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Cf^Çtyi^df-**'
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DICTIONNAIRE
UNIVERSEL,
HISTORIQUE, CRITIQUE
ET BIBLIOGRAPHIQUE.
TOME YUJ.
GRAA. = HY
L. PRUDHOMME, Editeur, rue des Marais ,
au bureau du Lavater 5
CiiKZv^ PRUDHOMME fils, Imprimeur-Libraire, même )> à Pari*.
rue , n° i y j
GAriNEPxY , Libraire , rue de Seine j
i
Madame BUYNA?JD née BRUYSET Lyon,
Mademoiselle LKROY et Compagnie Caen.
Au-ô Amiens.
Frîirk , aîné Rouen.
VALLÉEjalût' Id,
Renault Id.
Blocquel et CastiAitx Lille.
Stapleaux - Bruxelles.
Victor JIangiw Nantes.
BïJSSET'IL Il^id.
Lafite » Bordeaux.
DuRViLLE Montpellier.
FoDRiER-MiME Angers.
Catikeau Poitiers.
Desoer Liège.
BovARD Aix-la-CIiap.
Xjeroux Mayence.
ElisiÇe AxJiiAHEt Tarascon.
4jossE Bayonne.
Pertuès Hambourg.
IiiMERZEEL et Compagnie Amsterdam.
Uaîlang Berlin.
Artaria. . . Vienne.
Auici, Libraire de la Cour S. Pëtersbourg.
Riss et Saxtcet Moscou.
Brummeh Copenhague.
ÈOREL €t PiCHARD NapleS.
BoRET, et PiCHARD Rome.
GiEGLER et DuMOLARD • Milan.
Gries^iammer Leipsick.
EssLiNGER Francfort.
Et chez tous les principaux Libraires et Directeurs des postes.
Les articles nouveaux sont marqués d'une*. Les articles anciens , corrigés
"Jli augmentés sont distingués jjar une f.
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL,
HISTORIQUE, CRITIQUE
ET BIBLIOGRAPHIQUE,
Ou Histoire abrég<'e et impartiale des hommes de toutes les nations qui se
sont rendus célèbres, illustres ou fameux par des \ertus, des talens , de grandes
actions , des opinions singulières , des inventions , des dëcouverles , des
monumens , ou par des erreurs , des crimes , des forfaits , etc. , depuis
la plus haute antiquité jusqu'à nos jours ; avec les dieux et les héros de toutes
les mjthologiesj enrichie des notes et additions des abbés Brotier et Mercier
DE Saint-Léger, etc., etc.
D'après la huitième Edition publiée par MM. Chatjdgn et Delandine.
NEUVIÈME ÉDITION,
REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE DE l6,000 ARTICLES ENVIRON,
PAR UNE SOCIÉTÉ DE SAVANS FRANÇAIS ET ÉTRANGERS.
jimicHS Plato , amicus jiristolelea , magis arnica Veritas
Suivie de Tables chronologiqvies, pour réduire en corps d'histoire les article»
répandus dans ce Dictionnaire.
Ornée de 1,200 portraits en médaillons.
TOME VIII.
PARIS, ^m^
DE L'IMPRIMERIE DE MAME FRÈRES
18 10.
PORTRAITS
QUI SE TROUVENT
A LA FIN DU TOME YIIL
PLANCHE XL.
(juARiNi (Jean-Baptiste).
GuESCLiN (Bertrand du).
GuicHARDiN (François).
Guide (le).
GuiLLAUME-LE-CONQUÉRANT.
GuiLLAU3iEj prince d'Orange.
Guise (François, duc de).
Guise (Henri, duc de).
Gustave (Adolphe).
Gustave III.
Gustave Wasa.
GuTTEMBERG (Jean).
PLANCHE XLL
Habert (Henri-Louis).
Halle R (Albert),
Halley (Edmond).
Hall ( J osepli ).
Hamilton (Antoine).
Hampden (Jean).
Handel (Georges-Frédéric).
IIarcourt (Henri deLorr. d').
Harcourt (maréchal d').
Harlay (Achille de).
Harlay (François de).
Harpe (Jean de la).
PLANCHE XLIL
Harrington.
Harrisson (Jean).
Harvey (Guillaume).
Hecquet (Philippe).
Heinnecius (Jean).
Heinsius (Daniel).
T. VllI',
Héloïse.
Helvétius ( Claude-Adrien ).
Henault (Jean-François).
Hennuyer (Jean).
Henri HL
Henri IV.
2122GR1
PLANCHE XLIII.
Henri V.
Henri VIL
Henri VUI.
Henriette de France.
Hérodote.
Hésiode.
Heurnius (Jean).
Heyn.
HiPPARQUE.
HiPrOCRATE.
Hor.BEs (Thomas).
Hugarth (Guillaume).
PLANCHE XLIV.
Holbein (Jean).
Homère.
Horace.
Hortensitjs-Quintus.
HospiTAL (Michel de 1').
Houdart de La Motte.
HouLiÈRES (madame des).
Hugues CAPET,chef delà 3^ race.
Hume (David).
liuNiADE (Jean Lorrin).
Hus (Jean).
HuYGHENS (Gommare).
NOUVEAU
TIONNAÏRE
HISTOPJQUE.
GRAA
GRAB
-;- VJRAAF ou Graef (Reignier
de), médecin, né à Schoonhove en
Hollande, l'an 1641, d'un père cé-
lèbre |);ir plusieurs machines hydrau-
liques , le fut lui-même par quel-
ques découver les anatomiques. Après
avoir étudié à Leyde et en France ,
il se relira à Delfl, où il mourut
le 17 août 1670. Gruaf s'éloit ac-
quis , dans un âge peu avancé ,
une grande réputation par de savans
ouvrages. I. De succu pancreahco,
Leyde, 1664 , in-12 , et 1.671 ,in-8°.
II. £>c virorum organis generationi
inseivientibus , Rolerdam , 1668
et 1672. 111. Un Trailé semblable
sur les organes des femmes , à
Leyde, 1672, in-8°. Il prétend dans
ces différens écrits que tous les ani-
maux tirent leur origine des œufs.
Avant lui, Stenon avoit prétendu
avoir vu ces œufs ; Graaf lui disputa
cet avantage ; Swammerdam reven-
diqua aussi la même découverte ;
mais il paroit qu'il n"y avoit pas de
quoi se quereller. Vallisnieri , en exa-
minantcesprétendusœufs, a reconnu
ou cru reconuoilre que cène sont que
les réservoirs d'une liqueur fécon-
dante. Quoi qu'il en soit, le système
de l'ovairisme a eu de grands par-
tisans et n'est pas encore générale-
ment abandonné, malgré les diffi-
X. VIII,
cultes insurmontables qu'on lui op-
pose , ainsi qu'à ceux des autres
naturalistes occupés à expliquer uu
mystère qui , au jugement des plus
grands physiciens , ne sera jatuais
éclairci. Tous les ouvrages de Graaf
furent recueillis à Leyde, 1677 et
170.') , in-S°. On a traduit en fran-
çais son Histoire anatamique des
partiesgénitales de V homme el de la
J'emme qui servent à la génération,
Kàle , 1699 , iu-8°.
* GRABA (Jean -And ré), mé-
decin de Mulhauseu dans la Thu-
ringe , pratiqua son art à Erfurt, et
mourut dans sa ville natale en 1669.
On a de lui quelques onvrages en
allemand sur la fièvre péléc/iiale ;
la maladie de Hongrie ; la petite
vérole; larougeole ; et le suivant qui
est écrit dans le goût de l'académie
impériale , sous le litre lYElapho-
graphia , sive cervi Descriptio
physico - medico - chymica , Jenae ,
1667 , in-8".
t GRABE ( Jeaii-En>est ) , né à
Kœnigsberg en Prusse l'an 1666,
quitta sa patrie pour l'Angleterre ,
où il fut ordonné prêtre. Il reçut le
bonilet de docteur à Oxford , ob-
tint une pension du roi Guillaume ,
1
2 GRAC
qui fut contiQuée par la reine Anne ,
et mourut à Londres le 1 5 novembre
1711. Ce savant , qui s'est fait hon-
neur par ses counoissances dans
Tantiquilé ecclésiastique, n'avoit
ni assez de génie ni assez de jugement
pour bien discerner les faits et les
autorités. Tl eut plutôt la réputation
d'un liomme laborieux que celle d'un
grand critique. On a de lui, I. Un
Spicilegium des écrits des Pères et
des hérétiques des trois premiers
siècles, Oxford , I7i24 > 2 vol. in-8°.
II. Uue édition de \ Apologie de
saint Justin martyr, in-fol. , 1700 ,
en grec et en latin, avec des notes.
III. Une autre des Septante , suv le
manuscrit alexandrin , Oxford ,
1707 à 1720 , 4 vol. in-folio, réim-
primée à Zurich en 1700 , même
format: cette édition est plus ample;
la première est plus belle. IV. De
fbrnidconsecrationis Eiicharistice ,
Londres , 1721, in-S". V. Une édi-
tion de saint Irenée , Oxford , 1 702 ,
in-folio , qui fut effacée par celle de
D. Marsuet , Paris, 1710, iu-fol.
t I. GRACCHUS (Tibérius et
Caïus ) , fils de Sempronius Grac-
chus et de Cornélie , fille de Sci-
piou l'xlfricain , furent très - bien
élevés par leur mère , et se signa-
lèrent l'un et l'autre par leur élo-
c[uence et par leur zèle i)Our les
intérêts du peuple romain. Tibé-
rius s'étant fait élire tribun du peu-
ple , demanda , qu'eu exécution de
ia loi agraire, quiconque possède-
roit plus de cinq cents arpens de
terre en fût dépossédé , que ces
terresfussent réparties entre les plus
pauvres citoyens; et que les pro-
priétaires fussent obligés à ne se
point servir d'esclaves pour les cul-
tiver , mais de gens de condition
libre pris dans le pays. Il falloit un
homme aussi audacieux que l'éloii
(îracchus pour faire passer une loi
si contraire aux intérêts du sénat
et de la uoblesse. lille pajîsa. On
GRAC
le nomma commissaire ou trium-
vir , avec Appius f'iaudius , son
beau-père, et Caïus Gracchus , son
frère , pour faire la distribution or-
donnée. Tout concourut au succès
de son entreprise. Altaie, roi de
Pergame , mort sans enfans, avoit
nom mêle peuple romain son héritier.
Gracchus se saisit de ses trésors au
notu du peuple , et les distribua à
ceux des citoyens qui ne pouvoient
pas avoir part à la distribution des
terres. Son triomphe fut de courte
dtvrée. Il fut massacré au milieu de
ses partisans , le même jour qu'ils
alloient le continuer dans le tribu-
nat pour l'année suivante, i.^o"^
avant Jésus-Christ. Caïus Gracchus,
son frère , plus emporté que lui ,
plus ouvertement ambitieux , ayant
donné de l'ombrage au sénat, fut
tué environdouzeansapres.il avoit
été soupçonné d'avoir trempé dans
le complot qui lit périr le jeune
Scipion l'Africain. L'abbé de JMably
a peint ainsi les deux Gracques :
«Tibérius Gracchus avoit toutes les
qualités qu'aimoit le peuple , dont
il se disoit le libérateur , et que
haïssoient les riches qu'il vouloit
humilier. Son éloquence , douce et
persuasive conduisoit à la terreur
par ia pitié. Jamais homme ne fut
plus altier, et n'affecta tant de mo-
dération. Adroit à émouvoir les
passions, plus habile encore à eu
nourrir le feu, il serabloit plutôt
se laisser emporter par les senti-
mens de la populace que lui inspi-
rer les siens. Toujours courageux ,
mais presque toujours timide en
apparence , la crainte qu'il affecloit
fut un aiguillon pour le peuple : et
la cuirasse dont il éloit couvert , et
qu'il lui faisoit adroiiement aperce-
voir, en feignant de la cacher , l'a-
vertissoit coutinuellemenl des dan-
gers qui le pressoientj et que le
moment d'exécuter éloit le moment
présent. Tout ce que Rome renfer-
moit de citoyens que la loi Lici-
GRAC
nia oHensoil se souleva conlre Ti-
bériiis. Le Iribiiu, aigri , devint phis
impétueux , et les injures île ses
enueinis lassèrent sa probité ou dé-
masquèrent sa politique. Ses vrais
sentimeus se firent voir an travers
de la modération snus laquelle il se
cachoit également au peuple et aux
grands. L'amour de la patrie , sou
salut ei l'intérêt public ne servirent
plus que d vm prétexte , ou pour
consommer sa révoile , ou pour ren-
dre "sa perte plus dillicile, eu in-
téressaul à son sort uu plus grand
nombre de citoyens. Caïus hu suc-
céda ; mais il n'avoil jamais eu les
dehors de probité qu'on a voit vus
dans son frère. Les efforts qu'il s éioit
faits pour renfermer son ambition
et sa vengeance avoienlciiangé tons
ses sentimens enpassionet enlureur.
Il regarda la loi Licinia comme
l'ouvrage de sa maison. Vaste et
tunniltueux dans ses desseins, hardi
et violent dans l'exécution, nourri
depuis long -temps des idées les
plus ambitieuses , avec lesquelles
il s'étoit familiarisé , il fut extrême
dès qu'il put agir; il vouloit fran-
chir, el non pas lever les obstacles
qui s'opposoient à ses desseins. Em-
porté par ses succès encore plus loin
qu'il n'avoit peut-être osé l'espérer ,
il ne commença , pour ainsi dire , à
avoir de l'ambition que quand celle
d'un autre auroit été satisfaite. 11
devint l'arbitre de la république, el
tout changea de face. Le peuple
domina , la noblesse se vit accabler ;
elle fit périr le tribun , el reprit sou
autorité. « Ce fut Caïus Gracchus
qui, i4o ans avant l'ère vulgaire,
lit mesurer pour la première fois
les grands chemins de l'empire , el
placer des bornes pour marquer les
milles.
n. GRACCHUS ( Sempro-
nius ), exilé dans lile de Cérine sur
ia côte d'Afrique, pour son com-
merce avec Julie, fille d'Auguste,
GRAC 3
fut assassiné après un exil de i4
ans, par Tordre de Tibère , qui fit
mourir aussi Julie dans lile Peii-
daiaire, où elle avoit été confinée.
L'amour l'avoit rendu poète. On
croit que c'est à lui qu'on doit at-
tribuer les vers insérés dans le Cor-
pus Poëlaium de Mailiairc.
t m. GRACCHUS (Rutilius),
sorti sur la fin du lo'^ siècle d'une
famille de Rome, noble , mais mort
pauvre, fil des vers qu'on au roi l pu
comparer à ceux des plus habiles
poètes de son temps. C'étoit nu
homme très-bizarre; on en raconte
celle singularité entre autres : pour
saluer les personnes de différentes
qualités en différentes manières , il
imagina de faire faire trois chapeaux
enchâssés l'un dans laulre; il eiiôtoit
un seulf-ment devant les moins qua-
lifiés , deux à ceux qui l'éloient da-
vantage , et tous les trois aux per-
sonnes les plus 1 élevées en dignité.
11 crula\oir rendu un si grand ser-
vice à l'élat par celte rare décou-
verte, qu'il demandad'èlieeutreleuu
aux dépens du trésor public.
* GRACE ( Thomas-Françoisde ),
fils d'un capitaine irlandais du régi-
ment de Clare, où il servit lui-même;
mais le peu d'atlraits qu'eut pour lut
le métier des armes le lui fit bientôt
abandonner pour suivre la carrière
des belles-lettres el se consacrer à
l'instruction de la jeunesse qu'il ché-
rissoit. Fréret , de l'académie des
inscriptions et belles-lettres, i'avoit
attaché au secrétariat de celte com-
pagnie, place qu'il occupa pendant
44 ans, et dont la révolution le dé-
posséda au moment ou l'académie
venoitde lui accorder sou traitement
à titre de retraite. Un de ses princi-
paux ouvrages est l'édition en 8 vol.
\\\-^ , dune histoire universelle sur
le plan de Puff.mdorf : édition pré-
férable à celle de La IMartinière ,
parce qu'il ^ çjhbrasse riùsloire au-
4 GRAG
cieuue (le chaque pays el celle des
peuples, doiil La Mailiniere ne lail
aucune ineuliou. Elle se lerniine à
lanuée 1750. t,es siipplémeus cioul
il l'a enrichie sont lires , en grande
partie , des Mémoires de l'académie
et de quelques écrits de Frérel. De
Grâce aimoit beaucoup la botani-
que; ilcuUivoit avec succès les Heurs
et dilTérenles piaules exotiques. Il a
été long-temps un des rédacteurs du
Journal, ensuite de la Gazelle d'agri-
culture, où il a inséré dexcelleus ar-
ticles, il laisoit imprimer tous les ans
ses observations dans un ouvrage ,
auquel il dounoit le titre modeste de
Y A I inatiacJi du bon jardinier. De
Grâce , devenu aveugle sur la tin de
ses jours , avoil exercé les fonctions
de censeur royal ,et seroit mort dans
l'indigence sans les bienfaits des
ministres et la reconnoissance de ses
élèves. Outre les ouvrages ci-dessus
indiqués , on a de lui, I. Ecole d' A~
gricullure pratique sur les principes
lie Saivej de Sutières , Paris, 1770,
in-ia. II. Tableaux hisluriques et
chronologiques de l'histoire an-
cienne et du /noyenâge, des princi-
paux pays de l' Asie , de l'yifriquè
et de r Europe, auec un précis de la
3Ty I hologie grecque , expliquée d'a-
près Hésiode , et un tableau des
principes généraux de la langue
française , ouvrage élémentaire ,
1789 , iu-8°. III. Principes géné-
raux de la langue française , ex-
traits de V ouvrage précédent, 1789,
in-i2. IV. 11 a donné beaucoup d'ar-
ticles au Journal de Médecine eu
1769 et années suivantes. Ce savant
laborieux est mort à Paris le 28
novembre 1798, âgé de 85 ans.
GRACES (les) ou Chabitjîs
(Mylh.), divinités célèbres, tilles
de Jupiter et de la belle Eury-
îiomé , Hlle de l'Océan ; et selon
d'autres , de Bacchus el de Vénus.
On en comptoit deux ou quatre ,
mais plus comiauuéaient trois,
GRAC
Agla'ia ou Fasithée , Thalic cl
Luphrosine, c'est-à-dire, J'rillaii;,
I leur. Gaieté. Pelles éloient lou -
|ours auprès de Vénus. On rcpréstu-
loil ces déesses jeunes, riantes ,daijs
l'atlitude de personnes qui dansent ,
se teuanl par la main , et couvertes
d'un voile léger. L'antiquité les ré-
véroit comme présidant aux bien-
faits , à la reconnoissance, à la cou-
corde, aux réjouissances, à l'élo-
quence el à tout ce qui peut rendre
la vie agréable. On n'enlroit dans
leur temple que couronné de tleurs.
La coutume de peindre les Grâces
nues n'est pas de la plus haute an-
tiquité. Pausanias é rit qu'il n'a pu
découvrir quel est le peintre ou le
sciiipleur qui a commencé le pre-
mier à leur ôler leurs habits, car
les anciens les peignoient velues.
Ceux qui ont fait ce changement
ont voulu sans doute faire entendre
que les Grâces ne plaisent que par
leur simplicité , et qu'elles n'ont
besoin d'aucun oruemeut qui les
cache.
* I. GRACIAN (Jérôme ) , carme
déchaussé , né à Valladolid le 6
juin lô/i;"), commissaire apostolique
l^our la réformation des carmes dans
l'Andalousie; mais cet emploi lui
occasionna beaucoup de cliagria.
Obligé d'aller à Rome pour se jnsli-
tier sur les accusations qu'on a\'oit
in tentées contre lui, il eut le malheur
de tomber enlve les iiiains des Tu-
nisiens , qui le firent esclave. Ea
iSgS il fut racheté: quelque temps
après l'archidiicliesse Isabelle , gou-
vernante des Pays-Bas, le i)rit pour
son confesseur. Ce père, mort Je
2J septembre 1614. a toujours été
un modèle de l'crtus. Sainte Thérèse,
saint François de Sales , Clément
Vlll , le père Ribera et D. Jean Pa-
lafox en ont parlé avec éloge. 11 a
publié un très-grand nombre d'ou-
vrages ascétiques , presque tous en
espagnol. André del Mainiol, avocat
GRAC
de Madrid, a publié sa Vie , Vallado-
lid , 1619 , in-4'.
-\ II. GRACIAN (Balihasar),
jésuite daus le royaiiiiic d'Ara-
gon, mort recleiir du collège de
Tarragone le 6 décembre jCoS , se
disiingua daus sa société par ses ser-
inons et par ses écrits. lAi plupart de
ses ouvrages out été recueillis eu 2
vol. iu-4° , et souvent réinipi inù's.
Les Espagnols les eslinientbeaucoup ;
les Français en font moins de cas. 11
])aroit, dit l'abbé des Fontaines , que
cet écrivain avoil plus de mémoire
et d'imagination que de jugement
ot de bon sens. Il faut lire quantité
de choses extravagantes avant que
d'en rencontrer qui soient un peu
raisonnables. En clierchaul toujours
l'énergie et le sublime , il devient
outré , et se perd dans les nues. Gra-
• ian est aux bons moralistes ce que
don Quichotte est aux vrais héros,
lis ont l'un et l'autre un faux air de
grandeur qui en impose aux sols , et
qui fait rire les sages. Pour couliimer
le parallèle: Don Quichotte, au mi-
lieu de ses folies , disoit dis choses
très-sensées. Gracian , malgré une
loule de pensées décousues, obscures,
impénétrables, a des maximes ren-
dues avec vivacité , avec esprit, et
qui renferment un grand sens. Ceux
de ses ouvrages qui ont été tradi;its
d'espagnol en français sont , I. Le
Héros , traduit par le P. de Cour-
beville, jésuite , Paris, 172.^, et Ro-
lerdam , 172g, in-12. II. L'FIomme
j/nii-ersel , in-12, par le même. III.
Les Maximes de Jja/f/iasar Gra-
cian, Paris, 1700, in-12, par le
même. Amelot de La lîoussaye, qui
se croyoit un grand politique, avoit
traduit cet ouvrage so\is le titre de
YHomme de Cour; mais le couiste
manqua son original : où Gratian est
obscur , son interprète l'est du moins
autant. Il en a paru une nomelb^
édition en 1S08 , in-8°. Daus l'épitre
dédicaloire à Louis XIV, qui figure
GRAD 5
à la tête de ce volume , pièce curieuse
qui n'a pas iiîoins de quinze pages
111-8°, imprimées en petit romain,
et qui de plus est enrichie de notes,
Amt'iol y dit au roi qu'il est un prince
àtt /.odas prcndus, c'est-à-dirc un
prince universel , un prince incom-
préhensible, un grand tout qui ren-
ferme dans une grande singularité
la catégorie de tontes les perfec-
tions, fct dans chacune l'excellence
du premier; il lui donne non seule-
ment le titre de grand , mais encore
celui de plai'..''.ible dont il a soin de
joindre la signification espagnole
dans une note ; car ce n'est pas dans
le sens français qu'il doit être pris.
Dans une autre note, Anielot fou-
droie les mauvais plaisans qui s'é-
toient moqués du titre de roi-roi
dont il avoitaussi gratifié Louis XIV,
et leur cite Homère et Islarol
IV. Réflexions politii/t/es sur les
plus grands princes, et particuliè-
mentsur Verdi nand-le- C'at/iotiquc,
Amsterdam, 1751 , in-12 , traduites
par Silliouetle , contrôleur général.
Un an après, en 1 7?i2, le P. de Cour-
beville en publia une seconde ver-
sion, sous ce titre : La Politique de
Don Ferdinand - le- Cat ho tique ,
Paris, in-12. V. L'Homme détrom-
pé , ou le Crilicon , traduit par
Maunoy , La Haye, 1704, 3 vol.
in-12; beaucoup moins célèbre que
l'Homme de Cour. VI. 11 a donné eu
espagnol l'Etranger , Bruxelles ,
in-4°, i6ô5. VU. La finesse d'es-
prit , in-4°, 1 vol. 1649 , à Huesca.
Vlll. Des Méditations sur la com-
munion. C'est le seul ouvrage auquel
il ail mis son nom.
L GRADENICO (Pierre), doge
de Venise en 1290, découvrit la
conjuration de Bajamonte Tiépolo ,
et en prévint les suites. Il gouverna
la république avec sagesse , et mou-
rut en i5o3. C'est lui qui changea en
aristocratie le gouvernement de Ve-
nise, qui depuis 1175 éloil presque
6 GRAD
entièrement poinilaire, et qui tlouna
à celle république à peu près la forme
qu'elle avoit avant la révolution
tratiçciise. — Bartliélemi Giîade-
NiGO, autre, doge de Venise , élu en
loog, soumit les Candiols ré voilés,
et mourut en iSzji. C'est de sou
temps qu arriva l'aventure d'un pé-
cheur, qui reçut, dit- on, un an-
neau dor de lu main de saint Marc
l'Evangéliste, anecdote crue seule-
ment à Venise. — Jean Guadenigo,
élu doge de Venise en i53.| , marcha
sur les traces de ses ancêtres. La
guerre contre les Génois se renouvela
de ton temps- elle dura peu. On en
soutint une plus violente contre le
roi de Hongrie , qui assiégea Trévise.
Le doge déletidit celle place en per-
sonne, et y mourut, n'ayant gouverné
qu'un an et quelques mois.
* IL GRADENIGO (Jean-
Antoine), morne du Mout-Cassin
et célèbre littérateur , né à Venise
le lo juillet 1720 , d'un sénateur
gouverneur d'Udine , mourut le
j6 mars i774- Outre plusieurs let-
tres sai-'Ci/i/es et des Mémoires Jiisto-
riques et critiques , on a de lui , L
Calendario polironiaiio del XII
secolo illuslrato da un socio co-
lombario , Veaise, 1759 , IL F'ita
delvener. seivo didio D. Gio. Ba-
tista Aani palrizio veneto e mo-
jiacu cassincse , V^enise, 1761. ill.
Série de' podestà di Chioggia, Ve-
nise , 1767. IV. Epis/u/ce pastorales
et sermoiies jamiUares ad cleriim
et pupulu.n Lla^iensem , etc. , Ve-
ueliis , J770.
*L GRV13I ( Antoine de) , de
Milan , praUqua la médecine dans
celle ville avec la plus giunde ré-
pualion vers l'an iG^S. On a de lui
un Traité des lièvres, écrit suivant
la doctrine des Arabes, et plusieurs
lois imprimé sous ce litre . De r'e-
bribus tractatus, signa, causas ci
curas J'cbiiuin c^jiniAtiutcns , Lug-
gr.î:v
duni, i5i7, 1627, in-4°j avec d'au-
tres ouvrages sur le même sujet,
Basilese, lôjf), in-fol.
* II. GRADI ( Élienne ) , né à Ra-
guse , successeur fie LucOIsleniuset
de Léon Allani dans l'emploi de bi-
bliothécaire du Vatican , se distingua
par sou talent à écrire la langue la-
tine en verset en prose. On a de lui,
I. In funere Cœsaris Rasponi S.
R. E. iardinalis oratio , Romae ,
1670. II. Step/iani Gradii patricil
Ragusini de laudibus serertissimce
reipublicas T"enetœ,et cladibus pa-
Iriœ suce , carmen , Venetiis, 1675.
m. Oratio deeligendo sumrnu jwn-
tiftce sede vacante post obitum
Alexandri Vil habita Roniœ in
basilicd jjrincipis apostolurum die
ajunii 1667, à Htepkano (l radio
Ragusi/io , bibliotliecœ Vativanœ
custode , Romae, 16&7. IV. J'esti-
natio beatissimœ virginis Elizabe-
thaia invisentis , latine , grœcè ,
oratoriè, ac poëticè pcrtractata;
accesserunt harmonica inetra ac-
iivnibus interjecta anno i65i. Il
mourut eu i685.
GRJiClNUS. T'oyez Grecinus,
GRAEF. Voyez Graaf.
GRAES. Voyez Gratius n° II.
t GRiEVIUS ( Jean - George ) ,
né àNaumbourg en Saxe Tan i632 ,
étudia deux ans sous Gronovius.
Après avoir enseigné à Duisbourg
en i656, et à Deventer en iG58,
il obtint une chaire de politique ,
d'histoire et d'éloquence à Ulrecht.
11 l'occupa avec distinction , compta
des princes parmi ses disciples , et
mourut le 1 1 janvier 1705. On doit
à ses recherches, 1. Thésaurus an-
tiquitatum Grœcarum et Romana-
rum , 16g J et années suivantes,
09 gros vol. iii-fol. Celle coliectiou
immense ne reuferine pas- tous iea
GRAF
auteurs , ui même les meilleurs qui
ont traité celte matière, et le com-
pilateur n'a pas toujours choisi les
bonnes éditions de ceux qu ily a in-
sérés. On lui a cepeutlaul obligation
d'avoir réuni un grand nombre de
traités épars , dont la plupart éloient
devenus rares. IL T/icsciu-us a/iti-
(juitatum Italicarum , 9 vol. iu-
jfolio, continué par l'inlaligabloBur-
mann jusqu'au 45'^ tome; compila-
tion énorme , sans choix et sans or-
dre, mais pourtant nécessaire dans
«ne grande bibliothèque. III. Des
Editions de plusieurs auteurs grecs
et latins ; d Hésiode ; de la plus
grande partie des (lïnvres de Cicéron;
de Ftorus , avec une préface dictée
par le jugement et par le goût ; de
César ;de Suétone; etc. IV. Sjntag-
ma variai um dissertationitm /-ariu-
/7//7z,Utrecht , 1702, in-4°. V. Prœ-
fationes et Epistolœ i 20, Hamburg.
1707, in-8°. Voyez Nicéron , tome
deux , Mémoires littéraires des
Pays-Bas, lom. ib , in-8°. et le
Journal des Sauans , in-4°.
GRAF (Jean), peintre, gendre
et disciple de Van-Alen , naquit à
Vienne vers 1680. Des places pu-
bliques , des basses-cours , et d'au-
tres objets de caprice , sont le sujet
de ses peiulures.
t GFvAFIGNY (Françoise b'Is-
SEaiBOURCr DH.U'Po.N'counT, dame
de), née à Nanci vers la lin du 17*
siècle , d'un major de la gendarme-
rie du duc de Lorraine , et dune
petite - nièce du fameux Callot ,
fut mariée ou plutôt sacrifiée à
François Hugot de Grafigny, cliam-
bellau du duc de I^orraine , liomnie
emporté , avec qui elle courut plu-
sieurs fois risque de la vie. Après
bien des années d'une patience hé-
roïque , elle en fut séparée juridi-
quement. Cet époux , indigne d'elle ,
finit ses jours dans une })rison , où
l'avoieut fait reafernier sou caiac-
GRAF 7
tère violent et sa mauvaise con-
duite. Madame de Gratiguy , libre
de ses chaînes , vint à Paris avec
mademoiselle de Guise , destinée au
maréchal de Richelieu. Elle ne pré-
voyoït pas la réputation qui l'at-
tendoit dans la capitale. Plusieurs
gens d'esprit , réunis dans une so-
ciété où elle avoit été admise ,
ayant reconnu son mérite, la for-
cèrent de fournir quelque chose
pour le Recueil de ces Messieurs ,
vol. iu-12, publié en 1745. I.a
Nouvelle Espagnole , intitulée Le
mauvais exemple produit autant
de vices que de vertus , est d'elle.
Cette bagatelle essuya des critiques.
Madame de Grafigny y prépara la
meilleure de tontes les réponses ;
elle fit mieux. Ses Lettres d une
Péruvienne , Paris, Didol , 1798,
2 vol. in-12 , parurent, et eurent
le plus grand succès. On y trouva
ouelques beaux détails ; des images
vives , des sentimens délicats , naïfs ,
passionnés. C)n fut touché de ce
grand morceau plein d'art ^ de feu
et d'intérêt , où la Péruvienne se
trouve plus que jamais pressée
entre son cher Aza et le plus géné-
reux des bienl'aileurs. Voilà les
beautés de cet ouvrage ; voici les
défauts : le dénouement ne satisfait
pas. Les lettres 3o et 5i refroidis-
sent la scène ; le style est souvent
alambiqué. L'auteur affecte nu ton
métaphysique , essentiellement froid
en amour. On lui a d'ailleurs re-
proché d'avoir pris plusieurs situa-
tions et des idées dans Paméla, les
Lettres persannes et les Arausemens
sérieux et comiques de Dufresny.
( Voyez l'article Marche - Cour-
mont. ) On donna à peu près les
mêmes éloges à Cénie , pièce en
cinq actes en prose , et ou en fit
la même critique. C'est un de ces
petits romans dialogues, qu'on ap-
pelle Comédies larmoyantes. Il est
écrit avec délicatesse , et plein d«
traits finement rendus et de choses
8
GRAF
bien senties. Après IMélauide , ce
serolt la meiileuie pièce clans le
genre alteiulrissaul , si raiiloiir ne
clonnoit trop souvent dans lo n>:o-
logisnie et le précieux , et si on n y
voyoït une imitation trop marquée
de la Gouvernante de La Ciiaussce.
On trouve dans la pièce de ce der-
nier plus de connoissances du
théâtre, des scènes mieux liées et
un style pins naturel ; mais dans
celle de madame de Graligny , plus
d'esprit et d'idées, des caractères
mieux prononcés , et nue scène supé-
rieure qui est la première du cin-
quième acte. I.a Tille d' yirisùde ,
autre pièce en cinq actes , en prose ^
dans le genre de Cénie, n'eut pas de
succès. Madame de Graligny , ayant
îong-temps vécu à la cour de Lor-
raine, y fut connue de l'en) pereur, qui,
après avoir lu avec ])laisir %es Lettres
pérai'ienries , la fil prier de faire
quelques comédies propres à être
jouées par les jeunes princesses de
la cour et les dames qui appro-
thoient de l'impérairice. Madame
de Grafigny y consentit , fit cinq
ou six petits drames envoyés à la
cour de Vienne , qui y furent joués
avec plaisir, et en reçut pour ré-
compense mi brevet de pension de
i,5oo liv., à condition qu'élis ne
feroit point imprimer , ni ne don-
iieroit à a\icun théâtre , les comé-
dies dont elle avoit fait hommage à
la famille impériale. Celte dame
morte à Paris en 1708, à 64 ans,
légua ses livres à Guy moud de La
Touche ; et à un homme de lettres ,
ses papiers qui ne conlenoieut rien
qui lût digue de voir le jour.
Comme elle s'étoit livrée au^c lettres
fort tard, elle avoit embrassé les
opinions modernes sur les diflérens
genres de littérature. Elle n'aimoit
point les vers. L'académie de Flo-
rence se l'éloit associée ; l'empereur
fl l'impératrice, qui l'honoroient
d'une estime particulière, lui fai-
8oienl souvent des présea». Les
GRAII
Lettres d'une Péruuienne et Cénrtt
ont été traduites en italien par
IJeodati , Paris , 1797 , iu-8°. Mad,
de Graîigny , pour i.avacti'nser la
vivacité des Français , les piriul in-
génieusement dans le premier de
ses ouvrages comme sécliappant
des mains du créateur , au moment
où il navoit assemblé pour l'orga-
nisation de l'homme que le feu et
l'air. Les œuvres de aiadaiiie de
Grafigny ont été recueillies en 1788,
4 vol. iu-12.
* GRAFTON ( Richard ) , histo-
rien anglais , né à Londres sous le
règne de Henri Vlll, mort sous
celui d'Elizabetli , a compilé une
Chronique de l'Angleterre et de
ses rois , depuis les premiers temps ,
qu'il fait remonter à la créalioii du
monde.
t I. GRAHAM ( George ) , cé-
lèbre horloger de Londres , né à
Gratwick en Norlbutiiberlaud ea
167:), nio^t en novembre 175) ,
quaker et membre de la société
royale, a inventé Véchoppeinent à
cylindre, et a fait ù'excellens ins-
truniens d'astronomie et de mathé-
matiques. Cet homme , tout entier à
son art, alla plus loin que les autres
artistes. Cest lui qui a exécuté le
secteur, à laide duquel Bradley a
découvert de nouveaux mouvemens
dans les étoiles fixes , et c'est lui
aussi qui a fait les instrumens avec
lesquels des membres de l'académie
des sciences de France ont mesuré
les degrés du méridien au iiôle.
Grabam , membre de la société
royale de Londres , lui a commu-
niqué plusieurs découvertes impor-
tantes. Il a été enterré à l'abbaye
de 'Weslmiusler.
* II. GRAHAM (Catherine Ma-
caul,\Ct) , Anglaise, distinguée dans
la littérature, morte en 1791 ,a
donné , 1. Une Histoire d Angle-
GRAI
ten'e depuis Jacques I jusqu'à la
branche de Brunswkii. II. Un
Traité de l'immutahililé de la
vérité. IIL Des Lettres sur l'édu-
cation.
HT. GRAHAM. Voy. Montrons.
I. GRAILLY ( Archamljciiid de ) ,
roy. Foix , n° II. •
t II. GRAILLY ou plutôt ne
Grely (Jean de ), captai de Biich,
un des plus grands capitaines de son
siècle, d'une maison originaire dn
pays de Gex , établie dans le Bor-
delais , et attachée aux Anglais ,
donna de bonne heure des preuves
de sa valeur. Revenant de Prusse
eu j358, avec le cotnte de Foix ,
son parent , il entra courageusement
dans Meunx, où s'étoient réfugies le
duc d'Orléans, frère du roi de Fran-
ce , et plusieurs antres seigneurs.
Employé successivement au service
des rois de Navarre et d'Angleterre ,
il se signala contre les généraux fran-
çais ; mais son courage ne le garantit
pas d'être deux fois leur prisonnier ;
Ja première, en 1064, à la bataille
de Cocherel , gagnée par Bertrand
du Guesclin ; la seconde , en 1071,
durant le siège de Soubise. La perle
de ce général , dit Hénault , fut plus
fatale aux Anglais que celle d'une
bataille. Le roi d'Angleterre ne put
«bleuir sa liberté qu'avec Ijeaucouj)
de peine , et à condition que ce gé-
néral ne porteroit plus les armes
contre la France; mais celte con-
dition parut si dure au captai de
Buch , qu'il aima mieux rester pri-
sonnier dans la lotir du Temple à
Paris, où il mourut l'an 1377 , sans
avoir jamais été marié.
•;■ G R A I N ou G R f N ( J.an le ) ,
d'une ancienne famille originaire
des Pays-Bas, né en i.')6ô, con-
seiller et maître des requêtes de
fllarie de Médiris , mourut diUis
GRAI
9
sa n1ai?on de Montgeron près Paris
ie ■:; juillet i6.)2 , à 77 ans , avec la
réputation d'un savant plein de pro-
bité. Il défendit par son testament
à ses desceudans de confier aux jé-
sniles l'éducation de leurs enfans.
On lui doit, I. Deux Décades i
la première , contenant VHistoire
de Henri If ; et la seconde, celle
de Louis XIII jusqu'à la mort du
maréchal d'Ancre en 1617. Ces His-
toires , l'une imprimée en 161/1 » ^^^
l'aulre en 1618, in-fol., sont plei-
nes de candeur , et curieuses à bien
des égards. II. Recueil des plus si-
gnalées batailles , journées et ren-
contres , depuis Mérouce jusqu'à
Louis XIII , in- fol. , 5 vol. ; col-
lection assez mal digérée. Les His-
toires de Le Grain sont plus recher-
chées pour les faits que pour le
langage. 11 narre désagréai)lement ;
il s'écarte à tout moment de son
sujet , pour dire ce qu'il sail sur la
phiIosoj)hie , l'iiistoire , etc. Il se
permet des déclamations emportées,
et ses ouvrages contiennent plus
d'une puérile ineptie.
I. GRAINDORGE ( André ) , de
Caeii en Normandie , fit , le pre-
mier, dans le 16" siècle, des figures
sur les loiles ouvrées. Ricliard , son
lils , perfectionna son invention. Le
père ne représentoit sur la toile que
lies carreaux et des fieurs ; le fils
y représenta des animaux , toutes
sortes d'aulres figures, et donna à
cet ouvrage le nom de Haute-lice ,
peut-êtrii à cause des lices pu fils
entrelacés dans la trame. C'est ce
que nous appelons toiles damas-
sées , à cause de leur ressemblancs
avec le damas blanc. Cet liabile
ouvrier donna le premier la mé-
lliode d'er. faire des services de ta-
ble. La ville de Caen ayant fait pre'-
sent à la reine Marie de i'\Iédici*
de ces toiles de liaute-lice , repré-
sentant des sièges et des combats,
Graiudorctj éloit du nouibre de ceux
lo GRAl
qui les lui présenlèreiit. Pendant
que le roi Henri IV admiroit la
beauté de l'ouvrage , ilrépétoit à tout
instant : « Ce sont là aies œuvres ,
sire roi. » Sou tils Michel éleva plu-
sieurs manufartures en divers en-
droits de la France, où ces ioilas
damassées sont devenues fort com-
inunes.
t II. GRAINDORGE (André de) ,
né à Caeu , membre de l'acadéuiie
de celte ville , docteur en mé-
decine de la faculté de Montpel-
lier , savant philosophe , suivoit
les principes d'Epicure et de Gas-
sendi. Il mourut le i3 janvier 1676
à 60 ans. On a de lui , I. Un
Traité en latin de la nature du
Feu , de la Lumière et des Cou-
leurs, in-Zj'^. II. Un autre Traité ,
en français , peu commun , de l'o-
rigine des Macreuses , Caen , \ 680 ,
in -8°. III. De principiis genera-
tionis ; de origine formarum et
staterâ aeris , ainsi que d'autres
ouvrages.
fin. GRAINDORGE (Jacquesde),
parent du précédent , religieux bé-
nédictin de l'abbaye de Fonlenay ,
et prieur de Culey , livré à l'é-
tude de l'astronomie et aux extra-
vagances de l'astrologie , crut avoir
trouvé le secret si recherché des lon-
gitudes, et annonça sa prétendue
découverte dans des programmes
qu'il fit imprimer. Il en lit mystère
jusqu'en 1669 , qu'il eut ordre de
venir à Paris. On lui promit une
récompense convenable , si sa dé-
couverte étoit réelle. L'académie des
sciences , après un examen série ix,
trouva que celte découverte ii'étoil
l'ondée que sur l'astrologie judiciaire.
Il vouloit cependant ia soutenir par
un livre, qui ne servit qu'à don-
ner plus d'éclat à sa folie. Il mou-
rut quelque temps après , en 1G80 ,
378 ans.
* GRAINGER ( Jac(iucs ) , poêle el
GRAI
médecin, né en 1724 à Dunse, aa
comté de Bervick, mort eu 1767,
a voit étudié la cliirurgie, el servi
en qualité de chirurgien à Edim-
bourg, ensuite dans les armées. En
J748 il fut reçu docteur, et s'é-
tablit à Londres. Cependant il n'eut
jamais beaucoup de vogue comme
praticien, et finit par être précep-
teur d'un jeune seigneur , qu'il ac-
compagna dans un voyage à l'ile
de Saint -Kilt aux Indes occiden-
tales , où il mourut. Ses écrits
sont , I Une Ode sur la solitu-
de. II. Brian et Péiyne, ballade.
III. La Canne de sucre, poëme en
vers blancs. IV. Les Elégies de
Tibutle, en vers anglais. Ses ou-
vrages en médecine sont , I. His-
luria febris anomalœ Batavœ ,
,1764. II. Traité des maladies dans
les Indes occidentales , in-8".
* GRAINSBOROUGH , un des
plus liabiles peintres de l'Angleterre,
né à Siilibury, dans la provuice de
Suffolck, en 1727, mort à Londres
le 2 août 1 788 , excellait dans divers
genres, et a laissé des Tableaux que
les Anglais mettent à côlé de Vau
Dick et de Rubeus.
L GRAINVILLE (Charles-Joseph
DELEsi'iNEde), conseiller au parle-
ment de Paris , savant, laborieux,
et bon juge, mort eu 1704,3 donné,
1. Un Recueil d'Arrêts rendus à la
quatrième chambre des enque'tes,
iribo , in-4*'. II. Mémoires , curieux
et exacts , sur la pie de Fibrac ,
1758, iii-12.
* II. GRAINVILLE (Jean-Bap-
liste-Frauçois-Xavier Cousin de ) ,
né au Havre-de-Grace le 5 avril
1746 , fit ses éludes à Paris au col-
lège de Louis-le-Giand. Destiné
par ses pareus à l'état ecclésias-
tique , il i'eiuljrassa avec l'espérance
de se distinguer dans la chaire , où
il se fit^ e» effet; bientôt remarquer.
GRAI
Ses succès oratoires et ses succès lit-
téraires ( il remporta , jeune encore ,
quelques prix académiques ) ne tar-
dèrent pas à animer contre lui l'en-
vie et la persécution. Indigné des
rebuts qu'il essuyoit, il cousacra ses
talens à d'autres études qui parois-
soient moins compati hles avec son
ministère; une comédie en 5 actes
et en prose , intitulée Le Jugement de
Paris , qu'il lit recevoir au théâtre
français , et qui y alloit être repré-
sentée à l'époque de la révolution ,
mérita du moins les éloges les plus
distingués de plusieurs gens de let-
tres. Il en avoit ébauché d'autres ,
dont les manuscrits sont conservés
par sa famille , et annoncent un vé-
ritable talent pour ce genre. Mais si
la proscription que les événemens
politiques ont fait peser sur lui , et
les vexations de tout genre dont il
n'a cessé d'être la victime , n'avoient
])as, en quelqvie sorte, restreint le
développement de son génie ^ Grain-
ville auroit d'autres droits à la ré-
putation littéraire. On ne doit effec-
tivement regarder que comme une
simple esquisse le poëme qui a pour
titre : Le Dernier homme , et qui a
été imprimé à Paris , il y a quelques
années, en deux petits vol. iu-12.
Ou appelle ce livre un poème, quoi-
qu'il soit écrit en prose , parce qu'il
est certain que Grainville avoil l'in-
lenlion de le mettre eu vers , et qu'il
y avoit déjà beaucoup travaillé.
Quoiqu'il en soit, cette publication
posthume a eu le sort de beaucoup
d'ouvrages de génie que les conlem-
poiains u ont pas estimés à leur va-
leur. On auroit pourtant trouvé
dans /e Dernier homme des concep-
tions dignes de la plus haute épopée ,
nue invention simple et touchante ,
un genre de merveilleux tout neuf
et admirablement tiré du fond du
sujet, un style plein de vigueur et
de feu , et, en général, une imagi-
nation qui tu; le ceiie peut-t Ire pas à
celle de Milton et de Kiouslock.
GRAI II
Quoique cet éloge puisse paroître
exagéré , on n'a vu personne ce-
pendant qui ne soit tenté d'y ajou-
ter encore après la lecture de lou-
vrage. D'où vient donc son obscu-
rité? De ce que l'auteur n'avoit point
de cotlerie, point de preneurs, point
de journaux à gages ; de ce qu'il n'y
avoit plus rien à gagner de louer uu
mort; de ce que certaines gens , au
contraire, avoient intérêt à éviter
une concurrence dangereuse. Con-
venons maintenant , d'ailleurs, que
l'auteur avoit laissé dans ce manus-
crit , qu'il ne destinoit pas lui-même
,à la lumière , des fautes de goût , des
incorrections de langage , des taches
et des foiblesses qu'il n'auroit pas
épargnées en transportant ses idées
dans la langue de la poésie qui lui
étoit tres-familière ; mais disons de
lui ce qu'on a dit avec justesse d'un
autre écrivain : « L'écolier le plus
médiocre pourroit corriger ces iné-
galités presque indispensables , elle
plus rare talent n'atteindroit qu'à
peine aux beautés que ces inégalités
déparent. Grainville éprouva, sur
la lin de sa carrière , que le génie
n'est pas souvent accompagné du
bonheur. Accablé de travaux sans
fruit, las de contrariétés et d'épreu-
ves, de dédains et de misère, il
contracta une lièvre chaude , qui
acheva de brûler son sang ; et , au
milieu d'un de ses accès , il se préci-
juta dans le canal de la Somme, qui
couioit au pied de son jardin , à
Amiens. Ce fut le 1'''" février i8o5.
Outre Le Dernier homme, il a laiâîê
quelques écrits que ses héritiers se
proposent de publier.
* m. GRAINVILLE ( Jean-fîap-
tiste-Chrisiophe), né à Lisieux eu
1760, fut destiné à suivre la car-
rière du barreau ; mais un attrait
plus puissant, l'amour des belles-
lettres prévalut sur les desseins et
les conseils de ses parens. Le premier
essai de la plume de ce littérateur
12 GRAM
fut le Carnaval de Paplios , publié
à Paris en i784,<li'i fut suivi de la
traduction d'un roman italien, eu
S vol. , intitulé yfventurcs d'une
Jeune sauvage écrites par elle-
même. II composa et mil an jour,
feu 1787, Ismène et Tarsis , ou la
colère de J^'énus , roman poéliqiie ,
suivi d'une Traduclion de quel-
ques poésies fugitives de îMélastase.
L'idée de ce roman est ingénieuse,
et l'exéculiou agréaljle. Quelque
temps après, ayant acheté le privi-
lège des Elrenncsrlu Parnasse, il
rédigea ce recueil pondant les an-
nées 1788 et 1789. Il a traduit de*
laiigues latine, italienne, espagnole ,
Je Jiemède d'amour d'Ovide; les
Hymnes de Sapho ; le Vendan-
geur, de Tanzillo , et deux Foi'mes
sur la musique , l'un de Le Fèvre ,
et l'autre de D. Thomas Yriarlé.
Ces divers opuscules ont été succes-
sivement imprimés à Paris en 1 792,
1796 , 1797 et 1801. I\Iais l'ouvrage
qui lui fait le plus d'honneur est les
Monumens inédits de "Winckel-
man , gravés, avec leurs explica-
tions, traduits de l'italien, Paris,
1789, in-4°, deux livraisons. Il a
laisse , en manuscrit , un Poërne sur
la chasse , qu'il avoil achevé peu (!e
tpmps avant sa mort , arrivée le i3
(li-ceml)re 1800. Il est encore auteur
d'une foule de morceaux détachés ,
soit en vers, soit en prose, qui se
trouvent épars dans^les feuilles pé-
riodiques du temps.
^PgRAM (Jean ), arrliiviste, his-
toriographe , bibliothécaire et con-
seiller du roi de Daneniarck , né
flnns le Jutland en i6S5, mort à
Copenhague en 17/18, à 63 ans,
laissa un Corpus diplomatum ad
res Danicas atùnenlium , encore
t>iauuscrit, en plusieurs volumes
iii-iol. Ce savant contribua beau-
coup à l'établissement de l'académie
de Copenhague.
GRAMAYE ( Jeau-Baplisle ) ,
GRAM
d'Anvers , prévôt d'Arnheim et
historiographe des Pays-Bas , par-
courut l'Allemagne et l'Italie, d'où
il alloit passer en Espagne, lorsque
des corsaires d'Afrique l'emmenè-
rent à Alger. Il obtint sa liberté ,
revint dans les Pays - Bas , fit di-
vers voyages, et mourut à Lubeck
en i635. On a de lui, I. jlfricœ
illustratœ libri X, in-4°, 1^22.
C'est l'histoire de l'Afrique, depuis
l'antiquité la plus reculée jusqu'au
17^ siècle. Quoique l'historique y
domine, il s'y trouve de très-bons
détails pour la géographie. II. Dla-
riuni -îlgericnse , Ath, 1622, in-S".
L'auteur avoit été malheiireusemer.l
à portée de bien connoitre celte par-
lie; ses infortunes ont été utiles aux
géographes. I!î. Peregrinalio Bel-
gica , in-8°; livre curieux et exact.
IV. /Intiquilates Belgicœ , 1708,
in-fot. ; ouvrage savant. V. Ilistoria
Namurcensis, 1607, 2 vol. iu-q"-
Gramaye étoit poète aussi ; mais ses
vers ne valent pas ses recherches.
-;- GRAMOND ou GuAMivTONn
(Gabriel, seigneur de), dont le
nom étoil Barthélemi , président au
pariemeiit de Toulouse , iils du
doyen des conseillers de ce même
parlement, d'une ancienne maison
de Rouergue , très - bien alliée ,
distingué counne magistrat , par
son zile et son intégrité, fut moins
recommandable comme écri vain. On
a de lui une Histoire de Lcnis
XllI, depuis la mort de Henri IV
jusqu'en 1629, in-folio, j645 :
elle est intitulée Ludovicus XIII,
siue jinnales Galliœ ab cxcessu
llenrici IV. I/auteiu- la composa en
latin , pour qu'elle put être regardée
comme une conlinualion de celle
du président de Thou ; mais n'ayant
ni le cœur ni l'esprit de cet illustre
historien, il a écrit avec moins d'é-
légance et moins de liberté. Il llaîle
le cardinal de Fiichelieu , dont il
altendoil des grâces , et déchire Ar-
GRAM
rauki d'Andilly cl d'antres dont il
n'avùil rien à aUendre. Son style est'
guindé, el sa latiuilé uVsl pas pure,
t'ellt; liisloire a cepc'iuh'ut ,soii iili-
lilé, parce qu'elle renferme des iails
curieux el bien démaillés sur la
France , el même encore sur le
reste de l'Europe. 11. Une His-
toiie (les gucr/es de Louis XJJI
con/re ses sujets prutesta/is, iB^.^,
in-4'' ; curieuse , inléressanle , mais
partiale. Il prend le ton d'un con-
Iroversislc ardenl, et non d'un his-
torien. Le titre est : Hisloiia prus-
trade à hudouico XIII , sscta/io-
ru/n in Galliâ religionis. 11 mou-
rut en 1654. Il avoit tpousé, vers
l'an 1620, mademoiselle de [\lale-
coste , dont il eut plusieurs eni'ans ;
l'un d'eux fut évtque de Saiut-Pa-
poul. L'ainé se niana, cl eut de !a
postérité.
t I. GEAiMMONT ( GaLiiel de ) ,
cardinal , de l'illustre maison de
Grammont dans la Navarre, s'ac-
quit Testime el l'amitié de Fran-
çois r'' , qui l'employa dans des
négociations importautes , et le
combla de biens el d'honneurs. Il
eut successivement les évccliés de
Conserans , de Tarbes et de Poitiers,
puis les archevêchés de Bordeaux et
de Toulouse , el Clément VU lui
donna la pourpre romaine eu 1 5.5o.
Il mourut au château deBahna, près
de Toidouse, en i.^34, avec la ré-
putation d'un prélat comlisan , d'un
négociateur habile , et d'un ministre
fidèle. Envoyé par la cour de France
en Angleterre , il conseilia en plein
parlement à Henri VIII de répu-
dier Catherine d'Aragon , pour
épouser madame d'Alen(,on : projet
qui n'eut point de suite , mais dont
Grainmonl parla comme d'une chose
conforme aux règles de la cons-
cience. Une telle décisionétoilplutôl
d'un politique que d'un prêtre. En
lui finit l'ancienne maison de Gram-
iHout; sa sœur fit passer l'héritage
GRAM
i3
de celte famille dans celle d'Aure ,
qui pvil le nom de Grammont. K\\-
loine ï, inorl en j r)7ti , fils de Claire
uj; Ghamimont, père de Philibert
dont il C'I parlé ilans l'article suivant,
lui le premier qui porta ce uom.
t II. GFvA:\BIONT ( Antoine duc
de ) , éloil fils d'Antoine II , comte ,
puis d'jc de (iiammont , qui des oit
le jour à Philibert de Crammonl ,
emporté d'un coup de canon au siége^^
de î,a Fere en août i58o , à 28 ans ,
laissant pour veuve la belle Cori-
saude d'Andouins. {P'oy. GuiciiE ^
^\° 11.) Antoine 111 porta les armes
de.s l'âge le plus tendre , el se signala
en i6.oo à la défense de ÎNlanloue ,
où il fui blessé. Le cardinal de Ri-
chelieu lui fil épouser une de ses pa-
rentes , el se cliargea de sa fortune.
11 servit avec distinction en Alle-
magne en i65.T, en Flandre et en
Alsace, les deux années suivantes,
et commanda en Piémont sous le
cardinal de l^a Valette en jG38. U
secourut Verceil l'année d'après , et
prit Chivas. Ses exploits aux sièges
d'Arias , de Bapaunie et de la Bassée,
lui méritèrent, en iti.(i , le bâton
de maréchal' de France.- Au. com-
mencvraeut de 1642, il fut défait eu
Flandre , près de l'abbaye d'Uonnc -
court. On préteiidil que c'étoil i)ar
ordre du cardinal de Richelieu qu'il
s'étoil laissé battre , afin que le roi ,
qui vouloil disgracier ce ministre»
le conservai dans celle conjoncture
fâcheuse. Cette anecdote , adoptée
avec ]>laisir par les ennemis de Ri-
chelieu , lui rejetée par ceux qui
savoieul que Giatuniont avoit ét4
forcé dans son camp. Quoi qu'il en
soit, le maréclial répara sa faute à
la prise de Phili.sbcurg , en J(xj4,
el à la bataille de Lens, eu i6^8. U
fut chef de l'ambassade qu'ori envoya.
à Francfort, en 1GÔ7, pour l'éiecliou
de l'empcrenr ; el il alla à Madrid ,
deux ans après , faire la demaïKle de
rinlanle. En s'adressanl au roi d.'Es-
i4
GRAM
pagne, il lui dit : « Sire , le roi
mon inailre vous donne la paix )> ;
et ensuite se tournant vers la prin-
cesse : «Et à vous, madame, son
cœur et sa couronne. » En 1660 il
liit reçu duc et pair, et mourut à
Baïonue en 1678 , à 74 ^ns. Celoit
un des hommes les plus aimables de
la cour de Louis XIV, poli , magni-
fique, bon , plaisant, également pro-
pre aux armes et au cabinet. Nous
avons de lui des Mémoires , in-i 2 ,
ou 2 vol. petit in-12. Ils renrerinent
ses négociations en Allemagne et en
Espagne , lorsqu'il y fut envoyé pour
le mariage de l'infante avec Louis
XIV. C'est le duc de Gr^mmont,
sou fils , qui publia ces Mémoires.
Armand de Gr4.mmont, cotnle de
Guiclie, fils aîné du maréchal , sei-
gneur aimable , mais avaulageux ,
que sou imprudence avec Madame
lit exiler, mourut , sans postérité,
en 1673, à 34 ans. Son frère, An-
toine IV, duc DE Grammont, mort
en 17 20, fut père d'Antoine V, duc
DE Grammont et maréchal de
France en 1724, qui mourut l'an-
née d'après , laissant des eufans.
t III. GRAMMONT (Philibert,
comte de ) , tils d'Antoine H, comte
de Grammontet frère d'Antoine III,
distingué de bonne heure comme
militaire , suivit Louis XIV dans
la conquête de la Franche-Comté en
16G8 , et de la Hollande en 1672. Il
se signala dans d'autres occasions ,
et obtint différentes grâces , Je cor-
don bleu , le gouvernement du pays
d'Aunis, et la lieutenance générale
du Béarn. Il mourut le 10 janvier
1707, à 86 ans. Il avoit épousé
mademoiselle Hamilton. ( Voy . Ha-
MiLTON. ) Son esprit orné, plein de
,sel el de grâces, plut beaucoup à
Louis XIV. On cite plusieurs de ses
bons mots. Un marquis , de nou-
velle date , rencontrant le comte de
(irammont à la cour , lui dit, d'un
sir assez délibéré : «Bonjour, vieux
GRAN
Comte... — Bonjour, jeime Mar-
quis, lui répondit sur-le-champ
Grammont... » Grammont fut dans
le 17*^ siècle ce que le maréchal de
Richelieu fut dans le 18^. On les a
comparés l'un à l'autre : « effaçant
tous les deux, a-t-on dit, leurs ri-
vaux à la cour , à la ville ; héros
dans les boudoirs et quelquefois dans
les armées , ils brillèrent par les
mêmes agrémens , le même esprit,
les mêmes défauts , les mêmes
succès. »
IV. GRAMMONT. /^cyesGRAN-
MONT.
* GRANADO (Jacques), jésuite,
né à Cadix en 1672, se distingua
par sa piété et par une charité
active et infatigable; sa mémoire
esl. encore en grande vénération eu
Espagne, principalement à Séville ,
où il a introduit l'usage de célébrer
très-solemiellement l'octave du St.-
Sacrement , et à Grenade , où il
mourut le 5 janvier 1602. On a de
lui des commentaires sur la pre-
mière partie de la Somme de saint
Thomas.
* G R ANBY ( Jean Manneks mar-
quis de ), fameux gén rai anglais,
fils auié du duc de Rulland, né en
1720, mort en 1770, commanda en
Allemagne dans la guerre de sept
ans, et se fit une grande réputation
comme militaire ; après la paix de
1763, il quitta le service et vécut
dans la retraite.
I. GRANCEY. /"oj. Haute-mer.
II. GRANCEY (Jacq. deRouxel-
de-Medavy , comte de ) , d'une an-
cienne maison de Normandie , ayant
servi avecdislinctionsousLouisXlII,
en Piémont, en Flandre, en Lor-
raine et ailleurs , obtint le bàtou
de maréchal de France en i65i. Il
gagna , depuis , une bataille en Ita-
lie , contre le comte de Caracène ;
mais ses irrésolutions l'empêchèreut
GRAN
d'en profiter. Il mourut en 1680, à
78 ans. Le père du maréchal de
GraHcey étoit doué d'une' i'orce égale
à sa valeur. On dit qu'ayant percé
d'un coup d'épée le sieur de Tre-
pigni , gendarme, il le porta, tout
armé et enferré dans son épée, plus
de quatre pas en l'air. Son petit-
fils, Jacques -Léouor , maréchal de
France en 1724, et mort en 1725,
lie laissant qu'une fille , avoit été
employé dans presque toutes les
guerres de Louis XIV , et s'étoit
distingué par sa prudence et son
courage.
t GRANCOLAS ( Jean ) , Pari-
sien , docteur deSorbonne , chapelain
de Monsieur , frère de Louis XiV ,
ensuite chanoine deSt.-Benoit , mou-
rut en 1752, dans un âge avancé,
avec la réputation d'un liomme sa-
vant. Ses ouvrages ne sont néan-
moins qu'une compilation indigeste
de passages des Pères , de Canons ,
d'extrailsde liturgie et d'autres mo-
numens ecclésiastiques. On a de lui ,
I. T raité des 'Liturgies , in-i 2, 1G98,
dans lequel il décrit la manière dont
on a dit la messe en chaque siècle
dans les églises d'Orient et d'Occi-
dent. II. U Ancien sacramentaire de
l'Eglise, en 1699. On y trouve tou-
tes les anciennes pratiques observées
dans l'administration des sacremens
chez les Grecs et chez les Latins.
m. Commentaire historique sur le
Bréuiaire romain, 2 vol. in-i2,
1727 ; un des meilleurs ouvrages de
Grancolas. Il a été traduit en latin
et imprimé à 'Venise, in-4'* , 1704.
IV. Critique des auteurs ecclésias-
tiques, 2 vol. in-8°, dont il fit pa-
roitre un abrégé en 1716 , 2 vol.
in-16. V. De l'antiquité des céré-
monies des sacremens. VI. Histoire
abrégée de l' Eglise de Paris , 1728,
2 vol. in- 12 , supprimée par le
ministère public , à la prière du
cardinal de Noailles, qui n'y étoit
pas méuagé. VII. Des T/aduc(ions(JiQ
GRAN ij
quelques Pères ( pojez Cyrille,
n° 1. ) , et des Traités sur des ma-
tières théologiques , parmi lesquels
ou remarque : J?e la coutume de
tremper le pain consacré dans le
vin ; le Quiétisme contraire à la
doctrine des sacremens ; la Tra-
dition de f Eglise sur le péché ori-
ginel et sur la réprobation des
en/ans morts sans baptême. U a
aussi publié des Instructions sur
la religion , tirées de l'Ecriture
sainte,- la Science des confesseurs ;
des Heures sacrées , etc.
I. GRAND ( Antoine Ie)i phi-
losophe cartésien, appelé par quel-
ques-uns l'yi^/'ei^/a/ew/T/eX^esta/Ves,
étoit de Douay , et vivoit dans le
17"^ siècle. Ses principaux ouvrages
sont , I. Jnstitutio philosophiœ se-
cundùm principia Ren. Descartes,
iu-4°- II- Curiosus natvrœ atca—
nornm perscrutator , in - 8°. Ces
écrits ne peuvent être que d'une
utilité médiocre. III. Historia sacra
à mundo condito ad Constantinum
Magnum , Loudini, iu-8°. C'est son
meilleur ouvrage.
II. GRAND ( Pierre le ) , célèbre
corsaire de Dieppe , redoutable dans
les mers de l'Amérique. Le Grand
ayant découvert un gros vaisseau
espagnol vers la partie occidentale
de l'île de Saint - Doniingue , fit
force de voiles pour lui donner la
chasse , quoiqu'il n'eût qu'un très-
foible vaisseau , monté de quatre
pièces de canon et de vingt -huit
hommes. Lorsqu'il eut abordé ce
bàtimcni , il y entra avec ses gens,
armé de deux pistolets et d'un cou-
telas , et passa dans la chambre du
capitaine, où il lui mit le pistolet
sur la gorge , et lui commanda de
se rendre. C'est ainsi que cet homme
intrépide se rendit maître de ce
navire , monté de cinquante-quatre
pièces de canon , et rempli de vivres
et de richesses. C'étoit le vice-ami-
, rai des galions d'Espagne , lequel
iCy
GRAN
a voit jierdu sa flotte par un coup
<le vent. Cet heureux aveulurier
conduisit sa prise en Europe vers
]'an 1640, et eu profita, sans se sou-
cier de relouruer en Amérique.
t m. GRAND ( Joarhim le ) , ne
en 1655 y Thoriguy en Normandie,
entré à rO/atoire en 167 1, quitta
cette congrégation cinq ans après.
I, éducation du marquis de Vins,
celle du duc d'Estrées , dont il lut
charge, ne rempcchèreut point de
fe Uvier à l'étude de l'iiistoire ,
})Our laquelle le célèbre P. l.e Cointe
lui avoil donné du goût. Il appliqua
iuix. affaires les conuoissances qu'il
iivoit puisées dans les livres. Il lui
secrétaire d'ambassade eu Portugal
et en Espagne. 11 n'y eut point d af-
faires iuléressantes auxquelles il
n'eût part. Le marquis de 'Torcy
lui donna des marques d'estime et de
confiance : et il lut sous I>ouis XIV
ce que l'abbé de La Ville a été sous
Louis XV. Le Grand mourut à Paris
Je i'-''' mai 1705, laissant plusieurs
ouvrages qui firent beaucoup de sen-
satio)i dans leur temps. 1. Mémoires
touchant la succession à /a cou-
ronne d'Espagne , 1711, in - S''.
II. Ij' Alieniagne menacée d'être
bientôt réduite en monarchie abso-
lue, eu 1711, iu-zi". liï. Traité
de là succession à la couronne de
Trancc par les Jgnals , c'est-à-dire,
jjour la succession masculine di-
recte, 1728 , in-12. Cet ouvrage est
Irès-ulile pour connoitre une partie
du dioit public de France. IV. Jlis-
toire du divorce de Henri Vlll ,
eu 5 vol. iu-12; ouvrage qui ren-
ferme des pièces curieuses , la dé-
fense de Sanderus cl la réfutation de
Biirnel. V. La Traduction , du por-
tugais en français , de la Relation
historique de l'Abyssinie du P. Jé-
rôme Lobo , jésuite , qu'il a ornée de
quinze Dissertations savantes ; les
huit dernières regardent la religion
des Ethiopiens, Paris, 1728, iu-/|°.
GllAJN
VI. Traduction de l'Histoire de
l'île de Ceyiau, par Ribeyro, Paris ,
1701 , in-12."
t IV. GRAND (Marc- Antoine
le), acteur et poète i'rançais, mort
à Paris en i 728 , a .'56 ans , éloit né
dans cette ville d'un chirurgien-ma-
jor des invalides. Il a fait au moins
une treuteiine de pièces pour les co-
médiens franf,ais, ou pour les ita-
liens. Les plus connues sont, he
Roi de Cocagne ; Plutus ; Le
Triomphe du temps, comédies eu
trois actes: La Fenimejille etveure;
La Famille ridicule; Le Galant
coureur; Belphégor; l'Jmour Via-
ble ; La 1 01 re Saint-Laurent ; La
Famille extravagante ; La Méta-
morphose amoureuse ; l'Usurier
gentilhomme ; l'Jpeugle clair-
voyant ; l'Jmi de tout le monde ;
Lja Nouveauté , pièces en un acte.
Il fit aussi une comédie de Cartouche,
jouée le jour que ce mallieureux fut
roué. Le Grand a de la gaieté , des
saitlias , un peu trop peul-ètre de
licence. Son comique est très-souvent
aussi bas que l'action est invrai-
semblable. Il excelloit sur le théâtre
dans les rôles de roi , de héros , et
dansceiui de paysan. Le Grand, dont
la figure éioitdésagréableet qui sa voit
que le public la trouvoit telle, finit
une de ses harangues au parterre
par ces mots : « Messieurs, il vous
est plus aisé de vous accoutumer à
ma ligure , qu'à moi d'en changer... »
Ses Uluvres , publiées par l'abbé de
La Porte, ont paru eu 1731, 1742
et 1770, 4 vol. in-12. Ou y trouve
loutes ses pièces de théâtre, à l'excep-
tion du Luxurieux , qui a été im-
primé séparément en 1702, in-12.
V. GRAND (Louis le), né à
Troyes eu ir)88, mort en i(i6-4 , à
76 ans, dans cette ville, où il étoit
conseiller , a laissé un Commentaire
estimé sur la Coutume de sa patrie ,
réim|1rimé, pour la troisième fois,
à Pans , en 1737, in-folio.
GRAT^
VI. GRAND (Louis le), sulpi-
cien, docteur de Soibonue , hoiiimu
sludieiix, uiiiqnenieiit occupé de ses
li'avanx el de ses exercices , et comb-
lant loiU le resie pour rien , na-
quit à Luzij^ui , dans le diocèM'
d'AiiUin , et mourut en 1780. On a
de lui , 1. Prœleclioiies iheolo-
!>icœ fie Deo , 2 vol. iu-12, i75j.
jl. De Incarnatione P'ethi clivini. ,
2 vol. in-i 2. m. De. Ecclesid C/tris-
/f/jin-h", 1779. Il publia en 1767,
in-12, la Censure de la Soi bonne ,
contre les ouvrages du P. Berruyer
et contre Bélisaire. Ses livres théo-
logiques sont estimés pour la clarté
cl l'onire qui y régnent.
Vil. GRAND ( Etienne-Anloine-
Matlhieu le ) , us à Versailles , long-
temps interprète dans dilférenles
villes du Levant, obtint, à sou re-
tour en France, une place de secré
taire interprèle. Ce fut lui qui ré-
digea en arabe le Traité de com-
merce conclu, en i7f)8, avec le
royaume de Maroc. On a de lui la
Traduction d'une Controverse des
religieux maronites avec un Mu-
sulman , sur la religion chré-
tienne et le mahoniétisme , 1766,
in-12. Il monrul à Paris , eu juillet
j 784 , à 60 ans, et légua à la biblio
ihèque du roi cPliq manuscrits orien-
taux rares el curieux.
T VUI. GRAND { N. le) , mort en
1802, passa sa vie h étudier tous
les détails de la marine, et à aider
de ses lumières les minisires dans
celte partie , sans vouloir jamais y
occuper aiiciia emploi. Il a écrit
plusieurs juémoires utiles, dont un
seul a été publié, .sous ce lilre : Le
rétablissement de la marine J'ran-
ta/.se, par la prati(juc du catiio-
licisme. Une anecdote paroit avoir
lonrni à l'auteur le sujet de cet
écrit, a Un enseigne de vaisseau,
le chevalier de Vesle , chnant un
jour chez le grand Colbert, pendant
le carême, se plaignoit de ce que
T. VIII.
GRAN
17
le catholicisine imposoit tant de
jours d'abstinence en viande. Le mi-
nistre, se tournant vers ce jeune
homme , lui dit : Monsieur de
Vesle, votre oljservation ])aroitroit
au nuMUs déplacée dans la bouche
d'un officier de terre ; mais eiie est
inexcusable dans celle d'un marin.
Ne savez-vous doue 'pas que la loi
de l'Eglise, ici, sert merveilleuse-
me)il l'état, et que, sans les absti-
nences de précepte religieux, vous
verriez tomber les ptcherics, qui
sont les séminaires naturels de xos
matelots. » Le but du Mémoire de
Le Grand est de prouver ces ])ro-
posilious : sans matelots, point de
marine ; sans pêcherie , point de
matelots : sans consommateurs de
poisson , point de pèc'hcrie ; san»
abstinence catholique, point de cou-
sommation ( Cette dernière consé-
quence peut être contestée) ; donc,
sans cailioiicisme, ou l'abstinence
qu'il impose, point de marine.
* IX. GRAND (le), architecte
des monuinens publics de la ville
de Paris, mort à Saint -Deiiys le
9 novembre 1807, puisa d.ius l'é-
cole de Clérissean celle pureté de
sl}'!e, ces principes sévères et cet
amour pour la belle antiquité dont
ce mailre célèbre avoit fait revivre
en France le goût el les maximes.
Pour prix de son assiduité au tra-
vail , de ses succès et des excellentes
qualités qui le faisoienl aimer , Clé-
rissean lui accorda la main de sa
fille. L'art d'écrire nétoit point
étranger à Le Grand. Erudit et ca-
pable d'une critique éclairée sur
l'art, il employa Iructueusement le
temps que les orages révoliuion-
naires ne lui permirent pas de con-
sacrer à son genre oïdinaire d'occu-
p.ation. Un grand nombre d'écrits,
de la UiOrale la plus saine , des re-
cueils de monumeus illustres, sa-
vamment commentés, et des col-
lections de tout genre, où respire
2
i8
GRAN
son zèle infatigable pour le progrès
(îe l'art, alleslent à la fois 1 éléva-
tion de sou esprit et ses vastes cou-
uoissances. Ou a de lui cinq 3lé-
nioires abrégés si/r les Monumens
publics; introduction à l'histoire
générale de l'architecture , un vol.
Ija Partie historique et descriptit^e
de V Architecture , dans le texte du
Voyage pittoresque de la Syrie ,
Phénicie et basse Egypte, par Le
Cassas, peintre, grand in-folio ,
3 vol., avec yltlas, iu-fol. , Paris.
Un des derniers ouvrages auxquels
cet artiste ait attaché son nom est
le premier volume in-folio des An-
tiquités de la France , par Cléris-
seau , ouvrage accueilli par l'Em-
j)ereur Napoléon d'une manière dis-
tinguée. On attribue à sa passion
excessive pour le travail la maladie
cjui a teruiiné ses jours. Il venoil
fi'entreprendre la restauration de la
porte Saint-Denys et celle de 1 e-
glise de Saint-Denys , sépulture de
nos rois. Déjà ce monument com-
îTiençoit à se relever de ses ruines ,
«luand la mort vint ravir à Le Graud
la gloire de l'avoir rétabli.
* X. GRAND d'Aussy
( Pierre-Jean-Baptiste le ) , conser-
vateur de la bibliothèque nationale ,
et garde de ses manuscrits , membre
cie l'institut , classe des sciences mo-
rales et politiques, né à Amiens en
1737 , et mort à Paris en 1800, prit
le nom d'Aussy , du château de ce
nom , où son père faisoit sa rési-
dence. 11 fit ses études au collège
des jésuites d'Amiens, et professa
la rhétorique à Caen. 11 resta chez
les jésuites jusqu'à la dissolution de
ce corps. A celle époque, il se char-
gea de l'éducation du fils de M. de
Bouillac, fermier-général. Quelque
temps après , il fut employéau Glos-
saire de Lacurne de Sle. -Palaye,
et aux extraits que le cointe de
Tressau faisoit faire pour la Biblio-
tJieijue des Komaus. Ou a de lui les
GRAN
ouvrages suivans: L Fabliaux , ou
Contes des douzième et treizième
siècles, traduits ou extraits d'après
divers manuscrits du temps, avec
des notes historiques et critiques ,
et les imilatious cjui ont été faites
de ces coules, depuis leur origine
jusqu'à nos jours, Paris, 1779, 3
vol. in-8*. II. Contes dét-cfis, Ta-
bles et Romans anciens , poursen ir
de suite aux l'abliaux , Paris ,
1781, i vol. in-8°; nouvelle édi-
tion, augmentée d'une Disserta-
tion sur les Troubadours et les
Trouvères, 5 vol. in-12. L'ouvrage
a été traduit par extrait en anglais ,
Londres , 1 786. Ces Contes ont aussi
été traduits en allemand , Halle ,
I 795 , in-S". îll. Histoire de la T^ie
privée des ] rançais depuis l'ori-
gine de la nation jusqu'à nos
Jours, Paris, 178:^, 5 vol. in-S".
IV. F'oyage d' Auvergne , Paris ,
1788, 1 vol. in-S". Nouvelle édi-
tion sous ce titre : Voyage fait en
1787 et 1788 dans la ci- devant
Haute et Basse Auvergne, etc., Pa-
ris , an 3 ( 1 793 ) , 5 vol. in-8°. Ce
Voyage, curieux et instruclif , a été
traduit en allemand par extrait ,
Bayreulh , J791 , in -8". V. Vie
d' Apollonius de Tyanes , 2 vol.
in-S". VI. Dans le volume des No-
lices et extraits des mauuscrits de
la bibliothèque nationale, lom. V,
publié par l'inslitiit en 1800, il y
en a un grand nombre de Le Grand
d'Aussy. On a aussi de lui , dans les
Mémoires de l'inslitul , classe des
scieuces morales et politiques , I. un
Mémoire sur l'état de la marine en
France au commencement du qua-
torzième siècle. H. Lhi autre sur /es
anciennes sépultures. Lorsque ce
savant laborieux mourut, il prépa-
roit une Histoire de la langue et
de l'ancienne littérature fran-
çaise , des sciences , des arts et des
usages.
* GRANDCLAS (Maurice ) , pro-
GRAN
fesseur et doyen de la faculté de
iiiédeciiie en l'université de Pont-
à-!\îoiis.soii , né à Chalel-sui -Mo-
selle , (!iiseigiia aussi la botanique,
dans laquelle il avoit des conuois-
sances très - étendues. On a de
lui une Disserlatiun sur les diffé-
rentes températures de la Lorraine,
et leur intluence sur la sauté; bro-
chure iu-4" , imprimée à Nanci en
J728.
t GRANDET (Joseph ) , curé de
Sainte -Croix d'Angers, procura à
6a paroisse tous les biens spirituels.
Il mourut en 1724, à 78 ans. 11
est auteur, l. De la vie de made-
moiselle de Melun , princesse d'E-
pinoy , institutrice des hospitalières
de Baiigé et de Beaufort en Anjou.
11. De celle du comte de liloret ,
tils naturel de Henn IV. 111. Celle
de Louis-Marie Grignion de Mon-
fort , prêtre missionnaire aposto-
lique, Nantes, 1724, iu-12, et de
quelques autres libres édifians ,
chacun en un voUur.e, in-ia. Gran-
ilel a encore laisse une Histoire
ecclésiastique d'u4iige!'s , que l'on
conservoit en manusci it dans le sé-
minaire de cette ville.
* GRANDI (P. D. Guido) , moine
camaldule , célèbre philosophe et
mathématicien à l'université de Pi-
se, né à Crémone en 1671, se dis-
tingua par son profond savoir dans
les mathématiques , et par son ani-
mosité contre ses adversaires , par-
ticulièrement contre Marcheti. 11
mourut en 1 742 , presque dans l'en-
fance. On a de lui , 1. Geometrica
demonstratio vivianeorurn prohle-
/?ia/«/«, etc. , Florenliœ, 1699. II.
Geometrica demonstratio t/ieore-
?natum hugcnianorum circa l(^gis~
ticam ; seu logarithmicam lineam,
qud occasioiie plures geometricœ
melhodi exibentur circa tangentes
<iuadraturas, etc., Florenliae, 1701.
ÏII. Quadrature lircuU et hyper-
GRAIN
19
bolœ per injinitas hyperholas et
paraholasgeomelrLcèex'iibilas,t\.c.
Pisis , 1 70.3 , 1710. IV. De injinilis
injiniloriun et infini tèparvorumor-
dinibus disquisitio geometrica, etc.
Pisis,i7 10. Si .Sectionumconicarum
synopsis, Neapoli, 1787. VI. f^ita
di S. Pietro Orseolo , doge di Ve-r
nizia , Indi monaco ed eremita ,
Venise , 1 701 et 1753.
i ï. GRANDJEAN de FotxcHY
(Philippe), né à Màcon en 1666,
d'une famille ancienne , venu à Pa-
ris après la mort de son père , pour
y suivre un procès , avoit , pac
obéissance , embrassé l'étal ecclé-
siastique. L'ami chez lequel il éloit
descendu s'empresï^a de lui faire voir
ce que la capitale renferme de cu-
rieux. 11 le mena dans divers ate-
liers, et enlin dans une imprimerie.
Frappé d'élonnement et d'adiuira"
tien a la vue d'un spectacle nouveau
pour lui , le jeune homme examina
avec beaucoup d'attention le méca-
nisme de cet art nouveau pour lui, crut
apercevoir des défauts et des imper-
fections dans les diiférens caractères
alors en usage , et se proposa de les
réformer. Sonamilayanltrouvé tra-
vaillant avec ardeur à lexéculiou de
son j)roiet, s'empara de ses essais,
et les montra à ]M. dePontcharirain ,
chancelier, qui eu fut si surpris,
qu'il en parla à Louis XIV^. Peu
après, Grandjean fut mandé par le
chancelier , qui lui ordonna de quit-
ter l'iiabit ecclésiasticiue , et lui re-
mit un brevet par lequel ie roi lu
retenoilà son service, lui enjoignant
de s'occuper spécialement de tout
ce qui avoit raportà ripinprimerte ,
et le renvoyant à l'abbé Bignoii
pour l'exécution de la réforme de*
caractères. Grandjean, bien accueilli
deBignon , qui approuva son plan ,
changea presque tous les ])oinçoiis
et toutes les matrices de l'impri-
merie, et imagina divers instrumena
très-ïimples, à l'aids desquels ou
20 GRAIN
pouvoit tracer sûrement tel angle
qu'où désiroit, même d'une ligue
carrée , frapper et justitier les ma-
trices , etc. Les caractères qui ont
le plus assuré la réputation de cet
artiste sont le neuvième , qui a
servi à l'impression lies médailles de
Louis XIV, et le onzième, avec le-
quel on a l'ail la prélace de cet ou-
vrage. La goutte et la gravelle réu-
nies termuierenl, à 48 ans, la car-
rière de cet artiste célèbre , mort
le 6 mai 1714? généralement re-
gretté.
* II. GRANDJEAN (Henri ),
chirurgien oculiste , né à Housse ,
pays df Liège , le 20 décembre 172.^,
d'un père , chirurgien distingué, qui
lui donna les premiers élémens de
son art. Grandjtan vint à l'âge de
17 à 18 ans faire ses cours à Paris et
entra à L'Holel-Dieu, comme gagnant
maîtrise, en 17:12, sous le célèbre
Moreau , dont il se ht remarquer par
6on aptitude et ses dispositions. Il
s'adonna particulièrement à la chi-
rurgie oculaire , et devint l'élevé et
l'ami du célèbre Daviel, qui le pre-
mier a fait l'opération de la cataracte
par extraction. Grandjean la sim-
plilia ,et l'ut le premier qui ht lex-
Iraclion de la membrane cristall.ue
sans extraire le cristallin. Sesqiialités
personnelles et ses lalens extraordi-
naires lui attirèrent la conhauce de ses
maîtres , l'estime el l'amitié de tous
ceux qui le connoissoient. Il devint
l'ami intime de La RIartinière, pre-
mier chirurgien du roi , qui le ht cou-
noitre à Louis XV^ Ce monarque le
nomma son chirurgien oculiste et
celui de toute sa tamille ; il fut con-
tinué dans les mêmes fonctions
par Louis XVI , qui le décora du
cordon de l'ordre de Saint- Michel ,
en récoinppiise des services qu'il
rendoil à l'humanité. Une circons-
tance à laquelle celte nomination
donna lieu prouve CMiibien (îraiid-
jean avoil de déférence el de véné-
GRAN
ration pour celui à qui il devoil sf»»
premières leçons. Aussitôt qu'il eut
reçu le cordon il partit pour Ver-
sailles, où il arriva avant le retour
du courrier ; et s'adressant d'a]>ordà
de La Martinierc , il lui observa
qu'il ne pouvoit porter le cordon
noir avant que M. Aloreau son an-
cien maitre et son ami en eût été
décoré. M. de La Martinière l'ap-
prouva , et l'accompagna chez le roi ,
à qui M. Grandjean dit , avec sa
franchise ordinaire : Sire, vous avez
eu la bonté de m'eiivoyer Je cor-
don de l'ordre de Sainl-Micliel, mais
j'observe à votre majeslé que le cé-
lèbre Moreau n'en est point encore
décoré , et (ju'il m'est impossible de
le porter avant lui. Le roi, admi-
rant cette délicatesse, le chargea lui-
même de remettre le cordon à M.
Moreau , et lui promit que la pre-
mière uominatiou seroit pour lui ;
ce qui se réalisa eu 1782. C'est par
hn que le collège de chirurgie fut
ouvert. Grandjean ht avec succès
trois opérations de cataractes à trois
aveugles- nés , con|ointemeut avec
son frère Guillaume. Ces enfans fu-
rent présentés au roi , qui leur ht
douner à chacun 20 louis. Grand-
jean a donné la lumière à ii4 aveu-
gles-nés , et Irailoil graluileineiit les
pauvres deux fois par semaine , et
même tous les jours lorsqu'il s'agis-
soit de maladies graves. Il a laissé
différentes pommades très-précieu-
ses pour les maladies des paupières.
11 est mort à Paris en 1802, âgé
de 78 ans. On lui doit un lieciieiL
inédit d' observai iouà. Il a laissé pour
successeur M. Masson - Grandjean ,
son élève et son parent.
* m. GRANDJEAN (Guillaume),
frèrjp puîné du précédent, mort le j8
octobre 1795, à 66 ans , apprit de sou
frère lesprcmiersélémeusdeson art;
l'exerça coucurremmenl avec lui ,
et y acquit aussi , à l'aide de ses con-
seils , beaucoup de réputation. Il
GRAN
avolt été nommé sou survivaucier
eu 1782 par Louis XVI.
t GR VNDIER (Urbaiu), lils
d'un notaire cle Sablé, curé et rha-
uoine de Saiul-Pierre de Louduu,
réuuissoit aux agrétt-.ens de la figure
les taiens de lespiil.et sur-toul
relui de la chaire. Ses succès exci-
tèrent l'envie de quelques religieux
de Louduu ; celte envie se changea
vn haiue lorsqu'il eut prêché sur l'o-
Lligatiou de se confesser à sou curé
an temps pascal. Applaudi d'abord
par la plupart des hommes, re-
cherché par les femmes , auxquelles
il pJaisoit beaucoup, il traita ses
enuemis avec hauteur. Leur veu-
neance couva quelque temps, pour
éclater avec plus de force. Il avoit
été directeur des ursuliues de Lou-
duu, et , s'il faiit en croire le Mer-
cure français , il n'avoit brigué cet
emploi que pour faire de cet asile
de la pudeur le centre de ses plai-
sirs. Ou dénonça ses galanteries à
Vollkial de Poilievs , qui , en 1629,
le condamna à les expier clans un
séminaire , et le priva de ses béné-
lires. Eu ayant appelé connue d'a-
bus , il f\it déclaré innocent au pré-
sidial de Poitiers. Ses ennemis ,
loujours acharnés à le perdre , lui
SMscilèrf nt trois ans après une af-
faire plus sérieuse. Le bruit se ré-
]>andit parmi le peuple que les tu'su-
luie^ de Loiubin éloieut possédées.
Celte prétendue possession écla'a
vers la tin de j65'2. o Quelques re-
ligieuses, dille P.d'Avrigny, eurent
dabord des visions la nuit ; elles ea
eurentbieutôlle jour. Ce n'étoit dans
leur maison que .'spectres et fantô-
mes. Graudier se présentoit à elles
sous les plus horribles figures, et
elles tonihoienl dans d'étranges cou-
\ ulsions. Le curé de Louduu se plai-
gnit qii'on vouloit le perdre , et
i>rit des mesures pour se défendre. »
F.n effet , ses ennemis ne manq»ièrcnt
pas de publier que c'éloit lui qui
GRAN
21
avoit causé la possession par ses ma-
léiices. r.,a magie étoit alors le crime
de ceux auxquels on n'en pou voit itn-
putcr aucun autre. Pour perdre \y\us
sûrement Graudier , on le noircit
auprès du cardinal de Richr-lieu.
Laubardemont , consedler d'état ,
s'élaul trouvé à Louduu, Mignon,
directeur des ursulines , l'eulrelint
fort au long des troubles que Grau-
dier, de concert avec le démon ,
evciloit dans le couvent. Il fut se-
coudé dans ses accusations par les
principaux habitans de Loudun.
Pour mieux prouver la méchancet:^
de Graudier , ils l'accusèrent d être
l'auteur de la misérable et plate
satire publiée dejaiis peu contre le
cardinal , sous le titre de la Cor-
donnière de Louduu. Celui-ci , plus
sensible aux libelles que n'auroit dli
l'être un grand homme , saisit avi-
dement cette occasion de se défaire
de Graudier. Laubardemont , sa
créature, et douze juges des sièges
voisins de Loudun , tons gens de
bien , mais d'une crédulité extrême,
furent chargés de lui faire son i)ro-
cès. Graudier fut arrêté le 7 dé-
cembre i633, et conduit à Augers.
On lui fit souffrir une question si
cruelle , qu'elle lui fracassa les jam-
bes. x\près avoir entendu Astarolh ,
de l'ordre desSéraphius, chef des dia-
bles qui i)Ossédoient les ursulines ;
Basas, Ceisus , Acaos, Cedou , As-
modée, del'ordre desTrônes ; Alex ,
Zabulon , Neplilalim , Chain , Uriel ,
Achas, de l'ordre des Principautés ,
ou le condamna à être brûlé vif,
comme coupable du crime de magie
et de possession. Il est bien extraor-
dinaire, sans doute, qu'on ait reçu
eu justice ia dé])Osition des diables,
et que leur témoignage ait servi de
preuve dans un procès criminel riù
les juges opinèrent pour la peine du
feu: mais ce fait, quoiqu'élnmge ,
n'en est pas moins vrai. Ou le con-
duisit au lieu du supplice , et il aima
mieux mourir sans confession que
32 GRAN
fie se confesser à un des religioux
de Saiiil-Fi-ançois, qu'on avoU nom-
mé pour l'assister , prëteudanl qu'ils
étoienl ses parties. Grandier lui brûlé
vif le i<S avril i63^. Ou dit aièiiie
qu'il endura ce cruel sujiplice avec
autant de constance que de rcsigua-
tion. Comme il étoit sur le bâcher ,
on aperçut une grosse mouche qui
voloit en bourdonnant sur sa tète.
Uii moine , présent à celte cruelle
exécution, et qui avoit oiiï dire
que Beelzébut en hébreu signifie
Dieu des mouches , s'écria aussi-
tôt « que c'étoit ie diable Beel-
zébut qui voloit autour de Gran-
dier , pour emporter son ame
aux enfers. » Si l'on demande
comment une vingtaine de reli-
gieuses ont pu se croire on se dire
possédées, la réponse est facile. L'es-
prit , les grâces, la figure de Grau-
tiier avoienl fait une forte impres-
sion sur CCS i>onnes filles ; honteuses
«ie leurs foiblesses , elles s'imaginè-
rent que ces foiblesses étoient sur-
naturelles. Cette pensée épargnoit
à l'ainour-propre l'aveu humiliant
de leur fragilité. On se crut donc
ensorcelé, et ou le dit tout haut.
La mort de Grandier ne rétablit pas
îe caluie dans le couvent de Loudun.
« Il fallut , dit le P. d Avrigny ,
continuer long-temps les exorcis-
mes : car , quoique Asmodée , Aman
el Gresis, .se fussent retirés an pre-
mier ordre qu'on leur en avoit
donné, il en resloit assez d'autres
qui disputèrent le terrain tant qu'ils
purent. Le P. Surin, jésuite , hom-
me consommé dans les voies de
I3ieu , avoit élé mis aux pri.ses avec
le» diables , après la mort de Gran-
dier. On voit , par la relaiion qu'il
vn lit , combien ils lui donnèrent
de peine. Jamais ennemi ne s'est
ïnieux défendu dans ses retranche-
mens. La prieure^logcoit Laviétan,
qui avoit choisi poi.r demeure la
tète de celle (ille. li s'y défendit
juHf]ir.iii h novembre if>33. Ce ii''t;^l '
G RAIS
pas , comme il le dit lui - même ,
qu'il ne se fùl repenti plus d'une
fois d'être venu faire la religieuse
à Loudun , où il avoit eu beaucoup
à soufl'rir ; mais il n'avoil pas été
le maitre de s'en aller comme il
étoit venu. Balaam prit congé de
la compagnie le 29 du même mois ;
Isaacarnm , le jour des rois , iC56.
Behemot fut celui qui se maintint
le plus long-temps dans son poste.
Il tint bon jusqu'au i5 d'octobre
1657 ; mais il quitta la place après
un vœu que fit la prieure , d'aller
en pèlerinage au tombeau de saint
François de Sales. Voilà eu abrégé
l'histoire de la possession de Lou-
dun. Deux moines, dit-on , Mignon
et Baré, avoient préparé de loin cette
farce atroce pour perdre Grandier,
faire parler d'eux , et attirer des au-
mônes au cou veut, qui étoit très-pau-
vre. Les diables se conlredisoient
souvent , savoient si peu le latin ,
qu'ils répondoient tout de travers
aux iuterrogatious qu'on leur fai-
.soit, faute de les entendre ; faisoient
même un grau.l nombre de solé-
cismes , tant ils avnienl mal retenu
leur leçon ! On ajoute que quelques
filles séculières qui avoient fait les
possédées avouèrent la friponnerie,
quand elles virent qu'on neparloit
plus de leur doni\er des maris , ainsi
qu'on le leur avoit l'ai !. espérer. Ceux
qui seront curieux de connoitre en-
tièrement les détails de cette affreuse
intrigue auront un grand nombre
d'ouvrages à consulter. Je vais citer
les piincipaiix , el d'abord ceux qui
sont favorables à la prétendue pos-
session et aux exorcistes. I. Récit
véritable de ce qui s'est passé à
Loudun , contre rnessire Urbain
Grandier , Pans , j63.q. II. Véri-
lahle 7-e talion des justes procédu-
res observées au fait de fa posses-
sion des ursuUnes de Loudun , et
au procès d'Urbain Grandier, avec
/es ///('«es généra/es , touchant les ,
diables exorcisés par le père Tran-
GRAIN
quille , capucin , I.a Flèche , 1 634 ,
111-12. III. La Déinonoinaiiie de
Loudun , qui montre la véritable
possession des religieuses ursulines
cl autres séculières , avec la liste
des religieuses et séculières possé-
dées , obsédées et maléjiciées , le
nom de leurs démons, le lieu de
leur résidence et signe de leur sor-
tie. La mort de Grandier, auteur
de leur possession , La Flèche , 1 634 ,
in-i2. iV. Cet ouvrage a eu deux
éditions. Interrogatoire de messire
Urbain Grandier , etc. , avec les
confrontations des religieuses jjos-
sédées , contre ledit Grandier , en-
semble la liste et les noms des ju-
ges députés par sa majesté , Paris ,
1634. V. Relation véritable de ce
qui s'est passé aux exorcismes des
religieuses de J^oudun , en la pré-
sence de Monsieur , frère unique
du roi , avec l'attestation des exor-
cistes , Paris , iG35. VI. Relation
de la sortie du démon Balaam du
corps de la mère prieure des ur-
sulines de Loudun et ses épouvan-
tables mouvemens et conto/sions
en l'exorcisme , avec l'e.rtrait du
procès - verbal desdits exorcismes
qui se font à- Loudun par ordre
de monseigneur l'évcque de Poi-
tiers sous l'autorité du roi , Paris ,
i635. Vil. Lettre écrite à monsei-
gneur l'évéque de Poitiers par un
des pères jésuites (Surin ) qui exor-
cisent à Loudun , conte/tant un
brief récit de la sortie de Lévia-
ihan , chef de cinquante démons
qui possèdent tant les files reli-
gieuses que séculières , avec un ex-
trait du procès-verbal des e.vorcis-
jues qui se font à Loudun, etc. ,
Paris , iG55 . VllI. Miraculeux effets
de l'Eglise romaine sur les horri-
bles actions des princes des démons
en la possession des religieuses de
Loudun , par Lafoucaudière , Pa-
ris , i655 , in-8°. IX. Les Interro-
gatoires et exorcismes nouvel le-
lement faits à un démon sur le
GRAN
2J
sujet de la possession des files
ursulines de la ville de Loudun ,
avec les réponses du démon auR. P.
ftlallhieu de Luché,c<7/)//c/// et exor-
ciste sur le même si/ jet, au grand
étonnement du peuple, Vax'is, i657,
X. Les Miraculeux ejj'ets de la
Vierge , de saint Josep/i et de saint
7'rançois dans le soulagement et
délivrance des fi lies ursulines pos-
sédées à Loudun , contre tous les
efforts des diables et démons , Pari.s ,
1657. Il existe eucore plusieurs ou-
vrages imprimés sur celle nialière
el dans les mêmes principes. Mou.*
ne cilerons que les deux pièces ma-
nuscrites suivantes , que les auteurs^
de la Bibliothèque historique de la
France n'ont point connues , el qui
sont conservées dans le cabinet de
M. Dulaure. XI. Rcspunses des dé-
mons lorsqu'ils ont été pressés , ez
e.rorcismes d'adorer le St. Sacre-
mcnt et de dire ce qu'ils adoroient.
XII. Récit d'une chose merveilleuse
arrivée dans Loudun le %q febvrier
i635. L'opinion publique étoit for-
mée sur rinnocence de Grandier ,
sur la crédidité ou la fourberie de
ses exorcistes , lorsque , vers le mi-
lieu du 18'^ siècle, un prêtre s'est
avisé de composer un gros volume
dans le dessein d'accuser Urbain
Grandier el de justilier ses assas-
sins. Voici le titre de cet ouvrage,
le dernier qui ail paru en faveur de
la possession. XIII. F..xamen et Dis-
cussion critique de l'Histoire des
diables de Loudun , de la posses-
sion des religieuses ursulines , et
de la condamnation d'Urbain
Grandier , Liège, 1749, in - ^''•
Nous allons maintenant citer les ou-
vrages les plus considérables, écrits
en faveur d'Urbain Grandier contre
les exorcistes et les diables. XIV.
Histoire des diables de Loudun ,
ou de la possession des religieuses
ursulines et de la condamnation
et du supplice d'Urbain Grandier,
curé de la même ville ; cruels effets
24
GRAN
(te la vengeance du cardinal Rl-
chslicu , Ainsterdain , i GoS , i 7 1 6 ,
1707 , iii-8° , par Aubin , protes-
tant de Loiichni, réfugié en Hol-
lande. XV. Discoi/rs de la posses-
sion des religieuses ursi/liries de
Loiidun, 1654. Cet ouvrage est at-
tribué à Marc Duucau , habile mé-
decin de Saumur , témoin de ces
scènes ridiculf's. XVI. UOmbre
d'Urbain Grandier, de Loudun ,
s.i rencontre et conférence avec
Gaufrédi en l'autre monde, i634-
XVII. Histoire d' U rbain Grandier,
condamné comme magicien et com-
me auteur de la. possession des re-
Jig/euses ursulincs de Loudun , par
!\I. ***, à Amsterdam , 1705 , in-8°.
Il paroîl que cette histoire est la
même que celle qui est insérée dans
les Causes célèbres de François
Gayot (le Pitaval , tome VI. On peut
aussi consulter le Dictionnaire de
Bayle à l'article GRANDtER ; la Bi-
Lliotlieque historique du Poitou, par
Dreux du Piadier, tome IV ; THis-
loire de ]a ville de Loudun, i vol.
i\\- 8° ; IHisloire du Poitou , par
M. Thibaudeau , tome VI, cliap. Vl ;
le ?,Ionde encliauté, par Baltluizar
Beker , tome IV: Bibliothèque uni-
verselle et historique , tome XXIV,
p. 224 : méthode historique de labbë
Lenglet du Fresuoy, p. 124, i6.') et
son supplément, p. 174, etc. , etc.
Des scènes a peu p.ès semblables ,
mais de moindre durée, eurent lieu
clans le nume temps au monastère
de Cliinon. Quelques années après ,
en 1645 , les xeligieuses de Saint-
Louis de Louviers turent aussi pos-
sédées, mais les circo\istanccs de
leurs possessions ont uii caractère de
gravité bien supérieur. I^es faits, ré-
sultant de la procédure, offrent un
mélange inconcevable de prol'aua-
tions et de débauches : l'honime le
plus corrompu ne pourra les lire sans
être ré\oUé. Eu ififii , les religieu-
ses ursulines d'Auxonne turent en-
core possédées; mais celte posses-
GRAN
sion , aussi ridicule que celle de»
religieuses de Loudun , n'est point
aussi criminelle que celle des reli-
gieuses de Louviers. Les progrès de»
lumières du iS" siècle ont enfui ar-
rêté le cours de tette crédulité ri-
dicule, des fourberies et des crimes
qui en résultoient , et , sans le se-
cours des exorcismes , ont restreint
l'autorité du diable.
1 1. GRANDIN ( LÏÏartin), docteur
et professeur de Sorbonue , né à
Saint-Quentin en i&o4,mort à Paris
le 16 novembre i6gi , a laissé un
Cours de théologie, en 6 vol. in-4°,
intitulé Opéra //ieo/o^/ta, purement
écrit, et publié après sa mort, par
labbé d'Argentré, eu 1710 et l'j \i.
* II. GRANDIN (François), curé
de St.-Julien d'Angers vers 1^70,
fit imprimer à Paris, en 1674 > ""^
Instruction chrétienne pour les en-
fans, dont Pierre Viel de Sorbonne
étoil auteur. Il y ajouta la traduction
de plusieurs p.saumes, des hymnes,
des cantiques , des oraisons et des
endroits clioisis de l'Ecriture sainte.
GRANDiMONT. roj. Etienne,
n° Xil.
t I. GRANDVAL (Nicolas
Racot ) , organiste, mort à Paris
sa patrie eu i7iî3, à 77 .ins , au-
teur , I. Vu Foëme de Cartouche ,
Paris, 1725, iu-8°, qui réussit
beaucoup dans le temps. U parodia ,
pour ce sujet, les plus beaux vers de
la Menriade. il. De quelques Comé-
dies , comme le Camp de Porc/ié-
î on lai ne, ylgathe. Graudval a fait
la musiqi;e d'une fouie, de pièces on
vaudevilles qui y étoienl joints. La
petite pièce du Quartier d'Iliicr,
(pi'on lui a attribuée, est de Villa-
rel et lîret ; celle du Mariage par
Lettre-de-change , qu'on lui a aussi
donnée , est de Poisson. On a encore
de lui le Théâtre de campagne , ou
les Débauches de l'esprit , Paris ,
1708 , in- 12.
GRAN
V II. GRANDVAL ( Charles-Fran-
çois Racot ) , comédien français, fils
du précèdent , liiorl à Paris le 2/\ sep-
tembre 178.4, à 74 ans, représenta
pemlanl 55 ans les pelits-maitres ,
à peu peu près anssi l>ien qi>p Ka<on
et Dnfresne. Il remplissoii dnns la
tragédie certains rôles 011 il appro-
choil d.'; ces grands ac^el.lr^'. Il avoit
débulft en 1719 , el lorsqu'il se fut
retiré du théâtre, il continua de
jouir , auprès de quelques anciens
aniia, de ratlachenienl que la gaieté
de son caractère, el sou ame bonne
et indulgente leur a\ oient inspiré
pour lui. La conformité des lalens ,
cl le même goiV. po'jr !a retraite, le
lièrent avec madame Duinesnil
Grandval joignoit au talent de la
comédie celui de la poésie. On a de
lui quelques Opéras comi(ji/es,\)él[l-
lans d'esprit et de bonne plaisante-
rie, mais dont les situations et les
expressions font souvent rougir la
pudeur.
* GRiVNELLI ( Charles ) , jésuite
italien ; parmi les connoissauces
qu'il cultiva, il se livra p.rliculie-
rement à l'élude des médailles ; et
ayant fait un très-long séjour à
Vienne en qualité de contésseur de
l'impératrice Guillelmine -Amélie ,
il en recueillit une grande (juanlilé
venant de Hongrie , de Transylva-
nie , de la Valachie et de Coustanti-
nople. Ces médailles furent pulilifjes
par le P. Frolicb, aussi jésuite , et
céleljre antiquaire , dans l'ouvrage
intitulé Qualtior lenîaml/ia in re
nummariâ vftere, Viennae Austriaj,
i737.GraneIli niourulàVi» une \ srs
1740 : on a de lui Topugrup/iia
Germaniœ ^iustrlacœ , eu use ri p la
à (arolo Granelli, soc. Jesu aa-
ver.iote, iioi'is accession i bus Locu-
ple/ata, etc., Vieimae , 1759.
t I. GRANET ( François ) , dia-
cre de Briguolts en Provence , vint
assez jeune à Pans. Son érudition
variée , et iou goût pour la lilléra-
ture el la critique , le firent con-
noiire avanlageusemenl. Il donna
des éditions de divers ouvmges ,
jusquà sa mort, arrivée le 2 avril
I 7^1 , à 49 ans. Ses principales pro-
ductions sont, I. La l'raa't/clion de
la Chronologie de Newton, 1728 ,
in-4°- IL Un Recueil de remarques
sur les tragédies de Corneille el
Racine, 1738 , 3 purt. , 2 vol. iii-ii.
III. Plusieurs vol. du Journal inti-
tulé Bibliothèque Française , ou
//is/oire liltiraire de la T'rance.
IV. Plusieurs articles du Nouvel-
liste du Parnasse , et dos Obssr-
vations sur les écrits modernes ;
feuille?, périodiques auxquelles l'abbé
des Fontaines l'avoit associé. Les
déîauls el les qualités des deux cri-
tiques étoient les mêmes ; du savoir,
du goût, mais peu de finesse, peu
d'iinparlialiié , trop d'humeur et de
passion. L'abbé Granet, plus criti-
que par intérêt cjue par caractère ,
ne travailloit qu'à contre-cœur à ces
uavrages hebdomadaires, qui font
souvent beaucoup d'ennemis, sans
faire acquérir beaucoup de gloire. Il
se cousoloit dans l'espérance qu'on
le inellroit dans un étal où il ])our~
roit suivre avec plus de liberté son
goût pour les recherches et l'érudi-
tion. V. KecueiL de pièces d'histoi-
re et de littérature. Les tomes 1 , 2
el 4 sont de fabbé Grauet , le tome
5 du père Deunolets. {Voyez At-
TBRBUBY.) Vl. UEdilion des (Eu-
vres de Launoy,à Genève, 1 73i, eu
10 vol. in-folio , avec la Préface , la
Vie de l'auteur , et un Launoyana ,
morceau curieux , dont le style
montre que facteur éloit bon huma-
niste, /^q/es Brun , u'^ III.
II. GRANET (Jean-Joseph ) , cen-
s'Mir royal, el ancien avocat an con-
seil , né à Aix , et mort à Paris
en 17.^9 , à 74 aus , a fait \ His-
toire de r Hctel-Royal de.-^ Invali-
des , Paris, 1706 , m-foî. avec fig. ;
redonnée par l'abbé Péran tu )'3'i
26
GRAN
Il avoil de la liuéraUire ; et ses Ivi-
mières en ce genre u'avoient point
mu aux études propres à son état.
T. GRANGE ( Jean de la ) , d'une
ancienne faïuille du Beaujolais , se
fit b(':iédiclin, et se rendit habile
dans la jurisprudence civile et cano-
nique. Devenu abbé de Fëcanip, il
fut eaii)loyé par le pape Innocent
VI dans des affaires imporlautes.
Charles dit le Sage le fil minisire
d'état et surintendant de ses finan-
ces, lui donna l'évêché clAuiiens ,
et lui procura la pourpre romaine
en lîîy.T. On remarque de lui une
chose assez singulière , c'est qu'étant
président à la cour des aides , puis
conseiller au parlement , il jugea
plusieurs procès, même étant car-
dinal. Après la mort de Cliarles V ,
arrivée en i58o, il craignit le res-
senlimenl de Charles VI , auquel il
avoit parlé durement, du vivant de
son père , il quitta la cour , et se re-
tira à Avignon , où il mourut dans
un âge avancé, en i4o-!, peu re-
grellé. Lorsque CharlesVI eut appris
son départ, il dit à un de ses favo-
ris . a Dieu merci , nous voilà déli-
vré de la tyrannie de ce capellan. »
Urbain VI , dans ini nioinerit d'hu-
meur , lui reprocha sou avarice et
sa perfidie. Ce fut à l'occasion de
la guerre entre les Anglais et les
Français que le pape l'accusa de
prolonger sa commission de légal
dans la vue de s'enrichir. Un jour le
pontife s'écliappa jusqu'à dire « qu'il
n'y avoit point de mai au inonde que
le cardinal d'Amiens n'eût fait. »
C'éloit sans doule une exagéralion ;
mais on ne jieut nier que ce prélat
ne fût avide et ambitieux. Dans le
conclave où Clément VI fut élu, il
se servit d'artiliccs peu honorables
pour se procurer la tiare.
II. GRANGE, rojcz MoNTiGNY
e/ Rivet.
t III. GRANGE (Joseph deChan-
GRAN
CET, de la), né en 1676, d'une fa-
mille ancienne, à Anloniat près de
Périgueux , lisoit dès ses plus ten-
dres années les poètes et les roman-
ciers. Son père , vieux guerrier ,
crut corriger sa manie en jelaut
au feu sa petite bibliothèque, et ne
Kl que l'augmenter. I,e jeune La
Grange passa de Périgueux à Bor-
deaux , où il conlinua ses éludes
chez les jésuites; il y fit \\n^. pelile
comédie en trois actes, qui fut re-
présentée plusieurs jours de suite
par les écoliers. Celle singularité
d'im enfant de neuf ans lui fit un
nom. Madame de La Grange , deve-
nue veuve , et espérant bien des
lalens de son fils , le mena à Paris ,
el le lit placer dans les pages de ma-
dame la princesse de Conti. Il avoit
apporté de Bordeaux sa tragédie de
Jugurtha; il la lut à la princesse ,
qui la communiqua à Uacine. Ce
grand maître donna des conseils et
des encouragemens au )eune élève
de Melpomène. Jugurtha fut enfin
représenté; et cette tragédie, sans
être bonne, ht honneur à la jeunesse
du poète , qui navoil que seize ans.
De nouvelles pièces lui procurèrent
de nouveaux lauriers; mais ce qui
le fit le plus connoitre, fut un li-
helle contre Philippe , duc d'Orléans,
intitulé PhUippiqiies. La Grange
passa j)0ur l'auteur de ces Otfes, on,
à travers ]>lusieurs morceaux pro-
saïques et beaucoup de vers lâches ,
nn trouve des stances énergiques.
Ces odes restèrent long-temps ma-
nuscrites; les copies en étoienl ex-
trêmement inullipliées : elles ont
été imprimées à Paris, eu 1795,
in-i 2. La Grange fut obligé de se sau-
ver à Avignon. Il y avoit dans celle
ville nn oITicier français qui s'y éloit
réfugié pour un meurtre. On lui
promit sa grâce s'il en pouvoil faire
sortir l'auteur des Philippiques ; il
l'attira , sous prétexte d'une pnrlie
de plaisir , hors des limites du Coin-
tal . et le livra lâchement à des
GRAN
gens aposlôs pour le prendre. La
Grange, condiiilaux iles de Saïute-
Alargnerite , y fui euferuié très-
élroitement. Ses talens et sa gaieté
le rendirent agréable au gouverneur,
qui lui donna quelque liberté dans
le château. Le poète lit uneépigram-
me contre cet homme généreux ,
qui le renvoya dans son cachot. Ex-
trêmement resserré dans celte pri-
son , il trouva le moyen de l'iure
parvenir une Ode an duc d'Orléans,
t entre lequel il avoil écrit sesPhi-
lippiques; il y avouoit son crime et
peignoil son repentir. Ce prince eut
la bonté de lui accorder la permis-
sion de se promener quelquefois ; il
en profila pour recouvrer enlière-
menl sa liberté. 11 gagna les soldais
qui l'escorloient dans ses heures de
promenade; ils lui procurèrent une
barque qui le conduisit au port de
Ville-Franche. La Grange , se llat-
tant d'obtenir de l'emploi en Espa-
gne , se rendit à Madrid. L'ambas-
sadeur de France lui ayant enlevé
la proteclion du roi d'Espagne , il
passa en Hollande. Dès qu'il l'ut ar-
rivé à Anislerdam , les Etals-géné-
raux , dont il réclama l'appui , le
firent recevoir liourgeois de celle
ville , pour le mettre à l'abri des re-
présentations de l'ambassadeur.
I-e roi de Pologne, Auguste, élec-
teur de Saxe , lui lit un présent et
l'invita à se rendre auprès de lui :
il eût sans doute atceplé celle oflVe,
sans la mort du duc d'Orléans. 11
obtint peu après son rappel en Fran-
ce où il vécut toujours depuis. Il
mourut au château d'Anlonial le 27
décembre 1738. La Grange mettoit
presque toujours du fiel dans ses dis
cours. Ses concitoyens et ses parens
étoient l'objet de ses épigrammes el
de ses chansons , et il ne les épar-
gnoit pas plus que ses ennemis : à ce
défaut il joignoil l'orgueil el la va-
nité : il faisoil sans façon l'éloge de
ses talens, et disoil de lui-même
ce que les autres su anroicul pu
GRAN 27
dire, ou peut-être ce qu'ils n'au-
roienl jamais dit. Il travailloil de-
puis long-temps à une Histoire du
Périgorcl. Son grand âge ne lui ayant
pas permis de continuer ce travail ,
il donna ses manuscrits aux cha-
noines réguliers de Cliancelade. On
a publié les Œuvres de I^a Grange-
C/ta/icel , corrigées par lui-même,
à Paris, en 1759, eu .5 vol. iu-12 ;
on y trouve les pièces dramatiques
de l'auteur , plusieurs opéras et des
poésies diverses. Les tragédies sont
ce qui mérite le plus l'attention.
Les principales sont , I. Jugurtha ,
roman assez bien tissu , mai»
sans caractères marqués, et où le
dialogue froid est dénué de poésie
et du jeu des passions. II. Oresle
et Pilade , pièce ]ouée avec ap-
plaudissement en 1697. Elle offre
beaucoup moins de simplicité , mais
plus d'action et de chaleur que l'I-
phigénie en Taunde de GuymoucI
de l.a Touche. Le dénoûintnl est
ridicule dans l'une el dans l'autre
pièce ; et pour tout dire , les deux
poètes n'ont pas su tirer parti de
leur sujet. III. jithénais , aulre tra-
gédie pleine d art et d'intelligence ,
mais qui. n'a point le caractère , la
noble simplicité de la vraie tragé-
die. IV. ^hnasis , jouée avec iiii
grand succès en 1701. Nous n'avons
point de pièce mieux intriguée , et
dont la marche soit plus rapide;
mais elle est, pour le stvie, fort
au-dessous de la Mérope de Voltaire:
c'est le même sujet sous des noms
différens. V. I/io et Melicerte parut
pour la première fois au théâtre en
1715. A cette tragédie , une des plus
intéressantes que nous ayons, il ne
manque que la simplicité et du
coloris. Vl. Jd/ierlxi/ , roi de Nu-
midie, jouée en 1694- VII. 3Iéténgre,
représentée en 1699. Vill. ylkesfe,
donnée en 1705. IX. Sop/wnisùe.
X. Jî,rigone. XL Cassiusct Viclo-
ri/ius, 1732. Les principaux Opé-
ras de La Graiigesont , I. Médus ,
représentée en J702.U. Cassandre,
joiiée en 170G. lil. O/p/tée, pièce
très- médiocre et mal %'ersiriée. IV.
Trois autres Opéras non représen-
tés : ceux qui l'ont été ne le seront
plus. C;>s six opéras occupent les
^1^ et 5* volumes des Gîiivres de La
Grange. Si ce poêle avoil en pins
de goùl, il 1er auroit supprin:és
absolument, ainsi que ses Poésies
diverses, sans chaleur et sans gra--
ces. lia pourtant quelques cantates
qui méiiieroieut d'être conservées,
quoique bien éloignées de celles de
Rousseau. Le poêle lyrique dans La
Grange éloit fort au-dessous du
poêle tragique. Si on le considère
sous ce dernier point de vue, on ne
peut lui refuser de l'invention dans
ses plans, quelquefois même un art
qui tient du génie, de l'enlenle dans
les scènes, de rintelligence , de la
justesse dans le dialogue; mais il a
toujours bâti sur des fonds roma-
nesques. Nulle force dans ses carac-
tères, nul coloris: une versification
lâche, entoriillée, des lieux com-
muns, de la froideur. iVrsoune n'a
plus a;:pi0Lhé que lui de Th. Cor-
neille.
IV. GRANGE ( N.... dehO , d'une
bonne famille de 3,Ionlpellier , reçut
une excellente éducalioii ; mais l'in-
quiéUide et la bizarrerie de son es-
prit ne lui p: rmireiit pas de se fixer
à un éiat. Il dissipa ses biens , Cl
neut que la foible ressource de sa
plume. Il donna an théâtre italien
diverses comédies, dont quelques-
unes furent applaudies , telles que
l.'s Cuiit.re-'i'e,iiips , Vlia/ien marié
à Paris , la Ga>jei/rc , le Déguise-
ment et les J'cmmes corsaires. Il a
donné au théâtre fiançais , W^c-
(ommodeme/it imprévu , et le Pa-
jt'ii/iissement i/ii/tile , 1738. Il mil
aussi en fers l'Ecossaise de Vol-
tai,re. Nous devons encore à cel an-
leur plusieurs Traduction'i. I. Celle
du roman d'Adrienne , en 2 vol.
GRAN
in-12, qui eut quelque succès. IL
Ctlle d'un mauvais roman anglais ,
iutitulé : le Coche, 1767 , 2 vol.
in li. m. Enfin il uv.lenvers de
huit, syllabes le Phuélon renversé,
poème allemand ,on il y a des grâces
et de la gaieté. La Grange travailioit
facilement ; mais les mallieurs qui
troublèrent sa vie l'obligèrent trop
souvent d'écrire à la haie. Il mou-
rut i; l'hopilal de la Charité, à Pans,
eu 1767.
■; V. GRANGE (N.... de la ) , né
à Pans en 1708, parvint, malgré
la pauvreté de ses parens, à faire des
études distiuguéesau collège de Beau-
vais. Un peu de pain qu'il einporloit
le malin éloil sa seule nourriture jus-
qu'au soir. Comme il étoitéloigné de
la maison paternelle, il passoitles in-
tervalles des classes dans une allée on
dans le vestibule d'une église. Un pro-
fesseur l'ayant, aperçu deux ou trois
fois , lui fil avouer avec pt ine findi-
gence de sa mère , et lui procura une
bourse. l)e\ euu gouverneur du tUs de
M. le baron d'Holbach , il alloit re-
cueillir les fruits de celte éducation,
lorsque la mort l'enleva en 1778. La
Grange esl connu , I. Par une édition
des Antiquités de la Ci'èce , de Lam-
bert Bos, Paris, i76çi,in-i2. IL Par
une Traduction de Lucrèce , et des
remarques d'une critique saine , dont
plusieurs Iniavoient élé fournies par
son ami le baron d'Holbach , Paris ,
avec le latin , et de savantes notes ,
1768 , en 2 vol. in-8°, ou 2 vol.
in-12. III. Par une autre de Sénè-
que , qui n'a paru qu'après sa
mort, en 1778-79, en 7 v. in-12,
traduction laissée imparfaite , et
achevée par Naigeon , qui l'a revue
enlièrement : elle est, à quelques
endroits près, fidèle , claire , élé-
gante, et supérieure à la précédente;
mais elle manque quelquefois d.^ pré-
cision. Diderot, ami de l'auteur , a
orné cette version d'un septième
volume; c'est un tableau éloquent
GRAN
de la viedeSënèqiie.et des rfjines de
Claude et de ISérou. L'n g')iU i)e)iec-
lioiiiié parla lecture des ailleurs an-
cieuseUiioderues , une crilique judi-
cieuse , un caractère doux et hon-
nête , dislinguoieul La Grange.
* GRANGENEUVE ( J. A), avo-
cat et substitut du procureur de la
couinnine de Bordeaux , où il etoit
né, fut nommé député de la Gironde
à 1 assemblée législative. Des le coni-
inencetuenl de la session , il provoqua
des mesures de rigueur contre l'énii-
gralion , et fît supprimer le litre
de ma)e^té qu'on accordoil au roi.
Ce décret fiil cependaiit rapporté le
lendemain , parce qu'il excila de la
fcrmenlalion dans les partis, qui
tous y virent, avec des seulimeiis di-
vers de joie ou de mécoulenlemenl ,
nu signal de mépris pour la consli-
Uilion nouvelle. Le i*^ janvier 1792
il appuya l'accusation des princes
ëmii^rés , el le 1"''^ léxrier suivant
il dénonça dans un discours viru-
lent Bertrand, ministre de la ma-
rine. Le .21 mars il demanda (pie
la provision à accorder aux femmes
ou enfans d'émigrés fût lixée à un
maximum de 800 liv., quelsque lus-
sent C\v\ reste les droits qu'ils pussent
faire valoir. Le 14 juin il insulta,
dans un comité, un aulre député,
nommé Jouneau, et ce dernier lui en
ayauldemaudéraison.il la lui refusa,
en continuant ses msuîleset ses me-
naces ; mais Jouneau , poussé à bout,
le maltraita de coups de baionet de
coupsde pieds, au pointqu'il futforcé
de rester au lit quelque temps. Jou-
neau fu t en voyé à l'Abbayepour quel-
ques jours , et Grangeneuve lui in-
tenta un procès. 11 fut un de ceuxqui,
de concert avec l'ex-capucm Cliabol,
convinrent en juillet de se faire as-
sa.-^siuer par des gens qu'ils sol-
dèrent , afin d'exaspérer le peuple
en faveur de la liberté : mais, au
moment de lexéculion, il craignit
d être trop bien assassiné, et y re-
GRAIN
20
nonça. Madame Roland, amie ce
Grai!geneu\e , cite celte anecdote
dans SCS Mémoires. Le 5 août il de-
manda que l'assemblée ouvrit sur-
le-champ la discussion pour savoir
si ou prononceroit la déchéance
du roi. Devenu membre de la con-
vention , il y figura moins que
dans la Isgis'alure , suivit la
marche de la Gironde, qui devint
plus modérée à mesure que la Mon-
tagne prit plus d'empire. Enveloppé
dans la proscription du 5 1 mai 1793,
il s'échappa de Paris, fui niis hors
de la loi le 28 juillet , et ensuite
arrélé à Bordeaux, où la commission
militaire le condamna à mort le 1^''
nivôse an :2 ( Ji décembre 1795. ) 11
étoit âgé de i\'h ans.
L GRANGER (N.), célèbre voya-
geur, natif de Dijon , mort en reve-
nant d'un voyage de Perse , à deux
journées de Bassora , vers l'an i755,
a laissé , dit-on , des Ilelations exac-
tes el curieuses de ses cour.-cs dans
différentes parties du Levant ; mais
on n'a encore mis au jour que son
Voyage d'Egypte , qui est mslruclif
et intéressant. On y voit ce qu'il y
a de plus remarquable dans ce pays ,
principalement sur Ihistoire natu-
relle. Celte relation, publiée eu 1 74 '\
à Pans , est précédée d'une préface
hisLorique , daus la'^ueile on hi plu-
sieurs particularités lutére. santés sur
l'auteur.
* 11. GRANGER (Jacques), théo-
logien anglais , mort en 1776 , vi-
ctirc de Shiplake au comlé dOx-
ford , a publié un ouvrage très-
précieux , intitulé Histoire bio-
graphique de l'Jngleterre , 4 vol.
in-8". Granger , frappé d'apoplexie
dans sou église , à l'instant où il
donnoit la communion, mourut le
lend inain.
GRANGES (des). Voy. ■Massox
DES Gn\Nl>ES.
I. GRANIER. Voyez Mauj-éox.
3o GRAN
n. GRANIER (Pierre), sculpteur ,
(lu diocèse de Montpellier, mort en
171 b, à So ans , orna de ses ouvrages
ies jardins de Versailles.
GRANJON (Robert), célèbre
graveur et fondeur de caractères
d'imprimerie, tlonssoil vers le mi-
lieu du 16*^ siècle, li quitta Paris
pour se fixer à Lyon , où il grava
des caractères propres à l'impression
de la musique eu 15?^.
GRANMONT , si célèbre dans
l'histoire des tlibusliers , gentil-
homme, né à Pans dans le 17"
siècle , perdit son père dès sa pins
tendre enfance: sa mère se remaria ;
et un ofticier étant devenu amou-
reux de sa scDur, Granmont, choqué
de ses assiduités , mil l'épée à la
main contre lui, quoique encore en-
fant, et Ir.i fit trois blessures. Cet
amant inl'ortuné en mourut peu de
temps après avoir obtenu la grâce
de son meurtrier. Granmont entra
ensuite au service , et lit plusieurs
campagnes suriner, où il acquit une
grande réputation. Enfin, ayant eu
le commandement d'une frégate ar-
mée en course , avec un cinquième
de profit , il prit auprès de la Mar-
tinique une tlûle hollandaise qui va-
loi t quatre cent mille livres, la mena
à St.-Dommgue où il perdit au jeu ,
et où il consomma en débauches sa
jiart et celle de ses associés. N'osant
retourner en France , il se Ht thbus-
tier. Sa bonne grâce , ses manières
lionnètes , beaucoup de désintéresse-
ment, jointsà toutes les qualités d'un
grand capitaine , le distinguèrent
bientôt des autres chefs de ce corps ,
qui étoit alors dans sa plus grande
réputation. Mais, avec des qualités
(|ni l'aiiroient puéleveraux premiers
honneurs de la guerre , il avoit tous
les vices d'un corsaire. Il porta la
débauche des Icuuncs et du vin aux
plus grands excès. Une de ses plus
t.onsidérables expéditions fut la
j;)iise de Campèche en i6S5. Celte
G II AN
ville étoit aux Espagnols , et Cran-
mont ne leur lit aucun quartier.
Deux de ses geus ayant été pris dan*
cette occasion par un détachement
que conunandoit le gouverneur de
Mérida , Granmont les envoya re-
demander au gouverneur , promet-
tant de lui renvoyer tous les prison-
niers (jiùl avoit faits jusque-là, sans
en excepter le gouverneur de Cain-
pèche elles autres olficiers. Sa de-
mande lui ayant été refusée , il ré-
duisit toiUe !a ville en cendres, fit
sauter la forteresse, brûla, le jour
de Saint-Louis, dans un feu de joie ,
pour deux cent mille écus de bois
de Campèche , qui étoit le meilleur
de son bu lin, cl i)arlil pour la côte de
S.-Uoimngue. On croit que ce guer-
rier mourut l'année suivante i686.
Il fut fait celte année-là lieutenant
de roi , et l'on conçut le dessein de
lui donner le comniandemenl de la
côte du Sud. Pour se rendre encore
plus digne de cet honneur , il voulut
faire une dernière course en qualité
de flibustier. Après avoir armé uti
navire , où il mil environ cent qua-
tre-vingts hommes, il partit clans le
mois d'octobre 1 686 , et l'on n'a ja-
mais pu savoir ce que ni lui ni son
équipage éloienl devenus.
t GRx\NNACCI , peintre de FIo^
rence , mort en i543, âgé de h'j
ans. Cet artiste, auquel on accorde
de la célébrité , n'est cependant
connu que tomme peintre de déco-
rations et des mascarades alors eu
usage à Florence dans le temps du
carnaval. Celles où l'on représente
des actions héroïques et sérieuses
sont de son invention. Laurent tU
Rlédicis lui en fil composer une dont
le sujet éloil le triomphe de Paul-
Emile. Lors d'un voyage que fit Iç
pape l,éonX à Florence , Graniiacci
fut encore chargé du triomphe dç
Camille, et l'exécution cb: cet ou-
vrage surpassa tout ce que l'on avoit
vu de lui. Au veste , s'il est Vrai que
GRAIN'
Mirhel-Ange l'ait choisi pour tra-
vailler à ses cartons, cet artiste
lie devoit pas être dépourvu de
mcvite.
* l. GRANT (François, lord
CuLL.EN ), Ecossais , né vers 1660,
dune famille ancienne , mort en
1726 , est auteur d'un Traité où il
entreprend de prouver que le roi
Jacques a abdiqué la couronne. La
reine Anne le créa baronnet , et le
nomma juge.
* II. GRANT (Patrice), juge
écossais, né à Edimbourg eu 1698,
mort dans la même ville en 176^,
l'ut en 1754 un des lords de celle
session, sous le titre de lord Preston-
Grange. Grant est auteur de plu-
sieurs écrits contre ta rébellion.
GRANVELLE. roj. Perrenot.
* GRANVILLE ( George , baron
DE Lansdoavn ) , fils de Bernard
Greenville ou Granville , et petit-
lils du fauieux sir Bevil-GreenviUc ,
né en 1667 au comté de Coruouailles,
mort en 1735 . ne fut pas nioius
distingué par ses talens que par
sa naissance. A 12 ans il fut mis au
collège de la Trinité à Cambridge , et
en i685 ilavoitdéjà composé quel-
ques pièces de vers à l'occasion de
i'avénenient de Jacques 11 au trône.
Pendant la révolulion , il se retira
dans ses terres , où il s'occupa uni-
quement de littérature. Eu 1686 il
iit jouer sa comédie de V Amour hé~
roicjue , qui eut un grand succès, et
qui fut suivie peu après d'un poëme
dramatique , les Enchanteurs bre-
tons. A l'avènement de la reine
Amie il fut nommé an parlement;
et en 1710 le lord Granville fut
fiait secrétaire d'élat au département
de la guerre ; la même année il
épousa la fille du comte de Jersey ,
et peu après fut créé pair, sous le
titre de lord Lansdown , baron de
Bidsford. A l'avénenieul de Geor-
GRAS
3i
ge II il perdit sa place, et eu 17 19
\\ fut mis à la tour de Loudres , sur
le soupçon d'avoir trempé dans un
complot contre le gouvernement. 11
obtint sa liberté en 1717, et passa
en Frar\ce , où il demeura plusieurs
années. Les (Euvres de Granvill*
ont été publiées eu 2 vol. in-4°.
* GRAPALDUS (François -Ma-
rins ) , né à Parme au 16'' siècle ,
a donné, dans mi livre assez curieux,
uue description de toutes les parties
d'une maison. Cet ouvrage a eu
beaucoup d'éditions.
GRAPH^US ou SciiRivER,
( Corneille) , imprimeur et bon lit-
térateur, né à Alost , secrétaire de
la ville d'Anvers, mort eu i.o58,
à l'âge de 77 ans , publia beaucoup
de petits Poëmes à loccasion des
évènemens mémorables arrivés de
son temps . el des Eglogues sacrées.
Jean Servilius a donné des uotes sur
ses Eglogues sacrées, Anvers, i556,
in-12.
I. GRAS (Louise de Marillac
veuve de M. le ) , née à Pans le
12 août lôgi , éloit fille unique
de Marguerite Camus et de Louis
de Marillac, seigneur de Perrière,
frère de Michel de Marillac , gardç
des sceaux. Elle épousa en 161 3
Antoine Le Gras, de Monlferrand
en Auvergne, secrétaire des com-
raandemens de la reine ftlarie de
Médicis. Son mari étant mort eu
162» , elle se consacra entièrement
à la piété. Jean - Pierre Camus ,
évèque de Belley , qui avoit été sou
directeur, la coulia à saint Vincent:
de Paule , qui s'en servit pour ses
divers élablissemens. Elle fonda ,
avec ce saint homme les Sœurs
de la Charité , connues sous le
nom de Sœurs Grises : il l'en-
voya en 1629 dans les villages vi-
siter les confréries de charité qu'il
y avoit établies pour le secours de«
pauvres malades ; et cpinme on cjou-
32
GRAS
ta à ces coiilVcries , qui s'etublirenl
dans phiEieurs paroisses de Ptins ,
des servantes pour soulager les da-
mes qui se dévouoient à ces cliari-
laWes exercices , il jugea à propos
d'eu fonner une espèce de commu-
naulë sous le uoiu de Sœurs Grises.
Ces lîUes , destinées à avoir soin
des pavivres malades , se multipliè-
rent beaucoup eu peu de temps Elles
avoient plus de trois cents étnblis-
semens , tant en France , qu'on Po-
logne cl dans les Pays-Bas. «Peul-
èlre u'esl-il rien de plus grand sur
la terre , dit Voltaire , que le sacri-
fice que lait un sexe délicat , de la
beauté et de la jeunesse , souvent de
la haute naissance, pour soulager
dans les liûpilaux ce ramas de tou-
tes les misères humaines dont ia vue
est si humiliaule pour notre orgueil,
et si révoltante pour notre délica-
tesse. » Les enf'ans trouvés se sen-
tirent aussi des effets de la chanté
de madame Le Gras. Elle loua une
maison dans le faubourg Sainl-Vic-
tor pour servir de retraite à ces iu-
joitunés. Ses soins s'éteudirenl jus-
que sur les fous et sur les galér-iens.
Celte généreuse bienfaitrice de l'hu-
manilé mourut le i5 mars 1662.
Ou peut consulter sa vie écrite par
Gobillon , in-i:2.
II. GFix^S (Antoine le ), Pari-
sien , entra dans la congrégation de
l'Oratoire , où il se fil remarquer
par ses lalens et ses mœurs. Etant
rentré dans le monde , il cultiva
les lettres, et s'altacha sur-tout à
l'étude de l'Ecriture et des Pères.
Nous avons de lui , L Fies des
grands capitaines , traduites en
français du latin de Cornélius Ne-
pos , 1729 , iti-i->. U. Oui'rages des
SS. pères qui ont. vécu du temps
des Jpôtres , traduits , avec des
notes, 1717 , in-12 , et réimprimés
en )T29, sous le mèine formai. Ces
deux versions sont exactes et lidèles ;
toais Ja première est ùoide et dil-
GRAS
fuse. L'auteur inonrui en 17P1 , âg"
d'environ 70 ans. — Il ne faut pa»
le confondre avec Jacques Le Guas,
avocat à lloucn sa patrie , mort vers
1600 , dont on a en vers français une
Tradurlion de l'ouvrage d'IlésioJc
qui a pour titre : Les (::,uvres et les
Jours, que l'auteur dédia à sou père,
et qui ne fut imprimée qu'en i586 ,
à Paris.
* GRASLIN (Jean-Joseph-Louis ) ,
né à 'l'ours en \']'2'j , mort en 1^90
à Nantes, où il fui trente- trois ans
receveur-général des lèrmes , conçut
et exécuta le projet d'élever dans
cette Ville , sur un terrain aride el
niontueux,un quartier neuf, d'a-
j)res un pian régulier. Les obstacles
qu'il eut à sunuouter , les travaux
les plus pénibles, ne le rebutèrent
pouu. Sa cousiance , ^a fermeté el
ses lumières furent couronnés , et
en dix ans les habitans de Nantes
durent à Grasiin le plus beau quar-
tier de leur vill<--. Ou a de cet homme
eslinudile un Lissai analytique sur
ta ric/iesse el l' impôt. , vol. in-S".
Londres J767, dédié à la société
royale d'iigricidlure de Tours, ou-
vrage où il développe .les idées vas-
tes et profondes sur le système éco-
nomique. La société d'agriculture de
Limoges , ayant proposé de démon-
trer et d apprécier l'effet de l'impôt
mdirect sur le revenu des proprié-
laires de biens-fonds , Graslni traita
cet le question en financier Ires-éciairé,
el son mémoire reçut lapprobalioa
générale.
*GRASSEK ou Guassecius
(George), médecin, né à Stras-
bourg, florissoit dans celte ville au
commencement du 17"^ siècle. 11 est
auteur de quelques ouvrages peu in-
téressans ; ou remarque cependant
celui intitulé O ratio de dicta \'ulr-
gari : Medicè vivere est pessimè
uiuere , Argentinaj , 1611, in-8°,
dans le second tome des oraisons pro-
noncées à Suasbourg.
GRAS
* GRASSET-SAINT-SAITVEUR
( N*** ), né à Aloatréal , eu Canada,
en 1737, mort à Paris eu 1810,
fut vice-consul de France en Hou-
j^rie. Comme lilléraleiir on lui
doit , I. Costumes civils et actuels
de tous les peuples connus, avec
Maréchal, 1784. II. Tableaux de
la fable , représentés par Jigures ,
accompagnés d'explications, avec le
même. III. Tableaux cosmogra-
phiques de l'Europe , l'Jsie , 1'j4-
frique et l'Amérique, 1787 , in-4°.
IV. L'antique Rome, ou descrip-
tion historique et pittoresque de
tout ce qui concerne le peuple ro-
main dans les costumes civils , mi-
litaires et religieux , dans les
mœurs publiques et priuées , de-
puis Ronwlus jusqu'à Auguste ,
17950U 1796, [n-i\".V .Les Amours
du comte de Botinei'al , pacha à
deux queues , connu sous le nom
d'Osman , rédigés d'après quelques
mémoires particuliers , 1796, in-
18. VI. Le Sérail , ou histoire des
intrigues secrètes et amoureuses
du (.irand-Seigneur , 1790 , 2 vol.
VII. Fastes du peuple français ,
ou Tableaux raisonnes de toutes
les actions héroïques et civiques
du soldat et du citoyen français ,
etc., 1796, in-4°. VllI. 11 arc ,
Julia et Zelrnire , Histoire véri-
table, traduite de l'anglais, 1796 ,
in-i 2. IX. Voyage dans les îles Vé-
nitiennes , 3 vol. in -8°, avec un
allas, in-4°. X. Voyage dans les îles
Baléares , encyclopédie des voya-
ges, .T vol. , in-4'', et enfin, XII.
Le J^fuséum de la Jeunesse , dont
dix livraisons ont paru avant sa
mort. M. Babié , homme de lettres ,
son ami , avec lequel il avoit donné
les Archives de [honneur , ou
notice sur les généraux , amiraux
et officiers de tout grade qui ont
fait les campagnes de la réi'olu-
tion, huit voîum. in-8° , s-e charge
de terminer cet intéressant ou-
vrage.
T. TlII.
^GRAS 33
* GRASSETTI ( Jacob ) , Alode-
nois , de la compagnie de Jésus ,
distingué par son savoir et par sa
grande piété , mourut à Kimiui ,
où il étoit professeur , en 1667 , à
l'âge de 80 ans. On a de lui , I. Vita.
del B. Liiigi Gonzaga , Mauloue ,
1608. II. Manuale degli escrcizi
spirituali del P. Villacastin tra-
detto dallo spagnuolo , Modene ,
iG36. III. Vita di S. Caterina da.
Bologna , Bologne , 1620. — Il ne
faut pas le conibudre avec le P.
Hippoiyte Grassetti , aussi Mo-
deiiois et jésuite, bon théologien,
qui mourut a Plaisance en 1663 , et
qui a laissé , I. Anatome necis p?v~
ditoriœ , [Lu{;duai , ifiGo , in-fol.
II. Epigjammatum liber primus ,
Placenliae , 1660.
* I. GRASSI ( Charles de') , de Pa-
lerme, jurisconsulte, mort eu 1617 ,
a écrit , Tractatus de exceplionibus
ad materiam statuti cxcludenlis
omnes exceptiones; De ejfeclibus
clericatus , in qio prœter ecclesias-
licam jurisdictioncm , et clcrico-
rum privilégia , omnes ferè casus
ad materiam pertinentes declaran-
ti/r, et resoluuntur; De ejfectibus
amicitiœ , etc. Ou a de Pierre de'
GKAsst son frère, aussi jurisconsulte,
Additiones ad tractalum de excep-
tionibus ad mareriam statuti ex-
cludenlls omnes exceptiones Caroli
de Grassi f/at/ v'5 .
* II. GRASSI (Horace), jésniie
de Savone , professeur de mathé-
matiques au collège Romain , où
il mourut en j 6.^)4, s'est rendu
célètne parsesdispiiles avec Galilée ,
sur la doctrine qu'on devoii adop-
ter pour les comètes , et il publia ,
sous le nom sujiposé deLotario Sarsi,
un ouvrage intitulé Libra astro-
nomica e flosojica, qui fut suivi
de celui-ci : ïiatio ponderum li-
brœ et symbellœ. Galilée, d'accord
avec Saggiatore , lui ré])ondit, et
ce fut ce deruiet qui lui fournil le*
i
GRAS
meilleures armes pour l'attaquer.
Ou doit encore à Grassi le plan de
la vaste église de S. Iguace à Rome.
Le Uoiiiiuiquiu avoit fait deux des-
sins pour celte église ; mais Grassi
en tira ce qu'il y avoit de mieux,
et eu fit un troisième , ce qui fcicha
Le Doininiqutn au point qu'il ne vou-
lut point donner le dessin qu'il avoit
fait pour la façade. Ou a encore de
cet auteur , Lfiuinl templi exc/si
oratio habita in F'aticano sacello
ad summum Urbanum T'IIl ipso
parasceue die , Roinse, i63i.
I. GRASSIS (Paris de), maître
des cérémonies sous le pape Léon X,
ensuite évêque de Pezaro,^t uue
Epitaphe , qu'il supposa que Publius
Grassus avoit composée pour sa
mule. Ou raconte que quelques mau-
vais antiquaires, trompés, lui pro-
diguèrent des éloges , parce qu'ils la
croyoïeut ancienne ; ils l'auroient
mise au-dessous du médiocre, s'ils
l'avoient sue moderne. Il a laissé un
Cérémonial qui est estimé.
II. G R x\ S S I S ( Paduanus de ) ,
franciscain , natif de Barlelte , ilo-
rissoil au 16*^ siècle. 11 prêcha et
écrivit avec un succès égal. On a de
lui , De Repuhlicd ecclcsiasticâ ,
et Enchiridion ecclesiasticum ,
Venise, i58o, in-4°, et d'autres
ouvrages bons pour leur temps.
t GRASWINCKEL (Théodore),
natif de Uelft, avocat fiscal des do-
maines de Hollande , greffier et se-
crétaire de la chambre mi-partie de
la part des États-généraux à La Haye,
mort à Rlalines le 12 octobre 1666,
à 66 ans,éloit versé dans les ma-
tières de droit , les belles-lettres et
la poésie latine. Ses principaux ou-
vrages sont, I. Un livre JDe jure
7najestatis , 1642, in-4°. 11. De
fide àœrelicis et rebel/ibus se/van-
dâ , 1660. III. Ijiberias J^eneta. ,
seu Venelurum in se ac suos i/n~
perandi jus , i654, iii-4° > q"i l»»
G RAT
procura le titre de chevalier de St.-
Marc. IV. Vsalniorum Davidis Fa-
raphrasis , en vers héroïques , Lu
Haye, \bl\"t, in-4"- V. Thomœ a
Kempis de Imitatione Christ i li-
hri très , carminé expressi , Ro-
terdam , 166 j Graswinckel , parent
et grand ami de Grotius , accompa-
gna cet homme célèbre lorsqu'il fut
obligé de se retirer en France , pour
se soustraire aux poursuites des go-
maristes , et publia plusieurs ou-
vrages pour la défense de ceux de
sou parent.
I- GRATAROLE ou Gkatabo-
Lus ( Guillaume ) , médecin de Ber-
game , professa son art à Padoue
avec beaucoup de distinction. ÎMais
setant laissé séduire par les uou-
veaux hérétiques, il sacrifia sa for-
tune au calvinisme , et se retira à
Bàle , où il mourut le 16 avril i568,
à 52 ans , dans un éiat qui appro-
choit de findigcnce Gralarole étoit
un homme d'une probité rigide. Les
ouvrages qui lui ont fait le plus
d'iîouueur sont , I. Un Traité de la
manière de conseruer et d'augm^en-
ter la mémoire , en latin , Francfort,
in- 12 , traduit eu français par
Etienne Coppe , Lyon , i586 , iu-i 2.
H. Uu autre Traité de la conserva-
tion de la santé des magistrats , des
voyageurs , des hommes d'étude ,
eu latin , Francfort, 1591 , in-12.
III. JJe prœdicfione morum natu-
rarumque hominum, facili ex ins~
pectione partium corporis , iii-8".
IV. De vini iiaturâ, Strasbourg,
i56.S , réimprimé à Cologne, 1671,
in -8°. V. 11 fut éditeur d'un Re-
cueil de divers ouvrages de Pom- I
poaace. Baie, 1565, iu-8°. II avoit f
été disciple de cet homme célèbre ,
dont il adopta quelques - unes des
idées. VI. Prog/iostica naturalia
detemporum mutatione,Bà\e, 1 55^,
in-h". Gratarole voulut aussi se rac-
ler de controverse. Il écrivit un li-
vre sur les marques de VAutechrisl.
G HAT
ToHlce qu'il a composé est éciilen
latin. — lîoujeau Gkatakole , son
parent , vivoit à peu pies dans le
même temps, et s'acquit quelque
renom par une Topographie , en
italien , de la rivière de Salo , dans
le Bressan , sa patrie ; et par quel-
ques bonnes tragédies , Jclé , Po-
lixèrie, Jstiaiiax. Le marquis Mal-
l'ei a ji'.gé cette dernière digne d'en-
trer dans sou recueil.
* GRATI (Jérôme), noble bolo-
nais et célèbre juriscoasulle , après
avoir pris le bonnet de docteur dans
sa patrie en ib-i'j , et avoir pendant
quelque temps professé le droit, passa
à Valence en Dauphiné en 1 5^o , où
il se Fit une grande réputation. En
i544 le sénat de Bologne le. contrai
guit de retourner dans sa patrie , où
il mourut presque en arrivant.
Clément VII Tavoit créé chevalier,
et Paul m, comte palatin. On a de
lui , I. Hieronymi Craii Bononicn-
sis J. C. et consiliaril regil res-
ponsorum , Luneîii, ib/\:\, 3 vol.
in-fol., avec une dédicace à Fran-
çois \". Cette édition est x-are. U.
Vousiitum matrimoniale , Franco-
furti , i58o.
GRATIAN. rojez Gractan.
t I. GRATIANI ou Gsaziani
(Antoine-Marie) naquit eni556,
dans la petite ville del IJorgo san
Sepulcro, en Toscane , d'une tamille
noble. Le cardinal Commendon
voulut bien être son maître , et
trouva dans son disciple les dispo-
sitions les plus heureuses pour en
faire son secrétaire. Gratiani le sui-
vit en Allemagne , en Pologne et
ailleurs. Ce cardinal le traita plutôt
eu ami qu'en homme de sa suite,
lui conhant toutes ses affaires ,
prenant conseil de lui , et cher-
chant les occasions de l'employer
pour faire valoir son mérite : il le
récompensa de ses services par une
riche abbaye. Après la mort de son
G RAT
35
hienrailenr , Gratiani fut secréinire
de Sixte V , nonce à Venise et é\t-
que d'Amélia. Il inourul dans celte
ville en i6n. Les ouvrages qui Vont
f'aitleplusconuoitresont , 1. De\ild
Joannis l'rancisci C'ommendoni ,
cardiiiaHs libri quatuor i ])ubliés
parFléchier, sous le nom supposé
de Roger Akakia, in- 12, 164?,
in-£(° , eu 16G9 ; et traduits en fran-
çais par le même, Paris , iGti ,
iu-4°. II. De bello Cjprio,Y,\\hY\é
à Rome eu 1624, in-4*'. Cet ou-
vrage , écrit avec autant d'élcgance.
el de purelé que le précédent, a été
traduit en français , avec moins de
succès, par Le Pell tier d'Angers,
à Paris, 168.Î , ui-:°. III. iJe casi-
biis aduersis iUustrium idroruni
siii œui , imprimé par ics soins de
Fléchier en 1680, à Paris, in-/j'*,
IV. IJe iScriplis invita minerud.
libri t-'igiafi, publiés |)ar le jésuite
Lagomarsini , Florence , 17:^0 et
1746 , 2 vol. in-i|°. L'éditeur a orné
de notes cet ouvrage , l'un des plus
curieux de Gr^uiani. An reste , ce
livre n'est point un traité des livres
faits eu dépit du bon sens, comme
on ponrroit le croire sur le litre.
C^est la vie de l'auteur, qui préteu-
doit l'avoir écrite malgré lui. Mais
il auroit pu lui donner nu titre ]Aus
convenable. On y trouve beaucoup
de choses relatives à l'histoire de sou
temps. Gratiani a composé aussi un
Traité pour prouver le droit des
papes sur la mer Adruitique. Gra-
tiani mourut à Pergola en iGyn.
II. GRATIANI (Jérôme), secré-
taire et conseiller d étal du duc d©
Modène, auteur italien du dernier
siècle. On lui doit plusieurs ou-
vrages en prose el eu vers. Le
principal , dans ce dernier genre ,
est un poëme épique , sous ce titre :
// conquisto di Grunada , bien in-
férieur à celui du Tasse , quoique la
versihcatiou en soit assez douce. Ou
estime une tragédie de cet auteur ,
36
G RAT
intitulée // Cromuele , dédiée à
l.ouis XIV, et imprimée à i'aris. On
trouve , dans le recueil de ses f'^arie
pro^e , quelques morceaux agréables.
t m. GRATIANI (Jean), pro-
fesseur en philosophie à Padoue, a
donné en latin 3 vol. in-4° , Pa-
doue, i7 35;i)ne Histoire de Venise,
qui couimence à Tm i6i5 , el linit
à l'an 1724- EHe i-enfermeun grand
nombre d événeinens qui n'ont ja-
mais eu le moindre rapj)ort avec
celle république. Ou auroil pu l'in-
tituler Hisloire de L'Europe.
I. GRATIEN, père de l'empe-
reur ^'^albnUnlen I , de Cibale en
Pannonie ( aujourd'hui Hongrie ) ,
surnonniié le Cordier , parce
qu'un jour, dans sa première jeu-
nesse , portant une corde pour la
vendre, cinq soldais ue purent ja-
mais réussir à la lui arracher. Celle
force extraordinaire le (il connoilre.
11 entra dans 1 état militaire, par-
vint, par degrés, à la dignité de
tribun , et obtint le commandement
de l'armée d'Afrique. Des envieux
l'accusant de concussion , il quitta
ce poste , el se retira dans la Grande-
Bretagne, où il commanda , quelque
temps après, les troupes qui s'y tiou-
voienl. Entin, après s'être démis de
ses emplois , il hnit ses jours dans
une retraite honorable.
t II. GRATIEN , empereur ro-
main, naquit à Sirmick le i8 avril
559. Son père Valenlinien lui donna
le titre d'Auguste dès l'âge de 8 ans,
en 067 . Gralieu lui succéda le 17 no-
vembre 575. A une figure impo-
sante , il joignoil lin maintien mo-
deste , un caractère modéré , un cœur
humain el sensible. Hrave capitaine ,
sage empereur, ])hilosophe sur le
trône , il Ht des lois équitables , pro-
tégea les lettres et sauva l'étal. Pour
soutenir le fardeau de l'empire, il
s'associa Tiiéndose , et lui donna
Conslantinople avec la Thrace et
toutes les provinces de 1 Orient. Sou
G RAT
courage éclata bientôt après contre
les Golhs el contre les Allemands.
La guerre avec ceux-ci lui fui Ires-
hcureuse ; il ht cesser le ravage qu'ils
faisoient dans les Gaules, en les tail-
lant en pièces , et en leur luant
5o,ooo hommes. Son zèle pour le
christianisme égala son courage ;
mais ce zèle lui devint funeste. Une
cruelle famine ayant désolé Rome,
le peuple murmura, el l'accusa d'a-
voir attiré ce mallieur sur l'empire
par ses édits contre le paganisme.
("es/, disoit-il, V effet de la pen-
geance dit ciel qui afflige an peu-
ple , dont le prince s est déclaré
l'ennerni des dieux et de leurs
pontifes. 11 y avoil à Rome, dans
le sénat , un autel de la Victoire ,
démoli , en 357, P^i" ordre de l'em-
pereur Constance , el rétabli ensuite
par Julien. Gratien le ht détruire. Il
supprima les privilèges et les immu-
nités des sacwHcateurs. Il abolit éga-
lement celles que les pa'iens avoienl
accordées à leurs vestales, el ordonna
que le fisc se saisiroit des terres qna
l'on donneroit par testament, ou à
ces vierges, ou aux lemi)les, ou aux
prêtres des idoles. H leur permit
seulement de recevoir les legs des
choses mobilières. Tous ces change-
mens irritèrent le peuple. Maxime,
général des troupes romaines dans
la Bretagne , prolilanl de ces dispo-
sitions, promit de relever les tem-
ples et les autels des dieux , si ou
lui donnoit la couronne impénale.
Presque tout l'empire le reconmu.
Gratien marcha contre lui, le]oignit
à Paris; mais il fut abandonné par
ses troupes. Obligé de se sauver, il
tourna ses pas vers l'Italie ; el eu
arrivant à Lyon , il fut arrêté , livré
aux rebelles et massacré le 2') août
3cS3. Ce prince navoit alors que
24 ans , dont il en avoil régné sept I
et neuf mois. St. Ambroise versa |
des pleurs sur son tombeau , qu'il
reganloit comme celui d'uu martyr.
Voyez AusoNU, n" 11.
GRAT
m. GRATIEN , simple soldat ,
couronué empereur par les lé-
gions voiiKiines ré voilées dans la
Graiide-Bielague , pour l'opposer ;i
îionorius , vers 1 au 407 , fui l"is
à mort, quatre mois après, par ceux
mêmes qui ravoieulélevéà leinpire.
t IV. GRATIEN, de Chiusi dans
la Toscane, béui^dictin dans le mo-
nastère de St. -Félix et Nabor , à
Bologne , est auteur d'une célèbre
collection des décrets des papes et
des conciles , qui con)pose la |)re-
niière partie du Droit canonique.
Il acheva ce recueil vers l'an 1 i5i ,
peu de temps avant sa mort , et
l'intitula La Concovile des Ca-
nons discordans , parce qu'il y rap-
porte plusieurs autorités qui paiois-
sent opposées , et qu'il concilie bien
ou mal. « Gralien a divisé son
recueil en trois parties. La 1'^'' com-
prend cent et une distinctions , et
il y traite , premièrement, du droit
e'.i général et de ses pariies; ensuite
<lfs ministres de l'Eglise , depuis le
pape jusipiaux moindres clercs. La
2* partie est divisée en trente-six.
causes, qui sont autant d'espèces ou
cas particuliers , sur cliacun desquels
il propose plusieurs questions ; et à
la 55^, il insère par digression sept
questions sur la pénitence. La o""" par-
tie est intitulée de la Consécration ,
et traite de l'eucharistie , du baptême,
de la confirmation , et de quelques
cérémonies. Dans tout l'ouvrage ,
l'auteur traite, par occasion, quel-
ques questions de théologie. On dit
que le pape Eugène lll l'approuva ,
et ordonna de l'enseigner publique-
ment à Bologne. Ce qui est certain,
c'est que depuis ce temps on ne
connut presque plus d'autre droit
canonique que celui qui étoit com-
pris dans ce livre , et on le nomma
simplement le Décret. » L'extrême
négligence de l'étude des faits , qu'on
abandounoit dans le siècle de Gra-
lieu pour la vaiue étude des mots,
G H AT
37
faisoit adopter, sans examen, des
pièces dépourvues d'autorité. I^
compilateur inséra donc dans ce
recueil toutes les fausses décrélales
d'Isidore Le .Marchand , et de quel-
ques autres ignorans qui i'avoieut
précédé. I^ans cespiecfsapociyphes,
on autorise les translations dtsévè-
ques d'un siège à \\\\ autre ; transla-
tions SI sévèrement défendues par
les conciles des premiers siècles de
l'Eglise; on attribue au pape l'érec-
tion des nouveaux évêchés , droit
qui, suivant l'ancienne discipline,
u'appartenoit qu'au concile de la
province ; on ne veut pas que les
conciles se tiennent sans l'ordre ou
la permission du pape ; mais que
toutes les causes ressortis«ent à lui :
de là , la cessation des conciles pro-
vinciaux , la diminution de l'auto-
rité des métropolitains, et une foule
d'autres abus que le judicieux Fleury
a détaillés dans ses Discours sur
l'Histoire ecclésiastique. Pendant les
1 5 , 1 4 et 1 5^ sie< les on ne connut et
on ne suivit point dans les écoles, et
même dans les tribunaux, d'autres
cauonsqucceux du recueil dt- Gralien.
Ces fausses décrétales abusèrent les
hommes, même les plus éclairés,
jusqu'aux temps de la renaissanca
de la saine critique ; et enfin , quand
l'erreur fut reconnue, les usages éta-
biispar elles, leschaiigemens qu'elles
a voient occasionnés dans l'aucieiuie
discipline subsistèrent dans une
partie de l'Eglise. Plusieurs auteurs
ont travaillé à corriger les défauts
de la collection de Gralien , entre
autres Ant. Augustinus. Son traité
De emendatione Gratiani est né-
cessaire à ceux qui lisent l'ouvrags
dubénédictin. Nousavonsune excel-
lente édition de ce Traité , publiée
par les soins de Baluze. Le Décret
de Gratieu, imprimé à Ma yence ,
in-fol 1/172 , fait une des principales
parties du corps du Droit Canon ,
dont nous avons plusieurs éditions.
Celles de Rome , 1682, 4 ^'ol- iuibl. ,
38
G RAT
et de Lyon, 1671 , 0 vol. in-folio,
sonl recherchées. Ployez les arl ides
de GiBEiiT.n" ï. e^ Pithou, 11° 11. ;
et pour les autres pirties du droit
carton , consultez les articles de
Clément V, Bonif'ace VIlI,Giégoire
XIll, qui travaillèrent à raiiginenler
ou à le perlecliouuer.
* V. GRATIEN ( Guillaume), né
en Piémont , entra dans la cougi^é-
galion de Samt-Lazare , y proiessa
îa théologie et lut élu en 1732 pour
occuper le siège mélropoliiain de
Rouen , vacant par la démission
de M. Charrier de La Roche, aujour-
d'hui évèque de Versailles. A cette
époque, accepter l'épiscopat, c'étoit
se dévouer à la persécution et à la
misère ; il éprouva l'une et l'autre.
Traîné dans les cachots pendant la
terreur , il attendoit en paix le nio-
ineut de monter ù l'échai'aud ; le 9
tlieriiiiùor le sauva. Gratien assista
au premier concilenatioual, s'y mon-
tra tomme un des plus éclairés dé-
feuseiirs des libertés gallicanes et
iiU un des cooi/éraleurs du projet de
paciiicaliou proposé par celle assem-
blée pour terminer les troubles reli-
gieux. Ses principaux écrits sont,
1° Quelques oiu'rages reiatifs au
serment exigé des ecclésiastiques;
2° la Vérilé de la religion chré-
tienne prouvée par les miracles de
Jcsus-Càrist, petit voî. iu-8°, Rouen,
i 7<)5; 3° un écrit sur la continence
des prêtres. Ces ouvrages sont des
traités trè» -abrégés, mais forts de
raisonnemens. C'est dans sa prison
inème qii'il rédigea le dernier contre
un ministre des autels qui nvoil
iibjuré le céliljat. Il est diPTicile de
pousser la ftrmelé , la prudence,
1 abnégation de soi-même , le dé-
.sinléresseinent , la douceur, l'hu-
inanité et la charité aussi loin que
ce vénérable prélat , dont les der-
nières années furent une agonie pro-
Jongée à iacjuellc il suctomlxi en
GRAT
t L GRATIUS-FALISCUS,
poëte latai , contemporain d Ovide ,
auteur d\\n Puëme , plein de dou-
ceur et de grâces, sur la manière de
chasser avec les chiens. Scaliger
préféroit ce poëme à celui de Né-
mésien sur le même sujet. La lin eu
est perdue, et ce qui nous en reste
n'a point été traduit en eulier dan»
noire langue. On a publié. Tan 8,
une traduction élégante de Némé-
sien , à laquelle on a réuni celle de
cinq morceaux épisodiques de Gra-
tins. Les meilleures éditions de ce
dernier poëte sont celles de Leipsick ,
1669, in- 4", •'Jvec les notes du sa-
vant Janus Ulitius de Londres ,
1699, in-8" , cuni notis variorum,
Mittau , 1773 , in-8°. il y en a une
autre d'Elzevir , 1645 , iu-i 2. Ou le
trouve aussi dans les Foctœ latini
/7z//io/'e5deBunnann, Leyde, ivôi,
2 vol. in-4° ; dans le Corpus Poë~
faru/n Ae Maittaire; et dans le Re-
cueil des poêles qui traitent de la
chasse , avec des notes de Gérard
Kempher , Leyde , 17 28 , 111-4°.
IL GRATIUS ( Ortiiinus ) , supé-
rieur d'un collège à Cologne , on il
mourut le 22 mai 1542 , étoit né à
Holvick, diocèse de Munster. On a
de lui, I. Triumphus B. Job., en
vers élcgiaques , et en trois livres ,
Cologne , ir)57 , in-fol. W.' Fasci-
ciilus rerum cxpeicnclarum et fu~
giendarum , Cologne , i535 , in-
folio , réimprimé par les soins d'Ed-
ward Brown , îiOudres , 1 690 , 3
vol. in-fol. C'est un recueil de pièces
concernant le concile de Bàle. Son
attachement à la religion catholique
lui attira l'inimitié de Reuchlin ,
d'iïutten et de- plusieurs autres pro-
fesseurs. CeuN.-ci , pour tourner en
ridicule le langage barbare des théo-
logiens scolasliques , et quelques-
unes de lesirs opinions , lirent im-
primer, en ifnG et i5i7, in-4°, 2
parties, Epistolœ obscurorum vi^
rorum ad dominum magistrum
GRAV
Ortuinum Gratium, réimprhnée»
souvent depuis , eutie au 1res à
Londres, 1710, in-i 2. Léon X con-
damna, le i5 mars i5i7 , ce livre ,
cù la plaisanterie préparoil l?s es-
prits aux nouveautés du luthéra-
nisme. Gratins y opposa /,a//2e/;/(Z-
tiones obscururum virorum non
prohibitœ per sedem apusloticam ,
Cologne, i5i8, in-8°, réimprimées
en 1649. Le vi^ainom de cet écrivain
étoit GraÈs.
t GRATUS , diacre de l'Eglise
catholique dans le 5*^ siècle, vivoit
dans quelque retraite de Provence ,
peu éloignée du célèbre monastère
de Lérins,où ilpraliqnoil de grandes
austérités , et s'appliquoit beattcoup
à la lecture. Croyant avoir des
révélations , il étoit dans cette il-
lusion lorsqu'il composa un petit
Traité , daus lequel il prétendoit
montrer qu'il n'y avoit en Jésus-
Christ , Dieu et homme , qu'une
seule nature , qui étoit In divine ;
d'où il suivoil qu'on ne devoit pas
dire que Dieu Iiil le père de l'homme,
ni la femme mère de Uieu. Cétoit là
proprement l'euticliianisme. Gratus
envoya son écrit à Fauste , alors
abbé de Lérins , depuis évèque de
l\iez, qui hésiia d'abord de répoudre.
Il répondit cependant après un cer-
tain temps , et réfuta fortement les
opinions de Gratus.
t GRAVE (N. marquis de), fit
jouer, en 1701, une tragédie de
T^arron, qui n'eut qu'un foible suc-
cès. Le plan cependant en est assez
sensé et assez neuf; le dialogue en
est naturel , mais la versification est
mauvaise; l'exposition sur-toui fut
appelée avec raison , pour son obs-
curité , un Logogryplie.
t GRAVELOT ( Henri-François
BouKGTiiGNON dit), né à Paris le
26 mars 1699, y mourut le 20
avril 1773 , après avoir été marié
deux fois. Son peu de progrès dans
GRAV
39
les éludes ordinaires lui fit préférer
le crayon. Il accompagna de La Rc-
chalard , nommé gouverneur-général
de Saint-Domingue, et trouva dans
celte île Frezier , qui l'employa à la
levée de la carte du pays. Gravelot
repassa en France en 17 4 5 ,où il s'ap-
pliqua sérieusement an dessin. En-
touré d'un grand nombre d'artistes
célèbres ,et craignant de ne pouvoir
se faire distinguer , il passa à Londres,
où il fut bien accueilli , et où il resta
treize ans. C'est depuis son retour ,
en 1 745 , que sont sortis de son
crayon tous ces beanx dessins qui
ont enrichi nos meilleurs livres, et
dont il choisissoit lui-même les si-
tuations : Corneille, Racine, Vol-
taire, Boccace , l'Ariosle , les Contes
moraux de IMarmonlel , l'Almanach
Icouologique , les qiiaire-vingt-dix
petites ligures pour la loterie de
lEcole Militaire , à chacune des-
quelles il mit un madrigal. Aux
talens de la main , il joignoit les lu-
mières de l'esprit. Il avoit étudié son
art, et l'avoit éclairé de toutes les
counoissances qui pouvoient y avoir
rapport. ( Voyez Anville d'. )
t I. GRAVEROL ( François ) ,
avocat, membre de l'académie des
Ricovrati de Padoue , né à Nimes
en i63.'î, et mort dans cette villa
en 1694, laissa, I. Plusieurs Dis.-
sertations sur diverses médail-
les. II. Le médiocre recueil in-
titulé Surberiana , in-12. III. De
savantes Obserualio/is sur les ar-
réls du parlement de Toulouse ,
recueillis par La Rochellaviu , Tou-
louse , 1720, in-4°. \S'. Notice on
yJbrégé historique de vingt -deux
pilles chefs des diocèses de la pro-
vince de Languedoc , in-folio ; ou-
vrage sujierficiel et inexact. Ce ju-
risconsulte eut une grande réputa-
tion dans son temps, par son érudi-
tion et par la conuoissance des mo-
numens de l'antiquité.
t H. GRAVEROL (Jean), frèra
4o
GRAV
du précédent , d'abord ministre à
I-yon , puis à Londres , mort en
1718 , est auleiir de divers ouvrages
de controverse peu connus, tels que
l'Eglise protestante jiislijiée par
l'Eglise romaine , sur quelques
jjoints de controverses , Genève ,
1682, in-12; Instruction pour /es
nii.otlémit<is , ou pour ceux qui
feignent d'être d'une religion dont
ils ne sont pas , et qui cac/ie::t leurs
véritables sentimens , Auisierdain,
1687, in-12, réimprimée en 1700.
I.e principal est sou Moses vindi-
6fl/«A' , Amsterdam , 1694, in-iJ,
où il défend la narration (ie Moyse
contre le livre d>i B-.iniet, intitulé
Archœologia philosopkica , sive
doctrina antiqua de rerum ori-
ginibus.
* GRAVES ( Richard ) , savant
ih'éolooieii , né en 1715 à Midlelon
au comté de Gloucester, aiort à Cla-
verloii en 1 80) , élève de l'école d'A-
biuglon , ensuite du collège dePem-
brocke à Oxford, fut boursier au
collège de Toutes les Ames , où il
étudia la médecine, qu'il abandonna
ensuite pour la théologie. En 1740
il prit les ordres sacrés ; en 1750
il obtint le recloratdeClavertou j)rès
de t)alh,el fut encore depuis cha-
pelain de milady Chaltam. Graves a
couiposé un Ires-grand nombre d'ou-
vrages. I. Le 1 estoon. C'est un re-
cueil d'épigramincs , in-12. II. Des
Uélanges amusans, en vers et en
prose, sous le nom supposé de Pierre
de Pouafret. III. Le Dom Quixote
spirituel , roman qui tourne les mé-
thodistes en ridicule , 5 volumes.
IV. Col u nielle o\\ r anachorète dé-
sintéressé. V. Un recueil de pièces
sur la politique, intitulé Eitp/iro-
syne. Vï. Eugène o\i anecdotes rie la
Vallée dorée. V H. Les souvenirs de
quelques traits particuliers de la
vie de M. S/ienstone Vlll. plexippe
0» l aspirant plébéien. IX. La
f^ie de Commode, traduite du grec
GRAV
d'Hérodien. X. lliéron ou la Cun~
dition de la royauté, d "a près Xé-
nophon. XI. Les Rêveries de la
solitude. XII. La Coalition ou ré-
pétition de la pastorale d'Echo et
Narcisse. XllI. Sermons sur diffé-
rens sujets. XIV. Le Fils du fer-
mier, contre-partie de la fille du
fermier de M. Ansley. XV. L'in-
valide , avec les moyens de pro-
longer la vie. XVI. De la vieil~
lesse.
t GRAVES ANDE ( Guillaume-
Jacques de S' ) , mathématicien cé-
lèbre , né à Bois-Ie-Duc le 27 sep-
tembre 168S, se Ht un grand nom
dans un âge peu avancé, par ses
heureuses dispositions pour les
sciences. A dix -huit ans il avoit
commencé sou Essai de perspec-
tive. Associé en 1713 au .Touî/ial
Littéraire , il remplit cet ouvrage
d'extraits et de dissertations qui le
firent rechercher. 11 passa deux ans
après en Angleterre , en qualité de
secrétaire d'ambassade ; il y vit
Newton, s'en fil aimer et estimer,
et obtint une place dans la société
royale de Londres. De retour en
Hollande , il accepta une chaire
de professeur en astronomie et en
mathématiques qu'on lui offrit à
Leyde. La physique étoit alors assez
mal enseignée dans cette académie.
S Gravesande ouvrit un cours com-
plet de physique expérimentale , et
le reinj)lit avec la plus grande dis-
tinction. Le landgrave de Hesse
l'ayant appelé en 1721 à Casse!,
pour porter son jugeineut sur la fa-
meuse machine du Saxon Orifyrcus,
qui préteudoil avoir trouvé le mou-
vement perpétuel , il l'admira.
I\Iais ne pouvant rien décider, parce
que l'artiste en cachoit l'intérieur,
il engagea le prince à la faire dé-
placer, pour voir si elle u'nvoit au-
cune communication ftvcc quelque
mobile extérieur. Orffyi eus , homme
bizarre, ne voulut donner cette
GPtAY
satisfaction ni an prince ni an
mathématicien; il aima mieux met-
tre sa machine en pièces, et se piivi:
par ce caprice d'une l'ortnne consi-
dérable. S Gravesande , de relour
en Hollande, Iht nommé profes-
seur de philosophie à Leyde en
1734 , et mourut à Paris le 28 fé-
vrier 17.43. Sts principales produc-
tions sont , I. lassai sur la pers-
peclive , pent-ètre le meilleur qni
ait paru sur cette matière, avec un
Traité de l'usage de la chamhK
o/wriz/e pour le dessin. 11. P/iy.sives
elemciilis mat/iernalica , expéri-
menta co/ijirmata , sive Introdiic-
tio ad philusop/uam neivtaiiia-
nam ; ouvrage excellent , composé
eu partie dans les barques publi-
c]\ies , sans que le bruit et le babil
clés voyageurs pussent le tirer de
ses profondes méditations , et le dis-
traire des calculs les plus compli-
qués. Jean-Nicolas-Sébaslien Alla-
mand de Lausanne, digne disciple
d'un tel maitre, savant professeur
de Lt^yde , en a donné mie bonne
édition eu 174-2 > 2 vol. in-q°. Eloi
de Joncourt , pasteur et professeur
à Bois-le-Duc, l'a traduit en fran-
çais, Leyde, 174''» f'i 2 vol. in-8°.
Quoique zélé ueAvtouien , S'Grave-
sanùe y donne de sages avis tou-
chant le peu de soUdilé des opéra-
lions algébriques , fondées souvent
sur des supposlions gratuites, et
les erreurs où l'on peut tomber en
s'appnyant sur des calcids dirigés
par l'opinion même qu'ils doivent
établir. III. Tdat/teseos universalis
elemejita^ Leyde, ini , in -8°.
C'est un cours d'algèbre à l'usage
de ceux qni fréquentent les collèges.
Tout abrégé qu'est cet ouvrage, il
\c fit placer an rang des premiers
maihématiLiens de l'Europe. W.
F/iilosophice Newlonianœ Insli-
tu lianes, 1744 > in-8° , dans les-
quelles l'auteur abrégea ses Élé-
inens de physique. V. Inlroduclio
ad philosophiam , inetaphjsicam ,
GUAV
4r
et logicam continens. Cet ouvrage
fut si goîité, qu'on l'imprima aussitôt
à Venise, avec la j)eriiiission des
réformateurs des études de P.idoue.
Il fut aussi traduit en français ,
1757 , in-12. Ses ^Ituf'res pliiloso-
pkiques et mathématiques ont été
publiées par Allama-.id , Amsterdam,
1774 . 2 \ol. in-^°.
t GRAVESON (Ignace-Hyacin-
the-Amal de ), jacobin , flocieur de
Sorbonne , né à Graveson , village
près d'Avignon , appelé à Rome par
son aéni.'ral , lut un des théoiopjens
du concile de cette ville ; mais l'air
de Rome lui étant contraire , il se
retira à Arles où il mourut en 1763 ,
à 63 ans. Ses ouvrages écrits en latin,
et pidjliésà Veiiiseen 1740, en 7 vol.
in-^", renferment, I.,Uue Histoire
de l'aniien Testament , et une His-
toire ecclésiastique jusqu'en 1700,
assez peu lues l'une et l'autre, et
dans lesquelles dominent les idées
uUramontaiues. l-a dernière a néan-
moins été réimprimée séparément
à Augsbourg en 17.ti , 2 tom. in-
fol. II. Un J'raité de la vie et des
mjstèj-es de J. C. III. Une mauvaise
Histoire du. brave CriUon , Rome ,
1724, in-12. IV^. Plusiturs Opus-
cules sur la grâce efficace et la
prédestination , ainsi qu'un Traité
de l'Ecriture sainte, imprime à
Rome en J7i.'i, in-4''.
1 1. GRAVILLE ( Anne Mai.let
de ) , nUe d'un amiral de France
sous Louis XI , Charles VIII et
Louis XII , épouse de Pierre ds Bal-
zac, seigneur d'Enlragues , morte
dans le i G* siècle , cul li voit la poésie
avec distinction. Elle avoit pris pour
sa devise : F'a, 11 en dis mot ; on
cite même d'ells un p;is?age où elle
recomn-.aude fort la discrétion. Le
marquis de Paulniy possédoit dans
sa l)ibiiot]ièque un manuscrit de ses
(Euvres , dont ou trouve une notice
dans les iMélanges tirés dune grande
Bibliothèque , lom. G.
42 GRAV
t II. GRAVILLE ( Barthélemi-
Claude Graillaf.d de ) , Parisien ,
mort en 1764, à 07 ans, écrivain
subalterne , donna diverses bro-
chures , enlre aulres VJmi des
Filles, 1761 , in- 12 ;et fe Génie de
la Uliérature italienne , 1760,
in-12 , ouvrage périodique qui n'eut
ni suite ni succès.
t I. GRAVINA ( Pierre ) , poète
italien de Gravina , ville du royaume
de Nazies , mort en i528 , à 75 ans.
Dans ses Poésies , in-4° , imprimées
à Naples en i532 , on trouve de la
douceur , de la délicatesse dans le
style et de la finesse dans les pensées.
t IL GRAVINA { Dominique ) ,
dominicain, parvint aux premières
charges de son ordre, et mourut à
fîome le 26 aoiit l[^/^'5 , à 70 ans.
On a de lui , I. Stato délia reli-
giorie di San Vomenico , Rome ,
1604, in- 12. II. De Catholicis
p?'œscriptionibus , Naples, 1719-
1739 , en 7 vol. iu-fol. , et d'autres
ouvrages de théologie estimés. On
a encore de cet écrivain un Jhrègé
en vers latins de la Somme ihéolo-
gique de saint Thomas , qui parut à
Naples en 1625 , iu-i 2.
t III. GRAVINA (Jean-Vincent),
né en 1664 à Roggiano dans la Ca-
labre ultérieure , ht éclater de bonne
heure son zèle pour le rétablisse-
ment des bonnes éludes et de la
saine morale. Plusieurs savans en-
trèrent dans ses vues. Sa maison éloit
le lieu des assemljîées ( uoyez Mé-
tastase ), d'abord secrètes , mais
que le nombre des associés, qui gros-
sissoil tous les jours, ne permit bien-
tôt plus de tenir cachées. De là na-
quit à Rome la sociélé des Arcades ,
à laquelle Gravina donna des lois
promulguées le i'^'^ juin 1716. Celle
même année parut la 2'' ('dilion de
ses Opuscules , dont le quatrième
roule sur le mépris de la mort. Il
les publia pour la première l'ois à
GRA7
Rome en i696,in-i2. Innocent Xl[
lui donna une chaire de droit trois
ans après; et le premier abus qu'il
corrigea fut V argumentation sco-
lastique. Le premier des ouvrages
que publia Gravma est un in-4" ,
imprimé à Naples, 1691 , sous la ru-
brique de Cologne; il est intitulé
llydra mjstica , sive de corruptd
doctrinâ dialogus , et parut sous I9
nom pseudonyme de Priscus Censo-
rinus Photisticus. Cet illustre sa-
vant mourut à Rome le 6 janvier
1718, avec la réputation d'un poète '
et d'un orateur médiocre, mais d'un
excellent littérateur. Son humeur
emportée et satirique lui fit beaucoup
d'ennemis ; ils tachèrent en vain de
déprimer ses écrits, surtout les sui-
vans : I. Origines juris , libri très ;
l'ouvrage le plus savant qui ait paru
sur cette matière , Leipsick, 1717 ,
in-4°; Venise , 1758 , in-4° , mais la
meilleure édition est celle de Leip-
sick, 1707, in-4°. Requier a traduit
cet ouvrage en français sous le titre
d'Esprit des lois romaines , Paris ,
1766 , 5 vol. in-] 2, II. De Romano
imperio liber singutaris. L'auteur
le dédia au peuple romain. Quoique
ce Irai té fourmille d'erreurs, il prouve
son profond savoir dans ranliquité
grecque et romaine. 111. Delhi ra-
gione poetica , en 2 livres , semés
d'une critique fine , et d'une grande
connois&ance delà poétique. Requier
les a traduits eu français , à Paris ,
1755, ea deux petits volumes in-12,
sous ce titre : Raison ou Idée de la
poésie. IV. Instil.utiones canonicœ,
ouvrage posthume, imprimé à Tu-
rin en 1742, in-8°. V. Cinq tra-
gédies , Palamède , Andromède ,
Jppius Claudius, Papinien , Ser-
vius Tullius , faites sur le modèle
de celles des Grecs , Venise , 1 740 >
m - 8°. VI. Discours sur les l'a-
bles anciennes , et un autre sur la
Tragédie... On a une bonne étlilinii
des (Entres de Gravina à Leijv.ick,
eu 1707, 111-4° > «J^cc les notes de
GRAV
Masco vins. On a publié s.i Vie à
Rome, eu 1762 , sous ce tilre: De
l'ilâ et scriptis Vincentii Graviiiœ
commenlarius. Serrey , prêtre liic-
rouymile, auteur de cet ouvrage, l'a
rendu doublement intéressant , par
]a pureté du style et par les détails
historiques.
* IV. GRAVINA ( Joseph-Marie),
de Païenne , né eu 1 702 , entré dans
la compagnie de Jésus en 1716 ^
un des esprits les plus cultivés et
les plus élevés de son temps , lit
beaucoup d'honneur à sa société par
son savoir. Il professa la théologie ,
et à la suppression de son ordre il se
retira à Modène, où il mourut pres-
que octogénaire , vers 1780. On a
de lui , I. Coiiclusiones theolog/cœ
crltico-ctkicœ de iisu et abusu opi-
nionis probabilis , Pauormi , 17.52.
II. Tratteiiimenti apologetlci sul
probabllismo , Palerme , 17,55 , 3
vol. in-4°, avec une dédicace au car-
dinal Jean-François Albani. m. Con-
cliisiones polemicœ de quinqueJan-
senianoritm eiroribits in /tœreses
vergentibus , Panormi, 1755. IV.
Jesulta rite edoctus piis exercita-
tionibus S. P. Ignalii de Loyola,
Panormi, 1746. \.De electorum
hamimnn numéro respecta honù-
imrn reproborum, Panormi, 1764.
1. GRAVIUS ( Henri), ou plutôt
' Vermolanus, prit le nom de Gra-
vius, parce qu'il éloit de Grave.
Gravius, savant dans les langues,
enseigna la théologie , fut prieur des
Dominicains à Niaiègne , et mourut
dans sa pairie le 20 octobre i552.
Nous avons de lui , I. Annotatioiies
in B. Cjprianuni , Cologue, 1544-
Jacques Pamélius s'est servi de ces
noies pour son étlilion de Saint Oy-
prien. II. Scholia et an/iotatio/tes
in Ilieronyml epiblolas , Anvers
i5G8 , et Cologne , 1618. Elles sont
plus pr0|)res à faire remarquer les
beaiités <lu siyle de saint Jérôme
qu'à servir d'explication. 111. Une
GRAU
/i
Edition des (Euvres de saint Jean
Daniascène , Cologne, i56o, confé-
rées avecplusieiusexemplaires grecs.
IV. Une Edition des ûïuvres de
saint Paulin , corrigée , Cologne ,
i55o, in-S°. P\¥ez le PèreEihard,
tom. II.
t II. GRAVIUS ( Henri ) , natif
de Louvaiu,iils d'un imprimeur,
enseigna la théologie avec beaucoup
de réputation pendant vingt ans. 11
fut appelé à Rome par le pape Sixte-
Quint pour soigner l'édition de la
Vulgale. Grégoire XIV l'admit à sa
cour ; les cardinaux CarafFa , Borro-
mée (Colonne, et sur-tout Baronius,
l'honorèrent d'une affection toute
particulière. Il mourut à Rome eu
1591 , cinq mois après sou arrivée,
à .55 ans. Les notes du septième
tome des (Euvres de saint Augustin,
Anvers, 1678, sont de Gravius.
m. GRAVIUS. Voy. Greaves.
I. GRAUNT( Edouard), écrivain
anglais, maître de l'école de 'West-
minter, mort l'an 1601 , a donné,
I. Grœcœ linguœspicilegiuni, 1675,
in-ij°. II. Institulio grœcœ gram-
maticœ. Ces ouvrages furent esti-
més deins leur temps.
II. GRAUNT ( Jean ) , d'abord
quincaillier , renonça au commerce ,
devint membre de la société royale
de Londres , et se ht un nom'
par son ouvrage intitulé Obserua-
tions naturelles et politiques sur
les Bilh de mortalité. Il embrassa
la religion catlîolique-romaiue sur
la lin de sa vie, après avoir été pu-
ritain et socinieu. Il mourut en
1 674, à 54 ans.
* GRAU V>^ (Henri ), né à
Ilooru dans le nord de la Hollande
vers 1681, d'une famille riche,
qui crut devoir suivre -son incli-
nation, et lui donna pour maîtres
Greber et Vau Kampen , peintres
habiles. Grauw débula avec succès
44
G RAY
par quatre grands tableaux que le
]iriuce Maurice de Nassau lui coui-
ni.mcîa pour la coupole de la maison
cl 1 Rois près La H;iye. Les applau-
disseineus que cet artiste en recul
et d autres ouvrages qu'on s'empres-
£oit de lui donner ne purent cepen-
dant l'arrêter; il vouloit se perfcc-
lioiiner en Italie. Il y dessiîia beau-
( oup iTapre* l'antique , copia les ])lus
1) aux tableaux, et parvint ainsi à
Jéforrner Ja manière de son pays.
Uu jour que Le Pous'.in avoit pris
plaisir à le voir travailler, i! lui dit
« qu'il n'avoit pas encore vu d?
paiutre hollandais promettre au-
tant. » Grauw, de retour dans son
l'ays , travailla alteniativenieut à
Amsterdam , à Utrecht, et vint se
fixer à Alcmaer , où il mourut en
]68i. Sa manière de composer est
grande , noble et sage dans l'ordon-
ïiance ; ses draperies jelees large-
ment ; les nus d'un beau choix
et son coloris très-beau.
GRAWER ( Albert ) , llicologien
lulliérien né à Mesecow , village de
la iMaiclie de Brandebourg, en i575,
s'acquit une grande re'pulalion dans
son parti par ses écrits contre les so-
ciniens , contre l'Eglise romaine et
contre les calvinistes. Sou style étoit
tres-emporlé. On a de lui , 1. Ah-
i>urda nbsurilorum absurdissima
cahdiiistica , lène, 1612, in-4°. 11.
Anti - Lubinus de naturâ mali ,
Rîagdeboiirg , 1G06 , in-4° Ce livre
est contre Eilliars^Lul»m. III. Bel/urn
('ah'trii et Jesu-('hristi\, ibid. 1600,
in-4°. Grawf^r mourut en 1617, sur-
intendant des églises du pays de
Weiniar.
V \. GR\Y ou Ghey ( Jeanne ) ,
]vMile-Hlle de Marie, scmr de H''uri
VIII , épouse de Gillorl , fils de J.-an
D'idley , duc de Nurlhumberland.
Marie étant restée veuve de Loui;:
XU , roi de France , et n'en ayant
point eu d'enf'ans ,^avoii épousé
lirandoUj duc de Suffoick , père de
GRAY
Jeanne. Le duc de Northnmberland
ayant succédé à la laveMr du duc de
Sommersel auprès d'Edouard VI ,
craignit que ce prince ne succombai
en [leu de temps à la foiblevse de sa
coiuplexion. Il ne trouva d'autre
moyeu de maintenir son autorité
que d'éloigner du trône les princesses
Marie et Elizabelh,et de taire pro-
clamer reine Jeanne sa bru , prin-
cesse éclairée, aiuiable et vertueuse.
Edouard VI, zélé protestant, se prêta
aux vues de son niiuisire, dérogeai
Tordre de succession étalili par Hen-
ri VIll , et désigna pour Un succé-
der les filles de Henri Gray , dont
Jeanne étoit lamée. Cette princesse
tut proclamée à Londres : mais le
parti et le droit de Marie remportè-
rent. En vain Jeanne se dépouilla de
la dignité qu'on lui avoit donnée et
qu'elle ne garda quencuf jours: Marie
enferma celte dangereuse rivale dans
la tour de Londres, avec ElizabctK
qui régna depuis. On lui fit son pro-
cès ; et le beau-pere et lépoux de
cette infortunée eurent la tèie tran-
cliée avec elle eu i5.'i4- Son mari
avoit obtenu de lui dire le dernier
adieu ; mais elle s'y refusa, dans la
crainte de lémoigner delà foiblesse.
Cliarun ])laignil le sort de Jeanne,
qui, malgré son innocence, périssoit,
à 17 ans, victime de l'ambition do
son beau-père. C'étoit la troisième
reine qui péiissoit en Angleterre
du dernier supplice. Cette prin-
cesse étoit savante , et se plaisoit à
lire Platou. La langue grecque lui
étoit si familière , que la veille de sa
mort elle écrivit à sa sœur , la com-
tesse de Pembrock, une ie/Z/f en grec,
dont la traduction se trouve dans
l'Histoire d'Augleterre de Larrey.
t IL GRAY ( Catherine) , sœur
de'la précédente , mariée au comte
de Pembrock, qui, n'ayant pu vivre
a\ec elle , s'en tit séparer par un-
acte judiciaire. E'ie épousa ensuite
le comte de Hanforl , qui alla
GRAY
voyager en Fram;;? , et la laissa
tueeiute. La reine i\laiie, iiiforuiée
de ce mariage clautleslin , punil Ca-
tlieriiie par la prison ; le couile à son
retour subit la même peine, et le ma-
riage fiildeLlaré nul par sentence de
rarchevêqiiedeCantorbéry. Leconile
b'irrilanl contre les obstacles trouva
moyen de voir celle qu'il regnrdoil ,
malgré le jugement , comme son
épouse: Catherine offrit bientôt des
preuves certaines de leur intelli-
gence. Le comte fut poursuivi alors
par la reine. On l'accusoit de
trois crimes capitaux , i" D'avoir
violé la prison; a° d'avoir corrompu
uiieiu'inccsse du sang royal ; 5° d'a-
voir eu commerce avec une femme
dont il étoit séparé par L.s lois ; et
pour cbacun de ces crimes , il fut
co.idamué à une amende de cinq
mille livres sterling, et obligé d'a-
bandonner Catherine par acte au-
thentique, il Ht enfin ce sacrifice
après avoir essuyé une longue déieu-
licn, durant laciuelle il tenta en vain
de taire révoi^uer cet arrel. Cathe-
rine mourut eu 1662 dans sa prison.
t IIL GRAY ( Thomas ) , né à
Coruhill le 26 décembre 1716 , dis-
tingué parmi les poêles de sa nation,
a cultivé particulièrement les genres
de l'ode et de l'élégie; il s'essaya aussi
dans le genre didactique et a laissé
des fragnieus estimables d'un Foc/ne
sur le gouvernement el l'éducation.
Il a e;icore déployé un talent peu
commun pour la poésie latine. Ayant
reçu sa première éducation littéraire
àEion, il s'y lia avec Horace Wal-
pole, qui le prit pour sou compagnon
de voyage en France el en Italie :
mais ils se séparèrent à Florence.
Deux mois après son retour en An-
gleterre , il perdit son père qui le
laissa sans fortune. Gray se livra à
Cambridge à l'étude des lois , el il
y fut bientôt reçu bachelier. Sans
aimer ni Catrbridge, nises liabitans,
Uy fixa depuis presqu'invioiablemeul
GRAZ 45
sa résidence, et tu 1768 il y fui
nommé à une chaire d'histoire mo-
derne, qu'il avoit sollicitée sans suc-
cès quelques années auparavant.
U'nne sanlé délicate, il a voit lait en
176.') un voyage en Ecosse pour lafor-
lilier : il en fit unaiiireà Weslmor-
laiid et à Cuinberland en J769* Les
lettres où il rend compte de ses difFé-
rens voyages se font lire avec intérêt
el plaisir. 11 e.»;! mort le .no juilhl
1771. Gray, doué d'un goût exquis
pour les tableaux, l'architeclnre et
les jardins, possédoit une cruditiou
également vatte , élégante et pro-
fonde. Sou caractère , sans être
exempt de quelque afiectation , éloit
estimable. Parmi tes poésies ou dis-
lingue le Barde, \ Hymen à l'ad-
l'ersité et le Cimetière de campagne,
dont plusieurs poètes ont donné des
imitations en vers. On doit encore à
Gray des lettres imprimées avec ses
poésies et la vie de l'auteur, à Yorck,
4 vol. in-8°, 1 778.
GÎIAZIANI. /--. Gratiaxi , n" 1.
*GRAZI0L1 (Pierrre), lU
Bologne , né en 1700 , prit à i 9 ans
rhai)it des clercs réguliers de Saint-
Paul , dits burnabites , et étudia
la théologie et la philosophie avec
succès, et professa pendant d^ux
ans au collège de Lodi. Comme il
éloil tres-versé dans les humanités ,
il fut fait professeur de rhétorique a
l'université de Milan, où il enseigna
l'espace de J2 ans. Ou lui donna la
prévôté de Saint-Paul à Bologne, el
il gouverna ce collège jusqu'à l'épo-
que où Benoit XIV le fit recteur ri.i
séminaire de Bologne, on il mourut
en 1753. On a de lui : De prœc/aris
Tiîeilionali œdi/iciis , quce yi.no-
barbi cladem antecesseiunt ; Dis-
serinlio cuni duplici ajipendice ,
altéra de sculpturis cjus-lem urbis,
in quû nonnulla usque hac inedila
monunienla proj'erunttir : altéra de
carcere Zebediu , ubi nunc primui/r
S. ALcxandri Thtbeitnartyrisactu
46 GRAZ
illustrantii?- i Accessit rhythmus de
Jifedlulaiio jam eclltus ^ ab eodein
pcro emendatiis , et notis auctus;
Traltatu di puesia , etc.; F'iia dl
Carlo Giuseppe Fedell , professa
barnahita; Vita del padre Ales-
sandro Saidi ,• Eloquentlœ prœ-
liidia , S. yJIexandcr e tkeband
legioiiQ martyr , Bergomefisium
iiilur secundis curis illustratus
l-'rœstantiu/n virorum , qui in con-
grcgatione S. Pauli , vulgo harna-
bitciruni memoriâ iioslrâ florue-
riinl.
* I. GRAZZINI (Jules-César), cha-
noine de Ferrare, secrétaire de l'aca-
démie des intrépides , distingué par
sou goût pour la poésie , resta long-
temps à Rome, et fréquenta l'acadé-
mie du cardinal Pierre Otloboni ,
grand littérateur et protecteur des
hommes de lettres. Sa Traduction
eu vers de l'Art poétique d'Horace,
généralement estimée , fut pul^liée la
première fois à Ferrare, 1698,61
eut ensuite beaucoup d'éditions. Ou
a encore de lui Corona poetica,etc.,
in- onore delV immacolata conce-
zione, Rome, 1712. Il mourut vers
1700.
i-II. GRAZZINI (Antoine-Franc.)
poète italien , .surnommé // Lasca
mi en i.'iooà Florence, où il mou-
rut octogénaire en i.'îS.T, fut un des
fondateurs de l'académie de la Crus-
r.a. Il laissa six Comédies , Venise ,
j5<S2, in-8°; des Stances et des
Poésies diverses , à Florence , 2 vol.
in-8°, qui ont quelque agrément ; la
Guerra de' Mostri ,poëma giocoso,
ibid. , 1 .^84 , in-4"- L"ouvrar,e qui a
ïe plus fait de réputation au Lasca est
ini recueil de Nouvelles ou de Con-
f.s , imprimé à Florence en i b^c\ , à
Paris en 17B6, in-8°, et in-4'' sous
le titre de Londres; et traduits en
français par Le Fèvre de Ville-
brune, en J 776 , 2 vol. in-8''. Le
traducteur prétend avoir inséré les
neuf histoires qui manquoienl dans
GilËA
la Iroisiàme soirée , d'après une an-
cienne liaducliou l'rançaise manus-
crite. Le Lasca est regardé en Italie
comme un digne éimde de Boccace,
dont il a l'élégance et la pureté , sans
en avoir la gaieté et la naïvelé. H
conte avec esprit, et il est mis pour
la diction au rang des auteurs clas-
siques. Parmi ses Nouvelles , il y eu
a de très-tragiques, dans lesquelles il
a l'art d'intéres&er. Le Lasca a été
l'éditeur du deuxième livr« de Berni
à Florence, i555 , iu-8° : L>e tutti
trionji , carri , mascherite 0 canti
carnascialeschi del tempo di Lo-
renzo de 3Jedici, à queslo anno
j559 , in- 8°. Cet ouvrage réim-
pruué , CosmopoJi ( nom imaginaire
pour le véritable lieu de l'impres-
sion ) , 1761), eu 2 vol. in-8°, u'est
pas reclierché.
* GRÉARD (Guillaume), sieur
DU MoNTiER , né eu 1641 , dans la
paroisse de Frév.ille, à deux, lieues
de Valogne , acheva ses études à Pa-
ris. Etant encore fort )eune, il com-
posa une Dissertation sur la comète
de iGG.T; et par ce premier essai il
s'attira l'estime et l'amitié de plu-
sieurs savaus. Il alla ensuite à Rome,
où il remplit la place de secrétaire
auprès de plusieurs cardinaux , et
en reçut des marques de bienveil-
lance , sur-toul du cardmal des Ur-
sins. Pendant son séjour à Rome il
donna quelques écrits en prose et eu
vers ; un entre autres sur les Vêpres
siciliennes. De retour à Pans, il fut
employé dans différentes affaires ,
qui lu! firent honneur. Sur la fin
de ses jours, il se relirait Fréville,
où il mourut eu i7.'')o. Il avoit com-
posé des Mémoires de sa vie , qui se
sont égarés entre les u)ains de ceux
à qui il les avoit donnés.
t GRÉATERICK ou Gheate-
raojk: ( Valenliu ) , imposteur irlan-
dais, issu d'une assez bom\e maison ,
qui fil beaucoup de bruit eu Au-
GREA
gletferre an 17^ siècle, principale-
jiieul en 1G64 et ]663. Gréalerick
a voit été lieutenant d'une compa-
gnie pendant la guerre d'Irlande ,
et avoit exerce ensuite f|uelques
cliarges dans le comté de Corck. Il
avoit une grande apparence de sim-
plicité dans ses mœurs, et croyoit
avoir le don de guérir les écroucUes ;
dans cette persuasion , il loucha
plusieurs malades qu'il prétendoit
guérir. Trois ans après , il crut, ou
Aoulut l'aire croire qu'il guérissoit
facilement une lièvre épidémique
qui euievoit beaucouj) de montle en
Irlande. Tout le peuple courut à lui ,
el il en imposa à la muUilude. A
mesure que sa réputation augmen-
loit, il se vantoit que son pouvoir
augmentoit aussi. Il poussa la folie
jusqu'à prétendre qu'il n'y avoit au-
cune maladie dont il ne pût guérir
par son seul attouchement. Ce char-
latan allribuoit toutes les maladies
aux esprits. Les infirmités étoient
pour lui des possessions démonia-
ques. A proportion qu'il s'avançoit
daivs les provinces de la Grande-
Bretagne , les magistrats des villes
et des bourgs voisins le prioient de
pass>^r chez eux. Le roi lui Ht or-
donner de se rendre à Whilehall,
où la cour ne lut pas trop persuadée
de son don des nnracles. Ce fou ,
n'ayant point réussi à la cour , parut
à la ville, et y fut plus goûté. On le
\oyoit tous les jours à Londres , en-
touré d'un nombre incroyable de
personnes de toute condition , de
tout sexe et de tout âge, qui lui de-
mandoient le rélablissement de leur
santé. Cependant il ne put pas per-
suader les philosophes. On écrivit
contre lui avec force; mais il eut
aussi ses défenseurs , même parmi
les médecins. Il publia lui-même une
Lettre adressée an célèbre Coylp ,
dans laquelle il fait une histoire
abrégée de sa vie. Il joignit à cet
écrit un très-grand nombre de certi-
ficats signés par des théologiens , qui
GREA
47
allesloient la réalité des cures qu'il
avoit faites. Malgré ces attestations,
sa réputation ne se soutint guère
plus long-temps en Angleterre que
celle de Jacques Aymar en France.
Il se trouva eniin qu'il n'éloit rede-
vable de tant de guérisons préten-
dues miraculeuses qu'à la crédulité
du public. Ou remarqua même qu'il
louchoit les femmes avec plus d'at-
tention que les hommes , et il fut
obligé de disparoitre. Voy. la Vie
de saint Evremout, par des Mai-
seaux; Je lom. n des (Euvres du
même saint Ev remont, dans la pièce
intitulée Le Prophète irlandais ;
pièce que l'on trouve encore dans
V Esprit de cet auteur , publié en
1761, in- 1 2 , par de Leyre ,
t GREAVES (Jean ), Gravats ,
né à Colmore , dans le comté de
Hunt en Angleterre, fit de grands
progrès dans l'étude de la philoso-
phie , des mathématiques, et sur-
tout des langues orientales. Son mé-
rite lui procura une chaire de géo-
métrie dans le collège fondé par
Greshaiîi. L'avidité de tout savoir
par lui-même lui fit entre-pren-
dre plusieurs voyages en Italie, en
Turquie et en Egypte. Il fit un
assez long séjour à Couslautinople,
à Rhodes et a Alexandrie. Il mesura
les fameuses pyramides d'Egypte ,
et en rendit compte. Il repassa
en Angleterre l'an 1640, avec une
abondante moisson de manuscrits,
de pierres gravées , de médailles
et de monnoies. On le choisit alors
pour proiesibsur d'astronomie à
Oxford; mai» son attachement à la
famille royale le lit chasser de fu-
niversilé par les parlementaires.
Greaves , relire à Londres , y tra-
vailla sans relâche jusqu'à sa inorl ,
arrivée en i652, à 5o ans. Parmi
les savans ouvrages dont il enrichit
la république des lettres , on distin-
gue , I, Elerne/ita lingi/œ persicœ ,
Londres, 1649, in-^". II. De Cy~
48
GRJLB
c/is Jrabiim et Persarum astro-
nornJcis, 164X, in-4° l'ï- Epochœ
celebriores Ultig-Bei , 16S0, 'n\-i'\ .
IV. jlstronornia Scha/i - Cholgii
Fersœ , i653 , \n-/\°. V. Une excel-
leiile Description des pyramides
d'Fgypte , eu anglais , lu-S", tra-
duiie eu français parThévenot , qui
l'inséra dans le premier recueil de
ses voyages, in-fol. VI. Traité de
la manière de faire éclore les pou-
lets dans les foins , selon la mé-
l/tode des Lgyptlens. VU. Uu savanl
JJiscours sur le pied el le denier
romain , pour servir de principe
aux mesures et aux. poids des an-
ciens , en anglais, in-8°. Vlll.
Une Dissertation 1res - curieuse
du Sérail de Rob - Tf il/iers, en
anglais , iu-8°. On a donné le re-
cueil de ses œuvres, Londres, 1 787,
i" vol. iu-8".
GRÉBAN ( Aruoul et Simon ) ,
poêles français du 15" siècle, tous
deux nés à Couipiègne; le premier ,
chanoine du iMaus ; le second, doc-
teur en théologie , et secrétaire de
Charles d'Anjou, comte du Maine,
sous le roi Charles Vil, ont com-
posé, vers 1450, le Mystère des
Actes des ylpôtres à personnages ,
dont il y a à Paria deux éditions
différeiues pour les c4iangemens; la
première, de 155? ou i54o, la
seconde , de i54i , in-fol,
* GREBBER ( Pierre ) , né à Har-
lem vers 1600, peignoit bien l'his-
toire et le portrait. On voit à Har-
lem pluKieurs de ses tableaux. La
galerie de Dresde possède de lui un
beau buste de femme. Ce peintre a
eu beaucoup d'élèves qui ont fait
honneur à son école. Sa sœur, Marie
GnEBiir.R,avoilune grande inlelli-
gtnce àcïarc/iiiec/urc el de la pers-
pective.
* GREBNËR f David ) , médecin,
né à Breslaw en 1 6.'J5, commença son
«?unrs de médecine à Konigsberg , eu
GREC
1674 , et lecoHlinua jusqu'en 1679 ;
bientôt le vif désir de multiplier bcs
connoissances par les voyages, de
conuoitre et de se lier d'amitié avec
les hommes les plus instruits de ce
temps , le fit sortir de celle ville et
passer dans les Pays-Bas , el par-
courir successivement l'Angle 1er réel
ritîdie. 11 s'arrêta à Padoue où il
prit le bonnet de docteur. A son re-
tour en Allemagne, il pralupia son
art avec distinction à Frausladt.
L'empereur Léopold l'auoblit , et
ha accorda le titre de médecin de sa
cour. Grebner mourut dans sa ville
natale le 21 janvier 1707, avec la
réputation d'un savanl modeste , et
d'un homme de lettres ires-inslruit.
On a de lui , l. Tractaius de expe-
rientiâ. IL Medicina pelas restitu-
ta , sive paragraphe liyppocratico-
galenicain T /leodnri Craanen trac-
tatumphysico-medicum de homine,
Lipsiae , 169.5, in-4°. IIL Diariunt
meteorologicum Uratislaviense ,
Uratislavias, 1700, iu-4°,avec l'ex-
position des maladies qui régnèrent
de son temps à oreslaw. IV. Trcc-
latuN philulogico-physico Medici
septe/n , Lipsiae, 1714 , in-4°. C'est
un recueil de la plupart des traités
de sa façou , dans lequel celui de
e.xperientiâfi&\. sans doute compris.
t GRÉCINUS ( Julius), sénateur
romain, né à Fréjus, vivoil sons
l'empereur Caïus Caligula : il cul-
tiva les belles-lettres avec succès , et
fut un des hommes les plus éloquens
de sou temps. Sénèque le philosophe
n'en parle qu'avecadmiration. Il s'ap-
pliqiia beaucoup à la j)hilosophie, et
il paroit , p;u- Cohimelle, qu'il avoit
écrit ,S7//- l'agriculture et les vignes.
On lui accorda une place dans k
sénat , et il la remplit avec beaucoup
d'honneur. F.nnemi du vice, il en
fuyoil jusqu'à l'ombre. Caligula vou-
lut l'obliger à accuser Marcus Si!a-
nus, quoiqu'il fût innocent; Gré-
ciuus s'y refusa , el l'empersur,
GREC
irrité, Ivii lit ôler la vie vers l'an
/i9 de iio'.re ère vulgaire.
•; GRÉCOURT (Jean-Baptiste-
Joseph \ ILLART de), chanoine de
l'église cie Saint-Marlin de Tours,
naquit d'une bonne famille , dans
cette ville vers ï6S7> , et débuta dans
le inonde par quelques Sermons ,
jilus satiriques que moraux, il en
])rèchaun plein d'allnsions malignes
sur la plupart des dames de Tours ;
mais il abandonna bientôt cet état,
qui demandoit un liomme plus
grave et plus exemplaire. Etant
venu de bonne heure à Paris, il y
connut le maréchal d'Estrées, qui
le mena avec lui aux états de Bre- 1
tagne. Il passa une partie de sa vie
à l'aire des vers , et à se divertir au
château de Véret , qu'il appeloit son
Paradis terrestre. Sa frivolité, son
goùl pour les plaisirs , sou irnagi-
nalion sans frein, le rendoieut in-
capable de toute étude sérieuse et
suivie. Il fit des Contes et des Epi-
grammes , qu il lisoit dans la so-
ciété , de façon à séduire les juges
les plus sévères. 1/abbé de Gré-
court éloit un dei meilleurs lec-
teurs de son temps; ses Poésies
perdoient leur prix dans toute autre
bouche. Ce talent, son enjouement
et ses saillies le faisoient rechercher;
mais son humeur satirique le faisoit
craindre. 11 se piquoit d'érudition.
Il possédoit assez bien les auteurs
latins, et vouloil qu'on crût qu'il
counoissoit encore mieux le grec ,
quoiqu'il n'en sut pas un mot. On
se plaisoit souvent à confondre son
ignorance ; mais il payoit d'eifron-
Itrie. Il mourut à Tours le 2 avril
1743. Ses Poésies ont été publiées
en 174? , en 2 vol. , et réimprimées
à Paris eu 1761 , mais enviées de
diverses pièces du même genre par
diflereus auteurs , 8 vol. in-12. Elles
renferment , I. Le Poëme de P/ii-
lotnnus , qui n'est pas de lui, à ce
.que prétendent les auteurs du qua-
T. VIIJ.
CREE
49
trième volume de la France litté-
raire. ( Fojez, JouiN. ) Il ue fit ,
dit-on, que le revoir et l'embellir
de quelques tirades: mais il est cer-
tain qu'ils se sont trompés. Quoi
qu'il en soit , ce poème eut un suc-
cès prodigieux. ( /ojes l'art. Lar-
CHANT,. ) « Le mérite de ces sortes
d'ouvrages, dit l'auteur du Siècle
de Louis XIV , n'est d'ordinaire que
dans le choix du sujet, et dans la
malignité humaine. Ce n'est pas
qu'il n'y ait quelques vers bienfaits
dans ce poème • le commencement
en est très-heureux: mais la suite
n'y refond pas. Le diable n'y parle
pas aussi plaisamment qu'il est
amené. Le style esî rniforme, sans
finesse, sans pureté; ce n'est enhu
qu'une histoire satirique de la bulle
Unige/'.itus, eu vers burlesques ,
parmi lesquels il s'en trouve de très-
})iai.eaus. « Quelque mécontente que
dut être la compagnie de Jésus de
cet ouvrage , l'abbé de Grécourt ,
qui passoit pour en être l'auteur ,
voyoil souvent des jési:itcs à Tours ,
vivoit et mangeoit avec eux. Il pré-
paroit, dil-ou, un autre Poë//ze où
le parti opposé n'auroit pas été plus
épargné. 11. Des Contes., qnehjue-
fbis plaisans, mais presque toujours
obscènes. 111. Des Lpigramnies ; des
Chansons ; des Fables, eu général
assez médiocres , et d'une poésie
foible. L'abljé des Fontaines , qui
avoit beaucoup connu Grécourt, dit
(c que sa langue et sa plume l'avoieut
exclus de la plupart des maisons de
l'ours. »
t I. GRÉEN ( Matthieu ) , poète
anglais, de la secte des non-confor-
mistes, occupoil une place à la douane.
On recherchoil sa conversation, qui
étinceloitde saillies toujours exemp-
tes de malignité. Il mourut vers
1 767 , âgé de 4i ans. Son poème du
Spleen, le plus considérable de ses
ouvrages , est rempli d'une gaieté
origiuale el franche. Une de ses
4
So GREE
meilleures plaisanteries est une re-
quête des chais de la douane, à qui
l'on vouloit ôter une pension de
quelque monnoie, allouée pour leur
nourriture. La requête empêcha celle
suppression.
* II. GRÉEN ( Robert ) , poète
anglais de beaucoup d'esprit et de
talent , mais crapuleux , le premier
Anglais , dit- on, qui ail fait de
la littérature un métier pour vivre.
Gréen mourut en lôga, d'une in-
digestion.
* III. GRÉEN ( Jean ) , évêque
anglais, né en 1706 à HuM , au
comté d'Yorck, mort à Bath en
1779) obtint plusieurs bénéfices
dans l'Eglise, et fut élevé sur le
siège de Lincoln. On a de lui plu-
sieurs Traites religieux, et quel-
ques Sermons.
* IV. GRÉEN (Guillaume),
théologien anglais , élève de Cla-
rehall à Cambridge, où il fut reçu
maîlre-èsarls, el obtint une bourse,
l'ut ensuite nommé recteur de Ha-
diu?haur , au comté de Norfolck , el
mourut eu 1794. On doit à Gréen
plusieurs ouvrages estimés. I. Le
Cantique de Déborah , mis en uers ,
avec une nouvelle Traduction et un
Commentaire , in-4°. II ■ Nouvelle
Traduction de la Prière d'Haha-
cuc/t , de la Prière de Mojse , et
du io<f Psaume, avec un Commen-
taire, in-4°. III. Nouvelle Traduc-
tion des Psaumes sur l'original
hébreu , avec des Notes, in -8".
IV. Nouvelle Traduction d'Isaïe ,
avec des Notes , in-4°. V. Morceaux
poétiques de l'ancien Testament ,
nouvellement traduits de l'hébreu ,
avec des Notes , in-4''.
* V. GRÉEN ( N. ) , professeur à
Hall, mort dans celte ville eu
1799, ^^^'*- "" savant du premier
(uévile. C'est à lui que rAlleuiagne
est reàawMe du premier Livre élé-
fucntaire de la nouvelle chitnie ,
GREE
dont il a lâché de répandre les lu-
mières par son Journal de Physi-
que i il en a paru 12 volumes.
C'est à lui aussi qu'on doit principa-
lement Vapplication de la théorie
anti-phlogistique à la médecine.
* I. GRÉENE ( Maurice ) , i)ro-
fesseur de musique à Cambridge ,
né à Londres, mort en i7r)5, en-
treprit de corriger el de réformer
lu musique d'église, qui avoil été
considérablement altérée par les co-
pistes. Son ami Boyce a achevé cette
entreprise.
* II. GRÉENE (Edouard-Barria-
bée ), écrivain de quelque mérite,
mort en 1788, est auteur de Tra-
ductions d' Anacréon et de Vin-
dare , et de plusieurs Essais e/i
vers.
* GRÉENVILLE ( sir Richard ) ,
vaillant officier, hls de sir Roger
Gréenville, né en i54o au Devous-
hire ou en Cornouailles, servit en
Hongrie, contre les Turcs, dans
l'armée impériale d'Allemagne. A
son retour , il fut employé dans l'ex-
pédition pour soumettre l'Irlande.
Gréenville fut ensuite nommé repré-
sentant du comté de Cornouailles
au parlement; et à peu près dans le
même temps, il fui fait chevalier.
On le cliargea encore d'une expédi-
tion contre l'Amérique, el il ht quel-
ques découvertes dans ce continent.
Nommé vice-amiral, il commanda en
cette qualité nue escadre chargée d'en-
lever une riche llolle d'Espagne. Il
s'avança jusqu'aux îles W^estern ou
Hébrides , où une forte escadre étoit
envoyée d'Espagne pour soutenir la
llolle. A l'approche de l'amiral an-
glais-id^ Thomas Howard vint au-
devant de lui; el Gréenville, s'élant
avancé pour prendre à son bord
quelques malades de celui d'Howard ,
fut surpris par la Hotte espagnole.
U défendit sou vaisseau avec ua
GREG
courage peu commun; et, couvert '
de blessures , il voulut couler bas ;
mais il l'ut pris avant par l'amiral
tspagnol. Gréeuville mourut de ses
blessures trois jours après.
t ï. GRÉGOIRE ( saint ) , pape ,
Burnommé /e Grand , iia(|uit à
Rome , vers l'an 55o , de Gardien et
de Sylvia. Sa famille éloit une des
j)lus nobles du sénat; sa naissance
et ses lumières relevèrent a la di-
gnité de prél'et de cette ville eu 573.
Le mépris des grandeurs humaines
l'engagea à quitter cette place , et à se
retirer dans un monastère qu'il avoit
fait bâtir sous l'invocation de saint
André. Le pape Benoit F' le lira
de cette retraite pour le faire un des
sept diacres de Rome. Pelage U , suc-
cesseur de Benoit , l'envoya quelque
temps après à Constantiuoi)ie en
(jualité de nonce , pour implorer le
secours de Tibère 11 contre les Lom-
bards; il y prit un ton d'indépen-
dance et de dignité que le plus il-
lustre laie de l'empire n'auroit pu
prendre sans danger. Celle amba.ssa-
de ajouta à sa célébrité. De rslour à
Rome ea SS/j, il fut secrétaire de
l*é!age, et , après la mort de ce pape,
le clergé et le peuple l'élurent pour
lui succéder. Grégoire , se croyant
incapable de soutenir un fardeau
doul tout le monde l'avoit jugé di-
gue , supplia l'empereur iMaurice de
lie pas confirmer le choix des Ro-
yiains. Lorsque la conlirmation de
te prince arriA a , il détermina des
inarchands à l'enfermer dans un
pauier et à le contUiir^ au-delà des
t>ortes de Rome : il se tint caché
pendant plusieurs jours au milieu
des bois et des montagnes; on le
découvrit enliu, el, le dimauche 5
septembre Sgo, il lut ordonné pape.
La plus importante affaire qui oc-
cupoit l'Église dans ce temps -là
éloit la querelle des trois chapitres;
le saint pontife n'oublia rien pour
éteiudre ce schisme : son ^elc se-
GREG 5i
tendait à: tout. Il envoya en Sardai-
gne des évèques pour convertir les
idolâtres; il eu ensoya en Angle-
terre ; exhortant les missionnaires à
se servir à propos de la douceur et
des récompenses. [>aint Augustin ,
chef de la mission d'Angleterre, con-
vertit le roi de Kent. Saint Gré-
goire teuoit de temps en temps des
conciles à Rome , pour maintenir la
discipline ecclésiastique, el réprimer
i'inconlmeuce du clergé. Il s'éleva
avec force contre le titre de patriar-
che universel que prcnoit Jean, pa-
triarche de Constantiuople, et lui
en écrivit le premier janvier 59.6 ,
pour lui remontrer combien ses])ré-
tentions étoient contraires à sa ma-
nière de vivre et aux règles de l'au-
tiquilé. «Je ne sais, lui disoil-il,
par quel motif vous voulez usurper
un nouveau titre qui scandalise tous
vos confrères. Lorsque vousparois-
siez fuir l'épiscopal jiav des seuti-
mens d'humilité , auroil-on cru que
vous eu useriez dans la suite comme
si vous l'aviez recherché avec am-
bition? Vous vous reconuoissiez in-
digne du uom d'évêque, et à pré-
seul vous prétendez être le premier
et le seul é\ èque. Je vous prie , je
vous conjure, et je vous demaude
avec toute la douceur possible, de
résister à ceux qui vous llaltent ,
en vous attribuant ce nom plein
d'orgueil et d'extravagance. Vous
n^'iguorez point que le concile de
Clialc<'doine offrit cet luimieur aux
évèques de Rome, eu ks nommant
universels : mais qu'il ne s'en est
trouvé aucun qui ail voulu l'accep-
ter , de ])(;ur qu'il ne semblât s'altri'
huer seul l'épiscopat , el l'ôler à tous
SCS frères. » Grégoire en écrivit en»
cxjre plus fortement à l'empereur
IMaurice. Apres lui avoir dit que
l'ambition des évèques étoil la prin-
cipale cause descalamilé' publiques,
il ajoute contre le patriarche : «Nous
détruisons par nos exemples tous les
l'rivil» que pourroienl taire nos pa-
52 GREG
rôles. Nos os sont consumes déjeu-
nes , et notre esprit est entlé d'or-
gueil. Nous sommes fiers etliautains,
sous des habits vils et méprisables.
Sur la cendre où nous sommes cou-
chés , nous regardons avec des yeux
jaloux le faite des grandeurs liumai-
nes ; et non contens des honneurs
réels auxquels la providence nous
a élevés, nous portons nos regards
sur de vains litres. Pour moi , je
suis le serviteur des évêques, tant
iju'ils vivent en évèques , et si Jean
veut m'écouter, il trouvera eu moi
un frère entièrement dévoué à ses
intérêts; mais s'il persiste dans sa
prétention, il aura pour adversaire
celui qui résiste aux superbes. » St.
Grégoire termina sa vie le 12 mars
6o/( , et fut enterré sans pompe ,
comme il l'avoit ordonné. Sow prin-
cipe étoit de n'employer envers les
hérétiques que les voies de la per-
suasion. II a'opposa aussi aux vexa-
tions qu'on exerçoit contre les juifs
pour les attirer au christianisme.
« C'est, disoit-il , par la douceur et
l'inslruclion qu'il faut appeler les
infidèles à la religion chrétienne, et
non par les menaces et la terreur.»
Ce fut lui qui , par les conseils qu'il
donna à son prédécesseur, procura
les premiers missionnaires à l'An-
gleterre. Lorsqu'il fut parvenu au
souverain pontificat, il soutint de
tous ses moyens la mission qui s'y
, Irouvoit. Quoique saint Grégoire fût
d'une si grande humilité qu'il se
donna lui-même le titre de servi-
teur des serviteurs de J. C. ( titre
adopté par ses successeurs) , il soii-
■tenoit avec chaleur l'autorité du
saiut-siége , et niénageoil à l't^glise
la faveur des princes. On lui a nuuie
reproché d'avoir trop loué des sou-
verains \HU dignes de ses éloges :
il est difl'icile d'excuser ceux qu'il se
permit de prodiguer à riisiirpateur
Phocas , qui avoit ravi le trône et la
vie à l'empereur Maurice. Malgré
les richesses de l'Église romame ,
GREG
Grégoire eut le train le plus mo-
deste, et la taljle la plus frugale.
Dans une lettre au sous-diacrePierre,
recteur du patrimoine de Sicile, il
lui dit : « Vous m'avez envoyé un
mauvais cheval et cinq bons ânes ;
je ne puis monter le cheval parce
qu'il ne vaut rien , ni les ânes ,
parce que ce sont des ânes. » Ces
paroles sont une preuve que l'écurie
de ce grand pape n'étoit pas bien
magnifique. Voici le portrait qu'en
fait un historien moderne : « Le
pontifical de Grégoire-le-Grand ,
qui dura i3 ans 6 mois 10 jours,
est une des époques les plus édifian-
tes de fEglise. Ses vertus et même
ses fautes, une réunion singulière
de simplicité et d'ailuce, d'orgueil
et d'humilité, de bon sens et de su-
perslitiou, convenoient beaucoup à
sa position et à l'esprit de son temps.
Il s'éleva contre le titre antichré-'
lien d'évèque universel que se don-
noit le patriarche de Constautino-
ple , son rival. Le successeur de St.
Pierre éloit trop fier pour le lui lais-
ser, et trop foible pour le prendre
lui-même. Il n'exerça sa juridicliou
qu'en qualité d'évèque de Rome , de
primat d'Italie et d'apôtre' de l'Oc-
cident. Il prêcha souvent, et sou
éloquence grossière , mais pathéti-
que , embrasoit les passions de sou
auditoire. On lui reproche d'avoir,-
dans un discours prononcé en public,
applaudi à la chu le et au massacre
de l'empereur IMaurice, ainsi qu'à
l'élévation an trône de son meur-i
trier , son successeur , le sangui-
naire Phocas. On lui a reproché en-
core d'avoir, en haine du paganisme^
réduit en cendres la bibliothèque pa-
latine , formée à Rome par l'empe-
reur Auguste, ou seulement quel-
ques ouvrag.'S réprouvés conlcnus
dans celle bibliollièque. Ce reproche
est fondé sur un seul passage du
Polycratique de J^an Salisbury ,
moine du 12^ siècle. On a beaucoup
écrtl pour couiballie ou i^our ap-*
GREG
piiyer la solidité de ce reproche.
Quoi qu'il eu soit, il u'aimoit point
les ouvrages où se trou voient les
noms des dieux des anciens Romains,
et il en a prohibé la lecture. Rome
n'a pas eu de ])ontife qui ail com-
posé un plus grand nombre d'ou-
vrages que Grégoire ; les principaux
sont, I. Son Pastoral; c'est un
traité bien fait des devoirs des pas-
leurs. H. Des Homélies. III. Des
Commentaires sur Job , pleins de
leçons propres à lormer les aiœurs ;
ce qui les a fait appeler /e5 morales
de saint Grégoire. Il faut avouer
cependant que cet ouvrage diflus et
négligé est trop surchargé d'allé-
gories qui manquent quelquefois de
justesse. IV. Des yy/fi/o^'i/6,s pour cé-
lébrer les miracles de plusieurssainls
cl'Ilalie; c'est un tissu de fables. 'V.
Douze livres de Lettres qui offrent
quelques particularités sur i'hisloire
de son temps , et des décisions sur
-divers points de discipline. Ce pape
avoil le génie tourné du côté de la
morale. On lui reproche une abon-
dance excessive et trop de recherches
dans ses allégories. On a perdu , ou
l'on n'a pas voulu imprimer celui
de ses ouvrages dont parle Jean de
Salisbury, écrivain du 12'^ siècle,
et dans lequel il l'accuse avec raison
d'avoir fait brûler les livres des au-
teurs païens. Il conseille aussi à Di-
dier, archevêque de Vienne , de ne
pas s'amuser à enseigner la gram-
maire , parce qu'un évèque a des
occupations plus importantes. [T^oy.
ce que dit M. Lanzi , daus son His-
toire de la littérature de l'Italie , t. I,
pour justifier saint (irégoire de l'im-
putation qui a été laite à sa mémoire
par les amateurs de l'antiquité. ) De
toutes les éditions des ouvrages tle
ce Père , la plus ample et la ]j1us
correcte est celle que dom de Sainte-
Marthe , général des bénédictins de
Saint- Maur , ])ublia en 1707, en
4 volumes in-folio. Sa Vie , écrite
par le même, et imprimée à Rouen,
GREG
53
in - 4° » en 1697, est préférable
à l'Histoire de son pontificat , par
Rlainbourg. On date communément
du pontificat de saint Grégoire-le-
Grand l'usage de faire des souliaits
eu faveur de ceux qui éternuent.
On prétend que du temps de ce saint
pape il régna dans l'air une mali-
gnité si contagieuse , que ceux qui
avoient le malheur d'élernuer expi-
roient sur-le-champ; mais e'esl une
fal)le, puisque celle coutume éloit
en vogue chez presque toutes les na-
tions du monde, iong-temps avant
J. C. : que les Grecs el les Romains
avoient des formules de comj)limens
pour ces sortes d'occasions ; telle»
éloienl celles-ci : « Vivez! Portez-
vous bien ! Jupiter vous conserve î
etc.
t II. GRÉGOIRE II ( saint ) ,
né à Rome, pape en 7i.'i , après
Constantin, mérita la double clef par
le succès avec lequel il avoil rempli
des commissions importantes. Gré-
goire convoqua deux conciles , l'uu
en 7 21 , contre les mariages illicites,
et l'autre en 72g , contre les ico-
noclastes; envoya saint Bonifiice
prêcher en yUlemagne , et mourut
le 12 février 731 , regretté pour ses
vertus et ses lumières. On a de ce
pape quinze Lettres., et un Mé-
moire donné à ses envoyés de Ba-
vière , sur divers points de disci-
pline. Ces ouvrages sont imprimés
dans les Collections des conciles^
On a encore de lui Explanatioimm
ecclesiasticaium libri X , grœcè et
latine eclente Ant. Morello, \euibt,
1791 , iu-lol.
t ni. GRÉGOIRE III. natif de
Syrie , successeur de Grégoire II Jè
i8 mars 701 , assembla un concile
en 732 , dans lequel il excommu-
nia les iconoclastes. Les Lombards
faisoient tous les jours de nouvelles
entreprises contre les Romains ; le
pape , pressé par ces barbares , im—
54- GREG
plora le sf cours de Charles Mar-
tel. Ses légats, envoyés à ce prin-
ce , lui promirent , de la part
du pontife , qne, s'il le secoiiroil, il
lui donnsroit le consulat de Rome.
Cei le\e;;alio 1 , qu'on regarde connne
l'origine des nonces apostoliques en
France, ne produisit rien. Charles
Martfl etoit trop occupé en France
contre ks Sarrasins pour aller se
battre en Italie coiure les Lomhards.
Grégoire Ilî mourut peu de temps
après , le ^8 novembre yzji , regardé
comme un pontil'e magnifique et
charitable. C'est le premier pape
qui gouverna en souverain l'exar-
chat da Ravenne ; non qu'on lui eu
eûtfail une donation expresse, mais
par l'espèce d'abandon où les Grec ■
l'avoienl laissé, elle consentement
de fait qu'on donne à l'aliénation
d'une chose qu'on ne veut ni con-
server ni réclamer. Son pontificat
est une des époques de la grandeur
temporelle des papes. On a de lui
tlenx Lettres dans la Collection des
conciles.
IV. GRKGOÏRE IV, Romain,
recomn)anda]ile par son sa\ oir au-
tant que par sa piété , obtint la cou-
Tonne pontificale le 5 janvier 827
on 828. Ce lut lui qui entreprit de
rebâtir la ville d'Ostie, pour dé-
fendre l'embouchure du Tibre con-
tre les incursions des Musulmans ,
qiii s'étoienl emparés de toute la
Sicile ; il la nomma Grcgorlopolis.
Dans le temps des troubles entre
Loviis-le-Débonnaireel ses fils, Gré-
goire vint en France , à la prière
de Lolhaire , pour tâcher d'y mettre
la paix. Le bruit couroit qu'il vou-
ioit excommunier les évèques fidèles
à l'empereur; maiscws prélats dirent
« qu'il s'en retourneroit oxcommn-
îiié lui-même, .s'il eutreprenoit de
les excommunier contre les canons.»
Ce u'i'loil point l'inlenlion du pape ,
il vouloil seulement être l'arbitre
tl'uue luniîieureuse qutrclic. a Sa-
GREG
chez , dit-il à l'empereur , que je
ne suis venu que pour procurer la
paix, que le Sauveur nous a tant
recommandée. » Il se retira à Ro-
me, mécontent des deux partis,
el y mourut le 25 janvier 844-
C'est ce Grégoire IV qui fil célé-
brer la fête de Tous les Saints
dans l'univers chrétien. On a de lui
trois Lettres dans la Collection des
conciles.
V. GRÉGOIRE V, Allemand,
nommé auparavant Brunon , pa-
rent de l'empereur Olhon , fut élu
pape après Jean XV^I , en mai 996.
Crescenlius , consul de Rome , qu'il
avoil protégé auprès de lempereur,
eut l'ingratitude de lui opposer
Philagalhe , évèque de Plaisance,
el d'obliger le vrai ponlife à cher-
cher un asile en Franconie ; mais
cet antipape, qui prit le nom de
Jean XVll, fut chassé par Olhon,
el excommunié dans le concile de
Pavie en 997 , par Grégoire , qui
ne jouit pas long-lemps du ponti-
ficat. 11 mourut le iS février 999 ,
après avoir gouverné avec autant de
\ igilance que de fermeté. Ou a de
Im quatre Lettres dans la Col-
lection des Conciles.
-;- VI. GRÉGOIRE VI, Romain ,
el archiprèlre de l'Eglise romaine ,
nommé auparavant Jean Gralien ,
l'ut ordonné pape en io44 , après
que Benoit IX lui eut cédé le ponti-
ficat , moyennant une somme d'ar-
gent. Le motif qui engagea le nouveau
pontife et le clergé de Rome à payer
Benoit IX pour abdiquer, c'est qu'il
étoit réellement indigne de la pa-
pauté , el que sa démission faisoit
cesser un grand scandale dans l'E-
glise. Grégoire trouva le temporel
de son Eglise diminué à tel point,
qu'il fui obligé d excommunier avec
éclat ceux qui l'avoienl usurpé.
Cel anathème ne fil qu'irriter les
coupables^ qui viurenl eu armes jus-
GREG
qu'à Rome. Mais Grégoire les chassa,
retira plusieurs terres de l'Eglise ,
et rétablit la sûreté des chemins ,
tellenienl remplis de voleurs , que
les pèlerins étoient obligés de s'as-
sembler en grandes troupes pour se
défendre contre eux. Celle sage con-
duite déplut aux Romains , accou-
tumés au brigandage. Le iéu de la
.sédition alloit se rallumer, lorsque
l'empereur Henri 111 vint eu Italie ,
et convoqua un concile à Su tri , près
de Rome , en 1046 , où Grégoire VI
abdiqua le pontificat. Clément II fut
mis à sa place. Grégoire se retira
ensuite dans le monastère de Cluni,
où il termina ses jours. On a dans
la Collection des conciles une Lettre
circulaire At ce pape à tous les fidè-
les , pour leur demander des aumô-
nes, afin de soutenir l'éclat d'une
dignité qu'il a voit achetée.
t VII. GRÉGOIRE VII, appelé
auparavant Hildebrand , Hls d'un
diarpeiitier de Soano en Toscane ,
lut élevé à Rome , et se fit moiue
de Cluny, sous l'abbé Odilon. De-
venu prieur de cet ordre , il passa
à Rome avec Brunon , évèque de
Toul , qui avoit été désigné pape
par l'empereur Henri IV, et qu'il
eut le crédit de faire élire sous
le nom de Léon IX. Ce pontife lui
laissa la principale autorité , et il
la conserva sous Alexandre II. Après
la mort de ce pape, en 1070, la voix
publique le désigna pour son suc-
cesseur. Il fut élu; mais il ne fut
sacré que deux mois après son élec-
tion , parce qu'il voulut attendre le
consentement de l'empereur Henri
IV. C'est, suivant le savant Pagi,
le dernier pape dont le décret d'é-
lection ait élé envoyé à l'empereur
pour être confirmé. Le nouveau
pontife, animé d'un zèle intrépide ,
forma de vastes projets louchant la
réformalion de l'Église, c. .i'ai sou-
vent prié Noire-Seigneur , écrivoit-
il à saint Hugues , abbé de Cluni ,
GREG
5j
on de m'ôler de cette vie , ou de
nie rendre utile à son Eglise; car
je suis environné d'une douleur ex-
cessive et d'une tristesse universelle.
L'Eglise orientale abandonne la foi
catholique, et les chrétiens y sont
par-tout mis à mort. Quand je re-
garde l'occident et les autres par-
ties du monde , à peine trouvé-je
des évêques dont l'entrée ait été
légitime , dont la vie soit pure, qui
gouvernent leur troupeau plutôt par
charité que par ambition ; et entre
tous les princes séculiers , je n'en
connois point qui préfèrent l'hon-
neur de Dieu au leur , et la juslice
à l'intérêt. Quant aux peuples entre
lesquels je demeure, les Romains ,
les Lombards et les Normands, je
leur dis souvent que je les trouve
en quelque façon pires que des juifs
et des jxiïens. » Grégoire crut pou-
voir se conduire selon les droits
que lui atlribuoit la jurisprudence
canonique d'alors. Il se crut le maître
spirituel et temporel de tonte la
terre, le juge et l'arbitre souveraiu
de toutes les affaires ecclésiastiques
et civiles, le disiribuleitr de toutes
les grâces, de quelque nature qu'elles
fussent, et le dispensateur, non-
seulement des bénéfices , mais aussi
des royaumes. Avec de telles idées ,
il ne pouvoit être long-temps ami
de l'empereur Henri IV. Ils se brouil-
lèrent dès le commencement de son
pontificat, se raccommodèrent bien-
tôt après , et se brouillèrent de nou-
veau en 107.^). Le pape , à qui Henri
avoit élé dénoncé comme un simo-
niaque , lui fit ordonner par ses lé-
gats, sous peine d'ana thème, de se
rendre à Rome un jour marqué. Le
prince irrité chassa ignominieuse-
ment les légats, et se vengea eu
suscitant contre le pape un nommé
Cencius, fils du préfet de Rome , qui
saisit le pontife dans Sainte-Marie-
Majeure , au moment où il disoit la
messe. Des satellites le menèrent
prisonnier dans une toïir , d'où Cen-
5r>
GREG
cius de voit l'envoyer en Allemagne.
Le peuple romain, ofteusé d'une
telle violence, escalada la tour et
délivra le pontife. Henri IV convo-
quoi' ."• même temps, en 1076, nn
concile .1 Worms, qui déposa Gré-
goire , sur rexhiljilioir d'une his-
toire scandaleuse de la vie du pape ,
dans laquelle on le chargeoil de cri-
mes uiouïs et incroyables. Grégoire ,
de son côté, lenoit un synode à
Rome; Henri y fut déposé et ex-
communié. La sentence étoil con-
çue en ces termes : a De la part
de Dieu tout-puissant, père, iils
et saint-esprit, et par l'autorité de
saint Pierre , prince des apôtres, je
défends ù Heu ri , iils de l'empereur
Henri , de gouverner le royaume
leutonique et l'Italie. J'absous tous
le5 chrétiens du serment qu'ils lui ont
prêté on prêteront; et je défends cà
toutes personnes de le servir comme
roi, le chargeant d'anathème , etc. »
Cette extravagance eût été sans
effet , si Henri IV eût été assuré
de l'Allemagne et de l'Italie : mais
il y avoit des ennemis , et elle lui de-
vinlfuneste. Les seigneurs allemands
prirent ce prétexte pour se donner
lin autre empereur. Henri IV crut
parer ce coup en allant en Italie
désarmer la colère de Grégoire.
Lorsqu'il fut arrivé à Canosse, for-
teresse où le pape s'étoit retiré , il
fut obligé de demeurer dans son en-
ceinte trois jouis, nu-pieds et cou-
vert d'un cilice. Enfin, le quatrième,
le pape permit qu'il parût en sa pré-
sence. Grégoire consentit , jiar un
acte du 18 janvier 107 7, à lui donner
l'absolution , à condition qu'il se jus-
tifieroit en Allemagne, dans une
diète générale, de tous les crimes
dont on l'accusoit ; que le pape , qui
seroit présent, le jugeroit; et qui-,
^ jusqu'à ce temps-là, il ne porleroil
aucune marque de la dignité royale;
qu'il seroit à l'avenir pat f.iilrmenl
soumis au sainl-siége, et (piil lais-
seroilau chef de l'Eglise une entière
GREG
liberté de faire en Allemagti«, par
ses légats , toutes les réformes ([u'il
jugeroit nécessaires. Henri promit
avec serinent, sur l'Evangile, de
faire tout ce que Grégoire exigeoit
de lui. Le pontife, lui ayant donné
l'absolution , célébra la messe en ca
présence. Après la consécration , il
fit approcher l'empereur de l'autel ,
et, tenant l'hostie entre ses mains, il
lui rappela les lettres injurieuses où
il l'accusoit de simonie et de divers
auirescriraes. «Pourôter, ajoula-t-il,
toute ombre de scandale, je veux que
le corps de Notre-Seigueur , que je
vais prendre, soit aujourd'hui une
prenve de mon innocence , et que ,
si je suis coupable, Dieu me fasse
mourir subitement. >j Grégoire prit
ensuite la moitié de l'hostie e^l'a vala ;
et ayant présenté à Henri l'autre
moitié, il lui dit : « Faites, mon
Iils, ce que vous m'avez vu faire.
Prenez celte autre partie de l'hostie,
alin que cette preuve de votre iuno-.
cence ferme la bouche à vos enne-
mis. » L'empereur , se rappelant
dans ce moment les malversations
commises en Allemagne , pria le
pontife de remettre l'affaire à la dé-
cision d'un concile , et reçut la com-
munion de ses mains, mais sans làire
de serment. On auroit de la peine,
dit Hardioa , à croire un si étrange
événement, si le pape lui-même ne
l'avoit publié dans ses lettres avec
une sorte de complaisance. Les sei-
gneurs de Lombardie,a3onte le même
auteur, indignés que Henri IV se
tût soumis a\'ec tant de bassesse à
un traitement si indigne, vouloient
le rejeter pour donner la couronne à
son Hls encore enfant. Henri ne les
apaisa qu'eu promettant de se ven-
ger, et en rompant sou traité avec
le pape. Grégoire l'excommunie de
nouveau , et engage les seigneurs et
les évêques d'Allemagne d'élire l'em-
|)ereur Rod()l|)be , duc de Souabe ,
le 17 mars ]<)77. 11 encourage ce
prince el son parti, et leur promet
GREG
que Henri mourra bientôt ; mais ,
dans la fameuse bataille de Mers-
bourg , Henri IV est vainqueur, et
Rodolphe blessé à mort. Après cette
victoire , il marcha vers Rome ,
avec Guibert , archevêque de Ra-
venne , qu'il avoit fait élire sous le
nom de Clément III , assiégea (Gré-
goire dans le château Saint-Ange ,
et alloil ft faire prisonnier, lors-
que Robert Guischard , prince de la
Fouille , se présenta pour le secourir."
Henri repassa en Allemagne, lais-
sant l'Italie dans le trouble. Le pape
étoit regardé par les Romains
comme la cause de leurs malheurs
et de leur misère. Las de leurs nuir-
mures, il se retira à Salerne, où il
mourut le 24 n)ai io85, avec une
grande réputation de piété. L'atta-
chement de la comtesse Mathilde
(vojez ce mot) pour ce pontife
donna lieu aux clercs, dont ii avoit
condamné les mariages sacrilèges ,
de semer des bruits calomnieux con-
tre sa réputation ; mais ces impos-
tures, dictées par la méchanceté et
la vengeance , tombèrent d'elles-
jnémes , parce que la conduite de
Grégoire VII , depuis son enfance ,
i'avoit mis au-dessus même du soup-
çon. Ses dernières paroles furent :
«J'ai aimélaiuslice et haï I iniquité :
c'est pour cela que je meurs en exil.»
Il auroitdûdire : « J'ai aimé la puis-
sance , et mon extravagante ambi-
tion a causé ma disgrâce. » L'empe-
reur Henri IV ne fut pas le seul qu'il
traita en vassal. Il étendit ses pré-
tentions anil)itieuses sur la France ,
l'Angleterre, la Hongrie, le Dane-
marck , la Pologne , la Norwége , la
Dalmatie. 11 envoya des légats dans
la plupart des royaumes du l'Europs,
pour y tenir des conciles et y établir
son autorité. Tout incroyables que
paroissent aujourd'hui ces entre-
prises, elles éloienten partie la suite
des opinions de ce temps -là. Au
reste , Grégoire VU , né avec im
g! and courage , élevé dans la disci-
GREG
57
pUne monastique la plus régulière,
avoit un désir ardent de purger l'E-
glise des vices dont il la voyoil in-
fectée. On pourroit appliquer , dit le
président Hénault , à ses prétentions
sur le temporel , le mol de l'histoire
grecque : « Prenez garde , disoit-on
un jour aux Athéniens qui se rui-
noient à bâtir des temples , que le
soin du ciel ne vous fasse perdre la
terre. » On auroit pu dire alors aux
papes : « Prenez garde que la pas-
sion d'acquérir la terre ne vous
fasse perdre le ciel. On vous dispu-
tera la puissance sur le spirituel , si
vous vous obstinez à vouloir la puis-
sance sur le temporel. » Ce qu'il y a
de singulier , c'est que l'empereur
lui-même ignoroit ses véritables
droits, et partageoit l'erreur de sou
siècle, a Un souverain , dit-il dans
une lettre adressée à Grégoire , n'a
que Dieu pour juge , et ne peut être
déposé pour aucun crime , si ce n'est
qu'il abandonne la foi. » En 1 .'i8/( , le
nom de Grégoire Vil fut inséré dans
le Martyrologe romain , corrigé par
ordre de Grégoire XI 11. Enfin , sous
le pontificat de Benoit XllI , on l'a
placé dans le Bréviaire , avec une
légende, où l'on canonise toute sa
conduite à l'égard de Henri IV ; mais
cette légende , digne du siècle de
Grégoire Vil , a été supprimée par
les parlemeus en France , et par
l'empereur dans tous ses états d'Al-
lemagne et d'Italie. On la récite ce-
jjendant en divers endroits de l'Alle-
magne; et, après avoir été proscrite
en Portugal , on l'a rétablie en 1777.
Ou a de (irégoire VU neuf livres de
Le/// es, écrites depuis 1073 jusqu'en
1082. Il y a parmi ces Lettres, insé-
rées dans lu colleclioii des Conciles,
un Traité intitulé Dictatus papœ ,
qui lui a été faussement attribué. Il
y a apparence que celle pièce , re-
marquable par les prétentions exor-
bitantes qu'elle renferme, a été com-
posée , ou par un ennemi , qui vou-
ioil le reudre odieux, eu hu prèlaul
58
GREG
les vues les plus ambitieuses , ou par
un imbecille, enlètë des maximes de
ce pape , ou par un lâche ilatlenr ,
qui vouloit aller à la iortune par
celti; bassesse.
t VIIÏ. GRÉGOIRE VIII, ap-
pelé anparavaat Albert de Mora ,
né à Béiiéveial , succéda avi pape
Urbain III le 20 octobre 1187, et
inourut le 17 décembre suivant,
après avoir exhorté le? princes chré-
liens à entreprendre une 110a vlîe
croisade. C ëtoit un pontife éloquent
et savant. On. a de lui trois Lettres
dans la Collection des conciles. —
Il ne faut pas le confondre avec l'an-
tipape Bourdin , qui avoit pris le
nom de GuÉgoire VIII. /'. Bour-
din, n" II.
t IX. GRÉGOIRE IX (Ug-lin) ,
cardinal , éveque d'Oslie , élu ])ape le
19 mars 1227, étoit neveu d'Iuuo-
cenl III, de la famille des comtes de
Segui, et natif d'Anagnie. Le triste
étal de la Terre-Sainte l'engagea à
faire prêcher une nouvelle croisade.
Leuipereur Frédéric II reculoit le
■voyage de la Palestine autant qu'il
poiivoit : Grégoire lui écrivit pour
l'y encourager. Frédéric, enhn dé-
terminé à s'embarquer pour la Pa-
lestine, se rendit à Brindes, où éloit
l'armée des croisés , tomba ma-
lade, et ce fut un sujet de différer.
Le pape, ne pouvant se persuader
que celte maladie fût sérieuse, l'ex-
communia, [^'empereur partit pour
la Terre-Sainte, nonobstant son ex-
communication ; à sou retour , il fui
absous. La guerre se ralluma en
jaog. Lempereur ayant donné à un
de ses fils naturels le royaume de
Sardaigne, le pape, qui préleudoil
que cette ile lui appartenoit , l'ex-
communia solennelleuîonl à Rorae,
le jour des Rameaux. 11 tit plus : il
osa offrir l'empire à saint Louis pour
Robert son frère , comte d'Artois.
« Comment , répondit ce saml roi;
GREG
le papca-t-il osé déposer un si grand
prince , qui n'a point été convaincu
des crimes dont ou l'accuse ? S'il
avoit mérité d'être déposé , ce ne
pourroil être que par un concile gé-
néral. » Ces paroles prouvent que
saint Louis n'étoit pas exempt de
toutes les erreurs de son siècle. Fré-
déric II brûloil deuvie de se venger
de Grégoire , lorsqu'il apj^it sa mort
arrivée le 21 août 1241. Ce pape
a voit témoigné beaucoup d'ardeur
pour la réunion des Grecs et la con-
version des Maiiométans. Il envoya
même à plusieurs princes musul-
mans de longues instructions, par
lesquelles il les meuaçoit, s'ils ne se
converlissoient , de soustraire à leur
obéissance les chréiiens qui vivoient
sous leur domination. Cette menace
ne produisit que de nouvelles per-
sécutions. On a des Lettres de ce
pape dans les conciles. Il condamne ,
dans une de ces lettres , les héréti-
ques nommés stadingues, qui paru-
rent en Allemagne sous son ponti-
ficat. Voici ce qu'il leur reproche.
« On dit que , quand ils l'eçoivent un
prosélyte, et quil entre pour la pre-
mière fois dans leur assemblée , il
voit un crapaud d'uue grandeur
énorme , que les uns baisent à la
bouche , les autres au derrière. Le
prosélyte rencontre ensuite un
homme paie avec les yeux frès-
noirs , si maigre qu'il n'a que la peau
elles os; il le baise et le sent iroid
comme la glace, et, après ce baiser,
il oublie entièrement la foi catholi-
que. Ensuite ils font ensemble un
festin , après lequel on descend un
cliat noir derrière une statue , qui
est ordinairement dans ce lieu. Le
prosélyte baise le premier ce chat an
derrière, el api-ès lui celui qui pré-
side à l'asseiubléo, et les autres qui en
sont digue-. Les imparfaits reçoivent
spulemenl If baiser du maître , et ils
ne baisent le cliat que lorsqu'on est
contenl de leur conduite ; ils pr(î-
nie tient obéissance , après quoi ils
GREG
éteignent toutes les lumières, et ils
commettent entre eux toutes sortes
d'impuretés. » On a encore de ce
pape , Nova compilatio decreta-
liiim cum glossâ , imprimée pour la
première fois à Mayeuce , 1475 ,
in-folio.
X. GRÉGOIRE X (Thibaud),
né à Plaisance, de Tillustre famille
des Visconti, archidiacre de Liè-
ge , étoit dans la Terre - Sainte
avec Edouard, roi d'Angleterre, lors-
qu'il apprit qu'il avoit été élu pape
par compromis le i*^"^ septembre
1271. Il indiqua , 1 année suivante,
im concile général. La lettre de con-
vocation marquoit trois principales
raisons de le tenir : le schisme des
(rrecs, le mauvais élat de la Terre-
Sainte , et les vices et erreurs qui
se muUiplioient dans l'Eglise. Ce
concile se tint à Lyon en 1274, et
lut très-nombreux. On y compta 5oo
évêques , 70 abbés , des ambassa-
deurs de presque tous les princes
chrétien*. Après le concile, Grégoire
Ht faire des préparatifs pour la croi-
sade ; mais ils furent sans effet : il
ne se ht plus aucune entreprise gé-
nérale pour la Terre-Sainte. Le pape
mourut peu de temps après à Arezzo
le 10 janvier 1276. Ilserenditre-
commaudable par sa piété, son sa-
voir , et son amour de la discipline.
Il avoit été élu à la persuasion de
saint Bonavenlure. Ce fut lui qui
ordonna que les cardinaux, après la
mort du pape , seroient renfermés
dans un conclave , et qu'ils y reste-
roient jusqu'à ce que l'élection fut
faite; règlement sage, qui empêcha
que le saint-siége ne fût trop long-
temps vacant , et quiarn'ta les intri-
gueset les séditions. Le jésuiteBonuc-
ci a publie la Vie de Grégoire X, en
1711, à Rome , in-4°. On a de lui
des J^ellres dans les conciles.
i- XI. GRÉGOIRE XI ( Pierre
Roger ) , Limousin , étoil neveu du
GREG
5g
pape Clément VI , et fils de Guil-
laume , comte de Beauforl, qui vi-
voit lorsqu'il fut élu pape le 29 dé-
cembre 1070, âgé seulement de 4f>
ans. Clément VI l'avoit fait cardinal
avant l'âge de 18 ans, et lui avoit
donné un grand nombre de béné-
fices ; abus qu'on s'efforçoit de justi-
fier , par la nécessité où étoient les
cardinaux de soutenir leur dignité.
Sou savoir et son mérite lui ayant
procuré la tiare, son premier soin
fut de réconcilier les princes chré-
tiens , d'envoyer du secours aux Ar-
méniens attaqués par les Turcs , et
de réformer les ordres religieux. Le
saint-siége étoit encore à Avignon;
mais la présence du pape étoil très-
nécessaire a l'Italie. Les FInrenlins
et la plupart des villes de l'état ec-
clésiastique s'étoient révoltés. Le
pape, croyant remédier à ces désor-
dres , et sur-tout vivement pressé
par sainte Brigitte de Suède et sainte
Catherine de Sienne , passa à Rome
en 1377. 11 y mourut l'année d'a-
près , le 28 mars 1 078 , à 47 ans ,
peu regretté des Romains et des Flo-
rentins , et soupirant après le séjour
d'Avignon. Ce pontife se rendit re-
commaiidable par sa vertu , par sa
charité, par la bonté de son carac-
tère , par son savoir dans le droit
civil et canonique, et par la protec-
tion qu'il accorda aux gens de let-
tres. Le père Berlhier lui reproche
un peu trop de tendresse pour ses
parons. Ce fut lui qui proscrivit le
premier les opinions de Wiclef. On
a de ce pape des Lettres dans Wa-
ding et daus Bzovius.
XU. GRÉGOIRE XII, Vénitien ,
connu sous le nom A' Ange Corario ,
avoit été honoré de la pourpre par
le pape Innocent VII. L'esprit Ap
conciliation qu'il avoit marqué dans
ses nonciatures lui fit donner le
souverain pontificat le 3o novembre
1 406 , dans jp temps malheureux du
schisme d'Occident. On eut la pré-
6o
GREG
caution de lui faire signer un com-
promis, par lequel il s'engageoit à
renoncer à la liare , en cas que l'au-
tre conleiidant cédât de son côté. Les
deux papes s'épuisèrent en lettres et
eu promesses. Ils dévoient abandou-
iier leurs droits respectifs: Grégoire
Xll ne cessoit de l'écrire , Benoit
XUl de le dire , et tous les deux
éloient fort éloignés de l'exécuter.
Les cardinaux, voyant qu'ils n'agis-
soient pas de bonne foi , convoquè-
rent un concile général à Pise , dans
lequel ils les déposèrent , et élurent
Alexandre V. Pour contrebalancer
ce concile, Grégoire en tint un à
Udine dans le Frioul ; mais, crai-
gnant à tout moment d'être arrêté ,
il se retira à Gaële , sous la protec-
tion de Ladislas, roi de Naples.
Ce prince l'ayant abandonné , il se
réfugia à Rimini , d'où il envoya sa
l'enonciation au coucile de Constan-
ce. Grégoire , instruit qu'elle avoit
été acceptée , quitta toutes les mar-
ques de la dignité pontificale. Le
concile, en reconnoissance de sa sou-
mission, lui donna les titres àndojen
des cardinaux et de légat perpétuel
dans la Marche d'Ancône. Il mourut
à Recanali le 18 octobre 1417, à 92
ans , pénétré du néant de la gran-
deur , et détrompé sur ces sublimes
misères qui avoieut semé sa vie d'a-
inerluines.
tXlII. GRÉGOIRE XIII (Hugues
BuoNCOMi'AONO) , Bolouais , succes-
seur de Pie V le i3 mai 1072. C'é-
toit un des lioinmes les plus profonds
de son siècle dans la jurisprudence
civile et canonique. Il i'avoit profes-
sée avec distinction , et avoit paru
avec autant d'éclat au coni;ile de
'i'renle, en qualité de jurisconsulte.
Pie V récompensa ses services, et le
lit cardinal après sa légation d'Es-
])agne. Il avoit 70 ans lorsqu'il fut
élu ])ape. Les principaux événemens
de son pontificat sont l'embellisse-
jiicul de la \ illc de lluitie, qu'il orna
GREG
d'églises , de palais, de portiques , de
j)onts, de fontaines; lacoudanniatiou
de Baïus ; le rétablissement de l'or-
dre de Saint-Basile ; les secours de
troupes et d'argent qu'il envoya à
Henri lll contre les calvinistes. Mais
il s'est principalement rendu célèbre
par la réforinaliou du calendrier. Il
s'y éloit glissé des erreurs si consi-
dérables , qu'on ne célébroit plus les
fêles dans leur temps , et que celle
de Pâques , au lieu de demeurer
entre la pleine lune et le dernier
quartier de la lune de mars , se se-
roit trouvée insensiblement au sol-
stice d'été , puis en automne, et enlia
en hiver. Il s'agissoitde mettre ordre
à cette confusion, et il en avoit été
question dans les conciles de Coijs-
lance,de Bàle , dans le cinquième de
Latran , etc. Sixte IV y employa Re-
giomonlan , qui mourut avant d'a-
voir exécuté son projet. Enfin Gré-
goire XIll s'en étant occupé sérieu-
sement , un mathématicien romain
( Louis Lilio) fournit la manière la
plus simple et la plus facile de ré-
tablir l'ordre de l'année , tel qu'où
le voit dans le nouveau calendrier,
ïl ne falloil que retrancher dix jours
à l'année i,'i82 où l'on étoit pour
lors, et prévenir le dérangement
dans les siècles à venir. Grégoire XIII
jouit de la gloire de cette réforme ;
mais il eut plus de peine à la faire
recevoir par les nations qu'à la faire
rédiger par les mathématiciens. Elle
fut rejelée par les proteslans d'Al-
lemagne , de Suède , de Dauemarck,
d'Angleterre , uniquement parce
qu'elle venoit du pape. Ils craigni-
rent que les peuples, en recevant des
lois dans l'astronomie , n'en reçus-
sent bientôt dans la religion, llss'o-
piniàlrèrent à suivre l'ancien ca-
lendrier ; et c'est de là qu'est venu
l'usage d'ajouter aux dates les termes
de vieux style pour ceux qui rele-
noient l'année Julienne , et de !iou~
i'eau style pour l'année Grégorienne.
En Fiance, dans les Pays -Bas, dans
GREG
la Grèce , on refusa d'abord ; mais on
reçut ensuile celle vérité utile, qu'il
auroil t'.illu recevoir des Turcs, dit
un homme despril, s'ils l'avoieut
proposée. Les Anglais, les protestans
d'Allemagne el du Nord , l'ont reçue
depuis quelques années. Il n'y a que
les Russes qui aiment mieux , a-l-on
dit, èUe brouillés avec tout le ciel
que (le se rencontrer avec l'Eglise ro-
maine. Grégoire XllI mil en même
tenijis la dernière main à un ou-
vrage aussi désiré par les juriscotisul-
tes que la réformalion du calendrier
l'étoil par les aslronomes. C'est le Dé-
cret de Graùen. 11 le publia , enrichi
de savantes noies. Le pape avoil
beaucoup travaillé lui-même à celle
correction, dans le temps qu'il ])ro-
lessoit à Bologne. I! amioit les scien-
ces, el s'en occupoit quand les affaires
lui laissoieut quelque loisir. « Un
pape, disoil-iljdevroil tout savoir. »
Le? derniers jours de son ponliticat
lurent marqués par une ambassade
envoyée du Jaiion , de la part des
rois de Bungo et d'Arima , et du
jirince d'Omura, })Our reconnoiire
lautorité du saint-siége. C'étoit le
l'ruit des missions des jésuites. Gré-
goire mourut peu de temiis après,
le lo avril i.TiSôjà 83 ans. Le peu-
ple eût été très-heureux sous ce pon-
tife, doux jusqu'à la foililesse , si la
tranquillité publique de sesétals n'a-
voil pas été quelquefois troublée par
des bandits. C'est sousson poulilicat
qu'arriva en France le terrible mas-
sacre de la Saint-Barlhéleuii. On
prétend qu'il existe une médaille que
ce pape fit frapper sur cet événe-
ment, avec celle légende d'un côté:
Gkegorius Xlil. Pont. Max.
An. 1. , et le porlrail de ce pane : el
de l'antre, l'Ange exterminateur,
armé d'une croix et d'une épée , qui
massacre les biiguenots , et ces mots :
HUGEN'OTGRUM STKaGES , IÔ72.
( Voyages de Misson , tom. P'', p.
1Ô8.) Il ne voulut jamais écouter
le cardaial de Pellevé, qui le pressoit
GREG
6r
.d'assister la Ligue de troupes et d'ar-
gent , persuadé que les vices secrets
de Heijri lU n'étoientpas une raisoa
de se révolter contre lui. On repro-
choà ce pape d'avoir eu trop de com-
plaisance pour sa famille , et trop
peu de fermeté pour arrêter et pu-
nir les désordres, et sur-lout ceux
des bandits, qui, sons son pontificat,
couroienl impunément la campagne
de Rome , et osèrent même porter
leurs fureurs en plein jour jusque
dans cette capitale. Le cardinal Bor-
romée, à (pu il avoit la principale
obligation de son élévation sur le
siège pontifical , lui dit un jour :
« Saint-père, si javoiscru que vous
eussiez tenu une telle conduite étant
pape , vous n'auriez eu ni ma voix
ni celle de mes amis. — Bon , dit
Gi'égoire, est-ce que le Sainl-Espnt
ne le sa voit pas ? » On a de ce pape ,
I. Ijitterœ, processus, lectœ die cœ-
iiœ /Jo/;;//«' , Farisiis, i58o,in-8^.
II. Tractatus uniuersi juris duce et
ausphe (iregoiio XIII , in ununi
coiigesfi , Venetiis , i58o , 27 lom.
en 21 vol. in-fo!., y compris la
table.
t Xiy. GRÉGOIRE XIV (Nico-
las Sfondrate), pape après Urbain
Vil, le 5 décembre i5()0, étoit fils
d'un sénateur de Milan. GrégoireXIlI
l'avoit fait cardinal. Dès qu'il eut
été placé sur le troue pontifical, il
se déclara contre le roi Henri IV, à
la persuasion de Phiiijjpe II. Une
armée d'Ilaiiens l'ut levés pour ra-
vager la France aux dépens du tré-
sor que Sixte-Quint avoit laissé
pour défendre l'Italie; cette armée
fut hallue et dissipée. Bien diflerent
de 8ixle- Quint, Grégoire XIV ne
parut propre à commander que tant
qu'il demeura dans un état |)rivé.
Il u'avoil que les qualités d'un moi;ie.
Sa sobriété éloit si grande , qu'il
n'usa d'un peu de vin que sur la fin
de sa vie. H donna le chapean rouge
aux cardinaux réguliers , envoya dus
62
GREG
missionnaires au Japon pour consoler
les chrélieus qu'on y persécutoit, et
lâcha de faire exécuter les décrets du
couciie de Trente. Il mourut de la
pierre le i3 octobre iBgi , à 67 ans,
n'ayant occupé la chaire de î3. Pierre
que dix mois.
XV. GRÉGOIRE XV (Alex.
LuDOVisio ), Bolonais, d'une famille
ancienne , fut fait archevêque de
Bologne, et honoré de la pourpre
par Paul V. Sa science dans le droit
canon , sa douceur et ses autres ver-
tus le firi'ut élire pape le 9 février
162], à 67 ans. Sa couiplexion éloit
foible , son zèle ardent , et il mourut
le S juillet 1625. Ce pontife érigea
l'évèché de Paris en métropole ,
fonda la Propagande , approuva la
xéforme des bénédictins de S. Maur ,
donna des secours considérables à
l'eanjereur et au roi de Pologne qui
soutenoient une rude guerre , l'un
contre les hérétiques, l'autre contre
les Turcs. 11 aima les pauvres et as-
sista les malades. On a des preuves
de sa science dans plusieurs ouvrages
qu'il laissa , entre autres , Epistula
ad regcrn /-^e/Sf/yw/zi Schah Ahbas,
cunt nous Hegalsoni , 1627, in-ii"^,
et les Décisions de la Rote.
t XVI. GRÉGOIRE de Néocé-
sarÉe (saint), surnommé le thau-
maturge , disciple d'Origène , fut
élevé sur le siège de Néocésarée, sa
patrie, vers l'an 2^0. Grégoire évita
cet honneur par la fuite; mais il fal-
lut qu'il se rendit aux sollicitations
du peuple. On a prétendu qu'il avoit
fait des miracles. Lorsqu'il monta
sur le siège de Néocésarée , il ne
trouva dans cette ville que dix-sept
chrétiens : se \oyaut près de mourir,
il n'y laisivoit plus, dit-on, qu'un
pareil nombre d'idolâtres. Grégoire
mourut le 17 novembre 263. Les
Pères parlent de lui comme d'un
HOU veau Moyse , d'un nou\ eau Paul.
Rufiiu et Uiuard le nummcui m;;!-
GREG
(yr , suivant la coutume des Grecs
qui donnoient ce nom à ceux qui
avoienl beaucoup soutîtrl pour la
cause de l'Evangile. Parmi les ou-
vrages de ce défenseur de la foi, il y
en a plusieurs qui ne sont pas de lui ;
mais le l'ernercîment à Origè/ie ,
morceau d'éloquence , l'fJpitre ca-
nonique et la Paraphrase de VEc-
clésiasle que nous avous sous son
nom , sont cerlainement de lui. Tous
ces écrits ont élé recueillis par G.
Vossius et autres, en un volume
in -fol. , grec et latin, eu 16:22, à
Paris.
i XVn. GRÉGOIRE DE Na-
ZfANZE (saint ), dit le ihéulogien ,
né vers l'an 028 à Arianze, petit
Itourg du territoire de Nai^ianze en
Cappadoce , étoit hls de saint Gré-
goire , évêque de Naziauze, et de
sainte Nonne, l'un et l'autre égale-
ment célèbres par leur i)iété. Leur
premier soin fut d'élever leur fils
dans la vertu et dans les lettres, il
brilla dans Césarée, dans Alexandrie,
dans Athènes, où on l'envoya étudier
sous les plus habiles maîtres. C'est
dans celte dernière ville qu'il connut
le fameux Julien , qui depuis voulut
l'approcher de son trône, mais inu-
tilemeut. Dès (ju'il eut fini ses étu-
des , il s'enfouva dans un désert avec
Basile, son illustre ami , et n'en sor-
tit que pour aller soulager son père
qui , accablé sous le poids des an-
nées, ne pouvoit plus porter le far-
deau de réj)iscopat. Ce respeclai)le
vieillard, aiToibli ])ar l'âge, avoit
signé le formulaire de Rimiui; son
fils rengagea à rétracter sa signa-
ture , uistruisit les lidèles , et lésisla
aux hérétiques. Elevé au sacerdoce
pur sou père , elensuite sacré éveque
de Sajiime en Ca[)i>adoce par saint
llasile , il abandonna ce siège à un
autre évêque pour se retirer de nou-
^eau dans la solitude. Son père,
l)rè' à desccntlre au tombeau , le pria
y une secondt,' lois de n enir gouverner
GREG
son église. Grégoire se rendit à ses
instances; il fit toutes les fonctiens
d'évêque, mais sans en vouloir pren-
dre le titre. Ou A'oulut le lorcer
d'accepter 1 episcopat , et il s'alla
cacher encore une ibis dans son dé-
serl. Ses amis l'eugagèrenl à en sor-
tir pour aller l'an 079 à Coustanti-
iiople combattre les ariens. 11 fut
mal reçu d'abord , et n'opposa à
leurs outrages que la patience. Mais
son genre de vie simple, retiré,
austère , fixa bientôt le respect et
l'affecliou du peuple. Ses prédica-
lious en eurent plus de poids. Joi-
gnant à une conuoissance profonde
de l'Ecriture un raisonnement juste
et pressant , une imagination vive
et une merveilleuse facilité de par-
ler, il attiroit autour de sa chaire
les hérétiques et les païens même.
En peu de temps les ariens parurent
vaincus. En vain s'armèrent-ils de
la calomnie et de l'imposture ; l'em-
pereur Théodose -le -Grand rendit
justice au saint evèque , et se déclara
pour lui. Les ])rélals d'Orient, as-
semblés par ordre de ce jirince, l'é-
lurent évoque de Conslanlinople ;
mais voyant que son éleclion eau-
soit du trouble, il y renouça , re-
tourna à Nazianze , gouverna encore
cette église pendant quelque temps ,
y fil établir un évèque , et enfin
revint dans sa retraite, où il mou-
rut en Sgi , suivant l'opinion la plus
probable. Son > isage étoil desséché
par les larmes; sa nourriture irès-
iVugale; c'éloit, comme il le dit,
celle des hèles et des oiseaux. Il
navoit qu'un seul babil, ne porloit
point de souliers, passoit Ihiver
sans feu , et ne couchoit que sur la
paille. Il sorloit très-peu. Il redou-
toit la tenue des conciles, où il avoit
plus souvent vu, disoit-il, l'cspiÉI
de dispute et de domination, que
l'envie de faire le bien et de parvenir
à la paix. 11 nous reste de lui beau-
coup d'ouvrages , dont les princi-
paux sont , I. 55 Semwns qui ont
GREG
63
été traduits en français par l'abbé de
Bellegarde , Paris, 169:1, 2 vol.in-S".
II. Un grand nombre de Lettres.
III. Des Poésies. Ces différentes pro-
ductions ont été recueillies à Paris
en 1609 et 1611, 2 vol. in-fol. ,
avec des notes , et la version de
labbéde Billy, très-inslruit dans la
langue grecque. On trouve dans
Tollii i/tsignia itinerarii Italicl ,
à Utrecht , 1696, in-4°, des J^vésics
de saint Grégoire de Nazianze , qui
n'avoient pas encore été imjirimées.
Ce père de l'Eglise a été l'un des
premiers orateurs chrétiens de sou
siècle , par la pureté de sa diction ,
la noblesse de ses expressions , l'élé-
gance du style, la variété des figures,
la justesse des comparaisons , la force
des raisounemens , l'élévation des
pensées : malgré cette élévation , il
est coulant et agréable. Ses périodes
sont pleines , et se soutieuueut jus-
qu'à la fin. C'est l'Isocrale des Pères
grecs; et sa sainteté ne rempèchoit
point d'être ilatlé du rang qu'on lui
donnoit parmi les orateurs de sou
temps. Ou peut néanmoins lui re-
procher qu'il affecte trop de se servir
d'antithèses , d'allusions , de compa-
raisons. Ses pensées et ses raisoune-
mens portent quelquefois à faux.
Ses Sermons soûl mêlés d'un grand
nombre de pensées pliilosophiques ,
et semés de traits d'histoire et même
de mythologie. Quoiqu'il enseigne
la morale d'une manière qui est plus
pour les gens d'esprit que pour le
vulgaire, il est très- exact dans l'ex-
plication des mystères; qualité qui
lui mérita le nom de théologien
par excellence. Dans ses Foésies ,
presque toutes le fruit de sa re-
traite et de sa vieillesse , on trouve
encore tout le feu et la vigueur
d'un jeune poêle. Hermanl a écrit
sa \ie , in-4° , avec exactitude et
aAcc éloquence.
t XVUI. GRÉGOIRE de Nysse
, (iaint ) , évèque de cette ville , né
64
GREG
en Cappadoce vers l'an 35 1. Frère
puîné de saint Basile- le - Grand ,
et digne de lui par ses taleus et ses
vertu, d s'appliqua de bonne heure
aux belles-lellres , et acquit une pro-
fonde érudition. Apres qu'il eut
prol'essé la rhétorique avec distinc-
tion , saint Grégoire ds Nazianze
l'engagea à quitter cet emploi , pour
entrer dans le clergé. 11 abandonna
des -lors la littérature profane, se
donna tout entier à l'élude des
saintes Ecritures , et se lit autant
estimer dans 1 Eglise qu'il l'avoit été
dans le siècle. Ses succès le firent
élever sur le trône épiscopal de Nysse
en 072.. Les hérétiques vinrent à
bout de le faire exiler, en 574, par
l'empereur Valens. IJu fond de sa
retraite, il ne cessa de les combattre
et d'instruire les orthodoxes. Il s'ex-
posa à toutes sortes de dangers pour
aller consoler son peuple. L'empe-
reur Théodose ayant rai)pelé les exi-
lés , à son avènement à l'empire ,
Grégoire retourna à Nysse eu 378.
L'année suivante il assista au grand
concile d'Antioche , qui le chargea
de visiter les églises d'Arabie et de
Palestine, et d'en cliasser l'arianisme.
Il n'y réussit pas. Il alla ensuite à
Jérusalem , et lut très-scandaiisé des
mœurs de ses Iiabitans. L'impression
dél'uvorable qu'il en rapporta , la
dissipation, suite des grands voyages,
le dégoûtèrent de cette pratique de
dévotion, dès -lors très -commune
parmi les chrétiens. L'église de cette
ville éloit dominée par les ariens ;
saint Cyrille, son évèque, n'y étoit
reconnu que par un très-petit nom-
bre. Saint Grégoire ne put ramener
les schismatiques à l'unité. 11 mourut
le 9 mars 096 , dans un àgy fort
avviucé , avec le surnom de Père des
Pères. Sesouvragesontélé recueillis
en ibof), à Paris , en 2 voi. in-fol. ,
par Fronton du Duc. Frédéric Morel
en lit une antre édition en i6i5, à
laquelle il faut joindre jippandix
Crc^orll, ex editionc Jacobi Gret-
GREG
fcrl , Paris, 1G18, in-fol. , et l'on
y ajouta encore quelque chose eu
iGj8. Celte dernière édition , eu
trois volumes, n'est pas correcte, et
l on préfère celle de iGâS , trois vol.
in-fol. Ses principaux écrits sont ,
i. Ues Oraisons J'uncbrcs. II. Des
Sermons, lll. Des Panégyriques des
saints. IV. Des Com/nentaires sur
l'Ecriture. V. Des Traités dogma-
tiques. ( Voyez Dj;ny:j , n" XVL )
Quoique sairt Grégoire eût enseigné
féloquence , et que l'holius loue les
agrémens et la noblesse; de son style ,
il n'appiocl.e ni de iaint Basile ni de
saint Grégoire de Nazianze. Il parle
plutôt, en dJclamaleur qu'en orateur.
Toujours c d'oncé dans l'allégorie ou
dans les raisonnemens abstraits , il
mêle la philosophie avec la théologie,
et se sert des principes des philo-
sophes dans l'explication des mys-
tères. Aussi ses ouvrages ressemblent
plus aux traités de Platon et d'Aris-
tote qu'à ceux des autres Pères de
l'Eglise. 11 a suivi et imité Origèue
dans» l'allégorie. Dans %Qi\ Discours
SU/' la mort , il paroit admettre cette
purgation générale qu'oji attribue
aux origénistes ; ce qui fa fait ac-
cuser d'avoir partagé leurs opinions;
mais ])iusieurs prétendent que ce
qu'on trouve dans ses écrits de trop
favorable à l'origénisnie y a été
ajouté par les hérétiques.
1 XIX. GKÉGOIEE de Touiis*
(saint), évèque de cette ville, né
vers l'an 5.445 d'une famille illustre
d'Auvergne. Gallus, évèque de Cler-
niont, son oncle , le fit élever dans
les sciences et dans la vertu. Devenu
évèque de Tours en .57r), il assista à
plusieurs conciles , montra beaucoup
de fermeté en diverses occasions ,
g^ur-tout contre Cliilpéric et Fréde-
gonde, qu'il reprit souvent de leurs
désordres. Cette princesse ayant été
accusée, par le bruit public, d'adul-
tère avec un évèque, Grégoire de
i Tours fut dénoucé comme répau-
GREG
dant ce bruit. Chilpéric le fil ciler
dans un concile, où il prolesla qu'il
ii'ëloii point railleur des propos
contre la reine ; mais qu'il les avoit
entendu tenir. On lui ordonna de
se purger par serinent ; il le lit, et
lut oibïous. Sur la Hn de ses jours
il se rendit à Rome, et mourut le 27
novembre Sg.î , à 5i ans. On a de
lui , I. Une Hisloire ecdésiastique
et profafie , depuis L'étabinsemciit
du c/trislianis/ne dans les (îaults ,
par saint Pothin, éyêque de î.yon ,
jusqu'en .^96. Grégoire de Tours est
le père de notre Histoire i mais il
n'est pas le modèle des historiens.
Simple, crédule, il n'a mis de clioiic
ni dans les laits ni dans les expres-
sions. Son style est aussi grossier
que le siècle où il vivoil. 11 ne se
lait pas un scrupule de mettre dans
son latin un cas pour un autre. II
ne marque les dates ni des jours ni
de l'anuëe où sont arrivés les évé-
nemeus. Animé, en écrivant, du
même zèle qu'inspiroient ses dis-
cours , il n'épargne pas ses ennemis;
et Chilpéric n'est à ses yeux que
le Néron de son temps ; et Frécié-
gonde , qu'une femme abominable ,
ennenne de Dieu et des hommes.
Quelques critiquesont cru qu'il avoit
un peu exagéré les vices de l'un et de
l'autre. Quoi qu'il en soit, nous ne sa-
vons guère sur nos premiers rois que
ce que cet historien nous eu a appris.
La meilleure édition de son ouvrage
est celle de dom Ruinart , en 1699 ,
à Paris, in- fol. Dom Bouquet l'a
insérée dans sa grande Collection
des historiens de France , après
l'avoir revue sur des manuscrits in-
connus à son confrère. L'abbé de ftla-
rolles, le plus infatigable et le plus
médiocre de nos traducteurs , en a
donné une version , 1688 , 2 vol.
in-8'^ , qui est, comme toutes celles
qui sont sorties de la même main ,
rampante , infidèle , etc. II. Huit li-
vres snr les vertus et les miracles des
Saints : ils sont remplis de tant de
T. VIII.
GREG
65
prodiges si extraordinaires , qu'il est
difficile qu'on y ait ajouté foi , même
daiis son siècle , quelque goût qu'on
eût pour le merveilleux. La liberté
que se sont donnée les copistes , d'a-
jouter ou de retrancher à ses écrits ,
a pu augmenter , dit le père Lou-
gueval , le nombre des fautes qu'on
lui reproche : la différence qui se
trouve dans les manuscrits et dan»
les éditions de ses ouvrages prouve
effectivemeat que quelques-uns ont
été altérés. On jieut consulter ,
sur cet historien , le tome III" de
IHistoire litlcraire de la France ,
par dom Rivet : on y trouvera une
notice* exacte de tous les ouvrages
de Grégoire de Tours, et un détail
circonstancié de toules les éditions ,
tant générales que particulières qu'on
en a faites, avec le jugement qu'où
doit eu porter.
XX. GRÉGOIRE d'Arimini ou
DE RiMlNl , général des augustins
en lo.'jy, surnommé le Docteur
aiit/ienlique, est auteur d'un Corn-
metilalre sur le maître des sen-
tences, Valence, i56o, in -folio ;
d'un Traité de l'usure , et à' autres
ouvrages peu estimés, Rimini, j 622,
in-fol. Il combattit les théologiens
qui soulenoieut, que «Dieu peut
permettre que deux propositions
contradictoires sur un même sujet
soient vraies en même temps. »
t XXI. GRÉGOIRE de Saint-
Vincent , né à Bruges en i584 , se
lit jésuite à Rome à l'âge de 20 ans.
Disciple de Clavius pour les mathé-i
matiques , il les professa avec répu-
tation , et fut appelé à Prague par
feinpereur Ferdinand II. Philippe
IV, roi d'Espagne, le voulut avoir
pour enseigner cette science au jeune
prince Jean d'Autriche, son iils. Il
sui vitl'arméede Flandre peudaii luire
campagne , et y reçut plusieurs bles-
sures en coufessaut les toldats blessés
ou mourans. Il mourut à Prague li
5
66
GREG
27 janvier 1667. On a de lui, en
latin, trois savans ouvrages de ma-
ihéinaliques , dont le priucipiil , el
le pins connu , est intitulé Opus
gcometincuni quadraturœ circuli ,
el .section II m coni , decem libris
cumprehensuin , Anvers, 1647, en
2 vol. in-lbl. Quoiqu'il ne dëaioutre
pas celle qnadraliire, son livre con-
tient un grand nombre de vérités
et de découvertes importantes, l^e
père Léotaud, jésuite, a publié une
Criliq.ie de cet ouvrage , Lyon ,
16,'î/j, ia-4°. II. T/ieorernata ma-
thematica , Louvaiu , 1624 , in-q°.
m. Opus geometricum poslhu-
înum , Gand , 1668 , in-foL. Le père
Grégoire a i-nrichi la géométrie d'un
grand iionibn^ de vérités nouvelles ,
de vues profondes , de recherches
étendues. Leib lilz l'élève au-dessus
de Galilée el de Cavaliéri du côté
de riiiventiiiii. Auteur vaste , péné-
trant, original, il a résolu la plu-
part des prol)lèmes qui a voient ar-
rêté les anciens géomètres ; et ceux
qu'il n'a pu résoudre, il en a porté
la solution au point où les calculs
moderne-! les laissent encore aujour-
d'hui, ijt P. Castel , qu' éloil exngé-
rateur, disoit qu'en possédant bien
les ouvr;iges de Grégoire de Samt-
Vincent , on savoil tout Newton ,
et que le j^éomètre anglais s'étoit en-
richi des tlépouilles du géomètre fla-
mand. Tout ce qu'on peut dire , c'est
que le jésuite ne fut pas inutile à
Newton.
XXII. GRÉGOIRE ( Pierre ) ,
Toulousain , célèbre professeur en
droit, mort, en 1397, à Pont-à-
Mousson , a laissé , I. Sjntagma
Juris universi , lu-fol. U. J)e lie-
pultlicd , iii-8° , et d'autres ouvrag'js
pleins dune érudition mal digérée.
* X>Cni. GRÉGOIRE (Mari m ) ,
médecin, natil de Tours, profps-^a
à Paris vers le milieu du \^Y' siècle.
Savant dans la langue grecque , il a
traduit les ouvrages de Galieii,sous
GllEG
ces litres, De aUmentorum fa~
cjtltatlbus libri très ; De atténuante
l'ictus ratiune ,Vnr\s\is , i5.^)0,in-4";
Lngduni , 1555, in- 12; Lugduni
kJalavorurn, i653, in- 12. Intro-
(iuctlo in pulsus , Lugduni , i55o ,
iu-l :i.
* XXIV. GRÉGOIRE ( saint) ,
Parthe , surnommé illurniiiateur ,
parce qu'il fut l'apôtre d'Arniéiiie ,
el convertit les Arméniens au chris-
tianisme, étoit iils d'Anag , per-
sonnage illustre , descendant de la
famille Arsacide en Ptrse ; son père
ayant tué par trahison Khosrov 1^"^,
roi d'Arménie , sa famille lut dé-
truite sur-le-champ par les troupes
de ce prince ; mais Grégoire , encore
en bas âge el étant chez sa nourrice,
échappa à c* massacre el se sauva
en Césarée de Cappadoce ; après y
avoir été élevé dans les principes
du christianisme, il s'y maria et eut
plusienr.s enfans. A celle époque ,
1 Arménie étoil subjuguée par Ar-
dacliir-Sassanide, elTiridate, Iils de
Khosrov Y^ et héritier du trône de
ce pays, s'étoit sauvé à Rome. Gré-
goire se rendit alors auprès de ce
jeune prince el entra à son service
sans avoir fait connoilre sa véri-
table origine. En 286 Tiridate en-
tra dans son royaume à la tète d'une
armée annénieiine et romaine , et
Grégoire le suivit en qualité de
chambellan. Mais le roi sut bientôt
qu'il éloil hls d'Anag , l'assassin de
.■^on père ; il ordonna aussitôt de le
renfermer dans le cachot de la ville
d'Ardacliad ou Artakale. Après 1/4
ans de détention saint Grégoire fut
mis en liberté par la médiaiion de
Khosrovilouklil , sœur du roi , el il
s'efforça de gagner de nouveau l'af-
feclion de ce prince ; le christia-
nisme avoit fait'dcjà des progrès à
la cour et parmi le peuple de ce
royaume. St. Grégoire s'y mitalorsà
))richer publiquement la doctrine de
J. C. Il convertit d'abord le roi el sa
GREG
famille ; ensuite , par la force dis ar-
mes el par la prédication , il amena la
plus granue partie du peuple à la
religion de l'Evangile vers l"!in aoi.
Il en reçut le suruosn Aillurni/ia-
tturel d'aj)6t/e d'yjrniéiiie. Après
avoir détruit les teniples et brisé
ton tes les statues des divinités païen-
nes d'Arménie , il alla par ordre du
roi à Césarée de Caj)padoce pour être
sacré évèque métropolitain de ce
pays. Au retour à Vagharchabad ,
alors ville capitale de ce royaume ,
il balil l'église patriarcale d Elch-
rniatzin , qui existe encore aujour-
d'hui , el fut nommé premier ca-
iholicos d'Arménie. Malgré l'autorité
du roi il tiouva sans cesse de grands
obstacles à l'établissement dflinilif
du christianisme. Dégoûté par des
troubles religieux, il laissa le pou-
voir ponlilkal à son fils Arysda-
ghès , et se relira dans un lieu
sûr et tranquille sur la montagne
de Sébouh , où il mourut vers la tin
de l'an o'6 1 . Grégoire , illumiiiaieur,
est le saint le plus révéré ])ar les
Arméniens. On iui attribue un Re-
cueil ci' Homélies , qui a été impri-
mé à Constantinoiile. Koyez les
articles Arzan, n" I , et Arys-
dagijÈ3,u°I.
* XXV. GRÉGOIRE -MAKIS-
DUOS ou MaoystÈre, descendant
d'une branche latérale de la famille
Parlhe ou Arsacide, naquit vers le
commencement du 1 1* siècle. Son
père, Vassag , prince de Pégeny dans
la grande Arménie, lefitd'abord ins-
truire par d'habiles maiires jusqu'à
l'agede 12 ans ; ensuite il l'eiivova à
Couslantinople pour y acquérir, de
nouvelles connoissances., Après la
• mort de Vassag , Grégoire succéda à
son père dans la principauté de Pége-
ny. Jean , roi Pacralide , le nomma
versl'an io3o membredesonconseil,
etluidonnalecoramaudement d'une
armée. E\^ 1042 les Scythes en-
Irèreui en Arménie avec une armée
GREG
67
formidable. Ce prince les pvé\int
par une manœuvre sagement com-
binée ; il les envelojjpa entre ses
troupes, lesdétruibitpresqueentière-
ment eu une seule journée , et iit
connoitre la supériorité de ses taleus
militaires. I,esla\orisdu voïKakiklI,
successeur de Jean , jaloux de la re-
nommée .de Grégoire, le desservi-
rent auprès de leur maître , au point
que ce princp,ne croyant plus être
en sûreté, se relira à Oonslanlinopie
vers l'an 1044, et s'occupa à cul-
tiver les lettres et à entretenir une
correspondance avec les savaus de
toutes les nations d Orient. 11 acquit
également de grandes tonnoissauces
dans les langues arménienne , grec-
que , arabe , persane , syriaque et
géorgienne ; la philosophie , les ma-
ihématiques , l'aslronomie , l'his-
toire , la poésie, l'Ecriture-sainte,
la théologie et l'art militaire. A cette
époque, se Irouvoil dans cette capi-
tale un savant arabe nommé J\ia-
noutcbé , instruit également dans
toutes les langues, el qui avoil reçu
des marques d'honneur de la pa^t
du calife d'Egypte , de celui de Bag-
dad et de l'empereur grec. Ce per-
sonnage eut quelques démêlés liité-
raires avec le prince arménien. 11.
méprisoitle style de la Bible etpar-
ticulièrement celui desEvangiles , el
il regardoit l'Alcoran c.omtne un
livre divin , parce qu'il étoil écrit
en vers el dans un style éloquent.
Grégoire, pour lui prouver que la
poésie et l'enchaulemenl dans l'éio-
cution li'éloient point des choses di-
vines , composa lui - même en trois
jours un poëme de 1,000 versets,
chacun de deux vers , contenant
.toute l'histoire de la Bible depuis la
création jusqu'au jour du jugement
dernier. Manonlché, étoinié de ce
fait, embrassa le christianisme com-
me on en éloit convenu d'avance,
et fui baptisé dans celte vilie. Uu
autre savant arabe , nommé Emir
, Abraliim^ eut des disputes irès-sé-
68
GREG
rieuses avec ce prince sur la reli-
gion ; ils enlretimeut une corres-
poudauce suivie pendant loiig-lenips,
mais on ignore de quelle manière
leurs querelles ont été terminées.
Eu 1045 Tenipereur Mononiaque
lui accorda le titre de magistère, et
peu de temps après il lui donna le
duché de la Mésopotamie. Grégoire
fut un des derniers et le plus vio-
lent persécuteur d'une classe d'Ar-
méniens qui conser voient encore jus-
qu'alors leur ancienne religion qui
ëtoill adoration du soleil , et ils s'a p-
peioienl Arevorly ou Tontragatzy.
Eu loôo ce prince parcourut pres-
que toute l'Arménie à la tète de ses
troupes, et les détruisit par-tout;
il brûla leurs habitations , leurs li-
vres et leurs temples. Il obligea les
prêtres et le peuple de cette secte
d'emljrasser le christianisme et d'o-
béir aux évèques. Grégoire étoit
grand dans toutes ses actions, sage
dans les conseils , vaillant dans les
combats. Tous ses écrits sont rem-
plis de bons préceptes , de philoso-
phie , de politique et d'érudition
sacrée et profane : peu de temps
avant sa mort , qui arriva en io58 ,
il écrivit à son Hls Vahran une lettre
d'exhortation , dans laquelle il lui
dfsoit : « Vivre dans ce monde est
nu sentiment commun à tous les
animaux , mais vivre en homme de
bien est un devoir à tous les hom-
mes qui raisonnent. » El il lui ajou-
loit à la fin de la même lellre:
«"Vous connoissez la manière dont
je me suis conduit , j'en attends l'é-
change de votre part , et je vous
invite de n'oublier jamais les tra-
ditions de nos pères , ni l'amour
envers Dieu , et de suivre toujours
Jes traces lumineuses de nos ancê-
tres, les Par thesnos premiers aïeux. w
Ce prince eut quatre fils et plusieurs
lilles. Vahran qui étoit l'aîné, suc-
céda d'abord à son père dans le
duché d'Edesse , ensuite il devint
^rand calholico» d'Arménie. Le ca-
GREG
det, nommé Vassag , occupa la prin-
cipauté d'Anlioche, et les deux der-
niers eurent des commandeiuens
dans les armées. Tous les auteurs
arméniens contemporains et posté-
rieurs ne parient qu'avec les éloges
les plus pompeux de ce prince. Les
ouvrages savans que nous connois-
sonsdelui sont , I. Une Grammaire
arménienne , laite à l'usage de Vah-
ran (son hls). Ezengantzy, dont
nous avons quelques productions
dans la bibliothèque impériale, en a
tiré beaucoup de matériaux pour la
composition de sa Grammaire. 11.
Un Poë/ne sur la Bible , dont nous
avons pailé plus haut; on le regarde
comme un chef-d'œuvre en poésie ;
il a été imprimé à Constantinople
avec le poëme du catholicos Ner-
sès IV. lil. Une Traduction ^n ax-
ménieu des (Euvres d Euclide. IV.
Un très -grand nombre ait Lettres
adressées à toutes classes de per-
sonnes. C'est dans ce précieux re-
cueil que se montrent le plus l'élo-
quence sublime des jugemens phi-
losophiques , la morale stoïcienne ,
l'érudition la plus vaste des cou-
noissances sur l'antiquité et l'his-
toire. Tous ces ouvrages mauuscriu
se trouvent dans la bibliothèque du
monastère arménien à Venise.
* XXVI. GRÉGOIRE, de
Sghevra en Cilicie , né vers l'an
1 1/19 , étudia pendant plusieurs au-
néesauprès de saint Nersès de Lam-
pion , devint un des premiers doc-
teurs d'Arménie , et professa long-
temps avec succès la théologie et l'é-
loquence. Il forma un grand nombre
d'élèves , et laissa difierens ouvrages
qui sont encore manuscrits. 1. Com-
mentaire sur le prophète Isaïe. H.
Explication des (Ëui'res de saint
Evacre , disciple de saint Basile.
III. La fie de saint Grégoire de
Nazegli. IV. Dix -sept Homélies
sur les fêtes de la Résurrection ,
de U Assomption et autres. V. Uu
GREG
Ih're de prières pour l'usage (Ju
clergé et des laïcs. VI. Un Eecueil
<V hymnes et de chansons sacrés et
profanes. VII. Un Traité desjigu-
res de rhétorique. La pUipurl de
ces ouvrages manuscrits se Irouveiil
dans la bibliothèque du couvent ar-
ménien à Venise.
* XXVII. GRÉGOÏRE-ERETZ
ou PiiÊTRK , natif de Kessoun dans
la petite Arménie , s'appliqua à la
littérature avec ardeur , et mourut
vers la fin du 12* siècle. Il laissa,
1. La continuation de l'histoire de
lïlatthieu d'F.desse ( dont il y a
deux exemplaires manuscrits dans
la bibliothèque impériale ) jusqu'à
l'an 1161 de J. C. Outre les évé-
uemens arrivés en Arménie et dans
d";nilres contrées voisines, l'auteur
y rapporte les faits liistoricpies con-
cernant les croisés, et les guerres
qu'ils eurent à soutenir contre les
Scythes, les Arabes et autres peu-
ples d'Orient. La bibliothèque du
monastère arménien à Venise pos-
sède un exeniplaire manuscrit de
cet ouvrage , qui seroil très-utile
])our éclaircir quelques points de
l'histoire de ce temps reculé. II. Un
Traité sur les civilités à l'usage
de la jeunesse.
* XXVIU. GRÉGOIRE-
TZERENTZ, né à Khiat, ville
de la grande Arménie , vers l'an
13/(5, s'appliqua de bonne heure
à lélude de la philosophie, de l'élo-
quence et de la théologie. En i378
il reçut le bâton doctoral , ouvrit
nne école dans la ville d'Arlzeghé
et forma gratuiteinent un grand
nombre d'élèves. En i4o6 il eut
l'abbaye de Tzibna près de cette der-
nière ville, et il y partagea son
temps entre la lecture et la compo-
sition de plusieurs ouvrages. L'es-
time et la réputation dont il jouissoit
parmi le peuple fil nailre dans l'es-
prit des Kurdes, qui gouveruoient
GREG
69
alors ce pays , une espèce de jalousie
et de haine; ils l'emprisounèrent et
It forcèrent d'embrasiser le maho-
métisme : \\n homme aussi éclairé
que lui , disoient-ils , ne devoit point
rester dans une religion erronée.
Mais Grégoire , constant dans ses
principes, mourut en héros par les
mains de ces barbares , vers l'an
142.5 , à l'âge de 80 ans. On a d«
lui , I. Un Livre de poésies et de
chansons sur plusieurs sujets sa-
crés et profanes. IL Un Faaégy-
rique en honneur de la Fierge.
On regarde ce morceau comme un
chef-d'œuvre d'éloquence. III. Vies
de plusieurs saints. W . Préceptes
de rhétorique , en deux livres. V.
Explication de la physique d'Jl~
ristote.
GRÉGORAS. Foy. Nicéphore,
n° IX.
* I. GREGORIO ( Pierre ) , de
Messine , célèbre jurisconsulte ,
exerça , dans sa patrie , plusieurs
emplois honorables , et vécut du
temps de Charles V. On a de lui ,
Ad bullani apostolicani Nicolai V
et regiam pragmaticarn Alphonsi
régis de censibus commentarius ;
de concessionibus feudorum trac-
tatus ; de pi ta et militid tractatiis ;
de dote ; de paragio ; de judi-
ciis causarum feudalium ; de
usuris et censibus ; de appellatio-
nibus ; genealogia fa/niliœ Car-
bonœ , etc.
* II. GREGORIO ( Charles ) ,
graveur , né à Milan en 171g , et
mort à Florence en 1759 , a gravé
plusieurs des statues antiques des
galeries de Florence , Clémentine et
du Capitole , ainsi que plusieurs
portraits avec Faucci et autres ; les,
tableaux de la galerie du marquis
de Gerini à Florence.
L GREGORY ( Jean ) , écrivain
GREG
anglais, lifibile dans les 'langues pt
dans la théologie, mort en 1G46, a
donné, t. Des Notes sur le ihvlt
cii'il et canonique. H. IJes Remar-
ques en anglais sur qnelriues passages
de IT-criture sainte , Oxford , j646 ,
in-4" ; et en lalin, Londres, 1660,
in-4°. Ces ouvrages sont très-më-
diocres.
t II. GRÉGORY (Jacques), pro-
fesseur de niallunnatiques à Edim-
bourg , né à Ai)erdeen en i658 ,
élevé du collège de I\Iarischall ,
voyagea eu Italie , et demeura quel-
que leuips à Padone, où il publia son
ouvrage sur la Quadrature du cer-
cle , dans lequel il voulut prouver
qu'elle étoit impossible , et qu'on ne
pou voit déterminer que par approxi-
mation le rapport du diamètre du
cercle à la circonférence. Huygens
combattit son opinion. A son re- |
lOur en Angleterre , il fut nommé
membre de la société royale. Il eut
avec NevvTtou une dispute purement
scientifique , au sujet de laquelle il
mit au jour des idées nouvellejs sur
le miroir ardent, qui firent une
grande sensation et contribuèrent à
étendre sa ré|)U!alion. On a encore
de ce savant , I. Oplice prumota ,
qui fut traduite eu anglais par le
docteur Désagulière. II. Exerclta-
tiones geometrkce. III. D'autres
Ecrits et \)\\\&\e.\.\\:s3Témoires insé-
rés dans les Transactions philo-
sophiques. Grégory est mort vers
J67.5.
t III. GRÉGORY ( David ) , ne-
veu du précédent , né à Aberdeen
en 1661 , acheva ses éludes à Edim-
bourg, où il fut reçu maitre-ès-
tirls, et se dif-tingua tellement par
ses talens , qu'à làge de aS ans il
• fut nommé professeur de ntalhé-
inatiques dans l'université de cette
ville. En 1(191 , à la recomman-
dation de Newton , il fut reçu
membre de la sociélé royale , cl
GREI
professeur d'aslronomie à Oxford.
En 1695 il publia ses Elémens de
dioptrique et de caloplrique , in-
8'^ ; et eu 1P97 , sa J)éinonstratioii
des é lé mens de la courbe, uommeB
caténariene , qui se trouve dans
les Transactions philosophiques.
Mais le plus célèbre de ses ouvrages ,
publié en 1702 sous le titre de yJs-
tronomiœ physicce et geomeiricas
elementa, in - fol. , a été traduit
en anglais, 2 vol. in-S". En 1703
il donna une superbe édition des
ouvrages d'Euclide, in-fol. Quand
Grégory mourut, il s'occupoit d'une
édition des .Sections coniques à' A^i--
pollonius; et après la mort de ce
laborieux écrivain , on a encore
publié de lui ini Traité des loga-
rithmes , et un de géométrie-pra-
tique.
* IV. GREGORY ( Jean ) , mé-
decin, né à Aberdeen en 1724»
mort dans celte ville en 1773 ,
commença ses études à Aberdeen
et à Edimbourg, et les acheva à
Leyde.lieçu docteur en médecine eu
174-^ , il professa d'abord la philo-
sophie à Aberdeen; mais en 1749
il quitta cette chaire pour celle de
médecine. Vers 1701 il s'établit à
Loudres , et fut reçu membre de
la société royale. Eu 1764 il passa
à Edimbourg, et en 1766 on le
nomma professeur de médecine. On
doit à cet habile écrivain plusieurs
bons ouvrages de médecine . I. Des
deuoirset de l'office d'un médecin,
in-S°. II. Elémens de médecine-
pratique , iu-8°. Mais il est encore
plus célèbre par ses ouvrages mo-
raux, dont les plus connus sont,
I. T^ue comparative de l'état de
l'homme et des autres animaux.
II. Legs d'un père à ses filles ,
in-12. Tous ses ouvrages ont été
recueillis en 4 vol. in-S".
* G R EIDE ou G R El n A NUS
(Jean Vandk), né à Fraueker
GREÏ
Ters l'an i6ô3, t'iudia la philoso-
phie et la médecine ; sou altache-
nieut pour les opinions de Des-
tartes troubla sa tranquillité, et
il fui, pour ainsi dire, persécuté
j)Oiir avoir adopté les senlinieus de
ce philosophe. Mais toutes ces per-
sécutions n'empêchèrent pas que le
^4 lîiai 1660 il ne fût pourvu de
la chaire de philosophie dans l'uni-
versité de Franeker , qu'il occupa
jusqu'à sa mort. Ses ouvrages sont,
Y.Idea lugicœ noi'.-anl/'quce, Frane-
kerœ , iGSg , in-16. 11. Institi/tio-
nes rnetaphysicœ , ihid. , 1660 ,
in-j6. 111. Institutlones p/ijsicœ ,
LeovardiaB, 1664, iu-12.
* GREIF ( Frédéric ) , né à Tu-
bingue eu 1601 , s'appliqua uni-
quement à la préparation des re-
mèdes chimiques , et principale-
ment à celle de la thérlaque cé-
leste , qui lui donna beaucoup de
réputation , mais dont ou doit la
première idée à Joseph Duchesne.
Gieif, mort dans sa ville natale en
] 668 , est auteur de difFéreus ou-
vrages en poésie allemande , indé-
pendamment de ' ceux qu'il publia
sur la pharmacie et la chimie , et
qui ont été imprimés sous ces
titres , I. Decas nobillssimontm
m edicamen ta ru m ga Jeu o-ch im ico-
rum ^ Tubiugae, 1641, in - 4°- H.
Vonsignatiu medicamenloruni ,
tam galenicè quain chimicè prœ-
paralorum , quce in officind Greif-
fiand prostan! , ibid. , i64' > ^^~
o
^l •
* GREISEL (Jean-George), doc-
teur en médtcine et professeur d"a-
natomie en l'université de Vienne
sa patrie, médecin de la cour im-
périale et membre de l'académie
des Curieux de la nature , mou-
rut à Vienne en i684- On a de
ce inédecin quelques Observations
insérées dans les éphemérides d'Al-
lemagne, et le traité suivant, inti-
GREN 71
tulé Tract a fus medicus de curd
lactis in arthritide , in quo inda-
gatd naturâ lactis et arthrilidis ,
tandem rationibus et experientiis
allatis , diœtâ lacteâ optima ar~
t.'iritidem curandi methodus pro-
ponitur , Viennes, 1670, in-12 ;
Biidifsmae, 1681, in-12.
*GRELLMAN, mort en i8o5 ,
après avoir occujîé avec distinction
une chaire d'histoire moderne et de
statistique à l'université {le Goet-
tiugue. Sur l'invitation de l'empe-
reur de Russie, il s'étoit rendu à
Moscow , pour y professer ces scien-
ces ; mais le mois même de son ar-
rivée ce sa\nnl estimable y termiua
sa carrière. Ses ouvrages de statisti-
que, sont ce qui a été écrit de meil-
leur sur l'Allemagne. L'auteur de la
Théorie élémentaire de la Statistique
cite , comme très-versé dans celte
science , ce célèbre professeur dont
il déplore la perte.
t GRENADE (Louis de), domi-
nicain, né l'an 1.504 en Espagne,
dans la ville de ce nom , l'un des
premiers prédicateurs de son siècle
et le plus éloquent des orateurs espa-
gnols , fut , dans la classe des écri-
vains dogmatiques, ce qu'étoit Bos-
suet parmi les orateurs. Il fut l'ami
et l'élève du célèbre Jean d'Avila ,
surnommé Y apôtre de l' Andalousie.
Grenade jouit, dans le fond de sa
cellule, d'une gloire que peu d'hom-
mes de son temps purent acquérir
en se dérobant aux grandeurs hu-
maines. Il fut consulté par de grands
princes , et par les plus fameux capi-
taines de son siècle, André Doria , et
le trop fameux duc d'Albe. La reine
Catherine, sœur de Charles-Quint ,
voulut le placer sur le siège de
Brague ; mais il le refusa , et y fit
nommer à sa jjlace dom Barthélemi
des Martyrs. Ce religieux mourut le
5 1 décembre i.t88. Ses ouvrages se-
roienl meilleurs s'il eu eût retranché
^2
GREN
quelques visious et des légencles ab-
surdes. Ltîs principaux sont, I. f-e
Guide des pécheurs , i vol. II. Le
Mémorial de la vie chrétienne ,
5 vol. III. Un Catéchisme , 4 vol.,
1709. IV. Un Traité de l'oraison ,
2 vol. : ces écrits sont en espagnol.
V. Un Traité du devoir des évê-
ques ; une In^rur.lion pour les
prédicateurs. VI. Des Sermons la-
tins, en 6 vol.in-8°, Anvers, i6o4,
etc. Girard a traduit, en français,
la plus grande parlie des ouvrages
de Grenade. Celle version, en 3 vol.
in-fol. et en 10 in-Ji" , est enrichie
de la vie de l'auteur.
t GRENAIL.LE ( François de ) ,
lié à Uzerche dans le Limousin , fil
jouer, en 1606 , L,a mort de Crispe,
tragédie. Ce sujet a été aussi Irailé
par Tristan. Il a encore traduit du
iatin le Sage résolu contre la for-
Uine, ou Entreltens de Pétrarque ,
intitulés des Remèdes à l'une et à
l'autre fortune, Paris, i6,5o, in-12.
■\ GREN.\N ( Bénigne ) , poêle
ïatin , de Noyer en Bourgogne ,
professeur de rhétorique au collège
d'Harcourt, mort à Paris îe 10 mai
17^5 , à 42 ans , a laissé des Ha-
rangues et des Poésies latines. On
remarque dans les unes et dans les
autres un style pur, élégant, des
pensées nobles et délicates, et une
imagination vive et sage. Ses T^crs
sont en parlie dans le Selecla Car-
mina quorumdam in universitalc
Parisiensi professoruui ; et ses
Discours se trouvent dans nu Re-
cueil de Harangues. Comme poète
et comme orateur , il fut le rival
du célèbre Cofïîn. Ces deux profes-
seurs , rivaux et amis , firent , à la
j'joire de leur patrie , l'un pour le
vin de Bourgogne, l'autre pour le
vm de Champagne, des pièces char-
luantes. Parmi les harangues latines
de Grenan , on remarque \ui Dis-
Vtiuis sur les causes de la corruption
GREN
du goût , et sur les remèdes qu'on
peut y apporter. Les sources du mal
sont la dépravation des mœurs, la
lecture des écrits frivoles , le mépris
des anciens : les remèdes seroient
une éducation sévèr? , l'amour et le
goût du vrai , la connoissance et
l'estime de l'anliquilé. On a encore
de lui une Paraphrase en vers la-
lins des Lamentations de Jérémie.
— Pierre Grenan , frère aîné de
Bénigne, mort en 17^2 , à 62 ans,
provincial de l Doctrine chrétienne ,
est connu par une Saiirede 22 pages,
sous le titre à'Jpologie de l'Equi-
voque , qui se trouve dans la Bi-
bliothèque Française de Dusauzet ,
tora. I , 1'* parlie , art. 5 ; c'est une
continuation de celle de Despréaux
sur le même sujet.
* GRENET ( N. ) , mort h Paris
en 1797, a donné ses soins cons-
laiis à des objets d'utilité publique
et privée. C'est lui qui , par le moyen
A'uneprompte dessiccation ,ç^\. par-
venu à conserver la pomme de
terre sous la forme de vermicelle
ou semouille: son procédé estaujour-
d'hui généralement répandu. Il a
aussi travaillé à faire du bouillon
avec des os^ à extraire de la potasse
des marrons d'Inde , et de la farine
des racines qu'il soupçonnoit pou-
voir en contenir.
* I. GRENVILLE ( sir Bevit. ),
né en 1096 à Slov\r , terre de sa fa-
mille , dans le Cornouailles , mourut
en 1643 , élève du collège d'Exeter,
où il avoit eu pour professeur le
docteur Prideaux , depuis évèque.
Dans le lemps de la rébellion , il se
distingua parmi les royalistes dont
il défendit la cause de tout son pou-
voir ; après s'être trouvé dans plu-
sieurs actions , il fui tué à la bataille
de Lansdown près Balh.
* II. GRENVILLE ( George ) ,
d'une ancienne famille du comté de
GREIS
Bucklugham , mort eu 1770, se
distingua au parlement où il fut
appelé très-jeune. En 17.'»/| il fut
nommé trésorier de la marine , et
en 1707 il présenta son fameux bill
pour le paiement régulier des dé-
penses de ce ministère. Ce bill, et
celui pour les preuves des élections
contestées, auroient suRl pour im-
mortaliser son nom comme légis-
lateur. Grenville fut le premier qui
eut le titre de lord de la trésorerie ,
qu'il obtint en 17G3 , et le lord Ro-
ckingliam lui succéda en celte qua-
lité eu 1760.
* GRENUS ou Grenut (Pierre),
brigadier des armées de Louis XIV ,
fils de Jacques , premier syndic de la
république de Genève, issu d'une fa-
mille originaire de Flandre , naquit
à Genève en i658 , entra en 1679 au
service de France , dans la com-
pagnie franche de son frère aîné , et
devint eu 1690 capitaine comman-
dant de la compagnie colonelle des
Gardes Suisses , à la tête de laquelle
il se distingua dans les campagnes
suivantes. Eu 1696 il quitta le régi-
ment des Gardes Suisses, et fut
nommé colonel commandant du ré-
giment suisse de Surbeck, et devint
en même temps propriétaire dune
seconde compagnie . Grenus se si guala
au siège de Landau , en 170S , et
contribua beaucoup, par ses conseils
et sa bravoure , à la victoire rem-
portée la même année, près de Spire,
par le maréchal de Tallard ; il en lut
récompensé en 1704 par le brevet
de brigadier. Le roi lui confia , en
1 7<>S , le gou vernemenl de Weissem -
l:)0urg, où il fut bloqué à deux re-
prises et qu'il défendit. 11 rejoignit,
en 1710, l'armée du maréchal de
Viliars ; mais blessé au vif de ce
qu'une intrigue avoit empêché qu'il
ne fût compris daus la prouioliou
des maréchaux de camp de cette
année, il quitta le service et se re-
tira à Genève, où le gouvernemeut
GRES
73
de Berne lui fit offrir du service lors
de la guerre civile de Sui.sse , eu
1712 ; il se disposoit à partir au
n)oment où la paix d'Arau fut
signée , et M1\I. de Berne le remer-
cièrent de son zèl^!. Le brigadier Gre-
nus , du conseil des deux-ceuls dès
fan 1C91 , où l'on lit une prohioliou
particulière pour lui seul, montoit
encore à cheval à l'âge de 90 ans,
et mourut célibataire à Geuève, ea
1749, agi ans.
GRESHAM ( Tliomas ) , né à
Londres eu 1619 , d'une famille,
uoble , exerça le négoce , à l'exem-
ple de plusieurs geutilshommes de
sou pays , et fit un usage magnifique
des richesses que son industrie lui
avoit procurées ; il fît bâtir , à ses dé-
pens , la Bourse deLondres en i .t65.
Le feu la consuma cent ans après,
et on l'a rebâtie depuis , mais aux
dépens des deniers publics. On lui
doit aussi la fondation de cinq Hô-
pitaux et d'un Collège qui porte
sou nom : la moitié des professeurs,
qui tous doivent garder le célibat,
est nommée par le lord maire et
par les aldermans de Londres , et
l'autre moitié par les marchands de
soie. 11 mourut eu 1379.
* GRESNIK ( Antoine ) , célèbre
compositeur, né à Liège, et mort
à Paris eu 1799, âgé de 47 ans,
étoit élève du célèbre contrepointiste
Sala , du conservatoire de Naples.
11 a composé plusieurs opéras eu Italie
et eu Angleterre, où il avoit passé
quelques années , directeur àLondres
de la musique du prince de Galles.
Pendant sou séjour à Lyon, il avoit
écrit la musique d'un grand opéra
en trois actes , \ Amour exilé de
CytJicre , de Pyère, et de plusieurs
autres poèmes dans le genre pa.'^to-
ral. Les Opéras qu'il a donnés à
Paris, où il s'étoit fixé depuis cinq
ans , sont au théâtre Louvois , les
Petits Commisstonnaires , i acte;
1\
GRES
le Savoir faire, 2 actes; les raux
mcndians, 1 acte ; le Baiser^rlonné
et rendu, 1 acte; V Extravagance de
la vieillesse , 1 acte ; Eponlne et
Sabl/ius , drame lyrique eu 3 actes ,
à Feydeau ; la ToiirfereUe dans les
bols; y îleureux procès, o\\ jjlphonsc
et E!éd/iore ; aux Italiens ; le Rcve ,
1 acte , etc. Gresnik excelloit dans
1 ! genre gracieux et dans la niiisifine
descriptive. Sa mélodie étoil toujours
agréable et chantante ; son harmo-
nie simple et fondamentale. Il étoii
convaincu que Iharmonie n'est que
l'accessoire de la musique , et il pen-
soil, avec Sacchini , que la clarté
et la simplicité sont le cachet du
véritable compositeur ; aussi, s'il ne,
fai^soil point abus des recherches har-
moniques, il vonloit que les accom-
pagnemens n'étouffassent jamais les
voix , et il avoit un soin extrême de
ne pas forcer leur diai>ason.
t GRESSKT ( Jean-Baptiste-
T.oiiis), chevalier de St. -Michel ,
historiographe de l'ordre de Saint-
Lazare , l'un des qnarant-e de l'aca-
démie française , né à Amiens en
1709 , se fit jésuite à l'âge de seize
ans , et sortit de cet ordre à vingt-
six , à cause de l'éclat que Ht dans le
monde son poème de f^erl Vert. An-
noncé à Paris par la voix de la re-
nommée , il sontint la réputation
qu'il s'étoit faite au fond du cloilre,
et fut reçu à rucadémie française
eu 17/18. Il eut des succès an théâ-
tre, auquel il renonça solennellement
douze ans après , dans une Lettre
OiA il montroit les dangers des spec-
tacles. Les littérateurs orélendirenl
qu'il y avoit autant d'ostentation
que d'hypocrisie dans celte démar-
che ; mais sa conduite postérieure
]i!Ouve l'injustice de ce reproche.
<'rressel étoil alors retiré à Amiens ,
(>\ il avoil un excellent emploi de
finance , et on il avoit épousé une
f'inme riche. La campagne , où il
avoit presque toujours pris ses ima-
GRES
ges , devint son séjour favori. lîdi-
reux , disoit-il ,
Hnnreuic (pii dans la paix sccrtte
U'nne llb»-e ol sûre veirailc
\ il ig!iur6 , cnnient <tp peu,
El qui 110 se vuit point sant cejse
JiiUPl lie t'aveugle dcpsse ,
Ou ilupe de l'aveugle dieu!
Il implora quelquefois les secours
des grands pour les malheureux ,
qu'il soulagea souvent lui-même.
A la mort de Louis XV, il vint à
Pans. Ce fut lui qui eut l'honneur
de complimenter J^ouis XVI à son
avènement au trône, au uoin de l'a-
cadémie. Lit cour et la ville voulu-
rent voir nu homme qui les avoit
si bien peintes. Mais il ne parut plus
le même à ceux qui l'avoient connu.
Ce qui acheva d'affoiblir l'idée que
ses premières productions avoient
donnée de lui, ce ïu\.i,o\ï Discours
en réponse à celui de M. Suard. Il y
épancha sa bile sur les vices et les
ridicules qui lavoient révolté dans
la capitale : les intéressés n'y virent
plus le peintre du Méchant. Ses ta-
bleaux leur parurent des caricatures,
et non des portraits. Ils l'insinuèrent
même à l'auteur pour l'empêcher
d'imprimer son discours; mais ils
ne purent persuader un homme pré-
venu. Ue retour à Amiens , il le fit
réimprimer avec une Eeltre mêlée
de prose et de vers , où il donne nu
cours encore plus libre à sa plume. 11
survécut peu à son retour dans sa
patrie, où il mourut le 16 juin 1777,
sans laisser d'enfan«. La Harpe a rap-
porté ces deux anecdotes sur ce
poète célèbre. « Gresset , dit - il ,
étoit dans une société on l'on pio-
posoit souvent des énigmes , l'un
des 'grands travaux du bef esprit de
province. Gresset , qui en étoil las,
apporta un jour la sienne qui na-
voit que ces deux vers :
Je suis un ornement <|u'on porte surlp. I?lc ,
Ji in'nppollc Chapeau; devine, grosse l)êle.
On sa rail à rire ; mais quelqu'un
qui ne rioit pas , après avoir rêve
quelque temps liès-sérieuseiiienl, se
leva en s'écviaiit : « Je lai trouvé ;
c'est une perruque. » L'autre anec-
dote prouve tout le despotisme que
Gresset exerçoit sur racadëaiie d'A-
miens. L'al)bé Delille , alors tort
jeune et professeur au collège d-t
celle ville , avoit désire d'être de
celle académie, et avoit élé élu en
J'abstnce de Gressel. Ceiui-ci , pi-
qué qu'on eût fiiil cpielque chose sans
lui , trouva moyen de faire casser
l'élection , sous prétexte d'un dtfaut
de loi me , et lit recevoir son chi-
rurgien. Les agrémens de son com-
merce , la solidité de ses princi-
pes , rhonnèlelé de ses mœurs ,
lui firent des amis distingués , et lui
méritèrent les grâces de la cour.
Louis XVI lui accorda des lettres de
noblesse en 17 ''5. Son f'^erL-Vert
est uu ouvrage plein de sel , de fa-
cilité et de grâces, dont le mérite
parut d'autant plus grand, que le
sujet offioit moins de ressources.
