deux 
vol.  iu-8°.  11  en  a  paru  une  nou- 
velle édition  en  1808  sous  ce  titre  : 
(D.uvres  pliilosophiquesdeJ  .Herns- 
lerhuis  ,  contenant  •  LeUre  sur  la 
sculpture;  lettre  sur  les  désirs;  de 
l'Amour  et  de  l'Egoïsme  :  Lettre  sur 
l'hoinnie  et  ses  rapports  ;  iJescrip- 
lion  philo.'sophique  du  caractère  de 
feu  M.  F;'gel  ;  Sopliyle  ,  ou  de  la 
l'hilosophie  ;  Lettre  sur  une  pierre 
antique  ;  Arislée  ,  ou  'de  la  Divi- 
nité; Alexis,  ou  de  TAge  d'or  ;  Si- 
mon, ou  des  Factillés  de  l'ame  ; 
,L,Ure  de  Dioclès  à  Diotiine  sur 
l'athéisme;  Lettre  de  M.  Jacobi  à 
M.  Htmsterhuis,  nouvelle  édition, 
revue  et  augmentée  ,  avec  plaïuhes 
et  vjgnelles,   2    vol.    iu-8°.   On  y 


HE^A 

voit  qu'avec  un  esprit  réfléchi  il 
avoit  une  imagination  qnisexalloit 
facilement,  el  une  dialeclique  quel- 
quefois plus  subtile  que  solide.  Il 
combat  les  matérialistes  et  lesalhées, 
et  paroit  très-atlaché  au  chiislia- 
nisme.  Son  style  a  souvent  une  tein- 
ture poétique  ,  et  n'est  pas  toujours 
clair.  On  distingue  pari)ii  ses  écrits 
une  Lettre  sur  les  désirs,  1772, 
in-8°;  Jristée  ,  ou  de  la  Divinité  , 
Paris  (Harlem),  1779,  in-S". 

*  Iir.  HEMSTERHUIS  (Sibol- 
dns  ),  médecin  hollandais  du  17" 
siècle  ,  s'est  attaché  à  mettre  au 
j^rand  jour  les  découvertes  de  Jean 
Pecquet  ,  de  'Wiomas  Bartholin  et 
d'Olaiis  Rudbec  sur  les  vaisseaux 
lactés  et  lymphatiques.  Il  a  publié 
leurs  ouvrages  sous  le  titre  de 
Mess/s  aurea.seu  collectanea  aiin- 
tomica  ;  coiitinenlia  prœstantissi- 
iiwritiii  .anatomicorum  opuscula , 
I>ugduni  Batavorum,  i65/4,  in-12; 
HeidelbergiE ,  1659,  in-8'^. 

HÉMUS  (Mythologie),  roi  de 
Thrace,  fils  de  Borée  et  d'Orythie, 
avoit  épousé  Piodope  ,  fille  du  ileuve 
Slrymon.  Us  étoieut  l'un  et  l'autre 
si  orgueilleux  de  leur  origine  ,  qu'ils 
vouliireut  se  faire  rendre  les  hon- 
neurs divins,  Hémus  sous  le  nom  de 
Jupiter,  et  Rodope  sous  celui  de 
Junou.  Le  père  des  dieux  ,  indigné 
de  leur  insolence ,  les  changea  en 
montagnes  de  leur  nom.  Hémus  est 
lapins  haute  montagne  delà  Thrace  ; 
il  la  divise,  ])resqu'e  toute  entière, 
en  deux  parties  ,  d'orient  eu  occi- 
dent, et  se  probuige  jusqu'au  Pont- 
Euxiu  ou  mer  Noire.  Le  Rodope 
est  aussi  une  moulague  de  Thrace, 
la  plus  liaute  après  l'Hémus;  elle 
s'étend  vers  l'occident  jusqu'en  Pau- 
non  ie.  , 

i  HEN.\0  (  Gabriel  de),  jésuite, 
docteur  de  Salamanque,  enseigna 
en  Espagne  avec  réputation  ,  et 
mourut  en  1704  ,  à  gS  ans.  Ses  ou- 


HENA 


3^9 


vrages  sont  en  11  vol.  in-folio, 
en  latin.  Les  d&ux  premiers  traiteul 
du  cielempvrée,  dans  lequel  l'auteur 
prétend  résoudre  toutes  les  questions 
qu'un  philoboplie  clirélien  peut  éle- 
ver sur  celte  matière  ;  le  troisième 
de  l'Eucharistie;  les  trois  suivan» 
du  sacrijice  de  la  mesae  ;  les  sept  , 
huit  el  neuvième  ,  de  la  Science 
moyenne  ,  et  les  deux  derniers,  des 
/Intiquités  de  la  Biscaie  ,  sous  les 
litres  de  Bisca'ia  ilhtstrata  ,  et  de 
Cantabriœ  anliquitatihus,  qui  sont 
souvent  consultés.  On  a  encore  quel- 
ques autres  petits  ouvrages  de  ce 
jésuite ,  qui  étoit  plutôt  compila- 
teur passable  que  bon  écrivain. 

1 1.  HENAULT ,  ou  Hesxault 
(  Jean  ) ,  fils  d'un  boulanger  de  Pa- 
ris ,  voyagea  dans  les  Pays-Bas  ,  en 
Hollande  et  en  Angleterre.  De  re- 
tour dans  sa  patrie  ,  il  se  fit  connoî- 
tre  du  surintendant  Foucquel  par  ses 
poésies.  Son  protecteur  ayant  été 
disgracié,  et  Colbert  mis  à  sa  place, 
le  poète  lança  contre  celui-ci  le  Soa- 
net  suivant  : 

Ministre  avare  etlnelie,  esclave  mallieoreiix. 
Oui  séniis  sous  le  poids  des  aifdires  piitiliqucs  , 
Viclime  dévouée  aux  chagrins  politii|ue3, 
Fanifime  révéré  sons  un  lilre  onéreux  : 

Vois  combien  des  grandeurs  le  comble  esldan- 
j;rreux  ; 

Conlomiilf  deFoucqiicl  les  fiinçsles  reliques  ; 

El  tandis  qu'à  sa  perte  en. seciei  lu  l'appliques  , 

Ciaiiis  qu'on  ne  le  prépare  un  destin  plus  af- 
freux. 

Sa  cliutc  quelque  jour  le  peut  cUecoraniuuc. 
Cl  ai  ni  Ion  poste,  loorani;,  la  cour  el  la  fortune. 
Nul  ne  tombe  innocent  d'où  l'on  le  voit  monté. 

Cesse  donc  d'animci' ton  prince  à  sou  supplice  ; 
Et  p.  J-s  d'avoirbesoin  de  lonle  sa  bonté  , 
Ne  ic  fais  pas  user  de  toute  sa  justice. 

On  sait  ce  que  ce  grand  ministre  dit 
à  cette  occasion.  (  Voy.  son  article.  ) 
Hénaull ,  ayant  reconnu  sa  faute  , 
cherclia  vainement  à  supprimer  tous 
les  exemplaires  de  son  sonnet .  Cet 
écrivain  étoit  nu  véritable  épicu- 
rien ,  uu  homme  de  plaisir  ,  el  u» 


33o 


HE"NA. 


s'en  cachoit  pas.  11  mourut  à  Paris 
en  1682,  et  laissa  une  tille.  Ses 
Poésies  ,  recneiUies  à  Pans  eu 
1670,111-12,  renferment,  I.  Plusieurs 
Sonnets  ,  parmi  lesquels  ou  distin- 
gue cnlni  de  \ Avorton  ,  composé  à 
l'occasion  de  l'aveuluro  arrivée  à 
Mlle,  de  Guerchi ,  lille  d'honueur  de 
Marie  d'Autriche.  Il  lit  beaucoup  de 
bruit  dans  son  temps. 

Toi  qui  meurs  avant  que  de  naître  ; 
Asscml)lase  confus  di;  I'lUo  el  du*  néanl , 
Tiisie  avorloQ  ,  informe  enfant. 
Rebut  du  néant  et  de  l'être! 

Toi  que  l'amour  lit  par  un  crime. 
Et  que  l'amour  défait  par  un  crime  à  sou  tour  ; 
Funeste  ouvrage  de  l'amour, 
De  l'iionueur  funeste  victime! 

Donne  fin  au  remords  jiar  qui  tu  t'es  vengé  : 
T/t  du  fond  du  néant  où  je  t'ai  replongé, 
Pf 'entretiens  point  l'iioireur  dont  ma  faute  est 
suivie. 

Deux  lyrans  opposés  ont  décidé  ton  sort  ; 
L'amour,   malgré   l'honneur,  l'a  fait  donner 

la  vie; 
L'honneur,    malgré    l'amour,  te    fait  donner 

la  mort. 

II.  Des  Lettres  en  vers  et  en  prose. 
Les  vers  ne  sont  pas  toujours  faciles, 
et  la  prose  manque  souvent  de  lé- 
gèreté. III.  Une  Imitation  en  vers 
des  actes  II  et  IV  de  la  Troade  de 
Séuèque.  II  a  voit  quelque  talent 
pour  ce  genre  de^  travail.  IV.  On 
a  encore  de  lui  la  Traduction  en 
vers  du  commencement  du  poème 
de  Lucrèce,  qu'où  trouve  dans  le 
Fureteriana.  Hénault  avoit  poussé 
cet  ouvrage  plus  loin  ;  mais  son 
confesseur  le  lui  lit  brûler  ;  ac- 
tion qui  le  priva  du  plus  beau 
rayondesa  gloire,  sui--tout  si  la  suite 
répoitdoit  au  commencement.  Ce 
poêle  avoit  du  goût  ;  ce  fut  \\\y  qui 
donna  les  premières  leçons  de  ver- 
sification à  madame  des  Houlières. 
«  Hénault,  dit  La  Monnoie,  éloil 
l'un  des  hommes  de  son  temps  qui 
tournoit  le  mieux  un  vers.  Des- 
préaux ,  si  délicat  là-dessus  ,  ne  le 
Wioilpasj  el  (juaud  00  lui  deman- 


HENA 

doit  pourquoi  dans  le  troisième 
chant  de  son  Lutrin  ,  et  dans  sa 
neuvième  satire  ,  il  en  avoit  parlé 
îivec  mépris',  il  répondit  qu'au  lieu 
de  Hénault,  il  avoit  d'abord  mis 
Boursault ,  ensuite  Perrault ,  mais 
que  s'étant  réconcilié  avec  ces  der- 
niers, il  leur  a  voit  substitué  Hénault 
qui ,  étant  mort  dès  1682,  éloit  hors 
d'état  de  former  aucune  plainte.  » 

t  II.  HÉNAULT  ou  Hesnaxjlt, 
(  Charles-Jean-François  ) ,  de  l'aca- 
démie française  ,  de  celle  des  ins- 
criptions ,  président  honoraire  aux 
enquêtes  ,  et  surintendant  des  fi- 
nances de  la  maison  de  la  reine  , 
lils  d'un  fermier-général ,  né  à  Pa- 
ris le  8  février  i685,  mort  dans 
cette  ville  le  il^  novembre  1770, 
avoit  été  quelque  temps  de  l'Ora- 
toire. I-e  président  Hénault,  y  ayant 
cueilli  hs  ileurs  de  la  littérature, 
rentra  dans  le  monde, -et  rem- 
porta le  pFi:i  de  l'académie  fran- 
çaise en  1707  ,  par  son  poème  inti- 
tulé lllominc  inutile.  Cette  com- 
pagnie se  l'assçcia  en  1720,  après 
la  mort  du  cardinal  du  Bois.  Peu 
d'hommes  ont  été  d'une  société  plus 
agréable.  Il  avoit  le  bonheur  d'èlre 
assez  l'iclie  pour  n'avoir  besoin  de 
personne.  Ses  talens  et  ses  conuois- 
Sances  étoient  soutenus  et  embellis 
par  des  qualités  plus  précieuses  en- 
core ,  la  douceur  des  mœurs ,  la 
sûreté  du  commerce,  la  solidité  de 
l'amitié.  Il  conserva,  presque  jus- 
qu'au dernier  âge,  tout  ce  qui  fait 
aimer,  tout  ce  qui  fait  rechercher. 
A  l'esprit  de  conciliation  ,  il  joignoit 
une  pénétration  vive  et  rélléchie, 
une  éloquence  douce  et  insinuante. 

lies  femmes  l'ont  pris  f.irt  souvent 

Pour  un  ignorant  agréaltlr  ; 

Lffs  gens  en  us  pour  un  savant; 

l'.t  le  dirn  jonllu  de  la  tabli:, 

Four  un  t'onnoisseur  si  gonimand,  elc. 

(  X'OLTAIKIÎ    ) 

A  ce  portrait,  joignons  celui  qu'eu 
trace  le  marquis  d'Aigenson  ,  qui, 


HENA 

dans  la  société,  lui  dounoit  la  pié- 
tërence  sur  Montesquieu  et  Fonle- 
nelle  :  «llestmoius  vieux  que  celui- 
ci  ,  dit-il ,  et  moins  gênant ,  parce 
qu'il  exige  bien  moins  de  soins  et 
de  complaisance.  Au  contraire  ,  il 
est  très  -complaisant  lui  -  même  , 
et  de  la  manière  la  plus  simple  ,  et 
l'on  peut  dire  la  plus  noble.  Il  sait 
nuancer  les  politesses;  nu  jugement 
sain  et  un  grand  usage  du  monde 
président  à  la  distribution  qu'il  en 
fait.  Son  caractère  sur-tout,  quand 
il  étoil  jeune,  paroissoit  fait  pour 
réussir  auprès  des  dames  ;  car  il 
avoit  de  l'esprit  ,  des  grâces,  de  la 
délicatesse,  de  la  finesse,  et  culti- 
Yoit  avec  succès  la  musique,  la 
poésie  et  la  littérature  légère.  On 
m'a  assuré  qu'au  palais  il  étoit  bon 
juge,  sans  avoir  une  parfaite  con- 
noissance  des  lois  ,  parce  qu'il  a 
l'esprit  droit  et  le  jugement  bon.  Il 
n'a  jamais  eu  la  morgue  de  la  ma- 
gistrature, ni  le  mauvais  ton  des 
robins.  Il  ne  se  pique  ni  de  nais- 
sance ,  ni  de  litres  illustres;  mais  il 
est  assez  riche  pour  n'avoir  besoin 
de  personne,  et,  dans  cette  heureuse 
situation  ,  n'affichant  aucunes  pré- 
tentions, il  se  place  sagement  au- 
dessous  de  l'insolence  et  au-dessus 
de  la  bassesse.  11  y  a  d'assez  grandes 
dames  qui  lui  oui  pardonné  le  dé- 
faut de  noblesse  ,  de  Ijtaulé  ,  et 
même  de  vigueur.  Il  s'est  toujours 
conduit,  dans  ces  occasions,  avec 
modestie,  ne  prétendant  qu'à  ce 
qu'il  pouvoil  prétendre;  ou  n"a  ja- 
mais exigé  de  lui  que  ce  qu'il  pou- 
^oit  aisément  faire.  A  lage  de  .^o 
ans ,  il  a  déclaré  qu'il  se  bornoil  à 
être  studieux  el  dévot  ;  il  a  fait 
une  confession  générale  ;  et  c'est  à 
celte  occasion  qu'il  lâcha  ce  Irait 
plaisant  :  On  u'csi.  jamais  si  riche 
que  quand  on  déménage.  Au  reste  , 
sa  dévotion  est  aussi  exempte  de 
fanatisme  ,  de  persécution  ,  d'ai- 
greur et  d'intrigue  ,  que  ses  éludes 
de  pédanterie.»  ^.a  reine  trouyuil 


HEPsA 


33i 


dans  sa  société  tous  les  agréniens 
d'un  courtisan  homme  d'esprit,  et 
ne  négligeoil  aucune  occasion  de  lui 
donner  des  marques  d'intérêt.  Ua 
jour  qu'elle  entra  chez  une  du- 
chesse ,  au  moment  où  celle  -  ci 
écrivoit  au  président ,  elle  mil  au 
bas  du  billet  :  «Devinez  la  main 
qui  vous  souhaite  ce  petit  bonjour.» 
Le  président  Hénault  ajouta  à  sa 
réponse  ce  quatrain  : 

Ces  mots  tracés  par  une  main  Jivino, 
Ne  m'ont  causé  i|ue  trouble  et  qu'embarras; 
C'est  trop  oser  ,  si  mol)  cœur  le  tlevine  ; 
C'est  êUe  ingrat,  ijue  ne  deviner  jias. 

On  a  de  lui ,  I.  Abrégé  chrono- 
logique de  l'Histoire  de  France  , 
1768  ,  2  vol.  in-4°,  et  1775  ,  5  vol. 
in-8".  C'est  l'ouvrage  le  plus  plein 
el  le  plus  court  que  nous  ayons  sur 
notre  histoire.  Neuf  éditions  se  suc- 
cédèrent rapidement.  Les  Anglais  , 
les  Italiens  et  les  Allemands  le  firent 
passer  dans  leurs  langues  ;  et  les  Chi- 
nois ,  qui  daignoient  à  pein«  autre- 
lois  assigner  à  l'Europe  un  point  sur 
le  globe,  le  lisent  aujourd'hui  dans 
la  leur.  Négliger  les  faits  isolés,  ne 
s'arrêter  qu'à  ceux  qui  forment  la 
chaîne  des  événemens,  qui  perfec- 
tionnent ou  allèrent  le  gouverne- 
ment et  le  caractère  des  peuples  ,  ne 
développer  que  les  ressorts  qui  élè- 
vent ou  abaissent  les  états,  voilà  ce 
que  M.  le  président  Hénault  a  exé- 
cuté dans  son  immortel  ouvrage  : 
plus  on  le  lit,  plus  ou  reconnoil  la 
justesse  de  son  discernement  el  la 
sagesse  de  son  style.  Les  portraits 
ne  sont  pas  dessinés  de  fantaisie, 
ils  tiennent  à  l'histoire  autant  que 
les  faits  mêmes.  La  critique  la  i)!us 
sévère  peut  à  peine  trouver  quel- 
ques erreurs  daus  un  livre  oti  elles 
eussent  élé  bien  excusables;  et  l'on 
est  sur-tout. étonné  que,  daus  un 
ouvrage  si  concis,  l'historien  pré- 
sente une  notion  si  précise,  si  exacte, 
de  tout  ce  que  les  annales  fran(,aises 
offrent  de  plus  intéressant.  Il  y  a  eu 
dt:  cet  abrégé  quelques  imilalioiis ,  Icj^ 


33ft 


MENA 


vines  passables,  les  aiilrns mauvaises  1 
Celle  niélliode  des  abrégés  cliroiio- 
logiques  est  plus  facile  poiu"  laiiteiir 
qu'agréable  pour  les  lecleurs  ;  et, 
vraiseiiiblabieinenl ,  le  président  Hé- 
nault  auroil  été  plus  embarrassé  de 
faire  une  histoire  suivie  sur  le  mo- 
dèle des  abrégés  que  les  anciens 
nous  ont  laissés.  Il  faut  avouer,  tou- 
tefois, que  le  sien  offre  les  portraits 
de  plusieurs  liorunies  célèbres  très- 
bien  peints  ;  des  dissertations  courtes, 
mais  nettes,  sur  plusieurs  goiiits  iai- 
porlans  de  notre  histoire  ,  et  une 
foule  de  remarques  curieuses  ,  qu'on 
chercheroit  vainement  ailleurs.  Le 
bénédictin  Poirier  a  publié  une  Dis- 
sertatioii  dans  laquelle  il  prétend 
que  le  règne  de  François  II  dans 
Hénaull  est  inexact  et  plein  d'omis- 
sions; mais  ces  inexactitudes  ou 
omissions  sont  peu  importantes. 
Quelques-uns  ont  voulu  priver  Hé- 
uaulldefinveution  desonplan,  pour 
l'attribuer  à  l'abbé  Boudot  ;  mais 
avant  l'un  et  l'autre,  Guillaume 
Marcel  avoit  publié,  en  1686,  son 
ouvrage  sur  l'origine  rt  les  progrès 
de  la  monarchie  française,  où  l'on 
trouve  le  même  ordre  chronolo- 
gique ,  et  à  qui  il  ne  manque  que  la 
forme  typographique  et  le  style  de 
l'ouvrage  du  président  Hénaull  , 
pour  lui  ressembler  parfaitement. 
II.  François  II ,  tragédie  historique 
en  prose.  C'est  un  tableau  de  ce 
règne  orageux ,  entièrement  man- 
qué ,  suivant  les  uns  ,  et  fait  de  main 
de  maitre,  suivant  d'autres.  Ce  qu'il 
y  a  de  vrai,  c'est  que  plusieurs  ca- 
ractères y  sont  bien  rendus,  et  que 
celle  pièce  donne  une  idée  vraie  de 
ces  temps  funesles.  On  lui  a  repro- 
ché d'y  avoir  introduit  des  person- 
nages inutiles ,  d'en  avoir  écarté 
d'essentiels,  d'à  voir  commis  des  ana- 
chronismcs  ;  mais  ces  censures  n'em- 
pèclient  pas  qu'on  ne  désirât  d'avoir 
plusieurs  scènes  historiques  trai- 
tées ainsi  pour  donner  aux  jeunes 
ccijs  et  aux  femmes  le  "oût  de  l'his- 


HEND 

loire.  îll.  Le  Réveil  d'Epimènide  , 
comédie  non  représentée,  et  digne 
de  l'être,  par  l'agrément  et  la  fi- 
nesse qui  la  caractérisent.  Elle  est 
imprimée  avec  François  II ,  et  d'au- 
tres pièces  ,  1768,  2  vol.  iu-12,  et 
1770,  in-S",  sous  le  litre  de  Pièces 
rie  Théâtre,  en  prose  et  en  vers. 
IV.  Les  Chimères  ,  divertissement 
en  un  acte,  dont  la  musique  «si  du 
duc  de  Nivernais.  Il  fut  représenté 
à  l'hôlel  de  Belle-Isle ,  011  l'on  faî- 
soit  toujours  de  grands  projets; 
aussi  l'abbé  de  Voisenon  disoit  que  , 
pour  oifrir  le  Palais  des  Chimères  , 
Hénaull  ne  pouvoit  mieux  choisir 
le  lieu  de  la  scène.  (  f^oyez  Caux  et 
FuzELiER.  )  Le  président  Héuault 
est  connu  encore  par  quelques  Poé- 
sies fagilives ,  spirituelles,  douces 
et  foibles ,  mais  qui  ne  manqvieut 
pas  de  grâces  ;  il  n'y  en  a  que  irès- 
^eii  d'imprimées.  Il  a  en  part  à 
l'ylbréqé  chronologique  de  l'His- 
toire d'Espagne  ,  par  Macquer.  Ou 
a  encore  du  président  Héuault  His- 
toire critique  de  l'établissement  des 
Français  dans  les  Gaules. 

*  III.  HÉNAULT  (  Guillaume  )  , 
médecin, originaire  de  Rouen,  où  il 
exerça  sa  profession,  a  écrit  un  ou- 
vrage en  faveur  de  Pecquet  sous  ce 
titre  :  Clypcus  ,  qiio  tela  in  Pec- 
queti  cor  à  clarissimo  uiro  Carolo 
Le  Noble  ,  collegâ  sno  ,  cnnjecta 
infringunlur  et  eluduntur ,  Rotho- 
tnagi,  i6!Sô,  in- 12  :  si  l'on  en  croit 
l'auteur,  Mentel,  médecin  de  Paris, 
découvrit  en  1629,1e  réservoir  du 
chyle  sur  un  chien,  et  le  démontra 
en  i655  ;  mais  il  est  prouvé  aujour- 
d'hui que  le  véritable  auteur  de  la 
découverte  est  Pecquet.  Il  a  donné 
en  outre  un  ouvrage  intitulé  le  Trône 
de  la  médecine  ,  Rouen  ,  i6G3  , 
in-S°. 

*  I.  1IENDERS0N( Alexandre), 
théologien  écossais  ,  presbytérien  , 
que  son  savoir  et  son  éloquence 
firent  placer  à  la  Itte  de  sa  secle. 


HEIND 

flit  envoyé  eu  Angleterre  chargé 
de  tous  pouvoirs.  En  1646,  pen- 
dant que  Charles  V^  éloil  à  New- 
castle,  il  eut  avec  lui  nne  confé- 
rence sur  l'épiscopat ,  dans  laquelle 
Heui'erson  fui  couiplèlemeni  battu. 
Oii  tilt  que  cette  disgrâce  hâta  sa 
mort ,  et  qu'à  ses  derniers  inoiuens 
il  exprima  sou  regret  d'avoir  sou- 
teini  le  parti  contraire  à  cehii  de 
sou  roi. 

*  II.  HENDERSON  fJean), 
acteur  anglais ,  né  à  Londres  en 
1747,  uiort  en  1785  ,  montrant  d'a- 
bord du  goût  pour  le  dessin  ,  fut 
mis  chez  un  artiste  hal)ile  ,  mais 
d'un  caractère  violent.  11  ne  put 
vivre  long-temps  avec  lui.  Alors 
on  le  plaça  chez  un  orfèvre.  Son 
nouveau  maitre  étant  mort ,  il  s'ap- 
pliqua aux  études  convenables  au 
théâtre.  En  1772  il  parut  pour  la 
première  fois  à  Bath,  sous  le  nom 
de  Courliwy ,  dans  le  rôle  de  Ham- 
Ict,  et  il  fut  tres-applaudi.  Depuis, 
sa  réputation  s'augmenta  toujours  ; 
mais  ce  ne  futqi'.'en  1777  qu'il  dé- 
buta à  Londres  dans  le  rôle  de  S/iy- 
loci.  M.  Colmach  l'engagea  aussitôt. 
Depuis,  il  a  eu  un  grand  succès  au 
théâtre  de  Drury-Lane,  et  sur  d'au- 
tres théâtres  en  province  ;  il  excel- 
loit  sur-tout  dans  le  rôle  de  Fais- 
lait.  Cet  acteur  célèbre  raouiul  d'un 
transport  au  cerveau. 

*  III.  HENDERSON  (  Jean  ),  Ir- 
lantlais,  d'un  génie  extraordinaire  , 
né  en  1767  à  Ballagarance  ,  d'un 
père  prédicateur,  et  ensuite  maitre 
d'une  école  près  de  Bristol,  mourut 
à  Oxford  en  1788.  Le  jeune  Heu- 
dersou  ,  élevé  chez  les  métho- 
distes, fit  dans  ses  études  des  pro- 
grès si  rapides,  qu'à  dix-huit  ans 
il  fui  maître  de  latin  à  l'école  de 
Kingswood.  Il  n'en  avoit  pas  plus 
de  douze  quand  il  eut  la  chaire  de 
grec  au  collège  de  lady  Hunting- 
lou,  au  pays  de  Galles.  Be  docteur 


HE?sl  333 

Tucker ,  doyen  de  Glocesler ,  l'en- 
voya au  collège  de  Pembrokc  à  Ox- 
ford ,  et  il  y  prit  le  baccalauréat  es- 
arts;  mais  il  n'entra  jamais  dans  les 
ordres.  Henderson  ,  toujours  ex- 
traordinaire dans  sou  habillement 
et  sa  façon  de  vivre  ,  se  livroit- 
toute  la  matinée  à  des  exercices 
violeus ,  et  se  niettoil  ensuite  au  lit. 
Cet  homme  singulier  a  cultivé  beau- 
coup de  sciences  :  mais  celles  aux- 
([uelles  il  s'est  appliqué  avec  plus  de 
plaisir  sont  la  ckiiiiie  ,  la  p/iyslo- 
giiomie  et  les  sciences  occultes. 

*  HENGIST ,  premier  roi  saxou 
du  royaume  de  Kent ,  vivoit  à  la  fin 
du  5^  siècle,  et  descentioit  de  Wo- 
deu,  que  les  Saxons  prétendoient 
être  un  dieu.  Vortigern,  roi  des 
Bretons,  l'ayant  appelé  pour  l'ai- 
der à  chasser  les  Picls  de  ses  états  , 
Hengist  emmena  avec  lui  sa  fille 
Roweua.  Vortigen  en  devint  amou- 
reux, et  l'épousa.  Ce  fut  ainsi  que 
Hengikl  obtuit  le  royaume  de  Kent. 
Il  mourut  en  489. 

1  HENICHIUS  { Jean  ) ,  prof^- 
seur  de  théologie  à  Kiniel,  au  pays 
de  liesse  ,  théologien  modéré  ,  né 
en  1616,  etniorlb;  af)  juin  1671  , 
souhaita  passionnément  la  réunion 
des  luthériens  avec  les  calvinistes  ; 
mais  ses  efforts  pour  cette  réunion 
ne  lui  attirèrent ,  de  la  part  des  fa- 
natiques des  deux  partis  ,  que  des 
injures  et  de  mauvais  procédés.  On 
a  de  lui  divers  ouvrages  de  ihéo- 
logie  et  de  controverse  ,  in-4°  et 
in-8°  ,  estimables  pour  leur  modé- 
ration. Les  principaux  sont,  1.  Com- 
peiidium  sacrœ  theologiœ  ,  in-8°. 
II.  De  peritate  religionis  c/iris- 
tianœ  ,  in- 12.  111.  Instilutiuiies 
theulogicœ ,  in -4°.  IV".  Ilistoiia 
ecclesiastica  et  ciuilis  ,  in-4'^. 

*  HENISCHIUS  (George),  doc- 
teur en  médecine,  né  a  Bartleld  en 
Hongrie,  enseigna  la  rhétorique  el 
les  malhéinalit^ues  à  Augsbourg  peu- 


334 


HENK 


daiU  cjiiaraiite-deiix  aus  ,  et  mourut 
dans  cette  ville  le  5i  mai  1617.  Il 
a  donné  une  édilion  des  (Eiivres 
d'Hésiode,  qui  fui  imprimée  a  Baie 
eu  i58o,  iu-S".  lia  en  outre  publié, 
I.  Enchyridion  mediciuœ ,  medi- 
camenturiim  tamsimp'iciitm  quàm 
compositorum  iii  cerlos  tilulus  dis- 
tinctam  sylvani  cuntinens  ,  Basi- 
leae,  i575,  in-8°.  11.  ,'Etiulogua  , 
semelolica  et  t/ierapeiitica  mor- 
bori/rn  aciiionim  et  dluturnorum  , 
Arœlei  Cnppaducis  conjuiictim 
en'i/a,  Augusiae  Vindelicorum,  i6o3, 
in-fol.  ,  en  grec  et  en  latin.  111. 
])e  numeratiuite  muliipUci ,  ibid., 
i6o5  ,  in-8".  IV.  Ue  asse  et  par- 
tibus  ejus,  il)id. ,  1606,  in-8°. 

*  HENKÉ  (Henri -Philippe-Con- 
rad ) ,  lils  de  l'aumônier  de  la  gar- 
nison de  Helmslaedt,  naquit  le  5 
août  1752  à  riehlen,dans  le  duché 
de  Brunswic'K.  Une  mémoire  heu- 
reuse et  une  grande  pénétration  !a- 
^cililèrent  ses  progrès  dans  les  lan- 
gues grecque  et  latine,  et  dans  l'é- 
tijde  des  auteurs  classiques.  Celle  de 
l'histoire  ecclésiastique  ,  à  hiquelle  il 
se  livra,  lui  avoit  inspiré  la  plus  liante 
estime  pour  Luther,  et  après  celui- 
ci  pour  George  Calixte.  On  en  peut 
juger  par  la  nouvelle  éditioucritiqne 
du  fameux  Traité  de  conji/giu  cle- 
ricorum,  qu'il  publia,  en  178^,  à 
Helmstaedl,  in-4°.  11  avoit  le  zèle 
ardent  de  Luther  pour  la  défense  de 
sa  doctrine,  et  le  même  amour  pour 
la  paix  que  Calixte.  Sa  véni  ration 
pour  le  premier,  et  le  fréquent  usage 
de  ses  écrits,  eurent  une  mtluence 
marquée  sur  son  style ,  qui  tient  à 
la  fois  de  la  précision  énergique  et 
de  la  rudesse  de  celui  de  ce  célèbre 
réformateur.  La  manière  lumineuse 
dont  il  a  traité  l'Histoire  ecclésias- 
tique est  sans  contredit  le  plus  grand 
de  ses  mérites.  Dans  ses  cours  sur 
les  diverses  parties  de  la  théologie, 
telles  que  la  dogmatique,  l'explica- 
tion du  nouveau  Teblament,  la  re- 


HEINK 

ligion  populaire  et  l'éloquence  de 
la  chaire  ,  il  a  formé  un  nombre 
considéraljle  de  bons  prédicateurs. 
Ses  Explications  exégéliques  éclai- 
rent une  grande  quantité  de  passa- 
ges difficiles  de  l'Ecriture  sainte. 
Tant  de  mérites  et  de  laleiis  éle- 
vèrent Henké  aux  places  et  aux 
fonctions  les  plus  honoral)les  dans 
sa  patrie.  Il  fut  successivement 
professeur  en  théologie  à  l'univer- 
sité de  sa  ville  natale  ,  abbé  du  cou- 
vent de  Michaelsteinf  depuis  1786), 
et  vice-président  du  consistoire  de 
Helmstaedt.  Il  fut  aussi  nommé 
membre  de  plusieurs  commissions 
chargées  de  pourvoir  aux  moyens  de 
relever  l'universitéde  Helmstaedt  de 
létal  de  dépérissement  dans  lequel 
elle  étoit  tombée.  Les  voyages  à 
Pans  et  à  Brunswick,  qu'il  hl  en  sa 
qualité  de  député  des  états-généraux 
et  de  membre  du  collège  électoral 
de  son  département,  achevèrent  de 
ruiner  sa  santé,  et  terminèrent  ses 
jours  le  7  mai  1809.  Parmi  ses  ou- 
vrages, son  Tlistuire  ecclésiastique 
tient  à  juste  litre  le  premier  rang: 
les  deux  derniers  volumes  sur-tout 
donnent  la  plus  hante  idée  de  son 
application  et  de  sa  pénétration.  Le 
reproche  qu'on  peut  lui  faire  à  l'é- 
gard de  son  Histoire  de  l'Eglise 
catholique ,  qu'il  n'a  pu  finir  (  le 
6*^  vol.  devoit  s'étendre  jusqu'en 
1770,  et  le  reste  auroit  rempli  un 
6"  ) ,  est  la  véhémence  avec  laquelle 
il  défend  ses  opinions,  principale- 
ment dans  le  premier  volume,  et 
qui  lui  fait  perdre  de  vue  le  premier 
devoir  de  l'historien.  Le  Catalogue 
des  ouvrages  de  cet  écrivain  est 
considérable.  Les  principaux  sont, 
I.  Elémens  des  Belles-Lettres  pro- 
saïques, traduits  du  latin  de  Quin- 
tilieii  en  allemand  ,  Helmstaedt  , 
177.5  et  1776  ,  3  vol.  111-8°.  II.  His- 
toria  antiquior  dogmatis  de  uni- 
taie  Ecclesiœ  ,  ibid.  ,  1781  ,  in-4°. 
m.  />>.  (j.  Calixti  de  conjugio  cle- 
ricoruinliber.  Emendatius  edidit , 


HENL 

incapita  sua  et  sectiones  divisinn 
et  indicibits  necessariis  iojnpl-e- 
tuin  ,  additâ  prœfatiuiie  ,  ibid.  , 
Ï785,  111-4°.  I^'^-  Histoire  des  Re- 
ligions juive  et  c/irélieniu\  pour  ta 
première  itislruvtiun  ,  en  alli-iiiaud  , 
Leipsick,  iv^^B,  111-8°;  2"-'  ediliou, 
corrigée el  angnienlée,  ibid.,  1781), 
in-8".  V.  Elemeris  pour  les  cours 
académiques  de  l'Histoire  chrono- 
logique et  générale  de  l'Eglise 
cliréiienne ,  en  alleniaud  ,  4  vol., 
Brunswick,  depuis  1778-1795  ,  gr. 
iii-8°;  la  2"^  édition  du  i'^'"  vol.  esl 
tie  1795,  et  la  3"^  de  1796  :  la  'f  édi- 
tion (lu  3*  vol.  est  de  1794,  et  celle 
du  3'^  vol.  esl  de  1796;  toutes  à 
Brunswick,  el  dans  le  même  for- 
mat. Vi.  Magasin  pour  la  philo- 
sophie de  la  religion ,  l'Exégèse 
et  l'Histoire  ecclésiastique  ,  en  al- 
lemand, Helrastaed,  5  vol.  -111-8°, 
depuis  1793-1796.  VII.  Archi\jcs 
pour  l'Histoire  ecclésiastique  des 
derniers  temps ,  eu  allemand ,  5  vo! . 
in-8°,  depuis  1794-1796  :  elles  sont 
la  conlinnaticn  de  celles  publiées 
par  MiM.  Schneider  etScliroeder,  etc. 
etc.  On  a  encore  de  Henké  un  grand 
nombre  de  Sermons ,  des  Disserta- 
tions ,  el  des  articles  de  critique 
dans  les  Journaux  sa  vans  el  litté- 
raires du  temps. 

• 
*  I.  HENLEY  (  Antoine),  écrivain 
anglais,  né  avec  une  fortune  consi- 
dérable, distingué  par  son  goîit])oiir 
Ifi  piaisir  et  pour  la  liltératnre,  se 
livra  parliculiéremeiit  à  l'étude  ttes 
anciens  poètes.  11  teuoil  beaucoup  du 
caractère  de  Tibuile;  il  en  eut  l'in- 
dolence, la  gr.lanterie,  l'esprit,  Ihu- 
manité,  la  générosité ,  et  partagea 
son  goûl  pour  les  lettres.  Il  étoit 
très-grand  musicien  ,  el  se  maria 
lard  ;  mais  à  celle  époque,  moins 
avide  de  plaisirs  el  de  dissipation  , 
il  l'ut  élu  membre  du  parlement  eu 
1698,  el  se  montra  constammenl, 
dans  la  chambre  des  communes ,  l'un 
des  nmis  l^s  plus  lervens  de  la  li- 


HENN  335 

herté.  Henlf-y  fut  auteur  de  plusieurs 
ouvrages  auxquels  il  ne  mit  point 
son  nom.  11  travailla  à  deux  ou- 
vrages périodiques  de  sdt\  temps , 
ihe  TatlerGi  the^Iedlej.  Il  mourut 
en  1711  ,  généralement  regretté. 

*  II.  IIENLEY  (  Jean  ) ,  person- 
nage obscur  ,  plus  connu  sous  le 
nom  de  l'Orateur  Ilenley  ,  né  dans 
le  comié  de  Leicesler  en  1692  ,  mort 
en  I7.'i6,  s'est  rendu  célèbre  par  sa 
présomplioii  et  son  fanatisme.  Ou 
a  de  lui  une  Grammaire  univer- 
selle; un  poème  intitulé  Est  lier  % 
une  Traduction  des  Lettres  de 
Pline,  de  plusieurs  ouvrages  de 
l'abbé  de  Verlot,  du  Voyage  de 
IMonlfaucon  en  Italie,  etc.  etc.  Mais 
sa  prédication  singulière,  et  pres- 
que toujours  populaire  ,  lui  a  donné 
sa  plus  grande  réputation.  11  prê- 
choit  le  dimanche  sur  des  sujets 
religieux  ,  et  le  vendredi,  sur  toutes 
f^ortes  d'objets  d'arts  el  de  sciences. 
11  metloit  sou  iiiduslrie  à  se  procu- 
rer un  auditoire  uoir.breux  el  com- 
posé des  classes  les  plus  basses  de  la 
sotiélé.  Il  rassembla  i.#<  jour  une  im- 
mense quantité  de  cordonniers  ,  à  la 
faveur  de  l 'annonce  d'un  moyen  très- 
expédilif  d'avancer  leur  travail.  Ce 
moyen  consistoil  à  couper  la  tige 
des  boites  déjà  faites  pour  n'en  con- 
server que  le  soulier.  C'est  avec  de 
pareilles  niai^ries  qu'il  parvint  à  se 
procurer  une  grande  popularité,  et 
à  s'exclure  du  séjour  de  Londres  , 
où  il  avoit  eu  l'intention  de  s'établir. 
Hogarlh  a  fait  d'Heuley  le  sujet  de 
deux  de  ses  gravures. 

*  HENNEPIN  (Louis),  récollet 
d'Ath  en  Hainaut,  où  il  naquit  en 
1640,  se  consacra  pendant  quelque 
temps  au  service  des  hôpitaux  ,  fut 
aumônier  dans  les  années  ,  passa  en 
qualité  de  missionnaire  à  Québec,  et 
exerça  ces  péni])les  fonctions  pen- 
dant onze  ans  au  Canada.  Eu  1678, 
il  traversa  le  lac  Ontario ,  parcourut 


336 


liEr^iN 


les  vasles  pays  qui  sont  au  sud-ouest 
du  Cauada ,  et  en  1680  ,  il  décou- 
vrit le  fleuve  Mississi[)i.  Le  père 
Heuuepin,  mort  à  Ulreclil  au  cotii- 
lîieuceiueiil  du  iS'^  siècle,  publia 
une  Dissertation  sur  ses  découver- 
tes, Paris,  i683,  et  Amsterdam, 
1704;  celle-ci  est  la  plus  complète. 

*  HENNIN  (E.-F.  )  de  l'académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  ,  an- 
cien premier  commis  des  affaires 
étrangères,  mort  à  Paris  le  5  juil- 
let 1801  ,  secrétaire  d'ambas- 
sade en  Pologne  sous  le  comte  de 
Broglie  et  le  marquis  de  Paulmy , 
fut  admis  au  secret  de  la  corres- 
pondance du  cabinet  particulier  de 
Louis  XV  ,  et  reçut  plusieurs  l'ois 
des  instructions  écrites  en  entier  par 
ce  mouarque.  Désigné  ,  en  1761  , 
pour  être  secrétaire  du  congrès  qui 
devoil  se  tenir  à  Angsbourg  ,  il  lut 
nommé  ,  en  1765  ,  ministre  résident 
en  Pologne,  et  en  1763  il  passa  à 
Genève  en  la  même  qualité.  De- 
puis, il  remplaça  M.  Gérard  dans 
le  poste  important  de  premier  com- 
mis des  aflaivcs  étrangères.  A  l'en- 
trée de  Dumouriez  dans  ce  dépar- 
tement ,  Hennin  eu  sortit.  Ses 
principes  politiques  furent  ceux  de 
l'homme  honnête  éclairé  par  l'élude 
de  la  science  et  des  hommes,  et  sa 
pratique  fut  toujours  d'accord  avec 
ses  théories.  En  1792  il  éloit  chargé 
d'affaires  de  France  a  Venise  ;  en 
juillet  1793  il  passa  en  la  même 
qualité  à  Constantinople  ;  ses  diffé- 
rents avec  Descorches  le  firent  ren- 
voyer à  Marseille,  d'où  il  \m\.  à 
Paris,  et  fut  nommé,  en  octobre 
1794,  un  des  membres  de  la  cbm- 
niissiou  de  police  aduiinistrative  de 
cette  ville.  Comme  littérateur  ,  Hen- 
nin poseédoit  douze  langues.  Ses 
connoissances  eu  histoire ,  en  géo- 
graphie, eu  antiquités  ,  étoient  im- 
menses. Il  laisse  en  manuscrits  plus 
de  i5o  volumes  in-fol.  sur  toutes 
sortes  de  matières ,  et  eu  parlicu- 


lier  une  Bibliographie  des  voyages, 
en  11  vol.  in-/]"  ,  qu'il  destiuoit  à 
l'im|)ression.  Depuis  neuf  ans  ,  il 
s'étoii  consacré  à  la  composition  d'un 
Poème  intitulé  \ Illusion  ,(\\\'i\  avoit 
porté  à  peu  pre^  de  soixante  chants , 
et  qu'il  se  proposoil  d  éleudre  jus- 
qu'à ci'Ul.  C'est  une  suite  de  tableaux 
et  d'épisodes  applicaljles  en  partie 
aux  événemens  de  la  révolution, 
quoique  subordonnés  à  une  action 
principale,  qui  est  de  riuvenlioa 
de  l'auteur. 

*  HENNING  (Salomon),  né  « 
Weimar  en  i528  ,  ne  fut  pas  moins 
distingué  ])ar  son  savoir  que  par 
soii  talent  dans  la  carrière  de  la 
diplomatie  et  de  la  politique.  L'or- 
dre teutonique  employa  ses  services 
comme  négociateur  depuis  1  .'ir>4  )"*>" 
qu'à  1689,  qu'il  mourut  à  Wahmeu, 
comblé  d'honneurs  et  de  biens.  On 
a  de  lui  une  Disci-  Une  ecclésias- 
tique pour  le  duché  de  dourlande , 
imprimée  à  Rostock  ,  1.^70,  in-4°; 
des  Mémoires  sur  l'état  actuel  de 
la  religion  dans  les  principautés 
de  Courlande  ,  Sémigalle  et  lAuo- 
nie  ,  in -fol.  ,  1689  ;  et  une  chro- 
nique de  Livonie  et  de  Courlande , 
Rostock  ,  iSgo.  Cette  Chronique  , 
.son  principal  ouvrage  ,  qui  com- 
mence à  l'année  i554,  a  été  réim- 
primée plusieurs  fois  ,  ce  qui  n'empê- 
che pas  qu'elle  ne  soit  très-rare. 

*  HENNINGER  (Jean-Sigismond), 
médecin,  nommé,  en  170Î,  à  la 
cliaire  d'aualomie  dans  l'iiuiver- 
sité  de  Strasbourg ,  qu'il  occupa  pen- 
dant quatre  ans,  fut  appelé  ensuite 
à  une  autre  chaire  dans  la  même 
université  ,  qu'il  remplit  jusqu'en 
1719  ,  époque  de  sa  mort.  Les  ou- 
vrages de  ce  médecin  consistent  en 
plusieurs  Dissertations  académi- 
ques,  et  il  est  l'éditeur  de  quelques 
ouvrages  de  médecins  célèbres.  Il 
a  aussi  donné  une  Description  des 
vaisseaux  lattéi  et  du  canal  tho- 


rachiqiie ,  dont  il  fit  graver  la  Bgure 
dans  une  planche  parliciilière. 

tl.IÎENNlNGES  (Jérôme) ,  labo- 
rieux bislorienalleiiiaud  du  ib'^sierle, 
disciple  de iVlelaucblhon,  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  assez  estimés,  con- 
cernaul  les  généalogies  de  quantité 
de  maisons  d'Allemagne.  Le  princi- 
pal est  intitulé  Tluatiiuii  gc/iea- 
logicum  omnium  œtatiim  et  iiw- 
uarcldarum  fainiiias  compleclerts , 
7  tom.  eu  4  'Vol-  in -fol.,  1,^)98, 
à  Magdebourg  ,  autpiel  on  ajoute 
Gciiealuglcealiqaotfamiliarurniio- 
biliuin  in  Saxo/iiiï ,  in-fol.  ,  Ham- 
bourg, iSgo;  Genealogiœ  impera- 
torum  ,  regiun  ,  piitnipum  ,  etc.  , 
Huyssée,  i58b,  in-ibl.  Ces  six  vo- 
lumes sont  difficiles  à  rassembler. 

*  II.  HENNINGES  (  Jean)  ,  pas- 
teur et  prolesseur  de  ibéologie  à 
lïelmstadt ,  mort  en  i6/|6,  à  78  ans, 
est  auteur  de  trois  volumes  de  JJis- 
sertatioiis  sur  divers  passages  des 
livres  saints ,  et  d'une  Version  en 
vers  latins  du  prophète  Jonas. 

•;-  HENNUYER  (  Jean  ) ,  évêque 
de  Lisieux  ,  mort  êli  1077  ,  est  un 
de  ces  bonjnies  dont  la  mémoire 
ne  doit  jamais  périr.  Confesseur  de 
Henri  II ,  roi  de  France  ,  qui  devint, 
à  l'exemple  de  François  1'^'',  ardent 
et  injuste  persécuteur  des  calvinis- 
tes ,  il  fut  nommé  à  l'évêcbé  de 
Lodève  ,  et  ensuite  à  celui  de  I.i- 
sieux.  A  l'époque  de  la  Saiul-Bar- 
ibéienii ,  le  lieutenant  de  roi  étant 
venu  lui  communiquer  l'ordre  qu'il 
avoit  de  faire  égorger  tons  les  hu- 
guenots qui  se  trouvoient  à  Lisieux, 
Hennujer  s'opposa  à  cet  acte  de 
barbarie.  «  Je  n'ai  trouvé  ,  lui  dit- 
il  ,  ni  da'ns  l'Evangile  ,  ni  dans  ce 
qu'ofiVeut  les  beaux  jours  du  chris- 
tianisme ,  rien  qui  puisse  justifier 
cequ'on  exige.  La  vraie  religion  s'est 
établie  par  la  persuasion  ,  et  non  par 
la  terreur  et  le  meurtre.  Le  chrétien 
doit  voir  avec  douleur  l'égareiuenl 

T.    YIII. 


HEPs^R  337 

de  ses  frères  ,  mais  respecter  en  eux 
des  hommes  que  iJieu  a  créés  à  sou 
unage.  L'efiiisit^i  du  sang  ,  loin  de 
ramener  les  iiéréliciues  ,  ne  fera  (|ue 
les  fortifier  dans  leurs  principes  , 
que  leur  mspirer  de  1  horreur  \^o\xr 
la  communion  qu'ils  ont  abandon- 
née ,  que  répandre  des  semences 
perpétui  lies  de  désordres  ,  de  guer- 
res en  i!rs,  de  vengeances.  »  lïlinit 
par  déclarer  qu'il  rcgardoit  ce .  jîros- 
ciiptions  comme  i'ouvrag''  d'ambi- 
tieux (jui  vouloient  j)crdre  bvirs 
princes  en  les  rendant  les  bourreaux 
de  leurs  peuples.  Le  lieutenant  ds 
roi  rei,ul  son  opposition  et  lui  en. 
donna  acte.  Le  niassacre  n  eut  jioint 
lieu  ,  et  les  calvinistes  du  diocèse  de 
Lisieux  ,  sauvés  par  cet  acte  de  vi- 
gueur ,  renlrèrenl  presque  tous  dans 
la  communion  de  Kur  libérateur.  Sa 
conduite  fut  approuvée  par  Charles 
IX  ,  d'où  l'on  doit  conclure  que  la. 
tyrannie  ne  sei"oil  pas  si  fiuieste, 
s  il  y  avoit  moins  iki  lâches  inté- 
ressés à  la  seconder.  M.  IMercier  , 
nu  mbre  de  l'institut,  a  consacré  le 
Irait  de  Jean  Hennuyer  dans  un 
drame  en  trois  actes  ,  en  prose  ,  pu- 
blié en  1772  et  1775 , in-S". 

HÉNOCH.  royezti;ocii  ,n°  II. 

t  I.  HENRI  I,  dit  rOiselcur,  néeu 
87(),d'Othon  ,  duc.de  Saxe,  qui  avoit 
relusé  la  couronne  de  Cernianie 
et  d'Hedwige  ,  lille  d  Eberhard  , 
comte  de  Frauconie  et  de  Wéléravie. 
{voyez  S.4.XE  ,  Olhon  l'illustre), 
succéda  à  son  père  ,  par  droit  d'hé- 
ritage ,  dans  les  terres  de  Bruns- 
wick ,  et  ])ar  concession  du  roi 
Conrad  ,  en  912  ,  dans  le  duché  dr. 
Saxe.  Ce  dernier  prince,  qui  devoit 
la  couronne  au  refus  d'Olhon  ,  .se 
trouvant  blessé  à  mort  dans  un  com- 
'bat  contre  les  Huns  ,  désigna  géné- 
reusement aux  étals  d'Allemagne 
Henri,  sou  ancien  ennemi  et  ri\al, 
comme  seul  propre  à  lui  succéder. 
Les  prétentions  de  chaque  duc  à  la 
couronne  annouvcùenl  un  déchire- 

J2 


33S 


IlEiMl 


nienl  prochain  et  de  longs  troubles  , 
lorsque  Eberliard  ,  suivant  les  mleu- 
lions  du  roi  Conrad  ,  son  frère  ,  se 
désista  lepreinieren  faveurde  Henri, 
son  neveu.  Alors  les  Franconiens, 
les  Saxons  et  les  Thuringiens  réunis, 
élurent  d'un  consentement  unanime 
Henri,  alors  âgé  de  4^  ans,  roi  d'Al- 
lemagne. Les  députés  qui  furent  lui 
annoncer  son  élection  le  trouvèrent 
occupé  à  la  chasse  anx  oiseaux  , 
exercice  qu'il  aimoit  beaucoup  ; 
ce  qui  lui  ht  donner  le  surnom  de 
ÏOiaeleiir.  Les  circonstances  de  son 
avéueinenl  au  trône  sont  remarqua- 
bles. E/ectus  est  à  principibi/s  el 
mibilioribua  vlris  corarn  orniii po- 
pulo ,  di  t  le  moine  Wilikind  (  liv.  1*"^ 
de  ses  annales.  Meibomlus  scriptor. 
rer.  Germanie,  lom.  I,  pag.  621). 
Le»  grands  le  choisirent,  le  peuple 
consentit,  la  nation  prêta  serment 
d'obéissance;  il  lut  couronné  sans  qu'il 
y  eùtd'onction  ni  d  inauguration  ,  et 
Eberhard  lui  avoit  déjà  porté,  de  la 
pari  du  roi  son  frère ,  la  lance  sacrée  , 
le  manteau  royal  ,  le  diadème  et 
lépée  des  anciens  rois.  Pfeffel  observe 
que  c'est  la  première  mention  des  mar- 
ques de  l'empire  qui  se  trouve  dans 
l'histoire  d'Allemagne.  On  prétend 
que  ces  ornemens  ont  toujours  été 
conservés  depuis  à  Nuremberg.  I,e 
premier  acte  de  Henri  fut  un  acte  de 
reconnoissance  envers  Eberhard  , 
auquel  il  donna  le  duché  de  Fran- 
come,  ainsi  que  le  palalinat  du  Rhin , 
qui  u'étoient  pas  encore  héréditaires. 
Des  l'année  suivante  Henri  part  pour 
souineltreBurchard  ,  duc  de  Souabe  ; 
Arnoul-le-lMauvais,  duc  de  Bavière, 
donne  des  secours  à  Giselbert,  dncde 
Lorraine,  qui  s'étoit  révolté  contre 
Charles-le-Simple  ,  roi  de  France  ; 
{.igné  ensuite  la  paix,  en  921  ,  avec 
ce  monarque,  dans  une  île  du  lihiii , 
près  de  Bonn  ;  donne  sa  fille  Gerberge 
et  la  Lorraine  à  Giselbert,  et  conclut 
une  trêve  de  neuf  ans  avec  les  Hon- 
grois. Henri  fait  ensuite  la  guerre 
contre  les  Slaves  ou  Slavoiis  ;  leur 


HEINR 

enlève  les  provinces  de  Brandebourg, 
de  Misnie  et  de  la  Lusace  :  y  établit 
des  margraves  pour  la  défense  de 
ces  frontières;  rend  laBohême  tribii- 
taire;  faitrelàcher  Charles-le-Simple, 
que  Henbert ,  comte  de  Vermandois 
tenoit  prisonnier  ;  se  fait  prêter  ser- 
ment de  fidélité  par  les  Lorrains  ; 
attaque  Raoul  II,  roi  de*  deux  Bour- 
gognes ,  s'accommode  avec  lui  et  lui 
fait  présent  de  la  \ille  de  Bade  et 
de  ses  dépendances ,  en  échange  d'un 
des  clous  (ju'on  dit  avoir  servi  à  atta- 
cher J.  C.  sur  la  croix  ;  déclare  la 
guerre  à  Gormond  ,  roi  de  Dane- 
marck ,  parce  qu'il  persécutoit  les 
chrétiens  :  l'obligea  demander  la  paix 
et  à  rétablir  le  christianisme  dans 
ses  états,  et  recule  les  limites  de 
l'Allemagne  ,  de  l'Eyder  ,  où  Cliar- 
lemagne  les  avoit  portées,  jusques  à 
la  Slie  dans  le  Sleswic.  Cependant 
la  trêve  des  Huns  expire  en  goS  ; 
lis  demandent  le  tribut  que  Conrad  I 
leur  avoit  promis.  Henri ,  résolu  de 
s'affranchir  de  celte  bumilialion , 
fait  présenter  à  leurs  députés  un 
chien  galeux  auquel  on  avoit  coupé 
la  queue  el  les  oreilles  ,  leur  ordon- 
nant de  dire  à  leurs  maîtres  que  s'ils 
avoient  un  autre  tribut  à  exiger  de 
lui,  ils  vinssent  le  chercher  eux- 
mêmes.  Cette  réponse  insultante  fui 
.bientôt  suivie  d'une  irruption  dt* 
Huns  ;  Henri  s'y  éloit  depuis  long- 
temps préparé  ,  il  tailla  leur  armée  eu 
pièces,  en  935, àMersebourg , leur  tua 
36, 000  hommes,  leschassaderAutn  ■ 
che,  et  y  rétablit  le  margraviat  créé 
par  Charlemague.  Henri  assemble  à 
Erfurt  les  princesde  rAliemagne,  les 
engage  à  lui  choisir  pour  successeur 
Othon,  son  fils  aine ,  et  meurt  à  Qued- 
limbourg  le  2  juillet  906,  à  l'âge  de 
6oans,au  milieu  des  préparatifsd'une 
expédition  qu'il  i)rojetoît  de  faire  eu 
Italie.  Ce  prince  oui  deux  femmes, 
la  première  Ilalburge  ,  fille  d'Ervin , 
seigneur  d'Alstal  :  il  l'avoit  enlevée 
d'un  monastère  où  elle  seloit  enfer- 
mée après  la  niorl  da  son  pretoiev 


HEISR 

mari.  Sigismoud ,  ëvêque  cI'Haiber- 
stadt ,  ayant  menacé  les  denx  époux 
de  rexcomnninication,  Henri  qiiilla 
Hathiirge  ,  qui  retourna  dans  son 
monastère  en  91 1.  La  deuxième  fut 
Malhilde  ,  fille  de  Thierri  ,  comte 
de  Ringelheim  ,  issu  du  sang  de 
Wiiikuid  ,  chef  des  Saxons  sous 
Charlemagne.  Henri  ÏOiacIciir  eut 
du  premier  lit  Tancmar  ^  qui  fut  tué 
à  Eresbourg  eu  939,  et  une  liile 
mariée  à  Sigefroi ,  premier  margrave 
de  Brandebourg  ;  du  second  lit , 
1°  Gerberge,  mariée  en  929,  d'abord 
à  Giselberl,  duc  de  Lorraine,  puis  en 
959,  à  Louis  IV  d  Outremer,  roi 
de  France  ;  2°  Olhon  ,  qui  régna 
{voyez  Otiion  I,  dit  le  Grand, 
empereur  d'Allemagne  );  3°  Henri  , 
ducde  Bavière, eng  \'^{voyez  Saxe, 
Henri-le-Jeune  ,  duc  de  Bavière  )  : 
4°  Brunou  ,  archevêque  de  Cologne , 
et  grand-duc  de  Lorraine  en  9!) 5, 
mon  eu  965.  5°  Haltwine,  l'.mme 
de  Hugues-le-Grand,  duc  de  France, 
en  9Ô8  ,  et  mère  de  Hngues  Capot. 
Henri  \ Oiseleur ,  aussi  bon  légis- 
lateur que  guerrier  ,  est  nu  des 
plus  grands  princes  que  le  trône 
ait  produits,  et  un  de  ceux  auxquels 
FEuiope  a  le  plus  d'obligation.  Pen- 
dant la  trêve  avec  les  Huns,  il  en- 
gagea les  aînés  de  chacpie  maison  à 
prendre  les  armes  ,  mit  le  premier 
les  troupes  sur  le  pied  d'une  milice 
perpétuelle  ,  établit  une  discipline 
rigoureuse  ,  et  leur  lit  faire  souvent 
des  manœuvres;  ce  qui  lui  fit  attri- 
buer vulgairemeul  l'invention  des 
tournois  en  986,  quoiqu'elle  soit  bien 
postérieure,  n'étant  que  de  1066,  et 
(lue,  suivant  toute  apparence,  à  Geef 
froy  de  PreuiUy  ,  gentilhomme  an- 
gevin. Ses  soins  pour  sou  armée  l'eu 
firent  chérir,  et  elle  lui  conféra  le 
titre  A'imperator  après  la  bataille  de 
Mersebourg;niais  il  ne  le  porta  laniais: 
on  le  voit  seulement,  dans  un  diplôme 
de  902  ,  se  qualifier  d'avoué  de 
Rome.  L'Allemagne  et  la  Saxe  mau- 
■uioieut  de  villes  qui  pussent  arrêter 


HEÎSR  33f) 

les  Huns  dans  leurs  conquêtes:  il  fit 
faim  des  retranchemens  le  long  de 
la  Westphahe  ,  dont  tes  vestiges 
s'appellent  encore  le  Hiincngreve  ; 
vers  926  ,  il  lit  construire  des  villes  , 
les  fortifia,  ainsi  que  les  gros  bourgs 
de  la  Saxe  ;  il  obligea  la  neuvième 
partie  des  habitans  de  la  campagne  à 
venir  les  habiter,  et  donna  à  ces  nou- 
veaux citadins  d.  s  privilèges  et  pré- 
rogat  ves  considérables;  Henri  af- 
Irancliit  les  esclaves  pour  qu'ils  vins- 
sent établir  leur  industrie  dans  ces 
villes  :  il  y  fixa  les  assemblées  piil)li- 
ques;  employa  la  religion  à  policer  les 
peuples;  fonda  l'abbaye  de  Quedlin- 
!)Ourg,  et  plusieurs  autres  maisons 
religieuses  sous  la  règle  de  Saint- 
Augustin  ,  pour  y  élever  ou  retirer 
les  filles  dont  les  pères  avoieni  été 
tués  dans  la  guerre  contre  les  Huns  , 
avec  la  liberté  d'eu  sortir  et  de  se- 
marier  quand  elles  le  voudroient. 
Les  princes  de  sa  dynastie  suivirent 
les  mêmes  principes  ,  et  c'est  à  eux 
qu'on  doit  la  naissance  et  les  pre- 
miers accroi.ssemeus  des  villes,  l'éla- 
bl  ssemeiil  des  communautés,  des 
corps  de  métiers,  l'industrie,  l'ex- 
ploilalion  des  mines  ,  l'érection  des 
évéchés  ,  des  chapitres  des  cathé- 
drales ,  des  monastères  ,  des  magis- 
tratures ,  et  les  principes  de  la  civi- 
lisation de  l'Allemagne.  Henri,  natu- 
rellement bon  et  humain,  étoit  très- 
sujet  à  la  colère  et  à  de  grands  em- 
porleineiis  ;  il  aimoit  les  femmes  et 
le  plaisir  ;  mais  ces  défauts  dispa- 
roissent  devant  ses  grandes  qualités, 
et  devant  tout  ce  qu'il  a  fait  de  bou ,  ' 
d'utile  et  d'immortel. 

t  IL  HENRI  II  (saint),  dit  /e 
Boiteux  ,né  le  6  mai  97  2,  arrière- 
petit-lils  du  précédent,  fils  de  Henri- 
le-Querelleur  duc  de  Bavière  ,  et  de 
Gisèle,  fille  de  Conrad,  roi  de  Bour- 
gogne, et  petit-fils  de  Henri-le-Jeune, 
fut  duc  de  Bavière  en  99.^)  et  eut 
beaucoup  de  concurrens  à  la  cou- 
ronne lors  de  la  mort  d'Olhou  111. 


3/iO  IIE^R 

son  cousin,  l'^la  ,  sacré  et  conroiiué  à 
Mayence  roi  d'Allemagne  ,  le  6  juin 
1002  ,  par  l'y  relie  v'éque  'V^illej^is  , 
premier  minisîi'e  et  régent  de  l'Alle- 
magne, il  assembla  d'abord  nue  ar- 
mée nombreuse, et,  tant  parseslorci-s 
que  par  sou  activité ,  en  imposa  à  ses 
rivaux  qui  se  soumirent.  II  crut, 
pour  ménager  l'opinion  ,  devoir  se 
faire  couronner  une  seconde  fois  à 
Aix-la-Chapelle,  par  les  mains  de 
l'archevêque  de  Cologue  ,  et  fit  cou- 
ronner peu  après  la  ninoCunégoude 
à  Paderborn.  Henri  II  passe  en  Italie 
en  1004  ,  pour  réduire  Aidouin  , 
marquis  d'Yvrée,  qui  avoil  usurpé 
la  qualité  de  roi  d'Italie;  il  force  les 
Alpes,  s'empare  de  Pavie,  et  s'y 
fait  couronner  roi  d'Italie.  Il  déclare 
la  guerre  à  Baudouin  ,  comte  de 
Flandre,  se  rend  à  une  entrevue 
avec  Robert,  roi  de  France,  atta- 
que la  Bohême  qui  s'étoit  soustraite 
à  son  autorité  pour  se  souniellre  à 
Boleslas  ,  roi  de  Pologne  ,  expulse 
celui-ci  en  1006  ,  et  met  à  sa  ])lace 
le  prince  Jaromir  de  Bohème  ,  frère 
du  roi  Boleslas  m  X  Aveugle.  Henri 
depuis  long-temps  faisoit  ses  efforts 
j>our  amener  la  conversion  de  saint 
Elienue,  roi  de  Hongrie  ;  il  y  réussit. 
Ce  prince  s'étant  fait  chrétien,  ainsi 
que  ses  sujets  ,  l'empereur  Henri  II 
reconnut  en  1008  la  dignité  de  roi 
qu  il  a  voit  prise  l'an  1000,  et  lui 
donna  sa  sœur  Gisèle  en  mariage,  et 
})Our  dot  les  villes  de  Presbourg 
et  d'tEdenbourg  ,  anciennes  dépen- 
dances de  la  Bavière,  à  charge  de  les 
tenir  en  fief  de  l'Allemagne.  Les 
troubles  suscités  par  Ardouin,  mar- 
quis d'Yvrée,  ayant  continué  en  Ita- 
lie, l'empereur  y  repasse  de  nouveau 
en  1010  pour  Iç  châtier  ,  le  dé- 
pouille de  toutes  ses  terres  et  le  ré- 
duit à  s'enfermer  de  désespoir  à  l'ab- 
baye de  Frutane  en  Piémont,  où  il 
mourut  en  ioi5.  Henri  va  celelirer 
les  lêlcs  de  Noël  à  Pavie  ,  s'arrête  à 
I\aveune  ,  où  il  l'ait  déposer  Adalljert 
qui  s'étoit  emparé  de  ce  bel  arche vê- 


HE^R 

elle',  et  y  nomme  Arnoul  de  S.'xe 
sou  frère,  alors  veuf;  il  s'achemine 
ensuite  vers  Rome  où  il  rétablit  le 
pape  Benoit  Vlll,  qui  à  son  tour,  sa- 
cre Arnoul archevêque  de  Ravennc, 
et  Henri  11  empereur,  le  i/\  février 
1014.  On  lit  usage  pour  la  première 
fuis  dans  celle  cérémonie  du  globe 
impérial.  I,e  pape  ,  avant  de  le  cou- 
ronner, lui  demanda  «  Voulez-vous 
gardera  moi  et  a  mes  successeurs  la 
lidélité  en  toutes  choses  ?  »  Espèce 
d'hommage  que  l'adresse  du  pontife 
chercîioit  à  extorquer  de  l'extrême 
dévotion  de  Henri.  C'est  la  première 
trace  de  l'obéissance  que  quelques 
empereurs  eurent  depuis  la  foiblesse 
de  promettre  aux  papes.  Henri  reprit 
sa  route  par  la  France  pour  retour- 
ner en  Allemagne.  INaturellement  sé- 
rieux et  mélancolique ,  il  aimoit  la 
solitude  des  cloitres,  et  lorsqu'il  futà 
l'abbaye  de  St. -Vannes  de  Verdun  ,  il 
lui  prit  la  fantaisie  de  se  faire  moine  : 
heureusement  l'abbé  nommé  Richard 
étoitunhoimne  de  mérite  et  d'esprit: 
il  le  reçut  pour  inoiueel  lui  ordonna, 
au  nom  de  l'obéissance  qu'il  venoit 
de  lui  jurer  ,  de  retourner  gouverner 
l'empire  que  Dieu  lui  avoit  confié. 
Henri  euleucore  l'envie  de  se  faire 
chanoine  à  Strasbourg;  le  calme  de 
la  vie  ecclésiastique  paroissoit  le  bien 
suprême  à  un  homme  oliligé  de  me- 
ner une  vie  toujours  agitée,  et  dont  la 
conscience  délicate  se  croyoit  respon- 
sable devant  Dieu  des  injustices  qui  se 
commelioient  dans  son  empire.  Pen- 
dant qu'il  faisoit  une  paix  assez  dé- 
savantageuse avec  Boleslas  ,  il  éloit 
obligé  de  faire  la  guerre  contre  les 
GrecsellesS.irrasiusenîlaiie  ;  Henri 
leur  enleva  une  partie  de  laCalabre  et 
distribua  l'autre  aux  Normands  qui 
avoient  servi  dans  son  armée.  L'an 
io:>-2,  l'empereur  préside  le  concile  do 
Scligensladt;  il  a  ,  eu  lO'^o  ,  .une  se- 
conde entrevue  avec  le  roi  Robert  sui' 
leCiiiers  près  Luxembourg,  dans  le 
but  de  consolider  la  paix  de  fb-glise 
et  celle  de  leurs    étals    mutuels  , 


HEJNR 

tombe  malade  l'année  suivante,  el 
iiieiirt  à  Grliiie  en  Saxe  le  i  T)  juillet 
}02â,à  lagede  52  ans.  11  fiilcnterré 
à  Baiiiberg ,  el  le  pape  Eugène  111 
l'a  canonisé  eu  1 1 5 2. La  piété  il e  Hen- 
ri 11  l'a  mis  au  rang  des  saints,  ses 
<|ualités  militaires  l'ont  placé  parmi 
les  héros  ,  comme  sa  justice  et  sa 
générosité  parmi  les  grands  princes. 
Aucun  n'a  fait  peul-tlre  aux  églises 
(le  plus  immenses  largesses.  Il  jeta 
les  iondemens  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  rélablil  révèchédeMers- 
l>nrg,  érigea  m  1007  celui  de  Ham- 
berg  qui  étonne  par  sa  magnillcence; 
fondations  qu'il  ne  faut  pas  regarder 
t.ous  le  point  de  vue  de  la  d'évotiou 
seule  ,  mais  coiume  des  moyens  très 
tages  et  très  lUiles  de  civilisation 
dans  ces  temps  d'ignorance  et  de  bar- 
barie. Charlemagne  son  aïeul  mater- 
nel les  avoil  aussi  employés  ;  el  M. 
Ancillon  ,  dans  son  tableau  des  ré- 
volutions, remarque  liés  judicieu- 
stïineul  que  ces  é\èchés  fondés  par 
la  maison  de  Saxe  devinrent  des 
écoles  de  cullure  el  d'obéissance. 
L'empereur  Henri  11  est  le  premier 
qui  83  soit  strvi  du  grand  sceau  de 
lempire,  appelé  sceau  de  majesté,  et 
du  titre  de  roi  des  Uoinains,  que  ses 
successeurs  ont  substitué  à  celui  de 
roi  d'Italie.  Il  avoil  épousé  Cuné- 
goude  ,  tille  de  Sigefroi  ,  comte  de 
Luxembourg  ,  et  sœur  de  Henri  IV  , 
duc  de  Bavière  ,  dont  il  n'euljamais 
d'enrans.  Elle  fut  accusée  d'adultère  , 
de  sortilège  el  de  commerce  avec  le 
diable.  Un  auteur  conlemporain  rap- 
porte «  qu'en  efiét  on  voyoil  souvent 
les  matins  le  diable  sortir  de  son  lit 
sous  la  forme  d'un  beau  soldat  si/ù 
forma  inilitis  speciosl.  »  Elle  se 
purgea  de  celle  accnsation  eu  passant 
par  l'épreuve  du  feu,  el  n'un  fui  pas 
moins    canonisée   eu   1201.   T^oycz 

CUNEGONDE  ,  u"  I. 

III.  HENRI  III ,  le  Noir,  fils  de 
l'empereur  Conrad  II,  naquit  en  1017, 
el  succéda  à  son  père  en  loôg,  à 


HENR 


34i 


!  Vàge  de  22  ans.  Les  premières  an- 
nées de  son  règne  furent  marquées 
par  des  guerres  contre  la  Pologne  , 
la  Bohème,  la  LIongrie;  mais  elles 
ne  produisirent  aucun  grand  événe- 
ment. La  confusion  régnoit  à  Rome 
comme  dans  loule  fltalie.  L'empe- 
reur passa  les  monts  pour  y  porter 
la  pais.  11  lit  déposer,  dans  un  cou-  • 
elle,  Benoit IX,  Silvestre  lu  ,  Gré- 
goire VI ,  el  mettre  à  leur  place 
Clément  11.  Les  Romains  jurèrenl  à 
l'empereur  de  ne  plus  élire  de  pape 
sans  son  cousentement.  Henri  et  son 
épouse  reçurent  ensuite  la  couronne 
impériale  du  nouveau  pontife.  Après 
quelques  expéditions  contre  les  re- 
belles d'Italie  ,  de  Hollande  el  de 
Frise,  ce  prince  mourut  à  Bolfeld  en 
Saxe  le  h  octobre  lofiG,  et  fut  en- 
terré à  Spire.  Quelque  temps  avant 
sa  mort,  il  avoil  eu  une  entrevue 
avec  Henri  1,  roi  de  France  ,  qui  ,  lui 
ayant  fait  des  reproclies  de  ce  qu'il 
possédoil  injustement  plusieurs  pro- 
viiues  démembrées  de, la  couronne 
de  France  ,  l'empereur  lui  proposa 
de  vider  ce  différent  par  nu  duel  ; 
mais  le  monarque  français  le  refusa. 

t  IV.  HENRI  IV,  le  Viel  el  le 
Grand ,  fils  de  Henri  III  ,  succéda 
à  la  couronne  impériale  après  lui  , 
eu  io56  ,  à  liige  de  six  ons  ,  sous 
la  tutelle  d'Agnès  ,  sa  mère  ,  femme 
habile  el  courageuse  ,  qui  gou- 
verna l'empire  pendant  les  pre- 
mières années.  Dès  1  âge  de  treize 
ans ,  Henri  régna  par  lui-même  ,  et 
se  montra  digne  du  trône  par  sa 
valeur  contre  les  princes  rebelles  de 
l'Allemagne,  et  sur-tout  contre  les 
Saxons.  Tout  étoit  alors  dans  la 
plus  horrible  confusion.  Qu'on  en 
juge  par  le  droit  de  rançonner  les 
voyageurs  :  droit  que  tous  les  sei- 
gneurs ,  depuis  le  Mein  el  le  Weser 
jusqu'au  pays  des  Sclavcs  ,  comp- 
toient  parmi  leurs  prérogatives  féo- 
dales. L'empereur  ,  quoique  jeune  , 
el  liv  rc  ùl  Icu»  les  plaisirs ,  parcourut 


34: 


H  EN  11 


rAilemagne ,  pour  y  niellre  quelqiis 
ordre;  mais,  tandis  qu'il  regloltl'Al- 
iemagtie  ,  il  se  formoit  uu  orage  en 
Italie.  Alexandre  11  étant  mort  en 
1073,  les  Romains  élurenl  Hilde- 
brand  ,  qui  prit  le  nom  de  Grégoire 
VII  :  homme  de  mœurs  pures  ,  mais 
d'un  esprit  vaste  et  zélé  jusqu'à  l'em- 
portouient.   Le    nouveau    pape    ne 
voulut   pas  être  1  onsacré  que  l'em- 
pereur n'eût  confirmé  son  élection. 
Henri  IV  lui  porta  des  plaintes  con- 
tre les  Sa/.ons ,  toujours  domptés  et 
toujours  rebelles.  Ces  barbares ,  per- 
sistant dans  leur  révolte  ,  avoient 
fait  menacer  l'empereur  de  donner 
son  sceptre  impérial  à  un  autre  ,  s'il 
ne  chassoit  ses  conseillers  et  ses  mai- 
tresses  ,    s'il    ne    résidoit   avec    sa 
femme  ,  el  s'il  ne  quittoit  de  temps 
eu  temps  la  Saxo  pour  parcourir  les 
autres    provinces    de    son  empire. 
Henri  IV,  pensant  que  les   foudres 
du    Vatican   produiroient    un  effet 
plus  prorapt  que  ses  armes,  s'adressa 
à   Grégoire.    Les  Saxons  ,  de  leur 
«côté  ,  accusèrent  l'empereur  de  si- 
monie et  de  plusieurs  autres  crimes  ; 
Ces  accusations  n'étoient  pas   sans 
fondement.    Les   empereurs    jouis - 
soient  depuis  long-temps  en  Alle- 
magne du  droit  d'investiture ,  fondés 
*ur  ce  qu'ils  avoient  doté  les  évcchés 
et  Ifû  abbayes,  ou  en  avoient  aug- 
menté les  revenus  par  leurs  libéra- 
lités. Mais  Henri  IV  prétendit  distri- 
buer ces  bénéfices  à  prix  d'argent, 
a  Les  empereurs  ,  dit  Voltaire,  nom- 
moieut  aux  évêcbés,  et  Henri  IV  les 
vendoit.    Grégoire    s'opposa  à  cet 
abus.  »  (Annales  de  l'empire,  tome 
premier,  année  io"6.  )  Pour  y  re- 
médier plus  eflîcacpraent  ,  le  pape 
assembla  deux  conciles  à  Rome  ,  €;i 
J078  et  1080,  où  il  abolit  la  formule 
d^s  investitures,  qui  paroissoit  sup- 
poser dans  l'empereur  une  puissance 
spirituelle.  Henri  fait  aussilôlassem- 
bler  une  diète  à  Worms  en  1076  ; 
fait,  déposer  le  pape  ,    en  publiant 
contre  lui  uu  libelle  rempli  de  for- 


IlENR 

faits  imaginaires  et  ridicules  ;  le  fait 
saisir  par  uu  brigand  ,  au  moment 
où  il  célébroit  la  messe  ,  et  enfermer 
dans  une  tour  ,  d'où  le  peuple  ro- 
main le  retire.  Ce  fut  alors  que  les 
querelles  entre  l'empire  et  le  sacer- 
doce éclatèrent  avec  le  plus  de  vio- 
lence.  Le  pape  lança  contre  Henri 
l'anathèmedoul  il  l'avoit  déjà  me- 
nacé ,  et  délia  ses  sujets  du  serment 
de  fidélité.  Les  princes  d'Allemagne, 
excités  par  ses  lettres  aussi  efficaces 
que  ses  bulles,  pensoient  à  déposer 
Henri.  Ce  monarque,  pour  parer  le 
coup  ,  passa  les  Alpes  ,  et  alla  trou- 
ver le  souverain  pontife  à  Canose  , 
forteresse  appartenante  à  la  comtesse 
Mathilde.  Henri  ,  après  une  péni- 
tence de  trois  jours  dans  la  cour  du 
château,  et  sous  les  fenêtres  du  pape, 
exposé  en  plein  hiver  aux  injures  de 
l'air ,  pieds  nus  et  couvert  d'un  ci- 
lice  ,   reçut  enfin   son  absolution , 
sous  les  conditions  les  plus  humi- 
liantes. Les  Lombards,  indignés  de 
ce  qu'il  avoil  avili  la  dignité  impé- 
riale ,  veulent  élire  à  sa  place  son 
]eune  fils    Conrad.   Henri ,   ranimé 
par  la  crainte  de  perdre  ses   états 
d  Italie  ,  comme  il  avoit  perdu  ceux 
d'Allemagne  ,  se  prépare  à  tirer  ven- 
geance de  Grégoire  VU.  Ce  pape  le 
fait  déposer,  en  1077,  par  les  princes 
ses  partisans  ,  dans  la  diète  de  Fors- 
cheim  ,  et  donner  son  sceptre  à  Ro- 
dolphe, duc  de  Souabe.  L'empereur 
déposé  battit  son  compétiteur  dans 
plusieurs    rencontres  ,  et    enfin  lui 
donna  la  mort  à  la  journée  de  Volch- 
neim.  Henri  fit  déposer  en  même 
temps  le  pontife  son  ennemi   dans 
un  synode  de  Brissen ,  et  mettre  à  sa 
place  Guibert ,  archevêque  de  Ra- 
vcnups  ,  qu'il  affermit  sur  le  siège 
pontifical  par  ses  armes.  Il  s'empara 
de  Rome   après   un  siège  de  deux 
ans,  et  se  lit  couronner  empereur 
par    son    antipape.    Peu  de    temps 
après,  Grégoire  meurt  à  Salerne; 
mais     la     guerre    ne    s'éteiut    pas 
avec  lui.  Conrad  ,  fils  de  Henri  ÎV, 


.HENR 

coureunéroi  d'Italie  par  Urbain  II, 
se  révolta  contre  son  père.  Henri , 
luilre  fils  de  l'emperevir,  excité  par 
Pascal  II,  se  fit  donner  la  couronne 
impériale  l'an  1106.  Les  seignenrs  , 
ennemis  de  ce  père  infortuné ,  se 
joignirent  au  fils  rebelle.  On  ména- 
gea une  entrevue  entre  Henri  IV  et 
son  fils  ;  elle  devoit  se  passer  à 
fdayeuce.  L'empereur ,  après  avoir 
congédié  son  armée  ,  se  mit  en 
«heinin  pour  s'y  rendre  :  mais 
le  barbare  et  dénaturé  Henri  ,  sou- 
tenu par  toutes  les  forces  de  son 
parti ,  le  fit  arrêter  prisonnier  à  In- 
gelheim  ,  et ,  après  l'avoir  dépouillé 
avec  violence  de  tous  les  ornemens 
impériaux  ,  l'obligea  de  renoncer  à 
l'empire.  Le  malheureux  Henri  IV, 
réfugié  à  Cologne  ,  et  de  là  à  Liège , 
assembla  une  armée;  mais,  après 
linéiques  succès  ,  ses  troupes  furent 
battues  par  celles  de  Henri  V.  Réduit 
aux  dernières  extrémités,  pauvre, 
errant,  sans  secours  ,  il  supplia  l'é- 
vêque  de  Spire  de  lui  accorder  une 
prébende  de  laïque  en  son  église  ,  lui 
alléguant,  qu'ayant  étudié  et  sachant 
chanter ,  il  y  feroil  l'office  de  lecteur 
ou  de  sous-chantre  :  elle  lui  fut  re- 
fusée. Enfin,  abandonné  de  tout  le 
monde  ,  il  écrivit  à  son  fils  ,  pour  le 
conjurer  de  souffrir  que  1  évéque  de 
Liège  lui  donnât  un  asile.  «  Laissez - 
moi ,  lui  disoit-il  dans  cette  lettre, 
rester  à  Liège  ,  sinon  en  empereur  , 
du  moins  en  réfugié  ?  Qu'il  ne  soit 
pas  dit  à  ma  honte ,  ou  plutôt  à  la 
vôtre  ,  que  je  suis  obligé  de  chercher 
de  nouveaux  asiles  dans  le  temps  de 
Pâques.  »  Il  mourut  dans  cette  ville 
le  7  août  H06  ,  après  avoir  envoyé 
à  son  fils  son  épée  et  son  diadème.  Il 
fut  enterré  à  Liège  ,  déterré  par  or- 
dre du  pape  ,  etprivé  de  la  sépulture 
pendant  cinq  années  entières,  jus- 
qu'à ce  que  Henri  V,  son  fils  ,  le  ht 
inhumer  à  Spire  dans  le  tombeau 
des  empereurs.  Ce  prince  fit  quel- 
ques lois  pour  maintenir  la  paix  et  la 
tranquillité  de  l'Allemagne  ,  et  se 


HEi^R  343 

tint  toujours  prêt  à  la  défendre  par 
son  épée.  Il  se  trouva  en  personne  à 
soixante-six  batailles.  Une  confiance 
aveugle  en  des  mmistres  incapables , 
une  passion  extrême  pour  les  plai- 
sirs ,  la  vente  qu'il  fil  des  bénéfices  à 
des  sujets  indignes  de  les  posséder, 
ternirent  son  règne  ,  et  furent  en 
partie  la  source  de  ses  malheurs. 
Quelques  historiens  le  représentent 
comme  un  prince  sage  ,  modéré  ,  af- 
fable ,  libéral ,  occupé  du  bien  pu- 
blic. Selon  d'autres  ,  il  étoil  dur  , 
injuste  ,  cruel ,  habile  à  déguiser  ses 
senlimens  ?ous  le  masque  de  lami- 
tié  ,  jusqu'à  pleurer  ceux  qu'il  faisoil 
secrètement  mourir. On  peut  prendre 
un  milieu  entre  ces  portraits  contra- 
dictoires :  mais  on  ne  peut  nier  que 
Henri  ne  poussât  la  libéralité  jus- 
qu'à la  profusion  ,  et  que,  pour  sub- 
venir à  ses  dissipations  ,  il  ne  fit  un 
trafic  des  biens  ecclésiastiques.  Ceux 
qui  louent  sa  fermeté  et  l'élévation 
de  son  ame  n'auroieut  pas  dii  ou- 
blier que  ,  dans  la  crainte  d'être 
renverse  du  trône,  il  se  soumit  aux 
trailemens  les  plus  humilians.  Voy . 
Grégoike  VIT. 

i-  V.  HENRI  V,  le  Jeune,  né  en 
1081,  déposa  son  père  Henri-le-Vieil 
en  1106,  et  lui  succéda  à  l'âge  de 
55  ans.  Son  premier  soin  ,  dès  qu'il 
fut  couronné  ,  fut  de  maintenir  ce 
même  droit  des  investitures  ,  contre 
lequel  il  s'étoit  élevé  pour  détrôner 
son  père.  Il  passa  en  Italie  en  1 1 1  o,  se 
saisit  du  pape  Pascal  II,  ellecoutrai- 
gnità  lui  accorder  le  droit  dénom- 
mer aux  bénéfices.  A  peine  ce  nou- 
vel empereur  fut-il  hors  de  l'Italie  , 
que  le  pontife  cassa  ,  dans  un  concile, 
la  concession  qu'il  avoit  faite ,  renou- 
vela les  décrets  contre  les  investi- 
tures ecclésiastiques  données  par  des 
laïques,  et  excommunia  Henri.  Ce 
prince  alla  s'emparer  de  Rome;  et , 
après  la  mort  de  Pascal  II ,  opposa 
à  son  successeur  l'antipape  Gré- 
goire VIII.  Frappé  d'un  uouvel  anu- 


344  HEINR 

lîième  et  craignant  le  sort  de  son 
père,  il  assembla  une  dièle  àWovins, 
poiîr  se  réconcilier  avec  le  pajjc. 
Lenipereur  ,  da  consenlemeut  des 
états  ,  renonça  à  la  nouiitialiuu 
des  évècjues  et  des  abbés ,  el  lais- 
sant aux  chapitres  la  liberté  d  s 
élections  ,  il  piomit  de  ne  plus  in' 
vestir  les  eccltisiasliques  ,  de  leur 
temporel ,  par  la  crosse  el  l'anneau  , 
mais  de  substituer  a  ces  symboles 
îe  sceptre  ,  lorsqu'il  ferotî  la  céré- 
îîioniede  l'investiltire.  Les  terres  du 
saiul-siégs  furent  affranchies  absolu- 
ment de  la  suzeraineté  de  1  erapirt- . 
Par  ce  concordai  ,  il  ne  resta  plus 
aux  empereurs  que  le  droit  de  déci- 
der en  Allemagne  ,  dans  If  cas  d'une 
élection  douteuse  ,  celui  des  i)reime- 
jres  prières  ,  et  le  droil  de  raa.n- 
morle  ,  quOlhon  IV  fut  obligé  d'a- 
banùonuer.  Apres  avoir  signé  ce 
traité  ,  Henri  V  fut  absous  de  son 
excommunicatioii  par  les  légats. 
L'empereur  ne  survécut  guères  acel 
évéueineiU  ,  une  maladie  coiilagieuse 
désoîoil  l'Euiope  :  il  en  mourut  à 
Utrecht ,  le  25  mai  1 1  ^5  ,  sans  pos- 
térité ,  avec  la  réputation  d'un  tiis 
dénaturé  ,  d'un  hypocrite  ,  d'un  voi- 
sin inquiet ,  eld'un  mauvais  maître. 
C'est  sous  ce  prince  que  les  seigneurs 
tles  grands  liefs  comtneiicerenl  a  s'af- 
fermir dans  ie  droit  de  souveraineté. 
Cette  indépendance  qu'ils  eherclioient 
à  s'assurer  ,  et  que  les  empereurs 
-vouloienl  empêcher  ,  conlribiia  pour 
3e  moins  autant  que  les  prétentions 
des  papes,  aux  îroubles  qui  divi- 
sèrenl  l'eiaphe.  Les  successeurs  de 
Henri  V  réclamèrent  contre  les  re- 
nonciations faites  par  ce  prince  dans 
la  dicte  de  VVornis.  Mais  Nicolas  V 
pré  vin  l  les  nouvelles  disputes  que 
î^-urs  plaintes  pouvoientoccasionner, 
})ar  le  concordat  gt^rmanupie  ,  qu'il 
iilen  1446,  avec  Frédéric.  Ilyavoit 
fcous  Henri  V  des  bnbilans  de  trois 
différeules  classes  dans  les  villes 
d'Allemagne  :  les  nobles  ,  j'amiliœ; 
les  citoyens  ou  hommes  libres^  li- 


HEÎNR 

heri  ;  les  artisans  qniétoienl  escla- 
ves, ho/ni  lies  proprii.  Henri  V  al- 
Irancbit  les  artisans  esclaves  r[ui  ha- 
1)1  toient  dans  les  villes,  et  leur  donna 
le  rang  de  citoyens  on  d  hommes 
libres. 

t  VL  HENRI  WJcScuhe,  fds  de 
Frédéric  Barberousse  ,  successeur  de 
son  père  en  1  190  ,  à  l'âge  de  25  ans 
(ijq/.  CÉLESTiN  lll),  avoil  été  élu  et 
couronné  roi  des  Romains  dès  Tago 
de  deux  ans,  en  i)6g.  Il  y  avoil 
plus  d'un  siècle  que  la  coutume  étoit 
établie  de  conférer  le  titre  de  roi  des 
Romains  avant  de  donner  la  cou- 
ronna impériale.  La  cause  de  ladis- 
linclion  de  ces  deux  litres  ponvoit 
être  ie  désir  qu'avoi  ut  les  empereurs 
de  perpétuer  l'empire  dans  leur  mai- 
son :  ei  comme  sous  le  fias-Empire 
les  empereurs  faisoient,  dans  celle 
vue,  déclarer  fur  i'ils  aîné  César, 
de  même  les  empereurs  d'Occident  , 
ne  voulant  point  employer  le  mot 
de  César  qui  étoit  dans  l'oubli  ,  se 
.  servirent  de  c"!ui  de  roi  des  Ro- 
mains ;  imitant  peut-être  en  cela  ce 
qui  étoit  en  effet  arrivé  à  Cliarle- 
inague  ,  qui  avoit  été  couronné  roi 
d'Italie  avant  d'être  nommé  empe- 
reur. Ce  qui  est  singulier  ,  c'est  qu'a- 
près que  l'Italie  leur  eut  échappé  , 
ifi  cons.^rvereut  encore  le  nom  de 
roi  des  Romains  :  loujours  dans  le 
même  esprit  de  rendre  l'empire  hé- 
réditaire, de  désigner  par  u\\  titre, 
qu'ils  savoient  n'avoir  plus  rien  de 
réel ,  leurs  enfaus  pour  remplir  leur 
place,  et  de  préparer  ainsi  les  peu- 
ples à  les  y  voir  succéder.  Henri  VI, 
déjà  deux  fois  recounu  el  couronné 
chi  vivant  de  son  père ,  ne  renou- 
vela point  cet  appareil  ,  el  régna  de 
plein  droil.  Après  quelques  expédi- 
tions en  Allemagne,  ce  prince  passa 
dans  la  Pouille  ,  pour  faire  valoir  les 
droits  que  Constance ,  son  épouse, 
lille  poslliiime  de  Roger  ,  roi  de  Na- 
ples  elde  Sicile  ,  avoil  sur  ces  royau- 
mes ,   dont  Taucrède  ,  bàlard    de 


HEINR 

Roger,  s'éloil  rendu  mailre.  Uaeiles 
]>lus  graiiiies  lâchetés  qu'un  souve- 
rain puisse  commettre  l'acilila  celle 
conquête  à  l'eniperetn-.  I/intrfipide 
roi  d'Angleterre,  Ricliard -Cujiir- 
«ie  làou  ,  en  revenant  de  sa  croi- 
sade ,  lu  naufrage  près  de  la  Dal- 
inatie.  11  passe  sur  les  terres  de 
Lt'opoid  ,  duc  d'Autriche  ;  ce  duc 
viole  l'hospitalité  ,  charge  de  fers 
le  roi  d'Angleterre  ,  le  vend  à  l'em- 
pereur Henri  VI  ,  qui  en  lire  une 
grosse  rançon  ,  et  avec  cet  argent 
va  conquérir  les  deux  Siciles.  Il 
fait  exhumer  Je  corps  du  roi  ^l'an- 
crede ,  et  fait  couper  par  le  bour- 
reau la  tète  au  cadavre.  On  crève  les 
yeux  au  jeune  roi  son  tils ,  on  le  fait 
inuiuqvie ,  on  le  conii)ie  dans  une  pri- 
son à  Coire,  chez  les  Grisons.  On 
enferme  ses  sœurs  en  Alsace  avec 
leur  mère  :  et  les  partisans  de  celte 
famille  infortunée,  soit  barons  ,  soit 
évèques,  meurent  dans  les  supplices. 
Tous  les  trésors  sont  enlevés  et  trans- 
portés en  Allemagne.  Ces  atrocités 
le  tirent  surnommer  le  Hévhre  et  le 
Cruel.  Sa  cruauté  le  perdit  :  sa  pro- 
pre femme  Constance,  dont  il  avoit 
exterminé  la  fannlle  ,  conspira  con- 
tre ce  tyran  ,  et  enlin  ,  dit-on,  le  lit 
empoisonner  le  28  septembre  1197  , 
à  l'âge  de  52  ans.  Henri  VI  a  été  mis, 
avec  raison,  au  nombre  des  plus  mé- 
chans  princes.  La  nature  lui  avoit 
accordé  des  qualités  extérieures.  Il 
aimoit  excessivement  la  chasse  et  la 
promenade;  ce  qui  lui  faisoit  préfé- 
rer le  séjour  rie  la  campagne  à  celui 
de  la  ville,  où  il  ne  venoit  le  plus 
souvent  que  pour  faire  éclater  une 
fastueuse  magnificence  dans  les  jeux 
publics,  el  pour  s'y  donner  lui-même 
en  spectacle.  Son  esprit  éloit  vif, 
pénétrant,  cultivé  par  l'étude,  el 
soutenu  par  ime  éloquence  natu- 
relle, par  un  jugement  solide,  et 
une  grande  hardiesse.  Tous  ces  avan- 
tages furent  souillés  par  une  avarice 
sordide,  par  ses  iii]uslices  et  ses  vio- 
lences, par  son  humeur  féroce  el  sau- 


HEINR 


345 


gninaire  ,  par  son  insatiable  désir  de 
vengeance. 

VU.  HENRI-RASPON ,  landgrave 
de  Thurmge,  élevéà  lad-gnitédem- 
pereiir,  n'en  eut  à  proprement  par- 
ler que  b;  titre,  et  même  fort  peu 
de  temps.  Le  pape  Innocent  IVayant 
déposé  Frédéric  II  dans  le  concile 
général  de  Lyon,  qui  ne  l'approuva 
pas  ,  les  archevêques  de  Mayence  , 
de  Cologne  et  de  Trêves,  avec  quel- 
ques prmces  d'Allemagne  ,  élmenl. 
à  sa  place  ,  l'an  1  2.(6  ,  le  landgrave 
de  Thuringe  ;  mais  ce  nouvel  empe- 
reur ,  appelé  par  dérision  le  Roi 
des  Prêtres,  mourut  l'année  sui- 
vante, d'une  blessure,  ou  plutôt  du 
chagrin  d'avoir  perdu  une  balaille 
contre  les  troupes  de  Frédéric. 

t  VllI.  HENRI  Vil,  tils  aine  de 
HL'iiri  ,  comte  de  Luxembourg  ,  élu 
empereur  en  i.io8,  el  couronné  en 
1  509,  à  46  ans,  est  le  prenrier  prince 
qui  ait  été  nonniié  par  six  élec- 
teurs seulement,  tous  six  grands  of- 
ficiers de  la  couronne;  les  archevê- 
ques de  Mayence,  de  Trêves  et  de 
Cologne  ,  chanceliers  ;  le  comte  pa- 
latin (le  la  maison  de  Bavière  d'au- 
jourd'hui, grand-maitre  ;  le  duc  de 
Saxe,  de  la  maison  d'As(anie,grand- 
écuyer;  le  marquis  de  Brand;-bourg, 
de  la  même  maison  ,  grand-cham- 
bellan. Ce  fut  le  comte  palat  n  qui 
nomma,  en  vertu  du  pouvoir  qui  lui 
avoit  élé  accordé  par  les  autres  élec- 
teurs ,  «  Henri  ,  comte  du  Luxem- 
bourg ,  roi  des  Romains,  futur  em- 
pereur ,  protecteur  de  l'Eglise,  ro- 
maine et  universelle,  ■r^t  défenseur  des 
veuves  e!  desorpbelins.. .«Henri  Vil 
passe  en  Italie  ,  a-près  avoir  créé  vi- 
caire en  Allemagu':  .'^ou  tils  Jean, 
roi  de  Bohême.  L'Italie  éloit  alors 
déchirée  par  les  factions  des  guelfes 
et  des  gibelins.  Il  lui  fallut  assiéger 
une  partie  des  villes  ,  el  Uome  même. 
Elle  éloit  pareillement  divisée  en 
deux  partis  :  ies  Orsiui  ,  soutenus 
par  le  roi  de  Naples  ,  Icuoisnt  près- 


346 


HEÎNR 


que  toute  la  ville  ;  les  Colomies  qui 
éloient  gibelins ,  n'avoient  pu  con- 
server que  le  Capilole.  Henri  VU  y 
tut  couronné  clans  l'église  de  Latran 
en  loi 2,  après  avoir  fait  de  vains 
efforts  pour  se  rendre  maître  de  la 
ville  entière.  11  se  préparoil  à  sou- 
mettre l'Italie,  lorsqu'il  mourut  à 
Buonconvento  près  de  Sienne  ,  le 
25  août  i3i3,  à  5i  ans.  Le  bruit 
courut  qu'un  dominicain  ,  nommé 
Bernard  de  Montepulsiaiio  ,  lui 
avoit  donné  la  mort ,  en  le  com- 
muniant avec  du  vin  empoisonné  , 
le  jour  de  l'Assomption.  Quelques 
auteurs  même  l'ont  écrit  ;  mais 
c'est  ime  fausseté.  Son  tils  Jean ,  roi 
de  Bohême  ,  donna  des  lettres  pa- 
tentes à  l'ordre  de  Saint-Dominique , 
par  lesquelles  il  déclara  le  frère  Ber- 
nard innocent  du  crime  dont  on 
l'accusoit.  Henri  emporta  dans  le 
tombeau  les  regrets  de  toute  l'AUe- 
Hiagne,  et  même  dune  partie  de 
l'Italie.  Ilavoitsu  allier  la  prudence 
des  plus  habiles  politiques  ,  l'auto- 
rité d'un  mailre,  et  la  valeur  d'un 
conquérant.  Ses  sujets  l'aimoient 
comme  un  père  ,  et  le  respectoieut 
comme  le  soutien  des  lois  et  de  la 
justice.  Son  règne  ,  quoique  très- 
court ,  fut  plus  glorieux  que  celui 
des  trois  empereurs  qui  l'avoient 
précédé.  Jean  de  Luxembourg,  roi 
de  Bohème ,  fut  le  seul  iils  de  Henri. 
Il  eut  aussi  trois  tilles,  Béairix  , 
Marie  et  Agnès.  Béatrix  fut  mariée  à 
Charobert ,  roi  de  Hongrie  ;  Marie 
épousa  Charles  IV,  roi  de  France  ; 
et  Agnès  fut  la  seconde  femme  de 
Rodolphe  ,  comte  palatin.  On  ne 
peut  pas  reprocher  à  Henri  de  ne 
s'être  occupé  qu'à  agrandir  sa  mai- 
son. Il  la  laissa  aussi  pauvre  qu'elle 
étoit  avant  son  élévation  an  trône 
impérial ,  si  l'on  excepte  la  Bohême, 
qui  y  entra,  par  l'élection  libre  des 
peuples  de  ce  royaimie.  Dans  les 
dernières  années  de  son  règne  ,  les 
chevaliers  teutoniques  s'agrandis- 
soient,elfaisoieiit  des  conquêtes  sur 


HEP^R 

les  idolâtres  et  les  chrétiens  des 
bords  de  la  mer  Baltique;  ils  se 
rendirent  même  maîtres  de  Danl- 
zick  ,  qu'ils  cédèrent  après.  Ils  ache- 
tèrent la  contrée  de  la  Prusse  nom- 
mée Pomérelie  ,  d'un  margrave  de 
Brandebourg  ,  qui  la  possédoit.  Pen- 
dant que  les  chevaliers  teutoniques 
devenoicnt  des  conquérans  ,  les  tem- 
pliers furent  détruits  en  Allemagne 
comme  ailleurs  ;  et  quoiqu'ils  se  sou- 
tinssent encore  quelques  années  vers 
le  Rhin  ,  leur  ordre  fut  entièrement 
aboli.  Clément  V,  qui  n'avoit  osé 
s'élever  contre  Henri  vivant,  con- 
damna sa  mémoire  après  sa  mort.  II 
déclara  que  le  serment  que  cet  empe- 
reur avoit  fait  à  son  couronnement 
dans  Rome  étoit  un  serment  de  fidé- 
lité, et  par  conséquent  d'un  vassal 
qui  rend  hommage Mussali,  mi- 
nistre de  cet  empereur  ,  a  donné  son 
Histoire  en  latin. 

IX.  HENRI.   Voyez  Frédéric- 
Henri-Louis  ,  n°  XXVI. 

t  X.HENRI  I",  roi  de  France 
en  loôi  ,  fils  aîné  du  roi  Robert 
et  de  Constance  de  Provence,  monté 
sur  le  trône  malgré  sa  mère,  eut 
une  guerre  civile  à  essuyer.  Cons- 
tance ,  appuyée  par  Eudes  ,  comte 
de  Champagne  ,  et  par  Baudouin  , 
comte  de  Flandre  ,  excita  une  ré- 
volte pour  faire  donner  la  cou- 
ronne à  Robert  son  second  fils.  Pio- 
bert -le -Magnifique  ,  duc  de  Nor- 
mandie ,  lui  aida  à  soumettre  les 
rebelles.  Les  troupes  de  la  reine  fu- 
rent battues,  et  le  frère  de  Henri 
obligé  de  lui  demander  la  paix.  11 
la  lui  accorda,  et  fil  en  sa  faveur 
une  cession  du  duché  de  Bourgogne, 
d'où  est  sortie  la  première  race  des 
ducs  de  Bourgogne  ,  du  sang  royal. 
Le  duc  Robert  étant  mort  ,  et  la 
possession  du  duché  de  Normandie 
étant  disputée  à  Guillaume,  son  fils 
naturel,  Henri  se  joignit  à  lui  pour 
l'aider  à  conquérir  son  héritage.  Tous 
1  deux  réunis  Uvrèreul  bataille  aux 


HEr^R 

rebelles  ,  dans  le  lieu  appelé  le  Val 
des  Dunes  ,  près  de  Caeu.  Hetiii 
y  fui  ahallu  d'un  coup  de  lauce  par 
un  genliihomme  du  Colentui  ;  mais 
il  se  releva  sans  blessure.  Guil- 
laume, depuis  surnonuné  le  Con- 
quérant, vainqueur  de  ses  ennemis 
dans  celle  journée,  jouit  paisible- 
ment de  son  duché.  Un  nouveau 
prétendant ,  cousin  de  son  père  , 
s  étant  présenté ,  Henri  le  soutint 
conlre  le  même  Guillaume  ,  dont 
il  commençoil  à  êlre  jaloux.  11  tenla 
la  conquête  de  Normandie  ,  mais 
sans  succès  ,  et  mourut  à  Vitry  en 
Brie  le  4  août  1060  ,  à  55  ans.  On 
a  dit  de  lui  :  Betli  Pacisque  pe- 
lilns.  En  effet,  Henri ,  malgré  quel- 
ques échecs  ,  obtint  la  réputation  de 
grand  capitaine  ,  ainsi  que  celle  de 
monarque  équitable.  {P^oj.  Beren- 
GER  ,  u"  III.  )  Après  la  mort  de  sa 
prennère  femme  ,  il  en  envoya  cher- 
cher une  seconde  jusqu'à  Moscow  , 
Anne ,  tille  de  Jaroslaw  ,  duc  de 
Russie.  On  prétend  que  la  crainle 
clf'ssuyer  des  querelles  ecclésiasti- 
ques le  détermina  à  ce  mariage  : 
ou  ne  pouvoit  alors  épouser  sa  pa- 
rente au  7*^  degré.  La  veuve  de 
Henri  se  reraaiia  aucomlede  Crépy  ; 
et ,  après  la  mort  de  son  second 
époux,  elle  retourna  dans  son  pays. 
LUe  avoit  eu  du  roi ,  Philippe  el 
Hugues.  Henri ,  qui  sans  doute  la 
connoissoit  bien  ,  ne  l'avoit  pas 
nommée  tutrice  de  ses  fils  en  bas 
âge  ;  ce  fut  son  beau-frère  ,  le  comte 
de  Flandre,  qui  eut  la  tutelle.  Henri 
n'avoil  point  eu  d'enfans  de  sa  pre- 
mière femme  ,  nommée  Mathilde, 
fille  de  l'empereur  Conrad  11.  Phi- 
lippe, qu'il  avoit  fait  proclamer  roi 
avant  sa  mort ,  occupa  le  trône  après 
lui.  J^ojez  HiiNRi  m  ,  empereur, 
à  la  fin. 

t  XI.  HENRI  II ,  roi  de  France  , 
né  à  Saint-Germain-en-Laye  le  5i 
mars  i5i8  ,  de  François  I'"^  et  de 
lii    reine   Claude  ,  succétla    à  b«n 


HE]NR 


347 


père  en  lu/j?.  La  France  éloii  alors 
en  guerre  avec  l'Angleterre  ;  H^nri 
Il ,  qui  s'étoit  signalé  sous  son  père 
en  Piémont  et  en  Roussillon  .  con- 
tinua cette  guerre  avec  succès,  et 
la  finit  en  i55o  ,  par  une  paix  assez 
avantageuse.  Les  Anglais  lui  ren- 
dirent Ëoulogne,  moyennant  quatre 
cent  mille  écus  ,  payables  en  deux 
termes.  L'année  suivante  est  célèbre 
par  la  ligue  ,  pour  la  défense  de  la 
liberté  germanique  ,  entre  Henri  11, 
Maurice  ,  électeur  de  Saxe ,  et  Al- 
bert ,  marquis  de  Brandebourg  , 
tous  trois  réunis  contre  l'empereur 
Charles-Quint.  Il  marcha  conlre  les 
troupes  impériales,  prit,  en  i552, 
Metz ,  Toul  et  Verdun ,  qui  sont  tou- 
jours restés  à  la  France  ,  pour  pri^ 
delà  liberté  qu'elle  avoit  assurée  a 
l'Allemagne.  Charles- Quint  ayant 
donné  aux  luthériens  entière  sûreté 
pour  leur  religion,  et  conclu  la  paix 
avec  les  princes  allemands  ligues 
contre  lui  ,  Henri  il  resta  seul  de 
la  ligue  contre  l'empereur.  Pour  sub- 
\enir  air;  fiais  d'une  guerre  si  rui- 
neuse ,  il  aliéna  une  partie  de  son 
domaine,  mit  un  impôt  de  35  livres 
sur  chaque  clocher  ,  et  un  autre  sur 
l'aigeiiterie  des  églises.  Charles- 
Quint  parut  devant  ]\Ielz  avec 
une  armée  de  cent  mille  hommes. 
Le  duc  de  Guise  ,  secondé  par  toute 
la  haute  noblesse  de  France,  défen- 
dit SI  vaillamment  cette  ville ,  que 
l'empereur,  obligé  de  se  retirer,  dé- 
truisit par  dépit  l'érouaue  de  fond 
en  comble.  Le  monarque  français  s.- 
venge  de  celte  barbarie,  en  rava- 
geant le  Brabant  ,  le  Hainaut  ,  le 
Cambrésis.  Il  défait  les  Impériaux 
en  1554  à  la  bataille  de  Renli,  dont 
cependant  il  est  obligé  de  lever  le 
siège.  Henri  chercha  dans  celte  jour- 
née l'occasion  de  combattre  Charles- 
Quint  corps  à  corps  ;  mais  Charles 
l'évita.  Les  Français  furent  moins 
heureux  à  la  bataille  de  Marciano  en 
Toscane  ,  perdue  la  même  année 
I  parSlro2zi^  commandant  des  trou- 


348  HEISR 

pes  de  Fiance  ,  et  gagnée  par  le 
marquis  de  Marignan.  L'épuisument 
cies  piiissauf  es  belligéraules  ralentit 
la  guerre  ,  et  fit  conclure  une  trêve 
de  cinq  ans  à  Vaucelles  !e  5  février 
1 ."):'/ 6.  Cet  événenieat  fut  suivi  de 
l'abdication  de  l'empire  par  Cliarles- 
Quiut  ,  et  d'une  nouvelle  guerre. 
Philippe  11  ,  uni  avec  l'Augleteire  , 
marcha  en  Picardie  avec  i\o  raille 
hommes,  ayant  à  leur  lèie  ÎMUiiia- 
nuel-Philibert,  duc  de  Savoie,  l'un 
des  plus  grands  capitaines  de  son 
siècle.  L'armée  française  fut  telle- 
ment défaite  à  la  journée  de  Saiul- 
Qiienlin,  le  loaoût  i557  ,  qu'il  ne 
resta  rien  de  Tinfanlerie.  Touî  fut 
ou  tué  ou  pris  :  les  vainqueurs  ne 
))erdirenl  que  8o  liommes  ;  le  con- 
iiélable  de  Montmorency  et  presque 
tous  les  officiers  généraux  furent 
pris  ;  le  duc  d'Enguieu  blessé  à  mort  ; 
la  Heur  de  la  noblesse  détruite  ;  la 
France  dans  le  deuil  et  l'alarme.  Le 
duc  de  Guise  ,  rappelé  d'Italie  ,  ras- 
semble nue  armée  ,  et  rassure  le 
royaume  par  la  prise  de  Calais ,  qu'il 
enlève  aux  Anglais  le  8  janvier 
1  558  ;  ils  la  possédoient  depuis  i  5.  t7, 
qu'Ldouard  lll  la  voit  prise  sur  Phi- 
lippe de  Valois.  Le  duc  de  Cuise 
prit  encore  Guines  et  Thionville. 
î.e  duc  de  Ne  vers  preuoit  en  même 
temps  Charlemonl  ,  le  maréchal 
de  'l'hennes  ,  Dunkerqne  et  Sauit- 
Venox  ;  et  le  maréchal  de  Brissac , 
ne  pouvant  vaincre  en  Piémont  a 
cause  du  petit  nombre  de  ses  trou- 
pes ,  tàchoil  de  s'y  soutenir  sans  être 
vaincu.  Ces  succès  faisoienl  espérer 
ime  paix  avantageuse  :  fîenri  ,  mal 
cnnseillé  ,  en  conclut  wne,  le  3  avril 
i559,qui  fut  nommée  depuis  la 
Malheureuse  paix.  11  perdit  par  ce 
traité  ce  que  les  armes  espagnoles 
n'auroientpu  lui  enlever,  dit  le  pré- 
f nient  Hénault ,  après  3o  années  de 
.succès.  Calais  resta  à  la  France  ; 
jnais  ce  ne  devoil  être  que  pour  huit 
:ins  :  après  ce  temps  ,  cette  ville  de- 
Toil  relOBiuer  aux  Anelait.  On  re- 


HEINR 

mil  au  duc  de  Savoie  une  partie  de 
ses  états.  Tout  fut  rendu  de  part  et 
d'autre, soiten Italie  ,soil  en  France, 
excepté  les  trois  importantes  villes 
de  Metz  ,  Toul  et  Verdun  qui  nous 
restèrent,  mais  que  1  Empire  avoit 
la  liberté  de  redemander.  Par  la 
même  paix  lurent  conclus  les  ma- 
riages d'Elizaheth,  hlle  du  roi ,  avec 
Philippe  11  ,  et  de  sa  sœur  Margue- 
rite avec  le  duc  de  Savoie.  Les  fêtes 
que  donna  Henri  à  l'occasion  de  ce 
second  mariage  furent  fatales  à  la 
P'rancc.  Ce  prince,  dans  un  tour- 
noi cpi'il  avoil  ordonné,  fut  blessé 
en  joutant  dans  la  rue  Saint- An- 
toine contre  Gabriel  ,  couile  de 
Moiilgommeri.  capitaine  de  la  garde 
écossaise.  Ce  champion,  ayant  rom- 
pu sa  lance,  oublia  de  jeter,  suivant 
la  coutume,  le  tronçon  qui  lui  étoit 
demeuré  dans  la  main,  elle  tint 
toujours  baissé  ;  de  sorte  qu'en  cou- 
rant il  rencontra  la  tète  du  roi  , 
et  lui  donna  dans  la  visière  un  si  fu- 
rieux coup,  qu'il  lui  creva  l'œil  droit. 
On  dit  que  ,  tournant  vers  la  Bas- 
tille l'ceil  qui  lui  restoit ,  il  se  rap- 
pela quelques  actes  de  tyrannie  , 
et  parut  craindre  d'y  avoir  fait  en- 
fermer dts  innocens;  mais  le  car- 
dinal de  Lorraine,  qui  se  trouvoit 
près  de  lui ,  le  rassura  ,  et  lui  dit 
qu'une  telle  pensée  venoit  de  l'esprit 
malin.  Le  monarque  mournl  de  sa 
blessure  le  lO  juillet  iSfig.  I-es  pré- 
dictions qîi'on  débita  après  coup  sur 
celte  malheureuse  aventure  ont  fait 
impression  sur  des  écrivains  d'ail- 
leurs sensés:  ce  qui  prouve  ,  dit  le 
P.  Berthier  ,  que  la  crédulité  on 
la  supposition  surprennent  quelque- 
fois les  meilleurs  esprits.  Le  fu- 
neste genre  de  sa  mort  ht  dire  à 
Forcadel ,  anteur  d'une  des  ses  épi- 
tap]\es  ,  «  que  celui  que  Mars  même 
n'eût  pas  vaincu  ,  le  fut  par  l'unage 
de  Mars.  » 

Quein  Marx  np?t  rcipr/ie,  Mai-tis  imago  rapit. 

(  Fojcz  CiiATEioNEHAVE  ).  Henri 


HENR 

auroit  été  saus  défauts  ,  si  sa  con- 
duite eût  répondu  à  sa  bonne  mine  ; 
ir.îiis  sa  viclie  taille  ,  son  visage  doux 
et  serein  ,  son  espiii  agréable  ,  son 
.•dresse  dans  toutes  sortes  d'exer- 
cices ,  son  agilité  et  sa  force  corpo- 
relle ne  furent  pas  accompagnés  de 
la  fermeté  d'esprit,  de  l'application  , 
de  la  prudence  et  du  discernement 
nécessaires  pour  bien  commander. 
Il  éloil  nalurellemenl  bon  ,  et  avoit 
les  inclinations  \iortees  à  la  justice; 
mais  n'osant  on  ne  pouvant  rien 
faire  de  lui-même,  il  fui  cause  de 
tout  le  mal  que  commirent  ceux 
qui  le  gouvernoient.  (  Voy .  CossÉ, 
n°  I.  )  Ils  lui  firent  faire  des  dé- 
penses si  excessives  ,  qu'il  surchar- 
gea le  royaume  d'impôts.  Charles 
IX,  à  son  avènement  à  la  cou- 
ronne ,  trouva  l'état  endetté  d'en- 
viron quarante- trois  millions  cinq 
cent  mille  livres.  11  est  vrai  qu'on 
avoit  augmenté  un  peu  les  dettes  de 
l'état ,  sous  le  régne  court  ,  mais 
orageux  de  François  11.  Henri  11 
avoit  une  merveilleuse  lacilitéà  s'ex- 
primer en  public  et  en  j)arliciilier. 
On  auroit  jin  aussi  le  louer  sur  son 
amour  pour  les  belles  -  lettres  ,  et 
sur  ses  libéralités  envers  les  savans  , 
si  la  corruption  de  sa  cour,  autorisée 
par  son  exemple  ,  n'eut  invité  les 
plus  beaux  esprits  de  son  temps  à 
se  signaler  plutôt  par  des  poésies 
lascives  que  par  des  ouvrages  de 
bonne  littérature.  La  galanterie  éloit 
l'emploi  le  plus  ordinaire  des  cour- 
tisans; et  la  passion  du  prince  pour 
Diane  de  Poitiers  ,  duchesse  de  Va- 
lentiuois ,  étoit  le  premier  mobile  de 
tout  ce  qui  se  i:assoil  dans  le  gou- 
vernement. Les  minislres  et  les  fa- 
voris plioienl  également  sous  elle  ; 
et  le  connétable  Anne  de  IMont- 
moreucy  lui-même ,  tout  aimé  du 
prince,  tout  grave  qu'il  étoit,  ne 
pouvoit  se  dispenser  d'avoir  recours 
à  sa  faveur.  Ce  prince,  selon  Bodin  , 
fil  de  la  polygamie  un  cas  pen- 
dable,  et  commença  à  la  soumettre 


IIEÎSR 


349 


an  dernier  supplice.  Il  fit  des  or- 
donnances très  -  sévères  contre  les 
calvinistes  ,  quoique  le  fond  de  son 
caractère  fiit  la  boulé.  Des  quatre 
fils  qu'il  avoit  eus  de  Catherine  de 
Médicis,  François ,  Charles  et  Henri 
lui  succédèrent  l'un  après  l'autre.  Le 
dernier  ,  François,  duc  d'AIençon  , 
fut  dans  la  suite  créé  duc  de  Bra- 
bant.  Henri  11  eut  aussi  une  lille  , 
Marguciite  ,  qui  épousa  Henri  IV  , 
et  à^iw  enfaiis  naturels  :  le  duc 
(l'Angnulètne  ,  tué  à  Aix  par  Al- 
loviti  en  i5ii6  ;  et  Diane,  qui  épousa 
en  secoiides  noces  François  ,  duc  de 
IMoiilmoreiicy,  et  qui  mourut  sans 
postérité  eu  i6i<)  ,  à  8o  ans.  11  eut 
le  premier  de  mademoiselle  Levis- 
toii ,  Ecossaise,  et  la  seconde  de  ma- 
demoiselle Philippe  Duc  ,  Piémon- 
laise.  (  T-'oyez  Diane  ,  n°  III.  )  [Ma- 
demoiselle de  Lussan  a  donné  les 
Annales  de  Henri  II,  1749  >  ^  '^'°'' 
in-12;  et  l'abbe  Lambert ,  son  His- 
toire, 1755,  2  vol.  in-12;  mal 
digérée  et  mal  écrite. 

ï  XII.  HENRI  III ,  roi  de  Polo- 
gne, puis  de  France  ,  troisième  fils 
de  Henri  11  et  de  Catherine  de  îMé- 
dicis  ,  naquit  à  Foulainebleau  le  19 
septembre  ibbi.  Quelques  historiens 
le  font  naître  le  jour  de  la  Pentecôte; 
ils  ajoutent  que  ce  fut  aussi  le  jour 
de  cette  fêle  qu'il  fut  élu  roi  de  Po- 
logne ,  et  qu'il  succéda  à  ia  couronne 
de  France.  Il  eut  pour  gouverneur 
François  de  Carnavalet ,  qui  cultiva 
avec  soin  les  germes  de  générosité, 
de  valeur  et  d'esprit  qu'il  moniroit 
alors,  ('atherine  de  Médicis  favorisa 
d'autant  plus  celte  éducation  ,  qu'elle  * 
le  voyoit  éloigné  de  la  couronne  , 
et  qu  elle  prévit  que  ,  si  Charles  IX 
étoit  contraire  à  ses  desseins  ,  elle 
pourroitlui  opposer  sou  frère.  Henri 
porta  le  nom  de  duc  d'Anjou  qu'il 
quitta  pour  prendre  celui  de  roi  de 
Pologne  ,  lorsque  cette  couronne  lui 
eut  été  décernée  après  la  mort  de 
Sigisniond-Auguste,  enji  575.  La  ré' 


35o  HEINR 

putalion  qu'il  s'etoit  acqnise  dès  l'âge 
de  18  ans  par  les  victoires  de  Janiac 
et  de  Moucontour ,  remportées  en 
1569  {vovez  Charles  IX),  réputa- 
tion qu'il  perdit  eu  nionlanl  sur  le 
trône  ,  avoit  déterminé  les  Polonais 
à  l'élire.  Il  fut  couronné  à  Craco- 
vie,an  milieu  des  transports  de  l'al- 
légresse publique.  Uu  gentilhomme 
polonais  se  piqua  la  main  en  sa  pré- 
sence ,  et  lui  dit  :  «  Malheur  à  qui- 
conque de  nous  n'est  pas  prêt  à 
verser  tout  son  sang  pour  votre  ser- 
vice !  »  Aussi,  ajonla-t-il -:  a  Je  ne 
veux  rien  perdre  du  mien  »  ;  et  il 
liut  le  sang  qui  étoit  sur  sa  main. 
'  F'ojez  CuASOCKi  c/Faur,  n°  I.  ) 
Henri  avoit  pris  possession  du  trône 
de  Pologne  depuis  trois  mois  lors- 
qu'il apprit  la  mort  funeste  de  Cliar- 
îeslX,  son  frère  ;  il  abandonna  ce 
trône  pour  venir  régner  en  France. 
Un  seigneur  polonais,  le  comte  de 
Ténezin  ,  qui  n'approuvoil  pas  qu'il 
quittât  un  pays  tranquille  pour  un 
royaume  orageux,  lui  dit  les  lar- 
mes aux  yeux  :  «  h.\\  !  sire  ,  si  c'est 
vraiment  régner  que  de  posséder  le 
cœur  de  tous  ses  sujets  ;  où  réguerez- 
vous  jamais  plus  absolument  qu'en 
Pologne?  N'espérez  point  trouver  en 
France,  dans  la  situation  où  sont 
les  choses  ,  ce  que  vous  abandonnez 
parmi  nous.  »  Celte  prophétie  ne 
larda  pas  long-temps  à  s'accomplir. 
Sacré  et  couronné  à  Reims  par 
Louis  ,  cardinal  de  Guise  ,  le  1 5 
février  1570  ,  Henri  soutint  d'abord 
la  réputation  de  valeur  qu'il  séloit 
faite.  Il  gagna  ,  la  même  année  ,  la 
bataille  de  Dormans,el  décida  la 
♦guerre  contre  les  huguenots,  dans 
l'assemblée  des  états  tenue  à  Blois 
en  1676  ;  mais  ce  parti  étant  trop 
\)uissant ,  on  lui  accorda  la  paix  à 
Nérac.  Cette  paix  ,  la  plus  favorable 
qu'eussent  obtenue  les  calvinistes  , 
fut  suivie,  l'an  ifiSo^  d'un  édil  de 
pacification  ,  par  lequel  on  leur  per- 
mit l'exercice  public  de  leur  religion. 
On  lei;r  accorda  des  chambres  mi- 


HEÎ^R 

parties  dans  les  huit  parlemens  du 
royaume.  On  défeudi'..  d'inquiéter 
les  prêtres  ou  les  moines  qui  s'é- 
toient  mariés  ,  et  on  déclara  leurs 
enfans  légitimes.  Le  royaume  fui 
un  peu  plus  tranquille  ;  mais  la  li- 
cence ,  le  luxe  ,  la  dissolution  s'y  in- 
troduisirent avec  la  paix.  Henri  III, 
au  lieu  de  s'appliquer  aux  affaires, 
se  livroit,  avec  ses  favoris,  à  des 
débauches  obscures.  Quélus  ,  Mau- 
giron,  Saint-Maigrin  parurent  les 
premiers  sur  les  rangs  ;  Saint-Luc 
vint  ensuite  ,  Joyeuse-le- Jeune  ,  La 
Valette  ,  connu  sous  le  nom  de  duc 
d'Epernon,  el  quelques  autres,  qui , 
profilant  de  sa  ioiblesse,  achevèrent 
d'énerver  le  peu  de  vigueur  que  son 
aine  pouvoit  avoir.  (  Koyei  les  me- 
nées de  ces  différens  favoris ,  sous 
les  articles  Joyeuse  ,  n°*  II ,  111  et 
IV;  d'O  ,  E,spiNAY ,  QuÉlus,  et 
Valette  ,  u".  II.  )  Henri  lit ,  loin 
de  maîtriser  ses  favoris  ,  souffroit 
qu'ils  maîtrisassent  ses  ministres.  Il 
mêloit  avec  eux  les  pratiques  exté- 
rieures de  la  religion  à  des  plaisirs 
infâmes.  Il  faisoit  avec  eux  des  re- 
traites ,  des  pèlerinages  ;  il  se  dou- 
noil  la  discipline.  Il  institua  ,  eu 
i583,  des  confréries  de  Pénitens  , 
et  se  donnoit  en  spectacle  sous  leur 
habit:  on  ne  lappeloit  que  Frère 
Henri.  Ou  fil  contre  lui  celte  épi- 
gramme  : 

Après  avoir  pillè  la  France, 
Et  tout  le  peuple  dépouillé, 
N'esl-ce  pus  belle  pénitence. 
De  se  couvrir  H'uii  sac  mouillé? 

Les  momeries  du  prince,  loin  de 
masquer  ses  vices,  ne  faisoient  que 
leur  donner  plus  d'éclat.  Il  vi\oit 
dans  la  mollesse  et  dans  l'afféterie 
d'une  femme  coquette  ;  il  couchoil 
avec  des  gants  d'une  peau  particu- 
lièrepour  conserver  ses  belles  mains  ; 
il  mettoit  sur  son  visage  une  pâte 
préparée  ,  el  une  espèce  de  masque 
par-dessus.  C'est  sous  son  règne  qu'on 
vit  paroitre  les  premiers  éventails. 


HEINR 

Il  dépensa  plus  de  cent  mille  e'ciis 
d'or  en  singes  et  en  perroquets ,  et 
une  plus  grande  somme  encore  en 
achat  de  bichons  ou   petits  chiens 
fipagneuls;  il  en  porîoit  lui-même 
plusieurs  dans  un  panier  rond  sus- 
pendu en  ëcharpe ,  et  il  donnoit  de 
gros  appomtemens  à   ceux  qui   en 
[•rendent  soin.  Il  s'amusoil  beaucoup 
aussi  à  découper  des  miniatures  qui 
f.e  trou  voient   alors  dans  les  livres 
de  prières,  et  qu'il    colloil   ensuite 
aux  murailles  de  ses  cabinets.  Sous 
ce  monarque   frivole  ,  le  feu    de  la 
guerre   civile   cou  voit  toujours    en 
l'rance.  L'édit  de  pacification  avoit 
révolté  les  catholiques.  On  craignoil 
<>ue  le  calvinisme  ne  devînt  la  re- 
ligion dominante  ;  on  craignit  da- 
vantage ,  après  la  mort  de  François, 
flucd'Alençon,  frère  unique  du  roi  , 
arrivée  à  Chàteau-Thierri  le  jo  juin 
1  ô84  :  par  cette  mort  ,  le  roi  de  Na- 
varre ,  chef  des  huguenots  ,  deve- 
noit  l'héritier  présomptif  de  la  cou- 
ronne. Les  catholiques  ne  vouloient 
point  qu'il  régnât.  Il  se  forma  trois 
])arlis  dans  l'état  ,  que  l'on  a])pela 
la  Guerre  des  /rois  He/tr/s  ;  cthù 
des  Ligueurs ,  conduit  par  Henri  , 
duc  de  Guise  ;  celui  des  Huguenots , 
dont  Henri,  roi   de   Navarre,  qui 
régna  depuis  sous  le  nom  de  Henri 
IV  ,  étoil  le    chef;  et  celui   du   roi 
Henri  III,  qu'on  appela  le  parti  des 
Politiques, ow  des  Royalistes.  C'est 
ainsi  que  le  roi  devint  chef  de  parti , 
de  père  commun  qu'il  devoil  être. 
Henri,  duc  de  Guise  ,  conçut  des 
jors  le  projet  de  s'unir  aux  catholi- 
ques pour  enlever  la  couronne  à  son 
souverain.  Le  zèle  apparent  de  cet 
ambitieux  étranger  pour  la  religion 
catholique    lui   gagna  le  clergé  ;  ses 
libéralités,  le  peuple,  et  ses  caresses, 
le  parlement.  Le  nom   de  Saintc- 
L'gue ,  association  qu'il  avoit  for- 
mée contre  les  prolestans  pour   la 
sûreté  du  catholicisme  ,  fut  le  signal 
de  la  révolte.  Les  rebelles  étoient 
appuyés  par  le  pape  et  par  le  roi 


HEINR 


35r 


d'Espagne.   Le  roi   le  savoit.   Inti- 
midé par  les  secours  qu'ils  promel- 
toient,  effrayé  par  les  prompts  suc- 
cès du  duc  de    Guise  ,    qui  venoit 
de  prendre  Toul  et  Verdun  ,  il  dé- 
voila ses  craintes  et  sou  décourage- 
ment drais  une  Apologie   où  il  se 
reconnoitsoit  coupable  ,  et  où  il  con- 
juroil  les  factieux  de  mettre  bas  ks 
armes,  li  se  mit  lui-même  à  la  lète 
de  la  Sainte-Ligne  ,  dans  l'espérance 
de  s'en  rendre  niailre.  II  sunil  avec 
Guise,  son  sujet  rebelle  ,  contre  le 
roi  de  Navarre,  son  successeur   et 
son  beau-frère,  que  la  nature  et  la 
politique  lui  désignoient  pour   sou 
allié.   Tous   les  privilèges  des  pro- 
testants    furent   révoqués    par    ua 
édit  donné  en  i-^iSS.  On  accorda  en 
même  temps  aux  ligueurs   tout  ce 
que    les    rebelles    peuvent    désirer 
pour    l'anéautissement  de   la  puis- 
sance royale.  Le  cardinal  de  Bour- 
bon ,  les  princes  de  la   maison  da 
Guise    obtinrent    des   gardes,    des 
villes,   de  l'argent,  et   une  appro- 
bation  de    toutes  leurs   séditieuses 
entreprises.    Cette    condescendance 
alHigea  tellement  le  roi  de  Navarre, 
que  ,  lorsqu'on  lui  en  apprit  la  nou- 
velle ,   un  côté   de  sa    moustache , 
dit  Rlatlhieu  ,  blanchit   tout  à  coup. 
L'année  suivante,  i586,  se  forma 
la  faction  des  Seize,  qui  entreprit 
d'ôler  au  roi  la  couronne.  Les  pro- 
lestans   reprennent    les    armes    en 
Guienne  et  en  Languedoc  ,  sous  la 
conduite  du  roi   de  Navarre  et  du 
prince  de  Coudé.  Sixte-Quint  signa- 
loit  en  même  temps  sonexaltation  au 
souverain  pontilicat  par   une  bulle 
terrible  contre  ces  deux  princes  ,  et 
\iav    la  conhrmalion  de   la    Ligue. 
Henri  111  euvoyoit  contre  eux  Joyeu- 
se ,  son  favori ,  avec  la  fleur  de  la 
noblesse  française  ,  et  une  puissante 
armée.  Henri   de    Navarre ,  layant 
défaite    entièrement    à    Coutras  le 
lo  octobre  1687  ,  ne  se  servit  de  sa 
victoire    que   pour  offrir  une  paix 
sûre  au  rovaume  et  sou  secour*  au 


352 


HEînR 


roi  ;  mais  il  fut  refusé,  tout  vain- 
cjueur  qu'il  étoit.  Le  duc  de  Guise 
éloil  plus  à  craindre  et  plus  puissant 
que  jamais  :  il  venoit  de  battre  ,  à 
Vimori  et  à  Auneau ,  les  Allemands 
et  les  Suisseg  qui  alloient  renforcer 
l'armée  du  Navarrais.  De  retour  à 
Paris  ,  il  y  fut  reçu  comme  le  sau- 
veur de  la  nation.  Henri  III  ,  sol- 
licité de  toutes  parts  ,  sortit,  mais 
trop  tard  de  sa  profonde  lélhargie. 
Il  avoil  dit  d'abord  que  les  entre- 
prises contre  son  autorité  éloienl 
«  des  châteaux  de  caries  ,  élevés  , 
avec  bien  de  la  peine  ,  par  des  en- 
fans  ;  et  qu'il  ne  falloit  qu'un  souille 
pour  renverser  l'édifice.  »  iMais  ces 
châteaux  de  cartes  avoient  plus  de 
consistance  qu'il  ne  pensoit.  11  es- 
saya d'abattre  la  Ligue  ;  il  voulut 
s'assurer  de  quelques  bourgeois  les 
plus  séditieux  ;  il  osa  défendre  à 
Guise  l'entrée  de  Paris  ;  mais  il 
éprouva,  à  ses  dépens,  ce  que  c'est 
que  de  commander  sans  pouvoir. 
Guise,  au  mépris  de  ses  ordres  ,  vinl 
à  Paris.  En  vain  Henri  y  ht  entrer, 
le  1  2  mai  1 588  ,  des  troupes  pour  se 
saisir  des  carrefours,  le  peuple  prit 
aussitôt  l'alarme,  se  barricada,  et 
chassa  ces  troupes.  C'est  ce  qu'on 
appela  la  journée  des  Barricades. 
Elle  rendit  le  duc  de  Guise  maître 
de  la  capitale.  Le  roi  fut  obligé  de  se 
retirer  à  Chartres  et  de  là  à  Rouen  , 
où  Catherine  de  Médiris,  sa  mère, 
lui  fil  signer  l'édil  de  réunion  fait  à 
la  houle  de  la  royauté.  Rarement, 
dit  un  historien  célèbre  ,  les  hommes 
sont  assez  bons  ou  assez  méchans. 
Si  Guise  avoit  entrepris,  le  jour  des 
Barricades,  sur  la  liberté  ou  sur  la 
vie  du  roi ,  il  auroil  été  le  maître  de 
la  France;  mais  il  le  laissa  échapper. 
Henri  III  se  rendit  à  lîlois ,  où  il 
convoqua  les  états  généraux  du 
royaume  en  i5S8.  Guise,  après 
avoir  chassé  son  souverain  de  la 
capitale,  osa  venir  le  braver  à  Blois, 
eu  présence  d'un  corps  qui  repré- 
•«euloil  la  nation.    Henri  et  Un  se 


H  EN  11 

réconcilièrent  solennellement  ;  ils 
allèrent  au  même  autel,  ils  y  com- 
munièrent ensemble  :  l'un  promit 
par  serment  u'oublier  toutes  tes  in- 
jures passées;  l'autre,  d'être  obéis- 
sant et  hdèle  à  l'avenir:  mais  dans 
le  même  temps  le  roi  projetoit  de 
faire  mourir  Guise  ,  et  Guise  de  d('- 
trôner  le  roi.  Henri  le  prévint  : 
sur  la  hn  de  la  même  année  i588  , 
il  fit  assassiner  le  duc  de  Guise  ,  et 
!e  cardinal  son  frère  ,  qui  partageoit 
ses  projets  ambitieux.  (  /^.  Guise,  n" 
m  e/  VI.  )  Le  sang  de  ces  deux  chefs 
fortilia  la  Ligue  ,  comme  la  mort  de 
Coligni  avoil  fortifié  les  prolestaus. 
Le  fameux  duc  de  Mayenne  ,  cadel 
du  duc  assassiné,  aussi  ambitieux 
que  lui  et  non  moins  remuant ,  fut 
déclaré,  eu  i.'iSg  ,  lieutenant-général 
de  lelat  royal  et  couronne  de 
France,  par  le  conseil  de  l'Union. 
Les  villes  les  plus  importantes  du 
royaume  ,  Paris  ,  Rouen  ,  Dijon  , 
Lyon,  Toulouse  (  T'.  Dirantï  jn** 
111)  ,  soulevées  comme  de  concert  , 
se  donnent  à  lui ,  et  se  révoltent  ou- 
vertement contre  le  roi.  On  ne  le 
regardoit  plus  que  comme  un  assas- 
sin et  un  parjure.  Soixante -dix 
docteurs  assemblés  en  Sorbonue  le 
déclarent  déchu  du  trône ,  et  ses 
sujets  déliés  du  serment  de  tidéliti.'. 
Les  prêtres  refusent  l'absolution  aux 
péniteas  qui  le  reconnoissoient  pour 
roi.  Le  pape  l'excommunie;  la  bulle 
dans  laquelle  Sixte -Quint  lançait 
ses  anathèmes  mil  le  comble  à 
tous  les  maux.  Henri  III  le  sentit 
très-bien,  a  11  y  en  a  ,  disoit-il  , 
qui  se  jouent  des  foudres  du  Vatican; 
mais  pour  moi  je  les  ai  toujours 
craints,  et  je  les  redoute  eîicore  plus 
que  tous  les  canons  de  la  Ligue  >> 
La  faction  Aei  Seize ,  toujours  plus 
audacieuse  ,  emprisonne  à  la  Bas- 
tille les  membres  du  parlement  af- 
fectionnés à  la  monarchie.  La  veuve 
du  duc  de  Guise  vient  demander 
justice  du  meurtre  de  son  époux 
tt  de  sou  beau-frère.  Le  parlement , 


HEINR 

à  la  requcle  du  procureur-général, 
nomme  deux  conseillers  ,  Courtin 
elMichon,  qui  instruisent  le  pro- 
cès criminel  contre  Henri  de  Valois, 
ci-devant  roi  de  France  et  de  Po- 
logne. Ce  roi  s'éloit  conduit  avec 
tant  d'aveuglement  ,  qu'il  n'avoit 
point  encore  d'armée;  il  envoyoit 
Sancy  chercher  des  soldats  chez  les 
Suisses  ,  et  il  avoit  la  l)assesse  d'é- 
crire au  duc  de  Mayenne  ,  déjà  chef 
de  la  Ligue  ,  pour  le  prier  d'oublier 
l'jissassiual  de  son  frère.  11  envoyoit 
eu  même  temps  à  Rome  deman- 
der l'absolution  des  censures  qu'il 
cioyoit  avoir  encourues  par  la  mort 
du  cardinal  de  Guise.  Ne  pouvant 
calmer  m  le  fougueux  pontife  ro- 
main ,  ni  les  factieux  de  Paris,  il  a 
recours  à  Henri  de  Navarre  ,  son 
vainqueur.  Ce  prince  mena  son  ar- 
mée à  Henri  111,  et  avant  que  see 
troupes  fussent  arrivées,  il  eut  la 
générosité  de  le  venir  trouver  ac- 
compagné d'un  seul  page.  L'armée 
protestante  le  dégagea  des  mains  du 
duc  de  Mayenne  qui  le  lenoit  as- 
siégé dans  Jours.  Henri  111  donna 
dans  celte  ville  des  exemples  de 
cette  bravoure  qui  l'avoil  autrefois 
distingué.  Mayenne  avoit  dressé 
une  attaque  contre  les  faubourgs  de 
Tours.  Henri  s'avança  jusqu'aux 
gabions,  qui  forraoïent  une  partie 
de  la  barricade  ,  et  ayant  poussé 
du  pied  et  renversé  un  de  ces  ga- 
bions ,  il  se  mit  devant,  donnant 
ses  ordres  avec  le  plus  grand  sang- 
froid  au  milieu  d'une  grêle  de  coups. 
Le  roi  de  Navarre ,  ravi  d'un  tel 
spectacle,  lui  dit  :  «Je  ne  m'étonne 
plus  ,  après  ce  que  je  viens  de  voir , 
si  nos  gens  perdirent  les  batailles 
de  Jarnuc  el  de  Moucontour.  — 
Mon  frère  ,  répondit  Henri  ,  il  faut 
faire  par-tout  ce  qu'on  est  obligé 
de  faire.  Les  rois  ne  sont  pas  plus 
exposés  que  les  autres  ,  et  les  balles 
ne  viennent  pas  plutôt  les  chercher 
qu'un  simple  soldat.  «  Les  deux  rois, 
ayant  repoussé  le  duc  de  Mayenne, 

T.   VIII. 


HEINR  353 

vinrent  mettre  le  siège  à  Paris.  La 
\ille  n'étoit  point  en  état  de  se  dé- 
fendre; la  Ligue  touchoii  à  sa  ruine, 
lorsqu'un  dominicain,  nommé  Jac- 
ques Clément ,  changea  toute  la  face 
des  affaires.  Ce  moine  fanal;que , 
encouragé  par  son  prieur  Bour- 
going  ,  par  l'esprit  de  la  Ligue ,  pré- 
paré à  son  parricide  par  des  jeûnes 
et  des  prières ,  muni  des  sacremens , 
et  croyant  courir  au  martyre,  alla 
à  Saiiil-Cloud  où  étoit  le  quartier 
du  roi.  Ayant  été  conduit  devant 
Henri,  sous  prétexte  de  lui  révéler 
un  secret  important ,  il  lui  remit 
une  lettre  qu'il  disoit  être  écrite 
par  Achille  de  Harlay  ,  premier 
président.  Tandis  que  le  roi  lit,  le 
malheureux  le  frappe  dans  le  bas- 
ventre  ,  et  laisse, son  couteau  dans 
la  plaie.  Henri  le  retire  lui-même , 
et  en  donne  un  coup  au  front  du 
meurtrier  ,  en  s'écriant  :  «  Ah  ! 
misérable,  que  l'ai  -  je  fait  pour 
m'assassiner  a.nsi?»  Les  courtisan» 
(  Foyez  LoGNAC  et  Guesle  ,  n°  II) 
tuèrent  sur-le-champ  l'assassin; 
et  cette  précipitation  les  fil  soup- 
çonner d'avoir  été  trop  instruits 
de  sou  dessein.  Ou  prétend  que 
madame  de  Montpensier,  sœur  du 
duc  de  Guise ,  eut  beaucoup  de 
part  à  ce  forfait,  et  qu'elle  avoit 
persuadé  au  monstre  imbécille  que 
le  pape  le  feroit  cardinal  pour  ré- 
compense de  son  parricide,  ou  que, 
s'il  përissoit ,  il  auroil  une  place 
honorable  dans  le  martyrologe. 
Henri  lll  mourut  le  lendemain  2 
aoûtiôbg.ll  ht  dire,  le  jour  même 
de  sa  mort ,  la  messe  dans  sa  cham- 
bre ;  et,  pendant  qu'on  la  célébroit, 
il  dit  à  haute  voix,  et  les  larmes 
aux  yeux  ■  Seigneur ,  mon  Dieu  y 
si  tu  cannois  que  ma  pie  soit  utile 
à  mon  peuple,  conserve-moi  et 
prolonge  mes  jours  ;  sinon ,  mon 
Dieu ,  prends  mon  corps  et  mon 
ame ,  el  la  mets  en  ton  paradis. 
Que  ta  volonté  soit  faite.  (  Voyez 
ce  qui  arriva  le  mèras  jour,  article 
a3 


354 


HENR 


MAROLLr.s ,  n"  I.  )  C'est  par  le 
ineiirlre  de  Henri  lll  que  péril  la 
brandie  de  Valois  ,  qui  avoil  régné 
2.6 1  ans,  puudant  lesquels  elle  douua 
treize  rois  à  la  France.  11  ne  resta 
de  mâle  que  Cliailes,  duc  d'Angou- 
lêine,  tUs  nalurel  de  Charles  IX. 
C'est  sous  les  rois  de  celle  race  que 
la  France  acquit  le  Uauphiné  ,  la 
Bourgogne,  laPiovence  et  la  Bre- 
tagne ,  et  qtte  les  Anglais  furent  en- 
tièrement chassés  de  la  France  ; 
c'est  sous  eux  aussi  que  les  pei!i)ies 
ont  commencé  à  être  chargés  d'im- 
pôts ,  que  les  domaines  de  la  cou- 
ronne ont  été  aliénés,  les  xoluriers 
mis  en  possession  des  fiels  ,  l'élec- 
tion canonique  des  hénéfices  sup- 
primée ,  la  vénalité  des  charges  in- 
troduite ,  les  oSliciers  de  justice  et 
de  finance  multipliés  ,  l'ancienne 
milice  du  royaume  changée ,  les 
femmes  appelées  à  la  cour  :  «Choses, 
dit  Mézerai,  dont  il  faut  laisser  aux 
sages  le  jugement  ,  si  elles  sont 
utiles  ou  dommageables  à  l'étal.  » 
An  cas  que  tous  ces  chaugemens 
soient  des  maux  ,  Henri  III  les  aug- 
menta. Le  luxe  et  la  passion  du  jeu 
furent  eu  particulier  portés  à  leur 
comble  sous  sou  règne.  On  employa 
dans  ia  fabricaîiou  des  étoffes  tant 
de  matières  d'or  et  d'argent  ,  que 
les  hôtels  des  monnoies  en  manquè- 
rent. Ce  prince  l'ut  plus  occupé  à 
donner  de  pieuses  comédies  eu  pu- 
blic qu'à  soulager  son  peuple  ,  et 
à  se  mettre  au  -  dessus  de  toutes 
les  faclions  qui  déchiroient  la 
France.  «  La  Ligue  ,  dont  il  fut 
Ja  victime  ,  est  peut-être,  dit  le 
président  Hénault,  l'événiment  le 
plus  singulier  qu'on  ait  jamais  lu 
dans  riiislo;re  ;  et  Heuri  III,  le 
prince  le  pius  malhabile  ,  de  n'avoir 
pas  prévu  qu'il  se  meltoil  dans  la 
dépendance  de  ce  parti  en  s'en 
rendant  le  chef.  Les  proleslans  lui 
avoicnt  fait  la  guerre  comme  à 
l'ennemi  de  leur  secte  ;  et  les  li- 
gueurs l'assasiiiièreul  à  cause  de  son 


iiEr^ïi 

union  avec  le  roi  de  Navarre,  chef 
des  huguenots.  Suspect  aux  catho- 
liques et  aux  huguenots  j)ar  sa  légè- 
reté ,  et  devenu  méprisable  à  tous 
par  une  vie  également  superstitieuse 
et  libertine,  il  parut  digue  de  l'em- 
pire tant  qu'il  ne  régna  pas.  <(  Ca- 
ractère d'esprit  incompréhensible  , 
dit  de  Thon  ,  en  certaines  choses  au- 
dessous  de  sa  dignité ,  eu  d  autres  au- 
dessus  même  de  l'enfance »  C'est 

sous  son  règne,  en  i.'iSS,  que  le 
duc  de  Savoie  s'empara  du  marquisat 
de  Saluées  ,  et  qu'un  ingénieur  tte 
Veiiio  in\enta  les  bombes,  fleuri  lll 
n'eut  point  d'enfant  (  voyez  Jor- 
BEUT  ,  n"  I,  et  Luui.SE  ,  n°  I)  de 
sa  femme  Louise  de  Lorraine,  fille 
d'Anloine,  comte  de  Vaudemont, 
priucesse  d'une  rare  beauté  ,  que 
Henri  III  n'aima  pas  long-temps.  Il 
a  voit  eu  nu  amour  passionné  pour  la 
princesse  de  ('onde  ,  morte  en  i  574- 
Fendant  les  d'jux  )0urs  qui  suivirent 
Culte  mort,  il  éprouva  des  dcfai!- 
lances  continuelles.  11  voulut  même 
porter  sur  ses  habits  des  marques  de 
sa  douleur  ,  en  les  ganiissanl  de  pe- 
tites tètes  de  mort,  au  lieu  de  l)ou- 
tons.  lien  mil  jusqu'aux  aiguillettes 
de  ses  souliers.  Heuri  lll  avoit  toutes 
les  grâces  extérieures  qui  peuvent 
captiver  les  femmes.  Dans  les  occa- 
sions de  représentation  ,  il  savoit 
parfaitement  faire  le  roi.  Il  pos- 
sédoit  rétiquette  mieux  qu'aucun 
courtisan  ,  et  c'étoit  lui  que  l'on 
consuitoit  toujours  sur  le  cérémo- 
uial.  Il  composa  un  Elat  des  offi- 
ciers de  la  couronne  et  de  sa 
maison,  où  il  régla  leurs  habits, 
leurs  fonctions  ,  leurs  services.  C'est 
lui  qui  donna  au  cl'.ancelier  séant 
an  conseil  la  longue  robe  de  ve- 
lours cramoisi.  Cest  encore  à  ce 
prince  que  l'ordre  du  Saint-Esprit 
doit  son  institution  en  iSyS.  Ou 
prétend  qu'il  eu  dressa  les  statuts 
sur  ceux  d'un  ordre  à  peu  près  sem- 
blable ,  institué  par  Louis  1^' ,  roi  de 
Sicile,  eu  i55;2.  Le  collier  de  Saint- 


HEINR 

Michel  ctoil  si  avili,  qu'on  l'appe- 
]oit  le  Collier  à  tomes  bétes.  11 
làlloit  nii  nouvel  ordre  pour  les 
j)riaces  et  les  grands.  Henri  l'ins- 
tiUia  à  riionneur  du  Sainl-Esprit  , 
parce  que  c'eloil  le  jour  de  la  Peu- 
tecôle  qu'il  avoit  été. élu  roi  de  Po- 
logne ,  et  appelé  à  la  couronnue  de 
France.  Le  nombre  des  chevaliers 
fut  limité  à  cent,  qui  dévoient  pos- 
séder chacun  une  abbaye  en  coni- 
mende  ;  mais  le  pape  ne  voulut  pas 
consentir  à  ce  dernier  arrangement. 
Cependant  les  chevaliers  ont  tou- 
jours conservé  le  titro  de  comman- 
deurs. Duclos,  dans  son  Mémorial  , 
prétend  que  «  le  motif  ])ublic  de 
lii.uri  111 ,  en  instituant  Tordre  du 
Saint-Esprit,  fut  la  défense  de  la 
catholicité  ,  par  une  association  de 
seigneurs  qui  ambitionueroient  dy 
entrer.  Le  vœu  secret  fut  d'en  faire 
lioirunage  à  sa  sœur  Marguerite  de 
Valois.  Le  Saint-Esprit  est  le  sym- 
bole de  laniour.  Les  oruemens  du 
collier  étoienl  les  monogrammes  de 
Bïargnerite  et  de  Henri ,  sépaiés  al- 
ternativement par  un  autre  mono- 
gramme symbolique,  composé  d'un 
jf)/;/ et  d'un  delta  joiuts  ensemble, 
auquel  on  faisoit  signifier  Jidelia 
yow'fedelta  en  italien  ,  ç,\.  fidélité  , 
en  français.  Henri  IV,  instruit  du 
mystère  ,  changea  le  collier ,  par  dé- 
lil)ératiou  du  7  janvier  1097  ,  et 
remplaça  par  deux  trophées  d'armes 
ie  plii  et  le  monogramme  de  Mar- 
gueiile.  J'en  ai  vu,  ajoute  Duclos  , 
les  preuves  non  suspectes.  »  11  n'au- 
joil  peut-être  pas  été  inutile  de  les 
rapporter.  Car,  quoiqu'on  sache  que 
Henri  lll  allioit  l'extérieur  de  la 
dévotion  avec  le  débordement  des 
mœurs  ,  il  paroit  un  peu  extraordi- 
naire qu'il  ait  fait  entrer  les  secrets 
d'un  amour  qu'on  peint  comme  s\is- 
pect  dans  linstitutiou  d'un  ordre 
qui  devoit  être  le  premier  de  son 
royaume.  Cela  ne  se  trouve  dans 
aucun  des  nombreux  libelles  publiés 
contre  ce  prince. 


HEJNR 


fXm.  HENRI  IV,  soiirnommé 
le  Grand  ,  roi  de  France  et  de  Na- 
varre, né  le  10  décembre  i5.')3, 
dans  le  château  de  Pau  ,  capitale  du 
Béarn,  descendc^it  en  ligne  directe 
de  Robert  ,  sixième  fils  de  saint 
Louis  ou  Louis  IX ,  roi  de  France. 
Ce  Robert  épousa,  eu  1  ii7  J,Béalrix 
de  Bourgogne,  dame  et  unique  hé- 
ritière de  Bourbon-l'Archambaud  , 
à  condition  qu'il  porteroit  les  armes 
et  le  nom  de  Bourbon.  Voilà  pour- 
quoi les  descendans  de  Robert  iil» 
de  saint  Louis  portèrent  le  nom  de 
Bourbon  et  furent  chefs  de  cette  mai- 
son. Eu  1 548 ,  Antoine  de  Bourbon  , 
duc  de  Vendôme,  qui  descendoil  di- 
rectement du  même  Robert,  époiii.» 
Jeanne  d'Albrct,  fille  umque  et  îié- 
ritierede  Henri  d'Albret,  roi  de  Na- 
varre ;  celui-ci  étant  mort  en  i55.5  , 
Antoine  fui  roi  de  Navarre.  Voila 
aussi  pourquoi  Henri  IV,  iiis  d'An- 
toine de  Bourbon  et  de  Jeanne  d'Al- 
bret ,  fut  roi  de  Navarre.  Henri 
d'Albreî,  voyant  sa  fille  prés  d'accou- 
cher ,  lui  montra  une  grosse  boite 
d'or,  entourée  d'une  longue  chaîne 
de  même  métal,  dans  laquelle  étoit 
renfermé  le  testament  de  ce  roi. 
Jeanne,  curieuse  de  voir  ce  testa- 
ment ,  lui  demanda  la  boîte.  «Elle 
sera  tienne  ,  lui  r'pondil-il,  dès  que 
tu  m'auras  montré  i'enlant  que  lu 
portes,  et,  «fin  que  tu  ne  fasses  pas 
une  pleureuse  ou  nn  rechigné,  je  te 
promets  je  tout  pourvu  qu'en  acou- 
chant  lu  chantes  une  chanson  béar- 
naise. »  Entre  minuit  et  une  heure, 
le  i3  décembre  i55.3,  Jeanne  sentit 
les  douleurs  de  l'enfantement  ;  elle 
entendit  venir  son  père  et  se  mit  à 
chanter  :  JSosire  donne  deou  cap 
deou  pon  adjoitda  me  in  a'questa 
houra.  C'est-à-dire,  «Notre-Dame 
du  bout  du  pont  aidez-  moi  à  celte 
heure.  »  Aussitôt  qn'elle  fut  délivrée, 
le  roi  son  père  lui  mit  la  chaint;  d'or 
au  cou  et  lui  donna  la  boite  promise 
en  lui  disant  :  «Voici  qui  l'appar- 
tient ;  aiais  ceci  est  à  moi  ,  ajouta- 


356 


HEINR 


t-il  en  désignant  l'eufant.  «  Il  rem- 
porta dans  sa  chambre,  lui  fit  avaler 
<inelques  gouttes  de  vin  et  lui  trotta 
Jes    lèvres  avec   une   gousse    d'ail. 
Ainsi  naquit  Henri  IV.  Bientôt  après 
il  fut  transporté  au  château  de  Coa- 
raze  eu  Bearn ,  où  il  passa  son  en- 
fance et  reçut  sa  première  éducation. 
II  eut  le   bonheur  de  n'être  point 
«levé  dans  la  mollesse  ;  on  l'accou- 
tuma à  la  fatigue  et  à  une  vie  dure  , 
«  ne  mangeant  souvent  que  du  pain 
«omniun  ,  dit  Cayet  ;  le  bon  roi  son 
grand-père  l'ordonnoit  ainsi  et  ne 
vouloit  pas   qu'il  fut  délicatement 
mignardé,  afin  que,  de  jeunesse  ,  il 
s'apprit  à  la  nécessité.  Souvent  on 
l'a  vu  ,  continue  le  rnème  historien  , 
à  la  mode  du  pays  ,  parmi  les  autres 
enfians  du  château  et  village  de  Coa- 
raze,  pieds  deschaux  et  tète  nue  tant 
en  hiver  qu'eu   été.»  Il  fut  ensuite 
élevé  à  la  cour  de  France,  sous  la  con- 
duite d'un  sage  précepteur,  nommé 
La  Gaucherie  ,   jusqu'en  i566.  Des 
maximes  que  Henri  apprit  de  lui, 
celle  qui  lui  plaisoit  le  plus  étoit  : 
îl  faut  vaincre  ou  mourir.  Il  aimoit 
beaucoup  Plutarque  ,  et  en  avoit , 
pour  ainsi  dire ,  exprimé  toute  la 
substance.  «  Je  lui  ai  les  plus  grandes 
obligations  ,  avoua-t-il  depuis  sur 
le  trône;  j'y  ai  puisé  d'excellentes 
maximes  pour  ma  conduite  et  pour 
le  gouvernement.  »  Il  étudia  la  po- 
litique à  la  cour  des  Valois  ,  comme 
il  apprit  ensuite  le  grand  art  de  la 
guerre  sous  le  prince  de  Condé  et 
sous  l'amiral  de  Coligni.  U  avoit  ac- 
compagné Charles  IX  dans  les  voya- 
ges que  ce  roi  fit,  en  if)64  et  i565  , 
<ians  diiférentes  pro  vincesdeFrance  ; 
«  Si   bien  ,   dit    Cayet  ,   qu'on   ne 
pouvoit  le  vamcre  d'honnêteté  ni 
j'emporter  de  bravade.  >>   Dans  la 
fameuse  entrevue  de  Bayonne  ,  où 
l'on  prétend  que  fut  résolue  la  perte 
des  prolestans ,  le  duc  de  Médina  ne 
put  s'erapêclier  de  dire  :  «Ce  jeune 
prince  a  tout  l'air  d'un  grand  roi  , 
uu  d'un  homme  qui  doit  le  devenir.  » 


ÏIEINR 

En  i566,  Jeanne  d'Albret,  sa  mère, 
qui  avoit  embrassé  ouvertement  le 
calvinisme  ,  voulut  l'avoir  à  Pau  au- 
près d'elle,  et  lui  donna  pour  pré- 
cepteur Florent  Chrétien.  Cette  prin- 
cesse avoit  tout  ce  qui  fait  un  grand 
homme  et  un  excellent  politique. 
Henri  apporta  en  nai.ssant  toutes  les 
qualités  de  sa  mère  ,  et  n'hérita  de 
son  père  que  d'une  certaine  facilité 
de  caractère  ,  qui ,  dans  Antoine  , 
dégénéra  en  incertitude  et  en  fbi- 
blesse,  mais  qui,  dans  Henri,  fut 
bienveillance  et  bon  naturel.  Eu 
i5fi8  ,  la  cour  de  France  envoya  La 
Molhe-Fénélon  à  Jeanne  d'Albret  , 
pour  la  détourner  de  prendre  part  à 
la  troisième  guerre  civile.  Le  jeune 
Henri  ,  qui  navoit  que  i5  ans  ,  pa- 
roissoit  ne  pas  entrer  dans  les  vue» 
(le  l'ambassadeur,  qui  lui  en  mar- 
quoil  sa  surprise,  en  exagérant  les 
malheurs  dont  le  volcan  de  cette 
guerre  alloil  inonder  le  royaume. 
((  Bon  ,  dit  Henri ,  c'est  uu  feu  à 
éteindre  avec  un  seau  d'eau.  —  Com- 
ment cela ,  demanda  Fénélon?  —  Eu 
faisant  boire ,  répondit  le  prince  ,  ce 
seau  d'eau  au  cardinal  de  Lorraine  , 
vrai  et  principal  boute -feu  de  la 
France.  "  Il  lui  dit  eu  même  temps 
que  les  ennemis  du  prince  de  Condé 
son  oncle ,  et  des  protestans  que  ce 
prince  soutenoit,  ne  l'accusoient  de 
rébellion  que  dans  la  vue  d'exter- 
miner toute  la  branche  royale  de 
Bourbon.  «  Mais  nous  voulons  , 
ajouta-t-il ,  mourir  tous  ensemble  , 
pour  éviter  les  frais  de  deuil  , 
qu'autrement  nous  aurions  à  porter 
les  uns  des  autres.  »  Elevé  dans  Is 
calvinisme  ,  il  fut  destiné  à  la  dé- 
fense de  celte  secte  par  sa  mère  : 
on  l'en  déclara  le  chef  à  La  Rochelle 
en  i56g  ,  et  le  prince  de  Coudé  fut 
son  lieutenant.  C'étoit  sur  cette  côte 
de  La  Rochelle  que  Bourbon,  l'année 
précédente,  avoit  couru  un  grand 
danger.  Se  promenant  nu  jour  sur 
la  mer  ,  en  jeune  homme  ardent  et 
eaueini  du  repos ,  il  tomba    dans 


HEINR 

l'tau  el  disparut,  entraîné  par  le 
courant.  LeSat,  aflbibli  par  les 
guerres  civiles  ,  auroit  infaillible- 
inenl  péri  avec  lui  ;  un  capitaine 
(le  marine ,  nommé  Jacques  Lar- 
deau  ,  plonge  à  l'instant  ,  le  ren- 
coiilre  el  le  sauve.  Henri  se  trouva, 
à  seize  ans,  à  la  bataille  de  jarnac, 
le  i5  mars  i.'îGg.  «  Les  forces  de 
l'ennemi  sont  supérieures  ,  dit-il  : 
combattre  à  présent  ,  c'est  exposer 
des  hommes  à  crédit.  J'avois  bien 
vu  que  nous  nous  amusions  trop  à 
jouer  des  comédies  à  Niort,  au  lieu 
d'assembler  nos  troupes  ,  tandis 
que  l'ennemi  assembloilles  siennes.» 
Ce  qjiele  jeune  prince  avoit  prévu 
arriva.  Les  protestans  perdirent  la 
bataille,  et  avec  elle  le  valeureux 
prince  de  Condé,  qui  fut  tué  de 
sang-froid.  Cette  journée  fut  suivie 
de  celle  de  Moncoutour.  La  bataille 
fut  perdue  le  3  octobre  de  la  même 
année,  parce  qu'on  ne  suivit  point 
le  conseil  qu'il  avoit  donné  ,  de  se- 
conder l'amiral  de  Coligni,  qui 
avoit  enfoncé  l'avant-garde  du  duc 
d'Anjou.  Après  la  paix  de  Saint- 
Germaiu,  conclue  le  ii  août  1670, 
Henri  fut  attiré  à  la  cour  avec  les 
plus  puissans  seigneurs  de  son  parti. 
On  le  maria  deux  ans  après  avec 
la  princesse  Marguerite  de  Valois  , 
sœur  de  Charles  IX.  Ce  fut  au  mi- 
lieu des  réjouissances  de  ces  noces 
qu'on  prépara  l'horrible  massacre 
de  la  Saint-Barthélemi.  Henri,  ré- 
duit à  l'alternative  de  la  mort  ou  de 
la  religion,  se  fait  catholique,  et 
reste  près  de  trois  ans  prisonnier 
d'état.  S'étant  évadé  en  1.^)76,  et 
s'étanl  retiré  à  Alençou ,  il  se  mit 
à  la  tète  du  parti  huguenot,  et  fit 
une  guerre  très  fatigante  et  très 
périlleuse ,  manquant  souvent  du 
nécessaire  ,  n'ayant  jamais  de  repos, 
et  se  hasardant  comme  le  dernier 
des  soldats.  On  le  vit  souvent  dans 
les  camps  se  confondre  parmi  eux , 
se  coucher  sur  la  paille  comme  eux , 
fouir  avec  eux  la  terre,  el  se  nour 


HENR  357 

rir  du  même  pain.  Lorsqu'il  às- 
siégeoit  une  place  ,  il  visitoit  les 
travaux  jour  et  nuit,  disposoit  lui- 
même  les  batteries,  tra^oit  le» 
tranchées  ,  el  souvent ,  corrigeant 
les  fautes  de  ses  ingénieurs  ,  dimi— 
uuoitles  périls  et  abrégeoil  les  tra- 
vaux. Au  siège  de  Cahors  ,  en  1  ôSo  , 
il  reçut  plusieurs  blessures.  Ses 
principaux  officiers,  s'étant  assem- 
blés autour  de  lui ,  le  conjuroient 
de  se  retirer,  w  Non,  dit  le  roi  avec 
un  visage  riant ,  il  est  écrit  là-haut 
ce  qui  doit  être  fait  de  moi  dans 
celle  occasion.  Souvenez-vous  que 
ma  retraite  hors  de  celte  ville, 
sans  l'avoir  assurée  au  parti,  sera 
la  retraite  de  ma  vie  hors  de  mou 
corps.  11  y  va  trop  de  mon  hon- 
neur. Ainsi,  qu'on  ne  me  prirle  plus 
que  de  combattre,  de  vaincre  ou 
de  mourir.wParmi  les  avantages  qu'il 
remporta  ,  on  ne  doit  pas  oublier  la 
victoire  de  Contras  en  1687,  due 
principalemenlà  son  habileté.  Avant 
le  commencement  de  l'action ,  le 
roi  de  Navarre  se  tourne  vers  le 
prince  de  Condé  et  le  duc  de  Sois— 
sons,  et  leur  dit,  avec  cette  con- 
fiance qui  présage  la  vicloire  :  «Sou- 
venez-vous que  vous  êtes  du  sang 
de  Bourbon;  el  vive  Dieu!  je  vous 
ferai  voir  que  je  suis  votre  aine. — 
Et  nous,  lui  lépoudeut-ils,  nous 
vous  montrerons  que  vous  a\ez. 
de  bons  cadets...»  Henri  ,  s'aperce- 
vanl,  dans  la  chalebr  de  l'action, 
que  quelques-uns  des  siens  se  met- 
tent devant  lui  ,  à  dessein  de  dé- 
fendre et  de  couvrir  sa  personne  , 
leur  crie  :  «  A  quartier,  je  vous 
prie  !  ne  m'offusquez  pas  ,  je  veux 
paroUre.  »  11  enfonce  les  premiers 
rangs  des  catholiques  ,  et  fait  des 
prisonniers  de  sa  main.  Après  la 
victoi.e,  on  lui  présente  If^  bijoux 
el  les  autres  magnifiques  Ivgatelles 
de  Joyeuse  ,  tué  dans  cette  journée  ; 
il  les  dédaigne,  en  disant  :  «  11  ne 
convient  qu'à  des  comédiens  de  ti- 
rer  vanité  des   riches  habits  qu'il* 


358 


HErsR 


portéul.  Le  véritable  ornement 
d"un  général  est  le  courage  ,  la 
présence  d'esprit  dans  une  bataille, 
et  la  clémence  après  la  victoire.  :» 
On  peut  voir  dans  l'article  précé- 
dent ,  comment  il  unit  sa  cause  avec 
celle  de  Henri  III.  Il  portoit  le  ti- 
tre de  roi  de  Navarre  depuis  la 
mort  de  sa  mère  ,  arrivée  le  9  juin 
15712.  Celle  de  Henri  lll  le  fil  roi 
de  France  en  lôSg.  Ce  prince  en 
}nourant  le  Ht  appeler  auprès  de 
son  lit,  et  lui  dit.-  «  Mou  frère, 
vous  voyez  l'état  auquel  je  suis. 
Puisqu'il  plail  à  Dieu  de  m'appeler, 
•je  meurs  coulent  eu  vous  voyant 
auprès  de  moi.  .Te  vous  laisse  mon 
rojaume  dans  un  grand  trouble. 
La  couronne  vous  appartient  :  je 
prie  Dieu  qu'il  vous  fasse  la  grâce 
d'en  jouir  plus  paisiblement  que 
lîioi.  Flût  à  Dieu  que  je  vous  la 
remisse  aussi  brillante  qu'elle  l'a  été 
sur  la  tête  de  Charlcmagne  !  «  Les 
vœux  de  Henri  III  ne  furent  pas 
exaucés.  La  religion  servit  de  pré- 
texte à  la  moitié  des  chefs  de  l'ar- 
ïuée  pour  abandonner  Henri  IV  , 
et  à  la  Ligue  pour  ne  pas  le  recon- 
iioitre.  Presque  tous  ses  officiers 
l'aiiroient  quitté ,  si  l'un  d'eux  , 
aussi  prudent  que  généreux  ,  ne  les 
avoit  retenus  en  disant  hautement 
à  Henri  :  «  Sire ,  vous  êtes  le  roi 
des  braves,  et  vous  ne  serez  aban- 
donné que  des  poltrons.  »  Les  li- 
gueurs lui  oppcf?èrent  uu  fantôme  , 
le  cardinal  de  Bourbon.  Henri  , 
avec  peu  d'amis  ,  peu  de  places 
importantes,  point  d'argent,  et 
vine  petite  armée,  supplée  atout 
par  son  activité  et  sou  courage.  Il 
resloit  moins  au  lit,  que  le  duc 
de  Mayenne  ,  chef  des  rebelles  ,  ue 
resloit  à  table.  II  gagna  plusieurs 
batailles  sttr  ce  duc  :  cfUe  d'Arqués  , 
le  22  septembre  i.^Sy;  et  celle  d'I- 
vry  ,  le  14  mars  i5qo.  Dans  la 
première  journée,  Henri,  soupçon- 
nant que  les  ligueurs  lourneroienl 
jeurs   priucipaux  ellbrls  contre  sou 


HEJNR 

artillerie  ,  y  piaça  le  régiment  suisse 
de  Glaris,  sur  lequel  il  comptoit 
beaucoup  ,  et  leur  colonel  Galali  , 
sur  lequel  il  comptoit  davantage. 
Ce  qu'il  avoit  prévu  arriva.  Henri 
vola,  suivant  sou  usage,  où  le 
danger  éloit  le  plus  grand.  «  Mou 
compère,  dit-il  à  Galati  eu  arri- 
vant, je  viens  mourir,  ou  acqué- 
rir de  l'honneur  avec  vous  »  Quel- 
ques rnomens  avant  le  combat ,  ou 
amena  au  roi  un  prisonnier  de  dis- 
tinction, qui,  cherchant  par-tout 
des  yeux  une  armée  ,  téuioigna  su 
surprise  au  prince  de  voir  si  peu 
de  soldats  autour  de  lui.  «  Voua 
ne  les  voyez  pas  tous  ,  dit  Henri 
IV  avec  gaieté  ,  car  vous  u'ycomp- 
tez  pas  Dieu  et  le  bon  droit  qui 
m'assistent.  Il  remporta  la  victoire  à 
Ivry,  comme  il  l'avoit  remportée  à 
Contras,  eu  se  jetant  dans  les  rangs 
ennemis  au  milieu  d'une  forêt  de 
lances.  Les  Français  se  souviendront 
éternellement  des  paroles  qu'il  dit  à 
ses  soldats  dans  ce  jour  mémorable  : 
«  Si  vous  perdez  vos  enseignes  , 
ralliez-vous  à  mon  panache  blaijc; 
vous  le  trouverez  toujours  au  che- 
min de  riionneur  et  de  la  gloire.» 
El  lorsque  les  vainqueurs  s'achar- 
noientsur  les  vaincus,  «Sauvez  les 
français  »  ,  leur  crioit-il!  Le  ma- 
réchal de  Biron  eut  part  à  l'hou- 
neur  de  cette  journée  ;  mais  Henri 
eu  eut  la  principale  gloire ,  par 
l'héroïsme  avec  lequel  il  combatlit. 
Le  maréchal  rendit  finement  l'idée 
qu'il  avoit  de  cette  action  ,  lors- 
qu'il fil  ce  complimenta  sou  mailre: 
«  Sire,  dit-il,  vous  avez  fait  aujour- 
d'hui le  devoir  du  maréchal  de  Bi- 
ron, et  le  maréchal  de  Biron  a  fait 
ce  que  devoit  l'aire  le  roi.»  Long- 
temps on  conserva  dans  la  plaine 
d'ivry,  comme  un  monument  pré- 
cieux, l'arbre  sous  lequel  Henri  IV 
éloit  venu  se  repo^^er  après  la  ba- 
taille de  ce  nom.  Le  temps  ayant 
détruit  cet  arbre  ,  le  duc  de  Peu- 
ihièvre  fit  élever  à  la  même  place 


HEINR 

Mue  pyramide  que  l'on  Fil  disparoî'.re 
à  la  rëvolulion.  lionaparte,  lors  de 
son  p.issageyiir  le  lerriloiredel'Eure, 
s'arrêta  dans  la  plaine  divry;  il  par- 
courut ce  champ  d'honneur  ,  arrêta 
ses  regards  sur  l^s  raines  de  la  pv- 
ramidê,  et  en  ordonna  la  reédiCi- 
caiion.  Henri  continua  la  guerre  ,  et 
ses  succès  ne  repondant  pas  toujours 
à  son  courage  ,'il  disoil  quelquel'ois  : 
«  Je  suis  roi  sans  couronne,  géné- 
ral sans  soldats,  et  très  -  souvent 
sans  argent,  ainsi  que  mari  sans 
femme.  »  Plus  ses  ennemis  éloienl 
acharnés,  plus  il  redoubla  de  cou- 
rage et  d'activité.  Au  siège  de 
Rouen,  en  iôc^-2  ,  il  s'exposa  comme 
un  grenadier,  fut  renversé  deux  fois, 
et  eut  ses  armes  détachées  et  mises 
en  pièces.  Sully  lui  porta  le  lende- 
main la  plainte  commune  de  toute 
l'armée.  Henri  IV  l'interrompit  par 
ces  paroles  :  «  Mon  ami ,  je  ne  puis 
faire  autrement;  car,  puisque  c'est 
pour  ma  gloire  et  pour  ni»  cou- 
ronne que  je  combats  ,  ma  vie  et 
toutes  chores  ne  me  doivent  rien 
sembler  au  prix.  «  Les  mêmes  sen- 
timens  de  bravoure  le  suivirent  au 
siège  de  Paris  ;  et  ils  devinrent  plus 
touchanspar  la  tendre  humanité  qui 
les  accompagna.  Il  prit  d'assaut  tous 
les  faubourgs  dans  une  seule  journée. 
Il  est  constant  qu'il  eut  pris  la  ville 
par  famine  ,  s'il  n'avoit  permis  lui- 
même,  par  une  pitié  héroïque  ,  que 
les  assiégeans  nourrissent  les  assiégés. 
«Je  suis  ,  disoil-il,  le  vrai  père  de 
mon  peuple.  Je  ressemble  à  la  vraie 
mère  qui  se  présenta  devant  Salo- 
mon.  J'aimeroisautant  n'avoir  point 
de  Paris,  que  de  lavoir  tout  ruiné 
et  tout  désolé  par  la  mort  de  tant 
de  personnes.»  Pendant  qn'il  pres- 
soit  Paris  ,  les  moines  taisoient  une 
espèce  de  revue  militaire,  marchant 
en  procession  la  robe  retroussée  .  le 
casque  en  tète  ,  la  cuirasse  sur  le 
dos,  le  mousquet  et  le  crucifix  à  la 
maiu.  Plusieurs  citoyens  distingués 
faisoient  serment  sur  l'iivangile  ,  eu 


HErvR  359 

présence  du  h'gat  et  de  l'ambassa- 
deur d'Ei^pagnc,  de  mourir  plutôt 
de  faim  que  de  se  rendre.  I,e  due 
de  Parme,  envoyé  par  Philippe  II, 
venoit  secourir  Paris  ;  mais  Henri 
le  fit  rentrer  en  Flandre.  Cepen- 
dant la  disette  dégénéroit  en  famine 
universelle.  Le  pain  se  vendoit  un 
écu  la  livre;  on  en  avoit  fait  avec 
des  os  du  charnier  des  samls  In- 
nocens  :  on  l'appela  le  pain  de  ma- 
dame de  INlontpensier ,  parce  qu'elle 
en  avoit  loué  l'invention.  La  chair 
humaine  devint  la  nourriture  des 
Parisiens.  On  alla  à  la  cliasse  des 
eufans  ;  il  y  eu  eut  plusieurs  de 
dévorés  ,  et  l'on  vil  des  mères  se 
nourrir  des  cadavres  de  ceux  qui 
leur  dévoient  le  jour.  Le  duc  de 
Mayenne  voyant  que  ni  l'Espagne, 
ni  la  Ligue  ne  lui  donneroienl  ja- 
mais la  couronne  de  France  ,  résolut 
lie  faire  recounoilre  (  elui  à  qyi  elle 
appartenoit  ;  il  engagea  les  étals  à 
une  conférence  entre  les  catholiques 
des  deux  partis.  Celle  conlérence 
fut  suivie  de  l'abjuration  de  Henri 
à  Saiut-Uenys,  le  aâ  juillet  iBgô, 
et  de  sou  sacre  à  Cliartres.  L'année 
d'après  ,  et  le  û2  mars  1.^94  ,  Paris 
lui  ouvrit  ses  portes.  Henri  ren- 
voya tous  les  étrangers  qu'il  pouvoit 
retenir  prisonniers  ;  il  pardonna  à 
tous  les  ligueurs.  Dès  qu'il  se  vit 
au  Louvre  ,  il  dit  au  chancelier  : 
«  Uois-je  croire  que  je  suis  où  je 
suis  ?  Plus  j'y  pense  ,  moins  je  le 
conçois.  11  n'y  a  rien  de  l'homme 
dans  tout  ceci  ;  c'est  un  ouvrage 
du  ciel.5)  Comme  il  se  mettoit  à 
table  pour  souper  à  l'hôtel-de-ville, 
il  dit  eu  riant  et  en  regardant  ses 
pieds  :  «  Je  me  suis  bien  crotté  en 
venant  à  Paris  ,  mais  je  n'ai  pas 
perdu  mes  pas.  »  Cette  gaieté  franche, 
naïve  et  spirituelle  ne  rabandonna 
jamais.  Un  de  ses  courtisans  lui  di- 
sant «qu'on  avoit  rendu  à  César  ce 
qui  appartenoit  à  César  ,  en  lui 
ouvrant  les  portes  de  sa  capitale.» 
—  fcVenlre-sâiut-gris ,  lépoudil  le 


36o 


HEISR 


roi  ,  on  ne  m'a  pas  fait  comme  à 
César  ;  on  tie  m'a  pas  rendu  , 
mais  vendu  Paris.  »  (  Foyez  Lan- 
Gi,ois  ,  u°  I.  )  Pour  éloigner  loiit 
prélexte  de  révolte  ,  Henri  soilici- 
loit  lonjoiirs  son  al)solulion  à  Rome. 
Les  préleniions  r.Uiamontaines ,  la 
politique  espagnole  avoient  retardé 
celle  absolution  ,  qui  l'ut  enfin  ac- 
cordée par  Clément  VIII,  en  ifigS. 
(  I-^oyez  son  article.  )  Uuperron  el 
dOisal ,  ambassadeurs  de  France  , 
eurent  besoin  de  toute  leur  habileté 
pour  mettre  à  couvert  les  droiis  de 
la  couronne.  Le  pape,  qui  avoit  d  a- 
Lord  demandé  des  choses  peu  rai- 
souiiables,  proposa  ,  par  leurs  soins, 
des  coudilious  moms  onéreuses.  Le 
roi  s  obtigeoil  à  faire  publier  el  exé- 
cuter le  concile  de  Trente,  excepté 
diius  les  .articles  ,  s'il  y  en  avoit  d^ 
tels  qui  poiirroienl  troubler  la  tiau- 
quillité'publique  en  France. Il  devoil, 
à  moins  qu'il  n  y  eût  euipèchemeut 
légitime  ,  réciler  le  chapelet  tous  l;s 
jours;  les  litanies  le  mercredi;  le 
rosaire  le  samedi  ;  en'endre  lous  les 
jours  la  messe  ;  communier  quatre 
fois  l'année;  bâtir  un  couvent  dans 
chaque  province.  On  ne  pensa  guère 
si  ces  pénitences  étoieni  faciles  à  ol)- 
server  par  le  souverain  d'un  grand 
empire  ,  et  le  roi  les  accepia.  Phi- 
lippe II  n'en  resta  pas  moins  son 
ennemi  ;  il  fallut  lui  faire  la  guerre , 
cette  même  année  1695.  Les  Es- 
pagnols s'étanl  emparés  de  Cambrai 
el  de  Calais,  Henri  sollicita  te  se- 
cours d'Elizabelh.  L'ambassadeur 
d'Angleterre  promit,  de  la  part  de 
sa  souveraine  ,  des  troupes  pour 
sauver  Calais,  à  condition  qu'on 
rcinetlroil  ia  place  aux  Anglais 
jusqu'au  paiement  des  sommes  que 
la  reine  avoit  prêtées.  Henri  IV  re- 
fusa noblement  une  telle  proposition , 
en  disant  :  «  Si  je  dois  être  mordu  , 
j'aime  autant  l'èlre  par  un  lion  que 
par  une  lionne.  »  L année  suivanlt! , 
liigb,  il  convoqua  à  Rouen  une 
«spèçed'étals-générauxj  sous  le  uoiii 


d'Assemblée  des  Notables.  Ce  fut 
dans  celte  assemblée  qu'il  prononça 
ce  discours  célèbre  qu'on  a  tant  cité  : 
«Je  viens,  dit- il,  demander  vos 
conseils,  les  croire  et  les  suivre,  me 
mettre  en  tutelle  entre  vos  mains. 
C'est  une  envie  qui  ne  prend  guère 
aux  rois  ,  aux  barbes  grises  et  aux 
victorieux  ;  mais  mo^  amour  pour 
mes  sujets  me  fait  trouver  tout  pos- 
sible el  tout  honorable.  5)  Après  la 
séance ,  le  roi  demanda  à  la  duchesse 
deBeaufort,  sa  mailresse,  qui  avoit 
entendu  son  discours ,  cachée  der- 
rière une  tapiàberie  ,  ce  qu'elle  en 
pensoit  :  «  Je  n'ai  jamais  ,  dit-elle, 
oiu  mieux  parler  ;  j'ai  seulement 
été  surprise  que  Votre  Majesté  ait 
parlé  de  se  mettre  en  tutelle.  »  — 
«  Venlre-sainl-gris  ,  lui  répondit  le 
roi ,  il  est  vrai  ;  mais  je  l'entends 
avec  mon  épée  au  côté,  m  En  effet , 
il  ne  quitta  pas  celle  épée.  Il  avoit 
battu,  en  lôgS,  l'armée  espagnole 
à  la  rencontre  de  Fontaine-Fran- 
çaise, où  il  affronta  les  plus  grands 
périls ,  à  la  têle  d'une  poignée  de 
combattans;  il  la  chassa  d'Amiens 
en  i.'igy  ,  à  la  vue  de  l'archiduc 
Albert,  contraint  de  se  retirer.  Le 
duc  de  May-  une  avoit  fait  son  ac- 
commodement en  1596;  le  duc  de 
Mercceur  se  soumit  en  iSgS,  avec 
la  Bretagne  ,  dont  il  s'étoit  emparé. 
Il  ne  restoit  plus  qu'à  faire  la  paix 
avec  l'Espagne  ;  elle  fut  conclue  le  2 
mai  de  la  même  année  à  Vervins. 
Depuis  ce  jour  jusqu'à  sa  mort,  le 
royaume  fut  exempt  de  guerres  ci- 
viles on  étrangères,  si  l'on  en  ex- 
cepte l^xpédilion  de  1600,  contre 
le  duc  de  Savoie,  qui  fut  glorieuse 
à  la  F'ance,  et  suivie  d'un  irailé 
avantageux.  E.es  convulsions  du  fa- 
natisme étoieni  calmées  ;  mais  le  le- 
vain n'en  étoit  pas  entièrement  dé- 
iruit.  Il  n'y  eut  presque  point  d'an- 
née où  l'on  n'attenlàl  sur  la  vie  de 
Henri.  Un  malheureux  de  la  lie  du 
peuple ,  nommé  Pierre  Barrière  , 
ayant  porté  ses  mains  parricides  sur 


HEWR 

le  roi,  fut  arrêté  et  mis  à  mort  en 
lôgS.  Jean  Chàlel  ,  jemie  homm» 
né  d'une  honnête  faraiUe ,  le  trappa 
d'un  coup  de  couteau  à  la  bouche  en 
1595,  sous  prétexte  qu'il  n'étoit  pas 
encore  absous  par  le  pape.  Un  char- 
treux, nommé  Pierre  Ouin  ,  un  vi- 
caire de  Saint-Nicoias-des-Champs  , 
pendu  en  lôgS,  un  tapissier  en 
1596  ,  un  malheureux  qui  étoit  ou 
qui  coulrelaisoit  l'insensé,  médi- 
tèrent le  même  assassinat.  (  Voyez 
aussi  BiRON,n°  II).  Enfin,  il  fal- 
lut, pour  le  malheur  de  la  France, 
qu'un  monstre  furieux  et  imbécille  , 
nommé  Ravaillac,  l'exécutât  le  14 
mai  16x0.  Le  carrosse  de  Henri  IV 
ayant  été  arrêté  par  un  embarras  de 
charrettes,  dans  la  rue  de  la  Ferron- 
nerie ,  en  allant  à  l'Arsenal ,  ce  mal- 
heureux profita  de  ce  moment  pour 
Je  poignarder.  Henri  laissa  trois  fils 
et  trois  filles  de  Marie  de  Médicis, 
sa  seconde  femme  ,  ou  plutôt  son 
unique  épouse  ,  puisque  son  premier 
mariage  avec  Marguerite  de  Valois 
fut  déclaré  nul.  Ce  bon  roi  ne  fut 
bien  connu  de  la  nation  que  quand 
il  eut  été  assassiné.  La  fausse  idée 
qu'il  lenoit  encore  au  calvinisme 
souleva  contre  lui  beaucoup  de  ca- 
tholiques; son  chaugement  néces- 
saire de  religion  aliéna  une  partie  des 
réformés  ,  qui  lui  demandèrent  des 
places  de  sûreté  ,  comme  ils  en 
avoieut  eu  «ous  Henri  IIL  «  Je  suis  , 
leur  répondit-il ,  la  meilleure  assu- 
rance de  mes  sujets.  Henri  lll  vous 
craignoit  et  ne  vous  aimoil  point; 
mais  moi  je  vous  aime  et  ne  vous 
crains  guère.  »  Cependant  les  pro- 
testansauroient  dû  trouver  un  mo- 
tif de  reconnoissance  dans  le  fameux 
Edlt  de  Nantes ,  donné  eu  avril 
1.598,  dicté  par  une  sage  tolérance. 
Sa  seconde  femme,  qui  ne  l'aimoii 
pas,  etquines'encroyoitpas  aimée , 
l'accabla  de  chagrins  domestiques  : 
la  première  lui  en  avoil  fait  éprou-  , 
ver  davantage.  Sa  maîtresse  même, 
la  marquise  dEnlragues,   conspira 


HENR 


36 1 


coiilre  lui.  La  plus  cruelle  «alire  , 

qui  attaqua  ses  mœurs  et  sa  probité  , 
fut  Touvrage  dune  princesse  de 
Conti ,  sa  proche  parente.  Cepen- 
dant il  avoit  mis  le  royaume  dans 
un  étal  florissant;  il  i'avoit  policé  , 
après  l'avoir  conquis.  Les  troupes 
inutiles  furent  licenciées,  et  la  pro- 
fession des  armes  ue  fut  plus,  comme 
auparavant ,  suflisanle  pour  faire  un 
gentilhomme.  L'ordre  dans  les  fi- 
nances succéda  au  plus  odieux  bri- 
gandage ;  il  paj~a  peu  à  peu  toutes 
les  dettes  de  la  couronne  ,  sans  fouler 
les  peuples.  Les  paysans  répètent 
encore  aujourd'hui  «  qu'il  vouloit 
qu'ils  eussent  une  poule  au  pot  tous 
les  dimanches  «  :  expression  triviale , 
mais  sentiment  paternel  ,  qui  a  dicté 
à  un  jeune  poêle  ce  beau  vers  qui 
peint  Henri  IV  : 

Seul  roi  de  (jui  le  peuple  ait  gardé  la  mémoire. 

Pendant  une  maladie  dangereuse 
qu'il  eut  après  le  traité  de  Ver  vins  , 
ii  disoit  souvent  à  Sully  :  «  Mou 
ami,  je  n'appréhende  nullement  la 
mort;  vous  me  l'avez  vu  braver 
dans  tant  d'occasions  périlleuses  ! 
Mais  j'ai  regret  de  sortir  de  celte  vie  , 
sans  avoir  témoigné  à  mes  peuples  , 
en  les  gouvernant  bien,  et  eu  les 
soulageant  de  tant  de  subsides  ,  que 
je  les  aime  comme  mes  propres  eu- 
fa  us.  »  La  justice  fut  réformée ,  et  il 
sut,  malgré  son  indulgence  nalu- 
relle  ,  maintenir  les  jugemens  qu'elle 
prononçoil.  Un  courtisan  lui  deman- 
dant la  grâce  de  son  neveu  ,  coupable 
d'un  meurtre  :  «  Il  vous  sied  bien, 
lui  dit  le  roi,  de  faire  loncle  eu 
implorant  ma  clémence;  à  moi ,  de 
faire  le  roi  en  écoulant  la  justice. 
J'excuse  votre  demande  ,  excusez 
mon  refus.  »  Il  répondit  à  quelqu'un 
qui  demandoil  l'abolition  de  quel- 
ques excès  commis  contre  des  ma- 
gistrats :  «  Je  n'ai  que  deux  yeux , 
deux  mains  et  deux  pieds.  En  quoi 
différerois-je  de  mes  autres  sujets  , 
£1  je  n'avcisla  force  de  la  justice  ea 


3'S2 


RE^R 


invi  disposilioiî  ?...  —  Je  ne  désire 
vivre,  dit-il  une  aiUre  fois,  que 
pour  aller,  comme  Louis  XII,  i\iie 
fois  la  semaine  au  parlemeiU,  et  à 
la  chambre  des  comptes  ,  pour  abré- 
ger les  procès  et  arranger  pour  tou- 
jours les  finances.  »  Ce  dévoient  être 
ses  dernières  promenades,  s'il  avoit 
vécu  plus  long-temps.  11  eut  la  con- 
solation, avant  de  ir.ourir,  de  voir 
les  doux  religions  vivi"e  en  paix  , 
au  moir.s  en  apparence.  Il  enrichit  , 
lui  seul ,  le  douiaine  de  la  couronne 
(  J^'oy .  la  Table  de  la  réunion  des 
gr-andsjiejh  dans  les  Tables  Chro- 
nologiques— '.  )  de  plus  de  terres 
que  n'avoient  t'ait  ens  mble  Phi- 
lippe de  Valois  ,  Louis  ^11  et  Fran- 
çois 1''^,  parvenus,  comme  lui,  au 
tr^ne  en  ligne  collatérale.  L'agricul- 
ture fut  clîère  à  Henri  IV ,  ainsi 
que  ceux  qui  l'exerçoient.  Il  fit  goû- 
ter à  un  ambassadeur  d'Espagne  du 
vin  de  ses  vignes.  Il  lui  dit  :  «  J'ai 
une  vigne  ,  des  vaches  et  cintres 
choses  qui  me  sont  propres;  et  je 
sais  si  bien  le  ménage  do  la  cam- 
pagne, que,  comme  particulier,  je 
pourrois  encore  vivre  conimodé- 
Menl.  »  Le  commerce,  la  naviga- 
tion furent  en  honneur.  Les  étoffes 
d'or  et  d'argent  ,  proscrites  d'abord 
par  un  édit  sompluaire.  qui  ne  les 
permettoit  ^\\  aux  filles  de  joie,  et 
aux  filous ,  dans  le  commeucemeut 
d'un  règne  diiîicile,  et  dans  un  temps 
d'épuisement  et  de  pauvreté,  repa- 
rurent avec  plus  d'éclat  ,  et  enri- 
chirent Lvon  et  la  France.  Il  établit 
des  manufactures  de  tapisseries  de 
haute-lice,  en  laine  et  eu  soie,  re- 
haussées d'or.  On  commença  à  faire 
de  petites  glaces  (huis  le  goût  de 
celles  de  Venise.  C'est  à  lui  seul 
qu'on  doit  les  vers  ;\  soie  et  les  plau- 
tations  de  mûriers.  Ce  fut  sous  sou 
règne  que  lut  l'oriiié  le  projet  du  ca- 
nal de  Briare,  par  lequel  la  Seine  (\ 
la  Loire  furent  joiules  :  projet  qui 
l'ut  exécuté  sous  sou  successeur.  On 
lui  doit,  en  partie,  le  jardin  royal 


HEINR 

des  plantes  de  IMonlpellier  ,  si  utile 
a*x  médecins.  Paris  fut  agrandi  et 
embt-lli;  il  forma  la  place  royale, 
et  restaura  tous  les  ponts.  Le  f.iu- 
bourgSaiut-Germain  ne  tenoil  point 
à  la  ville  ;  il  n'étoit  point  pa\é  : 
Henri  se  chargea  de  tout.  11  lit 
achever  le  Pont-Neuf,  où  le  peuple 
regarda  long-temps  sa  statue  avec 
attendrissement.  Lorsqu'on  éleva 
celle  statue,  nu  poète  lit  ces  quatre 
vers  qu'on  auroit  pu  mettre  au  l;as  : 

Ce  liror.ze  éiaul  du  3iand  Ilinri   l'im;i^e. 
Oui  fui  sans  pair  en  arm''s  cjïnime  en   lois, 
Hfçoit  ici  de  son  peuple  l'iximmage , 
El  scil  lui  seul  d'exemple  A  lous  les  rois. 

