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Accessions
Shelf No.
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Imîîïtiî Puliitr Cittntm
Vf
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http://www.archive.org/details/discoursdemsilleOOgenl
DISCOURS
D E M. s I L L E R Y
ALASOCIÉTÈ
DES AMIS DE LA CONSTITUTION ,
SUR LA PRÉTENDUE FACTION D'ORLEANS ;
Prononcé à la société des amis de la consd*
tutiQti . Iq Ç juin 1792 , tan lf^_ dç la liber té^^
c^â^sr,^p^d.dA^^ ■
D I se o u R s
DE M. s I L L E R Y
A L A s o Ç J E T E
DES AMIS DE LA CONSTITUTION,^
' SuS'tA PRÉTENDUE FACTION D'ORLÉANS.
J.ji.-JJlÀ*-*
ESSÏEURS,
' Depuis long-temps je suis fatigué d'entendre
îës 'ennemis déclarés de la chose publique ac-
cuser une prétendue faction d'Orléans des 'cri-
mes qu'ils n'ont pu commettre , et la mettre sans
cesse en opposition avec leurs infâmes complots' ,
lorsque l'on parvient à les découvrir. Je vais leur /
répondre d'une maniéré franche , et , certes , j'^eit
ai lé droit , car mes liaisons et mon ancienne
amitié pour ce prince , m'assurent que s'il existe
une faction d'Orléans , je suis compté au n^omfcre
des conjurés qui la cômposenî;. Vous n'imol^i-
nez pas" , sans doute , messieurs , que je vais
m'attacher à relever et à combattre toutes les
A 2
inepties qui ont été débitées lundi dernier â
la tribune de l'assemblée nationale : elle a dé-
claré que l'imbécille lecteur du méprisable
écrit qui lui a été communiqué, étoit en dé-
mence. Ce n'est donc point au discours de
M. Rible que je veux répondre , mais aux vils ca-
lomniateurs (^-i^'^ntlfait agir ; car on assure que
ceM.Piible n'est pas même en état d'avoircomposé
le dégoûtant rapport que vous avez entendu.
Cependant , M. Rible , avant de commencer
.sa lecture , nous a annoncé qu'il alloit af-
fronter les poignards de la faction qu'il dé-
nonçoitj'et les poisons qui avoient enlevé Mira-
beau à la France. Rassurez- vous , M. Rible , vous
ne serez ni poignardé , ni empoisonné ) vous serez
sans doute payé de votre lecture , et ce salaire
Yous consolera du mépris des honnêtes gens.
C'est au milieu de la société des amis de la cons-
titution qu'il est , je crois , nécessaire d'exami-
ner si cette prétendue faction d'Orléans existe
véritablement , ou si ce n'est qu'une ombre fan-
tastique, imaginée par les ennemis de la chose
publique, pour fasciner les yeux des bons ci-
toyens sur les projets des véritables conspira-
teui^. '
Jusqu'à présent , messieurs , personne n'a en-,
core pris la peine de traiter cette question im-,
portante: la raison .^n, est évidente; c'est que
c^ttç faction n'ayant aucune^existence , M. d'Or-
(5)
léans seul avoitle droit de se plaindre, et qu'en
se trouvant exactement tout seul en opposition
avec une foule de libellistes conjurés contre lui ,
il a cru que le mépris et une condui|e ostensible ,
et constamment dans le sens de la révolution ,
ëtoient les seules armes qu'il devoit employer
pour les combattre*^
En effet , messieurs , n'avez-vous pas reconnu ,
dans le discours de M. Rible , l'analyse dégoû-
tante de tous les libelles qui ont paru jusqu'à
ce jour? On retrouve à chaque phrase l^s asser-
tions de l'Ami du Roi , de la Gazette de Paris , de
Mallet du Pan , de Durosoy, de la Gazette Uni-
verselle , de Peletier , et de tant d'autres merce-
naires:, payés pour insulter tous les matins la
constitution, le peuple et ses défenseurs^
Quand même cette faction existerait , pour-
roit-elle s^'abaisse^ à répondre aux atrocités qu on
lui suppose? Les crimes dont on accuse cette
prétendue faction ne peuventétre conçus que par
les scélérats capables de les exécuter.
Je suis désigné , dans la dénonciation de
M. Rible, comme un des amis de M. d'Orléans ,
auquel on vouloit confier le commandement de
l'expédition de Saint-Domingue ; et ce poste ne
m'étoit donné que pour livrer cette colonie aux
Anglois , et en former le point de refuge de la
faction d'Orléans , si le coup venoit à manquer.