« Gresset , dit d Alembert , eut l'art
de deviner dans sa retraite la juste
mesure de badinoge, qui pouvoilren-
drepiquant, pour lesgensdu monde,
un ouvrage dont le sujet devoit
leur paroitre si futile. » On conte,
au sujet de ce pocaie, une anecdote
d'autant plus piquante qu'elle se
passa dans un parloir de visitan-
dines. Une religieuse , fille d'esprit ,
le sollicitoit de lui lire Vert-Vert
dans sa nouveauté ; Gresset, après
s'être fait long-temps prier , y con-
sentit enfin, à condition qu'elle se-
roit seule au parloir. Il arrive et
commence sa leclu're. A un endroit
plaisant on entend un éclat de rire.
Tout à coup on lire \\\\ rideau, et
Je lecteur surpris aperçoit toutes les
religieuses rangées en cercle , et la
prieure qui étoit à la tète cie la com-
munauté. Après s'être amuse'de son
ctonnement , on le pria de continuer
la lecture de son poëme. Il l'avoil
augmenté d'un nouveau chant , lu-
GRES 75
litulé XOuvroir des noRes,o\x\'o\\
relrouvoit , dit-on , des traces de
son talent; mais il le brijla dans sa
dernière maladie. Vert- Vert fut
suivi de la Chartreuse. Celle épitre
annonce un caractère original, une
philosophie douce ; on y trouve de
l'harmonie et une fécondité d'ex-
pressions qui dégénèrent quelquefois
en luxe. X.'iqntre au F. Bougeant ,
et les Ombres, qui lui sont fort in-
férieures , rouleutsur le même fonds
d'idées , trop souvent répétées en
phrases lorgueset traînantes. « Gres-
set , dit Voltaire au roi de Prusse,
a des vers heureux et faciles ; il ne
lui manque que de la force, un peu
(le variété , et sur-tout un style plus
concis ; car il dit d'ordinaire en dix
vers ce qu'il ne faudroit dire qu'eu
deux. » \JEpitre à sa sœur sur sa
convalescence vaut beaucoup mieux.
Le gtyle en est plus fort , plus soi-
gné. L'auteur voulut s'élever de la
poésie légère à la tragédie: mais son
Edouard III , joué en 17/10, n'a
plus reparu sur le théâtre. L'intri-
gue en est froide , et le style plus
Iroid encore. Sidnej , représenté
en 1745 , n'offre qu'une intrigue pe-
tite et un roman assez commun ;
mais celte comédie , écril>e avec
une élégance soutenue , renferme
de très-beaux vers. Le Méchant ,
joué avec grand succès en 17/17 -, est
une de nos meilleures comédies, par
la facilité, la variété et les agré-
mens de la versification , par la vi-
vacité e* l'abondance des saillies , par
la vérité des portrails.C'esl dommage
que la force comique n'y soit pas
poriée an même degré , él ne cou-
ronne pas ces diverses qualités. On
a encore de Giesset des Odes , dont
quelques-unes offrent'de b.'^lles ima-
ges ; une Traduction des Eglogues
de Virgile , en vers assez doux ,
assez harmonieux , qu'on lit avec
quelque plaisir, quoiqu'elle ne res-
pire pas ce bon goût d'antique
qu'offrent les deux eglogues imitées
76
GRES
du poète latin par le lyrique Rous-
seau ; eutin , il a laissé uu Discours
sur l'harmonie , en prose , qui n'est
qu'une déclamaliou. Ses ouvres ont
été plusieurs fois réimprimées en 2
vol. in- 1 2 ; on en a donné une édi-
tion , pui)liée par M. Fayolle, Paris ,
Didot, iSo4, 3 vol. in-Î8.En i8ou,
on a donné une édition stéréotype,
procédé d'Herhan , de ses œuvres
choisies, 1 vol. in-i 8, augmentée de
plusieurs pièces inédiles, et dans
laquelle ou a rétabli deux ou trois
passages essentiels qui avoienl été
altérés par la négligence des précé-
dens éditeurs. Ou espère qu'à la pro-
chaine édition de ces (Euuies , on y
ajoutera les deux petits poëmes in-
titulés le Gazeliii et le Parrain
magnifique, qu'on a trouvé parmi
ses papiers. Le GazeUne&i un poème
en quatre cl\ants. L'auteur y peint un
homme raffolant des papiers nouvel-
les et les réunissant tous à grands
frais. Le Parrain magnifique est un
poème satirique en dix chants , d'en-
viron 3,000 vers. (^. l'analyse de l'un
et de l'autre dans une notice sur une
nouvelle édition projetée de Gres-
set, Magasin encyclop., t. 1. p. 108-
114. On y annonce que le chant
de ïOi/i^roir n'est pas perdu. ) « On
sait, par l'auteur, que Gressel l'avoit
envoyé au feu roi de Prusse , et
ainsi il ne faut pas désespérer de le
ra%'oir. » — Quatre vers en étoienl
restés dans la mémoire des gens de
lettres. L'auteur peint les occupa-
tions des religieuses. #
li'uii» déciiuiie un agnus en losange,
On met du ronge à ([uelque bienheureux,
li'aulre tiiclionne une vierge aux yeux bleux ,
Ou passe au fer le tonpel d'un arcliange.
D'autres pièces inédites de Grasset
verront le jour ; des Ppifres où res-
pire une profonde mélancolie; d'au-
tres où celte muse badine s'amuse
des travers et des ridicules de son
siècle ; d'autres où l'on aperçoit une
tpiule plus forte et une philosophie
plus hai-die : de ce nombre est celle
GREV
intitulée V Abbaye ; beaucoup de
Poésies fugitives, quelques mor-
ceaux de prose , etc. Il a paru en
1779 une Vie de Gresset , Paris,
in-12 , dans laquelle le biographe a
inséré un petit Voyage à la l'icche,
dans le goût de celui de Chapelle ,
auquel il est très-inférieur. ( Voyez
Rousseau , n° III. )
i- GRETZER ( .Tacques ) , jésuile
de Marckdorf en Allemagne , pro-
fessa long - temps avec distinction
dans l'université d'iugolstadt , et
mourut dans cette ville le 29 jan-
vier 162.^, à Gô ans. Egalement
versé dan.s les langues anciennes et
modernes , dans l'histoire et la théo-
logie , il a beaucoup compilé sur l'an-
liquilé ecclésiastique et prolane. II
seroit au rang des savans du pre-
mier ordre , si le ttambeau de la cri-
tique eût éclairé ses recherches, et
s'il eût écarté de ses livres tant de
pièces et d'histoires fabuleuses. Ce
qu'on doit le plus estimer dans ses
écrits est la variété prodigieuse des
matériaux qu'il a amassés pour ceux
qui voudront travailler après lui sur
les sujets qu'il a traités. « Il eût été
à souhaiter, dit Niceron , qu'il eût
su retenir son impétuosité nalu-
lelle , et que son style fût moins
aigre et moins violent. » Les ou-
vrages qu'il a composés ou traduits
forment un KecAieil de 17 vol. in-
folio , imprimés à Ratisboune en
173/1, et années suivantes. Plusieurs
sont contre les hérétiques , d'autres
pour les jésuites, et quelques - uns
sur des matières d'érudition. Le
plus connu est un traité savant ,
mais diffus. De cruce , 3 t. 111-4",
et 1 vol. in-folio. Daus cette col-
lection curieuse il faut avouer qu'il
y a plusieurs choses qui n'ont pas
toujours un rapport direct avec son
sujet.
GREVENBROECK , peintre fla-
mand , excellent dans les Marines ,
se signala sur - tout dans l'art de
GREV
faire des figures en petit, en obser-
vant exacleinent la perspective et
la gradaliou des diflëreiis plans, les
jours et les ombres , en un mot, la
vérité des objets. H vivoit daus le
l'j" siècle.
t GREVIL ( Foulques ) , cheva-
lier du bain et baron du royaume ,
né dans le comté de Warwick en
i55zj, contribua à la renaissance
du bon goût en Angleterre. Ses
deux tragédies , Jtakani et Mus-
tapha , i65S, in-f'ol. , laites sur le
modèle des anciens , ainsi que son
Histoire des quatorze premières,
années de Jacques F', i65i,in-4°,
obtinrent un succès mérité. Vin de
ses domestiques l'assassina en )62b,
à 74 ans , et se tua lui-même sur-
le-champ.
t GRE VIN (Jacques), poète
français et latin , né à Clerniont
eu Beauvoisis l'an i558, mit au
jour, dès l'âge de i5 ans, une tra-
gédie, la Mort de César, représen-
tée au collège de Beauvais en i56o;
deux comédies, /a Trésor ière cl /es
Ebahis , et une J-'astora/e impri-
mées en iô6o, in-S" , par Robert
Estienne. Le Théâtre de Jacques
Grevin parut en i562 in -S". On
admira ces pièces, moins pour leur
mérite, qu'à cause de la jeunesse de
l'auteur. Marguerite de France, du-
chesse de Savoie , qui i'avoil mené
en Piémont avec elle , le ht son wié-
decin et son conseiller. Il mourut à
Turin le 5 novembre lôyo. Les
Foésiesàe Grevin ne sont plus con-
nues; ils'en trouve unegrande partie
dans le volume de ses Amours, qui
a pour titre Y Olympe, et imprimé, en
i56i , in-S". Il étoit calviniste, et
se joignit à La Roche-Chandieu et à
Florent Chrestien pour travailler
à la pièce ingénieuse , intitulée le
Temple ; satire contre Ronsard , qui
avoit fort maltraité les cal\ inisles
dans son Discours sur les misères
du temps. Greyiu se méloil aussi de
GREU
77
médecine ; et un de ses Oiturages
contre r antimoine , publié en iSfiG,
in-.'î", Ht i)ro.>ciire ce remède jiar la
l'acuité, ('elte dél^nse fut couiiin;ée
par nu arrêt du parlement. Paiil-
mier, médecin de Paris, convaincu
d'en avoir fait usage, fut diassé en
iGog de son corps. On a encore de
lui \\n Traité des venins, in-zj° ,
qu'on a traduit eu latin ; une Des-
cription du Beauvoisis , Paris ,
1 5.58 , in-S" ; Parti u m corporis hu-
mant, lum sitnplicium , tum com~
positarum , brevis elucidatio.
Luletiœ, i565 , in- fol. ; Antver-
pia3 , 1672 , iu-fol. : c'est un abrégé
de J-'ésale ; et cinq livres de l'im-
posture et tromperie du diable ,
traduit du latin de Jean Vier ; Paris,
1577, in-8*>.
* 1. GREUTER ( aiatthieu), gra-
veur allemand , né à luspruck eu
i5 2/(, a gravé eu Italie diverses es-
taiiipes, entre ^n\.tes,V Embrasement
de Troie , d après Lanfranc.
* II. GREUTER (Jean-Frédéric ),
H's el élève du précédent, l'un des
meilleurs graveurs de son temps,
né à Frauctort en i566 , s'éta-
blit à Rome. Il y a gravé plusieurs
estampes , où l'on trouve beau-
coup de correction de dessin ; ou re-
marque principalement les l'orges
de Vulcaiii , où se voient deux
hommes qui tiennent un écussou aux
armes d'un cardinal , gravées d'après
Lanfranc ; Ilarc- Antoine Colonne
porté en triomphe par les divinités
mannes , d'après P. de Cortone; la
Mort de sainte Cécile , d'après Le
Dominiquin; une Grande bataille
d'après Ten»peste. Diverses autres
pièces d'après Le Pomerange, André
d'Ancoue, Josepiu, Le Guide, Vouet,
Stalla, etc.
* GREUZE, peintre, né à Tournus
près Màcon, en 1 72.5, n'eut de guide
que son génie. Après avoir éU'dié à
Rome . et admiré dans les prin.ipalts
;8
GREU
villes les chefs-dœuvre dont elles
etoieut alors embellies, il revint en
France avec un lalenl qui setoit dé-
veloppé, pour a, usi dire, jusqu'à la
perfection , et qui lui attira autant
dadniiraleursqued'envieux. La J'rai-
clieur et le précieux de son coloris ne
le cèdent eu rien à celui de Van Dick
et à la manière large et franche de
Rembrandt. Enthousiaste de son art ,
Greuse disoil que la peinture éloit
un champ vaste et sans limites
que le génie seul pouvoit agrandir.
Quelques connoisseurs lui ont repro-
ché d avoir donné les mêmes airs de
tête à presque tous les personnages
de ses tableaux. Ce peintre prenoit
ses modèles dans sa famille; les traits
de sa femme et ceux de ses filles sont
ceux qui se reproduisent sans cesse
sous ses pinceaux. L humeur difficile
de son épouse , dont il fut toujours
amoureux , empoisonna sa vie. 11
mourut à Paris en i8o5, âgé de 7g
ans , laissant deux hlles , dont l'une,
nommée Anna, a hérité de ses ta-
lens. iMadame Caroline de Valory ,
élève de Greuse , Un a consacré l'épi-
taphe suivante :
Ci-gît Greuze, peiiilre i-ni;hatUeur ;
De iMrl, par une iDule sûre,
11 sut aUeindie la linuleur
Jit rivalisti- la uaUcie.
Ce peintre , original dans le choix
de ses sujets, et dans sa manière de
les composer , l'est encore dans sa
couleur, et dans son dessin. Un de
ses caractères distinclifs est de di-
riger vers nn but moral ses concep-
tions, qui presque toutes éveillent la
sensibilité , el inspirent la vertu :
c'est un vieillard au milieu de sa
famille assemblée , el l'instruisant
par une sanite lecture; un père pa-
ralytique trouvant encore de douces
jouissances au milieu de ses enfans
empressés à le consoler ; nu père
désespéré , maudissant d'une main
tremblante un fils coupable: mi époux
heureux arrivant de hi chasse , et
GREU
jouissant avec transport du spectacle
attendrissant de son éjjouse accablée
des caresses de son eulaiil , et enivrée
du bonheur maternel. Il a peint une
dame de charité condui.^anl sa jeune
lille dans les tristes asiles des maux
et de la pauvreté , et lui donnant les_
premières leçons de la pitié qui
vient secourir et consoler la misère
et le malheur. Greuze étoit facile
et abondant dans ses compositions,
comme on en peut juger par ses ta-
bleaux , el par le nombre prodigieux
de ses dessins répandus el estimés
dans toute l'Europe. Comme tout
homme bien organisé, il a répandu
un ion de volupté sur tout ce qu'il a
fait, non pas en la présentant sous
un aspect dangereux pour les mœurs,
car on pourroit presque dire qu'il a
donné ce ton mèmeaux peintures de
la vertu. 11 s'est beaucoup occupé de
l'expression ; c'est aussi uat des par-
ties de la peinture qui assure sa cé-
lébrité; peul-etre peut-on lui repro-
cher un peu d'affdctation et quelque
chose d'un peu ihéàlral. On peut
le blâmer encore d'avoir cherché à
imiter la nature avec des méplats
trop uniformes el trop affectés , ce
qui donne souvent à ses peintures
l'air d'ébauches de sculpture. Sa cou-
leur , belle el harmonieuse , se com-
pose en général de trop de tons
violets ; mais ces mêmes teintes sont
pleines de vérité, et font le point
distinclif de son originalité dans
cette partie. Son tableau de la FetUe
fille au chien passe pour son chef-
d'œuvre ; c'est sa manière avec toute
son originalité, approchant de plus
près l'imitation piiriaitede la nature.
Ses tètes, ses demi-figures, répan-
dues dans tous les cabinets de 1 Eu-
rope , ont beaucoup de vérité , soit
dans la couleur, soit dans la dégra-
dationde la lumière, soildansle des-
sin plein d'esprit el de vie. Le repro-
che le plus fondé que f on puisse faire
à Greuze est sa négligence dans le
(iui des draperies ; ce défaut est
GREW
même chez lui un principe ; il les
uégligeoit exprès pour faire briller
les chairs. Le plus bel ouvrage
qui soit sorli de ses savanles mains,
dil M. Talaisson , est Sainte Marie
Egyptienne ; ce n'est pas un ta-
bleau , c'est un èlre animé , c'est
la beauté idéale , la nature pcrlec-
lionuée qui sans doute a lait ima-
giner les auges ; la Fénilc/ile de la
Théhaicie , réfugiée dans la solitude
d'un rocher, n'est vetue que de ses
longs cheveux, de sa pudeur et de
son repentir. Une teinte de volupté
se mêle au sentiment d'une sainte
admiration. Si l'on s'éloigne un mo-
ment de ce magique tableau , un at-
trait irrésistible vous y ramené bien
vite, comme un amant revient à sa
maîtresse éplorée. Ce tableau fut
exposé au salon de 1791. Dans un
poème sur la peinture, par Al. H. de
Valory , qui a paru en i^îog , in-8°,
on remarque les verssuivaus :
Toi ftn i).iralvlit)ue inimitalilc aulciir,
Grciizc , tu déployas un L'ilenl créatciii- !
Du village jjaroîl la raodestf accordée ;
Pompeinilrela vrrlu , noble fl touclianle idie ,
Jl Ini falliiit . dil-on , un inodf-lo , un appui ;
Où les prit-il? Sa fille iloit aupiJ-sde lui.
Toujours l'un citera ses lêles expressives ,
Son coloris siia»e el hes louches nnïves :
Ses ouvrages poui nous sont djs contes moraux.
I>e genre humain s'estime -.1 voyant se» ta-
bleinix.
On a beaucoup gravé d'après les ou-
vrages de Greuze ; on trouve ses
estampes dans les apparlemens des
grands , des riches, cliez de modestes
bourgeois, chez de pauvres artisans;
on en voit dans les villages , chez
les plus simples habitans des cam-
pagnes. Cette place vaut bien celle
du piédestal dune statue.
* I. GRE'W (Obadiah), théolo-
gien anglais non -conformiste , né
au comté de Warwick , mort eu
1689 , curé de Saint-Michel de Co-
veniry jusqu'à la restauration , qu'il
fut dépossédé et mis en prison. On
a de lui des Sermons,!. Sui' la
GREY 70
parabole de l'enfant prodigue ; W.
Sur la pécheresse justijiée par Jé-
sns-C/trist , in-8°.
t II. GREW ( Néhémie ) , méde-
cin de Londres, mort en 1711,
connu par plusieurs écrits , 1. yîna-
tomle des Plantes, en anj^lais , Lon-
dres, 1682, in-folio, traduite eu
français, I>eyde, 1691, ou Paris,
1675 , in- 12. II. description du
Cabinet de la Société royale de
Londres , en anglais , Londres, 1681,
in-iolio, figures. 111. Cosmologie
sacrée, Londres, 1701 , in-folio.
I. GREY (N. ), célèbre physi-
cien anglais , s'occupa l'un des pre-
miers des phénomènes de l'électri-
cité, et publia, en 1728, le résultat
de ses expériences et de celles de son
ami Wheeler sur ce sujet. Il démon-
tra la communication de l'agent
électrique duu corps à l'aiilre, sans
qu'il y eût même de contact inimé-
dial. 11 découvrit qu'en susptndant
une baguette de 1er avec des cordons
de cheveux ou de soie, et meltaul
an-dessous d'elle un tube agité, on
pouvoit retirer des éliucelles des ex-
trémités de cette baguette, et y aper-
cevoir delà lumière daus l'obscunié.
Grey est mort au milieu du 18®
siècle.
* II. GREY (Richard), savait
tlîéologien anglais , né en 169.") ,
mort en 1771 , élève du collège di;
Lincoln à Oxford^ où il lut re(,u
raaitre-ès-arts en 1718. Grey fi^t
curé successiv^enient de Kilncote, de
Leicester et de llinlon , au coir.li
de Norihamplon ; il fut aussi cha-
noine de la cathédrale de St. -Pai.î. !1
a laissé beaucoup d'ouvrages, dont
les principaux sont , I. Idemoria
technica , ou Nam'elle inéthode de
Mémoire artificielle , in- 1 2 . H. Sys-
tème de la JJgislotian ecclésias-
tique en .Angleterre , iu-8°. l/iiu;-
versité d'Oxford lui conféra le é^■.■ •
lorat pour cet ouvrage, \\\.Mèl'iQ(,s
8o
GRIB
7iouvelle el facile pour apprendre
l'hébreu ( sans points) , in-8°. IV.
Z,e liure de Job en vers. V. Les
dernières paroles de David. Il
passe pour auteur d'un pamphlet
anonyme , intitulé Le misérable
état de la religion.
* 111. GREY (Zacharie ), théolo-
gien anglais, né en 1696 au comté
d'Yorck, mort en 1766 , très-connu
par sou édition d'Hi/dibras , enri-
chie d'un grand nombre de notes
curieuses , 2 vol. Ce même docteur
a donné encore v\\\e. Notice sur S/ia-
hespeare , 2 vol.; el une Réponse
à l'Histoire des puritains par
Réale , 5 vol. in-S".
* GRIBALDI ( Matthieu ) , sur-
nommé Mofa, de Chieri en Pié-
mont, excellent jurisconsulte , pro-
fessa à Padoue , à Pise, à Péruse el
à Pavie jusqu'en ibôi . Ayant été
accusé d'hérésie, il quitta l'Italie, et
se retira à Genève. Il passa ensuite
à Lyon, où il mourut. On a de lui
trois livres de Metliodo et ratione
studendi injure civili , et un Com-
mentaire inPandectas.
*GRIBEAUVAL (Jean-Baptiste
Vaquette de), né à Amiens le ib
septembre 17 i5 , mort eu 1789. En-
tré comme volontaire au corps royal
d'artillerie, Gnbeauval fut fait otli-
cier pointeur; el comme ilétoit très-
instruit dans la partie des mines ,
on le nonnna peu après capitaine de
mineurs. Sur la réputation de son
savoir , le ministre de la guerre ,
d'Argenson , le choisit pour aller
prendre des renseiguemens sur l'ar-
tillerie prussienne. Il s'acquitta de
celte comtnissiou en homme habile,
el fut fait lieutenant-colonel à son
retour. Le comltfdeBroglie parlant
pour Vienne , au commencement de
Ja guerre de sept ans , obtint de la
cour la permission d'emmener Gri-
beauval avec lui. Le géuéral Dauu,
GRIB
par reconnoissauce des bons offices
qu'il lui avoil rendus auprès de l'im-
pératrice-reine, le lit nommer, dans
son armée, général de bataille, com-
mandant l'artillene, le génie et les
mineurs. Il servit eu celte qualité
pendant cinq ans dans l'armée au-
trichienne, et se signala teilemeut
au siège de Glatz, que le général
Laudon se plaisoit à convenir qu'il
lui devoil le succès de celle brillante
expédition. La défense de Schveid-
nitz, forteresse délabrée, qui ne se
rendit au roi dé Prusse, y comman-
dant en personne , qu'après soixante-
trois jours de tranchée ouverte,
acheva de le rendre à jamais célèbre.
Pourlerécoinpenserdesesservicessi-
gnalés , l'impéralrice-reine l'éleva au
grade de feid-maréchal , et le décora
de la grand'croix, de l'ordre de iMa-
rie-Thérèse. La paix étant faite , le
duc de Choiseul, alors ministre,
désiroil le retour de Gribeauval eu
France ; mais n'ayant point à lui
offrir des avantages équivaleus à
ceux dont il jouissoil eu Autriche,
il hésitoit à lui proposer de revenir ;
cependant, au premier mot qui lui
eu fut dit , ce guerrier revit sa pa-
trie , et s'y couleula du grade de
maréchal-de-camp. Peu après , il fut
nommé iu * cteur-général de l'ar-
tillerie et commandant en chef du
corps des mineurs. Ce fut alors ,
qu'occupé sans relâche des chauge-
niens utiles qu'il méditoit depuis
long-temps dans la coustiuition du
corps royal de l'artillerie, il rédi-
gea, en 1764 , celle ordonnance qui
hxe la proportion des troupes de
rarlillene relative à la force des
armées, et eu détermine l'emploi.
Dès l'année i7.'J2, à sou retour de
Prusse, il avoit conçu et écrit, re-
lativement à l'artillerie de cam-
pagne, des projets que l'expérience
acquise pendant la guerre de sept
ans le metloit à même de réaliser.
Partisans de la a ieille routine, beau-
coup d'officiers d'artillerie, parmi
GRÎB
lesquels sr Irou voient même des
hommes distingués par leurs coii-
iioissances, crièrent à l'inuovatiou :
il falloit les combattre et les con-
•vaincre ; c'est ce qu'il fit avec la
plus grande modération, en démon-
trant rutilité des changemens qu'il
proposoit d'une manière si précise,
que son nouveau système obtint en
peu de temps le suffrage universel.
Parvenu an point qu'il ambition-
noit d'atteindie pour l'avantage de
sa patrie, il ne s'arrête pins : les
écoles d'artillerie, jusqu'alors négli-
gées , sont établies sur un excellent
pied ; les manufactures d'armes , les
iorges, les fonderies, enhn , toutes
les parties soumises à sa surveil-
lance renaissent en quelque sorte
sous son administration. Par lui ,
Ions les ateliers des ai'seuaux de
construction travaillent dans le
même genre et dans les mêmes pro-
portions ; de sorte qu'on ne voit
plus, comme autrefois, des pièces
appartenant à un train d'artillerie ,
île pouvant servir à un antre , parce
quelles étoient laites sur des modèles
diflerens entre eux par la forme el
les dimensions. La similitude par-
faite qu'il a élablie dans tous les
arsenaux de construction de France
est peut-être la plus grande preuve
qu'il ait donnée de sou génie. Au
reste , il n'est pas une partie relative
à l'artillerie, tant de siège que de
campagne , qu'il n'ait recréée ou ré-
formée. Gribeauval , mort lieute-
nant-général des armées, victime
d'une maladie douloureuse et Irop
longue , a vu avec le calme d'une
conscience sans reproche arriver son
dernier moment.
t GRIBNER ( Michel -Henri ) ,
né à Leipsick eu 1682, fait pro-
fesseur en droit à Witlemberg , d'où
il passa à Dresde, et enfin à Leip^
sick, où il avoit été appelé pour
succéder au célèbre Mencke , son
beau -père, mourut eu i"Oi\, à
T. viir.
GRIE
8r
L^& ans. C'étoit un homme de bien,
un savant tliariu.tjle et laborieux,
cjui rendit de grands services à l'uni-
versité. Outre phisiei'.rs Disse/ fa-
llu/is académiques , on a de lui des
Ouvrages de Ju/i^yj/udeuceen latin.
*GR1ENPERGER (Chri<.tophe ),
jésuite , natif du Tiro! , jîiolesàa
avec réputation les maihén.;t(;ques
à Rome, à Gratz, el eu difj'érens
collèges du cercle d'Autriche. 11
mourut en 1606, âgé de 7,1 ans;
il a publié Elernenla EuvUdis con-
tracta, Gratz, i636,et quelques
autres oui-'rages.
* G RIE R S ON (Constance),
femme d'un imprimeur , versée dans
la lilléralure grecque et latine, l'his-
toire, la théologie, la inri.'prudenc^
la philoi;,ophie, les nialhénialiques,
el entendant même l'hébreii , née
en Irlande en J706 , et morte eu
1755, à l'âge de vingt-sept ans,
a composé des fers ajiglais. Mis—
triss Carber a conservé quelqiles-unes
de ses pièces fugitives , el il s'en
trouve deux dans les îMémoires da
mistrissPiikinglon. C'est, avec deux
Dédicaces latines et une Epi-
gramme grecque , tout ce que l'on
possède de celle femme inléressante.
Elle avoit fait un Précis de l'His-
toire d'Angleterre , qui ne se re-
trouva point après sa mort. On a
d'elle une Edition de Tacite et une
de Térence. Ce fui elle qui procura
àson mari une patente d'imprimeur
du roi en Irlande, qui voulut , pour
marque de sou estime pour Cons-
tance, que son nom y [ùl inséré.
* GRÈVES (George), né aux
Etats-Unis de l'Amérique, et mort
à Bruxelles eu 1809, après s'être
signalé comme militaire dans la
guerre de l'indépendance améri-
caine, se fit une réputation dans les
sciences et les lettres par la publi-
cation de divers Ouvrages anglais et
français. Ses concitoyens lui don-
^ 6
82
GRIF
nèrent nue preuve de leur estime ,
eu le dépulaut comme envoyé ex-
traordiuaii-e auprès des états-géné-
raux des Provinces Unies. Grieves
fut lié d'amitié avec beaucoup dhom-
nies célèbres, tels que Wasbington,
Jeffersou, Franklin, Fox, etc.
t GRIFFET (Henri), jésuite,
prédicateur du roi, né à Moulins
en Bourbonnais le 9 octobre 1698,
mort le 22 février 1776 à Bruxel-
les, où il sétoit relire après la des-
truction de sa société en France ,
a donné , 1. Une nouvelle Edition
de l'Histoire de France du P. Da-
niel, Paris, 1706, 17 volumes in-
4°, et Amsterdam, 1768, 24 vol.
in-i'i, avec des Dissertations &n-
(iranteset curieuses. Les tomes XUI,
XtV et XV contiennent une His-
toire du règne de Louis XIII, qui
appartient entièrement à 1 éditeur ,
et qui est écrite avec autant de sa-
gesse que d'exactitude. II. Traité
des différentes sortes de prévues qui
servent à établir la périté de l' his-
toire , Liège, 1769, iii-12 : livre
sensé , judicieux , solide , sur les
moyens de connoitre la vérité,
quand on écrit ou qu'où étudie l'his-
loire. in. Des Sermons , à Liège,
1767, 4 vol. in-8° et in-12. Son
éloquence est très-médiocre, et il y
a du vide et de la sécheresse dans
certains discours. IV. Divers Ou-
vrages de piété , parmi lesquels on
dislmgue son Année du Chrétien ,
Pans, 174? > 'î^ ^'^^- iii-i2. V. Des
Poésies latines, in-8°; pièces faites
pour les collèges, et qui ne méri-
toient pas d'en sortir. Il avoit pro-
fessé avec distinction à celui de
Louis-le-Grand. VI. Une bonne
Edition des Mémoires du P. d'Avri-
gny , pour l'Histoire profane , Paris ,
1757 , 5 vol. in-12 , avec des aug-
mentations et des corrections utiles.
Vil. Insuffisance de la Religion
naturelle , Liège, 2 vol. in-12. Sous
ce titre il a donué tout ce qu'il
GRIF
avoit dans son porte-feuille sur les
matières de religion , et même sur
celles qui n'y ont que peu de rap-
port. VIII. Une Edition des Déli-
ces des Pays-Bas , avec des augmen-
tations , Liège, 1769, 5 volumes
iu-12.
GRIFFIER (Jean), peintre con-
nu sous le nom de Gentilhomme
d'Utrecht , ué à Amsterdam eu
i658, et mort à Londres, s'at-
tacha particulièrement , et réussit à
représenter les plus belles F'ues de
la Tamise. Il excelloit dans le
paysage. Robert GuiFFiEa, son fils,
soutint avec honneur la gloire de son
père.
*GRIFF1N , prnice de Galles , der-
nier souverain de ce pays , avant sa
réunion an royaume d'Angleterre,
mort eu io5o. Edouard-le-Confes-
seur le fit mourir à Londres.
GRIFFITH ( Michel ) , connu
aussi sous les noms d'Alford et de
Jean Flood , naquit à Londres eu
1 587, étudia la philosophie à Séville,
entra dans la société des jésuites
aux Pays-Bas , de là passa succes-
sivemeut à Naples et à Rome , re-
tourna vers 1626 en Angleterre ,
où il exerça les fonctions de mis-
sionnaire pendant trente-trois ans ,
et mourut à Saiut-Omer en i652.
Nous avons de lui , I. Annales Ec-
clesiœ Britannicœ , etc. , Liège,
1 665 , 4 volumes in-folio. L'auteur a
suivi la méthode de Baronius. Ces
annales , fruit de bien des recher-
ches, ont beaucoup servi au père
Serein Cressy, bénédictin anglais ,
pour son Histoire ecclésiastique,
il. Britannia illustrata, Anvers,
1641, iu-4°, enrichie de disserta-
lions sur la Pàque des Bretons , le
Mariage des clercs, etc.
* GRIFFITHS ( Raoul ) , homme
de lettres et libraire d'Angleterre ,
né au comté deShropen 1720, mort
eu i8o3 , teuoit uu magasiu de
GRIG
librairie à Louches. En 1749 il
commença le Monthly Review ;
le succès n'eu fut pas d'abord ra-
pide , mais il parvint enfin à être le
premier des ouvrages périodiques. Il
étoil à la fois éditeur et propriétaire
de cet ouvrage , pour lequel il fut de
temps en temps aidé parles premiers
taleus de l'Angleterre. Long-temps
avant sa mort il avoit quitté les
afii\ires et s'étoit retiré à Turnahm-
Greeu ; le collège des Américains
lui donna le doctorat eu droit sans
qu'il l'eût demandé.
GRIGNAN ( Françoise - Mar-
guerite UE SE VIGNE, comtesse de ),
iille de Henri, marquis de Se vigne,
d'uue très-ancienne maison de Bre-
tagne , et de Marie de Rabulin ,
daraede Chantai et de Bourbilli, etc.,
née en 1646, fut aussi connue par
sa beauté , que distinguée par sa
naissance et par les antres dons de
la nature. Le bruit de ses charmes ,
de sa sagesse et de son esprit l'avoit
déjà précédée à la cour , lorsque
madame de Sévigné, sa mère, l'y
mena eu 1 663 pour la première fois.
La cour de Louis XIV étoit alors le
centre des plaisirs. Mademoiselle de
Sévigné y plut, et représenta divers
personnages dans plusieurs ballets
qui furent domiés en présence du
roi et par son ordre, en i665, 64
et 65. Sa vertu autant que ses char-
mes la firent rechercher. Elle fut
mariée le 27 janvier 1669, à Fran-
çois Adheraar de Monteil, comte de
Griguau , chevalier des ordres du
roi , lieutenant-général an gouver-
"nemeut de Provence et des armées
de sa majesté. Peu de temps après,
le service du roi appela son époux
eu Provence , où il commanda pres-
que toujours eu l'absence du duc de
Vendôme, qui en étoit gouverneur.
Madame de Grignan , obligée de
l'y suivre , y fit de fréquens voya-
ges , qui ont donné lieu en partie
aux Lettres de sa mère. Madame de
GRIM
83
Grignan mourut en 1700, avec la
douleur d'avoir vu descendre au
tombeau sou fils un an auparavant.
Elle avoit beaucoup d'esprit , mais
un esprit moins naturel que celui de
sa mère. Sou mari mourut en 1714,
à 85 ans; elle en avoit eu , fulre sou
fils , deux filles , l'une , du^tinguée
par ses vertus , sou esprit et ses lu-
mières, dont il est fait mention dans
les lettres de madame de Sévigué ,
sous le nom de Pauline, morte en
1707 , avoit épousé M. de Simiane,
marquis d'Esparon. La seconde fille
de madame de Grignan se fit reli-
gieuse à Aix. Koyez Sévigné.
GRILLOT (Jean - Joseph ), clerc
tonsuré , puis chanoine , mort à Cha-
blis , sa patrie, en 1765, mis au
carcan eu 1731 , pour avoir favorisé
l'impression de quelques brochures
satiriques contre les adversaires du
jansénisme, se retira en Hollande,
où il publia les Mémoires de Lan-
celot, de Fontaine et de Dufossé , et
les (Eu\>res de Colbert, évèque de
Montpellier. Sa vie ne fut qu'une
vicissitude continuelle de prisons et
d'exils ; mais il aimoit à souffrir
pour ce qu'il appeloit la bonue cause.
* I. GRIMALDI (François-Marie),
né à Bologne en i5i8, d'une famille
illustre , entré chez les jésuites à
l'âge de i5 ans, s'acquit en peu de
temps une grande réputation, et se
distingua sur-tout dans la physique
et l'astronomie. Sou traité de Lu-
mine et coloribus iridis a servi
beaucoup à ceux qui ont écrit après
lui sur cette matière. {VoyezXio-
MiNis. ) Newton en a pris plusieurs
principes fondamentaux de son op-
tique. Le père Griraaldi avoit cru
reconnoitre une différente refraugi-
bililé dans les rayons. Newton n'a
pas hésité d'adopter cette idée, qui ,
aujourd'hui, est combattue par des
physiciens du premier nom , et par
des expériences qui paroisseul déci-
84
GRIM
sives. II esl aussi le premier qui ait ob-
servé la diffraction de la lumière qui
ne pou voit pas passer près d'un corps,
«aus s'eu approcher et se détourner
de sou chemin. 11 travailla long-
temps avec Riccioli , augraeula , de
coucerl avec lui , de 3o5 tStoiies le
catalogue de Kepler, et mourut eu
a 552. Quelques-uns lui attribuent la
dénomination des taches de la lune ,
mais elle est de Riccioli , et c'est
pourquoi ou y trouve le nom de
Griraaldus entre ceux des philoso-
phes illustres, et non pas celui de
Riccioli, qui ne pouvoit pas décem-
ment l'y placer lui-même.
* II. GRLMALDI (Dominique),
archevêque et vice-légat d'Avignon,
abbé de Montmajor-les-Arles, etc. ,
fils de Jean - Baptiste , seigneur
de Monlaldeo , et chevalier de la
toison d'or , fut nommé , par le
pape Pie V, commissaire-général des
galères de l'Eglise , et se trouva à la
bataille de Lépante l'an iSyi. De-
puis , il fut évêque de Savone l'an
i58j , sous Grégoire XllI , qui le
transféra , trois ans après , à l'évèché
de Cavaiilon , dans le coratat Venais-
sin , et peu api^ès le nomma à l'iu'-
chevèché et à la vice-légation d'Avi-
gnon. Grimaldi, mort l'an i.'iga,
a laissé un volume de lettres qui
n'ont pas été publiées.
III. GRIMALDI ( Jean- Fran-
çois ) , surnommé le Bolognèse,
parce qu'il étoit de Cologne , ué
en i6o6 , élève et parent des Car-
rache , s'acquit une réputation aussi
étendue que la leur. Le^ papes In-
ïiocent X , Alexandre VII , et Clé-
iiient IX l'honorèrent de leur pro-
tection. Le cardinal Mazarin l'ayant
fait venir eu France, employa son
pinceau à embellir le Louvre et son
palais. De retour à Rome, il fut élu
prince de l'académie de Saint-Luc.
Ses manières nobles et son cœur
bienfaisant lui avoient fait autant
d'amis que ses lalens lui avoient
GRIM
clonné d'admirateurs. Touche' de
l'étal d'indigence d'un gentilhomme
sicilien logé près de lin, il alla jeter
plusieurs fois de l'argent dan» sa
chambre sans se laisser apercevoir.
Le genlilhoinuie, ayant euHn surpris
son bienfaiteur, tomba à ses pieds ,
pénétré d'admiration et de recou-
noissauce. Le Rolognèse le prit alors
dans sa maison, el en fit sou meil-
leur ami. Cet honnne célèbre excel-
loii. dans le paysage ; le feuille en est
admirable; ses sites sont très-heu-
reusement choisis; son pinceau est
moelleux , son coloris agréable. Ses
Dessins , ainsi que ses Gravures ,
sont tres-goûtés des artistes. Il mou-
rut à Rome en i6So.
* ly. GRIMALDI ( Jérôme ) ,
noble génois, cardinal du titre de la
Sainte - Trinité in monte Pincio ,
archevêque dAix eu Provence el
évêque d'Albano, fils de Jean-Jac-
ques Grimaldi, baron de Saint-Félix
au royaume de Napels , fut vice-'
légat du patrimoine , gouverneur de
Rome , nonce en Allemagne l'au
\^o2 , nonce en France l'an 1641,
et créé cardinal par Urbaai VIII
l'an 1G42. Par le décès du cardinal
Farninelti il étoit devenu- doyen
du sacré collège ; rattachement qu'il
avoit pour son église l'empêcha
d'aller à Rome jouir des hoimeurs
attachés à cette dignité. 11 mourut
dans soil palais archiépiscopal le
4 novembre i6y.5 , âgé de 90 ans,
regretté, particulièrement des pau-
vres, à cause de sa charité.
* V. GRIMALDI ( François ), jé-
suite napolitain , pendant long-
temps professeur de rhétorique au
collège romain, où il mourut eu
1708, a donné trois livres de poé-
sies latines eu vers élégiaques , dans
lesquels il unit l'élégance et la no-
blesse à la facilité d'Ovide. Ces trois
livres ont pour titre, 1. De Vild
urbanâ, Romae , 1 7 a5 . IL De P^itd
œcoiwjnicâ, Rom», 1738, IIL De
GRIM
Vitd aulicâ^ Romae, i?/]©- Ce der-
nier livre ne fut publié qu'après sa
mort.
* VI. GRIMALDI (Constantin ) ,
Napolitain, né en 16G7 et mort eu
1760, étiulia seul les mathémati-
ques, et acquit de grandes connois-
sances dans la médecine , l'hisloire ,
la théologie, et les lois, dont il lit
une étude parliculièie. On a de lui
beaucoup d'ouvrages ; les suivans
ont été imprimés : Risposta alla
lettera apologetica in clifesa délia
teulogia scolastica di Benedetto
Aletino (le père Jean-Baptiste de
Benedlctis , jésuite ) , opéra nella
qiiale si dimostra , esser quanto
necessaiia e utile la ieologia dom-
matica , e nietodica , tanto inu-
tile e vana la volgar teologia sco-
lastica ; Rispos/a alla seconda let-
tera di Benedetto /lletino , opéra
utilissima a' profesMri délia Jilo-
sofia , in cul fassi vedere quanto
manclievale sia la peripatetiva
dottrina y Risposta alla terza let-
tera apologetica di Benedetto Ale-
tino, opéra in cuidimostrasi quanto
salda c pia sia lajilosojia di Re-
nato Descartes ; Considerazioni
teologiche e politic/ic faite a pro
degli editti di S. M. C. inlorno
aile rendite ccclcsiastiche del regno
di Napoli ; JJiscussioni isloric/te,
teologiche , e jilosojiclie fat te per
occasione délie risposte aile let-
tere apolcgetiche di Benedetto
Aletino ; JJissertazione sopra l'o-
perazione délie magie diabolica ,
arlificiale , e naturalc.
GRIMANI ( Dominique ) , car-
dinal célèbre par son savoir et sur-
tout par sa piété tiliale , employé
fort jeune par la république , ho-
noré de la pourpre par Alexandre
VI, en 149^ , éloit né à Venise en
1460. Son père , Antoine Grimant ,
procurateur de Saint-Marc , et gé-
néral de l'armée navale de la répu-
blique , ayant élé délait par les
GRIM 85
Turcs, et ayant perdu la ville de
Lépante , fut mis en prison et traité
avec beaucoup de rigueur. Son iils
s'offrit pour être mis en sa place , et
n'ayant pu obtenir celle grâce des
juges , il rendit tous les devoirs
imaginables à son père , soutenant
les chaincs pendant qu'il mouloitcii
prison, et suppliant qu'on lui per-
mit de le servir , quoiqu'il fût alors
revêlu de la pourpre. Ce père hil'or-
tuuéj ayant élé banni, se relirai
Rome , où son fils le reçut et eut
pour lui les soins les plus tendres ,
jusqu'à ce que la haine qu'on lui por-
toitdans Venise étant ralentie , il y
retourna. Après la mort du doge
Loredano , il fut choisi pour être sou
successeur, d'un commun consenle-'
ment , étant âgé de près de 90 ans :
il jouit de cette dignité pendant
vingt mois. Le cardinal de Gri-
muni, son fils, servit très-ulilement
la riîpublique de Venise, et mourut
le 37 août i525 , dans la même an-
née que son père, à l'âge de 63 ans.
t GRIMAREST ( Jean-Léonor
I,E Gai.lois , sieur de ) , maître de
langues à Paris , mort en 1720
dans un âge assez avancé , ne maa—
quoil pas d'esprit ; mais il avoit en-
core plus de vanité. Comme les Sué-
dois , les Danois ou Allemands , qui
venoient en France , s'adrossoient
ordinaiî-ement à lui pour apprendre
à écrire des lettres en frrruçais , il di-
soit sans façon de lui-même «qu'il
avoit donné de l'esprit à tout le
nord.)) Lorsqu'il paroissoit quelque
livre nouveau, Grimarest avoit en-
core coutume de dire : « Ce livre est
assez bien écrit ; ce n'est pourlauE
pas Grimarest qui l'a fait. Nous
avons de lui , I. Les Ca/npa^ tes de
C/tarles XII , 4 '^'oî- in-r^, qu'on
ne lit plus. II. Une J^ie de Molière ,
Paris, 1705, in-ii2, qu'on trouve à
la lêle des anciennces éditions de ce
poète comique. Voltaire dit qu'elle
est pleine de coûtes liiux sur ^loLièiX'
1 '■
86
GRIM
et ses amis. Grimarest prétendoit
cependant qu'elle étoit très- vraie,
el qu'il i'avoit écrite en partie sur
les Mémoires du fameux comédien
Baron. Ilï. Eclahcissemens sur la
langue française , 1712, où l'on
trouve quelques bonnes observa-
tions. IV. Traité du récitatif, Pa-
ris , 1707, in-12; et Roterdam ,
1740, in-13.
GRIMAUD (N. de), professeur
de médecine dans l'université de
Montpellier, mort en 1791 , posséda
la tliéorie et la pratique de son art.
On a de lui un Cours complet ou
Traité des fièvres , Montpellier ,
1791 , 3 vol. in-8°, dans lequel il a
fait entrer les meilleures observa-
tions d'Hippocrate, de Galien, de
Sydeiiliara , de Stahl , de Stoll, de
Boerhaave, etc. sur cette importante
matière. Ce livre n'a paru qu'après
sa mort. L'auteur étoit déjà connu
par deux excellens Mémoires sur la
Nutrition.
GRIMAUDET (Frauçoîs) , avocat
à Anvers sa patrie , puis conseiller
au présidial de cette ville , mourut
en i58o, a 60 ans. Ses (Euvres im-
primées à Amiens, 1669 > m-folio ,
ont été consullées et citées par les ju-
risconsultes.
GRIMBERGHEN. Voy. Albert
(Joseph d'), n° XXIII.
* I. GRIMM ( Herman-Nicoks ),
né à Wisby , dans l'île de Gotlaiid
en Suède , après avoir reçu quelques
])rincipes de médecine el de chirur-
gie , passa en Asie , de là dans la
nouvelle Zemble en i66ô, et fui suc-
cessivement nommé chirurgien des-
cadre et médecin de la compagnie
des Indes. En 1680 il repassa eu
Europe, el retourna aux Indes en
1682. En 1706 il se rendit à Stock-
holm , où il obtint le titre de j)liysi-
cieu et de xuédeciu du roi. Ce inéde-
GRIM
cin a composé plusieurs ouvrages ,
parmi lesquels on compte 01 Obser-
vations qui ont rapport à l'histoire
naturelle des Indes Orientales ; elles
sont insérées dans les Mémoires de
l'académie impériale d'Allemagne ;
il y eu a trois antres dans les actes
de la société de Copenhague. Il a
aussi écrit un T/a^Ve en hollandais ,
que Barthélemi Piélat a mis en latin
sous le titre de Thésaurus Iiisulœ
Ceyloniœ inedicus , Amsterdam ,
1 679 , in-i 2. On a encore de Grimm
Compendium medico-chy micum ,
seu accurata medendi meihodus ,
quœ excellentissimis medicamenlis
tam Europœ quam Indiœ orientali
proficuis repleta, rariores prœtereà
obseruationes, et curiosum optimo-
rum medicamentorum , in libellL
liujus formulis contentorum , prœ-
parationem exkibet, Balaviae, 1679,
in - 8° ; Auguslae Vindelicorum ,
1684, iu-8°.Les remèdes chimiques
sont les seuls que l'auteur conseille
pour la cure de toutes les maladies.
* II. GRÏMM ( Le baron de), con-
seiller d'état de Russie , et grande-
croix de l'ordre de Waldirair, mort
à Golha le 19 décembre 1808 ,
âgé de 85 ans, vécut long -temps
à Paris, où il fut lié avec les gens de
lettres les plus distingués à cette
époque; savoir, Diderot, Helvëtius,
d'Alembert , le baron d'Holbach et
J. J. Rousseau ; il se brouilla depuis
avec ce dernier, qui ne le ménagea
pas toutes les fois que l'occasion se
présenta de le critiquer. Il éloit
1res versé dans la connoissance des
beaux-arts. Diderot lui écrivoit en
1767 : ce Si j'ai quelques ^lotions ré-
tléchies delà peinture et de la sculp-
ture , c'est à vous , mon ami , que je
le dois. » Le baron de Grimm a en-
richi le Dictionnaire encyclopédique
de plusieurs articles plus ou moins
intéressaus. Sa réputation littéraire
a été plus grande en France qu'en
Allemagne, où ses premiers essais.
GRÎM
etentreautres sa tragédie de Banise,
furent vivement critiqués.
GRIMOALD , fils de Pépin de
Lauden ou le Vieux, eut après lui
la place de maire du palais d'Auslra-
sie en GSg; mais ayant voulu mettre
son fils sur le trône en 656, le roi
Clovis II le fit mourir , ou le con-
damna , suivant d'autres historiens ,
à une prison perpétuelle. — Il ne faut
pas le confondre avec Grimoald ,
fils de Pépin-le-Gros ou d'Hérislel,
et maire du palais du roi Dago-
bert II, assassiné en 714 — ni avec
GRiMOAiiD , duc de Bénévent , et
roi des Lombards vers 665. Gode-
bert et Pertharile , fils d'Aribert ,
dernier roi de Lombardie , se dispu-
toieut la couronne ; Gi imoald pro-
fita de leurs divisions pour la leur
enlever. Il se soutmt sur le trône
par son esprit , sa sagesse et son
courage, et mourut en 671.
* GRIMOARD ( H. B. ) , colonel
d'artillerie , né et domicilié à Ver-
dun , condamné à mort le 5 tloréal
an 2 ( 24 avril 1794 )> âgé de 70
ans , par le tribunal révolution-
naire de Paris, comme conspirateur,
est auteur d'un Essai théorique
et. pratique sur les batailles , et de
V Histoire des conquêtes de Gustave-
Adolphe en Allemagne. Il avoit
publié en 1782 les Lettres et les
Mémoires de Turentie y eu 2 vol.
in-folio.
GRIMOU ( Alexis ), peintre fran-
çois , mort vers l'an 1740, excelloit
dans le portrait. Ennemi de la con-
trainte , il ne travailloit que par
caprice ; la nuit et le jour lui étoient
indifférens. Il bornoit sa société à
celle des personnes qui s'enivroient
avec lui. Il devoil à tout le inonde.
Son boulanger , ne pouvant absolu-
ment être payé , exigea du moins
qu'il fit son portrait; mais Griniou
ne voulut jaujais !e pemdre ijn'avec
son bonnet et sa veste de travail.
GRIN
»7
Il mourut comme il a voit vécu , c'est-
à-dire, d'un excès de boisson. On re-
marque de la finesse et de la légèreté
dans son pinceau , de la force et de
la beauté dans son coloris. Il melloit
des couleurs si épaisses à la plupart
de ses tableaux , qu'il en résultoit
presque des reliefs ; et dans l'obscu-
rité, on distinguoit , au toucher , le
nez, les yeux , les oreilles. Il avoit
la plus haute idée de la supériorité
de ses talens ; et lorsqu'il se retiroit
à des heures indues, il se niettoil à
crier au moindre bruit : Je suis Gri-
mon , imaginant qu'un nom aussi
connu que le sien seroit une sauve-
garde.
GRIN. Voyez Grain.
* GRINDAL (Edmond), arche-
vêque de Canlorbéry , né en iBig à
ïleusingham au comté de Cuniber-
laïul , mort à Croydon en i.^85 ,
élève de Cambridge où il fut boursier
du collège de Penibrocke. Comme
il étoit altathé aux principes de la
réformation, l'évèque Ridley le fit
son chapelain et grand-chantre de
St. -Paul. Peu après il fiit chapelain
du roi , et clianoine de Westminster;
mais à ravénemenl de Marie , il se
retira en Allemagne , et s'établit à
Strasbourg. Quand Élizabeth fut sur
le trône, il revint en Aiigleter.e et fut
employé à la révision de la liturgie.
En lôSg il fut nommé mailre du
collège de Pembrocke; et ia inîme
année évèque de Londres. Fn 1670
il passa au siège d'Yorck, et ea 157.^»
à celui de Canlorbéry. ÏJeux ans
après il fut suspen'ïu des foi;cticns
archiépiscopales pour avoir refusé
d'ol)éir aux ordres de la reine quand
elle voulut supiirimer touieslps cor-
poratioasdu clergé pour l'espùcanon
de 1 Écriture sainte Sou in:e'.dic.ion
fut levée ; mais i! ne recouvra ja-
mais la faveur dt laremc.
t GRlNG^^Ni:
P.iiiSien, • .- .li-
, .l;i qiii''-i^l'),
88
CRIN
venta, dit-on, les Caries à jouer
vers iau i5g2. On ajoute qu'il ima-
gina ces peintures pour dtslraire
Cliarles Vi de sa triste ^Uialiou, et
pour cliannei" ses cliagnns dans les
inttrvalles de sa démence ; mais
l'aljljj liive a prouvé dans une dis-
sertation savante et bien écrite ,
publiée en 1780, iii-8° , que linveu-
tiuii des caries est anléiieure à la
fréiiésiedeCliark'sVI. L'abbé de Lon-
guer.ie parle d'un concile de Co-
logne où elles sont défendues aux
ecclésiastiques. Apparemment que
Gr.ngonueur perrectionua les peiii-
turs.s qui sont sur ces petits cartons
et ou l'eiiauradit l'inventeur. Voyez-
en d\ulleurs une autre preuve à lar-
ticle du roi Ciuules V , dans l'anec-
dote ds SaiiUré. On lit dans un
compte de Cliarles Poupart , tréso-
rier (!.' l'épargne : « Donné à Jacque-
min Griiigonneur , peintre , pour
trois jeux de cartes à or et à diverses
couleurs, a porter devers ledit sei-
gneur roi , pour son ébalemeut ,
cinquante-six sous parisis.
t GR[NGOREo?//7////o7 Grtn-
coinr; ( Pierre ) , poète français ; il
prend dans ses derniers ouvrages le
surnom de F'ni/démont et les litres
de lléraii! d'armes du duc de Lor-
raine, ainsi que celui de Mère-Sot le ,
nom d'un personnage de théâtre
qu'il jouoit ordinairement. Ce poè-
te, qui Horissoit un commencement
du i<i* siècle, a composé un grand
ijomi)re d'ouvrages qui sont deve-
nus rares. 1. Les folles entreprises
dédiées à Pierre de T'errières.
Cet ouv rage a eu plusieurs éditions
depuis iho'rt jusqu'en i5io. H. Le
jeu du prince des Sols et Mère-Sotte,
joué aux halles de Paris le mardi gras
de l'an i5i 1 , larCv' |)oliti(pie, com-
nia'idée par le roi 5-ouis Xll dont
le i)ul l'ioil de lourner en ridicule
la cour de Rome et le pape Jules II.
Gnngore y jouoil le personnage de
la Mere-Soile. U a composé iHusieurs
GRIN
autres pièces dramatiques, appelées
alors Myslèrer. ou Sollies, qui lurent
jouées dans diverses occasions solen-
nelles. 111. Le Château d'Amours,
ouvrage moral. IV. Les Abus du
Monde, où l'auteur censure sans mé-
nagement les divers états de la so-
ciété. Les prélats , les marguilliers ,
la noblesse , l'artisan , le marchand ,
les bigots et bigotes, le laboureur,
l'homme de lettres, l'homme de lois,
nul n'échappe à ses traits, etc. V .En-
treprise de f-^enise , etc. ouvrage sur
les affaires politiques du temps. VI.
L' espoir de l a P aix . VII. Lâchasse
du cerf des cerfs , allégorie sur les
différens des princes avec le pape
quil appelle cerf des cerfs , par al-
lusion au titre qu'il prend de servus
servorum. Presque tous ces écrits
furent commandés par la cour. Voici
ceux qu'il composa de son propre
mouvement. VllI. Les dits et au-
torités des sages philosophes. IX.
Les fantaisies de Mère- Sotte , eu
i.TiG. X. Les menus propos , eu
1,52 2, XL T^es feinlises du monde
ijui règne. XII. Les notables ensei-
gneniens, adages et /yroi^eries. 'K.lll.
Les visions de Mère- Sotte. XIV.
La complainte de la Cité chré-
tienne. XV. Le Blason des héréti-
ques. Ou pense que Gringore fut
aussi l'auteur des dits de Maisfre
Alihornm qui de tout se mêle ; des
contredits du prince des sots , ûm-
trcrnent Songe-Creu.x; du château
de I^ahour. Ces ouvrages rares et
recherchés, quoique peu estimables
du côté du talent , doivent être con-
sidérés comme des monumeus de
l'état de la littérature et des mœurs
au . commencement du 16* siècle.
Gringore traduisit de latin en fran-
çais , par le commandement de la
ducliesse de Lorraine , les heures de
Notre-Dame, mises en rimes addi-
tionnées de plusieurs chants royau.v
figurés et moral/ses. Cette traduc-
tion fut imprimée on Lorraine et en
Allçiuagne. Il voulut obtenir la pev-
GRIS
mission clela faire inipriinereu Fran-
ce. Il s'adressa eu i525 au parlemeul
qui s'en référa à la faculté de lliéolo-
gie. La Sorbonue décida, par décret
fit; 26 août iSaf) , que les heures de
Noire-Dame translaiées de laUii en
français par Pierre Gringore dit
j)Ière-Sotle , ne seroient point un-
priniées en France, et par la même
occasion elle défendit toutes traduo-
tions de la Bible, comme Irès-per-
iiicieuses. Le parlement adopta celte
décision ridicule. Cet ouvrage pro-
hibé eut plusieurs éditions , et les
curieux le recherchent. ( Koyez Bi-
bliothèque française par ral)bé Gou-
iel,toni. Il, p. 2ii2, et les registres
manuscrits du parlement de Paris ,
sons l'amiée i5i25. )
t GRIS ( Jacques le ) , écuyer et
favori de Pierre II, comte d'Aleuçou,
devint amoureux de la femme de
Jeau de Carouge , ofàcicr du même
prince. Le mari étant allé faire un
voyage à la Terre-Sainte, Le Gris
rendit visite à son épouse , qui le
reçut comme un ami de son époux.
Ce perlide lâcha d'abord de la sé-
duire ; mais n'ayant pu y réussir ,
il lui ht violence. Elle instruisit son
mari de cet outrage lorsqu'il fut de
retour. Caronge cita le coupable au
parlement de Paris, qui, fiuite de
preuves convaincantes, ordonna que
les deux parties videroient leur que-
relle dans un champ de bataille ,
seul à seul. Le roi et toute la cour
furent présens à ce duel , qui se lit à
Paris en lôtiy. La victoire que Jean
de Carouge y remporta persuada
tout le monde de la justice de sa
cause et de l'innocence de sa femme.
Sou adversaire fut livré mort au
bourreau , qui , après l'avoir trainé
comme uu scélérat , le pendit à
Rlontfaucon. Voilà comme le plus
grand nombre des historiens racou-
lent cette aventure. Cependant Ju-
vénal des Ursins , et le IMoine de
Saint-Deuys, disent que Le Gris éloil
CRIV
89
innocenl. Le véritable coupable ,
étant près de périr, avoua son crime,
et disculpa Le Gris.
* GRISANT o«Grisaunt (Guil-
laume) , médecin anglais. qui vécut
dans le \i\ siècle, exerça sa profes-
sion avec honneur et distinction à
Marseille. Il est auteur de plusieurs
traités de matlicmaliques, d'aslrolo-
gie judiciaire et de médecine ; ils
sont intitulés De qua(iraliirâ cir-
culi ; De qualitatiius aslioru/n ;
De slgnijicalionibus astrorum ; De
inagnitudine solis; Spéculum as~
truLogiœ; De causa igiwranliœ ; De
judkiu patle/Uis ; De motu capil'isi
De urina non visa.
t GRIVE ( Jean de la), géographe
de la ville de Paris , ué a Si dan ,
pendant quelque temps membre de
la congrégation de Saint - Lazare ,
la quitta pour se livrer entièrement
à la géométrie et aux mathémati-
ques. 11 mourut à Paris au mois d'a-
vril 1757, à 68 ans, avant 4 avoir
mis la dernière main à une Topo~
graphie de Paris, si bien circons-
tanciée qu'on devoil avoir toutes
les dimensions de la capitale de la^
Franceà celte époque. Huguin, digne
élève de l'abbé de La Grive, a publié
quelques Feuilles de ce vaste plan:
On a encore de ce célebre'géographe,
I. Un P/ande Paris , 17 28, exact
mais mal gravé. 11. Les Pnuirars de
Paris. III. Le P/an de Versalllc!;.
IV. Les Jardins de Marlj. V. Le
Terrier du domaine du roi aux
enviruns de Paris. VI. Un Manuel
de trigonométrie sphérique , publié
en 1754.
GRIVEL(Jeau ) , conseiller d'élat
des archiducs Alliert et Isabelle ,
né à Lous - le - Saunier en Fran-
che-Comté, et mort à Bruxelles
eu 1624 , àî^é d'environ (io ans ,
donna des décisions du parlement de
l)61e, dont il avoit été conseiller,
sous ce titre : Decisiones senatila
90
GROB
Do/ani, in-hl. , Dijon, lySi. Cette
ëclitiona été dirigée par sou petit-fils.
Cet ouvrage a été estimé dans son
temps.
* GRIZIO ( Annibal ) , de Jesi , né
en i55o et mort en 1612 , fut
beaucoup regretté par Paul V, qui
après l'avoir honoré de plusieurs em-
plois qu'il avoit exercés avec hon-
neur , l'avoil fait gouverneur de
Terni. On a de lui, I. // Castiglione,
ovveio delV arml di nobillà , ou-
vrage loué par Le Tasse , par Aide
Manuce le jeune et d'autres littéra-
teurs de son temps. II. Ristrelto
délie slo/ie di Jesi , imprimé à Ma-
céra ta, 1578, in-4°-
* GROBENDOUGUE ( Charles),
né à Malines en 1600 , entra chez les
jésuites, et fut envoyé en 1625 en
Bohême, où il enseigna la philosophie
à Prague et à Olmutz. Les Saxons
s'élant emparés de ce royaume en
1621, il se retira à Passau avec le
comte de Martinitz , vice - roi de
Bohème. De retour à Prague , il
mourut le 1 6 décembre 1672, par-
ticulièrement Regretté de la noblesse
de Boueine , qui , dans les affaires
difficiles, le consultoit comme un
homme qui connoissoit à fond la
vraie politique. On a de lui quelques
écrits contre Ja fausse politique , en-
tre autres, L De ortu et progres-
su spiritih politici , et quo ille ,
nisi foititer occurratur , tandem
sit euasu rus, Vra^iË, 1666, in-fol.
II. y/pologeticus pro societate Jesu,
politissiini à pluribiis insimulata ,
Pragaî, 1666, in-fol. WX.Methodus
pie transigendi tenipus sacri ad-
pentûs , Pragae, 1660, in-4''. IV.
Modiis transigendi lempus iiitra
adventum et quadrageslmam ,
Pragae, 1661, in- 12. V. Modiis
transigendi tenipus S. quadrage-
simœ , Pragae, 1661, in- 12. VI.
Modus transigendi iempus àpascha
usque ad corpus Christi , Prag;p .
GROE
1662, in -12. VII. Modus transi-
gendi prœcipuas feslivitates bea-
tissimœ virginis Mariœ , Pragas,
1669 , in-12.
i GROCHOV^SKI, général polo-
nais, commença sa carrière militaire
dans les troupes du roi de Prusse.
De retour dans sa patrie, il fut em-
ployé en 1792 contre les Russes,
en qualité de lieutenant - colonel
d'infanterie. Dans la révolution des
Polonais tenrlant à secouer le joug
de la Russie, Grochowski les spcouda
de tous ses efforts, et fut élu général
des troupes rassemblées dans les can-
tons de Lublin et de Chelm. Il rem-
porta divers avantages en Volhinie ,
et se réunit au général en chef Kos-
ciuszko pour livrer aux Russes la
bataille de Syezekociny , le 6 juin
1794; mais il y fut atteint d'une
balle, mourut le lendemain, et fut
enterré à Malagosh.
* GROCYN ( Guillaume), savant
théologien anglais, né à Bristol en
1442, mort à Maidstone en 1767,
fut intimement lié avec Erasme , et
parrain du grammairien Lilly. On
trouve de lui une Epître adressée à
Aide Manuce en tète d'une traduc-
tion du De spherd de Proclus.
GRODICIUS ( Stanislas), jésuite
polonais , recteur du collège de Cra-
covie, mort en 161 5, à 72 ans, a
donné 8 vol. de Sermons latins ,
pour tous les dimanches et toutes
les fêtes de l'année ; et divers écrits
polémiques et ascétiques en polo-
nais.
* GROENEVELT ( Jean ), docteur
en médecme et membre du collège
royal de. Londres, né à Devenler
dans la province d'Overissel, dans
le 17® siècle, s'appliqua à opérer les
malades de la pierre, et y ob'.int de
grands succès. On a de lui les ou-
vraaes suivans : 1. Dissertatio Litho-
GROE
logica varils observationihus et ft-
gujis illustrata , Londini , i684,
1687, iii-8°; en anglais avec des
augmeutations , Londres, 1710,
iu - 8". II. Piactica quâ humaul
morbi describunlur , Francofurli ,
1 688 , in-8". III. Tractatiis de tiito
canlaridum in medicinâ i/su in-
leriio , Londini, 1698, 1700, iu-8°;
en anglais par Jean Marten , chirur-
gien , Londres , 1706, in-8°.
* GROENEWEGEN ( Simon Van),
jurisconsulte hollandais du 17^ siè-
cle , secrétaire de la ville de Delft ,
a laissé un ouvi'age estimé, intitulé
De Icgibits ahrogatiset inusitatis in
Hollandiâ vicinisque regianibus ,
Leyde , 1649 , ia-4°. Il a aussi am-
plifié et commenté,, dans sa langue
maternelle , V Introduction à la ju-
risprudence hollandaise deQrolius,
qui lui-même le remercie de ce tra-
vail dans une lettre datée de Paris ,
lo décembre 1640.
* GROESBEECK ( Gérard de ) ,
d'une illustre famille du duché de
Gueldres , élevé sur le siège épis-
copal de Liège l'an i5 64 , gouver-
na ce vaste diocèse tlans des lemp<
difficiles avec prudence, pA sur-tout
avec beaucoup de zèle , iie fermeté
et de courage. Il préservtî le trou-
peau qui lui éloit confié de ia conta-
gion des nouvelles hérésies qui fai-
soient tant de progrès dans les envi-
rons. Par un Discours qu'il pro-
nonça à l'assemblée des étals de la
principauté, il démontra d'un'."! ma-
nière si vive et si patiiétique que le
salut de la patrie dépendoit d'un
attachement inviolable à la foi an-
tique , que tous les membres des'
états s'écrièrent d'une voix com-
mune qu'ils étoient prêts à tout
sacrifier pour conserver ce précieux
trésor. Quelques petites villes de sa
dépendance s'élant laissé séduire
et se préparant à h révolte, il s>u
les faire rentrer dans le devoir par
GROL
91
la force, ayant employé atiparavnut ,
mais sans fruit , la voie de la dou-
ceur et de la persuasion. "Voyant que
les apôtres des nouvelles erreurs se
vantoient de pénétrer jusque dans
sa capitale, il ht une loi par laquelle
il défendoil à tous les Imurgeois de
cette ville de donner asile à aucun
étranger, sans en avertir les magi.s-
trats ou ses officiers. Le prince d O-
rauge, chef des rebelles des Pays-
Bas, amenant en i568 une armée
de l'Allemagne, demanda à traver-
ser Liège. Groesbeeck assembla les
états , leur représenta de qvselle coii-
séquence il étoit de recevoir dans
une ville ecclésiastique un prbice qui
n'avoit pris les armes que pour se
révolter contre son souverain , et
pour détruire l'ancienne religion ;
en conséquence le passage lui fut re-
fusé. Le prince d'Orange assiégea la
ville ; mais Groesbeeck l'obligea de
se retirer. Grégoire XllI l'honora de
la pourpre romaine l'an 1678; il
n'en jouit pas long-temps ; il mourut
Tau i58o, âgé de C54 ^us. U avoit
signalé les commencemens de sou
gouvernemeul par un recueil de
Statuts et Ordonnances touchant
la manière de procéder.
* GROGNARD (N. ), ingénieur
de la marine, mort à Paris en i7gci,
avoit du talent et des connoissances
étendues dans sa partie. On lui doit
la construction du Bassin de Tou-
lon , jeté au milieu de la mer, au
moyen d'une vaste caisse de bois qui
en forme la base et sur laquelle on a
bâti. 11 ne falloit pas moins de génie
qu'en avoit Grognard pour suppléer
ainsi au défaut du lUix et du retlux.
On prétend que le modèle de ce bus-
' siu est à Car tha gène.
I. GUOVXIER ( Jean ), né à Lyon
en 14^ 9» devint le Mécène deshora-
iives de lettres de son siècle. Fran-
çoi'a l"*^, dont il mérita la confiance ,
lui douua la charge d'intendant des
95
GROL
finances, et l'envoya eu ambassade
auprès du pape Clément V5I. Ce fut
pendant celte mission qu'il fit im-
primer à Venise le livre De Asse de
Budé. Egnace raconte que se trou-
vaat à diaer avec Aide Mariuce et
divers savaus chez Grollier , ce der-
nier leur fit don au dessert d'une
paire de gants remplis de pièces
d'or. De retour à Paris, Grollier y
ramassa une énorme collection de
livres qu'il se faisoit \\\\ plaisir de
prêter aux hommes de lettres, et qui
portoient pour devise : « A J. Grollier
et à ses amis. » Il mourut en i565 ,
à 86 ans.
t II. GROLLIER ( Antoine ), de la
même famille que le précédent,
né à Lyon en 1.545, se trouva à
la marche des Suisses sous FifEer,
conduisant Charles IX à Paris, et à
la bataille de Saint -Denys. Les li-
gueurs le mirent en prison uv, châ-
teau de Pierre-en-Scize à Ly on , mais
il sévada par l'adresse de Marie
Camus son épouse qui hîi poita des
cordons de soie sous sou verlugnlin.
Il contribua ensuite à faire rer>trer
Lyon sous l'obéissance de Heuv- VV;
mais ayant appris la mort fuuct? de
ce prince , il ne put surmonter le
chagrin qu'il en conçut, et mourut
peu de temps après à St.-Germain-
au-Mont-d'Or , près de Lyon.
III. GROLLIER DE SERvirnr.
( Nicolas ) , de la même famille que
les deux précédens , né à Lyou
eu 1590 , se distingua par son goût
pour les mécaniques. Il perdit un
ceil au siège de Verceil , et se re-
tira dans sa patrie, où il forma un
cabinet curieux de machines que
Louis XIV visita. Sa gaieté et sa
sobriété prolongèrent sa viejusqu'à
l'âge de 95 ans. 11 s'étoit fait celte
épitaphe : « Ci gît qui a vécu long-
temps , parce qu'il }ie connut îii
procès ni médecin. » La Description
de sou cabinet, augtuQnlêe par ies
GROIN
ouvrages de tour de son fils, parut
à Lyon en 1719 , puis à Paris, i75i,
in-/(°, avec figurés. Grollier mourut
eu 1689.
1 1 . GRONO VIUS (Jean-Frédéric),
né à Hambourg eu 1611, \)rofesseur
Ai. bdiles-lettres àDoventer, puis à
lieyde , mort dans celte ville ea
167:2, à 61 aus, a donné des édi-
tions estimées de plusieurs auteurs
latius, de Plaute, de Salluste , de
Tite-Live, de Sénèque le philosophe,
de Pline ; de Quintilien , d'Aulu-
Gelle , etc. Il a restitué quantité de
passages et et en a corrigé d'autres
avec beaucoup de succès. On a encore
de lui un in-4°,Leyde, i68j sous ce
litre : De sesterciis , seu subseci-
vorum pecuniœ veteris Grœcœ et
Romance, lib. 4, Amsterdam, i656,
in-8° , et 1691; et une édition du
traité De jure helli et pacis de
Grotius, avec des notes, Amster-
dam, 1680, iu-8° ; In Papiriii Statu
syluaruin , lib. b , diatribe , La
Haye, 1637, iu -S''. Les Ijelies-lettres
n'occnpoient pas tous ses momeus;
il éloJt aussi habile jurisconsulte.
t II. GRONO VIUS (Jacques),
fils du précédent , aussi sav-iuit que
son père, uaquit à De venter en 1 6/j.t,
voyagea en Angleterre et en Italie,
et s'y fil des amis et des protec-
teurs. Le grand-duc de Toscane lui
donna une cliaire à Pise , qu'il
quitta eu 167g, pour aller occuper
celle de son père à Leyde , où il mou-
rut le 21 octobre 1716. Ses prin-
cipaux ouvrages sont, I. Le T/ie-
saiirus anllqultaluiii Grœcarum ,
Leyde, 1697; compilation assez
bonne , en 10 vol. ii\-fol. On accom-
pagne ordinairement ce recueil de»
Antiquités romaines de Graevius , 1 2
vol. in-fol. ; de celles de Sallengre,
3 vol. in-fol. ; du Dictionnaire de
Pitiscus,5 vol.; des Supplémens de
Polénus, Veuise, 17.''>7, 5 v. in-fol.;
des Inscriptions de Gruler , 4 voL,
GROO
ïu-fol. ; des Auliqnilts d'Italie de
Graevius et de Burmann , 4^ vol.
il. Une Version latine des pierres
antiques d' Àgostini. III. Une iniinité
defl'/Vio/M d'auteurs grecs et latins,
de Macrobe , de Polybe , de Tacite ,
de Sëuèque le tragique , presque
achevée par sou père; dePomponius-
Rléla , d'Aiilu - Gelle , de Cicérou ,
d'Animieu- Marcellin, de Quiute-
Curce, de Phèdre, de IManélhou, etc.
La meilleure de toutes est celle d'Hé-
rodote , publiée en i7i5, in-f'ol.,
avec des corrections et des notes ;
elle contient cependant des fautes
grossières, selon Niceron. D'ailleurs
Groiiovius y prodigue les injures les
plus grossières aux savans les plus
célèbres , tels que Valla , Henri
Etienne, Holsténius, Gale, Span-
heim, Vossius , Sûumai?e, Le Clerc ,
BocharL , Le Fèvre , Grasvius, etc.
IV. Geographi antiqui , Leyde,
1694 et itigg, 2 vol. in-4°, recueil
estimé. V. Dissertations sur dijfé-
rens sujets , chargées d'érudition.
VI. Plusieurs écrits polémiques ,
mouuniens de sa bile autant que de
son érudition.
* GROOTE - PIER ( c'est-à-dire
T ierre-le-Grand ou le-Long), ainsi
nommé à cause des proportions co-
lossales de sa taille , étoit un pay-
san frison qui, au commencement
du 16'' siècle, joua dans sa patrie
nu rôle remarquable. Indigné des
déprédations que les Saxons venoient
de commettre d^ius la Frise , et par
lesquelles Uù-mèrae , d'une honnête
aisance, s'éloit vu ruiner, la soif
de la vengeance le convertit en
guerrier. Il s'associa un de ses ne-
veux, nommé Wyard ou Wiert ,
vaillant et courageux comme lui ,
et la fortune servit ces deux héros
au-delà de leur attente. Groote-
Pier fut bientôt amiral de la Suder-
zée ; avec 16 bâtimens qu'il com-
mandoit, il extermina la flotte saxon-
jie forte de trente -six: il devint
GROP
93
alors la terreur do celle mer , et
même de celle du nord; il se don-
noit lui-même le nom de tléau des
Danois, des Brùuois, des Ham-
bourgeois, des Hollandais, et mit
dans son blason la roue et la po~
tence. En 1617 , se trouvant à la
tète de i5o voiles, il surprit, pilla
et brûla la ville de Maderabhk; eix
en i.Tiy il battit les Hollandais près
de Hoorn , et s'empara de cette ville
ainsi que de celle d'Alkmaar , Be-
vernik, Nieu^vport, et de plusieurs
autres. On a de lui une espèce de
manifeste rimé , c^ui courut versce
temps; il est remarquable par son
Ion de jactance. Groote-Pier s'y dé-
core des litres fastueux de roi des
Frisons, duc de Sueek , comte de
Hindelopen , capitaine-général delà
Suderzée ; mais il se dégoûta à la fin
d'iuie gloire achetée au prix de tant
de sang : il reconnut qu'en s'armant
contre les Saxons en faveur du duc
de Gueldre , il s'en falloil qu'il se
fût armé pour la liberté, et que sa
patrie ne faisoit qu'échanger un joug
contre un autre. Il rétléchit sur l'iu-
graiitude des princes , et il termina
ses jours dans une paisible retraite.
11 est mort à Sueek le 18 gctobre
1620.
i- GROPPER ( Jean ) , savant con-
troversisle, chanoine de Cologne,
né à Soest en Westphalie eu i5o2.
Paul IV , satisfait du zèle qu'il
niontroit contre les nouvelles sectes,
voulut l'élever à la pourpre romai-
ne ; mais il eut l'humilité de la re-
fuser. Il se rendit cependant à Fvome,
à la sollicitation de ce pontife , et y
mourut le 14 mars i55g. Paul IV
prononça lui-même sou oraison fu-
nèbre. Gropper étoit savant dans
l'histoire et la discipline de l'Église ,
dans la théologie dogmatique et la
science de la tradition. Il l'ut l'arae
des conciles provinciaux de Colo-
gne, tenus l'an i556 et 1649. On a
de lui , I. Enchiridioii chiistiancs
94
GROS
rellglonis , imprimé à la suite du
coucile de i556. C'est un excellent
abrégé de la théologie dogmatique.
II. I)e la présence véritable du
corps et du sang de Jésus- C/irist ,
Cologne, i5zj6, in-f'ol., eu allemand.
Surius en a donné une bonne Ira-
duclion en latin ^ Cologne , i56o,
in-4°. Cet ouvrage, l'un des meil-
leurs que nous ayons sur la contro-
verse , est le premier où la matière
de l'Eucharistie soit traitée à fond.
Son amour pour la pureté alloit jus-
qu'à des singularités ridicules ; ayant
trouvé une servante occupée à faire
son lit, il la lit sortir de sa cham-
bre, et jeta le lit par la fenêtre.
t I. GROS ( Pierre le), sculpteur,
né à Paris en i66fi , envoyé à Rome
par Louvois , mérita la protection de
ce ministre par son assiduité au tra-
vail et par ses talens. De retour en
France, il embellit Paris des fruits
de son génie. Après avoir montré
ce que pou voit son ciseau quand il
Iravailloit d'imagination, il copia
la Vénus de Richelieu et l'Antinous
du Belvédère, et rendit avec une
tidélité peu commune expression
pour expression. Ces morceaux de-
vinrent originaux , par les beautés
qu'il sut y introduire. On a de lui
différentes Statues qui décorent le
parc de Versailles et le jardin des
"l'uileries. On remarque dans ce der-
nier la statue de Mncmosjne, qui est
très -belle enfin on connoit encore
de lui plusieurs OTorfè/es et dessins ,
que les curieux conservent précieu-
sement. Ce célèbre artiste retourna
à Rome, et y mourut eu 1719.
t II. GROS ( Nicolas le ) , doc-
leur en théologie de l'université de
Reims , né dans cette ville en 1675,
de parens obscurs , s'est fait un nom
par le rôle qu'il a joué dans le parti
des anticonstitutionnaires. Après
avoir brillé par sa mémoire et par
sa pénétration en philosophie et en
GROS
théologie, il fut chargé par l'arche-
vêque do Reuus, Le Tellier , dn
petit séminaire de Saint-Jacques. 11
obtint ensuite un canonicat de la ca-
thédrale ; mais son opposition à la
bulle Unigenilus ayant déplu à
Mailly , successeur de Le Tellier, ce
prélat l'excommunia et obtint une
lettre de cachet contre lui. Le cha-
noine, obligé de se cacher, parcou-
rut différentes provinces de France,
passa en Italie, eu Hollande, en An-
gleterre, et enfin se fixa à Utrecht.
L'archevêque lui confia la chaire de
théologie de son séminaire d'Amers-
fort; emploi (pi'il remplit ;vec au-
tant de zèle que de lumière jusqu'à
sa mort, arrivée à Rhinwik j)rès
d'Utrecht le 4 décembre 17,^1. Ou
a de lui plusieurs ouvrages , la plu-
part sur le jansénisme. Les princi-
paux sont , I. La sainte Bible tra-
duite sur les textes originaux , avec
les différences de la T^ulgate , Co-
logne , 1759 , in-12. La même a été
publiée par Rondet, Paris , 17.^6 ,
5 petits vol. in-12; mais cette édi-
tion , dans laquelle on a fait quel-
ques chaugemens , est moins re-
cherchée. 11. Manuel du chrétien ,
Cologne, 1740 j in-12, contenant
l'ordinaire de la messe , les psaumes,
le nouveau Testament et l'Imitation
de Jésus - Christ , traduits par le
même. Ce recueil utile a été plu-
sieurs fois imprimé in-iS et in-12.
III. Méditations sur la concorde
des éuangiles , 5 vol. in-i 2 , Paris,
1 7 5 5 ; Méditations sur l'épître aux
Romains, i^ôb , 2 vol, in- 12;
Méditations sur les épitres cano-
niques. Ces trois ouvrages estima-
bles sont le fruit des conférences qije
l'abbé Le Gros faisoit au séminaire
d'Amersfort. IV. Motifs invinci-
bles d'attachement à l'Eglise ro-
maine pour les catholiques , ou de
réunion pour les prétendus réfor-
més. V. Discours sur les nouvelles
ecclésiastiques , in -4" et. in-12,
1735. VI. Les Entretiens du pré-
GROS
tre Eusèbe et de l'avocat Théo-
phile , sur la part que les laïques
doivent prendre à l'affaire de la
constitution , in-12. VII. Lettres
théologiques contre le traité des
prêts de commerce , et en général
contre toute usure, 17-19, in-4'.
VIII. Dognia Ecclesiœ circa usu-
ram expositum et vindicafum, avec
divers autres écrits eu latin sur la
même matière, et des Observations
touchant une lettre attribuée à feu
de Launoy , sur l'usure, 1700,
iu-4°. Le Gros fut un des principaux
soutiens des églises jansénistes de
Hollande.
t III. GROS(N. le), prévôt de
la collégiale de Saint-Thonias-du-
Louvre à Paris, député de cette
ville aux états-généraux de 1789 ,
et mort dès le commencement de
la session, en 1789,3 fait l'ana-
lyse et la critique de plusieurs écrits
philosophiques. I. Analyse des ou-
vrages de J. J. Rousseau et de
Court de Gébelin , parmi solitaire,
Genève et Paris , 1785 , in-8°. L'au-
teur publia eu 1786 une suite à cet
ouvrage, sous le titre A' Examen
des systèmes de J. J. Rousseau et
de Court de Gébelin. II. Analyse
et examen du système des philoso-
phes économistes , Genève et Paris ,
1787, in-8°. III. Analyse et exa-
men de l'Antiquité dévoilée , du
Despotisme oriental et du Christia-
nisme dévoilé , attribués à Boulan-
ger, Genève et Paris , 1788, in-8°.
Ces ouvrages sont estimés des adver-
saires de la philosophie. Voyez
Boulanger , n° III.
* IV. GROS ( J. M. ) , curé de St.-
Nicolas-du-Chardounet à Paris ,
député du clergé de celte ville aux
états -généraux, signales protesta-
lions des 12 et 18 septembre 1791.
Eu 1790 il défendit une kltre pas-
torale de l'évêque de Toulon, dé-
noncée à l'assemblée, et il rétracta
GROS
95
le désaveu qu'il avoit fait de la dé-
claration du clergé. Il fut enfermé
après la session de l'assemblée dans
la maison de Sain l-Firmiu, et mas-
sacré avec les autres ecclésiastiques
détenus le 0 septembre 1792. Ayant
reconnu parmi ses bourreaux un da
ses paroissiens à qui il avoit rendu
des services , il lui dit : (( Mon ami ,
tu sais que je t'ai obligé ; si tu pou-
vois me sauver. » Le malheureux
lui répondit : «Je m'en souviens,
mais je ne saurois qu'y faire ; la na-
tion le veut ainsi )> , et il le poussa
à l'instant au milieu des assassins ,
qui lui portèrent plusieurs coups de
sabre.
V. GROS-GUILLAUIME. Voyez
GUERIN , 11" m.
* GROSE (François ) , célèbre an-
tiquaire anglais, né en 1709 , movt
à Dublin en 1791 , a donné des
Eclaircissemens sur les antiqui-
tée d' Angleterre et de Galles , 4
vol. Idem , sur celles d'Ecosse , 2
vol. Il s'occupoit d'un semblable
ouvrage sur celles d'Irlande quand
il mourut. Outre ces ouvrages, il
a encore publié un Dictionnaire
classique de la langue anglaise ;
un volume de Mélanges, in-8°, et
les Antiquités militaires , iu-4°.
tGROSLEY ( Pierre -Je?n),
avocat associé de l'académie des ins-
criptions et belles-lettres de Paris ,
né à Troyes le 18 novembre 1718 ,
mort dans la même ville le 4
novembre 1785 , se destina d'abord
au barreau ; mais un goût décidé
pour la littérature et pour les re-
cherches d'érudition le tourna en-
tièrement vers ces deux objets. Ce
ne fut pas cependant un savant de
cabinet, étranger au reste du mon-
de. Il lit deux voyages en Italie ,
deux en Angleterre , un eu Hol-
lande : il se moutroit aussi presque
toutes les années à Paris. Etant en-
core jeune , il se désista volontaire-
q6 g Pi O s
nient eu faveur de sa sœur tl'uii legs
universel de 40,000 livres. Vers le
même temps , sa patrie dut à ses
libéralilés les bustes en marbre des
hommes illustres qu'elle a produits.
Ses principaux ouvrages sout , I.
Recheivhespour l' hïstuire du droit
français , Paris , 17^1-2 , ia-i 2; livre
esiinië , plein d'une ënulition solide
et d'une critique saine. II. F'ie des
frères rilJum , Paris , 17.Ô6, 2 vol.
iu-1'2. lU. Observations de deux
genlilshoin/nes suéi/oi^ sur l'Italie,
seconde édition , Paris, J774, 4
volumes iu-)2. Ce voyage , dont
le style manque quelquefois de uel-
leté , d'élégance et de coloris , est
estimé à cause des recherches origi-
nales et des traits piqnaas dont il
est semé. IV. Londres , Lausanne
( Paris ) , 1770 , 5 vol. iu-i 2; réim-
primé en 1774» 4 '^"O^- iii-i2. On
peut appliquer à ce voyage d'An-
gleterre ce que nous ^^ons dit du
voyage d'Italie. Les observations
de l'auteur paroîlroient plus inté-
ressajUes, sises fréquentes digres-
sions ne dégéuéroient en longueurs ,
et si les tirades de vers latins dont
il charge sou livre ne faisoient lan-
guir la narration. V. Essais //isto-
7-iquessurla Champagne. VI. Ep/ié-
jnérides troyeitnes , continuées de
1757 à 17,68, 12 vol.in-iS, rem-
plies de mémoires instructils sur la
ville de T.^oyes. A dater de leur
origine iusnu'en 1761 , l'année 176,0
exceptée , ces ephemendes turent
supprimées par sentence du prési-
dial de Troyes , comme conleoank
des satires, des invectives, des ca-
lomnies, des faussetés, des indé-
cences, etc. VII. Il eut part aux dlé-
moires de l'académie de Troyes,
1756, 2 vol. in-12, et à la Traduc-
tion de Davila. VllI. Un giaud
nombre de T^eftres instructives ,
d'Opuscules polémiques , cV Eloges
littéraires , publiés en partie dans
le Journal encyclopédique , depuis
1771 jusqu'ui 1785. Daus" sa vieil-
GROS
lesse son style devint encore puis
obscur , soii qu'il développât plus
difficilement ses idées, soit qu'il eût
gàlé sa diction par la lecture de Ra-
belais, de ÎMontaigne et des vieux
auteurs français , dont il aimoit
beaucoup la naïveté et le franc-])ar-
1er. Lorsqu'il écrivit son Discours
sur l'influence des lois sur les
mœurs , qui concourut avec celui
du célèbre Rousseau de Genève, et
obtint un accessit, il a\oit unedic-
lion bien plus correcte et plus élé-
gante. Son Testament , qui fut ira-
))rimé après sa mon, est original et
singulier ; c'est une pièce qu'on lit
avec plaisir, et qui, plus que tonte
autre, décèle la tournure d'esprit
de Grosley ; mais cette copie impri-
mée n'est pas conforme a un ma-
nuscrit que nous a communiqué M.
Aubert , l'un des régisseurs de l'oc-
Iroi de Paris, et parent de Grosley.
Il a paru, eu 1787, F'ie de Grosley,
écrite par lui-même, conliuiié^ et
publiée par M. l'abbé Maydieu, cha-
noine de l'église de Troyes , un vol.
in-8°, dédiée à un inconnu, avec
celte épigraphe : Tum dentum vi-
tam , cuni moriunlur , agunt. M.
Patris du Rreuil de Troyes a donné
un recueil en prose et en vers, dans
lequel se trouve une notice très-iu-
léressanle sur Grosley , avec le Tes-
tament original , d'après le manus-
crit commuiiiqué par M. Aubert,
un vol. in-12, Paris, 1810.
"•GROSPRÉ (Robert), médecin
du 16^ siècle, natif d'Arras , est
connu par deux traités qu'il dédia
à Henri V^III , roi d'Angleterre , et
qui ont paru sous les litres suivans:
I. Traclalus de Peste , Parisiis ,
i538 , in-4". II. Re^imen saiiilatls,
Gandavi , i558, in-4°; Parisiis,
I.5.T9, in-4'', avec le précédent,
ibid. , i?i.\o , in-i 2.
GROSSE"^! (Chrétien), théolo-
giea lulhéritu, né à Witlemberg eu
GROS
i5o2 , mort en 1670 , professeur à
Stelliu eu 1 654, et surinteiidant-
géuéral des églises de la Poméranie
eu j()63, à 61 ans , a donné un
Tracté contre la primauté du j,ape ,
et d'autres ouvrages de controverse
qu'on ue lit plus.
GROSSE-TESTE (Robert), roy.
ROBEPxT , U° XV.
' GROSSI (Jeau- Baptiste), de
Cataue , né en ibo5, et mort eu
1666 , lut protouotaire apostolique
et chanoine , et jouit d'une grande
réputation. On a de lui , Catanense
decachurduni , sive nouisslma sa-
crée Caïaiieusis ecclesiœ notltla ;
Catanaui sacrain , siue de episco-
pis Cata/ieiisibus ; controversla-
lum forensium judicioruvi com-
mentarius ad c. 78 reg. Caroli K,
de coutractibus per minores non
celebrandis absque auctoritate cu-
ratoris , vel judicis ^ etc.
t I. GROSTESTE (Marin),
seigneur des IMaius , né à Paris eu
décembre 1649, élevé dans la reli-
gion réibrmée , dont il fil abjuration
à Paris, Tau 1681 , entre les mains de
Coishu , évèque d Orléans , depuis
cardinal , alla peu de temps après
à Orléans, où il convertit à la foi
catholique un grand nombre de per-
sonnes , entre autres son père, sa
mère, et un de ses frères. Il devint
ensuite chanoine de la cathédrale
d'Orléans , et mourut dans cette
ville le G octobre i6g4 , n'étant que
diacre, n'ayant jamais voulu rece-
voir l'ordre de la prêtrise. On a de
lui,I. Considérations sur le schisme
des prolest ans. 11. Traité de la
présence réelle du cojps de Jésus-
Christ dans l'Eucharistie. Ces deux
Traités parurent à Orléans eu iItSô.
III. La i'érité de la religion ca-
thoH(iue , prouvée par l'Ecriture
sainte, Paris, 1697 , in-12. Cet ou-
vrage a été réimprimé à Paris en
1715, 5 vol. iu-12 , avec des aug-
» T. YllI.
GROT
97
meutations considérables de l'abbé
Geoffroi , mort à Paris en 1715.
t II. GROSTESTE (Claude), sieur
DE La Motke , frère du précédent ,
qui se l'etira à Londres en iGS5,
après la révocation de l'édit deNau-
tes , y fut ministre de l'Eglise de la
Savoie , et y mourut en i7i3 , à 66
ans , membre de la société de Ber-
lin. Grosteste étoit savant , éloquent
en chaire, d'une prudence r;ire, et
d'une chanté consommée. On a de
lui , I. Traité de l'inspiration des
Lii-res sacrés, Amsterdam, ifigS.
II. Plusieurs Kermo/is. 111. D'autres
OV/t'/o^es, qui eurent au tant de succès
dans li-s pays proteslans que ceux de
son frère dans les pays cutlioliques.
i-I.GROTlUSo;/GRooT([-Iuo„es),
né à UAix. le 10 avril i58j, d'une
f;imil!e illustre , reçut une t xcelleute
éducation , et y répondit d'une ma-
nière distinguée. Des l'i.ge' de huit
ans il faisoit des vers latins qu'ua
vieux poète n'auroit pas désavoués.
A i5 ans , en 1697 , il soutint des
thèses sur la philosophie , les mathé-
inali(|ues et la jurisprudence , avec
un applaudissement général. L'an-
niîe d'après il vint en France avec
Barneveldt, ambassadeur de Hol-
lande , et mérita par son esprit et par
sa conduite les éloges de Henri IV
qui le graliHa d'une chaîne d'or. De'
retour dans sa pairie, il plaida sa
première cause à 1 7 ans , et fut fait
avocat-général à 24. Roterdam sou-
haitoil de jouir de ses lalens : il s'y
établit eu iGi5, et y futfait syndic.
Lt s querelles des remoutrans et des
contre-remoutrans agiioieut alors la
Hollande. Barneveldt étoit le pro-
tecteur des premiers. Grotius s'élaut
déclaré pour le parti ds ce. grand
homme, son ami, le soutint par
ses écrits et par son crédit. Leurs
ennemis se servirent de ce prétexte
pour les perdre l'un et l'autre. Bar-
neveldt eut la tète tranchée eu 1619,
et Groliui fut eufermé à vie daus
98 GROT
le château de Louvestein. Sa femme ,
ayant eu la permission de lui faire
passer des livres, les lui envoya dans
un grand coH're ; l'illuslre prisonnier
se mit dans ce coffre , et , par cette
ruse, sut échappera ses persécu-
teurs. Les poêles contemporains ,
Barlœits , Rutgersius , Erycius Pu-
teanus ( où Henri Dupuy ), etc. , ver-
sifièrent à l'envi en l'honneur de ce
coffre. Grotius lui-même fit des vers
à ce sujet. Après avoir erré quelque
temps dans les Ptiys-Bas catholiques,
il chercha et trouva un asile en
France. Alors on l'accusa dans son
pays de vouloir se faire catholique ;
mais il répondit à un de ses amis
que , a quelque avantage qu'il eût de
passer d'un parti foihle qui l'avoit
maltraité , à un parti fort qui le
recevroit à bras ouverts , il n'étoit
pas tenté de le faire Et puis-
que j'ai eu , ajoutoit-il , assez de
courage pour supporter la prison ,
je n'en manquerai point, j'espère ,
pour soutenir f exil et la pauvreté....»
Les protecteurs que Grotius trou vaen
France le préseutèrentà Louis XIll,
qui lui donna une pension de mille
écus. Les ambassadeurs de Hollande
travaillèrent en vain à donner au roi
sur son compte des impressions dé-
favorables : ce prince ne voulut point
les écouter. Il rendit même à Gro-
tius un témoignage avantageux ,
parce qu'il le voyoit, avec un éton-
nemeiil mêlé d'estime, conserver tou-
jours de l'amour pour son ingrate
patrie. Cependant ses ennemis re-
doubloient leurs efforts pour le per-
dre ; et le cardinal de iiichelieu ,
qu'il ne llattoil pas sur ses produc-
tions , à force de dégoûts , l'obligea
enfîii de se retirer. Sa pension l'ut
même supjfnmée en i63i. Cet il-
lustre réfugié prit alors le parti de
retourner en Hollande. Il espéroit
beaucou'p des bontés du prince d'O-
range Frédéric-Henri , qui lui avoit
écrit une lettre consolante ; mais ses
ennemis représeulèrenl au prince
GROT
qu'il y auroil du danger à le réta-
blir , et le firent condamner de
nouveau à un bannissement perpé-
tuel. Ce nouvel orage obligea Gro-
tius de quitter une seconde fois sa
patrie. On le désiroit en Suéde. Il
se rendit donc à Hambourg , pour
s'inlbrmer de ce qu'il avoit à espé-
rer de la cour de Stockolin. Pendant
le séjour qu'il iil dans cette ville ,
plusieurs princes , tels que les rois
de Daiiemarck, de Pologne , d'Es-
pagne , firent des tentatives pour
l'attirer dans leurs étals ; mais la
protection que lui accordoit le chan-
celier d'Oxenstiern , et le goût que
la reine Christine avoit pour les
savans , le déterminèrent à s'atta-
cher à Cl tte princesse. Il partit en
1634 pour Slockolm , où on l'ac-
cueillit comme il leméritoit; et, peu
de temps après son arrivée, il fut
nommé conseiller d'état et ambas-
sadeur en France. Ce choix déplut
an cardinal de Richelieu , qui le
voyoit avec peine revenir dans nu
royaume où on lui avoit refusé la
subsistance, après l'avoir reçu avec
la plus grande bonté. Oxenstiernne
voulut pas nommer d'autre ministre;
et Grotius fit son entrée à Paris au
commencement de mars i635. Après
un séjour d'onze mois dans cet te ville,
où il jouit des hommages des savans,
il revint en Suède. 11 passa par la Hol-
lande. Les choses étoieut bien chan-
gées. La plupart de ses ennemis
étoieut morts ; et l'on se repenloit
d'avoir forcé un homme qui faisoit
tant d'honneur à sa patrie , de la
quitter. Aussi fut-il reçu à Amster-
dam avec une grande distinction.
Arrivé en Suède , il ne fut pas ac-
cueilli moins favornblement par
Christine, à laquelle il demanda son
cons^é ; mais il l'obtint avec peine.
Grotius, en retournant dans son pays,
mourut à Roslock , le 28 août 1646,
à 62 ans. Cet homme célèbre avoit
une figure agréable , des yeux
viis , un visage serein et riant.
GllOT
ïl écrivoit à son père, tandis qu'il
éloil ainbassaiieur : « Je suis rassa-
sie d'Iionneins. J'aime la vie tran-
quille, et je serois fort aise de ne
plus m'occuper que de Dieu el d'ou-
vrages ulilesala postérité. » llétoil
à la lois bon ministre, excellent ju-
risconsidle , théologien , historien ,
poêle el bel esprit. C'a été , sans
contredit , un des plus grands hom-
mes de son temps, soit par son éru-
dition profonde , soit pour la beauté
de son esprit, soit pour la pureté
de sa diction. 11 possédoit parluite-
nient les langues , la fable et l'his-
toire , l'antiquité ecclésiastique et
profane, sur-tout la science du droit
public. Ses écrits sont une source
où tous les jurisconsultes ont puisé.
Les principaux sont , 1. Un excel-
lent traité De jure Belli et Pacis
libri 1res. Accesserunt ejusdem dis-
sertalio de Mari liberu, etc. cum
iiutis varioriim, Amsterdam , 1712,
et 1755 , 2 vol. in-S". 11 a été tra-
duit en français par Barbeyrac, 1724,
2 vol. in-4°; mais on le lit moins
utilement dans la version que dans
l'original latin , quoique le style en
soit un peu dur. Cet ouvrage a passé
autrefois pour un chef-d'œuvre ; et
malgré la foule de livres publiés sur
cette matière , il mérite encore au-
jourd'hui une place distinguée parmi
les productions de ce genre. On lui
reproche cependant un trop grand
étalage d'érudition: les citations y
étouffent les raisonnemens. La meil-
leure édition du texte est celle en 3
vol. infol. , 1696, 1700 et 17145
avec des commentaires. La traduc-
tion , accompagnée de remarques ,
pa*se pour fort exacte. 11. Traité
de la i'érilé de la religion chré-
tienne, Leyde , 1662 , in-12 , tra-
duit du latin eu français par Mé-
zerai , 1 644 > iu-8° ( Ployez une
Dissertation sur cet ouvrage dans
le Dictionnaire des anonymes, n*^
7278, el dans le Magasin encyclo-
dique, 8*^ année , l. 5, pag, 182.) Le
GROT
99
même Traité a encore e'té traduit en
fiançais par le P. Talon , de l'O-
ratoire , Paris, iGftg , in-12, par
Pierre-le-jeuiie , Ulrecht , 1692, iu-
8°, par rabl)é Goujel , Pans , 1724,
m-12, et 1754, 2 vol. in-12, et
par plusieurs autres. Cet ouvrage,
composé d'abord par Grotius , eu
vers llamands, pour forlilier dans le
chrisliaiiisnie les matelots qui font
le voyage des Indes , a été traduit
en grec , eu arabe , en anglais , ea
persan , en allemand. 111. Des
Œuvrer, ihéotogiques , qui venfer-
menl des Coinnientaires sur l'E-
criture sainte; et d'autres Traités
recueillis à Amsterdam en 167g ,
en 4 vol. in - tolio. On a accusé
l'auteur d'avoir donné quelquefois
dans le pélagiauisme et le .soci:nia-
nisme ; d'avoir prodigue l'érudi'ioa
profane dans des matières sacrées ;
d'avoir cherché dans le texte de l'E-
criture , moins ce qui y est , que ce
que le commeniateur vouloity voir,
etc. La plupart de ces reproches sont
fondés, et il faut avouer que plu-
sieurs endroits de ces Commentaires
paroissent fa'x>rables aux uouveaux
ariens. Il esl vrai qu'il a combattu
le sentiment de Socin , en soutenant
la préexistence du Verbe ; mais il
se rapprochoil de lui dans plusieurs
autres points. Grotins éloit un des
plus modérés prolestans. 11 est à jné-
sumer que cette modération ve-
noil plutôt d'une indifférence pour
toutes les religions, que de la cou-
noissance qu'il avoil du protestan-
tisme. On trouve dans Ja Biblio-
thèque Polonaise une de ses Lettres
au fameux socinien Crellins , qui
donne des soupçons sur sa religion.
Jurieu , dans l'Esprit d'Arnauld , dit
« que Grotius étoit mort sans vou-
loir faire profession d'aucune re-
ligion el ne répondant à celui qui
l'exhortoit à la mort que par un non
intclUgo. » IV. Des Poésies, 1617 ,
itJ32 , in-8°, et Leyde, i tîSg ,in-ij.
Il y en a quelques-unes d'iiturcuses ;
loo GROÏ
mais sa vaste lluéralure cleint sou-
vent son l'en poétique. Les Hollan-
dais en font un grand cas ; en France,
on en juge autrement. V. De ifiipc-
r'io summarum potestatuin ciica
sacra , La Haye , 1661 , iu-i 2 ; tia-
duil en français par Lescalopier ,
Londres, 1751 , in-12 , sous ce litre :
Traité du pouvoir du magistrat
politique sur tes choses sacrées.
VI. Annales et hisluriœ de rébus
Belgicls, ab obitu régis P/tilippi,
îisque ad indacias aiini 1619. Ams-
lelodarni , i657 , in-fo!. L'auleitr a
parfaitement imité Tacite dans ses
Annales; il est comme lui énergicpie
et concis ; mais cette précision le
rend quelquefois obscur : comme
lui , il a développé toutes les intri-
gues, tous les ressorts, tous les motifs
des événemens dont il a été le té-
moin. Cet ouvrage, traduit en fran-
çais par Nicolas l'Héritier , Ams-
terdam, 1G62 ou 1672 , lu-fol. , est
plein de maximes que la politique
peut adopter ; et les passions des
dilférens acteurs y sont peintes avec
art et avec énergie. VIL Historia
Golhorurn , in-S", inférieure à la
précédente pour le style , mais très-
utile pour les recherches sur l'his-
toire d'Espagne , et sur celle de la
décadence de l'empire romain. Vlil.
De antiquitafe reipublicœ Bâta-
vicœ ,\\\-i^\ ouvrage plein d'éru-
dition. IX. Des tragédies peu théâ-
trales, et dont le sujet est ma! choisi.
Elles parurent sous le litre de ïVa-
gœt/ice , e\.c. , 1635,111-/1°. X. De
origine gentiurn Americanarum
dissertationes duœ , 1642 et 16.45,
2 vol. iii-S". XL Excerpta ex tragœ-
diis et coinœdiisgrœcis, emendtita.,
et latinis versibus red<{ita, Paris,
i6:a6, in-4''- Xll. P/iilosop/ior/tm.
sententiœ de falo ., Paris, 16 jS ,
in-/|°. Xlll. Des L'tlres , puliiié"s
en i687,iu-fol. XIV. Une édition
de l'.apella , sous le titre de Mar-
îianl Miiiel Felicis Capellœ , safy-
ricon, in quo de nuptiis philologiœ
GROT
et Mercurli Libri duo , etc., emen-
dati et notis llug. Grulii illustrait,
t.ugduni liatavoruin , i.'igg, 111-8°;
premier ouvrage publié par Grotius,
à l'âge de 16 ans. Cette édition, qui
n'est [)ascommune,est plus rarelors-
qu'ilya deux portraits qui ne se trou-
vent que dans w\\ très-pelil nombre
d'exemplaires. Le premier est celui
de Henri de Bourbou-Condé , pre-
mier prince du sang , à qui l'ouvrage
est dédié. Le second est celui de Gro-
tius , à l'âge de i5 ans ; ils sont gra-
vés par Jacques Gliein. ( Voyez ce
mot. ) XV. Un Conihienlaire sur les
Annales de Hollande ., par Douza.
On peut consulter sur cet homme cé-
lèbre sa Vie, par de Burigny , en 2
vol. iu-i 2 , J7.'i2. L'historien y entre
dans de grands détails sur ce grand
homme et sur ses négociations. Le
caractère de Gro tins ressembloi là son
style ; c'est-à-dire, qu'il étoit noble,
ferme , et quelquefois dur. On voit
d;ms l'Histoire métallique de la Hol-
lande une médaille sur laquelle Gro-
tius est appelé le 'Phénix de la patrie,
\ Oracle de Delft , le grand esprit ,
la lumière qui éclaire la terre.
^ IL GROTIUS ( Corneille ), fils
aillé du précédent, étudia d'abord
les sciences et les belles-lettres, qu'il
quitta bienlôl pour embrasser le mé-
tier des armes. Il servit sous le duc
de Saxe-Weiinar, sons le maréchal
de Chatillon, et obtint enfin une
compagnie dans un régiment que les
états de Hollande avoient donné au
vicomte de I\Iombas,son beau-frère.
Il mourut célibataire sur la lin du
17^ siècle. On trouve de lui quelques
poésies latines dans le recueil de
celles de Vinceutius Fabricius.
* in. GROTiUS (Pierre) , second
fils de Hugues Grotius, fut employé
dans plusieurs ambassades. L'ébc-
leur Palatin, rétabli par la paix de
Munster , le lit son résident auprès
des états-généraux. Nommé pen-
sionnaire de la ville d'Amsterdaru
G ROT
«a 1G60 , il exerça honorablement
cet etiîploi pendant sept ans. En
1668 il fut envoyé ambassadeur
vers les couronnes du norti. Apres
avoir rempli les postes les plus iui-
porlans,il mourut dans une maison
de campagne, près d'AmsIerdain ,
sur la lin du 17'' siècle. (i\i doit à
ses soins l'édition des (Euvres théo-
logiques de son ])ère , eu 5 volumes
iu-lbl. , 1679, dédiée à Charles 11 ,
roi d'Angleterre.
* IV. GROTIUS ( Guillaume ) ,
troisième l'rère des précédens , dis-
tingué au barreau, refusa en i658 la
place de conseiller pensionnaire de
la ville de Délit, en quoi il fut ap-
])rouvé par Hugues, « attendu , dit-
il , le malheur des temps où nous
AMVons , et où il est difficile de cuii-
cilier l'honneur et le devoir. » L'an-
née suivante il fut nommé avocat
de la conspagnie des Indes. Grotius
fut le principal correspondant de son
frère. Il a écrit en latin les vies de
quelques juriscousulies , et publié en
1667 un Jfa/iuel des principes du
droit naturel.
*GROTTO ( Louis), dit ilCieco
d'Âdria, parce q;i'il étoit né dans
celte ville , et qu'il éloit devenu
aveugle presque en naissant, se dis-
liUs^ua par son esprit et ses connois-
sauces dans les sciences philosophi-
ques et tlans les langues. 11 ionda
dans sa patrie l'académie des lllus-
irati , et acquit l'estime de ses con-
riioytus. On a de lui UOrazioni
x'o/gari e latine; Earthelemi Vioite,
de Lyon ,.ea a donné , en 1628, \.n\t
traduction in-S° sous ce titre : Les
harangues de Louis GruUo , aveu-
gle d' Hadrie , admirable en élo-
quence , par lui prononcées en plu-
sieurs lieux où il a été em^ové
ambassadeur , très- utiles à foules
sortes de personnes i traduites de
latin et d'italien en français i Let-
terefaniigUari ; Il primo libro delV-
Uiade aOiaero tradotlo ; Il pen-
GROV ICI
timento amoroso , pièce pastorale ;
La Callislo , idera ; L' jldriano ,
tragédie: le sujet est tiré de la pre-
mière Nouvelle du second volume
de Bendel ; La J)alia , tragédie : Il
Tesoro ; La E mi lia , l'yllteria ,
comédies ; l'Eniilia a été traduite en
prose française , par un anonyme,
en 1609, Paris, \\\-i2 ■,Oraziune
in Iode di tutti i santi , e memoria
di certi pagnni ; Jlcuni paragoni
tra' Romani e Venezianii T'ila di
S. Caferina virgine e martire ;
Isaac rappreseniazione spirituale ,
et autres Ouvrages. 11 mourut à
Venise en i585, âge de /|4 ans.
GROUAIS. P'oy. DiiSGROUAis.
t GROUCHY, Gn/cliius ( Nico-
las de ) , d'une famille noble de
Rouen, expliqua le premier Aris-
tote eu grec : il enseigna avec ré-
putation à Paris , à Bordeaux et à
Coimbre. De retour en France , il
alla à La Rochelle, où Ion vouloit
établir un collège. Il y mourut eu
i57g. On a de lui v\n grand nombre
d'ouvrages. Les principaux sont , I.
Une Traduction de l'Histoire des
Indes , par F. L. de Caslanedo _,
Paris, i5ô4, in-4°- H- Un traité
L>e Cumitiis Romaiiorum et des
Ecrits contre Sigonius , in-fol. Ce
savant craignoit Grouchy, et eut la
lâcheté impardonnable de ne pailer
contre lui que lorsqu'il eut appris sa
mort. Au surplus , l'ouvrage le plus
remarquable de Nicolas de Grouchy
est celui intitulé la Béatitude , ou
les inimitables amours de T/ieoys
( fils de Dieu ) , et de Carite ( la
grâce ) , eu dix poèmes dramatiques
de cinq actes , Paris , i63:2, in-H*^ de
plus de 900 pages. Dans sa Biblio-
thèque du théâtre français , le duc
de La Vallière a donné un long ex-
trait de cette bizarre concepiiou
(lom. II, pag. 53i ), qu'il appelle
\\\\ chef d'oeuvre de déraison.
* GROVE (Henri), théologien
102 GKOU
nn^lais non - conformiste , né en
i685 , à Tauuloa- , au comté de
Soinnieriet , mort an même lieu,
eu 1708 , après avoir reçu à f^oiulres
nue ëuucalioa so.guée , enlra dans
l'Eglise; 'et eu 1706 il fut à Tanii-
tou maître daus une académie, qui
dut beaucoup à ses soins. Outre dif-
férevis Sermons qu'il a publiés , il a
donné , dans le Spectateur, les nu-
méros 088. 601 , G26 et 683 ; Un
JEssai sur t irnmorlalité de rame;
Un lissai sur les (ondiùons de la
communion chrétle/ine ;l.ii& Cunsi-
dératiuns sur l'évidence de la ré-
surrection du Sauveur ; Pensées
sur les preuves de i état futur; Dis-
cours sur la nature el l'inlention de
l'Eucharistie.
GROUîMBACH (Guillaume ),
oenlilliomme saxon , chassé de son
pays pour (|.ie!ques crimes , se retira
fu i5r)6 à Go'uia , avec ses coMïplices,
auprès de J( an-Frédéric , fils de ce
Jean-Frédéric que l'empereur Char-
Jes-Qu iîil a \' oit dépouillé de l'électoral
de Saxe. Groumbacli avoit princip.a-
ïemenlen vue de se venger du nouvel
électeur Auguste, chargé de faire
exécuter contre lui l'arrêt de sa pros-
cription. S'étant associé à plusieurs
brigands, il forma une conspiration
avec eux pour assassiner l'électeur.
Un des conjurés, pris à Dresde,
nvoua le complot. L'électeur Au-
guste , ayant une commission de
l'empereur , Ht marcher ses lioupts
contre Gotha. Groumbach, que le duc
Jean-Frédéric soutenoil , y éloit ren-
ferméavec plusieurs soldais délermi-
nésattachés à sa fortune. Ses troupes
et les bourgeois dél'eiidireul la ville ;
mais enliii il fallut se rendre. Le
<luc Jean-Frédéiic , aussi malheu-
reux que son père, fut arrêté et
tonduit à Vienne dans une char-
rette, avec un bonnet de paille atta-
ché sur la tête , et ses étals furent
donnés à Jean-Guillaume , son frère.
Groumbacli el ses complices, pris
GROU
en même temps, finirent leurs jours
par le dernier supplice eu 1067.
f^ojez Languet, n" 1.
* GROUVELLE( Philippe), né à
Pans en 1758, homme de lettres,
ancien ministre de France eu Dane-
niarck , el correspondant de la classe
d'histoire el de littérature ancienne
de l'iustilut national , fut l'élève de
Champfort, et devint secrétaire du
prince de Condé. Il embrassa le parti
de la révolution , figura dans le club
dit de 1789, rédigea la J euille vil-
lageoise sous Cérutli; et fut , au J<>
aojil 1792, nommé secrétaire du
conseil exécutif provisoire. Envoyé
comme ministre de France eu Dane-
marrk , eu juin 1 790 , il se tronvoil
encoie à Copenhague, en 1799, lors
du changement survenu dans le
gouvernement français: ce fut lui
qui en fit part à cette cour. 11 venoit
d'être nommé ambassadeur à La
Haye , lorsque le général Bonaparte
prit les rèues du gou'i ernetnent de
la France. Il fut rappelé avant d'en-
trer dans sesnoiivelles fonctions. Le
a8 mai 1800, il entra au corps lé-
gislatif. On a de lui , I. Une assez
grande quantité de Pièces fugitives
remplies d'esprit , qui ont été insé-
rées dans les journaux et les alma-
nachs littéraires. \\. IJ Epreuve dé-
licate , comédie en 3 actes et en
vers (Paris, 178,5.) III. Des Pam-
])hlets politiques , tels qu'une ^///a-
lyse critique de Montesquieu, qu'on
retrouve tlaus la Bibliothèque de
l'homme y)ii})li(; , rédig('e par Cou-
dorcet, Chapelier, etc IV. l'oint de
duel ou poLiit de coiistitulion. V.
yî dresse des habilans d'un ci~de-
\'ant bailliage à leur député, sur
\ son duel et sur le préjugé du point
! d' honneur, première et seconde édi-
tion, 1790, in-8°. VI. Un Précis
historique sur la condamnation des
Templiers, Paris, 180.'). Il a dirigé
l'édition des Lettres de madame ds
Se vigne , qui parut en 1804, édition
GRUB
qu'il dassa dans un uou vel ordre , et
qu'il accompagna de A'otes biogra-
])hiques et historiques tres-inléres-
saules. Il fui encore l'édileur, pour
la partie littéraire , tonjoiuleinenl
avec INI. de Grinioard pour la
partie militaire , des Gliiures de
Louis XI P', Paris, 1806, 6 vol.
in - 8° , ornes d'un portrait du
prince et de 22 jilanches chirogra-
pliiques. Grouvelle est mort le 5o
octobre i8oô à Vareunes , départe-
ment de Seiue-el-Oise.
GROZELLIF.R ( Nicolas ) , prêtre
de l'Oratoire, né à Beauiie le 2g
août 1692, iwort le 19 juin 1778,
est auteur de quelques ouvrages,
dont le plus counu est un Hecueil
de Fabien, in-12, }768. Voyez
Bougeant.
GRUAU (Louis) curé de Sauge
dans le diocèse du Mans, publia en
161 3, à Paris , un ouvrage sous ce
litre : Nouvelle itn'ention pour
prendre et oler les luups de la l rari-
ce, in-12, avec Hgures. Dans ce traité,
dédié à Louis Xlll , qui n'avoit alors
que douze ans, on trouve des anec-
dotes qui prouvent un grand ins-
tinct dans le loup , de la prévoyance ,
une combinaison d'idées et du cou-
rage. La conclusion de l'auteur est
originale; c'est que plus nous ap-
procherons de la lin du monde , plus
les loups se nuilliplieront.
* GRUBE ( Herman ) , membre
de l'académie impériale des curieux
de la nature, né à Lubeck en 1607,
pratiqua son art avec succès dans les
villes de lîadersleben et de Flens-
bourg, et mourut dans la première
de ces villes eu 1698. Parmi les
ouvrages qu'il a laissés, on distin-
gue les snivans : De icfu taren-
tulœ, et i'i mus/ces in ejus cura-
tione , Francot'urli , j 679 , in-S". II.
Ânalysis mail cilrei conipcndiosa ;
Ilafuiœ, 1668, in-8". lll. Conunen-
tarius de modo simplioiuni medi-
GRUE
io3
camentorum facultates cognosren-
di, llafiiiae et Francolurti, in-8". IV.
JJe arca/iis medicorum non arca-
nis vommentatio , Hafuiœ, 1670 ,
m- 8°.
* GRUBEUMANN (Jeau-Ulrich),
né à Tuli'en dans le canton d'Ap-
penzel , se distingua par des ouvra-
ges de cliarpente , et sur-lout par
les ponts nommés Hasngwerck, ou-
vrages pendans , tels que celui de
Schafi'house , qui n'a que deux ar-
ches, et qui n'en auroit qu'une si
on avoit laissé faire le constructeur.
Ce pont à néanmoins 069 pieds de
long. — Sou frère , Jean Guubetj-
MANN , construisit le pont d'une
seule arclre , long de 240 pieds , qui
est sur le Rhin, auprès de Reichenau,
dans le iiays des (^risons. Les deux
frères construisirent ensemble un
pont de bois long de 200 pieds, qui
n'esl pas un hœngMerck, ou pont
pendant , dont la force est dans la
charpente supérieure , mais une
seule arche où le l)ois tient lieu
de voûte. Ou ignore l'année de la
monde ces ingénieux charpentiers.
GRI^CHIUS. Voyez Grouchy.
GRUDIUS ( Nicolas Everard ,
dit ) , trésorier du Hrabant , et fils
d'un président du conseil souverain
de Hollande et de Zélande, mort
en 1.S71 , a donné des Poésies pro-
fanes, Leyde , 1612 , in-S" , en
latin ; et des Poésies sacrées , An-
vers , i566, in-S"". 11 avoil pour
frères Jean Second et Adrien ]\Ia-
rius, qui se distinguèrent aussi dans
la versification. Voyez Second
( Jean, j
GRUE (Tliomas), littérateur
français, mort vers la fin du 17*
siècle, à qui nous devons des tra-
ductions de quelques ouvrages an-
glais. Les principales sont , L Les
Religions du monde, traduites de
l'anglais de Ross , iu-4°. 11 La
io4 G RU G
Porte ouverte pour parvenir à la '
coniioissance du paganisme , lia-
diiite aussi de l'anglais d'Abraham
Roger, '\n-/°. On l'estime pour la
counoissance qu'il donne des mœurs
des brames asi?aiques.
t I. GRUET (Jacques), Gene-
vois, vivoit vers le milieu du 16*^
siècle; il éloil aussi opposé à Calvin
et à ses partisans qu'aux défenseurs
de la religion catholique, parce
qu'il n'en professoit aucune. Il ne
nianquoit d'ailleurs ni d'esprit ni
d'érudition , et il soufFroit impa-
tiemment les calvinistes et leur ré-
forme. Il eut la hardiesse d'afticlier ,
en i.T47,dcs placards, dans lesquels
il accusoit les réformés de cette ville
d'être des esprits remuans , qui
après avoir , disoit-il , renoncé à la
vérité, et la plupart à leur premier
état ' vouloieul dominer sur toutes
les consciences. On saisit ses papiers,
on y trouva des preuves d'irréligion,
et on se ser\it de ce prétexte pour
le condamner à perdre la tête. Celte
sentence fui exécutée en i549. Son
plus grand crime , aux yeux des
Genevois , étoit d'avoir démasqué
leur patriarche Jean Calvin , dont il
avoil peint le caractère et la con-
duite sous des couleurs peu fa-
vorables.
t II. GRUET (N. ), Jeune
poêle du iS'' siècle, fut ravi à la
littérature à l'âge de 25 ans par
un accident déplorable. Etant à la
chasse il appuya la tête contre son
fusil , sou chien le fit partir , et il
mourut du coup, en 1778. On lui
doit Les ^J dieux d'Heclor et d'jîn-
dromaque ^ pièce couronnée à l'a-
cadémie l'rançaise en 1776. Une Hé-
roïde intitulée Jnnibal au sénat de
Carthage. La Traduclionenvers du
commencement de l'Iliade. 11 avoil
entrepris aussi de mettre Télémaque
en vers.
GRUGET ( Claude ) ,_ Parisien ,
G Pi U L ^
vivoit au 16"^ siècle. U s'est fait
c-onnoilre par des Traductions (\\i'\\
a données de l'italien et de resi)a-
guo! , et par les éditions de ^ Uepla-
rneron de la reine de Navarre ,
i56o, in-4° ; du Dodec/içdron , ou
Plaisant Jeu de fortune ; de Jé/ian
de Meung.
*GRUIWARDT (Ferdinand),
médecin , né à Tergoes eu Zélaude
en 1628, pratiqua d'abord son art
à Middelbourg pendant J7 ans, et
revint ensuite dans sa ville natale,
où il fut successivement premier des
échevins, conseiller et bourgmestre,
saui jamais discontinuer l'exercice
de sa profession. 11 y mourut en
1701. Ce médecin a fait impri-
mer la harangue qu'd prononça à
l'occasion de son doctorat ; elle traite
De cotnparatione microcosmi cum
macrocosmo. Ses autres ouvrages,
qui sont écrits en flamand , peu-
vent se rendre par ces titres : 1. Exa-
men de ta chirurgie, recueilli par
Corneille Tlerls , présentement cor-
rigé et augmenté, Middelbourg,
)6(5o, in-b° ; Amsterdam, j66o ,
iu-8°. II. ylpologie contre les accu-
sations et les maximes inouïes de
ses commodes ennemis, La Haye,
i66jj 2 vol. in-4°. III. Observa-
tions médicinales et chirurgicales ,
dressées d'api es une expérience de
36 ans, et publiées pour rinstruc—
tion des jeunes élèves en cet art ,
Amsterdam, i658, in-8°. IV. Théâ-
tre tragique de laZélande , ouvert
pour l'utilité du peuple belgique ,
1680 , 1690, in-zi".
* GRULING ( Philippe ),
médecin, né à Stolberg , dans la
Thuringe, et mort dans cette ville
en 1667 , à l'âge de 74 ans, cul-
tivoitsou art par goût, et se fai-
soit un vrai plaisir de communi-
quer le fruit de ses études. Parmi
les ouvrdges sortis de sa plume , on
distingue les suivans , 1. Florile-
gium Hippocratico-chytnicum no-
GRUN
»7///.', Lips., Ib3i,in-i2,i644j ifil^iî,
iti-4° ; cest un recueil de nialières
médicales, qui comprend des re-
mèdes pour loiiles les maladies ; ii
y parle même du quinquina dans
1«8 dernières éditions. Ce médica-
ment éloil alors bien nouveau, s'il
est vrai qu'il u'ail été pavfailenienl
connu quenviron l'an i6i^9, par le
moyeu des jésuites assemblés à
Rome en leur congrégation géné-
rale , à qui le provincial de l'Amé-
rique en avoit distribué. II. Ciira-
tionitm dogfiialico - hernielUariim
cenlitria primai Lipsiae , 1608,
in-8°. Le même ouvrage, augmenté
de six centuries , parut sous ce litre,
Observalionum et cm aiionuni ms-
ciiciiialium dogmatuo-hermelica-
rum centuriœ sepiem , Nortbusje ,
1662 , in-4° ; LipsisE , 1668 , in-4°.
Cet ouvrage n'est qu'une compila-
lion. III. ])ecakitlo et suppressione
urinœ , Northusae , 1662^ in --4°;
Lipsiae, 1668, i.n-4°. IV. Traotalus
singularis de puigatione , ibid.
1668. Tous les ouvrages de ce mé-
decin ont été recueillis en 4 ^'ol. iu-
4° , Leipsick , 1680.
* GRUNDEL (Jean -Benoit),
membre de l'académie des curieux
de la nature , né à Glogawen Silésie ,
s'appliqua à la médecine , dans la-
quelle il lit de si grands progrès ,
qu'il fut bientôt en éUit de la pra-
tiquer à Marpurg. Nommé pbysi-
cien du duclié de Stirie, il mourut
dans celte province en ]7o5. On a
de lui des Observations assez in-
téressantes , insérées dans les ]\Ié-
moires de l'académie d'Allemagne.
* GRUNER( Jean-Frédéric) , sa-
vant lilléraleur et théologien , né à
Cobourg en lyaô, mort en 177S.
On lui doitplusieurs bons ouvrages.
I. Une nouvelle édition de Cœlius
Sedulins , avec des commentaires.
II. Ilicellanea sacra. III. Une In-
troducliun aux aiitiquilés de Ro-
CRUT in5
me. \Y . l'es remarques sur les
auteurs c/nssiques.
* GRUNSKLÉE (Jean), né à
Ludiz eu ISolieine en i65o, entra
chez les jésuites en 1671 , et y en-
seigna diverses scii;"nces. On a de lui
des /•.'/( ges funèbres , et quelques
Uraisutis académiques , où l'élo-
quence va de niveau a\ec la pure
latinité. On distingue, ])armi ces
pièces , Y L loge de ( Jiarles de Lic/i-
teusteiii , évéque d'Olmutz , 01-
muîz, 1 690 ; celui d' Kléoiiore d' Au-
triche , reine de Pologne , inîprimé
sous le titre : Virtus pust J'ata pe-
rennans , Prague , 1698 ; et une ha-
rangue intitulée JJeus adjulor, sur
la prise de Rade, prononcée devant
Us étals de Bohème eu 1C86.
t I. GP.UTER (Jean), né à An-
vers en i56o , reçut au baptême le
nom de Jean, qu'il changea^ pour
sC conlormer à la mode jjédanlesque
de son temps , en celui de Jauus. Iles
l'âge de 7 ans, il passa en Angleterre
avec son père et sa mère, qui éloit
Anglaise. Le prolesCantisme les
avoit fait chasser d'Anvers. La mère
de Gruler, femme d'esprit et de sa-
voii^, domia les j)remières leçons à
sou lils. Après a\oir étudié dans
plusieurs universités , il professa
avec réputation à Wiltemberg , où
le duc de Saxe lui avoit donné une
cbiaire d'histoire ; et à Heidelberg ,
où il eut la direction de cette magni-
fique bibliothèque , transportée à
Rome quelque temps après. Ce sa-
vant mourut le 20 septembre 1627.
Il a laissé plusieurs ouvrages utiles.
Les principaux sont , I. Un llecueil
d'Inscriptions ,1^X1 un gros vol. in-
fo!., à Ikidclberg, ifoi. L'auteur
a voit beau coup fou il lé dans les ruines
de l'antiquité; cet ouvrage en est
une preuve. Il le dédia à l'empereur
Rodolphe, qui l'en remercia en lui
accordant un privilège général pour
tous SCS livres , a\ec ])ouvoir d'ac-
corder lui-même des privilèges aux
loG
GRUT
autres aiiteiirs. Ce monarque lui
flesLinoil aussi la dignité de coml.;
de leaipire; mais il mourut avant
d'en avoir été revêtu. Grasvius a
considërahlement augmenté le re-
cueil de Gruter, et eti a lait 4 gros
vol. iii-fol. , imprimés à Amster-
dam, 1707. Cet ouvrage fait partie
de la coUeclion d'antiquités de GrsG-
vuis. 11. Lampas , seu Fax arùuni
Liberaiium : lioc est , Thésaurus
criticus à bi.bliot/tecis erutus ,
t'raïuiort , 1602, 7 vol. in-8°, réim-
priuiés à Florence, 1737, eu .(
tom. 2 vol. in-fol. Ke but de Tau-
leur est d'indiquer les bons livres,
en c!\aque partie , à ceux qui veu-
lent s'appliquer à l'étude des lettres
et des Ijeaux arts. lll. Delhiœpoë-
iaruin GalLoru?n^ Francfort, 1609,
5 v. in-i 2 ; - Italorum, Francibri ,
1608, 2 V. ; - Belgicurum , Franc-
fort , 1614, 4 vol. iu-12 ; - Germa-
no rum , 6 vol. ; - Hungaricorum,
i vol. ; - Sco forum , 2 vol. ; - Dauo-
runi, 2 vol. IV. Hisloriœ Augustœ
scriptoies , in-tol. et cuin notis va-
riorum, Leyde, 1671, 2 vol. iu-S°.
V. C.hron'icon chronicorum , Franc-
fort , 1614. 2 vol. in- 8". Cette
chronique , pleine d'inexactitudes ,
d'inutilités , tandis que bien des
choses remarquables sont omises,
commence à la naissance de J. C. ,
et finit eu 161 5. VI. M. T. Cice-
ronis opéra- cum notis , Hambourg ,
3 vol. in-fol. Jean-Albert Fabricius
estimoil beaucoup celte édition. Gru-
ler a encore donné des éditions
avec des notes, d'Ovide , de Plante ,
de Florus , de Séneqne le poëte,
de Sénèque le philosophe, de Tite-
Live , de Valléius - Palerculns , de
Salluste , et quantité d' autres ou-
vrages. Gruter, homme fort labo-
rieux , étiidioit tout le jour et une
grande partie de la nuit, et toujours
debout. Son désintéressement étoil
extrême , et, outre d'abondantes au-
mônes , il exerçoit \\\\t antre espèce
de charité; il nrêtoit de l'argent.
GRYjL
sans s'informer si l'on étolt en état
de le lui rendre. Ses ennemis l'accu-
sèrent d'athéisme ; mais son attache-
ment au protestantisme ne s'accorde
point avec celte inipiitalion. 11 i'ul
marié quatre fois. Plein de suU'i-
sauce,il ne répondoit à ses criii-
(jues que par des invectives. L'éru-
dition dont il ht parade ne lui ap-
partenoit pas toute en propre; il
fut aidé ^lans ses recherches par
Marc Velser et d'autres savans.
* II. GRUTER ( Pierre ) , méde-
cin , né vers l'an i555 dans le Pa-
lalinat du Rhin , après avoir voyagé
en Italie, praliqua son art à Dix-
mude , à Ostende , se rendit ea
1620 à Middelbourg, et se hxa en-
hn à Amsterdam, où il mourut eu
1654. On a de ce médecin les deux
ouvré.ges siuvans qui ne contien-
nent rien de fort remarquable,
I. Hpistolarum centuria , accessit
apologia pro eddein , quâ instituLi
sui , et stjli ab usu et latiuisrni
puritate ablmrreutis , rationem
reddit, Lugdum-Batavorum , 1608,
111-12. II. Epislo/ari/tn cenluria
secunda , Amslelodaini , 1629 ,
in-i 2.
GRUYER. F'ojezBvFViÉ , n° IX.
* GRYLL (Laurent ), médecin,
deLandshut, dans laBasse-Baviere ,
s'appliqua à l'élude des langues , et
\'oyagea dans la plus grande partie
du l'Europe. Les comioissauces qu'il
recueillit de ses courses aussi lon-
gues que laborieuses lui procurè-
rent la chaire de médecine dans
l'université d'ingolsladt , où il en-
seigna jusqu'à l'époque de sa uiorl,
arrivée en 1.061. On a de lui, Ve
sapore du/ci et amaro iibri duo ;
Oratio do peregrinalioiie studii
rnedici crgo susceptâ , Pragœ , 1 566 ,
111-4°. Le second écrit ,qui contient
la description des voyages de l'au-
teur, renferme plusieurs particula-
rités sur 1 histoire littéraire du 16'"
siècle.
GRYP
GRYLLUS. r. XÉNOPiioN, \\° T.
t GRYNÉE I, SimoTi ) , ami de
Luther et de Mélaiichtlion, né en
Souabe l'an i495 , et mort à Baie
en j54i , l'iiblia , le preruier , lV/7-
/nngeste de Ptoloméc eu grec, Baie ,
JÔ38, in-fol. — Il y a eu de la
même famille Jean -Jacques Gry-
NÉe , professeur à Heidelberg , mort
eu 1617, auteur de plusieurs savans
Fcrils, principalement sur l'Ecri-
ture saiule. T'oyez - en le catalogue
dans le tome XXXVIldesJireV//o//es
<lu P. Nicerou.
i- I. GRYPHE ( Sébastien ) , de
Reulhliugen eu Souabe , vint s'éta-
blir à Lyon , où il exerça l'art de
J'imprimerie avec beaucoup de suc-
ces. 11 a fait à son Ktrgile une pré-
iace très-bien écrite. Ou peut louer
aussi celle qu'il a mise en tète du
Politien. 11 mourut le 7 septembre
jôôG , à 63 ans. Charles La Fontaine
lui fit cette épitaplie:
Le prrind OriflV,
(jui loHi griffe ,
A griVé
I/e corpi de Grjplie.
Parmi les belles éditions dont il a
tnrichi la lilléralure, on distingue
sa Bible latine de i5ôo , in-fol. il
V employa des caractères ronds et
les plus gros qu'on eût vus jusc|u'a-
lors. C'est un chef-d'œuvre de ty-
})ographie. ( Voyez Dolet , 11° \"
<!e ses ouvrages. ) On fait cas de
toutes les Bibles Itébraiques qu'il
a pul)liées , et eu particulier de
l'édition dn Trésor de la langue
.sainte de Pagni/i. — Son frère ,
François, impiiinenr de Lyon, et
ensuite (le Paris, substitua le ca-
ractère romain aux caractères ita-
liques dont Sébastien se servoit
dans toutes ses éditions; ce qui eu
diminue le prix. — Antoine Gfiv-
3PnE, lils de Sébastien, soutint di-
j^nement lai^épnlation de sou père.
Sa seconde édition du Trésor de
/a langue latine est un inodclc
GUA
107
d'impression, lis avoient pour en-
seigne un Gryphon , et c'est la
marque ordinaire de leurs livres ,
avec cette devise : f'irtute duce ,
comité fortunâ , que le commerce de
Lyon a prise depuis pour la sienne.
II. GRYPHE ( Audré ) , né à
Glogaw en 1616, mort en 1664,
syndic des états de Clog;nv , s'ac-
quit une si grande réputation par
ses pièces de théâtre , qu'on peut
l'appeler le Corneille des Alle-
mands. Il tient le premier, ou du
moins l'un des premiers rangs dans
le tragique parmi les poètes de sa
nation. 11 a aussi composé quelques
petites 7 arecs et nue Critique assez
fine du ridicule des anciennes comé-
dies allemaudes.
III. GRYPHE (Chrétien ) , fils
dn précédent, né à Fraustadt en
1649, professeur d'éloquence à Bres-
law , puis principal du collège de
la Magdeleine dans la même ville ,
et enfin bibliothécaire, mourut le 6
mars 1706 , à 57 ans , après s'être fait
jr>uer,dans sa chambre, une Pièce de
poésie de sa composition qu'il avoit
fait mettre en musique; le sujet eu
étoit pieux. Ses ouvrages sont, 1.
V Histoire des ordres de eheralerie,
en allemand, 1709, in-8°. 11. Poésies
allemandes, entre autres des Pas-
torales , in-8°. III. I.a langue alle-
mande /l/r/née peu à peu , ou Traité
de r origine et des progrès de celte
langue, in- 8°, en allemand. IV.
Dissertalio de seriptoribus histu-
riam seculi xvii illuslrantibus ,
in-8". V. 11 a aussi travaillé au
Jourr.al de .heipsick. C'éloit un
homme d'une vaste littérature. Ses
poésies allemandes sont estimées ,
et sa langue doit beaucoup à ses
ouvrages et à ses recherches.
t GUA DE Maeves (Jean-Paul
de ) , né eu Languedoc en 1712 ,
d un père ruiné par le système de
Law , embrassa l'état ecclésiastique;
loS
GUA
et vint à Paris , oà il se livra avec
passion à l'éURie des mathi^maliques.
hoii profuml savoir dans celle partie
le fil recevoir au nombre des mem-
bres de l'académie des sciences , et de
}u société royale de Londres. Le
premier, il eut l'idée de réiniir dans
un seul dépôt littéraire toutes les
connoissaiîces snr les sciences el sur
les arts , possédées par les nations
savantes ;d"Alembcrlel Diderot exé-
C'.Uerenl VE/icyclopédie d'après ce
plan ; si i'abbé coulriljua peu à cet
ouvrage immense , il a du uioins la
ojoire de l'avoir conçu. En 1764
il présenta un projet d'exploitation
(ies miiiss d'or du Languedoc, el se
chargea du premier essai qui ne
réussit pas. Il mourut à Paris en
1786. Ses ouvrages les plus connus
sont , ]. Usage de I' Inalyse de
JJescaries. On y Iroave une savante
théorie des coiui)es algébriques : l'au-
teur a pour but de prouver qu'on
peut se passer du calcul difiéren-
tiel , pour n"eni[)loyer que les mé-
thodes de Descartes. II. Dialogues
c\'I/y/as el Phiioiiuù's , contre ies
sce])iiques et les athées, de George
Berkeley, Amsterdam (Paris), j 760,
in- 1 2 ; jyialogiies sur l'mtcnde-
ment humain , trachiits de l'anglais.
L'existence des corps y est ingénieu-
sement mise en problème. Uns gra-
vure ingénieuse esl l'embième de ce
sujet. Un [iliilosophe rit d'un enfatit
qui, consiihJrant son image dans un
miroir, la prend pour un objet réel,
et s'efTorce de la saisir ; on lit au bas
ces mots de Phèdre : Qui d rides?
jnutatn nom lue de te fabula nar-
ratur. Ul. Nouveau voyage autour
du monde ^ par G. Anson , Pans
1750, in-/|°, el /j vol. in -12.
IV. Discours pour el (onlre la ré-
duction de l'intérêt de l'argent ,
V/cscl el Paris, 1707 , in -12.
'V. A'ssai sur les causes u'u déclin du
( ommerce étranger de la Grande-
Ji'reeagne,iU\ chevalier Ueker, 1 707,
2 vol. in-ia.
GUAD
* GUADAGNl ( Léopold-André)^
excellent jurisconsulte , originaire
d'Arezzo , né à Florence en 1700,
et niorl en 1785 , apprit le grec et
la jurisprudence à Pise, et en 1701
il obtint, à l'université de cet te ville,
la chaire des Pandectes , qu'il occupa
jusqu'à sa mort. On a de lui un
traité De legibus censoriis ; Irois
volumes sur le premier Hure et une
partie du second des Institules de
Justinicn; une Dissertation sur le
Co<le Florentin des Pandectes , pu-
blié dansles Simbolelelter. de Gori ;
un livre de Grœcis pandectorum ;
deux Oraisons en latin , une de
Laudibus Josephi II , et l'autre de
periculis ex copia subsidiorum in
litterarurn studio capendis.
GUADAGNOLl (Philippe ) , ne
vers l'an 1696 à Magliano dans
rAl)ruzze ultérieure , occupa avec
honneur une chaire de prol'esscur eu
arabe el en chaldéen dans le collège
de la Sapience. La congrégation de la
Propagande l'employa à traduire l'E-
criUire sainle en arabe , sous le pou-
Lilicat d'Urbain Vill. Il mourut à
Rome en i656 , âgé d'environ
Go ans , laissant une bonne Réponse
aux objections d'Ahmed ben-Zin
Uiabpden,docteu r mahomé tan , 1 6 3 1 ,
in-4°. On a encore de lui une Gram-
maire arabe . in-îol. , Rome , 1642;
et la Uible traduite en arabe , qui
parut aussi à Rome en 1671 , trois
vol. in-1'olio.
t GUADET ( MarguerileElie ) ,
né à Saint-Einiiion en Guyenne,
remplissoil la profession d'avocat à
Bordeaux , lorsqu'il fut député de
celte ville à la première législature
et à la convention. Son talent pour
l'art oratoire le plaça bientôt à la
tête du parti de la Gironde. Ton-
jours impétueux, trop sou ventcruel,
il embrassa toutes les idées révolu-
tionnaires. On le vit défendre les
assassins d'Avignon , et présenter
leurs allenlals comme des erreurs.
GUAG
Guadet pressa la déclaration de
guerre contre l'empereur; fit décréter
ijne les prêtres qiu ret'iiseroient le ser-
ment seroient déportés ; et que les
émigrés , pris les armes à la maii\ ,
seroient mis à mort dans les viugt-
qualre heures. Ennemi particulier
de Marat et de Robespierre , il les
accusa plusieurs t'ois avec courage,
et tinil par succomber sous les coups
de ce dernier. Mis hors de lu loi , il
se sauva d'abord à Evreux, déguisé
en garçon tapissier , puis à Caen ,
euiiii à Qniniper , au milieu des plus
grands périls. Là , il s'euibaïqua pour
la Guyenne , où il erra long-temps ,
sans ressources, sans asile, ne sor-
tant que la nuit , et se cachant le
jour dans des rochers. L'une de ses
tantes lui ouvrit sa maison , et paya
ensuite son hospitalilé de sa vie.
Découvert chez son père à Libourne ,
et traduit à Bordeaux , il y fut exé-
cuté le 1*"^ messidor de lan 2
( 19 juin 1794)) '^ l'^îg^- de 55 ans.
Sa perle entraîna celle de son père ,
âgé de 70 ans , de sa tante , âgée de
65 ans et de son Irere Jean-Baptisle
Guadet St.-Brice, adjudant général
de l'armée de la Moselle. Le capi-
taine même du navire qui l'avoit
amené, sans le conuoitre , de Brest à
Bordeaux, n'échajipa pas à la mort.
Lorsqu'on conduisit Guadet au sup-
plice, il voulut haranguer le peuple:
mais les roulemens des tambours
étouffèrent sa voix , et l'on ne put
entendre que ces dernières paroles
prononcées avec énergie : Peuple !
voi/à l'unique ressource des ijrans ;
ils étouffent la voix des hommes li-
bres pour coinmellre leurs attentats.
GUAGNIN( Alexandre) , né ea
i558 à Vérone, mort à 76 ans
àCracovie, après avoir été natura-
lisé Polonais, est auteur d'un livre
fort rare et tort estimé, intitulé
Sarmalire Eiiropœ dcscrlptio , à
Spire, i58i ,iii-iolio. On a encore
de lui lieruni Pohnicaruni scr/p-
GUAL
lOQ
fores, i58j, 5 vol. in-8°, Franc-
fort , et un Compendiuin clironi-
coru/ii Poloniœ ; cet abrégé forme
le premier volume de l'ouvrage pré-
cédent.
GUAGUIN. royezGKOvia.
*GUAINER( Antoine), médecin,
professeur en l'universilé de Pavie ,
et mort dans cette ville en ij-io, a
laissé un manusirit qui fut iniiirimé
en 1497 , in-fol. Jean Faucon, pro-
fesseur de la faculté de Monti)ellier ,
a joint à cel ouvrage , réiniprimé en
1/198 , un commentaire de sa façon ,
qui se trouve dans les éditions sui-
vantes. Cet ouvrage de Guaiiier est 1
\\\û\\\\éOpus prœclaruin ad p7-ax l/n,
Papia;, 1 5 18 , in-4° ; Lngduni , 1 5 2."),
in -4°.
GUALBERT ( saint Jean), né
vers le commencement du 1 1" siècle,
d'un gentilhomme floreiuin , qui
sui\oit la profession militaire, à
l'exemple de son père , embrassa
d'abord le parti des armes. Son frère
ayant été assassiné dans des temps
de troubles par un de ses ennemis,
il résolut de venger sa mort. L'occa-
sion s'en présenta bientôt. Gualbert
bien armé rencontra Tastassin dans
un chi-min , où l'un et l'autre ne
pouvoient s'éviter. Ce dernier, se
voyant perdu , se prosterne les bras
en croix, et conjure son ennemi,
au nom de J. C. mourant sur la
croix, et qu'il représenioit en cette
posture, de lui laisser la vie. Gual-
bert, louché de ce spectacle , lui
pardonne, l'embrasse, et va faire sa
prière devant un crucifix dans une
église voisine. Dès ce moment il
quitta ses habits militaires, renonça
au monde, se ht religieux, et fonda
im ordre célèbre dans l'Église, sous
le nom de congrégation de Val-
lombreuse. Indépendamment des
moines, il reçut des laïques, qui
menoient la même vie, et ne diffé-
roient que par l'habit : c'est le pre-
iio GUAL
niier exemple que l'on trouve de
frères lais ou coiivers , clisUngiiës
par élal des luoines de chœur , qui,
dès -lors, ëloienl clercs, ou pro-
pres à le deveuir. Gualbert jeta les
premiers iondemens de son insti-
tut à Camaldoli , et se retira en-
suite à Vallombreuse. Cëloit une
soli tude dans l'Apennin , à sept lieues
de Florence. Ce tut là qu'il hàlil un
monastère , construit de bois et de
terre, et qu'il mourut le i 2 juillet
1 070, à 74 ans. Parmi les vertus qui
le distinguèrent, on admira sur-lout
son désintéressement. Le prieur d'un
de ses monastères ayant fait faire à
un novice la donation de tous ses
biens en faveur de la communauté ,
Gualbert se lit donner le contrat et
le déchira , en disant (\\\ il était in-
digne d'ac(]aérir des biens , en dé-
pouillant les légitimes héritiers.
GUALBES. rojez Cai.vo,ii° III.
t GUALDO - PRIORATO ( le
comte Galeazzo ), mort à Vicence
sa patrie en 1678,3 72 ans, histo-
riographe de l'empereur , a laissé
plusieurs ouvrages historiques ,
écrits d'une manière assez agréa-
ble. Les principaux sont , I. UHis-
ioire des guerres de Ferdinand II
et de Ferdinand III , depuis i65o
jusqu'en 1640, in-fol. 11. Olle des
troubles de la France , depuis i645
jusqu'en i654, et continuée. III.
Celle du ministère du cardinal
3Iazarin, 1671 , 3 vol. in-12. Elle a
été traduite en français. IV. h'His-
toire de l'empereur I^éopold , à
Venise , 1 670 , 5 vol. iu-folio , avec
figures. Tous ces écrits sont en ita-
lien , et le dernier est le plus re-
cherché. Il a traduit lui-même en
français son Histoire des révolu-
tions et moui'cmens de Naples pen-
dant 1647 et 1R48, Paris, i6r)4,
in-4°. I/abbé de Franche vil le a aussi
traduit l'Histoire des dernières cam-
]>agnci> et négociations de G^istavc-
GUAL
Adolphe en Allemagne, Berlin, 1772,
in-4°.
* GUALFREDO , Italien qui pril
possession de l'évêché de Sienne eu
loSo, et mourut en 1 127 : il a écrit ,
en latin , un Poème héroïque sur
l'expédition de Godefroy de Bouil-
lon. On croit qu'il s'est emparé le
premier de l'Ireureux sujet des croi-
sades. Le manuscrit de son ouvrage
est , dit-on , encore aujourd'hui con-
servé à Sienne.
i GUALTÉRIO (Philippe-An-
toine ) , né le 24 mars 1 660 , à Feruo ,
ville de l'état ecclésiastique dans la
Marche d'Ancône , devint cardinal,
et mourut d'apoplexie le 21 avril
1728. Sa passion pour les livres et
le travail fut extrême. Deux fois il
perdit ses manuscrits, ses collections
littéraires , et eut le courage et la
patience de les recommencer ; mais
il ne put réparer la perte de ses ma-
tériaux pour une Histoire univer-
selle, qui remplissoient quinze cais-
ses. A sa mort , il laissa encore
trente-deux mille volumes, un riche
cabinet de médailles et d'antiques,
et plusieurs salles remplies d'objets
d'histoire naturelle et d'arts. Gual-
terio fut admis à l'académie des ins-
cripiions et belles -lettres comme
honoraire étranger.
i-GUALTHER ou Gauthier de
Chatillo.v, natif de Lille en Flan-
dre, vivoil au commencement du
1 2"^ siècle. Il est auteur d'un poëme
latin , intitulé Alex and reides ou
Histoire d'Alexandre, en 10 livres,
Ulm , i.^Sg, iu-i 2 ; Lyon, 1558,
in "4°, en caractères italiques. La
bibliothèque impériale possède plu-
sieurs manuscrits de cet ouvrage qui
a servi de thème à ceux qui ont tra-
duit le fameux roman d'Alexandre.
Mëzeray , dans son abrégé de l'His-
toire de France , page 58o,*tome I ,
dit que le poëme de Guallher fut
composé sous le règne de Philippe-
GUAR
Aug\iste. Il paroîtêtrele premier eies
poêles latins modernes qui ait eti
wiie étincelle du vrai génie ()oéUqne.
Phisieviis critiques oui mal à i)roj)os
coulondu Gauthier de Ciialiilou
avec Gauthier, évèque de Mague-
lone , mort en ii53.
t GUALTHERUS ( Rodolphe ) ,
gendre de Zuingle , né à Zurieh
en ir):2f) , succéda à Buliinger , et
mourut en i586. Ou a de lui des
Cummentaires sur la Bible , et
Gorluuil Meyer assure , duns Plac-
cius , que Guallhérus est uuleur de
la Vtrsiun de la Bible attribuée à
Valable ; mais il se trouipe. L'ou-
vrage le plus connu el le plus rare de
cet auteur est une déclamation con-
tre le pape, sous ce tilre : u^'nti-
Christits^ id est, Homiliœ quibus
probaluj' ponlijicem Kumanum i>e-
rè esse Jiiti-Christurn , in-S" , sans
date. Il a élé traduit en italien , Zu-
rich , i54fi , in-8°. Son fils, mort
eu 1677 , étolt poêle latin.
*GUALTiERRl(Paul),deTeira-
Nuova eu Calabre , vécut dans le 1 7*^
siècle , el fut professeur de philo-
sophie el de théologie. Ou a de lui
Jl glorioso trionfu , oiveru le^^gen-
dario de' sariti marliri dl Cala-
bria , etc. — Paul Gualtikrki , de
Tramanti , jurisconsulte du même
siècle, a écrit Praclica criminalli
inslrumenlaiia , etc.
*GUARIENTO, peintre pa-
douan , Ilorissoit vers le milieu du
i/j*^ siècle. Il acquit de la répulaliou
par ses peintures à Venise, à Pa-
doue , à Bas-cano Ridolfi , dans ses
f^ile de' Pit/ori, touie 1'^^'^ , page 1 7 ,
dit que Guariento l'ut un des pre-
miers peintres qui s'éloignèrent de
la nianière grecque, et qui introdui-
sirent quelque mouvement , des at-
titudes , de la grâce dans les dra-
peries et de l'imagiuatioa dans les
compositions. On trouve de ses ou-
vrages à liassauo plus qu'ailleurs ;
GUAR III
Verci en a donné la description dans
ses Notizie sopra la pittura Bai-
satiese ^ 177 5.
t GUARÎN (Pierre) , béucdiclin
de Saint*JMaur, né dans le diocèse
de Rouen en 1678, et uiort biblio-
thécaire de Saiul-Germain-des-Près
à Paris le 29 déceuibre 17:29, pro-
leasa les langues grecque et hébraïque
dans sou ordre. On a de lui , 1. Une
Grammaire hébraïque et c/ialddi-
qiie , en laliu, 2 vol. in-4'' , 1724
et 1726. 11. Un Lexicua hébreu et
chaliléeu , publié en 1746 , aus-si en
2 vol. in-4''. I/auteur avoil laissé
cet ouvrage à la lettre M ; mais il tut
achevé par dom Philippe Girardel ,
sou cont'rère , mort en 1754. Doux
Guariu éloil un adversaire de Mas-
clef ; il attaqua , dans sa Gram—
maire, la méthode de ce novateur.
I,'abl)é de l,a Bletlerie , alors de
l'Oratoire, disciple du célèbre hé-
braïsaut , lui répondit , dans la nou-
velle édition de la Grammaire de
son mailre, publiée à Paris eu 1700,
2 vol. in- 1 2.
I. GUAR INI, d'une illustre
famille de Vérone, ayant appris
la langue laline , fit le voyage de
Conslantinople pour prendre , sous
Clirysoloras , des leçons de grec ,
qu'il re\ iul enseigner à Venise , à
Florence , à Vérone et à Ferrarc. Ou
prétend qu'à son départ de Constan-
tinople , Guarini ayant acheté deux
grandes caisses de manuscrits grecs ,
qui éloienl uniques, les chargea sur
deux vaisseaux. Il arriva heureusc-
mcnl avec l'une en Italie : mais laii-
tre périt dans la route. Cet accident
lui donna tant de chagrin, que se.*
cheveux devinrent tout blancs dans
nne nuit. Il mourut en 1460, dans
uu âge fort avancé, laissant, outre
un Compendium grammaticœ
grœcœ ab Emm. Chrisologd di-
gestes, Y^vxavq , j5o9, iii-(S°, di-
verses Traductions el JSotcs su/ lc&
112 G UAR
auteurs anciens. — L'un de ses fils ,
Bapiifte Guarini , professeur de
belles-lelires à Ferrare depuis IreiUe-
trois ans, en il\<jl\, a public des
Poésies latines à iModèue , 1/196,
in-folio; De sectd F.picfiri ; De
ordine docendi et stadendi , lene ,
1704, m-o .
II. GUARINI ( Baptiste ) , ueveu
du précédent, naquit à Ferrare en
1537. C'éloil alors les beaux jours
de la litléralure eu Italie. Les Gua-
rini, ses aïeux , avoient contribué à
la faire renaître par leurs soins et
parleurs écrits. Les talens du jeune
Guarini lui frayèrent la voie de la
fortune. Il fut secrétaire d'Alfonse 11,
duc de Ferrare, qui le chargea de
plusieurs commissions dans les diffé-
rentes cours de l'Europe. Après la
mort de ce prince, il passa au ser-
vice de Vincent de Gonzague , de
Ferdinand de Médicis, grand-duc de
Toscane et duc d"Urlna. Les épines
des cours, et la servitude du métier
de courtisan , le dégoûtèrent plu-
sieurs fois ; mais trop peu philo-
sophe pour renoncer aux grands ,
il promena son inconstance d'escla-
-vage en esclavage. Il n'avoil pas
plutôt quille un prince , qu'il vo-
loit en servir nn autre. Il inourul à
Venise en 1612. Ses productions
poétiques sont en grand nombre.
L'esprit, les grâces , la délicatesse ,
les images , la douceur, la facilité ,
les caraclérisent ; mais elles man-
quent souvent de naturel et de dé-
cence. On peut sur-tout faire ce re-
proche à son Pastor Fido , Venise ,
1602 , in-4° ; Amsterdam , Elzevir ,
1678, in-i!4, figures de Sybaslien
Le Clerc; Vérone, i733; et Ams-
terdam , 1736 , in-4° ; Glascow ,
1765, in-tl'*; Edimbourg, 1724,
in-12 ; et Paris, 1729, 111-8°, et
1768 , ini 2 Les beautés de cette
pastorale fermèrent les yeux de
presque tons les lecteurs sur ses dé~
iaul» , sur les longueurs, les jeux de
GUAPt
mots, les pensées fausses, les com-
paraisons outrées , les saillies froides,
les peintures troj) voluptueuses, dont
elle est remplie. Pecquet en a donné
une traduction, dout il a paru une
jolie édition italienne et française ,
Paris, 1755 ou 1769, en 2 vol.
m- 12. D'autres traductions oui
eu(ore été données par l'abbé de
Torche, Cologne ( Amsterdam ) ,
1677 .^ in - 1 2 ; par Léonard de La
Roche, Lyon,' 1720, in-12. On a
encore de lui VIdropica , Cornedia ,
1614, iu-8°. Rime, à la suite de
plusieurs éditions du Pastor Fido ,
et séparémenl. Ses (Euvres furent
imprimées à Vérone en 1707 , 4
vol. iii-4°. Celle édition devoil être
composée de huit volumes; mais il
n'en a paru que quatre. Ses liladrl-
gaux amoureux owi été traduits, en
vers par Antoine Picot, baron du
Puiset , Paris, i'664, in-12. Koyez
NORKS.
-;- III. GUARINI (Guarino),
théatiu , né à JModene en 1 624 , mort
en i685 , étoil architecte de Char-
les-Enjmamiel , duc de Savoie. Turin
renferme plusieurs églises et plu-
sieurs palais, élevés sur ses dessins.
C'est dans le genre des édiiices sacrés
qu'il a le plus exercé ses talens : on
en voit à Modène sa patrie , à Vé-
rone, à Viceuce , et même hors de
l'Italie, à Lis1)onne, à Prague, à Paris.
Quelque vogue qu'ait eue Guarini ,
il s'en faut bien cependant que son
architecture ait le suffrage des con-
noisseurs. Avec moins de génie que
Le Borromini, il a beaucoup ren-
chéri sur tous les défauts qu'on re-
proche à ce dernier. Ses composi-
tions sont pleines d'irrégularités, de
caprices et de Ijizarreries , lant dans
les plans que dans hs élévations et
les ornemens. Cet artiste , an reste,
avoil étudié les meilleurs antems
d'architecture, Vitru\e, Alberli ,
l'aliydio,elc. On peut s'i-n convaincre
eu lisaul sou .'Irchl lecture ciiùie, ou-
GUAR
vrage \ioslliume publié à Turin ,
17^Î7 , m-fol. Comineut , avec tanl
de liuv.icres sur sou arl , a-t-i! jiu
prendre une roule si opposée au bon
20ÛI ?
*1V. GÛARINI( Jean) , cordeUer
savoyard, le plus forcené tic loub les
moines ligueurs , devint , le jour delà
réduclioudcParis,rob)et parlici4licr
de la clémence de Henri ÎY.
* GUARiNONË ( Christophe ) ,
médecin , né à Vérone , tlorissoil
vers la fin du 1 6* siècle. II prali-
qua son arl dans sa ville natale , et
il devint ensuite médecin de l'empe-
reur Rodolphe II a Prague, où il
mourut en 1602 dans un âge fort
avancé. Ou a de Guarinone des Com-
mentaires sur Aristote, dont il étoit
grand partisan, et d'autres o;ivra-
rUAS
ii3
glnesital'qucs , en iialien ,Lncques,
J7r)8, 2 V. ni-f'ol., auxquelles il,i|oiita
un 3 ' vol. , LuC|Ues, 1 T'/'i : oh\ lage
crititjué par l'auteur du 'l'railé des
premiers habilans de l'Italie , attri-
bué au P. Berdalti. Philippe Ferroni
a publié sou éloge funèbre, enrichi
de notes, Florence, i7ij>) , in-4'*-
l.a ville de Volterre (ioil dis ers em-
bellissemeus à ce littérateur , l'un
des plus illustres d'Italie , qui mou-
rut le 21 août 1785.
GUARNÈRUS. roj. Irnérius.
* GUARNIERI - OTTONI ( le
cou.Le AuRELio) , uéù Osimo , vint
se fixer à Venise, où il se livra avec
succès à l'élude des antiquités. Il
mourut dans cette \iUe à l'âge de
40 ans vers 1788. On a de lui,
1. Disserlazioiie cphlolare sopra
ges , parmi lesquels on remarque le ^«' antica ara marmorea esistente
suivant : Cousilla viedic: nalia ,
in quitus unwersa praxis medica
exacte perfrac(atur,\ea*tlns , 1610,
in-f ol .
* GUARNACCl ( Mario ) , né à
Volleire en 1701 , s'appliqua avec
ardeur à l'étude des helSes-lelires d à
ja théologie, et prit le degn de doc-
leur a Florence. Guarnacci fut aide
d étude de liezzouico , élevé depuis
au ponlilical sous le nom de Clé-
ment XIII , après a\oir élé piéiat-
domeslique de Clément XII , clia-
nome de St.-Jean de Latran, etc. Re-
tiré dans sa pairie, en 1767 , il y fil
ime précieuse collection d'antiquités
étrusques, dont on trouve la des-
cription dans le tome 111 des (Eu-
vres de Muratori. On a de ce pré-
lat , 1. Une continuation des /7/ûb
et gesta Romanurum pontijicum el
cardinalium d'Aifouse Ciaconivis ,
entreprise par ordre de Benoit XI V,
et poussée jusqu'au pontificat de
Clément Xll , Rome , 1751 , 2 vol.
in-fol. 11. Un Recueil de poésies ,
entre lesquelles on distingue une
Foëlique en vers italiens, ill. Ori-
T. VTir.
nel f'e/ieto museo hani , Venczia ,
1785 , in- 4". 11. Ijisserlazione in-
turito ail' antica via Claudia délia
città di Aitino Jino a' Jiume J)a—
nubio, Bassauo, 1789, in-4''. Cette
dissertation fut publiée après 1;. mort
de l'auteur. Guaruieri a laisse aussi
quelques ouvrages inauuscrils.
* I. GUASCO ( Aunibal ) , d'A-
lexandrie de l.a Paille , distingué
par ses connoissances et par son
amour pour ks b !ks-leltres , se li-
vra sur-tout à la poésie, et il publia
un assez gros volume de madrigaux
sous te litre : Vi 'Xela cangianle.
Il mit PU vers la nouvfclle de Boc-
cace, iniitulée Rosimouda ; c'est un
de ses meilleurs ouvrages. On a en-
core de lui Istituzione ad una
dama corne s'abbia du regolor bejie
in carte ; un livre de Rime; un
Discorso volgare nella inulazione
del governo délia palria , e le let-
tere divise in tre parte. 11 mourut
dans un âge avancé en 1619.
* II. GUASCO (Jean), de Reggio ,
docteur eu droit , d ai)ord secré-
taire de Gonzague, archimandrite
8
ii4
GUAS
de Messine et de Païenne , et ea-
auite de deux évêques de''Reggio ,
devint membre et historiographe
de l'acadëmie de' Muti dans sa pa-
trie, et mourut en 1746. Sou prin-
cipal ouvrage est le suivant : Sturia
letternria delpiinclpio e progressa
deW accademia di belle Lettere in
Reggio cou diverse composizioni
latine e toscane degli antichi ora-
tori , poeti , ed accadeinicl reg-
giani , Reggio ,.1711, iu-4°-
-;-in. GUASCO (Oclavien de),
chanoine de Touruay , de la société
royale de Londres , de l'académie
dbs inscriptions de Paris , né à
Turin d'une famille noble en 1712 ,
et mort à Vérone en 1781 , vint
eu France vers 1738. Il y plut
par la vivacité de sou esprit, par
son langnge moitié français , moitié
italien , soutenu d'une pantomime
expressive , qui donuoit plus d'in-
térêt à sou récit , et qui auimoit
les choses agréables etllatteuses dont
il n'étoit point avare. Lié avec le
prés^ideiît de Montesquieu , il en
parloil, long-temps après sa mort ,
avec tout l'attendrissement de la-
rnilié. Sou cœur, susceptible d'im-
pressions profondes , n'oublioit ni
les bienfaits , ni les outrages. Ayant
eu à se plaindre de madame Geof-
frin , il se vengea d'elle avec peu
de délicatesse , eu publiant une Cor-
respondance de Montesquieu , Paris ,
1767 , in-12 , où elle étoit peu mé-
Tiagée. Plusieurs bonnes œuvres ,
faites long-temps avant sa mort ,
J\ii firent pardonner ce caractère
vindicatif. l>a variété de ses con-
iioissances paroit dans quelques-uns
de ses ouvrages. Les plus estimés
8onl,l. I,e Traité sur les asiles, tant
«acres que politiques. IL Des Disser-
tations historiques et littéraires ,
1766, 2 V. '\\i-8°.\l\. Essai Âislorique
sur l'usage des statues citez les an-
ciens, iu-^", Bruxelles, 1768. On
froil dans cet ouvrage nue diudtlion
GUAS
choisie, une critique saine, un style
clair et net. Il publia encore des Let-
tres familières de Montesquieu , avec
des notes, dont quelques-unes sont
satiriques. Il avoit traduit en ilalieu
son Esprit des Lois ; en français ,
l'Economie de la Vie humaine ,
I7!i5 , in-8° , et du russe , les Satires
du prince de Cantemir , Londres,
1760 , 2 vol. in-12.
t GUASPRE-DUCHET ou Gas-
PRE, élève et beau-frère du Poussin,
naquit à Rome en i6i5. Son goût et
ses lalens pour le paysage éclatèrent
de bonne heure. 11 loua quatre mai-
sons dans les quartiers les plus
élevés de Rome, pour y étudier la
nature. La chasse , qu'il aimoit pas-
sionnément, lui fournit des sites
d'un effet piquant. Ses ouvrages sont
recommaudables par un air de li-
berté admirable , par la délicatesse
de la touche, par la fraîcheur du
coloris , par un art particulier à
exprimer les vents , à donner de
l'agitation aux feuilles des arbres ,
à représenter des orages et des bour-
rasques. Il mourut à Rome en
1676. Le fameux Poussin venoit
souvent le voir , et s'amusoit quel-
quefois à peindre des figures dans
ses paysages. Le Guaspre s'étoit fait
une telle pratique, qu'il finissoit ,
en un jour , un grand tableau
avec les figures. Ou distingue trois
manières dans les ouvrages de ce
peintre ; la première est sèche ; la
seconde , simple , vraie et très - pi-
quant© , est la meilleure. Elle ap-
proche de celle du Lorrain : sa der-
nière manière est agréable. Le mu-
sée Napoléon a deux de ses tableaux.
GUAST (du), ^ojes AvALos,
n°n.
* GUAST AVINI ( Jules ) , né à
Gènes , d'une famille patricienne ,
enseigna la médecine à Pise, en qua-
lité de professeur primaire , vers
l'an 1614. Les ouvrages qu'il a cojn-
GUAZ
posés sont , 1. Commeiitarn inpr!c-
res fiecem Aristo'elis prchleinalum
sectio/ies , I.ugduni , ) t-o8 , lo-fol.
11. Locorum de medlcind seleclo-
riim llùer, Liigduii' , 1616 , m-/^".
Haller parle de ce livre avec esii me.
m. Locorum de medlcind flecto-
riun //iiv û//e/-, Fioreni.ae i6:^5,
in-^*'- Ce stcoLid orvraj^e est écrit
dans le goùl du précédent.
GUATLMOZIN. Voyez Gati-
IIOZIX.
I. GUx\Y ( Pierre le ). Voy. Pré-
M ON VAL.
II. GUAY-TROUIN (René du).
f'^Giyez Dlgua\-'1'kouin.
* GUAZZESI ( Laurent), cheva-
lier de Siuut- Etienne et littéraleiir
disliugué , né à Arezzo en 1708,
et mort à Pise en 1764 , a pul)Ké
quelques Disserlalioiis savantes sur
le voyage d Atinibal en Toscane ,
sur quelques Geografiche posiziuni
si délia guerra gallica clsalpina,
si delta via Cassia ; il donna aussi
J)ella disj'atta e morte di To/tila,
et traita quelques au/res sujets
historiques. Il traduisit V /luhdaria
de Piaule, et quelques bonnes f/«-
gédies fran<,'aises avec él 'gance tt
exactitude. F.a plupart de ses ou-
vrages sont insérés dans le Gior-
iiale de' leilerali d'italia , et dans
les Opuscoli scientifici , etc. , de
Calogera.
I GUAZZI (Etienne ) , bel espnt
italien , et secrétaire de lu d'iclussi-
de Manioue, étoil de Casai, et mou-
rut à Pavie en i,t65. Oii a di; lui ,
I. Des Poésies, il. Un 7 rai té en
italien , qui a pour titre : La ciuile
Coifersazione , Eres: a , i5 ■/-
in- t". III. Dialogfte piacuvoH , Ve-
netia , i586, in - j°. Ces ouvrages
eurent beaucoup de cours dans leur
tcm,is.
t II. GUAZZI ou GuAZZo
GUEA ii5
( Marc ) , natif de Pudoue , se signala
dans les armes aussi-bu.n que dans
l.sleùres, el mourut eu i55tS. Ses
ouvrages sont , 1. Une Histoire de
Charles Vlll , Venise , 1 .^,45 , in- 1 2.
II. Une Histoire de son temps ,
\ïtb'^ , in-fol. III. Un Jhrégede la
guerre des Turcs contre les Véni-
tiens , in-8°. IV. Div«^rses Poésies ,
entre autres, Aslolfo horioso, che
segue alla morte di Ruggiero , Ve-
nise, i;ki9 , in-4°.
* GUDIUS ( î\îarquart ), savant
critique allemand , mort en 1689.
Après avoir lait sps études à Reus-
berg el a léna , il alla en Hollande ,,
où i| coutratjia des liaisons avec Sa-
mu'lSchas^ homme riche, qui lui
iaibba en raoi;r.)n! tonte sa fortune.
Gudius avoii aissi des liaisons in-
times avec Hieinsiiis, Grdbvius et
Gronovius. C'étoit ce dernier qui
l'avoit introduit chez Schas,et il
dit que Gudius , après avoir fait
forUme, rompit avec tous ses an-
ciens aruis.
* GUDVER ( N. ) , curé de Saiut-
Pierre-le- Vieux à Laon, dépouillé
ensuite de sa cure, à cause de sou
opposition aux décrets de 1 Eglise ,
t^jj^rt le 5 septembre J75-, après
avoir. renouvelé son appel au futur
concile , et parlé contre la bulle Uiii-
genitus dan^ son testament , est
auteur , I. De la Constitution , auec
des 'emarques et des notes. II. De»
Entretiens sur tes miracles de M,
Paris.
ï GUEAU (Jacques -Etienne),
né à Chartres, d'une famille noble ,
en i7o(î, se destina par goût a la
profession d'avocat. Sa plus forte
passion étant cellf de s'y distinguer,
il fut bientôt placé , sou dans le
barreau, soit dan^ le conseil, au
rang des plus célèbres orateurs et
ilo, plus grands junsconsnlles. Le
duc Orléans l'honora d'une place
de couseilier dans tous ses conseils.
iifj GUEB
Il mourut en 17 53 , laissant un <^ranfl
nombre de Âîàmoircs luipi imés , cjiii
inërileioienl d'èlie recuiUis.
GUÈBRES. P'ojez Zoroastre.
I. GUÉ13RIANT (Jean -Bap-
tiste BuDis , coiule clo ) , maiéchul
ùe France, et gouveiiieiir d'Auy.o-
ne , né au château du Piessis-Budes
en Bretagne lan 1G02 , til ses
premières armes eu Hollande; et,
après s'être signaié eu diverses occa-
sioas imporlaiiles, il fut créé ma-
réchal de camp. Chargé de conduire
l'armée de la Valteline dans la Fran-
che-Comté, pour l'unir à celle que
le duc de Longuevill*^ y coruman-
doil, il s'en acquitta glorieusement.
Il fut ensuite envoj'é en Allemagne
auprès du duc d-j Weimar , et con-
tribua beaucoup .à la victoire rem-
portée sur les Impériaux eli 1608.
Le duc de Weimar ayant été tué ,
la fortune sembla avoir abandonné
les Suédois et les Français , com-
mandés par Bannier. I-a hauteur
de ce général , à l'égard de Gué-
briant , rendit le commencement
de la campagne de 1641 si malheu-
reux , qu'on iul obligé de se séparer
quelque temps après. Le géné!J||l
français fit des niarches forcées à
travers des pays très-difficiles pour
voler à son secours.** A Dieu ne
plaise , dit-il à ceuK qui vonloient le
détourner d'une résolution si géné-
reuse , que je me venge d'un par-
ticulier aux dépens de la cause com-
imme ! Quand même il ne s'agiroit
que de sauver l'honneur que Ban-
nier a si justement acquis, je serois
prêta tout entreprendre. L'indigna-
tion que m'a causée son procédé
sera pleinement satisfaite, si je puis
lui donner une preuve convain-
cante de ma générosité. » Bannier
jie vouUU pas céder à son ennemi en
grandeur d'ame; en mourant, peu
de mois après, il légua ses armes à
Guébrtaut , qui avoit déjà reçu \q
GUEB
même honneur du duc de Weimar.
Ct tte même année ib.ji , le général
français fui vainqueur à Wollicin-
\)\\U-\ et au combat de Clopenslaî.
I^'aim'ée d'après, il gdgna la 'uataille
ifOrdingen , près de Coiogne. Lam-
boi , général des Impériaux, y lut
l'ait prisonuiei" avec i\ierci. Le comte
de Guébriaul cueillit de nouveaux
lauriers à Ordmgen , à Niais, a
Quimpen, qu'il assiégea el qu'il
prit. Louis XIU récompensa .ses ex-
ploits par le bàtou de maréchal de
France. Il coiUmuoit de soubjuir et
d'étendre la gloire du nom français
en Allemagne, lorsqu'il fut mortel-
lement blessé au siège de î\olweil,
petite ville de Suabe. Tandis qu'on
le portoit d? la tranchée dans sa
tente, il dit aux soldats : « Com-
pagnons , ma blessure est peu d«
Ciiose ; mais j'appréhende qu'elle ne
m'empêche de me trouver à l'assaut
que vous allez livrer. Je ne doute
pas que vous ne fassiez vaillam-
ment, comme je vous ai toujours
vus l'aire. Je me ferai rendre compte
de ceux qui se seront distingués ,
el je recounoilrai le service qu'ils
auront rendu à la patrie dans celte
occasion si brillante. » Son capitaine
des gardes, homme naturellement
vif, se domioit des mouveraens ex-
traordinaires pour trouver un chi-
rurgien. Gaébriant l'aj-ipelle , et lui
dit avec un sang-froid admirable :
a Allez plus doucement , Gau ville;
il ne faut jamais effrayer le soldat. ■»
Les assiégés, ne voulant pas s'expo-
ser à être em'porlés de vive force,
prirent le parti de se rendre. Ce
héros, en mourant, se lit porter
dans la place, et y expira tranquil-
lement, au milieu des soins qu'il se
donnoit pour son salut et pour la
conservation de sa conquête. Ce fut
le 7 novembre itl/iô. Guébriaul,
un des plus grands hommes de
guerre de son temps, mourut sans
jjoslérité. Le roi le lit enterrer avec
pompe à NoUe-Dame. Ou peut cou-
GUED
suller sa Vie par Le Laboureur , elle
est mal ccrile , inajs. assez (.-xacte.
— Son frère laissy des fillps , dont
Tmie épousa le marquis de Rosma-
flec , à condition f[iio sou lils pre>i-
(Iroit le notn de Bndcs , conile de
Gutib.iiant.
II. GUÉBRIANT (Renée vu
Ijix-Cresitn' , maréchale de }, Tiile
du ninr<|uis de Varde? ^ et feoime
du précédenl , charf^ce démener au
roi de Foingne la princesse iMarie de
Gon7,ague , qu'il a voit épousée à Pa-
ris par pi ocu ration , fut revêtue à
cette occasion i\'\n\ caractère nou-
veau, de celui d'ambassadrice quelle
soutint avec beaucoup de dignité.
Celle femme Inlrigame , qui joi-
guoit une fermeté mâle au talent
de persuader , mourut à Péri-
gueux eu 1609, avec le titre de pre-
mière femme d'honneur de la reine.
liLle avoil d'abord été mariée à un
homme sans mérite ; mais elle Iron-
\a moyen de faire rompre ce ma-
riage pour épouser Guéluiaiit , à
qui la capacité te.uoil lien de fortune;
et elle ne lui fu.t; pas inutile, te Le
litre de maréchal de PVauce, dit
l'Iîistoricn du héros d'Ordingen , ap-
parlenoit anlanl à sa femme qu à
iu;-|fnètnc. » ,, ^ .
ri-Miçhfcl)„ docteur et bibiioihé-
eaire de Sorboune, rtislingué par ses
vertu? et par sep ItuiVi ères , naquit
à Gourna}-' - eu - Uray, diocè.se de
Roi^en , l'an iftoS , et mourut je 2»
sept. 1742. (iuedier savoit le f;rec ,
l'hébreu . l'anglais, l'italien, et tcnites
Ses sciences qui ont du rapport à la
théologie et à la morale. On lui doit ,
I. TJHisloire sainte des deux Jl~
liafices, 7 vol. in-i2, l^aris, \n/\\.
C'est une espèce de concorde de l'an-
cien et du nouveau Testament , en-
richie de ré'.lexions t-ages , de dis-
sertations savantes, et dirigée par
l'intelligence des langues et par une
GUEN
1 1
critique judiciense, IL Plusieurs
l'iaités ds T/iiiulcgie , manuscrits,
m. [j\\ grand noui'Mrede Décisions
de cas de conscience.
CUEILLETTE, r. Gueilette.
* I. GUELPHE , né à Beauvais,
{'ut enfant de chœur dans l'église de
Notre-Dame de Paris, d'où il entra
chez MM. Arnauld et Nicoh ; sou
principal emploi auprès d'eiri étoit
de transcrire leurs ouvrages. Lors-
qu'Arnauld sortit deP'rance en 1(179,
il le suivit , et l'accompagna toujours
depuis dans ses voyages et dans ses
retraites. Ce fut hii qui apporta le
oœiH" d'Arn;!u!d , mort eu it/94 »
à Port-Royal-des-Charnps , et ou
lit sous son nom un discours qui
fut prononcé dans cette circon.s-
tance. Il mourut le 27 juillet 1720.
On a iuîprimé après sa mort, en
1733 , la Relation de M. ylinauld
dans les Pays-Bas , qu'il avoit
laissée manuscrite, 1 vol. in-12.
i II. GUELPIIE. r. l'orisine de
ce nom,, en 11 36, art. WiXF ou
■Welmie ( Henri -le-Superbe , duc
de Bavière. ) Ce fut un nom généri-
que donné au parti des papes e,u
Italie, et à tous cenx qui éloient eu
opposition aux empereurs.
GUENEBAUÏ) (Jean ), médecin
de Dijon, est connu par un livre
singulier, intitulé J^e R.éi'çil de
Chindonax , piiice des Faciès^
Dru ides. Celtiques, Dijon, 1621 ,
iu-Zl". C'est l'explication d'un mo-
nument relalifà la ri.-Jigion des Gau-
lois. Guéiiebaud l'avoil trouvé dans
son vignoble ; il ne voulut s'en des-
saisir qu'en laveur du cardinal du
Richelieu , qui lui donna en échange
la charge de bailli de l'abbaye de
Citeaux. GnentLaud mourut vers
iG3o.
* GUENEE ( Antoine ) , chanoine
d'Amiens , abbé de l'Oroy , ué à
Elampeô le 23 novembie 1717, fit
ii8 GUEN
ses éludes à l'université de Paris,
■brillante alors du nouvel t'cha que
lui doimoient Rollin, Cievier , Cof-
fiu , Le Beau , eîc. Noiniuë à la
chaire de rhétorique au collège du
Plessis, il se lit chérir de ses élevés,
auxquels il inspiroil la piété , !a
vertu el le goût des lettres. Apres
avoir occupé celie plac^^ piiiidaut
■vingt ans, il fui déclaré é;.!érile.
Guénée visUa i'Italif , 1 Allemagne ,
l'Angleterre ; il a traduit de l'auglair.
plusieurs ouvrages pour la dét'euse
de la religiou. Le premier est du
lord Lytleiton, iiurnbre du parle-
ment , inl'tu-é La Reli^iion Chré-
tieuue déiaoatree par la Conver-
sion et l'Aposiolui de saint Paul, in-
12, 1764. Il y joignit deux Dis-
cours de Seed sur l'excellence de
l'Eciitiire sainte ; 2° l'ouvrage de
West , iulitulé Observations sur
1 Histoire el sur les preuves de la
Résurrectioude Jésus-Chnst,in-i 2,
1757. En 17G9 parut la première
édition de ses Lettres de quelques
juifa portugais , aileniands cl po-
lonais à M. de Voltaire, 3 vol.
in-12. C'est l'ouvrage qui a fait à
Guénée !e plus de rénuliitiou. Pro-
fondément versé dans les langues
grecque et hébraïque, il relève les
bévues, l'ignorance et la mauvaise
foi des écrits composés par Voltaire.
Ces lettres ingémeuses sont écrites
avec une modération, une décence
«l une force de logique qui con-
trastent avec l'emportement de Vol-
taire. Cet excellent ouvrage a eu six
éditions, dont la dernière est de Pa-
ris, 5 V. iu-S°ou in-12 , 180.5. Il y a
joint ses Considérations sur la lé-
gislalion mosaïque. Nommé mem-
bre lit l'académie des inscriptions et
Ijellcs-lettres en 1770 , il y commu-
niqua, sur la fertilité de la Judée,
quatre Dissertations insérées dans
le recueil d~:s Mémoires de celle so-
ciété savante; mais daus les der-
niers volumes qui viennent de pa-
loilre, 0!i a réimprimé ces Mémoires
GUEN
perfectionnés par l'auteur et fondi;,?
dans un traité complet, où brillent
lérudllion la plus étendue el toute
la force du raisonnement. Cuénée
a\oit le projet d • publier quelques
autres ouvrages, qui sans doute sont
tutre les mains de ses héritiers. Sur
la fin de ses jours, il s'étoil retiré
à Foutainebleau , où il mourut le 27
novembre iSoo , a 8;} ans. Il s'étoit
pr :^posé et avoil promis aux évèques
as-ermeulés , réunis en concile na-
tional à Paris, d'y assister; ses iu-
firmités l'en empêchèrent. Promu au
.«acerdoce , il montra qu'il en étoit
digne par la pureté de ses mœurs
et de sa doctrine , par une piélé
sincère et éclairée , une modestie
simple , affable ; il fa-soit aimer en
lui l'homme vertueux.
GUENOIS ( Pierre ) , lieutenant
particulier à Issouduu dans le 16*^
siècle, a donné, 1. Une Conférence
des ordonnances , 1078, en 3 vol.
in-fol. II. Une Conférence des cou-
tumes , 1696 , 2 loin, en un volume
in-fol. Il y eu a des exemplaires avec
le titre de 1 620 ; mais c'est la même
édition.
* GUENZt ( Jean -François ) né
à Frassinelo del Po , daus le Mont-
ferrat, en 171 3 , après avoir fini ses
études à Casai, obtint la chaire de
rhétorique au collège de Verceil ,
où il acquit la réputation d'un excel-
lent professeur. En 1741 le roi de
Sardaigne lui accorda un canoni-
cat , ensuite une pension, et il fut
agrégé au collège des sciences et
beaux-arts. Il mourut en l'j^o , âgé
d'environ 40 ans. On a de lui, I. Lo.
religione , poema di M. Racine il
giouine , tradotto in veisi italiani ,
con aggiunta di 36 sonelti sacri e
morali, Turin, 1760. II. Se/iti-
menti di Cicérone raccolti dell'
ahateOlivet, e tradotti dalGuenzi^
Turin, 1751. III. Partitiones ara-
torios M. Tul. Cicer. nolis illustra-
^ GUER
tie. TV. Panegirici sacrl, Venise,
1756. V. Prediche quaresimali ,
Venise, 1758. VI. Orazlone e poésie
per lafaustissima nascila di S. A.
Ji. Carlo Emmanuele principe di
Piemonte , Turin , 1 7 f) 1 .
GUÉRARD ( D. Robert ) , bé-
nédictin de Saint -Maur, né en 1641
à Rouen , relégué à Ambournay eu
Biigey pour avoir eu part au livre
inlilulé l'Abbé commendataire , sut
mettre à protit sou exil. Il recher-
cha les manuscrits anciens, et trouva
l'ouvrage de saint Augustin contre
Julien , intitulé Opiis imperfeclum,
dont on ne connoissoit alors que
deux, exemplaires dans l'Europe. Il
l'envoya aux éditeurs des (Suvres
de ce l'ère, avec lesquels il avoit
travaillé avant son exil. D'Ambour-
uay dom Guérard fut envoyé à
Fescamp, et ensuite à Rouen, où il
mourut en 171.5. On a de lui uu
Abrégé de la Bible, eu forme de
questions et de réponses familières,
avec des éclaircissemens tirés des
saints Pères et des meilleurs inter-
prètes, en 2 volumes in-12, pu-
blié en 1707 , et composé avec soin.
L'auteur avoit beaucoup de savoir
et. de piété.
GUERCHEVILLE ( Antoinette
DE Pons, marquise de ) épousa en
premières noces Henri de Silly ,
comte de La Rocbe-Guyon , et en
secondes , en i594 , Charles du Pies-
sis , seigneur de Liancourl; mais
elle ne voulut jamais porter le nom
de son mari , « pour n'être pas con-
fondue , disoit-elle, avec la mai-
tresse de Henri IV, Gabrielle d'Es-
trées, qui se uomraoit alors madame
de Liancourt. Ce prince, qui avoit
voulu prendre quelques liberlésavec
elle lorsqu'elle éloit encore tille, eu
fut hautement refusé. « Si je ne suis
pas d'assez bonne maison pour être
votre femme, lui dit -elle, je suis
(Vunc trop bonne pour être votre
GUER
iif>>
maîtresse. » Henri n'oublia pas ce
trait de vertu; et, après son mariage
avec Marie de Médicis, il nouniia la
marquise de Guercheville dan.e
d'honneur de cette princesse. « Puis-
que vous êtes véritablement dame
d'honneur, lui dit-il, vous le sereis
de la reine ma femme.» Cependant
ce prince ne renonça pas au dessein
de lui plaire. Sachant qu'elle étoil à
la Roche-Guyon, il lui envoya uu
gentilhomme pour la prévenir que
la chasse l'ayant couduil d;ius ce
canton , il lui demaudoit à souper
et à coucher. La marquise fit pré-
parer un grand souper, et disparut
au moment de se mettre à table. Le
roi, surpris et affligé, lui fit deman-
der la raison de cette prompte re-
traite; elle répondit : «Un roi (ioit
être maître dans tous les lieux oii il
se trouve; et moi je suis bien aise
d'être libre dans ceux que j'habite.»
Ce fut la marquise de Guercheville
qui introduisit l'abbé, depuis car-
dinal de Richelieu, auprts de Marie
de Médicis; et elle commença la
fortune de ce prélat, dont les Ser-
mons l'avoient charmée. Elle mourut
à Paris en 1 53 2. Elle avoit eu de son
premier époux un fils mort sans
postérité en 1694; et du second,
un autre fils , Roger du Plessis ,
duc de Liancourt. Voyez ce dernier
mot.
GUERCHI ( Claude -Louis de
Régnier , comte de ) , chevalier des
ordre du roi, et lieutenant-général
de ses armées , d'une famille illustre
et très-bien alliée, lit ses premières
armes sous le marquis de Guerchi
son père eu 1704. Il passa en Italie
où étoit le théâtre de la guerre , en
qualité de capitaine de cavalerie , et
fut blessé à la bataille de Guastalle.
Bientôt après le roi lui donna le ré-
giment Royal-Vaisseaux qui éloit eu
Bohème : il s'empara d'Eiins , y vsou-
lint un siège ; et sur le point de voir
donner le dernier assaut à la placp ,
120 GUER
il s'ouvrit un passage h U'ayers l'en-
nemi, bien supérieur eu nombre,
joignit l'armée et entra dans Liniz
qui fut bientôt assiégé. Après quel-
ques [ours de défense, ayant entendu
parler de rendre cette place, le comte
de Guercl'.i proposa des sorties qu'il
fit , et gigna une barrière dont leii-
neiiii s'étoit emparé; enfin on capi-
tula malgré son avis , mais il refusa
de signer la capitulation. Ayant été
ensuite employé en Flandre daus
l'armée que commaudoit le maréchal
de Saxe , il donna trois fois , à la tète
de son régiment, sur une formidable
colonne , et trois fois il fiit repoussé.
Maurice, admirant sa conduite dans
le fort de l'action , lui crie « courage,
Guerchi ! le roi vous voit. » Son
habit^fut criblé de balles; presque
tous les officiers de son régiment pé-
rirent à cette journée. Sétaut rendu
après l'action au quartier du roi, ce
prince lui dit , sans lui donner le
temps de parler : « Guerchi , vous
venez me demander mon régiment ,
je vous le donne m Dans la guerre de
1756, tout le monde sait combien il
contribua à la victoire d'Hasteni!)ec;
coin • enl il se conduisit à Corliach ,
où il commaudoit la brigade de Na-
varre. On dit encore qu'à la malh'u-
ïeuse affaire de Minden, le comte de
Guerchi , voyant les Pranç.iis céder
le terrain, gagna la tète de l'armée,
l'arrêta, jeta sa cuirasse, découvrit
son sein, et dit aux soldais qu'il s'ef-
forço;t de ramener: « Amis, vous
voyez que je ne suis pas plus eu sû-
reté que vous ; allons , Français !
suivez - moi , venez combattre des
gens que vous avez vaincus plus
d'une fois. » Peu de temps après Ui
paix, il fut nommé ainl)a'<sadeur à la
cour deT>oiidres; il y arriva dans le
temps le plus orageux, où l'ancien
ministère traversoit le nouveau , et
daus un moment où la haine des
Anglais contre lesFrançaiséloit dans
toute son effervescence. Les prélimi-
naires de la paix étoieut arrêtés ; il
GUER
eut !a gloire de mettre la dernière
main au traité. Sa santé ayant beau-
coup souffert de. son séjour en An-
gleterre , il revint eu France , et
mourut en 1768, honoré des regrets
des deux cours.
i GUERCIIÎN (Françoi&BARBEB t
or, Cento, dii le), ainsi nommé
parce qu'il étoit louche , né à Cen-
to , près de Bologne, en i.'îgo , pei-
gnit dès l'âge de huit ans, tira de
son génie les premiers principes de
son art, et se perfectionna ensuite
à l'école des Carraches. Une académie
qu'il établit eu 1616 lui attira un
grand nombre d'élèves de toutes les
parties de l'Europe. La reine Chris-
tine de Suède l'honora d'une visite
et lui tendit la main, « pour tou-
cher, disoit elle, celle qui avoit pro-
duit tant de chefs-d'œuvre.» Le roi
de France»lui offrit la place de son
premier peintre ; mais il aima mieux
accepter un apparlement dans le pa-
lais du duc de Modène. Il ne sortoifc
jamais de son atelier sans être accom-
pagné de plusieurs peintres qui le
suivoient comme leur maître et le
re.spectoient comme leur père. Le
Guerchin les assisloit , dans le be-
soin , de ses conseils , de sou crédit et
de son argent. Dovix , sincère , poli ,
bienfaisant, il fui un modèle pour les
artistes. 11 mourut en 1667. Sesprin-
cipaux ouvrage,^ sont à Morne , à Bo-
logne, à Parme , à Plaisance , à Mo-
dène , à Rcggio , à Milan et à Paris au
musée Napoléon. Il reudoit certains
objets avec beaucoup de vérité ; mais
la correction , la noblesse et l'expres-
sion, qui sont les fruits d'un travail
réfléchi, lui ont manqué pour l'or-
dinaire. Cet artiste aima mieux se
livrer à la nature et donner plus de
force et de fierté à ses tableaux , que
de mettre son génie dans les entraves
de l'imitation. Il s'éloigna sur-tout
du Guide et de l'Albaue, dont la
manière lui parut foible. Personne
n'a travaillé avec nlus de facilité et
GUER
de proipptitnde.Des veligieiix l'ayant
prié, la veillfi de leur fêle, de repré-
sçnler un Vère Eternel au mailre-
aulel, Le G.iieichiu le peignit aux
flambeaux eu «ne nuit. ^oj.Saintj;
PÉTKQNITiî-E,
' t GUEUCflOlS ( Magdeleine d'A-
GUESSEÀr, épouse de Pierre- Hector
Je ) , née en 1679 et morîi: en iV^o,
eloil sœur du célèbre cUaucelier d'A-
guessean dont elle eiil les vertus et
en partie les lalens. 0e sa pluuie ,
aussi solide que chrîl'.enue , sont
sortis les livres suivans : 1. Ré-
flexions sur les lii'res historiques
fie r ancien Testament , 1 v. in-ta.
II. Trois Traités réunis en 11 /\l,
en 3 vol. petit in-12; jivis d'une
mère à son fils, Paris, 1745, 2 v.
in-12 ; Instruction pour les sacre-
mens de pénitence et d'euc/iaris-
tie ; Pratique pour se disposera la
mort.
I. GUERET, jésuite. Fojez Cha-
TEL, n''lV^
\\. GUEI\ ET (Gabriel), né à
Pa.ris eu 1641 , avocat en ifiGo,
distingué au palais, moins par ses
plaidoyer? que par ses CQUS'villations;
et d.OV? ''1 république des lettres ,
pAV soi^ ériuliliou, la jiiste^e de sa
crjùque çl les agrémens de soii es-
p,t;\| , ijriourut à Paris le :^3 avril
i6,\St>, à 47 '"'is , laissant plusieurs
ouvrages qui faiil liouueiir à sa mé-
nuiire. \. \.t Famasse reformé. II.
La Guerre des jîuteurs anciens et
modernes , La Haye , 1 7 1 G , iu-i 2.
Cest ixxxfi suite de l'ouvrage précé-
dent. L'un et l'autre renferment
d'assez bonnes plaisanteries, de l'en-
jouemetît, et une ironie communé-
ment assez fine. Ce recueil a aussi
été réimprimé sou.s le dire des .'1u-
teursen belle /ainieur, Aui.-.lerdam,
1725, iu-12. III. Entretiens sur
l'éloquence de la chaire et du bar-
reau , Paris, 1666 iu-J2, semés
de rétlexions judicieuses et de leçons
GUER iî>.i
utiles. IV. T.n carte de la cour ,
Paris, i6(i5 et 1674, in-12 : c'est
une allégorie int;énieuse , mais moins
piquante que sou Parnasse réformé.
V. La Promenade de Saint-Cloud ,
ou Dialogues sur les auteurs; ils
sont très-bien assaisonnés. VI. Le
Journal du Palais , conjointement
avec lilondeau. C'est un recueil bien
digéré des arrêts des parlemens de
France , publié d'abord en 2 vol,
in-4° > *^t ensuite en 5 vol. , 17^7 ,
depuis ei\ 2 vol. in-fol. , i75.'i. VIL
Une édition des Arrêts notables di(.
parlement , recueillis par Le Prêtre,
et réimprimée en 1679 , augmentée
de notes savantes et de pièces cu-
rieuses. Voyez Blondeau , n" lll.
t IlL GUEHET (Louis-Gabriel),
docteur de Sorbonne , ancien vi-^
caire-géné'"al de Rodez , né à Paris ,
mort le 9 septembre i7!'9, âgé de
80 ans, fils du précédent, s'est fait
connoitre par quelques brochures
sur les afi'aires ecclésiastiques. L
Lettres d'un théologien sur l'exac-
titude des certificats de confession,
Paris, 1 70 1 , in- 1 2. II. Droits qu'ont
les curés de commettre leurs vicai-
res et les conjésseurs dans leurs
paroisses , Paris,, 1709 , ui-12. III.
Quelques Livres dans le même goût,
qui sont dans l'oubli. IV. UELoge de
Bernard Couet, qiii se trouvf en
tête du catalogue des livres de ce
dernier. Pans, 1757 , in-12.
G U E II I K C ou G uïnïcK£ ,
(Othou de), conseiller de l'électeur
de Brandebourg , et bourgmestre
de Magdebourg, né en 1602, et mort
en i6h6 à Hambourg, un des plus
grands y)kysicieus de son temps ,
inventa la Machine pneumatique ,
dans le même temps que Robert
L'oyle en concevoit lui-même l'i-
dée en Angleterre. Cette niachiue
fil clianger de fr.rie à la physique
expérimentale , et donna les con-
noissances les pins certaines sur
la r.ature d les ofTc'.s do l'air. Les
122
GUER
animaux qui en sont priv^fs lors-
qu'ils sont placés sous le récipient
périssent ; les plantes ne croissent
plus ; la lumière et les phosphores
naturels s'y éteignent ; et la fumée ,
<juelr|Uc temps suspendue , tomho à
Ja fin ; le fusil qui frappe la pierre
n'y donne point d'étincelles ; la pou-
dre à canon qu'on laisse tomber sur
ini f<tr ardent s'y fond et ne s'en-
ilamme pas , tandis qu'une denii-
draclune de sel dy nitre de Glauber,
mêlé avec autant d'huile de tarvi ,
fait explosion, et met en pièces la
liole qui contient le mélange ; la
pomme ridée y devient unie ; enfin,
les corps pesaus ou légers tombent
sans difierence de gravité au fond
du réci[jienl. Papin , s'Gravesande ,
€t Hauxbéeont perfectionné la ma-
chine de Guéri ke. On doit encore
à ce dernier les deux hémisphè-
res (le cuivre appliqués l'un contre
l'autre, que seize chevaux ne pou-
voient séparer; le Marmouset de
verre , qui descend dans un tuyau
quand le temps est pluvieux, et en
sort quand il doit être serein. Cette
dernière macliiue disparut à la vue
du baromètre , sur-tout depuis que
Huyghens çt Amonlons eurent
donné les leurs. Guerike se servoit
de son Marmouset pour annoncer
les orages ; le peuple le croyoit
sorcier. La foudre étant tombée un
jour s\ir sa maison , et ayant pul-
vérisé plusieurs machines dont il se
servoit pour ses expériences , on ne
manqua pas de dire que c'étoil une
punition du ciel irrité. Les expé-
riences de Guerike sur le vide ont
été imprimées en 1672 , in-fol. , en
latin, sous le yilxe A' Expérimenta
Magdehurgica. Ce fut le premier
qui observa le pouvoir répulsif de
l'électricité, la lumière et le bruit
de son explosion. Il fut marié deux
fois : il eut de sa première femme,
Ollion Guerike , conseiller - privé
du roi de Prusse , qui soutint la ré-
pulalioa de son père. \
GUER
' I.GUÉRIN(Guillaume), avocat-
général du parlement de Provence,
et revêtu (le cette charge la même
année que celte cour donna un arrêt
terrible contre les Vaudois , se char-
gea de le faire exécuter, et portant
la cruauté aussi loin qu'il le put , il
fit tuer tout ce qu'il rencontra. Un
jeune homme de Mérindol , tâchant
de se sauver , et les soldats favori-
sant sa fuite, l'avocat-général cria
de toutes ses forces : Toile! Tulle !
et ce malheureux fut arquelnisé. On
compta vingt-deux bourgs détruits
ou mis en ceudres. Henri II , dont le
père avoit toléré celte exécution ,
permit aux seigneurs ruinés de ces
villages détruits et de ces peuples
égorgés de porter leurs plaintes au
parlement de Paris. On chercha des
crimes pour faire périr Guérin , et
l'on n'eut pas de peine à lui en trou-
ver. Il fut condamné à être pendu,
non pour le massacre de Cabrières
et de Mérindol, comme plusieurs
historiens , et entre autres Voltaire ,
l'ont avancé; mais pour plusieurs
faussetés, calomnies, prévarications,
abus et malversations es deniers du
roi et d'autres particuliers , sous
couleur et titre de son état de pro-
cureur du roi; et la sentence fut exé-
cutée à Paris en i5.ô4 : tous les bons
citoyens se réjouirent de sa mort.
« C'étoit , dit Nostradamus , uu
homme aussi noir de corps que
dame ; autant froid orateur que
persécuteur ardent et calomniateur
effroulé.»
II. GUÉRIN, dit Flechelles
(Hugues), acteur du théâtre du Ma-
rais, àParis, avoit épousé la fille de
'l'ubarin, et réussissoit dans tous les
rôles, même dans celui de Gaultier-
Garguille, qu'il jouoit sous le mas-
que. Il mourut en i633. La farce de
la querelle de Gaultiei-Garguille et
de Perrine sa femme est imprimée
sans date à Vaugirard, chez A, E,
I , O , U , à icnseigue des Trois
GUER
Baves; celte pièce a été réimprimée
<!aus la coUectiou dite de Caron.
Giiéria publia en ib3i , in-i2,iui
recueil de prologues et de chanaons ,
où l'on trouve quelques traits heu-
reux et plaisans.
m. GUERIN ( Robert), dit La
pLEtit , acteur du iMarais , à Paris,
jouoil saus masque, contre lusaj^ede
sou temps, même les rc'cs de Gros-
Guillaume. Son caractère ëloit de
mêler son jeu de sentences. Un jour
s'é tan la visé de contrefaire un homme
de robe qui avoit une grimace d'ha-
bitude fort ridicule , le magistrat
le lit mettre au cachot ; Guérin eu
mourut de saisissement en i63;i.
Huit jours après , ses camarades
Turlupiu et Gaullier-Garguille eu
moururent de dpuleur. — Un autre
acteur de ce nom épousa la veuve de
Molière , et mourut en 1728, à 92
ans.
IV. GUÉRIN (Nicolas- Armand-
Martial) , fils de la veuve de JMo-
lière , naquit eu 1678, et mourut
en 1708, âgé de 30 ans, après avoir
fait jouer la comédie de la Psyc/ié
de village , et la pastorale de Méli-
certe.
V. GUÉRIN (Gilles), sculpteur,
mort en 1678 , à 72 ans, auteur de
divers morceaux qui n'ont rien de
séduisant ; mais sou ciseau tailloit
le marbre avec beaucoup d'inlelli-
gence , partie qu'on estimoit alors,
parce qu'elle étoit peu connue.
t VI. GUÉRIN (Frimçois), profes-
seur an collège de Beanvais à Paris ,
mort le 29 inai 1751 , âgé de 70
ans,éloil deLoches en Touraine. On
a de lui, 1. Les yînnalesde Tacite,
traduites eri français, eu 3 vol.
C'ëtoit un ouvrage au-dessus de ses
forces ; il est resté trop inférieur à
son originil. II. Une Traduction
de Tite-Live , plus exacte, plus
fidèle et plus éiégaula que celle de
GUER
l'ij
Tacite, et qu'on a réimprimée, avec
des corrections, à Pans, en 10vol.
m- 12. m. Des Tocsies latines^
remarquables parla fiuesse d'txpres-
sion , et qui forment le h^ livre des
i-ieiecla carmina , etc. , /// unii^.
Paris, prof.
Vir. GUÉRIN (Hippolyle-l.ouis),
imprmic'.ir de Paris, né eu 1698,
mort en 1765 , se distingua |.ar ses
éditions. Son Cicéron de l'abbé d'O-
livet ; son Tacite de labbé Brotier
sont justement recherchés. Coignarcl
fil la nioitiéde l'édilio!) du premier;
etDelalour , gendre de Guérin, ache-
va le second. Le Cicéron eu grand
papier se vend fort cher.
VIII. GUÉRIN (Nicolas-François),
recteur de l'université de Paris , né
à Nauci le 20 janvier 17^1, mort
à Paris le i5 avril 1782 , fil d'ex-
cellentes éludes sous le jésuite Porée,
et se distingua par l'élégance de ses
poésies latines, doul la plupart n'ont
pas vu le jour. On a seulemeni publié
de lui , 1. des Hymnes à l'usage de
divers diocèses. 11. LOraison Junè-
bre au Dauphin. HT. \]n Discours
sur l'émulation. IV. Un poème la-
tin intitulé Perainbulatio poi'iica.
C'est la description des curiosités
de Paris. V. Une autre Pièce de re/s
sur l'éducation des princes. L'uni-
versilé l'avoit choisi pour syrdic
en 1755, et il en fut deux lois rec-
teur. Guérin étoit frauc et ouvert ;
sa gaieté dounoit des charmes à sa
conversation , animée d'ailleurs par
tous les agréiiiens de l'esprit cl du
savoir.
* IX. GUÉRIN nu RociirR
( N. ) , après avoir passé jilusicur*
années dans la Société des jésuites ,
continua, après l'extinction de la so-
ciété , à se livrer an goût des lettres
et aux recherches d'érudition. Eu
1777 il tit paroitre Vllistoire iéri-
tablc des temps fabuleux , Paris,
3 vol. in-S". il y uionlrc que l'Ecri-
124 GUER
Une sainte a fourni la matière des
anciennes histoires et des luyllio-
logies, et que l'histoire d'Egypte en
particulier n'eyt qu'un tiavestisse-
ment des faits rapportés dans la
Bible. Si ses observations sont fon-
dées sur des étymologies plausibles,
elles le sont bien davantage encore
sur des rapprocheraeus et des paral-
lèles toul-à-fait frappaus. Les j-dii.-
losophes se sont élevés contre un ou-
vrage qui ruinoil de foiid en comble
plus d'une spéculation. La Karpe y
a d'abord opposé une critique que
les savans ont regardée comme une
turiupiuade , et qu'ils ont dédai-
gné {poyez le Journ. hist. et litlér, ,
i5 octobre 1777, pag 207). De
Guignes , Auquetil et du Voisin l'ont
attaqué plus sérieusement ; mais
l'abbé Chapelle a repoussé, leur cri-
tique,, celle dé du Voisin sur-
tout, avec tant de vigueur, que
celui-ci n'a cru pouvoir y répondre.
Toute iedition de la défense a été
saisie par voie d'aulorïté ( il>id. ,
i5 août 1780, pag. 601 ). L'ou-
vrage devoit être porté à 12 volu-
mes. Guérin du Rocher a été im-
molé dans sa prison , dans les ter-
ribles journées des 2 et 3 septem-
bre J792.
X. GUÉRIN. Fofez Tencin.
t GUÉRINIÈRE (François RoBi-
CHON de la) , écuyer du roi, distin-
gué daiis cette place par son assi-
duité et ses connoissances, a donné
deux ouvrages estimés. I. V Ecole
lie cavalerie , phisieurs fois réim-
primée, et doul la plus belle édi-
tion est de Paris, 1730, in-fol. ,
avec iig. Elle fut réimprimée en
173G et 1751 , 2 vol. in-8° ; mais
les figures sont inférieures à celles
f!e i'in-fol. II. Des Elémcns de ca-
valerie , en 2 vol.in-12. Ces deux
(i\res sont consultés tous les jours.
L'auteur , contemporain de Bour-
};i:lal , possédant parfaitement les
GUER
])riucipes d'équilation , ignoroitceux
de la médecine vétérinaire; pour ne
pas laisser à cet égard son travaij
incomplet , il coniia le soin de dé-
crire les maladies du cheval :\ un
médecin de Paris qui se contenta de
répéter les documens utiles et jus-
qu'aux erreurs de Soljeysel. La Gue-
rinière , honoré d:'8 bienfaits de la
cour, mourut le 2 juillet 1751, dans
un âge assez avancé.
GUERNIER ( Louis du ), ex-
cellent peintre en émail , s'appliqua
dans le 17'' siècle à la miniature, et
y réussit. Il trouva diverses teintes
de carnations, inconnues avant lui ;
et il auroit porté cet art beaucavip
plus loin , si la mort ne l'eût pas en-
levé à la Heur de sou âge.
GUEROAND (Guillaume) vivoit
au comuiencemeut du 16*^ siècle. Il
étudia la médecine à Caen , sous Jean
Contif et Noél Etienne , maitres-ès-
arts et eu médecine. C'est dans cette
ville qu'il publia un Commentaire
peu savant sur Touvrage supposé
d'iEmiliiis Macer, orné de 77 plan-
ches en bois, très-maiiyaisos, sans
date, in-8° et in-4°, pour l'instruc-
tion des jeimes médecins. Il s'applit-
qua dans la .sviite à pratiquer sou art.
L'auteur a vécu après i.'ïoi , temps
des conquêtes de Louis XII en Ita-
lie, dont il parle comme d'une chos'e
récente. La distinction -qu'il fait dti
menlagra etdumal vénérien protive
assez qu'otî ne se f:rompoit point sur
la cause de cette dernière maladie.
I. GUERRE. Voy. Jacquet.
IT. GUERRE ( RIartin ), né à Au-
daye,daris iepays des Basques, connu
par limposture d'Arnaud du Thil ,
son ami. Mariiu ayant épousé Ber-
Iraudo de Rois, du bourg d'Artigal,
au diocèse de Rieux eu Languedoc ,
eii janvier ifioq, et ayant demeure'
environ dix. ans avec elle, passa en
Espagne, où il prit ks armes. Huit
GUER
ans après, Arnaud du Tlill, scu ami,
se préseula à Bertrande , et lui dit
qu'il cloit son mari ; il donna à cette
"femme tant d'indices, qu'elle le prit
en ellei. pour sou époux. CeL impos-
teur , peu couteiil de la première sé-
' duclion , voulut encore avoir les
biens de Bertrande , et son avarice
le découvrit. Pierre Guerre, oncle
de Martin, qui avoit iniérèt à ne
point laisser passer ces biens dans
une famille étrangère , et qui croyoit
avoir des preuves assez l'or les \)our
^^émonlrer l'imposture de du Thil,
^'appela en justice , et résolut de le
poursuivre comme séducteur. Ber-
Iraude , qui avoit aussi de fortes
présomptions depuis quelque temps
pour croire que du Thil ii'étoit pas
son mari, fortii'ia, par ses déposi-
tions , les preuves de Pierre Guerre.
Le juge de Rieux commença te sin-
gulier procès , et condamna le fourbe
à être pendu. Du Thil appela de cette
sentence au parlement de Toulouse,
qui étoit très-indécis, lorsque le vrai
mari revint d'Espagne, où il avoit
toujours demeuré. Quoiqu'il eût une
jambe de bois, parce qu'il en ;ivoit
perdu une à la fameuse bataille île
Baint-Quentin, on ne laissa pas de
le recoiinoitre pou rie véritable époux
de Bertrande. Du Thil ayant été con-
vaincu d'imposture, d'adultère et de
sacniége, fut condamné à cire pendu
et bri!ilé ; ce qui fut exécuté à Arti-
gat , devaut la maison de Martin
Guerre, au mois de septembre i56o.
Ses biens furent donnés à une fille
qu'il avoit eue de Bertrande, pen-
dant qu'elle avoil habité avec lui de
bonne foi.
GUÇ:RRY (N. ) , appelé commu-
nément /e Capilaine Guerry , a
vendu son nom célèbre dans l'his-
toire par sa valeur intrépide et par
son zèle pour son roi; il eu donna
des preuves signalées dans la guerre
de la religion eu 1667. Les hugue-
nots, irrités d'avoir perdu ia bataille
GUES 120
deSaiul-Denys, vinrent attaquer un
moulin de pierres de taille, erivirouml
de fossés profonds , et bien percé du
toutes parts; ils l'investirent aveu
toute leur infanterie, commandée par
leurs plus vaillaus chefs : mais ils fu-
rent toujours repoussés par le brave
Guerry, qui défendoit ce moulin avec
peu de monde ; et l'armée prolestan-
le, après avoir perdu ses meilleur*
soldats , fut obligée de regagner St.-
Deuys, avec la honte d'avoir échoué
devant un simple moulin. Ce théâ-
tre de la gloire de noire illustre ca~
pitaine fut depuis appelé Moulin-
(iiier/jy du nom de son généreux
défenseur; et le roi Charles IX, en
récompense de cette belle action , l'é-
leva à de plus hauts emplois dans
ses armées.
IGUERSANS ou Guersens (Ju-
les ou Julien), poète et jurisconsulte,
né à Gisors en Normandie l'an i543,
avocat , puis sénéchal de Tiennes
en Bretagne , morlj^de la peste
dans cette ville en i583. 11 a laissé
la tragéfiie de Panthée , imprimée
à Poitiers en i.ôyi , et diverses Poé-
sies, soit en latin , soit en français,
toutes également mauvaises.
t GUESCLÏN (Bertrand du), con-
nétable de France , né en Bretagne
l'an 1020, s'est iinmorlalisé par une
valeur héroïque , accompagnée d'une
prudence consommée. Ses parens
négligèrent tellement son éduca-
tion , qu'il ne sut jamais ni lire , ni
écrire, à l'exemple de presque tous
les nobles de son temps. Dès sa plus
tendre enfance, il ne respiroit que
les combats. Il avoit formé un régi-
ment d'enfants de son âge , séloit
nommé leur général , e1 , les parta-
geanl en compagnies, leurenseignoit
l'ait de se ranger en bataille. H //y
a pas de plus mauvais garçon au
?nonde , disoit sa mère ; il est tou-
jours blessé , le visage déchiré, tov-
jQurs battant ou lallu. On l'a dépeint
126
GUES
cVmie taille foit épaisse, les épaules
la^es, les bras nerveux. Ses yeux
ëloienl petits , vifs et pleins de l'eu.
Sa pliysiojiomie n'iivoit lieu d'agréa-
ble. «Je suis fort laid , disoit-il étant
jeune: jamais je ne serai bien venu des
darnes; mais du inoiiis je saurai me
l'aire craindre des ennemis de mon
roi.» Il ne dut sa fortune qu'à son
génie. Dès l'âge de 17 ans il reçut
le prix da.is un toui'noi donné à Ren-
nes. Il y étoit allé inconnu, et con-
tre la volonté de sou père, après
avoir emprunté le cheval d'un meu-
nier. Depuis il ne cessa de porter les
armes , et toujours avec succès. Apres
la funeste journée de Poitiers , en
lofiG, pendant la captivité du roi
Jean, il vint au secours de Charles,
fils aillé de ce prince, et régent du
royaume ; Melun se rendit , la ri-
vière de Seine fut libre, plusieurs
places se soiimirpnl.Cliarles V,a3-ant
succédé à son père en 1064 , récom-
pensa ses services comme ils le mé-
ritoieul. Cette même année, du Gues-
clin , à qui ce prince avoit confié le
commandement de ses armées , rem-
porta sur le roi de Navarre la bataille
de Cocherel , près du village de ce
nom. Le captai de Buch , qui coni-
mandoit les troupes du Navarrais ,
fut fait prisonnier par du Guesclin
même. Un moment avant la bataille,
noire héros , courant de rang en
raiip , inspira à tous ses soldats le
courage qui l'aiiimoit. « Pour Dieu,
amis, disoit-il, souvenez-vous que
nous avons un nouveau roi de Fran-
ce ; que sa couronne soit aujourd'hui
étremiée par vous ! » Les victoires
de du Guesclin accélérèrent la paix
entre le roi France et celui de Navar-
re. Il porta alors du !-ecours à Henri ,
comte de Ttanslatiiare , qui itvoit
pris le titre de roideCaslille , contre
Pierre-le-Cruel, son frère, possesseur
de ce royaume : il fit di\erses con-
quêtes sur ce prince , lui ravit la
couronne , et l'assura à Henri. Ce
monarque lui donna iop,ooo écus
GUES
d'or, avec le titre de couuétable de
Castille. iJei'trr.nd retouina bientôt
en Fiance, pour dcil-ndre sa pairie
contre l'Angleterre Les Anglais, au- H
puravant victorieux dans tous les
combats {t^ojez Ciîandos) , fureut
battus par-tout. Du Guesclin , de-
venu connétable de France, tomba
dans le Munie et dans l'Anjou sur les
quartiers des troupes anglaises , les
délit toutes les unes après les au-
tres, et prit lui-même leur général
Grandson. Il rangea le Poilou et la
Sainton»e sous lobéissauce de la
France. 11 ne resta aux Anglais quei(|t
Bordeaux , Calais , Cherbourg , Brest
et Bayonne. Le connétable mourut
au milieu de ses triomphes devant
Chàleau-neuf-de-Randon, le i.ï juil-
let i58o. Il fut enterré à St.-Denys,
auprès du tombeau que Charles V
s'étoil fait préparer. Sun corps fut
porté avec les mêmes cérémonieà que
ceux des souverains. On a fait depuis
le même honneur à Turenne. <c Si ,
parmi cette foule de héros connus
clans nos annales, dit ViUaret , il
éioii. permis d'en choisir un pour le
placer à côté de lui , le grand Turenne
seroit peut-être colui qui paroitroit
le plus propre à être mis en parallèle
avec le bon connétable ( car c'est
de ce nom que nos aïeux appeloieut
du Guesclin long - temps après sa
mort). Turenne, aidé des connois-
sauces d'un siècle plus édairé , étoit
sans doute plus habile capitaine que
Bertrand. Mais on peut dire, à la
gloii'e de ce dernier , qu'il tira de
son propre fonds tout ce qu'il fit
voir de génie militaire , dans un
temps où l'art de la guerre étoit
encore dans son enfance. Il est peut-
être le premier de nos généraux qui
ait découvert et mis en pratique
Uavanlage des carapemens, d 's mar-
ches savantes , desdispo^itlons réllé-
chies , des manœuvres négligées par
nos aïeux , et que même ils faisoient
gloire d'ignorer. Avantetlong-len.ps
après lui , 011 ue savoil que fondre
GUES
«V€c impétuosité sur l'ennemi ; on
sî baUoit , sans presque observer
aucun ordre : le sort détidoil de
levéuemeut. Bravoure , modestie,
générosité, tout se trouve égal en-
tre nos deux héros. Tnrenne fit
disiribuer sa vaisselle d'argent à ses
soldats; du Guesclia vendit ses ter-
res pour payer sou ami ■*-. La plus
belle campagne de du Guescliu et
celle de Turenne se ressemblent. Us
aimèrent tous deux également leur
patrie et leur souverain ; ils les
servirent également, et furent il-
lustres par les mêmes vertus. » Ils
étoient l'un et lanlre , ù certains
égards , le modèle des hommes et
des guerriers. U y a peu d'histoire
plus remplie que la leur de
traits ds prudence , d'humanité, de
générosité. En disant adieu aux
vieux capilainei qui i'avoient suivi
depuis quarante ans , du Guesclin
les pria de ne point oublier ce
qu'il leur a^oit dit mille fois ,
(\\\en quelque pays qu'ils fissent
la guerre , les gens d'Jglise , les
femmes , les enfuis et le pauvre
peuple n'étaient point leurs en-
nemis. Les étrangers ne le respec-
toieut pas moins que les Français.
Le gouverneur de Randon avoit
capitulé avec le connétable ; il
devoit rendre la place le 12 juillet,
en cas qu'on ne lui apportât pas
du secours. Le lendemain , jour de
la mort de du Guesclin, ou le somma
de se rendre. Il ne lit aucune dif-
ficulté de lui tenir parole , même
après sa mort. Il sortit avec les
officiers les plus distingués de sa
garnison, et vint mettre sur le cer-
cueil du connétable les clefs de la
ville , en lui rendant les mêmes
respects que s'il eût été vivant. Les
généraux qui avoient servi sous lui
refusèrent l'épée de connélal)le ,
comme ne ie sentant pas dignes de
la porter après lui. On peut cou-
suliersur cetillustre capitiuneMons-
trelet , du Tilkt, el sm-tout Chd-
GUES 127
telet , t[ui publia en i666 , in-fol. ,
V Histoire de ce grand Iioiame ,
d'après Aléuard , qui l'avoit écrite
eu 1387. Du Guesclin, quoique
marié deux tois , n'eut point d'en-
fans légitimes ; mais il laissa un lil«
naturel, nommé Michel uu Gues-
clin. Le dernier mâle de cette mai-
son mourut en 1785, brigadier des
armées du roi. L'empereur , \ oulant
honorer la mémoire du connéta-
ble, accorda, en 1806, une pen-
sion de 6000 fr. à madame de
Gèvres , unique et dernier reje-
ton de la famille de ce dernier.
( P'oyez l'Histoire de Bertrand du
Guesclin , par Guyard de Berville ,
Paris , 1777 , 2 vol. in-]2 ; et
encore les Mémoires de M. de
La Curne , sur l'ancienne cheva-
lerie.)Uu Guesclin avoit mené avec
lui en Espagne les troupes restées
sans emploi après la paix faite avec
la Bretagne et 1 Angleterre. On les
appeioit les grandes compagnies.
C'étoient des espèces de !)rigands
qui mettoient k contribution les
pays qu'ils parcouroient. Ils déso-
lèrent les campagnes d'Avignon ,
el le pape qui siégeoit alors dans
cette ville excommunia les chefs
et les soldats. Du Guesclin s'étant
mis en chemin pour la Castille ,
pria le pontife de contribuer aux
frais de la guerre , le pape, au lieu
d'argent , lui offrit une absolution
pour l'armée. Les troupes irritées
n'en furent que plus ardentes dans
le pillage des terres d'Avignon.
Un légat vint solliciter auprès de
du Guescliu la cessation de ces désor-
dres. «Je ne le puis, répondit le
général, vous devez connoitre mieux
que moi la force des anathèmes de
l'Église. Depuis qi-'ou les a lancés
contre nos soldats , ils sont devenus
loups garoux. Ils ne nous écoutent
])lus. Je conseille au pape de lever
l'excommunication , et de leur en-
voyer de l'argent. C'est le seul moyen
de leur rendre la raison ; autre-
128
GUES
ment, ils deviendront pis que dcâ
diables. » Le pape fut lorcé de
lever raualhèiae , et d'offrir et- iit
mille francs levés sur 1^ peuple, j
<( Reportez votre argent , dit du
Guestiin au légat , je ne veux
rien du peuple. C'esi au poulife et
à ses riches cardinaux (pie j'en
demande : c'est à eux de m'en don-
ner. » Les cent mille francs furent
effectivement reudus au peuple , et
les seuls gros béiiëiiciers furent obli-
gés de payer. Le tombeau de dn
Guesclin , sur lequel il est repré-
senté couché , est actuellement au
Musée des monnniens français.
t L tSUESLE ( Jean de la ) , pré-
sident au parlement de Paris ,
d'une bonne famille d'Auvergne ,
vm des plus illustres magistrats du
16* siècle , mérita les grâces de la
cour , par son exacte probité et
son esprit brillant et juste. I-a
reine Catherine de Médicis lui
donna la charge de premier prési-
dent au parlement de Bourgogne.
Le roi Charles IX l'employa ensuite
dans plusieurs négociations aussi
importantes qu'épineuses. LaGuesle
s'en acquitta si bien , que ce mo-
narque le nomma son procureur-
général au parlement de Paris eu
1570. Henri III, non moins content
de ses services que Charles IX , le
lit président à mortier en ]585. Ce
bon magistrat, vivement affligé des
guerres civiles, se retira dans sa
maison de Laureau en Beauce , où
il mourut en i58S, loin des orages
qui bouleversoient le royaume. Il
laissa cinq fils qui eurent tous dn
auérile.
t II. GUESLE( Jacques de la), iils
du précédent, et procureur-général
comme lui , marcha sur les traces
de son père. Il eut la douleur d'être ,
en quelque sorte , 1 instrument de
la mort de Henri 111, en iutrodui-
•saut dans sa chamljre Jacques Clé-
GUEV
ment qui le poignarda. Le forfait
de ce moine parricide lui troubla
tellement l'esprit, qu'il le tua dans
l'instant. La Guesle , quoique très-
atlaché à la religion catholique ,
servit Henri IV avec beaucoup dé
zèle. Il mourut le 3 janvier j6i2.
On a de lui, I. Des ïîemonlrances ,
gros in-4°. II. Un Traité in-4° sur
le comté de Sai/tt-Pol. III. Une
lielation curieuse du procès fait
au maréchal de hiron.
GUET ( du ). Voyez Duguet.
t GUETTARD ( Jean-Etienne),
médt-cm , né aux environs d Etam-
pes le 23 septembre i7i5, acquit
de bonne lieure , sous les yeux d'un
aïeul très-instruit dans ia botani-
que, les premiers principes des scien-
ces naturelles. Venu jeune a Pans ,
il s'y fit bientôt une répnlaliou
qui lui mérita uiic- place dans l'aca-
démie des sciences, et celles de
médecin-botaniste et de garde du
calinet d'histoire naturelle du duc
d'Orléans. Il mourut le 7 jan-
vier J786. "ài^ Mémoires sur diffé-
rentes parties des scie/ices et des
arts, 1768, 5 vol. iu-4° , rédigés
avec méthode et clarté, sont tres-
uliles aux progrès des unes et des
autres. On a encore del ui des Ob-
seruatioiis sur les plantes , en 2
vol. in-12. Gnettard a été un des
traducteurs de l'Histoire naturelle
de Pline, avec Poinsmet de Sivry ,
de Querlon et autres, Paris, 1771-
1782, 12 vol, in- 4", et fuu des
rédacteurs du Voyage pittoresque ,
ou Description générale et parti-
culière de la ] rance , avec de La
Borde. Paris, 1781-1796, 78 li-
vraisons, formant 12 vol. in-lbl.
L GUEV ARA ( Louis-Velez de
DuEONA.s et de ) , dramatisle et
romancier espagnol au 17* siècle,
natif d'Icija en Andalousie, mort
en 1646, avoit une imagination
riante. 11 donnoit uu caractère de
GUEV
gaielé aux sujels niènie les plus
graves. On peut le uonmier le
Scarron de l'I'spogne , en ne coii-
sideraiil ce cieruier tjue comme iui-
leur de sou Roui£m comique. Gué-
viira a laissé plusieurs couiëilies ,
imprimées en diverses villes d"Es-
pague ; mais l'ouvrage qui a le plus
conlribué à ié[;andre sou nom est
une pièce facétieuse, iiililiilée El
Uiablo cojiielo, Nuvella de la otra
i'ida... Baillel , qui appareini.ieul
ne savoil pas iVspaguci , a étrange-
nieul défiguré ce liire daus s^^aJi/-
gemens , en substituant aux trois
premiers mots, ElJJiabolo cojudo ;
ce dernier terme répond en mauvais
latin à Testiculosiis , ou Test i a m
immanitate laborans. Cette faute
a été relevée par Bernard La JMon-
noye , qui a restitué le titre comme
l'avoil écrit Guévara et comme il
doit être. La Nouvelle de L'autre
vie a servi de canevas au célèbre
Le Sage , pour composer sou Diable
boiteux , signifié par El Diabolo
cojuelo ; mais ["écrivain français l'a
lelleiiient embellie par des pemtures
satiriques et des caractères nou-
veaux, que Guévara ne se recon-
uoit qu'à peine dans cette copie ,
supérieure à l'original. L'auteur des
Eec turcs amusantes a traduit de
nouveau cet ouvrage, mais moins
librement , et l'a iiîséré , dans sa
première partie, à peu près tel qu'il
66 lit eu espagnol.
t II. GUÉVARA (Antoine de),
écrivain du 1 6" siècle , né dans
la province d'Alava, introduit des
l'âge de douze ans , par son père ,
à la cour de la reiue Isabelle de Cas-
tille , entra ensuite dans l'ordre de
Saint-François , où il se distingua
par ses taleus et par sa piété. Cliar-
les V le choisit pour son prédicati-ur
et son historiographe, réleva ensuite
au siège de Guadix , et depuis à celui
de Moudonedo. Guévara étoit si élo-
quent et si habile dans l'art de s'insi-
T. VJII.
GUEV
129
uuer dans les esprits, que sa corres»
pondance fut recherchée par Ito j.lu»
grands personnages de la cour ,
ainsi que l'alteslcut ses lettres qui
ont été traduites dans jjresque toutes
les langues de lEurope. 11 nous a
laissé , 1. Yi Horloge des }>riiices ,
ou Vie de Marc-Aurèle , imprimée
à Valirdojid en 1529 , 1 vol. in-S",
C'est une fiction morale et politique,
dout Voûsius u"a pas dédaigné d'eu
conseiller la lecture , princiijalemeut
aux grands. Cet ouvrage, traduit eu
italien en if) jS, en français en 1088,
et en In lin par le duc de Saxe eu 1 611,
a eu trois éditions. 11. Le JFépris de
la cow/-, imprimé à Alcala de Hena-
rès eu 1^9^ , 1 vol. in-b". 111. Dei
Epitresy,in-b,°. JV. Vies des empe-
reurs lomai/is. V. Le Iiloiit du Cal-
i^aire , 2 vol. in-8° , et d'au très écrits
moins importans. Tous ces ouvra-
ges, et principalement ceux intitulés
ï Horloge ots F rinces el le JI épris
de la cour , brillent d'une érudiliou
vaste et \ariée, d'une protoude poli-
tique, et de celte philosophie née
de l'expérience du monde , de la
cour et du cœur humain , qu'il ac-
quit nécessairement eu voyageant, à
côté de Charles \ , dans une parlia
de l'Europe. On peut sans doutu
accuser Guévara de n'avoir pa»
toujours été historien fidèle , et d'a-
voir mérité les reproches qui lui ev..
furent adressés de sou vivant par
!e père La Rue , savant critique;
mais si Guévara a manqué à cetla
sévère exaclilude que réclame l'his-
toire , il faut convenir que ] ou n'a
connu en Espagne, ni avant ni
ap;es lui, aucun écrivain qui ail dit
plus de vérités. Un autre défaut
qu'on pourroit encore remarquer
en lui , ce seroit d'avoir eu quel-
que sorte prodigué tout ce que le
style a déplus séduisant, pour don-
ner plus de prix à ses sentences ,
à ses maximes et à ses raisonne-
mens. Les écrits de Guévara houo-
rcul la langue espagnole et le siccla
9
3o
GUi".U
de Charlos V , qu'on peut considérer
comme la pépinieij fécoiiile des
bons écrivains de la nation. Gué-
vara mouriU eu i5^|S.
t lil. GUéVARA ( Antoine de ),
prieur de Sainl-Mij,ue! dil-.calada ,
el a;;rnômer de Pààlippe 11 , roi
d'Espagne, neveu dj ])réccd'Ma ,
abandonna la cour pour se livrer
à 1 éUide. On a de lui des Commeii-
-Maires la.'ins sur Hab;!cuc et sur les
Psaumes, m-4° cl in-lol., avec un
Traité de l'aiilorhè de ta f^ulgate ,
du M'épris de La Cour , et de la
I^ouange de la vie rustique, tra-
duit en i'ratiçais par Antoine Allègre,
Lyon, 1545 , in-8°.
t GUEUDFA^LLE ( Pierre-Ni-
colas) , Bis d'un uu'decin de Rouen ,
bénédiclm de Sami-Manr en 167],
X]uilta sa religion, son ordre et la
France, pour vivre indépendant en
Hollaudi^, où il se maria. Ilenseigna
d'abord 1;- latin à Rolerdam, et lint
des pensionnaires; mais ce double
emploi assujettissant trop son génie
bouillant el impétueux, il s'érigea
en écrivain. Les principaux fruits
de la pUuiie de cet apostat sont ,
I. \J Esprit des cours île l'Europe ,
ouvrage périodique qui parut en
1699, eî que le comte d'Avjuix lil
supprimer , pane que la France y
étoit souvent outragée. Après le
départ de ce ministre , le gaz lier
reprit son ouvrage, et le p u-sa
jiîs ju'à 1710 , sons le titre de Nou-
velles des cours de r Europe , i^ar
ini homme qui n'avoil jamais vu
l'anlichambre ni le cabinet d'un
ministre. \j Esprit des co///'5 forme
18 vol. in-12. 11. Critique générale
du Télé/naque , Cologne, 1700 et
1701 , in-12, en 2 parties, qu'il ne
iaut pas confondre avec la Télé'ia-
cor.'ianic de l'abb '• Faydit. La re-
jniere est mouis mauvaise qi e la
tecoude ; mais l'une el l'aulr.' ne ,né-
riteiit ^ lèred'èlre lues. IlL U utopie
GLEU
de Thomas Morus , Leyde , 1 7 1 iï ,
in-12, traduite du latin, louguc-
UKiUeL platement. IV. La Traduc-
tion de l'Eloge de la J'olic , in-i j ,
marquée au même coin que la pré-
cédente. V. Celle de la l^'' a ni lé des
sciences, à' y- grippa , en 3 \oluiues
in-12. 'VL Celle des Comédies de
P/dute , avec des remarques , en
10 vol. iii-12. Le style du Iraduc-
lenr est traînant, ampoulé, bas,
hérissé de phrases de halle , et obs-
cènes. Les remarques ne valent pas
mieux ; le texte y est noyé dalis
un amas de plaisanteries sans esprit
el sans sel , ( t de réllexioiis sans
justesse. VU. Le Grand théâtre his-
torique , 7 vol. in -fol., Leyde,
I 70 3 , 1721 , ouvrage né du besoin,'
el compilé avec autant d'inexac-
titude que de précipitation. Gueii-
tle ville , associé à un autre religieux
apostat, nommé Carillon, mourut
malheureux à La Haye vers 1720.
t G U E U L E T T E ( Thomas-
Simon ), avocat au parlement , et
substitut du procureur du roi au
ctialelet , né à Paris en i685,
mort doyen de la compagnie le
22 décembre 1766, Ri remettre aux
héritiers de sa femme tout le bien
qu'elle a voit laissé, et dont il devoit
jouir après sa mort en propriété ,
par leur contrat de mariage. Gueu-
îelte esi auteur des Contes Mo-
gols , des Mille et une Heures , d^s
Mille et un Quart d' heures , Paris,
17B.Î , en 3 volumes in-12 ; ce
dernier ouvrage a reparu sous le
îiiie des Sultanes de Guzarale ;
des Aventures merveilleuses du
mandarin fum - Ho- Hum , conte
chinoij* , Paris , 17 23 , 2 vol. in-i 2 ;
des Mémoires de mademoiselle de
Jlontenis. 'Vous ces romans , liis dans
leiu- nouveauté , prouvent plus son
goût pour ce gpure frivole que le
1 lenî de le rendre piquant el agréa-
'ile. Il a donné plusieurs pièces au
théâtre italien , entre autres, VA-
GUFF
mour précepteur , V Horoscope ac-
co?npti, les Comédiens par hasard ,
yJrlequin-Pluton, elle Trésor sup-
posé. La plupart de ces pièces ont été
imprimées à Paris. Gueulelle a pré-
sidé à lédilioii de V Histoire et Chro-
nique du Fctil-Jéhan de Saititré ,
Pans , 1724 , 3 vol. iu-i 2 ; à celle
(le V Histoire de très-noble et très-
valeureux prince Gérard , comte
de Nevers , Paris, 17/17, i» - 8*^ ;
des Contes el Tables de Pilpaj et
de Lokman; des (Euvres de Rabe-
lais , Paris, 1720, 5 vol. ia-8°.
* GUFFKOY ( A. B. J. ) , avocat
et député du Pas-de-Calais à la cou-
vetitioii , ré.iigeoit une feuille in-
titulée le Rougiff, anagramme de sou
nom , jourual p!us qu'incendiaire ,
dont le comité de saint public , dit
Prudh«mme , se servit, amsi que de
ceux de Marat , Hébert et Audouiu,
pour « organiser un empciioune-
lueul universel de Topinion publi-
que, )) Voici coinnienl il v c-élélira
la victoire du 3 1 mai. a Enfin , écri-
voit-il , le peuple triomphe, elles
aristoirates courent porter , comme
sanilDenys, leurs tètes k madame
(Ivillotine » Il entra le 1 4 septem-
Ijre 1790 au comité de sûreté géné-
rale. A la séance des jacobins du
1"' mars 1791 , Ciiales dénonça son
jourual le Rougiff , ou la France eu
vedette , comme propre à désorga-
niser l'armée du Nord où il circu-
loit. Un autre membre l'accusa en
outre d'avoir des liaisons avec le
marquis de Travenet , el de proléger
le serrurier de Louis XV'^L Guffroy
vouhit prendre la parole ; mais
Maure ayant réclamé la lecture du
dernier u° de son journal , elle ex-
cita de violens murmures. Guffroy
fut exclus de la société , on ar-
rêta (]ue ses feuilles seroie\it dénon-
cées à la convention , el que le co-
mité de sûreté générale seroit invité
à prendre contre lui les mesures de
rigueur nécessaires. A la ch'.ite de
GUFF
i3i
Robespierre , dont il éloit devenu
rennemi depuis celle expulsion ,
Guffroy embrassa le i^arli des ther-
midoriens. Dès le )8 ( 5 août 1794)
il dénonça Joseph Lebon avec lequel
il avoil été très-lié , el se fil nom-
mer commissaire pour l'examen des
papiers trouvés chez l<obct;pierre,
aiin d'en retirer les dénonciations
de friponnerie qui s'y trouvoient
contre lui. L.e .5 janvier lyg'i il fut
nommé au comité de sûreté géné-
rale. Le 4 février il fit approuver
la condiuiede Cadroyel de Marielle
contre les terroristes de IMarseille,
et donna des détails sur la sitnatioa
de celle ville. Le 27 mars il accusa
Duhem d'être en relation avec les
terroristes prisonniers de la maison
d'arrèl de la Bourbe , « dont le pro-
jet, dit-il, éloit de dissoudre la re-
présentation nationale. » Sur son
rapport , il fut décrélé , le 29 , que
les trois prévenus Billot , Collol et
Bcinère sci oient entendus , chaque
jour, jusqu'à ce que la convention
déclarai qu'elle étoit sulîisamment
éclairée. Dénonciateur de Joseph
Lebon , il fui inculpé ])ar lui à la
séance du 2 juillet. Leboa lut plu-
sieurs pas'<ages du journal de Gul-
froy où il disoit entre aulr2S cho-
ses : « Abattons les nobles , et tant
pis pour les bons , s'il y en a ; que 1&
guillotine soil en ])ermanence dans
toute la république ; la France aura
assez de cinq millions d'habilans. »
On discuta l'arrestation deGuflroy;
les pièces qui le concernoient furent
renvoyées aux comités; niais le mé-
pris le sauva des suites de celte affaire.
Lebon réclama de lui des pajjiers né-
cessaires à sa justification ; il nia les
avoireulre ses mains. Il fut accusé,
au conseil des 5oo , le g juin 1797, de
fausses dénonciations contre Rouge-
ville,dout il étoille débiteur, et qu'il
avoit fail arrêter par le comité de
sûreté générale , après avoir causé
la mort du père dont il étoit l'agoni.
Guffroy fut aussi chiuid réaction-
l32
GUGL
naireqivilavoitété violent terroriste.
IL subsliUia à sou journal le Jlou-
giff , (]ui ne pouvoil plus paroiire ,
des pamphlets virulens couire ceux
ou'il appeioit^ naguère ses amis , ce
qui lui ailira des coups de bàtou de
ia part de ULKjuesuoy et de Le Sage-
Ijéuault. Les thermidoriens , hon-
teux d'un tel auxiliaire, renoncè-
rent à employer sa plume. Battu
par les uns , sans être payé par les
autres , il remplit obscurément le
reste de ia session , ne fut point réélu
aux conseils , et retourna végéter
dans son pays, où, mal vu de tous
les partis , il essuya des désagrémens
qui le l'oîoerenl de re\euir s'établir
à Paris. GulFroy y fut nonuné chef
adjoint au ministère de la justice,
et mourut en 1800, âgé d'environ
56 ans.
* GUGLÎELMI ( Pierre ) , associé
de finstilut national de France et
maître de chapelle de Saint-Pierre à
lAome, né à JMassa-di-Carrara , étu-
dia , jusqu'à lage de 18 ans, la
inutique sous son père , qui éloit
maître de chapelle du duc et de la
diicheîse de Modene ; il i'iit ensuite
envoyé au conservatoire deLoretto à
Naples , qui étoit sous la direction du
célèbre Durante, et y resta dix ans.
(iuglielmieu sortit à l'âge de 28 ans,
et cuinnosa presqu'aussilôt, pour les
principaux théâtres d'Italie , des
opéras Ijouifons et des opéras sé-
rieux, dans lesquels il réussit éga-
lement. De Naples , de Venise , de
Milan, de Florence, ses succès re-
tentirent en Europe, et il fut de-
mandé à Vienne , à Madrid , à
Londres , où il obtint encore de plus
grands applaudissemens. En 179Ô
il eut la ])Uice de mailre de chapi lie
de Saint-Pierre à Rome, où il mourut
le iq novembre 1804, à l'âge de'77
ans. Ses plus beaux opéras sont ./>i2
l'asture/la noblle Knea c Liauinia ,
/a l-'e.sca/rice . et ses meilleurs orato-
rio» iont Debora et Sisaria, el la
GUGL
;?zo;-/ôr/'0/q/è/v/e. On compte plus de
200 ouvrages de ce célèbre compo-
siteur , parmi lesquels , sans raji-
peler ceux déjà cités , les plus sad-
lans sont Les duc Gernelle , la
f^irtuosa in Mcrdgellina , la seiva
iniiamoiala^ Il fiiiti amori. Les
musiciens reconnoissent que les com-
positions de Guglielmi sont eu gé-
néral d'une facture pure ;. que ses
chauts sont simples el aimables ;
que les accompaguemens ont de
l'élégance ; que l'harmonie en est
claire , el qu'd s'est toujours dis-
tingué , purliculièremeul dans ses
derniers opéras , par les morceaux
d'ensemble où l'on trouve réunies
la verve , la grâce el l'originalité.
t GUGLIEMINI ( Dominique )
naquit à Bologne en i65o. Ses talens
pour les mathématiques furent re-
connus dans son pays même. Le
sénat de Bolo-^ne le fit premier pro-
lèsseur de mathématiques , et lui
donna, en 1686, l'inlendance gé-
nérale des eaux de cet élat Ciuq
ans après il publia un excellent
Ouvrage sur la mesure des eaux
courantes. Ce traité , fort net et très-
méthodique , lui valut, en 169/) ,
une chaire de professeur en hydro-
mélrie. Le nom de cette chaire étoit
nouveau ; mais la science qui y avoit
donné heu ne l'éloit pas moins en
Italie. Gugliemini ht voir qu'il avoit
porté celte science plus loin qu'elle
n'avoit encore été, en mettant au
jour son grand ouvrage de h\ Nature
des rit-'lères , dans lequel il sut allier
les idées les plus simples de la géo-
métrie avec la physique la plus
compliquée. L'académie des sciences
de Paris se l'éloil associé eu 1669,
avant la publication de cet écrit, qui
passe pour son chef-d'œuvre. 11 ter-
mina sa vie eu 1 7 10. Il eut part aux
bienfaits de Louis XIV. Il bàtil une
maison de l'argent que ce monarque
lui avoil fait passer, et mit le nom
de son bienfaiteur sur le froalispice.
On a de lui , I. Le Trailc rhIJa Na-
tura de flunii , dont nous venons
de parler , el dont la meilleure édi-
liou est de Bologne, lyofi, in-4" ,
avec les noies de Maufredi. Ou y
trouve tout ce qui a rapport aux
nouvelles comuiunicalious des ri-
vières , aux cauaux que l'on tire
pour arroser , aux écluses, au des-
sèchement des marais. II. De co-
melarum nalurâ et orlii , j68i ,
in-i 2. C'est un nouveau syslème sur
les comètes , qui u'est ni vrai ni
vraisemblable. III. J)^ saiiguinis
nalurâ et coustllulione , in - 1 2 ,
J70I. L'auteur éloit aussi habile
médecin que bon niMlhénialicien.
IV". Deux Lettics hiJiosta tiques ,
sur une disj)ule qu'il eut avec Pa-
pin, au sujet de son Hjdroslc tique.
Tous ses ouvrages furent imprimés
à Genève eu 1719 , 2 vol. in-4°.
* GUGLIENZI ( Jeat;-Paul ) , gen-
tilhomme véronais , mort en ïioo,
se livra particulieieuieut à lélude de
la physique et de l'asUonomie. Pour
l'acililer ses observations astrono-
miques, il fil un méridien dans sa
maison, el se procura des télescopes
et desinslruinensde mathématiques.
On a de lui une Lettcra delU inu-
guaglianza de' giorni ilaliaiii, in-
sérée dans le tome XXX des Opus-
coli Calogeriaiiijossen-'asioni délia
cometa di quest' aimo J744 , ^ di
due eclissi lunari. fatle in T'erona
insieme con Gian-Fraucesco Se-
guier con la posizioiie geogra~
fica di delta cilla , Vérone , 1744 -
in-8° , insérées dans le tome XXII
des Opusco/i Calogeriani y Diario
delV anno \']I\']-,Jino al j8oo, Vé-
rone.
1 1. GUI, hls d'un antre Gtjt , duc
de Spolelte, se ht déclarer roi d'Italie
en 889 , et couronner empereur
d'Allemagne eu 891 ^ après la mort
de Charles Ilï dit le Gros. Béreu-
ger, duc de Frioul , preuoil alors le
GUI i3:î
même litre. Les deux compétiteurs
s'accoidèrent , et convinieiit que
Gui auroit la France , et Bérenger
rilalie : mais Gui, ayant différé trop
long-temps de se rtndre en France ,
y trouva les aiTaires clunigées. Il ne
tarda pas à se brouiller avec Bé-
reuger , auquel il enleva Pavie ,
après avoir remporté, en ^^90 , deux
victoires sanglantes. Cependant son
règne ne fut pas heureux. Arnonld ,
fils de Carloman, auquel on avoil
décerné la couronne impériale , le
chassa de la Loinbardie en ygT), et
l'obligea de se retirer à Spolelte.
Gui montra quelques talens , mais
encore plus d'ambition; il iravailloit
à rassembler une armée , lorscpie la
moi t l'enleva à ses projets , en 894.
*\\. GUI , évèque d'Aii>»ens, de-
puis 11)58 jusqu'en 10711 , a composé
un Poëme héroïque latin sur les
e.rjdoits de Gui/ !aume-le- Conqué-
rant. On y recounoil, suivant Or-
deric \ ilal , des traces d'imitation
de Virgile et de Slace. Ce poème est
perdu.
III. GUI DE CrÊme , cardinal ,
élu antipape l'an 1 164 par la faction
d'Octavit-n, auquel il succéda sous
le nom de Pascal 111. Appuyé de
l'autorité de l'empereur FrédericF',
il continua le scliisme contre le pape
légitime Alexandre lll : mais , après
beaucouj) de traverses , il mourut
misérablement l'an 1 1 68. Le schisme
ne finit pas à sa mort.
i IV. GUI DE SiENNr, fameux
peintre du i5^ siècle, dont on a ,
pour le temps , un excellent tableau
de la sainte Vierge tenant l'enfant
Jésus entre ses mains. Ce tableau ,
de l'an 1221 , est le plus ancien ou-
vrage actuellement existant dliucua
peinlre italien. L'église de Saint-Dc-
m inique à Sienne le possède encore
passal)lemenl conservé. 11 est gravi
dans ÏEliuria piltrice.
i3/i
GUI
t V". GUI DE PEnprcjfAN ,
ainsi nommé, parce qu'il éloil de
cette ville, fut général des carme-i
en i5i8 , évêque de Majorque en
iSai , puis d'Ehie vers i33o -. il
mourut à Avignon en i54-2. Ses
principaux ouvrages sont , I. De
Concordiâ euangcllstarum , i63i ,
ii'.-fol. II. Correctoriurn décret/.
lir. Une Somme des hérésies , avec
leur réfii talion , Paris, iSaS. IV.
Des Statuts synodaux , publiés par
Baluze à la lin du Marca Hispa-
nica , etc.
* Vï. GUI Ott GUIDO-JUVENAI, ,
chargé dans le \b^ siècle de la ré-
forme des bénédictins français ,
publia sur ce sujet et sur quelques
autres dis^ers écrits qui lui acquirent
une grande réputaliou. /'"ojez Sin-
gularités liisloriques et littéraires,
par I.yron , tome IH , page 49.
VIT. GUI, templier. F^ojez Mo-
LAY.
VIII. GUId'Akezzo. F'oj. Are-
tin , u*^ I.
IX. GUI DE Lt'ZICNAN. J^'oy. l.v-
ZIGNAN.
X. GUI DE Foulques. J^oy Clé-
ment, u° VI.
Xî. GUI. Koy. Mead, à la fin.
XII. GUI , fils du comte de t,ei-
cester. T'^oj . Leicester, vers la fin.
XIII. GUI-PAPE, né au cMlean de
Ja Pape près Lyon , éjjousu la liUe
d'F.lienne Guiilon , jurisconsulte
célèbre , né aussi près de Lyon , à
Saint-Sinipborien-d'Ozon , et qui
devint président du parlement du
Daupliiné. Dos sou établissement ,>
Gui -Pape son gendre y fiit reçu
conseiller, et employé ensuite par
Louis XI dans plusieuri» négocia-
GLin
lions importantes auprès dn pape
Nicolas V et dn roi son père. Gui-
Pape sauva à Crest- de la fureur du
l^euple nn j\uf accusé de sortilège,
et soutint à Gap les droits dn dau-
pliin, malgré les menaces des en-
voyés du roi René : il reçut en ré-
compense, de Lonis XI , l'ordre de
se démettre de sa charge, et se retira
à la campagne, où il mouruteii i4^7»
à l'âge de 83 ans , après avoir publié
plusieurs ouvrages. Le plus connu
est intitulé Decisiones Gratiano-
politaaœ. Ibia meilleure édition de
ce livre, estimé pour la justesse, la
clarelé et la méihode, est de Genève,
1643, in-folio, avec les notes de
plusieurs juriscousnltcs. Chorier eu
a donné un abrégé en français , sous
le titre de Jurisprudence de Gui-
Pape , Lyon, ifiga, iii-4.° On a
d'autres lli'ves de droit de cet écri-
vain: mais ils sont d'un uiérile in-
férieur.
I. GUIAI^D, fanatique qui ré-
pandit ses rêveries sous Philippelc-
Bel , se disoil lange da Philadel-
phie, dont il est parlé dans l'Apoca-
lypse. II fut pris, et répondit en
extravagant. Condamné au feu, il
abjura son fanatisme, et fut enfermé,
vers l'an 1 5 10, dans une prison, où
l'on croit qu'il mourut.
t lî. GUIARD ( Antoine ) , béné-
dictin de la congrégation de Saint-
Maur, né à Sanlien, diocèse d'Autun,
en 1692 , mort en 1760, à 68
ans , aussi pieux qu'éclairé , a
donné, L Entretiens d'une dame
ai'cc son directeur , sur les modes
du siècle, in-12. II. Réflexions
politiques sur la régie des béné-
fices. III. Dissertations sur f hono-
raire des messes , 1748, réimpri-
mées en 1707, in 8" : elles ont paru*
sévères à ceux qui le reçoivent.
III. GUIARD. Foy. Guyaud.
* GUI3AULT ( N. ) , oratorieu ,
GUIC
né à llières le 20 septembre lyiS,
el mort dans la même ville en i7i)4,
a coniposé dans le Victiunnaire
hlslurique , Uuéraire et critique ^
Soi&sons et 'Prov-fS , 1758 , b vol.
in-S" , rédigé et publié par ra!)bé
Barrai, r,idê des PP. Ganl.il e! Valla,
oraiorieiis, les articles de [-.Insic^iirs
lettres de lalpbabet, et en particulier
celui de TabLié de Sl-Cyraii , pent-
èlre un peu trop long, mais Ircs-bien
fait. On aeucnrede lui, 1. hamorale
en ntiiun , i.you , 1 797 , in-i 2 ; ou-
vrage qu'il ne Tant pas confondre
a\ec celui de Bérenger qui porle
le même litre. II. Fxplicatiun du
nouveau Testament, à l'usage prin-
cipalement des collèges. Pari?, 1785,
8 vol. iu-S" , qui se relient en ;').
ni. Lesgérnissemens d'une aine pé-
nitente ; la troisième édition ,
bien augmentée , a été traduite
en italien. IV. Explication des
Psaumes.
I. GUIBETVT,an!ipape, natif
de Parme , cbancelier de l'empereur
Henri IV, parvenu au trône arcliiépis-
copal de Ravenne, ensuite au .sainl-
.•îiége de Rome en 1080, qiioicjuM
eut été excommunié pour avoir dé-
pouillé son église , prit le nom de
Cléuient III, et se rendit maitre de
Rome par les armes. x\près nue for-
lune diverse et une vie scandaleuse ,
il mourut raisérableraent en 1100.
Celte mort n'éteignit pas leschisme;
on élut pape sur pape. Dès qr.e la
paix eut été rendue à l'Egli.sp , les os
de l'antipape Guiberlfnienl déterres
el jetés dans la rivière.
H. GUIBERT , abbé de Nogent-
sous-Coucy, né d'une famille dis-
tinguée à Ciermont en Beauvoisis ,
embrassa la vie monastique à
Sainl-Germer, et mourut dans son
abbaye en 1 1 2/\ ; il consacra sa vie
entière à la piété et an travail.
Doni Luc d'Acbery a publié ses
ouvrage* en i65i^ in-folio. Les
GLIB
135
principaux sont, 1. Une Histoire
des premières croisades, connue
sons le titre de Gesta i.ei per I ran^
eus. On y trouve des fails curieux
et vrais , mêlés avec d'antres minu-
tieux o:! fabuleux. II. Un Tiaité des
rerujues des saints, dans lequel il
rejettr une dent rie J.-C. , conservée
à St. Mfcdard de Soissons , et qu'il a
regardée connue une (^usse relique.
Il prétend que tous les restes qu'on
peut avoir du Sauveur ,>oni contrai-
res à la foi de la résui rect;on, qui
nous apprend qu'il a pris son
corps tout entier. 111. Plusieurs
autres Traites utilfs et curieux ,
dont on peut \oir une notice exacte
dans le tome lo"^^ de Vllistoire litté-
raire de î'rance. On voit, dans une
lettre de Guibert à l'abbé SigelVoi ,
ce passage remarquiible sur la pré-
sence réelle : «Si l'Eucbarisiie n'est
qu'une ombre et qu'une ligure ,
nous sommes tombés des ombres
de l'ancienne loi en des ombres en-
core plus vides, d On trou\e, dit le
père Longueval , plus d'esprit que de
style dans les ouvrages de Guibert ,
et plus de piété que do discernement
et de vraie critique. Du reste, c'est
un auteur habile et sensé, mais quel-
quefois trop présenu.
Y III. GUIBERT (François-Apolline
comte de ), fils d'un gouverneur des
Invalides , né à Montanban le 12
novembre i745, servit avec dis-
tinction dans la guerre de 1766, et
en Corse au combat de Pon te-Nuovo,
qui assura la conquête de cette île à
la France. Devenu colonel du régi-
ment de Neustrie , et inspecteur-
général d'infauleriê , il chercha à
réi'.niv les lauriers des 'Muses à ceiiK
de Mars. Avec ueaucoup d'esprit ,
nue imagination vive, il a souvent
des idées plus brillantes que solides,
et quelques défauls de goût. Il désira
devei'.ir déi)iité du Bourbonnais aux
élats-généraux ; tuais ayant éprouvé
nue vive opposition, il eu resseu'.it.
i36 GUIB
ini profoivl ilKigrin,tlontil mourut
v.n an après, îe 16 mai J790. Ses
ouvr;\r;es sont , T. Le connétable l'.e
Bourbon , tragédie jouée à Versail-
les , el qui auroit élé mieuîc inliUilée
la Mort de. Bavard , puisque la
pièce Unit par les obsèques de ce che-
valier français , tandis rpie le conné-
table va porter en Espaj^ne les re-
mords de sa rébellion. La pièce est
mal conduite, hors des règles de l'art ;
mais de la niaguilicence dans une
rêcepViou de chevalerie, un appareil
militaire imposant , de la chaleur
clans le sijle, quoique trop souvent
décousu , et plusieurs tirades de
l)eaux vers, lui donnèrent de ta ré-
putation dans la plupart des sociétés
où elle fut lue. L'auteur lit des chan-
geuiens à sa pièce , mais ils ue réus-
sirent pas; et on ne se rappelle que
le mol d'une femme qui répondit à
ceux qui lui demandoieut ce qu'elle
en pensqit : « Je la trouve d'un chan-
gemeiit affreux. « Celte pièce ,
imprimée c\ Paris en 1785, iu-18
de i()G pages, n'a élé tirée qu'à
cinquante exemplaires. II. Eloge de
Caùnat , Edimbourg (Paris), 1775,
in-S". Après un long trftvail, Gui-
hert; concourut par cet éloge, plus
historique qu'oratoire , au prix d'élo-
quence de l'aradémie française, el
ne le remporta pas. On. y dé-
couvre cependant q\ielques pensées
fortes , des élans de sensibilité , et en
généra! beaucoui) d'esprit. lU. Eloge
de Frédéric, roi de Prusse, Lon-
dres ( Paris ), i';i87. On fut surpris
de voir que lauteur, dusciple de la
philosophie, y faisoit un pompeux
éloge de la gueifre , en la regardant
comme la source de la gloire. IV.
Eloge de rilàpitël, chancslier de
France. Cet ouvrage , imprimé
sans permission en 1777, in- S'',
parut sans nom d'auteur, et portoil
CCS mots pour devise : « Ce n'est
point aux esclaves à loiier les grands
liommcs. » De la hardiesse dans les
idée», une attaque indirecte contre le
GUÏB
ministère, une marche rapide, un
morceau éloquent où il reproche à la
France de souffrir un commissaire
anglais à Dunkerque ; plusieurs traits
énergiques el heureux , firent le suc-
cès de cet écrit. V. Eloge de Tho-
mas , de l'académie française. VL
Eloge de mademoiselle de VEspi-
nasse. Ces deux Eloges sont infé-
rieurs aux précédens. Tous ont été
(■éunis en nu vol. iu-S", Paris ^ 1806.
VU. Essai général de taclique ,
Liège, 177.1, 1 vol. in-4° on 2 vol.
iii-S". C'est le meilleur ouvrage de
Guibert. Il a été loué par les tiiili-
taires, juges naturels des objets qui
y sont traités; cependant ils y ont
reconnu le danger de plusieurs pro-
jets proposés. Les gens de lettres y
applaudirent le Discours p'x'Umi-
nuire, plein d enthonsiasme national
et de vues profondes. Voltaire, après
l'aNOir lu, adressa à l'anleur l'une
de s°s pièces fugitives les plus agréa-
bles, intitulée la Tactique. VIII. De
l'Ordre mince et de l'Ordre pro-
fond. « On trouve dans ce livre,
ditLa Harpe, une analyse très-bien,
détaillée de quelques-unes des plus
belles opérations de Turenne , de
Luxembourg , du roi de Prusse, qui
viennent à l'appui de sou système.
La dernière jiavtie roule sur l'impor-
tance dont il est pour la France
d'augmenter son état militaire de
manière qu'il soit au' niveau des
puissances voisines, et en propor-
tion de ses moyens. " Celte question
est très-bien traitée; el dans tout le
cours de l'ouvrage on rencontre des
idées saines et justes qui font voir
que l'esprit de l'auteur est ici au ni-
veau de son sujet, ce qui ne lui est
pas toujours arrivé quand il a voulu
être poète ou orateur. » IX. Trallé
de la force publique , Paris , 1 790 ,
in-8". L'auteur y offre les mêmes
idées que dans le précédent. Guiliert
né avec des connoissances, de l'es-
prit el du courage , y réunit une
envie trop démesurée d'occuper le
GUIB
public de Ir.i. Il afficha, comme mi-
litaire, comme écrivain , des inéten-
lious trop exclusives qui lui lirent
des ennemis. Sou ambiliou le por-
tail l tout à la fois à être à la tête de
l'armée, de la littérature, de l'admi-
nistration,eii lit un homme tonjours
inquiet, raremenlheuieux. 11 disoit,
à ce que prétend La Harpe, qu un
seul homme pou voit èlre à la Fois un
'l'urenue, un Corneille et un Bossuet ;
et il est probable qu'il entendoil
])arler de lui -même et de ses espé-
rances. X . Voyages de Guibeit dans
diverses parties de la France et de
la Suisse, faits en 177.^, 1778,
1 784 Gt 1 78.T , ouvrage, posthume ,
publié par sa veuve, 1 vol. in-8" ,
au 14. Sou Eloge , composé par
M. de TouJoiigeoii , et imprimé à
Paris, 1790, iH-8° , a été revu et
corrigé à la tête (lu Voyage de
Guiberten Allemagne , 2 vol. in-8°.
*GUIB0N (J.-D. ), ué à Besan-
çon , s'enrôla jeune encore dans un
régiment d'infanterie , eliléloit eai
i7.j3 canonnier dans l'armée em-
ployée contre la Vendée , où il se
tlistingiia par son courage et par son
Lum-anité. On l'y vil combattre
corps à corps avec un royaliste, lui
porter un coup mortel, et attendri
à la vue de son sang, di'chirer ses
vèlemens pour mettre sur sa blessure
un simple appareil , et l'emporter
dans ses bras pour en ])rendre soin.
Quelque temps après Guibon fait pri-
sonnier est amené devant le prince
fie Talmont, qui le condamna à ctre
fusillé avec quarante soldats ré-
publicains. Comme il alloil au sup-
plice, nu olVicier vendéen s'élance
et l'arrache des mains des soldats
eu s'écriant : « C'est lui qui a sauvé
mes jours.» Talmont apprend qu'en
effet Guibou maître dans un combat
de la vie de cet officier, qu'une loi
barbare ordonuoit de massacrer ,
l'avoit caché aux proconsuls de sou
aimée , et avoit refusé cent louis
GUIC
ij
J
pour prix de ce bienf-.t. Talmont,
louché de ce beau trait, lit grâce aux
quarante prisonnier» , et retint Gui-
bou captif dans sou château. Celui-ci
trompa quelques mois après la sur-
veillance de ses gardes, rentra dans
l'armée répnl>licaine, et fut tué dans
une bataille.
GUIBOURS ( Pierre ) , plus connu
sous le nom de P. jSnselme. Voyez
Anselme , u" N ,ei Dufourny.
*GU1CC1AR[)I( Joseph), jésuite,
né à Rcggio eu 16/41 , après avoir fait
profession à Venise en 167;), se voua
au ministère de la chaire, qu'il exer-
ça pendant quarante ans av> c éloges.
11 mourut dans sa patrie en 1716.
Ou a de lui Meditazioni per otto
giorni d' esercizi spirituali ad itso
principalmente de' religiusi délia
sua compagiiia , Modène , 1G99,
réimprimées plusieurs fois à Venise.
Cet ouvrage fui traduit en lalin par
ordre du général des jésuites, sous
ce titre : Meditationcs per octo aut
dece/n diebus secessus spiritua/is,
Bainl)urgag, 1761, in-8°. On doit
au même auteur Modo d' onorare
la passione del Signorc.
I. GUICHARD DE.iGEANT. Voy.
De.vgeant.
t II. GUICHARU (Claude de),
seigneur d'Arandas et de Tenay ,
naquit à Sainl-Kambert eu Bugey,
où il s'illustra par la fondation du
collège du Saint -Esprit. Ses talens
l'ayant fail connoitre au duc de Sa-
voie, ce prince le nomma sou histo-
riographe , et l'éleva ensuite aux
places de secrétaire d'étal et de
grand - référendaire. Il mourut eu
1607, ajirès avoir publié une Tra-
duction de Tite-Eive, et un ouvrage
curieux el recherché des antiquaire.'^,
malgré sou style suranné, dont voici
le titre : Funérailles , el dit.'erses
manières d'ensevelir des Romains,
des Grecs et des autres nations ,
Lyon , i58i , ia-4"-
.38 GL[G
t ni. GUIGHARD ( Éléouore) ,
fille (l'un receveur des lailles de
Normandie, suivit à Paris sa inere
devenue veuve , et y mourut en
J747, à 28 ans. Elle joignoit aux at-
traits et aux agréuicus de sou sexe
des comioissauces et de l'esprit; c'est
jiour elle que lui faite cette jolie
rliaiison :
!,e coniiois-';i , ma clière Kléonore,
<"■> lenilre enfant c|ui te suit en limt lieu?
Ce foihie enfant, ((iii le seroii eiicoie ,
Si tes regards n^en avaient fait un dieu?
C'est par ta voix i|u'il clend son empin' ,
i.- ne le sriii qu'eu voyant tes appas;
11 csl il)iis l',iir que la bi>iK-he respir»;,
J^.t S0U5 les fleiirs pni nhi>^scnt sons les jias,
Oiii te coiiuoil , cor.nnîira la tendresse;
Qui voi( tes yeux en boira le poison :
Tu (!onn: lols d'S scn« i la sagesse ,
V.l des dé«ir* k U Froide raison.
î\Iademoiseile Giiicliard est auteur
de plusieurs Chansons et des 3té-
muires ds Cécile , 1 7 :'> 1 , 2 v . in- 1 2 ,
roiiiau intéressant dont I>a Place n'a
été que l'éditeur.
* IV. GUICHARD , avocat , né à
Marseiiie , Fini des plus savai>s juris-
consultes de Pari-;, étoit avocat du
roi an bureau des luiance.*» et ciiuin-
hre du doinaii^e , et avocal-général
du conspil de Moiisiein- , tVère de
Louis XVr,et par suite sou inlen-
daiil des linances. Depuis la révo-
lution, lors de forganisalioa , d'a-
près la loi sur les liypollieques de
Paris , il en fut le premier conser-
vateur ; après avoir porté l'ordre et
la lumière dans cette précieuse ins-
lilution, il mourut en iSo'j, regretté
de tous ceux qui l'avoient connu.
— Son frère Guiciivkd , avocn»
à la cour de cassation et du conseil
d'état, jouissant d'une grande réputa-
tion , se Ht souvent remarquer par
.'on éloquence et son courage à dé-
1 -ndre les hommes des dilFérens par-
tis traduits altemalivemrnt devant
l'S Iriliiuiaux criminels : il est au-
lour d'un grand nombre d'ouvrages
GUIG
sur la jurisprudence ; les principaux
sont, 1° Code méthodique des noii-
pe les loii françaises ; 2" Code des
juges de paix; 0° Coi/e hypothé-
caire , et un Journal, de législation
et de jurisprudence en J'un/ie de
dictionnaire.
* V. GUICHARI3 ( N. ), compo-
siteur célèbre de musique d'égl-.se,
et compositeur a;:;réable de musique
profane. On a de lui des Messes , des
Motets, etc. , qui ont eu beancoup de
succès, sur-tout à raison de leur e\-
csllente mélodie 11 a composé et
publié des recueils d'airs pour la
guitare . parmi lesqtiels se trouve le
fameux Bouquet de romarin, qui
avoit été d'abord créé sur les paroles
Kyrie Qi Christe eleison. Guicbard,
dans le commencement de l'établi'^-
sement du théâtre du Vaudevdle à
Paris, avoit fait des accompagtic-
mens trcs-ingénieux à la jolie pièce
de la Revanche forcée ; mais il
abandonna ce théâtre des qu'il vit
que le vrai genre du vaudeville et
de la romance dégénéroit en petit.s
opéras à duo et à arieties , plutôt
faits pour le théâtre de Feydeau que
pour la scène à? iiSIomus; il se con-
tenta de chanter chez lui sa romance:
// est passé le bon temps, et vécut
dans une médiocrité dont il snt se
contenter. Comme il avoit été autre-
fois attaché à la musique de Notre-
Dame , il le fut encore lors du réta-
blissement du chapitre de ceitle
église. Il est mort à Paris le 24 fé-
vrier 1807. Au nombre de ses q\ia-
lités estimables, Guicbard joignoit
un enjouemeul à toute épreuve, et il
éioit rigoureux observateur des pro-
sodies latine et française dans ses
compositions musicales, parce qu'il
avoit fait de bonnes études.
■;- I. GUICHARDIN , en italien
Guicc'iARDiNi (François), né à
Florence le 6 mars 14H2 , d'une fa-
mille noble et ancienne., profes^^a
; d'abord le droit, et parut au barrean
CLIC
avec lin lel eclal , qu'on IViivoya
en anil)aï.sac!eà la cour de Ferdiiiaiul,
roi d'Aragon. Trois ans après , eu
i5i't, l.tfoii X !e prit à son service,
et lui donna le gouvernement de
Rlodèneel de Rfogio. Panne ayant
été as^iegél;, il ladéfendil avecbeau-
conp de valeur et d'- prudence. C'est
ainsi du moins qu'il en p;irle dans
son liisloire; car, s'il en faut croir'
Angéli , auteur d'une Histoire de
Parme , imprimée en iftgi , per-
sonne ne montra peridiint le siège
moins de réîiolulion que lui. Il le-
iioit toujor.rs ses clinvaux lout prèls
pour s'enliiir ; et il l'auroit fait, si les
hajjilaus ne s'éloient efforcés de le
rassurer , et n'eu.^seul repoussé vi-
goureusement rennemi. Néanmoins
rfprès la mort dn Léon X , et celle
d'Adrien VI, son successeur, Gui-
chardin devint gouverneur de Bo-
logne sous Clément VU. Le pape
Paul III , trompé par les ennemis
que son zèle pour l'exacte observa-
lion de la justice lui avoit faits, le
priva de ce gouvernement. Guichar-
din , obligé de retourner dans sa
patrie , y vécut en philosophe , eu
homme de lettres et en citoyen ,
après s'être signalé dans les armes et
dans les négociations. Sa mémoire
est chère aux gens de lettres, par
nne Histoire eu italien des princi-
paux événemewi arrivés depuis
1%!}; jusqu'en 1002. Son premier
dessein avoit été d'imiter César , et
de composer les Mémoires de sa vie ;
inais Jacques Nardi lui conseilla
d'étendre son plan ; et le croyant
incapabled'ètre intimidé par les cen-
sures, on corrompu par l'esjioir des
récompenses, il lui proposa de faire
l'hisloire miiverselle de son temps .
et Gnicliardin suivit ce conseil, f.es
seize premiers livres de son histoire
sont d'une beauté aclievée; mais les
autres n'en approchent pas. Ses ha-
rangues , d'une longueur assom-
mante , sont d'ailleurs écrites, com-
me l'histoire, d'un style pur et lleuri.
GUÎC
IJQ
On lui reproche d'être trop attentif
à remarquer )us([n'aux minuties; de
prêter trop facilement des motifs
honteux et injustes; d'être trop pré-
venu pour son pays. La vérité ne
conduit pas sa plume, lorsqu'il parle
des Français , contre lesquels il
montre de la passion. Le style trop
diffus de Gmchardin donna occasion
à une plaisanterie de Boccaliui. I3ans
ses Raguagli dcl Farnasso , il feint
qu'un citoyen de I^acéilémone, ayant
dit en trois mots ce qu'il pomoil dire
en deux ( ce qui éloit une es])èce de
crime en celte ville) fut condamné
à lire une fois la guerre de Pise ,
écrite par Guichardiii. Le criminel
lut, avec une sueur mortelle , quel-
ques pages de cette histoire: mais la
peine que lui causa la prolixité dix
st^le fut si grande, qu'il courut se
jeter aux pieds des jiigf'S, et les pria
d l'envoyer aux galères , plutôt que
de l'obliger à la lecture fatigante de
ces discours sans fui , de ces couseil.s
si ennuyeux, et des froides harangues
qu'on y fait pour des sujets fort
minces, comme sur la prise d'uu
colombier. «Ces liarangues d.ffuses ,
qui revicuneiU à lout moment , sont
pour la plupart écrites, dit Niceron,
d'un style languissant , et n'ont pas
toujours assez de rapport an sujet
dont il s'agit dans l'histoire. Il y eu
a cependant qui ont leur mérite ,
(t l'on a remarqué que les meilleures
sont celles que lit Gaston de Foix an
camp de Ra venues , et celle que le
duc d'Albe prononça devant Charles-
Quint , pour l'cmpècher de mettre
îrii liberté François l » Les
éditions les pins belles faites de
Ihisloire de Guichardin sur l'ori-
ginal sont celles de Venise, 17^8,
en -2 vol. grand in-folio ; de Lon-
dres 2 volumes in-4'', etdeFrilxMirg,
1773-7I), 4 vol. 111-4°. On en publia
la même année une traduction à
Paris en 1708 , sous le titre de Lon-
dres, en 3 vol. in-4'' T''"" Favre ,
retouchée, revue avec soiuparGeor-
i4o
GIUC
geon, avocat au parlement, qui l'en-
richit de beaucoup de uoles , et d une
préface dans laquelle il trace en
al)ré_£^(i les principaux traits de la
vie et di caractère de Guichardin.
L'édiliou oriEjinale de sou IlisLoire ,
imprimée à Florence en 1061, in-
i'olio , et en 2 vol. in-8°, est fort
chère. En 1765 il a para une nou-
velle édition de cet ouvrage à Fri-
bourg eu Brisgaw, en 4 ■^'•^''- 'i''~4°)
faite sur le manuscrit autographe de
la bibliothèque Magliabecci de Flo-
rence , qui répare les lacunes que les
éditeurs avoient été obligés de l'aire
en cédant aux circonstances. Jean-
Baptiste Adriani,amide Guichardiu,
et son concitoyen , en a donné la
continuation , en deux vol. in~4°-
Cet historien, mort au mois de nuii
1540, aimoit tellement l'étude qu'il
passoit des jours entiers sans manger
et des nuits sans dormir. Charles-
Quint lui donna des marques d'une
estima particulière. Les oîiiciers de
sacours'élaut plaints de ce qu'il leur
refusoit audience, taudis qu'il eirtie-
teuoil Guichardin pendant lies heures
entières : <( Daus un instant, leurré-
pondit le prince, je puis créer cent
grands; mais daus vin);! ans je ne
saurois faire un Guichardin »
Jaeqnt's Corbinelli , Florentin , lira
de l'Histoire de son compatriote des
y/i'is et Conseils en matière trèlat,
iSi.'S, Anvers, iu-4'' ; traduits en
français , Paris, 1 677 , in-S". Ce re-
cueil plein de maximes de politique
prouve que Guichardin joignoit aux
connoissances historiques l'expé-
rience du gouvernement.
Y II. GUICHARDIN ( Louis) ,
neveu du précédent , né à Flo-
rence vers ifîiS, alla se fixer dans
les Pays-Bas. Ayant conseillé au duc
d'Albe d'abolir le carême , pour
ramener plus facilement les pro-
testans, ce; seigneur le lit mettre en
prison , non i* cause de celte opi-
uiou, mais parce qu'il i'avoit mise
GîJIG
par écrit. Guichardin mourut à An-
vers en 1589. Nous avons de lui ,
I. Une Description savante et cu-
rieuse des Pays - Bas , in - folio ,
i587, en italien , et traduite en
français par Belleforct , avec un
grand nombre de ligures. L'auteur,
pour s'instruire, s'étoil transporté
sur tous les lieux qu'il décnvoit.
La version française fut publiée
à Amsterdam en 1626 , in-folio.
II. liaccolla di dctii e Jalti nola-
hili , if)8i , in-8". III. //o/e di re-
créa zione , Anvers , i.'^ôS, in-iG ;
ce dernier a été traduit en françai»
par Bellefoiét, iri78, in-12, sous
le titre à' Heures de récréation , et
yïprès-Dinées de L. Guickardin.
\S . Des Mémoires sur ce (pii s'est
passé eu Europe , depuis li'ioo jus-
qu'en j56o, Anvers, i.f^iGn , iii-4".
11 y blâme les impositions du duc
d'Albe. Si Louis Guichardin n'eut
pas les lalens de son oncle, il f égala
pas ses connoissances.
L GUICHE (Jean-François de la ) ,
comte de la Palice , seigneur de
Saiui-Géran,eV maréchal de France,
d'ime fannlle noble et ancienne ,
se signala en diverses occasions sous
les rois Henri IV et Louis XIII ,
eut beaucoup de part aux afliures de
son temps, et mourut à la Palice eu
Bourbourutis en 1602 , à 65 ans. 11
éloit neveu de Philibert de La
GuTCîiK, maître de l'artillerie sous
Heuri IV, qui, à la journéed'j vry, lit
(aire quatre décharges avant que les
eimemis eussent pu tirer un coup de
cation. Le maréchal de La Guiche
obtint ic bàlon par le crédit du duc
de Luynes. Il servit avec distinction
aux sièges qui se firent en i(32i et
1623.11 passoit pour avoir plus de
bravoure que de talent. — Le petit-
fils de ce maréchal , Beruard de
La Guiciie, eut un procès fameux
à soutenir pour être réintégré dans
sou clal qu'on lui voulut ravir au
moaienl de sa naissance , et qui lui
GUIC
fut rendu pnr arrêts de iG65 et 1 666.
l.a Guiche éloit lieulcnaïU-geiiéral ,
et avoil été chargé de plusieiirs am-
bassades. 11 mourut eu 1696 , ne
laissant qu'une iille , religieuse.
II. GUICHE( Diane, dite Cori-
SANDE d'Anuotjins, veuvedePlù-
Iil)ert de Gramniont , comte de )
llUe d'un geulilhomnje noiriiiié
d'Aiidouins, connu par sa bravoure.
Ses charmes lui lirenl donner le nom
de belle Corisande. Elle étoit encore
tort jeune , lorsqu'elle épousa , en
1067 , le comte de Guiche, gouver-
neur de Bayonne,morlau siège de La
Fereen i.'itic). Demeurée veuveà l'âge
de 26 ans , cl ayant toute sa beauté,
elle plut à Henri , roi de Navarre,
si connu depuis sous le nom de
Henri IV , qui l'aima éperdument
pendant cjuelques années. En 1 .'186
il se déroba de son camp pour aller
oflrir à Corisande , en chevalier er-
rant, quelques drapeaux pris devant
Caslels, deuil le maréchal de Mati-
gnon fut obligé df: lever le siège. La
passion du roi de Navarre s'eullam-
manl tous les jours, i! résolut d'é-
pouser la comtesse de Guiche. 11 de-
manda à d'Aubigné son sentiment
sur ce mariage , en lui cilaul l'exem-
ple de plusieurs princes qui avoienl
donné la main a leurs sujelles. « Sire,
lui répondil d'Aubigné , les princes
que vous citez jouissoient tranquil-
lement de leurs étais, el vous com-
ballez pour avoir le vôtre. Le duc
d'Alençon est mort; vous n'avez plus
qu'un pas pour monter sur le trône.
Si vous devenez l'épouK de voire
maîtresse, vous vous le fermez pour
jamais. Vous devez aux Français de
grandes vertus el de belles aclions.
Ce n'esl qu'après avoir siil/pigué
leur cœur et gagné leur estime ^]ue
vous pourrez coulracler ini mariage
qui aujourd'hui ne farcit que vous
avilir à leurs yeux. « Henri proHla
du conseil de ce fidèle el sincère ser-
viteur , et se dégoûta peu à peu de
GUID
lAi
sn maîtresse. Elle monrnl en 162.. ,
laissant , du comte de Guiche , An-
loinc de Grammonl, IP 'du nom ,
el une fille, nommée Catherine, qui
épousa le con)ledt; Lauzun,Fran(,oitt-
Nompar de Caumont. Sa figure nu
s'éloil pas soutenue; et Sully dit
« qu'elle avoil honte qu ou dil que
le roi l'avoil aimée , sur-tout de-
puis que sa laideur éloiguoil ceux qui
auroienl pu la consoler de l'incons-
tance de Henri. » On a plusieurs des
lettres que, Henri IV lui écrivoit
dans "L Esprit de Henri 17^, ^11^ ■,
in-8°, ouvrage composé par Prault
le jeune, imprimeur à Paris.
-;- G U I C H E N O N ( Samuel ) ,
avocat à Bourg-en-Eresse , né à
Macou , mort le 8 septembre 1664 ,
à 07 ans , après avoir été marié
trois fois. Sa première femme ,
riche veuve, lui donnant le moyen
de cultiver la science qui lui
plairoit le plus , il s'allaclia à l'his-
toire et aux recherches généalogi-
ques, et devint l'un des liisloriens
les plus judicieux du 17* siècle.
Le duc de Savoie lui donna le litre
de sou hisloriograplie , avec une
pension. On a de Guichenon, 1.
Histoire généalogique de la mal-
son de Savoie , iu-fol., 1 660 , Lyon,
•2 V. Celte histoire savante el exacte ,
mais dom le style est lourd et peu
correct, a été réimprimée à ïuiin ,
1778, îi lom. , 2 vol. in-folio. II.
H is tu ire de Bresse et de Biigey ,
Gex et T'alromey , iu-fol. , Lvon
1600. Cet ouvrage , devenu rare ,
mérile le même éloge el les mêmes
reproches que le précédent ; il v en
a\ oit ua exemplaire manuscrit dans
la bibliolhèquedesaugustinsà Lyon,
où l'on Irouvoil eu uoles des choses
curieuses sur les familles. III. Bi-
hliotkeca Sebusiana, in-/|°, 1660.
C'est nu recueil des actes et des ti-
tres les plus curieux de la province
de Bresse et de Bugey.
GUmALOTI( Dioraède ) , savant
i4i GUID
tleliologne, vi\o'il au milieu du
16*^ siècle, il a publié d'assez bons
Commentaires sur plusieurs poètes
latins, et enlre autres sur les Fglo-
îjues de Némésieii, Bologne, lôSzj,
iu-lbl. Ce commeiilaire a été réim-
primé dans la collection des fuetœ
lat'uii lei penalicœ scriptores.
;■ GUIDE ( le ) , ou GuiDo Reni,
peintre Bolonais , né en lôyo ,
d'un joueur de flûte , qui lui tll
ap])reudre à toucher du clavecin;
mais la musi([ue ayant moins de
charmes pour lui ({ue le dessin , on
le mit chez Denys Calvarl , peini
Ire ilamand : il passa ensuite sous
la discipline des Carrache, et ne fut
pas long-temps sans se distinguer
par ses ouvrages, [-a jalousie que
les ixieilleurs pemtres conçurent con-
tre lui éloil une preuve de l'ex-
cellence de ses talens; Le Carravage
s'oublia même au point de le frap-
per au visage. Si son pinceau lui
lit des envieux, il lui procura aussi
des prolecteurs. Le pape Paul V,
f[ui prenoit un plaisir singulier à le
voir peindre , lui donna un carrosse
avec une ibrte pension. Le prince
Jean-Charles de Toscane lui lit de
riches présens pour une tête d'IIer-
cule qu'il avoit peinte en moins de
deux heures, tant sa facilité éloil
prodigieuse. Toujours opposé par
les circonstances aux meilleurs pein-
tres de son temps, il entra en con-
currence avec LeDominiquin pour
peindre le martyre de saint André.
Il seUibla sortir vainqueur de cette
lutte , cependant il n'eut pas le suf-
frage d'Aiinibal Currache. Le Guide
est moins profond, moins naturel
que Le Dominiquin; mais il n'est
pas moins savant , et l'on peut dire
que, sous le rapport de l'effet , des
idées ingénieuses, de l'élégance du
dessin ei de la grâce du pinceau.
Le Guide ne le cède à aucun autre
peiiitre. M auroit fini ses jours com-
blé de biens etd'hoHncurs , mais le
GUID
jeu le délournoit du travail, et fii
eulevoil dans un iiislaul tous les
fruits de son application. Réduit à
l'indigence par cette p:ission , il ne
peignit plus que pour vivre, et pei-
gnit mal , parce qu'il le ht avec trop
de rapidité. 11 eut la douleur de voir
dans sa vieillesse ses tableaux né-
gligés par les connoisseurs. Pour-
suivi par ses (réanciers, et aban-
donné par ses prétendus amis , il
mourut de chagrin à Rologne en
iG.'i'- Le Guide étoit jaloux qu'on
lui rendit beaucoup dhouneurs
comme peintre ; en celte qualité il
éloil fier et superbe. Sur ce qu'on
lui reprochoil qu'il ne faisoil pas
-sa cour au cardinal légal de Bolo-
gne , il répondit : a Je ne troquerois
pas mon pinceau contre sa barrette »
Il ne rendoit aucune visite aux
grands. « Quand ils viennent me
voir, disoil'il , ils recherchent mon
art et non ma personne. » Il tra-
vailloil avec un certain cérémonial :
il étoit pour lors habillé magmh-
qnement ; ses élèves, rangés autour
d;3 lui en silence , préparoient sa
palette, neltoyoient ses i)inceaux et
le servoienl. Il ne mettoit point de
prix à ses tableaux; c'étoit un ho-
noraire qu'il recevoil. Ennemi de la
galanterie , quoiqu'il eût la physio-
nomie la plus agréable, il ne resloit
jamais seul avec les femmes qui lui
servoienl de modèle. Les dettes qu'il
avoit cou tractées à Rome l'ayant
obligé de quitter cette ville , le car-
dinal légal de Bologne le menaça
de le faire arrêter s'il n'y retour-
noit. Un gentilhomme , témoin de
cotte menace, dit au légat: «S'il
faut des chaines au Guide , elles
doivent être dor.» 11 se rendit , et
Paul V le combla de bontés. Ses
principaux ouvrages sont en Italie;
il y en a plusieurs en France. On
remarque dans tous un pinceau lé-
ger et coulant , une louche gracieuse
et spirituelle, un dessin correct,
des carnations si fraîches qu'où sem-
GUID
bie y voir circuler le sang. Ses lètcs
sur-lout sont admirables. Ce peintre
allia la douceur et la force. Ses des-
sins sont marqués au même coin
que ses tableaux. On a beaucoup
gravé d'après lui. Suivant l'usage de
la plupart des maîtres italien^, Le
Guide a beaucoup graué A l'eau
forte.
1 1. GUIDI ( Charles-Alexandrej,
né à Pavie en 1600, nu>rl à Fres-
cali en 1712 , reg;irdé en Italie
comme le restaurateur de la poésie
lyrique. Le duc de Parme , le pape
Clément XI, la reine Christine de
Suéde, applaudirent à ses lalens et
les employèrent. Cette princesse ,
voulant célébrer l'avènement de Jac-
ques 11 au trône d'Angleterre , le
chargea de composer la pièce qu'elle
vouloii faire mettre en musique.
Christine lonmil l'idée de ce mor-
ceau , qui offre des beautés , et y
ajouia même (pielques vers de sa
façon, qui ne furent pas les plus ap-
plaudis. On a de lui , l. Les Homé-
lies de Clément XI , son bienfai-
teur, imitées en vers. Cette traduc-
tion est fort libre , et il falloit qu'elle
le fut pour se faire lire. Elle parut
en 1712. 11. Plusieurs J-'oésies ly-
riques, Rome, 170'j, in-4"; trcs-
estiinées pour la douceur et la facilité
de la versitication. lU. La Pastora-
le d'iLmlymion , publiée en 17 26,
avec sa Vie par Crescimbeni , in-i 2.
Ce fut la reine Christine qui donna
le dessein de celle espèce de pasto-
rale, et qui en fournit même quel-
ques vers qu'on a distingués par
des guillemets.
IL GUIDI (Louis), prêtre savant
et vertueux, mori le 7 février 1780,
s'étoil consacré pendant 3o ans à
l'uistruction de la jeunesse dans la
congrégation de l'Oraloire ; l';iyant
tjuittée, il composa divers ouvra-
ges dont 11 s plus connus sont, 1. Kn-
trctieiis philosophiques sur la reli-
GUID
i/i3
giori , 5 vol. 11. \Jylme des bêles ,
111-12, 17^5. L'antrur y embrasse
le système de Descaries. Ces deux
ouvrages, qui sont en forme de dia-
logue , dont le style est vif, pressé
el naturel, prouvent que laïUeur
étoit né avec lieaucouj) d'esprit, el
que l'étude lui avoit procuré des
cotinoissances variées. III. Dialo~
gue entre un curé et un évéque sur
le mariage des jirotesians , Paris ,
1 77,^1, in- 12. Sui/e du même dia-
logue, Paris, 1776, in-12. IV. Let-
tres à un ami sur le livre de d'wt-
lembert , sur la destruction des
jésuites en J'rnnce, Paris, 1765 ,
in-12. V. Il A aussi coopéré à la Ga-
zette ecclésiastique.
* III. GUIDI , censeur royal , ne-
veu du précédent, est auteur des
ouvrages suivans : 1. Lettres conte-
nant le journal d'un i-'oyage fait
à Rome en 1775 , Genève el Paris,
17'85, 2 voliu-12. Ces leltns of-
frent quelques observations nouvel-
les , el l'auteur juge en général avec
impartialité. II. La véritable dé-
votion, traduite derilalien de Mu-
ratori , Paris 1778, in-12.
* IV. GUIDI (Jean-Baplisle) ,
Bolonais , arcliiprèlie de Samte-
Muiie-degli - Alemanni , dans les
faubourgs de Bologne, mourut le
\b avril 1771. On a de lui IJu-
plicato animale de parocchiali
discorsi per lutte le domeniche, e
solennita del Signore, detla B...
P'ergine , e dei snnti , Bologne ,
1745. Cet ouvrage , revu et consi-
dérablement augmenté par l'auleiiF,
a été réimiuimé à Venise en 1761 el
1766, el de nouveau en 177.Î et
17H2 , 2 vol. in-4°.
GUlDlCClONE(Jeaii) , né à Luc-
ques , s attacha au cardinal Faruase,
qui prit la tiare, sous le nom de
CiéuieiU VU, en ibzi\. Guidiccione
éloit déjà évèque de Fossombroiie :
mais le pape le t\t gouverneur de
i44
GLID
Rome, nonce auprès de Cliarlcs V,
et successivenital gouverneur de lu
Piomagiia et de la Marclie d'Aucôue.
Il mourut au mois d'août i54i,dans
sa 5 1'' année. On a de lui, I. Ora-
z'ione alla republica lil Lucca,
in-S", Firenze , i5G8. II. Rime,
Bergame , i7r)5 , in-S". Ces poésies
sont estimées.
GUIDON. Koyez Leicester ,
\ers la fin.
* GUIDONIS (Bernard ) , né en
i26odansleLiraosin, entra eu 1279
dans l'ordre de Saint-Dominique,
i'ul procureur de son ordre auprès
de la cour de Rome en i3i2, inqui-
siteur de la foi en Languedoc des
1 008, elcondannia durant les quinze
années de son exercice 607 héréti-
ques à diverses pemes. Employé par
le pape Jean XXII dans diverses
négociations importantes , il en eut
pour récompense, en i525, l'évê-
ché de Tuy en Gallice , d'où il passa
l'année suivante à celui de Lodève ,
oùilmourulàlafinde i53i.Guidonis
composa plusieurs écrits , dont un
des plus considérables par son im-
portance et son étendue est une
Chronique depuis J. C. jusqu'à l'an
1329; elle a pour tiire, Fleurs des
chroniques , ou Catalogue des pon-
tifes romains ; on en trouve un
aperçu intéressant dans le lonie II
des noliceset extraits des manut^crils
de la Ijibliolhèque impénale, pages
1-18 ; elle n'est imprimée que par-
tiellement, et l'on peut, à quelques
égards, eu désirer une édi Lion com-
plète.
* GUIDOTT (Thomas), d'une
famille originaire de Florence, né
eu i638 à Liiningtou dans la pro-
vince de Soutamplon en Angleterre,
étudia la médecine à Oxl'ord , et la
prali<jua à lialh , d'où il se rendit à
I.ondres en 1679. Ce médeciu a
coiuposé plusieurs ouvrages en au-
GUIE
glais et en laliu sur les eaux miné-
rales d'Angleterre. Haller cite une
édition de Londres de 1691 , in-Zi" ,
intitulée de Thcrmis Lrilaniiicisi
Guidolt en a fait aussi quelques Ira-
duciious ; celle du livre de Théo-
phile sur les urines parut à Leyde
en 1705 , in-8'\ sous le litre de
Theophili de urinis libellus. Tho-
mas Guidolius innumeras , quihus
hacte/ius scaluit , mendas sustulit,
hiulcœ supplewil , de iiovo vertit
et notas adjecit.
t GUIDOTTI ( Paul ) , bon pein-
tre, sculpteur passable, et médiocre
architecte, né à Lucques en i-'>6g,
et mort en 162g, à 60 ans , avoit
reçu de la nature un génie ardent et
insatiable de connoissances. Tout
éloit de son ressort, musique, poé-
sie, mathématiques, astrologie, ju-
risprudence, analomie. Exlrénie eu
tout, il portoil à l'excès le goût de
cette dr-rniare science. Il alloit la
nuit exhumer des cadavres , pour
étudier la structure du corps hu-
main. Guidolti se distingua par une
singularité d'un autre genre, et qui
mit le sceau à sa réputation d'hom-
me extraordinaire en tout. 11 ima-
gina de se faire des ailes et de voler;
ces ailes éloient fabriquées de ba-
leine , recouvertes de plumes , et
adaptées au corps par dessous les
bras. Après quelques expériences
secrètes, il voulut en faire l'essai
public à Lucques: il prit son vol
d'un lieu élevé de la ville, et se sou-
tint assez bien jusqu'à la distance
d'un quart de mille, au bout de
laquelle ses ailes le laissèrent tom-
ber sur un toit qu'il enfonça , et de
là dans une chambre , avec una
cuisse cassée.
GUlELMEoz/ Girii.i.Ki.Mi:
(Jean), jeune hommed'uue profonde
érudition, né à Lubeck, mort en
ir)84 à Bourges , où il étoit al!.'
pour entendre Cujas , a douuu
GUIG
Qieestiunes Plautinœ, et d'aulres
ouvrages , dont Juste -Lipse , de
Thon et d'aulies savans fout de
grands éloges.
GUIENNE ( ducs de ). F'ojez
Louis X, n° XV , et Guil-
laume , n° VII.
GUIET. rojez Guyet.
* GUIFFAR'r ( Pierre ) , docteur
en médecine , doyen en charge du
collège de Rouen, zélé défenseur des
Ouvrages de Pecquet, eu faveur des-
quels il a composé un livre où l'on
trouve de bonnes choses noyées dans
un amas de discussions inutiles, el
défigurées par une foule de para-
doxes, est encore auteur d'un Dis-
cours du vide sur les expériences de
Pascal et le Traité de Pierius ,
Rouen, 1647, in-8°,eld'un ouvrage
sur les Motifs de sa conversion à la
religion chrétienne .
t GUIGNARD (Jean) , jésuite ,
natif de Chartres , éloit bibliothé-
caire du collège de Clermont, lors-
que Jean Chatel , élève des jésui-
tes , porta ses mains jiarricides sur
Henri IV. Cet assassin ayant avoué
qu'il avoit souvent entendu dire
chez ces religieux qu'il étoit permis
de tuer un prince hérétique , le par-
lement envoya des commissaires
pour faire la visite de leurs papiers.
On trouva dans \\n manuscrit de
Guiguard ces paroles , écrites de sa
propre main : Ni Henri III , ni
Henri IV, ni la reine Elizabeth ,
ni le roi de Suède , ni l'électeur de
Saxe, ne sont de véritables rois....
Henri III est un Sardanapale , le
Béarnois un renard , Elizabeth
une louve , le roi de Suède un grij-
fon , l'électeur de Saxe un porc
Jacques Clément a fait un acte hé-
roïque , inspiré par le Saint-Es-
prit Si on peut guerroyer le
Béarnais , qu'on le guerroie; si on
ne peut le guerroyer , qu'on le fasse
mourir. » Il est bien étrange que
T. VIII.
GUIG
145
Guiguard n'eût pas brûlé cet écrit
dans le moment qu'il appritlattentat
de Chàtel. Les troubles avoient en-
fanté des libelles; et une curiosité
indiscrète , ou un reste de fanatisme
les conservoit. Quoi qu'il en soit , on
arrêta Guiguard; on travailla avec
chaleur à son procès, et il fut con-
flamné à être pendu et brûlé. Cette
sentence fut exécutée le 7 janvier
159Ô. Quand il lit amende honora-
ble, il ne voulut jamais convenir
qu'il se fût rendu coupable envers le
roi ; il s'excusoit, en disant que l'écrit
pour lequel on j'avoit arrêté étoit
composé avant la réduction de Paris
et avant le pardon général accordé
parle roi; que depuis ce pardon ii
avoit toujourspenséqu'ilfalloil prier
Dieu pour lui , et qu'il ne l'avoit ja-
mais oublié au Mémento de la messe.
Il est certain qu'en condamnant ce
jésuite au feu, on le traita bien ri-
goureusement : mais on crut qu'il
lalloit un exemple pour intimider
les fanatiques qui auroient pu abu-
ser de la doctrine abominable du ré-
gicide, trop en vogue alors. Voyez
Chatel , u° IV.
t GUIGNES ( Joseph de ) , né à
Poutoise le ig octobre 1721 , mort
à Paris en 1800 , étudia les langues
orientales sous le célèbre Etienne
Fourmonl, et fut nommé interprète
du roi en i 741 , et membre de l'aca-
démie des belles-lettres en it.Sd.Dc
Guignes s'apjiliqua particulièrement
à la connoissance des caractères chi-
nois ; en les comparant avec les lan-
gues anciennes, il crut découvrir
qu'ils n'étnient que des espèces de
monogrammes formés de trois lettres
égyptiennes , et il en conclut que la
Chine avoit d'abord été peuplée par
une colonie d'Egyptiens. Avant lui,
Huet , Kircher et iMoiran l'a voient
pensé de même; cependant d'autres
savans, tels que Deshauteraies, Paw,
et les missionnaires de la Chine ont
réfuté celte opinion. De Guignes
jo
î4r>
GUIG
a travaille poiidaiil irente-cinq ans
tsLW Journal des sauans; il a enrichi
cet ouvrage périodique , ainsi que
les Mémoires de l'académie des bel-
les-lellres, d'une toule d'articles el
d'ëci-its remplis d érudition , de vnes
neuves , et d'une critique judicieuse.
Ce fui lui qui découvrit les poinçons
el matrices de caractères orientaux,
que Savary de Brèves , ambassadeur
de Henri ÏV à Conslantinople , avoit
apportés en France. Ces poinçons
s'éloient égarés el tellement em-
brouillés , qu'il n'y eul que de Gui-
gnes qui put les reinetlre en ordre.
Ces caractères olîrenlune suite arabe,
turque, persane, syrienne, armé-
nienne , hélnaïque el cliinoise ; lui-
même apprit aux ouvriers à s'en
servir. Ce savant estimable, sans
fortune comme sans ambition, passa
sa vie au milieu des livres, des ma-
iinscrits, el des soins de l'amitié.
Devenu octogénaire , la révolution
le réduisit presque à l'indigence ;
ruais il conserva sa tranquillité
d'aine, son désinléressenient et son
indépendance , qui ne lui permit
d'accepter aucun secours. Grosley,
son confrère à l'académie, avec le-
quel il avoit peu de relation, lui fit
cependant un legs dans son lesla-
nienl, en ces termes : a Edilié de la
manière dont M. de Guignes cultive
les lettres , sans forfanterie , sans
intrigue, sans préteiiîiou à la for-
tune , je lègue à lui , ou à ses enfans
s'il me prédécédoil , la somme de
trois mille livres. » La liste de ses
écrits esl considérable. Ou lui doit ,
I. Abrégé fie la Vie cF Etienne
Fourmont , avec la notice de ses
ouvrages, Paris, 174?, iïi-4"- II-
Hisioire générale des Huns , des
Turcs , des Mogols el des autres
Tartares occidentaux , 1736, 5 vol.
in-4°. Dans cet ouvragi^, qui coûta
un travail prodigieux à sou auteur ,
el dont il puisa les faits dans une
foule de luaiiiiscrils dont il apprit la
langue, on trouve des écluircissK-
GUIG
mens utiles sur l'histoire du califat ,
el sur celle des croisades; il ne lui
manque qu'un {)pii plus de style,
de goût , de critique el de philo-
sophie. La langue n'y esl pas assez
respectée ; ce défaut , joint à l'assem-
blage des noms barbares qu'on ren-
contre à chaque jihrase , en rend la
leclure tres-pénibie. Un peu plus de
goût auroil rendu les tableaux plus
serrés et plus frappans , les réponses
plus vives el plus piquantes , cer-
taines expressions orientales plus
énergiques. Un peu plus de philoso-
phie étoit nécessaire , pour tirer de
ces grands événemens quelques ré-
ilexions profondes, pour rejeter des
failles orientales, pour découvrir des
motifs et pour discuter certains faits
imporlans, sur lesquels on passe
trop légèrement. Eiiiin la critique
paroi t la partie que l'auteur a le plus
négligée. Comme d'Herbeiol , il a
travaillé sur un grand nombre de
manuscrits ; comme lui , il est
tombé dans des répétitions fré-
quenles , el quelquefois dans des
contradictions. 111. Mémoire, dans
lequel on prouve que les Chinois
sont une colouie égyptienne, ) 769 ,
iu-12. IV. Le C/iou-King, 1770,
111-4°. Le père Gaubil a publié la
traduction de ce livre sacré des Chi-
nois ; mais de Guignes l'a revue et
l'a accompagnée de remarques et
d'uuenolice'del'Yking. V. \JJ ri mi-
litaire des Chinois, in-4°. Cet ou-
vrage , traduit du chinois par le
père Amiol, a de même été corrigé
par de Guignes. 'VI. Fssai histori-
que sur la typograpliie orientale
et grecque , 1787 , in -4° : écrit
plein de recherches et d'anecdotes
curieuses. VU. Principes de com-
position typogiaphique , pour di-
riger un compositeur dans l'usage
des caractères orientaux , 1790 ,
in-4°- VUl. Dans les Mémoires de
l'académie des inscriptions , Kingt-
n eu f Mémoires , qui ont pour objet
lu littérature , U pliiiosophie el la
' GlIIG
navigaliou des Chinois , le momi-
xiieiil tle Sigenf'ou , le lomlieaii de
Sardanapale, les croisades , le moyeu
de parvenir à la lecture et à l'-a-
telligeave des hyéroglypli^s égyp-
tiens, etc. IX. Notices d'ouvrages
i!ri'.bas, aussi iuléressanles que Lien
écrites, insérées dans les Notices
des manuscrits de la bibliothèque
impériale.
t GUIGNON (Jean-Pierre ) , né à
Turin le lo février 1702, venu de
bonne heure s'établir en France, fit
des progrès si rapides sur le violon ,
qu'il devint bientôt lémule du fa-
meux Le Clerc. Guignon, du con-
cert spirituel , où il setoil acquis la
plus .grande réputation , passa , eu
I 753 , à la inusi(jue de la chapelle du
loj, et ensuite à celle desachandjre.
l.e dauphin et luadaine Adélaïde ,
auxquels il donnoit des leçons, lui
firent' obtenir plusieurs pensions.
Depuis la mort de Claude Dunia-
îloir il, c'est-à-dire , depius quaraute
ans , itn'existoit plus de roi et mai-
Ire des mànestriersÇwi&ùiwùow ri-
dicule); Guignon fut nommé le i5
juin 1741 pour occuper ce trône
vacant. Les professeurs d'inslru-
raens servant à l'accompagnement
des voix lui intentèrent un procès
qu'il perdit an parlement , le 3o mai
1760 , ce qui le décida à demander
lui-même la suppression de ce titre
dérisoire. Ilmonrul à Versailles, en
1774 , d'une attaque d'apoplexie. Sa
maison fut , pendant toute sa vie,
une école publique et gratuite , où il
forma d'excelleus élèves. Guignon a
composé des Sonates ei des Concer-
tos fqrt estimés.
t GUÏGUE, cinqnième général
des chartreux, né dans le ii"^ siècle
au château de Saint-Romain enDau-
pliiné, don il avoit pris son surnom ,
succéda vers l'au 1 109 à Jean I*"^, et
gouverna son ordre pendant près de
trente ans. Il écrivit la f^ie de sai/it
II ligue s , évèque de Grenoble, «on
GUIL
47
contemporain : ce n'est pas le plus
célèbre de ses ouvrages. Guigne rédi-
gea aussi les coutumes et tes statuts
cie son ordre. Cet ouvrage , Tmprimé
àBaleeii lôjo, in-folio, réimprimé
en J7o3, et extrèmenient rare, a
cinq parties, dont la cinquième,
qui renferme les privilèges de l'or-
dre, manque quelquefois. 11 est inti-
tulé Statu ta ordinis Cait/msiensis.
On y voit que la vie des chartreux,
quelque austère qu'elle fïit dans le
dernier siècle , l'avoit encore été da-
vantage. Comme il prouve aussi que
les chartreux n'étoient pas ancien-
nement exempts de l'ordinaire, ils
supprimoienl tous les exemplaires
qui toiiiboientsousleursinains ; c'est
ce qui rend ce livre si cher et si peu
commun. Guigne a encore composé
des Méditations , Munich, j685,
in- 12, et insérées dans la Biblio-
llièque des Pères. Il mourut en
1 107.
GUIJON ( Jacques ) , avocat au
parlement de Dijon , né à Autun
en i.i4iî, mort dans la même ville
en 1625, cultiva la poésie latine.
"àt^Uluures ont été recueillies avec
celles de ses irci>. frères , André
Hugues et Jean, par de La I\îare ,
conseiller au parlement de Dijon ,
i6r>8, 111-4". Son frère André éloit
mort en i65i , Hugues en 1622 ,
et Jean eu i6o5. On estime sa Tra-
duction en vers ktius de l'ouvrage
de Denys de Carax ( voyez D£NYS ,
11° XV ). Elle est aussi exacte qu'unu
version en vers peut l'être.
t GUILBERT (Pierre), clerc
tonsuré , ancien précepteur des pa-
ges du roi, publia les Mémoires his-
toriques et chronologiques de Port-'
Royal, troisième partie de 1G68 à
1752 , Utrecht, 1755, 7 vol. in-i2;
et la première partie du même , de-
puis l'origine jusqu'en i653, 2 vol ,
1758 : la deuxième n'a pas été im-
primée C'est un ouvrage tniuutieux,
U8
GUIL
dans lequel cependant, parmi les
clioses intéressantes , noyées dans
un amas de circonstances inutiles,
il Y ^ quelques faits bien discutés.
On a encore de lui , I. Jésus au
Caluaire , 1701 , in-16. II. La Tra-
duction de l'Amour Pénitent de
Jean Néercassel, Utrecht , 1741 , 3
vol. in-12. III. Une Description de
Fontainebleau, i75i, 2 vol. in-
12. Guilbert mourut le 20 octobre
1769 , à 62 ans.
t GUILLAIN (Simon), sculp-
teur, né à Paris, où il est mort en
i658, âgé de 77 ans, y établit l'a-
cadémie de peinture et de sculpture,
dont il fut directeur. Conjointement
avec le célèbre Sarasin, il imagina
de former une réunion composée
des meilleurs artistes du temps , dont
les lumières et les réflexions pour-
roient servir au progrès des arts.
Les assemblées se tinrent d'abord
dans des maisons particulières ; mais
l'illustre Le Brun , à son retour d'Ita-
lie, obtint des lettres-patentes et
donna ainsi une existence réelle à
cette académie, qui, depuis, a comp-
té autant d'artistes célèbres que de
membres. C'est donc à Guillaiu que
les arts sont redevables de cette
belle et utile institution. Divers
ouvrages font honneur au génie de
cet artiste. De ce nombre sont les
Bas-reliefs ei les Figures en bronze
élevés à la mémoire de Louis XIII,
qui étoieut autrefois dans l'angle
du Pontau-Change ( la statue de ce
prince est de la plus grande beauté);
les Figures des niches du portail
de laSorbonne, et celles qui ornoienl
le maître-autel des minimes de la
place Royale, et que l'on voit ac-
tuellement au Musée des monumens
français ; enhn la représentation
de Louis XJJI, placée sur l'entrée
de la porte du tribunal de commerce
à Paris.
GUILLANDINO (Melchior),
médecin, né à Kcenisberg eu Prusse,
GUIL •
voyagea en Asie et en Afrique pour
satisfaire sa curiosité, et se per-
fectionner dans la botanique. Il
fut pris dans une de ses courses par
des pirates , et conduit à Alger, où
il servit sur les galères. Ayant ob-
tenu sa liberté par le crédit de Fal-
lope, qui paya sa rançon, il se ren-
dit à Padoue auprès de son bien-
faiteur , et son habileté lui procura
la place de démonstrateur des plan-
tes. Il mourut dans cette ville en
1589, extrêmement âgé. On a de
lui divers ouvrages ; mais il est
connu principalement par un in-4° ,
imprimé à Venise en 1572, et en-
suite à Ambergen , i6i3, sous ce
titre : Papyrus. C'est un commen-
taire , savant et plein de recherches ,
des trois chapitres de Pline sur cette
plante d'Egypte qui fournissoit la
matière du papier des anciens.
Kirchmayer , dans sa dissertation
philosophique De papyro veterum ,
imprimée à Wiltemberg en 1666,
n'a fait que donner un extrait de
Guillandino. Son traité De stir-
pium aliquot nominibus vetustis
ac novis , Bàle, 1657, in-4° , est
curieux.
t GUILLARD (Charlotte),
veuve de Rembolt, et ensuite de
Claude Chevalon , imprimeurs ,
ayant appris du premier l'art typo-
graphique, s'y perfectionna, et se
rendit célèbre par beaucoup d'édi-
tions très-recherchées. Elle com-
mença à imprimer en i538 , et con-
tinua jusqu'en i555. Plusieurs as-
sociés partagèrent avec elle les frais
de ses grandes entreprises. Ces asso-
ciés sont Jean Roigny , Guillaume
Desbois, Guillaume Merlin, Sébas-
tien Nivelle, Guillaume Guillard et
Gervais Chevalon. Elle donna, en
i54o , une édition de Corpus juris
civilis ad exemplar haleandri ,
in-S" , 7 vol. Sept ans après , elle eu
lit une seconde; en 1646, S. Gre-
goril magni opéra , in-fol. , 3 voL
GUIL
En 1^54, S. C/irysostofui opéra.
Il seroit trop long de citer les ou-
vrages sortis de ses presses , tels
que toutes les (Euvres de saint Au-
gustin , le Lexicon , grec et latin ,
la Vulgate , in-folio , etc. ; mais
parmi ses éditions , toutes fort esti-
mées , on distingue sa Bible latine ,
avec les notes de Jean Benedicti ,
et un S. Grégoire en 2 volumes ,
tellement correct , que Yerrata n'est
que de trois fautes.
* GUILLAUD( Claude), natif de
Beaujeu-sur-Saôue , près de Lyon ,
docteur de la faculté de Paris , cha-
noine et théologal d'Autun, mort
vers l'an 1 &5o. Ou a de lui , I. Com-
mentaire sur les Ei^angiles selon
S. Matthieu et S. Jean , Paris ,
i55o et i562. II. Conférence sur
les Epures de S. Paul et les Epi-
ires canoniques , Paris , i544 et
1548. IIÏ. Homélies pour le ca-
rême , Paris , 1 5 60. Les Conférences
sur les Epi 1res furent condamnées
eu 1545 par la faculté dont il étoit
membre. Il se relira en Bourgogne,
où il donna, selon le témoignage de
Ja même faculté , des marques d'at-
tachement à la saine doctrine, et
de haine pour l'erreur.
+ L GUILLAUME r^ le Conqué-
rant, fils naturel de Robert I, duc de
Normandie, et d'Arleite, HUe d'un
pelletier de Falaise , né dans cette
ville en i024,réguoil paisiblement
en Normandie, après avoir disputé
son héritage avec ses pareus, lors-
que Edouard-le-Coufesseur, roi d An-
gleterre, l'appela au trône par son
testament. Il passa dans cette ile en
io66,avecune flotte nombreuse, pour
prendre possession de son royaume.
Lorsque toutes les troupes furent
débarquées, il ht brûler ses vais-
seaux, et dit à son armée, en lui
montrant l'Angleterre : «Voilà voire
patrie.» En même tempsil lii chauler
les exploits del\.euaud,de Hlonlaubau,
GUIL
149
et de Roland sou cousin , afin d'a-
nimer ses soldais. Cette chanson
étoit un coûte romanesque, qu'une
quantité de voix fortes et graves
chanloient avant le combat. Cet
usage s'est pratiqué jusqu'à la bataille
de Poitiers , où le roi Jean dit à ua
soldat qui la chantoit pour exciter
ses camarades, « 11 y a long-temps
qu'il n'y a plus de Roland. » Le .sol-
dat lui répondit aussitôt : « U y a
tout aussi long -temps qu'il n'y à
plus de Charlemagne. » Les Anglais
avoieut déféré la couronne à Harold,
le plus grand seigneur du pays, qui
tint tète à Guillaume. La bataille de
Hastings décida du sort des deux
concurrens. Harold y fut tué avec
ses deux frères , et cinquanle mille
Anglais. Le vainqueur fut couronné
soleunellement à Londres , après
quelques autres avantages qui lui
méritèreut le surnom (Vt;*: onquerant.
Guillaume sut gouverner comme il
avoil su combattre. Pliisiems ré-
voltes étouCées, les irruptions des
Danois rendues inutiles, des lois
rigoureuses durement exécutées ,
tels furent les événemeus principaux
de sou règne. Anciens Bretons ,
Danois, Anglo-Saxous , tous furent
confondus dans le même esclavage.
Les révoltes continuelles de ses sujets
lui firent penser qu'il valoit mieux
les gouverner avec l'épée qu'avec le
sceptre. Il auéautit leurs privilè-
ges, s'appropria sans aucun scrupule
leurs biens, ou en gratifia ceux qui
avoieut vaincu avec lui , leur donna
d'autres lois, et même une aulre
langue. U voulut qu'on plaidât dans
le français usité en Normandie ;
et depuis lui, tous les actes lurent
expédiés eu celte langue, jusqu'à
Edouard lll. C'éloit uu idiome mêlé
de fiançais et de danois. Un préiend
qu'il traita la nation vaincu;- avec
mépris et dureté, el qu il afJtcioit
encore des caprices lyraniiiques.
Ou en doune poiirexemjile la loi du
Couvre-feu , par laquelle il falloit ,
i5o
GUIL
au son de la cloche , e'teindre le feu
dans chaque maison à huit heures
du soir. Mais celle loi , hien loin
d'être lyrannique, n'esl qu'im an-
cien reglemeni de police établi dans
toutes les villes du nord ; il a élë
long-temps en usage dans les cloîtres.
Les maisons ëloieiil bâties de bois
et couvertes en cliaume; et la crainte
tin t'en ëloit un oljjet des phis im-
portans de la police générale. Il
lit laire le dénombrement des biens
de tous ses sujets. Toute l'Angleterre
fut décrite sur deux livres, nom/uts
le petit et le grand livre du jour du
jugement. Ces registres furent placés
dans la chambre du trésor royal ,
pour y être consultés dans les oc-
casions où l'on pourroit en avoir
besoin, c'esl-à-dire, suivant l'expres-
sion de Polidore Virgile , lorsqu'on
voudroit savoir combien de laine on
pourroit encore ôter aux brebis an-
glaises. Il est constant que Guillaume
lit la gloire et la sûreté de l'Angle-
terre par ses armes et par ses lois.