Saint  Germain-en-Laye ,  Moncetiux, 
Fontainebleau  ,  et  sur-tout  le  Lou- 
vre, furent  augmeulés  par  Henri 
IV,  et  presque  entièrement  bâtis.  Il 
logeoit  au  Louvre,  sous  cette  longue 
galerie  ,  ouvrage  des  artistes  en  tout 
genre,  qu'il  encouragea  souvent  de 
ses  regards  comme  de  ses  récom- 
penses. Il  enrichit  beaucoup  la  bi- 
bliollièque  royale.  11  éloit  aussi  sa- 
vant qu'un  roi  doit  l'être,  c'est-ù- 
dire  ,  assez  pour  distinguer  le  vrai 
mérite.  11  donna  une  cliaine  d'or  et 
son  portrait,  et  fil  beaucoup  d'autres 
liijéi.alili's  à  Grolir.s,  qui  lui  pré- 
senta sou  traité  JJe  jure  belli  au 
pacis.  Le  président  de  Thou  ,  Jac- 
ques Bougars,  du  Perrou,  d'Ossat , 
Sponde,  Joseph  Scaliger,  Isaac  Ca- 
sauboïi ,  Malherbe,  l'abbé  d'Elljene  , 
et  beaucoup  d'autres  ,  reçurent  de 
lui  des  marques  de  cmisidératiou 
ou  des  bienfaits...  Quand  don  Pedro 
de  Tolède  fut  envoyé  ,  par  Phi- 
lippe lil,  en  ambassade  auprès  de 
Henri  ,  il  ne  reconnut  plus  Pans  , 
qu'il  avoit  vu  autrefois  si  malheu- 
reux et  si  languis.«anl  :  «  C'est 
qu'alors  le  père  de  famille  n'y  étoit 
pas,  lui  dit  Henri;  et  aujourd'hui 
qu'il  a  soin  de  ses  eul'ans,  ils  pros- 
pèrinl.»  Eu  faisant  ileurir  son  état 
au  dedans,  il  le  faisoil  respecter  au 
didiors.  r,e  même  éciw  Pedro  faisant 
valoir  avec  trop  de  hauteur  la  puis- 


HENR 

sauce  de  sou  maître  :  «Tont  rela  ne 
m'en  impose  pas  ,  lui  répoudil  Hen- 
ri ;  si  le  roi  voire  mailre  conlimie 
ses  allRUlals,  je  porterai  le  feu  jus- 
que dans  1  Escurial ,  et  on  me  verra 
bienlôt  à  Madrid.  —  François  l'^''  y 
fui  bien  ,  réjiondil  fitrerneul  l'Es- 
pagnol.  —  C'est  pour  cela,  répliqua 
le  roi,  que  j'y  veux  aller,  venger 
son  nijure  ,  celles  de  la  France  et  les 

miennes w  Henri. fut  médiateur 

entre  le  pape  et  la  république  de 
Venise.  Il  protégea  les  Hollandais 
contre  les  Espagnols,  et  ne  servit 
pas  peu  à  faire  reconneitre  leur  in- 
dépendance. Lorsqu'il  fui  assassiné  , 
il  éloit  sur  le  point  de  passer  en  Al- 
lemagne avec  une  puissante  armée. 
Nous  n'avons  jamais  eu  de  meilleur 
ni  de  plus  grand  roi.  11  fui,  dit  le 
président  Hénault  ,  son  général  et 
son  ministre.  Il  unit  à  une  extrême 
franchise  la  phis  adroite  politique; 
aux  sentimeus  les  plus  élevés,  une 
simplicité  de  mœurs  c'iarmanle  ;  et 
au  courage  d'un  soldat  ,  un  fouds 
dhumanité  inépuisable.  «  Jene  puis, 
disoil-il  après  une  victoire,  je  ne 
jjuis  me  réjouir  de  voir  mes  sujets 
étendus  morts  sur  la  place  ;  je 
])erds  ,  lors  même  que  je  gagne.  » 
Quelques  troupes  qu'il  envoyoit  en 
Allemagne  ayant  fait  du  désordre 
en  campagne,  Henri  IV  dit  aux  capi- 
taines qui  étoient  encore  à  Paris  : 
«  Partez  en  diligence;  donnez-y 
ordre;  vous  m'en  répoudrez.  Vive 
Dieu  !  s'en  prendre  à  mon  peuple , 
c'est  s'en  preudre  à  moi....  »  11  em- 
ployoit  la  patience,  les  bienfaits  et 
l'adresse  pour  ramener  les  esprits 
que  les  factions  avoienl  égarés. 
«  Un  roi  sage,  disoil-il,  est  comme 
im  habile  apothicaire,  qui  des  poi- 
sons les  plus  dangereux  compose 
d'excelleus  antidotes,  et  fait  de  la 

tliériaque    avec   des   vipères » 

Henri  rencontra  ce  qui  forme  les 
grands  hommes  ,  des  obstacles  à 
vaincre  ,  des  périls  à  essuyer  ,  et 
sur-tout  des  adversaires  digues  de 


HEP'IR 


3G3 


lui.  Enfin,  comme  le  dit  la  Hen- 
riade , 

Il  fui  de  ses  siijeli  le  vainqueur  et  le  jjtrc. 

L'activité  fut  sa  qualité  dominante. 
Le  duc  de  Parme  disoil  «  que  les 
autres  généraux  faisoienl  la  guerre 
en  lions  ou  en  sangliers  ,  mais  que 
Henri  la  faisoit  en  aigle.»  Sa  de- 
vise étoit  un  Hercule  ,  qui  domploit 
des  monstre»,  avec  ces  mots  :  Invia 
virtuti  nulia  est  via  ;  et  il  l'avoit 
prise  à  juste  lilre.  uLes  grands  man- 
geurs ,  disoit-il,  et  les  grands  bu- 
veurs, ensevelis  dans  la  chair  ,  ne 

sont  capables  de  rien  de  grand 

Si  j'aime  ,  ajoutoit-il ,  la  table  et  la 
bonne  chère  ^  c'est  uniquement  pour 
m'égayer  l'esprit.  »  Ajoutons  encore 
aux  traits  qui  caractérisent  ce  grand 
prince  son  discernenunit  dans  le 
choix  des  personnes  qu'il  emuloyoit 
aux  affaires  :  le  chancelier  Silleri  , 
le  président  Jeauuin  ,>  Sully,  Bel- 
lièvre,  Villeroi  ,  sont  autant  de 
noms  qui  rappellent  de  grands  ta- 
lens  et  des  vertus  éminentes.  Les 
grandes  qualités  de  Henri  IV  furent 
obscurcies  par  quelques  défauts.  Il 
eut  nue  passion  exlrèine  p.onr  le  jeu 
et  pour  les  femmes.  On  ne  peut 
guère  excuser  la  première ,  parce 
qu'elle  lit  naître  quantité  de  brelans 
dans  Paris,  et  que  d'ailleurs  il  étoii 
joueur  âpre  et  impatient  ;  et  encore 
moins  la  seconde  ,  parce  que  ses 
amours  furent  si  pul. liques  et  si 
universelles  depuis  sa  jeunesse  jus- 
qu'au dernier  de  ses  jours,  «qu'on 
ne  sauroit  même,  dit  Mézerai,  leur 
donnerlenom  de  galanteries.  »  Celle 
passion  l'entraiua  même  à  persécu- 
ter le  prince  de  Coudé  son  parent , 
dont  il  vouloit  séduire  la  femme. 
Le  nombre  de  ses  enPans  naturels 
surpassa  de  beaucoup  celui  dis  légi- 
times. Outre  ceux  qu'il  ne  pul  ou 
ne  voulut  pas  avouer,  il  en  reconnut 
huit,  Irois  de  Gabrielle  u  Estrées  ; 
deux  de  Henriette  de  Ealz;ic-d"En- 
tragues;  nu  de  Jacqueline  de  Beuil, 


» 


364  HEINR 

deux  de  Charlotte  des  Essarts.  Ses 
maîtresses  ne  le  dorninoienl  pour- 
tant pas  loujoiirs,  et  il  leur  répeloit 
souvent  «  qu'il  aimerovt  mieux  per- 
dre dix  amantes  qu'un  Sully.  »  11 
sentoit  que  ses  fod)lesses  faisoieul 
tort  à  sd  gloire  et  ne  pouvoit  les 
surmonter.  Il  demanda  un  jour  à 
l'ambassadeur  de  Rodolphe  11  si 
cet  empereur  avoit  des  maîtresses. 
«  Si  mou  niaitre  en  a,  elles  sont  se- 
crètes ,  répondit  l'ambassadeur.  —  Il 
est  vrai,  répliqua  Henri,  qu'il  y  a 
des  horatries  qui  n'ont  pas  d'assez 
grandes  qualités  pour  n'être  pas 
obligés  de  cacher  leurs  foiblesses.  » 
(  Voy.  Cathiîrine,  n"  IX,  GuiciiE, 
n*  II ,  Parthkn^ay  ,  n'^  II ,  Mont- 
MORr.NCi,n'^  X.)  11  dit  un  jour  au 
nonce  du  pape,  avec  qui  il  regar- 
doit  danser  les  plus  belles  dames  de 
la  cour  :  «Monsieur  le  nonce,  je 
n'ai  jamais  vu  de  plus  bel  escadron , 
ni  de  plus  périlleux.  »  «La  timidité. 
Je  déconraf^ement  ,  la  bassesse  ,  la 
jalousie,  les  fureurs,  et  même  la 
fausseté  et  le  mensonge  :  oui,  le  men- 
songe et  la  fausseté  !  Henri ,  par-tout 
ailleurs  cet  homme  si  droit,  si  vrai, 
si  franc ,  les  a  connus  dès  qu'il  s'est 
livré  à  l'amour  ,  dit  Sully.  Je  me 
suis  souvent  aperçu,  ajoute- 1- il  , 
qu'il  me  trompoil  par  de  fausses 
couridences  ,  lorsque  rien  ne  l'obli- 
geoit  de  m'en  faire  de  véritables  ; 
qu'il  feignoit  des  retours  à  la  raison 
et  des  résolutions  que  son  cœur  dé- 
savouoit;  enfin,  qu'il  affectoit  jus- 
qti'à  la  honte  même  de  sa  chaîne, 
lorsque  ,  intérieurement ,  il  faisoit 
serment  de  ne  jamais  la  rompre  ,  et 
qu'il  en  serroit  plus  étroitement  les 

nœuds »  11  disoit  quelquefois 

«  qu'où  devoil  excuser  sa  licence  en 
tels  divertissemens  qui  n'apportoieut 
nul  dotftmage  à  ses  peuples  ,  par 
forme  de  compensation  de  tant  d'a- 
mertumes qu'il  avoit  goûtées  ,  de 
tant  d'ennuis  ,  déplaisirs,  fatigues, 
péril»  et  dangers,  par  lesquels  il 
avoit  passé  depuis  sou  enfance  jus- 


HEINR 

qu'à  cinquante  ans.  »  On  lui  a  re- 
proché encore  des  lois  trop  dures 
contre  les  braconniers ,  tant  l'ardeur 
pour  lâchasse  lui  faisoit  oublier  ses 
propres  principes  ;  quelques  traits 
d'ingratitude  et  de  parcimonie  en- 
vers ses  anciens  et  braves  serviteurs; 
enlin  ,  on  l'a  blâmé  d'avoir  trop  aimé 
à  plaisanter.  Il  donnoit  quelquefois 
dans  les  pointes  qui  n'ont  qu'un  jeu 
de  mots  pour  mérite,  telles  que 
celle-ci  :  «  Le  meilleur  canon  que 
j'ai  employé  dans  ma  vie  est  celui 
de  la  messe  ;  il  a  servi  à  me  faire 
roi.  5)  Quelques  historiens  en  ont 
conclu  qu'il  n'éloit  pas  catholique 
au  fond  du  cœur  ;  mais  d'autres  pré- 
tendent qu'il  le  fut  de  très-bonne  foi 
depuis  la  conférence  de  Fontaine- 
bleau en  ]6oo  ,  entre  du  Perron  et 
Mornay,  où  celui  ci ,  convaincu ,  dit- 
on  ,  d'avoir  tronqué  certains  passa- 
ges ,  fit  penser  au  roi  que  sa  cause 
étoîl  mauvaise ,  puisqu'il  altéroit  les 
pièces  du  procès.  Quoique  attaché  à 
l'Eglise  ,il  ne  se  laissa  pas  dominer 
par  les  ecclésiastiques.  Le  clergé  lui 
ajMnt  fait  des  remontrances  sur  di- 
vers abus  ,  spécialement  dans  la  no- 
mination des  bénéfices,  il  répondit 
que  ces  abus  étoient  réels ,  qu'il  les 
avoit  trouvés  établis,  qu'il  espéroit 
les  réformer  et  remettre  l'Eglise  dans 
un  état  florissant.  «Mais,  ajonta-t- 
il ,  vous  m'avez  exhorté  à  mon  de- 
voir ;  je  vous  exhorte  au  vôtre. 
Faites  par  vos  bons  exemples  que 
le  peuple  soit  aussi  porté  à  bien 
faire  ,  qu'il  eu  a  été  ci-devant  dé- 
tourné. »  Comme  il  ne  trouva  pas 
toujours  des  ecclésiastiques  qui  sou- 
tinssent leurs  discours  par  leurs 
vertus  ,  il  disoit  quelquefois  :  «Je 
voudrois  bien  faire  ce  qu'ils  prê- 
chent ;  mais  ils  ne  pensent  pas  que 
je  saclie  ce  qu'ils  fout.  »  Cependant 
Henri  IV  étoit  très-fàché  du  soup- 
çon que  répandoient  les  protestans, 
qu'il  navoit  renié  Dieu,  c'est  à-dire, 
dans  leur  langage,  fait  abjuration  , 
que  des  lèvres.  Aussi  dit-  il ,  à  l'oc- 


HENR 

casion  de  la  jnort  de  la  lelne  Eli- 
zabelh  :  ull  y  a  trois  choses  Irès-vë- 
rilables  ,  et  que  le  inonde  ue  veut 
pas  croire  :  qu'Elizabelh  soit  morte 
viftrge  ,  que  l'archiduc  soit  un  graud 
capitaine,  et  le  roi  de  France  un 
bon  catholique.  »  Un  jour  qu'il  s'é- 
toit  mis  à  genoux  devant  un  prtlre 
qui  portoit  le  Saint- Sacrement  , 
Sully  lui  dit  :  «  Esl-il  possil)le  ,  sire , 
que  vous  croyez  à  cela  ,  après  les 
choses  que  j'ai  vues?  —  Oui,  lui 
répondit  le  roi,  j'y  crois,  et  il  faut 
être  fou  pour  ne  pas  y  croire.  Je 
•voudroisqu'il  ni'eneûlcoûté  un  doigt 
de  la  mani ,  et  que  vous  y  crussiez 
comme  moi.  »  Il  fut  très-offensé  du 
propos  d'un  marchand  qui  ne  le 
coauoissoit  point,  et  qui,  parlant 
de  sa  conversion,  dit  ;  «La  caque 
sent  toujours  le  hareng.  —  Oui  , 
mon  ami,  dit  Henri  eu  se  faisant 
connoitre;  mais  c'est  à  votre  égard  , 
et  non  au  mien.  Je  suis  ,  Dieu 
merci  ,  bon  catholique  ,  et  vous 
gardez  encore  du  vieux  levain  de 
la  Ligue ))  Si  quelques  fanati- 
ques le  délesloient  encore  ,  tous  les 
bons  citoyens  lui  rendirent  justice. 
Plusieurs  tombèrent  malades  en  ap- 
prenant sa  mort  ;  quelques  -  uns 
même,  tels  que  de  Vie,  gouverneur 
de  Paris,  en  moururent  de  douleur. 
Ou  prononça  son  oraison  funèbre 
dans  tontes  les  grandes  villes ,  dans 
les  petites  même.  «  Il  se  brûla  plus 
de  cire,  et  l'on  fit  plus  de  prières  , 
dit  Flavin,  pour  lame  de  Hetiri- 
le-Grand  seul ,  que  pour  les  cinq 
rois  ses  prédécesseurs,  m  Aussi  Anne 
d'Aulriche  ,  mère  de  Louis  XIV  , 
exhortoit  son  fils  à  vivre  de  façon 
qu'iV  fut  autant  i-egretlé  que  son 
aïeu/ ,  et  plus  que  Louis  Xlll,  son 
père.  On  a  demandé  ,  plusieurs  fois, 
comment  Henri  IV,  avec  des  dé- 
fauts et  même  des  vices  que  n'eurent 
ni  Charles  V,  ni  Louis  XII ,  est  ce- 
pendant aux  yeux  des  Français  le 
premier  de  nos  rois  ?  Thomas  a  ré- 
pondu à  cette  question ,  dans  son 


HEINR 


3G5 


Essai  sur  les  éloges  :  «  C'est  qu'il  fut 
véritablement  le  héros  de  la  France. 
Quand  le  mérite  du  grand  homme 
se  concilie  parfaitement  avec  les  pré- 
jugés ,  le  caractère  et  les  penchans 
d'un  peuple,  alors  sa  célébrité  doit 
augmenter  ,  parce  que  l'amour-pro- 
pre  de  chaque  citoyen  protège  ,  pour 
ainsi  dire  ,  la  répuiation  du  prince; 
et  c'est  ce  qui  est  arrivé  à  Henri  IV. 
Ses  lalens,  ses  vertus  el  jusqu'à  ses 
défauts  ,  tout,  pour  ainsi  dire  ,  ncnis 
appartient.  Mornay  et  Sully  purent 
blâmer  l'excès  de  sa  valeur;  mais  la 
nation  airaoit  à  s'y  reconnoilre.  La 
politique  même  le  justifioit.  Pour 
rassurer  ses  amis  ,  pour  étonner 
ses  ennemis ,  il  falloit  des  prodi- 
ges ;  il  n'avoit  presque  que  des 
vertus  à  opposer  à  des  armées  ;  et 
ce  grand  homme  appuyoit  le  peu 
de  forces  qu'il  avoit  des  forces 
réelles  de  ladiniralion  et  de  l'en- 
thousiasme. Sa  gaieté  au  milieu 
des  combats  ,  ses  bons  mots  dans  la 
pauvreté  et  le  malheur;  toutes  ces 
saillies  d'une  aine  vive  el  d'un  ca- 
ractère généreux  ,  cette  foule  de 
traits  que  l'on  cite,  et  qui  sont  à  la 
fois  d'un  homme  d'esprit  et  d'un 
héros,  semBloient  peindre,  en  même 
temps,  l'imagination  française  el  le 
genre  d'esprit,  ainsi  que  le  caractère 
national  »  Ses  amours  même  ,  qui 
l'entrainèrent  dans  de  si  grandes 
fautes  ,  le  rendirent  plus  intéressant 
aux  yeux  d'un  peuple  dont  le  carac- 
tère fut  .  en  tout  temps,  d'allier  la 
valeur  à  la  galanterie.  Mais  ce  qui 
l'a  réellement  l'ait  mettre  au-dessus 
de  tous  les  monarques  français,  c'est 
sa  bonté.  Cette  vertu  ne  permit  ja- 
mais à  la  haine  d'entrer  dans  son 
cœur.  C'est  elle  «  qui  fit  que,  sans 
politique  el  sans  effort ,  ajoute  Tho- 
mas ,  il  pardonna  toujours  ,  el  se 
seroit  cru  malheureux  de  punir  ; 
qui,  avec  ses  amis,  lui  donnoit  la 
familiarité  la  plus  douce  ;  envers  ses 
peuples ,  la  bienveillance  la  plus  ten- 
dre; avec  sa  noblesse,  la  plus  lou- 


366       he:^r 

chante  ëgalilé.  Ce  sentiment  si  pré- 
cieux ,  qui  ,  quelquelbis  dans  des 
moniens  d'amertume  et  de  malheur, 
ïui  faisoit  verser  ies  hirmes  d'un 
grand  liomme  au  seiu  de  l'amitié  : 
te  benlitiient ,  qui  aimoit  à  voir  la 
cabane  d'un  paysan  ,  à  partager 
sou  pain,  â  sour.re  à  une  famille 
rustique  qui  l'entouroit  ,  et  ne  crai- 
gnoil  jamais  que  les  larmes  et  le  dé- 
sespoir secret  de  la  misère  vinssent 
iyi  repi-oc'.ier  des  uîalheurs  ou  des 
fautes,  voilà  ce  qui  lui  a  coneihé  à 
jamais  le  cœurdes  Français,  et  même 
des  étrangers.  «  L'abbé  Lengiel  du 
Fresnoy  a  publié  cinquante -neuf 
Lettres  de  ce  bon  roi  dans  le  tome 
quatrieuie  de  sa  nouvelle  édition 
du  Journal  de  Henri  111.  On  y  re- 
marque du  feu  ,  de  l'esprit,  de  l'ima- 
gination, et  sur-tout  cette  éloquence 
du  (ceur  qui  plait  tant  dans  un  mo- 
narque. Prauli  ,  imprimein*  de  Pa- 
ris .  a  publié  un  recueil  très-iuté- 
ressant  et  non  moins  agréable,  des 
bous  mots  et  des  acliousde  ciémence 
de  ce  héros  seusii)le,  sous  îe  litre 
d'Esprit  de  Henri IV,  iu-is2 ,  Pans  , 
176g  :  ou  y  trouve  celle-ci.  On 
l'exhortoit  à  traiter  avec  rigueur 
quelques  places  de  la  Ciguë  qu'il 
avoil  réduites  par  la  force,  a  La  sa- 
tisfaction qu'on  tire  de  la  vengeance 
ne  d\n"e  qu'un  moment,  répondit  ce 
prince  généreux  ;  mais  celle  qu'on 
tire  de  la  clémence  est  éternelle.  » 
(  F'urcz  Abbignk.  )  —  On  lui  par- 
loil  d'un  brave  officier  quiavoit  été 
de  la  Ligue,  et  dont  il  n'étoit  pas 
aimé:  «.le  veux,  dit-il,  lui  faire  tant 
de  bien,  que  je  le  forcerai  de  in'aimer 

malgré  lui »  11  est  à  souhaiter, 

dit  uu  historien  qui  a  chauté  Henri, 
pour  l'exemple  des  rois  et  pour  la 
consolation  des  peuples,  qu'on  lise 
dans  la  grande  Histoire  de  Mézerai , 
dans  Pérétixe  ,  et  dans  les  Mémoin  s 
de  Sully,  ce  qui  concerne  les  temps 
de  ce  bon  prince.  Plus  on  connoîlra 
Henri,  plus  ou  l'aimera,  plus  on 
l'acbuirtra.  Casaubou  dil ,  dans  le 


HEJNR 

recueil  de  ses  Lettres ,  que  Henri  IV 
asoil  traduit  les  Commentaires  de 
César  ,  et  qu'il  avoit  commencé 
d'écrire  ses  Mémoires,  avec  dessein 
de  les  finir,  si  les  soins  de  l'Etat  lui 
permetioient  de  respirer.  Il  tenoit 
cette  anecdote  de  la  bouche  même 
de  ce  prince.  Ou  prétend  (|u"il  avoit 
engagé  le  président  Jeanniu  à  écrire 
l'histoire  de  son  règne.  «J'entends, 
lui  (lit-il  ,  laisser  à  la  vérité  toute 
sa  franchise,  et  je  vous  donne  la  li-  ^ 
berté  de  la  dire  saus  arlibce  et  sans 
fard.  On  a  un  beau  médaillon  de  ce 
prince  ,  frappé  en  1  figS ,  à  l'occasion 
de  la  paix  de  Ver  vins.  Ce  médaillon 
dor,  de  la  grandeur  d'un  écu  de  six 
livres ,  qui  pèse  une  once  et  demie  et 
2.'i  grains,,  poids  de  marc,  repré- 
senit  d'un  côté  Henri  IV  en  buste, 
avec  cette  légende  :  henricus  tiii. 
FRANCOR.  ET.  NAV.  REX.  La  figure 
du  prince  ressemble  parfaitement 
aux  bons  portraits  que  nous  avons 
de  lui.  Sur  le  revers  du  médaillon  , 
on  voit  une  femme  vèlue  à  la  ro- 
maine, tenant  de  la  main  gauche  un 
caducée  et  une  branche  d'olivier,  et 
de  la  droite  une  palère  au-dessus 
d'un  autel  ,  dans  l'attitude  d'une 
prêtresse  romaine  offrant  un  sacri- 
lice;  la  légende  du  revers  est  ainsi 
conçue  :  pace.  terra,  marique. 
PARTA,  et  dans  l'exergue,  on  lit  : 
OPTI.  PRTN.  1698.  I-a  noble  et  ma- 
jestueuse simplicité  de  ce  revers ,  qui 
retrace  le  goût  des  anciens  moné- 
taires romains ,  le  beau  relief  du  mé- 
daillon, tout  ,en  uu  mot,  contribue 
à  rendre  celte  pièce  digne  du  prince 
en  riionneur  de  qui  elle  fut  frappée. 
Lorsqu'on  fit,  en  1790  ,  rouverlnre 
des  tombeaux  îles  rois  dans  l'abbaye 
de  Saiut-Ueuys,  le  corps  de  Henri  IV  ' 
s'est  trouvé  dans  une  lelle  conserva- 
tion ,  que  les  traits  de  son  visage 
n'étoient  point  altérés.  Il  fut  déposé 
dans  le  passage  des  chapelles  basses , 
enveloppé  de  son  suaire  ,  qui  étoit 
également  conservé.  Chacun  eut  la 
hberlé  de  le  voir  pendant  deux  jours. 


HEjNR 

Le  lundi  malin  ,  i4  octobre  1790  , 
011  le  porta  dans  le  chœur  ,  au  bas 
des  iijctiihes  du  sanctuaire,  où  il  est 
resté  jusqu'à  deux  heures  après  midi, 
et  il  l'ut  Irausporlé  de  là  dans  le  ci- 
metière dit  de  F'ulois;  enniile  dans 
nue  grande  fosse  creusée  dans  le  bas , 
à  droite  ,  du  côté  du  nord.  Ce  cada- 
vre considéré  comme  momie  sèche, 
avoil  le  crâne  scié  ,  el  conlenoil,  à  la 
place  de  la  cervelle  qui  eu  avoil  été 
ôlée  ,  de  l'éloupe  ,  enduite  d'une  li- 
queur extraite  d'aromalts  ,  qui  ré- 
pandoil  eiicore  une  odeur  lellemeul 
forte  ,  qp.'il  étoit  presque  impossible 
de  la  supporter.  Un  soldai  qui  étoit 
présent,  un'iparun  martial  enthou- 
siasme au  moment  de  l'ouverture  du 
cercueil ,  se  précipita  sur  le  corps  du 
vainqueur  de  la  Ligue;  et  après  un 
long  silence  d'admiration,  il  tiia 
sou  sabre  ,  lui  coupa  respectueuse- 
ment une  longue  mèche  de  sa  barbe, 
qui  étoit  encore  fraîche,  s'écria  eu 
même  temps  ,  en  termes  énergiques 
et  vraiment  uidilaires  ^  «  Et  moi 
aussi  je  suis  soklat  français  i  Désor- 
mais je  n'aurai  plus  d'autre  mous- 
tache 1),  en  plaçant  cette  mèche  pré- 
cieuse sur  sa  lèvre  supérieure  ; 
«maintenant,  dit-il,  je  suis  siir  de 
vaincre  les  ennemis  de  la  France,  et 
je  marche  à  la  victoire.  -»  li  se  re- 
lira. Cette  note  précieuse  nous  a 
été  communiquée  par  Î\I.  Alexandre 
Lenoir  ,  administrateur  du  IMusée 
impérial  des  mouuineus  français  , 
témoin  de  ce  fait. 

XIV.  HENRI  I",  roi  d'An- 
gleterre cl  diic  de  Normandie  ,  troi- 
sième fils  de  GuiUaume-le-Conqué- 
raut ,  se  lil  couronner  roi  d'Angle- 
terre l'an  1100,  après  la  mort  de 
son  frère  Guillaume-le-Roux  ,  au 
préjudice  de  Robert  Couiîe -Cuisse  , 
son  aillé,  qui  étoit  pour  lors  en 
Italie  ,  arrivé  r.-cemment  de  l'ex- 
pédition de  la  Terre-Sainte.  Cette 
usurpation  donna  lieu  à  Robert 
de   passer  eu  Angleterre  pour  ré- 


HEî^R 


3G7 


clamer  son  droit  par  les  armes; 
mais  il  l'abandonna  j)0ur  une  pen- 
sion de  trois  mille  iiiarcs.  Peu  de 
temps  après,  une  nouvelle  brouil- 
lerie  survint  entre  les  deux  iVères  , 
doni  la  fin  fut  fatale  à  Robert.  Il  fut 
battu  et  fait  prisonnier  a  la  bataille 
de  Tiiichebray  en  Normandie,  l'an 
1 106.  Henri  eut  quelques  avantages 
sur  le  roi  Louis  le  Gros  (  l'oyez 
Louis  VI ,  n"  XI  ),  el  de  grands  dé- 
mêlés avec  saint  Anselme ,  touchant 
les  investitures.  Il  mourut  l'ûu 
n35  ,  à  68  ans  ,  regardé  connne  un 
guerrier  courageux  ,  un  politique 
habile,  el  nu  roi  juste,  à  sou  usur- 
pation près.  Quoique  jaloux  de  l'au- 
torité absolue,  il  soulagea  ses  peu- 
ples ,  et  réprima  les  abus  Av.  droit  de 
pourvoyance  ,  qui  consistoilà  Ibur- 
nir  à  la  cour  des  provisions  et  des 
voitures  quand  le  roi  ^  oyageoil.  Il 
sulàlafois  ménager  lacour  dellome, 
el  soutenir  les  libertés  de  l'Eglise  na- 
tionale. Il  protégea  la  littérature  et 
les  sciences ,  et  fu  t  aussi  savant  qvi'ini 
prince  pouvoil  l'être  alors  :  c'est  ce 
qui  le  lit  surnommer  jjfrtw-f  lerc.W 
exerça  sévèrement  la  justice,  et  celte 
sévérité  étoit  nécessaire  dans  un 
temps  de  brigandage.  I,e  vol  el  la 
fausse  monnoie  furent  punis  de 
mort.  Il  abolit  la  loi  du  Couure- 
feu i  il  iixa  dans  ses  états  les  mêmes 
poids  et  les  mêmes  mesures;  il  signa 
tout  sur  une  charte  remplie  de  pri- 
vilèges :  c'e-t  la  j)i'em;ere  originedes 
libertés  de  l'Angleterre.  11  promit, 
par  cette  charte  ,  de  ne  point  tou- 
cher aux  revenus  ecclésiastiques 
pendant  la  vacance  des  abbayes  ou 
desévêchés;  de  renoncer  au  dro.t 
en  vertu  duquel  la  couronne  jouis- 
so'.t  des  biens  des  mineurs;  de  mo- 
dérer les  impots;  de  décharger  its 
débiteurs  de  la  corironne  ;  de  fain» 
jouir  les  arrière-vassaux  des  droi;s 
dont  jouissoieiil  les  grands  seigneurs  ; 
enlin  ,  de  mainteikir  Us  lois  île  saint 
Edouard  ,  si  chères  à  la  nation,  f'^u)  . 
DouVKj:,n°  111. 


368 


HENR 


XV.  HENUl  11,  roi  d'An^le- 
lerre  ,  {ils  de  GeoS'roi  Planiageiiel , 
comte  d'Anjou  ,  et  de  Malhilde,  iilk 
de  Henri  1 ,  iiionlé  sur  le  trône  le  -20 
décembre  ii54,.'iprès  la  mort  d  E- 
tieuue.  Maitre  de  l'Anjou  ,  de  la  Toii- 
raiue  ,  dn  Poitou  ,  de  la  Sainlonge, 
(le  la  Giiienne  ,  de  la  Gascogne  , 
îijouta  à  ses  états  la  Bretagne ,  qu'il 
conquit  sur  Conan  IV,  el  l'Irlande  , 
dont  il  se  rendit  maître  à  la  faveur 
d'une  bulle  d'Adrien  IV ,  que  ce 
prince  amljitieux  avoit  sollicitée 
pour  pallier  son  entreprise.  Le  coni- 
jnenceraenl  de  son  règn;-  fut  signalé 
par  des  réformes  utiles.  Les  troupes 
mercenaires  furent  renvoyées  ,  les 
■violences  elles  vols  répruTiés,  les  lois 
remioes  eu  vigueur  ,  les  nouvelles 
forteresses  démolies  ,  l'alléralion  des 
monnoies  corrigée  ,  et  les  niéconteus 
soumis  au  devoir.  H  porta,  en  iiôg, 
la  guerre  dans  le  comté  de  Tou- 
louse ,  sur  lequel  il  avoit  des  préten- 
tions par  son  mariage  a\ecEléonore 
de  Guieune.  Déjà  il  assiégeoil  !a  ca- 
pitale; mais  le  roi  de  France  étant 
venu  au  secours  de  celte  ville  ,  il 
leva  le  siège  par  respect  pour  le  sou- 
verain. Parmi  les  abus  que  Henri 
vouloit  réformer,  celui  de  la  puis- 
sance excessive  du  clergé  lui  tenoit 
le  plus  an  cœur.  Les  tentatives  qu'il 
fit  pour  les  réprimer  occasionnèrent 
le  meurtre  de  saint  Thomas  deCau- 
torbéry,  en  1170.  (  fuyez  sou  ar- 
ticle. )  Henri  eut  de  grandes  guerres 
à  soutenir  an  dedans  et  au  dehors ,  el 
ses  armes  eurent  d'heureux  succès. 
Après  avoir  couquis  î  Irlande  ,  il 
força  Guillaume,  roi  d'Ecosse,  à  se 
reconnoilre  son  vassal.  Quoique  bon 
père  ,  il  ne  pouvoil  contenir  dans  le 
devoir  trois  iils  ingrates  ,  toujours 
prêts  à  se  révolter.  Louis-le-Jeune 
s'étoit  déclaré  pour  eux  en  1173. 
Henri  avoil  levé  une  armée  pour  les 
soumettre,  el  y  avoit  réussi  après 
la  morl  de  leur  allié;  ils  se  révoltè- 
rent de  nouveau  ,  favorisés  par  la 
politique  de  Philippe- Auguste.  U 


HErsR 

[iillut  qu'il  subît  l'humilialion  d'un 
traité  ,  tel  que  l'exigeoii  le  roi  de 
France ,  en  faveur  du  rebelle  Ri- 
chard, son  tils  aillé  el  son  successeur. 
Henri  en  mourut  de  chagrin  à  Chi- 
uon  ,  le  6  juillet  1 189,  après  34  ans 
da  règne.  Sou  cadavre  ayaul  jeté  du 
sang  ,  lorsque  Richard  vint  lui  ren- 
dre les  derniers  devoirs  ,  le  jeune 
prince  en  fut  si  frappé  ,  qu'il  s'ac- 
cusa publiquement  d'être  le  meur- 
trier de  son  père.  Mais  ces  remords 
passagers  ne  le  rendirent  pas  meil- 
leur. Valeur ,  prudence  ,  générosité, 
élévation  de  génie  ,  étendue  de  con- 
noissances  ,  habileté  pour  le  gou- 
vernement, orgueil  excessif,  ambi- 
tion démesurée ,  luxure  sans  bornes  : 
telles  furent  les  bonnes  et  les  mau- 
vaises qualités  de  Henri  II.  Son 
mariage  avec  Eléonore  de  Gtiienne 
fut  un  événement  aussi  heureux 
pour  l'Angleterre  que  fâcheux  pt>nr 
la  France.  Voyez  ElÉonore  ,  u"  I, 
et  ROSEMONDE  ,  u"  II. 

XVI.  ikNRI  III,  roi  d'Angle- 
terre, fils  de  Jean  Sans  -  Terre  et 
d'Isabelle  d'Augoulème  ,  monté  sur 
le  trône  après  son  père ,  le  28  oc- 
tobre 1216  ,  lit  de  vaines  tenta- 
tives pour  recouvrer  la  Normandie. 
Saint  Louis  le  battit  deux  fois  ,  et 
sur-tout  à  la  journée  de  Taillebourg 
eu  Poitou  ,  et  l'obligea  de  signer 
un  traité  par  lequel  il  ne  lui  res- 
loit  que  la  partie  de  la  Guienne 
qui  est  au-delà  de  la  Garonne.  11  ne 
fut  pas  plus  heureuxan  dedans  qu'au 
dehors.  Les  barons  d'Angleterre , 
révoltés  contre  lui,  ayant  à  leur 
tète  Simon  de  Montforl ,  fils  d'un 
autre  Simon ,  le  tléau  des  Albigeois, 
su  soulevèrent  contre  Henri  ,  el  ga- 
gnèrent sur  lui  la  fameuse  bataille 
de  Lèwes  en  1  264.  H  y  fut  fait  pri- 
sonnier avec  Richard  son  frère ,  et 
Edouard  son  fils  ,  qui  avoit  d'abord 
battu lesmilices  de  Londres.  Les  ba- 
rons dressèrent  alors  un  nouveau 
plan  de  gouveruemeut ,  qu'ils  firent 


«i^ijucr  au  voi  et  approuver  al»  par- 
lement. Telles  SOUL  prop.enieiU  l'é- 
poque et  l'origiue  des  commu- 
nes et  de  la  puissa\ice  du  p.irlcn;enl 
d"Augleterre, si  on  le  regarde  comme 
une  assemblée  coaipo-ée  des  Irois 
corps  du  royaume.  Cependant  I,ei- 
cester,  maure  du  royaume,  rele-' 
noit  prisonnier,  le  roi,  son  bien- 
failenr,  dis|)Osoit  des  cbargfS'  et 
des  luKuices  ,  et  nmassoit  des  trésors 
pour  affermir  sa  domination.'  Le 
pouvoir  souverain  cju'il  exerçoil  à 
son  gré  excita  l'envie  de  quelques 
grands.  L'année  suivante  ,  i  Jiiô  ,  le 
comte  de  Glocesler  forma  un  parti 
conire  lui  et  fit  évader  le  prince 
Edouard,  qui  ss  mit  à  la  tète  des 
partisans  de  son  père.  Les  affaires 
changèrent  aussitôt  de  face.  Leices- 
ter  lut  obligé  de  livrer  bataille  à 
l'armée  royale  à  Evesham  ,  dans  le 
comté  de  Worcesler  ,  en  12'i.ï.  Le 
rebelle  aperçut  d'abord  la  supériorité 
des  royalistes.  «Ils  ont  appris  cela 
de  moi,  dit-il  envoyant  leurs  dis- 
positions. Dieu  ait  pitié  de  nos 
âmes;  car  je  vois  que  nos  corps  sont 
à  Edouard.  »  Sou  armée,  fort  affoi- 
bîie  par  la  disette  de  pain  ,  lit  peu 
de  rcsislauce  ;  les  Gallois  prirtul  la 
fuite,  et  Leicesier  fut  lue  dans  fac- 
tion (  Voyez  Lkickster.)  Henri  lll 
et  son  Hls  Ilvchard  recouvrèrent  la 
liberté  ,  et  les  rebelles  se  soumirent 
entièrement  en  1267.  Henri  mourut 
eu  paix  à  Loudres  le  i.ô  novembre 
\  2- 2  ,  à  C5  ans.  «C'étoit,  dit  du 
Tertre,  un  prince  d'un  petit  gé- 
nie, esclave  de  ses  ministres,  rui- 
nant ses  peuples  pour  enrichir  ses 
favoris:  ne  sachant  jamais  prendre 
son  parti  selon  les  circonstances, 
montrant  de  la  foiblesse  lorsqu'il 
falloit  de  la  fermeté  ,  et  de  la  hau- 
teur ,  lorsqu'il  étoit  nécess:^ire  de 
s'accommocler  au  temps.  »  11  étoit 
d'ailleurs  pieux  ,  charitable,  enneim 
de  la  cruauté  ,  irréprochal;le  dans 
SCS  mœurs  ;  en  un  mot ,  ce  j)rince 
eut    les    vertus   d'un   particidier  , 

T.    VIIT. 


HEÎNR 


3Cy 


et  ne  posséda  presque  aucune  des 
qiialilés  nécessaires  à  nn  souverain. 
On  Jipûe  Ix'tmcoup  sa  dévotion,  et 
l'oiicite  CCS  paroles  qu'il  dit  un  jour 
a  saint  Louis  ,  en  soutenant  que  les 
serinons  ne  valoient  pas  la  messe  : 
«  J'aime  mieux  m'en! retenir  une 
heure  avec  un  ami  ,  que  d'enten- 
dre vingt  discoms  bien  travaillés  à 
sa  louange.  «  Une  usure  énorme  l'ut 
exercée  sons  son  règue  par  des  mar- 
chands chrétiens,  mais  sur  -  tout 
par  les  juiis  ,  qui  sedédommageoieut 
ainsi  des  exactions  qu'ils  essuyoieut. 
Henri  lll  exigea  d'eux  vingt  mille 
marcs  en  i2/(i,  trente  mille  d'un 
seul  en  liôo ,  huit  nulle  en  laôô. 
Londres  et  la  cour  même  regor- 
geoientde  A^oleurs.  Doux  marchands 
de  I-ondres  se  plaignirent  au  roi  , 
eu  1  249  ,  d'avoir  été  dé^jouillés  par 
des  brigands,  qu'ils  counoissoieut 
bien,  dirent -ils,  parce  qu'ils  les 
voyoient  ionrnellemenl  auprès  da 
lui.  /^o/cs  Edjioxd  ,  u°  I. 

XVU.  HENRI  IV,  roi  d'An- 
gleterre ,  hls  de  Jean  de  Gand  ,  duC 
de  Lancastre,  troisièoae  fils  d'E- 
douard lll,  commença  de  régner  le 
::!0  décembre  1 099  ,  après  la  dépo- 
sition juridique  de  Richard  II. 
(  Voyez  Magdalen  ei  Ciiauckr.  ) 
La  couronne  appartenoit,  par  les 
droits  du  sang,  à  Edmond  de  Mor- 
timer,  duc  de  Clarence,  petit- HI3 
d'Edouard  lll.  L'Angleterre  fut  divi- 
sée dès-lors  entre  la  maison  d'Yorck 
et  celle  de  Lancastre.  C'est  l'origine 
des  querelles  de  la  Rose  blanche  et: 
de  la  Rose  rouge.  L'usurpateur,  sans 
vices  éclatans  ni  grandes  vertus , 
mourut  de  la  lèpre  le  :2o  mars  i4i3, 
à  46  ans,  après  avoir  soutenu  une 
guerre  civile  et  une  guerre  étrangère 
cuntrelesEcossaisetcontre  la  France, 
i'endaat  sa  dernière  maladie,  qui 
dura  plus  de  deux  mois,  il  voulut 
toujours  avoir  sa  couronne  auprès  du 
chevet  de  son  lit,  de  crainte  qu'on 
lie  la  lui  enlevât. 

24 


370 


IIENR 


i  XVIII.  HENRI  V,  fils  du  pré- 
cédent, et  de  Marie  de  Hereford , 
fut  couronné  eu  i4i3  ,  f'onna  le 
projet  de  conquérir  la  France,  el 
l'exécuta  en  partie.  Il  descendit  en 
Normandie  avec  une  armée  de  cin- 
quante mille  hommes  ,  prit  et  s'ac- 
cagea  Hartleur ,  g;>gna  la  bataille 
d'Azincourt  sur  Charles  VI,  eu  1 4 1  ii, 
et  retourna  en  Angleterre  avec  plu- 
sieurs princes  el  près  de  i4oo  gen- 
tilshommes qu'il  avoit  faits  pnsou- 
mers.  Trois  ans  après  ,  il  repassa 
en  France,  prit  Rouen  en  1419,  et 
se  rendit  maître  de  toute  la  Nor- 
mandie. Les  divisions  de  la  cour  de 
France  servirent  beaucoup  à  ses  con- 
quêtes. La  maison  d'Orléans  et  celle 
de  Bourgogne  remplissoieul  Paris 
de  factions.  La  reine  Isabelle  de 
Bavière,  mère  dénaturée  du  dau- 
phin, depuis  Charles  VII,  prit  le 
parti  du  monarque  anglais.  Laguerre 
finit  par  uu  traité  honteux,  conclu 
à  Troyes  le  20  juin  1420.  Les  arti- 
cles de  ce  traité  portoient  «  que 
Henri  V  épouseroit  Catherine  de 
France,  qu'il  seroitroi  après  la  mort 
de  Charles  VI,  etque  dès-lors  il  pren- 
droit  le  titre  de  Régenl  et  cVHé/i- 
iier  du  royaume.  Le  dauphin  fut 
contraint  de  se  retirer  dans  l'An- 
jou ;  el  quoique  le  Dauphiné ,  le 
Languedoc  ,  le  Berri ,  l'Auvergne  , 
la  Touraine  et  le  Poitou  lui  four- 
nissent des  troupes  ,  il  y  a  appa- 
rence qu'il  auroit  perdu  son  troue 
sans  la  mort  prématurée  du  roi 
d'Angleterre  ,  qui  expira  au  château 
de  Vincennes,  à  l'âge  de  56  ans.  11 
fut  exposé  à  Saint-Deuys  comme  uu 
roi  de  France.  A  de  grands  taleus 
pour  la  guerre  ,  Henri  V  joignit  des 
vertus.  11  fut  sobre  et  juste.  On  lui 
anroit  sovdiaité  plus  d'humanité  et 
moins  d'avarice.  Car  on  ne  le  jus- 
tdiera  jamais  de  l'ordre  barbare  qu'il, 
donna  d'égorger  les  prisonniers  après 
la  sanglante  bataille  d'Azincourt , 
ni  des  trailemcns  qu'il  fit  éprouver 
aux  bourgeois   de    plusieurs  places 


HENR 

dont  il  se  rendit  mailre.  Il  avoiî 
épousé  eu  l'au  1420  Catherine  de 
France,  la  dernière  des  filles  de 
Charles  VI.  Après  la  mort  de  sou 
époux ,  Catherine  se  maria  à  un  sim- 
ple gentilhomme  nommé  Oweu  Ty- 
der,  que  le  duc  de  Glocester  fil  mou- 
rir pour  avoir  osé  donner  la  main  à 
une  reine  douairière.  Elle  en  eut 
un  fils,  père  de  Henri  VII.  Voyez 
Game  et  Catherine  ,  n°  III. 

XIX.  HENRI  VI  ,  fils  et  suc- 
cesseur de  Henri  V,  à  l'âge  de  10 
mois  seulement  ,  eu  1422,  n'eut  ui 
son  bonheur ,  ui  sou  mérite.  Il  ré- 
gna ,  comme  son  père  ,  eu  France  , 
sous  la  tutelle  du  duc  de  Bedford , 
et  en  Angleterre,  sous  celle  du  duc 
de  Glocester.  Il  gagna  même  par  ses 
généraux  plusieurs  batailles,  à  Cre- 
vant ,  à  Verneuil ,  à  Rouvroi.  {Voy. 
LuxEJïBouKG  ,  u°  m.)  Mais  les 
victoires  de  la  Pucelle  d'Orléans ,  et 
les  succès  qui  les  suivirent,  mirent 
fin  aux  triomphes  de  ce  roi  usurpa- 
teur ,  et  le  chassèrent  presque  entiè- 
rement de  la  France.  (  Voy.  Jeannu 
d'Arc  et  Chari.es  VIL)  I-es  que- 
relles qui  s'élevèrent  dans  la  Grande- 
Bretagne  finirent  par  lui  faire 
perdre  la  couronne.  Richard  ,  duc 
d'Yorck,  parent,  par  sa  mère,  d'E- 
douard III,  déclaia  la  guerre  à  Hen- 
ri VI ,  fils  d'un  prince  qu'il  ne  re- 
gardoit  pas  comme  possesseur  légi- 
time du  trône ,  le  vainquit  et  le 
fit  prisonnier.  Marguerite  d'Anjou  , 
lèmme  du  roi  captif,  el  bien  supé- 
rieure à  son  époux  ,  défit  el  tua  le 
duc  d'Yorck  à  la  bataille  de  Vaké- 
feld  en  1460,  et  délivra  sou  mari, 
Edouard  ,  fils  du  duc  ,  vengea  son 
père  ,  délit  les  troupes  de  la  reine  , 
et  la  fit  prisonnière  à  la  bataille  de 
Tewksburi,  donnée  en  i47i-  Henri 
avoit  fui  en  France;  de  retour  eu 
Angleterre,  il  fut  pris  et  enfermé 
à  la  tour  de  Londres,  où  il  fut  poi- 
gnardé, cette  même  année,  par  le 
duc  de  Glocester.  C'étoil  un  priuce 


HENR 

vertueux  ,  mais  foible  ,  ne  sachant 
qu'obéii"  aux  conrlisans  qui  s'empa- 
roient  de  son  esprit ,  et  if;iiorant 
l'art  de  commander  ;  changeant  con- 
tuiuellenient  de  maîtres  ,  et  iiidifTé- 
renl  sur  les  partis  (pii  dominoienl, 
pourvu  qu'on  te  traitât  luiniame- 
nient.  Sous  son  règne  ,  le  nombre 
des  électeurs  au  parlement  fut  ré- 
duit à  ceux  qui  possèderoient  en 
terres  la  valeur  de  40  schellings  par 
an.  I-a  multiplicité  d'électeurs  avoit 
été  jusqu'alors  une  source  d'intrigues 
et  de  cabales. 

XX.  HENRI  VIT ,  fils  d'Ed- 
moat ,  comte  de  Richemont,  et  de 
Marguerite  de  la  maison  de  Lau- 
castre,  aidé  parle  duc  de  Bretagne 
et  par  Charles  VIII ,  roi  de  France  , 
passa  de  Bretagne  en  Angleterre  , 
délit  et  tua  l'usurpateur  Richard  111 , 
à  Bosworth ,  le  2  août  i48ô,  et  se 
fit  installer  ,  le  00  septembre  sui- 
vant ,  sur  le  trône  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  qu'il  prétendoit  lui  appar- 
tenir ,  comme  à  l'aîné  de  la  maison 
de  Lancastre.  llétoit  enefFet  decelte 
maison  ,  mais  du  côté  maternel ,  et 
dans  un  degré  bien  éloigné.  Cepen- 
dant ,  malgré  ses  droits  peu  directs  , 
ses  ennemis  firent  jouer  inutilement 
des  ressorts  pour  le  détrôner.  Un  gar- 
<,on  boulanger,  appelé  Lambert  Sim- 
jiel ,  et  le  fils  d'un  juil  cmiverti  ,  nom- 
mé Perkin  Vaërbeck,  l'un  neveu  ,  à 
ce  qu'il  disoU,  d'Edouard  IV,  l'autre 
son  fils,  lui  disputèrent  la  couronne, 
après  avoir  appris  à  jouer  le  rôle  de 
j)rinces.  {Voyez  Edoiakj)  Flaii- 
tagenet,  e/MARGU£RiTE  iVYuick.) 
Le  premier  finit  sa  vie  dans  la  cui- 
sine de  Henri  VII ,  et  le  second  . 
un  peu  plus  redoutable  ,  sur  un 
ëchtifaud.  Le  règne  de  ce  monarque  , 
qui  fut  de  24  ans  ,  et  presque  tou- 
jours paisible  ,  humanisa  un  peu  les 
mœurs  de  la  nation.  Les  parlemens 
»]u'il  assembla  et  qu'il  ménagea 
firent  de  sages  lois  ;  la  justice  distri- 
bulive  rentra  dans  tous  ses  droits  :  le 


HENR 


371 


droit  J'asilt!  dans  les  églises,  qui 
étoit  la  source  de  tant  d'abuS,  fut  res- 
treint ,  à  sa  demande  ,  par  une  bulle 
d'inno'  eut  Vil  l;l'agri  cul  tu  relut  sur- 
tout protégée;  et  le  commerce  qui 
avoit  commencé  à  lleurir  sous  le 
grand  Edouard  III ,  ruiné  pendant 
Its  guerres  civiles  ,  se  rétablit  peu  à 
peu  sous  Henri  VII.  Ce  royaume  eu 
avoit  besoin.  On  voit  (ombien  il 
étoit  pauvre  ,  par  la  ditficulté  ex- 
trême qu'eut  Henri  VII  à  tirer  de  la 
ville  de  Londres  un  prêt  de  deux 
mille  livres  sterling.  Son  goiil,  et 
en  quelque  sorte  la  nécessité  l^^n- 
dirent  avare.  Une  lésine  hoiîœuse 
et  des  rapines  fiscales  ternirent  sa 
gloire.  Il  lenoit  un  registre  secret 
de  tout  ce  que  lui  valoieul  les  conlis- 
calions.  On  rapporte  un  trait  remar- 
quable de  sa  rapacité  en  ce  genre. 
Il  avoit  défendu  aux  seigneurs  d'en- 
tietenir  celte  loule  de  partisans  qui 
s'engagecient  à  leur  service,  et  qui 
preuoienlleiu  livrée.  Le  comte  d'Ox- 
ford ,  général  et  favori  de  Henri  , 
devant  le  recevoir  un  jour  dans  son 
château ,  assembla  tous  ses  cliens  , 
pour  rendre  cette  réception  plus 
magnifique.  Le  roi  les  trouva  rangés 
en  haie.  Il  témoigna  son  étonnement 
de  voir  cette  multitude  de  gens  au 
service  du  comte  :  celui-ci  avoua  que 
la  plupart  ne  lui  appartenoient  que 
pour  représenter  dans  les  grandes 
occasions.  «Eu  vérité,  milord,  dit 
alors  Henri ,  je  vous  remercie  de 
votre  bonne  chère  :  mais  je  ne  puis 
consentir  que  l'on  enfreigne  mes  lois 
sons  mes  yeux.  Alon  procureur-gé- 
néral en  conférera  avec  vous.  »  Ox- 
ford n'en  fut  pas  quitte,  dit -on  , 
pour  moins  de  quinze  mille  marcs 
d'argent.  (  Voyez  aussi  Stanley  , 
n*  1.  )  Deux  ministres,  animés 
des  senlimens  de  Henri,  Empsou 
et  Dudeley  ,  devinrent  les  fléaux  de 
la  nation.  Les  jugemens  arbitraires, 
les  amendes  ,  les  compositions  en 
argent ,  les  taxes  odieuses  et  inutiles 
grossirent  tellemeutle  trésor ,  (^u'on 


372 


HENR 


le  fait  mouler  à  2  millions  700  mille 

livres  sterling.  Aux  approches  de 
la  mort,  il  tâcha  d'expier  ses  injus- 
tices par  des  aumônes  et  des  Ion- 
dations.  Il  mourut  le  22  avril  i5o6, 
à  62  ans,  après  un  règne  de  24.  La 
protection  qu'il  accorda  aux  savaus 
lui  mérita  le  titre  d'ami  des  lettres.  Son 
activité, sa  vigueur,  sa  prudence  ,son 
amour  de  la  paix  ,  son  courage  à  la 
guerre  ,  ont  lionoré  sa  mémoire.  1! 
eut  pour  système  d'abaisser  les  grands 
et  de  les  tenir  dans  une  étroite  sujé- 
tion. En  accordant  à  la  noblesse  le 
pouvoir  d  aliéner. les  terres  et  de 
rompre  les  anciennes  substitutions  , 
il  procura  au  peuple  le  moyen  d  aug- 
menter sa  propriété,  et  de  diniiiuier 
celle  des  barons.  Ses  ministres  turent 
des  gens  de  robe  ,  qui,  tenant  de  lui 
toute  leur  fortune,  furent  esclaves 
de  ses  volontés.  Il  est  le  premier  des 
rois  d'Angleterre  qui  ait  eu  des  gar- 
des. Pour  réunir  les  droits  des  deux 
maisons  de  Laucastre  et  d'Yorck  ,  il 
avoit  épousé,  eu  i/jSG,  Elizabeth 
d'x\ngleterre,  lille  et  principale  hé- 
ritière d'Edouard  IV,  roi  d'Angle- 
terre ,  dont  il  eut  plusieurs  enfans. 
Nous  ne  citerons  qu'Artus  Tudor  , 
prince  de  Galles  ,  mort  en  i5o2  , 
sans  postér'.lé  de  son  mariage  avec 
Catherine  ,  fille  de  Ferdinand-le-Cc- 
iholique,  roi  d'Espagne  :  et  Hen- 
ri Vlll ,  qui  épousa  la  veuve  de  son 
frère  et  la  répudia  ensuite.  Tous  les 
malheurs  qui ,  sous  le  règne  de  ce- 
lui-ci ,  affligèrent  l'Angleterre  ,  ti- 
rent peut-être  ,  dit  un  écrivain,  leur 
source  de  la  basse  avarice  dont  Hen- 
ri VII  fut  dévoré  :  la  crainte  de  ren- 
dre la  dot  de  Catherine  lui  lit  gar- 
der cette  princesse  ,  pour  la  faire 
épouser  à  son  second  fils.  F-es  Anglais 
ont  placé  ce  prince  au  rang  de  leurs 
grands  monarques  ,  et  l'ont  appelé 
le  Salomon  de  l'Angleterre.  Sou  ca- 
ractère adroit  ,  le  bonheur  qui  ac- 
coujpagna  ses  entreprises  ,  ses  ma- 
nières nobles  et  son  application  cons- 
tante à  paciiier  sou  ïoyuume  ,  à  ga- 


HEJNR 

gner  les  insurgés  par  la  persnasion 
ou  par  la  crainte  ,  et  à  anéantir  le 
pouvoir  ancien  et  exorbitant  dont 
la  noblesse  abusoit  ,  lui  ont  sans 
doute  mérité  cet  honneur.  Aucuu 
roi  n'a  montré  plus  d'adresse  dan» 
rétablissement  des  impôts.  Si  ses 
sujets  se  plaig-noienl  ,  il  accordoit 
des  remises  ,  et  revenoit  à  son  but 
par  d'antres  moyens.  Le  véritable 
motif  de  ses  guerres  contre  la  France 
fut  de  se  procurer  l'occasion  d'éta- 
blir de  nouvelles  taxes,  et  siir-tout 
d'occuper  au  dehors  une  nation  dont 
il  pouvoit  redouter  les  agitations  in- 
térieures. Sa  Vie  a  été  écrile  par  le 
chancelier  Bacon  ,  et  par  l'abbé  Mar- 
sollier. 

Y  XXI.  HENRI  Vïll  ,  fils  et  suc- 
cesseur de  Henri  VII  ,  moula  sur 
le  trône  eu  i.'Sog.  Les  coffres  de  son 
père  se  trouvèrent  remplis  à  sa  mort 
de  deux  millions  75o  mille  livres 
sterling  :  somme  immense  pour  ce 
temps.  Henri  VIII  s'en  servit  pour 
faire  la  guerre.  L'empereur  Maxi- 
milieu et  le  pape  Jules  II  avoient 
fait  une  ligue  contre  Louis  XII;  le 
monarque  anglais  y  entra  à  la  sol- 
licitation de  ce  pontife.  (  Ployez 
JuLi'.s  II  el  Maximix.I£N  ,  n°  I.  ) 
Il  ht  une  irruption  eu  France  eu 
ijio  ,  remporta  une  victoire  com- 
plète à  la  journée  des  Eperons,  prit 
Térouane  et  Tournay  ,  el  repassa  eu 
Angleteri-e  avec  plusieurs  prison- 
diers  français  ,  parnn  lesquels  ou 
comptoit  le  chevalier  Bayard.  Dans 
le  même  temps  Jacques  IV,  roi  d'E- 
cosse ,  entroiten  Angleterre  ;  Henri 
le  défit  et  le  tua  à  la  bataille  de 
Floddenfield.  La  paix  se  conclut  en- 
suite avec  la  France.  Louis  XII  ne 
put  l'avoir  avec  Henri ,  qu'eu  épou- 
sant sa  sœur  Marie  ;  mais  au  lieu 
de  recevoir  une  dot  de  sa  femme, 
suivant  l'usage  ,  Louis  XII  eu  paya 
une  ;  il  lui  en  coûta  \n\  million  d'é- 
cus  ,  pour  épouser  la  sœur  de  sou 
vainqueur.  HeuriVlU,  ayant  ter- 


HET^R 

miné  heiireuseirient  ceUe  guerre  , 
entra  biciUôt  après  dans  cclk-s  qui 
commençoieiit  à  diviser  l'Eglise.  Les 
erreurs  de  Luliiar  venoienl  d  ecla- 
1er.  Le  iDouarque  ,  plein  de  saint 
'J'Iiomas  et  des  autres  scolasliques  , 
rt  avec  l'aide  de  Wolsey  ,  de  Gar- 
diuer  ,  de  Morus  ,  et  sur-tout  de 
Fischer,  réfuta  l'hérésiarque  dans 
un  ouvrage  qu'il  dédia  à  Léon  X.  Ce 
pape  riionora  ,  lui  et  ses  successeurs, 
(lu  litre  de  Uc/e/iseur  de  la  Foi  : 
litre  qu'il  sollicitoit  depuis  cinq  ans, 
et  à  l'occasion  duquel  Path  ,  le  t'ou 
de  la  cour  ,  lai  dit  :  «  Ah  1  mon  cher 
Henri,  déiéudons-nous  nous-mêmes, 
et  laissons  la  Foi  se  défendre  toute 
seule.  «  Il  ne  mérita  pas  long-temps 
ce  titre.  11  y  avoit  à  la  cour  de  l-on- 
dres  une  tille  pleine  d'esprit  et  de 
grâces,  dont  Henri  devint  éperdu- 
mentamoureux.  Elles'appeloit  Aime 
de  Boulen.  11  avoit  déjà  en  pour 
mai  tresse  Eliz  Blount  ,  el  de  cet 
amour  naquit  unhis.  Sanderus  pré- 
tend qu'il  avoit  vécu  avec  la  mère 
d'Anne  de  Boulen ,  et  qu'en  cpou- 
sanl  celle-ci  il  a\  oit  épousé  sa  pro- 
pre hlle.  Anne  avoit  une  autresoeur, 
nommée  Marie  ,  dont  Henri  VlU 
avoit  été  aussi  amoureux  ,  selon  le 
Moréri  de  Hollande,  i74o-  «  On 
prétend  que  ce  prince  ayant  im 
jour  demandé  à  François  Brian  , 
chevalier  de  l'ordre  ,  si  c'étoit  un 
grand  crime  d'entretenir  la  mère  et 
la  hlle?  C'est ,  répondit  Brian  ,  com- 
me si  l'on  mangcoit  la  poule  et  le 
poulet.  »  Le  roi  ayant  trouvé  cette 
réponse  plaisante  ,  lui  dit  qu'il  le 
prenoit  pour  son  vicaire  infernal  ;  et 
depuis,  il  fut  connu  sous  ce  nom. 
Mais  il  est  bon  d'avertir  que  ces 
contes  satiriques  sont  puisés  dans 
des  historiens  conlroversistcs  ,  qui 
croyoient  servir  la  religion  en  les 
rapportant.  Anne  de  Boulen  s'atta- 
cha à  irriter  les  désirs  du  roi ,  el 
à  lui  ôter  toute  espérance  de  les  sa- 
tisfaire ,  tant  qu'elle  ne  seroit  pas  sa 
femme.   (  Fojez  Bautojst.  )  Henri 


HEINR 


373 


e'toit  marié  depuis  dix-hnit  ans  à 
Catherine  d'Aragon  ,  hlle  de  Fer- 
dinand et  d'Isabelle  ,  et  lanle  de 
Charles  -  Quint.  Comment  obtenir 
un  divorce?  Il  faut  savoir  que  Ca- 
therine avoit  d'abord  épousé  le; 
prince  Artus  Tudor  ,  frère  aîné 
de  Henri  'V' 1 1 1 ,  qvi  lui  avoit 
donné  sa  main  ensuite  ,  avec  la 
dispense  de  Jules  II.  On  ne  pen- 
soit  pas  qu'un  tel  mariage  pût  être 
incestueux  ;  mais  dès  que  le  monar- 
que anglais  eut  résolu  d'épouser  sa 
maîtresse ,  il  le  trouva  nul  ;  il  sol- 
licita le  pape  Clément  VIII  de  le 
déclarer  contraire  aux  lois  divines 
et  liumaines.  Le  cardinal  Wolsey  , 
ce  ministre  si  vain  qu'il  disoit  or- 
dinairement le  roi  et  moi,  enti-a 
dans  les  vues  de  Henri.  On  paya 
des  théologiens,  pour  leur  arracher 
des  décisions  conformes  aux  désirs 
du  prince.  Le  pape,  vivement  solli- 
cité de  casser  cette  union  ,  refusa  de 
se  prêter  aux  vues  de  Henri ,  qui  fit 
décider  l'affaire  par  Tiiomas  Cram- 
mcr,  archevêque  de  Cantorbéry,  et 
prit  sa  maîtresse  pour  femme,  en 
1 553.  Clément  ayant  prononcé  con- 
tre lui  une  sentence  d'excommuni- 
cation ,  celte  bulle  servit  à  Henri 
VIII  de  prétexte  pour  consommer 
un  schisme.  Il  se  lit  déclarer  pro- 
tecteur et  clief  suprême  de  l'Eglise 
d'Angleterre.  Le  parlement  lui  con- 
firma ce  titre,  abolit  toute lautorité 
du  pontife  romain,  les  prémices, 
les  décimes,  les  annales  ,  le  denier 
de  Saint-Pierre  ,  les  provisions  des 
bénéfices.  Son  nom  fut  effacé  de  tous 
les  livres  ;  on  ne  l'appela  plus  que 
l'Evêque  de  Rome.  Les  peuples  prê- 
tèrent au  roi  un  nouveau  serment , 
qu'on  appela  le  serment  de  supré- 
matie. (  ^^'OJ.  AliLE,  elCuoMWEL  , 
n°  I.  )  Le  cardinal  Jean  Fischer  , 
Thomas  Morus  ,  et  plusieurs  autre» 
personnages  illustres  ,  ennemis  de 
ces  nouveautés  ,  perdirent  la  tête  sur 
un  échafaud.  Henri  ,  ne  se  bornant 
pas  à  ces  exécuUo-ns,  ouvril  les  iiiai- 


374 


IIEJSK 


sous  religieuses,  et  s'appropria  les 
biens  mouasliques.  De»  dépouilles 
des  couvens  ,  il  fonda  six  nouveaiix 
évéchés.  On  avoil  déjà  proposé  dans 
les  assemblées  du  cierj^é  de  suppri- 
mer les  petits  mouasières  ;  mais  lé- 
vêque  Fisciiek  (  voyez  ce  mol  ) 
s'y  éloil  opposé,  a  parce  que,  dit- 
il  à  ses  confrères  ,  c'est  fournir  un 
manche  à  la  coignée  du  roi  ,  pour 
détruire  ensuite  tous  les  cèdres  de 
notre  Liban.  »  La  suppression  dc3 
maisons  religieuses  déplut  à  beau- 
coup d'Anglais.  Les  grands  et  les 
gentilshommes  «  trouvèrent  mau- 
vais ,  dit  Pluquet,  qu'on  eût  donné 
au  roi  les  biens  des  monastères  sup- 
primés, dont  la  plupart  avoient  été 
fondés  par  leurs  ancêtres.  D'ailleurs 
ils  se  voyoient  privés  de  la  commo- 
dité de  se  décharger  de  leurs  en- 
fans,  quand  ils  en  avoient  un  trop 
grand  noiifbre ,  et  d'aller  ,  en  voya- 
geant ,  loger  dans  ces  maisons  où 
ils  étoient  bien  reçus.  Les  pauvres 
murmuroieut  encore  plus  fortement, 
parce  que  plusieurs  d'entre  eux  vi- 
voient  des  aumônes  qui  se  distri- 
buoient  journellement  dans  ces  mai- 
sons. Enfin  beaucoup  •de  catholi- 
ques regardoienl  celte  suppression 
comme  une  atteinte  portée  à  leur 
religion.  »  Quoique  Henri  VllI  se 
déclarât  contre  cette  religion  à  cer- 
tains égards,  il  ne  voulut  être  ni  lu- 
thérien ,  ni  calviuiiie.  La  transsubs- 
tantiation fut  crue  comme  aupara- 
vant ;  la  nécessité  de  la  confession 
auriculaire  et  de' la  communion  sous 
une  seule  espère  confirmée.  Le  cé- 
libat des  prêtres  et  les  vœux  de 
chasteté  furent  déclarés  irrévocables. 
L'invocation  des  saints  ne  fut  point 
abolie,  mais  rtstreinte.  Les  messes 
privées  furent  c  iiservées.  Il  déclara 
qu'il  ne  prétenduit  point  s'éloigner 
des  articles  de  foi  reçus  par  l'Eglise 
catholique.  L'amour  qui  produisit 
tous  ces  chaugemens  ne  dura  pas. 
Touché  de  la  beauté  du  Jeanne  Sey- 
mour,  U  fit  trancher  la  tète  ,  eu 


i53G,  à  Anne  de  Boulen  ,  sur  A?' 
soupçons  d'infidélité  ,  légers  selon 
les  uns  ,  et  graves  selon  d'antres  ;  et 
le  lendemain  du  supplice  de  cette; 
infortunée  ,  dont  le  sang  fumoit  en  - 
core ,  il  épousa  sa  non  velle  maîtresse . 
Jeanne  étant  morte  en  couches,  il 
la  remplaça  par  Anne  de  Clèves.  11 
avoit  été  séduit  par  le  portrait  de 
cette  princesse  :  mais  il  le  trouva 
si  différent  de  l'original  ,  qu'il  la 
répudia  au  bout  de  six  mois.  A 
celle-ci  succéda  Catherine  Howard  , 
fille  du  duc  de  Norfolck  ,  décapitée 
en  1542  ,  sous  prétexte  qu'elle  avoit 
eu  des  amans  avant  sou  mariag'". 
C'est  à  cette  occasion  que  le  parle- 
ment d'Angleterre  donna  une  loi 
aussi  absurde  que  cruelle.  Il  déclara 
«  que  tout  homme  qui  seroil  ins- 
truit d'une  galanterie  de  la  reine 
doit  l'accuser  ,  sous  peine  de  haute 

trahison et  que  toute  fille  qui 

épouse  un  roi  d'Angleterre  ,  et  qui 
n'est  pas  vierge  ,  doit  le  déclarer  , 
sous  la  même  peine.  »  Catheriut; 
Parr  ,  jeune  veuve  d'une  beauté  ra- 
vissante ,  épouse  de  Henri  aprî.;; 
Catherine  Howard ,  fut  près  de  subir 
le  même  sort  que  cette  infortu- 
née ,  non  pour  ses  galanteries  , 
mais  pour  ses  opinions  conformes  à 
celles  de  Luther.  (  f^.  Parr.  )  Les 
dernièresannées  de  Henri 'VllI  furent 
remarquables  par  ses  démêlés  avec 
la  Fiance.  Bizarre  dans  ses  guerres 
comme  dans  ses  amours,  il  s'étoit 
ligué  avec  Charles  -  Quint  contre 
François  V^  i^-'oy.  Bellay,  n°  II  )  ; 
ensuite  avec  François  P*^  contre 
Charles -Quint;  et  enfin  de  rechel 
avec  celui  -  ci  contre  le  monarque 
français.  Il  prit  Boulogne  eu  1544» 
etpromit  de  le  rendre  par  le  traité  de 
paix  de  1  54*3.  Il  mourut  l'année  sui- 
vante, le  28  ou  529  janvier,  dans 
sa  67"  année.  Henri  laissa  trois  en- 
fans  :  Marie  ,  fille  de  Catherine 
d'Aragon;  Elizabeth,  fille  d'Anne 
de  Boulen  ;  et  Edouard  VI ,  fils  de 
Jeanne  Seymour.  11  avoit  réglé  sa 


HENR 

succession  à  Lt  couroune  selon  le 
pouvoir  que  lui  en  avoil  accordé  le 
l)arlemenl.  Il  mil  dans  le  premier 
rang  Edouard  VI ,  son  tils  ,  el  toute 
sa  postérité  ;  en  second  lieu  ,  la  priu- 
cesse  Marie  ,  et  en  troisième,  Eliza- 
belh  ,  à  condition  qu'elles  se  nia- 
rieroient  du  conseutemenl  des  exé- 
cuteurs de  sou  testament.  Après  ses 
tilles,  il  appeloità  la  couronne  Fran- 
çoise Brandon  ,  fille  aiuée  de  sa 
sœur  el  du  duc  de  Suffolck,  à  l'ex- 
clusion des  enfans  de  IMarguenie  , 
renie  d'Ecosse,  sa  sœur  r.iuée.  C'est 
depuis  lui  que  le  pays  de  Galles  a 
été  réuni  à  l'Angleterre  ,  que  l'Ir- 
lande est  devenue  un  royaume,  et 
que  les  monarques  anglais  ont  pris 
le  litre  de  Majesté.  Tous  ceux 
qui  ont  étudié  Heuri  avec  quelque 
soin  ,  dit  l'abbé  Raynal ,  n'ont  vu 
en  lui  qu'un  ami  foible  ,  un  allié 
inconstant  ,  un  amant  grossier  ,  un 
mari  jaloux  ,  un  père  barbare  ,  un 
juaitre  impérieux,  un  roi  despo- 
tique el  cruel.  Pour  le  peindre  d'un 
seul  trait  ,  il  suffit  de  répéter  ce 
qu'il  dil  à  sa  mort ,  «  qu  il  n'avoil 
jamais  refusé  la  vie  d'un  homme  à 
sa  haine  ,  ni  l'honneur  dune  femme 
à  ses  désirs.  ))  L'attachement  à  ses 
opinions  ,  et  l'opiniâtreté  ,  puisés 
dans  l'étude  de  la  scolastique ,  le 
rendirent  d'abord  controversiste  ,  el 
eutin  tyran.  Il  perdit  dans  les  plai- 
sirs ,  ou  dans  de  vaines  occupations , 
le  temps  qu'il  auroit  pu  employer 
à  approfondir  les  principes  du  gou- 
vernement. Une  conHance  aveugle 
en  ses  ministres  le  réduisit  à  être , 
durant  la  moitié  de  son  règne,  le 
jouel  de  leurs  passions,  ou  la  vie- 
lime  de  leurs  intérêts:  l'autre  par- 
tie fut  employée  à  troubler  le  repos 
du  royaume  ,  à  l'inonder  de  sang 
et  à  l'appauvrir.  Il  le  bouleversa 
et  le  pressura  ,  dit  Sanderus  ,  au 
point  qu'il  ne  resloit  plus  que  de 
vendre  l'air  aux  vivans  et  la  sé- 
pulture aux  morts.  Fils  d'un  père 
avare,  il   ruina  ses  sujets  par  des 


HEJNR  375 

profusions  criminelles  el  extrava- 
gantes ,  el  ce  fut  encore  le  moindre 
des  maux  qu'il  fil  à  l'Angleterre.  Eu 
s'emparant  d'une  partie  des  biens 
du  clergé  ,  il  n'en  fut  pas  plus  riche. 
Dans  tous  les  besoins  de  l'état  , 
l'Eglise  avoil  plus  contribué  que  les 
laïques.  Aussi  Charles-Quint  disoit 
au  sujet  de  la  suppression  des  mo- 
nastères dont  Henri  prodiguoil  les 
revenus  à  ses  courtisans  a  qu'il 
avoit  tué  la  poule  qui  lui  dounoil 
des  œufs  d'or.  »  Lorsqu'il  avoit  pro- 
posé quelque  édil  bnrsal  au  parle- 
ment ,  il  falloil  qu'il  n'essuyai  au- 
cune difficulté.  Ayant  appris  qu'un 
meuibre  des  communes  ,  appelé 
Montagne  ,  nretloit  opposition  à  un 
de  ses  bils,  il  l'envoya  chercher,  el 
lui  dit  ■■  «  Que  mon  bill  passe  demain 
matin ,  ou  votre  tète  sera  coupée  »  ; 
et  le  biU  passa.  Il  faudroil  le  pin- 
ceau de  Tacite  pour  tracer  le  carac- 
tère de  ce  prince ,  et  pour  rendre 
avec  leurs  véritables  couleiirs  la  bas- 
sesse de  ses  courtisans ,  l'abjection 
de  son  sénat  ,  l'avilissement  du 
peuple.  Henri  étoit  né  avec  un  ca- 
ractère despotique  ;  l'adulation  for- 
tifia ses  mauvaises  qualités  ,  el  en 
fit  un  véritable  monstre.  Ses  entan- 
tes sembleroieiil  appartenir  à  une 
espèce  de  folie.  Il  fut  étranger  à 
tout  seuliment  d'humanité.  L'amour 
ne  fui  chez  lui  que  le  besoin  des 
sens  et  non  l'affection  du  cœur.  Sa 
religion  étoit  un  mélange  de  fana- 
tisme et  d'orgueil  ,  sa  politique  ne 
fut  que  l'art  de  maintenir  la  ter- 
reur. Tourmenté  pendant  ses  der- 
nières années  par  une  maladie  in- 
curable ,  sa  férocité  ne  lit  que  s'ac- 
croitre.  Renfermé  dans  son  palais , 
comme  une  bête  fauve  dans  son  an- 
tre, on  ne  s'apercevoit  de  son  exis- 
tence que  par  les  arrêts  de  mort 
qu'il  prononçoit.  Personne  n'oçoit 
l'avertir  des  approches  du  trépas  , 
on  ne  s'intéresssoit  pas  assez  à  lui 
pour  appeler  dans  son  cœur  un  sa- 
lu taire  repentir.  Edouard  II ,  Richard 


376  HENPt 

II,  Henri  VI  avoieut.  elé  deirôues, 
emprisoiiués  ,  assassinés  pour  q\iel- 
qiie.s  actes  aibilraires ,  ou  pour  ex- 
pier les  fruits  de  leurs  inairresses 
ou  de  leurs  couriisàns  ;  el  Henri 
VIII ,  qui  ue  po'uvoit  imputer  à  per- 
sonne ses  crimes  el  ses  t'u.reurs  , 
mourut  sur  le.  trône.  C'est  sous  le 
règne  de  ce  prince  que  la  auette  , 
rnaîadie  dangereuse  ,  infesta  toute 
l'Anglflerre.  L'histoire  de  Henri  Vlll 
a  été  écrite  par  le  lord  Herbert  ,  in- 
folio ,  ouvrage  estimé  des  Anglais. 
L'al)bé  Raynal  a  publié  en  17 68 
rHisloire  de  sou  divorce  ,  eu  uu 
vol.  iu-12. 

XXn.  HENRI  IV  ,  dit  Vlmpuls- 
sant  et  le  T^ibéral ,  et  qu'on  devoit 
appeler  plutôt  le  Prodigue ,  étoit 
lils  de  Jean  lïl ,  roi  de  Castille ,  au- 
quel il  succéda  en  i4^'4  >  ^  ^'"^a^  '^^' 
5o  ans.  Son  règne  fui  le  triomphe 
du  vice.  Jeanne  de  Portugal  ,  qu'il 
avoil  épousée  api'ès  la  répudiation 
de  Blanche  de  Navarre  sa  première 
lemme  ,  ue  couvroit  ses  galanteries 
d'aucun  voile.  Henri  ,  qui  vouloit 
avoir  des  enfans  à  quelque  prix  que 
ce  fût,  introduisit  lui-même,  dit- 
on,  dans  le  lit  de  sa  femme,  Ber- 
trand de  La  Cueva  ,  jeune  seigneur  , 
dont  le  sort  étoit  d'être  à  la  fois  le 
iviignon  du  roi  el  1  amant  de  la  reine 
De  ce  commerce  naquit  une  illle 
nommée  Jeanne.  Bertrand  eut  pour 
récompense  les  charges  les  plus  im- 
portantes du  royaume.  Les  grands 
murmurèreut  et  se  révoltèrent.  I-es 
rebelles,  devenus  puissans,  ayant 
lin  archevêque  de  Tolède  et  plu- 
•sieurs  avives  évêqnes  à  leur  tête , 
déposèrenlio  roi  en  effigie  l'an  i465. 
C)n  dre.s.^a  un  va..:.j  théâtre  dans  la 
pluine  d'Avila.  Une  sl,'>iu.c  c  lossale, 
assise  sur  mi  Irône  couvert  uo  Jon^s 
voiles  de  dueil,  avec  tous  lesatlri- 
Luts  delà  régence,  fut  élevée  sur  ce 
tliéalre.  T^a  seùteuce  de  déposition 
Inl  proaoMcée  u  la  sla'jie.  L'arche- 
vêque de  Tolède  lui  ôla  la  couroime, 


IIE^R 

un  autre  l'épee  ,  un  autre  le  sceptre  ; 
et  un  jeune  frère  de  Henri ,  nommé 
Alfonse  ,  fut  déclaré  roi  sur  ce 
même  échafaud.  (  /'"oje:;PACnr;co.) 
Cette  comédie  fut  accomi)a»née  de 
toutes  les  horreurs  des  guei  res  ci- 
viles. La  mort  du  jeune  prince ,  à 
qui  les  conjurés  avoient  donné  le 
royaume  ,  ne  rail  pas  hu  à  ces  trou- 
bles. L'archevêque  el  son  parti  dé- 
ciarèrent  le  roi  impuissant,  dans  le 
lemjjs  qu'il  étoit  entouré  de  mai- 
tresses  ;  et,  par  une  procédure  inouïe 
dans  tons  les  étals,  ils  prononcèrent 
que  sa  hlle  Jeanne  étoit  adultérine 
et  bâtarde.  Plusieurs  grands  préten- 
doient  à  la  royauté  ;  mais  les  re- 
belles résolurent  de  reconnoitre  Isa- 


belle, sœur  du  roi 


,  agee  de  1 7  ans , 


plutôt  que  de  se  soumettre  à  nu  de 
leurs  égaux  ;  aimant  mieux  déchirer 
l'éîal  an  nom  d'une  jeune  princesse 
encore  sans  crédit,  que  de  se  donner 
un  maître.  L'archevêque, ayant  dono 
fait  la  guerre  à  son  roi  an  nom  de 
l'infant ,  la  contiuna  au  nom  de  l'iu- 
fante.  t,e  roi  ne  put  enfin  sortir  de 
tant  de  troubles  et  demeurer  sur  le 
trône,  que  par  un  des  plus  honteux 
Irai  lés  que  jamais  souverain  ail  si- 
gnés. Il  reconnut  sa  sœur  Isabelle 
pour  sa  seule  héritière  légitime  ,  au 
mépris  des  droiis  de  la  malheureuse 
Jeanne  ;  et  les  révoltés  lui  laissèrent 
le  nom  de  roi  à  ce  prix.  Eu  vain  à  sa 
mort,  arrivée  en  i474.  il  réclama 
contre  ce  traité;  le  trône  resta  à  Isa- 
belle. «La  vie  de  ce  prince,  dit  Fer- 
reras ,  esl  un  miroir  où  les  souve- 
rains peuveiil  apprendre  C3  qu'ils 
doivent  éviter  pour  régner  glorieu- 
sement. » 

XXIII.  HENRI  deTransta- 
MARE.  Voyez  Transïamare. 

XXIV.  HENRI  UE  Lorraine, 
duc  de  Bar.  Voyez  Catherine, 
n"  IX. 

XXV.  HENRI  PE  Lorraine, 
duc  de  Guise .  Voy.  Guise,  n°  V. 


HEÎ^R 

XXVI.   HENRI   DE    LORTIAINE  , 

comte  de  Harcourt.   Voyez  Haii- 
COURT,  n°  II. 

*  XXVII.  HENRI,  ëvêque  d'Up- 
sal,  accompagna  Waldemar  l"^*^,  roi 
de  Danemarck,  dans  sa  sanglante 
expédition  contre  les  Finlandais, 
c:ui  furent  obligés  d'emLrasser  la  re- 
ligion du  vainqueur.  Ce  prélat ,  dont 
le  ztle  n'éloil  poirit  dirigé  par  la 
douceur  et  la  paix  évangéliques , 
traita  ses  nouveaux  prosélytes  avec 
tant  de  sévérité,  qu'ils  Tassassinè- 
rent,  et  celte  Hn  tragique  lui  procura 
hs  litres  de  Saint  et  de  JUariyr, 
que  le  pape  Adrien  IV  lui  accorda 
solennellement. 

XXVIII.  HENRI  LE  Lion  ,  duc 
de  Bavière  et  de  Saxe  ,  étendit  sa 
domination  en  Allemagne,  depuis 
l"Ell<e  jusqu'au  Rhin,  et  depuis  la 
mer  Baltique  jusqu'aux  fionîieres 
de  l'Italie.  Il  fil  construire  des  ponts 
sur  le  Danube  ,  à  Ratisbonuo  et  à 
Lawembourg;  détruisit  presque  en 
tièremenl  les  Henctes  ;  et  déroba 
Frédéric  Barberousse  ,  son  cousin 
germain  ,  à  la  l'ureur  du  peuple  de 
Rome  qui  s'étoil  soulevé.  Cependant 
cet  empereur,  jaloux  de  la  puissance 
de  Henri  ,  le  déclara  criminel  de 
lèse-majesté  en  1180,  et  le  dépouilla 
de  ses  états,  sous  divers  prétextes. 
Henri  contrainldes'ent'nii"  vers  le  roi 
d'Angleterre  ,  son  beau-père  ,  qui  lui 
fit  rendre  BrunsAvick  et  Lunel)ourg, 
mourut  en  iii).^,  avec  une  grande 
répulaliou  de  bravoure. 

XXIX.  HENRI  DE  HuNTiNG- 
TON,  historien  anglais  du  1  2*^  siècle  , 
chanoine  de  Lincoln,  puis  archidia- 
cre de  Hunliugtou  ,  a  donné,  I,  unç 
Histoire  (FJ/igleterre ,  qui  finit  à 
Fan  ii54,  et  qui  fui  publiée  par 
Savillen  1.^76  ,  in- folio,  dans  les  re- 
ruiii  Aiiglicarum  scriptares.  ÎI.  Un 
petit  traité  Du  /j/épris  du  3Jo//u'e , 
etc.  Ces  prod\icli;nns  sout  eu  latin  , 
el  assez  mal  écrites. 


HE^^R 


377 


t  XXX.  HENRI  DE  STJZE  ,  sur- 
nommé dans  son  temps  /a  Source 
ci  la  splendeur  du  Droit,  étoit 
évèque  d'Ostie  ,  d'où  lui  est  venu 
le  nom  A'Ostiensis ,  el  cardinal.  Il 
avoit  été  archevêque  d  Embrun  ,  et 
il  mourut  en  j  27  1.  On  a  de  lui  une 
Somme  du  D  rail  canonique  ctciuily 
connue  sous  le  nom  de  Somme  Do- 
rée :  elle  est  de  fer  pour  le  style, 
mais  les  canonisles  y  trouvent  des 
choses  utiles.  On  en  a  trois  éditions , 
Rome,  1475,  2  lom.  in-fol.  en  uu 
seul  vol.;  Bàle  ,  1576,  et  Lyon, 
1397.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  Henri  Suzon  ,  homme  pieux  , 
dominicain  du  i4''  siècle,  qui  mou- 
rut l'an  1066,  dont  nous  avons  di- 
vers Ouvrages  mrsliques ,  traduits 
eu  français  ,  en  2  vol.  iu-i  2. 

XXXr.  HENRI  DE  Gaxd  na- 
quit en  cette  ville  (  son  nom  de 
famille  étoit  Goethals  ) ,  fut  docteur 
et  professeur  de  Sorbouue,  puis  ar- 
chidiacre de  Tuurnay ,  où  il  mourut 
en  lag.T,  à  76  aps.  Ou  a  de  lui, 
1.  Uu  Traité  des  /tommes  illustres, 
pour  servir  de  suite  à  ceux  de  saint 
Jérôme  et  de  Sigebert,  et  imprimé 
avec  une  Somme  de  théologie  ,  in- 
fol.  H. Une  Théologie  quodlibétique, 
m- fol.  Ce  dernier  ouvrage  ,  assez 
bon  ,  remporte  de  beaucoup  sur 
tous  les  ouvrages  des  théologiens, 
ses  contemporains.  Comme  dans  son 
siècle  on  éloil  dans  l'usage  de  don- 
ner des  titres  ou  des  sobriquets,  on 
l'appeloii  le  Docteur  solennel. 

XXXII.  HENRI  BoiCH  ,  juris- 
consulte du  ïi\'  siècle,  né  à  Saiut- 
Po! -de-Léon  eu  Bretagne,  est  au- 
teur d'un  Commentaire  sur  les  Dé- 
crétâtes, imprimé  ù  Venise  eu  1576, 
in-folio. 

XXXIIÏ.  HENRI  D'UniMARTA , 
théi 'ogien  du  14*  siècle,  natif  de 
Tliur.uge  ,  de  l'ordre  des  ermites 
de  Sailli-Augustin  ,  '.liesa  divers  ou- 
vrages dejjié.é ,  dont  les  uns  sont 


378  HENR 

imprimés ,    et   les    autres   inamis- 
crils. 

XXXIV.  HENRI  DE  Bruys. 
Voyez  Bruys,  n'^  II. 

XXXV.  HENRI  d'Ecosse.  Foy. 

SCKIMGER. 

XXXVI.  H'ENRI  Harphius, 
pieux  corclelier,  ainsi  nommé  parce 
«(u'il  étoil  de  Herps,  village  de  Bra- 
baut,  tit  paroitre  uu  zèle  éminenl 
dans  la  direction  des  âmes,  et  mou- 
rut à  Malines  eu  1478.  On  a  de  lui 
v.n  jirand  nombre  d'ouvrages  de 
/)/t?/e,  en  flamand,  traduits  en  latin 
et  en  français.  Ils  sont  estimés,  du 
moins  dans  son  ordre.  Sa  Théologie 
mystique  a  été  traduite  en  français 
par  La  Mothe-Romancour ,  Paris, 
1617  ,  in-4°. 

XXXVII.  HENRI  DE  GoRKUM , 
Hollandais  ,  vice-chancelier  de  Co- 
logne dans  le  1  f)*^  siècle,  a  publié  un 
Traité  des  superstitions. 

*XXXVni.  HENRI  (prince  de 
Galles  ),  liis  aine  de  Jacques  \"  ,  né 
eu  1694  à  Stirling,  fut  le  prince  le 
plus  aimable  et  le  plus  accompli ,  et 
protégea  toujours  les  sciences  et  les 
savans.  Il  mourut  en  1612,  regretté 
de  toute  l'Angleterre  ,  qui  avoit 
conçu  de  lui  les  plus  belles  espé- 
^•ances. 

XXXIX.  HENRI  (François) ,  pa- 
trice  de  Lyon  et  avocat  au  parle- 
ment de  Paris,  naquit  dans  la  pre- 
mière de  ces  villes  en  161 5,  et  mou- 
rut dans  la  dernière  en  1686.  Ses 
connoissauces  mathématiques  ,  as- 
tronomiques et  physiques  l'avoient 
lié  avec  le  célèbre  Gassendi.  On  lui 
doit  l'édition  des  Ouvrages  de  ce 
philosophe ,  publiée  à  Lyon  eu  1 6. "^ 8, 
en  6  vol.  iu-fol. 

t  XL.  HENRI  DE  Satnt- 
Ignace,  carme  de  la  ville  d'Alb  en 


HENR 

Flandre,  enseigna  la  théologie,  et 
occupa  les  charges  les  plus  considé- 
rables de  son  ordre.  Il  fit  un  long 
se)our  a  Rome,  au  commencement 
du  pontificat  de  Clément  XI  ,  qui 
l'eslimoil  beaucoup  ,  et  mourut  à  la 
Cavée  ,  maison  des  carmes,  dans 
le  diocèse  de  Liège,  vers  1720, dans 
un  âge  très-avancé.  Sa  principale 
production  est  un  corps  compkt 
de  théologie  morale  assez  méthodi- 
que ,  sous  le  ùlre  d'Jii/iica  amoris, 
ou  Morale  d'amour,  Leyde,i709, 
en5  v.  m-fol.  Cet  ouvrage,  actuelle- 
ment rare,  est  défiguré  par  les  senli- 
mens  ultramontains  quel'auteur sou- 
tient avec  feu.  On  a  encore  de  lui,  I. 
Uu  autre  livre  de  théologie  aussi  peu 
couimnn  :  T/ieologia  vêtus,  funda-' 
mental is  ,  ad  mentent  résolut!  doc- 
toris  J.  de  Bachone  ,  Liège  1677  , 
in-i'ol.  II.  Molinis/nus  profligatus  , 
2  vol.  in-8°  ,  Liège  ,  171.^,  III.  ^z-- 
tes  jesuiticœ  in  sustinendis  per- 
tinaciter  nouilatibus ,  laxitatibus- 
que  sociorum  ,  Strasbourg,  1717, 
in-J2.  IV.  Tuba  magna  miruiti 
clangens  sonum....  De  necessitale 
refunnandi  societalem  Jesu  ,  per 
Liberium  Candidum.  C'est  uu  re- 
cueil de  pièces,  où  l'esprit  de  cha- 
rité brille  moins  que  dans  son  Et/iica 
amoris.  La  meilleure  édition  est  de 
1717  ,  Strasbourg  (  Utrecht  )  ,  eu  2 
gros  vol.  in- 12  ,  auxquels  il  faut 
joindre ,  Tuba  altéra  ad  papam. 
Clementem  XI ,  de  necessitale  re~ 
fonnandi  societatem  Jesu  ,  Stras- 
bourg ,  1714  ,  in-8°:  c'estla  pre- 
mière édition  ;  mais  elle  renferme 
quelques  particularités  qui  ne  se 
trouvent  pas  dans  l'autre.  Henri 
de  Saint-Ignace  se  déclara  haute- 
ment dans  ses  écrits  pour  le  jansé- 
nisme. 

*  XLI.  HENRI  (  Philippe  )  , 
pieux  théologien ,  né  à  Londres  eu 
i65i ,  mort  en  i685  ,  élève  de  l'é- 
cole de  Westminster,  puis  du  collè- 
ge du  Christ  ù  Oxford ,  prit  les  or- 


HE^R 

dresdans  la  secte  des  presbylériens  , 
et  s'élablilà  Worlheubury  au  conilé 
de  Fliiils  ;  mais  à  la  reslaiiratioii  il 
fui  interdit  pour  non-conformité. 

i-XUI.  HENRI  (  Nicolas  ),Tië 
à  Verdun  en  169-2  ,  professeur  d'hé- 
breu au  collège  royal  en  1725,  mort 
à  Paris  le  4  février  1762  ,  a  donné 
inia  nouvelle  édition  estimée  de  la 
Bible  de  Valable,  Paris,  1739,  en 
•2  vol.  in-fol.  Il  avoit  une  profonde 
connoissancede  la  langue  hébraïque. 
Il  en  publia  une  très  -  bonne  gram- 
maire sous  ce  titre  :  Grammaticœ 
liebrdicœ  compeiidiosum  exemplar, 
Paris,  1724,  in-fol. 

*  XLIir.  HENRI  (  Matthieu  )  , 
théologien  non-conformiste  ,  lils  de 
Philippe  ,  né  en  1662  à  Brbad- 
Oak  au  comté  de  Fliuls  ,  fut  élevé 
par  son  père  ,  sous  qui  il  fit  de  ra- 
pides progrès  dans  ses  études  ;  en- 
suite il  passa  au  collège  de  législa- 
tion :  mais  il  abandonna  bientôt 
l'étude  des  lois,  et  fut  ministre  dis- 
sident à  Chester.  Après  tire  resté 
plusieurs  années  dans  cette  ville , 
d  passa  à  Hackney ,  puisàNaut-wich, 
où  il  mourut  ;  mais  il  fut  enterré  à 
Chester.  Henri  a  donné  plusieurs 
ouvrages  dont  le  principal  est  une 
Exposition  de  la  Jiib/e ,  5  vol. 
iii-fol  ;  les  autres  sont,  I.  une  7Jé- 
thode  pour  la  prière.  11.  Un  Vis- 
cours  sur  l'eucharistie ,  et  d'autres 
ouvrages  de  dévotion-pratique. 

Xr  JV.  HENRI  (  dom  Pierre  ) , 
religieux  bénédictin  de  la  congréga- 
tion de  Saint-Maur  ,  savant,  pro- 
fond et  modeste  ,  mort  à  Pans  en 
février  1782  ,  fut  l'un  des  auteurs 
du  Gallia  CAm/Za/za,  continué  par 
Tachereau  et  Le  Veaux. 

*  XLV.  HENRI  (Pierre- Joseph), 
curé  de  Surin  dans  le  duché  de 
Luxembourg  ,  a  joint  l'application 
aux  études.  On  a  de  lui ,  I,  De  doc- 
trind  sacra,  Louvaia,  1771  ,  petit 


HENR 


-■5:0 


in-12.  II.  Explications  sur  le  caté- 
chisme des  diocèses  de  Liège,  Carn- 
brai  et  Naniur,  dont  la  quatrième 
édition  a  paru  à  Liège  en  1780.  III. 
Instructions  familières  sur  les 
quatre  parties  de  la  doctrine  chré- 
tienne, dont  les  dernières  éditions 
sont  de  Rouen ,  1 785  ,  et  Liège  , 
1786,  4  vol.  in-12.  IV.  Discours 
familiers  sur  divers  sujets  de  mo- 
rale,  Liège,  1786;  Rouen,  1787. 
Ce  recueil  répond  parfaitement  à 
ceux  qui  précèdent.  I.,es  exhorta- 
tions sont  courtes.  En  général,  l'au- 
teur s'est  fait  une  réputation  très- 
méritée  par  la  clarté  ,  l'ingénuité  et 
la  bonne  disposition  de  ses  discours 
et  in^truclions  ,  proportionnés  à 
l'inleliigtncedu  peuple.  Cet  homme 
respectable,  mort  en  1  791,11  Nannir, 
où  il  s'étoit  retiré  accal)lé  d'infirmi- 
tés ,  après  avoir  administré  sa  pa- 
roisse durant  46  ans,  s'est  vu  réduit 
à  vivre  d'aumônes  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie. 

*  XLVÏ.  HENRI  DE  Kalkar  , 
surnommé  yJ'ger,  né  dans  le  duché 
de  Cièves  au  15*^  siècle,  d'abord  doc- 
teur de  Paris  et  chanoine  de  Cologne, 
prit  ensuite  l'habit  de  Chartreux  ; 
et  s'élevant  aux  premières  charges 
de  cet  ordre,  il  fut  successivement 
prieur  à  Cologne,  à  Ruremonde  ,  à 
Strasbourg  ,  etc.,  et  cinq  fois  défi- 
nileur-géuéral  et  visiteur  de  diverses 
provinces. On  a  de  lui  plusieurs  trai- 
tés: Une  instruction  de  rhétorique; 
une  instruction  de  musique  ;  un 
traité  des  sujets  et  de  la  distinc- 
tion des  sciences  ;  diverses  lettres  ; 
l'échelle  de  l'exercice  spirituel  en 
forme  d'oraison  ;  l'holocauste  quo- 
tidien de  l'exercice  spirituel  ;  une 
exhortation  à  un  chartreux  de  Co- 
hlentz  ;  un  psautier  de  la  Vierge  , 
ou  une  prose  qui  contient  i5omots 
en  six  Jve  ;  la  manière  de  faire 
des  conférences  suivant  les  Char^ 
ireux.  Henri  de  Kalkar  mourut  en 
1448,  âgé  de   80  ans.  P.  Camsius 


38o  HEJNR 

Va  inscié  dans  son  îMaityrologe  d'Ai- 
le ma  gne. 

IIENRÎCÎENS.  Voyez  Bruvs  , 
•a"'  I  et  II. 

HENRÎCUS     A      MOXDAVILLA. 

Voyez  MoNDEVii.LE. 

*  HENRICY  (Jacques),  démons- 
Iraleur  royal  d'analomie  en  l'iim- 
\ersUë  d"x\ix,  né  au  Puget-Tl\é- 
niers  dans  le  comté  de  Nice,  vers 
Tau  1680,  avoil  établi  son  domi- 
cile à  Avignon  ,  où  il  remplissoit  la 
place  de  cliiiurgien  en  chef  de  l'hô- 
l>i lai  général,  lorsqu'eu  17 20  la  peste 
se  manifesta  à  Marseille  et  à  Aix. 
Le  hasard  Tayaut  conduit  à  celte 
époque  dans  cette  dernière  ville  ,  il 
fui  invité  à  s'y  arrêter  par  les  con- 
suls, à  !a  tète  desquels  éloit  le  mar- 
quis de  Vauvpnarg\ies  ,  et  se  dévoua 
enliereinont  au  soulagement  des  pes- 
tiféiés.  Il  s'occ\iiioil  en  mèuie  temps 
des  malades  reulVrmésdansla  cité  et 
de  ceux  qui  étoiewt  placés  hors  de 
l'enceinte  delà  ville,  dans  des  iu- 
firuîerits  dont  on  l'avoit  nommé 
chirurgien-major.  11  fil  plusieurs  rè- 
glemens  qui  obliurent  l'approbation 
générale.  Lorsque  la  conlagiou  eut 
cessé,  le  roi,  sur  la  demande  des 
consuls  d'Aix ,  voulant  reconnoitre 
SCS  services  ,  le  nomma  ,  par  un 
arrêt  du  conseil  d'état,  à  la  chaire 
de  démonstratetir  royal  d'anatomie 
en  Tuniversilé  ,allendu  «(pi'il  avoil 
pris  soin  des  pestiférés  pendant  tout 
le  temps  que  la  contagion  avoil 
ravagé  la  ville  ,  avec  toute  l'écono- 
lîiie,  le  bon  ordre,  l'assiduité,  la 
capacité,  la  charité  et  le  succès  pos- 
sibles. »  Cet  habile  chirurgien,  mort 
à  Aix  le  00  jmn  1749,  ^  laissé 
quelques  manuscrits  inédits.  Son 
nom  mérite  d'être  placé  à  côlé  de 
ceux  de  Belsunce,  de  Vanveuargues 
et  de  Chicoyneau. 

-;- 1.  HENRIET  (  Frôlais) ,  savant 
rëcollcl  français,  nujrt  en  iu88, 
est  auteur  d'une  Ilarnwnic  éi'an- 


lîEJNR 

gclique  ,  avec  des  notes  lille'rale!» 
et  morales,  et  A'autres  écrits  peu 
coinius. 

-;  II.  HENRIET  (Israël),  gra- 
veur ,  né  à  Nanci  en  1G08,  mort 
à  Pans  en  1661  ,  Hls  de  Claude 
Hcuricl,  peintre  d'abord  à  Chàlons, 
puis  à  Nanci,  a.  peint  avec  beaucoup 
de  talent,  laul  pour  le  dessin  que 
pour  la  vérité  du  coloris  ,  les  pitres 
de  la  cathédrale  de  Châlons.  Il  fut 
à  Rome  élève  de  Tempeste  ;  mais 
étant  venu  à  Paris  ,  il  abandonna 
la  peinture  et  ne  s'occupa  plus  que 
de  graver.  Ami  intime  de  Calot ,  il 
parvint  à  copier  plusieurs  de  ses 
dessins,  et  même  de  ses  gravures , 
de  manière  qu'on  ne  poùvoit  re- 
connoitre la  copie  d'avec  l'original. 
La  vie  de  l'enfant  prodigue  en  est 
une  preuve.  Henriet  lut  choisi  pour 
enseigner  le  dessin  au  jeune  rot 
Louis  XIV. 

t  I.  HENRIETTE  -  MARIE  de 
France,  reine  d'Angleterre,  iille 
de  Henri  \Y  et  de  Marie  de  ]Mé- 
dicis  ,  née  en  1609  ,  mariée  en 
1625  à  Charles  T' ,  roi  d'Angle- 
terre ,  étoil  douée  de  toutes  les  grâces 
de  la  ligure.  Son  caractère  resseni- 
bloit  beaucoup  à  celui  de  Henri 
IV  son  père.  Son  cœur  étoil  noble, 
ferme  ,  tendre  et  compatissant  ; 
son  esprit  ,  vif,  doux  et  agréable. 
Les  premières  années  de  son  ma- 
riage furent  fort  heureuses;  mais 
su  prospérité  fut  interrompue  par 
les  troubles  de  l'Ecosse  ,  et  par  la 
révolte  des  Anglais  mêmes  contre 
son  époux.  Ses  chagrins  furent  si 
cuisans  ,  qu'elle  se  donna  elle-même 
la  qualité  de  Heine  malheureuse. 
On  lui  reprocha  le  penchant  qu'on 
altribuoit  à  Charles  1'^'  pour  la  re- 
ligion catholique ,  et  on  se  déchaîna 
contre  elle  avec  fureur.  Elle  ne 
répondit  à  ces  outrages  que  par 
des  bienfails.  Quelques-uns  de  ses 
courlisaus  lui  proposant  de  faire  un 


HEî^R 

exemple  sur  les  plus  furieux  :  «  Il 
faut,  disoit-elle,  que  j'en  serve 
aussi.  Peut,- on  mieux  faire  sentir 
«ou  autorité  qu'en  faisant  du  bien 
à  ceux  qui  nous  perséculenl?  »  Elle 
ne  vouloit  pas  même  qu'on  lui 
nomuiàt  quelques  personnes  qui  la 
rciuloient  odieuse  aux  principaux 
de  la  cour  :  k  Je  vous  le  défends , 
disoit-elle.  S  ils  me  haïssent,  leur 
haine  ne  durera  peul-ètre  pas  tou- 
jours ;  et  s'il  leur  reste  quelque  sen- 
timent d'honneur,  ils  auront  honte 
de  tourmenter  nue  femme  qui  prend 
si  peu  de  précaution  pour  se  dé- 
fendre. 5)  Cependant  le  feu  de  la 
guerre  civile  embrasoit  toute  l'An- 
gleterre. Le  roi  et  toute  la  famille 
royale  avoient  étt;  obligés  de  quitter 
Londres.  La  reine  (lasse  eu  Hol- 
lande, vend  ses  meubles  et  ses  dia- 
maus,  achète  des  vivres  et  des  mu- 
nitions ,  dont  elle  chargea  phisieurs 
vaisseaux,  et  part  pour  l'Angle- 
terre. Une  furieuse  tempèle  vint 
l'assaillir,  mais  sans  la  décourager. 
Elle  se  tint,  autant  qu'elle  ])nt  , 
sur  le  tillac  du  vaisseau,  au  milieu 
de  l'orage  ,  pour  animer  ses  trou- 
pes, disant  gaiement  que  les  jei/ics 
ne  se  nojoient  pas.  Enfin ,  après 
avoir  essuyé  nue  foule  de  traverses 
et  de  périls  ,  elle  passa  en  France  , 
Tau  i644-  Le  mauvais  état  des  af- 
faires de  la  reine  Anne  d'Autriche 
ne  lui  permit  pas  de  donner  à  sa 
belle-sœur,  dana  les  troubles  de  la 
Froinle  ,  les  secours  qu'elle  aui-oit 
aci-ordés  à  ses  infcrlunes;  et  la  1111e 
d'un  roi  de  France  ,  épouse  d'un 
roi  d'Angleterre  ,  se  vit  contrainte, 
comme  elle  le  disoit  elle-même,  de 
(hniaiiiler  une  aumône  au  parle- 
ment puui'  poui'vir  siibsisler.  La 
mort  fimesle  de  sou  mari ,  eu  1649, 
fut  pour  elle  le  comble  de  la  don- 
leur  ;  mais  elle  eut  la  consolation 
avant  sa  mort  de  voir  rétablir 
Charles  II,  son  fils  ,  sur  le  trône 
de  ses  pères.  Cependant  cet  evéue- 
lueat  u'ayoit  pu  la  décider  à  se  fixer 


HEINR  38r 

à  Londres.  Elle  aima  mieux  mourir 
dans  sa  patrie  que  d'avoir  conti- 
nuellement sous  les  yeux  la  salle 
de  Westminster,  où  le  roi  sou 
époux  avoit  comparu  comme  «11. 
criminel,  et  la  place  de  Whaehall , 
où  sa  tête  avoit  été  tranchée  par 
la  main  du  bourreau.  Elle  avoit 
aime'  ce  prince,  et  en  avoit  été  ten- 
drement aimée ,  et  à  l'exception  de 
quelques  froideurs ,  produites  par 
des  brouillons  de  cour  ,  an  com- 
mencement de  son  mariage  ,  leur 
union  l'ut  inaltérable.  Elle  ht  deux 
voyages  en  Angleterre  ;  et,  après 
avoir  demeuré  quelques  jours  à  la 
cour  de  France,  elle  se  relira  dans 
un  couvent  de  Chaillot ,  où  elle 
mourut  subitement  eu  1669.  (  l'oyez 
sa  f'ie  ,VanSj  169^,  iu-b°.)  L'his- 
toirii,  comme  les  panégyristes,  re- 
connoisseut  à  Henriette  du  courage 
et  de  la  grandeur  de  caractère.  i\Iais  à 
ce  dernier  tribunal,  il  ne  sufïït  point 
aux  princes  d'avoir  été  zélés  pour 
une  religion  quelle  qu'elle  soit  ,  ni 
même  d'en  avoir  eu  les  vertus  ; 
c'est  par  les  biens  et  les  maux  diui 
autre  ordre  qu'ils  ont  faits  ou  épar- 
gnés aux  peuples,  qu'on  les  juge. 
Ainsi  taudis  que  les  chaires  callio- 
liques  lonoient  l'énergie  ,  la  lonoa- 
nimité,  le  dévouement  dellenriette 
à  braver  tous  les  dangers  pour  chei- 
cher  sur  le  continent  et  amener 
des  secours  à  son  mari,  les  parti- 
sans eux-mêmes  de  ce  roi  malheu- 
reux pouvoient  accuser  son  épouse 
d'avoir  été  une  des  pricipales  causes 
de  sa  perte  et  de  la  guerre  civile. 
Sans  doute  c'est  au  père  de  Cliarles, 
à  son  ministre  ,  et  à  Charles  Sluai  t 
lui-même  qu'il  faut  imputer  la  iaute 
politique  d'avoir  choisi  une  reine 
catholique  et  française,  dans  de» 
circonstances  où  ces  deux  litres 
pouvoient  être  des  causes  de  révo- 
lution. C'est  à  Charles  encore  qu'ap- 
partient la  seconde  faute  d'avoir 
laissé  cette  reine  braver  l'opinion, 
Ift  fanatisme  aatioual ,  tnuliiplitc 


38i 


HENR 


les  ministres  de  son  culte,  exciter 
4111  du  moins  encourager  leur  ardeur 
))rosélylique.  Mais  Henriette  n'excé- 
da-l-eile  pas  le  droit  de  suivre  sa 
religion  et  la  part  qu'elle  devoit 
prendre  aux  affaires  politiques  ? 
Sslon  les  plus  sages  historiens  , 
Charles,  déjà  prisonnier  des  révo- 
lutionnaires, auroit  traité  avec  eux 
et  signé  les  quatre  articles  qu'on  lui 
])roposoit,  sans  la  reine.  Elle  le  pressa 
«le  consentir  à  la  mort  du  seul  ap- 
pui du  trône  ,  le  comte  de  Slrafford. 
On  trouva  dans  la  cassette  de 
Charles  P'' ,  après  sa  défaite  de  Na- 
seby  ,  une  correspondance  de  la 
reine,  qui  justifie  plus  ou  moins 
toutes  les  inculpations  des  parle- 
mentaires. Enfin  ,  sous  Jacques  P*^ , 
la  conspiration  des  poudres  ;  sous 
Charles ,  le  massacre  spontané  de 
plus  de/iDjOco  protestans  en  Irlande, 
étoienl  des  attentats  attribués  par 
des  procédures  légales  aux  catholi- 
ques. Innocente  du  premier  ,  Hen- 
riette l'étoit-elle  tout-à-fait  du  se- 
cond? pouvoit  -  elle  le  paroitre? 
Qu'on  rejette  la  plupart  de  ces  re- 
proches sur  un  autre  fanatisme  ,  le 
l'anatisme  presbytérien,  il  sera  tou- 
jours vrai  que  Henriette-Marie  fut 
nne  cause  occasionnelle  ,  non  seu- 
lement des  troubles  de  l'Angleterre 
sous  Charles  l"  ,  mais  encore  du 
supplice  de  ce  roi. 

t  n.  HENRIETTE-ANNE 
d'Angletekke  ,  duchesse  d'Or- 
léans ,  dernière  des  enfans  de  Char- 
les V^  et  de  Henriette  de  Fran- 
ce ,  naquit  à  Excester  eu  1644  , 
dans  le  temps  que  le  roi  son  ])ère 
éloit  aux  prises  avec  la  rébellion. 
l.a  reine  sa  mère  accoucha  d'elle 
dans  un  camp,  au  milieu  des  en- 
nemis qui  la  poursui voient.  Oliligée 
de  fuir,  elle  laissa  sa  fille,  qui  de- 
meura prisonnière  quinze  jours 
après  sa  naissance  Au  bout  d'en- 
viron deux  ans,  elle  fut  heureuse- 
ment délivrée  de  celte  captivité  par 


HENR 

l'adresse  de  sa  gouvernante.  Elevée 
en  France  sons  h  s  yeux  de  sa  mei  t , 
elle  étonna  bientôt  par  les  agrémcus 
qu'on  découvrit  dans  sou  esprit  et 
dans  ses  manières.  Philippe  l\^• 
France ,  duc  d'Orléans  ,  frère  de 
Louis  XIV,  l'épousa  eu  i66j  ;  mais 
ce  mariage  ne  fut  pas  heureux.  l>e 
roi  se  plaisoit  beaucoup  avec  elle. 
Il  lui  donnoit  souvent  des  fêtes  ;  il 
lui  envoyoit  des  vers.  «  Elle  lui  ré- 
pondoit;  et  il  arriva,  dit  Voltaire, 
que  le  même  homme  fut  à  la  fois 
le  confident  du  roi  et  de  madame 
dans  ce  commerce  ingénieux.  C'é-- 
toit  le  marquis  de  Dangeau  ;  le  roi 
le  chargeoit  décrire  pour  lui,  et  la 
princesse  l'engageoit  à  répondre 
pour  elle.  Il  les  servit  tous  deux  , 
sans  laisser  soupçonner  à  l'un  qu'il 
fût  employé  par  l'autre,  et  ce  fut 
une  des  causes  de  sa  fortune.  Cette 
intelligence  si  intime  jeta  des  alar- 
iiKs  dans  la  famille  royale.  Le  roi 
se  vit  obligé  de  réduire  l'éclat  de 
ce  commerce  à  un  fonds  d'estime 
et  d'amitié  qui  ne  s'altéra  jamais. 
Louis  XIV  se  servit  depuis  de  Ma- 
dame pour  faire  un  traité  avec  l'An- 
gleterre contre  la  Hollande.  La 
princesse  qui  avoit  sur  Charles  II 
son  frère  le  pouvoir  que  donnent 
l'esprit  le  plus  insinuant  elle  cœur 
le  plus  tendre  ,  s'embarqua  à  Dim- 
kerque  ,  cliargée  du  secret  de  l'état. 
Elle  alla  voir  Charles  à  Cantorbéry, 
et  revint  avec  la  -gloire  du  succès. 
Elle  en  jouissoit ,  lorsqu'elle  mourut 
subitement  à  Saint-Cloud  en  1670. 
La  cour  fut  dans  une  douleur  et 
une  consternation  que  le  genre  de 
mort  augmentoit  ,  car  Henriette 
s'étoit  crue  empoisonnée.  La  division 
qui  étoit  depuis  long-temps  entre 
elle  et  son  mari  fortilioit  ce  soup- 
çon ,  qui  n'est  pas  encore  détruit. 
On  trouve  les  preuves  de  cet  em- 
poisonnement dans  les  pièces  inté- 
ressantes et  peu  connues  ,  par  de  La 
Place,  pag.  208,  Bruxelles,  1781  , 
in-12  ;  et  ces  preuves  sont  sans  ré- 


pliqiie.  Le  journal  de  Paris ,  feuille 
du  ôojuin  1784,  décide  netlement 
que  cet  empoisonnement  fut  un 
bruit  populaire  qui  tomba  des  sa 
naissance  ;  mais  ou  peut  appeler  de 
cette  décision,  d'autant  plus  qu'elle 
n'est  appuyée  d'aucune  preuve.  Dn- 
clos  assure  dans  son  Mémorial  que 
ce  fut  le  chevalier  de  Lorraiue  ,  fa- 
vori de  Monsieur,  qui  la  fit  empoi- 
sonner dans  un  verre  d'eau  de  chi- 
corée. Voltaire  prétend  au  contraire 
que  cette  princesse ,  qui  éloit  assez 
malsaine  ,  mourut  d'une  colique 
bilieuse  :  ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  que  Monsieur  n'eut  aucune 
paît  à  ce  crime.  «Madame  avoit 
lesprit  solide  et  délicat ,  du  bon 
sens,  x\n  tact  très-fin  ,  l'ame  grande 
et  juste,  éclairée  sur  ce  qu'il  ialloit 
faire  ;  mais  quelquefois  ne  le  faisant 
pas,  ou  par  une  paresse  naturelle, 
ou  par  une  certaine  hauteur  dame, 
qui  se  ressentoit  de  sou  origine,  et 
qui  lui  faisoit  envisager  sou  devoir 
conmie  une  servitude.  Elle  mèloit 
tlans  toute  sa  conversation  une 
douceur  qu'on  ne  trous  oit  point 
dans  les  autres  princesses.  Elle  ga- 
gnoit  tous  les  creurs  par  sa  bien- 
\  eillance  et  son  affabilité.  On  con- 
veuoit  que  chez  les  autres  ce  ton 
éloit  copié,  qu'il  n'étoit  original 
qu'en  Madame.  C'est  à  peu  près 
ainsi  que  l'a  peinte  Cosnac  ,  arche- 
vêque d'Aix,  q\ii  l'avoit  beaucoup 
connue.  T'oyez  sou  Histoire  par 
madame  de  La  Fayette,  in-12;  et 
l'article  Bossuet. 

t  m.  HENRIETTE  CATHERINE, 

duchesse  de  Joyeuse,  tille  et  héri- 
tière de  Henri  de  Joyeuse  ,  comte  du 
Bouchage,  maréchal  de  France,  mort 
capucin,  sous  le  nom  de  P.  Auge, 
et  de  Catherine  de  La  Valette  ,  avoit 
épousé  en  iSgv  ,  Henri  de  Bourbon  , 
duc  de  Moutpensier,  dernier  ])rince 
de  cette  branche ,  mort  le  27  février 
1608.  Tout  ce  que  Henri  IV  qui 
iainioit  put  en  obtenir,  ce  fut  qu'elle 


HEÎNR 


383 


vînt  à  la  cour  ,  où  il  connut  que 
la  vertu  de  cette  belle  veuve  étoil 
inébranlable.  Après  la  mort  du  roi, 
elle  éjiousa  Charles  de  Lorraiue  duc 
de  Guise  ,  et  mourut  en  i656,  à  l'âge 
de  71  ans. 

t  HENRION  (Nicolas),  membre 
de  lacadémie  des  inscri])lions  et 
belles-lettres,  né  à  Troyes  en  Cham- 
pagne ,  l'an  i665  ,  d'un  manhand 
de  cette  ville,  fut  d'abord  doctri- 
naire ,  puis  avocat ,  et  ht  une  espèce 
de  commerce  de  médailles ,  qu'il  con- 
noisoit  fort  bien.  Sou  savoir  en  ce 
genre  lui  ouvrit  les  portes  de  l'aca- 
démie des  belles-lettres.  Il  iravailloit 
à  uu  Traité  des  poids  et  mesures 
des  anciens  ,  lorsqu'il  mourut  eu 
1720.  Voulant  donner  à  sa  com- 
l>agnie  un  avant-goût  de  l'ouvrage 
qu'il  préparoit,  il  y  avoit  apporté  , 
en  1718,  une  espèce  de  Table  o\i 
d'Echelle  chronologique  de  la  diffé- 
rence des  tailles  humaines,  depuis  la 
création  du  monde  jusqu'à  la  nais- 
sauce  de  Jésus  -  Christ.  Dans  cette 
table  ,  il  assigne  à  Adam  cent  trente- 
deux  pieds  neuf  pouces  de  haut  ,  et 
à  Eve  cent-dix-huit  pieds  neuf  pou- 
ces trois  quarts;  d'où  il  établit  une 
règle  de  proportion  entre  les  tailles 
masculines  et  les  tailles  féminines, 
eu  raison  de  vingt-cinq  à  vingt- 
quatre.  Mais  il  ôte  bientôt  à  la  nature 
cette  grandeur  majestueuse  :  selon 
lui ,  Noé  avoit  déjà  vingt  pieds  de 
uioius  qu'Adam  ;  Abraham  n'eu  a  voit 
plus  que  vingt-sept  à  vingt-huit; 
Moysefut  réduit  à  treize,  Hercule  à 
dix  ,  Alexaudre-Ie-Grand  n'en  avoit 
guère  que  six,  Jules-César  n'en  avoit 
pas  cinq.  La  géographie  lient  essen- 
tiellement à  la  taille  des  hommes  ; 
leurs  pas  ont  toujours  été  et  seront 
toujours  la  première  mesure  des 
es'i-.tces  de  longueurs  qui  se  trouvent 
sous  leurs  pieds  ;  c'est  pour  cela  que 
Henriou  joignit  une  nouvelle  Table 
des  dimensions  géographiques  des 
premiers   habitans   de  l'irnivers   à 


184 


KEISR 


celle  des  tailles  humaines  ;  et  ces 
deux  Tables  romanesques  sonlpro- 
Lablementloul  ce  qu'on  verra  jamais 
de  3  ou  4  vol.  m-folio  qu'il  faisoit 
espérer. 

I.  HENRIQUEZ(  Henri),  jësuile 
portugais  ,  quitta  sa  société  pour  se 
faire  cloiiiinicain  ,  et  reprit  ensuite 
l'habit  de  St-lgnace.  Ayant  fait  un 
voyage  à  Rome,  il  mourut  à  Tivoli 
le  a8  janvier  i6o8  ,  à  72  ans  ,  lais- 
saut  ,  I.  Une  Somme  de  théoLogie 
morale  ,  en  latin  ,  Venise  1600  , 
in-foho.  II.  Un  traité  JJe  claulbiis 
Ecclesiœ ;  De  Jine  huminii>y  dans 
lequel  il  paroit  tantôt  favorable, 
laulût  contraire  à  Moliua. 

*  II.  HENRIQUEZ(  Jean-Chri- 

sostôme  )  ,  écrivain  la1)orieux  de 
l'ordre  de  Citeaux  ,  commissaire- 
général  des  religieux  irlandais  de 
son  ordre,  grand-prieur  de  l'or- 
dre de  Calatrava  ,  et  historiogra- 
phe -  général  de  la  congrégation 
des  bernardins  en  Espagne,  naquit 
à  Madrid  d'une  famille  noble  en 
1695,  et  mourut  à  Louvain  le  ^3 
octobre  1602,  à  l'âge  de  5?  ans.  Il 
a  laissé  un  trèsis/a/id  nombre  d'où-, 
vrages  qui  presque  tous  tendent  à 
écîaircir  i'histoiie  de  son  ordre. 
Beaucoup  sont  insérés  dans  la  Bi- 
bliothèque des  écrivains  de  loidre 
de  Citeaux,  et  dans  la  Bibliothèque 
espagnole  de  Nicolo  Antonio. 

*  III.  HENRIQUEZ  (  Henri  ) , 
niéd  cin  portugais ,  qui  vivoit  dans 
le  I  r.*  siècle ,  passa  en  Espagne  , 
où  il  enseigna  dans  les  écoles  de 
Salamanque.  Il  est  auteur  d'un 
ouvrage  intitulé  J)e  rerum  na- 
turallum  primurdiis.  On  lui  attri- 
bue aussi  lonvrage  suivant  :  JJe 
regimine  cibi  al(jue  potiîs ,  el  de 
cœteraruni  rerum  non  naluralium 
usa ,  nova  enarraùo.  Il  y  aussi 
une  édition  de  Madrid  de  i(u5, 
iu-8",  iulUuIée  De  cibo  cl polu. 


HEJNR 

*  IV.  HENRIQUEZ  (  Hen- 
ri ) ,  cardinal  aussi  célèbre  par 
la  naissance  que  par  les  qualités  de 
l'ame ,  naquit  eu  1701  dans  la 
terre  d'Otrante.  Son  amour  pour 
les  belles -lettres,  el  particulière- 
ment pour  la  poésie  latine  et  ita- 
lienne fut  extrême.  Il  se  livra 
avec  le  même  zèle  à  l'élude  de  la 
physique  el  de  la  géométrie,  et  par 
suite  de  la  théologie  el  de  l'histoire 
ecclésiastique,  étude  qu'il  continua 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours  avec  la 
plus  grande  assiduité.  Ses  rares  qua- 
lités le  firent  clîoisir  pour  le  gou- 
vernement de  quelques  parties  de 
l'état  ecclésiastique  ,  et  il  fut  chargé 
d'apaiser  les  troubles  de  la  répu- 
blique de  Saint-Marin,  ce  qu'il  exé- 
cuta avec  autant  d'équité  que  d'a- 
dresse. Eu  1740  les  cardinaux 
réunis  dans  le  conclave  qui  suivit 
la  mort  de  Clément  XU  lui  écri- 
virent pour  donner  une  honorable 
approlialion  à  la  sagesse  de  sa  con- 
duite. Il  fui  chargé  d'une  ambassade 
près  de  Pliilippe  V  ,  qui  l'avoit  lui- 
inème  choisi.  Après  son  ambassade 
eu  Espagne  ,  qui  dura  dix  ans  ,  il 
fut  promu  au  cardinalat  par  Be- 
noit XIV  ,  tt  chargé  de  la  légation 
de  la  Romagne  ;  il  s'y  distingua  par 
l'administration  de  la  justice  et 
par  la  protection  qu'il  accorda  aux 
belles-lettres.  Il  fut  l'idole  des  iillé- 
raleurs,  qui  le  célébrèrent  à  l'envi. 
Le  jésuite  Pio  Giuppom  se  distin- 
gua parmi  eux  par  \\\\  drame  fait 
à  sa  louange  ,  intitulé  Alphonso 
degli  Enriguez  riconosciuto  ,  Ve- 
nise, 1756.  Au  milieu  de  ces  ap- 
plaudisseraens  ,  il  fut  enlevé  anx 
sa  vans  le  25  avril  1766.  On  a  de 
ce  cardinal,  I.  Orazione  composta 
per  lo  ristoramento  dclV  academ/a 
degli  Spioni  erelta  in  Leae.  Il  Cle- 
menti  XII  P.  O.  ST.  Elegia  ,  insé- 
rée dans  le  recueil  de  l'académie 
Quirini.  III  Vlmilazione  di  C/trislo, 
Home,  17Ô4.  Celte  traduction  a  élé 
publiée  avtic  le  teile  eu  rcj^ard. 


HEINR 

*  V.  IIENRIQUEZ  (Louis-Biaise  ), 
habile  gniveiir,  né  en  lyôS  ,  reçu  à 
l'acadëinie  eu  1779,  ^  donné  un 
sujet  russe  d'après  Le  Prince,  inti- 
tulé le  Joueur  de  balalaye ,  Minerve 
écarte  le  dieu  de  la  guerre  ,  d'après 
Rubens,  la  mort  de  du  Guescli/i , 
d'après  Brenel,  et  plusieurs  autres 
sujets  d'après  Nattier ,  etc. 

*  I.  HENRY  (  Robert  ),  ministre  à 
Edimbourg  ,  né  en  Ecosse  en  1718  , 
auteur  d'une  Histoire  d'Angle- 
terre ,  formée  d'après  un  nouveau 
plan  qu'il  conçut  et  qui  fut  généra- 
lement approuvé.  U  la  partage  à 
chaque  période  eu  7  divisions  : 
j"  l'histoire  civile  et  militaire  ;  2° 
celle  de  la  religion  ;  3"  celle  de  la 
constitution  ,  des  lois  ,  du  gouver- 
nement et  des  cours  ;  4°  celle  de 
l'instruction  ;  5°  celle  des  arts  ;  6" 
celle  du  commerce ,  de  la  marine  , 
des  mounoies;  7°  celle  des  mœurs  et 
des  coutumes.  Les  cinq  premiers 
volumes  in-4''  parm-ent  successi- 
vemeul  eu  1771  ,  1774,  i777  , 
1781  ,  et  le  cinquième,  qui  imita 
l'avéuement  de  Henri  VU  ,  en 
1786;  le  sixième  volume,  œuvre 
posthume  de  l'auteur,  parut  eu 
1790.  Le  docteur  Henry  eu  a  voit 
fait  l'entreprise  à  ses  risques  et  à 
ses  frais,  en  1786.  U  remit  pour 
la  somme  de  raille  livres  sterling  sa 
propriété  à  MM.  Cadell  et  Stra^an. 
Celle  entreprise,  fruit  de  5o  années 
de  travail,  lui  rapporta  33oo  liv. 
(environ  7  2.'ioo  fr.  )  flenry  éloit 
d'un  cajactère  liaut  et  social;  quoi- 
que ses  recherches  littéraires  lui 
prissent  beaucoup  de  temps  ,  il  n'en 
étoit  pas  moins  assidu  et  rtcherchë 
d«us  les  sociétés  d'Edimbourg,  où 
il  monlioit  encore  dans  un  âge 
avancé  toute  la  gaieté  delà  jeunesse. 
Il  légua  sa  bibliothèque  au  magistral 
de  Linlilhgow,  et  laissa  après  lui  lu 
mémoire  d'un  homme  de  bien  et 
d'un  savant  estimable. 

*  n.HExNRY(DaYid),ruudes 

T.    VllI. 


HENR 


38: 


auteurs  du  Geutleman's  magazine ^ 
auquel  il  travailla  peudant  plus  de 
5o  ans  ,  naquit  eu  décembre  1710. 
On  a  de  lui  divers  ouvrages.  î.  Le 
Fermier  anglais  ,  ou  Sjstème pra- 
tique d' Agriculture  ,  eu  1773.  IL 
Collection  historique  de  tous  les 
ijojages  autour  du  monde  ^  1774, 
iu-S"  4  vol.  IlL  plusieurs  autres 
ouvrages  de  moindre  importance  sur 
les  curiosités  de  Londres.  Il  mourut 
en  1792. 

t  HENRYS  (  Claude  ) ,  célèbre 
jurisconsulte  ,  né  à  Montbri&on  ,  fit 
ses  premières  éludes  au  collège  de 
Lyon  ,  et  suivit  le  barreau  de  celle 
ville.  U  fut  châtelain  de  Chatel-neuf 
en  i6i7,el  avocat  du  roi  au  bailliage 
de  Forez  en  iGSg.  Profondément 
versé  dans  la  couuoissance  du  droit 
civil ,  de  l'histoire,  du  droit  public, 
et  des  intérêts  des  princes ,  il  de- 
vint l'oracle  de  sou  pays,  et  fut 
souvent  cousullé  sur  les  affaires  d'é- 
tat par  plusieurs  ministres,  soit  eu 
France,  soit  des  pajs  élraugers. 
Sa  probit^é,  sa  politesse,  sa  pru- 
dence, sou  désintéressement  éga- 
loient  ses  lumières.  xModeste  et 
fuyant  les  distinctions  ,  eJles  vin- 
rent le  chercher.  Sou  frère  aine, 
lieutenant-général  au  bailliage  dé 
Moutbrisou,  avoit  obtenu  des  lettres 
de  noblesse  pour  les  services  que 
son  père  avoit  rendus  à  l'état  dans 
des  temps  difficiles  ;  Henrys  ne  se 
joignit  point  à  lui  pour  obtenir  la 
même  faveur,  et  ces  lettres  ne  fu- 
rent déclarées  communes  eu  faveur 
de  ses  enXans  qu'après  sa  mort.  Se 
trouvant  un  jour  à  l'audience  du 
parlement  de  Paris ,  sans  être  con- 
nu ,  il  entendit  plaider  une  cause 
dans  laquelle  ons'étayoit  mal  à  pro- 
pos de  son  avis.  Le  premier  prési- 
dent ,  l'ayant  aperçu,  le  pressa  dé 
s'expliquer  lui-même  ;  ce  qu  Hen- 
rys ht  avec  tant  de  force  et  de  clar- 
té ,  qu'il  s'attira  les  applaudisse- 
meusde  toute  la  chambre.  Ou  sait 
2b 


3SG  HÈISS 

que  le  parlement  de  Paris  a  toujours 
regarde  les  décisions  de  Henrys 
comme  des  lois  ,  el  que^  par  uu  hon- 
neur particulier  rendu  à  sa  mémoire, 
l'avocat  qui  les  invoquoil  éloildaas 
i'usage  de  se  découvrir  avec  respect. 
On  a  de  lui ,  I.  Uu  excellent  Recueil 
d'arrêts ,  auxquels  il  a  joint  ses 
plaidoyers.  Cet  ouvrage  parut  pour 
la  première  fois  à  Lyon  en  i65i  , 
a  vol.  in-fol  ;  la  seconde  édition 
est  de  1662;  la  troisième,  avec  les 
observations  de  Brelonnier,  est  de 
J708  ;  la  quatrième  de  1708,  en  4 
vol  in-fol,  renferme  les  additions 
et  les  savantes  notes  de  Terrasson. 
Henrys  accompagna  sa  colleclion 
de  notes  utiles  et  agréables.  Dans 
les  unes ,  il  éclaircit  les  principes 
de  droit  ;  et  dans  les  autres,  il  sè- 
me des  traits  de  littérature  et  d'éru- 
dition. II.  des  Harangues  qui  ^e  font 
jiie  avec  plaisir,  quoique  le  style 
en  ait  vieilli.  Elles  sont  insérées 
dans  le  Recueil  cF arrêts.  III.  L'hom- 
me Dieu  ,  ou  Le  parallèle  des  ac- 
tions divines  et  humaines  de  J.  Ch. 
Henrys  mourut  eu  1662.  Plusieurs 
prédicateurs  se  disputèrent  l'honneur 
de  prononcer  sou  oraison  funèbre. 

•;■  HENSCHENIUS  (  Godefroi  )  , 
jésuite  flamand  ,  ilorissoit  à  la  fin 
du  17*^  siècle.  Il  travailla  pendant 
long-temps  ,  avec  succès  ,  à  l'im- 
mense  compilation  des  Actes  des 
saints  ,  commencée  par  Bollandus , 
et  ne  servit  pas  peu  à  épurer  les  lé- 
gendes des  absurdités  dont  les  moines 
les  avoient  remplies  dans  des  siècles 
d'ignorance.  11  a  également  travaillé 
de  société  avec  ToUenarius  et  Bol- 
landus à  l'ouvrage  intitulé  Imago 
primi  sœculi  socle tatis  Jesu ,  àpro- 
yinciâ  Flandro-  Belgicâ  ejusdem 
societalis  reprœsentata ,  Anvers  , 
j64o,  in-fol. 

*  HENSr.ER  (  Philippe-Gabriel  ) , 
«avant  professeur  de  médecine  à 
Kiel ,  «t  arcliialre  du  roi  de  Daue- 


HERA 

marck ,  né  le  11  décembre  1 7  3  5  ,  'a 
Oldensworlh  en  Holslein,  el  mort  à 
Copenhague  le  3i  décembre  i8o5, 
à  l'âge  de  73  ans  ,  a  composé  un 
Traiié  sur  la  Lèpre  du  nord  ;  et 
une  Histoire  de  la  maladie  véné- 
rienne :  dans  ce  dernier  ouvrage 
l'auteur  prouve  par  ses  recherches 
profondes  ,  et  par  des  passages  fi- 
dèles des  auteurs  conlemporams ,  de 
l'apparition  de  la  vérole,  rares  et  peu 
connus ,  qu'il  est  très-probable  que 
la  maladie  syy)hilitique  a  commencé 
à  paroilre  en  Europe  avant  le  retour 
de  Colomb  de  son  premier  voyage 
en  Amérique  ;  il  est  encore  auteur 
d'un  traité  intitulé  De  herpete  seu 
formica  veierum. 

t  HENTENIUS  (  Jean  ) ,  de  Naline , 
près  de  Thuin  ,  dans  lEntre-Sambre- 
Meuse  ,  alla  en  Portugal  vers  la  fia 
de  son  enfance  :  il  s'y  lit  hié- 
ronymite  ,  et  entra  ensuite  dans 
l'ordre  de  Saint-Dominique  à  Lou- 
vain.  La  faculté  de  théologie  dont 
il  étoit  docteur  le  chargea  ,  par 
ordre  de  Charles-Quint,  de  corriger 
la  Bible,  et  de  lui  rendre  la  puret* 
de  l'ancien  texte.  H  justifia  la  con- 
fiance qu'on  avoit  eu  ses  lumières. 
C'est  principalement  par  ses  soins 
que  parut  la  première  Bible  nom- 
mée de  Louvain  ,  en  i547 ,  Anvers  , 
1670,  avec  figures.  Voyez  le  P.  Le 
LoNii  ,  tom.  I  ,  pag.  260.  Hente- 
nius  mourut  à  Louvaiu  en  i566  , 
à  67  ans.  On  a  encore  de  lui  ,  I.  Les 
Commentaires  d'^EutJiymius ,  sur 
les  Evangiles.  II.  Ceux  à'CŒcumé- 
nius, sur  Saint-Paul.  III. — d'Aretas, 
sur  l'Apocalypse  ,  etc. 

I.  HÉPHESTION.  Voyez  Ephes^ 

TION. 

II.  HÉPHESTION.  Voyez  Efes- 

TION. 

HÉRACLAS  ,    frère  du  martyr 
Plutarque ,   se    convertit   avec  lui 


HERA 

(îuraiil  la  persécution  de  Sévère.  Il 
fut  caléchisle  d'Alexandrie,  conjoin- 
lemenlavecOrioene,el  eusiiile  seul. 
Son  mérite  le  lit  élever  sur  le  siège 
d'Alexandrie,  sa  patrie,  en  25 1.  Il 
mourut  sur  la  fui  de  l'année  2^7. 

t  HÉRACLÉON  ,  hérétique  du 
troisième  siècle  ,  adopta  le  système 
de  Valenlin.  Il  y  lit  pourtant  quel- 
q\ies  clunigemetis  ,  et  se  donna  beau- 
coup de  peine  pour  ajuster  à  ce 
système  la  doctrine  de  l'Evangile, 
dans  des  Commentaires  très-étendus 
sur  les  Evangiles  de  St.  Jean  et  de 
St.  Luc.  Ces  commentaires  ne  sont 
que  des  explications  allégoriques, 
(jui  lirent  adopter  par  beaucoup  de 
chrétiens  le  système  de  Valenlin  , 
et  leur  auteur  forma  la  secte  des 
héracléouites.  Origène  a  combattu 
les  commentaires  d'Héracléon  ,  et 
c'est  d'Origène  que  Grabbe  a  extrait 
les  fragmens  que  nous  avons  des 
écrits  de  cet  hérétique. 

1  HÉRACLÉONAS,  quatrième  fils 
de  l'empereur  Hérachus  el  de  Mar- 
tine ,  seconde  femme  de  ce  |)rince, 
né  en  626.  Son  père  le  nomma,  en 
6/(1  son  successeur  à  l'empire,  avec 
Héraclius-Constanlin ,  soufrereainé. 
Rlarline  ayant  fait  empoisonner  , 
quatre  mois  après,  Héraclius-Cons- 
tantin  ,  Héracléonas  demeura  seul 
empereur ,  sousTaiitorilédesamère. 
La  haine  que  les  forfaits  de  cette 
princesse  avoient  inspirée  devint 
funeste  à  l'un  et  à  l'autre.  Unecabale, 
formée  par  un  courtisan  habile,  les 
contraignit  d'associer  à  l'empire  le 
prince  David  ,  surnommé  Tibère  , 
frère  d'Héracléonas,  et  Constant,  fils 
d'Héraclius-Constantin.  On  vit  donc 
à  Constantinople  trois  empereurs  à 
la  fois  ,  tous  trois  dominés  par  une 
femme  ambitieuse.  Ce  gouvernement 
monstrueux  ne  dura  pas  long-temps. 
Le  sénat  ayant  lait  arrêter  Héracléo- 
nas el  Martine,  on  coupa  le  nez  au  fils, 
et  la  langue  à  la  mère.  On  les  cou- 


HERA  387 

diiisil  en  exil  ,  où  ils  finirent  leurs 
jours.  Héracléonas  a  voit  régné  envi- 
ron six  mois  depuis  le  meurtre  de 
son  frère, 

HÉRACl.ÉOTÈS  (Denys),  philo- 
soplie  d'Héraclée  ,  d'abord  stoïcien, 
pensoit ,  comme  Zenon  ,  son  maître, 
que  la  douleur  n'est  point  un  mal  ; 
mais  une  maladie  cruelle  ,  accoui- 
l^agnée  de  douleurs  aiguës ,  le  fit 
changer  de  sentiment,  vers  l'an  264 
avant  J.  C.  U  quitta  les  stoïciens 
pour  le  cyrénaïques,  qui  ])lacoieut 
le  bonlieur  dans  le  plaisir.  Héra- 
cléotès  composa  divers  Traités  de 
philosuphic ,  et  quelques  Fièces  de 
poésie  :  Diogène-Laërce  en  cite  une 
de  lui  ,  qui  étoil  attribuée  à  So- 
phocle. 

I  HÉRACLIDE  i.e  Pontique  , 
né  à  Héraclée  ,  ville  du  royaume  de 
Pont  ;  son  père,  qui  se  nonimoit  Eu- 
thyphron,  l'envoya  à  Athènes  pour 
y  étudier  la  philosophie  sous  Platon 
et  Aristote,et  les  progrès  d'Héraclide 
furent  81  bnllans,  que  lorsque  Platon, 
se  rendant  aux  vœux  de  Denys , 
])arlit  pour  la  Sicile,  il  confia  à  son 
disciple  le  soin  de  son  école.  liéra- 
dide,  de  retour  dans  sa  patrie,  la 
trouva  subjuguée  par  un  tyran  dont 
il  la  délivra.  Ses  talens  et  son  patrio- 
tisme furent  obscurcis  par  un  vain 
orgueil.  On  dit  que  ,  lorsque  la 
ville  d'Héraclée  envoya  consulter  la 
Pythie  pour  qu'elle  lui  découvrit  les 
moyens  de  faire  cesser  la  peste  qui 
la  ravageoil ,  il  corrompit  la  prophé- 
tesse  pour  lui  faire  déclarer  que  le 
Héau  cesseroit  ,  si  en  plein  théâtre 
le  peuple  plaçoit  une  couronne  d'or 
sur  la  tète  d'Héraclide  ,  et  lui  accor- 
doit  les  honneurs  funèbres  dus  aux 
héros.  U  voulut  faire  accroire  qu'au 
moment  de  samort  ilétoit  monté  au 
ciel  :  il  pria  un  de  ses  amis  de  mettre 
un  serpent  dans  son  lit ,  à  la  place 
de  son  corps  ,  afin  qu'on  crîil  que 
les  dieux  l'a  voient  enlevé.  Le  ."ierpeut 


388  HERA 

n'allendit  pas  l'instaut  de  sa  mort  : 
quelqu'un  ayant  tait  du  bruit,  il 
sortit  et  découvrit  ainsi  la  fourbarie 
d'Héradide.  Ce  philosophe  avoit 
écrit  plusieurs  ouvrages  ,  dont  le 
style  ,  suivant  Diogèiie  Laérce,étoit 
tout  à  la  fois  noble  et  plein  de  dou- 
ceur. II  ne  reste  plus  de  lui  que 
quelques  fragmens  d'un  traité  sur 
les  gouverncineus ,  publié  dans  le 
Prodiomus  grec,  imprimé  à  Paris 
en  iSo6.  On  trouve  encore  quel- 
ques passages  sous  son  nom  daiis 
i'Esope  d'Aide,  i5o5  ,  m-f'ol.  Les 
fragmens  de  ce  philosophe  ont  aussi 
été  recueillis  sous  ce  titre  :  liera- 
clidis  Ponlici  fragmenta  de  relus 
publicis  ;  edidit  è  cudicibus  ,  ex 
antiquis  auctorilus  et  Hiugettiu 
emendavit,  atquecommenlario per- 
pétua primas  illustrapit  D.  Koeler 
{additâ  uersione germanicd),  Halle, 
1804,  in-S"  de  128  pag.  Héraclide 
vivoit  vers  l'an  335  avant  J.  C. 

*  II.  HÉRACLIDE,  de  Ma- 
cédoine, s'est  l'ait  une  réputation  en 
peignant  des  vaisseaux  ,et  s'il  n'est 
point  parvenu  avi  talent  de  Pioto- 
gèues  en  ce  genre  ,  il  '.'est  du  moins 
élevé  au  rang  des  peintres  qui  méri- 
tent d'être  cités.  Tout  ce  qu'on  sait 
de  cet  artiste  ,  c'est  qu'après  la  capti- 
vité de  Persée  ,  il  se  réfugia  à 
Athènes. 

HERACLIEN  ,  l'un  des  généraux 
de  l'empereur  Honorius.  fil  mourir 
Stilicon  à  Ravennes  l'an  4o8.  Pour 
le  récompenser  de  ce  service  ,  Hono- 
rius lui  donna  le  gouvernement  d'A- 
frique. Dans  la  révolte  d'Attalus  ,  il 
deme.ira  fidèle  à  l'empereur,  et  dé- 
fendit la  province  contre  les  troupes 
que  le  rebelle  avoit  envoyées  ;  il  tua 
même  un  certain  Constantin,  qui  les 
couduisoil.  Sa  fidélité  ne  tarda  pasùse 
démentir:  élevé  au  consulat  en  41 5, 
il  t'abandonna  aux  conseils  violens 
de  Sabinus,qui,  de  son  domestique, 
éloit  devenu  son  gindre  ,  et  qui  lui 
persuada  d'usurper  l'empire.  Pour 


HERA 

exécuter  sou  dessein,  il  retint  la  Hotl^ 
qui  avoit  coutume  de  porter  du  liié 
eu  Italie  ,  et  en  prit  le  chemin  avec 
une  armée  navale  ,  composée  de  trois 
mille  sept  cents  navires.  Le  coitite 
fllarin  s'opposa  à  son  débarquement, 
et  le  mit  en  fuite.  Alors  Héraclien 
monta  sur  un  seul  vaisseau  qui  lui 
resloit ,  et  passa  à  Carlhage  ,  où  il 
fut  tué. 

T  I.  HERACLITE  ,^célèbre  philo- 
sophe grec,  natif  d'Éphèse,  iloris- 
soil  versl'au  5oo  avant  J.  C.  11  éloit 
mélancolique  et  pleumii  sans  cesse 
sur  les  sottises  humaines.  Cette  triste 
habitude  ,  jointe  à  son  style  éniguia- 
lique  ,  le  lit  appeler  le  Fhilosop/ie 
ténébreux  et  le  Pleureur.  «  Qu'est- 
ce  que  l'homme,  disoit-il ,  qu'est-ce 
que  tout  l'homme?  Son  savoir  n'est 
qu'ignorance  ;  sa  grandeur  que  bas- 
sesse ;  sa  force  qu'infirmité  ;  ce  qu'il 
appelle  plaisir  ,  que  doideur.  »  Ce- 
pendant il  disoit  quelquefois  que  la 
vie  est  un  présent  du  ciel ,  qu'on  doit 
conserver  avec  soin  ,  et  dont  on  ne 
doit  pas  disposer  selon  son  caprice. 
Il  faut  attendre  que  les  dieux  nous 
demandent  ce  qu'ils  ont  bien  voulu 
nous  accorder.  Il  composa  divers 
Traités ,  entre  autres  un  sur  la  Na- 
ture, dans  lequel  il  enseignoit  que 
tout  est  animé  par  un  esprit  ; 
qu'il  n'y  a  qu'un  monde,  qui  est  fini , 
qu'il  a  été  formé  par  le  feu  ;  et 
qu'après  divers  changemens  ,  il  re- 
lourneroit  en  feu.  Euripide  ayant 
envoyé  une  copie  de  celte  production 
à  Sociate ,  celui-ci  ,  eu  la  lui  ren- 
voyant, lui  dit  «que  ce  qu'il  avoit 
ceinpris  de  ce  livre  lui  avoit  paru 
hou  ,  et  qu'il  ne  douloit  point  que  ce 
<|u'il  navoit  pas  pu  entendre  ne  le 
fût  de  même.  »  Darius ,  roi  de  Perse, 
ayant  vu  cet  ouvrage  ,  écrivit  une 
lettre  fort  obligeante  à  l'auteur  , 
pour  le  prier  de  venir  à  sa  cour,  où 
sa  vertu  seroil  plus  considérée  qu'en 
Grèce.  Le  philoso])he  le  refusa  d'une 
manière  brutale.  Ou  dit  que  la  cou- 


lïERA 

versalion  des  hommes  ne  faisant 
qn'irriler  son  humeur  chagrine  ,  il 
prit  une  si  grande  aversion  pour  eux 
qu'il  se  relira  sur  une  montagne  , 
pour  y  vivre  d'herbes  avec  les  hèles 
anvages.  Celte  vie  lui  ayant  causé 
une,  hydropisie  ,  il  descendit  à  la 
ville  ,  et  consulta  ,  par  énigmes ,  les 
médecins  ,  leur  demandant  a  s'ils 
pouvoient  rendre  serein  un  temps 
pluvieux  ?  ■»  Les  médecins  n'enten- 
dant rien  à  ses  demandes  ,  il  s'en- 
ferma dans  du  fumier,  croyant  dis- 
siper par  cette  chaleur  empruulée 
i  humeur  qui  éloit  chez  lui  en  trop 
grande  abondance  ;  mais  comme  ce 
remède  ne  le  guérissoit  point,  il  se 
laissa  mourir,  âgé  de  60  ans.  On  rap- 
porte de  lui  quelques  bons  mois  et 
quelques  sentences.  11  répondit  aux 
Kphésiens,  qui  s'étonnoient  de  le  voir 
jouer  aux  osselets  avec  des  enfans  , 
«  qu'il  aimoit  encore  mieux  s'amu- 
ser ainsi  que  de  se  mêler  de  leurs 
affaires.  Ilavoit  pour  maximes  «qu'il 
falloit  étouffer  les  querelles  dans 
leur  naissance,  comme  on  élouffe  un 
incendie;  et  que  les  peuples  doivent 
combattrepour  leurs  lois  comme  pour 
leurs  murailles,  «llcroyoitquela  na- 
ture de  lame  étoit  une  chose  impéné- 
trable  Il  nous  reste  quelques  frag- 

inens  de  ce  philosophe,  que  Henri- 
Etienne  imprima  avec  ceux  de  De'- 
mocrile,  de  Timon  ,  et  de  plusieurs 
autres,  sous  ce  litre  :  Poesis philo- 
sophica,  iSyS,  in-8°. 

IL  HERACLITE  ,  Sicyonien. 
C'est  sous  sou  nom  que  Léo  AUatius 
a  publié  le  livre  De  incredihilibus , 
qu'il  avoit  tiré  de  la  bibliothèque  du 
Vatican.  Cet  ouvrage  ,  imprmié  à 
Rome  en  i64i  ,  l'a  été  depuis  à 
Londres  et  à  Amsterdam.  La  der- 
nière édition  est  la  plus  belle. 

L  HERACLIUS,  empereur 
romain,  né  vers  l'an  b-jb  d'Héra- 
clius,  gouverneur  d'Afrique,  détrôna 
Phocas,  qui  tyraimisoil  ses  sujets  , 
et   se   lit  couronner  à  sa  place  en 


HERA 


38o 


610,  après  lui  avoir  fait  Irancher 
la  tète.  «  Quoi ,  lui  dit-il ,  tu  n'avois 
usurpé  l'empire  que  pour  faire  tant 
de  maux  au  peuple  !  —  Phocas  lui 
répondit:  gouverne -le  mieux,  w  Le 
nouvel  empereur  profila  de  cel  avis. 
Il  ht  la  revue  des  troupes,  les  disci- 
plina, et  mit  un  nouvel  ordre  dans 
l'état.  Càiosroès  II  ,  roi  de  Perse  , 
étoit  eu  guerre  avec  Phocas  ,  Hérr.- 
clius  lui  til  demander  la  paix  ,  et  ne 
put  l'oblcHir.  Le  monarque  persan 
envoya  une  armée  formidable  dans 
la  Palestine  en  614.  Jérusalem  fut 
prise  ,  les  églises  brûlées  ,  les  clercs 
massacrés  ,  les  chrétiens  vendus  aux 
juifs,  les  vases  sacrés,  entre  auUes 
le  bois  de  la  vraie  croix,  enlevés. 
Le  vainqueur  jure  «  qu'il  n'accordera 
la  paix  à  l'empereur  et  à  ses  peuples 
qu'à  condition  qu'ils  renonceront 
à  Jésus-Christ  ,  et  qu'ils  adoreront 
le  soleil  ,  la  divinité  des  Perses. 
«  Héraclius  ,  outré  de  ces  insolences, 
marcha  contre  Chosroès,  le  défit  eu 
plusieurs  rencontres  ,  depuis  62a 
jusqu'en  627.  Le  roi  barbare  ,  pour- 
suivi jusque  dans  ses  étals,  y  trouva 
Syroès  son  fils  aîné  ,  qu'il  avoit  vou- 
lu déshériter,  les  armes  à  la  main. 
Syroès,  l'ayant  fait  enfermer  dans 
une  dure  prison,  lit  la  paix  avecHéra- 
clius,  et  lui  rendit  le  bois  de  la  vraie 
croix  en  628.  On  célébra  ,  comme 
un  jour  de  fêle  ,  celui  où  elle  avoit 
été  remise  à  sa  place.  C'est  l'origine 
de  la  fête  de  l'exaltation  de  la  croix  , 
célébrée  par  les  Grecs  et  les  Latins 
le  j4  septembre.  Les  disputes  théo- 
logiques qui  avoient  agité  l'empire 
d'orient  se  renouvelèrent ,  quoique 
le  nestorianisine  et  lentychéisme 
eussent  été  proscrits.  Ou  avoit  éla-*" 
bli ,  sous  les  règnes  précédens  ,  dans 
différentes  assembléesecclésiasliques, 
la  réalité  des  deux  natures  eu  J.  C, 
On  chercha  à  expliquer ,  sous  l'em- 
pire d'Héraclius,  comment  deux  na- 
tures ne  composoieut  qu'une  per- 
sonne ,  quoiqu'elles  lussent  distin- 
guées. «  On  crut  rëiovidre  cette  difli- 


Bqo 


HERA 


culte,  dit  laLiië  Pliiquet^  en  suppo- 
sant que  la  nati.re  liumaiue  étoit 
réelleuieat  di-tiiiguëe  de  la  nature 
divine;  mais  qu'elle  lui  éloit  telle- 
ment unie  ,  qu'elle  n'avoit  point 
d  action  propre:  que  le  Verbe  étoit 
le  seul  principe  actif  dans  Jésus- 
Clirist  ;  que  la  volonté  humaine  étoit 
absolument  passive,  comme  un  ins- 
trument dans  les mainsd'un  artiste.  » 
Cetteexplicationparutiever  les  diffi- 
cultés des  uestoriens  et  des  euly- 
cliéens.  Héracliiis  la  regarda  comme 
un  moyen  d'étei'idre  les  restes  de  ces 
hérétiques  ,  qui  avoient  résisté  aux 
analhèmes  des  conciles  et  à  la  puis- 
sance des  empereurs.  Epris  de  cette 
idée,  il  assembla  un  concile  et  donna 
un  édit  qui  f'aisoit,  du  monolhélisine 
on  de  l'opinion  qui  ne  suppose 
qu'une  volonté  dans  Jésus-Clirisl, 
une  rèj^le  de  foi  et  une  loi  de  l'em- 
pire. Cet  édit ,  qu'on  nomma  l'Ec- 
these  ,  c'est-à-dire  exposition  de  la 
foi ,  fut  condamné  à  Rome  Tannée 
suivante  640  parle  pape  Jean  IV, 
dans  un  concile.  L'empereur  écrivit 
au  souverain  ponfit^e  «  que  cet  édit 
11 'étoit  point  de  lui  ;  que  le  patriar- 
che Sergius  Tavoit  composé,  et  l'a- 
voit  engagé  à  le  publier  sous  son 
nom  ;  mais  qu'il  le  désavouoit,  puis- 
qu'il causoit  tant  de  troubles.  »  Pen- 
dant ces  d!S|iutes  ,  les  Sarrasins  s'em- 
paroient  de  l'Egypte  ,  de  la  Syrie  et 
de  toutes  les  plus  belles  parties  de 
l'empire.  Héraclius  étoit  hors  d'état 
de  s'opposer  à  leurs  conquêtes.  Il  fut 
attaqué  d'une  hydropisie  qui  le  mit 
au  tombeau  le  11  février  641  ,  à  66 
ans ,  après  .îo  ans  de  règne.  On  ne 
sait,  dit  l'abbé  Guyon  ,  quel  rang 
lui  assigner  parmi  les  princes.  Sur 
la  tin  de  son  règne  ,  il  donna  plutôt 
des  marques  de  timidité  que  de  cou- 
lage. La  sagesse,  l'activité,  la  valeur 
qu'il  avoit  fait  éclater  pendant  la 
guerre  persique  sont  dignes  d'admi- 
ration ;  mais  dans  les  derniers  temps 
nn  ne  trouve  plus  le  vainqueur  de 
Chosroès.  C'est  nn  controversiste  , 


HERA 

quiparoit  bien  moins  touché  dé»  af- 
faires de  l'empire  ,  qu'empressé  de 
décider  celles  de  la  religion.  11  aban- 
donua  les  devoirs  d  un  monarque, 
pour  les  obscures  fonctions  d'un 
tljéologien. 

II.  HERACLIUS-CONSTANTIN, 

Hls  d'Héracliuset  de  Flavia  Eudocia  , 
né  à  Constantinople  en  612,  suc- 
céda à  son  père  en  641  ,  et  par- 
tagea le  trône  impérial  avec  Héra- 
cléonas  son  frère,  fils  de  l'impératrice 
Martine,  conformément  aux  der- 
nières volontés  d'Héraclius.  Cons- 
tantin aimoit  son  peuple  ,  et  en  étoit 
aimé  :  il  ne  cherchoit  qu'à  le  soulager. 
Ayant  appris  que  son  père  avoit  dé<- 
posé  un  trésor  considérable  chez 
Pyrrhus,  patriarclie  de  Constanti- 
nople, et  qu'il  devoit  être  remis  à 
l'impératrice  Martine  ,  dans  le  cas 
de  quelque  disgrâce  ,  il  fit  enlever  cet 
argent.  Martine  se  vengea  en  l'em- 
poisonnant :  ce  fut  du  moins  le  bruit 
général.  Comme  il  se  vit  sur  le  point 
de  mourir,  il  distribua  le  trésor  de 
son  père  aux  soldats  ,  pour  qu'ils 
fussent  favorables  à  son  fils  Cons- 
tant. 11  expira  le  25  mai  641  ,  après 
avoir  porté  le  sceptre  trois  mois  et 
vingt-trois  jours.  Ses  manières  affa- 
bles lui  avoit  gagné  tous  les  cœurs. 

t  l.  HÉRAULT  ou  Hérauld 
(  Didier  )  Desiderlus  Heraldus  , 
avocat  au  parlement  de  Paris ,  cé- 
lèbre par  plusieurs  ouvrages  plein8 
d'érudition.  Les  principaux  sont  , 
I.  Des  Notes  estimées  sur  l'Apo- 
logétique de  TertuUien,  sur  Minn- 
tius  Félix,  sur  Arnobe,  sur  Mar- 
tial. II.  Des  Adversaria  ,  Paris  , 
1  tigg,  in-8".  III.  Plusieurs  Livres  de 
Droit.  Ce  savant  mourut  en  1649. 
On  a  encore  de  lui  Dissertatio 
si/per  doctrinœ  cnpitibus  inter  aca^ 
demiam  Varisiensem  et  jesidlas 
controversis,  Cologne,  1613,  in-S",  et 
Fragmens  de  l'Exarnen  du  Prince 
de  Machiavel  ,  Paris  ,  1622  ,  réim- 


HERA 

pviméen  i635,in-i  2. — HkRjMtlt, 
sou  fils,  niinislre  de  l'église  \v>ilione 
à  Londres  ,  pr.is  chanoine  de  Can- 
lorbéry,a  donné  le  Pacijîqi/o  royal 
en  deuil,  contre  la  inorl  de  Cha- 
rles P'',  roi  d'Angleterre.  C'est  uu 
recueil  de  Sermons  qui  fut  suivi  , 
après  le  rétablissement  de  Charles  II 
sur  le  trône ,  de  vingt  autres  Ser- 
mo7is  ,  publiés  sous  le  titre  àc  Paci- 
fique royal  en  joie. 

II.  HÉRAULT  (  Magdeleine  )  , 
fille  d'un  peintre  de  même  nom,  ex- 
celloit  à  copier  les  tableaux  des 
grands  maîtres,  et  réussissoil  dans 
le porlrail.  Elle  épousa,  en  1660, 
Noël  Coypel,  dont  elle  eut  le  célè- 
bre Antoine  Cojpel. 

t  III.  HÉRAULT  (René  ) ,  né  à 
Rouen  eu  1691,  mort  à  Paris  en 
1740,  fut  d'abord  avocat  du  roi 
au  chàtelet  ,  ensuite  intendant  de 
Tours,  enfin  lieutenant  de  police  de 
Paris  en  1725  jusqu'en  1709.  L-e 
caractère  fougueux  qu'il  a  développé 
dans  cette  place  fit  dire  au  président 
de  Harlay  que  les  fonctions  de  lieu- 
tenant de  police  éloient  comprises 
dans  ces  trois  mots  :  ((  netielé,  sii- 
reté  ,  clarté  ,  sans  troubler  le  cours 
de  la  justice  ordinaire  et  l'action 
des  lois,  parce  que  chaque  homme 
jiublic  doit  se  renfermer  dans  les 
limites  de  son  ministère.  »  Mais  Hé- 
rault les  franchit  toutes  et  devint 
le  grand  inquisiteur  de  France  ;  il 
inonda  Paris  et  les  provinces  par 
des  nuées  d'espions  qui ,  dans  leurs 
irruptions  multipliées  de  jour  et 
de  nuit ,  escaladoienl  les  murs,for- 
çoient  les  portes,  fouilloieiil  jusque 
dans  les  poches  ,  arrachoienl  sans 
forme  légale  les  citoyens  de  leurs 
asiles  ,  et  portoienl  la  terreur  dans 
toutes  les  familles.  Hérault  séduisoit 
les  domestiques  pour  leur  faire  dé- 
noncer leurs  maîtres.  11  devint  in- 
lendantde  Paris, et  mourut  en  1740, 
laissant  une  mémoire  abhorrée. 


HERA  391 

■\  IV.  HÉRAULT  D£  Sechellks 
(  Marie-Jean  ) ,  né  à  Paris  en  1760 , 
commença  sa  carrière  dans  le  barreau 
en  remplissant  an  chàtelet  de  Paris 
la  place  d'avocat  du  roi.  Neveu  de 
Mad.  de  Polignac,  la  reine  l'y  ren- 
contra ,  et  ,  charmée  de  sou  entre- 
tien ,  elle  promit  de  lui  être  utile.  En 
effet,  s\)r  sa  recommandation  ,  Hé- 
rault obtiirt  la  première  place  d'a- 
vocat-général qui  vint  à  vaquer  au 
parlement.  Ayant  embrassé  avec 
chaleur  les  principes  de  la  révolu- 
tion ,  il  fut  nommé  commissaire  du 
gouvernement  près  du  tribunal  de 
cassation,  et  ensuite  député  à  la 
première  législature  et  à  la  conven- 
tion. Il  y  présenta  divers  rapports 
pour  demander  la  responsabilité  de» 
ministres,  la  mise  en  accusation  de 
ceux  qui  avoicnt  voulu  défendre  le 
château  des  Tuileries  le  lo  août ,  et 
contribua  plus  qu'aucun  autre  dé- 
puté à  la  constitution  de  179^,  qu'on 
a  nommée  le  Code  ridicule  de  l'a- 
narchie. L'un  des  axiomes  politi-' 
qnes  de  Hérault  étoit  que  la  force  du 
peuple  et  la  raison  étaient  la  même 
chose.  Avec  de  pareils  principes ,  il 
devint  membre  du  comité  de  salul 
public,  d'où  il  fui  précipité,  comme 
complice  de  Dautoti ,  et  envoyé  à 
l'échafaud  le  5  avril  17945  à  l'âge 
de  54  ans.  Hérault  entendit  sa  con- 
damnation avec  calme  ,  se  promena 
pendant  deux  heures  avec  les  autres 
détenus,  en  attendant  qu'on  vînt  le 
chercher  pour  aller  à  la  mort,  et  la 
subit  avec  courage.  Il  étoit  grand  , 
d  une  figure  très-intéressante  ,  et  s'é- 
nonçoit  avec  une  extrême  facilité. 
Réunissant  une  fortune  considéra- 
ble aux  dons  de  la  nature  et  de 
l'esprit,  il  devoit  jouir  d'un  sort 
brillant  el  heureux  ;  mais  l'envie  de 
jouer  un  grand  rôle  le  tourmentoil , 
et  le  rôle  finit  pour  lui  d'un  manière 
funeste.  Il  est  auteur  de  quelques  ou- 
vrageslittéraires.  I.  Théorie  de l' am- 
bition,Vùxis,  i8o2,in-8'';  cet  opus- 
cule, qui  fui  publié  par  M.  Saignes^ 


3c)z 


HERB 


€5l  écrit  en  maximes  qui  annoucetit 
iiu  coup-doeil  pénélrant.  Le  slyle  en 
est  énergique,  quelquefois  oljscur.  II. 
f^ojage  à  Montbar,  publié  à  Paris 
par  M.  Sol  vel ,  avoit  déjà  paru ,  sous 
îe  titre  de  Visite  à  Buffon ,  en 
1785  ,  après  la  mort  de  l'auteur.  III. 
Détails  sur  la  Société  d'Olten, 
Paris,  1790,  in-8°.  IV.  Eloge  de 
Siiger,  abbé  de  Saint-Deuys,  Paris, 
1779,  in-S"  ,  plem  de  chaleur  et 
de  mouvement. 

t  HERBELOT  (Barthélemi  d'  )  , 
né  à  Paris  en   1625  ,  montra,  des 
son  enfance,  beaucoup  de  goût  et 
de  talent  pour  les  langues  orientales. 
Il  les  fortifia  dans  plusieurs  voyages 
à  Rome.  Le  grand-duc  de  Toscane  , 
Ferdinand  II ,  lui  fit  présent  d'une 
bibliothèque  de  manuscrits   orien- 
taux, exposée  en  vente  lorsqu'il  passa 
à  Florence.  Le  grand  Colbert  l'a  voit 
invité    de  revenir  dans   sa  patrie. 
Quand  il  pnrsil  à  la  cour  de  France , 
le  roi  l'entretint  plusieurs  fois,  et 
lui  accorda  une  pension  de  i,fiooliv. 
Le  chancelier  de  Pontchartrain  lui 
obtint  ensuite  la  chaire  de  profes- 
seur royal  en  langue  syriaque.  D'Her- 
Tjelot, homme   d'une  vaste  littéra- 
ture ,  mourut  à  Paris  le  10  décembre 
1695.  Les  ouvrages  qui  font  le  plus 
d'Iionneur  à  sa  mémoire  sont ,  L  La 
Bibliothèque    Orientale  ,    Paris  , 
1697  ,  iu-folio,   composée  d'abord 
en  arabe ,  mise  ensuite  en  français 
i^our  la  rendre  dun  plus  grand  usage. 
C'est  un  livre  nécessaire  à  ceux  qui 
veulent  connoilre   les  langues  ,   le 
génie,  l'histoire  et  les  coutumes  des 
peuples  de  l'Orient.   M.  Désessarts 
en  a  donné  une  seconde  édition  ré- 
duite et  augmentée  ,  en  6  vol.  in-8", 
Paris,  1781  :  on  en  fait  peu  de  cas; 
mais  on  estime  l'édition  de  La  Haye, 
1777-1779,4  vol.  m-/° ,  avec  des 
notes   et   additions  par  Schultens  , 
et   un    supplément    par    Visdclou. 
îl.  Un  Dictionnaire  Turc  ,  et  d'au- 
tres Traités  curieux  qui  n'ont  pas 


HERB 

vil  le  jour.  Sa  Bibliothèque  Orien- 
tale ,  devenant  tous  les  jours  plus 
rare  et  plus  chère  ,  a  été  réimprimée 
à  Mastrichl,  1776,  in-folio;  et  à 
Paris,  1782,  6  vol.  in-8°. 

t  HERBERAY,  seigneur  des 
EssARTS  (  Nicolas  de  ) ,  commissaire 
d'artillerie ,  mort  vers  1  bï^2 ,  sortoit 
d'une  famille  noble  de  Picardie.  Il 
avoit  pris  pour  sa  devise  deux  mots 
espagnols,    qui  signifient  soutenir 
et  oubli.  La  Croix-du-Maine  dit  que 
c'étoit  le  gentilhomme  de  son  temps 
le  plus  estimé  pour  la  pureté  de  la 
langue  française  et  pour  l'art  ora- 
toire. Mais  Duverdier  dit  qu'on  trou- 
voit  de  l'affectation  dans  son  style  , 
semé  de  mots  nouveaux  et  étrangers, 
et  d'expressions  rudes  et  désagréa- 
bles. Herberay  est  connu  principale- 
ment par  la   Traduction  des  huit 
premiers  livres  d'Amadis  de  Gaule, 
qu'il  avoit  entreprise  par  ordre  de 
François  \".  Ce  roman  est  eu  24 
livres,  qui  forment  autant  de  vo- 
lumes. Les  21  premiers  sont  in-i6  , 
et  les   trois  derniers  in-8°.   H  y  a 
des   volumes  doubles,  et  qui  sont 
sortis  de  la  tête  des  prétendus  tra- 
ducteurs; ce  sont  les  7,   i5,    16, 
19  et  20*'.    Gabriel   Chappuis  est 
celui  qui  a  eu  le  plus  de  part  à  cet 
ouvrage.  (  /'oj'fc'2CuAPUls,u°lI,  et 
LoBEiRA.  )  On  trouve  dans  les  Mé- 
moires de  Nicerou,  tome  XXXIX 
article  Herberay  ,  des  détails  sur 
les  autres  traducteurs.  Les  curieux 
qui  rassemblent  les  Amadis  y  joi- 
gnent le  Trésor  de  tous  les  livres 
d'Amadis  ,   contenant   les   Haran- 
gut-s,  I>ettres,  etc.,  Lyon,  1082, 
2  vol.  in-16.  Le  style  de  ces  anciens 
écrivains  est  grossier  et  licencieux. 
Mademoiselle  de  Liibart  en  a  donné, 
un  extrait  épuré  en  8  vol.  iu-i  2  ; 
mais   le  choix  eu  est   mieux   fait , 
et  présenté  dune  m  miere  plus  in- 
léressante  dans  la  Traduction  libre 
d'Amadis  de  Gaule  ,  par  le   comte 
de    Tressan ,    Amsterdam  ,  Paris  , 


HERB 

-s  vol.  in-ijî,  1779.  Herberay  a  en- 
core translatée  en  prose  la  Chro- 
nique du  irès-vaillaiit  el  redouté 
don  Floris  de  Grèce,  siinioiinné  le 
chevalier  des  Cygnes,  in-t'ol.,  Paris, 
1555,  ]573;etLvon,  1672,  1  tom. , 
2  vol.  ni-i6. 

*  I.  HERBERSTEIN  (  Sigismond 
baron  d'  ),  seigneur  de  distinction 
de  la  Basse  -  Stirie ,  né  en  i486, 
employé  dans  des  négociations  ho- 
norables dans  le  16'^  siècle,  sous  les 
empereurs  ]Maximilien ,  Charles- 
Quint  el  Ferdinand  ,  proRta  de  son 
séjour  eu  Russie  pour  donner  un 
savant  Commentaire  sur  cet  em- 
pire, en  latin,  Bâle,  1571,  in-fol. 
On  la  inséré  dans  lierum  Moscoui- 
ticarum  scripiores  varii  ,  Franc- 
fort, 1700.  Herberstein  mourut  en 
J559. 

*  II.  HERBERSTEIN  (Ferdinand- 
Ernest,  comte  d'  ) ,  né  à  Vienne  en 
Autriche,  et  mort  à  Prague  le  6 
mars  1720,  publia  Mathemata 
adversùs  umbratiles  Poireti  im- 
pelus  propugnata ,  Prague  ,  1709  , 
et  plusieurs  autres  Traités  rie  phi- 
losophie et  de    tnal/iéniatiques. 

*  III.  HERBERSTEIN  (Jean- 
Cliarles , comte  d') ,  évèque  de  Lan- 
bac  ,  uu  des  plus  ardens  pro- 
moteurs des  innovations  en  ma- 
tières ecclésiastiques  qui  eurent  lieu 
sous  le  règne  de  l'empereur  Jo- 
seph II,  donna,  en  1782,  une 
Instruction  pastorale,  qui  étonna 
beaucoup  les  catholiques  d'Autriche. 
Le  prélat  crut  faire  la  cour  au  mo- 
narque,  qui  promit  de  le  ftiire  ar- 
chevêque et  métropolitain  de  deux 
diocèses;  mais  le  pape  fit  goûter  au 
prince  les  raisons  de  son  opposition  ; 
et  Laubac  ne  fut  éri^é  en  arche- 
vêché qu'en  1788,  un  au  après  le 
décès  du  prélat,  qui  mourut  dans 
sa  ville  épiscopale  le  7  octobre 
1787  ,  à  l'âge  de  6y  ans. 


IIERB 


3(.)3 


I.   HERBERT.   Ployez  \m~ 

MANDOIS. 

*  II.  HERBERT  (  Marie  ) ,  com- 
tesse BE  PEMiiROfcE  ,  épousa  ,  en 
1076  ,  Henri ,  comte  de  Pcmbroke  , 
el  vécut  sous  les  règnes  d'Elizabelh 
el  de  Jacques  \".  Marie  ,  sreur  de 
sir  Philippe  Sidney ,  qui  lui  dédia 
son  Arcadie  ,  encouragea  les  let- 
tres et  les  cultiva  eîle-môme.  Elle 
traduisit  du  IVanc.ais,  en  iSyS,  une 
tragédie  intitulée  Annius.  Ou  lui  at- 
tribue une  Traduction  en  vers  an- 
glais des  Psaumes  de  David.  Elle 
mourut  à  Londres  en  1621. 

-;-  m.  HERBERT  (  Edouard  )  , 
plus  connu  sous  le  nom  de  lord 
Herbert  de  Clierbury  ,  né  au  châ- 
teau de  Montgomniery  ,  dans  le 
pays  de  Galles  ,  en  i58i  ,  et  en- 
voyé j  par  Jacques  V^  ,  en  ambas- 
sade vers  Louis  XIIÏ ,  réunit  les  qua- 
lités de  ministre  d'état,  d'homme 
de  guerre  et  de  savant.  Nous  avons 
de  lui  ,  I.  Une  Histoire  estimée  de 
Henri  lUl,  in-fol.  IL  De  reli- 
glone  Centiliuni ,  errorumque  apud 
eos  causls  ,  Amsterdam  ,  1700  , 
in-8"  ;  ouvrage  hardi  et  pl^in  d'é- 
rudition, m.  7?e  causls  errorum  , 
ouvrage  qu'on  trouve,  ainsi  que  le 
suivant,  dans  l'édition  du  livre  que 

nous  indiquons,  n"   5 IV.  T)e 

religione  laïci.  V.  De  veritate , 
Londres,  i6/(5,  in-4°.  Cette  édi- 
tion est  la  plus  recherchée  ,  parce 
qu'où  y  a  joint  les  deux  traités  pré- 
cédens.  L'auteur  a  répandu  ,  dans 
dilTérens  écrits  ,  des  principes  de 
déisme  et  de  naturalisme.  On  pré- 
tend que  c'est  dans  cette  source  que 
puisèrent  Spinosa  ,  Hobbes  et  Ch. 
Blount.  Il  avoil  fait  imprim^-r,  en 
itïSy,  in-4°,  une  Traduction  de 
son  Traité  de  la  i^érité,  sous  ce 
lilre  :  /Je  la  vérité,  en  tant  qu'elle 
est  distincte  de  la  révéla  lion ,  du 
vraisemblable ,  du  possible  et  du 
faux.\[.  Deexpedltloneln  R/ieam. 
Insulum ,   Londres,    i658,  in-8'^. 


394 


HERB 


VU.  Vied' Apollonius  de  Thyaneè, 
avec  des  Commentaires  ,  tracluilc 
eu  français  par  Caslillon  ,  Ber- 
lin ,  1774,  4  vol.  iu-12.  Le  lurd 
Herbert  mouriU  eu  1648,  laissant 
deux  fils  et  une  fille.  Un  savant 
Allemand  ,  nommé  Korlholl  ,  ht 
imprimer  en  1680,  in-4'' ,  une  Dis- 
sertation sur  les  trois  imposteurs 
de  son  siècle  :  Spiuosa ,  Hobbes  et 
Herbert. 

t  IV.  HERBERT  (George), 
frère  du  précédent,  né  en  i.'igô,  fut 
poète  et  théologien.  Son  goût  le  por- 
toit  à  remplir  à  la  cour  quelque 
charge  importante  ;  mais  voyant  son 
ambition  frustrée,  il  entra  dans  les 
ordres,  et  sacquitta  d'une  manière 
exemplaire  de  ses  fonctions  de  pas- 
teur. Ses  poésies,  intitulées  le  Tem- 
ple,  imprimées  à  Londres  en  i6ô3  , 
iii- 1 2  ;  et  /e  Frêtre  dans  le  Temple , 
ou  le  Caraclère  et  la  conduite  du 
Ministre  de  campagne ,  i652,  eu- 
l'ent  du  succès  dans  le  temps,  mais 
ne  sont  plus  lues  aujourd'hui.  On 
ignore  la  date  de  sa  mort. 

*  V.  HERBERT  (  Guillaume  ) , 
comte  DE  Pembhoke,  né  à  Willon 
en  i38o,  mort  à  Londres  en  i63o, 
reçut  l'ordre  de  la  Jarretière  en  i6o4, 
fut,  six  ans  ajirès,  nommé  gouver- 
neur de  Portsmouth,  en  1626  chan- 
celier de  l'université  d'Oxford,  et, 
presque  dans  le  même  temps,  lord 
graud-maitre  de  la  maison  du  roi. 
Le  comte  Gudlaume  Pembroke  jouit 
à  la  cour  de  l'estime  et  de  la  consi- 
dération de  son  souverain  ;  et  n'ayant 
jamais  ambitionné  ce  que  d'autres 
pouvoient  désirer  ,  il  eut  le  bonheur 
rare  de  n'y  trouver  que  des  amis. 
Il  aima  les  lettres  et  les  cultiva  lui- 
même.  Il  a  laissé  des  Poésies  esti- 
«nées,  imprimées  en  1660,    in-S". 

*  VL  HERBERT  (  Thomas  ) ,  de 
]a  même  famille  du  précédent  ,  lui 
dut  son  avancement  et  l'avantage 
d'être  chargé  du  voyage  (ju'il  entre- 


HERB 

prit,  en  1 626  ,  en  Asie  et  en  Afrique, 
et  auquel  il  employa  quatre  années. 
La  mort  subite  du  comte  Guillaume 
Pembroke  lui  ayant  enlevé  son  pro- 
tecteur ,  il  quilta  mie  seconde  fois 
l'Angleterre  ,  et ,  à  son  retour  ,  s'oc- 
cupa à  rédiger  la  relation  de  ses 
f^ojages  en  Afrique  ,  en  Jsie,  et 
spécialement  en  Perse  ,  dans  plu- 
sieurs parties  des  Indes  orientales 
et  des  îles  adjacentes  ,  qu'il  publia 
en  1  6.'54,  in-folio.  (  T'oyez  W/cqtte- 
roRT.  )  L'édition  de  1677,  la  qua- 
trième de  cet  ouvrage,  fut  enrichie 
d'augmentations.  Lorsque  la  guerre 
civile  vint  à  éclater  ,  Herbert  s'atta- 
cha au  parlement.  Nommé  commis- 
saire à  l'armée  de  Fairfax  ,  il  le  fut 
aussi  pour  traiter  avec  les  commis- 
saires du  roi  pour  la  capitulation  de 
la  garnison  d'Oxford,  et,  en  i()4G, 
il  fut  adjoint  à  ceux  que  le  parle- 
ment envoya  à  Neuwcastle,  auprès 
de  Charles  1""^ ,  pour  triàter  delà  paix . 
Cet  infortuné  monarque,  obligé  de 
renvoyer  ses  serviteurs,  avoit  pris 
en  affection  Harrington  et  Thomas 
Herbert,  et  obtint  des  commissaires 
la  permission  de  les  garder  en  qua- 
lité de  valets  de  chambre.  Ce  dernier 
ne  quitta  plus  Charles  jusqu'à  sa 
mort ,  et  fut  créé  baronnet  par  Char- 
les II ,  pour  ses  services  et  sa  fidé- 
lité dans  les  deux  années  où  il  avoit 
rempli  ces  fonctions  auprès  de  son 
père.  Herbert  mourut  à  Yorck  en 
1681  .Indépendamment  de  ses  T'oya- 
ges ,  il  publia,  eu  1678,  Threnodia 
Carolina ,  ou  l'Histoire  des  deux 
dernières  années  de  la  vie  du  roi 
Charles  I.  Il  donna  aussi  une  Rela- 
tion des  derniers  rnomens  de  ceprin- 
cc ,  que  Wood  a  insérée  dans  le  second 
volume  de  l'ouvrage  intitulé  Jthe- 
nœ  Oxonienses,  et  travailla  à  la  ré- 
daction du  troisième  volume  de 
Dugdale  Monasticon  Anglicanum. 

VII.  HERBERT  (Claude- Jac- 
ques ) ,  mort  à  Paris ,  sa  patrie ,  en 
1758,   à   58  ans,    s'est    distingué 


HERB 

parmi  les  economisles.  Son  Essai 
si/r  la  police  des  grains  ,  avec  un 
Supplément ^  1755  et  1757,  2  vol. 
in-i  2  ,  est  estimé.  Il  a  encore  lai.ssé 
un  Viscours  sur  les  lignes,  il 06, 
iu-12. 

*  HERBIN  (  Augiiste-François- 
Julien),néà  Paris  le  i3  dtuis  1783, 
et  xnoit  clans  celte  ville  le  5o  dé- 
cembre 1806  ,  montra  les  plus  heu- 
reuses dispositions  pour  l'élude.  A 
l'iige  de  16  ans  il  s'occupa  de  la  com- 
position d'une  Grammaire  arabe, 
qu'il  lit  imprimer  sous  ce  litre  : 
J)ci'eloppe/nens  des  principes  de  la 
langue  arabe  moderne  ,  suivis  d'ur. 
accueil  de  p arases ,  de  traduc- 
tions interlinéaires,  de  proverbes 
arabes ,  et  d'un  essai  de  calligra- 
phie orientale,  Paris,  1800,  1  vol. 
in-folio  de  •2bl\  pages  ,  première  par- 
tie. I,a  deuxième  n'est  pas  encore 
imprimée.  11  l'ut  reçu,  à  21  ans, 
membre  de  la  société  des  sciences  , 
belles-lellres  et  arts  de  Paris.  Outre 
la  connoissance  approfondie  cpi'il 
avoit  des  langues  orientales ,  il  li- 
soit  les  ailleurs  originaux  grecs , 
latins,  italiens  et  anglais.  Ou  a  en- 
core de  lui  Traité  sur  la  Musique 
ancienne ,  qu'il  composa  avec  IM.  Vil- 
loleau,  et  une  Notice  sur  Hbâfiz  , 
poëte  persan  ,  avec  des  traductions 
en  vers,  suivies  de  noies  savantes 
et  instructives.  Ces  difFérens  mor- 
ceaux sont  agréables  et  délicats  ,  bro- 
chure de  59  pages,  1806.  Ce  pelil 
recueil  est  Irès-précieux  et  très-rare. 
L'auteur  n'en  avoit  tiré  qu'un  petil 
nombre  d'exemplaires.  Il  a  laissé  ma- 
nuscrits les  ouvrages  suivans  :  JJic- 
tionnaire  arabe-français  et  fran- 
çais-arabe ,  1  vol.  ;  hlanc/ie  de 
Rossi  ,  ou  la  Fidélité  conjugale  , 
traduite  du  toscan;  Bedreddin  , 
roman  oriental  pour  faire  suite  aux 
Mille  et  une  Auits  ;  la  Journée  i>il- 
lageoise ,  poëme  en  trois  chants  et 
en  vers,  traduit  de  l'italien;  Essai 
sur  les  sj'Hotij/ties  arabes,  conte- 


HERC         395 

îiant  2j8  mots;  Liste  des  homo- 
nymes arabes  ;  l  ragment  sur  l'ia- 
dostan  ;  Dissertation  sur  la  ma- 
nière de  simplijier  les  caractères 
chinois  ;  Histoire  des  poètes  per- 
sans ,  1  vol.  iu-S"^  très  épais. 

IIERBINIUS  (  Jean  ),  né  en  i63.T 
à  Bitschen,  dans  la  Silésie,  l'ut  dé- 
jiuté  en  iGG'i  par  les  églises  polo- 
naises de  la  confession  d'Augsbourg, 
pour  aller  solliciter  en  leur  laveur 
auprès  des  églises  luthériennes  d'Al- 
lemagne, de  Suisse  et  de  Hollande, 
Il  mit  à  profit  ses  voyages  ,  et  re- 
chercha principalement  ce  qui  pou- 
voit  avoir  rapport  aux  cataractes 
ou  chutes  des  tleuves.U  a  laissé  un 
savant  Traité  sur  celle  matière  , 
publié  à  Copenhague  ,  .'.ous  ce  titre  : 
Dissertationes  de paradiso  ,  de  ad- 
mirandis  mundi  cataractis  suprà 
et  subterra neis,  eorumque  princi- 
pio  ,  Amsterdam  ,  1678  ,  111-4°.  Ce 
livre  est  rare  et  recherché.  On  a  de 
lui  d'autres  ouvrages.  Les  principaux 
sont,  I.  Kiovia  sublerranea,  1676  , 
in-8°.  II.  De  statu  ecclesiarum  Âu- 
gustanœ  confessionis  in  Polonid, 
Hafniœ,  1670,  in-4°.  IH.  Terras 
motiis  et  quietis  examen,  in-12. 
IV.  Tragicomœdia  et  Ludi  inno- 
cui  de  Juliano  imperatore  Jpos- 
tatâ  ecclesiarum  et  scholarurn 
eversore  ,  in  -  l^.  Julien  n'y  est 
pas  flatté.  Herbinius  mourut  eu 
1676. 

HERBOUVILLE(Claude),iésuile, 
né  à  Rouen  en  1697  ,  d'une  famille 
distinguée  dans  la  magistrature  , 
homme  d'une  profonde  érudition  , 
pendant  quelque  temps  professeur 
de  rhétorique  à  Paris  ,  quitta  sa 
chaire  pour  parcourir  1  »  Hollande  , 
l'Allemagne  et  l'Angleterre,  revint 
mourir  dans  sa  patrie  en  1787.  On 
lui  doit  les  éditions  latines  des 
Distiques  moraux  de  Caton,  i7o.'t  , 
in-8°,  et  de  Cicéron  de  linibus 
bonorum  et  malorum.  Les  ouvrages 
d'Herbouville  sont ,  I    Bibliotheca 


3<,6  HERC 

Meibomiana,  ly^p  ,  iu-S".  II.  IJue 
Histoire  de  la  bibliothèque  de  Wolf- 
femlniUel ,  en  lalin ,  1746,  iii-S". 

*  HERCULANUS  ou  IIerquel 

(Jean),  chanoine  de  8aint-I)ié  dans 
les  Vo'îges  ,  au  ifi*"  siècle  ,  étoit  ué 
près  de  là  au  village  de  Plain-Fain  , 
où  sa  faniille  exis'e  encore.  Hercu- 
lauus  a  composé  en  lai  in  Y  Histoire 
rie  ràgisede  Saiiil-Dié  ,  Imprimée 
par  dom  Hugo  ,  évfque  de  Piole- 
inarde  ,  lome  l  de  Sacrœ  anliqui- 
tntis  tnonuineiifa  ,  et  dans  la  même 
langue,  une  f^ie  du  duc  Antoine 
de  Lorraine ,  insérée  par  dom  Cal- 
met  dans  son  troisième  volume  de 
l'Histoii-e  de  Lorraine. 