Je ne répondrai à cette partie de la dénoncia-
A 3
tian de-M. PJblé , qu'an convenant ave'G lui que,
depuis plus dé tirentejaiîuëes^ je suis lié de l'ami-
tié' ija pluiS iôtime av^e-c, M.. d'Orléans , et en dé-
clalrant 'quev;sî la-fatition d'Orléans existe,, je
doiiSi être compté parmi ceux qui la composent.
Je* vais remplir un .des devoirs de l'amitié , et
c'est en parlant de la conduite politique de mon
ami outragé , que j'espère prouver l'absurdi lé
de; Jui supposer un parti.
i';A 'l'époque de l'avilissement et de la bassesse
"cù tous les François étoient plongés à la fin
du règne du despotisme , la cour avoit déjà re-
marqué que M. d'Orléans avoit le caractère trop
indépendant pour js'assujettir à ces. respects
d'usage, aux heures indiquées où les princes
ëtoient admis à faire leur cour au monarque.
Ses goûts particuliers le conduisirent plusieurs
fois en Angleterre , et on lui sut mauvais gré
de parler avec enthousiasme de la liberté dont
ce sage peuple sait jouir. M. d'Orléans ne vou-
lut jamais courber sa tête devant l'idole que tous
«es pareils adoroient; et au milieu de cette cour
corrompue , il avoit presqu'autant d'ennemis qu'il
y avoit d'esclaves.
Lé désordre, les déprédations croissant de jour
e njour , la cour entrevit le moment où toutes
,l€s ressources alloient lui manquer à la fois. Les
ministres du. roi voulurent faire un emprunt
désastreux j le roi vint à Paris pour le faire en-
(7)
yégistrer. M. d'Orléans eut le courage de s'y
opposer; il osa invoquer la justice.... Je dis
qu'il osa.... car alors c'ëtoit un crime de léze-
majesté de ne pas être de l'avis du despote...
Il en fut puni par un exil rigoureux, et le peuple ,
à cette époque> étoit tellement sous le joug ,
qu'il laissa opprimer son défenseur , sans té-
jnoigner son ressentiment.
.,■, Le peuple en£n ne tarda pas à s'apercevoir
flu goufre dans lequel on cherclioit à le préci-
piter ; il sortit bientôt de son apathie , et ne
s'aperçut qu'il étoit entouré d'oppresseurs, qu'au
moment où l'on ne pouvoit l'opprimer da\an-
tage. Les états-généraux furent convoqués.
M. d Orléans fit passer dans les différons bail-
liages où il avoit des possessions, un caliier, ré^
digé'par MM. de la Clos et l'abbé Syeyes , où sef
principes étoient développés. La cour, dès ce nio*
înent, le regarda^comme l'ennemi le plus redou-
table. Ses principes étoient trop d'accord avec la
justice, pour ne pas être adoptés par tous les vé-
ritables amis du peuple et de l'humanité : l'uni-
versalité de la France , à l'exception de la no-
blesse et du clergé , en adoptèrent les bases. La
cour rugisse it d'entendre l'opinion publique qui
se manifestoit de toutes les parties de la France^
La noblesse et le clergé se rallièrent au parti de
la cour. M. d'Orléans , prince- françois , osant
publier ouvertement que le bonheur de la patri©
A 4 ' '
(8)
devoît être pré Fëré à Torgueil et aux prétentions
de quelques individus , parut un traître et uit
chef de parti à ceux qui ne partagèrent point
ses opinions.
Cependant , les états-généraux s'assemblent :
M. d Orléans est nommé député du bailliage de
Crépi. Les amis de la liberté et de l'égalité re-
marquèrent qu'à la procession des états , il se
tint au rang de son bailliage , et la cour lui fit
un crime de ne s^étre pas placé au rang que sa
naissance lui donnoit autrefois le droit d'occuper.
Il fut aisé de démêler dans les premières séan-
ces de la noblesse et du clergé , que ces deux
ordres (qui, à cette époque, existoient encore)
ëtoient résolus de maintenir les anciens abus y
que , se réunissant tous à demander une cons-
titution , ils la vouloient conforme à leur am-
bition et à leurs intérêts , et que les droits du
peuple , comptés pour rien , dévoient fléchir de-
vant l'orgueil de ces deux corps privilégiés.