11 divisa le royaume en baronnies ,
et malgré les murmures du pape,
malgré les plaintes du clergé, il sou-
mil les terres ecclésiastiques aux lois
féodales, et même à l'obligation de
fournir unnomlire de troupes au sou-
verain , sous peine d'encourir la félo-
nie. Des citadelles furent bâties dans
différensendroits;la lourde Londres,
commencée par son ordre , fut ache-
vée en 1078. Inconnus ou méprisés
jusqu'alors en Europe, les Anglais
commencèrent à y jouer un grand
rôle par leurs lumières, par leur
puissance, par leur cotnmerce , et
par leurs conquêtes. Guillaume, de-
venu valétudinaire , quitta l'Angle-
terre pcair aller faire diète en Nor-
mandie. Il éloit à Rouen , tâchant de
diminuer par les remèdes et l'exerci-
re l'embonpoint qui l'incommodoit,
lorsqu'il apprit que Philippe 1 , roi de
France, avoit demandé quand il re-
levcroil de ses couches. Le Normand
lui fit répondre « que cela ne
GUIL
tarderoit pas, et qu'au jour de sa
sortie, il iroit lui rendre visite
avec dix mille lances en forme de
chandelles.» En effet, dès qu'il put
se tenir à cheval , il désola le Vexin
français, et brûla Mantes ; vengeant
ainsi, par des exécutions barbares,
une mauvaise plaisanterie. Il vint
jusqu'à Paris, ravageant tout sur
son passage; mais étant tombé de
clieval en sautant un fossé auprès
de Manies , il mourut à Rouen de
celte chute le 10 septembre 1087,
après avoir possédé la Normandie
près de cinquante-deux ans , et l'An-
gleterre vingt-un, regardé comme
lin grand capitaine, un bon politique,
un roi vigilant, mai» trop sévère et
trop desposte. «Guillaume, ditle P.
Longueval , éloit d'une fort grande
taille et fort gros. 11 avoit le visage
plein et rouge, le regard farouche
et terrible, sur-tout lorsqu'il étoit
en colore. Quant à la religion ,
quoiqu'il n'en suivît pas toujours les
maximes , il l'honora et la protégea
toujours. Il étoit grand amateur de
la justice , et il en faisoit exactement
observer les règles. I! punissoit avec
tant de sévérité les brigands , qu'il
les extermina de ses élals; mais il
ai moi t l'argent pins qu'il ne con-
venoit à un prince, w II laissa de
Mathilde, fille du comte de Flandre,
Irois fils : Robert, qui étoit l'ainé ,
eut le duché de Normandie avec le
Maine: Guillaume eut le royaume
d'Angleterre ; et Henri , le plus
jeune, hénta de ses trésors, avec
une pension considérable , et il lui
dit, pour le consoler de ce que son
lot n'éloit qu'en argent , « qu'il au-
roit un jour les états de ses deux
frères. » Guillaume n'eut pas plutôt
les yeux fermés , que tous les sei-
gneurs de sa cour disparurent. Ses
officiers ne pensèrent qu'à piller sou
palais. Guillaume, archevêque de
Rouen, et Helluin de Conteville ,
furent les seuls qui s'occupèrent des
soins de sa sépulture. Son corps fut
GUIL
transporté à Caen,et inhume dans
l'église dn monastère de Sl.-Etienne
qu'il avoil fondé. Voyez Asselin ,
11° II. Avant sa conquête d'Angle-
terre, onlesuruommoit Guillaume-
le-Bâtard , à cause du défaut de sa
naissance. L'abbé Prévost, et Bau-
dot de Juilly ont donné chacun une
Histoire de ses exploits.
II. GUILLAUME II, le Eaux,
fds de Guillanme-le-Conqnérant ,
dur et fier comme lui , et destiné
par son père à régner en Angleterre,
pour raffermir un trône chancelant,
que la modération et la clémence
auroient renversé , fut couronné le
27 seplemlire 1087. En recevant le
sceptre, il lit beaucoup de promesses,
et n'en tint aucune. La religion , qui
adoucit si heureusement les mœurs
les plus féroces , n'éloit pour lui
qu'un fantôme. Il persécuta le clergé
séculier et régulier , exila le célèbre
Lanfranc, archevêque de Canlor-
béry, pour avoir osé lui faire des
renioulrances , et ne traita pas
mieux Anselme , son successeur. Les
avantages qu'il eut à la gutrre le
mirent en état d'appesantir le joug
des Anglais. Il vainquit Malcolme ,
roi d'Ecosse , et le tua ainsi que son
fils Edouard ; il passa en France au
secours du château du IMans , assiégé
parle comte de La Flèche, et le fit
prisonnier en j ogc). L'année d'après,
Guillaume , chassant dans une forêt
de Normandie , y fut blessé d'un
coup de ilèche , tiré sans dessein par
Gautier Tirel , l'un de ses courtisans.
Il mourut de cette blessure, le a août
1 100 , à 44 ans , avec la réputaiioii
d'un tyran avare. 11 n'avoil point
été marié.
m. GUILTAUME de Nassau ,
fondateur des Provinces - Unies.
Voyez Nassau ( Maurice de. )
t IV. GUILLAUME III , de
Nassau, prince d'Oiauge, roi d'Au-
GUIL i5i
gleterre, né à La Haye le \/\ no-
vembre iG5o , de Guillaume de Nas-
sau , prince d'Orange , et de Hen-
riette-Marie, tille de Charles T', roi
d'Angleterre , éloit arrière-pelii-
Kls de ce Guillaume , fondateur de
la république des Provinces-Unies ^
assassiné jiar le perfide Gérard.
( Voyez ce mol. ) Élu stathouder en
Hollande l'an 1672, il fut noinnié
généial des iroupesde la république,
alors en guerre avec Louis XIV. Ce
prince, dit un hislorien célèbre,
nourrissoit, sous le flegme hollan-
dais , une ardeur d'ambilion et de
gloire , qui éclata toujours depuis
dans sa conduite, sans s'échapper
jamais dans ses discours. Son hu-
meur étoit froide et sévère , son
génie actif et perçant. Son courage,
qui ne se rebutoit jamais, fit sup-
porter à son corps ibible et languis-
sant des fatigues au-dessus de ses
forces. Il étoit valeureux sans osten-
tation , ambitieux , mais ennemi du
faste ; né avec une oi)inialreté
flegmatique , faite pour coinballre
l'adversité ; aimant les affaires et la
guerre; ne connoissantniles plaisirs
attachés à la grandeur, ni ceux de
l'humanité. Teléloit lepriuce que les
Hollandais opposèrent à Louis XIV.
La république craignoil alors beau-
coup pour sa liberté. Les armées
françaises étoient en Hollande. Gu'I-
laume ofl'rit le revenu de sis charges
et tout son bien pour secourir l'élal :
il fil percer les digues , et couvrir
d'eau les chemins ])ar où les Français
ponvoient pénétrer dans le l>ays ;
résolu de ne pas survivre à la perle
de sa patrie, et « de mourir, disoit-il,
dans le dernier retranchement. »
Quand le danger fut passé , il ligua
une partie des puissancesde l'Europe
coulK; eux. Ses négociations promp-
tes et secrètes réveillèrenl de leur
assoupissement l'empire, le conseil
d Kspagiie , le gouverneur de Flan—
die , lélecleur de Brandebourg. La
C«m|)agne de 1674 ue (iil pas pour-
l52
GUIL
tant heureuse pour lui. Il fnthalUi à
Senel par le pruice de Coudé , après
avoir l'ait des prodiges de valeur el
de prudence. En 1677 il fut obligé
de lever le siège de Charleroi^ q\ril
avoit attaqué une première fois
quelques années auparavant. C'est à
celte oceasion qu'un seigneur anglais
dit : « Le prince d'Orange peut se
vanter d'une chose : c'est qu'auciui
général à son ;ige n'a levé tant ds
âiéges et perdu tant de batailles, m
Les succès divers de cette guerre
anienèient la paix de Nimègue. On
venoit de signer le traité du loaoût
1678. Le prince d'Oi'ange , sans y
avoir ég.ird , fond sur le maréchal
de Luxembourg, tranquille dans son
quartier , engage un combat san-
glant, long et opiniâtre , qui le cou-
vre de honte , sans produire aucun
fruit , que la mort de deux mille
Hollandais el d'autant de Français.
Guilla;nne savoit certainement que
la paix étoit signée, ou qu'elle alloil
l'être : il savoil que cette paix étoit
avantageuse à son pays; cependant
il exposa sa vie, et prodigua celle
de plusieurs milliers d hommes ,
pour prémices d'une paix générale.
Lorsqu'on lui reprocha cette infrac-
tion, il répondit froidement «qu'il
ii'avoit pu se refuser cette dernière
leçon de son métier. » Cette paix ,
entièrement conclue en 1678, fut
suivie d'une guerre plus glorieuse,
mais bien plus injuste. Le prince
d'Orange avoit épousé Marie Sluarl,
fdle de Jacques 11. L'ardeur du zèle
de ce monarque pour la religion ca-
tholique irrita ses sujets contre lui.
Son gendre , résolu de protiter de ce
soulèvement , passa en Angleterre
eu 1688, chassa son beau-père de
son palais et de son trône , et s'y mil
à sa place. Reconnu roi par toute
l'Angleterre, sous le titre de Guil-
laume , il ligua une partie de l'Eu-
rope contre Louis XIV , pour qu'il ne
pîit pas secourir le roi détrôné. L'Ir-
lande tenoit encore pour Jacques.
GUIL
Guillaume passa dans cette île pour
la soumettre. Le lendemain de son
débarqueraetit , son aumônier prêcha
un sermon où il prit pour texte ces
paroles de saint Paul : Verfidein t i-
cerunt régna. An sortir de l'église ,
Guillaume dit : « Mon chapelain a
fort bien ouvert la campagne. »
Comme on l'exhortoit à prendre
quelque repos : ce Je ne suis pas venu
en Irlande , répondil-il , pour laisser
croître l'herbe sous mes pieds. Un
royaume où le fourrage est aussi bon
qu'en Flandre mérite bien qu'on se
balte pour le conquérir. » Peu de
temps après il gagna la bataille de
la Boine , en 1690 , qui obligea Jac-
ques II à quitter l'Irlande. Dans la
chaleur du combat , Henri Hubdar ,
l'un des officiers de Guillaume, en-
tendant un boulet de canon siftler à
ses oreilles, plia les épaules comme
un homme qui craint. Le roi sourit,
et donnant un petit coup sur l'épaule
de ce gentilhomme : « Courage ,
monsieur le chevalier , lui dit-il, je
vous crois à l'épreuve du canon.» Les
partisans de Jacques ayant remar-
qué, durant la bataille, l'endroit où
étoit Guillaume, traînèrent vis-à-
vis de lui deux pièces de campagne ,
et le blessèrent à réi)aule d'un boulet
de six livres. Le coup effraya tons
ceux qui enlonroienl le prince ; lui
seul , conservant son sang-froid , se
fit panser à la tète de ses troupes , et
demeura à cheval jusqu'il ce qu'il eût
gagné la bataille. Après l'action , on
demanda à quelques Irlandais qui
avoient été faits prisonniers sous les
drapeaux de Jacques, s'ils éloient
encore tentés d'en venir aux mains
« Changeons de roi , répondirent-ils ,
nous vous livrons demain bataille,
et nous sommes assurés de vous bat-
tre. » Cela n'étoit pas si certain ; car
dans les années suivantes , Guil-
laume fut battu à Sleinkerque el à
Nerwinde ; mais ces défaites ne le
découragèrent point. On disoit de
lui « qu'avec de grandes armées il
. GUIL
faisoit admirablemeut la petite
guerre, comme Turemie avoil fait
supérieurement la grande a\ec de
petites armées. » Il Ht des retraites
qui valoieut des victoires, prit Na-
nuir eu 1695, et tint tou|oiirs la
campagne [voyez Athlone t'/Bou-
FI.ERS , \\° 111). Louis XIV Tayaut
recouuu roi d'Angleterre, la paix fut
rendue à l'Europe. Le traité eu fut
signé à Ryswick en 1697, Le testa-
ment de Charles II, roi d'Espagne ,
en faveur des Bourbons, ralluma la
guerre. Le roi Guillaume , plus agis-
sant que jamais dans un corps sans
force et presque sans vie , remuoit
toute l'Europe pour donner de nou-
veaux embarras à Louis XIV. Il de-
voit, au commencement de 1702,
se mettre à la tête des armées. La
mort le prévint dans ce dessein ; une
chute de cheval , suivie d'une petite
fièvre, l'emporta le 16 mars de la
même année. Guillaume, en usur-
pant le trône , conserva la place de
stathouder. Il se déplaisoit en An-
gleterre, où il essuyoit continuelle-
ment des dégoûts. On le ibrça de
renvoyer sa garde hollandaise, et de
congédier les régimens formés de
réfugiés français, qu'il s'étoit atta-
chés. 11 passoit très-souvent à La
Haye , pour se consoler des chagrins
qu'on lui donnoit à Londres On
a dit , pour justifier ses fréquens
voyages , «qu'il n'étoit que stathou-
der en Angleterre, et qu'il étoit roi
en Hollande.» Les Anglais cessèrent
de l'aimer dès qu'ils l'eurent pris
pour maître. Ses manières étoienl
fières, austères, rebutantes. Quoi-
qu'il sût toutes les langues de l'Eu-
rope, il parloit peu et sans agrément.
Sa dissimulation tenoit trop de la
défiance. Toujours sombre et rê-
veur, il avoit plus de jugement que
d'imagination. Malheureux à la tète
des armées, il le fut autant .sur le
trône. 11 y montra ime grande inap-
plication , beaucoup d'humeur et
très-peu de capacité. Sa haine contre
GUIL
i53
la France lui tint lieu de tous les ta-
lens. Elle le fit l'ame d'une puis-
sante ligue , lui attacha tous les en-
nemis de Louis XIV, et lui donna
tous les réfugiés pour panégyristes.
Ses flatteurs , qui étoient presque
tous des gens de lettres ou des gens
qui croyoient l'être, lui prodiguè-
rent la louange , quoiqu'il ne mon-
trât jamais de goût pour les beaux-
arts , ni d'estime pour ceux qui les
cultivoient. Elevé dans le bruit des
armes, son oreille ne fut sensible
qu'à l'harmonie des tambours et des
trompettes. N'étant encore que sta-
thouder , il se trouva , dit Duclos , à
la représentation d'un opéra, dont le
prologue étoit à sa louange. « Qu'on
me chasse ce coquin, dit-il en par-
lant de son auteur , me prend-il
pour le roi de France? » en faisant
allusion aux prologues où Quinault
prodiguoit l'encens à Louis XIV.
Quouju'il n'aimât pas ce prince , il
savoit eu imposer à ceux qui en par-
loient indécemment en sa présence.
Un jeune milord lui disant un jour
que ce qu'il avoit trouvé de plaisant
à la cour de France , c'est que « le roi
eût une vieille maîtresse et un jeiuie
ministre ( Barbezieux. ) — Cela doit
vous apprendre, jeune homme, lui
répondit Guillaume , qu'il ne fait
usage ni de l'une ni de l'autre. » hv
roi d'Angleterre n'étoit point traité
avec celte équité en France. La cour
ne prit point le deuil à sa mort ; et
Louis XIV délèndit aux Bouillons et
aux La Trémouille, alliés de la mai-
son d'Orange , de le porter. Je ne
sais où Duclos a pris que la haine de
ce prince pour Guillaume venoit
de ce qu'il avoit refusé d'épouser une
de ses filles et de la duchesse de I,a
Vallière. ( /^ciyec un portrait détaillé
de Guillaume , dans le tome IV^ de
l'Histoire d'Angleterre de SmoUet,
page i8o,in-4°, à Londres, 1758.)
Nous citerons aussi quelques trait»
de celui qu'en a tracé le père D'Avri-
gny. Le fond eu est vrai , quoique les
i54
GUIL
couleurs en soient un peu sombres ;
mais il est bon d'opposer quelquefois
les historiens callioliqiies auxauteurs
])rolestans : «Beaucoup d'écrivains ,
dit le célèbre jésuite, ont pwirlé de
Guillaume III comme de lun des
plus grands capilames de son siècle.
Ils dévoient ajouter , pour le peindre
au naturel, qu'il étoii des plus mal-
heureux. Larrey peut l'appeler tant
qu'il lui plaira un Alexandre, nu
Cyrus , un César ; ce sont des noms
qui ne coûtent rien , que la flatterie
donne , que l'intérêt ou la reconnois-
sance justiiie , et qui ne peuvent im-
poser qu'à ceux qui ignorent ce qui
s'est passé sous nos yeux. l,es An-
glais n'étoient pas bien persuadés
que sa valeur ei!it fait beaucoup
d'honneur à Lur nation. Mais il ne
pouvoit manquer de panégyristes,
ayant eu à ses gages la plupart des
réfugiés de France , qui , eunemis
de toute autorité légitime , ont pré-
conisé jusqu'à cette excessive ambi-
tion qui lui lit violer ce qu'il y a ds
plus sacré , et fouler aux pieds tons
les sentimens de la nature. C'est
dans son usurpation que son habi-
leté si vantée a sur-tout éclaté. Il y
lit concourir , non seulement les
princes proteslans , maisencore ceux
qui affectent le plus le litre de catho-
liques. Prenant les uns par l'intérêt
(le leur secte, attaquée dans la pro-
tection que Jacques II , son beau-
père , donnoit à ceux de ses sujets
qui éloient de sa religion; les autres
par le fantôme de la puissance
énorme de la France; il sut les ame-
ner tous à ses vues, et les faire servir
au dessein qu'il avoit de changer sa
qualité de stalhoiuler de Hollande
tn celle de roi de la Grande-Breta-
gne. C'est sans doute le chef-d'œuvre
de sa politique, et quiconque suit les
principes de Machiavel lui doit de
grands éloges. » Apres les avantages
que Marlborough eut dans les Pays-
Bas , en 1702, il fut rninplinienlé
par les députés de la chambre des
GUIL
communes, qui le remercièrent d'a-
voir réparé l'honneur de la nation
anglaise. Pouvoit on dire rien de plus
injurieux à la iuémoire de Guil-
laume?
V. GUILLAUME , roi des Ro-
mains, comte de Hollande, 2'' de
ce nom, étoit fifs de Florent IV,
comte de Hollande, et de Mathilde
de Brabant. Le pape Innocent IV
et les Romains , opposés à l'empe-
reur Frédéric II , hrent si bien ,
(|u'après la mort de Henri de Thu-
riuge , roi des Romains, lecomle
Guillaume lui fut subrogé , par l'é-
lection des sept grands officiers de
l'empire , à Veringen, près de Co-
logne , en 1247. L'année suivante,
Guillaume assiégea Cologne, la prit
après 6 mois de siège, et y lut cou-
ronné le jour de la Toussaint : il
avoit alors 20 ans. 11 choisit pour
ses ministres Othon , évêque d'U-
treclit , et Henri, duc de Brabant,
son oncle. Après la mort de Fré-
déric, arrivée en I 25o, Hugues, légat
du saint-siége , le confirma dans la
possession de l'empire, qu'on con-
tinua néanmoins de lui disputer. Il
délit les Flamands , et lit la guerre
aux Frisons occidentaux , qui s'é-
toient révoltés contre lui; mais celte
guerre lui fut fatale. 11 futassomraé,
en 1256 , par des paysans cachés
dans les ^pseaux d'un marais , où
son clieval s'enfonça dans la glace.
Guillaume étoit âgé de 28 aus. Ses
grandes qualités l'avoient rendu di-
gne du trône , et il s'y seroil main-
tenu avec gloire , s'il n'a voit régné
dans un temps de troubles et de
discordes suscitées avant lui. 11 avoit
di courage , de l'application aux
affaires , de la jn^lice , de la généro-
sité, elle désir de rendre ses peu-
ples heureux. Si une élection illé-
gitime le lit parvenir à .l'enn^ire ,
ses vertus reconnues par les princes
allemands lui a.'>surèrent cette con-
roune après la mort de Courud. U
GUIL
ne lui manqua que d'être élu dans
des ciiconsiances plus favoraljles ;
niais irest probable qu'il ne l'auroit
jamais été, si lAUemague eût joui
d'une silualiou plus tranquille. Les
Frisons le irailèrenl beaucoup mieux
après sa mort qu'ils ne l'avoieut fait
de sou vivant: ils l'enlevrereut ma-
gnihquemeut dans un ancien tom-
beau , élevé dans la Frise pour un
empereur romain. Guillaume laissa
un tiis , appelé T Lurent , qui succéda
à son oncle dans le comté de Hol-
lande.
VI. GUILLAUME de Nassau ,
prince d'Orange. Voyez Gérard ,
u" V , e^ Imbvse.
' tVn. GUILLAUME(saiut),
dnc d'Aquitaine , fils du comte
Thierri , commanda les armées
de Cliarlemagne contre les Sarra-
sins , les chassa d'Orange , etrera-
j)orta sur eux des victoires décisives.
11 lit tleurir ensuile la justice et les
lettres dans sa ])ro\ ince , et tinit
par se retirer dans le monastère
de Gellou, diocèse de Lodève. Après
avoir fait un trophée de ses armes
à saint Julien de Brioude , il prit
l'habit monastique en 806 , et mou-
rut le 28 mai 8i:2. Tandis qu'il
avoit vécu dans le monde , il a\uit
su soutenir sou rang sans fierté ;
il sut encore mieux l'oublier dans
le cloître. 11 travailloit à la boulan-
gerie , et faisoit la cuisine à son tour.
t VIII. GUILLAUME IX , der-
nier des ducs de Guienne et des
comtes de Poitou , lut dans sa jeu-
nesse abandonné à tous les vices.
Sa naissance , son pouvoir , ses ri-
chesses, son esprit , sa Ibrce cor-
porelle, touLsembloit lui piomeltre
l'impunité. Lorsque 1 antipape Ana-
clet II fut opposé, par un parti,
au pape Innocent II en 1 1 3o , Guil
laume se déclara contre le vrai
pontife. Innocent, n'ayant pu le ga-
gner , lui envoya S. Beruuid, qui se
GLIL io5
rendit auprès de lui à Parlhenay en
l'oilou, et qui le trouva très-opiuiaire.
Un jour que le duc étoit à la jjorte
d'une église où Bernard disoil la
rness^e , ce dernier viul à lui, tenant
en main une hostie ; « Voici , dit-il
à Guillaume ,. votre Dieu et votre
juge , oserez - vous le méjiriser ? »
Le duc , ému et surpris , reconnut
Innocent II, fut récoiicilé à l'Eglise,
et le schisme finit dans la Giuenne.
Etant allé en pélermage à Saint-
Jacques en Galice , il mourut à
Composlelie en 1106 , laissant, eu
mourant , ses états au roi Louis-le-
Gros , avec prières de marier sa fille
unique, Eléonore, suivant sa condi-
tion. Elle épousa Louis Vil , dit le
Jeune. Voyez ElÉonore , u" I.
, IX. GUILLAUME LoKGUE-
EpÉe , lils et successeur de Kollon ,
premier duc de Normandie , ne fui
ni moins ferme ni moins courageux
que son père. Les Bretons n'ayant
pas voulu reconnoitre sa suzerai-
neté, il les contraignit, par la force
des armes , à hii faire hommage.
Il rendit peu de temps après lui-
même un semblable devoir an roi
Raoul , qui a jouta à son duché la terre
des Bretons, c"esl-à-fiire,rA vranchin
etleColeutin. îliulfe, comte de Co-
lenlin, ajaut voulu imiter larévolte
des Bretons , n'eut pas un meilleur
succès. Guillaume aida Louis d'Ou-
tremer, l'an 906 , à mon ter sur le
trône à la place de Raoul. U lbr(,a
ensuile Arnould , comte de Flan-
dre , à rendre à Hellnin de Mon-
Ireuil la forteresse qu'il lui avoit
enlevée. L'an g42 , étant allé, loiis
la foi du serment, a Péqumy-sur-
Somme , pour une entrevue que ce
comte lui avoit demandée, il fut
assassiné par les gens de ce dernier.
Comme on le déshabilloit pour vi-
siter ses plaies , on trouva sur lui
mie petite clef d'argent qu'on crut
être celle de son trésor. Sou cham-
bellau dit que c'éloil «.v la cltf d'une
i56
GUIL
cassette où ëtoit l'habit de moine
qu'il avoit résolu de prendre à Ju-
miège après celle malheureuse con-
férence. »
i X. GUILLAUME de Malaval
(sninl), gentilhomme français, après
avoir mené pendant quelque temps
inie vie licencieuse , se renferma dans
IVruntage de Malaval, au territoire
de Sienne , y fonda les guillemins
ou guillemiles , et y mourut le lo
février iiSy. On croit qu'il fut ca-
nonisé vers l'an 1202 par Inno-
oeul II. Sa nouvelle famille s'étendit
beaucoup en France, en Bohême et
t-n Saxe. — Il ne faut pas le con-
fondre avec St Guillaume , né
de parens nobles , à Verceil en Pié-
mont , et fondateur de la congréga-
tion du Mont- Vierge. Il institua cet
ordre en 1119, sur une montagne
du royaume de Naples , appelée le
Mont-Virgilieii , à cause de Vir-
gile, et qui fut nommé ensuite le
Mont- Vierge , depuis qu'il eut édifié
une église en l'honneur de la Vierge.
Les premiers compagnons de ses
austérités l'ayant quitté , il se retira
à Salerne , où il fonda un monas-
tère. Se voyant près de mourir ,
il fut habiter le monastère qu'il
avoit fait bâtir à Golète, petite ville
vers l'Apennin. Il y mourut le 20
juin 1142. Roger, roi de Sicile,
lavoit a|)pelé à sa cour, et avoit fa-
vorisé son ordre naissant.
tXt. GUILLAUME (saint),
de la maison des anciens comtes de
Nevers, d'abord religieux de Gram-
mont, ensuite de Citeaux, gouverua
diverses maisons comme prieur ou
comme al)bé. Elevé sur le siège
de Bourges en 1199 , il tâcha de
déraciner tous les abus, et gouverna
celte église en pasteur des premiers
siècles du christianisme. On obii-
geoit alors les excommuniés de
payer une amende quand on leur
ilonnoil l'absoluliou. Le molif de
GUIL
celle exaction étoit de les pre'server
des rechutes , par une ci-ainle pécu-
niaire. Saint Guillaume demaudoit
aux excommuniés la caution de l'a-
mende; et pour les retenir dans le
devoir , il les menaçoit souvent de
l'exiger, et ne l'exigeoit point. Ja-
mais il ne voulut, malgré l'usage de
son siècle , poursuivre par les armes
les médians que la crainle des cen-
sures de l'Eglise ne pou voit retenir;
Il mourut le 10 janvier 1209. Ses
reliques furent brûlées par les cal-
vinistes en 1663 , et ses cendres je-
tées au vent.
XII. GUILLAUME d'Hirsatjge
( saint ) , tiré en 1069 de l'ab-
baye de Saint -Emmeran de Ratis-*
bonne, pour être abbé d'Hirsauge,
fonda un grand çombre de mo-
nastères , fit tleurir dans son abbaye
la piété , la science et les arts , et
mourut eu 1091. On a de lui quel-
ques ouvrages de Philosophiu et
à'jlslroiwmic , Baie , i55i , in-4° ,
dont le mérite esl très-mince.
XIII. GUILLAUME de Tyr ,
archevêque de cette ville, dressa les
actes du coucilede Latrau, prononça
l'Oraison funèbre de /'empereur
Barberousse quand son fils Frédéric
lui fit rendre les derniers honneurs,
et vint à Rome où il mourut vers
1 194. On a de lui, en 02 livres, une
Histoire des croisades qui finit à
l'an 1184. Son style est simple et
naturel ; l'auteur est prudent, judi-
cieux, modeste, et savant pour le
temps où il écrivoit. Celle His-
toire publiée à Baie en i549 » i"-
fol., se trouve dans Gesla Dei per
Francos, de Bongars. Il y en a une
continuation jusqu'en 1 27.5, que l'on
trouve dans Vyltnplissima Collectio
de Martenne. Jean Hérold en avoit
fait une deuxième continuation jus-
(lu'eu 1^21 , qui a été imprimée
avec l'histoire. Baie, i.')64, iu-fol.
Gabrid du Préau l'a traduite en
GUIL
Français, Paris, i573, in-fol. — Il
ne faut pas le confondre avec un
autre Guillaume , évèque de Tyr,
mort en 1129, dont il nous reste
des Epiires à Bernard , patriarclie
d'Antioche.
XIV. GUILLAUME, surnommé
Calcidus, moine de Jumiège, vivoil
dans le ii*^ siècle, sous Guilkuime-
le - Conquérant. On a de lui une
Histoire de Normandie , divisée en
8 livres, dans le recueil deCanibden,
i6o3, et dans celui deduChesue,
1619, tous deux in-fol. Le style de
cet auteur est passable pour le siècle
où il vivoit; mais il manque de cri-
tique , défaut commun à presque tous
les anciens écrivains.
t XV. GUILLAUME-LE-BRE-
TON, ainsi nommé parce qu il étoit
de Bretagne, né vers l'an 1170,
fut chapelain de Philippe-Auguste,
qu'il accompagna dans ses expédi-
tions militaires, et dont il mérita
l'estime. II lui coriRa l'éducation de
son fils naturel , Pierre - Charles.
L'instituteur dédia à son élève un
poëme intitulé ATa/ZoZ/s, qui n'a pas
encore été publié. On a de lui , I. Une
Histoire Aq ce monarque pour servir
de suite à celle de son médecin nom-
mé Rigord. II. Un poëme intitulé
JPAilippide , qui est une gazette
longue et rampante. Ce poëme a
deux dédicaces séparées , l'une à
T^ouis, successeur dePhiiippe; l'autre
encore à Pierre-Cliarles, qui mourut
évèque de Noyon en 1 2J19. Ces deux
ouvrages de Guillaume-le-Breton,
impriiflés à Zwickau en i6ri7, iii-q",
6t dans la collection des Historiens
de France, sont utiles pour l'his-
toire de son temps, et Ion y trouve
des faits qu'on chercheroit V ainement
ailleurs.
XVI. GUILLAUME d'Auxekke ,
évèque de cette ville , transféré en-
suite sur le siège de Paris , et mort
eu 1325, n'est point auteur^ comme
GUIL
157
on le croit communément , d'une
Somme de théologie , in-fol. , 1 5oo,
qui porte le nom de Guillaume
d'Auxerre. Le Guillaume , archi-
diacre de Beauvais, auteur de celte
Somme vivoit dans le même ten!ps
que lui, et mourut en laSo, après
avoir professé avec beaucoup de suc-
cès la théologie à Paris
Xy II. GUILLAUME d'Auxeiîre,
dominicain, mort provincial de son
ordre eu \ 294, que loti dit avoir élé
égalemen t professeur à Paris , et dont
il reste parmi les manuscrits de Sor-
bonue quelques Sermons. Voyez les
Mémoires de littérature du P. des
Motets, tome III, partie 2, page
5i7, etc.
t XVIII . G U ILL AUME d' Au vek -
GNE, évèque de Paris, gouverna sa-
gement cette église, fonda des mo-
nastères, opéra des couverjions par
ses Sermons, fit condamner la plu-
ralité des bénélices par les plus ha-
biles théologiens de son diocèse, et
mourut eu 1248. On a de lui des
Sermons et des Traités sur divers
points de discipline et de morale. Le
Féron les a recueillis et publiés en
1674, 2 vol. infol. Les J?ia/ogues
des sept sacretnens , les Sermons
durant l'année, et plusieurs autres
Traités qu'on lui attribue dans cette
édition, ne sont pas de lui. Le style
de ce prélat est simple, naturel , et
bien moins barbare que celui des
scolasliques de son temps. Il traite
beaucoup moins de questions méta-
physiques qu'eux , et s'attache sur-
tout à la morale et à la discipline. Il
réfute quelquefois Aristole; ce qui
n'étoit pas nue petite témérité dans
son siècle. U savoit très-bien l'Ecri-
ture et les écrivains profanes; mais
il avoit peu lu les Pères.
XIX. GUILLAUME de Saint-
Amour. F'oyez Amour , n° Il
( saiut)
i58 GL'IL
XX. GUILLAUME de Lind-
wooDE, i uriscoiisiilte anglais, évèqiie
de Saint-David , mort en i44*^,a
laissé im recueil desCo\isliUUiovis de
quatorze archevêques deCantorbéry,
sons ce litre : Vrovinciale^seu Coiis-
lituùones ^Ivgllœ , Oxford, jGSd,
in-fol. ; mais l'édilion de Londres,
1679, iu-ibl., est plus ample.
XXL GUILLAUME de Malmes-
EURY , bénëdiclin anglais, célèbre
historien du 12''* siècle. Henri Savill
iit imprimer . à Londres en lôgb,
iu-fol, , les Ouvrages de cet écri-
vaiu. Us sont estimés , quoique son
style soit sans 01 iieraens.
XXILGUILLAUMEDEVorxiLONG,
fameux théologien scolaslique du 1 f/*
siècle , de l'ordre des frères mineurs,
mort en i464» laissa un Commen-
taire sur F ieri-e Lombard , dit le
Maître des sentences , et un Abrégé
des quesliuns de théologie , intitulé
Vade mecurii. in-lol.
XXIIL GUILLAUr\IE on Char-
tres, religieux dominicain, chape-
lain de saint Louis, mort vers le
milieu du 1 3*^ siècle , a continué
YfJistoirc de ce prince , commencée
par Geofioy de Beaulicu. Il recueil-
lit avec faoai tout ce qui avoit pu
échapper aux recUercVies de celui-ci,
et l'ajouta à sou ouvrage. Cette con-
liuualiou insérée daus le 5* tome de
la collection de du ChéSile , écrite
d'un style guindé, contient cepen-
dant des faits qui mériloient d'être
conservés.
XXIV. GUnrj,AUME jiE Neu-
BR1DGE. P'oj. t-tTI,î;.
XXV. GUILLAUME de
Nangis, bénédictin de labbaye de
Saint-Deuys en France, mort vers
1 3o2 , est auteur des f^'/cs de saint
Louis; de son fils Philippe-le-
Jiardi , et de deux C/noniques ,
dont les hislorieus ecclésiastiques et
GUIL
profanes ont fait usage. La principale
qui est écrite clairement, et dont le
latin est passable, s'éleiid jusqu en
ir)Oi.0nla trouve dans le 6' volume
de la collection de du Chesnc. Elleaeu
i\iiu% continuateurs qui l'ont poussée,
l'un jusqu'en i54<), l'autre jusqu'en
i568. Le premier paroit homme
d'esprit ; l'autre est un moine agreste
et grossier. Sans le secours de ces
deux continuations nous n'aurions'
presque rien de sûr touchant les évé-
nemens écoulés daus cet espace de
temps. Voyez Melot.
XXVI.GUILLAUME,néà.Conclies
en 1080, donna des leçons de gram-
maire et de philosophie à Pans, et
mourut au milieu du 1 2^ siècle. On a
de lui un ouvrage intitulé Fkiloso-
p/iia de naluris, i474> 2 v. in-fol. ,
aussi rare qu'inutile. Son système
est celui des atomes.
t XXVn. GUILLAUME de Pas-
TRiNGO, Véronais , fut employé par
les l'Escale, ses souverains. 11 obtint
de Benoit XII leur absolution pour
avoir tué l'évêque de Vérone, et une
autre fois la confirmation de la sei-
gneurie de Parme. Nou$ avons de lui
un livre 7J>e originibus reruni ,
Venise, 1.547, bien moins connu
que le manuscrit intitulé De viris
il/ustiibus : c'est une espèce de Bi-
i)liothèque universelle daus la i'*
partie ; et dans la, 2", un Dictionnaire
géographique. Il étoil syndic de Vé-
ioue en iSôy.
iXXVIlI. GUILLAUME (le frère),
dominicain ,iriortàCortoiieiyi i557,
à C2 ans, étoit peintre sur verre,
et peignit à Uome les Vitraux du
Vatican, et de Sainte-Marie del
Popoto^ Vasari , qui fut son élève ,
di t que ces peintures sur verre étoient
si bien exécutées , qu'il y avoit quel-
que chose de divin dans les belles
expressions des figures , et sur-tout
dans celle de Jésus-Christ, à la vitre
où est représentée la Vocation de
GUIL
saint Matthieu. Il avoit eu pour
maille le peiuUe Claude. Fuyez ce
110 ni.
t XXIX. GUILLAUME (Char-
les), mort à Paris le S dëcemlire
1778 , se lit iibryire dans celte ville ,
et a publié quelques écrits peu re-
iioruinés , I. La Mer des /iistoires ,
Paris, 1753, 4 parties, in-i 2. 11.
Ktrennes aux dames, 3 748- lH- ^^-
manac/i Dauphin , ou I/is/aire
abrégée des princes qui ont porté le
nom de Dauphin, Pans, i75i ,
in-S".
t XXX. GUlLi.AUME ( Jac-
quelte) est auteur d'iru livre iulilulé
i.es dames illustres, où, par bo:!ncs
et fortes raisons, il se prouve que
lesexejérrnin surpasse, en toutes
sortes dcge.ires , le sexe masculin,
in- 12, Pans, 167.'» , dédié à niade-
inoiselle d'Alençon. C'est un fatras
de raisonnemeiis en vers et en prose,
mal digérés et mal conçus. On y
trouve cependant le portrait pseu-
donyme de quelques personnes il-
lustres de son sexe; les Conférences
catholiques de la reine Christine ,
pour répondre aux objections des
ministres: et un Eloge de mademoi-
selle Schurman. E!!j cOiUpLi; parin
les femmes célèbres la duchesse
d'Enguien, les marquises de Lenon-
courl, d'Harancourt, de Rosay, la
baronne de Changy, la vicomtesse
d'Aiichy de Saint-Bal mont , les de-
moiselles des ArmoiNCS , d'Orsagnes ,
des Roches. — Une auire femme , du
même nom, Marie -Anne Guil-
laume , a publié à Paris, en 1668,
un Discours sur la prééminence des
femmes sur la hommes.
* XXXI. GUILLAUME de la
PouiLLE a laissé un Poë/nc lutin
en cinq livres sur les guerres des
Normands dans la Sicile , la Poniile
et la Calabre , jusqu'à la mort cio
Roberl Guixard , leur prince, au
lils duquel il a adressé son ouvrage.
GUIL î5o
II le composa , à la sollicitation du
pape Urbain 11 , entre lesauiiées uuSo
et 1099; il lut imprimé pour la
première fois en i582, à Rome,
in- j", et réim[)rimé dans les Scriplo-
res reriini Jtalicar.im de Muratori,
loin. V : il est meilleur à consulter
comme monument historique qi e
comme modèle de poésie ou de
latinité.
* XXXIL GUILLAUME , sur-
nommé Feregrinus , parce qu'il
SUIVI i fi;.uslaTerrt sainte Richard 1 ,
;.i. d Angleterre , a célébré en vers
latins les exploits de ce prince.
Leiand le nomme Guillaume de
Canno , et Pils lui assigne le pre-
mier rang parmi les poeies de sou
temps, li ne paroit pas que son ou-
vrage ait jamais été imprimé, et
les dilférens biographes qui en ont
parlé ne disent pas où se trouve le
manuscrit.
^ XXXIII. GUILLAUME be
Hauteville, surnommé lier-à-
(j/us , tils aine de Taiicrède d'Hau-
leville cl de lAlnrlella , éloit un de
ces seigneurs uoruiands qui. attirés
de la province de France, à laquelle
ils donnèrent leur nom , eu Italie et
dans le pays de la Pouille , par un.
nommé Meno , furent, après une
expédition sans succès , dispersés et
eiitin réunis en lo.ic) ]>ar le duc de
lNa[tles dans la ville d'Averse , qu'il
venoit de construire. Celle colonie
naissante, qui eut pour premier ma-
gistral le comte Rainoli'e,lburnit une
Iroupe de guerriers à l'expédition
que lempereur de Conslantinople
lit en S;cile contre les Sarrasins qui
depuis long-temps occnpoieiit cette
lie. LesiSormaads menoientravant-
garde , et les Sarrasins de Messine
sentirent leur vale'jr. Oaiis une
seconde action , Guiiiaume Ficr-a-
bras , qui commandoit cette avant-
garde, désarma et transperça l'einir
de Syracuse, et mit en déroule nue
iGo
GUIL
armée de soixante-mille Sarrasius.
iVIaniaces, qui commandoit en chef
cette expédition , s'y déshonora par
sou ingratitude et sa tyrannie dan»
le partage du butin. Il oublia le
mérite de ces braves auxiliaires ,
et les révolta contre eux ; ils per-
lèrent leurs plaintes, par la bouche
d'un interprète, et loind'être écoulé ,
celui-ci fut dédaigné et fustigé. Les
Normands , indignés , s'emparèrent
delà province de la Fouille en io4o ,
vingl-ans après leur première émi-
gration. Bientôt ils formèrent une
cxrmée de 60 mille hommes , et
fondèrent une république divisée en
douze comtés, dont un des comtes
fut nommé président ou général.
Pour occuper cette dignité, qui ne
donnoil d'autre avantage que la pré-
séance , on choisit Guillaume Fier-
à-bras , qui, au milieu de ses com-
patriotes , accoutumés aux brigan-
dages et aux violences de toutes
espèces , montra beaucoup de bra-
voure et de fermeté , et même quel-
ques vertus civiles. Il fui , suivant
uu écrivain du temps , un lion dans
les combats , un agneau dans la
société , et un ange dans les con-
seils. Guillaume mourut vers l'an
1046 , et Drogon , son frère puîné ,
lui succéda dans la présidence de
la nouvelle république ; il montra
autant de bravoure, mais il ne sut
ou ne put point réprimer la vio-
lence des douze comtes qui dévas^
loient l'Italie. Il fut assassiné dans
iine église en io5i , et Hunilied
ou Homphrey , troisième fils de
Tancrede, lui succéda ; il fut à son
tour remplacé, en io54 , par un
autre frère d'un second mariage ,
qui se rendit célèbre sous le nom
de Robert Guischard. Voyez Guis-
t:iiARD , n° I.
* XXXIV. GUILLAUME o« Wil
J>TAM, architecte allemand , bâtit
on 1774, con)ointemeut avec Bo-
luuino et Thomonaso , sculpteur»
GUIL
pisans , le fameux Clocher ùq Pise ,
derrière la cathédrale de cette ville.
Ce clocher , entièrement de marfere,
et haut de deux cent cinquante pal-
mes , est incliné de dix-sept pal-
mes hors de sou aploml) , par la
faute des architectes , qui négligèrent
de bien faire piloter le terrain sur
lequel il devoil s'élever. L'édifice, à
peine à moitié de sa hauteur, la
partie la plus foible de ce terrain
tléchit. Pour empêcher la tour de
tomber, il fallut renforcer avec la
plus grande diligence les fonda-
tions de ce côté , et comme la cons-
truction en avoit été très-soignée,
et que tontes les parties étoient par-
faitement bien jointes, la ligne de
direction ne sortit point de la base.
Ce clocher excite l'admiration des
voyageurs.
XXXV. GUILLAUME de Piure-
MONDE. ^OjeZ RXJREMONDE.
GUILLEBAUD. Voyez Pierre
DE Saint-Romuald.
GUILLELME. /^ojesGuiELME.
* GUILLEMAIN ( C. J. ), poète
dramatique à Paris, né le 20 août
1760 , mort en 1800, a donné
r)68 pièces au théâtre ; c'étoit le
Cervantes des Français et le Vadé
moderne ; il savoit onze langues :
la navigation , l'astronomie, la géo-
graphie et l'histoire lui étoient fami-
lières , et cependant il n'^ jamais joui
d'une grande célébrité. Voici le titre
de quelques-unes de ses pièces:
V Enrôlement supposé ; le Nouveau
parvenu ; Boni/ace pointu et sa
famille; le Mariage de Jeanut et
son prologue; Churchill amoureux
ou la jeunesse de Marlbo7-ough ; le
Vannier et son seigneur; la Rose
et l'Epine; V Amour et Bacchus au
village ; les Cent écus , etc.
I. GUILLEMEAU (Jacques), na-
tif d'Orléans , clùrurgieu ordljiaire
GUIL
des rois Charles IX et Henri TV ,
un des plus célèbres disciples d'Anti-
broise Paré , ])orta dans lélude de
la chiriugie un esprit cultivé par
les belles- lettres. Familier avec les
langues savantes, il lui étoil facile
de connoitre les ouvrages des anciens.
Ces guides , aidés de celui de 1 ex-
périeiice , en firent un des plus lia-
biles hommes de son temps. Ses
principaux ouvrages recueillis à
Koueu, en 1649, in-folio, sont,
I. La Chirurgie d'ylmbroise Paré ,
traduite du français en latin avec
autant de lidélité que d'élégance. II.
Des Tables anatomiqites , avec figu-
res. III. Un Traité des opérations,
écrit avec beaucoup de précision et
de justesse. H mourut ù Pans eu
i5i2 , dans un âge avancé.
* II. GUILLEMEAU ( Charles ) ,
fils du précédent, né à Paris , devint
médecin du roi après y avoir pris
le bonnelde docteur en i626,el tnou-
rut le 21 novembre i656 , à 1 âge de
68 ans. Ce médecin, d'une humeur
irascible, a écrit divers ouvrages
contre plusieurs membres de la la-
cullé , dont le seul tort , peut-être,
éloit d'avoir raison. Nous ne citerons
point les pamphlets qu'il écrivit
pour assurer à la faculté de Paris
la prééminence sur celle de Mont-
pellier , et pour tourner en ridicule
l'orateur qui avoil voulu défendre
la dernière. Nous nous boruerons a
donner les titresde deuxlraités, qu'il
a écrit sur son art, et qui ne sont
pas sans mérite, I. Oslo?njologie, ou
]}iscours des os et des muscles , Pa-
ris, 161Ô , in -8°. II. ^'Jp/iurismes
de chirurgie, Paris, 1622, in- 12.
GUILLEMETTE , de Bolième,
fanatique du 3 3* siècle , se fil dts
sectateurs par son hypocrisie. Elle
sut si bien se contrelaire , qu'elle
mourut en odeur de sainteté fan
128). Ses fourberies ayant été dé-
voilées après sa mort , on déterra
sou corps et on le brûla. Ses disci-
T. VI II.
GLIL
\C)i
plessoutenoient qu'elle éioil le Saint-
Esprit incarné sous le sexe féminin ;
qu'elle néloit morte que selon la
chair; qu'elle ressustiteroil avant le
jugement universel ; qu'elle monte-
roi t au ciel à la vue de ses prosélytes ;
enfin , qu'elle avoit laissé pour sou
vicaire sur la terre Maifrcda , reli-
gieuse de l'ordre des humiliés. Celle-
ci devoil occuper, à Rome, le su^ge
pontifical , en chasser les cardinaux,
et leur substituer quatre docteurs
qui feroient quatre nouveaux évoU-
giies.
*GUILLEI\11N (Nicolas), méde-
cin, né à Nanci en 1755. Après y
avoir fait avec succès, au collège
des jésuites , un cours complet d'étu-
des des langues anciennes, de belies-
letties et de philosophie , il embrassa
de suite l'étude de la médecine , pour
laquelle il avoit une vocation décidée.
Reçu ensuite docteur à Montpellier,
il pratiqua son art à Nanci avec le
plus grand succès, et y obtint, en
1770, une chaire de professeur à la
faculté de médecine , qu'il remplit
pendant vingt - quatre ans. 11 y
mourut en 1799. O" ^ '''^ ^^'' ♦^'^^
Thèses , des Discours et des Disser-
tations, lia laissé en outre plusieurs
manuscrits sur l'art de guérir, entre
autres , un Traité de matière médi-
cale.
GUILLEMITES. JToyez Guil-
laume , n° X.
*GUILLERAGUES (N. de)^.pre-
mier président de la cour des aides
de Bordeaux , sa patrie , ensuiltj
secrétaire de la chambre et du cabi-
net du roi ( Louis XIV ), eut pen-
dant quelque temps la direction de
la Gazi-tte de France. C'étoit un
homme qui joignoit aux qualités so-
lides un caractère aimable :
E.'îfrit né pour Iti cour , et maître <-rr l'ait ilc
]ilîiiie ,
Qui savojl à jimpos ^^ pailcr et se tnirc.
Ce sont les élogts que lui donne Eoi-
îC2
GUIL
leaii , en lui adressant sa cinquième
ppitre. Le roi le nomma amljassadeur
à Constaiilinople, où il se rendit en
1679. 11 mourut d'apoplexie quel-
ques années après. On a de lui une
traductioii des Ijettres crime reli-
gieuse jjorti/gaise , in - 1 2 ( 3Ia-
liane jllcafaroda ) , adressées au
tomle de Cliamilly , officier fran-
çais. Nous ignorons si celte traduc-
tion est celle que publia Jubligny,
qui peu t bien n'avoir été que le prèle-
uoni de Guilleragues.
GUILLEPvI, nom de trois frères
d'une maison noble de Bretagne ,
qui , après s'élre signalés dans les
<iuerres de la Ligne, se firent vo-
leurs de graml chemin lorsque la
paix eut été rendue à la France. Ils
firent bâtir une forteresse sur le clie-
iriin de Bretagne en Poitou pour
leur servir de retraite. Us laisoient
«les courses jusqu'en Normandie et à
Lyon, affichant sur les arbres de
leur route ces mots en gros carac-
tères : «Paix aux gentilshommes,
la mort aux prévôts et aux archers ,
et la bourse aux marchands. » Ou
envoya cinq mille hommes pour as-
siéger la forteresse de ces brigands.
Ou la foudroya à coups de canon, et
les scélérats qui l'habitoieut furent
loinpus en 1608.
GUILLER;\I1N ( Jeau-Baptiste ) ,
sculpteur, ué à Lyon , vint s'établir
à Paris, et s'y distingua par la dé-
licatesse de ses ouvrages en ivoire et
en coco. Il fit ini Crucifix très-ad-
miré pour le chœur du Val-de-
Grace , et il mourut en 1 699.
GUILLET DE Saint-Georoi:
( George }, premier iiisloriographe
de l'académie de peinture et de sculp-
ture à Paris, où il fut reçu eu i 682,
lié à Thiers eu Auvergne , vers
iGs5, et mort à Pans le G avril
1705, à 80 ans, se lit connoilre
jiur plusieurs ouvrages qu'il donna
GUIL
sous le nom de son frère Guillet cle
La Guilletiere. 1. Histoire de Ma-
honict II, 2 vol. in-12; il ne rend
pas une exacte justice à ce héros.
l[. La Vie de Castracini, in- 12,
curieuse, lit. Les ylrts de l' homme
d'épce, 2 vol. in-12, IV. Lacédé-
nione anciciiiie et moderne , in-i 2 ,
V. Athènes ancienne et nouurlle ,
in-12. Guillet eut de grands démê-
lés avec Spon , sur les antiquités de
cette ville. Son livre offre des re-
cherches curieuses.
GUILLEVILLE (Guillaume de),
bernardin de ral)baye de Chalis ,
vivoit encore en i558, et a voit alors
65 ans. Il est auteur d'un roman en
vers, intitulé Les trois pèlerina-
ges, celui de la Vie humaine, celui
de l'Ame séparée du corps; et celui
de Jésus- Christ , à Paris, in-4''»
sans date ; mais il est de la fin du 14*
siècle.
t GUILLIAUD (Claude), doc-
teur de la maison et société de Sor-
bonne, né à Villefranche en Beaujo-
lais, enseigna l'Ecriture sainte, et
devint chanoine et théologal d'Au-
tun , vers le milieu du 16* siècle.
On a de lui , I. Des Commentaires
sur saint Matthieu, in-fol. ; sur saint
Jean, et sur les Epîtres de saint Paul,
in-b". 1! est court, et, sans s'éloigner
de la Vuigate, il marque les diffé-
rences du texte grec, et tache de cop.-
cilier les passages qui lui semblent
opposés à d'autres. 11 éclaircit ce qui
a rapport aux dogmes de l'Eglise. Le
père Berthier dit que ce sont deo
chefs-d'œuvre en ce genre. II. Des
Homélies pour le Carême.
* I GUILLIELM DE Balaun ou
Balazun , poète provençal que
don Vaissette fait fleurir dans le 12*
siècle, sous Raimond V, qui occupa
le comté de Toulouse depuis ii45
jusqu'en ii94- Gn fait de ce poète
uu noble thaslelain du pays de
GUIL
Montpellier, bien amoureux d'une
dame de Joviac, avec laquelle il se
brouilla p. r pur caprice. Elle v.e
voulut d'abord le voir d'une a;inée
entière, et ensvnlc lui accorder sa
grâce qu'à condition qu'il sarra-
cheroit l'ongle du petit doigt , et
qu'il le lui a[)j>orlfroit avec une
chanson où il (^Xi)riineroil son re-
pentir. On se doute bien que de se
laire lier le doigt , arracîier l'oiigle,
soutenir l'opëral on , sans avoir l'air
de sentir la douleur, furent la suite
de cette constance, et qu'à la vue
du sacrifice et de la clianson , la
dame lui pardonua, en lui promet-
tant à son tour un amour éternel.
Les manuscrits de la bibliothèque
impériale ne contienuent qu'une
ChaiiHoii de ce poète. Elle est pré-
cédée de sa vie.
* II. GUILLIELM DE S.UNT-
Leydier , pccte provençal , né dans
le 1.5'^ siècle au château de Vediac,
dans l'évèclié du Puy-Sainle-Marie,
connu par quelques Chansons d'a-
mour faites à l'imitation de celles
de ses confrères , n'a pas mis en
rimes , comme on le dit , les Fables
d'Esope et un Traité des Songt-s ;
c'est une de ces méprises si com-
munes chez Nostraclamus , et qui
liialheureusemenl ont été copiées
dans tous les ouvrages sur les trou-
badours. Comme il faut toujours ac-
corder une Iris aux poêles méridio-
îiaux, le même Nostraclamus s'est
chargé de donner à Guillielin , pour
dame de ses pensées , Adélaïde de
Claustra, sœur du dauphin d'Au-
vergne , et femme du vicomte de
Poliguac. Les manuscrits de la bi-
bliothèque impériale contiennent
douze C'hansuiis àa ce Guillielm de
Salut-Leydier. Elles sont précédées
de sa Vie.
* GUILLIM (Jean), l'un des
rouges -croix poursuivans d'armes
d'Angleterre, né en i.t65 , mort en
1622. Il passe pour auteux d'mi ce-
GUîlN
î63
lèbre ouvrage iiisilulé F.rpusilio/i-
du Blasun , mais qui est réelle-
ment du docteur b'arkham.
GUILLIM AN 01/ Vv'['(j.i,j'MArNN-
( Frau(,ois ) , du canton d:; F; ibourg,
mort vers ilijb , cékbre en Alle-
magne, I. Par son lisre dr« /'nii-
qidlés de la Suisse. 11. Par son
Histoire des époques de .Stras-
boiirg. m. Par une Histoire des
Comtes de Uapsbourg. IV. Par des
Poésies latines. — f-'ojes Mar-
GUILLOT-GORJU (Bertrand
Harduin de St- Jacque.s ) aban-
donna l'élude de la médecine, et
remplaça Gaultier Gargiulie sur le
théâtre de la foire. Cette profession
lui paroissant avilissante, il alla
exercer la médecine à Meluiiy mais
chassé par l'ennui, il vint mourir
à Paris en 1 6.(3 , à 5o ans.
GUIMENIUS. ^cyezMoLA.
G LIMIER. Fuyez Guymier.
t GUIMOND ou GuiTMOND,
bénédictin , né en Normandie ,
se Ht religieux dans le monastère
de la Croix de Saint-Leuiroi. Pour
se délivrer des ennemis que son mé-
rite lui avoil laits, il demanda la
permission à son abbé de se retirer
en Italie. L'abbé , qui avoit peu
de lumières, ne connoissant poait
le mérite de ce religieux , le laissa
partir. Guimond se fit bientôt
connoitre. Grégoire VII le lit car-
dinal, et Urbain 11 lui donna l'ar-
chevêché dAverse. On lui doit un
Traité de la vérité du Corps et du
Sang de Jésus- C/irist , contre Bé-
renger , qu'il publia vers l'an 1070 ,
et qui fut iaipriraé avec d'autres
ouvrages sur le même sujet, i56i ,
Louvain, iu-8°.
"^ GUINIGI ( Vincent ) , jésuite ,
bon poète latin , né à Lucques , llo-
rissoit vers le milieu an 17'' siècle.
On a de lui, 1. Vincenti.i Guinisii ,
i64 GUIO
soc. Jesu , oralio i/i pai'asceve
habita curam Urbaiio Vlll pon-
tif. max. , Romaï , 1624. II. Allô-
cutiones gymnaslicœ aiictœ et te-
ce/isitce , Ant verpiœ ex otRcinà Flan-
liuiaiià , i638. Il ue funt pas le coii-
foucire avec Viucent G'Jtnîgi , de la
même lamiUc , a;ir,si jésuite , qui
précéda le célèbre Cordara dans l'em-
ploi d'hisloriographe de son ordre,
dont les essais /listoriçues res-
tèrent uiannscrits , et qui mouriu à
Rome vers 1740.
t GUINTIEH ( Jean ) , né en 1 487
à Andernach , d'abord médecin
de François T'', se relira à Stras-
bourg pour se dérober aux troubles
de religion; il y professa le grec
qu'il avoit déjà enseigné à Louvain ,
et y exerça la médecine. 11 fut obligé
de renoncer à la chaire grecque , et
mourut eu 1 574- C'est Guuitier qui a
donné le nom de pancréas au corps
glanduleux attaché au péritoiue:
qui a découvert l'union de la veine
et de l'artère spernialiques , des deux
couduits qui répondent de la ma-
trice aux mamelles. lia traduit lieau-
conp d'écrits de Galieu et d'autres
auteurs. Il a aussi donné quelques
Traités latins sur la Peste , m-S" ;
sur les l'emmes grosses et les En-
fans , in-8" , etc. Ses Traductions
et ses autres ouvrages auroient été
plus utiles, sans la dureté de son
style , et le grand nombre d'ex-
pressions barbares qu'il emploie.
I,'empereur Ferdurand lui donna
des lettres de noblesse , sans qu'il
les eût demandées. Antçine-Pros-
per Hérissant , imprimeur à Paris,
a publié, en 1765 , iu-12, l'Eloge
liislorique de ce médecin , avec
le Catalogue de ses ouvrages.
GUION. f-^ojez GuvoN.
t GUIOT i)F, Provins, moine
bénédictin dans le ïîi" siccle, com-
posa un roman en vers, connu sous
le iioui dti U Uible-Guiot. L'an-
Gum
teur annonce qu il l'appelle Uihlc ,
parce que son ouvrage ne renferme
que des vérités. C est une satire
contre les mœurs de son temps, et
sur-tout contre celles des seigneurs
de fiefs et du clergé. La Bihle-Guiot
est restée manuscrite; on en trouve
des copies dans plusieurs bibliothè-
ques. Quelques écrivains pensent
avec raison que l'auteur a décrit dans
ses vers Vusage de la boussole^ long-
temps avant la naissance de Gioja ,
a qui on en attribue la découverte.
Voyez Gioja.
* GUIRAUDET ( Cbar!es-Phi-
lippe-'i'oussainl), député en 1 78g par
la ville d'Alais aux états généraux.
Après la session de l'assemblée natio-
nale , il fut nommé secrétaire général
an ministère de la marine, et ensuite
d n ministère des relations extérieures
sons Charles-la-Cioix; eu 1800 pré-
fet du déparlement de la Cote-
d'Or, et mourut à Dijon en 1804.
Il a publié les ouvrages suivans :
Erreurs des économistes sur l'im-
j)dl , et nouveau mode de percep-
tion qui remédie à l'un des prin-
cipaux pices de l'impôt prétendu
direct, 1790, in -8"; Explication
de quelques mots importans de no-
tre.langue politique , pour servira
la théorie de nos lois; de f In-
fluence de la tyrannie sur la mo-
rale publique , 1790 , in-8° ; Doc-
trine sur l'impôt , précédée de
quelques Vues sur l'économie po~
litique en général , i8oo_, in-i8;
Traduction des (Euvres de Machia-
vel, 9 vol. iii-8°; De la famille
considérée comme l'élément des
sociétés.
GUIRLANDAIO ( IJonùuique ).
Voyez GiHBXANUENi.
*GUlRSCHASn , ou , comme plu-
sieurs hisiorieiis l'appellent , Kiscil-
TASi" , fils de Zou , roi de Perse,
hérila de la couronne à la mort de
soa père, vers l'an 1335 avant J. C.
GUIS
C'eloit un prince l'oiljle, sans mé-
rite , sans aucune vertu royale Avec
luiiinil la race îles premiers rois de
Perse, appelés Pyschdadyens. Jamais
famille n'eut plus de ressemblance
avec celle de nos premiers rois.
Comme la race des Mérovingiens,
elle se conquit un royaume, créa
ses lois : comme elle, ses premiers
membres furent tous guerriers • elles
comptèrent l'une et l'autre de grands
niouaT<|ues parmi eux. Ces <]v\\\
familles s'alwlardirent également ,
après une période assez longue de
splendeur : l'indolence , la foiblcsse ,
ledcrautd'éuergie,riueplieniénienes
derniers rois de chacune préparèrent
lentement la clnite de ces races. Le
règne de Guirschasl) fut court : on le
fait rapporter au temps de la fonda-
tion de Rome. -
t GUISAR (Pierre), né à la
Salle , dans les Cévennes, d'un nn'-
decin [)roleslant , embrassa la pro-
fession de son père : mais ne pou-
vant enseigner dans les écoles publi-
rpics, à cause du calvinisme, il l'a-
bandonna pour la religion catho-
licjue. Cin'sar vint à Pans en 1742, et
s'y fil estimer : mais l'amour de la
patrie le rappela à Montpellier , où
il fit un cours gratr.it et p\iblic de
physique expérimentale. Ou a de lui
plusieurs ouvrages estimés , I. Pra-
iii/ue de c/nrurgie , ou Tllslolre n'es
jilaies , réimprimée pour la troi-
sième fois en 1747 , en 2 vol. in-i 2 ,
avec de nouvelles observations et
im recueil de thèses de l'auteur. Cet
ouvrage contient uiie niélhode sim-
ple, courte et facile pour se con-
duire siiremeni. dans les cas les plus
difficiles. 11. Lssai sur les maladies
vètiériemies ^ iii-8°, à Avignon,
sous le titre de La Haye, en i7<4i.
L'auteur proscrit les méihodes vio-
lentes , et en propose une plus do'.ice,
plus simple , et inlrnim. iit plus as-
surée. Il mo-.nulà ?\IonloeUier le i5
eoptembre 1 74G , à 4^ ans.
TxUIS iGj
GUISCARD. f'uy. KcurxLiE.
t r. GUISCIlARDoz/GT-iscAini
( Robert), duc de la Ponille et de la
Calabre, lils de Taucrède de Ilaute-
ville , seigneur normand , et de
Frausendis, sa seconde Ttunne. Trois
de ses i'ièrcs , du pfemier lit, qui
étoient passés eu Italie et dans la
Pouille , avoient mérité l'honneur
délie les cliefs et les fondateurs
d'une république dans ce pays. {Vny.
GUILI>\ITME DE HaUTEVTLÏ-E. )
Encouragé par leur exempk- , Cuis-
chard se rendit auprès d'Hiinifred ,
le troisième de ses frères aînés ,
comle ^ la Pouille et président des
douze comtés <pn composoient celte
réiiublique. I,e courage et l'extrèuie
ambition de Guiscliard excitèrent la
jalouMo d'Hunifred, qui , dans une
querelle passagère, menaça sa vie el
mit des entraves à sa liberté. A la
mort d'Hunifred , Guiscliard , élevé
sur un bouclier , fut proclamé comte
de la Pouille et général de cett& ré-
pidjlique. Parvenu à ce poste émi-
nent , il voulut , par ses caiiquètes ,
accroitre son autorité aux dépens de
celle des comtes , ses égaux. 11 acheva
de conquérir ia Calabre, el bientôt
le pape, qui l'avoit excommunié à
cause de ses rapines et de ses sacri-
lèges , lui accorda, par des motifs
poii'iijues , l'absolution et le titre
de duc avec l'investilure pour lui et
sa postérité de la Pouille , de la Ca-
labre et de toutes les terres de l'Italie
el de la Sicile qu'il eulèveroit aux
Grecs schismaliquesel aux Sarrasins
inFidcies. Ses soldats raliSièrent, avec
des acclamalions, de joie, la n«u-
velle autorité de leur chef; mais les
comtes de la Pouille , qui avoient été
jusqu'alors ses égaux, prononcèrent
le serment de fidélité avec l'indigna-
tion dans le cœur. Il fut alors qualilié
de duc de la Pouille, de la C:dabre
et de la Sicile par la grâce de Dieu.
Pour se maintenir dansces titres llat-
tciirs pour la vauitédansnneaulorilé
iGG
GUIS
usurpée dont son ambUion étoit si
avide, il falUit à Gnischard vingl
années de travaux. Le parlement
des barons s'opposa quelquefois à ses
desseins : les douze comtes, ëlus par
le peuy)!e , conspirèrent contre lui:
les (ils d'Hunirred , qui! avoil exclus
du cominandement et réduits à une
vie privée , réclamèrent contre la
perfidie de leur oncle et den):nidè-
lenl justice et vengeance. Giis-
chard , en condamnant les uns à la
mort , les autres à l'exil , termina ces
querelles domestiques , dans les-
quelles il consuma ses années et
la l'orce de la nation. Lorsau il eut
inis en déroule ses ennemiPdu de-
hors , les Grecs , les l.omljards , les
Snrasins , ceux - ci vinrent se ré-
fugier, dans les villes f'ortiliées dp la
côte de la mer. Ils occupèrent no-
tamment Buri et Salerne. La pre-
mière de ces places soiiliiit nn siège
de quatre ans ; la seconde se défendit
pendant huit mois, et le duc nor-
mand , q li se montroit le premier
dans tous les dangers , y fut blessé à
la poitrine, d'un éclat de bois d'une
de ses macb.ines, mise en pièces par
xiiic qross^ pierre lancée de la place.
Guiscbard conquit à pen près lonles
les provinces qui forment et qui ont
formé depuis le royaume de Naples,
et les révolutions de huit siècles
n'ont pas séparé les contrées réunies
par ses armes. Ver» l'an 1060, Gius-
cliard app.ila auprès de lui le plr.s
jeune île ses frères , Roger. Ce jeune
hoiiiiue , plein, d'audace et d'ambi-
tion, quitta la Mni-mandie pour se
r^idre en ilaiie, et fut employé à la
corupièle de la Sicile, qui , entière-
ment jmrgée des Sarrasins qui la pos-
séùoient , revint sous la |uridiction
spinlnelle du l'-onlile de Rome. Il
fut la soncbe d'une dynastie de rois,
et son lils Roger fut I- premier roi
de Sicile [l'oez Rogi:u ). Guis-
clnnl eut , d une i)reinière femme ,
lin fils appelé Hnliémoiid ; il divorça
et épou&a uue lilie du prince de Sa-
GUIS
lerne, appelée Gaita ; il eu eut cioq
filles. I/une d'elles fut fiancée, en
Ijas âge , à Conslanlin , fils et hé-
ritier de l'empereur d'Orient , Mi-
chel.. Mais une révolution ébranla le
trône de Consiantinople. La famille
royale lut envnrisonnée. Guischard ,
qui s'intéressoil au sort de sa fille
et à celui de son g( ndre, médita des
projets de vengeance qui s'accor-
doient avec son ambition. Il suscita
iiti imposteur grec, moine défroqué,
ou domestique , qui avoit servi dans
le j>alais de Consiantinople, et qui
se disoit l'empereur Michel et père
de Constantin, 11 racontoit, à Sa-
lerne , riiistoire de son détrônement
et de son évasion. Guiscliard le re-
connut pour tel , lui donna un cor-
tège et les litres de la dignité im-
périale , et le lit parcourir en triom-
phe la Fouille et la Calabre. Le pape
Grégoire VII, dupe ou complice de
celle imposture, exhorta les évèques
à concourir, par leurs sermons, et
les catholiques,par le secours de leurs
bras , au rétablissement de ce pré-
tendu prince. L'adroit Guischard
voiiloit donner des apparences de
justice au projet qu'il avoit conçu de
conquérir l'empire d'Orient, per-
sifadé qu'il feroil , lorsqu'il en seroit
temps , rentrer, d'un seul mot , le
faux empereur dans l'état obscur
d'où il venoit de le tirer. Il s'occupa,
pendant deux années , de prépa-
ratifs ; il leva une armée de terre et
de mer , composée de trente mille
liommes, dont le rendez-vous étoit
à Otrante. Guischard s'y rendit ,
accompagne de sa femme qui com-
battit à ses côtés, de son fils Bohé-
mond et du faux empereur Michel.
Tandis qu'il commençoit le siège de
Uurazzo , Bohémond atlaquoit et
prenoit Corfou , et les iles et villes
maritimes qui opposèrent pen de ré-
sistance. Mais Guiscliard ne fut pas
aussi heureux. Une tempête affreuse
dissipa sa Hotte, brisa une partie de
ses vaisseaux j ceux qui échappèreal
GUIS
à la tempèle n"ëchap|)èrenl point
aux armes des Vénitiens, qui étoient
entrés dans le parti de la cour de
Constanlinople. Une sortie de la gar-
nison de Durazzo porta le carnage
et l'épouvante au milieu du camp
de Guischard ; une maladie conta-
gieuse lui enleva cinq cents che%a-
liers normands et leursiiite. Au
milieu de ces désastres, Guischard
fut inébranlable. Letnpereur Alexis
marcha lui-même au secours de Du-
razzo , avec une armée de soixanie-
dix mille hommes. Guischard as-
.«enibla ses officiers et leur dit :
u Vous voyez dans quel péril vous
êtes , il est pressant et inévitable.
Les collines sont couvertes de guer-
riers et de drapeaux, et IVmpereur
des Grecs est accoutumé aux guerres
et aux triomphes. Nous ne pouvons
nous sauver que par l'obéissance et
l'union , et je suis prêt à céder le
commandement à un général plus
habile. » Les acclamations de son
armée attestèrent l'estime et la con-
liance qu'on avoil en lui. «Comp-
tons sur les fruits de la victoire ,
ajouta-t-il , et ne laissons aux lâches
aucun moyen d'échapper. Je suis
d'avis qu'on brûle les vaisseaux et
les bagages , et que nous nous battions
sur ce terrain , comme si c'étoit le
lieu de notre naissance et de notre
sépulture. » Enfin , le 18 octobre
1081 fut donnée la bataille de Du-
razzo ; elle fut longue et meurtrière.
Les Normands tombèrent le dos. On
voyoit la femme de Guischard , cou-
verte de blessures , rallier , d'une
foible voix, les troupes qui fiiyoient;
et Guischard , calme au milieu de
l'action , crier : « Où fuyez-vous ;
l'ennemi est implacable ; la mort est
moins fâcheuse qus la servitude. »
L'arm-ée de l'empereur Alexis fut
mise en déroute , et l'imposteur Mi-
chel fut tué dans le combat. L'année
suivante , au mois de février , Guis-
chard prit Durazzo , pénétra au
«entre de l'Epire , passa les pre-
GUIS
1G7
mières montagnes de la Thcssalie ,
s'approcha de l'hessalonique et lit
trembler Conslantinople. Guischard, ,
forcé d'abandonner à Bohémond la
conduite de son armée , retourna
en Italie, où l'appeloit l'arrivée de
Henri III, empere\ir d'Allemagne,
que l'empereur d'Orient avoit attiré
dans ce j^ays. Henri 111, qui délestoit
le pape Grégoire Vill, s'étoit emparé
de Rome, et tenoit le pontife i)lo-
qué dans le château Saint -Ange.
Guischard nétoilpas fort attaché ù
Grégoire ; mais , entraîné par ses
sermens et sur-tout par son intérêt,
il résolut de voler an secours dti
saint-ptre. Il rassembla une armée
de trente-six mille hommes. A sou
approche , l'empereur d'Allemagne,
elfrayé , quitta cette capitale pour
se retirer eu Lombardie, en exhor-
tant les Romains à lui rester fidèles.
Guischard , favorisé par les par-
tisans du J^ape , entra dans Rome.
Cette ville fut pillée, incendiée, les
lieux saints furent profanés par des
vainqueurs barbares et avides de
butin. Ou réduisit eu captivité et
on égorgea des milliers de citoyens
sous les yeux du pape qui alla finir
ses jours à Saler-ue. L'ambition de
Guischard ne lui laissant aucun re-
pos, il tenta une seconde expédition
contre l'empereur d'Orient,et débar-
qua avec vingt fortes galères sur la
côte de l'Epirtj. Trois combats furent
livrés sur mer , à la vue de Corfou ,
et ce ne fut qu'an dernier que les
Normands remportèrent une vic-
toire complète et décisive. Les Grecs
furent dispersés , et treize mille
d'entre eux perdirent la vie. L'hiAer
suspendit les opérations de Guis-
chard ; mais il les reprit au retour
du printemps. II se proposoil do
prendre Conslantinople. 11 avoil
pénétré dans la Grèce, s'étoit em-
paré des villes de l'Archipel, lors-
qu'un événement imprévu vint dé-
concerter ses projets. Une maladie
épidémi(jue nivageoit l'ile de CépUa-
1^8
GUIS
loiiie ; Gii'isch»rcl , qui s'y trouvoit ,
en fut attaqué, et y mourut le 17
juillet io85, à 70 ans, trop lard
pour le repos et le bonheur de l'IlaHe
et de la Grèce. Son armée co-nsteraée
S8 retira en désordre , et la galère qui
porloit les restes de Guiscluird iil
naufrage sur la côte d'Italie ; ils fii-
reit déposés dans les tombeaux de
Veuuse. Il eut pour successeur dans
îc duché de la Fouille, son fils Roger
( l'ojez Roger ) , et laissa ses con-
quêtes à Bohéinond , qui devint
prince d'Antioche. Voici ce que Gib-
boa dit de ce conquérant : « Il avoit,
inême de laveu de ses ennemis ,
toutes les qualités d'\ui capitaine et
d'un homme d'état. Sa stature excé-
doit celle des hommes les plus grands
de son armée; son corps avoit les
proportions de la beauté et de la
grâce. Au déclin de sa vie , il jouis-
."~oit encore d'uno santé robuste, et
son maintien li'avoit rien perdu de
sa noblesse. Il avoit le visage ver-
meil , de larges épaules , ds longs
cheveux et une loiigue barbe couleur
de lin, des yeux très -vifs, et sa
voix, comme celle d'Achille, ins-
piroit la soumission et l'effroi au
milieu dn tumulte des batailles....
11 faisoit tout ù la fois, et avec la
même dextérité, nsage de son épée,
qii'il tenoit de la main droite, et de
sa lance, qu'il tenoit de la gauche...
Son ambition ne connoissoit point
de bo! nés Les scrupules de la
justice ne l'arrêtèrent jamais.... Les
émotions de l'humanité le touchèrent
rarement. »
i-n. GUISCHARD ( Charles) , co-
lonel au service du roi de Prusse ,
itianioit également bien la plume et
l'épée. Cet oflîcier , dont le noui
militaire étoit Quiulus Icilius , ser-
vit avec distinction dans la guerre
lie sept ans, et pvolita du loisir que
la paix lui laissoil pour mettre au
uel ses Mémulres militaires sur les
Grecs et les Romains , où l'on re-
GUIS
lève les erreurs du chevalier Fol lard,
avec la Traduction d'Ono-sander et
de la Tactique d'Arrieu , dont la
dernière édition est de Berlin 1774,
4 vol. in-S" , ou 2 tomes, un vol.
in-4°- Quoiqu'il y ait quelques idées
particulières dans cet ouvrage , et
qu'il déprime trop le célèbre Fol-
lard , on ne peut qu'estinier la
sagacité et l'érudition de l'auteur ;
on lui doit encore Mémoires
critiques et historiques sur plu-
sieurs points d'antiquités mili-
taires ^ Berlin , 1770, iu-4'' ; réim-
primés à Strasbourg, 1774, 4 "^'ol-
in-S°. Cet ouvrage est une réponse
a celui du chevalier Lo-Looz , inti-
tulé Recherches d'antiquités mili-
taires , avec la défense du clieva-
lier Foliard , etc. , Paris, 1770, in-
4°. Lo-Looz répliqua à son tour
par un écrit intitulé Défense du
chevalier Foliard , e! ., , opposée aux
Mémoirescritiquesde M. Guischard,
Bouillon , 1778, in-S".
I. GUISE, ou GUYSE (Claude
DE LoRRAlXE , duc de ) , cin-
quième Hls de René II , duc de Lor-
raine, et de Philippe de Gueldre , sa
seconde femme. Après avoir contes-
té inutilement la succession du du-
ché de Lorraine à Antome de Vaude-
nront , son frère aine, il vint s'éta-
blir en France , et y épousa Antoi-
nette de Bourbon, princesse du sang,
le 18 avril i5i3. Sa valeur, son
génie hardi, ses grandes qualités,
et la faveur du cardinal Jean de
Lorraine son frère , cimentèrent .sa
jjuissance. 11 fonda une maison qui
lit trembler les successeurs légitimes
.le la couronne. C'est en sa faveur
que le comté de Guise fut érigé en
duché-pairie au mois de janvier
1527. Il mourut en i35o , après
s'être signale en plusieurs occasions,
et sur-tout à la bataille de Mari-
gnan. Il nétoit alors âgé que de 22
aus; il y reçut jîlus de vingt bles-
sures, et auroit péri tres-cerlaine-
GUÎS
nieul si Adam de Nuremberg, son
écnyer , ne Im cùl sauvé la \ le aii\
ticpens de la sienne, en lui Taisant
lin bouclier de son corps. Claude de
Guise laissa six fils et quatre filles,
dont l'amée épousa Jacques Sluart
V , roi d"Ecosse. De ses six fih , l'un
l'ut, 1° François ( t^oy. ci -dessous
Gi'isE , 11° 11 ) : 2° Charles , cardi-
nal ( i--oyez Lorraine, n° 1); 3°
Claude , duc d'Autnale ■ ( i'oy. Au-
MALK ) ; ii° Louis , cardinal ( voj.
ti-après, au n° VI): h" François ,
grand-prieur et général des galères ,
mon en iô65; 6" René , marquis
d'Elbœuf {voj.Ei.\i(S.VT). François
de Lorraine , l'aine de tous , eut
trois lils; le second, Charles, l'ut
duc de Mayenne {<-'oy. Mayenne);
le troisième , Louis ( vor- ci-après,
11° VI) ; L'ainé éloil Henri , qui est
l'objet de l'arlicie Guise , ii° III.)
Parmi les fils de Henri , deux méri-
tent une place dans ce Dictionnaire.
I/un fut cardinal ( vuj. le n'* VI) ;
l'autre éloit, Cbaries ( t'or. Guise,
n° IV ). Le fils aiiié de Charles l'ut
Henri , qui mourut sans laisser de
postérité (f^oj. Gui.se , n" V). Sou
Irère puinë , nommé Louis , fut duc
de Joyeuse, et mourut en 1G.Î4,
avant son frère; mais il laissa de la
hlle du duc d'Aiigoideine , qu'il a\o;t
épousée , Louis-Joseph de Lorraine,
duc de Guise, mort en 1671 : son
fils unique , François-Joseph , mou-
rut a 1 âge de r> ans, en iG-ô. Cette
famille subsiste encore dans les Ijran
elles collatérales des ducs d'Elbœuf.
Vvjez Harcourt , n° II.
i" II. GUISE ou GuY.SE (François
de Lorraine , duc de ) et d'Aumale,
fils aine de Claude de Lorraine , duc
de Gnise , lié au château de Bar le
17 lévrier 1 5 1 g, fui appelé /e //a -
lafré , à cause d'une blessure qu'i!
reçut au siège de Boulogne en i5 |.t.
Frappé entre le nez et l'œil dvoit
par une lance, tout le fer ^ avec
GUIS
1^9
un tronçon de bois, resta dans la
plaie. Ambroise Paré, fameux chi-
rurgien , fut obligé de prendre des
tenailles de maréchal pour arracher
ce tronçon, et de lui mettre le pied
sur le visage: tous le-s spectateurs
frémifsoienl, Guise seul parut tran-
quille, et ces mots : Ah ! mon Dieu,
furent les seuls qu'il laissa échapper
pendant cette cruelle opération. Mal-
gré l'heureux succès de Paré , les
chirurgiens désespérerentlong-tenips
de la vie de Guise; cependant il
guérit si bien qu'il ne lui resta
qu'une légère cicatrice. Son courage
se montra bientôt d'une manière
éclatante en \ïr:)o , à Metz, qu'il
dél'eiidil vaillamment contre Char-
les-Quint , qui fut forcé de lever le
siège, quoiqu'il eût imprudemment
juré d'y périr plutôt que de l'aban-
donner. Les troupes de l'empereur ,
engourdies par le froid, laissèrent
plusieurs soldats après elles ; le duc
de Guise, loin de les faire assom-
mer, comme faisoient quelques gé-
néraux de ces temps malheureux,
les reçut avec humanité. Pendant
le siège de Metz, un officier espa-
gnol lui écrivit pour lui demander
un de ses esclaves , sauvé dans la
viUe avec un cheval de prix qu'il
avoit dérobé ; Guise renvoya le che-
val , après l'avoir payé à celui chez
qui il se Irouvoii; mais quant à
l'esclave, il répondit qu'il ne con-
tribueioit pas à remettre dans les
fers un homme devenu libre en
nieitant les pieds sur les terres de
F'rance. « Ce seroit , ajouta-t-il,
violer les privilèges de ce royaume,
qui consistent à rendre la liberté à
tous ceux qui l'y viennent chercher.-»
Autant sa valeur avoit paru durant
le siège, autant sa générosité éclata-
l-el!e après. Personne ne connois-
soit mieux les règles de l'honneur ,
et ne savoit mieux réparer une of-
fense. A la bataille de Renli , 10
août 1.05.!, où il fit des prodiges de
valeur, Saiul-Fal , uu de ses lieu-
170 GUIS
teiians, s'avaucanl avec trop de pre'-
cii)ilalion, il l'arrêta en lui donnant
1)11 coup d'épee snr le casque. On lui
dit, après la bataille, que cet olTi-
cier éloil blessé de ce Irailement:
« Monsieur de Saint-Fal , lui dit le
duc , eu présence de tous les oHi-
ciers , el dans la lente même du
roi , vous êtes offensé du coup que
je vous ai donné , parce qne vous
avanciez trop, inais il vaut inienx
que je vous l'aie donné pour vous
arrêter que pour vous laire avancer.
Ce coup est plus j^lorienx qu'humi-
liant pour vous. ■>■> Alors il prit pour
juges lous les capitaines , qui con-
vinrent qu'un coup re(,u pour ar-
rêter l'excès d'ardeur et de courage
faisoit plus d'honneur quo de lorl ;
et Sainl-Fal fut satisfait... Plusieurs
autres avantages en Flandre et en
Italie firent proposer à quelqiies-
inis de faire le duc de Guise vice-
roi de la France; mais ce titre pa-
roissant trop dangereux dans un su-
jet puissant et belliqueux , on sg
contenta de lui donner celui de
lieutenant-général des armées du
roi au dedans et an dehors. Les
malheurs de la France cessèrent dès
qu'il fut à la tête des troupes. En
huit jours il prit Calais et tout son
territoire, au milieu de l'hiver. Il
chassa pour toujours de cette ville
les Anglais qui l'avoient possédée
deux cent dix ans. Cette co.uquète ,
suivie de celle de ThionviUe, prise
sur les Espagnols, mit le duc de
Guise au-dessus de tous les capitai-
nes de son temps. Il prouva que le
bonheur ou le malheur des étals dé-
pend souvent d'un seul homme.
Maitrede la France sous Henri 11,
dont il a voit épousé la sœur , il le
fut plus encore sous François II. La
conspiration d'Amboise , tramée en
i56o par les protcslnns , pour le
perdre , ue fil qu'augmenter son
crédit. Le parlement lui donna le
litre de conservateur de la pairie.
Souauiorilé éloil lelle , «ju'il recc-
GUIS
voit assis et couvert , Antoine, roi
de Navarre , qui se tenoil debout et
tête nue. Le connétable de Mont-
morency le traitoit de Monseigneur
et se disoit son très -humble et
très obéissant serviteur, tandis que
Guise lui écrivoil simplement ,
Monsieur le connétable , et au bas ,
votre bien bon. ami. Apres la mort
de François H , cette autonté baissa,
mais sans être entièrement abattue.
D. s-lors se formèrent les f.ictions
des Coudé et des Guise. iJu côté
de ceux-ci étoienl le connétable de
Montmorency et le maréchal de
Saint-André ; de l'autre , étoient les
l'roiestaus et les Coligni. Le duc
de G>Hse , aussi zélé catholique
qu'ennemi des protestans , avoit ré-
folu de les poursuivre les armes à
la main. Passant, le 1^' mars 1162
auprès de Vassi , sur les frontières
de ia Champagne, il trouva des cal-
vinistes qui chantoient les psaumes
de Marot dans- lîne grange ; ses do-
mcsliqr.es les insuiièreyt ; on en vint
aux mains , et il y eut près de Ro
dp ces mal'neureux tués el 200 de
blessés. Cet événement imprévu ,
q\ie les protestans appellent le mas-
sacre de Vassi , alluma la guerre
civile dans tout le royaume. Le duc
de Guise prit Rouen, liourges, et
gagna la bataille de Dreux le 19 dé^-
cembre i562. Le soir de celle glo-
rieuse journée il s'enferme sans
déiiance dans la même tente avec
le prince de Coudé , il partage avec
lui son lit , et dort d'un profond
sommeil à côté de son rival, dans
lequel il ne voyoit plus, après la
victoire qu'un parent et un ami. Le
duc de Guise fut alors au comble de
sa gloire. Vainqueur par-tout où il
s'éloit trouvé, il étoit l'idole des
catholiques , elle mailre de la cour ;
affable , généreux , et eu tous sens
le premier homme de l'état. Il se
prépavoit à assiéger Orléans, le cen-
tre delà faction protestante, et leur
place d'armes, lors(iu'il fui lue d'un
^ GUIS
roup fie pistolet, le 24 février lâGo,
par Poltrol de Méré , geulillionime
iuigr.eiiot. Les cah iiustes, qui, sous
Henri II et François H, u'avoient
su que prier et souffrir ce qu'ils
appeloient le ir.arlyre, éloient de-
\ei)us, du un historien , des enl'.iou-
sinsles furieux ; ils ne li'^oiem plus
l'Dcrilure que pour y chercher des
e!<euii)les d'assassinats. Pollrot se
crut un Aod, envoyé de Dieu pour
hier un chef ph.ilistin. Le parti, aussi
fanatique que lui , fil des vers à son
lionneur ; et il reste encore des es-
tampes avec des inscriptions , qui
élèvent son meurtre jrsqu'au ciel,
quoique ce ne fût que le crime, d'un
furieux , aussi lâche qu'imbccille...
Vnlincourt a e'crit sa Vie, in-: 2.
Il parut en 1576 une satire sanglante
contre lui , le cardinal son frère , et
les autres Guise , sous le titre de
Légende de Charles, cardinal de
1-orraine, etc., par François de flslc,
in-8". On la trouve dans le tome
VI des Mémoires de Coudé, in-/^".
I-e nom de l'auteur est supposé ; on
la croit de Régnier de La Planche.
La vie de ce grand homme est plei-
ne de traits qui attestent une ame
forte et ningnanime. Un jour qu'il
Tisiloit sou camp , le baron de Lu-
nebourg, un des principaux chefs
desreistres, trouva mauvais qu'il
voulut examiner sa troupe, et s'em-
porta jusqu'à lui présenter le bout
de son pistolet; le duc de Guise
lira froidement Tépée , éloigna le
pistolet et le lit tomber. Montpezat,
lieutenant des gardes de ce pr;nce ,
choqué de l'insolence de l'officier
allemand , alloit lui ôtcr la .vie ,
lorsque Guise iWi crie : « Arrêtez,
Montpezat , vous ne saVez pas mieux
tuer un homme que moi ; et se
tournant \ ers l'emporté Lunebourg:
« Je te pardonne , lui dit-il, l'injure
que tu m'as faite; il n'a tenu qu'à
moi de m'en venger : mais pour
celle que lu as faite an roi, dont je
représente ici la personne , c'est à
GUIS 171
lui d'en faire la justice qu'il lui plai-
ra.» Aussitôt il l'envoya en prison ,
et acheva de visiter le camp, sans
que les reistrcs osassent murmurer ,
quoiqu'ils fussent naturellement sé-
ditieux. On avnit averti le duc de
Guise qu'un gentilhnuime hugue-
not étoit venu dans son camp , à
dessein de le luer ; il le iil arrêter:
ce protestant lui avoua sa résolu-
tion ; alors le duc lui demanda :
« Est-ce à cause de quelque déplai-
sir que tu aies reçu de moi? Non ,
lui répondit le protestant ; c'est
parce que vous êtes le plus grand
ennemi de "ma religion. — Eh bien!
répliqua Guise , si la religion te
porte à m'assassiner , la mienne
veut que je te pardonne, et il le
renvoya, m Réponse sublime , dont
l'auteur d'Aizire a fait usage dans
la dernière scène de cette tragédie...
Le duc de Guise avoit une intré-
pidité qui l'accom.pagnoit même
dans les accidens où sa personne
étoit intéressée. On lui montra un
jour un homme qui s'étoit vanté de
le tuer ; il le ht venir , le regarda
entre les deux yeux , et lui trouvant
un air embarrassé et timide : « Cet
homme-là, dit -il en levant les
épaules, ne me tuera jamais; ce
n'est pas la peine de l'arrêter »
Henri II le créa duc d'Autmie en
i5/(7, et érigea en i.'iôa sa lerre
de Joinville en principauté, {uojez
l'art. CoLTGNi, n° IV. ) Sa femme ,
Anne d'Est, petite fille de Louis XII,
morte en 1607, se remaria au duc
de Nemours.
t III. GUISE 01/ GUYSE ( Henri
DE LoHRAïKE, duc de ), Hls aillé
du précédent, naquit le 3i décem-
bre i55o. Son courage commença
à se déployer à la bataille de Jar-
uac en i56f), et se soutint toujours
avec le même éclat. Un coup de
feu qu'il reçut à la joue dans une
rencontre, près de Château -Thierri ,
le fit suruounner le Balafré , ainsi
Î72
GLIS
que son père François de Lorraine ;
mais celle blessure ne lui ôla rien
d(s charnies de sa Hgure. ( Voyez
Marguerite , n" IX.) Sa bonne
mine , son air noble , ses manières
engageantes lui concilioienl tous les
cœurs. Idole du peuple et des sol-
dais , il voulut se procurer les avan-
tages que le suffrage public lui pro-
mjUoit. Il se mit à la tèle d'une
armée ^ sous prctexle de défendre
la foi catholique contre les proles-
latis. Il conseilla le massacre de la
Sainl-Barthélemi, et, pour satisfaire
sa vengeance particulière, il voulul
commander lui-même la mort de
l'amiral Coligni , qu'il accusoit du
meurtre de son père. Ce fut le com-
aieucemeut de la Ligue, confédéra-
tion d'abord projetée par son oncle
le cardinal de Lorraine. La pre-
mière propositio!! de celle associa-
tion funeste fut faite à Paris. On Ht
courir chez les bourgeois les plus
zélés un projet iVU/iiuii pour la
défense de la religion, du roi et de
la liberté de l'état, c'est-à-dire
pour opprimer à la fois le roi et
l'élat. Leduc de Guise, qui vouloit
^ élever sur les ruines de la France,
anime les factieux, remporte plu-
sieurs victoires sur les calvinistes ,
et se voit bientôt en élat de pres-
crire des lois a son souverain. 1!
jorce Henri III à publier un édit
<|ui anéantissoil tons les privilèges
(les huguenois. 11 demande iiupe-
rieusenieiit la publication du cou-
( ile de Trente , l'établissement de
l'inquisition , la cession de plusieurs
places de sûreté , le changement des
gouverneurs , et plusieurs autres
choses qu'il .savoit que le roi nepou-
voit ni ne devoit accord' r. Henri lll,
fatigué de ses insolences , lui défend
de paroitre à Paris; le duc y vient
malgré sa défense, le giiiai i 558. De
Kl la journée des barricades , qui
lui donna un nouveau crédit, en fai-
liaal éclater sa puissance aux yeux
des ligueurs et des partisans du roi.
GUIS W
Son autorité éloit si grande, que
les corps - de- garde de la capitale
refusèrent de recevoir le mot du
guet , que le prévôt des marcliands
vouloit leur donner de la part du
roi, et ne voulurent recevoir l'ordre
que du duc de Guise. Henri lll fut
Ibrcé de quitter Paris, fuyant de-
vant son sujet, et obligé de faire la
paix avec lui. Enivré d'un sembla-
ble trioin[)he, il manqua de prii-
deuce. Piassuré par l'indolence de
Valois , qui, chassé de sa capitale ,
se livroil à Rouen aux plus puériles
amusemens , Guise s'occupoit alors
de la formation des états de Blois ,
qu'il composoil fie ses créatures.
Celte dernière leiilalive devoit dé-
cider de sa fortune et de sa vie. Il
comptoit autant de partisans que
de députés, qui presque tous éloient
ses complices. La Brie, la Norman-
die , la Picardie , la Bourgogne ,
l'Orléanais, Paris, ponvoient d'un
seul mot se réunir à lui; jamais am-
l)iiieux ne put former de plus bril-
lantes espérances; tout secoudoit ses
voeux , tout servoit ses projets ;
adoré du peuple et de l'armée , il
n'a voit à vaincre qu'un roi méprisé
et sans force., et la différence de
religion rendoit peu redoutable le
roi de Navarre, qui n'avoit pour ap-
puyer ses droits au troue qu'un paru
ioible encore. Ce fut le i6 octobre
)588 que se fil l'ouverture des états.
Guise, en qualité de grand-mailre
de la maison du roi, lit les hon-
neurs de la première séance, « per-
çant de ses yeux toute l'épaisseur
de l'assemblée, dit l'historien Mat-
thieu , pour distinguer et recou-
noitre ses servite(|i"s , et, d'un seul
élancement«de sa vue, les fortifier
en l'efpérance de ravancement de
ses desseins, de sa fortune et de sa
grandeur.» 11 vouloit être nommé
connétable et généralissime , et ne
déguisa plus le but qu'il cherchoit
à atteindre. Les entreprises contre
l'autorité royald firent enfin résou-
GUIS
dre le roi , dit l'abbé de Choisy , à
se déRiire du duc de Guise, qui les
aniinoil loiiles , même assez ouver-
tement. Il avoit été averli que la
duchesse douairière de ftloutpensier,
sœur du duc de Guise, avoit eu
rinsolence de dire qu'elle espéroit,
qu'avec des ciseaux u'or qu'elle por-
toit toujours à son côté, elle lui
couperoil les cheveux pour le con-
tiuer dans^un monastère, il reçut
en même temps un billet qui ne
contenoil que ces mots : I^a mort
de Cou radin est la lue de Chartes j
faisant allusion à la conduite de
Charles d Anjou , frère de saint
Louis, qui avoit fait mourir Con-
radln de Souabe, sou compélileur
au royaume de Naples. Le roi, sur
tant davis qu'on lui dounoil de
prendre garde à lui, cousulla le
maréclial d'Aumont , Rambouillet ,
et Beauvais-Nangis , qui tous trois
conclurent que , nélaul pas possible
de faire le ])rocès dans les formes
au duc de Guise , convaincu de
tant de crimes de lèse-majeslé , il
lalloit se résoudre à l'assassinai,
seule voie sûre et unnuuKpuible ,
par la contiance aveugle où éloil le
duc. Les ordres furent donnés pour
l'exéi ulion. Grillon, mesire-de-camp
des Gardes-françaises , ne s'en vou-
lut pas charger, a Je me battrai
contre lui , dit Grillon, il me tuera,
je ne parerai point ; mais eu même
temps je le tuerai. Quand on veut
bien donner sa vie , on est maître
de celle daulrni.... » Lognac, pre-
mier geulilhomme de la chambre,
et capitaine des 4-^ gentilshouimes
gascons de la nouvelle garde du
roi, en prit la commission; il
eu choisit neuf des plus déter-
minés , et les fit cacher dans un
cabinet du roi. Le duc de Guise
reçut plusieurs avis qu'on en vouloil
à ses jours. La veille de sa mort, il
trouva en dînant, sous sa serviette,
vni billet ([ui lui marquoit que son
dernier moment approclioil. Il dit
GUIS i;3
seulement : Ii, x'osKRoiT ! et acheva
dedmertrau [uillemeut.jNéanmoin.*,
l'apres-diné , sur des averlissemens
réiléiés , il tint cduseil avec le car-
dinal de Guise , son frère , et l'ar-
chevêque de Lyon , sur le parti qu'il
devoit prendre. Le cardinal l'ut d'a-
vis qu'il s'en allât à Paris; mais l'ar-
chevêque lui ayant représenté que
s'il abaudonnoit les états de Blois ,
où il étoil alors , tous ses amis per-
droienl courage , et qu'il lu; relrou-
veroit jamais une si belle occasion
d'établir ïon autorité, il se résolut à
tout hasarder. Le lendemain , 20
décembre i5S8 , il alla chez le roi.
11 fut un peu surpris de voir la
garde reniorcée , les cpiit- suisses
rangés sur les degrés. Dès qu'il fut
entré dans la première salle , on eu
ferma la porte. Il ne laissa pas de
laire bonne mine, salua tous ceux
du conseil avec ses grâces oïdinai-
res ; et dans le temps qu'il vouloit
entrer dans le cabinet, il fut percé
de plusieurs coups de poignard , sans
pouvoir mettre l'épée à la main, et
expira en disant : « Mon Dieu , ayez
pitié de moi ! .... » Dès fpi'il fut
mort , le roi descendit dans la cham-
bre de la reiue-mere , qui étoit ma-
lade , et lui dit ce qi:i venoit d'être
l'ait. « Je ne sais, lui dit-elle, si vous
en avez bien prévu les suites. » Le
duc de Guise avoit alors 58 ans. A
la nouvelle de sa mort , le généreux
Henri de Navarre , depuis si clier à
la France sons le nom de Tîcnri IJ'\
dit : « Si Guise fût tombé entre mes
mains , je l'aurois traité autrement.
Pourquoi , ajoula-l-il , ne s"est-il pas
uni avec moi? Ensemble nous eus-
sions pu conquérir toute l'Italie. »
L'ambition de Henri de Guise émit
si connue , que Henri II ayant de-
mandé à Marguerite» de Valois, sa
hlle, âgée alors de 7 ans seulement ,
le juel elle aimeroit le mieux , du
marquis de Heaupréau , ou du prince
de Joiiu ille( c'éloilainsi qu'on nom-
ma d'abord Henri de Guise ) , q\ii
1-4
GUiS
samusoieul avec elle : Beanprt'au ,
répondit la princesse ; Joiiiviile l'ail
toujours du rpal , et veut èlre le
maître par tout.!.... Le cardinal de
Guise, son Irère , l'ut massacré le
lendemain. ( Voy. ci après, n° VI. )
Leurs cadavres t'urenl mis dans de
la chaux vive, pour être promple-
iiient consumés; les os furent brû-
lés dans une salle du chuleau , et
les cendres |elées au vent. On prit
ces précautions ^ pour empêcher le
peuple d'honorer leurs reliques. L'en-
thousiasme étoit si violent , que la
Soi bonne, aprèsavoirdécidé « qu'on
ponvoit ÔL">' le gouvenvemeiil aux
princes qu'on ne trou voit i)as tels
qu'il falloit , comme l'administra-
tion au tuteur qu'on avoit pour sus-
pect » , délibéra , après la mort de
Henri lll, de demander à Rome la
canonisation de Jacques Clément. Le
meurtre de ces deux frères n'éleignit
point les feux de la guerre civile :
l'assassinat d'un héros et d'un prê-
tre rendirent Henri lll exécral)le
aux yeux de tous les catholiques ,
sans le rendre plus respectable. l/cs
hommes qu'il veiioil de faire mou-
rir éloienl adorés, le duc sur-tout.
Auprès de lui , tous les autres prin-
ces paroissoieul peuple. On vantoit
non seulement la noblesse de sa li-
gure , mais encore la générosité de
^011 cœur , quoiqu'il n'en eût pas
donné un grand exemple , quand
il fo.iia ; aux pieds, dans la rue
Pétis: , le corps de l'amiral de Co-
iigni jeté par les fenêtres. Mais
il étoit magnifique et libéral ; et ces
deux qualités éblouissent toujours
le peuple. Ayant gagné au jeu cent
mille livres à d'O , surinteudanl des
linances , ce ministre luien\oya!e
lendemain 70 mille livres en ar-
gent, et 10 inille écus en or, ren-
iermés dans un sac. I^educ croyant
cpi'il n'y avoit que de l'argent dans
ce sac , le donna au commis qui lui
api)ortoi.t la somme. Cet homme
ignoroil ce (jue ce sac pouyoxl cou-
GUIS
tenir ; mais ayant vu par les espèces
en or que Guise s'éloit mépris , il
lui rapporta sur -le-chainp le don
que ce seigneur avoit voulu lui faire.
Cl Puisque la fortune, lui dit le duc ,
vous a été aussi favorable ; cher-
chez un autre que le duc de Guise
pour \ 0118 envier votre bonheur. »
Ce n'est pas le seul trait de géné-
rosité qu'on pomroit rapporter.
Cependant l'ambition ^voil cor-
rompu toutes ses vertus , dit ral>bé
de Cboisy. Ce n'éloit point une ter-
leur panique dans Henri lll , dit le
président Hénaull , que la crainte
des entreprises que Guise pouNoit
former : celui-ci étoit dans des cir-
constances pareilles à celles dont
Pépiii profila pour s'approprier la
couronne. Henri lll ne ressembloit
pas mal aux derniers rois de la pre-
mière race; et le prétexte de la re-
ligion eût fort bien pu susciter
quelque pape de l'humeur de Za-
charie. A l'occasion du meurtre des
deux frères , ou publia dillérens
libelles. Les plus curieux sont , L
Les Signes merveilleux apparus
sur la ville et château de Blois ,
en présence du rui , Paris, ifiSg.
11 seioit hien étonnant, dit Au—
qiietil , que ce meurtre se lût passé
sans que les partisans des Guise
eussent vu dans le ciel des signes
de celle catastroyihe. Us virent donc
un tlambeau tomber sur la ville
de Blois, deux gendarmes blancs,
tenant dans la main droite une
épée sanglante, et enliii des armées
entières qui combaîloient tant sur
iîlois qu'ailleurs II. Histoire au
vrai rhi martyre , etc. , pour être
ccnsidèré par les gens de hien ;
à laquelle il faut ajouter le mar-
tyre des deux jrcres. Le premier
est un éloge , précédé d'une es-
tampe, assez mal laits l'un et l'au-
tre. Le second est nu libelle san-
glant , dans lequel le nom de Henri
de Valois est changé en cet ana-
na>nauime , vilain liéivde. L'au-
GUIS
leur , clans sa fureur , ne sait à qui
s'en prendre. Farce que ce rneurlre
a élé commis à Blois , il tombe sur
cette pauvre ville ; il dit que «les
Irois-quarts sont hérétiques et alhéis-
tes,el le reste païen; et que trois
mois auparavant , on y a surpris
et brîdé uu vilain.... et son ânesse;
que le roi a marché sur le visage
du A\\c ; et qn'il lui a donné un coup
tVépée , tout mort qu'il étoit , elc. m
Dans un moment de iernieîilation ,
tout sert , mensonges et vérités....
Sa femme , Catherine de Cleves , ne
mourut qu'en 1 633 , à Sa ans. ï'^oy.
CoLiGNi, n'^ IV; Matthieu, u" V,
à la lin , et Molac.
IV. GUISE ou GuYSE (Charles
DE Lorraine, duc de ), lils aiaé de
Henri, duc de Guise, sun:ommé
le Balafré, né le 20 août ibji,
iut arrêté le jour de l'exécution de
Blois , et renfermé au château de
Tours j d'où il se sauva en iSgi. Il
fui reçu à Paris avec de grandes
acclamations de joie. Les ligueurs
l'auroient élu roi, sans le duc de
Mayenne , son oncle , jaloux de l'em-
pire qu'il acquéroil sur les esprits et
sur les coeurs. On prétend que la fa-
meuse duchesse de Montpensier , sa
tante, éloit amoureuse de lui. Cest
ce jeune prince qui tua de sa main
le brave Saint -Pol. H se soumit à
Henri IV eu 1594 , et ohtial le gou-
vernement de Provence {voy. Gril-
lon, n" I, à la fin). Il fut employé
sous Louis XIII ; mais le cardinal
de Fdchelieu , redoutant la puis-
sance de cette maison, le contraignit
de sortir de France. Charles se re-
tira à Florence , et alla mourir à
Cuna dans le Siennois , le 5o sep-
tembre 1640 , à 69 ans. Il laissa
plusieurs enfans de Heuriette-Ca-
therine de Joyeuse , son épouse ,
venveduducdeMonlpimsier, et hlle
miique du maréchal de Joyeuse. Son
lils aine fut Henri , qui suit,
i- V GUISE ou G XI rs£ ( Henri D£
GUIS
t75
Lorraine, duc de), petit-fils un Ba-
lafré, naquit à Blois le 4 avril 1614.
Après la mort de sou frère aiué , il
quitta le pelil collet et l'archevêché
de Reims, auquel il a voit étéuoniiné,
pour épouser la princesse Anne de
Manloue. Le cardinal de Richelieu
s'ét;:nt opposé à ce mariage , il passa
à Cologne , s'y fit suivre par sa maî-
tresse , etlabaudouna bientôt poi;r
la comtesse de Bossut, qu'il épousa
et qu'il laissa peu de temps après
pour revenir eu France. Il auroit
pu vivre tranquille; mais son génie
ardent et incapable de repos , l'envie
de faire recjvre la fortune de ses
ancêtres dont il avoit le courage ,
le lit entrer dans la révolte du comte
de Soissons , uni avec l'Espagne con-
tre Richelieu et la France. Le par-
lement lui lit son procès; il fut con-
damné par contumace eu 1641.
Après s'être ligué avec l'Espagne , il
se ligua contre elle. Les Napolitains,
révoltés en 1G47 contre Philippe IV..
l'élurent pour leur chef, et le dé-
clarèrent généralissime des armées
et défenseur de la liherté. L'Eu-
rope , l'Asie et l'Afrique retentis-
scient alors des cris de la révolte elde
la sédition : les Anglais taisoieut cou-
per la tête de leur roi Charles P"^;
les Français se révolloient contre
Louis XIV ; les Turcs massacroient
leur sultan Ibrahim ; les Algériens
leur dey ; les IMogols déchiroient
rindoustan par des guerres civiles;
les Chinois éloient conquis par les
Tarlares ; entrn on conspiroit contre
les jours du roi d'Espagne.» Le duc
de Guise étoil à Rome, lorsque les
Napolitains le pressèrent de venir se
mettre à leur tète ; il ne balança pas
un moment. Il s'embarque seul sur
une felouque", passe à travers la
tlottc espagnole , et descend sur le
port de Naples , au milieu des cris
de joie delà ville. Il fit de's prodiges
de valeur; mais les eiiorls de spn
courage , mal secondés par la France,
ueproduisiieul rien. ( Foy. Anjel-
i7(;
GUIS
xoc/Cerisantes.) Favorisé par une
partie du peuple et Uichaiil de mc-
iiaspr les esprits avec dextérité , il
toiichoit au mouienl de voir retirer
les Espagnols , lorsqu'il fut tralii par
ceux en qui il avoit le plus de ccn-
iîauce. Don Juan d'Autriche gagna
secrëteiiienl l'otficier i(ui gardoit la
porte d'Albe. Un jour que le duc
sortoit de la ville pour une expédi
lion militaire, cet ohFicier rendit
sou poste ; et les Espagnols entrè-
rent dans Napies par une porte ,
tandis que le duc sortoit par 1 autre.
Leur premier soin i'ut de publier que
Guise, ayant fait sa paix avec l'ils-
pague , avoit abandonné la ville pour
n'y plus revenir. Ce taux bruit abat-
tit le courage des Napolitains , qui
déposèrent leurs armes. Le duc de
Guise , ayant appris cette fâcheuse
nouvelle, retourna sur ses pas pour re-
pousser les Espagnols ; mais en vain.
Obligé de fuir dans la campagne ,
il donna dans une embuscade aux
environs du cliateau de Cazerie ,
fut fait prisonnier et conduit eu iis-
pagne, où il demeura quatre ans,
jusqu'en i652. Maigre les vives
sollicitations du duc de Lorraine ,
il n'auroil pas obtenu sa liberté, si
le conseil de Madrid nel'avoit jugé
propre à seconder le prince de Cou-
dé dans la guerre qu'il faisoit contre
la cour. Le duc le promit; mais
comme il détes'.oit les Espagnols , il
se moqua de la parole qu'il leur avoit
donnée. Telle fut l'issue de la ré-
volte de Naples , commencée d'abord
avec tant de chaleur , ménagée en-
suite avec une sorte d'habileté, et
dont le succès auroit été fatal à 1 Es-
pagne , si la France, plus tranquille
dans son intérieur , avoit été en étal
de faire la guerre au dehors. Guise ,
de retour à Paris, se consola, par
les plaisirs, du malheur d avoir per-
du une couronne. 11 brilla beaucoup
dans le fameux carrousel de ]65S.
On le mil à la tèle du quadrille des
.Mdures_, le prince de Coudé éloil chef
GUIS
de celui des Turcs. Les courtisan^
disoient,en voyant ces deux hom-
mes : « Voilà les héros de l'Histoire
et (le la Fable, n Le duc de Guise
ressembloil eûVctiveinent beaucoup
à un héros de mythologie , ou à un
aventurier des siècles de chevalerie.
Sîs duels , ses amours romanesques ,
si'S profusions , ses aventures , leren-
doient singulier en tout. 11 mourut
a Paris le 2 juin 1664 Ses mé-
moires sur son eutreprise di; Naples
ont été publiés en 1 vol. in-4'' et
iii-i 2.
VI. GUISE ou GuYSE ( Louis du
LoiîRAiNE, cardinal de), né avec des
inclinations plus militaires qu'ecclé-
siastiques , éioil fus de Henri de
Lorraine , duc de Guise , tué à Blois;
comme son père ,il ne respiroit que
les armes, (^uoiqu archevêque de
lieims et honoré de la pourpie ro-
maine , il suivit Louis Xlll dans
l'expédition du Poitou en 1621. A
lallaque d'un faubourg , au siège de
Sainl-Jean-d'Angely , il se signala
comme les plus braves officiers. Il
mourut quelques jours après à Sain-
tes , le 22 juin 1621 , uétant que
soudiacre. Guise avoit eu , avec Je
duc de Nevers , au sujet d'un bé-
néfice, un procès qu'il auroit voulu
terminer l'épée à la main. 11 lui fit
fair^ des excuses en mourant , et
laissa plusieurs enfans, entre autre»
Acliille de Lorraine, comte de Ro-
moranlin, qu'il avoit eu de Charlotte
des Essarts, comtesse de Romorautin,
à laquelle Moréri donne le nom de son
amie , et qui fut une des maîtresses
de Heu ri IV. Charlotte Christine,
fille d'Achille, et veuve du marquis
d'Assy , inlenla , en iG88 , un pro-
cès pour avoir la succession de la
maison de Guise. Elle prétendit que
le cardinal de ce nom avoil épousé
la comtesse delvomorantin son aicule
le 4 février 161 1 , et elle produisit
dilférens papiers pour appuyer ses
prélenlions. L'affaire ue fui point
GUIS
jugée. — Il ne faut ])as le confondre
avec deux antres cardinaux de ce
nom. Le premier , frère de Fjau-
çois de Lorraine , duc de Guise, et
fils de Claude de Lorraine , \\é en
1 527 , fnlévèqnede Troyes , ensuite
d'Albi , puis de Sens, et enfui de
Metz. Il eut beaucoup de part aux
affaires de son temps, et mourut
à Paris le 28 mars iSyS. Le se-
cond, neveu du précédent, et lils
de François, duc de Guise, Iné au
siège d'Orléans par Polirot , succéda
au cardinal Ciiarles de Lorraine, son
grand-oncle, dans l'archevêché de
Reims , et fut un des principaux
partisans de la ligue; mais Henri 111
le lit tuer à Blois le 24 décembre
i388. Sou frère, le duc de Guise,
avoit été massacré la veille (t'oj'.
ci-dessus, n" III ). On conduisit le
cardinal dans ime salle obscure , où
quelques soldats le massacrèrent à
coups de hallebarde. S^s cendres fu-
rent jetées an vent , de peur <(ue les
ligueurs n'en fissent des reliques.
Henri III n'avoit jamais pu pardon-
ner à ce cardinal plusienrs traits de
satire lancés contre lui. Il avoit sur-
tout irriff; le roi par une épigramme
qu'il ciloit à tout propos. Elle étoit
faite sur la devise du roi, dont le
corps éloit trois couronnes , avec ces
mots : 3Ianet iiltima cœlo. « La
troisième m'attend dans le ciel. » Les
deux premières représeuloient celles
dePologneetdeFrance.L'épigramme
étoit renfermée dans ce distique :
Qui (hderat htnas ^ unam ahstiilH ; altéra
nrilat ;
jTertiu tonsoris nunc facienda manu.
« De ces trois couronnes , Dieu lui
en a déjà ôléune , ( celle de Pologne );
l'autre chancelle : la troisième sera
l'ouvrage d'un barbier. « Le cardinal
de Guise ajoutoil qu'il auroit beau-
coup de joie de tenir la tète du roi ,
si on lui faisoit celle troisième cou-
ronne chez les capucins ( Voyez
BoicuER , n" I. )
T. VIII.
GUIT
^ J J
VII. GUISE ou GuvsK { Dom
Claude de ) , iils naturel dé Claude
de Lorraine, duc de Guise, ablié
de St.-lSicaise et ensuite de Cluni ,
mourut eu 1612. On auroit de
lui une idée bien désavantageuse, si
on s'en rapporloit à une satire aussi
grossière que maligne , intitulée
Légende de J) . Claude de Cuise,
1.^74, in - 8°. Ce libelle, Irès-
rare avant davoir été réimprimé
dans le tome 6^ des Jflémoircs de
Coudé, est attribué à Dagonneau,
calviniste , juge de Cluni , ou a
GiiberlRegnaul, juge-mage d<-Cium,
aussi calviniste. Le cardinal de Guise
avoit voidii le déposer, à l'insligaliou
de D. Claude : mais il s "étoit fait
maintenir par arrêt; el le lendemain,
après son audience, il jeta ses provi-
sions dans le parquet , el alla faire
les fonctions d"a vocal à Mùcon.
VIII. GUISE, royez Gutse.
GUITMOND. royez Guimond.
GUITON fJêan), se signala ;\ La
Rochelle , lorsque le cardinal de
liichelien assiégea , en 16:27 , ce bou-
levard du calvinisme. Les Roche-
lois , animés par la religion et par
la liberté , voulant avoir un chef
aussi déterminé qu'eux , élurent
pour leur maire , leur capitaine cl
leur gouverneur, l'intrépideGuiton.
Avant d'accepter une place qui lui
dounoit la magistrature et le com-
mandement des armées , il prit un
poignard , el dit, en présence de ses
principaux compatriotes : « Je serai
maire , puisque vous le voulez , à
conditioxi qu'il me sera permis d"tu-
foncer ce poignard dans le sein du
premier qui parlera de se rendre.
Je consens qu'on eu use de même
envers moi , dès (|ue je proposerai
de capituler ; et je demande que ce
poignard demeure tout exprès sur
la table de la chambre où nous
nous assemblons dans la maison de
villç... « Guiton soutint ce varac-
irS GUND
1ère jusqu'à la fin. Un jour qu'un
de ses aaiis lui montra une per-
sonne de sa connoissance, tellement,
exténuée par la faim, qu'elle n'avoil
plus qu'un souffle de vie : «Etesvous
surpris de cela, lui dit-il? 11 faudra
bien que nous en venions là , vous
et moi , si nous ne sommes pas se-
courus. » — Un autre citoyen lui
disant que la faim faisoit périr tout
le monde , et que bientôt la mort
achèveroit d'emporter tous les habi-
tans : « Eh bien ! répondit froide-
ment Guiton , il suffit qu'il en reste
un pour fermer les portes. » Il dé-
clara hautement que (csi l'on vouloit
le tuer ponr se nourrir de sa chair ,
il y consentiroit plutôt que de se
rendre à l'ennemi. » Son intrépidité
fut enfin subjuguée par la famine
en 1628 : il se vit forcé de céder à
l'entreprise heureuse de Métezeau ,
et au génie de Richelieu.
GUITTON d'Arezzo, un des
premiers poètes italiens , florissoit
■vers i25o. On trouve ses Poésies
daus vm Recueil d'anciens poètes
italiens , Florence , 16.27 , in-8°.
*GULDENSTEAD(Jean-Anloine),
célèbre voyageur , né à Riga , mort
en 1781 , profond dans l'histoire na-
turelle, et possédant plusieurs lan-
gues, avoit employé 7 années à par-
courir la Tartarie et la Géorgie , et
avoit pénétré jusqu'au Caucase.
Sbs lalens le firent appeler à Péters-
bourg , où il fut professeur d'histoire
naturelle.
GULPHILAS . Voyez Ulphilas .
>^- t GUNDLING ( Nicolas-Jérôme),
né près de Nuremberg, en 1671,
d'un père ministre , auteur d'une
Disserlation sur le concile de Gan-
gres. Le fils devint successivement
professeur en philosophie , en élo-
quence et en droit naturel à Hall.
Sa capacité étoit si connue à la cour
de Berlin, qu'on l'yconsultoit sou-
vent sur les affaires publiques. Ses |
GUINN
services lui valurent le litre de
conseiller privé. Il mourut recteur
de l'université de Hall le 16 décem-
l»re 1729, laissant un grand nombre
de bons ouvrages de littérature, de
jurisprudence, d'histoire et de poli-
tique. Guudling étoit laborieux , et
avoitdeJ'esprit ; maisonsouhaileroit
dans ses écri ts plus de modération. Ses
principaux ouvrages sont , I. Nou-
peaux entretiens , in-8°. II. Pio-
jet d'un Cours d' histoire littéraire.
III. Historia philosophiœ moralis ,
ia-8°. IV. Ôlia , ou Recueil de
Discours sur divers sujets de phy-
sique , de morale , de politique et
d histoire , trois vol. in-8°. Y. De
jure oppignorati territorii , in-4°.
VI. Status naturalis Hobbesii , in
corpore juris cipilis defensus et de-
fendendus , iu-4''. VII. De statu
reipublicœ Germanicœ , sub Con-
rado I , in-4°. Ludwig a réfuté cet
ouvrage dans sSiGermania princeps.
VIII. Gundlingiana , en allemand.
IX. Commenlatio de Henrico Au-
cupe , in-4°. X. Via ad veritatem ,
ou Cours de philosophie , 5 vol.
in-8°. XI. Il a eu beaucoup de part
aux Obseruationes Hallenses, excel-
lent recueil en 1 1 vol. in-8°. XII.
]\lèmoire historique sur le comté
de Ncufchâtel.
GUNIMOND. Voyez Alboin.
* GUNNERUS (Jean - Ernest ),
théologien danois, néà Christiania eu
1718. Son mérite éminent le porta
sur le siège de Drontheim en 1768,
et il fut le principal fondateur de la
société royale de Norw^ège pour
l'encouragement de l'étude de l'his-
toire naturelle. Linnée a donné le
nom de Gunnera à une plante de
.son système des végétaux. On doit
à Gunnerus la Flora Norwegiœ ,
publiée en 1776.
* GUNNING ( Pierre ) , prélat
anglais, né en 161 3 à How , au
comté deKent, mort eu 1684, élève
GUNT
d'abord de l'école du roi à Cantor-
béry, puis de Cambridge , où il se
distingua comme maître et comme
prédicateur ; mais son allachemeut
au royalisme l'ayant fait déposer et
chasser de Cambridge, il se relira
au nouveau collège d'Oxtbrd , où il
trouva piotection et s'avança. A la
restauration , il fut envoyé à la
conférence de Savoy ^ où il fit re-
marquer ses lalens ; et eu iti^g il
fui nommé évêqiie de Chisler , d'où
il passa en 1674 au siège d'Ely.
* GUNST ( Pierre Van ) , graveur
célèbre, ué à La Haye, en Hollande,
en 1724 , a gravé au burin im
grand nombre de pièces , 1'' les
Amours des dieux, d'aprèsLe Ti li en ;
2°. une collection de portiails eu
pied , d'après Van Uyck , dont
Charles P"^ , roi d'Angleterre , et
Henriette de France , son épouse;
n° Un grand, nombre de portraits,
et plusieurs autres sujets d'après Van
der Werff , Karel de ftloore , etc.
I. GUNTHER ( Edmond ) , pro-
fesseur d'astronomie au collège de
Gresham en Angleterre, né en lUBi,
mort en 16126 , avec une grande ré-
putation , acquise par ses leçons et
ses écrits. On a de lui Canon irian-
gulorum , seu Tabulœ tangentium
et secaniium ,L.ondres, i6jo, in-8°,
etc. Toutes ses œuvres furent pu-
bliées en 1 674 , iii-4°, l^ar Leybourn.
t II. GUNTHER , poêle allemand,
né en Silèsie , se distingua de bonne
heure ; mais ses talens firent son
malheur. Un poète jaloux mêla
dans sa boisson des drogues qui l'eni-
vrèrent au moment qu'on devoit le
présenter à Auguste II, roi de Po-
logne. Au milieu du complimeut
qu'il débita à ce monarque, il fil
une chute honteuse. Cet accident lui
causa un chagrin si amer , qu'il en
mourut à l'âge de 28 ans , laissant
plusieurs morceaux de poésie , dans
lesquels on remarque un talent na-
GUSS
179
turel et des grâces , mais peu de cor-
rection. Ce poète tlorissoit au com-
meucement du 18" siècle. On a , en-
tre autres ouvrages de sa façon, une
Ode sur une bataille que le prince
Eugène gagna contre les Turcs, évé-
nement aussi célébré par le grand
Rousseau.
III. GUNTHER. r. GoNTHiEK.
GURTLER (Nicolas), né à Bàle
eu 1654, après avoir professé en dif-
férentes villes d'Allemagne, occupa
la chaire de théologie de Franeker
en 1707, et mourut en 1711 , à 67
ans. Ses principaux ouvrages sont ,
I. Lexicon linguœ latinœ , germa-
nœ , grœcœ et gallicœ, 1702. W.His-
toria templarioruni , 1702, iu-4.''
III. Origines mundi , in-4° , 1708 :
ouvrage d'une prodigieuse érudi -
lion , mais dans lequel l'auteur
adopte beaucoup d'étyniologies in-
certaines , et d'idées ridicules sur la
mythologie. \S .Institutiones l/ieo-
logicce , m-/\°, 1721. Les écrits de
Gurller sont estimés des théologiens
proleslaus.
GUSSANVILLAN (Pierre) nalif
de Chartres , embrassa l'état ecclé-
siastique, et s'appliqua à la critique
sacrée. Un des fruits de son élude
est une bonne édition des (Euv-:es
de saint Grègoire-le-Grand , Paris ,
1670 , 5 vol. in-fol. C'étoil la meil-
leure avant celle des bénédictins de
la congrégation de Saint-Maur , don-
née en 1705, 4 vol.
* GUSSEME (Thomas-André
de ) , savant antiquaire espagnol , de
l'académie de l'histoire el de celle des
belles-lelUes de Séville, né à Alar-
chena vers le commencement du 18^
siècle. Nous avons de lui , en espa-
gnol , un Dictionnaire universel
des médailles, très-eslimé, et im-
primé à Madrid en 1773, 6 vol. in-4''-
GusseiTie mourut vers l'année 1770,
lorsqu'il n'y a voit encore qu'un vo-
lume d'imprimé de cet ouvrage ,
,8o GUST
mais le duc de Arcos, sou ami, qui
en iivoit {lajé les frais d'impression ,
voulut égaleuient qu'où imprimât
les ciuq, autres à ses trais.
tl.GUSTAV^E,roi de Suède, connu
sous le uom de Gustave-Wasa ,
lils d'Eric - Wasa , duc de Gris-
psholin, né eu «490, desceudoit des
anciens rois de Suède, et ètoit petit-
neveu de ce Canulson detrôué uo)u-
l)re de fois et nombre de l'ois rappelé.
«Cétoit, dit un historien, uue de
ces grandes aines que la naitire forme
si rarement pour commander aux
hommes. Sa taille avanlagtiuse et son
air noble lui faisoieut des partisans
des qu'il se moiilroit. Sou éloquence,
à qui sa bonne mine donnoit de la
lurce, étoit d'autant plus persuasive
qu'elle étoit sans art : son génie for-
inoil de ces entreprises que le vul-
gaire croit téméraires, et qui ne
hont que hardies aux yeux des grands
hommes ; sou courage infatigable les
faisoit réussir. Il étoil intrépide avec
])rudence, d'un naturel cloux dans
un siècle féroce, vertueux eutia, au-
tant qu'un chef de parti peut l'être, n
Gustave, grand-enseigne de la cou-
ronne et cousin germain de l'admi-
iiistrateur Steeu Skure , étoit à 26 ans
l'aine de ses conseils , et l'aidoit par
ea valeur et sou génie à défendre la
pairie contre le féroce Christiern II,
roi dcDanemarck, qui prétendoitau
trône de Suède eu vertu du traité de
Calmar; et contre, Gustave Trolle ,
nrchevèqued'Upsal, qui vendoil sou
pays aux Danois pour satisfaire sa
vengeance et sou ambition. Chris-
tiern trouva bientôt le moyeu d é-
carter un adversaire qui ei^it prévenu
l'exécution de ses desseins. 11 se fit
livrer Gustave comme otage , le re-
tint prisonnier contre le droit des
gens, et n'ayant pu réussir à le ga-
gner , donua secrètement l'ordre de
l'assassiner. Heureusement qu'il ne
fut pas obéi. A la fin de i^iq, Gus-
tave apprend la mort de l'acùniuis-
GUST
irateur Sleen Slure , les succès de
Christiern et les malheursde la Suède.
Du fond de sa j)nson il ose former
le projet de délivrer son pays, se
déguise en paysan et se sauve à Lu-
bec , y sollicite inutilement des se-
cours, s'embarque et descend à Cal-
mar , se découvre aux soldats de la
garnison qui refusent d'embrasser le
parti d'un fugitif, traverse les quai-
liers des Danois sous les livrées d^
la misère , et va ihercher chez des
chartreux dotés par sa famille un
asiie fju'il ne peut obteuir. Proscrit
par Chnsliern , poursuivi par les
soldais de ce tyran , repoussé par ses
amis , et même par ses parens, Gus-
tave se dirige vers la Dalécarlie pour
tenter d'en soûle ver les hahilans: il est
volé et abandonné par son guide au
milieu des forêts , s'enfonce dans les
mines et y travaille pour sa subsis-
tance, est reconnu, accueilli avec
sensibilité par un paysan, trahi et
sur le point d'être livré par un ami
perfide ; enfin il échappe encore à ce
danger, et se réfugie chez un curé,
qui seconde ses projets et l'aide à la
fois de son crédit , de sa bourse et
de ses conseils. Les esprits étant pré-
parés , on profite d'une fêle qui ras-
sembloit à Mora les paysans du can-
ton ; Gustave paroitau milieu d'eux:
son air noble et assuré, ses malheurs,
l'horreur quinspiroit Christieru, et
le massacre récent des sénateurs de
Siockholm , tout prête à l'éloquence
du piince une force nouvelle. Des
cris de fureur l'interrompent ; on
court aux armes , et le château du
gouverneur est escaladé. Les Dalé-
carliens, animés par ce premier suc-
cès , se rassemblent en foule sous les
drapeaux du vainqueur, qui profile
de leur ardeur et les mène à de nou-
veaux combats. De ce moment ^ la
vie de Gustave n'est plus qu'uu en-
chaînement de triomphes. A la tète
des troupes qu'il a disciplinées, il
hasarde les actions de guerre les plus
périlleuses ;, ei ses efforts sont lou-
«
GUST
jours couronnés par la victoire. Le
plus étonnaul de ses exploits esl l'as-
buut donné de pied ferme , eu pleine
raer, à la tlotle danoise, surprise el
fuchalnée par les glaces devant le
port de Slockliohn. Sans la retraite
des troupes auxiliaires que Lul>ec
fournissoit aux Suédois , la Hotte en-
tière de l'ennemi étoil incendiée ou
dcvAoil leur conquête. Les états-
généraux avoient, en i52i , conféré
à Gusiave le titre d'administrateur;
en 1520 ils le proclamèrent roi. Il
parut ne se rendre qu'avec peine aux
instances du corps entier de la na-
tion , reçut le serment de ses nou-
veaux sujets , fit son entrée dans la
capitale, mais dilléra la cérémonie
de son couronnement , pour n'être
pas forcé de jurer le maintien de la
religion catholique et des privilèges
du clergé. A peine affermi sur le
trône, il voulut détruire celte puis-
sance d'autant plus terriMe que l'i-
gnorance l'a voit rendue Sitcrée. C'é-
toit tenter une entreprise plus ditïi-
cile peut-être que des conqiièles :
osons dire cependant qu'elle étoit
nécessaire. Le clergé form >it, dans
l'état, mie espèce de république in-
dépendante, l'actiense et redoutable :
il possédoit plusde la moitiédes biens
du royaume, et étoit lîi, comme par-
tout, exempt des charges publiques.
Les évèqiies habitoienl des forteres-
ses, f entrelenoient de nombreuses
garnisons , donnoient asile aux re-
belles dans les temps de trouble,
opprimoienl les peuples el faisoient
la guerre aux rois. On ne compose
])oinl avec ini pareil corps. Vouloir
restreindre sa puissance, c'est l'at-
taquer; et latlaquer sans le détruire
esl presque toujours aussi inutile que
dangereux. Gustave le sent-oil. Lardz
Anderson , son chancelier, lui con-
seilla de se servir de la réforme de
Luther pour remplir ses vues. 11
adopta ce projet hardi, et l'exécuta
par la supériorité de sa politique
plus encore que par l'autorité. En
GUST
i8i
même temps qu'il favorisoit secrè-
tement les progrès du luthéranisme,
il distribua à ses créatures les bé-
néfices vacans , et, sous prétexte de
soulager le peuple, chargea le clt- rgé
de l'enlrelien et de la subsistance drS
troupes. Eii'Utôl il osa davajilage :
il demanda aux états de i.'ïay la re-
mise des forteresses et l'abandon dts
privilèges des évèqnes , et obtint
iun et l'autre. Pendant ce temps le
luthéranisme se propageoit avec ra-
pidité. Gusiave prévint les troubles
ou les réprima; il contint les nié-
contens, flatta les ambitieux , gagna
les foiblcs, et finit par adopter pu-
bliquement lui-même une religion
qui étoit devenue celle de la grande
mojfuité de ses sujets. En i65o un
coi:cile national reconnut la confct-
sinnd'Ausgbourg pour règle de la foi.
Après a\oir, comme il le disoil, con-
quis son royaume une seconde fois ,
il ne resloit plus à Gustave que d'ob-
tenir le droit de le transmettre à ses
eni'ans. Sur !a demande qu'il en lit,
les états abolirent, en \^/\2, l'usage
de l'élection , el établirent la loi de
succession appelée uii^ion litrédi-
tairç. Dansunemonarchieoù le pou-
voir royal étoit alors très -limité,
Gusiave exerça une autorité presque
absolue ; on ne résiste nulle part et
en aucun temps à l'ascendant du
génie, des vertus et sur- tout des
bienfaits. Mais il respecta toujours
la constitution de l'état, et ne se ser-
vit de son pouvoir que pour rendre
la Suède heureuse au dedans , au de-
hors redoutable à ses ennemis, et res-
pectable à ses alliés. Il perfectionna
la législation, civilisa le peuple, adou-
cit ses mœurs , encouragea les scien-
ces , excita l'industrie , étendit et af-
francbit le commerce de la Suède ,
et lui apprit à se passer de l'onéreuse
intervention des villes anséatiques.
Après 07 ans de règne, il laissa le
domaine royal augmenté, l'épargne
remplie, les arsenaux abondamnu ut
fournis, une Hotte conndèrable dans
i8:
GUST
les ports , les places frontières eu état
de défense , le royaume en paix avec
tous ses voisins, forlitié de 1 iilUance
de la France , et enrichi par des re-
lations directes avec tous les étals de
l'Europe. Ce graud capitaine mourut
en i56o , âgé de 70 aus. Sentant ses
forces s alfoiblir , il appela ses en-
fans et les conjiu'a ((de ne pas se mê-
ler d'affaires inutiles et étrangères,
de s'occuper uniquement de celles qui
leur étoient propres, et de ne rien
entreprendre qui fût an-dessus de
leurs forces. » La considération dont
la Suède jouissoit en Europe, sous
le prince qui l'avoit délivrée de la
tyrannie de Christiern II, diminua
SI fort sous ses successeurs , que Pi-
brac , chancelier de Henri IV , encore
simple roi de Navarre , se plaignant
des procédés de la cour de France ,
diso\t (c qu'elle n'avoit pas plus d'é-
gard pour ce monarque que pour un
roi de Suède ou de Chypre. » Gus-
tave-Adolphe recloima à cette na-
tion le lustre qu'elle avoit perdu. 11
laissa trois tils, Eric, Jean et Char-
les , qui occupèrent successivement
le trône de Suède. {Ployez l'art, sui-
vant elles tables chronologiques. )La
meilleure histoire de Gustave-Wasa
est celle publiée par d Archeuhdltz ,
en allemand, à Tubingue , 1801 ,
2 vol. in-8° ; elle a été traduite en
français.
t II. GUST AVE- ADOLPHE II ,
dit le Grand , roi de Suède , né à
Stockholm en 1 594, successeur de son
père Charles IX en 1611 , fut nom-
mé Gustave, en mémoire de son
a'ieul paternel , et Adoj.I'IIE , à cause
de son a'ieul maternel. On l'éleva
d'une manière digne de sa naissance.
A 12 ans il éloit bon officier, et sa-
voil les principales langues de l'Eu-
rope; à 16 il dirigeoil déjà les al-
faires, paroissoil an conseil et à la
tète des armées , obéissoit en soldat ,
négocioil en ministre, et comman-
dotl en roi. En 1611, après la mort
GUST
de Charles IX, les étals lui décer-
nèrent la couronne et le déclarè-
rent majeur. La Suède avoil besoin
d'un chef qui sût la défendre; une
régence l'eiit perdue : la confiance ,
l'enthousiasme et la nécessité firent
taire les lois ; les taleus et le dévoue-
ment du jeune roi sauvèrent l'état.
Sa valeur éclata d'abord contre les
rois de Danemarck , de Moscc^ie et
de Pologne , qui l'avoieut attaqué
en même temps. II lit la paix avec
les deux premiers , et obligea le der-
nier à quitter laLivonie. Après avoir
terminé heureusement cette guerre,
il fit alliance avec les proteslans d'Al-
lemagne contre l'empereur et la ligue
catholique. La France accéda à ce
traité en 1601. Les états protestans,
encouragés , présentent des requêtes
à l'empereur, lèvent des troupes, tan-
dis que Gustave avance en augmen-
tant toujourssonarmée.Ses ministres
voulurent le détourner de cetleguer-
re, sous prétexte qu'il manquoit d'ar-
gent. (( Les gens du pape que je vais
attaquer , leur répondit-il, sont riches
et efféminés. Mes armées ont du cou-
rage et de l'intelligence ; elles arbore-
ront mou étendard chez l'ennemi, qui
paiera mes troupes.» 11 commença ses
conquêtes en Allemagne par lile de
Rugen et parla Poméranie, pour être
assuré de ses derrières. Il défendit,
sous les plus grièves peines , de faire
le moindre tort aux habitans. Ce
héros sensible distribua du pain aux
pauvres. Sa maxime éloit que,
« pour se rendre maître des places,
la clémence ne vaut pas moins que
la force » Gustave parcourut,
dans moins de deux ans et demi ,
les deux tiers de l'Allemagne, de-
puis la Vistule jusqu'au Danube et
au Rhin. Tout se soumit. Il força ,
les armes à la mam , l'électeur de
Brandebourg à se joindre à lui ; l'é-
lecteur de Saxe lui donna ses pro-
pres troupes à commander ; l'élec-
teur Palatin , dépossédé , vint com-
battre avec son protecteur. Il rem-
GUST
porta une victoire complète devant
Leipsiclc^ le 7 septembre j63i , sur
TilU, général de l'empereur. Les
troupes de Saxe, nouvellement le-
vées, prirent la fuile dans cette
journée ; mais la discipline sué-
doise répara ce contre-temps. Le roi
de Suède charge l'élecleur de Saxe,
quia combattu avec lui, déporter
la guerre dans la Silésie et dans
la Bolième , et il entre lui-même
dans la Franconie , dans le Pala-
tiuat et dans l'évêché de Mayence.
Son chancelier , Oxenslieru , l'y
joint, et lui dit : a Sire, jaurois
été plus content de vous féliciter
de vos conquêtes à Vienne qu'à
Mayence. » Le héros, qui sent très-
bien la justice du reproche que
ces mots renferment, ranime son
ardeur. Il commençoit à faire du la
guerre ini art nouveau. Il avoit
accoutumé son armée à un ordre et
à des manœuvres inconnues ailleurs.
Tilli, vaincu devant Leipsick, le fut
encore au passage du Lech. Gustave,
méditant alors le siège dlnoolstadt ,
varecounoitre une forlihcalion qu'il
vouloil faire attaquer ; les canonnieis
de la place tirèrent sur lui si juste ,
qu'un boulet emporta la croupe de
sou cheval. 11 tombe dessous, en-
seveli dans la boue , et couvert de
sang; mais il se relève promple-
ment, saule sur un autre cheval ,
et continue de donner ses ordres.
Gassion fut un des premiers qui ac-
coururent au roi , et cet empres-
sement lui valut un régiment.
Gustave, qui avoit le talent heu-
reux de relever le prix de tous
les grades qu'il donnoit , dit à Gas-
sion : « Ce sera un régiment de
chevet ; et on pourra dormir auprès
dans une entière sécurité. » L'année
.suivante, le 16 novembre i652,
Gustave donna , dans la grande
plaine de Lutzen , la fameuse ba-
taille contre Walstein, autre géné-
ral de l'empereur. Quelques-uns de
»es régimeus plièrent d'abord. Gus-
GUST
i83
taveleur dit : « Si, après avoir tra-
versé tant de tleuv es , escaladé tant
de nmrailles et forcé tant de places ,
vous n'avez pas le courage de vous
défendre, tenez ferme, au moins,
pour me voir mourir » , et ces
mots ranimèrent leur courc'ge. La
vicloirje fui lonjÉlenips disputée.
Les Su dois la remporlerent , mais
ils perdirent Gustave, dont le corps,
percé de deux balles il de deux
coups d'epée , lut trouvé parmi
les morts. 11 n'avoit <|ue trenle-huit
ans. Gustave paroissoil avoir quel-
que pressentiment de son malheur,
lorsque voyant, peu de jours au-
paravant , les peuples accourir eu
foule au-devant de lui avec de gran-
des démoustralious de joie , de res-
pect et d'admiration , il dit « qu'il
craignoit bien que Dieu , offensé
de leurs acclamalions , ne leur ap-
prît bientôt que celui qu'ils révé-
roient comme un dieu n'éloit qu'un
homme mortel. » 11 avoit coutume
de dire « qu'il n'y avoit point
d'hommes plus heureux que ceux
qui inouroient en faisant leur mé-
tier. » 11 emporta dans le tombeau
le nom de Grand , les regrets du
Nord et l'estime de ses ennemis.
11 disoit « qu'il n'y avoit de rang
entre les rois que celui que leur don-
noit le mérite. » Les vertus de
Gustave répoudoient à ses taleus.
Deux défauts , l'emportement et
la témérité, les ternissoient un peu.
Pour excuser le premier , il disoit :
« Pui.sc}ue je supporte patietiin!t:i\t
les travers de ceux auxquels je ccm-
mande , ils doivent aussi excuser la
promptitude et la vivacité de ii on
tempérannneut. » Voici con!i.,nt
il se juslilioit sur le second : « Uu
roi !<e déclare indigne delà couronne
qu'il porte lorsque, dans uu enga-
gement , il fait difiiculié de se battre
comme uu simple soldat. » Reve-
nant un jour d'uuealiacjueoùil a\oit
élé exposé cinq lieurcs de suite à
UU feu terrible , Gassion lui dit que
i84 GUST
Jes Français verroientavec déplaisir
leur soiiverinii courir d'aussi grands
risques. « F.es- rois de France , ré-
poiidil Guslave, soûl de grands mo-
narques, el je suis un soldat de
fortune. » Guslave donna de bonnes
lois à son peuple el les fil exécuter.
Il corrigea beauqg^ip d'abus dans la
forme du gouveruemeul. Il anima,
il éclaira Tindusirie de ses sujets.
Le mérite el les lalens utiles trou-
vèrent toujours près de lui un ac-
cueil distingué. Il cultiva l'étude
de l'histoire, de la lactique, et des
arts qui avoienl rapport à celui de
la guerre. Il ne négligea point la
politique. Le traité du Droit de la
guerre el de la paix, de Grotins ,
éloit une de ses lectures favorites.
Naturellemenl éloquent, il ainioil
à haranguer, et le i'aisoit avec beau-
coup de feu. Il parloil plusieurs
langues. Le caractère de ses enne-
mis , les projets de ses alliés, les
ressources de ses airiis , rien n'é-
chappoil à son coup-d'œil perçant.
Il montra beaucoup de zèle pour
tout ce qui conceruoit la religion.
Il composa lui-même des prières ,
qu'on récitoit tous les jours dans
son camp à des heures marquées.
Ce prince avoil coutume de dire
« qu'un bon chrétien ne pou voit pas
être un mauvais soldat. wSous sa ten-
te, au milieu des armes , il donnoit
quelque temps à la lecture de la
parol(=i de Dieu : « Je cherche à nie
fortifier contre les tentations , en
méditant nos livres sacrés, dit-il
un jour à l'un de ses officiers
qui le surprit dans ce pieux exercice ;
les personnes de mon rang ne sont
responsables de leurs actions qu'à
Dieu seul : et cette indépendance
donne lieu à des tentations contre
lesquelles nous ne pouvons être assez
si'.r nos gardes w On n'a pas vu
chez les Grecs ni chez les Romains
d'année mieux disciplinée que celle
des Suédois durant la guerre de
ireule ans. Tous les eiifans qu'ils
GUST
avoient eus depuis Fentrée de Gus-
tave-Adolphe eu Allemagne étoient
accoutumés aux coups de fusils , el
portoieut , des l âge de six ans, de
(]Uoi manger à leurs pères qui étoient
dans les tranchées , ou en faction.
Gustave alloit'porter la guerre au-
delà du Dauubs , et peut-être dé-
trôner l'empereur , lorsqu'il fut tué.
Que n"a-t-on pas débité sur la mort
de ce grand homme? On accusa Fran-
çois Albert, duc de Lawembourg, un^
de ses généraux, gagné par Ferdi-
nand Il , de l'avoir assassiné. Puf-
lèndorif pense que ce fut le duc de
Saxe - Lawembourg , qui le fit tuer
à la sollicitation des Impériaux.
D'autres disent que ce mime duc
vengeoit un soulïlet que lui a voit
donné Guslave , irrité de la manière
trop libre dont il vivoit avec la reine
sa mère. Enfin ou imputa sa mort an
cardinal de Richelieu , qui avoit be-
soin de sa vie. N'est -il donc pas
naturel qu'un roi qui s'exposoit eu
soldat soit mort en soldat? Ce nom
lui plaisoit ; et se livrant au feu
comme le dernier de ses soldats , il
fui de bonne heure tout couvert de
blessures. Ce héros , d'une taille
moyenne, mais d'une grosseur pro-
digieuse qui ne l'empèchoit pas d'ê-
tre Irès-vif cl très-agile, avoit une
physionomie majestueuse el mar-
tiale, de grands traits sans être durs,
un air riant et familier. 11 aiinoilà
railler. On lui a encore reproché de
s'être trop livre à son penclianl pour
les femmes, et d'avoir quelquefois
sacrifié au vice de sou temps et de
son pays , où le goût du vin étoit une
passion. En ce cas ce seroit donc la
tlatterie el le mensonge qui auroient
dicté celte inscription qu'on fil pour
lui : Mais sine J-'enere , Alexander
sine vino. Lorsque son corps fut ou-
vert, on lui trouva un cœur beau-
coup plus grand qu'il ne devoil l'être
suivant les lois de la nature. Puffen-
dorff a écrit sa Vie en lalin , in-fol.
Il en a paru une uouvelle Histoire à
GLST
Amsterdam , 1 764 , 111-4") ou A vol.
iu-12. Gustave-Adolpheestà la lête
des grauds capitaines du 17*^ siècle,
et regardé avec raison comme le
fondateur de lecole moderne. Ses
élèves, Wrangel , Tortenson , Wei-
inar , Horn , Banner , ont sor.le.nu
long-temps après lui la gloire de scn
nom. 11 donna à la Suède une nou-
velle constilutioa militaire, et créa
nue milice permanente qui assuroit
en même temps la tranquillité inté-
rieure et la bonne composition des
armées. 11 établit dans les siennes
une discipline sévère et une instruc-
tion jusqu'alors inconnue. C'est à lui
que l'on doit les premiers exemples
de cet ensemble, de cette précision,
de cet ordre et de cette rapidité dans
les manœuvres , d"où d;-peud le suc-
cès de tous les mouvemens en face
de l'ennemi. Les occupations do la
guerre ne l'avoieiit pas détourné des
autres soins de l'administrât ion. Aidé
des conseils du célèbre chancelier
Axel-Oxenstiern, il réiornia la jus-
tice, améliora les tinances, dota les
imiversités, établit une compagnie
des Indes. Son iul'atigable activité em-
brassoit les moindres détails. Aussi
grand au milieu de l'assemblée de la
nation qu'à la tète des armées, il
inspiroit par-tout la confiance, l'a-
mour et le respect. Gustave portoit
♦la bravoure jusqu'à la témérité : il
regardoit même comme v\n de ses
devoirs , de diriger tous les mouve-
mens de Sfs troupes , et d'eu partager
les fatigues et les dangers. Avant la
bataille de Lutzeu il a voit déjà reçu
14 blessures sur le champ de bataille.
Quoique luthérien zélé , il respecta
toujours les autres religions. « H
prioitDieu , disoit-il , de réunir tous
les hommes par la charité, puis-
qu'il éloil inn&ssible de les réunir
par la foi. w 11 laissa de Marie-Eléo-
nore, fille de Sigismond, électeur de
Brandebourg, une fille unique , qui
lui succéda à lage rie cinq ans : c'est
la célèbre Chrislme {poj. ce mol ).
GUST
i85
Elle laissa la couronne à Charles-
Gustave, prince palatin, fils d'une
sœur de Gustave-Adolphe. Charles
XI, fils de ce prince, fut père de
Charles XII et d'Ulrique Eléonore ,
en qui finit la postérité de Guslave-
Wasa.
t m. GUSTAVE m , né le 24
janvier 1746, succéda en 1771 à
Frédéric-Adolphe , roi de Suède. Dès
son avènement au trône, sentant
l'oppression on la cour de Russie
et le sénat de Stockholm tenoient
les monarques suédois, il chercha à
secouer ce double joug. I-e sénat, vou-
laut de son côté accroître son auto-
rité, lui fit signer une formule de
serment différente de celui de ses
prédécesseurs, et s'arrogea jusqu'au
droit de lui choisir un confesseur, et
de fixer la quantité de vin qu'on de-
voit servir à sa taf)le. Gustave con-
fia son projet d'afiranchissemenl au
ministre de France, Vergennes , au
sénateur Hernianon , et aux comtes
de Scheû'er et de Salza ; ils ti'acèrent
ensemble le plan de révolution qui
fut opéré bientôt après. Le sénat,
environné des gardes du roi , céda
sans résistance. Les troupes prêtèrent
serment de fidélité an monarque ;
tous ceux qui prirent en ce jour le
])arti de Gustave nouèrent un mou-
choir blanc autour de leur bras gau-
che ; et ce signe de dévouement con-
tinua à distinguer les officiers suédois
pendant tout le règne du monar-
que : l'assassin qui lui ôta la vie le
portoit lui-même. Lorsque Gustav»
se fut emparé de tous les postes de ia
ville , il assembla les principaux
membres delà diète, et , après leur
avoir reproché leur morgue, leurs
usurpations, leur corruption, il lut
son projet de constitution , qui fut
approuvé sur-le-champ, sans qu'il
s'élevât de contradicteurs. Les offi^
ciers furent alors avancés d'un grade,
et les bourgeois de Stockholm obtin-
rent des médailles d'or ou d'argent
i86
GUST
qu'ils eurent la permissiou de porter
à leurs boutonnières. Gustave , crai-
gnant que l'impératrice de Russie ne
continuât à fomenter les divisions
qui troubloient depuis long - temps
ses états , se rendit à Pétersbouvg
sous le nom de comte de Golhland ,
pour couférer avec cette souveraine
sur les moyens de terminer tout
différent. Dans leur entrevue , ils
montrèrent lun à l'égard de l'au-
tre une cordialité également feinte ,
et la guerre s'alluma bientôt entre
ces deux puissances. Gustave, irrité
de ce que des émissaires russes s'ef-
forçoient de faire insurger la Fin-
lande , prit les armes et fit équiper
une flotte formidable à Carlscrona.
Un traité .particulier attacha à ses
intérêts la Prusse et les Turcs qui lui
firent passer des subsides; malgré
ces secours, sa flotte fut battue le 17
juillet 1788 à Hoglaud par l'amiral
Greig, et quoiqu'il n'y eût que huit
vaisseaux russes qui combattissent
avec courage, ils triomphèrent. Les
Suédois se réfugièrent à Sweaborg ,
où ils restèrent bloqués très-long-
temps. La défection de plusieurs of-
ficiers vint assurer les succès de la 1
Russie. Les Norwégiens , conduits i
par le prince de Danemarck, se réu-
nirent à celte dernière puissance,
forcèrent à Quistrum le régiment de
Westrogothie à capituler, s'emparè-
rent d'Oudewalla, et vinrent mettre
le siège devant Gothembourg , ville
ia plus considérable de la Suède ,
après Stockholm. Gustave alors en-
voya jusqu'à ses propres gardes au
secours de celte place. Pour lui, cou-
rant dans les forêts de la Dalécarlie,
il en rassembla les sauvages habi-
tans , se mit ù leur tète , et marcha
vers Golhembourg. Craignant que
cette ville ne se rendit avant que son
armée ne fût arrivée , il se déguisa,
partit avec un simple aide-de-camp,
et parvint jusqu'aux portes , où ou
eut beaucoup de peine à le recon-
noîlre. Bjpntôl la médiation de l'An-
GUST
glelerre et de la Prusse força le
prince de Danemarck à lever le siège ;
et le traité de paix de Varéla, signé
le i4 août 1790, mit fin aux hosti-
lités. Gustave s'engagea aussitôt à
devenir le chef de la coalition du
nord contre la France, et à contri-
buer à éteindre les principes d'une
révolution efi"rayante pour tous les
rois.- Catherine donna ordre à sou
ministre Stockelberg de promettre
à ce prince douze mille soldats russes,
et un subside de trois cent mille
roubles ; mais il n'eut pas le temps rie
commencer son entreprise. Les no-
bles suédois , mécontens de son gou-
vernement, et de ce que leurs droits
avoient été restreints non seule-
ment par la révolution de 1772,
mais par la diète que le roi avoit as-
semblée à Gèfle , au commencement
de 1792, jurèrent sa perte. Trois
conjurés tirèrent au sort à qui l'as-
sassineroit. Il tomba sur Ankars-
troom qui tira sur Gustave un coup
de pistolet au milieu d'un bal , dans
la nuit du i5 au j6 avril 1792. Le
jour même Gustave avoit reçu ce
billet : « Je suis encore de vos amis,
quoique j'aie des raisons pour ne plus
l'être. N'allez pas au bal ce soir , il y
va de votre vie. w Le monarque dé-
daigna cet avis et vint à minuit dans
sa loge à l'opéra pour y jouir du coup
d'œil du bal. « La. gaieté qui règne*
ici , dit-ij à son écuyer qui étoil dans
sa confidence, est trop vive pour
qu'il s'y trouve des assassins, m Aus-
sitôt il descendit dans la salle. Quoi-
que masqué, il étoit facile à recon-
noître par la vitesse de sa démarche.
La foule l'ayant pressé, l'assassin en
profita pour lui tirer le coup à bout
portant [voyez Ankarstroom ).
Le monarque expira le 29 du même
mois. A celte époque, le jugement
contre le meurtrier et ses complices
avoit déjà été exécuté. Gustave fut le
seul des rois de Suède qui, depuis
CbarlesXIl, parla parfaitement sué-
dois; ce qui le rendit cher aux pay-
GUST
sans et aux soldats. Hardi , impé-
tueux,ayant l'esprit chevaleresque, il
ue manqua ni de sang-froid, ni de dis-
crétion. Dans ses voyages il montra
par-tout un abord prévenant , un es-
prit aimable et des dehors séduisans.
Étant à Paris , il refusa d'y voir
Francklm , « parce que , dil-il, il
n étoit pas prudent aux rois de
voir et d'aimer de pareils hommes.»
Il passa ensuite eu Italie, séjourna
avec plaisir à Rome, et y admira
en connoisseur les chefs-d'œuvre
des arts , encourageant les artistes,
et leur donnant des conseils utiles.
11 conserva , malgré les douleurs
violentes que lui causoit sa blessure ,
la plus grande fermeté jusqu'à son
dernier moment. Uconsola ses amis,
et pourvut à leur soit. La veille de
sa mort, il écrivit de sa main un
codicille, qui nomma régent son
frère le duc de Sudermanie , et le
pria de faire grâce aux complices
de sou assassin; il fit approcher
Gustave-Adolphe son fils, âgé de
quatorze ans , et l'exhorta dans un
entretien noble et touchant à la
modération, à l'amour de la paix,
et sur-tout à se garantir du désir
de toute expédition lointaine. Son
cerps fut ouvert : on y trouva uue
balle carrée , et deux pointes de clou
eutre les côtes. Mallet Dupau a
tracé de ce prince le portrait sui-
vant : « Nul souverain du 18"
siècle , si Tou eu excepte Frédéric-le-
Graud , n'occupera uue place si ho-
norable dans 1 histoire. Réunissant
les lumières à la capacité, le cou-
rage à l'adresse , l'application aux
taleus, Gustave lll a effacé tous ces
monarques endormis sur le trône ,
qui laissent errer les événemens au
gré de leurs ministres. En 1772 il
vengea les droits de la nation ; il
reprit les siens; il rétablit les bases
de l'ancienne constitution; il replaça
l'équilibre eutre laliberté et la monar-
chie. Sous sou administration vigou-
reuse la vénalité disparut. Nul nosa
GUST
187
trafiquer de la patrie, en citant son pa-
triotisme. La marine, l'armée, les
forteresses, le commerce maritime,
la considération extérieure , les arts,
l'industrie, se ranimèrent pendant
ce règne calomnié. N ayant pu étouf-
fer le germe des factions, Gustave lll
sut les contenir. Il punit très-rare-
men t, pardonna à des ingrats, sachant
qu'ils ne cesseroient pas de l'être,
î^iul souverain n'eut des amis plus
zélés, des sujets plus affectionnés,
des ennemis plus implacables. On
lui a reproché sa dernière guerre
( contre la Russie ); elle étoit juste
autant qu'indispensable. 11 s'agissoit
de décider qui règneioil à Stockholm
du roi de Suède , ou des émissaires
de la Russie. Celte puissance , indi-
gnée de larévo]utiondei772,n'avoit
cessé d'entretenir le germe de nou-
veaux troubles. Gustave 111 pénétra
avec justesse que son salut étoit
attaché àcelui de la Porte Ottomane,
et que les victoires de Catherine 11
vers le Bosphore riveroieut les chaî-
nes de la Baltique. Au moment
où il se déclara , trente-cinq mille
Russes, répandus eu Italie , ou près
d'y arriver , alloient s'embarquer
sur la Hotte attendue à Cronstadt ,
par le détroit de Gibraltar. Ces for-
ces dévoient tout de suite se porter
à Sinope , et s'emparer de la
iVIorée. La cour d'Espagne donna
l'alarme ; la Suède s'arma , et les
vaisseaux russes furent enfermés
dans la Baltique. Ayant à lutter
contre les traîtres et les ennemis
extérieurs , Gustave remplit sou
but , et maintint sa dignité avec
les ressources les plus médiocres.
L'Europe fut témoin de son activité ,
de sa bravoure, de son courage d'es-
prit qu'aucun revers ne déconcertoit.
Infatigable et présent ]>ar-tout, ua
jour il combattoit en Finlande, le
lendemain il se rendoit à Stockholm,
parcouroit ses provinces sans pren-
dre de repos , raffermissoit par sa
I présence la Scauie menacée, et re-
i88 GUST
paroissoit bieulôt à la tête de ses
armées. Peu de princes ont eu l'es-
prit aussi cultivé ; il connoissoit eu
homme de lettres, et parloit cor-
reclement les principales langues de
l'Europe. Il écrivoit comme le chan-
celier d'Oxenstiern. Son style oH'roit
le mérite de la concision , de la
vigueur et de la clarté. La plupart des
dépèches et des mémoires imi»or-
tans furent rédigés de sa main. Son
genre de mort prématurée inspire
à la fois l'horreur et la pitié. Avant
d'expirer , il éprouva des souffrances
cruelles. Les derniers jours , il ne
pouvoit rester couché, et se leuoit
assis dans son lit. Pondant la mati-
, née où il rendit l'ame, il se ht ap-
procher d'une croisée de son appar-
tement , et se montra au peuple
pour la dernière fois. Ses derniers
momeus furent donnés à la religion.
Il communia des mains de son grand-
aumônier , et s'entretint assez long-
temps avec ce prélat , «pu a piiblié
le rapport de cette conlérence , où
le roi montra autant de piété que de
stoïcisme. « Dans une salle de l'u-
niversité d'Upsal on voit un grand
coffresurraontéd'un autre plus petit,
tous les deux fermés avec des verroux
et des chaînes. Ces deux coffres ont
été légués à l'univ^ersité par Gustave,
avec ordre de ne les ouvrir que
cinquante ans après la date de
sa mort. Il écrivoit avec élégance ,
et avoit des connoissances très-va-
riées. On lui doit , I. Des pièces
de théâtre , qui , sans être correctes,
ne sont point sans intérêt. Ces piè-
ces sont , Siri-Brahé , drame , dont
le sujet est historique , et date du
j'ègnede Gustave- Adolphe ; Helm-
feld ^ autre sujet historique du
temps de Charles '!k\\Natalle Na~
rlskin, sujet russe ; l'Un pour l'y} li-
tre, comédie. 11. Des Discours aca-
fiémiques. TH. Un E/oge de Tor.t-
(e/ixon. Cet écrit, envoyé dans le
plus grand secret à l'académie de
Slocliliolm, y obtint le prix que
GUTT
Gustave lui-même y avoit fon.lé.
IV. Des Essais polilic/ues. V. Des
Lettres à divers personnages re-
marquables, au cardinal de Bernis,
à MacU;d'Egniont , et dont les plus
intéressantes sont adressées au
comte Ulric-Scheffsr , sou ambas-
sadeur en France, pour lequel il
avoit la i)lus tendre amitié. Le
comte d'Oxensli.;rn , membre de
l'académie suédoise, adonné une édi-
tion complète des (Ein'res de Gus-
tave 111 , et M. Deehaux a publié
une édition des (Euvres politiques ,
dramatiques et littéraires de Gus-
tave lll, Stockholm et Paris, i8o5,
5 vôl iu-8°. La statue de Gustave,
par le célèbre sculpteur Serget ,a
été érigée à Stockholm sur la place
où ce roi descendit a son retour de
la Finlande, après la paix de Wérela.
[/inscription gravée au pied de la
statue, porte ces mots : A Gus~
tauelll, législateur, vainqueur, res-
taurateur de lapaix , par la bour-
geoisie de Stoclulm, 1808. Voyez
C.vTHEniNE H, n" VIII, Ankars-
TKOOM,el les Tables chronologiques
à l'article de la Si'ÈnE.
GUTHIER. rojesGouTHiER.
* GUTHRY (Guillaume), géo-
graphe écossais , né en 1701 , mort
en 17^9 , élève d'Aberdeen. Le plus
estimé de ses ouvrages est sa Gram-
maire géographique , traduite en
français en 1799 , 5 vol. in-8°,-
abrégée en iSoo, i vol. in-S" ; et
ensuite augmentée jusqu'à 9 v. in-8°.
GUTNER (Jean -Gabriel), im-
primeur distingué à Chemnitz en
Misnie vers lan 1660, a écrit sur
l'art de l'imprimerie.
GUTTEiMBERG ( Jean ) naquit
à Mayence d'une famille noble , du
nom de Sorgenlock, dont les diffé-
rentes branches avoient des surnoms
pris des enseignes qui disliugiioient
les maisons qu'elles habitoienl, tel
que celui de Gullemberg, qui éloit
GUTT
le surnom tle la sienne. C'est ce
gentilhomme allemand qui doit être
lei^arde comme riuvenleur de l'im-
primerie, ou du moins comme le
premier qui ait conçu et exécute
l'idée d'imyirimer nn livre , d'abord
avec des planches de bois gravéts ,
et ensuite avec des caractères de
bois sculptés et mobiles ; car on
ne conleste point à Schœffer la gloire
d'avoir imaginé les caractères de
fonte. Il est constaté aujourd'hui par
des documens authentiques , tirés
des archives de la ville de Stras-
bourg , et pul)liés, eu 1760 , par
Scliœpilin , dans nn ouvrage inti-
tulé fi/idiciœ Ijpograp/ticiti, qu'a-
vant 1440 , Gulttuibergavoil com-
mencé dans cette ville ses premiers
essais de typogra])liie. Ces estais
furent-ils laits avec des caractères
de bois mobiles , compie prétei:d
le prouver Schoepllin ? Furent -ils
faits avec des planches gra\ées ,
comme le veut Fournier , célèbre
fondeur de caractères? Voilà le seul
point sur lequel il reste des doutes.
Ce ne fut qu'après i444 , qu'obéré
par les dépenses que ces essais lui
«voient coûté , il vint s'associer
à Mayence avec Jean Fustli , or-
févi'e , qui lui fournit des ionds
pour continuer et pei'fectiouuer son
entreprise. SchœfTer , écrivain, et
homme industrieux , fut aussi ad-
mis dans cette société. Us travail-
lèrent ensemble jusqu'en i435 , et
il est très-probable qu'un des pre-
miers fruits de leurs travaux est une
Bible sans date , et sans aucune
indication du nouvel art qui l'aVoit
produite, dont le deuxième volume
seulement, impi'imé sur vélin, existe
dans la bibliothèque Mazarine , et
dont le caractère, sculpté en l)ois
et mobile , atteste vme antiquité
plus reculée que la Bible comme
que Fustli et Schœff'er imprimèrent
l'an 1462 en caractère de fonte. 11
est encore assez vraisemblable que
«elle même Bible, dont tous les som-
GUTT 189
maires el les lettres initiales sont
ajoutées à la main , est celle dont
ou a taut parlé, pour avoir été
vendue à Paris par Fuslh , comme
mamisc-rite, plutôt que la Bible dû
i4t52 , annoncée dans la suscription ,
comme une production du nouvel
art d'imprimer. 11 faut pourtant
convenir que celle raison, souvent
alh'guée par quelques-uns de ceux
qui ont écrit ^ur l'origine de l'im-
primerie , n'est jias aussi décisive
qu'elle le paroil an premier coup-
d œil ; car la suscription n'est pas la
même dans tous les exemplaires de
cette Bible de i/\^2 , sans qu'on soit
d'accord sur la cause de celle va-
riété. Il y en a deux différentes :
l'une annonce claix"ement la nouvelle
invention d'imprimer , ahsqiie ca~
lami exaratione : l'autre porte sim-
plement que l'ouvrage a été ache-
vé par Fuslh et SchœfFer . tel jour
eu 1462 , industrie J'inilum , com-
pleii/m et co/tsunimatiim est. Or ,
on ne voit pas ce qui auroil pu
empêcher de vendre ces derniers
exemplaires comme manuscrits
Gullemliergf se sépara de ses asso-
ciés vers i4n,T. Les dix années de
sa vie qui s'écoulèrent entre celle
époque el l'année 1/460 sont rem-
plies dilléremment par les auteurs
qui ont parlé de lui. Les nns , pré-
tendaulqu'ilséioil brouillé avec ses
associés en i456 , le font revenir
à Strasbourg ; les antres le font res-
ter à Mayence , où il étoit au ser-
vice de l'électeur Adolphe de Nas-
sau en 1465. Mais, comme on ne
peut citer aucun ouvrage imprimé
qui porte son nom , il n'y a là-
dessus que des conjectures plus ou
moins arbitraires. Ce que les monu-
meus du temps nous apprennent,
c'est qu'en 146 5 , il fut reçu au
nombre des geulilhommes d'Adol-
phe de Nassau , électeur deMayence ,
avec des appointemena annuels , el
qu'il mourut vers it|6b , âgé de pluu
de 60 ans. Ce qu'il y a de certain ,
iQo GUY
c'est qu'il u'exislori pas le 24 février
de celte auiite. ( Vuyez dans les ar-
ticles COSTER , U° I , FUSTH 61 MeX-
TEL , quelques aulreséclaircissemeiis
sur l'origine de l'imprimerie du roi.)
Eii 1801 M. Oberlin a publie un
Essai sur la vie de Gultemberg ,
plein d'érudilion et d'intérêt.
* GUTWIRTH (Melcliior ) , né à
Budweiss en Bohème l'an 1636, se
fit jésuite en 1644 , et mourut d"a-
poplexie à Prague en ]7o5, après
avoir exercé divers emplois dans sa
société. On a de lui divers ouvrages ,
parmi lesquels, Saticli Tf'enveslai
mart.yris et patroni Bohemiœ vir-
lûtes, Olmutz , i65i, in-«° ; De
virtutibus XIV Cœsarum Justria-
corum , Olmutz , iGSg", in - 8°;
Melc/dsedeck pariein et viniim of-
ferens , Prague, 1669 , in-4'', etc.
* I. GUY (Thomas), Anglais,
fondateur de l'hôpital de Guy , né
en 1645 , mort en 1724 , avoit été
destiné au commerce de librairie , et
il le commença avec une somme de
5200 liv. sterling. Mais ce ne fut pas
dans ce commerce qu'il amassa l'im-
mense fortune dont il a joui. Ce fut
en achelantdes billets de la marine,
sous le règne de la reine Anne , et
par des spéculations sur les fourni-
tures pour les mers méridionales
dans la mémorable année 1720.
Quand il mourut, sa fortune mon-
toit à ,"500,000 liv. sterling. Outre
l'hôpital de Guy , il a fondé encore
un hospice à Tamworth.
* II. GUY DE MuNOis , abbé de
Saint- Germain d'Auxerre, depuis
l'an 15285 jusqu'à fan 1009, s'ap-
pliqua à déchiffrer tous les anciens
diplômes des rois et autres seigneurs;
il en tirades copies, et les fit toutes
écrire en beaux caractères du temps
dans un livre appelé carlulaire, et
qui subsiste encore. C'est de ce livre
que le savant dom Mabillon , l'abbé
Baluze et l'abbé Le Bœuf, ont tiré
GUYA
plusieurs chartes curieuses qu'ils ont
publiées. Guy de Muriois mourut dans
un village près d'Auxerre en i3i5.
III. GUY. Voyez MÉad , à la fin
de l'article.
IV. GUY, moine d'Arezzo. Voy.
Akétin.
i-I. GUYARD (Bernard), né n
Craon dans l'Anjou en 1601 , jacobin,
docteur en ihéologieet prédicateur du
roi, mort à Paris le ig juillet 1674,
est auteur , I. De la Vie de saint
Vincent - renier , i654,in-8°. II.
Discrimina inter doctrinam Tho-
mislicam et Jansenianam , ibbh ,
in-4°. IIÏ. La fatalité de Saint-
Clou d , Paris , 1672 , in-i 2 , où il
tâche de prouver que ce n'est pas un
jacobin qui a tué Henri III ; il a été
réfuté par la véritable Fatalité de
Saint-Cloud , qui se trouve dans le
Journal de Henri III, avec l'ouvrage
du P. Guyard , et qui est insérée aussi
dans la satire Ménippée , tome II .
page 'hofb.
i II. GUYARD. /^'.GiiiAiir),n° II.
t III. GUYARD DE Berville
(N... ), né à Paris en 1697 , nulle-
ment favorisé de la fortune , traîna
une vie obscure , qu'il finit à 70 ans,
en 1770, à Bicêlre, où la misère
l'avoit forcé de se retirer. Nousavons
de lui , ï. Histoire de Bertrand,
du Guesclin, Paris , 1767, in-12,
'2 vol. II. Histoire du chei^alier
Bayard , Paris, 1760, in-12. Le,
sujet de ces liistoires est intéressant,
mais le style est diffus, et la plupart
des réflexions de l'historien sont très-
communes.
IV. GUYARD ( madame). Ployez
Vincent.
V. GUYARD. Voyez Gciard.
t GUY AUX ( Jean- Joseph ) , né
l'an 1684 à "Wamfercée , village du
Brabant Wallon , professeur de
l'Ecriture sainte en 1725, docteur
GUYE
en lliéologie et chanoine de Saint-
Pierre eu i7i27, et enfin doyen et
prévôt de celte église , mourut le
8 janvier 1774, à Louvain, après
avoir l'ait des legs considérables aux
pauvres. On a de lui, I. Commen-
tariits in jlpocaljpsîm, Louvain,
1781, in-8°, où il combat le sys-
tème que Kerkherder établit dans
sa Monarchia Romœ paganœ. Le
style de cet ouvrage n'est ni pur ni
agréable. II. Quœstio mo/iastico-
t/ieologica de carnium esu , Lou-
vain, 1749» in-4°- 111- Prœlec-
tiones de S. Jesu-Chrlsti Evange-
lio , deque Actis et EpisloUs apos-
tolorum. M. Gérard, chauome de
l'église de Gand , ancien professeur
en philosophie à Louvain , a donné
l'édition de cet ouvrage en sept vo-
lumes iu-8°.
t L GUYET ( Charles ) , jésuite
à Tours, né en 1 601 , mort en 1664,
à 63 ans, enseigna les belles lettres
pendant cinq ans , et la théologie
morale pendant deux ans. Il a tra-
vaillé sur les cérémonies de j'Eglise ;
le fruit de ses travaux fut un gros
in-folio , plein d'érudition et cu-
rieux, intitulé Heortologia, sive de
Festis propriis Iocorum,eA un autre
ouvrage sous le titre de Ordo gene-
ralis el perpeluus diuini officii re-
citandi. l^oj ez.GviLi.ET.
t II. GUYET ( François ), prieur
de Sainl-Andrade , dans le diocèse
de Bordeaux, ha1)ile et hardi criti-
que , dont les conjectures , quoique
très -hasardées, sont recherchées et
estimées des savans ,né à Angers en
1575 , et mort dans la même ville
en i655, avoit fait des Noies sur
différens auteurs , dont Boeder et
Grœvius ont prolité; il en a laissé
de manuscrites sur la Pharsale de
Lucain, qui se trouvent dans l'édi-
tion de cet auteur , publiée à Leyde,
1728, iu-4°,par les soins de Fran-
çois Oudendorp. La Traducliou de
Stace par l'abbé de Marolles seroit
GUYO
'9î
entièrement oubliée , sans les remar-
ques de Guyet, que le traducteur a
placées au bas du texte. On a aussi
publié ses Noies sur Térence , à
Strasbourg , en 1657. Ce savant cri-
tique légua par son testament tous
ses livres au célèbre abbé Gilles
Ménage, qui les légua ensuite, avec
sa riche biljliotlicque , à la maison
professe des jésuites de Paris.
GUYMIER (Côme), conseiller-
clerc au parlement de Paris, «sa
patrie , çt président aux enquêtes ,
magistrat plein d'intégrité et de lu-
mières, composa, vers l'an i486 ,
un Commentaire sur la Pragma-
tique sanction de Charles fil ^
roi de France , plusieurs fois réim-
primé. La meilleure édition est celle
qu'en donna Piusson , avocat au par-
lement de Paris, en 1666, in-folio,
qu'il orna d'une Histoire , aussi utile
que curieuse, de la Pragmatique-
Sanction , et de plusieurs pièces
servant de preuves.
GUYî\IONT. V. Touche (Claude
Guymont de la ) , et Guimond.
1 1. GUYON (Symphorien ) , né
à Orléans, entra dans l'Oratoire en
1625, et fut envoyé quelque temps
après avec le P. BourgoingàMalines,
pour y établir inie maison de sa
congrégation. Nommé curé de Saint-
Victor d'Orléans en 1608, il gou-
verna celte paroisse avec édification,
et s'en démit en faveur de son frère,
trois mois avant sa mort , arrivée eu
1657. On a de lui \lHistoire de
l'église et diocèse , uille et uni-
versité d'Orléans, 1647, in-folio.
Elleavoil d'iibord paru eu 1657 sous
le litre de Notifia sanciorum ec-
clesiœ Aurelianensis et hisloria
c/ironotogica, episcoporum ejusdem
ecclesiœ u traque è probalis aitclo-'
rions collecta , operà et studio
Symphoriani Guy on, Aurelii pres-
byteri è congregntioiie Oratorii.
La seconde partie de cet ouvrage
i%2 GUYO
curieux, mais mal écrit, ne parut
cju'eii i65o, avec une préface de
Jacques GuYON , son frère, auteur
d'un petit ouvrage intitulé Entrée
solennelle des Evéques d'Orléans,
166G, in-8* , composé à l'occasion
de leulrée de d'Elbène. — Il y avoit
eu auparavant im autre Guyon
( Loys ) , dont les Leçons diverses,
imprimées à Lyon, 1625, t> vol.
în-8° , sont au nombre des livres
rares et curieux.
t II. GUYON (Jeanne-Marie
Bouvières de La Mothe ) , née à
Monlargis en 1648 , épousa , à l'âge
de 18 ans, le fils de l'entrepreneur
du canal de Briare , appelé Guyox.
Devenue veuve à 25 ans , avec de
la beauté et du bien, de la naissance
et un esprit fait pour le monde , elle
s'entêta du quiéstlsme. Un voyage
qu'elle fit à Pans Inidouna le moyen
de se lier avec d'Aranihon, évécpie
de Genève, qui, touché de sa piété ,
l'appela dans son diocèse. Elle s'y
rendit en 1681 , et passa ensuite dans
le pays de Gex. Il y avoit alors dans
cette contrée un La Combe, bar-
uabite savoyard, d'une physiono-
mie sinistre, homme ardent pour
les plaisirs dans sa jeunesse, et pour
la dévotion dans l'âge mûr. Devenu
ledirecteur de Mad. Guyon, le P. La
Combe communiqua toutes ses rêve-
ries à sa pénitente. « Dieu m'a fait
la grâce de m'obombier par le P. La
Combe », disoil la mystique ; et le
barnabite répondoit : « Jai obom-
bré Mad. Guyon. » Ces deux en-
thousiastes prêchèrent chez les ur-
sulines de Gex le renoncement en-
tier à soi-même , le silence de l'ame ,
ranéanlissement de toutes les puis-
sances, une indifférence totale pour
la vie ou la mort, ])our le paradis ou
l'enfer. Cette vie n'éloit, en suivant
la nouvelle doctrine, qu'une anti-
cipation de l'autre , qu'une extase
sans réveil. L'évêque de Genève ,
iastriùtdu progrès que faisoienl ces
GUYO
deux apôtres d'un nouveau qui.'-
tisme , cessa de les favoriser, llsquil-
tcrent Gex, cl passèpent à Turin ,
de Turixi à Grenoble , de Grenoi)le a
Verceil , et enfin à Paris ; et par-tout
ils se iireut des prosélytes. Les jeu-
nes , les courses , la persécution
aclievèrent d'afl'oiblir leur cerveau.
Maiiame Guyon se donnoil des titres
aussi pompeux qu'insensés : elle se
qualifioit At femme enceinte de l'A-
pocalypse , de fondatrice d'une
nouvelle église. Elle prophétisa que
tout l'enfer se banderait contre
elle ; que la femme serait enceinte
de l'esprit intérieur ; mais que le
drago7i se tiendrait debout devant
elle. Elle fut enfermée en 168H, par
ordre du roi , dans le couvent de la
Visitation de la rue Saint- Antoine
à Paris, Mise en liberté par le crédit
de madame de Maintenon , elle parut
à Versailles e^ à Saint-Cyr. Les du-
chesses de Charost , de Chevreuse ,
de Beauvilliers , de Mortemarl , tou-
chées de l'onction de son éloquence,
et de la chaleur de sa piété-douce et
tendre , la regardèrent comme une
samte faite pour amener le ciel sur
la terre. L'abbé de Fénélon , alors
précepteur des enfans de Frano*, se
fit un plaisir de former avec elle un
commerce d'amitié, de dévotion et
de spiritualité, inspiré et conduit
par la vertu , et si fatal depuis à
tous les deux. Un rapport d'hu-
meurs, une sympathie invincible,
un je ne sais quoi de touchant et
d'élevé dans le caractère de l'un et ds
l'autre les lièrent bientôt étroite-
ment. Madame Guyon , sûre et fière
de son illustre disciple , se servit
de lui pour donner de la vogue ù ses
idées mystiques; elle les répandit
sur-tout dans Ja maison de Sainl-
Cyr. L'évêque de Chartres , Godet-
Desmarels, s'éleva contre la nou-
velle doctrine. Un orage se formoil ;
Madame Gnyon crut je dissiper en
confiant tous ses écrits à Bossueî.
Ce prélat, l'évêque de C hâtons , de-
GUYO
puis cardinal de Noailles , l'abbé
Tronçon, supérieur de St.-Snlpice,
elFénéJou , assemblés à Issy, dressè-
reul 54 articles. On vouloii , par ces
arliclts, proscrire les maximes per-
nicieuses de la fausse spiritualité.
Madame Guyon, retirée à Meaux ,
les souscri\it, et promit de ne plus
dogmaliser. Une femme eniliou-
siasle pouvoil-elJe tenir sa parole?
Deux joursaprès elle chercha à faire
de nouveaux disciples. La coui", fa-
tiguée des plainles qu'où portoil
contre elle, la fit enfermer d'abord
à Viaceunes, puis à Vaugirard, et
enfin à la Ba&lille. Libre au milieu
de ses chaines, elle composoil des
cantiques où elle se livroit aux
transports que lui inspiroil l'amour
pur. L'affaire de madame Guyon
produisit la querelle du quiétisme
entre Fénélon et Bossuet. Cette dis-
pute ayant été terminée par la con-
damnation du livre des lilaximes
(les saints , et par la soumission de
l'illustre auteur de cet ouvrage, ma-
dame Guyon sortit de la Bastille
en J702 , el mourut à Blois le 9
juin 1717. Tons les jours du der-
nier âge de sa vie, dit un de ses
panégyristes, se passèrent dans la
consommation de son amour pour
Dieu. Ce n'étoit pas seulement plé-
nitude ; elle en éloil enivrée. Ses ta-
bles, les lambris de sa chambre ,
tout ce qui tomboit sous sa main ,
lui servoit à y écrire les heureuses
saillies d'un génie fécond et plein
de son unique objet. Après sa sortie
de la Bastille elle vécut dans un
oubli entier, et mena la vie la plus
retirée et la plus uniforme. Lillus-
Ire archevêque de Cambrai conserva
pour elle la plus singulière vénéra-
lion. Sur le point de mourir , elle Ht
eon testament ,à la lèteduquel elle mil
sa professionde foi. a Jeprotesle , dit-
elle , que je meurs fille de l'Eglise
catholique , apostolique et romaine ;
n'ayant point d'autres senlimens,
ne voulant point eu admettre aucun
X. VJÏI.
GUYO
193
autre que les siens ; condamnant ,
sans nulle restriction , tout ce qu'elle
condamne , ainsi que je l'ai toujours
fuit. Je dois à la vérité , pour ma
jusliHcalion , prolesleravec serment
qu'on a rendu de faux témoignages»
contre moi, iijoutant à mes écrits,
me faisant dire et penser ce à quoi
je u'avois jamais pensé, el dont j'é-
tois miiuiment éloignée ; qu'on a
contrefait mon écriture diver es fois j
qu'on a joint la calomnie à la faus-^
seté, me faisant des interrogatoires
ca[)iieux , ne voulant point écrire ce
qui me justiUoit , et «joutant à mes
réponses; mettant ce que je ut di"
sois pas, supprimant les faits vé-r
ritabïes. M Tout ce qu'on peut con-
clure de cette protestation, c'est qu^
la condamnation de ses erreurs lui
avoil laissé des impressions défavo-
rables contre ceux qui avoieut < ou^
tribué à les faire proscrire. Labbé
de La Bletterie a écrit trois Leltret»
eïlimées et rares , dans lesqueiles ii
la justifie des impostures que ses
ennemis avoient inventées pournoif-
cir sa vertu. Malgré dis lettres ip-
terceplées du barnajjile La Combe à
son élève, et de l'élève à sou maître,
très- tendres et très -vives, on a
prétendu que leurs mœurs furent
toujours tres-pures. Les priuçipauît
ouvrages de cette femme çélebrit
sont , I. Torrens spiriluçls , 04
l'on trouve \e Moje/i court et irès-
facilè défaire oraison, déjà imprimé
en 1690 , iu-i 2 , el le Ca/Uique ries
Cantiques interprété selon le sens
mystique ,\.yon , 1688, iu-i -2. 11. Sa.
P^ie écrite par elle-même , en 5 vol.
in-12, Cologne, 1720. Df toutes
les productions de madame Guvon,
c'est la moins commune. Se croyant
une aulre Thérèse, elle voulut, û
l'fxemple de cette sainte, et rire sà
vie. Elle dit qu'elle voyoït clair dan*
le fond des aines , sur lesquelles elle
recevoit une autorité iniraculcuss^
aussi-bien que sur les corps : que Dieu
l'avoiUhoisie pour détruire I3 rfiiseji
»5
Î94 GUYO
humaine, et rétablir la sagesse di-
vine. «Ce que je lierai , ajoute-l-
elle, sera lié; ce que je délierai,
sera délié. Je suis celle pierre fichée
par la croix sainte , rejelée par les
archilectes. » Elle étoit venue à un
tel point de perfection , qu'elle ne
pouvoilplns prier les saints ni même
Ja sainte Vierge. La raison de cette
impuissance , « c'est que ce n'est pas
à l'épouse , mais aus. domestiques
de prier les autres de prier pour
«ux...)^IIÏ. Discours chréliens , i
vol. IV. h'ancien et le noweaii
•Testament, avec des explicatiojis
^t des réflexions qui regardent la
vie intérieure, Cologne, i 7 1 5, Ams-
lerdauï , 1689 , in-S". Dans son ex-
})lica/,io/i de l'^Jpocalypse elle fait
la propliétesse , raconte des visions ;
€l il y en a qn'on ne pourroit rap-
porter sans salir l'imagination la
plus pure , quoiqu'elle dise , après
-cela , qu'elle avoit l'esprit si net ,
qu'il ne lui restoil nulles pensées,
si ce n'est celles que J. C. lui don-
lioit. V. Des Lettres spirituelles ,
4 vol. in -8°. VI. Des Cantiques
spirituels et des vers mystiques ,
dont plusieurs sont parodiés des
opéras , en 5 vol. On remarque dans
tous ses écrits de l'imagination ,
cru feu , mais encore plus d'extra-
vagance ; un style emphatique , des
applications indécentes de l'Ecriture
sainte, etc. Voltaire dit «que ma-
dame Guyon faisoildes vers comme
Cotin , et de la prose comme Po-
lichinel. »
111. GUYON f N. ) , chirurgien
de Marseille , s'offrit généreusement
à disséquer le premier cadavre de
^tesl'iféré que les médecins exami-
nèrent , lors de la fameuse peste de
1720^1 péril deux jours après.
t. IV. GUYON ( Claude-Marie ) ,
né à Lons-le-Saimier en Franche-
Comté, entré dans la congrégation
de l'Oratoire, qu'il quitta ensuite,
vint à Paris, où sa pjume s'exerça
GUYO
sur divers sujets. Il ht quelques ex-
traits pour les feuilles de l'abbé des
Fontaines, qui , en reconnoissaiice ,
retoucha le style de quelques-uns
de ses écrits. Il mourut à Paris en
1771 » 3gé d'environ 70 ans. Ses
priiicipaux ouvrages sont, I. La con-
tinuation de l'Histoire romaine de
Laurent Echard , depuis Constantin
jusqu'à la prise de Constantinople,
par Mahomet II, 1 o vol. in- 1 2. C'est
une espèce d'histoire du Bas-Empire,
écrite, dit Voltaire, d'un style digne
du litre. Celle saillie est doublement
injuste , en ce que l'ouvrage de l'abbé
Guyon n'est pas intitulé Histoire
du Bas-Empire , et que le style est
convenable au livre et assez pur. Les
faits ne sont pas toujours exacts ,
mais ils sont assez bien rapprochée ;
et , en général , cet abrégé est esti-
mable. II. Histoire des empires et
des républiques , 12 vol. in-12,
1755 et années suivantes. Quoique
ce livre se soit moins vendu que
celui de RoUin , parce qu'il est écrit
avec moins de douceur et d'élégance,
il a dû plus coûter à son auteur.
L'abbé Guyon a travaillé sur les
anciens , au lien que Rollin a trop
souvent copié les modernes. Il y a
d'ailleurs, dans son ouvrage , plus
d'ensemble et moins de réflexions et
des hors d'oeuvres. III. Histoire des
Amazones anciennes et modernes,
Paris, 1740, ou Amsterdam, 1748,
deux tomes en un volume in-12,
curieuse. IV. Histoire des Indes,
5 vol. in-12 , telle qu'on pouvoit
l'attendre d'un homme qui n'avoit
voyagé que dans son cabinet , et
qui n'avoit pas toujours consullé les
meilleurs auteurs. V. Oracle des
nouveaux pkilosophes , 2 vol. iu-
8°. La fiction qui sert de cadre à
ce livre est maladroite et odieuse,
le style pesant , les plaisanteries lour-
des ; mais il y a de la force dans les
réfutations ; et eu rassemblant les
principes épars de Voltaire, il'le
met souvent en conlradiclion avec
GUYO
lui-même. Ce dernier opposa à l'a bW
Giiyofi , pour louie réponse , des
injures aiixciiielle.'. celui-ci fut d'aii-
taiil iiio'.iis sensible que son livre
eulle plus grand succès. \'I BiLllo-
thcqtfe ecctésiiislique en lortne d'iiis-
tri.ciions sur tonu- la v-eligion, 1772,
8 vol. in- 12. 'C'est ic dernier ou-
vrage de r.ibbé Guyn i , et ce n'est
pas cpIiu qui a le plus réussi. VU.
Essai critique sf/r CétabLhseinent
de i empire d Occident , l'Sa , lu-
S" ; a-spz bon , quoiqvi un peu su-
perficiel.
I GL'YOT (Germain-Antoine),
avocat au pnrlenient de Paris , ^a
patrie, né en 109/4, mort eu 1730,
a laissé jîiusteurs ouvrages de droit.
Le principal est i 11 Traité ou Dis-
sertalioii sur plusieurs matières féo-
dales , laut pour le pajs de droit
écrit que pour le pays coiUiunier,
en 6 vol in-q. Ce livre em Liasse
toute la matière des liefs ; elle y est
traitéeavec beaucoup d'étendut,inais
avec as-st'Z peu d'ordre : ou y a joint
des ULservalions sur le drjii des
patrons et des sei^^/ieurs de pa-
roisse aux honneurs dans l'E-
glise , etc. , in-4''.
* II. GUYOT ( Daniel ) , natif de
la vallée de Prag^las , mort à Ge-
nève en 1780, âgé de 76 ans, pro-
fesseur de chirurgie en cette ville ,
fut associé de l'acadénde de médecine
et de cliirnrgie de Paris , dont les
mémoires oflVent de lui qut-Iqnes
Disserlalions , Obsen'afions , etc.,
qu'on peut encore lire av<c fruit.
* m. GUYOT (Jean), fr.ie du
précédent , mort pasteur de l'église
Valone de Rolerdam tu mai 1778,
à l'âge de 68 ans , jo'.gnoil un rare
mérite à une motleslie et une i-\tn~
plicilé plus rares encore. On- a im-
priuié, après sa mon, 5 Vi.lunics
de ses Sermons. Le délùl de leui
auteur éloit si bien assorti au ca-
caclerc de sa cemposiLioUj que ces
GUYS 195
productions avoieni un tout autre
intérêt dans sa bouche qu'à la lec-
ture.
IV. GUYOT DE Mer VILLE.
Voyez Merville.
V. GUYOT DES «Fontaines, o«
Gyot. Voyez Fontaines, n° 1V^
t GUYS (Pierre-Augustin), aé
à IMarseiUe en 1720, se livra aveu
succès au commerce, e' l'honora par
ses ouvrages et sa probité. Appelé
jdusieurs lois .. Constantuiople , à
Smyrne et dans la Grèce poui les
alioires de sa profession, il conçut
l'heureuse idée liecompa reries Grecs
anciens ïux moderne? , de recherclier
parmi ces derniers i; s traces de gran-
deur , le genre d'esprit, les institu-
tions de leurs ancêtres. Homère à la
ujaiu, il parcourut plusieurs fois tout
l'Archipel, et il y voyag» oit encore
pour ])errecliouner une nouvelle édi-
tion ùii sou ouvrage, lorsqu'il mourut
Cl Zanle, l'une des lies de la iiier d'Io-
nie en I7y9. Guys avoit été nommé
nuuibie de l'iiislilut national. Ses
ouvrages sont, 1.7Îia/ie//7efl«67'e««e
et moderne , Paris , 1786 , in-S".
II. Relation abrégée de poyages'eu
Italie et dans le nord , in-8", 111.
Eloge de IJ'uguay-Troui/i, 1761. Ce»
éloge fui envoyé an concours de l'a-
cadémie française , qui couronna
l'écrit de Thomas. IV. Voyage lit-
téraire de la Grèce. 11 parut d'abord
en 1771 , eu 2 vol. in-12 , puis eji
1780, en ^ V. in-b'^, avec ligures , et
2 vol in-4". L'auteur a complète ce
dernier ouvrage parla traduction de
<).ielques eUgies de TibuUe et des
t^oésies Jdgiùues. Dans ce Noyage,
véritable litre littéraire de Gu}s ,
il cite a ,ec profutiou ; mais se; cita-
tions sont intéressantes, [-uisqu'elles
peignent les Kiœuis et les u<age$
aciiK.ts des hai)Hans de l'Ar; hipei de
la ;\iorée. Les Grecs modernes, tiatlés
de ses eioges et de ce qu'il les d^'oit
peints dans cet ouvrage comme spi-
i9<3
GUZM
rituels et non avilis, lui décernèrent
dans lin diplôrae le tilre de citoyen
d'Athènes. Guys en préparoit de-
puis douze ans un ■ < dition pins cu-
rieuse et plus complète ; on espère
que sou fils qui a rempli long-temps
avec distinction la place de consul de
la nation française en Sardaigne et à
Tripoli de Syrie , connu par une
vaste érudition et de profondes cou-
noissances en anliqnilë , partagera la
gloire de son père en la publiant.
I. GUYSE ( Jacques de ) , né à
Mons , cordelier , et mort en i .'S98 ,
avoit travaillé, en latin, sur l His-
toire du Hainaiit ^ dont on a donné
nn extrait en français, sous ce titre :
Jilustraùons de la Gaule belgique
ou Annales et chroniques du Uni-
naut, jusqu'en ii/\/\ yVa.ni , i53i,
5 parties en 1 vol. lu-fol.
II. GUYSE ou Guise (Guil-
laume), tliéologien anglais, habile
dans les langues orientales , né au-
près de Glocesler eu j653, d'une
i)onne famille, mourut en 1682,
tomme il préparoit une édition de
la Gëograpliie d'Ahulfeda. On a de
lui une Traduction latine du com-
mencement de la Misc/me , avec
de savantes remarques , Oxford
1690, in-^°.
I. GUZMAN (Alpbonze Ferez
de), fameux capitaine espagnol vers
l'an 1295 , servit long - temps en
qualité de lieutenant- général dans
les armées des princes de Maroc.
Après y avoir acquis beaucoup de
réputation et de richesses , il passa
«n Espagne , où il donna commen-
cement à la maison des ducs de Mé-
diua-Sidonia. Il étoit gouverneur de
Tariffc , lorsque cette ville fut as-
siégée par Juan, infant de Castille.
Ce prince, qui avoit en sa puissance
un des lils de Guzman, menaça le
père de lui couper la gorge à ses
veux s'il ne reiidoit la place qu'il
djftndyit. Mais Guzman, méprisant
GUZM
ses menaces, lui répondit «que, pla-
tôt que de commettre une trahison,
il lui donneroit lui-même de quoi
égorger son tils w , et en même
temps lui jetant son poignard par-
dessus les murailles, il alla se mettre
à table avec sa femme. Cette fer-
meté héroïque irrita la cruauté de
l'infant, qui fit couper la tête au
jeune Guzman. Un spectacle si bar-
bare fit jeter des cris aux soldats
assiégés qui en étoient les témoins.
Guzniau qui les entendit , craignant
qu'ils ne fussent causés par quelque
assaut, quitta son diner pour courir
aux remparts ; mais ayant appris
de quoi il s'agissoit : « C'est peu de
chose, dit-il, veillez seulement à la
garde de la place. » Alors il re-
tourna se mettre à table avec la
même constance , sans marquer au-
cun trouble , et sans en rien té-
moigner à Marie Corouel sa femme.
Lopez de Véga a consacré , par de
beaux vers , l'action de Guzman.
Les descendans de ce héros ont pri»
pour cimier de leurs armes une
tour, au haut de laquelle paroît nn
cavalier armé qui jette un poiguard,
avec ces mots pour devise ; « Mas
pesa el rei que la sangre, » Je i)ré-
fere l'intérêt du roi à celui du
sang.
» II. GUZMAN ( Ferdinand
Pkrez de ), conseiller du roi de Cas-
tille Jean 11 , né à Batres au commen-
cement du i5'' siècle, se distin-
gua de bonne heure dans la car-
rière militaire et comme poète. En
i43i il se trouva à la bataille dite
de Fliguerela , gagnée sur les Mau-
res ; il y commandoit une brigade à
sa solde. Quelque temps après ,
soupçonné d avoir des rapports con-
traires aux intérêts du roi, il fut
arrêté ; mais «s'étant complètement
justifié, on lui rendit sa liberté , et
il se retira à Batres , où il passa le
reste de sa vie qu'il partagea entre
la philosophie el les belles-lettre».
GYGE
Parmi ses œuvres envers, celles qui
le rendirent célèbre sont VI 11 recueil de
diverses poésies murales , iuipriiné
à Lisbonne eu i564; mais ce sont
sur-tojU ses deux ouvrages en prose
qui ont transmis son nom à la pos-
térité; l'un est intitulé ylbrégé de
la vie du roi Jean 11 ; l'autre , Por-
trait des rois et des grands hommes
de son temps. Ces ouvrages sont
écrits d'un style plein de force et
de grandeur , mérite rare dans un
temps où la langue espagnole sortoil
à peine de sou berceau.
* m. GUZMAN (Louis), jésuite
espagnol, recteur de divers collèges
de sa société, ensuite proviucial de
la proviuce de Séville et de Tolède,
mort à Madrid en i6o5, est auteur
d'un ouvrage en espagnol , intitulé
Histoire des Jésuites dans les In-
des , et succès de leur mission au
Japon.
IV. GUZMAN. r. Olivarès.
* GWINN (Éléonore), élevée de
l'état de fille publique à celui de
maîtresse de Charles II , est repré-
sentée, dans la première partie de
sa vie, comme courant les tavernes
pour y chanter et amuser ceux qui
les fréquentoieni ; et dans la seconde,
comiue ayant appartenu successive-
mentaux seigneurs de Hart , de Lacy
et de Buckharst , avant qu'elle eût
fixé l'attention du monarque.
GYAC. rojrez Giac.
GYE ( le maréchal de ). Trayez
Rohan , n" L
GYGÈS, officier et favori de
Candaule , roi de Lydie, qui lui fit
voir sa l'eunne toute nue. La reine
aperçut Gygès, et foit amour, soit
vengeance , elle ordonna à cet offi-
cier de tuer son mari , lui oflrant à
ce prix sa mninet la couronue. Gyges
devint roi de Lydie par ce meurtre
ver« l'au 718 avant J. C. Pialon
GYMIS
Ï97
raconte différemment cette tisurpa-
lion. 11 dit que la terre s'étant entr'-
ou verte , Gygès , berger du roi , des-
cendit dans cet abîme ; que là , il
vil ua grand cheval , dans les flancs
duquel éloit un homme qui avoit
à son doigt un anneau magique ,
doué de la vertu de rendre invisi-
ble; qu'il le prit et s'en servit pour
ôter,sans péril, la vie à Candaule,
et pour monter sur son trône. Mais
ce récit ne peut être admis que dans
la fable ( voyez Aglaus ). La my-
thologie vante \\i\ géant de ce noar
de GvGÈs, qui avoit cent bras,
comme Briarée sou frère.
i- GYLIPPE, capitaine lacédé-
monieu , envoyé eu Sicile pour
porier du secours aux Syracusaius
contre les Athéniens, remporta des
victoires signalées sur Nicias et Dé-
mosihènes, après avoir élé vaincu
dans le premier combat. Ces géné-
raux se rendirent avec leurs trou-
pes , à condition qu'on leur laisseroit
la vie , et qu'on ne les retiendroit
point dans une prison perpétuelle ;
mais on ne leur tint pas parole. Ils
furent mis à mort et leurs soldais
tourmentés avec une cruauté inouïe.
Gylippe accompagna ensuite Lysau-
dre à la prise d'Athènes, vers l'an
414^'vanl J. C. Ce général le chargea
de porter à Sparte l'argeii t qu'il avoit
recueilli dans ses glorieuses campa-
gnes. La somme se monloit à i5oo
taleus, sans compter les couronnes
d'or dont les villes lui avoient fait
présent. L'avaries de Gylippe lui lit
commettre une bassesse : il ouvrit
les sacs par dessous, et , après eu
avoir tiré trois ceuls talens , il les
recousu fort adroitement ; mais
les bordereaux renfermés dans cha-
que sac dévoilèrent sa fri[)onnerie.
Pour éviter le supplice , il se ban-
nit lui-même de sa patrie.
GYMNOSOPHISTES , philoso-
phes luditus , ainsi appelés parce
iqB
GYMN
qvi'ils se proihenoient tout nus en
regardant iixemenl le soleil pen-
dant tout le jour. Ils supportoient ,
sans douleur , le plus grand froid et
la plus grai.ide chaleur , s'ahslenant
de tous les plaisirs et se livrant
tout entiers à la coulemplalion de
la nature. Lorsqu'ils éloient las de
la vie, ils se ]etoieut dans un bra-
sier ardent. On leur attribue l'in-
vention des caractères hiéroglyphi-
ques. Cicëron rapporte qu'Alexandre
étant aller les visiter, leur fil offre
de services en les invitant à lui
demander ce qu'ils jugeroient à pro-
pos, r/un d'eux , prenant la parole ,
liu dit de leur accorder rimmorlalilé
GYZE
qw'ils désiroient uniquement. «Je
suis mortel, leur répondit le roi, je
ne puis donner l'immortalité. » —
« Pourquoi donc, répliqua le philo-
sophe , puisque vous n'êtes qu'un
mortel, ne restez-vous pas dans le
royaume de vos pèVes, et venez-
vous , comme l'ennemi du genre
humain, ravager l'uni vers?» Alexan-
dre se retira confus et piqué de cette
réponse.
* GYZEN ( Pierre ), célèbre
peintre de paysage, né à Anvers en
16.Ï6 , élève de Jean Breughel, a fait
plusieurs tableaux qui représentent
des Fues du Rhin.
HAAS.
HAAS.
* O-AANSBERGEN (Jean Van),
peintre,néàUtrecbt en 1642, mort
en 1705 , élève de Cornélius Pœlem-
bourg , excella dans le paysage, et
peignit aussi la figure ; il a si bien
imité la manière de son maitre, que
.souvent on avoit peine A faire la dif-
férence de leurs tableaux.
* HAAS (Guillaume), graveur
de caractères , inspecteur-général de
l'artillerie helvétieime , et directeur
de l'école générale d'artilîerie, né à
Bàle le 23 août 1741, fut un des
hommes les plus a<:lifs et les plus
distingués de son pays par l'étendue
et la variété de ses comioissances.
Pendant 25 ans il fit différens essais
pour embellir les caractères d'im-
primerie. H a été le premier en Al-
lemagne et en Suisse qui ait gravé
avec succès dos caractères fmnçais
dans le goût de Baskerville. On lui
doit aussi plusieurs autres décou-
vertes et améliorations dans l'art
typographique, parmi lesquelles on
distingue, T. Vue nouvelle Presse
d'imprimeur établie en 1772, par
le moyen de laquelle il y a économie
de force , et eu même temps écono-
mie de temps, parce qu'il ne faut
qu'une pression au lieu de deux. Il
publia une description de sa presse
eu allemand et en français, sous le
titre de Description d'unç uaU"
velle Presse d'imprimerie , inven-
tée à Bêle en 1111 , et publiée à
l'avantage de l'art typographique ,
l)ar Guillaume Haas père; imprimée
chez Guillaume Haas fils en 1790,
in-4°, douze pages, avec deux gra--
vures. Il La composition srstéma~
tique des filets et interlignes, dont
il donna une description eu 17*2,
in -4°. ni. L'art d'imprimer les
cartes géographiques avec des ca-
ractères mobiles. M. Pleuschcn d»
Carlsrouhe a donné à cette invention
le nom de typométrie , et a publié
à Bàle, en 1778, in-4'*, l'Hisloira
de l'origine et des progrès de cet art.
IV. Carte du canton de Bâle en
HABA
1776 : c'est le premier essai typomé-
trique fait en grand. V. Carte de la
Sicile, 1777. VI. Deux Cartes de
la France pour le compte rendu au
roi par M. Necler. VII. Et plusieurs
Cartes, parmi lesquelles ou en dis-
tingue principalement deux repré-
sentant la marche des troupes fran-
çaises en Bavière sous le général
Moreau, et leur retraite eu 1796,
en français , d'après deux dessins
faits par le général Uegiiier. Haas a
inséré en outre ^ans les Mémoires
de la société économique de Baie
plusieurs Mémoires sur des objets
«l'économie politique , et sur-tout
sur l'administration forestière né-
gligée dans sa })alrie. II mourut le
8 juin 1800 au monastère de Saint-
Urbain, dans le canton de Lucerne,
où fut fondée en 1799 ""^ école
d'artillerie qu'il dirigea jusqu'à sa
luort.
t HABACUC , le 8« des douze
petits prophètes, commença, dit-on,
à prophétiser en même temps que
Jérémie. Ce prophète sachant que
Nabuchodonosor s'approchoit de Jé-
rusalem , et prévoyant la |>rise de
cette ville, se sauva dans l'Arabie ,
et y vécut quelque temps ; mais il
revint en Judée lorsque les Chal-
déens furent retournés dans leur
pays, et il s'occupoit à cultiver ses
champs. Un jour qu'il porloit à di-
ner à ses moissonueuis , l'auge du
Seigneur le transporta par les che-
A'eux dans Baljyjone, et lui lit don-
ner à Daniel, qui éloit enfermé dans
la fosse aux lions , ce qu'il avoit pré-
paré pour ses ouvriers. La même
main le rapporta en Judée , où il
mourut , et fut enterré deux ans
àv.nnt la fin de la captivité; c'est ce
qu'en rapporte S. Jérôme. Quelques
autres attribuent cet événement à un
autre Habacuc, différent du pro-
phète , qu'ils fout aussi auteur des
histoires de Susauue , de Bel et du
Dragon. Quoi (^ii'ileu soit , les pro-
HABE
199
phélles d'Habacuc ne renferment
que trois chapitres. Il pn'dit à Jia
nation la cap!i\ilc, le rctiYeiS'.inent
de l'empire des Clialdéens, la déli-
vrance des Juifs par Gyrus, et celle
du genre humain par J. C. Les Grecs
font la fête d'Habacuc. Ses prophé-
ties ont été traduites en français par
les PP. Louis de Poix, Jérôme d'Ar-
ras et Séraphin de Paris, Paris, 1775,
3 vol, in-12.
* HABDARAMANHUS ou Hae-
aABRAHMAWUP , Egyptien, nuieur
d'un Truite sur les propriétés des
animaux , des plantes et des })ierres
précieuses, qui étoil en manuscrit
d.tns la bibliothèque du cardinal
IMliizarin. Ce traité a été traduit de
r.uabe en latin par un maronite
nommé Abraliam Ecchellensis , qui
eufeignoit les langues arabe et sy-
riaque au collège royal de Paris. Sa
VPi'sion parut dans cette ville en
1647, in-S", sous ce titre : Depro-
priehiiihus ac virtittibus medicis
aninm/ium ,plantarum ac gemma-
rum tractatus triplex. On en a en-
core une édition de Londres de 1 6^9,
in-z(°, avec les notes de Jean Eliot.
HÂBERKORN ( Pierre ) , né en
1604 à Butzbach en Wétéravie, sur-
intendant et professeur en théolo-
gieàGiessen, où il mourut au moisu
d'avril 1676, pîirut avec éclat à di-
vers colloques tenus au si-, jet de la Re-
ligion. Son principal ou vrn?^e est in-*
tilulé Hcptas disputdiiiiiuni anti^
JJ'allemburgicarum. Ce livre, dan.»
lequel il s'efforce de renverser )?«
principes des de IValternhourg, es^t,
estimé des luthériens. Ses autre»
ouvrages sont tous en laveur de la
secte Julliérienne. dont il éloit un
des plus ardens sectaires.
■;- I. H ABERT ( François ) , poël»
français du second àgc de notre poé-'
sie, natif du Berri, ileuril depuis-
ifi/jO jusqu'après i.'Ai9 , et iraduisiD
, eu vei s fiançais le pcLn;c latin ('///i-t
«joô ÎÎAuE
ênpocia cle Jean Aurelle Aiignrelle
de Himiiii. Ou lait encore un peu cle
t'as de ses Trois /louvelles Déenses,
petit i)(iemeinipiiii)ëàPariseiii54'î,
in-i 2 , passable ])oiir son temps. La
iriaiiie de la pierre piiilosophale ga-
gna cet auteur, et lui lit traduire
quelques ouvrages sur celle matière.
Il a pid)iié les Epilres ciipidiniqiies
t/u bannv de Lyesse , présentées
aux Dames de la cour de Vénus ,
tenant la cour plénière à Paris
Paris, in-8°, saus date (vers i55o);
}L,a Jeunesse du banny de Lyeste
escalier esludiant à Tholose , Paris
1 54 1 , in-»". On a encore de lui quel-
ques Fables , dont plusieurs se trou-
vent dans le 5** volume dus Annales
poétiques. La morale en est juste tl
ingénieuse ; mais le style est froid ,
monotone , sans couleur , sans har-
monie. Il paroit être le premier de
nos anciens poètes qui se soit exercé
dans ce genre.
t II HABERT r>E Cerisi ( Ger-
triaîn ), abbé de Saint- Vigor de Ce-
risi au diocèse de Bayeux , l'un des
ornemens de Tacadémie française
dans sa naissance, homme d'une so-
ciété douce et d'un caractère modéré,
étoit de Paris. Il mourut dans cette
ville en i65.t ,avec la réputationd'un
des plus beaux esprits de son temps.
Lorsque le cardin^tl de Kichelieu
voulut soumettre le Cid de Corneille
à l'examen de l'académie , Habert
dit à ceux qui critiquoient durement
cette tragédie: «Je voudrois l'avoir
faite. )) On a de lui des Poésies ga-
lantes et chréliennes. Sa Métamor-
phose des yeux de P/iylisen astres ,
iGSg, in 8°, que quelques tlalteurs
Vanlèrent comme un chef-d'œuvre
»;l mirent au-dessus de toutes les
métamorphoses d'Ovide, cessa de
paroitre telle dos que le bon goût
commença à hiirc en France. Ce
ti'est pas qu'il n'y ail quelques jo-
lis vers dans ce poème: mais il s'y
trouve encore plus de concelti et de
HABE
mauvaises pointes. On a encore Ai
ce poêle une J^^'ie du cardinal de
Bérulle, qui n'estqu'un panégyrique
boursoutlé, 111-4° ^ Paris, 1646.
t m. HABERT ( Philippe ) , frère
du précédent, Parisien et académi-
cien comme lui , mourut en i637 ,
à 33 ans, au siège d'Emmerick. Son
poème intitulé , te Temple de la
Mort) offre de beaux vers et quelque*
belles idées ; mais il ne se soutient pas.
i IV. HABERT*( Isaac ) , docteur
de la société de Sorbonne, théologal
de Paris , nommé évèque de Va-
bres en 1645, et mort le 11 jan-
vier 1668 , se lit un nom par ses
Sermons , par son érudition, et sur
tout par la vivacité avec laquelle il
s'éleva contre ArnauKi et les autres
disciples de Jans'^nius. C'étoit un
homme aussi estimable par sa vertu
que par ses counoissauces. On a de
lui , I. Une Traduction latine du
Ap^/Spc6'4,/;cor ou Pontifical des
Grecs , in - fol. , Paris , i643. Cet
ouvrage, imprimé avec le texte eu
regard , est enrichi de savantes re-
marques, qui ont fait regarder son
auteur comme un des théologiens
qui aient le mieux connu les vrais
principes de la liturgie et des céré-
monies ecclésiasiiques. II. Des Vers
latins , et des Hymnes en la même
langue pour ta fête de St. Louis ,
dans le Bréviaire de Paris. Les muses
latines luiéloient favorables. 111. De
consensu Hierachiœ et Monarchice
adversùs Optatum Gallum , Paris ,
1640, in-4°. IV. Plusieurs JS^c/vVs
contre .lanséuius et contre Arnauld.
Quoiqu'il leur fût fort opposé , il
ne l'éloil pas moins à leurs adver-
saires , à Molina , à Lessius , à Vas-
quez , etc.
i V. HABERT ( Hsnri-Louis ) ,
seigneur we Montmokt , conseiller
an parlement , doyen des maîtres des
requêtes, membre de l'académie fran-
çaise, mort dans un âge avancé, l»
HABE
fil ianvier 1679, donna, en )G.')8 ,
en 6 vol.in-fol., tes (âwc/csdu plii-
losoplie Gassuutli , dont il avoil été
l'ami el le piolecleiir. Il orna a-Ue
édition dune préface latine bien
écrite. On a encore de Mon lui on
trois on quatre Epigrammes (l'Oj.
C/IAPELAIN, n" 11), el quelques au-
tres petites Pièces de Poésie , impri-
mées dans les llecireils de sou temps.
Iluet , clans ses Mémoires latins , dit
de. Monlmort qu'il éloit f'ir amnis
doctrinœ et mbliniioiis et liunin-
ttioris amanlissi/nus. Ce magistrat
trigea au philosophe Gassemli , qui
mourut dans sa maison où il lavoil
leiiré depuis plusieurs années , un
mausolée dans l'église de Saint-Ni-
tolas-des-Champs à Paris.
t VI. HABERT ( Louis), docteur
de la société de Sorbonne , natif de
Blois , successivement grand- vicaire
de Luçon , d Auxerre , de Verdun et
de Chalons-sur-Marue , se ht géné-
ralement estimer dans tous ses dio-
cèses. 11 se retira ensuite e>i Sor-
bonne , où il passa le reste de ses
jours a décider les cas de conscience.
Il mourut le 7 avril 171^^, à 83 ans.
On a de lui, I. Un Corps complet de
théologie, en 8 vol. in-i:2', dont le
premier parut eu 1709 el le dernier
en 1712. La partie dogmatique et la
partie morale y sont traitées avec
autant de solidité que de précision.
« J'avoue (écrivoit cependant Féné-
lou à la maréchale de Noailles ) que
te livre me paroit irès-daiigereux ;
ie n'y trouve que le système de Jan-
sénius avec des radoucissemens ima-
ginaires qui en rendent le poison
plus insinuant. II. La Pratique de
La pénitence , connue sous le nom
de /a pratique de Verdun, 1 vol.
in- 12.
t VII. HABERT ( Susanne),
femme de Charles du Jardin , offi-
cier du roi Henri lll , restée veuve
à l'âge de 24 ans , sa voit l'hé-
breu, le grec, le latin, l'italien^
HABY 3of
l'espngnnl, |;i philosophie, et même
la théologie. Elle mourut en i655 ,
dans le monastère de Notre-Dame-
de-Grace à la Vdle-i'E\oque , pro-
che Piiris, où elle s'éloit retirée de-
puis près de iq ans, laissant uiv
grand nombre d'ouvrages, restés
manuscrils entre les rnaïus de «on
neveu Isaac Habert. ( f'oyez ce
mot. )
HARICOT ( Nicolas ) , chirur-
gien de Bonny en Gàliaois , em-
ployé à la suite des armées et à l'Hô-
tel-Dieu de Paris , mourut en if'J^,
laissant plusieurs ouvrages. On es-
time sur-tout son Traitédela Peste.
On trouva en 1 61 3 , près le château
de LangonenUaupiiiné, le corps dn
prétendu Teulhobocus , roi des Ttu-
thons, d'une grandeur énorme. Celte
découverte donna lieu à HalMCOl de
composer sa G/gantos/éogie oi\ Dis-
cours des os d' un géant , écrit de 60
pa'ges , qu'il dédia la même année à
Louis XIll. Ce livre Ht naître une
foule d'écrits pour et contre, qui
n'ont laissé que des doutes sur celte
question.
t HABINGTON (Guillaume),
né à Hendip dans le comté de Wor-
chester en 1600 , lit ses études à
Saint-Omer et à Paris, el retourna
dans sa patrie. On a de lui , en an-
glais, Y Histoire d'T'.douard l, roi
d' Angleterre , Londres, 1640, in-
fol. , et d'Edouard If', 1 648 : l'une
et l'autre assez estimées ; de plus des
Poésies, Londres, i635, in-8''. Il
mourut en 1654.
* HABYB (Aly ben Mohammed),
imposteur musulman , prétendant
descendre d'Aly , gendre de Malio-
inet, par Hosseyn , se ht chel' d une
secte dont il éloil l'auteur, et réussit,
à l'aide de sa prétendue parenté, à
tromper un certain nombre de gens.
Mais il ne put abuser que la popu-
lace. Cependant les secours qu'il lira
de cette canaille le mirent eu élat
202 HA Cil
cVeulever Bassorali au klialyf Mota-
lued vers l'an 256 de l'hégire. 11 s'y
inainlint pendant quatorze années
contre toutes les forces de ce klialyt ,
et construisit la ville de Mokhtarah
à peu de distance. C'éloit une place
exlrèiiietuent forte; mais Mouaffak,
frète de Motamed , vint enfin à bout
de s'en rendre maître. Bassorali fut
prise aussi peu de temps après, et
le vainqueur, s'étant saisi de Hahyb,
le mit à mort aussitôt l'an de ll>ég.
270 — 8S.i de J. C. Sa tcte fut portée
an bout d'une lance par tous les lieux
de la province, et on finit par l'atta-
cher à la porte du pont de Bagdad.
Habyb étoit un fourbe adroit, et qui
joignoit un grand courage à une hy-
pocrisie adroitt;, 11 électrisoit , par
sou intrépidité , les sectaires que sa
iausse piété lui avoit faits, ou qu'il
avoit séduits par des mensonges ;
seinl'lable en ce point au trop célèbre
Mahomet ; avec le bonheur de ce
faux prophète, ilauroit peut-èlreélë
aussi loin que lui.
* IIACHEN-BEN-IIASCHEM,
fameux imposteur qui parut en Ara-
bie vers l'an 162 de l'hégire. Dune
petite stature et très-laid , il por-
tait toujours un masque d'or pour
cacher la difformité de sou visage,
te qui lui fil donner le surnom
lie Mocana , qui signilie en arabe
masqué. 11 eut l'audace de se faire
passer pour Dieu; ce qui lui fit un
grand nombre de partisans , à l'aide
(lesquels il se rendit maître de beau-
coup de placesfortesdans leKorassau
i'X dans la province de Transoxane.
Il sut tromper les chrétiens , les ido-
lâtres et les musulmans par ses près-
liges, et particulièrement en faisant
^o^tir du fond d'un puits une grande
lumière, qui éclairoit tout l'horizon
]iendanl long-temps. Les conquêtes
«le cet imposteur devinrent bientôt
assez considérables pour fixer l'al-
lenliou du calife Mahadi , qui en-
voya une armée povrr exterminer lui
HACH
et les siens. Il fut assiégé dans un©
forteresse , où , se voyant dans la
cruelle nécessité de mourir de faim
on de se rendre à discrétion, il prit
le parti d'empoisonner tous ses sol-
dats, de brûler leurs corps, et de se
consimier lui-même dans une cuve
d'eau-forle qu'il avoit préparée , aliu
qu'il ne restât aucun vestige de ses
membres, et que ses disciples, ré-
pandus dans le pays , pussent pu-
blier qu'il étoit monté au ciel ; ce
qu'ils ne manquèrent pas de faire.
* H ACHERT (Jean), né eu
1744 à Prentzlau dans l'électoral
de Brandebourg , fit des progrès
remarquables dansl étude du dessin.
En 1766 il vint à Paris avec son
frère Philippe , et tous deux se reu-
direnthabiles à faire des tableaux en
détrempe sur parc'nemin. Pour se
perfectionner davantage , il fit le
voyage d'Italie avec son frère , pour
étudier les ouvrages des plus grands
maitres. En 1772 il partit pour
l'Angleterre ; mais à peine arrivé à
Bath , il y mourut en 1773. Cet ar-
tiste étoit singulier dans ses peinture?
d'animaux, particnlièremenldes che-
vaux et des chiens , et il peignoit à
l'huile et à la gouache. Ses détrempes
sur parchemin ont autant de vi-
gueur et de beauté que si elles étoient
peintes à l'huile. — Jacob-Philippe ,
de la même famille , dans le séjour
qu'il fit à Rome en 1778, après plu-
sieurs voyages faits en Europe, pei-
gnit divers tableaux pour l'impéra-
trice de Russie , et une Galerie pour
le prince Borghèse à sa Villa hors
la porte Pinciana. Il a gravé à l'eau-
forte divers Paysages d'après na-
ture. La famille Hachert a produit
plusieurs hommes distingués dans la
pratique des beaux-arts.
HACHETTE ( Jeanne ) , femme
illustre de Beau vais en Picardie , qui
se mit à la tête des autres femmes , eii
1472, pour combattre les Bourgui-
gnons qui tcaoient celle vtlle as-
PîACK
siégée. Le jonr de l'assaiit, elle parut
sur la brèche, arracha le drapeau
qu'on y vouloil arborer , et jela le
soldat qui le portoit en bas de la mu-
raille. Le nom de celle amazone est
cher à Béarnais. Ses desceudans
éloienl exempts de taille : et en mé-
moire de cette belle action, il sest
fait louslesans, le lo juillet, jusqu'à
ces derniers temps, nue procesjsion
où les femmes marchoienl les pre-
mières. Les lettres-patentes données.
par Louis XI, en i^'jô, à cette occa-
sion, prouvent que le véritable nom
d'Hachette éloit Jeanne Lainée, dite
J'ourqi/et, épouse de Colin Pilon.
* HACK (François ), imprimeur
célèbre de Leyde, distingué par plu-
sieurs belles éditions. Ses héritiers
ont cru avec raison faireestimerleurs
ouvrages, eu mettant toujours au
frontispice : J^x ajficinâ Hackianâ.
HACKEMBACH. roj. Hagem-
BACH.
t L HACKET ouMxGVzr (Guil-
laume), fanatique anglais du lô*"
siècle. Après avoir éle valet d'un
gentilhomme nommé Ussei , et avoir
vengé son tnaitre par une action
tout-à-fail brutale, en coupant le
nez, avec ses dents , à une personne
qui l'avoit offensé , il épousa une
veuve riche, et meris ui;e vie fort
déréglée : on dit même qu'il vola
sur les grands chemins. Mais entin
il s'érigea eu prophète, et prédit que
l'Angleterre ressentiroit les Iléaux de
la faim , de la peste et de la guene ,
si elle ii'établissoil la discipline con-
sistoriale. Le chàliuient du fouet
qu'il souffrit ne l'empêcha pas du
continuer de dogmatiser; il attira
dans son parti deux personnes qui
avoicnt quelque savoir , Edmond
Copinger et Henri Arlhingtou. Le
premier fut appelé prophète de mi-
séricorde, et le second du Ji/gement.
Ces deux fanatiques, devenus les hé-
rauts de Racket , voulurealle faire
IIACK
2o3
passer pour un grand prophète ,
com])arable à Jv^sus-Chrisl. Us en-
treprirent même, le lO juillet iSgi,
de le publier hauttinuit dans les
ruesde la ville de Londres: ils lurent
arrêtés, et on leur (it leur procès.
Hackel, fui condamné à être pendu ;
Copinger sa laissa mourir dans la
prison , et Arlinglon ol)Untsa grâce.
Racket, étant sur i'échal^uid , de-
manda un miracle à Dieu pour le
juslitier , mais n'en obliul pas,
comme on peut bien le croire.
* IL HACKET (Jean), évêque
de Litchiield et Coventry , né à
Londres en ifiga, se lit connoitre
de bonne heure par les plus heu-
reuses dispositions , et remarquer
par une comédie latine intitulée •
Loyola, qu'il composa dans le temps
des vacances chez lord Byron. Celle
pièce, représentée deux fois de\ant
le roi Jacques T'', fut imprimée de-
puis en 1648. Les troubles civils qui
survinrent ayant forcé Hacket de
se retirer à Cheam , il n'y trouva *
po nt In sécurité qu'il alloit y cher-
cher. L'armée du comte d'Essex
l'emmena prisonnier, et sa liberté
ne lui fut rendue que quelque temps
après. Lorsque Charles 11 parvint an
trône, il recouvra ses places, et re-
fusa î'offit- qui lui fu l faite de lé vècné
de Glocester, pour accepter, quelque
temps aprèk , celui de Litchiield et de
Covenlry. 11 lit reconstruire la ca-
thédrale de î-ilchlield en çrande par-
tie à f f s Irais, ainsi que le pakns épis-
copal détruit par lesgueriesciviles; It
collège de la Trinité à CiUi>bridgç dut
à sa nuinihcenceun nouveau bâtiment
dont les revenus furent consacrés
par le donateur à l'augmentation de
la bibliciheque du collège. 11 légua la
sienne propr.- à l'université de la
même ville , et mourut à Litchtield
en 1670. Après sa mort, Thoma»
Plume publia une centurie des Ser-
mons, que cet évcqne avoit prêches
sur différeus sujets, 167," , iu fol. Oa
ao4
H AD A
a encore de lui la f^ie de l'dfche-
vécjue Jf'illLatns , imprimée en
1690 , dont Ambroise Philips a
donne, eu 1700, un abrégé en un
vol. in- 8".
-1- HACKSPANt Théodore ) , théo-
logien liilhérien, né à Weimar en
1607, devenu habile dans les lan-
gues orieulales, en fui le premier
j>rofesseur à Allorl, et oblint aussi la
chaire de théologie; il mourut le 19
janvier 1659. On prétend qu'il n'y
avoit personne de son temps qui
possédât si bien que lui l'hébreu.
On a (le lui , sur la Bible , un grand
nombre d'ouvrages estimés en Alle-
îiiague. Les principaux sont, I. Mis-
cellaiieorum sacruriim lihri duo.
11. Notœ p/iil(;lt}gico-tkeologicœ in
rnriora et diffici livra veleris et novi
Testumenti loca , 5 vol. in-8". 111.
Obseivationes arabico-S}rlacœ in
qiiœdam loca veteris et noii Tes-
tamenti , in-4°- IV. Spécimen
theologiœ Thalmudicœ. \. Syl-
loge dispitlalioniun theologicanim
et philulugicarum , Allort , ib63,
in-4'*. VI. Liucubrationes.,.. in dif-
Jicillima utrii/sque Testamenli lo-
ca , hX^oxi , 1680, in-8®.
HACMEON , prince grec , tour-
menté des furies comme Oreste, pour
avoir tué sa mère, qui avoit égorgé
son mari à l'exemple de Clylem-
iiestre.
* HADANCOURT ( Jérôme ) ,
astronome du déparlement de la
Haute-Garonne, né à l'oulouse en
1748, après avoir fait ses pre-
mières éludes cliez les jésuites, liit
destiné par un de ses ondes à suivre
la carrière du barreau ; mais un
instinct particulier , plus Ibrl que
toutes les considéralions de famille ,
le voua à l'étude des malhémali-
ques, et par suite à celle de l'as-
tronomie, où il s'acquit de ia répu-
tation. Cet astrouoiue n'a point pu-
blié d'ouvrage j il a coopéré aux
Il A DG
observations astronomiques de I\f.
Darquier , imprimées en iBoo aux
irais du gouvernement. [,e lycée de
Toulouse conserve cependant dans
ses archives un Mémoire deHadan-
courl. C'est un rapport sur le cata-
logue de 888 étoiles australes qui ne
sont point visibles à Paris. Cet astro-
nome est mort dans sa ville natale
le 22 avril 1800.
HADDICK ( N. comte d' ) , gé-
néral autrichien, servit avec cou-
rage l'empereur pendant la guerre
de sept ans. 11 fut nommé en 1789,
malgré sou grand âge , général en
chef de l'armée envoyée contre les
Turcs. Il mourut quelque temps
après, le 12 mars 1790, à l'âge
de 80 ans.
* HADDON ( Waller ), né dans
le comlé de Buckingham en 1.Ô16,
professeur en droit , se montra, sou»
le règne d'Edouard , l'un des plus
ardens défenseurs de la réformation;
sous la reine EUzabelh il fut nommé
l'un des trois commissaires envoyés
à Bruges pour rétaljlir sur l'ancien
pied le commerce qui exisloil entre
l'Angleterre et les Pays-Bas. Haddon
travailla avec sir John Cheke à la
traduction latine du code ecclésias-
tique, publiée eu ii?! par John
Fox , sous le titre de Refcrmatla
legiim ecrfcsrasticarum , in-4°- Oa
a recueilli ses ouvrages sous le titre
de Lucubrationes , eu 1 vol. in-4°,
qui contient ses JJiscoi/rs , des Let-
tres et quelques Poésies. Haddon ,
distingué par sa piété autant que par
son savoir, mourut en 1571.
* HAUGI-CHALFA. C'est sous
ce nom qu'est vulgairement connu
Mustapha-Ben-Jbdallah-Kalib-'
Tschelaby , de Constantiuople ,
mort en i658. Son ouvrage , tra-
duit en allemand par un orienta-
liste distingué , mais qui a gardé
l'anonyme , a paru à Leipsick ,
chez Breilckopf en i8o4; voici le
HAEF
titre allemand : Aperçu er/cjclopé-
dique des sciences en Orient, tiré
de sept ouvrages arabes , persans
«t turcs , 2 pallies in-8*.
HADRIEN. Voyez Adpten. Ce-
pendaiil il faut observer que Ha-
drien est la véritable orlbographe ,
ce mol étant écrit par une H dans
les médailles.
* HAECX ( David ), né à An-
vers vers l'an lôgS , embrassa
létat ecclésiastique et se transporta
à Rome , où il devint camérier
d'Uri)ain VIII. 11 mourut le 7 fé-
vrier iGTig. On a de lui Dictio-
narium malaico-latinuin , el latino-
malaicum , Rome , de l'imprimerie
<le la Propagande, iGôi , in - 4'''
Il a été traduit en hollandais, et
imprimé à Batavia en 1707.
* HAEFTEN ( Jacques Van ) ,
béoédictin , né à Ulrecht en i588,
cliangea son nom de baptême en
celui de Benoît, quand, en 1627,
il fut reçu abbéd'Atïliguem ; dans le
Brabanl : il y introduisit les cons-
li tu lions de lu congrégation dessaints
Vitone et Idulfe,et mourut dans son
abbaye en 1648. On a de lui, 1.
Disquisitioiies monasticœ , sur la
règle de suint Benoit, etc. , Anvers,
i6z|5 , in-fol. Dom Charles, Stein-
gelius,abbé d'x\nhusc-n , a fait l'a-
brégé des di.squi^ilions monastiques
qu'il Ht imprimer i\ Augsbourg. II.
f'enatio sacra , siue de arte qiiœ-
rendi Deuni libri XII , ibid. , 1 6.')0,
in-fol. Cet ouvrage n'a paru qu'a-
près la mort de l'auteur. 111. P'ia
regia sanctœ crucis. Cet écrit , où
il y a de la piété el de l'onction ,
a été traduit en français par uu
cordelier, sous le titre de Chemin
royal de la croix, in-8°, avec des
gravures. IV. Le pain quotidien ,
ou Méditations pour tous les jours
de Cannée , en 6 livres , i654 , et
quelques autres productions.
HAER 2o5
H^MUS. Voyez Hemus.
* I. HAEN ( Abraham de ) , dessi-
ualeur el poêle hollandais, naquit
à Amsterdam en 1707, el mourut
en 17/18. Ou a gravé, de lui, uii
bon nombre de vues, de villes,
villages , châteaux , etc. Sara-Marie
Vander-Wiip a publié ses Voésies
posthumes.
11. HAEN (Antoine de), con-
seiller-aulique et médecin de l'im-
pératricd IMarie-Thérèse , exerça son
art avec succès , et écrivit sur fart
de guérir avec proxililé, mais avec
sagesse. Ennemi de l'empirisme,^ il
s'altachoit à l'expérience et aux
principes reçus. Les traités qu'il a
successivement publiés sous le titre
At Ratio medendi forment 17 vol.
in-8° , dont le dernier parut à
Vienne en 1774- Dans quelques-
uns il ijaroit plutôt compiler le»
observations des médecins ses pré-
décesseurs, qu'observer lui-même;
mais dans d'autres , il joiut ses
rétlexions à celles d 'autrui. On a
encore de lui plusieurs Disserta-
tions sur des sujets particuliers ,
tels que son traité De Magid ,
Venise, 1776 , in-8° , où il soutient
la possibilité et la réalité de la ma-
gie. Haen nsourul l'année suivante,
le 5 septembre 1776, dans uu àg«
assez avancé.
HAER ( Florent Van der ), cha-
noine et trésorier de la collégiale de
Saint-Pierre à Lille, né à Lou\aia
en i.'')47 , mort en i634, ht une
étude particulière de l'histoire de
son pays el des antiquités ecclé-
siastiques, et publia, 1. De initiis
tumuLtuum Be/gicorum , Louvain,
i587, iu-12. C'est une histoire,
écrite avec élégance , de ce qui
est arrivé aux Pays-Bas du temps
du duc d'Albe. II. Antiquita-
tum Liturgicarum arcana , Douay,
i.6o5, in - 8°. Il y donne deuic
explications de chaque messe do
2oG
HAFE
Tempore. La première , moitié lit-
térale , moitié ascélicjiie , reiiferme
renchainemenl des parties qui com-
poseut le texte. I.a seconde est une
suite de recherches sur l'origine des
cérémonies de la messe. Quoiqu'il y
ait dans cet ouvrage beaucoup d éru-
dition pour le temps où il vi\oit,
cependant il a été effacé par le car-
dinal Boua , par 1). Marlenne et par
Je P. Lebrun. 111. Les chaslelains
lie lAlle , leur ancien estât, office
et famille , des Comtes anciens de
Flandre , et une description de
l'ancien état de la ville de Lille ,
etc. , Lille , 1611. Ouvrage écrit sur
de bons mémoires avec exactitude
et discernement : il est d'une grande
milité pour Tins toi re tle la généalogie
des princes de ce pays.
*HAERLEi"\I ou Hahlem (Théo-
dore Van), peintre, né en 1410
dans la ville du inème nom, mort
en 1.1(70. On voit dans l'église d'U-
irecht nu très-beau tabieau de cet
artiste , représentant Jésus-Christ
et les apôtres.
* HAFENREFFER ( Samuel ) ,
docteur en médecine , né à Hérem-
berg dans le duclié de Wirteinberg,
exerça sa profession ;i Kircliheim ,
ville de Souabe , passa ensuite à
Tubinge , où il enseigna avec dis-
tinction dans les écoles de la l'acuité,
et mourut dans cette dernière ville
en 1660, âgé de 73 ans. On a de ce
médecin plusieurs ouvrages , à la
plupart desquels il a donné des titres
qui se ressentent du goût de son
siècle et de son pays. Nous ne cite-
rons que le suivant, itititiilé f'e-
xillum liap/iacliticum per artem
îuedicam et vitani comniunem vo-
/rt/^5, Tubingae, iGT)!, iii-S"
* HAFEZ-SHEMSEUDIN
( Mahomet ) , poêle persan , né à
Shiraz, capitale de la province Far-
sistan ( ancienne Per.->e ) , an com-
uieuuemeul du 8* siècle du l'hégire,
HA F]];
et llorissoit à l'époque où le fajiieux
'l'aïuerlan délit le sultan Shah
Mansor. La céiéiinlé de son nom
fut telle , que les souverains de ces
contrées s efforcèrent, avec toute la
vanité orientale, d'obtenir de.s éloges
dans ses vers , considérés des-lor»
comme domaine de l'immortalité.
Trtmerlan le sollicita vivement de
venir visiter son palais à Samar-
cande. Mais le poète célèbre dans u/ie
ode, avec une extrême énergie, la
libéralité et les qualités personnelles
du sultan Mansor , et dans divers
passages d'autres odes , la munifi-
cence du roi d'Hormuz et de quelques
autres; comme aussi il s'élève contre
l'avarice et les mauvaises mœurs
d'un plus grand nombre de souve-
rains. Il refusa les offres généreuses
de différeus princes de son temps ,
connoissant leur inconstance et les
pièges ([ue cachent souvent les ca-
resses de cour. Il aima beaucoup sou
pays natal , qu'il abandoima unique'
ment pour répondre au vif empres-
sement du roi lesdi, près de qui il
passa quelque temps , et qu'il quitta
peu satisfait , quoiqu'il se vantât
d'avoir célébré hautement sa gloire.
On ne doit pas s'étonner si les per-
sonnages les plus considérables de
ce temps recherchèrent l'amitié et
les éloges (! ilafez ; cet empressement
doit être autant attribué à l'e&time
dont joiiissoient ses ouvrages qu'à
la vénération qu'on avoit pour la
poésie en Orient. Son penchant aux
plaisirs les plus délicats, et la pureté
de ses expressions , montrent en lui
\Mi homme au-dessus du vulgaire.
On sait encore qu'il éloit sa vaut dans
toutes les sciences , et qu'il ensei-
gnoil publiquement les lois et la
religion dans un collège. 11 dt'plor©
tendrement -, dans un grand nombre
de l'ers, la jjerte de son éi-.ouse. Il
paroit qu'il avoit un ami favori à qui
il adresse beaucoup d'odes, comme
le poète Anacréon , à Balhylle. On
croit qu'il consacra les derniers jours
HAGE
de sa vie à la pénitence et à l'aus-
térité. Il moiuiil , selon Herbeiol ,
l'an de riiégire 797 , correspoiulaul ù
peu près à l'an i594 f'e ïnrn chré-
tienne. On a fait de ses ouvrages mi
recueil contenante inq centsoLxanle-
ncuf odes, qui, depwis, a été coni-
inenlé par plusieurs Turcs célèbres.
La lubricité de si'S vers Kt que quel-
ques zélés niah(»m('lansdoulerenls'il
étoit digue de rcccs oir l'honneur or-
dinaire de la rénullure selon leurs
usages , le regardant comme i;n vio-
lateur des lois du koran ; mais le
recueil de ses J^oésics ayant été ou-
vert an hasard pour prendre nue
décision à ce sujt.'t, Je passage qui
s'offrit porta ses ennemis à lui ac-
corder cet honneur . ce qui fui exé-
cnléà Mosella pies Shiraz. Le r/iui.r
des odes <ie ce poêle, appelé ])ar ia
plupart des Onenlaux. l'.-Jnacréon
Persan , a été traduit en vers an-
glais , avec des noies , par Jenu
T*Jott, et imprimé à Londres en 1787,
avec une notice sur ce poêle. On
trouve dans le G/'orna/e (/e' letle-
rat'i , Pise , 1788 , quelques essais de
traduction de ces odes en italien.
HAGANON. f^ojez Chaeles ,
n° m.
* HAGECIUS ou DE Hayck
( Thadée ) , ainsi nommé parce qu'il
étoit de la bourgade de Hayck en
Bohême, vivoit dans le iG*^ siècle;
il pratiqua la médecine plutôt en
charlatan qu'en homme de l'art.
Quelques cures heureuses, auxquelles
sa s. lence eut peu de jjart , lapant
mis en vogue , il fut apjHlé à la cour
de l'empereur Maximilien , qui le
mit au nombre de ses médecins. Il y
figura aussi comme aslrouoiue et
comme astrologue jusqu'à la méto-
poscopie , ou la divination par les
traits du visage. Il publia même un
ouvrage sur ct.'lle vaine science, qui
fut imprimé à Francfort en 1.^)84 ,
in-8° , sous le litre d' Jp/iorismi
Mçtoposcopici. U ea a écrit d'autres
HAGE 207
qui valent un peu mieux: ils sont
intitulés, I. ytj)/iorismo?-iirn medi-
corvm libellas iinus, Francofurti ,
in-S". II. De cereuisid , ejusqnc
coufiviendi ratione , iiatuiâ , vi-
ribus et facultalibus , ojmsci/litm ,
ibid., iô85,in4°.
I. lïAGEDORN, poète allemand
du 18"^ siècle. Dans sest^ers, recom-
manc'iibles parla pureté de l'cxpres-
sicn et par la délicatesse des pen-
sées, il célèbre tour à tour l'amour
et la vertu, le vin et la sagesse. Ce
pcétc a imité plusieurs fables et
{ilusit'urs coules du célèbre La Fon-
Uune. Il en a composé lui-même
qui sont estimés.
* II. HAGEDORN ( Christian
Louis de), né à Hambourg en 1717,
a gravé à l'eLu-forte , en 1744 5 ""^
suite de têtes de caractère et des
petits paysages de sa composition.
U mourut à Dresde en 1782, direc-
teur depiiis long- temps de l'acadé-
mie des arts de celte ville.
' HAGEMANN , originaire d'Ha-
novre , et mort à Naples au mois de
mars 3809, à la fleur de son âge ,
très-versé dans le sanscrit, avoil été
éle\é par son mérite à lemiiloi de
précepteur des enfans de sa majesté
le roi de Naples. On a de lui , dacs
le Magasin encyclopédique , quel-
ques articles inléressans sur la lit-
térature orientale.
HAGEMBACH (Pierre de) , che-
valier, conseiller et mailre d'hôtel
de Charles , duc de Bourgogne ,
nommé par ce prince , en 1469 ,
gouverneur des comtés de Ferrèl-e ,
de Suudgaw, de Brisgaw et d'Alsace,
se conduisit d'une manière si ly-
rannique dans ses gouvemeniens ,
que Sigismond , archiduc d'AulricUe,
lit une ligne avec les Suisses, le
Palatinal , les villes de Strasbourg
et de Baie , el même avec Louis XI ,
elc. , pour chasser»Charles , duc de
-io8
HAGU
gager ce duc à se retirer, à rendre
ce qu'on lui avoit accordé ; il ne
le voulut point , et sur son refus la
guerre fut déclarée. On érigea aussi
un tribunal, où Pierre Hagembach
fut entendu , convaincu de concus-
sions et de malversations , et con-
damné à perdre la tète. Il subit son
jugementle 9 mai i474» aprèsavoir
été dégradé de sa chevalerie. Cette
exécution, loin de terminer la guerre,
l'anima davantage, parce que le duc
de Bourgogne voulut venger la mort
de son favori. Cette querelle, dura
longtemps, et les peuples en lurent
les victimes, comme dans toutes les
disputes des rois.
* HAGENDORN ( Erfroi ) , mé-
decin , ué en 1640 à Wolaw^ en
Siiésie , pratiqua son art à Gorlitz ,
et ensuite à la cour de Saxe, où il
mourut le 27 février 1692. Outre
plusieurs Observalions insérées dans
les iMémoires de l'académie impé-
riale, on a de lui plusieuVs ouvrages,
parmi lesquels on distingue, I. Trac-
ialiis p/tysico-inedicus de Catechu ,
sive tend japonicâ in vulgiis sic
dicta , lense , 1679 , iu-S". II. Ilis-
toriœ p/ij sico - medicœ , Arnslii ,
1690 , in-8'*.
HAGENHUSËN, major de vais-
seau au service de Suède , coa^mau-
doit une galère dans le combat naval
livré le ^2 août 1789 par les Suédois
à la Hotte russe , à la hauteur de
Kotkasari. Au milieu de l'action ,
se voyant prêt à tomber entre les
mains des ennemis, il préféra une
mort glorieuse , et lit sauter son
liatimeut, où il mil lui-même le
feu.
HAGUENBOT (Jean) ou CoR-
NARius , médecin allemand , de
Zwickau , chercha avec grand soin
les écrits des meilleurs médecins
grecs, et employa environ quinze
ans à les traduire en latin. 11 s'at-
latba fiur-loulà ceux d'Uij»pocrule ,
HAGU
d'Aëtius , d'Egiuète , et à une partio
de ceux de Gulien. Ces versions sont
fort imparfaites. Coruarius médio-
crement versé dans la langue
grecque, ignoroit les finesses de
la langue latine. Ses travaux litté-
raires ne l'empêchèrent point de
pratiquer la médecine avec répu-
tation à Zwickau , à Francfort , à
Marpurg , à Norlhausen et à lèue,
où il mourut d'apoplexie eu i5.t8,
à 48 ans. Son précepteur lui avoit
fait changer son nom de Haguenbot
en celui de Coruarius , sous lequel
il est plus connu. Outre ses Traduc-
tions , on a de lui , I. Quelques
Traités de médecine. 11. Ues Edi-
tions de quelques poèmes des anciens
sur la médecine et sur la botanique.
111. Des Poésies latines. W . Des
Traductions de quelques écrits des
Pères de l'Eglise , entre autres du
sacerdoce de saint Chrysostôme, des
(Euvres de saint Basile , et d'une
partie de celles de saint Epiphane.
V . Theologia uitis pini/'erœ , Hei-
delberg , 1614, in-8°. VI. Prcecep"
tiones de re rusticâ , Bàle , i538,
in-8°.
t HAGUENIEP. ( Jean ) , né en
Bourgogne près d'Auxonne , mort
en 1708, âgé de 60 ans, a fait
plusieurs Chansons , dont quelques-
unes respirent l'enjouement ; mais
il faut moins le regarder comme uu
auteur que comme un homme de
bonne compagnie , qui versilioit le
verre à la main. Voltaire, quil'avoit
vu dans sa jeunesse, disoit, pour ex-
primer la froideur de ses chansons ,
que c'étoient des chansons à boire. . .
de l'eau. Celles qui commencent
ainsi: aNousautresbons villageois...
Je n'ai pour toute maison qu'une
pauvre et simple chaumière, etc. ,»
ont encore de l'agrément et n'ont
pas vieilli.
HAG U EN OT (Henri) , savant
médecin de Monti>ellier , mort eu
1776, a publié, L Tractatus dtt
HAID
morbis externis capitis , 1760,
in-12. II. Otia p/iysiu/u^ica , \'!ÏiZ.
III. Plusieurs Mémoires adressés à
l'académie des sciences , parmi les-
quels on doil distiugner celui qui a
pour objet de démontrer le danger
des inhnnialious dans les églises,
1748 , in-b".
HAHN (Simon -Frédéric) fit,
dès son enfance , des progrès si ra-
pides, qu'à l'âge de 10 ans il sa voit
plusieurs langues vivantes. Ce sa-
vant, mort eu 1729 à 07 ans, pu-
blia en 1708 la Continuation de la
Chronique de Bergen , par iMeibo-
mius. Après avoir donné, pendant
quelques années , des leçons publi-
ques à Hall , il devint à l'âge de 24
ans professeur d'histoire à Helm-
stadt. Son mérite fut ensuite récom-
pensé par les titres de conseiller ,
d historiographe , et de bibliothé-
caire du roi de la Grande-Bretagne,
à Hanovre. Ses principaux ouvrages
sont encore , L Les quatre premiers
volumes d'une Jlisiuire de f empire,
exacte, mais pesamment écrite. IL
Colleclio tnonutneiitorum veterum
et reeentiurum , iiieditoriim , Bruns-
wick, 17^4» 1726, 2 vol. iu-b".
* IIAIDEN (Jean), né à Hra-
disli en Moravie en 1716, vni des
hommes les plus érudiis de ce siècle,
comme ses ouvrages le prouvent , se
fit iésuite en 1756, et professa di-
verses sciences avec un succès ex-
traordinaire. 11 vivoit encore , mais
vieux et caduc, en 1786. Ou a de
lui , I. Dissertationes de t/ierapeii-
fis Philonis Judœi , Prague, I7ri6 ,
in-4°. II. JDe inslittito Ecclesiœ in-
fant! hus mox cum bapiismo con-
ferendi sacrarnenla coiifirmatioriis
et eucharistiœ dissertatio , 1768,
in-4°. lll. De luigenii IV décréta
pro Jtrmenis , ni/nc tanquam pars
synodi œcumenicœ Florentinœ sii
respicienduui , 1759, in-4°. IV. De
Trud-entii Marani opinione ho-
moiisioii Antiocinœ secuto tertio
T. Vin.
HA IL
209
proscripfitm iiegaiitis , 1760, i.i-
4°. V. Aniinadversiunes criticœ iii
chronologiam , 1760, in - 8°. V'I.
F.xercitatioiics chronologiœ de tri-
bus prœcipuis aniiis C/iristi , imli,
biptisali et morienlis ad calculuin
Joannis Kepleri olim apud Pra-
genses astru/ioml avcornmodatœ ,
1761, in-8". VU. Jppendix adexer-
citationes chronolugicas de prœj'ec-
tiunis Jiomaiiœ sedis et obitusprin-
cipis apustoloruta Fetri annis ,
1761 , in-8°. Tous ces ouvrages,
dont une vaste érudition fait seule
le mérite, sont peu reclierchés au-
jourd'hui, et avec raison.
•{-HAILLAN(BernardDEGiRAKD,
seigneur du ) , né à Bordeaux en
] 535 , se livra d'aliord à la poésie , et
s'adonna ensuite entièrement à l'his-
toire. Charles IX l'houora du titre
de son historiographe. 11 éloit cal-
viniste ; mais il se fit catholique ,
quand il parut à la cour. Henri III
le fit généalogiste de l'ordre du Sainl-
Es]Hit. Il mourut à Paris le 2^1 no-
vembre 1610. I.a manière dont du
Haillan parle de lui inèinf dans quel-
ques-uns de ses livres prouve que la
gloire et la fortune étoient deux divi-
nités aux(]uell -.s il teiinit siiigulière-
ment. II vanle beaucoup ses travaux,
le succès de ses ouvrages, et leurs
diverses éditions. 11 témoigne trop
visiblement qu'il voudroit être ré-
compensé ; et comme les censeurs
empêchent quelquefois \\\\ écrivain
(le rece\oir le priv. de ses peines , il
traite lesMeus avec aigreur. Il écri-
vit au maréchal de Biron que
(( Henri III ne l'avoit pas seulement
remercié de l'honuiuige qu'il lui
avoit tait de son Ilistnire de Fran-
ce , quoique ce fùi le plus beau
présent de livre qu'on lui eût ja-
mais fait.... 11 lisoit el r^compen-
soit , ajoute-t-il, bien de |)flites
(Siivres plnines de vilenies : il dou-
noit des al)bayes à leurs auteurs , et
ue lit cas de ce qui servoit à la gloire
14
210 HAÎL
des siens el à la sienne. » On a cle
lui , I Une Histoire de France ,
depuis Pharamoud jusqu'à la mort
de Cliarles VUI , en plusieurs vol.
in - 8" , et 1627, 2 vol. in -fol.
C'est le premier coîps d'IItsloire de
France composé en tVan(,ais. L'au-
teur u'adople pas tontes les labiés
qui éloient C:i vogue de sonlemiis.
Il rejette même diverses traditions
qu'un zèle indiscret pour la gloire
de la France avoit répandues , el
{.'explique assez librement sur la
Pucelle d'Orléans et sur d'autres
objets. Mais il rapporte encore assez
de faits incertains pour mériter
quelquefois le reproche de crédulité.
Son style est celui de sou pays ,
vif et fanfaron. Il a surchargé son
Histoire de plusieurs harangues en-
nuyeuses , traduites presqu ; mot à
mot de Paul- Emile; il a encore
suivi cet historien dans plusieurs
de ses narrations, en y ajoutant
quelques remarques tirées d'ailleurs.
Mais ce qu'il n'a copié nulle part ,
c'est le commencement de son His-
toire , qui est entièrement de sou
invention. Il fait tenir un conseil
entre Pharamoud et ses plus fidèles
conseillers , auxquels il donne des
noms imaginaires. Il s'agit de sa-
voir s'il doit réduire les Français
au gouvernement aristocratique ou
au monarchique : chaque conseiller
l'ait une harangue pour soutenir le
jjoiir o\\ le contre. Son ouvrage eut
cependant un cours extraordinaire,
malgré ces énormes défauts. Du
Haillan , parlant sans ménagement
du pape, des évèques el des maisons
les plus illustres, plut infiniment à
ceux qui ne cherchent dans la lec-
ture que le plaisir de la satire. II.
J)e l'état et succès des affaires de
France , iGi 3 , in-S" : livre curieux
qui offre des choses singulières , et
quelques-unes de hasardée^. Il con-
lienl , dit Lenglet, dans un détail
assez exact , ce qui regarde l'état de
la France. II peut même servir pour
HAIIN
commencer l'étude de notre his-
toire. Dans la première édi lion in-4°,
1.570 , il y a un pelit JJbrégé de
l'histoire des comtes d' Anjou, qu'où
ne trouve pas dans les éditions pos-
térieures , qui sont meilleures à
quelques égards, lll. Hegum Gal-
loruni Icônes versibiis expressœ ,
in-4°. IV. Histoire des ducs d'An-
jou , ib^o , in-S". V. Un Poème in-
titulé Le To/nbcau du roi très-
clirétien Henri II , in-8". NI. VU-
nion des princes , autre poëme
in- 8°. Du Haillan, se croyant un po-
litique , avoit suivi l'évèque d'Acqs
( Noadles ) à l'ambassade d'Angle-
terre et de Venise.
* HAINERS , un des professeurs
les plus distingués de l'université de
Gottingue , on il étoit , lors de sa
mort en iSio,directeur de la société
royale des sciences. L'institut de
France l'avoit admis au nombre de
ses membres. Les principaux ouvra-
ges de cet écrivain estimé sont , Mé-
moires pour la société ; Lettres sur
la Suisse,el la décadence des scien-
ces en Grèce , traduits en français.
* HAINES (Joseph ) , connu sons
le nom de comte Haines , excellent
comédien dans le genre du bas comi-
que , s'est fait un nom par le tour
facétieux de son esprit et la ])romp-
titude de ses reparties. Ses talens et
ses connoissances fixèrent l'atten-
lion et l'estime de sir Josepli Wil- ■
iiamson, qui, parvenu à la place de 1
secrétaire d'état , le choisit pour se- »
crélaire en langue latine dans ses
bureaux ; mais la discrétion qu'exige
un pareil emploi n'étant pas l'une
des qualités dont Haines eût le plus
à se vanter , Williamson le reu- É
voya et le reconmianda cependant f
particulièrement aux dignitaires de
l'université de Cambridge. A peine
Hainesyctoit-il rendu qu'une troupe |
de comédiens étant venue à une 1
foire du voisinage , Haines renon- |
çunl à sa nouvelle carrière se joignit
HAJA
à eiiT. Ses talens renient bientôt
appelé au lliéàtre de Drurylaue et
protUiil dans la socitlé des grands ,
où les agrémens de sa conversation
et la vivacité de sou esprit lui pro-
curèrent de puissans protecteurs.
Haines mourut à Londres eu 1801.
* HAINS ( Joseph ) , peintre , né
à Berne en Suis?e , vivfiit dans le
.1 6"^ siècle. L'empereur Rodolphe II
qui se Tétoit attaché , l'envoya en
Ilaliepoury copier lesplus beaux rao-
numens de peinture et de sculpture.
Il s'acquitta de cette commission à
ïa grande satisfaction du prince ,
dont il mérita l'estime et la protec-
tion. Hains composa beaucoup d'ou-
vrages , la plupart gravés par les
Sadeler , Lucas Kibian , et Isaac
Mayer. Il mourut à Prague.
HAIS. T'oyez ll.\.\&.
*HAIT0N, prince arménien,
seigneur de Curchi , servit pendant
long-temps dans les guerres contre
lesSarrasms et les Tar tares. En i3o5
il embrassa dans l'ile de Cypre la vie
religieuse dans le monastère appelé
Episcopla. En lôoj'il se rendit à
Poitiers, où il se trouva à une con-
férence relative aux croisades; il y
donna des instructions à ce sujet ,
et y récita une histoire des peuples
de l'Orient, ou plutôt une descrip-
tion des royaumes de ce pays. Nicolas
Salcon , interprète du pape , la tra-
duisit eu latin.
HAIWARD. Voyez Hayw.\rd.
* HAJAR ( ibn ) , El-Hâfedli-
Schahàb et Schahàb-ed-d}are , naquit
en 77.T de l'hégire, 1071 de l'ère
chrétienne , à Askalàn ( Ascalon ) ,
en Syrie. Sa vocation étoil pour les
belles-lettres ; son goût lui fit pré-
férer l'histoire aux autres genres, et
on lui doit plusieurs cuivrages sur
les annales de l'Egypte : entre autres
une Histoire des princes qui ont
régné dans cette contrée depuis
HAJE 2ri
l'introduction du mahoméllsme ,
et ^Histoire des câdis ( juges ) du
Caire , continuée par El-Sakhàouy.
Le premier de ces deux ouvrages,
avec un épiloine de ?,Ioh?mmed El-
Dhoraayry, se trouve à la biblio-
thèque impériale , en plusieurs vol.
manuscrits. Ibn Hajar mourut dans
un âge avancé , l'au de l'hégire 802 ,
1448 de notre ère.
* HAJEB ( ilm ) , Jémâl ed-dyne,
connu aussi sous le nom de Al-T;ikh-
lazâny , mort à Alexandrie l'an
646 de l'hégire et de l'ère chrétienne
1248 , à 75 ans, grammairien et
poète arabe, s'est fait une grande
réputation par l'élégance de sou style
et la pureté de ses principes. Ou a
de lui , I. Grammaire arche , im-
primée à Rome, iSga , in-4° ; à
Constantinoplc , 1786, in-4° , et à
Calcutta, 1800, petit in-4°. L'édi-
tion de Constantinoplc est augmen-
tée d'une syntaxe et d'un bon com-
mentaire. II. Un petit poème ma-
nuscrit et fort rare , de l'Art poé-
tique , en i58 vers, ouvrage pré-
cieux aux yeux des savans araljes
qui en ont parlé ; la bibliothèque de
l'Escurial en possède un exemplaire,
m. Un Poëme de Dieu et de ses
attributs. IV. Abrégé des décrets.
On lui attribue aussi une Histoire
des khalyfs Omniades. Ces divers
écrits ont été le sujet d'une multi-
tude de commentaires que l'on trouve
manuscrits dans les bibliothèques
d'Europe. La grammaire en compte
sur-tout un grand nombre , dont
quelques-uns sont joints au texte
dans les exemplaires manuscrits que
toutes les bil)Uothèques célèbres pos-
sèdent , et qui se rencontrent aussi
dans celles de plusieurs savaus orien-
talistes , par la quantité de copies que
le mérite de cette grammaire eu a
fait tirer. Plusieurs auteurs du
même nom ont écrit sur la méta-
physique ; leurs ouvrages sont à la
bibliotlièque impériale.
:2T2 HAJJ
*HAJ.TAH (ibii), Tnaiiy-pcl-ilyne
jVbouhekr Al-Hamaouy, d'une des
premières familles de Hàmali , en
Syrie , se fil connoitre au commen-
cement dn 9^ siècle de l'hégire par
l'élégance de ses poésies. Ayant qui tté
sa patrie pour s'élahlir au Caire , il
y jouil d'une réputation justement
acquise, et de la laveur du sultan,
qu'il conserva jusqu'à la Hn de ses
jours, arrivée dans la même ville,
«n 857 de l'hégire, i/|35 de J. C.
Ou estime son poème intitulé ,
Haâyeh , chose nouvelle , coni meute
par Sçahnoudy; et un autre ouvrage
<de poésie , sous le titre des fruits
et. (les feuilles. C'est un assemblage
de toutes sortes de poésies , de mor-
ceaux à la louange de plusieurs
princes de Syrie et d'Egypte , et d'his-
lon-es relatives à l'élégance arabe ,
qui sont entremêlés avec des pré-
ceptes sur les belles-lettres , pour
corriger ce que le g( nre didactique
a de fastidieux ; la bibliothèque impé-
riale possède plusieurs exemplaires
îuanuscrits de cet ouvrage qu ou
Toit aussi dans celle de l'Escurial.
libn Hajjah a aussi écrit en prose
te J^in de la jeunesse, vauté pour
l'éloquence du style , et quelques
autres ouvrages moins connus.
* HAJJY-KHALFAT-MOUS-
THAFA, surnommé Kâleh Tché-
léhy , né à Constantiuople vers la
fin du 1 y>^ siècle, entra jeune encore
an service du sultan Amouralh
(Ainural)IV, en qualité de i'^'' se-
crétaire. Son mérite, l'amabilité de
son esprit insinuant , lui gagnèrent
les bonnes grâces de son maître , et
avancèrent rapidement sa fortune ;
il se trouva , au bout de quelques
années , investi du ministère des
finances de l'empire olhoman. Ce
poste émiuenl fovunit à Hajjy Khal-
î'al l'occasion de développer tous
ses taleus comme homme d'état ;
mais il ne l'enleva jiointà des occu-
pations plus doutes, celles d'homme
HAJJ
de lettres. Il s'en lit un délassement, ^
et ce passe-temps lui assura ('im- '^
mortalité, taudis que le rang qu'il
occupoitet ses fonctions importantes
n'auroient point empêché sa mé-
moire de mourir avec lui. Les ou-
vrages qu'il a laissés sont nombreux,
et s'ils ne sont point par leur genre
de nature à porter l'empreinte du
génie , leur mérite du moins est
incontestable , et ils doivent être
placés au premier rang parmi les
écrits orientaux qui roulent sur des
sujets semblables. Les plus connus
eu Europe sont , 1. Uue Bibliotlit-
que orientale , composée en arabe,
contenant l'histoire des poètes ,
hommes de lettres , sa vans , tant
arabes que turks et persans , qui
se sont distingués depuis le commen-
cement de l'hégire , jusqu'en 1028
de la même ère, époque à laquelle
l'auteur écrivoit. Il y en a plusieurs
exemplaires manuscrits à la biblio-
thèque impériale. II. Des Tables
chronologiques écrites d'abord en
persan , puis eu turk , et imprimées
dans cette langue à Constaulinople,
1753 , petit iu-fol.., avec une conti-
nuation jusqu'à cette année, par
Emyr- Bokra-Mohammed- Efeudy
et Hrahym -Efeudy, éditeur. Elles
sont manuscrites , en persan et eu
turk, à la bibliothèque impériale,
et renferment Ihisioire profane et
sacrée depuis Adam ; la liste des
rois, princes , souverains, etc. , qui
se sont succédés depuis le commen-
cement du monde jusqu'à Mahomet;
l'histoire dece prophète , deskhalyfs
ses successeurs, des rois, monarques,
souverains musulmans de toutes les
sectes et de tous les pays , des sultans
othomans, des grands vizyrs, grands
mouftys , grands dignitaires, etc.,
delà su!)lime porte. La seule traduc-
tion complète qu'on connoisse de
cet utile et intéressant ouvrage a
été faite en latin par Reiske , avec
un commentaire , et est encore iné-
dite. 11 y en a bien une certaine
/
HAKE
HAKK
2l3ï
/
(Vi italien , Venise, 1697 ; maiselle
tal si piloyal)le quaulaul vaut-il ne
'la pas compter. 111. Une Géographie
composée en arabe, et traduite en
lurk , par Ibr.ihyni Efendy qui l'a
fil imprimerdanscette langue, Cons-
lantinople, 1 \/\h — ) 702, petit in-fol.
sous le litre de Miroir du momie.
Les deux premières parties ont été
réimprimées en Allemagne e)ii7tS4,
avec une version latine par Nor-
berg. Cette édition est très-rare.
IV. Jï/s/o//e des guerres maritimes
des Othomans , eu turk , sous le litre
de Don aux Grands, Constantin... ,
1 1 4 1 — 1 728 , petit in-fol. On voit
que HajjyKhalfat éloil versé dans
les langues arabe et persane , aussi-
bien que dans la sienne , puisqu'il
écrivoit avec une égale pureté dans
les trois, exemple très-rare dans un
Turk , et qu'on verra pourtant se
renouveler d'une façon plus extraor-
dinaire à l'article Séjd Moustafà.
HajjyKhalfat mourut dans l'exercice
de sa charge à Coustantinople , l'an
de l'hégire loây — 1647 de l'ère
chrétienne.
HAKEM-BAMRILAH, troisième
caille de la race des falimites, com-
mença à régner à lage de onze ans,
sous la tutelle d'nn gouverneur,
l'an de J. C. 996. Son règne ne fut
célèbre que par des extravagances.
II ordonna que, toutes les nuits , les
maisons et bouliqnes du Caire fus-
sent ouvertes et éclairées ; que les
femmes ne sortissent jamais de leur
logis, et défendit aux ouvriers de
fane aucune cliaussure à leur usage.
Il vouloit passer pour dieu , et iil
faire un catalogue de seize mille per-
sonnes qui le reconiioissoient pour
Ici. Il iil brûler la moitié de la ville
du Caire , et piller l'autre par ses
soldats. Il obligea les juifs et les
chrétiens de porter sur leurs habits
des marques qui les distinguassent
des musulmans : il en contraignit
plusieurs à renoncer à ia religion,
puis il leur permit d'en faire une
profession ouverte. 11 lit démolir
l'église de la Résurrection on du
Calvaire de Jérusalem , et la fil rebâ-
tir ensuite. 11 inleiùit le pélcrinape
de la Mecque , supprima le jeune du
ramadhan et les cmq prières par
jour. Ses sujets s'imagincreut qu'il
avoil dessein d'abolir le mahomé-
tisme , et de s'ériger en nouveau
législateur : on conspira contre lui,
et il fut tué sur le mont Mocalani
l'an 1021 , par ordre de sa sœur , à
ce que Ion croit.
* HAKEWILL ( George ) , né à
Exeler en ifivg, savant lliéologien,
chapelani du prince Charles , et
archidiacre deSurrey, ne fut point
appelé à de pins hautes dignités , à
raison de la vive opposition qu'il
montra au mariage del'mfanle d'Ef-
pagne avec le prince auquel il éloil
attaché. Il publia en 1627 une Ex-
posiiivn ou apologie du pouvoir de
la providence de Dieu dans le
gouvernemenl du monde, dont il
a paru en ]655 une troisième édi-
tion fort augmentée, en un volume
in-fol. 11 mourut en 1649.
* HAKKERT ( Jean ), peintre de
paysage, né à Amsterdam en iG52,
voyagea en Allemagne et en Suisst.
I.a vue de ces pays montagneux
enflamma son génie naturellement
porté vers ce genre de dessin. Sei'î.
au milieu des rochers les plus tris-
tes, il se plaisoit à peindre Ventrée
des cavernes , les chutes d'eau , et
divers effets de la nature , tantôt
agréables , tantôt bizarres , mais
toujours inléressans par leur res-
semblance. Les paysages qu'il fit
d après ses dessins, à son retour en
Hollande , sont fort estimés. Ce qui
a rendu les ouvrages d'Hakkerl plus
précieux, c'est son association avec
AdrieuV^anden Velde,qui peignit le»
ligures de la plupart de ses tableaux,
C(,H artiste csl mort e;i Hollande,
2i4 HAKL
* HAKLUYT (Richard) , né à
Eyloii dans le comte d'tîereford
vers i5.>5j mort ea i6i6, s'adorina
avec passioQ et avec beaucoup de
succès à l'élude de l'hisloire navale
d'Angleterre, dont il fut chargé de
donner des leçons dans l'université
d'Oxford; il fui le premier qui in-
troduisit dans les écoles du dernier
rang l'usage des caries, des globes,
des sphères et des autres instrumens
nécessaires à l'étude de la géogra-
phie et de la navigation. 11 se lit
bientôt counoilre des principaux of-
ficiers de marine et des navigateurs.
Le célèbre Fr. Drake applaudit à
son entreprise, et insista vivement
pour que ses cours fussent niaiule-
nus et continués dans l'université
d'Oxford ; le secrétaire d'état Wal-
singiuun donna les plus grands en-
couragemens à leur auteur, qui ,
instruit de bonne heure dans les
langues anciennes et modernes, eu-
trelenoil des correspondances dans
l'étranger , et s'étoil lié avec les
plus habiles cosmographes de son
temps, tels qu'Ortélins , Mercator ,
etc. Sou industrie , ses travaux, ses
voyages , ses études étoient tous
dirigés vers l'unique objet dont il
s'occupoit , et auquel il sembloit s'ê-
tre voué exclusivement, à tel point
qu'ayant accompagné dans son am-
bassade à Paris sir Edouard Slaf-
l'ord, et y ayant trouvé en manuscrit
l'histoire de la Floride , décbuverle
alors depuis environ vingt ans par
le capitaine Loudonnière et quel-
ques autres aventuriers français , il
la fit imprimer à Paris à ses frais en
ir)86; dans l'année suivante il en
publia une traduction anglaise. De
retour en Angleterre en i58b ,
Hakluyt , encouragé par sir Walter
Raleigh , s'occupa à mettre au jour
VHLituire navale (V Angleterre, pré-
senlée avec plus d'extension qu'on
nel'avoil fait jusqu'alors. Elle parut
à la hii de 1689 , en \\\\ volume
ia-iblio. Dès lùi^a il ayoii publié
HALB
une collection de voyages et de
découvertes , dédiée à M. Philippe V 1
Sidney. On lui doit encore une Ira- ^i
duction du portugais de ÏHistoiie
des découvertes de cette nation
dans différentes parties de L'uni-
vers, depuis les premiers temps,
qui parut en 1601, et une nou-
velle édition, avec notes, de l'ou-
vrage de Pierre Martyr , intitulé
De orbe novo , et une Carte de
l'Amérique et de la Nouvelle Angle-
terre. Hakluyt voulut instruire sa
nation par ses recherches et son
propre travail , il engagea même
ses amis à concourir à ce but; c'est
ainsi qu'à sa prière John Pory tra-
duisit de l'espagnol de Léo l'His-
toire géographique de l'Afrique ,
Londres, i6oo, in-fol, , et que fut
traduite eu i6o5, par M. Lock ,
l'Histoire des Indes pccidentales de
Pierre Martyr. Tant de titres, qui
doivent rendre la mémoire d'Ha-
kluyt chère à sa nation , lui conci-
lièrent aussi l'estime des étrangers.
Dans les découvertes faites dans le
nord en 160S , par le capitaine
Hudson , et aux frais du commerce
de Moscou , les Russes , dans la dé-
nomination des dilTérens lieux qu'ils
ont reconnus sur le continent du
Groenland, ont désigné sous le nom
de cap Hakluyt un promontoire
élevé qui se trouve à 80 degrés vers
le nord. En j6ii on apprit qu'ils
avoient aussi donné le nom d'Ha-
kluytà une rivière qu'ils découvri-
rent dans un voyage à Peckora en
Russie.
HALBAUER (Frédéric), théo-
logien luthérien , né à Alslad en
Thuringe l'an 1692 , devint pro-
fesseur d'éloquence et de poésie en
1710 , puis de théologie dans la
même académie en 1738. Ou a de lui
des livres t/iéologicjues ; un grand
nombre de JJissertations académi-
ques , des Lettres , des Recueils
de nouveilcs cdilious daùleurs co-
/
HALE
Jébres, elc. Ce savant, qui n'ëloit
guère au-dessus d'un compilateur ,
iîiourul l'au 1760, à 58 ans.
* HALBERSTADT (Christian de
Brunswick ) , connu dans les guer-
res d'Allemagne sous le nom de duc
irHalberstadt , parce qu'il étoit
administrateur de cet ëvêché , si-
gnala sa haine contre les catholi-
ques , dit l'abbé Feller dans son Dic-
tionnaire. Ou le nomma Yéréqiie
enragé , et il se nommoit lui-même
l'ami de Dieu et l'ennemi des prê-
tres. Il ravagea une grande partie
de l'Allemagne , brûlant et sacca-
geant tout ce qui tomboit en sou
pouvoir. S'étant rendu maître de
Paderborn , il fit enterrer l'ëvêque
tout vif, laissant seulement paroi-
tre la tète , qu'il écrasa avec les pieds
de son cheval, en saulaut et volti-
geant dessus. Il se faisoit servir à
table par des femmes et des filles
catholiques toutes nues, et après le
repas , les ayant fait prostituer par
ses favoris , il les faisoit égorger ou
noyer. Le brave Tilli poursuivit ce
monstre et l'abattit par de grandes
victoires, sur -tout par celle de
Sîadlo en iGsô, Le vaincu imputa
cette défaite au colonel Kniphausen,
qu'il fil arrêter et renfermer au fort
de Scheuk. « C'est l'ordinaire , dit
lin auteur contemporain , eu telles
grandes affaires , où l'on jette tou-
jours la faute sur quelqu'un , ne re-
gardant qu'à ce qui est de la con-
duite humaine, et non à la provi-
dence divine.» Il mourut à Wol-
feubultel en 1626, détesté même
par les proteslaus.
HALDE ( du ). P^oy. Duhalde.
t HALE ( Matthieu ) , né à Al-
derny, dans le comté de Gloces-
ter, en 1609 , d'un avocat deLen-
col's Inn , exerça la charge de
chef de justice du banc du roi, sous
Charles II , avec autant d'intégrité
que de lumières. U étoit iî lu fois
HALE r>i5
jurisconsulte, théologien et philo-
sophe. On a de lui , I. La première
origine ries hommes, i677,in-fol.
II. Contemplations moraleset théo-
logiques , 1679, in-8°. m. Obser-
vations sur les expérlenees de To-
rlcelll. IV. Essai sur la gravita-
tion des corpsjluldes , 2 vol. in 8°.
V. Observations sur les principes
des inouvemens naturels, ^^''77'
VI. Histoire des ordonnances roya^
les, 1668. On peut consulter sur
ce savant , mort en 1676, sa Vie par
Buniet, évêque de Salisbury.
* HALEN ( Aaron Van ) , gra-
veur hollandais, llorissoit dans le
17*^ siècle, et gravoit en mauicre
noire. Ou a de lui entre autres le
portrait de Jérémle Dekker , d'a-
près Rembrant, où au lieu du vrai
nom de ce graveur, ou lit, Jqulla
sculpslt ; parce qu'c/e/7/ a la même
signification en hollandais v^u'agulla
en latin : l'un et l'autre siguitient
un aigle.
1 1. HALES (Etienne), docteur en
théologie, recteur deTheddinglhon,
chapelain du prince de Galles , et
membre de la soc'ieté royale de Lon-
dres, naquit eu 1677. Sa Statique
des animaux fut traduite en fran-
çais par Sauvages, Genève, i744»
in-/j°- Son ouvrage de la Statlqua
des végétaux et de l'Jnalysc de
l'air le fut, eu i735, iu-4°, par
KufFon. Cesdeux ouvrages, revns par
SigaiiddeLalont, on télé réimprimés
à Paris, 1779, 2 v. in-8°. Haies ré-
pauditaussien Angleterre l'usage du
ventilateur , machiue dont d'autres
physiciens avoient eu l'idée, mais
qu'il perfectionna. 11 obtint, en 1759,
le prix fondé par le chevalier Co-
pley, et ce furent ses expériences
sur la manière de dissoudre la pierre
dans la vessie qui le lui méritèrent.
Nous avons encore de lui, l'Jrt de
rendre l'eau de la mer potable y
traduit en français, iu-12; et plu-
sieurs Dissertations sur l'eau d»
2i6 HALK HALL
goudron ; sur tes iujeciions utiles i à Londres en 1622 , morleeni699,
aux liydrupiques; sur tes tremble- a\oU été mariée en jfiôb à Jacques
liydrupiq
meus de terre ; sur l' électricité i sur
la mari 'ère de faire passer de l'air
à travers une liqueur qi^ on distille;
sur le moyen de conserver les ap-
proi^isionuemens dans les vais-
seaux ; sur les abus des liqueurs
fortes, etc. On lui doit encore l'in-
veation d'mre machine en cuivre
deslinêe à démonlrer le raouvemenl
des planètes, qm a peiil-èlre donné
l'idée de celle qui lui quelque temps
après construite })ar Rowley sous le
nom d"(9/v rye. Ces divers ouvrages,
pleins d'idées neuves et profondes,
prouveiU sa sagacité autant que son
zele'i'Oiir lehien public. On Un a élevé
un tond)eaii parmi ceux des ro sd'An-
glelerre, dans l'abbaye de Westmins-
ter.
HALÈS. Voyez Ai,Ès , n° I.
T. HALI-BACHA, geudrede Séiim
ÏI, et général de la llotie des Turcs
en 1 570 et 1 671 , après avoir ravagé
plusieurs iles de la république de
Venise, combattit dans le goife de
Lépante contre l'armée chrétienne
qui veuoii a pleines voiles sur sa
flotte. Don Juan d'Autriclie ayant
vigoureusement attaqué la capitaue,
Hali tomba mort d'un coup de
mousquet, et les Espagnols y mon-
tèrent aussitôt , en arrachèrent l'é-
tendard , et s'en reuriireut les maî-
tres. Don Juau iit eu mèine temps
crier victoire! I,es chrétiens ayant
gagné la bataille lireul prisonniers
\i^ fleux hls dr- Hall , ei les con-
. duisirent à Rome , où l'un d'< ux
mourut , et l'autre lut renvoyé à la
princesse sa mère , qui avoit fait
de magnifiques présens à don Juan,
pour obtenir sa liberté.
II. HALf-BE(;. r. Ali-Beigii.
HAUTGAKiUS. Voy. Rabax.
* HAl.KKT ( lady Anne ), dame
anglaise, tille de Uoborl Mmray ,
précepteur du prince Charles 1 , née
Halket , qui eut d'elle quatre ea-
lans. On a imprimé à Edimbourg ,
en 1701 , un soWxm^àt Méditations
tirées des manuscrits de lady Halket.
* I. HALL (Jean) exerça la
chirurgie à Londres vers le milieu
du 16" siècle , et publia en anglais,
en i56i, un ouvrage in-4'', dont
on peut rendre ainsi le titre en
français : Utile et fidèle abrégé d'a-
natomie, ou dissection du corps de
l'homme, dans laquelle on verra
en raccourci la nature , la forme
et lesfunctions de chaque membre,
depuis la têtejusqu' aux pieds, avec
des remarques utiles pour diriger
la main d'un jeune chirurgien
dans les différentes opérations , en
trois traités. C'est sur ce plan que
P.iltiti a composé son analomie chi-
rurgicale.
1 11. HALL (Joseph) , surnommé
le Sénéque d'jJnglelerre, né à Ashby,
dans le comté de Leicester, en ibi^,
d'abord professa l'éloquence avec
succès , Ini doyen de Worcesler ,
eiisuite évéque d Excester, etenfiii de
Norwich. 11 eut beaucoup à souffrir
dans les orages des guerres civiles de
Cromwel ; il fut emprisonné, dé-
pouillé de ses biens, et mourut la
plume à la main, en i656. Cétoit
un philosophe quant à la théorie
et à la pratique. On remarque dans
tous ses ouvrages, imprimés in-
folio à Londres, 1662, nu style
pur, simple et clair, et une mo-
di^ratiou qui venoit peut-être de son
iiulittérence pour les diverses re-
ligions. 11 auroit voulu réunir tou-
tesles sectes divisées. «Noussommes
tous frères, dit-il un jour dans uu
de ses sermons , pourquoi donc em-
ployons-nous les termes injurieux
de calvinistes et d'arminiens ? Nous
sommes tous chrétiens; n'ayons donc
qu'un même sentiment. » 11 disoit
que le livre le plus utile seroLl Ve
HALL
ij)aucitate credendorum. Son livre
Mundus aller et idem, Ulrechl,
1648, in-16, esl ime peinlme des
mœurs de plusieurs nations. Hall
n'iipprouvoil point les voyages que
les Anglais aiment lant à faire dans
les pays étrangers. 11 écrivit sur ce
sujet un opuscule inlilulë Quo
. F'adis ? Censure des voyages et de
ta manière dont ils sont entrepris
par nos compatriotes. Quelques-
uns des écrits de ce prélat ont été
traduits en français par Théodore
Jacqnemot, Genève , 1627, 10 vol.
in-12. Urbain Clies'reau a aussi
traduit de fiall l'ouvrage inliluié
J}es considérations J'ortuites , celui
ayant pour litre ; I)e la tranquil-
lité d'esprit , Lyon, 1660, in-12;
entiii ï Ecole du sage , ou Ca? ac-
te/es des vertus et des vices , Paris ,
1664 , in-12. Ses ouvrages forment
une suite de 5 v., lant in-f. qu in-4".
* m. HALl- ( Jean ) , né à Dur-
ham en 1^27 , mort en i6.t6.
Destiné d'abord an barreau, il exerça
sa plume sur des sujets de politique
relatifs au temps où il vécut, et par-
là s attira l'attention du parlenieiit,
quilui confia divers emplois, aux-
quels il renonça pour se livrer à
son goîit pour le plaisir. Le pre-
mier essai de ses talens en poésie
parut en 1G46, sous le titre de//o-
rce pacii'CB or essajs. On lui doit
la première traduction anglaise de
Longin, sous le titre de lleigkt vf
eloquens , Lond. , 1602, in-b" ; elle
est faite sur le texte grec, ainsi que
celle qu'il a donnée d'Hieruciès ,
Commentaire sur les vers dorés
de Pjt/iagore , qui parul eu 1657 ,
une année après sa mort , en un
vol. in-S". Ou trouve dans ïf ood
AtJienœ Oxonienses des détails pins
étendus sur ses ouvrages, j)ariui lis-
quels on distingueencore un ouvrage
intitulé Le Gentilhomme cultiva-
teur dont la traduction française a
paru en 1664 et forme 16 vol.iu-12.
HALL
217
Jean Hall habiloit dans le comté de
Cornouaillcs, il excelloit dans l'art
de faire le cidre , et il en envoyoït
jusque dans les grandes Indes.
* IV. HALL ( Henri ) , bibliothé-
caire de l'archevêché de Lanibeth ,
et recteur d'Arbledown , né à Lon-
dres en 1716, et mort en 1765,
se rendit reconimandable par ses
connoissances et ses talens , et plu.s
encore par sa grande modestie. Il se
fit aiiner et estimer dans les diverses
fonctions du ministère ecclésiastique
qui lui furent contiées, et se distin-
gua par sa prédication.
* V.. HALL ( Jacob ) , célèbre
danseur de corde sous le règne de
Charles II. Les agrémens de sa per-
sonne et les charmes de sa conver-
sation , réunis à une force et à une
agilité extraordinaires , fixèrent lal-
tention des femmes de cette coin-
licencieuse, et particulièrement de
la" duchesse de Cléveland qui, dit-
ou, le gratifia d'une [)ensiou.
* VI. HALL ( Richard ), théolo-
gien ans^lais attaché à l'Eglise ro-
maine, (piilla l'Angleterre par rap-
port aux peines portées par la reine
Elizabeth contre ceux qui profes-
soieut la religion catholique , se
retira dans les Pays-Bas espagnols.
11 professa la théologie à Uouay,
\\\\\A\s. jylusieurs ouvrages , et mou-
rut eu iGo4.
* HALLAY ( Jean ) , jésuite fran-
çais, né en 1697, i)rofessa la rhéto-
rique à Dtjon , et y mourut en i fi^f).
On a de lui un ouvrai'^e qui a été au-
trefois fort recherché dans les col-
lèges de la société; il est lutitulé
R/ietoricœ Divionensis societatis
Jesu analy'ticœ eluqucntix pro-
gymnasmata in aliquot Ciccronis
orationes , Dijon, 1629, in-4°-
i I. HALLE (Pierre), né à Bayeux
en 1611 , acheva ses éludes à Caen,
€l s'y distingua tellement par se&
2l8
HALL
Poésies, qu'il fut nommé profes-
seur de rhélorique , et recleur de
l'iuiiversité de celte ville. Le chan-
celier Ségiiier étant allé à Caeu pour
apaiser les troubles de Normandie,
conçut pour lui beaucoup d'estime, et
l'amena à Paris. Halle y devint régent
de rhélorique au collège d'Harcourt,
puis lecteur en grec au collège royal ,
et enliii professeur en droit canon. 11
mourut à Paris le 27 décembre 16S9.
Ou a de lui , I. Des Harangues
latines , recueillies ensemble en
a 655, in-S" , sous le titre de Peiri
Hallœi j'uris utriusque doctoris ,
in academid Parisiensi eloquentiœ
prufessoris , poëtœ ac interprelis
regii orationes et poëmata. Le re-
cueil est dédié au chancelier Seguier ;
il contient, 1° Jpologia regenliœ:
ce discours est adressé à Louis XIV
en minorité ; 2* Laudatio funebris
Luduvici XIII, Galliœ régis; 0°
Panegyriciis optimo serenissimoque
principe Gastuni l'ranciœ , régis
patriio et ylurelianoriim duci oh ex-
puguatam Grauelingarn diffus ; 4"
De arc/iidiaconatu de Vadis Bajo-
censis ecclesiœ oralio ; 5°. yid illus-
trissimum Petrum Scguier,Franciœ
cancellariumcum ad Cadomensem
academiam accederet, salulaiio; 6"
Prœfatio in quarlum Georgicoruui
Virgilii lihrum ; 7° Un Discours
latin prononcé à l'occasion de Fran-
çois de La Chambre lorsqu'il prit le
degré des mai tre-és-arls dans l'univer-
sité de Paris ; 8° Discours apologé-
tique des sciences où l'auteur prouve
iiec scientiis animas enervari , nec
hebctari ingénia ; 9° Discours où
l'on examine s'il est plus avantageux
de donner les préceptes des sciences ,
ou d'enseigner, en se servant des
langues grecque et latine, ou en
employant la langue française. Ces
wew^ Discours s,o\\\. suivis de Poésies
latines de l'auteur divisées en six
livres sur toutes sortes de sujets, et
d^ Tragédies tirées de rEcritiue
samie. II. Des Ouvrages de ju~
HALL
risprudence. Il a bien écrit dan»
ces différens genres.
t II. HALLE (Antoine), pro-
fesseur d'éloquence dans l'univer-
sité de Caeu, et l'un des meilleurs
poètes latins de son siècle , né à
Bazanville près de Bayeux , mou-
rut à Paris le 5 juin 1676 , à l'âge
de 85 ans. On a de lui plusieurs
Pièces de Poésies , in-8° , et quel-
ques Traités sur la Grammaire
latine. — Son frère , Henri Halle,
professeur de droit très-distingué
dans la même université que lui ,
mourut eu 1688.
7 m. HALLE (Claude -Guy) ,
peintre, né en i65i , mort en 1706,
à Paris , sa patrie , à 85 ans , dut sa
supériorité dans son art à l'étude
constante de la nature. Il devint
directeur de l'académie de peinture,
et se concilia l'estime des connois-
seurs par ses talens , et leur amitié
par l'enjouement de son caractère.
Halle ne vit jamais l'Italie, et pei-
gnit néanmoins dans le bon goût
italien , en étudiant les tableaux des
grands maîtres qui sont dans les
cabinets des amateurs à Paris. On
le nomma un jour arbitre au sujet
d'un tableau qu'on ne vouloit pas
recesoir, parce que le jeune peintre
à qui on l'avoit commandé s'en
éloit fort mal acquitté. Halle re-
toucha le tableau , et termina le
différent aii contentement de toutes
les parties. Ce maître disposoit heu-
reusement son sujet; ses composi-
tions sont riches , ses tètes gracieu-
ses. Son dessin est maniéré, et ses
ouvrages manquent de force et de
vigueur. On voyoit de ses tableaux
dans l'église de Notre-Dame, entre
autres , une y.'nnonciotion , peinte
avec tant d'agrément et de vérité ,
qu'elle semble sortir de l'école du
Guide ; à Saint-Jacques - de-la-Bou-
cherie ; à Saiut-Germain-des-Prés ;
dans la chapelle du collège des jésui-
tes; dans l'église de la Charité; à
/
HALL
Saint -André -des -'Arcs ; à Saint-
Paul; dans l'église et dans la chapelle
du séminaire de Saint-Sulpice; aux
lilles du Saint-Sacremeul ; dans les
salles de l'académie. On a gravé
d'après lui. Il laissa un fils ( pojez
l'article suivant ), et une fille ma-
riée au fameux Reslou.
IV. HALLE ( Noél ) , fils du pré-
cédent , né à Paris le 2 seplem-
Ine 1711 , y mourut le 5 juin
1781. Consacré de bonne heure à la
peinture comme son père et son
grand-père , il alla perfeclionner ses
talens à Rome. De retour dans sa
patrie , il parvint successivement à
tous les grades de l'académie de
peinture , et fut nommé , en 1771 ,
surintendant des tapisseries de la
couronne. L'académie de Romeéloil
dans un grand désordre ; HalIé fut
choisi pour y aller Taire des réfor-
mes utiles, et remplit si bien sa
commission , qu à son retour il ob-
tint le cordon de Saint-Michel. Ses
tableaux ornoieut les églises de
Paris et les maisous royales. Son
dessin, d'un mauvais style, est en-
core plus maniéré que celui de son
père, et son coloris est rouge et fac-
tice. Sa composilion est grande, sou
expression heureuse et noble, sa pers-
pective parfaite. Les morceaux d'ar-
chitecture y sont traités avec autant
d'exactitude que de supériorité. Par-
mi les tableaux qui servirent de mo-
dèles aux tapisseries des Gobelins, ou
cite la Course d'Hlppoinèneet d'A-
talanle i Jchille dans Vile de Sy-
los; Silène et Eglé. Le plafond de
la chapelle des fonts baptismaux
de Saint-Sulpice , et le tableau de
laPrédicalion de Saint- Vincenl-
de-F aille , à Saint- Louis de Ver-
sailles peuvent donner une idée de
ses talens.
t HALLER (Albert , baron de) ,
célèbre médecin , disciple de Eoër-
haave, né à Berne le 16 octobre
1708 , mort dans celle ville le i 2 dé-
HALL 219
cembre 1777, dans un âge avancé,
devint membre du conseil souve-
rain de cette république , et che-
valier de l'Éloile polaire. Haller fut,
dès l'âge de neuf ans, un prodige de
savoir. Il commença par être poêle. .
11 eut le courage de s'exposer avi
feu pour sauver ses vers, et Tannée
suivante il eut celui de jeter au feu
ces mêmes productions qu'il enavoit
tirées. Les spectacles touchans et
magnifiques que la nature ofiVe dans
les Alpes ranimèrent sa muse, et de
temps en temps il donna des preuves
de ses talens poétiques. Sa réputa-
tion le fit appeler à Gottingue, où il
fut fait président de l'académie. Celle
des sciences de Paris se l'agrégea eu
1755 , à l'imitation d'une partie des
sociétés savantes de l'Europe. De re-
tour dans sa patrie, qui le mit nu
nombre de ses magistrats, il y fit ,
ainsi qu'à Gottingue, les élabli.sse-
mensles plus avantageux aux scien-
ces, et sur-tout à la médecine et à
ranatomie. Membre d'un état libre ,
il refusa le litre de baron de l'Ern-
pire. Il fut , jusqu'à ses derniers
momens , homme de cabinet et
homme d'état. Son activité et sou
ardeur pour le travail étoienl si
grandes, qu'ayant eu le bras droit
cassé, il apprit en une nuit à écrire
passablement de la main gauche. 11
étoit sans cesse en action, et il y
meltoit tout ce qui étoit autour de
lui. Lorsqu'il sentit sa fin approcher,
il observa ce spectacle avec tranquil-
lité; se làlant le pouls dans ses der-
niers instans, et disant à son méde-
cin, au moment même où il expira :
« Mon ami, l'artère ne bal plus. »
Il avoil eu Irois femmes, les avoit
rendues heureuses , et avoit été heu-
reux avec elles. Il avoit laissé un lils
qui n'a guère survécu à son père ; il
est mort en 1 78G , après avoir publié
une Biograp/iie littéraire de la
Suisse, estimée; Guillaume Tell ^
fable danoise, Berne, 1762 , in-S",
et s'èUe l'ail couuoilre comme bota-
220 HALL
nisie et liltëraleur. La vie de Haller
avoitété très-réglée. Entraîné liaiis sa
jeunesse dans nue partie de débauche,
il ( oîïçnt inie telle horreur des excès
dont U fut témoin, que dès ce mo-
ment il fut d'une sévérité extrême.
De La Melterie voulut , dit-on , l'as-
socier à ses principes de matéria-
lisme. On ajoute qu'Haller ne voulut
jauiais l'écouter, à cause de l'ellet
qu'il avoit ressenti à la lecture d'un
petit ouvragede LaMelterie, intitulé
l'Homme machine, Leyde, i 74^ >
in-i2, qu'il avoit eii l'impudence de
dédier à Haller. Ce dernier répondit
par une critique qui parut sous le
litre de l'Homme plus que ma-
chine , Londres (Hollande), 1748 j
in-12; et dans les (ïïuvres de La
Metterie, 1764, lom. lll. Mais tout
cela est contro.ivé ; cette critique est
d'Elie Lu/ac. An surplus , la pliilo-
sophie de Haller éloit douce et sage.
Il avoit eu dans sa jeunesse le talent
de la satire, et y avoit renoncé. 11
disoit que la tranquillité vaut mieux
que la gioire, et il se lélicitoit dètre
caché dans un coin du monde , et
d avoir j>eu de liaisoiis et peu d'in-
fluence. Sa cliarité active et tendre
lui lit trouver des moyens et des res-
sources pour le -soulagement des mal-
heureux. Biœnrstahl, dans ses lettres
durant le cours de ses voyages, fr:'
le parallele'suivaut de Haller et de
Voltaire , qu'il avoit connus tous
deu.x. : « L'un est superticiel , et
l'autre solide; l'un fait des vers sur
toutes sortes de sujets et verse sur
tout les couleurs de ses fictions ;
l'autre, poète elphilosophe, aime sur
toutes choses la vérité et la vertu.
L'un ne parle que de tolérance, et ne
peut ricii souffrir ni de Dieu ni des
hommes; l'autre, pratique la morale
et l'Evangile : l'un détruit, l'autre
édifie. » Haller ayant des principes
SI différeus de Voltaire , estiinoit
médiocrement ses ouvrages, et ne
suivoil en rien sa philosophie. U est
vrai que Voltaire de son coté fuisoil
HALL
assez peu de cas de Haller comme
poète. Cependant les ouvrages poé-
tiques du médecin suisse sont pleins «
d'imagination et de philosophie ; '
maison leur reproche une imitation,
quelquelbis trop ii:arquëe, du style
oriental, des détails peu piquans et
des longueurs. Laj)lupartde ses pro-
ductions eu ce genre , traduites en
français par Tscharner, ])arurent à
Berne en l'j'j^, 111-8°. On dislingue
l'Ode intitulée les ^dlpcs , et une
autre fort touchante que Haller fit
sur- la mort de son épouse. Ses ou-
vrages sur la médecine et sur l'his-
toire naturelle, et ceux dont il a été
l'éditeur , sont la Tormation du
poulet , traduite en français, in-12 ;
et XIritahilité des nerfs, aussi tra-
duite, 2 vol. in-12. Ce dernier livre
est frès-estimé; il parut en 1756 , et
en dévoilant la nature des forces qui
président à la vie, il renversa le sys-
tème de Boërhaave qui attribuoit
toutes les opérations corporelles aux
simples lois de la mécanique. L'au-
teur a en des vues nouvelles sur l'ir-
ritabilité, qu'il a le premier biea
connue : connoissance qui seule suf-
firoit pour rendre son nom immortel.
Il a eu aussi des idées neuves sur la
génération de l'homme , et sur la for-
mation des os , consignées dans sa
Physiologie. Ses autres écrits sont en
latin. 1. Historia stirpium indige-
narum Helvetiœ inchoata , Berne ,
1 768 , 3 t. en 2 V. in-f. , réimprimés
àGottingue, en 2 tom. , 1 v. iu-f.
II. Opéra minora, Lausanne, 1762^
1768, 5 vol. in-4''- 111. Dispulatio-
rium analomicarum scleclarum l'o-
luniina seplem , Gottingue, i75i ,
7 vol. in-4°. IV. Disputationes ad
morhorum kisloriam. et curationem
facientes , Lausanne, 17.07-1759,
7 vol. iu-/]". V. Disputationes chi-
rurgicœ selectœ , Lausanne, 1755,
5 vol. in-4°. VI. Biiliotheca medi-
cinœ theoricœ et praclicœ , Berne,
1776, 1787, 4 vol. iii-4°. VII. Ele-
meiila pàjsiologiœ curporis huma-
HALL
«/.Lausanne, ii^j à 1766, 8 vol.
iti-/)", abrégés en noire langue par
Tarin, 17 52, in-8". Dans cet ouvrage,
plein d'expériences curieuses et d'olj-
servalio\is nouvelles , on reconnoil
un auteur qui ne se bornoii pas à
compiler sur la nature , mais qui sa-
voit l'interroger et la bien voir.
Piet, médecin-accoucheur, a extrait
de cet clément un ouvrage imprimé
à Paris , 1 774 , en 2 vol . m-8" , sous
ce titre : la Géuéraiion, ou Exposi-
tion des phénomènes, relaliis a celle
fonction naturelle, traduite de la
Piiysiologie du baron de Haller, avec
des notes et une disserlaiion sur l'o-
rigine des eaux de rAiiinios. Vlll.
JJippocratis opéra genuina , Lau-
sanne, 1770,4 vol. in-8'^, elc. f f'^ar.
f,l\ciiVART et Alexandre Tral-
LiKN , n" XXVll! ). Tous les écrits
d'Haller reufermenl des vérités bien
développées, et quelques erreurs. Il
avouoit lui-même qu'il .s'éloit quel-
quefois trompé, el il avoit pris pour
devise, à la tète d'un de ses ouvra-
ges, une boussole avec ces mots:
/idem non abslulit errur. IX. Des
liclious ingénieuses, telles que ^11-
Jied, Fabius , Usong. Celle-ci a été
traduite en français, in-12. Ces ro-
mans moraux reiilerment des vérités
utiles aux gouverueiiiens. Haller,
appelé à radminislialion de sa pa-
trie, y avoit montré autant de sens
que de modération et de connois-
stuice des droits de la justice. 11 fut
du petit nombre des écrivains qui
réunirent aux sciences exactes les
lauriers des muses. Sou Eloge a été
publié à iJerne en 1778.
* HALLERSTEIN ( Augustin ),
né en Autriche d'une famille illustre,
se Rt jésuite et se consacra aux mis-
sions étrangères. Envoyé à la Cliine ,
il succéda au P.Koegler dans la place
de président du tribunal des mallié-
inaliques,et mourut en i774,fi"appé
d'apoplexie au moment qu'il apprit
la suppression de sa société. Ses Ob-
HALL 221
sensations ont été publiées par le P.
Helle, avec celles du P. Koegler,
Vienne, 17^)8, 2 vol. in-4''. Il avoit
un frère qui fut loug-iemps confes-
seur du duc Charles de r.orraine,
gouverneur des Pays-Bas , et qui
mourut vers 1780.
HALLER VOr.DT (Jean), savant
bibliographe de Kœnisberg, a publié,
en lalin, wwf;. h i bliothèij ut' iurieuse
des auteurs rares , imprimée à
Francfort en 1676, in-S".
t HALLEY ( Edmond ) , né à
Londres en i6f)6, s'adonna d'abord
a la liiléralure et aux langues, et se
consacra ensuite entièrement a l'as-
tronomie, pour laquelle la nature
l'avoit fait naître. Ayant résolu ,
des l'âge de ig ans , un problème
très-difficile , par lequel il délerniiiia
les aphélies et Cexceniricilé des pi l-
nètcs , le gouveruement l'envoya en
1676 à l'île de Sainte- Hélène. Ce
voyage lut la source de plusieurs
découvertes astrononiiques. \)h re-
tour dans sa patrie, il succéda à
Wallis , en i7o3, dans la plaie de
professeur de géométrie à Oxford ,
et à Fiamsteed , dans celle d'astro-
nome du roi. Ce fut en celle qualité
qu'ayant dessine un planisp/ière ,
où il avoit iixé la place exacte des
étoiles observées dans le voisinage
du pèle antarctique , il le présema
à S. M. avec une courte descrip-
tion : jiarmi ces étoiles il avoit placé
la constellation du chêne royal , avec
celte adroite inscription : lîohuv
Carolinuin in perpeluam siib il/ius
lalcbris servali , Caroli secundi
magnœliritanniœ régis rnemoriam,
in cœlo mérita translalum. D'après
ce catalogue de nouvelles étoiles ,
qu'on dut regarder comme une
conquête de 1 astronomie, Flamstcpd
lui dnmia le surnom qui lui est resté
de 'Tycho-Brcihé du midi. La so-
ciété royale de Londres et l'académie
«les sciences de Paris s'associèrent le
jeune aslroAiome, alors âgé seulement
222 HALL
de 22 ans ; la première le fit son se-
crétaire, place qu'il remplit avec dis-
tinction. A son retour de Dantzick, j"
oùilavoitété envoyé par la société
royale de Londres , il passa en
France en 1680, et à moitié distance
de Calais à Paris il aperçut la fa-
meuse comète qui parut une seconde
fois cette année en revenant du so-
leil; il l'avoit observée à sa première
apparition , il eut la satisfaction de
l'observer encore de l'observatoire
royal alors nouvellement construit.
Le but (le son voyage en France
ëtoit d'éumlir une correspondance
entre les astronomes de Greenwicb
et de Paris, et de s'instruire sous
Cassiui , comme il avoit déjà cher-
ché à le faire sous Hévius. Revenu
en Angleterre , la suite de ses études
Je porta à se rendre à Cambridge
auprès de Newton qu'il vouloit con-
sulter , et ce fut dans cette entrevue
qu'il détermina ce célèbre philosophe
à donner la première édition de ses
principes mathématiques de philo-
sophie naturelle qui parut en 1686:
il eu^la satisfaction d'en être l'édi-
teur sous la direction de la société
rojale , et de présenter cet immor-
tel ouvrage au r,oi Jacques II. Halley
mourut à l'observatoire de Green-
wichle 2.'> janvier 1 742. A un esprit
vif et pénétrant , il joignit une ima-
gination féconde et fleurie. II s'amusa
quelquefois à la poésie. Ses réponses
ëloieiit promptes , et cependant me-
surée^ judicieuses et toujours sin-
cères. Lorsque !eczarPicrre-1e-Grand
vint en Angleterre , il y vit Halley.
Il l'interrogea sur la flotte qu'il avoit
dessein de former, et sur les sciences
et les arts qu'il vouloit introduire
dans ses étals. Sa curiosité ingénieuse
fut tellement satisfaite de ses ré-
pouses et de son entretien , qu'il l'ad-
mit familièrement à sa table , et qu'il
en lit son ami. Halley inonlra tou-
jours un désintéressement extrême.
11 s'ouvrit le chemin de la fortune
pur ses travaux en faveur de Li uayi-
HALL
galion; et il a ajouté à celte gloire
celle de n'avoir jamais rien fait dans
la seule vue de s'enrichir. 11 a vécu
et il est mort dans la médio«rité ,
dont il ne tenoit qu'à lui de sortir.
Quand le roi Guillaume ordonna le
grand renouvellement des espèces
d'Angleterre en 1699 , et qu'il lit
construire cinq monnoies hors de
Londres, Halley fut nommé contrô-
leur de celle de Chester. C'est le seul
emploi de cette nature qu'il ait ja-
mais eu ou voulu avoir , et il ne le
conser vaque pendant les deux années
que dura la refonte. Libre de pré-
jugés , il ignoroit ces préventions
outrées en faveur d'une nation et in-
jurieuses au reste du genre humain.
Ami , compatriote et sectateur de
Newton , il a parlé de Uescartes
avec respect ; successeur de Wallis ,
il a su rendre justice à. nos anciens
géomètres. Les ouvrages qui font le
plus d'honneur à sa mémoire sont,
ï. Calalogus stellarum australio-
rum , Londini , 1678 , in-4°. Cet
ouvrage fut donné la même année à
Paris in-i 2 , par Royer , avec la
traduction française à côté , et un
planisphère céleste de l'hémisphère
austral, pour faire une seconde par-
tie à ses Cartes du Ciel et à son Ca-
talogue des* Etoiles. Celui de Halley
avoit été dressé d'après les observa-
tions que l'auteur avoitfaitesen 1677
à File de Sainte-Hélène, pays le plus
méridional que les Anglais eussent
alors sous leur domination. II. Apol-
loii'i Fergcei de sectione ratior.is
lihri duo , ex arabica maniiscripto
latine versi , Oxonii, 1706, in-8° /
et Jpollonii Pergœi conicorum li~
bii oclo , et Sereiii JÏntissensis , de
sectione cylind ri, etconi, lihri duo,
Oxonii, 1710, in -folio: éditions
magnifiques, et qui sont le fruit
d un travail immense. Halley y a
rétabli les textes originaux et les a
traduits. III. Une autre édition des
Sphériques de Menelai/s, Oxford ,
175s, in-5J". IV, Tahiilœ astrono-
HALL
micas , fort exactes , Londres en
i549, in-4''- Elles ont ëlé liaduiles
eu français par l'abbé Chappe d'Au-
teroche, ia-S", 1754; et par de La
Lande, 1759, in-8° : celle dernière
tradiicliou est la plus esliiiie'e. V.
ylbrégéde l'astronomie des comètes ;
c'est par une prédicliou de Halley
qu'on a cru démoulrer le cours des
comètes ; mais les astronomes ne sont
pas encore d'accord sur l'apparition
îixe et régulière de ces aslres cau-
dalaires. VI. Théorie sur les varia-
tions de la boussole , dans les mé-
moires de la société royale. Il dressa
une carte pour ces variations , qui
est d'un grand usage. On Ja trouve
daiis l'Essai de physique de l\Iuss-
clienbroëk , publié à Leyde eu 1709.
Vil. Méthode directe et géomé-
trique, pour trouver les aphélies et
les exentricilés des planètes. VllI.Un
Mémoire sur un Télescope de son
invention , qui fit beaucoup de bruit
dans le monde savant. IX. Plusieurs
aiUres Mémoires suv diEFéreus points
de physique et d'astronomie. X.
Quelques fers latins.
t I. HALLIER (François), né
à Chartres, docteur et professeur
de Sorboune , successivement ar-
chidiacre de Dinau , théologal de
Chartres , syndic de la facullé^ de
théologie de Paris, et enfin évèque
de Cavaillon eu 1606 , ne garda
pas long-temps ce siège, étant mort
en 1609 , à 64 ans , dune paralysie
qui lui fil oublier tout ce qu'il avoit
su , jusqu'à l'Oraison dominicale.
Hallier fit plusieurs voyages dans la
Grèce, en Angleterre, en Italie, et
fit par-Ion t adimrer ses taleus. Ur-
bain VIII lauroit fait cardinal, si
une forte brigue et des raisons d'état
n'avoi'ent fait passer le chapeau qui
lui éloit destiné sur la tèle du com-
mandeur de Valencey. Dans sou se-
cond voyage de Rome , eu iGSa , il
fit éclater beaucoup de zèle contre les
cinq propositions de Janséuius, dont
HALL
228
il sollicita et dont il obtint la con-
damnation. De là le bien et le mal
que les deux partis oiitdit de lui. En
ne le considérant que comme savant,
on recontioil généralement dans ses
ouvrages de la force dans Its rai-
sonnemens , et de l'érudition dans Its
recherches. Les principaux sont , I.
Un savant Traité de la Hiérarchie.
II. Des Commentaires sur les rcgle-
mens du clergé de France louchant
les réguliers, qui lui attirèrent une
foule dad\ersaiiies parmi les jésuites,
eutre autres Cellot, Banni, Pinle-
reau, etc. III. Un Traité des élec-
tions et des ordinations , i6»6 ,
iu-fol. Cet ouvrage , bon et mélho-
dique , lui valut une pension de la
part du clergé de France. IV. Des
Ecrits polémiques contre les jan-
sénistes et contre les réguliers, sur-
tout contre les jésuites. ^Tous ces ou-
vrages sont en latin.
II. HALLIER. ;f^ojez HospiTAL,
u° 111.
* I. HALLIFAX ( George Sa vile,
marquis de) , grand homme d'état
d'Angleterre , né en i65o , mort en
1695. Charles II le créa marquis
en i685, le fit conseiller privé, et
lord privé du sceau. Ce prince lui
offrit aussi les places de secrétaire
d'état et de lord lieutenant d'Irlande;
mais Hallifax refusa l'une et l'autre.
A l'avénemeut de Jacques, nommé
président du conseil , il perdit celte
place pour refus de sou consentement
à rappeler le serment du Test ( con-
tre les catholiques romains. ) A l'a-
vénemeut do Guillaume et Illane ,
il fut nonuné de nouveau lord privé
du sceau. En 1689 il se démit de
cette charge et se rangea du côté de
l'opposiliou. On a de lui un excel-
lent ouvrage inlitulé yjpis d'un père
à sa jille.
* II. HALLIFAX ( Samuel ) , évè-
que de S. Asaph , l'amé des fils d'un
apothicaire de Chesterfield , profes-
seur royal en droit civil à l'uuiver-
224 HALM
sité (\^ Cambridge, clij<lingtie égals-
ïiieiit cotnnie jiinscoiisulleel comme
oraleiir, se fit une grande réputation
par son analyse du droit civil.
Nommé en 1781 évèque de Glocts-
ter , il fut appelé en 1787 à l'évèché
de S. A«apli. Si^s Sermons furent
admircjs par ses auditeurs. Il est mort
en 1790, âgé de 60 ans.
lll. HALLIFAX (le comte de).
{ Voyez MoNTAGUE. )
HALL.MANN ( «Jean - Chrétien )
renonça au luthéranisme pour em-
brasser la religion caliiolique , et
mourut à Breslaw dans une extrême
jnisere en 170,'i. Il a laissé diverses
Fièccs de théâtre en allemand.
* HALLOIX (Pierre), jésuite,
né à Liège en i.t7 2 , possedoil les
langues savantes , et éloil versé dans
l'histoire ecclésiastique. Il prêcha
avec beaucoup d'éloquence pendant
plusieurs années. A la science il joi-
gnoit toutes les vertus qui font le
-vrai religieux. Il mourut le 00 iiiil-
let 1 656. On a de lui , I. Anlhologia
po'iitica grœco - latina , Doiiay ,
1617, in-12. 11. lliiistrium eccle-
siae orientalis scriplorum qui saiic-
titate et eriiditione flonterunt ,
Douay, i653 et iG36, 2 vol. in-fol.
Le premier volume a pour objet les
écrivains de l'Eglise d'Orient du
premier siècle; dans le second, il
s'agit de ceux du 2" siècle. Cet ou-
vrage est plein d'érudition cl de re-
cherches ; un écrivain lui reproclie
cependant un défaut de critique ,
sur-toul à l'égard de saint Denys
l'Aréopagiie. Plusieurs Vies de ces
saints ont trouvé place dans les
yicta sanctorum. lll. O ri gènes de -
fensus, Liège, 1648 , in-fol. , dédié
au pape Innocent X , et attaqué par
le cardinal Henri de Noris.
ÎIALLUIN (le duc d'). Foyez
ScilOlIBEROr , II" II.
HAT.MA ( FraiMVMS ) , savant im- I * HALTAUo ( Christophe Goll-
II ALT
primeur allemand , tout à la fois
poète, grammairien et historien. Les
éditions qu'il a publiées sont cor-
rectes et recherchées. Il imprima
d'abord à Ulrechl en 16S2 ; il trans-
l)orla ensuite ses presses à Amster-
dam en 1701 , et à Leewarde en
n\îi. Il est auteur d'un grand Dic-
tionnaire fra/içais et flamand, dont
les meilleures éditions sont celles
de Leyde, 1778 ou 17S1 , deux vol.
in-f.
*HALOANDEîl (George), ju-
risconsulte allemand , né à Misnie
en Saxe, distingué par son savoir,
et mort à Venise vers l'an i53i ou
xhoi , a fait imprimeries cinquante
livres des Digestes ou Pandecles,
avec un Catalogue des consuls ro-
mains, et d'autres pièces.
1 1. HALS ( François), peintre de
Harlem , mort en 1666 , a 67 ans,
excelloit dans le portrait. Ses ta-
bleaux sont pleins de force et de vie.
Il meltoit beaucoup de soin et d'exac-
titude dans ses ébauches , et cachoit
ensuite par des touches hardies ce
que son premier travail avoil de
pénible. Van Dyck, eu admirant la
facililé de son pinceau , auroit désiré
plus de moelleux dans son coloris.
11 n'y a guère que ce grand peintre
qui l'ail surpassé dans le portrait , et
avec plus de conduite , il auroit été
sans rivaux. Il y a deux beaux
portraits de ce peintre dans le Musée
Napoléon et trois autres dans la ga-
lerie de Dresde, mais ils manquent
de moelleux. Hais, toujours pressé
de retourner à la taverne, on il 011-
blioit ses travaux, sa femme et ses
enlans , n'avoit pas le temps de re-
loucher ses tableaux.
* II. HALS (Dirk) , frère dn pré-
cédent , lié en 1 Ç)hÇ) , inorl en 17 1 3.
Ce peintre , dont l'expression est
viveel spirituelle, excelloil à rendre
les Têtes de vilUu'e.
HAMA
lieb). Allemand, Irès-verse daus la
counoissaiice deselymologies, a pu-
blié Glossaiiu/ii Germanicum rne-
dil œvi , Leipsick , i758, 2 vol.
iii-fol., ouvrage fort estimé. Ilal-
taiis est mort à la lin du iS* siècle.
HALYATES. Voy. Alyates.
* HAï,Y-IBN-ABAS-AL-MA-
GINSCHI , célèbre par sa magie ,
tlorissoit envii-ou vers l'an 1000 de
l'ère chrétienne. 11 exerça la iiiéde-
cine , et laissa nn ouvrage célèbre,
dont le litre siguilie en lalm Thé-
saurus ai lis «zerf/cce, divisé en deux
parties, la théorie et la pratifpie. Ou
eu imprima uue versiou à Venise
eu 1^92, et à Londres en iBs.^ ,
in-fol. Ou conserve l'original arabe
dans la biblioihèque de Leyde , et
Fabricius fait mention d'Haiy daus sa
Bibliolhèfiue grecque.
* lIALY-ROnOHAM , ou
Eben- Rouan, Egyptien, cultiva
J'aslroiogie, la physique et la méde-
cine avec beaucoup de succès. Il Vi-
Toit sous le règne de l'empereur
Conrad II, et écrivit des Comnicii-
tairea in arlem paivarii Galerii ,
Venetiis , 149^^5 ^t Luj^duni, i5i6.
— Il y a eu aussi an Gesù Haly,
qui a écrit De cognitione infirmi-
latiim oculorurn , et curalioiie eo-
lum y Venetiis, i/jgg , in-fol. Eloy
parle de l'un et de l'autre.
* HARlAE ( Jean-Noel ) , ecclésias-
tique, né à Liège en 1709 , de Henri-
Guillaume, mailrede musiquede la
cathédrale, succéda en 1788 à sou père
daus cet emploi, y porta ses lalens
et sa rép'.îtatlou , et se fit uue rclé-
brilé beanco\ip plus grande. Deux
voyages qu'il fil à Rome, et les liai-
sous qu'il y forma avec les plus
{^rauds maîtres, coulribuèrent beau-
coup à le perfectionner dans un art
Cil ilavoitdéjà fait les plus grands
progrès. La hardiesse du génie l'af-
iVauchit quelquefois des règles , et
T. Yiu.
lîAMC 2v>5
ou le vit avec succès s'élancer dans
des routes nouvelles, qui fixèrent
l'admiraliou des connoisseius. Ses
comi.uitriotes ont célébré beaucoup
Xopcrc de Chaufoutaine, musique
d'un goût tout-à-fait ingénieux et
habilement assortie au "sujet. Ses
Oratoires de Judith et de Joiiathas,
et le Psaume In te Dominesperavi,
qu'il mit en musique peu de jours
avant sa mort , arrivée le aC uo-
■vembre 1778, doivent être placés
parmi ses meilleures compositions.
t HAMA^'DE ( Ignace - Fran-
çois ), docleur cl professeur en droit
à Loti vain , mort dans cette ville le
21 mars 1712, à 64 ans, fut l'oracle
des Pays-Bas. On le consnltoit de
tontes parts et sur toutes les ma-
tières. De tous ses écrits , le plus
utile est le traité De rccusatiunibua
juii icum .
I. HAMBERGER f George- Al-
brecht ) , né à Bej'erberg en Fran-
conie, l'an 16IÎ2, mort le i5 fé-
vrier 1726, à léua, où il professoit
la physique et les malliémaliques ,
a donné divers traités , fort esti-
més, sur ces deux scieuces. Les plus
conuus sont , I. De Iride diluvii.
II. De opticis oculorurn vilris. 111,
De hjdraulicn , de J'rignre. IV. De
basi computi ecclesiastici , etc.