HERCULE  (  Mythol.  ) ,  nom 
que  les  anciens  ont  donné  à  quel- 
ques hommes  d'une  force  el  d'une 
valeur  extraordinaires.  Diodore  , 
liv  IV ,  en  compte  trois  ,  Cicéron  en 
nomme  six  dans  le  quatrième  livre 
de  la  nature  des  Dieux,  elVarron 
quarante-trois,  dont  plusieurs  à  la 
vérité  sont  symboliques  ;  car  cha- 
que pays  vouïoi lavoir  le  sien.  Mais 
le  plus  fameux  de  tous  est  le  Thé- 
bain  ,  c'esl-à-dire,  celui  que  les  poêles 
font  fils  de  Jupiter  et  d'Alcmène, 
femme  d'Amphitryon.  Les  auteurs 
grecs,  pour  le  rLiidre  plus  mer- 
veilleux ,  lui  ont  attribué  les  belles 
actions  et  les  grands  exploits  de  tous 
les  autres;  en  quoi  ils  ont  été  suivis 
des  lalins.Tous  racontent  que  Junon, 
pour  se  venger  des  infidélités  de 
Jupiter  ,  el  empêcher  l'accomplisse- 
ment  des  liaules  destinées  promises 
au  jeune  Hercule,  le  transporta  d'un 
tel  accès  de  fureur,  qu'il  en  perdit 
la  raison.  Etant  revenu  à  son  bon 
sens,  il  alla  consulter  l'oracle, qui  lui 
répondit  que,  «  j)our  guérir  de  celle 
maladie,  il  devoil  se  souinellre  à 
son  frère  Eurislhée  ,  el  faire  lout 
ce  qu'il  lui  ordonueroit.  »  Alors 
Eurislhée,  qui  vouloit  régner  seul 
elfaire  périr  llerciile  ,  lui  commanda 
des  choses  qui  paroissoienl  impos- 


H  ERG 

sibiesà  un  mortel  ;  c'est  ce  qu'on  ap- 
pelle les  Travaux  d'Hercule.  11  y 
en  a  douze  que  l'imaginalion  de» 
poètes  a  rassemblés  sans  doute  sur 
un  seul.  Etant  encore  au  berceau  ,  il 
étouffa  deux  serpens  que  Junon  avoit 
envoyés  contre  lui  ;  tua  dans  la  fo- 
rêt ou  dans  le  marais  deLerue  une 
hydre  épouvantable,  qui  avoil  plu- 
sieurs lèles  ,  lesquelles  reuaissoient 
à  mesure  qu'on  les  coupoil  ;  prit  et 
tua  à  la  course  une  biche  qui  avoit 
des  cornes  d'or  el  des  pieds  d'airain  ; 
étrangla  dans  la  forêt  de  Némée  un 
lion  extraordinaire  ,  dont  il  porta 
depuis  la  peau  pour  se  couvrir; 
mita  mort  Busiris,  roi  d'Egypte, 
qui  fiùsoit  immoler  tous  les  voya- 
geurs ;punilDiomèderoi  deTlirace, 
qui  nourrissoit  ses  chevaux  de  chair 
humaine,  eu  le  faisant  manger  par 
ses  propres  chevaux  j  prit  sur  la 
montagne  d'Erimanlhe  ,  eiiArcadie, 
un  sanglier  qui  désoloit  toute  la 
contrée,  et  qu'il  mena  à  Eurislhée; 
tua  à  coups  de  flèches  tous  les  hor- 
ribles oiseaux  du  lac  de  Stymphale; 
dompta  un  taureau  furieux  qui  dé- 
soloit la  Crète;  vainquit  le  tleuve 
Anheloiis,  auquel  il  arracha  une 
corne  ,  qu'il  lui  rendit  néanmoins  en 
recevant  celle  de  la  chèvre  Amal- 
ihée;  combattit  avec  gloire  Erix,  les 
géans  Albion  et  Bergiou  ;  étouffa 
dans  ses  Ijras  le  géant  Aulhée;  dé- 
roba les  pommes  d'or  du  jardin  des 
Hespérides  ,  après  avoir  tué  le  dra- 
gon qui  les  gardoit  ;  soulagea  Allas  , 
en  soutenant  fort  long-temps  le 
ciel  sur  son  dos;  massacra  plusieurs 
monstres,  comme  Gérion  ,  Cacus  , 
Tyrrhène  et  d'autres;  dompta  les 
Centaures  et  nettoya  les  é tables 
d'Augias;  tua  un  monstre  marin, 
auquel  Hésione  ,  fille  de  Laoniédon  , 
éioil  exjiosée  ;  et  pour  punir  Lao- 
médon  ,  qui  lui  refusa  les  chevaux 
qu'il  lui  avoil  promis  ,  renversa  les 
murailles  de  Troie  ,  et  donna  Hé- 
sione a  Télamon  ;  défit  les  amazo- 
ufs,  El  donna  leur  renie  Hippolyle 


H  ERG 

à  Thésée  ;  descendit  aux  enfers  , 
t'ucliaina  le  chien  Cerbère  ,  et  en 
retira  Alccste  ,  qu'il  rendit  à  son 
mari  Admèle;  tua  le  vautour  c^ui 
inaugeoit  le  foie  de  Proinélhée  atla- 
<.lié  au  mont  Caucase  ;  sépara  les 
deux  montagnes  Cajpé  et  Abyla  , 
cl  joignit  par  ce  moyen  l'Océan  à 
la  Méditerrauée.  Croyant  que  c  é- 
toit  là  le  bout  du  monde  ,  il  y  éleva 
deux  colonnes,  qu'on  a|)])ela  depuis 
Colonnes  d'Hercule ,  sur  lesquelles 
on  dit  qu'il  grava  une  inscription 
dont  le  sens  est  :  JSon  plus  ultra. 
Ce  héros  avoit  épousé  Déjonire  , 
qu'il  avoit  enlevée  à  Achéloiis;  peu 
après  il  s'attacha  si  follement  à  la 
jeune  Omphale  ,  reine  de  Lydie, 
qu'il  s'habiiloil  eu  femme  pour  lui 
plaire,  et  liloit  avec  elle.  Il  aima 
aussi  lole  ,  hlle  d'Eurile  ,  et  oublia 
entièrement  Déjanire.  Celtederniere 
intidélilé  détermina  sa  femme  à  lui 
envoyer ,  par  un  esclave  appelé 
Lychas ,  la  tunique  dn  centaure  Nes- 
sus  ,  comme  un  présent  qu'elle  lui 
faisoit.  Hercule  ne  l'eut  pas  plutôt 
sur  le  corps,  qu'il  sentit  ses  entrail- 
les déchirées  par  un  feu  dévorant, 
qui  le  mil  dans  une  fureur  si  épou- 
vantable, qu'ayant  saisi  le  malheu- 
reux Lychas ,  il  le  lança  dans  la  mer. 
Eniiiine  pouvan-, soutenir  plus  long- 
temps les  douleurs  aiguës  qui  le 
dévoroient ,  il  dressa  promplement 
un  bilicher  ,  sur  lequel  il  s'étendit  , 
en  priant  son  ami  Philoctète  d'y 
mettre  le  feu.  Ainsi  mourut  ce  hé- 
ros. Les  dieux  l'immortalisèrent ,  et 
il  fut  reçu  dans  le  ciel,  où  il  épousa 
Hébé,  déesse  de  la  jeunesse.  On  le 
représente  ordinairement  sous  la 
figure  d'un  homme  fort  et  robuste  , 
la  massue  en  main ,  et  couvert  de 
la  peau  du  lion  de  Némée.  Il  a  quel- 
quefois l'arc  et  la  trousse,  ou  la  corne 
d'abondance  sous  le  bras  :  fort  sou- 
vent on  le  trouve  couronné  de 
feuilles  de  peuplier  blanc.  Il  passoit 
pour  être  l'inventeur  des  jeux  olym- 
pifpes   et  de  ceux  du   cirque  :  on 


HERC 


397 


lui  attribuoit  aussi  les  combats  de.s 
athlètes  et  des  gladiateurs.  11  étoit 
invoqué  par  les  voyageur.^  ,  parce 
qu'il  avoit  parcouru  l'univers  pour 
le  purger  de  tous  les  brigands  ;  c'est 
pour  cela  qu'on  lui  dressoit  des 
autels  sur  les  grands  chemins',  et 
qu'on  y  faisoit  des  sacrilices.  On 
donne  à  Hercule  plusieurs  {tînmes 
et  plusieurs  maiiiesses:  entre  au- 
tres, Astidamie,  Astioche,  Auge, 
Epicasle,  Mégare  ,  Parthénope  ,  Py- 
rène  ,  Déjanire,  les  cinquante  filles 
de  Thespius,  qu'il  rendit  mères  dans 
une  seule  nuit  ,  et  il'autres  que  nous 
avons  citées  dans  le  courant  de  cet 
article.  (/".  Diagoha.s,  n"I.)Le  nom 
dHERCULE  ,  suivant  l^aiily  ,  s(='inble 
dériver  de  deux  mots  suédois  ,  fier 
et  cull ,  qui  signifient  un  c/ie/'  fie 
soldats  ;  mais  cette  é'.ymologie  n'est 
pas  soutenable. 

*HERCYLLA-Y-ZUNIGA  (dom 
Alonzo  ) ,  célèbre  en  Espague  comme 
homme  de  guerre  et  comme  litté- 
rateur ,  né  à  IVIadriden  ir'iôS,  vivoit 
encore  en  i5f)(5;on  ignore  l'époque 
de  sa  mort.  11  fut  d'abord  pige  de 
Philippe  II,  roi  d'Espagne,  qu'il  ac- 
compagna en  Aiigleieire  quand  ce 
prince  épousa  la  ruine  Marie  ,  fille  de 
Henri  V 11 1 .  Dans  ce  temps  la  province 
d  Arauco  au  Pérou  s'étanl  révoltée  , 
Andelaulade  fut  chargé  d'aller  ré- 
primer les  rebelles  et  mourut  dans 
la  traversée.  Doiu  Alonzo,  qui  l'ac- 
compagnoil  ,  continua  le  voyage  et 
combattit  vaillainmenl  dans  les  dil- 
férenles  batailles  qui  furent  livrées 
aux  rebelles-américains.  A  la  tète  de 
quelques  braves  qui  voulurent  par- 
tager ses  dangers,  il  traversa,  dans 
nue  simple  barqiue,  l'Archipel  d'Ar- 
chudos,  qui  étoit  alors  inconnu ,  et 
l'Espagne  dut  beaucoup  à  son  intré- 
pidité ;  mais  la  bravoure  ne  fut  pas 
son  seul  mérite.  Il  composa  sur  celte 
expédition  unpoëme  intitulé  Arau- 
cana ,  que  les  Espagnols  regardent 
comme  un  des  meilleurs  ouvraoet. 


398 


HERE 


de  ce  genre  dans  leur  langue;  aussi 
ont  -  lis  surnoininé  doin  Alonzo 
Y  Homère  Espagnol .  Flonan  prëpa- 
roil  une  Iradiiclion  de  ÏJraucana 
quand  il  mourut.  On  prétend  qu'un 
autre  liouinie  de  lettres  s'en  occupe. 

*HERDER,  président  du  consis- 
toire ecclés.aslicjue  ,  dans  le  duché 
de  Saxe-Weimar ,  mort  à  Weimar  le 
18  décembre  i8o4,  à  l'âge  de  62 
ans  ,  est  connu  ])ar  un  ou v  rage  inti- 
tulé :  Idées  sur  la  philosophie  de 
l'histoire  du  genre  humain  ,  etc. 

HERDTRICH  (Chrétien),  jésuite 
flamand  ,  savant  dans  l'histoire  et 
ïes  coutumes  delà  Chine,  publia  , 
dans  le  siècle  passé,  conjointement 
avec  plusieurs  de  ses  confrères,  et 
par  ordre  de  Louis  XIV  ,  le  livre 
intitulé  Confucius  Sinarum  phi- 
losophus  ,  seu  Scientia  Sinensis  , 
imprimé  à  Paris  ,  in-Iolio  ,en  1687. 
On  accuse  l'auteur  et  ses  associés 
de  n'être  pas  tout -à -fait  exacts, 
et  de  montrer  Confucius  et  sa  doc- 
trine sous  un  jour  trop  avantageux. 
L'ouvrage  est  cependant  fort  cu- 
rieux, et  rempli  d  une  érudition  qui 
ëlouna  les  savans  mêmes. 

t  HERE  (Emmanuel),  premier 
architecte  du  roi  Stanislas  ,  a  donné 
les  plans  ,  élévations  et  coupes  des 
châteaux  de  ce  prince  et  de  la  place 
de  Louis  XV^  à  Nanci ,  Paris  ,  i755  , 
3  vol.  in-fol.  11  mourut  à  Luuéville, 
8a  patrie,  en  1763. 

*HEREDIA  (  Pierre-lVIichel  de  ) , 
professeur  de  la  faculté  de  médecine 
en  l'université  d'AlcaladeHénarez, 
fut  premier  médecin  de  Philippe  IV, 
roi  d'Espagne  ,  mourut  à  la  cour 
de  ce  prince  en  1659.  Ses  ouvrages 
parurent  à  Lyon  en  1 665  ,  4  tomes 
en  2  vol.  in-fol.  ,  et  à  Anvers  ,  en 
1690,  sous  le  même  formai. 

HERENNIEN  ,  fils  aîné  de  l'em- 
pereur Odenat  et  de  Zénobie ,  fut 
honoré  du  uom  d'Auguste .  l'au  264^ 


HERE 

lorsque  Gallien  donna  le  même  rang 
à  Odenat  et  à  sa  famille.  Zénobie  lui 
conserva  cette  ipiaiité  après  la  mort 
de  son  époux.  Elle  revêtit  alors  se» 
trois  fils  de  la  pourpre  impénale  , 
pour  gouverner  l'empire  d'Orient 
sous  leur  uom.  Hérennien  ,  élevé 
dans  les  mœurs  et  les  usages  des  Ro- 
mains par  le  philosophe  Longin  ,  ne 
parloil  que  latin  en  public  et  dans 
les  conseils,  afin  d'imiter  en  tout  les 
empereurs  de  Rome.  11  régna  ainsi 
en  Orient  avec  ses  frères  pendant 
quelques  années.  On  ignore  quel  fut 
leur  sort  ,  lorsque  Tempereur  Au- 
rélieu  les  eut  faits  prisonniers,  après 
avoir  détrôné  Zénobie  leur  mère, 

HERENTALS  (Pierre  de  ) ,  ainsi 
nommé  parce  qu'il  étoit  natif  de 
Hérenlals  dans  le  Brabant ,  chanoine 
régulier  de  l'ordre  des  Prémon- 
trés, naquit  vers  i320,  et  mourut 
le  i3  janvier  1090.  Il  est  auteur  , 
I.  Des  f^ies  des  papes  Jean  XXII , 
Benoît  XII ,  Clément  VI ,  lnno~ 
cent  VI ,  Urbain  V ,  Grégoire  XI 
et  Clément  VII ,  qu'on  trouve  dans 
les  Vies  des  papes  d'A\  ignon  ,  par 
Baluze,  Pans,  1693,  111-4°.  Ces 
Vies  sont  tirées  d'un  ouvrage  ma- 
nuscrit de  Hérentals,  intitulé  Chro~ 
nica  au  orbes  initia. 

t  HERESBACH  (  Conrard  )  ,  né 
à  Heresbach  ,  village  du  duché  de 
Clèves  ,  en  i5og,  gouverneur  ,  puis 
conseiller  du  duc  de  Juliers ,  qui 
le  chargea  des  affaires  les  plus  im- 
portantes ,  lia  une  étroite  amitié 
avec  Erasme,  Slurmius  et  Melanch- 
thon,  et  mourut  en  1676.  On  a  de 
lui  ,  I.  \J Histoire  de  la  prise  de 
]tJu/isier,par  les  anabaptistes,  jus- 
qu'à leur  supplice ,  eu  i.S36  ,  Ams- 
lertUim  ,  1600, m-S'^.  II.  Rei  rusticce 
libri  quatuor.  Spire,  if>g5,  in-S". 
Il  a  été  réimprimé  plusieurs  fois  et 
parut  pour  la  première  à  Cologne 
en  1671.  Heresbach,  vivant  au  mi- 
lieu des  champs,  ajouta  aux  pra- 
titjues  connues  des  anciens  les  pro» 


HERI 

cèdes  de  sa  propre  expe'rieiice.  III. 
Uu  ëcril  sur  l' Education  des  pri ri- 
tes ,  qui  renferme  de  bonnes  vues. 
Il  fut  imprimé  à  'Franclbrt-sur-le- 
Mein  en  i-'^yo,  in-8".  L'auieur  veut 
des  corps  intermédiaires  dans  uu  étal 
pour  y  maintenir  dans  de  justes  li- 
mites la  puissance  politique.  IV.  Uu 
traité  De  Kenatione  ,  Jucupio  et 
Piscatione  ,  où  ,  parmi  beaucoup 
de  connoissances  en  histoire  natu- 
relle ,  ou  trouve  trop  de  crédulité. 

t  HÉRI  (  Thierf?de  ) ,  chirurgien 
de  Paris.  Ses  travaux  analomiques, 
et  ses  premiers  succès  dans  la  pra- 
tique, répandirent  sou  nom.  Fran- 
çois P'  ,  instruit  de  son  mérite  , 
l'envoya  en  Italie ,  où  il  avoit  alors 
des  troupes.  liéri  s'y  appliqua  sur- 
tout aux  maladies  vénériennes  qu'il 
avoit  étudiées  à  fond.  Devenu  inu~ 
tile  dans  cet  te  armée,  après  la  bataille 
de  Pavie  ,  il  alla  à  Rome  ;  il  s'y  en- 
ferma dans  l'hôpital  de  Sainl-Jac- 
ques-le-Majeur ,  dauslequel  il  trouva 
beaucoup  de  ])ersonnes  attaquées  de 
la  maladie  qui  avoit  lait  le  principal 
objet  de  son  attention.  Il  s'y  servit 
de  la  méthode  des  frictions  ,  qu'il  a 
au  moins  perfectionnée.  Revenu  à 
Paris  ,  il  employa  ses  lumières  et  son 
expérience  au  soulagement  de  ses 
compatriotes  ,  et  se  consacra  à  la 
guërison  des  maladies  qu'il  avoit 
traitées  avec  succès  en  Italie.  Héri 
mourut  en  iBgq,  dans  un  âge  fort 
avancé.  On  a  de  lui  un  traité  inti- 
tulé Méthode  curaloire  de  la  ma- 
ladie vénérienne  ,  vulgairement 
appelée  la  grossê-vérole ,  imprimée 
à  Paris  d'abord  en  i.')52,  et  ensuite 
en  1569  ,  in-8°.  Cet  ouvrage  ,  es- 
timé de  son  temps ,  est  encore  re- 
cherché. On  assure  que  Héri  gagna 
plus  de  5o,ooo  écus  dans  le  traite- 
ment de  celte  maladie  cruelle ,  la 
terreur  de  la  débauche  et  la  honte  de 
l'humanité. 

t  HÉRIBERT  ,  clerc  d'Orléans  , 
hérétique  manichéen  ,  entrainé  dans 


HERI 


399 


ce  système  par  une  femme  qui  ve- 
noil  d'Italie  ,  se  joignit  à  un  de 
ses  compagnons,  nommé  Lisolius  ; 
et  comme  ils  étoieiit  tous  deux  des 
plus  nobles  et  des  plus  savans  dit 
clergé  ,  ils  entrainèrent  dans  leur 
système  un  grand  nombre  d'autres 
personnes  de  diverses  conditions.  Le 
roi  Robert  assembla  un  concile  en 
1017,  pour  les  faire  rétracter;  ils 
ne  le  voulurent  jamais  ;  on  en  ht 
brûler  plusieurs. 

HÉRIC  d'Héry.  Voyez  Heiriç. 

1 1.  HÉRICOURT  (  Charles-Julien 
de) ,  mort  à  Soissons  en  1 704 ,  établit 
l'académie  de  Soissons ,  par  les  con- 
férences qu'il  tenoit  chez  lui.  Il  a 
publié  l'Histoire  de  cette  société 
lilléraire  ,  en  latin  fort  élégant, 
Montauban,    16G8  ,  in-S». 

t  II.  HÉRICOURT  (  Louis  de  ) , 
né  à  Soissons  en  1687,  petit-lils  du 
précédent ,  avocat  au  parlement  de 
Paris  en  1712  ,  fui  choisi  ,  Tan- 
née d'après  ,  pour  travailler  au 
Journal  des  Savans.  Ses  extraits  , 
faits  avec  beaucoup  d'ordre  et  de 
netteté,  embellirent  cet  ouvrage  pé- 
riodique, et  hrcnl  un  nom  à  l'au- 
teur. Ses  ImIs  ecclésiastiques  de 
France  ,  mises  dans  leur  ordre  na- 
turel ,^v\i\\é.^%  pour  la  première  fois 
en  1729  ,  et  réimprimées  à  Paris  en 
ij'ji  ,  in-fol.  ,  lui  ont  encore  fait 
plus  d'honneur,  par  la  méthode  et  la 
clarté  qui  y  régnent.  On  a  ,  en  outre, 
de  lui ,  I.  Un  Traité  de  la  vente  des 
immeubles  par  décret ,  in-4°,  1727. 
II.  Un  Abrégé  de  la  discipline  de 
l'Eglise  du  père  Thomassin  ,  in-4'*. 
m.  Des  (Euvres posthumes,  1769, 
4  vol.  in-4''.  Il  mourut  en  l'jb'h. 

*  III.  HÉRICOURT  (  Christophe 
de),  en  latin  Hericurtius ,  de  la 
même  famille  que  les  prëcédeus , 
doyen  de  l'église  de  Laoïi ,  et  archi- 
diacre du  diocèse,  mort  eu   1370, 


4oo  HERI 

est  auteur  tle  divers  ouvrages,  et 
ïiolauimenl  d'une  Relalion  latine 
de  la  possédée  de  haon  guérie  par 
la  sainte  hostie. 

*  HÉRIGER,  al)bé  du  monastère 
de  Laubes  ,  né  à  Merbek  dans  le 
Brabaut  vers  l'an  gSo,  iul  un  des 
plus  féconds  écrivains  du  lo*^  siècle, 
bon  Histoire  des  évëques  de  Ton- 
S'res,  (te  Mastricht  et  de  Liège ,  est 
lui  tissu  de  pieuses  rêveries,  parmi 
lesquelles  ou  rencontre  quelques 
faits  mieux  conslalés.  Ses  Traités  de 
l.iiéulogie  inanquenl  de  méthode  et 
d'exactitude,  el  la  plupart  de  ses 
Vies  de  saints  sont  d'une  infidélité 
révoltante.  La  prose  d'Hériger  est 
tout  aussi  barbare  qu'elle  pou  voit 
l'èlredaus  ce  siècle  de  mauvais  goût; 
mais  rien  n'égale  la  platitude  de  ses 
ouvrages  en  vers.  11  mourut  vers 
l'an  1007. 

*  HÉRIGÈRE,  moine  de  Lobbes , 
célèbre  par  ses  vertus  el  sa  science, 
élu  uiiaiiimement  abbé  de  ce  mo- 
nastère l'an  990  ,  jouissoit  de  la 
plus  Ultime  contiance  de  I\'lo!ger, 
évèque  de  Liège  ;  ce  fut  à  sa  sollici- 
tation qu'il  composa  V Histoire  des 
évéques  de  Lilgc,  insérée  dans  les 
Gesta  pontificum  Leodiensiuni,  de 
Chapeauville.  Aubert  Le  Mire  dit 
que  Molger  eut  beaucoup  de  part  à  la 
composition  de  cet  ouvrage  ;  mais 
Valere  Andrésembleavoirdémoiitré 
le  contraire.  Ce  savant  abbé  ,  mort 
Tan  1007,  est  encore  auteur,  I.  De 
la  Vie  de  saint  Vesrnaj\  en  vers, 
publiée  par  le  père  Henschenius 
dans  les  Jcla  sanciorum.  II.  De  la 
Vie  de  saint  Laudoalde.  111.  De 
la  Discoïde  de  l'Eglise  et  de  l' avè- 
nement du  Seigneur,  dialogue.  Ces 
deux  ouvrages  sont  manuscrits. 

HF.RILLE,  philosophe  de  la  ville 
de  Calcédoine,  disciple  de  Zéuoii  , 
ayant  entendu  Aristote  et  Tbéo- 
piuasl»    donner  souvent   les    plus 


HERI 

grands  éloges  à  l'élude  des  sciences 
et  de  la  philosophie  ,  il  y  ht  consister 
le  souverain  bien. 

*  HÉRINCK  (  Guillaume  ) ,  né  ù 
Helraont  ,  récollet  ,  élevé  Sur  le 
siège  épiscopal  d'Ypres  l'au  1677  , 
et  mort  l'année  suivante  ,  à  58 
ans  ,  a  donné  un  Cours  de  théologie 
scolastique  el  morale. 

t  HÉRIS  (  Guillaume  ) ,  auteur 
liégois  ,  né  en  1667,  ht  profession 
dans  Tordre  dei** carmes.  Il  a  pu- 
blié un  volume  de  quatre  cents 
pages,  rempli  de  Panégyriques  des 
Saints  de  sou  ordre,  loués  cum  ex- 
traordinariâ  methodo.  Cetie  ma- 
nière est  en  effet  extraordinaire. 
Tous  les  mots  de  chaque  éloge  com- 
mencent parla  lettre  initiale  du  nom 
du  saint  que  lauteur  y  célèbre.  Héris 
a  encore  laissé  plusieurs  pièces  de 
vers  en  l'honneur  de  saint  Joseph  , 
patron  de  la  ville  de  Liège,  réunies 
en  1691  ,  in -4°.  Chacune  de  ces 
pièces  est  de  dix  vers.  L'auteur  mou- 
rtit  quelque  temps  après  la  publica- 
tion de  ce  dernier  ouvrage. 

HÉRISSAIE.  Voyez  Fail. 

I.  HÉRISSANT  (  François -Da- 
vid), né  à  Rouen  en  1724,  doc- 
teur en  médecine  de  la  faculté  de 
Paris ,  malgré  ses  parens  qui  vou- 
loienl  le  mettre  dans  la  robe  ,  de- 
vint membre  de  l'académie  des 
sciences,  et  mourut  en  1770,  à  5i 
ans.  On  trouve  beaucoup  de  ses  Mé~ 
moires  dans  ceux  (Je  l'académie. 

t  II.  HÉRISSANT  (Louis-An- 
toine -  Prosper  )  ,  né  à  Paris  ea 
1745  ,  de  Jean -Thomas  Hi'rissant , 
imprimeur  ,  s'appliqua  aux  belles- 
lettres  et  à  l'élude  de  la  médecine. 
Il  mourut  le  10  août  17^9.  On 
a  de  lui,  I.  'L! Eloge  de  Gonthier 
d'jindernach.,  couronné  par  la  fa- 
culté de  médecine.  II.  VIEloge  de 
du  Cange ,  qui  a  eu  ïaccessit.lW. 


HERI 

Po'éme  sur  l'irpprimerie.  IV.  Jat- 

din  des  curieux ,  ou  Catalogue  rai- 
sonné des  plantes  les  plus  belles  et 
les  plus  rares  ,  soit  indigènes ,  soit 
étrai'*  ires  ^  publié  aj^xs  sa  mort  en 
1  77  1  ,  iu-i  2.  V.  Bibliuthl'ijue phy- 
sique de  la,  France ,  ou  ÎListc  de 
tous  les  ouvrages  qui  traitent  de 
r histoire  itaturel le  de  ce  royaume , 
1771 ,  in-S*",  achevée  et  publiée  par 
Coquereau  ,  (lecteur  régent  d(^  la 
faculté  de  Paris.  Hérissaut  a  beau- 
coup coutribué  à  la  Bibliothèque 
historique  de  la  France. 

t  I.  HÉRITIER  (  Nicolas  1'  )  , 
poète  tragique  ,  né  à  Paris  ,  l'ut 
d'abord  mousquetaire  ;  mais  obligé 
de  quitter  le  service,  à  cause  dune 
blessure,  il  acheta  une  char'^e  «e  tré- 
sorier du  régiment  des  gardes  fran- 
çaises, et  obtint  un  brevet  crhisto- 
riographe  de  France.  Il  ihourul  eu 
1680.  Ses  poèmes  dramatiques  sont, 
1.  Hercule  furieux.  H.  Clovis.  Ces 
pitccs,sont.roibles.  lia  fait  aussi  quel- 
ques petites  poésies  fugitives,  telles 
que  le  Portrait  d'Amaranthc.  Ce 
morceau  ,  d'environ  soixante  et  dix 
vers  ,  est  écrit  avec  assez  de  no- 
blesse. III.  Tableau  hislorique  des 
principaux  événeme/is  de  la  rno- 
/larchie J'rançaise ,  ouvrage  diffus, 
qui  prouve  qu'il  éloit  aussi  mauvais 
historien  que  poète  médiocre.  IV. 
Traduction  des  Annales  et  His- 
toires des  troubles  des  Pays-Bas  , 
par  Grotius,  Amslerdaiu ,  1662, 
in-fol.  C'est  le  plus  considérable  de 
ses  ouvrages. 

') 

-;-  II.  HERITIER  DE  ViLI.ANDON 
(Marie-Jeanuef),  tille  du  précédent, 
née  à  Paris  en  i66/| ,  hérita  du  goût 
de  son  père  pour  la  poésie.  L'acadé- 
mie des  jeux  iloranx  se  l'associa  en 
1696  ,  et  celle  des  Ricovrali  de  Pa- 
doue  en  1697.  Ses  ouvrages,  la 
plupart  mêlés  de  prose  et  de  vers, 
sont,  I->iJue  Traduction  des  Epi- 
fj-cs  amoureuses  d'Ouids ,  'àoiii  il 

T.    VIII. 


HERI 


4oi 


y  en  a  seize  en  vers.  II.  Le  Tombeau 
de  M.  le  duc  de  Bourgogne,  lll.  Le 
Triomphe  de  madame  des  Hou- 
Hères,  reçue  dixième  muse  du  Par- 
nasse ,  en  vers.  IV.  La  Pompe  dau- 
phine  ,  en  prose  et  eu  vers.  V.  B'A- 
vare puni ,  nouvelle  en  vers.  VI.  La 
Tour  ténébreuse  ,  coules  anglais, 
Paris  i7o5,-  iu-12.  Vil.  Les  Ca- 
prices du  destin,  Pans,  1708, 
m-i  2.  Vllf.  Bigarrures  ingénieuses, 
ou  Recuejl  de  différentes  pièces  eu 
prose  et  en  vers  ,  Paris ,  1 696  ,  in- 1 3, 
Le  style  des  différens  écriîs  de  ma- 
demoiselle l'Héritier  a  de  l'élégance, 
mais  peu  de- coloris.  Son  portrait, 
gravé  par  Desrocliers,  est  très-res- 
semblant. Elle  mourut  à  Paris  en 
1754.  Elle  auroit  été  presque  ré- 
duite à  l'indigence,  sans  une  pen- 
sion de  quatre  cents  livres  que  lui 
faisoit  le  garde  des  sceaux  Cbau- 
velin. 

t  III.  HÉRITIER  ,  sieur  de  Bbu- 
TELLE  (  Charlcs-T.ouis  1'),  né  à  Pa- 
ris en  1743,  d  abord  procureur 
du  roi  à  la  maîtrise  dts  eaux  et  fo~ 
rêls ,  ensuite  conseiller  à  la  cour 
des  aides  ,  cultiva  la  botatiique  ,  et 
obtint  une  place  à  l'iuslilut.  Lié 
d'amitié  avec  le  naturaliste  Donibey, 
qui  avoit  apporté  ,  en  1786  ,  du 
Pérou  et  du  Chili ,  une  riche  collec- 
tion de  piaules,  il  s'ofl'ril  de  la  faire 
dessiner  et  de  la  publier  à  ses  frais  ; 
mais  la  cour  d'Espagne  ayant  em- 
pêché cette  publication  en  France  , 
l'Héritier  passa  à  Londres  pour  s'y 
occuper  de  cet  ouvrage  ,  qui  n'a 
point  paru  ,  et  qui  devoit  avoir 
pour  titre  :  Flore  du  Pérou.  De  re- 
tour dans  sa  patr|i|  il  fut  employé 
pendant  quelque  t^ps  dans  les  bu- 
reaux du  ministère  de  la  justice  ; 
mais,  toujours  occupé  de  son  objet 
lavori  ,  :1  examiuoif ,  en  entrant  ou 
sortant  del'bôlel,  les  mousses,  les 
lichens  et  autres  petites  plantes  qui 
tapissent , les  inurs  or.  se  trouvent 
entre  les  pierres  j  il  en  avoit  décrit 

2^ 


4o2  lîERL 

plus  de  cent  espèces  ,  dont  il  devoil 
publier  le  catalogue  ,  sous  le   litre 
singulier  de  Flore  de  ta  place  J^eii- 
clôme.  L'Héritier  avoit  recueilli  la 
bil)liollièque  la  plus  riche  eu  bota- 
nique qui  existât  à  Paris.  Le  lo  août 
1801  ,  sortant  de  l'iustilul    à   dix 
.heures  du  soir  ,  il  fut  assassiné  a 
coups  de  sabre  à  quelques  pas  de  sa 
maison  ,  sans  qu'on  ait  pu  découvrir 
ses  meurtriers.  Ses  écrits  sont ,    I. 
Sllrpes  novœ ,  Paris,  1784,  2   vol. 
grand  in-fol.  Il  n'a  paru  que  sept 
cahiers  de  ce  magnitique  ouvrage  , 
qui    renferme   quatre-vingt-seize 
j)lanches  ;  trois   ans  après,  l'auteur 
eu    publia  quatre-vingt-quatre  au- 
tres, sans  texte, et  qui  représentent 
«.les  Géranium  II.  Cornus  sistens , 
î'789,  in-fol.  C'est  l'histoire  parli- 
(ulière  des  cornouillers  ,  suivie   de 
six  planches.  III.  Serluni  Angluutn, 
Pans,  1788,  in-fol.    C'est   la    des- 
cription de  plusieurs  piaules  rares  , 
observées  par  l'auteur  dans  les  jar- 
dms  des  environs  de  Londres.   Les 
iigures  eu  sont  magnifiquement  gra- 
vées. L'Hévilier  dédia  cet  ouvrage 
aux  Anglais,  et  donna  le  nom  de 
^leurs    botanistes  les    plus    célèbres 
aux  nouveaux  genres  qu'il  y  a  dé- 
crits ,  pour  leur  témoigner  sa  recon- 
noissance  de   l'hospitalité   qu'il  en 
avoit  reçue. 

HERLICIUS  (David),  médecin 
et  astrologue^  célèbre  sous  ces  deux 
litres  ,  né  à  Zeilz  eu  Misnie  l'an 
1.557,  mourut  à  Stuttgard  en  i656, 
après  avoir  enseigné  les  mathéma- 
tiques et  la  médecine  dans  diverses 
universités  d'Allemagne.  Il  se  mèloit 
de  tirer  des  hoiûRLOpes  ;  mais  con- 
uoissanl  l'incertitude  de  sou  art,  il 
ne  pronouçoil  ses  oracles  qu'après 
avoir  prormidémeiil  rélléchi  sur  le 
raractère  de  ceux  qui  lui  demaii- 
(loient  des  prédictions.  Il  prédit 
néanmoins  que  l'empire  des  Turcs 
seroit  bientôt  di'lruil ,  dans  son 
Anti-Tarcicus  miles  j  mais  on  at- 


HE  RM 

lend  encore  l'efTet  de  sa  prédictîon. 
On-a  de  lui ,  I.  Des  Poésies.  II.  Des 
Harangues.  Les  unes  et  les  autres 
oubliées.  C'étoil  un  faiseur  A'/llina- 
nac/is,  et  ce  genre  d'ouvrage  --a  oc- 
cupé cinquante-deux  ans. 

*  HER  M  AGORAS.  11  y  a  eu  , 
selon  Quinlilien,  deux  rhéteurs  de 
ce  nom.  Le  premier  d'Eolie  ,  el  sur- 
nommé Carion ,  composa  &\y.Liures 
de  son  art,  enseigna  à  Rome  du 
temps  d'Auguste,  el  mourut  fort 
âgé.  —  Le  second,  d'Amphipolis , 
et  disciple  de  Persée,  écrivit  quel- 
ques Dialogues  ,  au  rapport  de 
Suidas.  —  On  compte  encore  un 
troisième  Iîjermagoras  ,  qui  l'ut 
ensemble  philosophe  et  orateur. 

i-  I.  HER:VIAN,  moine  de  Riche- 
nou  enSouabe,  ^wniommi  Con trac- 
tas ,  parce  que  dès  son  enu.nce  il 
avoit  eu  les  membres  rétrécis,  mou- 
rul  à  Alebhusen  en  loSzj  ,  avec  la 
réputation  d'un  savant  profond  dans 
l'histoire  et  dans  les  langues.  Ou 
a  de  lui  une  Chronique  qui  traite 
de  sex  niundi  œtatibus  ab  initia 
mundi  ad  annurn  io54  ,  qui  se 
trouve  dans  les  recueils  d'historiens 
germaniques.  On  lui  attribue  le 
Salve  rcgina  ,  \Alma  redernptoris , 
la  prose  Peni  Sanctc  Spiritus,  et 
d'autres  ouvrages  mystiques.  S'il 
n'y  a  pas  une  poésie  sublime  dans  la 
prose  que  nous  avons  citée,  ou  y 
trouve  au  moins  de  l'oncliou. 

t  II.  HERMAN  DE  Rysavick  , 
Hollandais,  enseignoit  que  les  anges 
n'ont  point  été  créés  par  Dieu ,  et 
que  l'anie  n'est  point  immortelle: 
il  nioit  qu'il  y  eût  un  enfer,  et 
vouloit  que  la  matière  des  élé- 
mens  fût  éternelle.  Il  rejetoit  l'Ecri- 
ture sainte  el  !a  loi  ancienne  el  nou- 
velle. Il  fut  arrêté  en  1499  ,  lit 
abjuration  ,  et  fut  relâché  ;  mais 
ayant  recommencé  à  dogmatiser, 
il    fut    brûlé    vif  à    La  Haye   eu 

l5i3. 


hi:rm 

*  III.  HERMAN  (  Gmîlaïuue  ) ,  de 
Fergaa  oi;  Gonda  en  Hollande,  ami 
d'EiasmCj  dout  il  fit  la  connoissaiice 
Jui  couvent  deSiein  ,se  distingua  par 
ton  goùl  pour  les  belles-lettres  ,  et 
excella  sur-tout  dans  la  poésie  latine. 
Sou  genre  favori  fut  celui  de  l'ode. 
!>.  Rhenauus  [)urle  de  son  Odaium 
Sylva.  Erasme  lui  écrit.deParis  ,  en 
date  du  \l\  décembre  1497  ,  et  se 
plaint  avec  une  sensibilité  louchante 
d'une  lettre  pleme  de  reproches 
(luHermaii  lui  avoit  écrite  ;  il  paroit 
par  celle  lettre  qu'Erasme  lui-même 
avoil  représenté  a  son  ami  qu'il  ne 
tiavadloit  pas  assez  ;  qu'il  ne  sa  voit 
point  sacrilier  ses  plaisirs  à  la  gloire 
a  laquelle  il  avoit  le  droit  de  pré- 
tiMidre.  Dans  une  autre  lettre  (  Pans 
149;,  )  Erasme  lui  dit  encore  :  Quod 
me  ad  t'irtutern  /lorlaris  ,fai:is  ut 
(juliebuuin  decet.  Jt  ego  vicissim 
te ,  mi  Gulielme ,  Jiorlor  ut  magno 
aii'uno  et  virtutem  et  ductrinam 
capessas,  quod  si  facis,  sic  niihi 
persuasi  te  unicum  Hullandiœ  dé- 
çus juturum.  B.  Rhenauus  rapporte 
le  fragment  d'une  cornplai/ite  lyri- 
que d'Herman  à  l'occasion  du  dépari 
d'Erasme  de  Slein. 

*  IV.  HERMAN-CANNEGIETER, 
né  à  Arnhem  eu  1723,  soutint  à 
L«yde  ,  à  làge  de  20  ans ,  une  thèse 
publique  de  sa  compo.sitiou  ,  ^!d 
iegem  Numœ  Poriipilii  de  ara 
Junonis  peUiti  non  langeiidâ ;  et 
en  1744  d  y  prit  avec  distinction 
ses  degrés.  JMoinmé  professeur  eu 
droit  à  l'académie  de  Franeker ,  il  y 
enseigna  depvus  1700  jusqu'à  1804, 
et  y  mourut  le  8  septembre  de  la 
même  année.  Son  principal  ouvrage 
est  Obsen-'atiunum  juris  liumani 
Librl  If^,  Leyde ,  177-2  ,  in-4''. 

*  V.  HERMAN  (  Jean  ) ,  médecin , 
de  Nordlingen  dans  la  Suabe  ,  vivoit 
dans  le  16^  siècle.  Ou  a  de  lui  Ora- 
tio  de  med/ciuœ  usu  ,■  de  reru/n 
sjrripathiâ  et  antipalhid ,  dans  le 


HERM 


4o3 


tome  IV®  des  Oraisons  de  Philippe 
Meianchlliou  ;  De  causa  putredinis 
in  curpore  /:«/«a«o  ,  Wiltebergae  , 
i556,  m-S°. 

*  VI.  HERMAN  DE  WiED,  ap- 
pelé ordinairement  de  fi  eiden  dti 
nom  latin  //  eda  ou  //  eida  ,  du 
comté  dont  il  étoit  seigneur  ,  arche- 
vêque de  Cologne  ,  et  prince  foible  , 
signala  d'abord  son  zèle  contre  les 
nouvelles  hérésies;  mais  il  se  lais>a 
ensuite  persuader  que  la  réforme 
ne  s.ipoit  pas  les  fondemens  de  la 
catholicité;  persuasion  qui  le  porta 
à  établir  Martin  Bucer  prédicateur  a 
Bonn.  11  lit  aussi  accueil  à  Melanch- 
thon  et  à  d'autres  protestans.  Les 
théologiens  de  Cologne  s'élevèrent 
contre  la  nouvelle  doctrine  ,  contre 
le  livre  de  la  fausse  doctrine,  et 
s'adressèrent  au  pape  et  à  lempe- 
reur.  Le  premier,  après  avoir  en  vain 
cité  l'archevêque  ,  qui  continua  à 
faire  prêcher  le  luthéranisme,  l'ex- 
communia en  104.^  ,  et  le  déposa  de 
son  arche\  èché  qu'il  donna  au  comte 
Adolphe  de  Schawembourg  ,  son 
coadjuteur.  Le  second,  comme  pro- 
tecteur de  l'Eglise  ,  ht  exécuter  la 
sentence  du  pape.  Herman  prit  le 
parti  de  se  retirer  dans  son  comté 
de  Wied,  où  il  mourut  en  i.'i52,  à 
l'âge  de  80  ans.  Adolphe  chassa  les 
luthériens  et  rétablit  la  religion  ca- 
tholique. Une  pareille  scène  désola 
l'église  de  Cologne-  trente  ans  après, 
sous  Gebhord  Truchsès  (  voyez  ce 
mol  )  ,  un  moine,  dogmalisant  à 
Bonn,  lenla  de  faire  l'apologie  de 
Herman  ;  mais  il  fut  réfuté  dans 
une  Dissertation  publiée  en  1790 
par  M.  de  Buimek,  conseiller  de 
l'électeur  palatin. 

i  I.  HERMANN  (  Paul  ),  célèbre 
botaniste  du  17^  siècle,  natif  de 
Hall  en  Saxe,  exer(,a  la  médecine 
dans  l'iie  de  Cevlan  ,  et  fut  ensuite 
professeur  en  botanique  à  Leyde.  Il 
mourut  eu  ib^f),  laissaal  plu&îeurs 


4o4  HERM 

ouvrages.  I.  Catalogue  des  planfes 
du  jardin  public  de  Leyde ,  1687, 
iii-H°.  II.  Cynosura  malcriœ  medi- 
cœ ,  ArgentiuGD,  1726,  2  vol.  iii-4°. 
Boeder  donna  une  Coiilinuation  de 
cet  ouvrage,  publiée  en  1729,  in-4°. 
III.  Lugduno-Batavœ  Flores,  1 690, 
in  -  8".  IV.  Paradisus  Batavus , 
Leyde,  1698,  et  Amsterdam,  170.1, 
in-4°.  V.  Musœuni  Zeylanicum  , 
Leyde,  1726,  in  -  8°.  Son  savoir, 
gëuéralemeut  reconnu  en  Europe , 
n'empêcha  pas  qu'il  ne  vécût  mal- 
heureux. 

t  II.  HERMANN  (  Jacques) ,  pro- 
fesseur en  droit  naturel  et  en  mo- 
rale à  Baie  sa  patrie,  né  en  1678  , 
fut  au  nombre  des  académiciens 
étrangers  de  Berlin,  et  de  l'académie 
des  sciences  de  Paris.  Dès  son  en- 
fance il  avoit  montré  l)eaucoup  de 
goût  pour  les  mathématiques.  Ses 
voyages  en  Allemagne  ,  en  Hollande, 
en  Angleterre,  en  France,  ne  lirent 
que  l'augmenter. Le  célèbfeLeibnilz, 
son  ami ,  lui  lit  donner  une  chaire 
de  malhëinatiques  dans  l'université 
de  Padoue.  11  la  garda  six  ans  ,  quoi- 
que luthérien.  Appelé  à  Pétersbourg, 
tn  1  724  ,  par  le  czur  Pierre  T"^,  pour 
y  former  uue  académie  des  sciences  , 
il  y  professa  les  matliématiques  jus- 
qu'en 1727,  qu'il  fut  rappelé  dans 
sa  patrie  pour  enseigner  la  morale. 
11  y  mourut  le  1 1  juillet  1703.  On  a 
de  lui ,  I.  Responsio  ad  considéra- 

lianes circa  principia  calculi 

differentialis  ,  imprimée  en  1700. 
C'est  une  défense  des  principes  du 
calcul  diflerentielcontreNieuwenly  t. 
11.  De  p/iordnomid,  in-4'',  1724- 
L'auteur  a  donné  sous  ce  titre  un 
Trailé  des  forces  et  des  mouvemens 
des  corps  solides  et  fluides.  Uavoit 
projeté  de  mettre  à  la  lia  de  son  ou- 
vrage la  Dynamique ,  ou  les  Pen- 
sées de  Leibnitz  sur  la  science  des 
forces  ;  mais  la  mort  de  cet  illustre 
philo.'^nphe  l'empêcha  d'exécuter  ce 
«leïs'jin.  On  a  imprimé  eu    174^? 


HERM 

în-4°  ,  à  Paris,  «n  traité  sur  celte 
matière,  par  d'Alembert;  ouvrage 
bien  capable  de  calmer  les  re- 
grets qu'on  pourroit  avoir  sur  la 
perte  de  celui  d'Hermaun.  III.  Uu 
traité  JJe  nova  acceleraiionis  lege , 
qud gravia  versus  terrain  feruniur, 
suppositis  rnolu  diurno  terrœ ,  et 
vi  gravitalis  constanti.  IV.  Dis- 
quisilio  de  vibralionibus  chorda- 
rum  tensarum.  V.  Solutio  proble- 
matis  de  trajèctoriis  curvarum 
inveniendis.  VI.  Une  Dissertation 
particulière  sur  les  lois  de  la  na- 
ture ,  touchant  les  forces  des  corps 
et  leur  vraie  mesure  ,  etc. 

III.  HERMANN  (Jean),  né  à  Barr 
en  Alsace  en  1708,  fournit  divers 
a/iicles  au  Journal  de  physique  ,  et  à 
la  Cristallographie  de  Rome  de  Lille. 
Il  a  publié  Coup  d'œil  sur  le  ta- 
bleau de  la  nature ,  à  l'usage  des 
enfans  ,  in-  12.  Cet  écrit,  précis 
et  utile  ,  a  eu  plusieurs  éditions. 
L'auteur  est  mort  le  4  oclobr» 
1800. 

1 1.  HERMANT  (  Godefroi  )  ,  sa- 
vant et  pieux  docteur  de  la  maison 
et  société  de  Sorbonne ,  né  à  Beau- 
vais  en  1617,  obtint  un  canonicat 
dans  sa  patrie,  fut  recteur  de  l'uni- 
versité de  Paris  en  1646  ,  et  mourut 
le  11  juillet  1690,  après  avoir  été 
exclus  de  la  Sorbonue  et  de  son 
chapitre  pour  son  jansénisme.  Sa 
façon  de  penser  ,  sa  piété  ,  ses  taleus, 
le  lièrent  intimement  avec  Sainte- 
Beuve  ,  Tillemont,  et  les  autres  so- 
litaires de  Port-Royal.  Il  prit  leur 
style  sai,n  en  général ,  mais  quelque- 
fois enflé.  Ce  défaut  se  remarque  sur- 
tout dans  les  ouvrages  d'Hermanl, 
dont  les  principaux  sont  ,  I.  Les 
F^ies  de  saint  ^It/ianase,  1  v.  in-4°  ; 
de  saint  Basile  et  de  saint  Gré- 
goire de  Nazianze ,  2  vol  111-4"  ; 
de  saint  C/uisostôme,  Paris,  1664, 
m  -4°,  sous  le  nom  de  Menarl;  de 
saint  Ambroise ,  in  - 1\  .  Elles  ue 


HERM 

eoutiennenl  pas  seulement  ce  qui 
regarde  ces  grands  évêques  ,  mais 
loule  l'histoire  ecclésiastinueùe  leur 
temps.  II.  Une  Traduction  en  fran- 
çais du  Traité  de  la  providence  , 
de  saint  Chrysostôme,  Paris,  in-12, 
1658.111.  Une  autre  des  Ascétiques 
de  saint  IJasile  ,  in-S",  1670  ,  et  de 
la  Morale  chrétienne,  par  le  inénie, 
Paris,  1661,  in-12.  IV.  Index  uni- 
versalis  tolius  juris  ecclesiastici  , 
in  -  fol.  ,  Lille  ,  en  iGgô  ,  avec  des 
notes  peu  digues  de  l'auteur.  V.  Di- 
vers écrits  polémiques  contre  les 
jésuites,  parmi  lesquels  on  remar- 
que Vérités  académiques,  ou. Ri-fu- 
tation  des  préjugés  populaires  dont 
se  servent  les  jésuites  contre  l'uni- 
versité de  Paris,  in-8°,  1G45,  réim- 
primées en  1646.  VI.  Défense  de  la 
piété  et  de  la  foi  de  l'Eglise  ,  contre 
les  impiétés  de  Jean  Labadie,  apos- 
tat, par  le  sieur  de  Saint- Julien, 
docteur  en  théologie ,  Paris,  i6.')i  , 
iu-4°.  Herraant  emprunta  un  autre 
nom  que  le  sien  pour  publier  cet 
ouvrage,  parce  qu'on  hu  refusa  le 
privilège  du  roi.  Il  y  combat  ce  que 
Labadie  avoit  avancé  ,  qu'ayant  été 
bon  disciple  de  saint  Angustiu,  sur- 
tout depuis  qu'il  étoit  sorti  des  jé- 
suites ,  il  n'avoit  point  changé  de 
sentiment  en  se  faisant  calviniste  , 
comme  s'il  avoit  trouvé  tout  saint 
Augustin  dansCalvin.  VII.  Discours 
chrétien  sur  l'établissement  du  bu- 
reau des  pauui-es  de  Beauuais , 
Paris,  iG55,  in-8°,  et  Rouen,  it)76, 
avec  les  titres  de  l'érection  et  autres 
pièces.  Ces  deux  derniers  ouvrages 
ne  sont  pas  communs.  T'^oy.  sa  Vie 
in-12  par  Baillet;  et  l'article  Mar- 
cel, u"  VlU,  dans  ce  Dictionnaire. 

t  II.  HERxMANT  (  Jean  ),  curé  de 
Mallot  ,  dans  le  diocèse  de  Baveux  , 
né  à  Caen  en  i6.'>o  ,  et  mort 
en  172.5  ,  est  principalement  connu 
par  cinq  ouvrages  très- médiocres. 
I .  Histoire  des  Conciles ,  4  vol . 
iiu-12.  II.  Histqire  des  Ordres  rcli- 


HERM 


4o5 


gieux ,  2  vol.  in-12.  IIï.  Histoire 
des  Ordres  militaires  et  des  Or- 
dres de  c/teualerie ,  2  vol.  in-12.. 
IV.  Histoire  des  Hérésies,  4  vol. 
in-12.  Ce  dernier  ouvrage  ,  traduit 
du  latin  d'Alfonse  de  Castro  ,  qui 
le  publia  sous  le  titre  iX'ylduersics 
Hœreses  libri  XIV,  souffrit  quel- 
que difficulté  pour  l'impression  , 
parce  que  l'auteur  n'y  avoit  pas 
parlé  des  opinions  de  Jansénius  et 
de  Quesiiel.  V.  Histoire  du  dio- 
cèse de  Bayeux  ,  qui  devoit  avoir 
trois  parties  ;  mais  il  n'y  a  eu  que 
la  première  dimprimée  à  Caen , 
1705  ,  111-4°  ;  elle  traite  des  évêques  , 
et  fourmille  de  fautes.  Les  erreurs 
et  les  inexactitudes  ne  sont  pas  le 
seul  défaut  des  livres  de  l'abbé  Her- 
mant:  il  écrit  d'un  style  incorrect  et 
boursouilé. 

HERMAPHRODITE  (Mythol.), 
lils  de  Mercure  et  de  Vénus  ,  comme 
son  nom  le  signifie  ;  car  les  Grecs 
appeloient  Mercure  Ermes ,  et  Vé- 
nus ^iphrodite.  Etant  venu  se  bai- 
gner dans  la  fontaine  de  la  nym- 
phe Salmacis  ,  elle  le  trouva  si  beau 
qu'elle  voulut  l'engager  à  y  demeu- 
rer avec  elle;  mais  Hermaphrodite 
résista  à  toutes  ses  sollicitations. 
Alors  la  nymphe  se  jeta  elle-même 
clans  l'eau  ;  et  le  tenant  embrassé, 
elle  demanda  aux  Dieux  qu'ils  de- 
meurassent toujours  unis  ,  et  ne  fis- 
sent plus  qu'un.  On  les  appela  Ae- 
\i\nsJndrogyne,  c'est-à-dire  homme 
et  femme,  f'oy.  l'art.  Hildebert. 

IIERMAPION,  auteur  d'un  ou- 
vrage sur  l'explication  des  hiérogly- 
phes, mais  cet  écrit  ne  subsiste  plus. 
Ammien  Marcellin  a  donné,  d'après 
cet  auteur  ,  l'explication  de  l'obélis- 
que du  grand  cirque,  et  Montfaucou 
en  a  publié  la  traduction.  Cet  obé- 
lisque se  voit  aujourd'hui  à  Rome  , 
à  la  porte  del  Popolo. 

HERMAS ,  écrivain  ecclésiàs tienne 


/loG         HE  RM 

du  premier  siècle  ,  le  même  que: 
sainl  Paul  salue  dans  son  Epure 
aux  Rom:>iiis  ,  est  auteur  d  un  ou- 
vrage n-gardé  par  quelques  anciens 
connue  un  livre  canonique  ,  mais 
rt  jelé  par  Ions  les  modernes.  Ceux- 
ci  l'ont  considéré  seulement  comme 
lin  ouvrcige  propre  à  l'édilicalion  des 
tideles  ,  quoiqu'il  soit  écrit  avec  plus 
de  siuiplicilé  que  de  discernement. 
Ce  livre,  divisé  en  trois  parties  , 
inliiulé  le  Pasteur  ,  parce  que  c'est 
iiii  auge  qui  y  parle  sous  la  ligure 
d  un  pasieur ,  a  été  traduit  en  fran- 
çais dans  les  livres  apocryphes  de 
la  Bible  de  Sacy  ,  17  ja  ,  2  vol. 
m-i2.  l.  l„es  faisions.  \\.  Les  Fré- 
eeptes.  111.  Les  Sijiiililudes.  On  a 
perdu  l'original  grec,  et  il  n'en  reste 
qu'une  version  latine  ,  imprimée 
dans  la  Bibliothèque  des  Pères. 

HERMENEGILDE  ou  Hermt- 
NTGILDE  ,  prince  visigolh.  ployez 
Leuvi&ilde. 

HERMENFROÏ ,  roi  de  Thuringe , 
ayant  fait  assassiner  ww  de  ses  frè 
res  ,  partagea  le  royaume  avec  l'au- 
tre. AlmabergR,  sa  femme,  prin- 
cesse d'une  nmliition  démesurée  ,  ne 
pouvant  souffrir  ce  partage,  com- 
manda qu'on  ne  couvrit  la  table 
du  roi  qu'à  demi.  Ce  prince,  sur- 
pris ,en  demanda  la  raison.  «Puis- 
que vous  n'avez  que  la  moitié  d'une 
couronne,  répo  idii  la  reine  ,  votre 
table  ne  doit  être  servie  qu'à  moi- 
tié.... »  H^rîue'iitoi  ,  anmié  par  ce 
reproche,  fit  la  guerre  à  Berthier, 
son  frère,  qui  perdit  la  bataille  et 
la  vie.  Mais  l'usurpateur  ne  jouit  pas 
long  -  temps  de  sa  conquête  ,  car 
'l'iiierri  ,  roi  de  Metz  ,  le  Ht  pré- 
cipiter du  liant  djs  murailles  de 
Tolbiac  ,  l'an  ïiI\o  ,  et  contraignit 
Almaberge  de  se  sauver  auprès  d'A 
llialar-.c  ,  roi  des  Ostrogoihs ,  où 
elle  liait  ses  jours  ,  réduite  à  la  con- 
dition de  personne  privée  el  de  su- 
ietle,  elle  qui  n'avoit  pas  voulu 
touBoilre  d'é<:al. 


lîEUM 

*  L  IÎERl\ÎENGARI)Eoz/  En^rx^ 
OAUDE  ,  reine  de  Provence  ,  ar- 
rière-petite -fille  de  Charlemagne, 
fille  de  Louis  II ,  roi  d'Italie  el  em- 
pereur d'occident,  en  855,  et  d'in- 
gelberge  ,  fille  de  Louis-le-Germa- 
uique  ,  née  vers  859,  épousa  ,  vers 
879,  Boson  II,  rot  de  Provence, 
beau-frère  de  l'empereur  Charles-le- 
Chauve.  Les  deux  rois  de  France, 
Louis  et  Carloman,  étant  venus  as- 
siéger V^ienneen  Dauphiné  ,  sa  capi- 
tale, où  Hermengarde  s'étoit  renfer- 
mée, cette  princesse  s'y  défendit  en 
héroïne  l'espace  de  deux  ans  ;  mais 
elle  fut  obligée  de  rendre  la  place  , 
en  septembre  882,  au  comte  Ri- 
chard, son  beau-frère,  qui  l'em- 
mena avec  sa  fille  prisonnières  à  Au- 
tun.  Boson  conclut  alors  un  traité  à 
Metz  avec  Charles-le-Gros  et  ce 
prince  ,  à  condition  que  Boson  lui 
rendroità  l'avenir  foi  et  hommage; 
il  lui  restitua  son  royaume,  sa  femme 
et  sa  fille  :  cette  der<,iière  fut  fian- 
cée à  Carloman  ,  fils  de  Louis-le- 
Begue.  Hermengarde ,  veuveen  889, 
tint  la  régence  clu  royaume  de  Bour- 
gogne jusqu'à  ce  que  son  fils  ,  Louis 
Vyipeug/e ,  eût  atteint  l'âge  de  dix 
ans.  (  Kuyez  Louis,  à'\\.  l' Jpcug.'e , 
roi  de  Provence.)  On  ignore  l'année 
de  la  mort  d'Hermengarde. 

*  II.  HERMENGARDE  ou  Er- 
MENGARDE  ,  fille  de  Richard-lc-Jus- 
licier  ,  comte  d'Autun  el  duc  de 
Bourgogne,  et  d'Adélaïde  ,  fille  de 
Conrad  H  et  sœur  de  Rodolphe  î*'', 
roi  de  la  Bourgogne  Transiurane  , 
descendoit  ,  par  son  aïeule  Adélaïde  , 
de  Charlemague  :  elle  épousa  Gisel- 
berl ,  fils  de  Manassès  ,  le  vieux 
comte  de  Dijon,  qui  succéda  à  Ri- 
chard ,  son  beau-pere  ,  en  921  ,  hé- 
rita en  952  ,  par  la  mort  d'Hugues- 
le-Noir  ,  soîi  frère,  de  la  moitié  du 
duché  de  Bovirgogne  ,  el  le  garda 
jusqu'en  Oi'^&.  La  dùcb.esse  Hermen- 
garde, devenue  veuve  le  S  avril  de 
la  même  année,  laissa  deiiK  filles, 


HERM 

I.eiidganle,  mariée  à  Ouon  II,  tijs 
d'Hiignes-le-lilanc  (  le  Grand ,  le 
JRlaiic ,  ou  l'Abbé  )  ,  possesseur  de 
l'autre  Jiioilié  du  duché  de  Bourgo- 
gue  ,et  qui  les  réunit  toutes  deux  par 
teuiariage;  V.  Hugues  Le  Grand 
cl  V'eura,  mariée  ii  Robert ,  comte 
de  Troyes. 

*  ill.  HERMENGARDE  ou  Ir- 
MENGARUE,  tille  d'Adalbert  II,  le 
Riche,  marquis  de  Toscane,  et  de 
Berthe  ,  arrière-petile-tille  de  Char- 
lemague  ,  célèbre  par  son  esprit  , 
son  courage  et  sa  beauté.  (  f'ojez 
Beriue,  n°  lIl.  )  Hermengarde, 
sœur  de  Hugo  ,  comte  d'Arles  et  roi 
d'ilaiie,  mort  en  947,  et  de  Guy, 
marquis  de  Toscane,  mort  en  929, 
fut  mariée  à  Adalbert  ,  marquis 
d'Yvrée  ,  mort  en  924.  Ou  croit 
qu'elle  en  eut  une  tille  nommée  Ber- 
tilla  ,  qui  paroit  être  la  même  que 
la  Bertilla  mariée  à  Adalbert,  comte 
de  la  loi  ripuaire  ,  fille  de  Théobald 
ou  Thedaldo ,  duc  et  marquis  de  Ca- 
merino. 

*  IV.  HERMENGARDE  ou  Er- 
mengarda  ,  tille  du  comte  Adal- 
bert, marquis  de  Spolette  et  de 
Camerino  ,  et  de  Berlilia  (  qu'on 
croit  être  celle  indiquée  en  l'article 
ci -dessus),  petite -nièce  d  Hugo  , 
comte  d'Arles  et  roi  d'Italie,  et  par 
Gualdradeou  Walrade ,  sa  bisaïeule, 
sœur  de  Rodolphe  II  ,  roi  de  Bour- 
gogue  (  i'uyez  Walrade  )  ,  des- 
cendoil  d'Adélaïde,  tille  de  l'em- 
pereur Louis-Ie-Uébonnaire  ,  et  pe- 
tite-fille de  Charlemague.  Hermen- 
garde fut  mariée  à  Gioanni,  comte 
de  Bologne  ,  riche  seigneur  ,  qui  vi- 
voit  à  la  fin  du  10^  siècle.  Ce 
Gioanui,  neveu  duu  autre  Gioanni, 
ëvêque  de  cette  ville  ,  étoit  petil-i'i's 
de  Pietro  di  Pietroae ,  duc  de  la  Ro- 
inagne  et  marquis  d'Italie,  qui  pa- 

"  roil  issu  des  ducs  de  Ravenne  ,  et 
être  souche  des  Lamberlini  de  Bolo- 
gne. Hermeugarde  se  distingua  par 
des  fondations  et  donations  aux  mo 


HERM  407 

naatères,  et  par  une  grande  charité. 
Son  frère  Boniface  ,  marquis  de  Tos- 
cane eu  looy,  la  recueillit  pendant 
les  troubles  qui  s'élevèrent  alors  ea 
Italie.  On  ignore  l'année  de  «a  mort. 
Elle  laissa  de  son  mariage  un  lils  , 
Lamberlo,  dit  d'Heumengarde  , 
lequel  laissa  ce  surnom  à  sa  postérité. 
^oyez  Savioli ,  JunaVi  Eulo^/iieat 
toni.  I,  pag.  1  22  et  14 3. 

*  V.  HERMENGARDE  ou  da 
Ermengarda  (Maihilde)  ,  tille  de 
Pietro  da  Ermengarda ,  et  petite- 
tille  d'Hermengarde  et  de  Gioanni, 
dont  il  est  question  dans  l'article 
précédent ,  fut  ainsi  nomvuée  eti 
l'honneur  de  son  aïeule,  ftlalhilde 
da  Ermengarda  sa  voit  le  laliu  et 
éloil  versée  dans  l'astrologie  judi- 
ciaire. Elle  épousa  Federico  Torello  , 
fils  de  Ludolphe  de  Saxe  ,  surnommé 
//  7'o/"o ,  et  en  eut  un  fils  ,  Guido , 
qui  devint  célèbre  par  sa  vaillance  , 
et  fut  surnommé  Saliens  in guei ra, 
ou  saillant  en  guerre.  Voyez  To- 
RELLC-)  Salinguen^a,  seigneur  de  Fer- 
rare  ^  et  Art  de  vérifier  les  dates  , 
tome  III. 

*  VI.  HERÎMENGARDE,  femme 
d'Herbert  111,  comte  de  Vernîandois 
en  988,  descendante  de  Bernard, 
roi  d'Italie,  laissa  deux  entans ,  Al- 
bert et  Otton.  Le  premier  fonda  l'ab- 
baye de  Bucilly. 

*  VIL  HERMENGARDE,  vicom- 
tesse de  Narbouue.  Voyez  Nar- 
BONNE  (  Ermeugarde. } 

HERMÈS  ou  Mekcure-Tris- 
mÉgiste  ,  c'est-à-dire  Trois  Jois 
Grand ,  philosophe  égyptien,  réunit 
le  sacerdoce  et  la  royaulé  ,  seloiv 
les  luw  ,  et  fut  seulemesit  conseiller 
d'isis  ,  femme  du  roi  Osiris,  seloa 
d'autres.  Il  florissoit  vers  l'an  1900 
avant  Jésus  -  Christ.  Le  président 
d'Lspagnet  a  donné  le  Traité  de  l'ou- 
vrage secret  de  la  philosophie  d'Her- 
mès ,  dans   ^a' Philosop/iic   nain- 


4o8 


nER.M 


relit  ,  i65i  ,  la-b".  On  attribue  à 
cet  ancien  philosophe  ,  ou  à  son  iils 
TIiol  ,  l'iriveiuiou  cle  l'écriture  ,  des 
preîJtiieros  lois  égyptiennes,  des  sa- 
criiices ,  de  la  musique  ,  de  Ja  Julie  , 
de  la  lyre  ,  et  de  la  culture  de  l'oU- 
vier.  1!  d 'couvrit  ,  dit-on  ,  les  pre- 
miers principes  de  rariilunétiqiic  et 
de  la  géométrie,  et  lit  élever  des 
colonnes  sur  lesquelles  il  lit  graver 
en  caractères  hiéroglypliiques  ses 
découvertes  ,  pour  en  l'aire  passer 
ïe  souvenir  à  la  postérité.  Ce  fut 
Uii  qui  le  premier  divisa  le  jour  en 
douze  heures  ,  et  la  nuit  de  même, 
en  observant  un  animal  consacré  à 
Scrapis,  appelé  Cynocéphale,  qui 
jeloit  son  urine  douze  fois  le  jour  , 
et  autant  la  nuit ,  dans  des  inter- 
valles égaux.  Mais  il  est  difficile  de 
croire  que  le  même  homme  ait  in- 
venté tant  de  choses  différentes.  Au 
surpins  ,  les  Egyptiens  reconnois- 
saus  donncreul  le  nom  d'Hermès  au 
premier  mois  de  leur  année.  Les 
deux  dialogues  intitulés  Pimander 
et  Asclépias  ^  qui* parurent  à  Tré- 
vis'e  en  i47'  »  in-fol. ,  sous  le  nom 
cI'HetîmÈs  ,  sont  d'un  auteur  qui 
viyoit  dans  le  deuxième  siècle  de 
l'Eglise.  Il  i-econnoit  un  seul  Dieu, 
créateur  de  toutes  choses,  et  gémit 
sur  l'aveugiement  des  Egyptiens , 
qui  avoient  inventé  le  culte  des 
idoles. 

*  HERMÉSIANAX,  poète  grec, 
natif  de  Colophon,  vivoit  du  temps 
dePhilippectd'Alexandre-le-Grand. 
Il  eut  pour  maitre  Philélas  ,  qui  le 
fut  aussi  de  Théocrite.  Il  excella 
dans  le  genre  de  l'étégie  ,  et  en  pu- 
blia trois  livres  ,  qu'il  intitula  du 
nom  do  Leonliuni,  sa  r»aî tresse.  11 
fut  encore  auteur  d'un  ouvrage  in- 
titulé Perska.  frayez  une  savante 
note  sur  ce  poète  dans  la  2*^  Epist. 
Crit.  de  Rechnken  ,  p.  a83  ,  suivie 
de  l'édition  de»]  782,  où  l'on  rap- 
porieenmème  temps  une  Ircs-belle 
Elégioowparlie  d'élcglc  de  ce  pocte, 


HERM 

morceau  que  Laurent  Van  Sanfen  ?. 
traduit  depuis  en  vers  la  tins.  —  Une 
faut  pas  confondre  ce  poète  avec 
HekmÉsianax,  athlète  du  même 
nom  ,  aussi  de  Colophon. 

*  I.  HERMIAS.,  après  avoir  été 
esclave  d'Eubule  ,  qui  de  banquier 
devint  tyran  d'Alaniée  ,  obtint  la 
permission  de  fréquenter  l'école 
d'Aristote,  dont  il  embrassa  la  doc- 
trine. Aristote  épousa  Pythias  ,  la 
fille  on  la  parente  d'Hermias.  Celui- 
ci  ,  après  la  mort  d'Eubule  ,  usurpa 
l'autorité;  mais  s'étant  révolté  con- 
tre le  roi  de  Perse,  il  fut  pris  et 
mis  eu  croix.  Aristote  composa  un 
Posau  (  et  non  une  Elégie  ,  comme 
le  dit  le  lrad;^cteur  de  sa  politique  , 
M.  Champagne)  sur  la  mort  de  son 
parent  et  de  son  ami.  Voyez  Aris- 
tote. 

i^  n.  HERMIAS,  de  Gala- 
tie  ,  vivoit  dans  le  2^  siècle.  Il 
adopta  l'opinion  d'Hermogène  sur 
l'éternité  du  monde,  et  crut  que 
Dieu  étoit  matériel ,  mais  qu'il  étoit 
une  matière  animée  plus  déliée 
que  les  élémens  des  corps.  Le  sen- 
timent d'Hermias  n'étoit  que  le  sys- 
tème métaphysique  des  stoïciens  , 
avec  lequel  il  tâcha  d'allier  les 
dogmes  du  christianisme.  Hermias 
croyoit ,  comme  les  stoïciens  ,  que 
les  âmes  humaines  étoient  compo- 
sées de  feu  et  d'esprit.  Il  rejeloit 
le  baptême  de  l'Eglise  ,  fondé  sur 
ce  que  saint  Jean  dit  que  .ïésus- 
Christ  baptisa  dans  le  feu  et  par 
l'esprit.  Le  monde  étoit  ,  selon 
Hermias  ,  l'enfer  ,  et  la  naissance 
continuelle  des  enfans  étoit  la  ré- 
surrection. C'est  ainsi  qu'il  préleu- 
doit  concilier  les  dogmes  de  la  re- 
ligion aveu  les  principes  du  stoï- 
cisme. Hermias  eut  des  disciples 
qui  prirent  le  nom  à'Hermitaites. 
Ils  étoient  dans  la  Galatie  ,  où  ils 
faisoient  des  prosélytes. 

t  Iir.  HERMIAS ,  philosophe  chré- 


HERM 

tien  ,  que  l'oii  croit  plus  aucien  que 
TerluUien,  est  auteur  d'une  Jlait- 
lerie  des  p/ii/osop/ies  pa'ie/is.  Cuil- 
laume  Worth  en  a  donné  uue  boune 
ëdiliou  à  Oxford  ,  in-S"  ,  en  1700. 
Elle  est  jointe  aussi  à  ïOralio  Ta- 
tiani  ad  Grœcus. 

*  HERMIGNY  (  le  chevalier  d'  ) 
parut  d'abord  euibrasser  la  cause  de  la 
révohuiou,  il  satlaclia  à  La  Fayette, 
et  devint  colonel  de  grenadiers  ,  et 
aide-major  de  la  garde  nationale  pa- 
risienne ;  mais  il  se  lit  bientôt  re- 
marquer par  son  dévouement  à  la 
cour,  et  le  8  octobre  i79i,Ba2ire 
et  Rlaille  l'accusèrent  d'avoir  insulté 
plusieurs  députés  lorsqu'il  étoit  de 
garde  auprès  de  l'assemblée.  Mandé 
a  la  barre  ,  il  y  donna  des  explica- 
tions sur  les  faits  qu'on  lui  inipu- 
toit ,  et  l'assemblée  passa  à  l'ordre 
du  jour  sur  le  tout.  Cette  tracas- 
serie ne  fit  que  le  rafiermir  dans 
ses  opinions  j'oliliques.  Il  se  rangea 
parn>i  les  défenseurs  du  trône  au 
10  août  1792,  et  fut  massacré  sur 
la  place  de  l'hûlel-de-ville  ,  où  il 
avoit  été  entraîné  après  la  prise  du 
cliàleau. 

t  HERMILEY  (  N....  Vaqttette 
d'  )  ,  censeur  royal ,  né  à  Amiens 
en  J710,  mort  à  Paris  le  29  jan- 
vier 1778,  a  traduit  de  l'espagnol  , 
T.  UFIisioirc  générale  d'Espagne 
de  Ferreras  ,  17/12  et  an\iécs  sui- 
vantes, 10  vol.  in-4°.  11.  Le  Thcâ- 
Ire  critique,  i']/\b  ,  12  vol.  in-12: 
ce  livre,  piciii  de  choses  triviales, 
prolixement  exprimées  ,  composé 
par  un  l)éncdiclin  espagnol,  à  peu 
près  dans  le  goût  du  Spectateur 
Anglais ,  réussit  plus  à  Madrid 
qu'à  Paris.  1!I.  Les  Nouvelles 
(le  Çucv.edo.  On  a  encore  de  lui 
l.'nisfo/re  de  Majorque  et  de  Mi- 
îiorque,  1777  ,  in-4°  ,  qu'il  com- 
posa jjour  servir  de  suite  à  l'His- 
toire de  Ferreras ,  ft  \a  Bibliogra- 
phie Variùcnne  ,  ou  catalogue  des 


IIERM 


409 


difierens  ouvrages  imprimés  pendant 
les  années  1709,  1770,  etc.,  en 
5  vol.  in-8°,  Paris,  1774,  qu'il  ré- 
digea avec  Hurlaut ,  et  qui  n'est 
qu'une  compilation  d'éloges  et  de 
critiques.  La  Liisiade ,  poème  hé- 
roïque ,  traduit  du  portugais  de 
Louis  Camoéns  ,  relouché,  quant  au 
style  ,  par  La  Harpe.  (  P'ojez  ce 
nom  ).  jugement  impartial  sur  des 
Lettres  de  la  cour  de  Rome  ,  ten- 
dantes à  disputer  la  puissance  tem- 
porelle au  duc  de  Parme  ,  Madrid 
et  Paris,    1770,   2  vol.  in-8°. 

i-  HERMÏNIER  (Nicolas  1'  )  ,  doc- 
teur de  Sorboune  ,  théologal  et  ar- 
chidiacre du  Mans ,  né  dans  le  Perche 
en  1607  ,  mort  à  Paris  le  6  mai 
1755  ,  est  auteur  dune  Théologie 
Scolastique  en  latin  ,  en  7  volu- 
mes in  -  8°,  1709.  Cette  théologie  , 
des  plus  superficielles,  suivant  le 
Lexicographe  janséniste  ,  renferme, 
selon  le  même  écrivain,  un  demi- 
jansénisme.  Le  Traité  de  la  Grâce 
fut  censuré  par  quelques  évéques. 
On  a  encore  de  lui  5  vol.  in-12  sur 
les  Sacremens. 

t  HERMINIUS  fut  un  de  ces 
braves  Romains  qui  se  joignirent  k 
Horace,  surnommé  Codés,  pour 
iaire  tête  aux  Elruriens  sur  le  pont 
de  Rome,  tandis  qu'on  le  rompoit 
derrière  eux  ,  l'an  007  avant  J.  C. 
—  C'est  aussi  le  nom  d'un  capitaine 
troyeu  ,  redoutable  par  sa  taille 
énorme  ,  et  qui  combatloit  sans 
casque  et  sans  cuirasse.  Câline  le  tua. 

HERMIONE,  fille  de  Ménélas  , 
roi  de  Micène  ,  et  de  la  belle  Hé- 
lène, que 'l'yndare  ,  son  aïeul  ma- 
ternel ,  promit  à  Oreste,  en  l'ab- 
sence de  son  père  ,  qui  étoit  alors  au 
siège  de  Troie.  Ménélas,  qui  igno- 
roit  ce  qu'a  voit  fait  son  beau-pere  , 
promit  aussi  sa  fille  à  Pyrrhus,  fils 
d'Achiile,  et  la  lui  donna  lorsqu'il 
fut  de  retour  en  Grèce.  Oreste  ,  ou- 


4ro 


HERM 


tré  de  dépit  de  se  voir  enlever  une 
princesse  qu'il  aimoil  ,  alla  chercher 
Pyrrhus  ;  et ,  l'ayant  trouvé  dans 
ini  temple  d'Apollon  ,  le  tua  ,  et 
emmena  Hermione. 

HERMITE.  Voyez  Pierre  l'Er- 
mite ,  et  Ttti.sTAN  l'Erm:it£. 

î.  HERMOGÈNE,  architecte  ,  né 
à  Abalanda,  ville  de  Carie,  bâtit 
ini  temple  de  Diane  à  Magnésie, 
et  un  autre  de  Bacchus  à  Théos. 
L'un  et  l'autre  éloient  d'oVdre  ioni- 
que ;  il  supprima  les  colonnes 
sur  les  ailes,  et  offrit  des  portiques 
plus  spacieux.  Vilruve  lui  attribue 
tout  ce  qu'il  y  a  de  phis  beau  dans 
l'architectiue.  11  avoit  composé  sur 
son  art  un  Livre  qui  ne  nous  est 
pas  parvenu. 

t  II.  HEUMOGÈNE,  célèbre  rhé- 
teur, enseigna  dès  l'âge  de  i3  ans  , 
dans  le  2"^  siècle  de  l'Eglise.  Nous 
avons  de  lui  des  Livres  en  grec  sur 
la  lihcloriqae  ,  avec  les  autres  rhé- 
teurs grecs  ,  à  Venise,  i5o8  et  1609, 
2  vol.  in-fol.  ,  auxquels  on  joint  les 
rhéteurs  latins  ,  i.'iuâ,  in-fol.  Gas- 
pard l-aurentius  a  donné  une  édition 
de  V^4rs  ùralarla  ,  avec  des  Com- 
mentaires ,  Colonia  Allobrogum  , 
(  Coulauges  )  ,  1614  ,  in- 8°.  On  dit 
qu'a  24  ans  il  oublia  tout  ce  qu'il 
savoit ,  et  que  sou  corps  ayant  été 
ouvert  après  sa  mort  ,  on  lui  trouva 
le  cœur  velu  et  d'une  grandeur  ex- 
traordinaire. Anlluocus,  le  sophiste , 
disoit  de  lui  «  (pi'il  avoit  été  vieil- 
laid  dans  sa  jcuneose ,  et  enfant  dans 
8u  vieillesse,  w 

t  III.  HER.MOGÈNE,  hérétique 
du  2*  siècle  ,  combattu  par  Tertul- 
lien  et  Origèiie  ,  répandit  ses  er- 
reurs en  Airique,  Ayant  quitté  le 
christianisme  pour  le  stoïcisme  ,  il 
prétcndoil  que  «  la  matière  étoit 
toclenifclle  à  Dieu  ,  et  que  le  créa- 
teur eu   avoit  tiré  toutes    les  créa- 


RERM 

tnres.  •>■>  C'étoit  à  cette  matière  qu'il 
attribiioit  toutes  les  perfections  de 
l'univers.  7'pus  les  maux  physiques, 
tontes  les  sensations  qui  nous  affli- 
gent, toutes  les  passions  qui  nous 
tyrannisent  ,  tous  ces  monstres  sont 
des  effets  de  findocilité  de  la  ma- 
tière ,  et  de  la  résistance  inllexible 
aux  lois  que  l'Être  Suprême  a  éta- 
blies. «  Si  la  matière  n'est  pas  éter- 
nelle et  incréée  ,  disoit  Hermogeiie, 
il  faut  que  Dieu  ail  tiré  le  monde 
de  sa  propre  substance;  ce  qui  est 
absurde,  parce  qu'alors  Dieu  seroit 
divisible;  ou  qu'il  l'ait  tiré  du  néant, 
ou  qu'il  l'ait  formé  dune  matière 
coéternelle  à  lui.  On  ne  peut  dire 
que  Dieu  ait  tiré  le  monde  du  néant; 
car  Dieu  étant  essentiellement  bon  , 
il  n'eût  point  tiré  du  néant  un  monde 
plein  de  malheurs  et  de  désordres. 
il  eût  pu  les  empêcher,  s'il  l'avoit 
tiré  du  néant  :  et  sa  bonté  ne  les  eût 
pas  soufferts.  Il  faut  donc  que  Dieu 
ail  formé  le  monde  avec  une  ma- 
tière coéternelle  à  lui ,  et  qu'il  ne 
l'ail  formé  qu'en  travaillant  sur  un 
fonds  indépendant  de  lui.  L'Ecriture, 
selon  Hermogène,  ne  disoit  nulle 
part  que  Dieu  eût  fait  la  matière  de 
rien  :  au  contraire  ,  disoit-il ,  elle 
nous  représente  Dien  formant  le 
monde  et  tous  les  corps  d'une  ma- 
tière préexistante,  informe,  invi- 
sible. Elle  dit  :  «  Dieu  fit  le  ciel  et 
la  terre  dans  leur  principe,  ou  dans 
nn  principe  :  inprincipio.  Ce  prin- 
cipe dans  lequel  Dieu  forma  le  ciel 
et  la  terre  n'éloil  que  la  matière 
préexistante  et  éternelle  comme  Dieu. 
L'idée  de  la  création  de  la  matière 
n'est  exprimée  nulle  part  dans  l'E- 
criture. Cette  matière  informe  éloit 
agitée  par  un  mouvement  vague  , 
sans  dessein  et  sans  objet  :  Dieu  nous 
est  représenté, dans  l'Ecriture  ,  com- 
me dirigeant  ce  mouvement ,  et  le 
modifiant  de  la  manière  nécessaire 
pour  produire  les  corps, les  piaules 
elles  animaux.  La  matière  étant 
éternelle  et  incréée  ,  cl  son  niouvc- 


HERM 

ment  élant  une  force  aveugle,  elle  ne 
suit  pas  strupiilensemenl  les  lois  que 
Dieu  lui  prescrit  :  et  sa  rësislance 
produit  des  désordres  dans  le  mmule.» 
L'imagination  dHermogène  fut  sa- 
tisfaite de  cet-te  hypothèse;  il  crut 
que,  pour  expliquer  l'origine  du  mal, 
il  failoil  rëuuir  les  principes  des 
sloicieiis  sur  la  nature  de  la  matière, 
et  ceux  des  chre'tiens  sur  la  puis- 
sance productrice  du  monde.  »  (Plu- 
quet ,  Dictionnairëdes  Hérésies.  )  On 
peut  voir  un  précis  des  raisons  que 
lui  opposa  Terinllien  dans  l'ouvrage 
de  Pluquet  /déjà  cité  ,  article  Hkr- 
MooixE. 

IIERMOGÉNIEN ,  jurisconsulte 
du  4^  siècle  ,  auteur  d'un  j-lhi'égè  de 
IJroil,  eu  6  livres  ,  et  d'au  Recueil 
des  droits  de  l'Empire,  sous  Ho- 
norius  et  Théodose  ,  rendit  ser- 
vice, par  ces  deux  ouvrages,  à  la 
jurisprudence,  tombée  dans  la  dé- 
cadence. 

I.  HERMOLAÛS ,  jeune  Macé- 
donien ,  l'uu  des  pages  d'Alexandre, 
conspira  contre  ce  prince  l'an  Sa;") 
avant  J.  C.  Un  jour  qu'il  snivoilce 
conquérant  à  la  chasse  ,  il  aperçut 
nn  sanglier  qui  venoit  à  eux  ,  lui 
lança  son  javelot  et  le  tua.  Alexan- 
dre ,  jiiqué  d'avoir  été  prévenu  ,  le 
lit  fouetter.  Hermolaiis  ,  voulant 
venger  cet  affront ,  complota  ,  avec 
quelques-uns  de  ses  camarades  ,  de 
])oignarder  le  roi  de  Macédoine,  l/un 
d'eux  ,  agité  par  les  remords  que  lui 
cansoit  ce  crime,  ayant  révélé  leur 
secret  ,  Alexandre  les  ht  arrêter  ,  et 
leur  demanda  quelle  raison  ils  a  voient 
<ue  de  conspirer  contre  la  vie  de 
leur  prince.  Hermolaiis  lui  dit  , 
«  qu'ils  étoient  las  d'être  traités 
comme  des  esclaves ,  et  de  le  voir 
verser  ,  dan«  ses  fureurs  ,  le  sang  de 
ses  amis  les  plus  chers  et  de  ses  ser- 
viteurs les  plus  fidèles.  »  Il  lui  re- 
procha en  même  temps  la  manie 
qu'il  nvoit  de  vouloir  passer  pour 


HERN 


f.\\\ 


fils  de  Jupiter.  Alexandre  écoula 
patiemment  ces  dilierens  reproches  , 
le  fit  appliquer  à  la  question  et  con- 
damner à  mort,  l-e  i^liilosoplie  Cal- 
listliènes,  ami  d'Heruiolaiis  ,  fui  ar- 
rêté dans  le  même  temps.  T'oyez 
CallisthÈnes  ,  n°  II. 

II.  HERMOLAUS-BAUBARUS. 
Voyez  BakbarOj'u"  II. 

HERMONDANVILLE.  Voy. 
MoNDEViJL,LE.  (  Heuri  de  ) 

t  I.  HERNANDEZ  (François), 
né  à  Tolède,  dessinateur  et  méca- 
nicien de  Piiilippe  II ,  a  publié  une 
Histoire  des  piaules ,  des  animaux 
et  des  minéraux  du  Mexique,  en 
latin,  Rome,'i6ôi,  iu-fol.,  estimée 
et  rare.  Elle  a  été  imprimée  à  Ma- 
drid en  1790,  en  5  vol.  in-fol.  , 
avec  ses  autres  ouvrages.  Il  a  voit 
été  envoyé  dans  cette  partie  du 
monde  par  le  roi  d'Espagne  ,  pour 
y  faire  des  observations  sur  1  his- 
toire naturelle.  Fabio  Colonne  l'aida 
dans  la  composition  de  son  ouvrage. 
On  a  de  lui  un  Betueil  manuscrit 
en  i5  vol.  grand  m-fol.,  qui  se 
voit  dans  la  belle  bibliothèque  de 
l'Escurial,  où  l'auteur  a  dessiné  un 
grand  nombre  de  plantes  et  daui- 
maux  d'Amérique. 

t  II.  HERNANDEZ  (Philippe  ) , 
mort  à  Paris  en  1782,  à  l'âge  de  58 
ans,  avoit  travaillé  depuis  1751 
jusqu'en  1761  au  Journal  étranger  :  il 
est  auteur  d'une  Description  de  la 
généralité  de  Paris ,  contenant 
l'état  ecclésiastique  et  civil,  et  le 
pouillé  des  diocèses  de  Paris,  Sens, 
iMeaux  ,  Beauvais,  Senlis  ;  les  noms 
des  seigneurs  ,  des  terres  et  autres 
détails,  etc. ,  Paris  ,  1759,  in-8"  , 
et  de  quelques  Traductions ,  parmi 
lesquelles  ou  remarque  les  Aventu- 
ras de  Roderic  Random  ,  par 
Fielding  ,  Londres,  J761  ,  5  vol. 
iiî-ii.   C'est  à  tort  que  le  nom  de 


4-12 


HERO 


F;e'idiug  a  éiè.  mis  siu"  le  frontispice 
de  cette  traduction,  et  même  sur 
celui  de  quelques  éditions  de  l'ori- 
ginal anglais.  U  est  reconnu  aujour- 
d'hui que  cet  ouvrage  est  de  ThistO' 
rien  Tobie  Smolelt. 

HERNÊ ,  guerrier  français ,  célè- 
bre par  sou  courage  ,   dans  le  9"^ 
siècle  ,  défendit  Paris  contre  Tatia- 
que  des  Normands.  Ceux-ci  étant 
•venus  l'assiéger  en  886  ,  douze  Pa- 
risiens ,  renfermés  dans  le  petit  Chà- 
telet ,  qui  étoit  alors  entouré  d'eau , 
iirent  tête  à  40,000  hommes  ,  et  ar- 
rêtèrent l'effort  deleur  armée  entière. 
Les  assiégeaus  furieux  mirent  le  feu 
au  fort  :  les  douze  braves,  alors  forcés 
de  sortir,  se  réfugièrent  sur  im  petit 
tertre  en  avant  de  la  tour,  et  y  re- 
nouvelèrent le  combat.  Obligés  de 
céder  au  nombre,  ils  se   rendireut 
prisonniers  à  condition  qu'on  leur 
accorderoit  la  vie.  Les  Normands  le 
promirent;  mais  à  peine  les   douze 
Parisiens  furent-ils  désarmés,  qu'on 
iit  main  basse  sur  eux.  Un  seul  se 
sauva  en  se  jetant  dans  la  Seine  et 
en  la  traversant  à  la  nage.  La  va- 
leur et  la  bonne  mine  d'Herné  dé- 
terminèrent ses  ennemis  à  lui  faire 
grâce  ;  mais  celui-ci  ne  voulant  pas 
survivre  à  ses   compagnons,   saisit 
une  épée  ,  se  précipita  au   milieu 
des  agresseurs  ,  et  trouva  la  mort 
sous   leurs   coups  ,  après  en   avoir 
puni  plusieurs  de  leiu  trahison. 

*  IIEPvNIO  (  Jacques  1  ,  religieux 
de  Tordre  de  Saint-Dominique,  né 
à  Rennes  en  Bretagne  ,  enseigna 
la  théologie  avec  succès  dans,  celte 
province,  el  devint  commissaire  du 
"énéral  de  sou  ordre  vers  Van  1680. 
On  a  de  lui  un  Traité  de  l'usure  , 
avec  une  D'isserlatlon  sur  les  in- 
térêts (les  deniers  pupillaires  selon 
l'usage  de  Brrtaf^ne  .  publié  à  Ren- 
nes en  1699.  Ce  rdigitux  mourut  le 
/(Septembre  170'î, 

HÉRO  (Mjlh.  )  ,  fameuse  prc- 


HERO 

tresse  de  Vénus ,  demeuroit  près  da 
IHellespont.  Léandre,  jeune  homme 
d'Abydos,  qui  l'aimoit,  passoit  tous 
les  soirs  ,  à  la  nage,  le  bras  de  cette 
mer  ,  pour  aller  voir  sa  maîtresse  , 
qui  allumoit  au  hav^}:  d'une  lour 
un  fanal,  pour  le  diriger  dans  les 
ténèbres  de  la  nuit  ;  mais  son  amant 
s'étaul  noyé  dans  le  trajet,  Héro, 
désespérée j  se  jeta  dans  la  mer  el  y 
périt. 

*  HÉROARD  (  Jean  ) ,  médecin  , 
né  à  Montpellier  ,  exerça  sa  profes- 
sion avec  distinction  sotis  Henri  III, 
Henri  IV  el  Louis  XllI  ,  dont  il  fut 
premier  médecin  ,  et  mourut  eii 
1627  au  siège  de  La  Rochelle,  où 
ce  prince  se  irouvoil  en  personne. 
On  ne  connoit  d'Héroard  qu'un 
traité  intitulé  Hippostologle ,  ou 
Discours  des  os  du  c  lieu  al ,  Paris, 
1699  ,  iu-4°- 

Y  I.  HÉRODE-le-Gband  ,  ou 

ryîscalonite  ,  aiusi  nommé  ,  parce 
qu'il  étoit  d'Ascalon ,  ville  de  Judée, 
naquit  l'an  68  avant  l'ère  chrétienne, 
d'Antipater  ,  Iduméen  ,  prosélyte 
juif,  qui  eul  du  crédit  auprès  de 
César.  Le  jeime  Hérode  marqua  de 
bonne  heure  de  l'esprit  el  du  pen- 
chant à  la  cruauté.  Sou  père  obtint 
pour  lui  le  gouvernement  de  Gali- 
lée, la  48''  amiée  avant  Jesus-Chrisl; 
quoiqu'il  n'eût  alors  qu'environ  20 
ans ,  il  montra  du  courage  et  de  la 
dextérité.  La  province  étoit  infestée 
de  brigands  ;  Hérode  l'en  purgea  : 
ils  sétoient  fortifiés  dans  des  caver- 
ues  inaccessibles ,  facilement  défen- 
dues du  côlé  seul  par  où  elles  étoient 
praticables;  il  fit  faire  des  coffres 
remplis  de  soldats,  qu'on  fit  des- 
cendre avec  des  machines  du  haut 
delà  mou tagne,  jusqu'à  l'enlre'e  de 
leurs  retraites  :  on  pénétra  ainsi 
dans  les  cavernes  des  brigands  ,  et 
ou  les  massacra  tous.  Comme  il  le« 
avoil  fait  mourir  de  sa  propre  au-- 
torilé,  ou  s'en  plaiguil  à  Hircau  ^ 


HERO 

grand -sacriiicaieur,  qui  lui  ordonna 
de  venir  rendre  compte  de  sa  con- 
duile.  Hërode  ,  soutenu  par  Sextus 
César  ,  gouverneur  de  Syrie,  compa- 
rut à  Jérusalem  devant  le  sauhcdriu, 
vêtu  de  pourpre  et  entouré  de  ses  gar- 
des, monis  en  coupable  qui  craignoil 
le  jugemeut,  qu'eu  iiomme  qui  bra- 
voit  ses  juges  :  personne  n'osa  ouvrir 
la  bouche  ,  excepté  Saméas ,    qui  , 
s'étaut   élevé   contre   son   audace  , 
prédit   aux    autres     juges    que  cet 
homme  qu'ils   épargnoient   ne    les 
épargneroit  pas  un  jour.  En  elfet,  dès 
qu'il  tut  sorti  de  Jérusalem,  il  se 
rendit  à  Damas  ,  où    étoit  Sextus 
César  ;  et  tant  par  sa  souplesse  que 
par  ses  présens, il  obtint  le  gouver- 
nement delà  Cœlé-Syrie.  Après  que 
Jules-César  eut  été   assassiné,  l'an 
/i4  avant  J.  C. ,  il  suivit  le  parti  de 
Brulus  et  de  Cassius  ;  mais  après  leur 
mort  il  embrassa  celui  d'Antoine  , 
qui  le  fit  nommer  lélrarque  ,  et  en- 
suite  roi  de  la    Judée.   Anligoue , 
son  compétiteur,  ayant  été  mis  à 
mort  trois  ans  après  par  ordre  du 
sénat,   il  demeura  paisible  posses- 
seur de  son   royaume.  (  f^oy.  An- 
TIGONE,  u°  IV.  )  Ce  fut  alors  qu'il 
épousa  Mariamue  ,  fille  d'Alexandre, 
fils  d'Aristobule.  Un   autre  Aristo- 
l)ule  ,  frère  de  cette  princesse  .  obtint 
la  grande  sacrificature  ;  mais  lïéro- 
de,  ayant  conçu  de  la  jalousie  con- 
tre lui ,  le  ht  noyer  l'an  55  avaut 
J.  C.    Cinq  ans  après ,  ce  barbare 
fit  mourir  llircan,  aïeul  de  la  reine, 
sans  égard   pour   son  âge  ;  il  avoit 
80  ans.  Apres  la  bataille  d'Actiuni  , 
<lans  laquelle  Antoine ,  sou  protec- 
teur ,  fut  défait ,  il  alla  trouver  Oc- 
tave  qui    éloit  alors  à  Rhodes  ;   il 
sut  si  bien  lui  faire  la  cour  ,  que  ce 
Romain  le  reçut  au  nombre  de  ses 
amis,  et  lui  conserva  le  royaume 
des  Juifs.  A  son  retour  eu  Judée  , 
il  fil  mourir  Sohème,  pour  avoir 
révélé  à  Mariainne  qu'il  lui   avoit 
donné   ordre  de  la    tuer  si  Oi  lave 
l'eût   condamné   (  i^ojez    josEPii  , 


HERO 


/n3 


n°  VI),  et   l'an    28,  il   ht    mou- 
rir Mariamne   même,  qu'iL  avoit 
aimée   avec   une   passion  extrême. 
Après  sa   mort  ,  il  eut  de  violens 
remords  de  sou  crime  ,  il  en  devint 
comme  frénétique ,    jusque-là    que 
souvent  il    commandoit  à  ses  gens 
d'appeler  la  reine  ,   comme  si  elle 
eût  été  encore  vivante.  Ce  désespoir 
lui  causa  une  longue  maladie  ,\t  il 
ne  recouvra  la  sauté  que  pour  fairtj 
mourir  Alexandra  ,  mère  de   I\[a-' 
riamne.  Le  mari   de  sa  sœur  Salo- 
mé  _,    tous  ceux  de  la  race  des  As- 
monéens,   tous   ses  amis,  tous   les 
grands ,    dès  qu'ils    lui    donnoient 
quelque  ombrage,  perdoient  la  vie 
sans   aucune  forme   de  justice.    Ce 
tyran  montra  pourtant  quelque  hu- 
manité dans  les  horreurs  de  la  peste 
et  de  la  famine  qui  ravagèrent  alors 
la  Judée.  Il  ht  fondre  toute  sa  vais- 
selle d'argent  ,  et  vendit  les  meu- 
bles les  plus  rares  et  les  plus  pré- 
cieux de    son  cabinet   pour  soula- 
ger la  misère  publique.  Il  rebâtit  le 
temple  l'an  1 9  avaut  J.  C.  ;  un  théâ- 
tre et  un  amphithéâtre  ,  où  de  b  ea 
5  ans  il  fit  célébrer  des  combats  eu 
Ihouneur  d'Auguste.  Cet  empereur 
fut    si  sensible    à    ces   hommages , 
que  ,  dans    son   second  voyage  de 
Syrie  ,  il  lui  donna  la  souveraineté 
de  trois  nouvelles  provinces.  La  re- 
connoissauce  d'Hérode  fut  poussée 
alors  à   son    comble  ;    il    fit   bâtir 
une  ville  et  un  temple  à  son  bien- 
faiteur ,  comme  à  un  Dieu.  Quelque 
temps  après,   ayant   accusé  auprès 
de  lui  ses  deux  fils  ,   Alexandre  et 
Arislobule  (  voyez  Jucuxdus  )  ,  il 
eut  la  permission 4le  les  punir,  s'ils 
étoient  coupables.  Il  les  lit  étrangler 
l'un  et   l'autre.   C'est  à  cette  occa- 
sion qu'Auguste  dit ,  à  ce  qu'on  pn-- 
tend  ,    «  qu'il  valoit  mieux  être  le 
pourceau  que  le  fils  d'Hérode.  »  Ce 
barbare,  suivant  ce  que  dit  l'Evan- 
gile de  saint  Matthieu ,  siguala  sa 
cruauté    par    une    exécution    non 
nioius  îiorrible.  Le  Messie  veuoit  de 


i4 


lll'LRO 


luiiue  à  Belhléeiii  ;  il  cuvoya  des 
soldats  dans  le  lerritoiie  de  i.€tte 
ville  el  di  ses  contins  ,  avec  ordre 
de  passer  an  Hl  de  ré[)ée  tous  les 
eiifaus  nialt;s  qui  seroieut  aii-des- 
&OIIS  de  d.'iix  ans.  Il  inoiuiU  Irois 
ans  après  la  naissance  de  J.  C.  Com- 
me il  savoil  que  le  jour  de  sa  niorl 
devoit  èlre  une  fête  pour  lesjuils; 
il  ordonna,  dit-on,  qu'on  enfermât 
dans  le  cirque  les  principaux  de 
la  nation,  pour  les  faire  mourir  au 
moment  qu'il  expireroit,  alin  q\ie 
thaqne  famille  eût  des  larmes  à 
verser;  mais  cet  ordre,  aussi  af- 
freux qu'ttiange,  ne  fut  pas  exé- 
cuté. Sa  grandeur  éblouit  tellement 
quelques  juiis,  qu'ils  le  prirent  pour 
le  Mf-sie  ;  cesl  ce  qui  donna  lieu  à 
la  secte  des  héroduMis.  Il  est  vrai 
que  quelques  sava.js  doutent  que 
ces  sectaires  ai  ni  tiré  leur  nom 
d  t-lfcrode-le-G;;iud.  Mais  quand  on 
pease  que  les  dogmes  qu'on  leur 
allrilnie,  se  réduisent  à  ces  deux 
chefs  ,  (c  qu'il  lalloil  se  soumettre 
à  la  domination  des  Ilcvmaius  ,  et 
qu'on  pouvoit  eu  conscience  ,  dans 
les  circonstances  présentes  ,  suivre 
plusieurs  usages  des  païens  »  ,  il  est 
visible  qu'ils  les  avoient  reçus  d'Hé- 
rode-lo-Grand  ,  qui,  pendant  tout 
son  règne,  agit  selon  ces  maximes  , 
quoiqu'il  fit  profession  de  la  reli- 
gion des  juifs,  llérode  fut  le  pre- 
mier qui  ébranla  les  fond^muns  de 
la  république  judaiciue.  H  confondit 
à  son  gré  la  succession  des  pontifes, 
affoihfit  le  pontiticat  ,  qu'il  rendit 
arbitraire,  et  détruisit  presque  en- 
lièivmenl  l'autorité  du  conseil  de  la 
nation.  Cependant,  celte  même  na- 
tion eut  de  son  temps  un  certain 
éclat  ,  par  le  crédit  qu'IIérodeavoit 
auprès  d'Aiiguste,  parla  magnili- 
cence  de  sa  cour  el  des  balimciis 
qu'il  éleva.  Son  histoire  a  fourni 
quelques  sujets  de  dispute  aux  sa- 
vons ,  ils  ont  sur-tout  cherché  à  dé- 
terminer de  quelle  nation  il  étoit. 
î-a  pins  commune  <>'piuioa  est  foa- 


HERO 

dée  sur  un  grand  nombre  de  Pères 
el  d'auteurs  anciens  ,  et  parliculie- 
lemenl  sur  l'aulorité  de  Josèphe  , 
qui  le  fait  îduméeii  et  le  nomme 
étranger.  Plusieurs  modcrnss  sou- 
liemieiit  que  ,  quoiqu'il  fût  origi- 
naire d'Idumée,  il  éioit  juif  de  nais- 
sance ,  parce  que  son  père  et  son 
grand-pere  avoient  embrassé  la  reli- 
gion judaïque.  D'ailleurs  ,  jiuisque 
les  hérodiens  prenoienl  Hérodepour 
le  Messie  ,  ou  ne  peut  pas  douter 
qu'il  ne  fut  juif  de  naissance  ,  rien 
n'étant  plus  clair  parmi  celle  na- 
tion que  rextraclion  juive  de  leur 
libérateur. 

t  II.  HÉRODE-ANTIPAS  ,  fils 
d'Hérode -le- Grand  ,  lélrarque  de 
Galilée  après  la  mort  de  son  père, 
a  voit  épousé  la  lille  d'Arétas,  roi  des 
Arabes;  mais  étant  devenu  amou- 
reux d'Hérodiade  ,  femme  de  son 
frère,  il  la  lui  ravit,  et  répudia  sa 
femme.  Arétas,  pour  venger  cet  af- 
front ,  lui  lit  la  guerre  ,  elles  trou- 
pes d  Hérode  furent  souvent  bat- 
tues, {f-'ujez  HEiîODfADE.)  Hérode, 
accusé  d'avoir  voulu  exciler  quel- 
ques révoltes  eu  Judée  ,  et  ne  pou- 
vant se  justifier  auprès  de  Caligula  , 
qui  d'ailleurs  ne  l'aiinoit  pas,  fut 
relégué  à  Lyon  avec  llérodiade,  où 
ils  moururent  tous  deux  misérable- 
ment. Cet  Hérode  est  le  même  à  qui 
Jésus-Christ  fut  envoyé  par  Pilale. 

III.  HÉRODE-AGRIPPA.  ^ojez 
Agrippa  ,  n°  I. 

IV.  HÉRODE- ATT1CUS.  P~oj. 
Atttcus  ,  n"  U. 

i  HÉRODIADE  ou  Hkrodias  , 
fille  d'Arislobuleet  de  Bérénice  ,  pe- 
tite-fille d'Hérode-le-Graud,  épousa 
en  premières  noces  llérode-]-'liilip4)e, 
son  oncle,  dont  elle  eut.  Salomé. 
Quelque  temps  après,  elle  quitta  son 
mari ,  pour  s  attacher  à  I!érodt-Au- 
tipas,  sou  beau-frère ,  létrarque  de 


HERO 

Galilée,  avec  lequel  elle  vivolt  pn- 
bliqueinenl.  Jeun-Bapliste,  qui  éloil 
alors  à  la  cour  de  ce  prince  ,  ne  ces- 
sant de  crier  contre  ce  mariage  in- 
ceslueux ,  Hérode  le  fit  arrêter  et 
Illettré  eu  prison.  Hérodiade,  aiii- 
rnée  contre  ce  saint  ,  ne  clitrdioit 
qne  l'occasion  de  le  faire  ptirir.  Elle 
se  présenta  un  jour  quliérode  dou- 
iioil  un  grand  repas  ,  à  la  fête  de 
sa  naissance.  Salonié  ,  fille  d'Héro- 
diade  et  de  Philippe,  dansa  avec 
tant  de  grâce  devant  le  roi  ,  qu'il 
promit,  avec  serment,  de  lui  ac- 
corder tout  ce  qu'elle  lui  deuiande- 
roil.  La  jeune  fille,  instruite  par  sa 
niere  ,  demanda  la  tt  te  de  Jean- 
Baptiste ,  et'le  roi  le  sacrifia  à  la  fu- 
reur de  sa  inaitresse.  Hérodiade  , 
souffrant  impatiemment  de  voir  sou 
mari  simple  téirarque,  pendant  que 
son  pro()re  frère  Agrippa  étoil 
honoré  du  titre  de  roi,  enira  dans 
ses  projets  ambitieux.  Elle  fut 
exilée  à  Lyon  avec  son  époux  , 
el  y  mourut  vers  l'an  40  de  J.  C. 
On  prétend  que  l'empereur  Cali- 
gula  ,  ayant  appris  qu'elle  étoit  saur 
cl'Agrippa,  lui  fit  offrir  son  rappel, 
el  qu'elle  répondit  généreusement 
«  que,  puisqu'elle  avoit  eu  part  à  la 
prospérité  d'Hérode,  elle  ne  vouloit 
pas  l'abandoiiuer  dans  son  infor- 
tune. » 

l.  HÉRODIEN,  fils  aîné  d'Ode- 
iiat ,  souverain  de  Palmyre.  Son 
père  ayant  pris  le  titre  de  roi  en 
260,  lui  doiiua  le  même  litre,  et 
l'empereur  Gallien  y  ajouta  celui 
cl'Aiigusle.  Hérodien  étoit  d'un  ca- 
ractère doux  et  humain  ,  mais  livré 
à  la  mollesse  el  à  la  voluplé.  Son 
père,  qui  l'aiinoit  passionnément  , 
lui  donna  ce  qu'il  avoit  trouvé  de 
plus  précieux  dans  les  trésors  de 
Sapor  ,  et  plaça  dans  son  sérail  les 
]>lus  belles  femmes  de  ce  roi  de 
Perse.  Zénobie,  belle-mère  d'Héro- 
dien ,  ne  pouvant  soutenir  l'idée 
qu'il  succèderoit  à  Odeuut  au   pré- 


HERO 


4i5 


judice  des  trois  fils  qu'elle  avoit  eus 
de  ce  prince  ,  engagea,  dit-on  ,  IMaeo- 
nius  à  assassiner  le  père  et  le  fils. 
Hérodieu  avoit  porté  le  titre  de  roi 
pendant  quatre  ans,  el  celui  d'em- 
pereur pendant  trois. 

t  II.  HÉRODIEN,  hjsioneugrec, 
passa  lu  plus  grande  partie  de  sa 
vie  à  Rome  ,  employé  à  divers  ini- 
uistères  de  la  cour  et  de  la  police. 
Il  Tccut  depuis  le  règne  de  Com- 
mode ju.-qu'a  celui  do  IIP  Gordien. 
Nous  avons  de  lui  une  Histoire  en 
huit  livres,  depuis  la  monde  Marc- 
Aurele  jus'ju'à  celles  de  Maxime  et 
de  lialbiu  ;  son  style  est  élégant , 
mais  i'auieur  manque  quelquefois 
d'exactitude  dans  les  faits,  et  sur- 
tout dans  ceux  qui  concernent  la 
géograplrie.  Il  ne  date  point  les  évé- 
nemens  ;  il  ne  fait  point  sentir  la 
liaison  qu'ils  ont  entre  eux.  Nulle 
élévation  dans  la  façon  de  penser, 
nulle  connoissauce  du  (.œur  humain. 
On  l'accuse  d'avoir  été  Iropl'avorable 
à  Maximm,  et  trop  peu  a  Alexan- 
dre-Sévère. J.  Capitoliiine  lait  ordi- 
nairement que  copier  son  tlisloire. 
Ange  Politieu  fut  le  premier  qui 
traduisit  cet  -ouvrage  en  latin. 
De  Bois  Guillebert  en  donna 
d'abord  une  version  française  en 
1675,  in-12,  puis  l'abbé  Mongault 
en  publia  une  seconde  en  1700, 
réimprimée  en  174^,  iu-12.  L'é- 
ditipn  la  plus  estimés  d'Hérodien 
est  celle  de  Paris  ,  avec  les  Notes 
d'Henri  Etienne  ,  1 58 1  ,  in-4°,  réim- 
primée cin/t  iiotis  variorum  ,  cura 
Irmisch ,  Leipsick ,  1789-1 8o5  5 
vol.  in-«°. 

i  HÉRODOTE,  historien  célèbre, 
naquit  à Halicarnasse,  dans  la  Cane, 
l'an  484  avant  J.  C.  Son  pays  étant 
en  proie  à  la  lyMnnie  ,  il  le  quitta 
pour  aller  chercher  la  liberté  dans 
l'île  de  Samos,  d'où  il  voyagea  en 
Egypte,  en  Italie  el  dans  toute  la 
I  Grèce    Pour  s'y  faire  (oiiuoitre,  il 


4i6 


HERO 


se  présenta  aux  jeux  olympiques  , 
el  y  lui  sou  Histoire.  Elle  fut  si 
applaudie,  qu'où  douna  le  nom  des 
neuf  Muses  aux  ueuf  livres  qui  la 
composent.  Etant  retourné  dans  sa 
pairie,  il  exhorta  ses  concitoyens  à 
cliasser  le  tyran  qui  les  opprinioil. 
Ses  sollicitalious  réussirent  ;  mais 
elles  furent  malheureuses  pour  lui , 
car  il  fut  obligé  de  quitter  une 
seconde  fois  son  pays  ,  et  de  se 
retirer  à  Thurium  eu  Italie  ,  qui 
éloit  une  colouie  des  Athéniens , 
où  il  mourut  peu  a[)rès  ,  dans  un  âge 
fort  avancé.  Comme  Hérodote  est  le 
plus  ancien  des  historiens  grecs 
dont  les  écrits  soient  parvenus  jus- 
qu'à nous  ,  Cicéron  l'appelle  le  Père 
de  V]iist.oire.  Cet  ouvrage  contient, 
outre  l'histoire  des  guerres  des 
Perses  contre  les  Grecs  ,  depuis  le  rè- 
gue  de  Cyrus  jusqu'à  celui  de  Xercès, 
celle  de  la  plupart  des  autres  na- 
tions. Ou  y  trouve  tout  ce  qui  s'étoil 
passé  de  mémorable  dans  les  trois 
parties  du  monde  connu  pendant  240 
ans.  Hérodote  l'acheva  du  temps  de 
la  guerre  du  Péloponnèse,  et  l'écri- 
vit en  dialecte  'ionique.  On  a  dit  de 
lui ,  qu'il  étoil  entre  les  historiens 
ce  qu'Homère  est  autre  les  poètes  , 
et  Uémosthènes  entre  les  orateurs. 
Comme  Homère,  dont  il  est  le 
fidèle  imitateur ,  il  entrelaça  les  faits 
les  uns  dans  les  autres,  de  manière 
qu'ils  ne  lissent  qu'un  tout  hien  as- 
sorti. En  variant  sans  cesse  ses  récits 
et  en  promenant  ses  lecteurs  surdif- 
férens  ol)jels ,  il  réveille  contmuelle- 
nienl  leur  attention.  Daillei.rs  son 
style  est  plein  de  grâces,  de  dou- 
ceur et  de  nol)lesse  ;  mais  les  faits  ne 
sont  pas  toujours  vrais.  11  rapporte 
des  fables  ridicules  qu'il  ne  donne  , 
à  la  vérité  ,  que  comme  des  ouï-dire. 
11  est,  aux  yeux  de  certains  philQ- 
sophes,  autant  le  p  -re  du  mensonge 
que  celui  de  rinsluire.  Si  on  le  com- 
pare avec  les  historiens  de  sa  nation, 
ou  trouvera  qu'il  esl  plus  doux  ,  plus 
«légaixt  que  Thucydicle ,  uuiis  qu'il  a 


HERO 

moins  de  nerf,  moins  de  vigueur  ;  il 
est  vrai  que  ce  deruier,  peintre  des 
malheurs,  des  dissensions  des  plus 
llorissans  états  de  la  Grèce,  avoit 
besoin  d'un  ]»inceau  plus  sombre  que 
celui  qui  en  retraçoit  les  brillans  ex- 
ploits et  les  aduiirables  triomphes  ; 
aussi  grand  écrivaiu  que  Xénophon, 
il  est  moins  moral ,  moins  philoso- 
phe :  le  disciple  deSocrate  ne  seuible 
écrire  que  pour  éclairer  les  esprits, 
l'historien  des  Grecs  et  des  barbares 
semble  s'occuper  davantage  à  cap- 
tiver l'imagination  par  le  charme  de 
ses  écrits.  Comparé  aux  Romains  , 
Hérodote  esl  aussi  élégant  que  Tite- 
Live;  mais  moins  grand  orateur, 
moins  serré ,  moins  fort  que  Sal- 
luste;  il  n'a  aucun  rapport  avec 
Tacite.  Les  meilleures  éditions  de 
son  Histoire  ont  été  dounées  par 
Jacques  Gronovius ,  171;'),  in  -folio  ; 
par  Thomas  Gale  ,  Londres  , 
1679  >  in-J"ol.  ;  par  Wesselin- 
gius  ,  Amsterdam,  1768  ,  in-fol.  ;  et 
Glascovv,  1761,  9  vol.  in-8".  Du 
'Ryer  l'a  traduite  eu  français,  5  vol. 
in- 12.  Le  savant  Larcher  en  a 
donné  une  traduction  plus  fidèle  eu 
1786,  7  vol.  in-S".  Eu  1802,  le 
même  auteur  en  a  donné  une  nou- 
velle édition  en  9  vol.  iu-S",  sous  ce 
titre  :  llistoirt  d' Hérodote  ,  tra- 
duite du  grec,  avec  des  remarques 
historiques  el- cri  tiques  ,  un  essai  sur  ■ 
la  cln'onologie  d'Hérodote ,  et  une 
tahle  géographique  ;  nouvelle  édi- 
tion ,  revue  ,  corrigée  el  considéra- 
blement augmentée ,  à  laquelle  on  a 
joint  la  vie  d'Homère  ,  attribuée  à 
Hérodote,  les  extraits  del'Hisloirede 
Perse  et  de  l'Inde  de  Clésias,  et  le 
traité  de  la  Malignité  d'Hérodote; le 
tout  accompagné  de  notes. 

t  HEROET  ou  Hebovet  (An- 
toine ,  né  à  Paris.  Ses  talens  pour 
la  poésie  française  le  Hreut  con- 
noitre  de  l'r.mçois  V,  qui  lui  donna 
i'évèchéde  Digne  en  ir)^....!!  mou- 
rut eu  1  u08.  Ou  a  du  lui ,  1.  Lu  Tra' 


HERO 

duction  de  VAndrogyne  de  Platon. 
II.  La  paîj'aile  Ame.  111.  Com- 
plaiiite  d'une  dame  nouvellement 
surprinse  d'amour,  Far\s  ,  ti):\-2;  el 
&Vin:hs&  Poésies  de  Borderie  et  au- 
tres ,  Lyou,  1547,  in-8°.  La  iiia- 
iiière  dont  it  y  iraite  de  laniour  a 
donné  lieu  à  Joachim  du  Bellay 
d'e^cel■cer  sa  verve  éi)igrannnalii|ue. 
Cf  jjendanl  ceporlrail  de  iauiour  par 
Héroct  est  au-dessus  de  la  pUipart 
des  poésies  de  sou  temps  : 

J'ai  vu  amour  poiirtrait  en  divers  Houx, 
I^'un  le  peint  vieil ,  cruel  et  furieux!; 
L'aulrc  plus  doux,  .iveu;;le,  enfant  et  ua  : 
rbacuH  le  ]ieiiit  pour  tel  qu'il  l'a  connu. 
Par  ses  tienl'ails  ou  par  sa  forfaiture; 
C'est  que  cîuicun  vai'ie  eu  siî'j  cerveau  ; 
t  n  dieu  d'.imour  pour  lui  propre  et  nouveau  ; 
C'psl  qu'il  y  a  dans  les  enlemleniens 
Aulaul  d'amours  que  du  sortes  d'iiiuans. 

*  HEROGUELLE  (  François  de) , 
îiiédecin,  nalil'  d'Arras,  vivoil  daus 
le  17'^  siècle.  Il  lui  ua  des  premiers 
quitlreulT;oîiuoilreleseauxde  Saiul- 
Amaud  ;  il  p'.iblia  aussi  des  Oôsen^a- 
tio/is  sur  les  ecux  minérales  dcMa- 
i  imoiiiet  surcellesduSaulsoir,piès 
de  Tournay.  Ce  mtrdecin  mou  ml  à 
Sainl-Amand,  où  il  s  étoil  établi  de- 
puis loug-teinps.  On  a  encore  de  lui, 
1.  Anatumie  des  eaux  minérales  de 
Sainl-Amand ,  Touniay,  i<iS5  , 
in-8°.  II.  La  Fontaine  minérale  de 
Saint-Amand  triomphante  par  les 
arcanes  ou  plus  rares  secrets  de  la 
médecine  ,  Valenciennes  ,  i6gi  el 
1699  ,  in-12. 

t  HÉROI.D  (  Jean  ) ,  né  à  Hochs- 
led  eu  1611,  se  maria  à  Baie,  oii  il 
lut  aux  gages  des  libraires.  Les  ma- 
gislrals  lui  donnèrent  le  titre  de 
citoyen.  Depuis ,  il  prit  le  nom  de 
Basiiius.  Il  mourut  après  i.')66.  On 
a  de  lui ,  I.  Hœreseologia  ,  seu  Col- 
lectio  theologorum  ad  conjuta- 
tionem /eœ/eseon ,  BA\e  ,  i55t),  iu- 
folio.  II.  Une  donlinuation  de  riiis- 
îoire  de  Guillaume  de  Ijr,  im- 
primée à  la  suite,  m.  De  Germaniâ, 
T.  vwi. 


HERO 


417 


dans  Schardius.  IV.  Des  Notes  sur 
Eiigippiuâ.  V.  Une  bonne  édition 
des  (Ëuvres  complètes  de  Fr.  Eé* 
trarque,  Baie  ,  i58i,4l"'n-)  J  vol, 
m-iol. 

t  HÉRON,  né  à  Alexandrie  l'au 
100  avant  J.  C. ,  et  élevé  de  Clési- 
bus ,  se  rendit  Irès-célèbre  dans  la 
mécanique  ,  et  par  la  profondeur 
de  ses  écrits  sur  cet  arl.  Dans  un 
ouvrage  sur  les  différentespuissances 
mécaniques,  il  les  réduisoit  au  le- 
vier el  les  combinoit  de  diverses 
manières  pour  les  appliquer  aux  be- 
soins de  la  vie.  Daus  un  autre  ,  ap- 
porté de  l'Orient  vers  la  fin  du  16® 
siècle  par  Colins,  Héron  rétablis- '* 
suit  lancienne  machine  d'yVrchi- 
mède,  appelée  par  Pappus  Onerum. 
tractor.  Cest  sur-tout  par  ses  Clep- 
sydres à  L'eau  ,  ses  Automates  ,  et 
ses  JUachines  à  vent,  qu'Héron  ex- 
cita l'admiration  de  l'antiquilë. 
Nous  avons  de  lui  im  Traité  des 
macJùnes  à  vent,  traduit  en  latin 
sous  ce  titre  :  Spiritalia  ou  Fneu- 
maiica,  avec  nu  fragment  de  ses 
automates  ;  un  autre  intitulé  Be- 
lopeœca,  on  Construction  des  traits, 
publié  par  les  éditeurs  du  JSlathe- 
maticl.  A  sa  grande  habileté  da^is  la 
mécanique ,  Héron  joignoit  beau- 
coup d'intelligence  pour  la  géomé- 
trie ;  il  est  souvent,  comme  tel, 
cité  par  Proclus.  -—  Un  autre  mé- 
canicien, nommé  HiSRON-le-Jeune, 
qui  vivoil  vers  le  milieu  du  8*^  siècle, 
est  auteur  d'un  Traitéde  Vartet  des  • 
machines  militaires  ,  traduit  en  la- 
tin eu  167:2  par  Barocius  ;  Anciens 
/nathématiciens  ,  imprimés  au  Lou- 
vre, in-fol. ,  1695. 

t  HÉROPHILE,  célèbre  médecin 
grec,  obtint  la  liberté  de  disséquer 
les  corps ,  "encore  vivans ,  des  cri- 
minels condamnés  à  mort.  Dans  ime 
Dissertation  imprimée  à  Florence  eu 
1766  ,  Cocchi  a  prétendu  que  le  mé- 
decin grec  u'ayoil  point  eu  celle  bar- 
37 
\ 


AiS 


lîERR 


barie  ,  el  n'avoît  disséqué  que  des 
corps  morts.  Hérophile  est  le  pre- 
mier q'.ii  ait  traité  avec  un  peu  de 
jirofoudeur  Yétude  Hu pouls ,  et  il  fil 
hiire  de  grands  progrès  à  la  science 
de  raiiatoniie.  Il  vivoit  vers  l'an 
070  avant  J.  C.  Gîcéron,  Pline  et 
Pliitarqiie  parlent  de  lui  avec  éloge, 
fallope  dit  qu'il  fut  l'un  des  plus 
grands  auatomislts  de  son  temps  ,  et 
qu'il  fil  dans  cUle  science  beaucoup 
plus  de  découvertes  qn'Erasistrale , 
son  contemporain  elson  émule.  On 
lui  attribue  la  découverte  des  T^ais- 
staux  lactés  et  la  Nomencla- 
ture grecque  des  dijférenles  parties 
du  corps  humain  qu'elles  conser- 
vent encore. 

t  11.  HÉROPHILE  ,  maréchal 
ferrant  ,  imposteur  qui  parut  à 
Rome  du  temps  de  Jules  César , 
il  se  disoit  petit-fils  de  C.  Marins, 
el  sut  si  bien  le  persuader  ,  que 
la  plupart  des  communautés  et  des 
corps  de  la  ville  le  reconnurent 
pour  tel;  mais  César  le  chassa  de 
Rome.  Il  y  revint  après  la  mort 
de  ce  grand  homme,  el  fut  assez 
hardi  pour  entreprendre  d'extermi- 
ner les  sénateurs  ,  qui  le  firent  ar- 
rêter el  tuer  daus  sa  prison. 

*  HERRADE  de  Eandsberg  , 
abbesse  de  Hohenbourg  ,  depuis 
nommé  Saint-Odile  dans  les  Vosges, 
vivoit  au  12*  siècle,  et  se  rendit 
célèbre.  Elle  sut  embellir  son  exis- 
tence par  la  peinture  ,  la  musique  el 
)a  poésie.  Nous  avons  d'elle  ,  sous  le 
nom  de  Jardin  des  délices  [Hortus 
.deliciarum  ) ,  im  Recueil  de  poésies 
latines  ,  qu'elle  dédia  ,  en  ii8u,  à 
ses  chanoinesses  ,  dout  le  nombre 
niontoil  alors  à  quarante-sept.  Le 
style  de  Herrade  a  un  caractère  de 
douceur  et  d'url)anilé  qui  fait  placer 
son  livre  bien  an-dessus  d'une  grande 
j)artie  des  ouvrages  de  la  latinité  du 
moyen  âge.  C'est ,  au  rapport  de 
Jean  liuséc,  un  chef-d'œuvre  d'onc- 


HE  rai 

tion  ,  de  précision  et  d'élégance, 
Edelinde  ,  sœur  de  Herrade  ,  lui  suc- 
céda en  1200.  Elle  éloit  digne  de 
cette  distinction;  car  elle  égaloit  sa 
sœur  en  piété  et  en  savoir. 

*  1.  HERRERA  (François  de  ) ,  dit 
le  Kieux  ,  peintre  ,  architecte  et 
sculpteur ,  né  à  Séville  ,  mort  a  Ma- 
drid en  i656.  ha/àçadedu  couvent 
des  religieux  de  la  Merci  à  Séville 
prouve  ,  dit-on  ,  ses  talens  en  archi- 
lecliue  ,  connue  divers  de  ses  ou- 
vrages,'soit  cl /'rcsque,  soit  en  ta- 
bleaux de  chevalet  q^vlx  se  voient  à 
Séville  et  à  Madrid  ,  lui  ont  acquis  la 
réputation  de  peintre  distingué. 

*  II.  HERRERA  (  François  de  )  , 
Jil  le  Jeune,  fils  du  précèdent,  né 
à  Séville  en  1620,  mort  à  Macirid 
en  i68r)  ,  fui  d'abord  élevé  de  son 
père.  Pendant  le  voyage  qu'il  lit  à 
Rome,  où  il  étudia  les  meilleurs 
modèles  antiques  el  modernes  ,  il  s'y 
distingua  par  quelques  tableaux  re- 
présentant des  poissons  si  naturels  et 
si  vrais  ,  qu'ils  lui  firent  donner, 
dans  cette  ville,  le  surnom  de  l'Es- 
pagnol aux  poissons.  De  retour 
dans  sa  patrie,  il  composa  des  ou- 
vrages qui  étendirent  sa  réputa- 
tion; mais,  imaginant  que  Madrid 
éloit  le  seul  théâtre  digne  de  ses  ta- 
lens ,  il  s'y  rendit ,  et  l'on  s'y  plut  à 
exercer  son  pinceau.  Un  de  ses  plus 
beaux  Uiblcr.ux  et  auquel  il  dounoit 
la  préférence  est  celui  où  il  a  repré- 
senté, au  grand  autel  des  carmes 
déchaussés  à  Madrid  ,  saint  Hermè- 
nègilde ,  roi  d'Espagne.  Les  auteurs 
espagnols  vantent  beaucoup  l'intelli- 
gence de  Herrera  dans  le  clair-obs- 
cur ,  son  coloris  ,  qu'ils  comparent  à 
celui  du  Titien,  el  sur-tout  sa  ma- 
nière de  peindre  les  fleurs. 

Y  III.  HERRERA  Tordesillas 

(Antoine  d' )  ,  d'abord  secrétaire 
de  Vespasien  de  Gonzague,  vice-roi 
de  Naples,  puis  grand-hisloriogra- 


IlERR 

])l\e  des  Tildes ,  sous  Philippe  H,  qui , 
en  lui  donnant  ce  liUe,  l'accoinp.i- 
giia  d'une  foile  pension,  publia, 
en  Z)  vol.  in-rd. ,  une  Histoire  gé- 
nérale dfs  Indes ,  en  espagnol ,  de- 
puis 1492  jusqu'en  i554  ,  Madrid, 
1728-  1700,  8  vol.  en  ^  loin,  in- 
folio. Cet  ouvrage,  tres-délaillé  et 
hès-curieux  ,  est  assez  vrai ,  à  quel- 
ques endroits  près  ,  dans  lesquels  on 
sent  que  l'auteur  aimoit  le  merveil- 
leux et  l'extraordinaire.  Il  flatte 
trop  sa  nation ,  et  sou  style  est  bour- 
fcoutlë.  Une  mëiirise  assez  plaisante 
parmi  les  naturalistes  et  les  traduc- 
teurs doit  sa  naissance  à  l'ouvrage 
dellerrera.  En  parlant  d'un  scarabée 
lumineux  ,  de  l'espèce  du  cucujo  ou 
porle-lanierne  ,  il  dit  qu'il  avoit  la 
singularité  de  venir  à  la  voix.  L'au- 
teur espagnol  se  sert  du  mot  acudia, 
imparfait  du  verbe  acudire ,  pour 
dire,  //  arrivait  ;  le  traducteur  a 
cru  (^acudia  etoil  le  nom  de  l'in- 
secte ;  et,  d'après  lui,  l'imparfait 
devenu  scarabée  se  trouve  dans  les 
Dictionnaires  d'Histoire  nalurelle  , 
el  sur-tout  dans  celui  de  Valmont  de 
Boinare  ,  qui  consacre  trois  pages  à 
la  description  dacudia.  Herrera 
mourut  le  27  mars  172.0  ,  âgé  d'en- 
viron 66  ans,  après  avoir  oblenu  de 
Pliilippe  IV  le  brevet  de  la  pre- 
mière charge  de  secrétaire  d'état  qui 
viendroit  à  vaquer.  L'édition  espa- 
gnole de  cette  Histoire  n'est  pas  bien 
commune  en  France.  Nicolas  de  La 
Coste  l'a  traduite  en  français,  eu  3 
vol.  in-Zj" ,  Paris,  1660,  1G66  et 
1671.  La  meilleure  édition  de  l'ori- 
ginal espagnol  de  YHistoiregénérale 
des  Jndes  ,  en  espagnol ,  est  celle  de 
Madrid,  1601-1616,  8  vol.  in-lol., 
qui  se  relient  ordinairement  en  4- 
Herrera  a  fait  aussi  en  espagnol  ime 
Histoire  générale  de  son  temps  , 
depuis  i,'îd4  jusqu'en  1.S98  ,  en  7> 
vol.  in-fol.  On  l'estime  moins  que 
l'Histoire  des  Indes. 

*  IV.  HERRERA  (Alfouse  de), 


HEI\Ï\ 


4'9 


Fepngnol,  religieux  de  l'ordre  de 
Saini-Domimque,  et  prédicateur  de 
Charles  V,  mort  vers  l'an  i.TÔg  , 
s'étoit  acquis  une  grande  répn— 
rthiou  daiis  la  chaire  ;  mais  il  ne 
reste  aucun  de  ses  sermons.  Ou  n'a 
de  lui  qu'un  traité  De  valore  ho^ 
norian  opcrum  ,  dédié,  a  Catherine  , 
reine  de  Portugal  ;  il  parut  à  Paris 
en  i54o.  L'auteur  y  cherche  à  ré- 
futer les  luthériens. 

ï  V.  HERRERA  (  Ferdinand  de), 
né  à  Sévilie  vers  l'année  1020. 
Après  avoir  étudié  la  géographie, 
les  mathématiques  et  les  langues 
savantes ,  il  se  voua  à  la  poésie  , 
et  se  fit  remarquer  par  des  pro- 
ductions très -estimées,  lia  laissé, 
I.  Des  Elégies  ,  des  Sonnets  ,  etc. , 
imprimés  à  Sévilie  en  1082  et  eu 
i6ic>,  1  vol.  Ses  poéiiies  renferment 
des  morceaux  sublimes  à  coté  de 
morceaux  très-médiocres;  mais  ea 
général  Herrera  sut  joindre  Télé- 
gance  du  style  à  la  facilité  de  la 
versilication.  Herrera  a  laissé  eu 
outre  quelques  ouvrages  en  prose. 
II  jLa  T^ie  du  chancelier  Thomas 
Morus ,  d'après  celle  écrite  en  iati» 
par  Thomas  Staplcton,  imprimée  à 
Sévilie  en  ib(\2.  111.  Relation  de 
la  guerre  de  Chypre  et  de  la  ba~ 
taille  navale  de  Lépante ,  impri- 
mée à  Sévilie  en  1572.  IV,  Des 
^otes  sur  Garcilasso  de  La  Vega, 
imprimées  à  Sévilie  en  i58o.  Les 
ouvrages  de  Herrera  qui  ne  virent 
jamais  le  jour  et  dont  ses  contem- 
porains font  mention  sont,  I.  ic 
Bataille  des  géants.  II.  L'enlève- 
ment de  Proserpine.  1  l  L  Les 
ylmoursde  Lausino.  y  Corona.  IV. 
Histoire  générale  d'Espagne  ,  jus~ 
(ju'au  règne  de  Charles  V.  V.  Des 
Epigrammes  latines,  imitées  des 
plus  célèbres  poètes  de  l'antiquité, 
et  i.VauCres  pièces  de  i-ers  en  es- 
pagnol. 

*  VI.  HERPiERA  (  Jean  )  ,  archi. 


|20 


HERR 


texte  du  roi  et  chevalier  de  Saint- 
Jacques  ,  né  à  Morellar  dans  les 
Asturies ,  fut  disciple  de  Jean-Bap- 
liste  de  Tolède  ,  et  son  succes- 
seur pour  !a  Cunstruclion  de  l'Es- 
ciirial ,  conimeucée  en  i565  et  lei- 
ini\iée  par  Herreia.  On  lui  doit  le 
Pont  de  Ségovie  à  Madrid.  Herrera 
mourut  en  1597. 

*  VIL  HERRERA  (Thomas), 
Espagnol  ,  llorissoit  dans  le  17"^ 
siècle.  On  a  de  lui  Respoiisio  pa- 
cifica  ad  apolugeilcum  de  prœte/i  .0 
monachatii  aiigustiniano  S.  T'raii- 
c/sci,  Bouonia;  ,  i655,  in-fol.  — 
il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Pierre  Herf.era  qui  llorissoit  dans 
le  même  siècle.  Il  pul)lia  Cornmen- 
larii  in  Iractatam  I).  Thomœ  de 
trinitate  ,  Papiae,  1627  ,  in-4°.  — 
Jean  Herkera, auditeur  de  rote  es- 
pagnole à  Rome  dans  le  iB'^  siècle  , 
b'y  disliugua  par  ses  mœurs  et  son 
-savoir.  Ou  a  de  lui  Uecisiones  , 
iV.  Ko  (ce  Romance,  Romœ,  1751, 
iii-fol. 

t  VIII.  HERRERA  (  François  d'), 
Espagnol  ,  peintre  ,  architecte  et 
fondeur  en  bronze,  fut  très-estimé 
et  acquit  beaucoup  de  réputation  à 
Ja  cour  de  Madrid  ,  où  il  mourut 
en  i656.  On  admire  à  Séville,  dans 
l'église  de  Saint-Bernard  ,  un  grand 
tableau  de  ce  peintre,  représentant 
le  Jugement  universel ,  d'un  excel- 
lent (lessiu  et  d'un  mélange  heureux 
de  couleurs. 

t  IX.  HERRERA  (François  d') , 
fds  du  précédent,  né  à  Séville, 
où  il  apprit  les  premiers  principes 
de  son  art  sous  son  père  ,  se  ren- 
dit à  Rome  ,  et  y  étudia  les  ouvra- 
ges des  peintres  les  plus  célèbres , 
les  statues  et  les  monumens  antiques 
qu'on  admire  dans  celte  ancienne 
capitale  du  monde.  Ainsi  que  son 
père,  il  devint  aussi  bon  peintre 
qu'habile  architecte.  De  retour  dans 


H  ERS 

sa  patrie,  il  fit  par  ordre  de  Phi- 
lippe IV  diverses  peintures ,  et 
lut  déclaré  peintre  du  roi.  Son  suc- 
cesseur ,  Charles  11  ,  le  créa  suriti- 
tendant,  chef  de  tous  les  peintres, 
et  premier  architecte  du  royaume. 
On  voit  à  Madrid  et  dans  d'autres 
villes  de  l'Espagne  beaucoup  d'ou- 
vrages de  cet  artiste  exécutés  avec 
un  talent  distingué.  Herréra  mort 
à  iMadrid  à  l'âge  de  G3  ans ,  en  1 G85  , 
eût  obtenu  beaucoup  plus  d'éloges 
s'il  eût  joint  à  son  mérite  de  meil- 
leures mœurs. 

*  HERRING  (  Thomas  ) ,  évêqua 
de  Bangor,   et   ensuite  archevêque' 
d'Yorck  en  i743,  naquit  à  Walso-' 
ken  dans  le  comté  de  Norfolck  en 
1693.  Lorsque  la  rébellion  d'Ecosse 
eut  éclaté,  et  que  les  montagnards 
eurent   défait  à   Preston-Pans  les 
troupes  du  roi ,  Harring  contribua 
beaucoup  à  dissiper  la  terreur  pa- 
nique que  ce  revers  avoit  inspirée, 
et  à  réveiller  la  nation  de  sa  léthar- 
gie. Il  assembla  le  clergé ,  la  grande 
et  la  petite   noblesse ,    et  ,  dans  un 
discours   noble    et    pathétique,  les, 
détermina    à  ouvrir  une  souscrip- 
tion   qui   s'éleva  à     40,000    livres 
(  environ   920,000  de  notre  mon- 
noie  ).    Cet  exemple   fut  suivi  par  , 
toute  la  nation.  11  mourut  en  1757, 
On   a    de   lui. un  Recueil  de  Ser- 
mons  imprimé   eu    1760,  dont  le' 
produit  a  été  affecté  à  l'un  des  hô- 
pitaux de  L.ondi'es  ,  et  un  Recueil 
de  Lettres. 

t  HERSAN  (  Marc  -  Antoine  ) , 
professeur  des  humanités  et  de  rhé- 
torique au  collège  du  Plessis  ,  et  en- 
suite d'éloquence  au  collège  royal, 
après  s'être  distingué  dans  ces  pla- 
ces, se  relira  à  Compiègne  ,  sa  pa- 
irie ,  où  il  fonda  un  collège,  au- 
quel il  présidoit  souvent  lui-même. 
11  y  mourut  eu  1724,  âgé  de  73 
ans.  On  a  de  lui,  I.  L'Oraison/ii- 
nèhredu  càcncelierLe  Tellier,  çti 


HERS 

beau  latin ,  traduit  en  français  par 
Konavit,  inlerprèle  de  la  biblio- 
thèque de  Sorbonue  ,  Paris,  1G88, 
iu-4°.  II.  Des  Pièces  de  poésies  , 
dans  lesquelles  on  remarque  beau- 
coup de  goût  et  une  latinité  pure. 

III.  Des  Pensées  édijiatites  sur 
la    Mort  ,   Paris ,    1722,    in  -  1 2 . 

IV.  Le  Cantique  de  Moyse  après 
le  passage  de  la  mer  Rouge ,  e.v- 
pliqué  selon  les  règles  de  la  rhé- 
torique,  Paris  ,  1700,  in-i  2  ,  insère 
])ar  RoUin ,  un  des  meilleurs  dis- 
ciples de  ce  maître,  dans  sou  Traite 
des  Etudes. 

HERSÉ  (Mylholog.  ),  Rlle  de 
Cécrops  et  sœur  d"Ag!aiire  ,  fut  fort 
aimée  de  Mercure.  Ce  dieu  fit  pré- 
sont à  Aglaure  d'une  somme  d'ar- 
gent, pour  qu'elle  lui  facilitât  l'en- 
trée che.':  sa  sœur.  Mais  Palias 
ajaut  ordonné  à  l'Envie  de  rendre 
Aglaure  jalouse  ,  elle  refusa  la  porte 
au  dieu  lorsqu'il  se  présenta ,  et 
Mercure,  pour  la  punir  de  sa  per- 
fidie ,  la  chaDj'^ea  en  pierre. 

-;•  HERSENT  ou  Hersan  (Char- 
les), Parisien  ,  /locleur  de  Sorboune;, 
d'abord  prêtre  de  l'Oratoire  ,  en- 
suite chancelier  de  l'église  de  Metz, 
est  prmcipalement  connu  psr  l'ou- 
vrage fameux  et  peu  commun  ,  in- 
titulé Optalus  Gallus  de  caveiido 
sc/tismate  ,  Paris ,  ir)4o,iu-8°.  Ce 
libelle  sanglant  contre  le  cardinal 
de  Richelieu  ,  adressé  aux  prélats  de 
l'Eglise  gallicane  ,  fut  condamné  par 
eux  et  par  le  parlement.  On  avoil 
répandu  le  l)ruit  que  ce  minisire  vou- 
loit  créer  un  patriarche  en  France  ; 
ce  furent  ces  bruits  qui  produisirent 
le  livre  d'Hersent.  L'auteur  y  éta- 
blissoit  d'abord  la  nécessité  d'être 
imi  à  un  seul  chef,  qui  est  le  sou- 
verain ponlife.  11  avançoit  que  tout 
se  préparoit  en  France  à  s'en  sépa- 
rer ;  que  l'affection  des  Français  pour 
le  saint-siége  ,  inaltérable  dans  les 
temps  les  plus  difficiles,  allait  être 


HERS 


421 


anéantie  si  le  clergé  ne  remédioit 
pas  à-  un  si  grand  mal  ,  et  que 
l'Eglise  gallicane  alloit  bientôt  res- 
sembler à  celle  d'Angleterre.  Celle 
crainte  éloit  fondée  sur  l'édilioti 
d'un  livre  qui  parut  alors  sur  le» 
/idertés  gallicanes  ;  lequel,  mal- 
gré la  censure  des  prélats  de  France, 
se  débitoit  ouvertement;  sur  la  pro- 
position de  quelques  évêques  de  mo- 
dérer les  annales  ;  enfii>  sur  la  décla- 
ration que  le  roi  avoit  donnée  tou- 
chant les  mariages,  pour  la  validité 
desquels  il  exigeoit  des  conditions 
que  l'Eglise  ne  demandoil  point.  Le 
cardinal  de  Richelieu,  outré  de  ce 
qu'un  écrivain  inconnu  travailloit  à 
répandre  une  terreur  panique  dans 
l'Eglise  de  France ,  chargea  quatre 
écrivains  de  le  réfuter,  avec  ordre 
de  soutenir  que  le  roi  pouvoi".  pren- 
dre des  conuibutious  du  clergé. 
L'édition  originale  du  livre  dTler- 
seut  est  fort  rare;  on  la  distingue  de 
la  contref action  ,  à  la  page  7,  lig.  ib 
ou  17,  où  on  lit  superiore  pour 
superiorum ;  et  à  l'arrêt  du  parle- 
ment qui  a  douze  pages,  et  seule- 
ment onze  dans  la  contrefaclion. 
La  vivacité  avec  laquelle  il  étoit 
écrit  étoit  réellement  capable  d'é- 
branler les  cerveaux  foibles.  Simon 
en  trouve  d'ailleurs  le  slyle  fort 
mauvais.  Parmi  les  écrits  qu  on  op- 
posa à  Hersent,  les  meilleurs  sont 
ceux  d'Isaac  Habert  :  De  consensu 
hierarcliiœ  et  monarchiœ  ,  et  de 
Michel  Rabardeau,  jésuile  :  Optatua 
Gallus  ,  benignâ  manu  sectus  , 
tardé,  sed  aliquando.  Ce  jésuite 
pensoit  que  la  création  d'un  pa- 
triarche n'auroit  rien  de  schisma- 
licpie  ,  et  que  le  consenlement  du 
pape  n'éloii  pas  plus  nécessaire  pour 
cela  ,  qu'il  ne  l'avoit  été  pour  établir 
les  patriarches  de  Jérusalem  et  de 
Conslantiuople.  Hersent  passa  à 
Rome  ,  où  son  génie  bouillant  et 
emporté  ne  plut  pas  davantage  qu'à 
Paris.  Ayant  prêché  le  panégyrique 
de  saiut  Louis,  et  y  ayant  mêlé  iu- 


4-2  ÏIERT 

discrètement  les  questions  tle  la 
grâce,  il  fut  décrété  d'ajoiirneiiieut 
personnel  par  l'mquisi  lion;  et  comme 
il  refusa  de  comparoitre,  il  fui  ex- 
communié. De  retour  en  France,  il 
mourut  au  chàleau  de  Largoue  en 
Bretagne  en  iTiGo.  Ou  a  de  lui  des 
Oraisons  funèbres  ,'  c'es  Sermons  , 
quelques  Libelles  contre  la  congré- 
gation qu'il  avoil  quittée  ;  une  Tra- 
duction française  du  Marcus  Gal- 
licus  de  l'évèque  d'Yprts ,  1658, 
in-8°,  sous  le  titre  Aq  Mars  Fran- 
çais ou  la  guerre  de  France,  en 
laquelle  soûl  examinées  les  raisons 
de  la  justice  prétendue  des  armes  et 
des  alliances  du  roi  de  France,  1607, 
in-S"  ;  ua  Traité  de  la  souveraineté 
de  Metz ,  pays  Messin  ,  et  autres 
villes  et  pays  clrconuoisins  ,  i  G55 
in-8°. 

H ER SI  LIE  (Mjihol.)  ,  fille 
de  Tatius  ,  roi  des  Sabins.  Romu- 
lus  la  prit  pour  lui,  lorsque  les  Ro- 
mains enlevèrent  les  Satines.  Sou 
père  ayant  déclaré  la  guerre  à  ce 
prince,  elle  Ht  en  sorte  que  ces 
deux  rois  fissent  la  paix  ,  et  elle 
épousa  Romulus.  Celui-ci  ayant 
disparu,  elle  crut  qu'il  étoit  mort, 
et  eu  eut  uue  si  grande  douleur  ,  que 
Junon,  pour  la  consoler,  la  lit  aussi 
monter  au  ciel,  où  cette  princesse  re- 
trouva son  mari.  Les  Romains  leur 
dressèrent  des  autels  sous  les  noms 
de  Quirinus  et  d'Ora, 

HERTHA  (Mylhol.),  déesse  des 
anciens  Germains,  et  sous  le  nom 
de  laquelle  ils  adoroient  la  terre , 
avoil  sa  statue  sur  un  chariot  couvert, 
au  milieu  des  sombres  forets.  Un  prê- 
tre unique  desservoil  son  culte  ,  et 
marchoit  devant  le  char  attelé  de 
deux  génisses  blanches,  lorsqu'on 
promcuoit  la  divinité.  Peiidaut  ce 
temps,  le  peuple  dansoit  et  se  li- 
vroU  au  repos  et  aux  plaisirs.  Tacite 
fait  mealiou  d'Hertha. 

liERTlUS(  Jean- Nicolas \  pro- 


HERT 

fesseur  en  droit  el  chauceli-r  de 
l'université  de  Giessen ,  né  dans  le 
voisinage  de  cette  ville,  et  mort 
en  1710  à  5g  ans  ,  a  doaué  plu- 
sieurs ouvrages  utiles  pour  fhistoirc 
des  premiers  siècles  de  l'Allemagne. 
Les  principaux  sont,l.  Notitia  ve- 
tcrisFrancorum  regni,  i7io,in-4-* 
C'est  une  notice  des  premiers  temps 
du  royaume  de  France,  jusqu'à  la 
monde  Louis  le-Pieux.  II.  Comnieii- 
tationes  et  Opuscula  ad  historiaui 
et  geographiam  Germaniœ  anli- 
(juœ  speclantia  ,  1 7 1 3  in-/}"  ,  etc. 

*  HERTODT  T>F.  ToDTEN- 
FELD  (  Jean  -  FerrUncuid  ),  docteu":»* 
en  médecine,  membre  de  l'académie 
impériale  des  curieux  delà  nature  , 
néà  Niclasbourg  en  Moravie,  pro- 
fessa son  art  ainsi  que  la  physique 
à  Hriuu,  jusqu'à  sa  mort  arrivée 
en  171  \.  Les  ouvrages  qivjj  a  com- 
posés sont  ,  I.  Tartanm  Mastiœ 
Muraviœ  .  per  quem  ra/ij,)ra  et  ad- 
miranda  à  naturâ  in  fpcundo  Iiu- 
ius  regionisgreinio  émisa  ,  curiu^è 
exaininantur.  Vieii^  Auslrise  , 
1669,  in-S".  II.  O^us  mirificum 
sextœ  diei,  id  est  ,'^'tomo  physicè , 
anatoniicè  et  mar>f'iter  in  poten— 
tiorcs  suas  partes  qissectus,  lenae  , 
1670  ,  in-S".  111.  mocologia  ,  siue 
curiosa  (  roci,  re^'is  pegeiabiliurn 
enucteatio,  ibid,  i()7i,in-8°.  C'est 
une  dissertation  daus  le  goiit  de 
celles  de  l'académie  des  curieux  de 
la  nature. 

*  HERTOGHE  (  Gilles  de  )  ,  mé- 
decin du  15"-'  siècle,  natif  du  Bia- 
banl ,  adressa  à  Malhias  Ccrvi.i  , 
roi  de  Hongrie  ,  une  lettre  de  Gesta- 
tionejœtus  mortuiper  tredecim  an- 
nos;  elle  parut  à  Râle  eu  i5)S4  , 
dans  uu  ouvrage  intitulé  Mathix 
Cornacis  mcdicœ  consultationis 
apud  œgrotos  instituem'œ  enchy- 
ridion i  et  dans  un  autre  de  Rem- 
hert  Dodoens  ,  imprimé  sous  le 
titre  de  Mediciiialiuni  obseruatio- 
num  cxeinpla  rara. 


îiEllT 

t  ÏÎERTZBERG(N.,  comte  de) 
iiiitiistre  de  Frédéric  11,  roi  de  Prusse, 
ohlinlla  conHauce  la  plus  entièrede 
sou  soiiveiaiu.  Unoiivragede  liltéra- 
lure  qu'il  publia  daus  sa  jeunesse  lui 
la  source  de  saréputalionet  desa  for- 
Uuie;  aussi  protégea-l-il  ceuxqui  cul- 
livèrent  les  lettres. Ses  relations  daus 
toutes  les  cours  de  lEurope  y  tirenl 
estimer  ses  counoiiîsances.  Il  mourut 
ii  Berlin  en  mai  179?',  dans  un  âge 
Irès-avancé,  laissant  plusieurs  Dis- 
sertations de  mëttvphysique  et  de 
morale  insérées  dans  les  Mémoires  de 
l'académie  de  Berlin,  et  plusieurs 
Ecrits  sur  des  matières  île  politique. 
I.esplus  remarquables  en  ce  dernier 
genre  sont,  1.  Traite  de  la  meilleure 
forme  du  gouvernement  ^  imprinié  à 
Berlin  en  1 784,  in-8°.  11.  Ve  la  ]  or- 
ce  relative  ,  des  l'evolutions  des 
Etats,  et  particulièrement  de  celle 
crylllemagne.  11  liU  le  premier  à  l'aca- 
Ccidémie  de  Berlin  on  1783  ,  et  le  se- 
cond l'année  suivante.  Celui-ci  acte 
réimprimé  en  i~9i.  Suivant  l'au- 
teur, les  révoUilicns  des  empires  sont 
arrivées  lorsque  leur  trop  grande 
éleudue  n'a  plus  permis  à  un  seul 
homme  de  les  gouverner  et  de  les 
dél'endre  ,  lorsque  le  relâchement 
du  caractère  et  la  dégénération  des 
mœurs  des  nations  ont  amené  leur 
chute.  III.  Du  Caractère  national 
des  -liermains  et  des  Prussiens  ,  in- 
8°.  IV.  Lettre  sur  la  littérature  al- 
lemande ,  traduite  eu  français  par 
l'abbé  Jérusalem  ,  Berlin,  178]  , 
in-S".  V.  Mémoire  raisonné  r.nr  la 
conduite  des  cours  de  P  ienne  et 
de  Saxe,  Berlin,  1756,  in- 12. 
\jt&(if.uurespoliliquesàcce\.ècï\wa.n\ 
ont  été  réunies  et  publiées  par  iMayer, 
Paris,  1795  ,  3  vol.  iu-8° 

HERTZIG  (  François  ),  jésuite, 
né  en  i  674  à  Muglitz  eu  Moravie, 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  con- 
tre divers  sectaires  opj;osés  au  catho- 
licisme, a  aussi  combattu  Corneille 
Jausénius  ,   dans   un   écrit   inliliiié 


iiEîiy       4^3 

Cahinus  Co/nelii  Jansenii  Ipren- 
sis  episcupi  ,  sanctœ  Hcripturœ , 
poiitificibus ,  conduis  et  SS.  Pa- 
tribus,  èdiametro  oppositus,  1716, 
in- 12.  Hertzig  mourut  à  Breslaw 
eu  1752. 

*  HERVÂGIUS  ,  imprii-.^ur  à 
Bàle  dans  le  iG*^  siècle,  homme 
profond  dans  les  sciences ,  ne  né- 
gligea rien  pour  marcher  sur  les 
traces  des  imprimeurs  les  plus  célè- 
bres ,  ce  qu'on  remarque  d  '.ns  ia 
nouvelle  édition  qu'il  donna  des  ou- 
vrages de  Démosthènes  ,  imprimé» 
par  Aide-  Manuce ,  édition  plus 
complète  ,  plus  belle  et  plus  cor- 
recte que  la  première.  Ou  a  encore 
de  lui  d'autres  impressions  esti- 
mées. ILrvagius  avoit  épousé  la 
veuve  de  Fioben. 

t  I.  IIERVART  (  Barlliélemi  }  , 
(l'une  famille  uobie  d'Augsbourg  en 
Allemagne  ,  vint  en  France  ,  et  dut 
sa  fortune  au  cardinal  Mazarin  , 
dont  il  éloil  le  banquier.  Employé 
daus  les  finances  sous  Louis  XIV  , 
il  eu  devint  intendant  et  contrôleur 
général,  quoiqu'il  fût  protestant. 
11  avança  plusieurs  fois  au  roi  des 
sommes  considérables  dans  les  né- 
cessités pressantes  de  l'état,  et  dans 
des  temps  où  ce  prince  n'étoii  pas  en 
état  de  lui  en  assurer  le  rembcnirse- 
ment.  Louis  XIV  ,  revenant  de  Bre- 
tagne ,  où  il  avoit  fait  arrêter  Fonc- 
quet ,  surintendant  d^'s  finances  , 
et  se  trouvant  sans  argent  :  «  Je 
compte  sur  votre  crédit,  dit- il  à 
Hervarl,  qui  lui  fournit  inconti- 
nent deux  millions.  Hervart  eût 
poussé  sa  fortune  jusqu'à  obtenir 
la  surintendance,  s'j  eût  éu 'moins 
attaché  à  sa  religion  et  au  jeu.  11  per- 
doit  souvent  cent  mille  écus  dans 
une  séance.  Cette  profusion  détour- 
nant Louis  XIV  de  l'idée  de  lui  don- 
ner ia  première  place  dans  l'admi- 
nistration des  revenus  du  royainue, 
il  mourut  conseiller  d'état  ordinaire  , 


IM         HERV 

l'an  1676  ,  à  Tours.  Sa  famille  qoiua 
le  royaume  après  la  levocaliou  de 
l'ëdil  df! Nantes,  et  sr  relira  à  Ge- 
nève ,  on  elle  porta  des  l)iens  im- 
menses. C'est  Imqui  fut  le  grand  ami 
de  La  Fontaine  ,  et  son  nom  se 
trouve  toujours  associé  dans  les  élo- 
ges de  notre  inimitable  fal)uliste. 

II.  HERVART.  roy.  Hkrwaut. 

I.  HERVE  ,  archevêque  de  Reims 
au  tomniencemeiit  du  10''  siècle, 
estimé  par  sa  charité  ,  par  sa  dou- 
ceur ,  et  par  son  zèle  pour  la  dis- 
cipline ecclésiastique  ,  tint  divers 
conciles  ,  dans  l'un  desquels  il  ana- 
lliémaiisa  les  assassins  de  Fulcon  , 
son  prédécesseur.  11  présida  celui  de 
Trosley  près  de  Soissons  ,  et  il  en 
û  écrit  les  actes.  La  Bibliothèque  îles 
Pères  conliciit  l'un  de  ses  ouvrages 
Jidressé  à  Widon  ,  archevêque  de 
Kcuien  ,  sur  la  pénitence  à  imposer 
îuix  relaps  qui ,  après  avoir  reçu  le 
baptême  ,  sont  reto'.irnés  au  culte  des 
idoles.  11  mourut  le  2  juillet  92a. 

IL  HERVÉ,  bénédictin  du  Bourg- 
Dieu  ,  vers  1 1  5o  ,  a  laissé  un  C0//1- 
me/italre  sur  Isaïe  ,  dans  le  recueil 
du  P.  Pez  ;  et  un  autre  sur  les  Epi- 
tres  de  St.  Paul,  imprimé  avec  les 
œuvres  de  St.  Anselme  ,  dans  l'édi- 
tion de  Cologne.  L'auteur  se  sent  de 
la  barbarie  de  son  siècle. 

IlL  HERVÉ  i,r.  Bueton  ,  issu 
d'une  famdle  noble  ,  homme  d'une 
vertu  rare,  et  d'une  prudence  con- 
sommée ,  quatorzième  général  de 
l'ordre  de  St. -Dominique  en  i3i8, 
et  l'un  lies  plus  zéîcs  défenseurs  de 
la  doctrine  de  St.  Thomas,  mourut 
à  Narbonne  en  iÔ25.  H  fit  plusieurs 
•  taluts  pour  entretenir  dans  son 
ordre  la  paix  ,  (pie  quelques  faux 
mystiques  vouloient  troubler.  Ses 
ouvrages  ,  eu  latin  peu  correct  , 
ëtoient  bons  pour  son  temps.  Ou  a 
de  lui,  I.  Un  Traité  de  Pèlernitê 
du  monde.  II.  Des  Coiiimeiilnlres 


HERV 

sur  le  maître  des  sentences.  III.  Un 
Traité  de  la  puissance  du  pape. 
IV.  Une  Jlpolugie  pour  les  frères 
prêcheurs  )  etc. 

t  HERVET  (Genlian)  ,  docteur 
de  Sorbonne,  né  à  Olive t ,  près  Or- 
léans, en  1499,  appelé  à  Rome  par 
le  cardinal  Polus  pour  travailler  à 
la  traduction  latinedes auteurs  grecs, 
parut  avec  éclat  au  concile  de  Tren- 
te ,  et  revint  en  France  :  il  pro- 
fessa plusieurs  années  à  Bordeaux  , 
et  obtint  un  canonical  de  Reims  , 
où  il  mourut  le  12  septembre  1584. 
Hervet  avoil  plus  d'application  que 
de  talent  ,  et  plus  de  savoir  que  de 
goût.  Onadehu  une  foule  d'ouvrages 
médiocres,  l.  Deux  Discours  pro- 
noncés au  concile  de  Trente; l'un,  sur 
le  rétablissement  de  la  discipline 
ecclésiastique  ;  l'autre,  sur  les  ma- 
/■iage&  clandestins.  11.  Des  Libres 
de  controverse  et  des  Traductions 
des  Pères.  III.  LTne  mauvaise  Tia- 
dudion  du  concile  de  Trente , 
qu'on  recaerche  cependant  ,  parce 
qu'on  y  trouve  la  concLusion  de  ce 
synode  universel  ,  telle  qu'elle  est 
dans  la  première  édition  du  concile , 
Rome  ,  r564  ,  in-fol.  IV.  Trois  Vis- 
cours  latins  sur  la  barbe;  le  i'"'  inti- 
tulé :  JJe  rttdendd  barba  oratio  ;  le 
2^  De  alendd  ba.rbâ  et  le  5'^  De  vel 
alendd,  velrudenddoratio.  L'usage 
de  laisser  croit re  ou  de  raser  sa  barba 
fut  de  son  temps  un  objet  sérieux  de 
discussions  qui  exerça  la  plume  de 
plusieurs  écrivains.  V.  Traité  di^ 
purgatoire  auquel  sont  consultées 
les  opiuions  des  nouveaux  évangé- 
listes  de  ce  temps,  Reims  ,  1662, 
in-S*^.  Les  versions  françaises  d'Her- 
vel  ont  vieilli;  mais  ses  traductions 
peuvent  encore  être  utiles. 

t  I.  HERVEY  (  James),  fils  d'un 
curé  et  curé  lui-même  dans  la  pro- 
vince de  Northampton  en  Angle- 
terre ,  mort  en  17.^9,  à  l'âge  de 
/\b  ans ,  n'est  pas  moins  connu  eu 


IlERV 

Fi'ance  qvie  daus  sa  patrie  ,  par  son 
])oëiiie  (If s  Tombeaux  eVses3Jé(ii/a- 
tiu/is ,  qui  ont  pai  n  d'aliord  en  1770, 
in-8°,  irarlnils  par  Pey ron  el  1-eToii r- 
neur;  puis  en  1771  ,  in-12,  traduils 
par  madame  d'Arconville.  Ces  écrits 
moins  forlemeul  pensés  et  moins 
énergiques  n\ie  les  Nuits  du  docteur 
y'ou/ig,  dont  il  suit  les  traces,  et 
même  qu'il  copie  quelquefois,  respi- 
rent aussi  une  mélancolie  plus  douce  , 
et  i'ont  aimer  leur  auteur  et  la  vertu 
qui  les  lui  a  dictés.  Us  ont  en  un 
succès  prodigieux  eu  Angleterre,  et 
les  éditions  s'en  éloient  multipliées 
au  nombre  de  plus  dé  quinze  avant 
Jo  traduction  française.  Hervey  , 
tliantre  et  umi  de  la  hienfaisance  , 
lut  adoré  de  ses  paroissiens,  pour 
lesquels  il  se  dépouilla  de  toute  pro- 
priété, il  versa  daus  le  sein  des  pau- 
\res  quatorze  mille  livres  qu'il  relira 
de  ses  l^Jédltations ,  et  mcme  jus- 
qu'aux revenus  deses  bénélices ,  qu'il 
iîvoil  luis  nvec  autant  d'ardeur  que 
d'antres  en  mettent  à  les  briguer. 
Sa  vie  très -détaillée  est  à  la  tète 
de  la  traduction  citée.  On  a  encore 
de  lui  T//eron  et  Àspnsie  ,o\\  Dia- 
logues et  Le ttres  su r  dijférens  sujets  y 
jy.'iS,  3  vol.  111-8°.  La  meilleure- 
édition  anglaise  de  ses  Tombeaux 
est  de  1796  ,  2  vol.  in-8°.  Bridel  a 
publié  à  Lausanne  ,  1779,  in-S",  une 
imitation  des  tombeaux  qui  est  tort 
bien  écrite. 

*  rr.  HERVEY  (  Auguste- Jean  ) , 
troisième  comte  de  Bristol,  né  en 
1724,  mort  en  1779  >  servit  dans 
la  marine  ,  et  tut  lieutenant  en  i74-i- 
Cette  même  année  il  épousa  miss 
Chudleigli,  qui  depuis  lut  la  célèbre 
duchesse  de  Kingston.  (  T^.  Her- 
vey milady).  Hervey  obtint,  en 
1 747,  une  compagaie,  et  se  distingua 
dans  la  Méditerranée.  En  1760  il 
fut  gentilhomme  de  la  chambre  du 
roi,  et  en  1771  un  des  lords  de 
l'amirauté.  Entin  ,  eu  1774  }  P'H'  '-i 
mort  de  sou  frèie  ,   il   succéda  au 


HERW 


425 


litre  de  comte  de  Bristol  ,  que  son 
secoud  frère  lévèque  de  Ueny  eut 
après  lui. 

*  in.  HERVEY  (  Milady  ) ,  femme 
du  j)récédenl ,  obtint  xum  décision 
des  communes  qui  cas.soit  sou  ma- 
riage, et  épousa  le  duc  de  Kingston; 
mais  en  177:),  la  cour  des  lords 
annula  la  sentence  des  communes, 
et  déclara  unlady  Hervey  coupable 
de  bigamie. 

*  HERVILLY  (  le  comte  d'  ). 
colonel  du  régiment  de  Rohan,  puis 
maréchal  de  camp  au  service  de 
France,  fut  nommé  en  1791  com- 
mandant de  la  garde  conslitulion- 
neile  à  pied  de  Louis  XVI  ,  resta 
auprès  de  ce  prince  après  le  licen- 
ciement de  ce  corps,  tenta  de  le  dé- 
fendre le  10  août  1792  ,  à  la  tète  de 
deux  compagnies  de  gentilshommes 
qui  s'étoieiU  rassemblés  à  la  luite 
dans  le  château ,  et  finit  i)ar  l'accom- 
jjr.gner  à  l'assemblée  législative.  Cf  tte 
dernière  preuve  de  dévouement  lui 
sauva  la  vie  ,  et  ce  fut  par-là  qu'il 
échappa  aux  massacres  de  cette  jour- 
née. Il  se  rendit  alors  en  Angleterre, 
et  y  leva  ,  en  août  1794»  un  régi- 
ment composé  en  grande  partie  des 
Touloiiuais  fugitifs.  Ce  corps  ayant 
été  employé,  en  juin  1796  ,  dans 
1  expédition  de  Quiberon  ,  d'Her- 
villy  ,  blessé  à  la  stcoude  affaire  qui 
suivit  le  débarquement ,  fut  aussitôt 
transporté  à  Portsmouth  ,  et  y 
mourut  peu  de  temps  après  des  suites 
de  ses  blessures. 

HERWART  (Jean-George),  chan- 
celier de  Bavière  au  commencement 
du  iG*-'  siècle  ,  issu  d'une  familio 
patricienne  d'Augsbourg  ,  étoit  un  * 
savant  bizarre  ,  qui  adoptoil  les  sys- 
tèmes les  plus  singuliers,  et  qui  les 
soutenoit  avec  plus  d'érudition  que 
de  raison.  On  a  de  lui  ,  I.  Chrono- 
lugia  nova  et  vera  ,  1622  et  1626, 
2    parties  in -4''.   Il-  Admirundi 


/pG  HKSB 

ethnicœ  theologiœ  mjsteria  pro- 
palala,  1626,  111-4°.  Il  y  soutient 
fille  les  vents,  l'aiguille  aimantée, 
etc.  ,  oui  ëlë  les  jireiniers  dieux  des 
l'!gy})liens  ,  et  qu'on  les  adoroil  sous 
des  noms  mystérieux,  lll.  Une  Jpo- 
/ogie  i)Oui"  l'empereur  Louis  de 
Bavière  ,  contre  les  faussetés  de 
Bzovius. 

HERY.  rojez  Heki. 

*  1  ffiRZ  01/  He«tz  (  Jean-Daniel  ) , 
né  à  Nuremberg  en  1099,  peintre 
d'histoire  et  fie  paysages,  a  gravé  à 
l'eau  -  forte  plusieurs  sujets  de  sa 
composition  ,  dont  St.  Paul  prê- 
chant dans  Athènes.  Il  a  encore 
gravé  quelques  morceaux  d'après 
Roltenhamar. 

HESBURN  (Jacques),  comte  tie 
BoTiiWEL  en  Ecosse  ,  eut  part ,  sui- 
vant l'opinion  la  plus  générale,  au 
meurtre  de  Henri  ,  lord  Darnley  , 
qui  a  voit  épousé  Marie,  reine  d'E- 
cos iC ,  et  que  les  historiens  écossais 
nomment  le  roi  Henri.  Bolhwel 
joiussoit  auprès  de-  cette  princesse 
du  plus  grand  crédit.  «  S-i  faveur, 
(iitral)bé  MiUotdans  ses  Eiémens  de 
l'histoire  d'Anglelerre,  passoit  pour 
iHî  effet  de  l'amour  ,  et  les  évé- 
nemens  accréditèrent  ces  soupçons. 
Tout  à  coup  !Marie  paroît  se  récon- 
cilier EfVec  son  époux  qui  étolt  lom 
l)é  malade;  elle  i'eugage  à  revenir 
auprès  d'elle,  lui  donne  un  loge- 
ment séparé  de  son  palais ,  y  passe 
même  quelques  nuits  ,  et  l'avertit 
un  jour  qu'elle  ue  viendra  point  la 
nuit  suivante  ,  parce  qu'elle  doit 
assister  au  mariage  d'un  de  ses  offi- 
ciers. Le  lenilemain  on  aperçoit  que 
le  roi  a  été  assassiné  ,  que  sa  maison 
a  sauté  en  l'air  par  un  effet  de  la 
poudre.  Bothwel  est  généralement 
accusé  de  cet  attentai  :  quelques-uns 
éleudenl  leurs  soupçons  jusque  sur 
la  reine.  Le  comte  de  Lenox  ,  père 
dtj  Darnley  ,  implore  sa  justice  con- 
tre   les   meurtriers ,    et  nomme    le 


HESB 

favori  avec  sept  autres  persomies  , 
aucun   d'eux  n'est  arrêté  :   0x1   ne 
donne  que  quinze  jours  à  l'examen 
d'une  adaire  si  importante.  En  valu 
Lenox  demande  du  temps;  les  in- 
formations se  précipitent ,   et  l'ac- 
cusateur ni   les  témoins   ne  parois- 
sent.   Bolhwel  est   pleinement  dé- 
cliargé.  Cet  insigne  scélérat  se  pré- 
paroit  à  d'autres  crimes.  Il  enlève 
la  veine  qui  éloit  allée  voir  son  tils, 
et  l'entraîne  à  Dunbar,  dans  le  des- 
sein de  l'épouser.  Bientôt  il  reçoit 
le  pardon,  non  seulement  d?. celle 
violence  ,  mais  de  tout  autre  crime, 
par  conséquent  du  régicide  dont  ou 
l'accusoit.  Une  telle  grâce  fut  regar- 
dée comme  une  preuve  de   conni- 
vence, d'autant  plus  certaine,  que 
Marie    demeuroil     volontairement 
entre  les  mains  du  ravisseur,  après 
avoir  déclaré    que  Bolhwel  l'a  voit 
enlevée  de  force.  Celui-ci  éloit  ma- 
rié depuis  six  mois  avec  une  femme 
de  mérite  et  d'une  haule  naissance. 
Il    s'agissoit    de  faire  annuler   son 
raar;age  ;  l'affaire   fut  plaidée  dans 
deux    tribunaux  ,  l'un  catholique  , 
TaiUre  protestant.  Le  premier,  sur 
la  raison  de   parenté   alléguée   par 
Bothw.d;  l'autre,  sur  la  raison  d'a- 
dultère alléguée  par  sa  femme,  et 
ils  prononcèrent  la   sentence  de  di- 
vorce   quatre  jours   après   le   com- 
mencement d.'s  procédures.  I,a  reine 
s'étant  rendue  à  Edimbourg  ,  le  mi- 
nistre Craig  reçut  ordre  de  publier 
les  bancs  de  son  mariage  ;  il  refusa 
courageusemejit   de  prêter  son  mi- 
nistère à   ce    scandale  :  un    évèque 
protestant  consentit  à  faire  la  céré- 
monie.   Très-j)eu    de    seigneurs  y 
'  assistèreul,  quoique  plusieurs  eus- 
sent ,  dans  le  commencement,  pro- 
posé le  mariage  avec  Bothwel.  L'am- 
l)assadeur  de  France  ne  voulut  point 
y  parcitre.  Marie  ,   qui  avoil  tou- 
jours eu  tant  de  déférence  pour  les  ' 
conseils  des   Guise ,    s'éloil    obsti- 
née à  m;  h'S  point  suivre  dans  mie 
uffaire  si  critique  où  la  passion   l'a- 


HESII 

veiigloit.  Cel  ëvénemenl  la  coiivril 
d'opprobre  aux  yeux  de  sou  peuple 
el  de  loiUe  l'Europe.  Les  soupçons 
sur  l'assassinai  du  roi  acquirent  de 
la  vraisemblance.  Une  liaison  inti- 
me avec  celui  que  la  voix  publique 
accusoit,  un  empressement  marqué 
à  le  faire  absoudre,  un  mariage  si 
contraire  aux  bienséances  ,  ménagé 
par  des  moyens  si  odieux;  tout 
donnoit  lieu  de  penser  que  !\Iarie  , 
esclave  de  sa  passion  pour  Bothvsrel, 
avoit  eu  part  à  son  crime.  Sans  Ku 
imputer  cette  barbarie,  ou  ne  pon- 
voit  s'empêcher  de  la  croire  coupa- 
l)le  d'une  honteuse  foiblesse.  »  Les 
Ecossais  indignés  levèrent  des  trou- 
pes ,  sous  prétexte  d'empèclier  que 
le  jeune  prince ,  iils  de  Marie ,  de- 
puis roi  d'Angleterre  ,  sous  le  nom 
de  Jacques  I ,  ne  tombât  entre  les 
mains  de  Bothwel.  La  reine  et  son 
amant  levèrent  des  troupes  contre 
la  noblesse,  la  déclarèrent  relielle 
et  coupable  de  conspiration.  Les 
armées  étant  sur  pied  ,  Bolhwel 
offrit  de  terminer  le  différent  par  un 
combat  singulier  qui  l'ut  accepté  ; 
mais  la  reine  l'empêcha  lorsqu'on 
étoit  sur  le  point  d'en  venir  aux 
mains.  Cette  princesse  ,  comptant 
très-peu  sur  la  fidélité  des  troupes  , 
conseilla  à  son  époux  de  se  caclier  , 
et  se  remit  entie  les  inains  de  la 
noblesse.  Botliwel,  ainsi  abandonné, 
s'enfuit  en  Danemarck  ,  où  il  fut 
découvert  par  quelques  marchands 
écossais,  et  enfermé  dans  une  étroite 
prison  ;  il  y  demeura  dix  ans  ,  y 
perdit  l'esprit  ,*et  mourut  misérable 
en  i^îy?.  «  Bothwel,  dit  l'abbé  de 
Coudillac,  avec  une  grande  nais- 
sance, étoit  sans  talent;  il  u'avoit 
acquis  de  la  considération  qu'eu  se 
déclarant  ouvertement  pour  les  ca- 
tholiques. Sans  mœurs  ,  sans  con- 
duite ,  accablé  de  dettes,  les  entre- 
prises désespérées  étoient  son  uni- 
que ressource. 

HESHUSIUS  (  Tilemaunus  ) , 


IIESI 


hl 


théologien  de  la  confession  d'Aiigs- 
bourg,  plus  connu  sous  le  nom  de 
TUemaruius  ,  né  à  Wesel  ,  au  pays 
de  Cleves,  en  iSab  ,  enseigna  la 
théologie  dans  un  grand  nombre 
de  villes  d'Allemagne,  et  se  fit  exi- 
ler presque  de  toutes  poip." son  esprit 
inquiet,  turbulent  et  séditieux.  Il 
mourut  en  i  588.  On  a  de  lui ,  1.  Des 
Commentaires-  sur  les  Psaumes  , 
iu-fol.  II.  — surLsaïe,  in -fol.  111. 
—  sur  toutes  les  Epîtros  de  saint 
Paul,  iu-S''.  IV.  Un  Trailé  de  la 
Cène  et  de  la  Justification  ,  in-fol. 
\ .  Jlrrores  quus  Jîomana  Lcclesia 
furenter  défendit  Ce  traité  d'un 
forcené  ,  imprimé  à  Francfort  en 
i577,  in-8°,  ne  se  trouve  pas  facile- 
ment. VI.  D'autres  ourraifcs,  dans 
lesquels  on  remarque  peu  d'ordre  et 
de  jugement. 

HÉSICIIIUS.  rorez    IIésy- 

CHIUS. 

t  HÉ  S 1  O  D  E  ,  poète  grec  ,  né  à 
Cumes  en  Eolide  ,  élevé  à  Ascra  en 
Béotie  ,  étoit  contemporain  d  Ho- 
mère ,  suivant  l'opinion  commune. 
Velléius  Paterciilus  le  place  cepen- 
dant cent  vingt  ans  après  l'auteur 
de  liliade.  Hésiode  écrivit  le  pre- 
mier en  vers  sur  l'agriculture.  Il 
intitula  son  poème  jLes  Ouvrages 
et  les  Juurs ,  parce  que  l'art  et 
la  culture  de  la  terre  demandent 
(;u'on  observe  exactement  les  temps 
et  les  saisons.  Hésiode,  plus  poêle 
que  phi'osoplie  ,y  marque  ,  comme 
nos  faiseurs  d'aimanachs  ,  les  jours 
I  eureux  et  malheureux.  Il  mêle  aux 
préceptes  de  l'agriculture  des  le- 
vons pour  la  conduite  de  la  vie  : 
c'est  pour  cela  que  Cicéron ,  dans 
une  lettre  à  Lepta  ,  conseille  de  le 
faire  aiipreudre  par  cœur  aux  en- 
faiis.  Ce  poème  a  servi  de  modèle  à 
Virgile  pour  composer  ses  Géorgi- 
ques  ,  aiiisi  qu'il  le  témoigne  lui- 
même.  Les  autres  ouvrages  d'Hé- 
siode sont  la  T/u'oiJonie  ou  la  Ce- 


428 


HESI 


néaiogie  des  dieux ,  et  le  Bouclier 
d'Hercule.  La  première  de  ces  pro- 
ductions n'a  rieii  de  grand  que  son 
sujet.  C'est  une  espèce  de  poenie 
sans  art,  sans  invention  et  sans  au- 
tre agrément.  Cet  ouvrage,  joint  à 
ceux  d'Homère  ,  doit  être  regardé 
comme  les  archives  ei  le  monument 
le  plus  sûr  de  la  théologie  des  an- 
ciens,  et  de  l'opinion  qu'ils  avoieul 
deleurs  dieux.  Les  Grecs  le  faisoienl 
apprendre  par  cœur  à  leurs  eulans. 
le  second  ouvrage  du  poêle  grec  est 
lui  morceau  détaché  d'un  plus  grand, 
où  l'on  prétend  qu  Hésiode  celebroit 
les  héroïnes  de  l'antiquilé.  On  l'a 
appelé  le  bouclier  d'Hercule,  jjarce 
qu'il  roule  tout  entier  sur  la  des- 
criplion  de  ce  bouclier  ,  dont  le 
poète  rapporte  une  aventure  parti- 
culière. M.  Heinrich  a  publié  une 
édition  du  Bouclier,  à  Breslaw  ,  en 
1802.  Hésiode  est  moins  élevé, 
moins  sublime  qu'Homère;  mais  sa 
poésie  est  ornée  dans  les  endroits 
suscepliblesd'ornement.  Les  éditions 
d'Hésiode,  V^enise,  i537  ;  Amsier- 
dam  ,  1 667  ,  in-S"  ,et  j  701  ,  in-4°  , 
qui  se  joignent  aux  auteurs  cum 
jiotis  T'^ariarurn ,  sont  estimables  , 
ainsi  que  celle  d'Oxford  ,  1767  , 
in "4°.  On  trouve  aussi  ce  poète 
dans  les  Poëlœ  Greœci  minores , 
Cambridge,  1684,  iu-S".  Eergier 
en  a  donné  dans  son  Origine  des 
Dieux,  1768,  deux  vol.  iu-i2,une 
tradiicliou  ildele.  Celle  que  Gin  a 
pi!l)lii''e  en  1785,  iu-8°,  mérite  le 
même  éioge.  Les  cfrcoustances  de  la 
inort  d'Hésiode  ,  telles  que  Plutarqiie 
dans  sou  Banquet  les  lait  présenter 
par  Solon  ,  méritent  d'èlre  citées  : 
Ihôle  chez  lequel  vivoit  Hésiode  , 
lorsque  parvenu  dans  un  âge  avancé 
il  se  ftit  retiré  à  Locris  ,  avoit  violé 
luif  jeune  personne,  et  quoique  Hé- 
siode fûl  ignorant  du  l'ail  ,  il  fut 
accusé  auprès  des  frères  de  la  jeune 
fille  d'avoir  élé  complice  du  crime  ; 
ceux-ci  rassassiuereut  ainsi  que  le 
ravisseur  ,  et  les  jetèrent  à  la  mer. 


HESS 

Les  habitans  ,  indignés  de  cette  In- 
justice ,  noyèrent  ceux  qui  s'en 
étoient  rendus  coupables,  et  lîrtde- 
rent  leurs  maisons. 

HÉSIONE  (  Mythologie  ) ,  fille 
de  Laomédon,  foi  de  Troie.  Her- 
cule la  délivra  d'un  monstre  marin 
auquel  elle  etoit  exposée  par  or- 
dre de  l'oracle.  Mais  l.aomédonayaiit 
refusé  de  lui  donner  les  chevaux 
qu  il  lui  avoit  promis  pour  récom- 
pense de  ce  service  ,  le  héros  enleva 
Hésione  ,  et  la  donna  à  son  ami 
Palémon. 

HESPER  ou  HcspÉnus  (Myth.), 
fils  de  Japhet  et  frère  d'Alias  ,  eut 
trois  filles,  qu'on  nouima  les  Hes- 
pérides  ,  ei  fut  changé  en  une  étoile 
appelée  Phosphorus  quand  elle  pré-' 
cède  le  lever  du  soleil  ,  et  Hespé- 
rus  quand  elle  paroil  après  son 
coucher. 

HESPÉRIDES  (Mythol.  ),  trois 
sœurs,  filles  d'ilesper  :  leur  noméloit 
Eglé  ,  Aréthuse  et  Hespérélhuse. 
Elles  possédoient  un  beau  jardin 
rempli  de  pommes  d'or,  et  gardé 
par  un  dragon  qu'Hercule  tua  pour 
en  aller  cuedlir. 

*  HESRONITE  (  Jean  )  ,  maro- 
nite du  Liban,  interprète  du  roi, 
à  Paris ,  pour  les  langues  syriaque 
et  arabe,  y  publia  avec  Gabriel  Sio- 
nite,  en  1619  ,  la  Geograp/iia  Ilu- 
hieu.sis  ,  in-4°,  traduite  de  l'arabe. 
Les  mêmes,  en  1616,  y  avoient 
déjà  liait  imprimer  une  Grammaire 
arabe. 

*  L  HESSE  (Guillaume,  prince 
de),  mort  en  1597,  a  rendu  son 
nom  immortel  par  la  protection 
qu'il  a  accordée  aux  arts  ,  et  par  les 
services  qu'il  a  rendus  personnelle- 
ment à  l'astronomie.  Il  a  bâti  un  ob- 
servatoire à  Cassel  ,  où  il  a  lui-mê- 
me, pendant  bien  des  années  ,  fait 
un    grand    nombre    d'observations 


HESS 

assidues.  Ce  prince  avoit  aussi  at- 
tiré près  de  lui  Rollnnavi  et  Byrge  , 
deuxsavausaslrouomes.  Les  mêmes 
observations  ont  été  imprimées  à 
Levde  en  1618,  sous  le  Litre  à'Ob- 
serua/ions  astrunomiqucs  du  pri/i- 
ce  de  Hesse. 

t  II.  HESSE-CASSEL  (  Amélie- 
Elizabetli  DE  Hanau,  veuve  de  Guil- 
laume dit  /e  Constant,  landgrave 
de)  ,  se  ligna  avec  la  France  contre 
la  maison  d'Autriche,  lit  rentrer 
Guillaume  VI  son  fils  dans  les  biens 
de  ses  ancêtres  ,  et  fut  un  modèle  de 
vertu  ainsi  que  de  courage.  Elle  con- 
duisit ses  affaires  avec  tant  de  sa- 
gesse ,  que  le  landgrave  lui  ayant 
laissé  eu  mourant  l'état  cliargé  de 
dettes  ,  avec  une  guerre  onéreuse  ; 
nou  seulement  elle  les  acquitta, 
mais  elle  augmenta  encore  les  do- 
maines de  la  Hesse.  Elle  mourut  eu 
j65i. 

III.  HESSE-CASSEL.  ^oj.  Fré- 
déric ,  n"  XIV. 

*  IV  HESSE-UARMSTADT 

(Louis  X  ,  landgrave  de)  ,  né  le 
14  juiu  1755  ,  marié  le  19  février 
1777  à  une  princesse  de  la  même 
maisou ,  dont  il  eut  sept  eiiHints, 
succéda  à  sou  père  le  6  avril  1790  ; 
il  éloit  proj)riélaire  d'un  régiment 
au  service  de  France  ,  qui  fut  mis 
sur  le  pied  français  en  1  79  i  ,  et  il 
léclama  vainement  des  indenniilés 
pour  cet  objet  et  pou  r  ses  possessions 
eu  Alsace.  Son  cliargé  d  affaires  fut 
mis  en  arrestation  à  Paris  en  w^ô: 
il  lut  néanmoins  un  des  premiers 
souverains  qui  firent  leur  paix  avec 
la  France  à  la  lin  de  i8or>:  lors 
de  la  reprise  des  lioftilités  calre  la 
France  et  l'Auti'ichs,  il  s'éloigna  de 
la  capitale  ave-  ses  troupes  ,  et  les 
conduisit  à  Gici.-en,  ce  qui  parut 
donner  quelques  mécoiilenieniens 
au  gouvernement  français.  Le  corps 
d'armée  du  général  x^ugerea;!  alla 
occuper  ses  étals  après   la  paix,  de 


HESY 


429 


Presbourg.  Un  autre  prince  de  cette 
nation  éloit  ,  avant  la  révolutiou  , 
maréchal- de-camp  au  service  de 
France  ,  et  mourut  le  1 1  mars  iSoa, 
à  Francfort ,  à  l'âge  de  4-2  ans ,  con- 
sumé par  uneétisie.  11  avoit  ordon- 
né par  son  testament  qu'on  l'enter- 
rât connue  un  simple  particulier  , 
et  qu'on  ne  déposât  pas  son  corps 
dans  le  tombeau  de  sa  famille. 

1 1.  HESSELS  (  Jean  ) ,  professeur 
de  théologie  dans  l'université  de 
Louvain  ,  dont  il  fut  l'ornement  , 
lié  eu  13  22,  mort  en  1 356,  a  com- 
posé ,  I.  un  grand  nombre  A'Ou- 
i-rages  de  controverse.  II.  Des  Coni' 
mcnlaires  sur  saint  Matthieu,  iu-S", 
la  1"^  à  Timothée,  la  seconde  de 
saint  Pierre  ,  et  les  Epitres  canoni- 
ques de  saint  Jean  ,  iu-S°.  lll.  Un 
excellent  Caléc/iisme  ,  Louvain  , 
1695  ,  in-4°  ,  qui  n'est  pas  une  sim- 
ple exposition  succincte  des  dogmea 
catholiques,  mais  un  corps  de  théo- 
logie dogmatique  et  morale,  puisé 
principalement  dans  saint  Augus- 
tin. 

II.  HESSELS  (  Jacques),  un 
des  douze  juges  du  conseil  sou- 
verain établi  en  Flandre  par  le  duc 
d'Albe  pour  juger  les  criminels, 
dormoit  toujours  à  l'audience  ,  et 
quand  on  l'éveilloit  pour  donner  sou 
avis  ,  il  disoit  tout  endormi  ,  et  en 
se  irollanl  les  yeux  :  ad patihuhim  ! 
ad  patibut'im  I  11  lut  lui  -  même 
pendu  à  wn  arbre ,  sans^ucune forme 
de  pjocjs,pai"  Inibice  et  Eicliwe  , 
gouverneui'sdu  peuple  de  Gaud, qu'il 
avoit  souvent  niouacss  de  faire  pen- 
dre ,  eu  jurant  par  sa  barbe  grise. 

-;-  H  L  S  Y  C  H I U  S,  grammairien 
grec  ,  le  nième ,  suivant  quelques 
auteurs,  qnEsvciîiris  ,  patriarche 
de  Jérusalem  ,  mort  en  609.  Ou 
a  de  lui  uu  excellent  7? /(.7/o//««i!/'e, 
publié  en  premier  lien  à  Veiii.'îe  p;>i' 
les  Aides  en  i5i3,  iu-i'ol. ,  et  dont 


43o  HEVE 

Jean  Alberli  a  donné  une  bonne 
édition  en  17/(6  et  17P3,  a  vol. 
in -fol.  ,  donl  le  second  a  elé 
achevé  par  Rnnckenius.  C'est ,  an 
jugement  de  Casaubon,  le  plus  sa- 
vant et  le  phis  ulile  de  tous  les  ou- 
vrages de  l'antiqnilé  en  ce  genre. 
—  Il  ne  tant  pas  le  confondre  avec 
HÉsYCiulTs  de  Milet,  donl  on  a  nne 
Uislohe  de  ceux  qui  se  sont  dis- 
tingués par  leur  érudition  ,  en  grec 
et  en  laliu  ,  Anvers,  1672  ,  in -8"  ; 
et  de  Origi/iibus  (oTislanlinopoli- 
tariis  ,  publiée  par  IMeursius ,  La 
Haye  ,  i6i5  ,  m- 8°. 

HETZER  (Louis),  f;nneux 
soeinieu  du  iC  siècle,  traduisit  la 
Bible  en  allemand.  11  s'aida  dans  ce 
travail  de  Jean  Deneck  ,  sorinien 
connne  lui.  La  suppression  exacte 
qiu  fui  faite  de  celle  version,  impri- 
mée à  Worms  en  1629,  in-fol,  à 
cause  des  opinions  des  traducteurs , 
la  rendue  très-rare. 

t  H  E  V  E  L  l  U  S  ou  Hevelke 
(  Jean  ) ,"  échevin  et  sénateur  d'? 
Dantzick,  né  dans  celle  ville  eu 
1611  ,  mort  le  28  janvier  1688, 
à  67  ans  ,  cultiva  l'astronomie  avec 
beaucoup  de  succès.  Avant  judi- 
cieusement observé  qu.^  les  plus 
brillantes  hypothèses  n'ajouloieui 
rien  aux  connoissnnces  réelles  et  qu  ■ 
les  faits  éloient  la  seule  base  sur 
1  aquelle  la  science  peut  être  éiablie  , 
il  lit  construire  au  haiîl  de  sa  mai- 
son un  observatoire  qu'il  pourvut 
de  tous  les  inslrumens  nécessaires 
pour  faire  ses  observations  avec  la 
j)lu8  grande  exaclitude.  U  découvrit , 
le  premier,  une  e'^pèce  de  libralioii 
dans  le  mouvenu^nl  de  la  lune  ,  cl 
plusieurs  étoiles  hxes  ,  qu'il  nomma 
le  l 'irinamcnt  de i^ol>iesÀi ,  en  l'hon- 
neur de  Jean  111  ,  roi  de  Pologne. 
Loi,às  XIV  lui  Ht  passer  nne  grali- 
hti'tion  considérable  ,  et  lui  donna 
ensuite  une  pension.  Ou  a  de  cet 
jliuslre  ablronome  ,  ].  Scleiiogra- 


HEVI 

phia ,  Dantzick  ,  1647,  in-foI.  C'est 
une  description  ingénieuse  de  la 
lune  ,  où  il  a  divisé  cette  planète  eu 
provinces,  il.  Machina  cœlestis  , 
in-fol.  ,  1673.  Hevelius  adonné, 
sous  ce  titre  ,  la  description  des  ins- 
lrumens dont  il  se  servit  dans  ses 
observations.  I,a  seconde  partie  de 
cet  ouvrage,  Gedani ,  167^),  in- 
fol.  ,  est  rare  ,  parce  que  la  totalité 
de  l'édition  fut  la  proie  des  llammes 
lors  de  l'incendie  de  la  maison  de 
l'an  leur  ,  arrivé  le  26  septembre 
1679.  11  fut  privé  aussi  de  son  ob- 
servatoire ,  de  ses  inslrumens  et  de 
tout  l'appareil  de  ses  obs-ervalions, 
ce  qui  occas.onna  une  grande  perte. 
III.  Tjaciatus  de  cometis ,  1 668  , 
in-fol.  IV.  Urauographia  ,  1690, 
in-fol.  V.  De  naiurâ  Satvrnl , 
i65'3  ,  in-fol.  On  a  frapp  ■  des  mé- 
dailles à  sa  gloire,  et  deux  rois  de 
Pologne  honorèrent  son  observa—, 
loire  de  leur  présence.  Hevelius  vou- 
loit  donner  aux  lâches  de  la  lune 
les  nomsdes  philosophes  les  plus  cé- 
lèbres ;  mais  craignant  une  guerre 
civile  parmi  les  savans  qmauroient 
été  oubliés  ,  il  se  conlenla  d'y  ap- 
pliquer les  noms  de  notre  géogra- 
phie. On  a  encore  plusieurs  oui'ra- 
ges  curieux  de  cet  auteur. 