Une petite minorité de la noblesse s'éleva dans
cet instant à la hauteur des représentans du
peuple; M. d^Orléans fut du nombre de ceux
qui consentirent à sacrifier àes privilèges et des
droits chimériques , pour partager avec tous les
citoyens du royaume le bonheur d'un gouver-
nement fondé sur la liberté et légalité; et il est
encore du nombre bien plus petit de ceux qui
sont restés fidèles aux intérêts, du peuple, et
dignes d'être de votre société.
(9)
La cour le regarda dès ce moment comme le
chef des factieux , car çest ainsi que furent
désignés les quarante-sept ci-devant nobles qui
passèrent à la chambre des communes. Certes ,
si nous formions la faction d Orléans , elle étoit
nombreuse à cette époque; car plus de &5 mil-
lions d'hommes partageoi.nt nos opinions.
La cour se doutoit donc bien peu des droits
sacrés de l'égalité que nous étions résolus de
défendre et de maintenir , puisqu'elle nous croyoit
sous un chef. Si M. d'Orléans n'avoit pas , ainsi
que nous , préféré les droits sacrés de l'homme
à ses privilèges et à ses prétentions , nous Fau-
rions assimilé aux autres rejettons de la famille
royale , que nous avons couverts de nos mépris.
Vous connoissez , messieurs , tous les évène-
mens qui se sont passés depuis l'ouverture des
états , jusqu'à l'époque à jamais mémorable du
i4 juillet. Je ne retracerai point ce premier jour
de la liberté françoise , où tous les citoyens con-
fondus , ayant tous le même intérêt à défendre ,
donnèrent à la cour et à ses vils agens la pre-
mière leçon du| respect que l'on doit à la souve-
raineté d'une grande nation. La cour vint se jetter
entre les bras des représentans du peuple , et
les François , toujours prêts à publier leurs an-
ciennes injures , cherchèrent encore à la rassurer.
Que faisoit , à cette époque, M. d'Orléans?
Renfermé dcns une maison de campagne qu'il
A4
avoit à Versailles, il ne voulut point aller à
Paris recevoir les bénëclictions que le peuple
lui doniioit , car autant la cour savoit haïr,
autant le bon peuple de Paris avoit besoin d'aimer;
, et la cour proféra de rejetter , sur M. d'Orléans et
ses amis la révolution qui se développoit , plutôt
que de Tattribuer à l'élan d'un grand peuple vers
la liberté. M. d'Orléans devint dcnc à cette époque
; le point de ralliement de toute la haine de la
cour : dès lors , tous les conspirateurs , tous
les ambitieux, firent agir, sans scrupule, tous
les ressorts de leurs machinations ^ certains de
pouvoir toujours rejetter sur M. d'Orléans tous
les moyens repréliensibies dont ils croyoient pou-
voir se servir.
M. de la Fayette fut nommé commandant
général de la garde parisienne : il avoit par-
tagé les opinions de la minorité de la noblesse ;
son mandat l'avoit empêché de passer aux com-
munes ; mai? son opinion étoit tellement pro-
noncée, que l'on n'hésita pas à le nonuner vice-
président de l'assemblée, à l'époque du 14 juil-
let , et que le peuple de Paris remit , d'une voix
unanime , le commandement de la garde-natio-
nale entre ses mains. L'effervescence du peuple
étoit alors si grande, que la cour avoit à re-
douter une explosion : elle eut recours au com-
mandant lui même, pour essayer de s'en faire
un appui. Lafayette crut apparemment utile à
( " )
la tranquilitè générale d'être le médiateur entre
Ja cour et le peuple ; et pour s'assurer la con-
iiance de la cour , il crut sans doute qu'il de-
voit Timiter, en rejettanat toutes les agitations
du peuple sur la prétendue faction d'Orléans ,
en suivant cette maxime connue de MacPiiavel;
ce Pour maintenir deux partis absolument divisés ,
D3 il faut en imaginer un troisième, et rejetter
>:> 5ur celui-là ]es fautes et les complots des
ce deux partis en opposition. :>:>
Examinons maintenant les événemens qui ont
eu lieu dans l'intervalle du 14 juillet au 5 et 6
octobre. La cour , revenue de l'effroi que lui avoit
causé le réveil du peuple , ne tarda pas à former
de nouveaux projets contre lui. Dans le nombre
de ces projets , on n' avoit rien négligé pour
rendre l'approvisionnement de Paris difficile. Les
mesures avoient été si bien combinées , qu'au
même instant la capitale , et presque tous les
départemens du royaume , manquèrent à la fois
des moyens de subsistance. Le peuple de Paris
souffrit sans se plaindre, tant |qu'il crut que les
circonstances seules étoient cause de sa détresse.