* II. HAÎ\IBERGER ( George-
Christophe), membre de l'univer-
sité de Gotlingue , auteur de /)/t'-
sieurs ouvrages qui font honneur à
ses lalens et à sou érudition , est
sur-tout connu dans le monde lit-
téraire par une édition des Poésies
d'Orphée , à laquelle Gessner a aussi
contri!)ué. Né eu 1726, il est niorl
eu 1773.
* HAMCOMUS (Martin^, Frison,
mort septuagénaire vers l'an lôai ,
a laissé un ouvrage curieux en vers
latins hexamètres, imprimé à Fra-
220
H AME
ueker en 1620, et iulilulé Fr/'s/'a ,
seu de viris rebusque Frisiœ illus-
tribus libri II , 111-4"-
HAMDAM. Fo/esCAPEL.
* HAMD OULLAH-BEN-ABOU-
BEKPi , né a Casouyu de parens
aisés , coinin«uça par embrasser
le métier des armes ; mais une
blessure assez grave ne lui permit
point d- suivre long -temps cetle
carrière. Rentré dans la yie civile ,
il cultiva les l.-ttres , et ne tarda
point à se faire une répulation aussi
solide que brillante. Son meilleur
ouvrage , intitulé Délices des
cœurs , est écrit e.i persan avec
une éléj^ante siaialioité , et con-
tient , 1° un Traité assez superficiel
d'astronomie; 2" un T aite- de phy-
sique et d'histoire naturelle, où il
n'entre guère dans des détails plus
approfondi';; 3" un Abrégé de géo-
graphie. Ce dernier morceau , qui a
la Perse pour objet princijial , est le
meilleur de l'ouvrage, par l'exacli-
titude qu'on y remarque, liamd-
Oullali mourut dans sa patrie l'an
de l'hégire 75o-]349 de J. C.
HAMEL. J-^ojez Dt^iiamcl.
HAMELAR Voy. Hemei.ar.
HAMELMANN ( Hermaii ) , né à
Osnabruck en 15^5 , commença à
y prêcher la doctrine de Luiher.
Chassé de cette ville , et reçu à Bilefeld
par les chanoines, il instruisit la
jeunesse selon le catéchisme de son
patriarche , et fut nommé eiisuile
eurintendant des églises du duché de
Brunswick , pour ler^ régler selon
la confession d'Aui^sbourg. Eiihii
il devint surintendant général du
comté d'Oldembourg en iSgS, et
mourut en 1 595. Ses principaux ou-
vrages sont , I. Commentarii/s in
Pen!ateijc/ium , i5ç)5 , in-fol. II.
Ilistoria Jf estpltalorum seci/ti
6. III. Chronicurn Oldembiirgi-
Cum , etc. On y trouve des recher-
HAMI
ches , mais peu de métho le et d'agré-
ment.
HAMERSTEIN. Foy. Brunn ,
n-» I.
HAMID IV ( Abdul ) , sul-
tan des Turcs , successeur de son
frère Mustapha , continua la guerre
qu'il avoit déclarée à la Russie :
il n'obtint pas de grands succès
contre cette puissance, et mourut
au commencement de 1789. Abdul
Hainid , dévot rigoriste, étoit très-
attaché i\ tontes les pratiques pres-
crites par l'Aleorau. Son neveu, Sé-
lim 111, fils de Mustapha, lui suc-
céda.
i I. HAMILTON (Antoine,
comte d' ) , de l'ancienne maison de
ce nom en Ecosse, né en Irlande,
passa en France avec sa famille,
qui avoit suivi Charles II, lors.-ju'il
vint y cherclier un asile après la
mort de son père. Ce prince ayant
été rétabli sur le trône de ses an-
cêrres, Hamilton le suivit en An-
gleterre. Ce fut alors que le comte
lie Graramont connut sa sœur, une
des plus aimables personnes de son
sexe. Il lui lit assidûment sa conr ,
et lui promit de l'épouser. Mais, soit
inconstance, soit pour quelque autre
raisoji , il jjartil de îyondres sans
remplir sa promesse. Hamilton, seu-
.sible à cet affront , court sur ses pas,
résolu à lui proposer de se battre ,
s'il refuse de remplir ses engage-
mens. 'Il atteint le comte de Grain-
mont à quelques milles de Londres.
Après les premiers complimens , il
iiu demanda froidement s'il n'avoit
rien oublié dans cetle capitale. uOui ,
dit le c^mte, qui pénétra son des-
sein, j'ai oublié d'é[)Ouser votre
sœur » , et il retourna à Londres
pour faire ce mari.ige. Le nouvel
époux emmena sa fpiume en France.
Le comte d'Hamiltou passoit sou-
vent la mer pour la voir. Obligé,
enfin , de se fixer pour loujour*
HAMÎ
eH France , lorsque Jacqnrs II ,
après la \\er\e de ses étals, viirt s'y
réfugier, il mourut à Sainl-Gennain-
eu-Layele6 août 1720, a 74 ans. Il
avoil l'espnl aisé et dëlicul, l'ima-
ginalion vive el brillaïUe, un juge-
lueiil sûr el beaucoup de goùl. Sfs
ow'iages, recueillis d'abord en 1 7^19 ,
eu 6 petits volumes in- 12, suivis
d'un sepliètne publié en 1776, en-
suite eu l'an i3 ( iSof) ), 3 volumes
in-S" , précédés d'une Notice his-
torique et littéraire par M. Auger ,
renferment, 1. des Poésies. Le plus
joli morceau dans ce genre esl son
Epîlre au comte de Grammout ,
mêlée de prose el de vers. Chapelle
elChauUon n'ont rien déplus agréa-
ble. Les autres pièces de cet écrivain
lui soûl inférieures. La totalilé du
plus pelil de ses ouvrages , dit l'abbé
des Fontaines, esl presque toujours
assez mauvaise. 11 eu esl peu cepen-
dant où l'on ne découvre celle lé-
gèreté de style, ce ton aisé d'un
homme de qualité, plus courtisan
que poêle. II. Des Croules dejérie:
i" Zénéide, mélange monstrueux de
faits historiques el d'aventures fa-
buleuses, qui ue sont ni instnic-
tives, ni agréables; a" les Quatre
J'acardins, enchaiuemeut insipide
d histoires qui se croisent les unes
el les autres, sans qu'on voie la fin
d'aucune ; 5° Le Bélier , coule
moins instructif qu'amusant , qui
offre des saiihes heureuses, des des-
criptions brillantes , des peintures
de mœurs , finement emeloppées
sous le déguisement ingénieux de la
fable; 4° ^ l^ur d'épine , conte plein
de naturel , d'inlérèl et de goût ,
mats inférieur iui précédent pour le
fond et pour la forme. IIl. Les Mé-
moires du comte de Grammout ,
qui occupent î vol. dans l'édition
de i7'i9 , et qu'on a imprimés sépa-
rément, en un vol. iii-12, à Co-
logne, 1710 , el à Londres , i-fi5 ou
1772, 1 vol. in-4''. Ces Mémoires
sont , de lous les livres , celui où le
HAMI
227
fond le 1 lus mince est paré du style
le plus gni, le plus vif et le pluj
agréable. C'est le modèle d'une tOn-
vers.itiou enjouée, plus que le nio-
dèle d'un livre. Les quatre premiers
chapitres sont un chef-d'œuvre de
finesse et de narration. «Son héros
n'a guère d'autre rôle, dit Voliaire,
que celui de friponner «es nniis au
jeu , d'être volé par son valet d«
chambre , et de dire quelques pré-
tendus bons mois sur les aventures
des autres, w Mais plus le badiui!"e
du héros et de l'historien est léger ,
plus le livre esl immoral. Son suc-
cès fut un avis pour les gens du bel
air, qu'ils serpieul désormais dis-
])ensés d'avoir des mœurs et de la
probité, s'ils avoienl de l'audace et
de la bravoure , de l'esprit et de
renjcuemenl. Une chose remar-
quable, c'est qu'Hamiltou, <jui est
si gai dans les Mémoires de Gram-
monl, cloit sérieux dans la société.
L'édition compleledes ffî'/^ivesd'Ha-
milton, Paris, iSoô.en 5 volumes
in- 8°, est estimée.
''IL HAMÎLTON (Patrice),
gentilhomme anglais, né en i.5o2
mort eu i.')27, martyr de sa re-
ligion en Ecosse , tu commence-
ment de la réformation, renommé
pour son savoir et sa piété , étoil pa-
rent de Jacqueg V. Il avoit été
nommé fort jeune abbé de Ferme
et auroit obtenu de l'avancement
dans l'Eglise , s'il ne s'étoit pas laissé
séduire par les opinions de Luther,
qu'il rép;mdit avec un zèk ardent!
Celte conduite irrita les catholiques,
et il s'attira sur-tout la haine dû
cardinal lîealon, archevêque d'An-
drews, qui lui fil faire son procès et
le fit condamnera être brûlé. H souf-
frit ce supplice avec nn grand cou-
rage. Sa profession de fm a été pu-
bliée depuis par Jean Frith.
* ni. HAMILTON (Jacques
preniier duc de), Ws de Jacques,
marquis d'Hamillou, né eu x6o5^
228
HAMi
mort eu 1649, élève d'Oxford. Eu
1625 ce seigneur succéda à son
père, et gagua la coiîHauce de Char-
les r'' roi d'Angleterre. Eu i65i , il
servit avec dislincliou dans les ar-
mées de Gustave-Adolplie, roi de
Suède. L'aunée suivante il revint
en Angleterre , et accompagna le roi
eu Ecosse , où il assista à la cérémo-
liie du couronnement. Lorsque les
troubles commencèrent à éclater
"dans ce pays , Hainilton fut chargé
parle roi de lever des troupes pour
soutenir les droits de la niouarchie ;
en même temps il fut créé duc d'Ha-
milton et comte de Cambridge. Il
remporta, dans les commenceaiens ,
des avantages importans pour le roi ;
mais il perdit, contre Cromwel , la
bataille de Preston, et , quoiqu il ne
Se fût rendu que sur la promesse de
la vie sauve pour tous les prison-
niers, son procès lui fut fait, et il
eut la tète tranchée.
* IV. HAMILTON ( Guillaume ,
duc de), frère du précédent, né en
1616, mort en 1625, succéda, en
1640, au titre de sa famille, fut
secrétaire d'état en Ecosse , et dé-
fendit vaillamment la cause du roi.
Il mourut couvert de blessures au
«iége de Worcesîer.
* V. HAMILTON (N. ), ré.^ent
de l'université deiParis, et cuié de
Saint-Côme, fut un des plus for-
cenés ligueurs. Henri IV le sauva
du supplice de la roue, auquel il
a voit été condaimié ,.et se contenta
de le faire chasser de la capitale,
* VI. HAMILTON ( George ) ,
comte d'Orkney , cinquième (ils du
comte de Selkirk, et général distin-
gué par sa bravoure, se couvrit de
gloire à la bataille de Boyne, ainsi
que dans tous les sièges et les ba-
tailles où il s'éloit trouvé. Guil-
laume III le créa pair d'Ecosse,
lorsque la reine Anne fut montée
sur le irôue. Il servit sous le duc de
HAMI
Marlborough , et contribua beaucoup
au gain des batailles de Bleuheim
et de Malplaquet. II mourut eu 1707,
* VIL HAMILTON ( Guillaume) ,
poëte a-gréable, né à Bangore eu
1704, mort en 1734, a donné plu-
sieurs Oui'rages agréables, dont le
recueil a été imprimé en 1760 à
t VIII. HAMILTON ( sir Guil-
laume ), chevalier anglais, né eu
1730, de la noble famille écossaise
de ce nom, fut nommé, en 1764 ,
ambassadeur à Naples. Sa mission
diplomatique fut pour lui une occa-
sion de cultiver sou goût pour les
sciences, et de multiplier ses con-
noissances dans les arts. On lui doit
une belle collection d'antiquités , et
ses travaux dans cette partie furent
très-utiles aux savans. Il a visité
avec le plus grand soin les mon-
tagnes volcaniques du Vésuve et de
l'Etna. Ses Ohsen'alions ont été pu-
bliées sous le tilrede Campi FhLe-
grœi , 2 vol. in-fol. Le luxe typo-
graphique et celui de la gravure se
se sont réunis au mérite des recher-
ches et du savoir pour rendre cet
écrit précieux. Ou doit encore à sou
zèle pour les arts la publication des
jlntiquités étrusques , grecques et
romaines , tirées du cabinet de M.
Hamillon , et dont d'HancarviUe
a été l'éditeur. Plusieurs lilémoires
de sir Guillaume Hamillon enri-
chissent les Transactions piiilosophi-
ques , et le Muséum britannique
doit à sa générosité beaucoup d'an-
tiquités et de morceaux curieux.
Cet illustre savant est mort à Lon-
dres en iSoj.
* IX. HAMILTON (Ferdinand
et George ) , peintres. La mémoire
de ces artistes qui ont demeuré à
Vienne comme pensionnaires de
l'empereur Charles VI , se conserve
dans cette ville, où l'on cite ave<
éloge les beaux chei-'aux en grand,
HAMM
"jielnls par Ferdinand , c[ui escelloit
dans ce genre , comme George dans
la peinture de toutes sortes de qua-
drupèdes et d'oiseaux. Un autre
Hamilton , leur parent , avoit le
même talent; mais l'extrême fini
de ses ouvrages le faisoit un peu
tomber dans le sec. On voyoit dans
le cabinet de l'électeur Palatin u/i
tableau estimé de cet artiste.
* X. HAî\IILTON [ Gaviu ) ,
peintre , mort d'effroi à Rome eu
1797 , lorsque l'armée française oc-
cupa celte ville pour la première
fois , s'est fait connoilre comme
peintre par plusieurs tableaux ,
dont les sujets sont pris de l'IIiade ,
^t qui ont été gravés par le célèbre
Cunégo à Rouie. En 177^ il avoit
déjà plublié sa Schola picturœ Ita-
licœ. Ce fut lui qui dirigea avec
beaucoup de succès les fouilles d'an-
tiquités qu'on faisoit à Rome et dans
les environs.
HÂMMELIMANN. Voyez Ha-
MELMANN.
HAiMMON. roy. Ammon, n" II.
I. HAIMMOND ( Henri ) , docteur
en théologie d'Oxford , naquit à
Çliersey dans la province deSurrey,
et mourut le 26 avril 1660, à 55
ans, chargé de la conduite du dio-
cèse de Worcester, dont il devoit
être évèque. Ses ouvrages ont été
recueillis à Londres en 1684, en 4
vol. iu-fol. U y en a quelques-uns
en latin; mais le plus grand nom-
bre est en anglais. On dislingue
ceux-ci : l. Catéchisme -prati-
que ; c'est un abrégé de la morale
chrétienne. H. Commentaire sur
le nouveau Testament , traduit en
latin par Jean Le Clerc, 1698, 2
vol. in -fol. Celle traduction vaut
mieux que l'original. Le style an-
glais d'ilammoud esj fort négligé,
dur et embarrassé ; Le Clerc lui ôta
ces défauts , et sou travail fut fort
estimé eu Angleterre. Cepeudaut,
HAMM
229
comme il critique son auteur en
divers endroits , quoique avec beau-
coup de retenue , quelques person-
nes , jalouses de l'honneur de leur
compatriote , furent choquées de la
liljerlé que le traducteur avoit prise.
On vit même paroitre deux petits
livres contre lui à ce sujet ; mais
Le Clerc les méprisa , et se contenta
de faire voir en peu de mots qu'il
étoit facile de les réfuter, lorsqu'on
réimprima à Francfort, en in\i\,
sa traduction en 2 vol. ia-fol. Celle
seconde édition est augmentée d'un
grand nombre de notes tirées, pour
la plupart, de celles de sa traduc-
tion fran(,aise du nouveau Testa-
ment. 111. Commentaire -^ur les
Psaumes, etc.
* II . HA Î^.I MONO ( Antoine ) ,
issu d'une lamille établie dans le
comté d'Huntington , né en 16G8,
fut commissaire de la m:a'ine, ex-
cellent orateur dans le parlement
( lord Bolingbroke lui avoit donné
le surnom de langue dorée ), et se
distingua, au commencement du 18®
siècle , i)armi IfS beaux-esprits, les
poètes et les écrivains parlemen-
taires. En 1720 il publia un re-
cueil de poésies originales, dont la
plupart étoient de sa composition;
il eut soin de les distinguer , de
peur , disoil-il , de nuire à ceux à
qui on pourroit dans la suite les at-
tribuer.
t III. HAMIMOND ( Jacques ) , se-
cond tils du précédent , né en i 710,
jouit de l'estime et de la faveur des
grands et des gens distingués. Il fut
écuyer du pvmce de Galles. Ses
liaisons intimes avec des person-
nages célèbres , tels que Cobham ,
Lylteîson et Chesterfield , le servi-
rent dans l'opinion publique , et ai-
dèrent à sa réputation. Sa vie se
partagea entre ses plaisirs et son
goût pour la littérature ; dans la re-
traite, il oublioit la ville; au sein
des aniusemeus , l'homme d'éludé
HAMO
2^0
dispaioissûit. Ou a publié de lui ,
après sa mort , des Elégies amou-
reuses^ qu'on a paru lire avec plai-
sir, et qu'où a admirées , tant que
le souvenir de l'auleur étoit encore
récent. Il mourut à Stowe eu 1742.
1 1. HAMON' ( Pierre ) , uatif de
Blois , écrivain de profession , mon-
tra ù écrire à Charles IX , dont
il devint ensuite secrétaire. Il en-
treprit de publier quelques Es-
sais des différentes manières d'é-
crire dont ou séloit servi dans
les siècles précédens , et même dans
les plus éloignés. Il réussit heureu-
sement dans ce projet, qu'il exécuta
vers l'an i566, avec le secouisdes
manuscrits de la bibliothèque du
roi , et de ceux, des abbayes de Saint-
Deuys et -de Saint- Germain- des-
Prés à Paris. Ses alphabels furent
utiles à Mabillon qui s'en servit
j)our sa diplomatique ; mais le sa-
vant bénédictin adopta aussi d'IIa-
mon le prétendu Testament de
Jules-César ; et quand ou se moqua
de celle rêverie, Mabillon se dé-
Ifcûdit comme il put. Pierre Hamon
avoit aussi fait douze Cartes de la
France, exéculées sur vélia , qu'il
piéseula hu-mème au cardinal de
Lorraine. Plusieurs écrivains rap-
portent qu'il fut pendu i\ Paris le
\b mars 1569, pour avoir contre-
fait la signature du roi sou maitre.
D'autres écrivains contredisent cette
accusation , et disent qu'IIamou ,
qui, en effet, étoit protestant, fut
supplicié pour cause de religion.
II. HAMON (Jean), docteur en
médecine de la faculté de Paris, né
à Cherbourg en Niirmandie, mort
à Porl-Royal-des-Champs le 32 fé
vrier 1687 , à 69 ans , étoit depuis
trente ans dans celte retraite , à la-
quelle il s'éloit consacré , apr^s avoir
donné sou l>ien aux pauvres , et
vendu sa bibliothèque. Ce pieux so-
litaire mil au jour plusieurs ouvrages
HAMP
d'un style propre à tous les auteurs
de Port-Royal. Les principaux sont ,
I. Des Soliloques en l^lin, traduits
en français par l'abbé Goujet , sous
ce titre : Gémissemens d'un cœur
chrétien , exprimés dans les pa-
roles du psaume cxviii , Paris,
1701 , in-i J. IL Un Recueil de di-
vers Traités de piété , Paris , 1 67:) ,
2 vol. iu-12 , et deux autres Re-
cueils eu 1689, 2 vol. in-h°. III. La
Pratique de la prière continuelle ,
ou Sentimens d'une ame vivement
touchée de Dieu , in- 12 , traduite
par domDuret.IV. Explication du
Cantique des Cantiques , avec une
longue préface de Nicole, Paris,
1708, 4 ^'ol- in-12. Boileau a fait
ces vers eu son honneur :
Toiil hrilliiiil ilfl savoir, <1 cspril cl (rùliuiiicucp.
Il couru» au déseil clierclier l'ol)scurilé ;
Aux jKuivrei roii: ?,ci a sdii hien cl sa sriencv ,
J 11 ticule aus Jan.s lu j^nnc cl dan- rauslt-nl^ ,
Filanu iiiiii{ue V"luplé
Des travaux de la ])éiiileiice.
* HAMPDEN (Jean), né à Lon-
dres en 1 r)94 , célèbre par son refus ,
sous Charles F', de payer l'impôt
du ship-nwney , alors perçu pour
la construction des vaisseaux , et
par les persécutions qu'il lui attira,
éloit parent de Cromwel , et lit de
grands progrès dans l't'teudue du
droit. Sa jeunesse fut orageuse; il
s'abandonna , en eniranl dans le
monde , à tous les excès ; mais il
sut s'en retirer, sans rieu peidre
de sa gaieté et de sa vivacité natu-
relle. Il siégea dans la chambre des
communes eu iGs.î , sous le second
parlement , pendant le règne du roi
Charles , ainsi que sous les deux qui
suiviient, et fut peu remarqiié ;
mais , en 1606 , le procès (pii iiu fut
iuleuié à la cour du banc du roi ,
pour son refus <le p^iyer le ship-
nioney , fixa sur lui l'atteulion uni-
verselle. Il se conduisit , dans cette
occasion, avec* beaucoup de modé-
ration el df uiq(deslie; mais sa con-
dampalion lui lui plus utile qu'elle
HAMS
ne ^lovivoil l'être aux iuU'rcls du
Hsc. Il deviiîS l'idole du peuple, et
l'im des membres du long parlement
qui eut le plus dinllutiice. Apres
avoir été , dans la chambre des
communes , le clief du parti qui
s'étoit lot nié contre le roi, il prit les
armes daus la même cause , et coui-
mença les hosliliiés par une attaque
contre Brill , petite place où le roi
avoit mis garnison , à cinq lieues
d'Oxford. 11 eut , sous le conile d'Es-
sex , le commandement d'un régi-
ment d'infanterie, et se seroit ai-
sément élevé pai^ sa bravoure au
rang de général, si la mort ne l'eût
enlevé. 11 péril d'une blessure qu'il
reçut dans nne escarmpuche, contre
le prince Rupert, à Chalgrovelvld ,
dans le comté d'Oxford , le 24 juin
1643 , à la grande consternation de
sou parti, plus affligé de cette perle
qu'il ne l'auroit été d'une déroule
entière. Hampden eut toutes les4|iia-
lilés qui peuvent servir l'ambition
d'un chef de faction populaire , beau-
i"oup d'adresse et de dissimulation.
Il jouit d'une très-grande popula-
rité , et personne n'eut sur le peuple
un empire plus absolu ; il sut con-
tenir ses passions, et par-là même
diriger celles des autres. Il eut, dit
Clarendou , tout à la fois le talent
de l'invention , celui de la persua-
sion , et le courage d'exécuter le bien
et le mal.
HAMSA, docteur mahomélan ,
vivoit vers l'an 1020 , sous le calife
Haken. Mécontent du gouverne-
ment, il ne craignit pas d'oser eu ire-
prendre d'abolir le mahon^etisme.
Pour ôter à l'Alcoran toute la consi-
dération qu'on lui portoit , il jugea
habilement qu'il falloit oppost:r un
nouveau plan de religion à celui du
faux prophète. Il composa un livre
plus élégant et d'une aussi grande
pureté de style que l'Alcoran , et il
l'intitula Le livre des témoignages
des mystères de l'unité. Les cou-
llklsC
2.51
noisseurspvélendent que cet ouvrage
égale, pour le moins, l'Alcoran. Petit
de La Croix, qui le traduisit de l'arabe
en fran(,ais , par l'ordre de Pont-
cbarlraiu , dit qu'on peut l'appeler
la crème de l'élégance arabique. Mais,
tout élégant qu'il étoit , il ne pro-
duisit rien.
HAN (du). Koyez Duhan.
* lîANAPES ( Nicolas ) , né près
d'Aubeuton , dans la Thierache ,
dominicain , devint patriarche de
Jérusalem. Il a donné l'.xempla
hiblica in materias moraJes , etc. ,
Prague et 'Wurlzbourg, 170. 5; ou-
vrage utileaux prédicateurs qui veu-
lent nourrir leurs discours des pas-
sages et exemples de la Bible.
HANBALITES. rojez l'article
ASCIIARI.
* HANCARVILLE ( Pierre-Fran-
çois-Hugues d' ) , membre des aca-
démies de Londres et de Berlin , né
à Naaci le i*^"^ janvier 1729 , mort
à Rome vers 1 800, a publié, T. Essai
de politique et de morale calculée y
1709, 3 vol. in-8°. 11. Heclierches
sur l' histoire , l origine , l'esprit et
les progrès des arts de la Grèce ,
Londres, 178.S, 3 vol. iu 4°- lU. Eu
société av^ec Maréchal , Antiquités
étrusques , grecques et romaines ,
etc. , «dessinées et gravées par Da-
vid , accompagnées de leur expli-
cation, 5 vol. iu-4'' et .■) vol. iii-8°.
HANCKIUS. roj. Hankius.
* HANCOKE fjean), prêtre de
l'Eglise gallicane, avoil des connois-
sances en médecine ; grand partisau
de l'eau , et ne négligeant rien pour
convaincre le public des vertus efH-
caces de cette boisson , il ht impri-
mer un traité intitulé Febrifuguni
magnum, or common water t/ie besl
cure for feavers , Londres, 1723 et
1724 , itJ-S" ; en français, avec d'au-
tres ouvrages sur le même sujet ,
Paris, 1725, iu-j.:, sous le liir«
à32 HAEN
fie Traité des vertus tnédkiiiales
de l'eau comniuiie.
t HAENDEL ou plutôt Hendel
( George-Frédéric ), iiiusicieu célè-
bre , né à Hall en Saxe l'an 1 685 ,
d'un valet de chambre du dernier
archevêque de Magdebourg, Auguste,
duc de Saxe , composa des l'âge de
dix. ans une suite de sonates a. trois
parties , qui se trouvent niainlenant
dans la Collection britannique. Bien-
tôt après il fit le voyage d'Italie pour
cultiver ses lalens. S'étant trouvé à
Venise dans le temps du carnaval ,
sans se faire coinioitre, il joua de la
harpe dans une niascarade. Domini-
que Scarlatti , le plus habile musi-
cien sur cet instrument , l'enlendil
et s'écria : « U n'y a que le Saxon ou
le Diable qui puissent jouer ainsi. »
Haendcl, arrivé à Hambourg dans
lelé de 1705 , s'engagea comme vio-
lon à rorclieslre de l'opéra, et pa-
voissoit alors si taciturne qu'il au-
roit passé pour inepte, sans des
Cantates qu'il publia, et dont l'har-
monie fut trouvée excellente. Ses au-
tres talens furent bientôt découverts.
Ijb joueur de clavecin de l'opéra étant
absent , Haeudel olfrit de quitter sou
violon pour le remplacer : il se mon-
tra un mailre très-habile , an grand
étounement des auditeurs. H excel-
loit aussi dans le hautbois. Une place
d'organiste à Lubeck étant venue à
vaquer , il alla s'y faire entendre ;
mais il ne conço^irut point pour la
place, parce qu'une des conditions
pour robtenir étoit d'épouser une
femme du pays. Il prit querelle à
rette époque avec le musicien IMallhe-
son ; ils se battirent devant l'entrée
rie l'opéra le 5 décembre 1704 ,
rX bientôt aprî^s ils s'unirent de
la plus étroite amitié. Haendel ayant
reçu , en 1710 , des invitations
très -^pressantes d'aller en Angle-
terre, s'y rendit et s'y enrichit.
• Ses Opéras enchantèrent la nation
britannique , et l'enihousiasrae qu'ils
HAING
y excitèrent fut tel que le docteur
Arbuthnot disoit à Pope, au sujet de
Haendel : « Faites-vous de son talent
la plus haute idée qu'il vous sera
possible , et vous serez encore beau-
coup au-dessous de la réalité. » On
le combla de bieus et d'honneurs
pendant sa vie, et on lui érigea un
monument après sa mort , arrivée en
1769 à Londres. Haendel laissa une
succession de vingt mille livres ster-
ling , et fut inhumé à l'abbaye de
Westminster, où Pearce, évêqne de
Rocbeeter, lui fit élever un monu-
ment, C« musiÔten a composé des
Opéras, des Oratorios, des Sonates.
Sa musique est noble, expressive,
pleine d'harmonie etd'images. Sa vi-
vacité contre les chanteurs étoit quel-
quefois extrême. La cantatrice Cuz-
zoni ayant refusé un jour de chanter
son air admirable ,/rt/5a imagine,
dans l'opéra d'Othon , il s'approcha
d'eSe et lui dit qu'il avoit appris
qu'elle faisoit souvent le Démon ;
mais que , de sou côté , il lui feroit
connoilre qu'ilétoit Béelzéhuth , le
prince des diables. Sur la fin de
ses jours il devint aveugle. Il con-
tinua néanmoins d'exécuter des (.'on-
certos, et de composer des Oratorios
et desC//œ«/5. Il portoit une énorme
perruque blanche ; lorsque les choses
alloieut bien à l'Oratorio , elle pre-
noit un mouvement de vibration
qui indiquoit le plaisir qu'il éprou-
voit. Sans cela , les observateurs
étoienl certains qu'il étoit de mau-
vaise humeur. Aussi la princesse de
Galles avoit-elle coutume de dire à
ceux qui parloient un peu trop haut
auprès d'elle : « Chut ! la perruque
d'Haendel est en colère. » Voyez
SCARL.VTTI.
t HANGEST (Jérôme de), docteur
de la maison de Sorbonne , né
à Cotnpiegne, d'une famille noble
^ et ancienne , chanoine , écolatre
et grand - vicaire de l'église du
Mans, sous le cardinal de Bourbon ,
HAISK
fcv-èf]iie de cette ville, où il mourut-
1<» H septembre iô38. Ce savant se
signala contre les luthériens, et en-
l'anta quantité d'ouvrages de morale
et de controverse. Le plus connu
dans ce dernier genre est sou
Traité des Académies, contre Lu-
ther. On a encore de lui, L Un traité
de controverse , intitulé Lumière
évangélicfue sur la sainte Kucha-
j istie. IL Un autre , De Libero ar-
bitrio, etc.
HANIFAX. royez Abou-
ILynifa.
t HANKIUS (Martin) , né à
Breslavv en i635 , nonuné profes-
seur eu histoire , en politique , et
eu éloquence , l'an 1661 ; bibliothé-
caire d Elizabeth dans la même
ville eu iG^o: protecteur du col-
lège de cette princesse en 168 1 ; enfin
recteur et inspecteur de toutes les
écoles de la confessiou d'Augshourg
dans ce pays eu 1688 , mourut à
Breslaw en 1709. Voici ses meilleurs
ouvrages , L De Bysantiuaram re-
rum scriploribus liber , in - 4° ,
1677 ; ce livre , recherché pour
l'érudition, est trop diffus. II. Z^e
Romaïuirum rerum scriploribus ,
1669 et 1675, 2 vol. in-4''. Daus
l'ouvrage précédent, l'auteur rend
compte des écrivains de l'histoire
byzantine ; dans celui-ci , de ceux
de Ihisioire romaine. Il compile les
différens)ugemensqu'onen a j)0v;?s.
lll. Plusieur.s ouvrages sur V His-
toire et les .dntijuités de la Silésie ,
tels que Autiquilates Silesiacce ad
annum 1J70, 2 vol. in-'j", 1707;
et de Silesiis indigenis erudiiis, de-
puis Il 65 jusqu'en iSfjo, iu-4° ,
1702 et 1-705. iV. des Tfaraiigues ,
des Comédies et des Poésies. Ces
divers écrits lui acqiirent tant de
réputation en Allemagne, que l'em-
pereur Léopold l'appela- pour lui
coulier en partie le soin de ta bi-
bliolhè<jue.
HArNN
i33
*I. Hx^N.MER (Jonathan) , théo-
logien non - conformiste , ué vers
iio.^ à buiaslaple , au comté de
Dévonshire , mort en J687, élevé
du collège Emmanuel à Cambridge,
obtint la cure de Tawlon-l'Evêque,
et fut prédicateur de Barnstalpe.
On a de lui un Discours sur la
Con.fi rmali on , et un ouvrage in-
titulé T'ue de l'antiquité ecclé-
siastique.
* II. HANMER (sir Thomas
lÎART ) , né eu 1676 , homme d'état
distingué et écrivain élégant , siégea
au parlement pendant 3o années ,
comme représentant du comté de
Suffolck, de Finit ou du bourg de
Thetforcl , et s'y fil remarquer par l'as-
cendant de son éloquence et par sou
incorruptible intégrité. En i7i3,
choisi pour orateur de la chambre
des communes, il s'acquitta digne-
ment de cette fonction difficile dans
tous les temps, mais à cette époque
plus délicate encore. S'élant retiré
des affaires publiques, il partagea
daus sa retraite son temps entre ses
amis et ses livres. Ce fut alors qu'il
prépara , et fit imprimer à ses frais
la'belle édition, en six vol. in-4°,
des (lluvres de Shakespear, dont il
fit présent à l'université d'Oxford ,
où elle fut imprimée en i744 7 <^r-
uée de fort belles gravures de Gra-
vtlot. Sir Thomas mourut à Suf-
folck le 5 avril 1746.
IIANNEKEN (Mennou), théo-
logien liilhénen, né à Blaxen dans
le pays d'Oldenbourg en 109'),
professeur de morale , puis de
théologie et des langues orientales
à Marpurg , et enfin surintendant
des églises de Lu beck, où il mourut
le ]'7 février 1671, dont les princi-
paux ouvrages roulent sur la contro-
verse , est encore auteur , I. Dune
Crammaire /lébraique . IL De £.1^
positio episto/œ Fauli ad Epfie-
sios, Marp. 1 Go 1, in .4*'.— Philippe-
Louis 11,\NJN-EKEN, son fils, mort
^31
HAIs^N
profHSsenr de théologie à Wittem-
berg en 1706, est aussi auteur de
divers écrits peu connus sur l'Eeri-
luie , m-In" el in-12.
t HANNEMAN (Adrien) .peintre
hollaïidais , né à t.a Haye vers i()io,
se forma , d'après l'étude des ou-
vrages de Van Dyck , et fut le
peintre de Marie, princesse d'O-
range , fille de Charles F'. L'An-
gleterre renferme un gra/ul nombre
de ses ouvrages ; mais les plus con-
sid«^rables sont chez l'étranger. On
en conserve plusieurs à La Haye.
HANNIBAL. Voyez Annibai-
HANNIBALIEN ( Flavius Clau-
dius Hannibalianus ) , né à Tou-
louse, élevé à Narhonue, étoit ne-
veu de Constantin. Ce prince, l'ayant
formé à l'art militaire , le déclara
roi de Pont, de Cappadoce et d'Ar-
ménie , et lui fil épouser, en o35 ,
Constantine , sa hlle ainée. Hau-
nibalien aiuioit le faste , el l'on
prétend qu'à l'exemple des rois de
Perse il prenoit le titre de Roi des
Rois. Il ne régna pas long-temps.
Les soldats, excités par Constance ,
soncousiu, le poignardèrent en 358,
sous prétexte qu'il ne devoit y avoir
d'autres Aug'.istes que les fils de Cons-
tantin. Hannibalien péril à la tleur
de son âge , dan* une ville de JJi-
thynie , 011 étoit la sépulture du
fameux Annil)al.
L HANNON, fils de Naas ,
roi des Ammonites. Ses courtisans
lui ayant insinué que les anabassa-
deurs envoyés par David pour le
complimenter sur son avénemeu"
à la couronne n'étoienl que des
espions , il leur lit raser la barbe
al couper les habits jusqu'à la moitié.
Cette cruauté lui coûta la vie et son
royaume, David lui ayant ôlé l'un
et l'autre.
II. HANNON , l'un des plus puis-
saus citoyens de Carlhage , voulant
IIA]NN
se rendre maitre delà république,
a voit invité aux noces de sa fille
les sénateurs, pour les faire empoi-
sonner. Son projet fut déctnivert ;
inais le sénat, apj)réheiKbnt le cré-
dit du coupable, se conVenta de le
prévenir par un décret, q-iidcf-nuloit
en général la trop graiule magui-
ficence des noces. Hannon, n'ayant
point réussi par la ruse , eut recours
à la force ouverte. A la tète de
:20,ooo esclaves armés, il se retira
dans un château extrêmement for-
tilié , d'où il tâcha d'engager les
Africains et le roi des Maures à se
révolter; mais il fut pris et conduit
à Carlhage. On enveloppa sa famille
dans son malheur ; el quoiqu'elle
n'eût point de p^art à sa conjuration,
elle fut exterminée avec lui.
III. HANNON , général carthagi-
nois , chargé par sa république de
faire !e tour de l'Afrique, versl'an 5o8
avant l'ère chrélieune , entra dans
l'Océan par le détroit de Gibraliar, dé-
couvrit plusieurs pays , et ne fut ar-
rêté dans ses courses que par ledéfaut
de vivres. Quelques savaus ont pré-
tendu qu'il éloil parvenu jusqu'à
l'extréuiilé de l'Arabie ; mais ce sen-
timent n'est pas fondé. Pline et Plu-
tarqne rai)porteut à son sujet une
anecdocte qui montre combien ses
compatriotes éloieut jaloux de leur
liberté. Il avoil tellement adouci la
férocité d'un lion, qu'il s'en servoit
]>our porter une partie de son ba-
gage. Les Carthaginois s'imaginant
que cet homme, après avoir appri-
voisé un animal si farouche, vien-
droil à bout de tout ce qu'il entre-
prend roil , et qu'ainsi ils avoient
lieu de craindre qu'il ne se rendit
maitre de leur étal, l'exilèrent pour
le reste de ses jours. On a sous son
nom des J'ojages qui ne sont pas
de lui. Henri Boeder en donna une
savanle édition en grec et eu latin ,
avec des noies utiles , Leyde ,
1674, in-i 2. Us soûl encore dans
ÏIAJNR
Je tome second , pag. i 220, des Dis-
serta/iones academicœ du même
Boucler , étiilioii de Strasbourg ,
1710, iii-4'^. Ou les trouve aussi
dans les Petits GfcOgraplies , de le-
diliou d'Oxlord , 1698. Eaunou
avoit composé vingt - huit livres
sur l'agriculture , dont il uexisle
qu'un Iragment maniiscril très-an-
cien à la bibliollièque impériale.
HANNSACKS , poëte allemand ,
natif de Nuremberg, lise forma en
Allemagne un corps de- poètes , sous
le nom de Meister Songer , ou Maî-
tres poêles. Cetoieut des gens de
métiers, qui imaginèrent d'assujcltir
le talent des Muses aux statuts de
leur communauté. Cette conirérie
d'artisans accordoit la perniissiou
de faire des vers, et pour rimer
en paix ilfalloit se faire inscrire sur
les registres du corps , qui étoit
divisé eu (iarf utis poêles ; Compa-
gnons poêles el Maures poêles. Les
licences sexpédioient dans ce bu-
reau des Muses , au nom des com-
pagnons et des maîtres. Hannsacks,
mauvais cordonnier , mais poëlc
passable, en ëtoil le doyen. Il a
laissé cinq gros volumes in -folio
de fort mauvais vers , où l'on voit
cependant briller quelques étein-
celles de talent , à ti"avers cent bas-
sesses et cent grossièretés.
II A N R 1 O T ( François ) , né à
Nanterre , de parens pauvres , en
1761 , et , sous le règne de la ter-
reur , comniaodaul de la garde na-
tionale parisienne , avoit débulé
par le rôle de domeslique, et fut ,
dil-on, chassé pour vol. Devenu
garde de la ferme aux barrières de
Paris, il en fut chassé pourvoi. Reçu
par la police au nombre des espions,
doul il exerçoit l'emploi sous Je
déguisement de marchand de dro-
gues , il fut pour vol mis à Bicèlre ,
dont il ne sortit qu'à l'époque delà
révolution. C'est dans les terribles
journées des 2 et 3 septembre qu'il
HANW
(3.)
prouva qu'il éloit capable de tous
les crimes ; aussi fût-il protégé par
Maral , et devint-il l'inslrumenl de
son parti. Ce liit llanriût qui , en
qualité décommandant de la garde
nationale , lit investir la couveuliou
|)0«r la forcer à décréter d'accusa-
tion le parti des députés de la Gi-
ronde , en disant : « Le peuple ue
s'est pas levé pour écouler vos
phrases : ce sont des victimes qu'il
lui faut. » Hanriot , tout dévoué à
Robespierre, voulut le l'aire triom-
pher dans la iournée du 9 thermi-
dor ('Î7 juillet 1794)» d marchant
à la convention avec des canons.
Heureusement que le brigand fut
an"èlé dans sa marche , et décapité
le lendemain avec son protecteur.
royez Robespierre.
* HANSITZ ( Marc ), jésuite de
Cologne, ej||reprit vers l'an 1727
une Gerniania .sacra , que la mort
l'einpccha d'achever. Cet ouvrage
lailà l'instar du Cailla c/irisliana ,
devoit former une longue suite d'in-
folios. Il n'en a paru que trois , en-
core na-t-on du troisième que le
Pruciromus. Ces trois premiers vo-
lumes , imprimés à Augsbourg ,
roulent sur l'anciemie métropole
de Lorch. On ignore l'époque de
la naissance et de la mort de ce
jésuite.
HANTEVILLE
TEVIl.LE.
Voyez Hau-
* H AN W AY ( Jonas ) , né à Ports-
tnoutli eu 171J , doit être mis au
rang des plus zélés bienfaiteurs de
l'humanité. Il fit à Lisbonne son ap-
prentissage dans le commerce, et
se lia ensuite avec une maison de
Pétersbourg, qui l'engagea à faire
un voyage en Perse. En quittant \a
liussic, il revint habiter sa patrie
avec une foi lune indépendante , y
tenir un élat houorable, et chercher
à se rendre utile. En 1763 il publia
la relation de son Voyage de Kussie
236
ÏÏA?sW
en Perse , et de son Retou?' par la
liussie , l' Allemagne et la Hol-
lande. 11 y joignit Vàisloi.re des ré-
volutions delà Perse dans le 18^
siècle. On trouvera une enn mération
de savans ouvrages qui furent très-
nombreux, dans 1 lùsloire t:le sa vit,
par M. Piigh ; la plus grande partie
lut très-bien accueillie; dans tous ,
il se inoutra excellent citoyen , et
rempli d'idées lil)ér£iles. L'institution
de la société maritime , qui a eu tant
de succès , fut l'ouvrage de son ac-
tivité et de sa bienft\isauce. En j 708
il fut le promoteur de rétablissement
de la Charité de la Magdeleine. Sou
zèla pour le bien public , et sur-
tout son désintéressement absolu se
inoatroieut par -tout si souvent,
que les principaux marchands de la
cilé lirent une déjjutation au comte
de Bute, alors premier ministre,,
pour lui représenter* qu'Hanway
avoit rendu tant de services aux
dépens de sa propre fortune, qu'il
é.toit juste de lui donner quelque
témoignage éclatant de la recou-
noissance et de l'estime publique.
Ce fut d'après une démarche si ho-
îiorable pour lui qu'il fut nommé
à l'emploi de commissaire de la ma-
rine, qu'il exerça près de vingt ans,
et dont les émoluaieus lui turent
continués pendant sa vie , lorsqu'il
cessa de le remplir. 11 seroit difficile
de citer toutes les occasions où il
manifesta sa bienveillance et cette
bonté de cœur qui le caractérisoieiit.
Les écoles du dimanche ( sunday
schools) furent son ouvrage; jus-
qu'aux petits ramoneurs éprouvè-
rent sa bienfaisance ; aucune cala-
mité u'aifligea quelque partie du
royaume , sans qu'il ne cherchât à
soulager ceux qui en av^oient été
victimes. Il étoit si universellement
respecté, que, lorsqu'il mourut en
1786,11 s'ouvrit, pour élever un
monument à sa mémoire, une sous-
cription qui produisit plusieurs cen-
taiues de livres sterling. Ses écrits
H ARC
portent le caractère d'une vigueur
inàle , d'un profond jugement, et
d'une touchante simplicité. Sa vie
privée ne se distingua que par une
extrême régularité de conduite , une
franchise et une candeur auxquelles
ia confiance ne sauroit se refuser.
On a remarqué , comme une cir-
constance curieuse , quoiqu 'assez in-
différente , qu'il fut le premier qui
se hasarda à porter un parapluie
dans les rues de Londres, il vécut
assez pour voir cet usage devenu
général.
HARALD. roj. Haeold.
t HARBARD ( Burchard), profes-
seur de théologie à Leipzick, mort
eu j6i4à 68 ans, dut le jour à
une famille noble et distinguée de
Coiiilz eu Prusse. Ses écrits , faits
principalement pour la défense du
luthéranisme , attestent son éru-
dition. I. Doctrina de conju^io ;
de confessione ; de inagistratu.
polit ico. 11. Thèses de Smalhaldi^
nœ con/èssionis articulis ; de legs
divinâ , etc.
* HARCHÏES ( Josse ) , médecin
de Mons eu Haiuaut, où il exerça
d'abord sa profession, et ensuite à
Strasbourg, où il se mêla de théo-
logie , vivoit dans le 16"^ siècle.
Il voulut chercher un milieu dans
la doctrine du mystère de l'Eu-
charistie entre les catholiques ro-
mains et les protestans , pour pa-
cifier leurs controverses. Ses bonnes
intentions ne purent se réaliser; on
continua de se disputer, et le plus
souvent sans s'entendre. On attribue
à ce médecin les deux ouvrages sui-
vans : I. De causis contemptœ
medicinœ. Leodii , 1667, iu-8°.
II. EiK/iyridion medicum simpli-
cium p/iarmacori/m qiiœ in usu
sunt , nomenclaturam, historiam ,
facultatem et usum eleganti poë-
mate comprehendens. Basilese ,
1673, in-8°.
HARC
i- 1. HAHCOURT ( Made d' ),
femme d'Antoine' de Loiraine ,
comte de Vaiidemout, eut part à
presc|ue toutes les expédiiious de
guerre qu'entreprit son mari. Ou
dit qu'un jour cette courageuse prin-
cesse , étant nouveliemeut relevée
de couches, monta à cheval, fit
prendre les armes à plusieurs sei-
gneurs, et, par une valeur inouïe,
contraignit les ennemis de lever le
siflge de Vaudemont. Cette héroïne
mourut en i475 , dans sa 78'^ année.
-;■ II. HARCOURT (Henri de
Lorraine, comte d' ), d'Armagnac
et de Brionne , vicomte de iMarsan ,
chevalier des ordres du roi , grand-
ëcuyer de France , éloil hls de Char-
les de Lorraine, duc d'Elbœuf.
Après s'èlre signalé à la bataille de
Prague eu 1620 , ilserviten qualité
de volontaire dans les guerres contre
les huguenots , et se distingua aux
sièges de Saiut-Jean-d'Angély , de
Monlauban , de l'iie de Ré, et de
La Rochelle. En 1629 il se signala
à l'attaque du Pas de Suze. Honoré
par Louis XlIlducoUierde ses ordres
en i65ô, il le paya par des services
importans. Un des plus considéra-
bles* fut de reprendre , en 1607 , les
îles de Lérins, occupées depuis deux
ans par lesEspagnols , contre lesquels
il coinmandoit une armée navale.
Le combat de Quiers en Piémont ,
l'an j639, le troisième secours de
Casai , le siège de Turin en iGqo,
et la , prise de Coni en 1641 , ne
lui acquirent pas moins de gloire.
Dans la journée de Quiers il battit
avec huit raille hommes vingt-mille
Espagnols. Léganès , général dos
ennemis , enluidemandaut l'éc îinnge
de quelques prisonniers , lui lit dire
que , « s'il étoit roi de France, il lui
feroit couper la tète , pour avoir ha-
sardé une bataille contre une armée
beaucoup plus forte <|ue la sienne. —
et moi, répondit Harcourt , si j'é-
tois roi d'Espagne, le marquis de
lîARG
287
Léganès perdroit la tète, pour avoir
cédé la victoire à une armée beau-
coup plus foil;le que la sieijne. »
Les particularités du siège de Turin
ont été décrites avec complaisance
par divers auteurs. Les assiégeans ,
a^aut affamé les assiégés , furent
eux-mêmes aflamés dans leurs re-
tranchemens. IMais, quelque grande
que lût la disette , le comte (l'Har-
courluese rebuta jamais. 11 répondit
à ceux qui lui parloient de quelque
trêve <c que quand ses chevaux
auroieut mangé toute l'herbe qui
étoit autour de Turin, et ses sol-
dats tous les chevaux de l'armée ,
illèveroil lesiégs». Ses domestiques
lui ayant procuré quelques barils de
vin pour sa table , il n'en voulut
point faire usage , et les envoya
aux malades et aux blessés. Enfin
la ville fut contrainte de capituler
le 17 septembre. Le roi, vor.lant ré-
compenser les services du comte
d'Harcourt ,lui donna le gouverne-
ment de Guienne en 1642, et la
charge de grand-écu}er de France
en iG/jo. Il alla la même ainiée en
qualité d'ambassadeur en Angleterre,
pour eu pacifier les trouble?. En
1645 il fut fait vice -roi de Cata-
logne , et délit les Espagnols à la
bataille de Liorens. Peu de temps
après il prit Balaguer, et remporta
d'autres avantages. Mais le siège
de Lérida, en 164G , fut raouis
heureux pour lui; il y perdit soîi
canon et son bagage. Eu 1649 il
fut envoyé dans les Pays-Bas, où
il prit Coudé, iMaubenge, le châ-
teau de TEcluso, etc. Il servit en-
suite avec beaucoup de fidélité en
Guienne, pendant la guerre civile
qui désola celte province en j 65 i et
et itîôa. Sur la fin de ses jours il
obtint le gouvernement de l'An-
lou. Il mourut subitement dans l'ab-»
baye de Royanraont , le af) juillet
ibGG, à 66 ans, avec la répuia-
tion d'un général l)rave , généreux ,
intrépide et toujours viclorie-js^ ex-
•23H
liAllC
cepté devant l,é; ida , doul il fui obli-
gé de lever le siège, llarcourlassuroii
que ,'S'ii f a îles malheurs Im-
ivévus à la guerre , il f a aussi
des succès i/tattendi/s. Il éloit le
père des soldats. Jean de Werl di-
soit , après la prise de Turin, qn'/V
aimeroil mieux être le !;énéral
Harcourt qu'empereur. Ce général
e.it quelquefois le malheur d'être
trop courtisan. Lorsque le prince
de Coudé fui transféré au Havre, le
comte d Harcourt se chaigea de le
conduire. Tous les lionnëtes p,ens
trouvèrent celle action indigue d'un
héros;, et Condé lit cette chanson
j)endanl qu'on le trausféroit :
Cel ho;iime gros el court",
Si coiii'u dans l'histoire;
Ce grand cnmic (l'HarioarV ,
Tout coiircrné ilc gloire,
Qui secournl C.isal , et qui reprit Turin,
Ksi maiiilenant ,
Ksi mainlpiianr,
Eerors do Jules ^Vlazarin.
Le comte d'Harconrl avoit d'autant
. plus de tort , que, dans le temps de
sa défaite devant Léiida, le prince
de Condé avoit répété plusieurs les
en plein conseil, que « quelque ha-
bile el quelque heureux que soit un
général, on ne doit pas s'attendre à
le A'oir in^ incible. » Sa posiérilé
s'est continuée dans le prince de'
Lamhesc, duc d'Elbœuf.
m. HARCOURT (Henri, duc d'),
ne en i 654 > d'iitie ancieime maison
de Normandie, féconde en person-
nages iskislres, porta les armes dès
l'âge de dix-huit ans. Après s'être
distingué dans plnsiems sièges et
combats, il fut envoyé , en 1697 ,
comme ambassadeur en Espagne, el
s'y conduisit a.vec tant d'esprit el
ds sagesse, qu'à son retour le roi
érigea son marquisat de Thury en
duché , sous le litre d'Harcourt , en
novembre 1700 , puis en pairie l'an
1709. Harcourt mériloil celle récom-
pense. U fut le premier qui, par sa
luagnilicence , par sa dexléntc' et
HARC
parle grand art de plaire, fil changer
eu bienvedlauci- cette antipathie que
la nation espagnole noiirrissoil con-
tre les Français depuis Ferdinand-le- _
Catliolique. Si ])riideMci' prépara les ' ■
temps oii la France el l'Espagne ont w
renoué les anciens nœuds qui les
avoienl mues avant ce Ferdinand,
de couronne à couronne , de peuple
à peuple, el d'homme à homme. U
accoutuma la cour d'Espagne à aimer
la maison de France , ses itiinislrcs à
ne pins s'effrayer des renonciations
de Marie-Thérèse el d'Aune d'Autri-
che, et Charles 11 lui-mêmeà balancer
entre sa |)ropre maison et celle
de Hourbon. 11 mourut le 19 octo-
bre 1718 , après avoir reçu le bàion
de maréchal de France en i7o3,
et le collier des ordres dn roi eu
l'^o.'i. L'abbé de Saint-Pierre dit qu'il
éloit excelleni oiricier, bon négocia-
teur, peu courtisan el bon citoyen.
1! eut eiilre autres eni'ans , de Marie-
Anne-CiacdedeBrulard, sou épouse,
1° François, duc d'HARCouur, pair
el maréchcd de France, capitaine des
gardes du corps, mort en 1750 , à
61 ans ; 2° lyOuis-Abraham , doyen
honoraire de l'église de Paris , et
abbé de Signy et de Preuilly, tuort
eu 1760 , à 5G an.s ; 5° Ilenri-
Claud»^ , lieutenant-général des ar-
mées du roi , mort en 1 769, à 6:2ans,
et à qui sa veuve a fait élever , eu
1776, un magnilique tombeau dans
l'église de Nolie-Dame à Paris; 4° et
Anne - Pierre , fait maréchal de
France en 1775, el mort, en i'7 84,
gouv( rneiir de la province de Nor-
mandie.
* IV. HARCOURT ( Henriette-
Eiisebia ) , célèbre dame anglaise ,
tille d'un gentilhomme puissam-
ment riche au comté d'Yorck , où
elle est née en 170^. Son père
lui donna une brillante éducation,
et l'emmena avec lui dans un vovage
qu'il lit autour de l'Europe ; à sa
mort elle hérita de sa fortune, et
Hard
«n I 73â , de Co.istantinople , où elle
avoil perrlii son père, elle reviiil
en Angleterre. Ayant amené avec
elle plusieurs demoiselles des pays
ëtranf,ors , elle forma dans une de
&es Urres , an comté d'Yorck , et
dans une antre tn Ecosse , deux
espèces de monastères sans vœnx et
sans austérité. Ces insliuuions ex-
traordinaires n'ont pas été soulennes
après sa mort.
* I. HARDER ( Jean-Jacques ) ,
né à Baie le 17 sepiemlne iG.tG,
sticcessi veinent professeur de phy-
sique , d'analomie, de botanique ,
et de théorie , dans les écoles de sa
ville natale, mourut eu 1711,
selon dautres en J7J8. L'empereur
l,éoj',old le créa comte, el il obtint
de plusieurs antres princes des dis-
tinctions non moins honorables. Oa
a de lui plusieurs ouvrages , parmi
lesquels on distingue , 1. EpiAei-
resis physioln^'ica in aiiinuB hu~
manœ , seu inteilectivœ , naturam
iitquirens , BasileiE, it>7i, in-4°.
II. Epislulœ aliquut de parliùus
^eiiitaliùits cochleanim , genera-
tione item irisectorur/i , Auguslae
Vindelicorum , 1684, in-12 , avec
ime lettre d'Antoine Félix qui traite
de oi'is iiisecloritm. 111. JJe prœci-
puoi'um viscenim structura , Basi-
jeœ, i685, in-4°.
* 11. HARDER (Jérôme), frère
du précédent , théologien distin-
gué , nornmé professeur de langues
orientales à Leyde , voulut , a\aul
d'entrer en exercice, faire un voyage
dans les contrées orientales , et mou-
rut à Constanlinople.
* HARDING (Thomas), théolo-
gien célèbre par ses disputes de con-
troverse avec l'évêque Jewel, naqmt
eu \ï^\•2 dans le comté de Devon.
Henri VUl le nomma prof ssenr en
langue hébraïque dans l'université
d'Oxford : et comme apparemment
sa conscience lui prescrivoil de vivre
«n paix avec les rois, il avoit, à
HARD
239
la mort de ce prince , déjà em-
brassé la réibrme en partie. Edouard
ne fut pas plutôt sur le trône ,
qu Hardmg se .trouva tout à coup
])rotestant. Il devint chai)elain du
duc de SufFolck , père de Jeanne
Grey , et eut l'honneur d'instruire
cette jeune personne dans la religion
alors estimée vraie; mais bientôt, à
l avènement de Marie au trône,
Hardiug reconnut son erreur el re--
devint catholique romain. Fox a
conservé une Ictlre prétendue écrite
par Jeanne Gray , dans laquelle
elle ré^^roche à son instituteur son
apostasie ; le ton de véhémence et
d'aigreur, ainsi que les expressions
grossières dont elle est remplie , ne
permettent pas de croire qu elle ait
été l'ouvrage d'une jeune dame pleine
d'ingéuniîé et de douceur , et âgée
de 17 ans. Harding perdit ses reve-
nus et renonça à l'Angleterre au
coromencemenl du règne de la reine
Elizabeth , el vint se i'ixer à Lou-
vain. On ne peut lui refuser det
talens et beaucoup d'érudition.
* HARDI NGE (Nicolas), né
à Cainbury , près de Kingston ,
boursier au collège du roi à Cam-
bridge , membre du parlement,
député d'Eye dans le comté de Suf-
l'olck,fut cliargé en 1752 de donner
des leçons de droit au duc de Cuir.-
berland , et s'acqui t la honorablement
des emplois qui lui furent confiés.
On le comp'.e p irini les bous litté-
rateurs de son temps; il éioit très-
versé dans la connoissance de l'his-
toire , du droit et de la constitution
d'Angleterre. Hardinge a laissé des
poésies anglaises (\\\\ ont été impri-
mées dans différens recueils, et des
poésies latines dont quelques-unes
ont été insérées dans la coUecliou
imprimée sous le nom de Muscf
anglicanœ. Il mourut en 175S.
i- HARDION ( Jacques ) , né à
Tours en i6«L- , venu à Paris eu
1704, se dévoila à l'étude des belles-
24o ÏIARD
ïellres, et fît un cours de langue
grecque sons Boiviu et Massieu ,
professeurs au coUt^ge royal. Admis,
eu 1711, à l'académie des iii'crij)-
tions eu qualité d élevé , il fut associé
eu 171 ô , et pensiouuaire eu 1728.1!
donna plusieurs Dissertalloiis inté-
ressantes, qui ont été recueiilns ,
et qu'on peut consulter dans les Mé-
moires de celte compagnie. En.siiiie
il fut noitiiné gardedes livres et anti-
ques du cabinet du roi. En 1780 il
fut élu de l'académie française, et
l'année suivante il commença VH/'s-
ioire de l'origine et des progrès de
la rhétorique dans la Grèce. 11
avoit publié, sur celle matière,
douze dissertations, lorsque le roi ,
en 1748, le chargea d'enseigner à
madame Victoire la fable , l'instoire
et la géographie. Il montra les
mêmes sciences à mesdames Hen-
riette, Adélaïde, Sophie et Louise.
Ce fut pour l'usage de ces illustres
élèves qu'il composa sa nouvelle
Histoire poétique , avec deux Trai-
tés., l'un de la Poésie française, et
l'autre de la Rhétorique , Paris ,
i7.'îi , 5 vol. in-12 ; son Histoire
universelle ,Ao\\\ il a donné 18 vol.
in-i 2 , auxquels Linguel en a ajouté
deux autres. Ces ouvrages sont re-
commandables par un style élégant
et sûr , par des recherches exactes,
et par une littérature saine et pui-
sée clans les meilleures sources. Cet
académicien mourut à Paris au
mois de septembre 17()6.
t HARDOIN DE La. Reynerik
(Louis-Eugene } , célèbre avocat au
parlement de Paris , né à Joiguy le
20 décembre 1748, eut au biirreau
d'éclatans succès. Le roi de Suède ,
après l'avoir eiilendu , lui donna
une médaille dor. Hardoin est mort
à la Heur de l'âge , le 27 février 1 789.
Parmi v^n grand noinbi'e de mé-
pioires qu'il a publiés , on dislingue
sa Consultation Your la compagnie
des Indes, dans laquelle il combat-
HAIID •
toit des écrivains en réputation et
des opinions en crédit.
i HARDOUIN (Jean), né
à Oiiimptr , d'un libraire de cette
ville , entra fort jeune chez les
jésuites, et s'y distingua beaucoup
par une péuéiration prompte, une
mémoire heureuse , mais encore plus
par le goût des paradoxes. Selon
hii , tons les écrits anciens étoient
supposés , à l'erKCeptiou des ouvra-
ges de Cicéron , de l'Histoire ua-
Li'ielle de Pline, des Satires et des
Ej)itres ci'llorace, et des Géorgiqnes
de Virgile. So.i Enéide a été visi-
blement composée par un béuédic-
lin du i3'^ siècle, qui a voulu dé-
crire allégoriquement le voyage de
saint Pierre à Rome , lequel cepen-
dant, suivant Kardouin,n"y a ja-
mais été. Il n'est pas moins clair
que les Odes d'Horace sont sorties
de la même fabi^ique, et quelaLa-
lage de ce poète n'est autre choso
que la religion chrétienne. « Je ne
sais ce qui en est de ce système ,
disoit Boileau ; mais quoique ;e
n'anne pas les moines , je naurois.
pas été fâché de vivre avec frère
Horace et dom Virgile. » Selon le
père Hardouin , aucune médaille
ancienne n'est authentique, ou du
moins il y en a très -peu. Cette bi-
::arre façon d'interpréter lui attira
une plaisanterie singulière. Un an-
tiquaire , outré de tant d'extrava-
gances, voulut les pousser encore
plus loin. (( Non , mon père , lui dil-
il un jour , il n'y a pas une seule
seule médaille ancienne qui n'ai l élé
frappée par les bénédictins. Je le
prouve : ces lettres CON. OB. , qui
se trouvent sur plusieurs médailles,
et que les antiquaires ont la bèlise
d'expliquer jiar Cunstantinopoli
Obsignalum , signifient évidem-
ment., (^i/si Omnes Nurnmi 0//i~
cina Bencdictina. » Cette inleriné-
lation ironique ëb-anla le père Har-
douin , mais elle ne le changea pas.
HARD
L'Enéide, selon, lui , étoit une fable
iuveutée d'après les evëiieiiieus qui
avoieiit coiisoiuniô le triomphe de la
religion clirélieune sur la synagogue,
ïi^oie en cendres étoit Tincendie de
Jérusidem ; Enée portant ses dieux
en Italie représenloit l'Evangile
aunoticé aux Romains, etc. Ainsi,
la bataille de Bovines, où l'empe-
reur qui a l'aigle dans ses drapeaux
cornbatl-l le roi Philippe-Auguste,
surnommé Dieu- Donné , repré-
sentoit les trqis traducteurs de la
Bible, Aquila, Symmaque, Théo-
dosien. Il croyoit aussi que ks di-
vers officiers de la cour de Philippe-
Auguste , ou de tout autre prince
qui réguoit du temps des faussaires ,
donnoient la clef des noms des évè-
ques , des papes, des saints dont il
est parlé dans l'histoire, Ainsi , Ja-
iiuarius éloil le capitaine des gardes
de la porte du roi ; Cœcilianus son
organiste, Troi)hinus sa nourrice, etc.
Un jésuite, son ami, lui représentant
un jour que le public étoit fort choqué
de ses pararloxes et de ses absurdités,
le père UardryViin lui répondit bru-
quement : « lié ! croyez-vous donc
que je me serai levé toute ma vie
à quatre heures du matin pour ue
dire que ce que" d'autres avoieut di'jà
dit avant moi? » Son ami lui répli-
qua : « Mais il arrive quelquefois
qu'en se levant si matin ou com-
pose sans être bien éveillé, et qu'on
débite les rêveries d'une mauvaise
nuit pour des vérités démontrées. »
Le savant lluel disoit : « Le père
Hardouin a travaillé pendant qua-
rante ans à ruiuer sa réputation ,
sans en pouvoir venir à bout, m
Ses supérieurs l'obligèrent de don-
uer une rétractation de ses folies ;
il la donna et n'y fut pas moins at-
taché. 11 mourut à Pans le 3 sep-
tembre 1729, à 8,5 ans. Ses prin-
cipaux ouvrages sont , I. Une édi-
tion de Pline , le naturaliste , à
l'usage du cbuphiu, en i685 , en 5
vol. m -4°, réimprimée eu 1725,
T. VIII.
lîARD
241
en 3 vol. in-i'ol. Les notes sont aug-
mentées dans cette dernière édition,
et les paradoxes y sont un peu
moins multipliés. L'ouvrage est exé-
cuté d'ailleurs avec beaucoupd'exac-
tiluue et de sagacité. Huel disoit à
4||| sujet « que le père Hardonm
a voit fait dans cinq ans ce que
cinqsavans du premier ordre n'au-
roieiit pas l'ait dans cinquante, m H.
La Chfonologie rétablie par les
médailles , en 2 vol. in-Zj", Paris ,
1697 , en latin. C'est dans ce livre,
supprimé dès qu'il parut, que l'au-
teur débite son .système insensé sur
la supposition des écrits de l'auli-
quilé. 111. Une édition des Conci-
le ; tiavai! auquel le clergé de
France favoit engagé, et pour le-
quel il lui faisoil mie pension. 11
est d'autant plus singulier que fau-
teur se Éiiit chargé de cette entre-
prise , qu'il peusoil que tous les
conciles tenus avant celui de Trente
éloient tout autant de chimères,
« Si cela est, mon père, dit un
jour le père Le Brun de 1 Oratoire ait
jésuite, d'où vient avez-vous donné
une édition des conciles.» — «Il n'y
a que Dieu et moi qui le sachions ,
répondit Hardouin. » Cette édition,
imprimée au Louvre à grands frais,
en 12 vol. in-fol., 1715 , et dont
on estime la table , est une réim-
pression augmentée de l'édition pré-
cédente du Louvre, i644- Le débit
en fut arrêté par le parlement,
sur le rapport de six docteurs nom-
més pour l'examiner. Le résultat de
cet examen fut que cette compi-
lation renfermoit plusieurs maxi-
mes contraires à celles de l'Eglise
gallicane , et que le compilateur
avoit écarté plusieurs pièces essen-
tielles et authentiques , pour mettre
à leur place des pièces futiles et
fausses. L'auteur fut obligé de fîiire
beaucoup de changemens , qui pro-
duisirent plusieurs carions qu'on ne
trouve pas facilement. Cette collec-
tion est moins estimée que celle du
16
242 HARD
père Labbe, quoiqu'elle renferme pins
de vingl-lrois conciles qui n'avoient
pas encore ëlé imprimes, paT.e que le
pèra Hardouin eu a écarté l)eaucoup
de pièces qui se trouvent dans celle
du père Labbe. IV^. Un Co?nnientaire^
sur le nuitveau Testament ^ in-f'ol|P
publié à Amsterdam et à La Haye
eu ly/)» : ouvrage rempli de visions
et d érudition , comme tous ceux de
l'auleur. Il y prétend que J. C. et les
apôtres prèchoienl en latin. V. Une
savante édition des Harangues de
Themistius. VI. Opuscula seleita ,
imprimés en Hollande en 1709 ,
in-fol., VIL Opuscula varia, plus
recherchés que les précédens , et pi^-
bliés après sa mort en i755,in-i'ol.,
Amsterdam. Le traité le plus consi-
dérable de ce recueil, tant par sasin-
•.^ularitéque par sa longueur , a pour
litre : Atkei detecti ; Les athées
découverts. Ces athées sont jansé-
iiius , 'i'homassin , Malebrauche ,
Qiiesnel , Arnauld , Nicole , Pascal ,
'Descartes , Le Grand , Régis. Ses
preuves sont sans réplique ; tous
ces gens-là éloienl cartésiens :^or ,
l'athéisme et le cartésianisme sont
deuxchosesparfailement les mômes,
«H qui ne différent que par le nom.
VIII. Quelques autres ouvrages im-
primés , sur la dernière pnque de
J. C. , 1690 , m-4" ; contre la va-
lidité des ordinations anglicanes ,
})ar Le Courayer , 2 vol. in-12 , et
plusieurs Manuscrits déposés à la
bibliothèque du roi par l'abbé d'O-
livel, à qui Tauteur les avoit con-
fiés. On y trouve des choses aussi
extraordinaires que dans ses autres
productions. En 1766 il a paru à
Londres un vol. in-8° , intitulé J.
Hardiiini , ad censnram peterum
scripfori/m , prolegomena. Il for-
tifie dans cet ouvrage son système
sur les aiiciras , malgré la rétracta-
tion qu'il avoit été contraint d'en
faire en 1707. Le débit de ces pro-
légomènes fut arrêté à Paris par des
ordres bispérieurs. Ou ne sauroils'é-
HARD'
garer phis liii^énieusement ni plus
savamment. Ton tescesétranges idées
lui ont mérité de Vernet , pro-
fesseur de théologie à Gi;nève , Véiii-
lapbe suivante qui peint assez bien
cet homme à la Ibis dévot et pyrrbo-
nien, adorateur et destructeur de
l'anliquilé, prodige d'érudition, en
anéantissant tous les monumens des
counoissances humaines:
In expecîatiune judicii ,
Ilîc. jacet
Motninum pctt'udo^atato.f ,
Nations Gallw , ReViglone Romanus ,
i 'rh:s titterati jiortenium .•
VeneratidcjeunliquUcitis cuftor et deprœdatur }
Docte fi-hricitans ,
Somnla et inaitdtta cojnmenta vigilans edïdit^
Sccpticum piè egit ,
Crcdu-Jitute f,ncr ^ audac'iâ juvenis ,
Drlirits scnex.
Uno perho dïcam :
Hic jacet Harwinus..
L HARDUIN ( Alexandre-Xa-
vier), avocat, né à Arras en 1718,
secrétaire perpétuel de l'académie
de cette ville , annonça d'abord des
talens ])our la poésie qui le firent
connoitre ; mais c'est sur-tout comme
grammairien qu'il acquit plus de
réputation ; il est mort en 1788. S-»
ouvrages sont, ï. Mémoires pour
sert'ir à U histoire de la province
d'Artois , 1763 , in-12. II. Remar-
ques diverses sur la prononciation
et Corthographe, 1 7Ô7,in-i 2 ; on ne
peut mettre plus de précision e\^ le
linesse dans uwe discussion dont le
sn]et est aussi aride'. L'auteur l'a
traité avec la supériorité d'un écri-
vain qui a passé de longues années à
l'approfondir. III. Dissertation sur
les voyelles et les consonnes , 1 760 ,
in-12. IV. Lettres à l'auteur du
Traité des sous de la langue fran-
çaise , 1762 , tu-i 2.
* II. HARUUIN (Deuys), de
Gand , versé dans le droit, l'histoire
et les belles-lettres , a travaillé au
Recueil des écrivains de Flandre,
publié par Sauderus. Il mourut eu
HARD
; (ioG . On a de lui , De magistraltbi/s
j laiidiiœ nie cancellai ils Jiurguii-
diœ i de /wbililale lîurgundicd , el
quelques autres ouvragts relalils à
ces jaoviaces.
* I. HARDWICKE (Philippe
YouKE, coinle tle ) , né à Douvres
dans le coinlé de Kent en logo , se
voua a rélude des lois ; ineinuie du
pailenieut , député de Lewes dans le
coinlé de Sussex tu 1718, el de
fS.-at'ord dans les deux parlenieus
fiui suivirent, il 3' acquit une grande
î éiiuialion ; il fut noujuié procureur-
£énéral , et successn ement lord chef
de justice du banc du roi , créé baron
tt lord grand-chancelier à la aîorl
de lordTalbolea 1756. Il eu xeni-
plit les {onctions avec éclat pendant
inie vingtaine d'années , et lut en
1754 créé conUe de la Grande-Bre-
tagne avec le litre de vicomte de
ï'ioyslou , coniledeHardwicke. Cette
faveur qu'il n'avoit point sollicitée
])roine également lélendue de la
conliance de son sou \ train et l'es-
time qu'il avoit accordée autant à
l'homme qu'au niinislre. La nation
Je vit avec peine résigner le grand
sceau erf ^766. Mais il n'en fut pas
inoins empressé à la servir dans des
posles moins éininens. On admira
dans lui la fermelé et la dignité que
lui donnèrent ses talens et lélendue
de ses connoissances; l'expédition des
affaires de la chancellerie acquit sous
lui une célérité qu'elle n'avoit point
auparavant. Sa conduite dans la
])résidence de la chambre des lords
ajouta à la dignité de cette assem-
lilée ; ses laieus comme orateur
iixèreut dans tous les temps l'at-
tention publique ; son élocjuence
avoil un caractère noble et simple ,
sans ornemens étrangers, sans exa-
gération et sans invectives. 11 s'ex-
primoit avec grâce, avec douceur,
avec modestie el cependant avec
énergie. Sa voix éloit claire , liar-
mopiense , el forte en même temps,
HARD 9.43
enfin l'iutégnté de son «ara^tere
a;ouioil à l'empire que hu liou-
noit sou éloquence. La régiilarilé
de ses marurs avoil îbrliiié sa cons-
lilulion, qui dans le prmcipe ii'an-
nonçoil ])as autant de vigueur. Jus-
qu'à l'àgo de 70 ans il parut cou-
server toute la vivacité et presque
le maintien de sa jeunesse, il mou-
rut le ô mars 1764.
* 11. lîARDWICKE ( Philippe
YoRKi:, comte de ) , genlillionime
de la i'aniilie du précédent , né eu
1720, mort en 1790, fut élevé à
Hakney par Newcome , puis au col-
lège de Benêt à Cambridge. En 1708
il fut l'un des examinaleurs des
co^iptes de l'écliiquier , puis succes-
sivement représeataiîl de plusieurs
comlésaupariemenl. En i 764 ilsuc-
c.da à son père, el fut nommé eu mê-
me temps lord lieutenant i\w comté
de Cambridge , et surintendant de
l'universué. Pendaiil son séjour au
collège, aidé de quelques-uu!: de Ses
compagnons d'éludés, il entreprit ?
les Lttlres athéniennes , qui font
honneur au savoir et au goût de lu
sociéié à laquelle il ajJparlenoit. Cet
ouvrage ne fut d'abord imprimé ■
qu'en très-pelit nombre; mais il a
élé réimprimé el publié réceuimeyi.
Le comte de Hard\vick:e, et .son freie
Charles Yorke, ont eu la principale
part à ce savant et ingénieux éciil.
Le comte a publié encore la Corres-
pondance de sir Dud/ey Carieton,
ambassadeur aux J^lais-Unis, sou .■
le règne de Jacques F^ ; el deux
autres volumes de Mémuiies polL"
tiques.
t L HARDY (Alexandre), Pari-
sien , mort eu i65o, l'auteur le plus
fécond qui ait jamais travaille en
France pour le théâtre. Nous disons
en Fj auce , car il n'a fait que (3oo
pièces , et les Espagnols le teirasse-
roient parles 2000 de Lopez de Vé-
ga. «Des qu'on lit Hardy, dil Foute-
M
HARD
îielle , sa fëcondilé cesse d'être mer-
veilleuse. Les vers ne lui oui pas
beaucoup coûté, ni la disposition de
ses pièces non plr.s.Tout sujet lui est
hon. La mort d'Achille,et celle d'une
bourgeoise que son mari surprend en
flagrant délit , tout cela est égale-
ment tragédie ciiez lui. Nul scru-
pule sur les mœurs , ni sur les bien-
séances. Tantôt on trouve une cour-
tisane au lit , qui , par ses discours ,
soutient assez bien son caractère.
Tantôt riiéroïne de la pièce est
violée. Tantôt une femme mariée
donne des rendez-.vous à son galant :
les premières caresses se font sur la
scène, et de ce qui se passe entre
les deux amans , on n'eu fait per-
dre aux spectateurs que le nieins
qu'il se peut. » Hardy suivoit une
troupe errante de comédiens, qu'il
i'ournissoil de pièces. Quand il leur
en falloil uue nouvelle, elle étoit
prête au bout de liuil jours , et seul
il suffisoit à tous les besoins de ce
théâtre ambulant. Parmi les pièces
de ce poète il n'en est point qu'on
puisse lire d'im bout à l'autre sans
dégoût ; mais , dons presque toutes,
on trouve des morceaux qui font
plaisir. Marianne est sans contredit
la meilleure ; les caractères en sont
bien soutenus ; les situations sont
intéressantes et naissent du sujet.
Ou est étonné de trouver une pièce
si régulière faite par un auteur qui
ne suit ordinairement aucune règle
et qui choque toute vraisemblance.
Ses ouvrages forment six gros vo-
lumes iu-S" , Paris, 1620- 1628 ,
qui contienuenl 54 pièces , en ne
comptant que pour une les yhnoura
de Théagène et Chariclée,àï\\%ées,
eu 8 poëmes dramatiques, qui seuls
forment le 6^ vol. On prétend qu'il
fut en France le premier auteur
dramatique qui introduisit l'habi-
tude de retirer des honoraires des
pièces mises au tliéàlre.
II. HARDY (Purrele), mé-
HARD
decin , né à Dinant , fut nomme-
député du Morbihan à la conven-
tion nationale. Ses principes y pa-
rurent d'autant plus modérés que
la tribune ne relentissoit alors que
de motions effrayantes et sangui-
naires. Dans le procès de Louis
XVI , il osa reprocher à ses col-
lègues de vouloir rester juges après
s'être déclarés accusateurs ; bientôt
après il s'opposa à la suppression
de la maison de Saint-Cyr , et sa îj
plaignit avec douleur qu'où n'avoit 1
encore cherché qu'à détruire, et ja-
mais à réformer ; il réclama l'arres-
tation de Marat comme prédicateur
du meurtre et du pillage , et s'écria
une fois que l'on avoit tellement
proidigué les noms de royalistes et
de contre -révolutionnaires , qu'ils
étoieut devenus synonymes de ceux
d'amis de l'ordre et des lois. Enve-
loppé dans la proscription des Gi-
rondins , il fut condamné à mort le
3o octobre 1793, et la subit avec
courage , àsé de 55 ans.
* m. HARDY ( J. ) général fran-
çais , né à Mouson eu Lorraine
en J763» entra au service à 21
ans ; il fut nommé en 1792 chef du
7*^ bataillon de Paris, et en 1794
général de brigade à l'armée des Ar-
dennes , après s'être distingué dans
plusieurs combats près de Givet et
de Phllippeville. Il passa en 1796 à
l'armée de Sambre-et-Meuse , où il
se signala de nouveau , notamment
à Nider-Ulm, Olcer et Nider-In-
gelheim : à la tête d'un corps assez
considérable, il attaqua et prit Samt-
Weuder , Kaiser-Lautern , Dingeii ,
et la montagne Saint- Roch. Le 26
novembre il fut blessé à l'afltiire du
Mont-Tonnerre. Eu 1798 , il prit le
commandement de l'expédition d'Ir-
lande et fut fait prisonnier sur le
vaisseau le Hoche , au combat du
Il octobre. II rendit dans cette oc-
casion la plus grande justice au chef
de division Rompart. Hardy obtint eji
HARE
1799 le grade de général de division , 1
et eiiiSoû il servoil eu celle qualité
Cl Tannée du Rhiu , lorsqu'il fut blessé
à la bataille d'Ampfiesegg. Peu de
temps après il fut nommé luspecLeur
en chef aux revues , et ensuite en-
voyé à Saint-Domingue , où il con-
tribua aux victoires du général Le
Clerc. Ce fui lui qui s'empara , en
décembre i8oi , du poste d'Ennery,
dont sa division chassa Christophe;
ruais il succomba peu après aux ma-
ladies du pays , et mourut le 6 juin
] 802 à rage de 09 ans. Le général
Hardy instruit à fond de la topo-
graphie a dressé et puhlié une J:lx-
cellente carte du Hi/usd/uÀ.
'* IV. HARDY ( Charles ) , pelit-
lils d'un chef d'escadre sous le règne
de la reine Anne , remplit avec
distinction toutes les gradations suc-
cessives de la carrière d'un officier
de marine , et fut nommé eu 1779
commandant eu chef de la grande
escadre destinée pour rOccideiit. Il
mourut la même année à Spilhead
d'une inflammation deutrailles.
* HARE (docteur Francis),
évèque de Chichester, et avant sa
promotion doyen de Saint -Paul,
publia sur la fin du règne de la reine
Anne un pamphlet intitulé Difficul-
tés attachées à l'étude des saintes
Ecritures , dans lequel il paroil avoir
cherché à les éloigner ou à les affoi-
btir , mais bien loin d'avoir atteint
son but, on crut voir qu'il avoit au
contraire combattu l'étude de l'Ecri-
ture. Il fut soupçonné de scepti-
cisme et d'être peu affermi dans les
principes du christianisme. Il a pu-
blié plusieurs ouvrages qui ont été
recueillis après sa mort en 4 vol.
in-8°. On lui doit encore une Edi-
tion de Térence avec des notes ,
in-4°. Le Hure des psaumes en hé-
breu dans leur mètre origin.il que
l'auteur prétend avoir recouvré et
qu'on croyoit irrévocablement per-
du. Maib son assertion , quoique dé-
HARI
245
fendue par quelques personnes , a
trouvé beaucoup de contradicteurs,
et particulièrement le docteur Lowth
dans sou Traité De sacra Hebrœo-
rumpoesi. Hare mourut en 1740-
HARÉE ou Veriiaer (Fran-
çois Hareus ) , né à Utrecht vers
i55o , enseigna la rhétorique à
Douay, puis voyagea en Allemagne,
enllalieet en Moscovie, où il accom-
pagna le P. Possevin , que le pape
y envoyoit en qualité de nonce. A
son retour il fut chanoine de Bois-
le-Duc , puis de Namur et de Lou-
vain , où il mourut le 11 janvier
1602. Ses principaux ouvrages sont,
I. Biblia sacra expositionibaspris-
corum l'alruin lilterulibus et niys-
ticis il/ustrata , Anvers, i65o, 2
vol. in-fol.,peu estimée. H. Catena
aiirea in quatuor Evangclia ,
i62.T,in-S°. IlL Jnnales ducum
Brabanliœ^ac tumultuum ilelgico-
iiim , Anvers , 1625 , 2 vol. iii-fol.
C'est la meilleure histoire du Bra-
baut. IV. Un Abrégé des f'ies des
Saints de Surius , in -fol., 160.') ,
V. Lhie Chronologie , Anvers ,
1614 , in-fol., publiée sous le titre
de Concordia hislorije sacrœ et
profanas, per Oli/npiades et Fastos,
depuis la fondation de Rome jusqu'à
la mort de J. C. VL D'aiUres ou-
vrages dans IjMjuels il y a beaucoup
d'érudition, flRiis peu d'élégance.
tHARIOT ou Harriot (Tho-
mas), mathématicien anglais, né à
Oxford en liioo, mort à Londres
en 1621 , fil un voyage à la Virginie
en i585. Outre la Jielation de ce
voyage, traduite de l'auglais eu latin,
avec figures, Francfort , 1090,
in-folio , on a de lui la Pratique
de l'art analytique , pour réduire
les équations algébriques , pul^liée
en latin, Londres, )65]. Dans cet
ouvrage plein de découvertes int('res-
santes, l'auteur appr. nd à flùgagerles
termes algébriques ; il donne aux
équaliou* une forme plus commode
246 HA RI -,
pour les opérations ; il moulre com-
bien iiiiB équaHou peut contenir de
racines Causses el de racines véri-
tables. C'est dans ce livre que les
Anglais prétendent que Descartes a
copié eu qa"il a écrit sur !'algél)re.
Ils donnent l'honneur de Tinvention
à leur compatriote ; mais presque
tous It-s étrangers la lui refiisenl.
Cette dispute sur llariol et sur Ues-
cartes , an sujet de l'algèbre , est
assez semblaljle à celle que nous
avons vue de nos jours, entre Leib-
nitz et Newion , a\i sujet du calcul
différentiel et intégral. Un peut voir
sur ce difi"érenl les ouvrages de
Waîlis. Woo-d accuse Hanot de
déisiue et d'atoir imbu de sa doc-
trine sir Waller Raleigh , dont il
avoit été le précepteur et Tarai. Cette
inculpation, dénuée de fondement,
se trouveroit en contradiction avec
f'a conduite en Virginie , où , lors de
l'établissement de la première co-
lonie anglaise , Ilariol expliq\ioit la
Bible aux liabitansdo chaque ville
où il se trouvoit , et démentiroit
singulièrement l'épitaphe mise sur
son tombeau :
Ç«j omnes scientiax calhiit et in nmnihu'i exr,-!~
luit;
Malîir^matici!: , phiforopMci': , t^ien/ngiria ;
ï'entali'! hiJi<:ntiir strirHoiissinnis ,
Dei tri uJtiifs rultnr piissintus.
* HARIRI , iiomiaPproprement
j!hou-Mo/ia/nmerl , eî'Quccm. l>cii-
yj Ij-hen-Mu/iamnicd-ben-O'feman ,
et surnommé el Hariri, parce qu'il
habitoit un petit bouvg de ce nom en
Perse , naquit à Bassorat , l'an de l'hé-
gire 446 ( io5 1 de l'ère vulgaire ),et
mourut en ;)i ;> (i i ji), sous le règne
de Mostarfhed , vingt - neuvième
calife Abasside. Ifanri est célèbre
parmi les Arabes par des discours
.'uadémiques qui passent po\ir des
chers-d'œuvre d'éloquence. Ces dis-
cours, nommés en aralje méqo/nat
( mot qui-correspond aux lieux com-
muns de nos rhéteurs), sont d'un
style irès-redierchéet euircmèlés <ie
HARL
vers. Ils sont au nombre de cin-
quante , et roulent sur rtifferen;»
sujets de morale et quelquefois sur
des sujets erotiques , mais alors si
ingénieusement gazés, qu'il faut ôn«
profonde connoissavfce de la laiigue
arabe pour pénétrer le vode. J^e Ha-
riri composa ses quarante premiers
d!sco\irs à Bassorat. 11 les porla avec
lui à Bayhdat et les montra à plu-
sieurs savans de cette ville. Ceux-ci
nièrent qn'il<en fût l'auteur. Le di-
van , pour mettre à l'épreuve les
talens de Hariri , le somma de com-
poser à l'instant quelque morceau
d'imagination. Il se retira dans un
coin pour im])roviser; »nais le très-
haut ne lui ayant riea inspiré, sg.
déconvenue lui valut un torrent
de mauvaises plaisanteries , aux-
quelles il répondit en publiant des
méqâmats plus éloquens encore que
les premiers. Ces discours i'expo-
sèrent à d'autres désagréraens. Les
dé\ olsluireprochèrentd'avoir voulu
lutter avec le korau. Il repousse
dans sa Fréjhce une imputalioii
aussi dangereuse. Hariri étoit d'une
petite taiHeet contrerait. Il répondoit
aux sarcasmes que l\ii altiroit sa
ligure désagréable : « L'homme n'est
homme que par les deux plus petites
parties de son individu , sa langue
et son creur. » Albert Schultens a
publié une Traduction latine de
Hariri, à Fraueker en 17a 2, \\w vol,
in-4°. Colins l'a publié en arabe et
en latin, à Leyde , ifi.fiB ; et Ciinp-
pelovsT , professeur d'arabe à Cam-
bridge, en a traduit six conférences
en anglais ,1767. "
HARISCON.
u° XI.
Voyez Aaf.ov ,
ï. HARLAY (Achille de), né à
Paris en i5.'^i'> , de Christophe de
llarlay , président à mortier , fut
conseiller au parlement à 22 ans ,
])résident à 56, el premier prési-
dent après la mort de Chrisiop'ie de
HA RI.
Thon, son beau -père. Il montra,
dans celte cliarge , rratégrite et
la t'eraielé des anciens magistrats
romains. La ligue entrainoit alors
flans ses fureurs les grands 'U l(!s
petits; Harlay fut inéljranii.hie. Il
vitqnela religionservoilcle masque,
<iaus ces querelles tatale_s , à laml)!-
tion et à 1 emportement. Il répondit
courageusement au duc de (Juise ,
chef de la révolte : « C'est une houle,
mousieur , que le valet mette le
maitre hors de la maison. Au reste,
mon ame e.st à Dieu , mon cfrnir au
roi ; et quant à mon corps, |e l'aban-
donne , s'il le faut , aux méchans
qui désolent ce royaunif^ « Bussi-le-
Clerc, ce factieux insolfut, le retiut
quelque temps prisonnier à la Bas-
tille. ( V. Bris.son.u" II). « Le pre-
mier jour de l'an ifjSg , Guincestre,
cure de Saint- Gervais , prêchant
«Unis Teglise de Saint-Barihélemi à
Paris, exigea de tous les auditeurs
le serment d'employer tous leurs
biens et de répandre iusqu'à la der-
nière goutte tie leur ^^ang pour ve»-
ger la niorUles deux, princes lorrains
catholiques* massacres aux étals de
Blois, et leur dit de lever la maiu
comme un signe de leur cousenle-
mcnt; ce qu'on lit. Le premier prési-
dent, Achiliede Harlay, qui éloilàce
.sermon , n'ayaiit pas levé la main,
le prédicateur l'apostropha, et lui
ordonna d'imiter 4'exeniple des an-
tres. On dit que ce magistral le fit
aussitôt , pour ne pas s'exposer à
l'iusoleuce d'ime populace irritée ,
qui le soupçonnoit d'avoir consenti
à la mort des deux Cuise , que tout
Paris regardoil comme ses dieux
tutélaire.-;... ( Fabre , Histoire ecclé-
siastique. ) » Heiiri-le-Graud ayant
reiiflu la paix à son royaume , Harlay
profita de ces heureux momens pour
rétablir la justice et faire Heurir les
lois. Il mourut le 20 octobre j6i6.
On a de ce courageux magistrat la
Coutume d'Orléans , imprimée en
i585, in-4°. Sa postérité masculine |
MARL a47
finit à son fils. Mais un de ses oncles
forma une autre branche dont étoit
l'archevêque de Paris , n" 111.
t II. HARLAY nr. Sa.vcv
(Nicolas de), né en lâ-^^'j, succes-
sivement conseiller an p^irlemenl ,
maître des requêtes, ambassadeur
en Angleterre et en Allemagne, co-
lonel-général des Ceni-Suisses , pre-
mier maille d'îiolel et surintendant
des finances. N'étant encore que
maître des requêtes , il se trouva
dans le conseil de H^nri 111 lors-
qu'on délibéroit sur les moyens de
soutenir la guerre contre la ligue ,
et proposa de lever nue armée de
Suisses. Le conseil, qui savoitquele
roi n'avoit pas un sou , se moqua de
lui. « iMessieui-s , dit Sancy , puisque
de tous ceux qui out r;çu du roi
tant de bienfaits, il ne s'en trouve
pas uu qui veuille le secourir, je
vous déclare que ce sera .moi qui
lèverai celte armée.)) On lui donua
j^iir-le-champ la commission eti)oiiit
d'argenl, et il partit pour la Suisse.
Jamais négociation ne fut si singu-
lière : d abord il p;rsuadaanx Ge-
nevois et aux Suisses de faire la
guerre au duc de Savoie, conjointe-
ment avec la FraudI; il leur promit
d* la cavalerie, qn'i.l ne leur donna
point. 11 leur ni lever dix mille
hommes d'infanterie, et les engagea,
de plus, à donner cent mille écus.
Quand il se vit à la lète de cette
armée , il prit quelques places au
duc de Savoie ; ensuite il sut telle-
ment gagner les Suie,>-es , qu'il en-
gagea l'armée à marcher au secours
du roi. A'iiisi l'on vil , pour la pre-
mière fois, les-Suisses donner des
hommes et de l'argent. Après l'as-
sassinat de Henri III, Henri IV étant
reconnu roi par la plus grande partie
des seigneurs de son royaume, man-
quoil néanmoins d'argent. Ce fut
Sancy qui engagea de nouveau les
Suisses à rester au service de ce mo-
narque , au moyen des sommes qu'il
248 HARL
emprunta svir im irès-beaii diamant,
qu'il alla mellre en gage chez les
juifs de Metz. C'est ce n)èine clianiaul
qui , apresaioir passé par différentes
raains , fui eulin racheté par le duc
d'Orléans, régent, lequel le joignit
aux bjoux de la couronne, sous le
nom du Sancy.... Sancy se fil catho-
lique quelque temps après Henri IV,
di-ani qu'il falloit être de la même
religion que son prince. C'est sur ce
changement que d'Aubigné composa
l'ingénieuse et sanglante satire Lnti-
tulÉe : La conlessioii catliolique de
Sancy , qu'on trouve dans le Journal
de Henri III. Gabrielled'Estrées, qui
ne l'aimoit point, lui lit ôler la surin-
tendance des tiuances,dont Sully lut
revêtu. Sancy mourut le i5 oclolne
16^9. On a de lui un Discours sur
Foccwence de see affaires , iu-4°.
On y voit bien des particularités
sur les règnes de Henri III et Henri
IV. Les Mémoires de Villeroi ren-
ferment plusieurs de ses Remon-
trances à la reine Marie de Médicis.
i-m.HARLAY (François de),
archevêque de Rouen , puis de Pa-
ris, ué dans cette ville eu 1625,
d'Achille de Harlay , marquis de
Cliampvallon ,"se Ht connoître par
ses taleus sons Anne d'Antricfîe.
'Vincent de Paule, qui savoil que ses
moeursnerépondoientpasà son état,
ayant éîé consulté par la reine dans
le conseil de conscience , l'avoil for-
mellement exclus de la coadjulorerie
de Rouen. Péréiixe prit le temps où
une indisposition éloignoil du con ■
seil ce saint lipmine pour la lui ob-
tenir. Une physionomie heureuse,
une politesse extrême, le talent de
parler sur tout, el de parler bien ,
le goût des sciences et des belles-
lettres, lui g;ignoipnl les cœnrs et
les esprils. On lui appliqua ce vers
de Virgile :
Fovmosï pccorl.i custos , formosior ipap.
Son zèle pour la conversion des pro-
HARL
teslaus , ses succès , ses sermons , la
prudence avec laquelle il gouverna
l'archevêché de Rouen , lui valurent,
eu 1671 , celui de Paris, aprts la
mort de Pérétixe. 11 n'édifia pas sou
diocèse; mais il l'iustruisit. Il linl
des conférences de morale , convo-
qua des synodes , donna des règle-
meus salutaires , publia des mande-
ineus, et présida eu chef à plus de
dix assemblées du clergé. Personne
ne parloit avec plus de grâce , et
n'avoit plus de présence d'esprit.
Louis XIV, devant assister à la bé-
nédiction des drapeaux à Notre-
Uame , lui avoit défendu de le ha-
ranguer. Il se contenta de lui dire à
la porte de l'église où il le reçut :
(c Sire , vous me fermez la l)ouche
pendant que vous l'ouvrez à la joie
publique. » Ce prince lui prëparoit
un chapeau de cardinal, lorsqu'il
mourut le 6 août 1696, à 70 ans.
A l'occasion de la faveur qu'il alloit
recevoir , le P. de La Rue , jésuite ,
fit une devise qui avoit pour corps
•n bouton de rose vert éclaii-é par
un soleil , qui désignoit Louis XIV ,
et pour ame ces parcfles : Le so-
leil le fera rougir. Son éloge fut pro-
noncé dans l'assemblée du clergé ;
mais son oraison funèbre parut, à
bien des orateurs , un ouvrage plus
embarrassant. « Deux choses , dit
madame de Sévigné , le rendoient
difficile , la vie et la mort. » Le P.
Gaillard l'ayant entrepris fut obligé
de se jeter sur les lieux communs.
IMascaron avoit refusé de faire cette
oraison funèbre , sous prétexte qu'il
étoit incom'modé. « Monsieur , lui
dit Clermont-Tonnerre , évèque de
Noyon , vous ne dites pas tout ; c'est
(pie la matière est incommode. »
L'abbé Le Gendre à écrit sa vie ,
in-4*' , en latin. { J^oyez l'article de
cet historien.) 11 avoit succédé, dans
le siège de Roneir , à François de
Harlat, sou oncle, qui mourut en
i653 , el de qui on a des Observa~
lions sur l'Epiire aux Romains , qu'il
lIAPtL
fit imprimer au chàleau de Caillou ,
en 1641 , 111-8°.
t IV. HARLAY (Achille de),
fils d'Achille de Harlayll du nom,
procureur- général au parlement,
comme lui conseiller procureiir-
géaéral , puis premier président
au parlement de Paris , exerça
ces charges avec applaudissement.
Il se démit de la dernière en
1707 , et mourut le 2S juillet
.1712, à 75 ans. C*loit un magis-
trat attaché à ses devoirs , mais trop
porté à la raillerie trop souvent
cruelle dans la bouche d'un homme
en place. Ou cite encore aujourd'hui
plusieurs de ses bous mots. Une
vieille marquise qui avoit un pro-
cès important , craignant que le
premier président ne lui fût pas fa-
vorable, ne l'appeloit que le Vieux
Singe. Cependant elle gagna son
procès , et vint remercier le ma-
gistrat, à qui l'on avoit répété sou
ëpilhete ofl'ensanle. Harlay se con-
tenta de lui répondre: «Vous ne
ine devez point de remerciment ;
ce que j'ai fait pour vous est très-
naturel, r.es vieux singes aiment à
obliger les guenons... « Un jour que
quelques conseillers parloient un
peu trop haut à l'audience, il leur
dit : (c Si ces messieurs qui causent
ne i'aisoient pas plus de bruit que
ces messieurs qui dorment , cela ac-
commoderoit fort les messieurs qui
écoulent » Les comédiens du roi ,
étant venus lui demander une grâce,
se servirent, en parlant d'eux-mê-
mes , du mot de compagnie. Le
premier président répondit à leur
député : « Je délibérerai avec ma
troupe, pour savoir ce que je dois
faire pour votre compagnie. ■>•> Dans
le temps qu'il fut nommé premier
président , les procureurs en corps
vinrent lui demander sa protection.
« Ma protection ? leur dit-il , les fri-
pons ne l'auront pas; les honnêtes
gens n'eu ont pas besoin. » Un fa-
HAÎ\L
249
meux architecte, honoré de la fa-
veur et des grâces de Louis XIV , as-
piroit, dit-on, à une place d.i pré-
sident à mortier pour son lils. Il
sonda là-dessus le premier président,
qui lui répondit : « Mousieur Man-
sard , ne veuillez pas mêler votre
mortier avec le nôtre. » Df-s jésuites
s'étanl trouvés à son audience avec
des oraloriens : Mes pères , dit le
caustique magistrat en s'adressanl
aux premiers, il faut piure avec
vous ; et se tournant vei's les ora-
toriens , et mourir avec vous. L'é-
vêque d'Auluu (Roquette) se plai-
gnant que les consuls de ^a ville
épiscopale avoieut quitté son sermon
pour aller à la comédie ! «Ces gens-
là sont de bien mauvais goi!it , lui ré-
pondit Harlay, de vous quitter ainsi
pour des comédiens de campagne.»
(Fu)'. Roquette.) Le caustique duc
de Saint-Simon a fait \\\\ portrait de
ce magistrat, dont les couleurs sont
chargées , mais en général fidèles :
« 11 étoit savant en droit public ; il
possédoit fort le fond de diverses
jurisprudences; il égaloit les plus
versés aux belles-lettres ; il connois-
soit bien l'histoire , et savoit gou-
verner sa compagnie avec une au-
torité que nul autre premier prési-
dent n'atteignit jamais avant lui.
Une austérité pharisaïque-le rendoit
redoutable, par la vigueur de ses
répréheusions publiques aux par-
ties , aux avocats et aux magistrats.
Toujours soutenu par la cour dont
il étoit l'esclave , rusé politique ,
tous ses talens, il les tournoil uni-
quement à son ambition de domi-
ner , de parvenir et de se faire une
réputation de grand homme. D'ail-
leurs, sans honneur effectif, sans
mœurs dans le secret,, sans pro-
bité intérieure, sans humanité mê-
me ; eu un mot un hypocrite par-
fait : cruel mari , père Inubare , frère
tyran , ami uniquement de soi-mê-
me, méchant par nature , se plai-
sant à insulter, à outrager, à acca-
!iao HAIIL
bler. Ses Irails éloienl daulaiil plus
perçaiis, qu'il avoit infiniment rl'es-
prit , et I esprit ualnrellemeiit porté
à cela. Pour l'extérieur, c'éloil un
petit homme vigoureux et maigre,
lin visage en losange, un n^^z grand
et aqmiin ; les yeux beaux , parlans,
}>erçans , qui ne regardoieal qu'à !a
dérobée , mais qui , tixés sur un
client ou sur un magistrat, étoienl
pour le fiaire entrer en terre. U se
tenoit et marchoit presque toujours
courbé avec un faux air , plus lium-
ble que modeste. U ii'avançoit qu'à
force de révérences respectueuses
et comme honteuses à droite et à
gauche. A Versailles, il tenoit au roi
cl à madame de Mainlenon par l'en-
droit sensible. C'étoit lui qui, con-
sulté sur la légitimation inouïe d'eii-
fans sans nommer la mère, avoit
donné la planche du chevalier de
Longueville , 'sur le succès duquel
ceux du roi passèrent. U eut alors
parole d'être nommé chancelier , et
toute la confiance du roi , de ses en-
fans et de leur toute-puissante gou-
Ternaute , etc., etc. »
* HARLEY ( Robert), né à Lon-
dres le .') décemlire 1661, mort le 2 1
mai 1724- A l'époque de la révolu-
tion, sir Edouard son père et lui
levèrent à leurs ])ropres frais une
troupe de cavalerie, et à l'avéne-
ment au trône de Guillaume et de
la reine Marie, Robert fut élu metir-
bre du parlement député de Tre-
gouy en Cornonailles; U remplit les
mêmes fonctions pour la ville de
Radnor,' jusqn'au moment où il fut
appelé dans la chambre des lords.
En 1690 il fut noanné au scrutin,
par la chambre des communes, l'iin
des neuf commissaires qui dévoient
ëtal)lir les corn oies de l'état , et tra-
vailler à la réunion des deux com-
pagnies des Indes. Orateur de la
même chambre en 1701 , il remplit
les mêmes fonctions dans le parle-
ment suivant , ainsi que dans le pre-
lîAllM
mier , qui fut convoqué par la r» lue
Anne. Bientôt après ( en 1704 ) il
fut admis au conseil privé de S. IM.
et nommé secrétaire d'étal. 11 rési-
gna cette place en 1708 , et remplit
deux ans a[)rès celles de cc-'.imis-
saire de la trésorerie , de chancelier
et de sous-trésorier da l'échiquier. La
reine Aune, en récompense de ses
services , le nomma successivement
pair de la Grande-Bretagne, cheva-
lier du bain, lord grand - trésorier
d'Angleterre , et chevalier de l'ordre
de la Jarretière. Après la mort de la
reine , Harley fut accusé par la
chambre des communes de haute-
trahison , de malversations et d'au-
tres crimes; il fut'en conséquence
envoyé à la Tour le 1 6 juillet 1 7 1 5 ,
et n'en sortit que le i^'' juillet 1717,
déchargé de toute accusation par le
jugement de ses pairs, lî mourut
bientôt après dans la 64*^ année de
son âge. Pope a consacré à sa mé-
moire les vers snivans :
A soûl mipTeine , in each hanl hisCnnce trird ,
Ahave al! pain , aU angnr , and ail p ride ,
The rarre of power , theh'n.'.t ofptihli'-hr^alh,
The liist of lucre , and the dreiid of dcuth.
*HARMER (Thomas), né eu
1 7 1 .•> à Norwich , ministre dissideut
à Walertield , dans le coin lé de Spf-
fock , occupe une place honorable
dans le monde littéraire. Ses Obser-
vations S!/r dh-ers passages de l'E-
cri titre, en 4 vol. in-B*^ , ont eu plu-
sieurs éditions. L'auteur a eu l'avan-
tage ,■ non seulement de donner sur
l'Ecriture des édaircissemens satls-
faisans, mais encore de répandre na
grand jouY sur les mœurs orieiilaks :
il a aussi publié des Notes sur le
canii(]iie de Salomon. Harmer ex-
celloit dans la counoissance des lan-
gues orientales, et dans l'étude de
l'antiquité. 11 mourut en 1788.
*HARMODIlJS, ami d'Arislo-
oiion, se réunit à lui pour déiivrt-r
leur patrie de la tyrannie des Pisis-
HA'RN
traliues ; ils s'accp.i»rent parmi leurs
coticiloyens un honneur infini , et
leur nitinioire est devenue chère
à tous ceux qui ont su appré-
cier les avantages de la liherlé , et
n'ont pu supporter rinjuslKe de
l'oppression. Voyez le rédi d Hé-
rodote, et les articles Aristogiton
et lIll'l'ARQUE.
HARMOND ( Pierre ) , pendant
43 ans htucounier de la clr.mibre
sous Henri Itl et Henri 1\', re-
cueillit ses observations sur la
chasse dans \\\\ traite intitule Le
Ailirolr de Fancormerie , imprimé
à l*nrisen i6jo, j655, 1640, in-4",
avec figures, qu'il dédia à Charles
d'Albret, duc de Lnynes, qui éloit
tout à la fois grand - fauconnier ,
garde des sceaux et connétable de
France.
* HAUMONIUS , grammairien
célèbre dans le 4* siècle, enseigna la
grammaire à Trêves , sous l'empire
<le Valentinien I. Aiisone , qui sui-
voit alors la cour de cet empereur ,
se lia d'aniilié avec Harmonius , et
fait mention de lui dans une pièce de
vers. Ce grammairien possédoit si
parfaitement le grec et le latin, qu'il
entreprit d'épurer les poésies d'Ho-
mère de tout ce qui s'étoit glissé
d'étranger dans l'Iliade et l'Odyssée.
C'est aux soins d'Harmonius qu'on
est peut-être redevable de ces chefs-
d'œuvre de l'esprit humain.
* HARNEY ( Martin ) , né à
Amsterdam le 6 mai i634 , étudia
en philosophie *Louvaiu , et entra
chez les dominicains en i65o. Il
enseigna dans son ordre avec beau-
coup de distinction, y occupa les
emplois les plus importans , fil trois
fois le voyage de Rome, et mourut
à Louvain le 22 avril 1704. Harney
composa différens ouvrages , en fa-
veur des décrets émanés du sainl-
siége. Un des plus connus est son
HàRjN' 25 [
traité de X Obéissance raisonnable
des cai/toUques des Pays-Bas, par
rapport à la lecture de l'F.criture
sainte en langue vulgaire, exami-
née à fond, eldèmontrécconlre mon-
sieur Jî. A. ( Antoine Jrnauld) dans
son traité de la lecture de V Ecri-
ture sainte ; avec quelques pièces
aut/icnttques relatives à la matière,
C'i llamand , Anvers , iG(S>i, ^u-i 2.
Les dc'fenseurs d'Arnankl lui oppo-
sèrent douze lettrés. Mais il établit
son senliment avec une nouvelle
force dans la dissertation: De lec-
tione galUcœ translationis novi
Testamenti , Mon ti bus impressa,
etc.; et publia en latin .son traité
llamand , sons le titre : JJe sacra
Scripturâ linguis i<ulgaribus legen-
dâ rationabile ubsequium Bcigii
cat/iolici, 1692, in-J2. Les jansé-
nistes continuèrent à l'attaquer, a Je
trouve très sage, dit J. J. Rousseau ,
la circonspection de l^Eg'jse romaine
sur les traductions ^plÉcriture eu
langue vulgaire; et comme il n'est
pas nécessaire de proposer toujours
au peuple les images allégoriques du
Cantique des Cantiques , ni les ma-
lédictions de David contre ses enne-
mis , ni les raisonnemeus de saint
Pau! sur la grâce ; il est dangereux de
lui yiroposer la sublime morale de
l'Évangile dans les termes qui ne
rendoient pas exactement le sens de
l'auteur ; car pour peu qu'on s'en
écarte en prenant nue autre route
ou va très loin. « David Hume nous
apprend qu'en Angleterre, après la-
naissance de la réforme, ou fut obligé
d'ôter au peuple les traductions vul-
gaires de l'Ecriture sainte à cause des
conséquences qui enrésultoient et du
fanatisme que cette lecture enlrele-
noit. (c Dans aucune école de philoso-
phie, dit un auteur, ou ne s'est avisé
d'instruire les élèves eu leur meilant
seulement à la main leséciilsdu fon-
dateur de la secte ; on n'espéi'a ja-
mais former des jurisconsultes par
la simple inspection des lois, desiué-
252 HARO
decins, par la seule lecture d'Hii)-
pocrnte, ni des géomètres sans autre
secours que les élémens d'EucUde.
On sait que tout livre quelconque
a besoin d'explication , siu'-tout pour
les commençans, que les instructions
de vive voix aplanissent le chemin,
et préviennent les méprises. Si quel-
ques génies supérieurs se sont ins-
truits par les livres sans le secours
d'aucun maître , ces exemples très-
rares ne sont pas des règles pour tous
les hommes », Voyez Arundjel ,
nM.
HARNONCOURT ( Pierre d' ) ,
né en Bourgogne , mort à Paris
fermier général , en 176;') , à 84 ans.
Nous avons de lui des mélanges de
Maximes , de Réflexions et de Ca-
ractères^ 1763, in-8°, où Ion trouve
quelques bonnes pensées , mais ra-
rement bien exprimées.
HARO ( Do||Louis de), héritier
du célèbre corme duc d'Olivarès ,
son oncle maternel , minisire d'état
de Philippe IV, lui succéda dans le
ministère, et gouverna l'Espagne sous
le nom de ce monarque. Ce lut Haro
qui conclut la paix des Pays-Bas , et
celle de France, en i65g, avec le
cardinal Mazarin. Les deux ministres
se rendirent à i'ile des Faisans , et y
déployèrent l'un et l'autre toute leur
politique. Celle du cardinal , dit l'au-
teur du Siècle de Louis XIV, étoit la
fniesse ; celle de don Louis , la len-
Jeur. Celui-ci ne donaoit presque ja-
mais de paroles, et celui-là en don-
noit toujours d'équivoques. Le génie
du minisire ilalien étoit de vouloir
surprendre ; celui de l'Espagnol étoit
d'empêcher qu'on ne le surprît. On
prétend qu'il disoit du cardinal: «Il
a un grand défaut en politique, c'est
qu'il veut toujours tromper. » Pour
le prix de la paix que don Louis
avoil conclue , le roi d'Espagne éri-
gea , eu 1660 , son mavqui.«y, de
Carpio eu duché-graudesse de 1:^ pie-
HARO
mière classe , et lui donna le surnom
de La Paix. Ce ministre mourut le 1 7
novembre 1661 , à 63 ans. C'éloitun
homme d'un esprit conciliant, d'un
caractère doux et sans ambition, et
parvenuà la faveur de son maître piir
son seul mérite. Il avoit épousé Ca-
therine de Cordoue, dont il eut, entre
autres eufans , Gaspard et Jean-Do-
minique DE Haro. Celui-ci mourut
sans postérité. Gaspard fui vice-roi
deNaples,et mourut le 16 novembre
1687 , laissant d'Antoinette de la
Cerda une fille unique , nommée Ca-
therine DE Haro de Guzman , la-
q\»elle épousa , en 1688, François de
Tolède, duc d'Albe. — On connoit
encore de la même famille don Lopez
DE Haro , prince de Biscaye , qui
bâtit, en i5oo, la ville de Bilbao.
L HAROLD I , ou Harald ,
roi d'Angleterre , (ils naturel de Ca-
nut 1, lui succéda en io36 , au pré-
judice de Canut II , Ris légitime de
ce prmce. Les Anglais voulurent
mettre la couronne sur la tête de Ca-
nut; mais Harold fut le plus fort, et
l'emporta. L'année suiVante il écri-
vit une lettre sous le nom de la reine
Emme , pour inviter Alfred et E-
douard , les fils de cette reine et
d'Elhelred II , à venir eu Angleterre
afin de recouvrer la couronne. Les
deux jeunes princes donnèrent dans
le piège : Alfred fut arrêté, on lui
creva les yeux, et il mourut peu de
temps apiès. Edouard repassa en
Normandie , et la reine Emme se
relira en Flandre , chez le comte
Baudoin. Harold se fit détester par
ses crimes , et moilful sans eufaiis
eu 1009.
t II. HAROLD II , fils du comte
Godwin , se fil élire roi après la mort
de S. Edouard III, en lobn, au pré-
judice d'Edgard , à qui la couronne
d'Angleterre appartenoit par sa
naiisauce. Toston son frère , et Guil-
hiume-le-Conquéraut, la lui disputé-
HARP
rent : il vainquit le premier, et fut
tué par le second à la célèbre bataille
d'Hasliiigs. Ou avoit vainement re-
préseutéàHarold qu'il seroitplussage
de tirer la guerre eu longueur que
de hasarder une action décisive. Enor-
gueilli de quelques succès , et poussé
par sou courage , il voulut risquer
tout, et se perdit.. Deux de ses frères
furent tués dans la même bataille. A
sa mort finit la domination des
rois anglo -saxons , qui régnoient
depnisplus de Gooaussur la Grande-
Brelagne.
HAROUL. Voyez Rollon.
HAROUN. Voyez Aaron-Ras-
CHID, u" IV.
HARPAGES , seigneur raède ,
l'un des principaux officiers d'As tva-
ges , ayant reçu ordre de faire mou-
rir Cyrus, le confia à un berger , lui
apprit sa naissance , et le porta à dé-
trôner Aslyages. Voy. ce mot.
HARP ALICE ( Myth. ) , la plus
belle fille d'Argos , aimée éperdu-
ment de Clyménus son père , qu?
assouvit sallamme incestueuse après
avoir gagné sa nourrice et qui en eut
un fils. 11 la maria avec beaucoup de
peine , et fifc ensuite mourir son
gendre pour la reprendre : mais Har-
palice , outrée de ce double crime,
lui fit manger son propre fils , à
l'exemple de Procné. Elle fut changée
en oiseau, selon la fable. Clyménus
se tua de désespoir, — Il y a deux
autres Harpalice. La première
aima avec passion Iplilcus, el mou-
rut de chagrin de s'en voir méprisée ;
c'est d'elle qu'un certain cantique fut
appelé Harpalice. L'autre est celle
dont il es^ parlé dans l'article sui-
vant. ,
HARPALICUS , .roi des Amvm-
néensdansla Thrace, eut une"fillc
nommé Harpalice, qu'il nourrit de
lait de vache et de jument , et qu'il
accoutuma de bonne heure au ma-
HARP
253
niement des armes. Elle le secourut
contre Néoptolème , fils d'Acliille ,
qu'elle mu en fuite. Harpalicus ayant
été lue quelque temps après par ses
sujets, Harpalice se relira dans les
bois, d'où elle fondoil sur les bes-
tiaux du canton et les enlevoit. Elle
fut prise dans des rèls qu'on Ini
avoit tendus ; el , après sa mort, les
paysans se firent ki guerre pour
avoir les troupeaux qu'elle avoit vo-
lés..On établit des assemblées el des
tournois au tombeau de cette fille ,
pour expier sa mort. *
I. HARPALUS, célèbreaslrouome
grec-, vers l'an 480 avant J. C, corri-
gea le cycle de huit années que
Cltoslrale avoit inventé , et proposa
celui de neuf ans: mais ce nouveau
cycle d'Harpalus eut besoin lui-
même d'être corrigé par Mellon.
Voyez l'Histoire des Ma thématiques,
par i\Ioutucla.
II. HARPALUS , seigneur macé-
donieu , el l'i^u des lieulenans de
rarmée d'Alexandre-le-Gr^nd , s'at-
cha à ce prince durant ses démêlés
avec Philippe, qui l'exila; mais, dès
que ce roi fut mort, Alexandre rap-
pela Llarpalus , et lui dounu la
charge de grand-trésorier, ensuite le
gOu\ ernemeut de Babyloue. Le con-
quérant macédonien ayant entrepris
son expédition des Indes, Harpalu-r,
persuadé qu'il ne reviendroit plus,
accabla le peuple de vexations
inouïes , et dissipa par ses prodiga-
lités le trésor confié à ses soins.(>Py;-.
Glyckke, 11° 1. ) Le héros revitù ;
et le gouverneur , pour échapper à
sa colère , ramassa .5ooo lalens, leva
6000 hommes , et se sauva dans l'At-
lique. Chassé d'Alhènes , qui uc vou-
loit point attirer sur elle les armes
d'Alexandre, il se relira, vers lau
3^7 avant J. C. , en Crète , où il fut
tué eu trahison par un de ses amis.
Alexandre a]ouloitunefbi si aveugle
à KT probité d'Harpalus , qu'il fit
mettre aux fers , cojome caiom-
2a4 HARP
iiialeurs , ceux qui lui porlèrenl ia
première nouvelle de la fuile de ce
jieftide.
t HARPE ( Jean-François de la),
membre de lacademie fraii(,uise ,
lié à Paris le 20 novembre lyôg ,
d'un père orij^inaire de Suisse , et
qui se r voit en France en qualité de
capitaine d'artillerie, n'ayant à alleu-
tire aucime fortune, La Harpe dut
à G. T. Asselin, principal du collège
tVHarcourt, la place de boursier, il
S3>dislingua dans .ses classes, et rem-
])orta toujours les premiers prix de
l'université. A la Hn de sa rhétorique,
ayant écrit quelques plaisanteries sur
des particuliers obscurs du collège ,
il fut envoyé à la Bastille, d'où il ne
tarda pas a sortir. Livré tout entier
à l'étude des belles-lettres , La Harpe
fit paroitre , en 1762, un recueil
A'Héro'i'des et de Voéfiies fugitiues ,
dont quelques - unes respirent la
grâce et 1 élégance, avec un Essai
sur ce genre de pièce, il navoit que
^20 ans lorsqu'il donna , eu 1760 , sa
Tragédie de Ji'arivick. Elle obtint
ini grand succès , et le melritoit. La
noblesse du rôle principal , le carac-
tère soutenu de la reine Marguerite ,
tout le (juatriènie acte qui étincelle
de beautés, l'ont fait rester au théâ-
tre. L'auteur s'est jiermis cependant
de dénaturer l'histoire en taisant
mourir Warwich combattant pour
le duc d'Yorck , taudis qu'il fut tué
au contraire eu combattant contre ce
prince. Tinwléon , qui suivit ce dé-
but brillant, joué en 1764 , fut beau-
coup moins applaudi ; et Phara-
mond , qui le fut en \n&^, ne
réussit point aux premières repré-
sentations. C esl à peu près de' cette
époque que date la liaison de La
Harpe avec Voltaire, qui lui dounu
des témoignages de sa généreuse bien-
veillance, et aux!;\ieis l'auteur de
M'avH'ick ne répondit pas toujours
avec reconnoissam e. Après ses'pre-
iiiiers essaii sur le théâtre , La Harpe
HARP
entra dans ia carrière des concours
académiques, et peu d'écrivains ont
été aussi heureux que lui. Parmi
tous aes E loges , on distingue celui
di' Henri If'', Paris, 1770, in-8".
L'auteur a retracé avec son talent or-
dinaire les grandes actions et la belle
ame du meilleur des rois. On doit
encore remarquer ceux de Trénélon ,
de liacine et de Catinal ; dans le
premier, La Harpe semble s'èire pé-
nétré rie la manière de cet illustre
prélat; dans le second, qui est son
chef-d'œuvre, il montre par- tout
Racine comme créateur, et ii l'est
lui-même de toutes les idées dont il
compose ce\. Eloge, c'est le plus beau
monument élevé à la gloire du plus
grand fies pot-les; dans le troisième
entin , l'orateur paroit avoir parfai-
tement senti le mérite et le carac-
tère de son héros, et en traçant sa
valeur tranquille, sa prudence et
l'universalité de ses connoissances,
il emploie une diction élégante el
sans apprêt. Ses pièces en vers, et
qui sont intitulées la JJêlivrance
de Salernc ; le Tor trait du sage ;
les Tale/is dans leur rapport auec
la société e! le bonheur; le Poêle;
la Navigation; les Â\>anlages de
la paix ; le Philosophe des Alpes ;
Conseils à un jeune poëte; Bru tus
au Tasse; aux M dues de p^o Italie ,
n'offrent pas toutes le même degré
de talent; La plupart de celles qui
ont été couronnées se fout îemar-
quer par une grande pureté, beau-
coup d'élégance et de facilité; mais
peul-êtreue s'y trouve-t-il pas assez
de poésie. Ses Odes manquent d'en-
thousiasme, et valent bien moins
que ses Epitres , qui ont toutes l'es-
prit du genre, et celte aisance et
celte fmesse qu'il ne conserva pas
louiours en écrivani en prose. Mai-
gri le peu de succès de ses dernières
'Jfagédies , La Harpe n'abandonna
p.us la carrière du théâtre; il donna
(rustaue- TFasa en i7';6 ; Menzikoff
eu 1776; les Barméiides eu 177^5.
HARP
CiUe dernière pièce, qui ofFroil des
inœnrs nouvelles, eu r;îppt'.l;nil une
d'js brillantes éponnes de l'hisloire
des Arabes, n'eut pas un sort bril-
Jisiit. On reniarcpia que l'auteur, en
rechîjrcnanl dans celte tragédie des
siUuiiions extraordinaires, manqua
presque toujours ses effets. Jeanne
de ISaplcs, jouée eu 1783, rér.ssit
davantage; le sujet est iuléressaul,
et le coloris lacal y est conservé
a\''ec iiQ\\\.'*ïjes y^rarnes , représentés
la même année, n'eurent aucun
succès. Coriolan , joué eu 178.11,
sujet si souvent traité , ne le fut pas
lieureusemeut par Laliurpe; il y a
dans celle pièce des beautés de dé-
tails, des silnatious bien conçues ;
niais au total ce n'est qu'un ouvrage
médiocre. Virginie , qui fut repré-
sentée en 1790, n'obtint aucun suc-
cès. Fhiloclète , traduit de Sophocle ,
est la seule tragédie qui, après
Warwick , se soit conslanunenl
soutenue. En le faisant passer dans
noire langue , La Harpe a su lui cou-
server ses beautés antiques, et ja-
mais il n'a porté le style tragique à
un si haut degré de force et de véhé-
mence que dans cette belle iutilalion
du poète grec. Celle tragédie, qui
n'est qu'en trois actes , fut représen-
tée pour la ',)remière fois en 1781.
Une singularité de cette pièce, c'est
qu'elle n'a point de rôle de femme ;
mais sans amour elle intéresse ]Kir
sa noble simplicité, et en nous repor-
tant au:i beaux siècles de l'art tra-
gique chez les Grecs. On sait que le
sujet de cette pièce fait l'un des plus
beaux épisodes du Télémaqiie. (Quoi-
que La Harpe se fût souvent élevé
contre les drames, il en composa
deux. 3]é!aiiie, le premier des deux,
fit quelque bruit dans sa nouveauté.
On convient que le style de ce drame
est dune élégance soutenue, et sous
ce rapport ccst sa production la
pins soignée. C'est au sujet de celle
pièce que V^ollaire a bien voulu com-
parer le style de Tauleur à celui de
iïAFvP 25j
Racine. Celle pièce offre de trop
longues conversations et un rôle trop
ré\ollant; des per.sonnages religieux
mis sur la scène,- tels (ju'un curé et
une jeune novice, l'aspect dé l'inté-
rieur d'un couvent, avoient fait dé-
fendre pendant long-lemps la repré-
sentation de ce draine; el l'auteur a
reconnu lui-même, sur la lin de sa
vie, la justice de celle défense eu re-
tirant J/t7fi/.'/e du théâtre, eten or-
donnant dans sou leslament qu'elle
ne fut plus jouée. BarncveU , l'aulrp
drame , t-st une imitation d'une pièce
de M. Lille , intitulée le Marchand
de Londres. Cette pièce n'a jamais
été mise sur la scène; sou élégance
soutenue en rend la lecture aiia-
cliaule, les défauts ne pourroient se
sentir qu'à la représentation . Des
prix remportés, une foule de pièces
fugitives remarquables i)ar les grâces
el l'esprit, un succès brillant dans
If arwic , et d'excellens morceaux
de littérature insérés dans les Jour-
naux , ouvrirent à La Ilarjje les
partes de l'académie; il y fm reçu
en 1776. Le fauteuil ne ralentit point
son ardeur pour le travail ; il lit pa-
roilre peu de temps après la Tra-
duction de la Lusiade , du Ca-
moens. En 1779 i^ ^^^ jouer aux
Français les ]\juses riuales , hom-
mage qu'il rendoil à la mémoire de
V^ollaire, et 1 année suivante il fit
V Eloge du même Voltaire. Ce fut à
cette époqui; qu'il se chargea d'abré-
ger VHisloire des pojagcs de tablé
Prévost, Paris, 1700, 21 vol. iu-S",
avec un allas. Ctlle partie de ses tra-
vaux pcul être rcganlée plutôt com-
me une spéculation de librairie que
comme une production littéraire.
Dans la même année il lit imprimer
Tangu et J'élinie , poëme erotique
en quatre chants, qui renferme des
descriptions voluptueuses , et qui est
une de ses meilleures productions
dans ce genre, Paris, 1780 , -in-S"
C'est principalement sur son Cours
de littérature en ig parties ou 16
25G
HARP
vol. în-8°, que repose sa véritable
gloire. Les auteurs y sont appréciés
quelquefois avec uu partialité into-
lérable ; mais ordinairement avec
courage' et d'excellentes vues pour
les progrès des lettres. On y trouve
des connoissances prolondes en tout
genre , une critique fine dans les dé-
tails, le style propre à cbaque genre ;
mais l'auteur manque de méthode ,
perd trop souvent de vue son objet ,
et s'étend dans d'immenses digres-
sions qui paroissent entièrement dé-
placées. Ces défauts se découvrent
sur-tout dans les trois derniers vo-
lumes dont on a surcliargé la pre-
niière édition après la mort de l'au-
teur. « Dans cet ouvraoe, devenu
beaucoup trop long, dit M. Palissot,
on trouve, comme dans tous les ju-
geraens littéraires de l'auteur , la
pureté ordinaire de son style, des
principes de goût très-sains quand il
n'est animé par aucune passion , un
talent remarquable pour la discus-
sion, une dialectique serrée et pres-
sante ; mais indépendamment de
quelques erreurs un peu fortes dans
lesquelles il est tombé sur la litté-
rature ancienne, à commencer par
Homère , ou lui reproche avec
raison presque tout ce qu'il a tra-
duit, soit en vers, soit en prose.
La négligence avec laquelle il a rendu
plusieurs morceaux des Oraisons de
Cicéron contre F'errès , ou des Ca-
/i/inaires, -esl plutôt d'unécolier que
d'un professeur de goût.On lui repro-
che encore la longueur démesurée
dequelques articles, deceluideiS'eV/è-
çz/e, par exemple, qu'il commence
par une digression sur Diderot d'en-
viron 200 pages, tandis qu'il donne
k peine quelques lignes à des objets
plus importaus. L'auteur auroit pu
s'asseoir avec dignité dans la chaire
de Quintilien , s'il eût su se défendre
de la violence de son caractère et du
Ion décisif, impérieux et tranchant
qu'on peut lui reprocher contre pin-
feieurs de ses coutemporaius qui lui
HARP
sont supérieurs C'est un homme
d'une taille bien prise dans s; s petites
proportions, mais qui a le ridicule de
se croire un colosse. » La conduite
de I-.a Harpe dans la révolution,
a dit un publiciste , lut une suite
des principes qu'il avoit puisés
à l'école des philosophes et des
encyclopédistes dont il suivoit de-
puis long-temps les bannières ; et il
se rendit doublement coupable aux
yeux des gens de bien , en célébrant
les excès de cette même révolution.
En vantant les principes d'une pré-
.tendue égalité, il mentoit à sa cons-
cience , puisqu'il avoit trop d'esprit
et de lumières pour penser qu'elle
pût jamais exister. On ne doit donc
attribuer son adliésion à des prin-
cipes subversifs de l'ordre qu'à des
motifs qui ne font honneur ni à son
cœur ni à son esprit. Quoi qu'il eu
soit, lorsqu'il eut été enfermé comme
suspect dans l'une des prisons de la
capitale , il n'en sortit qu'outré d'iu-
diguation. » C'est de cette époque
que date le changement de ses prin-
cipes religieux. 11 avoit été disciple
et grand admirateur de Voltaire, qui
l'avoit payé par des éloges et des
bienfaits de son dévouement au parti
des philosophes modernes ; il se dé-
clara dès-lors leur ennemi. La phi-
losophie avoit favorisé sou amour-
propre excessif ; et la religion ne le
corrigea pas. A peine devenu chré-
tien , il s'engagea dans les querelles
de l'Eglise gallicane. Un néophile
étoit-ilfait pour entrer dans de
telles discussions? Il devoit sur-tout
se défendre de ce ton présomptueux
et magistral , de cette aigreur ou-
trageante, de cet air de mépris in-
.sultant qu'il avoit toujours montré
dans ses critiques. A quoi serviroit
la religion , si elle ne conlribuoit pas
à la réiorme de nos mœurs et de nos
défauts ? Ayant changé d'opinion
politique, il embrassa en religion le
parti qui favorisoit le plus celui qu'il
vouloit l'aire triompher. Un écrivain
HARP
a dit: « Les vrais chrétiens onroleut
été q' elquel'a s tentés de soiipyouner
la sincérilé de sa cojivrrsion , s'ils
li'avoient pas su que la dévotion na
change ])us toujours le caractère, w
On auroit pu lui dire ;
Tu ne peux rien souîTrir , el lu ledii clirélien !
Au 18 fructidor ( 1798 ) il fut con-
damné à la déportation; mais il eut
le bonheur de se rélugier dans iiii
asile où il ne fut pas découvert.
Il est mort en 1 SoS , après une ma-
ladie de vingt-cinq jours , M. Fon-
tanes lui a consacré un court et bril-
lant F.loge. Outre les TJéroïdes , les
Tragédies , et lesonvragfsdontnous
avons parlé, on doit ;;ncore à La
Harpe, I. Mélanges liliéraires , ov\
Epïlres el pièces phllusop/ùques ,
1765, in-12. II. 'iradi/ciion de la
vie des douze Césars , par Suétone ,
avec des notes et des réjîe.xioiis ,
1770, 2 vol. in-8*. L'auteur y réfuie
avec énergie les paradoxes de Linguel
sur Néron cl Titus. Celle traduction
n'est pas sans défauts , ci on a repro-
ché à i'auleur quelques contresens.
IIL Discours de réception à l'aca-
démie française , 1776, in-4". !V.
Traduction de la iMsiade de Ca-
moëns, avec des notes cl la P^ie de
l'auteur, 1776, 2 vol. in-8°. C'est le
premier ouvrage publié par La
Harpe depuis son entrée à Tacadémif
'V. Eloge de /Tollaire, 1780, in <S".
VL De la guerre déclarée par nos
derniers tyrans à la raison, à la
morale, aux lettres et aux arts,
1796, 111-8°. Ce discours fut pro-
noncé à Paris lors de l'ouverture du
lycée. VIL Du J anatisme de la
langue révolutionnaire , in-S**. VUl.
Correspondance littéraire adressée
à Panll, 1801, 4 V. in-8°. C'est un,'
sorte de Journal sur la liuél■alur^
française écrit avec pureté en gé-
néral, tuais rem pli d'an iniosi lé contre
tes ennemis ou les rivaux de !'aul("iir,
et que la malignité publn-^ie a lu
avec d'autant plus d'avidité , q^u'il
T. vm.
IIARP 257
renferme un grand nombre d'éj)!-
gramnies et d'anecdotes mordantes
contre des auteurs vivans. iX. Com-
mentaire des Tragédies de Racine ,
Paris, 7 V. in-8"; ouvrage imprimé
après la mort de l'auteur. On a re-
cueilli quelques-uns des ouvi .Tges de
La Harpe en G vol. in-8''. Celle édi-
tion est l)ien loin de contenir tous ses
ouvrages ; il est vrai que tous ne mé-
ritent pas (I être conservés. On a
encore de lui une Traduction en vers
français des Psaumes de David. 11 a
laissé en manuscrit , I rcgmens d'une
tragédie de Folixène ; J ragmens
de Gustave, avec la préface ; la
Vengeance d'jîchille , tragédie
lyrique; les huit premiers Chants
de la Jérusalem délivrée ; le Chant
deuxième du Poème des femmes;
le deuxième et le dixième Chants
de la Tharsale , avec l'épilogue ;
Morceaux de critique pour le Mer-
cure; environ deux forts vol. in-8°
sur lu littérature et la philosophie
du i S' siècle ; J ragmens de l'.ipo-
h.gie de la religion; les six pre-
miers Chants du Triomphe de la
religio n , po ëm e ép iq un .
HARPIES (MythoL), monstres ,
filles de Neptune et de la Terre ,
avoient un visage de f'ennne , le
corps d'un vautour , avec des ailes ,
des gritfes aux pieds et aux mains',
et de-, oreilles d'ours. Les princi-
pales éloient Aëllo, Ocypèle et Cé-
lasno. Junoii les envoya pour infec-
ter de leurs ordures et enlever les
viandes de dessus la table de Phinée.
Zelhes et Calaïsles chassèrent ; mais
Iris, par l'onîre de Junon , les fit
revenir dans la Thrace. Les Troyens
de la suite dEnée , ayant tué des
troupeaux qui apparienoient aux
Harpii^s , ils eurent ur,e espèce de
guerre à soutenir contre elles , et
Ce!aeno,dans sa fureur, fit à Enée
les plus terribles prédictions,
HAUPOCRxVl'E : Myliiol. ), dieu
du Silence , fiL d'Isis. On le re-
2 58
HARR
présentoit sous la figure d'un jeune
homme demi-nu, avec un manteau
parsemL d'yeux et d'creilles , et une
nuire égyptienne sur la tète. Il a\oit
un doigt posé sur sa bouche , et le-
noit une corne de l'autre main. Le
pêcher lui étoit consacré , parce que
la feuille de cet arbre a la forme
d'une langue. Ou a imprimé à Lyon,
en i6o5 , iu-8°, JJarpocrates su'e
de reclâ silendi ratione.
t HARPOCRATlON(Valerius),
rhéteur d'Alexandrie , laissa un
Lexique curieux sur dix orateurs
de la Grèce. On y trouve des détails
utiles sur les magistrats , sur les
plaidoyers , sur le barreau d'x\thènes.
Philippe de Maussac donna une édi-
tion grecque et latine de cet ou-
vrage , avec de savantes notes , à
Paris, i6i4 , in-4'*. Valois l'ainé a
fait sur le même livre des observa-
tions Jmporlanîes , insérées dans les
éditions de Leyde , in-4°, i683 et
1696. Ces éditions sont les meil-
leures. La première fut donnée par
les Aides , à Venise , i6o5 , iu-fol.
*HARPPRECHT ( Jean) , célèbre
professeur eu droit dans l'université
de Tubiuge, né le 10 janvier i56o,
à"Wallenheim , village dans le du-
ché de Wirlemberg, et mort le 18
septembre iGSg , a publié en î6i5 :
Commentarlus in qiialuo?- libios
JiistitulionumjiirisCLi'ilis iiid Jus-
tiniani. La seconde édition fut faite
dans la même année à Francfort, et
la troisième, en quatre tomes, y pa-
rut aussi eu 1 708.
*HARPSF1ELD (Nicolas ) , théo-
logien anglais, arcliidiacre de Cau-
torbéry, morlen ; 573, distingué par
son zèle pour la religion catholique
romaine, fut long-temps en prison
sous le règne d Elizabeth. Ha;})s(ield
est auteur , 1. D'une Histoire ecclé-
siastique ({' Angleterre. II. De \ His-
toire de V hérésie de TVickliff.
* HARRAVAD ( Isaac - Ben ) ,
HARR
rabbm célèbre vers la lin du j 2*
siècle , jouit de la réputat ou d'avoir
possédé un talent particulier en lait
de physionomie. 11 distinguoit ( dit-
on ) au visage des gens s'ils avoieut
une ame qui fût venue d'un autre
corps, ou quieûtcommencé d'exister
au uionieut qu'elle avoit été unie au
ieur.
* HARREVIN ( François ) , né à
Bruxelles en 1681 , graveur habile,
et disciple de Romain de Hooge. On
a d'Iiarrevin un grand nombre d'Es-
tampes de sa cou'.position , et plu-
sieurs gravées à l'eau-forlc d'après
Rubens et autres maîtres.
*HARRIET(N.), peintre, élève
de M. David , mort à Roiue eu
1804. Après avoir remporté tous
les prix aux diflérens concours, il
concourut en 1794 au gi"and prix. Le
programme étoit les runérailles de
J uni us Bru tus l'ancien. Il n'a voit
alors que 17318 ans, et cependant
il fit un tal)leau plein de feu , de
sentiment , d'expression et de di-
gnité. Pensionné de l'état pour l'aca-
démie de Rome , il arriva dans cette
ville après 1790, rempli du grand
projet d'y exécuter l'un des plus
brilians et des plus difficiles sujets
de l'Iiistoire romaine, Huratius Co-
dés défendant le j ont Sublicien
contre l'armée entière de Porsenna^
tableau d'environ dix-huit pieds de
haut sur vingt- six de large, que la
mort l'empêcha d'achever. l,es objets
terminés sont d'un dessin et d'une
couleur admirables. On peut juger
de l'étendue de cette machine pitto-
resque par le nombre des figures ;
le seul premier plan en offre plus de
quarante, grandes comme nature.
1 1. HARRINGTON ( sir John ) ,
poète anglais , né à Kelslou , près de
Bath , dans le comté de Sonimerset ,
sous Elizabeih qui fut sa marraine,
et sous Jacques F' , s'est lait un nom
par !(oa livre d'Epier a m mes , et par
HARR
une bonne traduction en anglais du
Roland le Furieux de l'Ariosle , (]u'il
publia avaul lage de 5o ans. Mais
il a maTlieureuseuient imité les Ita-
liens dans leurs stances, dont la pro-
lixe uniformité endort dans un long
ouvrage. 11 fut fait chevalier .sur le
c}\amp de bataille par le comte
d'Essex , au grand mécoutenlemenl
de la reine , avare et jalouse dhon-
ueurs qu elle ëtoit bien charmée de
conférer elle-même. Sous le règne
de Jacques Y^ il fut créé chevalier
du Bain. On rapporte qu'étant à
Bath dans une auberge , il remarqua
qu'une iille le servoit à table avec
plus d'attention que les autres, quoi-
qu'il fût au-dessous d'eux. Harring-
lon lui en ayant demandé la raison ,
elle répondit que , le connoissant
pour un homme desprit , elle tà-
choit de ne pas lui déplaire , de peur
qu'il ne fil contre elle quelque épi-
gramme. I-es ouvrages de John liar-
rington en prose et en vers ont été
recueillisparHenrilIarringlon, sous
le titre de Niigœ antiquœ. Sir John,
dont nous nous ocLU])ons dans cet
article, avoil formé le plan d'une
Histoire de son temps , qu'il n'eut
pas le temps d'exécuter. Il mounit
eu i6ii2, âgé de ôi ans.
t II. HARRINGTON ( Jacques ),
écrivain politique d'Angleterre , né
eu i6i] , d'une ancienne famille de
Rulland , voj'agea en France , en
Hollande , eu Dauemarck , eu Alle-
magne et en Italie , où il ne voulut
point baiser les pieds du pape ; le roi
d'Angleterre lui en ayant demandé
la raison, il répondit «qu'un homme
qui avoit baisé la main de sa
majesté ne devoit baiser les pieds
de qui que ce fût. » Cette réponse
ingénieuse lui valut la charge de
gentilhomme privé de la chambre,
que Charles premier lui donna.
Ce fut eu cette qualité qu'il accom-
pagna ce prince dans sa première
expédition d'Ecosse. Après la mort
HARll
■^9
déplorable de ce monarque , il s'en-
lénua dans son cabinet. Ses ennemis
l'ayant peiut comme un homme dan-
gereux , il fut conduit en 1661 à la
tour de Londres , avec le comte de
Bath , ensuite à l'ile de Saint-Nico-
las , de là à Plymouth. Un médeciu
gagné , clit-ou , par ses persécuteurs^
Un conseilla l'usage du gayac mêlé
avec le café. 11 eu prit une si forte
dose, qu'il en jierdit l'esprit. Le
comte de Bath obtint sa liberté; mais
sa raison demeura toujours aliénée.
Il mourut à Westminster le 17
septembre 1677. Ses jiphoi isiues
politiques ont été traduits en fran-
çais par Aubin, qui a mis eu tel*
une notice raisonnée .sur la vie et les
ouvrages de l'auteur. Ces ouvrages ,
rassemblés par Jean Tolaiid , ont été
magniliquemenl imprimés à Londres
en 1 700 , iu-fol. , et réimprimés
en 170701 en 1771 , in-4°; ils ont
été traduits en français, avec sa vie
composée par Toland, par M. Henri,
Paris, ]7cS9 ou 1795, 5 vol. iu-
8''. Le principal est celui intitulé :
Oceana. Il fut imprimé en i65(S ,
et parut eu un petit in-fol. sous
ce titre : La République , ou
Oceana : à son altesse mylurd pro~
lecteur de la république d' cingle-
terre , d'Ecosse et d'Irlande. Eu
16.S9, il donna un abrégé de cetou-
vrage,et l'intitula V Jrt de faire des
lois. C'est un pian de république, où
l'on trouve du génie, de l'invenliou
et des projets chimériques. Son style
n'est m lacile, ni coulant, mais la
matière qu'il traite est importante.
Cet ouvrage ne plut ni à Cromwel ,
ni à SCS créatures. Une foule de cri-
tiques s'élevèrent ; Harrington leur
ré|)ondit. On trouve ces réponses à
la suite de son ouvrage. Montesquieu
a dit de ce politique « qu'il n'a
cherché la liberté qu après l'avoir
méconnue , et qu'il a hati Calcé-
doine ayant le rivage de liysance
devant les yeux. Harrington ne se
contenta pas de répoudre à ses priu~
2()0
HARR
cipes sur le gouvernement dans ses
«crits, il élablit encore des assem-
blées , composées de personnes d'es-
prit , qui se leiioienl le soir à Wesl-
.minsltr dans la cour du nouveau
palais. On nomma celle sociélé la
Roue. Ces assemblées durèrent jus-
•qu'au 21 février iGfiq, que le géné-
ral Monck ayant rétabli les membres
du parlrinenl qui avoientété exclus,
tous ces plaus de république s'en
allèrent en fuuiée. Harringlon a pu-
blié en i6.)8 la traduction anglaise
de deux Eglogues et des deux pre-
miers livres de I Enéide , sous le tu te
di Essai de Iradiicliun de quelques
morceaux de Virgile. Il donna en
1659 la Iraducliou des quatre livres
suivaus , mais ces essais et sa poésie
n'eurent aucun succès, et n'eu mé-
riloienl point.
HARUIOT. Voyez HAraox.
* I. HARRIS ( Robert ) , théolo-
gien anglais, né en 1678 a Broad-
Camden au comté de Glocester ,
mort en 1608 , élevé d'Oxford , flans
le temps de la rébellion , se joignu
aux piesbyiériens , et fui nommé
recteur de Peler frt-ld et président
du collège de la Trinité à Oxiord ,
où il mourut Ses ouvrages sont , I.
Des Serinons. 11. Un Traité De
Fœdere novi Testamenti. 111. Be-
médium contra avaritlam. W.Epis-
tolœ apologeticœ , etc.
* II. HARRIS ( Guillaume ) ,
théologien dissident, et du parti des
indépendants, né en 167.1, mort
en 17/io, peiidanl /jo ans pasteur
tl'une congrégation. Il a donné un
volume de Sermons sur les princi-
pales représentations du Messie
dans l'ancien Testament ; Un autre
Yolmne c\ Oraisons funèbres ; et
quelques Ecrits sur la religion.
m. HARRIS (Ganlhier), Anglais,
médecin et membre du collège roya'
de Londres , extr^oit sa prolès-
fiiou avec beaucoup de réputation |
HARR
vers l'an 1680 . et vivoit encore en
1710.11 fut médecin de Guillaume,
prince d'Orange , depuis roi de la
Grandc-lirelagne. Nous avons de
lui un traité fort estimé : De mor-
bis acutis injantiuni , 1705, in- 12,
qu'il mit au )our à la prière de Tho-
mas Sydenham , fameux médecin
de Londres. Ce traité, qui lui Ht
donner le nom de Médecin des en-
fans , a élé ;raduil en français par
Uevaiix , 1708, iii-12.
^ IV. HARRIS ( Jean ) , théolo-
gien et malhémalicien anglais ,
mort en 1730 , secrétaire de la
société royale, a donné quelques
ouvrages dont le principal est une
Traduction des élémc/is de géomé-
trie de Pardie ; mais ce qui l'a fait
connoilre davantage , c'est le projet
qu'il conçut le i)remier d'une Ency-
clopédie ou Dictionnaire des scien-
ces. Cet ouvrage parut d'abord en
1710, 2 vol. in-fol. , sous le lilre de
Lexicon Thecnicum ; un supplé-
ment parut encore en 1786 ; mais
le Di( tiounaire de Chambers a fait
tomber cet ouvrage.
tV. HARRIS (Jacques), écri-
vain anglais irès-distingué , né près
lie Salisbury en 1709 , mort a Lon-
dres le 22 décembre 1780, membre
du parlement , secrétaire et inten-
dant de la maison de la reine , pu-
blia ,en 1744, son premier ouvrage,
consistant en trois Mémoires sur les
J ris en général , sur la Peinture,
la Poésie et la Musique , et sur le
Bq.r/teur, 11 /\^, in-8°. En 1761
parut , en 2 vol. in-8'', son Hermès,
ou Peclicrclies philosophiques sur
la Gra.'nmairc unii'erselle , traduit
en plusieurs langues. Cet ouvrage
jouit en Angleterre de l'estime des
hommes éclairés, el depuis l'édilion
annoncée , il s'en esl fait trois au-
tres. M. Thurot l'a traduit en fraii-
çaisen 1 796 , el y a ajouté un savant
Discours ]>réliminaire sur l'histoire
de la grauimaiic. 11 lit imprimer.
HARR
en 177ÎÎ , sons le lilre à'Essa/'s phi-
losophiques , le Précis d'un ouvrage
plus étendu qu'il médiloit el qu'il
n'a pas fiui sur la lof^ique des péri-
palétiiiens : il devoil y coniballre
les principes des malénalisles. Son
dernier ouvrage eut pour lilre : Re-
cherches philologiques. — SouHls,
le célèbre lord Malmesbury, a re-
cueilli toutes ces prodiiclions, et les
a accompagnées d'une biographie
intéressante, à Londres, eu 2 vol.
iii-4°, 1801.
* VI. HARRÏS (Thomas) , chi-
rurgien de Londres , qui vivoil dans
le iS*' siècle, a publié en sa langue
malernelle un ouvrage intitulé A
Trealise on the force, and energy
ofcrude Mercury, Londres, 1755,
in-8°. Il conseille, dans cet ouvrage,
l'usage du vif'-argeui dans la cure des
écrouelles et de la passion iliaque.
* VII. HARRÏS (Guillaume), mi-
nistre dissident à Honilun, dans le
comté de Dévon, a donné une
Histoire critique ries Vies de Jac-
ques I , ( hor/es 1 et Olivier Crum-
wel , en 5 vol. in-8° , dans laquelle
il a suivi el imité la manière de
Bayle ; el indépendamment de plu-
sieurs autres pièces fugitives ou de
circonstance , nue Vie de flug/i
Péters. li préparoit une Histoire du
règne de Jacques H , quand il mou-
rut encore jeune en lévrier 1770.
I. HARRISON , fils d'un boucher,
devenu général des parletnentaires ,
et complicede la coudanniation du roi
d'Angleterre Charles l'""", fut pendu
l'an 1670. Ensuite on lui arracha les
entrailles, que l'on brûla, et on lui
coupa la tète, qui fut exposée sur la
tour de Londres : son corjjs fut mis
en quatre quartiers, que l'on exposa
8ur les portes des quatre principales
villes du royaume.
t H. HARRISON (Jean ), savant
mécanicien anglais , célèbre par l'in-
veuliou et la fabrication du Pendule
HARR
26Z
à gril ei du fameux Time-Recper^
dont l'objet est de lixer la lonr^itude
en mer, naquit en l'oqS à Foulby,
dans le comté d Yorck, el pril d'a-
bord l'état de son père, qui éloit
charpentier. Des 1726 il avoit m-
ven.é son échappement et son pen-
dule , et eu avoit fait l'applicalion à
deux horloges presque entitrenient
de bois. Us se trouvèrent d'autant
supérieurs à tous ceux de ce genre,
qu'en un mois ils se dérangeoient à
peine d'une seconde. En 17:28 , Har-
risou se rendit à Londres avec les
dessins d'une machine propre à dé-
terminer les longitudes en mer. 11 y
parut avecsa machine mèmeen i735,
et la perfectionna successivement en
17 59 et eu 1749 • P^' *'" iioi'^P'*ti tra-
vail encore il obtint de ses principes
des cfl'ets tellement supérieurs à sa
propre attente, qu'il se sentit encou-
ragea faire unquatrieme / ixe-temps,
auquel il donna la fornied'une montre
de SIX pouces environ de diaiwelre.
Il toucha la récompense de -iOjOOO
livres sterling, promise par nn acte
du parlement pas.sé du vivant de la
reine Aune, à qui en rempliroit les
conditions pour la déterminai ion de
la longitude. Harrison euipluja ses
dernières années à faire un cin-
quième Time- Âeeper sy\r les mêmes
principes que le quatrième. En 1-71 ,
a la fin d'un essai qui avoit duié six
semaines , et dont l'observatoire de
Richemoud fui le ihéaire, on tioiiva
qu'il ne s'éloit écai té que de quatre
secondes et demie. 11 moiin.l à Lon-
dres le 2/\ mars 1776. L';.nuée pré-
cédente, il a\oil f; il im|.riniet" t
Description containing suça me-
chanisin as will afforJ a niée or
Irue mensuration of time, in-8° ;
omragi- qu'il ne faud.oi' pas luger
sans laire enirer dans la balance de
la critique rigiiorancf- absolue de
l'auteur en matière de littérature ,
el l'exlréme caducité d- son âge.
Ou y trouve un compte abrégé de fa
nouvelle échelle musicale, ou di—
U)2
HARS
■vision mécanique de l'octave, sui-
vaiU la proporliou qui existe entre
les rayons ou le diamètre d'un cercle
et sa circonférence. Harrison avoil
l'oreille très-iusle,et il avoit été, dans
sa jeunesse, à la tête d'une troupe
distinguée de musiciens d'église.
* III. HARIUSON ( Guillaume ) ,
écrivaiuanglais, mort en 1712, bour-
sier du nouveau collège à Oxford,
et secrétaire du comte de Stafford à
La Haye, fut ami de Swift, avec qui
il eut uue correspondance suivie.
Harrison a écri t quelques Poésies, qwi
se trouvent dans le recueil deNichols.
* IV. HARRISON ( Guillaume ) ,
jeune homme plein d'esprit , d'un
grand sens et d'un excellent carac-
tère, d'après le rapport du docteur
Swift , et qu'une mort prématurée
empêcha de réaliser les espérances
<ju'il avoit données. Elève de l'uni-
versité d'Oxford , il n'avoit d'autre
revenu que 40 livres , qu'il gaguoit
anuucUemeTit ea qualité d'institu-
teur de l'un des fils du duc de
Queensbury. Il sut , dans cet emploi ,
se concilier l'amitié et la faveur du
docteur Swift, qui obtint pour lui
la place de secrétaire auprès de lord
Baby , ambassadeur à La Haye.
Harrison ne jouit pas long-temps
du commencement de sa fortune :
ayant été envoyé à Londres , il y
mourut le 14 février 1712. Les re-
grets qu'ont donnés publiquement a
sa mort le docteur Swift, M. Tickell
et le docteur Young , font également
l'éloge de ce jeune poète et des pièces
de sa composition éparses dans les re-
cueils du temps. 11 a eu quelque part
au 5" volume du Talter, dont il fut
l'éditeur, sous la direction de Boling-
broke, Henley et Swift. — On ne doit
pas le confondre avec un autre Wil-
liam Harki.son-, auteur d'un drame
pnsioral intitulé le Pèlerin ou V Heu-
reux Co/iuerti ,([m parut eu 1 709.
* HARSCHER ( Nicolas ), docteur
HAUT
en philosophie et en médecine , pro-
fesseur d'éloquence dans l'université
de Bàle, né en i685 , soutint dans
celle ville une dissertation X>e tu//o
uenlriculi et iiitestiiiorum naturali
et prœternnturali. On a encore de
lui une disserlalioii assez longue
sous ce titre : IJe divi/ialiune Cice-
ruriis diatribe, qitâ ratioiies prœ-
dicendœ mvtalionis reipublicœ et
belli civilis inter Pompeium et Cœ-
sarern gesti , osteiidunlur , et in
exempli/m divinalionis civilis pro-
ponuntur i et un Discours intitulé
De ingénia et moribus hominum ,
ex stylo œstimandis. Ce médecin
mourut à Bàle , le 27 octobre 1742.
t HARSI (Olivier de), célèbre
imprimeur de Paris , mort en 1 584 ,
connu par la beauté de ses édi-
tions , parmi lesquelles on distingue
son Corps de Droit , avec les Cnm-
meulaires d'Accurse , 5 vol. in-fol.
* HARSU ( Jacques de ) , né à
Genève en i75o, mort en 1784, en-
thousiasmé pour les effets médicinaux
de l'aimant , a publié un Recueil
d'Obsenjationsà.ceiiU]e\,i']S2,in-S°.
* HARTE ( Gautier ) , poêle et
historien anglais, mort en 1770 ,
né et élevé à Marlborough , au
comté de Wilts , a publié, I. un
recueil de poésies intitulé y/mante ,
un vol. in-12. II. Une Histoire de
Gustave-Jdolpke , 2 vol. 111-4°.
m. Essais sur l' agriculture.
* H ARTIG ( François , com le d' ) ,
né en 1761 d'nue famille d'Alle-
magne très- ancienne, éloit geutlre
du célèbre comte Collorédo, celui-ci
ayant été nommé, par l'empereur
d'Autriche, ministrepléuipoleuliaire
à la cour de Saxe , d'Harlig prohla
de quelques momens de loisn^ (|ue
lui laissoil sa placr , et vint à Pans
en 178(1. Né avec le goût le |;kis
vif pour les lettres et les voyages,
i! s'y lia avec l'es savans et les Ijcaux
esprits de ce temps, et, profitant
H ART
de leur sociëlé et de leurs conseils,
il composa plusieurs ouvrages eu
vers el en prose, qui parurent im-
primés en 1708 sous le lilre sui-
Tant : Mélange de F'ers et de Prose
par le comte I rançois d'Ilai tig ,
membre de l'académie des sciences
et belles-lettres de Marseille , du
musée deFaris, de l'académie des
sciences de Prague , et de la société
d'émulation de Liège. Ce recueil ren-
ferme une belle Fpït/e sur l'amour
des voyages , plusieurs fers de so-
ciété fort agréables, el quelques iVo//-
velles en prose , entre autres la Belle
Spichilde. Le comte d'Hartig, pas-
sioimé pour la langue française, l'é-
crivoil avec grâce, pureté el correc-
tion. Il mourut fort jeune en 1792.
Ce fui une perte véritable pour les
lettres françaises. On lit au bas de la
gravure qui est à la tête de ses CoUiures
les vers suivans de M. Cubières-
Palniézeaux :
Saveï-rous quel esl son partage?
Les i|ua1ilûs du cœur, les taleiis de l'cspiil;
I! a voyagé iroinine iiii sage.
C'est <-ii poote qu'il écrit.
* HARTKNOCH ( Christophe ) ,
savant liistorien allemund , profes-
seur à l'Iiorn , puis à Kœnigsberg, et
mort en 16S7, a donne, I. De Pu-
hlicâ Polonicâ libri II, Francfort ,
1687, 2 V. in-8°. Il traite, dans le
premier livre , de l'histoire de Polo-
gne ; dans le second , du droit public
de ce royaume. Cet ouvrage est esti-
mé, quoiqu'il soi l écrit sans ornement
et sans grâce. 11. Description et His-
toire de la Prusse , en allemand ,
Francfort, 1684 , in-f °. , avec fig. 111.
Histoire ecclésiastique de la Prusse,
Francfort, 168G, iu-4°, en allemand.
IV. De Originibus Pomeranicis. V.
Chronicon Prussiœ , de Durbourg ,
enrichies de notes savantes, lène ,
1679, in-4°.
* HARTLEY ( David ) , méde-
cin anglais, né en 1704, a joui
d'une grande réputation et exercé
IIART
2^3
la médecin? avec succès à Londres
et à Hath, où il mourut eu i7.'i7 ,
âgé de 55 ans. Il publia , eu 1739 ,
ini Ecrit contenant tout ce qui avoit
été dit pour et contre le spécifique
de mademoiselle Slephens pour dis-
soudre la pierre , accompagné de
I 5.1 f'.remples , de plu'.;ieurs J xpé-
riencesel de cjuelques Observations.
II s'employa chaudement pour faire
obtenir à mademoiselle Slephens les
cinq raille livres sterling promises
parle parlement à l'inventeur de ce
dissolvant. Cependant le docteur
Hartley mourut , dit-on , de la
pierre , après avoir consommé plus
de deux quintaux de pilules de sa-
von ; et la nullité du remède de
mademoiselle Slephens est reconnue
depuis long-lemps. Hartiey a dé-
fendu aussi la cause de l'inoculation
dans plusieurs Lettres insérées dans
les Transactions philosophiques. Le
plus important de ses ouvrages est
intitulé Observations sur l'/iomme,
sur sa constitution , ses devoirs et
son état à venir, 1 749 , iu-S", 2 v.
* HARTLIB, fils d'un marchand
polonais , venu en Angleterre vers
1G40 , écrivit sur les moyens de
mettre la paix entre les théologiens
protestans. N'ayant pas réussi , il se
porta vers les études , où il eut plus
de succès. Instruit à l'école des Fla-
mands , il publia d'abord son Traité
sur V agriculture de la Belgique ,
ensuite l'ouvrage intitulé L^egs , qui',
si l'on en croit les auteurs du Fer-
mier Complet , eyt de Child ; ainsi
lïartlib n'auroil fait que corriger et
publier cet ouvrage, destiné à exa-
miner les défauts et les remèdes de
l'agriculture anglaise. On y voit que,
dans le comté de Keni , on alteloit
quatre, six , et même douze chevaux
à une chc-frrue ; on n'y lit pas, sans
étonnemenl, qu'en Irlande oiielques
laboureurs attachoicnt leurs ciievaux
par la queue pour traîner les cha-
riots, etc. L'auteur se plaint amère-
2G4
HAUT
ment de la grande variété de char-
rues usitées dans le même canton ,
au lieu de comparer leurs effets et
d'adopter ce qu'il y avoit de mieux.
Hartlib n'éloit jjas encore salist'ait
de réducaiion des bèies à laine , et
il se répand eu plaintes SIM" cet objet.
Il veut qu'on s'occupe davantage des
abeilles; car le uuel d'Angleterre lui
pareille meilleur que l'on conuoisse.
11 cite l'urine de vache, employée
par les Hollandais comme un excel-
lent engrais au pied des arbres. Il
avoit envoyé en France des Ques-
tions sur la luzerne : on les trouve
dans ses ouvrages, ainsi qu'une
foule d'autres questions sur l'agri-
culture de l'Irlande , avec les ré-
ponses. Il désire qu'on s'occupe des
vers à soie , et rapporte une lettre
du roi Jacques , qui ordonnoit la cul-
ture du mîirier. Si l'on en croit Gau-
tier Harle et les autres écrivains ,
l'époque de Hartlib est celle de la
gloirede l'agriculture anglaise. Crorn-
wel , convaincu du mérite d'un tel
homme , lui assigna une pension an-
nuelle de cent pounds, dont il ne
toucha que le brevet. Semblable en
cela à Descaries, qui mourut à 4oo
lieues de sa patrie, sans en avoir ol)-
tenu d'autre bienfait que le brevet
d'une pension de 3ooo francs. Hart-
lib étoit ami de Millon , qui lui
dédia un Traite d'éducation.
* I. HARTMANN ( Jean ) , d'Am-
terg , dans le haut Palatinat de Ba-
vière , enseigna, dès l'an i5gi, la
philosophie et les mathématiques à
Marpurg , ety pricle bonnet de doc-
teur eu médecine en i6o'i. Bientôt
après, en i6og, nommé à la chaire
de chimie de celle ville, il la rem-
plit avec tant de lalens et de dis-
tinction , que le landgrave de liesse
le fit venir à Cassel pour remplir la
charge de son premier médecin;
charge qu'il occupa jusqu'à sa mort ,
arrivée le 7 décembre 1 65 1 . Les ou-
vrages que ce médecin a laissés sont,
HART
I. Praxis c//jmialrica , Lipsias ,
1635, in-4°. Par les soins de Jean
Michel et de George-Everard Hart-
mann , tils de l'auleur, il y en a eu
plusieurs autres éditions postérieu-
res. II. Traclatus physlco-medicus
cleopio , Villebergae, iGo.ô et i658,
iu-8° , par les soins de Jean-George
Pelshofer. III. Opéra omnia tne-
(Uco-chymica , Francofurti, 1664
et 1690, in-folio.
* II. HARTMANN ( Sigismond ) ,
jésuite, né à 'Vienne en 1602, distin-
gué par ses connoissances dans les
inathémaliques et en astronomie ,
mou ru t à Prague en 1 68 1 , après a voir
publié, Observatio cometœ, i664;
CoLoplrica illustrata propositioni-
huspliysico-matliemaîicis ; item de
rnaximis et miiiimis speculis , Pra-
gue, 1668 , in-folio.
III. HARTMANN ( Jean- Adol-
phe ) naquit à Munster en 1680,
de parens catholiques. Après avoir
été jésuite pendant plusieurs années ,
il se lit calviniste à Caste! en I7i5 ,
et devint , peu après, professeur de
philosophie et de poésie. Il fut fait ,
en 1722, professeur d'histoire et
d'éloquence à Marpurg, où il mou-
rut en 1744 y à 64 ans. Ses ouvrages
les plus eslimés sont , I. Historia
Hassiaca, 5 v. II. Vitœ pontificum
Roinanorum Vicloris III, Vrbaui
II, Paschalis II , Gelasii II , Ca-
listill, Honorii II... III. Etat des
sciences dans JaHesse,ç\\ allemand .
IV. Frœcepta eloquentice rationa- ■
lis , etc. Ou a aussi de lui plus de
qualre-viugts Harangues , ou Dis-
sertations académiques.
IV. HARTMANN ( George ) , ma-
thématicien allemand , inventa, eu
1.^ jo, le Bàlon de l'artillerie, Ba-
culus ùomlidrdicus. Il est aussi au-
teur d'une Perspective , réimprimée
à Paris en 1 556 , in-4°.
V. HARTMANN ( "Wolfgaug )
composa , en iSgG , les Anriales
HART
d' JugshoiiJ'g ; compilation plus sa-
vante qu'agréable.
HARTUNG ( Jean ) , né à Mil-
temberg eu i5o5 , mort en lôyg,
professeur de grec à Fribourg clans
Je Brisgaw , a donné de savantes
Notes en latin sur les trois premiers
livres de VOdyssée , et une Jerslon
latine des Argonautiques d'Apollo-
nius, qui est peu exacte.
1 1. HARTZHEIM ( Joseph ), jé-
suite , né à Cologne en 1694 , d'une
fai'iiille patricienne , y enseigua les
belles-lettres, et passa à I\Iilanpour
y professer le grec et l'hébreu. De re-
tour danssapatrie,ildirigea, prêcha,
enseigua la philosophie et la lliéo-
logie , et fut dix ans interprète de
l'Ecriture. Schannat , savant ecclé-
siastique, auteur de l'Histoire de
Wornis , ayant formé le dessein
de donner la Collection des Con-
ciles de l'Eglise d'Allemagne, amassa
des matériaux qui la couduisoient
depuis le 4' siècle jusqu'au lo*". La
mort Tayaut empèihé de les mettre
en œuvre , le P. Hartzheim se char-
gea de le mettre eu élat de paroitre.
Par ses connoissances et ses corres-
pondances avec les savans d'Alle-
magne, il les augmenta du double.
Il mit au jour les quatre premiers
volumes , et avoil achevé le cin-
quième, lorsqu'il mourut en 1763.
Le P. Heruian Scholl , sou confrère ,
publia les cinq, six, sept et hui-
tième volumes. Il mourut en 17G8.
Le P. Gilles Neisstn lui succéda , et
a publié les neuf et dixième volumes
de celte collection , quilinit en 17-J7.
Ou voit, à la tète du premier vo-
lume , une carte de l'Allemagne , de
la Pologne et de la Russie, divisées
en provinces ecclésiastiques. L'édi-
tion , qui est in-folio , est de Co-
logne, eu beau papier et beaux ca-
ractères. On trouve, au commen-
cement du cinquième volume , la
liste des ouvrages du P. Harlzheiin.
Les principaux sont, L Summa his-
HART
2G5
torice omnis ah exordio rerum ad
annumà Chrislonato i7i8,Luxem
bourg , ia-18. II. De initio métro-
poleos ecclesiaslicœ Culoiiiœ, etc. ,
d/s(peis/tio , Cologne, 1731 , iii-4'*.
III. Bibllol/ieca ncnptovvm Colo-
jiiensium , Cologne, 1747, in-fol.
IV. Dissertatioiies X historico-cri'
ticœin sacram Scripturam, in-fol.,
estimées des savaus. V. luscriptio-
nis ficjsellensis Ubio-Pomnnœ e.v-
planatiu , Cologne, i745, in-8°.
* II. HARTZHEIM ( Gaspard ) ,
jésuite, né à Cologne , enseigua jien-
daut presque toute sa vie les belles-
lettres , la philosophie et la théolo-
gie dans différens collèges, et mou-
rut dans sa patrie sers i755. Ou
a de lui, I. Explicatlo fabitlaruni
et superstit/'o/ium in S. S. indica—
'iarum,al.'egoiico,aiialogicomorali,
prœter Littei aletn, se/isum, Coloone ,
1724, et Padoiie, 1751 , iu-8". II.
yicolaï de Cusa cardinaiis vit a ,
Trêves, i75o,iu-8°. 111. Plusieurs
livj/es de piété en latin.
t HARTZOEKER ( Nicolas) , né
à Goude en Hollande l'ati i656,
d'un ministre reuiontraut , s'appli-
qua aux belles-lettres, aux langues,
et s'attacha sur-tout à la physique
et aux nuuhéuiatiques. L'académie
des sciences de Paris et celle de
Berlin se l'associèrent. Le czar Pierre
voulut l'emmener avec lui : mais
Hartzoeker préféra le séjour d'Ams-
terdam à celui de JMoscow. Pour
reconnoitre cette préférence, on lui
fit dresser, aux dépens du public,
une espèce d'ol)sers a luire sur un des
bastions de la ville. Cest là qu'il
enlrepril un grand miroir ardent,
compo^é de pièces rapportées ,
pareil à celui dont on préiend
qu'Archimède se servit. Jean-Guil-
laume , électeur i)alatin , lui ayant
donné les titres de son premier ma-
thématicien, et de professeur hono-
raire eu philosophie dans l'univer-
sité d'Hcidelberg , il quitta Amsler-
26(J
HARV
dam. Après la uiorl de ce prince ,
il se relira à Ulrecht , où il iiioii-
riit le lo tléceinl>re 17:25. Il aima
mieux ramener les tourbillons de
Déscarlts , que d'adopler le vide
de Newton. On a de lui , l. Un Cours
de physique , accompagné de plu-
.sieurs pièces sur cette science, à La
Haye, in-i|°, 1780. II. Une foule
à'Opuscu/es , parmi lesquels il y en
a quelques-uns d'mtéressans.
t I.HÂRVÉE ou Harvei (Guil-
laume), Ilarvœus , né à Folkston,
dans le comté de Kent , en 1578,
mort en 1657 , fut médecin de Jac-
ques 1'^'" et de Charles 1''' , el pro-
lèsseur d'anatomie et de cliirurgie
dans le collège des médecins à Lon-
dres , sur lequel il répandit ses bien-
faits. C'est à lui qu'on fait honneur
de la découverte de la circulation
du sang, quoiqu'on ait prétendu
que Césalpin el le jésuite Fabri en
avoient parlé avant lui. Ce qu'il y
a de vrai , c'est que Harvée est le
premier qui l'enseigna j)ubiique-
nienl dans ses leçons. Il la déve-
loppa ensuite dans un ouvrage inti-
tulé Exercilatio anato/nica de rnotu
cordis el sanguiuis , pul)lié pour la
première fois, et dédié à Charles I"
en 1628, réimprimé à Leyde, 17.17,
in-4°. Les médecins s'opposèrent vi-
goureusement à celle opinion , et
traitèrent Harvée de visionnaire,
ris voulurent le perdre auprès des
rois Jacques et Charles l'"^. 11 se dé-
fendit, il répliqua, il répéta les ex-
périences, et la vérité se fil jour.
Alais on le persécuta d'une autre
manière. Lorsqu'il eut communi-
<pié son idée à ses confrères, ils
la dirent d'abord absurde et
nouvelle ; et lorsqu'ils ne purent
s'empêcher de l'applaudir el de la
recevoir , ils pri'lendirent qu'elle
éloit 1res - ancienne. Les envieux
aiiroient dû avouer qu'elle étoit du
moins enseignée avant lui d'une
jiiiuiière très - obscure; et l'on ue
HARV
peut lui disputer la gloire de l'a-
voir, le premier, mise dans tout
son jour , et de lavoir prouvée
par des expériences incontestables.
D'ailleurs, dit Hume, son Traité
de la circulation du sang est em-
belli par celte chaleur el cette no-
blesse qui accompagnent si natu-
rellement le génie de l'invenlion.
Charles honora ce grand homme
d'une laveur distinguée, et lui ac-
corda la liberté de faire servir les
daims des forêts royales pour per-
fectionner ses découvertes sur la
génération des animaux. On a de
cet illustre médecin d'autres ou-
vrages estimables Les principaux
sont , outre celui dont nous avons
parlé, I. Le traité De circulatloue
sanguinis , Roterdain , 1649 H.
Un autre J?e generatione auima-
lium ^ Londres, i6,^r, in- 4°. La
maison d'Harvée ayant été pillée
pendant les troubles de la lin du
règne de Charles F'', une grande
pariie de cet ouvrage se perdit, et
ce qui nn reste n'auroit pas même
été publié , si George Eut n'eût
fait en quelque sorte violence à l'au-
teur , pour l'engager à laisser im-
primer son livre en i65i. Harvée
y (iémoutre que tous les corps vi-
vaiis doivent leur origine au déve-
lojjjiement des germes , et c'est
comme dans son Traité de la cir-
culation , par la voie des expé-
riences, qu'il le prouve. III. Uuautre
De ovo. IV. Un livre en anglais,
intitulé Nouveaux principes de
phi/usophie , etc. Ces divers écrits
ont été réunis à Londres, 1766, in-
4°. Ce grand homme avoil autant
de modestie que de génie; il la té-
moigna par la manière douce dont
il répondit à ses adversaires , et
sur tout à Kiolan qui l'avoil atta-
qué avec violence. II eut l'air de
prendre pour juge cet homme sur
lequel il avoil tant de supériorité.
Le docteur Lawrence en a donné en
176.6 nue nouvelle édiliou très-bien
I
HARW
exécutée, en 2 volumes iii-4° , à la
tèle de laquelle il a placé la vie de
l'auleur. Harvée , suivant la re-
marque de Hobbes , a pu voir
de son vivant sa doctrine sur la
circulation du sang gënéraUment
adoptée, et peul-ttre est-il, parmi
ceux qui ont enrichi le domaine des
sciences de découvertes utiles, le
seul qui ail eu cette satisfaction.
Le manuscrit original de ses leçons
existe dans le inuséum de H;nis-
Sloane, acheté par le parlement,
avec cet intitulé : Frœlectiones
anatomiœ nniversalis per me Gu-
iielmum Harvœum medicum I.on-
dinenseni , anal, et china g. pio-
j essorent , ann. Dont, ifiiti, anno
œlalls 07 . prœlec. apr. 16, 17 , 18.
II. HARVÉE (Gédéon), Haï-
fœns , habile médecin ordinaire du
roi Charles II, et, à l'avènement de
Guillaume, médecin delà leur de
Londres , mort à Heinpsted dans le
comté d'Hertford en 1700, est
connu principalement par deux
Tiaités curieux , et qui ne sont pas
communs : I. Jrs ciirandi morbos
expectatione ; bonne idée , qui four-
iiiroit la matière à\\\\ excellent
livre; celui de Harvée, sans être
mauvais, pourroii être meilleur.
II. De vanitatibus , dolis et rnen-
dacils medicorum , in-12 , à Ams-
terdam , 1695. Ces deux ouvrages,
fort reclierchés , sont ordinairement
joints ensemble.
HARWARD ( Jean ) , ministre
anglo -américain , mort en i658
à Charles-Town , fonda par son tes-
tament l'université de Cambridge ,
à quatre milles de Boston dans la
nouvelle Angleterre. La bibliothè-
que de est établissement avoit eu
1787 plus de douze nulle volumes,
et le cabinet de physique éloit le
plus riche et le plus comi)let de
tous ceux de l'Amérique. Il y avoii
alors à Cambridge un professeur
de rualhémaliques , un autre de
HASG
2G7
philosophie naturelle , un de langues
orientales , un d'anatomie et de
chirurgie , \\\\ de médecine théori-
que et pratique, un autre eiiHn de
chimie et de botanique, et quatre
sous-])roiesseurs.
* HAR'WOOn (Edouard), né
en 1729, dans le comté de Lan-
castre , littérateur distingué , au-
quel on doit plusieurs ouvrages es-
timés. Celui qui a le plus contribué
à sa réputation est intitulé Revue
des différentes éditions des clas-
siques grecs et latins , dont il y a
eu plusieurs traductions et plusieurs
éditions. Malgré les imperfections
qui s'y trouvent, cet ouvrage est
très-propre à inspirer le goi!it de
la littérature et des bonnes études.
Harvvood mourut très -pauvre et
dans un âge avancé en J 794-
t HASAN oit Hassan-, l'un des
califes successeurs de Maliomet , fut
élu d'une voix unanime pour oc-
cuper le trône, après la mort de
son père Ali en 66 1 : mais né avec
des inclinations douces, il se démit
volontairement six mois après en
faveur de Moavia , qui commença
la dynastie des Ommiades. Pendant
un règne trop court , Ilasan se ht
chérir par sa bonté. Un jour qu'il di-
uoit, une esclavequile servoit, ayant,
laissé tomber sur lui un potage
bouillant , se jeta à ses pieds :
« Seigneur, lui dit-elle, le paradis
est pour ceux qui maîtrisent leur
colère. — Je ne suis point fâché , ré-
pondit Hassan; — et pour ceux qui
pardonnent , continua la femme ; —
je vous pardonne, répliqua le ca-
life; — car Dieu , ajouta- t -elle ,
aime tous ceux qui font du bien. —
Cela étant, reprit le prince, je vous
donne la liberté et quatre cents
pièces d'argent. Ce musulman se
retira à Médilie , où il vécut heu-
reux et mourut en 669.
'^HASCH ARDUS oi/IlASCHAERT
( Pierre ) , médecin , né à Armen-
268
HASE
tières dans le 1 6* siècle , donna
dans les rêveries de l'astrolonie ,
qu'il soiilinl avec opiniâtreté contre
François Rapardiis de Bruges, qui
avoit écrit un livre dans lequel il
se moquoit des folies des aslrolo-
gnes. Entre autres ouvrages que ce
médecin a laissés sur celte science
ridici'le , on cite le suivant, intitulé
Sa/uberrima boiiœ valeludinis
luendœ prœcepta Eobani Ilessi
jjuël.œ Jesl.hnssiini , elegiaco ca?'-
niine, ad iniilatiuiiern Galeni co/is-
cnp/a , /lorisqi/e commenlariis II-
lusUala, Francofurti, i568, iu-S"".
tHASE (Théodore de),né à Brème
en 1682 , reçut de son père une ex-
cellente éducation, il parcourut l'Al-
lemagne et la Hollande, et devint pro-
fesseur de lielles-letlres à Hanau.
L'année suivante il fut rappelé à
Brème , pour y être ministre et pro-
fesseur d'hébreu. Il fut reçu, quoique
absent, docteur eu théologie à Franc-
forl-sur-l'Oder en 171:2, et membre
de la société royale de Berlin en
1718. Enfin il devint , en 1723 ,
professeur de théologie à Brème ,
où il n)ourut le 25 avril i73i. On
a de lui un vol. in-S" de Disser-
tations pleines d'érudition. 11 ira-
vailloit avec Lampe à un journal,
commencé sous le titre de Biblio-
theca historico-pli'iloliigico-theo-
logica , et continué sons celui de
Miisœum historico - philologico-
l/teolugiciim. Sou frère Jacques Hask
se disling'ié par sa vaste érudition , a
publié duers ouvrages estimés. Il
est jnorl en 1723.
* H ASECH ( Antoine ) , ecclésias-
tique du diocèse de Eiège, devint
célèbre par son grand âge , et les
moyens qui l'y firent parvenir. Son
évêque l'ayani interrogé comment il
avoit conservé ses Ibrces et sa santé
beaucoup au-delà d'un siècle , il ré-
pondit qu'il s'éloit constamment
abstenu de trois choses : Mutierum ,
ebrietalis et iracimdiœ. ( Ployez
HASS
Leontcenus. ) Il mourut en iSaG;
à l'âge de lat) ans, ayant été durant
cent ans ciué de Gulich ou Gouri,
dans le pays de Luxembourg ; et
selon d'autres , de Gelick ou Geule ,
près de Mastricbt. Son portrait ,
gravé , est fort rare.
HASENMULLER. r. Lysekus ,
11° 1.
* HASSAN-BACHA , grand-visir
•del'empire ottoman , né en Afrique,
pritd'abord du service dans la marine
d'Alger. Tombé entre les mains des
Espagnols , il fut envoyé à Naples ,
d'où, après avoir été mis en liberté,
il passa à Constantinople. Les irai-
temens doux et humains qu'il avoit
constamment éprouvés de la part
des chrétiens pendant sa captivité
lui avoient inspiré les senlimens
favorables qu'il a conservés toute sa
vie pour les Francs. Son courage
éclata à la fameuse bataille de
Tschesmé,le.'îjuilleti770,oùlatlotte
tunjue fut réduite en cendres par les
Russes. Avant la bataille, il avoit
proposé un moyen extrême : c'éloit
d'accrocher chaque vaisseau russe par
une caravelle, d'y metlrele feu, et de
faire sauter les deux bàtimens à la
fois. Tous les capitaines rejetèrent
ce projet ; Hassan-Bacha fut le seul
(jui l'exécuta , et il parvint à se
sauver. Elevé ensuite au poste éini-
nent de grand-amiral ou capitan-
bacha , il sut conserver cette dignité'
pendant une longue suite d'années
dans une cour orageuse et sujette
aux plus grandes vicissitudes. Sa
réputation s'élablit de plus en plus
par li's expéditions dans la Syrie ,
el sur-tout en Egypte où il parv intà
soumettre les rebelles par une grande
rigueur. Après avoir rétabli l'ordre
en 1775 à Srnyrne , il prit les villes
de Gaza,deJaffa el d'Acre, où le
fameux IJaher , cheik de cette ville ,
eut la tête tranchée. Il parcourut
une partie de l'Egypte, et en rap-
porta un butin immense. Les beys
HASS
d'Egypte s'étaut révoltes , Hassan-
Badia mit à la voile de Conslanli-
nople au prinlenips de 1786 : il dé-
barqua à Alexandrie, mit en déroule
laniiée des rebelles, en lit passer
un grand nombre au lil de IVpée , et
marcha vers le Caire dont il s'em-
para. La guerre ayant étiaté de nou-
veau entre les Turcs el les Russes
en 1 788, il fut nommé grand-amiral
de la mer Noire el généralissime des
troupes qui dévoient agir sur ses
bords, il y eut des batailles navales
peu décisu es, le i 8 et le 28 juin, et le
1 /( juillet. Mais la mer ayaul été prise
de glaces des le mois de no\ embre ,
et Oczackow ayant perdu par la sa
principale défense, celle forteresse
fut emp.ortée le 6 décembre, sans
que l'amiral pût rien faire pour l'em-
pêcher. Ces mauvais succès le lirenl
déposer ; mais , en rendant jiislice .1
sa valeur, lesnitaii le lit séraskier
d'Ismuïl. Il commanda un corps en
Bessarabie en i"8(> , ma's ne Ht rien
de remarquable. I^s 'l'iircs avoient
essuyé des malheurs de tout côié
pendant cette canipague. Le grand-
"visir avoil été battu à ÏMartiiiesîi ,
près de Focksan , par l'armée com-
binée des Aulrichiens et des Russes ;
la Porte, dans celte cxtrémilé, le
nomma grand-visir: mais il n»^ ré-
])ondil point à I attente du public ,
et donna lieu à divers bruils qui
n'ont pas été bien éclaircis. Il mou-
rut à Sehiuida , au mois de mars
1790 , âgé de 87 ans.
*HASSAN-BEN-SAB13AH fonda,
l'an Z|83 de Ihégire, 1090 de J. C. ,
la secte des musulmans connue sous
le nom û' Ismaéliens , appelés aussi
bathéniens , molalieds el assassins.
Hassan , dit un savant de nos jours
(M. Silvestre de Sacy ) , étoit his
d'Ali, homme assez obscur , livré à
la vie religieuse, mais dont l'ortho-
doxie étoit suspecte. Après beaucoup
de vicissitudes , la forlmie se mon-
trant favorable au jeune Hassan , il
HASS
2()9
crut, à ce qu'il paroit, devoir se
donner mie origine illustre , et pré-
tendit descendre de f\Inhammed-ben-
Sabbah Homeiri, pir.-oiiuage célèbre
]'ar ses verlus , à qui l'on aliribuoit
même des miracles ; aussi esl-il gé-
néralement conuu sous le nom de
Hassan Ijeii-Sabbah. Hassan se trans-
porta en l'gypte, el y obtint la faveur
du khalife Aioslanstr ; mais en ayant
été eiismle chassé par une intrigue ,
il aborda eu Syrie et parcourul la
Perse, en y e>eiçant les ioiulions
dedai, et jjroppg ant sa secte. 11 se
lit nn grand nombre de proséIyt»s
par ses i.rédications pendi.nl les; ace
de 7 à 8 ans. Etant parvenu , par
corruption on par ruse , à s'empa-
rer de la foiteresse d'Alan. ont qui
apparleuoit au sultan Seldjoukide-
Mclicschali , il sut s'y maintenir,
quoiqu'avec un petit nombre de dé-
fenseurs , centre les troupes que le
sulian envoya pour l'en chasser.
I\l licschah élant mort, Hassan resta
maure dAlaïuonl i^t du territoire
environnant. C'est de là que , par le
moyen de ses dais, il étendit rapi-
deiueut sa secte , et avec elle sa
puissance. Il choisissoit un nombre
déjeunes g'-ns i)armi ses sujets, (t
les faisoit élever dans des eiidroiis
secrets , où tout éloit disposé pour
émouvoir et enllammer leur imagi-
nation. Obéir aveuglément aux \ 0-
lontés de leur prince éloit pour eux
ledevoirlepliiS!*acré ; et ilscroyoient
que s'ils perdoient la vie en exécu-
tant ses ordres , jiiUes on injns/es ,
ils jouiroient, après leur mort, d'une
éternelle félicité. On leur enseiguoit
plusieurs langues , et Has.'^an les en-
voyoit assassiner les princes qu'il
regardoit comme ses ennemis. Tel
étoit 1 horrible emploi q\i il faisoit
de ces jeunes inspirés, pour lesquels
l'assassinai devenoit un acte de re-
ligion. Les Ismaéliens ont été gou-
vernés pendant lespacede 171 ans
par une dynastie de huit souverains
qui se succédèrent dans l'ordre sui-
'2']0
HASS
vaut: Hassan - beii - Sabbah fut le
premier : il régna 55 ans , et raourul
l'an de l'hégire 5 18, de J. C. ii2,|.
Son successeur fut Bouzroiik , son
fils , qui régna 1.4 ans. Mohammed ,
fils de Boiizrouk , régna 2^ ans et
8 mois ; il eut pour successeur Ha.s-
san-Dhekral , qui conserva l'aulorité
pendant 4 ans ; iMohammed son tils
lui succéda , el eut un règne lur 46
ans; Dgeladeddiu , sou fils, régna
après lui 1 1 ans et 6 mois , et
eut pour successeur Alaeddin , sou
fils, qui, après avoir conservé la
souveraineté pendant 55 ans, mou-
rut l'tni 125b de J. C. ; Rokneddin ,
sou tils, ne régna qu'un an , et fut le
dernier prince des assassins. ( Koyez,
dans le dictionnaire de .Moréri , au
mot Ismaéliens, de quelle manicre
furent détruites e( la famille de Cis
princes et leur souveraineté. ) Les
historiens font monter jusqu'à 60
mille le uom])re des Ismaéliens.
Quelques-nus rapportent que lun
des souverains de cette peuplade ex-
traorduiaire, voulant donner à des
ambassadeurs étrangers une preuve
de sa puissance el du dévouemenl
de ses sujets, il en ht venir deux eu
leur présence , comma.Kia à l'un de
se précipiter du haut d'une tour , à
l'autre de se plonger un poignard
dans le cœur , el qu'il fut obéi à
l'instant. Dès le temps de leur fou-
dateur Hassan , les Ismaéliens firent
un établissement en Syrie. Ils se lo-
gèrent au milieu des rochers el des
montagnes, dans nue dixaine de châ-
teaux inaccessibles. Ceux-ci étoienl
gouvernés par un chef qu'on appe-
loil le ï'ieillard de la montagne, et
qui dépendoit de celui qui éioit eu
Perse. V. Vieux de la MoNTAONi;.
* HASSF.T.QXITST ( Frédéric ), né
en 1722 à 'rouriialla, dans la Golliie
orientale, perdit son père étant en-
core lres-)eune, et vint à l'âge de
19 ans à l'uuiversilé d'Upsal , où
il se procura quelques élevés pour
HAST
gagner sa subsistance. Il s'attacha à
l'étude de l'histoire naturelle, et
obtint quelques secours du gouver-
nement. Son premier ouvrage , in-
titulé Essai sur la vertu des plan-
tes , fui reçu avec applaudissement.
Ayant entendu I.inuaeus dire daus
ses leçons de botanique qu'on ne
connoissoit presque rien des produc-
tions de la Palestine, Hasselquist
ibrme aussitôt le dessein d'y aller ,
et se réjouit déjà de l'idée «l'enrichir
la science , de l'histoire naturelle de
ce.tte contrée. Il communique sou
projet à Linuaeus , qui l'encourage
et laide de loul son pouvoir. Ne
perdant point de vue '-on voyage, il
vint à Stockholm enseigner la bo-
tanique , attendant une occasion fa-
vorable pour son départ; la com-
pagnie du Levant la lui procura, et
lui offrit gratuitement son passage
pour Smyrue. Il rassembla une im-
mensité de productions curieuses
des trois règnes ; et, après une ab-
sence de deux ans, il se préparoit à
revenir daus sa patrie , lorsque ,
épuisé de fatigue , accablé par la cha-
leur du climat , il mourut eu 1762 ,
dans le voisinage de Smyrue, n'ayant
pas encore atteint l'âge de trente ans.
Ses créanciers firent saisir ses pa-
piers et ses collections ; mais, sur les
représentations que fit l^innœus à la
reine , S. M. se chargea d'acquitter
sesdettes. Le célèbre professeur d'Up-
sal , chargé de mettre en ordre tes
observations d'Hasselquist et les ri-
chesses qu'il avoil rassemblées ,
s'en acquitta dune manière hono-
rable pour l'un et pour l'auti'e.
ï. H ASTINGS (Guillaume), cham-
bellan d'Edouard IV , roi d'Angle-
terre , jouit d'une grande faveur
auprès de ce prince , qui , des la
première année de son règne , le
créa baron d Haslings , el 1 honora
de l'ordre de la jarretière l'année
suivante. Lorsqu'en i470 Edouard
fut obligé de chercher uu asile eu
HAST
Hollande , Hastings le suivit par-
loul, el conliibiia beaucoup au gain
de la bataille qui se donna près d<:
Baiiiel , el qui fil renionler le roi
sur le trône. Il ne tut pas moins
fidèle à son fils Edouard V. Il ëloit
d'abord entré dans les vues de Ri-
chard , duc de Glocester , oncle pa-
ternel dj ce prince , prolecteur et
régent du royaume : mais lorsqu'il
s'aperçut que Riciiard chrrchoil à
enlever la courorme à son neveu ,
il lui fut tres-conlraire. Ce prince
najanl pu séduire cet excellent ci-
toyen, résolut de s'en délivrer par
\\n crime. Il demanda eu plein con-
seil quel cliàliment inériloienl ceux
qui avoient attenté sur la vie du
protecteur ? tlastings répondit qu'ils
dévoient être pnnis comme des traî-
tres. « Eh bien! ces traîtres, répli-
que le protecteur , sont la reine ,
\'euve de mon frère , coupable de
magie, et ses complices. Voyez en
quel état ils m'ont réduit par leurs
sortilèges. » En même temps il
découvre son l)ras tout desséché. Per-
sonne n'iguoroii que Riciiard , né
aussi coiitrelait de corps que d'es-
prit , avoit cette infirmité dés l'en-
fance. « Assurément , dit Hastings ,
ils ne peuvent être trop punis, s ils
sont coupaljlesde ce crime. — Quoi !
s'écrie le protecteur , vous répondez
par des si et par des ma/s ! Vous
êtes le premier coupable, vous êtes
un traître, et je jure par saint Paul
de ne pas diner qu'on ne m'ait ap-
porté votre tète. » En achevant ces
mots il frajjpe sur la table. Des
satellites entrent, on saisit Hastings,
on l'entraîne, el on lui tranche la
lèle une heure après, le i ,5 juin
i48a. Richard , pour se justifier au-
près du peuple , publia un manifeste
où il accusoil l'inforluné Hastings
d'avoir voulu lui ôter la vie et s'em-
parer du gouvernement. Il lui re-
prochoil, en même temps , d'avoir
entretenu , après la mort d'E!douard
IV, un commerce de galanterie avec
HATR
271
Jeanne Shore , maîtresse de ce mo-
narque. Ce dernier fait étoit vérita-
Ide ; mais ce u'étoit pas une raison
pour donner la mort à un sujet
fidèle , qui , dans tous les temps ,
avoit bien servi sa patrie.
* H. HASTINGS (Elizabelh), fille
de Théoi)hile, comle d'Huntington.
Cette dame réunit toutes les veflus
à la piété. Ses chantés furent in-
nombrables: elle assistoit les pauvres,
elle visiloilles malades, el leur por-
toit les consolations elles conseils de
la religion, en même temps que les
secours de la médecine. i\I. Cou-
grève a tracé son portrait , et donné
son carac'ere sous le nom d Aspasie,
dans le Mémorial de Weifort, el [,e
Palier a célébré sa mémoire. Lady
Elizabeth mourut en 17. jo.
HATE.M'l'AI , Arabe , célèbre
par ses richesses et sa bienfaisance ,
dans le lo*^ siècle. Un lui demanda
s'il avoit connu quelcui'un qui eût
le cœur plus nobleque lui. Il répondit
alfirmativement. a Un jour, dit-il,
je sortis dans la campagne, et j'y vis
un liomine qui avoit ramassé une
ciiarge d'épines scellés pour son feu.
Je lui demandai jjourquoi il u'alloit
pas chez Hatemtai , qui distribuoit
chaque jour du bois au peuple? Çi/i
peut vivre du travail de ses mains ,
me répondit le vieillard , ne peut
consentir à avoir ohligatioiià Ha-
lemlai. Cet homme, ajouta ce der-
nier, a le cœur plus noble que moi.»
* HATRY ( J. M. ) , général fran-
çais , né à Strasbourg , mort à Paris
en 1802, entré fort jeune an service,
étoit, lors de la révolution , capi-
taine au régiment de La ]Marck,mais
bienlôl il fut fait colonel , et les
succès de ses premières campagnes
lui firent obtenir le grade de général
de l)rigade : élevé , en 179 j , à celui
de général de division, il contribua,
avec celle qu'il commandoit, aux
brillans succès de la journée de Fleu-
rns. Au combat de Samlnoff ou de
272
HATR
Sombief , Hatry attaque remiemi ,
le IjLit , le met eu déroute et lui fait
huit cents prisonniers. D'après les
ordres du général Jourdan, il mar-
che sur Naumr qui lui ouvre ses
portes, en abaudoauant cinquante-
inie pièces de tanon ; il poursuit les
Autrichiens ; tous leurs avant-postes
sont forcés devant Liège, où ce gé-
néral entre triomphant. Chargé du
commandement du blocus de la for-
teresse de Luxeiii bourg , il s'en rend
maître , fait prisonnière la garnison
autrichienne, composée de plus de
douze mille hommes , et s'empare
de huit cent dix-neuf bouches à feu
employées à la défense de cette place.
Peu de jours après il entre dans
Kuisertwerth , en chasse l'ennemi ,
et va s'établir sur la Sieg. Hatry
commandoit la dix-septième division
militaire à Paris , sous le directoire ;
mais au 18 fructidor il fut rem-
placé par le général Augereau. Bien-
tôt après on le vit , comme général
en chef de l'armée de IMayence et
cliargé des opérations militaires rela-
tives à l'occupation de cette ville,
travailler à l'exécution du traité de
Campo-Formio. Dans ces opérations,
et dans toutes celles qui furent néces-
sitées par les circonstances, Hatry
se fit remarquer par son zèle , sa
fermeté et le soin qu'il prit de faire
respecter le gouvernement français.
Après avoir remplacé le général
joubert dans le commandement des
troupes statioiyiées en Hollande, et
s'y être distingué, ses services, ses
vertus lui sei'virent de titres pour
être nommé membre du sénat con-
servateur. Mort subitement d'une
attaque d'apo|)lexie , regretté de ses
collègues , et de tous ceux qui appré-
cioieul son mérite , il fut inhumé
avec les honneurs qui lui étoienl dus;
et le général l'ériguou, dans le dis-
cours qu'il prononça sur sa tombe,
professa hanlement que la France de-
voità ce héros une partie des triom-
phes (jui oiilalfvruu su puissaucu.
HATT
HATTÉ ( Jean-Baptiste) , méde-
cin d'Arras, né en 1727, mort en
176a, est auteur d'un assez bou
Traité de la J^érolelte, 1759, in-i 2;
* HATTEM ( Pontieu Van ) , sec-
taire hollandais , dont les parti-
sans s'appellent , d'après lui , hal-
témistes , avoit fait un amalgame
monstrueux de quelques opinions de
Spinosa avec la doctrine orthodoxe
enseignée dans les sept Provinces-
Unies. Il est auteur d'un Traité sur
le Catéchisme d'IIeidelberg : lo
système des verchoristes et celui
des hattèmisles se rapportent pres-
qu'en tout point. Van llatt-em étoit
ministre du S. év. dans la province
deZélande, vers la fin du 17*^ siècle.
I. HATTON ou Hetton, ablié
de Richenou , puis évêque de Baie
vers 801 , fut envoyé en ambassade
par Charleraagne vers Nicéphore ,
empereur de Constantinopie , l'au
811. Il publia une Relation de ce
voyage, qu'il nomma Itinéraire,
Hatlo.i se démit de son évêché en
^■2-2, et se retira dans le monastère
de liichenou , où il mourut sainte-
ment l'an 8S6. On a de lui un Ca-
pitulaire pour l'instruction de ses
prêtres. Cet ouvrage curieux est in-
séré dans le Spicilège de dom Luc
d'Aciiëri.
* 11. HATTON ( sir Christophe ) ,
né à Holdenby, an comté de Nor-
thampton, d'une ancienne famille
du comté de Chafl', chancelier sous
le règne d'Elizabeth , fut élevé à
cette liante dignité sans jamais avoir
étudié en droit. 11 jouit de la plus
grande faveur auprès de la reine ;
et quoiqu'il n'eût fait aucune étude,
jamais il ne put être pris en défaut
dans ses décisions comme chance-
lier ; toutes portent l'empreinte de
l'équité et du jugement le plus soli-
de. Ce fut par l'effet de son insi-
dieuse éloquence qu'il persuada à
Marie, reine d'Ecosse, de renoncer
HAVE
à ses droits, el de consentira subir
son procès.
111. HATTON. K. Otiiox, u° VI.
HAUDICQUFTi de Blancourï
(François) s'occupa, dans le der-
uicr siècle, de recherches f^cnèalo-
giques. Nous avotis de lui , L i' jirt
de la verrerie , Paris, 1667, in-12.
II. Recherches sur l'ordre duS/.-
Msprif, 109:") ou 1710, en 2 vol. iu-
1 2. 111. Le Nobiliaire de Picardie,
Paris, 1695, et avec des fronlispi-
tes de iégô , in-/)". L'auteur de
Ctt livre recherche des curieux à
cause de sa rareté , mais non à cause
de sa Udtlité , fut condamné aux
galères, pour avoir supposé de faux
titres contre l'honneur de cpitlques
maisons. Il es-l assez diificile de le
trouver complet ; car il y a ordi-
iiaireuient onze familles de suppri-
mées entre celle de Faguel , page
1 85 , et celle de Le Féron. Ce No-
biliaire a été effacé par celui que
Lignon a fait dresser en 1717 , en
427 feuilles , forme d'alias ; ou en
trouve plus ou moins, suivant le
temps où elles ont été tirées, parce
ijue plusieurs' familles n'ont appoin-
té leurs pi'euves qu'après sa con-
fection.
HAUDIQUER ( Jean-Eaptiste ) ,
bénédictin de Sainl-Maur , né à Eu,
a été , avec son l'rere Cliarles-Michel,
nn des éditeurs des tomes IX et X
des Historiens des Gaules el de la
/7a«6e, publiés en 1707 et 1760.
Il est mort le 11 février 1775. Son
frère a continué l'flistoire de la pro-
vince de Bourgogne.
* HAVELANGE ( Jean- Joseph ) ,
ex-jésiiilc, proléssenr au séminaire
de Luxembourg , en lui chassé à
cause de son ouvrage lalin , in-S" ,
de 4-'>o P'iges, intitulé f.cclesice in-
fallibilitas in Jadis duclrinalihus
demonstrala , 1 7^ , ».;uis nom d'im-
primeur ni du lieu de l'impression.
L'infaillibilité sur la doctrine est lui
r. Yiii.
HAVE
1-3
dogme , mais sur les faits , c'est une
invention du 17*" siècle, mise en
avant par Pierre de Marca , puis son-
tenue pour la première fois en 1661
par les jésuites de Paris au collég»
de Clernionl. Cette nouveauté , dé-
jioncée par les curés de Paris , fut
foudroyée de toutes paris. L'arche-
vêque péréli.x.e déclara que des ma-
licieux ou des ignorans pon voient
seuls exiger , sur le fait de Jansé-
nius , une foi divine, tandis qu'il
lalloit se borner à une foi lunuaine
et au silence rt-sptctuenx. Le titra
de l'ouvrage de Havelange aunonce
le projet de touleuir la doctrine de
la défunt- société : il s'irrite parti-
culièrement contre IMuralori^ Ber—
lieri, Gazzaniga , sa\ans italiens,
qui , dans des ouvrages approuvés
par Benoil XIV, ont combattu ce
système. Havelange assure que la
secte janséniste est diabolique; que
c'est une hydre infernale, un mons-
tre pestilentiel dont les défenseurs
méritent d'être condamnés à une
prison perpétuelle. Son fanal ismw
avolt jeté le Iroubie dans le sémi-
naire de Luxembourg. Le procu-
reur-général du conseil de celte ville
lil saisir le livre comme séditieux et
difi'amaloire. Havelange devint en-
suite professeur à Louvain. Sous le
gouvernement directorial, quoiqu'il
eût écrit en laveur du serment
exigé des ecclésiastiques , un décret
lyrannique le fit déporter à la Guia-
ne, où il esl mort,
* HAVENREUTER (Jean-Louis),
né à Strasbourg le i*"^ août lô/pS ,
enseigna la philosophie dans cette
ville; mais bientôt il quitta sa chane
pour aller à Tubingue , où il prit
le bonnet de docteur en iô86. lia*
venreuler revint dans sa patrie où il
l)iofessa successivement la mcta-
jjhysique ella physique. Comme ce»
d(-iix chaires le distrayoienl trop de
la pratique de la médecine , il stj
borna, bieulol à celle de phvsique ,
j8'
374
HAVE
qu'il remplit avec distinclion jus-
qu'à sa mort, arrivée le i'''^ octobre
j6i8. Ce médecin n'a prévue écrit
que des disserlatioHs académiques. I.
O ratio de ai te werZ/ca ,Francofurti,
i586,in-8°. II. Dispulatlo de epl-
/pjDS/;Vz, Argentorali , i586, '\\\-/° .
m. Hisputatlo medica de ils quœ
in principio arlls medicœ Galeni
traduntur, ibid , i586 , iti-4''. IV.
Dlspulatio medico-physica de ele-
mentis, ibid, ifiyt , in-4°. V. Corn-
inentarii in Aristotelis de anima et
parvis naturalibus diclos libros ,
Fraucofurli, 1600, in-8°. VI. Fna-
retra sagittifera et vcxillum Ra-
phaeliticum , Tubingas, i63i.
HAVENSIUS ( Arnaud ) , savant
jésuite, né à Rois-le-Duc eu 1640 ,
enseigua la lliéologie. Le désir dune
plus grande solitude l'engagea à
se faire chartreux à 46 ans. Il fut
prieur, visiteur, et mourut à Gand
eu 1611. Havensius est auteur de di-
vers ouvrages, dont les plus connus
sont , L De auctoritate SS. Vatrum
in decenieiidis jidei dogmatibus ,
1600 , in-8°-. IL J}e erectione iiovo-
rum episcopatuiim in Belgio, Colo-
gne , 1607, in-8''. III. De creduli-
tale moribusque priscorum ac re-
centiorurn hœrcticoriim 1 608, in-8° ;
ouvrage écrit avec nue sorte d'élo-
quence.
i-HAVERCAlMP (Sîgebert), pro-
fesseur eu histoire , eu éloquence et
eu langue grecque à Leyde , et mem-
bre de l'académie de Cortoue eu Ita-
lie, s'acquit une grande réputation
par son savoir. Il possédoit supé-
rieurement la science des médailles.
Entre autres fruits de sa laborieuse
application, on a de \\n plusieurs
éditions d'auteurs grecs et latins :
dEutrope, iu-8", 1729; de Lu-
crèce , in-4°, 2 vol. , 1725; de Jo-
sèphe, 1726, iu-foj. , 2 volumes,
Amsterdam , avec des notes très-
savantes , mais trop étendues; de
rA])o!ogé tique d« TerUilUsu. Ou
HAVE
lui doit encore , I. Les Médailles de
grand et moyen bronze du cabinet
de la reine Christine de Suède , en
latin, 1742 , à La Haye, in-folio ,
avc'cdes Commentaires ; et en fran-
çais, dans le même formai. II. Les
Médailles du duc de Croy , Ams-
terdam, 1738 , in-4°. 111. Un bon
ouvrage , intitulé Sjlloge Scripto-
rum qui de grœcœ linguce rectd
pronunliationescripserunt , Leyde,
1756, 1740, 2 vol. in-4°. {Voy.
MoKEL, n°V, ê/Paruta, u'^H.)
IV. Museu/n Wildianum in duas
partes divisum , Amsterdam, 1 740,
in-8°. V. Prodrumus animaduer-
sionum {Pet. Burmann.) in novam.
edilionem poetarum rei venaticœ ,
sub auspiciis viri clarissimi pro'
ditœ , in-4° , sans date ni nom de
lieu. VI. Dissertationes de ^lexan-'
dri Magni numismate , La Haye ,
J7 22,in-4°. Il mourut à Leyde le
aS avril 1742 , à 58 ans.
HxWERMAN ( N. ) , fille d'uu
peintre, élève du célèbre Van Huy-
sura, et presque l'égale de ce grand
artiste dans la représentation des
fleurs et des fruits. Ce mai ire ne
fut pas exempt de jalousie en voyant
tant de lalens:il se félicita de ce que
la jeune Haverman , victime de sa
tendresse pour un ingrat qui l'aban-
donna, fut forcée de quitter Amster-
dam. Elle resta long-temps à Paris,
où ses tableaux furent recherchés ,
et où elle est morte vers la fin du
18' siècle.
ï HAVERMANS (Macaire),
Flamand , chanoine régulier de l'or-
dre des prémontrés, né avec im
génie prématuré , vif, pénétrant ,
mais avec une sauté extrêmement
délicate , mourut le 26 février
1680 à Angers, âgé seulement de
36 ans. Sou principal ouvrage est
intitulé, I. Trroanium théologies
moralis, en 2 vo* in-8°. II. hà Dé-
fense de ce Hure contre les Thèses
des jésuites , où le Tyrocinium était
I
H A VI
aaqué. III. Lettre apologétique au
jmpe Innocent X. IV. Disquiailion
tJiéologique sur l'aniour du pro-
ckaiii.\ . Disqulsition où il exa-
mine quel amour est nécessaire et
suffisant pour la justification dans
le sacrement de pénitence. Tous
ces ouvrages sont en latin. Sa doc-
liine , approuvée par le pape Inno-
cent XI , lui valut, quelques heures
avant sa noort , des lettres d appro-
bation de ce pontife, principalement
sur la nécessité d'aimer Dieu en tout
temps.
HAVERS ( Clopton ), médecin an-
glais , qui publia en 1691 un Traité
il'ostéotogie, traduit de l'anglais en
latin l'année suivante. La dernière
édition est celle de Leyde , eu 173.4,
sous ce litre : Nupœ quœdam ohser-
vationes de ossibus , in- 8°. H<i\'ers,
outre ses écrits sur les os , a fait quel-
ques découvertes sur le périoste et
sur la moelle ; et le premier , il
aperçut dans celle articulation, des
glandes particulières , d'où sort une
substance mucilagineuse , dont il a
constaté la nature par un grand
nombre d'expériences qui non l pas
été sans irait pour ses successeurs.
H A VI EL ( Thomas ) , cheva-
lier anglais, forma un parti contre
Marie d'Angleterre eu 1.553. Fort
attaché au calvinisme , il ne pou-
voit souffrir que la reine Tabolit
dans son royaume. Comme il ne
Touloit point paroi Ire chef de la
conspiration , il engagea dans son
parti la princesse Elizabetli , sœur
consanguine de la reine Marie , avec
le prince de Conrteuai , petit-tils
d'Edouard IV. 11 se mit à la tête de
1200 clievaux et de 8000 hommes
de pied , s'approcha de la ville de
Rochesier, et la prit par intelli-
gence an mois de janvier 1554. II
s'y empara en même temps de dewx
grands vaisseaux, destinés à porter
en Angleterre le prince d'Espagne;
puis il s'avança vers Londres. La
HAUS 275
reine lui fit dire que , si son alliance
avec le prince d'Espagne déplaisoit
aux Anglais , elle choisi roitim autre
mari qui fût à leur, gré , et 'lui pro-
mit des gratihcalinns considérables ,
s'il melloit les armes bas. Haviel,
comptant être iuli'oduit dans Lon-
dres par les complices de sa révolte ,
l'efusa toutes ces offres ; mais lors-
qu'il pensoità se faire ouvrir une des
portes de la ville, il fut investi par
levlroupes de la reine, et pris avec
environ 200 des conjurés, qui l'ac-
compagnèrent au supplice,
HAVINGE. rojez Philippe de
Bonne-Espérance.
t HAULTIN (Jean -Baptiste),
conseiller au chàtelet , préparoit un
Recueil de médailles <;ui n'avoieut
pas encore été données par les an-
tiquaires , lorsque la mort le surprit
en 1640. On conserve à la biblio-
thèque impériale ce qu'il y eu avoit
de gravé, en un vol. in- fol. , com-
posé de i57 feuillets destinés à re-
cevoir des médailles; il est sous ce
titre : Numismata non antehac
antiquariis édita , 1640. Ce vo-
lume est très -rare. On ne sauroit
assez regretter qu'il n'ait pas eu le
temps d'achever son Recueil, et de
faire le commentaire qu'il se propo-
soit de donner. Ou a de lui les Fi-
gures des monnaies de l'rance,
1619 , in-4° ; rare.
* HAUPAS (Nicolas du), mé-
decin du 16'^ siècle, né à Arras
traduisit les Apkorismes d'Hippo-
crate de grec en latin , et les en-
richit de notes savantes. Sa Version
parut à Douay en ]563, in - 8°,
On a encore de ce médecin De
contemplatione naturœ humanœ ,
neinpè de formatione fœtus in utero,
Lutetiœ , i555 , in-8°.
* HAUSEN ( Guillaume ) , né à
Dillingen en Suabe l'an 1710, en-
tra chez les jésuites en 1700, et
. se livra çntieremeut aux travaux
:.76
HAUT
des missions an grand conleute-
Hient des ëvtques , qui Taijpeiloieut
poiir venir les aider dans les de-
voirs de la dignilé paslorale. Le
tomle de Schrallenbach , avclievécjiie
de Sallzboing , alarmé des progrès
que les seeUures t'uisoienl dans son
diocèse , et des troubles qui me-
uaçoient l'état vers 1760, eut re-
cours au zèle de ce missionnaire ,
qui répondit pleinement à ses es-
pérances, et contribua beaucoup à
ramener l'ordre, liaseu mou rit à
Aichstadt en 17S1 , après avoir pu-
blié j'en allemand , plusieurs livres
de piété , et eu latin : Sanctiîas sa-
cerdotalis in Fefro apostolorurn
dC sacerdotum principe proposita ,
DiUingeu, i769,in-8°.
* HAUSTEAD ( Pierre ) , auteur ,
sous le règne de Charles Y^ , d'une
Comédie mtiiulée Les Amis rivaux,
jouée devant ce monarque , lorsqu'il
visita avec la reine l'université de
Cambridge, ne paroi t pas avoir suivi
la carrière dramatique, car Lang-
l.'ajne *ite de lui des Sermons publiés
à Londres en 1646.
HAUTECOUR (Joseph-Louisde ),
jésuite , né en 170Ô , mcrt en J 776,
«ist auteur des yimusemens physi-
ques , sur le syslème newlouien ,
1760, in-ii>, qui eurent de la vogue
à l'époque où ils parurent.
t HAUTEFEUILLE (Jean),
habile mécanicien , né d'un boulan-
ger à Orléans en 1647 , connut ma-
dame de Bouillon dans celle ville,
où elle éioit exilée , la suivit eu
Italie , en Angleterre ; il obtint
plusieurs bénéfices par son crédit ,
et une pension par son testament.
Kautcfeuille avoit un goût et xva.
talent particuliers pour l'horlogerie.
Il trouva , dit - on , le secret de
modérer les vibratiunsdu balamier
des montres , par le moyen d'un
j.elit rf;.ssort d'acier, dont on a fait I
uopuib usage, {fuyez HooK.) L'aca- [
HAUT
demie des'sciences , à laquelle il fit
part de celte découverte, la trouva
Irès-propve à donner une graude
justesse aux montres. Celles où Ton
a employé ce petit ressort s'appel-
lent par excellence montres à pen-
dule. Le célèbre Hviygliens a depuis
perleclionné cette heureuse inven-
tion. L'abbé Hautefeuilîe n'excelloit
pas moins dans les autres parties
de la mécanique. 11 mourut à Or-
léans le 18 octobre 17 34- C'étoit
un homme exempt de toute ambi-
tion, et plus attentif à cultiver les
sciences que la fortune. Ou a de
lui un grand nombre de Brochures
courtes , mais curieuses , et semées
d observations utiles. Les principales
roulent sur des couslruclions nou-
velles de trois montres portatives;
d'un mouvement eu forme de croix,
qui fait les oscillations des pendules
très-petites ; d'un gnomon spéculaire,
pour régler au soleil les pendules et
les montres: et d'un inslriuueut pro-
pre à faciliter les travaux des pein-
tres.
HAUTEFORT ( Marie de ) , née
eu 1616, de Charles, marquis de
Hautefort, élevée dans la maison de
la reine Anne d'Autriche , devint
une de ses dames d'aloui's. Sa vertu,
ses grâces et la douceur de sou ca-
ractère , lui acquirent de l'empire
sur l'esprit de celte priucesse, et sa
beauté fil impression sur LouisXIU;
mais leur sagesse ne se deuieutil ja-
luais. Cependant le cardinal de Ri-
chelieu en conçut de la jalousie, parce
qu'elle éloil dans les intérêts de la
reine, et ce ministre impérieux la lit
renvoyer de la cour. Louis XIU , qui
ne launoit que comme un prince
dévot et sans tempérameut peut
aimer , conseulit à cet éloiguement.
Lorsque Anne d'Autriche l'ut dé-
clarée régente, elle la lit revenir
avec les plus grandes démonslration»
d'amitié ; mais son opposition au
cardinal Mazarin lui lit perdre les
HAUT
bonnes grâces de sa mailrcsse. Le
îiiaréchal de Schombevg , devenu
veuf, l'éponsa en i(i46. Elle n'en
eut pas d'enfausjet mourut eu iGgi .
I,a maison de Hautctbrt , branche de
celle deGoutaul-Biron, subsiste.
HAUTE -MER be Guvkcky
(Guillauiue de), seigneur de Fer-
vaques, le plus vieux guerrier qu'il
y eùl du temps de Henri IV , s'éloit
fait conuoilre dès la bataille de Ueuli,
tu i534 , et depuis , il s'éloit trouvé
à celles de Saiul-Queuliu, de Grave-
îmes , de Dreux , de Saint- Der,ys, et
de Moncontour. François de France ,
duc d'Aleuçon , Je ht «rand-maitre
de sa maison, premier gentilhomme
<Ie sa chambre , géuéral de ses
armées eu Flandre, et chef da tous
ses conseils. Fervaques u'eu fut
f;uère plus estimé. Le duc , ni ses
icivoris , ne passoient pas pour
gens de bien; et d'ailleurs il en-
j;agea ce prince dans des entreprises
iîi)U5les qui le forcèrent à sortir
de Flandre, couvert de confusion
et méprisé de tout le monde. C'est
l'er vaques qui le délermina à ten-
ter de surprendre et de piller An-
vers , en i583 : journée qui fut
aussi glorieuse aux habilans que
ibnesle aux Français : ils y per-
dirent pbis de ooo gentilshommes
et i,900 soldats, massacrés par les
bourgeois. Après la mort de son
prolecteur , il se donna à Henri IV,
qui le lit maréchal de France, en
ifigo , autant par amitié , que pour
lui" donner une juste récompense.
Ce maréchal se signala an siège
d'Amiens eu i.ng? , et mourut en
1 61 3 , âgé de v-t ans.
tHAUTEROCHE (Noël Le Bue-
ton , sieur de), comédien et poète
dramatique français , mort à Paris
en 1707 , à 90 ans , distingué sur le
théâtre dans les rôles tragiques de
conhdent, excelloit sur-tout dans les
récits; il aimoit telleraeul la profes-
sion d'acteur , qu'il jouoit encore à
lîx\UT 'J-n
l'âge de 90 ans. On a de lui un Pecite/l
de Comédies , imprimé à Paris , eu
o vol. in-12 , 1736. Quelques-uutLi
sont conduites avec art , vivement
dialoguées, pleines de bon comique :
mais ii n'y faut chercher ni peintures
des mœurs, ni rien de ce qui peut
les corrigi r. On joue encore le Deuil;
Crispin médecin ; le Cocher sup-
posé ; les Bourgeoises de qualité,
et l'Esprit jolIeL on la Dame in-
visible. Cette dernière pièce est mie
imitation de ia pièce de Caldéron,
intituiéfi La Dama duende. On y
trouve du naiurei dans ie dialogue,
une gaieté franche , et des incinens
bien^'aniGués. Sa première repré-
sentation eut lieu en 168,4. Hante-
roche écrivoit facilement eu prose
et en vers. On a encore de lui plu-
sieurs IJistorietics , assez insipides,
qui furent néanmoins bien reçuf's
dans leur naissance. Haulerocheétoit
fo»t jaloux de sa prétendue noblesse^
et se plaisoit à vanter ?on crédit et
les présens qu'il recevoit des grands ; .
du moins c'est ahisi que Quinault
l'a peint dans sa pièce , intitulée la
Comédie sans comédie.
HAUTESERRE( Antoine Daktne
de ) , professeur en droit à Tou-
louse , né dans le diocèse de Cabors,
et mort eu 1682 , à l'âge de 80
ans , est regardé comme un des plus
habiles jurisconsultes de France. On
a de lui , l. Un Traité des Ascéti-
ques , on de f origine de l'état
monastique. 11. Des Notes, pleines
d'érudition , sur les vies des papes
par Anastase. III. Un Commen-
taire sur les Décrélales d'Innocent
m, i666,iu-fol.IV. Uu Traité Z)f
ducibus et comitibus Gallice pro-
vincialibus , en 5 livres; réimpri-
mé à Francfort, in-12 , en, lySi ,
avec une longue préface de l'éditeur,
Jean-George Estor. V. Gestare-
gum et ducum Aquitaniœ , ibqS ,
2 vol. in-4''. VI. Ecclesiaslicœ ju-
risdictiuuis vindiciœ , Orléans ,
s-S HAWE
1702 , in-4''. C'est une réfutation
du Ti-ailé de l'abus , par Févret.
L'aulfiur reulrepril à lage de 70
ans , par ordre du clergé ; mais il
^ traile la uiaLière plutôt eu hislo-
rieu jUlLramontain qu'eu juriscon-
sulte français. VII. Un Traité eu
latin des Origines des fiefs , que
Schilierianus lit rsiinprinier dans
son Comnienlaire sur le droit féo-
dal d'Allemagne. Peu d'hommes ont
possédé plus à fond que Hauleserre
le droit canon, la discipline de l'E-
glise et les libertés gallicanes.
I. HAUTEVTLLE. Voyez Tan-
crÉde de Hauieuille , et Tende.
II. HAUTEVILLE (Jean de),
Normand , et moine de Saint-Albaus
en Angleterre, llorissoit à Paris vers
l'an 1 180, sous le règne de Philippe-
Auguste. Il a écrit un Poème mo-
ral contre les vices du genre humain,
intitulé Aixhitrenius ( le Pieuret* )
en 9 livres, Paris, lôiy , iu-4''.
L'auteur prend lui -même le nom
d.'Architrc/iiiis , comme qui diroit
^ichi- Jéréinie , du nom grec des
lamentations. Ce livre , très -rare,
est recherché par les bibiiograplies,
non à cause de son mérite , mais à
cause de sa rareté.
HAUTIN (Pierre), graveur et
fondeur , ht en lôsa les premiers
poinçons pour imprimer la ujusique.
Les notes elleshlets sont gravés sur
le poinçon. Ou voit à la bibliolliè-
que impériale plusieui-s de ces pre-
mières éditions, l'une, de l'an i55o.,
est un recueil de chansons en 4
vol. iu-S" obloug. Haulin publia
encore, en 157G des motets à cinq
parties , composés par Roland Las-
sutio.
* HAWES ( Etienne ) , poète an-
glais, ne à Suffolck, élève d'Oxford ,
irès-versé dans la poésie française et
italienne, éloit valet de chambre
parliciilier de Henri VU; ses ouvra-
ges sont , I. le Temple de rerre :
HAWK
c'est une imitation du Temple delà
renomm,ée de Cliaucer. II. Le Passe-
temps du ])laisir , qui fut achevé
en i5o6 , et imprimé en 1617 par
Wyukyn de Worde. L'éditeur y
ajouta des gravures en bois.
* H A W K E ( Edouard , lord ) ,
fils d'un avocat qui le destina an ,
service de la marine; il en suivit
toutes les gradations, jusqu'en 1734 ,
qu'il fut nommé capitaine du Wolû".
Hawke se distingua par son intrépi-
dité et sa conduite dans le combat
que l'escadre anglaise , sous le com-
mandement des amiraux Mutthevvs ,
Leslock et Rowley, livrèrent aux
escadres française et espagnole à la
hauteur de Toulon. Il y comman-
doit le Berw^ick , et rompit sans
ordre la ligne de bataille pour com-
battre un vaisseau espagnol ; cet
acte de bravoure et d indiscipline lui
fil perdre sa place ; mais le roi le
rappela avec honneur au rang qu'il ■^.
a voit perdu. En 174? . nommé Jlj
contre-amiral, il rencontra l'escadre ai
française qui se rendoit aux Indes
occidentales; dans cette occasion il
s'affranchit de l'ancien préjugé de
s'arrêter pour former la ligue de
bataille _, « Je donnai , dit-il dans
ses lettres à l'amirauté, le signal de
chasser jusqu'à portée de combattre.»
A son retour il reçut l'ordre du Bain,
et l'année suivante il fut nommé
vice-amiral. En 1 757 il commanda
l'escadre qui devoit coopérer à l'ex-
pédition contre Rocheforl. Ses ser-
vices lui. valurent, de la part du roi ,
une pension annuelle de 2,000 liv.
(environ 44jOf><^fi'3»cs ) , réversible
sur SCS deux fils , ou sur le survi-
vant de l'un ou de l'autre ; mais
elle ne fui pas sa seule récompense;
en 1765 il fut nommé vice-amiral
de la Grandc-Breiagne , et premier
lord de l'amirauté, et quelques an-
néesaprès, pair d'Angleterre. Hawke
mourut à Shepperlon, dans le
Middlesex, le i4 octobre 1781.
HAWK
HAWKESBÉE (N.), célèbre
physicien anglais , analysa les phé-
nomènes de i'électncilé, et publia
l'un des premiers , eu 1709 , des
expériences et des obser\ allons sur
ce sujet; mais ces observations soûl
fiuuives , depuis celles faites par le
docteur Prieslley , l'un de ceux
qui ont écrit avec le plus de sagacité
sur cette matière. 11 est nioil au
milieu du iS"^ siècle.
t HAWKESWORTH ( Jean ) ,
presbytérien anglais , né eu 17 15,
mort en 1 77 3 , donua la Relation Au
premier voyage de Cook , l^yron el
Curleret , 5 vol. in-^" , Londres,
1773, dont MiM. Suard et Uemeu-
nier ont donné une bonne traduc-
tion française, Paris, J774, 4 '^'^l.
in-4°. Ou a encore de lui l'yldre/i-
turer , dont la meilleure édition est
celle de Londres, 1794? 3 vol. in-8°;
Teitilh morale , dans le goût , mais
noïi dans le style du Speclalor d'A-
disson : excellent modèle qui a l'ourni
de médiocres copies. L'Adveuîurer
a été extrait et traduit en français
sous le litre de Contes traduits de
l'anglais, Londres et Paris , 1774 ,
i2 vol. in-ii3. Le Coq de Vilkray a
traduit , de Hawkesworth , en fran-
çais, Ariana, ou la patience récom-
pensée, Paris 17.17, in-12.
* I. HAWKINS ( sir John ) , vail-
lant amiral , né à Pl^'inonth , mort
à Porlo-Ricco en iôç)0, entré jeune
dans la marine marchande , lit voile ,
en jiiG2,avec trois vaisseaux de
Loudres à la côte d'Afrique , pù il
acheta un grand nombre d'esclaves
qu'il Irausporta dans les ilcs de l'Inde
occidentale. 11 lit depuis plusieurs
autres voyages dans la Guinée , et
dans ces mêmes Indes , où il eut nu
grand nombre d'aventures , dont il
a douné la Relation, détaillée dans
ses 'Voyages d'Hakluyt. En iSSS,
Hawkins , nommé contre-amiral,
et lait chevalier, pour récompense
de ses services dans la guerre contre
HAWK
279
les Espagnols , fonda un hôpital à
Clialham.
* II. HAWKINS (sir Richard ),
fils du précédent, né à Plymoulh,
se distingua dans la guerre contre
l'Espagne , où son père mérita le
titre d'amiral. En 1595 il obtint une
commission du grand sceau pour
attaquer les établlssemens espagnols
dans l'Amérique méridionale , où
les Anglais furent battus, après un
combai obstiné contre des forces
supérieures. Sir Richard fut griève-
ment blessé dans l'aclion , et retenu
long-temps prisonnier eu Améri-
que , puis transporté en Espagne ,
où il passa encore quelques années ;
à son retour en Angleterre il s'oc-
cupa à écrire ÏIJisloire de sa vie.
Hauwkins mourut d'une attaque
d'apoplexie.
* III. HAWKINS (sir John), né
à Londres tn 1719, fut un de ces
hommes rares qui se sont acquis un
nom aussi recommandable jiar leurs
tcùensquepar d'éminenles vertus so-
ciales. Peu favorisé de la fortune, il
fut placé de bonne heure cliez un
procureur en qualité de clerc; ses
occupations , bornées à des écritures
stériles pour son instruction et trop
multipliées pour lui laisser le temps
de s'instruire , le forcèrent a con-
sacrer une partie des heures de sou
sommeil pour y suppléer. Hiwkins,
en acquérant les conr.oissances né-
cessaires à l'élat qu'il se proposoit
d'embrasser, sut encore cultiver
son goût pour la littérature : il
se lia avec différens auteurs de
papiers périodiques du temps , et
leur ïowxn\\ plusieurs morceaux de
poésies et de prose dont ils enri-
chirent leurs journaux. Parvenu à
pouvoir exercer lui-même la pro-
fession qu'il avoil embra>isée , il
réussit bientôt à se former des
liaisons utiles pour sa fortune, et
développa , dans les sociétés de choix
où il s'inlroduisit^ un goût et uu
280
HAV
nru
talent {lëcidé pour la musique. Ses
succès , qu'il dut à sou excelleute ré-
pulatioQ , ini mariage avantageux
et uue succession assez considérable,
le mirent, en 1769, à portée de
résigner son olïiLe et de se retirer des
aiFdires. L'année suivante il donna
une édition, avec beaucoup dénotes,
de l'^4rt de pêcher à la ligne de
Wallon. Il s'étoil fait, depuis long-
temps, un ainuseineul de cet art in-
nocent, daus lequel il excelloil ; cinq
<;ditions successives qui ont paru de-
puis attestent le succès du travail
dont il avoil enrichi le premier au-
teur. Bientôt après il se livra à une
entreprise plus vaste et plus intéres-
sante; il rassemblas grands frais des
luatérianx immenses pour exécuter
ie pro)et qu'il ayoït formé de donner
une Hisloire de la musirii.'e théo
rique et pratique. Ses occupations
littéraires ne purent le distraire du
désir de se rendre utile ; le duc de
Nev/caslle, alors lord lieutenant de
Middlesex , l'incorpora dans la ma-
gistrature du conilé. Hawicins s'ac-
quitta avec zèle de ses nouveaux
devoirs , et ses. courses fréquentes le
mettant à portée de voir journelle-
înent le mauvais étal des grands
chemins et de rechercher l'imper-
fection des lois déjà promulguées
pour leur entretien , il forma le pro-
}^t d'un bill po-.;r leur restaura-
tion, qu'il étaya d'observations ju-
dicieuses publiées en lySo. ^^n projet
présenté et adopté eu parlement
«levinl uue loi qui existe encore,
et il est à remarquer que trente ans
iiprès il n'y avoit eu besoin, dans
cette partie , d'aucune réparation.
Hawkins , dans ses nouvelles fonc-
tions , s'étoil fait un devoir de ne
percevoir aucun des droits (jui y
fîloient atlacliés. Il s'aperçut que son
«lésiutéresise'neul eniretenoit , dans
le bas peuple , le goût de la chicane
fit des procès ; il changea de mé-
thode et exigea les éinolumens qui
Jui éloieut dus, mais eti lit une
ÎÎA^VK
bourse particulière , pour eu faire
distribuer, à la lin de chaque an-
née, le monlanl aux pauvres de la
paroisse, par la main du minisirc.
Celte conduite généreuse et la cons-
tance de ses services dévoient lixer
laltenliou publique et du gouver-
nement. En 1763 il fut appelé à
la présidence des assises de quartier
du comté de Middlesex, et en 1772,
le roi réleva au rang de chevalier.
Au milieu de tant d'iiouneurs et
d'occupations , Hawkins n'en fut
pas moins hdele aux muses ; il tra-
vailla à l'édition de Shakespear ,
donnée en 1773 , par Johnson et
Slevens , en 10 volumes in-8°, se
lit distinguer par une adresse du
comté de Middlesex au roi, à l'oc-
casion de la guerre d'Amérique, et
publia' euhn en 177(1, eu 5 vol.
in-q° , son Histoire général e de la
théorie et de la pratique de la
musique, fruit de seize années de
travail , qu'il dédia et présenta lui-
même à S. IM. Le dernier de ses
travaux littéraires fut la vie de
son digne et ancien ami le doc-
leur Jouhson , qu'il publia en 1787,
à la tète de ses œuvres, en 11 vol.
in-8°, dont il fut l'éditeur et qu'il
dédia encore au roi. Hawkins mou-
rut d'une attaque de paralysie le il\
mai 1789, et fut enterré daus le
cloilre de l'abbaye de Westminster.
11 ea)oiguil à ses héritiers de ue
mettre sur sou toml)?an d'autre
épitaphe que les lettres initiales de
son nom.
* HÂWKS:\IOOK ( Nicolas ) , ar-
chitecte, élève de Christophe Wreu ,
quoique fort instruit dans toutes
les connoissances qu'exigeoit son
art, n'égala point son maître dans
la pratique ; il fut employé sous
les règnes de Guillaume , de la
reine Anne et de George T"'. Charge
de la cofislriiclion des nouvelles
églises ordonnées par le statut de la
reine Anne , celles qui ont été cous-
HAWK
truites d'après ses dessins sont,
Sainte-Mavlc-lf'oolnutli ; (li'trist-
C/iunh ; Saint-George ; Aliddle-
s°x\ Sainte-Anne et Saint-George
Elaomsburv ; le clocher de celle
dernière ,■ d'une absurdité remar-
quable , consiste en un ob-Jliscjue
leriiiinéparûne statue de George 1*^'',
accompagnée du lion et de la licorne
cjui sont les supports des armes il'An-
gleterre. 11 rebâtit une portion du
I ollége d'Allsouls à Oxlord , et s'oc-
cupoit à réreclioTi d'un nianniluiue
Mausolée à Blenheira lorsqu'il mou-
rut en mars 1756, âgé de 70 ans.
* HAWKWOOD (sir John),
soldat de fortune (dont la mémoire
elles taiens, presque iguorés dans
sa pairie , ont été rappelés en 1775
par lord Halles j, né dans la classe
«les artisans , éloit apprenti tail-
leur à Londres, lorsqu'il fut eu-
levé par la presse pour servir sous
Edouard UT dans ses guerres contre
la France. Hawkwood s'}'' comporta
avec tant de bravoure qu'il obtint
bientôt le grade de capitaine , et
quelque temps après les honneurs
de la chevalerie ; mais n'a va ut au-
cune fortune- pour en soutenir le
rang , il se trouva le chevalier le
plus pauvre de toute l'armée, lors-
que le traité de Bretigny ramena
la paix en i56o. Dans cet état de
dénuement, sir John n'eut d'autre
ressource que celle de se réunir
aux compagnies connues sons le
nom de Tard venus, composées de
gens de diverses nations, qui, ne
trouvant plus d'emploi dans le ser-
vice militaire , ou ruinés par la
guerre , furent réduits ù la nécessité
de marauder el de piller, ou de
s'engager dans les guerres des par-
ticuliers. L'historien Villani accuse
Edouard Kl d'avoir autorisé en se-
cret ces ravages en France , tandis
qu'en apparence il se moiUroit strict
observateur des conditions du traité
de paix. «A celle époque, ajoute
HAWK
a8t
T^illani , un tailleur anglais nommé
John délia Guglea (Jean de l'Ai-
guille), qui sétoit distingué à la
guerre , se forma une compagnie
de inaraudeurs , la plupart anglais ,
qui prirent plaisir à vivre de pillage,
et à se livrer à toutes sortes d'ex-
cès, à saccager el à mettre à contri-
bution , tantôt une ville, tantôt
l'autre. Celle troupe dévastatrice
tdevint bientôt si considérable, qu'elle
fut la terreur de tout le pays. Ceux
quin'avoient point de retraite dans
quelque heu fortifié traitoient avec
les maraudeurs, el acheloieiit à prix
d'argent , ou à l'aide des provisions
qu'ils leur livroient , la protection
du chef, qui amassa des richesses
immenses en peu de mois. A me-
sure que ses moyens s'accrurent , il
s'avança dans le pays , et parvint
jusqu'aux rives du Pô , portant
par-tout la désolation et l'effroi. A
larrivée de quelques Anglais , dont
l'apparition semble justifier l'incul-
pation de Villani, Hawkwood se
démit du commandement enlreleurs
mains, et leur abandonna la meil-
leure partie d'une fortune acquise par
de si odieux moyens , après avoir
prèle serment de fidélité au roi
d'Angleterre. A cette époque Haw-
kwood s'engagea an service de la
république de Pise. En i564, trans-
porté sur un nouveau théâtre, il ne
se montra plus que comme un guer-
rier accompli , digue d'avoir été
formé sous les étendards du prince
Noir. En i3§7 il parut avec éclat
sous les drapeaux de la république de
Florence. Le comte d'Armagnac ,
général des Florentins, venoitdèlre
battu par Venni, qui commandoit
les SieunoqJPes vainqueurs s'avan-
çoienl pour surprendre Hawkwood ,
qui batut eu retraite dans leCrémo-
nais ; et après avoir amusé l'ennemi ,
qui croyoit le forcer" dans son camp ,
parvint à le repousser avec perte.
Vanni envoya, dit-on ,à Hawkwood
un renard enfermé dans une cage ,
aS'i
HAWK
pour faire allusion à sa situation :
celui-ci répondit que le renard
saurait bitn s en tirer. Eu effet , il
fit sa retraite sur l'Ohio , plaça sa
meilleure cavalerie à son arrière-
garde jusqu'à ce que l'ennemi eût
passé la rivière, à la rive opposée
de laquelle il avoit placé quatre cents
archers à cheval. L'arrière-garde
traversa à leur aide et suivit le reste
de la troupe qui , après avoir passé* ,
à gué le Mincio, vint camper à
dix milles de TAdige. Ce fut là qu'ils
coururent les plus grands dangers.
L'ennemi rompit les levées de la
rivière , dont les eaux grossies par
la Conte des neiges eurent bientôt
iaondé la plaine. La troupe de Hawk-
wood , surprise dans la nuit par
Cette inondalioii subite, n'eutd'au-
tre ressource que de monter à che-
val et d'abandonner ses bagages ,
marchant avec beaucoup de peine
sur un terrain où l'eau s'élevoil jus-
qu'aux sangles des chevaux ; l'infan-
terie suivit à la nage à la queue
des chevaux ; après une perte qui
ne pouvoit être que considérable,
ils parvinrent à gagner Baldo dans
le Padouan. Les Siennois , croyant
leur armée complètement détruite ,
n'osèrent les poursuivre. Muratori ,
qui donne à Hawkwood le nom de
îlprode e l'accortissimo capitaiio,
présente cette retraite comme l'une
des plus belles actions de sa vie , et
digne d'être mise eu parallèle avec
tout ce qu'on peut raconter des
généraux romains. L* paix que les
Florentins firent en lôgi avec Ga-
leazzo et leurs autres ennemis les
ayant mis dans le cas de renvoyer
leurs alliés étrangers , ils en excep-
tèrent Hawkwood, qi^P^ retinrent
en lui donnant le commandement
de mille hommes de guerre. Il mou-
rut en logô, dans mi âge avancé,
laissant après lui une réputation que
plusieurs historiens italiens ont eu
soin de lui conserver. Hawkwood
s'associa à quelques particuliers opu-
IIAY
lena et charitables pour fonder à
nome l'hôpital anglais pour les pau-
vres voyageurs de sa nation.
HAXO, général de la république
française , employé dans la Ven-
dée, obtint divers avantages sur
Charrette. Il s'empara de l'île de
Noirmoutier et de celle de Boin.
Battu complètement le 26 avril
1794 , et craignant de tomber entre
les mains des vainqueurs, il se tua
d'un coup de pistolet. La conven-
tion décréta que son nom seroit ins-
crit sur une colonne.
I.HAY. Voyez Cheron ( Eliza-
beth-Sophie ), el Ciîateivet.
II. HAY (Alexandre), jésuite
fanatique , banni à perpétuité par
arrêt dn 10 janvier 1695, pour
avoir prêché la sédition en public
et en secret , avec injonction de ne
pas rentrer dans le royaume , sous
peine d'être pendu. Plusieurs témoins
déposèrent qu'il avoit dit souvent ,
depuis la réduction de Paris , « qu'il
désiroit , si Henri IV passoit devant
leur collège , tomber de la fenêtre
sur lui , pour lui rompre le cou. »
III.' HxAY ( Jean ) , savant
jésuite écossais , enseigna la théo-
logie , les malliémaliques et la lan-
gue sainte, en Pologne, en France
et dans les Pays-Bas , et mourut ,
chancelier de l'université de Pont-
à-Mousson , en 1607. On a de lui
divers ouvrages, sur-tout plusieurs
Livres de controverse contre le»
calvinistes.
*IV. HAY (Jacques), comte de
Carlisle , Ecossais, mort en ]656,
vint en Angleterre avec Jacques Y^ ,
qui le chargea de plusieurs ambas-
sades, parliculièremcnt en France ,
pour négocier le mariage du prince
de Galles avec la princesse Hen-
riette-Marie. Hay fut le premier de
HAYD
celte «ation qui eut l'honneur d'être
crée pair d'Augleterre. Sou premier
titre étoit l)arou de Hay. 11 fut eu-
suite fait vicomte Daiîcasler, et eu-
liu comte de Carlisle.
*V. HAY (Guillaume), ué à
Glenbunie , comté de Sussex , eu
1700, chargé , en lyo/j, de repré-
senter dans la chambre des com-
munes le bourg de Seaford, a donné
plusieurs ouvrages. Un poème inti-
tulé i?/oi///f Cabiirn , dans le genre
descriptif, 1700 ; des Bemarques
sur les lois relatives aux pauvres ,
avec un projet pour les soulager
et les employer, 1735 ; Principes
de morale et ' de religion , /on-
des sur la contemplation de l'uni-
vers et la situation dans laquelle
l'homme y est placé, i755 , Essai
sur la laideur , 1754; une traduc-
tion d'Hawkius.Browne , i)e im~
mortalitate animœ; une Traduc-
tion et une Imitation de quelques
ëpigrammes de Martial, publiées en
1755. Les ouvrages de lîaj, mort
celte même année , ont été recueillis
par les soins de sa lille, eu 2 vol. in-
* HAYÂn ( Abba), dont le vrai
nom est Mohammed beu Youssef
A!y ben Hayàa , poiite esliinable ,
savant jurisconsulte et grammairien
habile , né à Grenade l'an de ! heg.
652-1254 de lere L'hiétienne , mou-
rut au Caire eu 745- i344) à gS
années lunaires, et seulement no-
nogénaires suivant notre mauièrede
compter. T.es orientaux distinguent
entre- 5o ouvrages qu'il a composés,
I. Commentaire du Coran , sous le
titre d'OctfO«, mot parfaitement bien
adapté à la diffusion de cet ouvrage.
II. Cojiimcntaire sur le livre de
grammaire d'Ibn Malély. 11 est
maniiscril à la bibliothèque de TEs-
curial.
* HAYDN (Joseph ), né en i7r.o,
HAYD
28^
au village de Rohron , sur les confins
de l'Autriche et de la Hongrie. Son.
père , qui étoit charrou^ le ht entrer
comme enfant de chœur à Saint-
Etienne de Vienne, pour y cultiver
la imtsique , et y faire les études
qu'on nomme humanités. Le jeune
Haydn, qui, avec une voix char-
mante , jouoit très-bien du violon ,
et étoit assez fort sur le clavecin ,
fut bientôt admis dans plusieurs con-
certs particuliers, et commença à
composer de petits airs et de jolies
sonatines. Parvenu à l'adolescence,
le maitre de chapelle , craignant que
sou jeune enfant de chœur ne vmt
à perdre ce beau dessus , Thoftneur
de son église , résolut de le hxcr par
la castration, et y fil conseulir ai-
sément Haydn; mais heureusement
le père du jeuue musicien s'y opposa,
et l'opération ne lu t pomt iai le. Ren-
voyé quelque temps après de la maî-
trise, il se mit à composer de Y>etites
sonates, dont une tombée entre les
mains de la comtesse deThuu , grande
miisicieiine, lui valut tout à la lois
une récompense et la protection
de cette dame. Comme les sonates
que composoit Haydn , à celte épo-
que , ne prou voient pas vme profonda
connoissance de l'harmonie , elle
lui fit pré.seut , pour l'étudier , du
traité de Fuchs, le meilleur qu'où
conuîit en Allemagne dans ce
temps. Haydn n'eut jamais d'autre
maitre de composition. Bientôt s-a
brillante réputation le fit placer
comme maitre de chapelle dans la
maison du prince d'Eslhérazy , et
c'est chez ce prince que Haydn a.
composé la plupart de ses beaux ou-
vrages ; c'est pour lui qu'il a fait pres-
que toutes ses symphonies , geure
dans lequel , avant ni depuis , aucuu
compositeur ne l'a égalé ; supérieur
à tout dans la musique iuslrumenta-
!e , c'est lui q\ii le premier imagina ,
pour les petits concerts particrdiers
du prince , ces luttes si piquantes, où
quatre iuslrTOieus seuls s'efforcent
284 HAYD
tour à loiir de fléployer toute leur
habileté. Les fonctions de maître de
cliapelle ne se bornent pas à com-
poser de la musique; il est encore
ciiargé de diriger celle de tout autre
auteur dont l'exécution lui est de-
mandée , soit pour le théâtre, soit
pour les concerts, et à former et
conduire des compagnies italiennes
d'opéras-bouffons et sérieux. Haydn
av^oit fait souvent représenter par
ces dernières le Giulio Snbino de
Sarti. Ce dernier , appelé un jour
dans une cour du nord , et passant
près d'Esihérazj, se détourne de sa
route , curieux de voir un homme
que les symphonies avoient rendu
cétèbredaiis toute l'Europe ; ilarrive
sur la lin dn jour au palais du prince ;
c'est à Haydn qu'il désire parler.
« Pour le moment, lui dit-on , cela
est im|)Ossible ; le maître conduit l'o-
péra qui va commencer. — Ne pour-
rois-je au moins trouver place dans
un coin de la salle ? — Oh! sans dif-
(icnllé. — Quel est l'opéra que l'on
chante? — C'est l'Armida, celui des
ouvrages du maître qu'il affectionne
le plus.» Pendant tout le premier
acte, la l)eauté des morceaux qui se
succédoientrétonna,leravit, le mil
dans l'enchantement ; il les applau-
dit avec transport ; mais vers !a lin
du second, il ne se possède plus: dans
une sorle de délire il se lève, fran-
chit les banquettes qui le séparoient
de l'orclieslre, saute au cou de Haydn
surpris «C'est Sarti qui t'em-
brasse, lui crie-t-il , Sarti qui vou-
loit voir le grand Haydn, admirer
ses beaux ouvrages; mais qui u'espé-
roit pas en admirer un aussi beau ! »
Ce mouvement exalté de Sarti pour
l'opéra d'Arinide dcvoit être sincère ;
car c'est le plus beau des ouvrages
dramatiques d'Haydn. Peu de musi-
ciens furent plus féconds que lui ; le
nombre de ses ouvrages se monte
à 8S2 , parmi lesquels on compte
j I iS grandes sy//ip/ionies; ^o petites
symphonies i i65 morveaux de dif-
HAYD
fêrentes espèces ,6a\\?, lesquels le ba-
ryton , instrument favori du prince
d'Esllîérazy , et qui n'est pas d'u-
sage en France, a été spécialement
employé. Des concertos , des sona-
tes, des morceaux pour deux , trois,
quatre instrumens de toute nature.
Haydn ne fut guère moins fécond nu
musique vocale:on conuoitenouvra-
ges de moindre importance 17 mor-
ceaux à deux , trois , quatre , cinq ,
six ou huit voix: 4 2 c/musot/s ù
voix seule; 5.i cfl/to//*,el, pendant
son séjour à Londres, SGf) c/iansons
dites écossaises , dont quelques-unes
à deux voix. En musique d église ,
ses Itlesses , OJfertoires , Te iJeum ,
Salue Regina, Chœurs, etc. sont
au nombre de 27 : ou a da lui \.\
Opéras italiens , lant sérieux qua
bouffons et de demi-caractère ; \0~
péra héroïque d'ylnnide est le seul
dans ce nombre qMi mérite d'être
cité ; c'est celui qu'il a écrit avec le
pins de soin. Haydn , admirable dans
jjresque toutes ses compositions, fut
foible dans celles qu'il ht pour le théâ-
tre ; cependant il fut plus heureux
daus cette sorte d'ouvrage que les
Italiens nomment oratorio ; il en
a fait 5 , \ italien , 1 latin et 3
allemands ; l'italien , intitulé 11
Riloriio di Tuhia , est inconnu eu
France ; c'est le meilleur de tous. Le
latin est le Stabat , qui n'a point
fait oublier celui de Pergolèze , dont
la réputation iinmorteile a été faite
dans u\\ temps où les compositeurs
italiens ne l'aisoient que commencer
à senlir que l'expression des paroKs
est préférable aux vaines combinai-
sons de la science. Le Stabat de Per-
golèze a quatre ou cinq versets su-
périeurs à ceux de Haydn ; mais ce-
lui de ce dernier , dans son ensemble ,
a plus de variété de motifs, pins
d'effets d'harmonie , })lus de ricliesse
d'iiccompagnemens. Le premier des
trois allemands est celui que l'on
connoit sous le titre de la Création;
le second est inltlulë Les sept der~
HAYE
filtres paroles de J. C. ; le dernier ,
quia j)oiir litre. Les Quatrs sai-
S(i//Sj est la plus foible de loutcs ses
}noiUu-iions ; c'esl l'effort de sa \ ieil-
lesse. FJaydu, avant sa mort, avoit
été admis par riiistilul de l'VaiKe au
nombre de ses associés étrangers.
t. I. HAYE (Jean de la), cordelier
parisien , i)rL'dicateur ordinaire de
la reine Anne d'AiUriche, né en
lôqo, et mort en i66i , est fort
connu par deux ouvrages, l'un in-
titulé Bihlia /na^/ra ,Var\s , i643,
î) vol. in-iol, Cette compilation, utile
et assez bien faite , contient les
Commentaires de Ganœus.d'Estiiis,
de Tiriu et de plusieurs autres.
L'autre , Eiblla maxirna , Paris ,
1660, ig vol. in-lol. est un recueil
informe et peu estimé. Les prolé-
gomènes de cet ouvrage reuFernitut
beaucoup d'érudition; mais elle est
mal distribuée, et souvent mal choi-
sie : ce livre est cependant peu
commun.
-;- IL HAYE (Jean de la), jé-
suite, mort en 1614, à 74 ans , a
donné une Harmonie év aii^é tique ,
en 2 vol. in-lbl. , et d'autres ou-
vrages. — Il ue/aut pas le confondre
avec un autre Jean de La Ha^^e ,
valet de clîambre de Marguerite de
Valois, éditeur de ses Poésies. Voy .
Marguerite , n*" VII.
III. HAYE ( Jean de la ) , lieute-
nant-général de la sénéchaussée
de Poitiers, tué en i575. On lui
doit Ilèmoires et Recherches sur
la France et la Gaule aquilanique ,
i58i, in-8°.
* IV. HAYE ( Gilbert de la ) ,
dominicain , né à Lille en i6.(0, se
fit aimer et estimer par la pureté
de ses mœurs et par la douceur de
8011 caractère : quoiqu'il s'adonnât
beaucoup à la prédication , il sut
trouver le temps de fouilitr dans
HAYE
28f
beaucoup d'artbives des monastère»
des Pays-Baa, d où il lira un grand
itouibre de pièces pcuréclaircir i his-
toire des conven» et dt-s écrivains de
son ordre. La Haye mourut à Lille le
17 juin 1692. Guy conserve en ma-
nuscrit , I. Compendium historiée
pnwinciœGermaiiice inferioris IF.
prœdica/oruni. Le P. Richard en a
prciilé dans l'Histoire du couvent
des dominicains de Lille, 1781 ,
où l'on voit une très-bonne réfuta-
tion de la dernière hisloire de cette
ville, rédigée par un barbouilleur
philosophie le. II. Eibliotheca Bel-
go - IJominicana. Le P. Echard u
fait entrer cet ouvrage dans sa con-
tinuation des Scriptorcs ' ordinis
prœdicalorum du P. Quetif , Pa-
ris , 1721 , ia-fol.
* V. HAYE (Charles de la),
habile graveur , né à Fontaine-
bleau en 164^, a gravé eu Italie
conjointement avec Bloermaerl ,
Blondeau , Spierre et autres, les
peintures des trois salons du palais
Pi ni àJ'orcnce , d'après P. de Cor-
tone ; la Mainte Vierge , d'après
Ciro-Fetri ; Coriolan prêt à tirer
vengeance des Romains qui Pa-
vaient exilé , d'après le même ; est
plusieurs MWcdi, pièces , d'après dif-
ferens maîtres.
I. HAYER DuPERRON ( Pierre
le), né à Alençon en i6o5, d'un
procureur du roi au pitsidial de cette
ville , charge dont il fut lui-même
pourvu après la mort de son père ,
se fit en son temps quelque répu-
tation par ses Poésies. Son ouvrags
le plus considérable en ce genre, est
intitulé Les Palmes de Louis-le-
Juste , Poëme historique divisé en
JX libres , o// , par l'ordre des an-
nées , sont contenues les immor-
telles actions du très - chrétien et
très- victorieux monarque Louis
XIII, etc. , Paris, i65.5 , in-4^
Ce poëme , présenté au roi par i"aa-r
28G
HAYE
tcur , lorsque ce prince passa à Aleii-
çoii pour aller enBrelague , fut bleu
accueilii . cl lui valut sur-toiil la pBo-
tectiou du carilinal dont les louan-
ges n'y cloient pas oubliéi^s. Les eiïets
de cette protection, qu'il ne tarda pas
àresseulir, furent d'abord des let-
tres de réhabiliialiou de noblesse
pour sou père, et d"anol)lissement ,
en tant que besoin seroit. 11 obtint"
ensuite le cordon de Saint-Micliel ,
el entin un brevet de conseiller
d'état. Le Hayer fut un des pre-
miers nienîi)res de lacadémie nais-
sante de Caeu. Nous ignorons l'an-
née de sa mort ; mais nous savons
qu'il écrivoit encore en 1678. Outre'
le poëme dontuous veiious de par-
ler , et quantité d'autres ]>oésies fu-
gitives , telles qv.'Epïtres , Odes ,
Sonnets , etc. , il a traduit quelques
ouvrages de l'espagnol , et entre au-
tres V Histoire de l'empereur Char-
les-Quint , par J. Aut. de Verra ,
Paris, i66:2 , in-.'f".
t IL HAYER ( Jean-Nico!as-
Ilubert, rëcollet , ancien protèsseur
de philosophie "et de théologie dans
son ordre. , né à Sar- Louis le i5
juin 1708 , mort à Paris le 16
juillet 1780 , fut un des athlètes
qui se mesurèrent le plus souvent
avec les incrédules modernes. 11
composa pendant quelques années ,
en société avec Soret, un ou-
vrage périodique , intitulé La reli-
gion vengée , ou Kéfutalion d'au-
teurs impies, Paris, 17.^1 et suiv. ,
ai vol. ia-12. Ce journal leur pro-
curai l'un et à l'antre plus d'injures
que d'argent ; et le public cessant de
l'accueillir , les deux auteurs furent
forcés de le discoiUinuer. On a en-
core du P. ilayer divers ouvrages en
faveur de la religion. Les principaux
sont , L -i-" spiritualité et l'immor-
y îalité de l'ame ,1757,5 vol. in-i 2 ,
où <«lle matière est discutée avec
ïoUdilé. IL La règle de foi vengée
dûi calaniniesdesprotcslaiis } 1761 ,
HA Y M
3 vol. iu-12. IIL L'Jpostolicité du
ministère de l'Eglise romaine ,
176:'), iu-12. IV. Traité de l'exis-
tence de Dieu, in-12, 1769. V.
L'Uulililé temporelle de la reli-
gion chrétienne , 1774, in-12. VL
La Charlalanerie des incrédules ,
1 780 , in-12. VIL Pensées éuangé-
liques , 1772 , in-12. Plus de force
et de chaleur dans son style au-
roienl été nécessaires pour qu'il ne
survécût pas à ses ouvrages. Voyez
Boui-Lî£R, nM.
* IlAYES ( Charles ), savant an-
glais , très -versé dans la connois-
sance des langues anciennes et mo-
dernes , et d'une si grande modestie
que son nom est beaucoup moins
connu que ses ouvrages, naquit en
1678 , et publia en 170.4 un Tiaité
des/luxions ,m-io\. (C'est la seule de
ses productions qui porte son nom);
en 1710, un pamphlet 111-4" intitulé,
Méthode nouvelle et aisée de trou-
ver les longitudes par r observation
de la hauteur des corps célestes ; en
1725, la Lune, dialogue philoso-
phique où l'on montre que cet astre
n 'est point un corps opaque et br ille
de sa propre lumière. 11 s'occupa
en 17,55 à composer en latin son ou-
vrage intitulé Cronographia jîsia-
tica et JEgyptiaca , qui n'a paru
qu'après sa mort, arrivée en 1760.
Il a eu pendant une longue suite
d'années la direction de la compa-
gnie royale d'Afrique dissoute en
1752.
HAYM. Voyez. Aym.
I. HAYMON , géant , ué dans le
Tirol au i5® siècle , avoit seize
]:»!eds de haut, et assez de force,
dit-on , pour porter un bceuf d'une
main. On raonlre son tombeau dans
le château d'Uinbras , ù ime lieue
d'iiispruck. A côlé du squelette
(IHaymon est celui d'un nain qui
j lut cause d« sa mort. Ce naia ayant
HAYN
délié le cordon du soulier du gëauL ,
celui-ci se baissa pour le renouer ;
le uni u profila de ce moment pour
lui donner un soufflet. Celte scène se
passa devant l'arcliiduc Ferdinand
et sa cour ; on en rit, ce qui lit tant
de peine au géant que peu de jours
après il m^i niourul de chagiiu. Le
Tirol a pi'oduit souvent des hom-
mes d'une taille extraordinaire. Ber-
nard Gilli , ayant onze pieds de
haut , etoit de cette contrée ; il par-
courut la France en lyG/j- A l'âge
de 9 ans sa taille n'excédoit point
celle des autres enfans ; mais dès ce
moment ses membres se dévelop-
pèrent et s'étendirent d'une ma-
nière surprenante.
* II. HAYMON, Anglais de nais-
sance, eulra dans l'ordre de Samt-
François , enseigna avec répulation
la théologie à Paris dans le i 5*^ siècle
et devint général de son ordre.
Grégoire IX l'envoya en qualité de
nonce à Constaulinople , et le char-
gea de revoir le ùréiùai/e et les ru-
vritiues de 1 Église romaine.
* I. riAYNES (Hoptou), essayeur
de la monnoie à Londres, mort en
1749 » ^ laissé un ouvrage posthume
publié à Londres en 1760, inlilule
Tableau des attributs et du culte
de Dieu d'après les saintes Ecri-
tures, ainsi que du caractère et de
la mission de J. C. ,par un homme
qui recherche sincèrement la vérité,
publié après lui conformé nient à
son désir.
* II. HAYNESC Samuel), théo-
logien anglais, fils du précédent,
chanoine de Windsor et recleur de
ClolhallelHalfield,aucomléd'lIert-
fort , mort en 1752, a publié en 2
vol. in-Iol. un Recueil de mémoires
politiques.
HAYNEUVF. ( Julien ) , jésuite ,
né à Laval eu x58.8^ mort à Paris en
lîAYT
287
1 663, a puhUé des Méditations pour
tous les /ours de l'année, qui ont
eu autrelois beaucoup de réputation.
t 1. IIAYS ( Jean de ), mau-
vais poêle français du iG*" siècle,
conseiller et avocat du roi au bail-
liage et siège présidial de F«ouen ,
a fait quelques Pièces de Théâtre ,
dont l'une, intitulée Camniate , est
en 7 actes. Cammate se trouve dans
les premières Pensées de Jean de
IJays , Rouen, 1698 , in-ia. Ou
a encore de lui, Amarylle , Rouen,
1595, in-12.
II. HAYS , sieur nr, La Fosse
( Gilles le ), poêle latin , ualif du
village d'Amayé , à deux lieues de
Caen , professeur de rhétorique
et recteur de l'université eu cette
ville , vint ensuite à Paris , où il en-
seigna la rhétorique dans les collèges
du Plessis, du cardinal Le Moine et
deBeauvais, jusqu'en 1666, qu'il
devint curé de Geutilly,où il mourut
en 1679. Ses Poésies latines sont
satiriques , et jouissent de quelque
estime.
III. HAYS (Jean-Bapliste des ) ,
Ployez Desiiayes — et Gendron.
* HAYTON ou Ayton, neveu
d'un roi d'Arménie de même nom ,
entra dans l'ordre des préniontrés en
i5o5 , et s'attacha à l'abbaye d'Epis-
copie dans File de Chypre ; ce
religieux se rendit célèbre par sa
doctrine. On a fle lui des Commen-
taires sur l' Apocalypse, et le pape
Clément V le chargea d'écrire \\\\
livre qu'il a intitulé les Fleurs de
l'histoire d'orient. Cet ouvrage fut
imprimé àHaguenau sous le titre de
Liber hisloriarum partium orien-
lis , sive passagium Ternv sanclcR
Tlaytono ordinis prœmonslratensis
aulore scriptus anno redemploris
nostri i3oo. M. Lécuy , religieux
et dernier 2^"*^*'i *^^< »uèine ordre ,
^88
HAZO
remarque ilans son dictionnaire que
celle histoire selon loiUe apparence
avoit été écrite originairement en
français , sous le titre de Passage
de la Terre sainte , et qne Nicolas
Falconiiis ou Faucon la traduisit en
latin à Poitiers eu 1 007 , par ordre
de Clément V.
HAYWARD ( Jean ) , historien
anglais, mort à Londres en 1627 ,
écnvoit avec une liberté qui tenoit
de la licence. On a de lui en anglais
les T'aies des trois rais normands ,
iu-4°; celle A/ roi Henri Jf^, 111-4";
le règne d'Edonard FI, in-4° , etc.
Ses écrits liu causèrent des inquié-
tudes. Voyez Elizaueth , u° XII ,
à la hn.
HAZAEL, officier de Bénadad II,
roideSyrie, étouffa ce prince sous une
touverlnre, et régna à sa place vers
l'an S89 ans J. C. ii tourna ensuite ses
armes contre les Jmfs , ravagea leur
pays, el entreprit le siège de Jéru-
salem. Joas , voulant empêcher la
ruiue de ce ville, envoya à 1 usurpa-
teur tout l'or et tout l'argent du
temple, et de ses coffres. 11 se relira
et mourut laissant la couronne à son
fils Uénadad 111.
t HAZON ( Jacques - Albert ) ,
mort le 17 avril 1780 , prit le i)oniiel
de docteur dans la l'acuité de méde-
cine de Paris. Ses recherchessur l'his-
toire et les progrès des éludes aca-
démiques lui ont founii la matitre
de deux éloges qu il a prononcés
dans les écoles de la faculté , l'un
pour les vespéries, et l'autre pour
la réception des huniers : Eloge
historique de l université de Paris,
français et latin, 1770, in-4'' ; le
même en français seulement, 1770,
iu-4° ; Eloge historique de ta Jd-
culté de Paris , en français , avec
des notes, 3770, in-4"- L'auteur
l'a voit prononcé en latin le 16 oc-
robi« 1770. Ces deux éloges prou-
IIEAR
vent que ce médecin n'éloit pas sans
mérite.
* HEAU ( Richard ) , Irlandais ,
quelque temps membre de l'uui-
versilé d'Oxford, et ensuite libraire
à Londres , périt dans la mer eu
1678 en passant dans l'jle.df: \Vight.
On a de lui plusieurs ouvrages. \.
Le Tripon anglais. II. L'art d'en'
jôler. III. Ees caprices de Dublin,
comédie , el d'autres ouvrages de
ce genre.
* HEADLEY ( Henri ) , écrivain
anglais de beaucoup d'espérance ,
qui mourut à 25 ans à Norwich
en J788, où il éloit né et avoit eu
M. Parr pour gouverneur. Headiey
avoit étudié au collège de la Trinité
à Oxford, où il avoit été reçu bache-
lier es-aris. On a de cet auteur , I.
Un volume de Poésies. II. Quelques
Pièces en vers insérées dans l'OUa
Podrida. III. un recueil intitulé
Choix de beaux jnorceaux des
anciens poètes anglais , arec des
remarques , 2 vol. IV. quelques
Ecrits insérés dans le Genlleman's
magazine et dans l'European maga-
zine, sous la signature T. E. O.
t HEARNE ( Thotnas), écrivain
anglais distingué par ses ouvrages
el par les services qu'il a reudus à la
bibliothèque bodiéienne, dont il étoit
sous-bibliothécaire, mourut en i735,
à 57 ans. Il voulut qu'on ne mit sur
sa tombe ([ue celte épilaphe : « Ci-
git Tliomas Héanie , qui passa sa vie
à étudier et à cfiuserver les antiqui-
tés. » On a de lui quelques ouvrages
dont les principaux sont , I. Scrip-
tores varii de historid JÎngUcanâ ,
1709-1755, en fi4 vol. in-8", qu'il
est très-difficile de rassembler, parce
que les exemplaires ont été tirés à
petit nomjue. 11. Les Antiquités de
la l'yran de - Bretagne , Londres ,
1778-1786, ia-lol. obloiig. 111. 6'.
Pliuii sixi/ndi epislolœ et panegy-
HE AT
?icus. Cl/m peu lis leclioiiiliis et an-
nulalloinbus, Oxford-, lyoo, ih-b".
IV. Ji/stinus , recogniliis et atinota-
tionibiis illustralus, Oxfoid, 1705',
* I. HEATII (Thomas), jésuite,
envoyé, ep i5G8, j>ar s<rs supé-
vieufs, en mission en Angleterre,
sous riiabil ecdésiasliqiie puril;iin,
obliul la peraiission de prêcher
dans la cathédrale de Rochesler , et
il y déclama contre la liturgie;
mais il eut le malheur de laisser
lomher de sa poche la lettre d'un
jésuite de IMadrid , qui avoit rap-
port à sa mission et qui fut portée
a l'évêque. On fit une recherdie chez
lui, et on y trouva une bulle du
jiape el d'autres ])apiers sur lesqxiels
il fut reconnu pour jésuite. Il fut eu
conséquence condamne au pilori el à
vuie prison perpétuelle; mais heu-
reusement il mourut quelques mois
après.
* II. HEATH ( Jacques) , historien
;>ug!ais, né en 16.29 d'mi conseiller
du roi, el mort en 1G64, d'abord
dissipa sou patrimoine el chercha
ensuite à se faire par ses écrits une
ressource contre l'indigence. On à
de lui, I. Chronique de la dernière
guerre intestine entre l'ylnglelcrre,
L" Ecosse et l'Irlande, j66i , iii-8°,
qu'il augmenta et continua depuis
jGôy jusqu'en 1660, un très-gros iu-
8" publié eu i663. 11 y a eu une autre
continuation par John Philips jus-
qu'en 1675, qui a paru en 1676, in-f.
11. heg/orieu.v et inagnijique triom-
phe de la bienheureuse restaura-
tion du 7-ui Charles 11 , etc. , 1 6.")2 ,
m -8°. 111. Flagelluni ou vie et
mort d'Olivier Cromwell l'usur-
pateur , i665 11 en a paru depuis
une troisième édition avec des addi-
tions , in- 8" . IV. Le Nécrologe des
loyaux Anglais , martyrs et con-
fesseurs qui ont souffert les angois-
ses de la terreur de la mort pour le
T. VIII.
lîEAT 289
maintien du gouverneuient légi-
time ^ÊÊes trois royaumes , etc. ,
in-i a, Td6 5. V . Courte, mais exacte
revue de la situation des Froviii-
ces-Unies, in-12. Healh , qui peut-
être n'a compilé ses éciits que d'a-
près des gaKeltes, rapporte souvent
des faits qui jettent un grand jour
sur rhi.stoiie de son ti-mjjs et qui
ont échappé à Clarendon , qui n'a
écrit que d'aprts les pièces les plus
authentiques.
* 111. HEATH ( Benjamin ), ju-
risconsulte et littérateur estimé ,
s'est l'ail connoilre sous ce der-
nier rapport par divers ouvr;iges.
I. iLssai sur une pieuve démons-
trative de l'existence , de l'unité
et des attributs de Dieu, i']l\0.
II. Isotœ , si'.'e lectiones ad Iragi-
coruni Grcscorum veterum opéra ,
Ceschyli , etc., iria, in-4°. lU.
Revue du texte de Shakespear ,
où l'on examine particuiièremeni
les changemens introduits par les
Cl itiques et les éditeurs moder-
nes, 176.5 , ia-8°. — Son frère Tho-
mas HiiATH a publié en 1700 une
nouvelle Traduction du livre de Job
en anglais.
* IV. HEATH ( Nicolas ) , arche-
vêque d'Yonk et chancelier d'An-
gleterre sous le règne de la reine
Marie , mort à Oobbam en 1750,
élève du collège du Chrisl à Cam-
bridge , fut estimé pour sa piété et
sa modération : mais ses places lui
furent otées pour refus du strmeul
de suprématie.
* HEATHCOTE ( Raoul ) , théo-
logien anglais , né en 1721 , mort
en 1795 , .élève de Cambridge , où
il fut reçu docteur , a donné , 1.
Vue Esquisse de la philosophie dç
tord Boliiigbrocke. 11. Sylva, qm
le liois. 111. Un long Traité contre
les Uutchinsoniens ; el quelques
autres ouvrages.
'9
lijo HEBE
HEAUVILLE. iToy. Bourgeois
( Louis le ) , n° II. m
HÉBÉ (Mythologie) , fille de
Jupiter et de Juuou , et déesse de
la jeunesse. Les poètes disent qu'A-
pollon invita Junou à un souper où
il fit servir, entre autres mets , une
espèce de laitue sauvage ; la déesse
en ayant mangé avec appétit, de
stérile qu'elle éloit auparavant , de-
vint féconde , et enfanta Hébé. D'au-
tres disent que Junon, piquée de ce
que Jupiter avoit tiré Minerve de
son cerveau, tira du sien la jeune
Hébé. Quoi qu'il en soit, le maître
des dieux prit la jeune déesse à
cause de sa beauté , pour lui servir
le nectar. Elle s'acquitta de cette
tonctiou avec grâces , jusqu'à ce
qu'étaut tombée un jour en lui pré-
sentant à boire , ce dieu lui défendit
de le servir davantage , et mit Ga-
nymède à sa place. Homère dit qu'en
prenant Ganymèd? pour échanson ,
il permit à Hébé de verser le nectar
aux autres dieux. Cette déesse avoit
aussi le soin d'atteler le char dé
Junon. Dans la suite, elle épousa
Hercule lorsqu'il fut mis au rang
des dieux , et rajeunit le vieux lolas ,
cocher de son nouvel époux. On
l'appeloit aussi Juvenla.
HÉBED-JÉSU. Ployez Abdissi.
1 1. HÉBENSTREIT (Jean-Ernest),
savant jurisconsulte deLeipsick, a
publié un grand nombre d'ouvrages
de droit , dont les plus remarquables
sont Uue Histoire de la juridic-
tiun ecclésiastique , et une Disser-
tation curieuse sur l'interrogatoire
secret des témoins. On lui doit
aussi Muséum Richterianum , con-
lincns fossilia ariimalia , etc. ,
Leipsick , 174^ , in-fol. , texte alle-
mand et latin. Il est mort dans sa
pairie en 1781.
*II. HEBENSTREIT (.Tean-Ernesl),
professeur de médecine en l'univer-
HEBE
site de Leipsick, de l'académie des
curieux de la nature et de celle des
sciences de Marseille, né à Neus-
tàdt le i5 janvier 1702, savant
dans les langues grecque et latine ,
cultiva la poésie avec beaucoup
de succès , et mourut le 5 décembre
1757. Les ouvrages de ce médecin
consistent principalement en Dis-
sertations académiques. Le célèbre
Haller en a inséré plusieurs dans
sou recueil de Thèses. I. Disserta-
tiunes ac dejinitiones planlarum ,
Lipsiae , i75i , in-4°. IL De usu
parti um carmen , ibid . , 1709, iu-8°.
m. Fathologica melrica , seu de
inorhis carmen , ibid., i74o, ÏQ-
8". IV. Anthropologia forensis ,
ibid., 1751, 17.53, in- 8°. V. De
/i.omine sano etcegro carmen , Lip-
sic-B , 17. 5 3, in-8". VI. Tentamen
pàilosophico-medicum super yy.lii
Jmydenii synopsim medicoium
veterum, libri octo grœcè et la-
tine, ibid, 1757, in-4°.
HÉBER, fils de Salé et père
de Phaleg , né l'an 1281 avant
J. C. , mourut âgé de 4^4 ^us.
Josèphe , Eusèbe , St. Jérôme , le
vénérable Bède, St. Isidore, et pres-
que Ions les interprètes assurent que
les Hébreux ont tiré leur nom de
Héber, qui conserva la première
laugue, nommée de son nom hé-
braïque , depuis la confusion de ces
ruèoics langues. D'autres savans les
contredisent. Huet , dans sa Dé-
monstration évangélique , a voulu
démontrer que le nom hébreu vient
du mot Héber, c'est-à-dire de-delà ,
parce qu'ils étoient venus d'au-delà
de l'Euplirate. C'est en effet le sen-
timent le plus probable.
*HÉBERS, poêle français, qui
vivoit selon les unssous Louis VIII ,
père de S. Louis, selon d'autres sous
Louis Ilutin, roi de Navarre, est
auteur du Roman des Sept-Sages ,
autrement intitulé Dolopat/ios. Un
moine de l'abbaje de Haute-Sehe
HEBE
avoit traité le même sujet en latin ,
long-temps avaul que ce poêle en-
treiiril de l'exéculei" en vers fian-
çais. L'ouvrage du moine de Hauie-
belve est inférieur au poème d'Hé-
bers, (juaulàlexéculion; ilendiQere
même moins pour le fond. Le Foënie
desSept-Sas^es est un monument du
1 y siècle qui n'est pas sans mé-
rite. L'auteur a semé dans son ou-
vrage un grand nombre d'épisodes
qui sont, pour la plupart, des contes
aussi plaisans que moraux. On y
trouve la seconde nouvelle , dont
Boccace a tiré si bon parti dans
la troisième journée de son Déca-
méron. Le coule du jeuue homme
qui , n'ayant jamais vu de femmes ,
eu demande une à son père , comme
la plus belle chose du monde , est
aussi tiré de la 'même source. On
rencontre d'excellentes maximes
dans le Dolopathus d'Hébers ; il
abonde sui-lout eu proverbes pleins
de sens et de morale. Celui-ci mé-
rite d'être cité :
On sert le chien porte seignor.
Et por l'amor le chevalier.
Baise la daiae i'escuJer.
L HÉBERT. Foy. Ébertus.
t n. HÉBERT ( François ) , curé
de Versailles, mort à Paris le 21
aoiît , 1728, mérita ^e^lime de
Louis XÏV par s< s vertus et se?
talens, et devint ,a la lin de l'aunée
1700, évèque d'Aoen. Nous avon^
de lui , 1. Des Hro/ies pour tous
les dimanches de l'année, à Paris,
172.5 , eu 4 "vol. in-i 2. Le siyle en
est simple , comme il couvient à ces
sortes d instructions, sanscependaut
être négligé. 11. Ues Mémoires ma-
nuscrils sur les événemeus dont il
avoit été témoin à la cour taudis
qu'il étoit curé de Versailles. La
Beaumelle , qui eu a profité pour
composer ses Mémoires de Mainte-
non , dit qu'Hébert écrivit avec
l'exactitude d'un homme qui avoit
HEBE
9.91
tout vu , et avec la liberté d'un
liomme qui n'écrivoit que pour lui-
uième. Ou dit dans ce dernier on-
vrage que madaïaie de Mainienon
ayant voulu engager Hébert à se
trouver à la représentation de lEs-
llierdeRacine, il lui répondit : « Ma-
dame , rinnocence des vierges est
un attrait plus dangereux que le li-
bertinage des prostituées ; le vice
profane tout.»
t in. HÉBERT ( N. ), chirurgien
dentiste, très-esllmé dans son art,
membre de l'académie de Ville-
franche , pensionné de la ville de
Lyon , où il fixa son séjour , y
publia quelques écrits sur son art ,
entre autres le Citoyen Dentiste ,
1779 , in-i 2. Il mourut en 1780.
* IV. HÉBERT (Michel) , jésuite ,
né à Caeii en 1672 , enseigna les
humanités, et fut successivement se-
crétaire du P. de La Chaise et de Mi-
ihel Le Teliier. 11 mourut à Paris,
dans la maison professe desjésuites ,
le 2:^ m v"mbre 1711. Hébert a pu-
blié , 1. Katis elegiaci somnium.
Celle pièce fait partie du recueil
intitulé l^iusarum jésti plan sus
ad nuptias Ludovici Buigundiœ
ducis , Paris, 1697 ,in-i2, et iu-4".
II. y!?'s Jocandi : ce poëme, en vers
élég aques , fut imprimé à Paris , en
1698 , in- 12, et traduit en vers fran-
çais par Bellechaume , Paris , 1 699 ,
iii-i 2 , sous ce titre : L'y/rt des bons
mots. On le trouve aussi dans les
Cannina didascalica, tom. I. On
a encore dece jésuite plusieurs Fgto-
gués e\. Elégies , imprimées séparé-
ment.
i- V. HÉBERT (Jacques-René), né
à Alençon.Cet hommed'un caractère
remuant, d'une imagination ardente,
mais sans moyens, et sur-tout dé-
po;irvii d'instruclion, vivoit d'in-
trigue ù Paris avant la ré\olu-
tiou. Employé au théâtre des Va-
292
HEBE
riélés r:oiimie coiilrôleur des cotilre-
inarques, il en fut chassé pour cause
(i'itiliclélilé. Un médecin lui donna
l'liospilalilé.Hét)erl fui accusé d» la-
voir dévalisé. L'époque de 1789 lui
lournilentin un moyeu d'existerelde
se taire connoilre p;ir le journal inli-
lulé le Père Duchesne. La folie des
idées de ce journal, ses injures gros-
sières , son cyussiiie effronté , ses
ternies orduriers, sans cesse mêlés
à des jureniens , enciiaulèrent la po-
pulace. L'auteur devint membre de
la municipalité qui ordonna l'atia-
qne du 10 août, et contribua en-
suite aux massacres exécutés dans
les prisons. Devenu substitut du pro-
cureur de la commune lors du pro-
cès de Marie-Autoinelte , il eut liii-
faillie de l'accuser du crime d inceste
avec son tils. Cette princesse ré-
pondit avec calme : « J'en appelle
à toutes les mères ici présentes : y
en a-l-il une d'elles capable d'un
pareil crime? » Cette accusation ré-
volta même Robespierre. Hébert re-
çut bientôt le prix de ses crmies.
Quelqu'un lui fil le reproche d'avoir
accusé d'une manière horrible Ma-
iie-Anlomette. 11 répondit : « J'ai
vu l'instant où le public commen-
çoità s'attendrir pour cette femme;
j'ai dû , pour (jnelle ne nous échappai
point, cliauger celle sensibilité en
un sentiment d horreur. » Danton et
Rol)espierre , s'apercevautqu'fiéberl
el ses adliérens, appelés hébertistes,
cherchoient à élever la puissance
de la commune de Pans au-dessus
de celle de la convention, se réu-
nirent, malgré leur iiaine muluelle,
pour perdre ces eiineinis communs.
Hébert et ses partisans Ronsin, IMo-
moro et Cloolz furent subitement
arrêtés, et condamnés à mort le 24
111 irs 1794- Hébert , la subissant
a .'ec lâcheté, tomba plusieurs fois
en défaillance avant d'arriver à i'é-
chafand. Il avoit épousé une reli-
gieuse qui fut condamnée vingt jours
après sou luari. Ou a reinar(iué «jue
H ET. Il
le même cachot de la coiicitrgen'
rtçut successivement iléberl , soti
ami Chaumelte, et enfin ses ad-
versaires Danton et Robe^^pi^rre.
Hébert fut le principal ordonna-
teur des orgies nouimées les 7 êtes
de la raisun , elc- « Ceux qui
font connu parliculieremenl , dil ua
écrivain , assurent que le journa-
liste et l'homme de société éloietil
deux êtres qui n'avoienl aucune res-
semblance : l'un étoil fougueux, for-
cené, atroce ; l'autre doux , liant , et
même patelin. L'écnvaiu , sous le
nom du Père Duchesne, ne prè-
choit que lal)stirience et les priva-
tions ; il déclamoil sans cesse contre
les voleurs, el api'eloit à grands cris
la vengeance )iationale sur la lête
de loui les scélérats, tandis que le
magistrat Héberl, logé magmiique-
ment, donnoit des repas somp-
tueux , vivoit dans la mollesse avec
des hommes intéressés dans les four-
nitures des armées, et souvent se
réunissoil le soir avec des pei sonnes
qu'il avoit dénoncées le matin. A lit
commune, c'étoit le républicain le
plus sévère; au club des cordeliers ,
le moteur le plus audacieux des
mouvemeus populaires. Dans l'in-
térieur de sa maison , c'étoit un
homme facile, complaisant, qui
s'occupoit de ses jouissances , et qui ,
loin de blâmer les plaisirs et les
prodigalités, se livroit à tous les
excès d'une vie molle et sensuelle. »
Outre le journal dont nous avons
déjà parlé, il en fit un autre sous
le litre de Petit Carême de l'abbé
Maury , ou Sermons prêches dans
l'asscmbjlée des enragés , 10 numé-
ros iu-S" , qu'il avoit fait précéder
d'une satire intitulée /^/'e Privée de
l'abbé Maury , Paris, 1790, in-S".
HÉHRON, chef de la famille des
Hébroniles, doima sou nom à la
ville d'ilébron, appelée aussi Athée.
Abraham avoit acheté une caverne
dans cet endroit ^ pour eu faire ie
IlECA
S'.'piilcre de Sara eX le sien. Ce fui
diins celle nicme ville qu'Absaîon se
lit sacrer roi, du vivant de David
son père.
ÎIÉCATE (Mythologie), fille
de Jupiler el de Laione. C'est ainsi
qu'on nommoit l^iane dans les eu-
firs. Elle leiipil au-delà du St) x ,
pendant cent ans, les ombres de ceux
qui avnienl été privés de la sépul-
ture. Hécate éloil regardée coiniue
la déesse de la nuit, des ombres,
des enfers cl des songes : elle pré-
sidoit aux enelianleinens et à la ma-
gie. Elle s'appeloil Hécate , on parce
qu'on ne l apaisoit que par des .sa-
crifices de t -"it victimes, on parce
qu'elle faisoit erret cent ans sur les
bords du Styx les morts sans sépul-
ture. Elle avoil encore les noms de
Terj^emina et de Triceps , parce
qu'on la représentoil tantôt avec
un seul corps à trois têtes et à qua-
tre bras, tellement disiiO'és, que,
de quelque côté qu'on se tournât,
chaqvie lete a voit ses deux bras ;
tantôt avec trois ligures adossées les
unes aux autres. IJaus une main,
'on lui mettoil un llambean ; dans
deux autres mains, on lut tloii-
noil lin lonet et un glaive , comme
gardienne de l'enfer : dans la qua-
trième, on lui faisoit tenir nii ser-
pent, symbole de la santé, à la-
quelle elle présidoil. ^- HÉCATE fhl
aussi le nom d'une magicienne de
l'antiquité , qui , après avoir em-
poisonné plusieurs personnes qn'i Ile
haïssoit , et même son père , clierclia
un asile chez ^î)elès , son oncle , roi
de Colchos, qn'elle épousa, et dont
elle ent la fameuse Médée.
* HÉCATÉE, de Milet, vivoit
dans le 4" siècle avant notre ère. Il
se proposa ,dansson H/.tiu/retX dans
ses Généalogies , d'érlaircir les an-
tiquités des Grecs, a Voici, disoit-il
an commencement de sononvr;ign,
ce que raconte Hécalce de Milel.
EECK
o.(y)
J'écris ce qi:i me paroit vrai. Les
Grecs, à mon avis, ont rapporté
beanconp de choses (onlradutoires
el ridicules. 5) Cependant ce même
auteur accordoil le don de la iiaroie
an bélier qui transporta Phritns
en Cokiiide. Hécalée étendit le do-
maine de l'histoire, qui ne s'éloit
encore occupée que de la Grèce. Il
parcourut l'Egypte et d'autres con-
trées jusqu'alors inconnues. Sa Des—
cripliuii (le la '/'e/yeajouia de nou-
velles lumières à la géographie, et
fournit des matériaux aux bistoriens
qui I int suivi. ySnavh. .*i , 407.
Dans la jL/.s/e n'es hommes illustres
qui est à la sui»e de cet ouvrage,
l'auteur a placé deux historiens du
nom d'HÉCATÉE, l'un du .S^, l'autre
du 4"" sit^cle a\ ant noire ère. l.e pro-
fesseur Frédéric Creutzer d'Hpidel-
berg , dans le premier volume de ses
Hislorivort/m Grctcoriim antiquis-
simonim fragmenta, a recueilli
tout ce qui nous reste dllécalée de
Milet, iSof).
HECÎÎT (Chrétien), natif de
Hall , ministre d'Essen eu Oslfrise ,
mort eu 1748, âgé de 62 ans, a
laissé des ouvrages qui lui ont lait
un nom parmi Its savans. [.es pviu-
(ipaux sont , 1. Cumine/itatio-p/ii-
lologico-cri fico-e.regelica , de secfd
scribarum. II. ^intiqintas Ba~
rœorum inler Jiirlœus m Poloniœ
el Tun ici imperii regioiiibus flo-
re nti s sectœ , a (i sert a et cinrli-
cata. 111. Plusieurs Ecrits eu alle-
mand , etc. — 11 est différent de
Godefr. Hecht, recteur de Lucaw en
Uasse- Lusace, auteur de savantes
Dissertations latines, elc. , en assez
grand nombre, mort en 1721.
* I. HECK ( Jean Van), peintre
célèbre, né eu i6o5à Oudenarde ,
mort à Anvers à la fin du 1 7"' siècle ,
alla à Rome, où il résida bien des
années. Heck a peint les J^ leurs eX les
l ruits d'un tres-boa style. Ou a
294
HECQ
aussi de lui des tabliaux des Envi-
rons (le Rome , qui sont fort esti-
més ; et une suite de douze /hilmaux
divers, portant la date de iGSb,
sur lu première desquelles se voient
plusieurs animaux, qui boivent dans
une auge.
* II. HECK ^Nicolas Vander ) ,
peintre dliisloire , né vers 1.^80
eu Hollande. Son pinceau terme
et vigoureux, sa couhnir nalnreile
et animée, et la connoisance <iu"il
avoit du clar-oîiscur ont donné à srs
Tableaux un effet frappant. — Son
fils, Martin Hemskirk, fut un bon
peintre de paysage.
1 1. HECQUET (Pbilippe ) , méde-
cin, né a Abbeville en iG6j , exerça
d'abord son art dans sa pairie , en-
suite à Port-Royal , et enfin à Paris ,
après avoir reçu le bonnet de docteur
en 1697. Des 1698 il ne pouvoit
suffire à ceux qui demandoient ses
soins. Malgré son goût pour la sim-
plicité, il fu! oblig' de prendre un
carrpse , qui lui \.\x\. lieu de cabinet.
Il .s'y livroil à l'étude avec antaui
d'application que s'il 1 îil été chez lui.
Nommé doyen de la faculté de mé-
decine en 1712 , il fu travailler au
nouveau Code de pbarmacie , pu-
blié dans la suite. Ses infirmités cl
l'esprit de pénitence l'engagèrent
à se retiier , en 1727 , cbez les
cirmélites du faubourg St. -Jacques
Sa retraite ne cessa d'être ouverîe
aux pauvres dont il fut l'ami, le
consolateur et le père. Il faisoit tou-
jours maigre, et ne buvoil que de
l'eau. Le Sage l'a peint dans Gilhlas
sous le nom du docteur Saugrado.
Il mourut le 1 i avril 1757. Hecqiicl
vouloit que la pratique de son art
fiil élayée d une étude réllécbie, et
d'une théorie i)nifonde: et, selon lui,
« nu médecin qui voyoil beaucoup
de malades voyoil peu de maladies. »
On raconte qu'en visitant ses ma-
lades opuleiis il alloit souvenl dans
HECQ
la cuisine eni])rasser les cuisinier."
et les chefs d office. «Mes amis,
leur disoil-il, je vous dois de la
reconnoissance , pour tous les bons
services que vous nous rendez a
nous autres médecins; sans vous,
sans votre art empoisonneur, la fa-
culté iroit bientôt à l'hôpital.»
C'étoit, si le fait toutefois est vé-
ritable , faire \\\\& platitude, pour
avoir occasion de dire nu bon mot.
Tous ses ouvrages prouvent une
lecture immense et un savoir pro-
fond , mais quelquefois mal di-
géré. Outre les anciens médecins,
dojii il avoit fait des extraits
étendus , accompagnés de ses ré-
ffexions, il avoit lu, avec la même
application, tout ce qvie les méde-
cins modernes ont pu écrire sur leur
an, en latin ou en français. Il ue
paroissoit rien d'estimable en ce
genre , qu'il n'eu enrichit sa biblio-
thèque,, et il douuoit au cabinet tout
le temps qu'il pouvoit dérober à ses
autres occnpatious. Il avoit toujours
beaucoup pris sur son sommeil ,
pour faire de plus grands 4)r©grès
dans ses études : on l'a vu passer jus-
qu'à vingt-quatre nuits de suite sans
se coucber , pour approfondir des
questions particulières qui dévoient
entrer dans ses ouvrages. On ne pou-
voit lui parler d'aucun livre de mé-
decine , qu'on ne le trouvât prêt à en
rendre un compte exact , et le juge-
ment (pi'il en portoit étoit presque
toujours juste. Il avoit mis à prolil
toutes ses lectures. C'est dommage
qu'il se trouve dans la plupart de ses
ouvrages peu d'ordre et de méthode,
et que son style soit beaucoup trop
négligé lorsqu'il écrit en français. H
rejette presque tous les remèdes in-
connus aux anciens médecins. Jan-
séniste même en médecine , il parle
avec beaucoup de dureté des ino-
culateiirs el de l'inoculation, «con-
traire , dil-il , aux vues du créateur,
et ne ressemblant en rien à la mé-
decine, mais plutôt à la magie.» On
IlECQ
lui a encore reproché d'avoir été trop
vif daus ses écrits, et trop attaché a
ses propres sentimens. Il avouoit
quelqiielbis «qu'il craiguoilcle don-
ner à rhutpeur ce que la vérité
seule est ea droit d'exiger » ; mais
ce qui peut l'excuser , c'est qu'il n'a
jaariais défendu un sentiment, ni
soutenu un système, qu'il n'ait cru
(jue c'étoit celui qu'il t'alloil défen-
dre et soutenir, il étoit toujours dis-
posé à se rétracter , si on lui eût
montré évidemment qu'il se trom-
poit ; et c'est ce qu il coucevoii assez
difficilement. Il n'éloil jamais con-
sulté sur les maladies dont les symp-
tômes paroissoieutohscurs qu'iln'eut
recours à la prière avant de donner
sa décision ou ses conjectures. 11
voyoit avec peine le peu de cas qu'on
laisQil de ses exemples et la. licence
qui s'mtroduisoit dans les mœurs;
c'est ce qu'il déplore dans un ma-
nuscrit intitulé « Le tombeau de
la médecine. » On a de lui , I. JJe
l'indécence aux hojnmes d'accou-
cher les femmes , et de l' obligalioii
aux femmes de nourrir leurs en-
fans , Paris, 1708, in- 12. Ouvrage
appuyé de raisons morales et phy-
siques. Cet auteur , élevé de Fort-
Royal, est quelquefois rigoureux daus
sesdécisious.ll. Traité des dispenses
de carême , 1 v. in-i 2 , Paris, 1 709,
réimprimé en 174^ , 2 vol. in-12. 11
auroil accordé d'autant plus cUUicile-
ment ces dispenses, qu'il croyoïL les
alimeus maigres aussi lions que les
gras. 11 pensoil même qu ils étoieul
plus favorables à la sensualité. 111.
J)e la digestion des alimens , cl
des maladies de l'estomac , Paris ,
1712, 1 vol. in-12. Ouvrage savant
sur un viscère trop pïu connu, réim-
primé en 1729 et 1700. Mais , dans
ses livres les plus utiles, l'auteur
porte son esprit systématique , qui
l'éloigné quelquefois de la vérité. IV.
Traité de lapeste, aucc unproldème
sur cette maladie , in-i 2. V. Norus
medicincB conspectus, 2 vol. iu-i j.
HECQ
295
VI. La Médecine théologique , 2
vol. in-12. \'ll. La Médecine na-
turelle, 2 vol. in 12. VIIL Depur-
gandâ medicind à curarum sordi~
bus , in - 1 2. IX. Ohseryations sur
la saignée du pied , Paris, 1724 '
iu-i 2. X. T'ertits de l'eau commune,
Paris, 1730, 2 vol. iu-12. Cei ou-
vrage n'est qu'un recueil de pièces
de différens auteurs qui fiircnt
réunies et publiées par lioiulou. Il
en fait presque une médecine uni-
verselle. En géuéral , il étoit grrud
partisan des délayans chauds et de
la .saignée ; eu quoi il ne s'accor-
doit guère avec quelques médecins
modernes. XL Jlbus des purgalij's ,
in-12. Hecquet étoit persuadé que
beaucoup de maux se guérissent ,
sans qu'il faill>? continuellement tour-
menter la nature. La médecine s'ap-
peloit autrefois la science de peu de
remèdes, ^Jû//ca/7//« herbarum scien-
t/a. Ces herbes même éîoient plutôt
des alimeus que des remèdes. La
meilleure médecine étoit de nourrir
à propos , et d'assujettir à la diète
quand ou avoit trop nourri. Si Hec-
quet a voit pu rappeler ses confrères
à celte simplicité primitive, il ausoit
été sans doute le j remier des mé-
decins. XII. Le Brigandage de la
médecine , dans la m.'nière de traiter
les petites véroles et les plus grandes
maladies par l'émétique , la saignée
du pied , et le kermès minéral , U-
Irecht, Paris, 17^2, 2 part, in-12.
Il y a encore une édition de 1749-
XUI. La Médecine , la chirurgie et
la pharmacie des poui'/es , 5 vol.
in-12 , dont la mei)le\ re édition est
de 17^2, en 4 vol. , donnée par Le-
fèvre de Saint-Marc, qui y a jouit
nue 'Vie de l'auteur, aussi édifiante
pour les chrétiens qu'instructive
pour les gens de l'art, et le Catalogue
raisonné de ses ouvrages. XIV. Le
JSatural/smc des convulsions , dans
l'épidémiedesmaiadicsconvu.'sion-
jiaires, 173Ô, 3 j)arlies, iii-12. Il ne
voyoildaus celle folie épidémique et
éphémère qnelescffrlsde la fourberie
dans les lUis, une iaiagiualiou déré-
glée dans les autres, et dans qneiques-
uiis les suites d'une maladie cachée.
* II. HECQUET ( Robert ), habile
graveur, né à Abbevilie en 1674,
où il mourut en 1776,681 l'auteur
dit premier Ca'aJogue de l'œuvre de
Rnbcns ; il a gravé à P'iris les Tra-
l'.ii/x d' Hercule , d'après les tableaux
du Guide; un Bain de femmes ,
d"a[)rès Le Poussin , etc.
ÎÎECTOU (Myihol. ) , fi!s de Priam
et d'MtCube , épousa Andromaque
{voyez ce mot), et eu e\U Astya-
îiax. 11 fut la terreur des Grecs, et
fit de grands ravages dans leur ar-
ine'a. Sa force éloit prodigieuse ; il
leva seul très-f;ici!ement une pierre,
que deux hommes des plus robustes
n'auroient soidevée de lerre qu'avec
peine , et la jeta contre le milieu de
la porte du camp des Grecs , qu'il
cnîoiiça avec un fracas horrible ; il
j)orla le feu jusque dans les vais-
seaux ennemis, et tua Palrode , qui
vouloit s'opposer à ses piogrès. Sui-
vant les oracles , tant que le redou-
table Hector vi\ro; t , l'empire de
Priam ne pouvoit être détruit. 11 fui
eulia vaincu, et lue par Achille, qui
exerça sur son corps une basse ven-
geance. F'ojez Acini.T.E.
HÉCUBE ( Mylhologip), fille de
Dimas, roi de Tlirace, et femme de
Priam , roi de Troie, échut en par-
trge à Ulysse , après la prise de cette
ville. Elle eut tant de douleur de
voir immoler sa fille Polixène sur
le tombeau d'Achille , et -de trou-
ver sou lils Polydore tué par la tra-
hison de PolyrnupRtor , à qui elle
l'avoit confié, qu'<>!Ie'se creva les
yrux : ensuite, vomi.-^sant mille im-
précations contre 1 s Grecs, elle fut
métamorphosée en chienne.
*ITEDA( Guillaume), Hollandais
ualtf d'Alphen, cloytn du chipitrc de
IlEDE
Harlem, etc., secrétaire de Philippe
1"^' , archiduc d'Autriche et roi d'Es-
pagne , et très-versé dans la c<m-
noissance de l'histoire et des antiqui-
tés de sa patrie, florissoit an com-
mencement du 16'' siècle. Il a conli-
nué la Chronique de Beka ( voyez
Bek\), et mourut à Anvers l'an
1526.
t HÉDELIN ( François ) , abbé
d'Aubignac et de Meimac , d'al)oril
avocat, ensuite ecclésiastique, na-
quit à Paris en ifio4. Le cardinal
de Richelieu lui confia l'éducation
du duc de Frousac , sou neveu , et
récompensa ses soms par deux ab- ^
bayes. D'Aubignac se rendit si agréa- >
ble à sou élevé, que celui-ci étaut "
mort dans l'âge de lester, lui légua
une pension de 4^00 livres. Le
prince de Coudé , héritier du jeune
Fronsac , refusa de la payer. D'Au-
bignac écrivit une savante requête
qu'd adressa au prince , en le lais-
sant seul juge de la contestation.
Coudé après l'avoir lue, ne voulant
pas être vaincu en géuéro>ilé, or-
donna que la pension seroit conti-
nuée. La protection dont Richelieu
honoroit d'Aubignac , et son pro-
pre mérite , lui firent jotier un
grand rôle dans le monde et dans
la république des lettres. Il fut
tour à lour grammairien ,• huma-
niste , poète , antiquaire, prédica-
teur et romancier. Dans une de ses
disiertalions , il entreprit de prouver
qu'Homère uavoil jama s exisié , et
que l'Odyssée et l'Iliade n'éloient
qu'une compilation de plusieurs
tragédies chantées anciennement
sur les théâtres de la Grèce. Il a voit
boa'icoup de feu dans l'imagination,
mais euvore plus dans le caractère.
Hautain, présomptueux, bizarre,
il se brouilla avec une partie des
gens de lettres. Ses querelles a\ ec
Corneille, Méu.ige , mademoiselle
de Scudéri et Richelet, sont celles
qui ont lo phis édalé. U rompit
HEDE
avec le premier , parce qui! u'avoil
Jias ci le SI Pratique fin théâ-
tre dans l'examen de ses iragt^dies;
ave* le second , parce qu'il n'estinioil
pas assez Ti-rence ; avec ni; denioi-
s^elie de Scudiui , parce qu'elle se
jilaiguit que l'abbé, dans son Jlo-
y a unis de Coquetterie , n'avoit
l'ail que copier ou dL'M:loi)per les
idées iie sa Carie de Tendre, eniin
avec RicheUt, parce qu'il n'avoit
pas assez loué son insiiiide roman
de Macarise. Cependant , malgré
sa canslicité, Talbè d'Aubi^nac
avoil un fonds de ])iulo.«opliie que
la vie de lacoujwje lui (il pas perdre.
Il se renf'ernRTde bonne heure dans
son cabinet. Aussi dit - il dans ya
quatrième Dissertation sur le poè-
me dramatique « que depuis 17
ans il n'avoit pas vu seultmeiil la
porte du Louvre, et qu'il n'a\oil
jantiais voulu demander de pensions
au cardinal de Richelieii. » 11 me
suHit, a)oule-t-il , d'un giand don
que le roi me fait, el pour lequel
je nie seiîs l'on oblige à ses bontés
Il me donne la liberté de vivre selon
mon piaisir, de [liiisosopher en re-
pos, de jouir de la paix démon ca-
binet, comme de celle du royaume ,
d'étudier les vertus , et d'écrire
meà faiitaisies pour me divertir.... w
Je ne suis pas propre, dil-il d;U¥
sa troisième Dissertation y à l'aire
de gr.tnds voyag«'s ; el l'on ne peut
me conter dt la Çliine ou de l'Amé-
rique d'assez grandes meiveilles
pour me doinur envie da les aller
Tor. Ma mau\aise saute' ne me
permet pas de prendre aucun em-
ploi lal)or;eux ; et ceux cpie ja\ ois
pris biintfois volontairement dans
la chaire e» dans le barreau , avec
HU a.«f?i; favorable succcs , me sont
n:aiutenant , eu i663 , interdits
iPM° re'.our. la proniviiado est \m
divenissemeut trop proche de 1;*
lassitude , et pour moi Irop pénible :
l'applicaîion de la pensée aux ou-
vrages qui demandent une forte
HEDE
9.97
méditation ne manque jamais à
me rendre malade. Je n'aime pas
le jeu , et quoique je le sache , je
n'y trouve aucun charme capable
de m'y faire perdre du. temps ; il
y a trop de violence pour la foiblesse
de mon corps , ou trop d'oisiveté
pour l'iictivité de nion esprit »
i/abbé d'Aubignuc mourut à Ne-
mours le 2") juillet 1676. On a de
lui , I. Pratique tlu tliéa'tre, Amster-
dam, 1717,2 \ol. in-8° , el Paris ,
in-4°, pleine d'ériulit'on. II. Térence
justifié ; livre semé de recherches sur
le théâtre ancien. 11 .se trouve dans
l'édilicn de sa Pratique, faite en
Hollande en 171.'^. 111. Une inau-
v:'ife y'pvlogle des spectacles. IV.
Zénobie , 1647 , in-q" , tragédie
en prose, composée suivant les
règles prescrites dans saW'/atique
du Théâtre; elle fui sifflée. Jamais
pièce n'ennxiya pins méthodique-
n.enl. Celle triste expérience, dit
un auteur, dut apprendre à l'abbé
d'Arbigiiac que le gén'e fait loiit ,
que du moins sans lui les règles ne
^oiit rien. 11 dut. voir qu'il ii'éloit
pas plus initié dans le grand art
il'exciler f(>rtemenl les passions ,
que ne l'est , dans les secrets de
l'arrhitecture, un nianœuvre servile
et sans tfdens. Le prince de Cordé
tlu.oit : «Je sais bon gréa l'abbé d' Au ■
bionac d'avoir si bien suivi les rèsles
o . _ ■ ^ o
d'Aris'ote; mais je ne pardonne
point aux règles d'Arislote d'avoir
t'ait faire à l'abhé d'Aiibignac une
si méchante tragédie. « 11 a encore
laissé Ifs tragédies de la Pucel/e
r/'0r/éa/}5,Vin-\s ifi67,in-i2; de
Cyminâe, Paris i6/|2, in-i-z , en
prose( d'autres l'atlribncnt à Colle-
lel ); e[ /e JtJai-tyre de Sfe Cathe-
rine , en vers , Paris , iG.'îo, jin-4°.
Ouxrages plus m:iuvais , s'il se
peut , que sa Zénobie. V. TJacarise,
ou la Heine des Is/es fortunées ,
Paris, 1666, 2 vol. in 8°. VI Con-
seils d'Jrisie à Célimhie sur le
moyen de consvrver sa réputoiirn.
298
HEDL
Paris i665 , ia-12. VU. Histoire
du temps, ou Relation au Ro-
yaume de Coquetterie, ia-12. Quel-
ques-uns lui attribneut encore un
Traité, curieux et peu commun, ofes
iSatyres , Brutes , Monstres et Dé-
mons,etc. Paris, 1627, ia-8°; mais il
n'est pas sûr qu'il soit de lui. L'au-
teur de ce livre singulier s'appeloit
hien Hédelin ; mais on n'a aucune
preuve qu'il fût le même que l'abbc
d'Aubiguac. Ce livre n'est point
non plus de Claude Hédelin sou
père, dont on a des poésies latines
et françaises dans un recueil in-
titulé Les Muses françaises , et
séparément, les Héroides d' Ovide.
t HEDERIC ( Benjamin ) est
auteur d'un excellent JLe.ricon ma-
nuale gj^g^cum: Patrick, Guillaume
Yoimg et Morell ont domaë de
bonnes éditionV de cet ouvrage, à
Londres, 1790 ou 1778, in-4". Er-
nesli en a publié ime encore meil-
leure en 1 767.Hédéi-ic, ué en 1675,
mourut eu 1748.
HEDIBIE. rojez Algasie.
HEDINGER ( Jean-Reiuhard) ,ué
à Slutgard eu 1684, vojagea avec
deux priiicps de Wittemberg , en
qualité de leur chapelain, fut pro-
fesseur de jurisprudence civile el
canonique à Giesseu , ensuite prédi-
cateur de la cour, et conseiller cou-
sis torial. Ou a de lui des Remarques
sur les Psaumes et sur le nouveau
Testament. Il a donné aussi une
édition de la Bible , avec des chan-
gemeiis qui ont été désapprouvés. Il
mourut eu 1754.
t HEDLI^GER ( Jean-Charles ) ,
habile^ dessinateur suisse , né à
Schi/^œrls eu iligi , acquit uu goût
exquis de dessin , par une élude
très-appliquée des chefs-d'œuvre de
l'antique et du moderne. Carie Ma-
ratli et Busceni Inreiil ses guides et
ses modules. Les belles-lettres qu'il
avoit étudiées ne lui servirent pas
HEDO
peu pour la composition des inscrip-
tions et des revers de ses médailles.
Les premières sont d'un style laco-
nique : il en a renfermé toute Isfno-
blesse dans une pensée courte. Ses
revers annoncent le génie de l'in-
vention. Les amateurs des beaux-
arts recherchent ses médailles, qui
sont fort rares ; et ou estime des
pièces séparées d'Hedlinger plus qui;
des collections entières de médail-
listes communs. Hedlinger mourut
dans sa patrie en 1771. Chrétien de
Méchel , et M. Laveaux , ont publié,
en 1776 et 1778, 3 vol. in-fol. , a
Bàle, son (Euvre eu. taille -douce.
La première partie comprend les
gravures de cet habile artiste, et la
seconde partie renferme les explica-
tions , qui sont piécédéesde sa Vie.
Hedlinger étoit chevalier de l'ordre
de Christ, et membre de différentes
académies. M. Fuslin , à qui on doit
une Histoire curieuse des peintres
suisses , et qui , après la mort d'Hed-
linger, en a ramassé toute la collec-
tion , se propose d'en donner une
édition.
* HEDOUIN ( Jean-Baplist€-An-
toine), fils unique d'Hédouin Le-
doux , trésorier de la ville de Reims ,
où il naquit le 26 mai 1749, étudia
les mathématiques , et s'y perfec-
tionna chez Perronet à Paris. Une
partie de jeunes geiis , où il fut en-
traîné, lui ht abandonner l'état d'in-
génieur , pour entrer à Sainte-Gene-
viève, qu'il quitta pour faire auxPré-
moulrés, profession le 24 avril 1 774-
Ou l'envoya étudier en Sorboime à
Paris, mais préférant Rayual au
grand-maitreRibalIier,il fit l'Esprit
du philosophe , qu'on imprima a
Montargis. Cet ouvrage fut saisi ;
l'imprimeur , l'auteur furent inquié-
tés. Hédouin se tira d'atfaire , en
priant son cousin germain , qu'une
lettre de cachet reteuoit à Ham , en
1776 , de .s'en avouer l'auteur à un
nommé Mairobert, qui imprima ce
HEED
pseiidoiiysme clans 1 s Mémoires se-
crets, dits de Haucliaumont. Cet ou-
vrage a aussi été imprimé à Genève
en 17S2, iu-8°. Lejeune prémon-
iré , ordonné prèire'en 1777, tU, eu
1787, les principes de {'Eloquence
sacrée, 1 vol. in- 12, Soissnus ,
17S7. Nommé prieur-curé de Ré-
thonvillers eu 1780, maire dudii
lieu eu 1791 , il s'y 'il estimer el
chérir, et présida le canton jusqu'à
la fin du 18" siècle. 11 mourut eu oc-
tobre 1802, dans la 54" année de
sou âge , en sou presbytère de Ré-
ihonvillers. Il a laissé des 7/t/j-
fne/is historiques sur la révoluliou
de 1789, avec cette épigraphe : O
lempiis jtiiserum alqiie acerbiim !
O casum illum /nu/tis innocenti-
hus, catamitosum atque funestuni!
(Cicer., Orat. in Verrem. ) Ces
fragmeus inédits tbrmeul ôo pages
t HEDWIGE ( sainte) , nommée
aussi sainte yU'oie , tille du duc de
Carinlhie , épousa Henri , une ne
Siiésie et de Pologne , dont ellf'
eut trois fils et cinq filles. Reti-
rée ensuite , du consentement de
son mari , daus uu monastère à
Trebuitz , où elle mil des reli-
gieuses de l'ordre de Citeaux ,
elle y mourut eu 1243. Elle avoit
autant de soin des pauvres que de
ses propres enfans. Clém€nt IV la
canonisa en 1266. — Il y a eu une
autre Heowige , fille de Louis, roi
de Hongrie , devenue , par élection ,
reine de Pologne eu i584 , qui
épousa Jagellon , grand-duc de Li-
tîuiauie en 1 386 , à condition que ce
prince recevroit le baptême , et qui
niourul à Cracovie eu 1399 ; ses su-
jets lui donnèrent le nom de Sainte,
qu'elle mérita par ses vertus , et sur-
tout par une charité sans bornes et
une modestie peu commune dans uu
si haut rang.
* I. HEEDE ( Guillaume ) lrè.s-
bou peiuUe d'histoire , né à Furaes
HF.EM
^99
eniGfio, mort en 1728, a pa«sé la
plus grande partie de sa vie en Italie.
Ses tableaux sout 1res -estimés et
rares.
* II. HEEDE (Vigor) , peintre,
frère du précédeut, né à Fumes en
1 6*19 , mort en 1 708 , a passé pres-
que toute sa vie en Italie avec son
Irere, et a été estimé coiume artiste;
mais ses tableaux sont moins rare»
et moins recherches que ceux de
Guillaume.
HEEM (Jean -David de), né à
Uirecht en 1604, mort à Anvers eu
1674, consacra sou pinceau aux
Jleurs , aux fruits , aux i^^ases , aux
iiistrununscie musique, e\ aux tapis
deTurquit. Il reudoit ces divers ob-
jets d'une manière si séduisante ,
que le premier mouvemeut éto.t d y
porter la main. Sou coloris est d'une
Iraicheur agréable , sa touche d'une
légcrelé singulière. Les insectes pa-
roissent être animés dans ses ta-
bleaux. Il laissa un fils , Corn, de
Hk-M , qui hérita d'une partie de ses
taleus. f'oyez Mignon.
I. HÉEMSKERK ( îMarliu de ) .
surnommé, de sou temps, le Ea-
phael de Hollande , naquit , eu
1/498 , au village deHéemskerkdont
il prit le nom , et mourut à Harlem
eu 1 .T74- Sou dessin est correct ; il a
de la facilité et de la fécondité daus
linvenliou ; mais il a trop négligé le
clair-obscnr. Ses draperies manquent
de légèreté, et ses têtes de noblesse.
Ce pt'intre laissa beaucoup de biens,
et lit un testament , par lequel il lé-
oua une somme considérable, pour
marier, chaque année, un certain
nombre de filles , leur imposant .
pour toute condition, « de venir
danser, à un jour marqué, autour
de la croix qui seroit mise sur son
tombeau. » Ou remarque que c'est
la seule croix qui ait été conservée
par les protestans dan» le lieu de sa
sépulture, pour servir de litre ii sii
3oa
ÏÎEER
fonJalion. Les principaux ouvrages
de ce maître sont dans les Pays-Bas.
Oa a grave d'après lui.
* II. IIEEMSKERK: (Jacob de) ,
un des plus célèbres navigateurs
hollandais du iG^ siècle , nalif
d'Ainstierdam. De deux vaisseaux
que le magistrat d'Amsterdam en-
voya, en 1:19-'. po'ir chercher au
nord un passage à la Chine , l'nn fui
conlié à son commandement. Ce
voyago-fiit un des plus périlleux et
des plus remarqun'blês de ce genre.
En 1607 , envoyé contre les Es-
p:tgno)s avec une flotte de 26 vais-
'eau,x, il les attaqua à la rade de Ci-
l»raltar. La -dcfaite des Espagnols lut
complète , mais Ileemskerk perdit la
vie dan^ ce conibot glorieux. Son
corps , transporté à Amsterdam ,
i'nt inhumé avec une grande pompe
dans le chœar de la vieille église, où
l's états lui ont fait ériger un mau-
solce.
* 1!L HEEMSÎŒRK ( -lean ),
membre du haut-conseil de Hol-
lande, a laissé v.n ouvrage mêlé de
prose et de vers , de recherches his-
toriques sur les usages et les anti-
quités de sa patrie, et de récits fabu-
leux ou romanesq-es , sous le litre
rV Jrcadie batave , dont la première
édition est de iGSy, in-8°, et quia
été réimprimée plusieurs fois. Cette
production estimable, (aile à l'imi-
laliou de celle de Sannazar el de
Philippe Sidney, portant le rnème
nom, a donné à son tour la nais-
sance à' plusieurs autres du même
genre , tels que l'Arcadie saaulau-
d.ùse , de H. Soelebooin, Amster-
dam, iG58 , in-12; l'Arcaelie de
Dordrechl , de l,. \'an deu Bosch,
Dordr. , 1662 , in-i 2.
*Î-TEEU ( Martin), médecin, né à
F auban dans la liante Lusace le 10
l'ovuibre 1^43, pratiqua d'abord
son art dans aa ville natale et ensuite
IIEER
à Gorlitz , où il mourut en i 707. On
le dit auteur d'un ouvrage, pour
servir de clef à ceux de Van-EImonî,
sous ce titre : PZ/ys/o/utr/a llelincn-
lianci , sLve tractatus dece/n île
archeo, Lipsiae , 1706 , in-/)°.
Dans cet ouvrage , il multiplie h
nombre des archées, et il leur at-
tribue toutes les opératioub du corps
humain.
HEEREBOORD ( Adrien ) , pro-
fesseur de philosophie à Leyde ,
adopta , des preu)iers , les principes
de Descaries, réformateur de cette
science en Europe, et osa les ens.n-
guer. Ses priiicii)aux écrits en ce
genre sont, I. Meletemata p/iihso-
phica.W. Philosophi.a natiiralis ,
rnoralis, et ratio nalis , etc.
* lîEERKENS ( Gérard-Nicolas ) ,
célèbre îiuératenr hollandais. Eu
1760 il lit un voyage en Italie, et
se lia d'amitié avec les houimes de
lettres les plus distingués de ce temps.
De retour dans sa pairie, il publia
eu 1764 un livre intitulé Aofabi-
/ium , etc. , dans lequel il fait meii-
liou des choses qu'il a observées et
des honiiues savans qu'il a connus
particulièrement à Rouie, où il de-
vint membre de l'académie des Ar-
cades, el prit le noui de Curillo Cal-
cidico, sous lecpiel il publia un petit
livre de ses Satires latines. Quel-
ques unes de ses poésies furent pu-
bliées dans Vylrcadum carinina,
pars lerfia, pag. 52. On a aussi de
lui un pelit poème latin , intitulé
Itcr veiu'tum canniiiibus expres-
si/m. Il mourut à Grouingue sa pa-
trie en 17S0. On parle avec beau-
coup d'éloges de lui dans les ])îe~
inorie isloriclie d'ell' a'iii/ianza
^li arcaili, pag. 126 et 24!i.
* HEERS ( Henri de ), médecin ,
né à Tongres da>is l'état de Liège
vers l'an iSto, distingué par son
'^^avoir en philosophie et eu malh»V-
HEGE
yiialiqiies , c'ioil aussi versé dans
les l;iiigiies latiue , grecque et iié-
braïque. Il exerça sa prof; ssion dans
la ville de f.iège,où il uiourul \er>
Tan 1606. On a de lui , 1. Spada-
cre/ie, hoc esC , fans spada/u/s ,
t'/as singutaria , bibendi rnodus ,
ineilicamiiia bibenllbus necessa/ia,
Leodii , it)i4 , 1622, in- 8''; Lugdu-
ni Batavorum, ifi/jS et 1647, hi-12 :
iùid , i683 et 1689 , 2 vol. in 16.
11. Obscrpalio/ies medicœ oppidu
rarœ in Spa et Leodii animadver-
sœ , ( uni aliquot ntedicanieritis se-
ioc/is, Leodii, i65i , in-S"; Lipsitt,
1045. ui-12.