I.  HEVIN  f  Pierre  ) ,  avocat  au 
parlement  de  Bretagne,  né  à  Rennes 
en  1621,  'mort  en  1  692  ,  bi  illa  dans 
le  barreau  el  dans  le  cabinet.  Ou 
a  de  lui  quelques  ouvrages.  1.  Con- 
sultations et  Obserpations  sur  la 
coutume  de  Bretagne  ,  in  -  4°  ,  à 
Rennes,  i743.  II.  Questions  et  ob- 
■^eriations  concernant  les  matières 
féodales,  par  rapport  à  la  même 
coutume  ,  etc. 

t  II.  HEVIN  (  Prudent  ) ,  chirur- 
gien renommé  ,  né  à  Paris  le  10 
janvier  171.'),  mort  en  1789,  pro- 
fessa la  ihérapeulique  aux  écoles  de 
chirurgie,  et  fut  nommé  membre 
de  l'académie  de  chirurgie  et  de  cel- 


HEUR 

les  (le  Lyon  et  de  Stockholin.  On 
Un  iloil  ,  1.  Pathologie  chirurgi- 
tale  ,  1784)  2  vol.  iu-S"  ,  ouvrage 
eslimé  el  plein  d'observations  de 
pvalifiue.  11.  Mémoire  sur  It-s  corps 
«.'Iraiigers  arrêtes  dans  l'œsophage  ou 
la  Irachée  -  artère  ,  avec  les  moyens 
de  les  enfoncer  ou  de  les  retirer. 
111.  Recherches  historiques  el  cri- 
tiques sur  la  uéphrotomie  ou  la  taille 
du  rein.  IV.  Autres  sur  la  gastro- 
nomie dans  le  cas  de  valvulus.  Les 
gens  de  l'art  peuvent  y  puiser  des 
procèdes  utiles  et  une  solide  ins- 
truction. 

i-  HEURES  (  Mylhol.  ) ,  déesses  , 
trois  sœurs,  (illes  de  Jupiter  et  de 
'l'iiemis:  on  les  appeloit  Eiinomie  , 
Dicéet  Irène.  Homère  les  fait  naître 
au  printemps ,  et  leur  donne  la 
fonction  d'ouvrir  les  portes  du  ciel  ; 
Ovide  celle  d'atteler  les  chevaux 
du  soleil.  Ce  sont  elles  qui  couvrent 
le  ciel  de  nuages ,  ou  le  rendent 
f  erejn  suivant  qu'il  leur  plail.  Théo- 
crite  leur  donne  des  pieds  délicats  et 
luie  marche  fort  lente  ,  et  leur  fait 
ai)porler  toujours  quelque  chose  de 
nouveau.  Les  peintres  et  les  sculp- 
teurs les  représentent  tenant  des  hor- 
loges et  des  cadrans. 

i  HEURNIUS  (  Jean  ) ,  médecin 
célèbre  ,  né  à  Uirechl  en  i543, 
«l'une  famille  pauvre  ,  sorti  de 
i'ubscurité  par  ses  talens  ,  puisa  les 
connoissances  de  son  art  à  Lou- 
\ain  ,  à  Paris,  à  Padoue  ,  à  Turin. 
Appelé  à  Leyde  pour  y  professer, 
il  le  fit  avec  le  plus  grand  succès. 
Il  est  le  premier  qui  ait  démontré 
cUns  cette  ville  l'anatomie  sur  les 
tadavYes.  Heurnius  ,  mort  le  i  i 
août,  i6oi  a  beaucoup  écrit.  I.e 
meilleur  de  f.es  ouvrages  est  le 
Traité  des  maladies  de  la  télé  , 
en  latin  ,  en  1602  ,  in-4°.  Ses  autres 
productions  sont  ,  l.  Praxis  mcde- 
cinae  rioi'a  ,  in-4"  ,  à  Leyde,  1690. 
II.  Des  Institutions  de  médecine , 


HEUS 


43 1 


en  latin  ,  Leyde  ,  1609  ,  in-i  2.  II[. 
Traités  desjièvres  ,  in  4°,  à  Leyde, 
lôgS.  IV.  Traité  de  la  peste, 
in-^°,  Leyde,  1600.  V.  Commen- 
taire sur  IJippocrate  ,  iu-.t**.  VI. 
JJisscr talion  sur  V épreuve  dt  l'eau, 
pour  les  soi-disans  sorciers,,  qui  lit 
abolir  cet  usage  par  la  cour  de  Hol- 
lande. Heurnius  avoit  lu  si  souvent 
Hippocrale ,  qu'il  le  savoii.  par  cœur. 
11  passoit  pour  un  homme  égale- 
ment savant  el  poli  ,  qui  joignoit. 
à  une  connoissance  exacte  de  la  mé- 
decine celle  de  la  belle  littérature. 
Le  Recueil  de  ses  outrages  lut  pu- 
blié à  Leyde  eu  1 65(S  ,  in-fol.  —  Sou 
fils  Olhon  ,  prof^îsseui  de  médecine 
à  Leyde  ,  né  à  Ulrecht  en  1677  ,  a 
donné  un  assez  mauvais  ouvrage, 
intitulé,  Philosophia  barbarica , 
Leyde  ,  1 600  ,  iu-i  2.  C'est  une  com- 
pila lion  de  suffrages  relatifs  à  l'his- 
toire de  la  philosophit  ancienne.  Ce 
médecin  avoit  pris  pour  devise  : 
Citù  ,  lulo  ,  jucnndè  morbi  cu- 
randi.  Le  tutà  est  déjà  beaucoup. 

*  HEUS  (  Jacques  de  )  ,  de  l'écok 
hollandaise  ,  né  à  Utrechlen  1667  , 
alla  de  bonne  heure  à  Rome  ,  et  y 
lit  un  long  séjour.  Ses  ouvrages 
plurent  tellement  aux  llalie>is,  que  , 
de  retour  dans  sa  patrie,  il  travailla 
presque  uniquement  pour  eux  :  quoi- 
que Heus  eùl  adopté  le  genre  du 
paysage,  il  devint  undes  premiers 
dessinateurs  de  son  temps,  d'après 
nature.  Ses  siles  d'Italie,  dont  l«s 
animaux  el  les  ligures  sont  dessinés 
avec  beaucoup  d'iuielligence  ,  sont 
d'une  grande  vérité  ,. d'une  belle  cou- 
leur el  d'un  pinceau  très-facile.  Cet 
arlisle  est  mort  des  suites  d'itiic 
chute  en   1701. 

*  L  HEUSCH  (Guillaume), 
peinUc  de  paysages,  né  à  l'irecht 
en  i638  ,  fut  disciple  de  Jean  Both  , 
el  adopta  la  manière  de  son  maître. 
11  mourut  à  la  fin  du  17"^  siècle. 
Jacob  Hst'SH,  neveu  dii  précédent, 


\ 


432 


IIEUS 


lié  en  1657,  mort  en  1701  ,  se  fil 
une  grande  réputation  dans  la 
peinliue. 

*  IL  HEUSCH  (  Abraham  de  )  , 
peintre  hollandais  ,  né  à  Utreclit , 
a  peint  avec  succès  les  plantes  et  les 
insectes. 

*  I.  HEUSINGER  (  Jean-Michel  ) , 
né  à  Suuderhausen  en  'riiiuinge  en 
1690,  mort  en  ivSi  ,  théologien  et 
philologue,  distingué  par  son  éru- 
dition, sa  piété  et  son  jugement  , 
adonné  différentes  Edllio/is  dau- 
leurs  classiques  ,  de  Jules  César  avec 
notes,  Gotha,  1736;  des  Fables 
d'Esope  en  grec  ,  de  Phèdre  ,  de  trois 
Oraisons  de  Cicéron  ,  de  Cornélius- 
Népos  ,  Eisenach  ,  1747.  Ses  ou- 
vrages particuliers  soiit  des  Dissei- 
tations  dont  Harlés  donne  le  détail 
dans  ses  Vies  des  Philologues. 

*  II.  HEUSINGER  (Jacques- 
Frédéric),  élevé  et  neveu  du  pré- 
cédent ,  né  eu  1719,  dans  le  voisi- 
nage d'Eisenach  ,  mort  en  1778,3 
donné  ,  I.  Des  Observations  sur 
l'Ajax  et  l'E'.eclre  de  Sophocle,  iena, 
1746.  II.  Une  édition  du  Traité 
d'éducation  de  Plutarque  avec  la 
version  de  Xilander  corrigée ,  et 
des  notes  de  l'éditeur,  Leipsick, 
1749.  '^^-  riavii  Mallii  Theodori 
de  mclris  lilnr  ,  d'après  d'anciens 
inanii»crils,  WoU'enbuttel ,  1759, 
in-4°. 

*  HEUSON  (Guillaume  )  ,  ana- 
tomisle  très  -  habile  ,  né  eu  1759, 
mort  en  1774  ,  inl  d'abord  aide  de 
Hunier  ,  ensuite  son  associé  ;  mais 
quelques  différens  s'étant  élevés  en- 
tre eux  ,  Henson  donna  des  cours 
particuliers  chez  lui.  On  a  de  lui  un 
Ires-bou  ouvrage  ,  intitulé  Rec/icr- 
ches  des piopiivtès  du  sang ,  et  du 
système  lymphatique  ,  3  vol  in-S". 
Monro  a  combattu  sa  découverte  du 
système  lymphatique  de»  vaisseaux 
da»»  les  ovipares. 


H£UT 

*  Il  EU  s  s  EN  (Hugues-François 
Van  )  ,  né  en  it)54  a  La  Haye  ,  entré 
dans  la  congr('galion  de  l'Oratoire, 
où  il  puisa  des  senliuiens  peu  ton- 
formes  à  la  doctrine  catliolique  , 
se  iixa  ensuite  à  Leyde.  Il  y  bâtit 
une  église  et  une  maison  presbyte-, 
raie ,  où  l'on  dit  que  Newcassel  ,  , 
archevêque  d'Utrecht  ,  plus  connu 
sons  k  nom  d'évêque  de  Gaston^; , 
patriarche  de  la  petite  église  ,  de- 
meura caché  jusqu'à  peu  de  temps 
avant  sa  mort.  Nevvcas.'^el  avoit  dé- 
signé Van  Heussen  ,  qu'il  appeloit 
son  Timothée,  pour  lui  succéder; 
mais  celte  nomination  l'ut  sauseflét. 
Pendant  le  voyage  que  M.  Codde, 
successeur  de  INewcassel ,  lit  à  Ptome , 
Van  Heussen  fut  nommé  provi- 
caire  d'Utrecht.  11  mourut  le  i4  fé- 
vrier 1719.  On  a  de  lui ,  I.  Histo- 
ria  epi scupatuiim  fœderati  Betgli, 
Leyde,  1719,  2  vol.  in-fol.  ,  avec 
figures.  IL  Batavia  sacra  ,  Bruxel- 
les ,  1714,  in-fol.,  avec  fig.  C'est 
l'histoire  des  hommes  apostoliques, 
qui  ont  planté  la  foi  dans  les  pro- 
vinces belgiques.  11  a  été  traduit  eu 
Ilaaiaud,  i\.uvers  ,  1710,  5  vol. 
in-8"  ,  avec  hg.  Van  Rhyn  a  traduit 
ces  deux  ouvrages  en  hollandais. 

-;-  HEUTERUS  (  Pou  lus  ) ,  his- 
torien ,  né  à  Delfi  en  1.5.55  ,  fut 
pourvu  d'un  cauonicat  de  Gorcum. 
Jeté  j)ar  les  hérétiques  dans  un  cachot 
en  if»72,  avec  la  plupart  c'es  reli- 
gieux el  des  ecclésiastiques  de  celle 
ville  ,  il  fut  interrogé  sur  sa  religion. 
Paroissaut  chanceler  ,  il  échappa 
par  ce  moyen  :i  la  fureur  des  enne- 
mis de  l'Egïise.  Remis  eu  liberté  , 
il  se  déclara  catholique.  Heuterus 
fniil  par  être  chanoine  de  Saiut- 
Trond  ,  où  il  mourut  le  6  août 
1602.  Ou  a  de  lui  ,  I.  Reriim  Bur- 
gnndicarum  Librl  Vî  ,  Anvers  , 
ifiSo,  in-fol.  La  fidélité  de  cette 
histoire  <  l  la  nature  de  son  style 
la  fonl  estimer.  L'auteur  y  a  ré- 
pandu beaucoup  de  jour  sur  les  gé- 


HEYD 

nêalogies  de  la  maison  de  Bourgo- 
gne ,  cl  de  quelques  aulres.  II.  lie- 
riim  Bclgicaium  lib.  XV,  Anvers, 
i5c)8  ,  .in-4°.  Celte  histoire,  rem- 
plie de  retherches  ,  commence  à 
1477,  el  finit  à  l'an  lôG^.  Il  a 
encore  donné  à\ii///es  ouvrages , 
enli'e  lesquels  on  dislingue  des  trai- 
tés sur  la  siluation  el  les  limites  des 
colonies  romaines  dans  les  Pays- 
Bas  ;  sur  les  monnoies  d^fs  lléhreuK  , 
des  Grecs  et  des  Lalius ,  sur  les 
mesures  itinéraires  des  mêmes  peu- 
ples :  et  enfin  une  espèce  d'apologie 
des  bâtards  ;  sa  naissance  pourroil 
bien  avoir  été  l'occasion  de  ce  liailé. 
La  plupart  de  ses  ouvrages  ont  été 
publiés  sous  le  litre  de  Opéra  iiistu- 
rica  ,  etc.  ,  Louvain ,  1 65 1  ,  in-fol. 

HEtIZET  (J.),  célèbre  profes- 
seur de  belles-lettres  au  collège  de 
Beauvais  à  Paris,  mort  vers  174.... 
connu  par  deux  recueils  qui  ont 
eu  un  grand  succès  dans  tous  les 
collèges.  Le  premier  ,  intiUilé  ,Sc'- 
lectœè  vêler i  Testa me/ito  hisloriœ, 
iu-12;  le  second  ,  plus  aniple,  Se- 
lectœ  è  profanis  scriploribiis  àit.- 
toriœ,  in-12.  Ce  dernier  a  été  tra- 
duit en  français  par  ijarell  ,  Pans, 
1781  ,  1  vol.  in  12.  Outre  les  his- 
toires choisiesdans  les  écrivains  pro- 
fanes ,  l'auteur  y  a  fait  entrer  lems 
plus  belles  maximes  de  morale.  11 
s'est  sur  -  tout  attaché  au  choix  dos 
matières,  à  la  solidité  des  pensées  , 
à  la  clarté  des  expressions  ;  et  sa 
collection  est  aussi  utile  pour  le.'i 
mœurs  que  pour  l'iulelligence  de  la 
langue  latine. 

HEWAGÏUS,  célèbre  impri- 
meur de  Baie,  s't  n'orça  de  surpasser 
les  autres  imprimeurs  par  la  beauté 
de  ses  é(l  bons.  11  en  donna  une  nou- 
velle éi-  Démoslhenes,  qu'avoii  déa 
imprimée  Alde-Mauuce  ,  el  la  reu'lu 
plus  parfaite.  11  mourut  dans  le  mi- 
lieu du  lô""  siècle. 

*  I.   HEYDEN  (  Hermau  Van- 

T.    VIII. 


HEYE 


433 


der  )  ,  né  à  l.oxivain  en  1672  , 
pratiqua  la  medecijie  en  Flandre  , 
et  en  11)49  '"'^  médecin  pension- 
naiie  de  la  ville  de  Cand  ;  il  a  écrit 
un  irailé  imprimé  dans  cette  ville 
en  it)^5  et  i6^5  ,  ui-.]°  ,  sous  le 
titre  de  /J/sruc/rs  et  aduis  sur  les 
flux  lie  ventre  douloureux  ,  soit 
qu  il  y  ail  du  sang ,  ou  point  : 
sur  le  trousse-galant ,  dit  Choiera 
moi  bus:  /.a  peste  :  Les  ej/'ets  si- 
gnalés de  l'eau  :  La  uraie  généra- 
tion ,  cause  et  préservation  et  cu- 
rai ion  de  la  goutte  :  j  es  Jièvres 
tierces  et  quartes  ,  et  leurs  accidens 
sunenans  ,  causés  de  tinj'ecliott 
des  pul'lres  et  terres  avoisinées  de 
la  mer.  L  auteur  le  traduisit  ensuite 
en  lalin  ,  et  fit  entrer  dans  sa  versiou 
une  partie  des  additions  qu'il  avoit 
prépari-espour  augmenter  1  original 
français. 

II.  HEYDEN.  rayez  Vander- 
Heiden. 

'^HEYENDAL  (Nicolas),  né 
dans  le  duché  de  Limbourg  en 
i658,  après  avoir  fait  ses  huma- 
nités à  i\ix-la-Cha]H'lIe  ,  alla  en  Italie 
pour  y  achever  ses  éludes  :  mais 
ayant  été  enlevé  en  roule  par  des 
soldats  vénitiens  ,  il  fut  contraint 
de  servir  près  de  quatre  ans  parnii 
eux  dans  l'Ue  de  Corfou.  il  re- 
tourna ensuite  dans  sa  patrie  le  jour 
même  que  ,-a  n^ere ,  sur  un  rapport 
fort  circousiancié  de  sa  mort ,  lui 
faisoil  luire  ses  obsèques ,  auxquelles 
il  as'4sia  bfaus  savoir  que  c'éloil  pour 
lui  qu'on  les  faisoil.  jleyeudal  se  fit 
chanoine  régulier  deSaïut  Augustin, 
a  faljbaye  de  Bolduc  en  iPS.; ,  dans 
laquelle  la  discipline  venoil  d'être 
rétablie  à  peu  pies  sur  les  constitii- 

liopis  de  la  congrégation  de  hamte- 
(ieiievieve.où  ,apr.  s  s'ètredistingué 

lar  la  régularité  et  la  douceur  de  ses 
mœurs,  et  avoir  enseigné  la  Uiéo- 
iogie  el  l'Ecriture  sainte,  il  fut  fait 
abtié  en  1712,  et  mo'.irut  le  5  niai 
1753,  laissant  plusieurs  ouvrages. 
28 


434  HEYL 

I.  Lettres  ecclésiastiques  sur  la 
vie  et  les  dei^oirs  ries  ministres  de 
l'Eglise  ,  en  la  lin,  Liège,  i7o5  , 
in-12.  II.  Orthadoxie  de  la  foi  et 
de  la  doctrine  de  l'abbé  et  des  cha- 
noines réguliers  de  Saint-Jugustin 
de  l'abbaye  de  Bolduc ,  etc.  ,  en 
latin  et  en  français;  quelques  autres 
..écrits  en  latin  sur  les  matières  de  la 
grâce,  suivant  les  principes  de  l'uni- 
versité de  Louvain  ,  imprimes  en 
1710,  1712  et  I7i4-  li^-  Quelques 
Itlémoires ,  latins  et  français,-  im- 
primés en  1728,  si/r  les  affaires 
politiques  et  de  juridiction. 

*HEYLIN  (Péter),  docteur  en 
théologie,  né  en  liSoo,  à  Burford 
dans  le  comté  d'Oxford,  mort  en 
1662,  annonça  dans  sa  jeunesse  beau- 
coup de  goût  pour  la"  poésie  drama- 
tique. Daas  le  cours  de  ses  études  , 
il  fit  une  tragi-comédie  nui-  la  guerre 
de  Troyes  et  une  tragédie  intitulée 
Spurius  ,  qui  attira  l'attention  de 
ses  supérieurs.  Heylin  donna  le  pre- 
mier dans  l'université  d'Oxford  des 
leçons  de  cosmographie ,  science  dans 
laquelle  il  étoit  très-versé.  En  1621 
il  publia,  d'après  son  cours,  un  ou- 
vrage intitulé  Micivcosmus ,  ou 
Description  de  l'univers,  qui  eut 
un  grand  succès  ,  et  qui  depuis  a  été 
souvent  réimprimé  avec  des  addi- 
tions et  des  changemens.  Cetouvrage 
plut  d'abord  extrêmement  au  roi 
Jacques;  mais  à  la  vue  du  passage 
où  l'auteur  dounoit  la  prééminence 
au  roi  de  France  sur  celui  d'Angle- 
terre ,  et  regardoit  ses  états  comme 
le  royaume  le  plus  renommé,  le 
monarque  anglais  se  crut  offensé  et 
ordonna  la  suppression  du  livre. 
Heylin  se  justifia  en  rejetant  la  faute 
.sur  l'imprimeur,  qui  avoit  .substi- 
tué le  mot  est  à  celui  A'étoit  ;  il 
allégua  qu'il  n'avoit  poinl  entendu 
parler  de  l'Angleterre  telle  qu'elle 
éloit  alors,  accrue  par  l'accession 
du  royaume  d'Ecosse  ;  qu'enfin 
il  avoil  pris  dans  Camsdeu  ce  qu'il 


HEYW 

avoit  avancé,  et  d'après  ces  motifi 
il  parvint  à  apaiser  le  prince.  Hey- 
lin, occupé  presque  toute  sa  vie  ou 
de  disputes  de  controverse  ou  des 
fonctions  du  ministère  ecclésias- 
tique ,  a  beaucoup  éerit  et  n'a  guère 
laissé  après  lui  que  cet  ouvrage  dont 
ou  a  fait  de  nombreuses  éditions. 

t  HEYLLEN  (  Pierre  ),  chanoine 
et  sous-doyen  de  Westminster ,  né  à 
Burford  dans  Je  comté  d'Oxford 
en  1600  ,  d'une  famille  noble,  se 
rendit  habile  dans  la  géographie  , 
l'histoire  et  la  théologie.  11  devint 
chapelain  ordinaire  du  roi ,  chanoine 
de  Westminster  et  curéd'Alresford  ; 
mais  il  fut  dépouillé  de  toutes  ses 
charges  durant  les  guerres  civiles. 
Heyllen  vécut  néanmoins  jusqu'au 
rétablissement  de  Charles  II,  qu'il 
accompagna  à  son  couronnement  , 
comme  sous-doyen  de  Westminster, 
et  mourutle  ô  mai  1  66.5  ,  dans  la  63'' 
année  de  son  âge.  Il  a  laissé  ,  I.  Une 
Cosmographie ,  1 700 , in-fol.  II.  Une 
Exposition  historique  du  symbole 
des  apôtres,  i6.t4,  iu-fol.  111  La 
Vie  de  l'évcque  Laud ,  in-fol.  IV.  La 
liéformalion  de  l'Eglise  d'Angle- 
terre .,  1674,  in-fol.  V.  UHistoiie 
du  Sabbat,  iu-4°.  Elle  parut  eu 
i636  à  Londres.  Le  but  de  l'auteur 
est  de  ramener  ceux  qui  changeoient 
le  dimanche  en  sabbat  judaïque  , 
et  ne  se  permettoient ,  ai  aux  uns 
ni  aux  autres,  la  liberté  et  les  œu- 
vres de  nécessité ,  dont  les  Juifs 
ne  se  sont  jamais  fait  un  scrupule. 
VI.  U Histoire  des  Presbytériens , 
in-fol.  VII.  Celle  des  Dîmes  ,  in-4''; 
et  d'autres  ouurages  en  anglais.  Le 
génie  d'Heyllen  éloit  propre  à  l'his- 
toire et  à  la  géographie. 

*  l.  HEYWOOD  (  John  ) ,  poète 
anglais,  né  vers  la  fin  du  i5''  siècle 
à  Londres  ,  où  il  se  fit  connoître 
avantageusement  parmi  les  gens 
d "esprit  ,  et  particulièrement  de 
Thomas  Morus,  a  été  un  des  pre-_ 


HEYW 

miers  qui  ail  écrit  en  anglais  des 
pièces  de  Ihéùlre.  Il  excelloit  dans 
la  musique  vocale  et  iustiiunenlale  , 
et  eut  l'art  de  se  concilier  la  faveur 
du  roi  Henri  VllI,  qui  s'amusoil 
beaucoup  de  ses  reparties  et  qui  le 
combla  de  biens.  La  reine  ?,larie, 
iiu[)vès  de  laquelle  il  avoit  souveiU 
riionueur  d  être  admis,  lui  coutiuua 
lesmèmes  bontés;  mais  après  la  moit 
de  celte  princesse,  Hey^vood,  qui 
étt>it  un  fervent  catholique  ,  pré- 
voyant que  le  protestantisme  pré- 
vaudroit  sous  la  reine  Elizabetb  , 
s'éloigna  de  la  cour  et  se  retira  à  IMa- 
lines  ,  où  il  mourut  en  i56.i.  On  a 
de  lui  un  Dialogue ,  en  vers  ,  sur 
les  pjuuerbes  anglais  :  cinq  ce^its 
Epigranimes;  l'yJraignéeet  laMou- 
c/ie ,  parabole ,  1 556  ,  iu-4°.  Ce  der- 
nier ouvrage  est  divisé  eu  soixante- 
dix-seiit  chapitres  ,  à  la  tète  de  cha- 
cun desquels  se  trouve  le  portrait  de 
l'auteur  dans  une  altitudecîifféren  te. 

*  II,  HEYWOOD  (  Gaspard  )  , 
le  plus  ieune  des  lits  du  précédent , 
né  eu  i555  ,  après  avoir  fait  sis 
éludes  à  Oxford  ,  se  fit  prêtre  de 
l'Egli.se  romaine  en  i56i ,  et  rauuée 
suivante  entra  à  Rome  dans  l'ordre 
des  jésuites;  il  fut  envoyé  en  Suisse, 
d  où  il  fut  rappelé  par  Grégoire  XUl; 
et  ensuite  en  Angleterre,  où  il  avoit 
été  nommé  provincial.  Heywood  , 
mort  à  Naples  en  1597,  a  traduii 
en  anglais  trois  tragédies  de  Séut- 
que  el  publié  différentes  A'ow/es  dont 
\)lusieurs  ont  été  recueillies  dans  h^ 
livre  iulilulé  The  paradise  of 
Dainty  JJevices ,  lôyô  ,  in-4°. 

*  m.  HEYWOOD  (  Thomas^  , 
comédien  et  auteur  dramatique  mé- 
diocre sous  les  règnes  d'Elizabetb  , 
de  Jacques  P""  et  de  Charles  l'^'',  n'est 
remarquable  que  par  la  grande 
multiplicité  de  ses  pièces  ;  il  en  a 
composé  ,  dit-il,  dans  une  de  ses  pré- 
faces ,  deux  cent  vingt,  dont  il  ne 
reste  plus  que  vingt-qHalre.  Il  a  lait 


HHAM 


435 


quelques  Traductions ,  soit  du  latin', 
soit  de  l'italien. 

*  IV.  HEYWOOD  (  Olivier  )  , 
théologien  non-conformiste,  né  en 
1629  à  Bolton  au  comté  de  Lan- 
casUe  ,  mort  en  1702  ,  fut  élève  du 
collège  de  la  Trinité  à  Cambridge, 
et  ensuite  ministre  à  Coley  au 
comté  d'Yorck  ;  mais  il  fut  dépos- 
sédé pour  nou-conf'ormilé.  Alors  il 
prêcha  dans  des  congrégations  par- 
ticulières ,  etful  poursuivi  et  excom- 
munié pour  ses  serznons.  lia  publié, 
1.  Le  trésor  du  cœur ,  in- 12.  Il  La 
Pierre  secrète,  in-12.  III.  La  Vie 
de  M.  Augier ,  in- 8°.  IV.  Ce  qui 
convient  pour  le  ciel ,  et  à'autres 
livres  de   dévolion. 

*  V.  HEYWOOD  (  Nathauiel  ) , 
théologien  anglais  ,  ministre  non- 
conformiste,  né  à  Bolton,  et  mort 
en  1677,  dépossédé  pour  uon-ron- 
formité,  a  composé  quelques  Ser- 
mons assez  médiocres,  qui  ont  été 
imprimés. 

tVI.  HEYWOOD  (Eliza),  fille 
d'un  marchand  de  Londres ,  morte 
en  1756  ,  à  63  ans,  joua  d'abord  sur 
le  théâtre  de  Dublin  ,  et  cessa  d'être 
actrice  pour  devenir  auteur.  La 
nouvelle  spectatrice  ,  traduite  eu 
français  par  Trochereau,  Paris,  1751, 
quatre  jjarties  en  2  vol.  iii-i2;la 
nouvelle  Utopie  ,  in- 12  ;  les  Aven- 
tures de  Eetsj;  U Etourdie ,  ou  his- 
toire de  miss  Belsy  Tcitles,  traduite 
en  français  par  le  P.  Fleureau  ,  jé- 
suite ,  Paris,  1754,  4  vol.  iu-12; 
divers  autres  romans ,  et  quelques 
autres  ouvrages ,  prouvent  la  fé- 
condité de  sa  plume,  mais  nulle- 
ment de  goût. 

HHAFIZ,  poëte  persan,  célèbre 
par  ses  Odes  et  ses  autres  poésies 
dans  tout  1  Orient. 

HHAîVIDOULLAH,  ancien  écri- 
vain  persan,    auteur   d'une   excel- 
1  leute  géographie  de  t.on  pays,  que 


436 


HICK 


dlierbelol  cite  souvent.  Il  vivoit 
dans  le  i/j*^  siècle. 

HIACINTHE.  Voyez  Hya- 
cinthe. 

HIARBAS  (MytlioL),  roi  de 
Géliilie  ,  fils  de  Jui>itei"  et  de  la 
nymphe  Garanianllie.  Ce  prince , 
irrité  du  refus  que  Didoii  faisoit  de 
l'épouser ,  déclara  la  guerre  aux  Car- 
thaginois, qui,  pour  avoir  la  paix  , 
obligèrent  kur  reine  à  cousenlir  à 
ce  mariage.  Celle  princesse  ,  voyant 
qu'elle  ne  pouvoil  se  dispenser  de 
satisfaire  ses  sujets  ,  feignit  de  vou- 
loir apaiser ,  par  un  sacrifice  ,  h  s 
mânes  de  Sichée,  sou  premier  mari; 
et ,  après  s'être  enfoncé  un  poignard 
dans  le  sein  ,  se  jeta  dans  «n  bûcher 
qu'elle  avoit  allumé.  Virgile  feint 
qae  ce  fut  Eiiée  qui  causa  ce  déses- 
jioir  par  sa  fuite. 

*HIARNA  owHiERNE  (Urbain), 
iioble  Suédois  ,  prit  le  bonnet  de 
docteur  eu  médecine  à  Angers  ,  et 
dvu  sa  qualité  de  membre  de  la  so- 
ciété royale  de  I,ondres  à  ses  con- 
uoissances  en  chimie  ;  mais  sou  at- 
tachement aux  sentimens  de  Para- 
celse  nuisit  aux  progrès  de  l'art.  Il 
mourut  le  22  mars  1724»  'îge  de  83 
ans.  Des  ouvrages  qu'il  a  écrits,  et 
qui  sont  oubliés ,  les  uns  sont  en  lan- 
gue hiaternelle,  les  autres  en  latin. 

HICETAS  ,  philosophe  syracu- 
eain  ,  pensoit  que  le  ciel  ,  le  soleil  et 
les  étoiles  étoient  en  repos ,  et  que 
c'étoit  la  terre  qui  étoit  mobile , 
ainsi  que  nous  l'apprenons  de  Ci- 
céron.  Copernic  lui  doit  la  première 
idée  de  son  système. 

,  t  HICKES  (  George  )  ,  savant 
Anglais  ,  né  en  iG/|2  à  Newsham 
dans  le  coml'i  d'Yorck,  ires-alta- 
ché  au  roi  Jacqi\es  ,  fut  dépouillé 
du  doyenné  de  Worcester  par  le  roi 
Guillaume,  et  mourut  à  Londres  en 
171 5.  Hickes  est  connu  priuciiude- 
ïoent  piix  un  livre  eslimé,  sous  ce 


HIDA 

titre  :  lÂiiguaruin  veterum  septen." 
trionalium  thésaurus.  11  a  été  im- 
l)rimé  avec  les  Nurnis/iiata  Jnglo- 
saxonica  d'André  Foutaine  ,  sous 
le  litre  de  Antiquœ  litleratarœ  sep- 
tentrionalis  thésaurus  ,  Oxford  , 
1705-1705,  six  tomes  en  2  vol. 
grand  in-fol. ,  avec  figures.  Ce  ma- 
gnifique et  prodigieux  ouvrage  est , 
à  juste  litre,  renommé  par  ceux 
qui  ont  quelque  goûl  pour  les  anti- 
quités ,  et  par  les  témoignages  des 
sa  vans  étrangers  qui  en  font  le 
plus  grands  cas.  On  doit  encore  à  ce 
savant  :  Institutiones  grammaticœ 
Juglo-saxonicœ  et  Mœsogothicœ , 
etc.,  Oxford,  1689,  in-q".  Hickes 
pense  que  l'anglais,  le  llamand  ,  le 
westpluilien  ,  l'idiome  d  j  la  Saxe-in- 
férieure ,  dérive  du  mœso-gothique 
et  de  l'anglo-saxon  ;  que  les  langues 
islandaise  ,  norwégienne  ,  suédoise 
et  danoise  sont  formées  de  l'ancieu 
scano-golhique.  11  donne  le  tableau 
des  divers  rapports  qui  existent 
entre  la  plupart  des  langues  septen- 
Iriouales  avec  le  grec,  le  latin,  et 
sur-lout  le  médo-persique.  On  voit 
dans  sou  savant  ouvrage  l'alphabet 
des  Huns  ,  retrouvé  dans  une  con- 
trée de  la  Transylvanie  ,  composé 
de  trente-quatre  lettres  rangées  de 
droite  à  gauche,  et  ne  ressemblant  à 
aucun  des  alphabets  connus.  M.  Pou- 
gens  a  publié  un  précis  de  l'ouvrage 
de  Hickes,  sous  ce  litre  :  J^ssai  sur 
l'étude  des  antiquités  septentrio- 
nales ,  et  des  anciennes  langues  du 
nord.  Voyez  Elstob,  n°  II. 

*  HÎCKMAN  (  Henri  )  ,    savant 

théologien  anglais  ,  mort  vers  1662  , 
élève  du  collège  de  la  Magdeleine  à 
Oxford  ,  d  où  il  fut  exclu  pour  nou- 
conformité,  se  retira  à  Leyde ,  où 
il  fut  ministre  dune  congrégation 
anglaise.  Hickman  a  écrit  un  Livre 
contre  l' histoire  ,  en  cinq  articles  , 
de  Heyiiu ,  et  quelques  autres  ou- 
vrages . 

*  lilDALGUO    PJi    Aguerro 


HIEL 

(Barlliélemi  )  ,  médecin  tie  Se'ville  , 
du  16''  siècle  ,  avoit  aussi  de  gvaiit^^s 
connoissiinces  en  chirurgie.  Il  est  au- 
teur d'un  a/itidotaire génércl.  On  a 
encore  de  lui ,  I.  jIpisos  de  cirurgla 
contra  la  comiin  opinion.  11.  Kes- 
pitesla  a  las  propositiones  que  el 
licenciado  7^/agoi^u  ensenna  conlra 
unos  avisos.  Uan§  ce  dernier  ouvra- 
ge il  répond  aux  censures  de  Jean 
Fragoso ,  qui  avoil  allaqué  vive- 
inenl  ses  principes  eu  médecine. 
Il  mourut  le  i5  janvier  1697. 

*  HIDELSLEY  (Mark),  évêque 
anglais,  né  en  1G9S  à  Marsiou , 
au  comté  de  Kent,  mort  en  1772  , 
ëlt;ve  de  Char'.erhonse,  puis  bour- 
sier du  collège  delà  Trinité  à  Cam- 
bridge ,  obtint  en  17^1'  la  cure 
de  Hitchin  an  comté  de  Herlford  , 
quatre  ans  après  ,  celle  de  Hotwell 
au  comté  de  Redford  ,«else  distingua 
dans  ces  deux  places.  A  la  mort  de 
Wilson  ,  évêque  de  Sodor  el  de 
Mail  ,  le  duc  d'Athol  nomma  Hi- 
delsley  pour  succéder  à  ce  prélat  , 
et  le  nouvel  évêque  marcha  sur  les 
traces  da  son  prédécesseur.  Wilsou 
avoit  préparé  une  traduction  de  la 
Bible  ,  Hidelsley  exécuta  ce  dessein 
de  son  prédécesseur. 

HIDULPHE  (saint  ),  dune 
maison  noble  de  Bavière  ,  évêque 
de  Trêves  ,  quitta  cette  églisf;  pour 
se  retirer  dans  les  déserts  du  pays 
des  Vosges  en  Lorraine.  C'est  là  qu'il 
fonda  le  monastère  de  Moyeu-Mou- 
tier,  dont  il  fut  le  premier  abbé. 
Il  mourut  vers  707.  Sa  vie,  parle 
pape  T.éon  IX,  se  trouve  dans  le 
2'àesaurns  de  Martenne.  Ce  saint 
a  donné  sou  nom  à  une  savante 
congrégation  de  bénédictins,  dont 
le  chef-lieu  etoit  à  Verdun.  Voyez 

COUB. 

*  HIEL  (  Laurent  ) ,  médecin  ,  na- 
tif de  Vésel,  obtint  en  \bb^  une 
chaire  de  médecine  dans  luniver- 
silé  d'Iéna  ,  qu'il  remplit  avec  au- 


HIER 


437 


tant  de  talent  que  de  di.stiticiion. 
Il  y  mourut  de  la  peste  en  i566i 
On  a  de  lui ,  I.  JJissertalio  inau~ 
gui  a  lis  de  morbogalliio.  II.  Epi- 
tome  /tisloriœ  animalium  quadrU" 
pcdum. 

HIEMÈRE  ,  femme  de  Syracuse  , 
étant  fort  âgée  ,  se  rendoit  cliaqua 
jour  au  temple  pour  y  prier  les 
dieux  de  conserver  les  jours  de  De- 
nys-le-tyrau  ,  dont  la  mort  étoit 
secrètement  désirée  de  tous  ses  su- 
jets. Denys  apprit  l.  s  vœux  d'Hié- 
mère  et  l'interrogea  sur  ses  motifs, 
«  Dans  ma  jeunesse,  dit-elle,  Sy- 
racuse gémissoil  sous  un  tyran 
cruel  ;  je  priai  les  dieux  de  l'eu  dé- 
livrer; ils  m'exaucèrent;  mais  ils 
nous  eu  donnèrent  nn  plus  cruel 
encore.  Je  demandai  aussi  sa  mort  , 
et  je  l'obtins.  Vous  avez  pris  sa 
place,  el  vous  êtes  pire  que  lui.  Je 
prie  donc  les  dieux  de  ménager  vos 
jours,  dans  la  crainte  que  votre  suc- 
cesseur ne  soit  encore  plus  méchant 
(jue  vous.  » 

t  HIÉRAT  (  Antoine  ) ,  impri- 
meur allemand  du  iG""  siècle,  suc- 
cesseur de  Jean  Gymnique  ,  dont 
il  avoit  épousé  la  veuve,  fui  se- 
condé dans  ses  travaux  par  Jean 
Gymnique  son  beau-fils.  Si  le  nom- 
bre inconcevable  des  éditions  sor- 
ties de  ses  presses  ne  lui  a  pas  per- 
mis d'atteindre  à  la  perfection  des 
Plantain  ,  des  Manuce  ,  des  Fro- 
ben  et  des  Etienne  ,  on  ne  doit 
pas  moins  de  reconnoissance  au  zèle 
qui  l'a  fait  multiplier  les  meilleurs 
ou  vrages.  On  lui  doi  l  /c  réimpression 
de  tous  les  saints  Pères  ,  qui  rom— 
meiiçoient  à  devenir  rares.  Ce  qu'il 
y  a  do  surprenant,  c'est  que  dans 
celte  grande  quantité  d'impressions  , 
il  y  en  a  peu  qui  ne  prouvent  le 
discernement  d'Hiéral  ,  auquel  on 
ne  sauroit  reprocher  de  s'être  ja- 
mais chargé  de  mauvais  manuë- 
crilc. 


438  HIER 

I.  HIERÂX  (Mylhol.)  Neptune 
le  changea  en  épervier,  pour  le  pu- 
nir d'avoir  envoyé  du  blé  aux 
Troyens  ,  contre  qui  il  éloit  irrité. 

tll.  HIERAX  ,  philosophe  égyp- 
tien ,  mis  au  nombre  des  hérétiques 
du  3"  siècle ,  proscrivoit  le  mariage  , 
l'usaoe  du  vin  ,  les  richesses.  Il 
souteiioit  que  le  paradis  netoit  pas 
sensible,  et  que  Melchlsedech  étoit 
le  Saint-Esprit.  Il  distinguoit  aussi 
la  substance  du  Verbe  el  celle  du 
Père,  et  les  comparoit  à  une  lampe 
.à  deux  mèches. 

t  I.  HIÉROCLÈS,  présidfent  de 
Bilhynie  el  gouverneur  d'Alexan- 
drie, persécuta  les  chrétiens  ;  il  écri- 
vit même  contre  eux  sous  le  règne 
de  Dioclétien  ,  et  mit  les  prétend;. s 
miracles  d'Aristée  et  d'Apollonius 
de  Tyanes  au-dessus  de  ceux  de 
Jésus-Christ.  Laclance  et  Eusèbe 
l'ont  combattu  à  cet  égard. 

II.  HIEROCLES ,  célèbre  philo- 
sophe platonicien  du  l)^'  siècle,  te- 
noit  son  école  à  Alexandrie.  11  cojn- 
posa  sept  livres  sur  la  Providence 
et  sur  le  Destin  ,  dont  Pholius  nous 
a  conservé  les  extraits.  On  y  voit 
que  Iliéroclès  pensoit  que  Dieu  a 
tiré  la  matière  du  néant ,  et  l'a  créée 
de  rien.  Les  extraits  de  son  livre 
du  Destin  furent  imprimés  à  Lon- 
dres, 1675,  2  vol.  in-8°  ,  avec  sou 
Commentaire  sur  Fythagore  ;  ce 
dernier  a  été  pul)lié  séparément  à 
Cambridge,  1709,  et  à  Londres, 
1742,  in-.S". 

m.  HIÉROCLÈS.  rojez 
HÉLioGAiîAiiE,  pers  le  milieu  de 
l'article. 

HIÉROME.  Voyez  Jérôme. 

I.  HIÉRON  r%  roi  de  Syra- 
cuse ,  monta  sur  le  trône  après  son 
frère  Gélon  ,  l'an  478-  avant  J.  C. 
Autant  Gélon  s'éloil  fait  aimer 
par  sa   modération  et  sou  équité  , 


HIER 

aulant   Hiéron  se  fit  liaïr  par  so-^ 
violences  et   sou  avarice.  Il  voulut 
envoyer  Polyzèle  son  frère  au  se- 
cours dès  Sybarites  contre  les  Cro- 
toniatcs ,   afin   qu'il  périt    dans   le 
roaibat.  Mais  Polyzèle  ,  qui  prévit 
ce  dessein ,  n'accepta  pas  cette  com- 
mission ;  et  voyant   que  son  refus 
irritoit  son  frère  ,  il  se  retira  au- 
près  de  Théron  ,  roi    d'Agrigente. 
Hiéron  se  prépara  à  faire  la  guerre 
à  Théron.   Les  habilans  de  la  ville 
d'Himéra  ,   dans  laquelle  comman- 
doit  Trasidée  ,  fils  de  Théron  ,  lui 
envoyèrent    des    députés   pour    se 
joindre    à  lui;   mais  Hiéron   aima 
mieux  faire  sa  paix  avec  Théron, 
qui  réconcilia  les  deux  frères.  Après 
la  mort  de  Théron  ,  Tiasidée  en- 
treprit la  guerre   contre  les_  Syra- 
cusalns.  Hiéron  entra  avec  une  forte 
armée  dans  le  .pays  des  Agrigentins, 
défit  Trasidée  et  lui  ôta  sa  couronne. 
Le  poète  Pindare  a  chanté  les  vic- 
toires d'Hiérou  aux  jeux    olympi- 
ques et  aux  jeux  pylhieus.  Il  rem- 
porta trois  fois  le  prix  dans  les  pre- 
miers, deux  fois  à  la  course  du  che- 
val et  une  fois  à  la  course  du  chariot. 
Sur  la  fin  de    ses  jours,  son  goût 
pour  les  arts,  el  ses  entretiens  avec 
Simonide  ,    Pindare  ,    Bacchylide  , 
Epicharme  et  quelques  autres  sa  vans 
qu'il  a  voit  appelés  à  sa  cour  ,  adou- 
cirent ses  mœurs.  (  Vojezww^  belle 
parole  de  ce  roi ,  article  XÉnoi'Ha- 
NEs.  )  Hiéron  ,  mort  ran4'Ji  avant 
J.  C. ,  eut  pour  successeur  sou  frère 
Thrasibule ,  qui  eut  tous  ses  Açlauts  , 
et  pas  une  de  ses  bonnes  qualités. 

t  II.  HlÉRONtl ,  roi  de  Syracuse  , 
descendoit  de  Gélon  ,  qui  avoit  au- 
trefois régné  dans  cette  ville.  Comme 
sa  mère  étoit  de  condition  servile, 
HiérocRs  son  père  le  fit  exposer, 
croyant  que  cet  enfant  déshonore- 
roit  sa  famille.  Mais  ,  si  l'on  eu 
croit  Justin  ,  des  abeilles  le  noux- 
rircnt  pendant  plusieurs  jours  dans 
j  les  bois.  Hiéroclès  ,  instruit  de  cet 


HIER 

événement  singulier,  consulta  l'o- 
lacle,  qui  répoudit  que  c'étoit  un 
])résage  de  la  grandeur  fuUire  de  cet 
euiaut.  Alors  ille  titapporler  chez  lui 
pî.  le  fit  élever  avec  soin.  Hiérou  se 
distingua  par  son  adresse  dans  tous 
les  exercices  militaires  ,  et  par  sa 
valeur  dans  les  combats.  Ses  lalens 
touchèrent  tellement  ses  compatrio- 
tes, qu'ils  lui  décernèrent  de  concert 
la  couronne ,  et  le  nommèrent  ca- 
jsitame-géuéral  contre  les  Carthagi- 
nois. Ce  fut  en  cette  qualité  qu'il 
continua  de  faire  la  guerre  auxMa- 
mertius ,  et  proposa?  de  les  faire 
chasser  de  la  ville  de  IMessiue.  Les 
Mamertins  eurent  recours  aux  Ro- 
nuùns  auxquels  ils  livrèrent  Mes- 
sine ,  l'an  260  avant  J.  C.  Les  Car- 
thaginois, appelés  par  le  parti  con- 
traire ,  mirent  le  siège  devant  Mes- 
sine, tirent  un  traité  d'alliance  avec 
Hiéron  ,  qui  joignit  ses  troupes  aux 
leurs.  Le  consul  romain ,  Appius 
Claudius,  leur  livra  tbalaille,  et 
attaqua  premièrement  les  Syracu- 
saiiis.  Le  combat  fut  rude  ;  Hiéron 
y  fit. des  prodiges  de  valeur;  ce- 
pendant il  fut  battu  ,  et  obligé  de 
retourner  à  Syracuse.  Le  sort  des 
Carthaginois  ne  fut  pas  plus  heu- 
reux ;  ils  furent  aussi  défaits  par  les 
Romains  ,  et  Appius  ,  vainqueur  , 
vint  assiéger  Syracuse.  Hiéron  , 
voyant  les  forces  des  Carthaginois 
affoiblies  ,  fit  sa  paix  avec  les  Ro- 
mains ,  dont  les  conditions  furent 
qu'il  rendrojl  tous  les  prisonniers, 
et  qu'il  p^roil  cent  talens  d'ar- 
gent. Pendant  cinquante  années  qu'il 
régna ,  il  ne  cessa  de  donner  à  Rome 
des  preuves  de  sou  amitié  dans 
toutes  les  guerres  qu'elle  eut  avec 
Cartilage.  Il  mourut  l'an  2  1.t  avant 
J.  C. ,  âgé  de  plus  de  94  ans.  Se* 
vertus,  son  amour  pour  le  bien  pu- 
blic ,  son  goût  pour  les  sciences  et 
les  arts  utiles  ,  et  l'attention  qu'il 
eut  d'employer  les  talens  du  fameux 
Arcliiiuède  ,  son  parent ,  le  placent 
au  rang  des  grands  hommes.  Il  avoit 


HIFF 


439 


composé  des  livres  ^Jlgricuhure  , 
qjLie  nous  n'avons  plus,  mais  qui 
sciiit  cités  avec  honneur  par  Varron 
et  Columelle.  Hiéron  eut  \joiir  suc- 
resseur  son  petit-fils  11  tÉRON"i  me  , 
fils  de  Gélon  ;  mais  ce  prince  ,  à 
peine  âgé  de  quinze  uns  quand  il 
monta  sur  le  troue  ,  changea  tout 
ce  qu'avoit  fait  son  prédécesseur  , 
et  rompit  l'alliance  et  l'cunitié  que 
son  aieul  avoit  conservées  toute  sa 
vie  avec  les  Romains  ,  pour  prendre 
Ci-lies  des  Carthaginois.  D'ailleurs  , 
ayant  pris  pour  modèle  Ueuys-le- 
tyran,  il  se  fit  tellement  haïr  par 
son  orgueil  ,  ses  dél)auches  et  sa 
cruauté  ,  que  des  conjurés  l'extermi- 
nèrent avec  toute  sa  famille. 

HIÉRONYME.  Fojez  l'article 
précédent. 

HIÉROPHILE,  médecin  grec, 
connu  par  les  leçons  qu'il  donna  à 
une  fille  nommée  Agnodice  :  sou 
élève  se  déguisa  en  homme  pour 
exercer  cet  art  à  Athènes,  parce 
que  les  Athéniens  défendoieul  aux 
enfans  et  aux  femmes  de  s'y  adon- 
ner. Elle  se  mèloit  daccoucher  , 
contre  l'usage  d'Alhènes ,  qui  per- 
'  mettoit  aux  femmes  seules  d'exercer 
celte  fonction.  Citée  par  les  méde- 
cins devant  l'Aréopage  ,  les  juges 
alloient  la  condamner,  supposant 
qu'elle  étoit  homme;  jnais  elle  se 
justifia  eu  découvrant  son  sexe. 

*  HIFFERMAN  (Paul),  né  en 
1719  dans  le  comté  de  Dublin  ,  au- 
teur dramatique  du  siècle  dernier  , 
se  destina  d'aboi'd  à  l'exercice  de  la 
médecine;  mais  sou  indolence  l'en 
détourna  ,  comme  elle  lauroit  éloi- 
gné de  toute  autre  profession.  11  vint 
à  Londres  en  1730  et  y  passa  le 
lesie  de  ses  jours,  vivant  mesqui- 
nement aux  dépens  de  ses  amis  , 
à  l'aide  d'expédiens  peu  honorables, 
jetant  de  temps  en  temps  quelques- 
unes  de  ses  productions  dans  le  pu- 


44o' 


HIGG 


bUc  ,  sans  avoir  jamais  Tait  tï'ou- 
vragfis  d'uu  mérile  bien  di^iiinguë. 
Quoiqu'une  manqiiat  pas  d'iUbb  uc- 
tioi!, ,  Li  liizarrerie  de  sou  caracUie 
éloignoit  l'estime  qu'il  auioit  àù 
chercher  à  se  concilier.  11  frëqutiitovl 
«(iantnoius  quelques  liomines  dis* 
tuîgiiés  tels  qu.'  Foole  ,  Garrick  , 
Murr,by,Go!dsmiili,  KcUi,  Bickers- 
taff,  qiii  lu!  ;)a!douuoient  ses  dé- 
fauts et  l'auloieuV  dans  ses  be- 
soins; il  avoit  la  manie  de  faire  un 
secret  du  lieu  où  il  looeoil,  et  nul- 
toit  tant  il'nnporlauce  à  le  laisser 
ignorer ,  que  ,  malade  et  prêt  à  mou- 
rir ,  il  ne  voulut  pas  le  découvrira 
un  a;ni  qui  lui  prètoit  des  secours 
q^u'il  ne  recevoil  que  par  l'entremise 
d'un  maure  de  calé.  On  n'a  connu 
sa  demeure  qu'après  sa  mort,  arrivée 
en  1777.  Il  est  auteur  de  p/usie/as 
peti/es pièces,  dont  la  noinenclalure 
présenti  roit  peu  d'intérêt.  11  a  donné, 
d'après  La  Harpe  ,  la  tragédie  du 
comte  de  Warwick. 

HIGDEN  (  Raoul  de  ) ,  bénédic- 
tin anglais,  mort  en  1.160,  laissa 
un  ouvrage  souvent  consulté  par  It^s 
historiens  d'Angleterre.  La  meilleure 
édition  est  celle  de  Londres,  1642, 
in-fol.  ,  sous  ce  litre  :  Radalpid 
Iligdeni  ,  pûlychroiiici ,  l/brl  KIl, 
ex  anglico  in  latiniim  conversi  à 
Joanne  Trevisa ,  et  editi  cura  GiiH- 
lelmi,  Caxioni...  Dans  cellehi.«loire, 
qui  n'est  co!n_iosée  que  de  longs 
fragm.°ns,  l'aulHum'a  mis  du  sien  que 
daus  le  dernier  U\re.  Cependoul  cette 
compilation  est  faite  avec  tant  de 
jugeiut'iit  et  de  bonne  foi  ,  qu'on  la 
cite  comme  un  ouvrage  original,  f^es 
cinq  pr.^iniers  livres  vont  depuis 
Adam  jusquà  l'irruptioa  des  Da- 
nois en  Angleterre  ,  et  les  deux  au- 
tres s'étendent  jusqu'en  1057. 

*  ÏIIGGIUS  (  Jean  1,  théologien  an- 
glais et  maitre  d'une  école ,  mort  en 
iGoô,  vivoit  à  Winshatn  ,  près  d'II- 
iniiisler,au  comt'i  de  Somm'erscl.  Il  a 


III  G  H 

publié,  I.qnelques  Livres  déclasses. 
il.  Un  traité  coulrele  livrede  Perkin  , 
intitulé  La  descente  de  ./.  C.  aux 
enfers  ,  et  III.  Il  a  eu  part  au  livre 
nililulé  le  Miroir  des  magistrats. 

*  I.  HIGGONS  (  sir  Thomas),  né 
dans  le  Sliropshire  ,  éponsa  la  veuve 
du  comte  dEssex,  qui  mourut  peu 
de  temps  après,  et  dont  il  lit  l'orai- 
son funèbre  ,  pièce  touchante,  rap- 
pelée dansl'épilaphe  delà  comlesse, 
et  qui  da^]s  le  temps  fit  une  vive 
impression.  Higgons  ,  distingué 
par  les  services  qu'il  rendit  à  son. 
souverain  ,  fut  envoyé  dans  di- 
verses cours,  et  mourut  subitement 
dans  la  salie  de  la  cour  du  banc  du 
roi  en  1691.  On  a  de  lui  un  Pa- 
négyrique du  roi,  1660,  in-folio  ; 
Y  Histoire  d'Isoof  Bassa,  1684  ; 
la  traduction  en  anglais  de  l'ou  vrage 
intitulé  1^  Triomphe  de  Venise. 

*  II.  HIGGONS  (Bevil) ,  fils  de 
sir  Thoma%  ,  se  distingua  par  plu- 
sieurs productions  littéraires,  I.Une 
tragédie  intitulée  Le  Conquérant 
généreux ,  jouée  à  Drury-Lane,  et 
imprimée  eu  1  702,  in-4°.  H  adhéra 
fortement  à  la  cause  du  roi  ,  et  ac- 
compagna Jacques  II  eu  France  , 
cherchant  à  soutenir  sou  courage 
abattu  sous  le  poids  de  finforlune. 
II.  On  lui  doit  un  Poëme  sur  la  paix 
d' Utrecht ,  des  Remarques  /listo- 
riques  et  critiques  sur  V histoire 
de  Burnet,  dont  la  seconde  édi- 
tion parut  en  1727  ,  iiir-8°.  III.  Kue 
abrégée  de  V histoire  d'Angleterre, 
accompagnée  de  réflexions  sur 
les  rois  qui  y  ont  régné,  leurs  ca- 
ractères ,  leurs  mœurs  ,  etc. ,  jus- 
qu'à la  réijolution  de  1688. 

t  T.  H I G  H  M  O  R  F,  (  Nathaniel  ) , 
né  à  Fordmgbtidge  dans  le  Hamps- 
hire  ,  analomisle  célèbre  ,  d'une 
application  et  d  une  intelligence  ex- 
traordinaires ,  auquel  on  doit  , plu- 
sieurs découvertes.  Quelques  parties 


HlGl 

du  corps  humain  portent  son  nom  : 

on  appelle  Jnlre  d' Ighirwre  b-  sinus 
maxillaire.  Ou  prilenù  ntanuioius 
qu'il  ne  fut  pas  le  premier  qui  dé- 
couvrit le  sinus.  Uaus  sa  Dis- 
qr/iai/io  niiatonnca  ,  iii-fol.  ,  il  a 
suivi  la  circulation  du  sang  jusque 
dans  les  plus  petites  parties  du  corps 
humain  On  a  encore  de  lui  une 
Histoire  de  la  générafion  ,  et  un 
Traité  de  i'assiu/ie  hystericâ,  in-8°, 
1660.  Highniore  mourut  eu  1684, 
âgé  de  71  ans. 

*  II.  HIGHMORE  (Joseph  ) ,  né  à 
Londres  en  1692  ,  sudoifuaàla  pein 
tureet  s'acquit  un  nom  dans  l'exer- 
cice de  son  art  ,  04,  il  se  rendit  cé- 
lèbie  par  ses  portraits ,  dont  plusieu  rs 
ont  été  gravés.  Il  a  traité  avec  suc- 
cès quelques  sujets  d'histoire.  On  cite 
de  lui  ,  dans  ce  genre  moins  suivi 
de  sou  temps  qu'il  ne  lest  de  nos 
jours  ,  JÎgar  et  Ismaël ,  le  Sama- 
ritain ,  Mvyse  sauvé  des  eaux  ,  la 
famille  des  Harlowe ,  tirée  du  ro- 
man de  Clarisse;  les  (Iraces  dévoi- 
lant la  Nature ,  peint  de  mémoire 
d'après  Rubens  ;  C  léineniine  de 
Grand isson  ,  la  reine  mère  d' E- 
doitard  IF',  avec  son  fils  dans  l' ab- 
baye de  Jf  estminstcr.  Highmore 
s'appliqua  à  la  culture  des  sciences 
et  a  laissé  quelques  ouvrages.  I. 
Pratique  de  la  perspective ,  d'a- 
près les  principes  du  docteur  Brook 
Taylor,  1763,  iu-4°.  II.  Un  Pam- 
phlet j)our  la  défense  du  christia- 
nisme ,  contre  I>odwell.  III.  Des 
Remarques  sur  quelques  passages 
des  Recherches  sur  la  beauté  eu 
peinture  de  Weeb  ,  insérées  dans 
le  Gentleman's  Magazine  de  1766. 
IV.  Essais  sur  la  morale  ,  la 
religion  et  divers  sujets,  in- 12  , 
3  vol.  V.  Une  Traduction  en  prose 
du  Poè'me  latin  de  Brotvne  ,  sur 
r immortalité  de  l'ame,  etc.  High- 
more mourut  eu  1780,  âgé  de  88 
ans. 

•HIGIEMOND  ou  Higiemonix>, 


HIGT 


441 


nommé  communéuient  le  Nègre  , 
cioii  reconnu  pour  un  habile  ar- 
liite  qui,  dans  ses  compositions, 
mettoit  moiiT^  d'av!  que  de  naturel. 
C'est  le  iugen!^•u!  ^qu'en  porte  Joa- 
chim  de  Saudran  dans  s-on  Aca- 
demia  nobltissiir.œ  iir'is  pictoriœ  , 
in-Tol. ,  NoriuibeigEB  ,  iii83  ,  c.  XV", 
p.  54.  11  l'appelle  ties-célebre  {cla- 
rissimus),  et  se  iéhcile  d'avoir  de 
lui  quelques  bons  tableaux  ;  mais 
il  n'iudicpie  pas  l'époque  à  laquelle 
il  a  vécu.  Lépilhete  iV/§-/-«w  ,  dans 
le  texte  latin  dt-Saudrart  ,seroil  iu- 
sufli^ante  pour  prouver  que  lligie- 
iiiond  étoi!  nègre  ;  une  foule  de 
bkiiics  en  Europe  se  nomtiieut  le 
I\oir.  Les  doutes  s'évanouissent  en 
voyant  la  figure  de  H.git^mond  gra- 
vée, en  i6g5  ,  par  Kiluiu  ,  et  insé- 
rée dans  les  deux  ouvrages  de  Saii- 
drart  :  le  premier  ,  celui  qu'on  vient 
de  citer  ,  ibi<K  ,  p.  180  Le  second  , 
son  traité  allemand,  sous  le  titre 
italien  A' Acadcmia  tedesca  délie 
architectura  ,  scultura  ,  pittura. 
3  vol.  iu-fo|. .  ISorimberga?.  (  ^'oj. 
la  seconde  partie  qui ,  dans  l'exem- 
plaire de  la  bibliothèque  impériale 
de  Paris, est  reliée  comme  première, 
et  !a  nouvelle  éd#iou  faite  égale- 
ment à  Nuremberg  en  177-4,  l-  VI, 
p.  53,  et  t.  VII,  p.  194)  Le  savant 
Murr  révoque  en  doute  l'existence  de 
Higiemoud:  mais  il  ne  s'appuie  que 
sui  des  conjectures  détruites  par  M. 
Grégoire  ,  dans  sa  Littérature  des 
nègres,  dont  nous  empruntons  cet 
article,  p,  192  et  suiv. 

*  HIGT  (  ErneslGuilIanoîe) ,  Fri- 
son de  naissance ,  recteur  de  l'é- 
cole latine  à  Alckmaer,  où  il  mou- 
rut à  la  fleur  de  sou  âge  ,  étoit 
très-savant  dans  les  langues  grec- 
que et  latine.  Il  faisoit  très-heureu- 
sement des  vers  dans  cette  dernière, 
et  il  avoit  particulièrement  adopté 
le  mètre  Irocha'ique.  L.  C.  Valcke- 
naer  ,  son  maître,  à  la  suite  de  l'é- 
d  ilioH  qu'il  adonnée  à  Leydc  eu  1 779> 


442  HILA 

iu-S"  ,  des  Idylles  de  Théocrite  , 
de  Moscliiis  et  de  Bion  ,  a  mis  quel- 
ques traductions  des  deux  derniers 
poètes  par  Higt.  Ou  reconnoit  une 
imagination  riante  et  féconde  dans 
son  poëme  ,  Jn  reditum  veris.  Sa 
poésie  hollandaise  est  peu  carrecle 
pour  la  diction  et  le  style  ;  il  a  laissé 
aussi  quelques  pièces  dans  le  dialecte 
frison  ,  peu  pratiqué  et  presque  in- 
connu hors  de  la  province  de  Frise. 

I.  HILAIRE  (saint),  originaire 
de  l'île  de  Sardaigne,  élu  pape  le 
lo  novembre  461  ,  avoit  été  archi- 
diacre de  l'église  romaine  sous  saint 
Léon ,  qui  l'employa  dans  les  affaires 
les  plus  importantes.  La  joie  que  «on 
élévation  à  la  papauté  causa  à, tous 
les  évèques  prouve  qu'il  eu  étoit 
digne.  Le  zèle  qu'il  eut  pour  la  foi , 
et  le  soin  qu'il  prit  de  faire  observer 
la  discipline  ecclésiastique  ,  répa- 
rèrent la  perte  que  l'Eglise  fil  à  la 
mort  de  saint  Léon.  Il  mourut  le  21 
février  468  ,  après  avoir  anathéma- 
tisé  Eutychès  et  Neslorius,  confirmé 
les  conciles  généraux  de  Nicée,  d'E- 
phèse  et  de  Calcédoine  ,  et  tenu  un 
concile  à  Rom^n  465.  On  a  de  lui 
onze  Epùre^  et  quelques  Décrels. 
C'est  le  premier  pap.e  qui  défendit 
aux  évèques  de  choisir  leurs  succes- 
seurs. 

t  II.  HILAIRE  (saint),  évèque 
de  Poitiers,  docteur  de  l'Eglise  ,  éloit 
né  dans  cette  ville  d'une  famille 
noble ,  vers  le  commencement  du 
4"^  siècle.  Ses  parens ,  qui  éloient 
païens,  ne  négligèrent  rien  pour  son 
éducation.  Lorsqu'il  eut  fini  ses  élu- 
des ,  il  voulut  connoître  tous  les 
auteurs  juifs,  chrétiens  et  païens: 
par-là  il  acquit  une  si  grande  érudi- 
tion, qu'il  éloit.  regardé*,  dans  un 
âge  peu  avancé,  comme  un  des  plus 
savans  hommes  de  son  temps.  Eu 
lisant  les  livres  de  Moyse ,  il  fut 
frappé  de  l'idée  que  cet  auteur  donne 
de  la  Divinité.  A  sou  élounemenl 


HILA 

succéda  l'envie  de  s'instruire  et  de 
connoître  cette  puissance  infinie , 
dont  il  avoit  trouvé  une  si  belle 
peinture  dans  l'écrivain  sacré.  Il 
lut  les  Evangiles,  et  fut  saisi  d'ad- 
miration  lorsquil  y  vit  que  Dieu 
s'éloit  fait  homme  ;  qu'il  étoit 
venu  lui  -  même  s'offrir  pour 
victime;  qu'il  avoit  lavé  dans  son 
sang  les  péchés  des  hommes.  Il  com- 
mença à  l'adorer ,  s'instruisit  des 
mystères  de  la  religion  chrélienne 
et  de  ses  pratiques,  se  fit  baptiser  , 
et  devint  le  plus  zélé  partisan  de  la 
foi.  Le  peuple  de  Poitiers,  touché 
de  ses  vertus  ,  voulut  l'avoir  pour 
évêque  ,  quoiqu'il  fût  laïque  et  même 
marié.  11  fut  un  des  plus  grands  dé- 
fenseurs de  la  foi  contre  les  ariens  , 
dans  le  concile  de  Milan,  en  555, 
dans  celui  de  Béziers  en  556,  et 
dans  d'autres  assemblées.  Saturnin 
d'Arles,  arien  ,  qui  redoutoit  les  ef- 
fets de  son  zèle  ardent  et  actif ,  le  fit 
reléguer  dans  le  fond  de  la  Phrygie. 
Appelé  au  concile  de  Séleucie  en 
359 ,  la  quatrième  année  de  son 
exil ,  il  parla  si  éloquemraent  pour 
la  doctrine  catholique,  et  contre  les 
hérétiques,  qu'ils  le  firent  renvoyer 
en  France,  pour  se  délivrer  d'un  si 
puissant  adversaire.  Les  peuples  des 
Gaules  accoururent  au  devant  de 
leur  pasteur  et  de  leur  père.  Hilaire , 
rétabli  sur  son  siège  ,  profita  de 
l'état  des  affaires  de  l'empire  pour 
remédier  aux  maux  de  l'Eglise.  Il 
fit  assembler  plusieurs  conciles  ,  où 
la  plupart  des  évèques  qui  avoient 
souscrit  au  formulaire  arien  dans 
le  concile  de  Rimini  se  rétractèrent. 
Il  passa  ensuite  en  Italie  pour  com- 
battre Auxeuce,  évêque  arien  de 
Milan;  mais  ce  dernier  se  défendit 
si  bien,  que  l'empereur  Valentinien 
renvoya  saint  Hilaire  dans  son  dio- 
cèse, il  mourut  après  sa  femme  et 
sa  fille,  le  l3  janvier  567  ou  368. 
Nous  avons  de  ce  Père,  1.  Dousfi 
livres  de  la  Trinité,  fruit  de  sou 
séjour  en  Phrygie.  Il  y  combat  toutes 


HILA 

les  liërcsies  contre  le  tils  el  le  sainl- 
esprit.  11.  Un  Traité  des  Sj/iodes  , 
dans  lequel  il  éclaircil  les  principales 
difficultés  de  la  foi.  111.  Des  (.'om- 
7iienlaiies  sur  saint  Matthieu  et  sur 
une  partie  des  Psaumes.  Il  y  a  beau- 
coup profilé  des  écrits  d'Origène  , 
el  quelquefois  il  n'a  fait*ue  le  tra- 
duire. IV.  Trois  Ecrits  à  l'empe- 
reur Constance  ,  dans  lesquels  il  ose 
lui  donner  des  avis  et  blàt'uer  sa 
conduite.  Il  regrette  de  n'avoir  pas 
vécu  sous  Néron  et  sous  Dece ,  pour 
combattre  un  ennemi  déclaré,  plu- 
lôtt]u'un  persécuteur  arùBcieux  el 
déguisé.  Il  le  Iraile  d'aulechrist ,  de 
lyran,  de  loup  couvert  de  la  peau 
des  brebis.  11  lui  dit  qu'il  baisse  la 
tète  pour  recevoir  la  bétiédictiondes 
t'vèques  ,  et  qu'il  foule  aux  pieds 
leur  foi  ;  qn'il  leur  donne  le  baiser 
de  Judas  ;  et  qn'il  les  reçoit  à  sa  table 
comme  ce  dernier,  qui  sortit  de  celle 
de  Jésus -Christ  pour  trahir  son 
maitre  (Fleury,  Hist.  Eccles.  liv. 
XIV,  n°  26).  On  voit  combien  sou 
style  étoit  véhément,  impétueux, 
et  sa  hardiesse  insolente.  Saint  Jé- 
rôme ,  à  cause  de  son  impétuosité , 
1  appelle  le  Rhône  de  l'éloquence  la- 
tine (  Latinœ  e/oc/uentiœ  R/ioda- 
nus  ).  Il  est  aussi  quelquefois  un 
peu  enilé  et  obscur.  Pour  bien  l'en- 
tendre ,  il  faut  avoir  beaucoup  d'u- 
sage des  termes  théologiques  des 
Grecs  :  il  fut  un  des  premiers  qui 
les  transporta  dans  la  langue  latine  : 
et  il  fournit  par-là,  pent-èlre  sans 
I«  vouloir  ,  aux  esprits  contentieux 
de  nouveaux  prétextes  pour  dispu- 
ter. Il  se  plaint,  dans  son  liv.  Il, 
à  Constance,  de  la  diversité  d'opi- 
nions que  l'Homoousion  causoit;  el 
il  dit  des  querelles  de  son  t*nps: 
«  En  nous  déchirant  avec  une  fu- 
reur réciproque,  nous  avons  tra- 
■vaillé  à  notre  ruine  mutuelle.  »  La 
meilleure  édition  de  ses  (Euvres  est 
celle  de  dom  Coutaul,  en  169^  ,  m- 
folio,  publiée  de  nouveau  à  Vérone 
A     eu  lySo,  2  vol.  ia-fol. ,  par  le  mar- 


BILA 


443 


quis  de  MaQ'ei ,  qui  la  enrichie  de 
quelques  fragmens  qu'on  ne  con- 
uoissoit  pas,  et  de  beaucoup  de  va- 
riantes. Le  culte  rendu  à  saint  Hi- 
iaire  commença  presque  après  sa 
mort.  Son  nom  fut  inséré  dans  le 
canon  de  la  niesse  avec  celui  des 
apôtres  et  des  martyrs.  On  trouve 
une  Lettre  de  ce  St.  Père  sur  la  Di- 
vinité de  Jésus-Christ ,  avec  trois 
Dissertations  de  l'abbé  Trombelli, 
dans  là  collection  imprimée  à  Bo- 
logne en  Italie,  en  1761,  sous  le 
litre  de  Veterum  Fatrum  latiiio- 
rurn  Opuscula  nuuquam  antehac 
édita. 

fin.  HILAIRE  (saint),  d'Arles, 
né  en  4oi  ,  de  parens  nobles  et  ri- 
ches, fut  instruit  à  Lérins  par  saint 
Honorât ,  abbé  de  ce  monastère  , 
ion  parent  et  son  ami,  qui  l'avoit 
entraîné  dans  la  solitude.  L'abbé  de 
Lérins  ayant  été  élevé  sur  le  siège 
d'Arles ,  emmena  avec  lui  Hilaire  , 
qui  fut  le  coopérateur  de  ses  ira- 
vaux  ,  et  sou  successeur.  Hilaire 
assembla  plusieurs  conciles  ,  et  pré- 
sida, en  441  j  à  celui  d'Orange, 
on  Célidoine,  évêqne  gaulois,  fut 
déposé.  Celte  déposition  renouvela 
la  dispute  sur  la  préséance  entre 
l'église  d'Arles  et  celle  de  'Vienne. 
Célidoiue  en  ayant  appelé  au  pape 
saint  Léon  ,  ce  pontife  assembla  un 
concile  à  Rome,  qui  le  jugea  inno- 
cent de  l'irrégularité  pour  laquelle 
il  avoit  été  condamné,  et  le  réta- 
blit dans  son  siège.  Le  concile  alla 
plus  loin  ;  car  ,  sur  les  accusations 
formées  contre  sainl  Hilaire  lui- 
même  ,  il  le  priva  de  l'autorité  qu'il 
avoit  sur  la  province  de  Vienne, 
lui  défendit  d'assister  à  aucune  ordi- 
nation ,  et  le  déclara  retranché  de 
la  communion  du  sainl-siége.  Ou 
l'accusoit  d'aller  par  les  provinces, 
accompagné  dune  troupe  de  gens 
armés  ,  pour  donner  des  évêques 
aux  églises  vacantes  ,  el  de  troubler 
les  droits  des  métropolitains.  Saint 


444         HILA 

Léon ,  à  qui  cerlams  évcqnes  des 
Guulesavoient  écrit  pour  se  plain- 
dre d'Hilaire,  craignant  que  ce  pré- 
lat ue  se  soumit  pouil  à  sa  décision  , 
eut  recoins  à  laiitorité  de  l'empe- 
reur Valenlinien  111,  qui  donna  une 
conslitutiouen  laveurdusainl-siége. 
Sailli  Kilaire  tnounit  bientôt  après 
en  449.  Sou  zèle  lut  quelquefois 
poussé  jusqu'à  l'excès.  Un  des  pre- 
miers olTiciers  n'observoit  pas  la 
justice  dans  ses  jugemeus.  Hilaire  , 
ijui  l'avoit  repris  plusieurs  l'ois  en 
secret ,  le  voyant  un  jour  entrer 
dans  l'église  pendant  qu'il  prêchoit , 
cessa  aussilûtde  parler.  Voyant  tous 
ses  auditeurs  surpris  de  son  silence  : 
«  Est-il  juste,  leur  dit-il,  que  celui 
qui  a  si  souvent  méprisé  mes  aver- 
tissemens  participe  à  la  nourriture 
spirituelle  que  je  vous  distribue  ?  » 
Le  préfet  sortit  de  l'église.  Se  con- 
tentant du  simple  nécessaire,  se 
bornant  à  un  seul  habit  en  hiver 
coinuieenélé,  Hilaire  Iravailloil  des 
mains  pour  n'être  à  charge  à  per- 
sonne ,  et  pour  avoir  de  quoi  assis- 
ter les  pauvres  plus  abondamment. 
Il  disoit  anx^ieus  :  «  Semons,  puis- 
qu'il liiut  manger  du  pain;  cultivons 
la  vigne ,  puisqu'il  faut  boire  du 
vin.  »  Ils'ociupoit  volontiers  .i  f^iire 
des  bas,  parce  qu'il  le  pouvoit  faire 
en  lisant,  et  ne  voyageoit  qu'à  pied. 
On  a  de  lui ,  I.  Des  Homélies  ,  sous 
le  nom  d'Eusèhe  d'Einèse,  dans  la 
Bililiothèque  des  Pères.  11.  La  Vie  de 
saint  Honorât ,  son  prédécesseur ,  à 
Paris,  i.f)78,in-8°,etdansSurius.  111. 
D'autres  Opuscules ,  avec  Vincentde 
Lérins,  à  Rome,  i  7.5 1, 111-4°,  et  dans 
le  St.  Léon  du  P.  Quesnel.  Son 
Exposition  (tu  Symbole  et  ses  au- 
tres ouvrages  sont  perdus,  et  on 
doit  les  regretter,  si  l'on  en  juge  par 
la  Fie  de  saint  Honorât.  Ou  y  re- 
marque du  choix  et  du  la  vivacité 
daus  les  pensées  ,  de  la  douceur  et 
de  l'élégance  dans  lo  style.  On  pour- 
roil  lui  reproclier  des  pointes  et  quel- 
♦pics  mélaphoies  uu  peu  oultées; 


TÎILA 

mais  c'étoit  inoins  son  défaut  que 
celui  de  son  siècle.  Il  avoit  un  la- 
lent  particulier  pour  la  chaire.  Ua 
poète  de  son  temps,  nommé  Livius, 
l'ayant  entendu,  s'écria  publique- 
ment :  «  Si  Augustin  étoit  venu 
après  vous ,  ou  l'eslimeroit  moin» 
que  irous^ 

t  IV.  HILAIRE,  diacrede  l'Église 
romaine,  souffrit  pour  la  foi  vers 
l'an  554,  par  ordre  de  l'empereur 
Constance;  mais  dans  la  suite  il 
s'engagea  dans  le  schisme  des  lucifé- 
riens.  Oului  attribue  les  Commen- 
taires sur  les  Epîlres  de  St.  Paul, 
qui  se  trouvent  dans  les  (Euvres  de 
St.  Ambroise;  et  les  Questions  sur 
l'ancien  et  le  nouveau  Testament , 
qui  sont  dans  St.  Augustin.  —  Il  y 
a  eu  aussi  un  HiivAiRE ,  disciple 
d'Abailard,  dont  on  conserve  une 
Elégie  sur  son  dépari  du  Paraclet. 

t  V.  HILAIRE  (N.  de  Saint-), 
lieutenant-général  d'artillerie ,  dis- 
tingué dans  les  armées  de  Louis 
XIV,  moutroit ,  en  1675,  à  Tu- 
renne  ,  une  batterie  qu'il  venoit 
de  placer  près  du  village' de  Saltz- 
bach ,  lorsqu'un  boulet  de  canon 
lui  emporta  le  bras  ,  et  tua  Tu- 
renne.  Le  fils  de  Saint-Hilaire , 
voyant  son  père  blessé  ,  courut  à 
lui ,  et  fit  un  cri  de  douleur.  «  Mou 
fils,  lui  dit-il  (eu  Un  montrant  le  ^ 
corps  de  Turenne  ) ,  ce  n'est  pas  mot 
qu'il  faut  pleurer  ,  c'est  ce  grand 
homme  qui  n'est  plus,  n 

HILARET.  Voyez  Hylaret. 

*  HILARIEUSE  (Joseph),  cé- 
lèbre antiquaire  et  médaillisle,  né 
en  1707  à  Enzesfield  en  Autriche, 
mort*  eu  1798,  entra,  en  i75i, 
dans  la  société  des  jésuites,  et  fut 
ensuite  célèbre  professeur  de  rhé- 
torique et  de  grammaire  à  Vienue. 
En  1770  il  quitta  sa  société.  Après 
avoir  voyagé  en  Italie,  où  il  se  per- 
fectionna daus  la  totinoissi'.ace   de 


HILD 

la  inétallurgie ,  il  fut  noimné  ,  à 
Vienne,  garde  du  cabinet  des  mé- 
dailles. Hilarieuse,  savant  très-con- 
sidéié,  iiU  également  versé  dans  la 
philosophie  et  la  littérature. 

t  HILARION  (saint),  institn- 
teur  de  la  vie 'monastique  dans  la 
Palestine  ,  né  vers  aGi  à  Taba- 
the,  près  de  Gaza,  d'nue  famille 
païenne  ,  entbrassa  le  christia- 
nisme. Le  nom  de  saint  Antoine 
étoit  venu  jusqu'à  lui  :  il  alla 
le  trouver  en  Egypte,  et  demeura 
quelque  temps  avec  lui.  Il  retourna 
en  Palestine,  et  y  fonda  un  grand 
nombre  de  monastères.  Le  bruit  de 
ses  vertus  atliraiiL  auprès  de  lui 
une  multitude  d'admirateurs,  il  se 
relira  dans  l'ile  de  Chypre,  où  il 
termina  sa  vie  en  571.  Il  refusoit 
tous  les  dons  que  lui  olfroient  ceux 
qui  croyoient  dev.oir  la  guériaou  de 
quelques  maladies  à  ses  prières,  et 
leur  couseilloit  d'en  réserver  le  pro- 
duit pour  les  pauvres  qui  ne  pou- 
voient  pas  travailler.  Pressé  un  jour 
par  un  homme  riche  d'accepter  ce 
gu'il  lui  présentoit ,  il  lui  dit  :  «  Gar- 
aez  cela  pour  le  donner  vous-même 
aux  indigens;  vous  les  connoissez 
mieux  que  moi  ,  vous  qui  habitez 
les  villes.  Pourquoi  désirerois-je  le 
bien  d'autrui,  après  avoir  renoncé 
au  mien  ?  » 

HILDAN.  Voy.  Fabrick  ,  n°  IV/ 

t  HILDEBERT  ,  de  Lavardin 
dans  le  Vendomois,  disciple  de 
Bérenger,  et  ensiiite  de  saint  Hu- 
gues, abbé  de  Cluni ,  fut  placé  sur  le 
siège  du  Mans  en  1098  {voyez 
Bruys,  n^ll  ),  et  transiéré  à  l'ar- 
chevêché de  l'ours  en  112,').  Le  P. 
Beaiigendre,  bénédictin,  a  publié, 
en  1708,  in-folio,  les  (Liiivrcs  de  ce 
prélat,  jointes  à  celles  de  IMarbode. 
Elles  renlermenl,  1.  Des  Sermans , 
dont  la  morale  est  quelquefois  tou- 
chante. H.  Des  Poésies  assez  bonnes 
pour  sou  temps.   Dans  uij  Foëme 


IIILD 


445 


sur  la  ville  de  Fiome  ,  ou  distingue 

ces  vers  : 

Iltc  euperùm  formas  superi  mirantur  et  ipst  , 
Et  cuphint  finis  vuhibus  esse  pares  : 

Nec  potuit  natura  Dcos  hoc  on  hreare ,  * 
Quo  niiranda  JJeiim  signa  criivil  /lomo. 

On  connoit  son  Enigme  sur  in\  her- 
maphrodite : 

Càm  mea  Tue  genitrix  gravîda  gestaret  in  alvo, 

Quid parerel ,  jertur  consuluisse  Jeos. 
«  Al  ai  est  j  Phœhus  ait ,  —  Mars  ,  fœmina  ; 
"  Jitnoque ,  neuirum.it 
Cumqueforein  natus  ,  Jlerniaphroditiiseram* 
Quœrenli  lelhuin,  Dia  ail  ait  :  (l  llccijet  armis. 
Mars,  criice ;  —Phœhus ,  aquis.i-i  Hors  râla 
quieque  fuit, 
^rbor  obumhrat  anua.'i:  asccndo.  Decidit  ensis 

Quem  tuieram  ;  casu  lahor  tt  ipse  svper^ 
Pes  lixsil  ramis  ;  captil  incidil  amne  ;  tuliqne 
Fnemina  j  vir,  neutrum  ,  flumina  j  talu  ,  cru- 
cem. 

Celte  ëpigramme  ,  qu'un  Italien  , 
nonuné  Fulci  de  Costozza  voulut 
depuis  s'attribuer  ,  a  été  iraduiie  eu 
vers  français  par  plusieurs  ailleurs  , 
entre  autres  par  Jean  Doublet  , 
de  Dieppe,  et  par  mademoiselle  de 
Gournay.  Voici  la  traduction  de 
Ménage  :  |^ 

.via  mère  enceinte,   et  ne  sachant  de  quoi , 
S'athesse  aux  Dieux  :  IJi-rlcssns  giand  bisbille» 
ApoUiin  dit  :  «Ces;  un  fils  selon  moi; 
Et  selon  moi,  dit  Mars,  c'est  une  lille. 
Point,  dit  Junon,  ce  n'est  fille,  ni  111s.  » 
Herraapbrtidite  ensuite  je  nacjuis. 
Quant  à  mon  sort:  «C'est,  dit  Mars,  le  nau- 
frage ; 
Junon,  le  glaive;  Apollon,  le  gibet.» 
Qu'arrive-t-il  ?  Un  jour  sur  le  l'iv.ige  , 
Je  vois  un  arbre,  el  je  grimpe  au   sommet: 
Mon  pied  se  prend  ;  la  têl&en  l'eau  je  tombe 
Sur  mon  ép6e.  Ainsi,  tiop  nnulheiireux  ! 
A  l'onde,  au  glaivo  ,  au  gibet  je  succombe. 
Fille  et  garçon,  saus  être  l'un  des  deux. 

III.  Les  Vies  de  sainte  Radegonde 
et  de  saint  Jlugucs  ,  abbt'  de  Cliiiii, 
que  le  tlambeaude  la  critique  n'a  pas 
toujoinséciairées.  IV.Ungrand  nom- 
bre de  Lettres,  écrites  t.\\\\\  style 
élégant,  oii  l'on  trouve  de  l'érudi- 
tion, de  l'esprit  el  du  sentiment, 
et  qui  intéressent  ceux  qui  veulent 
connoilre  la  morale,  la  discipliue  et 


446 


III LD 


riîisloire  du  siècle  d'Hikiebert.  V. 
On  a  encore  de  lui  deux  Pièces  que 
lîaluze  publia  en  1716  ,  dans  le  sep- 
tième volume  de  ses  Mîscellaiiea. 
Ifildebert  mourut  eu  1 1 5 1 ,  âgé  d'eu- 
virou  80  ans. 

I.  HILDEBRAND.  Voyez  Gré- 
goire VIL 

II.  HILDEBRAND  (  Joachim  )  , 
théologien  allemaud  ,  ué  à  Wal- 
<  kenried  eu  1625,  professeur  en 
théologie  et  en  antiquités  ecclésias- 
tiques, à  Helmstadt,  puis  surin 'tu- 
daut-général  à  Zell  ,  où  il  mourut 
le  25  octobre  1691  ,  a  donné  di- 
vers Ecrits  ecclésiastiques  ignorés 
en  France.  On  y  trouve  plus  de  sa- 
voir que  de  précision  et  dégoût. 

HILDEFONSE.    Voyez    Ilde- 

rONSE. 

t  HILDEGARDE  (  sainte),  pre- 
mière abbesse  du  mont  Saiul-Ru- 
pert,  près  de  Binghen  sur  le  Rhin, 
morte  en  1 180,  a  laissé  ,  I.  Des  Let- 
tres  et  iV autres  oi/vrages ,  dans  la 
Bibliothèque  des  PP.  11.  Libri  qua- 
tt^^  elementorum  ,  Strasbourg  , 
ivp  ,  in-fol.  m.  Trois  livres  de 
Révélations ,  auxquels  sont  joints 
seslettres,  ses  opuscules,  sa  vie  et  ses 
visions  ,  avec  des  notes  par  Juste 
Blanckwalt,  Cologne,  i566,  in-4°. 
Le  pape  Eugène  III  convoqua  en 
1 146  ,  à  Trêves  ,  un  concile  ,  où  il 
permit  à  celle  abbesse,  qui  joiiissoit 
d'une  grande  réputation  de  piété, 
de  publier  ses  révélations. 

HILDEGONDE  (  sainte  ) ,  vierge 
de  l'ordre  de  Citeaux  au  12'"  siècle, 
naquit  jumelle  près  de  Nuilz  ,  au 
diocèse  de  Cologne.  Son  père  vou- 
lant l'emmener  avec  lui  eu  Palestine 
pour  acquitter  un  vœu,  et  craignant 
pour  sa  pudeur,  la  iit  travestir  en 
garçon,  et  lui  lit  prendre  le  nom  de 
Josepli.  Ils  s'eml)arquèrent  en  Pro- 
vence avec  les  croisés.  Son  père 
étant  mort  sur  mer,  sainte Hilde- 
goiule  continua  soix  voyage  sous  son 


HILD  ^ 

déguisement  ,  demeura  quelque 
temps  à  Jérusalem  ,  et  revint  ensuite 
dans  son  pays.  Elle  se  relira  dans 
l'abbaye  de  Schonaug ,  de  l'ordre  de 
Citeaux ,  près  d'Heidelberg ,  et  y  fut 
reçue  sous  le  même  nom  de  Joseph. 
«  Elle  ne  laissa  pas,  dit  Baillet  ,  de 
souffrir  de  grandes  tentations  ;  mais 
elle  en  triompha.  »  Elle  y  vécut 
d'une  manière  si  sainte  et  si  prudente, 
qu'on  ne  s'aperçut  qu'à  sa  mort 
qu'elle  étoil  lille.  Les  cisterciens 
l'honorent  du  titre  de  sainte  ,  quoi- 
que son  culte  ne  paroisse  autorisé 
par  aucun  décret  du  sainl-siége.  Sou 
nom  se  trouve  cependant  dans  plu- 
sieurs martyrologes  sous  le  20  avril. 
On  raconte  sur  sainte  Marine  quelque 
chose  qui  a  du  rapport  à  celte  his- 
toire. Voyez  Marine  (  sainte  ). 

*  HILDENISSEN  (Guillaume  d'), 
carme  flamand  ,  étoit  avec  iEgidius 
Canlor  à  la  tète  d'une  secle  de  fa- 
natiques que  l'on  découvrit  .en  Flan- 
dre, et  surtoutà  Bruxelles,  en  i4ii. 
Mosheim  ,  histoire  ecelésiastiqu'e  , 
l.  III  ,  p.  4?^  j  présente  un  aperçu 
de  la  doctrine  de  ces  visionnaires. 
Pierre  d'Ailly ,  évêque  de  Cambrai  ^ 
obligea  Guillaume  d'Hildenissen  à 
abjurer  ses  erreurs  et  arrêta  les  pro- 
grès de  cette  secte. 

t  HILDUIN,  abbé  de  Saint-De- 
nys  en  France,  sous  le  règne  de  Louis- 
le  -  Débonnaire  ,  auteur  d'une  Vie 
de  saint  Denys,  intitulée  ^/'eo/ja^e- 
tica.  (  Paris  ,  1 565  ,  et  dans  Surius  ), 
dans  laquelle  il  confond  le  saint  évê- 
que de  Paris  avec  l'aréopagiie.  On 
ne  connoissoil  pas  cette  erreur 
avant  lui ,  et  elle  n'a  été  détruite  que 
dans  le  17®  ?iècle.  L'auteur  prétend 
dans  cette  vie  que  Domitien,  ayant 
su  que  Denys  prêchoil  une  religion 
nouvelle,  le  fu  arrêter,  fouetter  et 
griller;  qu^usuiie  le  saint  apôtre  fut 
exposé  aux  bries  ,  de  là  jeté  dans  uu 
four,etenlincrucilié  Le  même  histo- 
rien ajoutequc  le  saint  martyr,  ayant 
été  ramené  dans  sa  prison,  il  y  célèr 


HILL 

bra  la  messe  ;  qu'un  ange  la  lui  ser- 
vit ,  et  que  J.  C.  le  communia  de  sa 
maiu.  «  Quelques  jours  après  ,  con- 
tinue Hilduin  ,  Denys  fut  décapité; 
mais  s'élant  relevé  ,  il  prit  sa  tète 
entre  ses  mains  ,  et  se  promena 
comme  si  de  rien  n'étoit.  »  L'au- 
teur garantit  toutes  ces  merveilles, 
et  taxe  de  simplicité  ceux  qui  refu- 
seront d'y  croire.  Il  se  rendit  nu  pri- 
sable  par  son  attachement  au  rebelle 
Lolhaire,  sur-toul  après  avoir  juré 
fidélité  i\  l'empereur  Louis  son  père, 
dont  cet  abbé  prit,  quitta  ,  reprit  le 
parti,  à  mesure  que  ce  père  infortuné 
sebrouilloit  et  se  réconcilioit  avec  ses 
enfans.  Il  mourut  en  840.   Voyez 

HlNCMAR  ,  U°  L 

il.  HILL  (  Joseph  ),  ministre  an- 
glais ,  donna,  en  1676,  iu-4'',  une 
bonne  édition  du  Dictionnaire  grec 
de  Schrévélius  ,  augmenté  de  huit 
mille  mots  ,  et  purgé  d'autant  de 
fautes  pour  le  moins. 

*  II.  HILL  (  Guillaume),  critique 
anglais,  d'abord  boursier  au  collège 
de  Merlon  à  Oxford,  et  ensuite  mai- 
Ire  d'une  école  à  Dublin  ,  où  il 
mourut  en  1667,  avoit  préparé  une 
édition  de  Denys  Périzgètes  avec  des 
notes  savantes  :  elle  n'a  paru  à  Lon- 
dres qu'en  1688. 

t  III.  HILL  (  Aaron  ) ,  poète  an- 
glais ,  né  à  Londres  en  1680.  De 
retour  dans  sa  patrie  d'un  voyage 
au  Levant  et  dans  les  cours  de 
l'Europe  ,  il  pidjlia  en  1709  un 
petit  Poëine  en  1  l)onneur  du  comte 
de  Pélerborough  ;  et  nommé  direc- 
teur du  théâtre  de  Drury-Lane  ,  il 
donna  sa  première  tragédie  ,  inti- 
tulée £///•/</ ou  la  belle  inconstante; 
l'aimée  suivante,  chargé  de  la  direc- 
tion du  théâtre  de  l'opéra,  il  y  fit 
jouer  de  sa  composition  Biiiatdo  qui 
eut  un  grand  succès  :  ce  fut  le  pre- 
mier opéra  que  Handel  mit  en  mu- 
sique à  son  arrivée  en  Angleterre. 
Hill  ne  se  borna  pas  à  s'occuper  de 


HILL 


447 


poésie ,  il  fut  aussi  un  homme  à 
projets.  Il  en  avoit  présenté  un  au 
lord  trésorier  qui  devoit  rapporter 
annuellement  un  million  de  revenus 
à  l'échiquier.  Il  entreprit  de  tirer 
des  faines  du  hêtre  nue  huile  aussi 
douce  que  celle  d'olives.  En  1728,  il 
fil  un  voyage  au  nord  de  l'Ecosse 
pour  fournir  des  bois  de  construction 
pour    la    marine.    Il   échoua    dans 

-toutes  ses  spéculations.  Cétoit  un 
de  ces  esprits  entreprenans  qui ,  ne 
connoissant  pas  avec  précision  le 
talent  qui  leur  est  propre  ^  essaient 
de  tout  et  ne  réussissent  à  rien.  Ou 
a  de  lui  une  tragédie  intitulée  T/ie 
fatal  vision  or  the  faite  ofStarn  ; 
un  poème  qui  a  pour  titre  WEioile 

.  du  //o/v/ dédié  au  czar  Pierre  et  pour 
lequel  l'impératrice  Catherine  l'ho- 
nora dune  médaille  d'or.  11  devoit 
écrire  la  vie  de  ce  prince  d'après  ses 
jnopres  mémoires  que  la  czarine 
avoit  promis  de  lui  envoyer  ;  la 
mort  de  cette  princesse  ne  le  lui 
permit  pas.  Hill  a  aussi  donné  un 
poème  intitulé  les  Pi  ogres  de  T  es- 
prit. 11  seroit  difficile  de  faire  l'énu- 
méralion  de  toutes  ses  productions 
en  verset  en  prose;  elles  ont  été  re- 
cueillies et  publiées  après  sa  mort 
en  4  volumes  in  -  8".  Une  trop 
grande  recherche  dans  les  pensées  et 
dans  la  manière  de  les  exprimer  a 
nui  à  leur  succès  plus  que  le  défaut 
d'esprit.  HiU  mourut  en  1750. 

*  IV.  HILL  fRobert*),  né  en  1 699, 
dans  le  corn  lé  d'Hertford,  élevé  pour 
la  profession  de  lailleurtju'i!  exerça 
toute  sa  vie,  et  à  laquelle  il  joi- 
gnoil  de  ternies  eu  temps  celle  demai- 
tre  d'école,  n'a  été  connu  qu'eu  1767 
par  les  soins  de  M.  Spence ,  qui  pro- 
voqua une  souscription  en  sa  faveur. 
Cet  homme  smgulier,  que  son  pro- 
lecteur comparoit  au  célèbre  !\1aglia- 
becchi, avoit,  malgré  le  désavantage 
d'une  pauvreté  extrême  ,  appris , 
sans  autre  secours  que  celui  des 
livres  ,  plusieurs  langues  savantes. 


44B 


HILL 


Il  avoltélé  laiiiié  irois  fois;  l'accrois-  ' 
sèment  de  sa  faïuille  et  la  lujuvaise 
conduite  de  sa  seconde  feiuuie  le  re- 
tinrent constamment  dans  le  plus 
grand  dénuenuul.  Il  travailioit  ou 
dounoit  des  leçons  pendant  le  jour, 
et  iiassoit  la  nuit  à  étudier  ;  c'est 
ainsi  qu'il  s'étoit  appris  lui-même  le 
latin  ,  le  grec  et  l'iiébreu.  Ne  pouvant 
86  procurer  les  livres  dont  d  avoit 
besoin  qu'à  des  pnx  ires-bas  et 
d'aventure,  ses  |irogrès turent  lents; 
mais  son  inallérahle  constance  les 
renditsolides.  Il  a  rapporté  lui-ineme 
qu'd  avoit  mis  sept  ans  à  apprendre 
le  latiu  ,  quatorze  a  apprendre  le 
grec  ,  mais  que  l'hébreu  lui  avoit 
j)aru  si  aisé,  qu  il  y  avoilinis  tort  peu 
de  temps.  11  a  écrit  des  Re/narques 
sur  rossai  sur  l'esprit  de  Berkeley, 
des  Remarques  critiques  sur  Job  , 
im  ouvrage  intitulé  le  Caractère  du 
JuiJ.  Cet  homme  doux  ,  modeste  et 
religieux  est  mort  àBuckinghani  en 

l'y  77- 

Y  V.  HILL  (  sir  john  ) ,  écrivain 
anglais  remarquable  j)ar  la  singula- 
rité de  son  caractère,  né  eu  1716, 
fut  destiné  à  la  profession  d'apo- 
lliicaire.  Dénué  de  ressources,  mais 
ambitieux  et  doué  de  beaucoup  de 
facilité,  il  chercha  pnr  toute  sorte 
de  moyens  à  s'en  procurer  de  plus 
abondantes  que  celles  que  lui  présen- 
toit  sa  profession.  Il  s'appliqua  d'a- 
bord à  l'étude  de  la  botanique  et 
obtint  la'  direction  de  quelques  jar- 
dins d'amateurs  opulens  dont  les 
bienfaits  l'aicîèrful  et  lui  faidilèrenl 
des  voyagea  dans  l'intérieur  du 
royaume,  qui' n'eurent  aucun  suc- 
cès. Trompé  dans  son  attente  sans 
en  être  découragé  ,  il  crut  trouver 
dnns  la  carrière  dramatique  une 
chance  plus  heureuse  :  deux  ou  trois 
tentatives  infructueuses  le  rame- 
nèrent bientôt  à  ses  recherches  bo- 
taniques et  à  l'exercice  de  sa  phar- 
niacie.  Il  parvint  à  .se  former  rpiel- 
qiies  amis  dans  la  société  royale  qui 


HILL 

lui  servirent  de    protecteurs.  EnRn 
il   traduisit  du   grec  le   Traité  des 
pierres  précieuses  de  ïhéophraste, 
et  publia  son  ouvrage  par  une  sous- 
cription qui  lui  procira  des  amis, 
de  l'argent   et   une  réputation.   Le 
succès  de  cet  essai  l'engagea  à  des 
enire(rises plus  étendues;  il  mit  au 
jour    une    Hisluire   naturelle    des 
trois  règnes  ,  en  3  volumes  iu  folio. 
11  s'associa  des   collaborateurs  pour 
U!i     Supplément    à    1  Encyclopédie 
de  Chainbers,  joignit  à  celte  eutre- 
j)rise  celle  du  Uritish  Magazine;  et 
quoiqu'occupé   de  tant  d'objets    qui 
seinbloient  devoir  concentrer  toute 
son  attention  ,  il  publia  une  espèce 
de  journal  intitulé l'y//fi/;et/c7//", dont 
il    paroissoit    une   feuille    tous    les 
jours:  infatigable  et  attentif  à  tout, 
il  la  remplissoit   des  anecdotes    de 
ioute  espèce,    qu'il   alloit  recueillir 
dans  les  cercles  et  dans  les  assemblées 
publiques.    A   force    d'industrie    et 
d'activité,  il  vmtà  bout  d'avoir  un 
équipage,  de  se  lier  dans  les  grandes 
sociétés,  et  devint  enfin  un  homme 
du  bon  Ion;  mais  d'humble  et  ram- 
pant qu  il  éloiî  auparavant,  il  devint 
insolent  et  vain.  Il  se  fit  des  querelles 
avec  tout  le  monde,  s'attira  en  pu- 
blic d-rs  coups  de  canne  de  la  part 
d'un  homme  qu'il  avoit  insulté  dans 
ses  tèuiUes,  invectiva  ses  protecteurs, 
et  eut   de  bruyans  démêlés  avec  la 
société  royale.    La   négligence  qu'il 
mit   dans  ses  j)rodnclions   toujours 
trop  hâtives,   et  nue  conduite  aussi 
choquante  ,  le   iirent  déchoir  dans 
l'opinion  publique   avec    autant  de 
rapidité  qu'il    en  avoit  mis  à  se  lu 
concilier.  Il  revint  dans  sa  pharma- 
cie et  s'adonna  à  quelques  prépara- 
tions simples  de  son  invention  ,  qu'il 
eut  l'art  de  mettre  en  vogue  et  qui 
lui  concilièrent  la   faveur  du  comte 
de  Bute.  A  l'aide  de  cet  appui  il  pu- 
blia un   immense  et  magiiilique  ou- 
vrage de   botanique-,   intitulé   Sys~ 
terne  végétal,  en  2^2  volumes  m-foi. 
dont  il  adressa  uu  exemplaire  au  roi 


III LL 

de  Suède,  qui  le  décora  de  l'iui  des  or- 
dresdesacoiir,  circonslancea  larjuelle 
Hill  dut  le  lilre  de  sir  John.  Il  mou- 
rut en  1775  de  la  gouUe  dont  il  pré- 
tendoit  avoir  guéri  tant  d'autres.  Les 
ennemis  de  cet  homme  singulier  ne 
peuvent  lui  refuser  quelque  lalent 
et  le  mérite  d'une  étounanle  facilité; 
l'activité  de  sa  plume  étoil  telle  que, 
dans  l'espace  d'une  année  ,  on  l'a 
vu  retirer  lôoo  liv.  sterl.  (environ 
oôooo  francs  )  du  seul  salaire  de  ses 
propres  productions.  Il  écrivit  trop 
pour  pouvoir  èlre  lu.  Les  romans 
qu'il  a  laissés  ,  tels  que  X Histoire  de 
Lovell,  dans  laquelle  il  a  voulu,  dit- 
on,  se  peindre  lui-même,  les  Aven- 
tures d'une  Créole  ^  la  T'ie  de  Lady 
l'ragile  et  \m^  foulé  d'autres  ,  ne 
sont  ni  sans  mérite  ni  sans  intérêt. 
Ses  Essais,  qui  sont  ce  qu'il  a  donné 
de  mieux  ,  annoncent  beaucoup  d'i- 
magination et  une  adresse  singulière 
à  embellir  les  idées  quelquel'ois  les 
plus  communes.  Quant  Ȕ  ses  ou- 
v/ages  drarnaliques^ix  n'en  gardera 
le  souvenir  que  par  les  épigrammes 
heureusL'S  et  sanglantes  que  Garrick 
lauya  contre  l'auteur. 

LHILLEL,  F  Ancien,  juif,  natif 
de  Babylone ,  d'une  illustre  famille , 
fut  fait  président  du  sanhédrin 
de  Jérusalem  ,  et  sa  postérité  eut 
celle  dignilé  pendant  dix  généra- 
tions. Il  forma  une  école  fameuse  , 
et  soutint  avec  zèle  les  traditions 
orales  des  juifs  contre  Schammaï 
son  collègue  ,  qui  vouloit  qu'on  s'en 
tint  littéralement  au  texle  de  lÉcri- 
ture  saillie,  sans  s'embarrasser  de 
ce  qui  n'éloit  que  transmis  verba- 
lement. Cette  dispute  tU  un  très- 
grand  bruit,  et  fut  ,  selon  saint  Jé- 
rôme ,  l'origine  des  scribes  et  des 
pharisiens.  Hillel  est  un  des  doc- 
leurs  delà  lAlischne.  11  en  peut  même 
être  regardé  comme  le  premier  au- 
teur ,  puisque ,  selon  les  docteurs 
juifs,  il  rangea,  le  premier  ,  les  tra- 
ditions judaïques  eu  six  Scdarim  ou 

T.    VIII. 


HILP 


4'49 


traités.  Il  IravaiUa  beaucoup  à  don- 
ner une  édition  correcte  du  lexle 
sacré;  et  on  lui  attribue  une  an- 
cienne Bible  manuscrite  qui  porte 
son  nom ,  e^  qui  éloit  eu  partie 
avec  les  manuscrits  de  Sorboune. 
Hillel ,  que  Josèphe  nomme  Poil  ion, 
tlorissoit  environ  l'an  3o  avaut 
J.  C.  ,  et  mourut  dans  un  âge  très- 
avancé. 

t  II.  HILLEL  le  Nasi  ou  le 
Prince  ,  autre  fameux  juif,  arrière- 
petit-fils  de  Judas  Hakkadosch  ou  le 
Saint,  un  des  principaux  docteurs  de 
Ghemaia,  auteur  de  la  Misnah  , 
texte  du  Talmud  ,  dont  la  Glie- 
mara  est  la  ^lose,  composa  un  Cycle 
vers  l'an  36o  de  notre  ère.  Le  plus 
grand  nomljre  des  écrivains  juifs 
lui  attribue  ïédilion  correcte  du 
texte  hébreu ,  qui  porte  le  nom 
d'HilIei ,  et  dont  nous  avons  déjà 
parlé  dans  l'arlicle  précédent. 

*  HILLIARD  (Nicolas  ) ,  peintre 
anglais ,  né  à  Exeler  eu  1  b^']  ,  mort 
eu  1619, orfèvre,  graveurei  peiutre 
de  la  reine  Elizabeth,  dont  il  a  fait 
dijféi'ens  portraits  en  plusieurs  gen- 
res, s'acquit  une  grande  répulaiion 
par  un  excellent portiait  en  minia- 
ture de  Marie,  reine  d'Ecosse,  à  l'àg» 
de  18  ans. 

*  HILPERIC  ,  astronome  ,  gram- 
mairien et  poète  ,  célèbre  profes- 
seur de  l'abbaye  de  Grandval ,  dans 
la  Haute  -  Alsace,  et  le  plus  sa- 
vant calculateur  de  son  temps.  Le 
Traité  du  Comput  ou  la  supputa- 
tion des  temps  est  la  meilleure  pro- 
duction de  ce  professeur  ,  quoiqu'il 
ne  s'y  montre  ni  bon  physicien  ,  ni 
bon  astronome  :  ou  n  éloit  ni  l'un 
ni  l'aulre  dans  le  siècle  de  l'auteur. 
Sa  Grammaire  se  coiiservoit  ma- 
nuscrite dans  la  bibliothèque  de 
Mont-Cassin.  Ou  lui  attribue  un 
Traité  de  l'Incarnation  ,  et  quel- 
ques écrits  sur  la  musique. 


45o 


Hirsc 


HILPERT  (  Jean  ) ,  natif  de  Co-  1 
bourg,  professeur  d'hébreu  à  Helm- 
sladt,  elsuniileudant  deliildesheiin, 
mort  le  lo  mai  1680,  à  53  ans  ,  a 
douné,  I.  DisquisUi(J<le  Viœ--'i(la- 
mitis  ,  contre  La  Peyrère  ,  i65ij  , 
ia-4°.  II.  Tracta  lus  de  pœiiiteiitid; 
et  di  autres  ouvrages. 

HILTZ  (Jean),  architecte  alle- 
mand, successeur  d'Erkivius  dans 
la  coustructiou  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg  ,en  lit  élever  la  tour  qui 
fut  achevée  en  i449-  Sa  hauteur 
totale  est  de  674  pieds. 

HIMÈRE  ou  Hemère  ,  iils  de 
Lacédénion.  Pénétré  de  douleur  d'un 
inceste  qu'il  avoit  commis  sans  le 
savoir  ,  il  se  jeta  dans  le  Marathon  , 
lleuvedela  Lacoiiit- ,  auquel  il  donna 
sou  nom,  el  qui  fut  depuis  appelé 
Eurotas. 

*  HIMERIUS  ,  grammairien  et 
sophiste  grec,  qui  vécut  sous  les 
empereurs  Constance  et  Julien  ,  na- 
quit à  Prusias  en  Rithynie.  Rival 
d'AnatoUus  et  de  Procœnesius  ,  il 
s'empara  après  leur  mort  de  l'école 
de  rhétorique  à  Athènes  ;  Eunapius 
qui  en  fait  mention  loue  son  style 
i'ormé  sur  celui  d'Aristide.  Himerius 
se  plaisoit  à  décrier  les  chrétiens  et 
a  les  attaquer  sourdement.  Photius 
a  donné  quelques  extraits  de  ses 
déclamations,  dont  un  exemplaire 
a  été  ,  dit-on,  trouvé  par  Werns- 
dorf  qui  en  a  donné  une  édition  eu 
grec  et  en  lalin  Gollingue,  179", 
ni-8°. 

HINCKELMAN  (  Abraham)  ,  mi- 
nistre luthérien  à  Hambourg,  né  à 
IJobeIn  en  Misnie  en  iGôa,  mort 
en  1G95  ,  fut  le  premier  qui  lit  im- 
primer le  texte  arabe  de  l'Alcoran 
sans  traduction.  Cet  ouvrage  parut 
A  Hambourg  ,  1694  ,  in-4°. 

*  TllNCKLKY  (Jean) ,  théologien 
et  docteur  anglais,  né  en   1617  au 


HING 

comté  de  "Warwick  ,  mort  en  1691  , 
élevé  d'Oxford  ,  recteur  de  Norl- 
lield  au  conilé  de  Worcesler,  où  il 
mourut,  a  publié  plusieurs  Sennoim 
et  d'autres  ourrages,  dont  le  pnu- 
cipal  estinlilulé  i'asclculus  l'itlera- 
ruiii ,  ou  l.eilies  sur  différens  sujets , 
iu-8°  ,  1680. 

t    I.  HINCMAR  ,  religieux   de 
Sainl-Deuys  en  France,  éloit  d'une 
famille  noble.    Elevé,   des  sa   jeu- 
nesse, dau^  le  monastère  de  Samt- 
Deuys,  il  s'attacha  à  l'abbé  Hilduin  , 
qui  ie  produisit  à  la  cour.  11  travailla 
avec  lui   a  rétablir  la   discipline  à 
Sainl-Denys,  et  de  peur  qu'on   ne 
lui  reprochât  d'imposer  aux  autres 
un  fardeau  qu'il  ne  vouloit  pas  por- 
ter ,   il  embrassa  lui-même   la  ré- 
forme. Ililduin  ayant  été  exilé  à  la 
nouvells!  Corbie  ,  Hincmar  l'y  suivit 
et  obtint  son  rappel.  Après  la  mort 
de  cet  abbé  ,  il  plut  à  Louis,  fils  il- 
légitime de  la  princesse  Rotrude  , 
qui ,    ayant   élS  nommé    abbé    de 
Saint-Denys,  lui   fil  donner  deux 
abbayes  cousidérables.  11  fut  élu  ar- 
chevêque   de    Reims   en    8/\b.    Le 
nouveau   prélat ,  extrêmement  zélé 
pour  les  droits  de  l'Eglise  gallicane  , 
fut   accusé   néanmoins   d'avoir    agi 
avec  trop  d'emportement  dans  l'af- 
faire du  moine  Gotescalc ,  au  synode 
de  Quierz  sur  l'Oise,  (/""ly/.  Gotes- 
CA1A3  el  HincMar  ,  n°  IL)  Outre  le 
prëdestinatianisme  ,  il  s'étoit  élevé 
une  dispute  incidente  entreHincmar 
el  Gotescalc.  Le  premier  soutenoit 
qu'il  falloit  proscrire  d'une  hymne 
de    l'Eglise     ces   mots  :    Te  irina 
deltas  ;    le    second    soutenoit    que 
ces  expressions  éloient  orthodoxes. 
Hincmar  composa  un  gros  ouvrage 
à  ce  sujet.  Mais  il  me  paroit,  dit  le 
P.  Lougueval ,  qu'on  ne  disputa  là- 
dessus  avec    tant  de    chaleur    que 
parcequ'onne  vouloit  pas  s'entendre. 
La  divinité  n'est   pas  trine  en  es- 
sence ,  mais  elle  est  trine  en  per- 
sonnes i  et  l'expression  réprouvée 


HlINC 

par  l'archevêque  de  Reims  fut  de- 
1)1118  adoptée  p;ir  saint  Thomas 
d'Aqiiiii.  Les  courses  des  Normands 
inquiéloieiit  alors  heaucoiii)  pins 
<pie  ces  dispnles.  Ilincmar  sëtaut 
rttiré  de  sa  ville  ,  menacée  par  ces 
barbares  ,  monrul  à  Epernay  l'an 
iî8-2,  dans  un  âge  avancé.  Nous  avons 
dis  erses  éditions  de  ses  Ouvrages: 
unedeMayence  ,  de  1G02;  une  autre 
de  Pans,  de  i6i5;  et  la  dernière 
que  nous  devons  au  P.  Sirinond  , 
1645,  2  vol.  in-fol.  ,  est  la  meil- 
leure. Ce  que  Hincmar  a  écrit  de 
Samt-Rémi  de  Reims  et  de  Sainl- 
Denys  de  Paris  se  trouve  dans  Su- 
rins ,  el  n'est  pas  dans  cette  édition. 
On  trouve  encore  quelque  chose 
ilHincmar  dans  la  collection  du  P. 
Lahbe,  et  dans  les  Actes  du  concile 
de  Douzi  ,  i658,  in-^'.  Sou  style 
se  ressent  beaucoup  du  siècle  où  il 
vivoil;  il  est  dur,  embarrassé, diffus, 
coupé  par  des  citations  mal  ame- 
nées et  des  parenthèses  sans  nom- 
bre. On  voit  pourtant  ,  à  travers  la 
barb.irie  de  son  langage  ,  qu'il  pos- 
sédoit  lEcriture,  les  Pères  ,  le  droit 
canon  et  civil,  et  sur-tout  qu'il  con- 
iioissoit  la  discipline  de  l'Eglise  , 
dont  il  fut  un  des  plus  zélés  défen- 
seurs. 11  fut  consulté  par  les  toés  de 
France  de  son  temps  ,  et  composa 
des  traités  pour  leur  instruction.  Il 
y  en  a  trois  adressés  à  Ctiarles- 
le-Chauve.  1.  De  régis  personâ  ei. 
regio  ininisterio.  11.  De  caveitdis 
t'itiis  et  exercendis  virtulibus.  111. 
De  diversâ  et  multiplici  animœ 
ral'wne.  Ce  dernier  ouvrage  n'est 
proprement  qu'un  traité  de  physique 
dp  la  nature  de  l'ame  el  de  la  ma- 
nière dont  elle  se  meut.  Il  n'a  pas 
traité  ces  questions  d'une  manière 
intelligible.  M.  le  surintendant  Gess, 
deNensladten  Franconie,  a  publié 
en  1806  ,  à  Gotlingue,  un  Récit  des 
événemens  les  plus  remarquables  de 
la  Vie  du  célèbre  Hincmar  ,  arche- 
vêque de  Reims,  avec  un  extrait  des 
l>assages  les  plus  inléressans  de  ses 


HIPP 


0r 


écrits  ,  et  nue  préface  de  Plauk, 
Voyez  Chutlet  ,  n°  I. 

Y  II.  IIINCAIAR  ,  neveu  par    sa 

mère  du  précédent  ,fnt  fait  éxèque 
de  Laou  avant  d'avoir  l'âge  prescrit 
])ar  les  canons.  Sa  conduite  peu  ré^ 
gulièro  ,  ses  injustices  ei  ses  violen- 
ces contre  son  cl^^rgé  occasionnèrent 
le  concile  de  Verberie,  où  Charles-le^ 
Chauve  le  fil  accuser.  Un  appel  au 
pape  fil  suspendre  les  procédures, 
11  ne  fut  pas  si  heureux  dans  le  con- 
cile de  Douzi  en  871.  Uyétoitac-^ 
ciisé  de  sédition,  de  calomnie,  ds 
désobéissance  au  roi  à  main  armée. 
Sa  sentence  de  condamnation  lui  fut 
prononcée  par  son  oncle.  On  l'eu- 
voya  en  exil  ,  quelquefois  on  le  mit 
aux  fers,  et  on  l'avengla.  On  lui 
donna  un  successeur.  Il  fut  cepen^ 
daut  réhabilité  en  878,  et  mourut 
peu  de  temps  après.  Le  pape  lui 
avoit  permis  de  dire  la  messe,  tout 
aveugle  qu'il  étoit.  On  trouve  ses 
défenses  dans  l'Histoire  du  concile 
de  Douzi  ,   1608,  in-4°. 

HIPACIE,  et  autres  noms  sem- 
blables. Voy.  Hypacie. 

HIPATIUS,  neveu  de  l'empereur 
Anastase,  eut  beaucoup  de  jiarl  au 
cotnmaudement  sous  le  règne  de 
son  oncle.  Après  la  mort  de  Justin  , 
il  voulut  se  mettre  sur  le  trône  ,  et 
fut  déclaré  chef  d'une  faction  redou- 
table ;  mais  Justinien  dompta  ce 
paru  ,  et  fit  mourir  Hipalius  avec 
s^î.  cousins  Procope  et  Probus,  l'an 
5:27  de  J.  C. 

HIPPARCHIE,  femme  de  Cra- 
tès ,  philosophe  cynique  ,  née  à 
Maroné,  florissoii  sous  Alexandre-le- 
Grand.  Charmée  des  discours  de  ce 
philosophe  ,  elle  voulut  l'épouser  à 
quelque  prix  que  ce  fut.  Sa  famille 
eutrecoursàCratèspourladélourner 
de  ce  dessein.  Le  cynique  représenta 
sa  pauvreté;  lui  montra  sa  bosse, 
sou  bâton,  sa  besace  ,  son  manteau, 
et  lui  dit  :  a  Voilà  l'homme  qu»  vous 


4 


52 


HIPP 


aurez ,  et  les  meubles  que  vous  trou- 
verez chez  lui.  Sougez-ybien  ,  vous 
ne  pouvez  pas  devenir  ma  femme 
sans  mener  la  vie  que  noire  secte 
prescrit,  m  Tout  fut  inutile.  Ce  cyni- 
que dégoûtant  lui  piaisoil  :  elle  l'ë- 
pousa  ,  prit  l'habit  des  cyniques  ,  et 
s'attacha  tellement  à  lui  ,  qu'elle  le 
suivoit  par-iout ,  et  n'avoit  point  de 
lionte  ,  si  l'on  en  croit  les  auteurs  , 
de  faire  publiquement  les  actions  sur 
lesquelles  la  piulftur  met  un  voile. 
Hipparchie  a  fait  des  L'wres  qui  ne 
sont  pas  venus  jusqu'à  nous. 

1 1.  HIPPARQUE  ,  fils  de  Pisis- 
trale,  tyran  d'Athènes,  lui  succéda 
avec  son  trière  lïippias  :  on  vit  renai- 
tre  eu  lui  l'amour  de  sou  père  pour 
les  lettres.  Auacréon,  Siuiouide  et 
plusieurs  savaus  furent  attirés  à  sa 
cour.  Tandis  que  ceux-ci  inspiroient 
dans  Athèii.'s  le  goût  de  la  vertu  et 
des  sciences  par  leur  exemple  ,  Hip- 
parque  faisoit  ériger,  au  nulieu  des 
campagnes  et  dans  les  chemins  pu- 
blics ,  des  statues  de  pierre  ,  appelées 
Mercures  ,  où  étoient  inscrites  des 
sentences  et  des  maximes  pour  l'ins- 
truction des  voyao.'=.iirs.  Ce  prince, 
quiavoitconçu  uuejiassion  honteuse 
pour  Harmodius  ,  n'en  ayant  reçu 
que  des  mépris  ,  s'en  étoit  vengé 
en  faisant  retirer  sa  sreur  d'une  céré- 
monie où  elle  devoit  porter  une  cor- 
beille de  fleurs.  Cequisupposoit  qu'il 
ne  la  croyoit  pas  vierge.  Harmodius 
et  son  ami  Aristogiton  l'assassinè- 
rent l'an  .fila  avant  J.  C.  Voynz 
Aristogiton. 

t  II.  HIPPARQUE  ,  mathéma- 
ticien et  astronome  de  Nicëe ,  Ébris- 
soitl'an  iftqavanl Jésus-Christ,  sous 
Plolomée-Pliilométor.  Il  laissa  di- 
verses Observations  sur  les  astres, 
et  un  Cummeittaire  sur  Aratus , 
traduit  en  latin  par  le  P.  Pétau  , 
qui  en  a  donné  une  excellente  édi- 
tion daus  son  Vraiiologla  ,  Paris  , 
ifiho,  in-foliq.  Pliue  parle  souvent 
d'Hipparque  ,  el  presque  toujours  | 


HÎPP 

avec  éloge.  Il  remarque  qu'il  fut  le 
premier  ,  après  l'haïes  et  Sulpicius 
Galius  ,  qui  trouva  le  moyen  de; 
préilire  juste  les  éclipses  ,  qu'il  cal- 
cula pour  six  cents  ans.  H  dit  que 
ce  fut  aussi  lui  qui  imagina  X As- 
trolabe, et  qu'il  entreprit,  en  quel- 
que sorte,  sur  les  droits  de  la  divi- 
nité en  voulant  faire  connoitre  à 
la  postérité  le  nombre  des  étoiles  , 
et  leur  assigner  à  chacune  un  nom. 
11  loue  son  exactitude.  Slrahon  néan- 
moins accuse  cet  astronome  d'avoir 
trop  aimé  à  critiquer  ,  et-  de  s'être 
servi  assez  souvent  d'une  manière 
de  censure  qui  senloit  la  chicane. 
Ce  défaut  ne  l'empêcha  pas  de  faire 
des  découvertes  dans  l'astronomie.  Il 
dt'termina  les  rèvolulioiis  du  soleil 
avec  assez  de  précision  ,  calcula  la 
durée  de  celle  de  la  lutte  ,  et  Rsa 
l'iiiclinaisou  de  son  orbite  sur  l'é- 
cliplique  ;  il  forma  une  Période 
lu/iaire  qui  porte  son  nom.  Il  eut 
eiiliii  la  gloire  de  donner  de  la  cer- 
titude à  la  géographie  ,  en  posant 
sa  base  sur  les  observations  astro- 
nomiques. Quelques  mots  de  lui  à 
cet  égard  sont  remarquables  :  «  Il  est 
impossible ,  dit-il,  d'acquérir  les  con- 
noissances  nécessaires  sur  la  forme 
et  la  position  delà  terre,  sans  obser- 
ver les  cieux  et  les  éclipses.  On  ne 
peut  déterminer  ,  sans  considérer  les 
climats  ,  si  Alexandrie  en  Egypte  est 
plus  au  nord  ou  au  rnidi  que  Baby- 
lone  ,  ou  quelle  en  est  la  distance; 
de  même,  on  ne  peut  savoir  exac- 
tement ,  sans  comparer  les  éclipses 
du  soleil  et  de  la  lune ,  quels  endroits 
sont  vers  l'Orient  ou  vers  l'Occident.» 
Ou  trouve  ici  l'origine  de  la  longi- 
tude et  la  latitude  ,  dont  l'idée  fut 
oubliée  jusqu'au  temps  de  ÎMolomée. 
Hipparque  dressa  les  premières  car- 
tes géographiques  ù'vi'çvh^  les  appa- 
rences réelles. 

HIPPIAS.  roy.  HirPATîQiJE,n''I. 

HIPPOCRATE,  le  plus  célèbre 
médecin  de  l'anliquité.  Nébrus,  sou 


HIPP 

{rlsai'eul,  invité  par  les  Amphictybns, 
v]iiiassi('geoif'\illa  villedeCrisba,viiU 
à  leur  camp  inl'eclé  d'une  maladie 
pesu!t;nlielle,ety  porta  la  santé.  Sou 
arrière-pelil-fils  naquit  dans  l'île  de 
Coos  ,  l'i'.ue  des  Cyclades  ,  vei  s  l'an 
460  axant  J.C.  Ab'ulufarage prétend 
qu'Hippocrale  n'étoit  point  natil  de 
Coos  ,  niais  de  la  ville  d  Emesse  en 
Syrie  ;  qu'il  résida  souvent  à  Damas , 
d'où  il  se  retiroil  de  temps  eu  temps 
dans  la  belle  \  allée  de  Rirab.  Ce  qui 
ivoit  illustré  son  aïeul  Nébrus  fit 
connoitre  Hippocrate.  Ce  grand 
liomme,  instruit  par  des  exemples 
domestiques,  par  l'étude  de  la  nature, 
et  sur-tout  par  celle  du  corps  humain, 
délivra  les  Athéniens  de  l'alfreuse 
peste  qui  les  affligea  au  commeute- 
meulde  la  guerre  du  Péloponnèse.  Le 
droit  de  bourgeoisie  ,  une  couronne 
d'or  ,  l'initiation  dans  les  grands 
mystères  ,  furent  la  récompense  de 
ce  bienfait.  Ses  vertus,  «son  désin- 
téressement ,  sa  modestie  égalcient 
sou  habileté.  Il  a  conservé  dans  ses 
ouvrages  la  mémoire  d'une  faute 
qu'il  avoit  commise  en  pansant  une 
blessure  de  lèle  ;  car  on  sait  que, 
dans  ces  temps  reculés,  la  méde- 
cine, la  chirurgie  et  la  pharmacie 
n'éloient  point  séparées.  Il  u  a  pas 
rougi  de  confesser  ,  aux  dépens  eu 
quelque  sorte  de  sa  propre  gloire  , 
qu'il  s'éloit  trompé  ,  de  peur  que 
d'autres  après  lui ,  et  à  son  exem- 
ple ,  ne  tombassent  dans  la  même 
erreur.  Il  lait  encore  un  autre  aveu , 
qui  marque  en  lui  un  grand  caractère 
de  candeur  et  d'ingénuité.  De  qua- 
rante-deux malades  qu'il  avoit  trai- 
tés ,  dpnt  il  décrit  les  maladies  dans 
le  premier  et  le  troisième  livres  des 
Maladies  épiHé/nî^ues  ,  il  avoue 
qu'il  n'en  guérit  que  dix-sept  ,  et 
que  tous  les  autres  étoient  morts 
eutre  ses  mains.  Dans  le  même  livre, 
il  dit  ,  en  parlant  d'une  certaine 
esquinancie  qui  étoit  accompagnée 
de  grands  accidens  ,  que  Ions  eu 
échappèreul.   S'ils  éloicnl   morts , 


HÎPP 


453 


ajoute-l-il,  je  le  dirois  de  même. 
Dans  un  autre  endroit  ,  il  se  plaint 
fort  moileslement  de  l'injustice  de 
ceux  qui  décrient  la  médecine,  sous 
prétexte  qu'on  meurt  souvent  entre 
les  mains  des  médecins:  «Commcsi, 
dil-il,  on  ne  pouvoitpas  imputer  la 
mort  du  malade  à  la  violence  insur- 
montable de  la  maladie  aussi  -  bien 
qu'au  médecin  qui  l'a  traité.  »  Il  dé- 
clare qu'un  médecin  ne  doit  pas 
avoir  honte  ,  dans  certains  cas  diffi- 
ciles ,  d'appeler  d'autres  médecins  , 
aHn  de  consulter  avec  eux  sur  la 
manière  de  traiter  le  Uialade.  Ou  re- 
connoit  dans  l'ancien  sernient  d'Hip- 
pocrale,  qu'(ui  trouve  à  la  lète  de 
ses  ouvrages ,  le  caractère  d'un  ])ar- 
fait  honnête  homme.  U  prend  les 
dieux  qui  président  à  la  médecine 
à  témoins  du  désir  sincère  qu'il  a 
de  remplir  exactement  tous  les  de- 
voirs de  son  éiat.  Il  fait  paroitre 
une  vive  et  respectueuse  reconnois- 
sance  pour  celui  qui  lui  a  enseigné 
l'art  de  la  médecine  ,  et  déclare  qu'il 
le  regardera  toujours  comme  sou 
père  ,  et  ses  enfans  comme  ses 
frères.  Il  voyagea  pendantdonzeans , 
principalement  dans  la  Macédoine  , 
la  Thrace ,  la  Thessalie  ,  et  recueillit 
dans  ses  voyages  un  grand  nombre 
d'observations  imporlaules.  Il  par- 
courut aussi  la  Libye  et  la  Scylhie. 
A  la  cour  du  roi  de  INlaccdoine  ,  il 
donna  une  preuve  bien  remarquable 
de  l'expérience  qu'il  avoit  déjà  ac- 
quise ,  et  de  la  sagacité  avec  laquelle 
il  savoil  reconnoivre,  dans  les  plus 
petits  symptcunes  extérieurs  ,  les 
mouvemens  profonds  et  secrets  du 
creur  humain.  Consulté;'»  cette  cour 
pour  Perdiceas  ,  (ils  unique  du  roi , 
qui  paroissoit  s'éteindre  insensible- 
ment dans  une  langueur  mortelle  , 
il  vit  quêta  cause  de  ce  mal ,  regardé 
comme  incurable  ,  avoit  sa  source 
dans  l'amour  maliicureux  An  jeune 
prince  pour  la  belle  Plula  ,  esclave 
de  snu  père.  Le  roi  de  Perse ,  Ar- 
taxercès ,  voulut  allirer  Hippocrate 


454 


HIPP 


dans  ses  états  ,  en  proie  aux  hor- 
reurs de  la  ])esle.  11  en  reçut  tvtle 
i^éponse  :  «  J'ai  dans  mon  pays  la 
nourriture,  le  vèteinent  et  le  cou- 
vert ;  je  n'ai  donc  besoin  de  rien. 
Comme  Grec,  il  seroit -indigne  de 
moi  d'aspirer  aux  richesses  et  aux 
grandeurs  des  barbares,  et  je  n'irai 
point  servir  les  ennemis  de  ma  pa- 
trie et  de  la  liberté.  »  Ce  beau  trait 
de  la  vie  d'Hippocrale  a  été  consacré 
par  M.  Girodel,  dans  un  tableau  qui 
fut  exposé  au  salon  il  y  a  quelques 
années.  Le  roi  ,  outré  de  ce  refus  , 
somma  la  ville  de  Coos  de  lui  livrer 
leur  concitoyen.  La  réponse  hardie 
«les  habilans  de  c^tle  ville  lui  (il  con- 
iioîlre  leur  générosité ,  et  le  cas  qu'ils 
faisoienl  de  leur  compatriote.  Les 
Ahdéritains  donnèrenl  utvo  jneuve 
assez  piquante  de  confiance  à  Hip- 
pocrate.  Ils  l'appelèrent  pour  donner 
des  soins  à  I'um  de  leurs  concitoyens  , 
au  célèbre  Démocrile  qu'ils  croyoient 
un  peu  fou  ,  parce  que  plus  sage  que 
le  vulgaire,  il  s'occupoitde  recher- 
ches anatomiques  et  de  méililalions 
sur  l'organisation  de  l'hornme.  Hip- 
pocrale  trouva  le  sage  d'Abdère 
occupé  à"ol)servations  et  d'expé- 
ïnences  très-importantes,  a  On  peut 
penser  ^  dit  à  celte  occasion  le  philo- 
sophe d'Alembert  ,  qui  fut  jugé  le 
})lus  l'on  par  Hippocrale,  ou  de  ceux 
qui  l'avoienl  envoyé  ,  ou  de  celui 
qu'il  alloit  voir,  et  qui  avoil  trouvé 
la  manière  la  plus  philosophique  de 
Jouir  de  la  nature  et  des  honunes  , 
en  étudiant  l'une  et  en  se  moquant 
des  autres.  »  Hippocrate,né  dans  les 
beaux  jours  de  la  Grèce  avec  un 
génie  supérieur  pour  la  médecine, 
prévoyoit,  sans  se  tromper,  le  cours 
et  la  conclusion  des  maladies.  Il 
evoil  snr-loul  un  talent  rare  pour 
diKceVner  les  symptômes  du  mal,  la 
nature  de  l'air,  le  tempérament  du 
malade.  Tous  les  médecins  admirent 
encore  aujourd  hui  sa  pratique  ;  il  y 
en  a  p^n  qui  l'égafenl.  Le  moyen 
qu'il  einplojoil  le  pins  souvent,  soit 


HIPP 

pouf  la  conservation  de  la  santé  y 
soit  pour  la  guérison  des  maladies  , 
étoit  les  frictions  de  la  peau  ;  mé- 
thode très-recomaiandée  par  les  an- 
ciens. Hippocrale  diversifioit  ce 
remède  avec  une  sagesse  admirable, 
selon  les  différens  tempéramens.  Il 
fut,  dit-on,  le  premier  qui  enseigna 
la  médecine-  aux  étrangers  ;  avant 
lui  cet  art  étoit  renfermé  dans  cer- 
taines familles  qui  lexerçoient  exclu- 
sivement. Une  sentence  de  ce  grand 
homme  éloit  :  «Tout  ce  que  j'ai 
acquis  d'habileté  par  dessus  les  au- 
tres consiste  en  ce  que  j'ai  long- 
temps étudié  mon  ignorance.  »  Il 
mourut  à  Laiisse,  dans  la  Thessa-- 
lie  ,  après  avoir  vécu  log  ans,  sain 
de  corps  et  d'esprit.  Les  Grecs  lui 
déférèrent  les  mêmeshouneiirs  qu'ils 
avoient  rendus  à  Hercule.  Sa  mé- 
moire est  encore  en  vénéralion  dans 
l'île  de  Coos  ,  et  on  y  montre  une 
petite  maison  où  l'on  dit  qu'il  a 
habité.  Les  médecins  lui  donnent  le 
titre  de  Divin  :  il  est  pour  eux  ce 
qu'Euclide  est  pour  les  géomètres. 
Ce  qu'Ilippocrate  a  fait  de  plus  re- 
marquable pour  les  progrès  de  son 
art  consiste  principalement  dans  la 
réunion  de  la  philosophie  et  de  la 
médecine,  dans  l'introduction  de  la 
diète  pour  le  traitement  des  mala- 
dies aiguës  ,  et  la  manière  de  décrire 
les  maladies,  qui  peut  encore  servir 
aujourdlîui  de  modèle.  11  paroit 
qu'avant  lui  on  ne  traitoit  pas  en- 
core régulièrement  les  malades  à 
domicile,  et  qu  il  fut  en  quelque  sorte 
le  fondateur  delà  médecine  cl  inique. 
Sfs  deux  fils  Thessalus  et  Dracon ,  et 
son  gendre  Poiybe  ,  se  rendirent 
célèbres  parmi  les  médecins  de  leur 
temps.  Les  ouil'rages  d'Hippocrale 
sont  nombreux  :  ils  furent  apportés, 
comme  tous  les  autres  trésors  scieu- 
liiiques  et  littéraires,  de  l'Orient,  à 
l'époque  du  renversement  de  l'em- 
pire de  Constantin.  On  croit  «prune 
des  premières  éditions  fut  faite  sur 
un  manuscrit  de  la  bibliothèque  du 


HIPP 

ranîinal  Bessarioii.  Le  textr  grec  de 
l'udition  de  Foesuis  passe  pour  le 
moins  dél'ecUieux;  mais  il  seroil  à 
désirer  que  l'on  donnai  une  édition 
nouvelle  d'après  le  rapproclieiuenl 
des  difFérens  nianuscnls  qui  sont 
disséminés  dans  les  grandes  biblio- 
te(jues  de  l'Europe  :  Ces  ouvrages 
sont  ,  I.  Des  Jphuiisrnes ,  regardés 
touiine  des  oracles  :  Gaza  les  a  tra- 
duits en  latin,  et  Luysinus  les  a  mis 
en  vers  hexamètres.  II.  Des  Pro- 
nostlcs.  m.  Un  Traité  des  vents  , 
qu'on  peut  appeler  soucliet'-d'œnvre. 
Les  éditions  les  plus  estimées  de  son 
ouvrage  sont  celle  de  Foësius  ,  en 
grec  et  en  latin,  Genève,  1607, 
iii-folio  ;  celle  de  Vanderlmdeu  , 
Leyde ,  166"»,  2  vol.  in~8°,  qui  se 
joint  à  la  collection  (!es  auteurs  cuiii 
noiis  vaiiorum  ;  et  celle  (jne  Cliar- 
tier  a  donnée  avec  le  Galien  ,  1679  , 
i3  tomes  en  9  vol.  in-folio.  [T'oyez. 
Dur  ET,  n"  I.)  On  imprima  à  Baie, 
en  1579  ,  vingt-deux  de  ses  Traités, 
avec  la  traduction  de  Coriiariiis  ,  des 
tailles  et  des  notes,  in-foi.  Ce  recueil 
est  fort  rare.  T,es  savans  ont  publié 
nue  foule  de  commentaires  et  de 
traductions  dans  toutes  les  langues 
des  œuvre.s  du  médecin  grec.  On  se 
contentera  de  citer  la  version  frau- 
çaisedeDevaiix,  fameiixchiriirgien , 
et  le  commentaire  latin  d'Hecquet , 
habile  médecin,  Paris,  lôaô  ,  en 
2  parties  in-12.  Devaux  a  aussi  tra- 
duit ce  Commentaire  à  la  suite  du 
précédent.  Pari  s,  1726,  2  vol.  in-ia; 
on  eslimoit  avant  celle-ci  la  version 
de  Dacier  ,  sous  le  titre  des  (Ruines 
<rnippocratc ,  ifig'T  ,  2  vol.  in-12. 
Le  Fèvre  de  Villebniue  a  traduit  eu 
français  les  jîphorisines  ,  Paris  , 
17S6  ,  in-i8.  Enfin  les  (Suures 
médicales  ont  été  traduites  par 
Gardeil ,  sur  le  texte  grec,  d'après 
l'édition  de  Foësius  ,  et  publiées  par 
Tournon  ,  Toulouse,  1801  ,  4  vol. 
in-8".  M.  Dixman-Coray  a  traduit 
le  Traité  des  airs  ,  des  eaux  et  des 
lieux  ,  Pans,   iSoi  ,   2  vol.  in-S". 


HIPP 


455 


Parmi  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
Hippocrale  ,  on  doit  distinguer  Le 
Clerc  ,  Histoire  do  la  médecine  ; 
Jan)es  ,  dictionnaire  de  médecine  ; 
Boerhaave ,  Scrmo  de  Studio  Ilip- 
poc/atis  cominendando  ;  Daller  et 
Borden  ,  dans  presque  tous  leurs 
ouvrages;  Cabanis  ,  Révolutions  de 
la  médecine  ;  Barlhes  ,  Discours  sur 
le  génie  d'Hipptx  rate;  Pinel  ,  Noso- 
graphie  ,  vol.  111  ,  etc.  ,  etc.  FiCS 
ouvrages d'Hippocra te,  comme  ceux 
d'Homère,  ont])aru  assez  importans 
par  leur  nondire  ,  l'éiendue  et  la 
variété  des  comuiissances  et  des  ob- 
servations quils  sujiposent  ,  pour 
qu'on  ait  voulu  les  attribuer  à  plu- 
sieurs auteurs  ,  et  regarder  celui  an- 
quel  on  les  attribue  comme  un  per- 
sonnage allégorique.  Ces  doutes  ont 
fait  le  sujet  d'une  thèse  souleime  à 
l'Ecole  de  médecine  de  Paris,  dun» 
l'an  1^  ,  jiar  M.  Boulet,  ancien  chi- 
rurgien des  hôpitaux  civils  et  mili- 
taires ,  et  <pii  fut  réfutée  |/ar  M.  Gal- 
lois ,  docteur  m  médecine.  La  plu- 
part des  ouvrages  d'ilippocrale  ont 
été  traduits  en  arabe  par  Honaiu. 
Voyez  MoRiN  (Louis  }  ,  n°  VU. 

HIPP OD AMIE  ,  fille  d'(E- 
nomaus  ,  roi  d'F.iide.  Ce  prince  , 
ayant  appris  de  l'oracle  que  son  gen- 
dre lui  ôteroi lie  trône  et  la  vie,  ne  la 
voulut  donner  en  mariage  qu'à  celui 
qui  le  vaincroit  à  la  course  ,  parce 
qu'il  étoil  assuré  que  personne  ne  pou- 
voil  le  surpasser  dans  cet  exercice. 
Qînomaiis  massacroil  tous  ceux  qui 
en  sorloient  vaincus  :  il  tua  jusqu'à 
treize  princes.  Pour  les  vaincre  plus 
facilement ,  il  faisoit  placer  Hippo- 
damie  sur  le  char  de  ses  amans ,  afin 
que  sa  beauté,  qui  les  occupoil ,  les 
empêchât,  en  courant,  d'être  atten- 
tifs à  leurs  chevaux.  Mais  Pélojie  en- 
tra dans  la  lice,  et  le  vainquit  par 
adresse.  (  Voyez  Myrtii.e.  )  (Eno- 
niaiis  se  tua  de  désespoir,  laissant 
Ilippodainie  et  -on  l'^yanme  à  Pé- 
lops ,  qui  dpni"'  son  nom  à  tout  W 


456 


HIPP 


Péloponuèset  —  Il  y  a  eu  une  autre 
Htppodamik,  femme  de  Piri- 
ihoiis  ,  que  PhUarque  apjielle  Déi- 
dauiie.  Les  Centaures  et  les  La- 
pilhes  ayant  été  invités  a  ses  noces 
avec  les  princes  de  Thessalie,et  le  vin 
ayant  échauQe  les  tètes,  les  Centaures 
entreprirent  d'enlever  non  seulement 
la  jt'iine  épouse  à  son  mari,  mais 
aussi  toutes  les  femmes  qui  étoient 
du  festin.  Alors  il  se  livra  un  com- 
hal  furieux ,  où  les  Centaures  furent 
massacrés  par  Hercule  ,  Tliésée  et 
Pinthoiis.  Voyez  les  articles  Bri- 
sɣ,s  ,  qui  se  nommoit  aussi  Hippo- 
damie  ;  CiJRVsiPPE,  n°l ,  et  Pirt- 
Tuoirs. 

I.  HTPPOLYTE  (Myihùj.), 
fils  de  Thésée  et  d'Anlioiie,  reine  des 
Anuizones.  Phèdre,  sa  belle-mère , 
devenue  épcrdumeut  amoureuse  de 
ce  jeune  prince,  osa  Im  déclarer  la 
pasisioii  dont  elle  brûloit.  Comme 
elle  vit  qu'elle  ne  lui  inspiroit  que 
lie  l'horreur  ,  sa  rage  la  porta  ù  l'ac- 
cnser  pr-ès  de  Thésée  d'avoir  voulu 
attenter  à  sou  honneur.  Ce  malheu- 
reux roi  la  crut ,  et  ,  dans  un  mou- 
vement de  colère,  pria  Neptune  de 
le  venger.  Le  dieu  l'exauça  ;  et  Hip- 
polyte^  se  promenant  dans  un  char 
.sur  le  rivage  auprès  de  Trézène  , 
rencontra  un  monstre  affreux  qui 
sortoit  de  la  mer,  et  qui  effraya  tel- 
lement ses  chevaux  ,  qu'ils  le  traî- 
nèrent à  travers  les  rochers  Escu- 
lape  le  ressuscita.  Phèdre,  déchirée 
par  les  remords  ,  découvrit  sou 
crime  à  Thésée  ,  et  se  donna  la 
mort.  On  sait  avec  quelle  supério- 
rité de  talens  Racine  a  fait  de  cet 
événement  le  sujet  d'une  de  ses 
plus  belles  tragédies.  Dans  le  salon 
de  l'an  lo  ,  Guérin  a  exposé  un  su- 
perbe tableau  représentant  tlippo- 
]yie  accusé  par  Phèdre.  Les  artistes 
de  la  capitale  ont  couvert  ce  tableau 
de  lauriers,  .. 

■;    II.    HÎPPoi.VTE  :  saint), 


ÎIIPP 

évêque  et  martyr.  On  ne  .sait  point 
quelle  église  il  gouvernoit ,  ni  en 
quel  temps  il  répandit  son  sang  pour 
lEvangile.  Quelques  savans  préten- 
dent cependant  qu'il  é toit  évêque  non 
de  Rome  ,  mais  à  Rome,  pour  sou- 
lager le  pape  dans  ses  fonctions,  et 
qu'il  exerçoit  les  siennes  au  Port 
romain  et  dans  la  partie  de  la  ville 
qui  est  au-delà  du  Tibre.  Mais  ils 
ont  confondu  ce  saint  avec  un  autre 
HiPPOLYTE  dont  parle  Prudence. 
L'opinion  la  plus  vraisemblable  est 
que  le  martyr  ,  objet  de  cet  article, 
étoil  évêque  d'Aden  en  Arabie,  ap- 
pelée anciennement  le  Port  romain. 
On  croit  que  ce  fut  vers  23o,  sous 
Alexandre  Sévère.  Il  est  principale- 
ment célèbre  par  son  Cycle  Pascal, 
dont  nous  avons  encore  la  seconde 
partie.  Elle  roule  sur  un  nouveau 
calcul  ,  qu'il  avoil  inventé  pour 
trouver  le  jour  de  Pâques  par  le 
moyen  d'un  cycle  de  seize  ans.  C'est 
le  plus  ancien  canon  que  nous 
ayons.  Nous  avons'  encore  de  cet 
illustre  évêque  ,  I  Une  partie  consi- 
dérable d'une  Homélie  contre  Noël , 
hérétique  du  a^  siècle,  où  il  établit 
la  distinction  des  personnes  dans  la 
Trinité,  la  divinité  du  Fils  de  Dieu  , 
et  la  distinction  des  natures  en  Jé- 
sus-Christ. 11.  De.s  fragmeus  de  ses 
Commentaires  sur  l' Ecriture.  Dans 
son  Commentaire  sur  l'Histoire  de 
Suzanne,  notre  saint  docteur  pré- 
tend que  Joachim  est  la  figure  de 
Jésus-Ciirist  ;  que  le  verger  signifie 
la  vocation  des  saints  qui  sont  plantés 
dans  l'Eglise  comme  des  arbres  frui- 
tiers; et  que  les  deux  vieillards  sont 
le  symbole  des  Juifs  et  des  Gentils  , 
(jui  dressent  des  embûches  à  l'Eglise, 
d^nl  Suzanne  esi  la  figure.  III.  Ho- 
mélie s/fr  la  Théopitanie  ,  ou  l'Tl- 
piphanie.  IV.  lie  l' .4nteckrist ,  dc- 
couvert  et  puljliéen  iribi  ;Eusèbe, 
saint  Jérôme,  Pholius  en  font  men- 
tion. 11  est  différent  du  livre  inti- 
tulé ,  de  la  Jin  du  Wionde  et  de 
r  Jntec/irisl  qu'on  lui  a  faussemcul 


HIPP 

attribué,  et  qui  est  une  prcduclion 
moderne  peu  estimable.  11  a  voit  eu- 
tore  fait  \)\\itiii^vrs  ai/tres  outJ/a^es, 
dont  on  regrette  la  perle  ,  et  ou  lui 
PU  allribne  un  grand  nombre  qui 
ne  sont  pas  de  lui.  Fabricuis  a  re- 
cueilli les  authentiques  et  It^s  aj-o- 
cryplies,  et  en  a  donné  une  lielle  édi- 
tion eu  grec  et  en  latin,  2  vol.  in- 
folio  ;  le  premier  publié  en  1716,  et 
le  second  en  1718.  On  reconuoil 
dans  les  écrits  de  saint  Hippclyte 
la  douceur  qui  formoit  son  carac- 
tère. Son  style  élégant  et  noble  n'est 
pas  louioiirs  pur ,  ni  ses  interpréta- 
tions de  l'Ecriture  sainte  toujours 
naturelles,  parce  que  son  goût  pour 
le  sens  mystique  l'éloigné  souvent 
du  seus  littéral. 

HIPPOMAQUE,  fameux  joueur 
fie  ilûle,  voyant  un  de  ses  élèves 
applaudi  par  le  peuple,  le  frappa 
de  son  bâton  pour  l'avertir  qu'il 
jouoit  mal,  puisqu'il  s'atliroit  les 
applaudissemcns  de  la  multitude 
ignorante. 

HIPPOMÈNE  (I\îytbol.),  fils 
de  Macarée  et  de  IMérope  ,  aimoit 
éperdumeut ,  Alalanle ,  tille  de  Scbé- 
née;maiscette  jeu  ne  princesse,  avant 
résolu  de  ne  se  point  marier  ,  avoit 
déclaré  qu'elle  nedonneroit  sa  main 
qu'à  celui  cpii  la  vaincroit  à  la  com"- 
ùC ,  et  qu'elle  perceroit  du  trait  qu'elle 
porloit  celui  qui  scroil  vaincu.  Plu- 
sieurs jeunes  princes  avoieut  déjà 
été  punis  de  leur  témérité,  lorsque 
Hippomène  se  mit  sur  les  rangs. 
Mais  comme  il  se  défioit  de  ses  forces, 
il  implora  le  secours  de  Vénus  ,  qui 
lui  donna  trois  pommes  d'or  ,  et  lui 
apprit  l'usage  qu'il  en  devoit  faire. 
Rassuré  par  ce  stratagème  ,  Hippo- 
mène entra  dans  la  lice  ,  et  lorsqu'il 
vil  Alalanle  prête  à  l'atteindre  pour 
]e  percer,  i!  jcla  fort  loin  les  pommes 
d'or  à  droite  et  à  gauche.  l,a  jeune 
princesse  ,  éblouie  de  l'éclat  de  ces 
pommes,  se  détourna  pour  les  ra- 


HIRA 


45 


; 

masser;  et  tandis  qu'elle  en  admiroit 
la  beauté,  elle  donna  la  victoire  à 
Hippomène.  Ovide  dit  que  daus  la 
suite  ils  furent  changés  en  liou  et  eu 
lionne  ,  pour  avoir  profané  ,  par 
leurs  caresses  conjugales,  le  temple 
de  Cybèie. 

HIPPONAX,  poêle  grec,  né  à 
Ephèse  vers  l'an  5/|0  avant  J.  C. ,  se 
fit  chasser  de  sa  patrie  à  cause  de 
son  humeur  satirique.  Il  s'exerça 
dans  le  même  genre  de  poésie  qu'Ar- 
chiloque,  et  ne  se  rendit  pas  moins 
redoutable  que  lui.  Hipponax  avoit 
le  corps  et  la  figure  difformes.  Deux 
frères  sculpteurs,  nommés  Bupalus 
et  Athenis,  s'égayèrent  à  son  sujet  , 
en  le  leprésentaut  d'une  manière 
ridi-cule.  Mais  le  poète,  piqué  de  celte 
insulte  ,  lança  contre  eux  des  traits 
de  satire  si  niordans  cl  si  envenimés, 
qu'ils  vouloieut  se  pendre  de  dépit. 
Hipponax  passe  jiour  l'auteur  du  vers 
scazon,où  le  spondée  ,  qui  a  pris  la 
place  de  T'iambe,  se  trouve  toujours 
au  sixième  pied  du  vers  qui  porte 
ce  nom. 

I.  HIRAM,  roi  de  Tyr  ,  fils 
d'Abibal,  monté  sur  le  trône  après 
lui ,  fil  alliance  avec  David  et  avec 
Salonion  son  fils,  et  fournit  à  celui- 
ci  des  cèdres,  de  l'or  et  de  l'argent 
pour  la  construction  du  teniple  de 
Jérusalem.  Ces  deux  monarques 
avoient  entre  eux  une  correspon- 
dance suivie.  Hiram mourut  versl'au 
1000  avant  J.  C,  aprts  un  règne 
de  60  ans. 

■;-  II.  HIRAM  01/  CuiR.\M,  sculp- 
teur el  architecte,  fils  d'un  Tyrien 
nommé  Ur  ,  florissoit  vers  l'an  du 
monde  3oo5,  avant  J.  C.  jo52. 
Salomon  le  fit  vemr  lors  de  la  cons- 
truction d\i  temple  de  Jérusalem  , 
et,  suivant  le  texte  de  l'Ecriture,// 
Ji/l  rempli  de  sagesse ,  cl' intelli- 
gence et  de  science  pour  exécuter 
tou6  lesoui'rcgcs  du  rcsiurl  de  l'ar- 


458 


HIRE 


cltilecic  et  du  sculpteur.  Oulre  les 
diérubiiis  et  les  aulres  oniemens  du 
temple  ,  Hirairi  fit  deux  colonnes  de 
cuivre  qui  avoieiit  dix-huit  coudées 
de  haut  et  douze  de  tour  ,  au-dessus 
desquelles»  étoieut  des  corniches  de 
i'er  eu  forme  de  lis  de  cinquante 
coudées  de  hauteur.  11  y  avoil  autour 
de  ces  colonnes  des  feuillages  d'or 
qui  couvroient  ces  lis  ;  et  on  y 
voyoit  pendre,  en  deux  rangs,  deux 
cents  grenades  aussi  de  cuivre.  L'une 
de  ces  colonnes s'appeloi,  Jackln,  et 
l'autre  Boos.  Il  iil  encore  le  grand 
vaisseau  nommé  la  ]\Iei\  où  l'on 
conservoit  l'eau  pour  l'usage  du 
temple. 

I.  HIRE  (la),  fameux  capitaine. 
Voyez  'ViGNOLES  (Etienne  de  ). 

II.  HIRE  (  Lainent  de  la  ) ,  né  à 
Paris  en  1606  ,  mort  dans  la  même 
ville  en  i656,  peintre  ordinaire  du 
roi ,  et  professeur  de  l'académie  de 
peinture,  u'avoit  jamais  eu  d'autre 
niailre  que  son  père  ,  peintre  assez 
médiocre,  Laurent  fut  le  premier,  dit 
La  Comhe ,  qui  osa  s'<'loigner  du  goût 
de  l'école  de  Vouet.  Cette  smgularité, 
soutenue  par  degrands  talens,  frappa 
le  puljiic.  Son  coloris  est  d'une  fraî- 
cheur admirable  ;  les  teintes  des 
ibnds  de  ses  tableaux  sont  noyées 
dans  une  sorte  de  vapeur  qui  semble 
envelopper  tout  l'ouvrage.  11  avoit 
une  louche  légère  el  assez  correcte. 
Son  style  est  gracieux  et  sa  compo- 
sition sage  et  bien  entendue.  Il  fi- 
nissoil  extrêmement  ;  mais  ou  lui 
rcproclie  de  n'avoir  point  assez 
consulté  la  nature.  Il  étoit  habile 
dans  l'archilecture  et  la  ptrsjieclive. 
Ce  peintre  a  fait  des  paysages ,  des 
portraits ,  et  beaucoup  de  tableaux 
de  c/ievalct,  qui  sont  précieux  par 
le  grand  fini.  On  ne  peut  aussi  voir 
rien  de  mieux  terminé  que  ses  des- 
sins. Plusieurs  églises  de  Paris  , 
celles  des  Carmélites  ,  des  Capucins  , 
des  Minimes  ,  du  Sépulcre,  offroient 


IllRE 

des  tableaux  qui  donnent  une  idép 
avantageuse  de  cet  artiste.  Ses  pre- 
mières productions  ne  présentent 
ni  caractères  nobles,  ni  bellesformes, 
ni  proportions  élégantes  ;  iiuiis  il 
acquit  plus  de  noiilesse  dans  le  des- 
sin, plus  de  force  dans  l'expression, 
et  une  vigueur  de  coloris  admira- 
bles. Tel  est ,  entre  autres,  son  tableau 
des  Eftfans  de  Bét/itl ,  dévorés  par 
des  ours  (  t'ayez  ÈlxsÉe  ,  11"  I  )  , 
chef-d'œuvre  qui  se  voyoit  dans  le 
cabinet  du  marquis  de  Marigny.  On 
voit  de  lui,  au  Musée  Napoléon  , 
deux  paysages  et  trois  tableaux 
d'histoire. 

MIL  HIRE  (Philippe  de  la), 
fils  et  élève  du  pr.'cédenl  ,  né  a 
Paris  le  18  mars  1G40,  qmlia  lu 
peinture  pour  s'attacher  à  la  géo- 
métrie et  aux.  uialliLinaliques.  Sun 
goût  pour  ces  sciences  se  décida  en 
Italie ,  quoiqu'il  n'y  eût  été  que 
pour  se  perfectionner  dans  la  pein- 
ture. De  retour  à  Paris,  il  fut  en- 
voyé l'ail  1669,  par  le  grand  Col- 
bert,  en  Bretagne  el  en  Cuienne. 
Ce  ministre  avoit  conçu  le  dessein 
d'une  carte  générale  du  royaume 
plus  exacte  que  les  précédentes,  il 
falloit  des  hommes  pour  chercher 
les  matériaux  de  ce  graïul  ouvrage  , 
et  il  en  trouva  un  dans  La  Hire.  Ce 
géomètre  satisfit  tellement  ,  qu'on 
l'envoya  un  au  après  <!éterminer  la 
position  de  Calais  et  de  Dunkerque. 
Il  mesura  ensuite  la  largeur  du  Pas- 
de-Calais,  depuis  la  ponitedu  bastion 
de  Risban' jusqu'au  château  de  IJou- 
vres  en  Angleterre.  En  169"),  il 
continua,  du  côté  du  nord  de  Paris, 
la  méridienne  commencée  par  Pi- 
card en  iliGg,  tandis  que  Cassini 
la  poussoil  du  côté  du  sud.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont  ,  I.  Les  nou- 
veaux élémeits  des  sections  coni- 
ques,  1  vol.  in-12,  qui  renferme 
deux  autres  morceaux  intéressans 
sur  les  Lieux  géométriques  et  sur 
la  Co/isIructiGU  des  équations.   IL 


ÎIIRE 

Un  graml  Traité  des  sec/Ion.^  co- 
niques ,  i6>S'i ,  in  -  fol. ,  eu  Ir.tin. 
m.  Des  Tables  du  suieil  et  de  ta 
lune  ,  et  des  Méthodes  plus  faciles 
pour  le  cairui  des  éclipses.  IV.  Des 
Tables  astronomiques  ,  en  laiiii , 
1  702  ,  iii-.(°.  V  h'J^cole  des  arpen- 
teurs,  1R92,  in- 1-2.  VI.  Un  Traité 
de  mécanique ,  1  GG.'i ,  in-i  2.  VII.  Un 
Traité  de  gnomonique  ,  ibgS  ,  in- 
12.  VIII.  Plusieurs  ouvrages  impri- 
més (îans  les  Mémoires  de  j'aoïidé- 
iTiie  des  sciences.  IX.  \J édition  du 
Traité  du  nivellement  de  Picard  , 
avec  des  additions  ;  et  celle  du 
Traité  du  mouvement  des  eaux  , 
ouvrage  poslluime  doiM-iriolle,  qu'il 
mil  au  net.  «Dans  tous  ses  ouvrages 
fie  malliémaliques  ,  I,a  Hire  ,  dil 
Fontenelle  ,  ne  s'est  preqne  jamais 
s  ;r\  i  que  de  la  syutlièse  ,  ou  de  la 
manière  de  démontrer  des  anciens, 
par  des  lignes  et  des  proportions  de 
lignes,  souvent  difHciles  à  suivre, 
;;  cause  de  leur  multitude  e!  de  leur 
complicaiion.  Ce  uest  pas  qu'il  ne 
connût  l'analyse  moderne  ,  plus 
expéditive  et  moins  embarrassée; 
mais  il  avoit  pris  un  autre  pli  dès 
sa  jeunesse.  Il  ne  croyoit  pas  que, 
dans  les  matières  de  pure  physi- 
que, le  secret  de  la  nature  fût  aisé 
à  deviner.  Dans  ses  explications,  il 
s'arrêtoit  au  système  qui  lui  pa- 
roissoit  le  plus  vraisemblable.  Son 
]>rincipe  posé ,  tout  le  reste  s'en 
déduisoit  assez  bien.  Mais  si  on  lui 
coutestoit  ce  prir.cipe  ,  il  n'en  pre- 
noit  point  la  défense  ;  il  se  conten- 
loit  d'être  un  raisonneur  consé- 
quent, sans  vouloir  être  un  devin. 
Son  estime  pour  la  médecine  étoit 
médiocre  :  depuis  qu'il  avoit  été 
î^uéri  des  inlirmités  de  sa  jeimesse 
et  des  palpitations  de  cœur  qui  l'a- 
voient  long-temps  faligué  pu"  une 
fièvre  quarte^  il  avoit  plus  ds  con- 
liance  à  la  nature  qu'à  l'art  de  gué- 
rir. Il  avnii  une  grande  connois- 
sance  du  détail  des  arts  et  métiers, 
«t  ou  s'en  apercevoil  assez  dans  les 


HIRT 


4--9 


leçons  qu'il  dnnnoit  comme  pro- 
l'esseur  de  l'académie  d'archileclure. 
Il  fut  encore  un  des  premiers  qui 
cultivèrent  la  physique  expérimen- 
tale ,  et  qui  lireii'  sentir  la  nécessité 
de  la  cultiver.  U  mourut  à  Paris  le 
28  avril  171  S. 

IV.  HIRE  (Philippe  de  la),  fils 
du  précédent,  mort  un  an  après 
son  père  en  1719  ,  à  42  ans, 
exerça  la  profession  de  médecin 
avec  succès  ,  et  fut  membi'e  ,  comme 
son  père ,  de  l'académie  des  sciences. 
Son  goût  le  portoit  à  la  p^inture  ; 
il  en  faisoit  même  sou  amusement. 
I-a  Hire  peignoit  à  gouache  des  pay- 
sages et  desjigures ,  dans  la  manière 
fie  V'atteau. 

iHir.NHEYiM  (Jérôme),  chanoine 
de  l'ordre  des  prémoulrés  et  abbé 
de  Strahow  ou  Mont  -  de  -  Siou  à 
Prague,  mort  le  27  août  1679,  à 
/(4  ans  ,  avoit  été  vicaire-général 
de  son  ordre,  et  avoit  travaillé  à 
y  faire  Heurir  la  science  et  la  piété. 
Il  ne  vouloit  pas  qu'on  séparât  ces 
deux  objets.  Pénétré  des  abus  qu'on 
avoit  faits  de  la  raison  ,  il  prélendit 
cpie  rien  n'étoit  vrai  que  par  l'auto- 
rité infaillible  de  l'Eglise.  Il  opposa 
par-lout  la  foi  et  la  ré\éiation  aux 
axiomes  de  la  philosophie  ,  au  té- 
moignage des  sens.  I,es  apùtres 
mêmes,  disoit-il,  ne  sont  sûrs  d'a- 
voir vu  ,  entendu  ,  touché  J.  C-  que 
par  la  foi.  On  peut  voir  la  preuve 
de  ces  assertions  dans  sou  traité 
intitulé Z>é;  Typ/togeneris  humani, 
sivescient.iaruin  humanaruni  inanl 
ac  venloso  tumore ,  1676,  iu-4°. 

Ilir.PJUS  (  Caïus  j, édile,  inven'a 
les  viviers  ou  réservoirs  pour  garder 
le  poisson.  Il  en  fournissoil  la  table 
de  César  dans  les  festins  ;  et  quoiqu'il 
n'eût  qu'une  fort  petite  métairie,  il 
en  lira  par  cette  invention  un  très- 
gros  revenu. 

lURTIUS  (  Aulus  ) ,  ami  et  même 


4Go 


HISC 


disciple  de  Cicëron ,  étoit  attaché  au 
parti  de  Jules-César,  sous  lequel  il 
servit  avec  courage.  Il  est  auteur 
(Wnift  Jielationdesguerresd'  Egypte 
et  ({Jfrique,  qui  se  trouve  à  la 
suite  des  commentaires  de  ce  grand 
homme.  Hirlius  ,  élu  consul  avec 
Pausa  l'an  44  avant  J.  C. ,  fut  tné  en 
combattant  vaillamment  contre  An- 
toine auprès  de  Modène. 

*  HIRZEL  (  Jean-Gaspard  )  ,  an- 
cien sénateur,  premier  médecin,  et 
président  de  la  société  de  physique 
de  Zurich  ,  mort  subitement  dans 
cette  ville  le  19  février  1806  ,  se 
rendit  recommandable  dans  sa  pa- 
tine par  les  services  qu'il  lui  rendit 
comme  magistrat ,  comme  médecin 
et  comme  littérateur.  On  lui  doit 
la  Traduction  des  meilleurs  ouvra- 
ges du  docteur  Tissot  ;  un  Traité 
d'économie  rurale  ,  dont  la  forme 
n'est  pas  moins  intéressante  que  le 
l'ond  ;  Klyjog,  on  le  Sacrale  ms- 
tique  ,  traduit  dans  presque  toutes 
les  langues  de  1  Europe  ,  même  en 
russe  ,  ainsi  que  plusieurs  Eloges 
historiques.  Le  dernier  écrit  qu'il  a 
publié  sont  des  Entretiens  sur  la 
religion  et  la  tolérance  ,  adressés 
a  M.  Meister  ,  auteur  de  la  IVkirale 
naturelle. 

HISCA'M,  quinzième  calife  de  la 
race  des  Ommiades,  et  quatrième 
fiis  d'Abdalmaleck  ,  succéda  à  son 
frère  Jézid  II.  C'etoit  un  prince  qui 
faisoil  des  dépenses  prodigieuses  ,  et 
qui  s'emparoit  du  bien  de  ses  su- 
jets pour  y  fournir.  Il  avoit ,  dit- 
on  ,  jusqu'à  sept  cents  garderobes 
remplies  des  plus  riches  habille- 
mens.  Quandil  marchoit,  il  fai- 
3oit  toujours  suivre  dans  sou  équi- 
page six  cents  chameaux  chargés  de 
SCS  habits  et  de  son  linge.  Après  sa 
mort  ,  on  trouva  dans  sa  principale 
£arde-robe  12,000  chemists  très- 
lines ;  mais  Valid  ,  soi'l  successeur  , 
ne  voulut  pas  pcrmuitre  cpi'ou  en 


HOAD 

tirât  une  seule,  même  un  drap,  pour 
l'ensevelir;  de  sorte  qu'un  valet  de 
chambre  enveloppa  cet  homme  si 
fastueux  dans  un  méchant  morceau 
de  linge.  Ce  calife  avoit  vaincu 
Khacam,roi  du  Tusquestan  ,  Zéid  , 
proclamé  calife  dans  la  ville  deCou- 
fad  ,  et  avoit  lait  la  guerre  aux  em- 
pereurs Léon  risaurien  et  Constan- 
tin -  Coproityme.  Il  mourut  après 
lin  règne  de  19  ans,  l'an  7/10.  C'est 
lui  que  les  historiens  grecs  nom- 
ment Isa/n. 

*  HOADLEY(  Benjamin  )  ,  cé- 
lèbre prélat,  né  en  1676  à  Wester- 
ham  ,  au  comté  de  Kent,  mort  eu 
17/jG,  élève  de  Catherine  Hall  ,  à 
Cambridge  ,  où  il  fut  ensuite  bour- 
sier. En  1706,  Hoadley  commença 
sa  carrière  polémique  par  des  lie- 
marques  sur  l'oraison  funèbre  de 
M.  liennet  ,  par  le  docteur  Altcr- 
bury.  En  170S  il  attaqua  un  autre 
discours  du  même  auteur  sur  le 
pouvoir  de  la  charité  pour  la  ré- 
mission des  péchés.  L'année  suivan- 
te ,  Hoaldey  eut  une  dispute  plus 
sérieuse  avec  Atlerbury  sur  sa  doc- 
trine de  la  uon-résis lance.  Le  dis- 
cours qu'il  ht  à  cette  occasion  at- 
tira l'attention  de  la  chambre  des 
communes  ,  qui  recommanda  l'au- 
teur à  la  reine  ;  et  quand  George 
monta  sur  le  trône,  Hoadley  fut 
nommé  évèque  de  Bangor.  Ce  pré- 
lat ne  visita  jamais  son  diocèse  , 
car  il  ne  sortit  pas  de  Londres  ,  où 
il  ne  cessa  de  prêcher  et  de  publier 
des  sermons.  Un  d'eux  entre  autres, 
sur  \ii  Rojauine  spirituel  du  Christ, 
excita  wne.  violente  querelle  qu'on 
appela  controverse  de  Bangor.  Il  s'en 
engagea  ensuite  encore  une  autre 
entre  l'évèque  et  le  docteur  Rare 
sur  la  nature  de  la  prière.  Du  siège 
de  Bangor ,  Hoadley  passa  à  celui 
de  Ilerlford  ,  i)uis  successivement 
à  ce\ix  de  Salisbury  et  de  "Winches- 
ter. En  1735  il  attaqua  directement 
la  rclio^ion  dans  une  Explication 


HOAR 

du  sacrement  de  rFuchaiistie 
(\\\\\  ])resenta  connue  tout-à-fail  iii- 
différeul.  Ce  discours  occasiouua 
uue  graude  rumeur  ,  et  éleva  mie 
nouvelle  controverse  ;  mais  l'évè- 
que  mourut  dans  le  même  temps. 
Tous  ses  ouvrages  ont  été  publiés  en 
4  \ol.  in-fol. 

*  II.  HOADLEY  (  Benjamin  ), 
fils  aine  du  précédent,  habile  mé- 
decin, né  à  Londres  en  i7o5, 
mort  eu  lyôy,  élevé  à  Cambridge 
sous  la  conduite  de  ]M.  Herring  qui 
depuis  fut  archevêque.  Hoadley  fut 
reçu  par  mandatum  docteur  en 
médecine  en  1728.  En  1742  il  fut 
nommé  médecin  de  la  maison  du 
roi  ,  et  en  i74>^  médecin  de  celle  du 
prince  de  Galles,  lia  composé,  X.he- 
çons  sur  l'organe  de  la  respiration , 
données  au  collège  de  médecine. 
II.  Obseruations  confirmées  par 
une  suite  d'expériences  sur  l'élec- 
tricité. III.  Le  mari  soupçonneux  , 
comédie. 

*  III  HOADLEY  (Jean  )  ,  frère 
du  précédent ,  né  eu  1711,  mort  en 
1776,  élève  du  collège  de  Corpus 

^  Chrijli  à  Cambridge ,  puis  du  collège 
de  Justice  du  temple,  prit  ensuite  les 
ordres  ,  et  fut  chapelain  du  prince 
de  Galles.  Ou  a  de  lui,I.  Des  piè- 
ces de  tlièâlre.  II  Des  Poésies.  III. 
Un  Jurante  ,  qui  a  été  représenté 
après  sa  mort.  Il  aimoil  le  spectacle 
avec  tant  de  passion  ,  qu'il  a  voit  chez 
lui  un  petit  théâtre  particulier. 

*  HOANGTI  ,  législateur  des 
Chinois  ,  dont  leurs  historiens  font 
comme  uu  être  surnaturel  ,  auroit 
vécu  ,  selon  leur  insoutenable  chro- 
nologie, 2607  ans  avant  J.  C,  et,  à 
une  époque  si  reculée,  fait  fleurir 
les  sciences  et  les  arts. 

*  HOARD(  Samuel),  théologien 
anglais,  né  à  Londres,  mort  en  1657, 
ële\e  du  collège  de  toutes  les  Ames 


HOBB 


461 


h  Oxford,  où  il  prit  le  baccalauréat 
eu  tliéologie.  Kobert  ,  comte  de 
Warwick  ,  dont  il  étoit  chapelain  , 
lui  donna  le  rectorat  de  Moreton  , 
au  comté  d'Essex,  où  il  mourut. 
Hoard  éloit  d'abord  calviniste;  mais 
les  rètlexious  sages  qu'il  fit  pendant 
le  cours  de  ses  études  le  convain- 
quirent des  erreurs  de  celte  rebgion. 
Il  a  publié  une  très  bonne  Réfu- 
tation du  système  de  la  prédestina- 
tion ,  dans  un  livre  intitulé  VA- 
mour  de  Dieu  pour  les  /tommes 
manifesté  par  les  preuves  positives 
qu'il  n'y  a  ;'as  de  décret  absolu  de 
damnation,  in-4'^.  LedocteurTwine, 
et  l'évêque  Daveuant  répliquèrent 
à  cet  écrit.  Hourd  a  publié  encore 
d'autres  discours. 

i  HOBBES  (Thomas),  en  latin 
Hobbesius  et  Hobbius ,  né  à  Mal- 
raesbury  le  5  avril  i588  ,  d'un 
père  ministre  ,  fut  envoyé  à  O.^- 
î'ord  à  lage  de  14  aus  pour  y  faire 
son  cours  de  philosophie.  Dès- 
lors  il  avoit  traduit  en  vers  la 
Mèdèe  d'Euripide.  En  sortant  de 
l'université,  il  fut  chargé  de  l'édu- 
cation du  jeune  comte  de  Devoii- 
shire.  Après  avoir  voyagé  avec  son 
élevé  eu  France  et  en  Italie  ,  il  se 
consacra  entièrement  aux  belles- 
lettres  et  à  l'antiquité.  Un  second 
voyage  en  France  lui  ayant  inspiré 
du  goût  pour  les  mathémaliques  , 
et  ce  goût  ayant  pris  de  nouvelles 
forces  en  Italie,  où  il  vit  Galilée, 
il  joignit  cette  science  à  celles  qui 
f  occupoient  déjà.  Le  feu  de  la  guerre 
civile  couvoit  en  Angleterre  lors- 
qu'il y  retourna  ;  il  éclata  en  effet 
quelque  temps  après.  Hobbes  vint 
chercher  la  tranquillité  à  Paris,  et 
ne  l'y  trouva  poiul.  Son  Traité  De 
cive  ,  qu'il  publia  dans  cette  ville, 
et  sur-tout  les  injures  contre  les  ca- 
tholiques, dont  il  avoit  rempli  son 
Leviathan  ,  aj'ant  déplu  aux  gens 
sages,  il  se  relira  àLondres,  où  lesou- 
lèvemeul  contre  ses  opinions  ètoit 


/jG-i  HOliB 

encore  plus  for  l  qu'à  Paris.  Conlraint 
de  se  cacher  chez  son  élève  ,  il  y  tra- 
vailla à  plusieurs  ouvrages  jusqu'en 
1660.  Ce  fui  dans  celle  année  que 
Charles  11  fui  rélabli  sur  le  Irône 
de  ses  ancêtres.  11  accîieillit  Ires-ia- 
vorablement  Hobbes,  qui  avoil  élé 
sonniailredeniathémaliquesàParis, 
el  lui  donna  une  pension.  Ce  pliilo- 
sophe  mourul  le /j  décembre  1679, 
à  Hardwich  ,  chez  le  comte  de  De- 
vonshire.Ou  l'a  peint  comme  un  bon 
citoyen,  ini  ami  iidele  ,  un  homuje 
officieux  ,  humain.  Il  vécut  dans  le 
célibat.  11  lisoil  très-peu  sur  la  (in 
de  ses  jours,  persuadé  que  ,  lorsque 
l'esprit  est  plein,  il  n'a  plus  qu'à 
digérer  les  choses  dont  il  est  rempli. 
Il  n'aimoilpas  les  courtisans ,  mais 
il  se  n)énageoit  toujours  un  aini 
ou  deux  à  la  cour  ,  «  parce  que, 
disoit-  il ,  il  étoit  permis  de  se  servir 
de  mauvais  inslrumens  pour  faire 

du  bien Si  l'on  me  jeloit  ,  ajou- 

loil-il  ,  dans  un  puits  profond,  et 
que  le  dialde  me  présentai  son  pied 
fourchu  pour  en  sortir,  je  le  saisi- 
rois  à  l'instant.  «  Quant  aux-  prin- 
cipes qu'il  a  consignés  dans  ses  ou- 
vragf's  ,  en  voici  l'analyse  ,  telle 
que  Foriiiey  l'a  faite  dans  son  His- 
toire abrégée  de  la  philosophie  :  «Nos 
idées  tirent  toutes  leur  origine  des 
sens,  el  les  corps  placés  hors  de  nous 
sont  la  cause  de  nos  sensations.  Les 
qualités  sensibles  ne  consistent  que 
flans  la  diversité  des  mouvemensde 
la  matière^  11  n'y  a  aucune  des  ac- 
tions humaines  qui  soil  letfet  d'une 
disposition  naturelle  ou  essentielle. 
Toul  ce  que  nous  pouvons  imaginer 
est  fini;  ainsi  le  nom  de  Dieu  ne 
répond  à  aucune  de  nos  idées  ;  c'est 
seuleraeul  un  litre  d'honneur  donné 
à  l'èlre  que  nous  concevons  au-des- 
sus de  tous  les  autres.  Nos  rctlexions 
les  plus  approfondies  ne  sauroient 
franchir  les  bornes  du  iini  et  du 
lieu.  Le  vrai  el  le  faux  ne  sont  que 
des  expressions  dont  nous  ne  pou- 
vons constater  la  réalilé,  La  raisou 


H0i3B 

naît  artificiellement  en  nous.  Nous 
aimons  ce  que  nous  désirons,  el  no- 
tre volonté  n'est  autre  chose  que 
le  dernier  objet  de  notre  appétit, 
[/acquisition  des  objets  désiré.^  pro- 
duit le  bonheur.  Pour  la  vertu  ,  elle 
mérite  des  égards  parson excellence; 
mais  elle  ne  consiste  que  dans  l'art 
de  bien  clioisir  entre  les  divers  ob- 
jets de  nos  désiis  ,  lorsque  nous  les 
comparons  entre  eux.  La  puissance 
est  l'agrégat  des  moyens  propres  ù 
acquérir  les  biens  ;  el  la  plus  grande 
puissance  résulte  du  plus  grand  agré- 
gat de  semblables  moyens  qui  se 
trouvent  dépendre  d'une  seule  et 
même  personne.  Les  agitations  et 
les  inquiétudes  viennent  de  l'igno- 
rance des  causes  ;  el  la  religion  est 
reflet  de  la  craiute  qu'on  a  pour 
des  puissances  invisibles.  L'égalité 
naturelle  des  hommes  sert  de  fon- 
dement à  l'espérance  d'obtenir  les 
objets  de  nos  désirs  ,  fût-ce  au  pré- 
judice des  autres  ,  el  de  là  vient  l'ac- 
quisition du  domaine  par  la  force. 
L'état  naturel  de  l'homme  est  un  état 
de  guerre  ,  qui  ne  peut  cesser  que 
par  la  puissance  coercitive.  Il  n'y  a 
aucune  propriété  légitime  ,  ni  rien 
de  juste  ou  d'injuste  naturellement. 
Le  droit  naturel  n'est  autre  chose 
que  la  liberté  d'user  de  sa  puissance 
à  son  gré  ,  pour  la  conservation  de 
sa  nature.  La  liberté  consiste  dans 
l'absence  des  obslaclesexternes.  Tous 
ont  naturellement  droit  sur  lout  ; 
mais  les  vrais  intérêts  de  l'homme 
doivent  le  porter  à  rechercher  la 
paix,  et  à  établir  des  droits  dont 
l'observation  tend  à  la  siirelé  et  à 
la  tranquillité  publiques.  Les  prin- 
cipaux ouvrages  dans  lesquels  Hob- 
bes a  établi  ses  systèmes  sont,  I. 
F.lemenla  p/iilosuphlca ,  seu pull- 
tica,  de  c/t'C ,  à  Amsterdam,  1647, 
in-12.  Sorbière  le  traduisit  en  fr.iii- 
çais,  sous  le  titre  d'Elémens  philo- 
sophiques du  citoyen  ,  Aitislerdam, 
liizjq  ,in-.S°,  et  Paris,  16.')  1  ,in-i  >. 
L'aulcur  y  pousse  loin  l'autorité  dit 


HOBB 

monarque  ;  il  en  fait  un  despote 
))ar  ressenliinenl  contre  les  parle- 
iDentaires  d'Angleterre,  qui  voii- 
ioient  anéantir  tout  gouverneineul 
uioiiar.  hique.  11  prétend  que  la  vo- 
lonté des  souverains  t'ait  tl  la  reli- 
gion ,  et  tout  ce  qui  est  juste  ou 
injuste.  Il  y  suppose  tous  les  hom- 
mes méchans  ;  c'est  les  inviter  à 
l'être,  amsi  que  l'a  dit  Descaries. 
(  Fuyez  CUMBEBLAND,  u°  I.  )  II. 
Le^-'iat/ian  ,  sit^'e  de  repiibllca  , 
Amsterdam  ,  1 668  ;  et  dans  ses  (Eu- 
\tes  philosophiques,  2  vol.  in-.^"  , 
Amsterdam  ,  1660  ,  en  2  vol.  in-4°. 
Cet  ouvrage  lui  commença  une  car- 
rière de  tracasseries  et  île  persécu- 
tions que  l'audace  de  ses  pensées  ne 
fit  qu'accroître  pendant  le  reste  de 
sa  \ie.  111.  lia  t'ait  une  Traduc- 
tion d'Homère  en  vers  ançlais , 
1675  et  i677,iu-8°,  mais  bien  in- 
férieure à  celle  du  célèbre  Pope. 
l\^  Une  autre  de  Thucydide  ,  eu 
anglais,  1676  ,•  Londres,  in-fol.  V. 
J)ccaméron  philosophique ,  Ou  dix 
JJla/ogues  sur  la  philosophie  na- 
turelle,  en  anglais,  j67<S,  in-12. 
On  peut  regarder  Hobbes  ,  à  cer- 
tains éi:;ardsj  conime  le  précurseur 
de  Spinosa  ,  et  de  quelques  impies 
modernes.  VI.  Des  f^ers  anglais  et 
latins.  VII.  Plusieurs  l'crits  *ie 
physique  ,  etc.  (  T^ojez  AuBriEY .  ) 
L'édition  la  plus  complète  des  (Eu- 
vres  de  Hobbes  est  celle  de  i6b3  , 
en  deux  vol.  petit  in-4'*  »  en  latin. 
Cependant  elle  ne  <  011  tient  pas  le 
Traité  de  la  nature  humaine,  dans 
lequel  ce  philosophe  a  résumé  ses 
principes  ,  ni  l'Histoire  de  la  guerre 
civile.  Tous  les  ouvrages  de  Hobbes 
ne  sont  pas  traduits  eu  français;  sa 
1  'gique  sur-toutne  l'est  point;  mais 
elle  ne  lardera  pas  à  l'être;  un  phi- 
losophe distingué  s'en  occupe  en  ce 
moment.  La  concision  ,  la  propriété, 
la  netteté  du  style  de  Hobbes  sont 
étonnantes  :  il  faisoit  la  langue  de 
ses  idées.  O'.  lui  a  reproché  les  maxi- 
tties  absolues  ,    si  rarement   justes 


ITOBB 


463 


dans  l'application ,  d'aimer  trop  à 
généraliser  ,  d'avoir  témoigné  du 
mépris  pour  la  pliysique  et  l'éru- 
dition, d'avoir  mal  cilé  l'histoire  , 
pour  la  plier  à  ses  idées,  d'avoir 
pris  pour  base  de  sa  philosophie  et 
de  l'organisation  sociale  le  désordre 
idéal ,  comme  Platon  une  harmo- 
nie imaginaire  ;  eiiHn  ,  de  soumet- 
tre le  monde  moral  à  la  nécessité  , 
la  société  à  la  force  seule,  de  justi- 
fier ,  en  dégradant  l'homme,  ceux 
qui  l'oppriment.  J.  J.  Rousseau  a 
beaucou])  prohlé  des  idées  de  Hob- 
bes sur  l'état  de  nature ,  même  lors- 
(|u'il  en  a  tiré  des  conséquences  dif- 
férentes. Diderot  a  ainsi  comparé 
Hobbes  à  J  J.  Rousseau  :  «  La  phi- 
losophie de  Rousseau  de  Genève  est 
presque  l'inverse  de  celle  d'Hobbes  ; 
l'un  croit  l'iiommede  la  nature  bon, 
et  l'autre  le  croit  méchant;  selon  le 
philosophe  de  Genève  ,  l'état  de 
nature  est  un  état  de  paix;  selon, 
le  philosophe  de  Malinesbnry,  c'est 
un  élat  de  guerre.  Ce  sont  les  lois 
et  la  formation  de  la  société  qui 
ont  rendu  l'homme  meilleur,  si  l'on 
en  croit  Hobbes  ;  et  qui  Tout  dé- 
pravé, si  l'on  en  croit  Rousseau. 
L'un  étoit  né  au  milieu  du  tumulte 
et  des  faclions;  l'autre  vivoit  dans 
le  monde  et  parmi  les  savans.  Au- 
tre temps  ,  autres  circonstances  , 
autre  philosophie.  Rousseau  est  élo- 
quent et  pathétique;  Hobbes  sec, 
austère  et  vigoureux.  Celui-ci  voyoit 
le  trône  ébranlé  ,  les  citoj'ens  armés 
les  uns  contre  les  autres,  et  sa  pa- 
trie mondée  de  sang  par  les  fu- 
reurs du  fanatisme  presbytérien  ,  et 
il  avoit  pris  en  aversion  le  dien , 
les  ministres  et  les  autels.  Celui-là 
voyoit  les  hommes  versés  dans  tou- 
tes les  connoissances  ,  se  déchirer  , 
se  haïr,  se  livrera  leurs  passions, 
ambitionner  les  considérations ,  la 
richesse,  les  dignités  ,  et  se  conduire 
d'une  manière  peu  conforme  aux 
lumières  qu'ils  avoient  acquises,  et 
il  méprisa  la  gcience  et  le»  kavaiis  ; 


464 


HOGH 


ils  furent  outrés  tous  les  deux,  n 
Eulre  le  système  de  l'un  et  de  l'au- 
tre il  y  eu  a  un  autre  qui  peut  être 
le  vrai. 

*  HOBBIMA  (  Mindershont  ) ,  fa- 
meux peintre  de  paysage,  né  à 
Anvers,  à  peu  près  en  i6ij  ,  ne 
peignoit  que  d'après  nature.  Ses 
tableaux  sont  très-rares. 

HOBERG(WolfgangHELMnARD, 
seigneur  de)  ,  né  en  Autriche  l'an 
1612  ,  mort  à  Ratislioune  en  1688, 
s'est  fait  un  nom  par  ses  ouvrages, 
et  sur  -  tout  par  ses  Georgica  cii- 
riosa. 

*  HOBOKEN  (  Nicolas)  ,  docteur 
en  philosophie  et  en  médecine  à 
Ulrecht  ,  où  il  naquit  en  iG32, 
alla  s'établir  à  Harderwick,  dans  la 
province  de  Gueldre  ;  il  y  fut  uoin- 
mé  professeur  ordinaire  de  méde- 
cine et  extraordinaire  de  mathé- 
matiques. On  ignore  l'époque  de  sa 
mort.  Parmi  les  ouvrages  qu'on  a 
de  lui  ou  distingue  les  suivaus  :  I. 
De  sede  aiùniœ ,  seu  meiilis  hu- 
manœ  in  corpore  liumano  ,  Arnhe- 
miae  ,  1668,  in-12.  M.  De  noôili- 
iale  medicorum  ,  UUrajecli,  1670  , 
in-^j".  lit.  De  professlonis  medlcœ 
funi  matliemali.cd  conjunctione  , 
ibid. ,  1670  ,  in-4*'. 

t  HOC  (I.ouis-Pierre  le  ),  mé- 
decin, né  à  Rouen,  mort  à  Paris 
en  1769  ,  s'est  fait  connoitre  par 
son  opposition  au  système  de  l'ino- 
culation, contre  lequel  il  a  écrit 
diverses  brochures  ,  parmi  lesquel- 
les on  distingue  celle  sous  le  titre 
fie  V Inoculation  de  la  petite  vé- 
role renvoyée  à  Londres  ,  La  Haye 
(Paris  ),  1764,  in-ii!. 

t  HOCHE  (Lazare),  né  à  Ver- 
sailles d'une  famille  indigente  en 
17('8.  Livré  à  lui-même  de  bonne 
heure  par  la  perte  de  ses  parens  , 
U  recevoit  d'une    taule,  fruitière. 


HOCH 

de  temps  en  temps  de  quoi  acheter 
des  livres  qu'il  dévoroit;  parvenu 
à  l'âge  de  17  ans  ,  il  s'engagea  dans 
le  corps  des  Gardes-françaises ,  où 
il  étoit  caporal  lors  de  la  révolu- 
tion. Le  ministre  de  la  guerre ,  Ser- 
van  ,  l'ayant  distingué  ,  le  nomma 
lieutenant  au  régiment  de  Rouer- 
gue;  ce  fut  alors  qu'il  étudia  avec 
beaucoup  de  succès  la  tactique  mili- 
taire. A  la  bataille  d'Honscote,  il 
étoit  adjudant-géuéral  ,el  se  distin- 
gua de  manière  qu'il  lut  en  peu  de 
temps  nommé  général  de  brigade  , 
général  de  division  ,  et  enhn  géné- 
rai en  chef  de  l'armée  de  la  J\Io- 
selle.  Sou  habileté  le  rendit  vain- 
queur dans  les  plaines  de  Weissem- 
bourg  ,  où  l'ennemi  fut  forcé  d'aban- 
donner ses  magasins  ,  ses  hôpi- 
taux, etc.;  Landau  fut  délivré,  et 
Worms  lui  ouvrit  ses  portes.  Vic- 
time de  la  tyrannie  des  déceaivirs. 
Hoche  ,  emprisonné  ,  languit  plu- 
sieurs mois  à  la  conciergerie  ,  d'où 
il  ne  sortit  qu'au  9  thermidor  :  la 
guerre  de  la  Vendée  .désoloit  les 
contrées  de  l'ouest  ;  Hoche  ,  à  la 
tète  de  l'armée  des  Côtes  de  Brest, 
attaque  les  éuiigrés  réunis  aux  An- 
glais ,  les  bat  à  Curnac  ,  les  force 
d'évacuer  Aurai ,  forme  le  blocus 
de^Quiberon,  s'empare  du  fort  Pen- 
lliièvre  ,  contraint  les  ennemis  à 
demander  la  paix  ;  et  ce  pays  où  , 
durant  cinq  ans  ,  les  crimes  et  les 
désastres  se  succédoient  ,  voit  re- 
naître la  fertilité,  l'industrie  et  l'es- 
pérance. Son  entreprise  d'Irlande 
ne  fut  pas  aussi  heureuse  ;  mais  la 
victoire  le  couronna  de  nouveau 
à  L'affaire  du  Pont  de  Neuwied  , 
où  les  Autrichiens  laissèrent  mille 
morts,  vingt-sept  pièces  de  canons  , 
sept  drapeaux  ,  et  neuf  mille  pri- 
sonniers. On  prétend  que  le  direc- 
toire s'étoit  servi  de  lui  pour  opé- 
rer la  révolution  du  18  fructidor, 
et  que  soit  que  son  influence  eùl 
donné  de  l'ombrage,  soit  qu'on  l'eût 
desservi,  il  perdit  tout  à  coup  sou 


ÎIOCÎ 

ci'écîit.  Iloche  conçut  Je  coite  dis- 
grâce nu  (!ui!;iiu  qui  le  conduisit 
au  loiijb.-au  e;i  1790.  La  pompe  fu- 
iièlde  déctiuée  pai  l'iinnée  de  Sam- 
bre-et-iMf'iise  à  son  général  ,  traus- 
porlë  «ie  \V«lziai  a  CubUiitz,  el 
les  liojiner.rs  que  reudircul  à  ses 
îuanes  les  c<iniu)audans  d«s  villes 
aulnchiennes  par  lesquelles  pas'<a 
sou  couvoi ,  sont  une  preuve  de  la 
haute  estime  qu'il  seloit  acqiiisi-. 
Voici  le  discours  que  j  rououça  sur 
sa  tombe  le  général  Lt  IVbvre  :  a  Mes 
chers  camarades,  la  ninrl  qvu  ne 
nous  a  jamais  paru  redoutable,  se 
montre  à  non  jeux  dune  manière 
terrible  ;  elle  auéanlil  d'un  seul  co>i{) 
la  jeunesse  ,  les  talens  et  les  vertus  : 

Hoche   n'est  plu^! La    parque 

meurtrière  a  terminé  ses  jours  ,  et 
dans  un  instant  il  ne  nous  restera 
plus  de  lui  que  le  souvenir  de  ses 
exploits....  Que  la  foudre  guerrière 
<]ui  a  déculé  ses  nombreux  triom- 
phes apprenne  à  l'univers  que 
l'humauiié  a  perdu  un  ami ,  la  v  ic- 
toire  un  do  ses  eufans  ,  la  patrie  u\i 
appui,  et  nous  tous...  un  ami  sin- 
cère. «  La  vie  de  ce  f;uerrier  a  été 
écrite  par  M.  Rousselin. 

HOCHSTETTER  (André-Adam), 
docteur  lutiiéiien,  né  à  Tubinge  en 
1668, successivement  professeur  d'é- 
loquence, de  morale  el  de  lliéolog  e 
à  Tubinge,  pasteur,  sr.riutendaiit  et 
recteur  de  l'académie  de  cette  ville  , 
où  il  mourut  eu  avril  j  71  7,  a  dunné 
plusieurs  ouvrages  dont  les  [Minci- 
pauxsont ,  I.  i'ollegiurn  FvJfi:ihU,r 
jianum..  IL  De Jvsloexpiatianis  et 
Hirto  /Izazel.  111.  De  Cum  aifino, 
ultirno  et  ex  Siievis  duce.  IV  .  J>e 
rebi/s  ElLLiigeiisibus. 

■\-  llOCHTIl  AT  (  Jarque .  • ,  ainM 
nommé  ,  parce  qu'il  étoii  natif  d,; 
îloogslralen,  sillai'.e  dt  hrabant,  en- 
tre Anvers  et  Berg-opZoom , homme 
"violeulet  impéiuens  ,  professeur  de 
théologie  à  Cologne,  prieur  du  cou- 
vent des  dommicalua  de  celle  viiie  , 
ï.  viu. 


HODG 


/iC 


\^)'j 


et  inquisiteur  iians  les  trois  électo- 
rals eiciésia^tiques;  «  il  exhorloit  le 
pape,  dit  IMaimbonrg,  à  n'employer 
contre  Luther  que  Je  fer  et  le  feu  , 
pour  en  délivrer  au  plus  tôt  le 
li.onde.  »  11  nioiirii;  à  Cologne  eu 
liiin.  i}\\  a  de  lui  un  grand  nombre 
d'uurrages  de  cuiilrui^'crse ,  fruits 
d'un  Zi;le  amer. 