Mais quand il apprit que de nouveaux rassem-
blemens de troupes se, faisoient à Versailles et aux
environs... quand il fut informé de l'orgie scanda-
leuse des gardes-da corps... quand il sut qu'il y
avoit des registres où l'on s'inscrivoit clandestine-
ment pour renforcer la garde du roi... Torsqu'eniin
(12)
il eut les preuves non équivoques d'une fuite
du roi préméditée, en peu de Jours les têtes
fermentèrent de nouveau. La lettre de M. d'Es-
taing à la reine , que vous connoissez tous , ne
laissa aucun doute sur le projet de Tenîève-
ïnent ; et pour le justifier en apparence, on
desiroit un soulèvement dans la capitale. Les
agitateurs du peuple furent employés : certes ,
ils étoient en ce moment très-in. tiles , et le peu-
ple ayant découvert le noureau piège que l'en
cherciioit à lui tendre , prit fattitude qu'il pren-
dra chaque fois qu'il se croira abusé. Le 5 oc-
tobre il marcha à Versailles, et le 6 le roi vint
à Paris. La cour, qui navoit pas prévu la suite
de cette nouvelle insurrection, voulut encore
la rejetter sur M. d'Orléans; mais il auroit
fallu prouver que c'étoit lui qui avoit accaparé
toutes les suDsistances , et qui réduisait Paris
dan^ la détresse, véritable et unique ca lise de
ce mouvement. Le peuple auroit-il pu ajouter
foi à une pareille calomnie, en voyant l'abon-
dance renaître immédiatement après l'arrivée 'du
roi dans la capitale ? Plus de deux cens voitures
de farine arrivèrent de Versailles en même temps
que le roi, et tous les citoyens éclairés restèrent
convaincus que la disette n' avoit été que le ré-'
sultat d'une intrigue ourdie contre la tranquil-
lité publique. L'objet de cette discussion n'est
point de chercher les caupables ; je remplirai
(i5)
Cette tâche dans l'histoire que f écris : je m'attache
à prouver que la faction d'Orléans n'a jamais
existé , et qu elle n'a jamais été que le manteau
dont se sont couvert les ennemis de notre li-
berté. Je ne cite M. de la Fayette que parce
que sa conduite subséquente avec M. d'Orléans
a été trop ostensible pour passer sous silence
les causes qui ont pu accréditer l'existence d'une
faction qui , je le répète , n'a jamais eu de réalité.
Ce n'est pas le moment de vous parler de cette
matinée désastreuse du 5 au 6 octobre ; chacun
de nous s'afflige du sang qui a été répandu»
Mais pourquoi la malveillance chercha-t-elle à
attribuer ces crimes à M. d'Orléans , qui pour
lors étoit à Paris , et comment des témoins
furent ~ ils assez infâmes pour accuser M. d' Or-
léans des forfaits qui ne furent sans doute di-
rigés par personne , mais que dans tous les cas
on ne pouvoit imputer avec j'ustice qu'au dé-
faut de surveillance de ceux qui gardoient le
château de Versailles à cette époque?
Cependant la haine d'un parti puissant cher-
cha dans ce nouveau désastre une victime pour
assouvir sa vengeance , et ce malheureux prince,
toujours isolé au milieu àes conspirateurs dont
©n le disoit entouré , et des délateurs qui vou-
loient ,à quelque prix que ce fut ^ le perdre, fut
encore désigné pour avoir dirigé les poignards
et les massacres qui eurenc lieu. M. d'Orléans ,
tranquille de sa conscience ,:.cléYaroIt les calom^
mnies : atroces dont on.cbercliait 4 , l'accabler*
M. de la Fayette , profondement obscur dans
sa conduite avec lui, vint lui dire que souy^çïîli
Fon se servoit de son noin.; pour agiter les es.J)rits/
et qu'au degré d'effervescence oii ils étoieM
portés, il seroit peut-être utile, à la tranquillité
publique quil s'éloignât quelques momens^ dé
la capitale. M. d'Orléans ne calcula pas le .»dan^
ger qu'il j avoit pour lui de s'absenter dans iine
telle circonstance ; et ce? qui prouve yictojçieu-
sement i iqu'il ii'avoit aucun parti , c'est' qu'il
accepta Tiiie mission pour l'Angleterre, et que
cette mission lui fut doniiée sans qu'aucuii d©
ses amis en fussent informés. Je ne lappris
qu'au moment de son départ , et je ne me cache
point d'avoir été sur le champ chez lui pour lé
détourner dïin voyage . qui donnoit un vaste
cliamp à ses calomniateurs.