*I. HÉGÉSIAS, philosophe cy-
rénaïqiie, tloris'^oil vers l'an i^l6
avant J. C. Il fui disciijle de Parœ-
hale , et fonda l'école qu'on appeloit
liégésienne. Valère Maxime rap-
porte que les discours de ce pliilo-
sophe l'aisoienl une lelle impression
sur lame et l'esprit de ses auditeurs,
qu'après avoir un jour discouru ,
avec léloijuence la plus pathétique,
sur les maux de la vie , la plupart
de ceux qui l'écoutoienl voulurent
se tuer de leurs propres mains. Ce
fut pour celte raison qu'on lui dé-
fendit de parler sur ce sujet.
* II. HÉGÉSIAS, de Magnésie,
orateur et historien , vivoil vers
l'au 4^'4 avant J. C. Il inlroduisil
dans la Grèce tous les \u;es de l'élo-
quence asiatique. Ses discours étoieul
aussi répréhensibles par les pensées
que par la diction. 11 écrivit V/tistoiie
d'Jlexandre avec un style décousu,
illégal et plein d'ornemens puérils.
Lougiii et Uenys d'IIalica masse le
caractérisent ainsi de concert, et le
dernier appuie ses reproches par un
fragment qu'il cite de cet écrivain
sur le' sié^e de Gaza.
I. HÉGÉSIT.OQUE, l'un des sou-
verains magistrats de l'île de Rho-
des . usa si lusokmaieut de sou au-
HEGl
3oi
lorilé , qu'il fut dégradé comme u:i
infâme. Lis autres sénateurs, ;i son
exemple , jouèrent des femmes aux
dés. Le perdant étoil obligé de se
servir de toutes sortes d'arlii'ces, et
même de violence , pour .mener Ut
femme jouée à celui <pii l'avoit ga-
gnée. Hégésiloque signala le plus sa
licence en ce genre. Il vi\oil sous
Phi!i])pe , roi de Macédoine, père
d'Alexandre-lc-G rand .
U. HÉGÉSILOQUE, autre ma-
gistral rhodien , l'an 17 j avant Jé-
sus-Christ , engagea ses concitoyens
à équiper une flotte de quarante vais-
seaux, pour se joindre aux Romains
contre Persée , dernier toi des Ma-
cédoniens. Ce secours leur servit
beaucoup.
t HÉGÉSIPPE, Juif, quitta la
religion de ses pères pour embrasser
le christianisme, et mourut l'an i8i .
C'est le preiiiier auteur, après Its
apôtres , qui ait laissé un corpfc
iXlIisloire ecclésiastiqut , depuis la
mort de J. C. jusqu'à son temps. Il
ne nous en reste que quelques frag-
mens dans Eusèbe. Cet ouvrage
étoil écrit avec beaucoup de simpli-
cité , « parce qu'il vouloit , dit saint
Jérôme, imiter le style de ceux dont
il écrivoit la vie. w Les cinq livres de
Bello jadaico , el nrbis Hierosol)-
mitanœ excidiu , qu'on Irouve dans
la Bibliothèque des Pères , et sépa-
rément , Cologne, 1559 , in-8°, ou
Genève, 1614 , in-B", en grec et en
latin, lui ont été attribués mal à
propos : ils sont d'un autre Iliof.-
STVPE, qui vivoit avant la Oinle
de l'empire d'occident, mais après
le règne de Constantin.
*HEGIUS (Alexandre), ainsi
surnommé du lieu de sa naissance,
dans la Wesiphalie , lloritsoil dans
le 1.5* siècle, et lut pendant 00 ans ,
avec la plus grande célébrité, prin-
cipaldu collège de Dewealer. Il avo.L
3o2 HEID
eu pour maître Rodolphe Agricola.
Hëgins, déjà parvenu à l'âge de 4o
nus, et niaitre-ès-arls , l'ecourul à
Agricola, beaucoup plus jeune que
lui , pour prendre des leçons de
grec, et eut la gloire de compter
lirasnie au nombre de ses disciples.
Très-instruit dans les belles-lettres
j^jrecques et latines, il a laisséquelques
ouvrages de littérature et de philoso
phie. Hégius refusa, à cause de son
grand àgj , la direction de l'école
qu'on fonda a Munster vers la tiu
du 15"^ siècle.
HEID ( Anne-Marie ) , née à Dan t-
zick en 1688 , morte en 1753, passe
ordm;nrenient pour l'inventrice de
la peinture au pastel.
* HEIDANUS ( Gaspard ) ( pro-
prement V^an der Heiden ) , né à
Malines , attaché comme pasteur à
une colonie de réformés, fug tifs des
provinces belgiques , que l'électeur
Frédéric 111 avoit accueillis dans ses
états , joua un rôle distingué dans la
réforuiation des Pays-Bas. La tra-
duction hollandaise , acluelletnenl
en usage, du catéchisme de Heidel-
berg, qui parut eu i58o, est de lui.
i II. HEIDANUS ( Abraham ) ,
fils du précédent, professeur de théo-
logie à Leyde , né à Frankenlhal ,
dans lePalatinat, eu 1697, s'acquit
une grande réputation par ses écrits
et par ses sermons. Il lia une étroite
amitié avec Descartes , et mourut
à Leyde en 1678. On a de lui un
Corps de théulogle en 2 vol. in-4°,
1686, et \'Exa;/ie/i du catéchisme
des reinontrans , \\\-l°.
* lïEIDE ou Van der Hr.innv
( Antoine de ) , né à Midd^lbourg en
Zélaude, pratiqua la médecine vers
le milieu du 17'' siècle. Ses ouvrages
sont, 1. Anatume inyiull. Observa-
liununi medicarum cen t uria .\\. Ex-
peri/nenla circa sa/iifui/us missio-
HEID
nem , ftbras motrices urticam ma-
rinam. Ils parurent à Amsterdam ,
i(î8 jet 1686, in-8''; mais la seconde
édition est préférable à la première.
Ce médecin est encore auteur d'un
Traité en flamand sur la pharma-
cie , publié à Amsterdam en ibSa ,
in-8°, sous le titre de JSieuw licht
der apotliekers.
-\ I. HEIDEGGER ( Jean-Henri ),
théologien protestant , né près de
Zurich en i653, fui professeur d'hé-
breu et de philosopliie à Heidelberg,
enseigna la théologie et l'histoire
eccléMastique àSleinfnrt, et la nio-
ralo ainsi que la ihéolog eà Zlirich,
où il mourut eu 1698. Ou a de lui
divers ouvrages. I. Exercitationes
se/ectœ de historiâ sacra patriar-
charum, in-4° , 2 vol., dont le
premierparulà Amsterdam en 1667,
et le second vol. en 1 67 1 . II JJe ra-
tione studiorum opuscula aurea ,
Zurich, 16^0, in-12. m. Tumu-
lus cuncilii Tridenfini , Zurich ,
1690, iu-4°. W. Historiâ papa-
tus, Amsterdam, 1698, in-4°. V. Ou
lui attribue aussi un ouvrage inti-
tulé J)e peregrinationibus religio-
sis, itiTO, iu-8°. VI. Un Système
de théologie, 1700, in-fol.
t. II. HEIDEGGER (Jean -Jac-
ques) , né dans le canton de Zurich ,
voyagea de bonne heure dans les
principales villes de l'Europe. Un
penchant ires-vif pour le plaisir et
l'habitude de la dissipation déve-
loppèrent en lui un goût décidé pont
l'élégance et le sentiment de tout ce
qui peut être agréable. Heidegger,
fut , en 1 708 , à i'age de bo ans , nom-
mé par son canton pour une négo-
ciation en Angleterre ; elle échoua.
Mécontent et sans ressources , il
s'enrôla couune simple soldai dans
le régiment des gardes. Son adresse
insinuante et les charme-^ de sa con-
versation lui attachèrent bientôt les
jeunes gens à la mode , qui iappe-
HEID
lèrent le comte suisse. Il s'avisa
d'ouvrir une souscrip lion pour mon-
ter et faire jouer sur le théaUc de
la reine l'opéra de Thomyris ; les
paroles étoient en anglais , mais la
musique étoil italienne et composée
d'airs choisis dans les opéras des plus
grands niailres d'Italie; les chanteurs
étoient exceliens. Heidegger gagna
5oo guinées dans son entreprise. Ses
remarques judicieuses sur la conduite
des opéras de Londres en général ;
les vues qu'il développa pour la per-
fection du théâtre royal fixèrent
l'altenlion ; on s'empressoit de le
consulter ; l'élégance et la richesse
des décorations qu'il aroit conseil-
lées plurent à tel point à George II,
qui aimoit avec passion le spectacle
de l'opéra , qu'il s'affectionna pour
Heidegger. La direction du théâtre
d'Ilaymarket luifut conhée. Il s'ap-
pliqua alors à perfectionner un au-
tre amusement qui ne plaisoit ])as
moins à S. M. , celui des bals mas-
qués où présidoit toujours le direc-
teur ; bientôt après il fut nommé
intendant des menus plaisirs de la
cour, et il n'y eut aucune fêle pu-
blique ou privée où on ne l'appelât
pour le prier de la diriger. Sa for-
tune s'accroissant avec sa célébrité,
il parvint à se faire eu peu d'années
un revenu annuel de 5ooo 1. slerl.
(environ 110,000 francs), qu'il
dépeusoit avec une libéralité peu
commune ; il se fit des revenus et
^ n'eut jamais de capitaux. Il donuoit
immensément aux pauvres , et ou
lui a vu, dans une soirée , donner
pour leur soulagement plusieurs
centaines de guinées. Heidegger,
d'une taille avantageuse et bien fait,
étolt -d'une laideur de visage si re-
marquable, que Pope l'a célél)ré dans
sa Dunciade. Il étoit le premier à
plaisanter sur sa Hgure , et fit un
jour , avec le comte Chesterfield, le
pari que , dans un temps donné, on
ne Irouveroit pas dans tout Londres
«n visage aussi laid que le sien.
HEID
3o3
Après bien des recherches on ren-
contra une femme dont les traits ,
au premier aspect, sembloient effacer
la laideur d'Heidegger ; mais il ne
se fut pas plutôt atiublé de lu coif-
fure de la personne qu'on lui pré-
seutoit , que tous les assistans lui ad-
jugèrent le prix de la gageure. On
rapporte qu'un jour un tailleur très-
laid aussi présenta son mémoire à
unseigneur de la cour, qui, pour re-
conduire , luidit qu'il ne seroit payé
que lorsqu'il lui auroit amené quel-
qu'un qui le surpassât en laideur.
Le tailleur n'hésite pas à faire tenir
à Heidegger une lettre par laquelle
lord un tel l'invitoit à se rendre
chez lui pour une affràre particu-
lière. Heidegger se présente le len-
demain et le tailleur lutpayé. Leduc
de Montaigu , homme de plaisir ,
d'un caractère facétieux et gai , vou-
lant amuser la cour aux dépens du
comte suisse , l'invita à un diner
où des convives grands buveurs et
prévenus du complot incitèrent
Heidegger à boire jusqu'à le rendre
ivre-mort; on l'emporte dans cet
état , et on ne l'a pas plutôt mis sur
soulit, qu'une mam adroite et exer-
cée prend avec du plâtre de Faiis
un moule exact de ses traits, d'après
lequel on fait un masque qui le
représente parfaitement. Quelques
jours avant le bal masqué où le roi
avoit promis de se re#lre avec la
comtesse d'YarmoulU, le duc s'in-
forme auprès du ypÀel de chambre
d'H(iidegger de Ihabit qu'il y por-
tera , en lait faire un semblable et
eu afliible un homme de sa taille et
de son maintien. Le roi s'y rend
masqué , et Heidegger n'en est pas
plutôt informé , qu'à son ordinaire
il ordonne , d'un bout de la salle à
raulie,aux musiciens , déjouer l'air
accoulumé de Qod save the King.
A peine a-t-il tourné le dos, que
le faux Heidegger ordonne un autre
air populaire et rebattu ; toutelas-
semblée s'étonne, las courtisans stu-
3o4 HEIL
p^tails sont tlaus la consternation ,
lleiilegger coiul à l'orchcslre , jinv,
leuapéle , s'emporlp co;ilre les iiui-
sicieiis, les accuse dnrogiierie , tan-
dis que ceux-ci le croient à leur
tour ou pris de viu ou devenu fou.
Ua instant de silence succède, on
recommence ; ia même scène se re-
produit , Heidegger ne sait plus où
il en est. Le duc de Moulaigu lui
iusinue adroitement que S. i\l. es!
outrée de celte scène scandaleuse ,
et l'engage à lui en faire des ex-
cuses : SKI même iaslaut il y eusoi^-
le f iiix Ik-idegger , qui , après que le
directeur eut cherché à se justiiier,
se présente en disant : «Ce n'est poiut
ina l'aule , sire , mais le diable a pris
jua ligure, et tout est ailé de ira-
vers. » Heidegger , étonné , ne sait
que penser , hésite , pâlit , et ne peut
articuler une |)arole ; le duc alors
liuslruisit à basse voix du complot ,
et lit démasquer celui qui avoitpris
sa ressemblance. — On disputoit un
jour dans un souper brillaui, de-
Aant Heidegger, sur la nali<)n qui
l'emporloiten Europe pour l'adresse
et rhidusirie ; les Anglais ne man-
quoieul pas de faire valoir leurs
droits : ce Je réclame la préférence
pour les Suisses , reprend Heidegger;
je spis né suisse, venu en Angle-
terre sans un sou , j'ai réu«si à y ga-
gner 5ooo livres de rente et de les
y dépenser^ eiivoyez en Suisse le
plus habJe el le plus adroit de tous
les Anglais , j^ lui délie d'y parve-
nir à en faire autant. » Heii.U;gger
mourut le 4 septembre 1749, ''8"^
de 90 aub.
HEIUMAN ( Christophe ) , luthé-
rien , natif d'Helmsladt , mort pro-
fesseur d'éloquence en 1627 , est au-
teur de divers ouvrages. Le plus
connu est J' a/est ina , sive Terra
sancta.W s'y trouve de l'érudition.
* HEIL (Daniel Van, Jean'-Bap-
lisle el Léonaid ) , peiutros liollan-
H Elis
dais. Daniel, aiué des trois frères,
lé eu ifioi à Hruxelle*! , s*; ht
Jii.^ grande répiitalion dans Icj^);;/-
sa^;e. U a peint aussi des Incendies
esliméês. Jean - Baptiste extelloit
dans V/àstoirf el le portrait. Léo-
nard a peint avec beaucoup de goût
\ès,/leurs-\ les insectes.
* \. HEIMREICH ( Jean ) , profes-
seur de médecine , de jihysique et
de langues orientales à racadémj,e
de Cobourg en l'rauconie , el biblio-
thécaire du collège académique de
cette ville, où il mourut l<= 8 oc-
tobre 1730 à 55 ans, estanleurde
auelques uui^'rages , outre un ample
manuscrit volumineux qu'il laissa
sur \i\ grammaire /lébraique.
* 11. HEIMREICH [ Ernest-Fré-
déric - Justin ) , lils du précédent,
né en 1701 à Eismach , ville de
la "^l'iuiringe, où son jiere exerçoit
alors la médficiue, vint à l'âge de 1 5
ans à l'académie de Cobourg , où
son père éloit aussi professeur , et s'y
appliquaaiix humanités, à l'histoire ,
à la géogr;. »'ue, auxiiialhéinatiques,
à la méd. cine et à l'élude des lan-
gues orientales. En 1720 il passa à
l'uni versi lé d'iéna , où il se livra à
l'étude d(' la mécanique , de l'astro-
logie et de la physique expérimen-
tale moderne. Ayant pris le bonnet
de docteur, il fut fait m'^decin au-
lique de la cour de Meiumigen, et
physicien ordinaire de la ville et
province deScîiaIkoveise. Ayant pu-
blié un écrit sur la transnnHalioii
du fer en cuivre , il fut admis à l'a-
cadém e royale des sciences de Ber-
lin. 11 donna encore, 1. Traité sur
le café. U. Histoire xini\'erselle
depuis le commencement du monde
jusqu'à l'an i7'i4j et fut auteur
d'un Journal littéraire , commencé
en J7i4, ^^ ^^^ j4cles érudits et
curieux du cercle de Frauconic.
Hein (Pien-e), d'une naissance
obscure , s'éleva par sa valeur à la
dignilé d'amiral de Hollande. Il fut
tiabord vice-amiral delà Hotte des
ludes orientales , et trois ans après il
«ul le commandement de celte Ho lie.
Il battit celle d'Espagne en 1626 ,sur
les côtes du Erésil, prit plusieurs
vaisseaux, et lit un bulin considéra-
ble, qu'il emmena j lan 1627,611
Hollande, où il reçulde très-grands
. honneurs. L'année suivante il se ren-
dit maître de la ilolte d'Espagne ,
chargée d'argent , dont la valeur
inonloilàprès de douze millions, cu-
ire le musc, l'amljre gris , le bézoar,
et quantité de uiarchandises de soie
très - précieuses. Pour récompenser
fie si grands exploits, on lui donna la
charge de grand-amiral de Hollande,
l'an 1629 ; quelque temps après il lut
tué sur mer, dans i]n combat contre
deux vaisseaux de Dunkerque.
HEINECCIUS. rojez Heinne-
ClUS.
t HEINECKEN (Chrétien-Henri),
enfant célèbre par sou génie préma-
turé, né à Lubeck en.1-21 , et mort
en i72."i, parloil à dix mois;à un an
il savoil les principaux événemens
du Penlaleuque ; à treize mois, l'his-
toire de l'ancien Testament ; et à
quatorze, celle du nouveau ; à deux
ansel demi, il répondoit aux prin-
cipales questions de la géographie et
de l'histoire ancienne et moderue.
Bieulôl il parla le lalm et le l'ran-
çais avec assez de facilité. Avant le
commencement de sa quatrième an-
née , il connoissoil les généalogies
des principales maisons de l'Europe.
11 alla en Danemarck, et tut présenté
au roi et à toute sa cour. De retour
de ce voyage , il apprenoit à écrire
quand il tomba malade. Cet eulant
j merveilleux ne fui que moalré au
monde. 11 éloil d'un tempérament
délicat, et haïssoit tout autre ali-
ment que le lait de sa nourrice. 11
ne lut sevré que ptru de mois avant
sa mort, occasionnée par une com-
f. YIII.
HEIJN
3or»
plicalion de maladies. P'ojtz la
Dissertation de Î.Iarliui , publiée à
Lubeck eu i75o, où il lâche d"e.\.-
pliquer, p^ar des causes naturelles ,
la capacité étonnante de cet eulant.
Y HEINNECIUS ( Jean Gottlieb ),
né à Eisemberg dans la princi-
pauté d'Altembourg en 1681 , pro-
fesseur de philosophie à Hall eu
1710 , j)uis professeur de droit en
1721, avec le titre de coiîsci!lt;r de
cour, fut appelé par sa répuiaîion à
Eraneker eu 1724 par les états de
Frise. Trois ans après le roi de
Prusse le détermina à accepter une
chaire de droit à Franctort-sur-
rOder eu 17.53. Ce incme prince le
força en quelque sorte d'aller pro-
fesser à Hall où il mourut en 1741.
On a de lui un grand nombre d'ou-
vrages, donl la collection a été im-
primée à Genève, 1744» '^ '^ol.
111-4°, ii'ais dont la réimpression de
1771 en pareil nombre de volumes
est préférable, à cause des addi lions
de Jean-Ciirislophe-Goltl;eb Hein'-
NECius, tils de fauteur ; il faat
même y joindre un i 2^ vol. de sup-
plément pour les deux collections,
qui a été imprimé en 1771 , 111-4°.
Les principaux sont , l. yindcjul-
tatuin jîomanariirn juiispruden-
liam illnstrantium syntagina ,'^\.xîi.%'
bourg, 1741 , ou 1755, 2 vol. in-
8'\ Cet excellent abrégé cominen(,-a
sa réputation dans ffes pays étran-
gers. IL Elément a jurio civilis ,
seciiiidùiii ovdineni insliluliuniim ,
La Haye j 1751 , in-8°, traduit en
français par M. Berthelot, Paris,
1806, 4 vol. in- 12. On ajoute à
cet ouvrage Etemeiila juris civilis
socuiidùin ordinern Pandectarum,
Utrtcht, 1772, 2 vol. in-8°. UL
J'tindamenta stjli cultioris. 11 y a
peu d'ouvrages aussi utiles jiour
former le style en latin. IV". ./.,7e-
mciita philosophiœ rattonalis et
moialis , quibits prœmi.ssa est
/lisioria philosophica. C'est àin.
?0
3o6 HEIN
bon abrégé de logique et de morale.
V. Ilistoria juris civilis Romani
ac Germanici. VI. Lleme/ita juris
jiaturœ et gentium. Plusieurs Dis-
sertations académiques sur divers
sujets. Ces ouvrages allestenl que
leur auteur iul un des plus savans
hommes du nord. — Il ne faut pas
le confondre avec Jean IMichel Hein-
NEcius , auleur d'un excellent ou-
vraoe tur les Sceaux des anciens
o
Germains et des antres nations ,
imprimé à .Francfort en 1709, in-
fol. lig.
tl.HEINSIUS(Daniel),uéàGand,
en 1780, d'une famille distinguée,
disciple deScaliger, alors professeur
d'histoire et de politique à Leyde ,
]ui succéda dans sa chaire, après
avoir rempli, dès l'âge de 18 ans,
celle de la langue grecque , et mou-
rut le 20 février 16.^5. On a de
lui , I. Des Traductions assez li-
dèles , en particulier de Maxime de
Tyr ; de la poétique d'Arislote, a
laquelle il a joint un Traité de la
tragédie ; d'Hésiode , auquel il a
ajouté des Notes , An\ers , 1600,
in-4°; deThéocrile, 1604, in-4'' ;
de Moschus; de Biou.... 11. Des Re-
marques sur le nouveau Testa-
ment, 1659, in-4°- 111- Lausasini,
citm aliis Jestivis opuscuiis, Leyde,
Elzevir, 1629, in-24. IV. Un re-
cueil de ses Harangues , imprimé à
Leyde en 1609., in-4'^. V. Histoire
du siège de Bolduc , traduite du
latin en Français par André Rivet,
Leyde, i65i , in-fol. VI. Des P^ers
grecs et latins, d;ms lesquels l'au-
teur a mis plus d'érudition que de
poésie. Ses poésies hollandaises ont
paru à Amsterdam , 1 6 1 6 et 1 6 1 8 ,
in-4°- 11 avoit en effet beaucoup de
savoir. La république de Venise le
fit chevalier de Sainl-i\larc; Gus-
tave-Adolphe et Urbain Vlll lui
donnèrent des marques d'estime.
■\ H. HEINSIUS (Nicolas), hls
du prccédenl, aussi savant que sou
ÎÏEIP^
père , né à Leyde en 1620 , et
mort à Viane le 7 octobre 1681 ,
avoit un caractère doux et hon-
nête , propre à lui faire des p;<rti-
sans. Ou a de lui plusieurs ouvra-
ges. I. Des Poésies latines impri-
mées plusieurs fois ; la meiUeure
édition est celle d'Amsterdam , en
1666, in-12. II. Des Lettres assez
curieuses et purement écrites , pu-
bliées par Burmann dans sa collec-
tion , en 5 vol. ; des Lettres de sa-
vans illustres. 111. Une bonne édi-
tion de Virgile. IV. De savantes
Notes sur Ovide, Valérius - Flac-
cr.s , Claudien et Prudence. On a
encore de lui des Aduersaria et
des Notes sur Catulle et sur Pro-
perce, publiées àflarlingne eu 1742 ,
in-4° , par les soins de Pierre Bur-
mann le jeune , qui y a joint une
curieuse vie de cet auteur, où l'on
voit des relations de ses voyages ea
France , en Augleterre , en Suède ,
en Italie , etc. Il fut appelé en Suède
par la reine Christine ; il se trouva
à Stockholm avecVossius, Saumai-
se , Bochart , Meibouius et autres.
Heinsius se donna beaucoup de pei-
nes pour enrichir la bibliothèque de
cette princesse, qu'il quitta en i653
par mécontentement , après lui
avoir présenté nu placet qui est im-
primé parmi ses lettres à cette
reine. Ce ne fut qu'après l'abdication
de Christine et son départ de la
Suède que les états de Hollande le
nommèrent , le 7 octobre i6.'i4 ré-
sident de la république à la cour
de Suède. 11 a laissé des Mémoires
manuscrits sur sa résidence à la
cour de Suède. G ras vin s deyoit les
piil)lier avec la vie de Heinsius qu'il
avoit entrepris d'écrire ; mais ce
projet n'a pas en d'exécution. A la
mort de GriBvins , les Mémoires en
question ont été rendus à la famille
de Heinsius , ainsi qu'un recueil con-
sidérable de lettres qu'il avoit reçues
des plus savaus hommes de sou
siècle.
HEIN
t m. lîEINSlUS (N.), gramî-pen-
sioiinaire rie Hollande, mort à La
Haj'e le 3 août i 7 jo , à 87 ans , fui
long-temps k' premier mobile et
comme le maître île toutes les d('-
libériilinii- importâmes oe la répu-
lilique. Creaiiire et ensiùl^ coiitidenl
iulime de Guillaume , prince d'O
range, il succéda , non a si-.s charj^es,
mais à sou aulorilé. Ce pri'ce l'a-
voil autrefois envoyé en France ,
ponr y discuter ses droits snr la
principauté d'Orange. Il parla si
vivemeiil à I.ouvois pour les inté-
rêts de son mailre et ponr les cal-
vinistes d'Orange, que ce uiinistre
le menaga de la Bastille. Un tel
discours len^l à un sujet eût été
odieux ; tenu à un négociateur étran-
ger , (tc'éloil un insolent outrage an
droit des gens , du Voltaire. Ou
peut juger s'il avoil laissé de pro-
foniles racines dans le cœur d'uu
magistrat d'un pef.ple libre. » Hein-
sins montra sur-tout son ressenti-
ment contre Louis XIV , dans la
guerre de la succession d'Espagne.
Entraîné par son grnnd oljjet d hu-
milier la France el Louis, tlallé par
la cour rampante que lui faioieiit
Eugène et Marlborough , qu'il iaisoit
attendre quelquefois deux heures
dans sou antichambre, il ne vouloit
jamais la paix ; el par celte obsli-
iialion, il jeta la république dans
des dettes immenses. Pendant treille
ans qu'il l'ut grand-pen^onuaire ,
il fut aussi absolu qu'on lep^-uteire
dans un gouvernement d.'mocrali-
que , tenipéranl seulement son ; u-
lorité par des insinualious adroiles
et délonrnées. Pour que rieti ne
mampiai à son pouvoir, il avoil
aussi les sceaux. Mais les yeux s'oii-
vrireul eutiu , lor^qu'apres la con-
clusiou de la paix, la répuitlique
vit l'étsrndue des eugagemeus où
Heinsins l'avoil enlrainée. Il perdil
ses places , el les dégoiits qu'il
éprouva , encore plus que son grand
âge, le couduisirenl au lomheau.
HFJS
f
307
* HElNZELMAPsN (Elle), gra-
veur habile, né à Augsbomg eu
ifiSe, élevé de François de Poilly ,
gras a nn grand nombre desianipes ;
La Vierge et VI nfaritJé.sus , d'a-
près Anii:bal Carracbe , coiinie sous
le nom de Silence. Une Mainte J'a-
mille, où la Vierge savonup du
Imge, d'après l,e ljoiiidon./-7//67'ea/*
rnojceaitx d a()rès l'Albaue , etc.
*Hli;iRlC, moine de Sauil-Ger-
main d Auxerre, vuoil dans le g*
siècle. Il lut poêle , orateur , cl phi-
losophe , autant qu'il étoit possible
de l'être dans son siècle. lieiric,
cliargé de l'éducaiioii du |)rince Lo-
ihaire, lils de Charlts-le-C'hauve ,
préféra l'obscurité du cloilre à l'éclat
des honneurs qu'il j.ouvoit oj)tenir.
On l;t encore son T'vl'inek la louange
desainl Germain , é\èquedAuxerre.
Ses Homélies offrent quelques détails
éloqueus.
t HEISS ( N. ) est connu par une
Histoire de l'empire (i\-.Uemagne ,
i\\\\\ publia eu ib84, tu 2 vol.
in-^j", el dont la nieiUeure édition
est celle de Paris, i73i , 10 vol.
iu-12, on 3 vol. iu-zj", avec les
iS'o/es de Vaugel , grand-juge des
gardes-sii.sses. «Ce livre, dit l'abbé
Lenglel du Fresiioy, qui est peu
tstimé des gens habiles, est In par
les ignorans. 11 seroit bon, si la
preuiiere partie qui conlienl l'his-
toire de l'empire ëloii plus exacte
tl plus étendue; si la deuxième
couienoil un état plus juste et
plus précis de l'Allemagne ; et
si la troisième qui comprend les
actes et les preuves nétoii pas aussi
impc;rlaite. » La dernière édition,
qui a été forl aiipmeulée , u'est
point de labbé dcVirloi , comme
ou l'avoit publié par une rnse iyi)o-
graphiqiie, trop commune: elle est
flun inrchant écrivain, qui avoit
une médiocre teinture des affaires
de l'empiix". Hciss lie valoii pas
aiieux ijue sou couliuuaieur, et il
3oB HEIS
joignoit Te mensonge à l'ignorance
et à l'impudence. Il a farci son his-
toire d'une fonle de particularités
et d'anecdoles qui lui ont f'oiiini
des épisodes agréables , mais qu'on
ne trouve que chez lui. ( Voyez
Henri le Sévère, v^ VI , à la tin ,
et Otiion , n° V. )
i-HEISTER (Laurent), célèbre
médecin , né à Francfort-sur-le-
Mein en i685 , professeur à AUorf
en 1710, passa à Helmstadt en
1720 , où il s'acquit une grande
réputation par l'exercice de son
art, et par les leçons qu'il donna
sur la chirurgie , Tanaiomie , la
théorie et la pratique de la médeciue,
et sur la botanique. Pierre P"^ voulut
l'attirer en Paissie , mais Heister ne
put se résoudre à quitter l'Allema-
gne , où il avoit acquis l'estime de
plusieurs souverains. 11 mourut à
Helmstadt en 1758. Ses principales
productions sont , I. Compendium
anatomicum , dont on a fait grand
■nombre d'éditions , et qui a clé
traduit en français d'abord par De-
A aux , Paris , 1724 , in-12 ; ensuite
par Senac, Paris, 1706, in - 8° ,
réimprimé en 1753 ; il a paru aussi
en anglais et en allemand. L'anato-
mie de Verheyen , généralement
adoptée dans les facultés de méde-
cine , tomba dans l'oubli au mo-
ment que Heister publia la sienne.
11. Z>e medicanieiitis Gennaniœ in-
digenls sufficientihus , Helmstadt,
ï73o , in-4°, pidilié ensuite en fran-
çais , à Paris, lit. Institutiones chi-
rurgicœ , Amsterdam, 1750, 3 par-
ties eu 2 vol. in-4° avec fig. Cet
ouvrage a été traduit en espagnol ,
en anglais , en français , par Paul ,
Avignon, 1770-1770, en 5 vol.
i!i-/(" ou 5 vol. in-S". IV. Com-
j)endium iiistitutionvm medica-
riim , Amsterdam , 1764 , in-8° ,
estimé. Il a donné un grand nombre
de Dissertalions sur des matières
irès-inléressantes ; il en a fait plu-
HELE
sieurs pour soutenir que le siège de
la cataracte est dans le cnstaiiin.
C'est le premier médecin allemaïKl
qui ait été de ce sentiment. — Son
lil» Elle- Frédéric, né à Altorf en
1715 , mort à l^eyde en 1740, com-
meuçoit à se distinguer par son sa-
voir. On lui doit, l. Une 2'radur-
lloii, en latin, du traité anglais de
Douglass sur le péritoine. II. .Ijio-
logia pro mednis atheisinu accu-
salis, Amsterdam, 1756.
HELCIASjgrand-prèlre des juifs
sous le règne de Josias, roi de Juda,
trouva dans le temple quelques li-
vres de Moyse, qu'on croit être le
Deutéronome , écrits , dit-on , de la
propre main de ce législateur du
peuple de Dieu.
t HELDING ( Michel ), surnommé
Sidonlus , parce qu'il se fit sacrer
évèque de Bidon pour être suEfra-
gant de l'arclievêque de Mayence ,
travailla à YliiLeiim de Charles-
Quint. Ce prince lui donna , en
récompense, lévêché de Mersbourg.
Helding , employé dans diverses
négociations importantes par l'em-
pereur Ferdinand , parut avec éclat
au concile de Trente, et mourut
en i56i , à 55 ans. On a de lui
quelques ouvrages , entre autres des
Sermons, un Catéchisme , etc.
t HELE (Thomas d' ) , gentil-
homme anglais , du comté de Glo-
cester, mort à Paris le 27 décembre
1780 , étoit né vers l'an 1740 , dans
le comié de Glocester , d'une fa-
mille distinguée; il commença par
servir dans les troupes anglaises,
et fut envoyé à la Jamaïque, où il
resta jusqu'à la fin de la guerre
de sept ans. Curieux de connoilre
les nations les plus distinguées de
l'Europe, il quitta bientôt sa famille
et son pays , et se rendit en Italie.
La beauté du climat , et la réunion
des merveilles que tous les arts y
HELE
avoieiil rassemblées , ue poiivoienl
que captiver un hoiuaie qm voii-
loit s'iiislniire à la source du vrai
beau : d'IJêley r-esta plusieurs années.
Enfin le désir de voir la France le
couduisitàParis versl'an 1770. Après
V avoir examiné les arts avec beau-
coup de curiosité, il fit une étude par-
ticulière des spectacles : la comédie
italienne fixa ses regards ; et il réso-
lut de travailler pour ce théâtre.
I^e Jugement de Midas fut son pre-
mier ouvrage. Cette comédie , re-
lative à la révolution que notre mu-
sique venoil d'éprouver, est pleine
rie gaieté, de saillies, d^ finesse
et de traits d'esprit ; le dialogue en
♦!.st vif et naturel. Le fond de la
pièce est emprunté dune comédie
anglaise. Clairval qui, dans la nou-
veauté de cet opéra, jouoil le rôle
d'Apollon , contribua beniicoup à son
succès •,\'yima/Uja/oi/x , qui lui suc-
céda, en euldavantage. Le contraste
d'un Espagnol grave et jaloux avec
un amant français , léger et tendre ,
y produit un assez vif inlértt. Les
£i'énemens i/npréuus essuyèrent
quelques critiques. Docile et de
bonne foi , d'Hele retira cette pièce ,
répondit à ses censeurs en profitant
de leurs avis , fit reparoilre son
ouvrage , et le fil applau<iir. En gé-
néral, les comédies de cet auteur
sont fortement intriguées , et ont
de l'originalité ; l'action en est vive ,
et l'intérêt eu est soutenu. Ses vers
sont un peu lâches . le style de sa
prose n'est pas toujours pur; mais
son dialogue est vif, naturel et dune
facilité étonnante pour un étranger.
L HÉLÈNE ( Mythol. ), fille de Ju-
piter et de Léda , femme deTindare,
roi de Laconie , surpassa en beauté
toutes les femmes de son temps.
Ayant été enlevée dès sa plus tendre
jeunesse par Thésée , ses frères Cas-
tor et Poilu^ la lui arrachèrent, et
la marièrent à iMénélas, roi de Spar-
te , dout elle eut Herirnone. Paris,
HELE
.300
fils de Priam , roi de Troie , sur Is
bruit de la beauté d'Hélène , vint a
la cour de Ménélas , cpii le reçut
avec de grands honneurs , et le
logea dans son palais. Ce novivel
hôte ne tarda pas à inspirer à la
reine uno passion si violente pour
lui, qu'elle consentit à le suivre à
Troie , où elle l'épousa. Rlénélas ,
outré de cette perfidie , envoya des
ambassadeurs à Priara , pour le prier
de lui rendre sa femme ; mais ils ne
furent point écoules. Le roi de I\!y-
cène , indigné d'un tel procédé , sol-
licita vivement tous les princes de
la Grèce à se joindre à lui , pour
venger un outrage dont la honte
rejaillissoit sur toute la nation. La
ligue s'é'.ant formée, on s'assembla
dans le port d'Elidc en Béotie ; et on
mil à la voile avec une ilolte de
mille vaisseaux , pour se rendre
devant Troie. Le siège dura dix
ans , avec de grandes perles de part
et d'autre. Paris ayant été tiré dans
un combat singulier , Hélène ëpousa
Déiphobe , autre fils de Priam. Peu
après ce nouveau mariage , la prin-
cesse, voyant la ville sur le point
d'être prise , songea à regagner les
bonnes grâces de son premier mari ,
en tralnsanl les Troyens. Elle fil
allumer, pendant la nuit , des tor-
ches au haut de la citadelle , pour
avertir les Grecs d'approcher , tan-
dis que tout le monde éloil plongé
dans le sommeil ; et lorsqu'ils s'en
furent rendus maitres, elle introdui-
sit iMéiiélas dans la chambre où dor-
moit sou nouvel époux , qui fut
égorgé dans son lit.
t IL HÉLÈNE ( sainte) , née
dans l'obscurité au bourg de Dré-
pane en Bilhynie , 'en sortit par
les charmes de son esprit et de
sa figure. Sa première condition ,
selon saint Ambroise , fut d'être
hôtelière. ConstapccCliIore l'épousa ;
mais ayant éléfUsbcié à l'empire par
Dioclélien, il la répudia en 292,
3^0
HELE
pour lui Riibstiiupr la fille de Ma-
xiinilieii-FIitxule I^ hisloire ne nous
apprend pas ce quVlle devml de-
puis le temps , jusqu'à ce que Cous-
tantai so i ti!s , ayaat été couronné
empereur , la rappela à la cour , lui
donna le tiire d'Augusle , et lui t'il
rendre lous les honneurs dus à la
mère de l'empereur. Non content de
la i'ti're respecter daiis sa cour et
dans ses armées, il \oidul qu'elle
disposai , comme il lui pla'iroit , de
l'argent de son épargne. Elle ne se
servit de ce crédit que j)our le bien
de lEgiise ei pour le soulagement
des miséiables. Vers l'an 3^6 elle
visita les lieux saints , et y batil
diverses églises. Ce fut vers ce temps
que Ton trouva ou qu'on crut trou-
ver la \ rai croix. Elle en envoya
inie pa nie à Constant inople ,el laissa
l'autre à Jéiusalem. Sai;it Cyrille,
évêqne de celle dernière ville, dit
qu'il s'y en fit nue si grande dis-
tribution , que l'univers se'lronva,
en prii de temps , rempli de mor-
ceaux d.- la vraie croix. Cependant
cette partie de la croix , par un
mr.acle continuel , ne dimimioit
point , selon saint Paul de ?Jole.
I.t-s Perses lenlevèreut l'an 614.
Héraclius la retira de lenrs mains en
6i8 ( i^oyez HÉraclius ) , et la trans-
porta à Cosistantiuople. Les empe-
reurs en h ent de nouvelles drslri-
bulions. Le dernier morceau , porté
à Vem.se, lut racheté par saint Louis,
qui le mit, en 12 ji , avec la cou-
ronne d'épines dans la sainte-cha
pelle. Pe.i après la dpcoinerte dt la
croix , H lene mourut le iS août
5^7 on 028, ag:-e de 80 ans, en Ire
les bras de Constantin «Celle prin-
cesse, dit Crevier, lut recomman-
dable par sa p;udeuce il par l'ha
hileté de .sa conduite ; c'est ce qui
paroit par l'aulonié qu'elle conserva
loujours sur son iils; et rattenlioii
qu'elle eut à retenir les Irères de
Constantinenest^j|M||e une prenve.
Ils éloient trois , imeT, Conslatice et
HELE
Hannibalien , et i!s avoient , sur leur
l'rère aiué , l'avantage de la noliles'^e
du côté de leur inert- , qui éloit belle-
ùile de Maxi mien-Hercule. D'ailleurs
il éto;l sans exemple que des filsdem-
pereur lussent, restés dans la condi-
tion privée. Ils n'avoient pourtant
pas un droit acquis ;i l'empire, puis-
qu'il étoil électif; et le bas âge où
leur père les laissa en mourant, l'in-
convénient de partager le domaine
de Constance-Chlore , qui ne l'aisoit
déjà que la quatrième partie de l'em-
pire romain , éloient des raisons
légitimes pour réunir toute la suc-
cession paternelle sur la tête du seul
ConslaMin , qui se lrou\oit en état
de la défendre contre l'injustice et
l'ambition de Galérius. Il ne paroit
point qu'Hélène ait pu avoir aucune
part à ce premierarrangemenl, puis-
qu'elle ne devoit point être à la cour
de Constance - Chlore, qui l'avoit
répudiée ; mais elle sut le maintenir
par des précautions de prudence.
Craignant que les jeunes ; rinces , on
par eux-mêmes, ou par de mauvais
conseils, ne se portassent à des in-
trigues contraires à leur devoir , et
à la tranquillité de l'état , elle les
tint loujours éloignés de la cour et
des emplois, tantôt à Toulouse,
tantôt en quelque autre ville , et
enfin à Corinthe, où elle fixa leur
séjpnr. Julien l'Apostat , fils de Ju-
les Constance, taxe cette conduite
de ruse artificieuse d une belle-mère.
De Tillemonl n'y voit qu'une sage
politique, en supposant, comme il
est vrai , que le droit d'hérédité dans
les fils d'empereur n'avoit de force
qu'autant qu'il étoil reconnu et ap-
puyé des suffrages du sénat et des
armées. »
i III. HÉLÈ.NE ( Flavia Julia He-
lena ) , fille de l'empereur ConsUn-
tin , qui la donna en mariage à Ju-
lien, à la sollicitation de l'impéra-
trice Eu.^iébie. On ne sait rien de la
vie ni des mœurs d'Hélène ; elle
II ELI
îiiourul peu de temps nprès que l'ar-
niée des Gaules eut proclamé Julien
auguste. Céloit à la lin de l'auuee
56o , et la cinquième de son ma-
riage. Ses médailles la représentent
avec des traits qui ont de la dignité.
Elle devint , un an après son ma-
riage, mère d'un Fils qui mourut en
naissant , par la faute de la sage-
femme , qui lui coupa de trop près le
cordon ombilical , soit par inadver-
tance, soit qu'elle eut été corrompue
par Eusébie , femme de Constance,
laquelle craignoit que Julien n'ei!tt
des successeurs.
HÉLÉNUS ( Mylhol. ) , fameux
devin , fils de Priain et d'Hécube ,
outré de dépit de n'avoir pu obtenir
Hélène eu mariage , quitta Troie ,
el fut fait prisonnier de guerre par
les Grecs. Poussé par son ressenti-
ment, il leur découvrit, dii-on, un
moyen sûr pour surprendre celte
ville. 11 prédit depuis à Pyrrhus une
navigation heureuse , et reçut de lui
la Chaouie, où il bâtit beaucoup de
villes. Le fils d'Achille lui céda aussi
Audromaque, veuve d'Hector , qu'il
avoit épousée par violence; et il eu
eut un lils nommé Molossus.
HÉLIADES ( Mythologie ),
filles du Soleil el de Clynièue , el
sœurs de Phaéton, de la mort du-
quelelles furent si sensiblement tou-
chées, que les dieux les métamor-
phosèrent en peupliers , et leurs lar-
mes en ambre. Leurs noms étoient
Lampétuse, Lampétie et Phaéluse.
HÉLICE, rojez Calisto.
HÉLINAND. Foj. Élina^-d.
* HÉLINGAUDE ( le comte ) , au-
teur, selon quelques-uns, d'un célèbre
fragment que Canisius a recueilli
sous le titre d'--^«/za/c5 de laT'rance.
C'est une histoire complète d'une
partie du 8° siècle, depuis l'année
74» jusqu'en 795 inclusivement.il
est vraisemblable que les autres
HELI
3ii
annalistes , contemporains d'Hélin-
gaude, ne sont que ses abrévialenrs ;
ils ne dilfcrcnt entre eux que parles
dates qu'ilsassignent aux é\ éueiiiens
dont ils fout menl'kon. D'ailleurs,
ce sont les mêmes observations , le
même ordre et la même grossierrié
de style. 11 faut convenir a cel égard
qii'Héliugaïule a renchéri sur laloule
de ses compila leurs, el que sou ou-
vrage n'est bon que pour reuseigne-
niens.
t L HÉLIODORE , l'un des cour-
tisans de Séleucus Pliilopator , roi de
Syrie , eut ordre de ce prince d'en-
trer dans le temple de Jérusalem ,
l'an 176 avant J. C. , pour en ravir
les trésors. Comme il vonloil péné-
trer dans l'intérieur , il en fut ,
dil-on, chassé par des Anges qui le
frappèrent si rudement, qu'il tomba
comme mort. On a)OutequeU'grand-
prètre Onias ayant offert le sacriiice
pour lui, Dieu lui rendit la santé,
el lui fil dire par les mêmes Anges
qui l'avoient châtié, d'annoucpr par-
tout la puissance de Dieu, el qu'Hé-
liodore obéit à cet ordre.
t II. HÉLIODORE (saiut), de
Dalmalie , évêque ci'Alliuo en Italie,
ami de saint Jérôme , qui dit de
lui, qu il conserva dans l'épiscopat
toute l'austérité du cloilre , suivit
ce saint docteur jusque dans le dé-
sert de Chalcide , d'où il revint en
Dalmatie. 11 fut élu évèque d'Altino,
diocèse suQ'ragant d'Acjuilée, el y
assista à un concile eu 58 1.
i-lll. HÉLIODORE, dEmèse en
Phénicie, cvèque de Trica en Thes-
salie , sous Théodose-le-Grand , com-
posa en grec j dans sa jeunesse, le
romandes Amours île T/iéa^èiie et
de ( hariclàe , publié en grec el eu
Intin , à Paris , 1619 , in-H". La pre-
mière édition est de Bàle , i554 ,
iii-4°- La dernière , recoin inandable
pour la beauté, la ncttf;lé el la cor-
rection du texte, a paru à Slras-
bouro en l'an 7 ( 1 79b ) , 2 volume»
12
HELÎ
111-8°. Cet ouvrage, par la manière
dojil les passions y soiil traitées , la
variélé des épisodes et les agréiiu-iis
du slyie, a inérilé deservirdemodele
aux produclioiifi de ce genre. Le
roinau d'Héliadore a été traduit
dans presque loules les langues , et
dans ia nôtre par Ainyol et Mon-
lyard. La nouvelle Traduction par
Quenneville, Paris, i8o3, 5 vol.
in-i 2 , intitulée les Eliiiopiennes ou
Tliéagèiie et Cliaricléc ( il falloil les
Ethiopiques ) , est accompagnée de
îiotes sur le texte grec. 1). Coray
a donné à Paris , eu i 8oî) , une nou-
velle éditions des Et/tiopiques d'He-
liodore en laveur des Grecs , avec un
comuienU'.ire dans leur langue, et
des variantes médiles , recueillies
par .\niyot , 2 vol. in-S". Cette pu-
l^licatioii , faite aux frais du Grec
Alexandre Basili , est digne de la
Véputalion de son savant éditeur.
On a atlnbué au nièiue Héliodoi e
un Poème sur la chimie, c"est-à-
dire sur l'art de faire de i'or et de
l'araent , inséré par Fabricius dans
sa Bibliothèque grecque; mais rien
n'est plus dissemblable que le style
élégant et pur d'Héiiodore ,' et ie
style dur et Ijarbare de ce poëme.
i- IV. H É L I O D 0 R E , de
Larisse , nialiiémalicien grec dont
lage est iiuoniiu , a laissé i\v.\\yi. li-
vres à' Optique , dont Erasme Bar-
iholina donné une traduction latine,
le texte en regard , Paris, 1657,
in-4°, et réimprimé chez Cramoisy
en 1680, même formai. Frédéric
I>inden))rog avoit déjà publié à Ham-
bourg , en i6io , quelques chapitres
de ces deux livres d'optique , d'après
un manuscrit de Florence ; mais plus
anciennement, Iguace Uati en avoit
donné une Iraduclion italienne d'a-
près un manuscrit du Vatican, im-
primée à Florence chez les Juntes,
en 1575 ,-in-4°, avec la perspective
d'Euclide , qu'il avoit également
traduite.
M ELI
* V.HÉLIODORE, prêtre d'An-
tioche , vivoit dans le 4^ siècle.
Genuade en fait mention dans le b"
chapitre des Ecrivains ecclésiasti-
ques, et il ajoute qu'il est auteur
d'un Traité iniilulë De iialuris
rerunt exordialiuin .
* VT. HÉETODORE, aussi prêtre
d'Aulioche , fiorissoit dans le 5*
siècle. Gennade , dans le 29^ cha-
pitre des Ecrivains ecclésiastiques ,
parle de lui et le prétend auteur
d'un ouvrage sur la virginité. Edi-
(lit, dit-il, rie virginitate egregium,
de scripturis inslructum votumtn.
HÉL 10 CABALE ou Émoga-
BAi.E, empereur romain, surnommé
le Sardannpale de Rome , fils de
Varius Marcellus et de Saeinias ,
né dans cette ville eu 204 , fut
établi pontife du Soleil par les Phé-
niciens ; c'est de là que lui vint le
nom d'IIéliogabale. Après la mort
de Macrin , l'an 218, il fut élevé à
l'empire. Le séual, quoique mécon-
tent de se voir soumis à un enfant
de 14 ans, le reconnut empereur, et
lui donna le litre d'Augnsle. Massa ,
s<ni aïeule, et Saemias, sa mère, fu-
rent honorées du même litre. Hélio-
gabale joignoil à l'humeur despoti-
que d'un vieillard emporté tous les
caprices d'un jeune étourdi. 11 vou-
lut que son aïeule fût admise dans les
assemblées du sénat , et qu'elle eîil
sa place auprès des consuls. Il établit
sur le mont Quirinal un sénat de
femmes, où sa mère, monstre d'im-
pudicilé bien digne d'un tel hls ,
donnoit des arrêts sur les habits et
les modes. Le palais impérial ne fut
plus qu'un lieu de prostitution, ha-
bité par tout ce qu'il y avoit de plus
infarae dans Rome pour la nais-
sance et pour les mœurs. Les co-
chers, les comédiens, composoieut
la cour de ce scélérat imbécille qu'on
appeloit empereur. Il tua de sa jiro-
prc main Gannys, son précepteur ,
HELt
jt]ui lui reprodioil ses di'baiiclies.
IJne des folies d'Héliogcbale éloit de
faire adorer le dieu El;igai)al , r|u'il
avoil apporte' de Phénicie. Ce dieu
n'etoil autre chose qu'niu' grosse
pierre noire , ronde par le bas , poin-
tue par le liant, en forme de coiie,
avec des figures bizarres. ]lélion;a-
bale f\l bàlir un temple à celle ridi-
cule divinité, et il le para des dé-
pouilles de tous les autres temples. Il
fil apporter de Carthaj^e tor.les les
richesses du temple de Ja Lune, fi
enlever la statue de cette déesse , e
la plaça dans le temple de son dieu ,
qu'il maria avec elle. Leurs noces fu-
rent célébrées à Rome et dans toute
l'Italie. Il se Fil circoncire en l'iion-
nenr des nouveaux époux, et leur
sacrifia des enfaus de la première
distinction. Ceux qui ne voulurent
pas leur rendre hommage périrent
par les derniers supplices.. . ( T'oy.
Paula el Faustine , n° 111. ) Hélio-
gabale éiiousa cinq l"emn)es pendant
ies quatre années qu'il régna, l ne
de ces femmes fut une vcslaie ; et
comme c'étoil un sacrilège parmi les
Romains, il répondoilà ceux qui le
lui reprochoient: «1-lien ne convient
mieux que le mariage d'un prêtre
el d'une veslale. m II lui prit bieulôt
nne envie plus étrange : il déclara
publiquement qn'il éloit femme. Il
épousa eu celte qjialité un de ses ofti-
tiers, ensnileunde ses esclaves. Due
académie établie dans son palais
donnoit des décisions sur les rafline-
mens de la plus honteuse lubricité.
Onaditdeluicequ'on disoit de César
avec moins de justice : «qu'il étoit
l'homme de toutes les femmes, el la
femme de tous les hommes. » —
«Son mari, dil Crevier, éloit un
certain Hvérocics , esclave carien
d'origine, et conducteur de chariots
dans le cirque. Ce misérable acquit
im pouvoir qui surpassoil celui de
l'empereur même, 11 vendoit toutes
les grâces : il promettoit aux uns,
menaçoitles antres^ et tiroil de l'ar-
HELI
3i3
gent de tons en les trompant. —
J'ai parlé de vous à l'empereur , di-
soit-il aux avides courtisans : vous
obtiendrez telle charge ; ou au con-
traire : vous a\ez beaucoup à crain-
dre. — Souvenl il n'éloit rien de
tout cela ; et néanmoins liiéroclès
ne laissoii pas de se faire bien
payer. Il vendoit de la fumée ,
pour me servir de l'expression usi-
tée alors parmi les Romains; il se
faisoit \\\\ gros revenu de son cré-
it ; artifice qui réussit, dit un his-
rien , auprès des mauvais prin-
!fes , et aussi auprès de ceux qui ,
ayant de bonnes intentions, négli-
gent les affaires. Sa mère, qui éloit
encore esclave à la naissance de sa
faveur , lïit amenée à Rome en
pompe, avec nu cortège de soldats ,
el mise au rang des dames dont les
inaris avoienl été consuls. Hélioga-
bale éloit teliemeul soumis à Hiéro-
dès , qu'il se laissoit battre par lui ,
et frapper au visage , jusqu'à en por-
ter les marques, et il tiroil vanité
de ces mauvais trailemens, comme
de témoignages d'un amour pas-
sionné. H voulut eu récompenser
l'auteur en le faisant César ; et sou
allachemenl pour celte infamie fut
une des principales causes de sa
ruine. liiéroclès craignoil pourtant
\\\\ rival. Anrélius Zolicus , natif de
Smyrne , fils d'un cuisinier , plut à
Héliogabale; mais son crédit fut do
peu de durée, liiéroclès le lui fit
perdre par une voie que la pudeur «e
permet point de rapporter. Zolicus
fut chassé de Rome et de l'Italie, et
sa disgrâce lui fut avant.geuse : elle
lui sauva la vie, au lieu qup Hiéro-
cles périt dans la révolution (pii mit
sur le trône Alexandre Sévère »
Si Héliogabale ég«la en impudicité
les empereurs les plus débordés, il
les surpassa tous en profusion. C'est
le premier Romain qui ail porté un
habit lont de soie. Pour satisfaire à
ses dépenses excessives, il accabla le
peuple d'impôts : il le regardoit
3i4
HELI
comme les eiinins regardent im petit
oiseau rjui leur sert de jouel. Il se
plaisoil a inviter à souper des gens
de ly lie du peuple; il les laisoil as-
seoir sur de grands soufflets eutlës de
veut, qui, se vidant lonl à coup ,
les ren\ ersoient par lerre , pour être
l.t pâture des ours et des bètes ié-
voces. Ces scènes sanglantesledi ver-
tissoicnt. Quelquefois il inviloit à
manger huit vieillards, huilcliuuves,
huit borgnes, huit boiteux. Ce mons-
tre ayant lassé lonl le inonde par ses |^
caprices el par ses cruautés , ses solÉI ^
dais se, soulevèrent : il voulut les
apaiser ; mais ne pouvant en venir
à bout , il alla se cacher dans les la-
trines (lu camp. On le découvrit
avec su mère Ssemias, qui le tenoit
embrassé , et on leur coupa la tête le
1 1 mars 222. Héiiogabale éloit d'une
très -belle figure , el avoit dix-
huil ans , dont il en avoit régné 5 ,
g mois et .j jours. En 1802, on a
publié à Paris un ouvrage sous ce
litre : Héiiogabale , ou Esquisse mo-
rale de la dissolution romaine sous
cet empereur , 2 vol. in-S". Des
images trop obscènes el des tableaux
d'une hideuse prostitution rendent
dangereuse la lecture decet écrit, qui
auuouce du Salent , soit par le style,
»oii par la disposition des faits.
HELL
l'empereur pour le presser dépasser,
eu Italie , et alla lui-même en Grèce
pour hàler son retour. Il fut puni
depuis par Galba. ■•
HELISENNE. ^oj. Crkne.
HÉLIUS, affranchi de l'empereur
Claude , acquit un très-grand pou-
A^ir sur l'esprit de Néron , son suc-
cesseur. Ce prince , dans un voyage
d'une année qu'il lit en Grèce, lan
de J. C. 67 , le laissa à Rome comme
régent 4e l'empire., avec autorité
absolue sur tontes sortes de person-
nes , et la puissance de faire mourir
les sénateurs, même sans lui en
écrire. Hélius, secondé de Polyclète,
autre affranchi , aussi digne que lui
de servir Néron , exerça les der-
nières violences. Mais comme leurs
cruautés tyranniqu<\s sembloient pré-
parer un soulèviineiit , il écrivit à
* I. ÏIEf l. ( Maximilien ) , jé-
suite , très-célèbre astronome de
l'eujpïreur à Vienne, où il fut
long-temps professeur d'astronomie
et directeur de l'observatoire, as-
socié de beaucoup d'académies étran-
gères , né en 1791 , occupa un rang
si dis\iugué dans l'Europe savan-
e, t\ sacqûit tant de réputation ,
sur-tout, dans l'astronomie, que ses
ouvrages et ses observations astro-
nomiques lui donnèrent avec justice
une grande célébrité. En.1768 il se
rendit , par ordre et aux frais de
Cliristiern VII, roi de Uanemarck ,
et avec la permission de l'empereur,
à l'ile de Warde-Huys , capitale de
la [,aponie danoise, accompagné du
P. Gainnovics, aussi jésuite, et pro-
fesseur de mathématiques à Tirnau
en Hongrie, où il observa le passage
de V^énus sous le disque du soleil le
3 juin 1769.11 fut plus heureux dans
cette entreprise que treize autres as-
tronomes très-savans qui étoient
répandus sur différens points du
nord , parce que le ciel lui fut plus
favorable par sa sérénité. Ou lit
dans l'histoire de l'académie royale
des sciences, année 1770, Paris,
1775 ,que, «parmi tontes les obser-
vations faites eu Europe , la plus
complète est sans doute celle de
■Warde , faite par le père Hell, as-
tronome de l'empereur. » Le roi de
Danemarck , protecteur zélé des
sciences, pour lui donner une preuve
de sa satisfaction , lui fit présent
dune très -belle tabatière d'or en-
richie de diamans et ornée de son
portrait, et honora du même pré-
sent le P. Gainnovics , son associé.
L'un et lautre furent ensuite reçus
membres des académies de Copen-
hague et de Drontheim en No -
wi'Z", et re" inrerit à Vienne , où , en
HELL
1772, ils doniùrml leurs Ep7ié-
mévides , et publièrent le\irs cu-
rieuses observations , leurs ré-
flexions, et une carte corrtcte et
plus exat^ de diverses parties du
nord. I/iiReniion que lit le père
Ilell d'un loil jiiobile à l'usage d'un
des pruicipaux inslrumeus d aslro-
iioniK- lui allira encore un témoi-
gnage deslime de la p.irl de Sta-
nislas j roi de Pologn . Ce souverain
lui en' ayant demandé un ntodeie ,
pour Je faire exécuter à l'observa-
toire qu'il avoit élevé d.ius son pa-
lais , enfui si satisfait, qu'il lui en-
voya une médaille d'or d'un grand
prix , accompagnée d'une lettre très-
gracieuse écrite de sa propre main.
Quelques observations sur la méde-
cine , faites par Hell dans son voyage
an nord , lui acquirent peut-être au-
tant de réputation que ses observa-
tions astronomiques. Ce savant mou-
rut à Vienne en 1792. Parmi les
ouvrages qu'il a publiés, on distin-
gue les suivans : 1. Obst'ivatio lian-
sitih Fener!s aute discurn solls die
b junii 1761 , Vindobonas , 1761.
\\- Ep/iemerides aii/ii 17.08 et «705,
Viudobouae, 2 >ol. in-8°. III. Ep/ie-
meiides aslroiwmicœ , auctoie P.
Maximiliano Htll soc. Jesu , Vin-
dobonas , 1772. Dans ces Epbémé-
rides , comme nous l'aNons dit ci-
dessus , le P. Hell corrige plusieurs
erreurs géographiques, et donne en-
suite d'importantes obser\ allons, et
])articulièreinent celles sur l'éclipse
obst^rvée à Pékin le 27 mai 1770
par les pères HuUersteins et Espen-
ha , et celle d'une aurore boréale,
observée aussi à Pékin par le même
P. HuUersteins le 27 septembre de
la même année, phénomènes très-
rares dans les paj's méridionaux.
IV. Ephemeridesastronomicœ a nul
1791 ad meridiani/m Vindobuneii-
sem jussu ai/giistisaimi a Maximi-
liano Hell astj-oiiomo rcgio uni-
vPKsitalis et J'raricisco de Pau la
Triesneker adjunclo astrouGmlœ
HELL 3i5
regio caJci/!atœ,(vm appendice coii-
ti/ienle : i" CÔAc/vaiio/ies as/rouo~
mil as la/if//di/i//m, et Ivngiiiidiinnn
lucijru//i bujeaiiu'i: l.aniœ,S\ eciœ,
ISuivigiœ , et 1 i/imarc/iiœ J.appo-
iiicœ pet iler arciiium uitm 17^8,
17(19 et x'j'jo Jactasa A.'oa iiiiiliatio
Hell; 2° De jigi.râ teliuiis à .' ran-
cisiode l^aiilâ '}'i iesnvt.eri "h^L.bser-
valid/ies barometriccs , ei t/,e/mo~
meli'ivas aiiiii 178g .J'actas f iiti-
iiœ iii observa lorio rcgio u/iircrsi—
tatis , \ indobona^ , 1 79 1 : ^^ J'iplo'
tnata, bultœ , priiiligia . libcrta-
les , immmiilates , cnurdilutioties ^
et statu ta celeber/ imœ uiiivtr^ ta lis
Viiidoboiiensis ah aniio iSfij pri-
ma; suœ iiistilutiofiis ad atirurn
1 089 , (juo studio t/ieotogico avcta ,
et compléta Jlorebat , excerpfa ex
lib. Il Cornmentariorum \ . CL-
Petri Lnmbecii , editio tertia ,
idiomate latino , et teulonico , cum
notisprœserlim Lanibecianis, Vin-
dohonaî , i"9i, iu-/|°. Celle utile
collection obtint les suffrages dfs sa-
vans. Hell se proposoil de publier,
en 1778, un ouvrage en troit- gros vo-
lumes , intitulé i.i7^e(^////o littcra-
ria ad polum arcticum , elc. INIais
un concoure malheureux de ci; cons-
tances, au nombre desquelles lut la
suppression de son ordre, l'ayant
privé du secours des coniprigi;ons
de ses travaux , l'obligea d'abandon-
ner une entreprise presque arrivée
à son terme. 11 se proposnit , pour
offrir une espèce de compensa-
tion , d'insérer chaque année dans
les Ephémérides quelques fiagmens
intéresfians de cet ouvrage sur l'as-
tronomie , la géographie, la navi-
gation , la météorologie , etc. : mais
la mort l'empêcha d'exécuter ce
dessein.
* HELLADIUS , grammairien , né
à Antinoé en Egypte, vivoit sous le
règne de Constantin -le- Grand. Il
avoit composé diverses pièces eu
v(rs grecs , mais il ne reste de lui
3i6 HELL
que quelques fragmeus de sa Chres-
îomatJiie , conservés par Photiiis ,
svir laquelle Menrsiiis a fait des no-
ies. Elle fut imprimée, en ifiSy , par
les soins de Graevins. L'n autre Hel-
JjADiiîs , aussi giammaineu, natif
d'Alexandrie, a donne entre autres
ouvrages un Dictionnaire grec.
que Suidas a inséré dans le sien. Ce
grammairien vivoit du teroj>s de
Théodose-le- Jeune.
i- HELLANICUS , de Mitliylène,
célèbre historien grec, né lo ans
avant Hérodote, lan /\\i avant J.
C. , avoit écrit une Histoire des an-
ciens rois du monde et des premiers
fondateurs des villes , qui n'est
point parvenue jusqu'à nous, et une
Histoire d'Egypte , citée par Athé-
née , par Arrieu et par Aulu-Gclle.
Hurz a recueilli Hellaiiici Lesbii
Jragmen ta, he\p&ick, i^SIJ, iu-8° ,
qu'ila fait précéder d'une tres-savante
dissertation sur la vie et les écrits
d'Hellauicus. 11 y a eu dans les temps
postérieurs un autre Hei.i>a.nici;s,
qui étoit de Milel.
HELLÉ (Mylhol.), fille d'Atha-
mas , roi de Tlièhes, eldeNephelc,
fuyailt, avec sou frère Phrixus , la
fureur et les embûches de sa marâ-
tre , voulut traverser le détroit qui
est entre la Propontide et la mer
Egée sur le dos d'un bélier à toison
d'or , que son père lui avoit donné.
Mais elle fut si effrayée quand <:lle
se vit au milieu des Ilots , qu'elle
- s'y noya , et donna son nom à ce
détroit qui fut appelé mer d'Hellé
ou Hellespout. Les poêles ont placé
le bélier au rang des signes du zo-
diaque.
HELEEBIC ( Agnès ) , vivoit à
Paris sous Philipi)e- Auguste. Un
désespoir d'amour la fil précipiter
dans vui puits situé sur la petite
place qui termine les rues de la
Truanderje et de INlondétour , el qui
prit le nom de Fuils d'amour.
HELM
tHELLOT (Jean), mort à Par!.*!
le' if) février 1766 , à 80 ans, s'étoit
d'abord destiné à l'état ecclésiastique;
mais un livre de chimie, qu'il trouva
par hasard , le décida «jÉj^ièrement
pour celte étude, dans laquelle il fit
des progrès rapides. Hellot , de l'aca-
démie des sciences de Paris, et delà
société royale de Londres, a retouché
el enrichi de ses remarques la tra-
duction , imprimée à Paris en 17,'io
et 1755, et publiée en 2 vol. in-.4°,
faite par ordre du ministère , du
Traité de la fonte des mines et des
fonderies , écrit en allemand par
Schlulter. On a encore de lui , 1.
\JArt de la Teinture des laines el
étoffes de laine, i7Î>o, iu-ia. IL
Des Dissertations recueillies dans
les Mémoires de l'académie des
sciences, lll. Quelques autres ou-
vrages, faits avec soin, ainsi que
les précédens.
* HELMAN ( Stanislas-Isidore ) ,
habile graveur, né à Lille en 1742 ,
élève de Le Bas , a gravé plusieurs
Sujets ti\.Vaysages,à'a\>xk.s Le Prince,
Lagrenée, Lavreina , etc.; la Suite
des batailles de la Chine , en petit,
d'a[)rès les grandes, exécutées par
Aliamot, Le Bas, Delaunay , Chof-
fard , et autres.
t riELMBREKER (Théodore), de
l'école hollandaise , né à Harlem eu
1624, mort à Rome en 1694, s'ius-
truitil des premiers élémens de sou
art dans sa ville natale; mais la perle
qu'il fil de son habile maitre le dé-
termina à consulter lui-même la na-
ture, pour se mettre à portée d'étu-
dier avec succès les chefs-d'œuvre des
grands peintres. A près la mort de son
père, Théodore alla à Venise, où il fut
accueilli, encouragé, cl puissam-
ment protégé par le sénateur Coré-
dano. Les ouvrages qu'il fit dans
celte ville portèrent sa réputation
jusqu'à Rome ; il s'y rendit el fut
reçu avec dislinclion dans le palais
Mcdicis. Do là il vinl à Florence,
HELM
à Ntiples, eu France, et par-tout il
Irouvoit des nmaleurs empresses de
se iJiocurer ses ouvrages. Ou admire
dans la manière de cet arliste dis-
tingué beaucoup de vërUé. Son
paysage est vigoureux, ses figures
ugrcaijies et pleines d'expression ; la
couleur, le relief, l'esprit, la va-
riété, le parfait accord de ses Ta-
bleaux enchanteut. Quoique son
goîil le portât à peindre des mar-
chés et des foires, avec un grand
nombre de figures , on a de lui plu-
sieurs Tableaux de dévollvh , en-
richis de tout ce que i'arl peut ima-
giner de beau, et qu'on reclierchoJt
à Rome comme ceux de Bamboche.
HELMHARD. roy. Hobkeg.
*HELMICH (Werner), né à
Ulrecht en j55i, .théologien esti-
mable, fut appelé de bonne heure
(en ir)79 ), par la conHuuce de ses
concitoyens, à exercer dans sa ville
natale le ministère évaugélique. La
réformalioii n'avoil pas encore sur-
monté à celle époque toutes les dif-
ficultés qui s'opposèrent à son. éla-
blissemeutdan:. les Provinces-Unies.
DansJa mèmeannée liîyg , Helmicli
lut envoyé en Angleterre , avec quel-
ques autres pasteurs, pour solliciter
les bons oftices de la reiueElizabelli,
à l'effet de stipuler dans le traité de
paix avec l'Espagne l'entière liberté
du culte protestant. En i58i , le if)
janvier, Helmich annonça le pre-
mier les principes de ce culte dans
la cathédrale d'Ulrecht, malgré les
efforts des chanoines pour l'en em-
pêcher. En 1:190 il fut nommé pas-
leur àDclft. Il refusa peu après une
chaire de théologie dans l'univer-
sité de Leyde , mais il accepta les
fonctions pastorales à Amsterdam
en 1602. Il y mourut eu 1608. On
a de lui un ouvrage de controverse
particulièrement dirigé contre le jé-
suite Coster, sous le titre de (rla-
diui Goliat/ii , et utie Jnaljsc des
HELM 317
Psaumes de David , Amsterdam >
i64i,in-4°.
HELIVIIGE . V. RosEMONDE, n» I.
* HELIMOLDE , prêtre de Bu-
soeu , près de Lubeck, vivoit dans
le 12^ siècle. A la sollicitation de
Gerolde , premier évèque de Lubeck,
il composa la Chrunique des Es~
clavons, qui commence à l'époque
de la conversion des Saxons et des
peuples voisins, sou» lenipire de
Charlemagne , et qui huit l'an 1 168.
Ainaud, abbé de Lubeck, continua cet
ouvrage , qui fut puhlié avec des no-
tes de Reiiiier Reinnecius.
t I. HELMONT (Jean-Bapliste
Van), gentilhomme de Bruxelles,
né en ibjj , porta si loin ses
connoissances dans la physique , la
médecine et l'histoire naturelle , qu'il
lui soupçonné de magie. L'inquisi-
tion , adoptant celte idée ridicule,
le fit renfermer dans ses prisons.
Ayant eu le bonlieur d'en sortir, il
alla chercher la liberté en tlollande,
ety mouruten 16 (/[Helmonln'fctoit
guère au-def;susd'un empirique. Son
Jicmc'Je u/ilversel \K put l'arracher
à la mort, il opéra pourtant des cu-
res extraoriiinaires , en employant
daus Us maladies chroniques des re-
mèdes violons, qui lui réussirent
avec les hommes d'une constitution
forte. Il avoit d'ailleurs la vanité
d'un noble allemand : croyant avoir
dérogé en cultivant la médecine , il
quitta sa patrie , et n'y reparut que
dix ans après. Ses Out-rages ont été
recueillis in-folio, Leyde, 1667
etFrauci'ort, 1707. Les productions
de ce c'iimiste sont , pour la plu-
part , posthumes , et celles -ci sont
peu estimées, maison fait beaucoup
de cas de celles qu'il publia ku-mè-
me.S<:sécrits roulent tous sur la \>hy-
sique ou sur la médecine. Les prin-
cipaux sont , \. De Magneticâ cor-
pur uni luratione. II. Fehiium doc-
trina inaudita. III. Horlua medi-
cinœ , Amsterdam, 1648, iu-4'*.
3i8
HELO
IV". Faradoxa de aquls Spada-
nis , elc. Tous ses ouvrages ont l'té
recueillis en j vol. iii-fol. Ou lr< uVf
dans ces diverses produclious pLi-
sieurs idées extravagantes.
t II. HELMONT ( Franco s-Mer-
cure Van) , lils du précédent, ué
en 1618 , fut moins célèbre que son
père , parce que n'ayant qu t-rileuré
toutes les scieucc'S , il ne put se faire
vui nom dans aucune. Né avec un
c;iraclere bouillant , il s'enrôla dans
une troupe de t^ohémiens, avec les-
quels il parcourut divers;;» provin-
ces ; mais lorsque l'âge l'eut mûri ,
il eut une conduite plus régulière.
On le soupçonna d'avoir trouvé la
pierre phdosophale, parce qu'avec
peu de revenus il faisO'il beaucoup
de dépense. Helinont , mort à Co-
logne eu 1699, croyoit à la mé-
It-mpsycose. Il a laissé des livres sur
des matières théologii-|ue-. I. ^Jl-
jiliabcii uerè naturalis htbraïcl de-
lineatio. 11. Cogi/atiurus auper qua-
tuor prlora caplta Geiieseus, Ams-
terdam , 1697 , in - 8°. III. De
attributis divinis. IV. De liij'erno ,
etc. On voit par ces ouvrages que
c'étoit un esprit singulier et pyn-
doxiil — Il y 3 *=" n" bafou de Van
Hi;!-MONT, vrai iHiumué, qui lin il
par se faire quaker.
*II1.HE[-:\10NT (Matthieu Van),
peintre d'Auvers, vivoil encore à la
tin du 11^ siècle : il a peint avec
bcaiHOiip de vérité des Scè;jes de
niaixhé, des Boutiques de fruitiers,
des Laboratoires de chimie , etc. —
Si'gres-Jacquf»*!, son fils, mort en
1726, peignoit y Histoire dans le
grand genre , et ia Décoration d é-
glise.
t HÉLOÎSE, abbesse du Parac.let ,
célèbre par son esprit et par s;s
amoiirsavccAbailaru(wjesceinol),
se lit religieuse au prieuré d'Argeu-
teuilapres la funeste aventure de sou
aioanl, et devml supérieure de ce
HELO
monastère. Héloïse s'appliquoil plus
à l'élude qu'au gouvi^rneiueiil de ses
religieuses , qui -.i voient dans le (jIus
grand relâchement, et celle cause
les fit , dil-on , renvoyer du monas-
tère. Les scandales qu'elles donuè-
reiit les firent chasser d'Argeuleuil
en 1129 , pour y mettre des moines
à leur place. Ce fut alors qu'Abi.i!i.rd
offrit à Héloïse l'oratoire du Paraclet
qu'il a voit fait bàlir près de Troyes.
Elle s'y retira avec quelques-unes de
ses rejigieuses, et elle y établit un
nouveau monastère qui fut bientôt
doté par les seigneurs d^'s environs.
Héloïse y vécut plus r f.idierement.
Si nous eu croyons Abailard , « les
évèques raimoieiit comme leur fille,
les abbés eoinme leur sœur, et les
laïques comme leur mère. » Elle
écrivit à Abailard pour lui deman-
der une règle proportionnée à la
foiblesse de son sexe. Elle lui mar-
quoit que celle de St. Benoil n'ayant
été faite que pour les hommes, ren-
fermoit plusieurs iboses, telles que
le maigre et la privation du linge,
trop dures pour des filles I>a règle
des chanoines , qui porloicnl du
iinge et qui niangeoieiit de la vian-
de, iiii paroissoil plus convenable,
Abailard composa donc pour le Pa-
lacîet une règle tirée des divers
statuts monastiques qui lui a\oieut
paru les plus sages. Pour faire le
■|)orlrait d'une parfaite religieuse, il
avoil , disait-il, « imité Zeuxis ,
qui, en peignant sa Venu--, avoit
emprunté les traits des plus belles
femmes de la Grèce. » Abailard qui,
dans l'état où i'avoieul mis ses enne-
mis , croyoit n'avoir plus rien à
craindre de la médisance , s'appliqua
à l'aire observer celte règle à Héloïse
et à ses religieuses. Mais il se trom-
pa. La malignilé prélendit que îa
direclioude ce monastère lui servoit
de voile pour cacher son ancienne
passion. Ces discours l'oliligerent
ainsi qu'Hélofse à s"ol)server davan-
tage. Cependant il eut le crédit de
HELO
faire approuver- le nouvel é!al>lis-
seinenl tlii Paraciet par liiuoceiil 11.
Héloise surv.'ciit plus tic vuigl ans à
Abdilartl.Ellenemovriii qu'; n i ib5.
Ellef'i\l iiil)iin)éeàcotL- ueson amant,
et dans le nitine loiiibeau. On sir,)-
posa qn'Abailardéleiidillesbravdniis
la loiube pour veievoir Héloïs?. Il
reste encore au Paraciet une Iial)i ta-
lion antique qu'oii d:t avoir tilc oc-
cupée pai' Ab;,ilard , lorsqu'il duinioit
ses leçons de llu-ologie. En 1791 le
tombeau d'AhaiLud fV.t enlevé du
Para( let et envoyé à Noo-mîI , d'où il
a été transporté A Pans au Musée
des nioiuunens .français. Oa a me-
suré et dessiné rossilica'.iou de la
lèle d'Héloïse, et d'après les règles
de l'art, on a fait sur ces données
un buste qui représente cette illus-
tre femme. Les auteurs du temps
parlent avanlageuseineut de l'es^iit
d'Héloïse. Il éloit supérieur ù sa
beauté. Elle savoit le iatiu, le grec,
l'hébreu.^ pcssédoit les auteurs an-
ciens, la phiiosoplne , et beaucoup
de théologie. Nous avons trois de ses
Lettres, toutes de feu, pleines d'ame
et d'imagination , parmi celles d'A-
bailardqutse trouvent dans le recueil
donné par Duchesue. ( Voyez Abai-
L.tRD. ) On y voit un mélange bitu
singulier du langage et des senti-
niens de la tendresse , avec le lan-
gage et les senlmiens de la vertu.
Qu'elle consulte Abailard en ruaiire
ou eu direcleui , dit le P. Fonlenay,
c est toujours sou époux, et un époux
passionnément aimé qu'elle entre-
tient. Les Epitres^Q ces deux aiuans,
publiées en 1616, in-^° , par d Am-
hoise et Dtichesne, l'ont été de nou-
veau à Londres , in-8°, et à Paris , en
latin et en français, par doin Ger-
\aise, ancien abbé de la Trappe , el
par l\L Bastieu, eu 2 vol. m- 12.
Elles ont été imitées par Pope , el
par différens poètes français , qui
se sont ilisputé à l'envi la gloire
de leur donner en notre langue les
charmes cju elles oui eu latin. Colar-
HELS
319
deau y a réussi : mais c'est encore
dans le texte original (pion sent
mieux lar.ied' Héloïse , elle mérite
de ses épi 1res.
* HÉLOT ( N. ) , Fils d'un lieute-
Eaut des cent-suis.-cs du roi, sous
Louis XV, est auteur d'un ou\ rage
très-scandaleux, intitulé i'Lcoledts
JiUes, Paris, iliya, in-12. La jus-
iice le lit pendre en effigie el brûler
to-,;!e l'éiliiion tle sou livre an pied
de ia potence. On en a fait une réim-
pression en Hollande.
HELSSAM ( Richard ), professeur
de médecine et de physique daus
rtmiversilé de Dublin , auteur d'un
Cours de physique expérimentale
imprimé après sa mort. Cet ouvrage
est estimé en Augleterre.
* HELST ( Bartholomée Van der),
peintre, ué à Karlem en ilun ,
parvint .sans avoir voyagé à la j)lus
grande célébrité. 11 est vrai que ne
peignant que le portrait, qui n'est
léuide tlt s grands maîtres de Rome
qu'une imitation exacte de la nature,
et de Florence lui éloit moins
nécessaire. On vante beaucoup
un tableau fait par cet artiste
pour la salle du conseil de guerre à
Amsleri'.am , où il^ représente un
banquet public entouré des compa-
gnies bourgeoises sous les armes,
avec des dtlaih si vrais qu'on y re-
connoit par les étoffes et les habille-
mens les diverses conditions des per-
sonnages. Selon Descamps, Helst n'a
élé surpassé , mais a^vec peu d'avan-
lage , que par Van Dyclc. « Avant
d'avoir vu les ouvrages de Van der
Helsl (dit Falconet), je l'enlendois
mettre au-dessus des Rcnibranl, des
Van Dj-ck et d'autres de leur lorce,
el je conviens que j'avois beaucoup
de peine à le croire. Je les ai vus ,
bien vus , el plusieurs fois , ( t je
pense qu'en se dé;iouillaut de tout
préjugé, on trouvera , à certains
3l40
HELV
égards , Helst supérieur aux grands
maiUes , parce qu'il est plus vrai ,
etc. » Pour parvenir à ce grand el
rare tnérile, cet artiste u'eniployoil
point nu pinceau froid et léché. Il
pcigiioil d'une manière grande. Ses
draperies sont larges , ses ligures
bien dessinées : il iniiloil jusqu'à la
plus étonnante illusion , les vases
d'orel d'argent et tous les accessoires.
On ignore l'époque de sa mort. On
sait seulement qu'iil liabiloil Ams-
terdam , et que son i'ds devint bon
peintre de portraits.
* HEE-TSOKADr^ ( Nicolas de ) ,
peintre , né à Nimègue eu i6i5 ,
reçut d'abord les leçons de David
Rickaert, son beau-père; il quitta
ensuite la maison paternelle, et de-
meura presque tonte sa vie , soU à
Rome, soit à Venise ; il passa cepen-
dant quelque temps en France avec
le titre de peintre du roi. Cet artiste
peignait l histoire en grand. Ses fi-
gures sont d'un bon eoiit , et ses
portraits sur - tout lorl estimes ;
mais il n'étoil pas coloriste. Chris-
tine , reine de Suéde, le roi d'An-
gleterre, le duc de Brandebourg et le
pnnce d'Orange achetèrent à l'euvi
1 es ou V rages de Hellsokade. On ignore
et le lieu et l'aunée de la mort de cet
artiste.
I. lïELVÉTIUS ( Adrien ) , mé-
decin hollandais , fils d'un médecin
fameux par ses prétendus secrets en
alchimie , vint à Paris sans autre
dessein que voir les curiosités de celle
ville immense, ou plutôt pour débiter
des poudres de la composition de sou
père. Ceremèdoirayautpas eu beau-
coup de succès, un droguiste lui fil
présent de cinq ou sixîivresde la ra-
cine du Brésil , qu'il lui donna
comme un spécifique contre la dys-
senteri? Le jeTine Helvétins court à
l'hôp i a pour en faire l'essai, et
bientjl après avoir éprouvé l'ellica-
ciléde son remède , il le fit afficher.
Tous les malades atlaqufes de la djs-
HELV
senterie s'adressoient à lui , et il les
guérissoit tous. Louis XIV lui or-
(lonua de rendre j)ublic le remède
qui produisoil des effets si merveil-
leux : il déclara que c'éloil ïiptca-
ciia/ilia, et reçut mille louis d'or de
gratification. Son mérite étant re-
connu de plus en i)lus , il devint
inspecteur-général des hôpitaux de
Flandre, el médecin du duc d'Or-
léans, régent du royaume. Helvé-
tius mourut le 20 février 1727, à 65
ans, laissant quelques ouvrages. Le
plus estimé est sou Traité des Jla-
ladies les pl'/s fréquentes , et des
Remèdes spécijiques pour les gué-
rir, 1724, 2 vol. iu-8"*, dont il s'est
fiùl plusieurs éditions. La théorie de
cet ouvrage nest pas toujours bonne;
mais on y voit un esprit net et mé-
thodique, elou y trouve d'excellen-
tes recettes.
1- II. HELVÉTIUS ( Jean-Claude-
x\drien ) , conseiller d'état , j)remier
médecin de la reine, inspecteur-gé-
néral des hôpitaux militaires, mem-
bre des académies des sciences de
France , d'Auglelerre , de Prusse ,
de Florence et de Bologne , né
en i685 , fut recherché, comme
.son père, par la cour el par la ville.
Il guérit Louis XV d'une maladie
dangereuse , dont ce prince fut atta-
qué à l'âge de sept ans , et mérita
l'estime et la confiance de la reine.
H mourut en 1755. Helvétins ré-
pandoit avec un plaisir égal ses lu-
mières et ses revenus. Il recevoil
chez lui un grand nombre de pau vres
et alioil voir assidûment ceux que
leurs infirmités retenoient chez eux.
Il légua eu mourant, à la faculté de
médecine de Pari?, tous les livres
de sa bibliothèque que celte corfi-
pagnie n'avoit pas dans la sienne.
Nous avons de lui , 1. Idéegénerale
de l'Economie aalinale , in - S" ,.
Paris, i7;>j. Cet ouvrage estimable
est enrichi d'observations Irès-éten-
dues &ur le trailenieut de la petite
HELV
V(;roie. IT. Principla p/ijsico-nie-
dica , in tyronuin medUinœ ^ra-
tlam cuiiscripta , en 2 vol. ni-8" :
livre composé pour les élèves de la
riiédeciiie, et qui ue seroil pas iiui-
Itle aux luailres.
t III. HELVÉTIUS (Claude-
Adrien), hls du piécédeiil, né à
Paris en I7i5 , fit ses études au
collège de Louis - le - Graud , sous
le fameux P. Porée , qui , trouvant
dans les compositions de son jeune
élève plus d'idées et d'images que
dans celles de ses autres disciples ,
lui donna une éducation particu-
lière. Lié de bonne heure avec les
y)hilosoplies les plus célèbres de la
France , et sur-tout avec Voltaire,
il voulut marcher sur leurs traces.
Il donna , en 1758 , 5011 livre de
XEsprit. La publication de cet ou-
vrage eut un éclat qui valut à l'au-
teur de longues et vives persécu-
tions. Tous les intérêts se réunirent
contre un livre qui, selon l'cxpres-
siou d'une femrt^d'espnl, (cdisoil
le secretde tout Immonde» : des jour-
nalistes le déchirèrent, la Sorbonue
le censura, l'inquisition de Rome ,
sollicitée par le clergé de France, le
condamna, le parlement le proscri-
vit, comme bornant les facultés de
riiomme à la sensibilité physique , et
coniine encourageant au vice , en
donnant des motifs trop peu nobles
à la vertu ; le conseil le supprima.
Eu butte à tant d'eimemis , obligé
même à une rétractation qu'il ac-
corda à la sûreté de son censeur ,
Helvclius l'ut dn moins soutenu par
les suffrages des liommes de lettres
les plus distingués de. son temps :
peut-être aussi fut-il consolé par les
plaisirs de celte gloire qu'il a voit
tant désirée et qu'il payoit si cher.
Son livre , traduit dans presque tou-
tes les langues de l'Europe , fut par-
tout lu avec avidité, liume et F.o-
bertsou en parlèrent comme d'un
ouvrage supérieur ; la Suide , la
T. VIII.
HELV
32[
Ru.'^sie , l'Allemagne et l'Italie re-
tentirent d "éloges non moins hono-
rables : deux cardinaux unirent mê-
me , mais en secret , leur suffrage
à celui du public ; l'un d'eux man-
doit à l'auteur qu'on ue concevoit
pas à Rome la sottise et la méchan-
ceté de ses ennemis. Helvétius , de-
puis les désagiémens qu'il essuya à
l'occasion de cet ouvrage , lit'nn
voyage en Angleterre en 1764 , et
nii autre en Prusse en 176.S. Fré-
déric voulut le loger dans son pa-
lais , et l'avoir toujours à sa table.
Revenu en France, il passoit la plus
grande partie de l'année à sa terre
de Voré. Bon mari, bon père,
content de sa femme cl de ses eu-
fans , il y goûloit tous les plaisirs
de la vie domestique. 11 s'y livroit
sur- tout à son incliuatron domi-
nante , à la bienfaisance. Il cher-
choit par - tout le mente pour le
secourir : il faisoit une pension de
deux mille livres à âlarivaux, et nue
de trois mille livres à Saurin de
l'académie française. 11 étoit dans
ses terres trop jaloux de la chasse
et de quelques autres droits féodaux ;
mais si ses vassaux ou ses fermiers
essuyoient quelque perte , il leur fai-
soit des remises , et souvent leur
donuoit de l'argent. Ce philosophe
doux et humain prolongea son sé-
jour à la campagne pendant les der-
nières années de sci vie. a Le spec-
tacle d'une misère qu'il ue p»uvoit
soulager , dit l'auteur de son Eloge ,
lui rendoit triste le séjour de Paris.
11 faisoit cependant de grands biens.
Tous les jours on introduisoit chez
lui , avec beaucoup de mystère ,
quelques nouveaux objets de sa gé-
nérosité. Souvent , en leur présen-
ce, il disoilà son valet de chambre;
« Clievalier, je vous défends de par-
ler de ce que vous voyez , même
après ma moi t. » Il lui arrivoit
quelquefois d'étendre ses libéralités
sur d'assez mauvais sujets, et on
lui en faisoit des reproches. « Si
21
322 HELV
i'élois roi , disoit-il , je les corrige-
rois ; mais je ne suis que riche , el ils
soûl pauvres : je dois les secourir. »
Il mourut le 26 décembre 1771.
Helvëlius avoil aimé beaucoup les
femmes; mais sans passion, et en-
traîné par les sens. Il n'avoil pas
(latis l'amilié de préférence exclu-
sive ; il y portoit plus de procédés
que de tendresse. Ses amis, dans leurs
peines, le trou voient sensible , parce
qu'il étoit bon; dans lecoursordinaire
de sa vie , ils lui étoient peu néces-
saires. Il aimoil à faire penser ceux
qu'il eu croyoït capables ; il disoit
qu'il alloit avec eux à la chasse des
idées. Il craignoit le commerce des
grands; il.avoit d'abord avec eux
l'air de l'embarras et de l'ennui. 11
a aimé la gloire avec passion , et
c'est la seule qu'il ait éprouvée. »
Ses ouvrages sont, I. De l'Esprit,
1758, in - 4° et 2 volumes in-8°.
Ou dispute encore aujourd'hui sur
]e mérile littéraire de ce livre.
Voltaire le ti'ou voit rempli de vérités
Triviales débitées avec emphase ,
déuué de méthode, et gâté par des
coûtes indignes d'une production
philosophique. Celte critique n'a pas
été adoptée par tous les philosophes.
L'ouvrage d'Helvétius leur paioit
écril avec beaucoup de netteté, avec
de la pureté et souvent de l'élégance,
couçu et rédigé avec une méthode
supérieure. Cependant ils sont for-
cés d'avouer qu'il manque de rapi-
dité dans la marche , et d'éloquence
dans le style; qu'il pèche souvent
par des ligures recherchées, par une
fausse chaleur et de froids ornemens.
Il y a peu de livres où l'art de dé-
velopper un vaste système d'idées
abstraites ait été porté plus loin.
Mais ce système est dangereux en
métaphysique , el pernicieux eu mo-
rale. En voulant prouver que l'es-
prit de l'homme se rapproche de
celui des animaux , el que les hom-
mes , dans les devoirs les plus sa-
crés cl diius Ic3 seulimens les plus
HELV
tendres, ne sont dirigés que par leur
intérêt, il avilit la vertu , ébranle
les fondemens sur lesquels reposent
les mœurs , l'amour paternel et l'a-
milié. Son affectation à rappeler des
coutumes scandaleuses, clés usages
vicieux dont il prétend expliquer
les principes , peut encore être très-
dangereuse , puisqu'elle tend à prou-
ver que les idées de picc et de vertu
dépendent du climat. L'auteur, qui
paroit pénétré du désir du bonheur
des hommes, auroit dû rechercher,
avec plus de soin, les véritables
moyens de le leur procurer. II. Le
Bonheur, poème en six chants,
in-12, 1772 , avec des fragmens de
quelques Epîtres. Ce poème offre
quelques beaux vers ; mais le fond
de l'ouvrage est une déclamation
écrite d'un style quelquelois bril»-
lanl, et plus souvent dur et forcé.
Dans cet ouvrage, au lieu de pla-
cer le bonheur entre la vertu et
l'amilié , il le fait consister exclu-
sivement dans la culture des lettres
el des arts. LaJfcoésie d'Helvélius
est plus emphatique que sa prose ,
et bien moins claire , bien moins
coulante. On a publié ce poème
avec im Eloge Ae l'auteur. III. De
l'Homme , 2 vol. in-8° ; ouvrage
non moins hardi que le livre de V Es-
prit. L'auteur veut peindre l'hom-
me tel que la nature et la société
l'ont fait dans tous les temps et dans
lous les lieux. S'il ne saisit pas tou-'
jours bien son objet , on voit au
moins qu'il l'a bien étudié. Le pa-
radoxe , que a les hommes naissent
avec les mêmes talens , el qu'ils doi-
vent tout leur esprit à l'éducation , »
y est présenté sous toutes les faces
possibles. Les conséquences qu'on
peut tirer de ce livre seroieut en-
core plus funestes que celles qui ré-
sultent du livre de l'Esprit, parct
que l'auteur écrit d'une manière plus
nalurelle, et s'y explique avec encore
moins de ménagement. Il y monUe
d'ailleurs une aigreur et un empor-
HELV
temeut coulie les ennemis de; la phî-^
losopliie , qui s'accordent, peu iivec
la douceur qui caractérisoil llely'c-
lius. Cet écrivain ëloit uiaitre d'hô-
lel de la reine , et il avoit'élé 1er-
niiei-géuéral, place qu'il quitta pour
cultiver, sans distraction , It^sletlns
et la philosophie. Lorsqu'il s'en (k'-
mit , il y avoil six inois qu'il solii-
citoitsa retraite des fermés avec au-
tant d'ardeur qu'un autre en eût mis
à s'en procurer l'entrée, aussi le
contrôleur-général Machault lui dit:
« Vous n'êtes donc pas insatiable
comme les autres. » M. Bastien a
publié à Paris, en 1791 , une belle
édition complète des (Fui'res d'Hel-
A'étius, en-5 vol. in-8°. Dans cette
édition le livre de VEsprit a été
corrigé sur un exenplaire non car-
tonné , et tel que l'auteur l'aNoit
composé. En 1792 , la municipalité
de Paris donna le nom A'Helvétius
à la rue Sainte-Aune.
* IV HELVÉTIUS (Madame),
fille du comte de Ligneville, alliée
à la maison de I^oriaine , née en
1719, an cliàteau d:> Lignev ille en
Lorraine, devenue l'épouse du pré-
cédent , liahita long-temps les terres
de son mari, et plus ordinairement
celle de Voré , où sou occupation ha-
bituelle éloitde visiter les pauvres et
les malades, accompagnée d un chi-
rurgien et d'une sœur de la charité.
Lorsqu'Helvétius l'ut persécuté pour
son livre de r Esprit , un homme en
crédit écrivit à sa femme pour l'en-
gager à obtenir du pli 'loso plie une
rétractation déshonorante. Elle re-
poussa sa proposition , résolue à
s'expatrier, s'il le l'alloit, plutôt
qu'à l'aire tléchir la conscience de
son mari. Après sa mort, elle se
relira à Auteuil , où sa maison . com-
me celle de madame Geoffrin ,
devint un point de réunion des
hommes les plus distingués dans
les sciences, les arts et les belles
lettres. La Roche, Ca'janis , Gai-
HELV 323
Ibis , lui ont fermé les yeux.
Francklin la vcnoit voir tous les
jours ; l'abbé Morellet passa peu-
daut dix ans trois jours de la se-
maine chez elle. Tiirgol l'aima Ic^ir
drement ; Champforl prenoil i,iii
plaisir extrême à sa conversation.
Quoiqu'elle ne sut rien, et ne ré^
Uéchii à rien de ce qu'elle disoii^
elle plaisoit toujours , et instruisp^^
quelquefois. Elle se moquoit ijes
prétentioiîs nobiliaires. Lç maré-
chal de B***, son pareil,, L,ui .fç-
prochoit un jour de ue pqs con-
noitre sa famille , de ne pas i)ren-
dre le deuil d'un parent illuslrq.
« Je ne sais si j'étois de sa famille,
répondit -elle au maréchal, mais
savoit-il s'il étoit de la mienne?»
IMadame Helvétius njourut à Au:-
teuil et fut inhumée dans. son jardin,
«Vous ne savez pas, disoit-elle nu
jour, en s'y promenant avec Napo-
léon, combien ou peut trouver de
bonheur dans trois arpensde terre. »
* V HELVÉTIUS ( Jean ) , de
la même famille que lés jirécédens ,
lils d'un négociant d'^^^insterdam,
qui , fort versé dans les langues laliue
et grecque, les enseigna lui-même
de bonne heure à son fils, lequel , à
l'âge de 10 ans, possédoit déjà Dé-
moslhènes à fond. Il en apprit par
cœur les plus belles harangnes, çt il
en rétablit quelques leçons vicieuses
avec la plus grande sagacité. 11 pour-
suivit et acheva ses études à l'acadé-
mie d'Utrecht. Son père en mourant;
lui laissa une fortune considérable p
mais , livré tout entier aux sciences^
Helvétius en abandonna la gesliorg
à un homme daffitires qui abusa de
sa confiance elle ruina. Sa biblio-
thèque fut le seul débris qu'il sauva
du naufrage de ses biens. Quelque
tenips après , menacé encore nue
fois de la perdre . il en dut la con-
servation à la générosité d'un de
ses amis, M. Bergmanwuy tiers,
écheviu de la ville d'Amsterdam.
3>4 HELV
Il obtint , par la protection d'un
autre Méccue, le bourgmestre Has-
selaer , une place peu avantageuse,
inais qui cependant lui sutRl pour se
inettre dësornuùsàrabri des risques
qu'il venoilde courir. Helvéliiis per-
fectionna, par des voyages , l'ëdiica-
lion soignée qn'il avoit reçue. Il a
tlécril eu beaux vers latins son
voyage eu Angleterre , sous le litre
â'ïrer .Brltaniucuni. Se trouvant à
Caiîibridge , il l'ut voir avec quel-
ques Anglais la statue du grand
Newton. Une araignée avoit tendu
sa toile sur la tête de cet illustre
philosophe. Helvétius se retire de
sa compagnie, et il revient un
moment après , muni d'un grand
balai dont il se sert pour réparer
l'injure de l'insecte impur. Ce trait
de vénération plut singulièrement
aux Anglais, qui màuqnèrenl toiii-
lieraux genoux dlTeivétius. Na-
turellement enthousiaste , quel-
ques fois même singulier, il éloit
tout entier à l'objet qui l'occnpoit.
Se trouvant à Paris à rai)proche
d'un phénomène important qui ex-
citoil la curiosité de tous les astrono-
mes , il s'huagiua qu'il pourroit
Itiieux l'observer ta Franeker en
Frise; il part aussitôt pour cette
■ville , et , l'observation faite , il re-
tourne de suite à Paris. Helvétius
joignoit à une érudition très vaste
]a counoissauce d'un grand nombre
d'idiomes tant anciens (y compris
ceux de l'orient ) que modernes. Il
^voil beaucoup d'habilelé et de sou-
plesse dans les exercices .du corps.
Sa mémoire étoit prodigieuse; il
réciloildes chantsentiers d'Homère,
de Virgile , de Lucain , dn Tasse ,
de Milton. Quoique d'une petite
taille, et d'une coiiiplexion peu ro-
buste, il fut toutesa vie tourmenté des
douleurs de la colique de Poitou; il
avoit une voixde tonnerre, q\ii ,ionite
aune action pleine de fen,donnoit
an récit qu'il faisoil de ses vers
nue force et vuie expression unique.
HELY
Nous n'avons de lui qu'un recueil
peu volumineux de poésies latines,
sous le titre de Jani Heluetii Poe-
mata , ederite Lnuieutio Sante-
iiio , Leyde , 1782, in-8°; et deux
feuilles détachées, intitulées ./^//t'c-
(lula Helvetiana. Ces poésies sont
partagées en deux classes , Elegiaca
et Ljrlca , il n'a dans l'élégie ni
l'enjouement d'Ovide, ni la mollesse
deTibidle, mais beaucoup de l'éléva-
tion de Properce. Son goût le por-
toit vers le grand, le sublime. Aussi
dans l'ode il est peut-être au-des-
sus de tous ses contemporains. La
hardiesse de ses expressions et de
ses images le rend par-ci par-là
un peu obscur. L'amitié^ le patrio-
tisme, la liberté , sont ses divini-
tés favorites. ]3aus une élégie à P.
Burmann le second il se trouve des
prédictions frappantes sur le sort
de la république hollandaise , et une
plus singulière encore sur la révolu-
tion américaine. Sa pièce sur la mort
de son intime ami Hinloopen l'af-
fecta au point de lui causer une
maladie très-sérieuse. Il est mort à
la fleur de son âge en 17 Sa
pierre sépulcrale que l'on voit à
Nimègue , porte une inscription
simple, où il a lui-même exprimé
son es|)érance d'une glorieuse iin-
morlaiiié.
HLIIAICUS ( Christophe) , né en
1581 , mort à la ileur de son âge,
le lo septembre it3i6 , remplit
avec honneur une chaire de langues
orientales dans l'académie de Gies-
sen , et laissa quelques ouvrages. LeS
plus connus sont,I. Théâlre hls-
lurique et chruuologique , in-folio,
Francfort , 1666. C'est un recueil de
Tables de chronologie assez exactes,
quoique non exemptes de fautes , et
défigurées par un attachement peu
ri'lléchi aux rêveries d'Annius de
\'ilerbe et du faux Bérose. II. Sy-
nopsis hisloriœ universalis ad an~
nuin iGx2, 111-4°; iGS?-
HELY
HELVIDIUS, fameux arien , dis-
ciple d'Auxence, proscrivoit la vir-
ginilë de Marie , el soutenoit qu'a-
près la naissance de J.-C. la Sainte
Vierge avoit eu des enfans de St.
Joseph. Il vivoil dans le 4*^ siècle.
S. Jérôme la combattu.
* I. HELWIG(Jean), médecin,
né à Nuremberg en J 609 , exerça
son art dans sa vilie natale et à
Halftbonne , où il mourut en 1674.
Il a donné , I. jilpliabeliun iatrl-
cum , hoc est hrevis lotius mé-
dicinal Hippocratiœ in paucas ta-
bulas redactœ delineatio ,Nonher-
gae , i63i , in-fol. II. Observalio-
nes pJiysico-medicœ poslhumœ ,
Augustae Vinrielicorunij 1680, in-4°,
avec les notes de Luc Scroeck , qui
est l'éditeur de ce recueil.
* II. HELWIG ( Jean Otton ), né
en Thuringe eu i654, prit le bon-
net de docteur en médecine à Er-
ford en 1675. Le goût des voyages
Icconduisitsuccessivementà Amster-
dam et à i3alavia , en Portugal, en
Italie , en Angleterre et en Dane-
marck : il mourut à BariUh en'Sy-
rie en 1698. On a de lui , Introi-
lits in verain et inauditam phjsi-
cani , Batavii , 1678, in-4°; Uam-
burgi , 1680, iu-8°; Heidelbergae ,
1680, in-i2 , avec deux de ses
Lettres , l'une sur la Pierre philo-
sop/iale, et l'autre sur la Société
des frères de la Rose- Croix.
t HELYOT ( Pierre ) , religieux
picpus , connu sons le nom du P.
Hippolyte , né à Paris eu 1660,
d'une bonne famille originaire d'An-
gleterre, fit deux voyages à Rome,
et parcourut toute lllalie. Ce fut là
qull recueillit les principaux mé-*
moires pour sou Histoire des ordres
monastiques , religieux et mili-
taires, et des congrégations sécu-
lières de l'un et de l'autre sexe ,
qui ont été établies Jusqu'à pré-
sent; contenant leur origine, f on-
IIEME
325
dation , progrès , événemens consi'
dérables , leur décadence , suppres-
sion ou réforme , les pics de leurs
Jbndateurs ou réformateurs, auec
des figures assez Jidèles de leurs
hahillemens , Paris, 1714, 1719,
en 8 vol. in-/]"; le premier parut
en 1714. Cet ouvrage , fruit d'un
travail de 20 ans, est plein de sa-
vantes reclierclies , el plus exact ,
quoiqu'il ne le soit pas toujours, que
ceux des écrivains qui l'avoient pré-
cédé. Son style, sans èlre élégant ,
a du naturel et de la netteté. On
imprimoit le 5° vol. de celte His-
toire , lorsque l'auteur mourut à Pic-
pus , près Paris , le 5 janvier 1716.
Nous n'avons aucun livre dans notre
langue qui s'étende autant sur les
ordres religieux : il fut continué par
un de ses confrères , Maximilieii
Bullot,movt en 1748, qui écrivoit
mieux qulïélyot, et qui a donné
un Commentaire sur la règle de S.
François, qui fut estimé dans son
ordre. Il a paru une espèce à' Abrégé
de son ouvrage, Amsterdam , 1721 ,
zj vol. in-S" , pour les religieux , et
autant pour les militaires. Cet Abré-
gé , fort inexact, n'est recherché que
pour les Hgures. Le P. Hélyot, aussi
pieux que savant, a donné quelques
livres de dévotion , dont le plus
connu est le Chrétien mourant ,
1705, in-12.... ( Voyez Elioxt eu
Elyot. )
*HE.\IARD (Urbain) , chirurgien
du cardinal d'Armagnac, exerça son
art dans le Rouergue vers la Hn
du 1 6' siècle ; il a publié un ouvrage
intitulé Tîecher-ches de la vraie
anatomie des dents , nature etpro~
priélés d'icelles, Lyon, i582,in-
8°. Peu d'auteurs avant lui avoieut
aussi bien traité de la structure des
dents.
t HEMELAR (Jean ), savant an-
tiquaire, né à La IL-ye , fut d'abortt
poêle et oralenr. Gronovivis le com-
pare à Allicus pour sa probité, sou
3^.6
HEMI
goût pour la vie trauqnille , son ùé-
claiii pour les honneurs et les emplois
puljlics. Il passa à Rome six années
dans le palais du cardinal Cesi , el
y Hl le Panégyrique du pape C/é-
menl f^lll , r|ui fiil si bien accueilli,
qu'on lui offiit l'oplion de la place
de bibliothécaire du Vatican on un
riche bénélice ; il accepta le béné-
lice , el fut nommé chanoine de la
cathédrale d'Auvers. Hémelar étoit,
flu côté de sa mère , oncle de Jacques
,Golius , célèbre par son habileté
dans les langues orientales ; il fut
aussi l'ami du célèbre Grotuis. On a
de lui , I. Expusitio numismatum
imperalorum Komanoruin à Julio
Cœsare ad Heraclium è imtsœo Ars-
ckotano. Ce livre n'est pas commun,
et a cependant été imprimé quatre
lois. La première à Anvers en iGi4,
à la suite d'un ouvrage de Jacques
Biaeus ; la seconde eu 1627 ; la troi-
sième à Amsterdam en iGaS , in-^" ;
et enhn in-folio en i654- C'est un re-
cueil de médailles précieux, Hémelar
eut cependant la modestie de ne pas
youloir mettre son nom à la têted'un
livre qui auroit fait à tout autre sa-
vant une répulalion dont il eût été
jaloux. 1!. Foëmata inulta sparsiro.
edila. Hémelar mourut en 1640. Ou
l'appelle quelquefois Hamelak.
HÉMERÉ ( Claude ) , bibliothé-
caire de Sorbonne, mort à S. Quen-
tin , dont il étoit chanoine, vers le
niilien du 17*" siècle, laissa divers
écrits. Les plus connus ont pour
titre : 1. De acadcmid Farisiensi ,
qualis primo fuit iiilnsuldet epis-
coporum scholis , 1637, in-4°. IL
De Sc/iolis publicis, i655,in-8".
JIL Jiigustœ Veromanduorum, Pa-
ris , 1643 , in-4°.
4 HÉMITHÉE , Marseillaise , ma-
riée à MatUclins , citoyen de la même
yiUe, eut le mallieur d'inspirer la
pllis violente ])as.sion à un jeune
homiTi? qui l'avoit vue dans une
f^te inibiique \ U s?4sil Je «4CJ»eiil
HE M M
où celle femme se Irouvoit seule , et
voulut user avec elle de violence;
mais elle s'élança sur l'épée qu'il por-
loit , et se tua. Rlarhdius, arrivé sur
ces entrefaites, se perça de la même
épée sur le corps de sa femme.
* HEMMELTNCK (Jean), peintre,
né à IJamme près Bruges, vers i45o,
regardé comme le meilleur pein-
tre flamand de son siècle , s'étoit
enrôlé comme simple soldat ; mais
après beaucoup de peines et de fati-
gues , étant tombé malade , il se vit
réduit à la dernière extrémité dans
riiôpilal de Saint-Jean de Bruges.
Quelques ouvrages que ce raaiheu-
r! ux peintre y lit , montrèrent ses
laleus. On obtint son congé el il
hl pour l'hôpital un tableau repré-
sentant une nativité de J. C. C'est
vers ce temps qu'il a peint la fa-
meuse chasse de sainte Ursule , où
il a représenté , dans plusieurs cora-
parliiuens , le martyre de la sainte
et des onze mille tierges. Il a égalé
Van -Dyck , et dans quelques parties
il la surpassé. U a suivi l'ancien
usa"e de peindre à l'eau d'œufs ,
quoique la peinture à l'huile fût con-
nue de son temps. On voit nu ta-
bleau de lui au Musée Napoléon; il
représente saint CUristop lie portant
l'Enfant-Jésus.
HEMMERLINUS ( Félix Malléo-
lus ) , chanoine el chaulre de Zu-
ricli en 1428, perdit ses bénéfices,
et fut mis en prison pour des satires
contre sa patrie et le clergé séculier
el régulier. Ses Opuscules, en deux
parties, l'une et l'autre in - fol. ,
sans indication de lieu et d'année,
en caractères gothiques, sont très-
rares ; la première l'est plus que
la seconde. Dans celle-ci , on trouve
Dialogus de nobilitate et rustici-
late , etc. Dans l'auire : Tracfalus
contra validos rnendicaiites , Beg-
hardos et Beg/tinos , Monachos ,
etc. Ses opuscules sont de véritables
titcéUes f|ui n^anr^uenl de liuessç.
HEMM
• HEMMING (Sixte de ) , ue fii
i535, dans une pelile ville delà
province de Frise, lit ses premières
éludes à Grouingue , et pjissa de là
à Cologne , 041 il s'appliqua aux m*-
théinaliquesetàla médecine. Il mou-
rut vers l'au i586. Son traité De
Jstrologid ratione et experienliâ
rej'utalâ liber units, Antverpias ,
i583 , in-4°, prouve que bon opi-
nion sur l'astrologie étoit plus éclai-
rée que celle de ses confrères. L'as-
trologie eut anciennemenl tant
d'mtluence sur la médecine, qu'elle
avoit presque réduit cette science à
un pur charlatanisme.
HEMMINGA. Voyez Sixte ,
11° VII.
* HEMMINGFORU ( Walter de) ,
chanoine régulier de l'abbaye de
Gisborough dans le comté d'Yorck,
vécut dans le 1 4° siècle, sous le règne
d'Edouard 111 , et Au auteur d'une
Histoire qui commence à la con-
quête des Normands et {\nit au règne
d'Edouard II (depuis l'an 1066 jus-
qu'en 1 008. )Elleestécriteavec beau-
coup de soin et d'exactitude, et le
style en est assez bon pour le temps.
Gale en cite cinq copies manuscrites ;
deux au collège de la Trinité à Cam-
bridge , une au bureau des généalo-
gies ( Hcrald's" office ) , une à la bi-
bliothèque de Collon , et celle qu'il
possédoit lui-même. Himmingford
mourut àGisborough en lo/j?.
HEMMINGIUS (Nicolas), né
eu i5i3,(!ans i'ile de [,aland, d'un
l'orgeron, étudia sous î\îélanclithon ,
dont il devint l'ami et dont i! adopta
la doctrine ; il fut fait ministre, puis
professeur d-iiébreu et de théologie à
Copenhague, et ensuite chanoine de
Roschild. Hemmmgins essuya quel-
ques disgraci;;s de la part des luthé-
riens , qui le soupçonnoienl de pen-
cher vers le calvinisme, et devint
aveugle quelques années avant .--a
jnort , arrivée en 1600. On a de lui
HEMS 327
' plusieurs ouvrages peu estimés , ex-
cepté ses Opuscules théologiqucs ,
dont on fait cas chez les calvinistes ,
et qui furent imprimés à Genève
en i564 , in-fol.
HEMON, prince thébain , aima
tellement Antigone , lille d'Qîdipe
et de Jocasle, qu'il se tua lui-
même sur le tombeau de celte prin-
cesse.
* IîEî\IRICOURT (Jacques) , gen-
tilhomme liégeois , chevalier de
Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte,
mort le 1 8 décembre i4o3 , a donné
le Miroir des nobles de Hesbaye ,
avec fig.*Bruxelles , 1. 5 7 3, in-fol.
On en a fait nue nouvelle édition ,
Liège , 1 791 . Cet ouvrage a été d'uu
grand secours à tous les généalo-
gistes des Pays-Bas. Si on n'y peut
lire sans quelque émotion l'histoire
de la valeur un peu dure et barbare
de ces héros de la féodalité, ou doit
convenir aussi qu'elle présente des
traits de franchise et de probité de-
venus bien rares dans des siècles plus
p;.'licés et plus élégans. S'ils s'éga-
roient quelquefois dans l'idée qu'ils
se faisoient du j)oint d'honneur ,
nous ne pouvons pas dire que nous
en ayons une notion plus juste , ni
que nos duels soient plus luiinains
ou plus raisonnables que leurs im-
posans et courageux combats, qui
jouissoient au moins d'une espèce
de sanction de la part du gouver-
nement alors établi , suppléoient eu
quelque sorte à la vigueur des lois
insuffisantes pour réprimer ou ré-
parer les injustices, et étoieut par
leur nature une gymnastique salu-
l)re , ennemie de la corruption et
de la mollesse.
* HEMSKERCK (IMartin), né
au village de son nom , près de
Harlem , eu 1498, sappeloit Vau-
deen.Son père, qui exerçoit la pro-
fessiou de niaçou , l'occujpoilaus ira-
328
HEM S
vaux les plus vils pour l'empèclipr
de se livrer à son goût pour la
peinture. Le jeune homme, d'ac-
cord avec sa mère, qui lui donna
le peu d'argent dont elle pouvoil
disposer, quitta la maison paternelle,
vint à Delfl, et travailla d'abord
dans l'atelier do Jean Lucas , puis
dans celui de Jean Schoorel , le pre-
mier qui ail apporté en Flandre le
bon goût de la peinture. Ce maître,
jaloux des progrès surprenans de
.sou élève , le renvoya ; mais cet
élève éloit déjà l'égal du maitre.
Pendant un voyage qu'il fit à Rome,
il s'appliqua à l'étude de l'antique
et des chefs-d'œuvre ^ Michel-
Aiige. Ses dessins éloieiii faciles et
savans, mais lourds; ses draperies
trop chargées de plis , et l'on remar-
quoit dans ses figures nues de la
sécheresse et des muscles trop pro-
noncés; malgré ces défauts, comme
dans son pays l'art éloit encore-
an berceau , il s'y acquit de la ré-
putation. Hemskerck a gravé lui-
jiîèaie d'après ses propres dessins ,
I. Les Batailles de Charles-Quint.
II. Les Vierges folles et les vierges
sages. ïil. Les hommes occupés de
ri/utttstrieel du commerce. Philippe
Galle a gravé d'après lui VEnfant
jirodigue quittant la maison pa-
ternelle , et , d'après Her. Muller ,
Moyse donnant le dixième com-
mandement. Cet artiste est mort à
Harlem en 1674, âgé 76 ans.
* L HEMSKIRK (Egbert), ap-
pelé vulgairement Y Ancien , a peint
fort plaisamment des sujets grotes-
ques et des conversations.
* 11. HRMSKIRK (Egbert), vul-
gairement appelé le Jeune , qu'on
croit fils et élève du précédenl ,
né en 1645 , mort en 1704. Lhie
imagination bizarre lui a suggéré !e
choix de presq\ie tous ses sujets ,
qui sont toujours des assemblées de
sorciers et diables.
HEMS
i- I. HEMSTERHUIS ( Tibère ),
excellent critique , né à Groningue
en i68r>, professa la philosophie
et les mathématiques à Amster-
dam, ensuite le grec et l'histoire à
Franeker , puis à Leyde , où il mou-
rut le 7 avril 1766. David Runhken,
son disciple, bibliothécaire de l'aca-
démie de Leyde, prononça en latin
son Eloge, qui a été imprimé à
Harderwick, 178,'i, in-S". Hems-
terhuis a publié diverses éditions
estimées des auteurs grecs. 11 a donné
la meilleure de i'Onomasticon de
Juluis Pollux , Amsterdam , 1706 ,
2 vol. in folio, et celle des (Euvres
de Lucien, Amsterdam, 174^, 5
vol. va-n° , à laquelle il faut réunir
Vlnde.x imprimé en 174^- On lui
doilçncore, Christomathia Pelro-
nio -' Eurmannia , x\msterdain ,
1734 , in-S".
i II. HEMSTERHUIS (François),
petil-fiSsdu précédent, premier com-
mis de la secrétairerie du conseil
délai des Provinces-Unies des Pays-
lias , mort en 1791 , fils d'un mé-
decin de Groningue , se consacra ,
comme son aïeul , aux sciences , et
particulièrement à la n)élaphysique.
On a traduit en français ses 'Ruvrcs
philosophiques , Paris , 1795 , deux
vol. iu-8°. 11 en a paru une nou-
velle édition en 1808 sous ce titre :
(D.uvres pliilosophiquesdeJ .Herns-
lerhuis , contenant • LeUre sur la
sculpture; lettre sur les désirs; de
l'Amour et de l'Egoïsme : Lettre sur
l'hoinnie et ses rapports ; iJescrip-
lion philo.'sophique du caractère de
feu M. F;'gel ; Sopliyle , ou de la
l'hilosophie ; Lettre sur une pierre
antique ; Arislée , ou 'de la Divi-
nité; Alexis, ou de TAge d'or ; Si-
mon, ou des Factillés de l'ame ;
,L,Ure de Dioclès à Diotiine sur
l'athéisme; Lettre de M. Jacobi à
M. Htmsterhuis, nouvelle édition,
revue et augmentée , avec plaïuhes
et vjgnelles, 2 vol. iu-8°. On y
HE^A
voit qu'avec un esprit réfléchi il
avoit une imagination qnisexalloit
facilement, el une dialeclique quel-
quefois plus subtile que solide. Il
combat les matérialistes et lesalhées,
et paroit très-atlaché au chiislia-
nisme. Son style a souvent une tein-
ture poétique , et n'est pas toujours
clair. On distingue pari)ii ses écrits
une Lettre sur les désirs, 1772,
in-8°; Jristée , ou de la Divinité ,
Paris (Harlem), 1779, in-S".
* Iir. HEMSTERHUIS (Sibol-
dns ), médecin hollandais du 17"
siècle , s'est attaché à mettre au
j^rand jour les découvertes de Jean
Pecquet , de 'Wiomas Bartholin et
d'Olaiis Rudbec sur les vaisseaux
lactés et lymphatiques. Il a publié
leurs ouvrages sous le titre de
Mess/s aurea.seu collectanea aiin-
tomica ; coiitinenlia prœstantissi-
iiwritiii .anatomicorum opuscula ,
I>ugduni Batavorum, i65/4, in-12;
HeidelbergiE , 1659, in-8'^.
HÉMUS (Mythologie), roi de
Thrace, fils de Borée et d'Orythie,
avoit épousé Piodope , fille du ileuve
Slrymon. Us étoieut l'un et l'autre
si orgueilleux de leur origine , qu'ils
vouliireut se faire rendre les hon-
neurs divins, Hémus sous le nom de
Jupiter, et Rodope sous celui de
Junou. Le père des dieux , indigné
de leur insolence , les changea en
montagnes de leur nom. Hémus est
lapins haute montagne delà Thrace ;
il la divise, ])resqu'e toute entière,
en deux parties , d'orient eu occi-
dent, et se probuige jusqu'au Pont-
Euxiu ou mer Noire. Le Rodope
est aussi une moulague de Thrace,
la plus liaute après l'Hémus; elle
s'étend vers l'occident jusqu'en Pau-
non ie. ,
i HEN.\0 ( Gabriel de), jésuite,
docteur de Salamanque, enseigna
en Espagne avec réputation , et
mourut en 1704 , à gS ans. Ses ou-
HENA
3^9
vrages sont en 11 vol. in-folio,
en latin. Les d&ux premiers traiteul
du cielempvrée, dans lequel l'auteur
prétend résoudre toutes les questions
qu'un philoboplie clirélien peut éle-
ver sur celte matière ; le troisième
de l'Eucharistie; les trois suivan»
du sacrijice de la mesae ; les sept ,
huit el neuvième , de la Science
moyenne , et les deux derniers, des
/Intiquités de la Biscaie , sous les
litres de Bisca'ia ilhtstrata , et de
Cantabriœ anliquitatihus, qui sont
souvent consultés. On a encore quel-
ques autres petits ouvrages de ce
jésuite , qui étoit plutôt compila-
teur passable que bon écrivain.
1 1. HENAULT , ou Hesxault
( Jean ) , fils d'un boulanger de Pa-
ris , voyagea dans les Pays-Bas , en
Hollande et en Angleterre. De re-
tour dans sa patrie , il se fit connoî-
tre du surintendant Foucquel par ses
poésies. Son protecteur ayant été
disgracié, et Colbert mis à sa place,
le poète lança contre celui-ci le Soa-
net suivant :
Ministre avare etlnelie, esclave mallieoreiix.
Oui séniis sous le poids des aifdires piitiliqucs ,
Viclime dévouée aux chagrins politii|ue3,
Fanifime révéré sons un lilre onéreux :
Vois combien des grandeurs le comble esldan-
j;rreux ;
Conlomiilf deFoucqiicl les fiinçsles reliques ;
El tandis qu'à sa perte en. seciei lu l'appliques ,
Ciaiiis qu'on ne le prépare un destin plus af-
freux.
Sa cliutc quelque jour le peut cUecoraniuuc.
Cl ai ni Ion poste, loorani;, la cour el la fortune.
Nul ne tombe innocent d'où l'on le voit monté.
Cesse donc d'animci' ton prince à sou supplice ;
Et p. J-s d'avoirbesoin de lonle sa bonté ,
Ne ic fais pas user de toute sa justice.
On sait ce que ce grand ministre dit
à cette occasion. ( Voy. son article. )
Hénaull , ayant reconnu sa faute ,
cherclia vainement à supprimer tous
les exemplaires de son sonnet . Cet
écrivain étoit nu véritable épicu-
rien , uu homme de plaisir , el u»
33o
HE"NA.
s'en cachoit pas. 11 mourut à Paris
en 1682, et laissa une tille. Ses
Poésies , recneiUies à Pans eu
1670,111-12, renferment, I. Plusieurs
Sonnets , parmi lesquels ou distin-
gue cnlni de \ Avorton , composé à
l'occasion de l'aveuluro arrivée à
Mlle, de Guerchi , lille d'honueur de
Marie d'Autriche. Il lit beaucoup de
bruit dans son temps.
Toi qui meurs avant que de naître ;
Asscml)lase confus di; I'lUo el du* néanl ,
Tiisie avorloQ , informe enfant.
Rebut du néant et de l'être!
Toi que l'amour lit par un crime.
Et que l'amour défait par un crime à sou tour ;
Funeste ouvrage de l'amour,
De l'iionueur funeste victime!
Donne fin au remords jiar qui tu t'es vengé :
T/t du fond du néant où je t'ai replongé,
Pf 'entretiens point l'iioireur dont ma faute est
suivie.
Deux lyrans opposés ont décidé ton sort ;
L'amour, malgré l'honneur, l'a fait donner
la vie;
L'honneur, malgré l'amour, te fait donner
la mort.
II. Des Lettres en vers et en prose.
Les vers ne sont pas toujours faciles,
et la prose manque souvent de lé-
gèreté. III. Une Imitation en vers
des actes II et IV de la Troade de
Séuèque. II a voit quelque talent
pour ce genre de^ travail. IV. On
a encore de lui la Traduction en
vers du commencement du poème
de Lucrèce, qu'où trouve dans le
Fureteriana. Hénault avoit poussé
cet ouvrage plus loin ; mais son
confesseur le lui lit brûler ; ac-
tion qui le priva du plus beau
rayondesa gloire, sui--tout si la suite
répoitdoit au commencement. Ce
poêle avoit du goût ; ce fut \\\y qui
donna les premières leçons de ver-
sification à madame des Houlières.
« Hénault, dit La Monnoie, éloil
l'un des hommes de son temps qui
tournoit le mieux un vers. Des-
préaux , si délicat là-dessus , ne le
Wioilpasj el (juaud 00 lui deman-
HENA
doit pourquoi dans le troisième
chant de son Lutrin , et dans sa
neuvième satire , il en avoit parlé
îivec mépris', il répondit qu'au lieu
de Hénault, il avoit d'abord mis
Boursault , ensuite Perrault , mais
que s'étant réconcilié avec ces der-
niers, il leur a voit substitué Hénault
qui , étant mort dès 1682, éloit hors
d'état de former aucune plainte. »
t II. HÉNAULT ou Hesnaxjlt,
( Charles-Jean-François ) , de l'aca-
démie française , de celle des ins-
criptions , président honoraire aux
enquêtes , et surintendant des fi-
nances de la maison de la reine ,
lils d'un fermier-général , né à Pa-
ris le 8 février i685, mort dans
cette ville le il^ novembre 1770,
avoit été quelque temps de l'Ora-
toire. I-e président Hénault, y ayant
cueilli hs ileurs de la littérature,
rentra dans le monde, -et rem-
porta le pFi:i de l'académie fran-
çaise en 1707 , par son poème inti-
tulé lllominc inutile. Cette com-
pagnie se l'assçcia en 1720, après
la mort du cardinal du Bois. Peu
d'hommes ont été d'une société plus
agréable. Il avoit le bonheur d'èlre
assez l'iclie pour n'avoir besoin de
personne. Ses talens et ses conuois-
Sances étoient soutenus et embellis
par des qualités plus précieuses en-
core , la douceur des mœurs , la
sûreté du commerce, la solidité de
l'amitié. Il conserva, presque jus-
qu'au dernier âge, tout ce qui fait
aimer, tout ce qui fait rechercher.
A l'esprit de conciliation , il joignoit
une pénétration vive et rélléchie,
une éloquence douce et insinuante.
lies femmes l'ont pris f.irt souvent
Pour un ignorant agréaltlr ;
Lffs gens en us pour un savant;
l'.t le dirn jonllu de la tabli:,
Four un t'onnoisseur si gonimand, elc.
( X'OLTAIKIÎ )
A ce portrait, joignons celui qu'eu
trace le marquis d'Aigenson , qui,
HENA
dans la société, lui dounoit la pié-
tërence sur Montesquieu et Fonle-
nelle : «llestmoius vieux que celui-
ci , dit-il , et moins gênant , parce
qu'il exige bien moins de soins et
de complaisance. Au contraire , il
est très -complaisant lui - même ,
et de la manière la plus simple , et
l'on peut dire la plus noble. Il sait
nuancer les politesses; nu jugement
sain et un grand usage du monde
président à la distribution qu'il en
fait. Son caractère sur-tout, quand
il étoil jeune, paroissoit fait pour
réussir auprès des dames ; car il
avoit de l'esprit , des grâces, de la
délicatesse, de la finesse, et culti-
Yoit avec succès la musique, la
poésie et la littérature légère. On
m'a assuré qu'au palais il étoit bon
juge, sans avoir une parfaite con-
noissance des lois , parce qu'il a
l'esprit droit et le jugement bon. Il
n'a jamais eu la morgue de la ma-
gistrature, ni le mauvais ton des
robins. Il ne se pique ni de nais-
sance , ni de litres illustres; mais il
est assez riche pour n'avoir besoin
de personne, et, dans cette heureuse
situation , n'affichant aucunes pré-
tentions, il se place sagement au-
dessous de l'insolence et au-dessus
de la bassesse. 11 y a d'assez grandes
dames qui lui oui pardonné le dé-
faut de noblesse , de Ijtaulé , et
même de vigueur. Il s'est toujours
conduit, dans ces occasions, avec
modestie, ne prétendant qu'à ce
qu'il pouvoil prétendre; ou n"a ja-
mais exigé de lui que ce qu'il pou-
^oit aisément faire. A lage de .^o
ans , il a déclaré qu'il se bornoil à
être studieux el dévot ; il a fait
une confession générale ; et c'est à
celte occasion qu'il lâcha ce Irait
plaisant : On u'csi. jamais si riche
que quand on déménage. Au reste ,
sa dévotion est aussi exempte de
fanatisme , de persécution , d'ai-
greur et d'intrigue , que ses éludes
de pédanterie.» ^.a reine trouyuil
HEPsA
33i
dans sa société tous les agréniens
d'un courtisan homme d'esprit, et
ne négligeoil aucune occasion de lui
donner des marques d'intérêt. Ua
jour qu'elle entra chez une du-
chesse , au moment où celle - ci
écrivoit au président , elle mil au
bas du billet : «Devinez la main
qui vous souhaite ce petit bonjour.»
Le président Hénault ajouta à sa
réponse ce quatrain :
Ces mots tracés par une main Jivino,
Ne m'ont causé i|ue trouble et qu'embarras;
C'est trop oser , si mol) cœur le tlevine ;
C'est êUe ingrat, ijue ne deviner jias.
On a de lui , I. Abrégé chrono-
logique de l'Histoire de France ,
1768 , 2 vol. in-4°, et 1775 , 5 vol.
in-8". C'est l'ouvrage le plus plein
el le plus court que nous ayons sur
notre histoire. Neuf éditions se suc-
cédèrent rapidement. Les Anglais ,
les Italiens et les Allemands le firent
passer dans leurs langues ; et les Chi-
nois , qui daignoient à pein« autre-
lois assigner à l'Europe un point sur
le globe, le lisent aujourd'hui dans
la leur. Négliger les faits isolés, ne
s'arrêter qu'à ceux qui forment la
chaîne des événemens, qui perfec-
tionnent ou allèrent le gouverne-
ment et le caractère des peuples , ne
développer que les ressorts qui élè-
vent ou abaissent les états, voilà ce
que M. le président Hénault a exé-
cuté dans son immortel ouvrage :
plus on le lit, plus ou reconnoil la
justesse de son discernement el la
sagesse de son style. Les portraits
ne sont pas dessinés de fantaisie,
ils tiennent à l'histoire autant que
les faits mêmes. La critique la i)!us
sévère peut à peine trouver quel-
ques erreurs daus un livre oti elles
eussent élé bien excusables; et l'on
est sur-tout. étonné que, daus un
ouvrage si concis, l'historien pré-
sente une notion si précise, si exacte,
de tout ce que les annales fran(,aises
offrent de plus intéressant. Il y a eu
dt: cet abrégé quelques imilalioiis , Icj^
33ft
MENA
vines passables, les aiilrns mauvaises 1
Celle niélliode des abrégés cliroiio-
logiques est plus facile poiu" laiiteiir
qu'agréable pour les lecleurs ; et,
vraiseiiiblabieinenl , le président Hé-
nault auroil été plus embarrassé de
faire une histoire suivie sur le mo-
dèle des abrégés que les anciens
nous ont laissés. Il faut avouer, tou-
tefois, que le sien offre les portraits
de plusieurs liorunies célèbres très-
bien peints ; des dissertations courtes,
mais nettes, sur plusieurs goiiits iai-
porlans de notre histoire , et une
foule de remarques curieuses , qu'on
chercheroit vainement ailleurs. Le
bénédictin Poirier a publié une Dis-
sertatioii dans laquelle il prétend
que le règne de François II dans
Hénaull est inexact et plein d'omis-
sions; mais ces inexactitudes ou
omissions sont peu importantes.
Quelques-uns ont voulu priver Hé-
uaulldefinveution desonplan, pour
l'attribuer à l'abbé Boudot ; mais
avant l'un et l'autre, Guillaume
Marcel avoit publié, en 1686, son
ouvrage sur l'origine rt les progrès
de la monarchie française, où l'on
trouve le même ordre chronolo-
gique , et à qui il ne manque que la
forme typographique et le style de
l'ouvrage du président Hénaull ,
pour lui ressembler parfaitement.
II. François II , tragédie historique
en prose. C'est un tableau de ce
règne orageux , entièrement man-
qué , suivant les uns , et fait de main
de maitre, suivant d'autres. Ce qu'il
y a de vrai, c'est que plusieurs ca-
ractères y sont bien rendus, et que
celle pièce donne une idée vraie de
ces temps funesles. On lui a repro-
ché d'y avoir introduit des person-
nages inutiles , d'en avoir écarté
d'essentiels, d'à voir commis des ana-
chronismcs ; mais ces censures n'em-
pèclient pas qu'on ne désirât d'avoir
plusieurs scènes historiques trai-
tées ainsi pour donner aux jeunes
ccijs et aux femmes le "oût de l'his-
HEND
loire. îll. Le Réveil d'Epimènide ,
comédie non représentée, et digne
de l'être, par l'agrément et la fi-
nesse qui la caractérisent. Elle est
imprimée avec François II , et d'au-
tres pièces , 1768, 2 vol. iu-12, et
1770, in-S", sous le litre de Pièces
rie Théâtre, en prose et en vers.
IV. Les Chimères , divertissement
en un acte, dont la musique «si du
duc de Nivernais. Il fut représenté
à l'hôlel de Belle-Isle , 011 l'on faî-
soit toujours de grands projets;
aussi l'abbé de Voisenon disoit que ,
pour oifrir le Palais des Chimères ,
Hénaull ne pouvoit mieux choisir
le lieu de la scène. ( f^oyez Caux et
FuzELiER. ) Le président Héuault
est connu encore par quelques Poé-
sies fagilives , spirituelles, douces
et foibles , mais qui ne manqvieut
pas de grâces ; il n'y en a que irès-
^eii d'imprimées. Il a en part à
l'ylbréqé chronologique de l'His-
toire d'Espagne , par Macquer. Ou
a encore du président Héuault His-
toire critique de l'établissement des
Français dans les Gaules.
* III. HÉNAULT ( Guillaume ) ,
médecin, originaire de Rouen, où il
exerça sa profession, a écrit un ou-
vrage en faveur de Pecquet sous ce
titre : Clypcus , qiio tela in Pec-
queti cor à clarissimo uiro Carolo
Le Noble , collegâ sno , cnnjecta
infringunlur et eluduntur , Rotho-
tnagi, i6!Sô, in- 12 : si l'on en croit
l'auteur, Mentel, médecin de Paris,
découvrit en 1629,1e réservoir du
chyle sur un chien, et le démontra
en i655 ; mais il est prouvé aujour-
d'hui que le véritable auteur de la
découverte est Pecquet. Il a donné
en outre un ouvrage intitulé le Trône
de la médecine , Rouen , i6G3 ,
in-S°.
* I. 1IENDERS0N( Alexandre),
théologien écossais , presbytérien ,
que son savoir et son éloquence
firent placer à la Itte de sa secle.
HEIND
flit envoyé eu Angleterre chargé
de tous pouvoirs. En 1646, pen-
dant que Charles V^ éloil à New-
castle, il eut avec lui nne confé-
rence sur l'épiscopat , dans laquelle
Heui'erson fui couiplèlemeni battu.
Oii tilt que cette disgrâce hâta sa
mort , et qu'à ses derniers inoiuens
il exprima sou regret d'avoir sou-
teini le parti contraire à cehii de
sou roi.
* II. HENDERSON fJean),
acteur anglais , né à Londres en
1747, uiort en 1785 , montrant d'a-
bord du goût pour le dessin , fut
mis chez un artiste hal)ile , mais
d'un caractère violent. 11 ne put
vivre long-temps avec lui. Alors
on le plaça chez un orfèvre. Son
nouveau maitre étant mort , il s'ap-
pliqua aux études convenables au
théâtre. En 1772 il parut pour la
première fois à Bath, sous le nom
de Courliwy , dans le rôle de Ham-
Ict, et il fut tres-applaudi. Depuis,
sa réputation s'augmenta toujours ;
mais ce ne futqi'.'en 1777 qu'il dé-
buta à Londres dans le rôle de S/iy-
loci. M. Colmach l'engagea aussitôt.
Depuis, il a eu un grand succès au
théâtre de Drury-Lane, et sur d'au-
tres théâtres en province ; il excel-
loit sur-tout dans le rôle de Fais-
lait. Cet acteur célèbre raouiul d'un
transport au cerveau.
* III. HENDERSON ( Jean ), Ir-
lantlais, d'un génie extraordinaire ,
né en 1767 à Ballagarance , d'un
père prédicateur, et ensuite maitre
d'une école près de Bristol, mourut
à Oxford en 1788. Le jeune Heu-
dersou , élevé chez les métho-
distes, fit dans ses études des pro-
grès si rapides, qu'à dix-huit ans
il fui maître de latin à l'école de
Kingswood. Il n'en avoit pas plus
de douze quand il eut la chaire de
grec au collège de lady Hunting-
lou, au pays de Galles. Be docteur
HE?sl 333
Tucker , doyen de Glocesler , l'en-
voya au collège de Pembrokc à Ox-
ford , et il y prit le baccalauréat es-
arts; mais il n'entra jamais dans les
ordres. Henderson , toujours ex-
traordinaire dans sou habillement
et sa façon de vivre , se livroit-
toute la matinée à des exercices
violeus , et se niettoil ensuite au lit.
Cet homme singulier a cultivé beau-
coup de sciences : mais celles aux-
([uelles il s'est appliqué avec plus de
plaisir sont la ckiiiiie , la p/iyslo-
giiomie et les sciences occultes.
* HENGIST , premier roi saxou
du royaume de Kent , vivoit à la fin
du 5^ siècle, et descentioit de Wo-
deu, que les Saxons prétendoient
être un dieu. Vortigern, roi des
Bretons, l'ayant appelé pour l'ai-
der à chasser les Picls de ses états ,
Hengist emmena avec lui sa fille
Roweua. Vortigen en devint amou-
reux, et l'épousa. Ce fut ainsi que
Hengikl obtuit le royaume de Kent.
Il mourut en 489.
1 HENICHIUS { Jean ) , prof^-
seur de théologie à Kiniel, au pays
de liesse , théologien modéré , né
en 1616, etniorlb; af) juin 1671 ,
souhaita passionnément la réunion
des luthériens avec les calvinistes ;
mais ses efforts pour cette réunion
ne lui attirèrent , de la part des fa-
natiques des deux partis , que des
injures et de mauvais procédés. On
a de lui divers ouvrages de ihéo-
logie et de controverse , in-4° et
in-8° , estimables pour leur modé-
ration. Les principaux sont, 1. Com-
peiidium sacrœ theologiœ , in-8°.
II. De peritate religionis c/iris-
tianœ , in- 12. 111. Instilutiuiies
theulogicœ , in -4°. IV". Ilistoiia
ecclesiastica et ciuilis , in-4'^.
* HENISCHIUS (George), doc-
teur en médecine, né a Bartleld en
Hongrie, enseigna la rhétorique el
les malhéinalit^ues à Augsbourg peu-
334
HENK
daiU cjiiaraiite-deiix aus , et mourut
dans cette ville le 5i mai 1617. Il
a donné une édilion des (Eiivres
d'Hésiode, qui fui imprimée a Baie
eu i58o, iu-S". lia en outre publié,
I. Enchyridion mediciuœ , medi-
camenturiim tamsimp'iciitm quàm
compositorum iii cerlos tilulus dis-
tinctam sylvani cuntinens , Basi-
leae, i575, in-8°. 11. ,'Etiulogua ,
semelolica et t/ierapeiitica mor-
bori/rn aciiionim et dluturnorum ,
Arœlei Cnppaducis conjuiictim
en'i/a, Augusiae Vindelicorum, i6o3,
in-fol. , en grec et en latin. 111.
])e numeratiuite muliipUci , ibid.,
i6o5 , in-8". IV. Ue asse et par-
tibus ejus, il)id. , 1606, in-8°.
* HENKÉ (Henri -Philippe-Con-
rad ) , lils de l'aumônier de la gar-
nison de Helmslaedt, naquit le 5
août 1752 à riehlen,dans le duché
de Brunswic'K. Une mémoire heu-
reuse et une grande pénétration !a-
^cililèrent ses progrès dans les lan-
gues grecque et latine, et dans l'é-
tijde des auteurs classiques. Celle de
l'histoire ecclésiastique , à hiquelle il
se livra, lui avoit inspiré la plus liante
estime pour Luther, et après celui-
ci pour George Calixte. On en peut
juger par la nouvelle éditioucritiqne
du fameux Traité de conji/giu cle-
ricorum, qu'il publia, en 178^, à
Helmstaedl, in-4°. 11 avoit le zèle
ardent de Luther pour la défense de
sa doctrine, et le même amour pour
la paix que Calixte. Sa véni ration
pour le premier, et le fréquent usage
de ses écrits, eurent une mtluence
marquée sur son style , qui tient à
la fois de la précision énergique et
de la rudesse de celui de ce célèbre
réformateur. La manière lumineuse
dont il a traité l'Histoire ecclésias-
tique est sans contredit le plus grand
de ses mérites. Dans ses cours sur
les diverses parties de la théologie,
telles que la dogmatique, l'explica-
tion du nouveau Teblament, la re-
HEINK
ligion populaire et l'éloquence de
la chaire , il a formé un nombre
considéraljle de bons prédicateurs.
Ses Explications exégéliques éclai-
rent une grande quantité de passa-
ges difficiles de l'Ecriture sainte.
Tant de mérites et de laleiis éle-
vèrent Henké aux places et aux
fonctions les plus honoral)les dans
sa patrie. Il fut successivement
professeur en théologie à l'univer-
sité de sa ville natale , abbé du cou-
vent de Michaelsteinf depuis 1786),
et vice-président du consistoire de
Helmstaedt. Il fut aussi nommé
membre de plusieurs commissions
chargées de pourvoir aux moyens de
relever l'universitéde Helmstaedt de
létal de dépérissement dans lequel
elle étoit tombée. Les voyages à
Pans et à Brunswick, qu'il hl en sa
qualité de député des états-généraux
et de membre du collège électoral
de son département, achevèrent de
ruiner sa santé, et terminèrent ses
jours le 7 mai 1809. Parmi ses ou-
vrages, son Tlistuire ecclésiastique
tient à juste litre le premier rang:
les deux derniers volumes sur-tout
donnent la plus hante idée de son
application et de sa pénétration. Le
reproche qu'on peut lui faire à l'é-
gard de son Histoire de l'Eglise
catholique , qu'il n'a pu finir ( le
6*^ vol. devoit s'étendre jusqu'en
1770, et le reste auroit rempli un
6" ) , est la véhémence avec laquelle
il défend ses opinions, principale-
ment dans le premier volume, et
qui lui fait perdre de vue le premier
devoir de l'historien. Le Catalogue
des ouvrages de cet écrivain est
considérable. Les principaux sont,
I. Elémens des Belles-Lettres pro-
saïques, traduits du latin de Quin-
tilieii en allemand , Helmstaedt ,
177.5 et 1776 , 3 vol. 111-8°. II. His-
toria antiquior dogmatis de uni-
taie Ecclesiœ , ibid. , 1781 , in-4°.
m. />>. (j. Calixti de conjugio cle-
ricoruinliber. Emendatius edidit ,
HENL
incapita sua et sectiones divisinn
et indicibits necessariis iojnpl-e-
tuin , additâ prœfatiuiie , ibid. ,
Ï785, 111-4°. I^'^- Histoire des Re-
ligions juive et c/irélieniu\ pour ta
première itislruvtiun , en alli-iiiaud ,
Leipsick, iv^^B, 111-8°; 2"-' ediliou,
corrigée el angnienlée, ibid., 1781),
in-8". V. Elemeris pour les cours
académiques de l'Histoire chrono-
logique et générale de l'Eglise
cliréiienne , en alleniaud , 4 vol.,
Brunswick, depuis 1778-1795 , gr.
iii-8°; la 2"^ édition du i'^'" vol. esl
tie 1795, et la 3"^ de 1796 : la 'f édi-
tion (lu 3* vol. est de 1794, et celle
du 3'^ vol. esl de 1796; toutes à
Brunswick, el dans le même for-
mat. Vi. Magasin pour la philo-
sophie de la religion , l'Exégèse
et l'Histoire ecclésiastique , en al-
lemand, Helrastaed, 5 vol. -111-8°,
depuis 1793-1796. VII. Archi\jcs
pour l'Histoire ecclésiastique des
derniers temps , eu allemand , 5 vo! .
in-8°, depuis 1794-1796 : elles sont
la conlinnaticn de celles publiées
par MiM. Schneider etScliroeder, etc.
etc. On a encore de Henké un grand
nombre de Sermons , des Disserta-
tions , el des articles de critique
dans les Journaux sa vans el litté-
raires du temps.
•
* I. HENLEY ( Antoine), écrivain
anglais, né avec une fortune consi-
dérable, distingué par son goîit])oiir
Ifi piaisir et pour la liltératnre, se
livra parliculiéremeiit à l'étude ttes
anciens poètes. 11 teuoil beaucoup du
caractère de Tibuile; il en eut l'in-
dolence, la gr.lanterie, l'esprit, Ihu-
manité, la générosité , et partagea
son goûl pour les lettres. Il étoit
très-grand musicien , el se maria
lard ; mais à celle époque, moins
avide de plaisirs el de dissipation ,
il l'ut élu membre du parlement eu
1698, el se montra constammenl,
dans la chambre des communes , l'un
des nmis l^s plus lervens de la li-
HENN 335
herté. Henlf-y fut auteur de plusieurs
ouvrages auxquels il ne mit point
son nom. 11 travailla à deux ou-
vrages périodiques de sdt\ temps ,
ihe TatlerGi the^Iedlej. Il mourut
en 1711 , généralement regretté.
* II. IIENLEY ( Jean ) , person-
nage obscur , plus connu sous le
nom de l'Orateur Ilenley , né dans
le comié de Leicesler en 1692 , mort
en I7.'i6, s'est rendu célèbre par sa
présomplioii et son fanatisme. Ou
a de lui une Grammaire univer-
selle; un poème intitulé Est lier %
une Traduction des Lettres de
Pline, de plusieurs ouvrages de
l'abbé de Verlot, du Voyage de
IMonlfaucon en Italie, etc. etc. Mais
sa prédication singulière, et pres-
que toujours populaire , lui a donné
sa plus grande réputation. 11 prê-
choit le dimanche sur des sujets
religieux , et le vendredi, sur toutes
f^ortes d'objets d'arts el de sciences.
11 metloit sou iiiduslrie à se procu-
rer un auditoire uoir.breux el com-
posé des classes les plus basses de la
sotiélé. Il rassembla i.#< jour une im-
mense quantité de cordonniers , à la
faveur de l 'annonce d'un moyen très-
expédilif d'avancer leur travail. Ce
moyen consistoil à couper la tige
des boites déjà faites pour n'en con-
server que le soulier. C'est avec de
pareilles niai^ries qu'il parvint à se
procurer une grande popularité, et
à s'exclure du séjour de Londres ,
où il avoit eu l'intention de s'établir.
Hogarlh a fait d'Heuley le sujet de
deux de ses gravures.
* HENNEPIN (Louis), récollet
d'Ath en Hainaut, où il naquit en
1640, se consacra pendant quelque
temps au service des hôpitaux , fut
aumônier dans les années , passa en
qualité de missionnaire à Québec, et
exerça ces péni])les fonctions pen-
dant onze ans au Canada. Eu 1678,
il traversa le lac Ontario , parcourut
336
liEr^iN
les vasles pays qui sont au sud-ouest
du Cauada , et en 1680 , il décou-
vrit le fleuve Mississi[)i. Le père
Heuuepin, mort à Ulreclil au cotii-
lîieuceiueiil du iS'^ siècle, publia
une Dissertation sur ses découver-
tes, Paris, i683, et Amsterdam,
1704; celle-ci est la plus complète.
* HENNIN (E.-F. ) de l'académie
des inscriptions et belles-lettres , an-
cien premier commis des affaires
étrangères, mort à Paris le 5 juil-
let 1801 , secrétaire d'ambas-
sade en Pologne sous le comte de
Broglie et le marquis de Paulmy ,
fut admis au secret de la corres-
pondance du cabinet particulier de
Louis XV , et reçut plusieurs l'ois
des instructions écrites en entier par
ce mouarque. Désigné , en 1761 ,
pour être secrétaire du congrès qui
devoil se tenir à Angsbourg , il lut
nommé , en 1765 , ministre résident
en Pologne, et en 1763 il passa à
Genève en la même qualité. De-
puis, il remplaça M. Gérard dans
le poste important de premier com-
mis des aflaivcs étrangères. A l'en-
trée de Dumouriez dans ce dépar-
tement , Hennin eu sortit. Ses
principes politiques furent ceux de
l'homme honnête éclairé par l'élude
de la science et des hommes, et sa
pratique fut toujours d'accord avec
ses théories. En 1792 il éloit chargé
d'affaires de France a Venise ; en
juillet 1793 il passa en la même
qualité à Constantinople ; ses diffé-
rents avec Descorches le firent ren-
voyer à Marseille, d'où il \m\. à
Paris, et fut nommé, en octobre
1794, un des membres de la cbm-
niissiou de police aduiinistrative de
cette ville. Comme littérateur , Hen-
nin poseédoit douze langues. Ses
connoissances eu histoire , en géo-
graphie, eu antiquités , étoient im-
menses. Il laisse en manuscrits plus
de i5o volumes in-fol. sur toutes
sortes de matières , et eu parlicu-
lier une Bibliographie des voyages,
en 11 vol. in-/]" , qu'il destiuoit à
l'im|)ression. Depuis neuf ans , il
s'étoii consacré à la composition d'un
Poème intitulé \ Illusion ,(\\\'i\ avoit
porté à peu pre^ de soixante chants ,
et qu'il se proposoil d éleudre jus-
qu'à ci'Ul. C'est une suite de tableaux
et d'épisodes applicaljles en partie
aux événemens de la révolution,
quoique subordonnés à une action
principale, qui est de riuvenlioa
de l'auteur.
* HENNING (Salomon), né «
Weimar en i528 , ne fut pas moins
distingué ])ar son savoir que par
soii talent dans la carrière de la
diplomatie et de la politique. L'or-
dre teutonique employa ses services
comme négociateur depuis 1 .'ir>4 )"*>"
qu'à 1689, qu'il mourut à Wahmeu,
comblé d'honneurs et de biens. On
a de lui une Disci- Une ecclésias-
tique pour le duché de dourlande ,
imprimée à Rostock , 1.^70, in-4°;
des Mémoires sur l'état actuel de
la religion dans les principautés
de Courlande , Sémigalle et lAuo-
nie , in -fol. , 1689 ; et une chro-
nique de Livonie et de Courlande ,
Rostock , iSgo. Cette Chronique ,
.son principal ouvrage , qui com-
mence à l'année i554, a été réim-
primée plusieurs fois , ce qui n'empê-
che pas qu'elle ne soit très-rare.
* HENNINGER (Jean-Sigismond),
médecin, nommé, en 170Î, à la
cliaire d'aualomie dans l'iiuiver-
sité de Strasbourg , qu'il occupa pen-
dant quatre ans, fut appelé ensuite
à une autre chaire dans la même
université , qu'il remplit jusqu'en
1719 , époque de sa mort. Les ou-
vrages de ce médecin consistent en
plusieurs Dissertations académi-
ques, et il est l'éditeur de quelques
ouvrages de médecins célèbres. Il
a aussi donné une Description des
vaisseaux lattéi et du canal tho-
rachiqiie , dont il fit graver la Bgure
dans une planche parliciilière.
tl.IÎENNlNGES (Jérôme) , labo-
rieux bislorienalleiiiaud du ib'^sierle,
disciple de iVlelaucblhon, a publié plu-
sieurs ouvrages assez estimés, con-
cernaul les généalogies de quantité
de maisons d'Allemagne. Le princi-
pal est intitulé Tluatiiuii gc/iea-
logicum omnium œtatiim et iiw-
uarcldarum fainiiias compleclerts ,
7 tom. eu 4 'Vol- in -fol., 1,^)98,
à Magdebourg , autpiel on ajoute
Gciiealuglcealiqaotfamiliarurniio-
biliuin in Saxo/iiiï , in-fol. , Ham-
bourg, iSgo; Genealogiœ impera-
torum , regiun , piitnipum , etc. ,
Huyssée, i58b, in-ibl. Ces six vo-
lumes sont difficiles à rassembler.
* II. HENNINGES ( Jean) , pas-
teur et prolesseur de ibéologie à
lïelmstadt , mort en i6/|6, à 78 ans,
est auteur de trois volumes de JJis-
sertatioiis sur divers passages des
livres saints , et d'une Version en
vers latins du prophète Jonas.
•;- HENNUYER ( Jean ) , évêque
de Lisieux , mort êli 1077 , est un
de ces bonjnies dont la mémoire
ne doit jamais périr. Confesseur de
Henri II , roi de France , qui devint,
à l'exemple de François 1'^'', ardent
et injuste persécuteur des calvinis-
tes , il fut nommé à l'évêcbé de
Lodève , et ensuite à celui de I.i-
sieux. A l'époque de la Saiul-Bar-
ibéienii , le lieutenant de roi étant
venu lui communiquer l'ordre qu'il
avoit de faire égorger tons les hu-
guenots qui se trouvoient à Lisieux,
Hennujer s'opposa à cet acte de
barbarie. « Je n'ai trouvé , lui dit-
il , ni da'ns l'Evangile , ni dans ce
qu'ofiVeut les beaux jours du chris-
tianisme , rien qui puisse justifier
cequ'on exige. La vraie religion s'est
établie par la persuasion , et non par
la terreur et le meurtre. Le chrétien
doit voir avec douleur l'égareiuenl
T. YIII.
HEPs^R 337
de ses frères , mais respecter en eux
des hommes que iJieu a créés à sou
unage. L'efiiisit^i du sang , loin de
ramener les iiéréliciues , ne fera (|ue
les fortifier dans leurs principes ,
que leur mspirer de 1 horreur \^o\xr
la communion qu'ils ont abandon-
née , que répandre des semences
perpétui lies de désordres , de guer-
res en i!rs, de vengeances. » lïlinit
par déclarer qu'il rcgardoit ce . jîros-
ciiptions comme i'ouvrag'' d'ambi-
tieux (jui vouloient j)crdre bvirs
princes en les rendant les bourreaux
de leurs peuples. Le lieutenant ds
roi rei,ul son opposition et lui en.
donna acte. Le niassacre n eut jioint
lieu , et les calvinistes du diocèse de
Lisieux , sauvés par cet acte de vi-
gueur , renlrèrenl presque tous dans
la communion de Kur libérateur. Sa
conduite fut approuvée par Charles
IX , d'où l'on doit conclure que la.
tyrannie ne sei"oil pas si fiuieste,
s il y avoit moins iki lâches inté-
ressés à la seconder. M. IMercier ,
nu mbre de l'institut, a consacré le
Irait de Jean Hennuyer dans un
drame en trois actes , en prose , pu-
blié en 1772 et 1775 , in-S".
HÉNOCH. royezti;ocii ,n° II.
t I. HENRI I, dit rOiselcur, néeu
87(),d'Othon , duc.de Saxe, qui avoit
relusé la couronne de Cernianie
et d'Hedwige , lille d Eberhard ,
comte de Frauconie et de Wéléravie.
{voyez S.4.XE , Olhon l'illustre),
succéda à son père , par droit d'hé-
ritage , dans les terres de Bruns-
wick , et ])ar concession du roi
Conrad , en 912 , dans le duché dr.
Saxe. Ce dernier prince, qui devoit
la couronne au refus d'Olhon , .se
trouvant blessé à mort dans un com-
'bat contre les Huns , désigna géné-
reusement aux étals d'Allemagne
Henri, sou ancien ennemi et ri\al,
comme seul propre à lui succéder.
Les prétentions de chaque duc à la
couronne annouvcùenl un déchire-
J2
33S
IlEiMl
nienl prochain et de longs troubles ,
lorsque Eberliard , suivant les mleu-
lions du roi Conrad , son frère , se
désista lepreinieren faveurde Henri,
son neveu. Alors les Franconiens,
les Saxons et les Thuringiens réunis,
élurent d'un consentement unanime
Henri, alors âgé de 4^ ans, roi d'Al-
lemagne. Les députés qui furent lui
annoncer son élection le trouvèrent
occupé à la chasse anx oiseaux ,
exercice qu'il aimoit beaucoup ;
ce qui lui ht donner le surnom de
ÏOiaeleiir. Les circonstances de son
avéueinenl au trône sont remarqua-
bles. E/ectus est à principibi/s el
mibilioribua vlris corarn orniii po-
pulo , di t le moine Wilikind ( liv. 1*"^
de ses annales. Meibomlus scriptor.
rer. Germanie, lom. I, pag. 621).
Le» grands le choisirent, le peuple
consentit, la nation prêta serment
d'obéissance; il lut couronné sans qu'il
y eùtd'onction ni d inauguration , et
Eberhard lui avoit déjà porté, de la
pari du roi son frère , la lance sacrée ,
le manteau royal , le diadème et
lépée des anciens rois. Pfeffel observe
que c'est la première mention des mar-
ques de l'empire qui se trouve dans
l'histoire d'Allemagne. On prétend
que ces ornemens ont toujours été
conservés depuis à Nuremberg. I,e
premier acte de Henri fut un acte de
reconnoissance envers Eberhard ,
auquel il donna le duché de Fran-
come, ainsi que le palalinat du Rhin ,
qui u'étoient pas encore héréditaires.
Des l'année suivante Henri part pour
souineltreBurchard , duc de Souabe ;
Arnoul-le-lMauvais, duc de Bavière,
donne des secours à Giselbert, dncde
Lorraine, qui s'étoit révolté contre
Charles-le-Simple , roi de France ;
{.igné ensuite la paix, en 921 , avec
ce monarque, dans une île du lihiii ,
près de Bonn ; donne sa fille Gerberge
et la Lorraine à Giselbert, et conclut
une trêve de neuf ans avec les Hon-
grois. Henri fait ensuite la guerre
contre les Slaves ou Slavoiis ; leur
HEINR
enlève les provinces de Brandebourg,
de Misnie et de la Lusace : y établit
des margraves pour la défense de
ces frontières; rend laBohême tribii-
taire; faitrelàcher Charles-le-Simple,
que Henbert , comte de Vermandois
tenoit prisonnier ; se fait prêter ser-
ment de fidélité par les Lorrains ;
attaque Raoul II, roi de* deux Bour-
gognes , s'accommode avec lui et lui
fait présent de la \ille de Bade et
de ses dépendances , en échange d'un
des clous (ju'on dit avoir servi à atta-
cher J. C. sur la croix ; déclare la
guerre à Gormond , roi de Dane-
marck , parce qu'il persécutoit les
chrétiens : l'obligea demander la paix
et à rétablir le christianisme dans
ses états, et recule les limites de
l'Allemagne , de l'Eyder , où Cliar-
lemagne les avoit portées, jusques à
la Slie dans le Sleswic. Cependant
la trêve des Huns expire en goS ;
lis demandent le tribut que Conrad I
leur avoit promis. Henri , résolu de
s'affranchir de celte bumilialion ,
fait présenter à leurs députés un
chien galeux auquel on avoit coupé
la queue el les oreilles , leur ordon-
nant de dire à leurs maîtres que s'ils
avoient un autre tribut à exiger de
lui, ils vinssent le chercher eux-
mêmes. Cette réponse insultante fui
.bientôt suivie d'une irruption dt*
Huns ; Henri s'y éloit depuis long-
temps préparé , il tailla leur armée eu
pièces, en 935, àMersebourg , leur tua
36, 000 hommes, leschassaderAutn ■
che, et y rétablit le margraviat créé
par Charlemague. Henri assemble à
Erfurt les princesde rAliemagne, les
engage à lui choisir pour successeur
Othon, son fils aine , et meurt à Qued-
limbourg le 2 juillet 906, à l'âge de
6oans,au milieu des préparatifsd'une
expédition qu'il i)rojetoît de faire eu
Italie. Ce prince oui deux femmes,
la première Ilalburge , fille d'Ervin ,
seigneur d'Alstal : il l'avoit enlevée
d'un monastère où elle seloit enfer-
mée après la niorl da son pretoiev
HEISR
mari. Sigismoud , ëvêque cI'Haiber-
stadt , ayant menacé les denx époux
de rexcomnninication, Henri qiiilla
Hathiirge , qui retourna dans son
monastère en 91 1. La deuxième fut
Malhilde , fille de Thierri , comte
de Ringelheim , issu du sang de
Wiiikuid , chef des Saxons sous
Charlemagne. Henri ÏOiacIciir eut
du premier lit Tancmar ^ qui fut tué
à Eresbourg eu 939, et une liile
mariée à Sigefroi , premier margrave
de Brandebourg ; du second lit ,
1° Gerberge, mariée en 929, d'abord
à Giselberl, duc de Lorraine, puis en
959, à Louis IV d Outremer, roi
de France ; 2° Olhon , qui régna
{voyez Otiion I, dit le Grand,
empereur d'Allemagne ); 3° Henri ,
ducde Bavière, eng \'^{voyez Saxe,
Henri-le-Jeune , duc de Bavière ) :
4° Brunou , archevêque de Cologne ,
et grand-duc de Lorraine en 9!) 5,
mon eu 965. 5° Haltwine, l'.mme
de Hugues-le-Grand, duc de France,
en 9Ô8 , et mère de Hngues Capot.
Henri \ Oiseleur , aussi bon légis-
lateur que guerrier , est nu des
plus grands princes que le trône
ait produits, et un de ceux auxquels
FEuiope a le plus d'obligation. Pen-
dant la trêve avec les Huns, il en-
gagea les aînés de chacpie maison à
prendre les armes , mit le premier
les troupes sur le pied d'une milice
perpétuelle , établit une discipline
rigoureuse , et leur lit faire souvent
des manœuvres; ce qui lui fit attri-
buer vulgairemeul l'invention des
tournois en 986, quoiqu'elle soit bien
postérieure, n'étant que de 1066, et
(lue, suivant toute apparence, à Geef
froy de PreuiUy , gentilhomme an-
gevin. Ses soins pour sou armée l'eu
firent chérir, et elle lui conféra le
titre A'imperator après la bataille de
Mersebourg;niais il ne le porta laniais:
on le voit seulement, dans un diplôme
de 902 , se qualifier d'avoué de
Rome. L'Allemagne et la Saxe mau-
■uioieut de villes qui pussent arrêter
HEÎSR 33f)
les Huns dans leurs conquêtes: il fit
faim des retranchemens le long de
la Westphahe , dont tes vestiges
s'appellent encore le Hiincngreve ;
vers 926 , il lit construire des villes ,
les fortifia, ainsi que les gros bourgs
de la Saxe ; il obligea la neuvième
partie des habitans de la campagne à
venir les habiter, et donna à ces nou-
veaux citadins d. s privilèges et pré-
rogat ves considérables; Henri af-
Irancliit les esclaves pour qu'ils vins-
sent établir leur industrie dans ces
villes : il y fixa les assemblées piil)li-
ques; employa la religion à policer les
peuples; fonda l'abbaye de Quedlin-
!)Ourg, et plusieurs autres maisons
religieuses sous la règle de Saint-
Augustin , pour y élever ou retirer
les filles dont les pères avoieni été
tués dans la guerre contre les Huns ,
avec la liberté d'eu sortir et de se-
marier quand elles le voudroient.
Les princes de sa dynastie suivirent
les mêmes principes , et c'est à eux
qu'on doit la naissance et les pre-
miers accroi.ssemeus des villes, l'éla-
bl ssemeiil des communautés, des
corps de métiers, l'industrie, l'ex-
ploilalion des mines , l'érection des
évéchés , des chapitres des cathé-
drales , des monastères , des magis-
tratures , et les principes de la civi-
lisation de l'Allemagne. Henri, natu-
rellement bon et humain, étoit très-
sujet à la colère et à de grands em-
porleineiis ; il aimoit les femmes et
le plaisir ; mais ces défauts dispa-
roissent devant ses grandes qualités,
et devant tout ce qu'il a fait de bou , '
d'utile et d'immortel.
t IL HENRI II (saint), dit /e
Boiteux ,né le 6 mai 97 2, arrière-
petit-lils du précédent, fils de Henri-
le-Querelleur duc de Bavière , et de
Gisèle, fille de Conrad, roi de Bour-
gogne, et petit-fils de Henri-le-Jeune,
fut duc de Bavière en 99.^) et eut
beaucoup de concurrens à la cou-
ronne lors de la mort d'Olhou 111.
3/iO IIE^R
son cousin, l'^la , sacré et conroiiué à
Mayence roi d'Allemagne , le 6 juin
1002 , par l'y relie v'éque 'V^illej^is ,
premier minisîi'e et régent de l'Alle-
magne, il assembla d'abord nue ar-
mée nombreuse, et, tant parseslorci-s
que par sou activité , en imposa à ses
rivaux qui se soumirent. II crut,
pour ménager l'opinion , devoir se
faire couronner une seconde fois à
Aix-la-Chapelle, par les mains de
l'archevêque de Cologue , et fit cou-
ronner peu après la ninoCunégoude
à Paderborn. Henri II passe en Italie
en 1004 , pour réduire Aidouin ,
marquis d'Yvrée, qui avoil usurpé
la qualité de roi d'Italie; il force les
Alpes, s'empare de Pavie, et s'y
fait couronner roi d'Italie. Il déclare
la guerre à Baudouin , comte de
Flandre, se rend à une entrevue
avec Robert, roi de France, atta-
que la Bohême qui s'étoit soustraite
à son autorité pour se souniellre à
Boleslas , roi de Pologne , expulse
celui-ci en 1006 , et met à sa ])lace
le prince Jaromir de Bohème , frère
du roi Boleslas m X Aveugle. Henri
depuis long-temps faisoit ses efforts
j>our amener la conversion de saint
Elienue, roi de Hongrie ; il y réussit.
Ce prince s'étant fait chrétien, ainsi
que ses sujets , l'empereur Henri II
reconnut en 1008 la dignité de roi
qu il a voit prise l'an 1000, et lui
donna sa sœur Gisèle en mariage, et
})Our dot les villes de Presbourg
et d'tEdenbourg , anciennes dépen-
dances de la Bavière, à charge de les
tenir en fief de l'Allemagne. Les
troubles suscités par Ardouin, mar-
quis d'Yvrée, ayant continué en Ita-
lie, l'empereur y repasse de nouveau
en 1010 pour Iç châtier , le dé-
pouille de toutes ses terres et le ré-
duit à s'enfermer de désespoir à l'ab-
baye de Frutane en Piémont, où il
mourut en ioi5. Henri va celelirer
les lêlcs de Noël à Pavie , s'arrête à
I\aveune , où il l'ait déposer Adalljert
qui s'étoit emparé de ce bel arche vê-
HE^R
elle', et y nomme Arnoul de S.'xe
sou frère, alors veuf; il s'achemine
ensuite vers Rome où il rétablit le
pape Benoit Vlll, qui à son tour, sa-
cre Arnoul archevêque de Ravennc,
et Henri 11 empereur, le i/\ février
1014. On lit usage pour la première
fuis dans celle cérémonie du globe
impérial. I,e pape , avant de le cou-
ronner, lui demanda « Voulez-vous
gardera moi et a mes successeurs la
lidélité en toutes choses ? » Espèce
d'hommage que l'adresse du pontife
chercîioit à extorquer de l'extrême
dévotion de Henri. C'est la première
trace de l'obéissance que quelques
empereurs eurent depuis la foiblesse
de promettre aux papes. Henri reprit
sa route par la France pour retour-
ner en Allemagne. INaturellement sé-
rieux et mélancolique , il aimoit la
solitude des cloitres, et lorsqu'il futà
l'abbaye de St. -Vannes de Verdun , il
lui prit la fantaisie de se faire moine :
heureusement l'abbé nommé Richard
étoitunhoimne de mérite et d'esprit:
il le reçut pour inoiueel lui ordonna,
au nom de l'obéissance qu'il venoit
de lui jurer , de retourner gouverner
l'empire que Dieu lui avoit confié.
Henri euleucore l'envie de se faire
chanoine à Strasbourg; le calme de
la vie ecclésiastique paroissoit le bien
suprême à un homme oliligé de me-
ner une vie toujours agitée, et dont la
conscience délicate se croyoit respon-
sable devant Dieu des injustices qui se
commelioient dans son empire. Pen-
dant qu'il faisoit une paix assez dé-
savantageuse avec Boleslas , il éloit
obligé de faire la guerre contre les
GrecsellesS.irrasiusenîlaiie ; Henri
leur enleva une partie de laCalabre et
distribua l'autre aux Normands qui
avoient servi dans son armée. L'an
io:>-2, l'empereur préside le concile do
Scligensladt; il a , eu lO'^o , .une se-
conde entrevue avec le roi Robert sui'
leCiiiers près Luxembourg, dans le
but de consolider la paix de fb-glise
et celle de leurs étals mutuels ,
HEJNR
tombe malade l'année suivante, el
iiieiirt à Grliiie en Saxe le i T) juillet
}02â,à lagede 52 ans. 11 fiilcnterré
à Baiiiberg , el le pape Eugène 111
l'a canonisé eu 1 1 5 2. La piété il e Hen-
ri 11 l'a mis au rang des saints, ses
<|ualités militaires l'ont placé parmi
les héros , comme sa justice et sa
générosité parmi les grands princes.
Aucun n'a fait peul-tlre aux églises
(le plus immenses largesses. Il jeta
les iondemens de la cathédrale de
Strasbourg, rélablil révèchédeMers-
l>nrg, érigea m 1007 celui de Ham-
berg qui étonne par sa magnillcence;
fondations qu'il ne faut pas regarder
t.ous le point de vue de la d'évotiou
seule , mais coiume des moyens très
tages et très lUiles de civilisation
dans ces temps d'ignorance et de bar-
barie. Charlemagne son aïeul mater-
nel les avoil aussi employés ; el M.
Ancillon , dans son tableau des ré-
volutions, remarque liés judicieu-
stïineul que ces é\èchés fondés par
la maison de Saxe devinrent des
écoles de cullure el d'obéissance.
L'empereur Henri 11 est le premier
qui 83 soit strvi du grand sceau de
lempire, appelé sceau de majesté, et
du titre de roi des Uoinains, que ses
successeurs ont substitué à celui de
roi d'Italie. Il avoil épousé Cuné-
goude , tille de Sigefroi , comte de
Luxembourg , et sœur de Henri IV ,
duc de Bavière , dont il n'euljamais
d'enrans. Elle fut accusée d'adultère ,
de sortilège el de commerce avec le
diable. Un auteur conlemporain rap-
porte « qu'en efiét on voyoil souvent
les matins le diable sortir de son lit
sous la forme d'un beau soldat si/ù
forma inilitis speciosl. » Elle se
purgea de celle accnsation eu passant
par l'épreuve du feu, el n'un fui pas
moins canonisée eu 1201. T^oycz
CUNEGONDE , u" I.
III. HENRI III , le Noir, fils de
l'empereur Conrad II, naquit en 1017,
el succéda à son père en loôg, à
HENR
34i
! Vàge de 22 ans. Les premières an-
nées de son règne furent marquées
par des guerres contre la Pologne ,
la Bohème, la LIongrie; mais elles
ne produisirent aucun grand événe-
ment. La confusion régnoit à Rome
comme dans loule fltalie. L'empe-
reur passa les monts pour y porter
la pais. 11 lit déposer, dans un cou- •
elle, Benoit IX, Silvestre lu , Gré-
goire VI , el mettre à leur place
Clément 11. Les Romains jurèrenl à
l'empereur de ne plus élire de pape
sans son cousentement. Henri et son
épouse reçurent ensuite la couronne
impériale du nouveau pontife. Après
quelques expéditions contre les re-
belles d'Italie , de Hollande el de
Frise, ce prince mourut à Bolfeld en
Saxe le h octobre lofiG, et fut en-
terré à Spire. Quelque temps avant
sa mort, il avoil eu une entrevue
avec Henri 1, roi de France , qui , lui
ayant fait des reproclies de ce qu'il
possédoil injustement plusieurs pro-
viiues démembrées de, la couronne
de France , l'empereur lui proposa
de vider ce différent par nu duel ;
mais le monarque français le refusa.
t IV. HENRI IV, le Viel el le
Grand , fils de Henri III , succéda
à la couronne impériale après lui ,
eu io56 , à liige de six ons , sous
la tutelle d'Agnès , sa mère , femme
habile el courageuse , qui gou-
verna l'empire pendant les pre-
mières années. Dès 1 âge de treize
ans , Henri régna par lui-même , et
se montra digne du trône par sa
valeur contre les princes rebelles de
l'Allemagne, et sur-tout contre les
Saxons. Tout étoit alors dans la
plus horrible confusion. Qu'on en
juge par le droit de rançonner les
voyageurs : droit que tous les sei-
gneurs , depuis le Mein el le Weser
jusqu'au pays des Sclavcs , comp-
toient parmi leurs prérogatives féo-
dales. L'empereur , quoique jeune ,
el liv rc ùl Icu» les plaisirs , parcourut
34:
H EN 11
rAilemagne , pour y niellre quelqiis
ordre; mais, tandis qu'il regloltl'Al-
iemagtie , il se formoit uu orage en
Italie. Alexandre 11 étant mort en
1073, les Romains élurenl Hilde-
brand , qui prit le nom de Grégoire
VII : homme de mœurs pures , mais
d'un esprit vaste et zélé jusqu'à l'em-
portouient. Le nouveau pape ne
voulut pas être 1 onsacré que l'em-
pereur n'eût confirmé son élection.
Henri IV lui porta des plaintes con-
tre les Sa/.ons , toujours domptés et
toujours rebelles. Ces barbares , per-
sistant dans leur révolte , avoient
fait menacer l'empereur de donner
son sceptre impérial à un autre , s'il
ne chassoit ses conseillers et ses mai-
tresses , s'il ne résidoit avec sa
femme , el s'il ne quittoit de temps
eu temps la Saxo pour parcourir les
autres provinces de son empire.
Henri IV, pensant que les foudres
du Vatican produiroient un effet
plus prorapt que ses armes, s'adressa
à Grégoire. Les Saxons , de leur
«côté , accusèrent l'empereur de si-
monie et de plusieurs autres crimes ;
Ces accusations n'étoient pas sans
fondement. Les empereurs jouis -
soient depuis long-temps en Alle-
magne du droit d'investiture , fondés
*ur ce qu'ils avoient doté les évcchés
et Ifû abbayes, ou en avoient aug-
menté les revenus par leurs libéra-
lités. Mais Henri IV prétendit distri-
buer ces bénéfices à prix d'argent,
a Les empereurs , dit Voltaire, nom-
moieut aux évêcbés, et Henri IV les
vendoit. Grégoire s'opposa à cet
abus. » (Annales de l'empire, tome
premier, année io"6. ) Pour y re-
médier plus eflîcacpraent , le pape
assembla deux conciles à Rome , €;i
J078 et 1080, où il abolit la formule
d^s investitures, qui paroissoit sup-
poser dans l'empereur une puissance
spirituelle. Henri fait aussilôlassem-
bler une diète à Worms en 1076 ;
fait, déposer le pape , en publiant
contre lui uu libelle rempli de for-
IlENR
faits imaginaires et ridicules ; le fait
saisir par uu brigand , au moment
où il célébroit la messe , et enfermer
dans une tour , d'où le peuple ro-
main le retire. Ce fut alors que les
querelles entre l'empire et le sacer-
doce éclatèrent avec le plus de vio-
lence. Le pape lança contre Henri
l'anathèmedoul il l'avoit déjà me-
nacé , et délia ses sujets du serment
de fidélité. Les princes d'Allemagne,
excités par ses lettres aussi efficaces
que ses bulles, pensoient à déposer
Henri. Ce monarque, pour parer le
coup , passa les Alpes , et alla trou-
ver le souverain pontife à Canose ,
forteresse appartenante à la comtesse
Mathilde. Henri , après une péni-
tence de trois jours dans la cour du
château, et sous les fenêtres du pape,
exposé en plein hiver aux injures de
l'air , pieds nus et couvert d'un ci-
lice , reçut enfin son absolution ,
sous les conditions les plus humi-
liantes. Les Lombards, indignés de
ce qu'il avoil avili la dignité impé-
riale , veulent élire à sa place son
]eune fils Conrad. Henri , ranimé
par la crainte de perdre ses états
d Italie , comme il avoit perdu ceux
d'Allemagne , se prépare à tirer ven-
geance de Grégoire VU. Ce pape le
fait déposer, en 1077, par les princes
ses partisans , dans la diète de Fors-
cheim , et donner son sceptre à Ro-
dolphe, duc de Souabe. L'empereur
déposé battit son compétiteur dans
plusieurs rencontres , et enfin lui
donna la mort à la journée de Volch-
neim. Henri fit déposer en même
temps le pontife son ennemi dans
un synode de Brissen , et mettre à sa
place Guibert , archevêque de Ra-
vcnups , qu'il affermit sur le siège
pontifical par ses armes. Il s'empara
de Rome après un siège de deux
ans, et se lit couronner empereur
par son antipape. Peu de temps
après, Grégoire meurt à Salerne;
mais la guerre ne s'éteiut pas
avec lui. Conrad , fils de Henri ÎV,
.HENR
coureunéroi d'Italie par Urbain II,
se révolta contre son père. Henri ,
luilre fils de l'emperevir, excité par
Pascal II, se fit donner la couronne
impériale l'an 1106. Les seignenrs ,
ennemis de ce père infortuné , se
joignirent au fils rebelle. On ména-
gea une entrevue entre Henri IV et
son fils ; elle devoit se passer à
fdayeuce. L'empereur , après avoir
congédié son armée , se mit en
«heinin pour s'y rendre : mais
le barbare et dénaturé Henri , sou-
tenu par toutes les forces de son
parti , le fit arrêter prisonnier à In-
gelheim , et , après l'avoir dépouillé
avec violence de tous les ornemens
impériaux , l'obligea de renoncer à
l'empire. Le malheureux Henri IV,
réfugié à Cologne , et de là à Liège ,
assembla une armée; mais, après
linéiques succès , ses troupes furent
battues par celles de Henri V. Réduit
aux dernières extrémités, pauvre,
errant, sans secours , il supplia l'é-
vêque de Spire de lui accorder une
prébende de laïque en son église , lui
alléguant, qu'ayant étudié et sachant
chanter , il y feroil l'office de lecteur
ou de sous-chantre : elle lui fut re-
fusée. Enfin, abandonné de tout le
monde , il écrivit à son fils , pour le
conjurer de souffrir que 1 évéque de
Liège lui donnât un asile. « Laissez -
moi , lui disoit-il dans cette lettre,
rester à Liège , sinon en empereur ,
du moins en réfugié ? Qu'il ne soit
pas dit à ma honte , ou plutôt à la
vôtre , que je suis obligé de chercher
de nouveaux asiles dans le temps de
Pâques. » Il mourut dans cette ville
le 7 août H06 , après avoir envoyé
à son fils son épée et son diadème. Il
fut enterré à Liège , déterré par or-
dre du pape , etprivé de la sépulture
pendant cinq années entières, jus-
qu'à ce que Henri V, son fils , le ht
inhumer à Spire dans le tombeau
des empereurs. Ce prince fit quel-
ques lois pour maintenir la paix et la
tranquillité de l'Allemagne , et se
HEi^R 343
tint toujours prêt à la défendre par
son épée. Il se trouva en personne à
soixante-six batailles. Une confiance
aveugle en des mmistres incapables ,
une passion extrême pour les plai-
sirs , la vente qu'il fil des bénéfices à
des sujets indignes de les posséder,
ternirent son règne , et furent en
partie la source de ses malheurs.
Quelques historiens le représentent
comme un prince sage , modéré , af-
fable , libéral , occupé du bien pu-
blic. Selon d'autres , il étoil dur ,
injuste , cruel , habile à déguiser ses
senlimens ?ous le masque de lami-
tié , jusqu'à pleurer ceux qu'il faisoil
secrètement mourir. On peut prendre
un milieu entre ces portraits contra-
dictoires : mais on ne peut nier que
Henri ne poussât la libéralité jus-
qu'à la profusion , et que, pour sub-
venir à ses dissipations , il ne fit un
trafic des biens ecclésiastiques. Ceux
qui louent sa fermeté et l'élévation
de son ame n'auroieut pas dii ou-
blier que , dans la crainte d'être
renverse du trône, il se soumit aux
trailemens les plus humilians. Voy .
Grégoike VIT.
i- V. HENRI V, le Jeune, né en
1081, déposa son père Henri-le-Vieil
en 1106, et lui succéda à l'âge de
55 ans. Son premier soin , dès qu'il
fut couronné , fut de maintenir ce
même droit des investitures , contre
lequel il s'étoit élevé pour détrôner
son père. Il passa en Italie en 1 1 1 o, se
saisit du pape Pascal II, ellecoutrai-
gnità lui accorder le droit dénom-
mer aux bénéfices. A peine ce nou-
vel empereur fut-il hors de l'Italie ,
que le pontife cassa , dans un concile,
la concession qu'il avoit faite , renou-
vela les décrets contre les investi-
tures ecclésiastiques données par des
laïques, et excommunia Henri. Ce
prince alla s'emparer de Rome; et ,
après la mort de Pascal II , opposa
à son successeur l'antipape Gré-
goire VIII. Frappé d'un uouvel anu-
344 HEINR
lîième et craignant le sort de son
père, il assembla une dièle àWovins,
poiîr se réconcilier avec le pajjc.
Lenipereur , da consenlemeut des
états , renonça à la nouiitialiuu
des évècjues et des abbés , el lais-
sant aux chapitres la liberté d s
élections , il piomit de ne plus in'
vestir les eccltisiasliques , de leur
temporel , par la crosse el l'anneau ,
mais de substituer a ces symboles
îe sceptre , lorsqu'il ferotî la céré-
îîioniede l'investiltire. Les terres du
saiul-siégs furent affranchies absolu-
ment de la suzeraineté de 1 erapirt- .
Par ce concordai , il ne resta plus
aux empereurs que le droit de déci-
der en Allemagne , dans If cas d'une
élection douteuse , celui des i)reime-
jres prières , et le droil de raa.n-
morle , quOlhon IV fut obligé d'a-
banùonuer. Apres avoir signé ce
traité , Henri V fut absous de son
excommunicatioii par les légats.
L'empereur ne survécut guères acel
évéueineiU , une maladie coiilagieuse
désoîoil l'Euiope : il en mourut à
Utrecht , le 25 mai 1 1 ^5 , sans pos-
térité , avec la réputation d'un tiis
dénaturé , d'un hypocrite , d'un voi-
sin inquiet , eld'un mauvais maître.
C'est sous ce prince que les seigneurs
tles grands liefs comtneiicerenl a s'af-
fermir dans ie droit de souveraineté.
Cette indépendance qu'ils eherclioient
à s'assurer , et que les empereurs
-vouloienl empêcher , conlribiia pour
3e moins autant que les prétentions
des papes, aux îroubles qui divi-
sèrenl l'eiaphe. Les successeurs de
Henri V réclamèrent contre les re-
nonciations faites par ce prince dans
la dicte de VVornis. Mais Nicolas V
pré vin l les nouvelles disputes que
î^-urs plaintes pouvoientoccasionner,
})ar le concordat gt^rmanupie , qu'il
iilen 1446, avec Frédéric. Ilyavoit
fcous Henri V des bnbilans de trois
différeules classes dans les villes
d'Allemagne : les nobles , j'amiliœ;
les citoyens ou hommes libres^ li-
HEÎNR
heri ; les artisans qniétoienl escla-
ves, ho/ni lies proprii. Henri V al-
Irancbit les artisans esclaves r[ui ha-
1)1 toient dans les villes, et leur donna
le rang de citoyens on d hommes
libres.
t VL HENRI WJcScuhe, fds de
Frédéric Barberousse , successeur de
son père en 1 190 , à l'âge de 25 ans
(ijq/. CÉLESTiN lll), avoil été élu et
couronné roi des Romains dès Tago
de deux ans, en i)6g. Il y avoil
plus d'un siècle que la coutume étoit
établie de conférer le titre de roi des
Romains avant de donner la cou-
ronna impériale. La cause de ladis-
linclion de ces deux litres ponvoit
être ie désir qu'avoi ut les empereurs
de perpétuer l'empire dans leur mai-
son : ei comme sous le fias-Empire
les empereurs faisoient, dans celle
vue, déclarer fur i'ils aîné César,
de même les empereurs d'Occident ,
ne voulant point employer le mot
de César qui étoit dans l'oubli , se
. servirent de c"!ui de roi des Ro-
mains ; imitant peut-être en cela ce
qui étoit en effet arrivé à Cliarle-
inague , qui avoit été couronné roi
d'Italie avant d'être nommé empe-
reur. Ce qui est singulier , c'est qu'a-
près que l'Italie leur eut échappé ,
ifi cons.^rvereut encore le nom de
roi des Romains : loujours dans le
même esprit de rendre l'empire hé-
réditaire, de désigner par u\\ titre,
qu'ils savoient n'avoir plus rien de
réel , leurs enfaus pour remplir leur
place, et de préparer ainsi les peu-
ples à les y voir succéder. Henri VI,
déjà deux fois recounu el couronné
chi vivant de son père , ne renou-
vela point cet appareil , el régna de
plein droil. Après quelques expédi-
tions en Allemagne, ce prince passa
dans la Pouille , pour faire valoir les
droits que Constance , son épouse,
lille poslliiime de Roger , roi de Na-
ples elde Sicile , avoil sur ces royau-
mes , dont Taucrède , bàlard de
HEINR
Roger, s'éloil rendu mailre. Uaeiles
]>lus graiiiies lâchetés qu'un souve-
rain puisse commettre l'acilila celle
conquête à l'eniperetn-. I/intrfipide
roi d'Angleterre, Ricliard -Cujiir-
«ie làou , en revenant de sa croi-
sade , lu naufrage près de la Dal-
inatie. 11 passe sur les terres de
Lt'opoid , duc d'Autriche ; ce duc
viole l'hospitalité , charge de fers
le roi d'Angleterre , le vend à l'em-
pereur Henri VI , qui en lire une
grosse rançon , et avec cet argent
va conquérir les deux Siciles. Il
fait exhumer Je corps du roi ^l'an-
crede , et fait couper par le bour-
reau la tète au cadavre. On crève les
yeux au jeune roi son tils , on le fait
inuiuqvie , on le conii)ie dans une pri-
son à Coire, chez les Grisons. On
enferme ses sœurs en Alsace avec
leur mère : et les partisans de celte
famille infortunée, soit barons , soit
évèques, meurent dans les supplices.
Tous les trésors sont enlevés et trans-
portés en Allemagne. Ces atrocités
le tirent surnommer le Hévhre et le
Cruel. Sa cruauté le perdit : sa pro-
pre femme Constance, dont il avoit
exterminé la fannlle , conspira con-
tre ce tyran , et enlin , dit-on, le lit
empoisonner le 28 septembre 1197 ,
à l'âge de 52 ans. Henri VI a été mis,
avec raison, au nombre des plus mé-
chans princes. La nature lui avoit
accordé des qualités extérieures. Il
aimoit excessivement la chasse et la
promenade; ce qui lui faisoit préfé-
rer le séjour rie la campagne à celui
de la ville, où il ne venoit le plus
souvent que pour faire éclater une
fastueuse magnificence dans les jeux
publics, el pour s'y donner lui-même
en spectacle. Son esprit éloit vif,
pénétrant, cultivé par l'étude, el
soutenu par ime éloquence natu-
relle, par un jugement solide, et
une grande hardiesse. Tous ces avan-
tages furent souillés par une avarice
sordide, par ses iii]uslices et ses vio-
lences, par son humeur féroce el sau-
HEINR
345
gninaire , par son insatiable désir de
vengeance.
VU. HENRI-RASPON , landgrave
de Thurmge, élevéà lad-gnitédem-
pereiir, n'en eut à proprement par-
ler que b; titre, et même fort peu
de temps. Le pape Innocent IVayant
déposé Frédéric II dans le concile
général de Lyon, qui ne l'approuva
pas , les archevêques de Mayence ,
de Cologne et de Trêves, avec quel-
ques prmces d'Allemagne , élmenl.
à sa place , l'an 1 2.(6 , le landgrave
de Thuringe ; mais ce nouvel empe-
reur , appelé par dérision le Roi
des Prêtres, mourut l'année sui-
vante, d'une blessure, ou plutôt du
chagrin d'avoir perdu une balaille
contre les troupes de Frédéric.
t VllI. HENRI Vil, tils aine de
HL'iiri , comte de Luxembourg , élu
empereur en i.io8, el couronné en
1 509, à 46 ans, est le prenrier prince
qui ait été nonniié par six élec-
teurs seulement, tous six grands of-
ficiers de la couronne; les archevê-
ques de Mayence, de Trêves et de
Cologne , chanceliers ; le comte pa-
latin (le la maison de Bavière d'au-
jourd'hui, grand-maitre ; le duc de
Saxe, de la maison d'As(anie,grand-
écuyer; le marquis de Brand;-bourg,
de la même maison , grand-cham-
bellan. Ce fut le comte palat n qui
nomma, en vertu du pouvoir qui lui
avoit élé accordé par les autres élec-
teurs , « Henri , comte du Luxem-
bourg , roi des Romains, futur em-
pereur , protecteur de l'Eglise, ro-
maine et universelle, ■r^t défenseur des
veuves e! desorpbelins.. .«Henri Vil
passe en Italie , a-près avoir créé vi-
caire en Allemagu': .'^ou tils Jean,
roi de Bohême. L'Italie éloit alors
déchirée par les factions des guelfes
et des gibelins. Il lui fallut assiéger
une partie des villes , el Uome même.
Elle éloit pareillement divisée en
deux partis : ies Orsiui , soutenus
par le roi de Naples , Icuoisnt près-
346
HEÎNR
que toute la ville ; les Colomies qui
éloient gibelins , n'avoient pu con-
server que le Capilole. Henri VU y
tut couronné clans l'église de Latran
en loi 2, après avoir fait de vains
efforts pour se rendre maître de la
ville entière. 11 se préparoil à sou-
mettre l'Italie, lorsqu'il mourut à
Buonconvento près de Sienne , le
25 août i3i3, à 5i ans. Le bruit
courut qu'un dominicain , nommé
Bernard de Montepulsiaiio , lui
avoit donné la mort , en le com-
muniant avec du vin empoisonné ,
le jour de l'Assomption. Quelques
auteurs même l'ont écrit ; mais
c'est ime fausseté. Son tils Jean , roi
de Bohême , donna des lettres pa-
tentes à l'ordre de Saint-Dominique ,
par lesquelles il déclara le frère Ber-
nard innocent du crime dont on
l'accusoit. Henri emporta dans le
tombeau les regrets de toute l'AUe-
Hiagne, et même dune partie de
l'Italie. Ilavoitsu allier la prudence
des plus habiles politiques , l'auto-
rité d'un mailre, et la valeur d'un
conquérant. Ses sujets l'aimoient
comme un père , et le respectoieut
comme le soutien des lois et de la
justice. Son règne , quoique très-
court , fut plus glorieux que celui
des trois empereurs qui l'avoient
précédé. Jean de Luxembourg, roi
de Bohème , fut le seul iils de Henri.
Il eut aussi trois tilles, Béairix ,
Marie et Agnès. Béatrix fut mariée à
Charobert , roi de Hongrie ; Marie
épousa Charles IV, roi de France ;
et Agnès fut la seconde femme de
Rodolphe , comte palatin. On ne
peut pas reprocher à Henri de ne
s'être occupé qu'à agrandir sa mai-
son. Il la laissa aussi pauvre qu'elle
étoit avant son élévation an trône
impérial , si l'on excepte la Bohême,
qui y entra, par l'élection libre des
peuples de ce royaimie. Dans les
dernières années de son règne , les
chevaliers teutoniques s'agrandis-
soient,elfaisoieiit des conquêtes sur
HEP^R
les idolâtres et les chrétiens des
bords de la mer Baltique; ils se
rendirent même maîtres de Danl-
zick , qu'ils cédèrent après. Ils ache-
tèrent la contrée de la Prusse nom-
mée Pomérelie , d'un margrave de
Brandebourg , qui la possédoit. Pen-
dant que les chevaliers teutoniques
devenoicnt des conquérans , les tem-
pliers furent détruits en Allemagne
comme ailleurs ; et quoiqu'ils se sou-
tinssent encore quelques années vers
le Rhin , leur ordre fut entièrement
aboli. Clément V, qui n'avoit osé
s'élever contre Henri vivant, con-
damna sa mémoire après sa mort. II
déclara que le serment que cet empe-
reur avoit fait à son couronnement
dans Rome étoit un serment de fidé-
lité, et par conséquent d'un vassal
qui rend hommage Mussali, mi-
nistre de cet empereur , a donné son
Histoire en latin.
IX. HENRI. Voyez Frédéric-
Henri-Louis , n° XXVI.
t X.HENRI I", roi de France
en loôi , fils aîné du roi Robert
et de Constance de Provence, monté
sur le trône malgré sa mère, eut
une guerre civile à essuyer. Cons-
tance , appuyée par Eudes , comte
de Champagne , et par Baudouin ,
comte de Flandre , excita une ré-
volte pour faire donner la cou-
ronne à Robert son second fils. Pio-
bert -le -Magnifique , duc de Nor-
mandie , lui aida à soumettre les
rebelles. Les troupes de la reine fu-
rent battues, et le frère de Henri
obligé de lui demander la paix. 11
la lui accorda, et fil en sa faveur
une cession du duché de Bourgogne,
d'où est sortie la première race des
ducs de Bourgogne , du sang royal.
Le duc Robert étant mort , et la
possession du duché de Normandie
étant disputée à Guillaume, son fils
naturel, Henri se joignit à lui pour
l'aider à conquérir son héritage. Tous
1 deux réunis Uvrèreul bataille aux
HEr^R
rebelles , dans le lieu appelé le Val
des Dunes , près de Caeu. Hetiii
y fui ahallu d'un coup de lauce par
un genliihomme du Colentui ; mais
il se releva sans blessure. Guil-
laume, depuis surnonuné le Con-
quérant, vainqueur de ses ennemis
dans celle journée, jouit paisible-
ment de son duché. Un nouveau
prétendant , cousin de son père ,
s étant présenté , Henri le soutint
conlre le même Guillaume , dont
il commençoil à êlre jaloux. 11 tenla
la conquête de Normandie , mais
sans succès , et mourut à Vitry en
Brie le 4 août 1060 , à 55 ans. On
a dit de lui : Betli Pacisque pe-
lilns. En effet, Henri , malgré quel-
ques échecs , obtint la réputation de
grand capitaine , ainsi que celle de
monarque équitable. {P^oj. Beren-
GER , u" III. ) Après la mort de sa
prennère femme , il en envoya cher-
cher une seconde jusqu'à Moscow ,
Anne , tille de Jaroslaw , duc de
Russie. On prétend que la crainle
clf'ssuyer des querelles ecclésiasti-
ques le détermina à ce mariage :
ou ne pouvoit alors épouser sa pa-
rente au 7*^ degré. La veuve de
Henri se reraaiia aucomlede Crépy ;
et , après la mort de son second
époux, elle retourna dans son pays.
LUe avoit eu du roi , Philippe el
Hugues. Henri , qui sans doute la
connoissoit bien , ne l'avoit pas
nommée tutrice de ses fils en bas
âge ; ce fut son beau-frère , le comte
de Flandre, qui eut la tutelle. Henri
n'avoil point eu d'enfans de sa pre-
mière femme , nommée Mathilde,
fille de l'empereur Conrad 11. Phi-
lippe, qu'il avoit fait proclamer roi
avant sa mort , occupa le trône après
lui. J^ojez HiiNRi m , empereur,
à la fin.
t XI. HENRI II , roi de France ,
né à Saint-Germain-en-Laye le 5i
mars i5i8 , de François I'"^ et de
lii reine Claude , succétla à b«n
HE]NR
347
père en lu/j?. La France éloii alors
en guerre avec l'Angleterre ; H^nri
Il , qui s'étoit signalé sous son père
en Piémont et en Roussillon . con-
tinua cette guerre avec succès, et
la finit en i55o , par une paix assez
avantageuse. Les Anglais lui ren-
dirent Ëoulogne, moyennant quatre
cent mille écus , payables en deux
termes. L'année suivante est célèbre
par la ligue , pour la défense de la
liberté germanique , entre Henri 11,
Maurice , électeur de Saxe , et Al-
bert , marquis de Brandebourg ,
tous trois réunis contre l'empereur
Charles-Quint. Il marcha conlre les
troupes impériales, prit, en i552,
Metz , Toul et Verdun , qui sont tou-
jours restés à la France , pour pri^
delà liberté qu'elle avoit assurée a
l'Allemagne. Charles- Quint ayant
donné aux luthériens entière sûreté
pour leur religion, et conclu la paix
avec les princes allemands ligues
contre lui , Henri il resta seul de
la ligue contre l'empereur. Pour sub-
\enir air; fiais d'une guerre si rui-
neuse , il aliéna une partie de son
domaine, mit un impôt de 35 livres
sur chaque clocher , et un autre sur
l'aigeiiterie des églises. Charles-
Quint parut devant ]\Ielz avec
une armée de cent mille hommes.
Le duc de Guise , secondé par toute
la haute noblesse de France, défen-
dit SI vaillamment cette ville , que
l'empereur, obligé de se retirer, dé-
truisit par dépit l'érouaue de fond
en comble. Le monarque français s.-
venge de celte barbarie, en rava-
geant le Brabant , le Hainaut , le
Cambrésis. Il défait les Impériaux
en 1554 à la bataille de Renli, dont
cependant il est obligé de lever le
siège. Henri chercha dans celte jour-
née l'occasion de combattre Charles-
Quint corps à corps ; mais Charles
l'évita. Les Français furent moins
heureux à la bataille de Marciano en
Toscane , perdue la même année
I parSlro2zi^ commandant des trou-
348 HEISR
pes de Fiance , et gagnée par le
marquis de Marignan. L'épuisument
cies piiissauf es belligéraules ralentit
la guerre , et fit conclure une trêve
de cinq ans à Vaucelles !e 5 février
1 ."):'/ 6. Cet événenieat fut suivi de
l'abdication de l'empire par Cliarles-
Quiut , et d'une nouvelle guerre.
Philippe 11 , uni avec l'Augleteire ,
marcha en Picardie avec i\o raille
hommes, ayant à leur lèie ÎMUiiia-
nuel-Philibert, duc de Savoie, l'un
des plus grands capitaines de son
siècle. L'armée française fut telle-
ment défaite à la journée de Saiul-
Qiienlin, le loaoût i557 , qu'il ne
resta rien de Tinfanlerie. Touî fut
ou tué ou pris : les vainqueurs ne
))erdirenl que 8o liommes ; le con-
iiélable de Montmorency et presque
tous les officiers généraux furent
pris ; le duc d'Enguieu blessé à mort ;
la Heur de la noblesse détruite ; la
France dans le deuil et l'alarme. Le
duc de Guise , rappelé d'Italie , ras-
semble nue armée , et rassure le
royaume par la prise de Calais , qu'il
enlève aux Anglais le 8 janvier
1 558 ; ils la possédoient depuis i 5. t7,
qu'Ldouard lll la voit prise sur Phi-
lippe de Valois. Le duc de Cuise
prit encore Guines et Thionville.
î.e duc de Ne vers preuoit en même
temps Charlemonl , le maréchal
de 'l'hennes , Dunkerqne et Sauit-
Venox ; et le maréchal de Brissac ,
ne pouvant vaincre en Piémont a
cause du petit nombre de ses trou-
pes , tàchoil de s'y soutenir sans être
vaincu. Ces succès faisoienl espérer
ime paix avantageuse : fîenri , mal
cnnseillé , en conclut wne, le 3 avril
i559,qui fut nommée depuis la
Malheureuse paix. 11 perdit par ce
traité ce que les armes espagnoles
n'auroientpu lui enlever, dit le pré-
f nient Hénault , après 3o années de
.succès. Calais resta à la France ;
jnais ce ne devoil être que pour huit
:ins : après ce temps , cette ville de-
Toil relOBiuer aux Anelait. On re-
HEINR
mil au duc de Savoie une partie de
ses états. Tout fut rendu de part et
d'autre, soiten Italie ,soil en France,
excepté les trois importantes villes
de Metz , Toul et Verdun qui nous
restèrent, mais que 1 Empire avoit
la liberté de redemander. Par la
même paix lurent conclus les ma-
riages d'Elizaheth, hlle du roi , avec
Philippe 11 , et de sa sœur Margue-
rite avec le duc de Savoie. Les fêtes
que donna Henri à l'occasion de ce
second mariage furent fatales à la
P'rancc. Ce prince, dans un tour-
noi cpi'il avoil ordonné, fut blessé
en joutant dans la rue Saint- An-
toine contre Gabriel , couile de
Moiilgommeri. capitaine de la garde
écossaise. Ce champion, ayant rom-
pu sa lance, oublia de jeter, suivant
la coutume, le tronçon qui lui étoit
demeuré dans la main, elle tint
toujours baissé ; de sorte qu'en cou-
rant il rencontra la tète du roi ,
et lui donna dans la visière un si fu-
rieux coup, qu'il lui creva l'œil droit.
On dit que , tournant vers la Bas-
tille l'ceil qui lui restoit , il se rap-
pela quelques actes de tyrannie ,
et parut craindre d'y avoir fait en-
fermer dts innocens; mais le car-
dinal de Lorraine, qui se trouvoit
près de lui , le rassura , et lui dit
qu'une telle pensée venoit de l'esprit
malin. Le monarque mournl de sa
blessure le lO juillet iSfig. I-es pré-
dictions qîi'on débita après coup sur
celte malheureuse aventure ont fait
impression sur des écrivains d'ail-
leurs sensés: ce qui prouve , dit le
P. Berthier , que la crédulité on
la supposition surprennent quelque-
fois les meilleurs esprits. Le fu-
neste genre de sa mort ht dire à
Forcadel , anteur d'une des ses épi-
tap]\es , « que celui que Mars même
n'eût pas vaincu , le fut par l'unage
de Mars. »
Quein Marx np?t rcipr/ie, Mai-tis imago rapit.
( Fojcz CiiATEioNEHAVE ). Henri
HENR
auroit été saus défauts , si sa con-
duite eût répondu à sa bonne mine ;
ir.îiis sa viclie taille , son visage doux
et serein , son espiii agréable , son
.•dresse dans toutes sortes d'exer-
cices , son agilité et sa force corpo-
relle ne furent pas accompagnés de
la fermeté d'esprit, de l'application ,
de la prudence et du discernement
nécessaires pour bien commander.
Il éloil nalurellemenl bon , et avoit
les inclinations \iortees à la justice;
mais n'osant on ne pouvant rien
faire de lui-même, il fui cause de
tout le mal que commirent ceux
qui le gouvernoient. ( Voy . CossÉ,
n° I. ) Ils lui firent faire des dé-
penses si excessives , qu'il surchar-
gea le royaume d'impôts. Charles
IX, à son avènement à la cou-
ronne , trouva l'état endetté d'en-
viron quarante- trois millions cinq
cent mille livres. 11 est vrai qu'on
avoit augmenté un peu les dettes de
l'état , sous le régne court , mais
orageux de François 11. Henri 11
avoit une merveilleuse lacilitéà s'ex-
primer en public et en j)arliciilier.
On auroit jin aussi le louer sur son
amour pour les belles - lettres , et
sur ses libéralités envers les savans ,
si la corruption de sa cour, autorisée
par son exemple , n'eut invité les
plus beaux esprits de son temps à
se signaler plutôt par des poésies
lascives que par des ouvrages de
bonne littérature. La galanterie éloit
l'emploi le plus ordinaire des cour-
tisans; et la passion du prince pour
Diane de Poitiers , duchesse de Va-
lentiuois , étoit le premier mobile de
tout ce qui se i:assoil dans le gou-
vernement. Les minislres et les fa-
voris plioienl également sous elle ;
et le connétable Anne de IMont-
moreucy lui-même , tout aimé du
prince, tout grave qu'il étoit, ne
pouvoit se dispenser d'avoir recours
à sa faveur. Ce prince, selon Bodin ,
fil de la polygamie un cas pen-
dable, et commença à la soumettre
IIEÎSR
349
an dernier supplice. Il fit des or-
donnances très - sévères contre les
calvinistes , quoique le fond de son
caractère fiit la boulé. Des quatre
fils qu'il avoit eus de Catherine de
Médicis, François , Charles et Henri
lui succédèrent l'un après l'autre. Le
dernier , François, duc d'AIençon ,
fut dans la suite créé duc de Bra-
bant. Henri 11 eut aussi une lille ,
Marguciite , qui épousa Henri IV ,
et à^iw enfaiis naturels : le duc
(l'Angnulètne , tué à Aix par Al-
loviti en i5ii6 ; et Diane, qui épousa
en secoiides noces François , duc de
IMoiilmoreiicy, et qui mourut sans
postérité eu i6i<) , à 8o ans. 11 eut
le premier de mademoiselle Levis-
toii , Ecossaise, et la seconde de ma-
demoiselle Philippe Duc , Piémon-
laise. ( T-'oyez Diane , n° III. ) [Ma-
demoiselle de Lussan a donné les
Annales de Henri II, 1749 > ^ '^'°''
in-12; et l'abbe Lambert , son His-
toire, 1755, 2 vol. in-12; mal
digérée et mal écrite.
ï XII. HENRI III , roi de Polo-
gne, puis de France , troisième fils
de Henri 11 et de Catherine de îMé-
dicis , naquit à Foulainebleau le 19
septembre ibbi. Quelques historiens
le font naître le jour de la Pentecôte;
ils ajoutent que ce fut aussi le jour
de cette fêle qu'il fut élu roi de Po-
logne , et qu'il succéda à ia couronne
de France. Il eut pour gouverneur
François de Carnavalet , qui cultiva
avec soin les germes de générosité,
de valeur et d'esprit qu'il moniroit
alors, ('atherine de Médicis favorisa
d'autant plus celte éducation , qu'elle *
le voyoit éloigné de la couronne ,
et qu elle prévit que , si Charles IX
étoit contraire à ses desseins , elle
pourroitlui opposer sou frère. Henri
porta le nom de duc d'Anjou qu'il
quitta pour prendre celui de roi de
Pologne , lorsque cette couronne lui
eut été décernée après la mort de
Sigisniond-Auguste, enji 575. La ré'
35o HEINR
putalion qu'il s'etoit acqnise dès l'âge
de 18 ans par les victoires de Janiac
et de Moucontour , remportées en
1569 {vovez Charles IX), réputa-
tion qu'il perdit eu nionlanl sur le
trône , avoit déterminé les Polonais
à l'élire. Il fut couronné à Craco-
vie,an milieu des transports de l'al-
légresse publique. Uu gentilhomme
polonais se piqua la main en sa pré-
sence , et lui dit : « Malheur à qui-
conque de nous n'est pas prêt à
verser tout son sang pour votre ser-
vice ! » Aussi, ajonla-t-il -: a Je ne
veux rien perdre du mien » ; et il
liut le sang qui étoit sur sa main.
' F'ojez CuASOCKi c/Faur, n° I. )
Henri avoit pris possession du trône
de Pologne depuis trois mois lors-
qu'il apprit la mort funeste de Cliar-
îeslX, son frère ; il abandonna ce
trône pour venir régner en France.
Un seigneur polonais, le comte de
Ténezin , qui n'approuvoil pas qu'il
quittât un pays tranquille pour un
royaume orageux, lui dit les lar-
mes aux yeux : « h.\\ ! sire , si c'est
vraiment régner que de posséder le
cœur de tous ses sujets ; où réguerez-
vous jamais plus absolument qu'en
Pologne? N'espérez point trouver en
France, dans la situation où sont
les choses , ce que vous abandonnez
parmi nous. » Celte prophétie ne
larda pas long-temps à s'accomplir.
Sacré et couronné à Reims par
Louis , cardinal de Guise , le 1 5
février 1570 , Henri soutint d'abord
la réputation de valeur qu'il séloit
faite. Il gagna , la même année , la
bataille de Dormans,el décida la
♦guerre contre les huguenots, dans
l'assemblée des états tenue à Blois
en 1676 ; mais ce parti étant trop
\)uissant , on lui accorda la paix à
Nérac. Cette paix , la plus favorable
qu'eussent obtenue les calvinistes ,
fut suivie, l'an ifiSo^ d'un édil de
pacification , par lequel on leur per-
mit l'exercice public de leur religion.
On lei;r accorda des chambres mi-
HEÎ^R
parties dans les huit parlemens du
royaume. On défeudi'.. d'inquiéter
les prêtres ou les moines qui s'é-
toient mariés , et on déclara leurs
enfans légitimes. Le royaume fui
un peu plus tranquille ; mais la li-
cence , le luxe , la dissolution s'y in-
troduisirent avec la paix. Henri III,
au lieu de s'appliquer aux affaires,
se livroit, avec ses favoris, à des
débauches obscures. Quélus , Mau-
giron, Saint-Maigrin parurent les
premiers sur les rangs ; Saint-Luc
vint ensuite , Joyeuse-le- Jeune , La
Valette , connu sous le nom de duc
d'Epernon, el quelques autres, qui ,
profilant de sa ioiblesse, achevèrent
d'énerver le peu de vigueur que son
aine pouvoit avoir. ( Koyei les me-
nées de ces différens favoris , sous
les articles Joyeuse , n°* II , 111 et
IV; d'O , E,spiNAY , QuÉlus, et
Valette , u". II. ) Henri lit , loin
de maîtriser ses favoris , souffroit
qu'ils maîtrisassent ses ministres. Il
mêloit avec eux les pratiques exté-
rieures de la religion à des plaisirs
infâmes. Il faisoit avec eux des re-
traites , des pèlerinages ; il se dou-
noil la discipline. Il institua , eu
i583, des confréries de Pénitens ,
et se donnoit en spectacle sous leur
habit: on ne lappeloit que Frère
Henri. Ou fil contre lui celte épi-
gramme :
Après avoir pillè la France,
Et tout le peuple dépouillé,
N'esl-ce pus belle pénitence.
De se couvrir H'uii sac mouillé?
Les momeries du prince, loin de
masquer ses vices, ne faisoient que
leur donner plus d'éclat. Il vi\oit
dans la mollesse et dans l'afféterie
d'une femme coquette ; il couchoil
avec des gants d'une peau particu-
lièrepour conserver ses belles mains ;
il mettoit sur son visage une pâte
préparée , el une espèce de masque
par-dessus. C'est sous son règne qu'on
vit paroitre les premiers éventails.
HEINR
Il dépensa plus de cent mille e'ciis
d'or en singes et en perroquets , et
une plus grande somme encore en
achat de bichons ou petits chiens
fipagneuls; il en porîoit lui-même
plusieurs dans un panier rond sus-
pendu en ëcharpe , et il donnoit de
gros appomtemens à ceux qui en
[•rendent soin. Il s'amusoil beaucoup
aussi à découper des miniatures qui
f.e trou voient alors dans les livres
de prières, et qu'il colloil ensuite
aux murailles de ses cabinets. Sous
ce monarque frivole , le feu de la
guerre civile cou voit toujours en
l'rance. L'édit de pacification avoit
révolté les catholiques. On craignoil
<>ue le calvinisme ne devînt la re-
ligion dominante ; on craignit da-
vantage , après la mort de François,
flucd'Alençon, frère unique du roi ,
arrivée à Chàteau-Thierri le jo juin
1 ô84 : par cette mort , le roi de Na-
varre , chef des huguenots , deve-
noit l'héritier présomptif de la cou-
ronne. Les catholiques ne vouloient
point qu'il régnât. Il se forma trois
])arlis dans l'état , que l'on a])pela
la Guerre des /rois He/tr/s ; cthù
des Ligueurs , conduit par Henri ,
duc de Guise ; celui des Huguenots ,
dont Henri, roi de Navarre, qui
régna depuis sous le nom de Henri
IV , étoil le chef; et celui du roi
Henri III, qu'on appela le parti des
Politiques, ow des Royalistes. C'est
ainsi que le roi devint chef de parti ,
de père commun qu'il devoil être.
Henri, duc de Guise , conçut des
jors le projet de s'unir aux catholi-
ques pour enlever la couronne à son
souverain. Le zèle apparent de cet
ambitieux étranger pour la religion
catholique lui gagna le clergé ; ses
libéralités, le peuple, et ses caresses,
le parlement. Le nom de Saintc-
L'gue , association qu'il avoit for-
mée contre les prolestans pour la
sûreté du catholicisme , fut le signal
de la révolte. Les rebelles étoient
appuyés par le pape et par le roi
HEINR
35r
d'Espagne. Le roi le savoit. Inti-
midé par les secours qu'ils promel-
toient, effrayé par les prompts suc-
cès du duc de Guise , qui venoit
de prendre Toul et Verdun , il dé-
voila ses craintes et sou décourage-
ment drais une Apologie où il se
reconnoitsoit coupable , et où il con-
juroil les factieux de mettre bas ks
armes, li se mit lui-même à la lète
de la Sainte-Ligne , dans l'espérance
de s'en rendre niailre. II sunil avec
Guise, son sujet rebelle , contre le
roi de Navarre, son successeur et
son beau-frère, que la nature et la
politique lui désignoient pour sou
allié. Tous les privilèges des pro-
testants furent révoqués par ua
édit donné en i-^iSS. On accorda en
même temps aux ligueurs tout ce
que les rebelles peuvent désirer
pour l'anéautissement de la puis-
sance royale. Le cardinal de Bour-
bon , les princes de la maison da
Guise obtinrent des gardes, des
villes, de l'argent, et une appro-
bation de toutes leurs séditieuses
entreprises. Cette condescendance
alHigea tellement le roi de Navarre,
que , lorsqu'on lui en apprit la nou-
velle , un côté de sa moustache ,
dit Rlatlhieu , blanchit tout à coup.
L'année suivante, i586, se forma
la faction des Seize, qui entreprit
d'ôler au roi la couronne. Les pro-
lestans reprennent les armes en
Guienne et en Languedoc , sous la
conduite du roi de Navarre et du
prince de Coudé. Sixte-Quint signa-
loit en même temps sonexaltation au
souverain pontilicat par une bulle
terrible contre ces deux princes , et
\iav la conhrmalion de la Ligue.
Henri 111 euvoyoit contre eux Joyeu-
se , son favori , avec la fleur de la
noblesse française , et une puissante
armée. Henri de Navarre , layant
défaite entièrement à Coutras le
lo octobre 1687 , ne se servit de sa
victoire que pour offrir une paix
sûre au rovaume et sou secour* au
352
HEînR
roi ; mais il fut refusé, tout vain-
cjueur qu'il étoit. Le duc de Guise
éloil plus à craindre et plus puissant
que jamais : il venoit de battre , à
Vimori et à Auneau , les Allemands
et les Suisseg qui alloient renforcer
l'armée du Navarrais. De retour à
Paris , il y fut reçu comme le sau-
veur de la nation. Henri III , sol-
licité de toutes parts , sortit, mais
trop tard de sa profonde lélhargie.
Il avoil dit d'abord que les entre-
prises contre son autorité éloienl
« des châteaux de caries , élevés ,
avec bien de la peine , par des en-
fans ; et qu'il ne falloit qu'un souille
pour renverser l'édifice. » iMais ces
châteaux de cartes avoient plus de
consistance qu'il ne pensoit. 11 es-
saya d'abattre la Ligue ; il voulut
s'assurer de quelques bourgeois les
plus séditieux ; il osa défendre à
Guise l'entrée de Paris ; mais il
éprouva, à ses dépens, ce que c'est
que de commander sans pouvoir.
Guise, au mépris de ses ordres , vinl
à Paris. En vain Henri y ht entrer,
le 1 2 mai 1 588 , des troupes pour se
saisir des carrefours, le peuple prit
aussitôt l'alarme, se barricada, et
chassa ces troupes. C'est ce qu'on
appela la journée des Barricades.
Elle rendit le duc de Guise maître
de la capitale. Le roi fut obligé de se
retirer à Chartres et de là à Rouen ,
où Catherine de Médiris, sa mère,
lui fil signer l'édil de réunion fait à
la houle de la royauté. Rarement,
dit un historien célèbre , les hommes
sont assez bons ou assez méchans.
Si Guise avoit entrepris, le jour des
Barricades, sur la liberté ou sur la
vie du roi , il auroil été le maître de
la France; mais il le laissa échapper.
Henri III se rendit à lîlois , où il
convoqua les états généraux du
royaume en i5S8. Guise, après
avoir chassé son souverain de la
capitale, osa venir le braver à Blois,
eu présence d'un corps qui repré-
•«euloil la nation. Henri et Un se
H EN 11
réconcilièrent solennellement ; ils
allèrent au même autel, ils y com-
munièrent ensemble : l'un promit
par serment u'oublier toutes tes in-
jures passées; l'autre, d'être obéis-
sant et hdèle à l'avenir: mais dans
le même temps le roi projetoit de
faire mourir Guise , et Guise de d('-
trôner le roi. Henri le prévint :
sur la hn de la même année i588 ,
il fit assassiner le duc de Guise , et
!e cardinal son frère , qui partageoit
ses projets ambitieux. ( /^. Guise, n"
m e/ VI. ) Le sang de ces deux chefs
fortilia la Ligue , comme la mort de
Coligni avoil fortifié les prolestaus.
Le fameux duc de Mayenne , cadel
du duc assassiné, aussi ambitieux
que lui et non moins remuant , fut
déclaré, eu i.'iSg , lieutenant-général
de lelat royal et couronne de
France, par le conseil de l'Union.
Les villes les plus importantes du
royaume , Paris , Rouen , Dijon ,
Lyon, Toulouse ( T'. Dirantï jn**
111) , soulevées comme de concert ,
se donnent à lui , et se révoltent ou-
vertement contre le roi. On ne le
regardoit plus que comme un assas-
sin et un parjure. Soixante -dix
docteurs assemblés en Sorbonue le
déclarent déchu du trône , et ses
sujets déliés du serment de tidéliti.'.
Les prêtres refusent l'absolution aux
péniteas qui le reconnoissoient pour
roi. Le pape l'excommunie; la bulle
dans laquelle Sixte -Quint lançait
ses anathèmes mil le comble à
tous les maux. Henri III le sentit
très-bien, a 11 y en a , disoit-il ,
qui se jouent des foudres du Vatican;
mais pour moi je les ai toujours
craints, et je les redoute eîicore plus
que tous les canons de la Ligue >>
La faction Aei Seize , toujours plus
audacieuse , emprisonne à la Bas-
tille les membres du parlement af-
fectionnés à la monarchie. La veuve
du duc de Guise vient demander
justice du meurtre de son époux
tt de sou beau-frère. Le parlement ,
HEINR
à la requcle du procureur-général,
nomme deux conseillers , Courtin
elMichon, qui instruisent le pro-
cès criminel contre Henri de Valois,
ci-devant roi de France et de Po-
logne. Ce roi s'éloit conduit avec
tant d'aveuglement , qu'il n'avoit
point encore d'armée; il envoyoit
Sancy chercher des soldats chez les
Suisses , et il avoit la l)assesse d'é-
crire au duc de Mayenne , déjà chef
de la Ligue , pour le prier d'oublier
l'jissassiual de son frère. 11 envoyoit
eu même temps à Rome deman-
der l'absolution des censures qu'il
cioyoit avoir encourues par la mort
du cardinal de Guise. Ne pouvant
calmer m le fougueux pontife ro-
main , ni les factieux de Paris, il a
recours à Henri de Navarre , son
vainqueur. Ce prince mena son ar-
mée à Henri 111, et avant que see
troupes fussent arrivées, il eut la
générosité de le venir trouver ac-
compagné d'un seul page. L'armée
protestante le dégagea des mains du
duc de Mayenne qui le lenoit as-
siégé dans Jours. Henri 111 donna
dans celte ville des exemples de
cette bravoure qui l'avoil autrefois
distingué. Mayenne avoit dressé
une attaque contre les faubourgs de
Tours. Henri s'avança jusqu'aux
gabions, qui forraoïent une partie
de la barricade , et ayant poussé
du pied et renversé un de ces ga-
bions , il se mit devant, donnant
ses ordres avec le plus grand sang-
froid au milieu d'une grêle de coups.
Le roi de Navarre , ravi d'un tel
spectacle, lui dit : «Je ne m'étonne
plus , après ce que je viens de voir ,
si nos gens perdirent les batailles
de Jarnuc el de Moucontour. —
Mon frère , répondit Henri , il faut
faire par-tout ce qu'on est obligé
de faire. Les rois ne sont pas plus
exposés que les autres , et les balles
ne viennent pas plutôt les chercher
qu'un simple soldat. « Les deux rois,
ayant repoussé le duc de Mayenne,
T. VIII.
HEINR 353
vinrent mettre le siège à Paris. La
\ille n'étoit point en état de se dé-
fendre; la Ligue touchoii à sa ruine,
lorsqu'un dominicain, nommé Jac-
ques Clément , changea toute la face
des affaires. Ce moine fanal;que ,
encouragé par son prieur Bour-
going , par l'esprit de la Ligue , pré-
paré à son parricide par des jeûnes
et des prières , muni des sacremens ,
et croyant courir au martyre, alla
à Saiiil-Cloud où étoit le quartier
du roi. Ayant été conduit devant
Henri, sous prétexte de lui révéler
un secret important , il lui remit
une lettre qu'il disoit être écrite
par Achille de Harlay , premier
président. Tandis que le roi lit, le
malheureux le frappe dans le bas-
ventre , et laisse, son couteau dans
la plaie. Henri le retire lui-même ,
et en donne un coup au front du
meurtrier , en s'écriant : « Ah !
misérable, que l'ai - je fait pour
m'assassiner a.nsi?» Les courtisan»
( Foyez LoGNAC et Guesle , n° II)
tuèrent sur-le-champ l'assassin;
et cette précipitation les fil soup-
çonner d'avoir été trop instruits
de sou dessein. Ou prétend que
madame de Montpensier, sœur du
duc de Guise , eut beaucoup de
part à ce forfait, et qu'elle avoit
persuadé au monstre imbécille que
le pape le feroit cardinal pour ré-
compense de son parricide, ou que,
s'il përissoit , il auroil une place
honorable dans le martyrologe.
Henri lll mourut le lendemain 2
aoûtiôbg.ll ht dire, le jour même
de sa mort , la messe dans sa cham-
bre ; et, pendant qu'on la célébroit,
il dit à haute voix, et les larmes
aux yeux ■ Seigneur , mon Dieu y
si tu cannois que ma pie soit utile
à mon peuple, conserve-moi et
prolonge mes jours ; sinon , mon
Dieu , prends mon corps et mon
ame , el la mets en ton paradis.
Que ta volonté soit faite. ( Voyez
ce qui arriva le mèras jour, article
a3
354
HENR
MAROLLr.s , n" I. ) C'est par le
ineiirlre de Henri lll que péril la
brandie de Valois , qui avoil régné
2.6 1 ans, puudant lesquels elle douua
treize rois à la France. 11 ne resta
de mâle que Cliailes, duc d'Angou-
lêine, tUs nalurel de Charles IX.
C'est sous les rois de celle race que
la France acquit le Uauphiné , la
Bourgogne, laPiovence et la Bre-
tagne , et qtte les Anglais furent en-
tièrement chassés de la France ;
c'est sous eux aussi que les pei!i)ies
ont commencé à être chargés d'im-
pôts , que les domaines de la cou-
ronne ont été aliénés, les xoluriers
mis en possession des fiels , l'élec-
tion canonique des hénéfices sup-
primée , la vénalité des charges in-
troduite , les oSliciers de justice et
de finance multipliés , l'ancienne
milice du royaume changée , les
femmes appelées à la cour : «Choses,
dit Mézerai, dont il faut laisser aux
sages le jugement , si elles sont
utiles ou dommageables à l'étal. »
An cas que tous ces chaugemens
soient des maux , Henri III les aug-
menta. Le luxe et la passion du jeu
furent eu particulier portés à leur
comble sous sou règne. On employa
dans ia fabricaîiou des étoffes tant
de matières d'or et d'argent , que
les hôtels des monnoies en manquè-
rent. Ce prince l'ut plus occupé à
donner de pieuses comédies eu pu-
blic qu'à soulager son peuple , et
à se mettre au - dessus de toutes
les faclions qui déchiroient la
France. « La Ligue , dont il fut
Ja victime , est peut-être, dit le
président Hénault, l'événiment le
plus singulier qu'on ait jamais lu
dans riiislo;re ; et Heuri III, le
prince le pius malhabile , de n'avoir
pas prévu qu'il se meltoil dans la
dépendance de ce parti en s'en
rendant le chef. Les proleslans lui
avoicnt fait la guerre comme à
l'ennemi de leur secte ; et les li-
gueurs l'assasiiiièreul à cause de son
iiEr^ïi
union avec le roi de Navarre, chef
des huguenots. Suspect aux catho-
liques et aux huguenots j)ar sa légè-
reté , et devenu méprisable à tous
par une vie également superstitieuse
et libertine, il parut digue de l'em-
pire tant qu'il ne régna pas. <( Ca-
ractère d'esprit incompréhensible ,
dit de Thon , en certaines choses au-
dessous de sa dignité , eu d autres au-
dessus même de l'enfance » C'est
sous son règne, en i.'iSS, que le
duc de Savoie s'empara du marquisat
de Saluées , et qu'un ingénieur tte
Veiiio in\enta les bombes, fleuri lll
n'eut point d'enfant ( voyez Jor-
BEUT , n" I, et Luui.SE , n° I) de
sa femme Louise de Lorraine, fille
d'Anloine, comte de Vaudemont,
priucesse d'une rare beauté , que
Henri III n'aima pas long-temps. Il
a voit eu nu amour passionné pour la
princesse de ('onde , morte en i 574-
Fendant les d'jux )0urs qui suivirent
Culte mort, il éprouva des dcfai!-
lances continuelles. 11 voulut même
porter sur ses habits des marques de
sa douleur , en les ganiissanl de pe-
tites tètes de mort, au lieu de l)ou-
tons. lien mil jusqu'aux aiguillettes
de ses souliers. Heuri lll avoit toutes
les grâces extérieures qui peuvent
captiver les femmes. Dans les occa-
sions de représentation , il savoit
parfaitement faire le roi. Il pos-
sédoit rétiquette mieux qu'aucun
courtisan , et c'étoit lui que l'on
consuitoit toujours sur le cérémo-
uial. Il composa un Elat des offi-
ciers de la couronne et de sa
maison, où il régla leurs habits,
leurs fonctions , leurs services. C'est
lui qui donna au cl'.ancelier séant
an conseil la longue robe de ve-
lours cramoisi. Cest encore à ce
prince que l'ordre du Saint-Esprit
doit son institution en iSyS. Ou
prétend qu'il eu dressa les statuts
sur ceux d'un ordre à peu près sem-
blable , institué par Louis 1^' , roi de
Sicile, eu i55;2. Le collier de Saint-
HEINR
Michel ctoil si avili, qu'on l'appe-
]oit le Collier à tomes bétes. 11
làlloit nii nouvel ordre pour les
j)riaces et les grands. Henri l'ins-
tiUia à riionneur du Sainl-Esprit ,
parce que c'eloil le jour de la Peu-
tecôle qu'il avoit été. élu roi de Po-
logne , et appelé à la couronnue de
France. Le nombre des chevaliers
fut limité à cent, qui dévoient pos-
séder chacun une abbaye en coni-
mende ; mais le pape ne voulut pas
consentir à ce dernier arrangement.
Cependant les chevaliers ont tou-
jours conservé le titro de comman-
deurs. Duclos, dans son Mémorial ,
prétend que « le motif ])ublic de
lii.uri 111 , en instituant Tordre du
Saint-Esprit, fut la défense de la
catholicité , par une association de
seigneurs qui ambitionueroient dy
entrer. Le vœu secret fut d'en faire
lioirunage à sa sœur Marguerite de
Valois. Le Saint-Esprit est le sym-
bole de laniour. Les oruemens du
collier étoienl les monogrammes de
Bïargnerite et de Henri , sépaiés al-
ternativement par un autre mono-
gramme symbolique, composé d'un
jf)/;/ et d'un delta joiuts ensemble,
auquel on faisoit signifier Jidelia
yow'fedelta en italien , ç,\. fidélité ,
en français. Henri IV, instruit du
mystère , changea le collier , par dé-
lil)ératiou du 7 janvier 1097 , et
remplaça par deux trophées d'armes
ie plii et le monogramme de Mar-
gueiile. J'en ai vu, ajoute Duclos ,
les preuves non suspectes. » 11 n'au-
joil peut-être pas été inutile de les
rapporter. Car, quoiqu'on sache que
Henri lll allioit l'extérieur de la
dévotion avec le débordement des
mœurs , il paroit un peu extraordi-
naire qu'il ait fait entrer les secrets
d'un amour qu'on peint comme s\is-
pect dans linstitutiou d'un ordre
qui devoit être le premier de son
royaume. Cela ne se trouve dans
aucun des nombreux libelles publiés
contre ce prince.
HEJNR
fXm. HENRI IV, soiirnommé
le Grand , roi de France et de Na-
varre, né le 10 décembre i5.')3,
dans le château de Pau , capitale du
Béarn, descendc^it en ligne directe
de Robert , sixième fils de saint
Louis ou Louis IX , roi de France.
Ce Robert épousa, eu 1 ii7 J,Béalrix
de Bourgogne, dame et unique hé-
ritière de Bourbon-l'Archambaud ,
à condition qu'il porteroit les armes
et le nom de Bourbon. Voilà pour-
quoi les descendans de Robert iil»
de saint Louis portèrent le nom de
Bourbon et furent chefs de cette mai-
son. Eu 1 548 , Antoine de Bourbon ,
duc de Vendôme, qui descendoil di-
rectement du même Robert, époiii.»
Jeanne d'Albrct, fille umque et îié-
ritierede Henri d'Albret, roi de Na-
varre ; celui-ci étant mort en i55.5 ,
Antoine fui roi de Navarre. Voila
aussi pourquoi Henri IV, iiis d'An-
toine de Bourbon et de Jeanne d'Al-
bret , fut roi de Navarre. Henri
d'Albreî, voyant sa fille prés d'accou-
cher , lui montra une grosse boite
d'or, entourée d'une longue chaîne
de même métal, dans laquelle étoit
renfermé le testament de ce roi.
Jeanne, curieuse de voir ce testa-
ment , lui demanda la boîte. «Elle
sera tienne , lui r'pondil-il, dès que
tu m'auras montré i'enlant que lu
portes, et, «fin que tu ne fasses pas
une pleureuse ou nn rechigné, je te
promets je tout pourvu qu'en acou-
chant lu chantes une chanson béar-
naise. » Entre minuit et une heure,
le i3 décembre i55.3, Jeanne sentit
les douleurs de l'enfantement ; elle
entendit venir son père et se mit à
chanter : JSosire donne deou cap
deou pon adjoitda me in a'questa
houra. C'est-à-dire, «Notre-Dame
du bout du pont aidez- moi à celte
heure. » Aussitôt qn'elle fut délivrée,
le roi son père lui mit la chaint; d'or
au cou et lui donna la boite promise
en lui disant : «Voici qui l'appar-
tient ; aiais ceci est à moi , ajouta-
356
HEINR
t-il en désignant l'eufant. « Il rem-
porta dans sa chambre, lui fit avaler
<inelques gouttes de vin et lui trotta
Jes lèvres avec une gousse d'ail.
Ainsi naquit Henri IV. Bientôt après
il fut transporté au château de Coa-
raze eu Bearn , où il passa son en-
fance et reçut sa première éducation.
II eut le bonheur de n'être point
«levé dans la mollesse ; on l'accou-
tuma à la fatigue et à une vie dure ,
« ne mangeant souvent que du pain
«omniun , dit Cayet ; le bon roi son
grand-père l'ordonnoit ainsi et ne
vouloit pas qu'il fut délicatement
mignardé, afin que, de jeunesse , il
s'apprit à la nécessité. Souvent on
l'a vu , continue le rnème historien ,
à la mode du pays , parmi les autres
enfians du château et village de Coa-
raze, pieds deschaux et tète nue tant
en hiver qu'eu été.» Il fut ensuite
élevé à la cour de France, sous la con-
duite d'un sage précepteur, nommé
La Gaucherie , jusqu'en i566. Des
maximes que Henri apprit de lui,
celle qui lui plaisoit le plus étoit :
îl faut vaincre ou mourir. Il aimoit
beaucoup Plutarque , et en avoit ,
pour ainsi dire , exprimé toute la
substance. « Je lui ai les plus grandes
obligations , avoua-t-il depuis sur
le trône; j'y ai puisé d'excellentes
maximes pour ma conduite et pour
le gouvernement. » Il étudia la po-
litique à la cour des Valois , comme
il apprit ensuite le grand art de la
guerre sous le prince de Condé et
sous l'amiral de Coligni. U avoit ac-
compagné Charles IX dans les voya-
ges que ce roi fit, en if)64 et i565 ,
<ians diiférentes pro vincesdeFrance ;
« Si bien , dit Cayet , qu'on ne
pouvoit le vamcre d'honnêteté ni
j'emporter de bravade. >> Dans la
fameuse entrevue de Bayonne , où
l'on prétend que fut résolue la perte
des prolestans , le duc de Médina ne
put s'erapêclier de dire : «Ce jeune
prince a tout l'air d'un grand roi ,
uu d'un homme qui doit le devenir. »
ÏIEINR
En i566, Jeanne d'Albret, sa mère,
qui avoit embrassé ouvertement le
calvinisme , voulut l'avoir à Pau au-
près d'elle, et lui donna pour pré-
cepteur Florent Chrétien. Cette prin-
cesse avoit tout ce qui fait un grand
homme et un excellent politique.
Henri apporta en nai.ssant toutes les
qualités de sa mère , et n'hérita de
son père que d'une certaine facilité
de caractère , qui , dans Antoine ,
dégénéra en incertitude et en fbi-
blesse, mais qui, dans Henri, fut
bienveillance et bon naturel. Eu
i5fi8 , la cour de France envoya La
Molhe-Fénélon à Jeanne d'Albret ,
pour la détourner de prendre part à
la troisième guerre civile. Le jeune
Henri , qui navoit que i5 ans , pa-
roissoit ne pas entrer dans les vue»
(le l'ambassadeur, qui lui en mar-
quoil sa surprise, en exagérant les
malheurs dont le volcan de cette
guerre alloil inonder le royaume.
(( Bon , dit Henri , c'est uu feu à
éteindre avec un seau d'eau. — Com-
ment cela , demanda Fénélon? — Eu
faisant boire , répondit le prince , ce
seau d'eau au cardinal de Lorraine ,
vrai et principal boute -feu de la
France. " Il lui dit eu même temps
que les ennemis du prince de Condé
son oncle , et des protestans que ce
prince soutenoit, ne l'accusoient de
rébellion que dans la vue d'exter-
miner toute la branche royale de
Bourbon. « Mais nous voulons ,
ajouta-t-il , mourir tous ensemble ,
pour éviter les frais de deuil ,
qu'autrement nous aurions à porter
les uns des autres. » Elevé dans Is
calvinisme , il fut destiné à la dé-
fense de celte secte par sa mère :
on l'en déclara le chef à La Rochelle
en i56g , et le prince de Coudé fut
son lieutenant. C'étoit sur cette côte
de La Rochelle que Bourbon, l'année
précédente, avoit couru un grand
danger. Se promenant nu jour sur
la mer , en jeune homme ardent et
eaueini du repos , il tomba dans
HEINR
l'tau el disparut, entraîné par le
courant. LeSat, aflbibli par les
guerres civiles , auroit infaillible-
inenl péri avec lui ; un capitaine
(le marine , nommé Jacques Lar-
deau , plonge à l'instant , le ren-
coiilre el le sauve. Henri se trouva,
à seize ans, à la bataille de jarnac,
le i5 mars i.'îGg. « Les forces de
l'ennemi sont supérieures , dit-il :
combattre à présent , c'est exposer
des hommes à crédit. J'avois bien
vu que nous nous amusions trop à
jouer des comédies à Niort, au lieu
d'assembler nos troupes , tandis
que l'ennemi assembloilles siennes.»
Ce qjiele jeune prince avoit prévu
arriva. Les protestans perdirent la
bataille, et avec elle le valeureux
prince de Condé, qui fut tué de
sang-froid. Cette journée fut suivie
de celle de Moncoutour. La bataille
fut perdue le 3 octobre de la même
année, parce qu'on ne suivit point
le conseil qu'il avoit donné , de se-
conder l'amiral de Coligni, qui
avoit enfoncé l'avant-garde du duc
d'Anjou. Après la paix de Saint-
Germaiu, conclue le ii août 1670,
Henri fut attiré à la cour avec les
plus puissans seigneurs de son parti.
On le maria deux ans après avec
la princesse Marguerite de Valois ,
sœur de Charles IX. Ce fut au mi-
lieu des réjouissances de ces noces
qu'on prépara l'horrible massacre
de la Saint-Barthélemi. Henri, ré-
duit à l'alternative de la mort ou de
la religion, se fait catholique, et
reste près de trois ans prisonnier
d'état. S'étant évadé en 1.^)76, et
s'étanl retiré à Alençou , il se mit
à la tète du parti huguenot, et fit
une guerre très fatigante et très
périlleuse , manquant souvent du
nécessaire , n'ayant jamais de repos,
et se hasardant comme le dernier
des soldats. On le vit souvent dans
les camps se confondre parmi eux ,
se coucher sur la paille comme eux ,
fouir avec eux la terre, el se nour
HENR 357
rir du même pain. Lorsqu'il às-
siégeoit une place , il visitoit les
travaux jour et nuit, disposoit lui-
même les batteries, tra^oit le»
tranchées , el souvent , corrigeant
les fautes de ses ingénieurs , dimi—
uuoitles périls et abrégeoil les tra-
vaux. Au siège de Cahors , en 1 ôSo ,
il reçut plusieurs blessures. Ses
principaux officiers, s'étant assem-
blés autour de lui , le conjuroient
de se retirer, w Non, dit le roi avec
un visage riant , il est écrit là-haut
ce qui doit être fait de moi dans
celle occasion. Souvenez-vous que
ma retraite hors de celte ville,
sans l'avoir assurée au parti, sera
la retraite de ma vie hors de mou
corps. 11 y va trop de mon hon-
neur. Ainsi, qu'on ne me prirle plus
que de combattre, de vaincre ou
de mourir.wParmi les avantages qu'il
remporta , on ne doit pas oublier la
victoire de Contras en 1687, due
principalemenlà son habileté. Avant
le commencement de l'action , le
roi de Navarre se tourne vers le
prince de Condé et le duc de Sois—
sons, et leur dit, avec cette con-
fiance qui présage la vicloire : «Sou-
venez-vous que vous êtes du sang
de Bourbon; el vive Dieu! je vous
ferai voir que je suis votre aine. —
Et nous, lui lépoudeut-ils, nous
vous montrerons que vous a\ez.
de bons cadets...» Henri , s'aperce-
vanl, dans la chalebr de l'action,
que quelques-uns des siens se met-
tent devant lui , à dessein de dé-
fendre et de couvrir sa personne ,
leur crie : « A quartier, je vous
prie ! ne m'offusquez pas , je veux
paroUre. » 11 enfonce les premiers
rangs des catholiques , et fait des
prisonniers de sa main. Après la
victoi.e, on lui présente If^ bijoux
el les autres magnifiques Ivgatelles
de Joyeuse , tué dans cette journée ;
il les dédaigne, en disant : « 11 ne
convient qu'à des comédiens de ti-
rer vanité des riches habits qu'il*
358
HErsR
portéul. Le véritable ornement
d"un général est le courage , la
présence d'esprit dans une bataille,
et la clémence après la victoire. :»
On peut voir dans l'article précé-
dent , comment il unit sa cause avec
celle de Henri III. Il portoit le ti-
tre de roi de Navarre depuis la
mort de sa mère , arrivée le 9 juin
15712. Celle de Henri lll le fil roi
de France en lôSg. Ce prince en
}nourant le Ht appeler auprès de
son lit, et lui dit.- « Mou frère,
vous voyez l'état auquel je suis.
Puisqu'il plail à Dieu de m'appeler,
•je meurs coulent eu vous voyant
auprès de moi. .Te vous laisse mon
rojaume dans un grand trouble.
La couronne vous appartient : je
prie Dieu qu'il vous fasse la grâce
d'en jouir plus paisiblement que
lîioi. Flût à Dieu que je vous la
remisse aussi brillante qu'elle l'a été
sur la tête de Charlcmagne ! « Les
vœux de Henri III ne furent pas
exaucés. La religion servit de pré-
texte à la moitié des chefs de l'ar-
ïuée pour abandonner Henri IV ,
et à la Ligue pour ne pas le recon-
iioitre. Presque tous ses officiers
l'aiiroient quitté , si l'un d'eux ,
aussi prudent que généreux , ne les
avoit retenus en disant hautement
à Henri : « Sire , vous êtes le roi
des braves, et vous ne serez aban-
donné que des poltrons. » Les li-
gueurs lui oppcf?èrent uu fantôme ,
le cardinal de Bourbon. Henri ,
avec peu d'amis , peu de places
importantes, point d'argent, et
vine petite armée, supplée atout
par son activité et sou courage. Il
resloit moins au lit, que le duc
de Mayenne , chef des rebelles , ue
resloit à table. II gagna plusieurs
batailles sttr ce duc : cfUe d'Arqués ,
le 22 septembre i.^Sy; et celle d'I-
vry , le 14 mars i5qo. Dans la
première journée, Henri, soupçon-
nant que les ligueurs lourneroienl
jeurs priucipaux ellbrls contre sou
HEJNR
artillerie , y piaça le régiment suisse
de Glaris, sur lequel il comptoit
beaucoup , et leur colonel Galali ,
sur lequel il comptoit davantage.
Ce qu'il avoit prévu arriva. Henri
vola, suivant sou usage, où le
danger éloit le plus grand. « Mou
compère, dit-il à Galati eu arri-
vant, je viens mourir, ou acqué-
rir de l'honneur avec vous » Quel-
ques rnomens avant le combat , ou
amena au roi un prisonnier de dis-
tinction, qui, cherchant par-tout
des yeux une armée , téuioigna su
surprise au prince de voir si peu
de soldats autour de lui. « Voua
ne les voyez pas tous , dit Henri
IV avec gaieté , car vous u'ycomp-
tez pas Dieu et le bon droit qui
m'assistent. Il remporta la victoire à
Ivry, comme il l'avoit remportée à
Contras, eu se jetant dans les rangs
ennemis au milieu d'une forêt de
lances. Les Français se souviendront
éternellement des paroles qu'il dit à
ses soldats dans ce jour mémorable :
« Si vous perdez vos enseignes ,
ralliez-vous à mon panache blaijc;
vous le trouverez toujours au che-
min de riionneur et de la gloire.»
El lorsque les vainqueurs s'achar-
noientsur les vaincus, «Sauvez les
français » , leur crioit-il! Le ma-
réchal de Biron eut part à l'hou-
neur de cette journée ; mais Henri
eu eut la principale gloire , par
l'héroïsme avec lequel il combatlit.
Le maréchal rendit finement l'idée
qu'il avoit de cette action , lors-
qu'il fil ce complimenta sou mailre:
« Sire, dit-il, vous avez fait aujour-
d'hui le devoir du maréchal de Bi-
ron, et le maréchal de Biron a fait
ce que devoit l'aire le roi.» Long-
temps on conserva dans la plaine
d'ivry, comme un monument pré-
cieux, l'arbre sous lequel Henri IV
éloit venu se repo^^er après la ba-
taille de ce nom. Le temps ayant
détruit cet arbre , le duc de Peu-
ihièvre fit élever à la même place
HEINR
Mue pyramide que l'on Fil disparoî'.re
à la rëvolulion. lionaparte, lors de
son p.issageyiir le lerriloiredel'Eure,
s'arrêta dans la plaine divry; il par-
courut ce champ d'honneur , arrêta
ses regards sur l^s raines de la pv-
ramidê, et en ordonna la reédiCi-
caiion. Henri continua la guerre , et
ses succès ne repondant pas toujours
à son courage ,'il disoil quelquel'ois :
« Je suis roi sans couronne, géné-
ral sans soldats, et très - souvent
sans argent, ainsi que mari sans
femme. » Plus ses ennemis éloienl
acharnés, plus il redoubla de cou-
rage et d'activité. Au siège de
Rouen, en iôc^-2 , il s'exposa comme
un grenadier, fut renversé deux fois,
et eut ses armes détachées et mises
en pièces. Sully lui porta le lende-
main la plainte commune de toute
l'armée. Henri IV l'interrompit par
ces paroles : « Mon ami , je ne puis
faire autrement; car, puisque c'est
pour ma gloire et pour ni» cou-
ronne que je combats , ma vie et
toutes chores ne me doivent rien
sembler au prix. « Les mêmes sen-
timens de bravoure le suivirent au
siège de Paris ; et ils devinrent plus
touchanspar la tendre humanité qui
les accompagna. Il prit d'assaut tous
les faubourgs dans une seule journée.
Il est constant qu'il eut pris la ville
par famine , s'il n'avoit permis lui-
même, par une pitié héroïque , que
les assiégeans nourrissent les assiégés.
«Je suis , disoil-il, le vrai père de
mon peuple. Je ressemble à la vraie
mère qui se présenta devant Salo-
mon. J'aimeroisautant n'avoir point
de Paris, que de lavoir tout ruiné
et tout désolé par la mort de tant
de personnes.» Pendant qn'il pres-
soit Paris , les moines taisoient une
espèce de revue militaire, marchant
en procession la robe retroussée . le
casque en tète , la cuirasse sur le
dos, le mousquet et le crucifix à la
maiu. Plusieurs citoyens distingués
faisoient serment sur l'iivangile , eu
HErvR 359
présence du h'gat et de l'ambassa-
deur d'Ei^pagnc, de mourir plutôt
de faim que de se rendre. I,e due
de Parme, envoyé par Philippe II,
venoit secourir Paris ; mais Henri
le fit rentrer en Flandre. Cepen-
dant la disette dégénéroit en famine
universelle. Le pain se vendoit un
écu la livre; on en avoit fait avec
des os du charnier des samls In-
nocens : on l'appela le pain de ma-
dame de INlontpensier , parce qu'elle
en avoit loué l'invention. La chair
humaine devint la nourriture des
Parisiens. On alla à la cliasse des
eufans ; il y eu eut plusieurs de
dévorés , et l'on vil des mères se
nourrir des cadavres de ceux qui
leur dévoient le jour. Le duc de
Mayenne voyant que ni l'Espagne,
ni la Ligue ne lui donneroienl ja-
mais la couronne de France , résolut
lie faire recounoilre ( elui à qyi elle
appartenoit ; il engagea les étals à
une conférence entre les catholiques
des deux partis. Celle conlérence
fut suivie de l'abjuration de Henri
à Saiut-Uenys, le aâ juillet iBgô,
et de sou sacre à Cliartres. L'année
d'après , et le û2 mars 1.^94 , Paris
lui ouvrit ses portes. Henri ren-
voya tous les étrangers qu'il pouvoit
retenir prisonniers ; il pardonna à
tous les ligueurs. Dès qu'il se vit
au Louvre , il dit au chancelier :
« Uois-je croire que je suis où je
suis ? Plus j'y pense , moins je le
conçois. 11 n'y a rien de l'homme
dans tout ceci ; c'est un ouvrage
du ciel.5) Comme il se mettoit à
table pour souper à l'hôtel-de-ville,
il dit eu riant et en regardant ses
pieds : « Je me suis bien crotté en
venant à Paris , mais je n'ai pas
perdu mes pas. » Cette gaieté franche,
naïve et spirituelle ne rabandonna
jamais. Un de ses courtisans lui di-
sant «qu'on avoit rendu à César ce
qui appartenoit à César , en lui
ouvrant les portes de sa capitale.»
— fcVenlre-sâiut-gris , lépoudil le
36o
HEISR
roi , on ne m'a pas fait comme à
César ; on tie m'a pas rendu ,
mais vendu Paris. » ( Foyez Lan-
Gi,ois , u° I. ) Pour éloigner loiit
prélexte de révolte , Henri soilici-
loit lonjoiirs son al)solulion à Rome.
Les préleniions r.Uiamontaines , la
politique espagnole avoient retardé
celle absolution , qui l'ut enfin ac-
cordée par Clément VIII, en ifigS.
( I-^oyez son article. ) Uuperron el
dOisal , ambassadeurs de France ,
eurent besoin de toute leur habileté
pour mettre à couvert les droiis de
la couronne. Le pape, qui avoit d a-
Lord demandé des choses peu rai-
souiiables, proposa , par leurs soins,
des coudilious moms onéreuses. Le
roi s obtigeoil à faire publier el exé-
cuter le concile de Trente, excepté
diius les .articles , s'il y en avoit d^
tels qui poiirroienl troubler la tiau-
quillité'publique en France. Il devoil,
à moins qu'il n y eût euipèchemeut
légitime , réciler le chapelet tous l;s
jours; les litanies le mercredi; le
rosaire le samedi ; en'endre lous les
jours la messe ; communier quatre
fois l'année; bâtir un couvent dans
chaque province. On ne pensa guère
si ces pénitences étoieni faciles à ol)-
server par le souverain d'un grand
empire , et le roi les accepia. Phi-
lippe II n'en resta pas moins son
ennemi ; il fallut lui faire la guerre ,
cette même année 1695. Les Es-
pagnols s'étanl emparés de Cambrai
el de Calais, Henri sollicita te se-
cours d'Elizabelh. L'ambassadeur
d'Angleterre promit, de la part de
sa souveraine , des troupes pour
sauver Calais, à condition qu'on
rcinetlroil ia place aux Anglais
jusqu'au paiement des sommes que
la reine avoit prêtées. Henri IV re-
fusa noblement une telle proposition ,
en disant : « Si je dois être mordu ,
j'aime autant l'èlre par un lion que
par une lionne. » L année suivanlt! ,
liigb, il convoqua à Rouen une
«spèçed'étals-générauxj sous le uoiii
d'Assemblée des Notables. Ce fut
dans celte assemblée qu'il prononça
ce discours célèbre qu'on a tant cité :
«Je viens, dit- il, demander vos
conseils, les croire et les suivre, me
mettre en tutelle entre vos mains.
C'est une envie qui ne prend guère
aux rois , aux barbes grises et aux
victorieux ; mais mo^ amour pour
mes sujets me fait trouver tout pos-
sible el tout honorable. 5) Après la
séance , le roi demanda à la duchesse
deBeaufort, sa mailresse, qui avoit
entendu son discours , cachée der-
rière une tapiàberie , ce qu'elle en
pensoit : « Je n'ai jamais , dit-elle,
oiu mieux parler ; j'ai seulement
été surprise que Votre Majesté ait
parlé de se mettre en tutelle. » —
« Venlre-sainl-gris , lui répondit le
roi , il est vrai ; mais je l'entends
avec mon épée au côté, m En effet ,
il ne quitta pas celle épée. Il avoit
battu, en lôgS, l'armée espagnole
à la rencontre de Fontaine-Fran-
çaise, où il affronta les plus grands
périls , à la têle d'une poignée de
combattans; il la chassa d'Amiens
en i.'igy , à la vue de l'archiduc
Albert, contraint de se retirer. Le
duc de May- une avoit fait son ac-
commodement en 1596; le duc de
Mercceur se soumit en iSgS, avec
la Bretagne , dont il s'étoit emparé.
Il ne restoit plus qu'à faire la paix
avec l'Espagne ; elle fut conclue le 2
mai de la même année à Vervins.
Depuis ce jour jusqu'à sa mort, le
royaume fut exempt de guerres ci-
viles on étrangères, si l'on en ex-
cepte l^xpédilion de 1600, contre
le duc de Savoie, qui fut glorieuse
à la F'ance, et suivie d'un irailé
avantageux. E.es convulsions du fa-
natisme étoieni calmées ; mais le le-
vain n'en étoit pas entièrement dé-
iruit. Il n'y eut presque point d'an-
née où l'on n'attenlàl sur la vie de
Henri. Un malheureux de la lie du
peuple , nommé Pierre Barrière ,
ayant porté ses mains parricides sur
HEWR
le roi, fut arrêté et mis à mort en
lôgS. Jean Chàlel , jemie homm»
né d'une honnête faraiUe , le trappa
d'un coup de couteau à la bouche en
1595, sous prétexte qu'il n'étoit pas
encore absous par le pape. Un char-
treux, nommé Pierre Ouin , un vi-
caire de Saint-Nicoias-des-Champs ,
pendu en lôgS, un tapissier en
1596 , un malheureux qui étoit ou
qui coulrelaisoit l'insensé, médi-
tèrent le même assassinat. ( Voyez
aussi BiRON,n° II). Enfin, il fal-
lut, pour le malheur de la France,
qu'un monstre furieux et imbécille ,
nommé Ravaillac, l'exécutât le 14
mai 16x0. Le carrosse de Henri IV
ayant été arrêté par un embarras de
charrettes, dans la rue de la Ferron-
nerie , en allant à l'Arsenal , ce mal-
heureux profita de ce moment pour
Je poignarder. Henri laissa trois fils
et trois filles de Marie de Médicis,
sa seconde femme , ou plutôt son
unique épouse , puisque son premier
mariage avec Marguerite de Valois
fut déclaré nul. Ce bon roi ne fut
bien connu de la nation que quand
il eut été assassiné. La fausse idée
qu'il lenoit encore au calvinisme
souleva contre lui beaucoup de ca-
tholiques; son chaugement néces-
saire de religion aliéna une partie des
réformés , qui lui demandèrent des
places de sûreté , comme ils en
avoieut eu «ous Henri IIL « Je suis ,
leur répondit-il , la meilleure assu-
rance de mes sujets. Henri lll vous
craignoit et ne vous aimoil point;
mais moi je vous aime et ne vous
crains guère. » Cependant les pro-
testansauroient dû trouver un mo-
tif de reconnoissance dans le fameux
Edlt de Nantes , donné eu avril
1.598, dicté par une sage tolérance.
Sa seconde femme, qui ne l'aimoii
pas, etquines'encroyoitpas aimée ,
l'accabla de chagrins domestiques :
la première lui en avoil fait éprou- ,
ver davantage. Sa maîtresse même,
la marquise dEnlragues, conspira
HENR
36 1
coiilre lui. La plus cruelle «alire ,
qui attaqua ses mœurs et sa probité ,
fut Touvrage dune princesse de
Conti , sa proche parente. Cepen-
dant il avoit mis le royaume dans
un étal florissant; il i'avoit policé ,
après l'avoir conquis. Les troupes
inutiles furent licenciées, et la pro-
fession des armes ue fut plus, comme
auparavant , suflisanle pour faire un
gentilhomme. L'ordre dans les fi-
nances succéda au plus odieux bri-
gandage ; il paj~a peu à peu toutes
les dettes de la couronne , sans fouler
les peuples. Les paysans répètent
encore aujourd'hui « qu'il vouloit
qu'ils eussent une poule au pot tous
les dimanches « : expression triviale ,
mais sentiment paternel , qui a dicté
à un jeune poêle ce beau vers qui
peint Henri IV :
Seul roi de (jui le peuple ait gardé la mémoire.
Pendant une maladie dangereuse
qu'il eut après le traité de Ver vins ,
ii disoit souvent à Sully : « Mou
ami, je n'appréhende nullement la
mort; vous me l'avez vu braver
dans tant d'occasions périlleuses !
Mais j'ai regret de sortir de celte vie ,
sans avoir témoigné à mes peuples ,
en les gouvernant bien, et eu les
soulageant de tant de subsides , que
je les aime comme mes propres eu-
fa us. » La justice fut réformée , et il
sut, malgré son indulgence nalu-
relle , maintenir les jugemens qu'elle
prononçoil. Un courtisan lui deman-
dant la grâce de son neveu , coupable
d'un meurtre : « Il vous sied bien,
lui dit le roi, de faire loncle eu
implorant ma clémence; à moi , de
faire le roi en écoulant la justice.
J'excuse votre demande , excusez
mon refus. » Il répondit à quelqu'un
qui demandoil l'abolition de quel-
ques excès commis contre des ma-
gistrats : « Je n'ai que deux yeux ,
deux mains et deux pieds. En quoi
différerois-je de mes autres sujets ,
£1 je n'avcisla force de la justice ea
3'S2
RE^R
invi disposilioiî ?... — Je ne désire
vivre, dit-il une aiUre fois, que
pour aller, comme Louis XII, i\iie
fois la semaine au parlemeiU, et à
la chambre des comptes , pour abré-
ger les procès et arranger pour tou-
jours les finances. » Ce dévoient être
ses dernières promenades, s'il avoit
vécu plus long-temps. 11 eut la con-
solation, avant de ir.ourir, de voir
les doux religions vivi"e en paix ,
au moir.s en apparence. Il enrichit ,
lui seul , le douiaine de la couronne
( J^'oy . la Table de la réunion des
gr-andsjiejh dans les Tables Chro-
nologiques— '. ) de plus de terres
que n'avoient t'ait ens mble Phi-
lippe de Valois , Louis ^11 et Fran-
çois 1''^, parvenus, comme lui, au
tr^ne en ligne collatérale. L'agricul-
ture fut clîère à Henri IV , ainsi
que ceux qui l'exerçoient. Il fit goû-
ter à un ambassadeur d'Espagne du
vin de ses vignes. Il lui dit : « J'ai
une vigne , des vaches et cintres
choses qui me sont propres; et je
sais si bien le ménage do la cam-
pagne, que, comme particulier, je
pourrois encore vivre conimodé-
Menl. » Le commerce, la naviga-
tion furent en honneur. Les étoffes
d'or et d'argent , proscrites d'abord
par un édit sompluaire. qui ne les
permettoit ^\\ aux filles de joie, et
aux filous , dans le commeucemeut
d'un règne diiîicile, et dans un temps
d'épuisement et de pauvreté, repa-
rurent avec plus d'éclat , et enri-
chirent Lvon et la France. Il établit
des manufactures de tapisseries de
haute-lice, en laine et eu soie, re-
haussées d'or. On commença à faire
de petites glaces (huis le goût de
celles de Venise. C'est à lui seul
qu'on doit les vers ;\ soie et les plau-
tations de mûriers. Ce fut sous sou
règne que lut l'oriiié le projet du ca-
nal de Briare, par lequel la Seine (\
la Loire furent joiules : projet qui
l'ut exécuté sous sou successeur. On
lui doit, en partie, le jardin royal
HEINR
des plantes de IMonlpellier , si utile
a*x médecins. Paris fut agrandi et
embt-lli; il forma la place royale,
et restaura tous les ponts. Le f.iu-
bourgSaiut-Germain ne tenoil point
à la ville ; il n'étoit point pa\é :
Henri se chargea de tout. 11 lit
achever le Pont-Neuf, où le peuple
regarda long-temps sa statue avec
attendrissement. Lorsqu'on éleva
celle statue, nu poète lit ces quatre
vers qu'on auroit pu mettre au l;as :
Ce liror.ze éiaul du 3iand Ilinri l'im;i^e.
Oui fui sans pair en arm''s cjïnime en lois,
Hfçoit ici de son peuple l'iximmage ,
El scil lui seul d'exemple A lous les rois.
Saint Germain-en-Laye , Moncetiux,
Fontainebleau , et sur-tout le Lou-
vre, furent augmeulés par Henri
IV, et presque entièrement bâtis. Il
logeoit au Louvre, sous cette longue
galerie , ouvrage des artistes en tout
genre, qu'il encouragea souvent de
ses regards comme de ses récom-
penses. Il enrichit beaucoup la bi-
bliollièque royale. 11 éloit aussi sa-
vant qu'un roi doit l'être, c'est-ù-
dire , assez pour distinguer le vrai
mérite. 11 donna une cliaine d'or et
son portrait, et fil beaucoup d'autres
liijéi.alili's à Grolir.s, qui lui pré-
senta sou traité JJe jure belli au
pacis. Le président de Thou , Jac-
ques Bougars, du Perrou, d'Ossat ,
Sponde, Joseph Scaliger, Isaac Ca-
sauboïi , Malherbe, l'abbé d'Elljene ,
et beaucoup d'autres , reçurent de
lui des marques de cmisidératiou
ou des bienfaits... Quand don Pedro
de Tolède fut envoyé , par Phi-
lippe lil, en ambassade auprès de
Henri , il ne reconnut plus Pans ,
qu'il avoit vu autrefois si malheu-
reux et si languis.«anl : « C'est
qu'alors le père de famille n'y étoit
pas, lui dit Henri; et aujourd'hui
qu'il a soin de ses eul'ans, ils pros-
pèrinl.» Eu faisant ileurir son état
au dedans, il le faisoil respecter au
didiors. r,e même éciw Pedro faisant
valoir avec trop de hauteur la puis-
HENR
sauce de sou maître : «Tont rela ne
m'en impose pas , lui répoudil Hen-
ri ; si le roi voire mailre conlimie
ses allRUlals, je porterai le feu jus-
que dans 1 Escurial , et on me verra
bienlôt à Madrid. — François l'^'' y
fui bien , réjiondil fitrerneul l'Es-
pagnol. — C'est pour cela, répliqua
le roi, que j'y veux aller, venger
son nijure , celles de la France et les
miennes w Henri. fut médiateur
entre le pape et la république de
Venise. Il protégea les Hollandais
contre les Espagnols, et ne servit
pas peu à faire reconneitre leur in-
dépendance. Lorsqu'il fui assassiné ,
il éloit sur le point de passer en Al-
lemagne avec une puissante armée.
Nous n'avons jamais eu de meilleur
ni de plus grand roi. 11 fui, dit le
président Hénault , son général et
son ministre. Il unit à une extrême
franchise la phis adroite politique;
aux sentimeus les plus élevés, une
simplicité de mœurs c'iarmanle ; et
au courage d'un soldat , un fouds
dhumanité inépuisable. « Jene puis,
disoil-il après une victoire, je ne
jjuis me réjouir de voir mes sujets
étendus morts sur la place ; je
])erds , lors même que je gagne. »
Quelques troupes qu'il envoyoit en
Allemagne ayant fait du désordre
en campagne, Henri IV dit aux capi-
taines qui étoient encore à Paris :
« Partez en diligence; donnez-y
ordre; vous m'en répoudrez. Vive
Dieu ! s'en prendre à mon peuple ,
c'est s'en preudre à moi.... » 11 em-
ployoit la patience, les bienfaits et
l'adresse pour ramener les esprits
que les factions avoienl égarés.
« Un roi sage, disoil-il, est comme
im habile apothicaire, qui des poi-
sons les plus dangereux compose
d'excelleus antidotes, et fait de la
tliériaque avec des vipères »
Henri rencontra ce qui forme les
grands hommes , des obstacles à
vaincre , des périls à essuyer , et
sur-tout des adversaires digues de
HEP'IR
3G3
lui. Enfin, comme le dit la Hen-
riade ,
Il fui de ses siijeli le vainqueur et le jjtrc.
L'activité fut sa qualité dominante.
Le duc de Parme disoil « que les
autres généraux faisoienl la guerre
en lions ou en sangliers , mais que
Henri la faisoit en aigle.» Sa de-
vise étoit un Hercule , qui domploit
des monstre», avec ces mots : Invia
virtuti nulia est via ; et il l'avoit
prise à juste lilre. uLes grands man-
geurs , disoit-il, et les grands bu-
veurs, ensevelis dans la chair , ne
sont capables de rien de grand
Si j'aime , ajoutoit-il , la table et la
bonne chère ^ c'est uniquement pour
m'égayer l'esprit. » Ajoutons encore
aux traits qui caractérisent ce grand
prince son discernenunit dans le
choix des personnes qu'il emuloyoit
aux affaires : le chancelier Silleri ,
le président Jeauuin ,> Sully, Bel-
lièvre, Villeroi , sont autant de
noms qui rappellent de grands ta-
lens et des vertus éminentes. Les
grandes qualités de Henri IV furent
obscurcies par quelques défauts. Il
eut nue passion exlrèine p.onr le jeu
et pour les femmes. On ne peut
guère excuser la première , parce
qu'elle lit naître quantité de brelans
dans Paris, et que d'ailleurs il étoii
joueur âpre et impatient ; et encore
moins la seconde , parce que ses
amours furent si pul. liques et si
universelles depuis sa jeunesse jus-
qu'au dernier de ses jours, «qu'on
ne sauroit même, dit Mézerai, leur
donnerlenom de galanteries. » Celle
passion l'entraiua même à persécu-
ter le prince de Coudé son parent ,
dont il vouloit séduire la femme.
Le nombre de ses enPans naturels
surpassa de beaucoup celui dis légi-
times. Outre ceux qu'il ne pul ou
ne voulut pas avouer, il en reconnut
huit, Irois de Gabrielle u Estrées ;
deux de Henriette de Ealz;ic-d"En-
tragues; nu de Jacqueline de Beuil,
»
364 HEINR
deux de Charlotte des Essarts. Ses
maîtresses ne le dorninoienl pour-
tant pas loujoiirs, et il leur répeloit
souvent « qu'il aimerovt mieux per-
dre dix amantes qu'un Sully. » 11
sentoit que ses fod)lesses faisoieul
tort à sd gloire et ne pouvoit les
surmonter. Il demanda un jour à
l'ambassadeur de Rodolphe 11 si
cet empereur avoit des maîtresses.
« Si mou niaitre en a, elles sont se-
crètes , répondit l'ambassadeur. — Il
est vrai, répliqua Henri, qu'il y a
des horatries qui n'ont pas d'assez
grandes qualités pour n'être pas
obligés de cacher leurs foiblesses. »
( Voy. Cathiîrine, n" IX, GuiciiE,
n* II , Parthkn^ay , n'^ II , Mont-
MORr.NCi,n'^ X.) 11 dit un jour au
nonce du pape, avec qui il regar-
doit danser les plus belles dames de
la cour : «Monsieur le nonce, je
n'ai jamais vu de plus bel escadron ,
ni de plus périlleux. » «La timidité.
Je déconraf^ement , la bassesse , la
jalousie, les fureurs, et même la
fausseté et le mensonge : oui, le men-
songe et la fausseté ! Henri , par-tout
ailleurs cet homme si droit, si vrai,
si franc , les a connus dès qu'il s'est
livré à l'amour , dit Sully. Je me
suis souvent aperçu, ajoute- 1- il ,
qu'il me trompoil par de fausses
couridences , lorsque rien ne l'obli-
geoit de m'en faire de véritables ;
qu'il feignoit des retours à la raison
et des résolutions que son cœur dé-
savouoit; enfin, qu'il affectoit jus-
qti'à la honte même de sa chaîne,
lorsque , intérieurement , il faisoit
serment de ne jamais la rompre , et
qu'il en serroit plus étroitement les
nœuds » 11 disoit quelquefois
« qu'où devoil excuser sa licence en
tels divertissemens qui n'apportoieut
nul dotftmage à ses peuples , par
forme de compensation de tant d'a-
mertumes qu'il avoit goûtées , de
tant d'ennuis , déplaisirs, fatigues,
péril» et dangers, par lesquels il
avoit passé depuis sou enfance jus-
HEINR
qu'à cinquante ans. » On lui a re-
proché encore des lois trop dures
contre les braconniers , tant l'ardeur
pour lâchasse lui faisoit oublier ses
propres principes ; quelques traits
d'ingratitude et de parcimonie en-
vers ses anciens et braves serviteurs;
enlin , on l'a blâmé d'avoir trop aimé
à plaisanter. Il donnoit quelquefois
dans les pointes qui n'ont qu'un jeu
de mots pour mérite, telles que
celle-ci : « Le meilleur canon que
j'ai employé dans ma vie est celui
de la messe ; il a servi à me faire
roi. 5) Quelques historiens en ont
conclu qu'il n'éloit pas catholique
au fond du cœur ; mais d'autres pré-
tendent qu'il le fut de très-bonne foi
depuis la conférence de Fontaine-
bleau en ]6oo , entre du Perron et
Mornay, où celui ci , convaincu , dit-
on , d'avoir tronqué certains passa-
ges , fit penser au roi que sa cause
étoîl mauvaise , puisqu'il altéroit les
pièces du procès. Quoique attaché à
l'Eglise ,il ne se laissa pas dominer
par les ecclésiastiques. Le clergé lui
ajMnt fait des remontrances sur di-
vers abus , spécialement dans la no-
mination des bénéfices, il répondit
que ces abus étoient réels , qu'il les
avoit trouvés établis, qu'il espéroit
les réformer et remettre l'Eglise dans
un état florissant. «Mais, ajonta-t-
il , vous m'avez exhorté à mon de-
voir ; je vous exhorte au vôtre.
Faites par vos bons exemples que
le peuple soit aussi porté à bien
faire , qu'il eu a été ci-devant dé-
tourné. » Comme il ne trouva pas
toujours des ecclésiastiques qui sou-
tinssent leurs discours par leurs
vertus , il disoit quelquefois : «Je
voudrois bien faire ce qu'ils prê-
chent ; mais ils ne pensent pas que
je saclie ce qu'ils fout. » Cependant
Henri IV étoit très-fàché du soup-
çon que répandoient les protestans,
qu'il navoit renié Dieu, c'est à-dire,
dans leur langage, fait abjuration ,
que des lèvres. Aussi dit- il , à l'oc-
HENR
casion de la jnort de la lelne Eli-
zabelh : ull y a trois choses Irès-vë-
rilables , et que le inonde ue veut
pas croire : qu'Elizabelh soit morte
viftrge , que l'archiduc soit un graud
capitaine, et le roi de France un
bon catholique. » Un jour qu'il s'é-
toit mis à genoux devant un prtlre
qui portoit le Saint- Sacrement ,
Sully lui dit : « Esl-il possil)le , sire ,
que vous croyez à cela , après les
choses que j'ai vues? — Oui, lui
répondit le roi, j'y crois, et il faut
être fou pour ne pas y croire. Je
•voudroisqu'il ni'eneûlcoûté un doigt
de la mani , et que vous y crussiez
comme moi. » Il fut très-offensé du
propos d'un marchand qui ne le
coauoissoit point, et qui, parlant
de sa conversion, dit ; «La caque
sent toujours le hareng. — Oui ,
mon ami, dit Henri eu se faisant
connoitre; mais c'est à votre égard ,
et non au mien. Je suis , Dieu
merci , bon catholique , et vous
gardez encore du vieux levain de
la Ligue )) Si quelques fanati-
ques le délesloient encore , tous les
bons citoyens lui rendirent justice.
Plusieurs tombèrent malades en ap-
prenant sa mort ; quelques - uns
même, tels que de Vie, gouverneur
de Paris, en moururent de douleur.
Ou prononça son oraison funèbre
dans tontes les grandes villes , dans
les petites même. « Il se brûla plus
de cire, et l'on fit plus de prières ,
dit Flavin, pour lame de Hetiri-
le-Grand seul , que pour les cinq
rois ses prédécesseurs, m Aussi Anne
d'Aulriche , mère de Louis XIV ,
exhortoit son fils à vivre de façon
qu'iV fut autant i-egretlé que son
aïeu/ , et plus que Louis Xlll, son
père. On a demandé , plusieurs fois,
comment Henri IV, avec des dé-
fauts et même des vices que n'eurent
ni Charles V, ni Louis XII , est ce-
pendant aux yeux des Français le
premier de nos rois ? Thomas a ré-
pondu à cette question , dans son
HEINR
3G5
Essai sur les éloges : « C'est qu'il fut
véritablement le héros de la France.
Quand le mérite du grand homme
se concilie parfaitement avec les pré-
jugés , le caractère et les penchans
d'un peuple, alors sa célébrité doit
augmenter , parce que l'amour-pro-
pre de chaque citoyen protège , pour
ainsi dire , la répuiation du prince;
et c'est ce qui est arrivé à Henri IV.
Ses lalens, ses vertus el jusqu'à ses
défauts , tout, pour ainsi dire , ncnis
appartient. Mornay et Sully purent
blâmer l'excès de sa valeur; mais la
nation airaoit à s'y reconnoilre. La
politique même le justifioit. Pour
rassurer ses amis , pour étonner
ses ennemis , il falloit des prodi-
ges ; il n'avoit presque que des
vertus à opposer à des armées ; et
ce grand homme appuyoit le peu
de forces qu'il avoit des forces
réelles de ladiniralion et de l'en-
thousiasme. Sa gaieté au milieu
des combats , ses bons mots dans la
pauvreté et le malheur; toutes ces
saillies d'une aine vive el d'un ca-
ractère généreux , cette foule de
traits que l'on cite, et qui sont à la
fois d'un homme d'esprit et d'un
héros, semBloient peindre, en même
temps, l'imagination française el le
genre d'esprit, ainsi que le caractère
national » Ses amours même , qui
l'entrainèrent dans de si grandes
fautes , le rendirent plus intéressant
aux yeux d'un peuple dont le carac-
tère fut . en tout temps, d'allier la
valeur à la galanterie. Mais ce qui
l'a réellement l'ait mettre au-dessus
de tous les monarques français, c'est
sa bonté. Cette vertu ne permit ja-
mais à la haine d'entrer dans son
cœur. C'est elle « qui fit que, sans
politique el sans effort , ajoute Tho-
mas , il pardonna toujours , el se
seroit cru malheureux de punir ;
qui, avec ses amis, lui donnoit la
familiarité la plus douce ; envers ses
peuples , la bienveillance la plus ten-
dre; avec sa noblesse, la plus lou-
366 he:^r
chante ëgalilé. Ce sentiment si pré-
cieux , qui , quelquelbis dans des
moniens d'amertume et de malheur,
ïui faisoit verser ies hirmes d'un
grand liomme au seiu de l'amitié :
te benlitiient , qui aimoit à voir la
cabane d'un paysan , à partager
sou pain, â sour.re à une famille
rustique qui l'entouroit , et ne crai-
gnoil jamais que les larmes et le dé-
sespoir secret de la misère vinssent
iyi repi-oc'.ier des uîalheurs ou des
fautes, voilà ce qui lui a coneihé à
jamais le cœurdes Français, et même
des étrangers. « L'abbé Lengiel du
Fresnoy a publié cinquante -neuf
Lettres de ce bon roi dans le tome
quatrieuie de sa nouvelle édition
du Journal de Henri 111. On y re-
marque du feu , de l'esprit, de l'ima-
gination, et sur-tout cette éloquence
du (ceur qui plait tant dans un mo-
narque. Prauli , imprimein* de Pa-
ris . a publié un recueil très-iuté-
ressant et non moins agréable, des
bous mots et des acliousde ciémence
de ce héros seusii)le, sous îe litre
d'Esprit de Henri IV, iu-is2 , Pans ,
176g : ou y trouve celle-ci. On
l'exhortoit à traiter avec rigueur
quelques places de la Ciguë qu'il
avoil réduites par la force, a La sa-
tisfaction qu'on tire de la vengeance
ne d\n"e qu'un moment, répondit ce
prince généreux ; mais celle qu'on
tire de la clémence est éternelle. »
( F'urcz Abbignk. ) — On lui par-
loil d'un brave officier quiavoit été
de la Ligue, et dont il n'étoit pas
aimé: «.le veux, dit-il, lui faire tant
de bien, que je le forcerai de in'aimer
malgré lui » 11 est à souhaiter,
dit uu historien qui a chauté Henri,
pour l'exemple des rois et pour la
consolation des peuples, qu'on lise
dans la grande Histoire de Mézerai ,
dans Pérétixe , et dans les Mémoin s
de Sully, ce qui concerne les temps
de ce bon prince. Plus on connoîlra
Henri, plus ou l'aimera, plus on
l'acbuirtra. Casaubou dil , dans le
HEJNR
recueil de ses Lettres , que Henri IV
asoil traduit les Commentaires de
César , et qu'il avoit commencé
d'écrire ses Mémoires, avec dessein
de les finir, si les soins de l'Etat lui
permetioient de respirer. Il tenoit
cette anecdote de la bouche même
de ce prince. Ou prétend (|u"il avoit
engagé le président Jeanniu à écrire
l'histoire de son règne. «J'entends,
lui (lit-il , laisser à la vérité toute
sa franchise, et je vous donne la li- ^
berté de la dire saus arlibce et sans
fard. On a un beau médaillon de ce
prince , frappé en 1 figS , à l'occasion
de la paix de Ver vins. Ce médaillon
dor, de la grandeur d'un écu de six
livres , qui pèse une once et demie et
2.'i grains,, poids de marc, repré-
senit d'un côté Henri IV en buste,
avec cette légende : henricus tiii.
FRANCOR. ET. NAV. REX. La figure
du prince ressemble parfaitement
aux bons portraits que nous avons
de lui. Sur le revers du médaillon ,
on voit une femme vèlue à la ro-
maine, tenant de la main gauche un
caducée et une branche d'olivier, et
de la droite une palère au-dessus
d'un autel , dans l'attitude d'une
prêtresse romaine offrant un sacri-
lice; la légende du revers est ainsi
conçue : pace. terra, marique.
PARTA, et dans l'exergue, on lit :
OPTI. PRTN. 1698. I-a noble et ma-
jestueuse simplicité de ce revers , qui
retrace le goût des anciens moné-
taires romains , le beau relief du mé-
daillon, tout ,en uu mot, contribue
à rendre celte pièce digne du prince
en riionneur de qui elle fut frappée.
Lorsqu'on fit, en 1790 , rouverlnre
des tombeaux îles rois dans l'abbaye
de Saiut-Ueuys, le corps de Henri IV '
s'est trouvé dans une lelle conserva-
tion , que les traits de son visage
n'étoient point altérés. Il fut déposé
dans le passage des chapelles basses ,
enveloppé de son suaire , qui étoit
également conservé. Chacun eut la
hberlé de le voir pendant deux jours.
HEjNR
Le lundi malin , i4 octobre 1790 ,
011 le porta dans le chœur , au bas
des iijctiihes du sanctuaire, où il est
resté jusqu'à deux heures après midi,
et il l'ut Irausporlé de là dans le ci-
metière dit de F'ulois; enniile dans
nue grande fosse creusée dans le bas ,
à droite , du côté du nord. Ce cada-
vre considéré comme momie sèche,
avoil le crâne scié , el conlenoil, à la
place de la cervelle qui eu avoil été
ôlée , de l'éloupe , enduite d'une li-
queur extraite d'aromalts , qui ré-
pandoil eiicore une odeur lellemeul
forte , qp.'il étoit presque impossible
de la supporter. Un soldai qui étoit
présent, un'iparun martial enthou-
siasme au moment de l'ouverture du
cercueil , se précipita sur le corps du
vainqueur de la Ligue; et après un
long silence d'admiration, il tiia
sou sabre , lui coupa respectueuse-
ment une longue mèche de sa barbe,
qui étoit encore fraîche, s'écria eu
même temps , en termes énergiques
et vraiment uidilaires ^ « Et moi
aussi je suis soklat français i Désor-
mais je n'aurai plus d'autre mous-
tache 1), en plaçant cette mèche pré-
cieuse sur sa lèvre supérieure ;
«maintenant, dit-il, je suis siir de
vaincre les ennemis de la France, et
je marche à la victoire. -» li se re-
lira. Cette note précieuse nous a
été communiquée par Î\I. Alexandre
Lenoir , administrateur du IMusée
impérial des mouuineus français ,
témoin de ce fait.
XIV. HENRI I", roi d'An-
gleterre cl diic de Normandie , troi-
sième fils de GuiUaume-le-Conqué-
raut , se lil couronner roi d'Angle-
terre l'an 1100, après la mort de
son frère Guillaume-le-Roux , au
préjudice de Robert Couiîe -Cuisse ,
son aillé, qui étoit pour lors en
Italie , arrivé r.-cemment de l'ex-
pédition de la Terre-Sainte. Cette
usurpation donna lieu à Robert
de passer eu Angleterre pour ré-
HEî^R
3G7
clamer son droit par les armes;
mais il l'abandonna j)0ur une pen-
sion de trois mille iiiarcs. Peu de
temps après, une nouvelle brouil-
lerie survint entre les deux iVères ,
doni la fin fut fatale à Robert. Il fut
battu et fait prisonnier a la bataille
de Tiiichebray en Normandie, l'an
1 106. Henri eut quelques avantages
sur le roi Louis le Gros ( l'oyez
Louis VI , n" XI ), el de grands dé-
mêlés avec saint Anselme , touchant
les investitures. Il mourut l'ûu
n35 , à 68 ans , regardé connne un
guerrier courageux , un politique
habile, el nu roi juste, à sou usur-
pation près. Quoique jaloux de l'au-
torité absolue, il soulagea ses peu-
ples , et réprima les abus Av. droit de
pourvoyance , qui consistoilà Ibur-
nir à la cour des provisions et des
voitures quand le roi ^ oyageoil. Il
sulàlafois ménager lacour dellome,
el soutenir les libertés de l'Eglise na-
tionale. Il protégea la littérature et
les sciences , et fu t aussi savant qvi'ini
prince pouvoil l'être alors : c'est ce
qui le lit surnommer jjfrtw-f lerc.W
exerça sévèrement la justice, et celte
sévérité étoit nécessaire dans un
temps de brigandage. I,e vol el la
fausse monnoie furent punis de
mort. Il abolit la loi du Couure-
feu i il iixa dans ses états les mêmes
poids et les mêmes mesures; il signa
tout sur une charte remplie de pri-
vilèges : c'e-t la j)i'em;ere originedes
libertés de l'Angleterre. 11 promit,
par cette charte , de ne point tou-
cher aux revenus ecclésiastiques
pendant la vacance des abbayes ou
desévêchés; de renoncer au dro.t
en vertu duquel la couronne jouis-
so'.t des biens des mineurs; de mo-
dérer les impots; de décharger its
débiteurs de la corironne ; de fain»
jouir les arrière-vassaux des droi;s
dont jouissoieiil les grands seigneurs ;
enlin , de mainteikir Us lois île saint
Edouard , si chères à la nation, f'^u) .
DouVKj:,n° 111.
368
HENR
XV. HENUl 11, roi d'An^le-
lerre , {ils de GeoS'roi Planiageiiel ,
comte d'Anjou , et de Malhilde, iilk
de Henri 1 , iiionlé sur le trône le -20
décembre ii54,.'iprès la mort d E-
tieuue. Maitre de l'Anjou , de la Toii-
raiue , dn Poitou , de la Sainlonge,
(le la Giiienne , de la Gascogne ,
îijouta à ses états la Bretagne , qu'il
conquit sur Conan IV, el l'Irlande ,
dont il se rendit maître à la faveur
d'une bulle d'Adrien IV , que ce
prince amljitieux avoit sollicitée
pour pallier son entreprise. Le coni-
jnenceraenl de son règn;- fut signalé
par des réformes utiles. Les troupes
mercenaires furent renvoyées , les
■violences elles vols répruTiés, les lois
remioes eu vigueur , les nouvelles
forteresses démolies , l'alléralion des
monnoies corrigée , et les niéconteus
soumis au devoir. H porta, en iiôg,
la guerre dans le comté de Tou-
louse , sur lequel il avoit des préten-
tions par son mariage a\ecEléonore
de Guieune. Déjà il assiégeoil !a ca-
pitale; mais le roi de France étant
venu au secours de celte ville , il
leva le siège par respect pour le sou-
verain. Parmi les abus que Henri
vouloit réformer, celui de la puis-
sance excessive du clergé lui tenoit
le plus an cœur. Les tentatives qu'il
fit pour les réprimer occasionnèrent
le meurtre de saint Thomas deCau-
torbéry, en 1170. ( fuyez sou ar-
ticle. ) Henri eut de grandes guerres
à soutenir an dedans et au dehors , el
ses armes eurent d'heureux succès.
Après avoir couquis î Irlande , il
força Guillaume, roi d'Ecosse, à se
reconnoilre son vassal. Quoique bon
père , il ne pouvoil contenir dans le
devoir trois iils ingrates , toujours
prêts à se révolter. Louis-le-Jeune
s'étoit déclaré pour eux en 1173.
Henri avoil levé une armée pour les
soumettre, el y avoit réussi après
la morl de leur allié; ils se révoltè-
rent de nouveau , favorisés par la
politique de Philippe- Auguste. U
HErsR
[iillut qu'il subît l'humilialion d'un
traité , tel que l'exigeoii le roi de
France , en faveur du rebelle Ri-
chard, son tils aillé el son successeur.
Henri en mourut de chagrin à Chi-
uon , le 6 juillet 1 189, après 34 ans
da règne. Sou cadavre ayaul jeté du
sang , lorsque Richard vint lui ren-
dre les derniers devoirs , le jeune
prince en fut si frappé , qu'il s'ac-
cusa publiquement d'être le meur-
trier de son père. Mais ces remords
passagers ne le rendirent pas meil-
leur. Valeur , prudence , générosité,
élévation de génie , étendue de con-
noissances , habileté pour le gou-
vernement, orgueil excessif, ambi-
tion démesurée , luxure sans bornes :
telles furent les bonnes et les mau-
vaises qualités de Henri II. Son
mariage avec Eléonore de Gtiienne
fut un événement aussi heureux
pour l'Angleterre que fâcheux pt>nr
la France. Voyez ElÉonore , u" I,
et ROSEMONDE , u" II.
XVI. ikNRI III, roi d'Angle-
terre, fils de Jean Sans - Terre et
d'Isabelle d'Augoulème , monté sur
le trône après son père , le 28 oc-
tobre 1216 , lit de vaines tenta-
tives pour recouvrer la Normandie.
Saint Louis le battit deux fois , et
sur-tout à la journée de Taillebourg
eu Poitou , et l'obligea de signer
un traité par lequel il ne lui res-
loit que la partie de la Guienne
qui est au-delà de la Garonne. 11 ne
fut pas plus heureuxan dedans qu'au
dehors. Les barons d'Angleterre ,
révoltés contre lui, ayant à leur
tète Simon de Montforl , fils d'un
autre Simon , le tléau des Albigeois,
su soulevèrent contre Henri , el ga-
gnèrent sur lui la fameuse bataille
de Lèwes en 1 264. H y fut fait pri-
sonnier avec Richard son frère , et
Edouard son fils , qui avoit d'abord
battu lesmilices de Londres. Les ba-
rons dressèrent alors un nouveau
plan de gouveruemeut , qu'ils firent
«i^ijucr au voi et approuver al» par-
lement. Telles SOUL prop.enieiU l'é-
poque et l'origiue des commu-
nes et de la puissa\ice du p.irlcn;enl
d"Augleterre, si on le regarde comme
une assemblée coaipo-ée des Irois
corps du royaume. Cependant I,ei-
cester, maure du royaume, rele-'
noit prisonnier, le roi, son bien-
failenr, dis|)Osoit des cbargfS' et
des luKuices , et nmassoit des trésors
pour affermir sa domination.' Le
pouvoir souverain cju'il exerçoil à
son gré excita l'envie de quelques
grands. L'année suivante , i Jiiô , le
comte de Glocesler forma un parti
conire lui et fit évader le prince
Edouard, qui ss mit à la tète des
partisans de son père. Les affaires
changèrent aussitôt de face. Leices-
ter lut obligé de livrer bataille à
l'armée royale à Evesham , dans le
comté de Worcesler , en 12'i.ï. Le
rebelle aperçut d'abord la supériorité
des royalistes. «Ils ont appris cela
de moi, dit-il envoyant leurs dis-
positions. Dieu ait pitié de nos
âmes; car je vois que nos corps sont
à Edouard. » Sou armée, fort affoi-
bîie par la disette de pain , lit peu
de rcsislauce ; les Gallois prirtul la
fuite, et Leicesier fut lue dans fac-
tion ( Voyez Lkickster.) Henri lll
et son Hls Ilvchard recouvrèrent la
liberté , et les rebelles se soumirent
entièrement en 1267. Henri mourut
eu paix à Loudres le i.ô novembre
\ 2- 2 , à C5 ans. «C'étoit, dit du
Tertre, un prince d'un petit gé-
nie, esclave de ses ministres, rui-
nant ses peuples pour enrichir ses
favoris: ne sachant jamais prendre
son parti selon les circonstances,
montrant de la foiblesse lorsqu'il
falloit de la fermeté , et de la hau-
teur , lorsqu'il étoit nécess:^ire de
s'accommocler au temps. » 11 étoit
d'ailleurs pieux , charitable, enneim
de la cruauté , irréprochal;le dans
SCS mœurs ; en un mot , ce j)rince
eut les vertus d'un particidier ,
T. VIIT.
HEÎNR
3Cy
et ne posséda presque aucune des
qiialilés nécessaires à nn souverain.
On Jipûe Ix'tmcoup sa dévotion, et
l'oiicite CCS paroles qu'il dit un jour
a saint Louis , en soutenant que les
serinons ne valoient pas la messe :
« J'aime mieux m'en! retenir une
heure avec un ami , que d'enten-
dre vingt discoms bien travaillés à
sa louange. « Une usure énorme l'ut
exercée sons son règue par des mar-
chands chrétiens, mais sur - tout
par les juiis , qui sedédommageoieut
ainsi des exactions qu'ils essuyoieut.
Henri lll exigea d'eux vingt mille
marcs en i2/(i, trente mille d'un
seul en liôo , huit nulle en laôô.
Londres et la cour même regor-
geoientde A^oleurs. Doux marchands
de I-ondres se plaignirent au roi ,
eu 1 249 , d'avoir été dé^jouillés par
des brigands, qu'ils counoissoieut
bien, dirent -ils, parce qu'ils les
voyoient ionrnellemenl auprès da
lui. /^o/cs Edjioxd , u° I.
XVU. HENRI IV, roi d'An-
gleterre , hls de Jean de Gand , duC
de Lancastre, troisièoae fils d'E-
douard lll, commença de régner le
::!0 décembre 1 099 , après la dépo-
sition juridique de Richard II.
( Voyez Magdalen ei Ciiauckr. )
La couronne appartenoit, par les
droits du sang, à Edmond de Mor-
timer, duc de Clarence, petit- HI3
d'Edouard lll. L'Angleterre fut divi-
sée dès-lors entre la maison d'Yorck
et celle de Lancastre. C'est l'origine
des querelles de la Rose blanche et:
de la Rose rouge. L'usurpateur, sans
vices éclatans ni grandes vertus ,
mourut de la lèpre le :2o mars i4i3,
à 46 ans, après avoir soutenu une
guerre civile et une guerre étrangère
cuntrelesEcossaisetcontre la France,
i'endaat sa dernière maladie, qui
dura plus de deux mois, il voulut
toujours avoir sa couronne auprès du
chevet de son lit, de crainte qu'on
lie la lui enlevât.
24
370
IIENR
i XVIII. HENRI V, fils du pré-
cédent, et de Marie de Hereford ,
fut couronné eu i4i3 , f'onna le
projet de conquérir la France, el
l'exécuta en partie. Il descendit en
Normandie avec une armée de cin-
quante mille hommes , prit et s'ac-
cagea Hartleur , g;>gna la bataille
d'Azincourt sur Charles VI, eu 1 4 1 ii,
et retourna en Angleterre avec plu-
sieurs princes el près de i4oo gen-
tilshommes qu'il avoit faits pnsou-
mers. Trois ans après , il repassa
en France, prit Rouen en 1419, et
se rendit maître de toute la Nor-
mandie. Les divisions de la cour de
France servirent beaucoup à ses con-
quêtes. La maison d'Orléans et celle
de Bourgogne remplissoieul Paris
de factions. La reine Isabelle de
Bavière, mère dénaturée du dau-
phin, depuis Charles VII, prit le
parti du monarque anglais. Laguerre
finit par uu traité honteux, conclu
à Troyes le 20 juin 1420. Les arti-
cles de ce traité portoient « que
Henri V épouseroit Catherine de
France, qu'il seroitroi après la mort
de Charles VI, etque dès-lors il pren-
droit le titre de Régenl et cVHé/i-
iier du royaume. Le dauphin fut
contraint de se retirer dans l'An-
jou ; el quoique le Dauphiné , le
Languedoc , le Berri , l'Auvergne ,
la Touraine et le Poitou lui four-
nissent des troupes , il y a appa-
rence qu'il auroit perdu son troue
sans la mort prématurée du roi
d'Angleterre , qui expira au château
de Vincennes, à l'âge de 56 ans. 11
fut exposé à Saint-Deuys comme uu
roi de France. A de grands taleus
pour la guerre , Henri V joignit des
vertus. 11 fut sobre et juste. On lui
anroit sovdiaité plus d'humanité et
moins d'avarice. Car on ne le jus-
tdiera jamais de l'ordre barbare qu'il,
donna d'égorger les prisonniers après
la sanglante bataille d'Azincourt ,
ni des trailemcns qu'il fit éprouver
aux bourgeois de plusieurs places
HENR
dont il se rendit mailre. Il avoiî
épousé eu l'au 1420 Catherine de
France, la dernière des filles de
Charles VI. Après la mort de sou
époux , Catherine se maria à un sim-
ple gentilhomme nommé Oweu Ty-
der, que le duc de Glocester fil mou-
rir pour avoir osé donner la main à
une reine douairière. Elle en eut
un fils, père de Henri VII. Voyez
Game et Catherine , n° III.
XIX. HENRI VI , fils et suc-
cesseur de Henri V, à l'âge de 10
mois seulement , eu 1422, n'eut ui
son bonheur , ui sou mérite. Il ré-
gna , comme son père , eu France ,
sous la tutelle du duc de Bedford ,
et en Angleterre, sous celle du duc
de Glocester. Il gagna même par ses
généraux plusieurs batailles, à Cre-
vant , à Verneuil , à Rouvroi. {Voy.
LuxEJïBouKG , u° m.) Mais les
victoires de la Pucelle d'Orléans , et
les succès qui les suivirent, mirent
fin aux triomphes de ce roi usurpa-
teur , et le chassèrent presque entiè-
rement de la France. ( Voy. Jeannu
d'Arc et Chari.es VIL) I-es que-
relles qui s'élevèrent dans la Grande-
Bretagne finirent par lui faire
perdre la couronne. Richard , duc
d'Yorck, parent, par sa mère, d'E-
douard III, déclaia la guerre à Hen-
ri VI , fils d'un prince qu'il ne re-
gardoit pas comme possesseur légi-
time du trône , le vainquit et le
fit prisonnier. Marguerite d'Anjou ,
lèmme du roi captif, el bien supé-
rieure à son époux , défit el tua le
duc d'Yorck à la bataille de Vaké-
feld en 1460, et délivra sou mari,
Edouard , fils du duc , vengea son
père , délit les troupes de la reine ,
et la fit prisonnière à la bataille de
Tewksburi, donnée en i47i- Henri
avoit fui en France; de retour eu
Angleterre, il fut pris et enfermé
à la tour de Londres, où il fut poi-
gnardé, cette même année, par le
duc de Glocester. C'étoil un priuce
HENR
vertueux , mais foible , ne sachant
qu'obéii" aux conrlisans qui s'empa-
roient de son esprit , et if;iiorant
l'art de commander ; changeant con-
tuiuellenient de maîtres , et iiidifTé-
renl sur les partis (pii dominoienl,
pourvu qu'on te traitât luiniame-
nient. Sous son règne , le nombre
des électeurs au parlement fut ré-
duit à ceux qui possèderoient en
terres la valeur de 40 schellings par
an. I-a multiplicité d'électeurs avoit
été jusqu'alors une source d'intrigues
et de cabales.
XX. HENRI VIT , fils d'Ed-
moat , comte de Richemont, et de
Marguerite de la maison de Lau-
castre, aidé parle duc de Bretagne
et par Charles VIII , roi de France ,
passa de Bretagne en Angleterre ,
délit et tua l'usurpateur Richard 111 ,
à Bosworth , le 2 août i48ô, et se
fit installer , le 00 septembre sui-
vant , sur le trône de la Grande-
Bretagne , qu'il prétendoit lui appar-
tenir , comme à l'aîné de la maison
de Lancastre. llétoit enefFet decelte
maison , mais du côté maternel , et
dans un degré bien éloigné. Cepen-
dant , malgré ses droits peu directs ,
ses ennemis firent jouer inutilement
des ressorts pour le détrôner. Un gar-
<,on boulanger, appelé Lambert Sim-
jiel , et le fils d'un juil cmiverti , nom-
mé Perkin Vaërbeck, l'un neveu , à
ce qu'il disoU, d'Edouard IV, l'autre
son fils, lui disputèrent la couronne,
après avoir appris à jouer le rôle de
j)rinces. {Voyez Edoiakj) Flaii-
tagenet, e/MARGU£RiTE iVYuick.)
Le premier finit sa vie dans la cui-
sine de Henri VII , et le second .
un peu plus redoutable , sur un
ëchtifaud. Le règne de ce monarque ,
qui fut de 24 ans , et presque tou-
jours paisible , humanisa un peu les
mœurs de la nation. Les parlemens
»]u'il assembla et qu'il ménagea
firent de sages lois ; la justice distri-
bulive rentra dans tous ses droits : le
HENR
371
droit J'asilt! dans les églises, qui
étoit la source de tant d'abuS, fut res-
treint , à sa demande , par une bulle
d'inno' eut Vil l;l'agri cul tu relut sur-
tout protégée; et le commerce qui
avoit commencé à lleurir sous le
grand Edouard III , ruiné pendant
Its guerres civiles , se rétablit peu à
peu sous Henri VII. Ce royaume eu
avoit besoin. On voit (ombien il
étoit pauvre , par la ditficulté ex-
trême qu'eut Henri VII à tirer de la
ville de Londres un prêt de deux
mille livres sterling. Son goiil, et
en quelque sorte la nécessité l^^n-
dirent avare. Une lésine hoiîœuse
et des rapines fiscales ternirent sa
gloire. Il lenoit un registre secret
de tout ce que lui valoieul les conlis-
calions. On rapporte un trait remar-
quable de sa rapacité en ce genre.
Il avoit défendu aux seigneurs d'en-
tietenir celte loule de partisans qui
s'engagecient à leur service, et qui
preuoienlleiu livrée. Le comte d'Ox-
ford , général et favori de Henri ,
devant le recevoir un jour dans son
château , assembla tous ses cliens ,
pour rendre cette réception plus
magnifique. Le roi les trouva rangés
en haie. Il témoigna son étonnement
de voir cette multitude de gens au
service du comte : celui-ci avoua que
la plupart ne lui appartenoient que
pour représenter dans les grandes
occasions. «Eu vérité, milord, dit
alors Henri , je vous remercie de
votre bonne chère : mais je ne puis
consentir que l'on enfreigne mes lois
sons mes yeux. Alon procureur-gé-
néral en conférera avec vous. » Ox-
ford n'en fut pas quitte, dit -on ,
pour moins de quinze mille marcs
d'argent. ( Voyez aussi Stanley ,
n* 1. ) Deux ministres, animés
des senlimens de Henri, Empsou
et Dudeley , devinrent les fléaux de
la nation. Les jugemens arbitraires,
les amendes , les compositions en
argent , les taxes odieuses et inutiles
grossirent tellemeutle trésor , (^u'on
372
HENR
le fait mouler à 2 millions 700 mille
livres sterling. Aux approches de
la mort, il tâcha d'expier ses injus-
tices par des aumônes et des Ion-
dations. Il mourut le 22 avril i5o6,
à 62 ans, après un règne de 24. La
protection qu'il accorda aux savaus
lui mérita le titre d'ami des lettres. Son
activité, sa vigueur, sa prudence ,son
amour de la paix , son courage à la
guerre , ont lionoré sa mémoire. 1!
eut pour système d'abaisser les grands
et de les tenir dans une étroite sujé-
tion. En accordant à la noblesse le
pouvoir d aliéner. les terres et de
rompre les anciennes substitutions ,
il procura au peuple le moyen d aug-
menter sa propriété, et de diniiiuier
celle des barons. Ses ministres turent
des gens de robe , qui, tenant de lui
toute leur fortune, furent esclaves
de ses volontés. Il est le premier des
rois d'Angleterre qui ait eu des gar-
des. Pour réunir les droits des deux
maisons de Laucastre et d'Yorck , il
avoit épousé, eu i/jSG, Elizabeth
d'x\ngleterre, lille et principale hé-
ritière d'Edouard IV, roi d'Angle-
terre , dont il eut plusieurs enfans.
Nous ne citerons qu'Artus Tudor ,
prince de Galles , mort en i5o2 ,
sans postér'.lé de son mariage avec
Catherine , fille de Ferdinand-le-Cc-
iholique, roi d'Espagne : et Hen-
ri Vlll , qui épousa la veuve de son
frère et la répudia ensuite. Tous les
malheurs qui , sous le règne de ce-
lui-ci , affligèrent l'Angleterre , ti-
rent peut-être , dit un écrivain, leur
source de la basse avarice dont Hen-
ri VII fut dévoré : la crainte de ren-
dre la dot de Catherine lui lit gar-
der cette princesse , pour la faire
épouser à son second fils. F-es Anglais
ont placé ce prince au rang de leurs
grands monarques , et l'ont appelé
le Salomon de l'Angleterre. Sou ca-
ractère adroit , le bonheur qui ac-
coujpagna ses entreprises , ses ma-
nières nobles et son application cons-
tante à paciiier sou ïoyuume , à ga-
HEJNR
gner les insurgés par la persnasion
ou par la crainte , et à anéantir le
pouvoir ancien et exorbitant dont
la noblesse abusoit , lui ont sans
doute mérité cet honneur. Aucuu
roi n'a montré plus d'adresse dan»
rétablissement des impôts. Si ses
sujets se plaig-noienl , il accordoit
des remises , et revenoit à son but
par d'antres moyens. Le véritable
motif de ses guerres contre la France
fut de se procurer l'occasion d'éta-
blir de nouvelles taxes, et siir-tout
d'occuper au dehors une nation dont
il pouvoit redouter les agitations in-
térieures. Sa Vie a été écrile par le
chancelier Bacon , et par l'abbé Mar-
sollier.
Y XXI. HENRI Vïll , fils et suc-
cesseur de Henri VII , moula sur
le trône eu i.'Sog. Les coffres de son
père se trouvèrent remplis à sa mort
de deux millions 75o mille livres
sterling : somme immense pour ce
temps. Henri VIII s'en servit pour
faire la guerre. L'empereur Maxi-
milieu et le pape Jules II avoient
fait une ligue contre Louis XII; le
monarque anglais y entra à la sol-
licitation de ce pontife. ( Ployez
JuLi'.s II el Maximix.I£N , n° I. )
Il ht une irruption eu France eu
ijio , remporta une victoire com-
plète à la journée des Eperons, prit
Térouane et Tournay , el repassa eu
Angleteri-e avec plusieurs prison-
diers français , parnn lesquels ou
comptoit le chevalier Bayard. Dans
le même temps Jacques IV, roi d'E-
cosse , entroiten Angleterre ; Henri
le défit et le tua à la bataille de
Floddenfield. La paix se conclut en-
suite avec la France. Louis XII ne
put l'avoir avec Henri , qu'eu épou-
sant sa sœur Marie ; mais au lieu
de recevoir une dot de sa femme,
suivant l'usage , Louis XII eu paya
une ; il lui en coûta \n\ million d'é-
cus , pour épouser la sœur de sou
vainqueur. HeuriVlU, ayant ter-
HET^R
miné heiireuseirient ceUe guerre ,
entra biciUôt après dans cclk-s qui
commençoieiit à diviser l'Eglise. Les
erreurs de Luliiar venoienl d ecla-
1er. Le iDouarque , plein de saint
'J'Iiomas et des autres scolasliques ,
rt avec l'aide de Wolsey , de Gar-
diuer , de Morus , et sur-tout de
Fischer, réfuta l'hérésiarque dans
un ouvrage qu'il dédia à Léon X. Ce
pape riionora , lui et ses successeurs,
(lu litre de Uc/e/iseur de la Foi :
litre qu'il sollicitoit depuis cinq ans,
et à l'occasion duquel Path , le t'ou
de la cour , lai dit : « Ah 1 mon cher
Henri, déiéudons-nous nous-mêmes,
et laissons la Foi se défendre toute
seule. « Il ne mérita pas long-temps
ce titre. 11 y avoit à la cour de l-on-
dres une tille pleine d'esprit et de
grâces, dont Henri devint éperdu-
mentamoureux. Elles'appeloit Aime
de Boulen. 11 avoit déjà en pour
mai tresse Eliz Blount , el de cet
amour naquit unhis. Sanderus pré-
tend qu'il avoit vécu avec la mère
d'Anne de Boulen , et qu'en cpou-
sanl celle-ci il a\ oit épousé sa pro-
pre hlle. Anne avoit une autresoeur,
nommée Marie , dont Henri VlU
avoit été aussi amoureux , selon le
Moréri de Hollande, i74o- « On
prétend que ce prince ayant im
jour demandé à François Brian ,
chevalier de l'ordre , si c'étoit un
grand crime d'entretenir la mère et
la hlle? C'est , répondit Brian , com-
me si l'on mangcoit la poule et le
poulet. » Le roi ayant trouvé cette
réponse plaisante , lui dit qu'il le
prenoit pour son vicaire infernal ; et
depuis, il fut connu sous ce nom.
Mais il est bon d'avertir que ces
contes satiriques sont puisés dans
des historiens conlroversistcs , qui
croyoient servir la religion en les
rapportant. Anne de Boulen s'atta-
cha à irriter les désirs du roi , el
à lui ôter toute espérance de les sa-
tisfaire , tant qu'elle ne seroit pas sa
femme. ( Fojez Bautojst. ) Henri
HEINR
373
e'toit marié depuis dix-hnit ans à
Catherine d'Aragon , hlle de Fer-
dinand et d'Isabelle , et lanle de
Charles - Quint. Comment obtenir
un divorce? Il faut savoir que Ca-
therine avoit d'abord épousé le;
prince Artus Tudor , frère aîné
de Henri 'V' 1 1 1 , qvi lui avoit
donné sa main ensuite , avec la
dispense de Jules II. On ne pen-
soit pas qu'un tel mariage pût être
incestueux ; mais dès que le monar-
que anglais eut résolu d'épouser sa
maîtresse , il le trouva nul ; il sol-
licita le pape Clément VIII de le
déclarer contraire aux lois divines
et liumaines. Le cardinal Wolsey ,
ce ministre si vain qu'il disoit or-
dinairement le roi et moi, enti-a
dans les vues de Henri. On paya
des théologiens, pour leur arracher
des décisions conformes aux désirs
du prince. Le pape, vivement solli-
cité de casser cette union , refusa de
se prêter aux vues de Henri , qui fit
décider l'affaire par Tiiomas Cram-
mcr, archevêque de Cantorbéry, et
prit sa maîtresse pour femme, en
1 553. Clément ayant prononcé con-
tre lui une sentence d'excommuni-
cation , celte bulle servit à Henri
VIII de prétexte pour consommer
un schisme. Il se lit déclarer pro-
tecteur et clief suprême de l'Eglise
d'Angleterre. Le parlement lui con-
firma ce titre, abolit toute lautorité
du pontife romain, les prémices,
les décimes, les annales , le denier
de Saint-Pierre , les provisions des
bénéfices. Son nom fut effacé de tous
les livres ; on ne l'appela plus que
l'Evêque de Rome. Les peuples prê-
tèrent au roi un nouveau serment ,
qu'on appela le serment de supré-
matie. ( ^^'OJ. AliLE, elCuoMWEL ,
n° I. ) Le cardinal Jean Fischer ,
Thomas Morus , et plusieurs autre»
personnages illustres , ennemis de
ces nouveautés , perdirent la tête sur
un échafaud. Henri , ne se bornant
pas à ces exécuUo-ns, ouvril les iiiai-
374
IIEJSK
sous religieuses, et s'appropria les
biens mouasliques. De» dépouilles
des couvens , il fonda six nouveaiix
évéchés. On avoil déjà proposé dans
les assemblées du cierj^é de suppri-
mer les petits mouasières ; mais lé-
vêque Fisciiek ( voyez ce mol )
s'y éloil opposé, a parce que, dit-
il à ses confrères , c'est fournir un
manche à la coignée du roi , pour
détruire ensuite tous les cèdres de
notre Liban. » La suppression dc3
maisons religieuses déplut à beau-
coup d'Anglais. Les grands et les
gentilshommes « trouvèrent mau-
vais , dit Pluquet, qu'on eût donné
au roi les biens des monastères sup-
primés, dont la plupart avoient été
fondés par leurs ancêtres. D'ailleurs
ils se voyoient privés de la commo-
dité de se décharger de leurs en-
fans, quand ils en avoient un trop
grand noiifbre , et d'aller , en voya-
geant , loger dans ces maisons où
ils étoient bien reçus. Les pauvres
murmuroieut encore plus fortement,
parce que plusieurs d'entre eux vi-
voient des aumônes qui se distri-
buoient journellement dans ces mai-
sons. Enfin beaucoup •de catholi-
ques regardoienl celte suppression
comme une atteinte portée à leur
religion. » Quoique Henri VllI se
déclarât contre cette religion à cer-
tains égards, il ne voulut être ni lu-
thérien , ni calviuiiie. La transsubs-
tantiation fut crue comme aupara-
vant ; la nécessité de la confession
auriculaire et de' la communion sous
une seule espère confirmée. Le cé-
libat des prêtres et les vœux de
chasteté furent déclarés irrévocables.
L'invocation des saints ne fut point
abolie, mais rtstreinte. Les messes
privées furent c iiservées. Il déclara
qu'il ne prétenduit point s'éloigner
des articles de foi reçus par l'Eglise
catholique. L'amour qui produisit
tous ces chaugemens ne dura pas.
Touché de la beauté du Jeanne Sey-
mour, U fit trancher la tète , eu
i53G, à Anne de Boulen , sur A?'
soupçons d'infidélité , légers selon
les uns , et graves selon d'antres ; et
le lendemain du supplice de cette;
infortunée , dont le sang fumoit en -
core , il épousa sa non velle maîtresse .
Jeanne étant morte en couches, il
la remplaça par Anne de Clèves. 11
avoit été séduit par le portrait de
cette princesse : mais il le trouva
si différent de l'original , qu'il la
répudia au bout de six mois. A
celle-ci succéda Catherine Howard ,
fille du duc de Norfolck , décapitée
en 1542 , sous prétexte qu'elle avoit
eu des amans avant sou mariag'".
C'est à cette occasion que le parle-
ment d'Angleterre donna une loi
aussi absurde que cruelle. Il déclara
« que tout homme qui seroil ins-
truit d'une galanterie de la reine
doit l'accuser , sous peine de haute
trahison et que toute fille qui
épouse un roi d'Angleterre , et qui
n'est pas vierge , doit le déclarer ,
sous la même peine. » Catheriut;
Parr , jeune veuve d'une beauté ra-
vissante , épouse de Henri aprî.;;
Catherine Howard , fut près de subir
le même sort que cette infortu-
née , non pour ses galanteries ,
mais pour ses opinions conformes à
celles de Luther. ( f^. Parr. ) Les
dernièresannées de Henri 'VllI furent
remarquables par ses démêlés avec
la Fiance. Bizarre dans ses guerres
comme dans ses amours, il s'étoit
ligué avec Charles - Quint contre
François V^ i^-'oy. Bellay, n° II ) ;
ensuite avec François P*^ contre
Charles -Quint; et enfin de rechel
avec celui - ci contre le monarque
français. Il prit Boulogne eu 1544»
etpromit de le rendre par le traité de
paix de 1 54*3. Il mourut l'année sui-
vante, le 28 ou 529 janvier, dans
sa 67" année. Henri laissa trois en-
fans : Marie , fille de Catherine
d'Aragon; Elizabeth, fille d'Anne
de Boulen ; et Edouard VI , fils de
Jeanne Seymour. 11 avoit réglé sa
HENR
succession à Lt couroune selon le
pouvoir que lui en avoil accordé le
l)arlemenl. Il mil dans le premier
rang Edouard VI , son tils , el toute
sa postérité ; en second lieu , la priu-
cesse Marie , et en troisième, Eliza-
belh , à condition qu'elles se nia-
rieroient du conseutemenl des exé-
cuteurs de sou testament. Après ses
tilles, il appeloità la couronne Fran-
çoise Brandon , fille aiuée de sa
sœur el du duc de Suffolck, à l'ex-
clusion des enfans de IMarguenie ,
renie d'Ecosse, sa sœur r.iuée. C'est
depuis lui que le pays de Galles a
été réuni à l'Angleterre , que l'Ir-
lande est devenue un royaume, et
que les monarques anglais ont pris
le litre de Majesté. Tous ceux
qui ont étudié Heuri avec quelque
soin , dit l'abbé Raynal , n'ont vu
en lui qu'un ami foible , un allié
inconstant , un amant grossier , un
mari jaloux , un père barbare , un
juaitre impérieux, un roi despo-
tique el cruel. Pour le peindre d'un
seul trait , il suffit de répéter ce
qu'il dil à sa mort , « qu il n'avoil
jamais refusé la vie d'un homme à
sa haine , ni l'honneur dune femme
à ses désirs. )) L'attachement à ses
opinions , et l'opiniâtreté , puisés
dans l'étude de la scolastique , le
rendirent d'abord controversiste , el
eutin tyran. Il perdit dans les plai-
sirs , ou dans de vaines occupations ,
le temps qu'il auroit pu employer
à approfondir les principes du gou-
vernement. Une conHance aveugle
en ses ministres le réduisit à être ,
durant la moitié de son règne, le
jouel de leurs passions, ou la vie-
lime de leurs intérêts: l'autre par-
tie fut employée à troubler le repos
du royaume , à l'inonder de sang
et à l'appauvrir. Il le bouleversa
et le pressura , dit Sanderus , au
point qu'il ne resloit plus que de
vendre l'air aux vivans et la sé-
pulture aux morts. Fils d'un père
avare, il ruina ses sujets par des
HEJNR 375
profusions criminelles el extrava-
gantes , el ce fut encore le moindre
des maux qu'il fil à l'Angleterre. Eu
s'emparant d'une partie des biens
du clergé , il n'en fut pas plus riche.