*   ilOCK    DE    Brackenau 

(  "Weinlvlmus  ) ,  savant  docteur  en 
médecine  du  16*  siècle,  distingué 
dans  l'université  de  Koulogne  ,  a 
publié  un  ouvrag- sur  les  maux  vé- 
nériens ,  i,  la  perfection  duquel  les 
traités  de  '!  orella  ont  beniuoup  con- 
iri'iué ,  dans  lequel  il  cou.seille  les 
frictions  mercurielies,  et  les  admi- 
nistre avec  celte  prudence  qui  con- 
siste à  en  interrompre  l'usage  ,  pour 
y  relourner  à  différentes  reprises  , 
afin  de  ne  point  fatiguer  le  malade 
par  la  salivi.liou.  Il  est  inlitulé7?/e«- 
Uigia,  .Si!  t'  tractnlua  de  causis , 
p/œsen'atn'is  ,  regurtuie  et  cura 
morhi gallici  ,  vulgo  malo  francese. 
Jdjiuicliis  est  tracta  tus  de  curandis 
Viceribui,  inorbum  /tune  ut  pluri- 
mùm  conscquentibus  ,  Venetus  , 
i5o2,in-^,°:  Argentorali  .  i5i4, 
in-^i°:  Lngduni  ,  i,^5i  ,  in-8°. 

l-IOCQULNCOURT.  roj.  Mon- 

CHY. 

i  HOCWART  (Laurent),  qu'on 
croit  néà  Ualishonne,  composa  dans 
le  16"  siècle  une  CJironique  de 
rKvéché  de  sa  pairie  Cet  ouvrage, 
regardé  comme  assez  exact  ,  avoit 
été  oublié  depuis  sa  naissance  ; 
mais  M.  (l^lsei,  bibliothécaire  de  Té- 
lecteur  de  Havière,Ja  publié  eu 
1765  ,  d:ins  le  ]ncinier  tome  des 
Scriplo'es  reruin  Boicarum  ,  en  2 
vol.  in-fol. 

'  IICDCES  (Naihaniel  )  ,  méde- 
cin anglais  ,  né  à  fiereford  ,  s Vi.Tblit 
à  Londres  et  s'ac<iuit  une  grande 
réputation  ]iendani  la  ]>eKie  qui  y 
régna  eu    i6b5.  De  malheureub  s 


4G6 


HODY 


cifcoustances  l'ayant  fait  emprison- 
ner pour  dettes  ,  il  mourut  dans  sa 
prison  en  1684.  Ou  a  de  lui  deux, 
ouvrages.  I.  Vindiciœ  mecUci/iœ 
et  medicorum  ,  1660,  in -8".  11. 
Loimologla  ,  sivc  peslis  nupene 
apud  populum  Loiidinensem  gras- 
san/'-s  nai  ratio  historica  ,  1672, 
in-S"  ,  dont  il  a  paru  une  traduc- 
tion en  anglais  ,  iu-S"  ,  1 720  ,  à  la- 
quelle on  a  joint  un  Essai  sur  les 
causes  des  maladies  pesldenlielles  , 
avec  des  remarques  sur  celle  qui 
régnoil  alors  eu  France  ,  et  sur  les 
moyens  d'empêcher  qu'elle  ne  s'é- 
tendit jusqu'en  Angleterre  ,  par  le 
docteur  John  Quincy.  En  1721  on 
imprima  aussi  à  Londres  un  re- 
cueil de  pièces  relatives  à  la  peste  de 
j665,  dans  lequel  est  insérée  la  subs- 
tance d'«/^e/e«/e  du  docteur  Hodges, 
où  il  rend  compte  de  la  première 
apparition ,  des  progrès  ,  des  symp- 
tômes de  cette  maladie  ,  et  de  la 
manière  de  la  traiter. 

i-  HODY  (Humpfrey),  archi- 
diacre d'Oxford  ,  et  professeiir  royal 
en  langue  grecque  dans  l'université 
de  cette  ville,  mort  en  1706,  à  4? 
ans  ,  avec  la  réputation  d'un  sa- 
vant consommé,  a  donné ,  I.  Disser- 
tationes  de  Grœcisillustribus  ,  lin- 
guœ  grcecœ  litterarumque  huma- 
narum  instauratoribus  :  ouvrage 
curieux  ,  publié  de  nouveau  à  Lon- 
dres en  17/|3  ,  in-S"  ,  avec  la  vie  de 
l'auteur.  II.  De  Blhiionim  texti- 
bus  origiiialibus,  in-fol.  ,  Oxford  , 
1706.  111.  Une  Dissertation  latine 
contre  l'Histoire  d'Aristeas  des  au- 
teurs de  la  version  des  Septante. 
Cet  opuscule  ,  que  l'auteur  publia 
à  l'âge  de  2 1  ans  ,  lui  fit  un  honneur 
infini,  et  ne  trouva  d'autre  contra- 
dicteur qu'Isaac  Vossius  qui  croyoit 
avoir  à  se  plaindre  d'Hody.  IV.  Une 
Dissertation  latine ,  curieuse  et  sa- 
vante ,  sur  Jean  d'Anlioche,  sur- 
nommé 3Ialada.  [f-'oy.  Piiranza.) 
Clk  e»l  joiule  à  k  CUrouiiue  de  cet 


HOEG 

auteur  ,  imprimée  à  Oxford  avec  les 
notes  de  Chilméad. 

t  HOÉ  (  Matliias  )  ,  né  à  'Vienne 
en  i,58o  ,  conseiller  ecclésiasti- 
que ,  premier  prédicateur  et  prin- 
cipal ministre  de  la  cour  de  Saxe, 
étoit ,  dit-on  ,  un  esprit  emporté 
qui  se  déchaînoit  également  contre 
les  catholiques  et  les  calvinistes.  La 
cour  de  Rome  ayant  suscité  des  écri- 
vains jésuites  pour  soutenir  que  le 
traité  de  paix  conclu  entre  Charles  V 
et  les  protestans  d'Alleuiague  étoit 
injuste  et  nul  ,  et  que  les  protestans 
eux-mêmes  l'avoieat  rendu  tel  par 
les  changemens  qu'ils  avoient  faits 
à  la  confession  d'Àugsbourg  ,  l'élec- 
teur de  Saxe  ,  Jean-George  ,  chargea 
spécialement  Matiiias  lloéj  de  ré- 
poudre à  ces  calomnies.  11  les  réfuta 
victorieusement  par  sa  Defensio 
jmpillœ  evangelicœ ,  publiée  en  2 
vol.  en  1628  et  i65i.  Ou  a  encore 
de  lui  un  Commentaire  sur  l'Apo- 
calypse ,  Leipzick  ,  1671  ,  in-fol.  ,  et 
d'ai/tres  ouvrages  peu  estimés.  Hoé 
mourut  en  164.'^. 

*  I.  HOECH  (  Jean  Van)  ,  peintre 
d' histoire  et  de  portraits  ,  né  en 
1 600  à  Anvers  ,  mort  à  Vienne  en 
i65o  ,  élève  de  Rubens,allaà  Roma 
pour  perfectionner  ses  études.  Il  y 
fut  protégé  par  plusieurs  cardinaux; 
et  Ferdinand  II  l'appela  à  Vienne  , 
où  il  fut  reçu  avec  distinction. 

*  II.  HOECH  (  Robert  Van  )  , 
peintre  célèbre  d'Anvers  ,  dont  les 
tableaux  se  distinguent  par  leur 
composition  élégante,  excelloit  dans 
les  batailles. 

'^HOECHSTETTER  (  Philippe  ) , 
docteur  en  médecine  ,  né  à  Augs- 
bourg  ,  pratiqua  son  art  dans  sa  pa- 
trie avec  le  plus  grand  succès , 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  i6o5.  On 
a  (le  lui  dix  décades  d'observations  ; 
mais  il  ne  publia  que  les  six  pre- 
mières: c'est  à  Jean-Philippe  son 
fils  qu'où  doit  l'éditiou  de  celles  qui 


HOES 

out  paru  en  167/1.  Raiiorum  oh- 
servatlonum  medicinal'nim  déca- 
des 1res  ,  Augustae  Viiidelicoium  , 
162  i  ,  iQ-8°.  Rariorum  obstrva- 
tionum  tncdicinalium  pais  sccuri- 
da  .  conlineiis  décades  très  seauen- 
ics  ,'\hià.  ,  3627,111-8°.  Rariorum 
cbservatioiium  meduinalium  dé- 
cades se.v  anteà  editœ  ,  qitlbus 
Tuinc  accessere  quatuor  décades 
aliœ  ,  Fraucofurli  et  Lipsiae  ,  1674 , 
iu-8°. 

HOIFEN.  roy.  Curiis  (Jean  de.) 

*HOEL(  Gérard  ),  peintre  d'his- 
toire et  de  paysage  ,  né  à  Boiiiel  eu 
1648,  mort  en  170.1,  s'éU'iblit  à 
Ulrechl  où  il  fut  directeur  de  Fa- 
cadëniie  de  peinture.  On  trouve  des 
tableaux  de  ce  maitre  dans  le  palais 
deStargenberg,etchezle  comted'Al- 
berniale. 

*  HOELTZLINUS  (Jërémie),  phi- 
lologue ,  né  à  Nuremberg,  s'établit 
à  I-eyde.  Il  est  avantageusement 
connu  par  une  édition  d'Apollonius 
de  Rhodes  ,  généralement  estimée  , 
malgré  le  jugement  peu  favorable  de 
quelques  critiques,  qui  y  fut  impri- 
iuéeeni64i.  Hoeltzlinus  a  publié  en 
1628  une  traduction  allemande  des 
Psaumes,  qui  passe  pour  exacte.  11 
mourut  en  1641 . 

*  H(ERNIGK  (Louis  Van)  étudia 
successivement  la  médecine  et  le 
droit;  mais  il  s'occupa  principale- 
ment de  l'étude  du  dernier ,  et  devint 
conseiller  de  l'électeur  de  Mayence  , 
ainsi  que  de  la  cour  impériale.  On 
a  de  lui  plusieurs  traités ,  en  alle- 
mand,  sur  les  abus  qu'il  avoit  re- 
marqués dans  la  pratique  de  la  mé- 
decine. 11  est  encore  l'auteur  de  deux 
ouvrages  ,  l'im  sur  la/jes/e, et  l'au- 
tre sur  les  eaux  de  Schwalbach.  11 
mourut  à  Francfort -sur -le- ÎMciu 
en  1667. 

t  HOESCHEUUS  (David  ) ,  bi- 
Isliothécaire  d'Augsbourg  sa  patrie  , 


IIOFE 


467 


mort  dans  cette  ville  le  10  octobra 
ifii7  ,  à  62  ans,  enrichit  la  biblio- 
llieque  confiée  à  ses  soins  de  qi.;in- 
tùé  de  manuscrits  grecs.  Il  en  pu- 
blia en  log.T  ,  in  q"  ,  le  (  ainivgue  , 
sous  ce  tilie  :  Caialc^'us  cudt'.iiin 
mss.  qui  sunt  in  bibtiol/uct<  n-}}. 
Jugustame  Vinnelicœ  duiihi  qi  ùm 
anteà  auctior.  Cet  ouvrasse  jiis- 
lemenl  estimé  ,  fut  réimpriuié  à 
Augsbourg,  jG6o,in-4°,  avec  des 
augi\ienlalions.  Pour  que  h-s  ma- 
mifcrits  de  la  bibi.othèque  qu'il  riiri- 
geoit  ne  fussent  pas  un  trésor  en- 
j'oui ,  il  eu  faisoit  imprimer  les  piua 
précieux.  Outre  son  (?atalos'ie  ,  oa 
a  de  lui  des  Isotes  sur  ()-ig-Mie  , 
sur  Photius  ,  sur  Procope  ,  dont  il 
donna  une  \>ersion  ,  sur  Philon  , 
etc.  :  une  édition  de  Margtniio  , 
du  dictionnaire  latin -grec  de  Ru- 
landus  ,  Augsbourg,  1600,2  vol. 
in-8°  ,  etc. ,  etc. 

*  HOET  (  Guérard  ) ,  de  l'école 
hollandaise  ,  né  à  Boiumel  en  1  fi/jS  , 
mort  à  La  Haye  eh  1753,  âgé  de 
85  ans  ,  est  connu  par  des  tableaux 
d'autel ,  des  plaj'onds ,'el  la  déco- 
ration de  vastes  appartemeus.  On 
cite  aussi  avec  éloge  ses prtl/s  ta- 
bleaux de  chevalet  d'un  fini  précieux 
et  du  pinceau  le  plus  délicat.  HoeS 
avoit  l'imagination  vive ,  et  joi- 
gnoit  à  la  science  des  grands  effets 
de  l'ombre  et  de  la  lumière  l'har- 
monie de  la  couleur  ,  une  exécution, 
facile  et  la  sévérité  des  costumes. 

*  H  (E  V  E  N  (  Matthieu  Vaa 
der  )  ,  écuyer  ,  seigneur  de  Kam- 
pen  ,  né  à  La  Haye  en  i  577,  a  laissé 
une  Chronique  hollandaise  des  sept 
Provinces-Unies  ,  intitulée  Hand- 
vest-  of  Charter -Chronjck ,  en  3 
vol.  in-fol.  ,LaHaye  ,  i6./(5.  11  re- 
monte jusqu'à  l'an  99  avant  J.  C. 

*  HOFER  (  Wolfgang  )  ,  mé- 
decin ,  né  à  Freisingen  dans  la  haute 
Bavière  ,ilorissoil  dans  le  1  7^  siècle: 
ilpratiquason  art  avec  le  plus  grand 


4^s 


HOFF 


succès  à  Siraubiiig  ea  Bavière  ,  à 
I^intz  et  à  Vienne,  où  il  mourut  en 
1661 .  Ou  a  de  lui  un  traité  de  pra- 
tique sous  ce  titre  :  Ilerculis  rne- 
dicl  ,  sive  locorum  coinmunium 
medicorum  lu7iiusprimus ,  Vieunœ 
Ausirias,  1607,  in- 4°-  Le  même  ou- 
vrage a  reparu  en  i6fi4  ,  in  -  12, 
SOU-.  le  litre  iV Hercules  medicus  ré- 
visas ,  iiiterpolatus.ht  même  avec 
des  augmentations  ,  Noribergas  , 
i665,  in-fol.  ;  1675  ,  iu-4°- 

1 1.  HOFFMANN  (  Gaspard  ) ,  né 
à  Golha  dans  la  Thuringe  en  layj  , 
étudia  la  médecine  à  Aitorf,  prit 
le  bonnet  de  docteur  à  Baie  en  i6o5  , 
et  en  1607  fut  nommé  à  la  chaire 
de  médecine  tlréorique  dAltorf  , 
qu'il  remplit  jusqu'à  sa  mort  arrivée 
en  1648.  Ce  médecin  est  auteur 
d'un  grand  nombre  d'ouvrages ,  dont 
les  principaux  sont  ,  1.  De  Ichu- 
nibus  et  in  qiiibus  illi  apparent 
affectibiis  ,  collectanea  ,  Lipsias  , 
1617,  in  -  8°.  11.  De  Fartibiis  si- 
milàribiis  liber  singularis  ,  Nori- 
bergas ,  1625  ,  in-4"  ;  Francofnrti , 
1667,  in-4°.  ni-  J^e  Locis  affectis 
libri  1res  ,  ibid. ,  1642  ,  in-i  2.  IV. 
Opnscula  medica,  Parisiis  ,  1647, 
ia-4°  ;  Francofurli ,  1667  ,  iu-4''. 

*  II.  HOFFMANN  (Laurent), 
médecin  de  George  ,  électeur  de 
Saxe,  s'acquit  une  telle  réputation 
parmi  les  maîtres  de  l'art ,  que  l'em- 
pereur Ferdinand  11  lui  accorda  des 
lettres  de  noblesse  en  récompense 
des  services  iuiportans  qu'il  avoit 
rendus  à  l'humanité.  On  lui  attribue 
Içs  ouvrages  su i vans  :  I.  De  uero 
usu  et  sera  abusa  medicamentorum 
chymicorum  conimentatio  ,  Halae 
Saxonum  ,  161  i  ,  \\\-l°.  II.  Basa- 
riarn  minérale  spagyricurn  ,  ibid., 
1611,  in-4".  lll.  Ihilt/iasaris  Brun- 
neri  consilia  medica  siimmo  stu- 
dio collecta  et  l'c'isa  ,  Ilalas  Saxo- 
num ,  i6i7  ,  in-.i". 

*  UI.  HOI'T.MANN  (  Frédt'iicJ  , 


HOFF 

médecin,  né  à  Hall  en  162G  ,  et 
mort  en  1675  ,  a  laissé  les  ouvrages 
su  i  vans  :  I.  Ojjus  de  metltodo  me- 
dendi  juxta  seriem  U  allœianam  ^ 
Lipsias  ,  1668  ,  in-4''-  H-  -dppe/idix 
de  met/iodo  carandi  insultum  apo- 
pleclicum,  ibid.  ,  1668  ,  in-4''.  III. 
Clavis  pharmaceutica  schrode- 
riana  ,  Halœ  Saxonum  ,  167.^), 
in-4°  ;  ibid.  ,  i()8i  ,  111-4°^  avec 
des  augmentations. 

t  IV.  HOFFMANN  (  Fréd'éric  )  , 
i\é  à  Hall  ,  près  de  Magdebourg  , 
en  1660  ,  prit  le  bonnet  de  doc- 
teur en  médecine  l'an  1681.  Nommé 
professeur  de  celte  science  dans  l'u- 
niversité de  Hall  ,  fondée  en  1694  , 
il  remplit  cet  emploi  avec  beaucoup 
de  distinction  jusqu'à  sa  mort  ,  ar- 
rivée le  12  octobre  1742.  Ses  Ou- 
vrages ont  été  recueillis  par  les 
frères  de  Tournes,  imprimeurs  de 
Genève  ,  en  1748  ,  1766  ,  11  tomes 
en  6  vol.  in-fol.  Il  y  a  un  premier 
supplément  ,  deuxième  édition  de 
1754,  en  deux  parties;  un  second 
en  trois  autres  parties.  On  trouve 
de  bonnes  choses  dans  cette  énorme 
compilation  ;  mais  le  style  de  l'au- 
teur est  lâche  et  diffus.  Il  raconte 
longuement  des  choses  triviales  :  il 
se  répète  sans  cesse,  et  sur-  tout 
dans  ses  (Euvres posthumes.  Malgré 
ces  défauts  ,  Hoffmann  mérite  d'être 
mis  au  nombre  des  meilleurs  au- 
teur§^  de  médecine.  Il  connoissoit 
cette  science  à  fond  ,  et  il  étoit  d'ail- 
leurs grand  praticien.  On  doit  lui 
savoir  beaucoup  de  gré  des  aveux 
qu'il  fait  en  faveur  des  remèdes  sim- 
ples et  domestiques  :  «J'affirme  avec 
serment,  dit-il  ,  qu'il  a  été  un  temps 
où  je  courois  avec  ardeur  après  les 
remèdes cliimiques.  Mais  avec  Tàge, 
j'ai  été  persuadé  que  très- peu  de 
remèdes,  bien  choisis,  tirés  même 
des  choses  les  plus  simples  et  les  plus 
viles  en  apparence  ,  soulagent  et 
plus  promplenieut  et  plus  elficace- 
meul  les  maladies^  que  loult»  Its 


HOFM 

pv'.'paraliotis  chimiques  les  plus  rares 
et  les  plus  reckerchées.  »  Lorsqu  il 
ëloit  consulté  par  ces  gens  qui  se 
i.onstiluenl  malades  en  pleine  santé , 
et  qui  se  médicaïuentenl  pour  éviter 
des  maladies,  il  leurdisoit:  «Avez- 
vous  voire  sauté  à  cœur?  Fuyez  les 
médecins  et  Jes  remèdes.  »  P'oyez 

BnUHIER. 

V.  HOFFMANN  (Maurice), 
né  à  Fursteinberg  eu  iCu^a  ,  profes- 
seur en  médecine  à  Altdorff,  mourut 
en  i6ij8,  à  76  ans.  Sss  ouvrages 
sont,  I.  Altdorji  deliciœ  liorten- 
scs  ,  i677,iu-4°.  Il-  ylppe/idi.v  ad 
caia/ogum  plantarum  Itorlens'uim , 
j6gi  ,iu-4°.  111-  Delidœ  sllvestres , 
1677,111-4°.  IV.  Florilegiiim  Alt- 
dorfinum  ,  1676  ,  vol.  iu-4°  ,  etc. 

VI.  HOFFMANN  (Jean  Maurice), 
fils  du  précédent,  médecin  du  inai- 
<]uis  d'Anspach  ,  et  professeur  eu 
jnédecinc  à  Altdorff,  mort  à  j\ns- 
pach  eu,  1727  ,  à  74  ans,  a  con- 
tinué les  Deliciœ  hortenses  Altdor- 
finœ  de  son  père,  1700  ,  in-4°.  U  s 
donné  ,  Acta  laboratorii  c/iiniici 
Jlldorjini,  1719,  iu-4*;  et  De 
diffcrentiis  alimentori/m  ,  1677  , 
in-4°. 

*  HOFFOÎUS  (Paul),  jésuite  al- 
lemand, rendit ,  dit  un  auteur  ecclé- 
siastique de  si  grands  services  à  la 
religion  catholique  ,  en  Bavière  et 
autres  provinces  de  la  Germanie  , 
qu'Albert  V  ,  duc  de  Bavière  ,  disoil 
lui  devoir  ainsi  qu'à  Pierre  Cani- 
sius  la  conservation  de  la  vraie  loi, 
dans  la  crise  où  elle  se  trou  voit  par 
les  dégâts  des  nouvelles  erreurs. 
l'etius  Canisius  fdisoil  ce  pieux 
prince  eu  faisant  allusion  à  un  pas- 
sage connu  de  la  liturgie  )  et,  Faiihis 
Huffœus  ipsi  nos  docueruiit  legeni 
tuam  ,  Domine.  Roffœus  mourut  à 
lugolstadt  eu  1608. 

i".  I.  HOFMANN  (  Daniel  ),  mi- 
nistre luthérien,  professeur  de  théo- 
logie à  Helmsladt  ,  chef  d'une  secte 


HOGA        4Gc> 

qui  soiUenoit  «  qu'iVjK  avoit  des 
chos-es  véritables  en  théologie  qui 
sontj'ausses  en  philosophie  ,  vivoit 
vers  la  lin  du  16*  siècle.  Il  a  écrit 
contre  Bèze.  —  Il  est  difféieul  de 
Melchior  Hofmann  ,  autre  tliéolo- 
gien  du  16*^  siècle  ,  qui  mourut  en 
prison  à  Strasbourg,  aprcs  avoir  fait 
beaucoup  de  liruit. 

i-  II.  HOFIMANN  (Jean- Jacques  ) , 
professeur  en  langue  grecque  u  Baie  , 
où  il  étoit  né  en  i655  ,  et  où  il 
mourut  en  1706,  publia  l'an  166S 
unLexicon  universale,  historicitm, 
chronologicum,  etc.  ,  réimprimé  à 
Leyde  en  ifigS  ,eu  4  vol.  iu-iul.Ii  s'y 
trouve  quelques  articlescurieux,  sur- 
tout les  articles  d'érudition  ;  mais  ils 
soutécrits  presque  tousd'une  manière 
peu  agréable  ,  et  la  plupart  fourmit- 
leul  de  fautes.  On  a  encore  de  lui 
une  Histoire-  des  papes  ,  en  latin  , 
1687,  2  volumes:  peu  modérée  ;  et 
Vllistoria  At/gusta,  1687  s  in -fol. 
Plusieurs  autres  savans  ont  porté 
le  nom  de  Hofmann. 

HOFMANSWALDAU 

(Jean-Chrétien  de) ,  conseiller  im- 
périal, et  président  du  conseil  de  la 
ville  de  Breslaw  ,  où  il  éloit  né  en 
1617  ,  s'acquit  une  grande  réputa- 
tion par  ses  Poésies  allemandes  très- 
estimées.  On  a  aussi  de  lui  en  vers 
allemands  le  Pastor  fido  de  Gua- 
rini  ,  et  le  Soerate  mourant  de 
Théophile.  Il  mourut  eu  1679. 

t  HOGAPvTH  (Guillaume)  , 
peintre  anglais  ,  né  à  Londres  en 
i6q8,  mort  en  octobre  1761,  «^ 
Leicesterfields  ,  à  66  ans  ,  fut  nom- 
mé peintre  du  roi  d'Angleterre  en 
1757.  Ses  compositions  sont  mal 
dessinées  et  foiblemeut  coloriées  ; 
mais  ce  sont  des  tableaux  parlaus  de 
diverses  scènes  comiques  ou  morales 
de  la  vie.  Il  avoit  négligé  le  méca- 
nisme de  son  art  ,  c'est-à-dire  les 
traits  du  pinceau  ,  le  rapport  des 
parties  entre  elles,  l effet  du  clair- 


470  HOGA 

obscur ,  l'harmonie  fin  coloris  ,  etc. , 
pour  s'élfver  jusqu'à  Ka  perfection 
do  ce  aiëcanisme ,  c'est-à-rlire  au 
poétique  et  au  moral  de  la  peinture. 
«  Je  recouiiois  ,  disoil-il  ,  tout  le 
jTum'Ic  i)our  juge  compétent  de  mes 
lahieaux  ,  excpi)lé  les  connoisseurs 
de  profession.  »  Un  seul  exemple 
prouvera  couibisn  il  réussit.  11  a  voit 
fait  graver  une  estampe  dans  la- 
quelle il  avoii  exprimé  avec  éner- 
g'.e  les  diflérens  tourmeus  qn'on 
fail  é-nouver  aux  animaux.  Un  char- 
retier loueltoit  un  jour  ses  chevaux 
avec  beaucoup  de  dureté  ;  un  bon 
homme,  touché  de  i>itié ,  hii  dit: 
«  Miiérable  !  tu  n'as  donc  pas  vu 
l'estampe  de  Hogarlh?»  Il  réalisa 
îe  vœu  de  l'abbé  Dubos ,  qui  se  plai- 
gnoit  qu'aucun  peintre  d'histoire  de 
son  temps  n'eûl  entrepris  de  tracer  la 
vie  on  l'histoire  d'un  personnaf^e 
dans  une  série  de  tableaux  qui  pré- 
sentassent la  suite  de  ses  actions. 
C'est  ce  qu'a  exécuté  Hcjjarlh  dans 
plusieurs  de  si's  ouvrages  ,  tels  que 
le  Mariage  à  la  mode ,  les  Progrès 
du  libertinage  ,  la  dégradation 
d'une  prostituée  ,  suite  de  tableaux 
dans  laquelle  paroit  une  jeune  hlle 
veuLie  à  la  ville  avec  toute  la  sim- 
phcilé  de  sou  âge,  et  conduite  par 
tons  les  dearés  du  libertinage  à  wwi 
mort  prématurée;  ce  sont  autant  de 
drames  dont  chaque  scène  forme  un 
tableau  vivant  et  animé.  La  nou- 
veauté ei  le  succès  de  cette  idée  exci- 
tèrenf  l'avidiiéde  quelques  graveurs 
qui'imilerenl  ses  dessins  ,  et  for- 
cèrent I  auteur  à  recourir  au  gou- 
\rTnemeut  pour  arrêter  une  déiiré- 
d;Uiou  ai'.ssi  f  ir.este  pour  lui  qu'elle 
pouvo'l  l'èlre  pour  d'autres  ;  on  dut 
à  ses  plaintes  l'acte  du  parlements'" 
George  11,  cl'ap.  .t8  ,  q\ii  pros- 
Ciivit  cel  abus,  et  qui  fut  calqué 
sur  les  lois  promulguées  sous  la 
reine  Ann>?  en  faveur  des  proprié- 
tés litlé-si^rpR.  Hogarth,  peintre  et 
écrivain  ,  i5u].!ia  ,  à  Loudr^s,  eu 
1755  ,    un   liiàlé  eu  anglais,  inli- 


IIOGE 

lulé  j4nnlyse  de  la  beauté ,  qui  a 
été  traduit  en  allemand  par  Mylius, 
sous  les  yeux  de  l'aulcur,  et  dont  il 
y  a  une  iraduclion  itulieune  impri- 
mée à  Livourne  eu  1761.  L'auteur 
prétend  que  les  formes  arrondies 
constituent  la  beauté  du  corps  : 
principe  vrai  à  certains  égards  , 
faux  à  plusieurs  autres.  Ce  Traité  a 
été  traduiten  français  par  M.  Jensori, 
2  vol.  iu-S"  ,  i8o5.  (  Voyez,  sur 
cet  artiste  ,  le  deuxième  volume  du 
iMercure  de  France,  janvier,  1770.) 
Hogarth  ne  se  rendit  recoinman- 
dable  dans  la  société  que  par  l'origi- 
nalité de  ses  compositions  ;  ayaut 
peu  fréquenté  la  bonne  compagnie, 
il  avoit  conservé  toute  la  rudesse  de 
caractère  d'un  homme  qui  n'a  reçu 
aucune  éducation  ;  la  moindre  cou— 
tradictiou  le  mettoit  en  fureur.  Oa 
rapporte  qu'nu  grand  seigneur  , 
d'une  laideur  peu  commime,  vou- 
lut sefairft  peindre  par  lui,  et  qu'Ho- 
garth  ,  dont  l'inteuliou  u'étoit  point 
de  le  tlalter  ,  rendit  son  portrait  si 
ressemblant  que  le  seigneur  n'eu 
voulut  plus  ,  et  refusa  de  le  payer. 
Le  peintre  s'avisa  d'un  expédient. 
11  écrivit  au  lord  que,  s'il  u'étoit  pas 
payé  dans  trois  jours  ,  il  livreroiï 
sou  tal)leau  à  nu  homme  qui  mou- 
troil  alors  des  animaux  élraugers  , 
et  qui  lui  eu  avoil  offert  un  prix 
avantageux ,  à  laide  de  ce  qu'il  y 
ajouleroil  une  queue  ,  des  oreilles  , 
etc.  La  menace  eut  sou  effet  et  le 
possesseur  du  tableau  le  livra  aux. 
flammes. 

*  HOGÉRBEETS  (Rombout  )  , 
né  d'une  faniiîle'dislinguée  à  Hoorn, 
ville  de  la  Nord  -  Hollande  ,  eu 
i56i  ,  fui  promu  docteur  en  droit 
à  Tuuiversité  de  Leyde  eu  l'iS/). 
Créé  conseiller  pensionnaire  de  cette 
dernière  ville  en  1090,  il  quitta  ce 
poste  en  1096  ,  pour  aller  occuper 
à  l.a  Haye  celui  de  conseiller  or- 
dinaire au  haut  conseil.  En  jGii 
il  fut  nu  des  trois  députés  de  la  ré^ 


HOGE 

publique  auprès  (!e  Christian  IV  , 
roi  de  Daneniarck  et  de  Siicde.  Ea 
1617  ou  le  uoiiuna  uue  seconde  fois 
au  posle  honorable  ou"il  avoil  abdi- 
qué eu  ifigS;  l'aunée  suivante  ilfut 
arrêté  par  ordre  des  élats-geuëraux 
à  La  Haye  ,  et  conduit  en  prison. 
Le  même  sort  frappa  le  même  jour 
(Edenbarnevelt  et  Grolius;  lié  avec 
eux  de  principe  et  d'amitié,  il  dé- 
plut ,  comme  eux  ,  à  l'ambitieux 
stathoiider  Maurice.  (Edenbarnevclt 
paya  de  sa  tète  son  géuéreux  pa- 
triotisme. Hogerbeets  fiitmeuacé  du 
même  supplice.  Rien  u'ébranîa  son 
courage.  Après  la  procédure  la  plus 
irrégulière  ,  caatre  laquelle  il  n'a- 
voit  cessé  de  réclamer,  il  fut  con- 
daumé  ,  le  1.8  mai  161g  ,  à  une 
prison  perpétuelle  ,  et  peu  de  temps 
après ,  confiné  au  château  de  I,o'.i- 
vestaia.  11  y  resta  jusqu'en  1626  , 
toujours  traité  av^ec  uue  extrême 
rigueur.  Il  eut  le  malheur  d'y  perdre 
sa  femme  ,  qui  s'y  étoit  fait  en- 
fermer avec  lui.  Sa  famille  obtint 
alors  q\ielque  adouciisemenl  à  sou 
sort.  Il  fut  transporté  au  château  de 
\Veer,  à  Wassenaar,  village  enlr? 
La  H:iyeet  Leyde  ;  mais  il  y  mourut 
au  bout  de  quelques  semaines  ,  âgé 
de  64  ans.  C'éloil  un  homme  Irbo- 
rieux  ,  savant,  d'une  incorruptible 
probité,  rempli  de  religion,  mais 
enneuii  de  1  intolérance  et  du  faux 
zèle.  11  a  publié  uu  îlecuelt  des  pro- 
cédures qui  avoient  été  à  son  rap- 
port. Il  composa  dans  sa  prison  uue 
Inlroduction  abrégée  à  la  plai- 
doirie usitée  devant  les  cours  de 
justice  de  Hollande.  11  s'est  trouvé 
trop  peu  d'ordre  dans  ses  écrits 
posthumes  pour  qu'on  ait  pu  les 
publier. 

*  HOGERS  (  Gosuin  ou  Théo- 
phile), de  la  province  d'Over-Issel , 
et  (à  ce  qu'il  paroit  )  de  la  ville  de 
Deventer  ,  né  en  i656,  perdit  ses 
pareus  d'une  maladie  pestilentielle  , 
pendant  qu'il  étudioit  à  Leyde  ,  et  il 


HOGE 


471 


eut'  à  pleurer  peu  après  son  frère 
unique  ,  Jean  IloG  l'KS,  théologien  et 
(à  ce  qu'il  paroit)  ministre  du  saint 
Evangile.  Il  voyagea  après  avoir  fini 
ses  éludes,  et  s'arrêta  pendant  plu- 
sieurs mois  à  Caen  ,  où  il  se  plut 
dans  la  société  des  Bochart ,  des 
Huet ,  des  Paulmier  de  Grauterae- 
mil ,  etc.  De  retour  dans  sa  patrie  , 
il  accepta  la  chaire  d'éloquence  et 
d'hiïloire  ,  laissée  vacante  à  Gro- 
ningue  par  Jean-George  Grœvius, 
qui  venoit  d'être  appelé  à  l'univer- 
sité d'Ulrecht.  Il  entra  quelque 
temps  après  dans  la  carrière  de  la 
politique,  et  s'y  montra,  dans  des 
ciiconslauces  difficiles  ,  un  ami  de 
la  liberté  non  moins  courageux 
qu'éclairé.  Il  fut  intimement  lié  avec 
l'illustre  Rabo  Hermau  Schèle  ,  émi- 
nemment signalé  par  le  même  ca- 
ractère. Quoicpi'il  eût  cessé  d'être 
professeur  d'éloquence  ,  il  prononça 
quelques  discours  latins  fortement 
empreints  de  ses  sentûneus  patrio- 
tiques. Dans  la  mémorable  année  de 
1872,  il  fut  député  aux  états-géné- 
raux et  désigné  pour  l'ambassade  de 
France  ;  mais  il  paroit  que  le  chan- 
gement de  circonstances  politiques  , 
survenu  par  le  massacre  des  frères 
Deurtt,  lui  fit  subroger  un  autre 
dans  cette  nomination.  11  rentra  dans 
la  vie  privée  et  mourut  au  sein  de 
son  loisir  littéraire  le  i4  mars  1676. 
On  a  de  lui  un  petit  recueil  de 
poésies  latines  ,  frappées  au  bon 
coin ,  sous  le  titre  de  TJteopliili 
Hogersii  poëniata  juvenilia ,  au- 
quel il  a  réuni  trois  discours  latins 
eu  prose,  savoir,  \° sur  la  tyrannie 
de  Jules  César  ;  2°  sur  la  dé/ense 
de  la  patrie ,  après  la  défaite  de  la 
Hotte  hollandaise  en  i665  ;  3°  sur 
la  glorieuse  paix  que  la  république 
des  provinces  unies  conclut  deux 
ans  après  apec  V Angleterre.  Ce 
petit  volume  in -16  ,  imprimé  à 
Amsterdam ,  chez  Elzevir,  en  1 673  , 
contient  de  plus  \espoésies  latines 
de  Jean  HoGiîBS,  frère  de  Théophile, 


472 


HO  HE 


el  deux  pièces  de  vers  latins  de  P.  D. 
Ilnet,  l'une  sur  la  mort  de  Claude 
Sauinaise,  l'autre  sur  le  voyage  que 
Huei  lit  en  Suède  en  i652  et  non 
en  i6fi3  ,  comme  le  porte  faulive- 
juent  l'inlilulé,  p.  84. 

*  I.  HOGHELANDE  (  Thibaut 
«le),  écrivain  dn  16^  siècle,  né  à 
IMiddelbourg  ,  a  publié  plusieurs 
OuiJiages  suj-  F  alchimie ,  qui  prou- 
vent qu'il  a  donné  dans  Ion  les  les 
rêveries  de  cette  vaine  science  ,  plus 
propre  à  faire  des  charlatans  que  des 
chimistes. 

*1I.  HOGHELANDE  (Corneille 
de) ,  médecin  du  1 7^  siècle  ,  a  donné 
im  ouvrage  intitulé  Cogitaliones  , 
qiiibiis  dci  existenlia  ,  item  animœ 
spiritiialitas  est  possibi/is  ciim  cor- 
pore  unio ,  demonstrantiir  :  nec 
non  brevls  hisioria  œconomiœ  cor- 
poris^nimalis proponitiir ,  ac  me- 
chanicè  explij:atitr ,  Amslelodami, 
1646 ,  in-12. 

HOHENLOHE  -  KÏRCHBERG 

(N...  princft  de  ) ,  ge'néral  d'artillerie 
au  servicedel'e:npereur,  fui  employé 
avec  succès  en  Transilvanie  dans  la 
guerre  faite  aux  Turcs  en  1789.  r,e 
8  octobre  de  cette  année  ,  il  défit 
complètement  un  corps  d'armée  so;is 
les  ordres  do  Cara-Mustapha.  Dès 
l'ouverture  de  la  campagne  contre  la 
France  en  1792  ,  il  se  porta  en  avant 
<le  Trêves,  où  ilfnt  allaqué  diverses 
fois  par  Bournonville  ;  ces  attaques 
et  sa  défense  fure^jt  toutes  à  la  fois 
les  premières  actions  et  les  plus 
brillantes  du  commencement  de  la 
guerre.  Hohenlohe  sign.ila  son  cou- 
rage aux  combats  de  Mont-Ansin  , 
de  Famarse  et  deMormal  ;  il  couvrit 
avec  avantage  le  siège  du  Quesnoy  , 
et  contribua  aux  succès  du  prince 
de  Cobonrg  et  du  général  de  Mo- 
le i.loiff.  Il  mourut  au  mois  d'août 
]7")fi,  comme  il  alloit  commander 
une  armée  sur  le  Rhin.  Sa  perle  fut 
-  vivement  sentie,  et  Us  Français  eux- 


HOLB 

mêmes  l'ont  regardé  com\ne  un  des 
généraux  les  plus  redoutables  qui 
leur  aient  été  opposés  dans  cette 
guerre. 

t  HOLBACH  (Paul  Thiry,  ba- 
ron d'  )  ,  membre  des  académies 
de  Pétersbourg,  de  I\!anheim  et  de 
iierlin  ,  né  dans  le  Palalinat,  mort 
à  Paris  le  21  janvier  1789,  à  66  ans, 
éloit  im  minéralogiste  instruit ,  un 
amateur  éclairé  des  arts  et  un  philo- 
sophe enjoué  ,  bienfaisant  et  socia- 
ble. C'est  ainsi  que  le  peignent  ceux 
qui  ayant  vécu  avec  lui  pendant 
plusieurs  années  ont  dû  le  connoilre 
mieux  que  J.  J.  Fiousseau  qui  le  dé- 
nigre dans  ses  confessions.  Lorsque 
Voltaire  A'iiit  à  Paris  en  1778  ,  il 
alla  au-devant  de  d'Holbach  qu  ou 
lui  auuoncoit ,  et  lui  dit  :  «  Depuis 
long-lemps,  monsieur,  je  vous  con- 
uoissois  de  réputation  ,  et  vous  êtes 
un  des  hommes  dont  j'ai  le  plus  dé- 
siré l'estime  et  famitié.  »  Avec 
beai^ccii!)  de  justesse  d'esprit ,  d'Hol- 
bach eut  une  grande  simplicité  de 
mœurs,  et  madame  Geoffrin  disoit 
de  lui  qu'il  étoit  simplement  simple. 
Limpératrice  de  Russie,  lui  fit  de- 
mander ses  idées  sur  la  législation  , 
et  en  profila.  On  a  de  lui  la  Traduc- 
tion de  divers  ouvrages  allemands 
et  anglais  dont  il  a  éclairci  le  texte 
par  dexcellenlcs  notes.  11  parvint 
amsf  h  hâter  les  progrès  rapides  que 
l'histoire  naturelle  et  la  chimie  ont 
faits  depuis  trente  ans  parmi  nous. 
Il  a  publié  en  outre  ,  1.  L'art  de  la 
Verrerie  de  Néri ,  1762  ,  in,-4°-  H. 
minéralogie  de  Jf'allerius  ,  i755  , 
2  vol.  in-8°.  m.  Introduction  à  la. 
minéralogie  ,  1756,  2  vol.  in-12. 
W.  Chimie  méfallutgique  ,  traduite 
dsGellert,  1708,  2  vol.  in-12.  V. 
■■':''.iiures  métallurgiques  ,  traduites 
d'Orschall,  1760,  in- 12.  VI.  Pjri- 
tologie ,  ou  Histoire  naturelle  de  la 
V  y  ri  te  ,  traduite  de  Henckel ,  1760, 
iu-,:'|°.  Vil.  Essai  d'une  histoire  na- 
turelle des  couches  de  la  terre  ,  Ira- 


HOLB 

diiite  cle  Lehmann  ,  1769  ,  in-  12. 
VllI.  L'art  fies  mines,  traduit  dn 
même  ,  1  709  ,  iu-i  2.  IX.  (F.m  res  cle 
Henckel ,  traduites  de  rallemund  , 
1760,  2  vol.  111-4°.  X.  Traités  de 
p/iysiqi/s  ,  traduils  de  Lelimanu  , 
1-59,  5  vol.  iu-i  2.  XI.  lieciteil  des 
Mémoires  de  chimie  et  d' histoire 
naturelle  des  académies  d'Upsal 
et  de  Stockholm,  traduits  de  l'alle- 
niaud,  1764,  2  vol.  in- 12.  XII.  Les 
Plaisirs  de  l'imagination  ,  poème  , 
traduit  de  l'anglaisdAkenside,  i75r), 
in-8".  XUI.  Uu  grand  nombre  d'ar- 
ticles d'histoire  naturelle ,  de  poli- 
tique et  de  philosophie  dans  la  pre- 
mière Encyclopédie.  XIV.  Elémens 
de  la  morale  universelle  ou  Caté- 
chisme de  ta  nature  ,  1  790 ,  iii-i  2. 
Ce  petit  livre  reraarqualije  par  l'or- 
dre, la  clarté  ,  la  précision,  est  une 
œuvre  posthume.  On  lui  attribue  le 
Système  de  la  nature,  ouvrage  où 
l'alhéisme  esl  mis  en  principe.  Ega- 
lement versédans  la  plupart  des  ma- 
tières sur  lesquelles  il  importe  le  ])his 
à  des  êtres  raisonuables  d'avoir  tnie 
opinion  arrêtée  ,  le  baron  d'Holbach 
porloitdaus  leur  discussion  un  jiige- 
meul  sain  ,  nue  logique  sévère  pt 
nne  analyse  exacte  et  précise.  Ce 
u'i  toit  pas  seulement  un  des  liommes 
qui  avoient  le  plus  de  ventés  dans  la 
tête ,  c'étoit  encore  un  de  ceux  qui  y 
avoient  le  moins  d'erreurs  :  avantage 
très  rare,  même  parmi  les  esprits  de 
son  ordre,  et  qui  le  caractérise  par- 
ticulièrement. Quelque  lYit  l'objei  de 
sesentretiens  avec  ses  amis  ou  même 
avec  des  indilFérens  tels  qu'eu  oRVeut 
plus  ou  moins  toutes  les  sociétés  ,  il 
mspiroit  sans  effort  à  ceux  qui  l'écou- 
toieut  l'enthousiasme  de  l'art  ou  de  la 
science  dont  il  parloit;  et  ou  ne  le 
quiltoit  jamais  sans  regretter  de  n'a- 
voir pas  cultivé  la  branche  particu- 
lière de  connoissances  qui  avoit  l'ail 
le  su|et  de  la  conv'ersalion  ,  sans  d<'- 
sirer  d'êtreplusiustrnit,  j)luséclairé, 
'l  sur-tout  sans  admirer  la  clarté  , 
la  justesse  de  sou  esprit   et  l'ordre 


HOLB  473 

dans  lequel  il  savoit  présenter  ses 
idées.  Peu  rlesavans  ont  été  plus  obli- 
geans  que  le  barou  <!  Holbach.  Il  pré- 
toit facilement  ses  lis  res  ,  et  les  don- 
rioitmême  à  ceux  qui  j)Oiivoienl  s'en 
servir  avec  milité.  «  Je  suis  riche  , 
disoil-il:  mais  je  ne  vois  dans  la  for- 
lune  qu'un  instrument  de  plus  pour 
opérer  le  bien  plus  prouipti  ment  et 
plus  enicacemenl.  »  Quoiqu'il  trou- 
vai dans  son  cœur  la  récompense 
d'une  bonne  action,  il  n'aiuioit  pas 
les  ingrats,  eldisoil  encore:  «  Je  ne 
cours  pas  après  mon  argent;  mais 
un  peu  de  reconnoissauce  me  fuit 
plaisir  ,  quand  ce  ne  seroil  que  pour 
trouver  les  autres  tels  que  je  les  dé- 
sire. »  Il  portoil  dans  la  société  cet 
esprit  d'observation  que  l'habitude 
de  la  médilation  ne  donne  pas  tou- 
jours, mais  qu'elle  rend  plus  sûr  , 
plus  utile,  et  sans  lequel  on  ne  con- 
noit  que  l'homme  abstrait ,  l'hoimné 
idéal ,  mais  non  les  hommes.  11  sa- 
voit qu'il  y  a  un  art  particulier  de 
l'aire  le  bien,  et  sur-tout  de  le  rendre 
d'une  utilité  générale  et  constante. 
L'expérience  et  la  réllexioii  lui 
avoient  appris  que  le  choix  des 
moyens  les  plus  propres  à  opérer 
uuy  grande  révolution  dans  les  idées 
<  I  dans  les  principes  spé(  ulalifs  des 
hommes  n'étoit  point  indifférent,  et 
qu'on  manque  le  but  toutes  les  fois 
qu'on  veut  l'alleindre  avant  que  les 
esprits  soient  préparés.  C'est  co  qui 
lui  hl  dire,  dans  ce  style  familier 
que  la  conversation  permet  ,  à  un 
homme  célèbre  qui  avoit  occupé  une 
phu  e  1res  imporlante,  mais  que  l'in- 
llexible  droiture  de  son  caractère 
avoit  souvent  empèclié  de  se  plier 
aux  circonstances  dont  l'empire  est 
si  absolu  ,  si  irrésistible  :  «  Vous 
étiez  un  excellent  voilurier  ,  et  vous 
meniez  très  bien  votre  charrette  ; 
mais  vous  aviez  oublié  la  petite 
boite  de  sain-doux  pour  graisser  les 
essieux,  w 

KOLBEIN  (Jean  ) ,  peintre,  né  à 


4^4  HOLB 

Bille  eu  1498,  morl  de  la  pesle  à 
Londres  eu  1 554  .  ^  ^^  'ins ,  mania  , 
avec  une  égale  facililé,  le  burin  et 
le  pinceau.  Erasme,  son  ami,  l'en- 
voya eu  Angleterre  au  chancelier 
Morus,  qui  le  présenta  à  Henri  VIIL 
Morus,  ayant  un  jour  invité  ce  prince 
à  un  festin  ,  exposa  à  ses  yeux  les 
chefs-d'œuvre  du  peintre,  en  le 
})riant  de  les  accepter.  Henri ,  char- 
mé des  talens  ei  de  l'artiste,  demanda 
s'il  ne  seroit  pas  possible  d'avoir 
Hoibein  a  son  service.  Morus  alors 
le  fit  appeler  pour  faire  sa  révérence 
au  roi,  qui  ,  en  le  uomraant  son 
peintre  ,  dit  à  Morus  :  «  J3  vous 
laisse  avec  plaisir  les  présens  que 
vous  vouliez  me  l'aire,  puisque  vous 
m'en  cédez  l'auteur.  »  Ce  morîarque 
le  fixa  près  de  lui  par  sa  protection 
et  par  ses  bienfaits.  Hoibein  lui  de- 
vint si  clier^  qu'ayant  osé  repousser 
rudement  un  comte  qui  vonloit  en- 
trer dans  son  cabinet  contre  l'ordre 
du  roi,  et  le  comte  s'en  plaignant  , 
le  roi  lui  répondit  «  qu'il  seroit 
plus  facile  de  faire  sept  comtes  de 
sept  paysans  ,  qu'un  seul  Hoibein 
d'autant  de  comtes,  w  (  Voyez  Dir- 
KER.  )  Ce  maitre  avoit  un  bon  goût 
de  peinture  ,  qui  n'avoit  rien  des  dé- 
fauts du  goût  allemand.  Ou  remar- 
que beaucoup  de  vérité  dans  ses  por- 
traits, une  imagination  vive  et  élevée 
dans  ses  compositions  ,  un  beau  fini 
dans  l'exécution  :  sou  coloris  est  vi- 
goureux, ses  carnations  sont  vives, 
et  ses  figures  out  nu  relief  qui  séduit 
agréablement  les  yeux.  On  lui  re- 
proche d'avoir  fort  mal  jeté  ses  dra- 
peries. Holbeiu  Iravailloit ,  avec  un 
l'gal  succès  ,  en  miniature  ,  à  goua- 
clie  ,  en  détrempe  et  à  l'huile.  Il  pei- 
gnoit  de  la  main  gauche.  Il  atteignit 
presque  la  perfection  de  son  art 
dans  les  premiers  ouvrages  qu'il 
produisit.  On  rapporte  que  s'élaut 
arrêté  à  Strasbour;^  lorsqu'il  alloit  en 
Angleterre  ,  il  s'y  adressa  à  un  pein- 
tre renommé  pour  lui  dcmaufîer  de 
l'euvrage  ,  ce  qiu   lui  fut  accords 


HOLB 

sous  la  condition  qu'il  donneroit  un 
échantillon  de  son  talent.  Hoibein 
acheva  en  l'absence  du  maitre  avec 
tout  le  sdin  possible  un  morceau  de 
peinture,  peignit  daus  un  coin  une 
mouche  et  sans  dire  mol  à  personne 
continua  son  voyage.  La  beauté  de 
ce  moiceau  étonna  le  maître  à  son 
retour;  il  devina  l'auteur  et  admira 
la  mouche^  qu'au  premier  coup-dVeiI 
ii  avoit  voulu  chasser.  Il  fit  à  Baie 
une  Danse  de  Paysans  dans  le 
marclu'aux  poissons,  et  sur  les  murs 
du  cimetière  de  Saint-Pierre  de  Bàle 
la  Danse  des  inorls  ,  qui  attaque 
toutes  lescoudilionsde  la  vie.  Rubens 
faisoit  un  cas  particulier  de  ce  der- 
nier morceau,  traité  avec  une  sorte 
d'enthousiasme.  La  description  en 
a  été  publiée  à  Eale  ,  1 744  >  '11-4°  » 
figures.  Ou  en  a  une  première  édi- 
tion ,  Paris  ,  i486  ,  in-folio.  On 
vante  ses  portraits  de  l'empereur 
Charles  V ,  de  Froben  ,  d'Erasme  ,  et 
de  Hoibein  lui-même.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont  à  Bàle  et  à 
Londres.  La  galerie  du  Musée  Napo- 
léon possède  quelques  tableaux  de 
ce  maitre.  On  peut  en  voir  la  liste 
daus  VéùiViQnAeV Encomium  Morice 
d'Erasme,  avec  les  commentaires  de 
Listrius.  Ou  y  trouve  aussi  sa  Vie  ; 
c'est  celle  d'un  prodigue  et  d'un  dé- 
bauclié.  Erasme ,  qui  avoit  beaucoup 
d'amitié  pour  lui,  avoit  vainement 
cherché  à  l'éloigner  du  désordre  dans 
lequel  ii  vivoil  :  il  lui  avoit  adressé 
uu  exemplaire  de  son  Éloge  de  la 
folie  ;  Hoibein,  enchanté  des  portraits 
qu'avoit  faits  Erasme  des  différeus 
genres  de  folie ,  entreprit  de  les  re- 
présenter dans  les  dessins  qu'il  traça 
sur  cet  exemplaire  et  le  rendit  à 
Erasme.  Celui  -  ci  le  lui  renvoya 
après  avoir  écrit  le  nom  de  Hans 
Hoibein  au-dessous  d'un  sujet  dans 
lequel  le  peintre  avoit  dessiné  un 
gros  Hollandais  embrassant  d'une 
main  sa  bouteille  et  de  l'autre  sa 
maiiresse.  11oll)ein  avoit  tant  de  fa- 
cililé ,  que ,  n'ayant  pu  répoudre  ai* 


HOLB 

tliancelier  Moriis  qui  lui  dcmandoit 
le  iioiii  cluii  seigneur  anglais  qui 
a  voit  quelques  aimées  aui»aiavaut 
cherclié  à  l'engager  à  se  rendre  en 
Angleterre  ,  il  ébaucha  son  por- 
t/ait au  crayon  avec  tant  de  vérité 
que  le  chancelier  le  reconnut  sur-le- 
champ. 

i  HOLBERG  (Louis,  baron  de), 
né  eti  iG84à  Bergen  en  Norwège  , 
d'une  famille  noble,  mais  pauvre  , 
obligé  d'abord  de  faire  le  métier  de 
précepteur,  parcourut  ensuite  la  Hol- 
lande ,  la  France  ,  l'Italie  et  l'Angle- 
terre, et  recueillit  des  counoissauces 
en  tout  genre.  De  retour  à  Copen- 
hague ,  il  dev mt  assesseur  du  con- 
sistoire. Cette  place  le  mit  en  état  de 
travailler  suivant  son  goût.  On  le 
vit  tour  à  tour  poète  satirique  ,  co- 
mique, historien,  moraliste.  En  17212 
il  n'y  avoit  pas  encore  de  théâtre  eu 
Danemarck  ;  Holberg  se  présenta 
pour  faire  des  pièces  danoises  ,  et  en 
donna  jusqu'à  sept  volumes.  Un  vo- 
lume de  ses  Comédies  3i  été  traduit 
en  français  par  *G.  Fursman ,  Co- 
penhague, 1746;  in-8";  et  n'a  pas 
été  lu  avec  beaucoup  d'empressement 
parce  que  les  plaisanteries  ne  sont 
point  assez  hues  ,  et  que  les  sujets  en 
sont  peu  intéressans.  Ce  volume  ren- 
ferme quatre  pièces,  parmi  lesquelles 
on  peut  citer  Henri  et  Pernillc  , 
qui  probablement  a  servi  de  modèle 
à  Marivaux  pour  sa  comédie  des 
Jeux  de  l'Amour  et  du  Hasard. 
Nous  ne  considérerons  Holberg  ici 
que  comme  historien  et  moraliste. 
Son  Histoire  de  jyaneniarck ,  en  3 
vol.  in-4",  est  la  meilleure  qu'où  ail 
donnée  ,  quoique  pleine  de  faits  mi- 
nutieux et  dénuée  d'agrément.  Com- 
me moraliste  ,  il  est  connu  par  deux 
volumes  ,  intitulés  Pensées Mora/cs , 
où  ,  parmi  un  grand  nombre  «le  pa- 
radoxes et  de  trivialités  ,  on  ren- 
contre quelques  rétlexions  justes,  et 
rendues  d'une  manière  neuve  et  pi- 
^uuiite  :  «  L'avarice,  dit-il_,  est  sem- 


HOLD 


475 


blable  à  lattraciion  générale  décou- 
verte par  Newton  :  l'or  attire  les 
avares  eu  raison  de  sa  masse.  »  Elles 
ont  été  traduites  en  notre  langue 
par  Desroches,  17114,  2  vol.  iu-12. 
On  lui  attribue  encore  l'ouvrage  in- 
titulé lier  sublerraneuni,  de  Kli- 
nius ,  roman  satirique  dans  le  goût 
du  voyage  de  Gulliver  ,  qui  a  paru 
sous  le  nom  supposé  de  Nicolas  Kli- 
nius.  Holberg  mourut  à  Copenhague 
le  27  janvier  i7.'J4  >  laissant  des  ri- 
chesses considérables  ,  que  ses  ou- 
vrages, sa  place  d'assesseur  ,  et  son 
économie  lui  a  voient  procurées. 
Comme  il  devoit  presque  tout  aux 
lettres  ,  il  voulut  leur  rendre  la  plus 
grande  partie  de  son  bien.  Il  donna 
soixante-dix  mille  écus  à  l'académie 
de  Zéiande  ,  fondée  pour  réducatiou 
de  la  jeune  noblesse,  et  ce  don  lui 
valut  le  titre  de  baron.  11  laissa  aussi 
un  fonds  de  seize  mille  écus  pourhs 
dots  de  quelques  jeunes  demoiselles 
choisies  dans  les  familles  bourgeoises 
de  Copenhague. 

HOLCOLT  oz/Hoi.kot( Robert), 
dominicain  ,  natif  de  Northainp- 
tou,  mort  en  1049,  a  donné  un 
Ca/nmentalre  sur  le  maitre  des  sen- 
tences, 1497  ,  in-folio. 

HOLD  A,  femme  de  Sellura  , 
prophélesse  à  Jérusalem.  Consultée 
par  le  roi  Josias  sur  le  Livre  de 
la  loi  ,  trouvé  dans  le  trésor  du 
temple,  eu  travaillant  aux  répara- 
tions de  cet  édifice ,  elle  annonça  aux 
envoyés  du  roi  tous  les  maux  que  la 
colère  de  Dieu  alloit  faire  fondre  sur 
le  peuple  ;  mais  elle  ajouta  que ,  puis- 
que Josias  setoil  humilié  devant  le 
Seigneur,  ces  maux  n'arriveroient 
point  sous  son  règne. 

t  HOLDEN  (  Henri  ) ,  théologien 
anglais,  quitta  sa  patrie  pour  cause 
de  religion,  et  vml  se  retirer  dans 
le  collège  des  Anglais  à  D(Uiay  ,  où 
il  demeura  près  de  ciucj  aus,  sous 
le  nom  tle  Johnson;  il  vml  ensuite 


4'-6  lïOLD 

recevoir  le  bonnet  de  docleur  à  Pa- 
ris, et  y  fut  assassiné  chez  lui  vers 
i665.  C'étoit  un  liomme  Irès-éru- 
dit.  On  a  de  lui,  I.  jJivinœ  Jide'i 
ana/jsis  ,  Cologne  ,  i655.  Ce  pe- 
tit ouvrage  ,  réimprimé  par  Barbou 
en  1766  ,  comprend  toute  l'écono- 
mie de  la  religion,  les  principes  et 
les  motifs  de  la  foi,  et  l'application 
tle  ces  principes  aux  questions  de 
coulro verse.  Ce  théologien  raison- 
noit  plus  qu'il  ne  couipiloit.  Ses 
définitions  et  ses  divisions  sont  net- 
tes, exactes,  précises,  et  n'ont  rien 
de  la  barbarie  scolastique.  II.  Des 
Notes  marginales,  très -claires, 
quoiqu'un  peu  courtes,  sur  le  nou- 
veau Testament.  Il  les  publia  eu 
jGdo,  2  vol.  in-i2. 

*  HOLDER  (William),  de  la 
société  royyîe  de  Londres,  et  sous- 
aumônier  de  sa  majesté  ,  né  dans 
le  comté  de  Nottingbam  ,  s'ac- 
quit beaucoup  de  céléljnté  en  ap- 
prenant à  parler  au  fils  du  colonel 
Popbam,  qui  étoit  sourd  et  muet 
de  naissance;  entreprise  dont  le  suc- 
cès étoit  jusqii'alors  sans  exemple. 
Holder  opéra  celte  cure  dans  sa 
maison  de  Blecliiugdon  en  i65g; 
mais  le  jeune  Popliam  ayant  été 
rappelé  chez  son  père  ,  et  ayant  ou- 
blié ce  qu'il  avoit  appris  de  Holder  , 
fut  envoyé  au  docteur  Wallis ,  qui 
lui  rendit  l'usage  de  la  parole.  Hol- 
der publia  sur  ce  sujet  un  ouvrage 
intitulé  les  F.léinens  de  la  parole  , 
Essai  sur  la  J'ormation  des  lettres , 
suipi  d'un  Jppciidix  sur  les  sourds 
lit  muets,  1669,  in-8°.  Il  y  expose 
les  moyens  qu'il  a  employés  pour 
apprendre  à  parler  au  jeune  Po- 
piiam.  En  1678  il  fit  paroîlre  un 
Supplénient  aux  Transactions phi- 
lusup /tiques  de  ju'.llet  1670,  avec 
des  Réflexions  sur  la  lettre  du  doc- 
teur Wallis ,  qui  y  avoit  été  insérée. 
Cet  écrit  avoit  pour  objet  de  reven- 
diquer l'honneur  d'avoir  instruit  à 
parler  son  jeune  élève,  que  le  doc- 


HOLE 

tenr  Wallis  avoit  voulu  s'attribuer. 
Holder  a  donné  un  Traité  sur  les 
fondemens  naturels  et  les  principes 
de  r hannonie ,  1694»  in-S"  ;  un 
Discours  sur  le  temps,  considéré 
par  rapport  au  jour  naturel,  au 
mois  lunaire  et  à  l'année  solaire. 
11  mourut  en  1696. 

*  HOLDSWORTH  (Edouard), 
né  eu  1688,  mort  en  174?  ,  n'ayant 
pas  voulu  prêter  le  serment  qu'exi- 
geoit  le  nouveau  gouvernement , 
s'employa  à  accompagner,  en  qua- 
lité de  gouverneur ,  les  jeunes  gen- 
tilshommes que  leurs  parens  fai- 
soient  voyager  sur  le  continent.  11 
fit,  en  cette  qualité,  le  voyage  de 
Rome  en  1741  et  1744'  On  ^  de  lui 
un  poème  latin  intitulé  la  Souri- 
cière ,  qu'on  regarde  comme  un  chef- 
d'œuvre  dans  son  genre,  et  dont 
le  docteur  John  Hoadiy  a  donné  une 
excellente  traduction  anglaise  dans 
le  tome  V  des  Mélanges  de  Dodsley. 
II.  Une  Dissertation  sur  les  deux 
VkHippes  des  Géorgiques  de  Vir- 
gile,  1741,  in-4*  111-  Remarques 
et  Dissertations  sur  Virgile ,  pu- 
bliées avec  des  notes  par  Spence 
en  1768  ,  in-4°.  Au  rapport  de  sou 
éditeur  ,  Holdsworlh  est  l'un  des 
écrivains  modernes  qui  a  le  mieux 
entendu  Virgile. 

*  HOLE  (Richard),  théologien 
anglais,  né  à  Exeter,.mort  à  Ex- 
mof.th  en  i8o5,  élève  d'Exeter  et 
du  collège  de  ce  nom  à  Oxford ,  où 
il  prit,  en  1771,  le  baccalauréat  en 
droit.  En  1792,  l'évèque  d'Exeter 
le  nomma  recteur  de  Farringdon , 
au  coujté  de  Devon.  Il  fut  ensuite 
vicaire  de  Inwardleigh.  Hole  a  pu- 
blié un  très-grand  nombre  d'ou- 
vrages, entre  autres  mie  Traduc- 
tion poétique  du  Fingal  d'Ossian  , 
à  laquelle  il  a  joint  une  Ode  à  l'Ima- 
gination. Eu    1781,    il  publia  une 

Traduction  de  l'Hvmne  supposée 
d'Homère  ù  Cérès.  jPeu  après  parut 


HOLl 

le  Roman  épique  d'Arthur,  avec 
des  noies  ciiiieiiscs.  11  a  p:ihlie  en- 
core des  P^eniarqucs  sur  les  iMiile  et 
une  Niiils,  dans  lesquelles  il  donne 
l'origine  des  voyages  de  Sinbad  ,  el 
d'autres  Hclions  orienlales,  1797  , 
in-i  12.  On  trouve  plusieurs  C.les  de 
lui  dans  le  Kecueii  de  poésies  des 
auteurs  du  Devonshire  el  du  Cor- 
nouailles,  2  volumes;  et  ei^lin ,  les 
Essais  de  la  société  d'Exeler ,  eu 
179G,  doivent  beaucoup  à  sa  plume 
élégante. 

*  HOLINSHED  (  Raphaël  ) ,  his- 
torien anglais, fameux  par  les  Chro- 
niques qui  portent  son  nom.  On  ne 
connoit  ni  le  lieu  de  sa  naissance, 
ni  aucune  des  circonstances  de  sa 
vie.  Ses  Chroniques  parurent  en 
1077,  en  2  v.  in-fol.  ,el furent  réim- 
primées en  1587,  en  3  vol.,  dont 
les  deux  premiers  sont  communé- 
ment reliés  en  ini  seul.  On  a  sup- 
primé, dans  le  second  el  le  troi- 
sième volume  de  celte  seconde  édi- 
tion ,  quelques  passagf^s  qui  pou- 
voient  offenser  la  reme  Elizaljelh 
et  son  ministère,  mais  ils  ont  été 
réimprimés  à  part,  lloliushed  n'est 
pas  le  seul  auteur  de  celle  vaste  col- 
lection ,  il  eut  plusieurs  collabora- 
teurs. Le  premier  volume  com- 
mence par  une  Description  histo- 
rique de  rile  de  Bretagne,  par  Will 
llarrison  ,  suivie  d'une  Histoire 
d'Angleterre,  depuis  qu'elle  fut  ha- 
bitée, jusqu'au  temps  où  elle  a  été 
conquise  ,  par  lloliushed.  —  Le  se- 
cond contient  la  Description  et  l'His- 
loire  du  royaume  d'Irlande,  parRi- 
char  Slanduirst:  la  conquête  d'Ir- 
lande,  traduite  du  latin  de  Giraldus 
Camhrensis  par  John  Hooker  ;  la 
Chronique  d  Irlande,  faisant  la  con- 
tinualiou  de  celle  de  Giraldus  jus- 
qu'à l'an  L^nq,  par  P.  Flalsburie  , 
Henri  de  Mnrlel)orow ,  Eeluiund 
Campian,  et  R.  llolinshed,  et  de- 
puis cette  époque  inscpi'en  ifiSG, 
^)ai-  R,  Suaihursl  el  J.  Hooker  :  la 


HOLL  477 

Description  d'Ecosse ,  traduite  du 
latin  d'Hector  lioéthius;  l'Histoire 
d'Ecosse  jusqu'en  i.T7ij  par  llo- 
linshed, continuée  jusqu'en  i586 
par  Francis  BoUeville.  —  Le  Iroi- 
sièiiie  volume  commence  à  Guil- 
laume-le- Conquérant ,  et  coutieut 
les  rois  et  reines  d'Angleterre  de- 
puis telle  éjioque  jusqu'en  1677, 
par  llolinshed  ;  la  conUuutaion,  jus- 
qu'en i586,  est  de  John  Slow,  Fr. 
Thin,  Abraham  Fleming  ,  et  d'au- 
tres. Ou  conjecture  ,  d'après  Tho- 
mas Héarne  ,  qu'Holinshed  est  mort 
de  1678  à  iSSa. 

HOLKER  (  Jean  ) ,  d'abord  raa- 
nufaclurier  de  Manchester,  ensuite 
officier  des  troup'S  irlandaises  en 
France  ,  obtint  la  croix  de  Saint- 
Louis,  établit  à  Rouen  des  manu- 
factures de  coton  et  de  laine  dans 
le  genre  de  celles  de  Manchester  ; 
service  qui  lui  mérita  la  ])lace  d'ins- 
pecteur-général des  maniifaclures.de 
France  ,  et  mourut  à  Rouen  en  avril 
1786. 

HOLL  (  François -Xavier  ) ,  je'- 
suile,  né  à  Schwaudorf,  dans  le 
Haut-Palalinal ,  après  avoir  ensei- 
gné les  belles-lettres,  se  consacra 
entièrement  à  l'étude  du  droit  ecclé- 
siastique de  l'Allemagne,  et  fut  pro- 
ièsseur  pendant  vingt-six  ans  dans 
les  plus  célèbres  universités  de  l'em- 
pire. Il  mourut  à  Heidelherg  le  6 
mars  178  j,  à  64  ans.  On  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages,  entre  autres, 
Stafi.siica  Ecclesice  gei/nanicœ  , 
Heidelherg,  1779,  111-8°  ,  plein  de 
reclierches  sur  la  discipline  ancienne 
et  moderne  de  l'Eglise,  sur  ses  usa- 
ges et  ses  lois ,  avec  des  o!>servalions 
utiles  el  inléressanles.  11  éloit  oc- 
cupé à  mettre  en  ordre  les  maté- 
riaux pour  le  second  volume,  lors- 
que la  mort  l'enleva. 

*  HOLL  AND  (Philémon), 
médecin  anglais,  né  vers  lâ.'ii  à 
Cheluilord,  luorl  eu    iG.iG,   élevé 


47B  HOLL 

sous  la  conduite  du  doclçur  "Wlùt- 
gitl,  à  Cauibridge  ,  oA  il  fut  reçu 
docteur  en  médecine,  s'établit  à  Co- 
ventry,  et  y  tint  une  école  libre; 
en  mèuie  temps  il  pratiqiioit  la  mé- 
decine, liollancl  a  donné  un  grand 
nombre  de  Tiadurtions,  dans  les- 
quelles oii  distingue  celles  de  Tile- 
Live,  d'j  Pline  le  naturaliste,  de  la 
Cyropédie  de  Xéuophon  ,  et  du  Bri- 
tannia  de  Cambden. 

*  HOLLAR  (Wenceslas),  né 
à  Prague  esi  1607  ,  grava  avec  suc- 
cès en  plusieurs  genres,  et  excella 
particuliereiaenl  dans  les  paysages  , 
les  animaux  et  les  vues  de  villes. 
Il  a  voit  commencé  à  se  faire  coti- 
noitre  avantageusement  en  Alle- 
magne, lorsque  le  comte  d'Aruudel, 
nommé  ambassadeur  auprès  de  l'eni- 
perciir  Ferdinand  II,  se  l'attacha  et 
l'emmena  eu  Angleterre  à  son  retour. 
Hollar  y  fut  accueilli  et  constam- 
ment occupé  ;  mais  tout  entier  à 
son  art,  il  ne  relira  pas  ce  ses  ta- 
lens  et  de  sou  assiduité  tout  le  fruit 
qu'il  en  auroit  pu  attendre,  s'il  eût 
été  plus  attentif  à  la  conduite  de  ses 
intérêts.  On  cite  de  lui ,  dans  l'im- 
mense collection  des  pièces  qui  com- 
posent son  œuvre  ^  une  suite  de  28 
planches  ,  intitulées  Ornatus  mulie- 
bris  aiigUcaniis  ,  où  sont  représen- 
tés les  habillemens  des  femmes  an- 
glaises de  toutes  les  conditions.  Il 
fut  envoyé  par  la  cour  de  Londres 
à  Tanger,  pour  lever  sur  les  lieux 
le  dessin  des  villes  et  des  paysages 
adjacens  ,  et  chargé  ensuite  de  la 
même  commission  dans  le  nord  de 
l'Angleterre.  11  mourut  à  Lonlres, 
chargé  de  dettes,  le  28  mars  1677. 

*  HOJXEBECK  (  Ewald  ) ,  pro- 
fesseur de  théologie  à  l'université 
de  r.i^yde ,  où  il  est  mort  le  24  oc- 
toljre  J796,  réunissoii  à  beaucoup 
de  science  de  la  modestie  ,  de  la 
modération  et  de  la  sagesse  ,  et  il 
semble  s'être  peiul  Jiu-mème  dgus 


HOLL 

sa  harangue  J)e  f/teologo  non  pcrè 
ortliudoxo  nisi  verè  pio.  Il  lit  faire 
en  Hollande  \\\\  grand  pas  à  l'élo- 
quence sacrée  ,  eu  s'élevant  contre 
le  mauvais  genre  de  prédication 
qui  y  étoit  en  vogue  de  son  temps  , 
et  qui  s'y  étoit  maintenu  depuis  la 
réforination.  Il  fit  soutenir  à  cet 
effet  des  thèses  en  faveur  de  la  mé- 
thode anglaise  de  prêcher. 

HOLLÉRIUS.  Voy.  Houllier. 

*  HOLLERUS  (Biaise),  médecin  , 
né  à  Weimar  dans  la  Thuiinge, 
Horissoit  dans  le  16''  siècle.  On  a 
de  lui  les  ouvrages  suivans  :  I.  JT/o/- 
hoium  curandoriim  ,  ex  Gale.nl 
prœcipuè  sentenlid ,  breuis  institu- 
tio  ,  utilis  medicis  et  chirurgis , 
Basilese  ,  i.t'ïG,  in-8°.  II.  In  jusjii- 
raiidum  Hippocratis  comnienta- 
rius  ,  ibid.  ,  i.^fiS,  in-S".  III.  In 
Hippocratis  librum  de  naturâ  ho- 
rninis  comnientarius ,  Argentorati, 
iS.f^S,  in-8°. 

*  I.  HOT.LES  (Thomas  Pki ham), 
duc  de  Newcastle,  né  en  1698, 
mort  en  1768,  succéda  à  sou  père 
dans  la  baronnie  de  Pelham ,  et  à 
son  oncle  Jean  HoUes,  dans  le  duché 
de  Newcastle.  Défenseur  zélé  de  la 
maison  de  Hanovre  ,  il  obtint  ,  en 
récompense  de  ses  services,  plu- 
sieurs places  honorables.  Peu  après 
l'avènement  du  roi  actuel  au  trône, 
il  donna  la  démission  de  ses  places, 
et  lord  Bute  lui  succéda. 

*  II.  HOLLES  (Denzil,  lord  )  , 
un  des  cinq  membres  du  long  parle- 
nient  que  le  roi  Charles  demanda 
quand  il  vint  à  la  chambre  des 
communes,  naquit  en  j  597,  et  mou- 
rut en  i()8o.  Holles,  d^ine  austère 
sévérité  ,  se  montra  toujours  à  la  tête 
du  parti  presbytérien,  en  opposition 
•"'  Cromwel  et  aux  indépendans.  A 
la  restauration,  il  fui  nommé  pair 
d'Angleterre. 


HOLL 

*  HOLLÎNG  (  Edmoud  ) ,  origi- 
naire du  duché  de  Bavière,  prit  le 
bounet  de  docteur  eu  me'decine  à 
lugolsladt  ,  où  il  exerça  sa  proies- 
sioii:  il  a  douué  plusieurs  ouvrages. 
I.  JJe  chylosi ,  lioc  est  ,  prima 
ciborum  ,  quœ  in  ventricuh  fit , 
concocliorte,pro  uetcri  mcdicojum 
scholâ  ,  clisputatio  ,  Ingolstadii , 
1692,  iu-8".  II.  Medicamenlorum 
CEcuiiomia  nova,  ibid.  ,  1610, 
1610,  iu-S". 

t  HOLLTS  (  Thomas  )  ,  genlil- 
homnie  anglais ,  lié  à  Londres  en 
1720  ,  et  dont  les  mémoires  ,  impri- 
més avec  un  très-grand  luxe  eu  1 780, 
eu  2  vol.  in -4",  ont  été  enrichis 
d'un  très-grand  nombre  de  gravures 
de  la  main  des  artistes  les  plus  dis- 
tingués. Possesseur  d'une  grande 
fortune,  ami  de  l'indépendance,  il 
se  distingua  par  la  singularité  de 
sou  caractère  et  par  un  amour  ar- 
dent de  la  liberté.  De  retour  à 
Londres  de  ses  voyages ,  dans  pres- 
que toute  l'étendue  du  continent , 
il  ne  voulut  occuper  aucune  place. 
Tout  entier  à  ses  idées,  il  rassembla 
une  grande  collection  de  médailles 
et  de  livres,  dans  l'intention,  di- 
8oit-il ,  de  propager  l'amour  de  la 
liberté,  de  conserver  la  mémoire 
de  ses  défenseurs  ,  de  rendre  odieuse 
la  tyrannie  et  ceux  qui  la  soutien- 
nent, d'encourager  les  arts  et  les 
sciences.  Il  lit  don  à  la  bibliothèque 
de  lierue  d'une  suite  de  livres  choi- 
sis ,  qu'il  lui  lit  présenter  de  la  part 
d'un  Anonyme  anglais ,  passionné 
pour  la  libellé ,  pour  son  pays 
et  son  excellente  constitution ,  telle 
qu'elle  a  été  établie  depuis  l'Iieu- 
reuse  révolution.  La  Suisse  ,  Ge- 
nève ,  Venise,  Leyde,  la  Suède  et 
la  Russie  eurent  part  à  ses  fa- 
veurs ,  ainsi  que  le  collège  de 
Harvard.  Ses  libéralités  envers  quel- 
ques individus  et  quelques  sociétés 
publiques  furent  nombreuses ,  et 
sout  consignées  dans  ses  Mémoires. 


lïOLM  479 

Il  mourut  d'apoplexie  en  1774'  Si 
cet  homme  singidier  eut  des  parens, 
on  put  voir  que  ses  afreclions  pri- 
vées n'avoient  ])as  sur  lui  le  uiOme 
empire  que  son  zèle  palrioque  ;  il 
laissa  sa  fortune  toute  entière  à  uu 
ami  qui  partageoit  ses  opinions  et 
sou  enthousiasme.  Il  lit  présent  au 
collège  deSiduey  à  Cambridge  d'un 
portrait  original  de  Cromwel ,  qui' 
y  avoit  été  élevé.  Un  jour  le  feu 
ayant  pris  à  sa  maison  ,  il  en  sortit 
fort  tranquillement  ,  n'emportant 
avec  lui  que  le  portrait  original 
de  ]\Iiltou.  Il  fit  imprimer  à  ses 
frais  et  sous  sa  direction  une  édi- 
tion de  la  vie  de  cet  apôtre  de  l'in- 
dépendance  ,  par  Toland  ,  en  1761. 
Deux  ans  après,  il  donna  une  édi- 
tion très-soiguée  des  Discours  de 
Sidney  sur  le  gouvernement ,  et 
n'épargna  aucunes  dépenses  pour 
ces  deux  entreprises.  Dans  la  vue 
de  conserver  la  mémoire  des  héros 
que  leur  patriotisme  lui  reudoit 
chers ,  il  changea  le  nom  des  fermes  et 
des  domaines  qu'il  possédoit,  pour 
y  substituer  le  leur  ;  et  pour  le  der- 
nier trait  de  singularité  que  nous 
citerons  de  lui,  il  voulut  être  en- 
terré dans  uu  champ  voisin  de  son 
habitatiou ,  à  dix  pieds  de  profon- 
deur ,  et  ordonna  de  labourer  le 
terrain  aussitôt,  afin  qu'il  ne  restât 
aucune  trace  du  lieu  de  sou  inliu- 
mation.  Il  ne  s'offensoit  point  lors- 
qu'on lui  reprochoit  sa  singularité; 
il  paroissoit  en  être  tlatté  ,  et ,  loin 
de  s'en  plaindre,  il  avouoit  qu'il 
l'alTectoit  dans  le  dessein  de  se  fair» 
une  réputation  qui  put  éloigner  ceux 
qui  contiarieroient  ses  idées. 

*  I.  HOLMES  (  George  ) ,  né  à 
Skiplon  dans  le  comté  d'Yorck , 
mort  en  1748  à  l'âge  de  87  ans, 
fut  chargé  en  1707  de  la  garde  des 
archives  de  la  tour  de  Londres.  Ou 
doit  à  ses  soins  la  réimpression  en 
1727  des  17  volumes  de  Jiymeri 
Fœdera ,  doul  la  précédente  édi- 


48o 


HOLO 


tiou  étoit  devenue  très- rare.   Voy. 
Rymer. 

*  II.  HOLMES  (le  docleiir  Na- 
thaniel  ) ,  ihéologiea  non  -  confor- 
niisle,  très  -  versé  dans  la  laugiie 
hébraïque,  mort  en  1678,  t'iil  dé- 
possédé de  la  dire  de  Saiule- Ma- 
rie-Staining  à  Londres,  pour  uou- 
couformllé.  Entre  les  autres  ou- 
vrages de  Holmes  ,  on  distingue  nu 
livre  intitulé  La  Résurrection  ré- 
vélée ,  iii-ful. ,  1654  ,  écrit  eu  faveur 
du  Niltenium. 

*  m.  HOLMES  (Robert),  sa- 
vant ihéolegieu,  né  au  comté  de 
Hamps ,  mort  en  1806,  élevé  de 
l'école  de  Winchester,  et  ensuite 
du  nouveau  collège  à  Oxford ,  \)n 
il  fut  reçu  docle\ir  en  1786  ,  lut 
nommé  en  1790  professeur  de 
poésie  ,  et  composa  ui;e  ode  pour 
célébrer  l'iiislallation  du  duc  de 
Porlland  à  la  place  de  chancelier  de 
l'université.  En  1791')  Holmes  en- 
treprit de  comparer  tous  les  manus- 
crits de  la  P^ersion  des  iieptanle 
de  l'ancien  Testament ,  et  il  donna 
5  vol.  iu-fol.  de  ce  travail  ;  il  fut 
nommé  chanoine  des  églises  deSa- 
lisbury  et  du  Christ,  et  doyen  de 
Winchester.  Les  autres  ouvrages  du 
docteur  Holmes  sont,  1.  Discours 
sur  la  résurrection  des  morts,  in- 
4°.  II.  Les  Conjérences  de  Bernp- 
ton,  in-8°,  1782.  lll.  Des  Traités 
de  théologie,  in-8°.  IV.  Une  Or/e 
intitulée  ^///Àer/,  avec  six  Sonnets, 
in-q".  Une  Lettre,  eu  latin  adressée 
à  l'évéque  Barrington  ,  sur  la  con- 
cordance des  Scjilante ,  in-fol.,et 
la  Prophétie  de  Daniel  sur  Théo- 
dore ,  iu-4°. 

HOLOPIIERNE ,  général  des  ar- 
mées de  Nabncliodonosor  ,  roi  d'As- 
syrie ,  marcha  avec  une  armée  de 
120,000  hommes  d'infanlerie  ,  et 
1  2,000  de  cavalerie,  contre  les  Is- 
maélites ,  les    IMadiauiles  ,  et    les 


HOLS 

autres  peuples  circouvoisins.  Après 
les  avoir  réduits  par  la    terreur  de 
son  nom  ,  et  la  force  de  ses  armes  , 
il  se  tlisposa  à  attaquer    Béthulie  , 
vers  l'an  &54  avant  J.  C.  (  Voyez 
AcHiOR.  )  La  situation  avantageuse 
de  cette  ville  ne  lui  periqit  pas  d'eu 
faire  le  siège.  Il  voulut  l'obliger  de 
se   rendre  ,   en     coupant    l'aqueduc 
qui  fournissoit  de  l'eau  à  ses  habi- 
laus    Les   assiégés  étoient  réduits  à 
la    dernière    extrémité,  lorsqu'une 
jeune  veuve  ,  très-riche  ettres-beile, 
enirepnt   de  les  délivrer.   Parée  de 
ses    plus    beaux   habits,  elle  pas.sa 
dans  le  caniii  d'Holoplierue  ,  qui  , 
charmé  de   sa  beauté  et  de  son  es- 
prit, la    reçut     avec   transport,  et 
lui  permit  de  faire    tout  ce  qu'elle 
voudroit.    Quatre  jours    après  ,  le 
général  assyrien  donna  un  grand  fes- 
tin ,  et  invita  Judithà  passer  la  nuit 
a\ec  lui.  Tous  les  officiers  s'étant 
retirés,   et  la    veuve,  se  trouvant 
seule    avec    Holopherne  profondé- 
inent  endormi ,  lui  coupa  la    tète, 
et  vint  la  pendre  aux  murs  de  Bé- 
thulie. Les  assiégés  profitent  de  la 
frayeur  que   cet   événement    a  voit 
jetée  dans  le  camp  des  assiégeans, 
les    poursuivent  ,    les     taillent   eu 
pièces  ,    et    s  enrichissent    de  leurs 
dépouilles.  Le  grand -prêtre  de  Jéru- 
salem vint  voir  Judith  ;   il  la  bé- 
nit, et  lui  donna  toute  la  dépouille 
il'Holonherne.  Elle  célébra  par  un 
cantique  le    ineurlre    qu'elle    avoit 
commis.  Voyez  Judith. 

*  HOLST  (  Jacques),  médecin,  n« 
à  Tonningen  ,  ville  de  Dauemarck, 
et  mort  dans  cette  ville  eu  1680  ,  a 
j)ul)lié  dijférens  ouvrages  sur  l'as- 
tronomie, la  chronologi»^  et  l'his- 
toire des  hcvres  ;  mais  ce  qu'il  a 
l'ait  de  plus  considérable  est  resté 
manuscrit.  C'est  un  triple  Com- 
nicnlaire  sur  la  médecine  de  Celse  , 
dont  il  a  corrigé  le  texte.  Jean-Hen- 
ri Secleu  en  adoimé  un  essai  ù  Lu- 
beck. 


HOLS 

I.  H.OLSTEIN  (  N...  comte  de  ) , 
minislre  el  secrétatie  d'éuil  eu  IJaiie- 
liiarck ,  rciiuissantaiix  coiiuois-aiiLes 
poliliques  et  diploiiialniues  raïuour 
(It^s  lettres,  el  le  desir  de  leur  èlre 
mile,  toii'la  ,  en  1742  ,  l'acadéuiie  de 
Coiieiihague ,  qu'il  présula  jusqu'à 
sa  mort ,  arrivée  au  t oinnienceuitut 
de  j -65.  Celle  acadéiuie  ,  Ibrnu-e  de 
2-1  uienibres  ,  a  publié  plusieurb 
volumes  de  mëuioires. 

*  II.  HOLSTEIN  (  Cornenie  )  , 
peiulre  d'hisloir.-,  ué  à  ilarlem  eu 
j535  ,  a  lait,  dans  la  salle  des 
orplielius  d'Amsierdam  ,  le  beau 
lableau  représentant  Lyeurgue  dé- 
clarant son  neveu  héritier  pré- 
somptif de  ses  biens.  Ou  cite  encore 
de  lui  nu  Triomphe  de  Bacchus , 
•A^^fi'L  bien  dessiné  et  d'une  très- 
belle  couleur. 

m.  HOLSTEIN-GOTTORP.  V. 
Adolpiik  ,   n"  IV. 

i  HOLSTENIUS  (Luc). Ce  savant, 
né  à  Hambourg  ,  quitta  la  France  où 
son  érudiliou  ra\oit  fait  conuoiire , 
pour  se  rendre  à  Rome  auprès  du 
Ccudinal  Barberiu.e!  olUnit ,  par  le 
crédit  de  son  protecteur  ,  un  cano- 
uical  de  Sl-Pier;e  ,  et  la  place  de 
garde  de  la  bibliothèque  du  Vatican. 
(Jn  l'envoya  ,  en  i655,  au-devaul 
de  la  reine  Christine  de  Suéde  , 
dont  il  reçut  la  procession  de  loi  à 
Inspruck.  Un  jugemenl  solide  ,  un 
savoir  profond,  une  critique  judi- 
cieuse ,  un  style  pur  el  net ,  voilà 
les  qualités  des  écrits  de  ce  sa\ant. 
i,a  plupart  ne  consistent  qn't'//  notes 
el  en  dissertations  répandues  dans 
les  ouvrages  de  ses  amis.  Il  mourulle 
2  février  iGCm,  à  65  ans.  Le  cardinal 
lîarberiii  lui  lit  élever  un  tombeau. 
On  a  imprimé  de  lui  Codex  rcgu- 
laruni  /nonasticaruni  et  canonica- 
/u/.'i ,  Augsbouvg  ,  17.59  ,  en  6  vol. 
iu-lbl.  Ilickuis  trou  va  dans  les  pa- 
])iers  de  Hoslténius  des  notes  et  des 
1,01  reciions savantes  el  consiiitrables 
T.    VJJ!, 


IIOLT 


4Bï 


sur  la  Géographie  d'Etieune  Je  By— 

sauce,  Leyde,  in-fol.  1684  ou  1692. 
llolsléniiis  trattuisil  aussi  la  Vie  de 
Fylliagore  ,  écrite  parPorphire,  Ro- 
me, i63o,  grec  el  latin,  in-8";  l'orna, 
de  notes  el  d'une  Uissertalion  assezs 
curieuse  sur  la  vie  et  les  écrits  de 
ce  dernier.  Ruhnkeuius,  dans  sa  dis- 
sertation de  v'ilâ  et  scriptis  Longi~ 
ni,  dilque  celte  dissertation  est  un 
modèle  d'exactitude  et  d'érudition 
en  son  genre.  Il  publia  le  premier 
le'l'riiitéde  la  Chasse  de  Xéiioplmu, 
qu'il  traduisit  du  grec  en  latin.  Ou 
a  aussi  imprimé  de  lui  ,  a  Rome  ,  eu 
1666,  deux  dissertations  De  mi-' 
nistro  et  forma  sacramenti  Confir- 
mationis  apud  Grœcos.  Ses  Cou- 
vres posthumes  sont  inférieures  à 
celles  qu'il  publia  de  sou  vivant. 
Holsténius  ,  né  luthérien  ,  dut  sa 
conversion  à  l'Eglise  romaine  aux. 
soins  du  P.  Sirmond  jésuite. 

*HOLT  (sir  John),  chevalier  , 
lord  chef  de  justice  de  la  cour  du 
banc  du  roi  sous  le  roi  Guillaume, 
excellent  jurisconsulte  avant  d'être 
un  grand  magistrat ,  naquit  en  1642 
à 'l'hameau  comlé  d'Oxford.  En  1700 
le  roi  Guillaume  le  pressa  vaine-" 
ment  d'accepter  le  grand  sceau  que 
lord  Somers  venoit  de  quitter  ; 
Holl  s'en  défendit  sous  le  prélexla 
qu'il  n'avoil  pas  les  qualités  que  de- 
inandoit  utie  si  éminenle  ])lace  ,  et 
conlinua  à  remplir  ses  fonctions  de 
chef  de  justice  pendant  22  ans.  U 
sy  fit  remarquer  par  son  assiduité 
au  travail  ,  sa  fermeté,  son  inté- 
grité el  la  counoissance  prolbnde  des 
devoirs  de  sa  place.  11  présenloit  ses 
idées  avec  beaucoup  de  netteléetde 
précision  ,  metloil  beaucoup  de  mé- 
thode dans  ses  raisonnemens  et  >jne 
grande  habiietéà  saisir  les  nuai.'res 
qui  distir.guoient  les  objets  sor.Kiis 
à  son  examen  lorsqu'ils  pouvoienl 
présenter  une  fausse  ressent iijancf). 
Pendant  son  exercice  ,  'ine  tJmenle 
popula i  re  b'éle  va  dons  UoîîKirn  a  l'ot» 


482  HOLW 

casiou  de  l'emprisonnenien  l  de  quel- 
ques persounes  des  deux  sexes  des- 
tinées à  êlre  envoyées  aux  colonies  ; 
le  peuple  ailoil  démolir  la  maison 
qui  les  renfernioil,  on  y  envoya  uu 
détachenieul  des  gardes  ;  ceUu  qni 
les  co'.nmandoit  députa  un  olBcier 
au  lord  chef  de  justice  pour  l'iu- 
fornier  de  ce  qui  se  passoit  cl  lui 
dem.inder  d'adjoindre  a  leur  troupe 
quelqu'un  envoyé  de  sa  part  pour 
en  imposer  plus  aisément  au  peuple 

niuliné Et  s'il  résiste  ,  répond 

HoU,que  ferez-vous?  Nous  avons 
ordre  de  faire  feu.  Eli  bien  !  s'i'l  y  a 
uu  seul  homme  de  tué  et  que  vous 
soyez  poursuivi  eu  justice,  vous  et 
vos  soldats  serez  pendus.  Retournez 
à  cenx  qui  vous  ont  envoyé,  dites- 
leur  qu'aucun  de  mes  officiers  n'ac- 
compagnera la  troupe  ;  que  les  lois 
du  royaume  ne  s'exécutent  pas  par 
la  force  des  armes  ,  et  que  le  pou- 
voir civil  na  rien  de  commun  avec 
eux.  —  Sur  cela  il  s'y  rendit  avec 
quelques  huissiers  et  quelques  com- 
missaires de  quartier  ,  et  sa  seule 
présence  dissipa  le  rassemblement. 
Holl  mourut  en  1709,  âgé  de  68  ans. 

*  HOLTZEMIUS  (Pierre),  doc- 
teur en  médecine,  ué  à  Deventer  , 
premier  médecin  et  conseiller  du 
prince  Ferdinand  de  Bavière,  élec- 
teur de  Cologne,  mourut  dans  la 
ville  de  ce  nom  eu  i65i.  Parmi  les 
ouvrages  qu'il  a  laissés,  les  princi- 
paux sont  ,  I.  Pi-ogitosticon  uitœ  et 
mortislibnsdvobits,  versu  Rkyth- 
inico  conscriplarn  ,  Colon iaj,  iGo.'i , 
in-8°.  11.  Essentia  htllebori  ex- 
trada ,  tbid.  ,  1616  ,  iu-8°.  ni.  Es- 
ientLa/ieUeboiirediviva,i\i.  ,  1625, 
in-8°;  et  1675  in-12.  IV.  De  admi- 
randd.  ciirafionc  scroli  pus!  gan- 
g/C;naindelapsiepislola.  On  trouve 
Cf  U<!  lettre  dans  ia  cinquième  ceu- 
tuiic  des  observations  chirurgicales 
d'ililden. 

*  TIOL'VSŒLL  (Jc;ui-Zéphauias)  , 
genliihoraiac  tm^lais  de  beaucoup  de 


HOMB 

mérite,  gouverneur  du  Bengale,  et 
l'un  des  Anglais  qui  ,  en  1766  ,  fu- 
rent renfermés  dans  la  Fosse-Moire 
à  Calcutta,  mort  en  1798,  a  donné 
ima  Rei a tion  de  cet  événement,  et 
plusieurs  Mémoires-  sur  les  affaires 
de  l'Inde. 

*  HOLYDAY  (Barlen  )  ,  né  en 
i.''i95  ,  mort  en  1661  ,  archidiacre 
d'Oxford ,  connu  par  ses  poésies  et 
distingué  dans  sa  prédication  autant 
par  son  éloquei;ce  que  par  sa  popu- 
larité ,  a  publié  ,  I.  20  Sermons  prê- 
ches en  diflerentes  (ccasions.  II. 
Philosophiœpolito-barbarœ  spéci- 
men ia  qiio  de  anima  ijuœstiunes 
aliqitut  illuslrantur,  i633,  in-4''. 
m.  kcvue  du  monde  ,  poème  eu 
dix  chauts  ,  1661  ,  in-S".  IV.  Tra- 
dnciious  des  Satires  de  Juvénal  et 
de  Perse  ;  c'est  celui  de  ses  ou- 
vrages qui  est  le  plus  estimé,  la  tra- 
duction en  est  plus  exacte  qu'élé- 
oante.  La  seconde  édition  de  celle 
de  Perse  parut  en  1616  ,  et  la  qua- 
trième a  été  imprimée  à  la  suite  des 
Satires  de  Juvénal,  enrichie  de  no- 
tes et  de  gravures ,  1673  ,  iu-fol. 

*  I.  HOLYOAKE  (  Francis  )  , 
né  dans  le  comté  de  \Varwick  eu 
1667  ,  mort  en  iB53  ,  s'est  lait  cou- 
noitre  \ii\r  nn  Vidionnaire  étymo- 
logique de  la  langue  latine  ,  dont 
ia  première  édition  parut  en  1G06  , 
in-4"  ;  et  la  quatrième,  avec  beau- 
coup d'augmentations,  en  i635. 

*  11.  HOLYOAKE  (  Thomas  ) , 
iils  du  précédent,  né  à  Sonlham  eu 
1610,  mort  en  1670,  docteur  en 
théologie,  médecin, et  capitaine  dans 
l'armée  royale,  obtint  un  bénéhce 
à  la  restauration.  Thomas  a  aug- 
menté le  Dictionnaire  de  son  père, 
et  en  a  donné  en  1677  une  édition 
iu-fol. 

HOLYWOOD.    rojez    Saciîo- 

EOSCO. 

■;-  HOMBERG  (  Guillaume  )  ,  Hls 


H  0MB 

<\\\n  ^'^PiHilhoinme  saxon  leliré  à 
Batavia  ,  où  il  uaqiiil  en  j65i  , 
éuuiia  (Va])ord  dans  les  principales, 
universités  d'Allemagne  et  dlialip, 
ensuite  eu  France  ,  passa  eu  An- 
f^leterre  ,  et  retourna  en  Fran- 
ce ,  où  il  fut  arrêté  par  ks  offres 
avantageuses  du  grand  Colbert.  H 
se  fit  catholique  eu  1682  ,  et  fut 
dcsliérité  par  son  père  pour  avoir 
changé  de  religion.  11  entra  alors  en 
grande  liaison  avec  l'abbé  de  Cha- 
luceL,  depuis  évèque  de  Toulou  , 
fort  curieux,  de  chimie.  Honiberg 
('•toit  trop  habile  pour  croire  à  la 
])ierre  ])hilosophale  ,  et  trop  sincère 
j-'jMi"  >ouloir  entêter  personne  de 
celte  vaiue  idée.  Mais  un  autre  chi- 
miste ,  avec  qui  il  travailloit  chez 
l'aljbé  de  Clialucet  ,  voulut  tirer  son 
associé  de  son  incrédulité.  11  (iouna 
en  pur  don  à  Homberg  un  lingot 
d'or  prétendu  philosophique  ;  mais 
réellement  de  bon  or  ,  qui  vaioit 
environ  quatre  cents  francs,  (lelte 
tromperie  ,  comme  il  ravor.uil  de- 
l^iiis  ,  lui  vint  ibrt  à  propos  ;  mais  il 
eut  bientôt  de  plus  grands  secours. 
Ses  P/josp/w/es  ,  son  Pyrop/iore  , 
une  ]\]ac/iiiie  pneumatique  de  son 
invenliou  ,  plus  parfaite  que  relie 
de  Guericke  ;ses  JÙicruscupes  ,  très- 
simples,  très-commodes,  très-exacts; 
ju'usieurs  découvertes  en  thimie  lui 
ouvrirent  les  portes  de  l'académie 
des  sciences  •.  il  y  fut  reçu  en  1691. 
Le  duc  d'Orléans,  depuis  régent  du 
royaume  ,  instruit  de  sou  mérite  ,  le 
lit  son  premier  médecin,  et  le  prit 
auprès  de  lui  eu  qualité  de  physi- 
cien. Ce  prince,  qui  avoil  un  goût 
particulier  pour  la  chimie,  lui  donna 
une  pension  et  un  laboratoire  où 
rien  ne  manquoit.  Homberg  mou- 
rut le  2-1  sei)tembre  1710  ,  laissant 
plusieurs  Mémoires  dans)  ceux  de 
l'académie  ,  mais  sans  avoir  publié 
aucun  corps  doux  rage.  «Son  carac- 
tère d'esprit  ,  dit  Foutenellc  ,  est 
marqué  dans  tout  ce  qu'on  a  de  lui  ; 
inie  alleulion  ingénieuse  sur  tout, 


HOME  4,S3 

qui  lui  fai.-oit  naître  îles  observa- 
tions où  les  autres  ne  voient  rien; 
une  adresse  extrême  pour  démêler 
les  routes  qui  mènent  aux  décou- 
\erles;  une  exactitude  qui ,  quoique 
scrupuleuse  ,  savoit  écarter  tout  l'i- 
nutile ,  toujours  un  génie  de  nou- 
veauté, pour  qui  les  sujels  les  plus 
usés  ne  l'étoient  point.  Sa  manière 
de  s'exi)liquer  étoil  toul-à-l'ail  sim- 
ple ,  ruais  méthodique  ,  précise  ,  et 

sans  superduité Jamais  on  n'a 

eu  des  mœurs  plus  douces  ni  j)lus 
sociables  ;  il  étoit  même  homme  de 
plaisir  :  car  c'est  un  mérite  de  l'être  , 
pourvu  qu'on  soit  en  même  temps 
quelque  chose  d'opposé.  Une  philo- 
sophie saine  et  paisible  le  disposoit 
à  recevoir,  sans  trouble,  les  difl'e- 
rens  événemeus  de  la  vie  ,  et  le  ren- 
doit  incapable  de  ces  agitations,  dont 
on  a  .quand  on  a  eut,  tant  de  sujets. 
A  cette  tranquillité  dame  tiennent 
nécessairement  la  probité  et  la  droi- 
ture. »  f'oY.  le  tome  XIV  des  Mé- 
moires du  P.  NIcéron  ,  ((ni  a  donné 
une  liste  des  (liJJ'éreiis  morceaux  de 
physique  et  de  chimie  dont  il  orna 
les  Journaux  et  les  Mémoires  de 
l'académie. 

1.  HOI\IE  (  David)  ,  ministre  pro- 
testant ,dune  famille  distinguée  d'E- 
cosse ,  fut  d'abord  attaché  a  l'Eglise 
réformée  de  Duras,  dans  la  Basse- 
Guienue  ,  puis  à  celle  de  Gergeau 
dans  l'Orléanais.  Jacques  P'' ,  roi 
d'Angleterre  ,  le  chargea  de  pacifier 
les  duTéreus  entre  Tileuus  et  du 
Moulin  ,  louchant  la  Justification  ; 
et  même  ,  s'il  étoit  possible  ,  de 
réunir  tous  les  théologiens  protes- 
taus  de  lEurope  en  une  seule  et 
même  doctrine,  et  sous  une  unique 
confession  de  foi  •.  mais  ce  projet  ne 
fut  point  exécuté.  On  a  de  Home 
divers  ouvrages.  le  plus  considé- 
rable e*;!  Davidis  Humii  apvlngia 
Basilica ,  seu  Hlac/iiaueli  ingenium 
examinatum,  1626,  in-Zi".  On  lui 
attribue  deux  Satires  contre  les  je- 


484  TIOME 

suites.  I.  Le  contre-assassin  ,  ou 
Jiéponse  à  l' Apologie  des  jésuites  . 
Genève,  1612  ,  iu-b)°  de  091  ]);iges. 
II.  \J Assassinat  du  roi ,  ou  Maxi- 
mes du  VlelL  de  la  Montagne  l'a- 
tlcane  et  de  ses  assassl//s  ,  prati- 
quées en  la  personne  de  défunt 
Henri-  le- Grand ,  1617  ,  in-S"  de 
H'î  pages.  Ou  a  aussi  de  lui  plu- 
sieurs Pièces  de  poésie  latine  dans 
les  Dellclœ  Po'élarum  Scotoruni 
d'Artus Jonstou, Anisierdam,  iGSy, 
2  vol.  in-i:2. 

*  II.  HOAIE  (  Henri)  ,  lord  Kai- 
MES,iié  en  Ecos5.e,  fut  du  petit  uom- 
bre  des  hommes  qui  réunirent  aune 
grande  connoissance  des  lois  tous 
les  avantages  que  peut  donner  l'é- 
tude de  la  littérature.  Parvenu  à  la 
place  la  plus  émineule  à  laquelle 
un  jurisconsulte  pût  atteindre  dans 
sa  patrie  ,  s'il  ne  se  plaça  pas  au  pre- 
mier rang  des  littérateurs  ,  il  s'éleva 
fort  au-dessus  de  la  dernière  chisse 
(le  ceux  qui  ont  quelque  droit  à  l'es- 
time publique.  Son  premier  ouvrage, 
intitulé  Essais  sur  dlfférens  sujets 
concernant  les  antiquités  britan- 
niques ^\^2kXw\.  &\\  174*^-  I,'auleur  eut 
pour  but  de  rappeler  ses  concitoyens 
à  cet  esprit  de  paix  que  les  dissen- 
«ions  politiques  avoieut  éloigné.  Cet 
ouvrage  l'ut  suivi  de  ses  lissais  sur 
les  principes  de  la  morale  et  de 
la  religion  naturelle^  i75i  ,  iii-8°, 
el  l'ort  bien  accueillis.  L'année  sui- 
vante ,  Home  fut  honoré  du  titre  de 
lordKaimes  En  1769  ,  il  publia  son 
ouvrage  ,  intitulé  Illstorlcal  law  , 
iii-S"  ,  et  en  1760  ,  The  prlnclples 
of  equlty  ,  in- fol.  Dans  l'une  et 
l'antre  de  ces  productions  ,  l'auteur 
s'attache  à  réunir  les  principes  de 
la  politique  et  de  la  philosophie  à 
ceux  de  la  jurisprudence.  Trois  ans 
après  parurent,  eu  1762,  ses  Elé- 
mens  de  critique  ,  en  5  vol.  in-8'^  ; 
el  en  1777,  l'ouvrage  intitulé  T//e 
gentleman.  Farmcr ,  belng  an  at- 
iempC  ta  i/nproue  agriculture,  in-8°. 


HOME   "^ 

En  1781  il  publia  ses  Pensées  dé- 
tachées sur  l'éducation  ,  parllcu- 
llèrement  en  ce  qui  concerne  la  for- 
mation du  cœur ,  in-8°  ,  el  termina 
sa  carrière  littéraire  en  mettant  au 
jour  son Nlstol/e  de  l'homme  ,  qu'il 
mlituia  modestement  une  ébauche 
(sketch  ).  On  peut  je  regarder  en  effet 
comme  un  recueil  de  lieux  communs, 
mais,  même  sous  ce  point  de  vue, 
l'ouvrage  est  digue  des  plus  grand» 
éloges;  il  est  instructif,  amusant, 
et  mérite  l'attention  du  législateur  , 
du  politique  ,  du  moraliste  et  de 
l'homme  religieux.  Lord  Kaimes 
mourut  le  26  décembre  1782, 

HOMÉLIUS  (Jean),  né  à  Mem- 
mingenl'an  i5i8,  professeur  de  ma- 
thématiques à  Leipsick  et  dans  plu- 
sieurs villes  d'Allemagne  ,  inventa 
un  grand  uombre  d'instrumens  de 
celle  science ,  et  s'acquit  l'estime 
de  Mélanchthou  el  de  l'emperenr 
Charles-Quinl.  Il  mourut  en  1662, 
sans  avoir  eu  le  temps  de  faire  im- 
primer ses  ouvrages. 

t  H0[\1ERE  ,  le  père  de  la  poésie 
grecque,  d'abord  appelé  Méleglsène, 
parce  qu'il  étoil  né  auprès  du  tleuve 
Mélese;  mais  dont  on  ne  connoil  pas 
le  lien  de  la  naissance,  ttorissoit  vers 
l'an  3oo  après  la  prise  de  Troie,  et 
980  avant  J .  C.  Sept  villes  se  dispu- 
tèrent l'honneur  de  lui  avoir  donna 
le  jour  : 

Smyrnii,   KliuJos  ,  Colopfwn  ,  Salamis  ,  Cfiios:, 
^4rgo-i  ,    Jltienm  , 
Orbis  de  patrid  certat  ,  Homère  ,  tud. 

L'opinion  la  plus  commune  est  que 
ce  patriarclie  de  la  littérature  erroit 
dans  ces  sept  villes,  récitant  ses  ou- 
vrages ,  el  trouvant ,  par  ce  moyen, 
celui  de  subsister.  On  l'a  comparé 
aux  troubadours  ,  poètes  des  siècles 
d'ignorance  ,  et  aux  chansonniers 
ambulans  de  nos  jours.  La  sagacité 
avec  laquelle  il  décrit  tout  ce  qui 
concerne  l'art  de  la  guerre  ,  les 
mœurs  el  les  coutumes  des  peuples 


HOME 

étrangers,  les  lois  et  la  religion  des 
iliiliirentes  coulrées  de  la  Grèce,  la 
siliialioa  des  villes  et  des  pays, 
prouve  qu'il  avoit beaucoup  voyagé. 
Quelques  suvans  prélendenlquc,  .sur 
la  i\n  de  ses  jours  ,  il  leva  une  école 
a  Chio,el  qu'on  voit  encore  à  quatre 
milles  de  celle  ville  les  sièges  des 
disciples  et  la  chaire  du  maître  creu- 
sés dans  le  roc.  Us  ajoulenl  qu'il  s'y 
maria  ,  et  qu'il  y  composa  son  Odjs- 
séd.  C'est  un  poëme  épique  ,  dans 
lequel  il  chante  les  voyages  et  les 
aventures  d  Ulysse  après  la  prise 
de  Troie.  L'Odyssée  n'a  ni  le  feu  ni 
la  majesté  de  VJ/iade  ,  elle  annonce 
le  déclin  du  poêle  ;  mais  c'est  encore 
la  vieillesse  vigoureiuse  d'Homère  ; 
t'est, comme  le  dit  Lougin  ,  le  soleil 
(ouchant  qui  n'a  point  la  force  de 
son  midi  ,  mais  qui  a  toujours  la 
même  grandeur. Onue  trouvepoint, 
dans  ce  deruier  ouvrage,  celle  forme 
dramatique  qui  donne  à  l'Iliade  tant 
de  mouvement  ,  tant  d'intérêt  ;  le 
poëte  ,  dans  l'Odyssée,  s'abandomî'-, 
au  plaisir  de  raconter.  Mais  son  génie 
se  retrouve  encore  dans  plusieurs 
épisodes  altachans  ,  dans  îa  descrip- 
tion des  mœurs ,  dans  des  discours 
d'une  éloquence  douce  et  insinuante. 
]|  avoit  enfanté  auparavant  l'Iliade, 
laquelle  a  pour  objet  la  colère  d'A- 
cliille  ,  si  pernicieuse  aux  Grecs  ,  qui 
mirent  le  feu  à  cette  ville.  Ces  deux 
poèmes  sont  la  première  et  la  plus 
ancienne  histoire  des  Grecs  ,  et  le 
tableau  le  plus  vrai  des  mœurs  an- 
tiques. Suivant  l'opinion  deM.  "Wolf 
et  de  quelques  littérateurs,  les  poé- 
sies d'Homère  n'ont  été  conservées 
que  par  la  tradition  orale,  puisque 
l'écriture  n'éloil  point  encore  en 
usage  du  temps  de  ce  poéSe.  H  re- 
garde l'Odyssée  et  plusieurs  chants 
de  l'Iliade  comme  l'ouvrage  des 
imitateurs  d'Hojnère  ou  poêles  ho- 
raérides.  Pisislrale,  eu  recueillant 
les  diverses  copies  des  deux  poëmes  , 
mit  dans  chaque  chant  la  liaison  qui 
lui  parut  nécessaire.  Depuis  ce  lia- 


HOME 


4Bj 


vail  ,  les  rhapsodes  qui  chanloieul 
publiquement  les  vers  d'Homère 
altérèrent  son  texte  et  changeieul 
fon  slyle  ,  d'après  les  locutions  des 
lemps  où  ils  parurent.  La  (îrèce  , 
reconnoissanle  envers  le  poète  qui 
l'avoit  immortalisée,  lui  éleva  des 
slalues  et  des  temples  ,  voimne  aux 
dieux  et  aux  héros.  11  eu  avoit  un 
à  Smyrne  ,  un  autre  à  Alexandrie. 
Les  anciens  croyoienl  avoir  assez 
bien  prouvé  une  chose  ,  quand  ils 
prodiiisoient  le  moindre  passage  d« 
cet  auteur  ,  jKuir  appujer  leurs  opi- 
nions ,  ou  pour  résoudre  leurs  dou- 
tes. Si  Homère  a  eu  des  leinples,  dit 
un  homme  d'esprit,  il  s'est  trouvé 
bien  des  iiitidèbs  qui  se  sont  moqué» 
de  sa  div.in!lé.  Zoile  ,  il  y  a  près  de 
deux  mille  ans  ,  n'oublia  rien  pour 
renver<-cr  l'idole.  Perrault ,  dans  le 
17"  sifcle  ,et  l.a  Molhe  dansie  18'  , 
l'un  et  l'autre  ignorant  legrec,hrenl 
des  eflbrls  aussi  vains  et  encore 
plus  ridicules.  iVialgré  Lurscris,  Ho- 
mère recueillera  toujours  d'immor- 
tels hommages,  comme  le  preu^ vr 
et  l'un  des  plus  grands  peintres  d« 
l'héroïsme  et  de  la  verlu  : 

Zi'ïle  en  vain  de  sa  gloire  imirmni-e; 
L'aigle  .sulilimp  ,   insensible  :\  l'injure. 
Brave  d.iiis  l'.iir  le  crii!  du  vil  lorliean  , 
Il   pldît  loiijoiirs  ,  il  sera  loniours  beau. 
Comme  les  cieux,  les  iners  el  la  iiHlure, 

Ses  dëtracleurs  ont  bien  peu  degoîil, 
s'ils  ne  sont  animés  par  sa  ])pésie 
vive  ,no]:)le  ,  pleine  de  force  ,  d'har- 
monie ,  et  embellie  par  lu  coloris 
le  plus  brillant.  IMais  ses  plus  zélés 
admirateurs  auroieul  aussi  sur  les 
yeux  un  bandeau  trop  épais ,  s'ils 
ne  voyoienldaus  Ylliade,  et  sur-tout 
dans  VOJissce  ,  des  harangues  d'un 
sublime  ennuyeux  ,  des  descriptions 
trop  chargées,  des  épilhetcsmal  pla- 
cées ,  des  comparaisons  trop  peu  va- 
riées ,  des  longueurs  et  des  endroits 
foibles.  Nous  ne  parlons  iioint  du 
reproche  qu'on  lui  fait ,  de  n'être  })as 
assez  noble  dans  ses  peintures.  Ses 
dieux,  dit-on,  sont  extravagans,  el 


4H6 


HOME 


ses  héros  grossiers  ius;jii'à  la  riisti- 
cilé.  C'esl  renioclier  à  un  peinlre 
d'avoir  cloiiuc'  à  ses  (igiires  les  habil- 
îemeiis  de  son  siècle.  Homère  a  peint 
les  dieux  tels  qu'on  les  c.royoit ,  et 
les  hommes  tels  qu'ils  ètoient.  «  Je 
ne  suis  phis  maître  de  mon  admira- 
tion ,  ;^  dit  un  littérateur  distingue, 
quand  je  vois  Homère  s'élever  et 
planer  pour  ainsi  dire  sur  l'univers: 
lançant  de  toutes  parts  ses  regards 
embrasés  ;  recueillant  les  feux  et  les 
couleurs  dont  les  objets  se  de'cèlent 
à  sa  vue  ;  assistant  au  conseil  di-s 
dieux,  sondant  les  replis  du  cœur 
humain  ;  et  bientôt  riche  de  ses  dé- 
couvertes, ivre  des  beautés  de  la 
nature,  r\^  pouvant  plus  supporter 
l'ardeur  qui  le  dévore  ,  la-  répandre 
avec  profusion  dans  ses  tableaux  et 
dans  ses  expressions  ;  mettre  aux 
prises  le  ciel  avec  la  terre  ,  les  pas- 
-•lions  avecelles-mèmes;  nous  éblouir 
par  ces  traits  de  lumière  qui  n  appar- 
tiennent qu'au  génie  ;  nous  entranier 
par  ces  saillies  de  sentiment  qui  sont 
l'  vrai  sublime  ;  et  toujours  laisser 
dans  notre  ame  une  impression  pro- 
fonde qui  semble  retendre  et  l'a- 
grandir :  car  ce  qui  distingue  sur- 
tout Homère,  c'est  de  tout  animer, 
et  de  nous  pénétrer  sans  cesse  des 
jnouvemeus  qui  lagitenl  ;  c'est  de 
tout  subordonner  à  sa  passion  prin- 
cipale, de  la  suivre  dans  ses  fougues, 
dans  ses  écarts  ,  dans  ses  incouse- 
quences  ;  de  la  porter  jusqu'aux  nues 
et  de  la  faire  tomber ,  quand  il  le 
faut ,  par  la  force  des  seiilimens  et 
de  la  vertu  ,  comme  la  flamme  de 
l'Etna  ,  que  le  vent  repousse  au  fond 
de  l'abîme  :  c'est  d'avoir  saisi  de 
grands  caractères ,  d'avoir  différencié 
la  puissance  ,  la  bra\oureet  les  au- 
tres qualités  de  ses  personnages,  non 
par  des  descriptions  froides,  fasti- 
élieuses,  mais  par  des  coups  de  pin- 
ceau rapides  et  vigoureux,  el  par 
des  lictions  neuves  et  semées  pres- 
que au  hasard  dans  ses  ouvrages.  » 
D'autres   liltéraleurs  lui   préfèrent 


HOME 

Virgile.  On  pourra  juger  s'ils  ont 
raison  ,  par  ce  parallèle  des  deux 
poètes,  donné  par  Trublet  :  «  Ho- 
mère est  plus  poète,  Virgile  est  un 
poète  plus  parfait.  Le  premier  pos- 
sède, dans  un  degré  plus  émiuent , 
quelques-unes  des  qualités  que  de- 
mamle  la  poésie  ;  le  second  réunit  un 
plus  grand  nombre  de  ces  qualités  , 
et  elles  se  irouvent  toutes  chez  lui 
dans  la  [iroportion  la  plus  exacte. 
L'un  cause  un  plaisir  plus  vif,  l'au- 
tre un  plaisir  plus  doux.  L'homme 
de  génie  est  plus  frappé  d'Homère  ; 
l'homme  de  goût  est  plus  toiKJié  de 
Virgile.  On  admire  plus  le  premier, 
ou  estime  plus  le  second.  Il  y  a  plus 
d'or  dans  Homère  :  ce  qu'il  y  en  a 
dans  Virgile  est  pins  pur  et  plus 
poli.  Celui-ci  a  voulu  être  poêle,  et 
i!  l'a  pu  ;  celui-là  n'auroil  pas  pu  ne 
le  point  être.  Si  Virgile  ne  s'éloit 
pas  abandonné  à  la  poésie  ,  on  uau- 
roit  peut-être  point  soupçonné  qu'il 
étoil  Ires-capable  d'y  réussir.  Si  , 
par  impossible,  Houiere,  méconnois- 
sant  son  talent  pour  la  poésie  ,  eût 
d'abord  travaillé  dans  un  autre 
genre,  la  voix  publique  l'auroit 
bientôt  averti  de  sa  méprise  ,  ou 
peut-être  seulement  de  sa  modestie: 
on  lui  eût  dit  qu'il  éloil  capable  de 
quelque  chose  de  plus.  Homère  est 
un  des  plus  grands  génies  qui  aient 
jamais  été  ;  Virgile  est  un  des  plus 
accomi>lis.  L'Enéide  vaut  mieux  que 
l'Iliade:  mais  Homère  valoit  mieux 
que  Virgile.  Une  graiule  partie  des 
défauts  de  l'Iliade  sont  ceux  du  siè- 
cle d'Homère; les  défauts  de  l'Enéide 
sont  ceux  de  V^irgile.  I!  y  a  plus 
de  fautes  dans  l'iliiide  ,  et  plus  de 
défauts  diuis  1  Eiu'ide.  Fv  rivant  au- 
jourd  Inii ,  Homère  ne  feioit  pas  les 
fautes  qu'il  a  laites  :  Virgile  auroit 
peut-être  eui  (,re  se;  d«  fauts  On  doit 
V'igili'à  HouT  re.  f)u  ignore  si  ce- 
lui-ci a  eu  des  nio{'.tlos  ;  maison  sent 
qu'il  pouvoit  s'en  '^asser.  Il  y  a  plus 
(!e  laien».  ei  d'abondance  ('.ins  Ho- 
mère ,  plus  d'art  et  de  choix  dans 


HOME 

Virgile.  L'un  el  l'autre  sonl  pein- 
tres :  ils  peiguenl  loiite  la  nature  , 
el  le  choix  est  admirable  dans  tous 
les  deux  ;  mais  il  est  plus  gracieux 
dans  Virgile,  et  plus  vif  dans  Ho- 
mère. Homère  s'est  plus  atlaciië  que 
Virgile  à  peindre  les  caractères  ,  les 
mœurs  des  hommes  ;  il  est  plus  mo- 
ral :  et  c'est  là  ,  à  mon  grë  ,  le  prin- 
cipal avantage  du  poêle  grec  sur  le 
poète  latin.  La  morale  de  Virgile 
est  meiiiiure  :  c'est  le  mérite  de  son 
siècle  ,  et  l'effet  des  lumières  acquises 
d'âge  en  âge  ;  mais  Homère  a  plus 
de  morale  :  c'est  en  lui  un  mérite 
propre  el  personnel  ,  l'effi  t  de  son 
tour  d'esprit  particulier.  Virgile  a 
surpassé  Homère  dans  le  dessin  el 
dans  l'ordonnance.  Il  viendra  plu- 
tôt un  Virgile  qu'un  Homère.  Nous 
ne  devons  poinl  craindre  que  les 
fautes  d'Homère  se  renouvellent ,  un 
écolier  les  éviteroit  ;  mais  qui  nous 
rendra  ses  beautés  ?. . .  »  Alexandre 
faisoit  ses  délices  de  la  lecture  du 
poète  grec.  Il  le  mclloit  ordinaire- 
ment sous  son  chevelavec  son  ëpée. 
11  renferma  l'Iliade  dans  la  précieuse 
cassette  de  Darius  ,  «atin,  dit  ce 
héros  ,  que  l'ouvrage  le  pUis  parfait 
de  l'esprit  humain  fût  renfermé 
dans  la  cassette  la  p]us  précieuse 
dn  monde.  11  appeloit  Homère  ses 
provisions  de  l'art  militaire.  Voyant 
un  jour  le  tombeau  d'Achdle  dans  le 
Sigée  :  «O  fortuné  héros,  s'écria-t-il, 
d'avoir  en  un  Homère  pour  chanter 
tes  victoires  !...  »  Outre  l'Iliade  el 
l'Odyssée  ,  on  a  attribué  encore  à 
Homère  un  poème  burlesque  ,  in- 
titulé la  Batraclioinyomailde,  que 
plusieurs  de  nos  poètes,  entre  au- 
tres Koivin  ,  ont  traduit  en  vers 
français,  et  des  Hymnes  et  frag- 
inens  à' Hymnes  ,  qui,  s'ils  ne  sont 
pas  de  lui ,  datent  du  moins  de  la 
plus  haute  antitiuilé,  el ,  au  juge- 
ment de  Ruhnkeuius,  dans  la  pre- 
mière de  ses  Fpistulœ  criticœ ,  qui 
roule  en  grande  partie  sur  ces  mê- 
mes poèmes  ,  respirent  la  belle  sim- 


HOME 


4B7 


plicllé  et  l'élégance  native  du  prince 
des  poètes.  Chrétien-Frédéric  Mat- 
ihœi  a  depuis  peu  découvert  à 
Moscou  nne  Hymne  d'Homère  à 
Cérès  ,  demeurée  inconnue  jus- 
qu'alors ,  on  du  moins  (jue  l'on 
croyoit  perdue  ,  et  un  Iiagment 
d'une  Hymne  à  Bacchns  ;  il  en  ht 
pari  à  Ruhnkenius  ,  c^ui  publia  ces 
morceaux  précieux  àLeydeen  1780; 
et  cette  première  édition  s'étant  , 
par  accident  ,  trouvée  incomplète, 
Ruhnkenius  en  donna  une  seconde 
en  1782,  à  la  suite  de  laquelle  il 
réimprima  ses  deux  Fpistolœ  cri- 
licœ  ,  qui  avoient  paru  pour  la 
])remière  fois  en  1749  ^^  i75i. 
Nicolas  Ignarra  a  fait  imprimer  à 
Naples,  eu  1781,  Emendaùones 
IJymnl  Homerici  in  Ccrerem  ; 
prœmillitur  ejusdem  hymni  noti- 
lia  ,  jud'uiiim  ,  œtalis  divinatlo  ; 
brochure  in-8°  de  02  pag.  Ignarra 
ne  croit  pas  que  l'hymne  à  Cérès  , 
nouvellement  découverte,  soit  la 
même  dont  Pausanias  a  fail  men- 
tion ;  il  la  rapporte  même  à  un  àg» 
postérieur  à  celui  de  Pausanias  ,  et 
il  la  suppose  cousue  de  différens 
lambeaux.  Sou  opinion  n'a  pas  paru 
d'un  grand  poids  à  l'auteur  de  la 
Bibliolheca  cril..  ,  8*^  part. ,  p.  6-8. 
L'Hymne  à  Cérès  a  été  traduite  en 
vers  latins  par  Laurent  Vaii  San- 
teii ,  et  en  italien  par  le  profes- 
seur Lamljerti.  Nous  avons  de  belles 
éà\ lions  d'Homère  en  grec,  avec  des 
noies;  1°  cells  de  Florence,  ii)88, 
2  vol.  in-fol.,  a.vec  les  commentai- 
res de  Démétrius  Chalcondyle  ;  2" 
celle  de  Rome,  i542  et  i.55o,  avec 
Us  commeiUaires  d'Eustalhe,  4  vol. 
in-fol.;  3°  celle  de  Glascow,  1756, 
2  vol.  in-fol.  Les  belles  éditions  grec- 
ques et  latines  sont,  1°  celle  de  Schré- 
vélius  ,I/eyde  ,  i656  ,  2  vol.  111-4"; 
2°  celle  de  Baruès  ,  1712,  2  vol. 
in-4°;  3''  celle  de  Clarke  ,  17.^4  5  4 
vol.  in-4°  ;  i\  lédiliou  grecque  eL 
latine  donnée  par  J.-Aug.  Ernesti, 
Leipsick,    1709 — 1764,  eu  5  voL 


48o 


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in-8'';  5*  enfin,  celle  donnée  par' 
F.-Angiist.  W>>lf,  I.eipsick,  i8o.|  — 
Î807  ,  4  vol.  in-8°  ,  dont  le  texte 
est  regarde  aujourd'hui  comme  lo 
meilleur  que  nousnyons  de  ce  prince 
des  poëleà  grecs.  Dans  les  prolégo- 
ïTièiies  relatifs  anx  écrits  d'Homère  , 
M.  Wolfa  ëinis  plusieurs  opinions 
qui  out  été  réfutées  dans  un  petit 
ouvrage  du  savant  académicien  Ste.- 
Croix  ,  Paris,  1798  ,  in-8°.  La  meil- 
leure édition  de  l'Iliade  a  été  ])u- 
bliëe  par  C.-G.  Heyne,  E.eipsick, 
1802,  en  8  vol.  "in-8°.  Madame 
Dacier  en  a  donné  une  traduction 
française,  1711  à  1716  ,  Paris  ^ 
6  volumes  in-12.  On  les  orne  quel- 
quefois des  figures  de  Picart  ,  qui 
ont  été  faites  i)our  l'édition  de  Hol- 
lande. Il  y  en  a  mie  édition  pos- 
térieure ,  de  Paris ,  en  8  vol.  Bi- 
taubé  a  douné  une  traduction  ey 
prose  fie  l'iliude,  eu  5  vol.  in-8°  , 
1780.  11  en  a  paru  en  1777  une 
nouvelle  très-bien  écrite,  3  volu- 
mes in-8°  et  in- 1  2,  par  M.  Le  Brun, 
aujourd'hui  archilrésorier  et  prin- 
ce de  l'empire.  Rochefort  a  tra- 
duit en  vers  l'Iliade  et  l'Odyssée  , 
4  vol.  in-S°  ,  Paris  ,  1772.  La  ver- 
sion du  premier  poë'me  a  entière- 
ment fait  ou1>lier  l'ouvrage  de  F. a 
Mothe  ,  dont  nous  pnrlerotis  ail- 
leurs. (  Voyez  HouDARD.  )  Gin  a 
donné  une  superbe  Edition  grec- 
que et  française  des  œuvres  d'Ho- 
mère,- trailuction  nouvelle,  178G, 
en  8  volumes  in-4° ,  et  7  volumes 
in-S°.  Enfin  on  possède  depuis  quel- 
ques années  deux  versions,  en  beaux 
vers  Intins  ,  des  deux  poèmes  d'Ho- 
mère ;  >m  voici  les  titres  :  îlorneri 
liias  latinis  verslbus  expre.'isa 
à  Raimu/ido  Cunlchio  JRagiisiiw  , 
Rom  as,  1777- — Ilo/ncrl  Odvssœa... 
à  Bernardo  Zamagna,  Ragitsino  , 
Senis,  1778.  Quoiqu'il  n'y  ait  rien 
de  constant  sur  l'histoire  d'Homère, 
îious  croyons  devoir  citer  quelques 
circonstances  rapportées  par  divers 
fcavans;  ils  lui  donnent   pour  nicre 


HOMM 

Crithéis  ,  et  pour  maître  Phéniins 
ou  Pronapide  ,  qui  enseignoil  à 
Smyrne  les  belles-lettres  et  la  mu- 
sique. Phémins,  cbarniéde  la  bonne 
conduite  deCrilhéis,répou'^a  et  adop- 
ta son  Kls.  Après  la  mort  de  Phé- 
rnius  et  de  Crithéis,  Homère  hérita 
do  leurs  Liens  et  de  l'école  de  son 
\)he.  Un  maitre  de  vaisseau  ,  nom- 
mé Mentes ,  qui  étoil  allé  à  Smyrne 
pour  son  trafic ,  enchanté  d'Homère, 
lui  proposa  de  quitter  son  école  et 
de  le  suivre  dans  ses  voyages.  Ho- 
mère ,  qui  pensoil  déjà  à  son  Iliade', 
s'embarqua  avec  lui.  11  paroit  cons- 
tant qu'il  parcourut  toute  la  Grèce, 
l'Asie  mineure,  la  mer  Méditerra- 
née ,  l'Egypte  et  plusieurs  autres 
pays.  Après  diverses  courses  ,  il  se 
relira  à  Cu!»*es,  où  il  fut  reçu  avec 
transport.  H  profila  de  cet  enthou- 
siasme pour  demander  d'être  nourri 
aux  dépens  du  trésor  public;  mais 
ayant  été  refusé  ,  il  sortit  pour  aller 
à  Phocée  ,  en  faisant  cette  impréca- 
tion :  «  Qu'il  ne  naisse  jamais  à 
Cumes  de  poète  pour  la  célébrer!  » 
Il  erra  ensuite  en  divers  lieux  ,  et 
s'arrêta  dans  l'ile  de  Cliio.  Quelque 
temps  après,  ayant  ajouté  à  ses 
poèmes  beaucoup  de  vers  à  la  louan- 
ge des  villes  grecques,  sur- tout 
rl'Athènes  et  d'Argos  ,-iI  alla  à  S.i- 
nios  ,  où  il  passa  l'iiiver.  De  Samoi 
il  arriva  à  To ,  l'iiiK^des  Sporades  , 
dans  le  dessein  de  continuer  sa  route 
vers  Athènes;  mais  il  tomba  malade, 
et  y  mourut  dans  l'indigence  vers 
l'an  920  avant  J.  C.  Un  olîicier 
Iiollandais  au  service  de  la  Russie 
découvrit  en  177^  ^'^i  tombeau  pré- 
tendu d  Homère  à  Nio  (ancienne- 
ment lo  )  ;  c'est  vn  sarcopha^^e  ,  de 
quatre  pieds  de  large  sur  sept  de  long. 
l'oy.  Aristvrque,  n"  11;  Apoi.- 
LONius,  n°  'VI  :  ArciiÉlaus,  n°  VI  ; 
Alcinous  ,  n°  1 ,  et  Calarer. 

*  IIOMMEL  {Ch:(rles-Frédéric), 
écrivain  allemand,  né  en  1722, 
mon  en  1781  ,  a  composé  un  grand 


HOMM 

îinmUre  rVonv rages,  cloiil  les  jirin- 
cipaiix  .sont  ,  1.  J)e  Icgutn  civilium 
et  naturallum  nali/râ.  II.  Ohleaa- 
iiienla  juris  J'tudalis  ,  à/ue  i^ram- 
maticœ  observatioiies  in  jus  rei 
c/ie/tle/aris  el  antiquitales  genna- 
filcasvarie il/ustia/ites.  l!l.  Corpus 
juris  civiUs  cuni  nutis  variorum.. 

t  HOMME  Y  (  Jacques  ),  religieux 
de  l'ordre  des  auguslins,  du  cou- 
vent de  Bourges  ,  né  à  Séez  ,  tnorl 
à  Augers  en  1715,  âgé  de  fiq  ans, 
Ires-inslruit  dans  les  langues  ialiue, 
grecque  et  hébraïque,  a  donné, 
J.  Millelaquiuni  saint i  Gregurii  , 
Lyon,  iG85  ,  in-iol.  II.  Supple- 
nicnlum  patrurn  ,  Paris  ,  ifi^f), 
>n-b°  :  il  y  rapporte  tout  au  long 
t'u  latin  une  histoire  de  Fioridan  , 
du  manuscrit  de  Nicolas  de  Clcmau- 
gis  ,  des  œuvres  duquel  il  témoigne 
dans  la  préface  de  ce  supplément 
avoir  dessein  de  donner  une  (Sdition 
in-rol.^augnientécde  plusieurs  trai- 
tés et  anecdotes.  Ces  deux  ouvra- 
ges furent  hien  reçus.  111.  Diariiim 
Jùiropœum  :  compilation  ,  d'après 
It-s  gazelles  ,  de  ce  qui  s'est  p'assé  au 
commencement  du  18''  siècle:  peu 
goûtée  et  qui  ht  exiler  sou  auteur 
a  ]3ar-le-Duc,  à  la  sollicitation  de 
l'ambassadeur  de  'Venise,  qui  Iroii- 
va  que  l'auteur  avoit  parlé  en  ter- 
mes trop  forls  de  la  salisiaclion  rpie 
la  rét)ublique  avoit  faite  au  roi  sur 
lu  Hn  de  1702.  Quelques  années 
avant ,  le  père  Hommey  avoit  aussi 
été  exilé  de  Paris  par  l'intrigue  de 
l'archevêque  du  Harlay ,  qui  ,  vou- 
lant obtenir  eu  faveur  de  sa  sœur 
la  démission  de  l'abbaye  de  Porl- 
Royal,  à  laquelle  avoit  été  nommée 
la  sœur  du  religieux  ,  attribua  le 
refus  à  celui-ci,  qu'il  fit  éloigner  de 
Paris  par  son  provincial.  Hommey 
avoit  encore  fait  un  Milleloquium 
sancli  Iljeronimi  Chrjsosloini. 

_  t  HOMMONb  (Charles-François 
r  ) ,  né  à  Chaulnes  près  de  Noyou 
eu  17  28  ,   s'attacha   à  rinslriicliou 


HOMT  48,, 

puhlique.  Après  avoir  été  principal 
d'un  collège  de  province ,  il  eut  la 
modestie  de  veuir  à  celui  d^u  cardi- 
nal l.e  Moine  à  Paris  pour  y  pro- 
fesser les  basses  classes,  sans  vouloir 
jamais  monter  aux  classes  supérieu- 
res. L'assemblée  du  clergé  lui  ac- 
corda une  gralihcalion  sans  qu'il 
l'eût  sollicitée.  Cet  homme  simple 
et  modeste  mourut  à  Pans  le  .ii  dé- 
cembre 179/1.  Ses  ouvrages  ,  des- 
tinés aux  éludes  ,  sont  divers  ylbré- 
gés  utiles,  écrits  avec  goût.  I.  De 
piris  illustribus  iirhis  Jxomœ.  C'est 
un  in-24  quia  eu  un  grand  nombre 
d'éditions.  II.  Elérucns  de  la gra/n- 
niCiire  latine ,  in-i  a.  L'adoption  d'i 
celle  grammaire  fut  un  grand  événe- 
ment dans  les  collèges  ;  les  uns  y  sou- 
teuoient  l'excellence  de  celle  de  Tri- 
cot ;  un  plus  grand  nombre  lui  llient 
préférer  celle  de  l'Hommond.  Dans 
la  première  déclinaison  ,  il  avoit 
substitué  le  mot  rusa  la  rose ,  à 
l'ancien  mot  musa  la  muse  :  la  rose 
a  triomphé.  III.  Elémens  de  la 
grajnrnaiie  française ,  in-12.  Ces 
deux  ouvrages  ont  ol>tenu  des  édi- 
tions sans  nombre.  IV.  Abrogé  de 
l'Histoire  de  l'Eglise  ,  in -12.  "V. 
Voctri ne  chrétienne,  iu-i  2.VI.  Epi- 
tome  Historiée  sacrœ  ,  in-12.  VII. 
H/ s  foire  abrégée  de  la  religion  , 
1791  ,  in-î^. 

HOIVIOUEI  (  SfgTîorello  ) ,  fameux 
junsconsulte  du  i4^  siècle,  né  à 
Milan  ,  est  auteur  d'un  ouvrage  es- 
timé dans  son  temps  ,  intitulé  Ne- 
potitiones  juris  civil  is,lMgà.,  1  553, 
in-lol.  —  Deux  cardinaux  ,  Louis 
HoMODEi  ,mort  en  i685,  et  un  au- 
tre Louis  HoMODKf  ,  sou  neveu  , 
mort  en  1706,  ont  illustré  cette 
famille. 

t  HOMTORST  ou  Hoxtorst 
(Gérard)  ,  peintre  ,  élève  de  Bloe- 
maërt ,  né  k  Utrechl  en  ifnja  ,  alla 
à  Rome  pour  se  perfectionner,  et 
chercha  à  imiter  la  manitre  du  Ca- 
ravage.  Il  passa  en  Angleterre,  oii 


4oo  HONG 

il  lu  pour  le  roi  plusieurs  lableaux, 
11  se  iixa  à  La  llaye  ,  avec  le  litre 
«le  peintre  du  prince  d'Orange  ,  pour 
<jiù  il  en  iil  beaucoup.  Homlorsl 
t'xcelloit  à  rei)rëseiiter  des  Siijels  de 
nuit,  et  passe  pour  le  premier  de 
son  art  dans  ce  genre  de  peinlnre. 
On  voit,  entre  antres,  de  lui,  chez  le 
roi  de  Bavière,  \ Enfant  prodigue 
parmi  les  prostiluccs  ;  dans  la  ga- 
lerie de  Dresde,  une  Vieille  comp- 
tant son  argent  à  la  lueur  d' une 
lampe  ;  \nie  ar.tre  Vieille  et  un 
^irracheur  de  dents ,  éclaires  de 
même  ,  etc.  ;  et  an  Musée  Napoléon , 
le  portrait  de  Charles-Louis  ,  élec- 
teur palatin  ,  et  celui  du  prince  Rn 
bert,  son  l'rère  ,  la  Servante  de  Car- 
phc  y  qui  fit  renier  J.  C.  }>ar  saint 
Pierre  ,  et  Pilate  se  lavant  les 
mains.  On  regarde  comme  ses  plus 
beaux  tableaux  d'histoire  uae  IJes- 
ic/ite  de  Croix  et  un  .S'.  Sébastien , 
fait  pour  la  cathédrale  de  Gand.  Il 
liiouriil  à  l'âge  de  67  ans. 

IIONAiM,  Arabe,  traducteur  de 
tous  les  ouvrages  d'Aristote  ,  par  or- 
dre d'Ahnunioiiu ,  septième  calife 
abbasside  ,  obtint ,  dit-on,  pour  cha- 
que livre  de  ce  ])htlosophe  ,  autant 
d'or  que  l'ouvrage  pesoit.  Honam 
étoit  chrétien  ,  et  tlorissoit  dans  le 
9'^'  siècle. 

*HONCAMP  (Malhias)  .chanoine 
de  Magonza  ,  tîoris.soit  vers  la  fin 
thi  17*^  siècle.  On  a  de  lui ,  I.  Sacrœ 
S<riptu}'œ  et  sanctonim  Pairum 
apologia ,  in  qud  non  solum  re- 
verendis^  patris  Simeonis  Itichard, 
ordinis  omtorii ,  liber ,  sed  et  quo- 
rnmdam  liollandiœ  theologorum 
super  cnmde/n  libriim  judiciutn 
examinanlur ,  Mognntiîe  ,  1690. 
11.  Expositio  mystica  et  moraiis 
J'ivangeliisecundum  Mattheum  eu  m 
iridiée  i opiosu ,  maxime  ad  usum 
concionatorum ,  Moguntiae  ,  1690, 
7)  volumes  in-H".  Ouvrage  précédé 
d'une  instruction  nécessaire  pour  les 
Éauitcs  Ecritures  cl  pour  l'Evangile. 


HOIND 

*  T.  H0N1)ERK:00TE[\  (Gilles), 
excellent  peintre,  né  à  Utrecht  en 
1  585 ,  \>ii\g\\G\l  le  paysage  d'un  style 
admirable,  ai  les  jleuis  avec  une 
exactitude  et  nue  vérité  précieuses. 

1 1  HONDERKOOTEK  {  Mel- 
chior  ),  fils  du  précédent ,  peintre, 
né  a  Utrecht  en  iBjG,  inorl  dans 
la  même  vdlle  eni(H)ô,  à  61  ans, 
excelloità  peindre  les  Jnimaux  e.\. 
sur-tout  les  Oiseaux,  dont  il  repré- 
sentoii  parfaitement  la  plume.  De 
plus  ,  il  oruoilses  fonds  de  paysages 
bien  finis.  Sa  louche  est  ferme  et 
large  ,  son  pinceau  gras  et  onctueux. 
Ses  tableaux  sont  peu  connus  en 
France,  parce  que  les  Hollandais  en 
sont  fort  curieux  ,  et  qu'ils  les  ven- 
dent fort  cher.  Il  y  en  a  trois  dans  la 
galerie  de  Vienne  ,  représentant  des 
Oiseaux  de  basse-cour  ;  et  quatre 
dans  le  Musée  Napoléon  ;  savoir  , 
V Entrée  des  animaux  dans  l'ar- 
che ,  le  Concert  discordant ,  exé- 
cuté par  les  oiseaux  ,  un  Combat 
de  coq  contre  un  poulet  d'i/ide ,  et 
un  autre  Combat  de  coq  contre  un 
corbeau  ,  en  présence  d'un  paon  , 
d'un  pélican  et  d'autres  animaux. 
Ces  tableaux  viennent  des  conquêtes 
de  la  grande  armée  sur  la  Prusse 
eu  iSob  et  JS07. 

*  I.  HONDIUS  (  Abraham  ) ,  pein- 
tre hollandais,  né  à  Pioterdani  en 
i6,SS,  mort  en  1P91.  Sls  onvrages 
se  distinguent  par  le  feu  de  la  com- 
position. Le  principal  représente 
V  Incendie  de  Troie.  On  y  admire 
la  disposition  des  figures  ,  la  cor- 
reclion  du  dessin,  et  la  touche  libre 
et  hardie.  Il  a  sur-tonl  peint  des 
Chasses ,  et  il  excelloit  dans  les 
yînimaitx  et  IsJ^ajsage. 

II.  HONDIUS  (  Josse  )  ,  ué  à 
Wackerne  ,  petit  bourg  de  Flan- 
dre, eu  ibCiT)  ,  mort  en  1611  ,  à 
/j8ans,  apprit  sans  inailre  hgraver 
et  à  dessiner  sur  le  cuivre  et  sur 
l' 'ivoire ,  cl  à  J'ondre  les  caractères 


lîONE 

d'imprimerie.  11  exccUoil  dans  lous 
ces  génies.  Il  s'adonna  aussi  à  la  géo- 
graphie ,  et  pul)lia  un  ouvrage  inti- 
tulé Descriplio  geograp/iica  or- 
lis  terrannn  ,  1607  ,  lu-folio.  — 
Un  aaire  Hondius  ,  ou  peut-être  le 
même,  a  fait  imprimer  un  Trai/é 
d'y/rtillerie ,  où  ,  en  parlant  du  siège 
d'Anvers  par  le  duc  de  Parme  ,  il 
fait  mention  de  brûlots  inventés  par 
Pierre  Timmerman  ,  ingénieur  11a- 
maud  ,  de  forme  triangulaire ,  rem- 
plis de  poudre  et  de  pierres,  et  pres- 
que en  tout  semblables  à  ceux  dont 
les  Anglais,  en  iSo.j  ,  oui  fait  usage 
près  de  Boulogne. 

*  l.  riONDT  ou  HoNOius  (  Hen- 
ri) est  le  plus  habile  graveur  de 
loushs  îlondl.On  a  de  lui  uu grand 
nombre  de  jPg/Z/ïî/Za' estimés  ,  d'a- 
près I.ULas  de  Leyde,  Le  Titien, 
Van  Dyck,  Wildens,  Mjleus ,  Mi- 
reveldl  et  autres  maîtres. 

*il.  IlONDT  ou  IIoNDiu.s  (Guil- 
laume), iils  du  précédent  ,  a  gravé 
plusieurs  E.stampes  ,  entre  autres  , 
son  portrait  d'après  Van  Djck,  celui 
de  François  Franck,  dit  le  jeune  , 
d'après  le  même,  etc. 

HONE  (George- Paul),  juris- 
consulte ,  né  à  Nuremberg  en  1662, 
lonseiller  du  duc  de  Meinungen  , 
ftt  bailli  de  Cobonrg ,  où  il  mou- 
rut en  1747-1  à  8.5  ans  ,  a  donné 
divers  ouvrages  en  latin  ,  dont  les 
plus  connus  sont  ,  1.  Iter  juri- 
dicum  per  Beigiam  ,  Angliam  , 
(ialliam  ,  Italiam.  II.  Lexicou 
iopographicum  Franconiœ ,  etc. 
111.  Lj  Histoire  du  duché  de  Saxe- 
Cobuurg.  IV^  Des  Pcusécs  sur  la 
suppression  de  la  mendicité ,  etc. 
Ces  deux  derniers  écrits  sont  en  al- 
lemand. 

HONERT  (  Jean  Van  den  )  ,  né  eu 
jGc)3  ,  dans  un  village  près  de  i)or- 
drecht,  éludioil  régulièrement  qua- 
torze heures  par  jour.  Il  devint  pas- 
teur et  professeur  en  théologie,  en 


H  ors  G 


49» 


histoire  ecclésiastique  et  en  élo- 
quence sacrée  à  I.eyde  ,  où  il  mou- 
rut l'an  1758,  à  63  ans.  On  a  de 
lui  un  très-grand  nombre  d'ouvra- 
ges, la  plupart  polémiques. 

HONESTIS  (  Pierre  de  )  ,  qu'il 
faut  distinguer  du  cardinal  Pierre- 
Uamien  ,  al)bé  de  Sainte-Marie-dn- 
Port  ,  près  de  Ra venues,  écrivit  les 
lièglcs  de  celle  abbaye,  et  mourut 
en  I  I  I  q  ,  regardé  comme  vn  homme 
aussi  pieux  que  savant. 

HONG-KILA,  femme  de  Ilupi- 
lav  ,  cinquième  empereur  des  I\lo- 
go!s  ,  renommée  pour  ses  vertus 
et  sa  modération.  Son  époux  ayant 
conquis  ,  en  i  276  ,  imo  grande  partie 
de  la  Chine,  envoya  prisonnier  à 
Changtn  ,  capitale  de  la  Tartarie  , 
l'empereur  Kont-Song  ,  et  toute  sa 
famille.  Hong-Kila  leur  prodigua 
lous  les  soins  de  l'humanité.  Lors- 
qu'on étala  les  trésors  c<mqnis  ,  toute 
sa  cour  les  contemploit  avec  de 
grands  transports  de  joie;  l'impé- 
ratrice au  contraire  répandit  quel- 
ques larmes  ,  et  c'adressant  à  Hu- 
pilay  :  «Seigneur,  lui  dit-elle,  les 
dynasties  ne  sont  pas  éternelles  ;  ju- 
jez  par  la  révolution  qui  précipite 
celle  des  Song  ,  ce  qui  peut  arriver 
à  la  vôtre.  »  Hong  -  Kila  cessa  de 
vivre  en  1281. 

HOxNGNANT.  Fojez  Houtte- 
vii.Lx;. 

t  HONGRE  (Etienne  le  ) ,  sculp- 
teur parisien  ,  reçu  à  l'académie 
royale  de  peinture  et  de  sculpture 
en  1628,  mourut  en  1690,  âgé 
de  62  ans.  Ce  mailre  célèbre  parmi 
les  artistes  du  siècle  de  Louis  XIV 
eml)fllil  les  jardins  de  Versailles  de 
plusieurs  ouvrages  ;  tels  sont  une 
ligure  représentant  Wlir;  Ver- 
tu mue  en  therme  ;  Pomone  ,  autre 
therme.  C'est  d'après  son  modèle 
que  fut  fondue  la  statue  équestre  de 
Louis  XIV   érigée   à  Dijon. 


4fp  HOKO 

*  HONORANTE  (  Romuald  )  , 
né  à  Ascoli  clans  la  Marche  d'Aii- 
côue  ,  passa  une  partie  de  sa  vie 
à  Rome,  où  il  oblint  un  cauo- 
iiicat  ,el  fut  estimé  pour  sa  probité 
et  son  savoir.  11  mourut  dans  uu 
iige  avancé  vers  1775.  On  a  de  lui  , 

I.  Direftorio  degli  esercizy  spi.rl- 
luali  per  gll    ordinandi ,   Rome. 

II.  Dircllorio  per  gli  imrocchi  e 
co/ifessori  ,  Rome. 

t  I.  HONORAT  ou  Honoré 
(saint  )  ,  archevêque  d'Arles ,  et 
fondateur  du  monastère  de  Lérins  , 
d'une  famille  illustre  des  Ga\i!es  , 
sans  quou  sache  précisément  de 
quel  pays.  Son  père,  qui  étoit  païen, 
voulut  inspirer  à  son  fils  le  f,oût 
du  monde  ,  mais  il  ne  put  y  réus- 
sir. Honorai  embrassa  le  christia- 
nisme ,  et  passa  en  Grèce,  où  il 
vécut  dans  la  solitude.  Saint  Ve- 
nance,  son  frère,  le  compagnon  de 
son  voyage  et  de  sa  retraite  ,  étant 
mort  à  Métonne,  Honorât  retourna 
en  France,  et  choisit  l'île  de  Lérins 
pour  y  vivre  solitaire.  11  n'y  demeura 
pas  long-temps  inconnu  ;  Une  foule 
de  personnes  vinrent  se  mettre  sous 
sa  conduite.  Il  leur  lit  hàlir  un  mo- 
nastère vers  4'0  »  ^^  Ips  quitta 
malgré  lui  pour  occuper  le  siège 
d'Arles. 

TI.  HONORAT ,  évèque  de  Mar- 
seille vers  594  ,  succéda  à  Sabinien  , 
el  se  distingua  par  sa  piété  ,  sa  pru- 
dence ,  sou  éloquence,  et  sa  facilité 
à  parler  sur-le-champ  sur  les  ma- 
tières de  la  foi.  Il  coinposoit  des 
discours  en  forme  d'homélies  pour 
combattre  les  hérétiques.  Le  pape 
Gélase  rendit  uu  témoignage  avan- 
tageux à  sa  doctrine  ,  et  Connade 
en  fait  un  grand  éloge.  Nous  avons 
de,  lui  la  F^ie  de  sain/  Tlilaire  d' Ar- 
les,  qui  se  trouve  dans  le  Saint- 
Léon  du  P.  Quesnel  ,  et  avec  le 
Saint-Prosper ,  imprimé  à  Rome, 
il'Si  y  in-8°. 


HOiNO 

HONORATCS.  Voy.  Antonjis 
et  Servius  ,  u°  II. 

L  HONORÉ  (  les  papes  ).  Voyez 
HoNORius  I  et  suivans. 

II.  HONORÉ  le  SoHlaire ,  ou 
diAalun^  parce  qu'il  étoit  théologal 
de  l'église  d'Autun  ,  célèbre  par 
ses  ouvrages  sous  le  règne  de  l'ejn- 
pereur  Henri  V,  vers  l'an  1120, 
a  publié  ,  I.  De  prœdcslliia- 
t'ione  et  gratiâ  ,  dont  fédilioii 
la  plus  exacte  est  de  1621.  11. 
De  himinaribûs  F.cclesiœ.  C'est 
un  recueil  d'écrivains  ecclésiasti- 
ques. III.  Un  Traité  de  l'office  et  des 
cérémonies  de  la  messe  ,  intitulé 
De ge/nmd  aiiimœ.  \\[.  Et  ô' autres 
écrits,  la  plupart  iini-rimés  aéparé- 
meut.  11  s'en  trouve  quelques-uns 
dans  la  Bibliothèque  des  Pères. 

III.  HONORÉ,  de  Cannes  ,  petite 
ville  de  Provence  auprès  d'Antibes, 
célèbre  capucin  du  17'' siècle  ,  prèclia 
avec  succès  à  la  cour  et  à  la  ville. 
Son  éloquence  étoit  celle  d'un  apô- 
tre ,  sans  aucun  ornement.  Le 
père  Bourdaloue  ,  un  de  ses  admi- 
rateurs ,  disoil  «  que  le  père  Ho- 
noré faisoit  rendre  à  ses  sermons 
ce  que  l'on  avoit  volé  aux  siens.  » 

1  IV.  HONORÉ  DE  Sainte- 
Marie  ,  appelé  dans  le  monde 
Pierre  Fauzelle  ,  né  à  Limoges  en 
i6.^)i ,  prit  l'habit  de  carme  déchaussé 
eu  1671  ,  et  mourut  à  Lille  en  1729. 
Ce  savant  religieux  a  publié  divers 
ouvrages ,  dont  les  principaux  sont , 
I.  Reflexions  sur  les  règles  et  sur 
l'usage  de  la  critique  ,  touchant 
l'Hisloire  de  l'Eglise  ,  les  owrages 
des  Pères  ,  les  actes  des  anciens 
martyis  ,  les  Vies  des  saints,  etc. 
avec  des  notes  historiques ,  chro- 
nologiques ,  en  5  vol.  111-4".  Kaus 
cet  ouvrage,  rempli  de  recherches  et 
de  dissertations  curieuses  ,  érudiles  , 
et  la  plupart  sur  des  points  impor- 
tans,  l'auteur  manque   quelquefois 


HOiNO 

lui-même  de  critique,  quoiqu'il  en 
donne  de  boiîues  règles  ,  princi- 
])alcmenldans  sou  premier  voUime, 
qui  esl  le  plus  estimé,  11.  La  Tra- 
(lilinn  des  Pères  et  des  auteurs 
ecclésiastiques  sur  la  cunlcmpla- 
tiun  ,  avec  un  Traité  sur  les  motifs 
cl  la  pratique  de  l'amour  divin, 
trois  volumes  in  -  i  2  ,  ouvrage 
traduit  en  italien  et  en  espciguol. 
m.  Un  Traité  des  indulgences 
du  jubilé,  in -12.  IV.  Des  Dis- 
sertations historiques  et  critiques 
des  ordres  militaires ,  171^,  iu- 
4°.  V.  Observations  sur  l'His- 
toire ecclésiastique  de  Fleury  , 
jn-i  -2  ,  dont  la  première  édition  pa- 
rut, sans  nom  de  lieu  ni  d'impri- 
meur (  Mal  ines  ,  Laurent  Van  der 
Elsl  ,  1726);  la  deuxième  à  Ma- 
hnes  ,  1727  ,  et  la  troisième  au 
même  lieu  en  1729. 

t  HONORIA  (  Justa  -  Grata  )  , 
fille  de  Constance  111  et  de  Plàcidie  , 
née  à  Raveunes  en  4^7  o"  4^^  ? 
reçut  à  l'âge  de  16  ans  le  titre 
d'Auguste  ;  mais  elle  déshonora  peu 
de  temps  après  cette  dignité  en 
s'abandonnant  à  Eugène,  intendant 
de  sa  maison ,  commerce  qui  eut 
des  suites  visibles.  Chassée  du  ])alais 
impérial,  elle  lut  envoyée  à  Cons- 
tantiuople ,  où  on  la  garda  très- 
élroiteuieut  jusqu'à  la  mort  deThéo- 
dose-le-Jenne,  arrivée  en  4''0.  Mar- 
cieu  lui  ayant  rendu  la  liberté,  elle 
revint  en  Italie,  et  voulut  partager 
l'empire  d'Occident  avec  son  frère 
Valentinien.  Mais  ce  prince  ne  s'é- 
taut  point  prêté  à  ses  vues  ,  elle 
fit 
del 

ger  pour  sa  dot  la  moitié  de  l'empire. 
On  répondit  aux  ambassadeurs  du 
prince  hun  qu'elle  éloit  mariée  ,  et 
que  quand  même  elle  ne  le  seroil 
point,  son  sexe  l'excluoit  de  toute 
prétention  au  gouvernement.  La 
guerre  funeste  qui  suivit  ce  refus 
ayant  été   terminée  ,  Honoria  passa 


lïOISO 


493 


proposer  à  Attila,  roi  des  Huns,     changèrent  rien  à  l'état  des  c 
lademanderen  mariage,  et  d'exi-'J  Cependant  il  failoit  de  l'argen 


le  reste  de  ses  jours  en  Italie.  Ou 
ignore  l'année  de  sa  mort. 

t  l.  HONORIUS,  empereur  d'Oc- 
cid'.nt,  tils  de  l'empereur  Théodose 
et  de  Flacille ,  né  à  Constanlinople 
le  9  septembre  58-|  ,  eloit  le  second 
héritier    de    l'empire  ;    il   le   par- 
tagea   avec    Arcadius  ,   son   frère  , 
après  la  mort  de  leur  père,  en  ogf). 
Stilicon  ,  à  qui  Tbéodose  avoit  con- 
fié la  régence  ,  forma  le  dessein  ds 
détrôner   son   pupille.   Apres  avoir 
vaincu   Radagaise  ,  qui  éloit    eutré 
en    Italie  avec    quatre   ceut    mille 
hommes,  il  résolut  de  se  servir  des 
barbares,    et  sur-tout  des    Goths  , 
conduits  par  Alaric,pour  exécuter 
ce  projet.  L'empereur,  informé  des 
trahisons  de  Stilicon,  le  fit  tuer  par 
lléraclieii  en   1408.    Dès   la  même 
année,   Alaric,  g'r^néral  des  Gollis, 
mit  le  siège  devant  Rome  ,  dans  les- 
pérance  d'un  accommodement  ;  mais 
cette  négociation  n'ayant  pas  réussi , 
Alaric  revint  l'assiéger  l'année  sui- 
vante, et  obligea    les  hal)ili.u)s   de 
celte  ville  à  recevoir  Altale,  ])réfet 
de  Rome,  pour  empereur.  Le  peu- 
ple romain   fut    réduit  à  une  telle 
extrémité,  que  les  prêtres  des  faux 
dieux  ,  proiUaut  de  la  consternaliou 
générale ,   se    vantèrent  de   chasse" 
les  assiégeans  par  le  secours  de  leurs 
divinités.  U  y  avoit  encore  des  ma- 
gistrats dans   le  sénat   qui  tenoient 
à    l'aucienne    religion.   On    permit 
donc  de  faire  des  sacrifices  aux  dieux 
des    gentils,  soit  dans  le  Capilole  , 
soit    dans    les  endroits    principaux 
de  la    ville.  IMais    ces  sacriiices   no 
choses. 
i  pour 
renvoyer  les    barbares.  L-s   Goths 
dcinandoicnt  dix  mille  marcs  d'or  , 
et  soixante  mille  marcs  d'argent.  On 
fondit  donc    ce  qui  restoit  d'idoles 
composées  de  ces  deux  métaux.  Ala- 
ric ayant  fait  une  troisième  incur- 
sion   quelque  temps  après  ,    Rome 
fut  encore  pillée,     les    idoles  en-. 


4i)4 


HOWO 


lieiement  délniites,  et  leur  culte 
]>resqii(?  enlièi'utiHUl  néglige.  l'..ii- 
(lis  (jne  l'einpire  éloit  ainsi  ravagé  , 
lloiioriiis  resloit  IraiiqiiiUe  à  Ha- 
veiiiie  ;  et  maiifiiiant  ou  de  cou- 
rage ou  de  force  pour  s'opposer  à 
ces  barbares  ,  il  languissoil  dans  une 
oisiveté  déplorable.  Divers  lyraas 
s'éleverenl  dans  l'euipire;  Honorius 
s'en  défit  par  sesrapilaines,  car  pour 
lui  il  éloit  incapable  d'agir,  il  mou- 
rut dhydropi&it:  à  Ra  venue  eu  4-23  , 
sans  avoir  eu  d  eul'ant  ,  quoiqu'il 
tilt  été  marié  deux  fois,  à  Marie 
et  à  Tliermancie  ,  lilles  de  Stilicon. 
«  Cet  empereur,  dit  Richer  ,  fut 
exempt  de  vices,  mais  il  eut  tous 
les  déi'auls.  Ce  fut  un  prince  timide 
qui  n'osa  rien  entreprendre;  qui  ne 
vit  le  danger  qu'avec  eflroi ,  et  J'é- 
vila  toujous  ;  qui  se  laissa  conduire 
et  tromper;  qui  ne  commanda  ja- 
mais au  peuple  que  pour  obéir  à 
ses  ministres.  Il  ne  sut  former  au- 
cun dessein  ,  et  n'en  put  compren- 
dre ni  exéci.  ter  aucun.  L'euipire  cnliu 
croula  ,  parce  que  le  chef  ne  put  le 
soutenir,  w  Les  historiens  calholi- 
ques  ont  loué  sa  piété,  sa  foi,  ses 
mœurs  et  sur- tout  sa  charité.  Mais 
ces  vertus  ne  suffisent  pas  dans  un 
monarque. 

tll.  HONORIUS  I"  ou  HoNO- 
Bii  I"^' ,  pape  après  BonifaceV,eu  (i^b, 
mort  le  i  2  octobre  638  ,  fit  cesser  ie 
schisme  des  évèqucs  d'Istne  engagés 
à  la  défense  des  /rois  chapitres  de- 
puis plus  de  soixante-dix  ans.  Il 
j)ril  un  soin  particulier  des  églises 
tl'Auglelerre  et  d  Ecosse  ,  et  gou- 
verna l'Église  universelle  avec  au- 
tant de  zcle  que  de  prudence.  Ce- 
pendant les  catholiques  orthodoxes 
jui  re))rochent  de  s'être  laissé  sur- 
])rendre  par  Sergius,  patriarche  de 
Constaiilinople,  chef  du  monolhé- 
Jisme.  Cet  hérétique  lui  écrivit  une 
Ifllre  pleine  de  déguisement ,  dans 
laquelle  il  lui  <lisoit  qu'on  éloit  con- 
venu   de    g;irder  le  silence   sur  la 


HONO 

dispute  des  deux  opérations  en  Jé- 
.<iis-Clirisl.  H  lui  insinuoit  en  même 
temps  que  quelques  Pères  avoient 
enseigné  une  seule  opération.  Ho- 
norius, ne  se  déliant  [)as  de  ces  refus, 
lui  écrivit  une  lettre  dans  latjuelle 
il  lui  disoit  :  «Nous  coufes.sons  une 
seule  volonté  en  Jésus-Christ ,  parce 
que  la  divinité  a  pris  ,  non  pas  notre 
péché  ,  mais  notre  nature  telle 
qu'elle  a  été  créée  avant  que  le 
péché  l'eût  corrompue.  Et  plus 
bas  :  Nous  devons  rejeter  ces  mots 
nouveaux  qui  scandalisent  les  Egli- 
ses ,  de  peur  que  les  simples  , 
choqués  de  l'expression  des  deux 
opérations  ,  ne  nous  croient  ueslo- 
riens  ou  euiychéens  ,  si  nous  ne 
reconnoissous  en  Jésus-Christ  qu'une 
seule  oj)ération.  »  Cette  lettre  ,  qui 
favorisoil  les  vues  artificieuses  de 
Sergius,  n'est  point  adressée  à  tous 
les  lideles,  comme  le  sont  la  pUi- 
paiî  des  lettres  dogmatiques  des 
papes  ,  mais  seulement  à  ce  patriar- 
che de  Constantinople.  On  trouve 
desZ>e/^/esd'llonoriiis  dans  les  Con- 
ciles du  père  Labbe  ,  et  dans  la  Bi- 
liliotlièque  des  Pères  une  Epi- 
gra/iirne  qu'il  a   composée. 

III.  HONORIUS  II  ,  appelé  aupa- 
ravant le  canlinat  Lambert,  cs'èque 
d'Ostie,  ou  de  Vélétri  ,  lut  créé 
pape  le  21  décembre  1124  d'une 
manière  aise-z  extraordinaire.  Ajirès 
la  mort  de  Calixte  II ,  les  cardinaux 
élurent 'Ihibauld  ,  cardinal  du  titre 
de  Saint-Auasthasc  ,  qui  prit  le  nom 
de  Célestin  ;  mais  tandis  qu  on  chan- 
toit  le  le  Deiini  en  ai  tion  de  grâce 
de  cette  élection  ,  Lambert  fut  pro- 
clamé par  le  parti  de  Robert  Fraiigi- 
pani  ,  qui  étoit  eKiremement  puis- 
sant. Célestin  ,  pour  épargner  \n\ 
schisme  à  l'EgKse  ,  renonça  volon- 
tairement au  poutilicat.  Houocius  , 
connoissant  l'irrégularité  de  son 
élection,  voulut  en  faire  autant  sept 
jours  après;  mais  les  cardinaux  et 
les  prélats  romanis  la  confirinèreui. 


HOrsO 

Il  confirma  à  son  loiir  l'élection  de 
Lolhaii.n  renipire  ,el  condamna  les 
abbés  de  Ckini  et  du  MoiU-Cassin, 
ucciués  lit;  (iivn"- crimes.  Il  mourut 
le  14  lévrier  1100.  On  a  de  lui  quel- 
ques Lettres,  qui  ne  coutiennenl 
rien  de  l'eniarquable. 

IV.  HONORIUSllI  (  Censio  Sa- 
VELLi  ')  ,  Romain  ,  ^^'1'^  après 
Innocent  lU ,  le  17  juillet  1216, 
conlirma  l  ordre  de  St. -Dominique, 
et  celui  des  carmes.  Ces  derniers 
religieux  ,  originairement  des  es- 
pèces d'ermites  ,  auxqi;el.s  Albert  , 
patriarche  de  Jérusalem  ,  donna  une 
règle  Cil  1-209,  qui  fut  apirouvée 
par  Honorius  111  eu  i  2-2^  ,  tinrent 
leurs  noms  du  Moiil  -  Carmel  eu 
Syrie.  lïonorius  lit  prêcher  inuli- 
Itment  des  croisades  pour  le  re- 
couvrement de  la  Terre-sûinle.  Ce 
pape  ,  mort  le  18  mars  1227,  et  sa- 
vant pour  son  siècle  ,  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages.  C'est  le  premier  qui 
accorda  des  indulgencesdans  la  cano- 
nisation des  saints.  C'est  lui  aussi 
qui,  vers  1220,  défendit  d'enseigner 
le  droit  civil  à  Paris;  déiénsequi  sub- 
sisia  jusqu'en  1679,  que  Ion  y  établit 
une  chaire  pour  celte  faculté.  On 
a  pulilié  ,  sous  son  nom,  Conjn- 
laliones  adversùs  priiicipern  tene- 
brarurn  et  angélus  ejus  ,  à  Rome  , 
1629,  iu-8"  peu  commun. 

i  V.  HONORIUS  IV  (Jacques 
S.VVELLT  )  ,  Romain,  monté  sur  le 
trône  pontifical  le  2  avril  i285  ,  et 
mort  le  3  avril  1287  ,  après  avoir 
purgé  l'état  ecclésiastique  des  vo- 
leuisqiii  l'infesloienl ,  se  signala  par 
son  zèle  pour  les  droits  de  l'Kglise 
romaine  et  pour  le  recouvrement 
de  la  Terre-saiule.  Il  conçut  l'idée 
de  quelques  élablisseinens  utiles  pour 
accélérer  le  progrès  des  lettres,  ires- 
iiégiigées  dans  son  siècle.  Il  avoit 
voulu  fonder  à  Paris  un  collège  où 
l'on  pût  apprendre  les  langues  orien- 
tales; mais  cette  fondation  n'eut  pas 
Ueu.  Voyez  Ai'ONo. 


HOINT 


4rr'> 


VI.    HONORIUS   ,    antipape 
ï^ojez  JCadalous. 

t  HONTAN  (N...  baron  de  la  )  , 
gentilhomme  gascon  ,  vivoil  dans 
le  17'' siècle  D'abord  soldat  en  Ca- 
nada, ensuiteoiFicier  ,  il  fut  envoyé  à 
Terre-Neuve  en  qiialilédelieuleuant 
de  roi  ;  il  se  brouilla  avec  le  gouver- 
neur, fut  cassé,  et  se  relira  en 
Portugal,^et  de  la  en  Danemarck.  Il 
est  principalement  connu  par  ses 
Voyages  dans  L'Amérique  sepien- 
trionale,  en  2  vol.  in-12,  imprimés 
à  Amslerdaui  en  i7o5,  dans  les- 
quels il  fait  connoiUe  les  différens 
peuples  qui  y  liabiloienl  ,  leur  gou- 
vernement,  leur  commerce,  leurs 
coutumes ,  leur  religion,  elc.  Ils  sont 
écrits  d'un  style  emljarrassé  et  bar- 
bare. Le  vrai  y  est  lolalemenl  con- 
fondu avec  le  faux,  les  noins  pro- 
pres estropiés  ,  la  plupart  des  lails 
délignrés.  On  y  trouve  des  épisodes 
entiers  qui  sont  de  pures  iictions  : 
tel  esl  le  Voyage  sur  la  Rivicre- 
Loiigue ,  aussi  fabuleuse  que  l'ile  de 
Barataria,  dont  Sancho  Pança  fut. 
l'ail  gouverneur. 

t  IIONTIIEIM  (Jean -Nicolas), 
né  à  Trêves  le  27  janvier  1701  ,  y 
lit  ses  éludes  et  se  livra  parliculu- 
remenl  à  celles  du  droit  canoniqtv; 
et  de  la  jurisprudence.  Etant  allé 
en  Italie,  il  voulut  connoilre  à  fond 
tous  les  usages  de  la  cour  romaine; 
revenu  en  Allemagne  ,  il  déploya 
son  zèle  el  ses  labius  en  faveur  des 
libertés  de  l'Église  germanique  et  de 
l'ICglise  eu  général.  Il  fut  nom.mé 
vice-chancelier  de  l'iiiiiversité  de 
Trêves  ,  conseiller  de  l'élecleur  snii 
suflVagant ,  et  évèque  de  Myrioplnte 
in  parlibus.  11  a  publié  Uecas 
legum  illastrium  ,  etc.  ,  in-fbl.  , 
Trêves,  1706;  Hisloria  Treuirensis 
diiilotnatica  et  pragrnatica  ,  elc.  , 
5  vol.  in-fol.  Ausbourg  et  Wnrt/ - 
bourg,  i7r)o;  Vrodrvmus  historiœ 
Treuirensis,  2  vol. in-fol., Ausbourg, 
1757;  mais  le  plus  célèbre  de  ses 


4)(> 


HONT 


ouvrages  est  celui  qu'il  a  donné  sons 
lî  nom  de  Justinus  l  ebivnius  de 
slaiii  Ecclesiœ ,  in-4°,  Bouillon  el 
Francfort,  1760;  ce  livre  qui  eut 
plusieurs    éditions    fut    traduit  en 
allemand  el  en  d'aulres  langues.  La 
version  française  intitulée   Traité  , 
du  gouvernement  de  l'Eglise,  fut 
imprimée  ù  Venise,  in-4°,  en  176G, 
et  réimpriméeen  S  vol.  in-12,  17.69. 
Un    ires-bon   abrégé  fut  donné  en 
2' volumes  par  Lissoir,  abbé  de  la 
Valdieu.  (  Voyez  ce  nom,  )  Hon- 
iheim  en  donna  cusuile  un  épitome 
sous  ce  litre  :  Justinus  Febronius 
ahbreviatus  et  emendaius  ,  iii-.j"  , 
1777.  Ces  deux-  ouvrages  qui  heur- 
toienl  directement  tous  les  préjugés 
iillramontains   causèrent  un  fracas 
inconcevable.  Les  curialistes  se  dé- 
chaînèrent contre  lui  dans  une  mul- 
titude de  libelles.  La  cour  de  Rome 
avoil  singulièrement  à  cœur  de  lui 
arracher  un  désavœu  qu'elle  obtint 
enfui  en  1779.  Elle  fil  sonner  très- 
haut  cette   rélraclation  ;    mais   en 
17^1  parut  à  Francfort  1  vol.  '\n-/° 
du  même  auteur  ;  Juslini  Febronii 
comme/Uarius   in  suam  retracta- 
tionem  ,   dans    lequel    réduisant    à 
38  propositions  les  reproches  qu'on 
lui  fait  ,  il  s'efforce  de  rétal)lir  les 
principes  de  son  fameux  ouvrage  , 
mais  d'une  manière  indécise  qui  le 
montre  allernalivement  comme  fau- 
teur el  comme  ennemi  de  l'ultra- 
monlanisme.  Admel-il  par  exemple 
que  le  pape  a  droit  d'indiquer ,    de 
confirmer  les  conciles,  sons  sa  plume 
accourent  à  l'instant  une  foule  d'ex- 
ceptions  par   lesquelles  il    modifie 
son  .système.  Cet  ouvrag*^  af.este  que 
Hontheim   ,    persévérant   dans    ses 
principes,  n'adonné  à  Rome  qu'une 
salisiaclion  illusoire;  mais  devoil-il 
biaiser  d'une  manière  qui  confine  à 
la  mauvaise  foi  ?  Y  a-l-il  de  sa  part 
de  la  franchise  a  dire  que  ceux  qui 
étudient  l'anliquiié  embrassent  ordi- 
nxiirement   des  opinions  mal  digé- 
jfées  el  absurdes.    Cela   signilieioit 


HOINU 

équivalemment  qu'au  lien  d'étudier 
les  conciles  el  les  Pères,  qui  élablis- 
.senl  les  prérogatives  dt;  lÉglise ,  it 
faut  consulter  les  canonistes  des 
derniers  temps  dont  la  plupart  n'ont 
parlé  quedecelles  du  ponlife romain. 
Un  a  prétendu  que  des  considéra- 
tions de  famille  ,  el  l'amitié  pour 
ses  neveux,  dont  il  vouloit  hâter 
l'avaucement,  a  voient  iniliié  sur  ses 
démarches  ;  mais  son  commentaire 
est  à  peu  près  la  rélraclation  de  sa 
rétractation.  «Je  ne  puis  rétracter 
l'Ecriture  sainte  ,  les  Pères,  sur-tout 
sailli  Augi'.slin  ;  si  j'ai  eu  tort,  c'est 
de  dire  la  vérité.  »  Tel  est  le  langage 
qu'il  tenoit  à  son  abbréviateur  Lis- 
soir. Le  suifragant  de  Trêves  est 
mort  le  2  septembre  1790  ,  aussi 
intrépide  dans  ses  principes  que  les 
prélats  et  jirèlres  qui  ont  concouru 
au  congrès  d  Ems;  quoique,  par  une 
complaisance  excessive  ,  ils  n'a  itnl 
pas  pressé  l'exécution  des  détermi- 
nations prises  à  cette  assemblée.  Ou 
en  appelle  an  témoignage  de  lous 
ceux  qui  sont  vivans  ,  sm'-tout  an 
primat  actuel  de  l'Allemagne  el  au 
savant  clergé  qui  reuloure. 

HONTIVEROS  (Dom.  Bernard  ) , 
bénédictin  espagnol ,  professeur  de 
théologie  dans  liiiiiversiléd'Oviéiio, 
puis  général  de  sa  congrégation  en 
Espagne  ,  et  enfin  évèque  de  Cala- 
horra  ,  mort  en  16G2  ,  a  donné 
un  livre  intitulé  léucrymœ  rni- 
litantis  Ecclesiœ.  C'est  nn  traité 
estimé  contre  les  casnisles  rehichés. 

HONTORST  (Gérard).  Voyez 
HoMTOR.sr. 

*  HONUPHRIIS  (  Honuplire  de  ), 
médecin  du  ib"  siècle,  né  à  Foligni 
dans  rOmbrie,  d'une  lamiile  noble, 
enseigna  la  ])1nlosophie  et  la  méde- 
cine dans  Tuniversité  de  Pérouse,  el 
s'v  distingua  dans  la  chaire  par  la 
solidité  de  ses  leçons,  el  dans  le 
grand  monde  par  les  succès  d'une 
pratique  brillanlc.  Ct  fut  à  la  repu- 


HOOG 

l;)lion  dp  ce  double  talentqu'il  dut  la 
place  de  inédecia  du  pape  Sixte  V. 
Il  a  laissé  plusieurs  oia'r-agesel  c/is- 
rai/rs,  inauuscrils  ,  sur  des  matières 
iiiédici\iales  et  philosophiques. 

*  HOOFMAN  (  Elizabclh  ) ,  n«e  à 
lïarleiii  eii  1664,  cultiva  avec  succès 
les  muses  latines  et  hollandaises. 
Egaleim^nt  appliquée  à  l'élude  du 
grec, elle  a  traduit  avec  sucris,  dans 
sa  languo  maternelle , plusieurs  Odes 
d'Anacréon  et  d'Horace.  Les  vers 
sulvans  ,  qui  font  partie  d'une  com- 
plainte sur  la  mort  d'un  de  ses  ne- 
veux ,  peuvent  servir  d'échantillon 
de  son  lalent  pour  la  poésie  latine. 

Flexaniniam  immitli  Vini;uam  Lihilina  retundit 

Pro  rnseo pallen'  inficil  nra  colur  , 
Cutidnr  et    nhsequi/im  f   htundâ'jue   in  fronte 
ren'idcn.i 

SimjjHcitas  ,  ciincth  rjiiœ  p>aruëie  jaceiit 
Claudimus  ,   lieu,',    niiaeri    t'neros   moricnlis 
ocellos 
Qui  poliùs  nostrijn  claudere  d  hii/ral 
Spes  erat  ex  m  o  dulcea  i/rioiiiie  renifiv  nains: 
Pro  thalamo    est    tumulux  ,  proqiie  nepole 
_  rogua . 

Après  avoir  gniué  les  douceurs  et 
l'amertume  du  sort  avec  Pierre  Koo- 
laart,  néoociaut,  qu'elle»  épousa  en 
aGg?),  elle  mourut  sa  veuve  à  Cassel 
en  1706.  Sou  Itère,  Corneille HooF- 
MAN  a  enrichi  de  quelques /j/ècra  le 
théâtre  hollandais.  Guillaume  Kops 
a  publié  en  177.4  «"s  collection 
choisie  des  poésies  hollandaises  et 
latines  d  Elizabelh  Ho(jfman . 


HOOG 


4!)7 


Grrevius,  étoil  un  partisan  enlhot.- 
siaste  de  la  liberté  républicaine.  Nous 
avons  de  lui  un  recueil  de  Poésies 
/a///;es,  imprimé  à  Amsterdam,  cheii 
Eizévir  en  167:2,  1    vol.  in-i:2.11  y 
a  joint  trois  Discours  prononcés  à 
Ueveuler  dans  des  occasions  solen- 
nelles, e;  qui  portent  iemoreinle  de 
ses  sentimeîis  patriotiques.  Le  chan- 
gement des  circonstances  lui  valut 
nnedisgracehouorable- 11  fuldesliliié 
de  sa  chaire;  iuais  ses  concitoyens 
l'appelèrent  aux  honneurs  de  la  re- 
présentation municipale,  et  de  pro- 
i'esseur  il  devint  bourgmestre.  Hoo- 
gers  n'atteignit  pas  l'âge  de  ijo  ans  , 
et  mourut  le  i/j  avril  1676.  On  lui 
doit  aussi   la  publication  de  deux 
Opuscule^  posthumes  de  Rabo-Her- 
man  Schela. 


*  HOOGEVEEN  (  Henri  ) ,  ne'  à 
Leyde  en   17 1:^,   recteur  de  l'école 
latine  de  Delft ,  mort  dans  cette  ville 
le   i'''  novembre  1792.   Ses  père  et 
mère,  quoique  pauvres,  trouvèrent 
moyen  de    lui   doinier   une   excel- 
lente éducation  :    à    quinze  ans   il 
donnoit  dts  leçons  et  soutenoit  ses 
pareils.  En  1702  il  fut  sous-maitre 
d'une  académie  à  Gorcum  ;  peu  après 
il   passa  à  Culerabourg;  eu  174S  il 
s'établit  à  Bréda  ;  mais  il  quitta  cette 
ville  en  17G1  ,et  passa  à  Dordt  ,où  il 
demeura  3  ans,  après  lesquels  il  alla  à 
Delft.  Hoogeveeu  s'est  rendu  reconi- 
maudable  par  ses  connoissances  dans 
la  littérature  grecque,  en  donnant 
une  nouvelle  édition  enrichie  de  ses 
notes,  du  traité  cIé  François  Vigier, 
De  idiotismis  lingiiœ  gvœcœ  X^^yA^., 
17.52  et  1766  ,  in-8°,  et  encore  plus 
par  son  grand  ouvrage  intitulé  Doc- 
trina  particularum  linguœ giœcœ  , 
lléycfe ,  17G9,  2  vol.  in-4''.  Il  avoit 
cherché  en  vain  parmi  ses  compa- 
triotes les  secours  qui  lui  étoienl  né- 
cessaires pour  venir  à  bout  de  pu- 
blier ce  <kruier  ouvrage  ;  mais  ho- 
norablement coniui  eu  Angleterre, 


*  HOOGE.  Ployez  HootoE. 

*  HOOGENDYK  (  Sébastien  ) , 
médecin,  versé  dans  la  littérature 
grecque  et  latiue,  né  à  Dordrecht 
vers  le  commencement  du  1 1"  siècle, 
pratiqua  son  art  dans  celte  ville  avec 
beaucoup  de  succès.  On  n'a  de  lui 
que  des  Epigrammes  grecques  im- 
primées à  la  tète  de  quelques  ouvra- 
ges de  ses  amis. 

*  HOOGEUS(Gosuin),  professeur 
d'humanités  à  Deventer,  où  ilavoit 
succédé  dans  cet  enseignement  à  J.  G.  |  il  y  trouva  des  cncouragemeus  et  des 

T.    VIII. 


4.j8 


HOOG 


souscriplious.  Il  a  encore  écrit  J.  J. 
Zeuiiii  aaimadueisioiies  in  F.  Vi- 
geiii  de  p.  g.  d.  /,  librum  ad 
justain  examinis  lucern  fef-'ocatœ , 
Leyde ,  1781,  in-8°.  Uu  ouvrage 
posthume  ,  intitulé  Dictionarium 
grœciim,  imprimé  à  Cambridge.  Il 
a  laissé  plusieurs  manuscrits  dont  le 
plus  important  est  sou  Opiis  analo- 
^'/cz//«,  imprimé  à  Cambridge  par 
les  soins  de  l'université  de  cette  ville, 
et  précédé  d'une  notice  biographique 
et  du  portrait  de  l'auteur  ,  ainsi  cpie 
d'une  préface  tracée  de  la  main  de 
son  fils. 

*I.HOOGSTRAETEN  (Jacques), 
théologien  catholique  ,  religieux  de 
l'ordre  de  Saint-Doraimque,  inqui- 
siteur-général, et  d'un  carrfctère  dont 
la  violence  convenoit  parfaitement 
à  ses  fonctions  ,  mort  à  Cologne  eu 
i527,  a  écrit  avec  beaucoup  d'em- 
portement contre  Luther  ,  Erasme 
f  t  Reuchelin  ;  mais  les  diatribes  de 
ce  moiue  prouvent  qu'il  u'étoit  pas 
de  force  à  lutter  contre  ses  antago- 
nistes ,  qui  souvent  a  voient  pour 
eux  la  raison  et  l'éloquence. 

*  II.HOOGSTRAETEN  (  Samuel 
Van  ),  peintre,  né  à  Dordrecht  en 
1627.  mort  dans  la  même  ville  en 
1678.  Son  père  Théodore  Hoogs- 
Iraeten  lui  enseigna  les  premiers 
tlémens  de  la  peinture  ,  Rembraut 
lut  son  second  maître;  mais  la  pré- 
férence qu'il  donna  au  portrait  l'em- 
pêcha de  prohler  des  principes  de  ce 
grand  peintre,  dont  il  avoit  saisi  la 
manière.  Sa  grande  émulation  le 
conduisit  à  des  progrès  extraordi- 
naires. Paysages,  animaux, fleurs , 
fruits,  etc., il  s'exerça  dans  tous  ces 
genres ,  et  ne  fut  médiocre  dans  ay- 
cun.  Il  fit  le  voyage  de  Vienne  et 
présenta  à  l'empereur  trois  tableaux  , 
le  Portrait  d'un  gentilhomme  i  Jé- 
sus-CJirist  couronné  d'épines  ,  et 
une  imitation  d'objets  inanimés.  Ce 
dernier  ayant  fait  illusiiouau  prince, 


HOOG 

«Voilà,  dit-il,  le  premier  peintre 
qui  m'ait  su  tromper  ,  pour  l'en 
punir  je  garde  sou  tableau,  w  Rome 
et  les  beautés  de  l'art  qui  s'y  trou- 
vent fixèrent  quelque  temps  toute 
l'attention  de  cet  homme  célèbre; 
mais  des  vues  d'intérêt  ou  seulement 
la  curiosité  le  firent  passer  en  An- 
gleterre, d'où,  après  avoir  travaillé 
iructueusement,  il  retourna  à  Dor- 
drecht comblé  de  biens  et  d'honneurs. 
Comme  homme  de  lettres  et  comme 
poète,  ses  écrits  sont  recherchés.  On 
a  de  lui  un  Traité  sur  la  peinture  ; 
deux  livres  intitulés  le  Monde  éclai' 
ré  et  le  Monde  aveugle;  plusieurs 
Pièces  de  vers  ;  sou  F'ojage  d'Ita- 
lie,  etc. 

t  HOOGSTRATTEN  (David 
Van  ) ,  médecin,  né  à  Roterdam  en 
1  658,  professeur  d'humanités  à  Ams- 
terdam ,  et  correcteur  du  collège  , 
se  noya  le  i3  novembre  1724,  ou 
plutôt  il  mourut  au  bout  de  huit 
jours  ,  des  suites  d'une  chute  dans  le 
caual  du  quai  de  Gueldre  ,  où  il 
tomba  ,  aveuglé  par  uu  brouillard 
épais  qui  s'éloit  élevé  sur  les  six 
heures  du  soir.  On  a  de  lui ,  1.  Des 
Poésies  latines  ,  eu  2  vol.  in-S". 
IL  Des  Poésies  flamandes ,  en  1 
vol.  111-4".  m-  Un  Dictionnaire 
flamand  et  latin.  IV.  Des  Notes 
sur  Coruélius-Népos  et  sur  Térence. 
V.  Une  édition  de  Phèdre,  Amster- 
dam ,  1701  ,  iu-4°  ,  à  l'usage  du 
prince  t^e  Nassau  ,  dans  laquelle  il 
a  imité  les  ad  usum  delphini.  VI. 
Une  bonne  édition  des  Poésies  de 
Janus  Broukhusius  ,  iii-4°  ,  Ams- 
terdam,  1711.  VII.  Une  autre  édi- 
tion de  Arturi  Jonstoni  Scotipsal- 
morum  Dauidis  parap/irasis  poë- 
//ca ,  Amsterdam ,  1706,  in-i2.La 
médecine  qu'il  sacrilia  aux  belles 
li;ltres  ne  lui  a  fourni  qu'une  dis- 
sertation, intitulée  De  hodierno 
mcdiciius  statu  ad  Nicolaum  T'''ari 
der  Kappen.  Dordrechli ,  i683  , 
ia-S°. 


HOOG 

i-  HOOGUE  ou  HooGE  (  Romain 
de  ),  dessinateur  el  graveur  hollan- 
dais, né  à  La  Haye  en  17:20  ,  avoit 
une  iniagiualiou  vive  ,  qui  l'a  quel- 
quefois égaré.  Il  faut  être  indulgent 
avec  lui  sur  la  correcliou  du  dessin 
et  sur  le  choix  de  ses  sujets  ,  qui 
sont  la  plupart  allégoriques  el  d'une 
satire  triviale  et  exagérée.  Ses  prin- 
cipales estampes  sont ,  I.  Les  ligures 
de  V Histoire  du  nouveau  Testament 
de  Basnage,  I7o4,in-fol.  ÏI.  Celles 
de  V Académie  de  L'art  de  la  lutte, 
1674,  en  hollandais;  et  1712  ,  in-4°, 
en  français.  IH.  Celles  de  la  Bible 
avec  de«  explications  hollandaises, 
1721.  IV.  Celles  Aeh  Hiéroglyphes 
des  Egyptiens,  Amsterdam,  1705, 
petit  in-foi.  V.  Celles  des  Co«/e5  de 
La  Fontaine,  i685,  2  vol.  in-.S''.' 
VI.  Celles  de  Boccace ,  1690,  2  vol. 
in-8°.  VIL  Celles  de  la  Reine  de 
J^auarre,  1698,  2  vol.  in- 8°.  VIII. 
Celles  des  Cent  Nouvelles,  i70i  , 
3  vol.  in-8°.  Quand  les  figures  sont 
détachées  de  l'impression,  elles  sont 
plus  recherchées.  Huit  estampes  re- 
présentant les  excès  et  les  cruautés 
réelles  ou  supposées  <]ue  les  Français 
commirent  en  Hollande  en  1672- 
On  les  trouve  dans  un  livre  rare, 
intitulé  -^vis  fidèle  aux  véritables 
Hollandais,  toucJiant  ce  qui  s'est 
passé  dans  les  pillais  de  Bode- 
grave  et  Sivamerdam ,  1670,  in-4''. 

*  HOOGVLIET  (  Arnold) ,'  ne  à 
Vlaardingen,  bourg  considérable  à 
l'ouest  de  Schiedam  sur  la  Meuse  , 
en  1687,  mérita  une  place  distin- 
guée parmi  les  poètes  hollandais. 
Son  éducation  seconda  peu  le  déve- 
loppement de  son  génie.  A  làge  de 
20  aHs ,  sentant  la  nécessité  de  la 
connoissance  des  anciens,  il  s'appli- 
qua à  l'étude  de  la  langue  latine  ,  et 
ce  qui  prouve  qu'il  ne  s'étoit  pas 
borné  à  une  légère  teinture ,  c'est  sa 
Traduction  des  Fastes  d'Ovidei*%n 
vers  hollandais  ,  publiée  à  Delft  en 
1719  ,  in-4''.  Il  eu  a  paru  une  seconde 


HOOG 


499 


édition  en  1700.  Ce  premier  ou- 
vrage de  Hoogvliet  jouit  d'un  succè» 
mérité  à  bien  des  égards.  On  ne  peut 
disconvenir  cependant  que  l'au- 
teur ne  lutte  pas  toujours  heureuse- 
ment avec  les  diil'icultés  de  son  su- 
jet. Il  laisse  trop  apercevoir  l'em- 
barras où  il  se  trouve  pour  exprimer 
toutes  les  beautés  de  son  original;  et 
son  style  en  devient  roide  ,  entor- 
tillé, prosaïque.  La  lâche  qu  il  avoit 
entreprise  convenoit  peut-être  da- 
vantage à  un  vétéran  qu'à  un  novice 
de  l'art.  Iloogvliet  avoit  tropd'ima- 
ginalion  et  de  verve  pour  ne  point 
aspirer  à  la  palme  de  la  composition 
originale.  Souvent ,  assis  à  coté  du  lit 
de  son  père  mourant,  il  corrigeoit 
les  épreuves  de  sa  Traduction  des 
Fastes  ,  et  lui  en  lisoit  quelquefois 
(les  morceaux  :  ce  bon  vieillard  lui 
dit  un  jour  :  «  Hélas  !  que  ma  salis- 
faction  seroit  bien  ])liis  pure ,  si  ce 
poëme ,  au  lieu  de  célébrer  la  supers- 
tition païenne,  éloit  consacré  à  la 
louange  du  vrai  Dieu  !  »  Inspiré  par 
cet  avis  paternel,  Hoogvliet  prit 
dans  l'Histoire  Sainte  un  sujet  digne 
de  son  talent  et  de  son  respect  pour 
la  religion.  Abraham  ,  le  patriarche  , 
fut  le  héros  qu'il  choisit.  Il  se  livra 
avec  tant  d'ardeur  à  cette  nouvelle 
tâche,  que,  parvenu  au  lo'^  chan#, 
il  tomba  malade  d'épuisement.  II 
eut  l'esprit  aliéné  peudant  quelque 
temps.  Rendu  à  la  santé  ,  il  acheva 
son  poème  ,  composé  de  douze 
chants,  et  le  publia  en  1727,  1 
voL  iu-4°.  Le  succès  en  fut  com- 
plet, et  il  mille  sceau  à  la  réputa- 
tion de  Hoogvliet.  Cet  ouvrage  étin- 
celle, en  effet,  de  beautés  poétiques 
du  premier  ordre.  La  versilicalicm 
eu  est  riche,  le  style  pur  et  coiTeot , 
le  ton  noble  ,  soutenu.  L'auteur  dé- 
ploie un  rare  talent  pour  le  genre 
descriptif  ;  ses  travaux  sont  aussi 
variés  que  frappans.  Il  semble  quel- 
quefois donner  un  peu  trop  l'essor  à 
son  imagination.  Le  second  chant, 
où  il  peint  le  ccraseil  céleste  en  per- 


5oo 


HOOK 


sonmRant  les  diflereates  peifeclions 
divines,  pourvoit  juslirier  ce  repro- 
che. Il  faillie  dire  encore  ;  nue  cri- 
tique sévère  peut  rnênie  contestera 
cet  ouvrage  le  litre  de  poème  épique. 
Il  lui  manque  sur-tout  le  caractère 
d'unité  cssenliellenient  requis  dans 
ce  genre.  Hoogvliét  lui-même  en 
est,  dit-on,  convenu.  Il  entreprit 
ensuite;  une  Jllessiade.  Dans  la  pre- 
mière ordonnance  de  ce  nouveau 
poëme ,  il  commençoit  par  l'entrée 
triomphante  du  Sauveur  à  Jérusa- 
lem. Depuis,  il  changea  plusieurs 
fois  ce  plan  ,  et  il  finit  par  abandon- 
ner cet  ouvrage  ,  dont  il  sentoit 
toutes  les  difficultés.  Il  nous  en  a 
seulement  laissé  quelques  fragiricns 
détachés,  sous  le  titre  de  3Iélaiiges 
éva/igéliques.  Ils  forment  une  partie 
du  premier  volunite  de  ses  Poésies 
mêlées,  impriméen  1 757 .  Le  second 
volume  offre  encore  deux  poèmes 
d'une  certaine  étendue;  le  premier 
•intitulé  Zydebalen  :  c'est  la  des- 
cription d'une  campagne  de  ce  nom. 
M.  David  VanMoUem,  à  qui  elle 
apparleuoil ,  témoigna  sa  reconnois- 
sance  au  poêle  par  une  médaille 
d'argent  du  poids  d'une  livre  et  de- 
mie ,  qu'il  fit  frapper  eu  son  hon- 
neur. L'autre  poë/ne  esi  un  monu- 
ment de  son  patriotisme;  il  l'a  con- 
sacré à  l'éloge  de  son  endroit  natal. 
Il  mourut  en  1760  ,  âgé  de  76  ans. 
A  l'entrée  de  sa  carrière,  il  avoit 
lutté  quelque  temps  avec  les  rigueurs 
de  la  fortune;  mais  ,  à  force  d'ordre 
et  d'application  ,  il  parvint  aies  cor- 
riger. Hoogvliet  mérita  constam- 
ment l'estime  publique  dont  il  étoit 
honoré  ,  et  il  emporta  au  tombeau 
les  regrets  de  tous  ceux  qui  avoienl 
été  ù  portée  de  le  counoitre. 

*  HOOKC  (  Jean),serg»nt-ès-lois, 
attaché  au  parti  des  presbytériens  , 
publia  en  Angleterre,  en  .1699,  un 
ouvrage  en  anglais  qui  lit  beaucoup 
de  bruit,  il  est  intitulé  f^e  cat/io- 
licism^  nans  papisme  ;  Essai  puur 


HOOK 

rendre  l'Eglise  anglicane  un  mo- 
dèle et  un  patron  d'union  au 
monde  chrétien.  Cet  ouvrage,  où  il 
se  rencontre  quelques  opinions  sin- 
gulières ,  n'est  pas  sans  mérite. 

t  t.  HOOKE  (Robert),  mathé- 
maticien anglais,  ué  dans  l'île  de 
Wight  en  ib38  ,  membre  de  la 
soc. été  royale  de  Londres,  et  pro- 
fesseur de  géométrie  en  celte  v  lie, 
perfecliouna  les  microscopes,  in- 
venta les  montres  de  poche  ,  et  fit 
plusieurs  autres  découvertes  dans  la 
physique,  l'histoire  naturelle  et  les 
maihéinaliques.  Il  prétendit  avoir 
eu  la  première  idée  du  ressort  spiral. 
L'abbé  de  llaute-Feuille  en  France, 
elHuyghens  en  Hollande,  s'enattri- 
bugienl  l'invention;  mais  il  prouva 
que  ce  secret  avoit  été  divulgué  par 
Oideuibourg  ,  secrétaire  de  la  so- 
ciété royale,  auquel  il  intenta  un 
procès.  Hooke  montra  sans  doute 
trop  de  chaleur  dans  cette  querelle  ; 
mais  ayant  prouvé  qu'il  avoit  fait 
sa  découverte  en  1660,  au  lieu 
qu'Huyghens  ne  publia  la  sienne 
qu'en  1674,  la  présomption  fut  en- 
tièrement pour  lui.  Cet  habile 
homme  présenta  en  1666,  à  la  so- 
ciété royale,  un  plan  sur  la  manière 
de  rebâtir  la  ville  de  Londres,  qui 
avoit  été  dét|-uite  parle  feu;  il  plut 
extrêmement  q  cette  compagnie  :  le 
lord  maire  et  les  aldermans  le  pré- 
férèrent à  celui  des  intendans  de  la 
ville  ,  et  c'est  en  grande  partie  sur 
ee  plan  que  Londres  fut  rf^bàlie.  Ro- 
bert Hooke,  en  vertu  d'un  bill  du 
parlement,  fut  ensuite  élevé  à  l'une 
des  intendances  de  la  cité,  charge 
dans  laquelle  il  amassa  de  grands 
biens.  Il  déclaroitde  temps  en  lemps 
qu'il  avoit  formé  un  projet  capable 
de  pousser  l'histoire  naturelle  à  une 
grande  perfection,  et  qu'ily  emploie- 
roil  la  plus  grande  partie  de  sou 
l)t|u  ;  mais  il  mourut,  sans  avoir 
rien  efi'cclué,  le  ô  mars  1 7o5.  Hooke, 
aussi  boa  ciloycu  qu'cxcelleiil  ma- 


HOOK 

tliëmalîcieii,  a  donné  plusienrs  ou- 
vrages en  anglais.  Les  principaux 
sont  ,  1.  T^a  Microscopie  ou  la 
Description  des  corpuscules  ob- 
servés ai^ec  le  microscope ,  in-fol.  , 
Londres,  1667.  H.  Essais  de  Mé- 
canique, in-4°-  Ou  a  imprimé  après 
sa  mort  i  vol.  iu-fol.  d'autres  O'iu- 
vres  dt  lui.  Sa  Vie,  qui  est  à  la  lèle 
de  ce  recueil ,  est  Irès-inléressrmte, 
par  le  nombre  presque  infini  ^  es 
découvertes  physiques  et  malh^iua- 
tiques,  et  par  un  pareil  nombre  de 
machines  qu'il  inventa.       • 

t  U. HOOKE  (  Nathaiiiel  ),  auteur 
d'une  très-bonne  Histoire  romaine , 
mort  en  i  764  ,  on  ne  sait  à  quel  âge  , 
car  on  <  fort  peu  de  délails  sur  sa 
vie.  11  paroit  que,  s'étant  ruiné  com- 
plètement dans  des  spécuiations||fur 
les  effets  pul)lics,  il  fut  présenté  à  la 
duchesse  Sarah  de  Marlborough  ,  qui 
lui  Ht  une  donation  de  5, 000  1.  st. 
(  environ  1 10,000  francs  ) ,  sous  la 
condition  qu'il  l'aideroit  à  écrire  et  à 
rédiger  les  Mémoires  de  la  duchesse 
douairière  de  Marlborough  ,  depuis 
qu'elle  parut  à  la  cour  jusqu'en  1710. 
L'ouvrage  fut  exécuté  et  pul)lié  en 
17/(2,  in-8°.  Mais  la  duchesse  Sarah 
ne  tarda  pas  à  se  brouiller  avec  lui  , 
sous  le  prétexte  que  ,  ne  lui  croyant 
aucune  religion,  il  avoit  voulu  la  con- 
vertir à  la  croyance  de  TEglise  ro- 
maine. On  prélendoit ,  eu  effet ,  que 
Hooke,parlisanzélédeFéuélon,avoit 
beaucoup  de  penchant  à  la  mysticité 
et  au  quiétisme.  Ce  fut  lui  qui ,  lors- 
que Pope  étoit  au  lit  de  la  mort ,  lui 
conduisit  un  prèlre -catholique  pour 
recevoir  sa  confession.  \J Histoire 
romaine  de  Hooke  ,  depuis  les 
premiers  commencemens  de  Jlome 
jusqu'à  la  cliute  de  la  république , 
a  paru  successivement  en  4  vol. 
in-4'*  :  le  premier  en  i755;  le  se- 
cond en  1 740  ;  le  troisième  en  1 764  , 
et  le  dernier  en  1771.  j^ooke  a  aussi 
publié  uue  Traduction  des  Voyages 
de  Cyrus  ,  par  Ramsay, 


HOOK 


5oT 


V  Iir.  HOOKE  (Luc- Joseph),  fils 
du  précédent,  docteur  de  la  maison  et 
société  de  Sorl)onne  ,  un  des  conser- 
vateurs de  la  bibliothèque ma/.arine, 
soutint  avec  honneur  la  répiilalioi» 
de  sou  père.  Il  estanleiir  d'un  traité 
de  théologie,  dirige  particulièrement 
vers  la  défense  des  dogmes  chréliens 
contre  les  opinions  modernes  :  Tie- 
ligionis  naluralis  et  revelatœ  prin- 
cipia  in  usum  academicœ  juveniu- 
tis,  Paris,  1774,  3  vol.  iu-B".  Ses 
autres  ouvrages  sont.  Discours  et 
réjîexions  critiques  sur  V histoire 
et  le  gouvernement  de  l'ancienne 
Rome,  Paris,  1784,  5  vol.  in-12. 
C'est  la  traduction  française  de  l'ou- 
vrage de  sou  père,  annoncé  dan* 
l'arlicle  précédent  ;  et  une  édition 
des  Mémoires  du  maréchal  de  Ber- 
wick ,  Pans,  1778,  2  vol.  in-12, 

m 

t  I.  HOOKER  (Jean),  d'autres 
disent  Richard,  savant  antiquaire  , 
uéàExetcren  1024,  morlen  1601  , 
élève  d'Oxford  ,  voyagea  ensuite  en 
Allemagne,  et  à  son  retour  s'établit 
dans  sou  pays  natal ,  dont  il  lut  dé- 
puté au  parlement  en  i57i.  Hooker 
a  donné  uue  Description  d'Exeler, 
et  plusieurs  autres  Ouvrages.  Enfin 
il  a  eu  part  à  la  Chronique  d'Ho- 
lingshed. 

t  IL  HOOKER  (  Richard  ),  théo- 
logien anglais,  surnommé  le  Judi- 
cieux,  neveu  du  précédent,  né  en 
i553  à  Heavitrée,  près  d'Exeter, 
mort  eu  itioo  ,  fut  élève  de  l'école 
d'Exeter  ,  puis  du  collège  de  Corpus- 
Chrisli  à  Oxford.  L'évèque  Jewel , 
son  parent,  qui  l'avoit  placé  dans  ce 
collège,  lin  procura  uue  bourse, et  ses 
talens  l'en  a  voient  rendu  digue.  En 
)  Ô81 ,  Hooker  prit  les  ordres  ;  et  en 
1.S84  il  fut  nommé  recleur  de 
Draytou-Beauchamp ,  au  comté  de 
Bucklngham.  H  y  vécut  à  peu  près 
une  année  dans  la  détresse  avec  sa 
femme  Jeanne.  Edwin  Sandy,  fils 
de  l'archevêque  d'Yorck,  qui  avoU 
été   son   élève  ,    vivemeul    louché 


5o2  HOOL 

fie  le  voir  dans  cette  situation  , 
eu  parla  à  son  père,  et  obtint  pour 
Hooker  la  place  de  mailredii  temple. 
Mais  ces  fondions  ne  convenant  pas 
à  ce  savant,  qui  n'aiaioit  que  la  vie 
retirée  de  la  campagne ,  il  sollicita 
un  autre  béaélice.  L'archevêque 
Whilgift  lui  donna  le  vicariat  de 
Wiilsliire.  Ce  fut  là  que  Hooker 
commença  son  livre  de  la  Police 
ecclésiastique.  11  finit  ce  grand  ou- 
vrage ,  dans  lequel  il  défend  les 
droits  de  l'Eglise  anglicane,  à  Bis- 
hop's-Bourne ,  dont  la  reine  lui  fit 
donner  le  rectorat.  Hooker  y  termina 
aussi  sa  vie.  Le  pape  Clément  Vlil 
dit  de  sou  livre  ,  qu'il  y  a  un  fonds 
de  science  tellement  inépuisable  , 
qu'il  dureroit  une  éternité  ,  quand 
même  le  feu  auroit  à  dévorer  tout 
ce  qu'il  y  a  de  science  au  monde.  Ou 
dit^ue  Charles  T'  l'avoil  lu  eu  en- 
tier ,  et  qu'il  avoit  recommandé  a'.-i 
princes  ses  enfans  de  le  lire  aussi 
avec  attention.  On  a  varié  sur  cet 
ouvrage;  les  uns  prétendent  qu'Hoo- 
jker  l'a  entièrement  composé  ,  d'au- 
tres soutiennent  qu'il  n'est  auteur 
que  des  cinq  premiers  livres  et  que 
les  trois  autres  sont  d'une  autre 
main.  Comme  il  ne  parut  qu'après 
la  mort  de  l'auteur,  on  assure  qu'une 
plume  étrangère  y  fit  des  additions 
qui'u'éloient  pas  dans  l'original; 
quoi  qu'il  en  soit  cet  ouvrage  a  eu 
beaucoup  d'éditions  in-fol. ,  et  une 
in-8°  à  Oxford.  L'auteur  a  donné, 
en  outre,  des  Sermons  ,  et  d'autres 
'Ecrits  très-estimés  en  Angleterre. 

*  1.  HOOLE  (  Charles  ) ,  théolo- 
gien anglais  ,  ué  à  Wakefield  au 
comté  d'Yorck,  mort  au  comté  d'Es- 
sex  en  1666,  après  avoir  achevé 
ses  éludes,  fut  maître  de  l'école  libre 
de  Rotheram  ;  mais,  quand  la  guerre 
civile  éclata ,  il  passa  à  Londres  ,  où 
il  écrivit,  et  se  fit  une  grande  répu- 
tation. L'évêqueS.nidersonlui  donna 
un  caiioniiat  de  l'église  de  Lincoln. 
Hoole  obtint  encore  le  rectorat  de 


HOOP 

Stock  au  comté  d'Essex,  où  il  mou- 
rut. Cet  auteur  a  donné ,  I.  Différens 
Livres  utiles  pour  l'éducation.  IL 
Une  excellente  édition  du  nouveau 
Testament  grec.  111.  Une  Traduc- 
tion des  pièces  de  Téreiice. 

*  IL  HOOLE  (Jean)  ,  écrivain 
très-estimé,  fils  d'un  horlog((r  dis- 
tingué dans  la  mécanique,  qui  di- 
rig  »'ong- temps  les  machines  du 
théa.re  de  Covent-Garden  ,  naquit  à 
Londresen  i727,etmourut  en  r8o3 
Hoole  fils  fut  élevé  pa'r  M.  Bennet  , 
éditeur  des  Œuvres  d'Aschara.  A  18 
ans  il  fut  secrétaire  de  la  compagnie 
des  Indes  ;  mais  il  consacroil  tous  ses 
loisirs  à  la  littérature ,  et  particuliè- 
rement à  l'étude  de  la  langue  ita- 
lienne. Il  y  fit  de  grands  progrès,  si 
l'oiuen  juge  parles  excellentes  tra- 
ductions qu'il  a  données  en  anglais 
du  Roland  furieux  d'Arioste,  et  de 
la  Jérusalem  du  Tasse.  Hoole  a  donné 
encore  deux  volumes  de  Métastase , 
et  trois  tragédies  de  sa  composition  ; 
savoir,  Cyrus ,  jouée,  en  1768,  à 
Covent-Garden;  Timantes,  l'année 

, suivante;  et  Cléotiice-,ç,u  1775.  On 
doit  encore  à  cet  auteur  estimable 
quelques  jolies  p/èces  de  i^ers  ,  et  la 
f^ie  de  monsieur  Scott  d'AmwelL 

*  I.  HOOPER  (Jean),  que  les 
Anglais  regardent  comme  un  mar- 
tyr de  leur  religion,  né  eu  i495, 
au  comté  de  Sommerset,  et  mort 
en  i55.') ,  avoit  étudié  au  collège  de 
Merton  à  Oxford,  et  y  avoit  puisé 
les  principes  de  la  religion  protes- 
tante. Cependant  il  étoit  catholi- 
que, et  avoit  fait  profession  dans 
l'ordre  de  Cileaux,  quand  il  quitta 
son  cloilre  pour  embrasser  la  re- 
ligion réformée  ,  puis  il  passa  en 
Suisse,  où  il  se  maria.  A  l'avéne- 
ment  d'Edouard  VI  ,  Hooper  re- 
tourna en  Angleterre  ,  fut  nommé 
à  l'évêclié  de  Glocester,  auquel  ou 
joignit  celui  de  Worcesler  en  com- 
mande.  Il   s'acquitta  des  fonctions 


HOOR 

«piscopales  avec  beaucoup  de  zèle  , 
jusqu'à  la  restauralion  du  papisme 
sous  Marie  ;  mais  cette  princesse 
sanguinaire  le  fit  condamner  à  être 
brûlé.  L'arrêt  fut  exécuté  à  Gloces- 
ter  ;  et  il  souffrit  le  supplice  avec 
un  courage  héroïque.  On  a  encore 
ses  Lettres ,  et  plusieurs  de  ses  Ser- 
mons. 

t  II.  HOOPER  (  George  ) ,  écri- 
vain anglais,  né  à  Griraley  clans  le 
comté  de  Woccesler  en  1640  , 
également  hsfcile  dans  les  mathé- 
matiques ,  dans  les  langues  et  les 
sciences  orientales,  devint  évèque 
de  Balh  et  de  Wells,  et  refusa 
l'évêché  de  Londres.  Il  étoit  chape-' 
laiu  du  roi  Charles  II  en  iG85  ,  et 
il  mourut  en  1727.  Son  Traité  du 
Carême  ,  en  anglais ,  in-b°,  est  cu- 
rieux. Celui  intitulé  Rec/ierc/ies  de 
l'état  des  anciennes  mesures  des 
Athéniens  ,  des  Romains  ,  et  par- 
ticulièrement des  Juifs  ;  avec  un 
appendix  où  l'on  traite  des  an- 
ciennes monnoies  et  des  anciennes 
mesures  d'Angleterre  ,  Londres  , 
1721  ,  in-8°;  ne  l'est  pas  moins;  et 
iun  et  l'autre  sont  remplis  d'éru- 
dition. On  a  de  lui  une  fort  belle 
édition  de  la  totalité  de  ses  (Euures , 
Oxford  ,  en  17^7  ,  in-fol. 

*HOORNE  (Jean  Van),  célèbre 
médecin  et  analomiste  hollandais  , 
né  à  Amsterdam  en  1621,  voyagea 
eu  Italie  pour  étendre  ses  connois- 
sances.  Il  obtint,  à  son  retour,  la 
chaire  d'anatomie  et  de  cliirurgie  de 
l'école  d'Amsterdam ,  d'où  il  passa 
à  celle  de  Leyde,  qu'il  remplit  avec 
distinction  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1670.  Ce  médecin  qui  savoil  sept 
langues ,  sans  compter  sa  langue 
maternelle  ,  s'attribua ,  vers  l'an 
i652  ,  la  découverte  du  canal tho- 
rachique ,  que  Pecquet  avoit  déjà 
observé  dans  les  animaux ,  et  qu'Eus- 
lachi  avoit  vu  dans  le  cheval  lona- 
temps  avant  ce   dernier.  Parmi  les 


HOOS 


5o3 


ouvrages  qu'Hoorne  a  laissés  ,  ou 
remarque ,  1.  ISovus  ductus  cliylijé- 
rus ,  nunc primiim  delineatus  ,  des- 
criptus  eterudilurum  examiuipro- 
positus  ,  Leidas  ,  1652,  in-4°.  II. 
Microtechne ,  idesthieuissima  c/ii- 
rurgiœ  methodus ,  Lugduni  Bata- 
voruin,  i663,  1668,  in-i  2;  Lipsiae, 
1675,  in-12.  C'est  un  tableau  con- 
cis ,  mais  exact  des  connoissancis 
qu'un  chirurgien  doit  avoir.  III. 
Frudromus  observationum  suaruni 
circa  parles  génitales  ,  in  utroque  • 
sc.rz/,  Lugduni  Balavorum  ,  j668, 
in-12.  IV.  Opuscula  anatomico' 
c/iirurgica ,  Lipsice,  1707,  in-B". 
Ou  doit  ce  recueil  et  les  notes  nui 
l'enrichissent  à  Jean  --  Guillaun:e 
Pauli,  professeur  d'anatomie  et  de 
chirurgie. 

t  HOORNEBEEK  (  Jean  ) ,  pro- 
fesseur de  théologie  dans  les  univer- 
sités d'Ulrecht  et  de  Leyde  ,  né 
à  Harlem  en  1617,  et  mort  en 
1666,  a  laissé  plusieurs  ouvrages 
de  théologie,  et  des  Traités  contre 
les  socinieus ,  les  juifs  et  les  idolâ- 
tres, écrits  en  latin,  d'un  style 
obscur  et  diffus.  Les  principaux 
sont,  I.  Une  Réfutation  du  socinia- 
uisme,  sous  ce  titre  :  Apparatus  ad 
controversiam  socinianam ,  i65o 
à  1664,  en  5  vol.  in-4°.  II.  Un 
Traité  de  la  conviction  des  juifs , 
i6.Ti ,  in-8°;  et  des  Gentils  ,  1669  , 
in-4°.  III.  Une  T hèologie  pratique , 
Leyde,  1660,  2  vol.  in-4  ;  compi- 
lation d'auteurs  anglicans. 

t  HOOST  (  Pierre  Van  ),  fils  de 
Corneille ,  regardé  par  les  Flamands 
comme  leur  Tacite  et  leur  Homère  , 
né  à  Amsterdam  en  i58i  ,  et  mort 
à  La  Haye  le  21  mai  1647  ,  a 
donné,!.  Des  Comédies,  Açs  Tra- 
gédies, des  Epigrammes  et  d'autres 
Poésies  moins  lues  que  ses  ou- 
vrages historiques.  II.  Histoire  des 
Pays-Bas,  depuis  l'abdication 
de  Charles-Quint  jusqu'en  159S, 


5o4 


HOPF 


dont  on  a  donné  une  bonne  édition 
en  1703  ,  en  2  vol.  in-fol.  Cet  ou- 
vrage est  intéressant  par  un  délail 
circonstaiicié  des  intrigues  du  calji- 
net  et  du  mouvement  des  armées. 
III.  Une  Histoire  de  Henri  IK^  roi 
cleFrance,  en  hollandais_,  imprimée 
en  1627,  in-fol.,  pour  laquelle  i! 
reçut  du  roi  Louis  XllI  des  lettres 
fl%  noblesse  et  des  armoiries  avec  le 
cordon  de  Saint-Mi ch'el.  Hoost  éloil 
<atiioIique.  IV".  Une  Traduction 
t/,o//uni/o.ise  de  Tacite  ,  publiée  eu 
i6Szj  ,  in-f. ,  par  Gérard  Brant.  Ses 
Xe)f//es,  écrites  en  hollandais,  on  télé 
publiées  en  1708  par  Huydecopes. 

*  I.  IIOPFER"  (Daniel)  ,  habile 
j^raveur  ,  né  à  Nuremberg  en  j553. 
On  a  de  lui  un  Christ  entre 
deux  larrons  ,  et  auquel  on  perce 
le  côté;  un  autre  petit  Christ ,  avec 
la  J^ierge  elsa/'/i/yea//. ;aubas,ime 
caricature,  au  milieu  de  laquelle  se 
voit  \\\\^  femme  qui  tient  une  broche 
où  il  y  a  quantité  de  boudins  enfilés  ; 
plusieurs  Fêtes  de  village,  une  suite 
de  Portraits  de  princes,  etc. 

*  II:  HOPFER  (  Jérôme  )  ,  frère 
du  précédent ,  a  gravé  nombre  d'es- 
tampes ,  dont  !a  copie  de  saint  Hu- 
bert d'Albert-Durer,  celle  de  saint 
Jérôme,  et  plusieurs  autres  mar- 
teaux d'après  le  même,  et  une  suite 
de  Portraits  de  papes  ,  etc. 

*  ITT.  HOPFEU  (  Lambert  ) ,  frère 
des  précédens,  a  gravé,  dans  le  der- 
nier goût  de  ses  l'rères  ,  une  suite  de 
sujets  de  la  Passion,  etc.  ;  une  Con- 
f'ersion  de  saint  Paul,  et  nombre 
à' autres  sujets. 

*  HOPFNER,  né  à  Giessen  en 
1745,  également  versé  dans  la  lit- 
térature ancienne  et  moderne  ,  fut 
nommé  en  i765  professeur  an  Ca- 
roliuMui  de  Cassel.  En  J771  il  fut 
appela  dans  sa  ville  natale  pour  y 
eus 'igiier  la  jurisprudence  ;  et  en 
i'jbi  il  fui   employé  à   Darnifitadl 


HOPP 

en  qualité  de  conseiller.  Ou  a  de 
lui  plusieurs  ouvrages  estimés, entre 
autres  un  Commentaire  sur  les 
Institutiones  juris  ciuilis  de  Hei- 
neccius.  Ce  savant  est  mort  le  2 
avril  1797,  à  lage  de  54  ans. 

HOPHPxA  (Pharaon).  F'oyez 

APRJKS. 

HOPITAL.  royezllosviTKi.. 

*  I.  HOPKINS  (  Ezéchiel  ) ,  pré- 
lat exemplaire  ,  ijé  à  Sandford  ,  dans 
le  Devonshire,  mort  vtrs  1688 ,  fut , 
en  1649,  choriste  du  collège  de  la 
Magdeleme  à  Oxford  ,  où  il  obtint 
ensuite  une  chapelle.  En  166g  il 
alla  en  Irlande,  en  qualité  de  cha- 
pelain du  lord  Robarles,  depuis 
comte  de  Trnro,  qui  lui  donna  sa 
fille  en  mariage,  llopkins  fut  en- 
suite doyen  de  Rapboe;  puis  le  lord 
Berkeley  le  lit  nommer  évêque  du 
même  diocèse,  et  il  passa  ensuite  de 
ce  siège  à  celui  de  Londonderry.  Eti 
1688,  ce  prélat  fut  obligé  de  quitter 
l'Irlande,  qui  étoit  alors  le  théâtre 
de  la  gnerre;  et  l'année  suivante  il 
fut  nommé  ministre  d'Alderman- 
bury,où  il  mourut.  On  a  imprimé 
ses  ouvrages  en  un  volume  in-folio. 
Le  principal  est  une  Exposition  de 
l'Oraison  Dominicale. 

*  11.  HOPKINS  (  Charles  ) ,  fils  du 
précédent, né  en  i6.S3à  Exeter,  mort 
en  169g,  fut  élève  de  Dublin,  et 
ensuite  de  Cambridge.  Il  a  publié, en 
1694,  quelques  Epitres  en  vers,  et 
quelques  Traductions.  L'année  sui- 
vante il  donna  une  tragédie  inti- 
tulée Pyrrhus;  et  eusnile  la  Tra- 
duction des  Tristes,  et  l'Art  d'ai- 
mer d'Ovide.  Dryden  et  d'autres 
auteurs  faisoieut  beaucoup  de  cas 
du  talent  de  Hopkins;  mais  les  excès 
auxquels  il  se  livroil  lui  causèrent 
une  mort  prématurée. 

*  HOPPERUS  ou  HorvEits 

(  Joachim  )  ,  issu   d'iuie  famille   de 


HOPP 

Frise,  dont  on  fait  remonter  l'an- 
cieiinefé  jusqu'au  6''  siècle ,  né  à 
Sneek  eu  i5j5  ,  s'est  également 
dislingué  parmi  ses  contemporains 
comme  savant  et  comme  homme 
d  état.  Ayant  jeté  à  Harlem  les  pre- 
miers fondemeus  de  sou  instruc- 
tion lilléraire,  à  l'âge  de  17  ans, 
il  fut  envoyé  à  l'université  de  Lou- 
A'ain.  Gabriel  Rludasus  y  enseignoit 
le  droit  avec  distinction  :  il  allioit 
la  philosophie  à  la  jurisprudence  ,  et 
Jacques  Cujaslui  a  rendu  ce  témoi- 
gnage :  ylnle  ilLum  talein  in  Bel- 
gio  non  hahuistis ,  7iec  post  illum 
habiturl  estis.  Hoppers  s'attacha 
principalement  à  ce  maître,  et  il 
riionora  par  ses  progrès.  Il  visita 
ensuite  les  nniversités  d'Orléans  et 
de  Paris ,  et  s'y  lia  avec  les  hommes 
célèbres  qui  y  Ilorissoient.  IJe  retour 
à  Louvain,  il  accepta  l'offre  que  les 
états  de  Brabant  lui  hrent  d'une 
chaire  de  droit ,  avec  des  appointe- 
mens  considérables  ,  et  ne  démentit 
ni  la  confiance  des  étals  ,  ni  l'atlenle 
publique.  Loin  de  se  borner  an  Code 
et  au  Uigeste,  il  donna  chez  lui  un 
cours  de  leçons  sur  le  Timée  de 
Platon,  qui  lui  attiroit  une  foule 
d'auditeurs  ravis  de  ce  genre  d'ins- 
titution inconnu  jusqu'alors.  Isa- 
belle, archiduchesse  de  Parme  et 
gouvernautedesPays-Bas ,  ne  tarda 
point  d'appliquer  à  l'administration 
les  lalens  d'Hoppers.  Il  fut  nommé 
d'abord  membre  du  grand-conseil 
de  Malines ,  ensuite  du  conseil  secret 
de  Bruxelles  en  i.56o.  Philippe  II  le 
<  hargea  d'étal >iir  une  université  à 
Douay ,  dans  l'intention  d'empêcher 
que  ceux  de  ses  sujets  qui  pavloient 
wallon  ou  françaisnefussenlétudier 
à  Geuève ,  où  ils  auroienl  pu  pren- 
dredu  goûlauxprincipes  de  la  réfor- 
mation  qui  venoit  de  s'y  établir. 
Enfin  ,  en  i  .')6G  ,  il  fut  appelé  à  Ma- 
drid pour  y  remplacer  Charles  de 
Tisnacq  dans  la  place  de  conseiller 
intime  pour  les  affaires  des  Pays- 
Bas,  ii.fTaires  qui  counneuçoicui   à 


lïOPP 


»o5 


devenir  extrêmement  épineuses  ,  la 
fameuse  requête  des  nobles  ayant 
été  préseutée  à  la  gouvernauîc  peu 
de  jours  auparavant  le  départ  d'Kop- 
j)ers.  A  la  cour  d  lispagne  ,  toutes 
les  marques  de  faveur  el  de  ilistinc— 
tion  s'accumulèrent  sur  sa  tète  ; 
mais  l'excès  de  ses  travaux  poli- 
tiques et  lilléranes  (car,  autant  que 
cela  lui  fut  possible,  il  alterna  tou- 
jours les  uns  par  les  autres  )  usa 
bientôt  sa  santé  ,  cl,  après  une 
maladie,  il  mourut  à  Madrid  le  25 
décembre  iBvlJ,  dans  la  iinquante- 
quairièn)e  année  de  sou  âge,  laissant 
de  Christine  Hertholf,  sa  femme,  sept 
enfans ,  dont  trois  hls.  Deux  de 
ceux-ci  (Grégoire  et  Caïus-Antome), 
le  dernier  sur-tout,  ont  aussi  joui 
d'une  considération  méritée  dans  la 
république  des  lettres.  A  de  vastes 
connoissances ,  Hoppers  allioit  \\\i 
caractère  élevé  ,  franc  et  probe. 
Eloigné  des  mesures  extrêmes  dans 
1  insurrection  et  dans  la  réforme  des 
Pays-Bas,  il  resta  toujours  attaché 
au  parti  du  roi  et  aux  intérêts  de 
l'Eglise  catholique,  mais  sans  se  dé- 
guiser les  abus  multipliés  de  la  su- 
perstition, celle  vieille  et  constante 
amie  du  despotisme.  En  i.'î62  il 
écrivoit  à  George  Cassauder,  au  su- 
jet de  son  Uaité  De  officia  pii  oc 
publicœ  tranquiUitatis  verè  aman- 
tis  viri  in  hoc  religionis  dissidio  : 
«  Non  seulement  j'ai  lu  votre  ou- 
vrage avec  allenlion,  mais  j'ai  con- 
tribué à  le  faire  conuoilre  et  goû- 
ter par  d'autres.  Ami  de  la  paix, 
je  ne  puis  qu'approuver  les  effin'ts 
de  ceux  qui  ,  sur  de.'î  hases  solides  , 
voudroient  la  rétablir  dans  l'Eglise. 
O  que  les  Pères  de  Trente  n'en 
appellent-ils  quelques-uns  dans  leur 
sein  !  Je  suis  plein  de  confiance  qi'.e 
te  seroit  le  moyen  de  purger  l'Eglise 
des  erreurs  et  de  la  corruption  qui 
la  déshonorent.  »  Le  recueil  des 
(Kuvres  de  Cassander ,  i  vol.  in-fol. , 
Pari.s ,  j6i6,  offre  une  partie  de  sa 
correspondance  ;  cl  il  se  trouve  dans 


5o6 


HOPP 


celle-ci  trois  leltres  àHoppers,  qui 
font  foi  de  leur  ancienne  et  loyale 
amitié,  savoir,  les  48^,  54" et  loS"". 
Hoppers  a  laissé  plusieurs  ouvrages. 
Les  principaux  sont,  I.  Adversùs 
Juslinianum  ,  de  obligationibus 
neiôa,vaiv  libii  V  ,  Louvaiu  , 
i553,  in-fol.  II.  Seduardus ,  sive 
de  perd  jurisprudenliâ  Lihri  Xll , 
dont  Hermand  Conringius  a  donné 
une  nouvelle  édition  à  Brunswick 
en  1606,  in-4°,  à  laquelle  il  a  joint 
deux  opuscules  du  même  auteur  : 
T/iemis  iljperborea ,  su>e  tabula 
regwn  Frisiœ  ,  et  Ferdènandus  , 
siue  de  inslitutione  }y?incipis.  Le 
Seduardus  est  écrit,  à  la  manière 
des  anciens  ,  en  forme  de  dialogue. 
Les  interlocuteurs  sont  les  trois  fils 
d'tloppers.  Leur  frère  aîné,  mois- 
sonné dans  sou  enfance  ,  avoit  porté 
le  nom  de  Seduardus  (  en  frison 
Sperd),  et  la  dénomination  du  li- 
vre est  un  monument  de  la  ten- 
dresse paternelle  de  son  auteur.  On 
a  reproché  à  celui-ci  d'y  avoir  un 
peu  trop  platonisé.  La  Table  des 
Jlois  de  Frise  est  dans  le  genre  de 
celle  de  Cébès.  III.  De  juris  arte 
libri  III,  Louvaiu,  i553,  in-fol. 
IV.  Isagoge  in  veram  jurispruden- 
tiam  libri  FUI,  Cologne,  i58o, 
in-S".  V.  Paraphrasis  in  Psalmos 
Davidicos ,  Anvers,  1690,  in-8°. 
VI.  Mémoires  des  troubles  des  Pays- 
Bas.  Cet  ouvrage,  écrit  en  français', 
est  important  pour  l'histoire  du  16" 
siècle,  Hoppers  est  encore  nommé  au 
nombre  des  auteurs  du  Dictionnaire 
grec,  intitul8»//e.t7'co«  VII  auctore 
Sasileense.  Il  laissa  imparfait  nu  ou- 
vrage De  origine  gentis  Frisonicœ, 
cité  avec  éloge  par  Martin  Hamco- 
nius,  mais  qui  n'a  pas  été  publié.  Fop- 
pery ,  dans  sa  Biblioth.  Belg.,  t.  I , 
pug.  556,  fait  aussi  mention  d'un 
MarcuaHoi'PEiius,  qui  traduisit  du 
grec  le  Discours  d'André  de  Crète 
sur  la  Salutation  de  la  Vierge,  et 
fut  l'éditeur  des  Qîuvres  d'Enée  Syl- 
\ius,  pape  sous  le  nom  de  Pie  11. 


HOPT 

*  I.  HOPTON  (  Arthur  )  ,  ma- 
thématicien anglais  ,  fils  de  sir  Ar- 
thur Hopton,  né  au  comté  de  Som- 
merset  en  i588  ,  mort  en  1614, 
élève  du  collège  de  Lincoln  à  Oxford , 
où  il  fut  reçu  bachelier-ès-arts.  De  là 
Hopton  passa  au  collège  de  justice  du 
Temple  à  Londres  ,  où  il  se  lia  étroi- 
tement avec  le  savant  Selden.  On  a 
de  cet  auteur  ,1.  Un  Traité ,  iu-4° , 
de  l'arbalète  géodétique  ,  ancien 
instrument  de  marine.  II.  Le  Miroir 
topographique  ,  contenant  l'usage 
de  cet  iusirument.  ÏII.  Le  Théo- 
dolite ,  ou  Tables  de  trigonométrie 
plane  et  sphérique ,  iu-4°.  IV.  I^a 
Concordance  des  années ,  contenant 
un  compul  exact  du  temps  ,  selon 
l'ancien  calendrier  anglais ,  ia-8°. 
V.  Les  Ephémérides  pour  les  an- 
nées de  1607  à  i6i4- 

*  II.  HOPTON  (  lord  Raoul  )  , 
brave  et  loyal  gentilhomme  anglais, 
qui  servit  avec  honneur,  et  se  fit 
une  grande  réputation  dans  les  Pays- 
Bas  ,  s'attacha  ,  'dans  le  temps  des 
guerres  civiles  ,  au  parti  du  roi,  et 
le  servit  avec  zèle.  Hopton  ,  mort 
à  Bruges  en  i652  ,  éloit  si  habile 
dans  l'art  de  commander  les  troupes, 
et  les  armées  sous  sa  conduite  étoient 
si  bien  disciplinées,  qu'il  les  faisoit 
mouvoir  comme  un  seul  corps,  de 
sorte  qu'elles  étoient,  à  tous  égards, 
bien  différentes  des  Ijandes  de  misé- 
rables que  ces  temps  malheureux 
présentoient  par -tout  dans  les  ar- 
mées républicaines.  Hopton  rem- 
porta, en  1645,  une  victoire  signalée 
sur  Guillaume  Waller ,  à  Slratlon  , 
mais  il  fut  obligé  de  reculer  devant 
Fairfax, et  mourut  peu  après. 

*  m.  HOPTON  (  Susanne) ,  dame 
de  beaucoup  d'esprit ,  née  en  1627  , 
d'une  ancienne  famille  du  comté  di3 
Slrafford ,  morte  à  Hertford  en  1 709. 
Dans  sa  jeunesse  ,  son  père  lui  ht 
embrasser  la  religion  catholique  ro- 
maine ,  mais  ensuite  ses  propres  xé~ 
Ikxions  la  ramenèrent  à  la  commu- 


HORA. 

nion  prolestaule.  Elle  épousa  Ri- 
chard Hopton,  esq. ,  juge  au  pays 
de  Galles  ,  qui  mourut  quelques  an- 
nées avaut  elle.  On  a  de  cette  dame 
plusieurs  ouvrages  de  dévotion  , 
I.  Un  Livre  d'offices  ,  mieux  dis- 
posé que  les  anciens.  Ce  fui  le  doc- 
leur  Hick.es  qui  le  publia.  II.  Les 
Prières  pour  chaque  jour.  III. 
L'Hexatneron,  ou  les  médilations 
sur  les  six  jours  de  la  création. 

I.  HORACE,  surnommé  Codés, 
parce  qu'il  avoil  perdu  un  œil  dans 
un  combat,  desceudoil  d'un  de  ces 
trois  guerriers  (  voyez  les  Ho- 
BACEs  )  qui  se  battirent  contre  les 
Coriaces,  Porsenna,  ayant  mis  le 
siège  devant  Rome  l'an  607  avant 
J.  C. ,  chassa  les  Romains  du  Jani- 
cule  0  et  les  poursuivit  jusqu'à  un 
pont  de  bois  dont  la  prise  eulraînoit 
celle  de  la  ville  même.  Ce  pont  n'é- 
toit  défendu  que  par  trois  hommes  : 
Horace  Coclès  ,  ou  le  borgne  ,  T. 
Herminius,  Sp.  Largius.  Comme  ils 
prévirent  qu'ils  seroienl  accablés  par 
le  nombre  ,  Horace  conseilla  à  ses 
compagnons  de  rompre  le  pont  der- 
rière lui,  taudis  qu'il  en  défendroit 
l'entrée.  Ils  suivirent  son  conseil  , 
malgré  le  péril  où  ils  l'exposoieut. 
Horace,  de  son  côté ,  exécuta  ce  qu'il 
avoit  promis.  Conservant  sa  pré- 
sence d'esprit  dans  le  plus  grand  dan- 
ger, dès  qu'il  sentit  le  pout  rompu  , 
il  s'élança  tout  armé  dans  letleuve. 
Un  coup  de  pique  qu'il  avoit  reçu  à 
la  cuisse  en  combattant ,  et  le  poids 
de  ses  armes ,  ne  l'empêchèrent  pas 
de  gagner  l'autre  bord  du  Tibre. 
Publicola  fit  ériger  à  ce  héros  une 
statue  dans  le  temple  de  Vulcaiu. 

t  II.  HORACE  (  Q.  Flaccus  V 
naquit  d'un  affranchi  ,  à  Veniîw 
dans  la  Fouille,  l'an  63  avant  J.  C. 
Son  père  lui  connut  des  lalens,  et 
n'oublia  rien  pour  les  cultiver  , 
quoique  sa  fortune  fut  médiocre.  Il 
l'envoya  à  Rome ,  où  son  esprit  et 
ses  succès  le  lièrent  avec  les  jeunes 


HORA 


5o7 


gens  de  la  première  distinction.  A 

I  âge  de  vingt-deux  ans ,  il  alla  étu- 
dier la  philosophie  à  Athènes.  Bru- 
tus ,  l'un  des  meurtriers  de  Cés;!r, 
passant  par  celle  ville,  l'emmena 
avec  lui,  et  lui  donna  une  place  de 
tribun  des  soldats  dans  sou  armée. 
Horace  s'étaut  trouvé  peu  de  temps 
apfès  à  la  bataille  de  Piiilippes  ,  prit 
la  fuite,  jeta  son  bouclier  ,  et  pro- 
mit de  ne  plus  manier  les  armes. 
Les  lettres  l'occupèrent  depuis  tout 
entier.  De  retour  à  Rome  ,  la  misère 
fut  son  Apollon: 

Pauperias  impulit  audcix 

Ut  versus  facereiii 

L'indigence  osl  le  (lieu  qui  ni'inspirn  des  ver». 
Volt. 

Virgile  et  Varius,  charmés  des  ouvra- 
ges de  ce  poêle  naissant,  en  mon- 
trèrent quelques-uns  à  Mécène.  Ce 
protecteur  ,  cet  ami  des  gens  de  let- 
tres ,  voulut  voir  Horace,  le  prit  en 
affection  ,  et  le  présenta  à  Auguste , 
qui  le  combla  de  bienfaits  et  de  ca- 
resses. Le  poète  vécut  définis  à  la 
cour  du  ministre  et  à  celle  de  l'em- 
pereur comme  dans  sa  propre  mai- 
son. Il  immola  la  populace  des  au- 
teurs à  la  risée  publique.  Ni  le  démon 
des  vers ,  ni  celui  de  l'ambition,. ne 
le  possédèrent  :  il  fuyoit,  lorsqu'il 
le  pouvoit  ,  à  ses  campagnes.  Là  , 
exempt  de  tout  souci ,  badinant  avec 
les  Muses  et  les  Grâces,  il  se  livroit 
ù  une  voluptueuse  indolence.  Sa 
philosophie  éloil  celle  d'Epicure  ;  il 
eut  des  passions  déréglées  ,  des  goûts 
dépravés,   el  ne  s'en  cacha  point. 

II  aimoit  le  vin,  el,  pour  nous  ser- 
vir de  son  expression ,  plus  d'une 
fois  ses  pieds  se  refusèrent  au  poids 
de  son  corps  chancelant.  Quoiqu'il 
se  moque  des  préceptes  que  don- 
noieul  sur  l'art  de  la  cuisine  certains 
gourmets,  quoiqu'il  nous  assure  qu'il 
se  nourrissoit  quelquefois  avec  des 
olives  et  de  la  chicorée  ,  il  n'en  re- 
cherchoit  pas  moins  la  taljle  somp- 
tueuse el  délicate  de  Mécène.  Au 


5o8 


HORA 


reste,  il  ne  dissimuloit  pas  ses  (îë- 
faïUs  ,  et  souvent  il  tounioil  sur  lui- 
même  les  traits  piquaiis  de  sa  cen- 
sure. «  L'S  toinines  qui  ue  l'appar- 
lienvieut  pas  irritent  tes  désirs.  A 
Rome  ,  tu  ue  cesses  de  vanter  les 
agrémeus  de  la  cami)agne;  à  la  cam- 
pagne ,  lu  portes  jusques  aux  cieux 
les  plaisirs  ii,e  la  ville.  Inconstant 
que  lu  es  !  tn  ne  saurois  vivre  une 
heure  entière  avec  loi-mème  ;  tu  te 
trains,  tu  le  fuis.  Ton  loisir  t'em- 
barrasse ;  vainement,  pour  te  dé- 
rober à  l'ennui ,  lu  as  recours,  tantôt 
au  vin  et  tantôt  au  sommeil  :  l'ennui 
te  poursuit  et  t'accable.  »  Cependant 
la  vie  tranquille  étoit  plus  de  son 
goût  que  la  vie  tumultueuse.  Au- 
guste lui  offrit  la  place  de  secrétaire 
du  cabinet;  il  refusa  un  emploi  qui 
l'auroit  gêné  ,  et  l'empereur  ne  le 
trouva  pas  mauvais.  «  Septimius  , 
lui  écrivit  ce  prince  quelque  temps 
après,  vous  dira  de  quelle  manière 
i'ai  parié  de  \  ous  ;  car  ,  si  vous  avez 
été  asse:^  fier  pour  d^aigner  mon 
amitié  ,  ne  croyez  pas  que  je  me 
pique  de  fierté  à  votre  égard.  » 
Horace  éloil  nécessaire  à  Auguste. 
«  Dans  ces  temps  de  crise  ,  où  les 
gouvernemens  cliangent,  dit  Tho- 
mas ,  l'homme  d'étal  a  besoin  de 
l'homme  d'esprit.  Horace  ,  par  le 
genre  du  sien  ,  étoit  un  instrument 
utile  à  Octave.  Ses  chansons  vo- 
luptueuses adoucissoient  des  esprits 
rendus  féroces  par  les  guerres  de 
liberté.  Ses  satires  détournoient  sur 
les  ridicules  des  regards  ipii  se  se- 
roient  portés  sur  le  gouvernement 
et  l'état.  Sa  philosophie  tenant  à  un 
esprit  moins  ardent  qiue  sage,  pre- 
nant le  milieu  de  tout,  calmoil l'im- 
pétuosité des  caractères,  et  plaçoit 
la  sagesse  à  côté  du  repos.  »  Si  Ho- 
race redouloit  les  assuiettissemeiis 
des  cours,  il  se  plioit  avec  le  plus 
grand  plaisir  à  tous  les  devoirs  de 
l'amilié.  Lui  échappoit-il  un  bon 
mot  sur  un  ami  qui  fit  une  ira- 
pression  un  peu  iachetise,  il  se  met- 


HORA 

toit  à  ses  pieds  et  s'accusoit  lui- 
même.  Egalement  éloigné  de  l'adu- 
lation et  de  l'arrogance,  il  ne  loua 
jamais  des  sottises;  jamais  il  u'in- 
sulta  à  l'ignorante  simplicité.  Se» 
traits  ue  tomboienlque  sur  les  demi- 
savans,  qu'il  regardoit  avec  raison 
comme  la  partie  la  plus  ridicule  et 
la  plus  incommode  de  la  société.  Il 
ne  lisoit  ses  ouvrages  qu'à  ceux  qui 
l'eu  prioient  instamment.  Personne 
ne  sut  mieux  que  lui  badiner  avec 
les  grands,  ni  tirer  un  meilleur  parti 
des  plaisanteries  qu'ils  aiment  sou- 
vent à  faire.  Il  eut  le  sens  aussi  droit 
que  l'esprit  fin  et  pénétrant.  Il  n'ou- 
vroit  son  cœur  à  qui  que  ce  fût 
qu'il  ne  l'eût  connu  à  fond.  Pour 
n'avoir  jamais  à  répondre  des  fautes 
d'autrui ,  il  ne  recoinmandoit^à  ses 
amis  que  les  personnes  dont  il  avoit 
éprouvé  le  caractère.  Quoiqu'il  vécût 
avec  des  hommes  d'élat ,  il  ne  se 
mêla  point  des  affaires  d'état.  Il  sa- 
voil  qu'il  éloit  toujours  dangereux 
de  vouloir  pénétrer  ou  censurer  les 
desseins  des  hommes  puissans  ,  et 
«  d'écrire  ,  comme  disoil  Pollion  , 
contre  ceux  qui  peuvent  proscrire.» 
Ces  vers  ,  traduits  de  Pope,  carac- 
térisent bien  ce  poète  ,  l'oracle  des 
hommes  de  goût. 

Horace,   dans   le   cœur  jmisanl  tout  ce  qu'il 

jieiise  , 
Piir  une  gracieuse  cl  âouce  négligence. 
Sans  trop  affucler  l'art,  nerveux,  vif  et  pre»- 

sant  , 
Est  par-loul  insiruclif ,  par-tout  intéressant. 
C'est  nn  ami  prudent ,  mais  san«  cesse  agréable. 
Oui  nif-ne  à  la  raison  par  une  roule  ai  maWe. 
Chez  lui  ,  le  jugement  aussi  grand  {jne  l'esprit 
Donne  de  la  vigueur  à  toul  ce  ()u'jl  écrit  ; 
Ses  ouvrages  divers  lenferuicnl  la  pratique 
Des  règles  que  prescrit  sa  brillante  critique  ; 
lUuge  de  sang-froid  et  compose  avec  feu. 

iTmourut  l'an  7*  avant  J.  C,  après 
avoir  fait  Auguste  son  héritier. 
Horace  et  Virgile  maugeoient  sou- 
vent à  la  table  de  cet  empereur ,  pla- 
cés à  ses  côtés  ;  le  premier  avott  une 
fistule  lacrymale,  et  l'autre  la  res- 
piration fort  gèitée.  A'igMnte,eu  plra- 


HORA 

sanlantlà-dessus ,  disnit  quelquefois: 
.Kgo  siim  intersiispiria et  tairj  nias. 
«  Me  voici  entre  les  soupirs  el  les 
larmes.  »  Horace  fui  eiUerré  à  l'ex- 
tréiuité  des  Esquilies,  près  du  lom- 
beau   de    Mécène  ,   auquel    il    a  voit 
souhaité  de  ne  pas  survivre.  11  lui 
devoil  ces  leudres  sentiiuens:  car  on 
peut  juger  de  la  vive  amitié  de  Mé- 
cène pour    Horace   par  ce  peu    de 
paroles  qu'il  écrivit  à  Auguste  dans 
son  testament  :  <',  Je  vous  conjure  de 
TOUS  souvenir  d'Horace,  comme  de 
moi-même.  »  Horace  éloit  maigre 
et  fort  mince  ,  quoique  Suétone  ail 
inféré  de  ces  paroles  ,  ce  je  suis  un 
vrai  pourceau  du  troupeau  d'Epicu- 
re,  »  qu'il  éioil  gras.  Ces  expressions 
peignent  plutôt  ses   mœurs  que  sa 
ligure;  celles  d  Horace  étoient  telles 
que  nous  les  avons  peintes.  Ses  poésies 
sont  pleines  d'images  qui  blessent  la 
pudeur,  et  qu'on  n'a  pu  voiler  qu'en 
les    eff.içuut    entièrement.     Il     est 
étrange  qu'un  homme  qui  devoit  con- 
noîlre  le  langage  poli  et  réservé  de 
la  cour  se  serve  si  souvent  de  celui 
des    lieux    consacrés  à  la  débauche 
grossière.  Les  ouvrages  qui  nous  res- 
tent de  lui  sont  ,1.  des  Odes.  Horace 
semble  s'être  fait  un  caractère  parti- 
culier, composé  de  celui  de  Pindare 
et  d'Auacréon»  On  ne  peut  nier  qu'il 
n'égale ,  qu'il  ne  surpasse  même  ce 
dernier  par  ces  traits  tins  el  délicats, 
par  celte  molle  facilité  que  l'amour 
inspire.   Mais  il    se   reconnoil  lui- 
même  fort  inférieur  au  premier.  On 
peut  dire  néanmoins  qu'il  marche  à 
côté  de  Pindare  ,  dans  celle  même 
Ode  où  il  se  met  au-dessous  de  lui. 
C'est  là  qu'il  le  compare  à  un  tor- 
rent impétueux,  qni,gonllé  par  les 
pluies,  frauchil  ses  bords,   el  pré- 
cipite avec  fureur  ses  eaux  immen- 
ses et  profondes;  tandis  (pie  ,  pour 
lui,  il  se  regarde  comme  une  abeille 
matinale,   qui,  avec  beaucoup   de 
peine  ,  ceuille  le   thym   autour  des 
bois  el  des  humides  rivages  de  Tibnr. 
Il  Be  reudoit  eu  partie  justice:  et  en 


HORA 


5o9 


général  ,  il  n'a  pas  celle  pompe  et 
celle   magnilicence  qui    disluiguent 
le  poète  grec.  Pindare  frappe  l'ima- 
gination de   ce  qu'il  y  a  de  grand  ; 
florace  de    ce   qu'il   y    a  de   beau. 
Pindare  est    incomparable   lorsqu'il 
célèljre  les  dieux ,  les  roii^et  ks  vain- 
queurs couverts  d'une  iifl^le  pous- 
sière dans  les  jeux  de  la  wece  :  Ho- 
race ne  fait  jamais  mieux  cclaler  son 
génie  que  lorsqu'il  folâtre  avec  Bac— 
chus   et    les  Amours  ,  qu'il  dessine 
uu  agréable  paysage  ,  ou  qu'il  décrit 
lescliarmes  de  sa  Glycereel  Us  agré- 
mens  de  sa  maison  de  Tivoli.    Les 
idées  de  Pindare  i)orlenl  loujnurs  une 
empreinte  de  su  bli  me;  ce  lltsclllo  race 
sont  marquées  au  coin  de  la  nature  la 
plus  amiable. Jules  Seal igcrdisoil  qu'il 
aimeroit  mieux  avoir  fait  _les  deux 
odes  Quem  tu,Melpomeiie,ç\  Dvncc 
grains  eram,  que  d'èlre  roi  d'Ara- 
gon. II.  Des  Satires  e\.  des  F  pitres. 
Elles  n'ont  rien  au  dehors  qui  frappe 
le  lecteur.  Les  vers  en  sont  négli- 
gés et  dépouillés  de  toul  l'éclat   et 
de   toute  la  douceur  de  l'harmonie 
poétique.  On  diroil  que  c'est  de  la 
prose  ;  mais  c'est   une   prose  assai- 
sonnée de  cette  finesse  d'expression  , 
de  cette  tleur  de  plaisanterie,  de  cette 
aimable   négligence    qui   plait   plus 
que  tons  les  ornemens.  Son  style  est 
en  latin  ce  que  celui  de  La  Fontaine 
est  en  français  ;  c'est  une  simplicité 
qui    charme ,    une    familiarité    pi- 
quante plus  diflicilç  à  saisir  que  la 
correction  el  l'élégance.   Les    leçons 
de  sa  philosopliie  sonl  d'autant  plus 
utiles,  quélaut  rftserrées  dans  des 
vers    énergiques  ,    elles  se    gravent 
pour  toujours  dans  la  mémoire.  Les 
penseurs  se  plaisent,  comme  Ta  dit 
Voltaire  , 

A  lirn  ses  écvils  pleins  île  grâce  et  tic  ':pns  , 
Coimiicnii  boilil'im  vin  vieux  uni  niemiillcs 

s(  lis; 
Avec  lui  l'on  apprend  k  .'ouIlVir  licHliaeiice, 
A  jouir  sagement  d'une  lionnéle  oi>iilrnce, 
A  sortir  d'une  vie  ou  Irislc  ou  fortunée. 
En    rendant   graee  aux  dicuï  Jo  iiuu^i  l'avoir 

doniu;e. 


JIO 


HORA 


Coileau  préleudoit  que  c'eloîl  lui,  eu 
grande  partie  ,  qui  avoit  fait  parmi 
nous  la  fortune  d'Horace.  «Avant 
moi,  disoit-il  ,  on  ne  parloit  que 
de  ses  Odes.  Je  me  mis  à  lire  ses 
Satires  et  ses  Epi  très  ;  j'y  trouvai 
mille  beauWs,  et  je  m'appliquai  à 
écrire  eaj|e  genre.  Tout  le  monde 
voulut  relire  son   Horace;  et  voilà 
ce  qui  Ht  vendre  celui  de  M.  Dacier, 
qui   n'a   pu    parvenir,   malgré   ses 
efforts ,  à  gâter  lout-à-faitl'original.)) 
On    dut  ,   en  effet ,   admirer   dans 
Horace  le  poète  lyrique,  avant  d'y 
démêler  l'homme  de  goîit  et  le  phi- 
losophe ;  avant  de  sentir  qu'il  réu- 
nissoit  la  profondeur  et  les  grâces. 
Notre  nation  fut  long- temps  trop 
grossière  pour  connoilre  le  prix  et 
le  charme  de  cette  union.  Ce  mé- 
lange continuel  de  l'agréable  et  de 
l'utile ,  qui  caractérise  ce  poète  ,  offre 
une  lecture  si  délicieuse  que  si  l'on 
étoit  réduit   à  ne   conserver  qu'un 
seul  poêle  ancien ,  «  il  faudroit ,  peut- 
être  ,  dit  d'AIembert ,  choisir   Ho- 
race de  préférence  à  tous  les  autres, 
parce  qu'il  est  peut-être  le  seul. où 
l'on  trouve  des  beautés  de  tous  les 
genres  ;  enthousiasme ,  imagination , 
noblesse  ,  harmonie,  élégance  ,  sen- 
sibilité ,   finesse  ,   gaieté  ,  goût  ex- 
quis ,    philosophie    tantôt    légère , 
tantôt  profonde  ,  et  toujours  utile.  » 
III.  JJJrt poétique.  C'est  l'école  du 
goût.  Horace  lit  pour  les  Romains 
ce    qu'Aristote  avoit   fait   pour  les 
Grecs.   Il  abrégea   les  préceptes  de 
ce  philosophe  ,  et  les  mit  à  la  portée 
des  grands  seigneurs  de  Rome,  qui  se 
mêloient  alors  de  faire  des  vers.  On 
trouve  dans  son  ouvrage  les  prin- 
cipes fondamentaux  de  l'art  d'écrire 
et  de  l'art  de  versifier.  Il  est  fàclieux 
que  l'ordre   et  la  liaison   des  idées 
ne  s'y  fassent  pas  sentir  davantage  ; 
il  est  absolument  sans  méthode.  On 
doit  le  regarder  plutôt  comme  une 
Epitre  légère  que  comme  un  Pocuie 
didactique....  Lu  première  édition 
d'Horace  ne  porte  point  de  date  ni 


HORA 

de  nom  de  ville  ;  mais  on  la  croit 
imprimée  à  Milan  ,  vers  1470,  par 
Zanotus  ,  in-4°.  Parmi  la  foule  d'au- 
tres éditions   qu'on  a  données  des 
Gïuvres    de  ce  poêle  ,   on   citera  , 
1"  Celle  d'Elzévir,  1629,  iu-i2.  11 
doit  y  avoir  un  titre  gravé  et  un 
litre  imprimé  ;  les  notes  d'Heinsius 
avec  un  titre ,  et  De  Satyrd  Ho- 
ratiand  avec  un  faux  titre  ;  2°  De 
Bond,  1676,  Elzévir,  in -12.  Elle 
a  été  copiée  ligue  pour  ligne  et  réim- 
primée à  Orléans  ,  1767,  in-i  2  ,  par 
les   soins  de  Couret-de-'Villeneuve. 
Eu  i8o6  ,M.  Nie.  L.  Achaintre  en  a 
donné  une  très-bonne  et  très-exacte 
édition  in-8°  ;  5°  Cum  nous  vario- 
rum,  1670,  in-8";  4°  Adusiun  del- 
p/iini  ,  1691  ,  in-4°  ;  5°  Une  Edi- 
tion gravée  par  de  Pine  ,  Londres  , 
1735    et    1757  ,    2  vol.   in-8°  ;  6° 
Celle  du  Louvre,  1642  ,  in-fol.  ;  et 
1755,  in- 24,   petits    caractères, 
comme  le  Phèdre  ;  7**  De  Sandby  , 
Londres,  1749,  2  vol.  in-8°  ,  fîg.  ; 
8"  Les  Editions  de  Barbou  ,  1746  et 
1765,111-1  2,  son  télégantes;  de  même 
que  celle  de  Glascow,  1760  ,  et  de 
Baskerville,  1770,  iu-4°.  J.!\I  Zeune 
a  donné  àLeipsick,  eu  1788,  iii-8°, 
la  meilleure  édition  d'Horace,  faite 
d'après  le  texte  de  Bontley  ,  avec 
les  notes  de  Baxter  efr  de  Gessner, 
Parme  ,  1791  ,  in-fol. ,  de  l'impri- 
merie de  Bodoni  ,  édition  d'une  exé- 
cution parfaite  et  la  plus  recherchée 
de  cet  haljile  typographe  ^qui  en  a 
fait  en  1795  une  édition  in-4°.  Nous 
avons  encore  celle  de  Didot  l'aîné  , 
ornée  de  charmantes  vignettes  ,  des- 
sinées par  M.  Percier  ,  Paris,  1799, 
grand  in-fol.  Plusieurs  auteurs  ,  Ma- 
relles ,  Martignac  ,  Dacier  ,  Tarte- 
ron  ,  Sanaïlon  ,  se  sont  exercés  à  les 
traduire  en  français,  ainsi  que  l'abbé 
Le  Batteux  ,  dont  la  traduction  est 
en  2  vol.  in-12.  C'est  à  M.  Binet , 
célèbre   professeur   qui    a  consacré 
plus   de  quarante   ans  de  sa  vie  à 
l'instruction  de  la  jeunesse ,  que  nous 
sommes  redevables  de  la  meilleure 


IIORA 

îradaclion  d'Horace  ,  publiée  en 
1785,  1802,  et  1809.  Celle  Ira- 
dliclion ,  qui  réunit  l'élégauce  à  la 
Hdélilé  ,  ne  fait  point  regretter  cel- 
les de  Dacier  ,  Tailerôu  ,  Sauadon 
et  Batteux,  dans  lesquelles  néan- 
moins on  trouve  des  remarques 
savanleset  instructives,  notamment 
dans  celles  de  Dacier  et  Sauadon. 
Quant  aux  traductions  eu  vers  ,  ou 
remarque  celles  dounées  par  MM. 
Daru  et  Le  Brun  ,  i8o5  ,  2  volumes 
iu-8°.  Voy.  les  articles  de  ces  tra- 
ducteurs dans  ce  Dictiounaire. 

t  HORACES  (  les  ).  C'est  le  nom 
de  trois  frères  romains  qui  com- 
baltirent  contre  les  trois  Curiaces^ 
Albains  ,  sous  le  règne  de  Tullus 
Hoslilius  ,  l'an  669  avant  J.  C. 
Deux  des  Horaces  furent  tués  :  ce- 
lui qui  resta  contre  les  trois  Curia- 
ces  ,  joignant  l'adresse  à  la  valeur  , 
assura  l'avantage  aux  Romains. 
Comme  les  différentes  blessures  que 
les  Curiaces  avoient  reçues  ne  leur 
laissoient  que  des  forces  inégales  , 
il  se  mil  à  fuir  ;  les  ayant  séparés 
par  cet  artifice  ,  il  relomba  sur  eux, 
et  les  terrassa  facilement  l'un  après 
l'autre.  On  trouve  dans  l'iiistoire 
grecque  un  événement  si  semblaljle 
à  celui-ci ,  que  l'on  a  s(i;ipçonné  avec 
raison  que  les  Romains  et  les  Grecs 
ont  été  jaloux  d'orner, leur  histoire 
d'un  Iraitqui  appartenoit  à  celle  d'un 
autre  peuple.  Horace,  rentrant  à  Ro- 
me ,  tua  sa  sœur  qui  lui  reproclioil  le 
meurtre  d'un  des  Curiaces,  auquel 
elle  avoit  été  fiancée.  Il  fut  con- 
damné à  mort  par  les  deux  com- 
missaires que  Tullus  avoit  nom- 
més pour  le  juger  ;  il  en  appela  au 
peuple.  Ou  commua  sa  peine. 
Il  fut  condamné  à  passer  sous  le 
joug  :  mais  en  même  temps  on 
lui  érigea  un  trophée  dans  la  place 
publique  ,  et  l'on  y  suspendit  les 
dépouilles  des  trois  Curiaces.  Le 
joug  étoit  une  porte  ,  composée  de 
deux   fourches  qui  eu  soutenoient 


HORA 


5ii 


une  troisième.  On  y  faisoit  passer  , 
par  ignominie  ,  les  prisonniers  fait» 
en  guerre V'oyez  CRiTOL.AÎis.'' 

i  H  OR  APOLLON  (  Ilorus- 
Apollo)  ,  gramm/iirien,  professa  les 
l)elles  -  lettres  à  Alexandrie  et  ù 
Conslantinople  ,  sous  Tliéodose-le- 
Grand  ,  ou  plutôt  servit  de  mas- 
que à  un  savant  du  ]5"^  siècle, 
qui  vouloit  exercer  la  patiente  sa- 
gacité des  commentateurs.  On  a  , 
sous  son  nom  ,  une  Explication 
des  /liéruglvphes ,  publiée  en  grec 
et  en  latin  ,  à  Utrecht ,  1 727  ,  in-b" , 
avec  des  Notes  par  Jean  Corneille 
de  Paw.  Elle  avoit  été  écrite  d'abord 
en  langue  égyptienne  ,  et  traduite  de 
celle  langue  en  grec  par  un  certain 
Philippe,  dont  on  ue  counoit  que  le 
nom.  Aide  IManuce  est  le  premier 
qui  ait  publié  celle  version  grecque , 
et  Mercerus  ou  Mercier  en  a  donné 
deux  éditions ,  dans  la  première  des- 
quelles, en  j5/|8,  il  a  eulièrement 
suivi  celle  d'Aide  Manuce.  11  s'est 
servi  dans  la  seconde  ,  en  1 55 1 ,  d'un 
manuscrit  que  lui  avoit  communi- 
qué Guillaume  Morel.  Le  savant 
Hoeschelius,  d'Augsbourg  ,  a  donné 
aussi  une  édition  grecque  d'Hora- 
poUon  sur  un  manuscrit  d'Augs- 
bourg. On  en  a  encore  une  version 
latine  de  Bernardin  Trebalius  de 
Viceuce  ;  elle  parut  à  Bàle  en  i5i8. 
Celle  explication  des  hiéroglyphes 
a  été  traduite  en  français,  d'abord 
en  1 553,  ensuite  par  Requier  en 
1779,  m-12.       • 

t  HORATI  (Charles),  religieux  ob- 
seryanlin  ,  missionnaire  à  la  Chine , 
depuis  1698  jusqu'en  1753,  adon- 
né ,  1.  Une  Relation  ,  estimée  ,  de 
ses  ivjages  ,  en  italien  ,  Rome  , 
1759.  IL  Grammaire  et  Diction- 
naire de  la  langue  chitwise ,  avec 
une  Relation  des  coutWnes  et  des 
cérémonies  chinoises,  lll.  Explica- 
tion de  la  Philosophie  et  des  Li- 
-vres   sacrés  des   Chinois,   Rome, 


5ii 


HORI 


1769.  Ce  deniiur  ouvruge  offre  beau- 
coup d'érudition. 

*  HORBIUS  (  Jean-Heuri  ) ,  né  à 
Colmar  en  x'Vlsace  ,  fut  fait  miaislre 
à  Hambourg  en  iG85  ;  in:us  ayant 
em]jrasâé  les  opinions  des  Bourignou 
et  Poiret,  il  fut  chassé  de  cette  ville 
en  1695,61  mourut  dans  une  cam- 
pagne près  de  Hambourg  ,  le  afi  jan- 
vier ifiglï  ,  après  avoir  pul)lié  une 
Histoire  d'Orii;è/ie  et  des  Sermons. 

*  HORI  AH  (Nicolas  )  ,  né  à 
Nagy-Aranios   en  TransiK-anie ,  se 
mit  à  la  lê»e  d'une  horde  de  Vala- 
ques  ,  engagea  à  la  révolte  lui  grand 
nombre  de  villages  de  celle  nation, 
et  entreprit  d'extirper  les  nobles  et 
des  ecclésiasticpies.  Les  massacres  et 
les  incendies comuiencèrenl  eu  1784, 
It  s'étendirent  jusque  dans  le  banuat 
ee  Temeswar  ,  où  ce  peuple  est  éga- 
lement répandu.  On  ne  ]ieut  se  faire 
nue  idée  des  horreurs  dans  tous  les 
genres  exercées  par  ces  i)rigands  ,  ni 
indiquer  avec  précision  les  causes  de 
cetie  insurrection  subite  et  terrible. 
On  sait  seulement  que  la  première 
idée  en  étoil  venue  aux  Valaques  à 
Ja    foire    de    Salalhna.    On   leur   y 
voit  montrer  une  patevite  écrite  en 
lellres  d'or  ,  qui  les  autorisoit  à  ex- 
terminer la  nolilesse  :  un  comte  de 
Salins  ,  qu'on  dit  avoir  exhibé  cette 
patente  n'a  pas   reparu  depuis.  Les 
diverses  conjectures  formées  snr  cet 
événement    sont   de    nature    à    ne 
pouvoir  trouver  jllace  dans  cet  ou- 
vrage. Les  hussards  siculiens  (  peu- 
ple qui  habite  la  partie  orientale  de 
la  Trausilvanie  )  se  saisirent  enHn 
de  Horiah  ,  qui    fut   exécuté   avec 
Glosca  (  voyez  ce   inot  )  à  Carls- 
lonrg   le   28    février   1785.    On  a 
j^ravé  leurs  portraits  dans  le  Journal 
hisl.  etlitj^  1.5  mars  1783. 

*  HORIX  (  Jean-Baptiste  )  ,  né  à 
Mavence  en  i7-ï<>,  conseiller  de 
l'élecleur  el  recleur  de  l'univcisilé , 


HORM 

ensuite  conseiller  à  Vienne,  mort 
le  3o  seplcinbre  179^2  ,  a  pidjlié 
une  foule  A'Opuscales  et  de  Dis- 
sertations latines  et  allemandes  sur 
divers  points  d'histoire  et  de  droit 
tant  ecclésiastique  que  civil,  entre 
autres,  De  Juribus  Judœorum  in 
Germaniâ  ,  in-4*' ,  Mayence  ,  176,1 , 
et  réimprimé  depuis  ;  Ubscri>atiunes 
lùstorico- c/tronologicœ  rie  ar.iiis 
C/iristi  salvaloris  ,  in-S",  Mayence,»» 
1789.  11  déterra  dans  lesaichives  les 
Concordata  nationis  Germanicœ 
intégra,  in-4°,  Francfort ,  ei  Leip- 
sick  ,  1765  ,  plusieurs  fois  réimpri- 
més. La  publication  de  cet  ouvrage 
ht  une  très  grande  sensation  et  ré- 
veilla l'attention  des  savaiis  zélés 
pour  les  libertés  de  l'Eglise  germa- 
nique. Ces  concordats  tirent  naître 
beaucoup  d'écrits  ,  dont  plusieurs 
composés  par  Horix  lui-même. 

*  nORIVIAN( Guillaume),  théo- 
logien et  botaniste  anglais  ,  né  à 
Salisbury,  mort  en  155.5,  élevé  de 
l'école  de  Winchester,  puis  boursier 
au  nouveau  collège  à  Oxford.  En 
148Ô  il  obtint  une  bourse  et  une 
place  de  maitre  à  Eaton  ;  et  enfin  il 
fut  nommé  vice-proviseur  du  col- 
lège. Horman  a  donné  un  grand 
nombre  d'o arroges ,  dans  lesquels 
on  distingue  particulièrement  celui 
intitulé  Synonima  lierharum.  11  a 
aussi  compilé  tout  ce  que  les  anciens 
auteurs  ont  écrit  de  re  ruslicâ. 

t  I.  HORMISDAS  (  saint  ) ,  né  à 
Frusinone  en  Campanie  ,  élu  pape 
après  Symmaque  ,  en  juillet  bi!^\, 
éteignit  le  schisme  des  eulychéens  , 
et  tint  un  concile  à  Piome  en  5 18. 
Ce  pontife  ,  mort  en  août  5  23*  in^^- 
truisit  le  clergé  sur  la  psalmodie. 
Nous  avons  de  lui  plusieurs  hettres. 

II.  HORMISUAS  I",  fds  de 
Sapor  ,  roi  des  Perses,  successeur 
de  son  père  en  275  ,  n'eut  aucune 
guerre  à  soutenir  avec  les  Romains  , 
etue  voululpoinlenlxerdauslecom- 


HORM 

plot  que  les  Pahuyiénieus  avoient 
fait  pour  enlever  la  couromie  à  l'em- 
pereur Aiirélien.  Sa  générosité 
égaloit  son  amour  pour  la  paix. 
Le  gouverneur  d'une  de  ses  provin- 
ces lui  proposoit  de  faire  l'acquisi- 
lion  d'une  quantité  de  l)eaux  dia- 
mans,  parce  qu'il  y  avoit  à  gagner 
sur  ce  marché  une  somme  considé- 
rable. Il  répondit  avec  indignation  : 
a  Si  je  devenois  marchand,  qui  fera 
le  métier  de  roi  ?  ou  que  devien- 
dront les  négociaus  de  mon  empire, 
si  je  me  sers  de  mou  or  et  de  mon 
crédit  pour  enlever  les  protits  les 
plus  avantageux  et  les  plus  légi- 
times? ))  Ce  bon  prince  mourut  un 
an  et  quelques  mois  après  sou  avè- 
nement au  trône. 

t  m.  HORMISDAS ,  III"  roi  de 
Perse  ,  monta  sur  le  trône  en  58o  , 
après  la  mort  de  Chosroès-le-Grand, 
sou  père.  S'il  hérita  de  son  sceptre  , 
il  n'hérita  point  de  ses  talens.  11 
avoit  cependant  eu  pour  instituteur 
le  sage  Buzurge.  Ce  dernier,  s'aper- 
cevant  que  le  prince  passant  la  plus 
grande  partie  des  nuits  en  fêtes  , 
eraployoil  toutes  les  matinées  à  dor- 
mir ,  prenoit  souvent  la  liberté  de 
l'éveiller  ,  et  de  lui  l'aire  l'éloge 
de  la  diligence.  Hormisdas,  fatigué 
de  ses  remontrances  ,  ordonna  un 
jour  à  ses  gardes  d'aller  attendre 
Buzurge  de  grand  matin  et  de  le  dé- 
valiser. Cet  ordre  ayant  été  ponc- 
tuellement exécuté  ,  le  prince  lui 
dit  :  «  Si  vous  aviez  été  moins  dili- 
gent ,  vous  auriez  évité  cette  mau- 
vaise rencontre.  »  Buzurge  lui  répli- 
qua :  «Elle  prouve,  au  contraire, 
que  les  voleurs  ont  été  plusdiligens 
que  moi  ;  et  que,  pour  arrêter  leurs 
excès,  vous  devriez  être  plusdiligens 
qu'enx.))Hormisdasperditsou  armée, 
son  bagage  et  ses  éléphaus  ,  en  cora- 
ballanl  contre  les  Romains.  Depuis 
l'an  58i  jusqu'en  1189,  il  n'eut  que 
des  échecs.  Il  mit  alors  une  puissante 
armée  sur  pied,  eleu  douua  la  cou- 

T.   YIII. 


HORN 


5i3 


duite  à  Varanes ,  qui  fut  encore 
battu.  Hormisdas  ,  irrité  et  honteux , 
envoya  à  ce  général  malheureux  uu. 
habit  de  femme;  injure  atroce  parmi 
les  Perses.  Varanes  s'en  vengea  eu 
excitant  une  révolte.  H  se  saisit 
d'Hormisdas  ,  lui  arracha  les  yei\x  , 
et  lit  massacrer  sa  femme  en  sa  pré- 
.sence.  11  mit  ensuite  sur  le  troue 
impérial  son  fils  ,  Chosroès  II ,  en 
590,  qui  lit  assommer  son  père  à 
coups  de  bâton. 

t  HORMOUZAN ,  général  per- 
san ,  avoit  combattu  70  fois  contre 
les  Arabes  ,  lorsqu'enlin  .  fait  pri- 
sonnier et  conduit  à  Omar  II  , 
successeur  de  Mahomet  ,  celui-ci 
ordonna  qu'on  le  fit  mourir.  Hor- 
mouzan  demanda  à  boire;  mais  la 
frayeur  l'empêchant  de  prendre  la 
coupe  ,  Omar  lui  dit  d'être  plus 
tranquille,  et  qu'il  n'avoit  rien  à 
craindre  qu'il  n'eût  bu.  Hormouzaii 
alors ,  pour  prolonger  ses  jours  , 
refusa  de  boire,  et  prétendit  qu'Omar 
venoit  de  lui  faire  grâce.  Le  Musul- 
man lui  laissa  la  vie  ,  sans  s  opposer 
même  à  ce  qu'il  bi!it. 

*  I.  HORN(  Gaspar),  médecin, 
né  à  Freyberg  en  Misnie  en  ifiSj, 
étudia  la  médecine  à  Willcniberg  , 
sous  Daniel  Sennert  ,  reçut  le  doc- 
torat à  Baie  eu  1616  ,  et  pra- 
tiqua son  art  à  Plawen  en  Thu- 
riuge  pendant  dix  ans  avec  une  ré- 
putation qui  le  lit  regretter ,  lors- 
qu'il en  sortit  en  1600,  pour  re- 
tourner dans  sa  ville  natale ,  où  il 
mourut  en  i65o.  Ou  a  de  lui  /a 
Chimie  de  Geber ,  avec  nu  grand 
nombre  de  corrections,  et  uu  Abré- 
gé de  l! Alchimie  gébriqiie ,  impri- 
mé à  Leyde  en  1668  ,in-i2, 

*  II.  H:0RN(  Gaspar  ),  né  à 
Dresde  en  1  Sgo  ,  docleuren  méde- 
cine eu  1626  ,  et  membre  du  collège 
de  Nuremberg  en  i63.t  ,  mort 
!e  27  août  i!j4.^  ,  a  donné  un 
Traité  eu  aUsmaud  sur  le  scorbut. 

33 


5ïfi  HORÎS 

m.    HOîlN  (  le  corale  de  ).   roj. 
Egmont  ,11"  I. 

*  HORNE  (  George  )  ,  évêqne 
cleNorwich  ,  fils  du  docteur  Horue  , 
naquit  eu  lyôo  à  Olliaiu,  au  comté 
de  Keui  ,  mourut  a  Baili ,  eu  179^  , 
recteur  d'Oltiain  ;  élève  d'abord  de 
l'école  de  .Maidstone,  d  ensuite  du 
collège  de  l'université  à  Oxford  ,  où 
il  fut  rêçu  baclielier-ès-arts.  Horne 
obtnil  ensuite  nne  bourse  au  collège 
de  la  Magfleleiiie,  et  s'appliqua  avec 
ardeur  à  l'élude  d?.  la  langue  hébraï- 
que et  rks  saintes  Ecritures.  En 
1753  il  prit  les  ordres,  se  fil  une 
grande  réputation  dans  la  chaire  ,  et 
défendit  avec  une  adresse  remar- 
quable les  principes  de  Hulchinson. 
Horne  montra  dans  celte  circons- 
tance un  talent  particulier  pour  la 
controverse.  En  1768,  nommé  pré- 
sident de  son  collège,  il  fut  reçu 
docteur  ,  puis  chapelain  ordinaire 
du  roi.  L'année  suivante,  cet  au- 
teur donna  un  ouvrage  ,  intitulé 
Considérations  sur  la  vie  de  Saint- 
Jeau-Bapliste.  Cétoit  la  substance 
de  ses  discours  prêches  tons  les  ans 
au  collège  de  la  Magdeleine.  En  1776 
il  remplit  les  fonctions  de  vice-chan- 
celier ,  et  la  même  année  il  donna 
im  précieux  Commentaire  sur  tes 
psaumes.  Y.\\.  1781,  le  docteur  Hor- 
ne obtint  le  doyenné  de  Canlorbéry, 
et  en  1791  l'évcché  de  Norwrich; 
mais  il  mourut  l'année  suivante. 
Son  corps  fut  iuJuimé  à  Eltham  , 
où  un  monument  est  élevé  en  son 
honneur  dans  la  cathédrale  de  Nor- 
■wich  ,  mais  le  plus  glorieux  pour 
lui  est  dans  les  (S'ui^res  qu'il  a 
laissées,  qui,  en  outre  de  ce  que 
pou»  avons  déjà  cité ,  sont  ,  I.  Ex- 
posé simple ,  franc  ei  impartial  du 
différent  entre  sir  Jsaac  Newton 
et  M.  Hutekinson.  II.  Explication 
de  la  théologie  et  de  la  philoso- 
phie contenues  dans  le  Songe  de 
Scipion  ,  de  Ciccrvn  ,  iu-8°.  III. 
ylpologie  de  la  conduite  de  plu- 


HORN 

sieurs  person/iages  de  r uniuersi té 
d'Ox/'orit ,  m-H" .  IV.  Spicilegiam 
Shuckfordianum  ,  ou  Bouquet: 
pour  les  critiques ,  in-8°.  V.  Expo- 
sition de  la  méthode  de  M.  Ken~ 
nicott,  pour  corriger  le  texte  Ae- 
Oreu.  VI.  Considérations  sur  le 
projet  de  réforme  de  l' Lglise  d'An- 
gleterre ,  in -4".  VU.  Lettres  à 
Adam  Smith  sur  la  ^'/e ,  la  mort 
et  la  philosophie  de  David  Hume, 
in-i  2.  Vill.  Lettres  sur  l' infidélité, 
in-i  2.  IX.  Lettre  au  docteur  Pricst- 
lej ,  iu-S°.  X.  Obseri-alions  ^ir 
les  protestans  dissidens  ,  in-8°. 
XI.  Cinq  volumes  de  Sermons.  XII. 
ime  E.rhortatio/i  (\\{\\.  desliuoit  au 
clergé  deNorwkh. 

*  I  HORNECK(  Burchard), 
médecin  allemand,  philosophe  .ora- 
teur et  poète  ,  excella  dans  tous  ces 
genres.  11  pratiqua  la  médecine  à 
Wurlzbourg ,  où  il  vivoit  encoro 
en  i5i4,  alors  âgé  de  80  ans. 
Il  est  auteur  de  divers  ouvrages  sur 
la  théologie  et  sur  la  médecine. 
Parmi  ceux-ci ,  on  distingue  ,  De 
regimine  sanitatis  en  vers  latins; 
De  mvrbo  epidemiœ  et  cura  ejus- 
dem. 

*  ÎI  HORNECK  (  Antoine  )  ,  sa- 
vant lliéologieu  ,  né  en  1641  ,  dans 
le  Bas-Palatiiiat ,  mort  en  1696, 
élevé  par  Spanheim  à  Heidelbcrg,. 
envoyé  à  19  ans  en  Angleterre 
au  collège  de  la  Reine  à  Oxford  , 
y  obtint  une  place  de  chapelain  , 
et  ensuite  le  vicariat  de  Ail  Hallows 
à  Oxford.  Le  duc  d'Albemarle  lui 
donna  ensuite  le  rectorat  de  Doultoii 
au  Devonshire ,  auquel  on  joignit 
après  un  canonicat  de  la  cathédrale 
dExeler.  Horneck ,  d'une  science 
profonde  et  d'une  pièlé  exemplaire, 
et  dont  les  ouvrages,  qui  sont  as- 
sez connus,  prouvent  les  lalens  , 
comme  écrivain,  fut,  en  1671  ,  pré- 
dicateur dr Savoy  ;  et  en  1690 , cha- 
i^oiue  de  Weslmiuslcr. 


HORN 

HORNÉrUS  (  Conrad  )  ,  ne  à 
Brunswick  en  logo,  professeur  de 
philosophie  et  de  tliéologie  à  Hel- 
nisladt  ,  )■  uîourut  eu  i6/ig.  Son 
principal  ou vri-gg,  qui  est  moinscelui 
duu  profond  mëditateur,  que  d'uu 
compilateur  laborieux  ,  est  ,  Philo- 
svp/iiœ  inorali.s,  sive  cirilis  doc- 
triinB  de  moribus ,  llbri  quatuor , 
in-8^ 

t  I.  HORNIUS  (  George  )  ,  ne 
dans  le  Palatinat  ,  homme  d'une 
vaste  lecture,  mais  qui  se  reposoit 
trop  ,  en  écrivant ,  sur  sa  mémoire 
qui  ueloit  pas  toujours  tidèle ,  pro- 
fesseur d'histoire,  de  politique  et  de 
géographie  à  Harderwick  ,  ensuite 
professeur  d'histoire  à  Leyde ,  où 
it  mourut  eu  1670.  Sur  la  fin  de 
ses  jours  son  esprit  avoit  des  accèsde 
folie,  et  cet  accident  venoit,  dit-on, 
dune  perte  da  6000  ilorins  qu'il  fit  à 
].a  Haye  avec  un  alchimiste.  On  a 
de  ce  savant  ,  I.  Une  Histoire  ecclé- 
siastique ,  en  latin ,  jusqu'en  1666  , 
traduite  eu  français  ,  Rolerdam  , 
i6q9,  in- 12.  Cet  ouvrage  ,  assez 
hien  fait,  et  même  fort  impartial, 
excepté  dans  les  endroits  où  il  est 
question  du  protestantisme  ,  a  été 
continué  par  Leydecker.  II.  L'His- 
toire d'Angleterre ,  sous  les  années 
1645  et  1646  ,  in-8*  ,  à  Leyde  , 
1648.  Hî.  J)e  originibus  Améri- 
cains, in-8°,  iG52.1V.  Geographia 
vêtus  et  nova  ;  ouvrage  savant  , 
mais  confus.  V.  Orbis  politicus , 
in-ia.  VI.  Historia  philosophiœ  , 
en  7  livres,  i6d5,  in-4°.  VU.  Une 
édition  de  Sulpice-Sévère  ,  avec  des 
notes  ,  in-8*^.  VI 11.  Ulyssea  ,  sive 
studiosus  peregrinans  umnia  lus- 
trans  lit  tara  ,  Leyde  ,  1671,  in- 16. 
IX.  Arca  Nu'é ,  ou  Histoire  des 
monarc/iies.  Ouvrage  plein  de  re- 
cherches curieuses  sur  l'origine  de 
chaque  monarchie  ,  etc.  f'ojez 
Graaf. 

* II.  HORNIUS  (Justs)  publia  une 


HORR  5ij 

ti-aduclion  en  malais  (idiome  de  la 
gi  aiirle  péninsule  dy  l'Inde ,  nommée 
Malacea  )  ,  des  Evangiles  et  des 
Actes  des  apôtres,  Amsterdam,  1602, 
in-4°-  Il  exerçoii  le  ministère  évan- 
gélique  dans  ces  contrées. 

*  III.  HORNIUS  (  Jean  )  ou  Vax 
LToPcNE  ,  ué  à  Amsterdam  en  jG2J, 
étudia  à  Ulrecht  ,  à  Baie  ,  à  Mont- 
pellier ,  à  Orléans  ,  professeur  de 
médecine  et  d'anatomie,  d'abord  à 
Amsterdam,  et  ensuite  à  Leyde  ,  a 
publié  quelques  ouvrages. 

*  flORNUNG  (  Jean  ) ,  médecin  dit 
17"  siècle,  né  à  Rolenbourg  sur  le 
Tauber  ,  a  publié  à  Nur.mbcrg  eu 
1625,  in-q°,  et  à  Leipzick,  en  1661, 
même  format ,  un  ouvrage  intitulé 
Cista  medica  ,  dans  lequel  il  a  re- 
cueilli les  lettres  des  plus  célèbres 
médecins  allemands.  Il  est  encore 
auteur  d  un  livre  en  allemand  ,  sur 
U  JflétÂode  de  traiter  les  brûlures. 
Nuremberg  ,1682  ,  in-8". 

*HOROZCO(Chnslophede„après 
avoir  achevé  son  cours  d'humanités 
à  Salamanque,  s'attacha  à  leiude  de 
la  langue  grecque ,  et  passa  ensuite 
aux  écoles  de  médecine ,  où  il  fil  des 
progrès  si  rapides  ,  qu'il  publia  ,  a 
l'âge  de  a i  ans ,  un  ouvrage  intitulé 
Castigatiu/ies  in  interprètes  FauU 
Agi  nette  ,  Venetiis  ,  1.656,  in  ftjl. 
Ce  début  lui  mérita  une  chaire  à 
Salamanque,  oùilcon)posa,en  i5ô8, 
un  autre  ouvrage  qui  parut  à  Baie, 
en  1 540 ,  in-4°  ,  sous  ce  titre  :  Annu- 
tationes  in  interprètes  A'étii  niedici 
prœclarissirni ,  nenipe  Laplistam 
Montanum  Veronensem  ,  et  Janunt 
('ornarium  Zuiccuviensem ,  rnedi- 
cos.  Il  profita  du  manuscrit  grec 
d  Aëtius  pour  rétablir  le  vrai  texte 
de  ce  médecin. 

-\-  HORREBO'W  ou  HoBBFtîoui, 
(Pierre),  célèbre  astronome  danois, 
mort  en  1 764 ,  âgé  de  8;'»  ans  ,  eut , 


5iG 


HORS 


dans  le  coins  d'une  si  longue  vie, 
vingt  enl'ans  et  ircnte-quatre  pelils- 
enfans.  11  prolcssa  avec  dislinction  , 
pendant  plusieurs  années  ,  la  phi- 
losophie, les  mathématiques,  et  l'as- 
tronomie. On  a  de  lui  un  oiîvrage 
intitulé  Coiiernicus  triamp/ia'Jia  , 
où  il  montre  beaucoup  d'enthou- 
siasme pour  le  système  de  Copernic. 
Horrebow  envoyé  dans  l'Islande , 
par  ordre  du  roi  de  Danemarck  ,  en 
pulilia  la  relalion  à  Londres  ,  1708, 
in-folio.  Rousselol  de  Surgy  et  Mes- 
liu  l'ont  traduite  de  l'allemaïKi  en 
français,  sous  le  titre  de  Nouvelle 
description  physique  et  hislorique 
de  l'Islande,  Paris  ,  1764,  2  vol. 
in-12.  Les  (Euvies  de  mathémaU- 
ques  de  Horrebow  ont  paru  à 
Copenhague  en  1740  et  i74'  »  5  vol. 
in-4°,  auxquelles  on  joint  son  Astro- 
nomie^ Copenhague,  1755, in-4°. 

t  HORROX  (Jércmie),  habile 
astronome  anglais,  né  à  Texleh  ,  près 
de  Liverpool,  eu  1619  ,  mourut  en 
164 1 ,  après  avoir  achevé  son  traité 
intitulé  Venus  in  sole  visa  , 
Gedani,  1662 ,  ia-folio. 

*  lîORSLEY  (  Jean  ) ,  savant  anti- 
quaire ,  d'abord  élève  à  Newcastle , 
eu  Ecosse,  oii  il  fut  reçu  maître-ès- 
arts  ,  puis  pasteur  d'une  congréga- 
tion de  dissidens  dans  sa  province  , 
et  membre  de  la  société  royale  ,  na- 
quit au  comté  de  Northumberland  , 
et  mourulen  1751.  On  a  de  lui  un 
ouvrage  Ircs-volumineux ,  publié  eu 

1702,  intitulé /i/vVa/?/? /a  Romana, 
où  l'on  trouve  une  notice  exacte  et 
Ivès-élendue  de  ce  qui  reste  eu  An- 
gleterre des  monuraens  romains. 

*  L  HORSTIUS  (  Gisbert  ) ,  mé- 
decin, ué  à  Ainsterilam  ,  lit  la  ])!us 
grande  partie  de  ses  éludeseu  Italie, 
tl  s'établit  à  Rome  ,  où  il  exerça  sa 
profession  pendant  une  longue  suite 
d'années.  Il  y  mourut  en  i555  ou 
ir).')C  ,  njfcdeciu  de  i'hôpilul  de  Ste.- 


HORS 

Marie-de-la-Consolation.  Gessner  et 
Rondelet  le  cilentavec  éloge.  On  ne 
conuoil  de  lui  d'autre  ouvrage  que 
celui  intitulé  De  turpeto  et  lhap~ 
sid  libelhis ,  Romœ ,  1  ;')44,  in-4°. 

lî.  HORSTÎUS  (  Jacques  ) ,  né  à 
Torgaw  en  j557,  médecin  ordinaire 
de  l'archiduc  d'Autriche  en  i5So, 
professeur  de  médecine  à  Helmstadt, 
et  directeur  de  l'université  en  iSgô, 
mort  eu  1600,  a  laissé  beaucoup 
d'ouvrages  sur  la  science  qu'il  avoit 
professée.  L  Compendium  mcdi^ 
carum  institutiouurn.  IL  Ilerba- 
rium,  i65o,  in  8".  UL  Un  Com- 
mentaire sur  le  livre  d'IIippocrate, 
De  Corde.  IV.  De  noctamhuloiii- 
Lus.  V.  De  dente  aureo  puerl 
Silesii  ,  in-8".  VI.  Dispulatioiies 
catkolicœ  de  relu/s  secundùni  et 
prœternaluram.  VIL  Epistolœp/ii- 
losop/iiccs  et  médicinales ,  iu-8°; 
et  Jivers  autres  traités  où  l'on  trouve 
de  bonnes  clioses. 

t  III.  HORSTIUS  (  Grégoire  ) , 
su  ruommé  ÏEsculape  d'Allemagne, 
neveu  du  précédent,  né  à  Torgaw 
en  1678,  et  mort  en  1606,  après 
avoir  exercé  et  enseigné  la  médecine 
avec  un  succès  égal  ,  a  donné  plu- 
sieurs ouvrages  sur  cette  science  , 
recueillis  par  Grégoire  Horstius,  sou 
fds,  eu  2  vol.  iu-4",  à  Gouda  ,  1661. 
Quelques- unsrouleut  sur  dessujetscu- 
rieux ,  tels  que  ceux  -  ci,  Dissertatiu 
de  nalurâ  amoris ,  de  ciirâ  furoris 
amatoril,  de  philtris ,  atque  de 
pulsu  amantium  ,  1611,  iu-4";  De 
causis  similitudinis ,  et  dissimili~ 
tudinis  infiStu ,  rcspectu parentum , 
etc. ,  ifii9,  in-i\° i  De  tuenddsani^ 
tafe  studiosorum  et  litteratorum  , 
1 648  ,  in-i  2  ;  De  tuendd  sanitate , 
in-i  2  ,  même  année. 

IV.  HORSTIUS  (Daniel)  ,  fils  du 
précédent ,  né  à  Giesseu  ,  professeur 
de  médecine  à  Marpourg ,  et  médecin 
du  laadgrave  de  Hcsse-d'Arnisladt, 


HORT 

mort  en  i6S5,à  G8  ans,  procura 
1  eti  i  l  i  on  fie  Zacch iœ  q iieffitiones  me- 
dico-Icgales ,  et  celle  de  lUveril 
cpera  rnedica. 

V.  HORSTIUS  { Grégoire ) ,  frère 
du  précédent  ,  médecin  el  profes- 
seur de  physique  à  Ulni  sa  pairie, 
mourut  eu  1661,  recueillit  et  Ht 
imprimer  la  plu])art  des  ouvrages  de 
médecine  composés  par  Grégoire 
Horslius,  sou  père.  {l'oyez  n°  Uï.) 
Celte  famille  a  produit  plusieurs 
autres  sa  vans  médecins. 

t  VI.  HORSTIUS  (Jacques  Mei- 
liERT OU  Mr.Ri,o) ,  surnommé  Hors- 
tius,  du  village  de  Horslau  diocèse  de 
Ruremonde,  où  il  nacpiit  de  purens 
pauvres  en  juillet  1 097  ,  devint 
curé  de  Cologne ,  et  mourut  en 
celte  ville  eu  1644.  11  est  auleur 
du  Paradisus  anir/iœ  làristlaiiœ  , 
Cologne,  1644,  in-12.  Ouvrage 
plein  d  érudition  ,  dont  il  y  a  de 
très-belles  édilions  avec  gravures , 
parmi  lesquelles  on  dislingue  celle 
tie  Cologne,  1680,  qui  est  rare.  Cet 
ouvrage  ,  traduit  en  français  jiar 
Nicolas  Fontaine,  Paris,  iGS"»,  2  vo- 
lumes iu-i  2,  a  élé  souvent  réimpri- 
mé malgré  les  erreurs  du  traduc- 
teur, pour  lesquelles  on  a  condamné 
celte  version.  Horstius  a  fait  en  la- 
lin  une  multitude  d'ouurages  de 
piété  :  son  édition  des  Qïuvres  de 
.saint  Bernard  ,  en  2  vol.  in-fol,, 
Cologne,  1641,  psl  fort  supérieure 
à  toutes  celles  qui  avoienl  paru  au- 
paravant. Dom  Mabijlon  en  a  beau- 
coup profilé  pour  la  sienne. 

HORTA  (Garcied"),  o«  BU  Jar- 
din ,  professeur  de  philosophie  à 
Lisbonne  eu  i.'^i34,  et  premier  mé- 
decin du  comte  de  Redoudo  ,  vice- 
roi  des  Indes  ,  publia  en  espagnol 
des  Dialogues  sur  les  simples  que 
l'on  trouve  en  Orient,  ir)7^|,  iu-S" 
el  in-fol.  Ils  ont  élé  traduits  eu  la- 
lin  par  Charles  Clusius,  i6o5,  3G 
fig.  ;    et  en  français    par    Antoine 


HORT 


^17 


Colin  ,  apothicaire  de  Lyon  ,  1619  , 
in-8°.  L'original  et  les  versions  soûl 
recherchés. 

*  HORTE(  Jean) ,  savant  prélat, 
élevé  par  M.  Thomas  Rowe  ,  qui  le 
destinoit  à  être  ministre  dissulent  , 
eutpourcondiscipiclecélebiedocteur 
IsaacVv'^atls,qui  iutencorrcspoudan- 
ceavecluilaulqu'il  vécut.  Hortedes- 
servit  d'aboi  d  une  congrégation  de 
dissidens  ù  Mashfield  au  comté  de 
Glocesler  ;  mais  il  se  conforma 
ensuite  ù  la  doctrine  de  l'Angleterre, 
et  en  1 708  il  prêcha  un  sermon  à 
Ayleshury,  dont  il  visitoit  l'église. 
Horte  ,  chapelain  dn  lord  lieutenant 
d'Irlande,  le  suivit  dans  ce  pays; 
alors  il  fut  nommé  à  1  évéché  de 
Leighlin  et  de  Fenvs,  puis  il  passa 
au  siège  deKilmore,et  en  i']n2  à 
l'arclievêché  de  Tuam.  Horte,  mort 
en  1751  ,  a  donné  ,  I.  Un  volume 
d'cxcelleus  Se/v/ioris ,  imprimé  in-S" 
à  Dublin,  i7.T8,clàLondreben  1  757. 
11.  Une  E.v/io/tatiu/i  au  clergé  du 
diocèse  de  Tuam,  eu  1742. 

t  nORTEî\IELS  (  Marie-Magde^ 
leiue  ) ,  épouse  de  Charles-Nicolas 
Cocliin  ,  née  en  i  68G  ,  et  morte  aux 
galeries  du  Louvre  à  Paris  en  1767. 
Ades  dispositions  très-heureuses  pour 
la  gravure  .  [\îarie  joignit  de  vaste* 
conuoissances  dans  la  science  du 
dessin.  Les  artistes  trouvent  dans 
ses  oui'ragcsu]}.e  louche  spirituelle , 
hardie,  el  cependant  moelleuse.  Sa 
principale  occupation  fut  de  ter- 
miner au  burin  les  sujets  que  son 
mari  avoil  disposés  à  l'eau-forte  ,  et 
elle  en  conservoit  avec  tantd'iutel- 
ligence  le  goût  et  le  pittoresque  , 
que  les  amateurs  recherchenl  parti- 
culièrement ceux  des  ouvrages  de 
Cochin  en  ce  genre  ,  où  son  épousa 
a  mis  la  dernière  main. 

HORTENSIA,  dame  romaine, 
fille  du  célèbre  orateur  Horleusius , 
el  hérilièye  des  talen»  de  sou  père  , 


5i8 


HOHT 


j)laicia ,  l'an  64  avant  J.  C.  ,  la 
cause  des  dames  romaines  devanl 
les  Iriuravirs  ,  qui  en  avoienl  ton- 
damné  i4oo  à  déclarer  les  biens 
qu'elles possédoient,alin  de  les  taxer 
))our  les  frais  de  la  guerre.  Le  dis- 
cours d'Hortensia  fut  si  louchant  , 
que  les  triumvirs  n'obligèrent  que 
4<)o  femmes  à  celle  déclaration. 

I.  HORTENSÎUS  (  Quintus  )  , 
orateur  romain  ,  père  de  la  précé- 
dente ,  plaida ,  dès  l'âge  de  19  ans  , 
avec  un  1res  grand  succès.  Cicéron, 
son  émule  ,  parie  de  son  éloquence 
avec  éloge  ,  et  de  sa  mémoire  comme 
d'un  prodige.  11  y  avoit  quelquefois 
dans  ses  gestes  des  mouvemens  affec- 
tés; c'est  pourquoi  ses  ennemis  lui 
donnoient  le  nom  de  JJ/o/ijsia  , 
célèbre  danseuse  de  ce  temps -là. 
Horlensius  tint  le  premier  rang 
dans  le  barreau  ,  jusqu'à  ce  que  Ci- 
céron parût.  Il  le  quitta  pour  pren- 
dre les  armes  ,  devint  tribun  mili- 
taire ,  préteur  ,  et  entin  consul  l'an 
70  avant  J.  C.  et  mourut  em  iron 
2\  ans  après,  avec  la  réputation 
d'un  bon  citoyen,  d'un  sage  sénateur 
et  d'un  homme  magnifique.  Il  avoit 
amassé  de  grands  biens  ,  dont  il 
savoit  se  faire  honneur.  On  dit 
qu'à  sa  mort  on  trouva  dix  mille 
muids  de  vin  dans  ses  caves.  Les 
Plaidoyers  de  cet  homme  illustre 
quiuesoulenoil  pas,  au  jugement  de 
(^uinlilien,  le  nom  qu'il  séloitfait, 
ne  nous  sont  pas  parvenus.  On  avoit 
encore  de  lui  des  Poésies  galantes 
et  des  Annales.  Voy.  Atticus  , 
n°I. 

*  II.  HORTENSIUS  (ÎMartin  )  , 
astronome  ,  né  à  Délit  en  i5o5  , 
mort  à  la  fleur  de  son  âge  en  i55(), 
a  donné,  l.  une  Dissertation  r/ejWe/'- 
curio  sub  sole  t'iso ,  et  T-'enere  in- 
i'isd.  ïl.  Deux.  Discours  ,  l'un  sur 
/'utilité  et  la  dignité  des  mathé- 
matiques ;  l'autre,  sur  l'œil  et  sa 
perjectioii. 


HO  SI 

f  m.  HORTENSIUS  (Lambert }, 
(  ainsi  nommé  parce  qu'il  éloit  fils 
d'un  jardinier),  i>rélét  du  collège 
de  Naérden  en  Hollande  ,  faillit 
périr  dans  la  prise  de  cette  ville  en 
1(17 -2,  et  vit  égorger  ,  sous  ses  yeux, 
son  fils  naturel.  Il  mourut  en  1074. 
On  a  de  lui  des  Satires  et  des 
Epithalames  ,  et  d'autres  cuivrages 
en  latin,  dont  les  plus  connus  sont, 
I.  Sept  livres  de  hello  Germanico  , 
sous  Charles-Quint,  in-8°.  11.  /Je 
tumultu  anabaptisLarum  ,  in  -  fol. 
ni.  De  secessionibiis  ultrajectinis  , 
in-fol.  IV.  Des  Conimmentaires  sur 
les  six  premiers  livres  de  l'Enéide 
de  Virgile  ,  et  sur  la  Pharsale  de 
Lucain.  V.  Des  Notes  sur  quatre 
Comédies  d'Aristophane. 

HOSIER.  Voy.  Hozier. 

t  HOSIUS  ou  Osuis  (  Stanislas  ), 
cardinal,  né  à  Cracovie  en  Pologne, 
et  élevé  en  Italie  ,  devint  secrétaire 
du  roi  de  Pologne,  chanoine  de 
Cracovie  ,  cvcque  de  Culm  ,  et  enfin 
évêque  de  Warmie.  Le  Pape  Pie  IV 
l'envoya  vers  l'empereur  Ferdinand, 
qui  fut  si  charmé  de  son  esprit  et 
de  ses  vertus,  qu'il  lui  dit  eu  l'em- 
brassant «  qu'il  ne  pou  voit  pas 
résister  à  un  homme  dont  la  bouche 
étoit  le  temple  ,  ttla  langue  l'oracle 
du  Saint-Esprit....»  Hosius  étoit 
chargé  d'engager  ce  prince  à  faire 
continuer  le  concile  de  Trente  :  il 
obtint  tout  ce  qu'il  voulut.  Pie  IV 
l'en  récompensa  ,  en  i.'îGi  ,  par  le 
chapeau  de  cardinal,  qu'il  n'accepta 
que  malgré  lui.  Ce  jiontife  lui  or- 
donna ensuite  d'aller  ouvrir  le  con- 
cile de  Trentr  .  comme  son  légat  ; 
commission  qu'il  remplit  avec  beau- 
coup de  succès.  Hosius  passa  eu  Po- 
logne ,  it'où  li  lut  rap[)elé  par  Gré- 
goire Xlll,  (pu  le  fil  pénitencier  de 
l'église  romaine.  Il  mourut  à  C^ipra- 
volo ,  près  de  Rome  ,  le  5  août  1  .^79, 
à  76  ans.  Les  écrivains  catholiques 
lui  donnèrent  à  l'envi  les  noms  de 
colonne  de  l'Eglise  ,  el d'Augustin  de 


HOSP 

eon  temps.  Les  protpslans  n'eurent 
point  d'adversaire  |)his  redonlaljlc. 
Hosius  écrivit  contre  eux  plusieurs 
ouvrages  recueillis  à  Coioj^ne  , 
i5S.i,en3  vol.  iu-fol.,  imprimés 
jusqu'à  trente-deux  fois  du  vivant 
de  l'auteur  ,  et  Iraduils  dans  ^u'es- 
que  toutes  les  langues  de  l'Europe. 
Les  priucipaiix  sont ,  L  Coiifesnio 
cot/iolicœ  Jidei  christianœ ,  sii>e 
Ji'.rp/ico/io  confessionis  à  Pal  ri  bus 
f'aitœ  in  synodo  prouincialis  ha- 
bilâPctrikopiœ,  anno  i  hh  i  ,l\Iayeu- 
ce  ,  i.t57,  iu-fol.  II.  Ijc  commu- 
nione  sub  ittrâque  specie.  111.  De 
sacerdotum  conjugioAY .  DeMissâ 
^'iilgari  linguâ  celebrandâ  ;  J)ia- 
logus  de  co,  niim  calicem  laicis 
et  uxoj'es  sacerdotibi/s  pcrmitti 
JiLS  sit,  etc.  Rescius  a  e'cril  sa  Vie. 

*  HOSKIUS  (  Jean  )  ,  peintre 
anglais  ,  maitre  d'Alexandre  et  de 
Samuel  Cooper,  mourut  en  Angle- 
terre en  1664.  Sou  genre étoit  le /j(^/- 
Irail  :  il  a  peint  ceux  de  Charles  11, 
de  la  reine  sou  épouse ,  et  de  la  plus 
grande  p;utie  des  princes  de  la  fa- 
mille royale.  11  se  distingua  sur-toul 
par  la  ressemblance  et  l'expression 
de  ses  tètes. 

t  HOSPINIEN  (  Rodolphe),  mi- 
nistre zuinglien,  né  à  Altorf,  vil- 
lage de  Suisse  dans  le  canton  de 
Zurich  ,  en  1.547  ,  mort  en  1626  , 
ëloit  tombé  en  enlance  depuis  près 
de  trois  ans.  Ses  j)réveiitions  contre 
les  dogmes  et  la  discipline  de  l'E- 
glise catholique  lui  firent  euLin- 
tcr  plusieurs  ouvrages,  recueillis  à 
Genève  eu  1681,  en  7  vol.  in-fol. 
I-es  principaux  sont  ,  I,  de  Tcm~ 
p/is,/ioc  est  de  origine,  nsu  et  abusa 
temp/orum  ,  1600,  in-fol.  11.  JJe 
manachis  ,  Zurich,  160g  ,  in-fol. 
111.  Defestis  Judœorum  et  F.l/iiii- 
corurn  ,  Zurich  ,  1611,  in-fol.  IV. 
h  esta  chrislia  non/m  ,  Zurich,  1612, 
in-fol.  V.  Ilistoria  sacraiiicnlai'ia, 
Zurich,  1.598,  in-fcl.  —  2*"  partie, 
j6o2  ,  iu-fol.  VI,    Historea  jcsui- 


HOSP  ^\ij 

tica  ,  Zurich,  1S19,  in-fol.  On  y 
trouve  rassemblé  loul  ce  qu'on  a  dit 
sur  les  règles,  les  coustilutious,  les 
progrès  et  la  poliiique  de  cet  ordre 
célèbre.  Hospinien  a  fait  plusieurs 
recherclies  curieuses,  et  ses  ouvra- 
ges ont  leur  utilité;  mais  il  man- 
que de  critique;  car  il  cite  souvent 
de  fausses  décrelalcs  et  des  pièces 
supposées  comme  des  monumens 
véritables.  Il  cite  assez  confu.sénu-nl 
les  anciens  auteurs  et  les  modernes  , 
et  fait  des  applications  de  leurs 
pass.'iges  à  coutre-seus.  Il  est  loible 
dans  la  controverse.  Quand  il  réfuie 
Brllarrain  sur  les  faits  ,  il  réussit  ; 
mais  quand  c'est  sur  le  dogme  ,  il 
n'est  ]ias  à  beaucoup  près  si  fort. 
Personne  n'a  mieux  déioèlé  m  dé- 
laillé  que  lui, l'histoire  des  différents 
élevés  entre  les  sectes  séparées  de 
l'Eglise  romaine;  et  en  cela,  sans 
y  penser ,  il  a  rendu  service  à  l'E- 
glise catholique.  Hos-piuien  ,  outré 
sacramentaire  ,  et  grand  ennemi 
des  luthériens  et  des  ubiquilaires  , 
avec  lesquels  il  croyoit  que  l'on  ne 
devoit  point  avoir  de  société  ni  de 
couimuniou  ,  avoil  uu  si}  le  simple 
et  clair. 

1 1.  HOSPITAL  (Michelde  1'),  ou 
plutôt  DE  Lo.spjTAt,,  comme  il  si- 
gnoit ,  chancelier  de  France ,  naquit 
eu  i.TOÔ  à  Aigueperse  en  Auvergne, 
d'uu  médecin,  fils,  à  ce  que  pré— 
tendoient  ses  ennemis  ,  d'un  juif 
d'Avignon.  Son  ])ere  ,  ayant  quille 
la  médecine  ,  sV.l tacha  à  Charles  de 
Bourbon,  conuélable  de  France, 
dont  il  dirigea  les  afl'aires  avec  clia- 
leuret  intégrité.  Le  couuélable  ré- 
compensa son  zèle  eu  le  faisant 
bailli  de  MonVpensier  ,  auditeur  de 
ses  comptes  à  IMoulins  ,  et  en  lui 
dounaul  la  terre  de  la  Bustière  eu 
Auvergne  ,  et  deux  autres  villages 
dans  le  comté  de  Montpensier.  Jean 
PK  LflospiTAii  ,  d  lui  caractère  no- 
ble ,  et  de  mœurs  sévères  ,  avoil  une 
ame  sensible  et  courageuse  j  il  tdcha 


520 


HOSP 


d'inspirer  les  mêmes  veilus  à  son 
fils,  qu'il  fit  élever  avec  beaucoup 
de  soin.  Il  l'envoya  étudier  dans  les 
plus  célèbres  universités  de  France 
et  d'Italie.  Michel  de  IHospital  s'y 
distingua  également  par  le  double 
esprit  de  la  liiléralure  et  des  affaires. 
Sorti  des  écoles  de  la  jurisprudence, 
il  occupa  des  charges  honorables  , 
comme  auditeur  de  rote  à  Rome  , 
conseiller  au  parlement  de  Paris,  au 
concile  de  Trente  transféré  à  Bo- 
logne ,  enfin  surintendant  des  fi- 
nances en  1554.  Le  trésor  royal  se 
trouvoit  épuisé  par  les  prodigalités 
du  roi,  par  l'avidilé  de  ses  favoris, 
de  SCS  ininislres ,'  de  sa  maîtresse , 
par  les  dépenses  de  la  guerre,  par 
les  plaisirs  fastueux  de  la  cour ,  par 
les  malversations  des  financiers. 
L'Hospilal  fit  des  exemples  de  sé- 
vérité qui  eifrnyèrenl  les  coupables; 
il  refusa  courctgeusement  les  som- 
mes qu'on  lui  demandoit  ,  et  ne  se 
laissa  corrompre  ni  par  les  mena- 
ces,  ni  par  les  flatteries.  «Je  me 
rends  désagréable,  écrivoil-il  à  Oli- 
vier, par  mon  exactitude  à  veiller 
sur  les  deniers  du  roi.  Les  vols  ne 
8e  font  plus  impunément  :  j'établis 
de  l'ordre  dans  la  recette  et  la  dé- 
pense ;  je  refuse  de  payer  des  dons 
trop  légèrement  accordés,  ou  j'en 
renvoie  le  paiement  à  des  temps 
plus  heureux  ;  on  voit  tout  cela 
avec  lin  dépit  amer...  Dois-je  pré- 
férer l'amilié  déshonorante  de  cer- 
tains courtisans  à  ce  que  me  pres- 
crivent mes  obligations  envers  mon 
roi  ,  mon  amour  pour  la  patrie  ? 
Eh  bien  donc!  qu'ils  engloutissent 
tout ,  et  le  soldat  sans  paye  ravagera 
nos  provinc;'s  pour  subsister ,  et 
l'on  foulera  le  peuple  par  de  non- 
veaux  impôts.  »  L'Hospilal  ,  en  .se 
faisant  "s-edouler  des  sangsues  de 
l'état,  leur  donnoit  l'exemple  du 
j[SluM  nol)!e  désiulércssemcnt.  Quoi- 
qu'il eût  été  près  de  douze  ans  drnis 
le  parlement ,  cinq  oti  six  dans  la 
Jplace  de  suriuleiidaul ,  sa  fortune 


HOSP 

étoil  si  bornée  ,  que  le  roi  fut  oblige' 
de  doter  sa  fille.  Henri  II  étant 
mort'  en  1059  ,  le  cardinal  de  Lor- 
raine qui  étoit  à  la  tète  du  gouver- 
nement ,  sous  François  II ,  fit  entrer 
l'Hospital  dans  le  conseil  d'état.  II 
n'y  fut  pas  long-temps.  Marguerite 
de  Valois ,  destinée  au  duc  de  Sa- 
voie, Feminena  avec  elle  pour  être 
son  chancelier.  Mais  à  peine  eut-il 
passé  six  mois  auprès  de  sa  bienfai- 
trice ,  qu'on  le  rappela  en  France  , 
où  l'on  espéroit  remédier  aux 
maux  qui  désoloient  ce  royaume , 
en  l'élevant  à  la  place  de  chaacelier. 
L'Hospital,  devenu  clief  de  la  jus- 
tice ,  au  milieu  des  factions  de  la 
cour  et  du  bouleversement  général 
du  royaume ,  parut  un  philosophe 
intrépide  dans  un  temps  d'enthou- 
siasme et  de  fureur.  «Tous  les  or- 
dres étoient  corrompus  :  Selon  ce 
qu'il  dit  lui-même  ,  dans  un  dis- 
cours au  parlement  de  Paris ,  le 
peuple  est  mal  instruit  ;  on  ne  lui 
parle  que  de  dimes  et  d'offrandes  , 
et  point  de  bonnes  mœurs;  chaçuu 
veut  voir  sa  religion  approuvée  , 
celle  des  autres  persécutée.  Cest  là 
toute  la  piété  d'aujourd'hui,  w  Lors- 
que la  malheureuse  conspiration, 
d'^dmhoise  éclata  en  i.'îGo,  il  fut 
d'avis  que  ,  pour  apaiser  le  soulè- 
vement des  esprits,  on  pardonnât 
à  ceux  que  le  faux  zèle  de  la  reli- 
gion avoil  égarés.  11  donna  ,  la 
même  année  de  cette  conjuration, 
Védil  de  Romoraiiùn,  pour  empê- 
cher l'élablissemeut  de  l'inquisition 
en  France.  Il  vit  avec  douleur  le  feu 
de  la  guen-e  civile  s'allumer  dans  sa 
patrie,  et  fit  tous  ses  efforts  pour 
l'éteindre  avant  l'embrasement  gé- 
néral ,  «  estimant  (  ce  sont  ses 
l>ropres  termes)  qu'il  n'y  avoit  rien 
de  plus  dommageable  en  v,\\  jiays 
qu'une  guerre  civile  ,  ni  plus 
profitable  qu'une  paix  à  quelque 
prix  que  ce  fût.  »  Lorsque  tout  le 
royaume  étoit  en  feu,  il  tacha  d'a- 
doucir le  mal  qu'il  n'a  voit  pu  guérir. 


HOSP 

Cest  conformément  à  ces  princi- 
pes, dictés  ,  selon  les  uns  ,  par 
l'humanité  et  la  sagesse  ,  selon 
(l'iuUres,  par  son  pencbaut  au  cal- 
vinisme, cjii'il  parla  aux  étals  as- 
semblés à  Orléans,  an  commence- 
ment du  règne  de  Charles  IX  ,  à 
ceux  de  Saint-Germain-eu-Laye  , 
en  i56i,  an  colloque  de  Poissy  , 
tenu  la  même  année  ,  à  i'asscmhlée 
de  Moulins,  en  i566.  Après  laffaire 
de  Vassi  ,  voyant  qu'on  se  prépa- 
roit  de  part  et  d'autre  à  prendre 
les  armes  ,  il  s'y  opposa  de  toutes 
ses  forces  ;  et  le  connétable  de  Mont- 
morency lui  ayant  dit  «que  ce  ne- 
toit  à  gens  de  robe  longue  d'opiner 
sur  le  fait  de  la  guerre.  —  Bien  que 
telles  gens  ,  lui  répondit-il ,  ne  sa- 
chent conduire  les  armes,  si  ne 
Jaisseul-ils  de  connoître  quand  il  en 
faut  user.»  II  eut  part  à  toutes  les 
grandes  affaires  de  ces  temps  mal- 
heureux ,  et  se  conduisit  toujours 
de  même.  Son  discours  aux  étals 
îissembiés  à  Orléans  est  un  monu- 
ment de  sa  sagesse  «  Il  ne  lant 
point,  dit-il,  écouter  ceux  qui  pré- 
tendent qu'il  n'est  pas  de  la  dignité 
d  \m  roi  de  convoquer  des  états; 
car  qu'y  a-t-il  de  plus  digne  d'un 
roi  que  de  donner  à  tous  ses  sujets 
la  permission  d'exposer  leurs  plain- 
tes avec  liberté  ,  publiquement,  et 
dans  un  lieu  où  l'imposture  et  l'ar- 
tilice  ue  peuvent  se  glisser?  Dans 
ces  assem1)lées,  les  souverains  sont 
instruits  de  leurs  devoirs.  On  les 
engage  à  diminuer  les  anciennes 
impositions,  et  à  n'en  pas  mettre 
de  nouvelles  :  à  retrancher  les  dé- 
penses superilues  ,  qui  ruinent 
l'état;  à  ne  plus  vendre  les  char- 
ges ;  à  n'élever  à  l'épiscopat  et 
zmx  autres  dignités  de  l'Eglise  que 
des  sujets  capables  de  les  remplir; 
devoirs  aujourd'hui  négligés,  parce 
que  les  rois  ne  voif^nl  et  n'entendent 
que  par  les  oreilles  d'aulrui.  »  F.nne- 
mi  des  conseils  violens,  il  en  donna 
au  roi  de  très -modérés,  pour  le  por- 


HOSP 


Sar 


1er  à  rétablir  la  paix  dans  son  état. 
I^a  reine  Catherine  de  Médicis,  qui 
avoilcoutnbuéà  l'élévation  du  chan- 
celier, trop  emportée  pour  aj)prou- 
ver  des  vues  si  pacihqnes,  le  lit  ex- 
clure du  conseil  de  guerre.  L'Hospi- 
tal,  voyant  que  sa  présence  étoit  im- 
portune ,  se  relira  de  lui-même  en 
i568,  dans  sa  maison  de  campagne 
de  Vignai,  près  d'Estampes.  Quel- 
ques jours  après,  ou  lui  lit  demander 
les  sceaux;  il  les  rendit  sans  regret, 
disant  que  «  les  affaires  du  monde 
étoienl  trop  corrompues  pour  qu'il 
pût  encore  s'en  mêler.  »  Il  goûta  , 
dans  sa  retraite,  nu  bonheur  ines- 
péré. Les  amusemens  de  la  campa- 
gne, la  poésie  latine,  qui  faisoit  ses 
ciélices  ,  la  conversation  de  ses  amis  , 
succédoient  aux  soins  qu'il  donnoit 
à  ses  eufans.  a  J'ignorois,  dit-il  dans 
une  de  ses  lettres  ,  que  la  vie  et  les 
})laisirs  champêtres  eussent  autant 
de  charmes.  J'ai  vu  blanchir  mes 
cheveux  avant  que  de  connoître 
l'état  dans  lequel  je  pouvois  ren- 
contrer le  bonheur.  En  vain  la  na- 
ture m'avoit  lait  aimer  le  repos  et 
l'oisiveté  ;  jamais  je  n'aurois  pu  me 
livrer  à  ce  penchant  si  doux  ,  si  le 
ciel,  me  regardant  d'un  œil  de  piété, 
ne  m'eût  débarrassé  des  fers  que  , 
peut  être  sans  lui,  je  n'aurois  pu  bri- 
ser. Que  si  quelqu'un  s'imagine  que 
je  me  croyois  heureux  dans  ce  temps 
où    la  fortune  sembloit  s'être  fixée 

contre  moi et  qu'à  présent  je  me 

crois  malheureux  d'avoir  perdu  tous 
ces  brillans  avantages ,  ah  !,  que  cet 
liomme  ignore  bien  le  fond  de  mon 
cœur  !  v  L'iUuslre  chancelier  vit  les 
beaux  jours  de  sa  retraite  troublés 
par  le  massacre  de  la  saint  Barthé- 
lemi ,  en  j  572.  Il  pensa  sur  celte  fu- 
neste journée  comme  nous  pensons 
aujourd'hui,  et  disoit  souvent  jE.r- 
ci(/at  illa  dies  1  Ses  amis,  craignant 
qu'il  ne  fût  enveloppé  dans  cette  hor- 
ril)!e  exécution,  l'avertirent  de  pren- 
dre garde  à  lui.  «  Rien  ,  rien  ,  répon- 
'  dil-il;  ce  sera  ce  qu'il  plaira  à  Dieu, 


^21 


HOSP 


quand  mou  heure  sera  venue.  »  Le 
leudemaui,  on  vint  lui  dire  qu'on 
vojoil  nne  tro.ipe  de  cavaliers  ar- 
més qui  s  avançoient  vers  sa  mai- 
son. On  hii  deuianila  si  ion  devoil 
fermer  les  portes  ,  et  tirer  sur  eux  , 
en  cas  qu'ils  voulussent  les  forcer. 
«Non,  non,  repartit-il;  mais  si  la 
petite  ne  suffit  pas  pour  les  faire  en- 
lier,  que  Ton  ouvre  la  grande.  » 
C  étoient  eu  effet  des  furieux  qui  , 
sans  ordre  de  la  cour,  venoient  pour 
le  tuer;  mais  avant  d'exécuter  leur 
dessein,  ils  furent  atteints  par  d'au- 
tres cavaliers  ,  envoyés  par  le  roi 
ïuèrae,  pour  leur  du'e  que  l'Hospi- 
la!  u'étoit  pas  du  nombre  des  pros- 
crits, et  que  ceux  qui  eu  avoient  fait 
la  liste  hii  pardonnoient  les  oppo- 
sitions qu'il  avoit  toujours  formées  à 
l'exécution  de  leurs  projets,  n  J'igno- 
rois,  répondit-il  froidement,  et  sans 
changer  de  visage  ,  que  j'eusse  ja- 
mais mérité  la  mort  ni  le  pardon,  w 
Sa  devise  étoil  : 

Si  fractus  illahntur  orbis  , 
Impaviduni  ferlent  mince. 

Magistrat  intrépide,  sujet  lidèle,  ci- 
toyen zélé,  philosophe  sage  et  tolé- 
rant, toujours  supérieur  à  la  crainte 
et  même  à  fopiuion  ,  il  n'écoute  que 
la  vertu  ,  et  lui  sacrifie  quelque- 
fois jusqu'à  la  gloire.  Au  milieu  du 
plus  violent  fanatisme,  il  lait  en- 
tendre la  voix  de  la  raison  et  de 
)  liumanité:  au  sem  de  l'anarchie  et 
de  la  révolte,  il  défend  avec  w\\  cou- 
rage égal  et  l'autorité  du  roi  et  les 
droits  de  la  nation.  Si,  dans  les  com- 
jnenceinens,  sa  conduite  paroît  va- 
cillante ,  sa  législation  contradic- 
toire ,  c'est  que  ,  tlouiiné  par  les  cir- 
coiislances  ,  il  soccups  alors  moins 
de  faire  le  bien  que  de  prévenir  le 
Jiial.  Poiu"  conuoitre  l'esprit  de  ses 
lois,  il  faut  les  comparer  à  l'ordre 
des  événeraens.  L'ilospiial  ne  voit 
dans  l.s  catholiques  et  les  réformés 
«iue  des  hommes  ayant  un  droit  égal 


IlOSP 

à  conserver  ,  sous  la  protection  du 
prince,  leurs  propriétés ,  leur  liberté, 
leur  vie  :  son  unique  but  est  de  main- 
tenir la  paix  parmi  eux,  de  sauver 
la  France  des  horreurs  d'une  guerre 
religieuse,  et  il  se  plie  à  tout  pour 
l'atteindre.  Apres  de  longs  niénage- 
mens,  croil-il  pouvoir  combattre  de 
front  les  factieux  et  les  fanatiques, 
rien  ne  l'iulimide  ;  il  an  été  les  tri- 
bunaux dans  leur  zèle  iudiscret  ,  ; 
rappelle  le  clergé  à  ses  devoirs  ,  ré- 
prune  l'audace  turbulente  des  deux 
partis  ,  les  soumet  à  des  sacriiices 
réciproques,  prescrit  aux  catholiques 
d'être  tolérans,  aux  protes'ans  d'être 
justes  et  modérés  ,  plaide  dans  le 
conseil  en  faveur  de  la  liberté  de 
conscience  ,  ose  la  demander  aux 
états  asS'emblés,  la  présente  à  la  lois 
comme  une  loi  dictée  par  la  raison, 
comme  un  devoir  de  la  justice  , 
comme  un  droit  des  peuples,  comme 
la  meilleure  politique  des  gouverne- 
mens.  «  Regardons  les  prolesta ns 
comme  nos  frères ,  dit-il  au  colloque 
de  Poissy  ;  hommes  foibles  comme 
eux,  ne  les  condamnons  point  sans 
les  entendre.  »  Dans  l'assemblée  de 
S.  Germain,  il  s'explique  encore  plus 
clairement  :  «  Il  ne  s'agit  point  , 
dit-il,  de  décider  sur  la  foi ,  mais  de 
régler  l'étal.  On  peut  être  citoyen 
sans  être  catholique  :  en  se  séparant 
de  l'Eglise  ou  ne  laisse  pas  d'être 
bon  sujet  du  roi.  Ce  qui  nous  importe 
c'est  que  les  citoyens  ,  proteslans  ou 
catholiques,  vivent  en  paix.,..  Mal- 
heur à  ceux  qui  conseil leroient  au 
roi  de  se  mettre  à  la  tète  d'une  moi- 
tié de  ses  sujets  pour  égorger  l'au- 
tre ! »  Il  mourut  le   1 3  mars 

i.'iva.  On  le  croyoit  huguenot 
dans  l'atue  ,  quoiqu'il  fut  catho- 
lique au  dehors  ;  de  là  ce  proverbe, 
ou  plutôt  cette  raillerie  qui  étoit  de 
son  temps  dans  la  bouche  de  tout  le 
monde  :  «  Dieu  nous  garde  de  la 
incssodu  ihancelier  !  »  parce  qu'on 
étoit  p  rsuadé  qu'il  n'y  croyoit  pas 
trop.  Quelques  i>ersouues  jugeoieiit 


HOSP 

qu'avec  sa  mine  ausleie  ,  son  visage 
de  saint  Jérôme  ,  comme  ou  l'appt— 
loit  à  la  cour,  et  sa  morale extreme- 
nienl  sévère,  il  n'étoil,  à  proprement 
parler ,  ni  hiigneuot  ,  ni  callioli- 
rpie  ;  quen  tout  cas  il  peuchoil  pour 
le  calvinisme.  Ceux  qui  soulienncnt 
ce  dernier  sentiment  l'appiiienl  sur 
l)lusieurs  raisons.  Nous  rapporterons 
les  principales  ,  d'après  une  lettre 
qvi'on  trouve  dans  Vannée  lutéraire. 
1  777,  n"  28.  1°  «  L'épouse,  la  tille,  le 
}i,endre  de  l'Hospital  professoient  pu- 
bliquement la  doc  trme  de  Cal  vin.  2°  Il 
dit  dans  son  testament  qu'il  ne  règle 
rien  sur  ses  funérailles,  ])arce  que  les 
chrétiens  ne  les  ont  pas  en  grande 
estime.  Où  avoit-il  puisé  ce  langage? 
n'est-ce  pas  à  lécole  des  sectaires  ? 
3°  Une  autre  déposiljnu  contre  la 
foi  de  l'Hospital,  c'est  la  déclaration 
de  M:\I.  Hurault  de  l'Hospital ,  ses 
petits  fils  ,  qui  ont  attesté  qu'il  les 
avoit  élevés  et  instruits  avec  le  plus 
grand  soin  dans  la  religion  protes- 
tante. 4°  Si  l'on  joint  à  toutes  ces 
preuves  ,  la  fameuse  harangue  du 
colloque  de  Poissy  ,  que  tous  les  pré- 
lats catholiques  et  le  pape  Pie  IV^ 
jugèrent  hérétique,  et  qui  l'éloit  en 
efl'et,  si  l'on  joint  encore  le  régle- 
mentfait  par  sesordresdans  l'as-sem- 
bléede  Saint-Germain, où  lecultedes 
images  est  proscrit  ,  on  I  on  décide 
que  les  images,  sur-tout  celle  de  la 
sainte  Trinité  ,  sont  une  innovation 
contraire  à  l'Eciture  sainte,  à  l'au- 
torité des  conciles  et  des  saints  Pères, 
si  l'on  se  rappelle  que,  soit  au  con- 
cile de  Trente,  soit  dans  tout  le  cours 
de  son  ministère  ,  l'Hospital  ne  cessa 
d'appuyer  les  demandes  des  (alvi- 
nistes,on  sera  porté  à  quelque  mou- 
vement d'indulgence  envers  ceux 
qui  cul  soup(,onné  la  foi  du  chance- 
lier.... «  Quelques  historiens  ajou- 
tent qne,  quoi  <|u'il  en  soit ,  il  eut  les 
vertus  que  la  religion  iiispireel  tous 
les  caractères  du  génie.  Ce'^t  lui  qui 
est  l'auteur  de  V EcUt  de  Moulins.  Il 
bnlla  beaucoup  dans  l'assemblée  te- 


tiosr 


nue  dans  cette  ville  en  i566  :  il  y 
proposa  de  sages  réglemens,  pour 
que  la  justice  lût  rendue  avec  plus 
d'exa'  titude.  Il  vouloil  ré<luire  les 
chambres  du  parlement ,  donner  des 
gages  raisonnables  aux  juges  ,  sup- 
primer les  épices  et  les  prés?ns.  Il 
vouloit  que  les  magistrats  ne  ser- 
vissent que  trois  ans  de  suite  dans 
chaque  i>arlement ,  et  qu'avant  de 
quitter  ils  rendissent  compte  de 
leur  contînite  devant  des  censeurs 
nommés  par  le  roi.  Ces  propositions 
furent  applaudies  et  demeurèrent 
sans  suitp.  C'est  encore  à  ce  chan- 
celier qu'on  est  redevable  de  YEdit 
qui  ordonuoit  qu'on  s\iivroit  le  cours 
du  ?oleil  dans  le  dénombrement  des 
mois  ;  et  que  l'année  civile  commen- 
ceroit  an  premier  janvier.  11  projeta 
aussi  de  réduire  tous  les  religieux  à 
quatre  ordres  et  à  quatre  habits  dif- 
férens  ,  el  de  les  cliarger  des  hôpi- 
taux et  des  collèges.  Il  nous  reste 
encore  dn  chancelier  de  l'Hospital  , 
I.  Des  Poésies  latines,  Amsterdam , 
17 02  ,  in-8'^  qui  ne  sont  pas  sans 
mérite  :  mais  que  Chapelain  a  trop 
louées  en  les  mettant  immédiate- 
ment après  celles  d'Horace.  L'Hos- 
pital n'a  point  ce  style  précis  et 
serré  ,  cette  abondance  d'idées  ,  cette 
délicatesse  énergique  qui  distingue 
le  poêle  romain.  Il  est  souvent  dif- 
fus. Ses  tableaux  ,  quoique  peints  en 
grand  ,  ne  sont  pas  toujours  bien 
ordonnés.  Entin  ,  il  est  moins  poète 
(lullorace.  Cependant  il  est  poète. 
Son  style  est  facile,  maie  el  plein  de 
vie  ,  sur-tout  dans  ses  dernière* 
compositions,  lorsque  l'atrocité  des 
crimes  commis  sous  ses  yeux  eut 
donné  à  son  caractère  un  iKuiveaii 
degré  d'énergie.  II.  Des  Ilarangncs 
protwncées  aux  cta,'s  d'Orléans  , 
l'îGi  ,  in-4'',  écrites  sans  goût  ,  et 
qui  ne  sont  qu'un  tissu  de  méta- 
phores prises  de  la  médeciuo.  Le 
poète  valoit  mieux  en  lui  que  l'o- 
rateur, m.  Des  Mémoires  ,  conte- 
nant plusieurs    Traités  de  Paix  , 


59-4 


HOSP 


Apanages  ,  Mariages  ,  Reconnois- 
sances ,  2wis  et  Hommages  ,  elc.  , 
depuis  i'au  12^8,  jusqu'en    ibbj  , 
3  vol.  iii-12,   Cologne,    1.572.    Ce 
petit  ouvrage  n'est  propemenlqu'ua 
recueil  de  notes  faites  par  un  homme 
qui  étuflioil  lliisloiie  de  France.  Gui 
Fabre  ,  J.  Aug.  de  Tiiou  ,  et  Scévole 
Saiute-Marihe  ,  oui  donné  une  édi- 
tion des  Epislolarum  scu  Sermoiw/ii 
libri  VI,  ediù  à  Guido  Fabro  ,  J 
Aug.  T/iiiano  et  Scœv.  Sammarta- 
KO,Paris,i585,in-tol.L).nisuarecueil 
de  pièces  servant  à  1  liisloire ,  Paris , 
i6:23  ,    in -4°,   ou   trouve  de  lui 
un    Discours   des  raisons  et  per- 
suasions  de  la  paix   en    i568,   et 
son  Testament  qui  est  curieux.  Celle 
dernière  pièce  se  trouve  aussi  daus 
la  Bibliothèque  choisie  de  Cofomiez, 
dans  la  Bibliothèque  du  Droit  fran- 
çais de  Bouchet ,  dans  Casteluau  ,  et 
dans  Brantôme  ,  article   du  conné- 
table de  IMontmorency.  Le  chance- 
lier de  1  Mospital  avoil  projeté  ,  dit- 
on  ,  dans  sa  retraite  ,  une  Histoire 
de  son  temps  en  latin.  Il  s'étoit  pro- 
posé Salluste  ,  Pkitarque  ,  Tite-Live, 
pour  modèles;  mais  la  crainte  d'être 
enlevé  à  tout  moment  par   ses  en- 
nemis l'empêcha  d'exécuter  cet  ou- 
vrage.  En  1777  l'académie  française 
a  couronné  l'éloge  de  ce  grand  homme 
par  l'abbé  Rémi  ;  et  la  même  année, 
Louis  XVI  lui  ht  ériger  une  statue 
en  marbre  blanc ,  par  de  Gois.  On 
a  encore  Essai  de   Traductions  de 
quelques  Epitrcs  et  autres  Poésies 
latines  de  Michel  de  l'Hospital,  avec 
des  éclaircissemens  sur  sa  vie  ,  par 
M.  Coupé.  On  a  publié  sa  Vie  à  Paris, 
sons  le  litre  deLondres,  in- 12,  1764; 
Paris,    1778,    2    volumes    in  -  8°. 
L'Hospital  ne  laissa  «pi'une  fille,  qu'il 
maria  à  Robert  Huraull ,  dont  la  li- 
gne masculine  finit  en  170G.  Voj. 
l'article  suivant. 

t  H.  HOSPITAL,  sieur  de  Fay, 
(  Michel  HuR.vULT  de  l'  ),  petit-fils 
«l  filleul  du  chancelier  ,  qui,  l'ayanl 


HOSP 

fait  élever  sous  ses  yeux,  lui  a  voit 
légué  sa  bibliothèque  ,  et  le  regardoit 
comme  celui  de   ses    petiJs-Iils  qui 
prometloit  le  plus.  Il  11e  trompa  pas 
les  espérances   de  son  aïeul.   Il  fut 
successivement  chancelier  de  Hen- 
ri ,  roi  de  Navarre  ,   et  ensuite  de 
France  ;  son  ambassadeur  en   Hol- 
lande et  en  Allemagne  ,  où  il  lui  mé- 
nagea des  secours  et  des  alliances  ; 
maître  des  requêtes,   et  gouverneur 
de  Quillebœuf  :  car    il   réunissoit  , 
ainsi  que  la  plupart  des  graudshom- 
mes  de  ce  siècle ,  les  qualités  mili- 
taires aux  lumières  et  aux  vertus  de 
la  magistrature  ,  à  laquelle  il  tenoit, 
tt  par  sa  famille  ,  et  par  celle  de 
sa  femme,  fille  de  l'illustre  Pibrac. 
On  connoit  de  lui  deux   Discours 
l'aisant    partie    des    quatre    excel- 
lens    Discours  sur  Vélat  présent 
de  la  France,  imprimés  en  1590. 
Ils  offrent  le   tableau  de  la  France  , 
depuis  1.585  jusqu'en  1591.  Tout  y 
est  tracé  de  main  de  maître  ,   avec 
la  chaleur  que  l'indignation  allumoiî 
daus  tons  les  cœurs  français.  Ces  dis- 
cours offrent  encore  une  lecture  agréa- 
ble et  intéressante.    L'auteur    éioit 
mort  en  1592.  On  a  aussi  de  lui  une 
Réponse ,e\\  latin,  au  Discours  du 
pape  Sixte  V,  sur  la  morl  de  Hen- 
ri lir,   sous  le   litre  de  Slxlus  et 
Jnll-Slxlus  ,  1590,  in- 4°  et  in-S". 
On   lui  donne  aussi  \ Anti-Espa- 
gnol,  qui    se  trouve  dans  les   Mé- 
moires de  la  Ligue  ,  et  séparément  ; 
Arnauld   d'AndiUy ,    dans   ses  Mé- 
moires, attribue  ce  livre  à  son  père 
Antoine  Arnauld. 

tlll.  HOSPITAL  (Nicolas  et 
François  del").  Louis  DE  j.'Ho.spital 
leur  père,  d'une  famille  illustre, 
diflérenle  de  celle  du  chancelier  , 
commandant  dans  Meaux  pour  la 
Ligue  ,  offrit  en  1Ô91,  au  duc  de 
Mayenne  ,  d'arrêter  les  Seize  ,  qui 
avoient  fait  pendre  le  président  Bris- 
son  et  deux  conseillers  an  parlement 
de  Païis  ,  et  qui  aspiroieat  à.  se  d*- 


HOSP 

faire  aussi  du  di'c  pour  secouer  tout 
frein  et  toute  suLordiualion   Louis 
fut  le  premier  gouverneur  qui  re- 
connut Henri  IV.  CVst  lui  qui  ar- 
rêta le  maréchal  de  Biron  ,en  1602. 
Ses  fils    lui    succédèrent     dans    la 
charge  de  capitaine  aux   gardes  du 
corps  ,   et  se  disiiugnèrenl  l'un  et 
laulre  par  leur  valeur.  Tous  deux 
honorés  du  collier   des    ordres ,  le 
ôi    décembre    1619,    et  du  bàlon 
de   mîiréchal   de  France  ,    l'un    le 
4  avril  1617  ,  l'autre    le   20   avril 
i6_j3,    furent   connus,    dans    leur 
temps  sous  les  noms  de  maréchaux 
de  \  itry  et  de  IHospital,  et  obtin- 
rent lun  et  l'autre,  en  i64l  et  en 
aoîit  1644  1  <îês  brevets  portant  pro- 
messe d'ériger  en  duchés-pairies  les 
comtés  de   Château  -  Villain  et  de 
Piosnay   qu'ils   possédoient  dans  la 
Champagne.  En  juin  i656  la  pro- 
messe fut  effectuée  par  rapport  à  la 
première  de  ces  deux  terres,   qui 
fut  érigée  sous  le  nom  de  Vilry  ,  en 
faveur  de  François-Marie  de  l  Hos- 
riTALi ,  fils  de  Nicolas  ,   alors  capi- 
taine de  cent  hommes  d'armes  des 
ordonnances  ,  et    mestre    de  camp 
lieutenant  du  régiment  de  la  reine  , 
infanterie  ,   puis  ambassadeur  pour 
la  paix  de  Nimègue  en  167^  ,   et  le 
dernier  de  sa  branche.  Le  maréchal 
de  Vitry  avoit  obtenu  le  bâton  pour 
avoir  arrêté  et  fiiit   tuer    le  maré- 
ciial  d'Ancre.  Etant  gouverneur  de 
Provence,    il  eut  une  dispute  vive 
avecSourdis,  archevêque   de  Bor- 
deaux ,    nommé  ])0ur  commander 
les  troupes  de  mer  qui  dévoient  re- 
prendre les  iles  d'Hières   et  de  Lé- 
rius.  L'emportement  de  Vitry  alla 
si  loin  ,  qu'il  donna  quelques  coups 
de  canne  au  y>rélat   guerrier.  Cette 
violence  le  fit  enfermer  à  la  Bastilic , 
où  il   demeura  prisonnier  jusqu'en 
janvier  i644-  H  mourut  l'année  d'a- 
près ,   le  28  septembre  i645  ,  à   G3 
ans.  Son  petit-fils,  Louis  -  Marie- 
Charles  ,  tué  à  Paris  en  1674,  ter- 
mina sapQslérilé  mascuJUue.  —  Frau- 


KOSP 


►  25 


çois  DE  i.'HospiTAL ,  frère  du  même 
Vitry,  servit  long-temps  et  très- 
bien  ,  sous  le  nom  de  du  Hallier. 
Il  commanda  l'aile  gauche  à  la  ba- 
taille de  Kocroi  ,  et  eut  beaucoup 
de  part  à  la  victoire.  Ayant  négligé 
de  faire  sa  cour  au  cardinal  de  ri4- 
chelieu  ,  il  n'eut  le  bâton  de  maré- 
chal qu'eu  j  643  ,  après  la  mort  de 
ce  ministre.  Peu  cle  guerriers  avoient 
autant  travaillé  pour  le  mériter.  Le 
cardinal  Mazariu  eut  avec  lui  les 
liaisons  les  plus  étroites  ,  et  le  nom- 
ma gouverneur  de  Pans  en  16^9.  11 
mourut  le  20  avril  1660,  aaé  de 
77  ans.  il  avoit  épouse  en  premières 
noces  Charlotte  des  Essars.  Voyez 
EssARS,  n"  H. 

t  IV.  HOSPITAL  (Guillaume- 
François- Antoine  de  r  ) ,  marquis 
de  Sainte  -  Mesnie  ,  né  en  i(36i, 
étoit  de  la  même  famille  que  ceux 
qui  sont  l'objet  de  l'article  précé- 
dent ,  mais  d'une  autre  branche. 
Toutes  les  deux  avoient  ])our  tige 
commune  Adrien  de  IHospital  , 
cliambellan  de  Charles  VIII  ,  capi- 
taine de  cent  hommes  d'armes  ,  et 
lieutenant-général  en  Bretagne  ,  qui 
commanda  l'avant-garde  de  farniee 
royale  à  la  bataille  de  Saiut-Aubiu  , 
en  148S.  Le  marquis  de  l'Hospitai  , 
dont  il  est  question  dans  cet  article, 
eut,  des  sou  enfance,  une  passion 
extrême  pour  les  malliémaliques  ; 
et  cette  passion  devint  d'autant  plus 
forte,  quelle  éloit  soutenue  par  beau- 
coup de  talent.  Il  étonna  les  plus 
habdes  géomètres  de  sou  temps,  en- 
tre autres  le  grand  Arnauld  ,  par  sa 
facilité  à  résoudre  les  prolilèmes  les 
plus  difliciles.  Apres  avoir  servi 
quelque  temps  eu  qualité  de  capi- 
taine de  cavalerie,  obligé  de  quit- 
ter le  service,  à  cause  de  !a  foiblesse 
de  sa  vue  ,  il  se  livra  enticreuunt  à 
l'état  des  mathématiques.  L'acadé- 
mie des  sciences  de  Paris  lui  ouvrit 
ses  portes  eu  1693  ,  et  il  justifia  ce 
choix  par  son  livre  de  l'Analyse  des 


S-iG  HOSP 

iufi/iimenl-petlts ,  publie  en  ifigf^  , 
ia-q°  ,  réimprimé  avec  descommeu- 
laircs  poiu"  les  eiidroUs  les  pîii.s  dit- 
hciles  de  cet  ouvrage  ,  par  Pauliau  , 
Paris,  1768,  iu-S".  Cet  ouvrage, 
dans  kvjuel  il  dévoile  si  bicu  tous 
ics  secrets  de  l'infiui  géométrique, 
et  de  l'in'-iiii  de  l'iiiliui  ,  le  lit  re- 
garder couiiïie  un  des  premiers  nia- 
lii-uialicieus  de  sou  siècle,  (c  L'au- 
teur a  eu  l'art,  dit  Foulenelle  ,  de 
ne  faire,  d'une  iuliDilé  de  choses, 
qu'un  assez  petit  volunje  ;  il  y  a  mis 
celle  netteté  el  celte  ))ri8veté  d'un 
houiuie  qui  ne  veut  que  faire  pen- 
ser, et  fut  plus  soigneux  d'exciter  les 
découvertes  d'aulrui  que  jaloux  d  é- 
taler  les  sienues.  »  Le  marquis  de 
l'Kospiial,  ayant  vu  l'utilité  de  sou 
ouvrage  ,  s'engagea ,  dit  son  panégy- 
riste ,  daus  un  travail  aussi  propre 
à  faire  de  nouveaux  géomètres.  Il 
euil)rassoit  les  sections  coniques  ,  les 
lieux  géouiélriqties  ,  la  constructiou 
des  équations  ,  el  uue  l!>.éorie  des 
coiirljes  uiécauicjues.  C'éloit  propre- 
ment le  plau  de  la  géométrie  de 
Descartes  ,  mais  plus  éleudu  el  plus 
complet.  Il  metloil  la  dernière  main 
à  cet  ouvrage  ,  lorsqu'il  mourut  eu 
J70.4.  Qiioique  prol'oudémeut  atta- 
ché aux  sciences  abstraites  ,  il  n'éloit 
luillemeut  sombre  ni  rêveur  ;  il  éloil 
au  contraire  assez  porté  à  la  joie  , 
el  il  sembloit  n'avoir  payé  par  rien 
ce  grand  génie  mathématique.  Il 
éloil  dans  le  commerce  du  monda, 
el  y  '  ivoil  à  peu  près  comme  ceux 
dont  cette  occupation  oisive  est  la 
seule  occupaiion.  11  n'ëtoil  pas  même 
ennemi  des  plaisirs  ;  mais  on  sentoil 
dans  les  sociétés  les  plus  frivoles,  et 
dans  ses  discours  les  plus  ordinaires  , 
la  justesse  ,  la  solidilé,en  un  mot, 
la  géométrie  de  son  esprit.  11  éloit 
d'un  commerce  facile  ,  etd'une  pro- 
bité parfaite  ;  ouvert  el  sincère;  con- 
venant de  ce  qu'il  éloit ,  el  n'en 
tirant  nul  avantage  ;  prompt  à  dé- 
clarer ce  qu'il  ignoroit,  cl  à  recevoir 
des  instructions  même  eu  matière 


HOSS 

de  géométrie ,  s'il  lui  eîil  été  possible 
d'en  recevoir.  Depuis  sa  mort  ,  on 
publia  de  lui,  en  1707,  un  Traité 
analytique  des  sections  coniques  , 
iu-4"  ,  réimprimé  en  1776  ,  et  dont 
P.l.  Le  Febvre  a  donné  une  nouvelle 
édition  avec  des  noies,  Paris,  1781  , 
in-4''.  Il  avoil  épousé  Marie-Char- 
lotte de  Ftomilley  de  La  Chesuclaye  , 
d'une  ancienne  noblesse  de  Bretagne, 
don?,  il  eut  de  grands  biens  ,  el  qui 
lui  donna  un  tii;-  el  trois  HllesfLeur 
union  fut  si  heureuse,  qu'il  lui  fil 
partager  tous  ses  goùls,  même  celui 
des  mathématiques. 

t  HOSSClï  (  Sidvouius  )  ,  jésuite, 
né  à  Merckhem,  village  voisin  de 
Dixmude  en  Flandre  ,en  1 096,  mort 
à  Tougres  le  4  septembre  i653  , 
illustré  par  ses  poésies  latines  , 
recueillies  en  i65b  ,  in-8°  ,  et  im- 
primées plus  de  treille  fois  de- 
puis, entre  autres  chez  Barijou  , 
Paris,  1720.  La  beauté  de  la  poésio 
de  ce  jésuite,  ses  tours  heureux,  la 
pureté  de  sa  latinité,  la  justesse  de 
ses  expressions  ,  la  clarté  de  son 
style  ,  le  font  regarder  comme  uu 
des  meilleurs  poêles  d'un  siècle  où 
il  y  en  avoil  un  grand  nombre  d'ex- 
cellens ,  sur-loul  dans  une  langue 
trop  négligée  de  nos  jours.  Le  seul 
reproche  qu'on  puisse  faire  à  ce 
lioëie  est  celui  qu'on  a  fait  à  Ovide  , 
d'épuiser  sa  matière ,  de  remanier 
souvent  la  même  pensée,  en  un 
mot,  d'être  fécond  à  l'excès  ,  c'est- 
à-dire  de  ne  l'être  pas  as«ez  eu 
idées  ,  et  de  l'être  trop  en  paroles. 
Ses  Elégies  sur  la  Passion  de  J.  C.  , 
au  nombre  de  dix-sept  ,  forment  un 
poème  régulier  ,  qui  a  son  exposi- 
tion ,  son  nœud  ,  son  dénouement  , 
sa  morale.  Deslandes  ,  avocat  aux 
conseils,  qui  a  traduit  ce  poète  en 
vers  français  ,  ne  s'est  point  attaché 
servilement  à  la  lettre  ;  il  a  quel- 
quefois retranché  des  répélilions  :  il 
a  de  temps  en  temps  ajouté ,  pour 
éclaircirla  pensée  ;  il  a  même  pris  la 


HOST 

lllierté  de  cliaugev  les  ijnages  ,  quand 
U  a  cru  que  celles  qu'il  leur  subsli- 
luoit  conveuoieut  également  au  su- 
jet ,  el  seroieul  plus  de  uolre  goût. 

KOSTASIUS  ,  de  Ra venue  eu 
llalic  ,  soldat  de  ravinée  comman- 
dée par  Odet  de  Lautrec  ,  au  siè- 
ge de  Pavie,  que  les  Frauçais  pri- 
reul  l'au  iSay  ,  signala  sou  cou- 
rage eu  entrant  le  premier  dans 
cette  ville,  et  demaudr;  pour  récom- 
pense à  son  général  nue  statue 
équestre  de  ciuvre  qui  étoi*.  élevée 
dans  la  place.  On  dit  que  céloil 
celle  de  l'empereur  Autoniu  ,  qui 
avoit  élé  autrefois  trausportée  de 
Ravenue  à  Pavie,  pour  ia  sauver 
du  pil'iage  des  Lombards.  Le  général 
lui  accorda  sa  deuiande  ;  mais  les 
bourgeois  de  Pavie  refusèrent  alj>:o- 
luineut  de  laisser  enlever  celte  ligure, 
et  aimèrent  mieux  donner  à  ce  sol- 
dat une  couronne  d'or  m.assif.  Il 
l'accepta  ,  et  la  fit  appeudre  dans 
l'église  de  Ravenue  ,  pour  être  à  la 
posiénlé  un  témoignage  de  sa  va- 
leur. 

I.  HOSTE  ou  jl'Hoste  (  Jean  )  , 
né  à  Nanci ,  enseigna  le  droit  et  les 
malhémati([ues  à  Pout-à-!Mousson 
sur  la  tin  du  16"  siècle.  Henri,  duc 
de  Lorraine,  charmé  de  sou  esprit 
vaste  et  pénétrant ,  le  fit  inten- 
dant des  fortifications,  conseiller  de 
guerre.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  ,  I.  Le  sommaire  et  l'usage  de 
la  sphère  artijicielle  ,  in-4".  IL  Im 
pratique  de  géométrie  ,  iu-^*.  III. 
Description  et  usage  des  princi- 
paux instrumens  de  géométrie.  IV. 
JJu  cadran  et  du  ca/ré.  V.  Rayon 
astronomique.  W. Bâton  de.TacuI). 
VIL  Interprétation  du  grand  art 
de  Raymond  Lulle ,  etc.  On  désire- 
roit ,  dans  quelques-uns,  plus  d'ordre 
et  de  méthode.  Il  mourut  eu  i63i . 

t  IL  HOSTE  (Paul  1') ,  jésuite  , 
né  à  Pont-de-Vesle  dans  la  Bresse 
tn  i55u,  mon  professeur  de  malhé- 


HOST  527 

matiques  à  Toulon  le  25  février 
1700,  à  /19  aus  ,  est  jjriucipalement 
connu  par  un  Traité  des  évolu- 
tions natales ,  iu-folio,  1697  ,  réim- 
primé à  L_)ou  ,  1727  ,  2  tomes  eu  uu 
voL  in  folio  ,  avec  des  correction» 
et  des  aiigmentalious.  Cet  ouvrage, 
aussi  historique  ipie  thecuique  , 
coulieiit  ce  qui  s'est  passé  de 
plus  considérable  sur  mer  peu- 
d::nt  les  cinqsianle  ans  qui  ioul  pré- 
cédé. Louis  XIV  fit  à  i'auleur  un 
présent  el  ime  pension.  On  trouve 
à  la  suite  de  ce  livre  uu  Traité  de 
la  construction  des  vaisseaux ,ïr[.\\x. 
des  conférences  de  l'auteur  avec  le 
niaréclial  de  Tourville.  11.  Un  re- 
cueil des  Traités  de  mat/iémati- 
ques  les  plus  /lévessaii  es  à  un  vjji- 
cicr ,  5  vol.  iu-12. 

IIL  HOSTE  (Nicolas  l'),  fameux 
dans  lioire  histou"e  par  ses  iralii- 
sons  ,  éioit  lils  d  un  domeslique  de 
Nicolas  de  Neiifvilie  de  V^illeroi ,  se- 
crétaire d  é'.ai.  Il  avoil  élé  élevé  dans 
la  nuusou  de  ce  seigneur,  qui  l'ai- 
moil  beaucoup  ,  et  qui  lui  donna 
toute  sa  coaiiance  ,  dont  il  abu.-a. 
Lorsqu'Auioiue  de  Silly  partit  pour 
l'ambassade  d'Espagne,  ViUeroi  l'en- 
voya avec  lui  pour  apprendre  ia 
langue  du  pays.  Mais,  au  lieu  d'v 
demeurer  lidele  à  sa  patrie,  il  se 
vendit  aux  Espagnols  pour  une  pen- 
sion de  1  :>oo  écus.  De  retour  en 
France,  sou  maître  l'employa  sou- 
vent à  écrire  des  lettres  eu  chiffres. 
Le  traître  ne  manqua  pas  de  com- 
muuiquer  à  l'ambassadeur  de  Phi- 
lippe ,  roi  d'Espagne,  tout  ce  qu'il  y 
avoit  de  secret.  Sa  trahison  fut  enfui 
découverte  eu  1604.  L'Hoste  avant 
été  averti  que  l'on  de  voit  se  saisir 
de  lui ,  disparut  tout  à  coup  ,  prit  U 
roule  de  la  Champagne  avec  uu  Fla- 
mand ,  et  fui  alleiut  à  la  Fayc  ,  dans 
l'eudroit  où  Ion  passe  la  Marne. 
Comme  la  nuit  étoil  fort  obscure, 
et  qu'il  cherchoit  un  gué  pour  ga- 
gner l'autre  bord,  il  tomba  dan* 


528 


HOTM 


nue  fosse  et  s'y  noya  le  24  avril. 
Ou  prétend  que  ce  tut  son  compa- 
gnon qui  le  noya  ,  par  ordre  de  ses 
complices, de  peur  qu'appliqué  à  la 
question  il  ne  les  découvrit.  Le 
corps  tiré  del'eauet  apporté  à  Paris, 
ou  lui  lit  son  procès  ,  et  il  fut  tiré  à 
quatre  chevaux. 

HOSTUN.  Foy.  Tallard. 

H03TUS  (Matthieu),  antiquaire 
allemand  ,  né  en  iSoq,  professeur 
de  la  langue  grecque  ,  mourut  à 
Francfort  -  sur  -  roder  en  1687, 
à  79  ans.  Ses  ouvrages  sont,  l.De 
numeratione  emendatd ,  peteribiis 
Latlnis  et  Grœcis  iisitatd.  II.  De 
re  nummarid  veleium  Grœcorum , 
Ilomanorum  et  Heurœorum,  Franc- 
fort ,  i5So  ,  in-8°.  III.  De  monorna- 
chid  Dai'idis  eu  Goliœ.  IV.  De 
multipiici  assis  iisu.  V.  De  sex 
hydriarum  capacllate.  VI.  Inqul- 
sltio  iu  fabricani  arcœ  Noe,  Loii- 
dres ,  1660  ,in-fol. 

t  I.  HOTM  AN,  Holomanus 
(François  ),  jurisconsulte  célèbre, 
né  à  Paris  en  i524,  d'un  conseil- 
ler au  parlement,  professa  le  droit 
avec  distinction  à  Lausanne  ,  à 
Valence  et  à  Bourges  ,  où  ses  éco- 
liers le  sauvèreut  du  massacre  de 
la  Saint -Bartliélemi  en  1372.  Le 
risque  que  sou  goût  pour  le  cal- 
vinisme lui  faisoit  courir  eu  France 
l'obligea  de  se  retirer  à  Genève,  et 
de  là  à  Bàle,  où  il  mourut  le  12  fé- 
vrier 1690.  Teissicr  attribue  son 
changement  de  religion  à  fimpres- 
sion  que  fit  sur  lui  la  constance  avec 
laquelle  les  protestans  supporloieul 
les  plus  cruels  supplices.  11  joignoit 
à  une  vaste  littérature  mie  profonde 
connoissance  de  toiiles  les  parties  du 
droit.  Ses  ouprages  ont  été  recueillis 
en  ir)99,  in-folio,  en  5  vol.,  par 
Jacques  Lectius,  qui  a  orné  ce  recueil 
de  la  Vie  de  l'aiileiir,  composée  par 
Nevelet.  Les  traités  les  plus  connus 
de  cette  compilation  bont,  1.  jSru- 


HOTM 

Itim  fulmen ,  en  faveur  du  roi  de 
Navarre  excommunié  à  Rome.  C'est 
uue  satire  assez  lourde,  imprimée 
séparément  eu  j585,  in  -  8**  ;  en 
français,  j586,  in-8°.  II.  jF/'û/^co- 
Gallla  ,  1573,  in-8°  (  en  français  , 
i574).  Uans  cet  ouvrage,  réimprimé 
avec  des  augmentations ,  à  Francfort, 
1 588  ,  in-8",  il  ose  assurer  que  notre 
monai'chie  est  élective,  et  non  hé- 
réditaire. Les  principes  dangereux 
ijuil  établit  daus  ce  traité,  composé 
tandis  qu'il  éloit  ulcéré  contre  sa 
patrie  ,  lui  ont  fait  attribuer  les 
Findiciœ  contra  tyrannos  de  Ju- 
niusBrutus.  111.  De  furorlhits  gal- 
licis  et  cœde  Admiralis ,  Edim- 
bourg, i-^yS,  in-4°  ;  Londres,  i573, 
in -8°.  Cet  ouvrage  ,  traduit  eu 
français  la  même  année  ,  a  fausse- 
ment été  attribué  à  Théodore  de 
Beze  et  à  Hubert  Languet  ;  cependant 
le  président  Bouhier  dou  toit  qu'il  fût 
d'Hotman.  Le  nom  de  Varamon  ou 
Waramoud  lui  paroissoit  véritable. 
JV.  Consolationes  sacrœ  ,  Lyon  , 
jôgo,  in-8°.  V.  Commentarius  in 
IV  Institut,  juris  ciuilis  liiros , 
Lyon,  i588,  VI.  3ioiiiloriale  ad- 
versîis  Italo-Galliamy  sive  Jïnti- 
Franco-GaUiam  Antonii  Mat  ha- 
relli,  i57i,  iu-S".  On  lui  attribue 
encore  la  Fie  de  Gaspa/d  de  Cn- 
l/gni  ,  Cologne,  1686,  in  -  1  2. 
Ouvrage  grave ,  sérieux  et  d'uu 
bon  style  :  mais  contenant  beaucoup 
d'anecdotes  hasardées. 

-;•  II.  HOTM  AN,  Hotomanus 
(  Antoine),  frère  du  précédent,  avo- 
cat-général au  parlement  de  Paris 
du  temps  de  la  Ligue ,  auteur  de 
qiielques  livres  de  droit,  fut  le  père 
de  Jean  Hotman,  sieur  de  Villiers, 
connu  par  plusieurs  ouvrages.  Les 
principaux  sont,  1.  Un  Traité  du 
devoir  de  l'ambassadeur,  Dtissel- 
dorf,  i6o3  ;  et  Paris,  1604,  in-S". 
11.  Aini-Ckopinus.{  /"o/. Chopin.) 
llf .  Traité  de  la  dissolution  du  ma~ 
,  liage  i)ar  l'impuissance  et  froideur 


liOTT 

(le  l' homme  ou  de  la  J'emme^  Paris, 
deuxième  ëdilioii,  ioc)5,  in-8'';  el 
lAixcmbourg  ,  170;").  Iloliiian  fut 
connu  du  temps  du  cardinal  iMaza- 
rin  par  ses  liaisons  avec  Blol  el 
Marigni ,  et  par  ses  (''//cwio/^s contre 
le  niinislre.  Ou  imprima  ,  en  1  fii  li , 
à  Paris ,  in  -  8°,  des  Opuscitles  en 
français,  de  François,  Antoine  el 
Jean  lIoTMAN. 

m.  HOTM.\N.   rojez  Rociie- 

BI.OND. 

7I.  HOTTINGER(  Jean-Henri), 
né  à  Zurich  en  Suisse  l'an  1620, 
njonlra  des  dispositions  si  heureu- 
ses ,  qu'on  l'envoya  étudier  dans  les 
pays  étrangers  aux  dépens  du  public: 
it  alla  d'abord  à  Genève,  puis  en 
France,  en  Hollande  et  en  Angle- 
terre. De  relour  dans  sa  pairie,  il  y 
professa  l'hisloire  ecclésiastique  ,  la 
('léologie  et  les  langues  orientales, 
î.'élecleur  palatin,  voulant  ranimer 
l'université  d'Heidelberg  ,  l'y  ap|)ela 
en  iG55.  llottinger  en  changea  la 
iace,  y  fil  revivre  toutes  les  éludes, 
et  gagna  l'estime  et  l'cmiilié  de  l'é- 
lecteur. Rappelé  à  Zurich  en  itiGi  , 
on  le  chargea  des  affaires  les  plus 
imporlantes.  L'académie  de  Leyde 
le  demanda  en  16G7  pour  élre 
proi'esseur  de  tliéologie,  et  l'obtint 
enlin  par  la  faveur  des  états  de 
Hollande.  HoUinger  se  préparoit  à 
parlir,  lorsque,  le  ô  juin,  il  se  nova 
malheureusement  avec  une  partie 
de  sa  l'amille  dans  la  rivière  de  Lim- 
mar  qui  passe  à  Zurich.  On  a  de  îui, 

I.  Hisloria  orientalis  de  Muham- 
meùsmo  ,  Saracenismo  ,  C/ial- 
ddis/no,  etc. ,  Zurich,  1G60,  in-Zj". 

II.  JJibliot/iecariiis  quadripaj-tilus, 
in-4".  lU-  l.'issertat-loiies  mlscel- 
laneœ.,  in-S".  IV.  fllstoria  eicle- 
siasicca ,  9  parties,  iu-8°.  Ce  livre 
n'est  pas  dégagé,  à  beaucoup  près  , 
des  préjugés  de  secte.  V.  Fioinp- 
tuarium ,  sive  hihliai/ieca  oiienUi- 
lis,  Hcidelberg,  i638,  iu-4''.  'VI. 
Llymolugicuru  orientale,  siue lexi- 

T.    VIII. 


liOïZ  52g 

con  harmuniium  Jieptaglotlon,cte. , 
Fraiiclort,  i6fii.in-4'^.  L'érudiliou 
ne  manque  pas  tians  ses  ouvrages, 
dont  le  style  est  obscur  et  embar- 
rassé ,  mais  l'ordre  et  le  goùl. 

t  II.  HOTTINGER  (  Jean-Jac- 
ques), fils  du  précédent,  né  à  Zurich 
en  iG3j,  prolessa  la  théologie  dans 
cette  vilie  avec  autant  de  zèle  que 
de  succès.  H  mourut  en  3  735.  Les 
ouvrages  de  cet  infatigable  écrivain, 
qui  roulent  presque  tous  sur  l'Ecri- 
ture sainte,  ou  sur  des  matières  de 
théologie  el  de  coulrover.-ie  ,  ont  de 
quoi  étonner  par  leur  multitude. 
Ou  en  peut  voir  la  liste  dans  La 
ienipe  helvelica  ,  tom.  H.  p.  7.  On 
estime  particulièrement  son  His- 
toire ecclésiastique  de  la  Unisse. 

*  IIÔTTON  (  Pierre  ) ,  célèbre  bo- 
taniste ,  membre  de  la  société  royale 
de  Londres  et  de  Berlin,  naquit  à 
Amsterdam  en  1G48.  Les  soins  qu'on 
prit  de  son  éducation  accélérèrent 
ses  progrès  dans  la  carrière  des 
sciences.  Hotton  se  distingua  sur- 
tout dans  la  médecine  qu'il  étudia  à 
Leyde,  où  il  fui  reçu  docteur  en 
1G72.  11  abandonna  la  pratique  de 
cttte  science  pour  se  livrer  entière- 
ment à  l'étude  des  plantes-,  et  rem- 
plaça, en  i.'jgf) ,  Paul Herniann dans 
la  chaire  de  liotanique  à  luniversité 
tie  Leyde.  En  prenant  possession  de 
celle  chaire,  1!  prononça  un  discours 
élégant  sur  l'histoire  et  la  deslinée 
de  la  botanique  ,  qui  fut  imprimé 
in-4°,  chez  Elzévir,  sous  ce  titre  ;  l)e 
re  herharidscrmo  academicus ,  quo 
rci  kerhariœ  historia  et  fata  ad- 
uinbranlur.  Il  avoit  entrepris  de 
ccncilier  les  méthodes  de  Tourne- 
fort  et  d'Hermann.  L'exécution  de 
ce  projet  utile  l'occupoit,  lorsqu'il 
mourul  le  10  janvier  170g  ,  laissant 
son  ouvrage  imparfait. 

HOTZE,  généra!  autrichien,  \\^ 
dans  le  caiilou  de  Zurich  en  Suisse  , 
3.| 


53o 


HOU  A 


d'une  famille  bourgeoise ,  s'éleva  par 
sa  valfur,  ses  services  et  ses  talens 
aiiK  premiers  grades  militaires.  Em- 
ployé à  l'armée  commandée  par 
Wnrmser  en  1790  ,  il  conlnbua  a  la 
prise  des  lignes  de  Weisseinbourg  ; 
mais  il  fut  ensuite  repoussé  à  Sa- 
verneel  dans  les  lignes  d'IIaguenau. 
En  1796  il  se  montra  avec  courage 
dans  les  batailles  de  Neumarck  et  de 
Wurtzbourg,  et  reçut  eu  récom- 
pense la  grand'croix  de  l'ordre  de 
Marie-Thérès,e.  En  1799  il  cominan- 
doill'aile  gauchederarmcedu  prince 
Charles,  et  effectua  ,  après  divers 
combats ,  le  passage  du  Rhin  au- 
dessus  du  lac  de  Constance.  Hotze 
fut  tué  quelcpie  temps  après,  aux 
environs  de  Kaltenbruun  ,  laissant 
une  réputation  d'officier  actif  et 
expérimenté. 

t  HOUARD  (  David  ),  avocat ,  de 
l'académie  des  inscriptions  et  as- 
socié de  l'institut  de  France  ,  né  à 
Dieppe  le  26  février  1725,  réunità 
la  profession  du  biirreau  le  goût  des 
lettres  et  le  mérite  de  l'érudition.  Il 
vécut  54  ans  dans  l'union  la  plus 
parfaite  avec  son  épouse,  dont  il  eut 
dix-sept  eiifans.  11  est  mort  à  Abbe- 
ville  au  commencement  de  l'an  XI 
(  i8o3  ).  Ses  ouvrages  sont,  1.  An- 
ciennes lois  des  1  rançais  ,  con- 
servées dans  les  coutumes  anglaises, 
recueillies  par  Litlleton ,  1766,  2 
vol.  '\xi-/\°,  réimprimées  eu  1779- 
Elles  présentent  des  moiiumeiis 
d'histoire  et  de  iégi,-;lation  curieux, 
inconnus  ,  el  qui  peignent  les 
mœurs  de  nos  ancêtres.  11.  Traité 
snr  /es  coutumes  anglonurma/ides , 
publiées  en  Jnglelerre  dans  le 
j  1®  siècle  ,  avec  des  remarques 
sur  les  principaux  points  de  l' his- 
toire et  de  la  jurisprudence  j'ran- 
çaise  ,  antérieurement  aux  cta- 
blisscrnens  de  saint  J.auis,  1781  , 
/(  vol.  in-Zi".  Ce  recueil  est  rempli  de 
dis,'-ertat!ons  profondes  el  savantes 
qji  développent  les  motifs  des  us  aj^es 


HOUB 

anciens,  et  les  principes  du  droit  pu- 
blic chez  nos  aieux. 

t  HOUASSE  (Antoine-René), 
peintre  ,  né  à  Paris  en  1645  ,  mort  eu 
1710,  élève  de  Charles  Le  Rrun, 
sous  lequel  il  travailla  aux  ouvrages 
de  Versailles.  Reçu  à  l'académie  eu 
1670  ,  il  fut  ,en  1699,  nommé  direc- 
teur de  celle  de  Rome,  où  il  resta  cinq 
ans,  el  épousa  la  fille  de  Pierre  Le 
Gros,  célèbre  seul  pleur.  Les  ouvrages 
de Houasse  à  Versailles  sont ,  le  Fla- 
fond  de  la  salle  de  V  Abondance ,  le 
morceau  de  la  Terreur  dans  la 
salle  de  Mars,  et  le  Triomphe  de 
Constantin.  On  en  voit  encore  à 
Trianon  quelques-uns  de  lui,  et  les 
carmes  de  la  place  Mauberl  avoienl 
placé  dans  leur  chapelle  du  Mont- 
Carmel  sou  Koyage  de  la  T'iergc. 
Cet  artiste  travailla  long-temps  pour 
Phdippe  V.  Sou  lils ,  Michel-Auge  , 
son  élevé  el  héritier  de  ses  talens  y 
mourut  eu  Espagne,  où  il  avoit  fait 
un  long  séjour,  pourvu  d'une  pen- 
sion qui  atlestoit  sou  mérite. 

t  HOUBIGANT  (  Charles-Fran- 
çois), prêtre  de  l'Oratoire,  naquit  à 
Pans  en  1686  ,  el  mourut  dans  celle 
ville  le  5i  octobre  1785.  Quoique  sa 
fortune  fût  bornée  el  sou  âge  avancé, 
il  consacra  une  partie  de  sou  revenu 
à  former  une  école  près  deCliantilli. 
Privé  par  sa  surdité  d  une  partie  des 
agréinens  de  la  société,  il  ne  vécut 
presque  plus  qu'avec  ses  livres,  et 
sou  heureuse  mémoire  et  sou  juge- 
ment épuré  lui  donnèrent  le  moyeu 
de  travailler  jusqu'à  l'extrême  vieil- 
lesse. Une  chute  ayant  alloibli,  dans 
ses  dernières  années  ,  les  organes  de 
son  cerveau,  oucalmoitses  impiié- 
tudes  passagères  en  lui  présentant 
un  livre;  la  seule  vue  de  ses  fidèles 
consolateurs  de  sa  surdité  el  de  sa 
vieillesse  lui  reudoil  la  paix  et 
presque  la  raison.  Nous  avons  de  lui 
plusieurs  ouvrages,  dont  quelqiies- 
uas  soûl  séuéralcmeiil  eslimés.  Le» 


HOUB 

principaux  sont,  1.  Une  bonne  t'Ji- 
lioii  de  la  Bible  hébraïque ,  avec  des 
noies  et  nne  version  latine,  claire, 
élégante,  énergique,  Paris,  i753, 
!\  vol.  in-fol.  Ce  livre,  le  plus  im- 
portant de  ceux  du  P.  Houbigant , 
offre  le  texte  hébreu  réformé  d'a- 
près la  critique  la  plus  saine  et  la 
traduction  latine  de  ce  texte.  Quant 
aux  livres  qui  ne  sont  point  dans  le 
canon  des  Hébreux  ,  il  les*  a  traduits 
d'après  le  grec.  Chaque  livre  de 
ll^iture  est  précédé  d'une  préface 
savante,  et  accompagné  de  notes  con- 
cises et  judicieuses.  Benoit  XIV ,  qui 
counoissoit  tout  le  mérite  et  toute 
la  difficulté  de  cet  ouvrage,  honora 
l'auteur  d'un  bref  et  d'une  mé- 
daille. Le  clergé  de  f'rance  lui  ac- 
corda, peu  de  temps  api  es,  une 
pension  d'autant  plus  flatteuse 
qu'elle  ne  fut  pas  demandée.  11.  Une 
Traduction  latine  du  Psautier , 
faite  sur  l'iiébreu ,  1746,  in- 12. 
11[.  Celle  de  Vancieii  Testament , 
1755,  8  vol.  in-8°.  IV.  liacines 
hébraïques ^  i7oi2,  iu-8°.  C'est  \\\\ 
Diclionnaire  hébreu-français.  Dans 
cet  ouvrage, l'auteur  démontre  linu- 
lililé  des  poinls  voyelles.  V.  Exa- 
men du  Psautier  des  capucins , 
in-i;2.  VI.  Une  Veision  française 
des  Pensées  de  Forbes,  écrit  aiu  an- 
glais ,  sur  la  Religion  naturelle  , 
in-8°.  VIL  Prolegomena  in  Scrip- 
turam  sacram,Par'\f.,  i755,  2  vol. 
iu-/)".  (  Voyez  Leslie.)  Dans  cet 
écrit,  l'auteur  recherche  les  fautes 
du  texte  orignial.  VllI.  Traduction 
des  Sermons  de  Scherlock,  Anglais. 
IX.  Traduction  de  Lesieg  ,  sur 
la  méthode  la  plus  courte  de  ré- 
iuter  les  déistes  et  les  juifs.  Le 
père  Houbigant  a  laissé,  en  ma- 
nuscrit, un  Traité  des  Etudes; 
une  Traduction  du  Traité  d'Ori- 
géue  contre  Celse  ;  nue  Vie  du  car- 
dinal de  Bérulle  ;  et  une  l'raduc- 
tiun  française  de  l'ancien  et  du  nou- 
veau Testament  faite  d'après  ses 
propres  corrections.  Quelques  criti- 


HOUC 


53 1 


que-  ont  prétendu  qu'il  poussoit 
quelquefois  trop  loin  ses  correc- 
tions, sur-'iout  p;ir  rapport  au  texte 
hébreu  ;  qu'il  ne  montroit  pas  assez 
de  respect  poiit  les  aucicimes  ver- 
sions authentiques.  Mais  le  suffrage 
de  Benoit  XIV  et  celui  du  chargé  de 
France  prouvent  que  sa  critique 
sacrée  a  été  renfermée'daus  de  justes 
bornes. 

t  1.  nOLTîRAKEN  (Arnold), 
peintre  et  poète,  né  à  Dorlh  eu 
1660,  élève  de  Samuel  Van  Hoogs- 
tiateu,  s'est  fait  conuoilre  par  ses 
lalens  dans  la  peinture ,  ainsi  que 
par  ses  fies  des  peintresjlamands 
(  en  hollandais  ) ,  Amsterdam  ,1718, 
dont  la  seconde  édition  est  de  La 
Haye,  170/1,  3  vol.  in- 8°;  on  y 
ajoute  le  Nouveau  Théâtre  des  pein- 
tres (en  hollandais),  par  Van  Gool, 
1750,  2  vol.  in-8°;  avec  la  Bio- 
graphie di,^s  peintres  tlaniands  (  en 
hollandais),  par  Campo  Weyermau, 
1769  ,  4  vol.  iu-4''.  Les  gravures 
sont  cITloubriiken. 

*  II.  HOUBRAKEN  (  .lacob  )  , 
graveur  habile,  hls  d'Arnold  IJou- 
brakeii  ,  né  à  Anislerdaiii  en  11)8:1 , 
a  gravé  beaucoi;p  d'estampes;  entre 
autres, /(?  Sacrifice  de  ^Janoach  , 
d'après  Rembrant,  pour  le  recueil 
de  la  galerie  de  Dresde  ;  quantité  de 
Portraits  pour  la  vie  des  peintres 
Hamands  ,  etc.  Il  aida  son  père  dans 
la  composition  de  ses  ouvrages  , 
dont  les  recherches  sont  curieuses  tL 
les  notices  assez  exactes. 

HOUCHARD  (Jean-Nicolas), 
né  à  Forbach  ,  déparlemeiil  de  la 
Moselle,  parvint ,  par  ses  discours  et 
ses  actions,  du  rang  .le  simple  cava- 
lier au  grade  de  général  pendant 
les  troubles  de  la  révolution.  Em- 
ployé en  17132  dans  l'année  de  Cus- 
tiues,  il  monlra  ia  plus  grande  in- 
trépidité devant  Spu  e ,  d^'Iit  près  de 
Giessen  un  corps  de  Htssois,  el  re- 
poussa diverses  fois   les   Prussiens. 


►Sa 


IIOUD 


Dénonciateur  de  son  général  en  chef 
dont  il  couvoiloil  remploi,  il  l'ac- 
cusa d'avoir  causé  la  perle  de 
Mayence.  Placé  dès-lors  à  la  tète  de 
l'année  du  nord  ,  il  culbuta  les  alÎÉé» 
devant  Dunkerf|ue  ,  vainquit  les 
Anglais  à  Hondscool,  et  se  rendit 
maître  de  Furnes  ,  d«  Menin  ,  et 
d'autres  places  à  l'entour.  Au  milieu 
de  ces  succès  ,  il  lut  puni  de  sa  con- 
duite envers  Custines  ,  et  après 
avoir  donné  l'exemple  de  la  dénon- 
ciation ,  il  devint  victime  de  celle  de 
Hoche  ,  qui  l'accusa  d'avoir  agi  avi  c 
mollesse,  et  morcelé  son  année  dans 
l'intention  de  la  sacriiier  ,  Houchard 
fut  arrêté  à  Lille,  conduit  a  Paris, 
et  condamné  à  mort  le  if)  novem- 
bre 1795.  Son  fils  a  donné  une 
Notice  historique  et  justificative 
sur  la  mort  de  son  pèie ,  brochure 
iu-8°  de  7:2  P^ge*. 