Dans tous les besoins de l'état ,
l'Eglise avoil plus contribué que les
laïques. Aussi Charles-Quint disoit
au sujet de la suppression des mo-
nastères dont Henri prodiguoil les
revenus à ses courtisans a qu'il
avoit tué la poule qui lui dounoil
des œufs d'or. » Lorsqu'il avoit pro-
posé quelque édil bnrsal au parle-
ment , il falloil qu'il n'essuyai au-
cune difficulté. Ayant appris qu'un
meuibre des communes , appelé
Montagne , nretloit opposition à un
de ses bils, il l'envoya chercher, el
lui dit ■■ « Que mon bill passe demain
matin , ou votre tète sera coupée » ;
et le biU passa. Il faudroil le pin-
ceau de Tacite pour tracer le carac-
tère de ce prince , et pour rendre
avec leurs véritables couleiirs la bas-
sesse de ses courtisans , l'abjection
de son sénat , l'avilissement du
peuple. Henri étoit né avec un ca-
ractère despotique ; l'adulation for-
tifia ses mauvaises qualités , el en
fit un véritable monstre. Ses entan-
tes sembleroieiil appartenir à une
espèce de folie. Il fut étranger à
tout seuliment d'humanité. L'amour
ne fui chez lui que le besoin des
sens et non l'affection du cœur. Sa
religion étoit un mélange de fana-
tisme et d'orgueil , sa politique ne
fut que l'art de maintenir la ter-
reur. Tourmenté pendant ses der-
nières années par une maladie in-
curable , sa férocité ne lit que s'ac-
croitre. Renfermé dans son palais ,
comme une bête fauve dans son an-
tre, on ne s'apercevoit de son exis-
tence que par les arrêts de mort
qu'il prononçoit. Personne n'oçoit
l'avertir des approches du trépas ,
on ne s'intéresssoit pas assez à lui
pour appeler dans son cœur un sa-
lu taire repentir. Edouard II , Richard
376 HENPt
II, Henri VI avoieut. elé deirôues,
emprisoiiués , assassinés pour q\iel-
qiie.s actes aibilraires , ou pour ex-
pier les fruits de leurs inairresses
ou de leurs couriisàns ; el Henri
VIII , qui ue po'uvoit imputer à per-
sonne ses crimes el ses t'u.reurs ,
mourut sur le. trône. C'est sous le
règne de ce prince que la auette ,
rnaîadie dangereuse , infesta toute
l'Anglflerre. L'histoire de Henri Vlll
a été écrite par le lord Herbert , in-
folio , ouvrage estimé des Anglais.
L'al)bé Raynal a publié en 17 68
rHisloire de sou divorce , eu uu
vol. iu-12.
XXn. HENRI IV , dit Vlmpuls-
sant et le T^ibéral , et qu'on devoit
appeler plutôt le Prodigue , étoit
lils de Jean lïl , roi de Castille , au-
quel il succéda en i4^'4 > ^ ^'"^a^ '^^'
5o ans. Son règne fui le triomphe
du vice. Jeanne de Portugal , qu'il
avoil épousée api'ès la répudiation
de Blanche de Navarre sa première
lemme , ue couvroit ses galanteries
d'aucun voile. Henri , qui vouloit
avoir des enfans à quelque prix que
ce fût, introduisit lui-même, dit-
on, dans le lit de sa femme, Ber-
trand de La Cueva , jeune seigneur ,
dont le sort étoit d'être à la fois le
iviignon du roi el 1 amant de la reine
De ce commerce naquit une illle
nommée Jeanne. Bertrand eut pour
récompense les charges les plus im-
portantes du royaume. Les grands
murmurèreut et se révoltèrent. I-es
rebelles, devenus puissans, ayant
lin archevêque de Tolède et plu-
•sieurs avives évêqnes à leur tête ,
déposèrenlio roi en effigie l'an i465.
C)n dre.s.^a un va..:.j théâtre dans la
pluine d'Avila. Une sl,'>iu.c c lossale,
assise sur mi Irône couvert uo Jon^s
voiles de dueil, avec tous lesatlri-
Luts delà régence, fut élevée sur ce
tliéalre. T^a seùteuce de déposition
Inl proaoMcée u la sla'jie. L'arche-
vêque de Tolède lui ôla la couroime,
IIE^R
un autre l'épee , un autre le sceptre ;
et un jeune frère de Henri , nommé
Alfonse , fut déclaré roi sur ce
même échafaud. ( /'"oje:;PACnr;co.)
Cette comédie fut accomi)a»née de
toutes les horreurs des guei res ci-
viles. La mort du jeune prince , à
qui les conjurés avoient donné le
royaume , ne rail pas hu à ces trou-
bles. L'archevêque el son parti dé-
ciarèrent le roi impuissant, dans le
lemjjs qu'il étoit entouré de mai-
tresses ; et, par une procédure inouïe
dans tons les étals, ils prononcèrent
que sa hlle Jeanne étoit adultérine
et bâtarde. Plusieurs grands préten-
doient à la royauté ; mais les re-
belles résolurent de reconnoitre Isa-
belle, sœur du roi
, agee de 1 7 ans ,
plutôt que de se soumettre à nu de
leurs égaux ; aimant mieux déchirer
l'éîal an nom d'une jeune princesse
encore sans crédit, que de se donner
un maître. L'archevêque, ayant dono
fait la guerre à son roi an nom de
l'infant , la contiuna au nom de l'iu-
fante. t,e roi ne put enfin sortir de
tant de troubles et demeurer sur le
trône, que par un des plus honteux
Irai lés que jamais souverain ail si-
gnés. Il reconnut sa sœur Isabelle
pour sa seule héritière légitime , au
mépris des droiis de la malheureuse
Jeanne ; et les révoltés lui laissèrent
le nom de roi à ce prix. Eu vain à sa
mort, arrivée en i474. il réclama
contre ce traité; le trône resta à Isa-
belle. «La vie de ce prince, dit Fer-
reras , esl un miroir où les souve-
rains peuveiil apprendre C3 qu'ils
doivent éviter pour régner glorieu-
sement. »
XXIII. HENRI deTransta-
MARE. Voyez Transïamare.
XXIV. HENRI UE Lorraine,
duc de Bar. Voyez Catherine,
n" IX.
XXV. HENRI PE Lorraine,
duc de Guise . Voy. Guise, n° V.
HEÎ^R
XXVI. HENRI DE LORTIAINE ,
comte de Harcourt. Voyez Haii-
COURT, n° II.
* XXVII. HENRI, ëvêque d'Up-
sal, accompagna Waldemar l"^*^, roi
de Danemarck, dans sa sanglante
expédition contre les Finlandais,
c:ui furent obligés d'emLrasser la re-
ligion du vainqueur. Ce prélat , dont
le ztle n'éloil poirit dirigé par la
douceur et la paix évangéliques ,
traita ses nouveaux prosélytes avec
tant de sévérité, qu'ils Tassassinè-
rent, et celte Hn tragique lui procura
hs litres de Saint et de JUariyr,
que le pape Adrien IV lui accorda
solennellement.
XXVIII. HENRI LE Lion , duc
de Bavière et de Saxe , étendit sa
domination en Allemagne, depuis
l"Ell<e jusqu'au Rhin, et depuis la
mer Baltique jusqu'aux fionîieres
de l'Italie. Il fil construire des ponts
sur le Danube , à Ratisbonuo et à
Lawembourg; détruisit presque en
tièremenl les Henctes ; et déroba
Frédéric Barberousse , son cousin
germain , à la l'ureur du peuple de
Rome qui s'étoil soulevé. Cependant
cet empereur, jaloux de la puissance
de Henri , le déclara criminel de
lèse-majesté en 1180, et le dépouilla
de ses états, sous divers prétextes.
Henri contrainldes'ent'nii" vers le roi
d'Angleterre , son beau-père , qui lui
fit rendre BrunsAvick et Lunel)ourg,
mourut en iii).^, avec une grande
répulaliou de bravoure.
XXIX. HENRI DE HuNTiNG-
TON, historien anglais du 1 2*^ siècle ,
chanoine de Lincoln, puis archidia-
cre de Hunliugtou , a donné, I, unç
Histoire (FJ/igleterre , qui finit à
Fan ii54, et qui fui publiée par
Savillen 1.^76 , in- folio, dans les re-
ruiii Aiiglicarum scriptares. ÎI. Un
petit traité Du /j/épris du 3Jo//u'e ,
etc. Ces prod\icli;nns sout eu latin ,
el assez mal écrites.
HE^^R
377
t XXX. HENRI DE STJZE , sur-
nommé dans son temps /a Source
ci la splendeur du Droit, étoit
évèque d'Ostie , d'où lui est venu
le nom A'Ostiensis , el cardinal. Il
avoit été archevêque d Embrun , et
il mourut en j 27 1. On a de lui une
Somme du D rail canonique ctciuily
connue sous le nom de Somme Do-
rée : elle est de fer pour le style,
mais les canonisles y trouvent des
choses utiles. On en a trois éditions ,
Rome, 1475, 2 lom. in-fol. en uu
seul vol.; Bàle , 1576, et Lyon,
1397. — Il ne faut pas le confondre
avec Henri Suzon , homme pieux ,
dominicain du i4'' siècle, qui mou-
rut l'an 1066, dont nous avons di-
vers Ouvrages mrsliques , traduits
eu français , en 2 vol. iu-i 2.
XXXr. HENRI DE Gaxd na-
quit en cette ville ( son nom de
famille étoit Goethals ) , fut docteur
et professeur de Sorbouue, puis ar-
chidiacre de Tuurnay , où il mourut
en lag.T, à 76 aps. Ou a de lui,
1. Uu Traité des /tommes illustres,
pour servir de suite à ceux de saint
Jérôme et de Sigebert, et imprimé
avec une Somme de théologie , in-
fol. H. Une Théologie quodlibétique,
m- fol. Ce dernier ouvrage , assez
bon , remporte de beaucoup sur
tous les ouvrages des théologiens,
ses contemporains. Comme dans son
siècle on éloil dans l'usage de don-
ner des titres ou des sobriquets, on
l'appeloii le Docteur solennel.
XXXII. HENRI BoiCH , juris-
consulte du ïi\' siècle, né à Saiut-
Po! -de-Léon eu Bretagne, est au-
teur d'un Commentaire sur les Dé-
crétâtes, imprimé ù Venise eu 1576,
in-folio.
XXXIIÏ. HENRI D'UniMARTA ,
théi 'ogien du 14* siècle, natif de
Tliur.uge , de l'ordre des ermites
de Sailli-Augustin , '.liesa divers ou-
vrages dejjié.é , dont les uns sont
378 HENR
imprimés , et les autres inamis-
crils.
XXXIV. HENRI DE Bruys.
Voyez Bruys, n'^ II.
XXXV. HENRI d'Ecosse. Foy.
SCKIMGER.
XXXVI. H'ENRI Harphius,
pieux corclelier, ainsi nommé parce
«(u'il étoil de Herps, village de Bra-
baut, tit paroitre uu zèle éminenl
dans la direction des âmes, et mou-
rut à Malines eu 1478. On a de lui
v.n jirand nombre d'ouvrages de
/)/t?/e, en flamand, traduits en latin
et en français. Ils sont estimés, du
moins dans son ordre. Sa Théologie
mystique a été traduite en français
par La Mothe-Romancour , Paris,
1617 , in-4°.
XXXVII. HENRI DE GoRKUM ,
Hollandais , vice-chancelier de Co-
logne dans le 1 f)*^ siècle, a publié un
Traité des superstitions.
*XXXVni. HENRI (prince de
Galles ), liis aine de Jacques \" , né
eu 1694 à Stirling, fut le prince le
plus aimable et le plus accompli , et
protégea toujours les sciences et les
savans. Il mourut en 1612, regretté
de toute l'Angleterre , qui avoit
conçu de lui les plus belles espé-
^•ances.
XXXIX. HENRI (François) , pa-
trice de Lyon et avocat au parle-
ment de Paris, naquit dans la pre-
mière de ces villes en 161 5, et mou-
rut dans la dernière en 1686. Ses
connoissauces mathématiques , as-
tronomiques et physiques l'avoient
lié avec le célèbre Gassendi. On lui
doit l'édition des Ouvrages de ce
philosophe , publiée à Lyon eu 1 6. "^ 8,
en 6 vol. iu-fol.
t XL. HENRI DE Satnt-
Ignace, carme de la ville d'Alb en
HENR
Flandre, enseigna la théologie, et
occupa les charges les plus considé-
rables de son ordre. Il fit un long
se)our a Rome, au commencement
du pontificat de Clément XI , qui
l'eslimoil beaucoup , et mourut à la
Cavée , maison des carmes, dans
le diocèse de Liège, vers 1720, dans
un âge très-avancé. Sa principale
production est un corps compkt
de théologie morale assez méthodi-
que , sous le ùlre d'Jii/iica amoris,
ou Morale d'amour, Leyde,i709,
en5 v. m-fol. Cet ouvrage, actuelle-
ment rare, est défiguré par les senli-
mens ultramontains quel'auteur sou-
tient avec feu. On a encore de lui, I.
Uu autre livre de théologie aussi peu
couimnn : T/ieologia vêtus, funda-'
mental is , ad mentent résolut! doc-
toris J. de Bachone , Liège 1677 ,
in-i'ol. II. Molinis/nus profligatus ,
2 vol. in-8° , Liège , 171.^, III. ^z--
tes jesuiticœ in sustinendis per-
tinaciter nouilatibus , laxitatibus-
que sociorum , Strasbourg, 1717,
in-J2. IV. Tuba magna miruiti
clangens sonum.... De necessitale
refunnandi societalem Jesu , per
Liberium Candidum. C'est uu re-
cueil de pièces, où l'esprit de cha-
rité brille moins que dans son Et/iica
amoris. La meilleure édition est de
1717 , Strasbourg ( Utrecht ) , eu 2
gros vol. in- 12 , auxquels il faut
joindre , Tuba altéra ad papam.
Clementem XI , de necessitale re~
fonnandi societatem Jesu , Stras-
bourg , 1714 , in-8°: c'estla pre-
mière édition ; mais elle renferme
quelques particularités qui ne se
trouvent pas dans l'autre. Henri
de Saint-Ignace se déclara haute-
ment dans ses écrits pour le jansé-
nisme.
* XLI. HENRI ( Philippe ) ,
pieux théologien , né à Londres eu
i65i , mort en i685 , élève de l'é-
cole de Westminster, puis du collè-
ge du Christ ù Oxford , prit les or-
HE^R
dresdans la secte des presbylériens ,
et s'élablilà Worlheubury au conilé
de Fliiils ; mais à la reslaiiratioii il
fui interdit pour non-conformité.
i-XUI. HENRI ( Nicolas ),Tië
à Verdun en 169-2 , professeur d'hé-
breu au collège royal en 1725, mort
à Paris le 4 février 1762 , a donné
inia nouvelle édition estimée de la
Bible de Valable, Paris, 1739, en
•2 vol. in-fol. Il avoit une profonde
connoissancede la langue hébraïque.
Il en publia une très - bonne gram-
maire sous ce titre : Grammaticœ
liebrdicœ compeiidiosum exemplar,
Paris, 1724, in-fol.
* XLIir. HENRI ( Matthieu ) ,
théologien non-conformiste , lils de
Philippe , né en 1662 à Brbad-
Oak au comté de Fliuls , fut élevé
par son père , sous qui il fit de ra-
pides progrès dans ses études ; en-
suite il passa au collège de législa-
tion : mais il abandonna bientôt
l'étude des lois, et fut ministre dis-
sident à Chester. Après tire resté
plusieurs années dans cette ville ,
d passa à Hackney , puisàNaut-wich,
où il mourut ; mais il fut enterré à
Chester. Henri a donné plusieurs
ouvrages dont le principal est une
Exposition de la Jiib/e , 5 vol.
iii-fol ; les autres sont, I. une 7Jé-
thode pour la prière. 11. Un Vis-
cours sur l'eucharistie , et d'autres
ouvrages de dévotion-pratique.
Xr JV. HENRI ( dom Pierre ) ,
religieux bénédictin de la congréga-
tion de Saint-Maur , savant, pro-
fond et modeste , mort à Pans en
février 1782 , fut l'un des auteurs
du Gallia CAm/Za/za, continué par
Tachereau et Le Veaux.
* XLV. HENRI (Pierre- Joseph),
curé de Surin dans le duché de
Luxembourg , a joint l'application
aux études. On a de lui , I, De doc-
trind sacra, Louvaia, 1771 , petit
HENR
-■5:0
in-12. II. Explications sur le caté-
chisme des diocèses de Liège, Carn-
brai et Naniur, dont la quatrième
édition a paru à Liège en 1780. III.
Instructions familières sur les
quatre parties de la doctrine chré-
tienne, dont les dernières éditions
sont de Rouen , 1 785 , et Liège ,
1786, 4 vol. in-12. IV. Discours
familiers sur divers sujets de mo-
rale, Liège, 1786; Rouen, 1787.
Ce recueil répond parfaitement à
ceux qui précèdent. I.,es exhorta-
tions sont courtes. En général, l'au-
teur s'est fait une réputation très-
méritée par la clarté , l'ingénuité et
la bonne disposition de ses discours
et in^truclions , proportionnés à
l'inleliigtncedu peuple. Cet homme
respectable, mort en 1 791,11 Nannir,
où il s'étoit retiré accal)lé d'infirmi-
tés , après avoir administré sa pa-
roisse durant 46 ans, s'est vu réduit
à vivre d'aumônes dans les dernières
années de sa vie.
* XLVÏ. HENRI DE Kalkar ,
surnommé yJ'ger, né dans le duché
de Cièves au 15*^ siècle, d'abord doc-
teur de Paris et chanoine de Cologne,
prit ensuite l'habit de Chartreux ;
et s'élevant aux premières charges
de cet ordre, il fut successivement
prieur à Cologne, à Ruremonde , à
Strasbourg , etc., et cinq fois défi-
nileur-géuéral et visiteur de diverses
provinces. On a de lui plusieurs trai-
tés: Une instruction de rhétorique;
une instruction de musique ; un
traité des sujets et de la distinc-
tion des sciences ; diverses lettres ;
l'échelle de l'exercice spirituel en
forme d'oraison ; l'holocauste quo-
tidien de l'exercice spirituel ; une
exhortation à un chartreux de Co-
hlentz ; un psautier de la Vierge ,
ou une prose qui contient i5omots
en six Jve ; la manière de faire
des conférences suivant les Char^
ireux. Henri de Kalkar mourut en
1448, âgé de 80 ans. P. Camsius
38o HEJNR
Va inscié dans son îMaityrologe d'Ai-
le ma gne.
IIENRÎCÎENS. Voyez Bruvs ,
•a"' I et II.
HENRÎCUS A MOXDAVILLA.
Voyez MoNDEVii.LE.
* HENRICY (Jacques), démons-
Iraleur royal d'analomie en l'iim-
\ersUë d"x\ix, né au Puget-Tl\é-
niers dans le comté de Nice, vers
Tau 1680, avoil établi son domi-
cile à Avignon , où il remplissoit la
place de cliiiurgien en chef de l'hô-
l>i lai général, lorsqu'eu 17 20 la peste
se manifesta à Marseille et à Aix.
Le hasard Tayaut conduit à celte
époque dans cette dernière ville , il
fui invité à s'y arrêter par les con-
suls, à !a tète desquels éloit le mar-
quis de Vauvpnarg\ies , et se dévoua
enliereinont au soulagement des pes-
tiféiés. Il s'occ\iiioil en mèuie temps
des malades reulVrmésdansla cité et
de ceux qui étoiewt placés hors de
l'enceinte delà ville, dans des iu-
firuîerits dont on l'avoit nommé
chirurgien-major. 11 fil plusieurs rè-
glemens qui obliurent l'approbation
générale. Lorsque la conlagiou eut
cessé, le roi, sur la demande des
consuls d'Aix , voulant reconnoitre
SCS services , le nomma , par un
arrêt du conseil d'état, à la chaire
de démonstratetir royal d'anatomie
en Tuniversilé ,allendu «(pi'il avoil
pris soin des pestiférés pendant tout
le temps que la contagion avoil
ravagé la ville , avec toute l'écono-
lîiie, le bon ordre, l'assiduité, la
capacité, la charité et le succès pos-
sibles. » Cet habile chirurgien, mort
à Aix le 00 jmn 1749, ^ laissé
quelques manuscrits inédits. Son
nom mérite d'être placé à côlé de
ceux de Belsunce, de Vanveuargues
et de Chicoyneau.
-;- 1. HENRIET ( Frôlais) , savant
rëcollcl français, nujrt en iu88,
est auteur d'une Ilarnwnic éi'an-
lîEJNR
gclique , avec des notes lille'rale!»
et morales, et A'autres écrits peu
coinius.
-; II. HENRIET (Israël), gra-
veur , né à Nanci en 1G08, mort
à Pans en 1661 , Hls de Claude
Hcuricl, peintre d'abord à Chàlons,
puis à Nanci, a. peint avec beaucoup
de talent, laul pour le dessin que
pour la vérité du coloris , les pitres
de la cathédrale de Châlons. Il fut
à Rome élève de Tempeste ; mais
étant venu à Paris , il abandonna
la peinture et ne s'occupa plus que
de graver. Ami intime de Calot , il
parvint à copier plusieurs de ses
dessins, et même de ses gravures ,
de manière qu'on ne poùvoit re-
connoitre la copie d'avec l'original.
La vie de l'enfant prodigue en est
une preuve. Henriet lut choisi pour
enseigner le dessin au jeune rot
Louis XIV.
t I. HENRIETTE - MARIE de
France, reine d'Angleterre, iille
de Henri \Y et de Marie de ]Mé-
dicis , née en 1609 , mariée en
1625 à Charles T' , roi d'Angle-
terre , étoil douée de toutes les grâces
de la ligure. Son caractère resseni-
bloit beaucoup à celui de Henri
IV son père. Son cœur étoil noble,
ferme , tendre et compatissant ;
son esprit , vif, doux et agréable.
Les premières années de son ma-
riage furent fort heureuses; mais
su prospérité fut interrompue par
les troubles de l'Ecosse , et par la
révolte des Anglais mêmes contre
son époux. Ses chagrins furent si
cuisans , qu'elle se donna elle-même
la qualité de Heine malheureuse.
On lui reprocha le penchant qu'on
altribuoit à Charles 1'^' pour la re-
ligion catholique , et on se déchaîna
contre elle avec fureur. Elle ne
répondit à ces outrages que par
des bienfails. Quelques-uns de ses
courlisaus lui proposant de faire un
HEî^R
exemple sur les plus furieux : « Il
faut, disoit-elle, que j'en serve
aussi. Peut,- on mieux faire sentir
«ou autorité qu'en faisant du bien
à ceux qui nous perséculenl? » Elle
ne vouloit pas même qu'on lui
nomuiàt quelques personnes qui la
rciuloient odieuse aux principaux
de la cour : k Je vous le défends ,
disoit-elle. S ils me haïssent, leur
haine ne durera peul-ètre pas tou-
jours ; et s'il leur reste quelque sen-
timent d'honneur, ils auront honte
de tourmenter nue femme qui prend
si peu de précaution pour se dé-
fendre. 5) Cependant le feu de la
guerre civile embrasoit toute l'An-
gleterre. Le roi et toute la famille
royale avoient étt; obligés de quitter
Londres. La reine (lasse eu Hol-
lande, vend ses meubles et ses dia-
maus, achète des vivres et des mu-
nitions , dont elle chargea phisieurs
vaisseaux, et part pour l'Angle-
terre. Une furieuse tempèle vint
l'assaillir, mais sans la décourager.
Elle se tint, autant qu'elle ])nt ,
sur le tillac du vaisseau, au milieu
de l'orage , pour animer ses trou-
pes, disant gaiement que les jei/ics
ne se nojoient pas. Enfin , après
avoir essuyé nue foule de traverses
et de périls , elle passa en France ,
Tau i644- Le mauvais état des af-
faires de la reine Anne d'Autriche
ne lui permit pas de donner à sa
belle-sœur, dana les troubles de la
Froinle , les secours qu'elle aui-oit
aci-ordés à ses infcrlunes; et la 1111e
d'un roi de France , épouse d'un
roi d'Angleterre , se vit contrainte,
comme elle le disoit elle-même, de
(hniaiiiler une aumône au parle-
ment puui' poui'vir siibsisler. La
mort fimesle de sou mari , eu 1649,
fut pour elle le comble de la don-
leur ; mais elle eut la consolation
avant sa mort de voir rétablir
Charles II, son fils , sur le trône
de ses pères. Cependant cet evéue-
lueat u'ayoit pu la décider à se fixer
HEINR 38r
à Londres. Elle aima mieux mourir
dans sa patrie que d'avoir conti-
nuellement sous les yeux la salle
de Westminster, où le roi sou
époux avoit comparu comme «11.
criminel, et la place de Whaehall ,
où sa tête avoit été tranchée par
la main du bourreau. Elle avoit
aime' ce prince, et en avoit été ten-
drement aimée , et à l'exception de
quelques froideurs , produites par
des brouillons de cour , an com-
mencement de son mariage , leur
union l'ut inaltérable. Elle ht deux
voyages en Angleterre ; et, après
avoir demeuré quelques jours à la
cour de France, elle se relira dans
un couvent de Chaillot , où elle
mourut subitement eu 1669. ( l'oyez
sa f'ie ,VanSj 169^, iu-b°.) L'his-
toirii, comme les panégyristes, re-
connoisseut à Henriette du courage
et de la grandeur de caractère. i\Iais à
ce dernier tribunal, il ne sufïït point
aux princes d'avoir été zélés pour
une religion quelle qu'elle soit , ni
même d'en avoir eu les vertus ;
c'est par les biens et les maux diui
autre ordre qu'ils ont faits ou épar-
gnés aux peuples, qu'on les juge.
Ainsi taudis que les chaires callio-
liques lonoient l'énergie , la lonoa-
nimité, le dévouement dellenriette
à braver tous les dangers pour chei-
cher sur le continent et amener
des secours à son mari, les parti-
sans eux-mêmes de ce roi malheu-
reux pouvoient accuser son épouse
d'avoir été une des pricipales causes
de sa perte et de la guerre civile.
Sans doute c'est au père de Cliarles,
à son ministre , et à Charles Sluai t
lui-même qu'il faut imputer la iaute
politique d'avoir choisi une reine
catholique et française, dans de»
circonstances où ces deux litres
pouvoient être des causes de révo-
lution. C'est à Charles encore qu'ap-
partient la seconde faute d'avoir
laissé cette reine braver l'opinion,
Ift fanatisme aatioual , tnuliiplitc
38i
HENR
les ministres de son culte, exciter
4111 du moins encourager leur ardeur
))rosélylique. Mais Henriette n'excé-
da-l-eile pas le droit de suivre sa
religion et la part qu'elle devoit
prendre aux affaires politiques ?
Sslon les plus sages historiens ,
Charles, déjà prisonnier des révo-
lutionnaires, auroit traité avec eux
et signé les quatre articles qu'on lui
])roposoit, sans la reine. Elle le pressa
«le consentir à la mort du seul ap-
pui du trône , le comte de Slrafford.
On trouva dans la cassette de
Charles P'' , après sa défaite de Na-
seby , une correspondance de la
reine, qui justifie plus ou moins
toutes les inculpations des parle-
mentaires. Enfin , sous Jacques P*^ ,
la conspiration des poudres ; sous
Charles , le massacre spontané de
plus de/iDjOco protestans en Irlande,
étoienl des attentats attribués par
des procédures légales aux catholi-
ques. Innocente du premier , Hen-
riette l'étoit-elle tout-à-fait du se-
cond? pouvoit - elle le paroitre?
Qu'on rejette la plupart de ces re-
proches sur un autre fanatisme , le
l'anatisme presbytérien, il sera tou-
jours vrai que Henriette-Marie fut
nne cause occasionnelle , non seu-
lement des troubles de l'Angleterre
sous Charles l" , mais encore du
supplice de ce roi.
t n. HENRIETTE-ANNE
d'Angletekke , duchesse d'Or-
léans , dernière des enfans de Char-
les V^ et de Henriette de Fran-
ce , naquit à Excester eu 1644 ,
dans le temps que le roi son ])ère
éloit aux prises avec la rébellion.
l.a reine sa mère accoucha d'elle
dans un camp, au milieu des en-
nemis qui la poursui voient. Oliligée
de fuir, elle laissa sa fille, qui de-
meura prisonnière quinze jours
après sa naissance Au bout d'en-
viron deux ans, elle fut heureuse-
ment délivrée de celte captivité par
HENR
l'adresse de sa gouvernante. Elevée
en France sons h s yeux de sa mei t ,
elle étonna bientôt par les agrémcus
qu'on découvrit dans sou esprit et
dans ses manières. Philippe l\^•
France , duc d'Orléans , frère de
Louis XIV, l'épousa eu i66j ; mais
ce mariage ne fut pas heureux. l>e
roi se plaisoit beaucoup avec elle.
Il lui donnoit souvent des fêtes ; il
lui envoyoit des vers. « Elle lui ré-
pondoit; et il arriva, dit Voltaire,
que le même homme fut à la fois
le confident du roi et de madame
dans ce commerce ingénieux. C'é--
toit le marquis de Dangeau ; le roi
le chargeoit décrire pour lui, et la
princesse l'engageoit à répondre
pour elle. Il les servit tous deux ,
sans laisser soupçonner à l'un qu'il
fût employé par l'autre, et ce fut
une des causes de sa fortune. Cette
intelligence si intime jeta des alar-
iiKs dans la famille royale. Le roi
se vit obligé de réduire l'éclat de
ce commerce à un fonds d'estime
et d'amitié qui ne s'altéra jamais.
Louis XIV se servit depuis de Ma-
dame pour faire un traité avec l'An-
gleterre contre la Hollande. La
princesse qui avoit sur Charles II
son frère le pouvoir que donnent
l'esprit le plus insinuant elle cœur
le plus tendre , s'embarqua à Dim-
kerque , cliargée du secret de l'état.
Elle alla voir Charles à Cantorbéry,
et revint avec la -gloire du succès.
Elle en jouissoit , lorsqu'elle mourut
subitement à Saint-Cloud en 1670.
La cour fut dans une douleur et
une consternation que le genre de
mort augmentoit , car Henriette
s'étoit crue empoisonnée. La division
qui étoit depuis long-temps entre
elle et son mari fortilioit ce soup-
çon , qui n'est pas encore détruit.
On trouve les preuves de cet em-
poisonnement dans les pièces inté-
ressantes et peu connues , par de La
Place, pag. 208, Bruxelles, 1781 ,
in-12 ; et ces preuves sont sans ré-
pliqiie. Le journal de Paris , feuille
du ôojuin 1784, décide netlement
que cet empoisonnement fut un
bruit populaire qui tomba des sa
naissance ; mais ou peut appeler de
cette décision, d'autant plus qu'elle
n'est appuyée d'aucune preuve. Dn-
clos assure dans son Mémorial que
ce fut le chevalier de Lorraiue , fa-
vori de Monsieur, qui la fit empoi-
sonner dans un verre d'eau de chi-
corée. Voltaire prétend au contraire
que cette princesse , qui éloit assez
malsaine , mourut d'une colique
bilieuse : ce qu'il y a de certain,
c'est que Monsieur n'eut aucune
paît à ce crime. «Madame avoit
lesprit solide et délicat , du bon
sens, x\n tact très-fin , l'ame grande
et juste, éclairée sur ce qu'il ialloit
faire ; mais quelquefois ne le faisant
pas, ou par une paresse naturelle,
ou par une certaine hauteur dame,
qui se ressentoit de sou origine, et
qui lui faisoit envisager sou devoir
conmie une servitude. Elle mèloit
tlans toute sa conversation une
douceur qu'on ne trous oit point
dans les autres princesses. Elle ga-
gnoit tous les creurs par sa bien-
\ eillance et son affabilité. On con-
veuoit que chez les autres ce ton
éloit copié, qu'il n'étoit original
qu'en Madame. C'est à peu près
ainsi que l'a peinte Cosnac , arche-
vêque d'Aix, q\ii l'avoit beaucoup
connue. T'oyez sou Histoire par
madame de La Fayette, in-12; et
l'article Bossuet.
t m. HENRIETTE CATHERINE,
duchesse de Joyeuse, tille et héri-
tière de Henri de Joyeuse , comte du
Bouchage, maréchal de France, mort
capucin, sous le nom de P. Auge,
et de Catherine de La Valette , avoit
épousé en iSgv , Henri de Bourbon ,
duc de Moutpensier, dernier ])rince
de cette branche , mort le 27 février
1608. Tout ce que Henri IV qui
iainioit put en obtenir, ce fut qu'elle
HEÎNR
383
vînt à la cour , où il connut que
la vertu de cette belle veuve étoil
inébranlable. Après la mort du roi,
elle éjiousa Charles de Lorraiue duc
de Guise , et mourut en i656, à l'âge
de 71 ans.
t HENRION (Nicolas), membre
de lacadémie des inscri])lions et
belles-lettres, né à Troyes en Cham-
pagne , l'an i665 , d'un manhand
de cette ville, fut d'abord doctri-
naire , puis avocat , et ht une espèce
de commerce de médailles , qu'il con-
noisoit fort bien. Sou savoir en ce
genre lui ouvrit les portes de l'aca-
démie des belles-lettres. Il iravailloit
à uu Traité des poids et mesures
des anciens , lorsqu'il mourut eu
1720. Voulant donner à sa com-
l>agnie un avant-goût de l'ouvrage
qu'il préparoit, il y avoit apporté ,
en 1718, une espèce de Table o\i
d'Echelle chronologique de la diffé-
rence des tailles humaines, depuis la
création du monde jusqu'à la nais-
sauce de Jésus - Christ. Dans cette
table , il assigne à Adam cent trente-
deux pieds neuf pouces de haut , et
à Eve cent-dix-huit pieds neuf pou-
ces trois quarts; d'où il établit une
règle de proportion entre les tailles
masculines et les tailles féminines,
eu raison de vingt-cinq à vingt-
quatre. Mais il ôte bientôt à la nature
cette grandeur majestueuse : selon
lui , Noé avoit déjà vingt pieds de
uioius qu'Adam ; Abraham n'eu a voit
plus que vingt-sept à vingt-huit;
Moysefut réduit à treize, Hercule à
dix , Alexaudre-Ie-Grand n'en avoit
guère que six, Jules-César n'en avoit
pas cinq. La géographie lient essen-
tiellement à la taille des hommes ;
leurs pas ont toujours été et seront
toujours la première mesure des
es'i-.tces de longueurs qui se trouvent
sous leurs pieds ; c'est pour cela que
Henriou joignit une nouvelle Table
des dimensions géographiques des
premiers habitans de l'irnivers à
184
KEISR
celle des tailles humaines ; et ces
deux Tables romanesques sonlpro-
Lablementloul ce qu'on verra jamais
de 3 ou 4 vol. m-folio qu'il faisoit
espérer.
I. HENRIQUEZ( Henri), jësuile
portugais , quitta sa société pour se
faire cloiiiinicain , et reprit ensuite
l'habit de St-lgnace. Ayant fait un
voyage à Rome, il mourut à Tivoli
le a8 janvier i6o8 , à 72 ans , lais-
saut , I. Une Somme de théoLogie
morale , en latin , Venise 1600 ,
in-foho. II. Un traité JJe claulbiis
Ecclesiœ ; De Jine huminii>y dans
lequel il paroit tantôt favorable,
laulût contraire à Moliua.
* II. HENRIQUEZ( Jean-Chri-
sostôme ) , écrivain la1)orieux de
l'ordre de Citeaux , commissaire-
général des religieux irlandais de
son ordre, grand-prieur de l'or-
dre de Calatrava , et historiogra-
phe - général de la congrégation
des bernardins en Espagne, naquit
à Madrid d'une famille noble en
1695, et mourut à Louvain le ^3
octobre 1602, à l'âge de 5? ans. Il
a laissé un trèsis/a/id nombre d'où-,
vrages qui presque tous tendent à
écîaircir i'histoiie de son ordre.
Beaucoup sont insérés dans la Bi-
bliothèque des écrivains de loidre
de Citeaux, et dans la Bibliothèque
espagnole de Nicolo Antonio.
* III. HENRIQUEZ ( Henri ) ,
niéd cin portugais , qui vivoit dans
le I r.* siècle , passa en Espagne ,
où il enseigna dans les écoles de
Salamanque. Il est auteur d'un
ouvrage intitulé J)e rerum na-
turallum primurdiis. On lui attri-
bue aussi lonvrage suivant : JJe
regimine cibi al(jue potiîs , el de
cœteraruni rerum non naluralium
usa , nova enarraùo. Il y aussi
une édition de Madrid de i(u5,
iu-8", iulUuIée De cibo cl polu.
HEJNR
* IV. HENRIQUEZ ( Hen-
ri ) , cardinal aussi célèbre par
la naissance que par les qualités de
l'ame , naquit eu 1701 dans la
terre d'Otrante. Son amour pour
les belles -lettres, el particulière-
ment pour la poésie latine et ita-
lienne fut extrême. Il se livra
avec le même zèle à l'élude de la
physique el de la géométrie, et par
suite de la théologie el de l'histoire
ecclésiastique, étude qu'il continua
jusqu'à la fin de ses jours avec la
plus grande assiduité. Ses rares qua-
lités le firent clîoisir pour le gou-
vernement de quelques parties de
l'état ecclésiastique , et il fut chargé
d'apaiser les troubles de la répu-
blique de Saint-Marin, ce qu'il exé-
cuta avec autant d'équité que d'a-
dresse. Eu 1740 les cardinaux
réunis dans le conclave qui suivit
la mort de Clément XU lui écri-
virent pour donner une honorable
approlialion à la sagesse de sa con-
duite. Il fui chargé d'une ambassade
près de Pliilippe V , qui l'avoit lui-
inème choisi. Après son ambassade
eu Espagne , qui dura dix ans , il
fut promu au cardinalat par Be-
noit XIV , tt chargé de la légation
de la Romagne ; il s'y distingua par
l'administration de la justice et
par la protection qu'il accorda aux
belles-lettres. Il fut l'idole des iillé-
raleurs, qui le célébrèrent à l'envi.
Le jésuite Pio Giuppom se distin-
gua parmi eux par \\\\ drame fait
à sa louange , intitulé Alphonso
degli Enriguez riconosciuto , Ve-
nise, 1756. Au milieu de ces ap-
plaudisseraens , il fut enlevé anx
sa vans le 25 avril 1766. On a de
ce cardinal, I. Orazione composta
per lo ristoramento dclV academ/a
degli Spioni erelta in Leae. Il Cle-
menti XII P. O. ST. Elegia , insé-
rée dans le recueil de l'académie
Quirini. III Vlmilazione di C/trislo,
Home, 17Ô4. Celte traduction a élé
publiée avtic le teile eu rcj^ard.
HEINR
* V. IIENRIQUEZ (Louis-Biaise ),
habile gniveiir, né en lyôS , reçu à
l'acadëinie eu 1779, ^ donné un
sujet russe d'après Le Prince, inti-
tulé le Joueur de balalaye , Minerve
écarte le dieu de la guerre , d'après
Rubens, la mort de du Guescli/i ,
d'après Brenel, et plusieurs autres
sujets d'après Nattier , etc.
* I. HENRY ( Robert ), ministre à
Edimbourg , né en Ecosse en 1718 ,
auteur d'une Histoire d'Angle-
terre , formée d'après un nouveau
plan qu'il conçut et qui fut généra-
lement approuvé. U la partage à
chaque période eu 7 divisions :
j" l'histoire civile et militaire ; 2°
celle de la religion ; 3" celle de la
constitution , des lois , du gouver-
nement et des cours ; 4° celle de
l'instruction ; 5° celle des arts ; 6"
celle du commerce , de la marine ,
des mounoies; 7° celle des mœurs et
des coutumes. Les cinq premiers
volumes in-4'' parm-ent successi-
vemeul eu 1771 , 1774, i777 ,
1781 , et le cinquième, qui imita
l'avéuement de Henri VU , en
1786; le sixième volume, œuvre
posthume de l'auteur, parut eu
1790. Le docteur Henry eu a voit
fait l'entreprise à ses risques et à
ses frais, en 1786. U remit pour
la somme de raille livres sterling sa
propriété à MM. Cadell et Stra^an.
Celle entreprise, fruit de 5o années
de travail, lui rapporta 33oo liv.
(environ 7 2.'ioo fr. ) flenry éloit
d'un cajactère liaut et social; quoi-
que ses recherches littéraires lui
prissent beaucoup de temps , il n'en
étoit pas moins assidu et rtcherchë
d«us les sociétés d'Edimbourg, où
il monlioit encore dans un âge
avancé toute la gaieté delà jeunesse.
Il légua sa bibliothèque au magistral
de Linlilhgow, et laissa après lui lu
mémoire d'un homme de bien et
d'un savant estimable.
* n.HExNRY(DaYid),ruudes
T. VllI.
HENR
38:
auteurs du Geutleman's magazine ^
auquel il travailla peudant plus de
5o ans , naquit eu décembre 1710.
On a de lui divers ouvrages. î. Le
Fermier anglais , ou Sjstème pra-
tique d' Agriculture , eu 1773. IL
Collection historique de tous les
ijojages autour du monde ^ 1774,
iu-S" 4 vol. IlL plusieurs autres
ouvrages de moindre importance sur
les curiosités de Londres. Il mourut
en 1792.
t HENRYS ( Claude ) , célèbre
jurisconsulte , né à Montbri&on , fit
ses premières éludes au collège de
Lyon , et suivit le barreau de celle
ville. U fut châtelain de Chatel-neuf
en i6i7,el avocat du roi au bailliage
de Forez en iGSg. Profondément
versé dans la couuoissance du droit
civil , de l'histoire, du droit public,
et des intérêts des princes , il de-
vint l'oracle de sou pays, et fut
souvent cousullé sur les affaires d'é-
tat par plusieurs ministres, soit eu
France, soit des pajs élraugers.
Sa probit^é, sa politesse, sa pru-
dence, sou désintéressement éga-
loient ses lumières. xModeste et
fuyant les distinctions , eJles vin-
rent le chercher. Sou frère aine,
lieutenant-général au bailliage dé
Moutbrisou, avoit obtenu des lettres
de noblesse pour les services que
son père avoit rendus à l'état dans
des temps difficiles ; Henrys ne se
joignit point à lui pour obtenir la
même faveur, et ces lettres ne fu-
rent déclarées communes eu faveur
de ses enXans qu'après sa mort. Se
trouvant un jour à l'audience du
parlement de Paris , sans être con-
nu , il entendit plaider une cause
dans laquelle ons'étayoit mal à pro-
pos de son avis. Le premier prési-
dent , l'ayant aperçu, le pressa dé
s'expliquer lui-même ; ce qu Hen-
rys ht avec tant de force et de clar-
té , qu'il s'attira les applaudisse-
meusde toute la chambre. Ou sait
2b
3SG HÈISS
que le parlement de Paris a toujours
regarde les décisions de Henrys
comme des lois , el que^ par uu hon-
neur particulier rendu à sa mémoire,
l'avocat qui les invoquoil éloildaas
i'usage de se découvrir avec respect.
On a de lui , I. Uu excellent Recueil
d'arrêts , auxquels il a joint ses
plaidoyers. Cet ouvrage parut pour
la première fois à Lyon en i65i ,
a vol. in-fol ; la seconde édition
est de 1662; la troisième, avec les
observations de Brelonnier, est de
J708 ; la quatrième de 1708, en 4
vol in-fol, renferme les additions
et les savantes notes de Terrasson.
Henrys accompagna sa colleclion
de notes utiles et agréables. Dans
les unes , il éclaircit les principes
de droit ; et dans les autres, il sè-
me des traits de littérature et d'éru-
dition. II. des Harangues qui ^e font
jiie avec plaisir, quoique le style
en ait vieilli. Elles sont insérées
dans le Recueil cF arrêts. III. L'hom-
me Dieu , ou Le parallèle des ac-
tions divines et humaines de J. Ch.
Henrys mourut eu 1662. Plusieurs
prédicateurs se disputèrent l'honneur
de prononcer sou oraison funèbre.
•;■ HENSCHENIUS ( Godefroi ) ,
jésuite flamand , ilorissoit à la fin
du 17*^ siècle. Il travailla pendant
long-temps , avec succès , à l'im-
mense compilation des Actes des
saints , commencée par Bollandus ,
et ne servit pas peu à épurer les lé-
gendes des absurdités dont les moines
les avoient remplies dans des siècles
d'ignorance. 11 a également travaillé
de société avec ToUenarius et Bol-
landus à l'ouvrage intitulé Imago
primi sœculi socle tatis Jesu , àpro-
yinciâ Flandro- Belgicâ ejusdem
societalis reprœsentata , Anvers ,
j64o, in-fol.
* HENSr.ER ( Philippe-Gabriel ) ,
«avant professeur de médecine à
Kiel , «t arcliialre du roi de Daue-
HERA
marck , né le 11 décembre 1 7 3 5 , 'a
Oldensworlh en Holslein, el mort à
Copenhague le 3i décembre i8o5,
à l'âge de 73 ans , a composé un
Traiié sur la Lèpre du nord ; et
une Histoire de la maladie véné-
rienne : dans ce dernier ouvrage
l'auteur prouve par ses recherches
profondes , et par des passages fi-
dèles des auteurs conlemporams , de
l'apparition de la vérole, rares et peu
connus , qu'il est très-probable que
la maladie syy)hilitique a commencé
à paroilre en Europe avant le retour
de Colomb de son premier voyage
en Amérique ; il est encore auteur
d'un traité intitulé De herpete seu
formica veierum.
t HENTENIUS ( Jean ) , de Naline ,
près de Thuin , dans lEntre-Sambre-
Meuse , alla en Portugal vers la fia
de son enfance : il s'y lit hié-
ronymite , et entra ensuite dans
l'ordre de Saint-Dominique à Lou-
vain. La faculté de théologie dont
il étoit docteur le chargea , par
ordre de Charles-Quint, de corriger
la Bible, et de lui rendre la puret*
de l'ancien texte. H justifia la con-
fiance qu'on avoit eu ses lumières.
C'est principalement par ses soins
que parut la première Bible nom-
mée de Louvain , en i547 , Anvers ,
1670, avec figures. Voyez le P. Le
LoNii , tom. I , pag. 260. Hente-
nius mourut à Louvaiu en i566 ,
à 67 ans. On a encore de lui , I. Les
Commentaires d'^EutJiymius , sur
les Evangiles. II. Ceux à'CŒcumé-
nius, sur Saint-Paul. III. — d'Aretas,
sur l'Apocalypse , etc.
I. HÉPHESTION. Voyez Ephes^
TION.
II. HÉPHESTION. Voyez Efes-
TION.
HÉRACLAS , frère du martyr
Plutarque , se convertit avec lui
HERA
(îuraiil la persécution de Sévère. Il
fut caléchisle d'Alexandrie, conjoin-
lemenlavecOrioene,el eusiiile seul.
Son mérite le lit élever sur le siège
d'Alexandrie, sa patrie, en 25 1. Il
mourut sur la fui de l'année 2^7.
t HÉRACLÉON , hérétique du
troisième siècle , adopta le système
de Valenlin. Il y lit pourtant quel-
q\ies clunigemetis , et se donna beau-
coup de peine pour ajuster à ce
système la doctrine de l'Evangile,
dans des Commentaires très-étendus
sur les Evangiles de St. Jean et de
St. Luc. Ces commentaires ne sont
que des explications allégoriques,
(jui lirent adopter par beaucoup de
chrétiens le système de Valenlin ,
et leur auteur forma la secte des
héracléouites. Origène a combattu
les commentaires d'Héracléon , et
c'est d'Origène que Grabbe a extrait
les fragmens que nous avons des
écrits de cet hérétique.
1 HÉRACLÉONAS, quatrième fils
de l'empereur Hérachus el de Mar-
tine , seconde femme de ce |)rince,
né en 626. Son père le nomma, en
6/(1 son successeur à l'empire, avec
Héraclius-Constanlin , soufrereainé.
Rlarline ayant fait empoisonner ,
quatre mois après, Héraclius-Cons-
tantin , Héracléonas demeura seul
empereur , sousTaiitorilédesamère.
La haine que les forfaits de cette
princesse avoient inspirée devint
funeste à l'un et à l'autre. Unecabale,
formée par un courtisan habile, les
contraignit d'associer à l'empire le
prince David , surnommé Tibère ,
frère d'Héracléonas, et Constant, fils
d'Héraclius-Constantin. On vit donc
à Constantinople trois empereurs à
la fois , tous trois dominés par une
femme ambitieuse. Ce gouvernement
monstrueux ne dura pas long-temps.
Le sénat ayant lait arrêter Héracléo-
nas el Martine, on coupa le nez au fils,
et la langue à la mère. On les cou-
HERA 387
diiisil en exil , où ils finirent leurs
jours. Héracléonas a voit régné envi-
ron six mois depuis le meurtre de
son frère,
HÉRACl.ÉOTÈS (Denys), philo-
soplie d'Héraclée , d'abord stoïcien,
pensoit , comme Zenon , son maître,
que la douleur n'est point un mal ;
mais une maladie cruelle , accoui-
l^agnée de douleurs aiguës , le fit
changer de sentiment, vers l'an 264
avant J. C. U quitta les stoïciens
pour le cyrénaïques, qui ])lacoieut
le bonlieur dans le plaisir. Héra-
cléotès composa divers Traités de
philosuphic , et quelques Fièces de
poésie : Diogène-Laërce en cite une
de lui , qui étoil attribuée à So-
phocle.
I HÉRACLIDE i.e Pontique ,
né à Héraclée , ville du royaume de
Pont ; son père, qui se nonimoit Eu-
thyphron, l'envoya à Athènes pour
y étudier la philosophie sous Platon
et Aristote,et les progrès d'Héraclide
furent 81 bnllans, que lorsque Platon,
se rendant aux vœux de Denys ,
])arlit pour la Sicile, il confia à son
disciple le soin de son école. liéra-
dide, de retour dans sa patrie, la
trouva subjuguée par un tyran dont
il la délivra. Ses talens et son patrio-
tisme furent obscurcis par un vain
orgueil. On dit que , lorsque la
ville d'Héraclée envoya consulter la
Pythie pour qu'elle lui découvrit les
moyens de faire cesser la peste qui
la ravageoil , il corrompit la prophé-
tesse pour lui faire déclarer que le
Héau cesseroit , si en plein théâtre
le peuple plaçoit une couronne d'or
sur la tète d'Héraclide , et lui accor-
doit les honneurs funèbres dus aux
héros. U voulut faire accroire qu'au
moment de samort ilétoit monté au
ciel : il pria un de ses amis de mettre
un serpent dans son lit , à la place
de son corps , afin qu'on crîil que
les dieux l'a voient enlevé. Le ."ierpeut
388 HERA
n'allendit pas l'instaut de sa mort :
quelqu'un ayant tait du bruit, il
sortit et découvrit ainsi la fourbarie
d'Héradide. Ce philosophe avoit
écrit plusieurs ouvrages , dont le
style , suivant Diogèiie Laérce,étoit
tout à la fois noble et plein de dou-
ceur. II ne reste plus de lui que
quelques fragmens d'un traité sur
les gouverncineus , publié dans le
Prodiomus grec, imprimé à Paris
en iSo6. On trouve encore quel-
ques passages sous son nom daiis
i'Esope d'Aide, i5o5 , m-f'ol. Les
fragmens de ce philosophe ont aussi
été recueillis sous ce titre : liera-
clidis Ponlici fragmenta de relus
publicis ; edidit è cudicibus , ex
antiquis auctorilus et Hiugettiu
emendavit, atquecommenlario per-
pétua primas illustrapit D. Koeler
{additâ uersione germanicd), Halle,
1804, in-S" de 128 pag. Héraclide
vivoit vers l'an 335 avant J. C.
* II. HÉRACLIDE, de Ma-
cédoine, s'est l'ait une réputation en
peignant des vaisseaux ,et s'il n'est
point parvenu avi talent de Pioto-
gèues en ce genre , il '.'est du moins
élevé au rang des peintres qui méri-
tent d'être cités. Tout ce qu'on sait
de cet artiste , c'est qu'après la capti-
vité de Persée , il se réfugia à
Athènes.
HERACLIEN , l'un des généraux
de l'empereur Honorius. fil mourir
Stilicon à Ravennes l'an 4o8. Pour
le récompenser de ce service , Hono-
rius lui donna le gouvernement d'A-
frique. Dans la révolte d'Attalus , il
deme.ira fidèle à l'empereur, et dé-
fendit la province contre les troupes
que le rebelle avoit envoyées ; il tua
même un certain Constantin, qui les
couduisoil. Sa fidélité ne tarda pasùse
démentir: élevé au consulat en 41 5,
il t'abandonna aux conseils violens
de Sabinus,qui, de son domestique,
éloit devenu son gindre , et qui lui
persuada d'usurper l'empire. Pour
HERA
exécuter sou dessein, il retint la Hotl^
qui avoit coutume de porter du liié
eu Italie , et en prit le chemin avec
une armée navale , composée de trois
mille sept cents navires. Le coitite
fllarin s'opposa à son débarquement,
et le mit en fuite. Alors Héraclien
monta sur un seul vaisseau qui lui
resloit , et passa à Carlhage , où il
fut tué.
T I. HERACLITE ,^célèbre philo-
sophe grec, natif d'Éphèse, iloris-
soil versl'au 5oo avant J. C. 11 éloit
mélancolique et pleumii sans cesse
sur les sottises humaines. Cette triste
habitude , jointe à son style éniguia-
lique , le lit appeler le Fhilosop/ie
ténébreux et le Pleureur. « Qu'est-
ce que l'homme, disoit-il , qu'est-ce
que tout l'homme? Son savoir n'est
qu'ignorance ; sa grandeur que bas-
sesse ; sa force qu'infirmité ; ce qu'il
appelle plaisir , que doideur. » Ce-
pendant il disoit quelquefois que la
vie est un présent du ciel , qu'on doit
conserver avec soin , et dont on ne
doit pas disposer selon son caprice.
Il faut attendre que les dieux nous
demandent ce qu'ils ont bien voulu
nous accorder. Il composa divers
Traités , entre autres un sur la Na-
ture, dans lequel il enseignoit que
tout est animé par un esprit ;
qu'il n'y a qu'un monde, qui est fini ,
qu'il a été formé par le feu ; et
qu'après divers changemens , il re-
lourneroit en feu. Euripide ayant
envoyé une copie de celte production
à Sociate , celui-ci , eu la lui ren-
voyant, lui dit «que ce qu'il avoit
ceinpris de ce livre lui avoit paru
hou , et qu'il ne douloit point que ce
<|u'il navoit pas pu entendre ne le
fût de même. » Darius , roi de Perse,
ayant vu cet ouvrage , écrivit une
lettre fort obligeante à l'auteur ,
pour le prier de venir à sa cour, où
sa vertu seroil plus considérée qu'en
Grèce. Le philoso])he le refusa d'une
manière brutale. Ou dit que la cou-
lïERA
versalion des hommes ne faisant
qn'irriler son humeur chagrine , il
prit une si grande aversion pour eux
qu'il se relira sur une montagne ,
pour y vivre d'herbes avec les hèles
anvages. Celte vie lui ayant causé
une, hydropisie , il descendit à la
ville , et consulta , par énigmes , les
médecins , leur demandant a s'ils
pouvoient rendre serein un temps
pluvieux ? ■» Les médecins n'enten-
dant rien à ses demandes , il s'en-
ferma dans du fumier, croyant dis-
siper par cette chaleur empruulée
i humeur qui éloit chez lui en trop
grande abondance ; mais comme ce
remède ne le guérissoit point, il se
laissa mourir, âgé de 60 ans. On rap-
porte de lui quelques bons mois et
quelques sentences. 11 répondit aux
Kphésiens, qui s'étonnoient de le voir
jouer aux osselets avec des enfans ,
« qu'il aimoit encore mieux s'amu-
ser ainsi que de se mêler de leurs
affaires. Ilavoit pour maximes «qu'il
falloit étouffer les querelles dans
leur naissance, comme on élouffe un
incendie; et que les peuples doivent
combattrepour leurs lois comme pour
leurs murailles, «llcroyoitquela na-
ture de lame étoit une chose impéné-
trable Il nous reste quelques frag-
inens de ce philosophe, que Henri-
Etienne imprima avec ceux de De'-
mocrile, de Timon , et de plusieurs
autres, sous ce litre : Poesis philo-
sophica, iSyS, in-8°.
IL HERACLITE , Sicyonien.
C'est sous sou nom que Léo AUatius
a publié le livre De incredihilibus ,
qu'il avoit tiré de la bibliothèque du
Vatican. Cet ouvrage , imprmié à
Rome en i64i , l'a été depuis à
Londres et à Amsterdam. La der-
nière édition est la plus belle.
L HERACLIUS, empereur
romain, né vers l'an b-jb d'Héra-
clius, gouverneur d'Afrique, détrôna
Phocas, qui tyraimisoil ses sujets ,
et se lit couronner à sa place en
HERA
38o
610, après lui avoir fait Irancher
la tète. « Quoi , lui dit-il , tu n'avois
usurpé l'empire que pour faire tant
de maux au peuple ! — Phocas lui
répondit: gouverne -le mieux, w Le
nouvel empereur profila de cel avis.
Il ht la revue des troupes, les disci-
plina, et mit un nouvel ordre dans
l'état. Càiosroès II , roi de Perse ,
étoit eu guerre avec Phocas , Hérr.-
clius lui til demander la paix , et ne
put l'oblcHir. Le monarque persan
envoya une armée formidable dans
la Palestine en 614. Jérusalem fut
prise , les églises brûlées , les clercs
massacrés , les chrétiens vendus aux
juifs, les vases sacrés, entre auUes
le bois de la vraie croix, enlevés.
Le vainqueur jure « qu'il n'accordera
la paix à l'empereur et à ses peuples
qu'à condition qu'ils renonceront
à Jésus-Christ , et qu'ils adoreront
le soleil , la divinité des Perses.
« Héraclius , outré de ces insolences,
marcha contre Chosroès, le défit eu
plusieurs rencontres , depuis 62a
jusqu'en 627. Le roi barbare , pour-
suivi jusque dans ses étals, y trouva
Syroès son fils aîné , qu'il avoit vou-
lu déshériter, les armes à la main.
Syroès, l'ayant fait enfermer dans
une dure prison, lit la paix avecHéra-
clius, et lui rendit le bois de la vraie
croix en 628. On célébra , comme
un jour de fêle , celui où elle avoit
été remise à sa place. C'est l'origine
de la fête de l'exaltation de la croix ,
célébrée par les Grecs et les Latins
le j4 septembre. Les disputes théo-
logiques qui avoient agité l'empire
d'orient se renouvelèrent , quoique
le nestorianisine et lentychéisme
eussent été proscrits. Ou avoit éla-*"
bli , sous les règnes précédens , dans
différentes assembléesecclésiasliques,
la réalité des deux natures eu J. C,
On chercha à expliquer , sous l'em-
pire d'Héraclius, comment deux na-
tures ne composoieut qu'une per-
sonne , quoiqu'elles lussent distin-
guées. « On crut rëiovidre cette difli-
Bqo
HERA
culte, dit laLiië Pliiquet^ en suppo-
sant que la nati.re liumaiue étoit
réelleuieat di-tiiiguëe de la nature
divine; mais qu'elle lui éloit telle-
ment unie , qu'elle n'avoit point
d action propre: que le Verbe étoit
le seul principe actif dans Jésus-
Clirist ; que la volonté humaine étoit
absolument passive, comme un ins-
trument dans les mainsd'un artiste. »
Cetteexplicationparutiever les diffi-
cultés des uestoriens et des euly-
cliéens. Héracliiis la regarda comme
un moyen d'étei'idre les restes de ces
hérétiques , qui avoient résisté aux
analhèmes des conciles et à la puis-
sance des empereurs. Epris de cette
idée, il assembla un concile et donna
un édit qui f'aisoit, du monolhélisine
on de l'opinion qui ne suppose
qu'une volonté dans Jésus-Clirisl,
une rèj^le de foi et une loi de l'em-
pire. Cet édit , qu'on nomma l'Ec-
these , c'est-à-dire exposition de la
foi , fut condamné à Rome Tannée
suivante 640 parle pape Jean IV,
dans un concile. L'empereur écrivit
au souverain ponfit^e « que cet édit
11 'étoit point de lui ; que le patriar-
che Sergius Tavoit composé, et l'a-
voit engagé à le publier sous son
nom ; mais qu'il le désavouoit, puis-
qu'il causoit tant de troubles. » Pen-
dant ces d!S|iutes , les Sarrasins s'em-
paroient de l'Egypte , de la Syrie et
de toutes les plus belles parties de
l'empire. Héraclius étoit hors d'état
de s'opposer à leurs conquêtes. Il fut
attaqué d'une hydropisie qui le mit
au tombeau le 11 février 641 , à 66
ans , après .îo ans de règne. On ne
sait, dit l'abbé Guyon , quel rang
lui assigner parmi les princes. Sur
la tin de son règne , il donna plutôt
des marques de timidité que de cou-
lage. La sagesse, l'activité, la valeur
qu'il avoit fait éclater pendant la
guerre persique sont dignes d'admi-
ration ; mais dans les derniers temps
nn ne trouve plus le vainqueur de
Chosroès. C'est nn controversiste ,
HERA
quiparoit bien moins touché dé» af-
faires de l'empire , qu'empressé de
décider celles de la religion. 11 aban-
donua les devoirs d un monarque,
pour les obscures fonctions d'un
tljéologien.
II. HERACLIUS-CONSTANTIN,
Hls d'Héracliuset de Flavia Eudocia ,
né à Constantinople en 612, suc-
céda à son père en 641 , et par-
tagea le trône impérial avec Héra-
cléonas son frère, fils de l'impératrice
Martine, conformément aux der-
nières volontés d'Héraclius. Cons-
tantin aimoit son peuple , et en étoit
aimé : il ne cherchoit qu'à le soulager.
Ayant appris que son père avoit dé<-
posé un trésor considérable chez
Pyrrhus, patriarclie de Constanti-
nople, et qu'il devoit être remis à
l'impératrice Martine , dans le cas
de quelque disgrâce , il fit enlever cet
argent. Martine se vengea en l'em-
poisonnant : ce fut du moins le bruit
général. Comme il se vit sur le point
de mourir, il distribua le trésor de
son père aux soldats , pour qu'ils
fussent favorables à son fils Cons-
tant. 11 expira le 25 mai 641 , après
avoir porté le sceptre trois mois et
vingt-trois jours. Ses manières affa-
bles lui avoit gagné tous les cœurs.
t l. HÉRAULT ou Hérauld
( Didier ) Desiderlus Heraldus ,
avocat au parlement de Paris , cé-
lèbre par plusieurs ouvrages plein8
d'érudition. Les principaux sont ,
I. Des Notes estimées sur l'Apo-
logétique de TertuUien, sur Minn-
tius Félix, sur Arnobe, sur Mar-
tial. II. Des Adversaria , Paris ,
1 tigg, in-8". III. Plusieurs Livres de
Droit. Ce savant mourut en 1649.
On a encore de lui Dissertatio
si/per doctrinœ cnpitibus inter aca^
demiam Varisiensem et jesidlas
controversis, Cologne, 1613, in-S", et
Fragmens de l'Exarnen du Prince
de Machiavel , Paris , 1622 , réim-
HERA
pviméen i635,in-i 2. — HkRjMtlt,
sou fils, niinislre de l'église \v>ilione
à Londres , pr.is chanoine de Can-
lorbéry,a donné le Pacijîqi/o royal
en deuil, contre la inorl de Cha-
rles P'', roi d'Angleterre. C'est uu
recueil de Sermons qui fut suivi ,
après le rétablissement de Charles II
sur le trône , de vingt autres Ser-
mo7is , publiés sous le titre àc Paci-
fique royal en joie.
II. HÉRAULT ( Magdeleine ) ,
fille d'un peintre de même nom, ex-
celloit à copier les tableaux des
grands maîtres, et réussissoil dans
le porlrail. Elle épousa, en 1660,
Noël Coypel, dont elle eut le célè-
bre Antoine Cojpel.
t III. HÉRAULT (René ) , né à
Rouen eu 1691, mort à Paris en
1740, fut d'abord avocat du roi
au chàtelet , ensuite intendant de
Tours, enfin lieutenant de police de
Paris en 1725 jusqu'en 1709. L-e
caractère fougueux qu'il a développé
dans cette place fit dire au président
de Harlay que les fonctions de lieu-
tenant de police éloient comprises
dans ces trois mots : (( netielé, sii-
reté , clarté , sans troubler le cours
de la justice ordinaire et l'action
des lois, parce que chaque homme
jiublic doit se renfermer dans les
limites de son ministère. » Mais Hé-
rault les franchit toutes et devint
le grand inquisiteur de France ; il
inonda Paris et les provinces par
des nuées d'espions qui , dans leurs
irruptions multipliées de jour et
de nuit , escaladoienl les murs,for-
çoient les portes, fouilloieiil jusque
dans les poches , arrachoienl sans
forme légale les citoyens de leurs
asiles , et portoienl la terreur dans
toutes les familles. Hérault séduisoit
les domestiques pour leur faire dé-
noncer leurs maîtres. 11 devint in-
lendantde Paris, et mourut en 1740,
laissant une mémoire abhorrée.
HERA 391
■\ IV. HÉRAULT D£ Sechellks
( Marie-Jean ) , né à Paris en 1760 ,
commença sa carrière dans le barreau
en remplissant an chàtelet de Paris
la place d'avocat du roi. Neveu de
Mad. de Polignac, la reine l'y ren-
contra , et , charmée de sou entre-
tien , elle promit de lui être utile. En
effet, s\)r sa recommandation , Hé-
rault obtiirt la première place d'a-
vocat-général qui vint à vaquer au
parlement. Ayant embrassé avec
chaleur les principes de la révolu-
tion , il fut nommé commissaire du
gouvernement près du tribunal de
cassation, et ensuite député à la
première législature et à la conven-
tion. Il y présenta divers rapports
pour demander la responsabilité de»
ministres, la mise en accusation de
ceux qui avoicnt voulu défendre le
château des Tuileries le lo août , et
contribua plus qu'aucun autre dé-
puté à la constitution de 179^, qu'on
a nommée le Code ridicule de l'a-
narchie. L'un des axiomes politi-'
qnes de Hérault étoit que la force du
peuple et la raison étaient la même
chose. Avec de pareils principes , il
devint membre du comité de salul
public, d'où il fui précipité, comme
complice de Dautoti , et envoyé à
l'échafaud le 5 avril 17945 à l'âge
de 54 ans. Hérault entendit sa con-
damnation avec calme , se promena
pendant deux heures avec les autres
détenus, en attendant qu'on vînt le
chercher pour aller à la mort, et la
subit avec courage. Il étoit grand ,
d une figure très-intéressante , et s'é-
nonçoit avec une extrême facilité.
Réunissant une fortune considéra-
ble aux dons de la nature et de
l'esprit, il devoit jouir d'un sort
brillant el heureux ; mais l'envie de
jouer un grand rôle le tourmentoil ,
et le rôle finit pour lui d'un manière
funeste. Il est auteur de quelques ou-
vrageslittéraires. I. Théorie de l' am-
bition,Vùxis, i8o2,in-8''; cet opus-
cule, qui fui publié par M. Saignes^
3c)z
HERB
€5l écrit en maximes qui annoucetit
iiu coup-doeil pénélrant. Le slyle en
est énergique, quelquefois oljscur. II.
f^ojage à Montbar, publié à Paris
par M. Sol vel , avoit déjà paru , sous
îe titre de Visite à Buffon , en
1785 , après la mort de l'auteur. III.
Détails sur la Société d'Olten,
Paris, 1790, in-8°. IV. Eloge de
Siiger, abbé de Saint-Deuys, Paris,
1779, in-S" , plem de chaleur et
de mouvement.
t HERBELOT (Barthélemi d' ) ,
né à Paris en 1625 , montra, des
son enfance, beaucoup de goût et
de talent pour les langues orientales.
Il les fortifia dans plusieurs voyages
à Rome. Le grand-duc de Toscane ,
Ferdinand II , lui fit présent d'une
bibliothèque de manuscrits orien-
taux, exposée en vente lorsqu'il passa
à Florence. Le grand Colbert l'a voit
invité de revenir dans sa patrie.
Quand il pnrsil à la cour de France ,
le roi l'entretint plusieurs fois, et
lui accorda une pension de i,fiooliv.
Le chancelier de Pontchartrain lui
obtint ensuite la chaire de profes-
seur royal en langue syriaque. D'Her-
Tjelot, homme d'une vaste littéra-
ture , mourut à Paris le 10 décembre
1695. Les ouvrages qui font le plus
d'Iionneur à sa mémoire sont , L La
Bibliothèque Orientale , Paris ,
1697 , iu-folio, composée d'abord
en arabe , mise ensuite en français
i^our la rendre dun plus grand usage.
C'est un livre nécessaire à ceux qui
veulent connoilre les langues , le
génie, l'histoire et les coutumes des
peuples de l'Orient. M. Désessarts
en a donné une seconde édition ré-
duite et augmentée , en 6 vol. in-8",
Paris, 1781 : on en fait peu de cas;
mais on estime l'édition de La Haye,
1777-1779,4 vol. m-/° , avec des
notes et additions par Schultens ,
et un supplément par Visdclou.
îl. Un Dictionnaire Turc , et d'au-
tres Traités curieux qui n'ont pas
HERB
vil le jour. Sa Bibliothèque Orien-
tale , devenant tous les jours plus
rare et plus chère , a été réimprimée
à Mastrichl, 1776, in-folio; et à
Paris, 1782, 6 vol. in-8°.
t HERBERAY, seigneur des
EssARTS ( Nicolas de ) , commissaire
d'artillerie , mort vers 1 bï^2 , sortoit
d'une famille noble de Picardie. Il
avoit pris pour sa devise deux mots
espagnols, qui signifient soutenir
et oubli. La Croix-du-Maine dit que
c'étoit le gentilhomme de son temps
le plus estimé pour la pureté de la
langue française et pour l'art ora-
toire. Mais Duverdier dit qu'on trou-
voit de l'affectation dans son style ,
semé de mots nouveaux et étrangers,
et d'expressions rudes et désagréa-
bles. Herberay est connu principale-
ment par la Traduction des huit
premiers livres d'Amadis de Gaule,
qu'il avoit entreprise par ordre de
François \". Ce roman est eu 24
livres, qui forment autant de vo-
lumes. Les 21 premiers sont in-i6 ,
et les trois derniers in-8°. H y a
des volumes doubles, et qui sont
sortis de la tête des prétendus tra-
ducteurs; ce sont les 7, i5, 16,
19 et 20*'. Gabriel Chappuis est
celui qui a eu le plus de part à cet
ouvrage. ( /'oj'fc'2CuAPUls,u°lI, et
LoBEiRA. ) On trouve dans les Mé-
moires de Nicerou, tome XXXIX
article Herberay , des détails sur
les autres traducteurs. Les curieux
qui rassemblent les Amadis y joi-
gnent le Trésor de tous les livres
d'Amadis , contenant les Haran-
gut-s, I>ettres, etc., Lyon, 1082,
2 vol. in-16. Le style de ces anciens
écrivains est grossier et licencieux.
Mademoiselle de Liibart en a donné,
un extrait épuré en 8 vol. iu-i 2 ;
mais le choix eu est mieux fait ,
et présenté dune m miere plus in-
léressante dans la Traduction libre
d'Amadis de Gaule , par le comte
de Tressan , Amsterdam , Paris ,
HERB
-s vol. in-ijî, 1779. Herberay a en-
core translatée en prose la Chro-
nique du irès-vaillaiit el redouté
don Floris de Grèce, siinioiinné le
chevalier des Cygnes, in-t'ol., Paris,
1555, ]573;etLvon, 1672, 1 tom. ,
2 vol. ni-i6.
* I. HERBERSTEIN ( Sigismond
baron d' ), seigneur de distinction
de la Basse - Stirie , né en i486,
employé dans des négociations ho-
norables dans le 16'^ siècle, sous les
empereurs ]Maximilien , Charles-
Quint el Ferdinand , proRta de son
séjour eu Russie pour donner un
savant Commentaire sur cet em-
pire, en latin, Bâle, 1571, in-fol.
On la inséré dans lierum Moscoui-
ticarum scripiores varii , Franc-
fort, 1700. Herberstein mourut en
J559.
* II. HERBERSTEIN (Ferdinand-
Ernest, comte d' ) , né à Vienne en
Autriche, et mort à Prague le 6
mars 1720, publia Mathemata
adversùs umbratiles Poireti im-
pelus propugnata , Prague , 1709 ,
et plusieurs autres Traités rie phi-
losophie et de tnal/iéniatiques.
* III. HERBERSTEIN (Jean-
Cliarles , comte d') , évèque de Lan-
bac , uu des plus ardens pro-
moteurs des innovations en ma-
tières ecclésiastiques qui eurent lieu
sous le règne de l'empereur Jo-
seph II, donna, en 1782, une
Instruction pastorale, qui étonna
beaucoup les catholiques d'Autriche.
Le prélat crut faire la cour au mo-
narque, qui promit de le ftiire ar-
chevêque et métropolitain de deux
diocèses; mais le pape fit goûter au
prince les raisons de son opposition ;
et Laubac ne fut éri^é en arche-
vêché qu'en 1788, un au après le
décès du prélat, qui mourut dans
sa ville épiscopale le 7 octobre
1787 , à l'âge de 6y ans.
IIERB
3(.)3
I. HERBERT. Ployez \m~
MANDOIS.
* II. HERBERT ( Marie ) , com-
tesse BE PEMiiROfcE , épousa , en
1076 , Henri , comte de Pcmbroke ,
el vécut sous les règnes d'Elizabelh
el de Jacques \". Marie , sreur de
sir Philippe Sidney , qui lui dédia
son Arcadie , encouragea les let-
tres et les cultiva eîle-môme. Elle
traduisit du IVanc.ais, en iSyS, une
tragédie intitulée Annius. Ou lui at-
tribue une Traduction en vers an-
glais des Psaumes de David. Elle
mourut à Londres en 1621.
-;- m. HERBERT ( Edouard ) ,
plus connu sous le nom de lord
Herbert de Clierbury , né au châ-
teau de Montgomniery , dans le
pays de Galles , en i58i , et en-
voyé j par Jacques V^ , en ambas-
sade vers Louis XIIÏ , réunit les qua-
lités de ministre d'état, d'homme
de guerre et de savant. Nous avons
de lui , I. Une Histoire estimée de
Henri lUl, in-fol. IL De reli-
glone Centiliuni , errorumque apud
eos causls , Amsterdam , 1700 ,
in-8" ; ouvrage hardi et pl^in d'é-
rudition, m. 7?e causls errorum ,
ouvrage qu'on trouve, ainsi que le
suivant, dans l'édition du livre que
nous indiquons, n" 5 IV. T)e
religione laïci. V. De veritate ,
Londres, i6/(5, in-4°. Cette édi-
tion est la plus recherchée , parce
qu'où y a joint les deux traités pré-
cédens. L'auteur a répandu , dans
dilTérens écrits , des principes de
déisme et de naturalisme. On pré-
tend que c'est dans cette source que
puisèrent Spinosa , Hobbes et Ch.
Blount. Il avoil fait imprim^-r, en
itïSy, in-4°, une Traduction de
son Traité de la i^érité, sous ce
lilre : /Je la vérité, en tant qu'elle
est distincte de la révéla lion , du
vraisemblable , du possible et du
faux.\[. Deexpedltloneln R/ieam.
Insulum , Londres, i658, in-8'^.
394
HERB
VU. Vied' Apollonius de Thyaneè,
avec des Commentaires , tracluilc
eu français par Caslillon , Ber-
lin , 1774, 4 vol. iu-12. Le lurd
Herbert mouriU eu 1648, laissant
deux fils et une fille. Un savant
Allemand , nommé Korlholl , ht
imprimer en 1680, in-4'' , une Dis-
sertation sur les trois imposteurs
de son siècle : Spiuosa , Hobbes et
Herbert.
t IV. HERBERT (George),
frère du précédent, né en i.'igô, fut
poète et théologien. Son goût le por-
toit à remplir à la cour quelque
charge importante ; mais voyant son
ambition frustrée, il entra dans les
ordres, et sacquitta d'une manière
exemplaire de ses fonctions de pas-
teur. Ses poésies, intitulées le Tem-
ple, imprimées à Londres en i6ô3 ,
iii- 1 2 ; et /e Frêtre dans le Temple ,
ou le Caraclère et la conduite du
Ministre de campagne , i652, eu-
l'ent du succès dans le temps, mais
ne sont plus lues aujourd'hui. On
ignore la date de sa mort.
* V. HERBERT ( Guillaume ) ,
comte DE Pembhoke, né à Willon
en i38o, mort à Londres en i63o,
reçut l'ordre de la Jarretière en i6o4,
fut, six ans ajirès, nommé gouver-
neur de Portsmouth, en 1626 chan-
celier de l'université d'Oxford, et,
presque dans le même temps, lord
graud-maitre de la maison du roi.
Le comte Gudlaume Pembroke jouit
à la cour de l'estime et de la consi-
dération de son souverain ; et n'ayant
jamais ambitionné ce que d'autres
pouvoient désirer , il eut le bonheur
rare de n'y trouver que des amis.
Il aima les lettres et les cultiva lui-
même. Il a laissé des Poésies esti-
«nées, imprimées en 1660, in-S".
* VL HERBERT ( Thomas ) , de
]a même famille du précédent , lui
dut son avancement et l'avantage
d'être chargé du voyage (ju'il entre-
HERB
prit, en 1 626 , en Asie et en Afrique,
et auquel il employa quatre années.
La mort subite du comte Guillaume
Pembroke lui ayant enlevé son pro-
tecteur , il quilta mie seconde fois
l'Angleterre , et , à son retour , s'oc-
cupa à rédiger la relation de ses
f^ojages en Afrique , en Jsie, et
spécialement en Perse , dans plu-
sieurs parties des Indes orientales
et des îles adjacentes , qu'il publia
en 1 6.'54, in-folio. ( T'oyez W/cqtte-
roRT. ) L'édition de 1677, la qua-
trième de cet ouvrage, fut enrichie
d'augmentations. Lorsque la guerre
civile vint à éclater , Herbert s'atta-
cha au parlement. Nommé commis-
saire à l'armée de Fairfax , il le fut
aussi pour traiter avec les commis-
saires du roi pour la capitulation de
la garnison d'Oxford, et, en i()4G,
il fut adjoint à ceux que le parle-
ment envoya à Neuwcastle, auprès
de Charles 1""^ , pour triàter delà paix .
Cet infortuné monarque, obligé de
renvoyer ses serviteurs, avoit pris
en affection Harrington et Thomas
Herbert, et obtint des commissaires
la permission de les garder en qua-
lité de valets de chambre. Ce dernier
ne quitta plus Charles jusqu'à sa
mort , et fut créé baronnet par Char-
les II , pour ses services et sa fidé-
lité dans les deux années où il avoit
rempli ces fonctions auprès de son
père. Herbert mourut à Yorck en
1681 .Indépendamment de ses T'oya-
ges , il publia, eu 1678, Threnodia
Carolina , ou l'Histoire des deux
dernières années de la vie du roi
Charles I. Il donna aussi une Rela-
tion des derniers rnomens de ceprin-
cc , que Wood a insérée dans le second
volume de l'ouvrage intitulé Jthe-
nœ Oxonienses, et travailla à la ré-
daction du troisième volume de
Dugdale Monasticon Anglicanum.
VII. HERBERT (Claude- Jac-
ques ) , mort à Paris , sa patrie , en
1758, à 58 ans, s'est distingué
HERB
parmi les economisles. Son Essai
si/r la police des grains , avec un
Supplément ^ 1755 et 1757, 2 vol.
in-i 2 , est estimé. Il a encore lai.ssé
un Viscours sur les lignes, il 06,
iu-12.
* HERBIN ( Augiiste-François-
Julien),néà Paris le i3 dtuis 1783,
et xnoit clans celte ville le 5o dé-
cembre 1806 , montra les plus heu-
reuses dispositions pour l'élude. A
l'iige de 16 ans il s'occupa de la com-
position d'une Grammaire arabe,
qu'il lit imprimer sous ce litre :
J)ci'eloppe/nens des principes de la
langue arabe moderne , suivis d'ur.
accueil de p arases , de traduc-
tions interlinéaires, de proverbes
arabes , et d'un essai de calligra-
phie orientale, Paris, 1800, 1 vol.
in-folio de •2bl\ pages , première par-
tie. I,a deuxième n'est pas encore
imprimée. 11 l'ut reçu, à 21 ans,
membre de la société des sciences ,
belles-lellres et arts de Paris. Outre
la connoissance approfondie cpi'il
avoit des langues orientales , il li-
soit les ailleurs originaux grecs ,
latins, italiens et anglais. Ou a en-
core de lui Traité sur la Musique
ancienne , qu'il composa avec IM. Vil-
loleau, et une Notice sur Hbâfiz ,
poëte persan , avec des traductions
en vers, suivies de noies savantes
et instructives. Ces difFérens mor-
ceaux sont agréables et délicats , bro-
chure de 59 pages, 1806. Ce pelil
recueil est Irès-précieux et très-rare.
L'auteur n'en avoit tiré qu'un petil
nombre d'exemplaires. Il a laissé ma-
nuscrits les ouvrages suivans : JJic-
tionnaire arabe-français et fran-
çais-arabe , 1 vol. ; hlanc/ie de
Rossi , ou la Fidélité conjugale ,
traduite du toscan; Bedreddin ,
roman oriental pour faire suite aux
Mille et une Auits ; la Journée i>il-
lageoise , poëme en trois chants et
en vers, traduit de l'italien; Essai
sur les sj'Hotij/ties arabes, conte-
HERC 395
îiant 2j8 mots; Liste des homo-
nymes arabes ; l ragment sur l'ia-
dostan ; Dissertation sur la ma-
nière de simplijier les caractères
chinois ; Histoire des poètes per-
sans , 1 vol. iu-S"^ très épais.
IIERBINIUS ( Jean ), né en i63.T
à Bitschen, dans la Silésie, l'ut dé-
jiuté en iGG'i par les églises polo-
naises de la confession d'Augsbourg,
pour aller solliciter en leur laveur
auprès des églises luthériennes d'Al-
lemagne, de Suisse et de Hollande,
Il mit à profit ses voyages , et re-
chercha principalement ce qui pou-
voit avoir rapport aux cataractes
ou chutes des tleuves.U a laissé un
savant Traité sur celle matière ,
publié à Copenhague , .'.ous ce titre :
Dissertationes de paradiso , de ad-
mirandis mundi cataractis suprà
et subterra neis, eorumque princi-
pio , Amsterdam , 1678 , 111-4°. Ce
livre est rare et recherché. On a de
lui d'autres ouvrages. Les principaux
sont, I. Kiovia sublerranea, 1676 ,
in-8°. II. De statu ecclesiarum Âu-
gustanœ confessionis in Polonid,
Hafniœ, 1670, in-4°. IH. Terras
motiis et quietis examen, in-12.
IV. Tragicomœdia et Ludi inno-
cui de Juliano imperatore Jpos-
tatâ ecclesiarum et scholarurn
eversore , in - l^. Julien n'y est
pas flatté. Herbinius mourut eu
1676.
HERBOUVILLE(Claude),iésuile,
né à Rouen en 1697 , d'une famille
distinguée dans la magistrature ,
homme d'une profonde érudition ,
pendant quelque temps professeur
de rhétorique à Paris , quitta sa
chaire pour parcourir 1 » Hollande ,
l'Allemagne et l'Angleterre, revint
mourir dans sa patrie en 1787. On
lui doit les éditions latines des
Distiques moraux de Caton, i7o.'t ,
in-8°, et de Cicéron de linibus
bonorum et malorum. Les ouvrages
d'Herbouville sont , I Bibliotheca
3<,6 HERC
Meibomiana, ly^p , iu-S". II. IJue
Histoire de la bibliothèque de Wolf-
femlniUel , en lalin , 1746, iii-S".
* HERCULANUS ou IIerquel
(Jean), chanoine de 8aint-I)ié dans
les Vo'îges , au ifi*" siècle , étoit ué
près de là au village de Plain-Fain ,
où sa faniille exis'e encore. Hercu-
lauus a composé en lai in Y Histoire
rie ràgisede Saiiil-Dié , Imprimée
par dom Hugo , évfque de Piole-
inarde , lome l de Sacrœ anliqui-
tntis tnonuineiifa , et dans la même
langue, une f^ie du duc Antoine
de Lorraine , insérée par dom Cal-
met dans son troisième volume de
l'Histoii-e de Lorraine.
HERCULE ( Mythol. ) , nom
que les anciens ont donné à quel-
ques hommes d'une force el d'une
valeur extraordinaires. Diodore ,
liv IV , en compte trois , Cicéron en
nomme six dans le quatrième livre
de la nature des Dieux, elVarron
quarante-trois, dont plusieurs à la
vérité sont symboliques ; car cha-
que pays vouïoi lavoir le sien. Mais
le plus fameux de tous est le Thé-
bain , c'esl-à-dire, celui que les poêles
font fils de Jupiter et d'Alcmène,
femme d'Amphitryon. Les auteurs
grecs, pour le rLiidre plus mer-
veilleux , lui ont attribué les belles
actions et les grands exploits de tous
les autres; en quoi ils ont été suivis
des lalins.Tous racontent que Junon,
pour se venger des infidélités de
Jupiter , el empêcher l'accomplisse-
ment des liaules destinées promises
au jeune Hercule, le transporta d'un
tel accès de fureur, qu'il en perdit
la raison. Etant revenu à son bon
sens, il alla consulter l'oracle, qui lui
répondit que, « j)our guérir de celle
maladie, il devoil se souinellre à
son frère Eurislhée , el faire lout
ce qu'il lui ordonueroit. » Alors
Eurislhée, qui vouloit régner seul
elfaire périr llerciile , lui commanda
des choses qui paroissoienl impos-
H ERG
sibiesà un mortel ; c'est ce qu'on ap-
pelle les Travaux d'Hercule. 11 y
en a douze que l'imaginalion de»
poètes a rassemblés sans doute sur
un seul. Etant encore au berceau , il
étouffa deux serpens que Junon avoit
envoyés contre lui ; tua dans la fo-
rêt ou dans le marais deLerue une
hydre épouvantable, qui avoil plu-
sieurs lèles , lesquelles reuaissoient
à mesure qu'on les coupoil ; prit et
tua à la course une biche qui avoit
des cornes d'or el des pieds d'airain ;
étrangla dans la forêt de Némée un
lion extraordinaire , dont il porta
depuis la peau pour se couvrir;
mita mort Busiris, roi d'Egypte,
qui fiùsoit immoler tous les voya-
geurs ;punilDiomèderoi deTlirace,
qui nourrissoit ses chevaux de chair
humaine, eu le faisant manger par
ses propres chevaux j prit sur la
montagne d'Erimanlhe , eiiArcadie,
un sanglier qui désoloit toute la
contrée, et qu'il mena à Eurislhée;
tua à coups de flèches tous les hor-
ribles oiseaux du lac de Stymphale;
dompta un taureau furieux qui dé-
soloit la Crète; vainquit le tleuve
Anheloiis, auquel il arracha une
corne , qu'il lui rendit néanmoins en
recevant celle de la chèvre Amal-
ihée; combattit avec gloire Erix, les
géans Albion et Bergiou ; étouffa
dans ses Ijras le géant Aulhée; dé-
roba les pommes d'or du jardin des
Hespérides , après avoir tué le dra-
gon qui les gardoit ; soulagea Allas ,
en soutenant fort long-temps le
ciel sur son dos; massacra plusieurs
monstres, comme Gérion , Cacus ,
Tyrrhène et d'autres; dompta les
Centaures et nettoya les é tables
d'Augias; tua un monstre marin,
auquel Hésione , fille de Laoniédon ,
éioil exjiosée ; et pour punir Lao-
médon , qui lui refusa les chevaux
qu'il lui avoil promis , renversa les
murailles de Troie , et donna Hé-
sione a Télamon ; défit les amazo-
ufs, El donna leur renie Hippolyle
H ERG
à Thésée ; descendit aux enfers ,
t'ucliaina le chien Cerbère , et en
retira Alccste , qu'il rendit à son
mari Admèle; tua le vautour c^ui
inaugeoit le foie de Proinélhée atla-
<.lié au mont Caucase ; sépara les
deux montagnes Cajpé et Abyla ,
cl joignit par ce moyen l'Océan à
la Méditerrauée. Croyant que c é-
toit là le bout du monde , il y éleva
deux colonnes, qu'on a|)])ela depuis
Colonnes d'Hercule , sur lesquelles
on dit qu'il grava une inscription
dont le sens est : JSon plus ultra.
Ce héros avoit épousé Déjonire ,
qu'il avoit enlevée à Achéloiis; peu
après il s'attacha si follement à la
jeune Omphale , reine de Lydie,
qu'il s'habiiloil eu femme pour lui
plaire, et liloit avec elle. Il aima
aussi lole , hlle d'Eurile , et oublia
entièrement Déjanire. Celtederniere
intidélilé détermina sa femme à lui
envoyer , par un esclave appelé
Lychas , la tunique dn centaure Nes-
sus , comme un présent qu'elle lui
faisoit. Hercule ne l'eut pas plutôt
sur le corps, qu'il sentit ses entrail-
les déchirées par un feu dévorant,
qui le mil dans une fureur si épou-
vantable, qu'ayant saisi le malheu-
reux Lychas , il le lança dans la mer.
Eniiiine pouvan-, soutenir plus long-
temps les douleurs aiguës qui le
dévoroient , il dressa promplement
un bilicher , sur lequel il s'étendit ,
en priant son ami Philoctète d'y
mettre le feu. Ainsi mourut ce hé-
ros. Les dieux l'immortalisèrent , et
il fut reçu dans le ciel, où il épousa
Hébé, déesse de la jeunesse. On le
représente ordinairement sous la
figure d'un homme fort et robuste ,
la massue en main , et couvert de
la peau du lion de Némée. Il a quel-
quefois l'arc et la trousse, ou la corne
d'abondance sous le bras : fort sou-
vent on le trouve couronné de
feuilles de peuplier blanc. Il passoit
pour être l'inventeur des jeux olym-
pifpes et de ceux du cirque : on
HERC
397
lui attribuoit aussi les combats de.s
athlètes et des gladiateurs. 11 étoit
invoqué par les voyageur.^ , parce
qu'il avoit parcouru l'univers pour
le purger de tous les brigands ; c'est
pour cela qu'on lui dressoit des
autels sur les grands chemins', et
qu'on y faisoit des sacrilices. On
donne à Hercule plusieurs {tînmes
et plusieurs maiiiesses: entre au-
tres, Astidamie, Astioche, Auge,
Epicasle, Mégare , Parthénope , Py-
rène , Déjanire, les cinquante filles
de Thespius, qu'il rendit mères dans
une seule nuit , et il'autres que nous
avons citées dans le courant de cet
article. (/". Diagoha.s, n"I.)Le nom
dHERCULE , suivant l^aiily , s(='inble
dériver de deux mots suédois , fier
et cull , qui signifient un c/ie/' fie
soldats ; mais cette é'.ymologie n'est
pas soutenable.
*HERCYLLA-Y-ZUNIGA (dom
Alonzo ) , célèbre en Espague comme
homme de guerre et comme litté-
rateur , né à IVIadriden ir'iôS, vivoit
encore en i5f)(5;on ignore l'époque
de sa mort. 11 fut d'abord pige de
Philippe II, roi d'Espagne, qu'il ac-
compagna en Aiigleieire quand ce
prince épousa la ruine Marie , fille de
Henri V 11 1 . Dans ce temps la province
d Arauco au Pérou s'étanl révoltée ,
Andelaulade fut chargé d'aller ré-
primer les rebelles et mourut dans
la traversée. Doiu Alonzo, qui l'ac-
compagnoil , continua le voyage et
combattit vaillainmenl dans les dil-
férenles batailles qui furent livrées
aux rebelles-américains. A la tète de
quelques braves qui voulurent par-
tager ses dangers, il traversa, dans
nue simple barqiue, l'Archipel d'Ar-
chudos, qui étoit alors inconnu , et
l'Espagne dut beaucoup à son intré-
pidité ; mais la bravoure ne fut pas
son seul mérite. Il composa sur celte
expédition unpoëme intitulé Arau-
cana , que les Espagnols regardent
comme un des meilleurs ouvraoet.
398
HERE
de ce genre dans leur langue; aussi
ont - lis surnoininé doin Alonzo
Y Homère Espagnol . Flonan prëpa-
roil une Iradiiclion de ÏJraucana
quand il mourut. On prétend qu'un
autre liouinie de lettres s'en occupe.
*HERDER, président du consis-
toire ecclés.aslicjue , dans le duché
de Saxe-Weimar , mort à Weimar le
18 décembre i8o4, à l'âge de 62
ans , est connu ])ar un ou v rage inti-
tulé : Idées sur la philosophie de
l'histoire du genre humain , etc.
HERDTRICH (Chrétien), jésuite
flamand , savant dans l'histoire et
ïes coutumes delà Chine, publia ,
dans le siècle passé, conjointement
avec plusieurs de ses confrères, et
par ordre de Louis XIV , le livre
intitulé Confucius Sinarum phi-
losophus , seu Scientia Sinensis ,
imprimé à Paris , in-Iolio ,en 1687.
On accuse l'auteur et ses associés
de n'être pas tout -à -fait exacts,
et de montrer Confucius et sa doc-
trine sous un jour trop avantageux.
L'ouvrage est cependant fort cu-
rieux, et rempli d une érudition qui
ëlouna les savans mêmes.
t HERE (Emmanuel), premier
architecte du roi Stanislas , a donné
les plans , élévations et coupes des
châteaux de ce prince et de la place
de Louis XV^ à Nanci , Paris , i755 ,
3 vol. in-fol. 11 mourut à Luuéville,
8a patrie, en 1763.
*HEREDIA ( Pierre-lVIichel de ) ,
professeur de la faculté de médecine
en l'université d'AlcaladeHénarez,
fut premier médecin de Philippe IV,
roi d'Espagne , mourut à la cour
de ce prince en 1659. Ses ouvrages
parurent à Lyon en 1 665 , 4 tomes
en 2 vol. in-fol. , et à Anvers , en
1690, sous le même formai.
HERENNIEN , fils aîné de l'em-
pereur Odenat et de Zénobie , fut
honoré du uom d'Auguste . l'au 264^
HERE
lorsque Gallien donna le même rang
à Odenat et à sa famille. Zénobie lui
conserva cette ipiaiité après la mort
de son époux. Elle revêtit alors se»
trois fils de la pourpre impénale ,
pour gouverner l'empire d'Orient
sous leur uom. Hérennien , élevé
dans les mœurs et les usages des Ro-
mains par le philosophe Longin , ne
parloil que latin en public et dans
les conseils, afin d'imiter en tout les
empereurs de Rome. 11 régna ainsi
en Orient avec ses frères pendant
quelques années. On ignore quel fut
leur sort , lorsque Tempereur Au-
rélieu les eut faits prisonniers, après
avoir détrôné Zénobie leur mère,
HERENTALS (Pierre de ) , ainsi
nommé parce qu'il étoit natif de
Hérenlals dans le Brabant , chanoine
régulier de l'ordre des Prémon-
trés, naquit vers i320, et mourut
le i3 janvier 1090. Il est auteur ,
I. Des f^ies des papes Jean XXII ,
Benoît XII , Clément VI , lnno~
cent VI , Urbain V , Grégoire XI
et Clément VII , qu'on trouve dans
les Vies des papes d'A\ ignon , par
Baluze, Pans, 1693, 111-4°. Ces
Vies sont tirées d'un ouvrage ma-
nuscrit de Hérentals, intitulé Chro~
nica au orbes initia.
t HERESBACH ( Conrard ) , né
à Heresbach , village du duché de
Clèves , en i5og, gouverneur , puis
conseiller du duc de Juliers , qui
le chargea des affaires les plus im-
portantes , lia une étroite amitié
avec Erasme, Slurmius et Melanch-
thon, et mourut en 1676. On a de
lui , I. \J Histoire de la prise de
]tJu/isier,par les anabaptistes, jus-
qu'à leur supplice , eu i.S36 , Ams-
lertUim , 1600, m-S'^. II. Rei rusticce
libri quatuor. Spire, if>g5, in-S".
Il a été réimprimé plusieurs fois et
parut pour la première à Cologne
en 1671. Heresbach, vivant au mi-
lieu des champs, ajouta aux pra-
titjues connues des anciens les pro»
HERI
cèdes de sa propre expe'rieiice. III.
Uu ëcril sur l' Education des pri ri-
tes , qui renferme de bonnes vues.
Il fut imprimé à 'Franclbrt-sur-le-
Mein en i-'^yo, in-8". L'auieur veut
des corps intermédiaires dans uu étal
pour y maintenir dans de justes li-
mites la puissance politique. IV. Uu
traité De Kenatione , Jucupio et
Piscatione , où , parmi beaucoup
de connoissances en histoire natu-
relle , ou trouve trop de crédulité.
t HÉRI ( Thierf?de ) , chirurgien
de Paris. Ses travaux analomiques,
et ses premiers succès dans la pra-
tique, répandirent sou nom. Fran-
çois P' , instruit de son mérite ,
l'envoya en Italie , où il avoit alors
des troupes. liéri s'y appliqua sur-
tout aux maladies vénériennes qu'il
avoit étudiées à fond. Devenu inu~
tile dans cet te armée, après la bataille
de Pavie , il alla à Rome ; il s'y en-
ferma dans l'hôpital de Sainl-Jac-
ques-le-Majeur , dauslequel il trouva
beaucoup de ])ersonnes attaquées de
la maladie qui avoit lait le principal
objet de son attention. Il s'y servit
de la méthode des frictions , qu'il a
au moins perfectionnée. Revenu à
Paris , il employa ses lumières et son
expérience au soulagement de ses
compatriotes , et se consacra à la
guërison des maladies qu'il avoit
traitées avec succès en Italie. Héri
mourut en iBgq, dans un âge fort
avancé. On a de lui un traité inti-
tulé Méthode curaloire de la ma-
ladie vénérienne , vulgairement
appelée la grossê-vérole , imprimée
à Paris d'abord en i.')52, et ensuite
en 1569 , in-8°. Cet ouvrage , es-
timé de son temps , est encore re-
cherché. On assure que Héri gagna
plus de 5o,ooo écus dans le traite-
ment de celte maladie cruelle , la
terreur de la débauche et la honte de
l'humanité.
t HÉRIBERT , clerc d'Orléans ,
hérétique manichéen , entrainé dans
HERI
399
ce système par une femme qui ve-
noil d'Italie , se joignit à un de
ses compagnons, nommé Lisolius ;
et comme ils étoieiit tous deux des
plus nobles et des plus savans dit
clergé , ils entrainèrent dans leur
système un grand nombre d'autres
personnes de diverses conditions. Le
roi Robert assembla un concile en
1017, pour les faire rétracter; ils
ne le voulurent jamais ; on en ht
brûler plusieurs.
HÉRIC d'Héry. Voyez Heiriç.
1 1. HÉRICOURT ( Charles-Julien
de) , mort à Soissons en 1 704 , établit
l'académie de Soissons , par les con-
férences qu'il tenoit chez lui. Il a
publié l'Histoire de cette société
lilléraire , en latin fort élégant,
Montauban, 16G8 , in-S».
t II. HÉRICOURT ( Louis de ) ,
né à Soissons en 1687, petit-lils du
précédent , avocat au parlement de
Paris en 1712 , fui choisi , Tan-
née d'après , pour travailler au
Journal des Savans. Ses extraits ,
faits avec beaucoup d'ordre et de
netteté, embellirent cet ouvrage pé-
riodique, et hrcnl un nom à l'au-
teur. Ses ImIs ecclésiastiques de
France , mises dans leur ordre na-
turel ,^v\i\\é.^% pour la première fois
en 1729 , et réimprimées à Paris en
ij'ji , in-fol. , lui ont encore fait
plus d'honneur, par la méthode et la
clarté qui y régnent. On a , en outre,
de lui , I. Un Traité de la vente des
immeubles par décret , in-4°, 1727.
II. Un Abrégé de la discipline de
l'Eglise du père Thomassin , in-4'*.
m. Des (Euvres posthumes, 1769,
4 vol. in-4''. Il mourut en l'jb'h.
* III. HÉRICOURT ( Christophe
de), en latin Hericurtius , de la
même famille que les prëcédeus ,
doyen de l'église de Laoïi , et archi-
diacre du diocèse, mort eu 1370,
4oo HERI
est auteur tle divers ouvrages, et
ïiolauimenl d'une Relalion latine
de la possédée de haon guérie par
la sainte hostie.
* HÉRIGER, al)bé du monastère
de Laubes , né à Merbek dans le
Brabaut vers l'an gSo, iul un des
plus féconds écrivains du lo*^ siècle,
bon Histoire des évëques de Ton-
S'res, (te Mastricht et de Liège , est
lui tissu de pieuses rêveries, parmi
lesquelles ou rencontre quelques
faits mieux conslalés. Ses Traités de
l.iiéulogie inanquenl de méthode et
d'exactitude, el la plupart de ses
Vies de saints sont d'une infidélité
révoltante. La prose d'Hériger est
tout aussi barbare qu'elle pou voit
l'èlredaus ce siècle de mauvais goût;
mais rien n'égale la platitude de ses
ouvrages en vers. 11 mourut vers
l'an 1007.
* HÉRIGÈRE, moine de Lobbes ,
célèbre par ses vertus el sa science,
élu uiiaiiimement abbé de ce mo-
nastère l'an 990 , jouissoit de la
plus Ultime contiance de I\'lo!ger,
évèque de Liège ; ce fut à sa sollici-
tation qu'il composa V Histoire des
évéques de Lilgc, insérée dans les
Gesta pontificum Leodiensiuni, de
Chapeauville. Aubert Le Mire dit
que Molger eut beaucoup de part à la
composition de cet ouvrage ; mais
Valere Andrésembleavoirdémoiitré
le contraire. Ce savant abbé , mort
Tan 1007, est encore auteur, I. De
la Vie de saint Vesrnaj\ en vers,
publiée par le père Henschenius
dans les Jcla sanciorum. II. De la
Vie de saint Laudoalde. 111. De
la Discoïde de l'Eglise et de l' avè-
nement du Seigneur, dialogue. Ces
deux ouvrages sont manuscrits.
HF.RILLE, philosophe de la ville
de Calcédoine, disciple de Zéuoii ,
ayant entendu Aristote et Tbéo-
piuasl» donner souvent les plus
HERI
grands éloges à l'élude des sciences
et de la philosophie , il y ht consister
le souverain bien.
* HÉRINCK ( Guillaume ) , né ù
Helraont , récollet , élevé Sur le
siège épiscopal d'Ypres l'au 1677 ,
et mort l'année suivante , à 58
ans , a donné un Cours de théologie
scolastique el morale.
t HÉRIS ( Guillaume ) , auteur
liégois , né en 1667, ht profession
dans Tordre dei** carmes. Il a pu-
blié un volume de quatre cents
pages, rempli de Panégyriques des
Saints de sou ordre, loués cum ex-
traordinariâ methodo. Cetie ma-
nière est en effet extraordinaire.
Tous les mots de chaque éloge com-
mencent parla lettre initiale du nom
du saint que lauteur y célèbre. Héris
a encore laissé plusieurs pièces de
vers en l'honneur de saint Joseph ,
patron de la ville de Liège, réunies
en 1691 , in -4°. Chacune de ces
pièces est de dix vers. L'auteur mou-
rtit quelque temps après la publica-
tion de ce dernier ouvrage.
HÉRISSAIE. Voyez Fail.
I. HÉRISSANT ( François -Da-
vid), né à Rouen en 1724, doc-
teur en médecine de la faculté de
Paris , malgré ses parens qui vou-
loienl le mettre dans la robe , de-
vint membre de l'académie des
sciences, et mourut en 1770, à 5i
ans. On trouve beaucoup de ses Mé~
moires dans ceux (Je l'académie.
t II. HÉRISSANT (Louis-An-
toine - Prosper ) , né à Paris ea
1745 , de Jean -Thomas Hi'rissant ,
imprimeur , s'appliqua aux belles-
lettres et à l'élude de la médecine.
Il mourut le 10 août 17^9. On
a de lui, I. 'L! Eloge de Gonthier
d'jindernach., couronné par la fa-
culté de médecine. II. VIEloge de
du Cange , qui a eu ïaccessit.lW.
HERI
Po'éme sur l'irpprimerie. IV. Jat-
din des curieux , ou Catalogue rai-
sonné des plantes les plus belles et
les plus rares , soit indigènes , soit
étrai'* ires ^ publié aj^xs sa mort en
1 77 1 , iu-i 2. V. Bibliuthl'ijue phy-
sique de la, France , ou ÎListc de
tous les ouvrages qui traitent de
r histoire itaturel le de ce royaume ,
1771 , in-S*", achevée et publiée par
Coquereau , (lecteur régent d(^ la
faculté de Paris. Hérissaut a beau-
coup coutribué à la Bibliothèque
historique de la France.
t I. HÉRITIER ( Nicolas 1' ) ,
poète tragique , né à Paris , l'ut
d'abord mousquetaire ; mais obligé
de quitter le service, à cause dune
blessure, il acheta une char'^e «e tré-
sorier du régiment des gardes fran-
çaises, et obtint un brevet crhisto-
riographe de France. Il ihourul eu
1680. Ses poèmes dramatiques sont,
1. Hercule furieux. H. Clovis. Ces
pitccs,sont.roibles. lia fait aussi quel-
ques petites poésies fugitives, telles
que le Portrait d'Amaranthc. Ce
morceau , d'environ soixante et dix
vers , est écrit avec assez de no-
blesse. III. Tableau hislorique des
principaux événeme/is de la rno-
/larchie J'rançaise , ouvrage diffus,
qui prouve qu'il éloit aussi mauvais
historien que poète médiocre. IV.
Traduction des Annales et His-
toires des troubles des Pays-Bas ,
par Grotius, Amslerdaiu , 1662,
in-fol. C'est le plus considérable de
ses ouvrages.
')
-;- II. HERITIER DE ViLI.ANDON
(Marie-Jeanuef), tille du précédent,
née à Paris en i66/| , hérita du goût
de son père pour la poésie. L'acadé-
mie des jeux iloranx se l'associa en
1696 , et celle des Ricovrali de Pa-
doue en 1697. Ses ouvrages, la
plupart mêlés de prose et de vers,
sont, I->iJue Traduction des Epi-
fj-cs amoureuses d'Ouids , 'àoiii il
T. VIII.
HERI
4oi
y en a seize en vers. II. Le Tombeau
de M. le duc de Bourgogne, lll. Le
Triomphe de madame des Hou-
Hères, reçue dixième muse du Par-
nasse , en vers. IV. La Pompe dau-
phine , en prose et eu vers. V. B'A-
vare puni , nouvelle en vers. VI. La
Tour ténébreuse , coules anglais,
Paris i7o5,- iu-12. Vil. Les Ca-
prices du destin, Pans, 1708,
m-i 2. Vllf. Bigarrures ingénieuses,
ou Recuejl de différentes pièces eu
prose et en vers , Paris , 1 696 , in- 1 3,
Le style des différens écriîs de ma-
demoiselle l'Héritier a de l'élégance,
mais peu de- coloris. Son portrait,
gravé par Desrocliers, est très-res-
semblant. Elle mourut à Paris en
1754. Elle auroit été presque ré-
duite à l'indigence, sans une pen-
sion de quatre cents livres que lui
faisoit le garde des sceaux Cbau-
velin.
t III. HÉRITIER , sieur de Bbu-
TELLE ( Charlcs-T.ouis 1'), né à Pa-
ris en 1743, d abord procureur
du roi à la maîtrise dts eaux et fo~
rêls , ensuite conseiller à la cour
des aides , cultiva la botatiique , et
obtint une place à l'iuslilut. Lié
d'amitié avec le naturaliste Donibey,
qui avoit apporté , en 1786 , du
Pérou et du Chili , une riche collec-
tion de piaules, il s'ofl'ril de la faire
dessiner et de la publier à ses frais ;
mais la cour d'Espagne ayant em-
pêché cette publication en France ,
l'Héritier passa à Londres pour s'y
occuper de cet ouvrage , qui n'a
point paru , et qui devoit avoir
pour titre : Flore du Pérou. De re-
tour dans sa patr|i| il fut employé
pendant quelque t^ps dans les bu-
reaux du ministère de la justice ;
mais, toujours occupé de son objet
lavori , :1 examiuoif , en entrant ou
sortant del'bôlel, les mousses, les
lichens et autres petites plantes qui
tapissent , les inurs or. se trouvent
entre les pierres j il en avoit décrit
2^
4o2 lîERL
plus de cent espèces , dont il devoil
publier le catalogue , sous le litre
singulier de Flore de ta place J^eii-
clôme. L'Héritier avoit recueilli la
bil)liollièque la plus riche eu bota-
nique qui existât à Paris. Le lo août
1801 , sortant de l'iustilul à dix
.heures du soir , il fut assassiné a
coups de sabre à quelques pas de sa
maison , sans qu'on ait pu découvrir
ses meurtriers. Ses écrits sont , I.
Sllrpes novœ , Paris, 1784, 2 vol.
grand in-fol. Il n'a paru que sept
cahiers de ce magnitique ouvrage ,
qui renferme quatre-vingt-seize
j)lanches ; trois ans après, l'auteur
eu publia quatre-vingt-quatre au-
tres, sans texte, et qui représentent
«.les Géranium II. Cornus sistens ,
î'789, in-fol. C'est l'histoire parli-
(ulière des cornouillers , suivie de
six planches. III. Serluni Angluutn,
Pans, 1788, in-fol. C'est la des-
cription de plusieurs piaules rares ,
observées par l'auteur dans les jar-
dms des environs de Londres. Les
iigures eu sont magnifiquement gra-
vées. L'Hévilier dédia cet ouvrage
aux Anglais, et donna le nom de
^leurs botanistes les plus célèbres
aux nouveaux genres qu'il y a dé-
crits , pour leur témoigner sa recon-
noissance de l'hospitalité qu'il en
avoit reçue.
HERLICIUS (David), médecin
et astrologue^ célèbre sous ces deux
litres , né à Zeilz eu Misnie l'an
1.557, mourut à Stuttgard en i656,
après avoir enseigné les mathéma-
tiques et la médecine dans diverses
universités d'Allemagne. Il se mèloit
de tirer des hoiûRLOpes ; mais con-
uoissanl l'incertitude de sou art, il
ne pronouçoil ses oracles qu'après
avoir prormidémeiil rélléchi sur le
raractère de ceux qui lui demaii-
(loient des prédictions. Il prédit
néanmoins que l'empire des Turcs
seroit bientôt di'lruil , dans son
Anti-Tarcicus miles j mais on at-
HE RM
lend encore l'efTet de sa prédictîon.
On-a de lui , I. Des Poésies. II. Des
Harangues. Les unes et les autres
oubliées. C'étoil un faiseur A'/llina-
nac/is, et ce genre d'ouvrage --a oc-
cupé cinquante-deux ans.
* HER M AGORAS. 11 y a eu ,
selon Quinlilien, deux rhéteurs de
ce nom. Le premier d'Eolie , el sur-
nommé Carion , composa &\y.Liures
de son art, enseigna à Rome du
temps d'Auguste, el mourut fort
âgé. — Le second, d'Amphipolis ,
et disciple de Persée, écrivit quel-
ques Dialogues , au rapport de
Suidas. — On compte encore un
troisième Iîjermagoras , qui l'ut
ensemble philosophe et orateur.
i- I. HER:VIAN, moine de Riche-
nou enSouabe, ^wniommi Con trac-
tas , parce que dès son enu.nce il
avoit eu les membres rétrécis, mou-
rul à Alebhusen en loSzj , avec la
réputation d'un savant profond dans
l'histoire et dans les langues. Ou
a de lui une Chronique qui traite
de sex niundi œtatibus ab initia
mundi ad annurn io54 , qui se
trouve dans les recueils d'historiens
germaniques. On lui attribue le
Salve rcgina , \Alma redernptoris ,
la prose Peni Sanctc Spiritus, et
d'autres ouvrages mystiques. S'il
n'y a pas une poésie sublime dans la
prose que nous avons citée, ou y
trouve au moins de l'oncliou.
t II. HERMAN DE Rysavick ,
Hollandais, enseignoit que les anges
n'ont point été créés par Dieu , et
que l'anie n'est point immortelle:
il nioit qu'il y eût un enfer, et
vouloit que la matière des élé-
mens fût éternelle. Il rejetoit l'Ecri-
ture sainte el !a loi ancienne el nou-
velle. Il fut arrêté en 1499 , lit
abjuration , et fut relâché ; mais
ayant recommencé à dogmatiser,
il fut brûlé vif à La Haye eu
l5i3.
hi:rm
* III. HERMAN ( Gmîlaïuue ) , de
Fergaa oi; Gonda en Hollande, ami
d'EiasmCj dout il fit la connoissaiice
Jui couvent deSiein ,se distingua par
ton goùl pour les belles-lettres , et
excella sur-tout dans la poésie latine.
Sou genre favori fut celui de l'ode.
!>. Rhenauus [)urle de son Odaium
Sylva. Erasme lui écrit.deParis , en
date du \l\ décembre 1497 , et se
plaint avec une sensibilité louchante
d'une lettre pleme de reproches
(luHermaii lui avoit écrite ; il paroit
par celle lettre qu'Erasme lui-même
avoil représenté a son ami qu'il ne
tiavadloit pas assez ; qu'il ne sa voit
point sacrilier ses plaisirs à la gloire
a laquelle il avoit le droit de pré-
tiMidre. Dans une autre lettre ( Pans
149;, ) Erasme lui dit encore : Quod
me ad t'irtutern /lorlaris ,fai:is ut
(juliebuuin decet. Jt ego vicissim
te , mi Gulielme , Jiorlor ut magno
aii'uno et virtutem et ductrinam
capessas, quod si facis, sic niihi
persuasi te unicum Hullandiœ dé-
çus juturum. B. Rhenauus rapporte
le fragment d'une cornplai/ite lyri-
que d'Herman à l'occasion du dépari
d'Erasme de Slein.
* IV. HERMAN-CANNEGIETER,
né à Arnhem eu 1723, soutint à
L«yde , à làge de 20 ans , une thèse
publique de sa compo.sitiou , ^!d
iegem Numœ Poriipilii de ara
Junonis peUiti non langeiidâ ; et
en 1744 d y prit avec distinction
ses degrés. JMoinmé professeur eu
droit à l'académie de Franeker , il y
enseigna depvus 1700 jusqu'à 1804,
et y mourut le 8 septembre de la
même année. Son principal ouvrage
est Obsen-'atiunum juris liumani
Librl If^, Leyde , 177-2 , in-4''.
* V. HERMAN ( Jean ) , médecin ,
de Nordlingen dans la Suabe , vivoit
dans le 16^ siècle. Ou a de lui Ora-
tio de med/ciuœ usu ,■ de reru/n
sjrripathiâ et antipalhid , dans le
HERM
4o3
tome IV® des Oraisons de Philippe
Meianchlliou ; De causa putredinis
in curpore /:«/«a«o , Wiltebergae ,
i556, m-S°.
* VI. HERMAN DE WiED, ap-
pelé ordinairement de fi eiden dti
nom latin // eda ou // eida , du
comté dont il étoit seigneur , arche-
vêque de Cologne , et prince foible ,
signala d'abord son zèle contre les
nouvelles hérésies; mais il se lais>a
ensuite persuader que la réforme
ne s.ipoit pas les fondemens de la
catholicité; persuasion qui le porta
à établir Martin Bucer prédicateur a
Bonn. 11 lit aussi accueil à Melanch-
thon et à d'autres protestans. Les
théologiens de Cologne s'élevèrent
contre la nouvelle doctrine , contre
le livre de la fausse doctrine, et
s'adressèrent au pape et à lempe-
reur. Le premier, après avoir en vain
cité l'archevêque , qui continua à
faire prêcher le luthéranisme, l'ex-
communia en 104.^ , et le déposa de
son arche\ èché qu'il donna au comte
Adolphe de Schawembourg , son
coadjuteur. Le second, comme pro-
tecteur de l'Eglise , ht exécuter la
sentence du pape. Herman prit le
parti de se retirer dans son comté
de Wied, où il mourut en i.'i52, à
l'âge de 80 ans. Adolphe chassa les
luthériens et rétablit la religion ca-
tholique. Une pareille scène désola
l'église de Cologne- trente ans après,
sous Gebhord Truchsès ( voyez ce
mol ) , un moine, dogmalisant à
Bonn, lenla de faire l'apologie de
Herman ; mais il fut réfuté dans
une Dissertation publiée en 1790
par M. de Buimek, conseiller de
l'électeur palatin.
i I. HERMANN ( Paul ), célèbre
botaniste du 17^ siècle, natif de
Hall en Saxe, exer(,a la médecine
dans l'iie de Cevlan , et fut ensuite
professeur en botanique à Leyde. Il
mourut eu ib^f), laissaal plu&îeurs
4o4 HERM
ouvrages. I. Catalogue des planfes
du jardin public de Leyde , 1687,
iii-H°. II. Cynosura malcriœ medi-
cœ , ArgentiuGD, 1726, 2 vol. iii-4°.
Boeder donna une Coiilinuation de
cet ouvrage, publiée en 1729, in-4°.
III. Lugduno-Batavœ Flores, 1 690,
in - 8". IV. Paradisus Batavus ,
Leyde, 1698, et Amsterdam, 170.1,
in-4°. V. Musœuni Zeylanicum ,
Leyde, 1726, in - 8°. Son savoir,
gëuéralemeut reconnu en Europe ,
n'empêcha pas qu'il ne vécût mal-
heureux.
t II. HERMANN ( Jacques) , pro-
fesseur en droit naturel et en mo-
rale à Baie sa patrie, né en 1678 ,
fut au nombre des académiciens
étrangers de Berlin, et de l'académie
des sciences de Paris. Dès son en-
fance il avoit montré l)eaucoup de
goût pour les mathématiques. Ses
voyages en Allemagne , en Hollande,
en Angleterre, en France, ne lirent
que l'augmenter. Le célèbfeLeibnilz,
son ami , lui lit donner une chaire
de malhëinatiques dans l'université
de Padoue. 11 la garda six ans , quoi-
que luthérien. Appelé à Pétersbourg,
tn 1 724 , par le czur Pierre T"^, pour
y former uue académie des sciences ,
il y professa les matliématiques jus-
qu'en 1727, qu'il fut rappelé dans
sa patrie pour enseigner la morale.
11 y mourut le 1 1 juillet 1703. On a
de lui , I. Responsio ad considéra-
lianes circa principia calculi
differentialis , imprimée en 1700.
C'est une défense des principes du
calcul diflerentielcontreNieuwenly t.
11. De p/iordnomid, in-4'', 1724-
L'auteur a donné sous ce titre un
Trailé des forces et des mouvemens
des corps solides et fluides. Uavoit
projeté de mettre à la lia de son ou-
vrage la Dynamique , ou les Pen-
sées de Leibnitz sur la science des
forces ; mais la mort de cet illustre
philo.'^nphe l'empêcha d'exécuter ce
«leïs'jin. On a imprimé eu 174^?
HERM
în-4° , à Paris, «n traité sur celte
matière, par d'Alembert; ouvrage
bien capable de calmer les re-
grets qu'on pourroit avoir sur la
perte de celui d'Hermaun. III. Uu
traité JJe nova acceleraiionis lege ,
qud gravia versus terrain feruniur,
suppositis rnolu diurno terrœ , et
vi gravitalis constanti. IV. Dis-
quisilio de vibralionibus chorda-
rum tensarum. V. Solutio proble-
matis de trajèctoriis curvarum
inveniendis. VI. Une Dissertation
particulière sur les lois de la na-
ture , touchant les forces des corps
et leur vraie mesure , etc.
III. HERMANN (Jean), né à Barr
en Alsace en 1708, fournit divers
a/iicles au Journal de physique , et à
la Cristallographie de Rome de Lille.
Il a publié Coup d'œil sur le ta-
bleau de la nature , à l'usage des
enfans , in- 12. Cet écrit, précis
et utile , a eu plusieurs éditions.
L'auteur est mort le 4 oclobr»
1800.
1 1. HERMANT ( Godefroi ) , sa-
vant et pieux docteur de la maison
et société de Sorbonne , né à Beau-
vais en 1617, obtint un canonicat
dans sa patrie, fut recteur de l'uni-
versité de Paris en 1646 , et mourut
le 11 juillet 1690, après avoir été
exclus de la Sorbonue et de son
chapitre pour son jansénisme. Sa
façon de penser , sa piété , ses taleus,
le lièrent intimement avec Sainte-
Beuve , Tillemont, et les autres so-
litaires de Port-Royal. Il prit leur
style sai,n en général , mais quelque-
fois enflé. Ce défaut se remarque sur-
tout dans les ouvrages d'Hermanl,
dont les principaux sont , I. Les
F^ies de saint ^It/ianase, 1 v. in-4° ;
de saint Basile et de saint Gré-
goire de Nazianze , 2 vol 111-4" ;
de saint C/uisostôme, Paris, 1664,
m -4°, sous le nom de Menarl; de
saint Ambroise , in - 1\ . Elles ue
HERM
eoutiennenl pas seulement ce qui
regarde ces grands évêques , mais
loule l'histoire ecclésiastinueùe leur
temps. II. Une Traduction en fran-
çais du Traité de la providence ,
de saint Chrysostôme, Paris, in-12,
1658.111. Une autre des Ascétiques
de saint IJasile , in-S", 1670 , et de
la Morale chrétienne, par le inénie,
Paris, 1661, in-12. IV. Index uni-
versalis tolius juris ecclesiastici ,
in - fol. , Lille , en iGgô , avec des
notes peu digues de l'auteur. V. Di-
vers écrits polémiques contre les
jésuites, parmi lesquels on remar-
que Vérités académiques, ou. Ri-fu-
tation des préjugés populaires dont
se servent les jésuites contre l'uni-
versité de Paris, in-8°, 1G45, réim-
primées en 1646. VI. Défense de la
piété et de la foi de l'Eglise , contre
les impiétés de Jean Labadie, apos-
tat, par le sieur de Saint- Julien,
docteur en théologie , Paris, i6.')i ,
iu-4°. Herraant emprunta un autre
nom que le sien pour publier cet
ouvrage, parce qu'on hu refusa le
privilège du roi. Il y combat ce que
Labadie avoit avancé , qu'ayant été
bon disciple de saint Angustiu, sur-
tout depuis qu'il étoit sorti des jé-
suites , il n'avoit point changé de
sentiment en se faisant calviniste ,
comme s'il avoit trouvé tout saint
Augustin dansCalvin. VII. Discours
chrétien sur l'établissement du bu-
reau des pauui-es de Beauuais ,
Paris, iG55, in-8°, et Rouen, it)76,
avec les titres de l'érection et autres
pièces. Ces deux derniers ouvrages
ne sont pas communs. T'^oy. sa Vie
in-12 par Baillet; et l'article Mar-
cel, u" VlU, dans ce Dictionnaire.
t II. HERxMANT ( Jean ), curé de
Mallot , dans le diocèse de Baveux ,
né à Caen en i6.'>o , et mort
en 172.5 , est principalement connu
par cinq ouvrages très- médiocres.
I . Histoire des Conciles , 4 vol .
iiu-12. II. Histqire des Ordres rcli-
HERM
4o5
gieux , 2 vol. in-12. IIï. Histoire
des Ordres militaires et des Or-
dres de c/teualerie , 2 vol. in-12..
IV. Histoire des Hérésies, 4 vol.
in-12. Ce dernier ouvrage , traduit
du latin d'Alfonse de Castro , qui
le publia sous le titre iX'ylduersics
Hœreses libri XIV, souffrit quel-
que difficulté pour l'impression ,
parce que l'auteur n'y avoit pas
parlé des opinions de Jansénius et
de Quesiiel. V. Histoire du dio-
cèse de Bayeux , qui devoit avoir
trois parties ; mais il n'y a eu que
la première dimprimée à Caen ,
1705 , 111-4° ; elle traite des évêques ,
et fourmille de fautes. Les erreurs
et les inexactitudes ne sont pas le
seul défaut des livres de l'abbé Her-
mant: il écrit d'un style incorrect et
boursouilé.
HERMAPHRODITE (Mythol.),
lils de Mercure et de Vénus , comme
son nom le signifie ; car les Grecs
appeloient Mercure Ermes , et Vé-
nus ^iphrodite. Etant venu se bai-
gner dans la fontaine de la nym-
phe Salmacis , elle le trouva si beau
qu'elle voulut l'engager à y demeu-
rer avec elle; mais Hermaphrodite
résista à toutes ses sollicitations.
Alors la nymphe se jeta elle-même
clans l'eau ; et le tenant embrassé,
elle demanda aux Dieux qu'ils de-
meurassent toujours unis , et ne fis-
sent plus qu'un. On les appela Ae-
\i\nsJndrogyne, c'est-à-dire homme
et femme, f'oy. l'art. Hildebert.
IIERMAPION, auteur d'un ou-
vrage sur l'explication des hiérogly-
phes, mais cet écrit ne subsiste plus.
Ammien Marcellin a donné, d'après
cet auteur , l'explication de l'obélis-
que du grand cirque, et Montfaucou
en a publié la traduction. Cet obé-
lisque se voit aujourd'hui à Rome ,
à la porte del Popolo.
HERMAS , écrivain ecclésiàs tienne
/loG HE RM
du premier siècle , le même que:
sainl Paul salue dans son Epure
aux Rom:>iiis , est auteur d un ou-
vrage n-gardé par quelques anciens
connue un livre canonique , mais
rt jelé par Ions les modernes. Ceux-
ci l'ont considéré seulement comme
lin ouvrcige propre à l'édilicalion des
tideles , quoiqu'il soit écrit avec plus
de siuiplicilé que de discernement.
Ce livre, divisé en trois parties ,
inliiulé le Pasteur , parce que c'est
iiii auge qui y parle sous la ligure
d un pasieur , a été traduit en fran-
çais dans les livres apocryphes de
la Bible de Sacy , 17 ja , 2 vol.
m-i2. l. l„es faisions. \\. Les Fré-
eeptes. 111. Les Sijiiililudes. On a
perdu l'original grec, et il n'en reste
qu'une version latine , imprimée
dans la Bibliothèque des Pères.
HERMENEGILDE ou Hermt-
NTGILDE , prince visigolh. ployez
Leuvi&ilde.
HERMENFROÏ , roi de Thuringe ,
ayant fait assassiner ww de ses frè
res , partagea le royaume avec l'au-
tre. AlmabergR, sa femme, prin-
cesse d'une nmliition démesurée , ne
pouvant souffrir ce partage, com-
manda qu'on ne couvrit la table
du roi qu'à demi. Ce prince, sur-
pris ,en demanda la raison. «Puis-
que vous n'avez que la moitié d'une
couronne, répo idii la reine , votre
table ne doit être servie qu'à moi-
tié.... » H^rîue'iitoi , anmié par ce
reproche, fit la guerre à Berthier,
son frère, qui perdit la bataille et
la vie. Mais l'usurpateur ne jouit pas
long - temps de sa conquête , car
'l'iiierri , roi de Metz , le Ht pré-
cipiter du liant djs murailles de
Tolbiac , l'an ïiI\o , et contraignit
Almaberge de se sauver auprès d'A
llialar-.c , roi des Ostrogoihs , où
elle liait ses jours , réduite à la con-
dition de personne privée el de su-
ietle, elle qui n'avoit pas voulu
touBoilre d'é<:al.
lîEUM
* L IÎERl\ÎENGARI)Eoz/ En^rx^
OAUDE , reine de Provence , ar-
rière-petite -fille de Charlemagne,
fille de Louis II , roi d'Italie el em-
pereur d'occident, en 855, et d'in-
gelberge , fille de Louis-le-Germa-
uique , née vers 859, épousa , vers
879, Boson II, rot de Provence,
beau-frère de l'empereur Charles-le-
Chauve. Les deux rois de France,
Louis et Carloman, étant venus as-
siéger V^ienneen Dauphiné , sa capi-
tale, où Hermengarde s'étoit renfer-
mée, cette princesse s'y défendit en
héroïne l'espace de deux ans ; mais
elle fut obligée de rendre la place ,
en septembre 882, au comte Ri-
chard, son beau-frère, qui l'em-
mena avec sa fille prisonnières à Au-
tun. Boson conclut alors un traité à
Metz avec Charles-le-Gros et ce
prince , à condition que Boson lui
rendroità l'avenir foi et hommage;
il lui restitua son royaume, sa femme
et sa fille : cette der<,iière fut fian-
cée à Carloman , fils de Louis-le-
Begue. Hermengarde , veuveen 889,
tint la régence clu royaume de Bour-
gogne jusqu'à ce que son fils , Louis
Vyipeug/e , eût atteint l'âge de dix
ans. ( Kuyez Louis, à'\\. l' Jpcug.'e ,
roi de Provence.) On ignore l'année
de la mort d'Hermengarde.
* II. HERMENGARDE ou Er-
MENGARDE , fille de Richard-lc-Jus-
licier , comte d'Autun el duc de
Bourgogne, et d'Adélaïde , fille de
Conrad H et sœur de Rodolphe î*'',
roi de la Bourgogne Transiurane ,
descendoit , par son aïeule Adélaïde ,
de Charlemague : elle épousa Gisel-
berl , fils de Manassès , le vieux
comte de Dijon, qui succéda à Ri-
chard , son beau-pere , en 921 , hé-
rita en 952 , par la mort d'Hugues-
le-Noir , soîi frère, de la moitié du
duché de Bovirgogne , el le garda
jusqu'en Oi'^&. La dùcb.esse Hermen-
garde, devenue veuve le S avril de
la même année, laissa deiiK filles,
HERM
I.eiidganle, mariée à Ouon II, tijs
d'Hiignes-le-lilanc ( le Grand , le
JRlaiic , ou l'Abbé ) , possesseur de
l'autre Jiioilié du duché de Bourgo-
gue ,et qui les réunit toutes deux par
teuiariage; V. Hugues Le Grand
cl V'eura, mariée ii Robert , comte
de Troyes.
* ill. HERMENGARDE ou Ir-
MENGARUE, tille d'Adalbert II, le
Riche, marquis de Toscane, et de
Berthe , arrière-petile-tille de Char-
lemague , célèbre par son esprit ,
son courage et sa beauté. ( f'ojez
Beriue, n° lIl. ) Hermengarde,
sœur de Hugo , comte d'Arles et roi
d'ilaiie, mort en 947, et de Guy,
marquis de Toscane, mort en 929,
fut mariée à Adalbert , marquis
d'Yvrée , mort en 924. Ou croit
qu'elle en eut une tille nommée Ber-
tilla , qui paroit être la même que
la Bertilla mariée à Adalbert, comte
de la loi ripuaire , fille de Théobald
ou Thedaldo , duc et marquis de Ca-
merino.
* IV. HERMENGARDE ou Er-
mengarda , tille du comte Adal-
bert, marquis de Spolette et de
Camerino , et de Berlilia ( qu'on
croit être celle indiquée en l'article
ci -dessus), petite -nièce d Hugo ,
comte d'Arles et roi d'Italie, et par
Gualdradeou Walrade , sa bisaïeule,
sœur de Rodolphe II , roi de Bour-
gogue ( i'uyez Walrade ) , des-
cendoil d'Adélaïde, tille de l'em-
pereur Louis-Ie-Uébonnaire , et pe-
tite-fille de Charlemague. Hermen-
garde fut mariée à Gioanni, comte
de Bologne , riche seigneur , qui vi-
voit à la fin du 10^ siècle. Ce
Gioanui, neveu duu autre Gioanni,
ëvêque de cette ville , étoit petil-i'i's
de Pietro di Pietroae , duc de la Ro-
inagne et marquis d'Italie, qui pa-
" roil issu des ducs de Ravenne , et
être souche des Lamberlini de Bolo-
gne. Hermeugarde se distingua par
des fondations et donations aux mo
HERM 407
naatères, et par une grande charité.
Son frère Boniface , marquis de Tos-
cane eu looy, la recueillit pendant
les troubles qui s'élevèrent alors ea
Italie. On ignore l'année de «a mort.
Elle laissa de son mariage un lils ,
Lamberlo, dit d'Heumengarde ,
lequel laissa ce surnom à sa postérité.
^oyez Savioli , JunaVi Eulo^/iieat
toni. I, pag. 1 22 et 14 3.
* V. HERMENGARDE ou da
Ermengarda (Maihilde) , tille de
Pietro da Ermengarda , et petite-
tille d'Hermengarde et de Gioanni,
dont il est question dans l'article
précédent , fut ainsi nomvuée eti
l'honneur de son aïeule, ftlalhilde
da Ermengarda sa voit le laliu et
éloil versée dans l'astrologie judi-
ciaire. Elle épousa Federico Torello ,
fils de Ludolphe de Saxe , surnommé
// 7'o/"o , et en eut un fils , Guido ,
qui devint célèbre par sa vaillance ,
et fut surnommé Saliens in guei ra,
ou saillant en guerre. Voyez To-
RELLC-) Salinguen^a, seigneur de Fer-
rare ^ et Art de vérifier les dates ,
tome III.
* VI. HERÎMENGARDE, femme
d'Herbert 111, comte de Vernîandois
en 988, descendante de Bernard,
roi d'Italie, laissa deux entans , Al-
bert et Otton. Le premier fonda l'ab-
baye de Bucilly.
* VIL HERMENGARDE, vicom-
tesse de Narbouue. Voyez Nar-
BONNE ( Ermeugarde. }
HERMÈS ou Mekcure-Tris-
mÉgiste , c'est-à-dire Trois Jois
Grand , philosophe égyptien, réunit
le sacerdoce et la royaulé , seloiv
les luw , et fut seulemesit conseiller
d'isis , femme du roi Osiris, seloa
d'autres. Il florissoit vers l'an 1900
avant Jésus - Christ. Le président
d'Lspagnet a donné le Traité de l'ou-
vrage secret de la philosophie d'Her-
mès , dans ^a' Philosop/iic nain-
4o8
nER.M
relit , i65i , la-b". On attribue à
cet ancien philosophe , ou à son iils
TIiol , l'iriveiuiou cle l'écriture , des
preîJtiieros lois égyptiennes, des sa-
criiices , de la musique , de Ja Julie ,
de la lyre , et de la culture de l'oU-
vier. 1! d 'couvrit , dit-on , les pre-
miers principes de rariilunétiqiic et
de la géométrie, et lit élever des
colonnes sur lesquelles il lit graver
en caractères hiéroglypliiques ses
découvertes , pour en l'aire passer
ïe souvenir à la postérité. Ce fut
Uii qui le premier divisa le jour en
douze heures , et la nuit de même,
en observant un animal consacré à
Scrapis, appelé Cynocéphale, qui
jeloit son urine douze fois le jour ,
et autant la nuit , dans des inter-
valles égaux. Mais il est difficile de
croire que le même homme ait in-
venté tant de choses différentes. Au
surpins , les Egyptiens reconnois-
saus donncreul le nom d'Hermès au
premier mois de leur année. Les
deux dialogues intitulés Pimander
et Asclépias ^ qui* parurent à Tré-
vis'e en i47' » in-fol. , sous le nom
cI'HetîmÈs , sont d'un auteur qui
viyoit dans le deuxième siècle de
l'Eglise. Il i-econnoit un seul Dieu,
créateur de toutes choses, et gémit
sur l'aveugiement des Egyptiens ,
qui avoient inventé le culte des
idoles.
* HERMÉSIANAX, poète grec,
natif de Colophon, vivoit du temps
dePhilippectd'Alexandre-le-Grand.
Il eut pour maitre Philélas , qui le
fut aussi de Théocrite. Il excella
dans le genre de l'étégie , et en pu-
blia trois livres , qu'il intitula du
nom do Leonliuni, sa r»aî tresse. 11
fut encore auteur d'un ouvrage in-
titulé Perska. frayez une savante
note sur ce poète dans la 2*^ Epist.
Crit. de Rechnken , p. a83 , suivie
de l'édition de»] 782, où l'on rap-
porieenmème temps une Ircs-belle
Elégioowparlie d'élcglc de ce pocte,
HERM
morceau que Laurent Van Sanfen ?.
traduit depuis en vers la tins. — Une
faut pas confondre ce poète avec
HekmÉsianax, athlète du même
nom , aussi de Colophon.
* I. HERMIAS., après avoir été
esclave d'Eubule , qui de banquier
devint tyran d'Alaniée , obtint la
permission de fréquenter l'école
d'Aristote, dont il embrassa la doc-
trine. Aristote épousa Pythias , la
fille on la parente d'Hermias. Celui-
ci , après la mort d'Eubule , usurpa
l'autorité; mais s'étant révolté con-
tre le roi de Perse, il fut pris et
mis eu croix. Aristote composa un
Posau ( et non une Elégie , comme
le dit le lrad;^cteur de sa politique ,
M. Champagne) sur la mort de son
parent et de son ami. Voyez Aris-
tote.
i^ n. HERMIAS, de Gala-
tie , vivoit dans le 2^ siècle. Il
adopta l'opinion d'Hermogène sur
l'éternité du monde, et crut que
Dieu étoit matériel , mais qu'il étoit
une matière animée plus déliée
que les élémens des corps. Le sen-
timent d'Hermias n'étoit que le sys-
tème métaphysique des stoïciens ,
avec lequel il tâcha d'allier les
dogmes du christianisme. Hermias
croyoit , comme les stoïciens , que
les âmes humaines étoient compo-
sées de feu et d'esprit. Il rejeloit
le baptême de l'Eglise , fondé sur
ce que saint Jean dit que .ïésus-
Christ baptisa dans le feu et par
l'esprit. Le monde étoit , selon
Hermias , l'enfer , et la naissance
continuelle des enfans étoit la ré-
surrection. C'est ainsi qu'il préleu-
doit concilier les dogmes de la re-
ligion aveu les principes du stoï-
cisme. Hermias eut des disciples
qui prirent le nom à'Hermitaites.
Ils étoient dans la Galatie , où ils
faisoient des prosélytes.
t Iir. HERMIAS , philosophe chré-
HERM
tien , que l'oii croit plus aucien que
TerluUien, est auteur d'une Jlait-
lerie des p/ii/osop/ies pa'ie/is. Cuil-
laume Worth en a donné uue boune
ëdiliou à Oxford , in-S" , en 1700.
Elle est jointe aussi à ïOralio Ta-
tiani ad Grœcus.
* HERMIGNY ( le chevalier d' )
parut d'abord euibrasser la cause de la
révohuiou, il satlaclia à La Fayette,
et devint colonel de grenadiers , et
aide-major de la garde nationale pa-
risienne ; mais il se lit bientôt re-
marquer par son dévouement à la
cour, et le 8 octobre i79i,Ba2ire
et Rlaille l'accusèrent d'avoir insulté
plusieurs députés lorsqu'il étoit de
garde auprès de l'assemblée. Mandé
a la barre , il y donna des explica-
tions sur les faits qu'on lui inipu-
toit , et l'assemblée passa à l'ordre
du jour sur le tout. Cette tracas-
serie ne fit que le rafiermir dans
ses opinions j'oliliques. Il se rangea
parn>i les défenseurs du trône au
10 août 1792, et fut massacré sur
la place de l'hûlel-de-ville , où il
avoit été entraîné après la prise du
cliàleau.
t HERMILEY ( N.... Vaqttette
d' ) , censeur royal , né à Amiens
en J710, mort à Paris le 29 jan-
vier 1778, a traduit de l'espagnol ,
T. UFIisioirc générale d'Espagne
de Ferreras , 17/12 et an\iécs sui-
vantes, 10 vol. in-4°. 11. Le Thcâ-
Ire critique, i']/\b , 12 vol. in-12:
ce livre, piciii de choses triviales,
prolixement exprimées , composé
par un l)éncdiclin espagnol, à peu
près dans le goût du Spectateur
Anglais , réussit plus à Madrid
qu'à Paris. 1!I. Les Nouvelles
(le Çucv.edo. On a encore de lui
l.'nisfo/re de Majorque et de Mi-
îiorque, 1777 , in-4° , qu'il com-
posa jjour servir de suite à l'His-
toire de Ferreras , ft \a Bibliogra-
phie Variùcnne , ou catalogue des
IIERM
409
difierens ouvrages imprimés pendant
les années 1709, 1770, etc., en
5 vol. in-8°, Paris, 1774, qu'il ré-
digea avec Hurlaut , et qui n'est
qu'une compilation d'éloges et de
critiques. La Liisiade , poème hé-
roïque , traduit du portugais de
Louis Camoéns , relouché, quant au
style , par La Harpe. ( P'ojez ce
nom ). jugement impartial sur des
Lettres de la cour de Rome , ten-
dantes à disputer la puissance tem-
porelle au duc de Parme , Madrid
et Paris, 1770, 2 vol. in-8°.
i- HERMÏNIER (Nicolas 1' ) , doc-
teur de Sorboune , théologal et ar-
chidiacre du Mans , né dans le Perche
en 1607 , mort à Paris le 6 mai
1755 , est auteur dune Théologie
Scolastique en latin , en 7 volu-
mes in - 8°, 1709. Cette théologie ,
des plus superficielles, suivant le
Lexicographe janséniste , renferme,
selon le même écrivain, un demi-
jansénisme. Le Traité de la Grâce
fut censuré par quelques évéques.
On a encore de lui 5 vol. in-12 sur
les Sacremens.
t HERMINIUS fut un de ces
braves Romains qui se joignirent k
Horace, surnommé Codés, pour
iaire tête aux Elruriens sur le pont
de Rome, tandis qu'on le rompoit
derrière eux , l'an 007 avant J. C.
— C'est aussi le nom d'un capitaine
troyeu , redoutable par sa taille
énorme , et qui combatloit sans
casque et sans cuirasse. Câline le tua.
HERMIONE, fille de Ménélas ,
roi de Micène , et de la belle Hé-
lène, que 'l'yndare , son aïeul ma-
ternel , promit à Oreste, en l'ab-
sence de son père , qui étoit alors au
siège de Troie. Ménélas, qui igno-
roit ce qu'a voit fait son beau-pere ,
promit aussi sa fille à Pyrrhus, fils
d'Achiile, et la lui donna lorsqu'il
fut de retour en Grèce. Oreste , ou-
4ro
HERM
tré de dépit de se voir enlever une
princesse qu'il aimoil , alla chercher
Pyrrhus ; et , l'ayant trouvé dans
ini temple d'Apollon , le tua , et
emmena Hermione.
HERMITE. Voyez Pierre l'Er-
mite , et Ttti.sTAN l'Erm:it£.
î. HERMOGÈNE, architecte , né
à Abalanda, ville de Carie, bâtit
ini temple de Diane à Magnésie,
et un autre de Bacchus à Théos.
L'un et l'autre éloient d'oVdre ioni-
que ; il supprima les colonnes
sur les ailes, et offrit des portiques
plus spacieux. Vilruve lui attribue
tout ce qu'il y a de phis beau dans
l'architectiue. 11 avoit composé sur
son art un Livre qui ne nous est
pas parvenu.
t II. HEUMOGÈNE, célèbre rhé-
teur, enseigna dès l'âge de i3 ans ,
dans le 2"^ siècle de l'Eglise. Nous
avons de lui des Livres en grec sur
la lihcloriqae , avec les autres rhé-
teurs grecs , à Venise, i5o8 et 1609,
2 vol. in-fol. , auxquels on joint les
rhéteurs latins , i.'iuâ, in-fol. Gas-
pard l-aurentius a donné une édition
de V^4rs ùralarla , avec des Com-
mentaires , Colonia Allobrogum ,
( Coulauges ) , 1614 , in- 8°. On dit
qu'a 24 ans il oublia tout ce qu'il
savoit , et que sou corps ayant été
ouvert après sa mort , on lui trouva
le cœur velu et d'une grandeur ex-
traordinaire. Anlluocus, le sophiste ,
disoit de lui « (pi'il avoit été vieil-
laid dans sa jcuneose , et enfant dans
8u vieillesse, w
t III. HER.MOGÈNE, hérétique
du 2* siècle , combattu par Tertul-
lien et Origèiie , répandit ses er-
reurs en Airique, Ayant quitté le
christianisme pour le stoïcisme , il
prétcndoil que « la matière étoit
toclenifclle à Dieu , et que le créa-
teur eu avoit tiré toutes les créa-
RERM
tnres. •>■> C'étoit à cette matière qu'il
attribiioit toutes les perfections de
l'univers. 7'pus les maux physiques,
tontes les sensations qui nous affli-
gent, toutes les passions qui nous
tyrannisent , tous ces monstres sont
des effets de findocilité de la ma-
tière , et de la résistance inllexible
aux lois que l'Être Suprême a éta-
blies. « Si la matière n'est pas éter-
nelle et incréée , disoit Hermogeiie,
il faut que Dieu ail tiré le monde
de sa propre substance; ce qui est
absurde, parce qu'alors Dieu seroit
divisible; ou qu'il l'ait tiré du néant,
ou qu'il l'ait formé dune matière
coéternelle à lui. On ne peut dire
que Dieu ait tiré le monde du néant;
car Dieu étant essentiellement bon ,
il n'eût point tiré du néant un monde
plein de malheurs et de désordres.
il eût pu les empêcher, s'il l'avoit
tiré du néant : et sa bonté ne les eût
pas soufferts. Il faut donc que Dieu
ail formé le monde avec une ma-
tière coéternelle à lui , et qu'il ne
l'ail formé qu'en travaillant sur un
fonds indépendant de lui. L'Ecriture,
selon Hermogène, ne disoit nulle
part que Dieu eût fait la matière de
rien : au contraire , disoit-il , elle
nous représente Dien formant le
monde et tous les corps d'une ma-
tière préexistante, informe, invi-
sible. Elle dit : « Dieu fit le ciel et
la terre dans leur principe, ou dans
nn principe : inprincipio. Ce prin-
cipe dans lequel Dieu forma le ciel
et la terre n'éloil que la matière
préexistante et éternelle comme Dieu.
L'idée de la création de la matière
n'est exprimée nulle part dans l'E-
criture. Cette matière informe éloit
agitée par un mouvement vague ,
sans dessein et sans objet : Dieu nous
est représenté, dans l'Ecriture , com-
me dirigeant ce mouvement , et le
modifiant de la manière nécessaire
pour produire les corps, les piaules
elles animaux. La matière étant
éternelle et incréée , cl son niouvc-
HERM
ment élant une force aveugle, elle ne
suit pas strupiilensemenl les lois que
Dieu lui prescrit : et sa rësislance
produit des désordres dans le mmule.»
L'imagination dHermogène fut sa-
tisfaite de cet-te hypothèse; il crut
que, pour expliquer l'origine du mal,
il failoil rëuuir les principes des
sloicieiis sur la nature de la matière,
et ceux des chre'tiens sur la puis-
sance productrice du monde. » (Plu-
quet , Dictionnairëdes Hérésies. ) On
peut voir un précis des raisons que
lui opposa Terinllien dans l'ouvrage
de Pluquet /déjà cité , article Hkr-
MooixE.
IIERMOGÉNIEN , jurisconsulte
du 4^ siècle , auteur d'un j-lhi'égè de
IJroil, eu 6 livres , et d'au Recueil
des droits de l'Empire, sous Ho-
norius et Théodose , rendit ser-
vice, par ces deux ouvrages, à la
jurisprudence, tombée dans la dé-
cadence.
I. HERMOLAÛS , jeune Macé-
donien , l'uu des pages d'Alexandre,
conspira contre ce prince l'an Sa;")
avant J. C. Un jour qu'il snivoilce
conquérant à la chasse , il aperçut
nn sanglier qui venoit à eux , lui
lança son javelot et le tua. Alexan-
dre , jiiqué d'avoir été prévenu , le
lit fouetter. Hermolaiis , voulant
venger cet affront , complota , avec
quelques-uns de ses camarades , de
])oignarder le roi de Macédoine, l/un
d'eux , agité par les remords que lui
cansoit ce crime, ayant révélé leur
secret , Alexandre les ht arrêter , et
leur demanda quelle raison ils a voient
<ue de conspirer contre la vie de
leur prince. Hermolaiis lui dit ,
« qu'ils étoient las d'être traités
comme des esclaves , et de le voir
verser , dan« ses fureurs , le sang de
ses amis les plus chers et de ses ser-
viteurs les plus fidèles. » Il lui re-
procha en même temps la manie
qu'il nvoit de vouloir passer pour
HERN
f.\\\
fils de Jupiter. Alexandre écoula
patiemment ces dilierens reproches ,
le fit appliquer à la question et con-
damner à mort, l-e i^liilosoplie Cal-
listliènes, ami d'Heruiolaiis , fui ar-
rêté dans le même temps. T'oyez
CallisthÈnes , n° II.
II. HERMOLAUS-BAUBARUS.
Voyez BakbarOj'u" II.
HERMONDANVILLE. Voy.
MoNDEViJL,LE. ( Heuri de )
t I. HERNANDEZ (François),
né à Tolède, dessinateur et méca-
nicien de Piiilippe II , a publié une
Histoire des piaules , des animaux
et des minéraux du Mexique, en
latin, Rome,'i6ôi, iu-fol., estimée
et rare. Elle a été imprimée à Ma-
drid en 1790, en 5 vol. in-fol. ,
avec ses autres ouvrages. Il a voit
été envoyé dans cette partie du
monde par le roi d'Espagne , pour
y faire des observations sur 1 his-
toire naturelle. Fabio Colonne l'aida
dans la composition de son ouvrage.
On a de lui un Betueil manuscrit
en i5 vol. grand m-fol., qui se
voit dans la belle bibliothèque de
l'Escurial, où l'auteur a dessiné un
grand nombre de plantes et daui-
maux d'Amérique.
t II. HERNANDEZ (Philippe ) ,
mort à Paris en 1782, à l'âge de 58
ans, avoit travaillé depuis 1751
jusqu'en 1761 au Journal étranger : il
est auteur d'une Description de la
généralité de Paris , contenant
l'état ecclésiastique et civil, et le
pouillé des diocèses de Paris, Sens,
iMeaux , Beauvais, Senlis ; les noms
des seigneurs , des terres et autres
détails, etc. , Paris , 1759, in-8" ,
et de quelques Traductions , parmi
lesquelles ou remarque les Aventu-
ras de Roderic Random , par
Fielding , Londres, J761 , 5 vol.
iiî-ii. C'est à tort que le nom de
4-12
HERO
F;e'idiug a éiè. mis siu" le frontispice
de cette traduction, et même sur
celui de quelques éditions de l'ori-
ginal anglais. U est reconnu aujour-
d'hui que cet ouvrage est de ThistO'
rien Tobie Smolelt.
HERNÊ , guerrier français , célè-
bre par sou courage , dans le 9"^
siècle , défendit Paris contre Tatia-
que des Normands. Ceux-ci étant
•venus l'assiéger en 886 , douze Pa-
risiens , renfermés dans le petit Chà-
telet , qui étoit alors entouré d'eau ,
iirent tête à 40,000 hommes , et ar-
rêtèrent l'effort deleur armée entière.
Les assiégeaus furieux mirent le feu
au fort : les douze braves, alors forcés
de sortir, se réfugièrent sur im petit
tertre en avant de la tour, et y re-
nouvelèrent le combat. Obligés de
céder au nombre, ils se rendireut
prisonniers à condition qu'on leur
accorderoit la vie. Les Normands le
promirent; mais à peine les douze
Parisiens furent-ils désarmés, qu'on
iit main basse sur eux. Un seul se
sauva en se jetant dans la Seine et
en la traversant à la nage. La va-
leur et la bonne mine d'Herné dé-
terminèrent ses ennemis à lui faire
grâce ; mais celui-ci ne voulant pas
survivre à ses compagnons, saisit
une épée , se précipita au milieu
des agresseurs , et trouva la mort
sous leurs coups , après en avoir
puni plusieurs de leiu trahison.
* IIEPvNIO ( Jacques 1 , religieux
de Tordre de Saint-Dominique, né
à Rennes en Bretagne , enseigna
la théologie avec succès dans, celte
province, el devint commissaire du
"énéral de sou ordre vers Van 1680.
On a de lui un Traité de l'usure ,
avec une D'isserlatlon sur les in-
térêts (les deniers pupillaires selon
l'usage de Brrtaf^ne . publié à Ren-
nes en 1699. Ce rdigitux mourut le
/(Septembre 170'î,
HÉRO (Mjlh. ) , fameuse prc-
HERO
tresse de Vénus , demeuroit près da
IHellespont. Léandre, jeune homme
d'Abydos, qui l'aimoit, passoit tous
les soirs , à la nage, le bras de cette
mer , pour aller voir sa maîtresse ,
qui allumoit au hav^}: d'une lour
un fanal, pour le diriger dans les
ténèbres de la nuit ; mais son amant
s'étaul noyé dans le trajet, Héro,
désespérée j se jeta dans la mer el y
périt.
* HÉROARD ( Jean ) , médecin ,
né à Montpellier , exerça sa profes-
sion avec distinction sotis Henri III,
Henri IV el Louis XllI , dont il fut
premier médecin , et mourut eii
1627 au siège de La Rochelle, où
ce prince se irouvoil en personne.
On ne connoit d'Héroard qu'un
traité intitulé Hippostologle , ou
Discours des os du c lieu al , Paris,
1699 , iu-4°-
Y I. HÉRODE-le-Gband , ou
ryîscalonite , aiusi nommé , parce
qu'il étoit d'Ascalon , ville de Judée,
naquit l'an 68 avant l'ère chrétienne,
d'Antipater , Iduméen , prosélyte
juif, qui eul du crédit auprès de
César. Le jeime Hérode marqua de
bonne heure de l'esprit el du pen-
chant à la cruauté. Sou père obtint
pour lui le gouvernement de Gali-
lée, la 48'' amiée avant Jesus-Chrisl;
quoiqu'il n'eût alors qu'environ 20
ans , il montra du courage et de la
dextérité. La province étoit infestée
de brigands ; Hérode l'en purgea :
ils sétoient fortifiés dans des caver-
ues inaccessibles , facilement défen-
dues du côlé seul par où elles étoient
praticables; il fit faire des coffres
remplis de soldats, qu'on fit des-
cendre avec des machines du haut
delà mou tagne, jusqu'à l'enlre'e de
leurs retraites : on pénétra ainsi
dans les cavernes des brigands , et
ou les massacra tous. Comme il le«
avoil fait mourir de sa propre au--
torilé, ou s'en plaiguil à Hircau ^
HERO
grand -sacriiicaieur, qui lui ordonna
de venir rendre compte de sa con-
duile. Hërode , soutenu par Sextus
César , gouverneur de Syrie, compa-
rut à Jérusalem devant le sauhcdriu,
vêtu de pourpre et entouré de ses gar-
des, monis en coupable qui craignoil
le jugemeut, qu'eu iiomme qui bra-
voit ses juges : personne n'osa ouvrir
la bouche , excepté Saméas , qui ,
s'étaut élevé contre son audace ,
prédit aux autres juges que cet
homme qu'ils épargnoient ne les
épargneroit pas un jour. En elfet, dès
qu'il tut sorti de Jérusalem, il se
rendit à Damas , où étoit Sextus
César ; et tant par sa souplesse que
par ses présens, il obtint le gouver-
nement delà Cœlé-Syrie. Après que
Jules-César eut été assassiné, l'an
/i4 avant J. C. , il suivit le parti de
Brulus et de Cassius ; mais après leur
mort il embrassa celui d'Antoine ,
qui le fit nommer lélrarque , et en-
suite roi de la Judée. Anligoue ,
son compétiteur, ayant été mis à
mort trois ans après par ordre du
sénat, il demeura paisible posses-
seur de son royaume. ( f^oy. An-
TIGONE, u° IV. ) Ce fut alors qu'il
épousa Mariamue , fille d'Alexandre,
fils d'Aristobule. Un autre Aristo-
l)ule , frère de cette princesse . obtint
la grande sacrificature ; mais lïéro-
de, ayant conçu de la jalousie con-
tre lui , le ht noyer l'an 55 avaut
J. C. Cinq ans après , ce barbare
fit mourir llircan, aïeul de la reine,
sans égard pour son âge ; il avoit
80 ans. Apres la bataille d'Actiuni ,
<lans laquelle Antoine , sou protec-
teur , fut défait , il alla trouver Oc-
tave qui éloit alors à Rhodes ; il
sut si bien lui faire la cour , que ce
Romain le reçut au nombre de ses
amis, et lui conserva le royaume
des Juifs. A son retour eu Judée ,
il fil mourir Sohème, pour avoir
révélé à Mariainne qu'il lui avoit
donné ordre de la tuer si Oi lave
l'eût condamné ( i^ojez josEPii ,
HERO
/n3
n° VI), et l'an 28, il ht mou-
rir Mariamne même, qu'iL avoit
aimée avec une passion extrême.
Après sa mort , il eut de violens
remords de sou crime , il en devint
comme frénétique , jusque-là que
souvent il commandoit à ses gens
d'appeler la reine , comme si elle
eût été encore vivante. Ce désespoir
lui causa une longue maladie ,\t il
ne recouvra la sauté que pour fairtj
mourir Alexandra , mère de I\[a-'
riamne. Le mari de sa sœur Salo-
mé _, tous ceux de la race des As-
monéens, tous ses amis, tous les
grands , dès qu'ils lui donnoient
quelque ombrage, perdoient la vie
sans aucune forme de justice. Ce
tyran montra pourtant quelque hu-
manité dans les horreurs de la peste
et de la famine qui ravagèrent alors
la Judée. Il ht fondre toute sa vais-
selle d'argent , et vendit les meu-
bles les plus rares et les plus pré-
cieux de son cabinet pour soula-
ger la misère publique. Il rebâtit le
temple l'an 1 9 avaut J. C. ; un théâ-
tre et un amphithéâtre , où de b ea
5 ans il fit célébrer des combats eu
Ihouneur d'Auguste. Cet empereur
fut si sensible à ces hommages ,
que , dans son second voyage de
Syrie , il lui donna la souveraineté
de trois nouvelles provinces. La re-
connoissauce d'Hérode fut poussée
alors à son comble ; il fit bâtir
une ville et un temple à son bien-
faiteur , comme à un Dieu. Quelque
temps après, ayant accusé auprès
de lui ses deux fils , Alexandre et
Arislobule ( voyez Jucuxdus ) , il
eut la permission 4le les punir, s'ils
étoient coupables. Il les lit étrangler
l'un et l'autre. C'est à cette occa-
sion qu'Auguste dit , à ce qu'on pn--
tend , « qu'il valoit mieux être le
pourceau que le fils d'Hérode. » Ce
barbare, suivant ce que dit l'Evan-
gile de saint Matthieu , siguala sa
cruauté par une exécution non
nioius îiorrible. Le Messie veuoit de
i4
lll'LRO
luiiue à Belhléeiii ; il cuvoya des
soldats dans le lerritoiie de i.€tte
ville el di ses contins , avec ordre
de passer an Hl de ré[)ée tous les
eiifaus nialt;s qui seroieut aii-des-
&OIIS de d.'iix ans. Il inoiuiU Irois
ans après la naissance de J. C. Com-
me il savoil que le jour de sa niorl
devoit èlre une fête pour lesjuils;
il ordonna, dit-on, qu'on enfermât
dans le cirque les principaux de
la nation, pour les faire mourir au
moment qu'il expireroit, alin q\ie
thaqne famille eût des larmes à
verser; mais cet ordre, aussi af-
freux qu'ttiange, ne fut pas exé-
cuté. Sa grandeur éblouit tellement
quelques juiis, qu'ils le prirent pour
le Mf-sie ; cesl ce qui donna lieu à
la secte des héroduMis. Il est vrai
que quelques sava.js doutent que
ces sectaires ai ni tiré leur nom
d t-lfcrode-le-G;;iud. Mais quand on
pease que les dogmes qu'on leur
allrilnie, se réduisent à ces deux
chefs , (c qu'il lalloil se soumettre
à la domination des Ilcvmaius , et
qu'on pouvoit eu conscience , dans
les circonstances présentes , suivre
plusieurs usages des païens » , il est
visible qu'ils les avoient reçus d'Hé-
rode-lo-Grand , qui, pendant tout
son règne, agit selon ces maximes ,
quoiqu'il fit profession de la reli-
gion des juifs, llérode fut le pre-
mier qui ébranla les fond^muns de
la république judaiciue. H confondit
à son gré la succession des pontifes,
affoihfit le pontiticat , qu'il rendit
arbitraire, et détruisit presque en-
lièivmenl l'autorité du conseil de la
nation. Cependant, celte même na-
tion eut de son temps un certain
éclat , par le crédit qu'IIérodeavoit
auprès d'Aiiguste, parla magnili-
cence de sa cour el des balimciis
qu'il éleva. Son histoire a fourni
quelques sujets de dispute aux sa-
vons , ils ont sur-tout cherché à dé-
terminer de quelle nation il étoit.
î-a pins commune <>'piuioa est foa-
HERO
dée sur un grand nombre de Pères
el d'auteurs anciens , et parliculie-
lemenl sur l'aulorité de Josèphe ,
qui le fait îduméeii et le nomme
étranger. Plusieurs modcrnss sou-
liemieiit que , quoiqu'il fût origi-
naire d'Idumée, il éioit juif de nais-
sance , parce que son père et son
grand-pere avoient embrassé la reli-
gion judaïque. D'ailleurs , jiuisque
les hérodiens prenoienl Hérodepour
le Messie , ou ne peut pas douter
qu'il ne fut juif de naissance , rien
n'étant plus clair parmi celle na-
tion que rextraclion juive de leur
libérateur.
t II. HÉRODE-ANTIPAS , fils
d'Hérode -le- Grand , lélrarque de
Galilée après la mort de son père,
a voit épousé la lille d'Arétas, roi des
Arabes; mais étant devenu amou-
reux d'Hérodiade , femme de son
frère, il la lui ravit, et répudia sa
femme. Arétas, pour venger cet af-
front , lui lit la guerre , elles trou-
pes d Hérode furent souvent bat-
tues, {f-'ujez HEiîODfADE.) Hérode,
accusé d'avoir voulu exciler quel-
ques révoltes eu Judée , et ne pou-
vant se justifier auprès de Caligula ,
qui d'ailleurs ne l'aiinoit pas, fut
relégué à Lyon avec llérodiade, où
ils moururent tous deux misérable-
ment. Cet Hérode est le même à qui
Jésus-Christ fut envoyé par Pilale.
III. HÉRODE-AGRIPPA. ^ojez
Agrippa , n° I.
IV. HÉRODE- ATT1CUS. P~oj.
Atttcus , n" U.
i HÉRODIADE ou Hkrodias ,
fille d'Arislobuleet de Bérénice , pe-
tite-fille d'Hérode-le-Graud, épousa
en premières noces llérode-]-'liilip4)e,
son oncle, dont elle eut. Salomé.
Quelque temps après, elle quitta son
mari , pour s attacher à I!érodt-Au-
tipas, sou beau-frère , létrarque de
HERO
Galilée, avec lequel elle vivolt pn-
bliqueinenl. Jeun-Bapliste, qui éloil
alors à la cour de ce prince , ne ces-
sant de crier contre ce mariage in-
ceslueux , Hérode le fit arrêter et
Illettré eu prison. Hérodiade, aiii-
rnée contre ce saint , ne clitrdioit
qne l'occasion de le faire ptirir. Elle
se présenta un jour quliérode dou-
iioil un grand repas , à la fête de
sa naissance. Salonié , fille d'Héro-
diade et de Philippe, dansa avec
tant de grâce devant le roi , qu'il
promit, avec serment, de lui ac-
corder tout ce qu'elle lui deuiande-
roil. La jeune fille, instruite par sa
niere , demanda la tt te de Jean-
Baptiste , et'le roi le sacrifia à la fu-
reur de sa inaitresse. Hérodiade ,
souffrant impatiemment de voir sou
mari simple téirarque, pendant que
son pro()re frère Agrippa étoil
honoré du titre de roi, enira dans
ses projets ambitieux. Elle fut
exilée à Lyon avec son époux ,
el y mourut vers l'an 40 de J. C.
On prétend que l'empereur Cali-
gula , ayant appris qu'elle étoit saur
cl'Agrippa, lui fit offrir son rappel,
el qu'elle répondit généreusement
« que, puisqu'elle avoit eu part à la
prospérité d'Hérode, elle ne vouloit
pas l'abandoiiuer dans son infor-
tune. »
l. HÉRODIEN, fils aîné d'Ode-
iiat , souverain de Palmyre. Son
père ayant pris le titre de roi en
260, lui doiiua le même litre, et
l'empereur Gallien y ajouta celui
cl'Aiigusle. Hérodien étoit d'un ca-
ractère doux et humain , mais livré
à la mollesse el à la voluplé. Son
père, qui l'aiinoit passionnément ,
lui donna ce qu'il avoit trouvé de
plus précieux dans les trésors de
Sapor , et plaça dans son sérail les
]>lus belles femmes de ce roi de
Perse. Zénobie, belle-mère d'Héro-
dien , ne pouvant soutenir l'idée
qu'il succèderoit à Odeuut au pré-
HERO
4i5
judice des trois fils qu'elle avoit eus
de ce prince , engagea, dit-on , IMaeo-
nius à assassiner le père et le fils.
Hérodieu avoit porté le titre de roi
pendant quatre ans, el celui d'em-
pereur pendant trois.
t II. HÉRODIEN, hjsioneugrec,
passa lu plus grande partie de sa
vie à Rome , employé à divers ini-
uistères de la cour et de la police.
Il Tccut depuis le règne de Com-
mode ju.-qu'a celui do IIP Gordien.
Nous avons de lui une Histoire en
huit livres, depuis la monde Marc-
Aurele jus'ju'à celles de Maxime et
de lialbiu ; son style est élégant ,
mais i'auieur manque quelquefois
d'exactitude dans les faits, et sur-
tout dans ceux qui concernent la
géograplrie. Il ne date point les évé-
nemens ; il ne fait point sentir la
liaison qu'ils ont entre eux. Nulle
élévation dans la façon de penser,
nulle connoissauce du (.œur humain.
On l'accuse d'avoir été Iropl'avorable
à Maximm, et trop peu a Alexan-
dre-Sévère. J. Capitoliiine lait ordi-
nairement que copier son tlisloire.
Ange Politieu fut le premier qui
traduisit cet -ouvrage en latin.
De Bois Guillebert en donna
d'abord une version française en
1675, in-12, puis l'abbé Mongault
en publia une seconde en 1700,
réimprimée en 174^, iu-12. L'é-
ditipn la plus estimés d'Hérodien
est celle de Paris , avec les Notes
d'Henri Etienne , 1 58 1 , in-4°, réim-
primée cin/t iiotis variorum , cura
Irmisch , Leipsick , 1789-1 8o5 5
vol. in-«°.
i HÉRODOTE, historien célèbre,
naquit à Halicarnasse, dans la Cane,
l'an 484 avant J. C. Son pays étant
en proie à la lyMnnie , il le quitta
pour aller chercher la liberté dans
l'île de Samos, d'où il voyagea en
Egypte, en Italie el dans toute la
I Grèce Pour s'y faire (oiiuoitre, il
4i6
HERO
se présenta aux jeux olympiques ,
el y lui sou Histoire. Elle fut si
applaudie, qu'où douna le nom des
neuf Muses aux ueuf livres qui la
composent. Etant retourné dans sa
pairie, il exhorta ses concitoyens à
cliasser le tyran qui les opprinioil.
Ses sollicitalious réussirent ; mais
elles furent malheureuses pour lui ,
car il fut obligé de quitter une
seconde fois son pays , et de se
retirer à Thurium eu Italie , qui
éloit une colouie des Athéniens ,
où il mourut peu a[)rès , dans un âge
fort avancé. Comme Hérodote est le
plus ancien des historiens grecs
dont les écrits soient parvenus jus-
qu'à nous , Cicéron l'appelle le Père
de V]iist.oire. Cet ouvrage contient,
outre l'histoire des guerres des
Perses contre les Grecs , depuis le rè-
gue de Cyrus jusqu'à celui de Xercès,
celle de la plupart des autres na-
tions. Ou y trouve tout ce qui s'étoil
passé de mémorable dans les trois
parties du monde connu pendant 240
ans. Hérodote l'acheva du temps de
la guerre du Péloponnèse, et l'écri-
vit en dialecte 'ionique. On a dit de
lui , qu'il étoil entre les historiens
ce qu'Homère est autre les poètes ,
et Uémosthènes entre les orateurs.
Comme Homère, dont il est le
fidèle imitateur , il entrelaça les faits
les uns dans les autres, de manière
qu'ils ne lissent qu'un tout hien as-
sorti. En variant sans cesse ses récits
et en promenant ses lecteurs surdif-
férens ol)jels , il réveille contmuelle-
nienl leur attention. Daillei.rs son
style est plein de grâces, de dou-
ceur et de nol)lesse ; mais les faits ne
sont pas toujours vrais. 11 rapporte
des fables ridicules qu'il ne donne ,
à la vérité , que comme des ouï-dire.
11 est, aux yeux de certains philQ-
sophes, autant le p -re du mensonge
que celui de rinsluire. Si on le com-
pare avec les historiens de sa nation,
ou trouvera qu'il esl plus doux , plus
«légaixt que Thucydicle , uuiis qu'il a
HERO
moins de nerf, moins de vigueur ; il
est vrai que ce deruier, peintre des
malheurs, des dissensions des plus
llorissans états de la Grèce, avoit
besoin d'un ]»inceau plus sombre que
celui qui en retraçoit les brillans ex-
ploits et les aduiirables triomphes ;
aussi grand écrivaiu que Xénophon,
il est moins moral , moins philoso-
phe : le disciple deSocrate ne seuible
écrire que pour éclairer les esprits,
l'historien des Grecs et des barbares
semble s'occuper davantage à cap-
tiver l'imagination par le charme de
ses écrits. Comparé aux Romains ,
Hérodote esl aussi élégant que Tite-
Live; mais moins grand orateur,
moins serré , moins fort que Sal-
luste; il n'a aucun rapport avec
Tacite. Les meilleures éditions de
son Histoire ont été dounées par
Jacques Gronovius , 171;'), in -folio ;
par Thomas Gale , Londres ,
1679 > in-J"ol. ; par Wesselin-
gius , Amsterdam, 1768 , in-fol. ; et
Glascovv, 1761, 9 vol. in-8". Du
'Ryer l'a traduite eu français, 5 vol.
in- 12. Le savant Larcher en a
donné une traduction plus fidèle eu
1786, 7 vol. in-S". Eu 1802, le
même auteur en a donné une nou-
velle édition en 9 vol. iu-S", sous ce
titre : llistoirt d' Hérodote , tra-
duite du grec, avec des remarques
historiques el- cri tiques , un essai sur ■
la cln'onologie d'Hérodote , et une
tahle géographique ; nouvelle édi-
tion , revue , corrigée el considéra-
blement augmentée , à laquelle on a
joint la vie d'Homère , attribuée à
Hérodote, les extraits del'Hisloirede
Perse et de l'Inde de Clésias, et le
traité de la Malignité d'Hérodote; le
tout accompagné de notes.
t HEROET ou Hebovet (An-
toine , né à Paris. Ses talens pour
la poésie française le Hreut con-
noitre de l'r.mçois V, qui lui donna
i'évèchéde Digne en ir)^....!! mou-
rut eu 1 u08. Ou a du lui , 1. Lu Tra'
HERO
duction de VAndrogyne de Platon.
II. La paîj'aile Ame. 111. Com-
plaiiite d'une dame nouvellement
surprinse d'amour, Far\s , ti):\-2; el
&Vin:hs& Poésies de Borderie et au-
tres , Lyou, 1547, in-8°. La iiia-
iiière dont it y iraite de laniour a
donné lieu à Joachim du Bellay
d'e^cel■cer sa verve éi)igrannnalii|ue.
Cf jjendanl ceporlrail de iauiour par
Héroct est au-dessus de la pUipart
des poésies de sou temps :
J'ai vu amour poiirtrait en divers Houx,
I^'un le peint vieil , cruel et furieux!;
L'aulrc plus doux, .iveu;;le, enfant et ua :
rbacuH le ]ieiiit pour tel qu'il l'a connu.
Par ses tienl'ails ou par sa forfaiture;
C'est que cîuicun vai'ie eu siî'j cerveau ;
t n dieu d'.imour pour lui propre et nouveau ;
C'psl qu'il y a dans les enlemleniens
Aulaul d'amours que du sortes d'iiiuans.
* HEROGUELLE ( François de) ,
îiiédecin, nalil' d'Arras, vivoil daus
le 17'^ siècle. Il lui ua des premiers
quitlreulT;oîiuoilreleseauxde Saiul-
Amaud ; il p'.iblia aussi des Oôsen^a-
tio/is sur les ecux minérales dcMa-
i imoiiiet surcellesduSaulsoir,piès
de Tournay. Ce mtrdecin mou ml à
Sainl-Amand, où il s étoil établi de-
puis loug-teinps. On a encore de lui,
1. Anatumie des eaux minérales de
Sainl-Amand , Touniay, i<iS5 ,
in-8°. II. La Fontaine minérale de
Saint-Amand triomphante par les
arcanes ou plus rares secrets de la
médecine , Valenciennes , i6gi el
1699 , in-12.
t HÉROI.D ( Jean ) , né à Hochs-
led eu 1611, se maria à Baie, oii il
lut aux gages des libraires. Les ma-
gislrals lui donnèrent le titre de
citoyen. Depuis , il prit le nom de
Basiiius. Il mourut après i.')66. On
a de lui , I. Hœreseologia , seu Col-
lectio theologorum ad conjuta-
tionem /eœ/eseon , BA\e , i55t), iu-
folio. II. Une donlinuation de riiis-
îoire de Guillaume de Ijr, im-
primée à la suite, m. De Germaniâ,
T. vwi.
HERO
417
dans Schardius. IV. Des Notes sur
Eiigippiuâ. V. Une bonne édition
des (Ëuvres complètes de Fr. Eé*
trarque, Baie , i58i,4l"'n-) J vol,
m-iol.
t HÉRON, né à Alexandrie l'au
100 avant J. C. , et élevé de Clési-
bus , se rendit Irès-célèbre dans la
mécanique , et par la profondeur
de ses écrits sur cet arl. Dans un
ouvrage sur les différentespuissances
mécaniques, il les réduisoit au le-
vier el les combinoit de diverses
manières pour les appliquer aux be-
soins de la vie. Daus un autre , ap-
porté de l'Orient vers la fin du 16®
siècle par Colins, Héron rétablis- '*
suit lancienne machine d'yVrchi-
mède, appelée par Pappus Onerum.
tractor. Cest sur-tout par ses Clep-
sydres à L'eau , ses Automates , et
ses JUachines à vent, qu'Héron ex-
cita l'admiration de l'antiquilë.
Nous avons de lui im Traité des
macJùnes à vent, traduit en latin
sous ce titre : Spiritalia ou Fneu-
maiica, avec nu fragment de ses
automates ; un autre intitulé Be-
lopeœca, on Construction des traits,
publié par les éditeurs du JSlathe-
maticl. A sa grande habileté da^is la
mécanique , Héron joignoit beau-
coup d'intelligence pour la géomé-
trie ; il est souvent, comme tel,
cité par Proclus. -— Un autre mé-
canicien, nommé HiSRON-le-Jeune,
qui vivoil vers le milieu du 8*^ siècle,
est auteur d'un Traitéde Vartet des •
machines militaires , traduit en la-
tin eu 167:2 par Barocius ; Anciens
/nathématiciens , imprimés au Lou-
vre, in-fol. , 1695.
t HÉROPHILE, célèbre médecin
grec, obtint la liberté de disséquer
les corps , "encore vivans , des cri-
minels condamnés à mort. Dans ime
Dissertation imprimée à Florence eu
1766 , Cocchi a prétendu que le mé-
decin grec u'ayoil point eu celle bar-
37
\
AiS
lîERR
barie , el n'avoît disséqué que des
corps morts. Hérophile est le pre-
mier q'.ii ait traité avec un peu de
jirofoudeur Yétude Hu pouls , et il fil
hiire de grands progrès à la science
de raiiatoniie. Il vivoit vers l'an
070 avant J. C. Gîcéron, Pline et
Pliitarqiie parlent de lui avec éloge,
fallope dit qu'il fut l'un des plus
grands auatomislts de son temps , et
qu'il fil dans cUle science beaucoup
plus de découvertes qn'Erasistrale ,
son contemporain elson émule. On
lui attribue la découverte des T^ais-
staux lactés et la Nomencla-
ture grecque des dijférenles parties
du corps humain qu'elles conser-
vent encore.
t 11. HÉROPHILE , maréchal
ferrant , imposteur qui parut à
Rome du temps de Jules César ,
il se disoit petit-fils de C. Marins,
el sut si bien le persuader , que
la plupart des communautés et des
corps de la ville le reconnurent
pour tel; mais César le chassa de
Rome. Il y revint après la mort
de ce grand homme, el fut assez
hardi pour entreprendre d'extermi-
ner les sénateurs , qui le firent ar-
rêter el tuer daus sa prison.
* HERRADE de Eandsberg ,
abbesse de Hohenbourg , depuis
nommé Saint-Odile dans les Vosges,
vivoit au 12* siècle, et se rendit
célèbre. Elle sut embellir son exis-
tence par la peinture , la musique el
)a poésie. Nous avons d'elle , sous le
nom de Jardin des délices [Hortus
.deliciarum ) , im Recueil de poésies
latines , qu'elle dédia , en ii8u, à
ses chanoinesses , dout le nombre
niontoil alors à quarante-sept. Le
style de Herrade a un caractère de
douceur et d'url)anilé qui fait placer
son livre bien an-dessus d'une grande
j)artie des ouvrages de la latinité du
moyen âge. C'est , au rapport de
Jean liuséc, un chef-d'œuvre d'onc-
HE rai
tion , de précision et d'élégance,
Edelinde , sœur de Herrade , lui suc-
céda en 1200. Elle éloit digne de
cette distinction; car elle égaloit sa
sœur en piété et en savoir.
* 1. HERRERA (François de ) , dit
le Kieux , peintre , architecte et
sculpteur , né à Séville , mort a Ma-
drid en i656. ha/àçadedu couvent
des religieux de la Merci à Séville
prouve , dit-on , ses talens en archi-
lecliue , connue divers de ses ou-
vrages,'soit cl /'rcsque, soit en ta-
bleaux de chevalet q^vlx se voient à
Séville et à Madrid , lui ont acquis la
réputation de peintre distingué.
* II. HERRERA ( François de ) ,
Jil le Jeune, fils du précèdent, né
à Séville en 1620, mort à Macirid
en i68r) , fui d'abord élevé de son
père. Pendant le voyage qu'il lit à
Rome, où il étudia les meilleurs
modèles antiques el modernes , il s'y
distingua par quelques tableaux re-
présentant des poissons si naturels et
si vrais , qu'ils lui firent donner,
dans cette ville, le surnom de l'Es-
pagnol aux poissons. De retour
dans sa patrie, il composa des ou-
vrages qui étendirent sa réputa-
tion; mais, imaginant que Madrid
éloit le seul théâtre digne de ses ta-
lens , il s'y rendit , et l'on s'y plut à
exercer son pinceau. Un de ses plus
beaux Uiblcr.ux et auquel il dounoit
la préférence est celui où il a repré-
senté, au grand autel des carmes
déchaussés à Madrid , saint Hermè-
nègilde , roi d'Espagne. Les auteurs
espagnols vantent beaucoup l'intelli-
gence de Herrera dans le clair-obs-
cur , son coloris , qu'ils comparent à
celui du Titien, el sur-tout sa ma-
nière de peindre les fleurs.
Y III. HERRERA Tordesillas
(Antoine d' ) , d'abord secrétaire
de Vespasien de Gonzague, vice-roi
de Naples, puis grand-hisloriogra-
IlERR
])l\e des Tildes , sous Philippe H, qui ,
en lui donnant ce liUe, l'accoinp.i-
giia d'une foile pension, publia,
en Z) vol. in-rd. , une Histoire gé-
nérale dfs Indes , en espagnol , de-
puis 1492 jusqu'en i554 , Madrid,
1728- 1700, 8 vol. en ^ loin, in-
folio. Cet ouvrage, tres-délaillé et
hès-curieux , est assez vrai , à quel-
ques endroits près , dans lesquels on
sent que l'auteur aimoit le merveil-
leux et l'extraordinaire. Il flatte
trop sa nation , et sou style est bour-
fcoutlë. Une mëiirise assez plaisante
parmi les naturalistes et les traduc-
teurs doit sa naissance à l'ouvrage
dellerrera. En parlant d'un scarabée
lumineux , de l'espèce du cucujo ou
porle-lanierne , il dit qu'il avoit la
singularité de venir à la voix. L'au-
teur espagnol se sert du mot acudia,
imparfait du verbe acudire , pour
dire, // arrivait ; le traducteur a
cru (^acudia etoil le nom de l'in-
secte ; et, d'après lui, l'imparfait
devenu scarabée se trouve dans les
Dictionnaires d'Histoire nalurelle ,
el sur-tout dans celui de Valmont de
Boinare , qui consacre trois pages à
la description dacudia. Herrera
mourut le 27 mars 172.0 , âgé d'en-
viron 66 ans, après avoir oblenu de
Pliilippe IV le brevet de la pre-
mière charge de secrétaire d'état qui
viendroit à vaquer. L'édition espa-
gnole de cette Histoire n'est pas bien
commune en France. Nicolas de La
Coste l'a traduite en français, eu 3
vol. in-Zj" , Paris, 1660, 1G66 et
1671. La meilleure édition de l'ori-
ginal espagnol de YHistoiregénérale
des Jndes , en espagnol , est celle de
Madrid, 1601-1616, 8 vol. in-lol.,
qui se relient ordinairement en 4-
Herrera a fait aussi en espagnol ime
Histoire générale de son temps ,
depuis i,'îd4 jusqu'en 1.S98 , en 7>
vol. in-fol. On l'estime moins que
l'Histoire des Indes.
* IV. HERRERA (Alfouse de),
HEI\Ï\
4'9
Fepngnol, religieux de l'ordre de
Saini-Domimque, et prédicateur de
Charles V, mort vers l'an i.TÔg ,
s'étoit acquis une grande répn—
rthiou daiis la chaire ; mais il ne
reste aucun de ses sermons. Ou n'a
de lui qu'un traité De valore ho^
norian opcrum , dédié, a Catherine ,
reine de Portugal ; il parut à Paris
en i54o. L'auteur y cherche à ré-
futer les luthériens.
ï V. HERRERA ( Ferdinand de),
né à Sévilie vers l'année 1020.
Après avoir étudié la géographie,
les mathématiques et les langues
savantes , il se voua à la poésie ,
et se fit remarquer par des pro-
ductions très -estimées, lia laissé,
I. Des Elégies , des Sonnets , etc. ,
imprimés à Sévilie en 1082 et eu
i6ic>, 1 vol. Ses poéiiies renferment
des morceaux sublimes à coté de
morceaux très-médiocres; mais ea
général Herrera sut joindre Télé-
gance du style à la facilité de la
versilication. Herrera a laissé eu
outre quelques ouvrages en prose.
II jLa T^ie du chancelier Thomas
Morus , d'après celle écrite en iati»
par Thomas Staplcton, imprimée à
Sévilie en ib(\2. 111. Relation de
la guerre de Chypre et de la ba~
taille navale de Lépante , impri-
mée à Sévilie en 1572. IV, Des
^otes sur Garcilasso de La Vega,
imprimées à Sévilie en i58o. Les
ouvrages de Herrera qui ne virent
jamais le jour et dont ses contem-
porains font mention sont, I. ic
Bataille des géants. II. L'enlève-
ment de Proserpine. 1 l L Les
ylmoursde Lausino. y Corona. IV.
Histoire générale d'Espagne , jus~
(ju'au règne de Charles V. V. Des
Epigrammes latines, imitées des
plus célèbres poètes de l'antiquité,
et i.VauCres pièces de i-ers en es-
pagnol.
* VI. HERPiERA ( Jean ) , archi.
|20
HERR
texte du roi et chevalier de Saint-
Jacques , né à Morellar dans les
Asturies , fut disciple de Jean-Bap-
liste de Tolède , et son succes-
seur pour !a Cunstruclion de l'Es-
ciirial , conimeucée en i565 et lei-
ini\iée par Herreia. On lui doit le
Pont de Ségovie à Madrid. Herrera
mourut en 1597.
* VIL HERRERA (Thomas),
Espagnol , llorissoit dans le 17"^
siècle. On a de lui Respoiisio pa-
cifica ad apolugeilcum de prœte/i .0
monachatii aiigustiniano S. T'raii-
c/sci, Bouonia; , i655, in-fol. —
il ne faut pas le confondre avec
Pierre Herf.era qui llorissoit dans
le même siècle. Il pul)lia Cornmen-
larii in Iractatam I). Thomœ de
trinitate , Papiae, 1627 , in-4°. —
Jean Herkera, auditeur de rote es-
pagnole à Rome dans le iB'^ siècle ,
b'y disliugua par ses mœurs et son
-savoir. Ou a de lui Uecisiones ,
iV. Ko (ce Romance, Romœ, 1751,
iii-fol.
t VIII. HERRERA ( François d'),
Espagnol , peintre , architecte et
fondeur en bronze, fut très-estimé
et acquit beaucoup de réputation à
Ja cour de Madrid , où il mourut
en i656. On admire à Séville, dans
l'église de Saint-Bernard , un grand
tableau de ce peintre, représentant
le Jugement universel , d'un excel-
lent (lessiu et d'un mélange heureux
de couleurs.
t IX. HERRERA (François d') ,
fds du précédent, né à Séville,
où il apprit les premiers principes
de son art sous son père , se ren-
dit à Rome , et y étudia les ouvra-
ges des peintres les plus célèbres ,
les statues et les monumens antiques
qu'on admire dans celte ancienne
capitale du monde. Ainsi que son
père, il devint aussi bon peintre
qu'habile architecte. De retour dans
H ERS
sa patrie, il fit par ordre de Phi-
lippe IV diverses peintures , et
lut déclaré peintre du roi. Son suc-
cesseur , Charles 11 , le créa suriti-
tendant, chef de tous les peintres,
et premier architecte du royaume.
On voit à Madrid et dans d'autres
villes de l'Espagne beaucoup d'ou-
vrages de cet artiste exécutés avec
un talent distingué. Herréra mort
à iMadrid à l'âge de G3 ans , en 1 G85 ,
eût obtenu beaucoup plus d'éloges
s'il eût joint à son mérite de meil-
leures mœurs.
* HERRING ( Thomas ) , évêqua
de Bangor, et ensuite archevêque'
d'Yorck en i743, naquit à Walso-'
ken dans le comté de Norfolck en
1693. Lorsque la rébellion d'Ecosse
eut éclaté, et que les montagnards
eurent défait à Preston-Pans les
troupes du roi , Harring contribua
beaucoup à dissiper la terreur pa-
nique que ce revers avoit inspirée,
et à réveiller la nation de sa léthar-
gie. Il assembla le clergé , la grande
et la petite noblesse , et , dans un
discours noble et pathétique, les,
détermina à ouvrir une souscrip-
tion qui s'éleva à 40,000 livres
( environ 920,000 de notre mon-
noie ). Cet exemple fut suivi par ,
toute la nation. 11 mourut en 1757,
On a de lui. un Recueil de Ser-
mons imprimé eu 1760, dont le'
produit a été affecté à l'un des hô-
pitaux de L.ondi'es , et un Recueil
de Lettres.
t HERSAN ( Marc - Antoine ) ,
professeur des humanités et de rhé-
torique au collège du Plessis , et en-
suite d'éloquence au collège royal,
après s'être distingué dans ces pla-
ces, se relira à Compiègne , sa pa-
irie , où il fonda un collège, au-
quel il présidoit souvent lui-même.
11 y mourut eu 1724, âgé de 73
ans. On a de lui, I. L'Oraison/ii-
nèhredu càcncelierLe Tellier, çti
HERS
beau latin , traduit en français par
Konavit, inlerprèle de la biblio-
thèque de Sorbonue , Paris, 1G88,
iu-4°. II. Des Pièces de poésies ,
dans lesquelles on remarque beau-
coup de goût et une latinité pure.
III. Des Pensées édijiatites sur
la Mort , Paris , 1722, in - 1 2 .
IV. Le Cantique de Moyse après
le passage de la mer Rouge , e.v-
pliqué selon les règles de la rhé-
torique, Paris , 1700, in-i 2 , insère
])ar RoUin , un des meilleurs dis-
ciples de ce maître, dans sou Traite
des Etudes.
HERSÉ (Mylholog. ), Rlle de
Cécrops et sœur d"Ag!aiire , fut fort
aimée de Mercure. Ce dieu fit pré-
sont à Aglaure d'une somme d'ar-
gent, pour qu'elle lui facilitât l'en-
trée che.': sa sœur. Mais Palias
ajaut ordonné à l'Envie de rendre
Aglaure jalouse , elle refusa la porte
au dieu lorsqu'il se présenta , et
Mercure, pour la punir de sa per-
fidie , la chaDj'^ea en pierre.
-;• HERSENT ou Hersan (Char-
les), Parisien , /locleur de Sorboune;,
d'abord prêtre de l'Oratoire , en-
suite chancelier de l'église de Metz,
est prmcipalement connu psr l'ou-
vrage fameux et peu commun , in-
titulé Optalus Gallus de caveiido
sc/tismate , Paris , ir)4o,iu-8°. Ce
libelle sanglant contre le cardinal
de Richelieu , adressé aux prélats de
l'Eglise gallicane , fut condamné par
eux et par le parlement. On avoil
répandu le l)ruit que ce minisire vou-
loit créer un patriarche en France ;
ce furent ces bruits qui produisirent
le livre d'Hersent. L'auteur y éta-
blissoit d'abord la nécessité d'être
imi à un seul chef, qui est le sou-
verain ponlife. 11 avançoit que tout
se préparoit en France à s'en sépa-
rer ; que l'affection des Français pour
le saint-siége , inaltérable dans les
temps les plus difficiles, allait être
HERS
421
anéantie si le clergé ne remédioit
pas à- un si grand mal , et que
l'Eglise gallicane alloit bientôt res-
sembler à celle d'Angleterre. Celle
crainte éloit fondée sur l'édilioti
d'un livre qui parut alors sur le»
/idertés gallicanes ; lequel, mal-
gré la censure des prélats de France,
se débitoit ouvertement; sur la pro-
position de quelques évêques de mo-
dérer les annales ; enfii> sur la décla-
ration que le roi avoit donnée tou-
chant les mariages, pour la validité
desquels il exigeoit des conditions
que l'Eglise ne demandoil point. Le
cardinal de Richelieu, outré de ce
qu'un écrivain inconnu travailloit à
répandre une terreur panique dans
l'Eglise de France , chargea quatre
écrivains de le réfuter, avec ordre
de soutenir que le roi pouvoi". pren-
dre des conuibutious du clergé.
L'édition originale du livre dTler-
seut est fort rare; on la distingue de
la contref action , à la page 7, lig. ib
ou 17, où on lit superiore pour
superiorum ; et à l'arrêt du parle-
ment qui a douze pages, et seule-
ment onze dans la contrefaclion.
La vivacité avec laquelle il étoit
écrit étoit réellement capable d'é-
branler les cerveaux foibles. Simon
en trouve d'ailleurs le slyle fort
mauvais. Parmi les écrits qu on op-
posa à Hersent, les meilleurs sont
ceux d'Isaac Habert : De consensu
hierarcliiœ et monarchiœ , et de
Michel Rabardeau, jésuile : Optatua
Gallus , benignâ manu sectus ,
tardé, sed aliquando. Ce jésuite
pensoit que la création d'un pa-
triarche n'auroit rien de schisma-
licpie , et que le consenlement du
pape n'éloii pas plus nécessaire pour
cela , qu'il ne l'avoit été pour établir
les patriarches de Jérusalem et de
Conslantiuople. Hersent passa à
Rome , où son génie bouillant et
emporté ne plut pas davantage qu'à
Paris. Ayant prêché le panégyrique
de saiut Louis, et y ayant mêlé iu-
4-2 ÏIERT
discrètement les questions tle la
grâce, il fut décrété d'ajoiirneiiieut
personnel par l'mquisi lion; et comme
il refusa de comparoitre, il fui ex-
communié. De retour en France, il
mourut au chàleau de Largoue en
Bretagne en iTiGo. Ou a de lui des
Oraisons funèbres ,' c'es Sermons ,
quelques Libelles contre la congré-
gation qu'il avoil quittée ; une Tra-
duction française du Marcus Gal-
licus de l'évèque d'Yprts , 1658,
in-8°, sous le titre Aq Mars Fran-
çais ou la guerre de France, en
laquelle soûl examinées les raisons
de la justice prétendue des armes et
des alliances du roi de France, 1607,
in-S" ; ua Traité de la souveraineté
de Metz , pays Messin , et autres
villes et pays clrconuoisins , i G55
in-8°.
H ER SI LIE (Mjihol.) , fille
de Tatius , roi des Sabins. Romu-
lus la prit pour lui, lorsque les Ro-
mains enlevèrent les Satines. Sou
père ayant déclaré la guerre à ce
prince, elle Ht en sorte que ces
deux rois fissent la paix , et elle
épousa Romulus. Celui-ci ayant
disparu, elle crut qu'il étoit mort,
et eu eut uue si grande douleur , que
Junon, pour la consoler, la lit aussi
monter au ciel, où cette princesse re-
trouva son mari. Les Romains leur
dressèrent des autels sous les noms
de Quirinus et d'Ora,
HERTHA (Mylhol.), déesse des
anciens Germains, et sous le nom
de laquelle ils adoroient la terre ,
avoil sa statue sur un chariot couvert,
au milieu des sombres forets. Un prê-
tre unique desservoil son culte , et
marchoit devant le char attelé de
deux génisses blanches, lorsqu'on
promcuoit la divinité. Peiidaut ce
temps, le peuple dansoit et se li-
vroU au repos et aux plaisirs. Tacite
fait mealiou d'Hertha.
liERTlUS( Jean- Nicolas \ pro-
HERT
fesseur en droit el chauceli-r de
l'université de Giessen , né dans le
voisinage de cette ville, et mort
en 1710 à 5g ans , a doaué plu-
sieurs ouvrages utiles pour fhistoirc
des premiers siècles de l'Allemagne.
Les principaux sont,l. Notitia ve-
tcrisFrancorum regni, i7io,in-4-*
C'est une notice des premiers temps
du royaume de France, jusqu'à la
monde Louis le-Pieux. II. Comnieii-
tationes et Opuscula ad historiaui
et geographiam Germaniœ anli-
(juœ speclantia , 1 7 1 3 in-/}" , etc.
* HERTODT T>F. ToDTEN-
FELD ( Jean - FerrUncuid ), docteu":»*
en médecine, membre de l'académie
impériale des curieux delà nature ,
néà Niclasbourg en Moravie, pro-
fessa son art ainsi que la physique
à Hriuu, jusqu'à sa mort arrivée
en 171 \. Les ouvrages qivjj a com-
posés sont , I. Tartanm Mastiœ
Muraviœ . per quem ra/ij,)ra et ad-
miranda à naturâ in fpcundo Iiu-
ius regionisgreinio émisa , curiu^è
exaininantur. Vieii^ Auslrise ,
1669, in-S". II. O^us mirificum
sextœ diei, id est ,'^'tomo physicè ,
anatoniicè et mar>f'iter in poten—
tiorcs suas partes qissectus, lenae ,
1670 , in-S". 111. mocologia , siue
curiosa ( roci, re^'is pegeiabiliurn
enucteatio, ibid, i()7i,in-8°. C'est
une dissertation daus le goiit de
celles de l'académie des curieux de
la nature.
* HERTOGHE ( Gilles de ) , mé-
decin du 15"-' siècle, natif du Bia-
banl , adressa à Malhias Ccrvi.i ,
roi de Hongrie , une lettre de Gesta-
tionejœtus mortuiper tredecim an-
nos; elle parut à Râle eu i5)S4 ,
dans uu ouvrage intitulé Mathix
Cornacis mcdicœ consultationis
apud œgrotos instituem'œ enchy-
ridion i et dans un autre de Rem-
hert Dodoens , imprimé sous le
titre de Mediciiialiuni obseruatio-
num cxeinpla rara.
îiEllT
t ÏÎERTZBERG(N., comte de)
iiiitiistre de Frédéric 11, roi de Prusse,
ohlinlla conHauce la plus entièrede
sou soiiveiaiu. Unoiivragede liltéra-
lure qu'il publia daus sa jeunesse lui
la source de saréputalionet desa for-
Uuie; aussi protégea-l-il ceuxqui cul-
livèrent les lettres. Ses relations daus
toutes les cours de lEurope y tirenl
estimer ses counoiiîsances. Il mourut
ii Berlin en mai 179?', dans un âge
Irès-avancé, laissant plusieurs Dis-
sertations de mëttvphysique et de
morale insérées dans les Mémoires de
l'académie de Berlin, et plusieurs
Ecrits sur des matières île politique.
I.esplus remarquables en ce dernier
genre sont, 1. Traite de la meilleure
forme du gouvernement ^ imprinié à
Berlin en 1 784, in-8°. 11. Ve la ] or-
ce relative , des l'evolutions des
Etats, et particulièrement de celle
crylllemagne. 11 liU le premier à l'aca-
Ccidémie de Berlin on 1783 , et le se-
cond l'année suivante. Celui-ci acte
réimprimé en i~9i. Suivant l'au-
teur, les révoUilicns des empires sont
arrivées lorsque leur trop grande
éleudue n'a plus permis à un seul
homme de les gouverner et de les
dél'endre , lorsque le relâchement
du caractère et la dégénération des
mœurs des nations ont amené leur
chute. III. Du Caractère national
des -liermains et des Prussiens , in-
8°. IV. Lettre sur la littérature al-
lemande , traduite eu français par
l'abbé Jérusalem , Berlin, 178] ,
in-S". V. Mémoire raisonné r.nr la
conduite des cours de P ienne et
de Saxe, Berlin, 1756, in- 12.
\jt&(if.uurespoliliquesàcce\.ècï\wa.n\
ont été réunies et publiées par iMayer,
Paris, 1795 , 3 vol. iu-8°
HERTZIG ( François ), jésuite,
né en i 674 à Muglitz eu Moravie,
auteur de plusieurs ouvrages con-
tre divers sectaires opj;osés au catho-
licisme, a aussi combattu Corneille
Jausénius , dans un écrit inliliiié
iiEîiy 4^3
Cahinus Co/nelii Jansenii Ipren-
sis episcupi , sanctœ Hcripturœ ,
poiitificibus , conduis et SS. Pa-
tribus, èdiametro oppositus, 1716,
in- 12. Hertzig mourut à Breslaw
eu 1752.
* HERVÂGIUS , imprii-.^ur à
Bàle dans le iG*^ siècle, homme
profond dans les sciences , ne né-
gligea rien pour marcher sur les
traces des imprimeurs les plus célè-
bres , ce qu'on remarque d '.ns ia
nouvelle édition qu'il donna des ou-
vrages de Démosthènes , imprimé»
par Aide- Manuce , édition plus
complète , plus belle et plus cor-
recte que la première. Ou a encore
de lui d'autres impressions esti-
mées. ILrvagius avoit épousé la
veuve de Fioben.
t I. IIERVART ( Barlliélemi } ,
(l'une famille uobie d'Augsbourg en
Allemagne , vint en France , et dut
sa fortune au cardinal Mazarin ,
dont il éloil le banquier. Employé
daus les finances sous Louis XIV ,
il eu devint intendant et contrôleur
général, quoiqu'il fût protestant.
11 avança plusieurs fois au roi des
sommes considérables dans les né-
cessités pressantes de l'état, et dans
des temps où ce prince n'étoii pas en
état de lui en assurer le rembcnirse-
ment. Louis XIV , revenant de Bre-
tagne , où il avoit fait arrêter Fonc-
quet , surintendant d^'s finances ,
et se trouvant sans argent : « Je
compte sur votre crédit, dit- il à
Hervarl, qui lui fournit inconti-
nent deux millions. Hervart eût
poussé sa fortune jusqu'à obtenir
la surintendance, s'j eût éu 'moins
attaché à sa religion et au jeu. 11 per-
doit souvent cent mille écus dans
une séance. Cette profusion détour-
nant Louis XIV de l'idée de lui don-
ner ia première place dans l'admi-
nistration des revenus du royainue,
il mourut conseiller d'état ordinaire ,
IM HERV
l'an 1676 , à Tours. Sa famille qoiua
le royaume après la levocaliou de
l'ëdil df! Nantes, et sr relira à Ge-
nève , on elle porta des l)iens im-
menses. C'est Imqui fut le grand ami
de La Fontaine , et son nom se
trouve toujours associé dans les élo-
ges de notre inimitable fal)uliste.
II. HERVART. roy. Hkrwaut.
I. HERVE , archevêque de Reims
au tomniencemeiit du 10'' siècle,
estimé par sa charité , par sa dou-
ceur , et par son zèle pour la dis-
cipline ecclésiastique , tint divers
conciles , dans l'un desquels il ana-
lliémaiisa les assassins de Fulcon ,
son prédécesseur. 11 présida celui de
Trosley près de Soissons , et il en
û écrit les actes. La Bibliothèque îles
Pères conliciit l'un de ses ouvrages
Jidressé à Widon , archevêque de
Kcuien , sur la pénitence à imposer
îuix relaps qui , après avoir reçu le
baptême , sont reto'.irnés au culte des
idoles. 11 mourut le 2 juillet 92a.
IL HERVÉ, bénédictin du Bourg-
Dieu , vers 1 1 5o , a laissé un C0//1-
me/italre sur Isaïe , dans le recueil
du P. Pez ; et un autre sur les Epi-
tres de St. Paul, imprimé avec les
œuvres de St. Anselme , dans l'édi-
tion de Cologne. L'auteur se sent de
la barbarie de son siècle.
IlL HERVÉ i,r. Bueton , issu
d'une famdle noble , homme d'une
vertu rare, et d'une prudence con-
sommée , quatorzième général de
l'ordre de St. -Dominique en i3i8,
et l'un lies plus zéîcs défenseurs de
la doctrine de St. Thomas, mourut
à Narbonne en iÔ25. H fit plusieurs
• taluts pour entretenir dans son
ordre la paix , (pie quelques faux
mystiques vouloient troubler. Ses
ouvrages , eu latin peu correct ,
ëtoient bons pour son temps. Ou a
de lui, I. Un Traité de Pèlernitê
du monde. II. Des Coiiimeiilnlres
HERV
sur le maître des sentences. III. Un
Traité de la puissance du pape.
IV. Une Jlpolugie pour les frères
prêcheurs ) etc.
t HERVET (Genlian) , docteur
de Sorbonne, né à Olive t , près Or-
léans, en 1499, appelé à Rome par
le cardinal Polus pour travailler à
la traduction latinedes auteurs grecs,
parut avec éclat au concile de Tren-
te , et revint en France : il pro-
fessa plusieurs années à Bordeaux ,
et obtint un canonical de Reims ,
où il mourut le 12 septembre 1584.
Hervet avoil plus d'application que
de talent , et plus de savoir que de
goût. Onadehu une foule d'ouvrages
médiocres, l. Deux Discours pro-
noncés au concile de Trente; l'un, sur
le rétablissement de la discipline
ecclésiastique ; l'autre, sur les ma-
/■iage& clandestins. 11. Des Libres
de controverse et des Traductions
des Pères. III. LTne mauvaise Tia-
dudion du concile de Trente ,
qu'on recaerche cependant , parce
qu'on y trouve la concLusion de ce
synode universel , telle qu'elle est
dans la première édition du concile ,
Rome , r564 , in-fol. IV. Trois Vis-
cours latins sur la barbe; le i'"' inti-
tulé : JJe rttdendd barba oratio ; le
2^ De alendd ba.rbâ et le 5'^ De vel
alendd, velrudenddoratio. L'usage
de laisser croit re ou de raser sa barba
fut de son temps un objet sérieux de
discussions qui exerça la plume de
plusieurs écrivains. V. Traité di^
purgatoire auquel sont consultées
les opiuions des nouveaux évangé-
listes de ce temps, Reims , 1662,
in-S*^. Les versions françaises d'Her-
vel ont vieilli; mais ses traductions
peuvent encore être utiles.
t I. HERVEY ( James), fils d'un
curé et curé lui-même dans la pro-
vince de Northampton en Angle-
terre , mort en 17.^9, à l'âge de
/\b ans , n'est pas moins connu eu
IlERV
Fi'ance qvie daus sa patrie , par son
])oëiiie (If s Tombeaux eVses3Jé(ii/a-
tiu/is , qui ont pai n d'aliord en 1770,
in-8°, irarlnils par Pey ron el 1-eToii r-
neur; puis en 1771 , in-12, traduils
par madame d'Arconville. Ces écrits
moins forlemeul pensés et moins
énergiques n\ie les Nuits du docteur
y'ou/ig, dont il suit les traces, et
même qu'il copie quelquefois, respi-
rent aussi une mélancolie plus douce ,
et i'ont aimer leur auteur et la vertu
qui les lui a dictés. Us ont en un
succès prodigieux eu Angleterre, et
les éditions s'en éloient multipliées
au nombre de plus dé quinze avant
Jo traduction française. Hervey ,
tliantre et umi de la hienfaisance ,
lut adoré de ses paroissiens, pour
lesquels il se dépouilla de toute pro-
priété, il versa daus le sein des pau-
\res quatorze mille livres qu'il relira
de ses l^Jédltations , et mcme jus-
qu'aux revenus deses bénélices , qu'il
iîvoil luis nvec autant d'ardeur que
d'antres en mettent à les briguer.
Sa vie très -détaillée est à la tète
de la traduction citée. On a encore
de lui T//eron et Àspnsie ,o\\ Dia-
logues et Le ttres su r dijférens sujets y
jy.'iS, 3 vol. 111-8°. La meilleure-
édition anglaise de ses Tombeaux
est de 1796 , 2 vol. in-8°. Bridel a
publié à Lausanne , 1779, in-S", une
imitation des tombeaux qui est tort
bien écrite.
* rr. HERVEY ( Auguste- Jean ) ,
troisième comte de Bristol, né en
1724, mort en 1779 > servit dans
la marine , et tut lieutenant en i74-i-
Cette même année il épousa miss
Chudleigli, qui depuis lut la célèbre
duchesse de Kingston. ( T^. Her-
vey milady). Hervey obtint, en
1 747, une compagaie, et se distingua
dans la Méditerranée. En 1760 il
fut gentilhomme de la chambre du
roi, et en 1771 un des lords de
l'amirauté. Entin , eu 1774 } P'H' '-i
mort de sou frèie , il succéda au
HERW
425
litre de comte de Bristol , que son
secoud frère lévèque de Ueny eut
après lui.
* in. HERVEY ( Milady ) , femme
du j)récédenl , obtint xum décision
des communes qui cas.soit sou ma-
riage, et épousa le duc de Kingston;
mais en 177:), la cour des lords
annula la sentence des communes,
et déclara unlady Hervey coupable
de bigamie.
* HERVILLY ( le comte d' ).
colonel du régiment de Rohan, puis
maréchal de camp au service de
France, fut nommé en 1791 com-
mandant de la garde conslitulion-
neile à pied de Louis XVI , resta
auprès de ce prince après le licen-
ciement de ce corps, tenta de le dé-
fendre le 10 août 1792 , à la tète de
deux compagnies de gentilshommes
qui s'étoieiU rassemblés à la luite
dans le château , et finit i)ar l'accom-
jjr.gner à l'assemblée législative. Cf tte
dernière preuve de dévouement lui
sauva la vie , et ce fut par-là qu'il
échappa aux massacres de cette jour-
née. Il se rendit alors en Angleterre,
et y leva , en août 1794» un régi-
ment composé en grande partie des
Touloiiuais fugitifs. Ce corps ayant
été employé, en juin 1796 , dans
1 expédition de Quiberon , d'Her-
villy , blessé à la stcoude affaire qui
suivit le débarquement , fut aussitôt
transporté à Portsmouth , et y
mourut peu de temps après des suites
de ses blessures.
HERWART (Jean-George), chan-
celier de Bavière au commencement
du iG*-' siècle , issu d'une familio
patricienne d'Augsbourg , étoit un *
savant bizarre , qui adoptoil les sys-
tèmes les plus singuliers, et qui les
soutenoit avec plus d'érudition que
de raison. On a de lui , I. Chrono-
lugia nova et vera , 1622 et 1626,
2 parties in -4''. Il- Admirundi
/pG HKSB
ethnicœ theologiœ mjsteria pro-
palala, 1626, 111-4°. Il y soutient
fille les vents, l'aiguille aimantée,
etc. , oui ëlë les jireiniers dieux des
l'!gy})liens , et qu'on les adoroil sous
des noms mystérieux, lll. Une Jpo-
/ogie i)Oui" l'empereur Louis de
Bavière , contre les faussetés de
Bzovius.
HERY. rojez Heki.
* 1 ffiRZ 01/ He«tz ( Jean-Daniel ) ,
né à Nuremberg en 1099, peintre
d'histoire et fie paysages, a gravé à
l'eau - forte plusieurs sujets de sa
composition , dont St. Paul prê-
chant dans Athènes. Il a encore
gravé quelques morceaux d'après
Roltenhamar.
HESBURN (Jacques), comte tie
BoTiiWEL en Ecosse , eut part , sui-
vant l'opinion la plus générale, au
meurtre de Henri , lord Darnley ,
qui a voit épousé Marie, reine d'E-
cos iC , et que les historiens écossais
nomment le roi Henri. Bolhwel
joiussoit auprès de- cette princesse
du plus grand crédit. « S-i faveur,
(iitral)bé MiUotdans ses Eiémens de
l'histoire d'Anglelerre, passoit pour
iHî effet de l'amour , et les évé-
nemens accréditèrent ces soupçons.
Tout à coup !Marie paroît se récon-
cilier EfVec son époux qui étolt lom
l)é malade; elle i'eugage à revenir
auprès d'elle, lui donne un loge-
ment séparé de son palais , y passe
même quelques nuits , et l'avertit
un jour qu'elle ue viendra point la
nuit suivante , parce qu'elle doit
assister au mariage d'un de ses offi-
ciers. Le lenilemain on aperçoit que
le roi a été assassiné , que sa maison
a sauté en l'air par un effet de la
poudre. Bothwel est généralement
accusé de cet attentai : quelques-uns
éleudenl leurs soupçons jusque sur
la reine. Le comte de Lenox , père
dtj Darnley , implore sa justice con-
tre les meurtriers , et nomme le
HESB
favori avec sept autres persomies ,
aucun d'eux n'est arrêté : 0x1 ne
donne que quinze jours à l'examen
d'une adaire si importante. En valu
Lenox demande du temps; les in-
formations se précipitent , et l'ac-
cusateur ni les témoins ne parois-
sent. Bolhwel est pleinement dé-
cliargé. Cet insigne scélérat se pré-
paroit à d'autres crimes. Il enlève
la veine qui éloit allée voir son tils,
et l'entraîne à Dunbar, dans le des-
sein de l'épouser. Bientôt il reçoit
le pardon, non seulement d?. celle
violence , mais de tout autre crime,
par conséquent du régicide dont ou
l'accusoit. Une telle grâce fut regar-
dée comme une preuve de conni-
vence, d'autant plus certaine, que
Marie demeuroil volontairement
entre les mains du ravisseur, après
avoir déclaré que Bolhwel l'a voit
enlevée de force. Celui-ci éloit ma-
rié depuis six mois avec une femme
de mérite et d'une haule naissance.
Il s'agissoit de faire annuler son
raar;age ; l'affaire fut plaidée dans
deux tribunaux , l'un catholique ,
TaiUre protestant. Le premier, sur
la raison de parenté alléguée par
Bothw.d; l'autre, sur la raison d'a-
dultère alléguée par sa femme, et
ils prononcèrent la sentence de di-
vorce quatre jours après le com-
mencement d.'s procédures. I,a reine
s'étant rendue à Edimbourg , le mi-
nistre Craig reçut ordre de publier
les bancs de son mariage ; il refusa
courageusemejit de prêter son mi-
nistère à ce scandale : un évèque
protestant consentit à faire la céré-
monie. Très-j)eu de seigneurs y
' assistèreul, quoique plusieurs eus-
sent , dans le commencement, pro-
posé le mariage avec Bothwel. L'am-
l)assadeur de France ne voulut point
y parcitre. Marie , qui avoil tou-
jours eu tant de déférence pour les '
conseils des Guise , s'éloil obsti-
née à m; h'S point suivre dans mie
uffaire si critique où la passion l'a-
HESII
veiigloit. Cel ëvénemenl la coiivril
d'opprobre aux yeux de sou peuple
el de loiUe l'Europe. Les soupçons
sur l'assassinai du roi acquirent de
la vraisemblance. Une liaison inti-
me avec celui que la voix publique
accusoit, un empressement marqué
à le faire absoudre, un mariage si
contraire aux bienséances , ménagé
par des moyens si odieux; tout
donnoit lieu de penser que !\Iarie ,
esclave de sa passion pour Bothvsrel,
avoit eu part à son crime. Sans Ku
imputer cette barbarie, ou ne pon-
voit s'empêcher de la croire coupa-
l)le d'une honteuse foiblesse. » Les
Ecossais indignés levèrent des trou-
pes , sous prétexte d'empèclier que
le jeune prince , iils de Marie , de-
puis roi d'Angleterre , sous le nom
de Jacques I , ne tombât entre les
mains de Bothwel. La reine et son
amant levèrent des troupes contre
la noblesse, la déclarèrent relielle
et coupable de conspiration. Les
armées étant sur pied , Bolhwel
offrit de terminer le différent par un
combat singulier qui l'ut accepté ;
mais la reine l'empêcha lorsqu'on
étoit sur le point d'en venir aux
mains. Cette princesse , comptant
très-peu sur la fidélité des troupes ,
conseilla à son époux de se caclier ,
et se remit entie les inains de la
noblesse. Botliwel, ainsi abandonné,
s'enfuit en Danemarck , où il fut
découvert par quelques marchands
écossais, et enfermé dans une étroite
prison ; il y demeura dix ans , y
perdit l'esprit ,*et mourut misérable
en i^îy?. « Bothwel, dit l'abbé de
Coudillac, avec une grande nais-
sance, étoit sans talent; il u'avoit
acquis de la considération qu'eu se
déclarant ouvertement pour les ca-
tholiques. Sans mœurs , sans con-
duite , accablé de dettes, les entre-
prises désespérées étoient son uni-
que ressource.
HESHUSIUS ( Tilemaunus ) ,
IIESI
hl
théologien de la confession d'Aiigs-
bourg, plus connu sous le nom de
TUemaruius , né à Wesel , au pays
de Cleves, en iSab , enseigna la
théologie dans un grand nombre
de villes d'Allemagne, et se fit exi-
ler presque de toutes poip." son esprit
inquiet, turbulent et séditieux. Il
mourut en i 588. On a de lui , 1. Des
Commentaires- sur les Psaumes ,
iu-fol. II. — surLsaïe, in -fol. 111.
— sur toutes les Epîtros de saint
Paul, iu-S''. IV. Un Trailé de la
Cène et de la Justification , in-fol.
\ . Jlrrores quus Jîomana Lcclesia
furenter défendit Ce traité d'un
forcené , imprimé à Francfort en
i577, in-8°, ne se trouve pas facile-
ment. VI. D'autres ourraifcs, dans
lesquels on remarque peu d'ordre et
de jugement.
HÉSICIIIUS. rorez IIésy-
CHIUS.
t HÉ S 1 O D E , poète grec , né à
Cumes en Eolide , élevé à Ascra en
Béotie , étoit contemporain d Ho-
mère , suivant l'opinion commune.
Velléius Paterciilus le place cepen-
dant cent vingt ans après l'auteur
de liliade. Hésiode écrivit le pre-
mier en vers sur l'agriculture. Il
intitula son poème jLes Ouvrages
et les Juurs , parce que l'art et
la culture de la terre demandent
(;u'on observe exactement les temps
et les saisons. Hésiode, plus poêle
que phi'osoplie ,y marque , comme
nos faiseurs d'aimanachs , les jours
I eureux et malheureux. Il mêle aux
préceptes de l'agriculture des le-
vons pour la conduite de la vie :
c'est pour cela que Cicéron , dans
une lettre à Lepta , conseille de le
faire aiipreudre par cœur aux en-
faiis. Ce poème a servi de modèle à
Virgile pour composer ses Géorgi-
ques , aiiisi qu'il le témoigne lui-
même. Les autres ouvrages d'Hé-
siode sont la T/u'oiJonie ou la Ce-
428
HESI
néaiogie des dieux , et le Bouclier
d'Hercule. La première de ces pro-
ductions n'a rieii de grand que son
sujet. C'est une espèce de poenie
sans art, sans invention et sans au-
tre agrément. Cet ouvrage, joint à
ceux d'Homère , doit être regardé
comme les archives ei le monument
le plus sûr de la théologie des an-
ciens, et de l'opinion qu'ils avoieul
deleurs dieux. Les Grecs le faisoienl
apprendre par cœur à leurs eulans.
le second ouvrage du poêle grec est
lui morceau détaché d'un plus grand,
où l'on prétend qu Hésiode celebroit
les héroïnes de l'antiquilé. On l'a
appelé le bouclier d'Hercule, jjarce
qu'il roule tout entier sur la des-
criplion de ce bouclier , dont le
poète rapporte une aventure parti-
culière. M. Heinrich a publié une
édition du Bouclier, à Breslaw , en
1802. Hésiode est moins élevé,
moins sublime qu'Homère; mais sa
poésie est ornée dans les endroits
suscepliblesd'ornement. Les éditions
d'Hésiode, V^enise, i537 ; Amsier-
dam , 1 667 , in-S" ,et j 701 , in-4° ,
qui se joignent aux auteurs cum
jiotis T'^ariarurn , sont estimables ,
ainsi que celle d'Oxford , 1767 ,
in "4°. On trouve aussi ce poète
dans les Poëlœ Greœci minores ,
Cambridge, 1684, iu-S". Eergier
en a donné dans son Origine des
Dieux, 1768, deux vol. iu-i2,une
tradiicliou ildele. Celle que Gin a
pi!l)lii''e en 1785, iu-8°, mérite le
même éioge. Les cfrcoustances de la
inort d'Hésiode , telles que Plutarqiie
dans sou Banquet les lait présenter
par Solon , méritent d'èlre citées :
Ihôle chez lequel vivoit Hésiode ,
lorsque parvenu dans un âge avancé
il se ftit retiré à Locris , avoit violé
luif jeune personne, et quoique Hé-
siode fûl ignorant du l'ail , il fut
accusé auprès des frères de la jeune
fille d'avoir élé complice du crime ;
ceux-ci rassassiuereut ainsi que le
ravisseur , et les jetèrent à la mer.
HESS
Les habitans , indignés de cette In-
justice , noyèrent ceux qui s'en
étoient rendus coupables, et lîrtde-
rent leurs maisons.
HÉSIONE ( Mythologie ) , fille
de Laomédon, foi de Troie. Her-
cule la délivra d'un monstre marin
auquel elle etoit exposée par or-
dre de l'oracle. Mais l.aomédonayaiit
refusé de lui donner les chevaux
qu il lui avoit promis pour récom-
pense de ce service , le héros enleva
Hésione , et la donna à son ami
Palémon.
HESPER ou HcspÉnus (Myth.),
fils de Japhet et frère d'Alias , eut
trois filles, qu'on nouima les Hes-
pérides , ei fut changé en une étoile
appelée Phosphorus quand elle pré-'
cède le lever du soleil , et Hespé-
rus quand elle paroil après son
coucher.
HESPÉRIDES (Mythol. ), trois
sœurs, filles d'ilesper : leur noméloit
Eglé , Aréthuse et Hespérélhuse.
Elles possédoient un beau jardin
rempli de pommes d'or, et gardé
par un dragon qu'Hercule tua pour
en aller cuedlir.
* HESRONITE ( Jean ) , maro-
nite du Liban, interprète du roi,
à Paris , pour les langues syriaque
et arabe, y publia avec Gabriel Sio-
nite, en 1619 , la Geograp/iia Ilu-
hieu.sis , in-4°, traduite de l'arabe.
Les mêmes, en 1616, y avoient
déjà liait imprimer une Grammaire
arabe.
* L HESSE (Guillaume, prince
de), mort en 1597, a rendu son
nom immortel par la protection
qu'il a accordée aux arts , et par les
services qu'il a rendus personnelle-
ment à l'astronomie. Il a bâti un ob-
servatoire à Cassel , où il a lui-mê-
me, pendant bien des années , fait
un grand nombre d'observations
HESS
assidues. Ce prince avoit aussi at-
tiré près de lui Rollnnavi et Byrge ,
deuxsavausaslrouomes. Les mêmes
observations ont été imprimées à
Levde en 1618, sous le Litre à'Ob-
serua/ions astrunomiqucs du pri/i-
ce de Hesse.
t II. HESSE-CASSEL ( Amélie-
Elizabetli DE Hanau, veuve de Guil-
laume dit /e Constant, landgrave
de) , se ligna avec la France contre
la maison d'Autriche, lit rentrer
Guillaume VI son fils dans les biens
de ses ancêtres , et fut un modèle de
vertu ainsi que de courage. Elle con-
duisit ses affaires avec tant de sa-
gesse , que le landgrave lui ayant
laissé eu mourant l'état cliargé de
dettes , avec une guerre onéreuse ;
nou seulement elle les acquitta,
mais elle augmenta encore les do-
maines de la Hesse. Elle mourut eu
j65i.
III. HESSE-CASSEL. ^oj. Fré-
déric , n" XIV.
* IV HESSE-UARMSTADT
(Louis X , landgrave de) , né le
14 juiu 1755 , marié le 19 février
1777 à une princesse de la même
maisou , dont il eut sept eiiHints,
succéda à sou père le 6 avril 1790 ;
il éloit proj)riélaire d'un régiment
au service de France , qui fut mis
sur le pied français en 1 79 i , et il
léclama vainement des indenniilés
pour cet objet et pou r ses possessions
eu Alsace. Son cliargé d affaires fut
mis en arrestation à Paris en w^ô:
il lut néanmoins un des premiers
souverains qui firent leur paix avec
la France à la lin de i8or>: lors
de la reprise des lioftilités calre la
France et l'Auti'ichs, il s'éloigna de
la capitale ave- ses troupes , et les
conduisit à Gici.-en, ce qui parut
donner quelques mécoiilenieniens
au gouvernement français. Le corps
d'armée du général x^ugerea;! alla
occuper ses étals après la paix, de
HESY
429
Presbourg. Un autre prince de cette
nation éloit , avant la révolutiou ,
maréchal- de-camp au service de
France , et mourut le 1 1 mars iSoa,
à Francfort , à l'âge de 4-2 ans , con-
sumé par uneétisie. 11 avoit ordon-
né par son testament qu'on l'enter-
rât connue un simple particulier ,
et qu'on ne déposât pas son corps
dans le tombeau de sa famille.
1 1. HESSELS ( Jean ) , professeur
de théologie dans l'université de
Louvain , dont il fut l'ornement ,
lié eu 13 22, mort en 1 356, a com-
posé , I. un grand nombre A'Ou-
i-rages de controverse. II. Des Coni'
mcnlaires sur saint Matthieu, iu-S",
la 1"^ à Timothée, la seconde de
saint Pierre , et les Epitres canoni-
ques de saint Jean , iu-S°. lll. Un
excellent Caléc/iisme , Louvain ,
1695 , in-4° , qui n'est pas une sim-
ple exposition succincte des dogmea
catholiques, mais un corps de théo-
logie dogmatique et morale, puisé
principalement dans saint Augus-
tin.
II. HESSELS ( Jacques), un
des douze juges du conseil sou-
verain établi en Flandre par le duc
d'Albe pour juger les criminels,
dormoit toujours à l'audience , et
quand on l'éveilloit pour donner sou
avis , il disoit tout endormi , et en
se irollanl les yeux : ad patihuhim !
ad patibut'im I 11 lut lui - même
pendu à wn arbre , sans^ucune forme
de pjocjs,pai" Inibice et Eicliwe ,
gouverneui'sdu peuple de Gaud, qu'il
avoit souvent niouacss de faire pen-
dre , eu jurant par sa barbe grise.
-;- H L S Y C H I U S, grammairien
grec , le nième , suivant quelques
auteurs, qnEsvciîiris , patriarche
de Jérusalem , mort en 609. Ou
a de lui uu excellent 7? /(.7/o//««i!/'e,
publié en premier lien à Veiii.'îe p;>i'
les Aides en i5i3, iu-i'ol. , et dont
43o HEVE
Jean Alberli a donné une bonne
édition en 17/(6 et 17P3, a vol.
in -fol. , donl le second a elé
achevé par Rnnckenius. C'est , an
jugement de Casaubon, le plus sa-
vant et le phis ulile de tous les ou-
vrages de l'antiqnilé en ce genre.
— Il ne tant pas le confondre avec
HÉsYCiulTs de Milet, donl on a nne
Uislohe de ceux qui se sont dis-
tingués par leur érudition , en grec
et en laliu , Anvers, 1672 , in -8" ;
et de Origi/iibus (oTislanlinopoli-
tariis , publiée par IMeursius , La
Haye , i6i5 , m- 8°.
HETZER (Louis), f;nneux
soeinieu du iC siècle, traduisit la
Bible en allemand. 11 s'aida dans ce
travail de Jean Deneck , sorinien
connne lui. La suppression exacte
qiu fui faite de celle version, impri-
mée à Worms en 1629, in-fol, à
cause des opinions des traducteurs ,
la rendue très-rare.
t H E V E L l U S ou Hevelke
( Jean ) ," échevin et sénateur d'?
Dantzick, né dans celle ville eu
1611 , mort le 28 janvier 1688,
à 67 ans , cultiva l'astronomie avec
beaucoup de succès. Avant judi-
cieusement observé qu.^ les plus
brillantes hypothèses n'ajouloieui
rien aux connoissnnces réelles et qu ■
les faits éloient la seule base sur
1 aquelle la science peut être éiablie ,
il lit construire au haiîl de sa mai-
son un observatoire qu'il pourvut
de tous les inslrumens nécessaires
pour faire ses observations avec la
j)lu8 grande exaclitude. U découvrit ,
le premier, une e'^pèce de libralioii
dans le mouvenu^nl de la lune , cl
plusieurs étoiles hxes , qu'il nomma
le l 'irinamcnt de i^ol>iesÀi , en l'hon-
neur de Jean 111 , roi de Pologne.
Loi,às XIV lui Ht passer nne grali-
hti'tion considérable , et lui donna
ensuite une pension. Ou a de cet
jliuslre ablronome , ]. Scleiiogra-
HEVI
phia , Dantzick , 1647, in-foI. C'est
une description ingénieuse de la
lune , où il a divisé cette planète eu
provinces, il. Machina cœlestis ,
in-fol. , 1673. Hevelius adonné,
sous ce titre , la description des ins-
lrumens dont il se servit dans ses
observations. I,a seconde partie de
cet ouvrage, Gedani , 167^), in-
fol. , est rare , parce que la totalité
de l'édition fut la proie des llammes
lors de l'incendie de la maison de
l'an leur , arrivé le 26 septembre
1679. 11 fut privé aussi de son ob-
servatoire , de ses inslrumens et de
tout l'appareil de ses obs-ervalions,
ce qui occas.onna une grande perte.
III. Tjaciatus de cometis , 1 668 ,
in-fol. IV. Urauographia , 1690,
in-fol. V. De naiurâ Satvrnl ,
i65'3 , in-fol. On a frapp ■ des mé-
dailles à sa gloire, et deux rois de
Pologne honorèrent son observa—,
loire de leur présence. Hevelius vou-
loit donner aux lâches de la lune
les nomsdes philosophes les plus cé-
lèbres ; mais craignant une guerre
civile parmi les savans qmauroient
été oubliés , il se conlenla d'y ap-
pliquer les noms de notre géogra-
phie. On a encore plusieurs oui'ra-
ges curieux de cet auteur.
I. HEVIN f Pierre ) , avocat au
parlement de Bretagne, né à Rennes
en 1621, 'mort en 1 692 , bi illa dans
le barreau el dans le cabinet. Ou
a de lui quelques ouvrages. 1. Con-
sultations et Obserpations sur la
coutume de Bretagne , in - 4° , à
Rennes, i743. II. Questions et ob-
■^eriations concernant les matières
féodales, par rapport à la même
coutume , etc.
t II. HEVIN ( Prudent ) , chirur-
gien renommé , né à Paris le 10
janvier 171.'), mort en 1789, pro-
fessa la ihérapeulique aux écoles de
chirurgie, et fut nommé membre
de l'académie de chirurgie et de cel-
HEUR
les (le Lyon et de Stockholin. On
Un iloil , 1. Pathologie chirurgi-
tale , 1784) 2 vol. iu-S" , ouvrage
eslimé el plein d'observations de
pvalifiue. 11. Mémoire sur It-s corps
«.'Iraiigers arrêtes dans l'œsophage ou
la Irachée - artère , avec les moyens
de les enfoncer ou de les retirer.
111. Recherches historiques el cri-
tiques sur la uéphrotomie ou la taille
du rein. IV. Autres sur la gastro-
nomie dans le cas de valvulus. Les
gens de l'art peuvent y puiser des
procèdes utiles et une solide ins-
truction.
i- HEURES ( Mylhol. ) , déesses ,
trois sœurs, (illes de Jupiter et de
'l'iiemis: on les appeloit Eiinomie ,
Dicéet Irène. Homère les fait naître
au printemps , et leur donne la
fonction d'ouvrir les portes du ciel ;
Ovide celle d'atteler les chevaux
du soleil. Ce sont elles qui couvrent
le ciel de nuages , ou le rendent
f erejn suivant qu'il leur plail. Théo-
crite leur donne des pieds délicats et
luie marche fort lente , et leur fait
ai)porler toujours quelque chose de
nouveau. Les peintres et les sculp-
teurs les représentent tenant des hor-
loges et des cadrans.
i HEURNIUS ( Jean ) , médecin
célèbre , né à Uirechl en i543,
«l'une famille pauvre , sorti de
i'ubscurité par ses talens , puisa les
connoissances de son art à Lou-
\ain , à Paris, à Padoue , à Turin.
Appelé à Leyde pour y professer,
il le fit avec le plus grand succès.
Il est le premier qui ait démontré
cUns cette ville l'anatomie sur les
tadavYes. Heurnius , mort le i i
août, i6oi a beaucoup écrit. I.e
meilleur de f.es ouvrages est le
Traité des maladies de la télé ,
en latin , en 1602 , in-4°. Ses autres
productions sont , l. Praxis mcde-
cinae rioi'a , in-4" , à Leyde, 1690.
II. Des Institutions de médecine ,
HEUS
43 1
en latin , Leyde , 1609 , in-i 2. II[.
Traités desjièvres , in 4°, à Leyde,
lôgS. IV. Traité de la peste,
in-^°, Leyde, 1600. V. Commen-
taire sur IJippocrate , iu-.t**. VI.
JJisscr talion sur V épreuve dt l'eau,
pour les soi-disans sorciers,, qui lit
abolir cet usage par la cour de Hol-
lande. Heurnius avoit lu si souvent
Hippocrale , qu'il le savoii. par cœur.
11 passoit pour un homme égale-
ment savant el poli , qui joignoit.
à une connoissance exacte de la mé-
decine celle de la belle littérature.
Le Recueil de ses outrages lut pu-
blié à Leyde eu 1 65(S , in-fol. — Sou
fils Olhon , prof^îsseui de médecine
à Leyde , né à Ulrecht en 1677 , a
donné un assez mauvais ouvrage,
intitulé, Philosophia barbarica ,
Leyde , 1 600 , iu-i 2. C'est une com-
pila lion de suffrages relatifs à l'his-
toire de la philosophit ancienne. Ce
médecin avoit pris pour devise :
Citù , lulo , jucnndè morbi cu-
randi. Le tutà est déjà beaucoup.
* HEUS ( Jacques de ) , de l'écok
hollandaise , né à Utrechlen 1667 ,
alla de bonne heure à Rome , et y
lit un long séjour. Ses ouvrages
plurent tellement aux llalie>is, que ,
de retour dans sa patrie, il travailla
presque uniquement pour eux : quoi-
que Heus eùl adopté le genre du
paysage, il devint undes premiers
dessinateurs de son temps, d'après
nature. Ses siles d'Italie, dont l«s
animaux el les ligures sont dessinés
avec beaucoup d'iuielligence , sont
d'une grande vérité ,. d'une belle cou-
leur el d'un pinceau très-facile. Cet
arlisle est mort des suites d'itiic
chute en 1701.
* L HEUSCH (Guillaume),
peinUc de paysages, né à l'irecht
en i638 , fut disciple de Jean Both ,
el adopta la manière de son maître.
11 mourut à la fin du 17"^ siècle.
Jacob Hst'SH, neveu dii précédent,
\
432
IIEUS
lié en 1657, mort en 1701 , se fil
une grande réputation dans la
peinliue.
* IL HEUSCH ( Abraham de ) ,
peintre hollandais , né à Utreclit ,
a peint avec succès les plantes et les
insectes.
* I. HEUSINGER ( Jean-Michel ) ,
né à Suuderhausen en 'riiiuinge en
1690, mort en ivSi , théologien et
philologue, distingué par son éru-
dition, sa piété et son jugement ,
adonné différentes Edllio/is dau-
leurs classiques , de Jules César avec
notes, Gotha, 1736; des Fables
d'Esope en grec , de Phèdre , de trois
Oraisons de Cicéron , de Cornélius-
Népos , Eisenach , 1747. Ses ou-
vrages particuliers soiit des Dissei-
tations dont Harlés donne le détail
dans ses Vies des Philologues.
* II. HEUSINGER (Jacques-
Frédéric), élevé et neveu du pré-
cédent , né eu 1719, dans le voisi-
nage d'Eisenach , mort en 1778,3
donné , I. Des Observations sur
l'Ajax et l'E'.eclre de Sophocle, iena,
1746. II. Une édition du Traité
d'éducation de Plutarque avec la
version de Xilander corrigée , et
des notes de l'éditeur, Leipsick,
1749. '^^- riavii Mallii Theodori
de mclris lilnr , d'après d'anciens
inanii»crils, WoU'enbuttel , 1759,
in-4°.
* HEUSON (Guillaume ) , ana-
tomisle très - habile , né eu 1759,
mort en 1774 , inl d'abord aide de
Hunier , ensuite son associé ; mais
quelques différens s'étant élevés en-
tre eux , Henson donna des cours
particuliers chez lui. On a de lui un
Ires-bou ouvrage , intitulé Rec/icr-
ches des piopiivtès du sang , et du
système lymphatique , 3 vol in-S".
Monro a combattu sa découverte du
système lymphatique de» vaisseaux
da»» les ovipares.
H£UT
* Il EU s s EN (Hugues-François
Van ) , né en it)54 a La Haye , entré
dans la congr('galion de l'Oratoire,
où il puisa des senliuiens peu ton-
formes à la doctrine catliolique ,
se iixa ensuite à Leyde. Il y bâtit
une église et une maison presbyte-,
raie , où l'on dit que Newcassel , ,
archevêque d'Utrecht , plus connu
sons k nom d'évêque de Gaston^; ,
patriarche de la petite église , de-
meura caché jusqu'à peu de temps
avant sa mort. Nevvcas.'^el avoit dé-
signé Van Heussen , qu'il appeloit
son Timothée, pour lui succéder;
mais celte nomination l'ut sauseflét.
Pendant le voyage que M. Codde,
successeur de INewcassel , lit à Ptome ,
Van Heussen fut nommé provi-
caire d'Utrecht. 11 mourut le i4 fé-
vrier 1719. On a de lui , I. Histo-
ria epi scupatuiim fœderati Betgli,
Leyde, 1719, 2 vol. in-fol. , avec
figures. IL Batavia sacra , Bruxel-
les , 1714, in-fol., avec fig. C'est
l'histoire des hommes apostoliques,
qui ont planté la foi dans les pro-
vinces belgiques. 11 a été traduit eu
Ilaaiaud, i\.uvers , 1710, 5 vol.
in-8" , avec hg. Van Rhyn a traduit
ces deux ouvrages en hollandais.
-;- HEUTERUS ( Pou lus ) , his-
torien , né à Delfi en 1.5.55 , fut
pourvu d'un cauonicat de Gorcum.
Jeté j)ar les hérétiques dans un cachot
en if»72, avec la plupart c'es reli-
gieux el des ecclésiastiques de celle
ville , il fut interrogé sur sa religion.
Paroissaut chanceler , il échappa
par ce moyen :i la fureur des enne-
mis de l'Egïise. Remis eu liberté ,
il se déclara catholique. Heuterus
fniil par être chanoine de Saiut-
Trond , où il mourut le 6 août
1602. Ou a de lui , I. Reriim Bur-
gnndicarum Librl Vî , Anvers ,
ifiSo, in-fol. La fidélité de cette
histoire < l la nature de son style
la fonl estimer. L'auteur y a ré-
pandu beaucoup de jour sur les gé-
HEYD
nêalogies de la maison de Bourgo-
gne , cl de quelques aulres. II. lie-
riim Bclgicaium lib. XV, Anvers,
i5c)8 , .in-4°. Celte histoire, rem-
plie de retherches , commence à
1477, el finit à l'an lôG^. Il a
encore donné à\ii///es ouvrages ,
enli'e lesquels on dislingue des trai-
tés sur la siluation el les limites des
colonies romaines dans les Pays-
Bas ; sur les monnoies d^fs lléhreuK ,
des Grecs et des Lalius , sur les
mesures itinéraires des mêmes peu-
ples : et enfin une espèce d'apologie
des bâtards ; sa naissance pourroil
bien avoir été l'occasion de ce liailé.
La plupart de ses ouvrages ont été
publiés sous le litre de Opéra iiistu-
rica , etc. , Louvain , 1 65 1 , in-fol.
HEtIZET (J.), célèbre profes-
seur de belles-lettres au collège de
Beauvais à Paris, mort vers 174....
connu par deux recueils qui ont
eu un grand succès dans tous les
collèges. Le premier , intiUilé ,Sc'-
lectœè vêler i Testa me/ito hisloriœ,
iu-12; le second , plus aniple, Se-
lectœ è profanis scriploribiis àit.-
toriœ, in-12. Ce dernier a été tra-
duit en français par ijarell , Pans,
1781 , 1 vol. in 12. Outre les his-
toires choisiesdans les écrivains pro-
fanes , l'auteur y a fait entrer lems
plus belles maximes de morale. 11
s'est sur - tout attaché au choix dos
matières, à la solidité des pensées ,
à la clarté des expressions ; et sa
collection est aussi utile pour le.'i
mœurs que pour l'iulelligence de la
langue latine.
HEWAGÏUS, célèbre impri-
meur de Baie, s't n'orça de surpasser
les autres imprimeurs par la beauté
de ses é(l bons. 11 en donna une nou-
velle éi- Démoslhenes, qu'avoii déa
imprimée Alde-Mauuce , el la reu'lu
plus parfaite. 11 mourut dans le mi-
lieu du lô"" siècle.
* I. HEYDEN ( Hermau Van-
T. VIII.
HEYE
433
der ) , né à l.oxivain en 1672 ,
pratiqua la medecijie en Flandre ,
et en 11)49 '"'^ médecin pension-
naiie de la ville de Cand ; il a écrit
un irailé imprimé dans cette ville
en it)^5 et i6^5 , ui-.]° , sous le
titre de /J/sruc/rs et aduis sur les
flux lie ventre douloureux , soit
qu il y ail du sang , ou point :
sur le trousse-galant , dit Choiera
moi bus: /.a peste : Les ej/'ets si-
gnalés de l'eau : La uraie généra-
tion , cause et préservation et cu-
rai ion de la goutte : j es Jièvres
tierces et quartes , et leurs accidens
sunenans , causés de tinj'ecliott
des pul'lres et terres avoisinées de
la mer. L auteur le traduisit ensuite
en lalin , et fit entrer dans sa versiou
une partie des additions qu'il avoit
prépari-espour augmenter 1 original
français.
II. HEYDEN. rayez Vander-
Heiden.
'^HEYENDAL (Nicolas), né
dans le duché de Limbourg en
i658, après avoir fait ses huma-
nités à i\ix-la-Cha]H'lIe , alla en Italie
pour y achever ses éludes : mais
ayant été enlevé en roule par des
soldats vénitiens , il fut contraint
de servir près de quatre ans parnii
eux dans l'Ue de Corfou. il re-
tourna ensuite dans sa patrie le jour
même que ,-a n^ere , sur un rapport
fort circousiancié de sa mort , lui
faisoil luire ses obsèques , auxquelles
il as'4sia bfaus savoir que c'éloil pour
lui qu'on les faisoil. jleyeudal se fit
chanoine régulier deSaïut Augustin,
a faljbaye de Bolduc en iPS.; , dans
laquelle la discipline venoil d'être
rétablie à peu pies sur les constitii-
liopis de la congrégation de hamte-
(ieiievieve.où ,apr. s s'ètredistingué
lar la régularité et la douceur de ses
mœurs, et avoir enseigné la Uiéo-
iogie el l'Ecriture sainte, il fut fait
abtié en 1712, et mo'.irut le 5 niai
1753, laissant plusieurs ouvrages.
28
434 HEYL
I. Lettres ecclésiastiques sur la
vie et les dei^oirs ries ministres de
l'Eglise , en la lin, Liège, i7o5 ,
in-12. II. Orthadoxie de la foi et
de la doctrine de l'abbé et des cha-
noines réguliers de Saint-Jugustin
de l'abbaye de Bolduc , etc. , en
latin et en français; quelques autres
..écrits en latin sur les matières de la
grâce, suivant les principes de l'uni-
versité de Louvain , imprimes en
1710, 1712 et I7i4- li^- Quelques
Itlémoires , latins et français,- im-
primés en 1728, si/r les affaires
politiques et de juridiction.
*HEYLIN (Péter), docteur en
théologie, né en liSoo, à Burford
dans le comté d'Oxford, mort en
1662, annonça dans sa jeunesse beau-
coup de goût pour la" poésie drama-
tique. Daas le cours de ses études ,
il fit une tragi-comédie nui- la guerre
de Troyes et une tragédie intitulée
Spurius , qui attira l'attention de
ses supérieurs. Heylin donna le pre-
mier dans l'université d'Oxford des
leçons de cosmographie , science dans
laquelle il étoit très-versé. En 1621
il publia, d'après son cours, un ou-
vrage intitulé Micivcosmus , ou
Description de l'univers, qui eut
un grand succès , et qui depuis a été
souvent réimprimé avec des addi-
tions et des changemens. Cetouvrage
plut d'abord extrêmement au roi
Jacques; mais à la vue du passage
où l'auteur dounoit la prééminence
au roi de France sur celui d'Angle-
terre , et regardoit ses états comme
le royaume le plus renommé, le
monarque anglais se crut offensé et
ordonna la suppression du livre.
Heylin se justifia en rejetant la faute
.sur l'imprimeur, qui avoit .substi-
tué le mot est à celui A'étoit ; il
allégua qu'il n'avoit poinl entendu
parler de l'Angleterre telle qu'elle
éloit alors, accrue par l'accession
du royaume d'Ecosse ; qu'enfin
il avoil pris dans Camsdeu ce qu'il
HEYW
avoit avancé, et d'après ces motifi
il parvint à apaiser le prince. Hey-
lin, occupé presque toute sa vie ou
de disputes de controverse ou des
fonctions du ministère ecclésias-
tique , a beaucoup éerit et n'a guère
laissé après lui que cet ouvrage dont
ou a fait de nombreuses éditions.
t HEYLLEN ( Pierre ), chanoine
et sous-doyen de Westminster , né à
Burford dans Je comté d'Oxford
en 1600 , d'une famille noble, se
rendit habile dans la géographie ,
l'histoire et la théologie. 11 devint
chapelain ordinaire du roi , chanoine
de Westminster et curéd'Alresford ;
mais il fut dépouillé de toutes ses
charges durant les guerres civiles.
Heyllen vécut néanmoins jusqu'au
rétablissement de Charles II, qu'il
accompagna à son couronnement ,
comme sous-doyen de Westminster,
et mourutle ô mai 1 66.5 , dans la 63''
année de son âge. Il a laissé , I. Une
Cosmographie , 1 700 , in-fol. II. Une
Exposition historique du symbole
des apôtres, i6.t4, iu-fol. 111 La
Vie de l'évcque Laud , in-fol. IV. La
liéformalion de l'Eglise d'Angle-
terre ., 1674, in-fol. V. UHistoiie
du Sabbat, iu-4°. Elle parut eu
i636 à Londres. Le but de l'auteur
est de ramener ceux qui changeoient
le dimanche en sabbat judaïque ,
et ne se permettoient , ai aux uns
ni aux autres, la liberté et les œu-
vres de nécessité , dont les Juifs
ne se sont jamais fait un scrupule.
VI. U Histoire des Presbytériens ,
in-fol. VII. Celle des Dîmes , in-4'';
et d'autres ouurages en anglais. Le
génie d'Heyllen éloit propre à l'his-
toire et à la géographie.
* l. HEYWOOD ( John ) , poète
anglais, né vers la fin du i5'' siècle
à Londres , où il se fit connoître
avantageusement parmi les gens
d "esprit , et particulièrement de
Thomas Morus, a été un des pre-_
HEYW
miers qui ail écrit en anglais des
pièces de Ihéùlre. Il excelloit dans
la musique vocale et iustiiunenlale ,
et eut l'art de se concilier la faveur
du roi Henri VllI, qui s'amusoil
beaucoup de ses reparties et qui le
combla de biens. La reine ?,larie,
iiu[)vès de laquelle il avoit souveiU
riionueur d être admis, lui coutiuua
lesmèmes bontés; mais après la moit
de celte princesse, Hey^vood, qui
étt>it un fervent catholique , pré-
voyant que le protestantisme pré-
vaudroit sous la reine Elizabetb ,
s'éloigna de la cour et se retira à IMa-
lines , où il mourut en i56.i. On a
de lui un Dialogue , en vers , sur
les pjuuerbes anglais : cinq ce^its
Epigranimes; l'yJraignéeet laMou-
c/ie , parabole , 1 556 , iu-4°. Ce der-
nier ouvrage est divisé eu soixante-
dix-seiit chapitres , à la tète de cha-
cun desquels se trouve le portrait de
l'auteur dans une altitudecîifféren te.
* II, HEYWOOD ( Gaspard ) ,
le plus ieune des lits du précédent ,
né eu i555 , après avoir fait sis
éludes à Oxford , se fit prêtre de
l'Egli.se romaine en i56i , et rauuée
suivante entra à Rome dans l'ordre
des jésuites; il fut envoyé en Suisse,
d où il fut rappelé par Grégoire XUl;
et ensuite en Angleterre, où il avoit
été nommé provincial. Heywood ,
mort à Naples en 1597, a traduii
en anglais trois tragédies de Séut-
que el publié différentes A'ow/es dont
\)lusieurs ont été recueillies dans h^
livre iulilulé The paradise of
Dainty JJevices , lôyô , in-4°.
* m. HEYWOOD ( Thomas^ ,
comédien et auteur dramatique mé-
diocre sous les règnes d'Elizabetb ,
de Jacques P"" et de Charles l'^'', n'est
remarquable que par la grande
multiplicité de ses pièces ; il en a
composé , dit-il, dans une de ses pré-
faces , deux cent vingt, dont il ne
reste plus que vingt-qHalre. Il a lait
HHAM
435
quelques Traductions , soit du latin',
soit de l'italien.
* IV. HEYWOOD ( Olivier ) ,
théologien non-conformiste, né en
1629 à Bolton au comté de Lan-
casUe , mort en 1702 , fut élève du
collège de la Trinité à Cambridge,
et ensuite ministre à Coley au
comté d'Yorck ; mais il fut dépos-
sédé pour nou-conf'ormilé. Alors il
prêcha dans des congrégations par-
ticulières , etful poursuivi et excom-
munié pour ses serznons. lia publié,
1. Le trésor du cœur , in- 12. Il La
Pierre secrète, in-12. III. La Vie
de M. Augier , in- 8°. IV. Ce qui
convient pour le ciel , et à'autres
livres de dévolion.
* V. HEYWOOD ( Nathauiel ) ,
théologien anglais , ministre non-
conformiste, né à Bolton, et mort
en 1677, dépossédé pour uon-ron-
formité, a composé quelques Ser-
mons assez médiocres, qui ont été
imprimés.
tVI. HEYWOOD (Eliza), fille
d'un marchand de Londres , morte
en 1756 , à 63 ans, joua d'abord sur
le théâtre de Dublin , et cessa d'être
actrice pour devenir auteur. La
nouvelle spectatrice , traduite eu
français par Trochereau, Paris, 1751,
quatre jjarties en 2 vol. iii-i2;la
nouvelle Utopie , in- 12 ; les Aven-
tures de Eetsj; U Etourdie , ou his-
toire de miss Belsy Tcitles, traduite
en français par le P. Fleureau , jé-
suite , Paris, 1754, 4 vol. iu-12;
divers autres romans , et quelques
autres ouvrages , prouvent la fé-
condité de sa plume, mais nulle-
ment de goût.
HHAFIZ, poëte persan, célèbre
par ses Odes et ses autres poésies
dans tout 1 Orient.
HHAîVIDOULLAH, ancien écri-
vain persan, auteur d'une excel-
1 leute géographie de t.on pays, que
436
HICK
dlierbelol cite souvent. Il vivoit
dans le i/j*^ siècle.
HIACINTHE. Voyez Hya-
cinthe.
HIARBAS (MytlioL), roi de
Géliilie , fils de Jui>itei" et de la
nymphe Garanianllie. Ce prince ,
irrité du refus que Didoii faisoit de
l'épouser , déclara la guerre aux Car-
thaginois, qui, pour avoir la paix ,
obligèrent kur reine à cousenlir à
ce mariage. Celle princesse , voyant
qu'elle ne pouvoil se dispenser de
satisfaire ses sujets , feignit de vou-
loir apaiser , par un sacrifice , h s
mânes de Sichée, sou premier mari;
et , après s'être enfoncé un poignard
dans le sein , se jeta dans «n bûcher
qu'elle avoit allumé. Virgile feint
qae ce fut Eiiée qui causa ce déses-
jioir par sa fuite.
*HIARNA owHiERNE (Urbain),
iioble Suédois , prit le bonnet de
docteur eu médecine à Angers , et
dvu sa qualité de membre de la so-
ciété royale de I,ondres à ses con-
uoissances en chimie ; mais sou at-
tachement aux sentimens de Para-
celse nuisit aux progrès de l'art. Il
mourut le 22 mars 1724» 'îge de 83
ans. Des ouvrages qu'il a écrits, et
qui sont oubliés , les uns sont en lan-
gue hiaternelle, les autres en latin.
HICETAS , philosophe syracu-
eain , pensoit que le ciel , le soleil et
les étoiles étoient en repos , et que
c'étoit la terre qui étoit mobile ,
ainsi que nous l'apprenons de Ci-
céron. Copernic lui doit la première
idée de son système.
, t HICKES ( George ) , savant
Anglais , né en iG/|2 à Newsham
dans le coml'i d'Yorck, ires-alta-
ché au roi Jacqi\es , fut dépouillé
du doyenné de Worcester par le roi
Guillaume, et mourut à Londres en
171 5. Hickes est connu priuciiude-
ïoent piix un livre eslimé, sous ce
HIDA
titre : lÂiiguaruin veterum septen."
trionalium thésaurus. 11 a été im-
l)rimé avec les Nurnis/iiata Jnglo-
saxonica d'André Foutaine , sous
le litre de Antiquœ litleratarœ sep-
tentrionalis thésaurus , Oxford ,
1705-1705, six tomes en 2 vol.
grand in-fol. , avec figures. Ce ma-
gnifique et prodigieux ouvrage est ,
à juste litre, renommé par ceux
qui ont quelque goûl pour les anti-
quités , et par les témoignages des
sa vans étrangers qui en font le
plus grands cas. On doit encore à ce
savant : Institutiones grammaticœ
Juglo-saxonicœ et Mœsogothicœ ,
etc., Oxford, 1689, in-q". Hickes
pense que l'anglais, le llamand , le
westpluilien , l'idiome d j la Saxe-in-
férieure , dérive du mœso-gothique
et de l'anglo-saxon ; que les langues
islandaise , norwégienne , suédoise
et danoise sont formées de l'ancieu
scano-golhique. 11 donne le tableau
des divers rapports qui existent
entre la plupart des langues septen-
Iriouales avec le grec, le latin, et
sur-lout le médo-persique. On voit
dans sou savant ouvrage l'alphabet
des Huns , retrouvé dans une con-
trée de la Transylvanie , composé
de trente-quatre lettres rangées de
droite à gauche, et ne ressemblant à
aucun des alphabets connus. M. Pou-
gens a publié un précis de l'ouvrage
de Hickes, sous ce litre : J^ssai sur
l'étude des antiquités septentrio-
nales , et des anciennes langues du
nord. Voyez Elstob, n° II.
* HÎCKMAN ( Henri ) , savant
théologien anglais , mort vers 1662 ,
élève du collège de la Magdeleine à
Oxford , d où il fut exclu pour nou-
conformité, se retira à Leyde , où
il fut ministre dune congrégation
anglaise. Hickman a écrit un Livre
contre l' histoire , en cinq articles ,
de Heyiiu , et quelques autres ou-
vrages .
* lilDALGUO PJi Aguerro
HIEL
(Barlliélemi ) , médecin tie Se'ville ,
du 16'' siècle , avoit aussi de gvaiit^^s
connoissiinces en chirurgie. Il est au-
teur d'un a/itidotaire génércl. On a
encore de lui , I. jIpisos de cirurgla
contra la comiin opinion. 11. Kes-
pitesla a las propositiones que el
licenciado 7^/agoi^u ensenna conlra
unos avisos. Uan§ ce dernier ouvra-
ge il répond aux censures de Jean
Fragoso , qui avoil allaqué vive-
inenl ses principes eu médecine.
Il mourut le i5 janvier 1697.
* HIDELSLEY (Mark), évêque
anglais, né en 1G9S à Marsiou ,
au comté de Kent, mort en 1772 ,
ëlt;ve de Char'.erhonse, puis bour-
sier du collège delà Trinité à Cam-
bridge , obtint en 17^1' la cure
de Hitchin an comté de Herlford ,
quatre ans après , celle de Hotwell
au comté de Redford ,«else distingua
dans ces deux places. A la mort de
Wilson , évêque de Sodor el de
Mail , le duc d'Athol nomma Hi-
delsley pour succéder à ce prélat ,
et le nouvel évêque marcha sur les
traces da son prédécesseur. Wilsou
avoit préparé une traduction de la
Bible , Hidelsley exécuta ce dessein
de son prédécesseur.
HIDULPHE (saint ), dune
maison noble de Bavière , évêque
de Trêves , quitta cette églisf; pour
se retirer dans les déserts du pays
des Vosges en Lorraine. C'est là qu'il
fonda le monastère de Moyeu-Mou-
tier, dont il fut le premier abbé.
Il mourut vers 707. Sa vie, parle
pape T.éon IX, se trouve dans le
2'àesaurns de Martenne. Ce saint
a donné sou nom à une savante
congrégation de bénédictins, dont
le chef-lieu etoit à Verdun. Voyez
COUB.
* HIEL ( Laurent ) , médecin , na-
tif de Vésel, obtint en \bb^ une
chaire de médecine dans luniver-
silé d'Iéna , qu'il remplit avec au-
HIER
437
tant de talent que de di.stiticiion.
Il y mourut de la peste en i566i
On a de lui , I. JJissertalio inau~
gui a lis de morbogalliio. II. Epi-
tome /tisloriœ animalium quadrU"
pcdum.
HIEMÈRE , femme de Syracuse ,
étant fort âgée , se rendoit cliaqua
jour au temple pour y prier les
dieux de conserver les jours de De-
nys-le-tyrau , dont la mort étoit
secrètement désirée de tous ses su-
jets. Denys apprit l. s vœux d'Hié-
mère et l'interrogea sur ses motifs,
« Dans ma jeunesse, dit-elle, Sy-
racuse gémissoil sous un tyran
cruel ; je priai les dieux de l'eu dé-
livrer; ils m'exaucèrent; mais ils
nous eu donnèrent nn plus cruel
encore. Je demandai aussi sa mort ,
et je l'obtins. Vous avez pris sa
place, el vous êtes pire que lui. Je
prie donc les dieux de ménager vos
jours, dans la crainte que votre suc-
cesseur ne soit encore plus méchant
(jue vous. »
t HIÉRAT ( Antoine ) , impri-
meur allemand du iG"" siècle, suc-
cesseur de Jean Gymnique , dont
il avoit épousé la veuve, fui se-
condé dans ses travaux par Jean
Gymnique son beau-fils. Si le nom-
bre inconcevable des éditions sor-
ties de ses presses ne lui a pas per-
mis d'atteindre à la perfection des
Plantain , des Manuce , des Fro-
ben et des Etienne , on ne doit
pas moins de reconnoissance au zèle
qui l'a fait multiplier les meilleurs
ou vrages. On lui doi l /c réimpression
de tous les saints Pères , qui rom—
meiiçoient à devenir rares. Ce qu'il
y a do surprenant, c'est que dans
celte grande quantité d'impressions ,
il y en a peu qui ne prouvent le
discernement d'Hiéral , auquel on
ne sauroit reprocher de s'être ja-
mais chargé de mauvais manuë-
crilc.
438 HIER
I. HIERÂX (Mylhol.) Neptune
le changea en épervier, pour le pu-
nir d'avoir envoyé du blé aux
Troyens , contre qui il éloit irrité.
tll. HIERAX , philosophe égyp-
tien , mis au nombre des hérétiques
du 3" siècle , proscrivoit le mariage ,
l'usaoe du vin , les richesses. Il
souteiioit que le paradis netoit pas
sensible, et que Melchlsedech étoit
le Saint-Esprit. Il distinguoit aussi
la substance du Verbe el celle du
Père, et les comparoit à une lampe
.à deux mèches.
t I. HIÉROCLÈS, présidfent de
Bilhynie el gouverneur d'Alexan-
drie, persécuta les chrétiens ; il écri-
vit même contre eux sous le règne
de Dioclétien , et mit les prétend;. s
miracles d'Aristée et d'Apollonius
de Tyanes au-dessus de ceux de
Jésus-Christ. Laclance et Eusèbe
l'ont combattu à cet égard.
II. HIEROCLES , célèbre philo-
sophe platonicien du l)^' siècle, te-
noit son école à Alexandrie. 11 cojn-
posa sept livres sur la Providence
et sur le Destin , dont Pholius nous
a conservé les extraits. On y voit
que Iliéroclès pensoit que Dieu a
tiré la matière du néant , et l'a créée
de rien. Les extraits de son livre
du Destin furent imprimés à Lon-
dres, 1675, 2 vol. in-8° , avec sou
Commentaire sur Fythagore ; ce
dernier a été pul)lié séparément à
Cambridge, 1709, et à Londres,
1742, in-.S".
m. HIÉROCLÈS. rojez
HÉLioGAiîAiiE, pers le milieu de
l'article.
HIÉROME. Voyez Jérôme.
I. HIÉRON r% roi de Syra-
cuse , monta sur le trône après son
frère Gélon , l'an 478- avant J. C.
Autant Gélon s'éloil fait aimer
par sa modération et sou équité ,
HIER
aulant Hiéron se fit liaïr par so-^
violences et sou avarice. Il voulut
envoyer Polyzèle son frère au se-
cours dès Sybarites contre les Cro-
toniatcs , afin qu'il périt dans le
roaibat. Mais Polyzèle , qui prévit
ce dessein , n'accepta pas cette com-
mission ; et voyant que son refus
irritoit son frère , il se retira au-
près de Théron , roi d'Agrigente.
Hiéron se prépara à faire la guerre
à Théron. Les habilans de la ville
d'Himéra , dans laquelle comman-
doit Trasidée , fils de Théron , lui
envoyèrent des députés pour se
joindre à lui; mais Hiéron aima
mieux faire sa paix avec Théron,
qui réconcilia les deux frères. Après
la mort de Théron , Tiasidée en-
treprit la guerre contre les_ Syra-
cusalns. Hiéron entra avec une forte
armée dans le .pays des Agrigentins,
défit Trasidée et lui ôta sa couronne.
Le poète Pindare a chanté les vic-
toires d'Hiérou aux jeux olympi-
ques et aux jeux pylhieus. Il rem-
porta trois fois le prix dans les pre-
miers, deux fois à la course du che-
val et une fois à la course du chariot.
Sur la fin de ses jours, son goût
pour les arts, el ses entretiens avec
Simonide , Pindare , Bacchylide ,
Epicharme et quelques autres sa vans
qu'il a voit appelés à sa cour , adou-
cirent ses mœurs. ( Vojezww^ belle
parole de ce roi , article XÉnoi'Ha-
NEs. ) Hiéron , mort ran4'Ji avant
J. C. , eut pour successeur sou frère
Thrasibule , qui eut tous ses Açlauts ,
et pas une de ses bonnes qualités.
t II. HlÉRONtl , roi de Syracuse ,
descendoit de Gélon , qui avoit au-
trefois régné dans cette ville. Comme
sa mère étoit de condition servile,
HiérocRs son père le fit exposer,
croyant que cet enfant déshonore-
roit sa famille. Mais , si l'on eu
croit Justin , des abeilles le noux-
rircnt pendant plusieurs jours dans
j les bois. Hiéroclès , instruit de cet
HIER
événement singulier, consulta l'o-
lacle, qui répoudit que c'étoit un
])résage de la grandeur fuUire de cet
euiaut. Alors ille titapporler chez lui
pî. le fit élever avec soin. Hiérou se
distingua par son adresse dans tous
les exercices militaires , et par sa
valeur dans les combats. Ses lalens
touchèrent tellement ses compatrio-
tes, qu'ils lui décernèrent de concert
la couronne , et le nommèrent ca-
jsitame-géuéral contre les Carthagi-
nois. Ce fut en cette qualité qu'il
continua de faire la guerre auxMa-
mertius , et proposa? de les faire
chasser de la ville de IMessiue. Les
Mamertins eurent recours aux Ro-
nuùns auxquels ils livrèrent Mes-
sine , l'an 260 avant J. C. Les Car-
thaginois, appelés par le parti con-
traire , mirent le siège devant Mes-
sine, tirent un traité d'alliance avec
Hiéron , qui joignit ses troupes aux
leurs. Le consul romain , Appius
Claudius, leur livra tbalaille, et
attaqua premièrement les Syracu-
saiiis. Le combat fut rude ; Hiéron
y fit. des prodiges de valeur; ce-
pendant il fut battu , et obligé de
retourner à Syracuse. Le sort des
Carthaginois ne fut pas plus heu-
reux ; ils furent aussi défaits par les
Romains , et Appius , vainqueur ,
vint assiéger Syracuse. Hiéron ,
voyant les forces des Carthaginois
affoiblies , fit sa paix avec les Ro-
mains , dont les conditions furent
qu'il rendrojl tous les prisonniers,
et qu'il p^roil cent talens d'ar-
gent. Pendant cinquante années qu'il
régna , il ne cessa de donner à Rome
des preuves de sou amitié dans
toutes les guerres qu'elle eut avec
Cartilage. Il mourut l'an 2 1.t avant
J. C. , âgé de plus de 94 ans. Se*
vertus, son amour pour le bien pu-
blic , son goût pour les sciences et
les arts utiles , et l'attention qu'il
eut d'employer les talens du fameux
Arcliiiuède , son parent , le placent
au rang des grands hommes. Il avoit
HIFF
439
composé des livres ^Jlgricuhure ,
qjLie nous n'avons plus, mais qui
sciiit cités avec honneur par Varron
et Columelle. Hiéron eut \joiir suc-
resseur son petit-fils 11 tÉRON"i me ,
fils de Gélon ; mais ce prince , à
peine âgé de quinze uns quand il
monta sur le troue , changea tout
ce qu'avoit fait son prédécesseur ,
et rompit l'alliance et l'cunitié que
son aieul avoit conservées toute sa
vie avec les Romains , pour prendre
Ci-lies des Carthaginois. D'ailleurs ,
ayant pris pour modèle Ueuys-le-
tyran, il se fit tellement haïr par
son orgueil , ses dél)auches et sa
cruauté , que des conjurés l'extermi-
nèrent avec toute sa famille.
HIÉRONYME. Fojez l'article
précédent.
HIÉROPHILE, médecin grec,
connu par les leçons qu'il donna à
une fille nommée Agnodice : sou
élève se déguisa en homme pour
exercer cet art à Athènes, parce
que les Athéniens défendoieul aux
enfans et aux femmes de s'y adon-
ner. Elle se mèloit daccoucher ,
contre l'usage d'Alhènes , qui per-
' mettoit aux femmes seules d'exercer
celte fonction. Citée par les méde-
cins devant l'Aréopage , les juges
alloient la condamner, supposant
qu'elle étoit homme; jnais elle se
justifia eu découvrant son sexe.
* HIFFERMAN (Paul), né en
1719 dans le comté de Dublin , au-
teur dramatique du siècle dernier ,
se destina d'aboi'd à l'exercice de la
médecine; mais sou indolence l'en
détourna , comme elle lauroit éloi-
gné de toute autre profession. 11 vint
à Londres en 1730 et y passa le
lesie de ses jours, vivant mesqui-
nement aux dépens de ses amis ,
à l'aide d'expédiens peu honorables,
jetant de temps en temps quelques-
unes de ses productions dans le pu-
44o'
HIGG
bUc , sans avoir jamais Tait tï'ou-
vragfis d'uu mérile bien di^iiinguë.
Quoiqu'une manqiiat pas d'iUbb uc-
tioi!, , Li liizarrerie de sou caracUie
éloignoit l'estime qu'il auioit àù
chercher à se concilier. 11 frëqutiitovl
«(iantnoius quelques liomines dis*
tuîgiiés tels qu.' Foole , Garrick ,
Murr,by,Go!dsmiili, KcUi, Bickers-
taff, qiii lu! ;)a!douuoient ses dé-
fauts et l'auloieuV dans ses be-
soins; il avoit la manie de faire un
secret du lieu où il looeoil, et nul-
toit tant il'nnporlauce à le laisser
ignorer , que , malade et prêt à mou-
rir , il ne voulut pas le découvrira
un a;ni qui lui prètoit des secours
q^u'il ne recevoil que par l'entremise
d'un maure de calé. On n'a connu
sa demeure qu'après sa mort, arrivée
en 1777. Il est auteur de p/usie/as
peti/es pièces, dont la noinenclalure
présenti roit peu d'intérêt. 11 a donné,
d'après La Harpe , la tragédie du
comte de Warwick.
HIGDEN ( Raoul de ) , bénédic-
tin anglais, mort en 1.160, laissa
un ouvrage souvent consulté par It^s
historiens d'Angleterre. La meilleure
édition est celle de Londres, 1642,
in-fol. , sous ce litre : Radalpid
Iligdeni , pûlychroiiici , l/brl KIl,
ex anglico in latiniim conversi à
Joanne Trevisa , et editi cura GiiH-
lelmi, Caxioni... Dans cellehi.«loire,
qui n'est co!n_iosée que de longs
fragm.°ns, l'aulHum'a mis du sien que
daus le dernier U\re. Cependoul cette
compilation est faite avec tant de
jugeiut'iit et de bonne foi , qu'on la
cite comme un ouvrage original, f^es
cinq pr.^iniers livres vont depuis
Adam jusquà l'irruptioa des Da-
nois en Angleterre , et les deux au-
tres s'étendent jusqu'en 1057.
* ÏIIGGIUS ( Jean 1, théologien an-
glais et maitre d'une école , mort en
iGoô, vivoit à Winshatn , près d'II-
iniiisler,au comt'i de Somm'erscl. Il a
III G H
publié, I.qnelques Livres déclasses.
il. Un traité coulrele livrede Perkin ,
intitulé La descente de ./. C. aux
enfers , et III. Il a eu part au livre
nililulé le Miroir des magistrats.
* I. HIGGONS ( sir Thomas), né
dans le Sliropshire , éponsa la veuve
du comte dEssex, qui mourut peu
de temps après, et dont il lit l'orai-
son funèbre , pièce touchante, rap-
pelée dansl'épilaphe delà comlesse,
et qui da^]s le temps fit une vive
impression. Higgons , distingué
par les services qu'il rendit à son.
souverain , fut envoyé dans di-
verses cours, et mourut subitement
dans la salie de la cour du banc du
roi en 1691. On a de lui un Pa-
négyrique du roi, 1660, in-folio ;
Y Histoire d'Isoof Bassa, 1684 ;
la traduction en anglais de l'ou vrage
intitulé 1^ Triomphe de Venise.
* II. HIGGONS (Bevil) , fils de
sir Thoma% , se distingua par plu-
sieurs productions littéraires, I.Une
tragédie intitulée Le Conquérant
généreux , jouée à Drury-Lane, et
imprimée eu 1 702, in-4°. H adhéra
fortement à la cause du roi , et ac-
compagna Jacques II eu France ,
cherchant à soutenir sou courage
abattu sous le poids de finforlune.
II. On lui doit un Poëme sur la paix
d' Utrecht , des Remarques /listo-
riques et critiques sur V histoire
de Burnet, dont la seconde édi-
tion parut en 1727 , iiir-8°. III. Kue
abrégée de V histoire d'Angleterre,
accompagnée de réflexions sur
les rois qui y ont régné, leurs ca-
ractères , leurs mœurs , etc. , jus-
qu'à la réijolution de 1688.
t T. H I G H M O R F, ( Nathaniel ) ,
né à Fordmgbtidge dans le Hamps-
hire , analomisle célèbre , d'une
application et d une intelligence ex-
traordinaires , auquel on doit , plu-
sieurs découvertes. Quelques parties
HlGl
du corps humain portent son nom :
on appelle Jnlre d' Ighirwre b- sinus
maxillaire. Ou prilenù ntanuioius
qu'il ne fut pas le premier qui dé-
couvrit le sinus. Uaus sa Dis-
qr/iai/io niiatonnca , iii-fol. , il a
suivi la circulation du sang jusque
dans les plus petites parties du corps
humain On a encore de lui une
Histoire de la générafion , et un
Traité de i'assiu/ie hystericâ, in-8°,
1660. Highniore mourut eu 1684,
âgé de 71 ans.
* II. HIGHMORE (Joseph ) , né à
Londres en 1692 , sudoifuaàla pein
tureet s'acquit un nom dans l'exer-
cice de son art , 04, il se rendit cé-
lèbie par ses portraits , dont plusieu rs
ont été gravés. Il a traité avec suc-
cès quelques sujets d'histoire. On cite
de lui , dans ce genre moins suivi
de sou temps qu'il ne lest de nos
jours , JÎgar et Ismaël , le Sama-
ritain , Mvyse sauvé des eaux , la
famille des Harlowe , tirée du ro-
man de Clarisse; les (Iraces dévoi-
lant la Nature , peint de mémoire
d'après Rubens ; C léineniine de
Grand isson , la reine mère d' E-
doitard IF', avec son fils dans l' ab-
baye de Jf estminstcr. Highmore
s'appliqua à la culture des sciences
et a laissé quelques ouvrages. I.
Pratique de la perspective , d'a-
près les principes du docteur Brook
Taylor, 1763, iu-4°. II. Un Pam-
phlet j)our la défense du christia-
nisme , contre I>odwell. III. Des
Remarques sur quelques passages
des Recherches sur la beauté eu
peinture de Weeb , insérées dans
le Gentleman's Magazine de 1766.
IV. Essais sur la morale , la
religion et divers sujets, in- 12 ,
3 vol. V. Une Traduction en prose
du Poè'me latin de Brotvne , sur
r immortalité de l'ame, etc. High-
more mourut eu 1780, âgé de 88
ans.
•HIGIEMOND ou Higiemonix>,
HIGT
441
nommé communéuient le Nègre ,
cioii reconnu pour un habile ar-
liite qui, dans ses compositions,
mettoit moiiT^ d'av! que de naturel.
C'est le iugen!^•u! ^qu'en porte Joa-
chim de Saudran dans s-on Aca-
demia nobltissiir.œ iir'is pictoriœ ,
in-Tol. , NoriuibeigEB , iii83 , c. XV",
p. 54. 11 l'appelle ties-célebre {cla-
rissimus), et se iéhcile d'avoir de
lui quelques bons tableaux ; mais
il n'iudicpie pas l'époque à laquelle
il a vécu. Lépilhete iV/§-/-«w , dans
le texte latin dt-Saudrart ,seroil iu-
sufli^ante pour prouver que lligie-
iiiond étoi! nègre ; une foule de
bkiiics en Europe se nomtiieut le
I\oir. Les doutes s'évanouissent en
voyant la figure de H.git^mond gra-
vée, en i6g5 , par Kiluiu , et insé-
rée dans les deux ouvrages de Saii-
drart : le premier , celui qu'on vient
de citer , ibi<K , p. 180 Le second ,
son traité allemand, sous le titre
italien A' Acadcmia tedesca délie
architectura , scultura , pittura.
3 vol. iu-fo|. . ISorimberga?. ( ^'oj.
la seconde partie qui , dans l'exem-
plaire de la bibliothèque impériale
de Paris, est reliée comme première,
et !a nouvelle éd#iou faite égale-
ment à Nuremberg en 177-4, l- VI,
p. 53, et t. VII, p. 194) Le savant
Murr révoque en doute l'existence de
Higiemoud: mais il ne s'appuie que
sui des conjectures détruites par M.
Grégoire , dans sa Littérature des
nègres, dont nous empruntons cet
article, p, 192 et suiv.
* HIGT ( ErneslGuilIanoîe) , Fri-
son de naissance , recteur de l'é-
cole latine à Alckmaer, où il mou-
rut à la fleur de sou âge , étoit
très-savant dans les langues grec-
que et latine. Il faisoit très-heureu-
sement des vers dans cette dernière,
et il avoit particulièrement adopté
le mètre Irocha'ique. L. C. Valcke-
naer , son maître, à la suite de l'é-
d ilioH qu'il adonnée à Leydc eu 1 779>
442 HILA
iu-S" , des Idylles de Théocrite ,
de Moscliiis et de Bion , a mis quel-
ques traductions des deux derniers
poètes par Higt. Ou reconnoit une
imagination riante et féconde dans
son poëme , Jn reditum veris. Sa
poésie hollandaise est peu carrecle
pour la diction et le style ; il a laissé
aussi quelques pièces dans le dialecte
frison , peu pratiqué et presque in-
connu hors de la province de Frise.
I. HILAIRE (saint), originaire
de l'île de Sardaigne, élu pape le
lo novembre 461 , avoit été archi-
diacre de l'église romaine sous saint
Léon , qui l'employa dans les affaires
les plus importantes. La joie que «on
élévation à la papauté causa à, tous
les évèques prouve qu'il eu étoit
digne. Le zèle qu'il eut pour la foi ,
et le soin qu'il prit de faire observer
la discipline ecclésiastique , répa-
rèrent la perte que l'Eglise fil à la
mort de saint Léon. Il mourut le 21
février 468 , après avoir anathéma-
tisé Eutychès et Neslorius, confirmé
les conciles généraux de Nicée, d'E-
phèse et de Calcédoine , et tenu un
concile à Rom^n 465. On a de lui
onze Epùre^ et quelques Décrels.
C'est le premier pap.e qui défendit
aux évèques de choisir leurs succes-
seurs.
t II. HILAIRE (saint), évèque
de Poitiers, docteur de l'Eglise , éloit
né dans cette ville d'une famille
noble , vers le commencement du
4"^ siècle. Ses parens , qui éloient
païens, ne négligèrent rien pour son
éducation. Lorsqu'il eut fini ses élu-
des , il voulut connoître tous les
auteurs juifs, chrétiens et païens:
par-là il acquit une si grande érudi-
tion, qu'il éloit. regardé*, dans un
âge peu avancé, comme un des plus
savans hommes de son temps. Eu
lisant les livres de Moyse , il fut
frappé de l'idée que cet auteur donne
de la Divinité. A sou élounemenl
HILA
succéda l'envie de s'instruire et de
connoître cette puissance infinie ,
dont il avoit trouvé une si belle
peinture dans l'écrivain sacré. Il
lut les Evangiles, et fut saisi d'ad-
miration lorsquil y vit que Dieu
s'éloit fait homme ; qu'il étoit
venu lui - même s'offrir pour
victime; qu'il avoit lavé dans son
sang les péchés des hommes. Il com-
mença à l'adorer , s'instruisit des
mystères de la religion chrélienne
et de ses pratiques, se fit baptiser ,
et devint le plus zélé partisan de la
foi. Le peuple de Poitiers, touché
de ses vertus , voulut l'avoir pour
évêque , quoiqu'il fût laïque et même
marié. 11 fut un des plus grands dé-
fenseurs de la foi contre les ariens ,
dans le concile de Milan, en 555,
dans celui de Béziers en 556, et
dans d'autres assemblées. Saturnin
d'Arles, arien , qui redoutoit les ef-
fets de son zèle ardent et actif , le fit
reléguer dans le fond de la Phrygie.
Appelé au concile de Séleucie en
359 , la quatrième année de son
exil , il parla si éloquemraent pour
la doctrine catholique, et contre les
hérétiques, qu'ils le firent renvoyer
en France, pour se délivrer d'un si
puissant adversaire. Les peuples des
Gaules accoururent au devant de
leur pasteur et de leur père. Hilaire ,
rétabli sur son siège , profita de
l'état des affaires de l'empire pour
remédier aux maux de l'Eglise. Il
fit assembler plusieurs conciles , où
la plupart des évèques qui avoient
souscrit au formulaire arien dans
le concile de Rimini se rétractèrent.
Il passa ensuite en Italie pour com-
battre Auxeuce, évêque arien de
Milan; mais ce dernier se défendit
si bien, que l'empereur Valentinien
renvoya saint Hilaire dans son dio-
cèse, il mourut après sa femme et
sa fille, le l3 janvier 567 ou 368.
Nous avons de ce Père, 1. Dousfi
livres de la Trinité, fruit de sou
séjour en Phrygie. Il y combat toutes
HILA
les liërcsies contre le tils el le sainl-
esprit. 11. Un Traité des Sj/iodes ,
dans lequel il éclaircil les principales
difficultés de la foi. 111. Des (.'om-
7iienlaiies sur saint Matthieu et sur
une partie des Psaumes. Il y a beau-
coup profilé des écrits d'Origène ,
el quelquefois il n'a fait*ue le tra-
duire. IV. Trois Ecrits à l'empe-
reur Constance , dans lesquels il ose
lui donner des avis et blàt'uer sa
conduite. Il regrette de n'avoir pas
vécu sous Néron et sous Dece , pour
combattre un ennemi déclaré, plu-
lôtt]u'un persécuteur arùBcieux el
déguisé. Il le Iraile d'aulechrist , de
lyran, de loup couvert de la peau
des brebis. 11 lui dit qu'il baisse la
tète pour recevoir la bétiédictiondes
t'vèques , et qu'il foule aux pieds
leur foi ; qn'il leur donne le baiser
de Judas ; et qn'il les reçoit à sa table
comme ce dernier, qui sortit de celle
de Jésus -Christ pour trahir son
maitre (Fleury, Hist. Eccles. liv.
XIV, n° 26). On voit combien sou
style étoit véhément, impétueux,
et sa hardiesse insolente. Saint Jé-
rôme , à cause de son impétuosité ,
1 appelle le Rhône de l'éloquence la-
tine ( Latinœ e/oc/uentiœ R/ioda-
nus ). Il est aussi quelquefois un
peu enilé et obscur. Pour bien l'en-
tendre , il faut avoir beaucoup d'u-
sage des termes théologiques des
Grecs : il fut un des premiers qui
les transporta dans la langue latine :
et il fournit par-là, pent-èlre sans
I« vouloir , aux esprits contentieux
de nouveaux prétextes pour dispu-
ter. Il se plaint, dans son liv. Il,
à Constance, de la diversité d'opi-
nions que l'Homoousion causoit; el
il dit des querelles de son t*nps:
« En nous déchirant avec une fu-
reur réciproque, nous avons tra-
■vaillé à notre ruine mutuelle. » La
meilleure édition de ses (Euvres est
celle de dom Coutaul, en 169^ , m-
folio, publiée de nouveau à Vérone
A eu lySo, 2 vol. ia-fol. , par le mar-
BILA
443
quis de MaQ'ei , qui la enrichie de
quelques fragmens qu'on ne con-
uoissoit pas, et de beaucoup de va-
riantes. Le culte rendu à saint Hi-
iaire commença presque après sa
mort. Son nom fut inséré dans le
canon de la niesse avec celui des
apôtres et des martyrs. On trouve
une Lettre de ce St. Père sur la Di-
vinité de Jésus-Christ , avec trois
Dissertations de l'abbé Trombelli,
dans là collection imprimée à Bo-
logne en Italie, en 1761, sous le
litre de Veterum Fatrum latiiio-
rurn Opuscula nuuquam antehac
édita.
fin. HILAIRE (saint), d'Arles,
né en 4oi , de parens nobles et ri-
ches, fut instruit à Lérins par saint
Honorât , abbé de ce monastère ,
ion parent et son ami, qui l'avoit
entraîné dans la solitude. L'abbé de
Lérins ayant été élevé sur le siège
d'Arles , emmena avec lui Hilaire ,
qui fut le coopérateur de ses ira-
vaux , et sou successeur. Hilaire
assembla plusieurs conciles , et pré-
sida, en 441 j à celui d'Orange,
on Célidoine, évêqne gaulois, fut
déposé. Celte déposition renouvela
la dispute sur la préséance entre
l'église d'Arles et celle de 'Vienne.
Célidoiue en ayant appelé au pape
saint Léon , ce pontife assembla un
concile à Rome, qui le jugea inno-
cent de l'irrégularité pour laquelle
il avoit été condamné, et le réta-
blit dans son siège. Le concile alla
plus loin ; car , sur les accusations
formées contre sainl Hilaire lui-
même , il le priva de l'autorité qu'il
avoit sur la province de Vienne,
lui défendit d'assister à aucune ordi-
nation , et le déclara retranché de
la communion du sainl-siége. Ou
l'accusoit d'aller par les provinces,
accompagné dune troupe de gens
armés , pour donner des évêques
aux églises vacantes , el de troubler
les droits des métropolitains. Saint
444 HILA
Léon , à qui cerlams évcqnes des
Guulesavoient écrit pour se plain-
dre d'Hilaire, craignant que ce pré-
lat ue se soumit pouil à sa décision ,
eut recoins à laiitorité de l'empe-
reur Valenlinien 111, qui donna une
conslitutiouen laveurdusainl-siége.
Sailli Kilaire tnounit bientôt après
en 449. Sou zèle lut quelquefois
poussé jusqu'à l'excès. Un des pre-
miers olTiciers n'observoit pas la
justice dans ses jugemeus. Hilaire ,
ijui l'avoit repris plusieurs l'ois en
secret , le voyant un jour entrer
dans l'église pendant qu'il prêchoit ,
cessa aussilûtde parler. Voyant tous
ses auditeurs surpris de son silence :
« Est-il juste, leur dit-il, que celui
qui a si souvent méprisé mes aver-
tissemens participe à la nourriture
spirituelle que je vous distribue ? »
Le préfet sortit de l'église. Se con-
tentant du simple nécessaire, se
bornant à un seul habit en hiver
coinuieenélé, Hilaire Iravailloil des
mains pour n'être à charge à per-
sonne , et pour avoir de quoi assis-
ter les pauvres plus abondamment.
Il disoit anx^ieus : « Semons, puis-
qu'il liiut manger du pain; cultivons
la vigne , puisqu'il faut boire du
vin. » Ils'ociupoit volontiers .i f^iire
des bas, parce qu'il le pouvoit faire
en lisant, et ne voyageoit qu'à pied.
On a de lui , I. Des Homélies , sous
le nom d'Eusèhe d'Einèse, dans la
Bililiothèque des Pères. 11. La Vie de
saint Honorât , son prédécesseur , à
Paris, i.f)78,in-8°,etdansSurius. 111.
D'autres Opuscules , avec Vincentde
Lérins, à Rome, i 7.5 1, 111-4°, et dans
le St. Léon du P. Quesnel. Son
Exposition (tu Symbole et ses au-
tres ouvrages sont perdus, et on
doit les regretter, si l'on en juge par
la Fie de saint Honorât. Ou y re-
marque du choix et du la vivacité
daus les pensées , de la douceur et
de l'élégance dans lo style. On pour-
roil lui reproclier des pointes et quel-
♦pics mélaphoies uu peu oultées;
TÎILA
mais c'étoit inoins son défaut que
celui de son siècle. Il avoit un la-
lent particulier pour la chaire. Ua
poète de son temps, nommé Livius,
l'ayant entendu, s'écria publique-
ment : « Si Augustin étoit venu
après vous , ou l'eslimeroit moin»
que irous^
t IV. HILAIRE, diacrede l'Église
romaine, souffrit pour la foi vers
l'an 554, par ordre de l'empereur
Constance; mais dans la suite il
s'engagea dans le schisme des lucifé-
riens. Oului attribue les Commen-
taires sur les Epîlres de St. Paul,
qui se trouvent dans les (Euvres de
St. Ambroise; et les Questions sur
l'ancien et le nouveau Testament ,
qui sont dans St. Augustin. — Il y
a eu aussi un HiivAiRE , disciple
d'Abailard, dont on conserve une
Elégie sur son dépari du Paraclet.
t V. HILAIRE (N. de Saint-),
lieutenant-général d'artillerie , dis-
tingué dans les armées de Louis
XIV, moutroit , en 1675, à Tu-
renne , une batterie qu'il venoit
de placer près du village' de Saltz-
bach , lorsqu'un boulet de canon
lui emporta le bras , et tua Tu-
renne. Le fils de Saint-Hilaire ,
voyant son père blessé , courut à
lui , et fit un cri de douleur. « Mou
fils, lui dit-il (eu Un montrant le ^
corps de Turenne ) , ce n'est pas mot
qu'il faut pleurer , c'est ce grand
homme qui n'est plus, n
HILARET. Voyez Hylaret.
* HILARIEUSE (Joseph), cé-
lèbre antiquaire et médaillisle, né
en 1707 à Enzesfield en Autriche,
mort* eu 1798, entra, en i75i,
dans la société des jésuites, et fut
ensuite célèbre professeur de rhé-
torique et de grammaire à Vienue.
En 1770 il quitta sa société. Après
avoir voyagé en Italie, où il se per-
fectionna daus la totinoissi'.ace de
HILD
la inétallurgie , il fut noimné , à
Vienne, garde du cabinet des mé-
dailles. Hilarieuse, savant très-con-
sidéié, iiU également versé dans la
philosophie et la littérature.
t HILARION (saint), institn-
teur de la vie 'monastique dans la
Palestine , né vers aGi à Taba-
the, près de Gaza, d'nue famille
païenne , entbrassa le christia-
nisme. Le nom de saint Antoine
étoit venu jusqu'à lui : il alla
le trouver en Egypte, et demeura
quelque temps avec lui. Il retourna
en Palestine, et y fonda un grand
nombre de monastères. Le bruit de
ses vertus atliraiiL auprès de lui
une multitude d'admirateurs, il se
relira dans l'ile de Chypre, où il
termina sa vie en 571. Il refusoit
tous les dons que lui olfroient ceux
qui croyoient dev.oir la guériaou de
quelques maladies à ses prières, et
leur couseilloit d'en réserver le pro-
duit pour les pauvres qui ne pou-
voient pas travailler. Pressé un jour
par un homme riche d'accepter ce
gu'il lui présentoit , il lui dit : « Gar-
aez cela pour le donner vous-même
aux indigens; vous les connoissez
mieux que moi , vous qui habitez
les villes. Pourquoi désirerois-je le
bien d'autrui, après avoir renoncé
au mien ? »
HILDAN. Voy. Fabrick , n° IV/
t HILDEBERT , de Lavardin
dans le Vendomois, disciple de
Bérenger, et ensiiite de saint Hu-
gues, abbé de Cluni , fut placé sur le
siège du Mans en 1098 {voyez
Bruys, n^ll ), et transiéré à l'ar-
chevêché de l'ours en 112,'). Le P.
Beaiigendre, bénédictin, a publié,
en 1708, in-folio, les (Liiivrcs de ce
prélat, jointes à celles de IMarbode.
Elles renlermenl, 1. Des Sermans ,
dont la morale est quelquefois tou-
chante. H. Des Poésies assez bonnes
pour sou temps. Dans uij Foëme
IIILD
445
sur la ville de Fiome , ou distingue
ces vers :
Iltc euperùm formas superi mirantur et ipst ,
Et cuphint finis vuhibus esse pares :
Nec potuit natura Dcos hoc on hreare , *
Quo niiranda JJeiim signa criivil /lomo.
On connoit son Enigme sur in\ her-
maphrodite :
Càm mea Tue genitrix gravîda gestaret in alvo,
Quid parerel , jertur consuluisse Jeos.
« Al ai est j Phœhus ait , — Mars , fœmina ;
" Jitnoque , neuirum.it
Cumqueforein natus , Jlerniaphroditiiseram*
Quœrenli lelhuin, Dia ail ait : (l llccijet armis.
Mars, criice ; —Phœhus , aquis.i-i Hors râla
quieque fuit,
^rbor obumhrat anua.'i: asccndo. Decidit ensis
Quem tuieram ; casu lahor tt ipse svper^
Pes lixsil ramis ; captil incidil amne ; tuliqne
Fnemina j vir, neutrum , flumina j talu , cru-
cem.
Celte ëpigramme , qu'un Italien ,
nonuné Fulci de Costozza voulut
depuis s'attribuer , a été iraduiie eu
vers français par plusieurs ailleurs ,
entre autres par Jean Doublet ,
de Dieppe, et par mademoiselle de
Gournay. Voici la traduction de
Ménage : |^
.via mère enceinte, et ne sachant de quoi ,
S'athesse aux Dieux : IJi-rlcssns giand bisbille»
ApoUiin dit : «Ces; un fils selon moi;
Et selon moi, dit Mars, c'est une lille.
Point, dit Junon, ce n'est fille, ni 111s. »
Herraapbrtidite ensuite je nacjuis.
Quant à mon sort: «C'est, dit Mars, le nau-
frage ;
Junon, le glaive; Apollon, le gibet.»
Qu'arrive-t-il ? Un jour sur le l'iv.ige ,
Je vois un arbre, el je grimpe au sommet:
Mon pied se prend ; la têl&en l'eau je tombe
Sur mon ép6e. Ainsi, tiop nnulheiireux !
A l'onde, au glaivo , au gibet je succombe.
Fille et garçon, saus être l'un des deux.
III. Les Vies de sainte Radegonde
et de saint Jlugucs , abbt' de Cliiiii,
que le tlambeaude la critique n'a pas
toujoinséciairées. IV.Ungrand nom-
bre de Lettres, écrites t.\\\\\ style
élégant, oii l'on trouve de l'érudi-
tion, de l'esprit el du sentiment,
et qui intéressent ceux qui veulent
connoilre la morale, la discipliue et
446
III LD
riîisloire du siècle d'Hikiebert. V.
On a encore de lui deux Pièces que
lîaluze publia en 1716 , dans le sep-
tième volume de ses Mîscellaiiea.
Ifildebert mourut eu 1 1 5 1 , âgé d'eu-
virou 80 ans.
I. HILDEBRAND. Voyez Gré-
goire VIL
II. HILDEBRAND ( Joachim ) ,
théologien allemaud , ué à Wal-
< kenried eu 1625, professeur en
théologie et en antiquités ecclésias-
tiques, à Helmstadt, puis surin 'tu-
daut-général à Zell , où il mourut
le 25 octobre 1691 , a donné di-
vers Ecrits ecclésiastiques ignorés
en France. On y trouve plus de sa-
voir que de précision et dégoût.
HILDEFONSE. Voyez Ilde-
rONSE.
t HILDEGARDE ( sainte), pre-
mière abbesse du mont Saiul-Ru-
pert, près de Binghen sur le Rhin,
morte en 1 180, a laissé , I. Des Let-
tres et iV autres oi/vrages , dans la
Bibliothèque des PP. 11. Libri qua-
tt^^ elementorum , Strasbourg ,
ivp , in-fol. m. Trois livres de
Révélations , auxquels sont joints
seslettres, ses opuscules, sa vie et ses
visions , avec des notes par Juste
Blanckwalt, Cologne, i566, in-4°.
Le pape Eugène III convoqua en
1 146 , à Trêves , un concile , où il
permit à celle abbesse, qui joiiissoit
d'une grande réputation de piété,
de publier ses révélations.
HILDEGONDE ( sainte ) , vierge
de l'ordre de Citeaux au 12'" siècle,
naquit jumelle près de Nuilz , au
diocèse de Cologne. Son père vou-
lant l'emmener avec lui eu Palestine
pour acquitter un vœu, et craignant
pour sa pudeur, la iit travestir en
garçon, et lui lit prendre le nom de
Josepli. Ils s'eml)arquèrent en Pro-
vence avec les croisés. Son père
étant mort sur mer, sainte Hilde-
goiule continua soix voyage sous son
HILD ^
déguisement , demeura quelque
temps à Jérusalem , et revint ensuite
dans son pays. Elle se relira dans
l'abbaye de Schonaug , de l'ordre de
Citeaux , près d'Heidelberg , et y fut
reçue sous le même nom de Joseph.
« Elle ne laissa pas, dit Baillet , de
souffrir de grandes tentations ; mais
elle en triompha. » Elle y vécut
d'une manière si sainte et si prudente,
qu'on ne s'aperçut qu'à sa mort
qu'elle étoil lille. Les cisterciens
l'honorent du titre de sainte , quoi-
que son culte ne paroisse autorisé
par aucun décret du sainl-siége. Sou
nom se trouve cependant dans plu-
sieurs martyrologes sous le 20 avril.
On raconte sur sainte Marine quelque
chose qui a du rapport à celte his-
toire. Voyez Marine ( sainte ).
* HILDENISSEN (Guillaume d'),
carme flamand , étoit avec iEgidius
Canlor à la tète d'une secle de fa-
natiques que l'on découvrit .en Flan-
dre, et surtoutà Bruxelles, en i4ii.
Mosheim , histoire ecelésiastiqu'e ,
l. III , p. 4?^ j présente un aperçu
de la doctrine de ces visionnaires.
Pierre d'Ailly , évêque de Cambrai ^
obligea Guillaume d'Hildenissen à
abjurer ses erreurs et arrêta les pro-
grès de cette secte.
t HILDUIN, abbé de Saint-De-
nys en France, sous le règne de Louis-
le - Débonnaire , auteur d'une Vie
de saint Denys, intitulée ^/'eo/ja^e-
tica. ( Paris , 1 565 , et dans Surius ),
dans laquelle il confond le saint évê-
que de Paris avec l'aréopagiie. On
ne connoissoil pas cette erreur
avant lui , et elle n'a été détruite que
dans le 17® ?iècle. L'auteur prétend
dans cette vie que Domitien, ayant
su que Denys prêchoil une religion
nouvelle, le fu arrêter, fouetter et
griller; qu^usuiie le saint apôtre fut
exposé aux bries , de là jeté dans uu
four,etenlincrucilié Le même histo-
rien ajoutequc le saint martyr, ayant
été ramené dans sa prison, il y célèr
HILL
bra la messe ; qu'un ange la lui ser-
vit , et que J. C. le communia de sa
maiu. « Quelques jours après , con-
tinue Hilduin , Denys fut décapité;
mais s'élant relevé , il prit sa tète
entre ses mains , et se promena
comme si de rien n'étoit. » L'au-
teur garantit toutes ces merveilles,
et taxe de simplicité ceux qui refu-
seront d'y croire. Il se rendit nu pri-
sable par son attachement au rebelle
Lolhaire, sur-toul après avoir juré
fidélité i\ l'empereur Louis son père,
dont cet abbé prit, quitta , reprit le
parti, à mesure que ce père infortuné
sebrouilloit et se réconcilioit avec ses
enfans. Il mourut en 840. Voyez
HlNCMAR , U° L
il. HILL ( Joseph ), ministre an-
glais , donna, en 1676, iu-4'', une
bonne édition du Dictionnaire grec
de Schrévélius , augmenté de huit
mille mots , et purgé d'autant de
fautes pour le moins.
* II. HILL ( Guillaume), critique
anglais, d'abord boursier au collège
de Merlon à Oxford, et ensuite mai-
Ire d'une école à Dublin , où il
mourut en 1667, avoit préparé une
édition de Denys Périzgètes avec des
notes savantes : elle n'a paru à Lon-
dres qu'en 1688.
t III. HILL ( Aaron ) , poète an-
glais , né à Londres en 1680. De
retour dans sa patrie d'un voyage
au Levant et dans les cours de
l'Europe , il pidjlia en 1709 un
petit Poëine en 1 l)onneur du comte
de Pélerborough ; et nommé direc-
teur du théâtre de Drury-Lane , il
donna sa première tragédie , inti-
tulée £///•/</ ou la belle inconstante;
l'aimée suivante, chargé de la direc-
tion du théâtre de l'opéra, il y fit
jouer de sa composition Biiiatdo qui
eut un grand succès : ce fut le pre-
mier opéra que Handel mit en mu-
sique à son arrivée en Angleterre.
Hill ne se borna pas à s'occuper de
HILL
447
poésie , il fut aussi un homme à
projets. Il en avoit présenté un au
lord trésorier qui devoit rapporter
annuellement un million de revenus
à l'échiquier. Il entreprit de tirer
des faines du hêtre nue huile aussi
douce que celle d'olives. En 1728, il
fil un voyage au nord de l'Ecosse
pour fournir des bois de construction
pour la marine. Il échoua dans
-toutes ses spéculations. Cétoit un
de ces esprits entreprenans qui , ne
connoissant pas avec précision le
talent qui leur est propre ^ essaient
de tout et ne réussissent à rien. Ou
a de lui une tragédie intitulée T/ie
fatal vision or the faite ofStarn ;
un poème qui a pour titre WEioile
. du //o/v/ dédié au czar Pierre et pour
lequel l'impératrice Catherine l'ho-
nora dune médaille d'or. 11 devoit
écrire la vie de ce prince d'après ses
jnopres mémoires que la czarine
avoit promis de lui envoyer ; la
mort de cette princesse ne le lui
permit pas. Hill a aussi donné un
poème intitulé les Pi ogres de T es-
prit. 11 seroit difficile de faire l'énu-
méralion de toutes ses productions
en verset en prose; elles ont été re-
cueillies et publiées après sa mort
en 4 volumes in - 8". Une trop
grande recherche dans les pensées et
dans la manière de les exprimer a
nui à leur succès plus que le défaut
d'esprit. HiU mourut en 1750.
* IV. HILL fRobert*), né en 1 699,
dans le corn lé d'Hertford, élevé pour
la profession de lailleurtju'i! exerça
toute sa vie, et à laquelle il joi-
gnoil de ternies eu temps celle demai-
tre d'école, n'a été connu qu'eu 1767
par les soins de M. Spence , qui pro-
voqua une souscription en sa faveur.
Cet homme smgulier, que son pro-
lecteur comparoit au célèbre !\1aglia-
becchi, avoit, malgré le désavantage
d'une pauvreté extrême , appris ,
sans autre secours que celui des
livres , plusieurs langues savantes.
44B
HILL
Il avoltélé laiiiié irois fois; l'accrois- '
sèment de sa faïuille et la lujuvaise
conduite de sa seconde feiuuie le re-
tinrent constamment dans le plus
grand dénuenuul. Il travailioit ou
dounoit des leçons pendant le jour,
et iiassoit la nuit à étudier ; c'est
ainsi qu'il s'étoit appris lui-même le
latin , le grec et l'iiébreu. Ne pouvant
86 procurer les livres dont d avoit
besoin qu'à des pnx ires-bas et
d'aventure, ses |irogrès turent lents;
mais son inallérahle constance les
renditsolides. Il a rapporté lui-ineme
qu'd avoit mis sept ans à apprendre
le latiu , quatorze a apprendre le
grec , mais que l'hébreu lui avoit
j)aru si aisé, qu il y avoilinis tort peu
de temps. 11 a écrit des Re/narques
sur rossai sur l'esprit de Berkeley,
des Remarques critiques sur Job ,
im ouvrage intitulé le Caractère du
JuiJ. Cet homme doux , modeste et
religieux est mort àBuckinghani en
l'y 77-
Y V. HILL ( sir john ) , écrivain
anglais remarquable j)ar la singula-
rité de son caractère, né eu 1716,
fut destiné à la profession d'apo-
lliicaire. Dénué de ressources, mais
ambitieux et doué de beaucoup de
facilité, il chercha pnr toute sorte
de moyens à s'en procurer de plus
abondantes que celles que lui présen-
toit sa profession. Il s'appliqua d'a-
bord à l'étude de la botanique et
obtint la' direction de quelques jar-
dins d'amateurs opulens dont les
bienfaits l'aicîèrful et lui faidilèrenl
des voyagea dans l'intérieur du
royaume, qui' n'eurent aucun suc-
cès. Trompé dans son attente sans
en être découragé , il crut trouver
dnns la carrière dramatique une
chance plus heureuse : deux ou trois
tentatives infructueuses le rame-
nèrent bientôt à ses recherches bo-
taniques et à l'exercice de sa phar-
niacie. Il parvint à .se former rpiel-
qiies amis dans la société royale qui
HILL
lui servirent de protecteurs. EnRn
il traduisit du grec le Traité des
pierres précieuses de ïhéophraste,
et publia son ouvrage par une sous-
cription qui lui procira des amis,
de l'argent et une réputation. Le
succès de cet essai l'engagea à des
enire(rises plus étendues; il mit au
jour une Hisluire naturelle des
trois règnes , en 3 volumes iu folio.
11 s'associa des collaborateurs pour
U!i Supplément à 1 Encyclopédie
de Chainbers, joignit à celte eutre-
j)rise celle du Uritish Magazine; et
quoiqu'occupé de tant d'objets qui
seinbloient devoir concentrer toute
son attention , il publia une espèce
de journal intitulé l'y//fi/;et/c7//", dont
il paroissoit une feuille tous les
jours: infatigable et attentif à tout,
il la remplissoit des anecdotes de
ioute espèce, qu'il alloit recueillir
dans les cercles et dans les assemblées
publiques. A force d'industrie et
d'activité, il vmtà bout d'avoir un
équipage, de se lier dans les grandes
sociétés, et devint enfin un homme
du bon Ion; mais d'humble et ram-
pant qu il éloiî auparavant, il devint
insolent et vain. Il se fit des querelles
avec tout le monde, s'attira en pu-
blic d-rs coups de canne de la part
d'un homme qu'il avoit insulté dans
ses tèuiUes, invectiva ses protecteurs,
et eut de bruyans démêlés avec la
société royale. La négligence qu'il
mit dans ses j)rodnclions toujours
trop hâtives, et nue conduite aussi
choquante , le iirent déchoir dans
l'opinion publique avec autant de
rapidité qu'il en avoit mis à se lu
concilier. Il revint dans sa pharma-
cie et s'adonna à quelques prépara-
tions simples de son invention , qu'il
eut l'art de mettre en vogue et qui
lui concilièrent la faveur du comte
de Bute. A l'aide de cet appui il pu-
blia un immense et magiiilique ou-
vrage de botanique-, intitulé Sys~
terne végétal, en 2^2 volumes m-foi.
dont il adressa uu exemplaire au roi
III LL
de Suède, qui le décora de l'iui des or-
dresdesacoiir, circonslancea larjuelle
Hill dut le lilre de sir John. Il mou-
rut en 1775 de la gouUe dont il pré-
tendoit avoir guéri tant d'autres. Les
ennemis de cet homme singulier ne
peuvent lui refuser quelque lalent
et le mérite d'une étounanle facilité;
l'activité de sa plume étoil telle que,
dans l'espace d'une année , on l'a
vu retirer lôoo liv. sterl. (environ
oôooo francs ) du seul salaire de ses
propres productions. Il écrivit trop
pour pouvoir èlre lu. Les romans
qu'il a laissés , tels que X Histoire de
Lovell, dans laquelle il a voulu, dit-
on, se peindre lui-même, les Aven-
tures d'une Créole ^ la T'ie de Lady
l'ragile et \m^ foulé d'autres , ne
sont ni sans mérite ni sans intérêt.
Ses Essais, qui sont ce qu'il a donné
de mieux , annoncent beaucoup d'i-
magination et une adresse singulière
à embellir les idées quelquel'ois les
plus communes. Quant Ȕ ses ou-
v/ages drarnaliques^ix n'en gardera
le souvenir que par les épigrammes
heureusL'S et sanglantes que Garrick
lauya contre l'auteur.
LHILLEL, F Ancien, juif, natif
de Babylone , d'une illustre famille ,
fut fait président du sanhédrin
de Jérusalem , et sa postérité eut
celle dignilé pendant dix généra-
tions. Il forma une école fameuse ,
et soutint avec zèle les traditions
orales des juifs contre Schammaï
son collègue , qui vouloit qu'on s'en
tint littéralement au texle de lÉcri-
ture saillie, sans s'embarrasser de
ce qui n'éloit que transmis verba-
lement. Cette dispute tU un très-
grand bruit, et fut , selon saint Jé-
rôme , l'origine des scribes et des
pharisiens. Hillel est un des doc-
leurs delà lAlischne. 11 en peut même
être regardé comme le premier au-
teur , puisque , selon les docteurs
juifs, il rangea, le premier , les tra-
ditions judaïques eu six Scdarim ou
T. VIII.
HILP
4'49
traités. Il IravaiUa beaucoup à don-
ner une édition correcte du lexle
sacré; et on lui attribue une an-
cienne Bible manuscrite qui porte
son nom , e^ qui éloit eu partie
avec les manuscrits de Sorboune.
Hillel , que Josèphe nomme Poil ion,
tlorissoit environ l'an 3o avaut
J. C. , et mourut dans un âge très-
avancé.
t II. HILLEL le Nasi ou le
Prince , autre fameux juif, arrière-
petit-fils de Judas Hakkadosch ou le
Saint, un des principaux docteurs de
Ghemaia, auteur de la Misnah ,
texte du Talmud , dont la Glie-
mara est la ^lose, composa un Cycle
vers l'an 36o de notre ère. Le plus
grand nomljre des écrivains juifs
lui attribue ïédilion correcte du
texte hébreu , qui porte le nom
d'HilIei , et dont nous avons déjà
parlé dans l'arlicle précédent.
* HILLIARD (Nicolas ) , peintre
anglais , né à Exeler eu 1 b^'] , mort
eu 1619, orfèvre, graveurei peiutre
de la reine Elizabeth, dont il a fait
dijféi'ens portraits en plusieurs gen-
res, s'acquit une grande répulaiion
par un excellent portiait en minia-
ture de Marie, reine d'Ecosse, à l'àg»
de 18 ans.
* HILPERIC , astronome , gram-
mairien et poète , célèbre profes-
seur de l'abbaye de Grandval , dans
la Haute - Alsace, et le plus sa-
vant calculateur de son temps. Le
Traité du Comput ou la supputa-
tion des temps est la meilleure pro-
duction de ce professeur , quoiqu'il
ne s'y montre ni bon physicien , ni
bon astronome : ou n éloit ni l'un
ni l'aulre dans le siècle de l'auteur.
Sa Grammaire se coiiservoit ma-
nuscrite dans la bibliothèque de
Mont-Cassin. Ou lui attribue un
Traité de l'Incarnation , et quel-
ques écrits sur la musique.
45o
Hirsc
HILPERT ( Jean ) , natif de Co- 1
bourg, professeur d'hébreu à Helm-
sladt, elsuniileudant deliildesheiin,
mort le lo mai 1680, à 53 ans , a
douné, I. DisquisUi(J<le Viœ--'i(la-
mitis , contre La Peyrère , i65ij ,
ia-4°. II. Tracta lus de pœiiiteiitid;
et di autres ouvrages.
HILTZ (Jean), architecte alle-
mand, successeur d'Erkivius dans
la coustructiou de la cathédrale de
Strasbourg ,en lit élever la tour qui
fut achevée en i449- Sa hauteur
totale est de 674 pieds.
HIMÈRE ou Hemère , iils de
Lacédénion. Pénétré de douleur d'un
inceste qu'il avoit commis sans le
savoir , il se jeta dans le Marathon ,
lleuvedela Lacoiiit- , auquel il donna
sou nom, el qui fut depuis appelé
Eurotas.
* HIMERIUS , grammairien et
sophiste grec, qui vécut sous les
empereurs Constance et Julien , na-
quit à Prusias en Rithynie. Rival
d'AnatoUus et de Procœnesius , il
s'empara après leur mort de l'école
de rhétorique à Athènes ; Eunapius
qui en fait mention loue son style
i'ormé sur celui d'Aristide. Himerius
se plaisoit à décrier les chrétiens et
a les attaquer sourdement. Photius
a donné quelques extraits de ses
déclamations, dont un exemplaire
a été , dit-on, trouvé par Werns-
dorf qui en a donné une édition eu
grec et en lalin Gollingue, 179",
ni-8°.
HINCKELMAN ( Abraham) , mi-
nistre luthérien à Hambourg, né à
IJobeIn en Misnie en iGôa, mort
en 1G95 , fut le premier qui lit im-
primer le texte arabe de l'Alcoran
sans traduction. Cet ouvrage parut
A Hambourg , 1694 , in-4°.
* TllNCKLKY (Jean) , théologien
et docteur anglais, né en 1617 au
HING
comté de "Warwick , mort en 1691 ,
élevé d'Oxford , recteur de Norl-
lield au conilé de Worcesler, où il
mourut, a publié plusieurs Sennoim
et d'autres ourrages, dont le pnu-
cipal estinlilulé i'asclculus l'itlera-
ruiii , ou l.eilies sur différens sujets ,
iu-8° , 1680.
t I. HINCMAR , religieux de
Sainl-Deuys en France, éloit d'une
famille noble. Elevé, des sa jeu-
nesse, dau^ le monastère de Samt-
Deuys, il s'attacha à l'abbé Hilduin ,
qui ie produisit à la cour. 11 travailla
avec lui a rétablir la discipline à
Sainl-Denys, et de peur qu'on ne
lui reprochât d'imposer aux autres
un fardeau qu'il ne vouloit pas por-
ter , il embrassa lui-même la ré-
forme. Ililduin ayant été exilé à la
nouvells! Corbie , Hincmar l'y suivit
et obtint son rappel. Après la mort
de cet abbé , il plut à Louis, fils il-
légitime de la princesse Rotrude ,
qui , ayant élS nommé abbé de
Saint-Denys, lui fil donner deux
abbayes cousidérables. 11 fut élu ar-
chevêque de Reims en 8/\b. Le
nouveau prélat , extrêmement zélé
pour les droits de l'Eglise gallicane ,
fut accusé néanmoins d'avoir agi
avec trop d'emportement dans l'af-
faire du moine Gotescalc , au synode
de Quierz sur l'Oise, (/""ly/. Gotes-
CA1A3 el HincMar , n° IL) Outre le
prëdestinatianisme , il s'étoit élevé
une dispute incidente entreHincmar
el Gotescalc. Le premier soutenoit
qu'il falloit proscrire d'une hymne
de l'Eglise ces mots : Te irina
deltas ; le second soutenoit que
ces expressions éloient orthodoxes.
Hincmar composa un gros ouvrage
à ce sujet. Mais il me paroit, dit le
P. Lougueval , qu'on ne disputa là-
dessus avec tant de chaleur que
parcequ'onne vouloit pas s'entendre.
La divinité n'est pas trine en es-
sence , mais elle est trine en per-
sonnes i et l'expression réprouvée
HlINC
par l'archevêque de Reims fut de-
1)1118 adoptée p;ir saint Thomas
d'Aqiiiii. Les courses des Normands
inquiéloieiit alors heaucoiii) pins
<pie ces dispnles. Ilincmar sëtaut
rttiré de sa ville , menacée par ces
barbares , monrul à Epernay l'an
iî8-2, dans un âge avancé. Nous avons
dis erses éditions de ses Ouvrages:
unedeMayence , de 1G02; une autre
de Pans, de i6i5; et la dernière
que nous devons au P. Sirinond ,
1645, 2 vol. in-fol. , est la meil-
leure. Ce que Hincmar a écrit de
Samt-Rémi de Reims et de Sainl-
Denys de Paris se trouve dans Su-
rins , el n'est pas dans cette édition.
On trouve encore quelque chose
ilHincmar dans la collection du P.
Lahbe, et dans les Actes du concile
de Douzi , i658, in-^'. Sou style
se ressent beaucoup du siècle où il
vivoil; il est dur, embarrassé, diffus,
coupé par des citations mal ame-
nées et des parenthèses sans nom-
bre. On voit pourtant , à travers la
barb.irie de son langage , qu'il pos-
sédoit lEcriture, les Pères , le droit
canon et civil, et sur-tout qu'il con-
iioissoit la discipline de l'Eglise ,
dont il fut un des plus zélés défen-
seurs. 11 fut consulté par les toés de
France de son temps , et composa
des traités pour leur instruction. Il
y en a trois adressés à Ctiarles-
le-Chauve. 1. De régis personâ ei.
regio ininisterio. 11. De caveitdis
t'itiis et exercendis virtulibus. 111.
De diversâ et multiplici animœ
ral'wne. Ce dernier ouvrage n'est
proprement qu'un traité de physique
dp la nature de l'ame el de la ma-
nière dont elle se meut. Il n'a pas
traité ces questions d'une manière
intelligible. M. le surintendant Gess,
deNensladten Franconie, a publié
en 1806 , à Gotlingue, un Récit des
événemens les plus remarquables de
la Vie du célèbre Hincmar , arche-
vêque de Reims, avec un extrait des
l>assages les plus inléressans de ses
HIPP
0r
écrits , et nue préface de Plauk,
Voyez Chutlet , n° I.
Y II. IIINCAIAR , neveu par sa
mère du précédent ,fnt fait éxèque
de Laou avant d'avoir l'âge prescrit
])ar les canons. Sa conduite peu ré^
gulièro , ses injustices ei ses violen-
ces contre son cl^^rgé occasionnèrent
le concile de Verberie, où Charles-le^
Chauve le fil accuser. Un appel au
pape fil suspendre les procédures,
11 ne fut pas si heureux dans le con-
cile de Douzi en 871. Uyétoitac-^
ciisé de sédition, de calomnie, ds
désobéissance au roi à main armée.
Sa sentence de condamnation lui fut
prononcée par son oncle. On l'eu-
voya en exil , quelquefois on le mit
aux fers, et on l'avengla. On lui
donna un successeur. Il fut cepen^
daut réhabilité en 878, et mourut
peu de temps après. Le pape lui
avoit permis de dire la messe, tout
aveugle qu'il étoit. On trouve ses
défenses dans l'Histoire du concile
de Douzi , 1608, in-4°.