HOUDANCOURT.  J^^'oj.  Mothe- 

HoUDANCOtjRT. 

t    HOUDARD    DE   La   Motiie 

(  Antoine  ) ,  né  à  Paris  le  26  janvier 
1672,  d'un  riche  marchand  chape- 
lier ,  étudia  d'abord  en  droit,  et 
quitta  ensuite  le  barreau  pour  la 
poésie.  Une  des  raisons  qui  le  dé- 
goûtèrent de  la  jurisprudence  ,  fut 
une  réponse  qu'un  avocat  fit,  en  sa 
présence ,  au  premier  président  de 
Lamoignou.  Ce  magistrat  lui  de- 
mandant pourquoi  il  se  cliargcoit  si 
souvent  de  causes  équivoques  : 
«C'est,  répondit  l'avocat,  que  j'en 
ai  trop  perdu  de  bonnes  et  trop  ga- 
gné de  mauvaises.  »  La  Mothe  éloit 
iro[)  h©iuièle  pour  se  livrer  ainsi  à 
l'art  du  pour  et  du  contre.  D'ail- 
leurs son  goût  l'enlrainoit  vers  le 
lliéàtre.  Dès  sa  première  jeunesse,  il 
s'éloit  pin  à  représenter  les  comédies 
de  Molière  avec  d'autres  personnes 
de  son  âge.  Il  joignoil  dans  le  plus 
haut  degré,  à  la  plus  heureuse  mé- 
moire, le  talent  de  bien  lire,  ou 
idulôt  de  réciter  par  ceuur  ses  ou- 


HOUD 

vrages.  Dès  l'âge  de  Sf)  à  4"  ans  il 
étoit  presque  aveugle.  11  n'en  avoil 
encore  que  21  ,  lorsqn'eu  iGcjâ  on 
représenta  sa  première  pièce  au 
théâtre  italien.  C'est  une  farce  l'ii 
trois  actes  ,  inèlée  de  prose  et  de 
vers  ,  intitulée  tes  Originaux  on 
l'Italien.  La  chute  de  cette  pièce  lui 
donna  tant  de  chagrin  ,  qu'il  alla  s» 
cacher  à  la  Trappe.  Mais  le  célèbre 
abbé  de  Kancé,  le  trouvant  trop 
jeune  pour  soutenir  les  austérités  de 
la  régie,  lui  refusa  lliabit,  elle 
renvoya  deux  ou  trois  mois  a^;s. 
iieveisn  à  Paris,  il  se  livra  de  nou- 
veau au  théâtre.  11  travailla  d'abord 
pour  l'opéra  ,  et  c'est  peut-être  en 
ce  genre  qu'il  a  le  plus  réussi.  11  esi 
du  moins  plus  poète  et  meilleur  A'cr- 
silicaleur  dans  ses  ouvrages  lyri- 
ques que  dans  ses  tragédies  ;  sa  poé- 
sie a  phis  d'images  et  de  sentiment, 
sa  versification  plus  de  douceur  et 
d'harmonie,  et  son  pinceau  est  plus 
moelleux.  Sa  T/'a(/z/c7/o/z  de  l'Iliade 
d'Homère,  publiée  en  1714^  le  ren- 
dit presque  ridicule.  On  ne  conçoit 
pas  comment  v\\\  homme  d'esprit, 
sans  en  tend  reuuseul  mot  de  grec,  put 
former  le  projet  de  mettre  ce  poème 
en  notre  langue.  L'Iliade  est  un 
corps  plein  d'embonpoint  et  de  vie; 
La  ftlothe  n'en  fit  qu'un  squelette.  Il 
énerve  tout  ce  qu'il  y  a  de  grand  et 
de  sublime  dans  son  original, substi- 
tue les  antithèses  aux  grandes  ima- 
ges ,  les  tours  délicats  aux  beautés 
de  l'imagination  ,  et  la  miniature  au 
tableau.  Le  Discours  dont  il  accom- 
pagna sa  version  est  écrit  avec  au- 
tant de  fiuessc  que  d'élégance  ,  et 
raisonné  supérieurement  ;  mais  Ho- 
mère y  est  bien  petit.  On  y  con- 
damne le  dessin  de  son  poème ,  la 
multiplicité  de  ses  dieux  et  de  ses 
héros  si  vains  et  si  babillards,  la 
l)assesse  de  ses  descriptions,  la  lon- 
gueur et  la  monotonie  de  ses  ré- 
cits, etc.  Ce  Discours  fit  naître  le 
traité  de  madame  Dacier ,  des  Causes 
de  la  corruption  du  goût.  Cet  ou- 


ROUD 

vrage,  dicté  par  la  pédanlerie,  la 
prévention  et  la  haine  ,  est  semé  ,  à 
<  liaque  page  ,  de  grossièretés  el  d'in- 
jures. I,a  Mothe  lui  répondit  par  ses 
J\'c//exions  sur  la  critique  ;  ouvrage 
plein  de  sel  et  de  raison ,  d'agrément 
1 1  de  philosophie.  Cette  réponse  pa- 
rut pour  la  première  fois  en  1710  , 
tt  partagea  tous  les  gens  de  lettres. 
I-a  querelle  s'écliaufTa  tellement,  et 
devint  si  plaisante ,  qu'on  en  joua 
les  auteurs  sur  plusieurs  théâtres  de 
Paris.  Vallincourt,  ami  des  arts  et 
des  artistes,  vit  ceux  qui  étoient 
l'objet  des  plaisanteries,  les  rappro- 
cha et  leur  lit  signer  la  paix.  L'opi- 
nion de  La  Mothe  ,  que  <(  tous  les 
genres  d'écrire  traités  jusqu'alors  eu 
vers,  et  même  la  tragédie,  pou- 
voient  l'être  heureusement  en  prose», 
lut  le  signal  d'une  nouvelle  guerre. 
Ce  poêle,  après  avoir  passé  toute  sa 
vie  à  faire  des  vers,  tinit  par  les  dé- 
crier ;  il  traita  la  versification  d'in- 
génieuse folie.  11  compara  les  plus 
grands  versificateurs  «  à  des  faiseurs 
d'acrostiches,  et  à  \\\\  charlatan,  qui 
lait  passer  des  grains  de  millet  ])ar 
le  trou  d'une  aiguille,  sans  avoir 
dautre  mérite  que  celui  de  la  diili- 
I  ullé  vaincue,  m  (  fojez  Faye  , 
n"  111.  )  Pour  familiariser  le  public 
avec  ses  idées  ,  il  fit  un  (f£dipe  en 
prose,  qu'il  fit  contraster  avec  son 
(l^dipe  en  vers  ;  mais  ses  tentatives 
ne  servirent  qu'à  faire  nailre  des 
Enigrammes  et  quelques  bonnes 
raisons  rassemblées  dans  ces  six  vers 
de  Voltaire  : 

La  rime  c-l  nécessaire  à  nos  jargons  non  veniiy, 
Knfnns  demi-polis  des  Normands  tl  dfs  Gollis. 
nile  Halle  l'oreille  ,   et  souvent  la  césure 
PUît,  je  ne  sais  comment,  en  romfiantla  me- 
sure. 
Des    heanx   vers  pleins  de  sens  le  hclcur  est 

cl.arnié; 
Corneille,  Desprcaux  et  Eacine  ont  rimé  1 

La  Mothe  se  consoloit  en  philosophe 
des  traits  de  satire  que  lui  atliroienl 
ses  paradoxes.  Oupoiirroitdire  qu'il 
ne  sortit  de  sa  plume  aucun  ouvrage 


HOUD 


;33 


satirique  ni  malin,  pas  même  une 
seule  Epigramuie  ,  quoiqu'on  en  ait 
fait  plusieurs  contre  lui,  si  l'on  ne 
connoissoit  ces  belles  stances  :  «  On 
ne  se  choisit  point  son  père  »  ,  qu'il 
fit  contre  le  poète  Rousseau.  La  ca- 
lomnie qui  iii'pute  à  La  Mothe  Icsaf- 
freuxcoii])lets  attribués  à  re  célèbre 
lyrique  est  une  absurdité  destituée 
de  toute  vraisemblance.  11  opposoit 
sou  inaltérable  douceur  ,  non  seule- 
ment aux  injures  littéraires  ,  mais 
aux  plus  cruels  outrages.  Un  jeune 
lioinuie  à  qui ,  par  mégarde,  il  mar- 
cha sur  le  pied  dans  une  foule  ,  lui 
ajant  donné  un  soulîlel  :  «  Mon- 
sieur ,  lui  dit-il ,  vous  allez  être  bien 
fâché  !  je  suis  aveugle.  »  Il  mourut  à 
Paris  le  26  décembre  1701,  à  69 
ans,  après  avoir  livré  à  son  curé 
uue  pièce  de  théâtre  commencée.  Ce 
ne  fut  pas  cependant  sans  quelque 
regret ,  car  il  dit  à  son  neveu  : 
«  Admirezia  ditlerencedes  paroisses  ; 
le  curé  de  Sainl-André  v;iU  brûler 
ma  pièce  ,  et  le  curé  de  Saint-Sul- 
pice  me  l'an  roi  l  demandée  pour  la 
faire  jouer  au  profit  de  sa  petite  com- 
munauté.)) Nous  leroiis  connoitre  ce 
que  La  Mothe  éloit  daiis  la  société 
en  rapporlaiit  le  parallèle  que  d'A- 
leuibert  en  a  fait  avec  Fontenelle, 
ami  deLa  Motheetson  rival  en  agré- 
mens.  «  Fontenelle  et  La  Mothe  , 
toujours  mesurés,  et  par  conséquent 
toujours  nobles  avec  les  grands  ,  ne 
leur  montrant  d'esprit  que  te  qu'il 
falloit  pour  leur  plaire  ,  et  jamais 
pour  gêner  leur  amour-propre  ,  se 
sauvoieiu,  comme  dit  Montaigne, 
de  subir  de  leur  part  la  tyrannie 
effectuelle,  par  le  soin  qu'ils  a  voient 
de  ne  leur  point  faire  éprouver  la 
tyrannie  parlière.  Ils  alloient  quel- 
quefois, cependant,  dans  celte  so- 
ciété, comme  dans  leur  style,  jus- 
qu'à une  espèce  de  familiarité  ;  mais 
avec  celte  différence,  que  la  familia- 
rité de  La  Mothe  étoil  jibis  réservée 
et  plus  respectueuse,  et  celle  de  son 
ami  plus  aisée  et  plus  libre  ,   quoi- 


IJ  l 


HOUD 


que  loujours  assez  circonsjic-cle 
pour  ciu'on  ne  fût  jamais  tenté  d'en 
abuser.  Leur  conduite  avec  les  sots 
étoit  encore  plus  raisonnée,  plus 
sage  ,  et  d'autant  plus  attentive  , 
qu'ils  savoienl  très-bien  que  cette 
espèce  d'hommes ,  inlérieurenietil  et 
profomlëinent  jalouse  de  l'cclat  des 
talens  qui  les  humilie  ,  ne  pardonne 
aux  hommes  supérieurs  qu'à  pro- 
portion de  l'indulgence  qu'elle  en 
éprouve,  et  du  soin  même  q\i'ils 
ont  de  leur  cacher  cette  indulgence. 
Foutctielle  et  La  Molhe  ,  lorsqu'ils  se 
trouvoient  dans  des  sociétés  peu 
faites  pour  eux,  n'a  voient  ni  la  dis- 
Iraclionni  le  dédain  que  !a  conver- 
sation pouvoit  mériter.  Us  laissoient 
aux  prétentions  de  la  sottise  en  toul 
genre  la  plus  libre  carrière  et  la 
plus  grande  facilité  de  se  montrer 
avec  confiance,  sans  lui  faire  jamais 
craindre  d'être  réprimée  ,  sans  lui 
faire  même  soupçonner  qu'ils  la  ju- 
geassent. Mais  Fontenelle  ,  toujours 
peu  pressé  de  parler,  même  avec 
ses  pareils  ,  se  conteutoit  d'écouler 
ceux  qui  n'étoienl  pas  dignes  de 
l'entendre  ,  et  songeoit  seulement  à 
leur  montrer  une  apparence  d'ap- 
probation ,  qui  les  emnèchoit  de 
prendre  son  silence  pour  du  mépris 
ou  de  l'enuui.  La  iMolhe  plus  com- 
plaisant encore  ,  ou  même  plus  phi- 
losophe, se  souvenant  de  ce  proverbe 
espagnol  ,  «  qu'il  n'y  a  pas  de  sols 
de  qui  le  sage  ne  puisse  apprendre 
quelque  chose  »  ,  s'appliquoil  à  cher- 
cher dans  les  hommes  les  plus  dé- 
pourvus d'esprit  le  côté  favorable 
par  lequel  il  pouvoit  les  saisir  ,  soit 
pour  sa  propre  iiislrnction  ,  soit 
pour  la  consolation  de  leur  vanité. 
II  les  meltoit  sur  ce  qu'ils  avoienl  le 
mieux  vu  ,  sur  ce  qu'ils  savoient  le 
mieux  ,  et  leur  procuroit  sans  affec- 
tation le  plaisir  d'étaler  au  dehors 
le  peu  de  bien  qu'ils  ])ossédoienl.  11 
pn  liroit  le  double  avantage,  et  de 
ne  s'enmiyer  jamais  avec  eux  ,  et 
sur  tout  de  les  rendre  heureux  au- 


HOUD 

delà  de  leurs  espérances.  S'ils  sor- 
loient  contens  d'avec  Fontenelle  , 
ils  sortoienl  enclianlés  d'avec  La 
.\Iothe  :  llatlés  que  le  premier  leur 
eîit  trouvé  de  l'esprit ,  mais  ravis  de 
s'en  être  trouvé  bien  plus  auprès  du 
second.  »  Ses  (Huvres  ont  été  recueil- 
lies à  Paris  en  \ihi\  ,  en  ii  vol. 
in-12.  Les  principaux  ouvrages  de 
cette  collection  sont  ,  I.  Quali  e  Tra- 
gédies :  les  Machabées  ,  lîomulus, 
Inès  de  Castro  ,  et  (Jldipc.  Il  a  es- 
sayé ,  en  quelque  sorte  ,  tous  les 
genres  de  tragique  :  le  sublime  dans 
/es  Macchabées  ;  l'héroïque  dans 
Ronmius  ;  le  pathétique  dans  Inès  ; 
et  le  simple  dans  (Edipe i  mais  il 
manque  par  -  tout  de  pureté  ,  de 
clarté  ,  de  force  ,  de  noblesse  et  d'élé- 
gance. La  i'^''  n'est  qu'un  recueil  de 
pieux  madrigaux,  et  de  lieux  com- 
muns de  morale,  rendus  avec  plus 
d'esprit  que  de  force,  d'élévation  el 
de  chaleur.  On  a  dit  de  la  2^  que  le 
principal  personnage  n'étoil  qu'un 
héros  d'opéra  ,  un  Céladon  insi- 
pide. La  y^  quoique  écrite  sans 
pureié  el  sans  élégance  ,  offre  des 
situations  louchâmes  el  des  scènes 
qui  tirent  couler  bien  des  larmes. 
Elle  fut  beaucoup  critiquée....,  mais 
en  plenranl ,  comme  répondit  l'au- 
teur à  l'un  de  ses  censeurs  :  «Allons, 
dit -il  à  un  ami,  en  présence  de 
quelques  autres  zoïlts  qui  la  dépri- 
moieut,  allons  nous  eunuyer  à  lacin- 
quanlième  représentation  de  cette 
mauvaise  pièce,  w  IL  Des  Comédies 
(  voyez  BoiNDiN  )  :  VI Amant  dif- 
ficile-, Idinotolo  ;  le  Calendrier  des 
vieillards  ;  le  Talisman  ;  la  3Ia- 
troned' B-phèse,  et  le 'Magnifique.  Le 
grand  succès  que  cette  dernière  pièce 
eut  dans  >a  nouveauté  ,  el  qu'elle 
dut  à  l'esprit,  à  la  vérité  et  aux 
grâces  qui  la  caractérisent,  s'est  lou- 
jours soulenu.  Jamais  conte  de  La 
Fontaine  n'a  été  si  bien  mis  en  ac- 
tion ;  c'est  un  modèle  de  délicatesse 
et  de  goût.  111.  Des  Opéras  :  Ceux 
qu'on    reprend   encore  avec  succès 


HOUD 

sont  VEni-ope  galante;  Issé ;  ïjf- 
madls  de  Grèce  ;  Omphale;  Le  Car- 
naval el  la  Folie  ;  Jlc\one  ,  elc. 
I.e  seul  reproche  qvi'on  fasse  à  ces 
oiivmges,  c'esl  d'avoir  un  air  d'uni- 
Ibrnulé  qui  déplaît  ;  on  Irouve  dans 
chacun  deux  rivaux  t-l  deux  rivales; 
mais,  malgré  celle  umforrnilé  ,  ils 
dureront  autanl  que  le  théâtre  lyri- 
que. «C'est  ,  dit  Fréron  ,  le  plus 
ber.u  tleuron  de  la  couronne  poéiioue 
de  La  [\lothe.  D<  puis  Qninaulî ,  per- 
sonne n"a  porté  plus  loin  l'inlelli- 
geuce  de  ce  .spectacle.  11  a  dans  ses 
vers  celle  uolile  élégance  ,  cette  dou- 
ceur d'expression  si  esseniielle  à  ce 
genre.  Ces  petites  pensées  liiies  ,  ces 
petils  riens  tournés  en  madrigaux  , 
que  nous  aimons  tant  à  l'opéra  ,  el 
qui  nous  déplairoient  ailleurs,  sont 
réi)andus  dans  toutes  ees  scènes  sans 
trop  de  prolusion.  Si  j "a  vois  à  donner 
la  palme  ,  elle  seroil  pour /ssf  ,•  cette 
pastorale  n'est  ,  d'un  bout  à  l'autre, 
qu'un  tissu  de  beautés  en  ce  genre.  » 
IV.  Des  Oites  ,  plus  philosophiques 
que  j)oétiques  ,  iinj)riniées  pour  la 
première  {'ois  en  1707.  On  a  dil  que 
ce  n'éloit  que  de  froides  amplitica- 
lious.  Mais  on  y  trouve  de  la  raison, 
de  la  finesse  ,  quelquefois  de  la  pro- 
fondeur et  des  pensées  très-philoso- 
phiques. Parmi  ses  Odes  galanles  , 
beaucoup  moins  critiquées  q;ie  ses 
Odes  morales,  il  y  en  a  quelques- 
unes  que  Calullc  n'auroit  pas  désa- 
vouées. La  nature  s'y  mon<re  avec 
loules  les  finesses  de  l'art.  V.  V^ingt 
ï^g/ogues ;  la  plupart  avoienl  reni- 
j)orlé  le  prix  aux  jeux  floraux.  Ses 
bergers  sont  un  peu  trop  ingénieux  , 
mais  moins  que  ceux  de  Fontenelle  ; 
el  ils  n'en  valeul  que  mieux.  I^es  dé- 
lices et  l'iinnocence  delà  vie  champê- 
tre y  sont  peintes  avec  plus  de  vérité 
el  avec  autant  d'agrément.  La  qua- 
trième Eglogue ,  où  deux  pasteurs 
disputent  le  prix  aux  pieds  de  leur 
bel  gère,  est,  suivant  Fréron,  un  clief 
d'œuvre  el  un  modèle  dans  le  genre 
pastoral.  VI.  Des  l'ables,  iniprunées 


KOUD 


>35 


111-4°  avec  de  belles  estampes  ,  et 
iu-i  2,  en  ]  7  J9.  Elles  furent  écoutée."» 
avec  transport  aux  assemhlées  de 
l'académie  française  ,  parce  que  l'au- 
teur éloil  l'homme  de  France  qui 
lisoil  le  mieux  :  le  mauvais  parois- 
soil  excellent  dans  sa  bouche;  mais 
lorsqu'elles  virent  le  grand  jour  , 
elles  furent  critiquées  ircs-sévere- 
meut.  Cette  na'ivelé  sublime  qui  fait 
le  charme  de  celles  de  La  Fontaine 
ne  s'y  Irouve  nulle  part.  On  sent 
que  celui-ci  écrivoil  dans  sou  pro- 
pre caractère.  La  Molhe  veut  être 
simple  el  naïf  comme  lui  ,  el  n'y 
réussit  presque  jamais.  Ses  Fable* 
sont  peuplées  d'êtres  métaphysiques, 
dori!  ji/gernerit ,  dame  mémoire ,  etc. 
Le  style  en  général  eiiesl  peu  naturel , 
et  semé  d'expressions  jilambiquées  , 
précieuses  et  ridicules.  Le  mérite  de 
i.a  Molhe  est  d'avoir  tracé  ,  avec 
aulanl  d'esprit  que  de  justesse,  le 
fond  el  le  dessin  de  ses  fables.  Il 
en  avoit  inventé  une  partie,  cl  heu- 
reusement rélbrmé  celles  qui  n'é- 
toienl  pas  de  son  invention.  Ses 
moralités  sont  en  général  bien  ame- 
nées, el  l'on  pourroil  en  citer  un 
grand  nombre  qui  décèlent  un  écri- 
vain penseur  et  philosophe.  VIL 
Plusieurs  JJiscours  en  pi'ose  :  sur 
la  Pvésie  en  général  et  sur  VOds 
en  particulier  ;  »\\x  V Eglogue  ;  sur 
la  1  ahle  ;  sur  la  Tragédie.  On  re- 
counoil  dans  tous  le  philosophe  et 
l'homme  d'esprit,  quoique  ces  Dis- 
cours ne  soient  qu'une  apologie  dé- 
guisée de- ses  différens  ouvrages.  Sa 
prose,  pleine  de  raison,  de  traits 
ingénieux  ,  d'images  agré;ibles  , 
(i  idées  délicates  ,  est  précieuse  , 
épigrainmalique  ,  el  quelquefois  for- 
cée ,  et  cependant  fort  s;ipéricure  à 
ses  ver.s.  VIII.  Des  IMscours  aca- 
démiques ,  el  un  Eloge  funèbre  de 
Louis  -le-  Grand ,  plus  est  imable 
pour  la  forme  que  pour  1"  f-^nd  :  pre- 
mièrement, parer  qu'un  panégyrique 
trop  tlalteur  est  [-.restiue  toujours  utv 
i  ouvrage  futile  ,  plu»  digne  d'un  rhe- 


536  KO  CD 

teiir  que  d'un  philosophe  ;  en  second 
Jicu  ,  parce  que  La  !\lolhe  loue  trop 
Louis  XIV  sur  des  choses  qui  ne  de— 
ïiiaudoienl  peut-êliH  que  le  silence. 
IX.  Plan  des  preuves  de  la  reli- 
gion, ëcrilexcellenl.  LaMolhc,  Ires.- 
Ciipable  de  remplir  ce  plan,  a  voit  beau- 
coup médilë  sur  ce  sujel  quoiqu'on 
l'accusai  d'incrédulité.  On  connoit 
répigratnme  qui  tinit  par  ces  vers  : 


El  pri.inl  Dieu  tmit  cdiiii! 
Il  y   eiiiyoïl  sans  iloule  ? 


un  aulro  , 
Oh!    non. 


X.  Un  petil  roman  intitulé  Salnell 
et    Garaldi   ,   nouvelle    orientale  , 
en  prose.  Le  sentiment  et   l'esprit 
caractérisent    cette    bagatelle.     XL 
Des  Fsaumes  ,   des  Hymnes  ,  des 
Caillâtes   et   des    Proses  en    vers. 
il  y  a  de  l'esprit  dans  tous  ces  ou- 
vrages ,  et  beaucoup  plus  que  leur 
genre  n'en  comporte.  C'est  en  partie 
ce  qu'i  les  rend  inférieurs  aux  Can- 
tiques sacrés  des  deux  Racine  ,   de 
Rousseau  et  de  Le  Franc  de  Pom- 
piguan.  Xll.  Des  Requêtes ,  des  Fac- 
lu/ns  ,  des  Itlandeniens  d'évêques  , 
que    l'auteur    avoit    composés  à  la 
prière  de  ses  amis  ,  mais  dont  on 
n'a  pas  voulu  charger   la  nouvelle 
é-liiioii  de  ses  (Euures.  Tous  ces  dif- 
férens  ouvrages  ne  sont  pas  de  la 
même   force  ,   et   la   postérité  n'en 
mettra  aucun  parmi  ces  li\res  clas- 
siques qui   sont   devenus  la  biblio- 
tlièque  du  genre  humain.  Il  y  a  dans 
la   foule    quelques    beautés   et     des 
traits  fort  ingénieux  ;  mais  on  n'y 
remarque    jamais     celte     chaleur  , 
celte   élégance  ,    ce    beau    naturel 
qui  caractérisent  l'homme  d'un  vrai 
génie.    Peu   d'antenrs  ont   en    plus 
de  partisans  ,  et  cela  devoil  être:  il 
lonoil,  on  le  louoit.  Les  efforts  d'un 
ami  intéressé   à  nous  prôner   peu- 
vent retarder  le  jugement  du  public  ; 
mais  l'arrêt  vient  tôt  on  tard.  Celui 
de  La  Mothe  est   prononcé.   Il   est 
exclu   du   rang   des  poètes  ,   cl  re- 
légué dans  la  classe  des  beaux  esjjrits. 
Il  se  persuadoit  que  l'harmonie  ,  la 


IJOUD 

peinture  et  le  choix  des  mots  étoient 
inutiles  à  la  poésie,  et  que  ,  pourvu 
que  l'on  rassemblai  quelques  traits 
de  morale  ou  quelques  saillies  ingé- 
nieu.'es  ,  on  étoil  au  niveau  des  plus 
grands  poètes.  La  véritable  philo- 
sophie auroit  dû  lui  apprendre,  au 
contraire,  que  rbaqtie  arl  a  sa  na- 
ture propre  ,  et  qu'on  ne  plait  au 
public  qu  autant  qu'on  a  étudié  ce- 
lui auquel  ou  s'atlache.  (  Voyez  son 
Eloge  historique  qu'on  trouve  à  la 
suite  des  Mémoires  pour  servir  ù 
l'iiistoire  de  M.  de  Ponteuelle ,  in- 
12  ,  à  Amsterdam.  Cet  ouvrage  , 
imprimé  en  1761  ,  est  de  l'aljjjé 
Trublet ,  qui  avoil  d'autant  mieux^ 
connu  La  Molhe ,  que  cet  écrivain 
pouvoil  se  livrer  avec  lui  à  toute  la 

finesse  de  son  esprit )  On  a  fait 

l'Esprit  de  La  Alolhe  ,  petit  iu-12  , 
1770.  Voyez  Gacon  et  Poxs. 

ïHOUDRY  (  Vincent  ) ,  jésuite  , 
né  à  Tours  le  22  janvier  ii)5i,  mort 
à  Paris  le  29  mars  ivoo,  à  99  ans 
et  5  mois  ,  avec  la  douleur  de  n'a- 
voir pas  accompli  le  siècle ,  éloit 
d'ui.i  tempérament  excellent.  Il 
passoit  su  vie  à  lire  et  à  écrire  ;  il 
n'eut  ceuendant  pas  besoin  de  se 
servir  de  lunettes  ,  même  dans 
l'âge  le  plus  avancé.  Il  avoit  beau- 
coup de  facilité  pour  la  chaire,  pour 
la  composition  et  pour  la  poésie, 
quoiqu'il  fùl  médiocre  dans  ces  trois 
genres.  Ses  ouvrages  les  plus  connus 
sont ,  I.  La  Bibliothèque  des  pré- 
dicateurs ,  Lyon,  1733,  3  5  vol. 
in-4°-  La  morale  a  8  volumes  et  le 
supplément  deux  ;  les  Panégyri- 
ques quatre ,  et  le  supplément  un  ; 
les  Mystères  trois  volumes  ,  et  le 
supplément  un  ;  les  Tables  ,  un 
vol.  ;  les  Cérémonies  de  l'Eglise  , 
un  vol.;  VEloque/ice  c/irétienne  , 
un  vol.  Il  y  a  dans  celte  vaste  com- 
pilation plus  de  mauvais  que  de 
bon.  L'auteur  y  cile  les  prédica- 
teurs anciens  et  modernes;  mais  il 
n'a  pas  fait  usage  des  meilleurs.  Il 


HOUL 


537 


conie  Irop  souvent  des  livres  de  de-  j 
Aolion  ,  doiil  les  uns  sont  estimés  , 
mais  trop  répandus  pour  qvi'il  eûl 
dû  les  dépeter  ,  et  dont  les  autres 
ont  vieilli.  II.  ^4rs  typogj-np/iica  , 
Carmen  ,  et  d'autres  Poétiies.  ill.  Un 
Traité  de  la  manière  d'imiter  les 
bons  prédicateurs  ,  Paris  ,  1702  , 
in-i-2.  IV.  Des  Sermons,  en  20  vol. 
in-T  2 ,  et  in-8°  ,  écrits  d'un  style  lan- 
g\iissaiil ,  mais  dont  la  collection  est 
diincile  à  rassembler. 

*  IIOVEDEN  (  Roger  de  ) ,  his- 
torien anglais  sous  le  régne  de 
Urnri  II,  cloit  né  à  Yorck ,  mais 
ou  iguore  l'époque  de  sa  naissance 
et  de  sa  mort.  Il  éloit  attaché  à  ce 
prince  ,  dont  il  reçtU  des  marcpies 
de  confiance.  Apres  sa  mort,  Ho- 
vedeu  continua  les  yî/uiales  de 
liède  depuis  l'année  701  ,  ovi  elles 
linisseat,  jusqu'à  la  troisième  année 
du  règne  du  roi  Jean.  Elles  l'uroul 
pul)liées  par  Saville,  dans  la  Col- 
lection des  Historiens  anglais,  en 
1595,  et  ont  été  réimprimées  ;ï 
Francfort  en  i6oi .  Leiand,  en  par- 
lant de  cet  historien,  le  place,  pour 
la  fidélité,  au-dessus  de  tous  ceux, 
qui  l'ont  précédé  :  il  seroit  à  dé- 
sirer que  sa  latinité  fui  plus  pure. 
Edouard  111  fit  rechercirer  avec  soin 
tous  les  ouvrages  que  pouvoit  avoir 
laissés  Hoveden  ,  lorsqu'il  voulut 
établir  ses  droits  à  la  couronne  d'E- 
cosse. 

*  HOUEL  (Jean),  graveur  et 
peintre  ha!)ile,  naquit  à  Rouen  en 
1756.  Elève  de  Le  î\lire  pour  la 
gravure,  il  se  livra  ensuite  à  la  pein- 
ture dans  l'école  de  Cajanove.  Ilouel 
fit  un  A  oyage  en  Italie,  en  Grèceeten 
Sicile.  De  retour  à  Paris  ,  il  fut  reçu 
membre  de  l'académie  royale  de 
peinture,  cl  grava,  dans  le  genre 
du  lavis  ,  son  Voyage  en  Sicile,  où 
ileulre  plus  de  260  planches. 

*  HOUGH  (Jean)  ,  prélat  an- 
glais, né  au  couilé  de  Middlesex  en 


iG/io,  mort  en  1740,  après  avoir 
lait  ses  premières  dasies,  passa  au 
collège  de  la  Magdeleine  à  Oxford  , 
011  il  fut  boursier.  En  1681  ,  il  ac- 
compagna le  duc  d'Ormond  en  Ir- 
lande ,  d'où  il  revint  l'année  sui- 
vante. En  i635  ,  Hoiigh  fut  nomma 
chanoine  de  Worcester.  Jacques  11, 
ayant  formé  le  dessein  de  rappeler 
le  papisme  dans  les  universités  , 
ordonna  aux  étudians  du  collège  de 
la  IMagdeleine  délire  à  la  place  de 
président ,  alors  vacante ,  un  cer- 
tain Fariner,  qui  s'étoit  converti  à 
la  religion  catholique;  mais  les  étu- 
dians se  refusèrent  à  l'exécution  de 
Tordre  ,  et  élurent  Hough.  Une 
commission  du  clergé  le  déposa  ea 
1687  ;  mais,  à  la  révolution,  sa  place 
lui  fut  rendue,  et  en  1690  il  fut 
nommé  évèque  d'Oxford.  En  1699 
il  passa  de  ce  siège  à  celui  de  Lilch- 
tieîd,  et  eu  1717  à  celui  de  Wor- 
cester. Ce  prélat ,  distingué  par  sa 
magnilicence ,  a  dépensé  dans  ses 
palais  épiscopaux  sept  mille  livres 
sterling. 

*  HO  VI  US  (Jacques)  prit  le 
bonnet  de  docteur  en  médecine  à 
Utrecht  eu  17(>5,  et  publia,  quel- 
que temps  après,  un  Traité  sur  le 
mouvement  circulaire  des  humeurs 
de  l'œil ,  qui  parut  sous  ce  titre  :  De 
circnlari  liumurum  motu  in  ocu- 
lis  ,  Lugduni  Balavorum  ,  1716, 
1740,  in-8'^,  avec  figures.  Ou  y  a 
joint  Adami  Christiani  T/iebesii 
dissertatio  medica  de  circulo  san- 
guinis  in  corde.  Elle  avoit  été  im- 
primée à  Leyde  en  1709.  Il  a  donné 
un  autre  ouvrage  intitulé  Epis- 
tota  apologelica  ad  Euvsc/iium  , 
dans  lequel  il  reproche  à  Ruysch  de 
n'avoir  pas  connu  plusieurs  vais- 
seaux de  l'œil. 

t  l.  HOULIÈRES  (  Antoinette 
DirLîGiERur.  La  Garde,  veuve  de 
Guillaume  de  La  Fon,  seigneur  des) , 
naquit  à  Paris  en  i638.  La  nature 
avoil  rassemblé  eu  elle  les   lalens 


53.^ 


eouL 


de  l'esprit  et  les  grâces  de  la  figure. 
Le  poêle  Héiiaull  lui  donna  les 
premières  leçons  de  l'art  des  vers; 
l'élevé  lit  honneur  à  sou  maure.  Des 
Hoiilieres  ,  son  époux  ,  lieulenanl 
de  roi  à  Dourleiiseu  Picardie,  vive- 
ment lomhé  des  charmas  de  sa 
femme,  fut  pour  elle  un  tendre 
amant.  Elle  fut  arrêtée  à  Bruxelles 
an  mois  de  février  ](i57,  et  con- 
duite en  criminelle  d'élat  au  château 
de  Wilvorden.  Elle  avoit  tout  à 
craindre,  même  jiour  sa  vie  ,  de  la 
part  des  Espagnols;  mais  des  Hou - 
liêres,  exposant  ses  jours  pour  sau- 
ver son  épouse,  s'inhoduisil  ,  sous 
un  faux  préiexte ,  dans  sa  prison  ,  la 
délivra,  et  prit  la  route  de  France 
avec  elle.  Mad.  des  Houlieres  se  lit 
une  pente  cour  à  Pans,  qui  ne  fut 
pas  toujours  celle  du  hon  goût.  Elle 
jirotégea  Piadon  contre  Racine.  Lors- 
que ia  Phèdre  de  ce  tlernier  parut, 
elle  lit ,  au  sortir  de  la  première  re- 
piésentalion,  le  Sonnet  si  connu  : 

Djtis  1.11  r.Tiiloiul  doiL-,  Plif-.lre,  l>  eihbl.inle  .  I 
Dit    ilrs    vers    où    il'aboril    persnnnc    n'i-nlend 


t'oyez  Nevers. 

Ou  sait  la  vengeance  que  Racine  et 
lioileau  tirèrent  de  ce  sonnet.  «Celte 
d-nice  et  inléressanle  b»^rgère  ,  a-t-on 
(lit,  qui  parloit  si  tendrement  aux 
ïiioutons,  aux  Heurs,  aux  oiseaux, 
cliangt-a  en  celte  occasion  sa  hou- 
lette en  serpent.  »  Mad.  des  Hou- 
lieres mourut  le  17  février  1^9^. 
L'académie  d'Arles  et  celle  des  Ri- 
cuvrali  sétoient  fait  une  gloire  de 
se  l'associer.  Elle  joignoit  à  une 
heaulé  peu  commune  des  manières 
nobles  et  prévenantes;  et  à  uu  en- 
jouement plein  de  vivacité  ,  cette 
j^.iélancolie  douce  que  quelques- nns 
de  ses  ouvrages  respirent.  Elledan- 
soit  avec  justesse  ,  monloit  bien  à 
cheval,  et  ne  faisoil  rien  qu'avec 
grâce.  Le  grand  Condé  fut  au  nom- 
bre de  ses  adorateurs:  mais  elle  résista 
à  ce  héros,  comme  à  Ions  cens,  qui 


HOUL 

lui  adressèrent  Iturs  hommages.  Si 
elle  rebuta  les  amans  ,  elle  tacha  de 
s'acquérir  des  protecteurs.  Elle  pro- 
digua trop  souvent  son  encens  à 
des  divinités  sourdes  ;  une  modique 
pension  fut  tout  ce  qu'elle  piti  ol)te- 
nir.  Lorsqu'elle  entra  dans  le  monde, 
les  romans  éloient  regardés  comme 
l'école  de  l'esprit  et  de  la  politesse. 
Elle  s'y  livra  ,  pour  suivre  la  mode  ; 
mais  elle  ne  borna  pas  là  son  appli- 
cation. Avide  de  s'instruire,  elle 
étudia  le  latin  ,  l'italien  et  l'espa- 
gnol ;  les  auteurs  les  plus  estimés 
de  ces  trois  langues  lui  devinrent 
aussi  familiers  que  les  écrivains 
français.  L'étude  qu'elle  fit  en  même 
temps  de  la  pliilosophie  ne  fut  point 
séparée  de  celle  de  la  religion.  Elle 
eut  besoin  d'éprouver  les  consola- 
tions de  l'une  et  de  l'autre  dans 
les  longues  maladit;s  qu'elle  essuya 
sur  la  fin  de  ses  jours.  C'est 
à  ce  temps  si  triste  pour  elle  que 
nous  sommes  redevables  de  ses  plus 
beaux  ouvrages.  Lorsqu'elle  se  sen- 
toit  un  peu  moins  de  penchant  à 
la  gaieté  ,  elle  composoit  ses  Idylles. 
Si  ses  maux  la  porloient  à  des  im- 
pressions de  tristesse  et  à  des  pen- 
sées plus  sérieuses  ,  elle  produisoit 
ses  rétlexions  morales.  De  tous  les 
éloges  qu'on  lui  a  donnés,  il  lï'en 
est  aucun  plus  ingénieux  que  ces 
quatre  vers  qu'on  voit  au  bas  de 
son  portrait  : 

,Si  Corinne  en  bi-nul^  fui  it'ilMiie  anlrerois; 
Si  des  vcr5  dr  Finda.e  elle  rff.iç.i  1h  Rloir.-^  : 
Quel  ran;;diivfnl  I  en  Iran  Icmplede  uu'-moir» 
Les  vcr.ï  ([lie  lu  vas  lire,  et  Ic-jUails  'lue  lu  voi»? 

^■SsPoésies  parurent  d'abord  en  1 688 
en  un  seul  volume.  Sa  fille  publia 
le  second  en  1696.  Elles  ont  été  de- 
puis rassemblées  en  2  vol.  iii-8°  , 
eu  1724  >  «^l  réimprimées  eu  174?, 
en  2  petits  vol.  iu-i-i.  On  trouve 
dans  ce  recueil ,  I.  Des  Idylles  ,  les 
meilleures  que  nous  ayons  dans 
notre  langue.  Elles  offrent  des  ima- 
ges chainpèlres  ,  nue  poésie  douce 
el  facile  ,  le  ton  de  la  nature  ,   uij 


HOUL 

badiiiage  ingénieux  ,  une  momie 
utile,  et  loules  les  grâces  de  lii  naï- 
velé.  C'est  douiniage  que  railleur  ne 
soit  pas  exemple  du  reproche  de 
)>lagiat:  l'Idylle  des  moulons,  par 
exemple,  une  île  ses  plus  licllts  , 
est,  pour  ainsi  dire,  copiée  mol 
pour  mot  d'un  ancien  porte.  Ma- 
dame des  Iloidières  s'csl  presque 
bornée  à  changer  quelques  mots  et 
quelques  tours  surannés.  11.  Des 
Eg/ogiies  ,  inférieures  à  ses  Idylles. 
111.  Des  Odes  ,  encore  plus  f(>il)les 
que  les  églogues.  IV.  Ge/iscf/c ,  tra- 
gédie ,  qui  pèche  pa»  le  plan  ,  et 
par  nu  style  incorrect  et  sans  cou- 
leur. V.  Des  r.pigrajfirnes  ,  des 
Chansons  ,  des  Madrigaux  et  des 
Elégies  y  quelqne.s-inies  peuvent  ser- 
vir de  modèle  :  on  y  trouve  dos 
comparaisons  heureuses  qui  ne  ser- 
vent qu'à  irriter  sa  douleur  ;  des 
images  tristes  ,  doat  la  recherche 
n'est  que  trop  nalurelle  à  nue  per- 
sonne véritablement  touchée  ;  elle 
semble  i>rendre  plaisir  à  augmeiiler 
ses  peines  ,  en  envisageant  tous  ceux 
qui  jouissent  des  biens  qu'elle  n'a 
plus  On  voit,  par  le  compte  que 
nous  venons  de  rendre,  qu'on  pour- 
roi  t  réduire  toutes  le.s  poésies  de 
madame  des  Houiieres  à  cinquante 
pages;  encore  il  ne  laudroil  pas 
être  extrêmement  dilîlcile.  Elle  esl 
pourtant  de  tontes  bs  dames  qui 
ont  cultivé  les  muses  celle  dont  on 
a  retenu  le  plus  de  vers.  On  ci  le 
tous  les  jours  ses  maximes: 

Sur  le  jeu  : 

On  eiiinmtnic  par  rire  diipp, 
On  finir  par  ^tfe  fi-ipon 

Sur  l'ainour-propre  : 

]Vul  n'tsi  corilenl  de  sa  forlune, 
Ni  niéconleiil  de  son  esprit. 

1  II.  POULIÈRES  (Antoinette- 
"J'hérèse  des  ) ,  hlle  delà  précédent?', 
membre  de  l'académie  d'Arles  el  de 
celle  des  Ricovrali ,  remporta  le  ])rix 
à  l'académie  française  en  1687,  el 
mourut  en  1718,3  55  ans ,  d'une  es- 


nous 


539 


pèce  de  cancer  sons  le  sein ,  maladie 
qui  avoit  etiiporlé  sa  mère  an  même 
âge.  On  a  d'elle  (pielc[i;es  Poésies  , 
à  la  suite  de  celles  de  madame  des 
Iloulières;  mais  un  peu  foihles  ,  et 
eu  général  au-dessous  du  médiocre. 
Oii  peut  voir  dans  l'édiiion  de  174? 
des  Mémoires  historicjues  sur  la  vie 
de  l'une  et  de  l'autre.  Aîorean  de 
Meautour,  de  l'académie  des  belles- 
lettres  ,  consacra  ii  son  souvenir  une 
pièce  de  vers  qui  commence  ainsi  : 

Des  Honlit  res  nVsl  plus,  celle  cligne  hcritière 
U'uiie  illustre  cl  savante  nifre; 

Un  ma)  presque  incurable  en  a  liurni'  le  cours  ; 

Onze  Instic.s  au  plus  onl  borné  «a  rairit-rc. 

Autrefois  dans  mes  vers  on  Icndi  es  ou  galans  , 

Je  cîiantois  ses  appas  el  ses  rare  lalena  ; 

Aiais  sans  avoir  recours  aux  lonnnzes  profanes  , 

Ce   n'est  qu'un    encens  pur  que  je  dois  .\   ses 
ma  nés. 

i  lïOULLIER  07J pIut6tnoi^l.^T.n 
(Jacques),  médecin  de  Paris,  natif 
d'Etampcs  ,  mort  en  i563  ,  au- 
teur de /?/i^'6/e;//-5  ouvrages  ,  impri- 
mësàGenève,  i65ô,in-4''. 

*  ITOUSCHENK,  petit- fils  de 
Kayoïiiuaratz  ,  premier  roi  de  Perse, 
de  la  première  race  ,  lui  succéda 
vers  l'an  bliri  avant  l'ère  chrélienne, 
et  se  distingua  par  tous  les  mérites 
qui  font  les  grands  monarques. 
Guerrier  habile,  il  étendit  sesé'ais 
iiar  dt-s  conqnvtes  ,  et  ]^ént'tra  jus- 
qu'à ia  mer  des  îudos  ;  sage  aduii- 
mslraleur  ,  il  employa  ses  loJMrs 
aux  progrès  de  l'agriculture  que  l'on 
connoissoit  à  peine  avant  lui  dans 
la  Perse.  11  iiivenla  l'arrosemetit  ar- 
tificiel des  terres  ,  au  moyen  des 
canaux  d'irrigation,  et  enricliit  sou 
pays  par  la  découverte  (b's  mines 
de  fer  qu'il  renferraoit  ;  mais  ce  qui 
l'a  sur-Ion  t  rendu  céb;l)io  dans  \{)- 
rient,  c'est  sa  justic  .  Il  mérita  le 
surnom  de  pych-ddd ,  législateur  , 
qu'il  transféra  aux  rois  ses  descen- 
dans ,  appelés  pvchdadiens.  On  lui 
attribue  aussi  ia  fondation  de  la  ville 
de  Schousler  (Suze)  ,  et  l'on  d:t 
qu'il  imagina  le  premier  les  iuurru- 


54o 


HOUS 


resde  peauxde  bêtes  sauvages.  Cesl 
aussi  lui  qui  parvint,  selon  quelques 
auteurs,  à  élever  des  chiens  et  des 
léoi);irds  pour  la  chasse,  avant  que 
peisoune  l'eût  tenté.  On  le  fait  con- 
teuiporain  de  Miuos. 

*  I.  HOUSEMAN  (Cornélius), 
peintre,  né  à  Anvers  en  i6/|8,  mort 
en  1727,  s'éloit  établi  à  Mahnes  j 
où  il  se  lit  une  grande  répuialiou 
par  son  talent.  Cet  artiste  excelîoil 
sur-lout  dans  le  paysage,  qu'il  em- 
bellissoit  de  figures  ,  d'animaux  et 
de  plantes  parfaitement  exécutées. 

*  II.  HOUSEMAN  (Jacques)  , 
peintre  ,  né  à  Anvers  eu  i6f)6  , 
mort  en  1696,  vint  s'étabiir  en  An- 
gleterre, où  il  peignit  V histoire  et 
la  portrait.  Son  pUis  grand  ouvrage 
est  le  Tableau  d'autel  ,  daus  la 
chapelle  de  Saint-James. 

HOUSSAYE.  Voyez  Amelot. 

_  HOUSTA  (Baudoin  de),  augus- 
tin ,  né  à  Toubise,  bourg  du  llai- 
naut ,  occupa  les  premiers  emplois 
de  sou  ordre  ,  et  mourut  à  Euguien 
en  1760.  On  a  de  lui  un  ouvrage 
\vi.\\\.\\\é.  Mauvaise  fui  de  M.  Hen- 
ry ,  prouvée  par  plusieurs  passages 
des  saints  Pères,  des  conciles  ,  et 
d'auteurs  ecclésiastiques  qu'il  a 
omis  ,  tronqués  ou  infid clément 
traduits  dans  son  histoire ,  Ma- 
liues,  1733  ,  un  vol.  in-8°.  Ce  livre, 
l)eu  agréable  pour  la  (orme  et  la 
manière  d'écrire  ,  ne  l'est  guère  da- 
vantage pour  la  justesse  de  la  criti- 
que. A  un  petit  nombre  d'observa- 
tions près  ,  tout  le  reste  a  été  dicté 
par  un  esprit  étroit  et  nunutieiix. 
I,'auteur  chicane  le  célèbre  historien 
6ur  sa  véracité,  et  le  peiut  comme 
im  ennemi  de  l'Eglise,  parce  qu'avec 
les  hommes  les  plus  sages  et  les 
phis  religieux  ,  il  a  peiut  avec  sim- 
plicité les  abus  dont  elle  a  gémi ,  et 
qu'elle  a  voulu  rélbruier. 

*  I.  HOUSTON  (  Ricliard  ) ,  gra- 


HOLT 

veur  anglais  ,  né  en  1729.  Ou  a  d* 
lui  plusieurs  estampes  en  manière 
noire  ,  dont  wael'em/ne  assise  plu- 
mant une  poule,  d'après  Rembrant  ; 
le  Tailleur  de  pli/mes ,  d'après  le 
même  ,  et  beaucoup  d'autres  sujets 
estimés. 

*  II.  HOUSTON  (Guillaume),  mé- 
decin et  botaniste  anglais  ,  mort  en 
1735  ,  alla  aux  ludes  occidentales 
en  qualité  de  chirurgien  ,  et  à  son 
retour  fut  reçu  docteur  à  Lcyde  , 
où  il  étudia  sous  Boérhaave.  lÀ  ,  il 
établit ,  de  cfncert  avec  Van  Swie- 
teii ,  une  suite  d  expévieuces  sur  les 
animaux,  qui  fut  publiée  daus  le 
39"^  vol.  des  Transactions  philoso- 
phiques. A  son  retour  de  Hollande 
il  fut  reçu  membre  de  la  société 
royale,  et  retourna  peu  après  aux 
Indes  occidentales,  où  il  mourut. 
Houston  a  laissé  un  manuscrit  pré- 
cieux ;  c'étoit  un  Catalogue  des 
plantes  ,  qui  a  été  publié  par  sir 
Joseph  Banks  ,  et  une  Descriptio 
de  IJorstcnid  Contrayervâ,  qui  se 
trouve  au  57*  vol.  des  Transactions 
pliilosophiques. 

t  HOUTEVIIXE  (Claude-Fran- 
çois ) ,  membre  de  l'académie  fran- 
çaise, abbé  de  Saint -'V^mcent  du 
Bourg-sur-Mer,  né  à  Paris  eu  1G88  , 
demeura  environ  dix-huit  ans  dans 
la  congrégation  de  l'Oratoire,  et  fut 
ensuite  secrétaire  du  cardinal  Du- 
bois. Il  conserva  dans  son  nouvel 
état  l'amour  de  l'étude  dont  il  avoit 
été  rempli  dès  ses  premières  années. 
Il  lit  mieux  encore  ;  il  sut,  par  la 
douceur  de  son  caractère,  et  par  une 
conduite  sage  et  modérée,  sans  roi- 
deur  et  sans  bassesse  ,  se  concilier 
l'estime,  la  faveur  et  la  confiance 
même  de  l'homme  puissant  auquel 
il  éloit  attaché.  L'académie  française 
lui  donna  la  place  de  son  secrétaire 
perpétuel  en  1742;  mais  il  n'en 
jouit  pas  long-temps,  élanl  mort  le 
8  novembre  de    la    même    année. 


IIOUT 

Sou  ouvrage  le  plus  connu  porle  ce 
titre  :  La  vérité  de  la  religion  chré- 
(leiiiis  prouvée  par  les  faits  ,  pré- 
cédée d'un  JJiscours  historique  cl 
critique  sur  la  méthode  desprin- 
cipaux auteurs  qui  ont  écrit  pour 
et  contre  le  christianisme ,  depuis 
son  origine  ,  iu-4°  ,  1 722  ,  et  réim- 
primé eu  3  vol.  in-4°,  el  eu  4  vol. 
iu-i2  ,  eu  i74i-  I-^  première  édi- 
liou  éloit  Irès-inférieure  aux  sui- 
vantes ;  ou  y  voyoit  par-tout  l'écri- 
vain ingénieux, mais  moins  souvent 
le  philosophe  ,  le  théologien  ,  et 
1  homme  de  goût.  L'abbé  Houleville, 
voulant  paroilre  neuf  dans  un  sujet 
usé  ,  l'avoit  revêtu  de  clinquant  : 
ou  crut  an  premier  coup  d'oeil  <jue 
son  ouvrage  étoit  i)his  propre  à 
faire  des  iucrédules  cpi'à  les  con- 
vertir. L'abbé  des  Fontaines  consi- 
gna les  plainies  du  pul)lic  dans  des 
lettres  de  rabl)é  de***  à  l'abbé  IIou- 
teville,  Paris,  1722,  iu-12.  Le  P. 
Claude  -  René  Hongnaut ,  jésuite  , 
mort  eu  i74''> ,  avoit  fourni  les  ma- 
tériaux de  ces  lettres  à  l'abbé  des 
Fontaines,  cjui  se  chargea  de  les 
arranger  et  de  les  polir.  «  L'abbé 
lîouleville  ,  dit  D'Alembert,  pou- 
Aoit  être  blâmable  à  certains  égards  ; 
sou  intention  étoit  an  moins  bien 
excusable;  il  avoit  ])rincipalenienl 
pour  but  d'instruire  les  gens  du 
monde  suriuie  religion  que  la  plu- 
part ignorent.  Il  falloit  donc  se  l'aire 
lire  par  eux,  et,  pour  s'en  faire  lire  , 
il  falloit ,  selon  lui,  parler  leur  lan- 
gage ,  qui  n'est  pas,  à  beaui  oup  prés, 
celui  qu'im  bon  écrivain  doit  se  pro- 
poser pour  modèle.  Il  anroit  dû  sen- 
tir qne  chaque  genre  a  sou  coloris  , 
que  plus  le  sujet  est  grand  ,  ])!us  le 
style  doit  avoir  celte  simplicité 
noble,  sans  laquelle  ou  n'est  plus 
que  gigantesque  ou  puéril ,  et  qu'il 
ne  faut  pas  employer  dans  une  ma- 
tière grave,  sous  quehpie  prétexte 
que  ce  puisse  être,  des  expressions 
prises  du  jargon  des  ruelles  ,  ou  iu- 
veuléespar  le  mauvais  goût  el  la  fri- 


HOWA 


541 


volilé.  »  L'abbé  Ilonteville  retoucha 
sonouvrage avec  soin;  il  faut  avouer 
cependant  que  le  style  cû're  encore 
pk:Kieurs  expressions  impropres  ou 
recherchées ,  que  labljé  des  Fon- 
taines censura  dans  sou  Diction- 
naire néoîogique. 

*  HOUWELINGEN  (  Erasme 
Van),  deDordrecht,  premier  au- 
teur qui  ait  écrit  sur  l'histoire  mé- 
tallique de  la  Hollande.  La  première 
édition  de  son  ouvrage  parut  à 
Leyde  en  1597  ,  in-4°  de  12/1  pages, 
sous  le  titre  de  Penningboek ,  c  est- 
à-dire  Livre  monétaire  ,  contenant 
la  représentation  de  toutes  les  pièces 
d'or  el  d'argent  (  monnoies  el  mé- 
dailles )  frappées  sous  les  comtes  d© 
Hollande,  depuis  Thierri,  VIP  du 
nom,  jusqu'à  Philippe  de  Bourgogne, 
avec  une  exposition  abrégée  de  la 
vie  de  ces  comtes.  Il  eu  a  paru  une 
deuxième  édition  à  Roterdam  eu 
1627. 

HOUZEAU  (  Jacques  )  ,  scnlpteur 
de  Bar-le-Duc,  mort  à  Paris  eu 
iGt)!,  à  67  ans,  éloit  de  l'acadé- 
mie ,  el  lui  faisoit  hoimeur  par  1a 
vérité  de  son  ciseau. 

*  I.  HOWARD  (Thomas) ,  comte 
de  Surrey  et  duc  de  Norfoick  ,  uoble 
et  vaillant  Anglais,  né  eu  1 488,  mort 
eu  1554,  servit  avec  son  frère  sir 
Edouard  contre  sir  Andrew  Barton  , 
pirate  écossais  ,  qui  en  i5ii  inl'es- 
toil  les  côtes  d'Angleterre.  Le  pi- 
rate fut  tué  dans  le  combat  ,  et  ses 
vaisseaux  furent  pris.  Lïoward  ac- 
comi)agna  ensuite  le  marquis  de  Dor- 
seldaus  sou  expédition  en  Guieune, 
dont  le  résultat  fut  la  conquête  de  la 
Navarre  par  Ferdinand.  A  la  mort 
de  son  frère  Edouard,  sir  Thomas  fut 
nommé  grand-amiral  ;  il  nelloya  le 
canal  mfcsté  par  des  pirates  français  ; 
et  la  victoire  de  Fioddeu-field  rem- 
portée sur  le  roi  d'Ecosse  fut  princi- 
palement due  à  sou  courage.  Pour 
prix  ds  ses  services  ,  le  roi  ruudil  à 


KOWA 

ïMS  père  le  litre  de  duc  de  Norfolck, 
tî.  le  fils  lut  créé  comte  de  Surr^y. 
O.iaiid  les  Irouides  éclalèrt-ul  en  Ir- 
lande Thoiiias  l'ut  nomme  lieutenant 
de  ce  royaume ,  et  il  y  réprima  (a 
rébeiiioii.  Il  servit  deux  ans  dans  ce 
pays  ,  puis  revint  commander  la 
flotte  anglaise  contre  la  France. 
Malgré  tant  de  services,  Henri  lit 
arrêter  le  duc  sur  une  accusation  de 
trahison  ,  et  lit  décapiter  Henri 
HoVï'ard  ,  son  tils ,  en  présence  un 
père.  La  mort  du  tyran  ne  sauva  la 
vie  qu'au  duc. 

*  II.  HOWARD  (Henri),  comte 
de  Surrey  ,  iils  aine  de  Thomas 
Howard  ,  né  vers  l'an  i5  20  ,  et  élevé 
à  Windsor  avec  Henri  Filzroy,  His 
vialnrel  de  Henri  Vlll,  fut  créé  corn  te 
de  lliclrmoud.  Us  se  regardoieiit 
comme  deux  frères  eli:lreul  enst;uil)le 
le  voyage  de  Paris  ;  à  leur  retour  la 
mort  prématurée  du  duc  de  Ricli- 
niond  les  sépara  et  fut  long-temps 
l'objet  des  regrets  de  son  émule  et  de 
son  ami.  HoM  ai'd,  voué  par  goùl  à  la 
profession  des  armes  ,  avoil  l'esprit , 
les  inclinations  et  la  bravoure  des 
clievaliers  de  l'aucieu  temps  ;  son 
nom  paroissoildans  tous  les  tournois; 
il  fut  présent  à  toutes  les  batailles 
qui  se  livrèrent  sous  Henri  Vlll  ; 
par  -  tout  il  célébroit  les  charmes 
de  la  belle  Géraldine  ,  dame  de  ses 
pensées;  Tliistoire  sait  son  véritable 
nom  ;  mais  il  est  assez  probabb'  que 
ce  fut  lady  Elizabetli  Filz-Gérald, 
seconde  liile  du  comte  de  Kildare. 
Howard  se  distingua  à  la  célèbre  ba- 
lailiedeFloddeneld  par  tantd'actions 
de  biavonre  ,  qu'il  obtint  bientôt 
après  le  titre  de  comte  de  Surrey. 
Mais  il  fut  malheureux  dans  une  ex- 
pédition qu'il  cominaudoit;  il  fut 
battu  <  u  voulant  enlever  nu  convoi 
pre^  de  Houlogne  ;  et  quoiqu'il  eût , 
dans  plusieurs  occasions  ,  réparé 
cette  disgrâce  ,  elle  fut  l'époque  du 
rei'roidissi  nient  de  la  faveur  du  roi; 
d'autres  rallnbuenlàla  jalousie  que 


110  W  A 

ce  monurqueavoit  conçue  desesljril- 
iaules  qualités  ,  et  à  ce  qu'il  soup- 
çonnoit  Howard  de  prétendre  à  la 
main  de  la  princesse  Marie,  sa  fille  , 
et  d'aspirer  à  la  couronne.  Quoiqu'il 
en  soit,  sous  le  prétextefrivole  de  tra- 
hison ,  et  maigre  ses  services,  il  fut 
livré  à  un  jury,  qui  eut  la  lâche  com- 
plaisance de  le  condamner  sur  la 
simple  accusation  d'avoir  dit  que  le 
roi  étoit  mal  conseillé,  et  d'avoir 
introduit  dans  son  écussou  des  at- 
tr:buts  des  armes  du  roi  d'Angle- 
terre ,  quoique  sa  famille  eu  eût  le 
droit.  L'infortuné  comte  fut  déca- 
pité en  1547,  eu  prés  nce  de  son 
père.  Howard  fut,  parmi  la  noblesse 
d'Angleterre  ,  le  premier  qui  se  ren- 
dit familier  le  commerce  des  muses  ; 
il  eif.iça  ses  contemporains  p:ir  lu 
[Mireté  de  sou  langage  et  1  harmonie 
de  ses  vers.  Thomas  Wyat  et  lui 
avoient,  dans  leurs  voyages  en  llahe, 
respiré  le  goût  et  la  douceur  de  la 
poésie  italienne  ;  ils  le  transportè- 
rent dans  leur  langue  ,el  méritèrent 
d'être  regardés  fomme  les  réioruia- 
teiirs  de  !a  poésie  anglaise,  encore 
apie  et  rude.  Ouest  étonné,  liit  un 
des  meilleurs  critiques  anglais  ,  de 
ne  point  trouver,  dans  les  sonnets 
de  Surrey,  cette  tournure  métaphy- 
sique et  recherchée  qui  distingue  les 
poètes  italiens,  et  particulièrement 
Pétrarque  son  modèle  ;  il  l'imite  , 
mais  avec  choix  et  discernement. 
Surrey  ,  par  la  justesse  de  ses  pen- 
sées ,  la  correction  de  son  style,  la 
pureté  de  son  expression  ,  peut  être 
regardé  comme  le  premier  poète 
classique  de  l'Angleterre.  llZ/'Cf/u/s/^ 
en  vers  le  second  et  le  quatrième 
livre  de  lEnéide,  et  fut  le  premier 
qui  introduisit  l'usage  des  f^'ers 
blancs  ,  innovation  heureuse  dont 
Surrey  eut  riionneur,  et  à  laquelle 
on  est  redevable  de  l'excellent  poème 
de  Mitton.  T-es  l'oésies  de  Surrey  ont 
été  im|)riiuées  ;i  Londres  en  un  vol. 
in-8°,  en  1717,  et  réimprimées  de- 
puis ;  mais  on  ti'y  trouve  point  le 


IIOWA 

fragment  de  traduction  de  lEneide, 
qui  ç.sl  devenu  exiréuienienl  rare  , 
et  dont  un  excellent  critique  prépare 
une  réimpression. Nous  terminerons 
cet  article  par  la  citation  d'un  pas- 
sage de  Pope  ,  dans  son  Poème  sur  la 
Forêt  de  Windsor  ,  où  il  réunit  avec 
beaucoup  d'adresse  l'éloge  de  8mrey 
à  celui  de  lord  Lausdown  : 

Hei't*  noble  Snrrey  fell  ihr  >acrc(t  rage, 
Surrey.  tlie  Granville  of  a  ftirni-r  nie. 
Malcliless  his  peu  ,  v  jclorioiis  was  Iiis  lance  , 
Bol.t  in  llie  lisls,  and  graceTiil  in  llif  ilaiiL e . 
In  tlie  saniesliades  llie  Cnpids  ti.ned  lus  lyie  , 
Iiollje  .«amenolea  of  love  and  soft  de? irc  : 
Fair  Geialdine,  Ijright  object  of  liis  vow, 
Thenfill'd  ihe  gioyes  ,  osbeav'nly  Mira  mnv. 

«  C'est  ici  que  l'enthousiasme  sacré 
des  vers  agita  Surrej,  Surrey,  le 
Granville  d»  s  temps  anciens  ,  si  lier 
dans  les  tournois  ,  si  brillant  dans 
les  jeux ,  Surrey,  dont  la  plume  et 
les  armes  ne  connurent  point  de  ri- 
vaux. C'est  sous  ces  ombrages  que 
sa  lyre,  montée  par  les  grâces,  re- 
tentit des  accens  de  l'amour  ei  des 
tendres  désirs.  La  belle  Géraldine  , 
brillant  objet  de  ses  vœux,  orna 
jadis  de  sa  présence  ces  bosquets 
embellis  aujourd'hui  par  la  céleste 
Mira.  » 

*  111.  HOWARD  (Edouard  )  , 
frère  du  précédent,  mort  en  i5i5  , 
distingué  dans  la  marine,  dont  il 
eut  le  commandement  ,  prit  dès 
sa  jeunesse  le  parti  des  armes,  et  eu 
izjgj  il  éloit  chesalier.  Eu  i5i2, 
nommé  graud-aiairal  d'Angleterre, 
et  envoyé  en  cette  qualité  contre  la 
France  avec  une  flotte  puissante  ,  il 
ravagea  les  cotes  de  ce  pavs  ,  et  liat- 
liluiie  tlolte  Irauçaise  devanlBrest  : 
mais  l'année  suivante,  il  l'ut  tué  à 
bord  de  sou  vaisseau  amiral  ,  dans 
un  combat  corps  à  corps  avec  le 
vaisseau  amiral  français. 

*  IV.  HOWARD  (sir  Robert), 
écrivain  anglais  ,  troisième  t'rere  du 
précédent,  eut  beaucoup  à  souffrir 
daus  le   temps  des  guerres  civiles. 


nowA 


54J 


A  l'époque  de  la  restauration,  créé  clie- 
valier,etélu  successivement  membre 
du  parlement, député  de  Stockinidge 
et  de  Caslte  Rising,  il  l'ut  aussi, 
nommé  auditeur  de  l'écliiquitr  et 
sut  se  concilier  la  faveur  de  Char- 
les II,  qui  le  prot.'gea  ,  dit  l'auteur 
d'après  lequel  cet  article  est  rédigé  , 
pour  son  habileté  à  cajoler  le  parle- 
ment pour  en  obtenir  des  subsides. 
I^e  caractère  obstiné  de  sir  Robert, 
et  son  orgueil  excessif  ,  lui  iirent 
beaucoup  d'ennemis  ,  parmi  lesquels 
il  eut  à  compter  le  duc  de  Buckiii- 
giiam.  Il  étoil  si  afTirmatif ,  et  lou- 
joiirs  si  persuadé  ([u'en  ;oul  il  avoit 
raison,  que  le  pOvtebhad"\ve!l  le  )oua 
dans  sa  comédie  intitulée  The  Sul- 
len  [,overs(  les  amans  de  mauvaise 
humeur)  sous  le  nom  de  sir  Positi- 
ve at.  al!.  On  doit  à  Robert  Howard, 
l.  Des  Poésies  ,  et  quelques  pièces 
de  théâtre  ;  II.  \'Histui?e  des  règnes 
d'Edouard  et  de  Richard II,  1690, 
in -8"^.  111  X Histoire  de  la  religion, 
1694,  in-8°.  IV.  la  Traduction  ûw 
quatrième  livre  de  Virgile,  iG6o, 
m- 8°.  V.  une  Traduction  de  l'A- 
chilléidede  Stace,  i6(;o,  in-8°. 

*  V.  HO  Vv'  A  R  D  (  Charles  )  , 
comte  (le  Nollinghcun,  el  lord  grand- 
amiral  d'Angleterre,  fils  de  Guil- 
laume Ho-waid  ,  né  eu  i.fj.ïG,  mort 
eu  iG-24,  servit  des  sa  jeunesse  sous 
son  père,  et  en  i568  fut  nommé 
géuéral  de  la  cavalerie.  La  même 
année,  il  déploya  une  rare  valeur 
contre  les  rebelles  du  nord  coiu- 
maiidés  par  les  comtes  de  Norlhum- 
beiiand  el  de  Westmoreland.  L'an- 
née suivante ,  il  eut  le  commaïuie- 
meiit  d'une  escadre,  avec  laquelle 
il  l'ut  cliargé  de  conduire  de  Sée- 
lande  en  Espagne,  Anne  d'Autriche, 
lille  de  l'empereur  Aîaxiuulien  , 
(piiétoilfianceeàPhilipped  Espagne. 
En  ibr-2,  Howard  succéda  a  sou 
père  lord  Effingluiin  ;  et  peu  après, 
il  fut  fait  ciievalier  de  la  Jarretière. 
On  le  chargea  d«  Innuoriant  com- 


544 


nowA 


mandement  de  la  Hotte,  quand  l'ar- 
mada espagnole  entra  dans  le  canal; 
€'t  ce  tnt  sur-loiU  à  sa  prudence  ,  et 
à  riiabileté  de  ses  nianiRiivres  que 
les  Anglais  durent  la  destruction 
de  l'armada.  l,es services  de  Howard 
lui  méritèrent  d'être  créé  comte  de 
Noltingham  ,  et  ce  seigneur  fut 
honoré  de  la  confiance  de  la  reine 
tant  qu'elle  vëcnl.  Sous  le  règne 
suivant,  il  fut  chargé  de  l'amljas- 
sade  d'Espagne  ;  mais  à  son  retour  , 
ayant  perdu  la  faveur  du  roi,  il 
donna  sa  démission  de  son  emploi , 
qui  fut  conlié  au  duc  de  Buckiu- 
gham. 

*  VI.  HOWARD  (  Thomas-Phi- 
lippe), cardinal  anglais,  frère  du 
duc  de  Noifolck  ,  prit  Thahit  reli- 
gieux de  l'ordre  cle  Saiut-Domiiii- 
que,  et  fut  nommé  cardinal  par  le 
pape  Clément  X  le  27  mai  167;"). 
Il  fut  aussi  grand-aumônier  de  la 
reine  d'Angleterre  ,  et  mourut  à 
Rome  le  16  jum  lëg/j- 

i-  VH.  HOWATID  (  John), 
l'infatigable  ami  des  pauvres  et 
des  malheureux  ,  naquit  à  Hack- 
uey  en  17^6,  d'un  père  qui  faiïoit 
commerce  de  tapis  ,  et  qu'il  perdit 
eu  bas  âge.  Sou  tuteur  l'engagea 
comme  apprenti  chez  un  épicier 
en  gros  de  la  cité  de  Londres;  mais 
la  loibles^sede  sa  coustitnlion  le  ren- 
dant peu  propre  au  commerce,  et 
sa  fortune  le  mettant  à  portée 
de  s'en  passer,  il  rachela  le  temps 
de  son  apprentissage  ,  et  fit  un  voya- 
ge en  France  et  en  Italie.  A  sou  re- 
tour, en  1752,  il  s'attacha  à  une 
veuve  chea  laquelle  il  logeoit  ;  il 
l'épousa  et  la  perdit  trois  ans  après. 
Ce  fut  à  cette  époque  qu'admis 
dans  la  société  royale  de  Londres, 
et  que  ,  curieux  de  voir  l'état  de 
Lisbonne  après  les  tremblemens 
de  terre  que  celte  ville  avoit  éprou- 
vés, i!  s'embarqua  sur  la  frégatel'i/ti- 
//oi^re.  Ce  bâtiment  fut  pns  dans 
la  Iravcraéc  par  un  armateur  fran- 


HOWA 

çais  ,  et  Howard  ,  retenu  prison- 
nier de  guerre  en  France,  eut  à  sup- 
porter tous  Ils  désagrémens  attachés 
à  cet  état  de  captivité  ;  peul-ètrey 
puisa-t-il  cet  intérêt  si  vif  qui  l'attacha 
toute  sa  vie  au  sort  des  prisonniers, 
et  l'idée  grande  et  généreuse  d'a- 
doucir leur  sort.  A  son  retour  en 
Angleterre  ,  il  se  fixa  dans  une  mai- 
son de  campagne  à  Lyaangton  ,  et 
se  remaria  en  1768.  Quelques  an- 
nées après  sa  nouvelle  épouse  lui 
donna  un  fils  et  mourut  en  couches. 
Alors  Howard  changea  le  lieu  de  sa 
retraite,  et  vint  s'établir  dans  le  voi- 
sinage de  Bedfurd  ,  où  lattiroient 
de  fréquentes  assemblées  de  dissi- 
dens  qui  avoienl  coiiliime  de  s'y 
réunir.  U  étoil  attaché  fortement  a 
leurs  opinions,  ttscinonira  très-exact 
à  suivre  leurs  conciliabules,  il  s'oc- 
cupoil  en  même  temps  de  toutes 
sortes  d'actes  de  bienfaisance  et  du 
soin  de  l'éducation  de  sou  fils.  Mal- 
gré les  excellentes  qualités  de  sou 
cœur,  l'extrême  rigidité  de  ses  prin- 
cipes et  de  sa  conduite  le  rendit 
peu  propre  à  celle  tâche  difficile,  li 
remplit  pendant  plusieurs  années 
les  fonctions  de  shériff ,  qui  le  mi- 
rent à  portée  ,  dil-il  lui-mcine,  «  de 
prendre  une  connoissance  exacte  d.i 
la  détresse  à  laquelle  les  prisonniers; 
sont  quelquefois  exposés,  et  de  vi- 
siter toutes  les  maisons  de  délenlion 
dans  toute  l'étendue  du  royauiin  . 
Sou  zèle  lixa  sur  lui,  d'une  ma- 
nière honorable  l'attention  de  la 
chambre  des  communes ,  qui  lui 
vola  des  remercimens.  Excité  par 
cet  encouragement ,  il  acheva  la 
revue;  des  prisons  d'Angleterre  ,  et 
voulut  bienlôt  visiter  celles  de  toulf, 
l'Europe  ;  il  se  mit  à  voyager,  et 
em|>loya  douze  aiis  à  exécuter  soi» 
dessein  ,  dans  l'intervalle  de  177^  à 
1787.  Il  visita  trois  fois  la  France, 
lit  quatre  voyages  eu  Allemagne  , 
cinq  en  Hollande ,  deux  en  Italie  ,  d 
parcourut  l'Espagne  et  le  Porlugai , 
les  états  du  uoid  et  la  Turquie.  Sts 


HOWA 

travaux  et   sa  bienfaisante   sollici- 
tude lixcilcieul  à  lei  point  l'admi- 
ralioii  de  ses   conipalriotes  ,    qu'ils 
ouvrirent  une  souscription  pour  lui 
ériger   une  slaliie.  Howard  ,    trop 
inodeste  pour  accepter  un  si  grand 
honneur,    s'opposa    vivement  *à  ce 
projet  :   «  N'ai-je  donc  pas  ,   écri- 
voit-il  alors,   un  seul   ami  en  An- 
gleterre assez  attaché  à  mes  intérêts 
pour  traverser  un  pareil  dessfin?  » 
Ilavoit  annoncé  iitiiention  de  par- 
courir une  seconde  fois  la  Ruïsio  , 
la  Turrjuieet  les  contrées  du  L-evant. 
«  Je  n'ignore  pas  ,  disoit-il ,  les  dan- 
gers d'une  pareille  entreprise,  mais 
je  me  conlie   à   la  providence  qui 
m'a    conservé    jusqu'à    présent;  je 
m'abandonne  avec  joie  à   la  dispo- 
sition  de  la  souveraine  sagesse  qui 
n'a  jamais  etvé;  s'il  plaisoil  à  Dieu 
de   terminer  ma  vie  dans  le  cours 
de  l'exécution  de  mon  projet ,  qu'on 
n'impute  ma  conduite  ni  à  ma  té- 
mérité ni  à  un  vain  enthousiasme  ; 
elle  n'est  que  le  résultat  d'une  déli- 
bération  bien    mûrement  réfléchie 
de  la  conviction   intime    de  suivre 
la   route  que  me^  prescrivent  mon 
devoir ,   et  le  désir  sincère    d'être 
l'instrument  du  Ijicn  qui  pourra  en 
résulter  po\ir  mes  frères,  et  auquel 
je  ne  pouvrois  coopérr-r  en  nie  res- 
treignant dans  le  cercle  étroit  d'une 
vie  tranquille  et  retirée.  )>  Howard  , 
en    visitant  à  Cherson  en  Crimée 
un  malade  attaqué   d'une    maladie 
contagieuse, en  fut  atteint  lui-même, 
et  mourut  le  20  janvier  1790  ,  chez 
le  banquier  iMarkus.  Il  avoil  publié 
en  1777  \Elat  des  prisons  (V An- 
gleterre   et    du   pays  de    Galles  , 
ainsi,  que  de  quclt^i/es  pajs  élran- 
gers  ,  dédié  à  la  chambre  des  com- 
munes ,  in-4°.  Il  y  joignit  eu    1 780 
un  Supplément  ^  où  il  inséra  la  re- 
lation de  son  voyage  d'Italie,  et  en 
publia  une  seconde  édition  en  1  784  , 
avec   beaucoup  d'augmentations.    Il 
donna,    en    1789,  son     Etaù   des 
principaux  lazarets  de  l'Europe, 

T.    VlII. 


HOWA 


5.^5 


avec    quelques    Mémoires  sur    la 
peste.   Ces  deux  ouvragts   ont    été 
traduits  en  français.  Le prenr.pr  en  2 
parties  in-S",   et    le  .second,  Paris , 
1800,  in-y".  Ou  lui  cioi;  encore  une 
traduction  du  français  de  X Histoire 
de  la   Bastille ,    17S0  ,    ei    la   ira- 
duction  anglai.se  du   Code  du  droit 
cii'il  du  grand-duc  de    Toscane  ^ 
1789.  Howard,  considéré  dans  sa 
vie  privée,  éloit  d'une  tempérance 
rigoureuse   et    dune    sobr.élé    peu 
commune,  vivant  des  ]ilus  simples 
alimens  ,  se  refusant  constamment 
aux  plaisirs  de  !a  table  et  de  Ja  se-* 
ciélé  ,  s'éloignant  avec  soin  d<  s  fêtes 
et  des  banquets  publics.  Il  est  hors 
de  doute  que  ses  travaux  ne  .soient 
parvenus  à  Fixer  l'attention  Aw  gou- 
vernement anglais  sur  le  régime  des 
prisons;    en  plusieurs   endroits  ou 
a  adopté  ses  idées,  et  peut-être  par- 
tout où   on  les  a  suivies  en   a-t-ou 
recueilli    déjà    quelque    avantage  ; 
peut-être  au  lieu  de  servir  et  d'aug- 
menter la  dépravation,  comme  ou 
l'a  éprouvé  par  une  funeste  ex4)é- 
rience,  l'incarcération,  devieudra-t- 
elle   un    moyen  de    ramener    à  de 
meilleurs  principes   et  de   rappeler 
à  une  honnête   industrie  ceux  qui 
se  seront  exposés  à  la  subir,  tandis 
que  le  petit   nombre  de  criminels 
incapables  d'amendement  ou  de  re- 
pentir, rattaché  à  la  société  par  les 
travaux  auxquels   ils    seront  assu- 
jettis, ne  souffriront  que  ce  que   sa 
sûreté  exige  impérieusemetit.  Sous 
ce  point  de  vue  Howard  a  des  droits 
à  la  reconnoissance  publique  ,  et  il 
en  a  recueilli  le  témoignage  dans  le 
mau.solée  qui  lui  a  été  érigé  dans  la 
catliédraic  de  Saint-Paul.  M.  Delille, 
dans  sou  poëme  de  la  Pitié,   lui  a 
élevé  un  monument  non  moins  du- 
rable dans   ces   Idéaux  vers  qu'il  a 
consacres  à  su  mémoire  : 


Tnn  nuif  le  connut  rc  nolilc  ol  Icndtr  z'  lo  , 
I  iii—nid  !  (Iqiil  le  nom  seni  ennsolc  les  jiri.'snn». 
Qu'on  aemc  vaille  pluâles  niuî'K-urs  viigabaïutS 

55 


5/j.G  HOVVA 

Bu  ce  roi  voyageur  ,  pfre  di  T6K'maqiic  , 
Clieruliaiit  peiidanl  Jix  ans  son  invisible  lllia- 

.jne. 
Avec  un  hul  plus  noble,  un  cœur  plus  coura- 

I       Sur  les  monts  escarp''s,   sur  les  (lois  orageux  , 
lîans  les  sables  brnians,  vers  la  lono  inréconile, 
Où  languit  la  nainre  aux  limites  du  monde, 
Auxlieuxoù  du  croissani  on  adore  les  lois  , 
Aux  lieux  on  I rio m |di a  l 'étendard di:  la  croix  , 
Par-lonloi'i  l'on  connnU  le  mallieiir  et  l«s  larmes. 
Suivant   d'un    duux  pem-hanl  les  invincibles 

cliarnies  , 
lie   mjgn.iniuie    Howard  parcourt   trente  cli- 
mats. 
Esl-ce  la  gloire  ou  l'nrqui  conduisent  ses  pas  ? 
JKilas!  dans  la  prison  ,  Iriste  sœur  de  la  tombe  , 
Sa  main  vient  soutenir  le    niallieur  qui  suc- 
combe , 
Vient  charmer  ces  cacliols  ,  dont  l'aspect  fait 

frémir  , 
Dont  les  écliosjamais  n'ont  appris  qu'à  gémir. 
Oiihliaul  el  le  monde  et  ses  riantes  scènes  , 
Il  marche  environné  du  bruit  affreux  des  chaî- 
nes , 
De  grilles,    de  verroux  ,    de  barreaux,    sans 

pitié. 
Que  j.imais  n'a  francliis  la  voixdc  l'amitié  ; 
i'ar  Cl  ut  degrés  touriianl   sous  des  voûtes  hor- 
ribles , 
Plonge  iusquss  au Tonddeces  cachots  terribles  , 
Ualytés  par  la  mort,  et  pavés  d'ossemens  , 
P'un  funeste  trép«s  funestes  monumens  ; 
Y  mène  le  pardon,   quelquefois  la  justice  , 
El  par  un  court  Irépas  abrfge  un  long  sn])plice  ; 
Prête  ,  en  pleurant,  l'ureille  aux  maux  qu'ils 

ont  soufferts  : 
S'il  ne  peut  les  brider  ,  il  allège  leurs  fers. 
Tantôt,  pour  adoucir  la  loi  trop  rigoureuse. 
Porte  au  pouvoir  l'accent  de  leur  voix  doulou- 
reuse ; 
Et  rompant  lenr.s  liens  pour  desliens  plus  doux, 
Dans  les  bras  de  l'épouse  il  remet  son  époux  , 
lie  père  à  son  enfant,  l'enfant  à  ce  qu'il  aime. 
l'arlui  l'homme  s'élève  au-dessus  de  lui-inf^me. 
lie»  séraphins  surpris  demandent  dan    le  ciel 
Quel   ange   erre   ici-bas    aous    les    traits   d'un 

mortel. 
Devant  lui  la  mort  fuit ,  la  douleur  se  retire  , 
.     Et  l'ange  iilTreux  du  m  il  le  inMiidil  et  l'admire. 
Beviens  ,  il  en  est  temps  ,  reviens  ,  cœur  géné- 
reux ; 
Jjehonheurapparlient  à  qui  fait  d.;s  heureux. 
Reviens  dans  la  pairie  ,  enunep.iix  piofonde, 
Goûter  In  liberté  que  In  donnois  nu  mor.de  : 
Ton  œil  chez  aucun  peuple,  au  palais  d  aucun 

N'a  rien  vu  d'aussi  r.irc  et  d'aussi  grand  que 
loi. 

Il  résulte  des  observationsd'Howaid, 


IIOWA 

que  les   prisons    de  Hollande  sont 
si  tranquilles  et  si  propres,  que  ce- 
lui  qui  les   visite  a   peuie  à   croire 
que  ce  soient  des  prisons.  Elles  sont 
chaque  année  blanchies   avec  l'eau 
de   chaux  :   chacune    d'elles    a   son 
médecin  ,  son   chirurgien  particu- 
lier. En  géiiëral ,  les  maladies  y  sont 
rares.   Dans  la  plupart  de  celles  qui 
sont  destinées  aux  criminels  ,  il  y  a 
une  chambre  pour  cliaque  prison- 
nier ,  et  il  n'en  sort  jamais  ;  chacun 
a  un  bois  de  lit ,  un  farde  paille  et 
une  couverture.  La  Hollande  est  le 
pays   de  l'Europe  où  il  se  commet 
le  moins  de  crimes,  et  la  justice  a 
rarement    l'occasion    d'y    déployer 
toutes  ses  rigueurs.  —  Les  prisons 
d'Allemagne  sont  moins  propres  que 
celles  de  Hollande  ;  mais  elles  ont 
l'avantage  d'être  bâties  sur  le  bord 
des    rivières  :   telles    sont   celles   de 
Hanovre,  de  Ridl ,  de  Hambourg  , 
de  Berlin,  deBrëmen,  de  Cologne, 
et   de   quelques   autres  villes.  John 
Howard  a  remarcpié   que  ,  dans  la 
phtpart  des  prisons  d'Allemagne  les 
prisonniers  étoient  en  petit  nom- 
bre ,    et   la  causQ,  qu'il    en    donne 
est  la  promptitude  de  l'examen  et 
du  jugement.  Ceux    qui  sont  cou- 
pables de  légers  délits  sont  condam- 
nés   rigoureusement   au   pain    et    à 
l'eau  ;    mais    ou    est    moins    sévère 
envers    les   criminels    qui    ont    été 
jugés  el  doivent  être  sui)pliciés.  Ils 
ont  le  choix  de  leur  nourriture;  ou 
leur  donne  Une  chambre  plus  com- 
mode ;  leurs  amis  el  leurs    parens 
peuvent  les  voir  et  les  consoler  ;  un 
ministre    les    accompagne    pendant 
tout  le  temps  qu'il  leur  reste  à  vi- 
vre ,  et  ne  les  quitte  qu'à  leur  mort. 
En  général ,  dans  les  prisons  d'Al- 
lemagne, on  oxene  peu  de  rigueurs 
inutiles;  rarement  on  met  les  pri- 
sonniers aux  li^rs  ,  et  les  cachots  sont 
presque  toujours  inhabités.   —  Les 
prisonniers  sont  beaucoup  plus  sé- 
vcremeut    tiaiiés  en    Danemank  , 
cil  Suède  el  eu  llussie  ;  les  prisons 


IIOWA 

y  sont  pour  la  plupart  tris -mal 
jjropres  el  très- malsaines.  Dans  la 
prison  d'ëlat  de  Copeiihaoue ,  lee 
tors  tiehnent  encore  aux  unirs  ,  dans 
les  clianibresoù  iescotulesStnieiisée 
el  Brandi  ont  ëlé  enfermés.  'IVl  est 
le  dégoût  qu'inspire  l'air  nié[)liili- 
qne  de  celle  prison  ,  que  lorsque 
Slruensée  eu  fut  tiré  ,  après  trois 
mois  de  déleiilioii  ,  pour  être  con- 
dnit  à  nue  mort  terrible,  il  s'é- 
cria :  «  O  quel  bonheur  de  respirer 
nu  air  frais.  »  —  Il  faut  dire  ici 
cependant  que  les  cachots  ne  sont 
point  connus  en  Russie  ;  et  c'est 
pour  cette  raison  sans  doute  qu'on 
n'y  a  jamais  vu  de  traces  de  la  ma- 
ladie épidémique  qu'on  appelle  la 
lièvre  des  prisons.  —  Celles  de  Suisse 
sont  beaucouj)  plus  propres  que  celles 
des  royaumes  du  nord .  Dans  les  mai- 
sons d'arrêt  ciiaque  criminel  a  une 
chambre  ,  aliu  que  l'un  ne  puisse 
être  le  précepteur  de  l'anlre  ;  ils 
n'ont  point  de  fers  ,  mais  ils  sont 
renfermés  dans  des  chambres  plus 
ou  moins  fortes ,  plus  ou  moins 
éclairée^  ,  selon  la  nature  des  cri- 
mes dont  ils  sont  accusés.  La  plu- 
jiart  des  prisonniers  sont  chauffés 
par  des  poêles  ;  on  leur  alloue  com- 
munément douze  sous  par  jour.  Dans 
les  caillons  suisses,  les  prisons  ren- 
ferment rarement  des  criminels.  « 
r>a principale  raison  de  cette  rareté, 
dit  Howard ,  est  le  soin  qu'on  y 
prend  d'inspirer  aux  enfans  ,  même 
les  plus  pauvres  ,  les  principes  do 
la  religion  et  de  la  morale.  Une 
autre  raisou  encore  est  qu'on  y  rend 
une  prompte  justice.  Howard  ne 
trouva  point  de  prisonniers  à  Lau- 
sanne ;  il  n'en  iroiu  a  que  trois  dans 
les  prisons  de  SclK'ffhouse  ;  celb^s  de 
Berne  sout  souvenl  \  ides.  —  Quand 
John  Howard  passa  à  Venise ,  la  prin- 
cipale prison  de  celle  ville  conlenoit 
trois  ou  quatre  ceuls  personnes.  A 
Naples,  en  1781  ,  on  compte  il  dans 
la  prison  appelée  P^uariu  ,  neuf 
cent    quatre  -  vingts    prisonniers. 


HOWA  a47 

Dnys  laToscane ,  dausTEtalRomaiii 
et  dans  le  Piémont,  leur  nombre 
étoit  beaucoup  moins  considérable. 
L\<iis  la  plupart  des  \ilks  d'Italie  , 
ils  sont  employés  aux  travaux  pu- 
blics, [-es  exécutions  sont  beaucoup 
plus  fréquentes  dans  ce  pays  que 
par-tout  ailleurs.  Il  y  a  quelques 
années  que  l'usage  de  la  torture 
éloit  encore  connu  à  Rome  ,  à  Na- 
])les  ,  el  dans  quelques  autres  étals 
d'Italie.  11  n'esl  point  de  pays  oii 
riiiimanilé,  inspirée  par  la  religion  , 
prodigue  autant  de  secours  aux  dé- 
tenus et  aux  pauvres.  Par  -  tout  il 
s'est  formé  des  mslilulious  charita- 
bles ;  el  dans  la  plupart  dts  villes  , 
des  confréries  pieuses  sont  unique- 
ment occupées  du  soulagement  des 
flélenus.  —  Les  prisonniers,  dans  la 
plupart  des  prisons  de  Portugal ,  ne 
subsistent  que  de  la  charité  publi- 
que. La  justice  n'y  est  pas  rigou- 
reuse ,mais  elle  y  est  lente;  lescou- 
])ablcs  ou  les  accusés  sont  souvent 
détenus'  plusieurs  années  dans  les 
prisons  ,  avant  qu'on  les  examine  et 
(ju'on  les  juge;  el  quelquelois  ,  après 
qu'ils  ont  élé  condamnés  à  mort, 
ils  demeurent  encore  quelques  an- 
nées eu  prison  ,  avant  qu'on  les 
exécute.  Avant  l'administralioa  du 
marqui>  dePombal,  les  geôliers  lais- 
soienl  souvent  sortir  les  prisonniers 
sur  parole.  L'un  d'eux  ,  qui  avoil 
obtenu  celte  laveur  ,  en  jouit  pen- 
dant sept  ans  ,  quoiqu'il  eîit  élé  con- 
damné à  mort.  L'ordre  d'exécuter 
la  sentence  arriva  ;  sur  la  somma- 
lioudu  geôlier,  le  coupable  , qui  tra- 
vailloii  dans  la  province,  revint, 
sans  balancer ,  se  remettre  dans  la 
prison  :  ce  respect  pour  sa  promesse 
lui  ht  accorder  sa  grâce.  Plusieurs 
des  couj)ables  sout  tirés  des  prisons 
pour  être  envoyés  dans  les  éta- 
iilissemens  portugais  au  Brésil  ; 
d'.iuires ,  enrôlés  comme  soldats, 
sont  embarqués  pour  les  ludes.  — 
Le  régmie  des  prisons  en  Espagne 
1  éloit  très-rigouneux  ;  les  prisonuiers 


5/18 


lîOWA 


y  eloient  souvent  entassés  les  vins 
sur  les  autres;  souvent  mis  aux 
fers  ,  et  plongés  dans  des  cachots 
luimides  ;  un  criminel  coiiclamné 
oljlenoit  rarement  sa  grâce  du  roi. 
Lorî^qu'il  étoit  jugé  ,  les  autres  pri- 
sonniers le  conduisoienl  dans  in  cha- 
pelle, où  sa  sentence  lui  éloil  lue  par 
MU  SKt rétaire,  en  présence  de  tous.  Il 
étoit  acconipaoïié  par  un  moine  ,  qui 
ne  ral)ando)iiioit  phts  jusqu'à  la  mort. 
On  ne  pou  voit  pénétrer  dans  les  jiri- 
sons  <le  1  inquisition.  John  How^ard 
a  visité  aussi  celles  de  Paris  et  des 
différentes  provinces  de  France,  il 
indique  ,  dans  leur  régime,  plusieurs 
abus  à  réformer.  Sa  Vie  a  été  pu- 
bliée en  Angleterre  par  M.  Aikiu. 
Les  écrits  d'Howard  ne  pou  voient 
manquer  de  faire  une  vive  impres- 
sion dans  une  ville  où  l'industrie 
de  la  bienfaisance  est  depuis  long- 
temps perfectionnée  au  même  degré 
que  l'industrie  de  ses  nianufaclnres. 
A  Lyon  il  s'est  formé  récemmenl 
tnie  association  de  citoyens  recom- 
mandablesqui  veillent  sur  le  régime 
des  prisons  avec  les  mêmes  soins 
qui  ont  iixé  l'attention  publique  sur 
l'administration  des  hospices.  On 
distribue  du  travail  aux  prisonniers 
pour  adoucir  leur  sort  ,  oa  veille 
éoalement  sur  leur  nourriture  et  leur 
conduite  ,  on  les  assujettit  à  leurs 
devoirs  de  religion  ,  on  cherche  à  les 
consoler  et  à  les  instruire.  Par  une 
émulation  touchante  on  a  vu  s'y 
fornier  une  association  de  pauvres 
hlles  d'artisans  de  tout  âge  ,  qui 
quêtent  dans  les  marchés  ,  dans  les 
cuisines,  et  qui  recueillent  les  débris 
de  la  table  des  gens  aisés  pour  pré- 
parer aux  prisonniers  de  passage 
des  potages  restaurans  qu'elles  leur 
distriîjuenl  à  leur  arrivée.  On  les 
appelle  la  société  des  Charlottes, 
du  nom  de  celle  qui  la  première  a 
provoqué  celle  association.  Les  pri- 
sonniers qui  passent  à  Lyon  savent 
presque  toujours  d'avance  que  la 
soupe  des  C/iarlotîes  les  attend. 


HOWE 

VIII.  HOWARf).  r.  AnuNDEL, 

n^  II!  ;    —  CnoMWKL  ,    U°    I;   —  et 

Henri  VI II,  n"  XXL 

\.  HOWE  (N....  lord),  amiral 
anglais  ,  servit  avec  distinction  sa 
patrie  dans  la  guerre  d'Amérique, 
et  fut  n;is  en  1793  à  la  tête  de  la 
Hotte  britannique  sur  l'Océan.  Le 
1"^  juin  179  i  ,  il  remporta  près 
d'Ouessant  une  victoire  complète 
sur  les  Français  ,  auxquels  il  en- 
leva sept  %aisseaux  de  ligne.  Son 
courage  étoit  calme  ,  sou  éloquence 
persuasive.  Il  l'employa  en  1797 
pour  apaiser  la  révolte  qui  s'éloit 
déclarée  dans  la  Hotte  de  Ports- 
mou  Ih  ,  et  parvint  à  faire  rentrer 
tous  les  équipages  dans  le  devoir, 
llowe  reçut  en  récompense  l'ordre 
de  la  Jarretière  ,  et  mourut  quel- 
que temps  après  ,  en  1799. 

*  II.  HO'WE  (  Guillaume),  né  à 
Londres  vers  1619  ,  employa  les 
premières  années  de  sa  jeunesse  à 
l'étude  de  la  philosophie  et  de  la 
médecine  ;  mais  ayant  brusquement 
changé  de  goût ,  il  s'engagea  dans 
les  troupes  du  roi  Charles  1'''",  et  s'y 
distingua  tellement  par  sa  conduite 
et  sa  bravoure,  qu'il  obtint  une 
place  de  capitaine  dans  la  cavalerie. 
Mais,  bientôt  dégoûté  du  service  jKir 
le  peu  de  succès  des  armes  de  ce 
prince,  il  revint  à  la  médecine ,  et 
l'exerça  à  Londres  avec  le  plus  gvaiul 
succès.  Il  mourut  dans  cette  capitale 
en  i656  ,  laissant  sur  la  botanique 
les  ouvrages  suivans  :  ï.  Pyt/wlogià 
lirila/iiiica  ,  natales  exhiberis  iii- 
digenaiLun  stirpium  spo/itè  nas- 
ce/ttiam,  Londini,  i65o,  in-8'\  IL 
Math'iœ  Lobellil plantarum ,  sive 
stirpium  illustrationes  ,  ciim  an- 
ne.ris  aduersariis  ,  Londini,  i6.'i.'i , 
iii-4''.  C'est  à  son  goût  pour  la  bo- 
tanique qu'on  doit  celte  édition  , 
qu'il  a  enrichie  de  notes  savantes. 

i  HOWEL  (  Jacques  ) ,  laborieux 
écrivain  anglais,  mort  en  1666,  » 


HOYE 

72  ans  ,  fut  secrétuire  cVanibassade 
et  secrétaire  du  conseil  penclanl  les 
guerres  civiles.  Ses  (ié[>enses  exces- 
bives  le  tirent  eiifenner  dans  une 
priton  ,  où  il  tut  oblioé  de  travailler 
jiour  vivre.  Ses  ouvrages  en  anglais 
sont ,  I.  VUistuIre  de  Louis  XI II. 
lï.  La  /bref  de  Dudotie  ,  traduite 
eu  fVam,ais,Par(s  ,  ifi/j'  ;  in-4°.  C'est 
un  ouvrage  aiiégorique  dans  lequel 
l'auteur  a  déguisé  sous  des  noms 
enîjnunlés  de  la  Ijolauitjue  les  per- 
sonnages dont  il  parle.  Cet  ouvrage 
parut  d'abord  à  Londres  en  1740  , 
in-lbl.  m.  ]}e  la  prééminence  des 
/vis  de.  France,  d'Espagne  et,  d\4n- 
glelerre  ^  traduite  en  latin,  Londres, 
166.11,  in-8°.  IV.  DesPoes/t'5,  1660, 
in-8",  etc.  Après  avoir  été  zélé  roya- 
liste ,  il  embrassa  le  parti  de  Crom- 
"wel ,  et  fut  néanmoins  hislonogra- 
phe  du  roi  après  son  rétablissement 
sur  le  troue. 

*  IIOWEN  (  Pierre  Van  der  )  , 
médciin  hollandais,  s'est  acquis  de 
la  réputation  dans  le  i  7"^  siècle  ,  par 
ini  petit  traité  de  sa  composition  , 
imprimé  à  Roterdam  eu  1621  , 
in-H"  ,  sous  ce  titre  :  De  sympathin, 
seu  affectu  per  consensum. 

• 

FIOY  (  André  )  ,  Jloyus  ,  pro- 
fesseur royal  en  grec  à  Jjouay  , 
natif  fie  Bruges,  s'acquit  une  grande 
réijutalion  par  ses  Poésies  latines  , 
litli-j  ,  in-8°  ,  et  par  son  Lzéc/iiel 
j)arap/irasi  pocticd  illustratus  , 
i.5c)S  ,  in  -  4".  On  a  encore  de  lui 
IJe  pronunciatione  grœcd  ,  1620, 
in-8°,  et  A' autres  ouvrages.  II  mou- 
rut au  commencement  du  17"^  siè- 
cle ,  âgé  de  plus  de  80  ans. 

*  HOYER  (  Jeau-George  ),  mé- 
decin ,  membre  de  lacadéujie  impé- 
riale des  cmieux  de  la  nature,  né  à 
Mulbausen  en  i665,  pratiqua  son 
art  avec  distinction  dans  cette  ville 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1708.  On 
a  de  lui  plusieurs  observat^ns  dans 
les  Mémoires  de  l'académie  impé- 


HOZI 


»49 


riale  ,  et  quelques  petits  ouvrages 
sur  la  pratique  de  lu  médecine  et  le» 
devoirs  du  médecin,  dans  lesquels 
on  Ijouve  quelques  vues  neuves  et 
intéressantes. 

t  l.  HOZIER  (  Etienne  d'  ),  gen- 
tilhomme provençal  ,  capitaine  de 
la  ville  de  Salon,  auteur  de  plu- 
sieurs Pièces  de  vers  imprimées  , 
tant  en  français  qu'en  provençal , 
né  en  1 .547  ,  travailla  beaucoup  sur 
les  anciennes  chartes.  Ce  goût  a 
passé  successivement  à  ses  descen- 
dans.  11  a  composé  des  C/iruniques 
assez  bien  faites  pour  le  temps  où 
il  vivoit.  César  Nosiradamus  ,  son 
coufin  ,  gentilhomme  ordinaire  de 
la  chambre  du  roi  ,  le  cite  à  la  der- 
nière page  de  sou  Histoire  de  Pic- 
vence,  imprimée  à  Lyon  en  1614, 
comme  un  de  ceux  à  qui  il  étoit 
redevable  de  différens  mémoires  qui 
lui  avoienl  servi  pour  la  composi- 
tion de  son  ouvrage.  Il  mourut  à 
Aix  en  ]6i 1. 

t  II.  HOZIER  (  Pierre  d'  ) ,  fils  du 
précédent,  chevalier,  seigneur  de 
la  Garde  eu  Provence,  juge  d'armes 
de  la  noblesse  de  France,  che\alier 
de  l'ordre  du  roi ,  et  conseiller  d'état 
d'épée  ,  ne  là  Marseille  eu  i.T92, 
sersit  ,  étant  ieune ,  dans  la  com- 
pagnie des  cbevan-légers  du  maré- 
chal de  Créqni  ,  el  se  livra  ensuite 
tout  entier  à  l'élude  de  l'histoire  gé- 
néalogique. Ses  lumières  et  sa  pro- 
bité lui  méritèrent  la  confiance  de 
Louis  XlUetde  Louis XIV.  Le  pre- 
mier, voulant  se  l'attacher  particu- 
lièrement ,  le  fit,  en  1620,  l'un 
des  cent  gentilshommes  de  l'an- 
cienne bande  de  sa  maison  ;  le  dé- 
cora ,  en  1628  ,  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel  ;  lui  accorda  ,  en  1629  ,  une 
pension  ,  et  en  1641  ,  la  charge  de 
juge  d'armes  de  France  ,  sur  la  dé- 
mission du  vicomte  de  Saint-I\Iau- 
rire  ,  qui  l'indiqua  lui-même  au  roi 
pour  son  successeur.  (  Cette  charge, 
f^ui  avoit  été  créée  à  la  soUicilalion 


55o  HOZI 

des  élats-généraiix  ,  par  ëdit  du  mois 
de  juin  161 5  ,  fut  coniërée  la  même 
année  à  François  de  Chevriers  de 
Saint-Maurice  ,  seigneur  de  Salagny, 
d'une  ancienne  maison  du  I\Iacon- 
aiais  ,  clievalier  de  Tordre  du  roi , 
et  genliihomme  ordinaire  de  sa 
chambre.  )  La  réputation  d'Hoiier 
aiigiiientant  chaque  jour,  le  roi  le 
fit,  en  1642,  l'un  de  ses  maitres 
d'hôtel ,  le  commit ,  en  lô^jo  ,  pour 
lui  certifier  la  noblesse  dos  écuyers 
et  des  pages  de  s£s  grande  et  petite 
écuries,  et  l'admit  enhn  dans  son 
conseil  d'état  en  iCS/).  C'est  aux 
corresponoances  qu'il  s'étoit  établies 
qu'on  est  particulièrement  redeva- 
ble de  la  Gazette  de  France,  com- 
ineucée  eu  1601.  Comme  il  étoit 
intime  ami  de  Théophraste  Renau- 
dot,  il  lui  communiquoit  toutes  ses 
nouvelles.  A  l'égard  de  sis  ouvra- 
ges ,  il  y  eu  a  eu  beaucoup  d'im- 
primés ,  indépendamment  de  ceux 
qui  sont  demeures  manuscrits.  Il 
est  auteur  d'une  Histoire  de  Bre- 
tagne ,  m- folio,  et  de  plusieurs  Gc- 
néalogies.  Il  mourut  à  Paris  le  i*"' 
décembre  16C0.  On  l'a  peint  comme 
un  homme  qui  allioit  les  vertus 
morales  avec  les  vertus  c.hréliemies, 
ami  fidèle  et  officieux,  d'une  société 
douce  et  d'une  conversation  agréa- 
ble. Boileau  fit  ces  vers  pour  mettre 
au  bas  de  son  portrait  : 

lies  illu":lres  maisr^ns  i!   piiMIa  la  gloire; 
Ses  laleii'i  surprendront  tous  les  âges  suivans  : 
Il  rendit  tous  les  morts  viv.'jns  dnns  Ja  mémoire; 
11  ne  mourra  jamais  dans  cuUe  des  vivans. 

t  lU.  HOZIER  (Charles-René 
d' ) ,  fils  du  précédent,  juge  d'ar- 
mes de  la  noblesse  de  France  à  Paris, 
et  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
Maurice  de  Savoie,  ué  en  16.J0, 
aussi  distingué  par  l'étendue  de  ses 
«:onnoissances  dans  l'art  héraldique 
que  par  plusieurs  ouvrages  qu'il 
fit  par  ordre  de  l-onis  XlV,  mou- 
rut à  Paris  le  i3  février  1732.  On 
a  de    lui    lic^'f,-,  'i^r:   de   la   no- 


HUAR 

blesse  de  Champagne  ,  Châlons  , 
ifiyS,  2  vol.  iu-fol.  ,  faites  par 
ordre  de  Louis  XlV,  sous  la  direc- 
tion de  Caumartin.  11  eut  pour  suc- 
cesseur dans  sa  cliarge  de  juge  d'ar- 
mes Louis-Pierre  uHozier  ,  son 
neveu,  conseiller  du  roi  en  ses  con- 
seils, et  chevalier-doyen  de  son  ordre, 
mort  à  Paris  au  mois  de  septembre 
^7^7  >  'îg^  de  82  ans.  C'est  pendant 
son  exercice  qu'ont  paru  les  10  vol. 
in-folio  de  l'Armoriai ,  ou  Registres 
de  la  Noblesse  de  France,  ivSG  , 
1768,  10  vol.  iu-fol.  fig. — D'HoziER. 
de  Sérigny  ,  sou  fils  ,  chevalier  , 
grand'croix  honoraire  de  l'ordre  de 
Saint-Maurice  ,  ci-devant  juge  d'ar- 
mes, est  auteur  de  la  suite  de  cet 
ouvrage  quila  discontinué,  pour  ne 
pas  s'exposer  à  mortifier  la  vanité 
de  certains  nobles  ,  ou  à  trahir  la 
vérité. 

*  HROSVITE ,  religieuse  de  Gan- 
dersheim,  abbaye  de  l'ordre  de  Saint- 
Benoit  dans  la  Basse-Saxe,  se  dis- 
tingua vers  la  fin  du  10'^  siècle  par 
des  talens  littéraires  ,  alors  peu  com- 
muns. Elle  a  laissé  six  Comédies  écri- 
tes en  latin,  à  limitation  de  Térence, 
huit  autres  Opuscules  eu  vers  hexa- 
mètres et  pejitamètres  ,  et  uwS^Jis- 
loire  d'Othon  ,  empereur  d'Allema- 
gne, sous  le  règne  duquel  elle  érri- 
voit  aussi  en  vers  latins  hexamètres. 
Le  volume  de  sesQïuvres  imprimées 
à  Nuremberg  eu  i5oi,  in-folio, 
est  de  82  feuillets.  Ce  livre  est  ex- 
cessivement rare. 

t  HUART  (H.),  connu  seulement 
par  la  Traduction  l'rançaise  des 
Hypotyposes  ou  Institutions  pyr- 
rhouiennes  de  Sextus  Empiricus , 
172.5,  in-12  ,  l'accompagna  de 
notes  ,  dans  lesquelles  il  tache  de 
fortifier  les  senlimeus  de  ce  fameux 
pyrrhonien. 

HUARTE  (  Jean  ) ,  natif  de  Saint- 
Jean    d^s    la  Navarre    française , 

s'acqnilau  i7''siccle  da la  réputation 


HUBE 

pnr  un  ouvrage  espagnol  ,  intitulé 
1.' Examen  des  Eshiils.  Ce  livre  a 
été  souvent  réuiiprinié  et  trndml  en 
diverses  langues.  U  en  parut  à  Ve- 
nise iinelraclnctionilalienneeu  I  582, 
une  en  fraiirais  ,  donnée  par  Chap- 
puis  en  i58o,  mais  qui  a  été  sur- 
passée par  celle  de  Savinien  d'As- 
quie  ,  imprimée  à  Amslerdam  en 
167^  ,  dans  laquelle  le  traducteur  a 
profité  (les  augmenlalions  que  l'au- 
leur  avoit  laites  dans  la  dernière 
édition  de  son  ouvrage.  Il  a  été  aussi 
traduit  en  latin  et  en  anglais.  On 
accuse Huarle  d'avoir  donné  comme 
pièce  authentique  une  lettre  supposée 
de  LentuUis,  proconsul ,  écrite  de  Jé- 
rusalem au  sénat  de  Rome  ,  dans 
laquelle  il  donne  une  description  de 
l'extérieur  de  J.    C. 

*HUAUME  (Etienne d'),  de  Bîois, 
reçu  docteur  en  1760  dans  la  faculté 
de  médecine  de  Paris  ,  dirigea  ses 
observations  sur  quelques  maladies 
graves,  qui  lui  donnèrent  lieu  de 
publier  les  ouvrages  jjSuivans  :  I. 
Traité  de  la  petite  vérole  ,  tiré 
des  Commentaires  de  Van  Swielten 
sur  les  Aphorismes  de  Eoerhaave  . 
avec  la  Méthode  curative  de  Haen  , 
Paris,  i776,in-i2.  L'auteur  expose 
dans,  cet  ouvrage  ,  avec  clarté  et 
précision  ,  la  doctrine  des  médecins 
les  plus  célèbres  sur  une  maladie 
qui  attaque  la  plus  grande  partie  du 
genre  humain.  U.  ]\férnoiie  sur  les 
dissoh'a/is  de  la  Pierre ,  avec  quel- 
ques problèmes  de  chimie  ,  I>on- 
dres  ,  (  Paris  ),  1776  ,  m-/\°  de  22 
pages.  III.  Lettre  d'un  médecin  de 
Paris  sur  le  traitement  de  la  rage , 
1776,  in-Zi"  de   17  pages. 

t  I.  HUBER  (  Samuel  ) ,  ori- 
ginaire de  Berne  ,  et  professeur  en 
théologie  à  Wilteraberg  vers  l'an 
1.^92.  Luther  avoit  enseigné  que 
Dieu  détermiuoit  les  hommes  au  mal 
comme  au  bien.  Ainsi  ,  Dieu  seul 
prédeslinoil  Ihomme  au  salut  ou  à 
la  dannialioii  ;  et  tandis  qu'il   pro- 


HUBE 


55î 


duisoit  la  justice  daus  un  petit  liom- 
bre  de  fidèles  ,  il  déten  inoil  les 
autres  au  crime  et  à  l'impi'uileuce. 
Hubcr  ne  put  s'accoiiiinoder  de  ces 
priucijjes;  il  les  trouva  contraires  à 
l'idée  de  la  justice  et  de  la  miséri- 
corde divine,  et  enseigna  que  Dieit 
vouioil  le  salut  de  tous  les  hommes  ; 
que  Jésus-Chrisl  les  avoii  en  effet 
tous  rachetés  ,  et  qu'il  n  y  en  avoit 
pas  un  pour  lequel  Jésus  -  Christ 
n'eût  satisfait  rétllenieni  et  de  fait. 
De  sorte  (jue  les  hommes  néioient 
damnés  que  i)arce  qu'ils  tomboient 
de  ct  t  état  de  justice  dans  le  péché, 
par  leur  propre  volonté  ,  et  en  abu- 
sant de  leur  liberté.  Cette  doctrine, 
(fui  semble  honorer  la  Divinité,  ht 
chasser  Huber  de  son  université.  On 
a  de  lui  V Explication  des  chapitres 
IX  ,  X  et  XI  de  l'Épitre  aux  Ro- 
mains ,   iu-S°. 

i  11.  HUBER  (  Uîric  ) ,  professeur 
eu  droit  à  Franeker  ,  né  à  Dockuin 
en  1606,  mourut  en  1^94,  aprè» 
avoir  eu  de  grands  dénitiés  avec  le 
célèbre  Periz<jiiius.  On  a  de  lui  ,  I, 
Un  Traité  De  jure  civitatis  ,  1  708  , 
in-'/)'*-  II.  Jurisprudentia  J  rizica. 
m.  Spécimen  philosopltiœ  cii^ilis. 
IV.  Instituliones  hisloriœ  civilis , 
i69o,in-y°.  V.  Prœkctiones juris 
civilis  secundum  instituliones  et 
digesia  ,  Francfort,  1749.  ^  voj. 
in-/(°,  réimprimés  à  Louvain  ,  1766,. 
avec  les  notes  de  J.  Le  Plat  ,  et 
plusieurs  autres  ouvrages  sur  diffé- 
rens  points  de  droit  civil  publiés 
en  différens  temps,  en  7  vol.  iii-4°. 

*III.  ITUBER  (Zacharie),  né  en 
1 669  ,  i'ils  du  précédent ,  et ,  comme 
son  père  ,  professeur  en  droit  ;'{ 
Franeker,  publia  les  ouvrages  sui- 
vans  :  I.  De  vero  sensu  aique  in- 
terprelatione  legis  IX  ;  de  lege 
Pompcid  de  parricidis  disserta- 
tiunes  duœ  ,  Franekerse,  i6go,  in- 
/'i".  II.  Disserlationuni  libri  1res  ^ 
quibus   expliccKtur  selccla   jurin 


552  lîUBE 

jMibtici.,  sac/i ,  prlvatique  capita , 
Franeker,  170:3.  1!  mourut  en  1752. 

*IV.  HUBER  (Michel),  lillcra- 
teur  et  iruducleiir  ,  iié  à  Frouten- 
hansea  eu  Bavière  en  1727,  mort 
à  Leipsick  le  j5  avril  x8o4,  vint  à 
Paris  fort  jeune  ,  et  se  lia  avec  plu- 
sieurs hommes  de  lettres  dibtingués. 
Le  Journal  étranger  ,  continué  par 
MM.  Arnaud  et  Suard  ,  lui  est  re- 
cle\ah!e  as,  beaucoup  cV articles  de 
littérature  allemande.  En  1766  il 
fut  appelé  à  l'université  de  Leip- 
sick  ()o;ir  y  enseigner  la  langue  fran- 
çaise, lliiber  renditde  grands  services 
aux  lettres, en  éiah!issanl,par  ses  tra- 
duclions  ,  les  premières  communica- 
tions littéraires  qui  aient  existé  entre 
la  France  et  l'Allemagne.  C'est  lui 
qui  le  premier  traduisit  les  Idyl- 
les et  les  Poèmes  de  Gessner.  On  lui 
doit  en  outre  un  excellent  Recueil 
de  Poésies  al/e/naudes  ,  traduites 
en  français ,  4  vol.  111-8";  JfiUiel- 
jnine,  poetne  héroï-comique  ,  tra- 
duit de  l'allemand  ,  in-12  ;  Les  Elé- 
me/is  (fu.  dessin  ,  in-4°,  et  les  Let- 
tres de  Geller.  Il  a  eu  beaucoup 
de  successeurs  dans  cette  carrièinj  ; 
mais  on  jieut  dire  qu'aucun  d'eux 
n'excita  comme  lui  i'enlhoasiasme 
des  Français  pour  les  muses  alle- 
mandes. 

*  V.  IIUBER  (  L.  H.  ) ,  n-.ort  à 
Ulm  le   24  décembre  iSo5,  à  l'âge 

[  de  4f  ans  ,  est  csliuiéen  Alîemagae 
'  comme  l)ou  littérateur.  11  a  dirigé  la 
Gazette  géirérale  ,  Allgenieine Zei- 
tu/tg,  qu;  p.iroissoit  à  Uliu.  Il  tra- 
vailla aui.si  aux  yhiiiales  de  l'Eu- 
rope,  dont  la  direction  lui  avoil  été 
conllée  après  la  mort  de  Po:-sell. 
Lors(|u'il  mourut,  il  étoit  membre 
de  la  direction  générale  de  l'udmi- 
îiislralion  des  étais  bavarois  de 
Souabe. 

*  VI.IIUCER  (Jean-Rodolphe)  , 
de  l'école  allemande  ,  né  à  Bàle  en 
1668  ,  surnouuué  ic  Tinloreù  de  la 


HUBE 

Suisse,  parce  qu'il  égaloit  en  facilité 
et  en  correction  le  peintre  vénitien, 
n'a  guère  fait  que  des  Portraits.  Les 
ouvrages  de  cet  artiste  estimé, mort 
dans  sa  ville  natale  en  1  748  ,  àsé  de 
80  ans,  sont  d'une  couleur  vigou- 
reuse et  d'une  belle  louche. 

t  VII.  HUBER  (  Marie  )  ,  née  à 
Genève,  morte  à  I>yon  le  i3  juin 
1753,  âgée  d'environ  Sg  ans,  est 
connue  par  diflérens  ouvrages  qui 
onteu  quelque  cours.  Les  principaux 
sont  ,  I.  Le  Monde  fou  préféré  au 
Monde  sage ,  1751  —  1 744  >  "i'" •  2 . 
II.  Le  Système  des  théologiens  an- 
ciens et  modernes  sur  l'état  des 
âmes  séparées  des  corps  ,  lySi  — 
1739  ,  111-12.  m.  Suite  du  même 
ouvrage,  sentant  de  réponse  à  M. 
liuchat ,  1753  —  1739,  in- 1 2 .  IV. 
Réduction  du  Spectateur  anglais  ; 
cet  abrégé ,  qui  n'a  pas  réussi ,  pa- 
rut  en  i755,  eu  six  parties  in-12. 
V.  Lettres  sur  la  religion  essen- 
tielle à  l'kaffif'ie,  1709  et  1754, 
six  parties  iu-i  2.  Cet  ouvrage,  tra- 
duit en  anglais  et  eu  allemand  ,  a 
essuyé  des  contradictions  et  des  cen- 
sflh-es.  L'auteur  se  borne  au  pur 
déisme.  Mademoiselle  Huber  avoit 
dos  conuoissances  et  de  l'esprit; 
mais  elle  ne  savoit  ^^as  touiours  dé- 
velopper ses  idées.  Elle  étoit  pro- 
testante ,  et  ii'avoit  ]amai&  lu  d'autre 
livre  que  la  Bible. 

t  I.  HUBERT  (saint),  évèque- 
de  Mastrichl  ,  apôue  des  Ardeu- 
nes  ,  étoit  né  dans  l'Aquitaine  , 
d'une  famille  noble  ,  qui  le  plaça  à 
la  cour  de  Thierri  111.  (c  On  ne  peut 
douter,  dit  Baiilet  ,  qu'il  ne  se.  soit 
marié  ,  et  que  Floriherl  n'ait  été  le 
fruit  de  son  union  avec  Floribane, 
iille  de  la  première  qualité.  Après 
avoir  vécu  dans  le  monde,  il  eu 
conçut  im  dégoût  qui  fut  le  com-' 
mencement  de  sa  conversion.  Il 
quitta  toht  pour  vivre  sous  la  dis- 
cipline de  Si.  Lambert  ,  évcqi\e  d« 


HUBE 

Maslvkht,  dont  il  J'iil  Je  succes- 
seur, il  iuiila  ses  vertus,  et  perfec- 
tionna ses  ouvrages.  »  Son  corps  fut 
IransFéré  à  l'abbaye  d'Aiiulain  ,  qui 
porte  aujourdliui  son  nom.  Ou  mené 
clans  ce  monastère  ceux  qui  ont  élé 
mordus  de  chiens  enragés.  On  leur 
lait  une  incision  au  front  ,  dans  la- 
quelle on  enferme  un  petit  morceau 
de  l'ëtole  de  ce  saint  prélat.  Ses  des  - 
cendans  prétendent  guérir  du  même 
iiial  ,  en  faisant  quelques  prières. 
Saint  Hubert  mourut  le  5o  mai  727. 

t  II.  HUBERT  (  Matthieu),  prêtre 
de  l'Oratoire  ,  né  à  Châtillou  dans  le 
Rlaine  en  1640  ,  mort  à  Paris  le  22 
mars  17  i7,remplitleschaires  les  plus 
Liillantes  des  provinces,  de  la  capi- 
tale et  de  la  cour  avec  beaucoup  de 
succès.  LeP.  Bourdaloue  l'enleudoit 
lorsqu'il  pouvoit  ;  et  le  jésuite  melloil 
loratorieu  au  nombre  des  premiers 
prédicateurs  de  son  temps.  LeP.  Hu- 
bert disoit  humblement  que  «  Mas- 
sillon  ,  son  confrère  ,  devoit  prêcher 
aux  maitres,  et  lui  aux  domesti- 
ques. ))  Une  personne  de  distinction 
lui  ayant  rappelé  ,  dans  une  grande 
for.vpagnie,  qu'ils  avoienl  lait  leurs 
éludes  ensemble  :  «  Je  n'ai  garde 
de  l'oublier,  lui  répondit  Hubert  , 
vous  aviez  alors  la  bonté  de  mef'our- 
ijir  des  livres  et  de  me  donner  de 
A  os  habits.  »  —  Ses  Strinoiis  ,  pu- 
bliés à  Paris  en  1726,  en  6  vol. 
iu-12  ,  ont  satisfait  les  gens  de  goût 
et  les  personnes  pieuses.  «  Sa  ma- 
nière de  raisonner,  dit  le  P.  Des- 
molets  ,  éditeur  de  ce  recueil  ,  n'a- 
voit  point  cette  sécheresse  qui  fait 
perdre  quelquefois  lonction  du  di'^'- 
cours  ;  et  sa  façon  de  s'exprimer  ne 
tenoit  rien  de  cette  étocution  trop 
étudiée  qui  l'afioiblit  à  force  de  la 
polir,  w  L'oraison  funèbre  de  la 
reine  Marie  d' Autriche  n'est  pas 
la^mei Heure  pièce  de  cette  collec- 
tion. Le  P.  Hubert  éioit  plus  pro- 
pre à  l'éloquence  chrélieniie  qu'à 
i'éioqueuce  académique. 


lîUDE 


OJ. 


III.  nURERT  (  Jean  ),  né 
Lyon  ei;i  i()4^'  ,  allia  aux  counois^- 
saucesd'un  "rand  négociant  l'amour 
des  lettres.  vVprès  avoir  voyagé  en  , 
Italie ,  en  Angleterre  et  tn  Hollande, 
il  revint  dans  sa  patrie,  où  il  fut 
l'oracle  du  négoce  par  ses  avis  et  ses 
arbitrages.  Echeviu  eu  1700  ,  il  pu- 
blia en  1716,  en  1  vol.in-i°,  les 
Prn'llèges  et  7'ranc/iiscs  du  Franc- 
Lyonnais.  11  mourut  en  1757, ren- 
versé par  un  clieval  fougueux. 

IV.  HUBERT  (  François  ) ,  n«  en 
Suisse,  perdit  dès  sa  jeunesse  l'usage 
delà  vue.  11  n'en  prit  pas  moins  pour 
l'étude  de  l'histoire  naturelle  une 
passion  qu'il  conserva  toute  sa  vie. 
Aidé  d'un  domestique  du  pays  de 
Vaud  ,  nommé  François  Burnens  , 
qui  lui  servoit  de  lecteur  et  d'obser- 
vateur, il  fit  une  foule  de  découver- 
tes curieuses.  Ce  fut  sur-tout  la 
connoissance  des  abeilles,  de  leurs 
mœurs ,  de  leur  fécondation  ,  de 
leurs  maladies  ,  de  leur  produit  , 
qui  devint  loljjet principal  de  ses  re- 
cherches. On  lui  doit  l'invention 
des  ruches  à  feuillets.  Deux  socié- 
tés savantes ,  instituées  en  Alle- 
magne sous  le  nom  d'académies  des 
abeilles  ,  éludioient  le  mystère  de 
leur  fécondation.  L'une  ,  établie  à 
Bautzen  dans  la  haute  Lusace  ,  sou- 
lenoil  que  les  femelles  étoient  fécon- 
des sans  le  concours  des  mâles.  L'au- 
tre ,  établie  à  Lautern ,  prétendoit 
que  les  œufs  étoient  fécondés  à  l'ex- 
térieur par  les  faux-bourdons.' Hu- 
bert prouva  qu'elles  se  trompoicnt 
l'une  et  l'autre,  et  que  les  mères  abeil- 
les étoient  fécondées  dans  leur  vol 
par  les  bourdons.  Il  est  mort  à  la 
tin  du   18*  siècle. 

*  V.  HUBERT ,  premier  Fran- 
çais qui  fut  décoré  du  titre  de  car- 
dinal, entra  à  l'âge  de  seize  ausdan» 
le  uionastère  de  .AÎoyen-iMoulier ,  au 
diocèse  de  Toul  ,  où  il  ai)prit  de 
lui-même  les  langues  hébraïque  , 
grecque  et  latine,  La  connoissance 


55^ 


HUBE 


de  ces  langues ,  et  une  profonde  éru- 
dition dans  tontes  les  brandies  de  la 
liUéralure  proiaue  et  sacrée ,  lui  con- 
cilièrent l'esli  me  et  l'ami  lié  des  papes 
Leoii  IX  ,  Victor  11  ,  Etienne  ÏX  et 
Nicolas  II  ,  qui  lui  donnèrent  part 
dans  le  gouvernement  de  l'Eglise,  et 
l'emjilojerent  dans  les  négociations 
Jes  plus  délicates.  Ou  a  de  lui  trois 
Ecrits  relatifs  au  schisme  des  Grecs. 
Ses  Hymne  et  autres  Poésies,  n'ont 
poiuléchappéau  malheur  des  temps. 
Ou  regrette  aussi  le  Recueil  de  ses 
histoires ,  dont  Oldoni  parle  avec 
éloge. 

*  VI.  HUBERT  (François  )  ,  ha- 
bile graveur,  néà  Abbevilleen  l'j/^i, 
élève  de  Beauvarlct,  grava  lïomii 
soit  qui  mal  y  pense  ;  le  Retour 
de  nourrice  d'après  Greuze;  la 
Nouvelle  Héloise  d'après  Le  Feb- 
vre,  peintre  moderne  ;  plusieurs 
portraits  ,  etc. 

* VII.  HUBERT  (Auguste Cluval), 
né  à  Paris  ,  et  mort  dans  cette  ville 
Je  8  février'  1798  ,  âgé  de  j\o 
ans,  peintre  et  élève  de  Vien  ,  se 
livra  ensuite  à  l'architecture  ,  rem- 
porta le  prix  à  l'académie ,  et  se 
rendit  peu  après  à  Rome,  en  qua- 
lité de  pensionnaire.  Après  avoir 
.passé  trois  années  à  l'académie,  il 
voyagea  en  Sicile  pour  voir  les  monu- 
meus  antiques  :  il  revint  ensuite  à 
Home  ,  où  il  fit  quelques  ouvrages  , 
entreautres  le  Petit lemplede  Jlore , 
dans  la  Veilla  Pallavicini.  De  retour 
en  France  ,  à  l'époqne  de  la  révolu- 
lion  ,  il  traça  le  Plan  de  plusieurs 
fêtes  publiques  ,  auxquelles  il  sut 
donner  de  la  pompe  et  de  la  gran- 
deur, malgré  la  j)romplitude  qu'on 
exigeoil  de  lui.  Il  avoil  un  talent 
rare  pour  l'architecture  ,  qu'il  con- 
cevoit  en  véritable  artiste  plutôt 
qn'en  entrepreneur;  il  se  préparoi l 
à  mettre  au  jour  sur  cet  art  ini 
Ouvrage  immense  ,  où  il  eut  déve- 
loppé ses  idées  neuves  et  ses  conuois- 
«aaces  élcuducs,  lorc.quc  la  mort  le 


HUBN 

surprit  à  l'inslanl  de  l'exéculion.  Il 
est  l'auteur  du  Plan  de  transfor- 
mation des  salles  basses  du  musée 
des  arts  au  musée  des  antiques. 

t  HUBNER  (  Jean  ) ,  professeur  de 
géographie  à  Leipzick  ,  et  recteur  de 
1  Lcole  de  Hambourg  ,  mort  dans 
celte  ville  le  21  mai  lySa,  à  64  ans, 
a  donné  une  Géographie  uni- 
verselle ,  par  demandes  et  par  ré- 
ponses ,  où  l'on  donne  \ine  idée 
abrégée  des  quatre  parties  du  monde. 
Cet  ouvrage  ,  plus  fait  pour  l'ins- 
Iruction  de  ceux  qui  ont  besoin  d'ap- 
prendre que  pour  la  satisfaction  de 
ceux  qui  sont  instruits,  oevint  clas- 
sique dans  son  temps  ,  et  eut  un 
grand  succès  en  Allemagne.  Il  fut 
traduit  en  anglais  et  en  français  , 
Baie,  1737  ,  in- 8°,  6  vol.  La  mé- 
thode de  l'auteur  est,  en  général, 
claire  et  facile.  L'ouvrage  est  assez 
exact  pour  la  partie  de  l'Allemagne  ; 
mais  il  l'est  beaucoup  moins  pour 
les  autres  pays.  Trop  attaché  aux 
anciens  géographes  ,  il  érige  en  villes 
une  foule  d'endroits  qui  sont  aujour- 
d'hui de  petits  villages.  Il  se  trompe 
souvent  sur  la  position  des  villes, 
sur  les  distances  el  l'étendue  des 
royaumes  et  des  provinces.  H  laisse 
ignorer  de  quelle  espèce  de  lieues  il 
entend  parler  lorsqu'il  marque  cette 
étendue.  Il  y  a  tel  endroit  de  son 
ouvrage  ,  dit  D.  'Vaisselle,  qui  pour- 
roil  faire  douter  s'il  conuoit  les  pre- 
miers principes  de  la  sphère.  Il 
manque  assez  souvent  de  critique  , 
et  donne  dans  la  minutie.  Hubner 
a  publié  eu  allemand  plusieurs  au- 
tres ouvrages.  1.  Questions  sur  la 
géographie  ancienne  et  moderne , 
Leii)zick,  169^,  iu-8°.  II.  Questions 
sur  l'histoire  politique  Jusqu'à  la 
fin  du  17"^  siècle,  1697  et  années 
suivantes,  in-8°,  10  vol.  lll.  Tables 
généalogiques  avec  des  questions, 
etc.  170S.  IV.  Dessupplémetis  aux 
trois  ouvrages  prccédens.  V.  Le 
Dictionnaire  des  gazettes  et  des 


IIUCÎI 

confersniions.  VI.  \]a Dictionnaire 
gcnéalugique.  Vil.  Bibliothcca  his- 
turica  llarnhtirgc/isis  ,  Leipzick  , 
171 5.  VII,  Musveiungeograi^hicum. 
Ces  deux  cleniiers  ouvrages  sont  de 
toutes  ses  productions  les  plus  esti- 
laés  des  savans. 

HUBY  (  Vincent  ) ,  jësuile,  né  à 
ITennebond  eu  1G08  ,  mort  à  Vannes 
en  1695  ,  mtrcduisit  dans  ce  diocèse 
l'adoration  perpéuielle,  et  opéra  un 
grand  nombre  de  conversions  j)ar 
ses  sermons  et  ses  ouvrages.  On  a 
encore  de  lui  une  Reirai  le  ,  Paris, 
1755,  in- 12. 

*  HUCBOLD,  moine.de  St.- 
Amand  ,  successeur  de  son  oncle 
Milon  dans  celte  école ,  est  auteur  de 
plusieurs  ouvrages;  ses  p"ésies  se  ré- 
duisent à  deux  pièces.  La  première 
comprend  environ  200  vers  alexan- 
drins, dont  chaque  mot  commence 
par  un  C.  C'est  un  éloge  assez  ingé- 
jiieux  des  tètes  chauves.  L'auteur 
donne  à  son  ouvrage  le  titre  d'églo- 
gue,  et  Ion  n'en  voit  pas  la  raison. 
Ce  premier  vers  de  la  prélace  ouvre 
les  douze  petits  chapitres  qui  divisent 
ce  poëme  singulier  : 

CaJinina  clarisona  davtfi  cantate  Camence. 

La  seconde  n'offre  rien  d'intéressant. 
Quant  à  ses  ouvrages  en  prose  ,  ce 
sont  des  vies  de  saints  et  de  saintes 
et  une  exhortation.  L'érudition 
en  fait  tout  le  mérite.  Ce  moine, 
très- versé  dans  la  musique  ,  fil 
sur  cet  art  plusieurs  découvertes.  Le 
manuscrit  qui  se  conserve  à  la  bi- 
bliothèque impériale  sous  ce  titre  : 
Enchyridion  Uc/tuboldi  Franci- 
genœ  ,  le  suppose  premier  inven- 
teur des  notes  mv.sicales.  On  place 
la  mort  de  ce  moine  vers  l'année  900. 

*  HUCHER  (  Jean  ) ,  médecin  ,  né 
à  Beauvais  et  mort  à  Moulpelher  eu 
j.6o5  ,  s'acquit  beaucoup  de  réputa- 
lion  par  son  savoir  et  l'étendue  de 
ses  conuoissances  dans  son  art.  On 


ÎÎIDE  555 

a  de  lui  les  ouvr;  ges  suivans  :  I.  De 
Jebriuin  difjcrenliis,  causis,signis 
et  ciiratione  libri  quatuor  ,  Lug- 
duni ,  1601  ,  in- 4"  (-t  in-8°.  11.  JJe 
piognasi  medicâ  libri  duo,  ibid  , 
1602  ,  iu-8°.  111.  De  sterilitale 
utriusque  sexi/s ,  opus  in  quatuor 
libros  distinclum ,  Geneva^,  1609, 
in- 8"  ,  avec  le  livre  de  diœtâ  et 
tkerapein  puerorum.  Tous  ces  ou- 
vrages peuvent  encore  se  lire  avec 
fruit. 

*  HUCHTENBURG  (  Jean  Van  ) , 
né  à  Harlem  en  1647  ,  peintre  de 
batailles  et  de  chasses  ,  élève  de 
Jean  Wyckct  dy  F.  Van  der  Meulen, 
Iravailluen  Angleterre,  en  Hollande 
et  en  France  ,  et  mourut,  eu  1695  ; 
il  a  gravé  à  l'eau -forte  plusieurs 
grands  et  petits  sujets  de  batailles  , 
sièges,  etc.;  le  Passage  du  roi  sur 
le  Font- Neuf ,  d'après  Van  der 
Meulen  ,  etc. ,  etc. 

*  HUCKELIUS  (Jeân-Jacques), 
prit  le  bonnet  de  docteur  en  méde- 
cine à  Bàle  vers  l'an  i5,>o.  La 
grande  connoissance  qu'il  avoil  de 
la  langue  grecque  le  fit  choisir  pour 
l'enseigner  dans  les  écoles  de  cette 
ville,  où  il  mourut  de  la  peste  eu 
1&64.  On  a  de  ce  médecin  les  ou- 
vrages suivans  :  I.  Examen  lepro— 
sorum  Basileœ,  1 56o ,  iu-8".  11.  De 
Hemeioticûe  medicinœ parte  tracla- 
tus ,  ibid,  i.'îGo,  in-fol.  lll.  De 
salutai  ibus  Germaniœ  balneis. 

HUDDE  (  Jean) ,  bourgmestre 
d'Anihlerdam  ,  grand  politique,  sa- 
vant malhématicien  ,  mort  à  Ams- 
terdam en  1704  ,  auteur  de  quelques 
Opuscules  estimés  ,  que  François 
Sehotten  a  insérés  dans  son  Com- 
mentaire sur  ta  gcomélrie  de  Des- 
cartes. 

HUDEKIN  ,  nom  d'un  esprit  fol- 
let ,  que  la  tradition  dit  avoir  par^i 
autrefois  an  diocèse  de  Hildeslieii/n 
dans  la  Saxe.  On  en  raconte  des 
choses  merveilleuses.  Tantôt  il  pa- 


55() 


HUDS 


roissoit  en  habits  de  paysan  et  se 
jjl;usoil  sur-lani  dans  la  conversa- 
tion des  hommes  ;  el  laniôt  il  les 
eiitreleiioit  sans  se  faire  voir.  Il  dou- 
noil  souvent  des  avis  aux  grands 
seigneurs  sur  ce  qui  leur  de  voit  arri- 
ver ,  et  rendoii  service  aux  uns  et 
aux  autres.  Sa  retraite  ordinaire 
ëloil  la  cuisine  de  Tévèque  ,  où  il 
se  faniiliarisoit  avec  les  cuisiniers  , 
et  les  aidoit  en  tout  ce  qui  regardoil 
leur  métier.  Il  ne  nuisoit  à  per- 
sonne, à  moins  qu'on  ne  l'attaquât: 
mais  il  pardoiuioil  rarement.  C'est 
ce  qu'éprouva  un  gardon  de  cuisine 
de  l'évèque  qui  l'avoil  accablé  d'in- 
jures. Hudekin  en  avertit  le  chef 
de  cuisine  ;  et  voyant  qu'il  ne  lui 
faisoit  point  satisfaction  ,  il  étouffa 
son  ennemi  lorsqu'il  dormoit  ,  le 
coupa  en  morceaux,  et  le  mit  cuire 
sur  le  feu.  Non  content  de  celte  ven- 
geance ,  il  s'attach.i  depuis  à  tour- 
menter les  officiers  de  cuisine  ,  et 
les  seigneurs  même  de  la  cour  de 
l'évèque,  qui,  par  la  force  de  ses 
exorcismes  ,  le  contraignit  de  sortir 
de  son  diocèse.  Voilà  ce  que  rapporte 
Triliième  ;  voilà  ce  qu'on  croyoit 
dans  son  siècle.  Il  est  bon  de  rappeler 
ces  faits  au  notre,  pour  détromper 
les  imbécilles  qui  pourroient  penser 
comme  on  pensoit  dans  ce  temps 
d'ignorance  ,  de  grossièreté  el  de 
jneusonge. 

t  I.  HUDSON  (Henri),  célèbre 
pilote  anglais.  Ses  compatriotes  ont 
donné  son  nom  à  un  détroit  et  à  une 
baie  qui  sont  au  nord  di^  Canada  , 
pour  prouver  qu'ils  ont  les  premiers 
découvert  et  pos.-édé  ce  pays-là.  Il 
est  certain  que  liudson  fit 'quatre 
voyages  dans  les  mers  du  nord  en 
lfio7  ,  i6o8  ,  i6of)  et  1610.  ]\Iais  il 
n'est  pas  moins  vrai  que  s'il  a  donné 
son  nom  au  détroit ,  il  n'y  a  fait 
aucun  établissement  ,  n'a  point  été 
dans  la  baie ,  et  n'a  laissé  aucune 
marque  de  prise  de  possession.  11 
P'^ril  dans  sa  dcruicte  course  ,  par 


HUDS 

la  iraliison  des  siens,  qui  le  délais- 
sèrent dans  une  île  déserte.  La  reine 
Elizabelh  envoya  vainement  un 
bâtiment  à  sa  recherche;  on  ne  ïa  k 
trouva  plus,  Il  le  malheureux  sans  ^ 
doute  avoit  cessé  d'exister.  Des  cartes 
anglaises  inarqueiil  un  voyage  dans 
la  baie  d  Ilud.son  en  ibG.'i;  mais  les 
rraii(;ais  y  avoient  arboré  les  armes 
du  roi  de  France  dès  l'année  i6ô6. 
Voici  comment  la  biogi"aphîe  an- 
glaise donne  le  précis  de  ce  qu'on 
co>inoit  sur  la  vie  et  les  voyages 
d'Hudson  ;  quoique  plus  abondant 
en  délads  ,  il  conlirme  plutôt  qu'il 
ne  détruit  ce  qu'avance  l'article  pré- 
cédent. «On  Ignore  le  lieu  où  naquit 
Hudson  ,  et  on  n'a  pas  plus  de  reii- 
seignemens  sur  les  tléiails  de  sa  vie 
privée.  L'emiiressement  avec  lequel 
on  chercha,  sons  le  règne  de  la  reine 
Elizabelh,  à  découvrir  au-delà  des 
mers  de  nouvelles  contrées ,  ne 
mourut  point  avec  elle.  Hudson, 
entre  autres,  tenta  de  découvrir 
par  le  nord  un  passage  pour  arri- 
ver au  Japon  et  en  Chine.  Son  pre- 
mier voyage,  aux  frais  du  com- 
merce de  Londres,  eut  lieu  en  1G07. 
11  mat  à  la  voile  le  i*^'  mai  ,  et,  après 
avoir  erré  dans  des  mers  glacées  , 
il  rentra  dans  la  Tamise  le  i5  sep- 
tembre: L'année  suivante  il  tenta 
un  second  voyage  dans  la  même  in- 
tention ,  avec  un  équipage  de  quinze 
personnes  seulement ,  et  mit  à  la 
voile  le  22  avril;  il  revint  avec 
aussi  peu  de  succès  mouiller  à  Gra- 
vesende  le  26  août  suivant.  On  peut 
douter  de  la  véracilé  de  ses  récils  , 
lorsqu'on  lit  dans  le  journal  de  ce 
voyage  qu'à  76  degrés  de  latitude 
nord  lis  virent  une  sirène  ,  telle 
que  les  poètes  l'ont  imaginée.  Ou 
peut  au  moins  inculper  sa  crédu- 
lité ,  car  il  ne  dit  pas  qu'il  l'ait  vue 
lui-même.  En  1609,  Hudson,  sans 
se  décourager  de  son  peu  de  succès, 
entreprit  le  même  voyage  une  troi- 
sième fois,  aux  frais  de  la  comj)a- 
gaie  liolianda:'sc  des  Indes  orientales. 


HUDS 

et  ]iarlit  d'Aiiisterdam  avec  nn 
équipage  de  vingt  hommes  anglais  , 
et  hollaïulais  le  25  mars,  et  I''  in 
avril  il  doubla  le  cap  nord  de  Fi ii- 
inark  en  Norwège.  11  longea  les 
côtes  de  la  I^aponie,  dirigeant  sa 
roule  veisja  Nouvelle  Zendiîe;  mais 
les  glaces  se  trouvèrent  en  si  gVande 
al)ond;iiice  ciu'il  ne  put  aller  plus 
loin.  Cluuigeant  alors  de  route,  il 
lit  voile  vers  l'Amérique  et  arriva 
sur  les  côtes  de  la  Nouvelle -France 
le  18  juillet.  N'ayant  aucune  espé- 
rance de  réussir  dans  son  grand 
l)rojet,  et  son  équipage  mécontent 
ctaul  prêt  à  se  révolter,  il  revint 
en  l:^urope  et  arriva  le  7  iio%embre 
à  IJartmouth  dans  le  comté  de 
Dévon  ,  d'où  il  envoya  son  journal 
à  la  compagnie  hollandaise.  En 
iGio,  plusieurs  particuliers  s'asso- 
cièrent pour  l'équiper  de  nouveau  , 
dans  la  vue  de  vériiier  si  on  ne 
îronveroit  point  à  louest  du  détroit 
de  Davis  quelque  passage  qui  com- 
muniquât à  la  mer  du  Sud.  Hudson 
appareilla  de  Sainte-  Caîherine  le 
17  avril,  et  le  4  1''''^  suivant  se 
trouva  en  vue  du  Groenland  ,  le  <) 
à  la  hauteur  du  détroit  deForhish^r  , 
et  le  i5  en  vue  du  cap  de  la  ])é.NO- 
lation  ;  il  s'avança  an  nord -ouest 
jusqu'à  l'entrée  des  détroits  qui  ont 
pris  son  nom,  et  y  pénétra  cinglant 
à  l'ouest ,  autant  que  les  glaces  et 
la  terre  le  lui  permirent,  jusqu'à 
ce  qu'il  eut  atteint  l'entrée  de  la 
baie  qui  porte  son  nom.  Hiidsou 
en  avani;ant  donnoil  des  noms  aux 
dilféreus  lieux  de  la  côte  ,  et  celui 
de  Nom'elle-Brelagiie  à  tout  le 
pays  adjacent.  Pendant  cent  lieues 
de  navigation  an  sud  de  la  h;iie  , 
Hudson  crut  avoir  trouvé  le  passage 
désiré  ;  mais  s'étant  à  la  fin  assuré 
que  ce  néloit  qu'une  baie  ,  il  prit 
la  résolution  d'hiverner  tnPpoinl  le 
plus  méridional  ,  avec  l'intention 
de  poursuivre  ses  découvertes  le 
printemps  suivant.  Il  étoit  si  préoc- 
cupé  de   son  but  et  de*  ses    espé- 


HLDS 


)! 


rances,  qu'il  ne  lit  pas  attetilion 
que  ses  pro\  isious  éloient  insiuïi-' 
;antes  pour  pouvoir  séjourner  pen- 
dant un  hiver  rigoureux  dans  ce 
lieu  de  désolation.  Quoiqu'il  m 
soit ,  le  5  novembre  ,  il  lit  remor- 
quer son  bâtiment  dans  une  petite 
crujiie,  où  tout  l'éipiipage  auroit 
iulailliblement  péri,  si,  par  un  se- 
cours inattendu  de  la  Providence, 
des  volées  innombrables  d'oiseauK 
de  mer  n'eussent  suppléé  à  leurs 
])rovision8.  Au  retour  du  prinlemps, 
lorsque  les  gla.ies  cominem  erent  à 
se  Tondre  ,  Hudson  reconiiîiença 
ses  eiï'orls  et  ses  tentatives:  ni;iis 
voyant  la  nécessité  d'abandonner 
son  entreprise  et  de  retouriier 
comme  il  pourroil  eu  Europe,  il 
distribua  ,  la  larme  à  l'œil  ,  le  peu 
de  biscuit  qui  lui  resloit  à  son 
équipage;  à  peine  y  en  avoit-il 
\\n^.  Ii\re  pour  chaque  individu, 
et  rinlortuné  Hudson  ,  dans  le  dé- 
i3^poir  de  sa  détresse  ,  a  voit  fait 
entendre  la  menace  imprudente  de 
laisser  à  terre  quelques  -  uns  des 
liouimesqui  l'aNoieul  suivi.  Sur  cela 
les  plus  mutins  d'entre  eux  se  sai- 
sirent de  lui  pendant  la  nuit,  lui 
lièrent  les  mainsi  derrière  le  dos  , 
et  l'exposèrent  dans  sa  chaloupe  au 
gré  des  Ilots  avec  son  tils  et  sept 
des  plus  malades  de  ses  gens.  Tous 
périrent  misérabbinent  ;  et  ceux 
qui  restèrent,  après  avoir  perdu  à 
l'entrée  de  la  baie  quatre  d'entre 
eux,  qui  furent  massacrés  par  les 
sauvages,  ne  parvinreiit  qu'après 
les  plus  grands  travaux  à  arriver 
à  Pljmouih  en  septembre  1611, 
exténués  et  prêts  à  périr  de  fatigue 
et  de  iaiin.  » 

-I-  II.  HUDSON  Mean  )  ,  ne  à 
Wedhop  dans  la  province  de  Cuni- 
berland  ,  vers  lau  i66j,  profes- 
seur de  philosophie  et  de  belles-lel- 
Ircs  à  Oxford  ,  succéda  en  1701  ,  à 
Tluimas  Hyde  dans  la  charge  de 
bibliolhécuire    de     la    biblio'htque 


558 


HUDS 


bodleïemie ,  cl  en  1712  il  obliiU 
la  place  de  principal  du  collège  de 
la  Vierge  à  Oxford.  Il  remplit  ces 
deux  emplois  ]usqu'à  sa  mort ,  ar- 
rivée le  27  novembre  1719.  La  ré- 
publique des  lettres  lui  doit,  1.  Iii- 
troduclio  ad  chronographlam  : 
sive  ars  chronologica  in  ejjilojnen 
ledacta  ,  1^91,  in-8°  ;  et  de  sa- 
yanles  éditions;  savoir,  Velléius 
Paf.ercu/us  eu  ni  turriitt  ieclionibus  et 
nous,  1693,  111-8°,  dont  il  a  paru 
une  seconde  et  meilleure  édition  en 

1711.  —  T/iucydides ,  1^96,  in- 
fol. ,  belle  édition  qui  a  été  surpassée 
jKir  celle  de  Duker.  —  Geographiœ 
veteris  scriptores  grœci  minores , 
grcscè  et  latine ,  cuni  dissertatio- 
nihus  et  annotationilus  Henrici 
Dodiveli  :  accédant  geographica 
arabica,  cum  notis ,  4  vol.  iri-8°, 
publiés    successivement   de    1698  à 

1712.  La  première  pièce  de  ce  Re- 
cueil est  le  voyage  ou  le  Périple 
de  Hannoii  le  carthaginois  -,  que 
Vossius  a  regardé  comme  le  plus 
ancien  ouvrage  échappé  à  l'injure 
du  temps.  —  Dyonisii  Haticar- 
nassensis  opéra  oninia ,  1 704  , 
2  vol.  in-fo!.,  belle  et  bonne 
édition,  avec  le^  variantes  de  di- 
vers manuscrits  de  France  et  de  la 
bibliothèque  du  Vatican  ,  et  de  sa- 
vantes notes  de  divers  critiques. -p- 
Dionysiz/s  Lunginiis  ,  1710,  iii-4°. 

-'et  1718  ,  in-S",  belle  édition  avec 
de  courtes  notes  ,  comme  toutes 
celles  d'Hudson. —  Mœris  yitticisla, 
de  vocibus  a(licis  et  hellenicis. 
Grc'gorius  Martinus  de  grœcarnm 
Utlerariim  pronunciationc, 0\(oid, 
1712,  in-8°.  Cet  ouvrage  u'avoii 
pas  encore  été  imi)rimé.  iMartiu  y 
défend  la  ]ironoiniation  moderne 
de  la  langu^tfreCque  ,  avec  savoir 
et  esprit.  —nÊi//œ  /i'sopicœ.grœcè 
et  latine,  1718,  in-fi".  Miidson 
avoil  préparé  une  édition  de  Fla- 
vius^ José  plie  ,  que  .sa  mort  nfe  lui 
a  pas  permis  de  publier;  Antoine 
Hall  l'u  j'ail  paroilre  en  1720  ,  eu  2 


HUER 

vol.  in-fol.;elle  surpasse  par  sa  beauté 
et  sa  correction  l'édition  d'Haver- 
kamj);  mais  celle-ci  est  supérieure 
par  le  nombre  elle  mérite  des  notes, 
liudson  a  aussi  contribué  par  son 
travail  à  la  belle  édition  que  le  doc- 
teur Grégory  a  don::ée  d'Euclide  ,et 
à  celle  de  Ïite-Live  de  M.  Vle'arue. 

*  III.  HUDSON  (Thomas),  peintre 
anglais, artiste  médiocre, né  en  1691, 
mort  en  1776,  élevé  el  beau-hlsde 
Jonathan  Richardsoa,eul  l'honneur 
d'èlre  mailre  da  Reynolds.  11  a  fait 
saprincipale  résidence  dans  sa  pairie, 
où  il  peignoit  le  portrait. 

*  HUEL,  curé  de  Konceux ,  près 
de  Neufcliàteau  dans  les  Vosges  , 
vivoit  dans  le  ib''  siècle.  Ce  cure 
citoyen  a  presqu'autant  écrit  que 
l'abbé  de  Saint -Pierre  ;  mais  de 
ses  noinl)reux  ouvrages  ,  il  n'y  a 
eu  d'imprimé  que  sou  Essai  snr  les 
moyens  de  rendre  les  religieuses 
utiles  en  supprimant  leurs  dois,  im- 
primé à  Neufcliàteau,  en  1737.  L'au- 
ieur  ne  s'étoit  point  nommé,  mais 
il  eut  la  loyauté  et  le  courage  de  se 
faire  connoitrc  quand  la  cour  sou- 
veraine de  Lorraine  eut  décrété  l'im- 
primeur. La  plupart  de  ses  rêves 
patriotiques  ont  été  réalisés  par  la 
révolution  ;  mais  ses  pjantations 
n'ont  pas  été  respectées.  M.  François 
(de  Neufcliàteau)  l'a  célébré  dans 
son  Poème  des  Vosges. 

Hucl  ,  au  biiu  public  peiid.iul  riuijuantc  an- 
nées , 

Consacra  ses  écrits  ,  ses  veilles  obstinces. 

C'est  Ini  qui  de  noyers  élevés  par  ses  niiiins 

A  force  de  conslauce  orna  nos  jjrands  che- 
mins. 

Quel  prix  de  ses  effoi  is  oblienl-il?  des  ou- 
tr.'igcs, 

El  i.i  cour  de  N.incl  crut  flétrir  ses  ouvrages. 

IÎUERC7A  (  Cyprien  de  la  ) ,  reli- 
gieux, es^^aj^nol  de  1  ordre  de  Cileaux, 
enseigna  iLcrilure  sainte  dans  l'uni- 
versité d'Alcala  ,  et  mourut  en  ifi6o. 
On  a  de  lui  des  Conimenlaires 
savaus.  I.'Sur  Job.  II.  Sur  les  Psau- 


HUET 

ities.  ÎIl.  Sur  le  Caulique  des  Can- 
liques  ,  elc. 

*  HUERTA  (Vincent  Garica  de 
la),  poêle  espagnol,  n)en)ljre  de 
l'acadc-niie  espagnole  et  de  celle  de 
riiisioire  ,  né  à  Zalra  en  Eslrama- 
diire ,  vers  l'année  i73o,  montra 
de  bonne  heure  du  goùl  pour  la 
poé.iie  et  pour  la  crilique,  tl  fui 
un  (le  ceux  cpu  oui  le  plus  travaillé 
dans  le  dernier  siècle  à  la  réibrnie 
de  la  scène  espagnole.  On  a  de  lui  , 
I.  Bibliulhèque  militaire  espagno- 
le,  Madrid,  1-60,  iu-6".  11.  (jIu- 
i'res  poétiques,  iMadrid  ,  1778,  2 
vol.  111.  T/eédtre  es/wgnul ,M<^(\nd  , 
1780  ,  17  vol.  in-.4".  Cesl  un  re- 
cueil des  meilleures  conifdies  espa- 
gnoles. D'apre.s  l'opinion  de  Hut-rla  , 
ces  comédies  offrent,  àqueicpies  irré- 
gularités près  ,  pluj  d'inveniion  ,  au- 
lanl  de  génie,  et  plus  de  uis  cumica 
cpie  celles  des  théâtres  éltangers.  En 
tète  de  cet  ouvrage  se  trouve  une  cri- 
tique contre  Siguorelli,  Voltaire  et 
Linguel  qni  ont  parlé  du  ihéatre  es- 
pagnol. Il  a  traduit  en  outre  en  vers 
espagnols  Zaïre,  tragédie  de  Vol- 
taire; mais  la  composition  qui  lui 
fait  le  plus  d'honneur,  c'est  la  Jtu- 
c//eé ,  la  plus  parfaite  tragédie  que 
lEspagiie  possède.  Huerta  est  mort  à 
Madrid  vers  la  fin  du  iS''  siècle. 

*  HUERTER  (Job  de),  seigneur 
de  iNIoerkercken  ,  Flamand  ,  en  1  /-|(  o 
découvrit,  sous  Isabelle ,  veuve  du 
duc  Philippe  lll  de  Bourgogne,  l'île 
de  Fayal  ,  qu'il  a  peuplée  dune 
colonie  en  i4t'6.  Les  Porlugais  écri- 
vent son  nom  par  corruption  ,  de 
Ulra. 

t  I.  HUET  (Pierre-Daniel)  ,  né 
à  Caen  le  8  août  i65o,  étudia  au 
collège  des  jésuites,  et  se  préparoit 
à  faire  son  droit,  lorsqu'il  prit  du 
goût  pour  la  philosophie  dans  les 
principes  de  IJescartcs  ,  et  pour 
l'érudition  dans  la  géographie  sacrée 
de  Bochurt ,  qu'il  accompagna   eu 


HUET 


5jç) 

Suède,  où  Christine  lui  fit  le  même 
aLCueil    dont  elle   honoroit  les   sa- 
vaiis  consommés.   IJe   relour  dans 
sa  patrie,  il  institua  une  académie 
de  physique  ,  dont    il   fut  le  chef  , 
et  a  laquelle  Louis   XIV   fil   sentir 
Us  effets  de  sa  libéralité.  En  1670, 
BossiU't.ivant  été  nommé  précepteur 
dii  daindiin  ,  Huet  fut   choisi  pour 
sous-précepteur;  ce   fut  alors  qu'il 
lorma  le  plan  des  éditions  ad  usum 
(lelp/tiiii,   qu'il    dirigea   en    partie. 
Pour  les    rendre    plus  utiles,  Uuet 
voulut  qu'elles  fusseivtaccom[);!gnée* 
d'un  index  général  de  tous  les  mots 
(Mie  chaque  auteur  avoit  employés, 
.-t  de  la  citation  des  pages  où  ils  se 
trou  voient  placés.  Il  a  voit,  dit-on, 
conçu  l'idée  d'un  ouvrage  ires-im- 
portanl,   qu'il  eut  le    regret    de  ne 
pouvoir    faire  exécuter  ;   c'étoit    de 
lormer,  de  ces  index  particuliers, 
un  index  général  de   tous  les   mots 
qui  se  trouvent  dans  les  auteurs  latins 
anciens.  11  devoii  être  rédigé  de  ma- 
nière qu'on  pût  voir  tout  d  un  coup 
la  première  époque  de  l'usage  d'un 
mot,   ses  divers  emplois,  ses  pro- 
grès ,   et  le  temps    auquel    il    étoit 
tombé  eu     désuétude.    Ses  services 
lurent     récompensés    par    l'abbaye 
d  Auuai  en  1(578,  et  en  i68.t  ,  par 
l'évfcché  de  Soissons,   qn  il  permuta 
avec    Bruiart  de  "  SiUery  ,    nommé 
à  celui  d'Avranches.  Les  travaux  de 
l'épiscopat   ne    purent    ralentir  ses 
Ira  vaux  littéraires.  Continuellement 
enfermé    dans  son  cabinet  et  dans 
sa  bibliothèque  ,  il  faisoit  répondre 
à  ceux  qni  veiioient  lui  parler  d  a!- 
faiies,  qu'il   étudioil.' «  Eh  !    pour- 
quoi, disoit-on  ,  le  roi  ne  nous  a-l-il 
pas  donné  un  évèque  qui  ait  fait  ses 
études  ?    »    Les  fonctions    du    mi- 
nistère  absorbant    une     partie    du 
temps  qu'il  vouloil  donner  au  tra- 
vail,  il  se  démit  de  cet  éveché,   et 
obtint  à  la   place  l'ubbaye  de  Fon- 
tenai   près,  de  Caen,   c'est  là   qu'il 
s'étoit  proposé  de  fixer  sa  résidence. 
Sa  patrie  Uu  avoit  paru  Uès-aiina- 


>6o 


HUET 


ble  ,  lant  qu'il  n'y  avoit  en  f|ne 
(les  amis;  mais  du  nionieiil  qu'il 
y  posséHa  des  terres,  les  procès  l'asr 
sadlireut  de  Ions  les  côtés,  et  leii 
chassèrent  ,  quoiqu'il  eût  aussi  , 
gracesàson  air  natal  ,  quelque  goût 
pour  !a  chicane.  Il  se  relira  donc 
peu  de  temps  après  chez  les  jésui- 
tes de  la  maison  professe  à  Paris, 
auxquels  il  légua  sa  l>ibliollièque  , 
afin,  dit -il  dans  son  teslament , 
qu'elle  ue  fût  pas  dispersée  II  par- 
tagea sps  jours  entre  letude  et  la 
société  des  sav^y^s,  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  le  26  janvier  1721.  Il  éloit 
de  l'académie  II  ançaise.  L'érudition 
chez  Huet  u'étoit  ni  sauvage  ,  ni 
rebutante;  humain,  affable,  préve- 
nant ,  d'une  humeur  égale  ,  d'une 
conversation  aisée  et  agréable  ,  il 
inslruisoil  les  sa  vans  ,  et  savoit 
plaire  aux  ignorans  même.  Mais  sa 
poliiesse  tenoit  plus  de  la  duncenr 
d'un  littérateur  indulgent  que  des 
agrëmens  d'un  coiirlisan  ])oli.  On 
trouve  à  la  fui  des  Mémoires  de 
mademoiselle  de  Monipensier  un 
portrait  de  Hnet  ,  adressé  à  lui- 
méaie  par  u.ne  dame  de  ses  amies. 
En  voici  les  traits  principaux.  «V^ous 
tics  commode  ,  point  critique  ,  et 
si  peu  porté  à  juger  mal  ,  que  je 
crois  que  votre  boulé  pourroitmème 
quelqsi.efoiî  duper  voire  esprit.  Vous 
estimez  plus  légèrement  que  vous 
ne  méprisez.  Vous  êtes  franc  et  sin- 
cère, et  vous  avez  la  franchise  d'un 
\rai  homme  d'honneur  ,  qui  ne  sent 
ri;'#en  son  ame  qu'il  ail  intérêt  de 
cache',  ni  qu'il  puisse  avoir  honte 
de  dire.  Ainsi  vous  parlez  de  vos 
Benlimeus  fort  franchement;  mais 
autant  vous  êtes  franc  sur  ce 
qui  ne  regarde  que  vous,  autant 
ctcs-vous  réservé  sur  le  secret  dis 
autres  :  vous  y  êtes  même  un  peu 
trop  scrupuleux.  Vous  êtes  incapa- 
ble de  vous  venger  ,  en  rendant 
maliie  pour  malice  ,  e.t  vous  èles 
Si  peu  médisant,  que  même  le  res- 
senlimeiU  ue  vous  arracheroit  pas 


HUET 

une  médisance  de  la  bouche  contre 
vos  ennemis.  Je  trouve  que  vous 
ne  les  ménagez  que  trop  selon  le 
monde:  je  n'entends  pas  dire  pour- 
tant que  vous  manquiez  de  sensi- 
bilité pour  la  gloire  et  pour  l'hon- 
neur ;  au  contraire  vous  y  èles 
délicat  jusqu'à  l'excès.  Vous  êtes 
sage,  fidèle  et  sûr  ,  autant  qu'on 
le  peut  être.  Vous  avez  beaucoup 
de  modestie  ,  et  jusqu'à  avoir 
honle  et  être  déconcerté  quand  on 
vous  loue.  Je  me  souviens  qu'un  jour 
que  vous  m'aviez  fadîée:pour  m'en 
venger  ,  je  vous  fis  rougir  devant 
M.  de  Longueville,  en  vous  repro- 
chant voire  doctrine.  Mais  votre 
modestie  est  plus  dans  les  sentimens 
que  vous  avez  de  vous-même  que 
dans  votre  air  ;  car  vous  êtes  mo- 
deste sans  être  doux  ,  et  vous  êtes 
docile ,  quoique  votis  ayez  l'air  rude. 
Vous  êtes  si  prompt,  et  vous  sou- 
tenez vos  opinions  avec  une  impô- 
tuosilési  grande,  qu'il  semble  qu'elles 
vous  deviennent  une  passion.  Voire 
humeur  n'estni  Irop  enjouée  ni  trop 
mélancolique.  Vous  n'èles  pas  inci- 
vil ;  mais  votre  civilité  manque  un 
peu  de  politesse.  Vous  èles  pieux 
sans  être  dévot  ,  et  vous  avez  su 
vous  servir  de  la  science,  qui  *gàle 
les  autres  ,  pour  vous  affermir  dans 
la  foi.  n  Huet  a  beaucoup  écrit  , 
en  vers  et  en  prose  ,  en  lalin  et  en 
français.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  I.  Demo/ts/ratio  Evangelica  , 
Paris,  1679,  in«fol.  :  c'est  là  l'époque 
de  la  première  édition  de  cet  ou- 
vrage fiuneux.  Elle  renferme  plu- 
sieurs passages  ])articuliers  ,  que 
Huet  retrancha  dans  la  seconde  , 
donnée  aussi  à  Paris  en  1690 ,  in-fol. 
Celle-ci  est  cependant  plus  ample 
malgré  les  retrauchemens;  et  c'est 
pourquoi  les  curieux  rassemblent  les 
deux  éditions  pour  avoir  tout.  Celle 
de  Naples ,  en  lySi  ,  en  2  volumes 
in-4''  ,  a  été  faite  sur  celle  de  Paris , 
iGqo.  Ce  livre,  chargé  d'érudi- 
tion, est  l'oible  de  raisonneœeju  : 


HUET 

ce  qui  fil  dire  à  beaucoup  de  per-  ' 
sonnes  ,  suivant  Nicérou  ,  «  qu"il 
n'y  avoil  de  dënioulré  que  la  grande 
lecture  de  l'aïUeur.  »  Il  aiiroil  fallu  , 
])our  un  pareil  ouvrage,  le  génie  de 
Pascal  ou  de  Eossiiel  ;  el  l'aulcur  ne 
l'avoil  pas.  En  géuéral ,  loiil  ce  qui 
nous  reste  de  lui,  inème  ce  qui  re- 
garde les  matières  philosophiiiiies  , 
est  Irès-peu  profond.  11.  De  c lavis 
iiilerprelibiis  ,  el  de  oplimo  }^enere 
iiiierpielanJi  ,  Pans  ,  16H1 ,  ui-4°  , 
et  La  Haye,  i68.t  ,  in-S°.  111.  Une 
Edition  des  Commentaires  dOri- 
gène  sur  l'Ecriture  sainte,  Rouen, 
1668,  2  vol.  in-fol.  en  grec  el  en  latin; 
Cologne,  i683  ,  5  vol.  in-fol.  Hnel 
avoil  rapporté  de  Stockholm  un  ma- 
nuscrit grec  de  cet  auteur.  IV.  Un  sa- 
vant Traitéde  l'origine  des  romans, 
iu-i2,  à  la  tète  de  celui  de  Zaïde. 
\.  Ouœstioncs  Alnelanœ  de  con- 
voi did  rationis  et  fidei ,  à  Caen  , 
iGyo,  in-z(".  VI.  Traité  de  la  fai- 
blesse de  l'esprit  humain  ,  Ams- 
terdam ,  I7j5,in-i2  :  traduit  eu 
latin,  Amsterdam  ,  1708  :  et  en 
allemand  ,  par  Christian  Gross  , 
Francfort,  1724,  avec  des  notes  où 
le  commentateur  prétend  réfuter  le 
texle.  Ce  traité  est  une  traduction 
de  la  première  partie  de  Quœst. 
Alnelanœ.  Quelques  savans  ont  cru 
y  voir  une  espèce  de  plagiat  des 
Hypothèses  pyrrhonienues  de  Sexlus 
Empyricus  ;  mais  les  deux  ouvrages 
sont  très-différeus.  Voltaire^  dans 
son  Siècle  de  Louis  XIV^ ,  dit  que  ce 
Traité  a  fait  beaucoup  de  bruit ,  el  a 
])arn  démentir  sa  Démonstration 
Ei'angélicjue  ;  mais  un  critique  mo- 
-  derne  remarque  qu'on  trouve  les 
mêmes  principes  dans  les  prélimi- 
naires de  la  Démonstration.  Le  des- 
•sein  d'Hiiet  est  de  montrer  que  le 
syslèuie  des  anciens  sceptiques  ,  ré- 
duit à  de  certaines  bornes,  n'est  pas  si 
déraisonnable  qu'on  le  croit  com- 
miniéuicnt;  qu'il  n'est  point  opposé 
aux  preuves  de  la  religion  ,  qui  res- 
leroient  démontrées,  quand  même 

T.   VllI. 


HUET 


5(]t 


le  doute  se  répaudroil  sur  la  plupart 
des  sciences  humaines.  Le  P.  Castel 
a  prétendu  que  cct  ouvrage  n'étoit 
pas  de  Huct  ;  mais  d'Olivet  a  prouvé 
le  contraire.  VU.  Traitéde  la  situa- 
tion du  paradis  terrestre  ,  Paris  , 
iCgi  ,  et  Amsterdam  ,  171)1  ,  in-13. 
Il  prétend  dans  ce  livre  que  le  pa- 
radis terrestre  éloit  sur  le  canal  que 
forment  le  Tigre  et  l'Euphrate  , 
après  leur  jonction,  entre  l'espace 
où  ils  se  joignent  et  celui  où  ils  se 
divisent  de  nouveau  a\ant  d'entrer 
dans  le  golfe  Persique.  Selon  le  texte 
de  l'Ecriture  ,  il  sorloit  de  ce  lieu  de 
volupté  un  fleuve  qui  se  partageoit 
en  quatre  têtes  :  ce  sont  les  quatre 
cannux  que  les  deux  tleuves  font  , 
deux  avant  leur  jonction  ,  l'Euphrate 
et  le  Tigre  ,  et  deux  lorsqu'ils  se 
divisent;  le  Phison  qui  coule  tout 
autour  de  la  terre  d'Hévilalh  ,  c'est 
le  canal  formé  vers  loccidenl  par 
le  fleuve  lorsqu'il  sort  du  paradis 
terrestre  ,  et  qu'il  arrose  le  pays  ha- 
bité par  Chivalalh  ,  iils  de  Ciuis  ;  et 
le  Gehon  qui  parcourt  tout  le  pava 
de  1  Ethiopie ,  c'est  le  bras  orienial 
du  tleuve  qui  se  décharge  dans  le 
golfe  Persioue.  Celle  opinion  n'est 
pas  sans  diflîculté  ,  et  il  est  à  pré- 
sumer que  les  savans  ne  feront  ja- 
mais de  découverte  certaine  sur  uu 
lieu  si  éloigné  de  nous.  VllI.  His- 
toire du  com.merce  et  de  la  uat-'i- 
gation  des  anciens,  in-i2;  réim- 
primée à  Lyon,  chez  Duplain  ,  in-8'^, 
eu  1 760.  Ces  deux  derniers  ouvrages 
renferment  une  érudition  immense, 
IX.  Commentarius  de  rébus  ad  eu  ni 
pertinentibus ,  Amsterdam,  1718, 
in-12.  Ce  sont  des  mémoires  parti- 
cidiers  de  sa  vie.  On  y  trouve  un 
grand  nombre  d'anecdotes  litté- 
raires, relatives  aux  savans  de  sou 
temps.  X.  Des  Poésies  latines  et 
grecques  ,  des  Odes  ,  des  Elégies  , 
des  Fghgues ,  des  Idylles  ,  des 
Pièces  héroïques  ,  et  son  P'oyage 
en  Suède ,  dont  ou  a  donné  derniè- 
rement une  traduction  dans  le  si- 
2ti 


56'. 


HUEÏ 


xieme  volume  des  Mélanges  de  lit- 
tëialnrc  cliangere,  Ulrechl,  1700, 
ju-i  2.  Les  vers  de  ce  i)rélal  respirent 
liuiliquité;  la  lalinilé  en  esl  aussi 
pure  qi»  élégante  ;  mais  l'imagma- 
lion  poétique  s'y  fait  peu  sentir. 
XI.  Censura  philosophiae  carle- 
sianœ  ,  iu-12  :  critique  qui  détruit 
quelques  erreurs  de  Descaries.  Quand 
Huet  entreprit  cette  ceusure  ,  il  éloit 
piqué  contre  les  cartésiens.  11  trou- 
voit  mauvais  que  ces  pîiilosoj^hes 
préférassent  ceux  qui  cultivent  leur 
raison  k  ceux  qui  ne  font  que  cultiver 
leur  mémoire,  et  qu'ils  exigeassent 
qu'on  travaillât  plulôtàseconuoilre, 
qu'à  connoure  ce  qui  s'étoit  passé 
daas  les  siècles  reculés.  XII.  Or/gi/ies 
de'iCaen  ,  Rouen,  1  706  ,  in-8°.  XIII. 
Diane  de  Castro,  1728,  in -12. 
XIV.  11  orna  de  JS'otes  le  Mrfuilius 
ai/  usuin  dflphinl  ,  donné  par  du 
Fay.  L'abbé  de  Tilladet  lit  impri- 
mer ,  après  la  mort  de  H  let ,  2  vol. 
in-12  de  Dissertations  el  de  Xe^- 
Z/'es  ,  presque  toutes  de  ce  prélat — 
[f^oy.  son  Eloge  au-devant  de  \ Hue- 
tiana  ,  iu-12,  recueil  qui  renferme 
des  pensées  diverses  el  des  poésies  : 
il  a  été  publié  par  l'abbé  d'Olivet , 
son  ami  ,  à  qui  le  savant  évèque 
l'avoit  confié.  )  Sa  mémoire  s'étoit 
fort  alFoiblie  à  la  suite  d'une  maladie 
qu'il  eut  en  1712.  Alors,  n'étant 
plus  capable  d'aucun  ouvrage  suivi, 
il|elasur  le  papier  des  pensées  déta- 
chées ;  etc'estce  qu'on  a  sou>  le  litre 
A'Huetiana.  Plusieurs  articles  de  ce 
recueil  ne  donnent  pas  une  grande 
idée  de  la  philosophie,  de  la  logique, 
ni  même  de  la  justesse  du  goût  de 
sou  auteur.  On  y  verra  qu'il  fait 
assez  peu  de  cas  de  Montaigne  ,  de 
La  Rocli.^foncauld  ,  de  Tacite  ;  mais 
en  revanche  ,  il  estime  beaucoup  la 
Pucelle  de  Chapelain.  H  rej;me  le 
sublime  qu'on  a  trouvé  dans  le  Fiat 
Imx  de  la  Geueje ,  parce  que  l'ex- 
pression en  est  simple  :  comme  si  le 
vrai  sublime  n'étoit  pas  l'union  de 
la  grandeur  de  l'idée  à  la  siniplicilé 


HUFIN 

de  l'expression.  Un  Recueil  ile  let- 
tres manuscrites ,  cité  par  d'Ah-m- 
bert,  nous  servira  à  son  portrait.  U 
s'y  plaint  amèrement  de  la  noire 
médisance  et  de  la  lâche  ingratitude 
de  ses  compatriotes  de  Caen  ,  en 
prenant  cependant  beaucoup  d'in- 
térêt aux  progrès  qu'ils  pourroient 
faire  dans  les  lettres.  U  paroit  ne 
soulfrir  guère  plus  patiemment  les 
attaques  des  censeurs  de  Paris  que 
les  satires  de  ses  compatrioles.  S'il 
n'aimoit  pas  la  critique ,  il  avoit  le 
même  éloignemenl  pour  les  éloges 
en  face.  U  se  montre  ami  des  jésui- 
tes, mais  seulement  comme  hommes 
de  lettres.  11  s'occupoil  peu  ,  el  avec 
raison  ,  de  leurs  querelles  avec  les 
jansénistes.  Cependant  sa  liaison 
avec  la  société  lui  faisoit  regarder 
d'un  œil  peu  favorable  ses  ennemis. 
Enfin  ,  quoiqu'il  prit  peu  de  part 
aux  disputes  théologiqnes  ,  il  en 
prenoit  beaucoup  aux  intérêts  et  à 
l'honneur  de  l'Église calliolique. Nous 
avons  dit  qu'il  avoit  laissé  sa  biblio- 
thèque aux  jésuites  ,  el  son  motif 
fut  ,  «afin  qu'elle  ne  fût  pas  dis- 
persée.» Le  père  qui,  en  mourant, 
laissa  une  pension  à  son  fils  jésuite  , 
«en  cas  que  la  société  fiil  détruite,  » 
se  montra  ,  dit  d'Alembert  ,  plu» 
prévoyant  dans  l'avenir. 

*  II.  HUET  (Etienne),  juriscon- 
sulte qui  vivoitau  17*  siècle, est  au- 
teur d'un  Commentaire  sur  la  cou~ 
tu  me  de  La  Rochelle  et  du  pays 
d'  'unis ,  imprimé  à  La  Rochelle  ea 
j688,  in-4°. 

lïUFNAGEL  (George)  naquit 
à  Anvers  en  i545,el  mourut  dans 
cette  ville  en  1600,  à  55  ans.  Ses 
pareils  voulurent  en  faire  un  archi- 
tecte :  mais  la  nature  en  fit  un  pein- 
tre. L'empereur  Rodolphe  employa 
son  pinceau  à  re|)réseuter  toutes 
sortes  d'animaux ,  genre  dans  lequel 
il  excelloit.  Cet  artiste  s'est  encore 
acrpiis  quelque  réputation  dans  la 
Pvési»  allemande  el  latine.  W  eut. 


HUGH 

un  Bis  qui  se  dislingua  comme  lui 
dans  la  peiulure. 

t  l.  HUGHES  (  Jean  ),  poêle  an- 
glais, regarde  par  les  Anglais  comme 
un  de  leurs  plus  agréables  écrivains  , 
éloil  d  un  tempérament  valétudi- 
naire, qui  l'obligea  de  ne  s'occuper 
que  des  arts  agréables,  tels  que  le 
dessin  ,  la  poésie  et  la  musique.  Hu- 
gues naquit  à  Marlborough  en  1677, 
et  termina  sa  carrière  le  17  février 
1720.  Uaus  sts  Poésies  publiées  en 
i73ri  ,  2  vol.  in- 12  ,  on  trouve  une 
0(Je  au  créateur  de  l'univers ,  qui 
passe  pour  un  des  plus  beaux  mor- 
ceaux lyriques  anglais  ;  et  le  Hiège  de 
Daman,  tragédie  pleine  de  génie ,  de 
détails  toiiclians  et  de  situations  in- 
téressantes. H  mourut  le  même  jour 
que  celte  pièce  ,  qui  est  resiée  au 
théâtre  ,  fut  jouée  pour  la  première 
fois.  Cet  auteur,  ami  et  compatriole 
d'Addison  ,  eut  beaucoup  de  part  au 
Spectateur  anglais.  On  lui  doit  la 
Traduction,  en  anglais,  de  plusieurs 
ouvrages  frain^ais,  tels  que  les  Dia- 
logues des  morts  de  Fonlenelle  ,  et  le 
Discours  sur  les  anciens  et  les  mo- 
dernes ;  les  Révolulions  de  Portugal, 
par  l'ajjl^é  de  Vertol  ;  les  Lettres 
d  Abailard  et  d'Héloïse,et  une  bonne 
édition  des  Qîuvres  de  Spencer  ,.  iu- 
12,6  vol. ,  17 j5.  La  /^/e  de  l'au- 
teur, y  Essai  sur  la  poésie  allégo- 
rique, les  Hemarques  sur  Spencer  , 
et  le  Glossaire  qui  y  sout  joints 
appartiennent  à  l'éditeur. 

t  11.  HUGHES  (  Jabez  },  frère  du 
précédent ,  suivit  ii  peu  pies  la  même 
carrière, et  publia  eu  1714  une  Tra- 
duction de  l'Eiilèvement  de  Fro- 
serpine  de  Claudien ,  et  de  1  His- 
toire de  Sexlus  et  d'Ericlito,  dans 
la  Pharsale  de  Lucain  ,  en  i  vol. 
in-&° ,  réimprimé  in-i  2  eu  1  723.  La 
Traduction  de  Suétone  ;  celle  de 
quelques  Nouvelles  de  Cervantes, 
insérées  dans  la  collection  deWalto; 
des  Mélanges  de  prose  et  de  vers , 


HUGO 


Î(i3 


publiés  en  1707,  après  sa  mort  ar- 
rivée en  1751.  —  11  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  un  autre  Ht'GHES , 
d'une  autre  fannlle,  éditeur  du 
Traité  de  la  pre'trise  de  saint  Chry- 
sostome,  dont  la  seconde  é(!itioa 
grecque  et  latine  parut  à  Cambridge 
en  17  I  2. 

L  HUGO.  P'oyez  Hugon. 

t  II.  HUGO  (  Louis -Charles), 
chanoine  préniontvé  ,  docteur  eu 
théologie,  abbé d'Lsti val,  éveque  de 
Plolémaïde,  mourut  à  Estival  le  3 
septembre  1739  ,  à  74  aus.  Ce  prélat, 
rempli  d'érudition  ,  a  donné  ,  I.  Les 
jinnalts  des  prémonlrés ,  2  vol.  iu- 
f'ol. ,  en  latin  ,  pleines  de  recherches. 
On  y  trouve  la  description  et  le  plan 
des  monasleres,  et  l'histoire  de  l'or- 
die.  Quelques  inexactitudes  nuisent 
à  cet  ouvrage  ,  dont  les  deux  tomes 
se  relient  ordinairement  en  un  seul 
volume.  II.  La  p'ie  de  saint  Norbe/t, 
j'ondatcur  des  pré/non  très,  in -4", 
170/i.  111.  Saciœ  atitiquitatis  mo- 
nument a  historico  -  dogniatica  , 
172.5  ,  2  vol.  in-fol.  IV.  Traité  his- 
torique et  critique  sur  l'origine  et 
la  généalogie  de  la  maison  de  Lor- 
raine, iii-S"  ,  Nanci ,  sous  le  litre 
(ie  Berlin  ,  1711.  Doin  Hugo  se  ca- 
cha sous  le  nom  de  Jia/cicourt  pour 
donner  un  plus  libre  coursa  sa  plume. 
Cet  écrit,  plein  de  traits  hardis  qui 
déplurent  à  la  France,  fut  llélri 
par  arrêt  du  parlement  eu  1712. 
L'année  d'après  il  Ht  imprimer  un 
autre  ouvrage  sur  la  même  matière , 
intitulé  Héjlexions  sur  les  deux 
ouvrages  concernant  la  maison  de 
Lorraine,  iu-8°.  On  peut  voir  le 
Jugement  de  Fingo,  éveque  de  Pto- 
lémaïde,  eu  1736,  in-8'^,  par  dom 
Hlanpin  ,  un  de  ses  confrères.  Cet 
ouvrage  est  solidement  écrit.  Ou 
a  encore  de  Hugo  ,  Histoire  de  la 
maison  de  Saies,  Nanci,  171G, 
in-fol.:  Histoire  de  Jll^oysc,  Luxem- 
bourg, 1699,  iu-S"  ;  Histoire  des 


5(14 


HUGO 


successei/rs  d'Jlexandre,  lAixem- 
bourg,  1705,  in-12;  P^ie  de  saint 
iVo/Z»t;//,  LiîXfuiljoiirg,  1704,  iii-4°; 
fie  de  sainte  Thérèse  ,  Naiici  , 
1704 , in-i i. 

*  1.  HUGOLIN,  célèbre  juriFcoQ- 
sulle  sous  renipei'eui"  Fiëdéric  l'"'', 
est  coinmunémt'ul  regardé  comme 
le  rédacleiir  des  (Jeux  Livres  dejiefs 
qui  se  trouvent  à  la  suite  du  Code 
Jusliuieii. 

i  II.  HUGOLIN  (Barthélemi), 
cauonisle  de  Lombardie  ,  mort  eu 
)6i8,  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
ca  latin  qui  sotit  estimés  ,  préseuta 
son  Traité  des  sacrenic/is  ,  liimiui , 
X.S87,  iu-lolio,  au  pape  Sixte  V, 
qui  le  récompensa  libcralemeut. 

T  I.  H  U  G  O  N  01/  Hugues  , 
(  Herinau  ),  jésuite,  né  à  Bruxelles 
en  i588,  mort  de  la  peste  à  Rhin- 
berg  eu  1629, est  auteur  d'un  traité 
savant  et  curieux  ,  De  mililid 
tiqiiestri  anliquâ  et  nova ,  An- 
vers, i63o,  iii-fol. ,  avec  des  plan- 
thes  en  taille -douce.  Il  s'est  aussi 
distingué  sur  le  Parnasse  latin  ,  par 
ses  Pia  dcsideria ,  Au  vers,  i632, 
ia-8°  ,  et  Paris,  ii)58,  in-12,  à 
l'instar  des  Elzévirs  ,  avec  des  li- 
gures d'un  goût  singulier. Ce  recueil, 
coalenaul  quarante-cinq  pièces  ,  est 
divisé  an  trois  livres.  Le  premier  a 
pour  titre  :  Gemitiis  animce  pœni- 
tenlis;  le  2"^,  l'iota  anirnœ  sanc- 
t<e  ;  le  5*  ,  Suspiria  animœ  amantis. 
Ce  soiil  de  longues  paraphrases  ,  en 
vers  éU'giaques,  de  passages  choisis 
de  l'Ecriiure  sainte.  U  a  noyé  dans 
une  soixantaine  de  vers  chacun  d<s 
\ersets  q\i'd  a  pris  pour  texte,  et  a 
substitué  à  l'onction  et  à  la  sim- 
plicilé  sublime  de  ses  modèles  de 
l'roides  amplilicalions  ;  il  versifie 
assez  bleu,  il  est  même  quelquefois 
poète,  mais  il  n'est  pas  inspiré  de  la 
muse  de  David.  Cet  ouvrage  a  été 
traduit  en  fiançais  sous  le  titre  de 
l'y/ me   amante  de  son  Dieu,   re- 


HUGT 

présentée  dans  les  emblèmes  sur  les 
pieux  désirs  ,  Cologne,  1717,  in-S", 
fig.  Ou  a  encore  de  lui,  I.  Obsidio 
Bredana,  Anvers,  1629,  iu-lol.  U 
avoil  été  présent  à  ce  siège  ,  et  sa  re- 
lation peut  èlre  consul téej avec  fruit 
j)ar  ceux  qui  veulent  écrire  l'histoire. 
Cet  ouvrage  a  été  traduilen  espagnol. 
II.  De  verdjide  capcssendd.  111.  De 
prima,  scribendi  origine  et  univer- 
sœ  rei  lilterariœ  autiquitate ,  An- 
vers, 1617,  in-8° ,  rèimjjrimé  à 
Leyde  avec  de  longues  notes  ,  peu 
esliinées  pour  la  plupart,  de  Chres- 
tieu-lieuri  Troz.  Ou  lui  doit  aussi  la 
Traduction  française  du  Voyage 
astronomique  elgéographique  dans 
l'état  de  l'Eglise,  pour  mesurer 
deux  degrés  du  méridien  ,  par  les 
PP.  nia  ire  et  Boscoulch  ,  Paris  , 
1770,  iii-4''. 

*  II.  H  U  G  O  N  (  Pierre  )  ,  né 
à  Lucerue  ,  jésuite  ^  publia  ,  en 
i656,  à  FribourgjUne  Vie  latine 
de  son  compatriote  Nicolas  Von  der 
Fluc  (  en  latin  De  Rupe ,  ou  de 
Saxo  ) ,  ermite  célèbre  par  son  abs- 
tinence de  vingt  ans  ,  mort  eu  i488. 
Cette  Vie  du  père  Hugon  a  été 
réimprimée  avec  des  notes  dans  le 
tome  m,  pag.  298  des  ^/cAz  sanc- 
torum  des  boUandisles  pour  le  mois 
de  mars. 

*  HUGTENBURCH  (  Jean  ), 
peintre  de  batailles,  né  à  Harlem 
en  1646  ,  mort  à  Amsterdam  eu 
1733  ,  ayant  eu  de  fréquentes  occa- 
sions de  voir  travailler  le  célèbre 
Jean  Wick  ,  se  livra  d'abord  au 
dessin  ;  mais  à  peine  se  fut-il  essayé 
dans  la  peinture  qu'il  y  Ht  les  pro- 
grès les  plus  rapides.  U  falloit  au 
prince  Eugèue  \\\\  homme  capable  de 
Lransmetlre  à  la  postérité  les  monu- 
mens  de  ses  faits  mililaires;il  choisit 
lïugteuburch,  qui  eut  la  gloire  de 
peindre,  dans  des  tableaux  de  quatre 
pieds  de  haut  sur  cinq  de  large,  les 
Opérations  de  guerre  et  les  vic- 
luires  de  ce  grand  capitaine.  Il 


HUGU 

Gonnoissoit  à  foud  le»  expressions 
qui  conviennent  aux  diverses  pas- 
sions. Il  avoitéludié  les  tanipenieiis, 
les  attaques,  les  sièges,  etc.  ;  il  sa- 
voit  faire  distinguer  ,  par  les  cos- 
tumes et  le  maintien,  les  peuples 
différens  qu'il  représentoit  ,-  quel- 
ques-uns de  ses  tableaux  ne  cèdent 
en  rien  à  ceux  de  Wouwermans.  — 
Son  frère  Jacques,  mort  en  1696  , 
excelloit  dans  le  paysage  et  les  ani- 
maux. 

1 1.  HUGUES  (  saint  ),  evêque  de 
Grenoble  en  1080,  reçut  saint  Bruno 
et  ses  compagnons,  et  les  conduisit 
lui-même  à  la  grande  chartreuse.  Il 
mourut  le  i'^'^  avril  1  1Ô2.  Au  com- 
mencement de  son  épiscopat,  saint 
Huguesavoit  quitté  sonévêché  pour 
se  faire  moine  à  la  Chaise-Dieu.  Le 
pape  lui  ordonna  de  reprendra  la 
conduite  de  son  troupeau.  Il  ht  de 
nouvelles  tentatives  de  retraite  quel- 
que temps  avant  sa  mort;  mais  IIo- 
norius  11  lui  répondit  «  que  les  bons 
évèques  étant  si  rares,  c'éloit  une 
raison  de  plus  pour  l'exhorter  à  sou- 
tenir le  fardeau  de  l'épiscopat.  Ou  a 
de  lui  un  Cartulatre  peu  estimé,  et 
qui  se  ressent  de  l'époque  où  il  fut 
écrit;  ou  eu  trouve  des  fragmeus 
dans  les  (Euvres  posthumes  de  Ma- 
billon  ,  et  dans  les  Mémoires  du 
Dauphiné  d'Allard ,  1711  et  1727, 
52  vol.  ia-fol. 

;■  II.  HUGUES  (saint),  de  Cluni, 
d'une  maison  distinguée,  qui  des- 
cendoit  des  anciens  ducs  de  Bour- 
gogue,  entra  dans  l'ordre  de  Cluni , 
dont  il  fut  élu  abbé  après  la  mort  de 
saint  Odillon.  Il  étendit  la  réforme 
''  de  Cluni  à  un  si  grand  nombre  de 
monastères  ,  qu'un  ancien  auteur  a 
écrit  «  qu'il  avoit  sous  sa  juridiction 
plus  de  dix  mille  moines,  m  Hugues , 
aussi  modéré  que  pieux  ,  mourut 
en  J 109  ,  à  85  ans.  Il  lit  bâtir  ,  par 
les  libéralités  d'Alfonse  IV,  roi  de 
Caslille  ,  l'église  qui  subsiste  encore 
à  Cluni.  La  construction  de  cet  tdi- 


HUGU  505 

fice  immense  dura  vingt  ans.  Ce  qu'il 
a  de  particulier,  c'est  qu'il  n'y  a  au- 
cune charpente,  et  les  tuiles  sont 
posées  immédiatement  sur  la  voûte. 
Henri  IV,  empereur  d'Allemagne, 
étoit  son  filleul.  Quoiqu'il  fût  excom- 
munié, Hugues  dit,  à  la  messe  du 
vendredi  saint  1087,  l'oraison  qui  est 
dans  le  Missel  pour  l'empereur.  L'ar- 
chevêque de  Lyon  le  trouva  mauvais. 
L'abbé  de  Cluni  répondit  «qu'il  a  voit 
dit  eu  général  cette  prii-re  pour  quei- 
queempereurque  ce  fût.  »  Mais  cette 
réponse  ne  satisfit  point  le  prélat  , 
qui  lui  suscita  d'autres  querelles. 
Hugues  se  contenta  de  faire  le  bien 
sans  chercher ,  ce  qui  est  impossible  , 
à  se  concilier  tous  les  suffrages.  L'or- 
dre de  Cluui  fut,  de  son  temps,  au 
plus  haut  point  de  sa  splendeur. 
Après  sa  mort  il  commença  à  dé- 
choir. Ou  trouve  de  s  s  ojcrages 
dans  la  bibliothèque  de  Cluni. 

t  III.  HUGUES-CAPET,  comte 
de  Paris  et  d'Orléans,  chef  de  la  ô' 
race  des  rois  de  France.  (  Voyez 
ClIIITLET,  n"  I.  Dani'E,  u"  L  Wi- 
TiKiND,  n"  l.  )  Son  courage  et  ses 
autres  qualités  l'ayant  l'ail  proclamer 
roi  de  Fiance  àNoyou  ,  en  9H7,  il  fut 
sacré  àlleims  par  l'arclievèque  Adal- 
beron,  le  3  juillet  de  la  même  année. 
Charles  I ,  duc  de  laRasse-Lonaine, 
fils  de  Louis  d'Outre-Mer,  qui  avoit 
seul ,  par  sa  naissance,  droit  à  la  cou- 
ronne, en  fut  exclu  par  plusieurs  cir- 
constances, li  voulut  défendre  son 
droit:  mais  il  fui  pris  et  enfermé  à 
Orléans.  Hugues  s'étoit  déjà  associé 
son  fils  Robert  pour  lui  assurer  la 
couronne.  C'est  au  règne  de  Hugues- 
Capet  qu'on  fixe  ordinairement  le 
commencemenl  de  la  pairie  de  Fran- 
ce. ((  Depuis  l'usurpation  dt-s  fiefs,  la 
pairie  ,  dit  le  président  Hénault  , 
devint  plus  ou  moins  cousidérable, 
suivant  le  plus  ou  moins  de  puis- 
sance du  seigneur  suzt  rain  dos  pairs  : 
en  sorte  que  les  pairs  du  roi  deFran- 
ce  fcloienl  de  plus  grands  seigneurs 


566 


HUGU 


que  les  paii-s  du  comte  de  Cham- 
pagne ;fcl  que  ,  par  la  uïême  raison, 
ïa  mouvance  de  la  couronne  carac- 
terisoit  les  premiers  pairs.  Ainsi, 
le  duc  de  Bretagne  ,  qui  par  sa  nais- 
sance pouvoil  traiter  d'égal  à  égal 
avec  le  duc  de  Normandie,  lui  éloil 
inférieur  en  dignité,  parce  qu'ori- 
guiaireineut  celui-ci  ue  relevoit  pas 
delà  couronne,  mais  du  roi  seule- 
ment, comme  duc  de  Normandie, 
el  que  la  Normandie  ayant  été  alié- 
née, il  n'en  lui  plus  que  l'arrière- 
vassal.  Cette  introduction  d'une  di- 
gnité nouvelle  valut  la  couronne 
i\  Hugues -Capet.  11  y  avoit  alors 
sept  pairs  laïques  de  France  ,  c'est- 
à-dire,  sept  seigneurs  dont  les  sei- 
gneuries rclevoient  immédiatement 
du  roi.  Ils  choisirent  celui  d'entre  eux 
qiiipouvoit  joindre  le  plus  de  pro- 
\iuces  à  la  royauté.  ■»  Ce  prince 
mourut  le  24  octobre  qqG  ,  à  07  ans, 
après  en  avoir  régné  dix.  Pour  par- 
venir au  trône,  il  falloildela  va- 
leur et  de  la  politique  :  Hngues-Capet 
avoit  l'une  et  l'autre.  Il  prit  presque 
toujours  la  voie  de  la  douceur  el  des 
ménagemens.  On  la  voit  qualifié  d'u- 
surpateur; ou  s'étoil  ligné  contre 
lui:  on  lui  avoit  contesté  sa  descen- 
dance. Hugues-Capet  ayant  triom- 
phé déclara  à  ceux  qui  lui  inspi- 
roienl  des  desseins  de  vengeance 
«  que  ce  n'étoit  pas  au  roi  de  France 
à  venger  les  inimitiés  des  comtes  de 
Paris  et  d'Anjou.  »  Il  subjugua,  en 
partie,  ses  ennemis  en  les  tlattant, 
et  rcgardoit  comme  ses  amis  ceux 
qui  nesedéclaroient  pasouvertement 
contre  lui.  Ayant  voulu  réprimer 
les  entreprises  d'Audebert ,  comte 
de  la  Marche  ,  Hls  de  Bosou  I ,  qui 
assiégeoit  Tours  sans  sa  permission 
et  à  son  insçu  ,  il  députa  vers  le 
comte  de  la  Marclie  ,  et  lui  (il  de- 
mander «  qui  l'avoil  l'ail  comte  ; 
—  ce  sont  ,  répondit  Audebert  , 
ceux-là  mêmes  qui  vous  ont  fait  roi, 
TOUS  el  votre  fils  Fiobert.  »  Le  pro- 
cédé d'Audeberl  lut  conforme  à  sa 


HUGU 

réponse;  il  continua  le  siège  ,  et  prit 
"J'ours  malgré  Hugues  -  Capel,  qui 
aima  mieux  dissimuler  que  d'avoir 
à  se  venger  par  les  armes.  I,e  nom 
de  Capel  lui  fui  donné,  selon  les 
uns  ,  à  cause  de  la  grosseur  de  sa 
tète  ;  selon  d'autres  ,  à  cause  de  sa 
prudence.  On  a  dit  de  lui  : 

si  je  donne-  à  la  France  une  race  nouvelle  , 
Boi  nouveau  ,  je  la  rends  plus  brillante  cL  plus 
bdle. 

Cette  troisième  race  ,  qui  a  produit 
trente-deux  rois ,  a  eu  cinq  branches 
différentes.  La  première,  surnom- 
mée des  Capétiens  ,  qui  a  donné 
quatorze  rois  ;  la  seconde,  qui  est  la 
première  des  Valois ,  dont  il  y  a 
eu  sept  rois  ;  la  troisième  ,  de  la  iiîai- 
son  d'Oriéans,  qui  ue  produisit 
qu'un  souverain  ;  la  (piatrième  ,  qui 
est  la  seconde  des  Valois  ,  laquelle 
en  donna  cinq  ;  enfiu  la  cinquième  , 
delà  maison  de  Bourbon,  qui  en  a 
produit  le  mtme  nombre  ,en  y  com- 
prenaul  Louis  XVI. 

IV.    HUGUES  -  LE  -  GRAND  , 

comte  de  Paris, appelé  aussi  Hugues 
l'abbé,  ou  Hugues  le  blanc  ,  prince 
plein  de  courage  ,  fils  de  Robert  , 
roi  de  France ,  et  de  Béatrix  de 
Vermandois  ,  fut  surnommé  le 
Grand  à  cause  de  sa  taille  el  de 
ses  belles  actions  ;  le  Blanc  ,  à  cause 
de  son  teint;  el  Vj-lbhé,  parce  qu'il 
s'étoil  mis  eu  possession  des  abl)Myes 
de  8aint-l)enys  ,  de  Saiul-Germaïu- 
des-Prés,  el  de  ^ainl-Marlin  de 
Tours.  Il  fit  sacrer  roi  à  Laon. 
Louis-d 'Outre-mer  (  Voyez  ce  mol.  ) 
En  936  il  prit  Reims,  donna  du 
secours  à  Rii hardi,  duc  de  Nor- 
mandie, contre  ce  même  Louis- 
dOulre-mer;  iiii  fil  en  son  propre 
nom  une  guerre  opiniâtre  pour  le 
comté  de  Laon  qu'il  fallul  eniiii  cé- 
der à  ce  roi ,  et  fut  crié  parf-olhaire, 
son  succe.-seur ,  duc  de  Bourgogne 
el  d'Aqmlaïue.  Il  mourut  le  j6iuiu 

q.'jG. 


HUGU 

i  V.  HUGUES  DES  païens  [De 
Paganis),  de  la  maison  des  comtes 
de  Champagne,    uui   avec    Geofroi 
(le  Saiul-Ouier  et  sept  autresgentils- 
hommes  ,  inslilua  l'ordre  des  tem- 
pliers, lemodèle  de  tous  les  ordres  mi- 
litaires ,  et  en  fut  le  premier  grand- 
mailre.  Ces  neuf  chevaliers  se  con- 
sacrèrent au  service  de  la  religion  , 
i'an    1118,  entre  les  mains  de  Gor- 
niond  ,    patriarche    de    Jérusalem  , 
promenant  de  vivre  dans  la  chasteté, 
î'oI)éissance  et  la  pauvreté ,  à  lexera- 
ple  des  chanoines  de  leur  siècle.  Le 
premier  devoir  qui  leur  fut  imposé 
par  les  évèques  éloit  de  garder  les 
cliemins  contre  les  voleurs  ,  pour  la 
sûreté  des  pèlerins.  Comme  ilsn'a- 
voient  ni  église,  ni  logement ,  Bau- 
douin II,    roi  de    Jérusalem,    leur 
accorda    un    appartement    dans    le 
palais  qu'il  a  voit  auprès  du  Temple; 
de  là  leur  vint  le  nom  de  Templiers. 
On  leur  donna  une  règle  en  1128, 
dans  le  concile  de  Troyes  :  elle  leur 
prescrivoit    la   récitation  de  l'office 
divin ,   l'abstinence    les    lundis    et 
mercredis  ,  et  presque  toutes  les  ob- 
servances   monastiques.  Mais  celte 
règle  fut  si  mal  remplie  dans  la  suite, 
que,  deux  siècles  après  leur  fonda- 
tion ,  ces   chevaliers  ,    qui  faisoient 
vœu  de  combattre  pour  Jésus-Christ, 
furent  accusés  de  le  renier ,  dadorer 
une  tète  de   cuivre  ,   et  de  n'avoir 
pour    cérémonies    secrètes    de  leur 
réception  dans  l'ordre  que  les  plus 
horribles    débauches.    Ces   imputa- 
tions étoient  à  la  vérité   d'absurdes 
calomnies  ;  mais    il  j  a    grande  ap- 
j)arence  que  quelques  jeunes  cheva- 
liers se  livrèrent  à  un   libertinage, 
dont  le  reproche  tomba  ,  quoiqu'in- 
justement  sur  tous  les    templiers  , 
qui  furent  abolis  en  \'î>ï2.{Fojez 
MoLAY.)  Hugues  des  Payens  mou- 
rut en   ii56,  regretté  de  tout   ce 
qu'il  y  avoit  de  chrétiens  zélés  dans 
la  Palestine. 

t  VI.HUGUES,uéen  106b, ab- 


HUGU 


D(^ 


bé  de  Flavigni  au  commencement 
du  1 2*^  siècle,  s'étant  vu  enlever  sa 
crosse  par  l'évèque  d'Autun  ,  qui 
la  lit  donnera  un  antre,  supplanta 
à  son  tour  St.  Laurent  ,  abbé  du 
monastère  de  Saint-Vannes  ,  et  gar- 
da cette  dignité  jusqu'en  1 1 16  ;  de- 
puis ce  temps  son  existence  est 
ignorée.  Il  est  auteur  d'une  Chro- 
nique en  deux  parties,  connue  sons 
le  nom  de  Chronique  de  J'erdun. 
La  première  partie  ,  peu  intéres- 
sante ,  est  remplie  de  fautes  :  la 
seconde  est  très-  importante  pour 
l'histoire  de  TEglise  de  France  de 
son  temps.  On  la  trouve  dans  la 
Eibliolhèca  manuscriptorum  du  P. 
Labbe. 

VII.  HUGUES  HE  Fletjry, 
moine  de  celte  abbaye,  vers  la  lin 
du  1 1*^  siècle,  a  laissé  ,  1.  Deux  livres 
de  la  puissance  royale  ,  et  de  la 
dignité  sacerdotale  ,  dans  lesquels 
il  s'élève  au-dessus  des  préjugés  de 
son  temps.  C'est  un  mouumentde  la 
véritable  doctrine  de  l'Eglise,  si  obs- 
curcie alors  par  les  démêlés  funestes 
des  papes  el  des  empereurs.  On  le 
trouve  dans  le  t.  IV  des  3îiscellanea 
de  Baluzp.  II. Une  ^ç.\\\.t  Chronique, 
courte,  mais  bien  digérée  ,  et  con- 
tenant beaucoup  de  choses  en  pen 
de  mois,  depuis  99^  jusqu'en  1109, 
publiée  par  Uuchesiie,  à  Munster, 
i65S,  in-4''-  Ce  moine  est  encore 
surnommé  de  Sainte-lilarie  ,  du 
nom  d'un  village  dont  son  père  éloit 
seigneur. 

VIII.  HUGUES  d'Amtens  ,  ar^ 
clievèque  de  Rouen,  un  des  plus 
grands  et  des  plus  savans  prélats 
de  son  siècle,  mort  en  1164,  a 
donné  trois  Livres  pour  prémunir 
son  clergé  contre  les  erreurs  de  sou 
temps ,  el  quelques  autres  outrages. 
On  trouve  les  premiers  à  la  fin  des 
Qïuvres  de  Guibert  ne  Nogent,  pu- 
bliées par  dom  d'Achery,  et  les  au- 
tres dans  les  collcclious  de  dom 
Marlenue  et  Durand. 


568 


HUGU 


t  IX.  HUGUES,  chanoine  régu- 
lier de  Paris,  mon  le  ii  février 
1142,3  4'i  ans  ,  professa  la  ihéolo^^ie 
avec  latit  cl'appl.uidissemeiit  ,  qu'on 
l'appela  unsecofid  yfugiistin.  Ce  père 
fui  le  modèle  qu'il  suivit  pour  la 
forme  ei  pour  le  fond  de  ses  ou- 
vrages. Le  plus  considérable  est  un 
grand  Traité  des  Sacremcns.  f.es 
questions  y  sont  traitées  d"une  ma- 
nière l'on  claire,  et  dégagées  des 
termes  de  l'école.  Ses  Ouvrages  ont 
été  recueillis  à  Rouen  en  1648,  en 
3  vol.  in-fol.Onen  trouve  quelques- 
uns  dans  le  T/tesaurus  de  Marteune. 

X.  HUGUES  DE  St.-Cher, 
dominicain  du  10^  siècle,  docteur 
de  Sorbonne  ,  cardinal-prèlre  du 
litre  de  Sainte  -  Sabine  ,  reçut  la 
pourpre  des  mains  d'Innocent  IV, 
en  1244.  Ce  pape,  et  Alexandre IV, 
fcon  successeur  ,  le  chargèrent  des 
affaires  les  plus  épineuses  :  ce  fut 
pour  lui  une  occasion  de  faire  éclater 
f.a  sagesse,  son  esprit ,  et  sa  lermelé. 
Il  moun.t  à  Orvielle  le  19  mars 
1263.  On  lui  fit  une  épitaphe,  dans 
laquelle  ou  disoit  «  qu'à  sa  mort  la 
sagesse  avoit  soufl'ert  une  éclipse.  » 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  de 
l'Ecriuire  ,  qui  ne  sont  guère  que 
des  compilations.  Le  plus  important 
est  une  (oncardnnce  de  la  Bible  , 
Cologne,  1684,  in-S°.  Hugues  de 
Saint-Cher  a  au  moins  la  gloire  d'a- 
voir imaginé  te  premier  ce  genre  de 
travail.  On  a  encore  de  lui  ,  L  Spc- 
ciilum  Eccleslœ,  Paris,  1480,  iii-4°. 
11.  C'orrectorium  Bibliœ  ,  non  im- 
primé, et  qui  étoit  dans  la  bibiio- 
lliècjue  de  la  Sorbonne  :  c'est  m\  re- 
cueil de  variantes  des  maiiuscrils 
hébreux,  grecs  et  latins  de  la  Bible. 

Xi:  HUGUES  dePrato,  d'une 
ville  de  ce  nom  en  Toscane  ,  reçu 
dominicain  en  1276,  et  mort  à 
Frato  le  4  décembre  i322,  se  fil 
nne  réputation  par  ses  Sermons  , 
imprimés  en  partie,  à  ce  que  l'on 
i;roU,à  Louvain ,  en  14S4 ,  cl  partie 


HUGU 

à  Heidelbérg  en  i485,  réimprimés  à 
Anvers  en  1614.  Ils  se  ressentent  de 
la  grossièreté  du  siècle  de  l'auteur. 

*  XII.  HUGUES  DE  BrRAY, 
poêle  provençal  du  xd"  siècle,  le 
premier  qui  nous  ait  laissé  une  des- 
cription de  la  boussole  ,  dans  un 
poème  intitulé  Z>V/!'/e  f;«/o/,-  sa- 
tire où  il  décrit  les  vices  de  son  siècle. 
Il  compare  le  pape  à  l'étoile  polaire, 
autour  de  laquelle  tournent  toutes 
les  autres  étoiles  ,  et  qui  fixe  les  re- 
gards par  sa  dignité  immobile  :  sur 
quoi  il  parle  de  l'aiguille  aimantée, 
qui  regarde  constamment  celte 
éloile  ,  et  décrit  la  boussole  telle 
qu'elle  est  aujourd'hui.  F.  Gioja. 

*  XllI.   HUGUES  ou  HuGONis 

(  Jacques  )  ,  de  Lille  en  Flandre , 
docteur  en  théologie  et  chanoine  de 
iégliss  collégiale  de  Samt-Pierre  , 
vivoit  dans  le  17^  siècle.  11  est  au- 
teur de  plusieurs  ouvrages,  parmi 
lesquels  on  distingue  celui  intitulé 
Pera  Historia  Jiomana,  seii  origo 
laiil  velllaliœ  et  Romaiiœ  ur/j/s , 
c  teriebris  longœ  vetuslatis  in  lucem 
/>/or/wc/«,  Rome  i6.t5,  in-4°.  Cet 
ouvrage  fut  mis  au  nombre  des 
livres  défendus  par  un  décret  de  la 
congrégation  de  l'index  du  5  août 
i6ô6.  Ce  qui  emnècha  l'auteur  de 
donner  la  suite  qu'il faisoit  espérer. 

XIV.  HUGUES,  /^"ores  HUGON  . 
n°  1. 

i  HUGUET  (  François-Armand  ) , 
plus  connu  sous  le  nom  d'AnMANî), 
né  à  Richelieu  ,  en  i^îgg  ,  d'une 
famille  hounèle  du  Poitou  ,  fut 
d'abord  placé  chez  un  notaire  à  Pa- 
ris ;  mais  un  penchant  invincible 
pour  les  plaisirs  et  pour  le  théâtre 
lui  lit  abandonner  les  affaires.  Après 
diverses  aventures  ,  dignes  de  Gil- 
Blas  deSantilîaïKi,  il  |o'ua  la  comédie 
en  LangUf'doc,  et  revint  ensuite  à  Pa- 
ris,où  il  débuta  surle  théâtre  de  la  co- 
médie française  en  1720.  La  nature" 
lui  avoit  donné  le  masque  le  plus 


HLÎL 

propre  à  caraciériscr  les  Inlcns  d'im 
valet  adroil  el  fouibe,  el  r'<'Sl  prin- 
cipalement dans  ce  rôle  qu'il  eî(cel- 
loit.  11  contreht  si  bien  le  Panialon 
des  Italiens,  dans  la  comédie  de  la 
]'iaiiçaise  italienne  ,  que  ceiiii-ci 
s'écria  :  a  Si  je  ne  mesentoisaii  i)ar- 
Urre  ,  je  me  croirois  sur  le  ihcàlre.  » 
Ce  comédien ,  mort  à  Paris  le  26 
décembre  1765,  voyoit  tout  gaie- 
ment; et  dans  les  affaires  les  pins 
sérieuses  il  ne  pouvoit  se  refuser 
quelque  plaisanterie.  Il  narroit  d'une 
laçou  à  faire  distinguer  les  différens 
interlocuteurs  qu'il  metloit  en  ac- 
tion dans  ses  récils;  il  imiloil  leurs 
voix  et  moindres  gestes.  Ses  amis 
étoient  quelquefois  ies  victimes  de 
ses  facéties.  On  eût  dit  que  Scarron 
la  voit  deviné  dans  sou.  personnage 
de  la  Rancune.  Il  fit,  en  socié;é  avec 
Derozée  ,  \ lleuieux  événement ,  di- 
vertissement, i75i.  Il  laissa  un  fils  , 
auteur  de  quelques  petites  pièces 
pour  le  théâtre  de  Fontainebleau. 

HUGUÉTAN  (  Jean  ) ,  célèbre  li- 
braire deLyon  ,  fut  obligéde  quitter 
le  royaume  à  l'époque  de  la  révoca- 
tion de  redit  de  Nantes,  et  passa  en 
Hollande.  11  offrit  à  Louis  XIV  nn 
prêt  considérable,  si  la  cour  vonloil 
lui  rembourser  une  autre  somme 
qui  lui  étoitdue.  Huguétan  toucha  la 
somme  et  alla  se  caciier  en  Allema- 
gne, jusquen  1720,  pour  ne  pas  ef- 
iectuer  sa  promesse.  Il  se  retira  en- 
suite en  Danemarck,  on  il  établit  des 
compagnies  de  commerce,  des  ma- 
nufactures de  laine  et  de  soie ,  et  une 
banque  qni  devint  célèbre.  «  Aug- 
mentant ,  dit  La  Haumelle,  son  bien 
en  marchand  et  le  dépensant  en  sei- 
gneur. »  Frédéric  IV  érigea  en  sa 
faveur  la  terre  de  Suldestéen  en 
comté.  Il  mourut  à  Copenhague  en 
1700  ,  âgé  de  104  ans. 

HUILLIOT  (  Claude  ) ,  peintre  en 
fleurs ,  né  à  Reims,  mort  en  170:?, 
à  77  ans ,  orna  de  ses  tableau.H  le 
jjalais  de  Versailles. 


HULM 


5ô{) 


*  HUITFELD  (  Harrald  )  ,  sei- 
gneur d'Odisberg ,  né  en  1  ^i\^ ,  d'une 
des  pins  anciennes  familles  danoises, 
plus  connue  sous  le  nom  de  Hogens- 
kildt.  N'ayant  que  .26  ans  ,  il  fut  jugé 
capable  dedevenir  premier  secrétaire 
du  loyaume  ;  en  i.^Stj  il  fut  élevé  à 
la  dignité  dfe  sénateur,  et  neuf  ans 
après  à  celle  de  chancelier.  Les  oc- 
cupations que  lui  donnèrent  ces  era- 
])lois,  loin  de  l'empêcher  de  cultiver 
les  sciences,  le  mirent,  au  contraire, 
plus  à  portée  de  recueillir  les  iiis- 
tiuctions  nécessaires  à  son  dessein 
d'écrire  VJ/istoife  de  sa  patrie.  Il 
en  publia  les  premiers  volumes  en 
ifigo;  mais  ayant  été  nommé  ,  en 
1  597,  chef  d'une  ambassade  txuaor- 
dinaire  à  la  cour  d'Angleterre  ,  ce 
travail  fut  interrompu,  l^onr  le  ré- 
compenser de  ses  services  ,  le  roi  lui 
donna  en  lief  le  bailliage  el  le  châ- 
teau de  Draxbolm.  Il  mourut  à  ller- 
lousholm  ,  le  10  décembre  1 608  ,  âgé 
de  59  ans  ,  sans  avoir  été  marié. 
Son  Histoire  ,  écrite  en  danois  avec 
pureté  ,  clarté  ,  simplicité  el  lidélité  , 
commence  à  Dan  Iva,  jusqu  an  règne 
de  Frédéric  II,  dont  il  vouloit  aussi 
publier  les  exploits,  quand  la  mort 
le  surprit.  L'impression  en  fut  ache- 
vée en  1G40  ,  in-folio,  par  les  soins 
de  Reseii.  L  Histoire  de  Uanemarck , 
publiée  en  latin  par  Pontanus  ,  n'est 
presque  qu'une  traduction  de  celle 
delluitfeld. 

i  IIULDRIC  (  Jean  -  Jacques  )  , 
ministre  protestant ,  né  à  Zurich  en 
i685,  mort  en  i75i,  publia,  en 
i7o5,in-8°,  à  Leyde  ,  ini  ouvrage 
peu  commun  et  recherché  ;  c'est 
V Histoire  de  Jésns-C/irist ,  telle  que 
les  juifs  la  racontent.  Iluldric  la  tra- 
duisit eu  latin  d'un  vieux  manus- 
crit hébreu  ,  et  l'enrichit  de  notes  , 
dans  lesquelles  il  combat  ce  qu'allè- 
guent les  juifs  contre  le  fondateur 
du  christianisme. 

*  HULME  (Nathaniel  ),  savant 
médecin  anglais  ^  membre  de  la  bo- 


"^1 


Ci'TO 


HULS 


ciélé  des  antiquaires  de  Loudre» , 
publia  ,  eu  1768  ,  un  petit  Ouurage 
en  langue  latine  sur  la  nature  ,  les 
causas  et  le  traitement  du  scorbut. 
Ce  livre  est  encore  estimé  ,  quoi- 
qu'on ait  fait  poslërieuremeul  Ijeau- 
coup  de  recherches  et  de  découvertes 
sur  celte  maladie.  11  donna  ensuite  un 
Traité  de  laFici-'re puerpérale,  dans 
lequel  il  lixa  le  premier  le  véritable 
point  de  vue  sous  lequel  on  doit  la 
considérer.  Reçu,  en  177/1,  membre 
du  collège  royal  de  médecine;  il  pu- 
blia, peu  après,  un  Discours  qu'il 
avoil  prononcé  sur  la  médecins  en 
général  et  sur  le  calcul  en  particu- 
lier. Mais  l'ouvrage  qui  a  le  plus 
contribué  à  étendre  et  à  affermir  sa 
réputation  fut  un  Mémoire  qui 
remporta  le  prix  proposé  par  la  so- 
ciété de  médecine  de  Paris,  sur  les 
causes  de  l'endurcissement  du  tissu 
cellulaire  auquel  plusieurs  en- 
fans  nouveaux-nés  sont  sujets  ,  et 
sur  le  traitement  préservatif  et  cu- 
ratif  de  cette  maladie.  Ce  médeiin 
a  fourni  aussi  plusieurs  Mémoires 
à  la  société  royale  de  Londres 
dont  il  étoit  membre  ,  et  l'on  re- 
marque ,  dans  les  Transactions 
de  la  société  des  antiquaires,  à 
laquelle  il  fut  agrégé  en  i7Ç)r)  , 
une  Description  Irès-cuneuse  qu'il 
y  fit  insérer  ,  d'une  brique  trouvée 
dans  les  ruines  de  Babylone. 
Hulme  est  mort  à  Londres  en  1807, 
âgé  de  75  ans. 

HULOT,  simple  tourneur  en 
bois,  perfectionna  l'art  du  tour,  et 
se  livrant  à  sou  goût  pour  la  méca- 
nique ,  et  à  son  génie  inventif ,  tf.^.- 
z\\\di  plusieurs  mackines  ingénieu- 
ses ,  utiles  à  divers  arts  ,  et  siu-tout 
à  l'horlogerie.  On  lui  doit  V /nt  du 
tourneur  ,  ouvrage  estimé.  Hulot 
mourut  à  Paris  au  mois  de  juillet 
1781  ,  âgé  de  65  ans. 

HULSEMANN  (  Jean  )  ,   savant 

ihéolog'.cu  luthérien  ,  naquit  ù  Esciis 


HULS 

en  Frise  l'an  1G02.  Après  avoir 
voyagé  en  Allemagne,  en  France, 
eu  Hollande,  il  devint  professeur  de 
itiéologie  ,  ])uis  surmteudant  à  Leip- 
sick,  et  mourut  en  i6bi.  8on  piin- 
cipal  ouvrage  est  une  Tlelation  en 
alleuiand  du  Colloque  de  Tliorn,  où 
il  a  voit  été  envoyé  ,  en  164^  ,  à  la 
tète  des  luthériens,  et  où  il  s'émit 
distingué.  Ou  s'imagine  bien  cju'il 
donne  la  victoire  à  son  parti. 

t  L  HULSÎUS( Antoine),  théo- 
logien protestant  , né  à  llilde,  petit 
v  illage  du  duché  de  Bergues,  en  161.^, 
étudia  avec  succès  à  Wese.  et  à  I)e- 
venter ,  où  les  langues  orientales 
furent  Tobjet  de  ses  veilles,  et  voya- 
gea en  Angleterre  ,  en  France  et  eu 
Hollande.  Hulsius  fut  ministre  pen- 
dant 2.T  aus  à  Breda,  jusqu'en  1676  , 
qu'on  lui  donna  une  chaire  de  théo- 
logie et  des  langues,  à  Leyde,  où 
il  mourut  en  i685  ,  à  70  ans.  Il 
est  auteur  d'un  savant  ouvrage,  in- 
titulé Tàeologia  judaica  ,  publié 
en  jG:)."),  iii-4°.  —  Son  fils,  Henri 
Hulsius,  mort  en  1723,  a  laissé 
aussi  quelques  productions  ,  entre 
autres  une  Somme  latine  de  tkéo- 
logie.  — ■  Il  ne  faut  pas  les  confondre 
avec  Samuel  Iluusius,  échevin  à 
La  Haye  ,  où  il  avoit  formé  une 
bibliothèque  immense  pour  un  par- 
liculier.  Le  Catalogue  en  parut  à 
La  Haye,  1700,  en  4  "^'ol-  iii-8°, 
sous  le  litre  de  Blbliotheca  Hul- 
siana. 

IL  HULSIUS  (  Levinns  ) ,  natif  de 
Gand,  qui  vivoil  encore  au  commen- 
cement du  17"  iiècle  ,  s'est  rendu 
célèbre  par  ses  conuoissancesdans  la 
géographie  ,  les  mathématiques  ,  et 
dans  !a  scifice  des  médailles.  On  a 
de  lui ,  1.  XII  Cœsarum  ac  LXIF' 
ipsoruin  u.vorum  ac  paient u m  effi- 
gies ex  antiquis  nuniismatibus  , 
Francfort,  iIî^G,  in-4°.  U.  Séries 
Numismatum  imperatvrum  Ho~ 
tnanorum  à  Julio  Cœsare  ad  Ilu~ 


HLM13 

(folp/ium  II ^  Francfort,  i  Goô.  Ces 
recueils  sont  rares.  III.  Transyh'a- 
iiiœ  ,  Molf/avice  el  Jf'alachiœ  cles- 
criptio.  IV.  C/ironohgia  Hunga- 
riœ ,  etc.,  iisque  ad  aimum  1097. 
V.  De  usu  qiiadrati  el  quadrantis 
geornelrivi ,  etc. 

*  HCLST  (  Pierre  Van  ) ,  peintre  , 
ne  à  Dort  en  \^'ô2.  Inslrnit  par  dif 
férens  maîtres  des  principes  de  la 
peinture,  il  fut  à  Rome,  mais  il 
rinonça  à  l'histoire ,  pour  se  livrer 
aux  fleurs.  11  prit  pour  modèle  les 
tableaux  de  Mario  dl  Fiori.  Ses 
ouvrages  eu  ce  genre  plurent  aux 
arlisles,  et  If  s  amateurs  s'empres- 
sèrent de  se  les  procurer.  L'académie 
se  l'associa  ,  et  on  lui  donna  le  sur- 
nom de  Tournesol ,  parce  qu'il  in- 
troduisoit  presque  toujouis  cette 
Heur  dans  ses  compositions.  Il  as'oit 
parfaitement  saisi  le  style  des  pein- 
tres d'Italie  ,  et  ses  ouvrages  ,  d'une 
bonne  couleur ,  d'une  touche  large 
el  très-facile,  étoient  encore  enri- 
chis de  jilantcs  et  de  reptiles.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort. 

*  l.  îimiBERT  (le  cardinal), 
d'abord  moine  de  Moyen-iMoùtier 
dans  les  Vosges  vers  l'an  10^8  ,  s'y 
livra  à  i'ëtudedela  langue  grecque  , 
chose  assez  rare  à  cette  époque.  Le 
pape  Léon  IX  passant  à  ftloyen- 
Moùtier  ,  au  retour  du  concile,  de 
Reims  en  1049  ,  emmena  Humljert 
en  Italie,  le  chargea  de  divers  tra- 
vaux littéraires  et  de  négoclatious. 
Il  I  envoya  eu  io.t8  comme  légat  à 
Coustanlinople,  avec  deux  autres 
ecclésiastiques,  pous  essayer  de  réu- 
lur  l'Eglise  grecque  à  l'Eglise  1  itine. 
Le  patriarche  Michel  Cerulanus 
ayant  refusé  de  les  voir  ,  ils  allèrent 
à  la  grande  église;  et,  en  })résence 
du  clergé  et  du  peuple,  ayant  déposé 
sur  le  mr.itre-aulel  un  acte  d'excom- 
munication contre  le  i)atriarche,  ils 
sortirent  en  secouant  la  poussière  de 
leur*  habits,  suivant  l'Evangile,  el 


HUMB 


bn\ 


en  criant  :  «  Que  IJieu  voye  et 
vous  juge.  M  Humbert ,  ayant  ap- 
pris la  mort  de  1/éon  ,  revint  en  Ita- 
lie ,  et  rendit  des  services  signalés  à 
Victor  II  el  à  ses  successeurs.  Il  as- 
sista au  concile  de  Rome  en  lo.ôg, 
où  Bérenger  reconnut  ses  erreurs. 
Humbert  fut  chargé  de  dresser  la 
profession  de  foi  que  cet  hérésiarque 
signa.  Bérenger  se  rétracta  ensuite  , 
cl  chargea  d'iniureslecardin.jl  lium- 
bert  ,  qui  etoil  iiecede,el  fpu  trouva 
un  zélé  défenseur  dans  la  personne 
de  Lanfrauc,  archevêque  de  Caulor- 
béry.  On  est  partagé  sur  l'époque  de 
sa  mort  ;  la  plus  commune  opinion 
est  qu'elle  arriva  vers  loGi.  Hum- 
bert a  laissé  beaucoup  d'ouvrages, 
entre  autres  trois  livres  contre  les 
simoniaqnes  ,  insérés  au  tome  V 
des  Anecdotes  de  Martenne.  Rivet, 
dans  son  Histoire  liuéraire  de  la 
France,  a  recueilli  tout  ce  qui  con- 
cerne la  vie  et  les  écrits  de  ce  savant 
el  pieux  cardinal. 

tll.  HUIMBERT  II,  dauphin  de 
Viennois ,  né  en  1  5  1  2  ,  successeur  eu 
i533  de  Guigue  VllI,  son  frère, 
épousa  ,  en  i5Ô2,  JMarie  de  Baux  , 
alliée  à  la  maison  de  France,  dont 
il  n'eut  qu'un  fils  unique.  Ou  dit 
que, jouant  avec  cet  enlant  à  Lyon  , 
il  le  laissa  tomber  d'une  fenêtre 
dans  le  Rhône,  où  il  se  noya.  Livré 
depuis  à  la  douleur,  el  conservant 
un  rebsentimeiit  vif  des  affronts 
qu'il  avoit  essuyés  de  la  pari  de  la 
maison  de  Savoie  ,  il  résolut  de  don- 
ner ses  états  à  celle  de  Fiance.  Celte 
donation,  faite  en  1  5^5  au  roi  Phi- 
lippe de  Valois  ,  fut  coulirmée  en 
1049  ,  à  condition  que  les  fils  aînés 
des  rois  de  France  porleroienl  le  litre 
de  dauphin.  Cest  ain,->i  que  le  Dau- 
phiué  lut  réuni  à  la  couronne.  Phi- 
lippe, en  recounoissance  de  ce  bien- 
fait ,  donna  quarante  mille  écus  d'or  , 
et  une  peusion  de  dix  mille  livres  à 
Humbert.  Ce  prince  entra  ensuite 
daas  l'ordre    des    dominicains.  L*- 


^72 


HUMB 


jour  de  Noël,  io5i  ,  il  recul  tous 
ies  ordres  sacrés  des  mains  du  pape 
Cléineul  VI.  Ce  ponlife  le  créa  pa- 
triarche d'Alexandrie,  et  lui  donna 
l'adminislralion  de  rarthevêché  de 
Reims.  Humberl  mourut  à  Cler- 
mout  t^n  x\avergne  le  22  mars  1  555. 
Guerrier  pusillauime  et  prince  ia- 
dolent ,  il  fut  bon  religieux  et  bon 
évêque.  Matthieu  Villaui  dit  que, 
dans  sa  jeunesse  ,  il  aiuia  trop  le 
plaisir. 

III.  HUMBERT  DE  RoM.vN.^, 
cinquième  général  des  dominicains  , 
succéda,  en  1254,  au  P.  Jean  le 
Teulouique,  et  mourut  le  \/\  juillet 
1277.  On  a  de  lui  uae  Lettre  sur 
les  vœux  de  religion  ,  imprimée  en 
Allemagne  dès  le  i5^  siècle,  et  à 
Haguenau,  l'an  i5o8.  On  lui  allri- 
hue  aussi  De  eruditioiie  religioso- 
runi;  mais  ce  traité  est  du  P.  Pé- 
raldus,  dominicain.  Pesseviu  croit 
qu'il  est  l'auteur  du  Dies  irœ. 

*  IV.  HUMBERT,  général  des 
dominicains  dans  le  14*^  siècle,  Ht 
un  ouvrage  sur  les  matières  qui 
dévoient  être  traitées  dans  le  con- 
cile général  de  Lyon.  I,a  troisième 
partie  roule  sur  les  abus  qui  saut 
dans  l'Eglise ,  et  qui  ont  besoin 
d'être  réformés.  Cet  ouvrage  est 
dans  la  bibliollièque  du  Vatican. 
Les  Pères  Mabillon  et  Marsuel  l'ont 
eu.  Ce  dernier  le  commun  qna  au 
P.  Echard  ,  qui  en  a  donné  \\\\  ex- 
trait dans  sa  Bibliothèque  des  écri- 
vains de  l'ordre  de  Saint- Domi- 
nique ,  tom.  I,  pag.  i4t). 

*  V.  HUMBERT  (  Abraham  )  , 
né  à  Berlin  en  1C189,  de  parens  ré- 
fugiés et  originaires  de  Lorraine, 
entra  d'abord  au  service  de  Hollande 
en  1708,  passa  ensuite  à  celui  de 
Saxe  en  1711,  et  enfin  de  Prusse 
en  1718.  11  fut  major  du  corps  des 
ingénieurs  ,  conseiller  privé  du  con- 
seil français,  et  membre  de  l'acadé- 
mie royale  des  sciences.  Ayant  été 


HUME 

chargé,  en  1701  ,  de  la  direction  des 
travaux  de  Slel  tin  ,  il  profila  de  quel- 
ques momens  de  repos  pour  écrire 
de  petits  ouvrages  qui  sont  insérés 
dans  la  Fiiblioihèque  germanique. 
Cet  essai  de  ses  forces  le  porla  à 
se  livrer  à  des  travaux  plus  considé- 
rables ,  et  il  fit  plusieurs  ouvrages  , 
sur  le  nivellement ,  sur  l'origine  ci 
les  prog/ès  des  tranchées ,  et  l'art 
du  génie.  Il  traduisit  aussi  en  alle- 
mand l'ouvrage  de  Vauban,  sur 
l'attaque  et  la  défense  des  places  ,  2 
vol.  in-4'^.  En  17.79,  Frédéric  II 
l'envoya  à  Berlin  pour  enseigner  les 
malhéniatiques  à  ses  frères  les  prin- 
ces Henri  et  Ferdinand.  Humberl 
mourut  dans  celte  ville  en  17111. 

*  I.  HUME  (  David  )  ,  ministre 
protestant ,  d'une  famille  distinguée 
d  Ecosse  ,  fut  attaché,  dans  sa  jeu- 
nesse, à  l'église  ri'formée  de  Duras 
dans  la  Basse-Guieune  ,  et  ensuite 
de  Gergeau  dans  l'Orléanais.  Char- 
les L^' ,  roi  d'Angleterre  ,  le  chargea 
de  réunir  les  ihcologieus  protestaus 
de  l'Europe  dans  une  seule  et  même 
doctrine,  et  sous  une  confession  de 
foi  unique.  On  a  de  lui  plusieurs 
ouvrages  ,  dont  le  plus  considé- 
rable est  Davidis  Humii  apolo- 
gia  basilica,  seu  Machiaveli  in- 
genium  examinatu/n,  1  G26  ,  in-4°- 
On  lui  attribue  deux  satires  contre 
les  jésuites;  la  première  intitulée 
V  Jnti-Jssassin,  ou  Iléponse  à  l'yl- 
pologie  des  jésuites,  Genève, in-S** 
de  5rn  pages;  et  la  seconde  sous 
ce  titre  :  {'Assassin  du  roi  ,  ou 
Maximes  du  vieux  de  La  Mon- 
tagne du  Vatican  et  de  ses  assas- 
sins, mises  en  pratique  sur  la  per- 
sonne de  Henri-le-Grand ,  1617, 
in  -  8°  de  82  pages.  On  a  aussi  de 
lui  beaucoup  de  Poésies  latines  in- 
sérées dans  les  Deliciœ  puëlarum 
Scotorum  d'Artus  Souslon,  Ams- 
terdam, 1657,  2Voi.  iu-12. 

t  II.  HUME  (David),  ne  le  26 
avril  1711  à  Edimbourg  en  Ecosse, 


HUME 

d'inip  famille  noble,  mais  peu  riclie, 
fui  (i'ahord  dcsliné  an  hairean.  Le 
taieiil  lie  la  parole  ne  lui  ayant  été 
iiccordé  qne  dans  nii  degré  inédio- 
crc,  il  quitta  la  jurisprndence  pour 
cnlliver  la  litléralure  et  la  philo- 
sophie. 11  ne  négligea  point  la  po- 
litique; et  ses  connoissances  en  ce 
genre  lui  valurent,  en  ly/jfi,  J" 
place  de  secrélaire  d'amijassade  du 
général  Saint-Clair  ,  qu'il  accom- 
l)agna  à  Vienne  et  à  Turin.  11  lut 
attaché  au  lord  Herford  pendant  son 
iunba.ssade  à  la  cour  de  France  en 
176a;  et,  sons  le  niinistcre  du  gé- 
néral Conwai,  il  obtint  ,  en  1767  , 
l'emploi  de  sous -secrélaire.  Enlin 
il  renonça  entièrement  aux  affaires 
publiques.  11  mourut  le  SD  août 
1776.  Ce  philosophe  ,  d'un  ca- 
ractère doux  ,  d'une  humeur  gaie 
et  sociable,  capable  d  amitié  ,  ]ieu 
susceptible  de  haine  ,  et  modéré 
dans  ses  passions  ,  avoit  l'air  froid, 
€l  paroissoit  avoir  peu  sacrilié  aux 
grâces.  Le  désir  de  la  renommée 
littéraire,  quile  dominoit  ,  n'altéra 
Ijoint  sa  tranquillité.  Sa  probité 
étoit  sûre;  et,  quoique  naturelle- 
ment économe,  il  lit  des  actions 
de  géi\érosilé.  (  Voyez  Rousse.vu 
Jean-Jacques,  n°  111  .)  a  Ma  con- 
versation, dit-il  dans  le  Portrait 
qu'il  a  fait  de  lui-même,  n'étoit 
désagréable  ni  aux  jeunes  ge:is  ,  ni 
aux  oisifs  ,  ui  aux  hommes  studieux 
et  instruits  ;  et ,  comme  je  Irouvois 
un  plaisir  particulier  dans  la  so- 
ciété des  femmes  honnêtes  ,  je  n'ai 
pas  eu  lien  d'être  mécontent  de  la 
manière  dont  j'en  ai  été  traité.  Eu 
un  mot ,  quoiqu'il  n'y  ait  guère  eu 
d'homme  distingué,  en  quelque 
genre  que  ce  soit ,  qui  n'ait  eu  à  se 
plaindre  de  la  calonniie  ,  je  n'ai  ja- 
mais senti  l'atteinte  de  sa  dent  en- 
venimée ;  et  quoique  je  me  sois  ex- 
posé assez  légèrement  à  la  rage  des 
factions  politiques  et  religieuses , 
elles  ont  paru  se  dépouiller,  en  ma 
faveur",  de  leur  férocité  ordinaire. 


nu  ME         573 

Mes  nmis  n'ont  jamais  eu  besoin  de 
justiiier  aucune  circonstance  de  ma 
conduite  ,  ni  de  mon  caractère.  Ce 
ti'esl  pas  ([Ub  les  fanatiques  n'eussent 
été  disposés,  comme  on  peut  bien 
le  croire  ,  à  fabriquer  et  à  répandre 
des  fables  à  mon  désavantage;  mais 
ils  n'ont  jamais  pu  eu  inventer  une 
seule  qui  eût  quelque  apparence  de 
probabilité.  »  On  a  de  lui  ,  I.  Essais 
p/iilosophiqiies  sur  l'entendement 
lai  ma  in ,  traduits  en  français  par 
de  [\lérian  ,  avec  une  préface  et  des 
notes  par  Fonney ,  Amsterdam  , 
1758,  2  vol.  iu-12.  II.  Histoire 
naturelle  de  la  Heligion ,  avec  un 
Examen  critique  et  philcsophique, 
traduite  en  français  par  de  Mériau  , 
Amsterdam,  1769,  iu-12.  111.  Es- 
sais de  Morale  ,  ou  Recherches 
sur  les  principes  de  la  morale ,  tra- 
duits en  français  par  Robinet,  Ams- 
terdam, 1760,  in-12.  IV.  Essais 
politiques  et  moran.v  ,  traduits  en 
français  ])ar  de  ]\iériau  ,  Amster- 
dam ,  1709  ,  in-i^.  V.  JJiscours 
politiques ,  traduits  en  français  par 
l'alibé  Le  Blanc,  Amsterdam  (Paris) 
1754,  2  vol.  in-12.  Ces  dinérens 
onvriiges,  réimprimés  à  Paris  en 
1788  ,  sous  le  titre  de  Londres,  sont 
pleins  de  rtilexions  profondes  ,  mais 
quelquefois  obscures.  11  creuse  les 
foudemens  de  ]a  métaphysique  ; 
mais  il  ua  ni  la  clarté  de  Locke  ,  ni 
l'agrément  de  .Malebranche.  Ce  sont 
cependant  ses  Essais  qui  lui  pro- 
curèrent des  prôneurs.  Ce  sont  lea 
écrits  de  Hume  qui  engagèrent  le 
prussien  Kant  à  tenter  une  réforme 
dans  la  méta|;hysique  ,  et  à  chercher 
les  lois  primilives  de  la  pensée. 
VI.  Une  Histoire  d'Angleterre  , 
remarquable  ,  en  général  ,  par  sou 
impartialité  et  par  la  sagesse  de» 
rélk-xions  ;  mais  dont  le  slyie  est 
dur  et  roide.  Comme  celte  His- 
toire parut  favorable  aux  Sluarls  , 
et  que  Hume  Irailoilavec  une  jus- 
tice rigoureuse  les  fani;liques  de  la 
liberté  et  du  patriotisme,  elle  u» 


574  HUME 

réussit  pas  d'abord  dans  un  pays 
vcuipli  de  faclious  et  de  pnrtis.  «  J  e- 
lois ,  dil-il,  plein  de  confiance  sur 
le  succès  de  cet  ouvrage.  Je  croyols 
èlre  le  seul  liislorieu  qui  eût  ilé- 
daiguéà  la  t'ois  le  pouvoir,  lecrédil, 
la  foruine  et  les  clameurs  des  pré- 
jugés ;  et  comme  le  sujet  éioil  à  la 
])ortée  de  tout  le  monde ,  je  coniplois 
sur  l'approbation  uunerselle.  Mais 
je  fus  inhumainement  Irustré  dans 
ces  espérances  ;  il  s'éleva  contre  moi 
tni  cri  général  de  censure  ,  d'imprn- 
balion ,  et  même  de  détestalion  :  An 
glais,  Ecossais  et  Irlandais;  wighs 
et  lorys  ;  anglicans  et  sectaires  ; 
esprits  forts  et  dévois;  patriotes  et 
courtisans,  tous  se  réunirent  dans 
leur  fureur  contre  un  liomme  qui 
avoit  eu  l'audace  de  répandre  une 
larme  généreuse  sur  le  sort  cie  Char- 
les l'^'^ ,  et  sur  celui  du  comle  de 
Slralford.  »  Dans  les  premiers  mou- 
vemens  de  sa  sensibilité,  l'auteur 
prit  la  résolution  de  se  retirer  dans 
quelque  ville  de  province  eu  France, 
de  changer  de  nom  ,  el  de  renoncer 
pour  lamais  à  la  glotre  littéraire  :  ses 
a  m  isfempèchèrenl  d'exécuter  ce  des- 
sein. Son/Z/i/y/'/cest  diviséeen  trois 
jjériodes  :  des  maisons  de  Planla- 
genel ,  de  Tudor  el  de  Sliiart.  Ma- 
dame Belot  a  traduit  en  français  les 
deux  premières  périodes  ,  et  labbé 
Prévost  la  dernière.  Les  deux 
jjremleres  périodes  ,  imprimées  a 
Amsterdam  (Paris  ) ,  17G5  et  1765, 
forment  4  vol.  in-Zj'^  ;  el  la  3"^ ,  pu- 
bliée à  Londres  (Paris),  1760,  en 
forme  2  ,  également  in-/|°.  (/-^.  Pnr.- 
VOST.)  «Hume  ayant  commencé  son 
ouvrage  par  la  fin,  dit  I\Iably  ,  et 
avant  que  d'avoir  étudié  el  démêlé 
la  chaine  qui  lie  tous  les  siècles  et 
les  événeniens  d'une  nation  ,  il 
n'est  point  surprenant  que  le  rè- 
gne des  Stuarts  laisse  mille  choses 
à  désirer.  Il  a  ensuite  fait  remon- 
ter son  histoire  jusqu'aux  anciens 
Breton^;  ;  mais  on  trouve  un  liisto- 
lieuc^iii  u'a  lu  que  I08  chronicjues; 


HUME 

il  a  ignoré  les  lois  des  Normands» 
el  tout  Cri  qu'il  dit  sur  la  police  des 
fiefs  fsi  ininlelligible ,  ou  du  moins 
je  n'y  ai  rien  compris....  Hume  ne 
connoit  point  sa  nation,  el  on  ne 
découvre  point  l'intluence  du  ca- 
ractère national  dans  les  événemens 
qu'il  rapporte.  »  Est-ce  un  éloge 
ou  une  critique  qu'on  doit  faire  de 
lui?  Nous  en  laissons  le  jugement  à 
nos  lecteurs.  Hume  a  laissé  quelques 
ouvrages  posllmmes  -.  tels  sont  des 
Vio/agi/essur/a  nature  des  Dieux  ; 
et  sa  Vie  ^  composée  par  lui-même. 
Ce  dernier  livre  est  écrit  du  style 
de  la  conversation  la  plus  familière  ; 
et  l'on  y  découvre,  malgré  une  forle 
leiule  d'égo'isme  ,  une  auie  honnête 
et  vraie  ,  la  vanité  naïve  d'un  en- 
fant,  l'indépendance  d'un  philoso- 
phe ,  el  la  fermeté  d'un  mourant 
qm  aimoil  la  vie  sans  la  regretter. 
«  Au  printemps  1  775  ,  dit-il  ,  je  fus 
attaqué  d'un  mal  d'entrailles  qui 
d'abord  ne  me  donna  aucune  inquié- 
tude; mais  qui  depuis  esl  devenu  d  ce 
que  je  crois,  mortel  el  incurable.  Je 
compte  maintenant  sur  une  pro- 
chaine dissolution.  Celle  maladie  a 
été  accompagnée  de  très  -  peu  de 
douleur  ;  et ,  ce  qui  est  plus  étrange, 
|e  n'ai  jamais  senti,  malgré  le  lié- 
périssement  de  toute  ma  personne, 
un  seul  instanl  l'abaltemenl  de  l'â- 
me ;  en  sorte  que  s'il  me  falloil  dire 
quel  est  le  temps  de  ma  vie  où  j'ai- 
merois  le  mieux  revenir,  je  serois 
tenté  d'indicpier  celte  dernière  pé- 
riode. Je  n'ai  jamais  eu  en  effet  plus 
d'ardeur  pour  l'étude,  ni  plus  de 
gaieté  en  société.  Je  considère  d'ail- 
leurs qu'un  homme  de  6,^  ans  ne 
fait  en  mourant  que  se  dérober 
à  quelques  années  d'infirmités  ;  et 
quoique  plusieurs  circonstances  puis- 
sent me  faire  espérer  de  voir  ma 
réputation  littéraire  acquérir  enfin 
un  peu  ])lus  d'éclat,  je  sais  que 
je  n'aurois  que  peu  d'années  à  en 
jouir.  Il  est  diindle  d'être  plus  dé- 
taché de  la    vie  que  je    ne  le  suis 


HUME 

à  présenl.  w  Le  docleiir  Dundas  lui 
disoil  iiu  jour  :  «  Je  dirai  à  \otre 
îimi  le  colonel  Edinoiulslone  que  je 
vous  ai  laissé  beaucoup  mieux  ,  et 
en  bon  Iraiu  de  guënson.  —  Doc- 
leur  ,  lui  répondu  Huuie ,  conirne 
je  crois  que  vous  n'avez  envie  de 
dire  que  la  vérilt,  vous  feriez  mieux 
dé  lui  dire  que  je  m'en  vais  aui^si 
vile  que  mes  ennemis,  si  j'en  ai, 
pcuvenl  latleudre  ,  el  aussi  douce- 
ment que  mes  meilleurs  amis  peu- 
vent le  désirer.  »  M.  Suard  a  donné 
une  traduction  française  de  sa  Vie, 
Londres  ( Paris  ),  1777,111-12. 

*  L  HUMEAU  (  François),  né  à 
Poilieis  vers  lan  i5rio,  après  avoir 
pris  le  l)onnet  de  docteur  en  mé- 
decine à  Montpellier,  revint  dans 
sa  ville  natale  ,  où  il  fut  nommé 
proleEseur  en  i.f)8o.  11  étoit  doyen 
de  sa  faculté  lorsqu'il  mourut  à  Poi- 
tiers eu  i.'Ï94-  Les  ouvrages  de  ce 
médecin  se  réduisent  à  un  Traité 
sur  le  poi/rpre ,  qui  parut  en  fran- 
çais en  1575  ,  et  à  un  autre  sur 
ta  rate  ,  qui  fut  imprimé  en  latin 
à  Paris,  en  1578,  in-8°.  On  ap- 
prend dans  les  notes  du  Scalige- 
riana  ,  que  ,  quoique  lepouse  de 
Humeau  fût  aimable  et  belle ,  le 
docteur  ne  respecta  pas  toujours 
le  lien  conjugal.  Le  cordelier  Por- 
thaise,  prédicateur  célèbre  de  son 
temps,  ne  se  lit  aucun  scrupule  de 
le  désigner  dans  un  de  ses  sermons 
à  ne  pas  s'y  méj)rendre.  Il  prèchoiL 
sur  l'adultère  ;  le  bon  père  s'em- 
porta, et  apostropha  flumeau  eu 
tes  termes  :  «  Nous  apprenons  même 
avec  douleur  qu'il  y  a  des  gens  assez 
perdus  pour  s'abandonner  à  ce  pé- 
ché, bien  qu'ils  aient  en  leurs  mai- 
sons des  femmes  qui  sont  telles 
que  ,  quant  à  nous,  nous  nous  en 
contenterions  bien.))  On  ignore  quel 
fut  le  fruit  du  sermon  ;  mais  le  tour 
que  prit  le  prédicateur  jiarut  assez 
singulier  pour  qu'on  s'en  soit  sou- 
veau  long-temps  après. 


HUMI 


n^' 


"  ir.  IlUiMEAU  (François),  ne- 
veu du  précédent  ,  ué  à  Voiliers  , 
reçu  docteur  dans  la  faculté  de  mé- 
decine de  cette  ville  en  1628,  y 
pratiqua  son  art  avec  distinction , 
et  mourut  doyen  de  sa  compagnie 
en  ]t")83.  Aveuglément  attaché  aux 
sentimens  de  l'école  ,  ce  médecin 
combattit  l'opinion  dHarvey  sur  la 
circulation  du  sang,  et  préteudil 
mèine  la  réfuter  par  un  ouvrag» 
qui  parut  sous  ce  titre  :  In  circula- 
lio/iem  sangiiinis  Harveia/iain 
exercitatio  a/ialvniica  ,  Pictavii , 
1659  ,  iu-4**. 

*  HUMELBERG  (Gabriel)  ,  écri- 
vain du  16''  siècle,  et  médecin ,  né 
à  Kavensbourg  au  cercle  de  Suabe  , 
s'occupa  de  l'étude  de  quelques  au- 
teurs anciens  ,  dont  il  a  éclairci  les 
ouvrages  par  de  savans  commen- 
taires. On  lui  doit  les  éditions  sui- 
vantes: 1.  Sextus  de  medicind  ani- 
maliunt  ,  besliarum  ,  pccorum  et 
avium  ,  cuiii  sc/totiis  ,  liasileae  , 
i559,in-4''.  11.  Quinti  Sereni  d& 
re  medicâ,  sive  morburum  cura- 
tione  liber  cum  commeiitariis  , 
Tiguri,  1540,  i58i,  111-4".  ^^l^pi~ 
cil  Cœlii  de  upsaniis  et  condi men- 
tis ^  sive  arle  cuquinariâ  ,  libri 
decern  ,  cum  annuiatiuniius  ,  ibid  , 
i5^2  ,  in-4°.  IV.  /intunii  Musœ  d« 
herbu  betonicdliber  unus;  L.  Jpu- 
Itil  de  medicamenlis,  liber  unus, 
recvgniti  et  commeniariis  illus- 
irali,  ibid,  jSô?,  in-4°. 

lïUMlÈRES  (  Louis  de  Crevant 
d'),  maréchal  de  France,  d'une  an- 
cienne maison  originaire  de  Tours  , 
distingué  par  sa  valeur  aux  prise» 
des  villes  d'x\ire,  du  Ibrt  de  Linck  , 
de  Saint-tiuillaiu  ,  de  Courtrai  ,  de 
Dixmude  ,  et  à  la  balrtille  de  Cassel , 
lut  tait  lieutenant-général  en  1667  , 
iH  inaréciial  de  France  eu  if)68. 
11  avoit  épousé  en  i65o  Louise  de 
La  Châtre,  qui  ne  contribua  pas 
peu  ù  lui  faire  obtenir   le  bâton  dtf 


570 


HUMP 


maréchal.  Il  lui  fui  accordé  à  la 
jirière  du  vicomte  de  Tureime  ,  qui 
lie  pul  résister  aux  charaies  et  i.  l'es- 
prildela  marquise d'Hutiiières.  C'est 
à  celle  occasion  que  Louis  XIV 
ayant  demandé  au  chevalier  de 
Grammonl  s'il  savoit  qui  il  veuoil 
défaire  maréchal  de  France.  Celui- 
ci  répondit  :  «  Oui,  sire,  c'est  ma- 
dame d'Humières.  »  Il  mouriil  à 
Versailles  en  1G94,  ne  laissant  que 
des  hiles.  il  avoil  été  nommé  grand- 
inaître  de  l'artillerie  en  i685  ,  et  che- 
valier des  ordres  du  roi  en  1688.  Sa 
terre  de  JMouchy,  érigée  en  duché  sous 
le  nom  d'iluraières,  passa  à  Anue- 
I.ouise-JuUe  sa  tille,  qui  avoil  épousé 
Louis  -  François  d'Âumonl  ,  duc 
d'HuMiÈRKS  à  cause  de  sa  femme.  — 
11  y  avoil  une  ancienne  maison  d'IIu- 
MiÈiîES  ,  dont  le  dernier  mate  mou- 
rut sans  enfans  en  i5()5.  Sa  sœur 
Jacqueline  lit  passer  toufle  bien  de 
sa  famille  dans  celle  de  Crevant. 

HUMILIÉS.  F-ojez  Jean  de 
MKDA,n°XVl;e/PiEV. 

t  HUMILITÉ  (sainte),  née  à 
Faenza  en  1226,  d'une  bonne  fa- 
mille ,  ayant  cnj^ago  son  mari  à 
vivre  dans  la  continence  ,  fonda  , 
ueiif  aus  après  son  mariage  ,  les 
Religieuses  de  F allombreuse  ,  et 
mourut  le  3i  décembre  1010. 

t  H  U  M  P  H  R  E  Y  (  Lan  ren  l  ) , 
théologien  anglais  ,  né  dans  le  du- 
ché de  Liuckingham  en  iSig  ,  mort 
doyen  de  Winchester  en  1690  , 
étoil  fort  versé  dans  les  matières 
théologiques,  et  partisan  de  Calvin. 
On  a  de  ce  savant  plusieurs  ouvrages 
de  controverse  et  de  littérature.  (>n 
trouve  dans  les  premiers  bien  des 
calomnies  contre  l'Eglise  romaine; 
dans  les  autres,  il  y  a  peu  de  goût 
et  de  philosophie.  Les  principaux 
sont  ,  I.  Z^pisto/a  de  grœcis  lit- 
teris  ,  et  de  Homtri  tectiune  et 
imitatione ,  à  la  tète  d'un  livre 
d'Adrien  Juuius ,  Copiœcontu  ,  Ba- 


silese,  i568,  in -fol.  II.  Dr  Reli- 
gion is  conscivatinne  et  le forma-' 
liuiie  ,  deque  primatu  regiini  ,  à 
Bàle  ,  1559  ,  in-8°.  \\\.  De  ratione 
inlerpretandi  auctores  ,  111-8".  IV. 
Opliinatts  ,  sive  De  nubilitaleejus- 
que  origine  ,  in -8".  V.  Jesuilismi 
pars  prima  et  secunda  ,  in- 8".  VI. 
Fharisœisiiius  vêtus  etnovus ,  iii-S"; 

H  U  N  A  U  U  ou  IIuNALDE  ,  duc 
d'Aquitaine  ,  fils  d'Eudes  ,  promit, 
foi  et  hommage  à  Pépin  ;  mais  des 
que  ce  prince  fut  occupé  contre  les 
rebelles  d'Allemagne,  il  se  révolta 
en  7^}5  ,  entra  sur  les  terres  des 
Français,  et  s'avança  jusqu'à  Char- 
tres ,  qu'il  prit  et  brûla.  L'année 
suivante  il  lut  contraint  de  mettre 
bas  les  armes  ,  et  de  donner  des 
otages  de  sa  lidélilé.  Alors  ,  tour- 
nant sa  fureur  contre  ses  proches , 
il  attira  près  de  lui  son  frère  Hal- 
tou,  dont  il  éloit  mécontent,  et  lui 
lil  crever  les  yeux.  Les  remords  de 
ce  crime  lobligèrenl  de  se  faire 
moine  dans  le  monastère  de  l'ile  de 
Ré.  En  769  il  voulut  reprendre 
le  gouveruemenl  de  ses  états.  Char- 
lemagne  marcha  conlre  lui ,  et  obli- 
gea le  duc  de  Gascogne  ,  auprès  de 
qui  Hunand  s'éloit  relire  ,  de  le  lui 
livrer  :  mais  il  usa  de  la  victoire 
avec  modération  ,  et  permit  à  ce 
prince  inconstant  de  se  retirer  à 
Rome.  Himaud, ayant  demeuréquel- 
que  temps  dans  celte  ville,  passa 
chez  lesl-ombards,  on  il  périt  misé- 
rablement sous  une  greîe  de  pierres. 

*  ï.  HUNAULD  (  Pierre),  mé- 
decin d'Angers  ,  pratiqua  son  art 
dans  celte  ville  avec  distinction. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages , 
dont  les  principaux  sont  ,  I.  Dis- 
cours physique  sur  tes  propriétés 
de  la  sauge  ,  et  sur  le  reste  des 
plantes  aromatiques  ,  dans  lequel , 
par  occasion  ,  on  traite  de  la  dis- 
solution des  corps  et  de  la  diges- 
tion des  alimens  dans  l'estomac  , 
Paris  ,  1698  ,  in-i  2.  II.  Projet  d' tut 


nouveau  cours  de  médecine  ,  Clià- 
leau  -  Gonlier  ,  1718,  in-i-2.  Ou 
ignore  l'époqne  de  la  iiaissaiu:e  cl 
celle  de  la  mort  de  ce  niéde.cin. 

*  II.  lîUNAULD  (Frauçois- 
Joseph)  ,  né  à  Cliàleaii-Biianl  ie  24 
février  1701  ,  lils  ,  pelil-lils,  ne- 
veu et  cousin  de  niédicins ,  pri^ 
le  bonnet  de  docteur  eu  médecine  à 
Reims,  h  l'fige  de  21  ans  ,  vint  à 
Ptiris  ,  et  se  livra  lonl  entier  à  l'a- 
ualoniie  et  à  la  chirurgie.  Auaclié 
au  duc  de  Riclielieu ,  eu  ({ualilé  de 
son  médecin  ,  il  le  suivit  dans  ses 
ambassades.  De  retour  dans  la  capi- 
tale ,  il  publia  en  1780  'Recherc/iea 
anaturnlques  sur  tes  os  du  crâne  de 
r homme.  A  cette  épociue  ,  il  fut 
nommé  pi-ofesseur  d'analomie  au 
Jardni  du  Roi  ,  et  s'acquit  ,  dans 
celle  l'ouctiou  ,  une  grande  célébrilé. 
Un  voyage  qu'il  til  à  Londres  en 
1735  lui  valut  l'honneur  d'être 
membre  de  la  société  royale,  après 
avoir  lu  dans  uue  assemblée  de  cetle 
compagnie  des  liéfJexions  surTopé- 
ratlon  de  la  fistule  lacrymale  ,  qui 
ont  élé  insérées  dans  les  Transac- 
tions philosophiques.  Ce  médecin 
mourut  en  17^12. 

*  I.    HUND   DE     SiTLTZENMOS 

(  Wiguel  ) ,  président  du  tribunal 
suprême  de  Bavière  ,  publia  en 
i582  un  savant  ouvrage  ,  inlilulé 
iJctrupolis  Salisburgensis.  Chris- 
tophe Gewold ,  con.seiller  du  duc 
de  Bavière,  continua  le  travail  de 
Hund  ,  auquel  il  ajouta  des  notes  et 
en  donna  uue  nouvelle  édition  eu 
3  vol.  iu-l'ol.  ,  !\Iunich ,  1620.  On 
y  trouve  la  l'ondaliou  des  évechés 
de  Gurk  ,  Chienrôée  ,  Seckau  et  La- 
vautz ,  dont  les  évèques  ,  juscju'à 
l'époque  acUielle  ,  ne  reçurent  jamais 
rinslitnlion  canonique  que  de  l'ar- 
chevêque de  Sallzljourg.  C'est  une 
dérogation  bien  l'or  nielle  à  Tusage 
très-moderne  par  lequel  les  papes  se 
sont  attribué  le  droit  de  donner 
des  huiles  aux  évèqiies  des  divers 

T.    VIII. 


HUKD 


577 


pays  catholiques.  Cetle  iuslitulion 
i  auoaique  ,  clont  les  ultramonlains 
l'eroient  un  dogme  s'ils  losoieut  , 
n'est  guère  qu'un  certificat  d'ido- 
néilé  ;  dans  les  douze  premiers  siè- 
cles de  l'Eglise  ,  on  u'eut  pas  recours 
à  Rom-e  pour  cet  objet.  Saint  Cy- 
prieu  ,  saint  Firmilieu  ,  saiut  An^- 
broise,  saint  Augustin,  saint  Basile, 
saint  Grégoire  de  Nazianze,  en  uu 
mol  ,  aucun  des  grands  pontifes  de 
la  primitive  Eglise  n'eurent  besoin 
de  bulles  romaines  pour  être  établis 
dans  leurs  sièges.  On  ne  pouvoit  eu 
produire  aucune  ;  et  si  l'on  disoit 
que  c'éloit  par  concessiou  du  pape  , 
ou  ne  trouve  pas  uu  seul  monuiuent 
ecclésiastique  qui  le  dise.  Le  concile 
de  ]Nicée  ,  en  5^3  ,  prouve  le  con- 
traire; il  stalue, canon  4,  que  l^mè- 
iropolilain  iuslituera  l'évêque.  Tel 
fut  l'usage  constant  confirmé  par 
les  conciles  et  par  les  papes  Gélase, 
saint  Léon  ,  Zozime  ,  elc. 

*  IL  lîUND  (  Magnus  ) ,  médecia 
du  iy  siècle,  ué  à  i\[agdebourg  , 
s'établit  à  Leipsick  ,  et  se  distin- 
gua daus  la  chaire  où  il  avoit  été 
appelé  ,  et  qu'il  remplit  jusqu'à  s^a 
mort, arrivée  dans  la  même  ville  eu 
iSu).  Hund  est  un  des  premiers  qui 
aient  donné  des  planches  d'analo- 
mie ;  elles  parurent  deux  ans  après 
celles  qu'on  attribue  à  Jacques  Pei- 
ligk,  et  qui  fureut  publiées  à  E,eip- 
sick  en  1499. 

*  HUNDERTMARK  (  Cliarles- 
Frédéric)  s'appliqua  avec  tant  de 
succès  à  la  médecine,  qu'il  fut  nom- 
mé i>rofesseur  en  celle  science  à 
Leipsick.  Ou  a  de  lui  plusieurs  Dis- 
serlalions.donl  les  principales  sont, 
L  JJe  diis  artis  medicœ  Iule  Lan  bus , 
Lipsias  ,  1733  ,  in-/)°.  IL  JJber  sin- 
gularis  de  incrementis  artis  me- 
dicœ per  expositionem  ivgroh)rum 
apud  veleres  in  vias  publicas  et 
lempla  ,  ibid.  ,  1709  ,  174g  ,  in-^jo. 
Ou  y  trouve    plusieurs    traits   sur 

j  1  hisloire  de   la  médecine  daus   les 
3? 


5:8 


HUNI 


temps  héroïques,  et  difFërentes  re- 
marques sur  la  manière  de  traiter  les 
malades  chez  les  anciens. 

*  HUNERWOLF  (Jacques- 
Auguste  ) ,  docteur  eu  médecine  et 
physicieu  d'Arnstad  ,  ville  d'Alle- 
magne dans  la  Thuruige,  sa  pauie  , 
reçu  metnl)re  de  lacadt'niie  des  cu- 
rieux eu  i685,  a  donné  une  infi- 
uilé  d' observa tiuns  daus  les  Mé- 
moires de  celte  académie,  etuu  traité 
intitulé  jinatoinia  Pacuniœ ,  qui 
parut  à  Arnslad  en  1680  ,  in-8". 

t  HUNGARIA  (  Bernardin  d'  ), 
ainsi  noiatné,  parce  qu'il  étoil  du 
royaume  de  Hongrie ,  se  fit  capucin  , 
et  passa  eu  qualité  de  missionnaire 
4u  Afrique.  11  en  remplil  les  fonc- 
tions dans  le  royaume  de  Loaugo  , 
et  baptisa  le  roi  et  la  reine  de  cette 
vaste  contrée.  Ses  missions  ne  se 
bornèrent  pas  à  cette  province  ;  il 
pénétra  fort  avant  dans  l'intérieur 
de  l'Afrique.  Revenu  à  Loaugo  ,  il 
y  mourut  le  iS  juin  1664.  On  a 
de  cet  homme  apostolique  ïllis- 
toiie  de  son  P'oyage  et  de  sa  Mis- 
sion ,  avec  une  relation  des  mœurs 
des  habitans  du  Luango.  L'alibé 
Proyart  a  donné  une  Histoire  de  ce 
pays  ,  Paris  ,   lyyfijin-u. 

j  HUNIADE(Jean-Corvin), 
vaivode  de  Transilvanie ,  et  géné- 
ral des  armées  de  Ladislas,  roi  de 
Hongrie  ,  un  des  plus  grands  capi- 
taines de  son  siècle  ,  combattit  les 
Turcs  ,  et  gagna  des  batailles  iin- 
polautes  eu  i442  et  \l\i\'ï>  contre 
les  généraux  d'Amurat,  qu'il  obligea 
de  se  retirer  de  devant  Belgrade  , 
après  im  siège  de  sept  mois.  Il  ne  se 
signala' pas  moins  l'année  d'après  à 
la  bataille  de  Varnes  ,  où  Ladislas 
fut  tué  ,  et  (jui  fut  si  fatale  à  la  chré- 
tienté. Nommé  gouverneur  de  la 
Hongrie,  il  rendit  son  nom  si  re- 
doutable aux  Turcs ,  que  les  enfans 
mêmes  de  ces  infidèles  ne  l'enteu- 
doiunl  prononcer  cju'avec  frayeur, 


HUINN 

et  qu'ils  l'appeloient  .Tanins  T.acn 
c'est-à-dire,  Jea«  le  Scélérat.  Il  fut 
néanmoins  vaincu  par  les  Turcs  en 
1448;  mais  plus  heureux  dans  la 
suite,  il  empêcha  Mahomet  II  de 
prendre  Belgrade,  Cjue  ce  sultan  a  voit 
assiégé  l'an  j4f)6.  Huniade  mourut 
à  Zein plein  le  10  septembre  de  la 
*même  année.  Son  lils  devint  roi  de 
Hongrie.  (  V.  Matiiias  Corvin.  ) 
.Mahomet  II  témoigna  une  douleur 
extrême  de  la  perle  de  ce  héros  , 
qu'il  appeloil  a  le  plus  grand  homme 
qui  eût  porté  les  armes.  »  U  sesli- 
rnoil  même  malheureux  ,  dit -on  , 
<(  de  ne  trouver  plus  de  tête  assez 
illustre  dans  l'univers  ,  contre  la- 
quelle il  pût  tourner  ses  armes  ,  et 
venger  l'affront  qu'il  avoil  essuyé 
devant  Belgrade.  » 

*  HUNN^US  (  Augustin)  ,  né  à 
Malines  en  i.'iaa,  s'appliqua  à  l'é- 
tude des  langues  savantes  ,  fut  pro- 
fesseur de  théologie  et  chanoine  de 
Saiut-Pierre  ,  docteur  et  recteur  de 
l'université  de  Louvain  ,  où  il  mou- 
rut le  7  septembre  1577.  U  écrivoit 
bien  en  latin  et  possédoil  les  langues 
grt^cque  et  hébraïque.  U  s'eflorya  de 
débarrasser  la  philosophie  de  l'école 
de  la  barbarie  dont  elle  étoit  enve- 
loppée, et  publia  à  cet  efl'et  beau- 
coup d'oui^'rages.  Il  a  douné  aussi 
quelques  éditions  de  la  Somme  de 
saint  Thomas  revues  sur  d'anciens 
manuscrits;  la  meilleure  est  celle 
d'.^nvers,  i.T75,  4  vol.  in-fol.  Cet 
auteur  eut  part  à  la  Poliglott* 
d'Anvers. 

1  HUNNERIC  ,  roi  des  Vandales 

en  Afrique  ,  succéda  à  son  père  Gen- 
seric  en  4'?7-  Ce  prince,  qui  étoil 
arien,p'rmitd'abord  aux  catholiques 
le  libre  exercice  de  leur  religion; 
mais  il  les  persécuta  dans  la  suite 
de  la  manière  la  plus  barbare.  H 
bannit  4^6''  ecclésiastiques  ,  publia 
divers  édils  contre  eux,  et  eu  fil 
mourir  jus(prà  40,000  par  des  tour- 
nieus  inouïs  ,   à  l.i  persuasion  do« 


«I\è<]ue8  arieii?'.  Théodoiic  son  frcre 
el  ses  euhuis,  le  patriarche  des  ariens, 
el  lous  ccnx  contre  lesquels  il  avoil 
conçu  fjuelqiies  soupçons  ,  furent  les 
Viclinies  de  sacruanlé.  Il  employoil 
indifteremment  le  fer  el  le  feu  po\ir 
la  saliï»fttire.  Ce  furieux  mourut  la 
•Jniitiènie  année  de  son  règne  ,  l'an 
448.  Victor  de  Vite   dit    qu'il   fut 
inaugé  des    vers    qui   sortoieul    de 
toutes  les  parties  de  son  corps.  Gré- 
goire de  Tours  écrit  qu'étant  entré 
en  frénésie  il  se  mangea  les  mains. 
Isidore    ajoute    que    ses    entrailles 
s-orloient  de  son  corps  ,  et  qu'il  eut 
■la  même  fin  qu'Anus  ,  dont  il  a  voit 
voulu  élablir  Ja  secte,  par   tant  de 
massacres.  On  ne  peut  nier  que  ce 
prince  ne  méritât  de  mourir  d  une 
mort  violente;  mais  il  est  dillicile 
de  concilier  tant  de  récits  différens 
■faits  par  des  historiens  dont  le  dis- 
cernement est  souvent  en  défaut. 


V  liU.NNlUS  (Gilles),  ministre 
de  "Willemberg  ,  et  théologien  lu- 
tliérien  ,  mon  en  i6o3,  à 'j3  ans, 
a  beaucoup  écrit  contre  les  calvi- 
uistes.  On  cite  .sur-tout  son  Cah'i- 
Ufjs  Ji/daïsfl/iS  ,  Willemberg ,  i  695 , 
,ip-8".  Il  y  charge  ,  avec  la  violence 
If»  plus  outrée  ,  le  rélormatcur  de 
Genève  de  toutes  les  héré.sies  possi- 
jjle^.On  a  de  lui  û'aiitres  ouurages 
,de  coplioverse ,  en  5  vol.  in-fol.  , 
piÀ  il  attaque  égaLemenl  les  catholi- 
ques et  les  calvinistes. 

HUNNOLD  (François)  ,  né  dans 
■le  pays  de  Nassau  ,  entra  chez  les 
'jésuites  ,  et  se  distingua  par  ses  Ser- 
mons ,  qui  sonl  peut-être  les  meil- 
leurs parmi  ceux  qui  ont  été  faits 
en  Allemagne  vers  le  commence- 
ment du  dernier  siècle  ;  ils  tout  en  (3 
volumes  in-folio ,  d'abord  impri- 
més à  Cologne  et  à  Augshourg.  I^es 
éditions  en  ont  été  multipliées  dans 
différentes  provinces  d'Allemagne. 
On  lui  reproche  de  sécarter  quel- 
quefois des  plans  qu'il  annonce,  et 


HUJNT  579 

exemples  qu'il  apporte  en  preuve 
des  vérités  qu'il  avance.  Il  mourut 
à  Trêves  en  17^16. 

*  I.  HUNT  (Gauthier),  moine 
anglais  de  l'ordre  des  carmes,  dis- 
tingué dans  uu  concile  qui  fut  tenu 
à  Vlorence  contre  les  Grecs  ,  an 
temps  où  il  fut  question  de  réunir 
les  deux  Églises,  mourut  en  1470. 
Il  a  écrit  uu  livre  sur  cette  ma- 
tière. 

*1I.  HUNT  (Jérémie),  savant  théo- 
logien dissident,    né  à  Londres  eu 
1678,  élevé  de  M    Thomas  llowe  , 
ministre  dissident.  Après  a  voir  ache- 
vé ses  études   dans  les  université? 
d'Edimbourg  et  de  Leyde  ,  il  étudia 
dans    cette  dernière  ville,  sous   un 
savant  rabbin,   Ihébreu  et  les  an^- 
ciens  livres  des  juifs.  Il  fut  ensuit^ 
prédicateur  d'une  congrégation  an- 
glaise à  Amsterdam, et,  a  son  retour 
en  Angleterre,  il  desservit  une  au- 
tre   congrégation    à    Ennslçad    a^ 
comté  de  Norfoick,  puis  il  revint  à 
Londres  en    1710,  où  il  fui  tiicorp 
pasteur  d'une  congrégation.  En  x  7  29 
l'université  d'Ediiubourg  lui  conféui 
le   degré  de  docteur.  Hunl  a  donn^ 
plusieurs    ouvrages.    1.   Bssal    sui- 
tes expllcaiiGns  tlunnées  en  clijf'é- 
rena  temps  de  l'/iistuire  et  des  ré- 
vélations de  l'Ecriture  sainte  ,iiu- 
quel  il  a  joint  une  Dissertation  sur 
la  chute  duprtmier  homme  ,  iu-8", 
1758.  11.  JJ ij^'erens  fermons. 


*\.  HUNTER  (Robert),  auteur 
de  la  fameuse  Lettre  sur  l'enthou- 
siasme ,  attribuée  à  Switz,  et  plus 
généralement  au  comte  de  Shafts- 
hury.  On  le  croit  aussi  auteur  d'une 
farce  intitulée  Androboros.  11  lut 
successivement  lieutenant  -  gouver- 
neur de  Virginie  en  1708,  gouver- 
neur de  New  Yorck  en  1710,  et  de 
la  Jamaïque  en  1728,  où  il  mourut 
le  3i  mars  1704.  Pendant  son  gou- 
vernement de   New-Yorck  il  avoil 


de  pe  choisir  pas  toujours  bieu  les  I  avancé  pour  le  gouveruenjeni  plu» 


58o 


HUIST 


de  20,000  liv.  sterling,  (environ 
4fio,ooo  francs  )  pour  l  entretien  des 
troupes  du  Palaliuat,  qui  y  avoient 

été  envoyées. 

t  11.  HUNTER  (  Guillaume  )  , 
médecin  anglais,  né  à  Kiibride  eu 
Ecosse  eu  1718,  fut  destiné  d'abord 
à  l'étal  ecclésiastique,  pour  lequel 
il  avoil  de  l'éloigneuient  ;  ainsi  il 
n'eut  pas  de  peine  à  se  rendre  aux 
conseils  dn  docteur  Cullen,qui  l'en- 
gagea à  se  dévouer  à  l'étude  de  la 
médrciue,  dont  il  acquit  les  premie- 
Tes  connoissanc  s  sous  lui ,  etc.  Hun- 
ier reg  irde  les  trois  années  (|u'il  y 
employa  dans  la  ramille  du  docteur 
comme  les  pins  heureuses  de  sa  vie. 
11  vint  ensuite  h  E  limbonrg  enten- 
dre les  leçons  du  docteur  Monro;  et 
lecommanilé,  en  ly/ji  ,à  I.oiidres  . 
au  docleur  Doitglas,  par  Foulio,  im- 
primeur à  Glascow  ,  il  y  fut  d'au- 
tant mieux  accu.  iUi  ,  que  le  docteur 
Douglas  eut  bieiitôt  apprécié  ses 
taiens  et  ses  heureuses  dispositions. 
Admis  à  l'hôpital  de  Saint-George 
à  litre  d'élève  en  chirurgie  ,  il  s'y 
distingua  par  son  liabilfié  dans  la 
dissection.  Eu  174^  il  présenta  à  la 
société  royale  un  Essû/  sur  la  slruc- 
ture  et  les  inatadies  des  carlUages 
qui  servent  aux  artirulalions  ;  la 
manière  dont  il  traita  cet  objet  , 
jusqu'alors  peu  approl'oudi ,  atteste 
les  progrès  qu'il  a  voit  déjà  laits  dans 
,les  recherches  anatoniiqnes  auxquel- 
les il  s'étoit  particulièrement  livré. 
Trois  ans  après  il  succéda  à  Samuel 
Sharpe  ,  dans  les  leçons  qu'il  donuoit 
:\  une  société  privée  de  jeunes  chi- 
rurgiens dans  Coven-Gardcn.  On 
dit  qiie  dans  ses  débuts  sa  timidité 
ajouta  beaucoup  à  l'embarras  de 
parler  en  public  pour  la  première 
J'ois;  ses  succès  la  lui  tirent  aisé- 
ment ou.blier  dans  la  suite.  L'af- 
tliience  de  ses  auditeurs  dans  l'es- 
pace de  deux  cours  qu'il  donna  lui 
rendit  un  produit  assez  coiisi- 
■flérable,  (jue  sa  disposilion  à  obli- 


HUPsT 

ger  eut  bientôt  dissipé;   mais  ins- 
truit par  son  expérience  ,  il  apprit 
à  devenir   i)lus  réservé.   Admis   eu 
i7/|7  dans  le  corps  des  cliirurgieus, 
il  s'adonna  ,  soit  à  l'exercice  de  la 
chirurgie,  soit   à    la    pratique    des 
accoucheniens.  On  le  coasLiiioil  de 
tous  côlés,    j)arliculièremenl    dans 
tous  les  cas  où  le  siège  ou  la  nature 
des  maladies  exig^^oienl  une  ijrolonde 
connoissauce  deraiialomie.  En  j  7.^)0 
l'université  de  Glascow  lui.  coulera 
le  degré  de  docteur  eu   médecine; 
et  jusqu'en  176/4,  époque  à  laquelle 
il  lut    nommé    médecin  extraordi- 
naire  de   la  reine  ,  il  consacra  son 
lemps  soit   à   ses  leçons  ,   soit  à  la 
pratique  de  son  art.  La  société  royale 
de    Londres ,  et   l'académie    royale 
des  arts,  récemment  iusliluée,  s'em- 
pressèrent de  s'associer  Hunier  :  les 
Transactions  philosophicpie'S  s'enri- 
chirentde  plusieurs  mémoires  iiilé- 
ressans   qu'il  présenta  à  la.  spciété 
royale  ,    sur   des  ossetnens  trouvés 
dans  la  rivière  de  l'Ohio  en  Aaiéri- 
que  ,  sur  d'autres  ossemens  trouvés 
dans  le  rocher  de  Gibraltar  et  sur 
le  nyl-'gliau  ,  animal  des  Indes  qui 
n'avoil    point    encore    été     décrit. 
L'académie  des   arts  s'applaudit  de 
voir  adapter  aux  ob'els  de  peinture 
et  de  sculpture  lescôniioissancesana- 
tomiqUes  que  Hunier  sut  y  appliquer 
avec  une  justesse  qui  attestoit  à  la 
fois    l'étendue  efla    facilité  de  soii 
génie.   Sa  réputation  s'étoit  répan- 
due dans  toute  l'Eutope,  elles  so- 
ciétés   savantes    semblèrenl    lutter 
d'émulation  dans  leurempressement 
à  se  l'associer.  En  1781  il  fut  appelé, 
à  l'unanimité  des  voix  ,  à  la  prési- 
dence de  la  société  des  médecins  de 
Londres;  élu  associé  étranger  par  la 
société   de    médecine    de    Paris  ,p.u 
1780,  et  de  l'académie  royale  des 
sciences    en    178-2,   Hunier   s'éloit 
déjà  fait  un  nom  par  son  Anato/nie 
(le  l utérus  dans  l' état  de  grossesse, 
en  5.4  planches,    ouvrage  entrepris 
eu  1751  ,  et  qu'il  n'a  i)ublié  qu'eu 


y" 


HUINT 

1770  ,  dans  la  seule  vue  de  le  per- 
f€Ctiounei".  Eu  traçant  lesquisse  des 
travaux  et  des  succès  de  Hunier  , 
uous  n'avons  présenté  que  ses  titres 
à  la  renommée,  il  en  a  d'autres  à 
la  recouuoissauce  ])ublique,  |)ar  sa 
munificence  et  le  nol)le  emploi  de 
la  fortune  considérable  qu'il  séloil 
acquise.  Dans  l'iulenlion  de  la  con- 
sacrer à  l'utililé  publique  ,  et  ne  s'é- 
taut  point  marié  ,  ses  premières 
vues  se  porlèreut  sur  la  fondation 
d'une  école  d'anatomie.  11  pré.^enta 
en  1765  ,  à  M.  Greiiville,  alors  mi- 
nistre, un  mémoire  pour  obtenir  un 
terrain  sur  lequel  il  deniandoit  de 
construire  à  ses  frais  un  ihéaire 
anatomique;  il  ofiVoit  de  consacrer 
7000  liv.  sterl.  (environ  1 55, 000 
francs)  à  la  construction  de  l'édi- 
fice ,  et  de  fonder  à  perpéluilé  une 
chaire  d'anatomie.  Cette  proposition 
ne  fut  pas  accueillie  comme  elle 
devoit  l'être.  Quelcpie  tejjips  après 
lord  Shelburne4émoigna  à  Hiinter 
le  désir  de  voir  s'accomplir  son 
projet,  an  moyen  d'une  souscription 
dans  laquelle  il  s'eii|É||'0it  hii-mè- 
liie  pour  nue  somm^re  1000  gui- 
nées.  I,a  délicatesse  de  Hunier  iie  lui 
permit  pas  d'accepter  cette  offre;  il 
préféra  d'exécuter  son  projet  à  ses 
propres  dépens  ;  il  acheta  un  ter- 
vain  et  fit  construire  un  édifice  spa- 
cieux, où  furent  placés  un  auiphi- 
ihéàlre  et  toutes  ses  dépendances  , 
avec  une  vaste  et  itiagniiique  salle 
disposée  à  recevoir  son  muséum. 
On  peut  ,  d'après  ses  travaux -et 
l'empressement  de  ses  élevés  ji  lui 
faire  hommage  de  leurs  préparations 
analomiques,  juger  du  nombre  des 
pièces  de  ce  genre  dont  il  avoit  for- 
mé sa  collection  :  il  y  avoit  joint  un 
cabinet  de  fossiles  ;  une  riche  bi- 
bliothèque d'auteurs  grecs  et  latins 
et  de  livres  de  liltéralure  et  de 
sciences  ;  un  cabinet  de  médailles 
antiques  dont  M.  Combe  a  en  parie 
publié  le  catalogue  ;  une  riche  col- 
ïecliou  de  coauiUes  el  de    coraux  , 


HUIST  58 1 

rassemble's  par  le  docteur  Folhergilly 
ajoutoient  à  la  magnihctnce  de  ce 
muséum,  commencé  depuis  1770, 
et  pour  lequel  Hunier  avoil  dépensé 
plus  de  20,000  liv.  sler  (  enviroTT 
/(5o,ooo  francs).  Comblé  d'honneur» 
et  de  richesses  ,  estimé  de  son  sou- 
verain, Ilunter  sembloit  avoir  réu- 
ni autour  de  lui  tout  ce  qui  peut  at- 
tacher à  la  vie ,  et  Mialheureu.^e- 
ment  il  n'en  jouit  pas  long- temps  : 
il  mourut  le  5o  mars  178?)  dune 
attaque  de  jiaralysie.  11  légua  la 
j.ouissance  et  l'usage  de  son  muséum 
à  son  neveu  Matthieu  Haillie,  pen- 
dant l'espace  de  5o  années,  et  en 
assigna  la  propriété  à  l'université 
di'  (ilascow:  il  y  joignit  un  fonds 
de  8000  liv.  sler.  (environ  176,000 
francs  )  pour  renlretien  el  l'aug- 
mentation  de  celle  collection.  Hun- 
ier ,  d'une  petite  stature  ,  mais 
bien  pris  dans  sa  taille  ,  et  extrê- 
mement frugal,  se  levoit  de  très- 
grand  matin  :  tous  les  iiislans  que 
lui  laissoieut  ses  affaires  éloient 
consacrés  à  ses  recherches  analomi- 
ques ou  à  son  muséum.  Ses  ma- 
nières et  son  extérieur  éloient  eu- 
g.igeans  ;  il  savoit  appeler  la  con- 
fiance des  malades  qui  le  cousnl- 
loient  ,  par  l'attention  qu'il  leur 
donnoit.  Dans  ses  consultations  a \ec 
ses  coiifières  ,  il  ne  présenioit  sou 
opinion  qu'avec  beaucoup  de  can- 
deur et  de  déiiance  ;  dans  les  entre- 
tiens familiers  il  étoil  gai  el  sans 
préteni  on  Ceux  qui  tout  connu 
ibnl  l'éloge  de  sa  pénétration  ,  de 
sa  mémoire  ,  de  sa  grande  facilité 
et  de  son  jugement. 

*  III.  HUNTER  (Jean  )  ,  frère  du 
précédent  ,  marcha  sur  ses  trace» 
avec  succès.  Né  en  17^8  ,  el  ayant 
perdu  son  père  à  l'âge  de  10  ans  ,  il 
atteignit  sa  vingtième  année  fan» 
avoir  fait  aucune  étude.  l,a  répula- 
lion  que  son  frère  s'éloil  accpiise 
l'engagea  à  se  rendre  auprès  de  lui. 
HuuUr  développa   bientôt  les  Ui- 


582 


HUAT 


lens  donl  la  tiaUire  l'avoit  doué.  TI 
fit  ses  premières   éludes  en  chirur- 
gie à  l'hôpilal   de  Chelsea ,  sous    le 
célèbre   Cheseldeu ,  et    ses    progrès 
furent  si  rapides,  que  l'hiver  sui- 
vant il  euseignoit  IJarl  de  disséquer 
aux  élèves  de  sou  frère  ,  qui  clans 
la  suite  se  reposa  entièrement  sur 
lui  de  ce  soin.  Hunier  se  livra  avec 
une  sorte  de  fureur  el  avec  tai.t  de 
constance  pendant  dix  ans  à  l'élude 
de  l'aualomie,  qu'il  parvint  à  enri- 
chir celle  science  de  plusieurs  con- 
Jioissances  nouvelles ,  telles  que  les 
ramificalioiis    des   nerfs   olfacloires 
sur  les  membranes  du  nez  ,  la  dis- 
tribution de  quelques-unes  des  bran- 
ches des  nerfs  de  la  cinquième  paire, 
la  route  des  artères  de  l'utérus  abou- 
tissant au    placenta.    11    démontra 
l'existence  des  vaisseaux  lymphati- 
ques dans  les  oiseaux.   L'anatomie 
comparative  étoil  son  étude  favo- 
rite ;  il  s'étoil  formé  une  ménagerie 
où  il  entrelenoil  tous  les  animaux 
qu'il  pouvoil  se  procurer  ;  il  étudioit 
leurs  habitudes  et  leurs  mœurs,  et 
cberchoit  à  établir  les  principes  de 
l'économie  animale  sur  la  compa- 
raison du  même  organe  observé  dans 
des  individus   d'espèces  différentes. 
son  esprit   observateur  cherchoit  à 
appliquer    les    conaoissauces    qu'il 
puisoit   dans  cette  étude    aux  pro- 
grès de  la  chirurgie  ;  il  suivoil  tou- 
tes les  grandes  opérations  ,  sappli- 
quoit,  lorsqu'elles  n'avoient  pas  eu 
le  succès  qu'on  s'en  éloil  promis  ,  à 
en  rpi;hercher  les  causes;  c'est  ainsi 
qu'il  en  perfectionna  quelques-unes, 
ei  particulièremenl  celle  de  l'hydro- 
cèle.  Plii.sieurs  sociétés  savantes  vou- 
lurent le  compter  parmi  leurs  mem- 
bres ;  adopté  en  1767   par  la  société 
royale   de   Londres,  il  le  fut  suc- 
cessivement par  celle  de  Gothem- 
bourg,  par  la  société  royale  de  mé- 
decine et  l'académie  de  chirurgie  de 
Paris  ,  par  la  société  philosophique 
d'Amérique  ,   el  par  le  collège  de 
chirurgie  d'Irlande.  Il  fut  en  même 


HLINT 

temps  chirurgien  du  roi,  de  l'hô;  i- 
lai  de  Saint-George  ,  chirurgien- 
général  de  l'armée  ,  et  inspecieur- 
général  des-  hôpitaux.  Quelque* 
contradictions  quil  éprouva  dan* 
une  occasion  où  il  voulut  étotiHer 
ou  ses  plaintes  ou  son  ressentiment 
furent  immédiatement  suivies  de  sa 
mort  subite  au  mois  d'octobre  1793. 
Hunier  éloil  d'une  stature  médiocre, 
mais  d'une  forle  complexion  ,  d'une 
activité  exlrème  ,  d'un  lempéra- 
meut  ardent  et  impatient  ,  d'une 
l'ranchise  qu'il  porta  quelquefois  jus- 
qu'à l'excès.  11  dormoi-t  peu  :  ses 
travaux,  pénibles  pour  tout  autre, 
ne  faliguoienl  point  sa  robuste  cons- 
liluliou.  11  n'apprécioit  l'argent  que 
comme  un  moyen  de  faciliter  ses 
études  el  ses  recherches  ;  el  touÉ 
entier  aux  progrès  de  son  art,  iï 
donna  trop  peu  d'attention  aux  in- 
térêts de  sa  propre  famille.  Indé- 
pendamment (les  nombreux  mé- 
moires de  Hunier  que  renlerment 
les  Transactions  philosophiques,  on 
a  de  lui  ,  I.  Natural  histury  of 
thehumaa  MÊ^,  1771  ,  in-4°,dout 
la  seconde  p^^e  parut  en  1778  ,  et 
qui  a  élé  traduite  en  latin.  11.  Un 
Traité  des  maladies  pénéiiennes , 
in-4°  ,  1786.  111.  Ues  Observations 
sur  certaines  parties  de  l'êcono- 
mie  animale  ,  in-4°  ,  1786.  IV.  Un 
Traité  sur  les  plaies  d'armes  à  feu, 
qui  n'a  paru  qu'eu  1794  j  après  là 
mort  de  l'auteur. 

*  IV.  HUNTER  (  Henri  ) ,  doc- 
teur écossais ,  desservant  de  l'église 
presbytérienne  de  London-Wall ,  et 
littérateur  distingué  ,  naquit  à  Cul-^ 
rossaucnnttéde  Ferlh  en  1741.  Des- 
tiné par  sa  famille  à  l'état  ecclésias- 
lique  ,  il  s'adonna  dès  son  jeune 
âge  à  la  littérature  sacrée,  et  de- 
vint ensuite  l'un  des  prédicateurs 
les  plus  célèbres  de  l'Angleterre, 
Ses  Sermons  ,  qu'il  prêchoil  dans  la 
manière  de  Blair  et  de  Roberlson  , 
attiroienl  tous  les  Ecossais  dislin- 


HU]NT  HURA 

gués  qui  résidoient  à  Londres.  Il 
avoit  traduit  les  Fiaginens  pliysio- 
nomiqiies  de  Lavater  ,  et  étoil  mê- 
me allé  le  voir  à  Zurich.  Sa  douleur 
fut  inexprimable  dès  qu'il  eut  ap- 
pris que  cet  homme  célebie  éloit 
devenu  la  victime  delà  guerre,  et 
il  composa  un  Poe/ne  eu  sou  hon- 
neur. Le  docteur  Hunier  enteudoit 
fort  bien  les  langues  française  et 
allemande.  Ou  a  de  lui  d'excellen- 
tes Traductions  d'Euler  et  de  Ber- 
nardiu  de  Saint-Pierre.  II  mourut 
à  Bristol- Wells  vers  la  tin  de  1802. 
Hunier  a  publié  ,  eu  forme  de 
lettre  à  une  dame,  un  Voyage  en 
France,  enJUemagne,  en  Hongrie 
et  en  Turquie.  Dans  ses  lettres  sur 
la  Turquie  ,  il  exprime  beaucoup 
de  haine  pour  le  despotisme  et  la 
superstition,  et  dans  celles  écrites 
de  France ,  il  pleure  sur  les  ruines 
de  la  mouarchie  et  des  institutions 
monastiques. 

*  I.HUNTINGTON(Seline,  com- 
tessede  ) ,  seconde  hlle  de  Washing- 
ton Sbirley,  comte  de  Ferrers  ,  uée 
en  1700,  morte  en  1791  ,  mariée 
en  17 '21,  ù  Théophile,  coin  le  de  Hun- 
tingdou  ,  qui  cul  d'elle  quatre  hls 
el  trois  lilles,  fut  une  très -rigide 
calviniste  ,  el  ne  cessa  jamais  de 
contribuer  à  la  propagation  de  celte 
doctrine.  Une  maladie  dangereuse 
tourna  ses  pensées  vers  les  com- 
templalions  des  méthodistes  ,  el  , 
pendant  tout  le  temps  qu'elle  vécut 
depuis  ,  elle  employa  sa  fortune  à 
entretenir  des  prédicateurs  auibu- 
lans  ,  et  à  fonder  des  chapelles  dans 
les  difi^reutes   provinces. 

*  II.  HUNTINGTON  (Robert),  sa- 
vant ihéologieuauglais  ,  né  eu  i636, 
à  Deerhufct ,  au  comté  de  Glocester  , 
s'adonna  particulièrement  à  l'étude 
des  langues  orieutales,  elfut  nommé 
chapelain  de  la  faciorerie  anglaise  à 
Alep  ,  où  un  séioiir  de  onze  années 
le  mil  à  porlée  de  se  procurer  beau- 


583 

coup  de  manuscrits  et  de  faire  dif- 
férentes excursions  dans  le  Levant. 
Il  parcourut  presque  toute  la  Galilée^ 
ht  un  voyage  à  Samarie  ,  à  Jérusa- 
lem, en  Chypre  et  en  Egypte  ,  où  il 
rassembla  nonibre  de  curiosités  et 
quaulité  de  manuscrits.  A  son  re- 
tour en  Angleterre  il  en  vendit  ou 
eu  donna  une  grande  partie  à  la 
l)ibliothèque  bodléieuue.  Il  mourut 
peu  de  temps  après  avoir  été  sacré 
évèque  de  Raphoe  ,  en  1701  ,  âgé  de 
66  ans.  On  a  de  lui  un  Mémoire 
sur  /es  colonnes  de  porphyre  d'E- 
gypte dans  les  Transactions  philo- 
sophiques ,  el  quelques-unes  de  ses 
Obsejpations  dans  la  collection  de 
Voyages  curieux  donnée  par  J.  Ray, 
en  2  vol.  in-8°. 

III.  HUNTINGTON.  V.  Henri 

DE  HuNTlNGTON  ,  n°  XXIX. 

*  HUNTORST  (Gérard),  l'un 
des  meilleurs  peintres  de  l'école  hol- 
laudaise  du  temps  où  il  vécut,  na- 
quit à  Ulrecht  en  1592.  Il  fut  dis- 
ciple de  Bloemaerl  el  étudia  à  Rome 
où  il  se  ht  distinguer  par  ses  ta- 
bleauxde  nuits.  Ue  retouràUtrecht, 
il  s'adonna  à  la  peinture  de  l'his- 
toire ,  et  eut  un  grand  nombre  d'é- 
levés anversois.  Charles  1*"^  le  ht 
venir  en  Angleterre  ,  où  il  exécuta 
de  grands  ouvrages.  On  ignore  le 
temps  où  il  mourut. 

t  HUR,  fds  de  Caleb,  petit-fils 
d'Esron  ,  époux  de  Marie  ,  sœur 
de  IMoyse  ,  si  l'on  en  croit  Josèphe. 
Lorsque  Moyse  envoya  Josué  com- 
battre contre  les  Amaléciies  ,  il  mon- 
ta sur  la  montagne  avec  Aaron  et 
Hur.  Pendant  qurlélevoil  les  mains, 
priant  le  Seigneur  ,  Aaron  et  Hur 
lui  soutinrent  les  bras  ,  craignant 
que,  s'ils  relomboient ,  Dieu  ces- 
sât d'être  favorable  aux  Israélites. 

I.  HURAULT.  roy.  Hospital  , 
n°  II. 

l-ll.  HURAULT  (Philippe), comte 


584  HURE 

/de  Chiverny  ,  conseiller  an  parle- 
ment de  Paris  ,  eiisuile  maître  des 
requêtes  de  l'hôtel  ,  parvint  aux 
emplois  les  plus  considérables  en 
épousant  une  tille  du  président  de 
Thon.  Ce  magistral  lui  céda  la  charge 
de  chancelier  du  duc  d'Anjou  ,  qui  , 
étant  monté  sur  le  trône  de  France 
sous  le  nom  de  Henri  III ,  le  nomma 

.  garde  des  sceaux  en  i.îyS.  Ses  liai- 
sons avec  les  ligueui's  le  Hrenl  dis- 
gracier dix  ans  après:  mais  Kenri  IV 
le  rappela.  Ce  ministre  mourut  le 
29  juillet  1599  ,  à  7:2  ans,  avec  la 
réputation  d'un  courtisan  adroit  et 
d'un  homme  vain.  Le  litre  de  comte 
le  llatloit  plus  que  celui  de  chance- 
lier. Ha  laissé  des  Mémoires,  con- 
nus sous  le  nom  de  Mémoires  d'é- 
tat de  Chiverny,  où  Ion  trouve 
bien  peu  de  particularités  curieuses. 
La  meilleure  édition  est  celle  de 
i6ari,  iu-4°.  On  lit  dans  le  même 
volume  des  Instructions  politiques 
et  morales ,  qui  sont  plus  estimées 
que  les  Mémoires.  On  y  trouve  aussi 
!a  Généalogie  de  sa  famille.  Hn- 
rauil  ne  laissa  qu'un  fils,  mort  sans 
postérité  en  164s.  Mais  il  existe  des 
branches  collatérales  de  sa  famille. 

III.  HURAULT  (Philippe  ) ,  delà 
même  famille  que  le  précédent,  de- 
venu évèque  de  Chartres  ,  acheta 
des  héritiers  de  Brèves  ,  ambassadeur 
à  Constantinople  ,  une  riche  biblio- 
thèque ,  qui  a  passé  à  celle  du  roi 
sous  le  règne  de  Louis  XUI.  Elle 
renfermoit  quatre  cent  dix-huit  vo- 
lumes ,  et  cent  dix  manuscrits  sy- 
riaques, arabes,  turcs  et  persans, 
avec  les  matrices  des  caractères  de 
ces  diverses  langues. 

i  HURE  (  Charles)  ,  d'abord  pro- 
fesseur d'humanités  dans  l'université 
de  Paris  ,  ensuite  principal  dq  col- 
lège de  Boncourl  ,  né  à  Chainpi- 
gny-sur- Yonne  en  iIîTiq,  et  mort 
à  Paris  le  17  novembre  1717,  s"('- 
toit  proposé    de    ne    rien    ignorer 


HURT 

de  ce  qui  peut  faire  l'objet  des  con- 
noissauces  théologiques,  et  cultiva 
les  langues  orientales  avec  succès. 
Il  avoil  puisé  auprès  des  solitaires 
de  Port-Royal  le  goût  des  lettres 
et  de  la  piété.  Nous  avons  de  lui  "  I. 
Un  Dictionnaire  de  la  Bible  ,  en  2 
vol.  in-l"ol. ,  1715  ,  beaucoup  moins 
parfait  et  moins  étendu  que  celui  du 
savant  dom  Calmet.  II.  Une  édi- 
tion latine  dvi  nouveau  Testament , 
avec  de  courtes  notes  estimées  ,  en 
•2  vol.  in-12.  III.  La  traduction 
française  du  nouveau  Testament , 
et  de  ses  notes  latines  augmentées  , 
Paris,  1702,  quatre  vol.  in -12. 
Cette  traduction  est  celle  de  Mous 
un  peu  retouchée.  IV.  Grammaiie 
sacrée  ,  ou  Règles  pour  entendre  le 
sens  littéral  de  l'EcriHire  sainte  , 
Paris,  I707,iu-i2.  Huré  étoit  un 
Quesnel  un  peu  mitigé  ,  suivant 
l'auteur  du  Dictionnaire  des  livres 
jansénistes. 

t  HURET  (  Grégoire  ) ,  dessina- 
teur et  graveur ,  né  à  Lyon  en  1  fi  1  o, 
mort  à  Paris  en  1670  ,  acquit  de  la 
réputation  dans  son  art,  et  publia 
quelques  Ecrits  polémiques  contre 
Sallo ,  auteur  du  Journal  des  Sa- 
vans.  On  estime  le  Théâtre  de  la. 
Passion,  en  02  tableaux,  dessiiiés 
et  gravés  par  cet  artiste  ,  Paris  , 
1664  ,  in-fol. 

I.  HURTADO  (Thomas),  célè- 
bre théologien  de  Tolède  ,  enseigna 
à  Rome,  à  Alcala  et  à  Salamanqn  ;, 
avec  beaucoup  de  réputation  ,  et 
mourut  en  i65g.  On  a  de  lui  une 
Philosophie  selon  la  doctrine  ds 
S.  Thomas  ,  production  très-mau- 
vaise. On  fait  plus  de  cas  de  ses 
llésolutiones  orthodoxo-morales  , 
Coloniœ  ,  i653  ,  in-rol.  Il  est  en- 
core auteur  d'un  traité  De  unico 
martyrio  ,  contre  celui  De  marty- 
jio  pet;  pestent ,  du  jésuite  Théo- 
pliile  Raynaud  ,  qui  lui  répondit 
d  uu^'  manière  \  ictorieuse. 


HUS 

II.  HURTADO.  Voy.  Mendoza, 
n°  UI. 

HURTRELtE  (  Simon  ) ,  sculp- 
teur ,  ne  à  Kéllunie ,  mort  à  Ge- 
nevilliers  près  de  Paris,  en  17^4? 
à  74  ans,  orna  les  jiirdius  de  Ver- 
sailles de  ses  ouvrages. 

t  HUS  (Jean  ),  naquit  à  tlus  , 
petit  bourg  de  Bohème.  Ses  lalens 
le  tirèrent  de  l'obscurité  dans  la- 
quelle il  ëtoit  né  ;  il  devint  recteur 
cle  l'université  de  Prague  ,  et  conl'es- 
seur  de  Sophie  de  liavière  ,  épouse 
de  Venceslas,  roi  de  Bohème  ,  sur 
laquçUe  il  eut  beaucoup  d'ascendant. 
L'hérésiarque  Wiclef  avoit  depuis 
peu  débité  ses  opinions  ;  Jean  Hus 
ad  opta  une  partie  de  celles  qui  éloient 
dël'avorables  à  l'Eglise  romaine.  Il 
n'attaqua  d'abord  ,  ni  le  pouvoir 
qu'elle  donne  aux  prêtres  d'absou- 
dre ,  ni  la  nécessité  du  sacrement  de 
pénitence,  ni  même  le  dogme  des 
indulgences,  mais  il  en  condamna 
l'abus;  il  croyoil  qu'on  l'explîquoil 
mal  aux  tidèles  ,  el  qu'ils  comptoient 
trop  sur  ces  indulgences  ;  il  cioyoit , 
par  exemple  ,  qu'on  ne  pou  voit  ac- 
corder des  indulgences  pour  une 
contribution  aux  croisades.  Il  pré- 
tendit qu'on  n'abusoil  pas. moins  du 
pouvoir  de  pardonner,  et  que  le  pape 
excomraunioit  pour  des  causes  trop 
•légères,  pour  ses  intérêts  personnels. 
Il  soutint  qu'une  pareille  excomnui- 
nicatiou  ne  séparoil  point  les  tideles 
du  corps  de  l'Eglise,  et  que,  puisque  le 
papepouvoit  abuser  de  son  pouvoir, 
iorsqu  il  intligeoit  des  peines  ,  c'é- 
toit  aux  fidèles  à  voir  el  à  juger  si 
l'excommunication  étoit  juste  ou  in- 
juste, et  que,  s'ils  voyoient  claire- 
ment qu'elle  étoit  injuste  ,  ils  ne  dé- 
voient point  la  craindre.  Ce  principe 
porloit  un  coup  mortel  à  l'asitorité 
des  papes  et  à  celle  du  clergé;  au- 
torité que  Jean  IIus  regardoit  comme 
•111  obstacle  invi)!cib!o  à  la  réiorme 
qu'il   souhaitoil  de  voir  établir.    Il 


HUS 


585 


tourna  donc  tous  ses  efforts  vers  cet 
objet,  et,  pour  rassurer  li'S  conscien- 
ces contre  la  ci'biiile  de  i  excommu- 
nication, il  entreprit  de  faire  voir 
que  l'excommunication  injuste  ne 
séparoit ,  en  effet  ,  personne  de  l'E- 
glise. C'est  ce  qu'il  se  proposa  d'éta- 
i)lir  dans  son  traité  (Je TEgiise.  «La 
base  de  ce  traité,  c'est  que  l'Eglise 
est  un  corps  mjslique  ,  dont  Jésus- 
Christ  est  le  chef,  et  dont  les  justes 
el  les  prédestinés  sont  les  membres  : 
comme  aucun  des  prédestinés  ne 
peut  périr  ,  aucun  des  membres  de 
l'Eglise  n'en  peut  être  séparé  par 
aucune  puissance  ;  ainsi  l'excommu- 
nication ne  peu  l'exclure  du  salut 
éternel.  Les  réprouvés  n'appartien- 
nent point  à  celle  Eglise^;  ils  n'en 
sont  point  de  vrais  membres  :  ils 
sont  dans  le  corps  de  l'Eglise  ,  parce 
qu'ils  participent  à  son  culte  et  à  ses 
sacremens  ;  mais  ils  ne  sont  pas  pour 
cela  du  corps  de  l'Eglise,  comme  les 
humeurs  vicieuses  sont  dans  le  corps 
humain,  et  ne  sont  point  des  parties 
du  corps  humain.  Le  pape  et  les  car- 
dinaux composent  donc  le  corps  de 
l'Eglise,  el  le  pape  n'en  est  point  le 
chef.  Cependant  le  pape  et  les  évè- 
ques,  qui  sont  les  successeurs  des 
apôtres  dans  -Ifeniinistère  ,  ont  le 
pouvoir  de  liel^de  délier  :  mais  ce 
pouvoir  n  est ,  selon  Jean  Hus,  qu'un 
pouvoir  ministériel  ,  qui  ne  lie  point 
par  lui-même  :car  le  pouvoir  de  lier 
n'a  point  plus  d'étendue  que  le  pou- 
voir de  délier  ;  et  il  est  certain  que 
le  pouvoir  de  délier  îi'est  dans  les 
évèques  el  dans  les  prêtres  qu'un 
pouvoir  ministériel,  el  que  c'est  J.  C. 
qui  iélieen  effet ,  puisque,  pour  jus- 
tifier un  pécheur  ,  il  laut  une  puis- 
sance iniiuie  qui  n'appartient  qu'à 
Dieu  :  de  là  Jean  Hus  conclut  que 
la  contrition  suffît  pour  la  rémis- 
sion des  péchés,  et  que  l'absolution 
ne  remet  pas  nos  péchés ,  mais  les 
déclare  remis.  Le  pape  el  les  évê- 
qner.  abus'Jit,  selon  Jean  Hus,  de  ce 
poiivcir  purement  mniislvriel  ;  l'E- 


m 


HUS 


glise  ne  subsisteroil  pas  moins,  sui- 
vant lui,  quand  il  n'y  auroit  ni  pape, 
ni  cardinaux.  I-es  rhréliens  ont  uy us 
l'Ecriture  un  guide  sûr  pour  se  con- 
duire :  il  ne  faut  pourtant  pas  croire 
que  les  évèques  n'aient  aucun  droit 
à  robéissaucedes  fidèles  ;  sans  doute, 
ies  fidèles  doivent  leur  obéir  ;  mais 
cette  obéissance  ne  doit  i)as  s'ëlt^a- 
dre  jusqu'aux  ordres  manifestement 
injustes,  et  contraires  à  l'Ecriture  ; 
lar  l'obéissance  que  les  fidèles  doi- 
vent est  une  obéissance  raisonnable. 
Tous  ces  sujets  sont  traités  avec 
assez  d  ordre  et  de  méthode  par  Jean 
Hus  :  on  y  trouve  des  inveciives 
grossières  ;  c'étoit'le  ton  du  siècle  ; 
et  les  livres  de  Jean  iïus  ont  servi 
de  réperloire  aux  réformateurs  qui 
l'ont  suivi.»  (Pluquet, Dictionnaire 
des  hérésies.  )  On  dénonça  ces  opi- 
nions an  pape  Jean  XXllI ,  et  on 
cita  l'auteur  à  comparoitre  vers  l'an 
J|ii.  Il  ne  comparut  point.  On 
assembla  cependant  le  concile  de 
Constance.  L'empereur  Sigismond  , 
frère  de  Venceslas  ,  roi  de  Boliêine  , 
l'engagea  à  aller  se  défendre  dans 
ce  concile.  L'hérésiarque  bohémien 
y  vint  eu  1414  avec  toute  la  con- 
fiance d'un  homme  qui  croyoit  n'a- 
voir rien  à  se  reuBgEher.  Uès  qu'il 
fut  arrivé  ,  les  PèB^  l'entendirent. 
Après  lui  avoir  fait  la  lecture  de 
vingt-six  arlicles  tirés  de  son  ou- 
vrage sur  l'Eglise,  le  cardinal  de 
Cambrai  lui  dit  :  «  Vous  voyez  de 
combien  de  crimes  atroces  vous  êtes 
accusé  !  c'est  à  vous  de  bien  exa- 
miner ce  que  vous  devez  faire.  Vous 
avez  à  choisir  entre  deux  partis  :  ou 
de  vous  soumettre  humblement  à 
la  sentence  et  au  jugement  du  con- 
cile ,  ou  de  vous  résoudre  à  subir 
la  peine  que  mérite  votre  obstina- 
lion.  Répondez.  —  Jean  Hus  répon- 
dit :  «Je  suis  prêt  à  recevoir  di»  con- 
cile toutes  les  lumières  qu'il  voudra 
bien  tue  donner  ;  mais  je  vous  con- 
jure ,  au  nom  de  Dieu,  notre  père 
commun  ,   de   ne  \m<%  nie  forcer  a 


HUS 

blesser  ma  conscience,  et  à  mcllre 
en  danger  mon  salut  éternel  :  je  le 
ferois  en  abjurant  les  articles  qu'on 
vient  de  me  proposer.  Si  quelqu'un 
m'enseigne  quelque  chose  de  meil- 
leur, |e  suis  prêt  à  faire  sincèrement 
ce  qu'on  exigera  de  moi.  Quant  aux 
articles  qu'où  m'impute,  je  ne  dois 
m  ne  puis  les  abjurer ,  sans  donner 
à  entendre  que  j'en  suis  l'auteur.  — 
Mais  ,  répliqua  l'empereur  ,  quelle 
répugnance  trouvez-vous  à  renoncer 
aux  articles  qui  vous  sont  attribués? 
Pour  moi  ,  je  suis  dans  la  disposi- 
tion d'abjurer  toute  sorte  d'erreurs  , 
s'eusuit-il  de  là  que  je  les  aie  dé- 
fendues ?  »  On  le  reconduisit  en 
prison.  L'empereur  ,  les  princes  ,les 
prélats  ,  eurent  beau  lui  demander 
une  rétractation  :  caresses  ,  mena- 
ces ,  exconiiminication  ,  chàtimens  , 
rien  ne  put  l'engager  à  se  soumet- 
Ire.  Il  fut  enfin  condamné  dans  la 
la*^  session  à  être  dégradé  et  ses 
livres  à  être  brûlés.  Après  la  céré- 
monie de  la  dégradation,  ou  mit 
sur  ^a  tète  une  milre  de  papier  , 
haute  d'une  coudée,  en  forme  py- 
ramidale, sur  laquelle  on  avoil  peint 
trois  diables,  avec  celle  inscription  : 
Jj'HÉrÉsiarque.  Dès  ce  moment  , 
l'Eglise  se  dessaisit  de  lui  et  le  livra 
au  bias  séculier.  Le  magistrat  de 
Ccustance  ,  à  qui  l'empereur  l'avoit 
rainis,  le  condamna  au  feu  en  i/\ib. 
!,es  valets  de  ville  se  saisirent  aus- 
sitôt de  lui  ;  et,  après  l'avoir  fait 
passer  devant  le  palais  épiscopal 
pour  voir  brûler  ses  livres,  ils  le 
conduisirent  au  lieu  du  supplice.  Sa 
fermeté  l'y  suivit  ;  il  crioit  au  peu- 
ple que  «s'il  éloit  condamné,  ce 
n'étoit  pas  pour  ses  erreurs  ,  mais 
par  l'injustice  de  ses  ennemis.  » 
Entiu  ,  après  qu'on  l'eut  attaché,  au 
poteau  ,  et  qu'on  eut  préparé  le  bois, 
l'électeur  palatin  et  le  maréchal  de 
l'empire  l'exhorioient  encore  à  se 
rétracter  :  il  persista  ;  et  l'électeur 
s'étaut  retiré,  on  alluma  le  feu.  Ses 
cendres    furent   soianeusemeul  ra- 


ÎTtS 

masses  fél  on  les  jeta  cb"il!f  le  Rhin  , 
de  peur  q\ie  ses  seciale\irs  ue  \eè 
recueiUisseut  pour  en  faire  des  reli- 
ques. iEtieas  Sylvius  dil  cpie  les 
liussiles  raclèrent  la  lerre  dans  l'en- 
droit où  leur  mailre  avoit  été.  brûlé  , 
et  qu'ils  emportèrent  celte  poussière 
à  Prague.  Cet  auteur  ajoute  que 
jamais  les  sages  de  l'antiquité  ne 
souffrirent  la  mort  avec  plus  de  cons- 
tance. Jean  Hus  laissa  des  Commen- 
taires %wx  divers  morceaux  dt-  \\L- 
Crilure  s&inle,  et  plusieurs  Traités 
Hogniatiques  et  moraux, doul  quel- 
ques-uns furent  écrits  pendant  sa 
prison.  lya  conduite  du  concile  à  l'é- 
gard de  ce  sectaire  ,  muni  d'un  sauf- 
Conduit  de  l'empereur,  fil  beaucoup 
murmurer  dans  le  temps.  Bien  des 
gens  en  sont  encore  étonnés  aujour- 
d'hui ;  mais  il  faut  faire  allenlion  , 
1°  Que  ce  sauf-conduit  ne  lui  avoit 
été  donne  que  pour  venir  se  justifier 
an  concile  :  il  n'y  a  donc  poiut  d  ap- 
parence que  rinlentiou  de  Siois- 
mond  ait  été  de  prendre  Jean  Hus 
sous  sa  |)rolection  en  cas  qu'il  lui 
condamné  par  le  concile.  2°  Le 
sauf-conduit  ne  dit  point  que  l'on 
ne  pourra  arrêter  Jean  [fus  ,  quelque 
jugement  que  le  concile  porte  sursa 
doctrine  et  sur  sa  personne  ;  il  n'est 
donné  que  pour  la  roule,  depuis 
Prague  jusqu'à  Constance  ,  dans  la- 
quelle il  éloit  difficile  de  voyager  , 
sur-tout  pour  Jean  Hus  ,  qui  avoit 
un  grand  nombre  d'ennemis  en  Al- 
lemagne ,  depuis  qu'il  avoil  fait  oler 
aux  Allemands  les  privilèges  dont 
ils  jouissoient  dans  l'uni\er>ité  de 
Prague  ,  de  laquelle  tous  les  Alle- 
mands s'étoieni  retirés,  o"  Jean  tins 
lui  même  ne  croyoit  point  qut;  le 
sauf-  conduit  qu'il  avoit  demandi- 
cl  obtenu  lui  assurât  l'impunité 
de  sa  résistauee  au  concile  ,  qui^l 
qu'en  fût  le  jugement  ;  on  le  voit 
par  les  ieltres  qu  il  écrit  avant  de 
partir  pour  Prague.  11  dil  dans  une 
d'elles  «  qu'il  s'attend  à  trouver 
dans  le  concile  plus  d'ennemis  que 


HUS 


587 


Jésns-Christ  n'en  trouva  dans  Jéru- 
salem. »  Dans  celle  même  lettre  il 
demande  à  ses  amis  le  secours  de 
leurs  prières  ,  afin  que  ,  s'il  est  con- 
damné, il  glorifie  Dieu  par  une  fia 
(hréticune.  Il  y  parle  de  .'■on  retour 
comme  d'une  chose  fort  incertaine. 
Est-ce  là  le  langage  d'un  homme  qui 
croit  atoir  un  sauf-conduit  capable 
de  le  mettre  à  tabri  des  suites  du 
|ugement  ùv  concile?  On  remar- 
quera que  le  concile  condamna  les 
propositions  de  Jean  Dus,  sans  les 
qualifier  chacune  en  particulier.  U 
se  borna  à  condamner  sa  docti  ine^t 
à  dégrader  sa  personne  ,  en  l'aban- 
donnant au  bras  séculier  qui  le  con- 
damna à  la  mort  sans  aucune  autre 
forme,  te  qui  ne  sanroit  être  équi- 
lablement  imputé  au  concile.  (  f^oj. 
Broonx.  )  Ceci  est  d'autant  plus  ui~ 
cessaire  à  observer  ,  que  différensi 
écrivains  ont  dit  que,  malgré  le  sauf- 
conduit  de  l'enipereur  ,  les  pères  du 
concile  avoient  inhumainement  et 
prodiioirement  fait  périr  ce  malheu- 
reux ;  ce  qui  est  démontré  faux  par 
les  actes  mêmes  du  concile  qui ,  après 
avoir  condamné  les  écrits  de  Hus  , 
abandonne  sa  personne  au  bras  sé- 
culier ,  déclarant  «n'avoir  plus  rien 
à  faire  à  son  égard.  »  C'est  la  pre- 
mière et  l'unique  fois  qu'un  concile 
général  ait  suivicette  mélhode;mais 
on  crut  devoir  en  user  ainsi ,  parce 
qti'il  s'agissoil  de  propositions  nia— 
nilestfment  contraires  à  la  doctrine 
(aiholif|ue.  Des  cendres  de  cet  hé- 
résiarque sortit  une  guerre  civile. 
Ses  Sectateurs,  au  nombre  de  qua- 
rante mille,  remplirent  la  Bohême 
de  sang  et  de  carnage.  Tous  les  prê- 
tres qu'ils  rencontroieut  payoientde 
leur  tète  la  barbarie  des  magistrats 
de  Constance.  L'édition  des  Ouvra- 
ges de  cet  hérésiarque  ,  faite  à  Nu- 
remberg ,  en  2  vol.  in-folio,  i.t3S, 
redonnée  en  17  i5  ,  et  qui  comprend 
sa  Vie  et  celle  de  Jérôme  de  Prague, 
est  recherchée  par  ceux  qui  s'inté- 
resstul  à  leur  hiémoire. 


588 


HUSZ 


HUSSEIN,  favori  d'Ibrahim, em- 
pereur des  Tnics,  avoil  été  berger. 
Comme  il  faisoil  jiailre  sou  troupeau 
près  de  la  prison  de  ce  prince,  il  l'a- 
voit  diverti  par  ses  chansons  rusti- 
ques ,  et  par  les  a  rs  qu'il  jouoit  sur 
son  tlageolel.  Ibruhiin  ne  Tut  pas 
plutôt  sorti  de  son  cachot  et  monté 
sur  le  troue,  qu'il  lit  Hussein  son 
confident.  Ce  làvori  abusa  des  la- 
veurs de  son  prince  ,  et  Ht  même 
étrangler  le  grand-visir  IMëhémet. 
Celte  barbarie  lui  attira  la  haine  du 
peuple ,  qui  le  mil  eu  pièces  lan 
1648. 

^HUSTACHE,  poète  français, 
naquit  à  Amiens  en  1  200  ;  la  licence 
et  reujouemeut  caractérisent  la  plu- 
pari  de  ses  j/oésies.  On  estime  son 
Fabliau  du  houchtr  d' Jlbbevitle. 
Boccace  n'a  fait  que  répéter  Husta- 
'  che  d'Amiens  dans  plusieurs  de  ses 
nouvelles.  Celle  du  3Iari  jalui/x  qui 
cuiijesse  sa  J'em/ne ,  est  dç  l'inven- 
tion de  cet  auteur. 

t  HUSZTI  (  André  )  fut  long- 
temps professeur  de  belles-lettres  à 
Coloswar  ou  Clausinbourg  en'lVan-. 
silvanie;  mais  ayant  été  cité  par  le 
synode  de  la  confession  helvétique, 
à  cause  de  sa  mauvaise  coiuiuile,  t-t 
n'ayant  point  comparu  ,  il  fut  privé 
de  son  emploi  et  excommunié  parce 
synode  l'an  17/42.  iiuszti  mena  pen- 
dant quelque  temps  une  vie  errante, 
et  embrassa  la  religion  catholique; 
ce  qui  lui  procura  un  emi)l'Ji  hono- 
rable à  Alba-Ju'ia,  aujourd  luii 
Carisbourg.  Il  continua  à  vivre  daiis 
la  crapule  :  on  le  chassa  ,  et  il  erra 
de  nouveau  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée l'an  17.');).  On  a  de  lui  ,  I.  .///- 
rispritdentia-  lluiigavico-  TransiL- 
vaiiiia  ^  Hermanstadt,  17/12,  in-4", 
très  estimé.  11.  Dacia  vêtus  et  iioua. 
C'est  une  histoire  de  la  Transi! va- 
nie,  appuyée  sur  des  monuinens  peu 
authentiques.  111.  Cuuinieittaril  de 
relus  Ihtnnoruni.  Ces  dtux  dtr- 


HUTC 

niers  ouvrages  sont  manuscrits.  Le 
P.  Pray ,  savant  jésuite,  fait  un 
grand  éloge  de  ces  Commetilaiies , 
et  dit  en  avoir  beaucoup  prohlé  pour 
ses  yl anales  Hunnorum. 

i-  HUTÇHESON  (François),  ori- 
ginaire d'Ecosse  ,  né  en  i6g4  dans  le 
nord  de  l'Irlande,  appelé  en  1729 
à  Glascow  pour  y  professer  la  phi- 
losophie, y  mourut  eu  1747-  Ou  a 
de  lui  ,  I.  Un  Système  de  philoso- 
phie 7norals  ,  publié  après  sa  mort 
à  Glascow,  en  1760,  iu-4°,.  par 
François HuTCHESON,  son  hls  ,  doc- 
teur euniédecine,  et  traduit  en  fran- 
çais par  Eidous,' Lyon,  1770,  av. 
in-12.  II.  llecherches  sur  les  idées 
de  la  Beauté  et  de  la  Verlu^  Ams- 
terdam ,  1749  ,  2  V.  in-12,  traduites 
en  français  par  le  mêmeEidous.  Hul- 
cheson  établit  dans  cet  ouvrage  le 
sens  moral  par  lequel  nous  distin- 
guons le  bien  du  mal.  III.  Essai 
sur  la  nature  et  sur  la  conduite  des 
passions  et  des  afjéctions ,  auec  des 
éclaircissemens  sur  le  sens  moral , 
1728.  Cet  ouvrage  soutint  la  répu- 
tation de  l'auteur  ,  qui  avoit  du  ta- 
lent pour  la  métaphysique. 

*HUTCHINS  (Jean),  ecclésiasli- 
qu  ■  anglais  ,  naquit  en  iGgSjdansle 
comté  de  Uorset ,  dont  il  s'est  ap- 
pliijué  à  écrire  l'histoire  sous  le  titre 
suivant:  T/ie  History and ylntic/ui' 
lies  ofthe  county  of  Dojset ,  com- 
piled  from  tlie  lest  and  most  an- 
cient  historians ,  London  ,  1774, 
2  vol.  in-fol.  Cet  ouvrage,  rédigé 
avec  beaucoup  de  soin  ,  et  donné 
par  souscription  ,  doubla  de  prix 
aussitôt  qu'il  fui  publié.  Hulchins 
mourut  en  juin  1770. 

I-  I.  HUTClllNSON  (Jean), 
considéré  coinme  le  fondateur  d'une 
secte  qui  compte  aujourd  hui  peu 
de  personnes  encore  adhérentes  à 
ses  opinions  ,  naquit  peu  favorisé 
de  la  fortune  ,  à  Spennyllion  , 
daiiï  le  comté  d'Ycrck,  eu  1674.  li 


HUTC 

s'appliqua  daus  le  principe  à  la  mi- 
néralogie ,  el  rassembla  dans  ses 
vojagi^h  eu  Augleteire  et  daiis  It- 
pays  tle  Galles  ,  une  riche  colleclion 
de  nunéraiix  et  de  fossiles  ,  qu'il 
confia  an  docteur  Woodward  pour 
la  décrire,  et  pnljlier  en  même  leni|)s 
les  ohser  valions  qu'il  y  a  voit  jointes. 
.Woodward  lui  apparemment  dépo- 
sitaire intideie,  car  Hutcliinson  lac 
cuse  de  lui  avoir  dérobé  jusqu'au 
mérile  d'avoir  recueilli  la  collection; 
el  cet  incident  les  brouilla  jiour  tou- 
jours. En  1724  il  i>ubl.a  la  première 
partie  de  son  ouvrage,  iulitiilé  les 
Frinci  es  de  Mo^  se  ,  dont  il  donna 
successivemenl  lonles  les  années  v\\ï 
vol.,  etdont  la  colleclio'i  a  élé  don- 
née, en  17^8,  en  1.2  vol.  in-8".Dans 
son  début  il  allarpia  avec  beaucoup 
d'aigreur  la  Théurie  de  la  terre,  de 
Woodward  ,el  l'auleur  hiinn-nie.  l.e 
but  de  son  ouvrage  el  de  sa  tloclrine, 
est  d  établir  que  toutes  Its  connois- 
sauces  natni-elles  ,  et  celles  qui  tien- 
nent au  spirituel  sont  n-nfermées 
dans  l'Écriture  sain  te  elipi 'il  ne  lai  loi  t 
point  chercher  ailleurs  leur  origine 
Il  s'appuye  sur  les  étymologies  les 
plus  singulières  et  Ifs  plus  hasardées, 
el  prétend  que  chaque  racine  hé- 
braïque présente  \u\  sens  spirituel. 
Lair  de  mystère,  la  tournure  ca- 
balistique qu'il  doiinoil  à  l'expli- 
cation de  ses  principes,  el  sou  ton 
dogmatique,  produisirent  une  telle 
})révenlion  contre  lui ,  que  tous  ceux 
.qu'on  suspectoit  imlius  de  tes  opi- 
nions ne  pouvoient  parvenir  à  au- 
cun avancement.  Ou  attribue  à  Hut- 
cliinson l'invention  d'une  horloge 
■marine  pour  découvrir  la  longitude 
eu  mer,  qui  eut  l'approbation  de 
Newton,  et  dont  Whisiou  parle  avec 
éloge.  Ou  ne  peut  contester  à  Hul- 
chinsoti  des  lalens  et  des  counois- 
sances,  mais, à  beaucoup  d'égards, ce 
fut  nu  homme  singulier  ,  violent  et 
haineux, auquel  ou  a  reprochéd'avoir 
peu  de  jugement.  U  mourut  eu  1757, 
âgé  de  G  3  ans. 


HUTT  58() 

*II.  HUTClilNSJN(JeanHEi.Y), 

jurisconsulte  el  homme  d'état ,  né 
eu  1715,  mon  en  1794-  Son  acli- 
V  ilé  el  son  talent  lui  ménlereul  à 
la  lois  les  placesde  premier  a\ ocai  du 
roi ,  de  secrétaire  d'état ,  et  de  prévôt 
du  collège  de  la  Triuité  à  Dublin, 
sans  coiupler  plusieurs  autres  em- 
plois lucratifs.  Son  auibitiou  étoit 
SI  déiiiCburée,  que  le  lord  Norlh  di- 
soit  de  lui  :  <(  On  donueroil  à  cet 
homme  l'Angleterre  et  l  Irlande, 
qu'il  demandirroil  encore  1  île  de 
\lau  pour  se  faire  un  jardin  potager.» 
Quoique  celte  ri'pulaiion  lui  fil  tort, 
ou  reiidoit  justice  à  son  éloqueuce  et 
à  ses  grands  lalens. 

HUTINOT  (  T.onis  ) ,  sculpteur 
de  Paris  ,  mort  en  1679  ,  âgé  de  5o 
ans.  Cet  artiste  avoil  du  talent  ; 
triais  il  vint  dans  un  siècle  trop 
fécond  eu  grands  hommes  pour  y 
être  distingué.  Il  y  a  de  lui  dans  les 
jardins  de  Versailles  ««e/Z^w/'e  re- 
préseulau^Céres. 

1 1.,  HUTTEN  (  Ulric  de  ),  poëte 
latin  ,  né  dans  le  château  de  Stec- 
kelberg  le  2  avril  i.|88  ,  servit  en 
Italie  dans  l'armée  de  l'empereur 
Maximilien  ,  qui  lui  conféra  la  cou- 
ronne poétique.  L'impétuosité  de 
son  caractère  lui  ^\\.  des  ennemis 
presque  par-tout.  Il  mourut  le  29 
août  1Ô25,  daus  la  ma f sou  du  pré- 
dicateur Schegg  ,  située  sur  l'ile 
Diifaau  ,  au  milieu  du  lac  de  Zurich, 
après  avoir  mené  une  vie  inquiète 
el  agitée.  Il  jniblia  ,  le  premier,  eu 
lôiW,  deux  livres  de  Tile  -  Live  , 
qui  u'avoieul  point  encore  vu»le 
jour.  Il  a  aussi  travaillé  aux  Epis- 
lolœ  ohscuroritni  virorurn.  (  Koy. 
Gkatius,  n°  il.  )  Ou  a  encore  de  lui, 
1.  De  Cuaiaci  medicinu  ,  Alayence  , 
lôig,  in-4°  ,  réimprimé  dans  le 
recueil  des  Traités  de  la  maladie 
vénérienne  ,  Leyde  ,  1728  ,  a  vol. 
iu-fol.  L'auleur  ,  daus  son  épitre 
dédicaloire,  avoue  qu'il  a  eu  long- 


5go 


HUTT 


t':imps  à  souffrir   de  cette   maladie, 
il.  I)os  Fofs/.cs  qui  panixeiit  à  Franc- 
fort CQ  ifioi),  lu-i^.  111.  D'js  Ecrits 
contre  le  duc  de  Witletiiberg  ,  irts- 
ïares  ,    et  imprimes  à  Sleckelbërg , 
i5i9,  iu-.(°.  llo  roulent  sur  l'asbas- 
sinal  ci/b  sou  cousin  Jean  Hutten, 
graud-niaréchal  de  sa  cour  ,  dont  la 
femme   éloil  aimée  du  duc.    Ou  a 
de  Ini   deux  autres  Pièces  en  vers 
sur   celle  mort  ,   publiées  dans  les 
f^itcesiimmoru/n  virorum,  Cologne, 
1735  ,  in-4^.  Celle  nièu)e  amice  ,  il 
découvrit  PJine,    QuiiUilien,  Mar- 
cellin^  et  un  Irailé  de  veiiiale  Eocle- 
siœ  coiiservamlâ ,  el  sc/iismaie  iii- 
terHenrtcumlP^etGregui'ium  f^Il, 
qu'il  publia  à  Mayence  en   1620.  li 
écrivit   aussi  une  Chronique  de  la 
conduite  que  les  papes  avoieul  tenue 
envers  les  empereurs  dans  tous  les 
siècles, et  fil  iuiprimerlamèmeaunée 
un  traité  de  sc/iismatc  exùiiguendo 
et  verâ  iibeilnte  ecclesiaslicâ  adse- 
rendâ,  qu'il  trouva  à  Boppard  dans 
l'archevêché  de  Trêves.  Vjj^rsle même 
temps  ,    il  se  déclara  ouvetlemcul 
pour  Luther,  el  le  pape  l'ayaul  en- 
veloppé dans  la  bulle  qu'il  ht  .contre 
ce  sectaire  ,  il  aposiilla  celte  bulle  de 
remarques  injurieuses  qu'il  ht   im- 
prinier  avec  sa  plainte  enverslaliiis, 
sur  ce  que  les  livres  de  Luther  a  voient 
été  brûlés  à  Mayence.  IV.  Des  Uia- 
logites  en  latin  sur  la  religion  ca- 
tholique   romaine    parurent    d'a- 
bord à  Paris  en  loig  ,  in  4°  >  ensuite 
à  Mayence,  1620,  in -4°;  'Is  sont 
au  nombre  des  livres  rares.  Après 
avoir  long-temps  balancé,  il  se  dé- 
clara entieremenl  pour  celle  secte. 
On  peut  voir  sa  Vie  par  Burchard  , 
Wolfembute! ,  1717,  m-ia,  et  un 
article curien.K  .sur  le   tome  1.5''   des 
Mémoires   de   Nicérou.   Un  genlil- 
lionime   de  Francouie  lui  consacra 
l'épitaphe  suivante  : 

llic  ptiues  flutatus  jacct  ,  oralorque  diseiim  , 
MiUteous  vatei  rarniine   et   mnepotens. 

•;  II.  IIU TTEN  (  Jacob  ) ,  enlhou- 


HLTT 

siiistp  silésien  du   1 6*^  siècle,   disci'r 
pie  de  8torck ,  el ,  après  lui  ,  l'un 
des  chefs  fies  anabaptistes  ,    acheta 
dans  la  .Moravie   un   terrain  assef, 
étendu     dans     un     canton     ferlile 
mais  inculle,  e.i ,  après  avoir  ras»- 
semblé  des  frères,   il  leur   proposa 
un  symbole  et  des  lois.  Ce  syndjola 
l)orioit  ,    dit    l'abbé    Pluqutl  ,    1^ 
«  que    Dieu,  dans  ions  les  siècles, 
s'éloit  ciioisi  une  nation  sainte,  dé^ 
positaire  du  vrai  culle,  el  ce  peuple 
cïvàïi   éloit    sans    donle    celui    que 
liiîUen  avoit  réuni  eu  Moravie;  a** 
qu'il   faut    regarder  comme  iinpiea 
toutes    las  soeiétés    qui  m  melteut 
pas  leurs  biens  eu  comiuiin,  qu'on 
ne  peut  pas  eire    rche  eu  parlicu- 
lier  ,  el  chrétien  tout  ensemble  ;  .V* 
que  Jésus -.Christ  n'est  pas  Dieu  , 
mais   prophète  ;   4**  que  des  cliré- 
liens    ne    doivent    pas  recounoilre 
d'autres  magislrals  que  les  pasteurs 
ecclésiastiqutîs  ;   .5"    que    toutes    les 
marques    extérieures     de    religion 
sont  coutraires  a  la  pureté  du  chris- 
tianisme ,    dont   le    culte   doit  être 
lians  j«  cœur,  el  qu'on  ne  doil  pas 
conserver  d'images  ,    puisque  Dieu 
l'a  défendu  ;   6"   que  tous  ceux  qui 
ne  sont  pas  rebaptisés,  soûl  de  vé- 
ritables mhdeles ,    et    que    les    ma- 
riages contractés  avi.nl  la  nouvelle 
régénération  ,  sont  amidés  par  l'en- 
gagement que  Ion    i)rend  avec  Jé- 
sus-Christ ;  7°  que  le  baptême  n'elfa- 
çoit  pas   le  péché    originel  ,  m  ue 
couléroit    la    grâce  ,     qu'il    u'étoit 
qu'un  signe  par  lequel  tout  chrélien 
se  livroit  à  l'Eglise  ;  8°  que  la  messe 
est  une  invention  de  Satan  ,  le  pur- 
gatoire une  rêverie,  el  l'iuvocalian 
des  saints  une  injure  faite  à  Dieu  ; 
que   le  corps  de  Jésus- Christ  n'est 
pas  réellement    présent  dans  l'Eu- 
charislie.  »  Lea /'rc/cs  de  Moravie , 
car   c'est  ainsi    qu'ils    s'appeloienl , 
n'accordoienl     le    baptême    qu'aux 
adultes.  Us  recevoienl  la  cène  deux 
fois   l'année.     C'étoit    presque  leur 
seul  exercice  de  relision.   Ils   s'as- 


HUTT 

f.«;ral'loient  cepemlant  tous  les  mer- 
credis el  tous  les  «liuiaïuhes  dans 
des  maisons  particulières  ,  pour  eu- 
lendre  de  mauvais  discours  prêches 
sans  ordre  et  sans  préparation.  Ils 
habitoient  toujours  la  campagne  , 
cl  exploitoieul  les  terres  des  gen- 
lilshomiues ,  qui  les  prenoieal  de 
préiërence  pour  leurs  fermiers,  jia-rce 
qu'ils  ëloienlexcelleus  travailleurs  et 
pleins  de  probité.  Lorsqu'une  colonie 
s'ëloit  chargée  de  faire  \aloir  un 
domaine,  elle  vivoit  eu  commun  , 
ne  souffrant  dans  son  sein  aucun 
homuie  oisif.  Dès  le  matin  ,  après 
«ne  prière  que  chacun  faisoit  en  se- 
cret ,  les  uns  se  répandoient  à  la 
campagne  j*«ur  la  cultiver  ,  d'autres 
exerçoient  dans  des  ateliers  les  mé- 
tiers qu'on  leur  avoit  appris.  Per- 
sonne ii'étoit  exempt  du  travail. 
Tous  les  travaux  se  faisoienl  eu 
silence.  C'étoit  un  crime  de  le  rom- 
pre au  réfectoire.  Avant  de  toucher 
aux  viandes  ,  chaque  l'rere  prioil  en 
secret,  etdemeuroil  près  d'un  quart 
d  heure  les  mains  jointes  sur  la  bou- 
che, daiis  une  espèce  d'extase.  On 
aie  sortoit  point  de  table  qu'on  n  eût 
prié  en  secret  un  quart  d  heure. 
Après  le  repas,  chacun  reprenoit 
son  travail.  Le  j-ilence  étoit  observé 
rigoureuseuifnt  aux  écoles  parmi 
les  enlans.  Ou  les  auroit  pris  pour 
des  statues  qui  avoieut  la  même 
p:irure  ;  car  tous  les  frères  et  toutes 
les  sœurs  avoient  des  habits  de  la 
même  étoffe  et  taillés  sur  le  même 
modèle.  Les  mariages  néloienl 
point  l'ouvrage  de  la  passion  ou 
de  l'intérêt.  Le  supérieur  leuoil  un 
registre  des  jeunes  personnes  des 
deux  sexes  qui  éloienl  à  marier  :  le 
plus  âgé  des  garçons  étoit  donné  à 
tour  de  rôle  pour  mari  à  la  plus 
iîgée  des  liiles.  Celle  des  deux  par- 
lies  qui  refusoit  de  s'allier  avec 
l'autre  passoit  au  dernier  rang  de 
ceux  qui  dévoient  être  mariés  ;  alors 
on  atleudoit  que  le  hasard  assortit 
tes  peisouucs.   Le   jour  des    noces 


HUTT 


5tji 


étoit  célébré  avec  peu  d'appareil  ; 
seulement  l'économe  commun  aug- 
mentoit  de  quelques  mets  le  repas 
des  nouveaux  époux  ,  et  ce  seul 
jour-là  étoit  pour  eux  un  jour  de 
fête.  On  les  exemptoit  de  tiavail. 
Alors  ou  leur  assignoit  um:  hutte 
séjjarée  dans  l'enclos  ,  à  condition 
que  la  femme  se  trouveroil  tous  les 
jours  à  son  poste  dans  la  salle  de.ç 
travaux  ,  et  que  le  uiaii  se  Iraus- 
porteroit  à  l'ordiuaire  à  la  campa- 
gne <5U  dans  son  atelier  ,  pour  s'ac- 
quitter de  ses  emplois.  Le  vice  n'a- 
voit  point  corrompu  ces  sociétés; 
ou  n'y  voyoit  aucune  trace  des  dé- 
réglemeus  qu'on  reprochoii  aux 
autres  anabaptistes.  Cependant  ils 
furent  persécutés.  L'empereur  Fer- 
dinand envoya  des  soldats  pour  les 
cha-^ser  de  leur  désert.  Hulteu 
donna  lieu  h  cette  persécution  par 
ses  déclamations  contre  les  magis- 
trats, et  par  la  manie  qu'il  avoit 
d'établir  une  parfaite  égalité  parmi 
les  hommes.  Ou  prétend  qu'il  fut^ 
brûlé  à  Inspruck;  mais  ce  fait  est 
contesté.  Quoi  qu'il  en  soit ,  après 
sa  mort,  le  luxe  s  introduisit  parmi 
ses  disciples,  el  y  attira  tous  les 
vices. 

I.  HUTTERUS  (Elie) ,  théologien 
protestant  ,  né  à  Ulm  vers  Tannée 
ifiô^  ,  et  mort  à  Nuremberg  vers 
I  6oa,  consacra  ses  jours  à  l'étude  des 
langues,etparvinlaa[)preudre  toutes 
celles  de  l'occident  el  de  l'oi  ienl.  Les 
fruits  de  celle  étude  furent  les  ou- 
vrages suivans  :  1.  Une  édition  de  la 
Bible  en  hébreu  ,  intitulée  f^ia 
saiicta,  sive  Biblia  sacra  hebrœa 
l'etcris  Testamenù  ,  Hambourg  , 
i.'i87el  i588,  2  vol.  in-fol.  ,  re- 
marquable par  le  psaume  117  , 
qui  se  trouve  à  la  fin  en  trente  lan- 
gue» difl'érentes  ;  elle  l'est  eucore  eu 
ce  que  les  lettres  radicales  sont  ini- 
jirimées  en  caractères  uoirset  pleins, 
les  serviles  en  caractères  creux  et 
pleins,  el  les    quiescentes   el  défi- 


Bq'X 


HUYG 


cienles  en  pelils  caraclèies  eu-tles- 
sus  de  la  ligiie.  Celle  méthode  fui 
approuvée  des  uns  el  blaniéedes  au- 
tres. II.  Deux  Voljgluttes.  La  pre- 
mière ,  en  quatre  langues,  parut  à 
Hambourg  eu  lôgG^^^,  vol.  in-tol. 
La  secoude  ,  qui  parut  à  Nurem- 
l)8rg  en  iSgg,  comprend  l'hébreu, 
le  chaldéen  ,  le  grée  ,  le  latin  el 
l'allemand  de  la  version  de  Luther. 
On  y  trouve  encore  ou  le  scia  von 
ou  le  français  ,  ou  l'italien  ,  ou  le 
saxon,  suivant  que  les  exemplaires 
Oiit  été  destinés  particulièrement  à 
ces  diverses  nations;  mais  il  n'y  a 
d'imprimé  en  ces  quatre  dernières 
langues  que  le  Pentateuque  ,  les  li- 
vres de  Josué ,'  des  Juges  el  de  Rulh. 
Ces  Polyglottes  sont  aujourd'hui 
presque  oubliées.  Les  savans  n'y  ont 
pas  trouvé  assez  de  clioix  pour  les 
versions,  etd'éditeur  a  corrigé  trop 
hardiment  le  travail  des  autres.  111. 
Un  nouveau  Teslafiient ,  en  douze 
langues,  Nuremberg,  ir)99,  2  vol. 
iii-iol.  ou, 4  vol,  in-4'^. 

t  IL  HUTTERUS  (  Léonard  ) , 
savant  théologien  protestant  ,  né  à 
Ulm  ,  en  i5r)5,  étoit  professeur  de 
théologie  à  WiUembeig  ,  el  recteur 
de  l'université  de  celle  ville  ,  où  il 
mourut  en  16  j  G.  Il  a  laissé  beaucoup 
d'ouvrages,  dont  les  principaux  sont, 
I.  Beaucoup  A' Ecrits  de  controverse 
contre  des  ouvrages  en  faveur  du 
papisme.  11.  Cuncordia  coucors,  sive 
(/e  origine  et  progressu  formule 
concordiœ  eccleaiarum  ^■lugustanœ 
cuuj'essiunis  ,  in-fol.  C'est  ce  dernier 
ouvrage  qui  a  lait  sa  célébrité. 

*l.HUYG[JENS(Constanlin)Iord 
de  Zuylichem,)u^à  i>a  Hayeen  1.^196, 
mort  vers  le  milieu  du  17*^  siècle, 
père  du  suivant,  étoit  secrétaire  du 
prince  d'Orange,  et  président  (Xw 
conseil.  Il  est  connu  ])ar  j/|  volumes 
de  poésies  latines,  sous  le  titre  de 
Monienta  tlesulforia ,  La  Haye  , 
i655  :   c'eit    un   recueil   fort    peu 


HUYG 

estimé   déijigrammes  et   d'œuvres 
mêlées  toutes  en  vers. 

t  II.  HUYGHENS  (Christian), 
célèbre  mécanicien  ,  né  à  La  Haye 
eu  16  29,  donna,  à  l'âge  de  i  3  ans  , 
des  indices  de  ce  génie  profond  qui 
de  voit  le  guider  dans  les  recherches 
les  plus  abstraites;  dès  neuf  ans  ,  il 
savoit  l'arithmétique,  la  géographie, 
la  musique,  le  latin  et  ie  grec.  En- 
voyé à  liCydepour  étudier  le  droit, 
il  y  trouva  Schooten  ,  commenta- 
teur de  Descaries,  qui  i'orlilia  son 
goût  pour  les  nialhénialiques ,  et 
lui  aplanit  les  voies  de  la  haute 
géoméirie.  Huyghens  ne  larda  pas 
à  se  distinguer  par  des  découvertes 
importantes.  Il  parcourut  le  Daue- 
rnarck,  l'Aliemague  et  l'Angleterre  , 
où  la  société  royale  de  Londres  l'ad- 
mit au  nombre  de  ses  membres. 
Enhn  il  vint  en  France.  Sa  répu- 
tation ,  qui  l'y  avoit  précédé  ,  lit 
désirer  à  Louis  XIV  de  le  retenir. 
Culbert'réubsit  à  l'y  déterminer  par 
une  Ibrle  pension ,  et  une  place  à 
l'académie  des  sciences,  dont  il  fut 
un  des  plus  laboriinix  et  des  plus 
illustres  membres.  Depuis  Galilée, 
l'art  de  construire  les  télescopes 
avoit  fait  peu  de,))rogrès  :  on  n'osoit 
pai-ser  une  certaine  longueur  de 
foyer  pour  les  objectifs.  Huyghens  , 
à  ia  l'ois  géomt-tre,  physicien,  astro- 
nome et  mécanicien,  s'appliqua  à 
ce  travail  avec  le  génie  qui  abrège 
et  j)erfectioMne  les  opérations.  Il 
construisit  un  mslrument  qui  gros- 
sissoit  près^ifie  cent  fois  les  ol/jels, 
et  au  moyen  duquel  il  vit  l'anneau 
de  Saturne,  eu  explifpia  les  pliéno- 
mcncs ,  et  découvrit  eu  iiii-me  temps 
un  satellite  de  cette  planète.  On 
trouve  parmi  ses  Guitares  posthumes 
des  éclaircissemens  sur  sa  manière 
de  travailler  ces  sortes  de  verres, 
dans  un  traité  intitulé  De  vitris 
polie/idis.  Une  des  principales  dé- 
couvertes mécaniqiie.s  de  Huygiiens , 
c'est  lapplicalion  du  pendule  à  ré- 


HUYG 

gler  le  mouvement  des  horloges. 
L'égaillé  de  durée  entre  les  oscil- 
lalious  du  pendule  éloit  un  pliéno- 
mène  déjà  loil  connu,  lorsque  Huy- 
ghens  entra  dans  la  carrière  desnia- 
tliéaialiqiies.  Galilée,  qui  en  avoit 
fait  la  première  observaliou  ,  avoit 
aussi  eu  l'idée  de  l'appliquer  à  la 
mesure  du  temps;  et  quelques  a.sîro- 
noiiies,  à  son  ii-iitalion .  l'avoieiit 
employé  dans  cette  vue  ;  mris  faute 
de  moyens  commodes  pour  en  comp- 
ter les  vibrations  et  en  perpétuer  le 
mouvement,  celte  idée  u'avoit  pas 
élé  exécutée.  Huyghens  ne  s'adonna 
pas  plutôt  à  l'astronomie,  qiie , 
frappé  des  avantages  que  cette 
science  pouvoit  tirer  du  pendule, 
et  des  inconvéniens  qui  s'y  oppo- 
soient,  il  travailla  ù  aplanir  les 
difficultés.  Le  succès  couronna  ses 
efforts.  Il  imat^ina  vme  construction 
d'horloge,  où  le  pendule,  servant  de 
modéraleurau  roi, âge,  ne  lui  permit 
qu'un  mouvement  très-uniiornie. 
C'est  celte  découverte,  faite  ^n  ibiiy, 
qui  a  fait  appeler  77e//;r////(?s  les  pe- 
ntes horloges  d'appartement.  Le  doc- 
teur Kook,  en  Angleterre  ,  et  l'abbé 
Hautfcfcuille,  en  France,  ont  con- 
testé à  Kuygheus  l'invention  de  la 
cjc/o/'ae ,  propre  r.  rendre  loules  les 
vibrations  du  peudule  égales.  Le 
traité  qu'il  eu  publia  sous  le  titre 
Horologium  oscillalorium  est  de 
1673.  Ses  ouvrages  forment  deux 
recueils  ,  l'uu  intitulé  Opéra  varia  , 
Leyde',  1724»  2  vol.  in  4°;  l'au- 
tre ,  Opéra  reliqua ,  A:nstcrdam  , 
1728,  2  vol.  in-^".  On  a  aussi  de 
lui  un  Traité  de  la  pluralité  des 
mondes,  traduit  en  français  par 
Dufour  en  1702,  in- 12;  mais  ce 
Traité  est  de  douze  ans  postérieur  à 
celui  de  Fontenelle  (  voyez  FoN- 
Tr.NEi,LE).  La  révocation  de  lEdit 
de  Nantes  l'ayant  obligé  ,  comme 
protestant,  ù  retourner  dans  sa  pa- 
trie ,  il  y  termina  ses  jours  en  j  695. 
On  peut  voir,  dans  la  Correspon- 
dance littéraire  de  Léibnilz  et  de 

T.    VIIT. 


HYAC  59I 

Bernoulii ,  combien  ces  hommes  cé- 
lèbi'es  l'aisoieïit  cas  de  Hujghens. 

t  m.  HUYGHENSf  (  Gommare), 
né  à  Lier,  dans  leBrabant,  eu  i63i, 
professa  la  phi!oso])hie  avec  distinc- 
tion aLonvain,  et  mourut  dans  cette 
ville  le  27  octobre  1702,  président 
du  collège  du  pape  Adrien  '\'L  Huy- 
ghens, homme  de  mœurs  très-pures, 
refii-;i  d'écrire  contre  les  quatre  ar- 
ticles du  clergé  de  France  ,  refus  qui 
indisposa  contre  lui  la  courde  Rome. 
On  a  de  lui  ,  L  Metàodus  remit-' 
tendi  peccata,  iC74et  i686,  in-ja. 
II.  Cunfereiitiœ  theologicœ ,  5  vol, 
iu-12.  m.  Des  T/ièscs  sur  la  Grâce, 
iu-/t°.  IV.  Un  Cours  de  théologie , 
en,  i5  vol.  in-i 2, publié  sous  le  titra 
de  Brèves  observationes. 

HUYSUIM  (  Jean  )  Koyez  Van- 

HtlYSÏ/M. 

I.  HYACINTHE  (  Mythol.  ),  fils 
d'Amyclès  ,  roi  de  Sparte  ,  d'autres 
disent  d'^Ebnlus  ,  roi  d'AmycIe  eu 
Lacoiiie,  fut  aimé  d'Apollon  et  de 
Zéphire.  Comme  il  monlroit  plus 
d'inclination  pour  le  premier,  l'au- 
tre en  conçut  de  la  jalouôie  ;  et  pour 
s'en  venger ,  un  jour  qu'ApolIou 
jouoit  au  disque  ou  au  palet  avec 
Hyacinthe ,  il  poussa  violemment 
contre  la  tète  de  celui-ci  le  palet 
qu'Apollon  venoit  de  lancer,  et  le 
tua.  Le  Dieu  ,  inconsolable  de  la 
mort  de  son  ami ,  changea  son  sant^ 
eu  une  fleur  qui  porte  sou  nom. 

i-  n.  HYACINTHE  (  saint),  reli- 
gieux de  l'ordre  de  Saint -Domi- 
nique ,  né  à  Sasse  en  Silésie ,  Tau 
Il 85,  de  l'ancienne  famille  des  01- 
drovanski,  prit  l'habit  de  cet  ordre  à 
Rome  eu  1218.  De  retour  dans  soti 
pays,  il  y  fonda  divers  moua.';tères 
desonordr.'î,  alla  prêcher  la  foi  dans 
le  nord  ,  et  mourutle  \ï>  août  1207  , 
à  Cracovie.  Clément  YIII  le  cano- 
nisa eu  1694- 

1% 


594  HYDE 

m  HYACINTHE  de  l'Assomp- 
tion. Voyez  MONTARGON. 

HYACTNTHIDES  (Mythol.  )  Les 
filles  d'Erectée  on  Ericlée  ,  roi  d'A- 
thènes ,  s'ëlant  généreusement  dé- 
vouées pour  le  salut  de  leur  patrie  , 
reçurent  ce  surnom  à  cause  du  lieu 
où  elles  furent  immolées  ;  cet  endroit 
étant  appelé  Hyacinthe. 

HYAGNIS  (Mythol.),  père  de 
Marsias  ,  vaincu  par  Apollon ,  in- 
venta ,  selon  Plularque ,  la  flûte  et 
l'harmonie  phrygienne  ,  environ 
i5oo  ans  avant  J.  C. 

HYARBAS.  rojezHiARBAs. 

HYAS  (  Mythol.  ),  fille  dE- 
thra ,  dévorée  par  un  lion  ,  avoit 
.•iepl  sœurs,  qui  en  moururent  de 
douleur  ;  mais  Jupiter  les  changea 
en  sept  étoiles  ,  qu'il  plaça  sur  le 
front  du  taureau ,  où  elles  conti- 
nuèrent de  pleurer.  C'est  pour  cela 
qu'on  les  appela  Hyades  ,  d'un  nom 
grec  signifiant  pleuvoir,  l-es  E>atins 
leur  donnèrent  le  nom  de  Gueules. 
ÏTautresdisent  que  les  Hyades  étoient 
les  nourrices  de  Bacchus  ,  et  les  met- 
tent au  nombre  des  nymphes  appe- 
lées Dodonides,  de  Dodone  ,  ville 
d'Epi  re;  ils  ajouteut  que  Jupiter,  pour 
les  soustraire  à  la  colère  de  Junon  , 
les  changea  eu  étoiles. 

1 1.  HYDE  (  Edouard) ,  comte  de 
Clarendon  ,  né  en  i5o8  dans  le 
\ViUshire  ,  fut  chancelier  dx\ngle- 
lerre  sous  Charles  II.  La  guerre  rui- 
neuse avec  la  Hollande  ,  terminée 
en  1667  d'une  manière  peu  avanta- 
geuse ,  avoit  aigri  l'humeur  inquiète 
des  Anglais.  Charles,  pour  les  cal- 
mer ,  leur  sacrifia  Clarendon  ,  dont 
la  vertu  lui  éloitdevenue  importune. 
Dans  \me  co\ir  dissolue,  ce  ministre 
avoit  conservé  des  mœurs  austères. 
Iln'avoit  aucune  complaisance  pour 
ies  maîtresses  du  roi  ;  il  gèuoit  ses 


HYDE 

plaisirs  et  s'opposoit  à  ses  prodiga/- 
lités.  Le  peuple  cependant  u'éloit 
pas  favorable  à  ce  chancelier  ,  qui 
parloit  souvent  eu  sa  faveur.  Cla- 
rendon avoit  même  tous  les  partis 
contre  lui.  Les  presbytériens  lui  re- 
prochoient  la  persécution  ,  et  ce  re-^ 
proche  étoit  fondé.  Les  catholiques 
connoissaut  son  zèle  pour  l'Eglise 
nationale,  et  désespérant  d'obtenir 
la  tolérance,  se  plaignoient  de  sou 
inflexibilité.  Quoique  la  guerre  de 
Hollande  eût  été  entreprise  contr* 
son  avis  ,  on  lui  en  attribuoit  le  peu 
de  succès,  parce  qu'on  vouloil  le 
trouver  coupable.  Les  sceaux  lui  fu- 
rent donc  êtes  le  3i  août  1667.  Aus- 
sitôt un  membre  des  communes  se 
déclara  son  accusateur.  L'accusation 
rouloit  sur  dix-sept  articles,  dont 
le  plus  grave  étoit  la  vente  de  Dun- 
kerque,  conseillée  à  Charles  II,  ou 
plutôt  non  désapprouvée  par  le  chan- 
celier. La  chambre  haute  refusa  de 
faire  arrêter  Clarendon,  qui  aima 
mieux  se  retirer  que  de  se  défendre. 
Le  parlement  le  bannit,  et  le  roi 
donna  son  consentement  au  bill.  Le 
chancelier  passa  en  France  et  se  fixa 
à  Rouen ,  où  il  mourut  le  10  décem- 
bre 1674,  avec  la  réputation  d'un 
sage  ,  d'un  homme  d'état  et  d'un  il- 
lustre citoyen.  Il  avoit  passé  sa  jeu- 
nesse dans  l'étude  des  lois  ,  et  peu 
de  jurisconsultes  connoissoient  aussi 
bien  celles  de  sa  patrie.  Son  père 
l'exhortoit  souvent  à  ne  point  rele- 
ver l'autorité  royale  aux  dépens  de 
la  liberté  publique,  et  mourut  d'a- 
poplexie un  jour  qu'il  lui  répétoit 
cette  leçon.  Un  accident  si  terrible 
s'imprima  profondément  dans  le 
cœur  du  fils.  Son  zèle  pour  son  sou- 
verain fut  toujours  celui  d'un  An- 
glais attaché  aux  principes  de  la 
constitution  nationale;  et  c'est  peut- 
être  cette  façon  de  penser  qui  con- 
tribua à  sa  disgrâce  auprès  de  Char- 
les II.  On  a  de  lui ,  I.  U Histoire  des 
guerres  civiles  d  Angleterre ,  depuis 
i64t  jusqu'en  1660,  3  vol.  iu-fol.. 


HYDE 

Oxford,  1704,  en  anglais;  et  La 
Haye,  en  6  vol.  in- 12  ,  en  fran- 
çais. C'est  un  des  meilleurs  mor- 
ceaux d'histoire  que  l'Angleterre  ait 
produits.  II.  Divers  Discours  au 
parlement ,  et  d'autres  ouvrages , 
dans  lesquels  il  fait  paroitre  les  sen- 
timeus  d'un  honnête  homme  et  d'un 
bon  patriote. 

t  II.  HYDE  (  Henri  ) ,  comte  de 
CiiAiiENDON,  fils  aîné  du  précédent, 
né  en  i638  au  comté  de  Wills,  mort 
en  1 709  ,  eut  beaucoup  de  part  à 
la  restauration ,  et  fut  fait  cham- 
bellan de  la  maison  de  la  reine.  Les 
persécutions  que  son  père  avoit  es- 
suyées le  portèrent  à  se  joindre  au 
parti  de  l'opposition  ;  mais  eu  1680 
il  fut  fait  conseill.  r  prive.  Jacqvies  II 
le  nomma  ensuite  lord  lifulenant 
d'Irlande;  maisPeu  après  il  fut  rap- 
pelé et  remplaçai  par  le  lord  Tyr- 
conel.  Hyde,  détenu  quelque  temps 
à  la  tour  pour  avoir  refusé  le 
serment  au  roi  Guillaume  ,  fnt 
enfin  élargi ,  et  se  retira  dans  ses 
terres,  où  il  mourut.  Ona  imprimé 
à  Oxford  son  Journal  d'état  et  ùes 
Lettres  sur  les  a  f aires ,  1760  ,  2 
vol.  in-4". 

*  III.  HYDE  (  Laurent  ) ,  frère 
du  précédent,  mort  en  1711  ,  em- 
ployé fort  jeune  dans  la  diploma- 
tie, fut  nommé,  eu  1661,  grand- 
inaître  de  la  garde-robe  du  roi.  Eu 
1676  il  fut  chargé  de  l'ambassade 
en  Pologne,  puis  il  passa  à  Nimè- 
gue  en  qualité  de  plénipotentiaire 
pour  le  traité  de  paix.  En  1679 
il  fut  nommé  premier  commissaiie 
de  la  trésorerie  ,  et  s'opposa  au  bill 
qui  excluoit  le  duc  d'Yorck  de  la 
•uccession.  Eu  1681,  ce  seigneur 
fut  créé  vicomte  Hyde ,  et  peu  après 
comte  de  Rochester.  En  1684  il  fut 
fait  président  du  conseil  ,  et  lord 
trésorier;  et  l'année  suivante  che- 
valier de  la  jarretière.  Jacques  II  lui 
fit  de  vives  instances  pour  l'engager 


HYDE  595 

à  changer  de  religion ,  mais  il  s'y 
refusa  constamment  ,  et  cette  fer- 
meté causa  sa  disgrâce.  Sa  place  lui 
fut  ôtée.  Il  fut  ensuite  membre  de 
la  commission  pour  les  affaires  du 
clergé,  et  il  eut  part  à  larévolulion  ; 
puis  eu  1700  il  fut  créé  lord  lieu- 
tenant d'Irlande.  Sous  le  règne  de 
la  reine  Anne  le  lord  Hyde  fut 
nommé  président  du  conseil.  Ce 
seigneur  a  fait  la  Dédicace  de  l'His- 
toire de  la  rébellion  ,  dont  son  père 
est  auteur. 

i  IV.  HYDE  (Thomas) ,  né  à  Bil- 
liugsky  en  Angleterre  Tan  i63fi, 
premier  bibliothécaire  de  la  biblio- 
thèque bodleïeune  ,  dont  il  don- 
na le  Catalogue  in-folio,  impri- 
mé à  Oxford  en  1674  ,  devint ,  eu 
1691,  professt.\r  d'ara'.>e  dans  l'uni- 
versité de  celle  ville.  Il  s'est  fait  un 
«om  par  son  Traité  de  la  religion 
des  anciens  Perses  ,ïn-/\' ,  à.  Ox- 
ford, 1700,  réimprimé  à  Londres, 
1760,  dans  le  même  format,  avec 
quelques  augmentations.  Cet  ou- 
vrage ,  écrit  en  lalin,  renferme  une 
érudition  étomrante  ;  nous  ne  vou- 
drions pourtant  pas  dire  avec  l'au- 
teur du  Siècle  de  Louis  XIV,  «  qu'il 
n'y  a  point  de  Persan  qui  ait  connu 
la  religion  de  Zoroastre  comme  ce 
savant.  «Son  ouvrage  est  écrit  d'ail- 
leurs d'une  manière  confuse.  La 
première  édition  est  r  re  ;  mais  on 
l'a  réimprimée  en  1 760,  iii-4°-  Hyde, 
mort  le  18  février  1703  chanoine 
d'Oxford  ,  éloit  extrèraeiiieut  labo- 
rieux ;  la  seule  liste  des  ouvrages 
qu'il  laissa  en  manuscrit  ,  ou  qu'il 
compila  sur  d'autres  livres  ,forme- 
roit  un  catalogue  cousidérable.  Il 
possédoit  le  chinois  presque  aussi 
bien  que  le  persan.  Il  fut  adressé , 
encore  très-jeune  ,  à  "Wallon,  pour 
l'aider  dans  le  travail  dont  il  s'occu- 
poit  alors  pour  sa  Bible  polyglotte. 
Indépendammentdes  soins  qu'il  don- 
na à  la  correction  de  ce  grand  ou- 
vrage ,  il  se  chargea  du  Fentaleu- 


SgG 


HYGI 


que  en  langue  persaue  ,  et  le  trans- 
crivit eu  caiacieret,  persans ,  d'après 
les  caraclères  iicbreiix,  dans  lesquels 
il  avoil  été  cupx'emier  lieu  imprimé 
à  Coustanlinopie ,  travail  daiuaul 
pliis  diiËcile ,  ditUsher,  que  scuvenl 
une  lettre  hébraïque  répoud  à  !a  fois 
à  plusieurs  des  caractères  de  laliiha- 
belh  persan  ,  3t  qvVuu  Perse  môine 
auroit  de  la  peine  à  distinguer  celui 
auquel  elle  doit  èlre  rapportée,  il  y 
joignit  la  traducliou  ia.ins  de  cette 
version  du Priitaitnque.  En  i66j  il 
donna  la  traduciiouiîn  îalin  dV.près 
le  persan  d'Uiugh-Beig  ,  pf^lit-lils 
de  Tameriau,  d'un  ouvrage  iulituié 
Oùsen'atious  sur  la  longitude  et  la 
latitude  des  étoiles  Jixes ,  avec  des 
110 les.  On  a  encore  .'le  lui  ,  ï.  De 
ludis  oiienialibuSf  Oxonii ,  16')/;, 
2  parties  iu-o°.  \\.  La  traduction 
latine  de  la  Cosmogr-aphie  d'Abra- 
ham Péristoî,  i  te  primée  eu  lîébreu 
et  en  latin  ,  à  Oxford  ,  1691  ,  in- 4". 
III.  De  herbes  Cka  collecllone , 
curn  Epislold  de  .'/ie/tsuris  C/iinen- 
siu/n  ,  Oxoaii ,  16S8  ,  in-S".  Gré- 
goire Sharp  H  donné  le  recueil  de 
î^es  Dissertations ,  avec  sa  Vie ,  Ox- 
ford ,  1767,  deux  vol.  in-4''.  Hyde 
l'ut  interorèle  e.-.  secrétaire  des  lan- 
gues orientales  sous  les  règnes  de 
Charles  11 ,  Jacques  11  et  Guillau- 
me lïl.  « 

HYDER-ALY-KAN.  ï^oysz  Ay- 
Per-Aly-Kaj- , 

HYDULPHE  (  saint  ).  ployez 
Hidtjlphf. 

HYGIE.  royez  S  a  lus. 

I.  IIYGIN  (saint),  chargé  du 
gouv'^erncment  de  l'Eglise  après  la 
mort  du  pape  sa'nl  Téiesphore ,  l'an 
159,  mourut  eu  142.  Cs  fut  de 
sou  temps  que  Vaientin  et  Cert^on 
allèrent  à  Rome,  Les  deux  JJécré- 
taies  qu'on  lui  attribue  sont  suppo- 
sées, et  ce  qu'on  dit  de  sou  martyre 
n'est  uullemeul  cerlitm. 


HYLA 

lî.  HYGIN  (Caius-Julius),  gram- 
mairien célèbre,  affranchi  d'Auguste, 
et  ami  d'Ovide,  étoit  d'Espagne  se- 
lon les  uns^  et,  selon  d'autres  ,  d'A- 
lexandrie, d'où  Jules  César  l'as-oit 
aîiiené  à  Rouie  après  la  prise  de  cette 
ville.  On  lui  atiribue,  I.  ])esl'al/les, 
ciim  notis  variorum  ,  Hambonrg  , 
1074 ,  in-8°  ;  et  c'ians  tes  Mythogra- 
phi  latin i ,  Amsterdam  ,  1681 ,  2  v. 
in-8° ,  qui  se  joignent  aux  auteurs 
cum  notis  varionrm,  et  qui  ont  été 
réimprimés  à  Leyde,  174^2,  eu  2  v. 
in-4'*.-  11.  Astrononàœ  poëticœ  lihri 
/^,. Venise,  i48i2,iu-4°.  Mais  ces 
ouvrages  sont  de  quelque  écrivain  du 
Eas-Euipire  :  la  barbarie  du  style  en 
est  la  preuve. 

,  t  HYLARET  (  Maurice  ) ,  né  à 
Angouleme  en  lôSg,  prit  l'habit  de 
cordelier  en  i55i,  et  se  distingua 
comme  théologien  et  comme  pré- 
dicateur. Pendant  les  troubles  qui 
agitèrent  la  France,  il  se  laissa  en- 
tamer par  l'esprit  de  faction  qui 
animoit  alors  la  plupart  des  reli- 
gieux. Il  fut  même  un  des  plus  ardens 
promoteurs  de  la  Ligue  ,  par  ses 
Sermons  séditieux,  et  par  les  con- 
fréries du  Nom  de  Jésus,  et  du  Cor- 
don de  Saint-François.  11  moiu'ut  à 
Orléans  le  ao  décembre  i.'igi;  il 
étoit,  depuis  plus  de  vingt  ans  pré- 
dicateur ordinaire  de  celle  ville,  où 
ses  obsèques  se  hrent  le  1'^'' janvier 
ifiga  en  grande  pompe.  L'évêque, 
suivi  de  ton  clergé  ,  y  assista  ,  le 
doyen  de  la  salhédrak  y  officia  ,  et 
un  jacobin  prononça  l'oraison  fu- 
nèbre du  défunt.  La  description  de 
ces  imiérailles,  le  discours  et  les  dif- 
férentes pièces  faites  en  son  honneur 
turent  imprimés  à  Orléans  en  îâgs, 
ia-'4°,  -*'>»!'  le  litre  de  Tombeau  du 
•l'énérable  frère  Maurice  Hylaret. 
A  la  nouvelle  de  la  mort  de  ce  cor- 
delier ,  les  ligueurs  en  firent  uu 
autre  saint  Paul ,  et  allèrent  jusqvT'à 
dire  «  qu'il  faisoit,  dans  le  ciel,  la 
seconde  Triuilé  avec  iee  Guises.  » 


HYLA 

On  a  de  lui  des  Homélies  en  laliu  , 
piibliées  en  diflerens  temps  à  Paris  et 
a  Lyon,  eu  3  vol.  iu-S".  Elles  don- 
nent une  très  -  mauvaise  idée  du 
goût,  du  jugement  et  des  lumières 
de  l'auteur  ;  le  fanatisme  y  perce  à 
chaque  page:  on  y  trouve  aussi  beau- 
coup de  traits  d  indécence  et  nulle 
fables  ridicules. 

I.  HYLA  S  (Mythol.  )  ,  fils  de 
Théodamas  ,  roi  deMysie,  fut  en- 
levé par  Hercule.    Ce  héros  se  tant 
enfui  de  Calydon  avec  Déjanire  et 
son  fils  Hyllus,  envoya  demander  , 
en  passant,  au  roi  Théodamas,  de 
quoi    donner    à    manger   au  jeune 
Hyllus  qui  avoit  faim.  Le  roi  l'ayant 
refusé ,  Hercule  lui  prit  un  de  ses 
bœufs,  regorgea  et  le  lit  cuire.  Théo- 
damas ,  irrité  de  cette  violence,  fit 
prendre  les  armes  à  ses  sujets,  et 
marcha  contre  Hercule.  Le  héros  les 
mil  en  fuite ,   tua   Théodamas ,   et 
emmeua  son  Hls  Hylas,  qu'il  aima  si 
tendrement,  qu'il  fut   de  tous    ses 
voyages,  et  même  de  celui  des  Ar- 
gonautes ,   pour   la   conquête  de  la 
toison  d'or.  Hercule  ayant  cassé  sa 
rame  ,  sortit  du  vaisseau  avec  Hylas 
pour  couper  dans  les   ioréts  de  la 
Rlysie  de  quoi  en  faire  une  autre. 
La  chaleur  éloit  extrême,  et  le  héros, 
tourmenté  de  la  soif,  envoya  Hylas 
avec  un  vase  puider  de  l'eau  daus  le 
{leuve  Ascanius,  qui  éloit   proclie, 
mais  dont  les  rives  étoieul  escarpées. 
Hylas,  en  se  baissant,  tomba  dans 
le  ileuve  et  se  noya.   C'est  ce  qui  a 
donné  lieu  aux  poètes  de  dire  que  les 
nymphes  l'avoient  enlevé.  Hercule, 
ne  le  voyant  point  revenir,  fui  si 
touché  de  l'avoir  perdu  ,  qjie  laissant 
les  Argonautes  coutinuer  leur  roule, 
il  parcourut  toute  la  JMysie  pour  le 
chercher. 

*  IL  HYLAS,  danseur,  vivoit  à 
Rome  sous  le  siècle  d'Auguste.  Elève 
de  Pylade  qui  avoit  cullivé  ses  dis- 
positions, il  eut  la  témérité  de  déher 


HYLL 


^97 


son  maître.  Rome  entière,  entraînée 
par  la  faction  de  ce  jeune  présomp- 
tueux, court  en  foule  au  théâtre.  II 
s'agissoit  de  représenter  Agamem- 
non.  Pour  expruner  la  grandeur  da 
ce  roi ,  Hylas  e\ilre  en  scène  guindé 
sur  un  cothurne  qui  le  rehausse,  et 
sélevaut  encore  sur  la  pointe  de» 
pieds,  parvient  £\  paroître  beaucoup 
plus  grand  que  la  foule  de  panto- 
mimes dont  il  est  entouré.  Alors  ses 
partisans,  et  sur-lout  les  dames,  de 
crier  bravo.  Pylade  se  présente  à  son. 
tour  avec  une  contenance  noble  et 
fière.  S»i  danse  grave ,  ses  pps  lents , 
ses  mouvemens  quelquefois  animés , 
souvent  suspendus,  ses  regards  tan- 
tôt fixés  sur  la  terre  ,  tantôt  tournés 
vers  le  ciel ,  peignent  \\i\  homme 
occupé  de  grandes  choses  qu'il  voit, 
qu'il  pèse  et  qu'il  compare  en  roi. 
Les  spectateurs  ,  en  quelque  sorte 
hors  d'eux-mêmes,  poussent  un  cri 
d'admiration  ,  et  l'orgueilleux  Hylas 
est  remisa  sa  place.  «Jeune homme, 
dit  alors  froidement  Pylade,  nous 
avions  à  représeiUer  un  roi  qui  coui- 
raandoit  à  vingt  rois.  Tu  l'as  fait 
long  ;  je  l'ai  fait  grand.  »  Cette  leçon 
ne  corrigea  point  Hylas.  Il  cabala  de 
nouveau,  ce  qui  déteruiina  Auguste, 
instruit  par  l'expérience  du  danger 
de  pareilles  intrigues  chez  un  peuple 
qui  commençoit  à  perdre  son  éner- 
gie ,  à  le  faire  fouetter  dans  tons  les 
lieux  publics  de  Rome. 

HYLÉE  (Mythologie  ) ,  nom  d'un 
centaure  que  Pirithoiis  avoil  invité  à 
ses  noces.  On  dit  qu'étant  échauffé 
par  les  fumées  du  vin,  il  voulut  faire 
violence  à  nue  des  nymphes  qui 
étoient  du  festin,  et  qu'il  lut  assom- 
mé par  les  Lapithes. 

*HYLL  (  Albayn),  médecin  du 
16"^  siècle,  mon  à  Londres  en  i55c). 
Si  l'on  s'en  rapporte  à  quelques  au- 
teurs gallois,  il  éloit  de  c??  pays; 
mais  les  Ecossais  soutiennent  qu'il 
étoit  de  leur  nation.  Il  fil  ses  élude» 


598 


HYPA 


à  runiversilé  d'Oxford;  ensuite  il 
voyagea,  et  fut  reçu  docteur.  On  a 
de  lui  plusieurs  écrits  sur  les  ou- 
vrages de  Galieu. 

HYLLUS  (  Mythol.  )  dtoit  fils 
d'Hercule  et  de  Uéjanire.  Après  la 
ïîiorl  de  son  père  ,  il  épousa  ïole  ; 
mais  Eurislhtc  le  cliassa,  aussi-bien 
que  le  reste  des  Héraclides.  II  se 
sauva  à  Athènes ,  où  il  lit  bâtir  un 
temple  à  la  Miséricorde,  dans  le- 
quel les  Alhéuieus  voulureut  que 
les  criminels  trouvassent  un  refuge 
assuré. 

I.  HYMENÉE  ou  Hymen  (  My- 
thologie ),  divinité  qui  présidoil  aux 
noces;  il  éloit  Mis  de  Bacchus  et  de 
Véuus.  Catulle  et  d'autres  disent 
d'Uranie.  Comme  on  croyoit  qu'il 
avoit  institué  le  mariage,  on  l'invo- 
quoit  daus  ces  circonstances ,  et  on 
îui  adressoit  des  prières  dans  les 
épithalames,  comme  on  le  voit  daus 
Catulle  et  ailleurs.  Quelques  auteurs 
ont  écrit  qu'Hymen  étoit  un  jeune 
homme.qui  fut  écrasé  Je  jour  de  ses 
noces  dans  sa  maifon,et  que  , pour 
expier  ce  malheur,  les  Grecs  avoient 
établi  qu'on  l'invoqueroit  dans  ces 
sortes  de  cérémonies,  comme  ou 
invoquoit  Tbalassius  à  Rome.  Les 
peintres  et  les  sculpteurs  représen- 
toient  le  dieu  Hymen  sous  la  figure 
d'un  jeune  homme  couronné  de 
roses,  avec  un  flambeau  à  la  main. 
On  appeloit  aussi  de  ce  nom  les  vers 
•ju'on  chautoit  pour  les  noces. 

H.  HYMENÉE  d'Ephèse,  converti 
aux  premières  prédications  de  saint 
Paul ,  embrassa  depuis  l'opinion  de 
ceuxqvii  nioientla  résurrection  de  la 
chair,  et  fut  exconmiunié  par  cet 
apôtre,  l'an  63  deJ.  C.  On  ne  sait 
ce  qu'il  devint  depuis. 

IlYPACE  ou  iîypATius  ,  neveu 
d'Anastase  ,  empereur  d'Orient,  eut 
l»eaucoup  de  pari  à  raibuiuistraU.on 


HYPA 

jf  fie  l'empire ,  sous  le  règne  de  sou 
oncle.  Après  la  mort  de  Justin  ,  la 
faction  des  blancs  et  des  verts  excita 
une  révolte  à  Constantinople.  Uu 
parti  des  factieux  traina  Hypace  à 
la  place  de  Constantin  ,  et  le  pro- 
clama empereur  en  53 1 ,  malgré  les 
pleurs  de  sa  femme  ,  qui  leur  repré- 
seutoit  qu'au  lieu  de  lui  faire  hon- 
neur, ils  le  couduisoient  à  la  mort. 
Les  séditieux ,  n'ayant  point  de  dia- 
dème, lui  mirent  un  collier  d'or  sur 
la  tète.  La  révolte  ayant  été  apai- 
sée ,  Justiuien  fit  arrêter  Hypace , 
et  le  condamna  an  dernier  supplice. 
Cet  infortuné  ,  revêtu  de  J[a  pourpre 
malgré  lui ,  montra  beaucoup  de 
courage  daus  ses  derniers  momens. 
Il  dit  à  ceux  qui  le  plaignoient 
«  qu'il  éloit  honteux  de  gémir  et  de 
pleurer  ,  lorsqu'on  soufFroit  la  mort 
sans  l'avoir  méritée.»  Son  corps  fut 
jeté  dans  la  mer  ,  ses  biens  furent 
confisqués;  mais  Juslinieu  les  rendit 
à  ses  eufans, 

t  HYPACIE  ,  fille  de  Théon  , 
philosophe  et  mathématicien  célèbre 
d'Alexandrie  ,  eut  son  père  pour 
maitre.  Elle  le  surpassa  dans  la  con- 
noissance  des  mathématiques  ,  et 
sui--lout  dans  la  géométrie ,  dont 
elle  avcit  fait  son  étude  principale. 
Pour  se  perfectionner  dans  les  scien- 
ces ,  elle  alla  à  Athènes ,  et  y  fit  de 
si  grands  progrès ,  cpi'ou  lui  donna 
la  chaire  de  professeur  que  le  célèbre 
Photin  avoit  occupée  à  Alexandrie. 
Sa  réputation  se  répandit  par-tout, 
et  on  vint  de  toute  part  l'entendre. 
Elle  étoit  d'une  rare  beauté ,  et  d 'une 
extrême  sagesse.  Un  de  ses  écoliers 
la  pressant  de  se  rendre  à  ses  désirs 
avec  une  extrême  vivacité,  elle  ne 
lui  répondit  que  par  des  raisonne- 
mens  ]>!iilosophiques.  Tous  les  pré- 
fets d'Egypte  recherchèrent  sou 
araitic.  Oreste  sur-tout  fut  lié  très- 
étroilement  avec  elle.  Comme  saint 
Cyrille  et  ce  préfet  étoienl  brouillés, 
et  <iue  tolui-u  n«  voulut  pas  se  ra«-- 


HYPE 

commoder  avec  le  saint  evêqiie ,  le 
peuple  crut  que  c  éloil  par  le  conseil 
d'Hypaciecpù  étoil  païenne  comme 
lui.  La  populace  conçut  contre  elle 
une  haine   implacable,  qui  s'aigrit 
de  plus  cil  plus.  «  Une  troupe  de 
gens  emportés  ,  dit  Fleury,  conduits 
par  1111  lecteur   nommé  Pierre,  la 
gucUèrent  comme  elle  eulroil  chez 
elle  ,  la  tirèrent  de  ea  chaise  ,  et  la 
Iraînèreutà l'église  nommée  Césarée. 
Ils  la  dépouillèrent,   la  mirent  en 
pièces  ,  et  brûlèrent  tes  membres  au 
lieu  nommé  Ciuarion.  «  Celte   ac- 
tion ,  dit  l'historien  Socrale  ,  attira 
lin  f^rand   reproche  à   Cyrille  et  ù 
i'Eglise  d'Alexandrie.  Puis  i)  ajoute  , 
cela  se  passa  la  4*^  année  de  Cyrille, 
sous  le  lo*^  consulat  d'Honorius ,  et 
le  6''  de  Théoclose, au  mois  de  mars, 
pendant  les  jeûnes,  c'est-à-dire,  le 
carême  de  ran4ii'-  «  Hypacieavoit 
conimenlé  le  mathématicien   Dio- 
phante  ,  et  composé  plusieurs  ou- 
vrages qui  ne  sont  pas  venus  jus- 
f[u';i  nous.  T^oyez  sa  Vie  par  l'abbé 
Gouiet,  dans  le  tome  cii^quièrae  des 
Mémoires  de  liltératare  du  P.  Des- 
moltts. 

IIYPARCHIE.  Voyez  Hippar- 

CHIE. 

HYPATIUS.  Voyez  Hypace. 

t  HYPÉRIDE,  Athénien,  orateur, 
disciple  de  Platon  et  d'Isocrate ,  gou- 
verna la  république  d'Athènes  avec 
sagesse ,  et  défendit  avec  courage  la 
liberté  de  sa  patrie.  Des  députés 
d'Antipaler,  admis  à  l'audience  de 
l'aréopage  ,  parlèrent  de  ce  ])rince 
comme  du  plus  honnête  homme  du 
monde.  «  Nous  savons  ,  répondit 
llypéride,  que  votre  monarque  est 
un  honnête  homme  ;  mais  nous 
savons  aussi  que  nous  ne  voulons 
pas  d'un  maître  ,  quelque  honnête 
homme  qu'il  soit.  »  Après  la  mal- 
heureuse issue  du  combat  de  Cranon, 
il  fut  pris  et  mené  à  Autipater ,  cjui 


HYPE  ;;99 

I  le  fit  mourir.  Cet  éloquent  républi- 
cain ,  que  Ton  compte  parmi  les  dix 
célèbres  orateurs  grecs,  avoit  com- 
posé un  grand  nombre  de  Haran- 
gues qui  ne  sont  pas  parvenues 
jusqu'à  nous  ,  à  l'exception  duue 
seule  ,  qui  donne  une  idée  avan- 
tageuse de  la  douceur  el  de  l'élégance 
de  son  style.  llypéride  plaidoit  pour 
Phryné  ,  accusée  d'impiété  devant 
l'aréopage;  sa  cause  éloit  l'oible  , 
mais  les  juges  éloieiit  sensibles. 
Hj'péride  triompha  en  arrachant  le 
voile  qui  cou  vroitle  sein  de  sa  cliente, 
et  qui  enveloppoit  une  partie  de  sou 
corps:  «  Oserez-vous  ,  dil l'orateur, 
condamner  ce  chef-d'œuvre  des 
dieux  »  ?  I/aréopage  et  le  peuple 
sont  entraînés  ,  el  Phryné  est  ac- 
quittée. Hypéride  mériloit  d'èlre 
l'avocat  des  belles ,  il  entreleuoit 
trois  courlisaues. 

HYPERION,  (Mythol.),  Titan, 
lils  de  Cœlns,  fut  chargé,  dit -on, 
de  conduire  le  char  du  Soleil  :  ce  qui 
Ta  fait  regarder  par  quelques-uns 
comme  père  du  Soleil ,  elpar  d  au- 
tres ,  comme  le  Soleil  lui-même. 

-;-  HYPERIUS  (  Gérard-André  ) , 
professeur  de  théologie  à  IMarpurg, 
né  à  Ypres  en  i5ii,  et  mort  eu 
ir)64  ,  éloit  un  homme  très-habile, 
et  un  partisan  de  la  réforme.  On  a 
de  lui,  deux  traités,  in -8°,  es- 
timés dans  leur  temps  ,  l'uu  De 
rectli  formando  t/ieologiœ  slu~ 
dh  ;  l'autre,  De  fonnandis  con- 
ciojiibup  sac7is.  Il  y  a  affecté  de  se 
taire  sur  les  matières  controversées 
par  les  liérétiques.  Le  P.  Laurent  de 
Villa- V^iccnlio,  augustin  espagnol, 
et  docteur  de  Louvain ,  a  donné  une 
édition  de  ces  ouvrages  ,  corrigés. 
On  a  encore  de  lui  ,  des  Traités 
théologiques,  en  2  vol.  in-8°,  Bàle, 
1  r)7o  et  1.571  ;  et  des  Commentaires 
surSt.'Paul ,  Zurich,  1  Ô82  et  i.'i84, 
•T  vol.  in-fol.,  remplis  de  diatribes 
cl  de  déclamations  contre  l'ÉijUse 
calliolique. 


6oo 


HYPS 


HYPERMNESTRE  ,  (  Mylhol.  ) 
celle  des  ciaqnunle  lilles  deUauaiis, 
roi  dArgos,  qui  ne  voulut  point 
obéir  à  l'ordre  cruel  queDanàiisavoit 
donné  à  ton  tes  ses  filles ,  de  poignarder 
leurs  maris  la  première  nuit  de  leurs 
noces.  Celle  princesse  sauva  la  vie 
à  Lpicée  son  époux,  après  qu'elle 
lui  eut  fait  promettre  de  ne  point 
lui  ravir  sa  virginité.  /^oj.LYNcÉi;, 
n°  II. 

*  HYPSICLES  ,  d'Alexandrie  , 
disciple  d'Isidore  ,  vécut  sous  M. 
Auréluis  et  Lucius  Vérus  ;  ou  lui 
attribue  un  ouvrage  d'aslrouomie, 
intitulé  Anaphoriius  ,  imprimé  en 
grec  avec  la  version  latine  de 
Menlélius  ,  et  réuni  avec  l'Optique 
d'Héliodorus,  Paris,  1680,  iu-4"- 

HYPSICRATÉE  ,  femme  de  Mi- 
Ihridate ,  roi  de  Pont ,  célèbre  par 
sa  vertu  et  sa  beauté,  accoutuma 
son  corps  délicat  aux  plus  rudes  fa- 
tigues ,  à  monter  à  cheval  ,  à  sup- 
porter le  poids  des  armes  ,  pour 
suivre  dans  toutes  ses  expéditions 
guerrières  sou  époux  qu'elle  ne  vou- 
loit  point  quitter. 

HYPSIPILE  (Mythol.  ),  fille  de 
Thoas,  roi  de  Lemnos,  sauva  la  vie 
à  son  père ,  lorsque  les  femmes  de 
cette  ile  tirent  un  massacre  général 
de  tous  les  hommes  qui  l'habitoient. 
Hypsipile  cacha  son  père  avec  soin, 
etfttaccroirequ'elles'euétoitdéfaile; 
alors  les  femmes  l'élurent  pour  leur 
reine.  Quelque  temps  après  les  Ar- 
gonautes abordèrent  dans  l'ile  de 
Lemnos,  où,  trouvant  toutes  les 
femmes  sans  maris  ,  ils  eurent  com- 
merce avec  elles.  Hypsipile  s'attacha 
à  Jason  leur  chef,  et  en  eut  deux 
enfans  jumeaux, dont  l'un  fut  nommé 
Thoas  ,  comme  son  grand-père,  et 
l'autre  Enneiis  ,  le  même  qui  con- 
duisit les  t'oupes  des  Letnniens  au 
siège  de  Troie.  Jason  l'abandonna 
avec  ses  cnfans,  et  continua  son 


HYRG 

voyage.  Après  son  départ ,  les  Lem- 
nieuues  ,  ayant  découvert  qu'elle 
avoit  épargné  son  père  Thoas  ,  la 
chassèrent  de  l'ile,  et  elle  se  retira 
dans  le  Péloponnèse. 

I.  HYRCAN  I"  (  Jean  ) ,  souve- 
raiu  sacrificateur  et  prince  des  Juifs, 
succéda  à  son  père  Simon  Maccha- 
bée ,  tué  en  trahison  par  Plolomée 
son  gendre.  Ce  traitre  avoit  été 
gagné  par  Antiochus-Sidètes,  roi  de 
Syrie.  Après  avoir  massacré  sou 
beau-père  ,  il  voulut  faire  égorger 
8011  beau-frère  Jean  Hyrcan  ;  mais 
ce  héros  fil  arrêter  et  punir  de  mort 
les  assassins.  Ce  fut  alors  que  le 
perfide  Plolomée  appela  Anliochus 
dans  la  Judée.  Hyrcan  ,  enfermé 
dans  Jérusalem  ,  y  fut  assiégé  par  le 
roi  de  Syrie.  Après  un  siège  long  et 
opiniâtre,  durant  lequel  Àntiothus 
donna  du  secours  aux  assiégés  quo 
la  famine  tourmeuloit  ,  et  fournit 
même  des  vases  précieux  ,  des  par- 
fums et  des  victimes  pour  la  fête  des 
tali-rnacles  ,  la  paix  fut  conclue.  Les 
conditions  furent  que  les  Juifs  lui 
remeltroient  leurs  armes  avec  les 
tributs  qu'ils  recevoient  de  Joppé  et 
des  autres  villes  hors  de  la  Judée. 
Après  la  mort  d'Anliochus,  Hyrcau 
profita  des  troubles  de  la  Syrie  pour 
venger  sou  pays.  11  prit  plusieurs 
villes  en  Judée,  subjugua  les  Idu- 
méens  ,  démolit  le  temple  de  Gari- 
zim  ,  s'empara  de  Samarie ,  et  mou- 
rut l'an  106  avant  Jésus-Christ. 

II.  HYRCAN  II  ,  fils  aine  d'A- 
lexandre I ,  succéda  à  son  père  au 
pontificat  chez  les  Juifs,  l'an  78" 
avant  Jésus-Christ  ;  et  selon  le  droit 
d'aînesse,  il  devoit  lui  succéder  à  la 
couronne.  Son  frère  Aris'obule  la 
lui  disputa  après  la  mort  dAlexan- 
draleur  mère,  qui  avoil  gouverné 
neuf  ou  dix  ans,  et  la  lui  ravit  les 
armes  à  la  main.  Par  un  traité  qui 
suivit  celle  victoire,  lan  GB  avant 
Jésus-Christ ,  Hyrcau  se  coul<JUlit 


HYST 

de  la  tlignité  de  graucl-prêtre;  mais 
depuis  il  eiil  rinipnulence  daller 
mendier  les  secours  d'Arelas  ,  roi 
des  Arabes  ,  qui  assiégea  Aristobule 
dans  le  temple.  Ce  dernier"  ayaul 
gagné  Scaurus  ,  lieulenanl  de  Pom- 
pée ,  fil  lever  le  siège  ,  el  défit  Arélas 
et  llyrcan  ,à  qui  Fompée ,  Gabinius, 
et  j)uis  César  ,  laissèrent  la  grande 
sacrilicature.  Hyr-au  tomba  ensuite 
entre  les  mains  de  son  neveu  Anli- 
gone,  qui  lui  ii^  couper  les  oreilles. 
Énlin  ,  s'étaul  laissé  persuader  par 
Alexandra  ,  la  fille  ,  mère  de  I\Ia- 
riainue  ,  femme  d'ilérode  ,  de  se  re- 
tirer Vers  les  Arabes  ,  Ilérode  le  fil 
mourir  à  lage  de  80  ans ,  lan  3o 
avant  Jésus-Christ. 

HYRÉE  (Mythol.  ),  paysan  de 
la  Eéotie  en  Grèce,  eut  l'honneur 
de  loger  dans  sa  cabane  Jupiter  , 
Neplufie  et  Mercure.  Ces  dieux,  vou- 
lant le  récompenser  du  bon  accueil 
qu'il  leur  avoit  lait,  lui  dirent  de 
demander  ce  qu'il  vouilroit ,  avec  as- 
sonance de  l'obtenir.  11  demanda  un 
lils,  sans  néanmoins  prendre  de 
femme,  Los  dieux,  pour  satisfaire 
à  leur  promesse,  urinèrent  sur  la 
peau  d'une  génisse ,  son  seul  bien  , 
qu'il  avoit  sacrifiée  généreusement 
au  repas  de  ses  hôtes  ;  et  dix  mois 
après,  il  en  vint  un  enfimt  qui  fut 
jionnné  Urion  ,  à  cause  de  l'urine 
dont  il  ëtoil  né.  Dans  la  suite  ,  la 
première  lettre  de  son  nom  fut  chan- 
gée eu  O  ,  et  il  fut  appelé  Orion. 
S'il  y  a  dans  la  fable  d'ingénieuses 
fictions,  ce  n'est  pas  celle-ci. 

HYSTASPES,  fils  d'Arasnie, 
de  la  famille  des  Acbéménides  , 
père  de  Darius  ,  qui  régna  dans  la 


HYWE 


60  ] 


Perse ,  après  avoir  tué  le  mage  Smer- 
dis  ,  étoit  gouverneur  de  la  Perse 
propre,  quand  son  fils  eut  la  cou- 
ronne. Ctésias  ajoute  qu'il  survécut 
peu  après celévéuement;et  qu'ayant 
voulu  qu'on  le  portât  au  tombeau 
que  son  fils  s'étoit  fait  faire  entre 
deux  montagnes  ,  les  prêtres  qui 
étoieut  chargés  de  l'y  monter  avec 
sa  femme ,  laissèrent  échapper  les 
cordes  qui  le  suspendoient  ,  et 
qu'Hystaspes  raourul  de  cella 
chute. 

*  I.  HY'WEr.  (  Dada)  ou  IIowel- 
LE-BoN  ,  célèbre  prince  et  législa- 
teur gallois  ,  qui  mourut  eu  g^S. 
Il  alla  à  Rome  pour  revoir  le  code 
de  ce  pays. 

*  II.  HYWEL  (  Ab  Morgan  IMawr), 
prince  de  Glauiorgan  ,  né  en  910  , 
mort  en  lo.p  ,  vécut  ainsi,  sui- 
vant les  historiens,  i3o  ans.  11  est 
représenté  comme  le  plus  .sage  elle 
meilleur  des  princes  qui  ont  régné 
sur  la  Grande-Bretagne.  On  trouve 
dans  celle  race  plusieurs  exemples 
de  longévité;  et  on  y  compte  Mor- 
gan Mawr  ,  qui  vécut  12g  ans  ; 
Hywel  ab  Rhys  ,  qui  vécut  124  >  ^^ 
Artbvael  ab  Rhys  ,  qui  vécut  120, 
suivant  les  mêmes  autorités. 

*  III.  HY-WEL  (Ab  Owani 

Gwynedd  )  ,  prince  de  North- 
"Wales  (pays  de  Galles),  mort  en 
1171.  On  a  de  lui  quelques  pièces 
de  vers  dans  l'Archéologie  galloise. 
A  la  mort  de  son  père  ,  en  1169  , 
Hywel  tenta  de  monter  sur  le  trône, 
an  préjudice  de  ses  frères  ;  mais 
vaincu  el  blessé,  il  passa  eu  Irlande 
où  il  mourut. 


FIN    DU    TOME    HUITIEME. 


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