HIPACIE, et autres noms sem-
blables. Voy. Hypacie.
HIPATIUS, neveu de l'empereur
Anastase, eut beaucoup de jiarl au
cotnmaudement sous le règne de
son oncle. Après la mort de Justin ,
il voulut se mettre sur le trône , et
fut déclaré chef d'une faction redou-
table ; mais Justinien dompta ce
paru , et fit mourir Hipalius avec
s^î. cousins Procope et Probus, l'an
5:27 de J. C.
HIPPARCHIE, femme de Cra-
tès , philosophe cynique , née à
Maroné, florissoii sous Alexandre-le-
Grand. Charmée des discours de ce
philosophe , elle voulut l'épouser à
quelque prix que ce fut. Sa famille
eutrecoursàCratèspourladélourner
de ce dessein. Le cynique représenta
sa pauvreté; lui montra sa bosse,
sou bâton, sa besace , son manteau,
et lui dit : a Voilà l'homme qu» vous
4
52
HIPP
aurez , et les meubles que vous trou-
verez chez lui. Sougez-ybien , vous
ne pouvez pas devenir ma femme
sans mener la vie que noire secte
prescrit, m Tout fut inutile. Ce cyni-
que dégoûtant lui piaisoil : elle l'ë-
pousa , prit l'habit des cyniques , et
s'attacha tellement à lui , qu'elle le
suivoit par-iout , et n'avoit point de
lionte , si l'on en croit les auteurs ,
de faire publiquement les actions sur
lesquelles la piulftur met un voile.
Hipparchie a fait des L'wres qui ne
sont pas venus jusqu'à nous.
1 1. HIPPARQUE , fils de Pisis-
trale, tyran d'Athènes, lui succéda
avec son trière lïippias : on vit renai-
tre eu lui l'amour de sou père pour
les lettres. Auacréon, Siuiouide et
plusieurs savaus furent attirés à sa
cour. Tandis que ceux-ci inspiroient
dans Athèii.'s le goût de la vertu et
des sciences par leur exemple , Hip-
parque faisoit ériger, au nulieu des
campagnes et dans les chemins pu-
blics , des statues de pierre , appelées
Mercures , où étoient inscrites des
sentences et des maximes pour l'ins-
truction des voyao.'=.iirs. Ce prince,
quiavoitconçu uuejiassion honteuse
pour Harmodius , n'en ayant reçu
que des mépris , s'en étoit vengé
en faisant retirer sa sreur d'une céré-
monie où elle devoit porter une cor-
beille de fleurs. Cequisupposoit qu'il
ne la croyoit pas vierge. Harmodius
et son ami Aristogiton l'assassinè-
rent l'an .fila avant J. C. Voynz
Aristogiton.
t II. HIPPARQUE , mathéma-
ticien et astronome de Nicëe , Ébris-
soitl'an iftqavanl Jésus-Christ, sous
Plolomée-Pliilométor. Il laissa di-
verses Observations sur les astres,
et un Cummeittaire sur Aratus ,
traduit en latin par le P. Pétau ,
qui en a donné une excellente édi-
tion daus son Vraiiologla , Paris ,
ifiho, in-foliq. Pliue parle souvent
d'Hipparque , el presque toujours |
HÎPP
avec éloge. Il remarque qu'il fut le
premier , après l'haïes et Sulpicius
Galius , qui trouva le moyen de;
préilire juste les éclipses , qu'il cal-
cula pour six cents ans. H dit que
ce fut aussi lui qui imagina X As-
trolabe, et qu'il entreprit, en quel-
que sorte, sur les droits de la divi-
nité en voulant faire connoitre à
la postérité le nombre des étoiles ,
et leur assigner à chacune un nom.
11 loue son exactitude. Slrahon néan-
moins accuse cet astronome d'avoir
trop aimé à critiquer , et- de s'être
servi assez souvent d'une manière
de censure qui senloit la chicane.
Ce défaut ne l'empêcha pas de faire
des découvertes dans l'astronomie. Il
dt'termina les rèvolulioiis du soleil
avec assez de précision , calcula la
durée de celle de la lutte , et Rsa
l'iiiclinaisou de son orbite sur l'é-
cliplique ; il forma une Période
lu/iaire qui porte son nom. Il eut
eiiliii la gloire de donner de la cer-
titude à la géographie , en posant
sa base sur les observations astro-
nomiques. Quelques mots de lui à
cet égard sont remarquables : « Il est
impossible , dit-il, d'acquérir les con-
noissances nécessaires sur la forme
et la position delà terre, sans obser-
ver les cieux et les éclipses. On ne
peut déterminer , sans considérer les
climats , si Alexandrie en Egypte est
plus au nord ou au rnidi que Baby-
lone , ou quelle en est la distance;
de même, on ne peut savoir exac-
tement , sans comparer les éclipses
du soleil et de la lune , quels endroits
sont vers l'Orient ou vers l'Occident.»
Ou trouve ici l'origine de la longi-
tude et la latitude , dont l'idée fut
oubliée jusqu'au temps de ÎMolomée.
Hipparque dressa les premières car-
tes géographiques ù'vi'çvh^ les appa-
rences réelles.
HIPPIAS. roy. HirPATîQiJE,n''I.
HIPPOCRATE, le plus célèbre
médecin de l'anliquité. Nébrus, sou
HIPP
{rlsai'eul, invité par les Amphictybns,
v]iiiassi('geoif'\illa villedeCrisba,viiU
à leur camp inl'eclé d'une maladie
pesu!t;nlielle,ety porta la santé. Sou
arrière-pelil-fils naquit dans l'île de
Coos , l'i'.ue des Cyclades , vei s l'an
460 axant J.C. Ab'ulufarage prétend
qu'Hippocrale n'étoit point natil de
Coos , niais de la ville d Emesse en
Syrie ; qu'il résida souvent à Damas ,
d'où il se retiroil de temps eu temps
dans la belle \ allée de Rirab. Ce qui
ivoit illustré son aïeul Nébrus fit
connoitre Hippocrate. Ce grand
liomme, instruit par des exemples
domestiques, par l'étude de la nature,
et sur-tout par celle du corps humain,
délivra les Athéniens de l'alfreuse
peste qui les affligea au commeute-
meulde la guerre du Péloponnèse. Le
droit de bourgeoisie , une couronne
d'or , l'initiation dans les grands
mystères , furent la récompense de
ce bienfait. Ses vertus, «son désin-
téressement , sa modestie égalcient
sou habileté. Il a conservé dans ses
ouvrages la mémoire d'une faute
qu'il avoit commise en pansant une
blessure de lèle ; car on sait que,
dans ces temps reculés, la méde-
cine, la chirurgie et la pharmacie
n'éloient point séparées. Il u a pas
rougi de confesser , aux dépens eu
quelque sorte de sa propre gloire ,
qu'il s'éloit trompé , de peur que
d'autres après lui , et à son exem-
ple , ne tombassent dans la même
erreur. Il lait encore un autre aveu ,
qui marque en lui un grand caractère
de candeur et d'ingénuité. De qua-
rante-deux malades qu'il avoit trai-
tés , dpnt il décrit les maladies dans
le premier et le troisième livres des
Maladies épiHé/nî^ues , il avoue
qu'il n'en guérit que dix-sept , et
que tous les autres étoient morts
eutre ses mains. Dans le même livre,
il dit , en parlant d'une certaine
esquinancie qui étoit accompagnée
de grands accidens , que Ions eu
échappèreul. S'ils éloicnl morts ,
HÎPP
453
ajoute-l-il, je le dirois de même.
Dans un autre endroit , il se plaint
fort moileslement de l'injustice de
ceux qui décrient la médecine, sous
prétexte qu'on meurt souvent entre
les mains des médecins: «Commcsi,
dil-il, on ne pouvoitpas imputer la
mort du malade à la violence insur-
montable de la maladie aussi - bien
qu'au médecin qui l'a traité. » Il dé-
clare qu'un médecin ne doit pas
avoir honte , dans certains cas diffi-
ciles , d'appeler d'autres médecins ,
aHn de consulter avec eux sur la
manière de traiter le Uialade. Ou re-
connoit dans l'ancien sernient d'Hip-
pocrale, qu'(ui trouve à la lète de
ses ouvrages , le caractère d'un ])ar-
fait honnête homme. U prend les
dieux qui président à la médecine
à témoins du désir sincère qu'il a
de remplir exactement tous les de-
voirs de son éiat. Il fait paroitre
une vive et respectueuse reconnois-
sance pour celui qui lui a enseigné
l'art de la médecine , et déclare qu'il
le regardera toujours comme sou
père , et ses enfans comme ses
frères. Il voyagea pendantdonzeans ,
principalement dans la Macédoine ,
la Thrace , la Thessalie , et recueillit
dans ses voyages un grand nombre
d'observations imporlaules. Il par-
courut aussi la Libye et la Scylhie.
A la cour du roi de INlaccdoine , il
donna une preuve bien remarquable
de l'expérience qu'il avoit déjà ac-
quise , et de la sagacité avec laquelle
il savoil reconnoivre, dans les plus
petits symptcunes extérieurs , les
mouvemens profonds et secrets du
creur humain. Consulté;'» cette cour
pour Perdiceas , (ils unique du roi ,
qui paroissoit s'éteindre insensible-
ment dans une langueur mortelle ,
il vit quêta cause de ce mal , regardé
comme incurable , avoit sa source
dans l'amour maliicureux An jeune
prince pour la belle Plula , esclave
de snu père. Le roi de Perse , Ar-
taxercès , voulut allirer Hippocrate
454
HIPP
dans ses états , en proie aux hor-
reurs de la ])esle. 11 en reçut tvtle
i^éponse : « J'ai dans mon pays la
nourriture, le vèteinent et le cou-
vert ; je n'ai donc besoin de rien.
Comme Grec, il seroit -indigne de
moi d'aspirer aux richesses et aux
grandeurs des barbares, et je n'irai
point servir les ennemis de ma pa-
trie et de la liberté. » Ce beau trait
de la vie d'Hippocrale a été consacré
par M. Girodel, dans un tableau qui
fut exposé au salon il y a quelques
années. Le roi , outré de ce refus ,
somma la ville de Coos de lui livrer
leur concitoyen. La réponse hardie
«les habilans de c^tle ville lui (il con-
iioîlre leur générosité , et le cas qu'ils
faisoienl de leur compatriote. Les
Ahdéritains donnèrenl utvo jneuve
assez piquante de confiance à Hip-
pocrate. Ils l'appelèrent pour donner
des soins à I'um de leurs concitoyens ,
au célèbre Démocrile qu'ils croyoient
un peu fou , parce que plus sage que
le vulgaire, il s'occupoitde recher-
ches anatomiques et de méililalions
sur l'organisation de l'hornme. Hip-
pocrale trouva le sage d'Abdère
occupé à"ol)servations et d'expé-
ïnences très-importantes, a On peut
penser ^ dit à celte occasion le philo-
sophe d'Alembert , qui fut jugé le
})lus l'on par Hippocrale, ou de ceux
qui l'avoienl envoyé , ou de celui
qu'il alloit voir, et qui avoil trouvé
la manière la plus philosophique de
Jouir de la nature et des honunes ,
en étudiant l'une et en se moquant
des autres. » Hippocrate,né dans les
beaux jours de la Grèce avec un
génie supérieur pour la médecine,
prévoyoit, sans se tromper, le cours
et la conclusion des maladies. Il
evoil snr-loul un talent rare pour
diKceVner les symptômes du mal, la
nature de l'air, le tempérament du
malade. Tous les médecins admirent
encore aujourd hui sa pratique ; il y
en a p^n qui l'égafenl. Le moyen
qu'il einplojoil le pins souvent, soit
HIPP
pouf la conservation de la santé y
soit pour la guérison des maladies ,
étoit les frictions de la peau ; mé-
thode très-recomaiandée par les an-
ciens. Hippocrale diversifioit ce
remède avec une sagesse admirable,
selon les différens tempéramens. Il
fut, dit-on, le premier qui enseigna
la médecine- aux étrangers ; avant
lui cet art étoit renfermé dans cer-
taines familles qui lexerçoient exclu-
sivement. Une sentence de ce grand
homme éloit : «Tout ce que j'ai
acquis d'habileté par dessus les au-
tres consiste en ce que j'ai long-
temps étudié mon ignorance. » Il
mourut à Laiisse, dans la Thessa--
lie , après avoir vécu log ans, sain
de corps et d'esprit. Les Grecs lui
déférèrent les mêmeshouneiirs qu'ils
avoient rendus à Hercule. Sa mé-
moire est encore en vénéralion dans
l'île de Coos , et on y montre une
petite maison où l'on dit qu'il a
habité. Les médecins lui donnent le
titre de Divin : il est pour eux ce
qu'Euclide est pour les géomètres.
Ce qu'Ilippocrate a fait de plus re-
marquable pour les progrès de son
art consiste principalement dans la
réunion de la philosophie et de la
médecine, dans l'introduction de la
diète pour le traitement des mala-
dies aiguës , et la manière de décrire
les maladies, qui peut encore servir
aujourdlîui de modèle. 11 paroit
qu'avant lui on ne traitoit pas en-
core régulièrement les malades à
domicile, et qu il fut en quelque sorte
le fondateur delà médecine cl inique.
Sfs deux fils Thessalus et Dracon , et
son gendre Poiybe , se rendirent
célèbres parmi les médecins de leur
temps. Les ouil'rages d'Hippocrale
sont nombreux : ils furent apportés,
comme tous les autres trésors scieu-
liiiques et littéraires, de l'Orient, à
l'époque du renversement de l'em-
pire de Constantin. On croit «prune
des premières éditions fut faite sur
un manuscrit de la bibliothèque du
HIPP
ranîinal Bessarioii. Le textr grec de
l'udition de Foesuis passe pour le
moins dél'ecUieux; mais il seroil à
désirer que l'on donnai une édition
nouvelle d'après le rapproclieiuenl
des difFérens nianuscnls qui sont
disséminés dans les grandes biblio-
te(jues de l'Europe : Ces ouvrages
sont , I. Des Jphuiisrnes , regardés
touiine des oracles : Gaza les a tra-
duits en latin, et Luysinus les a mis
en vers hexamètres. II. Des Pro-
nostlcs. m. Un Traité des vents ,
qu'on peut appeler soucliet'-d'œnvre.
Les éditions les plus estimées de son
ouvrage sont celle de Foësius , en
grec et en latin, Genève, 1607,
iii-folio ; celle de Vanderlmdeu ,
Leyde , 166"», 2 vol. in~8°, qui se
joint à la collection (!es auteurs cuiii
noiis vaiiorum ; et celle (jne Cliar-
tier a donnée avec le Galien , 1679 ,
i3 tomes en 9 vol. in-folio. [T'oyez.
Dur ET, n" I.) On imprima à Baie,
en 1579 , vingt-deux de ses Traités,
avec la traduction de Coriiariiis , des
tailles et des notes, in-foi. Ce recueil
est fort rare. T,es savans ont publié
nue foule de commentaires et de
traductions dans toutes les langues
des œuvre.s du médecin grec. On se
contentera de citer la version frau-
çaisedeDevaiix, fameiixchiriirgien ,
et le commentaire latin d'Hecquet ,
habile médecin, Paris, lôaô , en
2 parties in-12. Devaux a aussi tra-
duit ce Commentaire à la suite du
précédent. Pari s, 1726, 2 vol. in-ia;
on eslimoit avant celle-ci la version
de Dacier , sous le titre des (Ruines
<rnippocratc , ifig'T , 2 vol. in-12.
Le Fèvre de Villebniue a traduit eu
français les jîphorisines , Paris ,
17S6 , in-i8. Enfin les (Suures
médicales ont été traduites par
Gardeil , sur le texte grec, d'après
l'édition de Foësius , et publiées par
Tournon , Toulouse, 1801 , 4 vol.
in-8". M. Dixman-Coray a traduit
le Traité des airs , des eaux et des
lieux , Pans, iSoi , 2 vol. in-S".
HIPP
455
Parmi les auteurs qui ont écrit sur
Hippocrale , on doit distinguer Le
Clerc , Histoire do la médecine ;
Jan)es , dictionnaire de médecine ;
Boerhaave , Scrmo de Studio Ilip-
poc/atis cominendando ; Daller et
Borden , dans presque tous leurs
ouvrages; Cabanis , Révolutions de
la médecine ; Barlhes , Discours sur
le génie d'Hipptx rate; Pinel , Noso-
graphie , vol. 111 , etc. , etc. FiCS
ouvrages d'Hippocra te, comme ceux
d'Homère, ont])aru assez importans
par leur nondire , l'éiendue et la
variété des comuiissances et des ob-
servations quils sujiposent , pour
qu'on ait voulu les attribuer à plu-
sieurs auteurs , et regarder celui an-
quel on les attribue comme un per-
sonnage allégorique. Ces doutes ont
fait le sujet d'une thèse souleime à
l'Ecole de médecine de Paris, dun»
l'an 1^ , jiar M. Boulet, ancien chi-
rurgien des hôpitaux civils et mili-
taires , et <pii fut réfutée |/ar M. Gal-
lois , docteur m médecine. La plu-
part des ouvrages d'ilippocrale ont
été traduits en arabe par Honaiu.
Voyez MoRiN (Louis } , n° VU.
HIPP OD AMIE , fille d'(E-
nomaus , roi d'F.iide. Ce prince ,
ayant appris de l'oracle que son gen-
dre lui ôteroi lie trône et la vie, ne la
voulut donner en mariage qu'à celui
qui le vaincroit à la course , parce
qu'il étoil assuré que personne ne pou-
voil le surpasser dans cet exercice.
Qînomaiis massacroil tous ceux qui
en sorloient vaincus : il tua jusqu'à
treize princes. Pour les vaincre plus
facilement , il faisoit placer Hippo-
damie sur le char de ses amans , afin
que sa beauté, qui les occupoil , les
empêchât, en courant, d'être atten-
tifs à leurs chevaux. Mais Pélojie en-
tra dans la lice, et le vainquit par
adresse. ( Voyez Myrtii.e. ) (Eno-
niaiis se tua de désespoir, laissant
Ilippodainie et -on l'^yanme à Pé-
lops , qui dpni"' son nom à tout W
456
HIPP
Péloponuèset — Il y a eu une autre
Htppodamik, femme de Piri-
ihoiis , que PhUarque apjielle Déi-
dauiie. Les Centaures et les La-
pilhes ayant été invités a ses noces
avec les princes de Thessalie,et le vin
ayant échauQe les tètes, les Centaures
entreprirent d'enlever non seulement
la jt'iine épouse à son mari, mais
aussi toutes les femmes qui étoient
du festin. Alors il se livra un com-
hal furieux , où les Centaures furent
massacrés par Hercule , Tliésée et
Pinthoiis. Voyez les articles Bri-
sɣ,s , qui se nommoit aussi Hippo-
damie ; CiJRVsiPPE, n°l , et Pirt-
Tuoirs.
I. HTPPOLYTE (Myihùj.),
fils de Thésée et d'Anlioiie, reine des
Anuizones. Phèdre, sa belle-mère ,
devenue épcrdumeut amoureuse de
ce jeune prince, osa Im déclarer la
pasisioii dont elle brûloit. Comme
elle vit qu'elle ne lui inspiroit que
lie l'horreur , sa rage la porta ù l'ac-
cnser pr-ès de Thésée d'avoir voulu
attenter à sou honneur. Ce malheu-
reux roi la crut , et , dans un mou-
vement de colère, pria Neptune de
le venger. Le dieu l'exauça ; et Hip-
polyte^ se promenant dans un char
.sur le rivage auprès de Trézène ,
rencontra un monstre affreux qui
sortoit de la mer, et qui effraya tel-
lement ses chevaux , qu'ils le traî-
nèrent à travers les rochers Escu-
lape le ressuscita. Phèdre, déchirée
par les remords , découvrit sou
crime à Thésée , et se donna la
mort. On sait avec quelle supério-
rité de talens Racine a fait de cet
événement le sujet d'une de ses
plus belles tragédies. Dans le salon
de l'an lo , Guérin a exposé un su-
perbe tableau représentant tlippo-
]yie accusé par Phèdre. Les artistes
de la capitale ont couvert ce tableau
de lauriers, ..
■; II. HÎPPoi.VTE : saint),
ÎIIPP
évêque et martyr. On ne .sait point
quelle église il gouvernoit , ni en
quel temps il répandit son sang pour
lEvangile. Quelques savans préten-
dent cependant qu'il é toit évêque non
de Rome , mais à Rome, pour sou-
lager le pape dans ses fonctions, et
qu'il exerçoit les siennes au Port
romain et dans la partie de la ville
qui est au-delà du Tibre. Mais ils
ont confondu ce saint avec un autre
HiPPOLYTE dont parle Prudence.
L'opinion la plus vraisemblable est
que le martyr , objet de cet article,
étoil évêque d'Aden en Arabie, ap-
pelée anciennement le Port romain.
On croit que ce fut vers 23o, sous
Alexandre Sévère. Il est principale-
ment célèbre par son Cycle Pascal,
dont nous avons encore la seconde
partie. Elle roule sur un nouveau
calcul , qu'il avoil inventé pour
trouver le jour de Pâques par le
moyen d'un cycle de seize ans. C'est
le plus ancien canon que nous
ayons. Nous avons' encore de cet
illustre évêque , I Une partie consi-
dérable d'une Homélie contre Noël ,
hérétique du a^ siècle, où il établit
la distinction des personnes dans la
Trinité, la divinité du Fils de Dieu ,
et la distinction des natures en Jé-
sus-Christ. 11. De.s fragmeus de ses
Commentaires sur l' Ecriture. Dans
son Commentaire sur l'Histoire de
Suzanne, notre saint docteur pré-
tend que Joachim est la figure de
Jésus-Ciirist ; que le verger signifie
la vocation des saints qui sont plantés
dans l'Eglise comme des arbres frui-
tiers; et que les deux vieillards sont
le symbole des Juifs et des Gentils ,
(jui dressent des embûches à l'Eglise,
d^nl Suzanne esi la figure. III. Ho-
mélie s/fr la Théopitanie , ou l'Tl-
piphanie. IV. lie l' .4nteckrist , dc-
couvert et puljliéen iribi ;Eusèbe,
saint Jérôme, Pholius en font men-
tion. 11 est différent du livre inti-
tulé , de la Jin du Wionde et de
r Jntec/irisl qu'on lui a faussemcul
HIPP
attribué, et qui est une prcduclion
moderne peu estimable. 11 a voit eu-
tore fait \)\\itiii^vrs ai/tres outJ/a^es,
dont on regrette la perle , et ou lui
PU allribne un grand nombre qui
ne sont pas de lui. Fabricuis a re-
cueilli les authentiques et It^s aj-o-
cryplies, et en a donné une lielle édi-
tion eu grec et en latin, 2 vol. in-
folio ; le premier publié en 1716, et
le second en 1718. On reconuoil
dans les écrits de saint Hippclyte
la douceur qui formoit son carac-
tère. Son style élégant et noble n'est
pas louioiirs pur , ni ses interpréta-
tions de l'Ecriture sainte toujours
naturelles, parce que son goût pour
le sens mystique l'éloigné souvent
du seus littéral.
HIPPOMAQUE, fameux joueur
fie ilûle, voyant un de ses élèves
applaudi par le peuple, le frappa
de son bâton pour l'avertir qu'il
jouoit mal, puisqu'il s'atliroit les
applaudissemcns de la multitude
ignorante.
HIPPOMÈNE (I\îytbol.), fils
de Macarée et de IMérope , aimoit
éperdumeut , Alalanle , tille de Scbé-
née;maiscette jeu ne princesse, avant
résolu de ne se point marier , avoit
déclaré qu'elle nedonneroit sa main
qu'à celui cpii la vaincroit à la com"-
ùC , et qu'elle perceroit du trait qu'elle
porloit celui qui scroil vaincu. Plu-
sieurs jeunes princes avoieut déjà
été punis de leur témérité, lorsque
Hippomène se mit sur les rangs.
Mais comme il se défioit de ses forces,
il implora le secours de Vénus , qui
lui donna trois pommes d'or , et lui
apprit l'usage qu'il en devoit faire.
Rassuré par ce stratagème , Hippo-
mène entra dans la lice , et lorsqu'il
vil Alalanle prête à l'atteindre pour
]e percer, i! jcla fort loin les pommes
d'or à droite et à gauche. l,a jeune
princesse , éblouie de l'éclat de ces
pommes, se détourna pour les ra-
HIRA
45
;
masser; et tandis qu'elle en admiroit
la beauté, elle donna la victoire à
Hippomène. Ovide dit que daus la
suite ils furent changés en liou et eu
lionne , pour avoir profané , par
leurs caresses conjugales, le temple
de Cybèie.
HIPPONAX, poêle grec, né à
Ephèse vers l'an 5/|0 avant J. C. , se
fit chasser de sa patrie à cause de
son humeur satirique. Il s'exerça
dans le même genre de poésie qu'Ar-
chiloque, et ne se rendit pas moins
redoutable que lui. Hipponax avoit
le corps et la figure difformes. Deux
frères sculpteurs, nommés Bupalus
et Athenis, s'égayèrent à son sujet ,
en le leprésentaut d'une manière
ridi-cule. Mais le poète, piqué de celte
insulte , lança contre eux des traits
de satire si niordans cl si envenimés,
qu'ils vouloieut se pendre de dépit.
Hipponax passe jiour l'auteur du vers
scazon,où le spondée , qui a pris la
place de T'iambe, se trouve toujours
au sixième pied du vers qui porte
ce nom.
I. HIRAM, roi de Tyr , fils
d'Abibal, monté sur le trône après
lui , fil alliance avec David et avec
Salonion son fils, et fournit à celui-
ci des cèdres, de l'or et de l'argent
pour la construction du teniple de
Jérusalem. Ces deux monarques
avoient entre eux une correspon-
dance suivie. Hiram mourut versl'au
1000 avant J. C, aprts un règne
de 60 ans.
■;- II. HIRAM 01/ CuiR.\M, sculp-
teur el architecte, fils d'un Tyrien
nommé Ur , florissoit vers l'an du
monde 3oo5, avant J. C. jo52.
Salomon le fit vemr lors de la cons-
truction d\i temple de Jérusalem ,
et, suivant le texte de l'Ecriture,//
Ji/l rempli de sagesse , cl' intelli-
gence et de science pour exécuter
tou6 lesoui'rcgcs du rcsiurl de l'ar-
458
HIRE
cltilecic et du sculpteur. Oulre les
diérubiiis et les aulres oniemens du
temple , Hirairi fit deux colonnes de
cuivre qui avoieiit dix-huit coudées
de haut et douze de tour , au-dessus
desquelles» étoieut des corniches de
i'er eu forme de lis de cinquante
coudées de hauteur. 11 y avoil autour
de ces colonnes des feuillages d'or
qui couvroient ces lis ; et on y
voyoit pendre, en deux rangs, deux
cents grenades aussi de cuivre. L'une
de ces colonnes s'appeloi, Jackln, et
l'autre Boos. Il iil encore le grand
vaisseau nommé la ]\Iei\ où l'on
conservoit l'eau pour l'usage du
temple.
I. HIRE (la), fameux capitaine.
Voyez 'ViGNOLES (Etienne de ).
II. HIRE ( Lainent de la ) , né à
Paris en 1606 , mort dans la même
ville en i656, peintre ordinaire du
roi , et professeur de l'académie de
peinture, u'avoit jamais eu d'autre
niailre que son père , peintre assez
médiocre, Laurent fut le premier, dit
La Comhe , qui osa s'<'loigner du goût
de l'école de Vouet. Cette smgularité,
soutenue par degrands talens, frappa
le puljiic. Son coloris est d'une fraî-
cheur admirable ; les teintes des
ibnds de ses tableaux sont noyées
dans une sorte de vapeur qui semble
envelopper tout l'ouvrage. 11 avoit
une louche légère el assez correcte.
Son style est gracieux et sa compo-
sition sage et bien entendue. Il fi-
nissoil extrêmement ; mais ou lui
rcproclie de n'avoir point assez
consulté la nature. Il étoit habile
dans l'archilecture et la ptrsjieclive.
Ce peintre a fait des paysages , des
portraits , et beaucoup de tableaux
de c/ievalct, qui sont précieux par
le grand fini. On ne peut aussi voir
rien de mieux terminé que ses des-
sins. Plusieurs églises de Paris ,
celles des Carmélites , des Capucins ,
des Minimes , du Sépulcre, offroient
IllRE
des tableaux qui donnent une idép
avantageuse de cet artiste. Ses pre-
mières productions ne présentent
ni caractères nobles, ni bellesformes,
ni proportions élégantes ; iiuiis il
acquit plus de noiilesse dans le des-
sin, plus de force dans l'expression,
et une vigueur de coloris admira-
bles. Tel est , entre autres, son tableau
des Eftfans de Bét/itl , dévorés par
des ours ( t'ayez ÈlxsÉe , 11" I ) ,
chef-d'œuvre qui se voyoit dans le
cabinet du marquis de Marigny. On
voit de lui, au Musée Napoléon ,
deux paysages et trois tableaux
d'histoire.
MIL HIRE (Philippe de la),
fils et élève du pr.'cédenl , né a
Paris le 18 mars 1G40, qmlia lu
peinture pour s'attacher à la géo-
métrie et aux. uialliLinaliques. Sun
goût pour ces sciences se décida en
Italie , quoiqu'il n'y eût été que
pour se perfectionner dans la pein-
ture. De retour à Paris, il fut en-
voyé l'ail 1669, par le grand Col-
bert, en Bretagne el en Cuienne.
Ce ministre avoit conçu le dessein
d'une carte générale du royaume
plus exacte que les précédentes, il
falloit des hommes pour chercher
les matériaux de ce graïul ouvrage ,
et il en trouva un dans La Hire. Ce
géomètre satisfit tellement , qu'on
l'envoya un au après <!éterminer la
position de Calais et de Dunkerque.
Il mesura ensuite la largeur du Pas-
de-Calais, depuis la ponitedu bastion
de Risban' jusqu'au château de IJou-
vres en Angleterre. En 169"), il
continua, du côté du nord de Paris,
la méridienne commencée par Pi-
card en iliGg, tandis que Cassini
la poussoil du côté du sud. Ses prin-
cipaux ouvrages sont , I. Les nou-
veaux élémeits des sections coni-
ques, 1 vol. in-12, qui renferme
deux autres morceaux intéressans
sur les Lieux géométriques et sur
la Co/isIructiGU des équations. IL
ÎIIRE
Un graml Traité des sec/Ion.^ co-
niques , i6>S'i , in - fol. , eu Ir.tin.
m. Des Tables du suieil et de ta
lune , et des Méthodes plus faciles
pour le cairui des éclipses. IV. Des
Tables astronomiques , en laiiii ,
1 702 , iii-.(°. V h'J^cole des arpen-
teurs, 1R92, in- 1-2. VI. Un Traité
de mécanique , 1 GG.'i , in-i 2. VII. Un
Traité de gnomonique , ibgS , in-
12. VIII. Plusieurs ouvrages impri-
més (îans les Mémoires de j'aoïidé-
iTiie des sciences. IX. \J édition du
Traité du nivellement de Picard ,
avec des additions ; et celle du
Traité du mouvement des eaux ,
ouvrage poslluime doiM-iriolle, qu'il
mil au net. «Dans tous ses ouvrages
fie malliémaliques , I,a Hire , dil
Fontenelle , ne s'est preqne jamais
s ;r\ i que de la syutlièse , ou de la
manière de démontrer des anciens,
par des lignes et des proportions de
lignes, souvent difHciles à suivre,
;; cause de leur multitude e! de leur
complicaiion. Ce uest pas qu'il ne
connût l'analyse moderne , plus
expéditive et moins embarrassée;
mais il avoit pris un autre pli dès
sa jeunesse. Il ne croyoit pas que,
dans les matières de pure physi-
que, le secret de la nature fût aisé
à deviner. Dans ses explications, il
s'arrêtoit au système qui lui pa-
roissoit le plus vraisemblable. Son
]>rincipe posé , tout le reste s'en
déduisoit assez bien. Mais si on lui
coutestoit ce prir.cipe , il n'en pre-
noit point la défense ; il se conten-
loit d'être un raisonneur consé-
quent, sans vouloir être un devin.
Son estime pour la médecine étoit
médiocre : depuis qu'il avoit été
î^uéri des inlirmités de sa jeimesse
et des palpitations de cœur qui l'a-
voient long-temps faligué pu" une
fièvre quarte^ il avoit plus ds con-
liance à la nature qu'à l'art de gué-
rir. Il avnii une grande connois-
sance du détail des arts et métiers,
«t ou s'en apercevoil assez dans les
HIRT
4--9
leçons qu'il dnnnoit comme pro-
l'esseur de l'académie d'archileclure.
Il fut encore un des premiers qui
cultivèrent la physique expérimen-
tale , et qui lireii' sentir la nécessité
de la cultiver. U mourut à Paris le
28 avril 171 S.
IV. HIRE (Philippe de la), fils
du précédent, mort un an après
son père en 1719 , à 42 ans,
exerça la profession de médecin
avec succès , et fut membi'e , comme
son père , de l'académie des sciences.
Son goût le portoit à la p^inture ;
il en faisoit même sou amusement.
I-a Hire peignoit à gouache des pay-
sages et desjigures , dans la manière
fie V'atteau.
iHir.NHEYiM (Jérôme), chanoine
de l'ordre des prémoulrés et abbé
de Strahow ou Mont - de - Siou à
Prague, mort le 27 août 1679, à
/(4 ans , avoit été vicaire-général
de son ordre, et avoit travaillé à
y faire Heurir la science et la piété.
Il ne vouloit pas qu'on séparât ces
deux objets. Pénétré des abus qu'on
avoit faits de la raison , il prélendit
cpie rien n'étoit vrai que par l'auto-
rité infaillible de l'Eglise. Il opposa
par-lout la foi et la ré\éiation aux
axiomes de la philosophie , au té-
moignage des sens. I,es apùtres
mêmes, disoit-il, ne sont sûrs d'a-
voir vu , entendu , touché J. C- que
par la foi. On peut voir la preuve
de ces assertions dans sou traité
intitulé Z>é; Typ/togeneris humani,
sivescient.iaruin humanaruni inanl
ac venloso tumore , 1676, iu-4°.
Ilir.PJUS ( Caïus j, édile, inven'a
les viviers ou réservoirs pour garder
le poisson. Il en fournissoil la table
de César dans les festins ; et quoiqu'il
n'eût qu'une fort petite métairie, il
en lira par cette invention un très-
gros revenu.
lURTIUS ( Aulus ) , ami et même
4Go
HISC
disciple de Cicëron , étoit attaché au
parti de Jules-César, sous lequel il
servit avec courage. Il est auteur
(Wnift Jielationdesguerresd' Egypte
et ({Jfrique, qui se trouve à la
suite des commentaires de ce grand
homme. Hirlius , élu consul avec
Pausa l'an 44 avant J. C. , fut tné en
combattant vaillamment contre An-
toine auprès de Modène.
* HIRZEL ( Jean-Gaspard ) , an-
cien sénateur, premier médecin, et
président de la société de physique
de Zurich , mort subitement dans
cette ville le 19 février 1806 , se
rendit recommandable dans sa pa-
tine par les services qu'il lui rendit
comme magistrat , comme médecin
et comme littérateur. On lui doit
la Traduction des meilleurs ouvra-
ges du docteur Tissot ; un Traité
d'économie rurale , dont la forme
n'est pas moins intéressante que le
l'ond ; Klyjog, on le Sacrale ms-
tique , traduit dans presque toutes
les langues de 1 Europe , même en
russe , ainsi que plusieurs Eloges
historiques. Le dernier écrit qu'il a
publié sont des Entretiens sur la
religion et la tolérance , adressés
a M. Meister , auteur de la IVkirale
naturelle.
HISCA'M, quinzième calife de la
race des Ommiades, et quatrième
fiis d'Abdalmaleck , succéda à son
frère Jézid II. C'etoit un prince qui
faisoil des dépenses prodigieuses , et
qui s'emparoit du bien de ses su-
jets pour y fournir. Il avoit , dit-
on , jusqu'à sept cents garderobes
remplies des plus riches habille-
mens. Quandil marchoit, il fai-
3oit toujours suivre dans sou équi-
page six cents chameaux chargés de
SCS habits et de son linge. Après sa
mort , on trouva dans sa principale
£arde-robe 12,000 chemists très-
lines ; mais Valid , soi'l successeur ,
ne voulut pas pcrmuitre cpi'ou en
HOAD
tirât une seule, même un drap, pour
l'ensevelir; de sorte qu'un valet de
chambre enveloppa cet homme si
fastueux dans un méchant morceau
de linge. Ce calife avoit vaincu
Khacam,roi du Tusquestan , Zéid ,
proclamé calife dans la ville deCou-
fad , et avoit lait la guerre aux em-
pereurs Léon risaurien et Constan-
tin - Coproityme. Il mourut après
lin règne de 19 ans, l'an 7/10. C'est
lui que les historiens grecs nom-
ment Isa/n.
* HOADLEY( Benjamin ) , cé-
lèbre prélat, né en 1676 à Wester-
ham , au comté de Kent, mort eu
17/jG, élève de Catherine Hall , à
Cambridge , où il fut ensuite bour-
sier. En 1706, Hoadley commença
sa carrière polémique par des lie-
marques sur l'oraison funèbre de
M. liennet , par le docteur Altcr-
bury. En 170S il attaqua un autre
discours du même auteur sur le
pouvoir de la charité pour la ré-
mission des péchés. L'année suivan-
te , Hoaldey eut une dispute plus
sérieuse avec Atlerbury sur sa doc-
trine de la uon-résis lance. Le dis-
cours qu'il ht à cette occasion at-
tira l'attention de la chambre des
communes , qui recommanda l'au-
teur à la reine ; et quand George
monta sur le trône, Hoadley fut
nommé évèque de Bangor. Ce pré-
lat ne visita jamais son diocèse ,
car il ne sortit pas de Londres , où
il ne cessa de prêcher et de publier
des sermons. Un d'eux entre autres,
sur \ii Rojauine spirituel du Christ,
excita wne. violente querelle qu'on
appela controverse de Bangor. Il s'en
engagea ensuite encore une autre
entre l'évèque et le docteur Rare
sur la nature de la prière. Du siège
de Bangor , Hoadley passa à celui
de Ilerlford , i)uis successivement
à ce\ix de Salisbury et de "Winches-
ter. En 1735 il attaqua directement
la rclio^ion dans une Explication
HOAR
du sacrement de rFuchaiistie
(\\\\\ ])resenta connue tout-à-fail iii-
différeul. Ce discours occasiouua
uue graude rumeur , et éleva mie
nouvelle controverse ; mais l'évè-
que mourut dans le même temps.
Tous ses ouvrages ont été publiés en
4 \ol. in-fol.
* II. HOADLEY ( Benjamin ),
fils aine du précédent, habile mé-
decin, né à Londres en i7o5,
mort eu lyôy, élevé à Cambridge
sous la conduite de ]M. Herring qui
depuis fut archevêque. Hoadley fut
reçu par mandatum docteur en
médecine en 1728. En 1742 il fut
nommé médecin de la maison du
roi , et en i74>^ médecin de celle du
prince de Galles, lia composé, X.he-
çons sur l'organe de la respiration ,
données au collège de médecine.
II. Obseruations confirmées par
une suite d'expériences sur l'élec-
tricité. III. Le mari soupçonneux ,
comédie.
* III HOADLEY (Jean ) , frère
du précédent , né eu 1711, mort en
1776, élève du collège de Corpus
^ Chrijli à Cambridge , puis du collège
de Justice du temple, prit ensuite les
ordres , et fut chapelain du prince
de Galles. Ou a de lui,I. Des piè-
ces de tlièâlre. II Des Poésies. III.
Un Jurante , qui a été représenté
après sa mort. Il aimoil le spectacle
avec tant de passion , qu'il a voit chez
lui un petit théâtre particulier.
* HOANGTI , législateur des
Chinois , dont leurs historiens font
comme uu être surnaturel , auroit
vécu , selon leur insoutenable chro-
nologie, 2607 ans avant J. C, et, à
une époque si reculée, fait fleurir
les sciences et les arts.
* HOARD( Samuel), théologien
anglais, né à Londres, mort en 1657,
ële\e du collège de toutes les Ames
HOBB
461
h Oxford, où il prit le baccalauréat
eu tliéologie. Kobert , comte de
Warwick , dont il étoit chapelain ,
lui donna le rectorat de Moreton ,
au comté d'Essex, où il mourut.
Hoard éloit d'abord calviniste; mais
les rètlexious sages qu'il fit pendant
le cours de ses études le convain-
quirent des erreurs de celte rebgion.
Il a publié une très bonne Réfu-
tation du système de la prédestina-
tion , dans un livre intitulé VA-
mour de Dieu pour les /tommes
manifesté par les preuves positives
qu'il n'y a ;'as de décret absolu de
damnation, in-4'^. LedocteurTwine,
et l'évêque Daveuant répliquèrent
à cet écrit. Hourd a publié encore
d'autres discours.
i HOBBES (Thomas), en latin
Hobbesius et Hobbius , né à Mal-
raesbury le 5 avril i588 , d'un
père ministre , fut envoyé à O.^-
î'ord à lage de 14 aus pour y faire
son cours de philosophie. Dès-
lors il avoit traduit en vers la
Mèdèe d'Euripide. En sortant de
l'université, il fut chargé de l'édu-
cation du jeune comte de Devoii-
shire. Après avoir voyagé avec son
élevé eu France et en Italie , il se
consacra entièrement aux belles-
lettres et à l'antiquité. Un second
voyage en France lui ayant inspiré
du goût pour les mathémaliques ,
et ce goût ayant pris de nouvelles
forces en Italie, où il vit Galilée,
il joignit cette science à celles qui
f occupoient déjà. Le feu de la guerre
civile couvoit en Angleterre lors-
qu'il y retourna ; il éclata en effet
quelque temps après. Hobbes vint
chercher la tranquillité à Paris, et
ne l'y trouva poiul. Son Traité De
cive , qu'il publia dans cette ville,
et sur-tout les injures contre les ca-
tholiques, dont il avoit rempli son
Leviathan , aj'ant déplu aux gens
sages, il se relira àLondres, où lesou-
lèvemeul contre ses opinions ètoit
/jG-i HOliB
encore plus for l qu'à Paris. Conlraint
de se cacher chez son élève , il y tra-
vailla à plusieurs ouvrages jusqu'en
1660. Ce fui dans celle année que
Charles 11 fui rélabli sur le Irône
de ses ancêtres. 11 accîieillit Ires-ia-
vorablement Hobbes, qui avoil élé
sonniailredeniathémaliquesàParis,
el lui donna une pension. Ce pliilo-
sophe mourul le /j décembre 1679,
à Hardwich , chez le comte de De-
vonshire.Ou l'a peint comme un bon
citoyen, ini ami iidele , un homuje
officieux , humain. Il vécut dans le
célibat. 11 lisoil très-peu sur la (in
de ses jours, persuadé que , lorsque
l'esprit est plein, il n'a plus qu'à
digérer les choses dont il est rempli.
Il n'aimoilpas les courtisans , mais
il se n)énageoit toujours un aini
ou deux à la cour , « parce que,
disoit- il , il étoit permis de se servir
de mauvais inslrumens pour faire
du bien Si l'on me jeloit , ajou-
loil-il , dans un puits profond, et
que le dialde me présentai son pied
fourchu pour en sortir, je le saisi-
rois à l'instant. « Quant aux- prin-
cipes qu'il a consignés dans ses ou-
vragf's , en voici l'analyse , telle
que Foriiiey l'a faite dans son His-
toire abrégée de la philosophie : «Nos
idées tirent toutes leur origine des
sens, el les corps placés hors de nous
sont la cause de nos sensations. Les
qualités sensibles ne consistent que
flans la diversité des mouvemensde
la matière^ 11 n'y a aucune des ac-
tions humaines qui soil letfet d'une
disposition naturelle ou essentielle.
Toul ce que nous pouvons imaginer
est fini; ainsi le nom de Dieu ne
répond à aucune de nos idées ; c'est
seuleraeul un litre d'honneur donné
à l'èlre que nous concevons au-des-
sus de tous les autres. Nos rctlexions
les plus approfondies ne sauroient
franchir les bornes du iini et du
lieu. Le vrai el le faux ne sont que
des expressions dont nous ne pou-
vons constater la réalilé, La raisou
H0i3B
naît artificiellement en nous. Nous
aimons ce que nous désirons, el no-
tre volonté n'est autre chose que
le dernier objet de notre appétit,
[/acquisition des objets désiré.^ pro-
duit le bonheur. Pour la vertu , elle
mérite des égards parson excellence;
mais elle ne consiste que dans l'art
de bien clioisir entre les divers ob-
jets de nos désiis , lorsque nous les
comparons entre eux. La puissance
est l'agrégat des moyens propres ù
acquérir les biens ; el la plus grande
puissance résulte du plus grand agré-
gat de semblables moyens qui se
trouvent dépendre d'une seule et
même personne. Les agitations et
les inquiétudes viennent de l'igno-
rance des causes ; el la religion est
reflet de la craiute qu'on a pour
des puissances invisibles. L'égalité
naturelle des hommes sert de fon-
dement à l'espérance d'obtenir les
objets de nos désirs , fût-ce au pré-
judice des autres , el de là vient l'ac-
quisition du domaine par la force.
L'état naturel de l'homme est un état
de guerre , qui ne peut cesser que
par la puissance coercitive. Il n'y a
aucune propriété légitime , ni rien
de juste ou d'injuste naturellement.
Le droit naturel n'est autre chose
que la liberté d'user de sa puissance
à son gré , pour la conservation de
sa nature. La liberté consiste dans
l'absence des obslaclesexternes. Tous
ont naturellement droit sur lout ;
mais les vrais intérêts de l'homme
doivent le porter à rechercher la
paix, et à établir des droits dont
l'observation tend à la siirelé et à
la tranquillité publiques. Les prin-
cipaux ouvrages dans lesquels Hob-
bes a établi ses systèmes sont, I.
F.lemenla p/iilosuphlca , seu pull-
tica, de c/t'C , à Amsterdam, 1647,
in-12. Sorbière le traduisit en fr.iii-
çais, sous le titre d'Elémens philo-
sophiques du citoyen , Aitislerdam,
liizjq ,in-.S°, et Paris, 16.') 1 ,in-i >.
L'aulcur y pousse loin l'autorité dit
HOBB
monarque ; il en fait un despote
))ar ressenliinenl contre les parle-
iDentaires d'Angleterre, qui voii-
ioient anéantir tout gouverneineul
uioiiar. hique. 11 prétend que la vo-
lonté des souverains t'ait tl la reli-
gion , et tout ce qui est juste ou
injuste. Il y suppose tous les hom-
mes méchans ; c'est les inviter à
l'être, amsi que l'a dit Descaries.
( Fuyez CUMBEBLAND, u° I. ) II.
Le^-'iat/ian , sit^'e de repiibllca ,
Amsterdam , 1 668 ; et dans ses (Eu-
\tes philosophiques, 2 vol. in-.^" ,
Amsterdam , 1660 , en 2 vol. in-4°.
Cet ouvrage lui commença une car-
rière de tracasseries et île persécu-
tions que l'audace de ses pensées ne
fit qu'accroître pendant le reste de
sa \ie. 111. lia t'ait une Traduc-
tion d'Homère en vers ançlais ,
1675 et i677,iu-8°, mais bien in-
férieure à celle du célèbre Pope.
l\^ Une autre de Thucydide , eu
anglais, 1676 ,• Londres, in-fol. V.
J)ccaméron philosophique , Ou dix
JJla/ogues sur la philosophie na-
turelle, en anglais, j67<S, in-12.
On peut regarder Hobbes , à cer-
tains éi:;ardsj conime le précurseur
de Spinosa , et de quelques impies
modernes. VI. Des f^ers anglais et
latins. VII. Plusieurs l'crits *ie
physique , etc. ( T^ojez AuBriEY . )
L'édition la plus complète des (Eu-
vres de Hobbes est celle de i6b3 ,
en deux vol. petit in-4'* » en latin.
Cependant elle ne < 011 tient pas le
Traité de la nature humaine, dans
lequel ce philosophe a résumé ses
principes , ni l'Histoire de la guerre
civile. Tous les ouvrages de Hobbes
ne sont pas traduits eu français; sa
1 'gique sur-toutne l'est point; mais
elle ne lardera pas à l'être; un phi-
losophe distingué s'en occupe en ce
moment. La concision , la propriété,
la netteté du style de Hobbes sont
étonnantes : il faisoit la langue de
ses idées. O'. lui a reproché les maxi-
tties absolues , si rarement justes
ITOBB
463
dans l'application , d'aimer trop à
généraliser , d'avoir témoigné du
mépris pour la pliysique et l'éru-
dition, d'avoir mal cilé l'histoire ,
pour la plier à ses idées, d'avoir
pris pour base de sa philosophie et
de l'organisation sociale le désordre
idéal , comme Platon une harmo-
nie imaginaire ; eiiHn , de soumet-
tre le monde moral à la nécessité ,
la société à la force seule, de justi-
fier , en dégradant l'homme, ceux
qui l'oppriment. J. J. Rousseau a
beaucou]) prohlé des idées de Hob-
bes sur l'état de nature , même lors-
(|u'il en a tiré des conséquences dif-
férentes. Diderot a ainsi comparé
Hobbes à J J. Rousseau : « La phi-
losophie de Rousseau de Genève est
presque l'inverse de celle d'Hobbes ;
l'un croit l'iiommede la nature bon,
et l'autre le croit méchant; selon le
philosophe de Genève , l'état de
nature est un état de paix; selon,
le philosophe de Malinesbnry, c'est
un élat de guerre. Ce sont les lois
et la formation de la société qui
ont rendu l'homme meilleur, si l'on
en croit Hobbes ; et qui Tout dé-
pravé, si l'on en croit Rousseau.
L'un étoit né au milieu du tumulte
et des faclions; l'autre vivoit dans
le monde et parmi les savans. Au-
tre temps , autres circonstances ,
autre philosophie. Rousseau est élo-
quent et pathétique; Hobbes sec,
austère et vigoureux. Celui-ci voyoit
le trône ébranlé , les citoj'ens armés
les uns contre les autres, et sa pa-
trie mondée de sang par les fu-
reurs du fanatisme presbytérien , et
il avoit pris en aversion le dien ,
les ministres et les autels. Celui-là
voyoit les hommes versés dans tou-
tes les connoissances , se déchirer ,
se haïr, se livrera leurs passions,
ambitionner les considérations , la
richesse, les dignités , et se conduire
d'une manière peu conforme aux
lumières qu'ils avoient acquises, et
il méprisa la gcience et le» kavaiis ;
464
HOGH
ils furent outrés tous les deux, n
Eulre le système de l'un et de l'au-
tre il y eu a un autre qui peut être
le vrai.
* HOBBIMA ( Mindershont ) , fa-
meux peintre de paysage, né à
Anvers, à peu près en i6ij , ne
peignoit que d'après nature. Ses
tableaux sont très-rares.
HOBERG(WolfgangHELMnARD,
seigneur de) , né en Autriche l'an
1612 , mort à Ratislioune en 1688,
s'est fait un nom par ses ouvrages,
et sur - tout par ses Georgica cii-
riosa.
* HOBOKEN ( Nicolas) , docteur
en philosophie et en médecine à
Ulrecht , où il naquit en iG32,
alla s'établir à Harderwick, dans la
province de Gueldre ; il y fut uoin-
mé professeur ordinaire de méde-
cine et extraordinaire de mathé-
matiques. On ignore l'époque de sa
mort. Parmi les ouvrages qu'on a
de lui ou distingue les suivaus : I.
De sede aiùniœ , seu meiilis hu-
manœ in corpore liumano , Arnhe-
miae , 1668, in-12. M. De noôili-
iale medicorum , UUrajecli, 1670 ,
in-^j". lit. De professlonis medlcœ
funi matliemali.cd conjunctione ,
ibid. , 1670 , in-4*'.
t HOC (I.ouis-Pierre le ), mé-
decin, né à Rouen, mort à Paris
en 1769 , s'est fait connoitre par
son opposition au système de l'ino-
culation, contre lequel il a écrit
diverses brochures , parmi lesquel-
les on distingue celle sous le titre
fie V Inoculation de la petite vé-
role renvoyée à Londres , La Haye
(Paris ), 1764, in-ii!.
t HOCHE (Lazare), né à Ver-
sailles d'une famille indigente en
17('8. Livré à lui-même de bonne
heure par la perte de ses parens ,
U recevoit d'une taule, fruitière.
HOCH
de temps en temps de quoi acheter
des livres qu'il dévoroit; parvenu
à l'âge de 17 ans , il s'engagea dans
le corps des Gardes-françaises , où
il étoit caporal lors de la révolu-
tion. Le ministre de la guerre , Ser-
van , l'ayant distingué , le nomma
lieutenant au régiment de Rouer-
gue; ce fut alors qu'il étudia avec
beaucoup de succès la tactique mili-
taire. A la bataille d'Honscote, il
étoit adjudant-géuéral ,el se distin-
gua de manière qu'il lut en peu de
temps nommé général de brigade ,
général de division , et enhn géné-
rai en chef de l'armée de la J\Io-
selle. Sou habileté le rendit vain-
queur dans les plaines de Weissem-
bourg , où l'ennemi fut forcé d'aban-
donner ses magasins , ses hôpi-
taux, etc.; Landau fut délivré, et
Worms lui ouvrit ses portes. Vic-
time de la tyrannie des déceaivirs.
Hoche , emprisonné , languit plu-
sieurs mois à la conciergerie , d'où
il ne sortit qu'au 9 thermidor : la
guerre de la Vendée .désoloit les
contrées de l'ouest ; Hoche , à la
tète de l'armée des Côtes de Brest,
attaque les éuiigrés réunis aux An-
glais , les bat à Curnac , les force
d'évacuer Aurai , forme le blocus
de^Quiberon, s'empare du fort Pen-
lliièvre , contraint les ennemis à
demander la paix ; et ce pays où ,
durant cinq ans , les crimes et les
désastres se succédoient , voit re-
naître la fertilité, l'industrie et l'es-
pérance. Son entreprise d'Irlande
ne fut pas aussi heureuse ; mais la
victoire le couronna de nouveau
à L'affaire du Pont de Neuwied ,
où les Autrichiens laissèrent mille
morts, vingt-sept pièces de canons ,
sept drapeaux , et neuf mille pri-
sonniers. On prétend que le direc-
toire s'étoit servi de lui pour opé-
rer la révolution du 18 fructidor,
et que soit que son influence eùl
donné de l'ombrage, soit qu'on l'eût
desservi, il perdit tout à coup sou
ÎIOCÎ
ci'écîit. Iloche conçut Je coite dis-
grâce nu (!ui!;iiu qui le conduisit
au loiijb.-au e;i 1790. La pompe fu-
iièlde déctiuée pai l'iinnée de Sam-
bre-et-iMf'iise à son général , traus-
porlë «ie \V«lziai a CubUiitz, el
les liojiner.rs que reudircul à ses
îuanes les c<iniu)audans d«s villes
aulnchiennes par lesquelles pas'<a
sou couvoi , sont une preuve de la
haute estime qu'il seloit acqiiisi-.
Voici le discours que j rououça sur
sa tombe le général Lt IVbvre : a Mes
chers camarades, la ninrl qvu ne
nous a jamais paru redoutable, se
montre à non jeux dune manière
terrible ; elle auéanlil d'un seul co>i{)
la jeunesse , les talens et les vertus :
Hoche n'est plu^! La parque
meurtrière a terminé ses jours , et
dans un instant il ne nous restera
plus de lui que le souvenir de ses
exploits.... Que la foudre guerrière
<]ui a déculé ses nombreux triom-
phes apprenne à l'univers que
l'humauiié a perdu un ami , la v ic-
toire un do ses eufans , la patrie u\i
appui, et nous tous... un ami sin-
cère. « La vie de ce f;uerrier a été
écrite par M. Rousselin.
HOCHSTETTER (André-Adam),
docteur lutiiéiien, né à Tubinge en
1668, successivement professeur d'é-
loquence, de morale el de lliéolog e
à Tubinge, pasteur, sr.riutendaiit et
recteur de l'académie de cette ville ,
où il mourut eu avril j 71 7, a dunné
plusieurs ouvrages dont les [Minci-
pauxsont , I. i'ollegiurn FvJfi:ihU,r
jianum.. IL De Jvsloexpiatianis et
Hirto /Izazel. 111. De Cum aifino,
ultirno et ex Siievis duce. IV . J>e
rebi/s ElLLiigeiisibus.
■\- llOCHTIl AT ( Jarque . • , ainM
nommé , parce qu'il étoii natif d,;
îloogslralen, sillai'.e dt hrabant, en-
tre Anvers et Berg-opZoom , homme
"violeulet impéiuens , professeur de
théologie à Cologne, prieur du cou-
vent des dommicalua de celle viiie ,
ï. viu.
HODG
/iC
\^)'j
et inquisiteur iians les trois électo-
rals eiciésia^tiques; « il exhorloit le
pape, dit IMaimbonrg, à n'employer
contre Luther que Je fer et le feu ,
pour en délivrer au plus tôt le
li.onde. » 11 nioiirii; à Cologne eu
liiin. i}\\ a de lui un grand nombre
d'uurrages de cuiilrui^'crse , fruits
d'un Zi;le amer.
* ilOCK DE Brackenau
( "Weinlvlmus ) , savant docteur en
médecine du 16* siècle, distingué
dans l'université de Koulogne , a
publié un ouvrag- sur les maux vé-
nériens , i, la perfection duquel les
traités de '! orella ont beniuoup con-
iri'iué , dans lequel il cou.seille les
frictions mercurielies, et les admi-
nistre avec celte prudence qui con-
siste à en interrompre l'usage , pour
y relourner à différentes reprises ,
afin de ne point fatiguer le malade
par la salivi.liou. Il est inlitulé7?/e«-
Uigia, .Si! t' tractnlua de causis ,
p/œsen'atn'is , regurtuie et cura
morhi gallici , vulgo malo francese.
Jdjiuicliis est tracta tus de curandis
Viceribui, inorbum /tune ut pluri-
mùm conscquentibus , Venetus ,
i5o2,in-^,°: Argentorali . i5i4,
in-^i°: Lngduni , i,^5i , in-8°.
l-IOCQULNCOURT. roj. Mon-
CHY.
i HOCWART (Laurent), qu'on
croit néà Ualishonne, composa dans
le 16" siècle une CJironique de
rKvéché de sa pairie Cet ouvrage,
regardé comme assez exact , avoit
été oublié depuis sa naissance ;
mais M. (l^lsei, bibliothécaire de Té-
lecteur de Havière,Ja publié eu
1765 , d:ins le ]ncinier tome des
Scriplo'es reruin Boicarum , en 2
vol. in-fol.
' IICDCES (Naihaniel ) , méde-
cin anglais , né à fiereford , s Vi.Tblit
à Londres et s'ac<iuit une grande
réputation ]iendani la ]>eKie qui y
régna eu i6b5. De malheureub s
4G6
HODY
cifcoustances l'ayant fait emprison-
ner pour dettes , il mourut dans sa
prison en 1684. Ou a de lui deux,
ouvrages. I. Vindiciœ mecUci/iœ
et medicorum , 1660, in -8". 11.
Loimologla , sivc peslis nupene
apud populum Loiidinensem gras-
san/'-s nai ratio historica , 1672,
in-S" , dont il a paru une traduc-
tion en anglais , iu-S" , 1 720 , à la-
quelle on a joint un Essai sur les
causes des maladies pesldenlielles ,
avec des remarques sur celle qui
régnoil alors eu France , et sur les
moyens d'empêcher qu'elle ne s'é-
tendit jusqu'en Angleterre , par le
docteur John Quincy. En 1721 on
imprima aussi à Londres un re-
cueil de pièces relatives à la peste de
j665, dans lequel est insérée la subs-
tance d'«/^e/e«/e du docteur Hodges,
où il rend compte de la première
apparition , des progrès , des symp-
tômes de cette maladie , et de la
manière de la traiter.
i- HODY (Humpfrey), archi-
diacre d'Oxford , et professeiir royal
en langue grecque dans l'université
de cette ville, mort en 1706, à 4?
ans , avec la réputation d'un sa-
vant consommé, a donné , I. Disser-
tationes de Grœcisillustribus , lin-
guœ grcecœ litterarumque huma-
narum instauratoribus : ouvrage
curieux , publié de nouveau à Lon-
dres en 17/|3 , in-S" , avec la vie de
l'auteur. II. De Blhiionim texti-
bus origiiialibus, in-fol. , Oxford ,
1706. 111. Une Dissertation latine
contre l'Histoire d'Aristeas des au-
teurs de la version des Septante.
Cet opuscule , que l'auteur publia
à l'âge de 2 1 ans , lui fit un honneur
infini, et ne trouva d'autre contra-
dicteur qu'Isaac Vossius qui croyoit
avoir à se plaindre d'Hody. IV. Une
Dissertation latine , curieuse et sa-
vante , sur Jean d'Anlioche, sur-
nommé 3Ialada. [f-'oy. Piiranza.)
Clk e»l joiule à k CUrouiiue de cet
HOEG
auteur , imprimée à Oxford avec les
notes de Chilméad.
t HOÉ ( Matliias ) , né à 'Vienne
en i,58o , conseiller ecclésiasti-
que , premier prédicateur et prin-
cipal ministre de la cour de Saxe,
étoit , dit-on , un esprit emporté
qui se déchaînoit également contre
les catholiques et les calvinistes. La
cour de Rome ayant suscité des écri-
vains jésuites pour soutenir que le
traité de paix conclu entre Charles V
et les protestans d'Alleuiague étoit
injuste et nul , et que les protestans
eux-mêmes l'avoieat rendu tel par
les changemens qu'ils avoient faits
à la confession d'Àugsbourg , l'élec-
teur de Saxe , Jean-George , chargea
spécialement Matiiias lloéj de ré-
poudre à ces calomnies. 11 les réfuta
victorieusement par sa Defensio
jmpillœ evangelicœ , publiée en 2
vol. en 1628 et i65i. Ou a encore
de lui un Commentaire sur l'Apo-
calypse , Leipzick , 1671 , in-fol. , et
d'ai/tres ouvrages peu estimés. Hoé
mourut en 164.'^.
* I. HOECH ( Jean Van) , peintre
d' histoire et de portraits , né en
1 600 à Anvers , mort à Vienne en
i65o , élève de Rubens,allaà Roma
pour perfectionner ses études. Il y
fut protégé par plusieurs cardinaux;
et Ferdinand II l'appela à Vienne ,
où il fut reçu avec distinction.
* II. HOECH ( Robert Van ) ,
peintre célèbre d'Anvers , dont les
tableaux se distinguent par leur
composition élégante, excelloit dans
les batailles.
'^HOECHSTETTER ( Philippe ) ,
docteur en médecine , né à Augs-
bourg , pratiqua son art dans sa pa-
trie avec le plus grand succès ,
jusqu'à sa mort arrivée en i6o5. On
a (le lui dix décades d'observations ;
mais il ne publia que les six pre-
mières: c'est à Jean-Philippe son
fils qu'où doit l'éditiou de celles qui
HOES
out paru en 167/1. Raiiorum oh-
servatlonum medicinal'nim déca-
des 1res , Augustae Viiidelicoium ,
162 i , iQ-8°. Rariorum obstrva-
tionum tncdicinalium pais sccuri-
da . conlineiis décades très seauen-
ics ,'\hià. , 3627,111-8°. Rariorum
cbservatioiium meduinalium dé-
cades se.v anteà editœ , qitlbus
Tuinc accessere quatuor décades
aliœ , Fraucofurli et Lipsiae , 1674 ,
iu-8°.
HOIFEN. roy. Curiis (Jean de.)
*HOEL( Gérard ), peintre d'his-
toire et de paysage , né à Boiiiel eu
1648, mort en 170.1, s'éU'iblit à
Ulrechl où il fut directeur de Fa-
cadëniie de peinture. On trouve des
tableaux de ce maitre dans le palais
deStargenberg,etchezle comted'Al-
berniale.
* HOELTZLINUS (Jërémie), phi-
lologue , né à Nuremberg, s'établit
à I-eyde. Il est avantageusement
connu par une édition d'Apollonius
de Rhodes , généralement estimée ,
malgré le jugement peu favorable de
quelques critiques, qui y fut impri-
iuéeeni64i. Hoeltzlinus a publié en
1628 une traduction allemande des
Psaumes, qui passe pour exacte. 11
mourut en 1641 .
* H(ERNIGK (Louis Van) étudia
successivement la médecine et le
droit; mais il s'occupa principale-
ment de l'étude du dernier , et devint
conseiller de l'électeur de Mayence ,
ainsi que de la cour impériale. On
a de lui plusieurs traités , en alle-
mand, sur les abus qu'il avoit re-
marqués dans la pratique de la mé-
decine. 11 est encore l'auteur de deux
ouvrages , l'im sur la/jes/e, et l'au-
tre sur les eaux de Schwalbach. 11
mourut à Francfort -sur -le- ÎMciu
en 1667.
t HOESCHEUUS (David ) , bi-
Isliothécaire d'Augsbourg sa patrie ,
IIOFE
467
mort dans cette ville le 10 octobra
ifii7 , à 62 ans, enrichit la biblio-
llieque confiée à ses soins de qi.;in-
tùé de manuscrits grecs. Il en pu-
blia en log.T , in q" , le ( ainivgue ,
sous ce tilie : Caialc^'us cudt'.iiin
mss. qui sunt in bibtiol/uct< n-}}.
Jugustame Vinnelicœ duiihi qi ùm
anteà auctior. Cet ouvrasse jiis-
lemenl estimé , fut réimpriuié à
Augsbourg, jG6o,in-4°, avec des
augi\ienlalions. Pour que h-s ma-
mifcrits de la bibi.othèque qu'il riiri-
geoit ne fussent pas un trésor en-
j'oui , il eu faisoit imprimer les piua
précieux. Outre son (?atalos'ie , oa
a de lui des Isotes sur ()-ig-Mie ,
sur Photius , sur Procope , dont il
donna une \>ersion , sur Philon ,
etc. : une édition de Margtniio ,
du dictionnaire latin -grec de Ru-
landus , Augsbourg, 1600,2 vol.
in-8° , etc. , etc.
* HOET ( Guérard ) , de l'école
hollandaise , né à Boiumel en 1 fi/jS ,
mort à La Haye eh 1753, âgé de
85 ans , est connu par des tableaux
d'autel , des plaj'onds ,'el la déco-
ration de vastes appartemeus. On
cite aussi avec éloge ses prtl/s ta-
bleaux de chevalet d'un fini précieux
et du pinceau le plus délicat. HoeS
avoit l'imagination vive , et joi-
gnoit à la science des grands effets
de l'ombre et de la lumière l'har-
monie de la couleur , une exécution,
facile et la sévérité des costumes.
* H (E V E N ( Matthieu Vaa
der ) , écuyer , seigneur de Kam-
pen , né à La Haye en i 577, a laissé
une Chronique hollandaise des sept
Provinces-Unies , intitulée Hand-
vest- of Charter -Chronjck , en 3
vol. in-fol. ,LaHaye , i6./(5. 11 re-
monte jusqu'à l'an 99 avant J. C.
* HOFER ( Wolfgang ) , mé-
decin , né à Freisingen dans la haute
Bavière ,ilorissoil dans le 1 7^ siècle:
ilpratiquason art avec le plus grand
4^s
HOFF
succès à Siraubiiig ea Bavière , à
I^intz et à Vienne, où il mourut en
1661 . Ou a de lui un traité de pra-
tique sous ce titre : Ilerculis rne-
dicl , sive locorum coinmunium
medicorum lu7iiusprimus , Vieunœ
Ausirias, 1607, in- 4°- Le même ou-
vrage a reparu en i6fi4 , in - 12,
SOU-. le litre iV Hercules medicus ré-
visas , iiiterpolatus.ht même avec
des augmentations , Noribergas ,
i665, in-fol. ; 1675 , iu-4°-
1 1. HOFFMANN ( Gaspard ) , né
à Golha dans la Thuringe en layj ,
étudia la médecine à Aitorf, prit
le bonnet de docteur à Baie en i6o5 ,
et en 1607 fut nommé à la chaire
de médecine tlréorique dAltorf ,
qu'il remplit jusqu'à sa mort arrivée
en 1648. Ce médecin est auteur
d'un grand nombre d'ouvrages , dont
les principaux sont , 1. De Ichu-
nibus et in qiiibus illi apparent
affectibiis , collectanea , Lipsias ,
1617, in - 8°. 11. De Fartibiis si-
milàribiis liber singularis , Nori-
bergas , 1625 , in-4" ; Francofnrti ,
1667, in-4°. ni- J^e Locis affectis
libri 1res , ibid. , 1642 , in-i 2. IV.
Opnscula medica, Parisiis , 1647,
ia-4° ; Francofurli , 1667 , iu-4''.
* II. HOFFMANN (Laurent),
médecin de George , électeur de
Saxe, s'acquit une telle réputation
parmi les maîtres de l'art , que l'em-
pereur Ferdinand 11 lui accorda des
lettres de noblesse en récompense
des services iuiportans qu'il avoit
rendus à l'humanité. On lui attribue
Içs ouvrages su i vans : I. De uero
usu et sera abusa medicamentorum
chymicorum conimentatio , Halae
Saxonum , 161 i , \\\-l°. II. Basa-
riarn minérale spagyricurn , ibid.,
1611, in-4". lll. Ihilt/iasaris Brun-
neri consilia medica siimmo stu-
dio collecta et l'c'isa , Ilalas Saxo-
num , i6i7 , in-.i".
* UI. HOI'T.MANN ( Frédt'iicJ ,
HOFF
médecin, né à Hall en 162G , et
mort en 1675 , a laissé les ouvrages
su i vans : I. Ojjus de metltodo me-
dendi juxta seriem U allœianam ^
Lipsias , 1668 , in-4''- H- -dppe/idix
de met/iodo carandi insultum apo-
pleclicum, ibid. , 1668 , in-4''. III.
Clavis pharmaceutica schrode-
riana , Halœ Saxonum , 167.^),
in-4° ; ibid. , i()8i , 111-4°^ avec
des augmentations.
t IV. HOFFMANN ( Fréd'éric ) ,
i\é à Hall , près de Magdebourg ,
en 1660 , prit le bonnet de doc-
teur en médecine l'an 1681. Nommé
professeur de celte science dans l'u-
niversité de Hall , fondée en 1694 ,
il remplit cet emploi avec beaucoup
de distinction jusqu'à sa mort , ar-
rivée le 12 octobre 1742. Ses Ou-
vrages ont été recueillis par les
frères de Tournes, imprimeurs de
Genève , en 1748 , 1766 , 11 tomes
en 6 vol. in-fol. Il y a un premier
supplément , deuxième édition de
1754, en deux parties; un second
en trois autres parties. On trouve
de bonnes choses dans cette énorme
compilation ; mais le style de l'au-
teur est lâche et diffus. Il raconte
longuement des choses triviales : il
se répète sans cesse, et sur- tout
dans ses (Euvres posthumes. Malgré
ces défauts , Hoffmann mérite d'être
mis au nombre des meilleurs au-
teur§^ de médecine. Il connoissoit
cette science à fond , et il étoit d'ail-
leurs grand praticien. On doit lui
savoir beaucoup de gré des aveux
qu'il fait en faveur des remèdes sim-
ples et domestiques : «J'affirme avec
serment, dit-il , qu'il a été un temps
où je courois avec ardeur après les
remèdes cliimiques. Mais avec Tàge,
j'ai été persuadé que très- peu de
remèdes, bien choisis, tirés même
des choses les plus simples et les plus
viles en apparence , soulagent et
plus promplenieut et plus elficace-
meul les maladies^ que loult» Its
HOFM
pv'.'paraliotis chimiques les plus rares
et les plus reckerchées. » Lorsqu il
ëloit consulté par ces gens qui se
i.onstiluenl malades en pleine santé ,
et qui se médicaïuentenl pour éviter
des maladies, il leurdisoit: «Avez-
vous voire sauté à cœur? Fuyez les
médecins et Jes remèdes. » P'oyez
BnUHIER.
V. HOFFMANN (Maurice),
né à Fursteinberg eu iCu^a , profes-
seur en médecine à Altdorff, mourut
en i6ij8, à 76 ans. Sss ouvrages
sont, I. Altdorji deliciœ liorten-
scs , i677,iu-4°. Il- ylppe/idi.v ad
caia/ogum plantarum Itorlens'uim ,
j6gi ,iu-4°. 111- Delidœ sllvestres ,
1677,111-4°. IV. Florilegiiim Alt-
dorfinum , 1676 , vol. iu-4° , etc.
VI. HOFFMANN (Jean Maurice),
fils du précédent, médecin du inai-
<]uis d'Anspach , et professeur eu
jnédecinc à Altdorff, mort à j\ns-
pach eu, 1727 , à 74 ans, a con-
tinué les Deliciœ hortenses Altdor-
finœ de son père, 1700 , in-4°. U s
donné , Acta laboratorii c/iiniici
Jlldorjini, 1719, iu-4*; et De
diffcrentiis alimentori/m , 1677 ,
in-4°.
* HOFFOÎUS (Paul), jésuite al-
lemand, rendit , dit un auteur ecclé-
siastique de si grands services à la
religion catholique , en Bavière et
autres provinces de la Germanie ,
qu'Albert V , duc de Bavière , disoil
lui devoir ainsi qu'à Pierre Cani-
sius la conservation de la vraie loi,
dans la crise où elle se trou voit par
les dégâts des nouvelles erreurs.
l'etius Canisius fdisoil ce pieux
prince eu faisant allusion à un pas-
sage connu de la liturgie ) et, Faiihis
Huffœus ipsi nos docueruiit legeni
tuam , Domine. Roffœus mourut à
lugolstadt eu 1608.
i". I. HOFMANN ( Daniel ), mi-
nistre luthérien, professeur de théo-
logie à Helmsladt , chef d'une secte
HOGA 4Gc>
qui soiUenoit « qu'iVjK avoit des
chos-es véritables en théologie qui
sontj'ausses en philosophie , vivoit
vers la lin du 16* siècle. Il a écrit
contre Bèze. — Il est difféieul de
Melchior Hofmann , autre tliéolo-
gien du 16*^ siècle , qui mourut en
prison à Strasbourg, aprcs avoir fait
beaucoup de liruit.
i- II. HOFIMANN (Jean- Jacques ) ,
professeur en langue grecque u Baie ,
où il étoit né en i655 , et où il
mourut en 1706, publia l'an 166S
unLexicon universale, historicitm,
chronologicum, etc. , réimprimé à
Leyde en ifigS ,eu 4 vol. iu-iul.Ii s'y
trouve quelques articlescurieux, sur-
tout les articles d'érudition ; mais ils
soutécrits presque tousd'une manière
peu agréable , et la plupart fourmit-
leul de fautes. On a encore de lui
une Histoire- des papes , en latin ,
1687, 2 volumes: peu modérée ; et
Vllistoria At/gusta, 1687 s in -fol.
Plusieurs autres savans ont porté
le nom de Hofmann.
HOFMANSWALDAU
(Jean-Chrétien de) , conseiller im-
périal, et président du conseil de la
ville de Breslaw , où il éloit né en
1617 , s'acquit une grande réputa-
tion par ses Poésies allemandes très-
estimées. On a aussi de lui en vers
allemands le Pastor fido de Gua-
rini , et le Soerate mourant de
Théophile. Il mourut eu 1679.
t HOGAPvTH (Guillaume) ,
peintre anglais , né à Londres en
i6q8, mort en octobre 1761, «^
Leicesterfields , à 66 ans , fut nom-
mé peintre du roi d'Angleterre en
1757. Ses compositions sont mal
dessinées et foiblemeut coloriées ;
mais ce sont des tableaux parlaus de
diverses scènes comiques ou morales
de la vie. Il avoit négligé le méca-
nisme de son art , c'est-à-dire les
traits du pinceau , le rapport des
parties entre elles, l effet du clair-
470 HOGA
obscur , l'harmonie fin coloris , etc. ,
pour s'élfver jusqu'à Ka perfection
do ce aiëcanisme , c'est-à-rlire au
poétique et au moral de la peinture.
« Je recouiiois , disoil-il , tout le
jTum'Ic i)our juge compétent de mes
lahieaux , excpi)lé les connoisseurs
de profession. » Un seul exemple
prouvera couibisn il réussit. 11 a voit
fait graver une estampe dans la-
quelle il avoii exprimé avec éner-
g'.e les diflérens tourmeus qn'on
fail é-nouver aux animaux. Un char-
retier loueltoit un jour ses chevaux
avec beaucoup de dureté ; un bon
homme, touché de i>itié , hii dit:
« Miiérable ! tu n'as donc pas vu
l'estampe de Hogarlh?» Il réalisa
îe vœu de l'abbé Dubos , qui se plai-
gnoit qu'aucun peintre d'histoire de
son temps n'eûl entrepris de tracer la
vie on l'histoire d'un personnaf^e
dans une série de tableaux qui pré-
sentassent la suite de ses actions.
C'est ce qu'a exécuté Hcjjarlh dans
plusieurs de si's ouvrages , tels que
le Mariage à la mode , les Progrès
du libertinage , la dégradation
d'une prostituée , suite de tableaux
dans laquelle paroit une jeune hlle
veuLie à la ville avec toute la sim-
phcilé de sou âge, et conduite par
tons les dearés du libertinage à wwi
mort prématurée; ce sont autant de
drames dont chaque scène forme un
tableau vivant et animé. La nou-
veauté ei le succès de cette idée exci-
tèrenf l'avidiiéde quelques graveurs
qui'imilerenl ses dessins , et for-
cèrent I auteur à recourir au gou-
\rTnemeut pour arrêter une déiiré-
d;Uiou ai'.ssi f ir.este pour lui qu'elle
pouvo'l l'èlre pour d'autres ; on dut
à ses plaintes l'acte du parlements'"
George 11, cl'ap. .t8 , q\ii pros-
Ciivit cel abus, et qui fut calqué
sur les lois promulguées sous la
reine Ann>? en faveur des proprié-
tés litlé-si^rpR. Hogarth, peintre et
écrivain , i5u].!ia , à Loudr^s, eu
1755 , un liiàlé eu anglais, inli-
IIOGE
lulé j4nnlyse de la beauté , qui a
été traduit en allemand par Mylius,
sous les yeux de l'aulcur, et dont il
y a une iraduclion itulieune impri-
mée à Livourne eu 1761. L'auteur
prétend que les formes arrondies
constituent la beauté du corps :
principe vrai à certains égards ,
faux à plusieurs autres. Ce Traité a
été traduiten français par M. Jensori,
2 vol. iu-S" , i8o5. ( Voyez, sur
cet artiste , le deuxième volume du
iMercure de France, janvier, 1770.)
Hogarth ne se rendit recoinman-
dable dans la société que par l'origi-
nalité de ses compositions ; ayaut
peu fréquenté la bonne compagnie,
il avoit conservé toute la rudesse de
caractère d'un homme qui n'a reçu
aucune éducation ; la moindre cou—
tradictiou le mettoit en fureur. Oa
rapporte qu'nu grand seigneur ,
d'une laideur peu commime, vou-
lut sefairft peindre par lui, et qu'Ho-
garth , dont l'inteuliou u'étoit point
de le tlalter , rendit son portrait si
ressemblant que le seigneur n'eu
voulut plus , et refusa de le payer.
Le peintre s'avisa d'un expédient.
11 écrivit au lord que, s'il u'étoit pas
payé dans trois jours , il livreroiï
sou tal)leau à nu homme qui mou-
troil alors des animaux élraugers ,
et qui lui eu avoil offert un prix
avantageux , à laide de ce qu'il y
ajouleroil une queue , des oreilles ,
etc. La menace eut sou effet et le
possesseur du tableau le livra aux.
flammes.
* HOGÉRBEETS (Rombout ) ,
né d'une faniiîle'dislinguée à Hoorn,
ville de la Nord - Hollande , eu
i56i , fui promu docteur en droit
à Tuuiversité de Leyde eu l'iS/).
Créé conseiller pensionnaire de cette
dernière ville en 1090, il quitta ce
poste en 1096 , pour aller occuper
à l.a Haye celui de conseiller or-
dinaire au haut conseil. En jGii
il fut nu des trois députés de la ré^
HOGE
publique auprès (!e Christian IV ,
roi de Daneniarck et de Siicde. Ea
1617 ou le uoiiuna uue seconde fois
au posle honorable ou"il avoil abdi-
qué eu ifigS; l'aunée suivante ilfut
arrêté par ordre des élats-geuëraux
à La Haye , et conduit en prison.
Le même sort frappa le même jour
(Edenbarnevelt et Grolius; lié avec
eux de principe et d'amitié, il dé-
plut , comme eux , à l'ambitieux
stathoiider Maurice. (Edenbarnevclt
paya de sa tète son géuéreux pa-
triotisme. Hogerbeets fiitmeuacé du
même supplice. Rien u'ébranîa son
courage. Après la procédure la plus
irrégulière , caatre laquelle il n'a-
voit cessé de réclamer, il fut con-
daumé , le 1.8 mai 161g , à une
prison perpétuelle , et peu de temps
après , confiné au château de I,o'.i-
vestaia. 11 y resta jusqu'en 1626 ,
toujours traité av^ec uue extrême
rigueur. Il eut le malheur d'y perdre
sa femme , qui s'y étoit fait en-
fermer avec lui. Sa famille obtint
alors q\ielque adouciisemenl à sou
sort. Il fut transporté au château de
\Veer, à Wassenaar, village enlr?
La H:iyeet Leyde ; mais il y mourut
au bout de quelques semaines , âgé
de 64 ans. C'éloil un homme Irbo-
rieux , savant, d'une incorruptible
probité, rempli de religion, mais
enneuii de 1 intolérance et du faux
zèle. 11 a publié uu îlecuelt des pro-
cédures qui avoient été à son rap-
port. Il composa dans sa prison uue
Inlroduction abrégée à la plai-
doirie usitée devant les cours de
justice de Hollande. 11 s'est trouvé
trop peu d'ordre dans ses écrits
posthumes pour qu'on ait pu les
publier.
* HOGERS ( Gosuin ou Théo-
phile), de la province d'Over-Issel ,
et (à ce qu'il paroit ) de la ville de
Deventer , né en i656, perdit ses
pareus d'une maladie pestilentielle ,
pendant qu'il étudioit à Leyde , et il
HOGE
471
eut' à pleurer peu après son frère
unique , Jean IloG l'KS, théologien et
(à ce qu'il paroit) ministre du saint
Evangile. Il voyagea après avoir fini
ses éludes, et s'arrêta pendant plu-
sieurs mois à Caen , où il se plut
dans la société des Bochart , des
Huet , des Paulmier de Grauterae-
mil , etc. De retour dans sa patrie ,
il accepta la chaire d'éloquence et
d'hiïloire , laissée vacante à Gro-
ningue par Jean-George Grœvius,
qui venoit d'être appelé à l'univer-
sité d'Ulrecht. Il entra quelque
temps après dans la carrière de la
politique, et s'y montra, dans des
ciiconslauces difficiles , un ami de
la liberté non moins courageux
qu'éclairé. Il fut intimement lié avec
l'illustre Rabo Hermau Schèle , émi-
nemment signalé par le même ca-
ractère. Quoicpi'il eût cessé d'être
professeur d'éloquence , il prononça
quelques discours latins fortement
empreints de ses sentûneus patrio-
tiques. Dans la mémorable année de
1872, il fut député aux états-géné-
raux et désigné pour l'ambassade de
France ; mais il paroit que le chan-
gement de circonstances politiques ,
survenu par le massacre des frères
Deurtt, lui fit subroger un autre
dans cette nomination. 11 rentra dans
la vie privée et mourut au sein de
son loisir littéraire le i4 mars 1676.
On a de lui un petit recueil de
poésies latines , frappées au bon
coin , sous le titre de TJteopliili
Hogersii poëniata juvenilia , au-
quel il a réuni trois discours latins
eu prose, savoir, \° sur la tyrannie
de Jules César ; 2° sur la dé/ense
de la patrie , après la défaite de la
Hotte hollandaise en i665 ; 3° sur
la glorieuse paix que la république
des provinces unies conclut deux
ans après apec V Angleterre. Ce
petit volume in -16 , imprimé à
Amsterdam , chez Elzevir, en 1 673 ,
contient de plus \espoésies latines
de Jean HoGiîBS, frère de Théophile,
472
HO HE
el deux pièces de vers latins de P. D.
Ilnet, l'une sur la mort de Claude
Sauinaise, l'autre sur le voyage que
Huei lit en Suède en i652 et non
en i6fi3 , comme le porte faulive-
juent l'inlilulé, p. 84.
* I. HOGHELANDE ( Thibaut
«le), écrivain dn 16^ siècle, né à
IMiddelbourg , a publié plusieurs
OuiJiages suj- F alchimie , qui prou-
vent qu'il a donné dans Ion les les
rêveries de cette vaine science , plus
propre à faire des charlatans que des
chimistes.
*1I. HOGHELANDE (Corneille
de) , médecin du 1 7^ siècle , a donné
im ouvrage intitulé Cogitaliones ,
qiiibiis dci existenlia , item animœ
spiritiialitas est possibi/is ciim cor-
pore unio , demonstrantiir : nec
non brevls hisioria œconomiœ cor-
poris^nimalis proponitiir , ac me-
chanicè explij:atitr , Amslelodami,
1646 , in-12.
HOHENLOHE - KÏRCHBERG
(N... princft de ) , ge'néral d'artillerie
au servicedel'e:npereur, fui employé
avec succès en Transilvanie dans la
guerre faite aux Turcs en 1789. r,e
8 octobre de cette année , il défit
complètement un corps d'armée so;is
les ordres do Cara-Mustapha. Dès
l'ouverture de la campagne contre la
France en 1792 , il se porta en avant
<le Trêves, où ilfnt allaqué diverses
fois par Bournonville ; ces attaques
et sa défense fure^jt toutes à la fois
les premières actions et les plus
brillantes du commencement de la
guerre. Hohenlohe sign.ila son cou-
rage aux combats de Mont-Ansin ,
de Famarse et deMormal ; il couvrit
avec avantage le siège du Quesnoy ,
et contribua aux succès du prince
de Cobonrg et du général de Mo-
le i.loiff. Il mourut au mois d'août
]7")fi, comme il alloit commander
une armée sur le Rhin. Sa perle fut
- vivement sentie, et Us Français eux-
HOLB
mêmes l'ont regardé com\ne un des
généraux les plus redoutables qui
leur aient été opposés dans cette
guerre.
t HOLBACH (Paul Thiry, ba-
ron d' ) , membre des académies
de Pétersbourg, de I\!anheim et de
iierlin , né dans le Palalinat, mort
à Paris le 21 janvier 1789, à 66 ans,
éloit im minéralogiste instruit , un
amateur éclairé des arts et un philo-
sophe enjoué , bienfaisant et socia-
ble. C'est ainsi que le peignent ceux
qui ayant vécu avec lui pendant
plusieurs années ont dû le connoilre
mieux que J. J. Fiousseau qui le dé-
nigre dans ses confessions. Lorsque
Voltaire A'iiit à Paris en 1778 , il
alla au-devant de d'Holbach qu ou
lui auuoncoit , et lui dit : « Depuis
long-lemps, monsieur, je vous con-
uoissois de réputation , et vous êtes
un des hommes dont j'ai le plus dé-
siré l'estime et famitié. » Avec
beai^ccii!) de justesse d'esprit , d'Hol-
bach eut une grande simplicité de
mœurs, et madame Geoffrin disoit
de lui qu'il étoit simplement simple.
Limpératrice de Russie, lui fit de-
mander ses idées sur la législation ,
et en profila. On a de lui la Traduc-
tion de divers ouvrages allemands
et anglais dont il a éclairci le texte
par dexcellenlcs notes. 11 parvint
amsf h hâter les progrès rapides que
l'histoire naturelle et la chimie ont
faits depuis trente ans parmi nous.
Il a publié en outre , 1. L'art de la
Verrerie de Néri , 1762 , in,-4°- H.
minéralogie de Jf'allerius , i755 ,
2 vol. in-8°. m. Introduction à la.
minéralogie , 1756, 2 vol. in-12.
W. Chimie méfallutgique , traduite
dsGellert, 1708, 2 vol. in-12. V.
■■':''.iiures métallurgiques , traduites
d'Orschall, 1760, in- 12. VI. Pjri-
tologie , ou Histoire naturelle de la
V y ri te , traduite de Henckel , 1760,
iu-,:'|°. Vil. Essai d'une histoire na-
turelle des couches de la terre , Ira-
HOLB
diiite cle Lehmann , 1769 , in- 12.
VllI. L'art fies mines, traduit dn
même , 1 709 , iu-i 2. IX. (F.m res cle
Henckel , traduites de rallemund ,
1760, 2 vol. 111-4°. X. Traités de
p/iysiqi/s , traduils de Lelimanu ,
1-59, 5 vol. iu-i 2. XI. lieciteil des
Mémoires de chimie et d' histoire
naturelle des académies d'Upsal
et de Stockholm, traduits de l'alle-
niaud, 1764, 2 vol. in- 12. XII. Les
Plaisirs de l'imagination , poème ,
traduit de l'anglaisdAkenside, i75r),
in-8". XUI. Uu grand nombre d'ar-
ticles d'histoire naturelle , de poli-
tique et de philosophie dans la pre-
mière Encyclopédie. XIV. Elémens
de la morale universelle ou Caté-
chisme de ta nature , 1 790 , iii-i 2.
Ce petit livre reraarqualije par l'or-
dre, la clarté , la précision, est une
œuvre posthume. On lui attribue le
Système de la nature, ouvrage où
l'alhéisme esl mis en principe. Ega-
lement versédans la plupart des ma-
tières sur lesquelles il importe le ])his
à des êtres raisonuables d'avoir tnie
opinion arrêtée , le baron d'Holbach
porloitdaus leur discussion un jiige-
meul sain , nue logique sévère pt
nne analyse exacte et précise. Ce
u'i toit pas seulement un des liommes
qui avoient le plus de ventés dans la
tête , c'étoit encore un de ceux qui y
avoient le moins d'erreurs : avantage
très rare, même parmi les esprits de
son ordre, et qui le caractérise par-
ticulièrement. Quelque lYit l'objei de
sesentretiens avec ses amis ou même
avec des indilFérens tels qu'eu oRVeut
plus ou moins toutes les sociétés , il
mspiroit sans effort à ceux qui l'écou-
toieut l'enthousiasme de l'art ou de la
science dont il parloit; et ou ne le
quiltoit jamais sans regretter de n'a-
voir pas cultivé la branche particu-
lière de connoissances qui avoit l'ail
le su|et de la conv'ersalion , sans d<'-
sirer d'êtreplusiustrnit, j)luséclairé,
'l sur-tout sans admirer la clarté ,
la justesse de sou esprit et l'ordre
HOLB 473
dans lequel il savoit présenter ses
idées. Peu rlesavans ont été plus obli-
geans que le barou <! Holbach. Il pré-
toit facilement ses lis res , et les don-
rioitmême à ceux qui j)Oiivoienl s'en
servir avec milité. « Je suis riche ,
disoil-il: mais je ne vois dans la for-
lune qu'un instrument de plus pour
opérer le bien plus prouipti ment et
plus enicacemenl. » Quoiqu'il trou-
vai dans son cœur la récompense
d'une bonne action, il n'aiuioit pas
les ingrats, eldisoil encore: « Je ne
cours pas après mon argent; mais
un peu de reconnoissauce me fuit
plaisir , quand ce ne seroil que pour
trouver les autres tels que je les dé-
sire. » Il portoil dans la société cet
esprit d'observation que l'habitude
de la médilation ne donne pas tou-
jours, mais qu'elle rend plus sûr ,
plus utile, et sans lequel on ne con-
noit que l'homme abstrait , l'hoimné
idéal , mais non les hommes. 11 sa-
voit qu'il y a un art particulier de
l'aire le bien, et sur-tout de le rendre
d'une utilité générale et constante.
L'expérience et la réllexioii lui
avoient appris que le choix des
moyens les plus propres à opérer
uuy grande révolution dans les idées
< I dans les principes spé( ulalifs des
hommes n'étoit point indifférent, et
qu'on manque le but toutes les fois
qu'on veut l'alleindre avant que les
esprits soient préparés. C'est co qui
lui hl dire, dans ce style familier
que la conversation permet , à un
homme célèbre qui avoit occupé une
phu e 1res imporlante, mais que l'in-
llexible droiture de son caractère
avoit souvent empèclié de se plier
aux circonstances dont l'empire est
si absolu , si irrésistible : « Vous
étiez un excellent voilurier , et vous
meniez très bien votre charrette ;
mais vous aviez oublié la petite
boite de sain-doux pour graisser les
essieux, w
KOLBEIN (Jean ) , peintre, né à
4^4 HOLB
Bille eu 1498, morl de la pesle à
Londres eu 1 554 . ^ ^^ 'ins , mania ,
avec une égale facililé, le burin et
le pinceau. Erasme, son ami, l'en-
voya eu Angleterre au chancelier
Morus, qui le présenta à Henri VIIL
Morus, ayant un jour invité ce prince
à un festin , exposa à ses yeux les
chefs-d'œuvre du peintre, en le
})riant de les accepter. Henri , char-
mé des talens ei de l'artiste, demanda
s'il ne seroit pas possible d'avoir
Hoibein a son service. Morus alors
le fit appeler pour faire sa révérence
au roi, qui , en le uomraant son
peintre , dit à Morus : « J3 vous
laisse avec plaisir les présens que
vous vouliez me l'aire, puisque vous
m'en cédez l'auteur. » Ce morîarque
le fixa près de lui par sa protection
et par ses bienfaits. Hoibein lui de-
vint si clier^ qu'ayant osé repousser
rudement un comte qui vonloit en-
trer dans son cabinet contre l'ordre
du roi, et le comte s'en plaignant ,
le roi lui répondit « qu'il seroit
plus facile de faire sept comtes de
sept paysans , qu'un seul Hoibein
d'autant de comtes, w ( Voyez Dir-
KER. ) Ce maitre avoit un bon goût
de peinture , qui n'avoit rien des dé-
fauts du goût allemand. Ou remar-
que beaucoup de vérité dans ses por-
traits, une imagination vive et élevée
dans ses compositions , un beau fini
dans l'exécution : sou coloris est vi-
goureux, ses carnations sont vives,
et ses figures out nu relief qui séduit
agréablement les yeux. On lui re-
proche d'avoir fort mal jeté ses dra-
peries. Holbeiu Iravailloit , avec un
l'gal succès , en miniature , à goua-
clie , en détrempe et à l'huile. Il pei-
gnoit de la main gauche. Il atteignit
presque la perfection de son art
dans les premiers ouvrages qu'il
produisit. On rapporte que s'élaut
arrêté à Strasbour;^ lorsqu'il alloit en
Angleterre , il s'y adressa à un pein-
tre renommé pour lui dcmaufîer de
l'euvrage , ce qiu lui fut accords
HOLB
sous la condition qu'il donneroit un
échantillon de son talent. Hoibein
acheva en l'absence du maitre avec
tout le sdin possible un morceau de
peinture, peignit daus un coin une
mouche et sans dire mol à personne
continua son voyage. La beauté de
ce moiceau étonna le maître à son
retour; il devina l'auteur et admira
la mouche^ qu'au premier coup-dVeiI
ii avoit voulu chasser. Il fit à Baie
une Danse de Paysans dans le
marclu'aux poissons, et sur les murs
du cimetière de Saint-Pierre de Bàle
la Danse des inorls , qui attaque
toutes lescoudilionsde la vie. Rubens
faisoit un cas particulier de ce der-
nier morceau, traité avec une sorte
d'enthousiasme. La description en
a été publiée à Eale , 1 744 > '11-4° »
figures. Ou en a une première édi-
tion , Paris , i486 , in-folio. On
vante ses portraits de l'empereur
Charles V , de Froben , d'Erasme , et
de Hoibein lui-même. Ses prin-
cipaux ouvrages sont à Bàle et à
Londres. La galerie du Musée Napo-
léon possède quelques tableaux de
ce maitre. On peut en voir la liste
daus VéùiViQnAeV Encomium Morice
d'Erasme, avec les commentaires de
Listrius. Ou y trouve aussi sa Vie ;
c'est celle d'un prodigue et d'un dé-
bauclié. Erasme , qui avoit beaucoup
d'amitié pour lui, avoit vainement
cherché à l'éloigner du désordre dans
lequel ii vivoil : il lui avoit adressé
uu exemplaire de son Éloge de la
folie ; Hoibein, enchanté des portraits
qu'avoit faits Erasme des différeus
genres de folie , entreprit de les re-
présenter dans les dessins qu'il traça
sur cet exemplaire et le rendit à
Erasme. Celui - ci le lui renvoya
après avoir écrit le nom de Hans
Hoibein au-dessous d'un sujet dans
lequel le peintre avoit dessiné un
gros Hollandais embrassant d'une
main sa bouteille et de l'autre sa
maiiresse. 11oll)ein avoit tant de fa-
cililé , que , n'ayant pu répoudre ai*
HOLB
tliancelier Moriis qui lui dcmandoit
le iioiii cluii seigneur anglais qui
a voit quelques aimées aui»aiavaut
cherclié à l'engager à se rendre en
Angleterre , il ébaucha son por-
t/ait au crayon avec tant de vérité
que le chancelier le reconnut sur-le-
champ.
i HOLBERG (Louis, baron de),
né eti iG84à Bergen en Norwège ,
d'une famille noble, mais pauvre ,
obligé d'abord de faire le métier de
précepteur, parcourut ensuite la Hol-
lande , la France , l'Italie et l'Angle-
terre, et recueillit des counoissauces
en tout genre. De retour à Copen-
hague , il dev mt assesseur du con-
sistoire. Cette place le mit en état de
travailler suivant son goût. On le
vit tour à tour poète satirique , co-
mique, historien, moraliste. En 17212
il n'y avoit pas encore de théâtre eu
Danemarck ; Holberg se présenta
pour faire des pièces danoises , et en
donna jusqu'à sept volumes. Un vo-
lume de ses Comédies 3i été traduit
en français par *G. Fursman , Co-
penhague, 1746; in-8"; et n'a pas
été lu avec beaucoup d'empressement
parce que les plaisanteries ne sont
point assez hues , et que les sujets en
sont peu intéressans. Ce volume ren-
ferme quatre pièces, parmi lesquelles
on peut citer Henri et Pernillc ,
qui probablement a servi de modèle
à Marivaux pour sa comédie des
Jeux de l'Amour et du Hasard.
Nous ne considérerons Holberg ici
que comme historien et moraliste.
Son Histoire de jyaneniarck , en 3
vol. in-4", est la meilleure qu'où ail
donnée , quoique pleine de faits mi-
nutieux et dénuée d'agrément. Com-
me moraliste , il est connu par deux
volumes , intitulés Pensées Mora/cs ,
où , parmi un grand nombre «le pa-
radoxes et de trivialités , on ren-
contre quelques rétlexions justes, et
rendues d'une manière neuve et pi-
^uuiite : « L'avarice, dit-il_, est sem-
HOLD
475
blable à lattraciion générale décou-
verte par Newton : l'or attire les
avares eu raison de sa masse. » Elles
ont été traduites en notre langue
par Desroches, 17114, 2 vol. iu-12.
On lui attribue encore l'ouvrage in-
titulé lier sublerraneuni, de Kli-
nius , roman satirique dans le goût
du voyage de Gulliver , qui a paru
sous le nom supposé de Nicolas Kli-
nius. Holberg mourut à Copenhague
le 27 janvier i7.'J4 > laissant des ri-
chesses considérables , que ses ou-
vrages, sa place d'assesseur , et son
économie lui a voient procurées.
Comme il devoit presque tout aux
lettres , il voulut leur rendre la plus
grande partie de son bien. Il donna
soixante-dix mille écus à l'académie
de Zéiande , fondée pour réducatiou
de la jeune noblesse, et ce don lui
valut le titre de baron. 11 laissa aussi
un fonds de seize mille écus pourhs
dots de quelques jeunes demoiselles
choisies dans les familles bourgeoises
de Copenhague.
HOLCOLT oz/Hoi.kot( Robert),
dominicain , natif de Northainp-
tou, mort en 1049, a donné un
Ca/nmentalre sur le maitre des sen-
tences, 1497 , in-folio.
HOLD A, femme de Sellura ,
prophélesse à Jérusalem. Consultée
par le roi Josias sur le Livre de
la loi , trouvé dans le trésor du
temple, eu travaillant aux répara-
tions de cet édifice , elle annonça aux
envoyés du roi tous les maux que la
colère de Dieu alloit faire fondre sur
le peuple ; mais elle ajouta que , puis-
que Josias setoil humilié devant le
Seigneur, ces maux n'arriveroient
point sous son règne.
t HOLDEN ( Henri ) , théologien
anglais, quitta sa patrie pour cause
de religion, et vml se retirer dans
le collège des Anglais à D(Uiay , où
il demeura près de ciucj aus, sous
le nom tle Johnson; il vml ensuite
4'-6 lïOLD
recevoir le bonnet de docleur à Pa-
ris, et y fut assassiné chez lui vers
i665. C'étoit un liomme Irès-éru-
dit. On a de lui, I. jJivinœ Jide'i
ana/jsis , Cologne , i655. Ce pe-
tit ouvrage , réimprimé par Barbou
en 1766 , comprend toute l'écono-
mie de la religion, les principes et
les motifs de la foi, et l'application
tle ces principes aux questions de
coulro verse. Ce théologien raison-
noit plus qu'il ne couipiloit. Ses
définitions et ses divisions sont net-
tes, exactes, précises, et n'ont rien
de la barbarie scolastique. II. Des
Notes marginales, très -claires,
quoiqu'un peu courtes, sur le nou-
veau Testament. Il les publia eu
jGdo, 2 vol. in-i2.
* HOLDER (William), de la
société royyîe de Londres, et sous-
aumônier de sa majesté , né dans
le comté de Nottingbam , s'ac-
quit beaucoup de céléljnté en ap-
prenant à parler au fils du colonel
Popbam, qui étoit sourd et muet
de naissance; entreprise dont le suc-
cès étoit jusqii'alors sans exemple.
Holder opéra celte cure dans sa
maison de Blecliiugdon en i65g;
mais le jeune Popliam ayant été
rappelé chez son père , et ayant ou-
blié ce qu'il avoit appris de Holder ,
fut envoyé au docteur Wallis , qui
lui rendit l'usage de la parole. Hol-
der publia sur ce sujet un ouvrage
intitulé les F.léinens de la parole ,
Essai sur la J'ormation des lettres ,
suipi d'un Jppciidix sur les sourds
lit muets, 1669, in-8°. Il y expose
les moyens qu'il a employés pour
apprendre à parler au jeune Po-
piiam. En 1678 il fit paroîlre un
Supplénient aux Transactions phi-
lusup /tiques de ju'.llet 1670, avec
des Réflexions sur la lettre du doc-
teur Wallis , qui y avoit été insérée.
Cet écrit avoit pour objet de reven-
diquer l'honneur d'avoir instruit à
parler son jeune élève, que le doc-
HOLE
tenr Wallis avoit voulu s'attribuer.
Holder a donné un Traité sur les
fondemens naturels et les principes
de r hannonie , 1694» in-S" ; un
Discours sur le temps, considéré
par rapport au jour naturel, au
mois lunaire et à l'année solaire.
11 mourut en 1696.
* HOLDSWORTH (Edouard),
né eu 1688, mort en 174? , n'ayant
pas voulu prêter le serment qu'exi-
geoit le nouveau gouvernement ,
s'employa à accompagner, en qua-
lité de gouverneur , les jeunes gen-
tilshommes que leurs parens fai-
soient voyager sur le continent. 11
fit, en cette qualité, le voyage de
Rome en 1741 et 1744' On ^ de lui
un poème latin intitulé la Souri-
cière , qu'on regarde comme un chef-
d'œuvre dans son genre, et dont
le docteur John Hoadiy a donné une
excellente traduction anglaise dans
le tome V des Mélanges de Dodsley.
II. Une Dissertation sur les deux
VkHippes des Géorgiques de Vir-
gile, 1741, in-4* 111- Remarques
et Dissertations sur Virgile , pu-
bliées avec des notes par Spence
en 1768 , in-4°. Au rapport de sou
éditeur , Holdsworlh est l'un des
écrivains modernes qui a le mieux
entendu Virgile.
* HOLE (Richard), théologien
anglais, né à Exeter,.mort à Ex-
mof.th en i8o5, élève d'Exeter et
du collège de ce nom à Oxford , où
il prit, en 1771, le baccalauréat en
droit. En 1792, l'évèque d'Exeter
le nomma recteur de Farringdon ,
au coujté de Devon. Il fut ensuite
vicaire de Inwardleigh. Hole a pu-
blié un très-grand nombre d'ou-
vrages, entre autres mie Traduc-
tion poétique du Fingal d'Ossian ,
à laquelle il a joint une Ode à l'Ima-
gination. Eu 1781, il publia une
Traduction de l'Hvmne supposée
d'Homère ù Cérès. jPeu après parut
HOLl
le Roman épique d'Arthur, avec
des noies ciiiieiiscs. 11 a p:ihlie en-
core des P^eniarqucs sur les iMiile et
une Niiils, dans lesquelles il donne
l'origine des voyages de Sinbad , el
d'autres Hclions orienlales, 1797 ,
in-i 12. On trouve plusieurs C.les de
lui dans le Kecueii de poésies des
auteurs du Devonshire el du Cor-
nouailles, 2 volumes; et ei^lin , les
Essais de la société d'Exeler , eu
179G, doivent beaucoup à sa plume
élégante.
* HOLINSHED ( Raphaël ) , his-
torien anglais, fameux par les Chro-
niques qui portent son nom. On ne
connoit ni le lieu de sa naissance,
ni aucune des circonstances de sa
vie. Ses Chroniques parurent en
1077, en 2 v. in-fol. ,el furent réim-
primées en 1587, en 3 vol., dont
les deux premiers sont communé-
ment reliés en ini seul. On a sup-
primé, dans le second el le troi-
sième volume de celte seconde édi-
tion , quelques passagf^s qui pou-
voient offenser la reme Elizaljelh
et son ministère, mais ils ont été
réimprimés à part, lloliushed n'est
pas le seul auteur de celle vaste col-
lection , il eut plusieurs collabora-
teurs. Le premier volume com-
mence par une Description histo-
rique de rile de Bretagne, par Will
llarrison , suivie d'une Histoire
d'Angleterre, depuis qu'elle fut ha-
bitée, jusqu'au temps où elle a été
conquise , par lloliushed. — Le se-
cond contient la Description et l'His-
loire du royaume d'Irlande, parRi-
char Slanduirst: la conquête d'Ir-
lande, traduite du latin de Giraldus
Camhrensis par John Hooker ; la
Chronique d Irlande, faisant la con-
tinualiou de celle de Giraldus jus-
qu'à l'an L^nq, par P. Flalsburie ,
Henri de Mnrlel)orow , Eeluiund
Campian, et R. llolinshed, et de-
puis cette époque inscpi'en ifiSG,
^)ai- R, Suaihursl el J. Hooker : la
HOLL 477
Description d'Ecosse , traduite du
latin d'Hector lioéthius; l'Histoire
d'Ecosse jusqu'en i.T7ij par llo-
linshed, continuée jusqu'en i586
par Francis BoUeville. — Le Iroi-
sièiiie volume commence à Guil-
laume-le- Conquérant , et coutieut
les rois et reines d'Angleterre de-
puis telle éjioque jusqu'en 1677,
par llolinshed ; la conUuutaion, jus-
qu'en i586, est de John Slow, Fr.
Thin, Abraham Fleming , et d'au-
tres. Ou conjecture , d'après Tho-
mas Héarne , qu'Holinshed est mort
de 1678 à iSSa.
HOLKER ( Jean ) , d'abord raa-
nufaclurier de Manchester, ensuite
officier des troup'S irlandaises en
France , obtint la croix de Saint-
Louis, établit à Rouen des manu-
factures de coton et de laine dans
le genre de celles de Manchester ;
service qui lui mérita la ])lace d'ins-
pecteur-général des maniifaclures.de
France , et mourut à Rouen en avril
1786.
HOLL ( François -Xavier ) , je'-
suile, né à Schwaudorf, dans le
Haut-Palalinal , après avoir ensei-
gné les belles-lettres, se consacra
entièrement à l'étude du droit ecclé-
siastique de l'Allemagne, et fut pro-
ièsseur pendant vingt-six ans dans
les plus célèbres universités de l'em-
pire. Il mourut à Heidelherg le 6
mars 178 j, à 64 ans. On a de lui
plusieurs ouvrages, entre autres,
Stafi.siica Ecclesice gei/nanicœ ,
Heidelherg, 1779, 111-8° , plein de
reclierches sur la discipline ancienne
et moderne de l'Eglise, sur ses usa-
ges et ses lois , avec des o!>servalions
utiles el inléressanles. 11 éloit oc-
cupé à mettre en ordre les maté-
riaux pour le second volume, lors-
que la mort l'enleva.
* HOLL AND (Philémon),
médecin anglais, né vers lâ.'ii à
Cheluilord, luorl eu iG.iG, élevé
47B HOLL
sous la conduite du doclçur "Wlùt-
gitl, à Cauibridge , oA il fut reçu
docteur en médecine, s'établit à Co-
ventry, et y tint une école libre;
en mèuie temps il pratiqiioit la mé-
decine, liollancl a donné un grand
nombre de Tiadurtions, dans les-
quelles oii distingue celles de Tile-
Live, d'j Pline le naturaliste, de la
Cyropédie de Xéuophon , et du Bri-
tannia de Cambden.
* HOLLAR (Wenceslas), né
à Prague esi 1607 , grava avec suc-
cès en plusieurs genres, et excella
particuliereiaenl dans les paysages ,
les animaux et les vues de villes.
Il a voit commencé à se faire coti-
noitre avantageusement en Alle-
magne, lorsque le comte d'Aruudel,
nommé ambassadeur auprès de l'eni-
perciir Ferdinand II, se l'attacha et
l'emmena eu Angleterre à son retour.
Hollar y fut accueilli et constam-
ment occupé ; mais tout entier à
son art, il ne relira pas ce ses ta-
lens et de sou assiduité tout le fruit
qu'il en auroit pu attendre, s'il eût
été plus attentif à la conduite de ses
intérêts. On cite de lui , dans l'im-
mense collection des pièces qui com-
posent son œuvre ^ une suite de 28
planches , intitulées Ornatus mulie-
bris aiigUcaniis , où sont représen-
tés les habillemens des femmes an-
glaises de toutes les conditions. Il
fut envoyé par la cour de Londres
à Tanger, pour lever sur les lieux
le dessin des villes et des paysages
adjacens , et chargé ensuite de la
même commission dans le nord de
l'Angleterre. 11 mourut à Lonlres,
chargé de dettes, le 28 mars 1677.
* HOJXEBECK ( Ewald ) , pro-
fesseur de théologie à l'université
de r.i^yde , où il est mort le 24 oc-
toljre J796, réunissoii à beaucoup
de science de la modestie , de la
modération et de la sagesse , et il
semble s'être peiul Jiu-mème dgus
HOLL
sa harangue J)e f/teologo non pcrè
ortliudoxo nisi verè pio. Il lit faire
en Hollande \\\\ grand pas à l'élo-
quence sacrée , eu s'élevant contre
le mauvais genre de prédication
qui y étoit en vogue de son temps ,
et qui s'y étoit maintenu depuis la
réforination. Il fit soutenir à cet
effet des thèses en faveur de la mé-
thode anglaise de prêcher.
HOLLÉRIUS. Voy. Houllier.
* HOLLERUS (Biaise), médecin ,
né à Weimar dans la Thuiinge,
Horissoit dans le 16'' siècle. On a
de lui les ouvrages suivans : I. JT/o/-
hoium curandoriim , ex Gale.nl
prœcipuè sentenlid , breuis institu-
tio , utilis medicis et chirurgis ,
Basilese , i.t'ïG, in-8°. II. In jusjii-
raiidum Hippocratis comnienta-
rius , ibid. , i.^fiS, in-S". III. In
Hippocratis librum de naturâ ho-
rninis comnientarius , Argentorati,
iS.f^S, in-8°.
* I. HOT.LES (Thomas Pki ham),
duc de Newcastle, né en 1698,
mort en 1768, succéda à sou père
dans la baronnie de Pelham , et à
son oncle Jean HoUes, dans le duché
de Newcastle. Défenseur zélé de la
maison de Hanovre , il obtint , en
récompense de ses services, plu-
sieurs places honorables. Peu après
l'avènement du roi actuel au trône,
il donna la démission de ses places,
et lord Bute lui succéda.
* II. HOLLES (Denzil, lord ) ,
un des cinq membres du long parle-
nient que le roi Charles demanda
quand il vint à la chambre des
communes, naquit en j 597, et mou-
rut en i()8o. Holles, d^ine austère
sévérité , se montra toujours à la tête
du parti presbytérien, en opposition
•"' Cromwel et aux indépendans. A
la restauration, il fui nommé pair
d'Angleterre.
HOLL
* HOLLÎNG ( Edmoud ) , origi-
naire du duché de Bavière, prit le
bounet de docteur eu me'decine à
lugolsladt , où il exerça sa proies-
sioii: il a douué plusieurs ouvrages.
I. JJe chylosi , lioc est , prima
ciborum , quœ in ventricuh fit ,
concocliorte,pro uetcri mcdicojum
scholâ , clisputatio , Ingolstadii ,
1692, iu-8". II. Medicamenlorum
CEcuiiomia nova, ibid. , 1610,
1610, iu-S".
t HOLLTS ( Thomas ) , genlil-
homnie anglais , lié à Londres en
1720 , et dont les mémoires , impri-
més avec un très-grand luxe eu 1 780,
eu 2 vol. in -4", ont été enrichis
d'un très-grand nombre de gravures
de la main des artistes les plus dis-
tingués. Possesseur d'une grande
fortune, ami de l'indépendance, il
se distingua par la singularité de
sou caractère et par un amour ar-
dent de la liberté. De retour à
Londres de ses voyages , dans pres-
que toute l'étendue du continent ,
il ne voulut occuper aucune place.
Tout entier à ses idées, il rassembla
une grande collection de médailles
et de livres, dans l'intention, di-
8oit-il , de propager l'amour de la
liberté, de conserver la mémoire
de ses défenseurs , de rendre odieuse
la tyrannie et ceux qui la soutien-
nent, d'encourager les arts et les
sciences. Il lit don à la bibliothèque
de lierue d'une suite de livres choi-
sis , qu'il lui lit présenter de la part
d'un Anonyme anglais , passionné
pour la libellé , pour son pays
et son excellente constitution , telle
qu'elle a été établie depuis l'Iieu-
reuse révolution. La Suisse , Ge-
nève , Venise, Leyde, la Suède et
la Russie eurent part à ses fa-
veurs , ainsi que le collège de
Harvard. Ses libéralités envers quel-
ques individus et quelques sociétés
publiques furent nombreuses , et
sout consignées dans ses Mémoires.
lïOLM 479
Il mourut d'apoplexie en 1774' Si
cet homme singidier eut des parens,
on put voir que ses afreclions pri-
vées n'avoient ])as sur lui le uiOme
empire que son zèle palrioque ; il
laissa sa fortune toute entière à uu
ami qui partageoit ses opinions et
sou enthousiasme. Il lit présent au
collège deSiduey à Cambridge d'un
portrait original de Cromwel , qui'
y avoit été élevé. Un jour le feu
ayant pris à sa maison , il en sortit
fort tranquillement , n'emportant
avec lui que le portrait original
de ]\Iiltou. Il fit imprimer à ses
frais et sous sa direction une édi-
tion de la vie de cet apôtre de l'in-
dépendance , par Toland , en 1761.
Deux ans après, il donna une édi-
tion très-soiguée des Discours de
Sidney sur le gouvernement , et
n'épargna aucunes dépenses pour
ces deux entreprises. Dans la vue
de conserver la mémoire des héros
que leur patriotisme lui reudoit
chers , il changea le nom des fermes et
des domaines qu'il possédoit, pour
y substituer le leur ; et pour le der-
nier trait de singularité que nous
citerons de lui, il voulut être en-
terré dans uu champ voisin de son
habitatiou , à dix pieds de profon-
deur , et ordonna de labourer le
terrain aussitôt, afin qu'il ne restât
aucune trace du lieu de sou inliu-
mation. Il ne s'offensoit point lors-
qu'on lui reprochoit sa singularité;
il paroissoit en être tlatté , et , loin
de s'en plaindre, il avouoit qu'il
l'alTectoit dans le dessein de se fair»
une réputation qui put éloigner ceux
qui contiarieroient ses idées.
* I. HOLMES ( George ) , né à
Skiplon dans le comté d'Yorck ,
mort en 1748 à l'âge de 87 ans,
fut chargé en 1707 de la garde des
archives de la tour de Londres. Ou
doit à ses soins la réimpression en
1727 des 17 volumes de Jiymeri
Fœdera , doul la précédente édi-
48o
HOLO
tiou étoit devenue très- rare. Voy.
Rymer.
* II. HOLMES (le docleiir Na-
thaniel ) , ihéologiea non - confor-
niisle, très - versé dans la laugiie
hébraïque, mort en 1678, t'iil dé-
possédé de la dire de Saiule- Ma-
rie-Staining à Londres, pour uou-
couformllé. Entre les autres ou-
vrages de Holmes , on distingue nu
livre intitulé La Résurrection ré-
vélée , iii-ful. , 1654 , écrit eu faveur
du Niltenium.
* m. HOLMES (Robert), sa-
vant ihéolegieu, né au comté de
Hamps , mort en 1806, élevé de
l'école de Winchester, et ensuite
du nouveau collège à Oxford , \)n
il fut reçu docle\ir en 1786 , lut
nommé en 1790 professeur de
poésie , et composa ui;e ode pour
célébrer l'iiislallation du duc de
Porlland à la place de chancelier de
l'université. En 1791') Holmes en-
treprit de comparer tous les manus-
crits de la P^ersion des iieptanle
de l'ancien Testament , et il donna
5 vol. iu-fol. de ce travail ; il fut
nommé chanoine des églises deSa-
lisbury et du Christ, et doyen de
Winchester. Les autres ouvrages du
docteur Holmes sont, 1. Discours
sur la résurrection des morts, in-
4°. II. Les Conjérences de Bernp-
ton, in-8°, 1782. lll. Des Traités
de théologie, in-8°. IV. Une Or/e
intitulée ^///Àer/, avec six Sonnets,
in-q". Une Lettre, eu latin adressée
à l'évéque Barrington , sur la con-
cordance des Scjilante , in-fol.,et
la Prophétie de Daniel sur Théo-
dore , iu-4°.
HOLOPIIERNE , général des ar-
mées de Nabncliodonosor , roi d'As-
syrie , marcha avec une armée de
120,000 hommes d'infanlerie , et
1 2,000 de cavalerie, contre les Is-
maélites , les IMadiauiles , et les
HOLS
autres peuples circouvoisins. Après
les avoir réduits par la terreur de
son nom , et la force de ses armes ,
il se tlisposa à attaquer Béthulie ,
vers l'an &54 avant J. C. ( Voyez
AcHiOR. ) La situation avantageuse
de cette ville ne lui periqit pas d'eu
faire le siège. Il voulut l'obliger de
se rendre , en coupant l'aqueduc
qui fournissoit de l'eau à ses habi-
laus Les assiégés étoient réduits à
la dernière extrémité, lorsqu'une
jeune veuve , très-riche ettres-beile,
enirepnt de les délivrer. Parée de
ses plus beaux habits, elle pas.sa
dans le caniii d'Holoplierue , qui ,
charmé de sa beauté et de son es-
prit, la reçut avec transport, et
lui permit de faire tout ce qu'elle
voudroit. Quatre jours après , le
général assyrien donna un grand fes-
tin , et invita Judithà passer la nuit
a\ec lui. Tous les officiers s'étant
retirés, et la veuve, se trouvant
seule avec Holopherne profondé-
inent endormi , lui coupa la tète,
et vint la pendre aux murs de Bé-
thulie. Les assiégés profitent de la
frayeur que cet événement a voit
jetée dans le camp des assiégeans,
les poursuivent , les taillent eu
pièces , et s enrichissent de leurs
dépouilles. Le grand -prêtre de Jéru-
salem vint voir Judith ; il la bé-
nit, et lui donna toute la dépouille
il'Holonherne. Elle célébra par un
cantique le ineurlre qu'elle avoit
commis. Voyez Judith.
* HOLST ( Jacques), médecin, n«
à Tonningen , ville de Dauemarck,
et mort dans cette ville eu 1680 , a
j)ul)lié dijférens ouvrages sur l'as-
tronomie, la chronologi»^ et l'his-
toire des hcvres ; mais ce qu'il a
l'ait de plus considérable est resté
manuscrit. C'est un triple Com-
nicnlaire sur la médecine de Celse ,
dont il a corrigé le texte. Jean-Hen-
ri Secleu en adoimé un essai ù Lu-
beck.
HOLS
I. H.OLSTEIN ( N... comte de ) ,
minislre el secrétatie d'éuil eu IJaiie-
liiarck , rciiuissantaiix coiiuois-aiiLes
poliliques et diploiiialniues raïuour
(It^s lettres, el le desir de leur èlre
mile, toii'la , en 1742 , l'acadéuiie de
Coiieiihague , qu'il présula jusqu'à
sa mort , arrivée au t oinnienceuitut
de j -65. Celle acadéiuie , Ibrnu-e de
2-1 uienibres , a publié plusieurb
volumes de mëuioires.
* II. HOLSTEIN ( Cornenie ) ,
peiulre d'hisloir.-, ué à ilarlem eu
j535 , a lait, dans la salle des
orplielius d'Amsierdam , le beau
lableau représentant Lyeurgue dé-
clarant son neveu héritier pré-
somptif de ses biens. Ou cite encore
de lui nu Triomphe de Bacchus ,
•A^^fi'L bien dessiné et d'une très-
belle couleur.
m. HOLSTEIN-GOTTORP. V.
Adolpiik , n" IV.
i HOLSTENIUS (Luc). Ce savant,
né à Hambourg , quitta la France où
son érudiliou ra\oit fait conuoiire ,
pour se rendre à Rome auprès du
Ccudinal Barberiu.e! olUnit , par le
crédit de son protecteur , un cano-
uical de Sl-Pier;e , et la place de
garde de la bibliothèque du Vatican.
(Jn l'envoya , en i655, au-devaul
de la reine Christine de Suéde ,
dont il reçut la procession de loi à
Inspruck. Un jugemenl solide , un
savoir profond, une critique judi-
cieuse , un style pur el net , voilà
les qualités des écrits de ce sa\ant.
i,a plupart ne consistent qn't'// notes
el en dissertations répandues dans
les ouvrages de ses amis. Il mourulle
2 février iGCm, à 65 ans. Le cardinal
lîarberiii lui lit élever un tombeau.
On a imprimé de lui Codex rcgu-
laruni /nonasticaruni et canonica-
/u/.'i , Augsbouvg , 17.59 , en 6 vol.
iu-lbl. Ilickuis trou va dans les pa-
])iers de Hoslténius des notes et des
1,01 reciions savantes el consiiitrables
T. VJJ!,
IIOLT
4Bï
sur la Géographie d'Etieune Je By—
sauce, Leyde, in-fol. 1684 ou 1692.
llolsléniiis trattuisil aussi la Vie de
Fylliagore , écrite parPorphire, Ro-
me, i63o, grec el latin, in-8"; l'orna,
de notes el d'une Uissertalion assezs
curieuse sur la vie et les écrits de
ce dernier. Ruhnkeuius, dans sa dis-
sertation de v'ilâ et scriptis Longi~
ni, dilque celte dissertation est un
modèle d'exactitude et d'érudition
en son genre. Il publia le premier
le'l'riiitéde la Chasse de Xéiioplmu,
qu'il traduisit du grec en latin. Ou
a aussi imprimé de lui , a Rome , eu
1666, deux dissertations De mi-'
nistro et forma sacramenti Confir-
mationis apud Grœcos. Ses Cou-
vres posthumes sont inférieures à
celles qu'il publia de sou vivant.
Holsténius , né luthérien , dut sa
conversion à l'Eglise romaine aux.
soins du P. Sirmond jésuite.
*HOLT (sir John), chevalier ,
lord chef de justice de la cour du
banc du roi sous le roi Guillaume,
excellent jurisconsulte avant d'être
un grand magistrat , naquit en 1642
à 'l'hameau comlé d'Oxford. En 1700
le roi Guillaume le pressa vaine-"
ment d'accepter le grand sceau que
lord Somers venoit de quitter ;
Holl s'en défendit sous le prélexla
qu'il n'avoil pas les qualités que de-
inandoit utie si éminenle ])lace , et
conlinua à remplir ses fonctions de
chef de justice pendant 22 ans. U
sy fit remarquer par son assiduité
au travail , sa fermeté, son inté-
grité el la counoissance prolbnde des
devoirs de sa place. 11 présenloit ses
idées avec beaucoup de netteléetde
précision , metloil beaucoup de mé-
thode dans ses raisonnemens et >jne
grande habiietéà saisir les nuai.'res
qui distir.guoient les objets sor.Kiis
à son examen lorsqu'ils pouvoienl
présenter une fausse ressent iijancf).
Pendant son exercice , 'ine tJmenle
popula i re b'éle va dons UoîîKirn a l'ot»
482 HOLW
casiou de l'emprisonnenien l de quel-
ques persounes des deux sexes des-
tinées à êlre envoyées aux colonies ;
le peuple ailoil démolir la maison
qui les renfernioil, on y envoya uu
détachenieul des gardes ; ceUu qni
les co'.nmandoit députa un olBcier
au lord chef de justice pour l'iu-
fornier de ce qui se passoit cl lui
dem.inder d'adjoindre a leur troupe
quelqu'un envoyé de sa part pour
en imposer plus aisément au peuple
niuliné Et s'il résiste , répond
HoU,que ferez-vous? Nous avons
ordre de faire feu. Eli bien ! s'i'l y a
uu seul homme de tué et que vous
soyez poursuivi eu justice, vous et
vos soldats serez pendus. Retournez
à cenx qui vous ont envoyé, dites-
leur qu'aucun de mes officiers n'ac-
compagnera la troupe ; que les lois
du royaume ne s'exécutent pas par
la force des armes , et que le pou-
voir civil na rien de commun avec
eux. — Sur cela il s'y rendit avec
quelques huissiers et quelques com-
missaires de quartier , et sa seule
présence dissipa le rassemblement.
Holl mourut en 1709, âgé de 68 ans.
* HOLTZEMIUS (Pierre), doc-
teur en médecine, ué à Deventer ,
premier médecin et conseiller du
prince Ferdinand de Bavière, élec-
teur de Cologne, mourut dans la
ville de ce nom eu i65i. Parmi les
ouvrages qu'il a laissés, les princi-
paux sont , I. Pi-ogitosticon uitœ et
mortislibnsdvobits, versu Rkyth-
inico conscriplarn , Colon iaj, iGo.'i ,
in-8°. 11. Essentia htllebori ex-
trada , tbid. , 1616 , iu-8°. ni. Es-
ientLa/ieUeboiirediviva,i\i. , 1625,
in-8°; et 1675 in-12. IV. De admi-
randd. ciirafionc scroli pus! gan-
g/C;naindelapsiepislola. On trouve
Cf U<! lettre dans ia cinquième ceu-
tuiic des observations chirurgicales
d'ililden.
* TIOL'VSŒLL (Jc;ui-Zéphauias) ,
genliihoraiac tm^lais de beaucoup de
HOMB
mérite, gouverneur du Bengale, et
l'un des Anglais qui , en 1766 , fu-
rent renfermés dans la Fosse-Moire
à Calcutta, mort en 1798, a donné
ima Rei a tion de cet événement, et
plusieurs Mémoires- sur les affaires
de l'Inde.
* HOLYDAY (Barlen ) , né en
i.''i95 , mort en 1661 , archidiacre
d'Oxford , connu par ses poésies et
distingué dans sa prédication autant
par son éloquei;ce que par sa popu-
larité , a publié , I. 20 Sermons prê-
ches en diflerentes (ccasions. II.
Philosophiœpolito-barbarœ spéci-
men ia qiio de anima ijuœstiunes
aliqitut illuslrantur, i633, in-4''.
m. kcvue du monde , poème eu
dix chauts , 1661 , in-S". IV. Tra-
dnciious des Satires de Juvénal et
de Perse ; c'est celui de ses ou-
vrages qui est le plus estimé, la tra-
duction en est plus exacte qu'élé-
oante. La seconde édition de celle
de Perse parut en 1616 , et la qua-
trième a été imprimée à la suite des
Satires de Juvénal, enrichie de no-
tes et de gravures , 1673 , iu-fol.
* I. HOLYOAKE ( Francis ) ,
né dans le comté de \Varwick eu
1667 , mort en iB53 , s'est lait cou-
noitre \ii\r nn Vidionnaire étymo-
logique de la langue latine , dont
ia première édition parut en 1G06 ,
in-4" ; et la quatrième, avec beau-
coup d'augmentations, en i635.
* 11. HOLYOAKE ( Thomas ) ,
iils du précédent, né à Sonlham eu
1610, mort en 1670, docteur en
théologie, médecin, et capitaine dans
l'armée royale, obtint un bénéhce
à la restauration. Thomas a aug-
menté le Dictionnaire de son père,
et en a donné en 1677 une édition
iu-fol.
HOLYWOOD. rojez Saciîo-
EOSCO.
■;- HOMBERG ( Guillaume ) , Hls
H 0MB
<\\\n ^'^PiHilhoinme saxon leliré à
Batavia , où il uaqiiil en j65i ,
éuuiia (Va])ord dans les principales,
universités d'Allemagne et dlialip,
ensuite eu France , passa eu An-
f^leterre , et retourna en Fran-
ce , où il fut arrêté par ks offres
avantageuses du grand Colbert. H
se fit catholique eu 1682 , et fut
dcsliérité par son père pour avoir
changé de religion. 11 entra alors en
grande liaison avec l'abbé de Cha-
luceL, depuis évèque de Toulou ,
fort curieux, de chimie. Honiberg
('•toit trop habile pour croire à la
])ierre ])hilosophale , et trop sincère
j-'jMi" >ouloir entêter personne de
celte vaiue idée. Mais un autre chi-
miste , avec qui il travailloit chez
l'aljbé de Clialucet , voulut tirer son
associé de son incrédulité. 11 (iouna
en pur don à Homberg un lingot
d'or prétendu philosophique ; mais
réellement de bon or , qui vaioit
environ quatre cents francs, (lelte
tromperie , comme il ravor.uil de-
l^iiis , lui vint ibrt à propos ; mais il
eut bientôt de plus grands secours.
Ses P/josp/w/es , son Pyrop/iore ,
une ]\]ac/iiiie pneumatique de son
invenliou , plus parfaite que relie
de Guericke ;ses JÙicruscupes , très-
simples, très-commodes, très-exacts;
ju'usieurs découvertes en thimie lui
ouvrirent les portes de l'académie
des sciences •. il y fut reçu en 1691.
Le duc d'Orléans, depuis régent du
royaume , instruit de sou mérite , le
lit son premier médecin, et le prit
auprès de lui eu qualité de physi-
cien. Ce prince, qui avoil un goût
particulier pour la chimie, lui donna
une pension et un laboratoire où
rien ne manquoit. Homberg mou-
rut le 2-1 sei)tembre 1710 , laissant
plusieurs Mémoires dans) ceux de
l'académie , mais sans avoir publié
aucun corps doux rage. «Son carac-
tère d'esprit , dit Foutenellc , est
marqué dans tout ce qu'on a de lui ;
inie alleulion ingénieuse sur tout,
HOME 4,S3
qui lui fai.-oit naître îles observa-
tions où les autres ne voient rien;
une adresse extrême pour démêler
les routes qui mènent aux décou-
\erles; une exactitude qui , quoique
scrupuleuse , savoit écarter tout l'i-
nutile , toujours un génie de nou-
veauté, pour qui les sujels les plus
usés ne l'étoient point. Sa manière
de s'exi)liquer étoil toul-à-l'ail sim-
ple , ruais méthodique , précise , et
sans superduité Jamais on n'a
eu des mœurs plus douces ni j)lus
sociables ; il étoit même homme de
plaisir : car c'est un mérite de l'être ,
pourvu qu'on soit en même temps
quelque chose d'opposé. Une philo-
sophie saine et paisible le disposoit
à recevoir, sans trouble, les difl'e-
rens événemeus de la vie , et le ren-
doit incapable de ces agitations, dont
on a .quand on a eut, tant de sujets.
A cette tranquillité dame tiennent
nécessairement la probité et la droi-
ture. » f'oY. le tome XIV des Mé-
moires du P. NIcéron , ((ni a donné
une liste des (liJJ'éreiis morceaux de
physique et de chimie dont il orna
les Journaux et les Mémoires de
l'académie.
1. HOI\IE ( David) , ministre pro-
testant ,dune famille distinguée d'E-
cosse , fut d'abord attaché a l'Eglise
réformée de Duras, dans la Basse-
Guienue , puis à celle de Gergeau
dans l'Orléanais. Jacques P'' , roi
d'Angleterre , le chargea de pacifier
les duTéreus entre Tileuus et du
Moulin , louchant la Justification ;
et même , s'il étoit possible , de
réunir tous les théologiens protes-
taus de lEurope en une seule et
même doctrine, et sous une unique
confession de foi •. mais ce projet ne
fut point exécuté. On a de Home
divers ouvrages. le plus considé-
rable e*;! Davidis Humii apvlngia
Basilica , seu Hlac/iiaueli ingenium
examinatum, 1626, in-Zi". On lui
attribue deux Satires contre les je-
484 TIOME
suites. I. Le contre-assassin , ou
Jiéponse à l' Apologie des jésuites .
Genève, 1612 , iu-b)° de 091 ]);iges.
II. \J Assassinat du roi , ou Maxi-
mes du VlelL de la Montagne l'a-
tlcane et de ses assassl//s , prati-
quées en la personne de défunt
Henri- le- Grand , 1617 , in-S" de
H'î pages. Ou a aussi de lui plu-
sieurs Pièces de poésie latine dans
les Dellclœ Po'élarum Scotoruni
d'Artus Jonstou, Anisierdam, iGSy,
2 vol. in-i:2.
* II. HOAIE ( Henri) , lord Kai-
MES,iié en Ecos5.e, fut du petit uom-
bre des hommes qui réunirent aune
grande connoissance des lois tous
les avantages que peut donner l'é-
tude de la littérature. Parvenu à la
place la plus émineule à laquelle
un jurisconsulte pût atteindre dans
sa patrie , s'il ne se plaça pas au pre-
mier rang des littérateurs , il s'éleva
fort au-dessus de la dernière chisse
(le ceux qui ont quelque droit à l'es-
time publique. Son premier ouvrage,
intitulé Essais sur dlfférens sujets
concernant les antiquités britan-
niques ^\^2kXw\. &\\ 174*^- I,'auleur eut
pour but de rappeler ses concitoyens
à cet esprit de paix que les dissen-
«ions politiques avoieut éloigné. Cet
ouvrage l'ut suivi de ses lissais sur
les principes de la morale et de
la religion naturelle^ i75i , iii-8°,
el l'ort bien accueillis. L'année sui-
vante , Home fut honoré du titre de
lordKaimes En 1769 , il publia son
ouvrage , intitulé Illstorlcal law ,
iii-S" , et en 1760 , The prlnclples
of equlty , in- fol. Dans l'une et
l'antre de ces productions , l'auteur
s'attache à réunir les principes de
la politique et de la philosophie à
ceux de la jurisprudence. Trois ans
après parurent, eu 1762, ses Elé-
mens de critique , en 5 vol. in-8'^ ;
el en 1777, l'ouvrage intitulé T//e
gentleman. Farmcr , belng an at-
iempC ta i/nproue agriculture, in-8°.
HOME "^
En 1781 il publia ses Pensées dé-
tachées sur l'éducation , parllcu-
llèrement en ce qui concerne la for-
mation du cœur , in-8° , el termina
sa carrière littéraire en mettant au
jour son Nlstol/e de l'homme , qu'il
mlituia modestement une ébauche
(sketch ). On peut je regarder en effet
comme un recueil de lieux communs,
mais, même sous ce point de vue,
l'ouvrage est digue des plus grand»
éloges; il est instructif, amusant,
et mérite l'attention du législateur ,
du politique , du moraliste et de
l'homme religieux. Lord Kaimes
mourut le 26 décembre 1782,
HOMÉLIUS (Jean), né à Mem-
mingenl'an i5i8, professeur de ma-
thématiques à Leipsick et dans plu-
sieurs villes d'Allemagne , inventa
un grand uombre d'instrumens de
celle science , et s'acquit l'estime
de Mélanchthou el de l'emperenr
Charles-Quinl. Il mourut en 1662,
sans avoir eu le temps de faire im-
primer ses ouvrages.
t H0[\1ERE , le père de la poésie
grecque, d'abord appelé Méleglsène,
parce qu'il étoil né auprès du tleuve
Mélese; mais dont on ne connoil pas
le lien de la naissance, ttorissoit vers
l'an 3oo après la prise de Troie, et
980 avant J . C. Sept villes se dispu-
tèrent l'honneur de lui avoir donna
le jour :
Smyrnii, KliuJos , Colopfwn , Salamis , Cfiios:,
^4rgo-i , Jltienm ,
Orbis de patrid certat , Homère , tud.
L'opinion la plus commune est que
ce patriarclie de la littérature erroit
dans ces sept villes, récitant ses ou-
vrages , el trouvant , par ce moyen,
celui de subsister. On l'a comparé
aux troubadours , poètes des siècles
d'ignorance , et aux chansonniers
ambulans de nos jours. La sagacité
avec laquelle il décrit tout ce qui
concerne l'art de la guerre , les
mœurs el les coutumes des peuples
HOME
étrangers, les lois et la religion des
iliiliirentes coulrées de la Grèce, la
siliialioa des villes et des pays,
prouve qu'il avoit beaucoup voyagé.
Quelques suvans prélendenlquc, .sur
la i\n de ses jours , il leva une école
a Chio,el qu'on voit encore à quatre
milles de celle ville les sièges des
disciples et la chaire du maître creu-
sés dans le roc. Us ajoulenl qu'il s'y
maria , et qu'il y composa son Odjs-
séd. C'est un poëme épique , dans
lequel il chante les voyages et les
aventures d Ulysse après la prise
de Troie. L'Odyssée n'a ni le feu ni
la majesté de VJ/iade , elle annonce
le déclin du poêle ; mais c'est encore
la vieillesse vigoureiuse d'Homère ;
t'est, comme le dit Lougin , le soleil
(ouchant qui n'a point la force de
son midi , mais qui a toujours la
même grandeur. Onue trouvepoint,
dans ce deruier ouvrage, celle forme
dramatique qui donne à l'Iliade tant
de mouvement , tant d'intérêt ; le
poëte , dans l'Odyssée, s'abandomî'-,
au plaisir de raconter. Mais son génie
se retrouve encore dans plusieurs
épisodes altachans , dans îa descrip-
tion des mœurs , dans des discours
d'une éloquence douce et insinuante.
]| avoit enfanté auparavant l'Iliade,
laquelle a pour objet la colère d'A-
cliille , si pernicieuse aux Grecs , qui
mirent le feu à cette ville. Ces deux
poèmes sont la première et la plus
ancienne histoire des Grecs , et le
tableau le plus vrai des mœurs an-
tiques. Suivant l'opinion deM. "Wolf
et de quelques littérateurs, les poé-
sies d'Homère n'ont été conservées
que par la tradition orale, puisque
l'écriture n'éloil point encore en
usage du temps de ce poéSe. H re-
garde l'Odyssée et plusieurs chants
de l'Iliade comme l'ouvrage des
imitateurs d'Hojnère ou poêles ho-
raérides. Pisislrale, eu recueillant
les diverses copies des deux poëmes ,
mit dans chaque chant la liaison qui
lui parut nécessaire. Depuis ce lia-
HOME
4Bj
vail , les rhapsodes qui chanloieul
publiquement les vers d'Homère
altérèrent son texte et changeieul
fon slyle , d'après les locutions des
lemps où ils parurent. La (îrèce ,
reconnoissanle envers le poète qui
l'avoit immortalisée, lui éleva des
slalues et des temples , voimne aux
dieux et aux héros. 11 eu avoit un
à Smyrne , un autre à Alexandrie.
Les anciens croyoienl avoir assez
bien prouvé une chose , quand ils
prodiiisoient le moindre passage d«
cet auteur , jKuir appujer leurs opi-
nions , ou pour résoudre leurs dou-
tes. Si Homère a eu des leinples, dit
un homme d'esprit, il s'est trouvé
bien des iiitidèbs qui se sont moqué»
de sa div.in!lé. Zoile , il y a près de
deux mille ans , n'oublia rien pour
renver<-cr l'idole. Perrault , dans le
17" sifcle ,et l.a Molhe dansie 18' ,
l'un et l'autre ignorant legrec,hrenl
des eflbrls aussi vains et encore
plus ridicules. iVialgré Lurscris, Ho-
mère recueillera toujours d'immor-
tels hommages, comme le preu^ vr
et l'un des plus grands peintres d«
l'héroïsme et de la verlu :
Zi'ïle en vain de sa gloire imirmni-e;
L'aigle .sulilimp , insensible :\ l'injure.
Brave d.iiis l'.iir le crii! du vil lorliean ,
Il pldît loiijoiirs , il sera loniours beau.
Comme les cieux, les iners el la iiHlure,
Ses dëtracleurs ont bien peu degoîil,
s'ils ne sont animés par sa ])pésie
vive ,no]:)le , pleine de force , d'har-
monie , et embellie par lu coloris
le plus brillant. IMais ses plus zélés
admirateurs auroieul aussi sur les
yeux un bandeau trop épais , s'ils
ne voyoienldaus Ylliade, et sur-tout
dans VOJissce , des harangues d'un
sublime ennuyeux , des descriptions
trop chargées, des épilhetcsmal pla-
cées , des comparaisons trop peu va-
riées , des longueurs et des endroits
foibles. Nous ne parlons iioint du
reproche qu'on lui fait , de n'être })as
assez noble dans ses peintures. Ses
dieux, dit-on, sont extravagans, el
4H6
HOME
ses héros grossiers ius;jii'à la riisti-
cilé. C'esl renioclier à un peinlre
d'avoir cloiiuc' à ses (igiires les habil-
îemeiis de son siècle. Homère a peint
les dieux tels qu'on les c.royoit , et
les hommes tels qu'ils ètoient. « Je
ne suis phis maître de mon admira-
tion , ;^ dit un littérateur distingue,
quand je vois Homère s'élever et
planer pour ainsi dire sur l'univers:
lançant de toutes parts ses regards
embrasés ; recueillant les feux et les
couleurs dont les objets se de'cèlent
à sa vue ; assistant au conseil di-s
dieux, sondant les replis du cœur
humain ; et bientôt riche de ses dé-
couvertes, ivre des beautés de la
nature, r\^ pouvant plus supporter
l'ardeur qui le dévore , la- répandre
avec profusion dans ses tableaux et
dans ses expressions ; mettre aux
prises le ciel avec la terre , les pas-
-•lions avecelles-mèmes; nous éblouir
par ces traits de lumière qui n appar-
tiennent qu'au génie ; nous entranier
par ces saillies de sentiment qui sont
l' vrai sublime ; et toujours laisser
dans notre ame une impression pro-
fonde qui semble retendre et l'a-
grandir : car ce qui distingue sur-
tout Homère, c'est de tout animer,
et de nous pénétrer sans cesse des
jnouvemeus qui lagitenl ; c'est de
tout subordonner à sa passion prin-
cipale, de la suivre dans ses fougues,
dans ses écarts , dans ses incouse-
quences ; de la porter jusqu'aux nues
et de la faire tomber , quand il le
faut , par la force des seiilimens et
de la vertu , comme la flamme de
l'Etna , que le vent repousse au fond
de l'abîme : c'est d'avoir saisi de
grands caractères , d'avoir différencié
la puissance , la bra\oureet les au-
tres qualités de ses personnages, non
par des descriptions froides, fasti-
élieuses, mais par des coups de pin-
ceau rapides et vigoureux, el par
des lictions neuves et semées pres-
que au hasard dans ses ouvrages. »
D'autres liltéraleurs lui préfèrent
HOME
Virgile. On pourra juger s'ils ont
raison , par ce parallèle des deux
poètes, donné par Trublet : « Ho-
mère est plus poète, Virgile est un
poète plus parfait. Le premier pos-
sède, dans un degré plus émiuent ,
quelques-unes des qualités que de-
mamle la poésie ; le second réunit un
plus grand nombre de ces qualités ,
et elles se irouvent toutes chez lui
dans la [iroportion la plus exacte.
L'un cause un plaisir plus vif, l'au-
tre un plaisir plus doux. L'homme
de génie est plus frappé d'Homère ;
l'homme de goût est plus toiKJié de
Virgile. On admire plus le premier,
ou estime plus le second. Il y a plus
d'or dans Homère : ce qu'il y en a
dans Virgile est pins pur et plus
poli. Celui-ci a voulu être poêle, et
i! l'a pu ; celui-là n'auroil pas pu ne
le point être. Si Virgile ne s'éloit
pas abandonné à la poésie , on uau-
roit peut-être point soupçonné qu'il
étoil Ires-capable d'y réussir. Si ,
par impossible, Houiere, méconnois-
sant son talent pour la poésie , eût
d'abord travaillé dans un autre
genre, la voix publique l'auroit
bientôt averti de sa méprise , ou
peut-être seulement de sa modestie:
on lui eût dit qu'il éloil capable de
quelque chose de plus. Homère est
un des plus grands génies qui aient
jamais été ; Virgile est un des plus
accomi>lis. L'Enéide vaut mieux que
l'Iliade: mais Homère valoit mieux
que Virgile. Une graiule partie des
défauts de l'Iliade sont ceux du siè-
cle d'Homère; les défauts de l'Enéide
sont ceux de V^irgile. I! y a plus
de fautes dans l'iliiide , et plus de
défauts diuis 1 Eiu'ide. Fv rivant au-
jourd Inii , Homère ne feioit pas les
fautes qu'il a laites : Virgile auroit
peut-être eui (,re se; d« fauts On doit
V'igili'à HouT re. f)u ignore si ce-
lui-ci a eu des nio{'.tlos ; maison sent
qu'il pouvoit s'en '^asser. Il y a plus
(!e laien». ei d'abondance ('.ins Ho-
mère , plus d'art et de choix dans
HOME
Virgile. L'un el l'autre sonl pein-
tres : ils peiguenl loiite la nature ,
el le choix est admirable dans tous
les deux ; mais il est plus gracieux
dans Virgile, et plus vif dans Ho-
mère. Homère s'est plus atlaciië que
Virgile à peindre les caractères , les
mœurs des hommes ; il est plus mo-
ral : et c'est là , à mon grë , le prin-
cipal avantage du poêle grec sur le
poète latin. La morale de Virgile
est meiiiiure : c'est le mérite de son
siècle , et l'effet des lumières acquises
d'âge en âge ; mais Homère a plus
de morale : c'est en lui un mérite
propre el personnel , l'effi t de son
tour d'esprit particulier. Virgile a
surpassé Homère dans le dessin el
dans l'ordonnance. Il viendra plu-
tôt un Virgile qu'un Homère. Nous
ne devons poinl craindre que les
fautes d'Homère se renouvellent , un
écolier les éviteroit ; mais qui nous
rendra ses beautés ?. . . » Alexandre
faisoit ses délices de la lecture du
poète grec. Il le mclloit ordinaire-
ment sous son chevelavec son ëpée.
11 renferma l'Iliade dans la précieuse
cassette de Darius , «atin, dit ce
héros , que l'ouvrage le pUis parfait
de l'esprit humain fût renfermé
dans la cassette la p]us précieuse
dn monde. 11 appeloit Homère ses
provisions de l'art militaire. Voyant
un jour le tombeau d'Achdle dans le
Sigée : «O fortuné héros, s'écria-t-il,
d'avoir en un Homère pour chanter
tes victoires !... » Outre l'Iliade el
l'Odyssée , on a attribué encore à
Homère un poème burlesque , in-
titulé la Batraclioinyomailde, que
plusieurs de nos poètes, entre au-
tres Koivin , ont traduit en vers
français, et des Hymnes et frag-
inens à' Hymnes , qui, s'ils ne sont
pas de lui , datent du moins de la
plus haute antitiuilé, el , au juge-
ment de Ruhnkeuius, dans la pre-
mière de ses Fpistulœ criticœ , qui
roule en grande partie sur ces mê-
mes poèmes , respirent la belle sim-
HOME
4B7
plicllé et l'élégance native du prince
des poètes. Chrétien-Frédéric Mat-
ihœi a depuis peu découvert à
Moscou nne Hymne d'Homère à
Cérès , demeurée inconnue jus-
qu'alors , on du moins (jue l'on
croyoit perdue , et un Iiagment
d'une Hymne à Bacchns ; il en ht
pari à Ruhnkenius , c^ui publia ces
morceaux précieux àLeydeen 1780;
et cette première édition s'étant ,
par accident , trouvée incomplète,
Ruhnkenius en donna une seconde
en 1782, à la suite de laquelle il
réimprima ses deux Fpistolœ cri-
licœ , qui avoient paru pour la
])remière fois en 1749 ^^ i75i.
Nicolas Ignarra a fait imprimer à
Naples, eu 1781, Emendaùones
IJymnl Homerici in Ccrerem ;
prœmillitur ejusdem hymni noti-
lia , jud'uiiim , œtalis divinatlo ;
brochure in-8° de 02 pag. Ignarra
ne croit pas que l'hymne à Cérès ,
nouvellement découverte, soit la
même dont Pausanias a fail men-
tion ; il la rapporte même à un àg»
postérieur à celui de Pausanias , et
il la suppose cousue de différens
lambeaux. Sou opinion n'a pas paru
d'un grand poids à l'auteur de la
Bibliolheca cril.. , 8*^ part. , p. 6-8.
L'Hymne à Cérès a été traduite en
vers latins par Laurent Vaii San-
teii , et en italien par le profes-
seur Lamljerti. Nous avons de belles
éà\ lions d'Homère en grec, avec des
noies; 1° cells de Florence, ii)88,
2 vol. in-fol., a.vec les commentai-
res de Démétrius Chalcondyle ; 2"
celle de Rome, i542 et i.55o, avec
Us commeiUaires d'Eustalhe, 4 vol.
in-fol.; 3° celle de Glascow, 1756,
2 vol. in-fol. Les belles éditions grec-
ques et latines sont, 1° celle de Schré-
vélius ,I/eyde , i656 , 2 vol. 111-4";
2° celle de Baruès , 1712, 2 vol.
in-4°; 3'' celle de Clarke , 17.^4 5 4
vol. in-4° ; i\ lédiliou grecque eL
latine donnée par J.-Aug. Ernesti,
Leipsick, 1709 — 1764, eu 5 voL
48o
HOME
in-8''; 5* enfin, celle donnée par'
F.-Angiist. W>>lf, I.eipsick, i8o.| —
Î807 , 4 vol. in-8° , dont le texte
est regarde aujourd'hui comme lo
meilleur que nousnyons de ce prince
des poëleà grecs. Dans les prolégo-
ïTièiies relatifs anx écrits d'Homère ,
M. Wolfa ëinis plusieurs opinions
qui out été réfutées dans un petit
ouvrage du savant académicien Ste.-
Croix , Paris, 1798 , in-8°. La meil-
leure édition de l'Iliade a été ])u-
bliëe par C.-G. Heyne, E.eipsick,
1802, en 8 vol. "in-8°. Madame
Dacier en a donné une traduction
française, 1711 à 1716 , Paris ^
6 volumes in-12. On les orne quel-
quefois des figures de Picart , qui
ont été faites i)our l'édition de Hol-
lande. Il y en a mie édition pos-
térieure , de Paris , en 8 vol. Bi-
taubé a douné une traduction ey
prose fie l'iliude, eu 5 vol. in-8° ,
1780. 11 en a paru en 1777 une
nouvelle très-bien écrite, 3 volu-
mes in-8° et in- 1 2, par M. Le Brun,
aujourd'hui archilrésorier et prin-
ce de l'empire. Rochefort a tra-
duit en vers l'Iliade et l'Odyssée ,
4 vol. in-S° , Paris , 1772. La ver-
sion du premier poë'me a entière-
ment fait ou1>lier l'ouvrage de F. a
Mothe , dont nous pnrlerotis ail-
leurs. ( Voyez HouDARD. ) Gin a
donné une superbe Edition grec-
que et française des œuvres d'Ho-
mère,- trailuction nouvelle, 178G,
en 8 volumes in-4° , et 7 volumes
in-S°. Enfin on possède depuis quel-
ques années deux versions, en beaux
vers Intins , des deux poèmes d'Ho-
mère ; >m voici les titres : îlorneri
liias latinis verslbus expre.'isa
à Raimu/ido Cunlchio JRagiisiiw ,
Rom as, 1777- — Ilo/ncrl Odvssœa...
à Bernardo Zamagna, Ragitsino ,
Senis, 1778. Quoiqu'il n'y ait rien
de constant sur l'histoire d'Homère,
îious croyons devoir citer quelques
circonstances rapportées par divers
fcavans; ils lui donnent pour nicre
HOMM
Crithéis , et pour maître Phéniins
ou Pronapide , qui enseignoil à
Smyrne les belles-lettres et la mu-
sique. Phémins, cbarniéde la bonne
conduite deCrilhéis,répou'^a et adop-
ta son Kls. Après la mort de Phé-
rnius et de Crithéis, Homère hérita
do leurs Liens et de l'école de son
\)he. Un maitre de vaisseau , nom-
mé Mentes , qui étoil allé à Smyrne
pour son trafic , enchanté d'Homère,
lui proposa de quitter son école et
de le suivre dans ses voyages. Ho-
mère , qui pensoil déjà à son Iliade',
s'embarqua avec lui. 11 paroit cons-
tant qu'il parcourut toute la Grèce,
l'Asie mineure, la mer Méditerra-
née , l'Egypte et plusieurs autres
pays. Après diverses courses , il se
relira à Cu!»*es, où il fut reçu avec
transport. H profila de cet enthou-
siasme pour demander d'être nourri
aux dépens du trésor public; mais
ayant été refusé , il sortit pour aller
à Phocée , en faisant cette impréca-
tion : « Qu'il ne naisse jamais à
Cumes de poète pour la célébrer! »
Il erra ensuite en divers lieux , et
s'arrêta dans l'ile de Cliio. Quelque
temps après, ayant ajouté à ses
poèmes beaucoup de vers à la louan-
ge des villes grecques, sur- tout
rl'Athènes et d'Argos ,-iI alla à S.i-
nios , où il passa l'iiiver. De Samoi
il arriva à To , l'iiiK^des Sporades ,
dans le dessein de continuer sa route
vers Athènes; mais il tomba malade,
et y mourut dans l'indigence vers
l'an 920 avant J. C. Un olîicier
Iiollandais au service de la Russie
découvrit en 177^ ^'^i tombeau pré-
tendu d Homère à Nio (ancienne-
ment lo ) ; c'est vn sarcopha^^e , de
quatre pieds de large sur sept de long.
l'oy. Aristvrque, n" 11; Apoi.-
LONius, n° 'VI : ArciiÉlaus, n° VI ;
Alcinous , n° 1 , et Calarer.
* IIOMMEL {Ch:(rles-Frédéric),
écrivain allemand, né en 1722,
mon en 1781 , a composé un grand
HOMM
îinmUre rVonv rages, cloiil les jirin-
cipaiix .sont , 1. J)e Icgutn civilium
et naturallum nali/râ. II. Ohleaa-
iiienla juris J'tudalis , à/ue i^ram-
maticœ observatioiies in jus rei
c/ie/tle/aris el antiquitales genna-
filcasvarie il/ustia/ites. l!l. Corpus
juris civiUs cuni nutis variorum..
t HOMME Y ( Jacques ), religieux
de l'ordre des auguslins, du cou-
vent de Bourges , né à Séez , tnorl
à Augers en 1715, âgé de fiq ans,
Ires-inslruit dans les langues ialiue,
grecque et hébraïque, a donné,
J. Millelaquiuni saint i Gregurii ,
Lyon, iG85 , in-iol. II. Supple-
nicnlum patrurn , Paris , ifi^f),
>n-b° : il y rapporte tout au long
t'u latin une histoire de Fioridan ,
du manuscrit de Nicolas de Clcmau-
gis , des œuvres duquel il témoigne
dans la préface de ce supplément
avoir dessein de donner une (Sdition
in-rol.^augnientécde plusieurs trai-
tés et anecdotes. Ces deux ouvra-
ges furent hien reçus. 111. Diariiim
Jùiropœum : compilation , d'après
It-s gazelles , de ce qui s'est p'assé au
commencement du 18'' siècle: peu
goûtée et qui ht exiler sou auteur
a ]3ar-le-Duc, à la sollicitation de
l'ambassadeur de 'Venise, qui Iroii-
va que l'auteur avoit parlé en ter-
mes trop forls de la salisiaclion rpie
la rét)ublique avoit faite au roi sur
lu Hn de 1702. Quelques années
avant , le père Hommey avoit aussi
été exilé de Paris par l'intrigue de
l'archevêque du Harlay , qui , vou-
lant obtenir eu faveur de sa sœur
la démission de l'abbaye de Porl-
Royal, à laquelle avoit été nommée
la sœur du religieux , attribua le
refus à celui-ci, qu'il fit éloigner de
Paris par son provincial. Hommey
avoit encore fait un Milleloquium
sancli Iljeronimi Chrjsosloini.
_ t HOMMONb (Charles-François
r ) , né à Chaulnes près de Noyou
eu 17 28 , s'attacha à rinslriicliou
HOMT 48,,
puhlique. Après avoir été principal
d'un collège de province , il eut la
modestie de veuir à celui d^u cardi-
nal l.e Moine à Paris pour y pro-
fesser les basses classes, sans vouloir
jamais monter aux classes supérieu-
res. L'assemblée du clergé lui ac-
corda une gralihcalion sans qu'il
l'eût sollicitée. Cet homme simple
et modeste mourut à Pans le .ii dé-
cembre 179/1. Ses ouvrages , des-
tinés aux éludes , sont divers ylbré-
gés utiles, écrits avec goût. I. De
piris illustribus iirhis Jxomœ. C'est
un in-24 quia eu un grand nombre
d'éditions. II. Elérucns de la gra/n-
niCiire latine , in-i a. L'adoption d'i
celle grammaire fut un grand événe-
ment dans les collèges ; les uns y sou-
teuoient l'excellence de celle de Tri-
cot ; un plus grand nombre lui llient
préférer celle de l'Hommond. Dans
la première déclinaison , il avoit
substitué le mot rusa la rose , à
l'ancien mot musa la muse : la rose
a triomphé. III. Elémens de la
grajnrnaiie française , in-12. Ces
deux ouvrages ont ol>tenu des édi-
tions sans nombre. IV. Abrogé de
l'Histoire de l'Eglise , in -12. "V.
Voctri ne chrétienne, iu-i 2.VI. Epi-
tome Historiée sacrœ , in-12. VII.
H/ s foire abrégée de la religion ,
1791 , in-î^.
HOIVIOUEI ( SfgTîorello ) , fameux
junsconsulte du i4^ siècle, né à
Milan , est auteur d'un ouvrage es-
timé dans son temps , intitulé Ne-
potitiones juris civil is,lMgà., 1 553,
in-lol. — Deux cardinaux , Louis
HoMODEi ,mort en i685, et un au-
tre Louis HoMODKf , sou neveu ,
mort en 1706, ont illustré cette
famille.
t HOMTORST ou Hoxtorst
(Gérard) , peintre , élève de Bloe-
maërt , né k Utrechl en ifnja , alla
à Rome pour se perfectionner, et
chercha à imiter la manitre du Ca-
ravage. Il passa en Angleterre, oii
4oo HONG
il lu pour le roi plusieurs lableaux,
11 se iixa à La llaye , avec le litre
«le peintre du prince d'Orange , pour
<jiù il en iil beaucoup. Homlorsl
t'xcelloit à rei)rëseiiter des Siijels de
nuit, et passe pour le premier de
son art dans ce genre de peinlnre.
On voit, entre antres, de lui, chez le
roi de Bavière, \ Enfant prodigue
parmi les prostiluccs ; dans la ga-
lerie de Dresde, une Vieille comp-
tant son argent à la lueur d' une
lampe ; \nie ar.tre Vieille et un
^irracheur de dents , éclaires de
même , etc. ; et an Musée Napoléon ,
le portrait de Charles-Louis , élec-
teur palatin , et celui du prince Rn
bert, son l'rère , la Servante de Car-
phc y qui fit renier J. C. }>ar saint
Pierre , et Pilate se lavant les
mains. On regarde comme ses plus
beaux tableaux d'histoire uae IJes-
ic/ite de Croix et un .S'. Sébastien ,
fait pour la cathédrale de Gand. Il
liiouriil à l'âge de 67 ans.
IIONAiM, Arabe, traducteur de
tous les ouvrages d'Aristote , par or-
dre d'Ahnunioiiu , septième calife
abbasside , obtint , dit-on, pour cha-
que livre de ce ])htlosophe , autant
d'or que l'ouvrage pesoit. Honam
étoit chrétien , et tlorissoit dans le
9'^' siècle.
*HONCAMP (Malhias) .chanoine
de Magonza , tîoris.soit vers la fin
thi 17*^ siècle. On a de lui , I. Sacrœ
S<riptu}'œ et sanctonim Pairum
apologia , in qud non solum re-
verendis^ patris Simeonis Itichard,
ordinis omtorii , liber , sed et quo-
rnmdam liollandiœ theologorum
super cnmde/n libriim judiciutn
examinanlur , Mognntiîe , 1690.
11. Expositio mystica et moraiis
J'ivangeliisecundum Mattheum eu m
iridiée i opiosu , maxime ad usum
concionatorum , Moguntiae , 1690,
7) volumes in-H". Ouvrage précédé
d'une instruction nécessaire pour les
Éauitcs Ecritures cl pour l'Evangile.
HOIND
* T. H0N1)ERK:00TE[\ (Gilles),
excellent peintre, né à Utrecht en
1 585 , \>ii\g\\G\l le paysage d'un style
admirable, ai les jleuis avec une
exactitude et nue vérité précieuses.
1 1 HONDERKOOTEK { Mel-
chior ), fils du précédent , peintre,
né a Utrecht en iBjG, inorl dans
la même vdlle eni(H)ô, à 61 ans,
excelloità peindre les Jnimaux e.\.
sur-tout les Oiseaux, dont il repré-
sentoii parfaitement la plume. De
plus , il oruoilses fonds de paysages
bien finis. Sa louche est ferme et
large , son pinceau gras et onctueux.
Ses tableaux sont peu connus en
France, parce que les Hollandais en
sont fort curieux , et qu'ils les ven-
dent fort cher. Il y en a trois dans la
galerie de Vienne , représentant des
Oiseaux de basse-cour ; et quatre
dans le Musée Napoléon ; savoir ,
V Entrée des animaux dans l'ar-
che , le Concert discordant , exé-
cuté par les oiseaux , un Combat
de coq contre un poulet d'i/ide , et
un autre Combat de coq contre un
corbeau , en présence d'un paon ,
d'un pélican et d'autres animaux.
Ces tableaux viennent des conquêtes
de la grande armée sur la Prusse
eu iSob et JS07.
* I. HONDIUS ( Abraham ) , pein-
tre hollandais, né à Pioterdani en
i6,SS, mort en 1P91. Sls onvrages
se distinguent par le feu de la com-
position. Le principal représente
V Incendie de Troie. On y admire
la disposition des figures , la cor-
reclion du dessin, et la touche libre
et hardie. Il a sur-tonl peint des
Chasses , et il excelloit dans les
yînimaitx et IsJ^ajsage.
II. HONDIUS ( Josse ) , ué à
Wackerne , petit bourg de Flan-
dre, eu ibCiT) , mort en 1611 , à
/j8ans, apprit sans inailre hgraver
et à dessiner sur le cuivre et sur
l' 'ivoire , cl à J'ondre les caractères
lîONE
d'imprimerie. 11 exccUoil dans lous
ces génies. Il s'adonna aussi à la géo-
graphie , et pul)lia un ouvrage inti-
tulé Descriplio geograp/iica or-
lis terrannn , 1607 , lu-folio. —
Un aaire Hondius , ou peut-être le
même, a fait imprimer un Trai/é
d'y/rtillerie , où , en parlant du siège
d'Anvers par le duc de Parme , il
fait mention de brûlots inventés par
Pierre Timmerman , ingénieur 11a-
maud , de forme triangulaire , rem-
plis de poudre et de pierres, et pres-
que en tout semblables à ceux dont
les Anglais, en iSo.j , oui fait usage
près de Boulogne.
* l. riONDT ou HoNOius ( Hen-
ri) est le plus habile graveur de
loushs îlondl.On a de lui uu grand
nombre de jPg/Z/ïî/Za' estimés , d'a-
près I.ULas de Leyde, Le Titien,
Van Dyck, Wildens, Mjleus , Mi-
reveldl et autres maîtres.
*il. IlONDT ou IIoNDiu.s (Guil-
laume), iils du précédent , a gravé
plusieurs E.stampes , entre autres ,
son portrait d'après Van Djck, celui
de François Franck, dit le jeune ,
d'après le même, etc.
HONE (George- Paul), juris-
consulte , né à Nuremberg en 1662,
lonseiller du duc de Meinungen ,
ftt bailli de Cobonrg , où il mou-
rut en 1747-1 à 8.5 ans , a donné
divers ouvrages en latin , dont les
plus connus sont , 1. Iter juri-
dicum per Beigiam , Angliam ,
(ialliam , Italiam. II. Lexicou
iopographicum Franconiœ , etc.
111. Lj Histoire du duché de Saxe-
Cobuurg. IV^ Des Pcusécs sur la
suppression de la mendicité , etc.
Ces deux derniers écrits sont en al-
lemand.
HONERT ( Jean Van den ) , né eu
jGc)3 , dans un village près de i)or-
drecht, éludioil régulièrement qua-
torze heures par jour. Il devint pas-
teur et professeur en théologie, en
H ors G
49»
histoire ecclésiastique et en élo-
quence sacrée à I.eyde , où il mou-
rut l'an 1758, à 63 ans. On a de
lui un très-grand nombre d'ouvra-
ges, la plupart polémiques.
HONESTIS ( Pierre de ) , qu'il
faut distinguer du cardinal Pierre-
Uamien , al)bé de Sainte-Marie-dn-
Port , près de Ra venues, écrivit les
lièglcs de celle abbaye, et mourut
en I I I q , regardé comme vn homme
aussi pieux que savant.
HONG-KILA, femme de Ilupi-
lav , cinquième empereur des I\lo-
go!s , renommée pour ses vertus
et sa modération. Son époux ayant
conquis , en i 276 , imo grande partie
de la Chine, envoya prisonnier à
Changtn , capitale de la Tartarie ,
l'empereur Kont-Song , et toute sa
famille. Hong-Kila leur prodigua
lous les soins de l'humanité. Lors-
qu'on étala les trésors c<mqnis , toute
sa cour les contemploit avec de
grands transports de joie; l'impé-
ratrice au contraire répandit quel-
ques larmes , et c'adressant à Hu-
pilay : «Seigneur, lui dit-elle, les
dynasties ne sont pas éternelles ; ju-
jez par la révolution qui précipite
celle des Song , ce qui peut arriver
à la vôtre. » Hong - Kila cessa de
vivre en 1281.
HOxNGNANT. Fojez Houtte-
vii.Lx;.
t HONGRE (Etienne le ) , sculp-
teur parisien , reçu à l'académie
royale de peinture et de sculpture
en 1628, mourut en 1690, âgé
de 62 ans. Ce mailre célèbre parmi
les artistes du siècle de Louis XIV
eml)fllil les jardins de Versailles de
plusieurs ouvrages ; tels sont une
ligure représentant Wlir; Ver-
tu mue en therme ; Pomone , autre
therme. C'est d'après son modèle
que fut fondue la statue équestre de
Louis XIV érigée à Dijon.
4fp HOKO
* HONORANTE ( Romuald ) ,
né à Ascoli clans la Marche d'Aii-
côue , passa une partie de sa vie
à Rome, où il oblint un cauo-
iiicat ,el fut estimé pour sa probité
et son savoir. 11 mourut dans uu
iige avancé vers 1775. On a de lui ,
I. Direftorio degli esercizy spi.rl-
luali per gll ordinandi , Rome.
II. Dircllorio per gli imrocchi e
co/ifessori , Rome.
t I. HONORAT ou Honoré
(saint ) , archevêque d'Arles , et
fondateur du monastère de Lérins ,
d'une famille illustre des Ga\i!es ,
sans quou sache précisément de
quel pays. Son père, qui étoit païen,
voulut inspirer à son fils le f,oût
du monde , mais il ne put y réus-
sir. Honorai embrassa le christia-
nisme , et passa en Grèce, où il
vécut dans la solitude. Saint Ve-
nance, son frère, le compagnon de
son voyage et de sa retraite , étant
mort à Métonne, Honorât retourna
en France, et choisit l'île de Lérins
pour y vivre solitaire. 11 n'y demeura
pas long-temps inconnu ; Une foule
de personnes vinrent se mettre sous
sa conduite. Il leur lit hàlir un mo-
nastère vers 4'0 » ^^ Ips quitta
malgré lui pour occuper le siège
d'Arles.
TI. HONORAT , évèque de Mar-
seille vers 594 , succéda à Sabinien ,
el se distingua par sa piété , sa pru-
dence , sou éloquence, et sa facilité
à parler sur-le-champ sur les ma-
tières de la foi. Il coinposoit des
discours en forme d'homélies pour
combattre les hérétiques. Le pape
Gélase rendit uu témoignage avan-
tageux à sa doctrine , et Connade
en fait un grand éloge. Nous avons
de, lui la F^ie de sain/ Tlilaire d' Ar-
les, qui se trouve dans le Saint-
Léon du P. Quesnel , et avec le
Saint-Prosper , imprimé à Rome,
il'Si y in-8°.
HOiNO
HONORATCS. Voy. Antonjis
et Servius , u° II.
L HONORÉ ( les papes ). Voyez
HoNORius I et suivans.
II. HONORÉ le SoHlaire , ou
diAalun^ parce qu'il étoit théologal
de l'église d'Autun , célèbre par
ses ouvrages sous le règne de l'ejn-
pereur Henri V, vers l'an 1120,
a publié , I. De prœdcslliia-
t'ione et gratiâ , dont fédilioii
la plus exacte est de 1621. 11.
De himinaribûs F.cclesiœ. C'est
un recueil d'écrivains ecclésiasti-
ques. III. Un Traité de l'office et des
cérémonies de la messe , intitulé
De ge/nmd aiiimœ. \\[. Et ô' autres
écrits, la plupart iini-rimés aéparé-
meut. 11 s'en trouve quelques-uns
dans la Bibliothèque des Pères.
III. HONORÉ, de Cannes , petite
ville de Provence auprès d'Antibes,
célèbre capucin du 17'' siècle , prèclia
avec succès à la cour et à la ville.
Son éloquence étoit celle d'un apô-
tre , sans aucun ornement. Le
père Bourdaloue , un de ses admi-
rateurs , disoil « que le père Ho-
noré faisoit rendre à ses sermons
ce que l'on avoit volé aux siens. »
1 IV. HONORÉ DE Sainte-
Marie , appelé dans le monde
Pierre Fauzelle , né à Limoges en
i6.^)i , prit l'habit de carme déchaussé
eu 1671 , et mourut à Lille en 1729.
Ce savant religieux a publié divers
ouvrages , dont les principaux sont ,
I. Reflexions sur les règles et sur
l'usage de la critique , touchant
l'Hisloire de l'Eglise , les owrages
des Pères , les actes des anciens
martyis , les Vies des saints, etc.
avec des notes historiques , chro-
nologiques , en 5 vol. 111-4". Kaus
cet ouvrage, rempli de recherches et
de dissertations curieuses , érudiles ,
et la plupart sur des points impor-
tans, l'auteur manque quelquefois
HOiNO
lui-même de critique, quoiqu'il en
donne de boiîues règles , princi-
])alcmenldans sou premier voUime,
qui esl le plus estimé, 11. La Tra-
(lilinn des Pères et des auteurs
ecclésiastiques sur la cunlcmpla-
tiun , avec un Traité sur les motifs
cl la pratique de l'amour divin,
trois volumes in - i 2 , ouvrage
traduit en italien et en espciguol.
m. Un Traité des indulgences
du jubilé, in -12. IV. Des Dis-
sertations historiques et critiques
des ordres militaires , 171^, iu-
4°. V. Observations sur l'His-
toire ecclésiastique de Fleury ,
jn-i -2 , dont la première édition pa-
rut, sans nom de lieu ni d'impri-
meur ( Mal ines , Laurent Van der
Elsl , 1726); la deuxième à Ma-
hnes , 1727 , et la troisième au
même lieu en 1729.
t HONORIA ( Justa - Grata ) ,
fille de Constance 111 et de Plàcidie ,
née à Raveunes en 4^7 o" 4^^ ?
reçut à l'âge de 16 ans le titre
d'Auguste ; mais elle déshonora peu
de temps après cette dignité en
s'abandonnant à Eugène, intendant
de sa maison , commerce qui eut
des suites visibles. Chassée du ])alais
impérial, elle lut envoyée à Cons-
tantiuople , où on la garda très-
élroiteuieut jusqu'à la mort deThéo-
dose-le-Jenne, arrivée en 4''0. Mar-
cieu lui ayant rendu la liberté, elle
revint en Italie, et voulut partager
l'empire d'Occident avec son frère
Valentinien. Mais ce prince ne s'é-
taut point prêté à ses vues , elle
fit
del
ger pour sa dot la moitié de l'empire.
On répondit aux ambassadeurs du
prince hun qu'elle éloit mariée , et
que quand même elle ne le seroil
point, son sexe l'excluoit de toute
prétention au gouvernement. La
guerre funeste qui suivit ce refus
ayant été terminée , Honoria passa
lïOISO
493
proposer à Attila, roi des Huns, changèrent rien à l'état des c
lademanderen mariage, et d'exi-'J Cependant il failoit de l'argen
le reste de ses jours en Italie. Ou
ignore l'année de sa mort.
t l. HONORIUS, empereur d'Oc-
cid'.nt, tils de l'empereur Théodose
et de Flacille , né à Constanlinople
le 9 septembre 58-| , eloit le second
héritier de l'empire ; il le par-
tagea avec Arcadius , son frère ,
après la mort de leur père, en ogf).
Stilicon , à qui Tbéodose avoit con-
fié la régence , forma le dessein ds
détrôner son pupille. Apres avoir
vaincu Radagaise , qui éloit eutré
en Italie avec quatre ceut mille
hommes, il résolut de se servir des
barbares, et sur-tout des Goths ,
conduits par Alaric,pour exécuter
ce projet. L'empereur, informé des
trahisons de Stilicon, le fit tuer par
lléraclieii en 1408. Dès la même
année, Alaric, g'r^néral des Gollis,
mit le siège devant Rome , dans les-
pérance d'un accommodement ; mais
cette négociation n'ayant pas réussi ,
Alaric revint l'assiéger l'année sui-
vante, et obligea les hal)ili.u)s de
celte ville à recevoir Altale, ])réfet
de Rome, pour empereur. Le peu-
ple romain fut réduit à une telle
extrémité, que les prêtres des faux
dieux , proiUaut de la consternaliou
générale , se vantèrent de chasse"
les assiégeans par le secours de leurs
divinités. U y avoit encore des ma-
gistrats dans le sénat qui tenoient
à l'aucienne religion. On permit
donc de faire des sacrifices aux dieux
des gentils, soit dans le Capilole ,
soit dans les endroits principaux
de la ville. IMais ces sacriiices no
choses.
i pour
renvoyer les barbares. L-s Goths
dcinandoicnt dix mille marcs d'or ,
et soixante mille marcs d'argent. On
fondit donc ce qui restoit d'idoles
composées de ces deux métaux. Ala-
ric ayant fait une troisième incur-
sion quelque temps après , Rome
fut encore pillée, les idoles en-.
4i)4
HOWO
lieiement délniites, et leur culte
]>resqii(? enlièi'utiHUl néglige. l'..ii-
(lis (jne l'einpire éloit ainsi ravagé ,
lloiioriiis resloit IraiiqiiiUe à Ha-
veiiiie ; et maiifiiiant ou de cou-
rage ou de force pour s'opposer à
ces barbares , il languissoil dans une
oisiveté déplorable. Divers lyraas
s'éleverenl dans l'euipire; Honorius
s'en défit par sesrapilaines, car pour
lui il éloit incapable d'agir, il mou-
rut dhydropi&it: à Ra venue eu 4-23 ,
sans avoir eu d eul'ant , quoiqu'il
tilt été marié deux fois, à Marie
et à Tliermancie , lilles de Stilicon.
« Cet empereur, dit Richer , fut
exempt de vices, mais il eut tous
les déi'auls. Ce fut un prince timide
qui n'osa rien entreprendre; qui ne
vit le danger qu'avec eflroi , et J'é-
vila toujous ; qui se laissa conduire
et tromper; qui ne commanda ja-
mais au peuple que pour obéir à
ses ministres. Il ne sut former au-
cun dessein , et n'en put compren-
dre ni exéci. ter aucun. L'euipire cnliu
croula , parce que le chef ne put le
soutenir, w Les historiens calholi-
ques ont loué sa piété, sa foi, ses
mœurs et sur- tout sa charité. Mais
ces vertus ne suffisent pas dans un
monarque.
tll. HONORIUS I" ou HoNO-
Bii I"^' , pape après BonifaceV,eu (i^b,
mort le i 2 octobre 638 , fit cesser ie
schisme des évèqucs d'Istne engagés
à la défense des /rois chapitres de-
puis plus de soixante-dix ans. Il
j)ril un soin particulier des églises
tl'Auglelerre et d Ecosse , et gou-
verna l'Église universelle avec au-
tant de zcle que de prudence. Ce-
pendant les catholiques orthodoxes
jui re))rochent de s'être laissé sur-
])rendre par Sergius, patriarche de
Constaiilinople, chef du monolhé-
Jisme. Cet hérétique lui écrivit une
Ifllre pleine de déguisement , dans
laquelle il lui <lisoit qu'on éloit con-
venu de g;irder le silence sur la
HONO
dispute des deux opérations en Jé-
.<iis-Clirisl. H lui insinuoit en même
temps que quelques Pères avoient
enseigné une seule opération. Ho-
norius, ne se déliant [)as de ces refus,
lui écrivit une lettre dans latjuelle
il lui disoit : «Nous coufes.sons une
seule volonté en Jésus-Christ , parce
que la divinité a pris , non pas notre
péché , mais notre nature telle
qu'elle a été créée avant que le
péché l'eût corrompue. Et plus
bas : Nous devons rejeter ces mots
nouveaux qui scandalisent les Egli-
ses , de peur que les simples ,
choqués de l'expression des deux
opérations , ne nous croient ueslo-
riens ou euiychéens , si nous ne
reconnoissous en Jésus-Christ qu'une
seule oj)ération. » Cette lettre , qui
favorisoil les vues artificieuses de
Sergius, n'est point adressée à tous
les lideles, comme le sont la pUi-
paiî des lettres dogmatiques des
papes , mais seulement à ce patriar-
che de Constantinople. On trouve
desZ>e/^/esd'llonoriiis dans les Con-
ciles du père Labbe , et dans la Bi-
liliotlièque des Pères une Epi-
gra/iirne qu'il a composée.
III. HONORIUS II , appelé aupa-
ravant le canlinat Lambert, cs'èque
d'Ostie, ou de Vélétri , lut créé
pape le 21 décembre 1124 d'une
manière aise-z extraordinaire. Ajirès
la mort de Calixte II , les cardinaux
élurent 'Ihibauld , cardinal du titre
de Saint-Auasthasc , qui prit le nom
de Célestin ; mais tandis qu on chan-
toit le le Deiini en ai tion de grâce
de cette élection , Lambert fut pro-
clamé par le parti de Robert Fraiigi-
pani , qui étoit eKiremement puis-
sant. Célestin , pour épargner \n\
schisme à l'EgKse , renonça volon-
tairement au poutilicat. Houocius ,
connoissant l'irrégularité de son
élection, voulut en faire autant sept
jours après; mais les cardinaux et
les prélats romanis la confirinèreui.
HOrsO
Il confirma à son loiir l'élection de
Lolhaii.n renipire ,el condamna les
abbés de Ckini et du MoiU-Cassin,
ucciués lit; (iivn"- crimes. Il mourut
le 14 lévrier 1100. On a de lui quel-
ques Lettres, qui ne coutiennenl
rien de l'eniarquable.
IV. HONORIUSllI ( Censio Sa-
VELLi ') , Romain , ^^'1'^ après
Innocent lU , le 17 juillet 1216,
conlirma l ordre de St. -Dominique,
et celui des carmes. Ces derniers
religieux , originairement des es-
pèces d'ermites , auxqi;el.s Albert ,
patriarche de Jérusalem , donna une
règle Cil 1-209, qui fut apirouvée
par Honorius 111 eu i 2-2^ , tinrent
leurs noms du Moiil - Carmel eu
Syrie. lïonorius lit prêcher inuli-
Itment des croisades pour le re-
couvrement de la Terre-sûinle. Ce
pape , mort le 18 mars 1227, et sa-
vant pour son siècle , a laissé plu-
sieurs ouvrages. C'est le premier qui
accorda des indulgencesdans la cano-
nisation des saints. C'est lui aussi
qui, vers 1220, défendit d'enseigner
le droit civil à Paris; déiénsequi sub-
sisia jusqu'en 1679, que Ion y établit
une chaire pour celte faculté. On
a pulilié , sous son nom, Conjn-
laliones adversùs priiicipern tene-
brarurn et angélus ejus , à Rome ,
1629, iu-8" peu commun.
i V. HONORIUS IV (Jacques
S.VVELLT ) , Romain, monté sur le
trône pontifical le 2 avril i285 , et
mort le 3 avril 1287 , après avoir
purgé l'état ecclésiastique des vo-
leuisqiii l'infesloienl , se signala par
son zèle pour les droits de l'Kglise
romaine et pour le recouvrement
de la Terre-saiule. Il conçut l'idée
de quelques élablisseinens utiles pour
accélérer le progrès des lettres, ires-
iiégiigées dans son siècle. Il avoit
voulu fonder à Paris un collège où
l'on pût apprendre les langues orien-
tales; mais cette fondation n'eut pas
Ueu. Voyez Ai'ONo.
HOINT
4rr'>
VI. HONORIUS , antipape
ï^ojez JCadalous.
t HONTAN (N... baron de la ) ,
gentilhomme gascon , vivoil dans
le 17'' siècle D'abord soldat en Ca-
nada, ensuiteoiFicier , il fut envoyé à
Terre-Neuve en qiialilédelieuleuant
de roi ; il se brouilla avec le gouver-
neur, fut cassé, et se relira en
Portugal,^et de la en Danemarck. Il
est principalement connu par ses
Voyages dans L'Amérique sepien-
trionale, en 2 vol. in-12, imprimés
à Amslerdaui en i7o5, dans les-
quels il fait connoiUe les différens
peuples qui y liabiloienl , leur gou-
vernement, leur commerce, leurs
coutumes , leur religion, elc. Ils sont
écrits d'un style emljarrassé et bar-
bare. Le vrai y est lolalemenl con-
fondu avec le faux, les noins pro-
pres estropiés , la plupart des lails
délignrés. On y trouve des épisodes
entiers qui sont de pures iictions :
tel esl le Voyage sur la Rivicre-
Loiigue , aussi fabuleuse que l'ile de
Barataria, dont Sancho Pança fut.
l'ail gouverneur.
t IIONTIIEIM (Jean -Nicolas),
né à Trêves le 27 janvier 1701 , y
lit ses éludes et se livra parliculu-
remenl à celles du droit canoniqtv;
et de la jurisprudence. Etant allé
en Italie, il voulut connoilre à fond
tous les usages de la cour romaine;
revenu en Allemagne , il déploya
son zèle el ses labius en faveur des
libertés de l'Église germanique et de
l'ICglise eu général. Il fut nom.mé
vice-chancelier de l'iiiiiversité de
Trêves , conseiller de l'élecleur snii
suflVagant , et évèque de Myrioplnte
in parlibus. 11 a publié Uecas
legum illastrium , etc. , in-fbl. ,
Trêves, 1706; Hisloria Treuirensis
diiilotnatica et pragrnatica , elc. ,
5 vol. in-fol. Ausbourg et Wnrt/ -
bourg, i7r)o; Vrodrvmus historiœ
Treuirensis, 2 vol. in-fol., Ausbourg,
1757; mais le plus célèbre de ses
4)(>
HONT
ouvrages est celui qu'il a donné sons
lî nom de Justinus l ebivnius de
slaiii Ecclesiœ , in-4°, Bouillon el
Francfort, 1760; ce livre qui eut
plusieurs éditions fut traduit en
allemand el en d'aulres langues. La
version française intitulée Traité ,
du gouvernement de l'Eglise, fut
imprimée ù Venise, in-4°, en 176G,
et réimpriméeen S vol. in-12, 17.69.
Un ires-bon abrégé fut donné en
2' volumes par Lissoir, abbé de la
Valdieu. ( Voyez ce nom, ) Hon-
iheim en donna cusuile un épitome
sous ce litre : Justinus Febronius
ahbreviatus et emendaius , iii-.j" ,
1777. Ces deux- ouvrages qui heur-
toienl directement tous les préjugés
iillramontains causèrent un fracas
inconcevable. Les curialistes se dé-
chaînèrent contre lui dans une mul-
titude de libelles. La cour de Rome
avoil singulièrement à cœur de lui
arracher un désavœu qu'elle obtint
enfui en 1779. Elle fil sonner très-
haut cette rélraclation ; mais en
17^1 parut à Francfort 1 vol. '\n-/°
du même auteur ; Juslini Febronii
comme/Uarius in suam retracta-
tionem , dans lequel réduisant à
38 propositions les reproches qu'on
lui fait , il s'efforce de rétal)lir les
principes de son fameux ouvrage ,
mais d'une manière indécise qui le
montre allernalivement comme fau-
teur el comme ennemi de l'ultra-
monlanisme. Admel-il par exemple
que le pape a droit d'indiquer , de
confirmer les conciles, sons sa plume
accourent à l'instant une foule d'ex-
ceptions par lesquelles il modifie
son .système. Cet ouvrag*^ af.este que
Hontheim , persévérant dans ses
principes, n'adonné à Rome qu'une
salisiaclion illusoire; mais devoil-il
biaiser d'une manière qui confine à
la mauvaise foi ? Y a-l-il de sa part
de la franchise a dire que ceux qui
étudient l'anliquiié embrassent ordi-
nxiirement des opinions mal digé-
jfées el absurdes. Cela signilieioit
HOINU
équivalemment qu'au lien d'étudier
les conciles el les Pères, qui élablis-
.senl les prérogatives dt; lÉglise , it
faut consulter les canonistes des
derniers temps dont la plupart n'ont
parlé quedecelles du ponlife romain.
Un a prétendu que des considéra-
tions de famille , el l'amitié pour
ses neveux, dont il vouloit hâter
l'avaucement, a voient iniliié sur ses
démarches ; mais son commentaire
est à peu près la rélraclation de sa
rétractation. «Je ne puis rétracter
l'Ecriture sainte , les Pères, sur-tout
sailli Augi'.slin ; si j'ai eu tort, c'est
de dire la vérité. » Tel est le langage
qu'il tenoit à son abbréviateur Lis-
soir. Le suifragant de Trêves est
mort le 2 septembre 1790 , aussi
intrépide dans ses principes que les
prélats et jirèlres qui ont concouru
au congrès d Ems; quoique, par une
complaisance excessive , ils n'a itnl
pas pressé l'exécution des détermi-
nations prises à cette assemblée. Ou
en appelle an témoignage de lous
ceux qui sont vivans , sm'-tout an
primat actuel de l'Allemagne el au
savant clergé qui reuloure.
HONTIVEROS (Dom. Bernard ) ,
bénédictin espagnol , professeur de
théologie dans liiiiiversiléd'Oviéiio,
puis général de sa congrégation en
Espagne , et enfin évèque de Cala-
horra , mort en 16G2 , a donné
un livre intitulé léucrymœ rni-
litantis Ecclesiœ. C'est nn traité
estimé contre les casnisles rehichés.
HONTORST (Gérard). Voyez
HoMTOR.sr.
* HONUPHRIIS ( Honuplire de ),
médecin du ib" siècle, né à Foligni
dans rOmbrie, d'une lamiile noble,
enseigna la ])1nlosophie et la méde-
cine dans Tuniversité de Pérouse, el
s'v distingua dans la chaire par la
solidité de ses leçons, el dans le
grand monde par les succès d'une
pratique brillanlc. Ct fut à la repu-
HOOG
l;)lion dp ce double talentqu'il dut la
place de inédecia du pape Sixte V.
Il a laissé plusieurs oia'r-agesel c/is-
rai/rs, inauuscrils , sur des matières
iiiédici\iales et philosophiques.
* HOOFMAN ( Elizabclh ) , n«e à
lïarleiii eii 1664, cultiva avec succès
les muses latines et hollandaises.
Egaleim^nt appliquée à l'élude du
grec, elle a traduit avec sucris, dans
sa languo maternelle , plusieurs Odes
d'Anacréon et d'Horace. Les vers
sulvans , qui font partie d'une com-
plainte sur la mort d'un de ses ne-
veux , peuvent servir d'échantillon
de son lalent pour la poésie latine.
Flexaniniam immitli Vini;uam Lihilina retundit
Pro rnseo pallen' inficil nra colur ,
Cutidnr et nhsequi/im f htundâ'jue in fronte
ren'idcn.i
SimjjHcitas , ciincth rjiiœ p>aruëie jaceiit
Claudimus , lieu,', niiaeri t'neros moricnlis
ocellos
Qui poliùs nostrijn claudere d hii/ral
Spes erat ex m o dulcea i/rioiiiie renifiv nains:
Pro thalamo est tumulux , proqiie nepole
_ rogua .
Après avoir gniué les douceurs et
l'amertume du sort avec Pierre Koo-
laart, néoociaut, qu'elle» épousa en
aGg?), elle mourut sa veuve à Cassel
en 1706. Sou Itère, Corneille HooF-
MAN a enrichi de quelques /j/ècra le
théâtre hollandais. Guillaume Kops
a publié en 177.4 «"s collection
choisie des poésies hollandaises et
latines d Elizabelh Ho(jfman .
HOOG
4!)7
Grrevius, étoil un partisan enlhot.-
siaste de la liberté républicaine. Nous
avons de lui un recueil de Poésies
/a///;es, imprimé à Amsterdam, cheii
Eizévir en 167:2, 1 vol. in-i:2.11 y
a joint trois Discours prononcés à
Ueveuler dans des occasions solen-
nelles, e; qui portent iemoreinle de
ses sentimeîis patriotiques. Le chan-
gement des circonstances lui valut
nnedisgracehouorable- 11 fuldesliliié
de sa chaire; iuais ses concitoyens
l'appelèrent aux honneurs de la re-
présentation municipale, et de pro-
i'esseur il devint bourgmestre. Hoo-
gers n'atteignit pas l'âge de ijo ans ,
et mourut le i/j avril 1676. On lui
doit aussi la publication de deux
Opuscule^ posthumes de Rabo-Her-
man Schela.
* HOOGEVEEN ( Henri ) , ne' à
Leyde en 17 1:^, recteur de l'école
latine de Delft , mort dans cette ville
le i''' novembre 1792. Ses père et
mère, quoique pauvres, trouvèrent
moyen de lui doinier une excel-
lente éducation : à quinze ans il
donnoit dts leçons et soutenoit ses
pareils. En 1702 il fut sous-maitre
d'une académie à Gorcum ; peu après
il passa à Culerabourg; eu 174S il
s'établit à Bréda ; mais il quitta cette
ville en 17G1 ,et passa à Dordt ,où il
demeura 3 ans, après lesquels il alla à
Delft. Hoogeveeu s'est rendu reconi-
maudable par ses connoissances dans
la littérature grecque, en donnant
une nouvelle édition enrichie de ses
notes, du traité cIé François Vigier,
De idiotismis lingiiœ gvœcœ X^^yA^.,
17.52 et 1766 , in-8°, et encore plus
par son grand ouvrage intitulé Doc-
trina particularum linguœ giœcœ ,
lléycfe , 17G9, 2 vol. in-4''. Il avoit
cherché en vain parmi ses compa-
triotes les secours qui lui étoienl né-
cessaires pour venir à bout de pu-
blier ce <kruier ouvrage ; mais ho-
norablement coniui eu Angleterre,
* HOOGE. Ployez HootoE.
* HOOGENDYK ( Sébastien ) ,
médecin, versé dans la littérature
grecque et latiue, né à Dordrecht
vers le commencement du 1 1" siècle,
pratiqua son art dans celte ville avec
beaucoup de succès. On n'a de lui
que des Epigrammes grecques im-
primées à la tète de quelques ouvra-
ges de ses amis.
* HOOGEUS(Gosuin), professeur
d'humanités à Deventer, où ilavoit
succédé dans cet enseignement à J. G. | il y trouva des cncouragemeus et des
T. VIII.
4.j8
HOOG
souscriplious. Il a encore écrit J. J.
Zeuiiii aaimadueisioiies in F. Vi-
geiii de p. g. d. /, librum ad
justain examinis lucern fef-'ocatœ ,
Leyde , 1781, in-8°. Uu ouvrage
posthume , intitulé Dictionarium
grœciim, imprimé à Cambridge. Il
a laissé plusieurs manuscrits dont le
plus important est sou Opiis analo-
^'/cz//«, imprimé à Cambridge par
les soins de l'université de cette ville,
et précédé d'une notice biographique
et du portrait de l'auteur , ainsi cpie
d'une préface tracée de la main de
son fils.
*I.HOOGSTRAETEN (Jacques),
théologien catholique , religieux de
l'ordre de Saint-Doraimque, inqui-
siteur-général, et d'un carrfctère dont
la violence convenoit parfaitement
à ses fonctions , mort à Cologne eu
i527, a écrit avec beaucoup d'em-
portement contre Luther , Erasme
f t Reuchelin ; mais les diatribes de
ce moiue prouvent qu'il u'étoit pas
de force à lutter contre ses antago-
nistes , qui souvent a voient pour
eux la raison et l'éloquence.
* II.HOOGSTRAETEN ( Samuel
Van ), peintre, né à Dordrecht en
1627. mort dans la même ville en
1678. Son père Théodore Hoogs-
Iraeten lui enseigna les premiers
tlémens de la peinture , Rembraut
lut son second maître; mais la pré-
férence qu'il donna au portrait l'em-
pêcha de prohler des principes de ce
grand peintre, dont il avoit saisi la
manière. Sa grande émulation le
conduisit à des progrès extraordi-
naires. Paysages, animaux, fleurs ,
fruits, etc., il s'exerça dans tous ces
genres , et ne fut médiocre dans ay-
cun. Il fit le voyage de Vienne et
présenta à l'empereur trois tableaux ,
le Portrait d'un gentilhomme i Jé-
sus-CJirist couronné d'épines , et
une imitation d'objets inanimés. Ce
dernier ayant fait illusiiouau prince,
HOOG
«Voilà, dit-il, le premier peintre
qui m'ait su tromper , pour l'en
punir je garde sou tableau, w Rome
et les beautés de l'art qui s'y trou-
vent fixèrent quelque temps toute
l'attention de cet homme célèbre;
mais des vues d'intérêt ou seulement
la curiosité le firent passer en An-
gleterre, d'où, après avoir travaillé
iructueusement, il retourna à Dor-
drecht comblé de biens et d'honneurs.
Comme homme de lettres et comme
poète, ses écrits sont recherchés. On
a de lui un Traité sur la peinture ;
deux livres intitulés le Monde éclai'
ré et le Monde aveugle; plusieurs
Pièces de vers ; sou F'ojage d'Ita-
lie, etc.
t HOOGSTRATTEN (David
Van ) , médecin, né à Roterdam en
1 658, professeur d'humanités à Ams-
terdam , et correcteur du collège ,
se noya le i3 novembre 1724, ou
plutôt il mourut au bout de huit
jours , des suites d'une chute dans le
caual du quai de Gueldre , où il
tomba , aveuglé par uu brouillard
épais qui s'éloit élevé sur les six
heures du soir. On a de lui , 1. Des
Poésies latines , eu 2 vol. in-S".
IL Des Poésies flamandes , en 1
vol. 111-4". m- Un Dictionnaire
flamand et latin. IV. Des Notes
sur Coruélius-Népos et sur Térence.
V. Une édition de Phèdre, Amster-
dam , 1701 , iu-4° , à l'usage du
prince t^e Nassau , dans laquelle il
a imité les ad usum delphini. VI.
Une bonne édition des Poésies de
Janus Broukhusius , iii-4° , Ams-
terdam, 1711. VII. Une autre édi-
tion de Arturi Jonstoni Scotipsal-
morum Dauidis parap/irasis poë-
//ca , Amsterdam , 1706, in-i2.La
médecine qu'il sacrilia aux belles
li;ltres ne lui a fourni qu'une dis-
sertation, intitulée De hodierno
mcdiciius statu ad Nicolaum T'''ari
der Kappen. Dordrechli , i683 ,
ia-S°.
HOOG
i- HOOGUE ou HooGE ( Romain
de ), dessinateur el graveur hollan-
dais, né à La Haye en 17:20 , avoit
une iniagiualiou vive , qui l'a quel-
quefois égaré. Il faut être indulgent
avec lui sur la correcliou du dessin
et sur le choix de ses sujets , qui
sont la plupart allégoriques el d'une
satire triviale et exagérée. Ses prin-
cipales estampes sont , I. Les ligures
de V Histoire du nouveau Testament
de Basnage, I7o4,in-fol. ÏI. Celles
de V Académie de L'art de la lutte,
1674, en hollandais; et 1712 , in-4°,
en français. IH. Celles de la Bible
avec de« explications hollandaises,
1721. IV. Celles Aeh Hiéroglyphes
des Egyptiens, Amsterdam, 1705,
petit in-foi. V. Celles des Co«/e5 de
La Fontaine, i685, 2 vol. in-.S''.'
VI. Celles de Boccace , 1690, 2 vol.
in-8°. VIL Celles de la Reine de
J^auarre, 1698, 2 vol. in- 8°. VIII.
Celles des Cent Nouvelles, i70i ,
3 vol. in-8°. Quand les figures sont
détachées de l'impression, elles sont
plus recherchées. Huit estampes re-
présentant les excès et les cruautés
réelles ou supposées <]ue les Français
commirent en Hollande en 1672-
On les trouve dans un livre rare,
intitulé -^vis fidèle aux véritables
Hollandais, toucJiant ce qui s'est
passé dans les pillais de Bode-
grave et Sivamerdam , 1670, in-4''.
* HOOGVLIET ( Arnold) ,' ne à
Vlaardingen, bourg considérable à
l'ouest de Schiedam sur la Meuse ,
en 1687, mérita une place distin-
guée parmi les poètes hollandais.
Son éducation seconda peu le déve-
loppement de son génie. A làge de
20 aHs , sentant la nécessité de la
connoissance des anciens, il s'appli-
qua à l'étude de la langue latine , et
ce qui prouve qu'il ne s'étoit pas
borné à une légère teinture , c'est sa
Traduction des Fastes d'Ovidei*%n
vers hollandais , publiée à Delft en
1719 , in-4''. Il eu a paru une seconde
HOOG
499
édition en 1700. Ce premier ou-
vrage de Hoogvliet jouit d'un succè»
mérité à bien des égards. On ne peut
disconvenir cependant que l'au-
teur ne lutte pas toujours heureuse-
ment avec les diil'icultés de son su-
jet. Il laisse trop apercevoir l'em-
barras où il se trouve pour exprimer
toutes les beautés de son original; et
son style en devient roide , entor-
tillé, prosaïque. La lâche qu il avoit
entreprise convenoit peut-être da-
vantage à un vétéran qu'à un novice
de l'art. Iloogvliet avoit tropd'ima-
ginalion et de verve pour ne point
aspirer à la palme de la composition
originale. Souvent , assis à coté du lit
de son père mourant, il corrigeoit
les épreuves de sa Traduction des
Fastes , et lui en lisoit quelquefois
(les morceaux : ce bon vieillard lui
dit un jour : « Hélas ! que ma salis-
faction seroit bien ])liis pure , si ce
poëme , au lieu de célébrer la supers-
tition païenne, éloit consacré à la
louange du vrai Dieu ! » Inspiré par
cet avis paternel, Hoogvliet prit
dans l'Histoire Sainte un sujet digne
de son talent et de son respect pour
la religion. Abraham , le patriarche ,
fut le héros qu'il choisit. Il se livra
avec tant d'ardeur à cette nouvelle
tâche, que, parvenu au lo'^ chan#,
il tomba malade d'épuisement. II
eut l'esprit aliéné peudant quelque
temps. Rendu à la santé , il acheva
son poème , composé de douze
chants, et le publia en 1727, 1
voL iu-4°. Le succès en fut com-
plet, et il mille sceau à la réputa-
tion de Hoogvliet. Cet ouvrage étin-
celle, en effet, de beautés poétiques
du premier ordre. La versilicalicm
eu est riche, le style pur et coiTeot ,
le ton noble , soutenu. L'auteur dé-
ploie un rare talent pour le genre
descriptif ; ses travaux sont aussi
variés que frappans. Il semble quel-
quefois donner un peu trop l'essor à
son imagination. Le second chant,
où il peint le ccraseil céleste en per-
5oo
HOOK
sonmRant les diflereates peifeclions
divines, pourvoit juslirier ce repro-
che. Il faillie dire encore ; nue cri-
tique sévère peut rnênie contestera
cet ouvrage le litre de poème épique.
Il lui manque sur-tout le caractère
d'unité cssenliellenient requis dans
ce genre. Hoogvliét lui-même en
est, dit-on, convenu. Il entreprit
ensuite; une Jllessiade. Dans la pre-
mière ordonnance de ce nouveau
poëme , il commençoit par l'entrée
triomphante du Sauveur à Jérusa-
lem. Depuis, il changea plusieurs
fois ce plan , et il finit par abandon-
ner cet ouvrage , dont il sentoit
toutes les difficultés. Il nous en a
seulement laissé quelques fragiricns
détachés, sous le titre de 3Iélaiiges
éva/igéliques. Ils forment une partie
du premier volunite de ses Poésies
mêlées, impriméen 1 757 . Le second
volume offre encore deux poèmes
d'une certaine étendue; le premier
•intitulé Zydebalen : c'est la des-
cription d'une campagne de ce nom.
M. David VanMoUem, à qui elle
apparleuoil , témoigna sa reconnois-
sance au poêle par une médaille
d'argent du poids d'une livre et de-
mie , qu'il fit frapper eu son hon-
neur. L'autre poë/ne esi un monu-
ment de son patriotisme; il l'a con-
sacré à l'éloge de son endroit natal.
Il mourut en 1760 , âgé de 76 ans.
A l'entrée de sa carrière, il avoit
lutté quelque temps avec les rigueurs
de la fortune; mais , à force d'ordre
et d'application , il parvint aies cor-
riger. Hoogvliet mérita constam-
ment l'estime publique dont il étoit
honoré , et il emporta au tombeau
les regrets de tous ceux qui avoienl
été ù portée de le counoitre.
* HOOKC ( Jean),serg»nt-ès-lois,
attaché au parti des presbytériens ,
publia en Angleterre, en .1699, un
ouvrage en anglais qui lit beaucoup
de bruit, il est intitulé f^e cat/io-
licism^ nans papisme ; Essai puur
HOOK
rendre l'Eglise anglicane un mo-
dèle et un patron d'union au
monde chrétien. Cet ouvrage, où il
se rencontre quelques opinions sin-
gulières , n'est pas sans mérite.
t t. HOOKE (Robert), mathé-
maticien anglais, ué dans l'île de
Wight en ib38 , membre de la
soc. été royale de Londres, et pro-
fesseur de géométrie en celte v lie,
perfecliouna les microscopes, in-
venta les montres de poche , et fit
plusieurs autres découvertes dans la
physique, l'histoire naturelle et les
maihéinaliques. Il prétendit avoir
eu la première idée du ressort spiral.
L'abbé de llaute-Feuille en France,
elHuyghens en Hollande, s'enattri-
bugienl l'invention; mais il prouva
que ce secret avoit été divulgué par
Oideuibourg , secrétaire de la so-
ciété royale, auquel il intenta un
procès. Hooke montra sans doute
trop de chaleur dans cette querelle ;
mais ayant prouvé qu'il avoit fait
sa découverte en 1660, au lieu
qu'Huyghens ne publia la sienne
qu'en 1674, la présomption fut en-
tièrement pour lui. Cet habile
homme présenta en 1666, à la so-
ciété royale, un plan sur la manière
de rebâtir la ville de Londres, qui
avoit été dét|-uite parle feu; il plut
extrêmement q cette compagnie : le
lord maire et les aldermans le pré-
férèrent à celui des intendans de la
ville , et c'est en grande partie sur
ee plan que Londres fut rf^bàlie. Ro-
bert Hooke, en vertu d'un bill du
parlement, fut ensuite élevé à l'une
des intendances de la cité, charge
dans laquelle il amassa de grands
biens. Il déclaroitde temps en lemps
qu'il avoit formé un projet capable
de pousser l'histoire naturelle à une
grande perfection, et qu'ily emploie-
roil la plus grande partie de sou
l)t|u ; mais il mourut, sans avoir
rien efi'cclué, le ô mars 1 7o5. Hooke,
aussi boa ciloycu qu'cxcelleiil ma-
HOOK
tliëmalîcieii, a donné plusienrs ou-
vrages en anglais. Les principaux
sont , 1. T^a Microscopie ou la
Description des corpuscules ob-
servés ai^ec le microscope , in-fol. ,
Londres, 1667. H. Essais de Mé-
canique, in-4°- Ou a imprimé après
sa mort i vol. iu-fol. d'autres O'iu-
vres dt lui. Sa Vie, qui est à la lèle
de ce recueil , est Irès-inléressrmte,
par le nombre presque infini ^ es
découvertes physiques et malh^iua-
tiques, et par un pareil nombre de
machines qu'il inventa. •
t U. HOOKE ( Nathaiiiel ), auteur
d'une très-bonne Histoire romaine ,
mort en i 764 , on ne sait à quel âge ,
car on < fort peu de délails sur sa
vie. 11 paroit que, s'étant ruiné com-
plètement dans des spécuiations||fur
les effets pul)lics, il fut présenté à la
duchesse Sarah de Marlborough , qui
lui Ht une donation de 5, 000 1. st.
( environ 1 10,000 francs ) , sous la
condition qu'il l'aideroit à écrire et à
rédiger les Mémoires de la duchesse
douairière de Marlborough , depuis
qu'elle parut à la cour jusqu'en 1710.
L'ouvrage fut exécuté et pul)lié en
17/(2, in-8°. Mais la duchesse Sarah
ne tarda pas à se brouiller avec lui ,
sous le prétexte que , ne lui croyant
aucune religion, il avoit voulu la con-
vertir à la croyance de TEglise ro-
maine. On prélendoit , eu effet , que
Hooke,parlisanzélédeFéuélon,avoit
beaucoup de penchant à la mysticité
et au quiétisme. Ce fut lui qui , lors-
que Pope étoit au lit de la mort , lui
conduisit un prèlre -catholique pour
recevoir sa confession. \J Histoire
romaine de Hooke , depuis les
premiers commencemens de Jlome
jusqu'à la cliute de la république ,
a paru successivement en 4 vol.
in-4'* : le premier en i755; le se-
cond en 1 740 ; le troisième en 1 764 ,
et le dernier en 1771. j^ooke a aussi
publié uue Traduction des Voyages
de Cyrus , par Ramsay,
HOOK
5oT
V Iir. HOOKE (Luc- Joseph), fils
du précédent, docteur de la maison et
société de Sorl)onne , un des conser-
vateurs de la bibliothèque ma/.arine,
soutint avec honneur la répiilalioi»
de sou père. Il estanleiir d'un traité
de théologie, dirige particulièrement
vers la défense des dogmes chréliens
contre les opinions modernes : Tie-
ligionis naluralis et revelatœ prin-
cipia in usum academicœ juveniu-
tis, Paris, 1774, 3 vol. iu-B". Ses
autres ouvrages sont. Discours et
réjîexions critiques sur V histoire
et le gouvernement de l'ancienne
Rome, Paris, 1784, 5 vol. in-12.
C'est la traduction française de l'ou-
vrage de sou père, annoncé dan*
l'arlicle précédent ; et une édition
des Mémoires du maréchal de Ber-
wick , Pans, 1778, 2 vol. in-12,
m
t I. HOOKER (Jean), d'autres
disent Richard, savant antiquaire ,
uéàExetcren 1024, morlen 1601 ,
élève d'Oxford , voyagea ensuite en
Allemagne, et à son retour s'établit
dans sou pays natal , dont il lut dé-
puté au parlement en i57i. Hooker
a donné uue Description d'Exeler,
et plusieurs autres Ouvrages. Enfin
il a eu part à la Chronique d'Ho-
lingshed.
t IL HOOKER ( Richard ), théo-
logien anglais, surnommé le Judi-
cieux, neveu du précédent, né en
i553 à Heavitrée, près d'Exeter,
mort eu itioo , fut élève de l'école
d'Exeter , puis du collège de Corpus-
Chrisli à Oxford. L'évèque Jewel ,
son parent, qui l'avoit placé dans ce
collège, lin procura uue bourse, et ses
talens l'en a voient rendu digue. En
) Ô81 , Hooker prit les ordres ; et en
1.S84 il fut nommé recleur de
Draytou-Beauchamp , au comté de
Bucklngham. H y vécut à peu près
une année dans la détresse avec sa
femme Jeanne. Edwin Sandy, fils
de l'archevêque d'Yorck, qui avoU
été son élève , vivemeul louché
5o2 HOOL
fie le voir dans cette situation ,
eu parla à son père, et obtint pour
Hooker la place de mailredii temple.
Mais ces fondions ne convenant pas
à ce savant, qui n'aiaioit que la vie
retirée de la campagne , il sollicita
un autre béaélice. L'archevêque
Whilgift lui donna le vicariat de
Wiilsliire. Ce fut là que Hooker
commença son livre de la Police
ecclésiastique. 11 finit ce grand ou-
vrage , dans lequel il défend les
droits de l'Eglise anglicane, à Bis-
hop's-Bourne , dont la reine lui fit
donner le rectorat. Hooker y termina
aussi sa vie. Le pape Clément Vlil
dit de sou livre , qu'il y a un fonds
de science tellement inépuisable ,
qu'il dureroit une éternité , quand
même le feu auroit à dévorer tout
ce qu'il y a de science au monde. Ou
dit^ue Charles T' l'avoil lu eu en-
tier , et qu'il avoit recommandé a'.-i
princes ses enfans de le lire aussi
avec attention. On a varié sur cet
ouvrage; les uns prétendent qu'Hoo-
jker l'a entièrement composé , d'au-
tres soutiennent qu'il n'est auteur
que des cinq premiers livres et que
les trois autres sont d'une autre
main. Comme il ne parut qu'après
la mort de l'auteur, on assure qu'une
plume étrangère y fit des additions
qui'u'éloient pas dans l'original;
quoi qu'il en soit cet ouvrage a eu
beaucoup d'éditions in-fol. , et une
in-8° à Oxford. L'auteur a donné,
en outre, des Sermons , et d'autres
'Ecrits très-estimés en Angleterre.
* 1. HOOLE ( Charles ) , théolo-
gien anglais , ué à Wakefield au
comté d'Yorck, mort au comté d'Es-
sex en 1666, après avoir achevé
ses éludes, fut maître de l'école libre
de Rotheram ; mais, quand la guerre
civile éclata , il passa à Londres , où
il écrivit, et se fit une grande répu-
tation. L'évêqueS.nidersonlui donna
un caiioniiat de l'église de Lincoln.
Hoole obtint encore le rectorat de
HOOP
Stock au comté d'Essex, où il mou-
rut. Cet auteur a donné , I. Différens
Livres utiles pour l'éducation. IL
Une excellente édition du nouveau
Testament grec. 111. Une Traduc-
tion des pièces de Téreiice.
* IL HOOLE (Jean) , écrivain
très-estimé, fils d'un horlog((r dis-
tingué dans la mécanique, qui di-
rig »'ong- temps les machines du
théa.re de Covent-Garden , naquit à
Londresen i727,etmourut en r8o3
Hoole fils fut élevé pa'r M. Bennet ,
éditeur des Œuvres d'Aschara. A 18
ans il fut secrétaire de la compagnie
des Indes ; mais il consacroil tous ses
loisirs à la littérature , et particuliè-
rement à l'étude de la langue ita-
lienne. Il y fit de grands progrès, si
l'oiuen juge parles excellentes tra-
ductions qu'il a données en anglais
du Roland furieux d'Arioste, et de
la Jérusalem du Tasse. Hoole a donné
encore deux volumes de Métastase ,
et trois tragédies de sa composition ;
savoir, Cyrus , jouée, en 1768, à
Covent-Garden; Timantes, l'année
, suivante; et Cléotiice-,ç,u 1775. On
doit encore à cet auteur estimable
quelques jolies p/èces de i^ers , et la
f^ie de monsieur Scott d'AmwelL
* I. HOOPER (Jean), que les
Anglais regardent comme un mar-
tyr de leur religion, né eu i495,
au comté de Sommerset, et mort
en i55.') , avoit étudié au collège de
Merton à Oxford, et y avoit puisé
les principes de la religion protes-
tante. Cependant il étoit catholi-
que, et avoit fait profession dans
l'ordre de Cileaux, quand il quitta
son cloilre pour embrasser la re-
ligion réformée , puis il passa en
Suisse, où il se maria. A l'avéne-
ment d'Edouard VI , Hooper re-
tourna en Angleterre , fut nommé
à l'évêclié de Glocester, auquel ou
joignit celui de Worcesler en com-
mande. Il s'acquitta des fonctions
HOOR
«piscopales avec beaucoup de zèle ,
jusqu'à la restauralion du papisme
sous Marie ; mais cette princesse
sanguinaire le fit condamner à être
brûlé. L'arrêt fut exécuté à Gloces-
ter ; et il souffrit le supplice avec
un courage héroïque. On a encore
ses Lettres , et plusieurs de ses Ser-
mons.
t II. HOOPER ( George ) , écri-
vain anglais, né à Griraley clans le
comté de Woccesler en 1640 ,
également hsfcile dans les mathé-
matiques , dans les langues et les
sciences orientales, devint évèque
de Balh et de Wells, et refusa
l'évêché de Londres. Il étoit chape-'
laiu du roi Charles II en iG85 , et
il mourut en 1727. Son Traité du
Carême , en anglais , in-b°, est cu-
rieux. Celui intitulé Rec/ierc/ies de
l'état des anciennes mesures des
Athéniens , des Romains , et par-
ticulièrement des Juifs ; avec un
appendix où l'on traite des an-
ciennes monnoies et des anciennes
mesures d'Angleterre , Londres ,
1721 , in-8°; ne l'est pas moins; et
iun et l'autre sont remplis d'éru-
dition. On a de lui une fort belle
édition de la totalité de ses (Euures ,
Oxford , en 17^7 , in-fol.
*HOORNE (Jean Van), célèbre
médecin et analomiste hollandais ,
né à Amsterdam en 1621, voyagea
eu Italie pour étendre ses connois-
sances. Il obtint, à son retour, la
chaire d'anatomie et de cliirurgie de
l'école d'Amsterdam , d'où il passa
à celle de Leyde, qu'il remplit avec
distinction jusqu'à sa mort, arrivée
en 1670. Ce médecin qui savoil sept
langues , sans compter sa langue
maternelle , s'attribua , vers l'an
i652 , la découverte du canal tho-
rachique , que Pecquet avoit déjà
observé dans les animaux , et qu'Eus-
lachi avoit vu dans le cheval lona-
temps avant ce dernier. Parmi les
HOOS
5o3
ouvrages qu'Hoorne a laissés , ou
remarque , 1. ISovus ductus cliylijé-
rus , nunc primiim delineatus , des-
criptus eterudilurum examiuipro-
positus , Leidas , 1652, in-4°. II.
Microtechne , idesthieuissima c/ii-
rurgiœ methodus , Lugduni Bata-
voruin, i663, 1668, in-i 2; Lipsiae,
1675, in-12. C'est un tableau con-
cis , mais exact des connoissancis
qu'un chirurgien doit avoir. III.
Frudromus observationum suaruni
circa parles génitales , in utroque •
sc.rz/, Lugduni Balavorum , j668,
in-12. IV. Opuscula anatomico'
c/iirurgica , Lipsice, 1707, in-B".
Ou doit ce recueil et les notes nui
l'enrichissent à Jean -- Guillaun:e
Pauli, professeur d'anatomie et de
chirurgie.
t HOORNEBEEK ( Jean ) , pro-
fesseur de théologie dans les univer-
sités d'Ulrecht et de Leyde , né
à Harlem en 1617, et mort en
1666, a laissé plusieurs ouvrages
de théologie, et des Traités contre
les socinieus , les juifs et les idolâ-
tres, écrits en latin, d'un style
obscur et diffus. Les principaux
sont, I. Une Réfutation du socinia-
uisme, sous ce titre : Apparatus ad
controversiam socinianam , i65o
à 1664, en 5 vol. in-4°. II. Un
Traité de la conviction des juifs ,
i6.Ti , in-8°; et des Gentils , 1669 ,
in-4°. III. Une T hèologie pratique ,
Leyde, 1660, 2 vol. in-4 ; compi-
lation d'auteurs anglicans.
t HOOST ( Pierre Van ), fils de
Corneille , regardé par les Flamands
comme leur Tacite et leur Homère ,
né à Amsterdam en i58i , et mort
à La Haye le 21 mai 1647 , a
donné,!. Des Comédies, Açs Tra-
gédies, des Epigrammes et d'autres
Poésies moins lues que ses ou-
vrages historiques. II. Histoire des
Pays-Bas, depuis l'abdication
de Charles-Quint jusqu'en 159S,
5o4
HOPF
dont on a donné une bonne édition
en 1703 , en 2 vol. in-fol. Cet ou-
vrage est intéressant par un délail
circonstaiicié des intrigues du calji-
net et du mouvement des armées.
III. Une Histoire de Henri IK^ roi
cleFrance, en hollandais_, imprimée
en 1627, in-fol., pour laquelle i!
reçut du roi Louis XllI des lettres
fl% noblesse et des armoiries avec le
cordon de Saint-Mi ch'el. Hoost éloil
<atiioIique. IV". Une Traduction
t/,o//uni/o.ise de Tacite , publiée eu
i6Szj , in-f. , par Gérard Brant. Ses
Xe)f//es, écrites en hollandais, on télé
publiées en 1708 par Huydecopes.
* I. IIOPFER" (Daniel) , habile
j^raveur , né à Nuremberg en j553.
On a de lui un Christ entre
deux larrons , et auquel on perce
le côté; un autre petit Christ , avec
la J^ierge elsa/'/i/yea//. ;aubas,ime
caricature, au milieu de laquelle se
voit \\\\^ femme qui tient une broche
où il y a quantité de boudins enfilés ;
plusieurs Fêtes de village, une suite
de Portraits de princes, etc.
* II: HOPFER ( Jérôme ) , frère
du précédent , a gravé nombre d'es-
tampes , dont !a copie de saint Hu-
bert d'Albert-Durer, celle de saint
Jérôme, et plusieurs autres mar-
teaux d'après le même, et une suite
de Portraits de papes , etc.
* ITT. HOPFEU ( Lambert ) , frère
des précédens, a gravé, dans le der-
nier goût de ses l'rères , une suite de
sujets de la Passion, etc. ; une Con-
f'ersion de saint Paul, et nombre
à' autres sujets.
* HOPFNER, né à Giessen en
1745, également versé dans la lit-
térature ancienne et moderne , fut
nommé en i765 professeur an Ca-
roliuMui de Cassel. En J771 il fut
appela dans sa ville natale pour y
eus 'igiier la jurisprudence ; et en
i'jbi il fui employé à Darnifitadl
HOPP
en qualité de conseiller. Ou a de
lui plusieurs ouvrages estimés, entre
autres un Commentaire sur les
Institutiones juris ciuilis de Hei-
neccius. Ce savant est mort le 2
avril 1797, à lage de 54 ans.
HOPHPxA (Pharaon). F'oyez
APRJKS.
HOPITAL. royezllosviTKi..
* I. HOPKINS ( Ezéchiel ) , pré-
lat exemplaire , ijé à Sandford , dans
le Devonshire, mort vtrs 1688 , fut ,
en 1649, choriste du collège de la
Magdeleme à Oxford , où il obtint
ensuite une chapelle. En 166g il
alla en Irlande, en qualité de cha-
pelain du lord Robarles, depuis
comte de Trnro, qui lui donna sa
fille en mariage, llopkins fut en-
suite doyen de Rapboe; puis le lord
Berkeley le lit nommer évêque du
même diocèse, et il passa ensuite de
ce siège à celui de Londonderry. Eti
1688, ce prélat fut obligé de quitter
l'Irlande, qui étoit alors le théâtre
de la gnerre; et l'année suivante il
fut nommé ministre d'Alderman-
bury,où il mourut. On a imprimé
ses ouvrages en un volume in-folio.
Le principal est une Exposition de
l'Oraison Dominicale.
* 11. HOPKINS ( Charles ) , fils du
précédent, né en i6.S3à Exeter, mort
en 169g, fut élève de Dublin, et
ensuite de Cambridge. Il a publié, en
1694, quelques Epitres en vers, et
quelques Traductions. L'année sui-
vante il donna une tragédie inti-
tulée Pyrrhus; et eusnile la Tra-
duction des Tristes, et l'Art d'ai-
mer d'Ovide. Dryden et d'autres
auteurs faisoieut beaucoup de cas
du talent de Hopkins; mais les excès
auxquels il se livroil lui causèrent
une mort prématurée.
* HOPPERUS ou HorvEits
( Joachim ) , issu d'iuie famille de
HOPP
Frise, dont on fait remonter l'an-
cieiinefé jusqu'au 6'' siècle , né à
Sneek eu i5j5 , s'est également
dislingué parmi ses contemporains
comme savant et comme homme
d état. Ayant jeté à Harlem les pre-
miers fondemeus de sou instruc-
tion lilléraire, à l'âge de 17 ans,
il fut envoyé à l'université de Lou-
A'ain. Gabriel Rludasus y enseignoit
le droit avec distinction : il allioit
la philosophie à la jurisprudence , et
Jacques Cujaslui a rendu ce témoi-
gnage : ylnle ilLum talein in Bel-
gio non hahuistis , 7iec post illum
habiturl estis. Hoppers s'attacha
principalement à ce maître, et il
riionora par ses progrès. Il visita
ensuite les nniversités d'Orléans et
de Paris , et s'y lia avec les hommes
célèbres qui y Ilorissoient. IJe retour
à Louvain, il accepta l'offre que les
états de Brabant lui hrent d'une
chaire de droit , avec des appointe-
mens considérables , et ne démentit
ni la confiance des étals , ni l'atlenle
publique. Loin de se borner an Code
et au Uigeste, il donna chez lui un
cours de leçons sur le Timée de
Platon, qui lui attiroit une foule
d'auditeurs ravis de ce genre d'ins-
titution inconnu jusqu'alors. Isa-
belle, archiduchesse de Parme et
gouvernautedesPays-Bas , ne tarda
point d'appliquer à l'administration
les lalens d'Hoppers. Il fut nommé
d'abord membre du grand-conseil
de Malines , ensuite du conseil secret
de Bruxelles en i.56o. Philippe II le
< hargea d'étal >iir une université à
Douay , dans l'intention d'empêcher
que ceux de ses sujets qui pavloient
wallon ou françaisnefussenlétudier
à Geuève , où ils auroienl pu pren-
dredu goûlauxprincipes de la réfor-
mation qui venoit de s'y établir.
Enfin , en i .')6G , il fut appelé à Ma-
drid pour y remplacer Charles de
Tisnacq dans la place de conseiller
intime pour les affaires des Pays-
Bas, ii.fTaires qui counneuçoicui à
lïOPP
»o5
devenir extrêmement épineuses , la
fameuse requête des nobles ayant
été préseutée à la gouvernauîc peu
de jours auparavant le départ d'Kop-
j)ers. A la cour d lispagne , toutes
les marques de faveur el de ilistinc—
tion s'accumulèrent sur sa tète ;
mais l'excès de ses travaux poli-
tiques et lilléranes (car, autant que
cela lui fut possible, il alterna tou-
jours les uns par les autres ) usa
bientôt sa santé , cl, après une
maladie, il mourut à Madrid le 25
décembre iBvlJ, dans la iinquante-
quairièn)e année de sou âge, laissant
de Christine Hertholf, sa femme, sept
enfans , dont trois hls. Deux de
ceux-ci (Grégoire et Caïus-Antome),
le dernier sur-tout, ont aussi joui
d'une considération méritée dans la
république des lettres. A de vastes
connoissances , Hoppers allioit \\\i
caractère élevé , franc et probe.
Eloigné des mesures extrêmes dans
1 insurrection et dans la réforme des
Pays-Bas, il resta toujours attaché
au parti du roi et aux intérêts de
l'Eglise catholique, mais sans se dé-
guiser les abus multipliés de la su-
perstition, celle vieille et constante
amie du despotisme. En i.'î62 il
écrivoit à George Cassauder, au su-
jet de son Uaité De officia pii oc
publicœ tranquiUitatis verè aman-
tis viri in hoc religionis dissidio :
« Non seulement j'ai lu votre ou-
vrage avec allenlion, mais j'ai con-
tribué à le faire conuoilre et goû-
ter par d'autres. Ami de la paix,
je ne puis qu'approuver les effin'ts
de ceux qui , sur de.'î hases solides ,
voudroient la rétablir dans l'Eglise.
O que les Pères de Trente n'en
appellent-ils quelques-uns dans leur
sein ! Je suis plein de confiance qi'.e
te seroit le moyen de purger l'Eglise
des erreurs et de la corruption qui
la déshonorent. » Le recueil des
(Kuvres de Cassander , i vol. in-fol. ,
Pari.s , j6i6, offre une partie de sa
correspondance ; cl il se trouve dans
5o6
HOPP
celle-ci trois leltres àHoppers, qui
font foi de leur ancienne et loyale
amitié, savoir, les 48^, 54" et loS"".
Hoppers a laissé plusieurs ouvrages.
Les principaux sont, I. Adversùs
Juslinianum , de obligationibus
neiôa,vaiv libii V , Louvaiu ,
i553, in-fol. II. Seduardus , sive
de perd jurisprudenliâ Lihri Xll ,
dont Hermand Conringius a donné
une nouvelle édition à Brunswick
en 1606, in-4°, à laquelle il a joint
deux opuscules du même auteur :
T/iemis iljperborea , su>e tabula
regwn Frisiœ , et Ferdènandus ,
siue de inslitutione }y?incipis. Le
Seduardus est écrit, à la manière
des anciens , en forme de dialogue.
Les interlocuteurs sont les trois fils
d'tloppers. Leur frère aîné, mois-
sonné dans sou enfance , avoit porté
le nom de Seduardus ( en frison
Sperd), et la dénomination du li-
vre est un monument de la ten-
dresse paternelle de son auteur. On
a reproché à celui-ci d'y avoir un
peu trop platonisé. La Table des
Jlois de Frise est dans le genre de
celle de Cébès. III. De juris arte
libri III, Louvaiu, i553, in-fol.
IV. Isagoge in veram jurispruden-
tiam libri FUI, Cologne, i58o,
in-S". V. Paraphrasis in Psalmos
Davidicos , Anvers, 1690, in-8°.
VI. Mémoires des troubles des Pays-
Bas. Cet ouvrage, écrit en français',
est important pour l'histoire du 16"
siècle, Hoppers est encore nommé au
nombre des auteurs du Dictionnaire
grec, intitul8»//e.t7'co« VII auctore
Sasileense. Il laissa imparfait nu ou-
vrage De origine gentis Frisonicœ,
cité avec éloge par Martin Hamco-
nius, mais qui n'a pas été publié. Fop-
pery , dans sa Biblioth. Belg., t. I ,
pug. 556, fait aussi mention d'un
MarcuaHoi'PEiius, qui traduisit du
grec le Discours d'André de Crète
sur la Salutation de la Vierge, et
fut l'éditeur des Qîuvres d'Enée Syl-
\ius, pape sous le nom de Pie 11.
HOPT
* I. HOPTON ( Arthur ) , ma-
thématicien anglais , fils de sir Ar-
thur Hopton, né au comté de Som-
merset en i588 , mort en 1614,
élève du collège de Lincoln à Oxford ,
où il fut reçu bachelier-ès-arts. De là
Hopton passa au collège de justice du
Temple à Londres , où il se lia étroi-
tement avec le savant Selden. On a
de cet auteur ,1. Un Traité , iu-4° ,
de l'arbalète géodétique , ancien
instrument de marine. II. Le Miroir
topographique , contenant l'usage
de cet iusirument. ÏII. Le Théo-
dolite , ou Tables de trigonométrie
plane et sphérique , iu-4°. IV. I^a
Concordance des années , contenant
un compul exact du temps , selon
l'ancien calendrier anglais , ia-8°.
V. Les Ephémérides pour les an-
nées de 1607 à i6i4-
* II. HOPTON ( lord Raoul ) ,
brave et loyal gentilhomme anglais,
qui servit avec honneur, et se fit
une grande réputation dans les Pays-
Bas , s'attacha , 'dans le temps des
guerres civiles , au parti du roi, et
le servit avec zèle. Hopton , mort
à Bruges en i652 , éloit si habile
dans l'art de commander les troupes,
et les armées sous sa conduite étoient
si bien disciplinées, qu'il les faisoit
mouvoir comme un seul corps, de
sorte qu'elles étoient, à tous égards,
bien différentes des Ijandes de misé-
rables que ces temps malheureux
présentoient par -tout dans les ar-
mées républicaines. Hopton rem-
porta, en 1645, une victoire signalée
sur Guillaume Waller , à Slratlon ,
mais il fut obligé de reculer devant
Fairfax, et mourut peu après.
* m. HOPTON ( Susanne) , dame
de beaucoup d'esprit , née en 1627 ,
d'une ancienne famille du comté di3
Slrafford , morte à Hertford en 1 709.
Dans sa jeunesse , son père lui ht
embrasser la religion catholique ro-
maine , mais ensuite ses propres xé~
Ikxions la ramenèrent à la commu-
HORA.
nion prolestaule. Elle épousa Ri-
chard Hopton, esq. , juge au pays
de Galles , qui mourut quelques an-
nées avaut elle. On a de cette dame
plusieurs ouvrages de dévotion ,
I. Un Livre d'offices , mieux dis-
posé que les anciens. Ce fui le doc-
leur Hick.es qui le publia. II. Les
Prières pour chaque jour. III.
L'Hexatneron, ou les médilations
sur les six jours de la création.
I. HORACE, surnommé Codés,
parce qu'il avoil perdu un œil dans
un combat, desceudoil d'un de ces
trois guerriers ( voyez les Ho-
BACEs ) qui se battirent contre les
Coriaces, Porsenna, ayant mis le
siège devant Rome l'an 607 avant
J. C. , chassa les Romains du Jani-
cule 0 et les poursuivit jusqu'à un
pont de bois dont la prise eulraînoit
celle de la ville même. Ce pont n'é-
toit défendu que par trois hommes :
Horace Coclès , ou le borgne , T.
Herminius, Sp. Largius. Comme ils
prévirent qu'ils seroienl accablés par
le nombre , Horace conseilla à ses
compagnons de rompre le pont der-
rière lui, taudis qu'il en défendroit
l'entrée. Ils suivirent son conseil ,
malgré le péril où ils l'exposoieut.
Horace, de son côté , exécuta ce qu'il
avoit promis. Conservant sa pré-
sence d'esprit dans le plus grand dan-
ger, dès qu'il sentit le pout rompu ,
il s'élança tout armé dans letleuve.
Un coup de pique qu'il avoit reçu à
la cuisse en combattant , et le poids
de ses armes , ne l'empêchèrent pas
de gagner l'autre bord du Tibre.
Publicola fit ériger à ce héros une
statue dans le temple de Vulcaiu.
t II. HORACE ( Q. Flaccus V
naquit d'un affranchi , à Veniîw
dans la Fouille, l'an 63 avant J. C.
Son père lui connut des lalens, et
n'oublia rien pour les cultiver ,
quoique sa fortune fut médiocre. Il
l'envoya à Rome , où son esprit et
ses succès le lièrent avec les jeunes
HORA
5o7
gens de la première distinction. A
I âge de vingt-deux ans , il alla étu-
dier la philosophie à Athènes. Bru-
tus , l'un des meurtriers de Cés;!r,
passant par celle ville, l'emmena
avec lui, et lui donna une place de
tribun des soldats dans sou armée.
Horace s'étaut trouvé peu de temps
apfès à la bataille de Piiilippes , prit
la fuite, jeta son bouclier , et pro-
mit de ne plus manier les armes.
Les lettres l'occupèrent depuis tout
entier. De retour à Rome , la misère
fut son Apollon:
Pauperias impulit audcix
Ut versus facereiii
L'indigence osl le (lieu qui ni'inspirn des ver».
Volt.
Virgile et Varius, charmés des ouvra-
ges de ce poêle naissant, en mon-
trèrent quelques-uns à Mécène. Ce
protecteur , cet ami des gens de let-
tres , voulut voir Horace, le prit en
affection , et le présenta à Auguste ,
qui le combla de bienfaits et de ca-
resses. Le poète vécut définis à la
cour du ministre et à celle de l'em-
pereur comme dans sa propre mai-
son. Il immola la populace des au-
teurs à la risée publique. Ni le démon
des vers , ni celui de l'ambition,. ne
le possédèrent : il fuyoit, lorsqu'il
le pouvoit , à ses campagnes. Là ,
exempt de tout souci , badinant avec
les Muses et les Grâces, il se livroit
ù une voluptueuse indolence. Sa
philosophie éloil celle d'Epicure ; il
eut des passions déréglées , des goûts
dépravés, el ne s'en cacha point.
II aimoit le vin, el, pour nous ser-
vir de son expression , plus d'une
fois ses pieds se refusèrent au poids
de son corps chancelant. Quoiqu'il
se moque des préceptes que don-
noieul sur l'art de la cuisine certains
gourmets, quoiqu'il nous assure qu'il
se nourrissoit quelquefois avec des
olives et de la chicorée , il n'en re-
cherchoit pas moins la taljle somp-
tueuse el délicate de Mécène. Au
5o8
HORA
reste, il ne dissimuloit pas ses (îë-
faïUs , et souvent il tounioil sur lui-
même les traits piquaiis de sa cen-
sure. « L'S toinines qui ue l'appar-
lienvieut pas irritent tes désirs. A
Rome , tu ue cesses de vanter les
agrémeus de la cami)agne; à la cam-
pagne , lu portes jusques aux cieux
les plaisirs ii,e la ville. Inconstant
que lu es ! tn ne saurois vivre une
heure entière avec loi-mème ; tu te
trains, tu le fuis. Ton loisir t'em-
barrasse ; vainement, pour te dé-
rober à l'ennui , lu as recours, tantôt
au vin et tantôt au sommeil : l'ennui
te poursuit et t'accable. » Cependant
la vie tranquille étoit plus de son
goût que la vie tumultueuse. Au-
guste lui offrit la place de secrétaire
du cabinet; il refusa un emploi qui
l'auroit gêné , et l'empereur ne le
trouva pas mauvais. « Septimius ,
lui écrivit ce prince quelque temps
après, vous dira de quelle manière
i'ai parié de \ ous ; car , si vous avez
été asse:^ fier pour d^aigner mon
amitié , ne croyez pas que je me
pique de fierté à votre égard. »
Horace éloil nécessaire à Auguste.
« Dans ces temps de crise , où les
gouvernemens cliangent, dit Tho-
mas , l'homme d'étal a besoin de
l'homme d'esprit. Horace , par le
genre du sien , étoit un instrument
utile à Octave. Ses chansons vo-
luptueuses adoucissoient des esprits
rendus féroces par les guerres de
liberté. Ses satires détournoient sur
les ridicules des regards ipii se se-
roient portés sur le gouvernement
et l'état. Sa philosophie tenant à un
esprit moins ardent qiue sage, pre-
nant le milieu de tout, calmoil l'im-
pétuosité des caractères, et plaçoit
la sagesse à côté du repos. » Si Ho-
race redouloit les assuiettissemeiis
des cours, il se plioit avec le plus
grand plaisir à tous les devoirs de
l'amilié. Lui échappoit-il un bon
mot sur un ami qui fit une ira-
pression un peu iachetise, il se met-
HORA
toit à ses pieds et s'accusoit lui-
même. Egalement éloigné de l'adu-
lation et de l'arrogance, il ne loua
jamais des sottises; jamais il u'in-
sulta à l'ignorante simplicité. Se»
traits ue tomboienlque sur les demi-
savans, qu'il regardoit avec raison
comme la partie la plus ridicule et
la plus incommode de la société. Il
ne lisoit ses ouvrages qu'à ceux qui
l'eu prioient instamment. Personne
ne sut mieux que lui badiner avec
les grands, ni tirer un meilleur parti
des plaisanteries qu'ils aiment sou-
vent à faire. Il eut le sens aussi droit
que l'esprit fin et pénétrant. Il n'ou-
vroit son cœur à qui que ce fût
qu'il ne l'eût connu à fond. Pour
n'avoir jamais à répondre des fautes
d'autrui , il ne recoinmandoit^à ses
amis que les personnes dont il avoit
éprouvé le caractère. Quoiqu'il vécût
avec des hommes d'élat , il ne se
mêla point des affaires d'état. Il sa-
voil qu'il éloit toujours dangereux
de vouloir pénétrer ou censurer les
desseins des hommes puissans , et
« d'écrire , comme disoil Pollion ,
contre ceux qui peuvent proscrire.»
Ces vers , traduits de Pope, carac-
térisent bien ce poète , l'oracle des
hommes de goût.
Horace, dans le cœur jmisanl tout ce qu'il
jieiise ,
Piir une gracieuse cl âouce négligence.
Sans trop affucler l'art, nerveux, vif et pre»-
sant ,
Est par-loul insiruclif , par-tout intéressant.
C'est nn ami prudent , mais san« cesse agréable.
Oui nif-ne à la raison par une roule ai maWe.
Chez lui , le jugement aussi grand {jne l'esprit
Donne de la vigueur à toul ce ()u'jl écrit ;
Ses ouvrages divers lenferuicnl la pratique
Des règles que prescrit sa brillante critique ;
lUuge de sang-froid et compose avec feu.
iTmourut l'an 7* avant J. C, après
avoir fait Auguste son héritier.
Horace et Virgile maugeoient sou-
vent à la table de cet empereur , pla-
cés à ses côtés ; le premier avott une
fistule lacrymale, et l'autre la res-
piration fort gèitée. A'igMnte,eu plra-
HORA
sanlantlà-dessus , disnit quelquefois:
.Kgo siim intersiispiria et tairj nias.
« Me voici entre les soupirs el les
larmes. » Horace fui eiUerré à l'ex-
tréiuité des Esquilies, près du lom-
beau de Mécène , auquel il a voit
souhaité de ne pas survivre. 11 lui
devoil ces leudres sentiiuens: car on
peut juger de la vive amitié de Mé-
cène pour Horace par ce peu de
paroles qu'il écrivit à Auguste dans
son testament : <', Je vous conjure de
TOUS souvenir d'Horace, comme de
moi-même. » Horace éloit maigre
et fort mince , quoique Suétone ail
inféré de ces paroles , ce je suis un
vrai pourceau du troupeau d'Epicu-
re, » qu'il éioil gras. Ces expressions
peignent plutôt ses mœurs que sa
ligure; celles d Horace étoient telles
que nous les avons peintes. Ses poésies
sont pleines d'images qui blessent la
pudeur, et qu'on n'a pu voiler qu'en
les eff.içuut entièrement. Il est
étrange qu'un homme qui devoit con-
noîlre le langage poli et réservé de
la cour se serve si souvent de celui
des lieux consacrés à la débauche
grossière. Les ouvrages qui nous res-
tent de lui sont ,1. des Odes. Horace
semble s'être fait un caractère parti-
culier, composé de celui de Pindare
et d'Auacréon» On ne peut nier qu'il
n'égale , qu'il ne surpasse même ce
dernier par ces traits tins el délicats,
par celte molle facilité que l'amour
inspire. Mais il se reconnoil lui-
même fort inférieur au premier. On
peut dire néanmoins qu'il marche à
côté de Pindare , dans celle même
Ode où il se met au-dessous de lui.
C'est là qu'il le compare à un tor-
rent impétueux, qni,gonllé par les
pluies, frauchil ses bords, el pré-
cipite avec fureur ses eaux immen-
ses et profondes; tandis (pie , pour
lui, il se regarde comme une abeille
matinale, qui, avec beaucoup de
peine , ceuille le thym autour des
bois el des humides rivages de Tibnr.
Il Be reudoit eu partie justice: et en
HORA
5o9
général , il n'a pas celle pompe et
celle magnilicence qui disluiguent
le poète grec. Pindare frappe l'ima-
gination de ce qu'il y a de grand ;
florace de ce qu'il y a de beau.
Pindare est incomparable lorsqu'il
célèljre les dieux , les roii^et ks vain-
queurs couverts d'une iifl^le pous-
sière dans les jeux de la wece : Ho-
race ne fait jamais mieux cclaler son
génie que lorsqu'il folâtre avec Bac—
chus et les Amours , qu'il dessine
uu agréable paysage , ou qu'il décrit
lescliarmes de sa Glycereel Us agré-
mens de sa maison de Tivoli. Les
idées de Pindare i)orlenl loujnurs une
empreinte de su bli me; ce lltsclllo race
sont marquées au coin de la nature la
plus amiable. Jules Seal igcrdisoil qu'il
aimeroit mieux avoir fait _les deux
odes Quem tu,Melpomeiie,ç\ Dvncc
grains eram, que d'èlre roi d'Ara-
gon. II. Des Satires e\. des F pitres.
Elles n'ont rien au dehors qui frappe
le lecteur. Les vers en sont négli-
gés et dépouillés de toul l'éclat et
de toute la douceur de l'harmonie
poétique. On diroil que c'est de la
prose ; mais c'est une prose assai-
sonnée de cette finesse d'expression ,
de cette tleur de plaisanterie, de cette
aimable négligence qui plait plus
que tons les ornemens. Son style est
en latin ce que celui de La Fontaine
est en français ; c'est une simplicité
qui charme , une familiarité pi-
quante plus diflicilç à saisir que la
correction el l'élégance. Les leçons
de sa philosopliie sonl d'autant plus
utiles, quélaut rftserrées dans des
vers énergiques , elles se gravent
pour toujours dans la mémoire. Les
penseurs se plaisent, comme Ta dit
Voltaire ,
A lirn ses écvils pleins île grâce et tic ':pns ,
Coimiicnii boilil'im vin vieux uni niemiillcs
s( lis;
Avec lui l'on apprend k .'ouIlVir licHliaeiice,
A jouir sagement d'une lionnéle oi>iilrnce,
A sortir d'une vie ou Irislc ou fortunée.
En rendant graee aux dicuï Jo iiuu^i l'avoir
doniu;e.
JIO
HORA
Coileau préleudoit que c'eloîl lui, eu
grande partie , qui avoit fait parmi
nous la fortune d'Horace. «Avant
moi, disoit-il , on ne parloit que
de ses Odes. Je me mis à lire ses
Satires et ses Epi très ; j'y trouvai
mille beauWs, et je m'appliquai à
écrire eaj|e genre. Tout le monde
voulut relire son Horace; et voilà
ce qui Ht vendre celui de M. Dacier,
qui n'a pu parvenir, malgré ses
efforts , à gâter lout-à-faitl'original.))
On dut , en effet , admirer dans
Horace le poète lyrique, avant d'y
démêler l'homme de goîit et le phi-
losophe ; avant de sentir qu'il réu-
nissoit la profondeur et les grâces.
Notre nation fut long- temps trop
grossière pour connoilre le prix et
le charme de cette union. Ce mé-
lange continuel de l'agréable et de
l'utile , qui caractérise ce poète , offre
une lecture si délicieuse que si l'on
étoit réduit à ne conserver qu'un
seul poêle ancien , « il faudroit , peut-
être , dit d'AIembert , choisir Ho-
race de préférence à tous les autres,
parce qu'il est peut-être le seul. où
l'on trouve des beautés de tous les
genres ; enthousiasme , imagination ,
noblesse , harmonie, élégance , sen-
sibilité , finesse , gaieté , goût ex-
quis , philosophie tantôt légère ,
tantôt profonde , et toujours utile. »
III. JJJrt poétique. C'est l'école du
goût. Horace lit pour les Romains
ce qu'Aristote avoit fait pour les
Grecs. Il abrégea les préceptes de
ce philosophe , et les mit à la portée
des grands seigneurs de Rome, qui se
mêloient alors de faire des vers. On
trouve dans son ouvrage les prin-
cipes fondamentaux de l'art d'écrire
et de l'art de versifier. Il est fàclieux
que l'ordre et la liaison des idées
ne s'y fassent pas sentir davantage ;
il est absolument sans méthode. On
doit le regarder plutôt comme une
Epitre légère que comme un Pocuie
didactique.... Lu première édition
d'Horace ne porte point de date ni
HORA
de nom de ville ; mais on la croit
imprimée à Milan , vers 1470, par
Zanotus , in-4°. Parmi la foule d'au-
tres éditions qu'on a données des
Gïuvres de ce poêle , on citera ,
1" Celle d'Elzévir, 1629, iu-i2. 11
doit y avoir un titre gravé et un
litre imprimé ; les notes d'Heinsius
avec un titre , et De Satyrd Ho-
ratiand avec un faux titre ; 2° De
Bond, 1676, Elzévir, in -12. Elle
a été copiée ligue pour ligne et réim-
primée à Orléans , 1767, in-i 2 , par
les soins de Couret-de-'Villeneuve.
Eu i8o6 ,M. Nie. L. Achaintre en a
donné une très-bonne et très-exacte
édition in-8° ; 5° Cum nous vario-
rum, 1670, in-8"; 4° Adusiun del-
p/iini , 1691 , in-4° ; 5° Une Edi-
tion gravée par de Pine , Londres ,
1735 et 1757 , 2 vol. in-8° ; 6°
Celle du Louvre, 1642 , in-fol. ; et
1755, in- 24, petits caractères,
comme le Phèdre ; 7** De Sandby ,
Londres, 1749, 2 vol. in-8° , fîg. ;
8" Les Editions de Barbou , 1746 et
1765,111-1 2, son télégantes; de même
que celle de Glascow, 1760 , et de
Baskerville, 1770, iu-4°. J.!\I Zeune
a donné àLeipsick, eu 1788, iii-8°,
la meilleure édition d'Horace, faite
d'après le texte de Bontley , avec
les notes de Baxter efr de Gessner,
Parme , 1791 , in-fol. , de l'impri-
merie de Bodoni , édition d'une exé-
cution parfaite et la plus recherchée
de cet haljile typographe ^qui en a
fait en 1795 une édition in-4°. Nous
avons encore celle de Didot l'aîné ,
ornée de charmantes vignettes , des-
sinées par M. Percier , Paris, 1799,
grand in-fol. Plusieurs auteurs , Ma-
relles , Martignac , Dacier , Tarte-
ron , Sanaïlon , se sont exercés à les
traduire en français, ainsi que l'abbé
Le Batteux , dont la traduction est
en 2 vol. in-12. C'est à M. Binet ,
célèbre professeur qui a consacré
plus de quarante ans de sa vie à
l'instruction de la jeunesse , que nous
sommes redevables de la meilleure
IIORA
îradaclion d'Horace , publiée en
1785, 1802, et 1809. Celle Ira-
dliclion , qui réunit l'élégauce à la
Hdélilé , ne fait point regretter cel-
les de Dacier , Tailerôu , Sauadon
et Batteux, dans lesquelles néan-
moins on trouve des remarques
savanleset instructives, notamment
dans celles de Dacier et Sauadon.
Quant aux traductions eu vers , ou
remarque celles dounées par MM.
Daru et Le Brun , i8o5 , 2 volumes
iu-8°. Voy. les articles de ces tra-
ducteurs dans ce Dictiounaire.
t HORACES ( les ). C'est le nom
de trois frères romains qui com-
baltirent contre les trois Curiaces^
Albains , sous le règne de Tullus
Hoslilius , l'an 669 avant J. C.
Deux des Horaces furent tués : ce-
lui qui resta contre les trois Curia-
ces , joignant l'adresse à la valeur ,
assura l'avantage aux Romains.
Comme les différentes blessures que
les Curiaces avoient reçues ne leur
laissoient que des forces inégales ,
il se mil à fuir ; les ayant séparés
par cet artifice , il relomba sur eux,
et les terrassa facilement l'un après
l'autre. On trouve dans l'iiistoire
grecque un événement si semblaljle
à celui-ci , que l'on a s(i;ipçonné avec
raison que les Romains et les Grecs
ont été jaloux d'orner, leur histoire
d'un Iraitqui appartenoit à celle d'un
autre peuple. Horace, rentrant à Ro-
me , tua sa sœur qui lui reproclioil le
meurtre d'un des Curiaces, auquel
elle avoit été fiancée. Il fut con-
damné à mort par les deux com-
missaires que Tullus avoit nom-
més pour le juger ; il en appela au
peuple. Ou commua sa peine.
Il fut condamné à passer sous le
joug : mais en même temps on
lui érigea un trophée dans la place
publique , et l'on y suspendit les
dépouilles des trois Curiaces. Le
joug étoit une porte , composée de
deux fourches qui eu soutenoient
HORA
5ii
une troisième. On y faisoit passer ,
par ignominie , les prisonniers fait»
en guerre V'oyez CRiTOL.AÎis.''
i H OR APOLLON ( Ilorus-
Apollo) , gramm/iirien, professa les
l)elles - lettres à Alexandrie et ù
Conslantinople , sous Tliéodose-le-
Grand , ou plutôt servit de mas-
que à un savant du ]5"^ siècle,
qui vouloit exercer la patiente sa-
gacité des commentateurs. On a ,
sous son nom , une Explication
des /liéruglvphes , publiée en grec
et en latin , à Utrecht , 1 727 , in-b" ,
avec des Notes par Jean Corneille
de Paw. Elle avoit été écrite d'abord
en langue égyptienne , et traduite de
celle langue en grec par un certain
Philippe, dont on ue counoit que le
nom. Aide IManuce est le premier
qui ait publié celle version grecque ,
et Mercerus ou Mercier en a donné
deux éditions , dans la première des-
quelles, en j5/|8, il a eulièrement
suivi celle d'Aide Manuce. 11 s'est
servi dans la seconde , en 1 55 1 , d'un
manuscrit que lui avoit communi-
qué Guillaume Morel. Le savant
Hoeschelius, d'Augsbourg , a donné
aussi une édition grecque d'Hora-
poUon sur un manuscrit d'Augs-
bourg. On en a encore une version
latine de Bernardin Trebalius de
Viceuce ; elle parut à Bàle en i5i8.
Celle explication des hiéroglyphes
a été traduite en français, d'abord
en 1 553, ensuite par Requier en
1779, m-12. •
t HORATI (Charles), religieux ob-
seryanlin , missionnaire à la Chine ,
depuis 1698 jusqu'en 1753, adon-
né , 1. Une Relation , estimée , de
ses ivjages , en italien , Rome ,
1759. IL Grammaire et Diction-
naire de la langue chitwise , avec
une Relation des coutWnes et des
cérémonies chinoises, lll. Explica-
tion de la Philosophie et des Li-
-vres sacrés des Chinois, Rome,
5ii
HORI
1769. Ce deniiur ouvruge offre beau-
coup d'érudition.
* HORBIUS ( Jean-Heuri ) , né à
Colmar en x'Vlsace , fut fait miaislre
à Hambourg en iG85 ; in:us ayant
em]jrasâé les opinions des Bourignou
et Poiret, il fut chassé de cette ville
en 1695,61 mourut dans une cam-
pagne près de Hambourg , le afi jan-
vier ifiglï , après avoir pul)lié une
Histoire d'Orii;è/ie et des Sermons.
* HORI AH (Nicolas ) , né à
Nagy-Aranios en TransiK-anie , se
mit à la lê»e d'une horde de Vala-
ques , engagea à la révolte lui grand
nombre de villages de celle nation,
et entreprit d'extirper les nobles et
des ecclésiasticpies. Les massacres et
les incendies comuiencèrenl eu 1784,
It s'étendirent jusque dans le banuat
ee Temeswar , où ce peuple est éga-
lement répandu. On ne ]ieut se faire
nue idée des horreurs dans tous les
genres exercées par ces i)rigands , ni
indiquer avec précision les causes de
cetie insurrection subite et terrible.
On sait seulement que la première
idée en étoil venue aux Valaques à
Ja foire de Salalhna. On leur y
voit montrer une patevite écrite en
lellres d'or , qui les autorisoit à ex-
terminer la nolilesse : un comte de
Salins , qu'on dit avoir exhibé cette
patente n'a pas reparu depuis. Les
diverses conjectures formées snr cet
événement sont de nature à ne
pouvoir trouver jllace dans cet ou-
vrage. Les hussards siculiens ( peu-
ple qui habite la partie orientale de
la Trausilvanie ) se saisirent enHn
de Horiah , qui fut exécuté avec
Glosca ( voyez ce inot ) à Carls-
lonrg le 28 février 1785. On a
j^ravé leurs portraits dans le Journal
hisl. etlitj^ 1.5 mars 1783.
* HORIX ( Jean-Baptiste ) , né à
Mavence en i7-ï<>, conseiller de
l'élecleur el recleur de l'univcisilé ,
HORM
ensuite conseiller à Vienne, mort
le 3o seplcinbre 179^2 , a pidjlié
une foule A'Opuscales et de Dis-
sertations latines et allemandes sur
divers points d'histoire et de droit
tant ecclésiastique que civil, entre
autres, De Juribus Judœorum in
Germaniâ , in-4*' , Mayence , 176,1 ,
et réimprimé depuis ; Ubscri>atiunes
lùstorico- c/tronologicœ rie ar.iiis
C/iristi salvaloris , in-S", Mayence,»»
1789. 11 déterra dans lesaichives les
Concordata nationis Germanicœ
intégra, in-4°, Francfort , ei Leip-
sick , 1765 , plusieurs fois réimpri-
més. La publication de cet ouvrage
ht une très grande sensation et ré-
veilla l'attention des savaiis zélés
pour les libertés de l'Eglise germa-
nique. Ces concordats tirent naître
beaucoup d'écrits , dont plusieurs
composés par Horix lui-même.
* nORIVIAN( Guillaume), théo-
logien et botaniste anglais , né à
Salisbury, mort en 155.5, élevé de
l'école de Winchester, puis boursier
au nouveau collège à Oxford. En
148Ô il obtint une bourse et une
place de maitre à Eaton ; et enfin il
fut nommé vice-proviseur du col-
lège. Horman a donné un grand
nombre d'o arroges , dans lesquels
on distingue particulièrement celui
intitulé Synonima lierharum. 11 a
aussi compilé tout ce que les anciens
auteurs ont écrit de re ruslicâ.
t I. HORMISDAS ( saint ) , né à
Frusinone en Campanie , élu pape
après Symmaque , en juillet bi!^\,
éteignit le schisme des eulychéens ,
et tint un concile à Piome en 5 18.
Ce pontife , mort en août 5 23* in^^-
truisit le clergé sur la psalmodie.
Nous avons de lui plusieurs hettres.
II. HORMISUAS I", fds de
Sapor , roi des Perses, successeur
de son père en 275 , n'eut aucune
guerre à soutenir avec les Romains ,
etue voululpoinlenlxerdauslecom-
HORM
plot que les Pahuyiénieus avoient
fait pour enlever la couromie à l'em-
pereur Aiirélien. Sa générosité
égaloit son amour pour la paix.
Le gouverneur d'une de ses provin-
ces lui proposoit de faire l'acquisi-
lion d'une quantité de l)eaux dia-
mans, parce qu'il y avoit à gagner
sur ce marché une somme considé-
rable. Il répondit avec indignation :
a Si je devenois marchand, qui fera
le métier de roi ? ou que devien-
dront les négociaus de mon empire,
si je me sers de mou or et de mon
crédit pour enlever les protits les
plus avantageux et les plus légi-
times? )) Ce bon prince mourut un
an et quelques mois après sou avè-
nement au trône.
t m. HORMISDAS , III" roi de
Perse , monta sur le trône en 58o ,
après la mort de Chosroès-le-Grand,
sou père. S'il hérita de son sceptre ,
il n'hérita point de ses talens. 11
avoit cependant eu pour instituteur
le sage Buzurge. Ce dernier, s'aper-
cevant que le prince passant la plus
grande partie des nuits en fêtes ,
eraployoil toutes les matinées à dor-
mir , prenoit souvent la liberté de
l'éveiller , et de lui l'aire l'éloge
de la diligence. Hormisdas, fatigué
de ses remontrances , ordonna un
jour à ses gardes d'aller attendre
Buzurge de grand matin et de le dé-
valiser. Cet ordre ayant été ponc-
tuellement exécuté , le prince lui
dit : « Si vous aviez été moins dili-
gent , vous auriez évité cette mau-
vaise rencontre. » Buzurge lui répli-
qua : «Elle prouve, au contraire,
que les voleurs ont été plusdiligens
que moi ; et que, pour arrêter leurs
excès, vous devriez être plusdiligens
qu'enx.))Hormisdasperditsou armée,
son bagage et ses éléphaus , en cora-
ballanl contre les Romains. Depuis
l'an 58i jusqu'en 1189, il n'eut que
des échecs. Il mit alors une puissante
armée sur pied, eleu douua la cou-
T. YIII.
HORN
5i3
duite à Varanes , qui fut encore
battu. Hormisdas , irrité et honteux ,
envoya à ce général malheureux uu.
habit de femme; injure atroce parmi
les Perses. Varanes s'en vengea eu
excitant une révolte. H se saisit
d'Hormisdas , lui arracha les yei\x ,
et lit massacrer sa femme en sa pré-
.sence. 11 mit ensuite sur le troue
impérial son fils , Chosroès II , en
590, qui lit assommer son père à
coups de bâton.
t HORMOUZAN , général per-
san , avoit combattu 70 fois contre
les Arabes , lorsqu'enlin . fait pri-
sonnier et conduit à Omar II ,
successeur de Mahomet , celui-ci
ordonna qu'on le fit mourir. Hor-
mouzan demanda à boire; mais la
frayeur l'empêchant de prendre la
coupe , Omar lui dit d'être plus
tranquille, et qu'il n'avoit rien à
craindre qu'il n'eût bu. Hormouzaii
alors , pour prolonger ses jours ,
refusa de boire, et prétendit qu'Omar
venoit de lui faire grâce. Le Musul-
man lui laissa la vie , sans s opposer
même à ce qu'il bi!it.
* I. HORN( Gaspar), médecin,
né à Freyberg en Misnie en ifiSj,
étudia la médecine à Willcniberg ,
sous Daniel Sennert , reçut le doc-
torat à Baie eu 1616 , et pra-
tiqua son art à Plawen en Thu-
riuge pendant dix ans avec une ré-
putation qui le lit regretter , lors-
qu'il en sortit en 1600, pour re-
tourner dans sa ville natale , où il
mourut en i65o. Ou a de lui /a
Chimie de Geber , avec nu grand
nombre de corrections, et uu Abré-
gé de l! Alchimie gébriqiie , impri-
mé à Leyde en 1668 ,in-i2,
* II. H:0RN( Gaspar ), né à
Dresde en 1 Sgo , docleuren méde-
cine eu 1626 , et membre du collège
de Nuremberg en i63.t , mort
!e 27 août i!j4.^ , a donné un
Traité eu aUsmaud sur le scorbut.
33
5ïfi HORÎS
m. HOîlN ( le corale de ). roj.
Egmont ,11" I.
* HORNE ( George ) , évêqne
cleNorwich , fils du docteur Horue ,
naquit eu lyôo à Olliaiu, au comté
de Keui , mourut a Baili , eu 179^ ,
recteur d'Oltiain ; élève d'abord de
l'école de .Maidstone, d ensuite du
collège de l'université à Oxford , où
il fut rêçu baclielier-ès-arts. Horne
obtnil ensuite nne bourse au collège
de la Magfleleiiie, et s'appliqua avec
ardeur à l'élude d?. la langue hébraï-
que et rks saintes Ecritures. En
1753 il prit les ordres, se fil une
grande réputation dans la chaire , et
défendit avec une adresse remar-
quable les principes de Hulchinson.
Horne montra dans celte circons-
tance un talent particulier pour la
controverse. En 1768, nommé pré-
sident de son collège, il fut reçu
docteur , puis chapelain ordinaire
du roi. L'année suivante, cet au-
teur donna un ouvrage , intitulé
Considérations sur la vie de Saint-
Jeau-Bapliste. Cétoit la substance
de ses discours prêches tons les ans
au collège de la Magdeleine. En 1776
il remplit les fonctions de vice-chan-
celier , et la même année il donna
im précieux Commentaire sur tes
psaumes. Y.\\. 1781, le docteur Hor-
ne obtint le doyenné de Canlorbéry,
et en 1791 l'évcché de Norwrich;
mais il mourut l'année suivante.
Son corps fut iuJuimé à Eltham ,
où un monument est élevé en son
honneur dans la cathédrale de Nor-
■wich , mais le plus glorieux pour
lui est dans les (S'ui^res qu'il a
laissées, qui, en outre de ce que
pou» avons déjà cité , sont , I. Ex-
posé simple , franc ei impartial du
différent entre sir Jsaac Newton
et M. Hutekinson. II. Explication
de la théologie et de la philoso-
phie contenues dans le Songe de
Scipion , de Ciccrvn , iu-8°. III.
ylpologie de la conduite de plu-
HORN
sieurs person/iages de r uniuersi té
d'Ox/'orit , m-H" . IV. Spicilegiam
Shuckfordianum , ou Bouquet:
pour les critiques , in-8°. V. Expo-
sition de la méthode de M. Ken~
nicott, pour corriger le texte Ae-
Oreu. VI. Considérations sur le
projet de réforme de l' Lglise d'An-
gleterre , in -4". VU. Lettres à
Adam Smith sur la ^'/e , la mort
et la philosophie de David Hume,
in-i 2. Vill. Lettres sur l' infidélité,
in-i 2. IX. Lettre au docteur Pricst-
lej , iu-S°. X. Obseri-alions ^ir
les protestans dissidens , in-8°.
XI. Cinq volumes de Sermons. XII.
ime E.rhortatio/i (\\{\\. desliuoit au
clergé deNorwkh.
* I HORNECK( Burchard),
médecin allemand, philosophe .ora-
teur et poète , excella dans tous ces
genres. 11 pratiqua la médecine à
Wurlzbourg , où il vivoit encoro
en i5i4, alors âgé de 80 ans.
Il est auteur de divers ouvrages sur
la théologie et sur la médecine.
Parmi ceux-ci , on distingue , De
regimine sanitatis en vers latins;
De mvrbo epidemiœ et cura ejus-
dem.
* ÎI HORNECK ( Antoine ) , sa-
vant lliéologieu , né en 1641 , dans
le Bas-Palatiiiat , mort en 1696,
élevé par Spanheim à Heidelbcrg,.
envoyé à 19 ans en Angleterre
au collège de la Reine à Oxford ,
y obtint une place de chapelain ,
et ensuite le vicariat de Ail Hallows
à Oxford. Le duc d'Albemarle lui
donna ensuite le rectorat de Doultoii
au Devonshire , auquel on joignit
après un canonicat de la cathédrale
dExeler. Horneck , d'une science
profonde et d'une pièlé exemplaire,
et dont les ouvrages, qui sont as-
sez connus, prouvent les lalens ,
comme écrivain, fut, en 1671 , pré-
dicateur dr Savoy ; et en 1690 , cha-
i^oiue de Weslmiuslcr.
HORN
HORNÉrUS ( Conrad ) , ne à
Brunswick en logo, professeur de
philosophie et de tliéologie à Hel-
nisladt , )■ uîourut eu i6/ig. Son
principal ou vri-gg, qui est moinscelui
duu profond mëditateur, que d'uu
compilateur laborieux , est , Philo-
svp/iiœ inorali.s, sive cirilis doc-
triinB de moribus , llbri quatuor ,
in-8^
t I. HORNIUS ( George ) , ne
dans le Palatinat , homme d'une
vaste lecture, mais qui se reposoit
trop , en écrivant , sur sa mémoire
qui ueloit pas toujours tidèle , pro-
fesseur d'histoire, de politique et de
géographie à Harderwick , ensuite
professeur d'histoire à Leyde , où
it mourut eu 1670. Sur la fin de
ses jours son esprit avoit des accèsde
folie, et cet accident venoit, dit-on,
dune perte da 6000 ilorins qu'il fit à
].a Haye avec un alchimiste. On a
de ce savant , I. Une Histoire ecclé-
siastique , en latin , jusqu'en 1666 ,
traduite eu français , Rolerdam ,
i6q9, in- 12. Cet ouvrage , assez
hien fait, et même fort impartial,
excepté dans les endroits où il est
question du protestantisme , a été
continué par Leydecker. II. L'His-
toire d'Angleterre , sous les années
1645 et 1646 , in-8* , à Leyde ,
1648. Hî. J)e originibus Améri-
cains, in-8°, iG52.1V. Geographia
vêtus et nova ; ouvrage savant ,
mais confus. V. Orbis politicus ,
in-ia. VI. Historia philosophiœ ,
en 7 livres, i6d5, in-4°. VU. Une
édition de Sulpice-Sévère , avec des
notes , in-8*^. VI 11. Ulyssea , sive
studiosus peregrinans umnia lus-
trans lit tara , Leyde , 1671, in- 16.
IX. Arca Nu'é , ou Histoire des
monarc/iies. Ouvrage plein de re-
cherches curieuses sur l'origine de
chaque monarchie , etc. f'ojez
Graaf.
* II. HORNIUS (Justs) publia une
HORR 5ij
ti-aduclion en malais (idiome de la
gi aiirle péninsule dy l'Inde , nommée
Malacea ) , des Evangiles et des
Actes des apôtres, Amsterdam, 1602,
in-4°- Il exerçoii le ministère évan-
gélique dans ces contrées.
* III. HORNIUS ( Jean ) ou Vax
LToPcNE , ué à Amsterdam en jG2J,
étudia à Ulrecht , à Baie , à Mont-
pellier , à Orléans , professeur de
médecine et d'anatomie, d'abord à
Amsterdam, et ensuite à Leyde , a
publié quelques ouvrages.
* flORNUNG ( Jean ) , médecin dit
17" siècle, né à Rolenbourg sur le
Tauber , a publié à Nur.mbcrg eu
1625, in-q°, et à Leipzick, en 1661,
même format , un ouvrage intitulé
Cista medica , dans lequel il a re-
cueilli les lettres des plus célèbres
médecins allemands. Il est encore
auteur d un livre en allemand , sur
U JflétÂode de traiter les brûlures.
Nuremberg ,1682 , in-8".
*HOROZCO(Chnslophede„après
avoir achevé son cours d'humanités
à Salamanque, s'attacha à leiude de
la langue grecque , et passa ensuite
aux écoles de médecine , où il fil des
progrès si rapides , qu'il publia , a
l'âge de a i ans , un ouvrage intitulé
Castigatiu/ies in interprètes FauU
Agi nette , Venetiis , 1.656, in ftjl.
Ce début lui mérita une chaire à
Salamanque, oùilcon)posa,en i5ô8,
un autre ouvrage qui parut à Baie,
en 1 540 , in-4° , sous ce titre : Annu-
tationes in interprètes A'étii niedici
prœclarissirni , nenipe Laplistam
Montanum Veronensem , et Janunt
('ornarium Zuiccuviensem , rnedi-
cos. Il profita du manuscrit grec
d Aëtius pour rétablir le vrai texte
de ce médecin.
-\- HORREBO'W ou HoBBFtîoui,
(Pierre), célèbre astronome danois,
mort en 1 764 , âgé de 8;'» ans , eut ,
5iG
HORS
dans le coins d'une si longue vie,
vingt enl'ans et ircnte-quatre pelils-
enfans. 11 prolcssa avec dislinction ,
pendant plusieurs années , la phi-
losophie, les mathématiques, et l'as-
tronomie. On a de lui un oiîvrage
intitulé Coiiernicus triamp/ia'Jia ,
où il montre beaucoup d'enthou-
siasme pour le système de Copernic.
Horrebow envoyé dans l'Islande ,
par ordre du roi de Danemarck , en
pulilia la relalion à Londres , 1708,
in-folio. Rousselol de Surgy et Mes-
liu l'ont traduite de l'allemaïKi en
français, sous le titre de Nouvelle
description physique et hislorique
de l'Islande, Paris , 1764, 2 vol.
in-12. Les (Euvies de mathémaU-
ques de Horrebow ont paru à
Copenhague en 1740 et i74' » 5 vol.
in-4°, auxquelles on joint son Astro-
nomie^ Copenhague, 1755, in-4°.
t HORROX (Jércmie), habile
astronome anglais, né à Texleh , près
de Liverpool, eu 1619 , mourut en
164 1 , après avoir achevé son traité
intitulé Venus in sole visa ,
Gedani, 1662 , ia-folio.
* lîORSLEY ( Jean ) , savant anti-
quaire , d'abord élève à Newcastle ,
eu Ecosse, oii il fut reçu maître-ès-
arts , puis pasteur d'une congréga-
tion de dissidens dans sa province ,
et membre de la société royale , na-
quit au comté de Northumberland ,
et mourulen 1751. On a de lui un
ouvrage Ircs-volumineux , publié eu
1702, intitulé /i/vVa/?/? /a Romana,
où l'on trouve une notice exacte et
Ivès-élendue de ce qui reste eu An-
gleterre des monuraens romains.
* L HORSTIUS ( Gisbert ) , mé-
decin, ué à Ainsterilam , lit la ])!us
grande partie de ses éludeseu Italie,
tl s'établit à Rome , où il exerça sa
profession pendant une longue suite
d'années. Il y mourut en i555 ou
ir).')C , njfcdeciu de i'hôpilul de Ste.-
HORS
Marie-de-la-Consolation. Gessner et
Rondelet le cilentavec éloge. On ne
conuoil de lui d'autre ouvrage que
celui intitulé De turpeto et lhap~
sid libelhis , Romœ , 1 ;')44, in-4°.
lî. HORSTÎUS ( Jacques ) , né à
Torgaw en j557, médecin ordinaire
de l'archiduc d'Autriche en i5So,
professeur de médecine à Helmstadt,
et directeur de l'université en iSgô,
mort eu 1600, a laissé beaucoup
d'ouvrages sur la science qu'il avoit
professée. L Compendium mcdi^
carum institutiouurn. IL Ilerba-
rium, i65o, in 8". UL Un Com-
mentaire sur le livre d'IIippocrate,
De Corde. IV. De noctamhuloiii-
Lus. V. De dente aureo puerl
Silesii , in-8". VI. Dispulatioiies
catkolicœ de relu/s secundùni et
prœternaluram. VIL Epistolœp/ii-
losop/iiccs et médicinales , iu-8°;
et Jivers autres traités où l'on trouve
de bonnes clioses.
t III. HORSTIUS ( Grégoire ) ,
su ruommé ÏEsculape d'Allemagne,
neveu du précédent, né à Torgaw
en 1678, et mort en 1606, après
avoir exercé et enseigné la médecine
avec un succès égal , a donné plu-
sieurs ouvrages sur cette science ,
recueillis par Grégoire Horstius, sou
fds, eu 2 vol. iu-4", à Gouda , 1661.
Quelques- unsrouleut sur dessujetscu-
rieux , tels que ceux - ci, Dissertatiu
de nalurâ amoris , de ciirâ furoris
amatoril, de philtris , atque de
pulsu amantium , 1611, iu-4"; De
causis similitudinis , et dissimili~
tudinis infiStu , rcspectu parentum ,
etc. , ifii9, in-i\° i De tuenddsani^
tafe studiosorum et litteratorum ,
1 648 , in-i 2 ; De tuendd sanitate ,
in-i 2 , même année.
IV. HORSTIUS (Daniel) , fils du
précédent , né à Giesseu , professeur
de médecine à Marpourg , et médecin
du laadgrave de Hcsse-d'Arnisladt,
HORT
mort en i6S5,à G8 ans, procura
1 eti i l i on fie Zacch iœ q iieffitiones me-
dico-Icgales , et celle de lUveril
cpera rnedica.
V. HORSTIUS { Grégoire ) , frère
du précédent , médecin el profes-
seur de physique à Ulni sa pairie,
mourut eu 1661, recueillit et Ht
imprimer la plu])art des ouvrages de
médecine composés par Grégoire
Horslius, sou père. {l'oyez n° Uï.)
Celte famille a produit plusieurs
autres sa vans médecins.
t VI. HORSTIUS (Jacques Mei-
liERT OU Mr.Ri,o) , surnommé Hors-
tius, du village de Horslau diocèse de
Ruremonde, où il nacpiit de purens
pauvres en juillet 1 097 , devint
curé de Cologne , et mourut en
celte ville eu 1644. 11 est auleur
du Paradisus anir/iœ làristlaiiœ ,
Cologne, 1644, in-12. Ouvrage
plein d érudition , dont il y a de
très-belles édilions avec gravures ,
parmi lesquelles on dislingue celle
tie Cologne, 1680, qui est rare. Cet
ouvrage , traduit en français jiar
Nicolas Fontaine, Paris, iGS"», 2 vo-
lumes iu-i 2, a élé souvent réimpri-
mé malgré les erreurs du traduc-
teur, pour lesquelles on a condamné
celte version. Horstius a fait en la-
lin une multitude d'ouurages de
piété : son édition des Qïuvres de
.saint Bernard , en 2 vol. in-fol,,
Cologne, 1641, psl fort supérieure
à toutes celles qui avoienl paru au-
paravant. Dom Mabijlon en a beau-
coup profilé pour la sienne.
HORTA (Garcied"), o« BU Jar-
din , professeur de philosophie à
Lisbonne eu i.'^i34, et premier mé-
decin du comte de Redoudo , vice-
roi des Indes , publia en espagnol
des Dialogues sur les simples que
l'on trouve en Orient, ir)7^|, iu-S"
el in-fol. Ils ont élé traduits eu la-
lin par Charles Clusius, i6o5, 3G
fig. ; et en français par Antoine
HORT
^17
Colin , apothicaire de Lyon , 1619 ,
in-8°. L'original et les versions soûl
recherchés.
* HORTE( Jean) , savant prélat,
élevé par M. Thomas Rowe , qui le
destinoit à être ministre dissulent ,
eutpourcondiscipiclecélebiedocteur
IsaacVv'^atls,qui iutencorrcspoudan-
ceavecluilaulqu'il vécut. Hortedes-
servit d'aboi d une congrégation de
dissidens ù Mashfield au comté de
Glocesler ; mais il se conforma
ensuite ù la doctrine de l'Angleterre,
et en 1 708 il prêcha un sermon à
Ayleshury, dont il visitoit l'église.
Horte , chapelain dn lord lieutenant
d'Irlande, le suivit dans ce pays;
alors il fut nommé à 1 évéché de
Leighlin et de Fenvs, puis il passa
au siège deKilmore,et en i']n2 à
l'arclievêché de Tuam. Horte, mort
en 1751 , a donné , I. Un volume
d'cxcelleus Se/v/ioris , imprimé in-S"
à Dublin, i7.T8,clàLondreben 1 757.
11. Une E.v/io/tatiu/i au clergé du
diocèse de Tuam, eu 1742.
t nORTEî\IELS ( Marie-Magde^
leiue ) , épouse de Charles-Nicolas
Cocliin , née en i 68G , et morte aux
galeries du Louvre à Paris en 1767.
Ades dispositions très-heureuses pour
la gravure . [\îarie joignit de vaste*
conuoissances dans la science du
dessin. Les artistes trouvent dans
ses oui'ragcsu]}.e louche spirituelle ,
hardie, el cependant moelleuse. Sa
principale occupation fut de ter-
miner au burin les sujets que son
mari avoil disposés à l'eau-forte , et
elle en conservoit avec tantd'iutel-
ligence le goût et le pittoresque ,
que les amateurs recherchenl parti-
culièrement ceux des ouvrages de
Cochin en ce genre , où son épousa
a mis la dernière main.
HORTENSIA, dame romaine,
fille du célèbre orateur Horleusius ,
el hérilièye des talen» de sou père ,
5i8
HOHT
j)laicia , l'an 64 avant J. C. , la
cause des dames romaines devanl
les Iriuravirs , qui en avoienl ton-
damné i4oo à déclarer les biens
qu'elles possédoient,alin de les taxer
))our les frais de la guerre. Le dis-
cours d'Hortensia fut si louchant ,
que les triumvirs n'obligèrent que
4<)o femmes à celle déclaration.
I. HORTENSÎUS ( Quintus ) ,
orateur romain , père de la précé-
dente , plaida , dès l'âge de 19 ans ,
avec un 1res grand succès. Cicéron,
son émule , parie de son éloquence
avec éloge , et de sa mémoire comme
d'un prodige. 11 y avoit quelquefois
dans ses gestes des mouvemens affec-
tés; c'est pourquoi ses ennemis lui
donnoient le nom de JJ/o/ijsia ,
célèbre danseuse de ce temps -là.
Horlensius tint le premier rang
dans le barreau , jusqu'à ce que Ci-
céron parût. Il le quitta pour pren-
dre les armes , devint tribun mili-
taire , préteur , et entin consul l'an
70 avant J. C. et mourut em iron
2\ ans après, avec la réputation
d'un bon citoyen, d'un sage sénateur
et d'un homme magnifique. Il avoit
amassé de grands biens , dont il
savoit se faire honneur. On dit
qu'à sa mort on trouva dix mille
muids de vin dans ses caves. Les
Plaidoyers de cet homme illustre
quiuesoulenoil pas, au jugement de
(^uinlilien, le nom qu'il séloitfait,
ne nous sont pas parvenus. On avoit
encore de lui des Poésies galantes
et des Annales. Voy. Atticus ,
n°I.
* II. HORTENSIUS (ÎMartin ) ,
astronome , né à Délit en i5o5 ,
mort à la fleur de son âge en i55(),
a donné, l. une Dissertation r/ejWe/'-
curio sub sole t'iso , et T-'enere in-
i'isd. ïl. Deux. Discours , l'un sur
/'utilité et la dignité des mathé-
matiques ; l'autre, sur l'œil et sa
perjectioii.
HO SI
f m. HORTENSIUS (Lambert },
( ainsi nommé parce qu'il éloit fils
d'un jardinier), i>rélét du collège
de Naérden en Hollande , faillit
périr dans la prise de cette ville en
1(17 -2, et vit égorger , sous ses yeux,
son fils naturel. Il mourut en 1074.
On a de lui des Satires et des
Epithalames , et d'autres cuivrages
en latin, dont les plus connus sont,
I. Sept livres de hello Germanico ,
sous Charles-Quint, in-8°. 11. /Je
tumultu anabaptisLarum , in - fol.
ni. De secessionibiis ultrajectinis ,
in-fol. IV. Des Conimmentaires sur
les six premiers livres de l'Enéide
de Virgile , et sur la Pharsale de
Lucain. V. Des Notes sur quatre
Comédies d'Aristophane.
HOSIER. Voy. Hozier.
t HOSIUS ou Osuis ( Stanislas ),
cardinal, né à Cracovie en Pologne,
et élevé en Italie , devint secrétaire
du roi de Pologne, chanoine de
Cracovie , cvcque de Culm , et enfin
évêque de Warmie. Le Pape Pie IV
l'envoya vers l'empereur Ferdinand,
qui fut si charmé de son esprit et
de ses vertus, qu'il lui dit eu l'em-
brassant « qu'il ne pou voit pas
résister à un homme dont la bouche
étoit le temple , ttla langue l'oracle
du Saint-Esprit....» Hosius étoit
chargé d'engager ce prince à faire
continuer le concile de Trente : il
obtint tout ce qu'il voulut. Pie IV
l'en récompensa , en i.'îGi , par le
chapeau de cardinal, qu'il n'accepta
que malgré lui. Ce jiontife lui or-
donna ensuite d'aller ouvrir le con-
cile de Trentr . comme son légat ;
commission qu'il remplit avec beau-
coup de succès. Hosius passa eu Po-
logne , it'où li lut rap[)elé par Gré-
goire Xlll, (pu le fil pénitencier de
l'église romaine. Il mourut à C^ipra-
volo , près de Rome , le 5 août 1 .^79,
à 76 ans. Les écrivains catholiques
lui donnèrent à l'envi les noms de
colonne de l'Eglise , el d'Augustin de
HOSP
eon temps. Les protpslans n'eurent
point d'adversaire |)his redonlaljlc.
Hosius écrivit contre eux plusieurs
ouvrages recueillis à Coioj^ne ,
i5S.i,en3 vol. iu-fol., imprimés
jusqu'à trente-deux fois du vivant
de l'auteur , et Iraduils dans ^u'es-
que toutes les langues de l'Europe.
Les priucipaiix sont , L Coiifesnio
cot/iolicœ Jidei christianœ , sii>e
Ji'.rp/ico/io confessionis à Pal ri bus
f'aitœ in synodo prouincialis ha-
bilâPctrikopiœ, anno i hh i ,l\Iayeu-
ce , i.t57, iu-fol. II. Ijc commu-
nione sub ittrâque specie. 111. De
sacerdotum conjugioAY . DeMissâ
^'iilgari linguâ celebrandâ ; J)ia-
logus de co, niim calicem laicis
et uxoj'es sacerdotibi/s pcrmitti
JiLS sit, etc. Rescius a e'cril sa Vie.
* HOSKIUS ( Jean ) , peintre
anglais , maitre d'Alexandre et de
Samuel Cooper, mourut en Angle-
terre en 1664. Sou genre étoit le /j(^/-
Irail : il a peint ceux de Charles 11,
de la reine sou épouse , et de la plus
grande p;utie des princes de la fa-
mille royale. 11 se distingua sur-toul
par la ressemblance et l'expression
de ses tètes.
t HOSPINIEN ( Rodolphe), mi-
nistre zuinglien, né à Altorf, vil-
lage de Suisse dans le canton de
Zurich , en 1.547 , mort en 1626 ,
ëloit tombé en enlance depuis près
de trois ans. Ses j)réveiitions contre
les dogmes et la discipline de l'E-
glise catholique lui firent euLin-
tcr plusieurs ouvrages, recueillis à
Genève eu 1681, en 7 vol. in-fol.
I-es principaux sont , I, de Tcm~
p/is,/ioc est de origine, nsu et abusa
temp/orum , 1600, in-fol. 11. JJe
manachis , Zurich, 160g , in-fol.
111. Defestis Judœorum et F.l/iiii-
corurn , Zurich , 1611, in-fol. IV.
h esta chrislia non/m , Zurich, 1612,
in-fol. V. Ilistoria sacraiiicnlai'ia,
Zurich, 1.598, in-fcl. — 2*" partie,
j6o2 , iu-fol. VI, Historea jcsui-
HOSP ^\ij
tica , Zurich, 1S19, in-fol. On y
trouve rassemblé loul ce qu'on a dit
sur les règles, les coustilutious, les
progrès et la poliiique de cet ordre
célèbre. Hospinien a fait plusieurs
recherclies curieuses, et ses ouvra-
ges ont leur utilité; mais il man-
que de critique; car il cite souvent
de fausses décrelalcs et des pièces
supposées comme des monumens
véritables. Il cite assez confu.sénu-nl
les anciens auteurs et les modernes ,
et fait des applications de leurs
pass.'iges à coutre-seus. Il est loible
dans la controverse. Quand il réfuie
Brllarrain sur les faits , il réussit ;
mais quand c'est sur le dogme , il
n'est ]ias à beaucoup près si fort.
Personne n'a mieux déioèlé m dé-
laillé que lui, l'histoire des différents
élevés entre les sectes séparées de
l'Eglise romaine; et en cela, sans
y penser , il a rendu service à l'E-
glise catholique. Hos-piuien , outré
sacramentaire , et grand ennemi
des luthériens et des ubiquilaires ,
avec lesquels il croyoit que l'on ne
devoit point avoir de société ni de
couimuniou , avoil uu si} le simple
et clair.
1 1. HOSPITAL (Michelde 1'), ou
plutôt DE Lo.spjTAt,, comme il si-
gnoit , chancelier de France , naquit
eu i.TOÔ à Aigueperse en Auvergne,
d'uu médecin, fils, à ce que pré—
tendoient ses ennemis , d'un juif
d'Avignon. Son ])ere , ayant quille
la médecine , sV.l tacha à Charles de
Bourbon, conuélable de France,
dont il dirigea les afl'aires avec clia-
leuret intégrité. Le couuélable ré-
compensa son zèle eu le faisant
bailli de MonVpensier , auditeur de
ses comptes à IMoulins , et en lui
dounaul la terre de la Bustière eu
Auvergne , et deux autres villages
dans le comté de Montpensier. Jean
PK LflospiTAii , d lui caractère no-
ble , et de mœurs sévères , avoil une
ame sensible et courageuse j il tdcha
520
HOSP
d'inspirer les mêmes veilus à son
fils, qu'il fit élever avec beaucoup
de soin. Il l'envoya étudier dans les
plus célèbres universités de France
et d'Italie. Michel de IHospital s'y
distingua également par le double
esprit de la liiléralure et des affaires.
Sorti des écoles de la jurisprudence,
il occupa des charges honorables ,
comme auditeur de rote à Rome ,
conseiller au parlement de Paris, au
concile de Trente transféré à Bo-
logne , enfin surintendant des fi-
nances en 1554. Le trésor royal se
trouvoit épuisé par les prodigalités
du roi, par l'avidilé de ses favoris,
de SCS ininislres ,' de sa maîtresse ,
par les dépenses de la guerre, par
les plaisirs fastueux de la cour , par
les malversations des financiers.
L'Hospilal fit des exemples de sé-
vérité qui eifrnyèrenl les coupables;
il refusa courctgeusement les som-
mes qu'on lui demandoit , et ne se
laissa corrompre ni par les mena-
ces, ni par les flatteries. «Je me
rends désagréable, écrivoil-il à Oli-
vier, par mon exactitude à veiller
sur les deniers du roi. Les vols ne
8e font plus impunément : j'établis
de l'ordre dans la recette et la dé-
pense ; je refuse de payer des dons
trop légèrement accordés, ou j'en
renvoie le paiement à des temps
plus heureux ; on voit tout cela
avec lin dépit amer... Dois-je pré-
férer l'amilié déshonorante de cer-
tains courtisans à ce que me pres-
crivent mes obligations envers mon
roi , mon amour pour la patrie ?
Eh bien donc! qu'ils engloutissent
tout , et le soldat sans paye ravagera
nos provinc;'s pour subsister , et
l'on foulera le peuple par de non-
veaux impôts. » L'Hospilal , en .se
faisant "s-edouler des sangsues de
l'état, leur donnoit l'exemple du
j[SluM nol)!e désiulércssemcnt. Quoi-
qu'il eût été près de douze ans drnis
le parlement , cinq oti six dans la
Jplace de suriuleiidaul , sa fortune
HOSP
étoil si bornée , que le roi fut oblige'
de doter sa fille. Henri II étant
mort' en 1059 , le cardinal de Lor-
raine qui étoit à la tète du gouver-
nement , sous François II , fit entrer
l'Hospital dans le conseil d'état. II
n'y fut pas long-temps. Marguerite
de Valois , destinée au duc de Sa-
voie, Feminena avec elle pour être
son chancelier. Mais à peine eut-il
passé six mois auprès de sa bienfai-
trice , qu'on le rappela en France ,
où l'on espéroit remédier aux
maux qui désoloient ce royaume ,
en l'élevant à la place de chaacelier.
L'Hospital, devenu clief de la jus-
tice , au milieu des factions de la
cour et du bouleversement général
du royaume , parut un philosophe
intrépide dans un temps d'enthou-
siasme et de fureur. «Tous les or-
dres étoient corrompus : Selon ce
qu'il dit lui-même , dans un dis-
cours au parlement de Paris , le
peuple est mal instruit ; on ne lui
parle que de dimes et d'offrandes ,
et point de bonnes mœurs; chaçuu
veut voir sa religion approuvée ,
celle des autres persécutée. Cest là
toute la piété d'aujourd'hui, w Lors-
que la malheureuse conspiration,
d'^dmhoise éclata en i.'îGo, il fut
d'avis que , pour apaiser le soulè-
vement des esprits, on pardonnât
à ceux que le faux zèle de la reli-
gion avoil égarés. 11 donna , la
même année de cette conjuration,
Védil de Romoraiiùn, pour empê-
cher l'élablissemeut de l'inquisition
en France. Il vit avec douleur le feu
de la guen-e civile s'allumer dans sa
patrie, et fit tous ses efforts pour
l'éteindre avant l'embrasement gé-
néral , « estimant ( ce sont ses
l>ropres termes) qu'il n'y avoit rien
de plus dommageable en v,\\ jiays
qu'une guerre civile , ni plus
profitable qu'une paix à quelque
prix que ce fût. » Lorsque tout le
royaume étoit en feu, il tacha d'a-
doucir le mal qu'il n'a voit pu guérir.
HOSP
Cest conformément à ces princi-
pes, dictés , selon les uns , par
l'humanité et la sagesse , selon
(l'iuUres, par son pencbaut au cal-
vinisme, cjii'il parla aux étals as-
semblés à Orléans, an commence-
ment du règne de Charles IX , à
ceux de Saint-Germain-eu-Laye ,
en i56i, an colloque de Poissy ,
tenu la même année , à i'asscmhlée
de Moulins, en i566. Après laffaire
de Vassi , voyant qu'on se prépa-
roit de part et d'autre à prendre
les armes , il s'y opposa de toutes
ses forces ; et le connétable de Mont-
morency lui ayant dit «que ce ne-
toit à gens de robe longue d'opiner
sur le fait de la guerre. — Bien que
telles gens , lui répondit-il , ne sa-
chent conduire les armes, si ne
Jaisseul-ils de connoître quand il en
faut user.» II eut part à toutes les
grandes affaires de ces temps mal-
heureux , et se conduisit toujours
de même. Son discours aux étals
îissembiés à Orléans est un monu-
ment de sa sagesse « Il ne lant
point, dit-il, écouter ceux qui pré-
tendent qu'il n'est pas de la dignité
d \m roi de convoquer des états;
car qu'y a-t-il de plus digne d'un
roi que de donner à tous ses sujets
la permission d'exposer leurs plain-
tes avec liberté , publiquement, et
dans un lieu où l'imposture et l'ar-
tilice ue peuvent se glisser? Dans
ces assem1)lées, les souverains sont
instruits de leurs devoirs. On les
engage à diminuer les anciennes
impositions, et à n'en pas mettre
de nouvelles : à retrancher les dé-
penses superilues , qui ruinent
l'état; à ne plus vendre les char-
ges ; à n'élever à l'épiscopat et
zmx autres dignités de l'Eglise que
des sujets capables de les remplir;
devoirs aujourd'hui négligés, parce
que les rois ne voif^nl et n'entendent
que par les oreilles d'aulrui. » F.nne-
mi des conseils violens, il en donna
au roi de très -modérés, pour le por-
HOSP
Sar
1er à rétablir la paix dans son état.
I^a reine Catherine de Médicis, qui
avoilcoutnbuéà l'élévation du chan-
celier, trop emportée pour aj)prou-
ver des vues si pacihqnes, le lit ex-
clure du conseil de guerre. L'Hospi-
tal, voyant que sa présence étoit im-
portune , se relira de lui-même en
i568, dans sa maison de campagne
de Vignai, près d'Estampes. Quel-
ques jours après, ou lui lit demander
les sceaux; il les rendit sans regret,
disant que « les affaires du monde
étoienl trop corrompues pour qu'il
pût encore s'en mêler. » Il goûta ,
dans sa retraite, nu bonheur ines-
péré. Les amusemens de la campa-
gne, la poésie latine, qui faisoit ses
ciélices , la conversation de ses amis ,
succédoient aux soins qu'il donnoit
à ses eufans. a J'ignorois, dit-il dans
une de ses lettres , que la vie et les
})laisirs champêtres eussent autant
de charmes. J'ai vu blanchir mes
cheveux avant que de connoître
l'état dans lequel je pouvois ren-
contrer le bonheur. En vain la na-
ture m'avoit lait aimer le repos et
l'oisiveté ; jamais je n'aurois pu me
livrer à ce penchant si doux , si le
ciel, me regardant d'un œil de piété,
ne m'eût débarrassé des fers que ,
peut être sans lui, je n'aurois pu bri-
ser. Que si quelqu'un s'imagine que
je me croyois heureux dans ce temps
où la fortune sembloit s'être fixée
contre moi et qu'à présent je me
crois malheureux d'avoir perdu tous
ces brillans avantages , ah !, que cet
liomme ignore bien le fond de mon
cœur ! v L'iUuslre chancelier vit les
beaux jours de sa retraite troublés
par le massacre de la saint Barthé-
lemi , en j 572. Il pensa sur celte fu-
neste journée comme nous pensons
aujourd'hui, et disoit souvent jE.r-
ci(/at illa dies 1 Ses amis, craignant
qu'il ne fût enveloppé dans cette hor-
ril)!e exécution, l'avertirent de pren-
dre garde à lui. « Rien , rien , répon-
' dil-il; ce sera ce qu'il plaira à Dieu,
^21
HOSP
quand mou heure sera venue. » Le
leudemaui, on vint lui dire qu'on
vojoil nne tro.ipe de cavaliers ar-
més qui s avançoient vers sa mai-
son. On hii deuianila si ion devoil
fermer les portes , et tirer sur eux ,
en cas qu'ils voulussent les forcer.
«Non, non, repartit-il; mais si la
petite ne suffit pas pour les faire en-
lier, que Ton ouvre la grande. »
C étoient eu effet des furieux qui ,
sans ordre de la cour, venoient pour
le tuer; mais avant d'exécuter leur
dessein, ils furent atteints par d'au-
tres cavaliers , envoyés par le roi
ïuèrae, pour leur du'e que l'Hospi-
la! u'étoit pas du nombre des pros-
crits, et que ceux qui eu avoient fait
la liste hii pardonnoient les oppo-
sitions qu'il avoit toujours formées à
l'exécution de leurs projets, n J'igno-
rois, répondit-il froidement, et sans
changer de visage , que j'eusse ja-
mais mérité la mort ni le pardon, w
Sa devise étoil :
Si fractus illahntur orbis ,
Impaviduni ferlent mince.
Magistrat intrépide, sujet lidèle, ci-
toyen zélé, philosophe sage et tolé-
rant, toujours supérieur à la crainte
et même à fopiuion , il n'écoute que
la vertu , et lui sacrifie quelque-
fois jusqu'à la gloire. Au milieu du
plus violent fanatisme, il lait en-
tendre la voix de la raison et de
) liumanité: au sem de l'anarchie et
de la révolte, il défend avec w\\ cou-
rage égal et l'autorité du roi et les
droits de la nation. Si, dans les com-
jnenceinens, sa conduite paroît va-
cillante , sa législation contradic-
toire , c'est que , tlouiiné par les cir-
coiislances , il soccups alors moins
de faire le bien que de prévenir le
Jiial. Poiu" conuoitre l'esprit de ses
lois, il faut les comparer à l'ordre
des événeraens. L'ilospiial ne voit
dans l.s catholiques et les réformés
«iue des hommes ayant un droit égal
IlOSP
à conserver , sous la protection du
prince, leurs propriétés , leur liberté,
leur vie : son unique but est de main-
tenir la paix parmi eux, de sauver
la France des horreurs d'une guerre
religieuse, et il se plie à tout pour
l'atteindre. Apres de longs niénage-
mens, croil-il pouvoir combattre de
front les factieux et les fanatiques,
rien ne l'iulimide ; il an été les tri-
bunaux dans leur zèle iudiscret , ;
rappelle le clergé à ses devoirs , ré-
prune l'audace turbulente des deux
partis , les soumet à des sacriiices
réciproques, prescrit aux catholiques
d'être tolérans, aux protes'ans d'être
justes et modérés , plaide dans le
conseil en faveur de la liberté de
conscience , ose la demander aux
états asS'emblés, la présente à la lois
comme une loi dictée par la raison,
comme un devoir de la justice ,
comme un droit des peuples, comme
la meilleure politique des gouverne-
mens. « Regardons les prolesta ns
comme nos frères , dit-il au colloque
de Poissy ; hommes foibles comme
eux, ne les condamnons point sans
les entendre. » Dans l'assemblée de
S. Germain, il s'explique encore plus
clairement : « Il ne s'agit point ,
dit-il, de décider sur la foi , mais de
régler l'étal. On peut être citoyen
sans être catholique : en se séparant
de l'Eglise ou ne laisse pas d'être
bon sujet du roi. Ce qui nous importe
c'est que les citoyens , proteslans ou
catholiques, vivent en paix.,.. Mal-
heur à ceux qui conseil leroient au
roi de se mettre à la tète d'une moi-
tié de ses sujets pour égorger l'au-
tre ! » Il mourut le 1 3 mars
i.'iva. On le croyoit huguenot
dans l'atue , quoiqu'il fut catho-
lique au dehors ; de là ce proverbe,
ou plutôt cette raillerie qui étoit de
son temps dans la bouche de tout le
monde : « Dieu nous garde de la
incssodu ihancelier ! » parce qu'on
étoit p rsuadé qu'il n'y croyoit pas
trop. Quelques i>ersouues jugeoieiit
HOSP
qu'avec sa mine ausleie , son visage
de saint Jérôme , comme ou l'appt—
loit à la cour, et sa morale extreme-
nienl sévère, il n'étoil, à proprement
parler , ni hiigneuot , ni callioli-
rpie ; quen tout cas il peuchoil pour
le calvinisme. Ceux qui soulienncnt
ce dernier sentiment l'appiiienl sur
l)lusieurs raisons. Nous rapporterons
les principales , d'après une lettre
qvi'on trouve dans Vannée lutéraire.
1 777, n" 28. 1° « L'épouse, la tille, le
}i,endre de l'Hospital professoient pu-
bliquement la doc trme de Cal vin. 2° Il
dit dans son testament qu'il ne règle
rien sur ses funérailles, ])arce que les
chrétiens ne les ont pas en grande
estime. Où avoit-il puisé ce langage?
n'est-ce pas à lécole des sectaires ?
3° Une autre déposiljnu contre la
foi de l'Hospital, c'est la déclaration
de M:\I. Hurault de l'Hospital , ses
petits fils , qui ont attesté qu'il les
avoit élevés et instruits avec le plus
grand soin dans la religion protes-
tante. 4° Si l'on joint à toutes ces
preuves , la fameuse harangue du
colloque de Poissy , que tous les pré-
lats catholiques et le pape Pie IV^
jugèrent hérétique, et qui l'éloit en
efl'et, si l'on joint encore le régle-
mentfait par sesordresdans l'as-sem-
bléede Saint-Germain, où lecultedes
images est proscrit , on I on décide
que les images, sur-tout celle de la
sainte Trinité , sont une innovation
contraire à l'Eciture sainte, à l'au-
torité des conciles et des saints Pères,
si l'on se rappelle que, soit au con-
cile de Trente, soit dans tout le cours
de son ministère , l'Hospital ne cessa
d'appuyer les demandes des (alvi-
nistes,on sera porté à quelque mou-
vement d'indulgence envers ceux
qui cul soup(,onné la foi du chance-
lier.... « Quelques historiens ajou-
tent qne, quoi <|u'il en soit , il eut les
vertus que la religion iiispireel tous
les caractères du génie. Ce'^t lui qui
est l'auteur de V EcUt de Moulins. Il
bnlla beaucoup dans l'assemblée te-
tiosr
nue dans cette ville en i566 : il y
proposa de sages réglemens, pour
que la justice lût rendue avec plus
d'exa' titude. Il vouloil ré<luire les
chambres du parlement , donner des
gages raisonnables aux juges , sup-
primer les épices et les prés?ns. Il
vouloit que les magistrats ne ser-
vissent que trois ans de suite dans
chaque i>arlement , et qu'avant de
quitter ils rendissent compte de
leur contînite devant des censeurs
nommés par le roi. Ces propositions
furent applaudies et demeurèrent
sans suitp. C'est encore à ce chan-
celier qu'on est redevable de YEdit
qui ordonuoit qu'on s\iivroit le cours
du ?oleil dans le dénombrement des
mois ; et que l'année civile commen-
ceroit an premier janvier. 11 projeta
aussi de réduire tous les religieux à
quatre ordres et à quatre habits dif-
férens , el de les cliarger des hôpi-
taux et des collèges. Il nous reste
encore dn chancelier de l'Hospital ,
I. Des Poésies latines, Amsterdam ,
17 02 , in-8'^ qui ne sont pas sans
mérite : mais que Chapelain a trop
louées en les mettant immédiate-
ment après celles d'Horace. L'Hos-
pital n'a point ce style précis et
serré , cette abondance d'idées , cette
délicatesse énergique qui distingue
le poêle romain. Il est souvent dif-
fus. Ses tableaux , quoique peints en
grand , ne sont pas toujours bien
ordonnés. Entin , il est moins poète
(lullorace. Cependant il est poète.
Son style est facile, maie el plein de
vie , sur-tout dans ses dernière*
compositions, lorsque l'atrocité des
crimes commis sous ses yeux eut
donné à son caractère un iKuiveaii
degré d'énergie. II. Des Ilarangncs
protwncées aux cta,'s d'Orléans ,
l'îGi , in-4'', écrites sans goût , et
qui ne sont qu'un tissu de méta-
phores prises de la médeciuo. Le
poète valoit mieux en lui que l'o-
rateur, m. Des Mémoires , conte-
nant plusieurs Traités de Paix ,
59-4
HOSP
Apanages , Mariages , Reconnois-
sances , 2wis et Hommages , elc. ,
depuis i'au 12^8, jusqu'en ibbj ,
3 vol. iii-12, Cologne, 1.572. Ce
petit ouvrage n'est propemenlqu'ua
recueil de notes faites par un homme
qui étuflioil lliisloiie de France. Gui
Fabre , J. Aug. de Tiiou , et Scévole
Saiute-Marihe , oui donné une édi-
tion des Epislolarum scu Sermoiw/ii
libri VI, ediù à Guido Fabro , J
Aug. T/iiiano et Scœv. Sammarta-
KO,Paris,i585,in-tol.L).nisuarecueil
de pièces servant à 1 liisloire , Paris ,
i6:23 , in -4°, ou trouve de lui
un Discours des raisons et per-
suasions de la paix en i568, et
son Testament qui est curieux. Celle
dernière pièce se trouve aussi daus
la Bibliothèque choisie de Cofomiez,
dans la Bibliothèque du Droit fran-
çais de Bouchet , dans Casteluau , et
dans Brantôme , article du conné-
table de IMontmorency. Le chance-
lier de 1 Mospital avoil projeté , dit-
on , dans sa retraite , une Histoire
de son temps en latin. Il s'étoit pro-
posé Salluste , Pkitarque , Tite-Live,
pour modèles; mais la crainte d'être
enlevé à tout moment par ses en-
nemis l'empêcha d'exécuter cet ou-
vrage. En 1777 l'académie française
a couronné l'éloge de ce grand homme
par l'abbé Rémi ; et la même année,
Louis XVI lui ht ériger une statue
en marbre blanc , par de Gois. On
a encore Essai de Traductions de
quelques Epitrcs et autres Poésies
latines de Michel de l'Hospital, avec
des éclaircissemens sur sa vie , par
M. Coupé. On a publié sa Vie à Paris,
sons le litre deLondres, in- 12, 1764;
Paris, 1778, 2 volumes in - 8°.
L'Hospital ne laissa «pi'une fille, qu'il
maria à Robert Huraull , dont la li-
gne masculine finit en 170G. Voj.
l'article suivant.
t H. HOSPITAL, sieur de Fay,
( Michel HuR.vULT de l' ), petit-fils
«l filleul du chancelier , qui, l'ayanl
HOSP
fait élever sous ses yeux, lui a voit
légué sa bibliothèque , et le regardoit
comme celui de ses petiJs-Iils qui
prometloit le plus. Il 11e trompa pas
les espérances de son aïeul. Il fut
successivement chancelier de Hen-
ri , roi de Navarre , et ensuite de
France ; son ambassadeur en Hol-
lande et en Allemagne , où il lui mé-
nagea des secours et des alliances ;
maître des requêtes, et gouverneur
de Quillebœuf : car il réunissoit ,
ainsi que la plupart des graudshom-
mes de ce siècle , les qualités mili-
taires aux lumières et aux vertus de
la magistrature , à laquelle il tenoit,
tt par sa famille , et par celle de
sa femme, fille de l'illustre Pibrac.
On connoit de lui deux Discours
l'aisant partie des quatre excel-
lens Discours sur Vélat présent
de la France, imprimés en 1590.
Ils offrent le tableau de la France ,
depuis 1.585 jusqu'en 1591. Tout y
est tracé de main de maître , avec
la chaleur que l'indignation allumoiî
daus tons les cœurs français. Ces dis-
cours offrent encore une lecture agréa-
ble et intéressante. L'auteur éioit
mort en 1592. On a aussi de lui une
Réponse ,e\\ latin, au Discours du
pape Sixte V, sur la morl de Hen-
ri lir, sous le litre de Slxlus et
Jnll-Slxlus , 1590, in- 4° et in-S".
On lui donne aussi \ Anti-Espa-
gnol, qui se trouve dans les Mé-
moires de la Ligue , et séparément ;
Arnauld d'AndiUy , dans ses Mé-
moires, attribue ce livre à son père
Antoine Arnauld.
tlll. HOSPITAL (Nicolas et
François del"). Louis DE j.'Ho.spital
leur père, d'une famille illustre,
diflérenle de celle du chancelier ,
commandant dans Meaux pour la
Ligue , offrit en 1Ô91, au duc de
Mayenne , d'arrêter les Seize , qui
avoient fait pendre le président Bris-
son et deux conseillers an parlement
de Païis , et qui aspiroieat à. se d*-
HOSP
faire aussi du di'c pour secouer tout
frein et toute suLordiualion Louis
fut le premier gouverneur qui re-
connut Henri IV. CVst lui qui ar-
rêta le maréchal de Biron ,en 1602.
Ses fils lui succédèrent dans la
charge de capitaine aux gardes du
corps , et se disiiugnèrenl l'un et
laulre par leur valeur. Tous deux
honorés du collier des ordres , le
ôi décembre 1619, et du bàlon
de mîiréchal de France , l'un le
4 avril 1617 , l'autre le 20 avril
i6_j3, furent connus, dans leur
temps sous les noms de maréchaux
de \ itry et de IHospital, et obtin-
rent lun et l'autre, en i64l et en
aoîit 1644 1 <îês brevets portant pro-
messe d'ériger en duchés-pairies les
comtés de Château - Villain et de
Piosnay qu'ils possédoient dans la
Champagne. En juin i656 la pro-
messe fut effectuée par rapport à la
première de ces deux terres, qui
fut érigée sous le nom de Vilry , en
faveur de François-Marie de l Hos-
riTALi , fils de Nicolas , alors capi-
taine de cent hommes d'armes des
ordonnances , et mestre de camp
lieutenant du régiment de la reine ,
infanterie , puis ambassadeur pour
la paix de Nimègue en 167^ , et le
dernier de sa branche. Le maréchal
de Vitry avoit obtenu le bâton pour
avoir arrêté et fiiit tuer le maré-
ciial d'Ancre. Etant gouverneur de
Provence, il eut une dispute vive
avecSourdis, archevêque de Bor-
deaux , nommé ])0ur commander
les troupes de mer qui dévoient re-
prendre les iles d'Hières et de Lé-
rius. L'emportement de Vitry alla
si loin , qu'il donna quelques coups
de canne au y>rélat guerrier. Cette
violence le fit enfermer à la Bastilic ,
où il demeura prisonnier jusqu'en
janvier i644- H mourut l'année d'a-
près , le 28 septembre i645 , à G3
ans. Son petit-fils, Louis - Marie-
Charles , tué à Paris en 1674, ter-
mina sapQslérilé mascuJUue. — Frau-
KOSP
► 25
çois DE i.'HospiTAL , frère du même
Vitry, servit long-temps et très-
bien , sous le nom de du Hallier.
Il commanda l'aile gauche à la ba-
taille de Kocroi , et eut beaucoup
de part à la victoire. Ayant négligé
de faire sa cour au cardinal de ri4-
chelieu , il n'eut le bâton de maré-
chal qu'eu j 643 , après la mort de
ce ministre. Peu cle guerriers avoient
autant travaillé pour le mériter. Le
cardinal Mazariu eut avec lui les
liaisons les plus étroites , et le nom-
ma gouverneur de Pans en 16^9. 11
mourut le 20 avril 1660, aaé de
77 ans. il avoit épouse en premières
noces Charlotte des Essars. Voyez
EssARS, n" H.
t IV. HOSPITAL (Guillaume-
François- Antoine de r ) , marquis
de Sainte - Mesnie , né en i(36i,
étoit de la même famille que ceux
qui sont l'objet de l'article précé-
dent , mais d'une autre branche.
Toutes les deux avoient ])our tige
commune Adrien de IHospital ,
cliambellan de Charles VIII , capi-
taine de cent hommes d'armes , et
lieutenant-général en Bretagne , qui
commanda l'avant-garde de farniee
royale à la bataille de Saiut-Aubiu ,
en 148S. Le marquis de l'Hospitai ,
dont il est question dans cet article,
eut, des sou enfance, une passion
extrême pour les malliémaliques ;
et cette passion devint d'autant plus
forte, quelle éloit soutenue par beau-
coup de talent. Il étonna les plus
habdes géomètres de sou temps, en-
tre autres le grand Arnauld , par sa
facilité à résoudre les prolilèmes les
plus difliciles. Apres avoir servi
quelque temps eu qualité de capi-
taine de cavalerie, obligé de quit-
ter le service, à cause de !a foiblesse
de sa vue , il se livra enticreuunt à
l'état des mathématiques. L'acadé-
mie des sciences de Paris lui ouvrit
ses portes eu 1693 , et il justifia ce
choix par son livre de l'Analyse des
S-iG HOSP
iufi/iimenl-petlts , publie en ifigf^ ,
ia-q° , réimprimé avec descommeu-
laircs poiu" les eiidroUs les pîii.s dit-
hciles de cet ouvrage , par Pauliau ,
Paris, 1768, iu-S". Cet ouvrage,
dans kvjuel il dévoile si bicu tous
ics secrets de l'infiui géométrique,
et de l'in'-iiii de l'iiiliui , le lit re-
garder couiiïie un des premiers nia-
lii-uialicieus de sou siècle, (c L'au-
teur a eu l'art, dit Foulenelle , de
ne faire, d'une iuliDilé de choses,
qu'un assez petit volunje ; il y a mis
celle netteté el celte ))ri8veté d'un
houiuie qui ne veut que faire pen-
ser, et fut plus soigneux d'exciter les
découvertes d'aulrui que jaloux d é-
taler les sienues. » Le marquis de
l'Kospiial, ayant vu l'utilité de sou
ouvrage , s'engagea , dit son panégy-
riste , daus un travail aussi propre
à faire de nouveaux géomètres. Il
euil)rassoit les sections coniques , les
lieux géouiélriqties , la constructiou
des équations , el uue l!>.éorie des
coiirljes uiécauicjues. C'éloit propre-
ment le plau de la géométrie de
Descartes , mais plus éleudu el plus
complet. Il metloil la dernière main
à cet ouvrage , lorsqu'il mourut eu
J70.4. Qiioique prol'oudémeut atta-
ché aux sciences abstraites , il n'éloit
luillemeut sombre ni rêveur ; il éloil
au contraire assez porté à la joie ,
el il sembloit n'avoir payé par rien
ce grand génie mathématique. Il
éloil dans le commerce du monda,
el y ' ivoil à peu près comme ceux
dont cette occupation oisive est la
seule occupaiion. 11 n'ëtoil pas même
ennemi des plaisirs ; mais on sentoil
dans les sociétés les plus frivoles, et
dans ses discours les plus ordinaires ,
la justesse , la solidilé,en un mot,
la géométrie de son esprit. 11 éloit
d'un commerce facile , etd'une pro-
bité parfaite ; ouvert el sincère; con-
venant de ce qu'il éloit , el n'en
tirant nul avantage ; prompt à dé-
clarer ce qu'il ignoroit, cl à recevoir
des instructions même eu matière
HOSS
de géométrie , s'il lui eîil été possible
d'en recevoir. Depuis sa mort , on
publia de lui, en 1707, un Traité
analytique des sections coniques ,
iu-4" , réimprimé en 1776 , et dont
P.l. Le Febvre a donné une nouvelle
édition avec des noies, Paris, 1781 ,
in-4''. Il avoil épousé Marie-Char-
lotte de Ftomilley de La Chesuclaye ,
d'une ancienne noblesse de Bretagne,
don?, il eut de grands biens , el qui
lui donna un tii;- el trois HllesfLeur
union fut si heureuse, qu'il lui fil
partager tous ses goùls, même celui
des mathématiques.
t HOSSClï ( Sidvouius ) , jésuite,
né à Merckhem, village voisin de
Dixmude en Flandre ,en 1 096, mort
à Tougres le 4 septembre i653 ,
illustré par ses poésies latines ,
recueillies en i65b , in-8° , et im-
primées plus de treille fois de-
puis, entre autres chez Barijou ,
Paris, 1720. La beauté de la poésio
de ce jésuite, ses tours heureux, la
pureté de sa latinité, la justesse de
ses expressions , la clarté de son
style , le font regarder comme uu
des meilleurs poêles d'un siècle où
il y en avoil un grand nombre d'ex-
cellens , sur-loul dans une langue
trop négligée de nos jours. Le seul
reproche qu'on puisse faire à ce
lioëie est celui qu'on a fait à Ovide ,
d'épuiser sa matière , de remanier
souvent la même pensée, en un
mot, d'être fécond à l'excès , c'est-
à-dire de ne l'être pas as«ez eu
idées , et de l'être trop en paroles.
Ses Elégies sur la Passion de J. C. ,
au nombre de dix-sept , forment un
poème régulier , qui a son exposi-
tion , son nœud , son dénouement ,
sa morale. Deslandes , avocat aux
conseils, qui a traduit ce poète en
vers français , ne s'est point attaché
servilement à la lettre ; il a quel-
quefois retranché des répélilions : il
a de temps en temps ajouté , pour
éclaircirla pensée ; il a même pris la
HOST
lllierté de cliaugev les ijnages , quand
U a cru que celles qu'il leur subsli-
luoit conveuoieut également au su-
jet , el seroieul plus de uolre goût.
KOSTASIUS , de Ra venue eu
llalic , soldat de ravinée comman-
dée par Odet de Lautrec , au siè-
ge de Pavie, que les Frauçais pri-
reul l'au iSay , signala sou cou-
rage eu entrant le premier dans
cette ville, et demaudr; pour récom-
pense à son général nue statue
équestre de ciuvre qui étoi*. élevée
dans la place. On dit que céloil
celle de l'empereur Autoniu , qui
avoit élé autrefois trausportée de
Ravenue à Pavie, pour ia sauver
du pil'iage des Lombards. Le général
lui accorda sa deuiande ; mais les
bourgeois de Pavie refusèrent alj>:o-
luineut de laisser enlever celte ligure,
et aimèrent mieux donner à ce sol-
dat une couronne d'or m.assif. Il
l'accepta , et la fit appeudre dans
l'église de Ravenue , pour être à la
posiénlé un témoignage de sa va-
leur.
I. HOSTE ou jl'Hoste ( Jean ) ,
né à Nanci , enseigna le droit et les
malhémati([ues à Pout-à-!Mousson
sur la tin du 16" siècle. Henri, duc
de Lorraine, charmé de sou esprit
vaste et pénétrant , le fit inten-
dant des fortifications, conseiller de
guerre. Ses principaux ouvrages
sont , I. Le sommaire et l'usage de
la sphère artijicielle , in-4". IL Im
pratique de géométrie , iu-^*. III.
Description et usage des princi-
paux instrumens de géométrie. IV.
JJu cadran et du ca/ré. V. Rayon
astronomique. W. Bâton de.TacuI).
VIL Interprétation du grand art
de Raymond Lulle , etc. On désire-
roit , dans quelques-uns, plus d'ordre
et de méthode. Il mourut eu i63i .
t IL HOSTE (Paul 1') , jésuite ,
né à Pont-de-Vesle dans la Bresse
tn i55u, mon professeur de malhé-
HOST 527
matiques à Toulon le 25 février
1700, à /19 aus , est jjriucipalement
connu par un Traité des évolu-
tions natales , iu-folio, 1697 , réim-
primé à L_)ou , 1727 , 2 tomes eu uu
voL in folio , avec des correction»
et des aiigmentalious. Cet ouvrage,
aussi historique ipie thecuique ,
coulieiit ce qui s'est passé de
plus considérable sur mer peu-
d::nt les cinqsianle ans qui ioul pré-
cédé. Louis XIV fit à i'auleur un
présent el ime pension. On trouve
à la suite de ce livre uu Traité de
la construction des vaisseaux ,ïr[.\\x.
des conférences de l'auteur avec le
niaréclial de Tourville. 11. Un re-
cueil des Traités de mat/iémati-
ques les plus /lévessaii es à un vjji-
cicr , 5 vol. iu-12.
IIL HOSTE (Nicolas l'), fameux
dans lioire histou"e par ses iralii-
sons , éioit lils d un domeslique de
Nicolas de Neiifvilie de V^illeroi , se-
crétaire d é'.ai. Il avoil élé élevé dans
la nuusou de ce seigneur, qui l'ai-
moil beaucoup , et qui lui donna
toute sa coaiiance , dont il abu.-a.
Lorsqu'Auioiue de Silly partit pour
l'ambassade d'Espagne, ViUeroi l'en-
voya avec lui pour apprendre ia
langue du pays. Mais, au lieu d'v
demeurer lidele à sa patrie, il se
vendit aux Espagnols pour une pen-
sion de 1 :>oo écus. De retour en
France, sou maître l'employa sou-
vent à écrire des lettres eu chiffres.
Le traître ne manqua pas de com-
muuiquer à l'ambassadeur de Phi-
lippe , roi d'Espagne, tout ce qu'il y
avoit de secret. Sa trahison fut enfui
découverte eu 1604. L'Hoste avant
été averti que l'on de voit se saisir
de lui , disparut tout à coup , prit U
roule de la Champagne avec uu Fla-
mand , et fui alleiut à la Fayc , dans
l'eudroit où Ion passe la Marne.
Comme la nuit étoil fort obscure,
et qu'il cherchoit un gué pour ga-
gner l'autre bord, il tomba dan*
528
HOTM
nue fosse et s'y noya le 24 avril.
Ou prétend que ce tut son compa-
gnon qui le noya , par ordre de ses
complices, de peur qu'appliqué à la
question il ne les découvrit. Le
corps tiré del'eauet apporté à Paris,
ou lui lit son procès , et il fut tiré à
quatre chevaux.
HOSTUN. Foy. Tallard.
H03TUS (Matthieu), antiquaire
allemand , né en iSoq, professeur
de la langue grecque , mourut à
Francfort - sur - roder en 1687,
à 79 ans. Ses ouvrages sont, l.De
numeratione emendatd , peteribiis
Latlnis et Grœcis iisitatd. II. De
re nummarid veleium Grœcorum ,
Ilomanorum et Heurœorum, Franc-
fort , i5So , in-8°. III. De monorna-
chid Dai'idis eu Goliœ. IV. De
multipiici assis iisu. V. De sex
hydriarum capacllate. VI. Inqul-
sltio iu fabricani arcœ Noe, Loii-
dres , 1660 ,in-fol.
t I. HOTM AN, Holomanus
(François ), jurisconsulte célèbre,
né à Paris en i524, d'un conseil-
ler au parlement, professa le droit
avec distinction à Lausanne , à
Valence et à Bourges , où ses éco-
liers le sauvèreut du massacre de
la Saint -Bartliélemi en 1372. Le
risque que sou goût pour le cal-
vinisme lui faisoit courir eu France
l'obligea de se retirer à Genève, et
de là à Bàle, où il mourut le 12 fé-
vrier 1690. Teissicr attribue son
changement de religion à fimpres-
sion que fit sur lui la constance avec
laquelle les protestans supporloieul
les plus cruels supplices. 11 joignoit
à une vaste littérature mie profonde
connoissance de toiiles les parties du
droit. Ses ouprages ont été recueillis
en ir)99, in-folio, en 5 vol., par
Jacques Lectius, qui a orné ce recueil
de la Vie de l'aiileiir, composée par
Nevelet. Les traités les plus connus
de cette compilation bont, 1. jSru-
HOTM
Itim fulmen , en faveur du roi de
Navarre excommunié à Rome. C'est
uue satire assez lourde, imprimée
séparément eu j585, in - 8** ; en
français, j586, in-8°. II. jF/'û/^co-
Gallla , 1573, in-8° ( en français ,
i574). Uans cet ouvrage, réimprimé
avec des augmentations , à Francfort,
1 588 , in-8", il ose assurer que notre
monai'chie est élective, et non hé-
réditaire. Les principes dangereux
ijuil établit daus ce traité, composé
tandis qu'il éloit ulcéré contre sa
patrie , lui ont fait attribuer les
Findiciœ contra tyrannos de Ju-
niusBrutus. 111. De furorlhits gal-
licis et cœde Admiralis , Edim-
bourg, i-^yS, in-4° ; Londres, i573,
in -8°. Cet ouvrage , traduit eu
français la même année , a fausse-
ment été attribué à Théodore de
Beze et à Hubert Languet ; cependant
le président Bouhier dou toit qu'il fût
d'Hotman. Le nom de Varamon ou
Waramoud lui paroissoit véritable.
JV. Consolationes sacrœ , Lyon ,
jôgo, in-8°. V. Commentarius in
IV Institut, juris ciuilis liiros ,
Lyon, i588, VI. 3ioiiiloriale ad-
versîis Italo-Galliamy sive Jïnti-
Franco-GaUiam Antonii Mat ha-
relli, i57i, iu-S". On lui attribue
encore la Fie de Gaspa/d de Cn-
l/gni , Cologne, 1686, in - 1 2.
Ouvrage grave , sérieux et d'uu
bon style : mais contenant beaucoup
d'anecdotes hasardées.
-;• II. HOTM AN, Hotomanus
( Antoine), frère du précédent, avo-
cat-général au parlement de Paris
du temps de la Ligue , auteur de
qiielques livres de droit, fut le père
de Jean Hotman, sieur de Villiers,
connu par plusieurs ouvrages. Les
principaux sont, 1. Un Traité du
devoir de l'ambassadeur, Dtissel-
dorf, i6o3 ; et Paris, 1604, in-S".
11. Aini-Ckopinus.{ /"o/. Chopin.)
llf . Traité de la dissolution du ma~
, liage i)ar l'impuissance et froideur
liOTT
(le l' homme ou de la J'emme^ Paris,
deuxième ëdilioii, ioc)5, in-8''; el
lAixcmbourg , 170;"). Iloliiian fut
connu du temps du cardinal iMaza-
rin par ses liaisons avec Blol el
Marigni , et par ses (''//cwio/^s contre
le niinislre. Ou imprima , en 1 fii li ,
à Paris , in - 8°, des Opuscitles en
français, de François, Antoine el
Jean lIoTMAN.
m. HOTM.\N. rojez Rociie-
BI.OND.
7I. HOTTINGER( Jean-Henri),
né à Zurich en Suisse l'an 1620,
njonlra des dispositions si heureu-
ses , qu'on l'envoya étudier dans les
pays étrangers aux dépens du public:
it alla d'abord à Genève, puis en
France, en Hollande et en Angle-
terre. De relour dans sa pairie, il y
professa l'hisloire ecclésiastique , la
('léologie et les langues orientales,
î.'élecleur palatin, voulant ranimer
l'université d'Heidelberg , l'y ap|)ela
en iG55. llottinger en changea la
iace, y fil revivre toutes les éludes,
et gagna l'estime et l'cmiilié de l'é-
lecteur. Rappelé à Zurich en itiGi ,
on le chargea des affaires les plus
imporlantes. L'académie de Leyde
le demanda en 16G7 pour élre
proi'esseur de tliéologie, et l'obtint
enlin par la faveur des états de
Hollande. HoUinger se préparoit à
parlir, lorsque, le ô juin, il se nova
malheureusement avec une partie
de sa l'amille dans la rivière de Lim-
mar qui passe à Zurich. On a de îui,
I. Hisloria orientalis de Muham-
meùsmo , Saracenismo , C/ial-
ddis/no, etc. , Zurich, 1G60, in-Zj".
II. JJibliot/iecariiis quadripaj-tilus,
in-4". lU- l.'issertat-loiies mlscel-
laneœ., in-S". IV. fllstoria eicle-
siasicca , 9 parties, iu-8°. Ce livre
n'est pas dégagé, à beaucoup près ,
des préjugés de secte. V. Fioinp-
tuarium , sive hihliai/ieca oiienUi-
lis, Hcidelberg, i638, iu-4''. 'VI.
Llymolugicuru orientale, siue lexi-
T. VIII.
liOïZ 52g
con harmuniium Jieptaglotlon,cte. ,
Fraiiclort, i6fii.in-4'^. L'érudiliou
ne manque pas tians ses ouvrages,
dont le style est obscur et embar-
rassé , mais l'ordre et le goùl.
t II. HOTTINGER ( Jean-Jac-
ques), fils du précédent, né à Zurich
en iG3j, prolessa la théologie dans
cette vilie avec autant de zèle que
de succès. H mourut en 3 735. Les
ouvrages de cet infatigable écrivain,
qui roulent presque tous sur l'Ecri-
ture sainte, ou sur des matières de
théologie el de coulrover.-ie , ont de
quoi étonner par leur multitude.
Ou en peut voir la liste dans La
ienipe helvelica , tom. H. p. 7. On
estime particulièrement son His-
toire ecclésiastique de la Unisse.
* IIÔTTON ( Pierre ) , célèbre bo-
taniste , membre de la société royale
de Londres et de Berlin, naquit à
Amsterdam en 1G48. Les soins qu'on
prit de son éducation accélérèrent
ses progrès dans la carrière des
sciences. Hotton se distingua sur-
tout dans la médecine qu'il étudia à
Leyde, où il fui reçu docteur en
1G72. 11 abandonna la pratique de
cttte science pour se livrer entière-
ment à l'étude des plantes-, et rem-
plaça, en i.'jgf) , Paul Herniann dans
la chaire de liotanique à luniversité
tie Leyde. En prenant possession de
celle chaire, 1! prononça un discours
élégant sur l'histoire et la deslinée
de la botanique , qui fut imprimé
in-4°, chez Elzévir, sous ce titre ; l)e
re herharidscrmo academicus , quo
rci kerhariœ historia et fata ad-
uinbranlur. Il avoit entrepris de
ccncilier les méthodes de Tourne-
fort et d'Hermann. L'exécution de
ce projet utile l'occupoit, lorsqu'il
mourul le 10 janvier 170g , laissant
son ouvrage imparfait.
HOTZE, généra! autrichien, \\^
dans le caiilou de Zurich en Suisse ,
3.|
53o
HOU A
d'une famille bourgeoise , s'éleva par
sa valfur, ses services et ses talens
aiiK premiers grades militaires. Em-
ployé à l'armée commandée par
Wnrmser en 1790 , il conlnbua a la
prise des lignes de Weisseinbourg ;
mais il fut ensuite repoussé à Sa-
verneel dans les lignes d'IIaguenau.
En 1796 il se montra avec courage
dans les batailles de Neumarck et de
Wurtzbourg, et reçut eu récom-
pense la grand'croix de l'ordre de
Marie-Thérès,e. En 1799 il cominan-
doill'aile gauchederarmcedu prince
Charles, et effectua , après divers
combats , le passage du Rhin au-
dessus du lac de Constance. Hotze
fut tué quelcpie temps après, aux
environs de Kaltenbruun , laissant
une réputation d'officier actif et
expérimenté.
t HOUARD ( David ), avocat , de
l'académie des inscriptions et as-
socié de l'institut de France , né à
Dieppe le 26 février 1725, réunità
la profession du biirreau le goût des
lettres et le mérite de l'érudition. Il
vécut 54 ans dans l'union la plus
parfaite avec son épouse, dont il eut
dix-sept eiifans. 11 est mort à Abbe-
ville au commencement de l'an XI
( i8o3 ). Ses ouvrages sont, 1. An-
ciennes lois des 1 rançais , con-
servées dans les coutumes anglaises,
recueillies par Litlleton , 1766, 2
vol. '\xi-/\°, réimprimées eu 1779-
Elles présentent des moiiumeiis
d'histoire et de iégi,-;lation curieux,
inconnus , el qui peignent les
mœurs de nos ancêtres. 11. Traité
snr /es coutumes anglonurma/ides ,
publiées en Jnglelerre dans le
j 1® siècle , avec des remarques
sur les principaux points de l' his-
toire et de la jurisprudence j'ran-
çaise , antérieurement aux cta-
blisscrnens de saint J.auis, 1781 ,
/( vol. in-Zi". Ce recueil est rempli de
dis,'-ertat!ons profondes el savantes
qji développent les motifs des us aj^es
HOUB
anciens, et les principes du droit pu-
blic chez nos aieux.
t HOUASSE (Antoine-René),
peintre , né à Paris en 1645 , mort eu
1710, élève de Charles Le Rrun,
sous lequel il travailla aux ouvrages
de Versailles. Reçu à l'académie eu
1670 , il fut ,en 1699, nommé direc-
teur de celle de Rome, où il resta cinq
ans, el épousa la fille de Pierre Le
Gros, célèbre seul pleur. Les ouvrages
de Houasse à Versailles sont , le Fla-
fond de la salle de V Abondance , le
morceau de la Terreur dans la
salle de Mars, et le Triomphe de
Constantin. On en voit encore à
Trianon quelques-uns de lui, et les
carmes de la place Mauberl avoienl
placé dans leur chapelle du Mont-
Carmel sou Koyage de la T'iergc.
Cet artiste travailla long-temps pour
Phdippe V. Sou lils , Michel-Auge ,
son élevé el héritier de ses talens y
mourut eu Espagne, où il avoit fait
un long séjour, pourvu d'une pen-
sion qui atlestoit sou mérite.
t HOUBIGANT ( Charles-Fran-
çois), prêtre de l'Oratoire, naquit à
Pans en 1686 , el mourut dans celle
ville le 5i octobre 1785. Quoique sa
fortune fût bornée el sou âge avancé,
il consacra une partie de sou revenu
à former une école près deCliantilli.
Privé par sa surdité d une partie des
agréinens de la société, il ne vécut
presque plus qu'avec ses livres, et
sou heureuse mémoire et sou juge-
ment épuré lui donnèrent le moyeu
de travailler jusqu'à l'extrême vieil-
lesse. Une chute ayant alloibli, dans
ses dernières années , les organes de
son cerveau, oucalmoitses impiié-
tudes passagères en lui présentant
un livre; la seule vue de ses fidèles
consolateurs de sa surdité el de sa
vieillesse lui reudoil la paix et
presque la raison. Nous avons de lui
plusieurs ouvrages, dont quelqiies-
uas soûl séuéralcmeiil eslimés. Le»
HOUB
principaux sont, 1. Une bonne t'Ji-
lioii de la Bible hébraïque , avec des
noies et nne version latine, claire,
élégante, énergique, Paris, i753,
!\ vol. in-fol. Ce livre, le plus im-
portant de ceux du P. Houbigant ,
offre le texte hébreu réformé d'a-
près la critique la plus saine et la
traduction latine de ce texte. Quant
aux livres qui ne sont point dans le
canon des Hébreux , il les* a traduits
d'après le grec. Chaque livre de
ll^iture est précédé d'une préface
savante, et accompagné de notes con-
cises et judicieuses. Benoit XIV , qui
counoissoit tout le mérite et toute
la difficulté de cet ouvrage, honora
l'auteur d'un bref et d'une mé-
daille. Le clergé de f'rance lui ac-
corda, peu de temps api es, une
pension d'autant plus flatteuse
qu'elle ne fut pas demandée. 11. Une
Traduction latine du Psautier ,
faite sur l'iiébreu , 1746, in- 12.
11[. Celle de Vancieii Testament ,
1755, 8 vol. in-8°. IV. liacines
hébraïques ^ i7oi2, iu-8°. C'est \\\\
Diclionnaire hébreu-français. Dans
cet ouvrage, l'auteur démontre linu-
lililé des poinls voyelles. V. Exa-
men du Psautier des capucins ,
in-i;2. VI. Une Veision française
des Pensées de Forbes, écrit aiu an-
glais , sur la Religion naturelle ,
in-8°. VIL Prolegomena in Scrip-
turam sacram,Par'\f., i755, 2 vol.
iu-/)". ( Voyez Leslie.) Dans cet
écrit, l'auteur recherche les fautes
du texte orignial. VllI. Traduction
des Sermons de Scherlock, Anglais.
IX. Traduction de Lesieg , sur
la méthode la plus courte de ré-
iuter les déistes et les juifs. Le
père Houbigant a laissé, en ma-
nuscrit, un Traité des Etudes;
une Traduction du Traité d'Ori-
géue contre Celse ; nue Vie du car-
dinal de Bérulle ; et une l'raduc-
tiun française de l'ancien et du nou-
veau Testament faite d'après ses
propres corrections. Quelques criti-
HOUC
53 1
que- ont prétendu qu'il poussoit
quelquefois trop loin ses correc-
tions, sur-'iout p;ir rapport au texte
hébreu ; qu'il ne montroit pas assez
de respect poiit les aucicimes ver-
sions authentiques. Mais le suffrage
de Benoit XIV et celui du chargé de
France prouvent que sa critique
sacrée a été renfermée'daus de justes
bornes.
t 1. nOLTîRAKEN (Arnold),
peintre et poète, né à Dorlh eu
1660, élève de Samuel Van Hoogs-
tiateu, s'est fait conuoilre par ses
lalens dans la peinture , ainsi que
par ses fies des peintresjlamands
( en hollandais ) , Amsterdam ,1718,
dont la seconde édition est de La
Haye, 170/1, 3 vol. in- 8°; on y
ajoute le Nouveau Théâtre des pein-
tres (en hollandais), par Van Gool,
1750, 2 vol. in-8°; avec la Bio-
graphie di,^s peintres tlaniands ( en
hollandais), par Campo Weyermau,
1769 , 4 vol. iu-4''. Les gravures
sont cITloubriiken.
* II. HOUBRAKEN ( .lacob ) ,
graveur habile, hls d'Arnold IJou-
brakeii , né à Anislerdaiii en 11)8:1 ,
a gravé beaucoi;p d'estampes; entre
autres, /(? Sacrifice de ^Janoach ,
d'après Rembrant, pour le recueil
de la galerie de Dresde ; quantité de
Portraits pour la vie des peintres
Hamands , etc. Il aida son père dans
la composition de ses ouvrages ,
dont les recherches sont curieuses tL
les notices assez exactes.
HOUCHARD (Jean-Nicolas),
né à Forbach , déparlemeiil de la
Moselle, parvint , par ses discours et
ses actions, du rang .le simple cava-
lier au grade de général pendant
les troubles de la révolution. Em-
ployé en 17132 dans l'année de Cus-
tiues, il monlra ia plus grande in-
trépidité devant Spu e , d^'Iit près de
Giessen un corps de Htssois, el re-
poussa diverses fois les Prussiens.
►Sa
IIOUD
Dénonciateur de son général en chef
dont il couvoiloil remploi, il l'ac-
cusa d'avoir causé la perle de
Mayence. Placé dès-lors à la tète de
l'année du nord , il culbuta les alÎÉé»
devant Dunkerf|ue , vainquit les
Anglais à Hondscool, et se rendit
maître de Furnes , d« Menin , et
d'autres places à l'entour. Au milieu
de ces succès , il lut puni de sa con-
duite envers Custines , et après
avoir donné l'exemple de la dénon-
ciation , il devint victime de celle de
Hoche , qui l'accusa d'avoir agi avi c
mollesse, et morcelé son année dans
l'intention de la sacriiier , Houchard
fut arrêté à Lille, conduit a Paris,
et condamné à mort le if) novem-
bre 1795. Son fils a donné une
Notice historique et justificative
sur la mort de son pèie , brochure
iu-8° de 7:2 P^ge*.
HOUDANCOURT. J^^'oj. Mothe-
HoUDANCOtjRT.
t HOUDARD DE La Motiie
( Antoine ) , né à Paris le 26 janvier
1672, d'un riche marchand chape-
lier , étudia d'abord en droit, et
quitta ensuite le barreau pour la
poésie. Une des raisons qui le dé-
goûtèrent de la jurisprudence , fut
une réponse qu'un avocat fit, en sa
présence , au premier président de
Lamoignou. Ce magistrat lui de-
mandant pourquoi il se cliargcoit si
souvent de causes équivoques :
«C'est, répondit l'avocat, que j'en
ai trop perdu de bonnes et trop ga-
gné de mauvaises. » La Mothe éloit
iro[) h©iuièle pour se livrer ainsi à
l'art du pour et du contre. D'ail-
leurs son goût l'enlrainoit vers le
lliéàtre. Dès sa première jeunesse, il
s'éloit pin à représenter les comédies
de Molière avec d'autres personnes
de son âge. Il joignoil dans le plus
haut degré, à la plus heureuse mé-
moire, le talent de bien lire, ou
idulôt de réciter par ceuur ses ou-
HOUD
vrages. Dès l'âge de Sf) à 4" ans il
étoit presque aveugle. 11 n'en avoil
encore que 21 , lorsqn'eu iGcjâ on
représenta sa première pièce au
théâtre italien. C'est une farce l'ii
trois actes , inèlée de prose et de
vers , intitulée tes Originaux on
l'Italien. La chute de cette pièce lui
donna tant de chagrin , qu'il alla s»
cacher à la Trappe. Mais le célèbre
abbé de Kancé, le trouvant trop
jeune pour soutenir les austérités de
la régie, lui refusa lliabit, elle
renvoya deux ou trois mois a^;s.
iieveisn à Paris, il se livra de nou-
veau au théâtre. 11 travailla d'abord
pour l'opéra , et c'est peut-être en
ce genre qu'il a le plus réussi. 11 esi
du moins plus poète et meilleur A'cr-
silicaleur dans ses ouvrages lyri-
ques que dans ses tragédies ; sa poé-
sie a phis d'images et de sentiment,
sa versification plus de douceur et
d'harmonie, et son pinceau est plus
moelleux. Sa T/'a(/z/c7/o/z de l'Iliade
d'Homère, publiée en 1714^ le ren-
dit presque ridicule. On ne conçoit
pas comment v\\\ homme d'esprit,
sans en tend reuuseul mot de grec, put
former le projet de mettre ce poème
en notre langue. L'Iliade est un
corps plein d'embonpoint et de vie;
La ftlothe n'en fit qu'un squelette. Il
énerve tout ce qu'il y a de grand et
de sublime dans son original, substi-
tue les antithèses aux grandes ima-
ges , les tours délicats aux beautés
de l'imagination , et la miniature au
tableau. Le Discours dont il accom-
pagna sa version est écrit avec au-
tant de fiuessc que d'élégance , et
raisonné supérieurement ; mais Ho-
mère y est bien petit. On y con-
damne le dessin de son poème , la
multiplicité de ses dieux et de ses
héros si vains et si babillards, la
l)assesse de ses descriptions, la lon-
gueur et la monotonie de ses ré-
cits, etc. Ce Discours fit naître le
traité de madame Dacier , des Causes
de la corruption du goût. Cet ou-
ROUD
vrage, dicté par la pédanlerie, la
prévention et la haine , est semé , à
< liaque page , de grossièretés el d'in-
jures. I,a Mothe lui répondit par ses
J\'c//exions sur la critique ; ouvrage
plein de sel et de raison , d'agrément
1 1 de philosophie. Cette réponse pa-
rut pour la première fois en 1710 ,
tt partagea tous les gens de lettres.
I-a querelle s'écliaufTa tellement, et
devint si plaisante , qu'on en joua
les auteurs sur plusieurs théâtres de
Paris. Vallincourt, ami des arts et
des artistes, vit ceux qui étoient
l'objet des plaisanteries, les rappro-
cha et leur lit signer la paix. L'opi-
nion de La Mothe , que <( tous les
genres d'écrire traités jusqu'alors eu
vers, et même la tragédie, pou-
voient l'être heureusement en prose»,
lut le signal d'une nouvelle guerre.
Ce poêle, après avoir passé toute sa
vie à faire des vers, tinit par les dé-
crier ; il traita la versification d'in-
génieuse folie. 11 compara les plus
grands versificateurs « à des faiseurs
d'acrostiches, et à \\\\ charlatan, qui
lait passer des grains de millet ])ar
le trou d'une aiguille, sans avoir
dautre mérite que celui de la diili-
I ullé vaincue, m ( fojez Faye ,
n" 111. ) Pour familiariser le public
avec ses idées , il fit un (f£dipe en
prose, qu'il fit contraster avec son
(l^dipe en vers ; mais ses tentatives
ne servirent qu'à faire nailre des
Enigrammes et quelques bonnes
raisons rassemblées dans ces six vers
de Voltaire :
La rime c-l nécessaire à nos jargons non veniiy,
Knfnns demi-polis des Normands tl dfs Gollis.
nile Halle l'oreille , et souvent la césure
PUît, je ne sais comment, en romfiantla me-
sure.
Des heanx vers pleins de sens le hclcur est
cl.arnié;
Corneille, Desprcaux et Eacine ont rimé 1
La Mothe se consoloit en philosophe
des traits de satire que lui atliroienl
ses paradoxes. Oupoiirroitdire qu'il
ne sortit de sa plume aucun ouvrage
HOUD
;33
satirique ni malin, pas même une
seule Epigramuie , quoiqu'on en ait
fait plusieurs contre lui, si l'on ne
connoissoit ces belles stances : « On
ne se choisit point son père » , qu'il
fit contre le poète Rousseau. La ca-
lomnie qui iii'pute à La Mothe Icsaf-
freuxcoii])lets attribués à re célèbre
lyrique est une absurdité destituée
de toute vraisemblance. 11 opposoit
sou inaltérable douceur , non seule-
ment aux injures littéraires , mais
aux plus cruels outrages. Un jeune
lioinuie à qui , par mégarde, il mar-
cha sur le pied dans une foule , lui
ajant donné un soulîlel : « Mon-
sieur , lui dit-il , vous allez être bien
fâché ! je suis aveugle. » Il mourut à
Paris le 26 décembre 1701, à 69
ans, après avoir livré à son curé
uue pièce de théâtre commencée. Ce
ne fut pas cependant sans quelque
regret , car il dit à son neveu :
« Admirezia ditlerencedes paroisses ;
le curé de Sainl-André v;iU brûler
ma pièce , et le curé de Saint-Sul-
pice me l'an roi l demandée pour la
faire jouer au profit de sa petite com-
munauté.)) Nous leroiis connoitre ce
que La Mothe éloit daiis la société
en rapporlaiit le parallèle que d'A-
leuibert en a fait avec Fontenelle,
ami deLa Motheetson rival en agré-
mens. « Fontenelle et La Mothe ,
toujours mesurés, et par conséquent
toujours nobles avec les grands , ne
leur montrant d'esprit que te qu'il
falloit pour leur plaire , et jamais
pour gêner leur amour-propre , se
sauvoieiu, comme dit Montaigne,
de subir de leur part la tyrannie
effectuelle, par le soin qu'ils a voient
de ne leur point faire éprouver la
tyrannie parlière. Ils alloient quel-
quefois, cependant, dans celte so-
ciété, comme dans leur style, jus-
qu'à une espèce de familiarité ; mais
avec celte différence, que la familia-
rité de La Mothe étoil jibis réservée
et plus respectueuse, et celle de son
ami plus aisée et plus libre , quoi-
IJ l
HOUD
que loujours assez circonsjic-cle
pour ciu'on ne fût jamais tenté d'en
abuser. Leur conduite avec les sots
étoit encore plus raisonnée, plus
sage , et d'autant plus attentive ,
qu'ils savoienl très-bien que cette
espèce d'hommes , inlérieurenietil et
profomlëinent jalouse de l'cclat des
talens qui les humilie , ne pardonne
aux hommes supérieurs qu'à pro-
portion de l'indulgence qu'elle en
éprouve, et du soin même q\i'ils
ont de leur cacher cette indulgence.
Foutctielle et La Molhe , lorsqu'ils se
trouvoient dans des sociétés peu
faites pour eux, n'a voient ni la dis-
Iraclionni le dédain que !a conver-
sation pouvoit mériter. Us laissoient
aux prétentions de la sottise en toul
genre la plus libre carrière et la
plus grande facilité de se montrer
avec confiance, sans lui faire jamais
craindre d'être réprimée , sans lui
faire même soupçonner qu'ils la ju-
geassent. Mais Fontenelle , toujours
peu pressé de parler, même avec
ses pareils , se conteutoit d'écouler
ceux qui n'étoienl pas dignes de
l'entendre , et songeoit seulement à
leur montrer une apparence d'ap-
probation , qui les emnèchoit de
prendre son silence pour du mépris
ou de l'enuui. La iMolhe plus com-
plaisant encore , ou même plus phi-
losophe, se souvenant de ce proverbe
espagnol , « qu'il n'y a pas de sols
de qui le sage ne puisse apprendre
quelque chose » , s'appliquoil à cher-
cher dans les hommes les plus dé-
pourvus d'esprit le côté favorable
par lequel il pouvoit les saisir , soit
pour sa propre iiislrnction , soit
pour la consolation de leur vanité.
II les meltoit sur ce qu'ils avoienl le
mieux vu , sur ce qu'ils savoient le
mieux , et leur procuroit sans affec-
tation le plaisir d'étaler au dehors
le peu de bien qu'ils ])ossédoienl. 11
pn liroit le double avantage, et de
ne s'enmiyer jamais avec eux , et
sur tout de les rendre heureux au-
HOUD
delà de leurs espérances. S'ils sor-
loient contens d'avec Fontenelle ,
ils sortoienl enclianlés d'avec La
.\Iothe : llatlés que le premier leur
eîit trouvé de l'esprit , mais ravis de
s'en être trouvé bien plus auprès du
second. » Ses (Huvres ont été recueil-
lies à Paris en \ihi\ , en ii vol.
in-12. Les principaux ouvrages de
cette collection sont , I. Quali e Tra-
gédies : les Machabées , lîomulus,
Inès de Castro , et (Jldipc. Il a es-
sayé , en quelque sorte , tous les
genres de tragique : le sublime dans
/es Macchabées ; l'héroïque dans
Ronmius ; le pathétique dans Inès ;
et le simple dans (Edipe i mais il
manque par - tout de pureté , de
clarté , de force , de noblesse et d'élé-
gance. La i'^'' n'est qu'un recueil de
pieux madrigaux, et de lieux com-
muns de morale, rendus avec plus
d'esprit que de force, d'élévation el
de chaleur. On a dit de la 2^ que le
principal personnage n'étoil qu'un
héros d'opéra , un Céladon insi-
pide. La y^ quoique écrite sans
pureié el sans élégance , offre des
situations louchâmes el des scènes
qui tirent couler bien des larmes.
Elle fut beaucoup critiquée...., mais
en plenranl , comme répondit l'au-
teur à l'un de ses censeurs : «Allons,
dit -il à un ami, en présence de
quelques autres zoïlts qui la dépri-
moieut, allons nous eunuyer à lacin-
quanlième représentation de cette
mauvaise pièce, w IL Des Comédies
( voyez BoiNDiN ) : VI Amant dif-
ficile-, Idinotolo ; le Calendrier des
vieillards ; le Talisman ; la 3Ia-
troned' B-phèse, et le 'Magnifique. Le
grand succès que cette dernière pièce
eut dans >a nouveauté , el qu'elle
dut à l'esprit, à la vérité et aux
grâces qui la caractérisent, s'est lou-
jours soulenu. Jamais conte de La
Fontaine n'a été si bien mis en ac-
tion ; c'est un modèle de délicatesse
et de goût. 111. Des Opéras : Ceux
qu'on reprend encore avec succès
HOUD
sont VEni-ope galante; Issé ; ïjf-
madls de Grèce ; Omphale; Le Car-
naval el la Folie ; Jlc\one , elc.
I.e seul reproche qvi'on fasse à ces
oiivmges, c'esl d'avoir un air d'uni-
Ibrnulé qui déplaît ; on Irouve dans
chacun deux rivaux t-l deux rivales;
mais, malgré celle umforrnilé , ils
dureront autanl que le théâtre lyri-
que. «C'est , dit Fréron , le plus
ber.u tleuron de la couronne poéiioue
de La [\lothe. D< puis Qninaulî , per-
sonne n"a porté plus loin l'inlelli-
geuce de ce .spectacle. 11 a dans ses
vers celle uolile élégance , cette dou-
ceur d'expression si esseniielle à ce
genre. Ces petites pensées liiies , ces
petils riens tournés en madrigaux ,
que nous aimons tant à l'opéra , el
qui nous déplairoient ailleurs, sont
réi)andus dans toutes ees scènes sans
trop de prolusion. Si j "a vois à donner
la palme , elle seroil pour /ssf ,• cette
pastorale n'est , d'un bout à l'autre,
qu'un tissu de beautés en ce genre. »
IV. Des Oites , plus philosophiques
que j)oétiques , iinj)riniées pour la
première {'ois en 1707. On a dil que
ce n'éloit que de froides amplitica-
lious. Mais on y trouve de la raison,
de la finesse , quelquefois de la pro-
fondeur et des pensées très-philoso-
phiques. Parmi ses Odes galanles ,
beaucoup moins critiquées q;ie ses
Odes morales, il y en a quelques-
unes que Calullc n'auroit pas désa-
vouées. La nature s'y mon<re avec
loules les finesses de l'art. V. V^ingt
ï^g/ogues ; la plupart avoienl reni-
j)orlé le prix aux jeux floraux. Ses
bergers sont un peu trop ingénieux ,
mais moins que ceux de Fontenelle ;
el ils n'en valeul que mieux. I^es dé-
lices et l'iinnocence delà vie champê-
tre y sont peintes avec plus de vérité
el avec autant d'agrément. La qua-
trième Eglogue , où deux pasteurs
disputent le prix aux pieds de leur
bel gère, est, suivant Fréron, un clief
d'œuvre el un modèle dans le genre
pastoral. VI. Des l'ables, iniprunées
KOUD
>35
111-4° avec de belles estampes , et
iu-i 2, en ] 7 J9. Elles furent écoutée."»
avec transport aux assemhlées de
l'académie française , parce que l'au-
teur éloil l'homme de France qui
lisoil le mieux : le mauvais parois-
soil excellent dans sa bouche; mais
lorsqu'elles virent le grand jour ,
elles furent critiquées ircs-sévere-
meut. Cette na'ivelé sublime qui fait
le charme de celles de La Fontaine
ne s'y Irouve nulle part. On sent
que celui-ci écrivoil dans sou pro-
pre caractère. La Molhe veut être
simple el naïf comme lui , el n'y
réussit presque jamais. Ses Fable*
sont peuplées d'êtres métaphysiques,
dori! ji/gernerit , dame mémoire , etc.
Le style en général eiiesl peu naturel ,
et semé d'expressions jilambiquées ,
précieuses et ridicules. Le mérite de
i.a Molhe est d'avoir tracé , avec
aulanl d'esprit que de justesse, le
fond el le dessin de ses fables. Il
en avoit inventé une partie, cl heu-
reusement rélbrmé celles qui n'é-
toienl pas de son invention. Ses
moralités sont en général bien ame-
nées, el l'on pourroil en citer un
grand nombre qui décèlent un écri-
vain penseur et philosophe. VIL
Plusieurs JJiscours en pi'ose : sur
la Pvésie en général et sur VOds
en particulier ; »\\x V Eglogue ; sur
la 1 ahle ; sur la Tragédie. On re-
counoil dans tous le philosophe et
l'homme d'esprit, quoique ces Dis-
cours ne soient qu'une apologie dé-
guisée de- ses différens ouvrages. Sa
prose, pleine de raison, de traits
ingénieux , d'images agré;ibles ,
(i idées délicates , est précieuse ,
épigrainmalique , el quelquefois for-
cée , et cependant fort s;ipéricure à
ses ver.s. VIII. Des IMscours aca-
démiques , el un Eloge funèbre de
Louis -le- Grand , plus est imable
pour la forme que pour 1" f-^nd : pre-
mièrement, parer qu'un panégyrique
trop tlalteur est [-.restiue toujours utv
i ouvrage futile , plu» digne d'un rhe-
536 KO CD
teiir que d'un philosophe ; en second
Jicu , parce que La !\lolhe loue trop
Louis XIV sur des choses qui ne de—
ïiiaudoienl peut-êliH que le silence.
IX. Plan des preuves de la reli-
gion, ëcrilexcellenl. LaMolhc, Ires.-
Ciipable de remplir ce plan, a voit beau-
coup médilë sur ce sujel quoiqu'on
l'accusai d'incrédulité. On connoit
répigratnme qui tinit par ces vers :
El pri.inl Dieu tmit cdiiii!
Il y eiiiyoïl sans iloule ?
un aulro ,
Oh! non.
X. Un petil roman intitulé Salnell
et Garaldi , nouvelle orientale ,
en prose. Le sentiment et l'esprit
caractérisent cette bagatelle. XL
Des Fsaumes , des Hymnes , des
Caillâtes et des Proses en vers.
il y a de l'esprit dans tous ces ou-
vrages , et beaucoup plus que leur
genre n'en comporte. C'est en partie
ce qu'i les rend inférieurs aux Can-
tiques sacrés des deux Racine , de
Rousseau et de Le Franc de Pom-
piguan. Xll. Des Requêtes , des Fac-
lu/ns , des Itlandeniens d'évêques ,
que l'auteur avoit composés à la
prière de ses amis , mais dont on
n'a pas voulu charger la nouvelle
é-liiioii de ses (Euures. Tous ces dif-
férens ouvrages ne sont pas de la
même force , et la postérité n'en
mettra aucun parmi ces li\res clas-
siques qui sont devenus la biblio-
tlièque du genre humain. Il y a dans
la foule quelques beautés et des
traits fort ingénieux ; mais on n'y
remarque jamais celte chaleur ,
celte élégance , ce beau naturel
qui caractérisent l'homme d'un vrai
génie. Peu d'antenrs ont en plus
de partisans , et cela devoil être: il
lonoil, on le louoit. Les efforts d'un
ami intéressé à nous prôner peu-
vent retarder le jugement du public ;
mais l'arrêt vient tôt on tard. Celui
de La Mothe est prononcé. Il est
exclu du rang des poètes , cl re-
légué dans la classe des beaux esjjrits.
Il se persuadoit que l'harmonie , la
IJOUD
peinture et le choix des mots étoient
inutiles à la poésie, et que , pourvu
que l'on rassemblai quelques traits
de morale ou quelques saillies ingé-
nieu.'es , on étoil au niveau des plus
grands poètes. La véritable philo-
sophie auroit dû lui apprendre, au
contraire, que rbaqtie arl a sa na-
ture propre , et qu'on ne plait au
public qu autant qu'on a étudié ce-
lui auquel ou s'atlache. ( Voyez son
Eloge historique qu'on trouve à la
suite des Mémoires pour servir ù
l'iiistoire de M. de Ponteuelle , in-
12 , à Amsterdam. Cet ouvrage ,
imprimé en 1761 , est de l'aljjjé
Trublet , qui avoil d'autant mieux^
connu La Molhe , que cet écrivain
pouvoil se livrer avec lui à toute la
finesse de son esprit ) On a fait
l'Esprit de La Alolhe , petit iu-12 ,
1770. Voyez Gacon et Poxs.
ïHOUDRY ( Vincent ) , jésuite ,
né à Tours le 22 janvier ii)5i, mort
à Paris le 29 mars ivoo, à 99 ans
et 5 mois , avec la douleur de n'a-
voir pas accompli le siècle , éloit
d'ui.i tempérament excellent. Il
passoit su vie à lire et à écrire ; il
n'eut ceuendant pas besoin de se
servir de lunettes , même dans
l'âge le plus avancé. Il avoit beau-
coup de facilité pour la chaire, pour
la composition et pour la poésie,
quoiqu'il fùl médiocre dans ces trois
genres. Ses ouvrages les plus connus
sont , I. La Bibliothèque des pré-
dicateurs , Lyon, 1733, 3 5 vol.
in-4°- La morale a 8 volumes et le
supplément deux ; les Panégyri-
ques quatre , et le supplément un ;
les Mystères trois volumes , et le
supplément un ; les Tables , un
vol. ; les Cérémonies de l'Eglise ,
un vol.; VEloque/ice c/irétienne ,
un vol. Il y a dans celte vaste com-
pilation plus de mauvais que de
bon. L'auteur y cile les prédica-
teurs anciens et modernes; mais il
n'a pas fait usage des meilleurs. Il
HOUL
537
conie Irop souvent des livres de de- j
Aolion , doiil les uns sont estimés ,
mais trop répandus pour qvi'il eûl
dû les dépeter , et dont les autres
ont vieilli. II. ^4rs typogj-np/iica ,
Carmen , et d'autres Poétiies. ill. Un
Traité de la manière d'imiter les
bons prédicateurs , Paris , 1702 ,
in-i-2. IV. Des Sermons, en 20 vol.
in-T 2 , et in-8° , écrits d'un style lan-
g\iissaiil , mais dont la collection est
diincile à rassembler.
* IIOVEDEN ( Roger de ) , his-
torien anglais sous le régne de
Urnri II, cloit né à Yorck , mais
ou iguore l'époque de sa naissance
et de sa mort. Il éloit attaché à ce
prince , dont il reçtU des marcpies
de confiance. Apres sa mort, Ho-
vedeu continua les yî/uiales de
liède depuis l'année 701 , ovi elles
linisseat, jusqu'à la troisième année
du règne du roi Jean. Elles l'uroul
pul)liées par Saville, dans la Col-
lection des Historiens anglais, en
1595, et ont été réimprimées ;ï
Francfort en i6oi . Leiand, en par-
lant de cet historien, le place, pour
la fidélité, au-dessus de tous ceux,
qui l'ont précédé : il seroit à dé-
sirer que sa latinité fui plus pure.
Edouard 111 fit rechercirer avec soin
tous les ouvrages que pouvoit avoir
laissés Hoveden , lorsqu'il voulut
établir ses droits à la couronne d'E-
cosse.
* HOUEL (Jean), graveur et
peintre ha!)ile, naquit à Rouen en
1756. Elève de Le î\lire pour la
gravure, il se livra ensuite à la pein-
ture dans l'école de Cajanove. Ilouel
fit un A oyage en Italie, en Grèceeten
Sicile. De retour à Paris , il fut reçu
membre de l'académie royale de
peinture, cl grava, dans le genre
du lavis , son Voyage en Sicile, où
ileulre plus de 260 planches.
* HOUGH (Jean) , prélat an-
glais, né au couilé de Middlesex en
iG/io, mort en 1740, après avoir
lait ses premières dasies, passa au
collège de la Magdeleine à Oxford ,
011 il fut boursier. En 1681 , il ac-
compagna le duc d'Ormond en Ir-
lande , d'où il revint l'année sui-
vante. En i635 , Hoiigh fut nomma
chanoine de Worcester. Jacques 11,
ayant formé le dessein de rappeler
le papisme dans les universités ,
ordonna aux étudians du collège de
la IMagdeleine délire à la place de
président , alors vacante , un cer-
tain Fariner, qui s'étoit converti à
la religion catholique; mais les étu-
dians se refusèrent à l'exécution de
Tordre , et élurent Hough. Une
commission du clergé le déposa ea
1687 ; mais, à la révolution, sa place
lui fut rendue, et en 1690 il fut
nommé évèque d'Oxford. En 1699
il passa de ce siège à celui de Lilch-
tieîd, et eu 1717 à celui de Wor-
cester. Ce prélat , distingué par sa
magnilicence , a dépensé dans ses
palais épiscopaux sept mille livres
sterling.
* HO VI US (Jacques) prit le
bonnet de docteur en médecine à
Utrecht eu 17(>5, et publia, quel-
que temps après, un Traité sur le
mouvement circulaire des humeurs
de l'œil , qui parut sous ce titre : De
circnlari liumurum motu in ocu-
lis , Lugduni Balavorum , 1716,
1740, in-8'^, avec figures. Ou y a
joint Adami Christiani T/iebesii
dissertatio medica de circulo san-
guinis in corde. Elle avoit été im-
primée à Leyde en 1709. Il a donné
un autre ouvrage intitulé Epis-
tota apologelica ad Euvsc/iium ,
dans lequel il reproche à Ruysch de
n'avoir pas connu plusieurs vais-
seaux de l'œil.
t l. HOULIÈRES ( Antoinette
DirLîGiERur. La Garde, veuve de
Guillaume de La Fon, seigneur des) ,
naquit à Paris en i638. La nature
avoil rassemblé eu elle les lalens
53.^
eouL
de l'esprit et les grâces de la figure.
Le poêle Héiiaull lui donna les
premières leçons de l'art des vers;
l'élevé lit honneur à sou maure. Des
Hoiilieres , son époux , lieulenanl
de roi à Dourleiiseu Picardie, vive-
ment lomhé des charmas de sa
femme, fut pour elle un tendre
amant. Elle fut arrêtée à Bruxelles
an mois de février ](i57, et con-
duite en criminelle d'élat au château
de Wilvorden. Elle avoit tout à
craindre, même jiour sa vie , de la
part des Espagnols; mais des Hou -
liêres, exposant ses jours pour sau-
ver son épouse, s'inhoduisil , sous
un faux préiexte , dans sa prison , la
délivra, et prit la route de France
avec elle. Mad. des Houlieres se lit
une pente cour à Pans, qui ne fut
pas toujours celle du hon goût. Elle
jirotégea Piadon contre Racine. Lors-
que ia Phèdre de ce tlernier parut,
elle lit , au sortir de la première re-
piésentalion, le Sonnet si connu :
Djtis 1.11 r.Tiiloiul doiL-, Plif-.lre, l> eihbl.inle . I
Dit ilrs vers où il'aboril persnnnc n'i-nlend
t'oyez Nevers.
Ou sait la vengeance que Racine et
lioileau tirèrent de ce sonnet. «Celte
d-nice et inléressanle b»^rgère , a-t-on
(lit, qui parloit si tendrement aux
ïiioutons, aux Heurs, aux oiseaux,
cliangt-a en celte occasion sa hou-
lette en serpent. » Mad. des Hou-
lieres mourut le 17 février 1^9^.
L'académie d'Arles et celle des Ri-
cuvrali sétoient fait une gloire de
se l'associer. Elle joignoit à une
heaulé peu commune des manières
nobles et prévenantes; et à uu en-
jouement plein de vivacité , cette
j^.iélancolie douce que quelques- nns
de ses ouvrages respirent. Elledan-
soit avec justesse , monloit bien à
cheval, et ne faisoil rien qu'avec
grâce. Le grand Condé fut au nom-
bre de ses adorateurs: mais elle résista
à ce héros, comme à Ions cens, qui
HOUL
lui adressèrent Iturs hommages. Si
elle rebuta les amans , elle tacha de
s'acquérir des protecteurs. Elle pro-
digua trop souvent son encens à
des divinités sourdes ; une modique
pension fut tout ce qu'elle piti ol)te-
nir. Lorsqu'elle entra dans le monde,
les romans éloient regardés comme
l'école de l'esprit et de la politesse.
Elle s'y livra , pour suivre la mode ;
mais elle ne borna pas là son appli-
cation. Avide de s'instruire, elle
étudia le latin , l'italien et l'espa-
gnol ; les auteurs les plus estimés
de ces trois langues lui devinrent
aussi familiers que les écrivains
français. L'étude qu'elle fit en même
temps de la pliilosophie ne fut point
séparée de celle de la religion. Elle
eut besoin d'éprouver les consola-
tions de l'une et de l'autre dans
les longues maladit;s qu'elle essuya
sur la fin de ses jours. C'est
à ce temps si triste pour elle que
nous sommes redevables de ses plus
beaux ouvrages. Lorsqu'elle se sen-
toit un peu moins de penchant à
la gaieté , elle composoit ses Idylles.
Si ses maux la porloient à des im-
pressions de tristesse et à des pen-
sées plus sérieuses , elle produisoit
ses rétlexions morales. De tous les
éloges qu'on lui a donnés, il lï'en
est aucun plus ingénieux que ces
quatre vers qu'on voit au bas de
son portrait :
,Si Corinne en bi-nul^ fui it'ilMiie anlrerois;
Si des vcr5 dr Finda.e elle rff.iç.i 1h Rloir.-^ :
Quel ran;;diivfnl I en Iran Icmplede uu'-moir»
Les vcr.ï ([lie lu vas lire, et Ic-jUails 'lue lu voi»?
^■SsPoésies parurent d'abord en 1 688
en un seul volume. Sa fille publia
le second en 1696. Elles ont été de-
puis rassemblées en 2 vol. iii-8° ,
eu 1724 > «^l réimprimées eu 174?,
en 2 petits vol. iu-i-i. On trouve
dans ce recueil , I. Des Idylles , les
meilleures que nous ayons dans
notre langue. Elles offrent des ima-
ges chainpèlres , nue poésie douce
el facile , le ton de la nature , uij
HOUL
badiiiage ingénieux , une momie
utile, et loules les grâces de lii naï-
velé. C'est douiniage que railleur ne
soit pas exemple du reproche de
)>lagiat: l'Idylle des moulons, par
exemple, une île ses plus licllts ,
est, pour ainsi dire, copiée mol
pour mot d'un ancien porte. Ma-
dame des Iloidières s'csl presque
bornée à changer quelques mots et
quelques tours surannés. 11. Des
Eg/ogiies , inférieures à ses Idylles.
111. Des Odes , encore plus f(>il)les
que les églogues. IV. Ge/iscf/c , tra-
gédie , qui pèche pa» le plan , et
par nu style incorrect et sans cou-
leur. V. Des r.pigrajfirnes , des
Chansons , des Madrigaux et des
Elégies y quelqne.s-inies peuvent ser-
vir de modèle : on y trouve dos
comparaisons heureuses qui ne ser-
vent qu'à irriter sa douleur ; des
images tristes , doat la recherche
n'est que trop nalurelle à nue per-
sonne véritablement touchée ; elle
semble i>rendre plaisir à augmeiiler
ses peines , en envisageant tous ceux
qui jouissent des biens qu'elle n'a
plus On voit, par le compte que
nous venons de rendre, qu'on pour-
roi t réduire toutes le.s poésies de
madame des Houiieres à cinquante
pages; encore il ne laudroil pas
être extrêmement dilîlcile. Elle esl
pourtant de tontes bs dames qui
ont cultivé les muses celle dont on
a retenu le plus de vers. On ci le
tous les jours ses maximes:
Sur le jeu :
On eiiinmtnic par rire diipp,
On finir par ^tfe fi-ipon
Sur l'ainour-propre :
]Vul n'tsi corilenl de sa forlune,
Ni niéconleiil de son esprit.
1 II. POULIÈRES (Antoinette-
"J'hérèse des ) , hlle delà précédent?',
membre de l'académie d'Arles el de
celle des Ricovrali , remporta le ])rix
à l'académie française en 1687, el
mourut en 1718,3 55 ans , d'une es-
nous
539
pèce de cancer sons le sein , maladie
qui avoit etiiporlé sa mère an même
âge. On a d'elle (pielc[i;es Poésies ,
à la suite de celles de madame des
Iloulières; mais un peu foihles , et
eu général au-dessous du médiocre.
Oii peut voir dans l'édiiion de 174?
des Mémoires historicjues sur la vie
de l'une et de l'autre. Aîorean de
Meautour, de l'académie des belles-
lettres , consacra ii son souvenir une
pièce de vers qui commence ainsi :
Des Honlit res nVsl plus, celle cligne hcritière
U'uiie illustre cl savante nifre;
Un ma) presque incurable en a liurni' le cours ;
Onze Instic.s au plus onl borné «a rairit-rc.
Autrefois dans mes vers on Icndi es ou galans ,
Je cîiantois ses appas el ses rare lalena ;
Aiais sans avoir recours aux lonnnzes profanes ,
Ce n'est qu'un encens pur que je dois .\ ses
ma nés.
i lïOULLIER 07J pIut6tnoi^l.^T.n
(Jacques), médecin de Paris, natif
d'Etampcs , mort en i563 , au-
teur de /?/i^'6/e;//-5 ouvrages , impri-
mësàGenève, i65ô,in-4''.
* ITOUSCHENK, petit- fils de
Kayoïiiuaratz , premier roi de Perse,
de la première race , lui succéda
vers l'an bliri avant l'ère chrélienne,
et se distingua par tous les mérites
qui font les grands monarques.
Guerrier habile, il étendit sesé'ais
iiar dt-s conqnvtes , et ]^ént'tra jus-
qu'à ia mer des îudos ; sage aduii-
mslraleur , il employa ses loJMrs
aux progrès de l'agriculture que l'on
connoissoit à peine avant lui dans
la Perse. 11 iiivenla l'arrosemetit ar-
tificiel des terres , au moyen des
canaux d'irrigation, et enricliit sou
pays par la découverte (b's mines
de fer qu'il renferraoit ; mais ce qui
l'a sur-Ion t rendu céb;l)io dans \{)-
rient, c'est sa justic . Il mérita le
surnom de pych-ddd , législateur ,
qu'il transféra aux rois ses descen-
dans , appelés pvchdadiens. On lui
attribue aussi ia fondation de la ville
de Schousler (Suze) , et l'on d:t
qu'il imagina le premier les iuurru-
54o
HOUS
resde peauxde bêtes sauvages. Cesl
aussi lui qui parvint, selon quelques
auteurs, à élever des chiens et des
léoi);irds pour la chasse, avant que
peisoune l'eût tenté. On le fait con-
teuiporain de Miuos.
* I. HOUSEMAN (Cornélius),
peintre, né à Anvers en i6/|8, mort
en 1727, s'éloit établi à Mahnes j
où il se lit une grande répuialiou
par son talent. Cet artiste excelîoil
sur-lout dans le paysage, qu'il em-
bellissoit de figures , d'animaux et
de plantes parfaitement exécutées.
* II. HOUSEMAN (Jacques) ,
peintre , né à Anvers eu i6f)6 ,
mort en 1696, vint s'étabiir en An-
gleterre, où il peignit V histoire et
la portrait. Son pUis grand ouvrage
est le Tableau d'autel , daus la
chapelle de Saint-James.
HOUSSAYE. Voyez Amelot.
_ HOUSTA (Baudoin de), augus-
tin , né à Toubise, bourg du llai-
naut , occupa les premiers emplois
de sou ordre , et mourut à Euguien
en 1760. On a de lui un ouvrage
\vi.\\\.\\\é. Mauvaise fui de M. Hen-
ry , prouvée par plusieurs passages
des saints Pères, des conciles , et
d'auteurs ecclésiastiques qu'il a
omis , tronqués ou infid clément
traduits dans son histoire , Ma-
liues, 1733 , un vol. in-8°. Ce livre,
l)eu agréable pour la (orme et la
manière d'écrire , ne l'est guère da-
vantage pour la justesse de la criti-
que. A un petit nombre d'observa-
tions près , tout le reste a été dicté
par un esprit étroit et nunutieiix.
I,'auteur chicane le célèbre historien
6ur sa véracité, et le peiut comme
im ennemi de l'Eglise, parce qu'avec
les hommes les plus sages et les
phis religieux , il a peiut avec sim-
plicité les abus dont elle a gémi , et
qu'elle a voulu rélbruier.
* I. HOUSTON ( Ricliard ) , gra-
HOLT
veur anglais , né en 1729. Ou a d*
lui plusieurs estampes en manière
noire , dont wael'em/ne assise plu-
mant une poule, d'après Rembrant ;
le Tailleur de pli/mes , d'après le
même , et beaucoup d'autres sujets
estimés.
* II. HOUSTON (Guillaume), mé-
decin et botaniste anglais , mort en
1735 , alla aux ludes occidentales
en qualité de chirurgien , et à son
retour fut reçu docteur à Lcyde ,
où il étudia sous Boérhaave. lÀ , il
établit , de cfncert avec Van Swie-
teii , une suite d expévieuces sur les
animaux, qui fut publiée daus le
39"^ vol. des Transactions philoso-
phiques. A son retour de Hollande
il fut reçu membre de la société
royale, et retourna peu après aux
Indes occidentales, où il mourut.
Houston a laissé un manuscrit pré-
cieux ; c'étoit un Catalogue des
plantes , qui a été publié par sir
Joseph Banks , et une Descriptio
de IJorstcnid Contrayervâ, qui se
trouve au 57* vol. des Transactions
pliilosophiques.
t HOUTEVIIXE (Claude-Fran-
çois ) , membre de l'académie fran-
çaise, abbé de Saint -'V^mcent du
Bourg-sur-Mer, né à Paris eu 1G88 ,
demeura environ dix-huit ans dans
la congrégation de l'Oratoire, et fut
ensuite secrétaire du cardinal Du-
bois. Il conserva dans son nouvel
état l'amour de l'étude dont il avoit
été rempli dès ses premières années.
Il lit mieux encore ; il sut, par la
douceur de son caractère, et par une
conduite sage et modérée, sans roi-
deur et sans bassesse , se concilier
l'estime, la faveur et la confiance
même de l'homme puissant auquel
il éloit attaché. L'académie française
lui donna la place de son secrétaire
perpétuel en 1742; mais il n'en
jouit pas long-temps, élanl mort le
8 novembre de la même année.
IIOUT
Sou ouvrage le plus connu porle ce
titre : La vérité de la religion chré-
(leiiiis prouvée par les faits , pré-
cédée d'un JJiscours historique cl
critique sur la méthode desprin-
cipaux auteurs qui ont écrit pour
et contre le christianisme , depuis
son origine , iu-4° , 1 722 , et réim-
primé eu 3 vol. in-4°, el eu 4 vol.
iu-i2 , eu i74i- I-^ première édi-
liou éloit Irès-inférieure aux sui-
vantes ; ou y voyoit par-tout l'écri-
vain ingénieux, mais moins souvent
le philosophe , le théologien , et
1 homme de goût. L'abbé Houleville,
voulant paroilre neuf dans un sujet
usé , l'avoit revêtu de clinquant :
ou crut an premier coup d'oeil <jue
son ouvrage étoit i)his propre à
faire des iucrédules cpi'à les con-
vertir. L'abbé des Fontaines consi-
gna les plainies du pul)lic dans des
lettres de rabl)é de*** à l'abbé IIou-
teville, Paris, 1722, iu-12. Le P.
Claude - René Hongnaut , jésuite ,
mort eu i74''> , avoit fourni les ma-
tériaux de ces lettres à l'abbé des
Fontaines, cjui se chargea de les
arranger et de les polir. « L'abbé
lîouleville , dit D'Alembert, pou-
Aoit être blâmable à certains égards ;
sou intention étoit an moins bien
excusable; il avoit ])rincipalenienl
pour but d'instruire les gens du
monde suriuie religion que la plu-
part ignorent. Il falloit donc se l'aire
lire par eux, et, pour s'en faire lire ,
il falloit , selon lui, parler leur lan-
gage , qui n'est pas, à beaui oup prés,
celui qu'im bon écrivain doit se pro-
poser pour modèle. Il anroit dû sen-
tir qne chaque genre a sou coloris ,
que plus le sujet est grand , ])!us le
style doit avoir celte simplicité
noble, sans laquelle ou n'est plus
que gigantesque ou puéril , et qu'il
ne faut pas employer dans une ma-
tière grave, sous quehpie prétexte
que ce puisse être, des expressions
prises du jargon des ruelles , ou iu-
veuléespar le mauvais goût el la fri-
HOWA
541
volilé. » L'abbé Ilonteville retoucha
sonouvrage avec soin; il faut avouer
cependant que le style cû're encore
pk:Kieurs expressions impropres ou
recherchées , que labljé des Fon-
taines censura dans sou Diction-
naire néoîogique.
* HOUWELINGEN ( Erasme
Van), deDordrecht, premier au-
teur qui ait écrit sur l'histoire mé-
tallique de la Hollande. La première
édition de son ouvrage parut à
Leyde en 1597 , in-4° de 12/1 pages,
sous le titre de Penningboek , c est-
à-dire Livre monétaire , contenant
la représentation de toutes les pièces
d'or el d'argent ( monnoies el mé-
dailles ) frappées sous les comtes d©
Hollande, depuis Thierri, VIP du
nom, jusqu'à Philippe de Bourgogne,
avec une exposition abrégée de la
vie de ces comtes. Il eu a paru une
deuxième édition à Roterdam eu
1627.
HOUZEAU ( Jacques ) , scnlpteur
de Bar-le-Duc, mort à Paris eu
iGt)!, à 67 ans, éloit de l'acadé-
mie , el lui faisoit hoimeur par 1a
vérité de son ciseau.
* I. HOWARD (Thomas) , comte
de Surrey et duc de Norfoick , uoble
et vaillant Anglais, né eu 1 488, mort
eu 1554, servit avec son frère sir
Edouard contre sir Andrew Barton ,
pirate écossais , qui en i5ii inl'es-
toil les côtes d'Angleterre. Le pi-
rate fut tué dans le combat , et ses
vaisseaux furent pris. Lïoward ac-
comi)agna ensuite le marquis de Dor-
seldaus sou expédition en Guieune,
dont le résultat fut la conquête de la
Navarre par Ferdinand. A la mort
de son frère Edouard, sir Thomas fut
nommé grand-amiral ; il nelloya le
canal mfcsté par des pirates français ;
et la victoire de Fioddeu-field rem-
portée sur le roi d'Ecosse fut princi-
palement due à sou courage. Pour
prix ds ses services , le roi ruudil à
KOWA
ïMS père le litre de duc de Norfolck,
tî. le fils lut créé comte de Surr^y.
O.iaiid les Irouides éclalèrt-ul en Ir-
lande Thoiiias l'ut nomme lieutenant
de ce royaume , et il y réprima (a
rébeiiioii. Il servit deux ans dans ce
pays , puis revint commander la
flotte anglaise contre la France.
Malgré tant de services, Henri lit
arrêter le duc sur une accusation de
trahison , et lit décapiter Henri
HoVï'ard , son tils , en présence un
père. La mort du tyran ne sauva la
vie qu'au duc.
* II. HOWARD (Henri), comte
de Surrey , iils aine de Thomas
Howard , né vers l'an i5 20 , et élevé
à Windsor avec Henri Filzroy, His
vialnrel de Henri Vlll, fut créé corn te
de lliclrmoud. Us se regardoieiit
comme deux frères eli:lreul enst;uil)le
le voyage de Paris ; à leur retour la
mort prématurée du duc de Ricli-
niond les sépara et fut long-temps
l'objet des regrets de son émule et de
son ami. HoM ai'd, voué par goùl à la
profession des armes , avoil l'esprit ,
les inclinations et la bravoure des
clievaliers de l'aucieu temps ; son
nom paroissoildans tous les tournois;
il fut présent à toutes les batailles
qui se livrèrent sous Henri Vlll ;
par - tout il célébroit les charmes
de la belle Géraldine , dame de ses
pensées; Tliistoire sait son véritable
nom ; mais il est assez probabb' que
ce fut lady Elizabetli Filz-Gérald,
seconde liile du comte de Kildare.
Howard se distingua à la célèbre ba-
lailiedeFloddeneld par tantd'actions
de biavonre , qu'il obtint bientôt
après le titre de comte de Surrey.
Mais il fut malheureux dans une ex-
pédition qu'il cominaudoit; il fut
battu < u voulant enlever nu convoi
pre^ de Houlogne ; et quoiqu'il eût ,
dans plusieurs occasions , réparé
cette disgrâce , elle fut l'époque du
rei'roidissi nient de la faveur du roi;
d'autres rallnbuenlàla jalousie que
110 W A
ce monurqueavoit conçue desesljril-
iaules qualités , et à ce qu'il soup-
çonnoit Howard de prétendre à la
main de la princesse Marie, sa fille ,
et d'aspirer à la couronne. Quoiqu'il
en soit, sous le prétextefrivole de tra-
hison , et maigre ses services, il fut
livré à un jury, qui eut la lâche com-
plaisance de le condamner sur la
simple accusation d'avoir dit que le
roi étoit mal conseillé, et d'avoir
introduit dans son écussou des at-
tr:buts des armes du roi d'Angle-
terre , quoique sa famille eu eût le
droit. L'infortuné comte fut déca-
pité en 1547, eu prés nce de son
père. Howard fut, parmi la noblesse
d'Angleterre , le premier qui se ren-
dit familier le commerce des muses ;
il eif.iça ses contemporains p:ir lu
[Mireté de sou langage et 1 harmonie
de ses vers. Thomas Wyat et lui
avoient, dans leurs voyages en llahe,
respiré le goût et la douceur de la
poésie italienne ; ils le transportè-
rent dans leur langue ,el méritèrent
d'être regardés fomme les réioruia-
teiirs de !a poésie anglaise, encore
apie et rude. Ouest étonné, liit un
des meilleurs critiques anglais , de
ne point trouver, dans les sonnets
de Surrey, cette tournure métaphy-
sique et recherchée qui distingue les
poètes italiens, et particulièrement
Pétrarque son modèle ; il l'imite ,
mais avec choix et discernement.
Surrey , par la justesse de ses pen-
sées , la correction de son style, la
pureté de son expression , peut être
regardé comme le premier poète
classique de l'Angleterre. llZ/'Cf/u/s/^
en vers le second et le quatrième
livre de lEnéide, et fut le premier
qui introduisit l'usage des f^'ers
blancs , innovation heureuse dont
Surrey eut riionneur, et à laquelle
on est redevable de l'excellent poème
de Mitton. T-es l'oésies de Surrey ont
été im|)riiuées ;i Londres en un vol.
in-8°, en 1717, et réimprimées de-
puis ; mais on ti'y trouve point le
IIOWA
fragment de traduction de lEneide,
qui ç.sl devenu exiréuienienl rare ,
et dont un excellent critique prépare
une réimpression. Nous terminerons
cet article par la citation d'un pas-
sage de Pope , dans son Poème sur la
Forêt de Windsor , où il réunit avec
beaucoup d'adresse l'éloge de 8mrey
à celui de lord Lausdown :
Hei't* noble Snrrey fell ihr >acrc(t rage,
Surrey. tlie Granville of a ftirni-r nie.
Malcliless his peu , v jclorioiis was Iiis lance ,
Bol.t in llie lisls, and graceTiil in llif ilaiiL e .
In tlie saniesliades llie Cnpids ti.ned lus lyie ,
Iiollje .«amenolea of love and soft de? irc :
Fair Geialdine, Ijright object of liis vow,
Thenfill'd ihe gioyes , osbeav'nly Mira mnv.
« C'est ici que l'enthousiasme sacré
des vers agita Surrej, Surrey, le
Granville d» s temps anciens , si lier
dans les tournois , si brillant dans
les jeux , Surrey, dont la plume et
les armes ne connurent point de ri-
vaux. C'est sous ces ombrages que
sa lyre, montée par les grâces, re-
tentit des accens de l'amour ei des
tendres désirs. La belle Géraldine ,
brillant objet de ses vœux, orna
jadis de sa présence ces bosquets
embellis aujourd'hui par la céleste
Mira. »
* 111. HOWARD (Edouard ) ,
frère du précédent, mort en i5i5 ,
distingué dans la marine, dont il
eut le commandement , prit dès
sa jeunesse le parti des armes, et eu
izjgj il éloit chesalier. Eu i5i2,
nommé graud-aiairal d'Angleterre,
et envoyé en cette qualité contre la
France avec une flotte puissante , il
ravagea les cotes de ce pavs , et liat-
liluiie tlolte Irauçaise devanlBrest :
mais l'année suivante, il l'ut tué à
bord de sou vaisseau amiral , dans
un combat corps à corps avec le
vaisseau amiral français.
* IV. HOWARD (sir Robert),
écrivain anglais , troisième t'rere du
précédent, eut beaucoup à souffrir
daus le temps des guerres civiles.
nowA
54J
A l'époque de la restauration, créé clie-
valier,etélu successivement membre
du parlement, député de Stockinidge
et de Caslte Rising, il l'ut aussi,
nommé auditeur de l'écliiquitr et
sut se concilier la faveur de Char-
les II, qui le prot.'gea , dit l'auteur
d'après lequel cet article est rédigé ,
pour son habileté à cajoler le parle-
ment pour en obtenir des subsides.
I^e caractère obstiné de sir Robert,
et son orgueil excessif , lui iirent
beaucoup d'ennemis , parmi lesquels
il eut à compter le duc de Buckiii-
giiam. Il étoil si afTirmatif , et lou-
joiirs si persuadé ([u'en ;oul il avoit
raison, que le pOvtebhad"\ve!l le )oua
dans sa comédie intitulée The Sul-
len [,overs( les amans de mauvaise
humeur) sous le nom de sir Positi-
ve at. al!. On doit à Robert Howard,
l. Des Poésies , et quelques pièces
de théâtre ; II. \'Histui?e des règnes
d'Edouard et de Richard II, 1690,
in -8"^. 111 X Histoire de la religion,
1694, in-8°. IV. la Traduction ûw
quatrième livre de Virgile, iG6o,
m- 8°. V. une Traduction de l'A-
chilléidede Stace, i6(;o, in-8°.
* V. HO Vv' A R D ( Charles ) ,
comte (le Nollinghcun, el lord grand-
amiral d'Angleterre, fils de Guil-
laume Ho-waid , né eu i.fj.ïG, mort
eu iG-24, servit des sa jeunesse sous
son père, et en i568 fut nommé
géuéral de la cavalerie. La même
année, il déploya une rare valeur
contre les rebelles du nord coiu-
maiidés par les comtes de Norlhum-
beiiand el de Westmoreland. L'an-
née suivante , il eut le commaïuie-
meiit d'une escadre, avec laquelle
il l'ut cliargé de conduire de Sée-
lande en Espagne, Anne d'Autriche,
lille de l'empereur Aîaxiuulien ,
(piiétoilfianceeàPhilipped Espagne.
En ibr-2, Howard succéda a sou
père lord Effingluiin ; et peu après,
il fut fait ciievalier de la Jarretière.
On le chargea d« Innuoriant com-
544
nowA
mandement de la Hotte, quand l'ar-
mada espagnole entra dans le canal;
€'t ce tnt sur-loiU à sa prudence , et
à riiabileté de ses nianiRiivres que
les Anglais durent la destruction
de l'armada. l,es services de Howard
lui méritèrent d'être créé comte de
Noltingham , et ce seigneur fut
honoré de la confiance de la reine
tant qu'elle vëcnl. Sous le règne
suivant, il fut chargé de l'amljas-
sade d'Espagne ; mais à son retour ,
ayant perdu la faveur du roi, il
donna sa démission de son emploi ,
qui fut conlié au duc de Buckiu-
gham.
* VI. HOWARD ( Thomas-Phi-
lippe), cardinal anglais, frère du
duc de Noifolck , prit Thahit reli-
gieux de l'ordre cle Saiut-Domiiii-
que, et fut nommé cardinal par le
pape Clément X le 27 mai 167;").
Il fut aussi grand-aumônier de la
reine d'Angleterre , et mourut à
Rome le 16 jum lëg/j-
i- VH. HOWATID ( John),
l'infatigable ami des pauvres et
des malheureux , naquit à Hack-
uey en 17^6, d'un père qui faiïoit
commerce de tapis , et qu'il perdit
eu bas âge. Sou tuteur l'engagea
comme apprenti chez un épicier
en gros de la cité de Londres; mais
la loibles^sede sa coustitnlion le ren-
dant peu propre au commerce, et
sa fortune le mettant à portée
de s'en passer, il rachela le temps
de son apprentissage , et fit un voya-
ge en France et en Italie. A sou re-
tour, en 1752, il s'attacha à une
veuve chea laquelle il logeoit ; il
l'épousa et la perdit trois ans après.
Ce fut à cette époque qu'admis
dans la société royale de Londres,
et que , curieux de voir l'état de
Lisbonne après les tremblemens
de terre que celte ville avoit éprou-
vés, i! s'embarqua sur la frégatel'i/ti-
//oi^re. Ce bâtiment fut pns dans
la Iravcraéc par un armateur fran-
HOWA
çais , et Howard , retenu prison-
nier de guerre en France, eut à sup-
porter tous Ils désagrémens attachés
à cet état de captivité ; peul-ètrey
puisa-t-il cet intérêt si vif qui l'attacha
toute sa vie au sort des prisonniers,
et l'idée grande et généreuse d'a-
doucir leur sort. A son retour en
Angleterre , il se fixa dans une mai-
son de campagne à Lyaangton , et
se remaria en 1768. Quelques an-
nées après sa nouvelle épouse lui
donna un fils et mourut en couches.
Alors Howard changea le lieu de sa
retraite, et vint s'établir dans le voi-
sinage de Bedfurd , où lattiroient
de fréquentes assemblées de dissi-
dens qui avoienl coiiliime de s'y
réunir. U étoil attaché fortement a
leurs opinions, ttscinonira très-exact
à suivre leurs conciliabules, il s'oc-
cupoil en même temps de toutes
sortes d'actes de bienfaisance et du
soin de l'éducation de sou fils. Mal-
gré les excellentes qualités de sou
cœur, l'extrême rigidité de ses prin-
cipes et de sa conduite le rendit
peu propre à celle tâche difficile, li
remplit pendant plusieurs années
les fonctions de shériff , qui le mi-
rent à portée , dil-il lui-mcine, « de
prendre une connoissance exacte d.i
la détresse à laquelle les prisonniers;
sont quelquefois exposés, et de vi-
siter toutes les maisons de délenlion
dans toute l'étendue du royauiin .
Sou zèle lixa sur lui, d'une ma-
nière honorable l'attention de la
chambre des communes , qui lui
vola des remercimens. Excité par
cet encouragement , il acheva la
revue; des prisons d'Angleterre , et
voulut bienlôt visiter celles de toulf,
l'Europe ; il se mit à voyager, et
em|>loya douze aiis à exécuter soi»
dessein , dans l'intervalle de 177^ à
1787. Il visita trois fois la France,
lit quatre voyages eu Allemagne ,
cinq en Hollande , deux en Italie , d
parcourut l'Espagne et le Porlugai ,
les états du uoid et la Turquie. Sts
HOWA
travaux et sa bienfaisante sollici-
tude lixcilcieul à lei point l'admi-
ralioii de ses conipalriotes , qu'ils
ouvrirent une souscription pour lui
ériger une slaliie. Howard , trop
inodeste pour accepter un si grand
honneur, s'opposa vivement *à ce
projet : « N'ai-je donc pas , écri-
voit-il alors, un seul ami en An-
gleterre assez attaché à mes intérêts
pour traverser un pareil dessfin? »
Ilavoit annoncé iitiiention de par-
courir une seconde fois la Ruïsio ,
la Turrjuieet les contrées du L-evant.
« Je n'ignore pas , disoit-il , les dan-
gers d'une pareille entreprise, mais
je me conlie à la providence qui
m'a conservé jusqu'à présent; je
m'abandonne avec joie à la dispo-
sition de la souveraine sagesse qui
n'a jamais etvé; s'il plaisoil à Dieu
de terminer ma vie dans le cours
de l'exécution de mon projet , qu'on
n'impute ma conduite ni à ma té-
mérité ni à un vain enthousiasme ;
elle n'est que le résultat d'une déli-
bération bien mûrement réfléchie
de la conviction intime de suivre
la route que me^ prescrivent mon
devoir , et le désir sincère d'être
l'instrument du Ijicn qui pourra en
résulter po\ir mes frères, et auquel
je ne pouvrois coopérr-r en nie res-
treignant dans le cercle étroit d'une
vie tranquille et retirée. )> Howard ,
en visitant à Cherson en Crimée
un malade attaqué d'une maladie
contagieuse, en fut atteint lui-même,
et mourut le 20 janvier 1790 , chez
le banquier iMarkus. Il avoil publié
en 1777 \Elat des prisons (V An-
gleterre et du pays de Galles ,
ainsi, que de quclt^i/es pajs élran-
gers , dédié à la chambre des com-
munes , in-4°. Il y joignit eu 1 780
un Supplément ^ où il inséra la re-
lation de son voyage d'Italie, et en
publia une seconde édition en 1 784 ,
avec beaucoup d'augmentations. Il
donna, en 1789, son Etaù des
principaux lazarets de l'Europe,
T. VlII.
HOWA
5.^5
avec quelques Mémoires sur la
peste. Ces deux ouvragts ont été
traduits en français. Le prenr.pr en 2
parties in-S", et le .second, Paris ,
1800, in-y". Ou lui cioi; encore une
traduction du français de X Histoire
de la Bastille , 17S0 , ei la ira-
duction anglai.se du Code du droit
cii'il du grand-duc de Toscane ^
1789. Howard, considéré dans sa
vie privée, éloit d'une tempérance
rigoureuse et dune sobr.élé peu
commune, vivant des ]ilus simples
alimens , se refusant constamment
aux plaisirs de !a table et de Ja se-*
ciélé , s'éloignant avec soin d< s fêtes
et des banquets publics. Il est hors
de doute que ses travaux ne .soient
parvenus à Fixer l'attention Aw gou-
vernement anglais sur le régime des
prisons; en plusieurs endroits ou
a adopté ses idées, et peut-être par-
tout où on les a suivies en a-t-ou
recueilli déjà quelque avantage ;
peut-être au lieu de servir et d'aug-
menter la dépravation, comme ou
l'a éprouvé par une funeste ex4)é-
rience, l'incarcération, devieudra-t-
elle un moyen de ramener à de
meilleurs principes et de rappeler
à une honnête industrie ceux qui
se seront exposés à la subir, tandis
que le petit nombre de criminels
incapables d'amendement ou de re-
pentir, rattaché à la société par les
travaux auxquels ils seront assu-
jettis, ne souffriront que ce que sa
sûreté exige impérieusemetit. Sous
ce point de vue Howard a des droits
à la reconnoissance publique , et il
en a recueilli le témoignage dans le
mau.solée qui lui a été érigé dans la
catliédraic de Saint-Paul. M. Delille,
dans sou poëme de la Pitié, lui a
élevé un monument non moins du-
rable dans ces Idéaux vers qu'il a
consacres à su mémoire :
Tnn nuif le connut rc nolilc ol Icndtr z' lo ,
I iii—nid ! (Iqiil le nom seni ennsolc les jiri.'snn».
Qu'on aemc vaille pluâles niuî'K-urs viigabaïutS
55
5/j.G HOVVA
Bu ce roi voyageur , pfre di T6K'maqiic ,
Clieruliaiit peiidanl Jix ans son invisible lllia-
.jne.
Avec un hul plus noble, un cœur plus coura-
I Sur les monts escarp''s, sur les (lois orageux ,
lîans les sables brnians, vers la lono inréconile,
Où languit la nainre aux limites du monde,
Auxlieuxoù du croissani on adore les lois ,
Aux lieux on I rio m |di a l 'étendard di: la croix ,
Par-lonloi'i l'on connnU le mallieiir et l«s larmes.
Suivant d'un duux pem-hanl les invincibles
cliarnies ,
lie mjgn.iniuie Howard parcourt trente cli-
mats.
Esl-ce la gloire ou l'nrqui conduisent ses pas ?
JKilas! dans la prison , Iriste sœur de la tombe ,
Sa main vient soutenir le niallieur qui suc-
combe ,
Vient charmer ces cacliols , dont l'aspect fait
frémir ,
Dont les écliosjamais n'ont appris qu'à gémir.
Oiihliaul el le monde et ses riantes scènes ,
Il marche environné du bruit affreux des chaî-
nes ,
De grilles, de verroux , de barreaux, sans
pitié.
Que j.imais n'a francliis la voixdc l'amitié ;
i'ar Cl ut degrés touriianl sous des voûtes hor-
ribles ,
Plonge iusquss au Tonddeces cachots terribles ,
Ualytés par la mort, et pavés d'ossemens ,
P'un funeste trép«s funestes monumens ;
Y mène le pardon, quelquefois la justice ,
El par un court Irépas abrfge un long sn])plice ;
Prête , en pleurant, l'ureille aux maux qu'ils
ont soufferts :
S'il ne peut les brider , il allège leurs fers.
Tantôt, pour adoucir la loi trop rigoureuse.
Porte au pouvoir l'accent de leur voix doulou-
reuse ;
Et rompant lenr.s liens pour desliens plus doux,
Dans les bras de l'épouse il remet son époux ,
lie père à son enfant, l'enfant à ce qu'il aime.
l'arlui l'homme s'élève au-dessus de lui-inf^me.
lie» séraphins surpris demandent dan le ciel
Quel ange erre ici-bas aous les traits d'un
mortel.
Devant lui la mort fuit , la douleur se retire ,
. Et l'ange iilTreux du m il le inMiidil et l'admire.
Beviens , il en est temps , reviens , cœur géné-
reux ;
Jjehonheurapparlient à qui fait d.;s heureux.
Reviens dans la pairie , enunep.iix piofonde,
Goûter In liberté que In donnois nu mor.de :
Ton œil chez aucun peuple, au palais d aucun
N'a rien vu d'aussi r.irc et d'aussi grand que
loi.
Il résulte des observationsd'Howaid,
IIOWA
que les prisons de Hollande sont
si tranquilles et si propres, que ce-
lui qui les visite a peuie à croire
que ce soient des prisons. Elles sont
chaque année blanchies avec l'eau
de chaux : chacune d'elles a son
médecin , son chirurgien particu-
lier. En géiiëral , les maladies y sont
rares. Dans la plupart de celles qui
sont destinées aux criminels , il y a
une chambre pour cliaque prison-
nier , et il n'en sort jamais ; chacun
a un bois de lit , un farde paille et
une couverture. La Hollande est le
pays de l'Europe où il se commet
le moins de crimes, et la justice a
rarement l'occasion d'y déployer
toutes ses rigueurs. — Les prisons
d'Allemagne sont moins propres que
celles de Hollande ; mais elles ont
l'avantage d'être bâties sur le bord
des rivières : telles sont celles de
Hanovre, de Ridl , de Hambourg ,
de Berlin, deBrëmen, de Cologne,
et de quelques autres villes. John
Howard a remarcpié que , dans la
phtpart des prisons d'Allemagne les
prisonniers étoient en petit nom-
bre , et la causQ, qu'il en donne
est la promptitude de l'examen et
du jugement. Ceux qui sont cou-
pables de légers délits sont condam-
nés rigoureusement au pain et à
l'eau ; mais ou est moins sévère
envers les criminels qui ont été
jugés el doivent être sui)pliciés. Ils
ont le choix de leur nourriture; ou
leur donne Une chambre plus com-
mode ; leurs amis el leurs parens
peuvent les voir et les consoler ; un
ministre les accompagne pendant
tout le temps qu'il leur reste à vi-
vre , et ne les quitte qu'à leur mort.
En général , dans les prisons d'Al-
lemagne, on oxene peu de rigueurs
inutiles; rarement on met les pri-
sonniers aux li^rs , et les cachots sont
presque toujours inhabités. — Les
prisonniers sont beaucoup plus sé-
vcremeut tiaiiés en Danemank ,
cil Suède el eu llussie ; les prisons
IIOWA
y sont pour la plupart tris -mal
jjropres el très- malsaines. Dans la
prison d'ëlat de Copeiihaoue , lee
tors tiehnent encore aux unirs , dans
les clianibresoù iescotulesStnieiisée
el Brandi ont ëlé enfermés. 'IVl est
le dégoût qu'inspire l'air nié[)liili-
qne de celle prison , que lorsque
Slruensée eu fut tiré , après trois
mois de déleiilioii , pour être con-
dnit à nue mort terrible, il s'é-
cria : « O quel bonheur de respirer
nu air frais. » — Il faut dire ici
cependant que les cachots ne sont
point connus en Russie ; et c'est
pour cette raison sans doute qu'on
n'y a jamais vu de traces de la ma-
ladie épidémique qu'on appelle la
lièvre des prisons. — Celles de Suisse
sont beaucouj) plus propres que celles
des royaumes du nord . Dans les mai-
sons d'arrêt ciiaque criminel a une
chambre , aliu que l'un ne puisse
être le précepteur de l'anlre ; ils
n'ont point de fers , mais ils sont
renfermés dans des chambres plus
ou moins fortes , plus ou moins
éclairée^ , selon la nature des cri-
mes dont ils sont accusés. La plu-
jiart des prisonniers sont chauffés
par des poêles ; on leur alloue com-
munément douze sous par jour. Dans
les caillons suisses, les prisons ren-
ferment rarement des criminels. «
r>a principale raison de cette rareté,
dit Howard , est le soin qu'on y
prend d'inspirer aux enfans , même
les plus pauvres , les principes do
la religion et de la morale. Une
autre raisou encore est qu'on y rend
une prompte justice. Howard ne
trouva point de prisonniers à Lau-
sanne ; il n'en iroiu a que trois dans
les prisons de SclK'ffhouse ; celb^s de
Berne sout souvenl \ ides. — Quand
John Howard passa à Venise , la prin-
cipale prison de celle ville conlenoit
trois ou quatre ceuls personnes. A
Naples, en 1781 , on compte il dans
la prison appelée P^uariu , neuf
cent quatre - vingts prisonniers.
HOWA a47
Dnys laToscane , dausTEtalRomaiii
et dans le Piémont, leur nombre
étoit beaucoup moins considérable.
L\<iis la plupart des \ilks d'Italie ,
ils sont employés aux travaux pu-
blics, [-es exécutions sont beaucoup
plus fréquentes dans ce pays que
par-tout ailleurs. Il y a quelques
années que l'usage de la torture
éloit encore connu à Rome , à Na-
])les , el dans quelques autres étals
d'Italie. 11 n'esl point de pays oii
riiiimanilé, inspirée par la religion ,
prodigue autant de secours aux dé-
tenus et aux pauvres. Par - tout il
s'est formé des mslilulious charita-
bles ; el dans la plupart dts villes ,
des confréries pieuses sont unique-
ment occupées du soulagement des
flélenus. — Les prisonniers, dans la
plupart des prisons de Portugal , ne
subsistent que de la charité publi-
que. La justice n'y est pas rigou-
reuse ,mais elle y est lente; lescou-
])ablcs ou les accusés sont souvent
détenus' plusieurs années dans les
prisons , avant qu'on les examine et
(ju'on les juge; el quelquelois , après
qu'ils ont élé condamnés à mort,
ils demeurent encore quelques an-
nées eu prison , avant qu'on les
exécute. Avant l'administralioa du
marqui> dePombal, les geôliers lais-
soienl souvent sortir les prisonniers
sur parole. L'un d'eux , qui avoil
obtenu celte laveur , en jouit pen-
dant sept ans , quoiqu'il eîit élé con-
damné à mort. L'ordre d'exécuter
la sentence arriva ; sur la somma-
lioudu geôlier, le coupable , qui tra-
vailloii dans la province, revint,
sans balancer , se remettre dans la
prison : ce respect pour sa promesse
lui ht accorder sa grâce. Plusieurs
des couj)ables sout tirés des prisons
pour être envoyés dans les éta-
iilissemens portugais au Brésil ;
d'.iuires , enrôlés comme soldats,
sont embarqués pour les ludes. —
Le régmie des prisons en Espagne
1 éloit très-rigouneux ; les prisonuiers
5/18
lîOWA
y eloient souvent entassés les vins
sur les autres; souvent mis aux
fers , et plongés dans des cachots
luimides ; un criminel coiiclamné
oljlenoit rarement sa grâce du roi.
Lorî^qu'il étoit jugé , les autres pri-
sonniers le conduisoienl dans in cha-
pelle, où sa sentence lui éloil lue par
MU SKt rétaire, en présence de tous. Il
étoit acconipaoïié par un moine , qui
ne ral)ando)iiioit phts jusqu'à la mort.
On ne pou voit pénétrer dans les jiri-
sons <le 1 inquisition. John How^ard
a visité aussi celles de Paris et des
différentes provinces de France, il
indique , dans leur régime, plusieurs
abus à réformer. Sa Vie a été pu-
bliée en Angleterre par M. Aikiu.
Les écrits d'Howard ne pou voient
manquer de faire une vive impres-
sion dans une ville où l'industrie
de la bienfaisance est depuis long-
temps perfectionnée au même degré
que l'industrie de ses nianufaclnres.
A Lyon il s'est formé récemmenl
tnie association de citoyens recom-
mandablesqui veillent sur le régime
des prisons avec les mêmes soins
qui ont iixé l'attention publique sur
l'administration des hospices. On
distribue du travail aux prisonniers
pour adoucir leur sort , oa veille
éoalement sur leur nourriture et leur
conduite , on les assujettit à leurs
devoirs de religion , on cherche à les
consoler et à les instruire. Par une
émulation touchante on a vu s'y
fornier une association de pauvres
hlles d'artisans de tout âge , qui
quêtent dans les marchés , dans les
cuisines, et qui recueillent les débris
de la table des gens aisés pour pré-
parer aux prisonniers de passage
des potages restaurans qu'elles leur
distriîjuenl à leur arrivée. On les
appelle la société des Charlottes,
du nom de celle qui la première a
provoqué celle association. Les pri-
sonniers qui passent à Lyon savent
presque toujours d'avance que la
soupe des C/iarlotîes les attend.
HOWE
VIII. HOWARf). r. AnuNDEL,
n^ II! ; — CnoMWKL , U° I; — et
Henri VI II, n" XXL
\. HOWE (N.... lord), amiral
anglais , servit avec distinction sa
patrie dans la guerre d'Amérique,
et fut n;is en 1793 à la tête de la
Hotte britannique sur l'Océan. Le
1"^ juin 179 i , il remporta près
d'Ouessant une victoire complète
sur les Français , auxquels il en-
leva sept %aisseaux de ligne. Son
courage étoit calme , sou éloquence
persuasive. Il l'employa en 1797
pour apaiser la révolte qui s'éloit
déclarée dans la Hotte de Ports-
mou Ih , et parvint à faire rentrer
tous les équipages dans le devoir,
llowe reçut en récompense l'ordre
de la Jarretière , et mourut quel-
que temps après , en 1799.
* II. HO'WE ( Guillaume), né à
Londres vers 1619 , employa les
premières années de sa jeunesse à
l'étude de la philosophie et de la
médecine ; mais ayant brusquement
changé de goût , il s'engagea dans
les troupes du roi Charles 1'''", et s'y
distingua tellement par sa conduite
et sa bravoure, qu'il obtint une
place de capitaine dans la cavalerie.
Mais, bientôt dégoûté du service jKir
le peu de succès des armes de ce
prince, il revint à la médecine , et
l'exerça à Londres avec le plus gvaiul
succès. Il mourut dans cette capitale
en i656 , laissant sur la botanique
les ouvrages suivans : ï. Pyt/wlogià
lirila/iiiica , natales exhiberis iii-
digenaiLun stirpium spo/itè nas-
ce/ttiam, Londini, i65o, in-8'\ IL
Math'iœ Lobellil plantarum , sive
stirpium illustrationes , ciim an-
ne.ris aduersariis , Londini, i6.'i.'i ,
iii-4''. C'est à son goût pour la bo-
tanique qu'on doit celte édition ,
qu'il a enrichie de notes savantes.
i HOWEL ( Jacques ) , laborieux
écrivain anglais, mort en 1666, »
HOYE
72 ans , fut secrétuire cVanibassade
et secrétaire du conseil penclanl les
guerres civiles. Ses (ié[>enses exces-
bives le tirent eiifenner dans une
priton , où il tut oblioé de travailler
jiour vivre. Ses ouvrages en anglais
sont , I. VUistuIre de Louis XI II.
lï. La /bref de Dudotie , traduite
eu fVam,ais,Par(s , ifi/j' ; in-4°. C'est
un ouvrage aiiégorique dans lequel
l'auteur a déguisé sous des noms
enîjnunlés de la Ijolauitjue les per-
sonnages dont il parle. Cet ouvrage
parut d'abord à Londres en 1740 ,
in-lbl. m. ]}e la prééminence des
/vis de. France, d'Espagne et, d\4n-
glelerre ^ traduite en latin, Londres,
166.11, in-8°. IV. DesPoes/t'5, 1660,
in-8", etc. Après avoir été zélé roya-
liste , il embrassa le parti de Crom-
"wel , et fut néanmoins hislonogra-
phe du roi après son rétablissement
sur le troue.
* IIOWEN ( Pierre Van der ) ,
médciin hollandais, s'est acquis de
la réputation dans le i 7"^ siècle , par
ini petit traité de sa composition ,
imprimé à Roterdam eu 1621 ,
in-H" , sous ce titre : De sympathin,
seu affectu per consensum.
•
FIOY ( André ) , Jloyus , pro-
fesseur royal en grec à Jjouay ,
natif fie Bruges, s'acquit une grande
réijutalion par ses Poésies latines ,
litli-j , in-8° , et par son Lzéc/iiel
j)arap/irasi pocticd illustratus ,
i.5c)S , in - 4". On a encore de lui
IJe pronunciatione grœcd , 1620,
in-8°, et A' autres ouvrages. II mou-
rut au commencement du 17"^ siè-
cle , âgé de plus de 80 ans.
* HOYER ( Jeau-George ), mé-
decin , membre de lacadéujie impé-
riale des cmieux de la nature, né à
Mulbausen en i665, pratiqua son
art avec distinction dans cette ville
jusqu'à sa mort arrivée en 1708. On
a de lui plusieurs observat^ns dans
les Mémoires de l'académie impé-
HOZI
»49
riale , et quelques petits ouvrages
sur la pratique de lu médecine et le»
devoirs du médecin, dans lesquels
on Ijouve quelques vues neuves et
intéressantes.
t l. HOZIER ( Etienne d' ), gen-
tilhomme provençal , capitaine de
la ville de Salon, auteur de plu-
sieurs Pièces de vers imprimées ,
tant en français qu'en provençal ,
né en 1 .547 , travailla beaucoup sur
les anciennes chartes. Ce goût a
passé successivement à ses descen-
dans. 11 a composé des C/iruniques
assez bien faites pour le temps où
il vivoit. César Nosiradamus , son
coufin , gentilhomme ordinaire de
la chambre du roi , le cite à la der-
nière page de sou Histoire de Pic-
vence, imprimée à Lyon en 1614,
comme un de ceux à qui il étoit
redevable de différens mémoires qui
lui avoienl servi pour la composi-
tion de son ouvrage. Il mourut à
Aix en ]6i 1.
t II. HOZIER ( Pierre d' ) , fils du
précédent, chevalier, seigneur de
la Garde eu Provence, juge d'armes
de la noblesse de France, che\alier
de l'ordre du roi , et conseiller d'état
d'épée , ne là Marseille eu i.T92,
sersit , étant ieune , dans la com-
pagnie des cbevan-légers du maré-
chal de Créqni , el se livra ensuite
tout entier à l'élude de l'histoire gé-
néalogique. Ses lumières et sa pro-
bité lui méritèrent la confiance de
Louis XlUetde Louis XIV. Le pre-
mier, voulant se l'attacher particu-
lièrement , le fit, en 1620, l'un
des cent gentilshommes de l'an-
cienne bande de sa maison ; le dé-
cora , en 1628 , de l'ordre de Saint-
Michel ; lui accorda , en 1629 , une
pension , et en 1641 , la charge de
juge d'armes de France , sur la dé-
mission du vicomte de Saint-I\Iau-
rire , qui l'indiqua lui-même au roi
pour son successeur. ( Cette charge,
f^ui avoit été créée à la soUicilalion
55o HOZI
des élats-généraiix , par ëdit du mois
de juin 161 5 , fut coniërée la même
année à François de Chevriers de
Saint-Maurice , seigneur de Salagny,
d'une ancienne maison du I\Iacon-
aiais , clievalier de Tordre du roi ,
et genliihomme ordinaire de sa
chambre. ) La réputation d'Hoiier
aiigiiientant chaque jour, le roi le
fit, en 1642, l'un de ses maitres
d'hôtel , le commit , en lô^jo , pour
lui certifier la noblesse dos écuyers
et des pages de s£s grande et petite
écuries, et l'admit enhn dans son
conseil d'état en iCS/). C'est aux
corresponoances qu'il s'étoit établies
qu'on est particulièrement redeva-
ble de la Gazette de France, com-
ineucée eu 1601. Comme il étoit
intime ami de Théophraste Renau-
dot, il lui communiquoit toutes ses
nouvelles. A l'égard de sis ouvra-
ges , il y eu a eu beaucoup d'im-
primés , indépendamment de ceux
qui sont demeures manuscrits. Il
est auteur d'une Histoire de Bre-
tagne , m- folio, et de plusieurs Gc-
néalogies. Il mourut à Paris le i*"'
décembre 16C0. On l'a peint comme
un homme qui allioit les vertus
morales avec les vertus c.hréliemies,
ami fidèle et officieux, d'une société
douce et d'une conversation agréa-
ble. Boileau fit ces vers pour mettre
au bas de son portrait :
lies illu":lres maisr^ns i! piiMIa la gloire;
Ses laleii'i surprendront tous les âges suivans :
Il rendit tous les morts viv.'jns dnns Ja mémoire;
11 ne mourra jamais dans cuUe des vivans.
t lU. HOZIER (Charles-René
d' ) , fils du précédent, juge d'ar-
mes de la noblesse de France à Paris,
et chevalier de l'ordre de Saint-
Maurice de Savoie, ué en 16.J0,
aussi distingué par l'étendue de ses
«:onnoissances dans l'art héraldique
que par plusieurs ouvrages qu'il
fit par ordre de l-onis XlV, mou-
rut à Paris le i3 février 1732. On
a de lui lic^'f,-, 'i^r: de la no-
HUAR
blesse de Champagne , Châlons ,
ifiyS, 2 vol. iu-fol. , faites par
ordre de Louis XlV, sous la direc-
tion de Caumartin. 11 eut pour suc-
cesseur dans sa cliarge de juge d'ar-
mes Louis-Pierre uHozier , son
neveu, conseiller du roi en ses con-
seils, et chevalier-doyen de son ordre,
mort à Paris au mois de septembre
^7^7 > 'îg^ de 82 ans. C'est pendant
son exercice qu'ont paru les 10 vol.
in-folio de l'Armoriai , ou Registres
de la Noblesse de France, ivSG ,
1768, 10 vol. iu-fol. fig. — D'HoziER.
de Sérigny , sou fils , chevalier ,
grand'croix honoraire de l'ordre de
Saint-Maurice , ci-devant juge d'ar-
mes, est auteur de la suite de cet
ouvrage quila discontinué, pour ne
pas s'exposer à mortifier la vanité
de certains nobles , ou à trahir la
vérité.
* HROSVITE , religieuse de Gan-
dersheim, abbaye de l'ordre de Saint-
Benoit dans la Basse-Saxe, se dis-
tingua vers la fin du 10'^ siècle par
des talens littéraires , alors peu com-
muns. Elle a laissé six Comédies écri-
tes en latin, à limitation de Térence,
huit autres Opuscules eu vers hexa-
mètres et pejitamètres , et uwS^Jis-
loire d'Othon , empereur d'Allema-
gne, sous le règne duquel elle érri-
voit aussi en vers latins hexamètres.
Le volume de sesQïuvres imprimées
à Nuremberg eu i5oi, in-folio,
est de 82 feuillets. Ce livre est ex-
cessivement rare.
t HUART (H.), connu seulement
par la Traduction l'rançaise des
Hypotyposes ou Institutions pyr-
rhouiennes de Sextus Empiricus ,
172.5, in-12 , l'accompagna de
notes , dans lesquelles il tache de
fortifier les senlimeus de ce fameux
pyrrhonien.
HUARTE ( Jean ) , natif de Saint-
Jean d^s la Navarre française ,
s'acqnilau i7''siccle da la réputation
HUBE
pnr un ouvrage espagnol , intitulé
1.' Examen des Eshiils. Ce livre a
été souvent réuiiprinié et trndml en
diverses langues. U en parut à Ve-
nise iinelraclnctionilalienneeu I 582,
une en fraiirais , donnée par Chap-
puis en i58o, mais qui a été sur-
passée par celle de Savinien d'As-
quie , imprimée à Amslerdam en
167^ , dans laquelle le traducteur a
profité (les augmenlalions que l'au-
leur avoit laites dans la dernière
édition de son ouvrage. Il a été aussi
traduit en latin et en anglais. On
accuse Huarle d'avoir donné comme
pièce authentique une lettre supposée
de LentuUis, proconsul , écrite de Jé-
rusalem au sénat de Rome , dans
laquelle il donne une description de
l'extérieur de J. C.
*HUAUME (Etienne d'), de Bîois,
reçu docteur en 1760 dans la faculté
de médecine de Paris , dirigea ses
observations sur quelques maladies
graves, qui lui donnèrent lieu de
publier les ouvrages jjSuivans : I.
Traité de la petite vérole , tiré
des Commentaires de Van Swielten
sur les Aphorismes de Eoerhaave .
avec la Méthode curative de Haen ,
Paris, i776,in-i2. L'auteur expose
dans, cet ouvrage , avec clarté et
précision , la doctrine des médecins
les plus célèbres sur une maladie
qui attaque la plus grande partie du
genre humain. U. ]\férnoiie sur les
dissoh'a/is de la Pierre , avec quel-
ques problèmes de chimie , I>on-
dres , ( Paris ), 1776 , m-/\° de 22
pages. III. Lettre d'un médecin de
Paris sur le traitement de la rage ,
1776, in-Zi" de 17 pages.
t I. HUBER ( Samuel ) , ori-
ginaire de Berne , et professeur en
théologie à Wilteraberg vers l'an
1.^92. Luther avoit enseigné que
Dieu détermiuoit les hommes au mal
comme au bien. Ainsi , Dieu seul
prédeslinoil Ihomme au salut ou à
la dannialioii ; et tandis qu'il pro-
HUBE
55î
duisoit la justice daus un petit liom-
bre de fidèles , il déten inoil les
autres au crime et à l'impi'uileuce.
Hubcr ne put s'accoiiiinoder de ces
priucijjes; il les trouva contraires à
l'idée de la justice et de la miséri-
corde divine, et enseigna que Dieit
vouioil le salut de tous les hommes ;
que Jésus-Chrisl les avoii en effet
tous rachetés , et qu'il n y en avoit
pas un pour lequel Jésus - Christ
n'eût satisfait rétllenieni et de fait.
De sorte (jue les hommes néioient
damnés que i)arce qu'ils tomboient
de ct t état de justice dans le péché,
par leur propre volonté , et en abu-
sant de leur liberté. Cette doctrine,
(fui semble honorer la Divinité, ht
chasser Huber de son université. On
a de lui V Explication des chapitres
IX , X et XI de l'Épitre aux Ro-
mains , iu-S°.
i 11. HUBER ( Uîric ) , professeur
eu droit à Franeker , né à Dockuin
en 1606, mourut en 1^94, aprè»
avoir eu de grands dénitiés avec le
célèbre Periz<jiiius. On a de lui , I,
Un Traité De jure civitatis , 1 708 ,
in-'/)'*- II. Jurisprudentia J rizica.
m. Spécimen philosopltiœ cii^ilis.
IV. Instituliones hisloriœ civilis ,
i69o,in-y°. V. Prœkctiones juris
civilis secundum instituliones et
digesia , Francfort, 1749. ^ voj.
in-/(°, réimprimés à Louvain , 1766,.
avec les notes de J. Le Plat , et
plusieurs autres ouvrages sur diffé-
rens points de droit civil publiés
en différens temps, en 7 vol. iii-4°.
*III. ITUBER (Zacharie), né en
1 669 , i'ils du précédent , et , comme
son père , professeur en droit ;'{
Franeker, publia les ouvrages sui-
vans : I. De vero sensu aique in-
terprelatione legis IX ; de lege
Pompcid de parricidis disserta-
tiunes duœ , Franekerse, i6go, in-
/'i". II. Disserlationuni libri 1res ^
quibus expliccKtur selccla jurin
552 lîUBE
jMibtici., sac/i , prlvatique capita ,
Franeker, 170:3. 1! mourut en 1752.
*IV. HUBER (Michel), lillcra-
teur et iruducleiir , iié à Frouten-
hansea eu Bavière en 1727, mort
à Leipsick le j5 avril x8o4, vint à
Paris fort jeune , et se lia avec plu-
sieurs hommes de lettres dibtingués.
Le Journal étranger , continué par
MM. Arnaud et Suard , lui est re-
cle\ah!e as, beaucoup cV articles de
littérature allemande. En 1766 il
fut appelé à l'université de Leip-
sick ()o;ir y enseigner la langue fran-
çaise, lliiber renditde grands services
aux lettres, en éiah!issanl,par ses tra-
duclions , les premières communica-
tions littéraires qui aient existé entre
la France et l'Allemagne. C'est lui
qui le premier traduisit les Idyl-
les et les Poèmes de Gessner. On lui
doit en outre un excellent Recueil
de Poésies al/e/naudes , traduites
en français , 4 vol. 111-8"; JfiUiel-
jnine, poetne héroï-comique , tra-
duit de l'allemand , in-12 ; Les Elé-
me/is (fu. dessin , in-4°, et les Let-
tres de Geller. Il a eu beaucoup
de successeurs dans cette carrièinj ;
mais on jieut dire qu'aucun d'eux
n'excita comme lui i'enlhoasiasme
des Français pour les muses alle-
mandes.
* V. IIUBER ( L. H. ) , n-.ort à
Ulm le 24 décembre iSo5, à l'âge
[ de 4f ans , est csliuiéen Alîemagae
' comme l)ou littérateur. 11 a dirigé la
Gazette géirérale , Allgenieine Zei-
tu/tg, qu; p.iroissoit à Uliu. Il tra-
vailla aui.si aux yhiiiales de l'Eu-
rope, dont la direction lui avoil été
conllée après la mort de Po:-sell.
Lors(|u'il mourut, il étoit membre
de la direction générale de l'udmi-
îiislralion des étais bavarois de
Souabe.
* VI.IIUCER (Jean-Rodolphe) ,
de l'école allemande , né à Bàle en
1668 , surnouuué ic Tinloreù de la
HUBE
Suisse, parce qu'il égaloit en facilité
et en correction le peintre vénitien,
n'a guère fait que des Portraits. Les
ouvrages de cet artiste estimé, mort
dans sa ville natale en 1 748 , àsé de
80 ans, sont d'une couleur vigou-
reuse et d'une belle louche.
t VII. HUBER ( Marie ) , née à
Genève, morte à I>yon le i3 juin
1753, âgée d'environ Sg ans, est
connue par diflérens ouvrages qui
onteu quelque cours. Les principaux
sont , I. Le Monde fou préféré au
Monde sage , 1751 — 1 744 > "i'" • 2 .
II. Le Système des théologiens an-
ciens et modernes sur l'état des
âmes séparées des corps , lySi —
1739 , 111-12. m. Suite du même
ouvrage, sentant de réponse à M.
liuchat , 1753 — 1739, in- 1 2 . IV.
Réduction du Spectateur anglais ;
cet abrégé , qui n'a pas réussi , pa-
rut en i755, eu six parties in-12.
V. Lettres sur la religion essen-
tielle à l'kaffif'ie, 1709 et 1754,
six parties iu-i 2. Cet ouvrage, tra-
duit en anglais et eu allemand , a
essuyé des contradictions et des cen-
sflh-es. L'auteur se borne au pur
déisme. Mademoiselle Huber avoit
dos conuoissances et de l'esprit;
mais elle ne savoit ^^as touiours dé-
velopper ses idées. Elle étoit pro-
testante , et ii'avoit ]amai& lu d'autre
livre que la Bible.
t I. HUBERT (saint), évèque-
de Mastrichl , apôue des Ardeu-
nes , étoit né dans l'Aquitaine ,
d'une famille noble , qui le plaça à
la cour de Thierri 111. (c On ne peut
douter, dit Baiilet , qu'il ne se. soit
marié , et que Floriherl n'ait été le
fruit de son union avec Floribane,
iille de la première qualité. Après
avoir vécu dans le monde, il eu
conçut im dégoût qui fut le com-'
mencement de sa conversion. Il
quitta toht pour vivre sous la dis-
cipline de Si. Lambert , évcqi\e d«
HUBE
Maslvkht, dont il J'iil Je succes-
seur, il iuiila ses vertus, et perfec-
tionna ses ouvrages. » Son corps fut
IransFéré à l'abbaye d'Aiiulain , qui
porte aujourdliui son nom. Ou mené
clans ce monastère ceux qui ont élé
mordus de chiens enragés. On leur
lait une incision au front , dans la-
quelle on enferme un petit morceau
de l'ëtole de ce saint prélat. Ses des -
cendans prétendent guérir du même
iiial , en faisant quelques prières.
Saint Hubert mourut le 5o mai 727.
t II. HUBERT ( Matthieu), prêtre
de l'Oratoire , né à Châtillou dans le
Rlaine en 1640 , mort à Paris le 22
mars 17 i7,remplitleschaires les plus
Liillantes des provinces, de la capi-
tale et de la cour avec beaucoup de
succès. LeP. Bourdaloue l'enleudoit
lorsqu'il pouvoit ; et le jésuite melloil
loratorieu au nombre des premiers
prédicateurs de son temps. LeP. Hu-
bert disoit humblement que « Mas-
sillon , son confrère , devoit prêcher
aux maitres, et lui aux domesti-
ques. )) Une personne de distinction
lui ayant rappelé , dans une grande
for.vpagnie, qu'ils avoienl lait leurs
éludes ensemble : « Je n'ai garde
de l'oublier, lui répondit Hubert ,
vous aviez alors la bonté de mef'our-
ijir des livres et de me donner de
A os habits. » — Ses Strinoiis , pu-
bliés à Paris en 1726, en 6 vol.
iu-12 , ont satisfait les gens de goût
et les personnes pieuses. « Sa ma-
nière de raisonner, dit le P. Des-
molets , éditeur de ce recueil , n'a-
voit point cette sécheresse qui fait
perdre quelquefois lonction du di'^'-
cours ; et sa façon de s'exprimer ne
tenoit rien de cette étocution trop
étudiée qui l'afioiblit à force de la
polir, w L'oraison funèbre de la
reine Marie d' Autriche n'est pas
la^mei Heure pièce de cette collec-
tion. Le P. Hubert éioit plus pro-
pre à l'éloquence chrélieniie qu'à
i'éioqueuce académique.
lîUDE
OJ.
III. nURERT ( Jean ), né
Lyon ei;i i()4^' , allia aux counois^-
saucesd'un "rand négociant l'amour
des lettres. vVprès avoir voyagé en ,
Italie , en Angleterre et tn Hollande,
il revint dans sa patrie, où il fut
l'oracle du négoce par ses avis et ses
arbitrages. Echeviu eu 1700 , il pu-
blia en 1716, en 1 vol.in-i°, les
Prn'llèges et 7'ranc/iiscs du Franc-
Lyonnais. 11 mourut en 1757, ren-
versé par un clieval fougueux.
IV. HUBERT ( François ) , n« en
Suisse, perdit dès sa jeunesse l'usage
delà vue. 11 n'en prit pas moins pour
l'étude de l'histoire naturelle une
passion qu'il conserva toute sa vie.
Aidé d'un domestique du pays de
Vaud , nommé François Burnens ,
qui lui servoit de lecteur et d'obser-
vateur, il fit une foule de découver-
tes curieuses. Ce fut sur-tout la
connoissance des abeilles, de leurs
mœurs , de leur fécondation , de
leurs maladies , de leur produit ,
qui devint loljjet principal de ses re-
cherches. On lui doit l'invention
des ruches à feuillets. Deux socié-
tés savantes , instituées en Alle-
magne sous le nom d'académies des
abeilles , éludioient le mystère de
leur fécondation. L'une , établie à
Bautzen dans la haute Lusace , sou-
lenoil que les femelles étoient fécon-
des sans le concours des mâles. L'au-
tre , établie à Lautern , prétendoit
que les œufs étoient fécondés à l'ex-
térieur par les faux-bourdons.' Hu-
bert prouva qu'elles se trompoicnt
l'une et l'autre, et que les mères abeil-
les étoient fécondées dans leur vol
par les bourdons. Il est mort à la
tin du 18* siècle.
* V. HUBERT , premier Fran-
çais qui fut décoré du titre de car-
dinal, entra à l'âge de seize ausdan»
le uionastère de .AÎoyen-iMoulier , au
diocèse de Toul , où il ai)prit de
lui-même les langues hébraïque ,
grecque et latine, La connoissance
55^
HUBE
de ces langues , et une profonde éru-
dition dans tontes les brandies de la
liUéralure proiaue et sacrée , lui con-
cilièrent l'esli me et l'ami lié des papes
Leoii IX , Victor 11 , Etienne ÏX et
Nicolas II , qui lui donnèrent part
dans le gouvernement de l'Eglise, et
l'emjilojerent dans les négociations
Jes plus délicates. Ou a de lui trois
Ecrits relatifs au schisme des Grecs.
Ses Hymne et autres Poésies, n'ont
poiuléchappéau malheur des temps.
Ou regrette aussi le Recueil de ses
histoires , dont Oldoni parle avec
éloge.
* VI. HUBERT (François ) , ha-
bile graveur, néà Abbevilleen l'j/^i,
élève de Beauvarlct, grava lïomii
soit qui mal y pense ; le Retour
de nourrice d'après Greuze; la
Nouvelle Héloise d'après Le Feb-
vre, peintre moderne ; plusieurs
portraits , etc.
* VII. HUBERT (Auguste Cluval),
né à Paris , et mort dans cette ville
Je 8 février' 1798 , âgé de j\o
ans, peintre et élève de Vien , se
livra ensuite à l'architecture , rem-
porta le prix à l'académie , et se
rendit peu après à Rome, en qua-
lité de pensionnaire. Après avoir
.passé trois années à l'académie, il
voyagea en Sicile pour voir les monu-
meus antiques : il revint ensuite à
Home , où il fit quelques ouvrages ,
entreautres le Petit lemplede Jlore ,
dans la Veilla Pallavicini. De retour
en France , à l'époqne de la révolu-
lion , il traça le Plan de plusieurs
fêtes publiques , auxquelles il sut
donner de la pompe et de la gran-
deur, malgré la j)romplitude qu'on
exigeoil de lui. Il avoil un talent
rare pour l'architecture , qu'il con-
cevoit en véritable artiste plutôt
qn'en entrepreneur; il se préparoi l
à mettre au jour sur cet art ini
Ouvrage immense , où il eut déve-
loppé ses idées neuves et ses conuois-
«aaces élcuducs, lorc.quc la mort le
HUBN
surprit à l'inslanl de l'exéculion. Il
est l'auteur du Plan de transfor-
mation des salles basses du musée
des arts au musée des antiques.
t HUBNER ( Jean ) , professeur de
géographie à Leipzick , et recteur de
1 Lcole de Hambourg , mort dans
celte ville le 21 mai lySa, à 64 ans,
a donné une Géographie uni-
verselle , par demandes et par ré-
ponses , où l'on donne \ine idée
abrégée des quatre parties du monde.
Cet ouvrage , plus fait pour l'ins-
Iruction de ceux qui ont besoin d'ap-
prendre que pour la satisfaction de
ceux qui sont instruits, oevint clas-
sique dans son temps , et eut un
grand succès en Allemagne. Il fut
traduit en anglais et en français ,
Baie, 1737 , in- 8°, 6 vol. La mé-
thode de l'auteur est, en général,
claire et facile. L'ouvrage est assez
exact pour la partie de l'Allemagne ;
mais il l'est beaucoup moins pour
les autres pays. Trop attaché aux
anciens géographes , il érige en villes
une foule d'endroits qui sont aujour-
d'hui de petits villages. Il se trompe
souvent sur la position des villes,
sur les distances el l'étendue des
royaumes et des provinces. H laisse
ignorer de quelle espèce de lieues il
entend parler lorsqu'il marque cette
étendue. Il y a tel endroit de son
ouvrage , dit D. 'Vaisselle, qui pour-
roil faire douter s'il conuoit les pre-
miers principes de la sphère. Il
manque assez souvent de critique ,
et donne dans la minutie. Hubner
a publié eu allemand plusieurs au-
tres ouvrages. 1. Questions sur la
géographie ancienne et moderne ,
Leii)zick, 169^, iu-8°. II. Questions
sur l'histoire politique Jusqu'à la
fin du 17"^ siècle, 1697 et années
suivantes, in-8°, 10 vol. lll. Tables
généalogiques avec des questions,
etc. 170S. IV. Dessupplémetis aux
trois ouvrages prccédens. V. Le
Dictionnaire des gazettes et des
IIUCÎI
confersniions. VI. \]a Dictionnaire
gcnéalugique. Vil. Bibliothcca his-
turica llarnhtirgc/isis , Leipzick ,
171 5. VII, Musveiungeograi^hicum.
Ces deux cleniiers ouvrages sont de
toutes ses productions les plus esti-
laés des savans.
HUBY ( Vincent ) , jësuile, né à
ITennebond eu 1G08 , mort à Vannes
en 1695 , mtrcduisit dans ce diocèse
l'adoration perpéuielle, et opéra un
grand nombre de conversions j)ar
ses sermons et ses ouvrages. On a
encore de lui une Reirai le , Paris,
1755, in- 12.
* HUCBOLD, moine.de St.-
Amand , successeur de son oncle
Milon dans celte école , est auteur de
plusieurs ouvrages; ses p"ésies se ré-
duisent à deux pièces. La première
comprend environ 200 vers alexan-
drins, dont chaque mot commence
par un C. C'est un éloge assez ingé-
jiieux des tètes chauves. L'auteur
donne à son ouvrage le titre d'églo-
gue, et Ion n'en voit pas la raison.
Ce premier vers de la prélace ouvre
les douze petits chapitres qui divisent
ce poëme singulier :
CaJinina clarisona davtfi cantate Camence.
La seconde n'offre rien d'intéressant.
Quant à ses ouvrages en prose , ce
sont des vies de saints et de saintes
et une exhortation. L'érudition
en fait tout le mérite. Ce moine,
très- versé dans la musique , fil
sur cet art plusieurs découvertes. Le
manuscrit qui se conserve à la bi-
bliothèque impériale sous ce titre :
Enchyridion Uc/tuboldi Franci-
genœ , le suppose premier inven-
teur des notes mv.sicales. On place
la mort de ce moine vers l'année 900.
* HUCHER ( Jean ) , médecin , né
à Beauvais et mort à Moulpelher eu
j.6o5 , s'acquit beaucoup de réputa-
lion par son savoir et l'étendue de
ses conuoissances dans son art. On
ÎÎIDE 555
a de lui les ouvr; ges suivans : I. De
Jebriuin difjcrenliis, causis,signis
et ciiratione libri quatuor , Lug-
duni , 1601 , in- 4" (-t in-8°. 11. JJe
piognasi medicâ libri duo, ibid ,
1602 , iu-8°. 111. De sterilitale
utriusque sexi/s , opus in quatuor
libros distinclum , Geneva^, 1609,
in- 8" , avec le livre de diœtâ et
tkerapein puerorum. Tous ces ou-
vrages peuvent encore se lire avec
fruit.
* HUCHTENBURG ( Jean Van ) ,
né à Harlem en 1647 , peintre de
batailles et de chasses , élève de
Jean Wyckct dy F. Van der Meulen,
Iravailluen Angleterre, en Hollande
et en France , et mourut, eu 1695 ;
il a gravé à l'eau -forte plusieurs
grands et petits sujets de batailles ,
sièges, etc.; le Passage du roi sur
le Font- Neuf , d'après Van der
Meulen , etc. , etc.
* HUCKELIUS (Jeân-Jacques),
prit le bonnet de docteur en méde-
cine à Bàle vers l'an i5,>o. La
grande connoissance qu'il avoil de
la langue grecque le fit choisir pour
l'enseigner dans les écoles de cette
ville, où il mourut de la peste eu
1&64. On a de ce médecin les ou-
vrages suivans : I. Examen lepro—
sorum Basileœ, 1 56o , iu-8". 11. De
Hemeioticûe medicinœ parte tracla-
tus , ibid, i.'îGo, in-fol. lll. De
salutai ibus Germaniœ balneis.
HUDDE ( Jean) , bourgmestre
d'Anihlerdam , grand politique, sa-
vant malhématicien , mort à Ams-
terdam en 1704 , auteur de quelques
Opuscules estimés , que François
Sehotten a insérés dans son Com-
mentaire sur ta gcomélrie de Des-
cartes.
HUDEKIN , nom d'un esprit fol-
let , que la tradition dit avoir par^i
autrefois an diocèse de Hildeslieii/n
dans la Saxe. On en raconte des
choses merveilleuses. Tantôt il pa-
55()
HUDS
roissoit en habits de paysan et se
jjl;usoil sur-lani dans la conversa-
tion des hommes ; el laniôt il les
eiitreleiioit sans se faire voir. Il dou-
noil souvent des avis aux grands
seigneurs sur ce qui leur de voit arri-
ver , et rendoii service aux uns et
aux autres. Sa retraite ordinaire
ëloil la cuisine de Tévèque , où il
se faniiliarisoit avec les cuisiniers ,
et les aidoit en tout ce qui regardoil
leur métier. Il ne nuisoit à per-
sonne, à moins qu'on ne l'attaquât:
mais il pardoiuioil rarement. C'est
ce qu'éprouva un gardon de cuisine
de l'évèque qui l'avoil accablé d'in-
jures. Hudekin en avertit le chef
de cuisine ; et voyant qu'il ne lui
faisoit point satisfaction , il étouffa
son ennemi lorsqu'il dormoit , le
coupa en morceaux, et le mit cuire
sur le feu. Non content de celte ven-
geance , il s'attach.i depuis à tour-
menter les officiers de cuisine , et
les seigneurs même de la cour de
l'évèque, qui, par la force de ses
exorcismes , le contraignit de sortir
de son diocèse. Voilà ce que rapporte
Triliième ; voilà ce qu'on croyoit
dans son siècle. Il est bon de rappeler
ces faits au notre, pour détromper
les imbécilles qui pourroient penser
comme on pensoit dans ce temps
d'ignorance , de grossièreté el de
jneusonge.
t I. HUDSON (Henri), célèbre
pilote anglais. Ses compatriotes ont
donné son nom à un détroit et à une
baie qui sont au nord di^ Canada ,
pour prouver qu'ils ont les premiers
découvert et pos.-édé ce pays-là. Il
est certain que liudson fit 'quatre
voyages dans les mers du nord en
lfio7 , i6o8 , i6of) et 1610. ]\Iais il
n'est pas moins vrai que s'il a donné
son nom au détroit , il n'y a fait
aucun établissement , n'a point été
dans la baie , et n'a laissé aucune
marque de prise de possession. 11
P'^ril dans sa dcruicte course , par
HUDS
la iraliison des siens, qui le délais-
sèrent dans une île déserte. La reine
Elizabelh envoya vainement un
bâtiment à sa recherche; on ne ïa k
trouva plus, Il le malheureux sans ^
doute avoit cessé d'exister. Des cartes
anglaises inarqueiil un voyage dans
la baie d Ilud.son en ibG.'i; mais les
rraii(;ais y avoient arboré les armes
du roi de France dès l'année i6ô6.
Voici comment la biogi"aphîe an-
glaise donne le précis de ce qu'on
co>inoit sur la vie et les voyages
d'Hudson ; quoique plus abondant
en délads , il conlirme plutôt qu'il
ne détruit ce qu'avance l'article pré-
cédent. «On Ignore le lieu où naquit
Hudson , et on n'a pas plus de reii-
seignemens sur les tléiails de sa vie
privée. L'emiiressement avec lequel
on chercha, sons le règne de la reine
Elizabelh, à découvrir au-delà des
mers de nouvelles contrées , ne
mourut point avec elle. Hudson,
entre autres, tenta de découvrir
par le nord un passage pour arri-
ver au Japon et en Chine. Son pre-
mier voyage, aux frais du com-
merce de Londres, eut lieu en 1G07.
11 mat à la voile le i*^' mai , et, après
avoir erré dans des mers glacées ,
il rentra dans la Tamise le i5 sep-
tembre: L'année suivante il tenta
un second voyage dans la même in-
tention , avec un équipage de quinze
personnes seulement , et mit à la
voile le 22 avril; il revint avec
aussi peu de succès mouiller à Gra-
vesende le 26 août suivant. On peut
douter de la véracilé de ses récils ,
lorsqu'on lit dans le journal de ce
voyage qu'à 76 degrés de latitude
nord lis virent une sirène , telle
que les poètes l'ont imaginée. Ou
peut au moins inculper sa crédu-
lité , car il ne dit pas qu'il l'ait vue
lui-même. En 1609, Hudson, sans
se décourager de son peu de succès,
entreprit le même voyage une troi-
sième fois, aux frais de la comj)a-
gaie liolianda:'sc des Indes orientales.
HUDS
et ]iarlit d'Aiiisterdam avec nn
équipage de vingt hommes anglais ,
et hollaïulais le 25 mars, et I'' in
avril il doubla le cap nord de Fi ii-
inark en Norwège. 11 longea les
côtes de la I^aponie, dirigeant sa
roule veisja Nouvelle Zendiîe; mais
les glaces se trouvèrent en si gVande
al)ond;iiice ciu'il ne put aller plus
loin. Cluuigeant alors de route, il
lit voile vers l'Amérique et arriva
sur les côtes de la Nouvelle -France
le 18 juillet. N'ayant aucune espé-
rance de réussir dans son grand
l)rojet, et son équipage mécontent
ctaul prêt à se révolter, il revint
en l:^urope et arriva le 7 iio%embre
à IJartmouth dans le comté de
Dévon , d'où il envoya son journal
à la compagnie hollandaise. En
iGio, plusieurs particuliers s'asso-
cièrent pour l'équiper de nouveau ,
dans la vue de vériiier si on ne
îronveroit point à louest du détroit
de Davis quelque passage qui com-
muniquât à la mer du Sud. Hudson
appareilla de Sainte- Caîherine le
17 avril, et le 4 1''''^ suivant se
trouva en vue du Groenland , le <)
à la hauteur du détroit deForhish^r ,
et le i5 en vue du cap de la ])é.NO-
lation ; il s'avança an nord -ouest
jusqu'à l'entrée des détroits qui ont
pris son nom, et y pénétra cinglant
à l'ouest , autant que les glaces et
la terre le lui permirent, jusqu'à
ce qu'il eut atteint l'entrée de la
baie qui porte son nom. Hiidsou
en avani;ant donnoil des noms aux
dilféreus lieux de la côte , et celui
de Nom'elle-Brelagiie à tout le
pays adjacent. Pendant cent lieues
de navigation an sud de la h;iie ,
Hudson crut avoir trouvé le passage
désiré ; mais s'étant à la fin assuré
que ce néloit qu'une baie , il prit
la résolution d'hiverner tnPpoinl le
plus méridional , avec l'intention
de poursuivre ses découvertes le
printemps suivant. Il étoit si préoc-
cupé de son but et de* ses espé-
HLDS
)!
rances, qu'il ne lit pas attetilion
que ses pro\ isious éloient insiuïi-'
;antes pour pouvoir séjourner pen-
dant un hiver rigoureux dans ce
lieu de désolation. Quoiqu'il m
soit , le 5 novembre , il lit remor-
quer son bâtiment dans une petite
crujiie, où tout l'éipiipage auroit
iulailliblement péri, si, par un se-
cours inattendu de la Providence,
des volées innombrables d'oiseauK
de mer n'eussent suppléé à leurs
])rovision8. Au retour du prinlemps,
lorsque les gla.ies cominem erent à
se Tondre , Hudson reconiiîiença
ses eiï'orls et ses tentatives: ni;iis
voyant la nécessité d'abandonner
son entreprise et de retouriier
comme il pourroil eu Europe, il
distribua , la larme à l'œil , le peu
de biscuit qui lui resloit à son
équipage; à peine y en avoit-il
\\n^. Ii\re pour chaque individu,
et rinlortuné Hudson , dans le dé-
i3^poir de sa détresse , a voit fait
entendre la menace imprudente de
laisser à terre quelques - uns des
liouimesqui l'aNoieul suivi. Sur cela
les plus mutins d'entre eux se sai-
sirent de lui pendant la nuit, lui
lièrent les mainsi derrière le dos ,
et l'exposèrent dans sa chaloupe au
gré des Ilots avec son tils et sept
des plus malades de ses gens. Tous
périrent misérabbinent ; et ceux
qui restèrent, après avoir perdu à
l'entrée de la baie quatre d'entre
eux, qui furent massacrés par les
sauvages, ne parvinreiit qu'après
les plus grands travaux à arriver
à Pljmouih en septembre 1611,
exténués et prêts à périr de fatigue
et de iaiin. »
-I- II. HUDSON Mean ) , ne à
Wedhop dans la province de Cuni-
berland , vers lau i66j, profes-
seur de philosophie et de belles-lel-
Ircs à Oxford , succéda en 1701 , à
Tluimas Hyde dans la charge de
bibliolhécuire de la biblio'htque
558
HUDS
bodleïemie , cl en 1712 il obliiU
la place de principal du collège de
la Vierge à Oxford. Il remplit ces
deux emplois ]usqu'à sa mort , ar-
rivée le 27 novembre 1719. La ré-
publique des lettres lui doit, 1. Iii-
troduclio ad chronographlam :
sive ars chronologica in ejjilojnen
ledacta , 1^91, in-8° ; et de sa-
yanles éditions; savoir, Velléius
Paf.ercu/us eu ni turriitt ieclionibus et
nous, 1693, 111-8°, dont il a paru
une seconde et meilleure édition en
1711. — T/iucydides , 1^96, in-
fol. , belle édition qui a été surpassée
jKir celle de Duker. — Geographiœ
veteris scriptores grœci minores ,
grcscè et latine , cuni dissertatio-
nihus et annotationilus Henrici
Dodiveli : accédant geographica
arabica, cum notis , 4 vol. iri-8°,
publiés successivement de 1698 à
1712. La première pièce de ce Re-
cueil est le voyage ou le Périple
de Hannoii le carthaginois -, que
Vossius a regardé comme le plus
ancien ouvrage échappé à l'injure
du temps. — Dyonisii Haticar-
nassensis opéra oninia , 1 704 ,
2 vol. in-fo!., belle et bonne
édition, avec le^ variantes de di-
vers manuscrits de France et de la
bibliothèque du Vatican , et de sa-
vantes notes de divers critiques. -p-
Dionysiz/s Lunginiis , 1710, iii-4°.
-'et 1718 , in-S", belle édition avec
de courtes notes , comme toutes
celles d'Hudson. — Mœris yitticisla,
de vocibus a(licis et hellenicis.
Grc'gorius Martinus de grœcarnm
Utlerariim pronunciationc, 0\(oid,
1712, in-8°. Cet ouvrage u'avoii
pas encore été imi)rimé. iMartiu y
défend la ]ironoiniation moderne
de la langu^tfreCque , avec savoir
et esprit. —nÊi//œ /i'sopicœ.grœcè
et latine, 1718, in-fi". Miidson
avoil préparé une édition de Fla-
vius^ José plie , que .sa mort nfe lui
a pas permis de publier; Antoine
Hall l'u j'ail paroilre en 1720 , eu 2
HUER
vol. in-fol.;elle surpasse par sa beauté
et sa correction l'édition d'Haver-
kamj); mais celle-ci est supérieure
par le nombre elle mérite des notes,
liudson a aussi contribué par son
travail à la belle édition que le doc-
teur Grégory a don::ée d'Euclide ,et
à celle de Ïite-Live de M. Vle'arue.
* III. HUDSON (Thomas), peintre
anglais, artiste médiocre, né en 1691,
mort en 1776, élevé el beau-hlsde
Jonathan Richardsoa,eul l'honneur
d'èlre mailre da Reynolds. 11 a fait
saprincipale résidence dans sa pairie,
où il peignoit le portrait.
* HUEL, curé de Konceux , près
de Neufcliàteau dans les Vosges ,
vivoit dans le ib'' siècle. Ce cure
citoyen a presqu'autant écrit que
l'abbé de Saint -Pierre ; mais de
ses noinl)reux ouvrages , il n'y a
eu d'imprimé que sou Essai snr les
moyens de rendre les religieuses
utiles en supprimant leurs dois, im-
primé à Neufcliàteau, en 1737. L'au-
ieur ne s'étoit point nommé, mais
il eut la loyauté et le courage de se
faire connoitrc quand la cour sou-
veraine de Lorraine eut décrété l'im-
primeur. La plupart de ses rêves
patriotiques ont été réalisés par la
révolution ; mais ses pjantations
n'ont pas été respectées. M. François
(de Neufcliàteau) l'a célébré dans
son Poème des Vosges.
Hucl , au biiu public peiid.iul riuijuantc an-
nées ,
Consacra ses écrits , ses veilles obstinces.
C'est Ini qui de noyers élevés par ses niiiins
A force de conslauce orna nos jjrands che-
mins.
Quel prix de ses effoi is oblienl-il? des ou-
tr.'igcs,
El i.i cour de N.incl crut flétrir ses ouvrages.
IÎUERC7A ( Cyprien de la ) , reli-
gieux, es^^aj^nol de 1 ordre de Cileaux,
enseigna iLcrilure sainte dans l'uni-
versité d'Alcala , et mourut en ifi6o.
On a de lui des Conimenlaires
savaus. I.'Sur Job. II. Sur les Psau-
HUET
ities. ÎIl. Sur le Caulique des Can-
liques , elc.
* HUERTA (Vincent Garica de
la), poêle espagnol, n)en)ljre de
l'acadc-niie espagnole et de celle de
riiisioire , né à Zalra en Eslrama-
diire , vers l'année i73o, montra
de bonne heure du goùl pour la
poé.iie et pour la crilique, tl fui
un (le ceux cpu oui le plus travaillé
dans le dernier siècle à la réibrnie
de la scène espagnole. On a de lui ,
I. Bibliulhèque militaire espagno-
le, Madrid, 1-60, iu-6". 11. (jIu-
i'res poétiques, iMadrid , 1778, 2
vol. 111. T/eédtre es/wgnul ,M<^(\nd ,
1780 , 17 vol. in-.4". Cesl un re-
cueil des meilleures conifdies espa-
gnoles. D'apre.s l'opinion de Hut-rla ,
ces comédies offrent, àqueicpies irré-
gularités près , pluj d'inveniion , au-
lanl de génie, et plus de uis cumica
cpie celles des théâtres éltangers. En
tète de cet ouvrage se trouve une cri-
tique contre Siguorelli, Voltaire et
Linguel qni ont parlé du ihéatre es-
pagnol. Il a traduit en outre en vers
espagnols Zaïre, tragédie de Vol-
taire; mais la composition qui lui
fait le plus d'honneur, c'est la Jtu-
c//eé , la plus parfaite tragédie que
lEspagiie possède. Huerta est mort à
Madrid vers la fin du iS'' siècle.
* HUERTER (Job de), seigneur
de iNIoerkercken , Flamand , en 1 /-|( o
découvrit, sous Isabelle , veuve du
duc Philippe lll de Bourgogne, l'île
de Fayal , qu'il a peuplée dune
colonie en i4t'6. Les Porlugais écri-
vent son nom par corruption , de
Ulra.
t I. HUET (Pierre-Daniel) , né
à Caen le 8 août i65o, étudia au
collège des jésuites, et se préparoit
à faire son droit, lorsqu'il prit du
goût pour la philosophie dans les
principes de IJescartcs , et pour
l'érudition dans la géographie sacrée
de Bochurt , qu'il accompagna eu
HUET
5jç)
Suède, où Christine lui fit le même
aLCueil dont elle honoroit les sa-
vaiis consommés. IJe relour dans
sa patrie, il institua une académie
de physique , dont il fut le chef ,
et a laquelle Louis XIV fil sentir
Us effets de sa libéralité. En 1670,
BossiU't.ivant été nommé précepteur
dii daindiin , Huet fut choisi pour
sous-précepteur; ce fut alors qu'il
lorma le plan des éditions ad usum
(lelp/tiiii, qu'il dirigea en partie.
Pour les rendre plus utiles, Uuet
voulut qu'elles fusseivtaccom[);!gnée*
d'un index général de tous les mots
(Mie chaque auteur avoit employés,
.-t de la citation des pages où ils se
trou voient placés. Il a voit, dit-on,
conçu l'idée d'un ouvrage ires-im-
portanl, qu'il eut le regret de ne
pouvoir faire exécuter ; c'étoit de
lormer, de ces index particuliers,
un index général de tous les mots
qui se trouvent dans les auteurs latins
anciens. 11 devoii être rédigé de ma-
nière qu'on pût voir tout d un coup
la première époque de l'usage d'un
mot, ses divers emplois, ses pro-
grès , et le temps auquel il étoit
tombé eu désuétude. Ses services
lurent récompensés par l'abbaye
d Auuai en 1(578, et en i68.t , par
l'évfcché de Soissons, qn il permuta
avec Bruiart de " SiUery , nommé
à celui d'Avranches. Les travaux de
l'épiscopat ne purent ralentir ses
Ira vaux littéraires. Continuellement
enfermé dans son cabinet et dans
sa bibliothèque , il faisoit répondre
à ceux qni veiioient lui parler d a!-
faiies, qu'il étudioil.' « Eh ! pour-
quoi, disoit-on , le roi ne nous a-l-il
pas donné un évèque qui ait fait ses
études ? » Les fonctions du mi-
nistère absorbant une partie du
temps qu'il vouloil donner au tra-
vail, il se démit de cet éveché, et
obtint à la place l'ubbaye de Fon-
tenai près, de Caen, c'est là qu'il
s'étoit proposé de fixer sa résidence.
Sa patrie Uu avoit paru Uès-aiina-
>6o
HUET
ble , lant qu'il n'y avoit en f|ne
(les amis; mais du nionieiil qu'il
y posséHa des terres, les procès l'asr
sadlireut de Ions les côtés, et leii
chassèrent , quoiqu'il eût aussi ,
gracesàson air natal , quelque goût
pour !a chicane. Il se relira donc
peu de temps après chez les jésui-
tes de la maison professe à Paris,
auxquels il légua sa l>ibliollièque ,
afin, dit -il dans son teslament ,
qu'elle ue fût pas dispersée II par-
tagea sps jours entre letude et la
société des sav^y^s, jusqu'à sa mort,
arrivée le 26 janvier 1721. Il éloit
de l'académie II ançaise. L'érudition
chez Huet u'étoit ni sauvage , ni
rebutante; humain, affable, préve-
nant , d'une humeur égale , d'une
conversation aisée et agréable , il
inslruisoil les sa vans , et savoit
plaire aux ignorans même. Mais sa
poliiesse tenoit plus de la duncenr
d'un littérateur indulgent que des
agrëmens d'un coiirlisan ])oli. On
trouve à la fui des Mémoires de
mademoiselle de Monipensier un
portrait de Hnet , adressé à lui-
méaie par u.ne dame de ses amies.
En voici les traits principaux. «V^ous
tics commode , point critique , et
si peu porté à juger mal , que je
crois que votre boulé pourroitmème
quelqsi.efoiî duper voire esprit. Vous
estimez plus légèrement que vous
ne méprisez. Vous êtes franc et sin-
cère, et vous avez la franchise d'un
\rai homme d'honneur , qui ne sent
ri;'#en son ame qu'il ail intérêt de
cache', ni qu'il puisse avoir honte
de dire. Ainsi vous parlez de vos
Benlimeus fort franchement; mais
autant vous êtes franc sur ce
qui ne regarde que vous, autant
ctcs-vous réservé sur le secret dis
autres : vous y êtes même un peu
trop scrupuleux. Vous êtes incapa-
ble de vous venger , en rendant
maliie pour malice , e.t vous èles
Si peu médisant, que même le res-
senlimeiU ue vous arracheroit pas
HUET
une médisance de la bouche contre
vos ennemis. Je trouve que vous
ne les ménagez que trop selon le
monde: je n'entends pas dire pour-
tant que vous manquiez de sensi-
bilité pour la gloire et pour l'hon-
neur ; au contraire vous y èles
délicat jusqu'à l'excès. Vous êtes
sage, fidèle et sûr , autant qu'on
le peut être. Vous avez beaucoup
de modestie , et jusqu'à avoir
honle et être déconcerté quand on
vous loue. Je me souviens qu'un jour
que vous m'aviez fadîée:pour m'en
venger , je vous fis rougir devant
M. de Longueville, en vous repro-
chant voire doctrine. Mais votre
modestie est plus dans les sentimens
que vous avez de vous-même que
dans votre air ; car vous êtes mo-
deste sans être doux , et vous êtes
docile , quoique votis ayez l'air rude.
Vous êtes si prompt, et vous sou-
tenez vos opinions avec une impô-
tuosilési grande, qu'il semble qu'elles
vous deviennent une passion. Voire
humeur n'estni Irop enjouée ni trop
mélancolique. Vous n'èles pas inci-
vil ; mais votre civilité manque un
peu de politesse. Vous èles pieux
sans être dévot , et vous avez su
vous servir de la science, qui *gàle
les autres , pour vous affermir dans
la foi. n Huet a beaucoup écrit ,
en vers et en prose , en lalin et en
français. Ses principaux ouvrages
sont : I. Demo/ts/ratio Evangelica ,
Paris, 1679, in«fol. : c'est là l'époque
de la première édition de cet ou-
vrage fiuneux. Elle renferme plu-
sieurs passages ])articuliers , que
Huet retrancha dans la seconde ,
donnée aussi à Paris en 1690 , in-fol.
Celle-ci est cependant plus ample
malgré les retrauchemens; et c'est
pourquoi les curieux rassemblent les
deux éditions pour avoir tout. Celle
de Naples , en lySi , en 2 volumes
in-4'' , a été faite sur celle de Paris ,
iGqo. Ce livre, chargé d'érudi-
tion, est l'oible de raisonneœeju :
HUET
ce qui fil dire à beaucoup de per- '
sonnes , suivant Nicérou , « qu"il
n'y avoil de dënioulré que la grande
lecture de l'aïUeur. » Il aiiroil fallu ,
])our un pareil ouvrage, le génie de
Pascal ou de Eossiiel ; el l'aulcur ne
l'avoil pas. En géuéral , loiil ce qui
nous reste de lui, inème ce qui re-
garde les matières philosophiiiiies ,
est Irès-peu profond. 11. De c lavis
iiilerprelibiis , el de oplimo }^enere
iiiierpielanJi , Pans , 16H1 , ui-4° ,
et La Haye, i68.t , in-S°. 111. Une
Edition des Commentaires dOri-
gène sur l'Ecriture sainte, Rouen,
1668, 2 vol. in-fol. en grec el en latin;
Cologne, i683 , 5 vol. in-fol. Hnel
avoil rapporté de Stockholm un ma-
nuscrit grec de cet auteur. IV. Un sa-
vant Traitéde l'origine des romans,
iu-i2, à la tète de celui de Zaïde.
\. Ouœstioncs Alnelanœ de con-
voi did rationis et fidei , à Caen ,
iGyo, in-z(". VI. Traité de la fai-
blesse de l'esprit humain , Ams-
terdam , I7j5,in-i2 : traduit eu
latin, Amsterdam , 1708 : et en
allemand , par Christian Gross ,
Francfort, 1724, avec des notes où
le commentateur prétend réfuter le
texle. Ce traité est une traduction
de la première partie de Quœst.
Alnelanœ. Quelques savans ont cru
y voir une espèce de plagiat des
Hypothèses pyrrhonienues de Sexlus
Empyricus ; mais les deux ouvrages
sont très-différeus. Voltaire^ dans
son Siècle de Louis XIV^ , dit que ce
Traité a fait beaucoup de bruit , el a
])arn démentir sa Démonstration
Ei'angélicjue ; mais un critique mo-
- derne remarque qu'on trouve les
mêmes principes dans les prélimi-
naires de la Démonstration. Le des-
•sein d'Hiiet est de montrer que le
syslèuie des anciens sceptiques , ré-
duit à de certaines bornes, n'est pas si
déraisonnable qu'on le croit com-
miniéuicnt; qu'il n'est point opposé
aux preuves de la religion , qui res-
leroient démontrées, quand même
T. VllI.
HUET
5(]t
le doute se répaudroil sur la plupart
des sciences humaines. Le P. Castel
a prétendu que cct ouvrage n'étoit
pas de Huct ; mais d'Olivet a prouvé
le contraire. VU. Traitéde la situa-
tion du paradis terrestre , Paris ,
iCgi , et Amsterdam , 171)1 , in-13.
Il prétend dans ce livre que le pa-
radis terrestre éloit sur le canal que
forment le Tigre et l'Euphrate ,
après leur jonction, entre l'espace
où ils se joignent et celui où ils se
divisent de nouveau a\ant d'entrer
dans le golfe Persique. Selon le texte
de l'Ecriture , il sorloit de ce lieu de
volupté un fleuve qui se partageoit
en quatre têtes : ce sont les quatre
cannux que les deux tleuves font ,
deux avant leur jonction , l'Euphrate
et le Tigre , et deux lorsqu'ils se
divisent; le Phison qui coule tout
autour de la terre d'Hévilalh , c'est
le canal formé vers loccidenl par
le fleuve lorsqu'il sort du paradis
terrestre , et qu'il arrose le pays ha-
bité par Chivalalh , iils de Ciuis ; et
le Gehon qui parcourt tout le pava
de 1 Ethiopie , c'est le bras orienial
du tleuve qui se décharge dans le
golfe Persioue. Celle opinion n'est
pas sans diflîculté , et il est à pré-
sumer que les savans ne feront ja-
mais de découverte certaine sur uu
lieu si éloigné de nous. VllI. His-
toire du com.merce et de la uat-'i-
gation des anciens, in-i2; réim-
primée à Lyon, chez Duplain , in-8'^,
eu 1 760. Ces deux derniers ouvrages
renferment une érudition immense,
IX. Commentarius de rébus ad eu ni
pertinentibus , Amsterdam, 1718,
in-12. Ce sont des mémoires parti-
cidiers de sa vie. On y trouve un
grand nombre d'anecdotes litté-
raires, relatives aux savans de sou
temps. X. Des Poésies latines et
grecques , des Odes , des Elégies ,
des Fghgues , des Idylles , des
Pièces héroïques , et son P'oyage
en Suède , dont ou a donné derniè-
rement une traduction dans le si-
2ti
56'.
HUEÏ
xieme volume des Mélanges de lit-
tëialnrc cliangere, Ulrechl, 1700,
ju-i 2. Les vers de ce i)rélal respirent
liuiliquité; la lalinilé en esl aussi
pure qi» élégante ; mais l'imagma-
lion poétique s'y fait peu sentir.
XI. Censura philosophiae carle-
sianœ , iu-12 : critique qui détruit
quelques erreurs de Descaries. Quand
Huet entreprit cette ceusure , il éloit
piqué contre les cartésiens. 11 trou-
voit mauvais que ces pîiilosoj^hes
préférassent ceux qui cultivent leur
raison k ceux qui ne font que cultiver
leur mémoire, et qu'ils exigeassent
qu'on travaillât plulôtàseconuoilre,
qu'à connoure ce qui s'étoit passé
daas les siècles reculés. XII. Or/gi/ies
de'iCaen , Rouen, 1 706 , in-8°. XIII.
Diane de Castro, 1728, in -12.
XIV. 11 orna de JS'otes le Mrfuilius
ai/ usuin dflphinl , donné par du
Fay. L'abbé de Tilladet lit impri-
mer , après la mort de H let , 2 vol.
in-12 de Dissertations el de Xe^-
Z/'es , presque toutes de ce prélat —
[f^oy. son Eloge au-devant de \ Hue-
tiana , iu-12, recueil qui renferme
des pensées diverses el des poésies :
il a été publié par l'abbé d'Olivet ,
son ami , à qui le savant évèque
l'avoit confié. ) Sa mémoire s'étoit
fort alFoiblie à la suite d'une maladie
qu'il eut en 1712. Alors, n'étant
plus capable d'aucun ouvrage suivi,
il|elasur le papier des pensées déta-
chées ; etc'estce qu'on a sou> le litre
A'Huetiana. Plusieurs articles de ce
recueil ne donnent pas une grande
idée de la philosophie, de la logique,
ni même de la justesse du goût de
sou auteur. On y verra qu'il fait
assez peu de cas de Montaigne , de
La Rocli.^foncauld , de Tacite ; mais
en revanche , il estime beaucoup la
Pucelle de Chapelain. H rej;me le
sublime qu'on a trouvé dans le Fiat
Imx de la Geueje , parce que l'ex-
pression en est simple : comme si le
vrai sublime n'étoit pas l'union de
la grandeur de l'idée à la siniplicilé
HUFIN
de l'expression. Un Recueil ile let-
tres manuscrites , cité par d'Ah-m-
bert, nous servira à son portrait. U
s'y plaint amèrement de la noire
médisance et de la lâche ingratitude
de ses compatriotes de Caen , en
prenant cependant beaucoup d'in-
térêt aux progrès qu'ils pourroient
faire dans les lettres. U paroit ne
soulfrir guère plus patiemment les
attaques des censeurs de Paris que
les satires de ses compatrioles. S'il
n'aimoit pas la critique , il avoit le
même éloignemenl pour les éloges
en face. U se montre ami des jésui-
tes, mais seulement comme hommes
de lettres. 11 s'occupoil peu , el avec
raison , de leurs querelles avec les
jansénistes. Cependant sa liaison
avec la société lui faisoit regarder
d'un œil peu favorable ses ennemis.
Enfin , quoiqu'il prit peu de part
aux disputes théologiqnes , il en
prenoit beaucoup aux intérêts et à
l'honneur de l'Église calliolique. Nous
avons dit qu'il avoit laissé sa biblio-
thèque aux jésuites , el son motif
fut , «afin qu'elle ne fût pas dis-
persée.» Le père qui, en mourant,
laissa une pension à son fils jésuite ,
«en cas que la société fiil détruite, »
se montra , dit d'Alembert , plu»
prévoyant dans l'avenir.
* II. HUET (Etienne), juriscon-
sulte qui vivoitau 17* siècle, est au-
teur d'un Commentaire sur la cou~
tu me de La Rochelle et du pays
d' 'unis , imprimé à La Rochelle ea
j688, in-4°.
lïUFNAGEL (George) naquit
à Anvers en i545,el mourut dans
cette ville en 1600, à 55 ans. Ses
pareils voulurent en faire un archi-
tecte : mais la nature en fit un pein-
tre. L'empereur Rodolphe employa
son pinceau à re|)réseuter toutes
sortes d'animaux , genre dans lequel
il excelloit. Cet artiste s'est encore
acrpiis quelque réputation dans la
Pvési» allemande el latine. W eut.
HUGH
un Bis qui se dislingua comme lui
dans la peiulure.
t l. HUGHES ( Jean ), poêle an-
glais, regarde par les Anglais comme
un de leurs plus agréables écrivains ,
éloil d un tempérament valétudi-
naire, qui l'obligea de ne s'occuper
que des arts agréables, tels que le
dessin , la poésie et la musique. Hu-
gues naquit à Marlborough en 1677,
et termina sa carrière le 17 février
1720. Uaus sts Poésies publiées en
i73ri , 2 vol. in- 12 , on trouve une
0(Je au créateur de l'univers , qui
passe pour un des plus beaux mor-
ceaux lyriques anglais ; et le Hiège de
Daman, tragédie pleine de génie , de
détails toiiclians et de situations in-
téressantes. H mourut le même jour
que celte pièce , qui est resiée au
théâtre , fut jouée pour la première
fois. Cet auteur, ami et compatriole
d'Addison , eut beaucoup de part au
Spectateur anglais. On lui doit la
Traduction, en anglais, de plusieurs
ouvrages frain^ais, tels que les Dia-
logues des morts de Fonlenelle , et le
Discours sur les anciens et les mo-
dernes ; les Révolulions de Portugal,
par l'ajjl^é de Vertol ; les Lettres
d Abailard et d'Héloïse,et une bonne
édition des Qîuvres de Spencer ,. iu-
12,6 vol. , 17 j5. La /^/e de l'au-
teur, y Essai sur la poésie allégo-
rique, les Hemarques sur Spencer ,
et le Glossaire qui y sout joints
appartiennent à l'éditeur.
t 11. HUGHES ( Jabez }, frère du
précédent , suivit ii peu pies la même
carrière, et publia eu 1714 une Tra-
duction de l'Eiilèvement de Fro-
serpine de Claudien , et de 1 His-
toire de Sexlus et d'Ericlito, dans
la Pharsale de Lucain , en i vol.
in-&° , réimprimé in-i 2 eu 1 723. La
Traduction de Suétone ; celle de
quelques Nouvelles de Cervantes,
insérées dans la collection deWalto;
des Mélanges de prose et de vers ,
HUGO
Î(i3
publiés en 1707, après sa mort ar-
rivée en 1751. — 11 ne faut pas le
confondre avec un autre Ht'GHES ,
d'une autre fannlle, éditeur du
Traité de la pre'trise de saint Chry-
sostome, dont la seconde é(!itioa
grecque et latine parut à Cambridge
en 17 I 2.
L HUGO. P'oyez Hugon.
t II. HUGO ( Louis -Charles),
chanoine préniontvé , docteur eu
théologie, abbé d'Lsti val, éveque de
Plolémaïde, mourut à Estival le 3
septembre 1739 , à 74 aus. Ce prélat,
rempli d'érudition , a donné , I. Les
jinnalts des prémonlrés , 2 vol. iu-
f'ol. , en latin , pleines de recherches.
On y trouve la description et le plan
des monasleres, et l'histoire de l'or-
die. Quelques inexactitudes nuisent
à cet ouvrage , dont les deux tomes
se relient ordinairement en un seul
volume. II. La p'ie de saint Norbe/t,
j'ondatcur des pré/non très, in -4",
170/i. 111. Saciœ atitiquitatis mo-
nument a historico - dogniatica ,
172.5 , 2 vol. in-fol. IV. Traité his-
torique et critique sur l'origine et
la généalogie de la maison de Lor-
raine, iii-S" , Nanci , sous le litre
(ie Berlin , 1711. Doin Hugo se ca-
cha sous le nom de Jia/cicourt pour
donner un plus libre coursa sa plume.
Cet écrit, plein de traits hardis qui
déplurent à la France, fut llélri
par arrêt du parlement eu 1712.
L'année d'après il Ht imprimer un
autre ouvrage sur la même matière ,
intitulé Héjlexions sur les deux
ouvrages concernant la maison de
Lorraine, iu-8°. On peut voir le
Jugement de Fingo, éveque de Pto-
lémaïde, eu 1736, in-8'^, par dom
Hlanpin , un de ses confrères. Cet
ouvrage est solidement écrit. Ou
a encore de Hugo , Histoire de la
maison de Saies, Nanci, 171G,
in-fol.: Histoire de Jll^oysc, Luxem-
bourg, 1699, iu-S" ; Histoire des
5(14
HUGO
successei/rs d'Jlexandre, lAixem-
bourg, 1705, in-12; P^ie de saint
iVo/Z»t;//, LiîXfuiljoiirg, 1704, iii-4°;
fie de sainte Thérèse , Naiici ,
1704 , in-i i.
* 1. HUGOLIN, célèbre juriFcoQ-
sulle sous renipei'eui" Fiëdéric l'"'',
est coinmunémt'ul regardé comme
le rédacleiir des (Jeux Livres dejiefs
qui se trouvent à la suite du Code
Jusliuieii.
i II. HUGOLIN (Barthélemi),
cauonisle de Lombardie , mort eu
)6i8, auteur de plusieurs ouvrages
ca latin qui sotit estimés , préseuta
son Traité des sacrenic/is , liimiui ,
X.S87, iu-lolio, au pape Sixte V,
qui le récompensa libcralemeut.
T I. H U G O N 01/ Hugues ,
( Herinau ), jésuite, né à Bruxelles
en i588, mort de la peste à Rhin-
berg eu 1629, est auteur d'un traité
savant et curieux , De mililid
tiqiiestri anliquâ et nova , An-
vers, i63o, iii-fol. , avec des plan-
thes en taille -douce. Il s'est aussi
distingué sur le Parnasse latin , par
ses Pia dcsideria , Au vers, i632,
ia-8° , et Paris, ii)58, in-12, à
l'instar des Elzévirs , avec des li-
gures d'un goût singulier. Ce recueil,
coalenaul quarante-cinq pièces , est
divisé an trois livres. Le premier a
pour titre : Gemitiis animce pœni-
tenlis; le 2"^, l'iota anirnœ sanc-
t<e ; le 5* , Suspiria animœ amantis.
Ce soiil de longues paraphrases , en
vers éU'giaques, de passages choisis
de l'Ecriiure sainte. U a noyé dans
une soixantaine de vers chacun d<s
\ersets q\i'd a pris pour texte, et a
substitué à l'onction et à la sim-
plicilé sublime de ses modèles de
l'roides amplilicalions ; il versifie
assez bleu, il est même quelquefois
poète, mais il n'est pas inspiré de la
muse de David. Cet ouvrage a été
traduit en fiançais sous le titre de
l'y/ me amante de son Dieu, re-
HUGT
présentée dans les emblèmes sur les
pieux désirs , Cologne, 1717, in-S",
fig. Ou a encore de lui, I. Obsidio
Bredana, Anvers, 1629, iu-lol. U
avoil été présent à ce siège , et sa re-
lation peut èlre consul téej avec fruit
j)ar ceux qui veulent écrire l'histoire.
Cet ouvrage a été traduilen espagnol.
II. De verdjide capcssendd. 111. De
prima, scribendi origine et univer-
sœ rei lilterariœ autiquitate , An-
vers, 1617, in-8° , rèimjjrimé à
Leyde avec de longues notes , peu
esliinées pour la plupart, de Chres-
tieu-lieuri Troz. Ou lui doit aussi la
Traduction française du Voyage
astronomique elgéographique dans
l'état de l'Eglise, pour mesurer
deux degrés du méridien , par les
PP. nia ire et Boscoulch , Paris ,
1770, iii-4''.
* II. H U G O N ( Pierre ) , né
à Lucerue , jésuite ^ publia , en
i656, à FribourgjUne Vie latine
de son compatriote Nicolas Von der
Fluc ( en latin De Rupe , ou de
Saxo ) , ermite célèbre par son abs-
tinence de vingt ans , mort eu i488.
Cette Vie du père Hugon a été
réimprimée avec des notes dans le
tome m, pag. 298 des ^/cAz sanc-
torum des boUandisles pour le mois
de mars.
* HUGTENBURCH ( Jean ),
peintre de batailles, né à Harlem
en 1646 , mort à Amsterdam eu
1733 , ayant eu de fréquentes occa-
sions de voir travailler le célèbre
Jean Wick , se livra d'abord au
dessin ; mais à peine se fut-il essayé
dans la peinture qu'il y Ht les pro-
grès les plus rapides. U falloit au
prince Eugèue \\\\ homme capable de
Lransmetlre à la postérité les monu-
mens de ses faits mililaires;il choisit
lïugteuburch, qui eut la gloire de
peindre, dans des tableaux de quatre
pieds de haut sur cinq de large, les
Opérations de guerre et les vic-
luires de ce grand capitaine. Il
HUGU
Gonnoissoit à foud le» expressions
qui conviennent aux diverses pas-
sions. Il avoitéludié les tanipenieiis,
les attaques, les sièges, etc. ; il sa-
voit faire distinguer , par les cos-
tumes et le maintien, les peuples
différens qu'il représentoit ,- quel-
ques-uns de ses tableaux ne cèdent
en rien à ceux de Wouwermans. —
Son frère Jacques, mort en 1696 ,
excelloit dans le paysage et les ani-
maux.
1 1. HUGUES ( saint ), evêque de
Grenoble en 1080, reçut saint Bruno
et ses compagnons, et les conduisit
lui-même à la grande chartreuse. Il
mourut le i'^'^ avril 1 1Ô2. Au com-
mencement de son épiscopat, saint
Huguesavoit quitté sonévêché pour
se faire moine à la Chaise-Dieu. Le
pape lui ordonna de reprendra la
conduite de son troupeau. Il ht de
nouvelles tentatives de retraite quel-
que temps avant sa mort; mais IIo-
norius 11 lui répondit « que les bons
évèques étant si rares, c'éloit une
raison de plus pour l'exhorter à sou-
tenir le fardeau de l'épiscopat. Ou a
de lui un Cartulatre peu estimé, et
qui se ressent de l'époque où il fut
écrit; ou eu trouve des fragmeus
dans les (Euvres posthumes de Ma-
billon , et dans les Mémoires du
Dauphiné d'Allard , 1711 et 1727,
52 vol. ia-fol.
;■ II. HUGUES (saint), de Cluni,
d'une maison distinguée, qui des-
cendoit des anciens ducs de Bour-
gogue, entra dans l'ordre de Cluni ,
dont il fut élu abbé après la mort de
saint Odillon. Il étendit la réforme
'' de Cluni à un si grand nombre de
monastères , qu'un ancien auteur a
écrit « qu'il avoit sous sa juridiction
plus de dix mille moines, m Hugues ,
aussi modéré que pieux , mourut
en J 109 , à 85 ans. Il lit bâtir , par
les libéralités d'Alfonse IV, roi de
Caslille , l'église qui subsiste encore
à Cluni. La construction de cet tdi-
HUGU 505
fice immense dura vingt ans. Ce qu'il
a de particulier, c'est qu'il n'y a au-
cune charpente, et les tuiles sont
posées immédiatement sur la voûte.
Henri IV, empereur d'Allemagne,
étoit son filleul. Quoiqu'il fût excom-
munié, Hugues dit, à la messe du
vendredi saint 1087, l'oraison qui est
dans le Missel pour l'empereur. L'ar-
chevêque de Lyon le trouva mauvais.
L'abbé de Cluni répondit «qu'il a voit
dit eu général cette prii-re pour quei-
queempereurque ce fût. » Mais cette
réponse ne satisfit point le prélat ,
qui lui suscita d'autres querelles.
Hugues se contenta de faire le bien
sans chercher , ce qui est impossible ,
à se concilier tous les suffrages. L'or-
dre de Cluui fut, de son temps, au
plus haut point de sa splendeur.
Après sa mort il commença à dé-
choir. Ou trouve de s s ojcrages
dans la bibliothèque de Cluni.
t III. HUGUES-CAPET, comte
de Paris et d'Orléans, chef de la ô'
race des rois de France. ( Voyez
ClIIITLET, n" I. Dani'E, u" L Wi-
TiKiND, n" l. ) Son courage et ses
autres qualités l'ayant l'ail proclamer
roi de Fiance àNoyou , en 9H7, il fut
sacré àlleims par l'arclievèque Adal-
beron, le 3 juillet de la même année.
Charles I , duc de laRasse-Lonaine,
fils de Louis d'Outre-Mer, qui avoit
seul , par sa naissance, droit à la cou-
ronne, en fut exclu par plusieurs cir-
constances, li voulut défendre son
droit: mais il fui pris et enfermé à
Orléans. Hugues s'étoit déjà associé
son fils Robert pour lui assurer la
couronne. C'est au règne de Hugues-
Capet qu'on fixe ordinairement le
commencemenl de la pairie de Fran-
ce. (( Depuis l'usurpation dt-s fiefs, la
pairie , dit le président Hénault ,
devint plus ou moins cousidérable,
suivant le plus ou moins de puis-
sance du seigneur suzt rain dos pairs :
en sorte que les pairs du roi deFran-
ce fcloienl de plus grands seigneurs
566
HUGU
que les paii-s du comte de Cham-
pagne ;fcl que , par la uïême raison,
ïa mouvance de la couronne carac-
terisoit les premiers pairs. Ainsi,
le duc de Bretagne , qui par sa nais-
sance pouvoil traiter d'égal à égal
avec le duc de Normandie, lui éloil
inférieur en dignité, parce qu'ori-
guiaireineut celui-ci ue relevoit pas
delà couronne, mais du roi seule-
ment, comme duc de Normandie,
el que la Normandie ayant été alié-
née, il n'en lui plus que l'arrière-
vassal. Cette introduction d'une di-
gnité nouvelle valut la couronne
i\ Hugues -Capet. 11 y avoit alors
sept pairs laïques de France , c'est-
à-dire, sept seigneurs dont les sei-
gneuries rclevoient immédiatement
du roi. Ils choisirent celui d'entre eux
qiiipouvoit joindre le plus de pro-
\iuces à la royauté. ■» Ce prince
mourut le 24 octobre qqG , à 07 ans,
après en avoir régné dix. Pour par-
venir au trône, il falloildela va-
leur et de la politique : Hngues-Capet
avoit l'une et l'autre. Il prit presque
toujours la voie de la douceur el des
ménagemens. On la voit qualifié d'u-
surpateur; ou s'étoil ligné contre
lui: on lui avoit contesté sa descen-
dance. Hugues-Capet ayant triom-
phé déclara à ceux qui lui inspi-
roienl des desseins de vengeance
« que ce n'étoit pas au roi de France
à venger les inimitiés des comtes de
Paris et d'Anjou. » Il subjugua, en
partie, ses ennemis en les tlattant,
et rcgardoit comme ses amis ceux
qui nesedéclaroient pasouvertement
contre lui. Ayant voulu réprimer
les entreprises d'Audebert , comte
de la Marche , Hls de Bosou I , qui
assiégeoit Tours sans sa permission
et à son insçu , il députa vers le
comte de la Marclie , et lui (il de-
mander « qui l'avoil l'ail comte ;
— ce sont , répondit Audebert ,
ceux-là mêmes qui vous ont fait roi,
TOUS el votre fils Fiobert. » Le pro-
cédé d'Audeberl lut conforme à sa
HUGU
réponse; il continua le siège , et prit
"J'ours malgré Hugues - Capel, qui
aima mieux dissimuler que d'avoir
à se venger par les armes. I,e nom
de Capel lui fui donné, selon les
uns , à cause de la grosseur de sa
tète ; selon d'autres , à cause de sa
prudence. On a dit de lui :
si je donne- à la France une race nouvelle ,
Boi nouveau , je la rends plus brillante cL plus
bdle.
Cette troisième race , qui a produit
trente-deux rois , a eu cinq branches
différentes. La première, surnom-
mée des Capétiens , qui a donné
quatorze rois ; la seconde, qui est la
première des Valois , dont il y a
eu sept rois ; la troisième , de la iiîai-
son d'Oriéans, qui ue produisit
qu'un souverain ; la (piatrième , qui
est la seconde des Valois , laquelle
en donna cinq ; enfiu la cinquième ,
delà maison de Bourbon, qui en a
produit le mtme nombre ,en y com-
prenaul Louis XVI.
IV. HUGUES - LE - GRAND ,
comte de Paris, appelé aussi Hugues
l'abbé, ou Hugues le blanc , prince
plein de courage , fils de Robert ,
roi de France , et de Béatrix de
Vermandois , fut surnommé le
Grand à cause de sa taille el de
ses belles actions ; le Blanc , à cause
de son teint; el Vj-lbhé, parce qu'il
s'étoil mis eu possession des abl)Myes
de 8aint-l)enys , de Saiul-Germaïu-
des-Prés, el de ^ainl-Marlin de
Tours. Il fit sacrer roi à Laon.
Louis-d 'Outre-mer ( Voyez ce mol. )
En 936 il prit Reims, donna du
secours à Rii hardi, duc de Nor-
mandie, contre ce même Louis-
dOulre-mer; iiii fil en son propre
nom une guerre opiniâtre pour le
comté de Laon qu'il fallul eniiii cé-
der à ce roi , et fut crié parf-olhaire,
son succe.-seur , duc de Bourgogne
el d'Aqmlaïue. Il mourut le j6iuiu
q.'jG.
HUGU
i V. HUGUES DES païens [De
Paganis), de la maison des comtes
de Champagne, uui avec Geofroi
(le Saiul-Ouier et sept autresgentils-
hommes , inslilua l'ordre des tem-
pliers, lemodèle de tous les ordres mi-
litaires , et en fut le premier grand-
mailre. Ces neuf chevaliers se con-
sacrèrent au service de la religion ,
i'an 1118, entre les mains de Gor-
niond , patriarche de Jérusalem ,
promenant de vivre dans la chasteté,
î'oI)éissance et la pauvreté , à lexera-
ple des chanoines de leur siècle. Le
premier devoir qui leur fut imposé
par les évèques éloit de garder les
cliemins contre les voleurs , pour la
sûreté des pèlerins. Comme ilsn'a-
voient ni église, ni logement , Bau-
douin II, roi de Jérusalem, leur
accorda un appartement dans le
palais qu'il a voit auprès du Temple;
de là leur vint le nom de Templiers.
On leur donna une règle en 1128,
dans le concile de Troyes : elle leur
prescrivoit la récitation de l'office
divin , l'abstinence les lundis et
mercredis , et presque toutes les ob-
servances monastiques. Mais celte
règle fut si mal remplie dans la suite,
que, deux siècles après leur fonda-
tion , ces chevaliers , qui faisoient
vœu de combattre pour Jésus-Christ,
furent accusés de le renier , dadorer
une tète de cuivre , et de n'avoir
pour cérémonies secrètes de leur
réception dans l'ordre que les plus
horribles débauches. Ces imputa-
tions étoient à la vérité d'absurdes
calomnies ; mais il j a grande ap-
j)arence que quelques jeunes cheva-
liers se livrèrent à un libertinage,
dont le reproche tomba , quoiqu'in-
justement sur tous les templiers ,
qui furent abolis en \'î>ï2.{Fojez
MoLAY.) Hugues des Payens mou-
rut en ii56, regretté de tout ce
qu'il y avoit de chrétiens zélés dans
la Palestine.
t VI.HUGUES,uéen 106b, ab-
HUGU
D(^
bé de Flavigni au commencement
du 1 2*^ siècle, s'étant vu enlever sa
crosse par l'évèque d'Autun , qui
la lit donnera un antre, supplanta
à son tour St. Laurent , abbé du
monastère de Saint-Vannes , et gar-
da cette dignité jusqu'en 1 1 16 ; de-
puis ce temps son existence est
ignorée. Il est auteur d'une Chro-
nique en deux parties, connue sons
le nom de Chronique de J'erdun.
La première partie , peu intéres-
sante , est remplie de fautes : la
seconde est très- importante pour
l'histoire de TEglise de France de
son temps. On la trouve dans la
Eibliolhèca manuscriptorum du P.
Labbe.
VII. HUGUES HE Fletjry,
moine de celte abbaye, vers la lin
du 1 1*^ siècle, a laissé , 1. Deux livres
de la puissance royale , et de la
dignité sacerdotale , dans lesquels
il s'élève au-dessus des préjugés de
son temps. C'est un mouumentde la
véritable doctrine de l'Eglise, si obs-
curcie alors par les démêlés funestes
des papes el des empereurs. On le
trouve dans le t. IV des 3îiscellanea
de Baluzp. II. Une ^ç.\\\.t Chronique,
courte, mais bien digérée , et con-
tenant beaucoup de choses en pen
de mois, depuis 99^ jusqu'en 1109,
publiée par Uuchesiie, à Munster,
i65S, in-4''- Ce moine est encore
surnommé de Sainte-lilarie , du
nom d'un village dont son père éloit
seigneur.
VIII. HUGUES d'Amtens , ar^
clievèque de Rouen, un des plus
grands et des plus savans prélats
de son siècle, mort en 1164, a
donné trois Livres pour prémunir
son clergé contre les erreurs de sou
temps , el quelques autres outrages.
On trouve les premiers à la fin des
Qïuvres de Guibert ne Nogent, pu-
bliées par dom d'Achery, et les au-
tres dans les collcclious de dom
Marlenue et Durand.
568
HUGU
t IX. HUGUES, chanoine régu-
lier de Paris, mon le ii février
1142,3 4'i ans , professa la ihéolo^^ie
avec latit cl'appl.uidissemeiit , qu'on
l'appela unsecofid yfugiistin. Ce père
fui le modèle qu'il suivit pour la
forme ei pour le fond de ses ou-
vrages. Le plus considérable est un
grand Traité des Sacremcns. f.es
questions y sont traitées d"une ma-
nière l'on claire, et dégagées des
termes de l'école. Ses Ouvrages ont
été recueillis à Rouen en 1648, en
3 vol. in-fol.Onen trouve quelques-
uns dans le T/tesaurus de Marteune.
X. HUGUES DE St.-Cher,
dominicain du 10^ siècle, docteur
de Sorbonne , cardinal-prèlre du
litre de Sainte - Sabine , reçut la
pourpre des mains d'Innocent IV,
en 1244. Ce pape, et Alexandre IV,
fcon successeur , le chargèrent des
affaires les plus épineuses : ce fut
pour lui une occasion de faire éclater
f.a sagesse, son esprit , et sa lermelé.
Il moun.t à Orvielle le 19 mars
1263. On lui fit une épitaphe, dans
laquelle ou disoit « qu'à sa mort la
sagesse avoit soufl'ert une éclipse. »
On a de lui plusieurs ouvrages de
l'Ecriuire , qui ne sont guère que
des compilations. Le plus important
est une (oncardnnce de la Bible ,
Cologne, 1684, in-S°. Hugues de
Saint-Cher a au moins la gloire d'a-
voir imaginé te premier ce genre de
travail. On a encore de lui , L Spc-
ciilum Eccleslœ, Paris, 1480, iii-4°.
11. C'orrectorium Bibliœ , non im-
primé, et qui étoit dans la bibiio-
lliècjue de la Sorbonne : c'est m\ re-
cueil de variantes des maiiuscrils
hébreux, grecs et latins de la Bible.
Xi: HUGUES dePrato, d'une
ville de ce nom en Toscane , reçu
dominicain en 1276, et mort à
Frato le 4 décembre i322, se fil
nne réputation par ses Sermons ,
imprimés en partie, à ce que l'on
i;roU,à Louvain , en 14S4 , cl partie
HUGU
à Heidelbérg en i485, réimprimés à
Anvers en 1614. Ils se ressentent de
la grossièreté du siècle de l'auteur.
* XII. HUGUES DE BrRAY,
poêle provençal du xd" siècle, le
premier qui nous ait laissé une des-
cription de la boussole , dans un
poème intitulé Z>V/!'/e f;«/o/,- sa-
tire où il décrit les vices de son siècle.
Il compare le pape à l'étoile polaire,
autour de laquelle tournent toutes
les autres étoiles , et qui fixe les re-
gards par sa dignité immobile : sur
quoi il parle de l'aiguille aimantée,
qui regarde constamment celte
éloile , et décrit la boussole telle
qu'elle est aujourd'hui. F. Gioja.
* XllI. HUGUES ou HuGONis
( Jacques ) , de Lille en Flandre ,
docteur en théologie et chanoine de
iégliss collégiale de Samt-Pierre ,
vivoit dans le 17^ siècle. 11 est au-
teur de plusieurs ouvrages, parmi
lesquels on distingue celui intitulé
Pera Historia Jiomana, seii origo
laiil velllaliœ et Romaiiœ ur/j/s ,
c teriebris longœ vetuslatis in lucem
/>/or/wc/«, Rome i6.t5, in-4°. Cet
ouvrage fut mis au nombre des
livres défendus par un décret de la
congrégation de l'index du 5 août
i6ô6. Ce qui emnècha l'auteur de
donner la suite qu'il faisoit espérer.
XIV. HUGUES, /^"ores HUGON .
n° 1.
i HUGUET ( François-Armand ) ,
plus connu sous le nom d'AnMANî),
né à Richelieu , en i^îgg , d'une
famille hounèle du Poitou , fut
d'abord placé chez un notaire à Pa-
ris ; mais un penchant invincible
pour les plaisirs et pour le théâtre
lui lit abandonner les affaires. Après
diverses aventures , dignes de Gil-
Blas deSantilîaïKi, il |o'ua la comédie
en LangUf'doc, et revint ensuite à Pa-
ris,où il débuta surle théâtre de la co-
médie française en 1720. La nature"
lui avoit donné le masque le plus
HLÎL
propre à caraciériscr les Inlcns d'im
valet adroil el fouibe, el r'<'Sl prin-
cipalement dans ce rôle qu'il eî(cel-
loit. 11 contreht si bien le Panialon
des Italiens, dans la comédie de la
]'iaiiçaise italienne , que ceiiii-ci
s'écria : a Si je ne mesentoisaii i)ar-
Urre , je me croirois sur le ihcàlre. »
Ce comédien , mort à Paris le 26
décembre 1765, voyoit tout gaie-
ment; et dans les affaires les pins
sérieuses il ne pouvoit se refuser
quelque plaisanterie. Il narroit d'une
laçou à faire distinguer les différens
interlocuteurs qu'il metloit en ac-
tion dans ses récils; il imiloil leurs
voix et moindres gestes. Ses amis
étoient quelquefois ies victimes de
ses facéties. On eût dit que Scarron
la voit deviné dans sou. personnage
de la Rancune. Il fit, en socié;é avec
Derozée , \ lleuieux événement , di-
vertissement, i75i. Il laissa un fils ,
auteur de quelques petites pièces
pour le théâtre de Fontainebleau.
HUGUÉTAN ( Jean ) , célèbre li-
braire deLyon , fut obligéde quitter
le royaume à l'époque de la révoca-
tion de redit de Nantes, et passa en
Hollande. 11 offrit à Louis XIV nn
prêt considérable, si la cour vonloil
lui rembourser une autre somme
qui lui étoitdue. Huguétan toucha la
somme et alla se caciier en Allema-
gne, jusquen 1720, pour ne pas ef-
iectuer sa promesse. Il se retira en-
suite en Danemarck, on il établit des
compagnies de commerce, des ma-
nufactures de laine et de soie , et une
banque qni devint célèbre. « Aug-
mentant , dit La Haumelle, son bien
en marchand et le dépensant en sei-
gneur. » Frédéric IV érigea en sa
faveur la terre de Suldestéen en
comté. Il mourut à Copenhague en
1700 , âgé de 104 ans.
HUILLIOT ( Claude ) , peintre en
fleurs , né à Reims, mort en 170:?,
à 77 ans , orna de ses tableau.H le
jjalais de Versailles.
HULM
5ô{)
* HUITFELD ( Harrald ) , sei-
gneur d'Odisberg , né en 1 ^i\^ , d'une
des pins anciennes familles danoises,
plus connue sous le nom de Hogens-
kildt. N'ayant que .26 ans , il fut jugé
capable dedevenir premier secrétaire
du loyaume ; en i.^Stj il fut élevé à
la dignité dfe sénateur, et neuf ans
après à celle de chancelier. Les oc-
cupations que lui donnèrent ces era-
])lois, loin de l'empêcher de cultiver
les sciences, le mirent, au contraire,
plus à portée de recueillir les iiis-
tiuctions nécessaires à son dessein
d'écrire VJ/istoife de sa patrie. Il
en publia les premiers volumes en
ifigo; mais ayant été nommé , en
1 597, chef d'une ambassade txuaor-
dinaire à la cour d'Angleterre , ce
travail fut interrompu, l^onr le ré-
compenser de ses services , le roi lui
donna en lief le bailliage el le châ-
teau de Draxbolm. Il mourut à ller-
lousholm , le 10 décembre 1 608 , âgé
de 59 ans , sans avoir été marié.
Son Histoire , écrite en danois avec
pureté , clarté , simplicité el lidélité ,
commence à Dan Iva, jusqu an règne
de Frédéric II, dont il vouloit aussi
publier les exploits, quand la mort
le surprit. L'impression en fut ache-
vée en 1G40 , in-folio, par les soins
de Reseii. L Histoire de Uanemarck ,
publiée en latin par Pontanus , n'est
presque qu'une traduction de celle
delluitfeld.
i IIULDRIC ( Jean - Jacques ) ,
ministre protestant , né à Zurich en
i685, mort en i75i, publia, en
i7o5,in-8°, à Leyde , ini ouvrage
peu commun et recherché ; c'est
V Histoire de Jésns-C/irist , telle que
les juifs la racontent. Iluldric la tra-
duisit eu latin d'un vieux manus-
crit hébreu , et l'enrichit de notes ,
dans lesquelles il combat ce qu'allè-
guent les juifs contre le fondateur
du christianisme.
* HULME (Nathaniel ), savant
médecin anglais ^ membre de la bo-
"^1
Ci'TO
HULS
ciélé des antiquaires de Loudre» ,
publia , eu 1768 , un petit Ouurage
en langue latine sur la nature , les
causas et le traitement du scorbut.
Ce livre est encore estimé , quoi-
qu'on ait fait poslërieuremeul Ijeau-
coup de recherches et de découvertes
sur celte maladie. 11 donna ensuite un
Traité de laFici-'re puerpérale, dans
lequel il lixa le premier le véritable
point de vue sous lequel on doit la
considérer. Reçu, en 177/1, membre
du collège royal de médecine; il pu-
blia, peu après, un Discours qu'il
avoil prononcé sur la médecins en
général et sur le calcul en particu-
lier. Mais l'ouvrage qui a le plus
contribué à étendre et à affermir sa
réputation fut un Mémoire qui
remporta le prix proposé par la so-
ciété de médecine de Paris, sur les
causes de l'endurcissement du tissu
cellulaire auquel plusieurs en-
fans nouveaux-nés sont sujets , et
sur le traitement préservatif et cu-
ratif de cette maladie. Ce médeiin
a fourni aussi plusieurs Mémoires
à la société royale de Londres
dont il étoit membre , et l'on re-
marque , dans les Transactions
de la société des antiquaires, à
laquelle il fut agrégé en i7Ç)r) ,
une Description Irès-cuneuse qu'il
y fit insérer , d'une brique trouvée
dans les ruines de Babylone.
Hulme est mort à Londres en 1807,
âgé de 75 ans.
HULOT, simple tourneur en
bois, perfectionna l'art du tour, et
se livrant à sou goût pour la méca-
nique , et à son génie inventif , tf.^.-
z\\\di plusieurs mackines ingénieu-
ses , utiles à divers arts , et siu-tout
à l'horlogerie. On lui doit V /nt du
tourneur , ouvrage estimé. Hulot
mourut à Paris au mois de juillet
1781 , âgé de 65 ans.
HULSEMANN ( Jean ) , savant
ihéolog'.cu luthérien , naquit ù Esciis
HULS
en Frise l'an 1G02. Après avoir
voyagé en Allemagne, en France,
eu Hollande, il devint professeur de
itiéologie , ])uis surmteudant à Leip-
sick, et mourut en i6bi. 8on piin-
cipal ouvrage est une Tlelation en
alleuiand du Colloque de Tliorn, où
il a voit été envoyé , en 164^ , à la
tète des luthériens, et où il s'émit
distingué. Ou s'imagine bien cju'il
donne la victoire à son parti.
t L HULSÎUS( Antoine), théo-
logien protestant , né à llilde, petit
v illage du duché de Bergues, en 161.^,
étudia avec succès à Wese. et à I)e-
venter , où les langues orientales
furent Tobjet de ses veilles, et voya-
gea en Angleterre , en France et eu
Hollande. Hulsius fut ministre pen-
dant 2.T aus à Breda, jusqu'en 1676 ,
qu'on lui donna une chaire de théo-
logie et des langues, à Leyde, où
il mourut en i685 , à 70 ans. Il
est auteur d'un savant ouvrage, in-
titulé Tàeologia judaica , publié
en jG:)."), iii-4°. — Son fils, Henri
Hulsius, mort en 1723, a laissé
aussi quelques productions , entre
autres une Somme latine de tkéo-
logie. — ■ Il ne faut pas les confondre
avec Samuel Iluusius, échevin à
La Haye , où il avoit formé une
bibliothèque immense pour un par-
liculier. Le Catalogue en parut à
La Haye, 1700, en 4 "^'ol- iii-8°,
sous le litre de Blbliotheca Hul-
siana.
IL HULSIUS ( Levinns ) , natif de
Gand, qui vivoil encore au commen-
cement du 17" iiècle , s'est rendu
célèbre par ses conuoissancesdans la
géographie , les mathématiques , et
dans !a scifice des médailles. On a
de lui , 1. XII Cœsarum ac LXIF'
ipsoruin u.vorum ac paient u m effi-
gies ex antiquis nuniismatibus ,
Francfort, iIî^G, in-4°. U. Séries
Numismatum imperatvrum Ho~
tnanorum à Julio Cœsare ad Ilu~
HLM13
(folp/ium II ^ Francfort, i Goô. Ces
recueils sont rares. III. Transyh'a-
iiiœ , Molf/avice el Jf'alachiœ cles-
criptio. IV. C/ironohgia Hunga-
riœ , etc., iisque ad aimum 1097.
V. De usu qiiadrati el quadrantis
geornelrivi , etc.
* HCLST ( Pierre Van ) , peintre ,
ne à Dort en \^'ô2. Inslrnit par dif
férens maîtres des principes de la
peinture, il fut à Rome, mais il
rinonça à l'histoire , pour se livrer
aux fleurs. 11 prit pour modèle les
tableaux de Mario dl Fiori. Ses
ouvrages eu ce genre plurent aux
arlisles, et If s amateurs s'empres-
sèrent de se les procurer. L'académie
se l'associa , et on lui donna le sur-
nom de Tournesol , parce qu'il in-
troduisoit presque toujouis cette
Heur dans ses compositions. Il as'oit
parfaitement saisi le style des pein-
tres d'Italie , et ses ouvrages , d'une
bonne couleur , d'une touche large
el très-facile, étoient encore enri-
chis de jilantcs et de reptiles. On
ignore l'époque de sa mort.
* l. îimiBERT (le cardinal),
d'abord moine de Moyen-iMoùtier
dans les Vosges vers l'an 10^8 , s'y
livra à i'ëtudedela langue grecque ,
chose assez rare à cette époque. Le
pape Léon IX passant à ftloyen-
Moùtier , au retour du concile, de
Reims en 1049 , emmena Humljert
en Italie, le chargea de divers tra-
vaux littéraires et de négoclatious.
Il I envoya eu io.t8 comme légat à
Coustanlinople, avec deux autres
ecclésiastiques, pous essayer de réu-
lur l'Eglise grecque à l'Eglise 1 itine.
Le patriarche Michel Cerulanus
ayant refusé de les voir , ils allèrent
à la grande église; et, en })résence
du clergé et du peuple, ayant déposé
sur le mr.itre-aulel un acte d'excom-
munication contre le i)atriarche, ils
sortirent en secouant la poussière de
leur* habits, suivant l'Evangile, el
HUMB
bn\
en criant : « Que IJieu voye et
vous juge. M Humbert , ayant ap-
pris la mort de 1/éon , revint en Ita-
lie , et rendit des services signalés à
Victor II el à ses successeurs. Il as-
sista au concile de Rome en lo.ôg,
où Bérenger reconnut ses erreurs.
Humbert fut chargé de dresser la
profession de foi que cet hérésiarque
signa. Bérenger se rétracta ensuite ,
cl chargea d'iniureslecardin.jl lium-
bert , qui etoil iiecede,el fpu trouva
un zélé défenseur dans la personne
de Lanfrauc, archevêque de Caulor-
béry. On est partagé sur l'époque de
sa mort ; la plus commune opinion
est qu'elle arriva vers loGi. Hum-
bert a laissé beaucoup d'ouvrages,
entre autres trois livres contre les
simoniaqnes , insérés au tome V
des Anecdotes de Martenne. Rivet,
dans son Histoire liuéraire de la
France, a recueilli tout ce qui con-
cerne la vie et les écrits de ce savant
el pieux cardinal.
tll. HUIMBERT II, dauphin de
Viennois , né en 1 5 1 2 , successeur eu
i533 de Guigue VllI, son frère,
épousa , en i5Ô2, JMarie de Baux ,
alliée à la maison de France, dont
il n'eut qu'un fils unique. Ou dit
que, jouant avec cet enlant à Lyon ,
il le laissa tomber d'une fenêtre
dans le Rhône, où il se noya. Livré
depuis à la douleur, el conservant
un rebsentimeiit vif des affronts
qu'il avoit essuyés de la pari de la
maison de Savoie , il résolut de don-
ner ses états à celle de Fiance. Celte
donation, faite en 1 5^5 au roi Phi-
lippe de Valois , fut coulirmée en
1049 , à condition que les fils aînés
des rois de France porleroienl le litre
de dauphin. Cest ain,->i que le Dau-
phiué lut réuni à la couronne. Phi-
lippe, en recounoissance de ce bien-
fait , donna quarante mille écus d'or ,
et une peusion de dix mille livres à
Humbert. Ce prince entra ensuite
daas l'ordre des dominicains. L*-
^72
HUMB
jour de Noël, io5i , il recul tous
ies ordres sacrés des mains du pape
Cléineul VI. Ce ponlife le créa pa-
triarche d'Alexandrie, et lui donna
l'adminislralion de rarthevêché de
Reims. Humberl mourut à Cler-
mout t^n x\avergne le 22 mars 1 555.
Guerrier pusillauime et prince ia-
dolent , il fut bon religieux et bon
évêque. Matthieu Villaui dit que,
dans sa jeunesse , il aiuia trop le
plaisir.
III. HUMBERT DE RoM.vN.^,
cinquième général des dominicains ,
succéda, en 1254, au P. Jean le
Teulouique, et mourut le \/\ juillet
1277. On a de lui uae Lettre sur
les vœux de religion , imprimée en
Allemagne dès le i5^ siècle, et à
Haguenau, l'an i5o8. On lui allri-
hue aussi De eruditioiie religioso-
runi; mais ce traité est du P. Pé-
raldus, dominicain. Pesseviu croit
qu'il est l'auteur du Dies irœ.
* IV. HUMBERT, général des
dominicains dans le 14*^ siècle, Ht
un ouvrage sur les matières qui
dévoient être traitées dans le con-
cile général de Lyon. I,a troisième
partie roule sur les abus qui saut
dans l'Eglise , et qui ont besoin
d'être réformés. Cet ouvrage est
dans la bibliollièque du Vatican.
Les Pères Mabillon et Marsuel l'ont
eu. Ce dernier le commun qna au
P. Echard , qui en a donné \\\\ ex-
trait dans sa Bibliothèque des écri-
vains de l'ordre de Saint- Domi-
nique , tom. I, pag. i4t).
* V. HUMBERT ( Abraham ) ,
né à Berlin en 1C189, de parens ré-
fugiés et originaires de Lorraine,
entra d'abord au service de Hollande
en 1708, passa ensuite à celui de
Saxe en 1711, et enfin de Prusse
en 1718. 11 fut major du corps des
ingénieurs , conseiller privé du con-
seil français, et membre de l'acadé-
mie royale des sciences. Ayant été
HUME
chargé, en 1701 , de la direction des
travaux de Slel tin , il profila de quel-
ques momens de repos pour écrire
de petits ouvrages qui sont insérés
dans la Fiiblioihèque germanique.
Cet essai de ses forces le porla à
se livrer à des travaux plus considé-
rables , et il fit plusieurs ouvrages ,
sur le nivellement , sur l'origine ci
les prog/ès des tranchées , et l'art
du génie. Il traduisit aussi en alle-
mand l'ouvrage de Vauban, sur
l'attaque et la défense des places , 2
vol. in-4'^. En 17.79, Frédéric II
l'envoya à Berlin pour enseigner les
malhéniatiques à ses frères les prin-
ces Henri et Ferdinand. Humberl
mourut dans celte ville en 17111.
* I. HUME ( David ) , ministre
protestant , d'une famille distinguée
d Ecosse , fut attaché, dans sa jeu-
nesse, à l'église ri'formée de Duras
dans la Basse-Guieune , et ensuite
de Gergeau dans l'Orléanais. Char-
les L^' , roi d'Angleterre , le chargea
de réunir les ihcologieus protestaus
de l'Europe dans une seule et même
doctrine, et sous une confession de
foi unique. On a de lui plusieurs
ouvrages , dont le plus considé-
rable est Davidis Humii apolo-
gia basilica, seu Machiaveli in-
genium examinatu/n, 1 G26 , in-4°-
On lui attribue deux satires contre
les jésuites; la première intitulée
V Jnti-Jssassin, ou Iléponse à l'yl-
pologie des jésuites, Genève, in-S**
de 5rn pages; et la seconde sous
ce titre : {'Assassin du roi , ou
Maximes du vieux de La Mon-
tagne du Vatican et de ses assas-
sins, mises en pratique sur la per-
sonne de Henri-le-Grand , 1617,
in - 8° de 82 pages. On a aussi de
lui beaucoup de Poésies latines in-
sérées dans les Deliciœ puëlarum
Scotorum d'Artus Souslon, Ams-
terdam, 1657, 2Voi. iu-12.
t II. HUME (David), ne le 26
avril 1711 à Edimbourg en Ecosse,
HUME
d'inip famille noble, mais peu riclie,
fui (i'ahord dcsliné an hairean. Le
taieiil lie la parole ne lui ayant été
iiccordé qne dans nii degré inédio-
crc, il quitta la jurisprndence pour
cnlliver la litléralure et la philo-
sophie. 11 ne négligea point la po-
litique; et ses connoissances en ce
genre lui valurent, en ly/jfi, J"
place de secrélaire d'amijassade du
général Saint-Clair , qu'il accom-
l)agna à Vienne et à Turin. 11 lut
attaché au lord Herford pendant son
iunba.ssade à la cour de France en
176a; et, sons le niinistcre du gé-
néral Conwai, il obtint , en 1767 ,
l'emploi de sous -secrélaire. Enlin
il renonça entièrement aux affaires
publiques. 11 mourut le SD août
1776. Ce philosophe , d'un ca-
ractère doux , d'une humeur gaie
et sociable, capable d amitié , ]ieu
susceptible de haine , et modéré
dans ses passions , avoit l'air froid,
€l paroissoit avoir peu sacrilié aux
grâces. Le désir de la renommée
littéraire, quile dominoit , n'altéra
Ijoint sa tranquillité. Sa probité
étoit sûre; et, quoique naturelle-
ment économe, il lit des actions
de géi\érosilé. ( Voyez Rousse.vu
Jean-Jacques, n° 111 .) a Ma con-
versation, dit-il dans le Portrait
qu'il a fait de lui-même, n'étoit
désagréable ni aux jeunes ge:is , ni
aux oisifs , ui aux hommes studieux
et instruits ; et , comme je Irouvois
un plaisir particulier dans la so-
ciété des femmes honnêtes , je n'ai
pas eu lien d'être mécontent de la
manière dont j'en ai été traité. Eu
un mot , quoiqu'il n'y ait guère eu
d'homme distingué, en quelque
genre que ce soit , qui n'ait eu à se
plaindre de la calonniie , je n'ai ja-
mais senti l'atteinte de sa dent en-
venimée ; et quoique je me sois ex-
posé assez légèrement à la rage des
factions politiques et religieuses ,
elles ont paru se dépouiller, en ma
faveur", de leur férocité ordinaire.
nu ME 573
Mes nmis n'ont jamais eu besoin de
justiiier aucune circonstance de ma
conduite , ni de mon caractère. Ce
ti'esl pas ([Ub les fanatiques n'eussent
été disposés, comme on peut bien
le croire , à fabriquer et à répandre
des fables à mon désavantage; mais
ils n'ont jamais pu eu inventer une
seule qui eût quelque apparence de
probabilité. » On a de lui , I. Essais
p/iilosophiqiies sur l'entendement
lai ma in , traduits en français par
de [\lérian , avec une préface et des
notes par Fonney , Amsterdam ,
1758, 2 vol. iu-12. II. Histoire
naturelle de la Heligion , avec un
Examen critique et philcsophique,
traduite en français par de Mériau ,
Amsterdam, 1769, iu-12. 111. Es-
sais de Morale , ou Recherches
sur les principes de la morale , tra-
duits en français par Robinet, Ams-
terdam, 1760, in-12. IV. Essais
politiques et moran.v , traduits en
français ])ar de ]\iériau , Amster-
dam , 1709 , in-i^. V. JJiscours
politiques , traduits en français par
l'alibé Le Blanc, Amsterdam (Paris)
1754, 2 vol. in-12. Ces dinérens
onvriiges, réimprimés à Paris en
1788 , sous le titre de Londres, sont
pleins de rtilexions profondes , mais
quelquefois obscures. 11 creuse les
foudemens de ]a métaphysique ;
mais il ua ni la clarté de Locke , ni
l'agrément de .Malebranche. Ce sont
cependant ses Essais qui lui pro-
curèrent des prôneurs. Ce sont lea
écrits de Hume qui engagèrent le
prussien Kant à tenter une réforme
dans la méta|;hysique , et à chercher
les lois primilives de la pensée.
VI. Une Histoire d'Angleterre ,
remarquable , en général , par sou
impartialité et par la sagesse de»
rélk-xions ; mais dont le slyie est
dur et roide. Comme celte His-
toire parut favorable aux Sluarls ,
et que Hume Irailoilavec une jus-
tice rigoureuse les fani;liques de la
liberté et du patriotisme, elle u»
574 HUME
réussit pas d'abord dans un pays
vcuipli de faclious et de pnrtis. « J e-
lois , dil-il, plein de confiance sur
le succès de cet ouvrage. Je croyols
èlre le seul liislorieu qui eût ilé-
daiguéà la t'ois le pouvoir, lecrédil,
la foruine et les clameurs des pré-
jugés ; et comme le sujet éioil à la
])ortée de tout le monde , je coniplois
sur l'approbation uunerselle. Mais
je fus inhumainement Irustré dans
ces espérances ; il s'éleva contre moi
tni cri général de censure , d'imprn-
balion , et même de détestalion : An
glais, Ecossais et Irlandais; wighs
et lorys ; anglicans et sectaires ;
esprits forts et dévois; patriotes et
courtisans, tous se réunirent dans
leur fureur contre un liomme qui
avoit eu l'audace de répandre une
larme généreuse sur le sort cie Char-
les l'^'^ , et sur celui du comle de
Slralford. » Dans les premiers mou-
vemens de sa sensibilité, l'auteur
prit la résolution de se retirer dans
quelque ville de province eu France,
de changer de nom , el de renoncer
pour lamais à la glotre littéraire : ses
a m isfempèchèrenl d'exécuter ce des-
sein. Son/Z/i/y/'/cest diviséeen trois
jjériodes : des maisons de Planla-
genel , de Tudor el de Sliiart. Ma-
dame Belot a traduit en français les
deux premières périodes , et labbé
Prévost la dernière. Les deux
jjremleres périodes , imprimées a
Amsterdam (Paris ) , 17G5 et 1765,
forment 4 vol. in-Zj'^ ; el la 3"^ , pu-
bliée à Londres (Paris), 1760, en
forme 2 , également in-/|°. (/-^. Pnr.-
VOST.) «Hume ayant commencé son
ouvrage par la fin, dit I\Iably , et
avant que d'avoir étudié el démêlé
la chaine qui lie tous les siècles et
les événeniens d'une nation , il
n'est point surprenant que le rè-
gne des Stuarts laisse mille choses
à désirer. Il a ensuite fait remon-
ter son histoire jusqu'aux anciens
Breton^; ; mais on trouve un liisto-
lieuc^iii u'a lu que I08 chronicjues;
HUME
il a ignoré les lois des Normands»
el tout Cri qu'il dit sur la police des
fiefs fsi ininlelligible , ou du moins
je n'y ai rien compris.... Hume ne
connoit point sa nation, el on ne
découvre point l'intluence du ca-
ractère national dans les événemens
qu'il rapporte. » Est-ce un éloge
ou une critique qu'on doit faire de
lui? Nous en laissons le jugement à
nos lecteurs. Hume a laissé quelques
ouvrages posllmmes -. tels sont des
Vio/agi/essur/a nature des Dieux ;
et sa Vie ^ composée par lui-même.
Ce dernier livre est écrit du style
de la conversation la plus familière ;
et l'on y découvre, malgré une forle
leiule d'égo'isme , une auie honnête
et vraie , la vanité naïve d'un en-
fant, l'indépendance d'un philoso-
phe , el la fermeté d'un mourant
qm aimoil la vie sans la regretter.
« Au printemps 1 775 , dit-il , je fus
attaqué d'un mal d'entrailles qui
d'abord ne me donna aucune inquié-
tude; mais qui depuis esl devenu d ce
que je crois, mortel el incurable. Je
compte maintenant sur une pro-
chaine dissolution. Celle maladie a
été accompagnée de très - peu de
douleur ; et , ce qui est plus étrange,
|e n'ai jamais senti, malgré le lié-
périssement de toute ma personne,
un seul instanl l'abaltemenl de l'â-
me ; en sorte que s'il me falloil dire
quel est le temps de ma vie où j'ai-
merois le mieux revenir, je serois
tenté d'indicpier celte dernière pé-
riode. Je n'ai jamais eu en effet plus
d'ardeur pour l'étude, ni plus de
gaieté en société. Je considère d'ail-
leurs qu'un homme de 6,^ ans ne
fait en mourant que se dérober
à quelques années d'infirmités ; et
quoique plusieurs circonstances puis-
sent me faire espérer de voir ma
réputation littéraire acquérir enfin
un peu ])lus d'éclat, je sais que
je n'aurois que peu d'années à en
jouir. Il est diindle d'être plus dé-
taché de la vie que je ne le suis
HUME
à présenl. w Le docleiir Dundas lui
disoil iiu jour : « Je dirai à \otre
îimi le colonel Edinoiulslone que je
vous ai laissé beaucoup mieux , et
en bon Iraiu de guënson. — Doc-
leur , lui répondu Huuie , conirne
je crois que vous n'avez envie de
dire que la vérilt, vous feriez mieux
dé lui dire que je m'en vais aui^si
vile que mes ennemis, si j'en ai,
pcuvenl latleudre , el aussi douce-
ment que mes meilleurs amis peu-
vent le désirer. » M. Suard a donné
une traduction française de sa Vie,
Londres ( Paris ), 1777,111-12.
* L HUMEAU ( François), né à
Poilieis vers lan i5rio, après avoir
pris le l)onnet de docteur en mé-
decine à Montpellier, revint dans
sa ville natale , où il fut nommé
proleEseur en i.f)8o. 11 étoit doyen
de sa faculté lorsqu'il mourut à Poi-
tiers eu i.'Ï94- Les ouvrages de ce
médecin se réduisent à un Traité
sur le poi/rpre , qui parut en fran-
çais en 1575 , et à un autre sur
ta rate , qui fut imprimé en latin
à Paris, en 1578, in-8°. On ap-
prend dans les notes du Scalige-
riana , que , quoique lepouse de
Humeau fût aimable et belle , le
docteur ne respecta pas toujours
le lien conjugal. Le cordelier Por-
thaise, prédicateur célèbre de son
temps, ne se lit aucun scrupule de
le désigner dans un de ses sermons
à ne pas s'y méj)rendre. Il prèchoiL
sur l'adultère ; le bon père s'em-
porta, et apostropha flumeau eu
tes termes : « Nous apprenons même
avec douleur qu'il y a des gens assez
perdus pour s'abandonner à ce pé-
ché, bien qu'ils aient en leurs mai-
sons des femmes qui sont telles
que , quant à nous, nous nous en
contenterions bien.)) On ignore quel
fut le fruit du sermon ; mais le tour
que prit le prédicateur jiarut assez
singulier pour qu'on s'en soit sou-
veau long-temps après.
HUMI
n^'
" ir. IlUiMEAU (François), ne-
veu du précédent , ué à Voiliers ,
reçu docteur dans la faculté de mé-
decine de cette ville en 1628, y
pratiqua son art avec distinction ,
et mourut doyen de sa compagnie
en ]t")83. Aveuglément attaché aux
sentimens de l'école , ce médecin
combattit l'opinion dHarvey sur la
circulation du sang, et préteudil
mèine la réfuter par un ouvrag»
qui parut sous ce titre : In circula-
lio/iem sangiiinis Harveia/iain
exercitatio a/ialvniica , Pictavii ,
1659 , iu-4**.
* HUMELBERG (Gabriel) , écri-
vain du 16'' siècle, et médecin , né
à Kavensbourg au cercle de Suabe ,
s'occupa de l'étude de quelques au-
teurs anciens , dont il a éclairci les
ouvrages par de savans commen-
taires. On lui doit les éditions sui-
vantes: 1. Sextus de medicind ani-
maliunt , besliarum , pccorum et
avium , cuiii sc/totiis , liasileae ,
i559,in-4''. 11. Quinti Sereni d&
re medicâ, sive morburum cura-
tione liber cum commeiitariis ,
Tiguri, 1540, i58i, 111-4". ^^l^pi~
cil Cœlii de upsaniis et condi men-
tis ^ sive arle cuquinariâ , libri
decern , cum annuiatiuniius , ibid ,
i5^2 , in-4°. IV. /intunii Musœ d«
herbu betonicdliber unus; L. Jpu-
Itil de medicamenlis, liber unus,
recvgniti et commeniariis illus-
irali, ibid, jSô?, in-4°.
lïUMlÈRES ( Louis de Crevant
d'), maréchal de France, d'une an-
cienne maison originaire de Tours ,
distingué par sa valeur aux prise»
des villes d'x\ire, du Ibrt de Linck ,
de Saint-tiuillaiu , de Courtrai , de
Dixmude , et à la balrtille de Cassel ,
lut tait lieutenant-général en 1667 ,
iH inaréciial de France eu if)68.
11 avoit épousé en i65o Louise de
La Châtre, qui ne contribua pas
peu ù lui faire obtenir le bâton dtf
570
HUMP
maréchal. Il lui fui accordé à la
jirière du vicomte de Tureime , qui
lie pul résister aux charaies et i. l'es-
prildela marquise d'Hutiiières. C'est
à celle occasion que Louis XIV
ayant demandé au chevalier de
Grammonl s'il savoit qui il veuoil
défaire maréchal de France. Celui-
ci répondit : « Oui, sire, c'est ma-
dame d'Humières. » Il mouriil à
Versailles en 1G94, ne laissant que
des hiles. il avoil été nommé grand-
inaître de l'artillerie en i685 , et che-
valier des ordres du roi en 1688. Sa
terre de JMouchy, érigée en duché sous
le nom d'iluraières, passa à Anue-
I.ouise-JuUe sa tille, qui avoil épousé
Louis - François d'Âumonl , duc
d'HuMiÈRKS à cause de sa femme. —
11 y avoil une ancienne maison d'IIu-
MiÈiîES , dont le dernier mate mou-
rut sans enfans en i5()5. Sa sœur
Jacqueline lit passer toufle bien de
sa famille dans celle de Crevant.
HUMILIÉS. F-ojez Jean de
MKDA,n°XVl;e/PiEV.
t HUMILITÉ (sainte), née à
Faenza en 1226, d'une bonne fa-
mille , ayant cnj^ago son mari à
vivre dans la continence , fonda ,
ueiif aus après son mariage , les
Religieuses de F allombreuse , et
mourut le 3i décembre 1010.
t H U M P H R E Y ( Lan ren l ) ,
théologien anglais , né dans le du-
ché de Liuckingham en iSig , mort
doyen de Winchester en 1690 ,
étoil fort versé dans les matières
théologiques, et partisan de Calvin.
On a de ce savant plusieurs ouvrages
de controverse et de littérature. (>n
trouve dans les premiers bien des
calomnies contre l'Eglise romaine;
dans les autres, il y a peu de goût
et de philosophie. Les principaux
sont , I. Z^pisto/a de grœcis lit-
teris , et de Homtri tectiune et
imitatione , à la tète d'un livre
d'Adrien Juuius , Copiœcontu , Ba-
silese, i568, in -fol. II. Dr Reli-
gion is conscivatinne et le forma-'
liuiie , deque primatu regiini , à
Bàle , 1559 , in-8°. \\\. De ratione
inlerpretandi auctores , 111-8". IV.
Opliinatts , sive De nubilitaleejus-
que origine , in -8". V. Jesuilismi
pars prima et secunda , in- 8". VI.
Fharisœisiiius vêtus etnovus , iii-S";
H U N A U U ou IIuNALDE , duc
d'Aquitaine , fils d'Eudes , promit,
foi et hommage à Pépin ; mais des
que ce prince fut occupé contre les
rebelles d'Allemagne, il se révolta
en 7^}5 , entra sur les terres des
Français, et s'avança jusqu'à Char-
tres , qu'il prit et brûla. L'année
suivante il lut contraint de mettre
bas les armes , et de donner des
otages de sa lidélilé. Alors , tour-
nant sa fureur contre ses proches ,
il attira près de lui son frère Hal-
tou, dont il éloit mécontent, et lui
lil crever les yeux. Les remords de
ce crime lobligèrenl de se faire
moine dans le monastère de l'ile de
Ré. En 769 il voulut reprendre
le gouveruemenl de ses états. Char-
lemagne marcha conlre lui , et obli-
gea le duc de Gascogne , auprès de
qui Hunand s'éloit relire , de le lui
livrer : mais il usa de la victoire
avec modération , et permit à ce
prince inconstant de se retirer à
Rome. Himaud, ayant demeuréquel-
que temps dans celte ville, passa
chez lesl-ombards, on il périt misé-
rablement sous une greîe de pierres.
* ï. HUNAULD ( Pierre), mé-
decin d'Angers , pratiqua son art
dans celte ville avec distinction.
On a de lui plusieurs ouvrages ,
dont les principaux sont , I. Dis-
cours physique sur tes propriétés
de la sauge , et sur le reste des
plantes aromatiques , dans lequel ,
par occasion , on traite de la dis-
solution des corps et de la diges-
tion des alimens dans l'estomac ,
Paris , 1698 , in-i 2. II. Projet d' tut
nouveau cours de médecine , Clià-
leau - Gonlier , 1718, in-i-2. Ou
ignore l'époqne de la iiaissaiu:e cl
celle de la mort de ce niéde.cin.
* II. lîUNAULD (Frauçois-
Joseph) , né à Cliàleaii-Biianl ie 24
février 1701 , lils , pelil-lils, ne-
veu et cousin de niédicins , pri^
le bonnet de docteur eu médecine à
Reims, h l'fige de 21 ans , vint à
Ptiris , et se livra lonl entier à l'a-
ualoniie et à la chirurgie. Auaclié
au duc de Riclielieu , eu ({ualilé de
son médecin , il le suivit dans ses
ambassades. De retour dans la capi-
tale , il publia en 1780 'Recherc/iea
anaturnlques sur tes os du crâne de
r homme. A cette épociue , il fut
nommé pi-ofesseur d'analomie au
Jardni du Roi , et s'acquit , dans
celle l'ouctiou , une grande célébrilé.
Un voyage qu'il til à Londres en
1735 lui valut l'honneur d'être
membre de la société royale, après
avoir lu dans uue assemblée de cetle
compagnie des liéfJexions surTopé-
ratlon de la fistule lacrymale , qui
ont élé insérées dans les Transac-
tions philosophiques. Ce médecin
mourut en 17^12.
* I. HUND DE SiTLTZENMOS
( Wiguel ) , président du tribunal
suprême de Bavière , publia en
i582 un savant ouvrage , inlilulé
iJctrupolis Salisburgensis. Chris-
tophe Gewold , con.seiller du duc
de Bavière, continua le travail de
Hund , auquel il ajouta des notes et
en donna uue nouvelle édition eu
3 vol. iu-l'ol. , !\Iunich , 1620. On
y trouve la l'ondaliou des évechés
de Gurk , Chienrôée , Seckau et La-
vautz , dont les évèques , juscju'à
l'époque acUielle , ne reçurent jamais
rinslitnlion canonique que de l'ar-
chevêque de Sallzljourg. C'est une
dérogation bien l'or nielle à Tusage
très-moderne par lequel les papes se
sont attribué le droit de donner
des huiles aux évèqiies des divers
T. VIII.
HUKD
577
pays catholiques. Cetle iuslitulion
i auoaique , clont les ultramonlains
l'eroient un dogme s'ils losoieut ,
n'est guère qu'un certificat d'ido-
néilé ; dans les douze premiers siè-
cles de l'Eglise , on u'eut pas recours
à Rom-e pour cet objet. Saint Cy-
prieu , saint Firmilieu , saiut An^-
broise, saint Augustin, saint Basile,
saint Grégoire de Nazianze, en uu
mol , aucun des grands pontifes de
la primitive Eglise n'eurent besoin
de bulles romaines pour être établis
dans leurs sièges. On ne pouvoit eu
produire aucune ; et si l'on disoit
que c'éloit par concessiou du pape ,
ou ne trouve pas uu seul monuiuent
ecclésiastique qui le dise. Le concile
de ]Nicée , en 5^3 , prouve le con-
traire; il stalue, canon 4, que l^mè-
iropolilain iuslituera l'évêque. Tel
fut l'usage constant confirmé par
les conciles et par les papes Gélase,
saint Léon , Zozime , elc.
* IL lîUND ( Magnus ) , médecia
du iy siècle, ué à i\[agdebourg ,
s'établit à Leipsick , et se distin-
gua daus la chaire où il avoit été
appelé , et qu'il remplit jusqu'à s^a
mort, arrivée dans la même ville eu
iSu). Hund est un des premiers qui
aient donné des planches d'analo-
mie ; elles parurent deux ans après
celles qu'on attribue à Jacques Pei-
ligk, et qui fureut publiées à E,eip-
sick en 1499.
* HUNDERTMARK ( Cliarles-
Frédéric) s'appliqua avec tant de
succès à la médecine, qu'il fut nom-
mé i>rofesseur en celle science à
Leipsick. Ou a de lui plusieurs Dis-
serlalions.donl les principales sont,
L JJe diis artis medicœ Iule Lan bus ,
Lipsias , 1733 , in-/)°. IL JJber sin-
gularis de incrementis artis me-
dicœ per expositionem ivgroh)rum
apud veleres in vias publicas et
lempla , ibid. , 1709 , 174g , in-^jo.
Ou y trouve plusieurs traits sur
j 1 hisloire de la médecine daus les
3?
5:8
HUNI
temps héroïques, et difFërentes re-
marques sur la manière de traiter les
malades chez les anciens.
* HUNERWOLF (Jacques-
Auguste ) , docteur eu médecine et
physicieu d'Arnstad , ville d'Alle-
magne dans la Thuruige, sa pauie ,
reçu metnl)re de lacadt'niie des cu-
rieux eu i685, a donné une infi-
uilé d' observa tiuns daus les Mé-
moires de celte académie, etuu traité
intitulé jinatoinia Pacuniœ , qui
parut à Arnslad en 1680 , in-8".
t HUNGARIA ( Bernardin d' ),
ainsi noiatné, parce qu'il étoil du
royaume de Hongrie , se fit capucin ,
et passa eu qualité de missionnaire
4u Afrique. 11 en remplil les fonc-
tions dans le royaume de Loaugo ,
et baptisa le roi et la reine de cette
vaste contrée. Ses missions ne se
bornèrent pas à cette province ; il
pénétra fort avant dans l'intérieur
de l'Afrique. Revenu à Loaugo , il
y mourut le iS juin 1664. On a
de cet homme apostolique ïllis-
toiie de son P'oyage et de sa Mis-
sion , avec une relation des mœurs
des habitans du Luango. L'alibé
Proyart a donné une Histoire de ce
pays , Paris , lyyfijin-u.
j HUNIADE(Jean-Corvin),
vaivode de Transilvanie , et géné-
ral des armées de Ladislas, roi de
Hongrie , un des plus grands capi-
taines de son siècle , combattit les
Turcs , et gagna des batailles iin-
polautes eu i442 et \l\i\'ï> contre
les généraux d'Amurat, qu'il obligea
de se retirer de devant Belgrade ,
après im siège de sept mois. Il ne se
signala' pas moins l'année d'après à
la bataille de Varnes , où Ladislas
fut tué , et (jui fut si fatale à la chré-
tienté. Nommé gouverneur de la
Hongrie, il rendit son nom si re-
doutable aux Turcs , que les enfans
mêmes de ces infidèles ne l'enteu-
doiunl prononcer cju'avec frayeur,
HUINN
et qu'ils l'appeloient .Tanins T.acn
c'est-à-dire, Jea« le Scélérat. Il fut
néanmoins vaincu par les Turcs en
1448; mais plus heureux dans la
suite, il empêcha Mahomet II de
prendre Belgrade, Cjue ce sultan a voit
assiégé l'an j4f)6. Huniade mourut
à Zein plein le 10 septembre de la
*même année. Son lils devint roi de
Hongrie. ( V. Matiiias Corvin. )
.Mahomet II témoigna une douleur
extrême de la perle de ce héros ,
qu'il appeloil a le plus grand homme
qui eût porté les armes. » U sesli-
rnoil même malheureux , dit -on ,
<( de ne trouver plus de tête assez
illustre dans l'univers , contre la-
quelle il pût tourner ses armes , et
venger l'affront qu'il avoil essuyé
devant Belgrade. »
* HUNN^US ( Augustin) , né à
Malines en i.'iaa, s'appliqua à l'é-
tude des langues savantes , fut pro-
fesseur de théologie et chanoine de
Saiut-Pierre , docteur et recteur de
l'université de Louvain , où il mou-
rut le 7 septembre 1577. U écrivoit
bien en latin et possédoil les langues
grt^cque et hébraïque. U s'eflorya de
débarrasser la philosophie de l'école
de la barbarie dont elle étoit enve-
loppée, et publia à cet efl'et beau-
coup d'oui^'rages. Il a douné aussi
quelques éditions de la Somme de
saint Thomas revues sur d'anciens
manuscrits; la meilleure est celle
d'.^nvers, i.T75, 4 vol. in-fol. Cet
auteur eut part à la Poliglott*
d'Anvers.
1 HUNNERIC , roi des Vandales
en Afrique , succéda à son père Gen-
seric en 4'?7- Ce prince, qui étoil
arien,p'rmitd'abord aux catholiques
le libre exercice de leur religion;
mais il les persécuta dans la suite
de la manière la plus barbare. H
bannit 4^6'' ecclésiastiques , publia
divers édils contre eux, et eu fil
mourir jus(prà 40,000 par des tour-
nieus inouïs , à l.i persuasion do«
«I\è<]ue8 arieii?'. Théodoiic son frcre
el ses euhuis, le patriarche des ariens,
el lous ccnx contre lesquels il avoil
conçu fjuelqiies soupçons , furent les
Viclinies de sacruanlé. Il employoil
indifteremment le fer el le feu po\ir
la saliï»fttire. Ce furieux mourut la
•Jniitiènie année de son règne , l'an
448. Victor de Vite dit qu'il fut
inaugé des vers qui sortoieul de
toutes les parties de son corps. Gré-
goire de Tours écrit qu'étant entré
en frénésie il se mangea les mains.
Isidore ajoute que ses entrailles
s-orloient de son corps , et qu'il eut
■la même fin qu'Anus , dont il a voit
voulu élablir Ja secte, par tant de
massacres. On ne peut nier que ce
prince ne méritât de mourir d une
mort violente; mais il est dillicile
de concilier tant de récits différens
■faits par des historiens dont le dis-
cernement est souvent en défaut.
V liU.NNlUS (Gilles), ministre
de "Willemberg , et théologien lu-
tliérien , mon en i6o3, à 'j3 ans,
a beaucoup écrit contre les calvi-
uistes. On cite .sur-tout son Cah'i-
Ufjs Ji/daïsfl/iS , Willemberg , i 695 ,
,ip-8". Il y charge , avec la violence
If» plus outrée , le rélormatcur de
Genève de toutes les héré.sies possi-
jjle^.On a de lui û'aiitres ouurages
,de coplioverse , en 5 vol. in-fol. ,
piÀ il attaque égaLemenl les catholi-
ques et les calvinistes.
HUNNOLD (François) , né dans
■le pays de Nassau , entra chez les
'jésuites , et se distingua par ses Ser-
mons , qui sonl peut-être les meil-
leurs parmi ceux qui ont été faits
en Allemagne vers le commence-
ment du dernier siècle ; ils tout en (3
volumes in-folio , d'abord impri-
més à Cologne et à Augshourg. I^es
éditions en ont été multipliées dans
différentes provinces d'Allemagne.
On lui reproche de sécarter quel-
quefois des plans qu'il annonce, et
HUJNT 579
exemples qu'il apporte en preuve
des vérités qu'il avance. Il mourut
à Trêves en 17^16.
* I. HUNT (Gauthier), moine
anglais de l'ordre des carmes, dis-
tingué dans uu concile qui fut tenu
à Vlorence contre les Grecs , an
temps où il fut question de réunir
les deux Églises, mourut en 1470.
Il a écrit uu livre sur cette ma-
tière.
*1I. HUNT (Jérémie), savant théo-
logien dissident, né à Londres eu
1678, élevé de M Thomas llowe ,
ministre dissident. Après a voir ache-
vé ses études dans les université?
d'Edimbourg et de Leyde , il étudia
dans cette dernière ville, sous un
savant rabbin, Ihébreu et les an^-
ciens livres des juifs. Il fut ensuit^
prédicateur d'une congrégation an-
glaise à Amsterdam, et, a son retour
en Angleterre, il desservit une au-
tre congrégation à Ennslçad a^
comté de Norfoick, puis il revint à
Londres en 1710, où il fui tiicorp
pasteur d'une congrégation. En x 7 29
l'université d'Ediiubourg lui conféui
le degré de docteur. Hunl a donn^
plusieurs ouvrages. 1. Bssal sui-
tes expllcaiiGns tlunnées en clijf'é-
rena temps de l'/iistuire et des ré-
vélations de l'Ecriture sainte ,iiu-
quel il a joint une Dissertation sur
la chute duprtmier homme , iu-8",
1758. 11. JJ ij^'erens fermons.
*\. HUNTER (Robert), auteur
de la fameuse Lettre sur l'enthou-
siasme , attribuée à Switz, et plus
généralement au comte de Shafts-
hury. On le croit aussi auteur d'une
farce intitulée Androboros. 11 lut
successivement lieutenant - gouver-
neur de Virginie en 1708, gouver-
neur de New Yorck en 1710, et de
la Jamaïque en 1728, où il mourut
le 3i mars 1704. Pendant son gou-
vernement de New-Yorck il avoil
de pe choisir pas toujours bieu les I avancé pour le gouveruenjeni plu»
58o
HUIST
de 20,000 liv. sterling, (environ
4fio,ooo francs ) pour l entretien des
troupes du Palaliuat, qui y avoient
été envoyées.
t 11. HUNTER ( Guillaume ) ,
médecin anglais, né à Kiibride eu
Ecosse eu 1718, fut destiné d'abord
à l'étal ecclésiastique, pour lequel
il avoil de l'éloigneuient ; ainsi il
n'eut pas de peine à se rendre aux
conseils dn docteur Cullen,qui l'en-
gagea à se dévouer à l'étude de la
médrciue, dont il acquit les premie-
Tes connoissanc s sous lui , etc. Hun-
ier reg irde les trois années (|u'il y
employa dans la ramille du docteur
comme les pins heureuses de sa vie.
11 vint ensuite h E limbonrg enten-
dre les leçons du docteur Monro; et
lecommanilé, en ly/ji ,à I.oiidres .
au docleur Doitglas, par Foulio, im-
primeur à Glascow , il y fut d'au-
tant mieux accu. iUi , que le docteur
Douglas eut bieiitôt apprécié ses
taiens et ses heureuses dispositions.
Admis à l'hôpital de Saint-George
à litre d'élève en chirurgie , il s'y
distingua par son liabilfié dans la
dissection. Eu 174^ il présenta à la
société royale un Essû/ sur la slruc-
ture et les inatadies des carlUages
qui servent aux artirulalions ; la
manière dont il traita cet objet ,
jusqu'alors peu approl'oudi , atteste
les progrès qu'il a voit déjà laits dans
,les recherches anatoniiqnes auxquel-
les il s'étoit particulièrement livré.
Trois ans après il succéda à Samuel
Sharpe , dans les leçons qu'il donuoit
:\ une société privée de jeunes chi-
rurgiens dans Coven-Gardcn. On
dit qiie dans ses débuts sa timidité
ajouta beaucoup à l'embarras de
parler en public pour la première
J'ois; ses succès la lui tirent aisé-
ment ou.blier dans la suite. L'af-
tliience de ses auditeurs dans l'es-
pace de deux cours qu'il donna lui
rendit un produit assez coiisi-
■flérable, (jue sa disposilion à obli-
HUPsT
ger eut bientôt dissipé; mais ins-
truit par son expérience , il apprit
à devenir i)lus réservé. Admis eu
i7/|7 dans le corps des cliirurgieus,
il s'adonna , soit à l'exercice de la
chirurgie, soit à la pratique des
accoucheniens. On le coasLiiioil de
tous côlés, j)arliculièremenl dans
tous les cas où le siège ou la nature
des maladies exig^^oienl une ijrolonde
connoissauce deraiialomie. En j 7.^)0
l'université de Glascow lui. coulera
le degré de docteur eu médecine;
et jusqu'en 176/4, époque à laquelle
il lut nommé médecin extraordi-
naire de la reine , il consacra son
lemps soit à ses leçons , soit à la
pratique de son art. La société royale
de Londres , et l'académie royale
des arts, récemment iusliluée, s'em-
pressèrent de s'associer Hunier : les
Transactions philosophicpie'S s'enri-
chirentde plusieurs mémoires iiilé-
ressans qu'il présenta à la. spciété
royale , sur des ossetnens trouvés
dans la rivière de l'Ohio en Aaiéri-
que , sur d'autres ossemens trouvés
dans le rocher de Gibraltar et sur
le nyl-'gliau , animal des Indes qui
n'avoil point encore été décrit.
L'académie des arts s'applaudit de
voir adapter aux ob'els de peinture
et de sculpture lescôniioissancesana-
tomiqUes que Hunier sut y appliquer
avec une justesse qui attestoit à la
fois l'étendue efla facilité de soii
génie. Sa réputation s'étoit répan-
due dans toute l'Eutope, elles so-
ciétés savantes semblèrenl lutter
d'émulation dans leurempressement
à se l'associer. En 1781 il fut appelé,
à l'unanimité des voix , à la prési-
dence de la société des médecins de
Londres; élu associé étranger par la
société de médecine de Paris ,p.u
1780, et de l'académie royale des
sciences en 178-2, Hunier s'éloit
déjà fait un nom par son Anato/nie
(le l utérus dans l' état de grossesse,
en 5.4 planches, ouvrage entrepris
eu 1751 , et qu'il n'a i)ublié qu'eu
y"
HUINT
1770 , dans la seule vue de le per-
f€Ctiounei". Eu traçant lesquisse des
travaux et des succès de Hunier ,
uous n'avons présenté que ses titres
à la renommée, il en a d'autres à
la recouuoissauce ])ublique, |)ar sa
munificence et le nol)le emploi de
la fortune considérable qu'il séloil
acquise. Dans l'iulenlion de la con-
sacrer à l'utililé publique , et ne s'é-
taut point marié , ses premières
vues se porlèreut sur la fondation
d'une école d'anatomie. 11 pré.^enta
en 1765 , à M. Greiiville, alors mi-
nistre, un mémoire pour obtenir un
terrain sur lequel il deniandoit de
construire à ses frais un ihéaire
anatomique; il ofiVoit de consacrer
7000 liv. sterl. (environ 1 55, 000
francs) à la construction de l'édi-
fice , et de fonder à perpéluilé une
chaire d'anatomie. Cette proposition
ne fut pas accueillie comme elle
devoit l'être. Quelcpie tejjips après
lord Shelburne4émoigna à Hiinter
le désir de voir s'accomplir son
projet, an moyen d'une souscription
dans laquelle il s'eii|É||'0it hii-mè-
liie pour nue somm^re 1000 gui-
nées. I,a délicatesse de Hunier iie lui
permit pas d'accepter cette offre; il
préféra d'exécuter son projet à ses
propres dépens ; il acheta un ter-
vain et fit construire un édifice spa-
cieux, où furent placés un auiphi-
ihéàlre et toutes ses dépendances ,
avec une vaste et itiagniiique salle
disposée à recevoir son muséum.
On peut , d'après ses travaux -et
l'empressement de ses élevés ji lui
faire hommage de leurs préparations
analomiques, juger du nombre des
pièces de ce genre dont il avoit for-
mé sa collection : il y avoit joint un
cabinet de fossiles ; une riche bi-
bliothèque d'auteurs grecs et latins
et de livres de liltéralure et de
sciences ; un cabinet de médailles
antiques dont M. Combe a en parie
publié le catalogue ; une riche col-
ïecliou de coauiUes el de coraux ,
HUIST 58 1
rassemble's par le docteur Folhergilly
ajoutoient à la magnihctnce de ce
muséum, commencé depuis 1770,
et pour lequel Hunier avoil dépensé
plus de 20,000 liv. sler ( enviroTT
/(5o,ooo francs). Comblé d'honneur»
et de richesses , estimé de son sou-
verain, Ilunter sembloit avoir réu-
ni autour de lui tout ce qui peut at-
tacher à la vie , et Mialheureu.^e-
ment il n'en jouit pas long- temps :
il mourut le 5o mars 178?) dune
attaque de jiaralysie. 11 légua la
j.ouissance et l'usage de son muséum
à son neveu Matthieu Haillie, pen-
dant l'espace de 5o années, et en
assigna la propriété à l'université
di' (ilascow: il y joignit un fonds
de 8000 liv. sler. (environ 176,000
francs ) pour renlretien el l'aug-
mentation de celle collection. Hun-
ier , d'une petite stature , mais
bien pris dans sa taille , et extrê-
mement frugal, se levoit de très-
grand matin : tous les iiislans que
lui laissoieut ses affaires éloient
consacrés à ses recherches analomi-
ques ou à son muséum. Ses ma-
nières et son extérieur éloient eu-
g.igeans ; il savoit appeler la con-
fiance des malades qui le cousnl-
loient , par l'attention qu'il leur
donnoit. Dans ses consultations a \ec
ses coiifières , il ne présenioit sou
opinion qu'avec beaucoup de can-
deur et de déiiance ; dans les entre-
tiens familiers il étoil gai el sans
préteni on Ceux qui tout connu
ibnl l'éloge de sa pénétration , de
sa mémoire , de sa grande facilité
et de son jugement.
* III. HUNTER (Jean ) , frère du
précédent , marcha sur ses trace»
avec succès. Né en 17^8 , el ayant
perdu son père à l'âge de 10 ans , il
atteignit sa vingtième année fan»
avoir fait aucune étude. l,a répula-
lion que son frère s'éloil accpiise
l'engagea à se rendre auprès de lui.
HuuUr développa bientôt les Ui-
582
HUAT
lens donl la tiaUire l'avoit doué. TI
fit ses premières éludes en chirur-
gie à l'hôpilal de Chelsea , sous le
célèbre Cheseldeu , et ses progrès
furent si rapides, que l'hiver sui-
vant il euseignoit IJarl de disséquer
aux élèves de sou frère , qui clans
la suite se reposa entièrement sur
lui de ce soin. Hunier se livra avec
une sorte de fureur el avec tai.t de
constance pendant dix ans à l'élude
de l'aualomie, qu'il parvint à enri-
chir celle science de plusieurs con-
Jioissances nouvelles , telles que les
ramificalioiis des nerfs olfacloires
sur les membranes du nez , la dis-
tribution de quelques-unes des bran-
ches des nerfs de la cinquième paire,
la route des artères de l'utérus abou-
tissant au placenta. 11 démontra
l'existence des vaisseaux lymphati-
ques dans les oiseaux. L'anatomie
comparative étoil son étude favo-
rite ; il s'étoil formé une ménagerie
où il entrelenoil tous les animaux
qu'il pouvoil se procurer ; il étudioit
leurs habitudes et leurs mœurs, et
cberchoit à établir les principes de
l'économie animale sur la compa-
raison du même organe observé dans
des individus d'espèces différentes.
son esprit observateur cherchoit à
appliquer les conaoissauces qu'il
puisoit dans cette étude aux pro-
grès de la chirurgie ; il suivoil tou-
tes les grandes opérations , sappli-
quoit, lorsqu'elles n'avoient pas eu
le succès qu'on s'en éloil promis , à
en rpi;hercher les causes; c'est ainsi
qu'il en perfectionna quelques-unes,
ei particulièremenl celle de l'hydro-
cèle. Plii.sieurs sociétés savantes vou-
lurent le compter parmi leurs mem-
bres ; adopté en 1767 par la société
royale de Londres, il le fut suc-
cessivement par celle de Gothem-
bourg, par la société royale de mé-
decine et l'académie de chirurgie de
Paris , par la société philosophique
d'Amérique , el par le collège de
chirurgie d'Irlande. Il fut en même
HLINT
temps chirurgien du roi, de l'hô; i-
lai de Saint-George , chirurgien-
général de l'armée , et inspecieur-
général des- hôpitaux. Quelque*
contradictions quil éprouva dan*
une occasion où il voulut étotiHer
ou ses plaintes ou son ressentiment
furent immédiatement suivies de sa
mort subite au mois d'octobre 1793.
Hunier éloil d'une stature médiocre,
mais d'une forle complexion , d'une
activité exlrème , d'un lempéra-
meut ardent et impatient , d'une
l'ranchise qu'il porta quelquefois jus-
qu'à l'excès. 11 dormoi-t peu : ses
travaux, pénibles pour tout autre,
ne faliguoienl point sa robuste cons-
liluliou. 11 n'apprécioit l'argent que
comme un moyen de faciliter ses
études el ses recherches ; el touÉ
entier aux progrès de son art, iï
donna trop peu d'attention aux in-
térêts de sa propre famille. Indé-
pendamment (les nombreux mé-
moires de Hunier que renlerment
les Transactions philosophiques, on
a de lui , I. Natural histury of
thehumaa MÊ^, 1771 , in-4°,dout
la seconde p^^e parut en 1778 , et
qui a élé traduite en latin. 11. Un
Traité des maladies pénéiiennes ,
in-4° , 1786. 111. Ues Observations
sur certaines parties de l'êcono-
mie animale , in-4° , 1786. IV. Un
Traité sur les plaies d'armes à feu,
qui n'a paru qu'eu 1794 j après là
mort de l'auteur.
* IV. HUNTER ( Henri ) , doc-
teur écossais , desservant de l'église
presbytérienne de London-Wall , et
littérateur distingué , naquit à Cul-^
rossaucnnttéde Ferlh en 1741. Des-
tiné par sa famille à l'état ecclésias-
lique , il s'adonna dès son jeune
âge à la littérature sacrée, et de-
vint ensuite l'un des prédicateurs
les plus célèbres de l'Angleterre,
Ses Sermons , qu'il prêchoil dans la
manière de Blair et de Roberlson ,
attiroienl tous les Ecossais dislin-
HU]NT HURA
gués qui résidoient à Londres. Il
avoit traduit les Fiaginens pliysio-
nomiqiies de Lavater , et étoil mê-
me allé le voir à Zurich. Sa douleur
fut inexprimable dès qu'il eut ap-
pris que cet homme célebie éloit
devenu la victime delà guerre, et
il composa un Poe/ne eu sou hon-
neur. Le docteur Hunier enteudoit
fort bien les langues française et
allemande. Ou a de lui d'excellen-
tes Traductions d'Euler et de Ber-
nardiu de Saint-Pierre. II mourut
à Bristol- Wells vers la tin de 1802.
Hunier a publié , eu forme de
lettre à une dame, un Voyage en
France, enJUemagne, en Hongrie
et en Turquie. Dans ses lettres sur
la Turquie , il exprime beaucoup
de haine pour le despotisme et la
superstition, et dans celles écrites
de France , il pleure sur les ruines
de la mouarchie et des institutions
monastiques.
* I.HUNTINGTON(Seline, com-
tessede ) , seconde hlle de Washing-
ton Sbirley, comte de Ferrers , uée
en 1700, morte en 1791 , mariée
en 17 '21, ù Théophile, coin le de Hun-
tingdou , qui cul d'elle quatre hls
el trois lilles, fut une très -rigide
calviniste , el ne cessa jamais de
contribuer à la propagation de celte
doctrine. Une maladie dangereuse
tourna ses pensées vers les com-
templalions des méthodistes , el ,
pendant tout le temps qu'elle vécut
depuis , elle employa sa fortune à
entretenir des prédicateurs auibu-
lans , et à fonder des chapelles dans
les difi^reutes provinces.
* II. HUNTINGTON (Robert), sa-
vant ihéologieuauglais , né eu i636,
à Deerhufct , au comté de Glocester ,
s'adonna particulièrement à l'étude
des langues orieutales, elfut nommé
chapelain de la faciorerie anglaise à
Alep , où un séioiir de onze années
le mil à porlée de se procurer beau-
583
coup de manuscrits et de faire dif-
férentes excursions dans le Levant.
Il parcourut presque toute la Galilée^
ht un voyage à Samarie , à Jérusa-
lem, en Chypre et en Egypte , où il
rassembla nonibre de curiosités et
quaulité de manuscrits. A son re-
tour en Angleterre il en vendit ou
eu donna une grande partie à la
l)ibliothèque bodléieuue. Il mourut
peu de temps après avoir été sacré
évèque de Raphoe , en 1701 , âgé de
66 ans. On a de lui un Mémoire
sur /es colonnes de porphyre d'E-
gypte dans les Transactions philo-
sophiques , el quelques-unes de ses
Obsejpations dans la collection de
Voyages curieux donnée par J. Ray,
en 2 vol. in-8°.
III. HUNTINGTON. V. Henri
DE HuNTlNGTON , n° XXIX.
* HUNTORST (Gérard), l'un
des meilleurs peintres de l'école hol-
laudaise du temps où il vécut, na-
quit à Ulrecht en 1592. Il fut dis-
ciple de Bloemaerl el étudia à Rome
où il se ht distinguer par ses ta-
bleauxde nuits. Ue retouràUtrecht,
il s'adonna à la peinture de l'his-
toire , et eut un grand nombre d'é-
levés anversois. Charles 1*"^ le ht
venir en Angleterre , où il exécuta
de grands ouvrages. On ignore le
temps où il mourut.
t HUR, fds de Caleb, petit-fils
d'Esron , époux de Marie , sœur
de IMoyse , si l'on en croit Josèphe.
Lorsque Moyse envoya Josué com-
battre contre les Amaléciies , il mon-
ta sur la montagne avec Aaron et
Hur. Pendant qurlélevoil les mains,
priant le Seigneur , Aaron et Hur
lui soutinrent les bras , craignant
que, s'ils relomboient , Dieu ces-
sât d'être favorable aux Israélites.
I. HURAULT. roy. Hospital ,
n° II.
l-ll. HURAULT (Philippe), comte
584 HURE
/de Chiverny , conseiller an parle-
ment de Paris , eiisuile maître des
requêtes de l'hôtel , parvint aux
emplois les plus considérables en
épousant une tille du président de
Thon. Ce magistral lui céda la charge
de chancelier du duc d'Anjou , qui ,
étant monté sur le trône de France
sous le nom de Henri III , le nomma
. garde des sceaux en i.îyS. Ses liai-
sons avec les ligueui's le Hrenl dis-
gracier dix ans après: mais Kenri IV
le rappela. Ce ministre mourut le
29 juillet 1599 , à 7:2 ans, avec la
réputation d'un courtisan adroit et
d'un homme vain. Le litre de comte
le llatloit plus que celui de chance-
lier. Ha laissé des Mémoires, con-
nus sous le nom de Mémoires d'é-
tat de Chiverny, où Ion trouve
bien peu de particularités curieuses.
La meilleure édition est celle de
i6ari, iu-4°. On lit dans le même
volume des Instructions politiques
et morales , qui sont plus estimées
que les Mémoires. On y trouve aussi
!a Généalogie de sa famille. Hn-
rauil ne laissa qu'un fils, mort sans
postérité en 164s. Mais il existe des
branches collatérales de sa famille.
III. HURAULT (Philippe ) , delà
même famille que le précédent, de-
venu évèque de Chartres , acheta
des héritiers de Brèves , ambassadeur
à Constantinople , une riche biblio-
thèque , qui a passé à celle du roi
sous le règne de Louis XUI. Elle
renfermoit quatre cent dix-huit vo-
lumes , et cent dix manuscrits sy-
riaques, arabes, turcs et persans,
avec les matrices des caractères de
ces diverses langues.
i HURE ( Charles) , d'abord pro-
fesseur d'humanités dans l'université
de Paris , ensuite principal dq col-
lège de Boncourl , né à Chainpi-
gny-sur- Yonne en iIîTiq, et mort
à Paris le 17 novembre 1717, s"('-
toit proposé de ne rien ignorer
HURT
de ce qui peut faire l'objet des con-
noissauces théologiques, et cultiva
les langues orientales avec succès.
Il avoil puisé auprès des solitaires
de Port-Royal le goût des lettres
et de la piété. Nous avons de lui " I.
Un Dictionnaire de la Bible , en 2
vol. in-l"ol. , 1715 , beaucoup moins
parfait et moins étendu que celui du
savant dom Calmet. II. Une édi-
tion latine dvi nouveau Testament ,
avec de courtes notes estimées , en
•2 vol. in-12. III. La traduction
française du nouveau Testament ,
et de ses notes latines augmentées ,
Paris, 1702, quatre vol. in -12.
Cette traduction est celle de Mous
un peu retouchée. IV. Grammaiie
sacrée , ou Règles pour entendre le
sens littéral de l'EcriHire sainte ,
Paris, I707,iu-i2. Huré étoit un
Quesnel un peu mitigé , suivant
l'auteur du Dictionnaire des livres
jansénistes.
t HURET ( Grégoire ) , dessina-
teur et graveur , né à Lyon en 1 fi 1 o,
mort à Paris en 1670 , acquit de la
réputation dans son art, et publia
quelques Ecrits polémiques contre
Sallo , auteur du Journal des Sa-
vans. On estime le Théâtre de la.
Passion, en 02 tableaux, dessiiiés
et gravés par cet artiste , Paris ,
1664 , in-fol.
I. HURTADO (Thomas), célè-
bre théologien de Tolède , enseigna
à Rome, à Alcala et à Salamanqn ;,
avec beaucoup de réputation , et
mourut en i65g. On a de lui une
Philosophie selon la doctrine ds
S. Thomas , production très-mau-
vaise. On fait plus de cas de ses
llésolutiones orthodoxo-morales ,
Coloniœ , i653 , in-rol. Il est en-
core auteur d'un traité De unico
martyrio , contre celui De marty-
jio pet; pestent , du jésuite Théo-
pliile Raynaud , qui lui répondit
d uu^' manière \ ictorieuse.
HUS
II. HURTADO. Voy. Mendoza,
n° UI.
HURTRELtE ( Simon ) , sculp-
teur , ne à Kéllunie , mort à Ge-
nevilliers près de Paris, en 17^4?
à 74 ans, orna les jiirdius de Ver-
sailles de ses ouvrages.
t HUS (Jean ), naquit à tlus ,
petit bourg de Bohème. Ses lalens
le tirèrent de l'obscurité dans la-
quelle il ëtoit né ; il devint recteur
cle l'université de Prague , et conl'es-
seur de Sophie de liavière , épouse
de Venceslas, roi de Bohème , sur
laquçUe il eut beaucoup d'ascendant.
L'hérésiarque Wiclef avoit depuis
peu débité ses opinions ; Jean Hus
ad opta une partie de celles qui éloient
dël'avorables à l'Eglise romaine. Il
n'attaqua d'abord , ni le pouvoir
qu'elle donne aux prêtres d'absou-
dre , ni la nécessité du sacrement de
pénitence, ni même le dogme des
indulgences, mais il en condamna
l'abus; il croyoil qu'on l'explîquoil
mal aux tidèles , el qu'ils comptoient
trop sur ces indulgences ; il cioyoit ,
par exemple , qu'on ne pou voit ac-
corder des indulgences pour une
contribution aux croisades. Il pré-
tendit qu'on n'abusoil pas. moins du
pouvoir de pardonner, et que le pape
excomraunioit pour des causes trop
•légères, pour ses intérêts personnels.
Il soutint qu'une pareille excomnui-
nicatiou ne séparoil point les tideles
du corps de l'Eglise, et que, puisque le
papepouvoit abuser de son pouvoir,
iorsqu il intligeoit des peines , c'é-
toit aux fidèles à voir el à juger si
l'excommunication étoit juste ou in-
juste, et que, s'ils voyoient claire-
ment qu'elle étoit injuste , ils ne dé-
voient point la craindre. Ce principe
porloit un coup mortel à l'asitorité
des papes et à celle du clergé; au-
torité que Jean IIus regardoit comme
•111 obstacle invi)!cib!o à la réiorme
qu'il souhaitoil de voir établir. Il
HUS
585
tourna donc tous ses efforts vers cet
objet, et, pour rassurer li'S conscien-
ces contre la ci'biiile de i excommu-
nication, il entreprit de faire voir
que l'excommunication injuste ne
séparoit , en effet , personne de l'E-
glise. C'est ce qu'il se proposa d'éta-
i)lir dans son traité (Je TEgiise. «La
base de ce traité, c'est que l'Eglise
est un corps mjslique , dont Jésus-
Christ est le chef, et dont les justes
el les prédestinés sont les membres :
comme aucun des prédestinés ne
peut périr , aucun des membres de
l'Eglise n'en peut être séparé par
aucune puissance ; ainsi l'excommu-
nication ne peu l'exclure du salut
éternel. Les réprouvés n'appartien-
nent point à celle Eglise^; ils n'en
sont point de vrais membres : ils
sont dans le corps de l'Eglise , parce
qu'ils participent à son culte et à ses
sacremens ; mais ils ne sont pas pour
cela du corps de l'Eglise, comme les
humeurs vicieuses sont dans le corps
humain, et ne sont point des parties
du corps humain. Le pape et les car-
dinaux composent donc le corps de
l'Eglise, el le pape n'en est point le
chef. Cependant le pape et les évè-
ques, qui sont les successeurs des
apôtres dans -Ifeniinistère , ont le
pouvoir de liel^de délier : mais ce
pouvoir n est , selon Jean Hus, qu'un
pouvoir ministériel , qui ne lie point
par lui-même :car le pouvoir de lier
n'a point plus d'étendue que le pou-
voir de délier ; et il est certain que
le pouvoir de délier îi'est dans les
évèques el dans les prêtres qu'un
pouvoir ministériel, el que c'est J. C.
qui iélieen effet , puisque, pour jus-
tifier un pécheur , il laut une puis-
sance iniiuie qui n'appartient qu'à
Dieu : de là Jean Hus conclut que
la contrition suffît pour la rémis-
sion des péchés, et que l'absolution
ne remet pas nos péchés , mais les
déclare remis. Le pape el les évê-
qner. abus'Jit, selon Jean Hus, de ce
poiivcir purement mniislvriel ; l'E-
m
HUS
glise ne subsisteroil pas moins, sui-
vant lui, quand il n'y auroit ni pape,
ni cardinaux. I-es rhréliens ont uy us
l'Ecriture un guide sûr pour se con-
duire : il ne faut pourtant pas croire
que les évèques n'aient aucun droit
à robéissaucedes fidèles ; sans doute,
ies fidèles doivent leur obéir ; mais
cette obéissance ne doit i)as s'ëlt^a-
dre jusqu'aux ordres manifestement
injustes, et contraires à l'Ecriture ;
lar l'obéissance que les fidèles doi-
vent est une obéissance raisonnable.
Tous ces sujets sont traités avec
assez d ordre et de méthode par Jean
Hus : on y trouve des inveciives
grossières ; c'étoit'le ton du siècle ;
et les livres de Jean iïus ont servi
de réperloire aux réformateurs qui
l'ont suivi.» (Pluquet, Dictionnaire
des hérésies. ) On dénonça ces opi-
nions an pape Jean XXllI , et on
cita l'auteur à comparoitre vers l'an
J|ii. Il ne comparut point. On
assembla cependant le concile de
Constance. L'empereur Sigismond ,
frère de Venceslas , roi de Boliêine ,
l'engagea à aller se défendre dans
ce concile. L'hérésiarque bohémien
y vint eu 1414 avec toute la con-
fiance d'un homme qui croyoit n'a-
voir rien à se reuBgEher. Uès qu'il
fut arrivé , les PèB^ l'entendirent.
Après lui avoir fait la lecture de
vingt-six arlicles tirés de son ou-
vrage sur l'Eglise, le cardinal de
Cambrai lui dit : « Vous voyez de
combien de crimes atroces vous êtes
accusé ! c'est à vous de bien exa-
miner ce que vous devez faire. Vous
avez à choisir entre deux partis : ou
de vous soumettre humblement à
la sentence et au jugement du con-
cile , ou de vous résoudre à subir
la peine que mérite votre obstina-
lion. Répondez. — Jean Hus répon-
dit : «Je suis prêt à recevoir di» con-
cile toutes les lumières qu'il voudra
bien tue donner ; mais je vous con-
jure , au nom de Dieu, notre père
commun , de ne \m<% nie forcer a
HUS
blesser ma conscience, et à mcllre
en danger mon salut éternel : je le
ferois en abjurant les articles qu'on
vient de me proposer. Si quelqu'un
m'enseigne quelque chose de meil-
leur, |e suis prêt à faire sincèrement
ce qu'on exigera de moi. Quant aux
articles qu'où m'impute, je ne dois
m ne puis les abjurer , sans donner
à entendre que j'en suis l'auteur. —
Mais , répliqua l'empereur , quelle
répugnance trouvez-vous à renoncer
aux articles qui vous sont attribués?
Pour moi , je suis dans la disposi-
tion d'abjurer toute sorte d'erreurs ,
s'eusuit-il de là que je les aie dé-
fendues ? » On le reconduisit en
prison. L'empereur , les princes ,les
prélats , eurent beau lui demander
une rétractation : caresses , mena-
ces , exconiiminication , chàtimens ,
rien ne put l'engager à se soumet-
Ire. Il fut enfin condamné dans la
la*^ session à être dégradé et ses
livres à être brûlés. Après la céré-
monie de la dégradation, ou mit
sur ^a tète une milre de papier ,
haute d'une coudée, en forme py-
ramidale, sur laquelle on avoil peint
trois diables, avec celle inscription :
Jj'HÉrÉsiarque. Dès ce moment ,
l'Eglise se dessaisit de lui et le livra
au bias séculier. Le magistrat de
Ccustance , à qui l'empereur l'avoit
rainis, le condamna au feu en i/\ib.
!,es valets de ville se saisirent aus-
sitôt de lui ; et, après l'avoir fait
passer devant le palais épiscopal
pour voir brûler ses livres, ils le
conduisirent au lieu du supplice. Sa
fermeté l'y suivit ; il crioit au peu-
ple que «s'il éloit condamné, ce
n'étoit pas pour ses erreurs , mais
par l'injustice de ses ennemis. »
Entiu , après qu'on l'eut attaché, au
poteau , et qu'on eut préparé le bois,
l'électeur palatin et le maréchal de
l'empire l'exhorioient encore à se
rétracter : il persista ; et l'électeur
s'étaut retiré, on alluma le feu. Ses
cendres furent soianeusemeul ra-
ÎTtS
masses fél on les jeta cb"il!f le Rhin ,
de peur q\ie ses seciale\irs ue \eè
recueiUisseut pour en faire des reli-
ques. iEtieas Sylvius dil cpie les
liussiles raclèrent la lerre dans l'en-
droit où leur mailre avoit été. brûlé ,
et qu'ils emportèrent celte poussière
à Prague. Cet auteur ajoute que
jamais les sages de l'antiquité ne
souffrirent la mort avec plus de cons-
tance. Jean Hus laissa des Commen-
taires %wx divers morceaux dt- \\L-
Crilure s&inle, et plusieurs Traités
Hogniatiques et moraux, doul quel-
ques-uns furent écrits pendant sa
prison. lya conduite du concile à l'é-
gard de ce sectaire , muni d'un sauf-
Conduit de l'empereur, fil beaucoup
murmurer dans le temps. Bien des
gens en sont encore étonnés aujour-
d'hui ; mais il faut faire allenlion ,
1° Que ce sauf-conduit ne lui avoit
été donne que pour venir se justifier
an concile : il n'y a donc poiut d ap-
parence que rinlentiou de Siois-
mond ait été de prendre Jean Hus
sous sa |)rolection en cas qu'il lui
condamné par le concile. 2° Le
sauf-conduit ne dit point que l'on
ne pourra arrêter Jean [fus , quelque
jugement que le concile porte sursa
doctrine et sur sa personne ; il n'est
donné que pour la roule, depuis
Prague jusqu'à Constance , dans la-
quelle il éloit difficile de voyager ,
sur-tout pour Jean Hus , qui avoit
un grand nombre d'ennemis en Al-
lemagne , depuis qu'il avoil fait oler
aux Allemands les privilèges dont
ils jouissoient dans l'uni\er>ité de
Prague , de laquelle tous les Alle-
mands s'étoieni retirés, o" Jean tins
lui même ne croyoit point qut; le
sauf- conduit qu'il avoit demandi-
cl obtenu lui assurât l'impunité
de sa résistauee au concile , qui^l
qu'en fût le jugement ; on le voit
par les ieltres qu il écrit avant de
partir pour Prague. 11 dil dans une
d'elles « qu'il s'attend à trouver
dans le concile plus d'ennemis que
HUS
587
Jésns-Christ n'en trouva dans Jéru-
salem. » Dans celle même lettre il
demande à ses amis le secours de
leurs prières , afin que , s'il est con-
damné, il glorifie Dieu par une fia
(hréticune. Il y parle de .'■on retour
comme d'une chose fort incertaine.
Est-ce là le langage d'un homme qui
croit atoir un sauf-conduit capable
de le mettre à tabri des suites du
|ugement ùv concile? On remar-
quera que le concile condamna les
propositions de Jean Dus, sans les
qualifier chacune en particulier. U
se borna à condamner sa docti ine^t
à dégrader sa personne , en l'aban-
donnant au bras séculier qui le con-
damna à la mort sans aucune autre
forme, te qui ne sanroit être équi-
lablement imputé au concile. ( f^oj.
Broonx. ) Ceci est d'autant plus ui~
cessaire à observer , que différensi
écrivains ont dit que, malgré le sauf-
conduit de l'enipereur , les pères du
concile avoient inhumainement et
prodiioirement fait périr ce malheu-
reux ; ce qui est démontré faux par
les actes mêmes du concile qui , après
avoir condamné les écrits de Hus ,
abandonne sa personne au bras sé-
culier , déclarant «n'avoir plus rien
à faire à son égard. » C'est la pre-
mière et l'unique fois qu'un concile
général ait suivicette mélhode;mais
on crut devoir en user ainsi , parce
qti'il s'agissoil de propositions nia—
nilestfment contraires à la doctrine
(aiholif|ue. Des cendres de cet hé-
résiarque sortit une guerre civile.
Ses Sectateurs, au nombre de qua-
rante mille, remplirent la Bohême
de sang et de carnage. Tous les prê-
tres qu'ils rencontroieut payoientde
leur tète la barbarie des magistrats
de Constance. L'édition des Ouvra-
ges de cet hérésiarque , faite à Nu-
remberg , en 2 vol. in-folio, i.t3S,
redonnée en 17 i5 , et qui comprend
sa Vie et celle de Jérôme de Prague,
est recherchée par ceux qui s'inté-
resstul à leur hiémoire.
588
HUSZ
HUSSEIN, favori d'Ibrahim, em-
pereur des Tnics, avoil été berger.
Comme il faisoil jiailre sou troupeau
près de la prison de ce prince, il l'a-
voit diverti par ses chansons rusti-
ques , et par les a rs qu'il jouoit sur
son tlageolel. Ibruhiin ne Tut pas
plutôt sorti de son cachot et monté
sur le troue, qu'il lit Hussein son
confident. Ce làvori abusa des la-
veurs de son prince , et Ht même
étrangler le grand-visir IMëhémet.
Celte barbarie lui attira la haine du
peuple , qui le mil eu pièces lan
1648.
^HUSTACHE, poète français,
naquit à Amiens en 1 200 ; la licence
et reujouemeut caractérisent la plu-
pari de ses j/oésies. On estime son
Fabliau du houchtr d' Jlbbevitle.
Boccace n'a fait que répéter Husta-
' che d'Amiens dans plusieurs de ses
nouvelles. Celle du 3Iari jalui/x qui
cuiijesse sa J'em/ne , est dç l'inven-
tion de cet auteur.
t HUSZTI ( André ) fut long-
temps professeur de belles-lettres à
Coloswar ou Clausinbourg en'lVan-.
silvanie; mais ayant été cité par le
synode de la confession helvétique,
à cause de sa mauvaise coiuiuile, t-t
n'ayant point comparu , il fut privé
de son emploi et excommunié parce
synode l'an 17/42. iiuszti mena pen-
dant quelque temps une vie errante,
et embrassa la religion catholique;
ce qui lui procura un emi)l'Ji hono-
rable à Alba-Ju'ia, aujourd luii
Carisbourg. Il continua à vivre daiis
la crapule : on le chassa , et il erra
de nouveau jusqu'à sa mort, arri-
vée l'an 17.');). On a de lui , I. .///-
rispritdentia- lluiigavico- TransiL-
vaiiiia ^ Hermanstadt, 17/12, in-4",
très estimé. 11. Dacia vêtus et iioua.
C'est une histoire de la Transi! va-
nie, appuyée sur des monuinens peu
authentiques. 111. Cuuinieittaril de
relus Ihtnnoruni. Ces dtux dtr-
HUTC
niers ouvrages sont manuscrits. Le
P. Pray , savant jésuite, fait un
grand éloge de ces Commetilaiies ,
et dit en avoir beaucoup prohlé pour
ses yl anales Hunnorum.
i- HUTÇHESON (François), ori-
ginaire d'Ecosse , né en i6g4 dans le
nord de l'Irlande, appelé en 1729
à Glascow pour y professer la phi-
losophie, y mourut eu 1747- Ou a
de lui , I. Un Système de philoso-
phie 7norals , publié après sa mort
à Glascow, en 1760, iu-4°,. par
François HuTCHESON, son hls , doc-
teur euniédecine, et traduit en fran-
çais par Eidous,' Lyon, 1770, av.
in-12. II. llecherches sur les idées
de la Beauté et de la Verlu^ Ams-
terdam , 1749 , 2 V. in-12, traduites
en français par le mêmeEidous. Hul-
cheson établit dans cet ouvrage le
sens moral par lequel nous distin-
guons le bien du mal. III. Essai
sur la nature et sur la conduite des
passions et des afjéctions , auec des
éclaircissemens sur le sens moral ,
1728. Cet ouvrage soutint la répu-
tation de l'auteur , qui avoit du ta-
lent pour la métaphysique.
*HUTCHINS (Jean), ecclésiasli-
qu ■ anglais , naquit en iGgSjdansle
comté de Uorset , dont il s'est ap-
pliijué à écrire l'histoire sous le titre
suivant: T/ie History and ylntic/ui'
lies ofthe county of Dojset , com-
piled from tlie lest and most an-
cient historians , London , 1774,
2 vol. in-fol. Cet ouvrage, rédigé
avec beaucoup de soin , et donné
par souscription , doubla de prix
aussitôt qu'il fui publié. Hulchins
mourut en juin 1770.
I- I. HUTClllNSON (Jean),
considéré coinme le fondateur d'une
secte qui compte aujourd hui peu
de personnes encore adhérentes à
ses opinions , naquit peu favorisé
de la fortune , à Spennyllion ,
daiiï le comté d'Ycrck, eu 1674. li
HUTC
s'appliqua daus le principe à la mi-
néralogie , el rassembla dans ses
vojagi^h eu Augleteire et daiis It-
pays tle Galles , une riche colleclion
de nunéraiix et de fossiles , qu'il
confia an docteur Woodward pour
la décrire, et pnljlier en même leni|)s
les ohser valions qu'il y a voit jointes.
.Woodward lui apparemment dépo-
sitaire intideie, car Hutcliinson lac
cuse de lui avoir dérobé jusqu'au
mérile d'avoir recueilli la collection;
el cet incident les brouilla jiour tou-
jours. En 1724 il i>ubl.a la première
partie de son ouvrage, iulitiilé les
Frinci es de Mo^ se , dont il donna
successivemenl lonles les années v\\ï
vol., etdont la colleclio'i a élé don-
née, en 17^8, en 1.2 vol. in-8".Dans
son début il allarpia avec beaucoup
d'aigreur la Théurie de la terre, de
Woodward ,el l'auleur hiinn-nie. l.e
but de son ouvrage el de sa tloclrine,
est d établir que toutes Its connois-
sauces natni-elles , et celles qui tien-
nent au spirituel sont n-nfermées
dans l'Écriture sain te elipi 'il ne lai loi t
point chercher ailleurs leur origine
Il s'appuye sur les étymologies les
plus singulières et Ifs plus hasardées,
el prétend que chaque racine hé-
braïque présente \u\ sens spirituel.
Lair de mystère, la tournure ca-
balistique qu'il doiinoil à l'expli-
cation de ses principes, el sou ton
dogmatique, produisirent une telle
})révenlion contre lui , que tous ceux
.qu'on suspectoit imlius de tes opi-
nions ne pouvoient parvenir à au-
cun avancement. Ou attribue à Hut-
cliinson l'invention d'une horloge
■marine pour découvrir la longitude
eu mer, qui eut l'approbation de
Newton, et dont Whisiou parle avec
éloge. Ou ne peut contester à Hul-
chinsoti des lalens et des counois-
sances, mais, à beaucoup d'égards, ce
fut nu homme singulier , violent et
haineux, auquel ou a reprochéd'avoir
peu de jugement. U mourut eu 1757,
âgé de G 3 ans.
HUTT 58()
*II. HUTClilNSJN(JeanHEi.Y),
jurisconsulte el homme d'état , né
eu 1715, mon en 1794- Son acli-
V ilé el son talent lui ménlereul à
la lois les placesde premier a\ ocai du
roi , de secrétaire d'état , et de prévôt
du collège de la Triuité à Dublin,
sans coiupler plusieurs autres em-
plois lucratifs. Son auibitiou étoit
SI déiiiCburée, que le lord Norlh di-
soit de lui : <( On donueroil à cet
homme l'Angleterre et l Irlande,
qu'il demandirroil encore 1 île de
\lau pour se faire un jardin potager.»
Quoique celte ri'pulaiion lui fil tort,
ou reiidoit justice à son éloqueuce et
à ses grands lalens.
HUTINOT ( T.onis ) , sculpteur
de Paris , mort en 1679 , âgé de 5o
ans. Cet artiste avoil du talent ;
triais il vint dans un siècle trop
fécond eu grands hommes pour y
être distingué. Il y a de lui dans les
jardins de Versailles ««e/Z^w/'e re-
préseulau^Céres.
1 1., HUTTEN ( Ulric de ), poëte
latin , né dans le château de Stec-
kelberg le 2 avril i.|88 , servit en
Italie dans l'armée de l'empereur
Maximilien , qui lui conféra la cou-
ronne poétique. L'impétuosité de
son caractère lui ^\\. des ennemis
presque par-tout. Il mourut le 29
août 1Ô25, daus la ma f sou du pré-
dicateur Schegg , située sur l'ile
Diifaau , au milieu du lac de Zurich,
après avoir mené une vie inquiète
el agitée. Il jniblia , le premier, eu
lôiW, deux livres de Tile - Live ,
qui u'avoieul point encore vu»le
jour. Il a aussi travaillé aux Epis-
lolœ ohscuroritni virorurn. ( Koy.
Gkatius, n° il. ) Ou a encore de lui,
1. De Cuaiaci medicinu , Alayence ,
lôig, in-4° , réimprimé dans le
recueil des Traités de la maladie
vénérienne , Leyde , 1728 , a vol.
iu-fol. L'auleur , daus son épitre
dédicaloire, avoue qu'il a eu long-
5go
HUTT
t':imps à souffrir de cette maladie,
il. I)os Fofs/.cs qui panixeiit à Franc-
fort CQ ifioi), lu-i^. 111. D'js Ecrits
contre le duc de Witletiiberg , irts-
ïares , et imprimes à Sleckelbërg ,
i5i9, iu-.(°. llo roulent sur l'asbas-
sinal ci/b sou cousin Jean Hutten,
graud-niaréchal de sa cour , dont la
femme éloil aimée du duc. Ou a
de Ini deux autres Pièces en vers
sur celle mort , publiées dans les
f^itcesiimmoru/n virorum, Cologne,
1735 , in-4^. Celle nièu)e amice , il
découvrit PJine, QuiiUilien, Mar-
cellin^ et un Irailé de veiiiale Eocle-
siœ coiiservamlâ , el sc/iismaie iii-
terHenrtcumlP^etGregui'ium f^Il,
qu'il publia à Mayence en 1620. li
écrivit aussi une Chronique de la
conduite que les papes avoieul tenue
envers les empereurs dans tous les
siècles, et fil iuiprimerlamèmeaunée
un traité de sc/iismatc exùiiguendo
et verâ iibeilnte ecclesiaslicâ adse-
rendâ, qu'il trouva à Boppard dans
l'archevêché de Trêves. Vjj^rsle même
temps , il se déclara ouvetlemcul
pour Luther, el le pape l'ayaul en-
veloppé dans la bulle qu'il ht .contre
ce sectaire , il aposiilla celte bulle de
remarques injurieuses qu'il ht im-
prinier avec sa plainte enverslaliiis,
sur ce que les livres de Luther a voient
été brûlés à Mayence. IV. Des Uia-
logites en latin sur la religion ca-
tholique romaine parurent d'a-
bord à Paris en loig , in 4° > ensuite
à Mayence, 1620, in -4°; 'Is sont
au nombre des livres rares. Après
avoir long-temps balancé, il se dé-
clara entieremenl pour celle secte.
On peut voir sa Vie par Burchard ,
Wolfembute! , 1717, m-ia, et un
article curien.K .sur le tome 1.5'' des
Mémoires de Nicérou. Un genlil-
lionime de Francouie lui consacra
l'épitaphe suivante :
llic ptiues flutatus jacct , oralorque diseiim ,
MiUteous vatei rarniine et mnepotens.
•; II. IIU TTEN ( Jacob ) , enlhou-
HLTT
siiistp silésien du 1 6*^ siècle, disci'r
pie de 8torck , el , après lui , l'un
des chefs fies anabaptistes , acheta
dans la .Moravie un terrain assef,
étendu dans un canton ferlile
mais inculle, e.i , après avoir ras»-
semblé des frères, il leur proposa
un symbole et des lois. Ce syndjola
l)orioit , dit l'abbé Pluqutl , 1^
« que Dieu, dans ions les siècles,
s'éloit ciioisi une nation sainte, dé^
positaire du vrai culle, el ce peuple
cïvàïi éloit sans donle celui que
liiîUen avoit réuni eu Moravie; a**
qu'il faut regarder comme iinpiea
toutes las soeiétés qui m melteut
pas leurs biens eu comiuiin, qu'on
ne peut pas eire rche eu parlicu-
lier , el chrétien tout ensemble ; .V*
que Jésus -.Christ n'est pas Dieu ,
mais prophète ; 4** que des cliré-
liens ne doivent pas recounoilre
d'autres magislrals que les pasteurs
ecclésiastiqutîs ; .5" que toutes les
marques extérieures de religion
sont coutraires a la pureté du chris-
tianisme , dont le culte doit être
lians j« cœur, el qu'on ne doil pas
conserver d'images , puisque Dieu
l'a défendu ; 6" que tous ceux qui
ne sont pas rebaptisés, soûl de vé-
ritables mhdeles , et que les ma-
riages contractés avi.nl la nouvelle
régénération , sont amidés par l'en-
gagement que Ion i)rend avec Jé-
sus-Christ ; 7° que le baptême n'elfa-
çoit pas le péché originel , m ue
couléroit la grâce , qu'il u'étoit
qu'un signe par lequel tout chrélien
se livroit à l'Eglise ; 8° que la messe
est une invention de Satan , le pur-
gatoire une rêverie, el l'iuvocalian
des saints une injure faite à Dieu ;
que le corps de Jésus- Christ n'est
pas réellement présent dans l'Eu-
charislie. » Lea /'rc/cs de Moravie ,
car c'est ainsi qu'ils s'appeloienl ,
n'accordoienl le baptême qu'aux
adultes. Us recevoienl la cène deux
fois l'année. C'étoit presque leur
seul exercice de relision. Ils s'as-
HUTT
f.«;ral'loient cepemlant tous les mer-
credis el tous les «liuiaïuhes dans
des maisons particulières , pour eu-
lendre de mauvais discours prêches
sans ordre et sans préparation. Ils
habitoient toujours la campagne ,
cl exploitoieul les terres des gen-
lilshomiues , qui les prenoieal de
préiërence pour leurs fermiers, jia-rce
qu'ils ëloienlexcelleus travailleurs et
pleins de probité. Lorsqu'une colonie
s'ëloit chargée de faire \aloir un
domaine, elle vivoit eu commun ,
ne souffrant dans son sein aucun
homuie oisif. Dès le matin , après
«ne prière que chacun faisoit en se-
cret , les uns se répandoient à la
campagne j*«ur la cultiver , d'autres
exerçoient dans des ateliers les mé-
tiers qu'on leur avoit appris. Per-
sonne ii'étoit exempt du travail.
Tous les travaux se faisoienl eu
silence. C'étoit un crime de le rom-
pre au réfectoire. Avant de toucher
aux viandes , chaque l'rere prioil en
secret, etdemeuroil près d'un quart
d heure les mains jointes sur la bou-
che, daiis une espèce d'extase. On
aie sortoit point de table qu'on n eût
prié en secret un quart d heure.
Après le repas, chacun reprenoit
son travail. Le j-ilence étoit observé
rigoureuseuifnt aux écoles parmi
les enlans. Ou les auroit pris pour
des statues qui avoieut la même
p:irure ; car tous les frères et toutes
les sœurs avoient des habits de la
même étoffe et taillés sur le même
modèle. Les mariages néloienl
point l'ouvrage de la passion ou
de l'intérêt. Le supérieur leuoil un
registre des jeunes personnes des
deux sexes qui éloienl à marier : le
plus âgé des garçons étoit donné à
tour de rôle pour mari à la plus
iîgée des liiles. Celle des deux par-
lies qui refusoit de s'allier avec
l'autre passoit au dernier rang de
ceux qui dévoient être mariés ; alors
on atleudoit que le hasard assortit
tes peisouucs. Le jour des noces
HUTT
5tji
étoit célébré avec peu d'appareil ;
seulement l'économe commun aug-
mentoit de quelques mets le repas
des nouveaux époux , et ce seul
jour-là étoit pour eux un jour de
fête. On les exemptoit de tiavail.
Alors ou leur assignoit um: hutte
séjjarée dans l'enclos , à condition
que la femme se trouveroil tous les
jours à son poste dans la salle de.ç
travaux , et que le uiaii se Iraus-
porteroit à l'ordiuaire à la campa-
gne <5U dans son atelier , pour s'ac-
quitter de ses emplois. Le vice n'a-
voit point corrompu ces sociétés;
ou n'y voyoit aucune trace des dé-
réglemeus qu'on reprochoii aux
autres anabaptistes. Cependant ils
furent persécutés. L'empereur Fer-
dinand envoya des soldats pour les
cha-^ser de leur désert. Hulteu
donna lieu h cette persécution par
ses déclamations contre les magis-
trats, et par la manie qu'il avoit
d'établir une parfaite égalité parmi
les hommes. Ou prétend qu'il fut^
brûlé à Inspruck; mais ce fait est
contesté. Quoi qu'il en soit , après
sa mort, le luxe s introduisit parmi
ses disciples, el y attira tous les
vices.
I. HUTTERUS (Elie) , théologien
protestant , né à Ulm vers Tannée
ifiô^ , et mort à Nuremberg vers
I 6oa, consacra ses jours à l'étude des
langues,etparvinlaa[)preudre toutes
celles de l'occident el de l'oi ienl. Les
fruits de celle étude furent les ou-
vrages suivans : 1. Une édition de la
Bible en hébreu , intitulée f^ia
saiicta, sive Biblia sacra hebrœa
l'etcris Testamenù , Hambourg ,
i.'i87el i588, 2 vol. in-fol. , re-
marquable par le psaume 117 ,
qui se trouve à la fin en trente lan-
gue» difl'érentes ; elle l'est eucore eu
ce que les lettres radicales sont ini-
jirimées en caractères uoirset pleins,
les serviles en caractères creux et
pleins, el les quiescentes el défi-
Bq'X
HUYG
cienles en pelils caraclèies eu-tles-
sus de la ligiie. Celle méthode fui
approuvée des uns el blaniéedes au-
tres. II. Deux Voljgluttes. La pre-
mière , en quatre langues, parut à
Hambourg eu lôgG^^^, vol. in-tol.
La secoude , qui parut à Nurem-
l)8rg en iSgg, comprend l'hébreu,
le chaldéen , le grée , le latin el
l'allemand de la version de Luther.
On y trouve encore ou le scia von
ou le français , ou l'italien , ou le
saxon, suivant que les exemplaires
Oiit été destinés particulièrement à
ces diverses nations; mais il n'y a
d'imprimé en ces quatre dernières
langues que le Pentateuque , les li-
vres de Josué ,' des Juges el de Rulh.
Ces Polyglottes sont aujourd'hui
presque oubliées. Les savans n'y ont
pas trouvé assez de clioix pour les
versions, etd'éditeur a corrigé trop
hardiment le travail des autres. 111.
Un nouveau Teslafiient , en douze
langues, Nuremberg, ir)99, 2 vol.
iii-iol. ou, 4 vol, in-4'^.
t IL HUTTERUS ( Léonard ) ,
savant théologien protestant , né à
Ulm , en i5r)5, étoit professeur de
théologie à WiUembeig , el recteur
de l'université de celle ville , où il
mourut en 16 j G. Il a laissé beaucoup
d'ouvrages, dont les principaux sont,
I. Beaucoup A' Ecrits de controverse
contre des ouvrages en faveur du
papisme. 11. Cuncordia coucors, sive
(/e origine et progressu formule
concordiœ eccleaiarum ^■lugustanœ
cuuj'essiunis , in-fol. C'est ce dernier
ouvrage qui a lait sa célébrité.
*l.HUYG[JENS(Constanlin)Iord
de Zuylichem,)u^à i>a Hayeen 1.^196,
mort vers le milieu du 17*^ siècle,
père du suivant, étoit secrétaire du
prince d'Orange, et président (Xw
conseil. Il est connu ])ar j/| volumes
de poésies latines, sous le titre de
Monienta tlesulforia , La Haye ,
i655 : c'eit un recueil fort peu
HUYG
estimé déijigrammes et d'œuvres
mêlées toutes en vers.
t II. HUYGHENS (Christian),
célèbre mécanicien , né à La Haye
eu 16 29, donna, à l'âge de i 3 ans ,
des indices de ce génie profond qui
de voit le guider dans les recherches
les plus abstraites; dès neuf ans , il
savoit l'arithmétique, la géographie,
la musique, le latin et ie grec. En-
voyé à liCydepour étudier le droit,
il y trouva Schooten , commenta-
teur de Descaries, qui i'orlilia son
goût pour les nialhénialiques , et
lui aplanit les voies de la haute
géoméirie. Huyghens ne larda pas
à se distinguer par des découvertes
importantes. Il parcourut le Daue-
rnarck, l'Aliemague et l'Angleterre ,
où la société royale de Londres l'ad-
mit au nombre de ses membres.
Enhn il vint en France. Sa répu-
tation , qui l'y avoit précédé , lit
désirer à Louis XIV de le retenir.
Culbert'réubsit à l'y déterminer par
une Ibrle pension , et une place à
l'académie des sciences, dont il fut
un des plus laboriinix et des plus
illustres membres. Depuis Galilée,
l'art de construire les télescopes
avoit fait peu de,))rogrès : on n'osoit
pai-ser une certaine longueur de
foyer pour les objectifs. Huyghens ,
à ia l'ois géomt-tre, physicien, astro-
nome et mécanicien, s'appliqua à
ce travail avec le génie qui abrège
et j)erfectioMne les opérations. Il
construisit un mslrument qui gros-
sissoit près^ifie cent fois les ol/jels,
et au moyen duquel il vit l'anneau
de Saturne, eu explifpia les pliéno-
mcncs , et découvrit eu iiii-me temps
un satellite de cette planète. On
trouve parmi ses Guitares posthumes
des éclaircissemens sur sa manière
de travailler ces sortes de verres,
dans un traité intitulé De vitris
polie/idis. Une des principales dé-
couvertes mécaniqiie.s de Huygiiens ,
c'est lapplicalion du pendule à ré-
HUYG
gler le mouvement des horloges.
L'égaillé de durée entre les oscil-
lalious du pendule éloit un pliéno-
mène déjà loil connu, lorsque Huy-
ghens entra dans la carrière desnia-
tliéaialiqiies. Galilée, qui en avoit
fait la première observaliou , avoit
aussi eu l'idée de l'appliquer à la
mesure du temps; et quelques a.sîro-
noiiies, à son ii-iitalion . l'avoieiit
employé dans cette vue ; mris faute
de moyens commodes pour en comp-
ter les vibrations et en perpétuer le
mouvement, celte idée u'avoit pas
élé exécutée. Huyghens ne s'adonna
pas plutôt à l'astronomie, qiie ,
frappé des avantages que cette
science pouvoit tirer du pendule,
et des inconvéniens qui s'y oppo-
soient, il travailla ù aplanir les
difficultés. Le succès couronna ses
efforts. Il imat^ina vme construction
d'horloge, où le pendule, servant de
modéraleurau roi, âge, ne lui permit
qu'un mouvement très-uniiornie.
C'est celte découverte, faite ^n ibiiy,
qui a fait appeler 77e//;r////(?s les pe-
ntes horloges d'appartement. Le doc-
teur Kook, en Angleterre , et l'abbé
Hautfcfcuille, en France, ont con-
testé à Kuygheus l'invention de la
cjc/o/'ae , propre r. rendre loules les
vibrations du peudule égales. Le
traité qu'il eu publia sous le titre
Horologium oscillalorium est de
1673. Ses ouvrages forment deux
recueils , l'uu intitulé Opéra varia ,
Leyde', 1724» 2 vol. in 4°; l'au-
tre , Opéra reliqua , A:nstcrdam ,
1728, 2 vol. in-^". On a aussi de
lui un Traité de la pluralité des
mondes, traduit en français par
Dufour en 1702, in- 12; mais ce
Traité est de douze ans postérieur à
celui de Fontenelle ( voyez FoN-
Tr.NEi,LE). La révocation de lEdit
de Nantes l'ayant obligé , comme
protestant, ù retourner dans sa pa-
trie , il y termina ses jours en j 695.
On peut voir, dans la Correspon-
dance littéraire de Léibnilz et de
T. VIIT.
HYAC 59I
Bernoulii , combien ces hommes cé-
lèbi'es l'aisoieïit cas de Hujghens.
t m. HUYGHENSf ( Gommare),
né à Lier, dans leBrabant, eu i63i,
professa la phi!oso])hie avec distinc-
tion aLonvain, et mourut dans cette
ville le 27 octobre 1702, président
du collège du pape Adrien '\'L Huy-
ghens, homme de mœurs très-pures,
refii-;i d'écrire contre les quatre ar-
ticles du clergé de France , refus qui
indisposa contre lui la courde Rome.
On a de lui , L Metàodus remit-'
tendi peccata, iC74et i686, in-ja.
II. Cunfereiitiœ theologicœ , 5 vol,
iu-12. m. Des T/ièscs sur la Grâce,
iu-/t°. IV. Un Cours de théologie ,
en, i5 vol. in-i 2, publié sous le titra
de Brèves observationes.
HUYSUIM ( Jean ) Koyez Van-
HtlYSÏ/M.
I. HYACINTHE ( Mythol. ), fils
d'Amyclès , roi de Sparte , d'autres
disent d'^Ebnlus , roi d'AmycIe eu
Lacoiiie, fut aimé d'Apollon et de
Zéphire. Comme il monlroit plus
d'inclination pour le premier, l'au-
tre en conçut de la jalouôie ; et pour
s'en venger , un jour qu'ApolIou
jouoit au disque ou au palet avec
Hyacinthe , il poussa violemment
contre la tète de celui-ci le palet
qu'Apollon venoit de lancer, et le
tua. Le Dieu , inconsolable de la
mort de son ami , changea son sant^
eu une fleur qui porte sou nom.
i- n. HYACINTHE ( saint), reli-
gieux de l'ordre de Saint -Domi-
nique , né à Sasse en Silésie , Tau
Il 85, de l'ancienne famille des 01-
drovanski, prit l'habit de cet ordre à
Rome eu 1218. De retour dans soti
pays, il y fonda divers moua.';tères
desonordr.'î, alla prêcher la foi dans
le nord , et mourutle \ï> août 1207 ,
à Cracovie. Clément YIII le cano-
nisa eu 1694-
1%
594 HYDE
m HYACINTHE de l'Assomp-
tion. Voyez MONTARGON.
HYACTNTHIDES (Mythol. ) Les
filles d'Erectée on Ericlée , roi d'A-
thènes , s'ëlant généreusement dé-
vouées pour le salut de leur patrie ,
reçurent ce surnom à cause du lieu
où elles furent immolées ; cet endroit
étant appelé Hyacinthe.
HYAGNIS (Mythol.), père de
Marsias , vaincu par Apollon , in-
venta , selon Plularque , la flûte et
l'harmonie phrygienne , environ
i5oo ans avant J. C.
HYARBAS. rojezHiARBAs.
HYAS ( Mythol. ), fille dE-
thra , dévorée par un lion , avoit
.•iepl sœurs, qui en moururent de
douleur ; mais Jupiter les changea
en sept étoiles , qu'il plaça sur le
front du taureau , où elles conti-
nuèrent de pleurer. C'est pour cela
qu'on les appela Hyades , d'un nom
grec signifiant pleuvoir, l-es E>atins
leur donnèrent le nom de Gueules.
ÏTautresdisent que les Hyades étoient
les nourrices de Bacchus , et les met-
tent au nombre des nymphes appe-
lées Dodonides, de Dodone , ville
d'Epi re; ils ajouteut que Jupiter, pour
les soustraire à la colère de Junon ,
les changea eu étoiles.
1 1. HYDE ( Edouard) , comte de
Clarendon , né en i5o8 dans le
\ViUshire , fut chancelier dx\ngle-
lerre sous Charles II. La guerre rui-
neuse avec la Hollande , terminée
en 1667 d'une manière peu avanta-
geuse , avoit aigri l'humeur inquiète
des Anglais. Charles, pour les cal-
mer , leur sacrifia Clarendon , dont
la vertu lui éloitdevenue importune.
Dans \me co\ir dissolue, ce ministre
avoit conservé des mœurs austères.
Iln'avoit aucune complaisance pour
ies maîtresses du roi ; il gèuoit ses
HYDE
plaisirs et s'opposoit à ses prodiga/-
lités. Le peuple cependant u'éloit
pas favorable à ce chancelier , qui
parloit souvent eu sa faveur. Cla-
rendon avoit même tous les partis
contre lui. Les presbytériens lui re-
prochoient la persécution , et ce re-^
proche étoit fondé. Les catholiques
connoissaut son zèle pour l'Eglise
nationale, et désespérant d'obtenir
la tolérance, se plaignoient de sou
inflexibilité. Quoique la guerre de
Hollande eût été entreprise contr*
son avis , on lui en attribuoit le peu
de succès, parce qu'on vouloil le
trouver coupable. Les sceaux lui fu-
rent donc êtes le 3i août 1667. Aus-
sitôt un membre des communes se
déclara son accusateur. L'accusation
rouloit sur dix-sept articles, dont
le plus grave étoit la vente de Dun-
kerque, conseillée à Charles II, ou
plutôt non désapprouvée par le chan-
celier. La chambre haute refusa de
faire arrêter Clarendon, qui aima
mieux se retirer que de se défendre.
Le parlement le bannit, et le roi
donna son consentement au bill. Le
chancelier passa en France et se fixa
à Rouen , où il mourut le 10 décem-
bre 1674, avec la réputation d'un
sage , d'un homme d'état et d'un il-
lustre citoyen. Il avoit passé sa jeu-
nesse dans l'étude des lois , et peu
de jurisconsultes connoissoient aussi
bien celles de sa patrie. Son père
l'exhortoit souvent à ne point rele-
ver l'autorité royale aux dépens de
la liberté publique, et mourut d'a-
poplexie un jour qu'il lui répétoit
cette leçon. Un accident si terrible
s'imprima profondément dans le
cœur du fils. Son zèle pour son sou-
verain fut toujours celui d'un An-
glais attaché aux principes de la
constitution nationale; et c'est peut-
être cette façon de penser qui con-
tribua à sa disgrâce auprès de Char-
les II. On a de lui , I. U Histoire des
guerres civiles d Angleterre , depuis
i64t jusqu'en 1660, 3 vol. iu-fol..
HYDE
Oxford, 1704, en anglais; et La
Haye, en 6 vol. in- 12 , en fran-
çais. C'est un des meilleurs mor-
ceaux d'histoire que l'Angleterre ait
produits. II. Divers Discours au
parlement , et d'autres ouvrages ,
dans lesquels il fait paroitre les sen-
timeus d'un honnête homme et d'un
bon patriote.
t II. HYDE ( Henri ) , comte de
CiiAiiENDON, fils aîné du précédent,
né en i638 au comté de Wills, mort
en 1 709 , eut beaucoup de part à
la restauration , et fut fait cham-
bellan de la maison de la reine. Les
persécutions que son père avoit es-
suyées le portèrent à se joindre au
parti de l'opposition ; mais eu 1680
il fut fait conseill. r prive. Jacqvies II
le nomma ensuite lord lifulenant
d'Irlande; maisPeu après il fut rap-
pelé et remplaçai par le lord Tyr-
conel. Hyde, détenu quelque temps
à la tour pour avoir refusé le
serment au roi Guillaume , fnt
enfin élargi , et se retira dans ses
terres, où il mourut. Ona imprimé
à Oxford son Journal d'état et ùes
Lettres sur les a f aires , 1760 , 2
vol. in-4".
* III. HYDE ( Laurent ) , frère
du précédent, mort en 1711 , em-
ployé fort jeune dans la diploma-
tie, fut nommé, eu 1661, grand-
inaître de la garde-robe du roi. Eu
1676 il fut chargé de l'ambassade
en Pologne, puis il passa à Nimè-
gue en qualité de plénipotentiaire
pour le traité de paix. En 1679
il fut nommé premier commissaiie
de la trésorerie , et s'opposa au bill
qui excluoit le duc d'Yorck de la
•uccession. Eu 1681, ce seigneur
fut créé vicomte Hyde , et peu après
comte de Rochester. En 1684 il fut
fait président du conseil , et lord
trésorier; et l'année suivante che-
valier de la jarretière. Jacques II lui
fit de vives instances pour l'engager
HYDE 595
à changer de religion , mais il s'y
refusa constamment , et cette fer-
meté causa sa disgrâce. Sa place lui
fut ôtée. Il fut ensuite membre de
la commission pour les affaires du
clergé, et il eut part à larévolulion ;
puis eu 1700 il fut créé lord lieu-
tenant d'Irlande. Sous le règne de
la reine Anne le lord Hyde fut
nommé président du conseil. Ce
seigneur a fait la Dédicace de l'His-
toire de la rébellion , dont son père
est auteur.
i IV. HYDE (Thomas) , né à Bil-
liugsky en Angleterre Tan i63fi,
premier bibliothécaire de la biblio-
thèque bodleïeune , dont il don-
na le Catalogue in-folio, impri-
mé à Oxford en 1674 , devint , eu
1691, professt.\r d'ara'.>e dans l'uni-
versité de celle ville. Il s'est fait un
«om par son Traité de la religion
des anciens Perses ,ïn-/\' , à. Ox-
ford, 1700, réimprimé à Londres,
1760, dans le même format, avec
quelques augmentations. Cet ou-
vrage , écrit en lalin, renferme une
érudition étomrante ; nous ne vou-
drions pourtant pas dire avec l'au-
teur du Siècle de Louis XIV, « qu'il
n'y a point de Persan qui ait connu
la religion de Zoroastre comme ce
savant. «Son ouvrage est écrit d'ail-
leurs d'une manière confuse. La
première édition est r re ; mais on
l'a réimprimée en 1 760, iii-4°- Hyde,
mort le 18 février 1703 chanoine
d'Oxford , éloit extrèraeiiieut labo-
rieux ; la seule liste des ouvrages
qu'il laissa en manuscrit , ou qu'il
compila sur d'autres livres ,forme-
roit un catalogue cousidérable. Il
possédoit le chinois presque aussi
bien que le persan. Il fut adressé ,
encore très-jeune , à "Wallon, pour
l'aider dans le travail dont il s'occu-
poit alors pour sa Bible polyglotte.
Indépendammentdes soins qu'il don-
na à la correction de ce grand ou-
vrage , il se chargea du Fentaleu-
SgG
HYGI
que en langue persaue , et le trans-
crivit eu caiacieret, persans , d'après
les caraclères iicbreiix, dans lesquels
il avoil été cupx'emier lieu imprimé
à Coustanlinopie , travail daiuaul
pliis diiËcile , ditUsher, que scuvenl
une lettre hébraïque répoud à !a fois
à plusieurs des caractères de laliiha-
belh persan , 3t qvVuu Perse môine
auroit de la peine à distinguer celui
auquel elle doit èlre rapportée, il y
joignit la traducliou ia.ins de cette
version du Priitaitnque. En i66j il
donna la traduciiouiîn îalin dV.près
le persan d'Uiugh-Beig , pf^lit-lils
de Tameriau, d'un ouvrage iulituié
Oùsen'atious sur la longitude et la
latitude des étoiles Jixes , avec des
110 les. On a encore .'le lui , ï. De
ludis oiienialibuSf Oxonii , 16')/;,
2 parties iu-o°. \\. La traduction
latine de la Cosmogr-aphie d'Abra-
ham Péristoî, i te primée eu lîébreu
et en latin , à Oxford , 1691 , in- 4".
III. De herbes Cka collecllone ,
curn Epislold de .'/ie/tsuris C/iinen-
siu/n , Oxoaii , 16S8 , in-S". Gré-
goire Sharp H donné le recueil de
î^es Dissertations , avec sa Vie , Ox-
ford , 1767, deux vol. in-4''. Hyde
l'ut interorèle e.-. secrétaire des lan-
gues orientales sous les règnes de
Charles 11 , Jacques 11 et Guillau-
me lïl. «
HYDER-ALY-KAN. ï^oysz Ay-
Per-Aly-Kaj- ,
HYDULPHE ( saint ). ployez
Hidtjlphf.
HYGIE. royez S a lus.
I. IIYGIN (saint), chargé du
gouv'^erncment de l'Eglise après la
mort du pape sa'nl Téiesphore , l'an
159, mourut eu 142. Cs fut de
sou temps que Vaientin et Cert^on
allèrent à Rome, Les deux JJécré-
taies qu'on lui attribue sont suppo-
sées, et ce qu'on dit de sou martyre
n'est uullemeul cerlitm.
HYLA
lî. HYGIN (Caius-Julius), gram-
mairien célèbre, affranchi d'Auguste,
et ami d'Ovide, étoit d'Espagne se-
lon les uns^ et, selon d'autres , d'A-
lexandrie, d'où Jules César l'as-oit
aîiiené à Rouie après la prise de cette
ville. On lui atiribue, I. ])esl'al/les,
ciim notis variorum , Hambonrg ,
1074 , in-8° ; et c'ians tes Mythogra-
phi latin i , Amsterdam , 1681 , 2 v.
in-8° , qui se joignent aux auteurs
cum notis varionrm, et qui ont été
réimprimés à Leyde, 174^2, eu 2 v.
in-4'*.- 11. Astrononàœ poëticœ lihri
/^,. Venise, i48i2,iu-4°. Mais ces
ouvrages sont de quelque écrivain du
Eas-Euipire : la barbarie du style en
est la preuve.
, t HYLARET ( Maurice ) , né à
Angouleme en lôSg, prit l'habit de
cordelier en i55i, et se distingua
comme théologien et comme pré-
dicateur. Pendant les troubles qui
agitèrent la France, il se laissa en-
tamer par l'esprit de faction qui
animoit alors la plupart des reli-
gieux. Il fut même un des plus ardens
promoteurs de la Ligue , par ses
Sermons séditieux, et par les con-
fréries du Nom de Jésus, et du Cor-
don de Saint-François. 11 moiu'ut à
Orléans le ao décembre i.'igi; il
étoit, depuis plus de vingt ans pré-
dicateur ordinaire de celle ville, où
ses obsèques se hrent le 1'^'' janvier
ifiga en grande pompe. L'évêque,
suivi de ton clergé , y assista , le
doyen de la salhédrak y officia , et
un jacobin prononça l'oraison fu-
nèbre du défunt. La description de
ces imiérailles, le discours et les dif-
férentes pièces faites en son honneur
turent imprimés à Orléans en îâgs,
ia-'4°, -*'>»!' le litre de Tombeau du
•l'énérable frère Maurice Hylaret.
A la nouvelle de la mort de ce cor-
delier , les ligueurs en firent uu
autre saint Paul , et allèrent jusqvT'à
dire « qu'il faisoit, dans le ciel, la
seconde Triuilé avec iee Guises. »
HYLA
On a de lui des Homélies en laliu ,
piibliées en diflerens temps à Paris et
a Lyon, eu 3 vol. iu-S". Elles don-
nent une très - mauvaise idée du
goût, du jugement et des lumières
de l'auteur ; le fanatisme y perce à
chaque page: on y trouve aussi beau-
coup de traits d indécence et nulle
fables ridicules.
I. HYLA S (Mythol. ) , fils de
Théodamas , roi deMysie, fut en-
levé par Hercule. Ce héros se tant
enfui de Calydon avec Déjanire et
son fils Hyllus, envoya demander ,
en passant, au roi Théodamas, de
quoi donner à manger au jeune
Hyllus qui avoit faim. Le roi l'ayant
refusé , Hercule lui prit un de ses
bœufs, regorgea et le lit cuire. Théo-
damas , irrité de cette violence, fit
prendre les armes à ses sujets, et
marcha contre Hercule. Le héros les
mil en fuite , tua Théodamas , et
emmeua son Hls Hylas, qu'il aima si
tendrement, qu'il fut de tous ses
voyages, et même de celui des Ar-
gonautes , pour la conquête de la
toison d'or. Hercule ayant cassé sa
rame , sortit du vaisseau avec Hylas
pour couper dans les ioréts de la
Rlysie de quoi en faire une autre.
La chaleur éloit extrême, et le héros,
tourmenté de la soif, envoya Hylas
avec un vase puider de l'eau daus le
{leuve Ascanius, qui éloit proclie,
mais dont les rives étoieul escarpées.
Hylas, en se baissant, tomba dans
le ileuve et se noya. C'est ce qui a
donné lieu aux poètes de dire que les
nymphes l'avoient enlevé. Hercule,
ne le voyant point revenir, fui si
touché de l'avoir perdu , qjie laissant
les Argonautes coutinuer leur roule,
il parcourut toute la JMysie pour le
chercher.
* IL HYLAS, danseur, vivoit à
Rome sous le siècle d'Auguste. Elève
de Pylade qui avoit cullivé ses dis-
positions, il eut la témérité de déher
HYLL
^97
son maître. Rome entière, entraînée
par la faction de ce jeune présomp-
tueux, court en foule au théâtre. II
s'agissoit de représenter Agamem-
non. Pour expruner la grandeur da
ce roi , Hylas e\ilre en scène guindé
sur un cothurne qui le rehausse, et
sélevaut encore sur la pointe de»
pieds, parvient £\ paroître beaucoup
plus grand que la foule de panto-
mimes dont il est entouré. Alors ses
partisans, et sur-lout les dames, de
crier bravo. Pylade se présente à son.
tour avec une contenance noble et
fière. S»i danse grave , ses pps lents ,
ses mouvemens quelquefois animés ,
souvent suspendus, ses regards tan-
tôt fixés sur la terre , tantôt tournés
vers le ciel , peignent \\i\ homme
occupé de grandes choses qu'il voit,
qu'il pèse et qu'il compare en roi.
Les spectateurs , en quelque sorte
hors d'eux-mêmes, poussent un cri
d'admiration , et l'orgueilleux Hylas
est remisa sa place. «Jeune homme,
dit alors froidement Pylade, nous
avions à représeiUer un roi qui coui-
raandoit à vingt rois. Tu l'as fait
long ; je l'ai fait grand. » Cette leçon
ne corrigea point Hylas. Il cabala de
nouveau, ce qui déteruiina Auguste,
instruit par l'expérience du danger
de pareilles intrigues chez un peuple
qui commençoit à perdre son éner-
gie , à le faire fouetter dans tons les
lieux publics de Rome.
HYLÉE (Mythologie ) , nom d'un
centaure que Pirithoiis avoil invité à
ses noces. On dit qu'étant échauffé
par les fumées du vin, il voulut faire
violence à nue des nymphes qui
étoient du festin, et qu'il lut assom-
mé par les Lapithes.
*HYLL ( Albayn), médecin du
16"^ siècle, mon à Londres en i55c).
Si l'on s'en rapporte à quelques au-
teurs gallois, il éloit de c?? pays;
mais les Ecossais soutiennent qu'il
étoit de leur nation. Il fil ses élude»
598
HYPA
à runiversilé d'Oxford; ensuite il
voyagea, et fut reçu docteur. On a
de lui plusieurs écrits sur les ou-
vrages de Galieu.
HYLLUS ( Mythol. ) dtoit fils
d'Hercule et de Uéjanire. Après la
ïîiorl de son père , il épousa ïole ;
mais Eurislhtc le cliassa, aussi-bien
que le reste des Héraclides. II se
sauva à Athènes , où il lit bâtir un
temple à la Miséricorde, dans le-
quel les Alhéuieus voulureut que
les criminels trouvassent un refuge
assuré.
I. HYMENÉE ou Hymen ( My-
thologie ), divinité qui présidoil aux
noces; il éloit Mis de Bacchus et de
Véuus. Catulle et d'autres disent
d'Uranie. Comme on croyoit qu'il
avoit institué le mariage, on l'invo-
quoit daus ces circonstances , et on
îui adressoit des prières dans les
épithalames, comme on le voit daus
Catulle et ailleurs. Quelques auteurs
ont écrit qu'Hymen étoit un jeune
homme.qui fut écrasé Je jour de ses
noces dans sa maifon,et que , pour
expier ce malheur, les Grecs avoient
établi qu'on l'invoqueroit dans ces
sortes de cérémonies, comme ou
invoquoit Tbalassius à Rome. Les
peintres et les sculpteurs représen-
toient le dieu Hymen sous la figure
d'un jeune homme couronné de
roses, avec un flambeau à la main.
On appeloit aussi de ce nom les vers
•ju'on chautoit pour les noces.
H. HYMENÉE d'Ephèse, converti
aux premières prédications de saint
Paul , embrassa depuis l'opinion de
ceuxqvii nioientla résurrection de la
chair, et fut exconmiunié par cet
apôtre, l'an 63 deJ. C. On ne sait
ce qu'il devint depuis.
IlYPACE ou iîypATius , neveu
d'Anastase , empereur d'Orient, eut
l»eaucoup de pari à raibuiuistraU.on
HYPA
jf fie l'empire , sous le règne de sou
oncle. Après la mort de Justin , la
faction des blancs et des verts excita
une révolte à Constantinople. Uu
parti des factieux traina Hypace à
la place de Constantin , et le pro-
clama empereur en 53 1 , malgré les
pleurs de sa femme , qui leur repré-
seutoit qu'au lieu de lui faire hon-
neur, ils le couduisoient à la mort.
Les séditieux , n'ayant point de dia-
dème, lui mirent un collier d'or sur
la tète. La révolte ayant été apai-
sée , Justiuien fit arrêter Hypace ,
et le condamna an dernier supplice.
Cet infortuné , revêtu de J[a pourpre
malgré lui , montra beaucoup de
courage daus ses derniers momens.
Il dit à ceux qui le plaignoient
« qu'il éloit honteux de gémir et de
pleurer , lorsqu'on soufFroit la mort
sans l'avoir méritée.» Son corps fut
jeté dans la mer , ses biens furent
confisqués; mais Juslinieu les rendit
à ses eufans,
t HYPACIE , fille de Théon ,
philosophe et mathématicien célèbre
d'Alexandrie , eut son père pour
maitre. Elle le surpassa dans la con-
noissance des mathématiques , et
sui--lout dans la géométrie , dont
elle avcit fait son étude principale.
Pour se perfectionner dans les scien-
ces , elle alla à Athènes , et y fit de
si grands progrès , cpi'ou lui donna
la chaire de professeur que le célèbre
Photin avoit occupée à Alexandrie.
Sa réputation se répandit par-tout,
et on vint de toute part l'entendre.
Elle étoit d'une rare beauté , et d 'une
extrême sagesse. Un de ses écoliers
la pressant de se rendre à ses désirs
avec une extrême vivacité, elle ne
lui répondit que par des raisonne-
mens ]>!iilosophiques. Tous les pré-
fets d'Egypte recherchèrent sou
araitic. Oreste sur-tout fut lié très-
étroilement avec elle. Comme saint
Cyrille et ce préfet étoienl brouillés,
et <iue tolui-u n« voulut pas se ra«--
HYPE
commoder avec le saint evêqiie , le
peuple crut que c éloil par le conseil
d'Hypaciecpù étoil païenne comme
lui. La populace conçut contre elle
une haine implacable, qui s'aigrit
de plus cil plus. « Une troupe de
gens emportés , dit Fleury, conduits
par 1111 lecteur nommé Pierre, la
gucUèrent comme elle eulroil chez
elle , la tirèrent de ea chaise , et la
Iraînèreutà l'église nommée Césarée.
Ils la dépouillèrent, la mirent en
pièces , et brûlèrent tes membres au
lieu nommé Ciuarion. « Celte ac-
tion , dit l'historien Socrale , attira
lin f^rand reproche à Cyrille et ù
i'Eglise d'Alexandrie. Puis i) ajoute ,
cela se passa la 4*^ année de Cyrille,
sous le lo*^ consulat d'Honorius , et
le 6'' de Théoclose, au mois de mars,
pendant les jeûnes, c'est-à-dire, le
carême de ran4ii'- « Hypacieavoit
conimenlé le mathématicien Dio-
phante , et composé plusieurs ou-
vrages qui ne sont pas venus jus-
f[u';i nous. T^oyez sa Vie par l'abbé
Gouiet, dans le tome cii^quièrae des
Mémoires de liltératare du P. Des-
moltts.
IIYPARCHIE. Voyez Hippar-
CHIE.
HYPATIUS. Voyez Hypace.
t HYPÉRIDE, Athénien, orateur,
disciple de Platon et d'Isocrate , gou-
verna la république d'Athènes avec
sagesse , et défendit avec courage la
liberté de sa patrie. Des députés
d'Antipaler, admis à l'audience de
l'aréopage , parlèrent de ce ])rince
comme du plus honnête homme du
monde. « Nous savons , répondit
llypéride, que votre monarque est
un honnête homme ; mais nous
savons aussi que nous ne voulons
pas d'un maître , quelque honnête
homme qu'il soit. » Après la mal-
heureuse issue du combat de Cranon,
il fut pris et mené à Autipater , cjui
HYPE ;;99
I le fit mourir. Cet éloquent républi-
cain , que Ton compte parmi les dix
célèbres orateurs grecs, avoit com-
posé un grand nombre de Haran-
gues qui ne sont pas parvenues
jusqu'à nous , à l'exception duue
seule , qui donne une idée avan-
tageuse de la douceur el de l'élégance
de son style. llypéride plaidoit pour
Phryné , accusée d'impiété devant
l'aréopage; sa cause éloit l'oible ,
mais les juges éloieiit sensibles.
Hj'péride triompha en arrachant le
voile qui cou vroitle sein de sa cliente,
et qui enveloppoit une partie de sou
corps: « Oserez-vous , dil l'orateur,
condamner ce chef-d'œuvre des
dieux » ? I/aréopage et le peuple
sont entraînés , el Phryné est ac-
quittée. Hypéride mériloit d'èlre
l'avocat des belles , il entreleuoit
trois courlisaues.
HYPERION, (Mythol.), Titan,
lils de Cœlns, fut chargé, dit -on,
de conduire le char du Soleil : ce qui
Ta fait regarder par quelques-uns
comme père du Soleil , elpar d au-
tres , comme le Soleil lui-même.
-;- HYPERIUS ( Gérard-André ) ,
professeur de théologie à IMarpurg,
né à Ypres en i5ii, et mort eu
ir)64 , éloit un homme très-habile,
et un partisan de la réforme. On a
de lui, deux traités, in -8°, es-
timés dans leur temps , l'uu De
rectli formando t/ieologiœ slu~
dh ; l'autre, De fonnandis con-
ciojiibup sac7is. Il y a affecté de se
taire sur les matières controversées
par les liérétiques. Le P. Laurent de
Villa- V^iccnlio, augustin espagnol,
et docteur de Louvain , a donné une
édition de ces ouvrages , corrigés.
On a encore de lui , des Traités
théologiques, en 2 vol. in-8°, Bàle,
1 r)7o et 1.571 ; et des Commentaires
surSt.'Paul , Zurich, 1 Ô82 et i.'i84,
•T vol. in-fol., remplis de diatribes
cl de déclamations contre l'ÉijUse
calliolique.
6oo
HYPS
HYPERMNESTRE , ( Mylhol. )
celle des ciaqnunle lilles deUauaiis,
roi dArgos, qui ne voulut point
obéir à l'ordre cruel queDanàiisavoit
donné à ton tes ses filles , de poignarder
leurs maris la première nuit de leurs
noces. Celle princesse sauva la vie
à Lpicée son époux, après qu'elle
lui eut fait promettre de ne point
lui ravir sa virginité. /^oj.LYNcÉi;,
n° II.
* HYPSICLES , d'Alexandrie ,
disciple d'Isidore , vécut sous M.
Auréluis et Lucius Vérus ; ou lui
attribue un ouvrage d'aslrouomie,
intitulé Anaphoriius , imprimé en
grec avec la version latine de
Menlélius , et réuni avec l'Optique
d'Héliodorus, Paris, 1680, iu-4"-
HYPSICRATÉE , femme de Mi-
Ihridate , roi de Pont , célèbre par
sa vertu et sa beauté, accoutuma
son corps délicat aux plus rudes fa-
tigues , à monter à cheval , à sup-
porter le poids des armes , pour
suivre dans toutes ses expéditions
guerrières sou époux qu'elle ne vou-
loit point quitter.
HYPSIPILE (Mythol. ), fille de
Thoas, roi de Lemnos, sauva la vie
à son père , lorsque les femmes de
cette ile tirent un massacre général
de tous les hommes qui l'habitoient.
Hypsipile cacha son père avec soin,
etfttaccroirequ'elles'euétoitdéfaile;
alors les femmes l'élurent pour leur
reine. Quelque temps après les Ar-
gonautes abordèrent dans l'ile de
Lemnos, où, trouvant toutes les
femmes sans maris , ils eurent com-
merce avec elles. Hypsipile s'attacha
à Jason leur chef, et en eut deux
enfans jumeaux, dont l'un fut nommé
Thoas , comme son grand-père, et
l'autre Enneiis , le même qui con-
duisit les t'oupes des Letnniens au
siège de Troie. Jason l'abandonna
avec ses cnfans, et continua son
HYRG
voyage. Après son départ , les Lem-
nieuues , ayant découvert qu'elle
avoit épargné son père Thoas , la
chassèrent de l'ile, et elle se retira
dans le Péloponnèse.
I. HYRCAN I" ( Jean ) , souve-
raiu sacrificateur et prince des Juifs,
succéda à son père Simon Maccha-
bée , tué en trahison par Plolomée
son gendre. Ce traitre avoit été
gagné par Antiochus-Sidètes, roi de
Syrie. Après avoir massacré sou
beau-père , il voulut faire égorger
8011 beau-frère Jean Hyrcan ; mais
ce héros fil arrêter et punir de mort
les assassins. Ce fut alors que le
perfide Plolomée appela Anliochus
dans la Judée. Hyrcan , enfermé
dans Jérusalem , y fut assiégé par le
roi de Syrie. Après un siège long et
opiniâtre, durant lequel Àntiothus
donna du secours aux assiégés quo
la famine tourmeuloit , et fournit
même des vases précieux , des par-
fums et des victimes pour la fête des
tali-rnacles , la paix fut conclue. Les
conditions furent que les Juifs lui
remeltroient leurs armes avec les
tributs qu'ils recevoient de Joppé et
des autres villes hors de la Judée.
Après la mort d'Anliochus, Hyrcau
profita des troubles de la Syrie pour
venger sou pays. 11 prit plusieurs
villes en Judée, subjugua les Idu-
méens , démolit le temple de Gari-
zim , s'empara de Samarie , et mou-
rut l'an 106 avant Jésus-Christ.
II. HYRCAN II , fils aine d'A-
lexandre I , succéda à son père au
pontificat chez les Juifs, l'an 78"
avant Jésus-Christ ; et selon le droit
d'aînesse, il devoit lui succéder à la
couronne. Son frère Aris'obule la
lui disputa après la mort dAlexan-
draleur mère, qui avoil gouverné
neuf ou dix ans, et la lui ravit les
armes à la main. Par un traité qui
suivit celle victoire, lan GB avant
Jésus-Christ , Hyrcau se coul<JUlit
HYST
de la tlignité de graucl-prêtre; mais
depuis il eiil rinipnulence daller
mendier les secours d'Arelas , roi
des Arabes , qui assiégea Aristobule
dans le temple. Ce dernier" ayaul
gagné Scaurus , lieulenanl de Pom-
pée , fil lever le siège , el défit Arélas
et llyrcan ,à qui Fompée , Gabinius,
et j)uis César , laissèrent la grande
sacrilicature. Hyr-au tomba ensuite
entre les mains de son neveu Anli-
gone, qui lui ii^ couper les oreilles.
Énlin , s'étaul laissé persuader par
Alexandra , la fille , mère de I\Ia-
riainue , femme d'ilérode , de se re-
tirer Vers les Arabes , Ilérode le fil
mourir à lage de 80 ans , lan 3o
avant Jésus-Christ.
HYRÉE (Mythol. ), paysan de
la Eéotie en Grèce, eut l'honneur
de loger dans sa cabane Jupiter ,
Neplufie et Mercure. Ces dieux, vou-
lant le récompenser du bon accueil
qu'il leur avoit lait, lui dirent de
demander ce qu'il vouilroit , avec as-
sonance de l'obtenir. 11 demanda un
lils, sans néanmoins prendre de
femme, Los dieux, pour satisfaire
à leur promesse, urinèrent sur la
peau d'une génisse , son seul bien ,
qu'il avoit sacrifiée généreusement
au repas de ses hôtes ; et dix mois
après, il en vint un enfimt qui fut
jionnné Urion , à cause de l'urine
dont il ëtoil né. Dans la suite , la
première lettre de son nom fut chan-
gée eu O , et il fut appelé Orion.
S'il y a dans la fable d'ingénieuses
fictions, ce n'est pas celle-ci.
HYSTASPES, fils d'Arasnie,
de la famille des Acbéménides ,
père de Darius , qui régna dans la
HYWE
60 ]
Perse , après avoir tué le mage Smer-
dis , étoit gouverneur de la Perse
propre, quand son fils eut la cou-
ronne. Ctésias ajoute qu'il survécut
peu après celévéuement;et qu'ayant
voulu qu'on le portât au tombeau
que son fils s'étoit fait faire entre
deux montagnes , les prêtres qui
étoieut chargés de l'y monter avec
sa femme , laissèrent échapper les
cordes qui le suspendoient , et
qu'Hystaspes raourul de cella
chute.
* I. HY'WEr. ( Dada) ou IIowel-
LE-BoN , célèbre prince et législa-
teur gallois , qui mourut eu g^S.
Il alla à Rome pour revoir le code
de ce pays.
* II. HYWEL ( Ab Morgan IMawr),
prince de Glauiorgan , né en 910 ,
mort en lo.p , vécut ainsi, sui-
vant les historiens, i3o ans. 11 est
représenté comme le plus .sage elle
meilleur des princes qui ont régné
sur la Grande-Bretagne. On trouve
dans celle race plusieurs exemples
de longévité; et on y compte Mor-
gan Mawr , qui vécut 12g ans ;
Hywel ab Rhys , qui vécut 124 > ^^
Artbvael ab Rhys , qui vécut 120,
suivant les mêmes autorités.
* III. HY-WEL (Ab Owani
Gwynedd ) , prince de North-
"Wales (pays de Galles), mort en
1171. On a de lui quelques pièces
de vers dans l'Archéologie galloise.
A la mort de son père , en 1169 ,
Hywel tenta de monter sur le trône,
an préjudice de ses frères ; mais
vaincu el blessé, il passa eu Irlande
où il mourut.
FIN DU TOME HUITIEME.
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Ousàu?e^Adoù?he/ .
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