On pourra juger de la duplicité de la cour^
et de l'intrigue qui eut lieu pour le déterminet
à partir. J'ai lu les instructions qui lui furent
données à cette époque ;' elles seront publiques
un jour , et l'on y verra la mauvaise foi de la
cour, consignée dans des instructions diamé-
tralement opposées.aux principes qu'elle a sou-
tenus depuis avec une persévérance si coupa-
ble et si contraire aux .véritables intérêts de la
nation.
■ ; C 1.5 )
 peine M. d'Orléans étoit parti , que les plus
affreux liÎDelles parurent conttelui; tous lesdé-
partemens ■ furent inondés de ces infâmes pro-
ductions , et plusieurs citoyens égarés le crurent
coupable , puisqu'il ne clierclioit point à se jus-
tifier, et qii'on publioit ouvertement que son
séjour en Angleterre étoit une grâce que le roi
lui avoit accordée pour le soustraire à la juste
vengeance de la loi. Pendant le tenaps que Ton
accréditoit cette opinion par les libelles les plus
atroces , ''dii''t)'Tîrdissoit dans les ténèbres cette
fameuse procédure du Châtelét: on y voit, par
une suite rnalneureusémént trop commune des
discordes civiles , une foule de citoyens c[ue
l'on avoit cru^ honnêtes et Vertueux , se meta-
KiorpliosërëiT juges prévaricateurs et en calom-
niateurs infâmes. Mais ce que Ton n'avoit pas
prévu arriva; M. d'Orléans , éclairé sur la per-
Bàie du 'Trtinistère, sur lés lâclies manœuvres
de ses ennemis prés des juges du châtelet ,
revint en France à l'époque de la fédération du
14 juillet.
Paris n'avoit pas cessé d'éprouver, pendant son
absence , les mêmes agitations ; un malheureux
boulanger fut victime de l'égarement de C]uelques
citoyens ; et malgré le ridicffle de vouloir encore
charger M. d'Orléans de ce nouveau crime ,
vingt libelles attestèrent que c'étoit sa faction
qui en étoit la cause.
( 1& )
Lorsqu'on apprit dans Paris que M. d'Orléans
se proposoit de revenir , tout le monde sait que
M. de la Fayette lui envoya son aide-de-camp ,
M. de Boinville , pour l'engager à rester encore
à Londres. M. delà Fayette lui-même , dans] la
tribune de l'assemblée nationale , déclara que
les mêmes raisons qui avoient sollicité le départ
de M. d 'Orléans, subsistoient encore; et cependant,
messieurs , quelle influence l'éloignement de
M. d'Orléans et son retour à Paris ont - ils eu
sm^ les affaires politiques? M. d'Orléans, exact
à ses devoirs , et fidèle à son poste , a constam-
ment été de Topinion des véritables défenseurs
du peuple.
Lui reprocbe-t-on d'avair déterminé quelques
délibérations de l'assemblée nationale en sa
faveur ?
A-t-il éïé traité plus favorablement que les
autres princes dans les loix somptuaires qui ont
été prononcées contre eux ?
N a-t-il pas obéi avec respect aux suppressions
qu'il a éprouvées , et l'a-t-on vu réclamer contre
aucune des loix de rigueur qui ont été pro-
noncées contre ses intérêts?
Faisons, sans partialité, le rapprocliement de la
conduite de ce prince, et de celle de ceux qui,
éloignés de leur patrie , cherckent à y rentrer
îe fer à la main ;. et la nation franeoise jugera
quels sont les conspirateurs dont elle a le droit
de se plaindre.
Les uns ont déserté leur patrie , sollicité tous
les princes de l'Europe de se réunir à eux pour
écraser la France. Ils ont fomenté les troubles
intérieurs , débauché nos soldats , corrompu
nos officiers , entretenu les conspirateurs au
milieu de la capitale , et ils sont les causes de
la guerre que nous avons à soutenir maintenant.
Qu'a fait M. d'Orléans? Il s'est montré l'un
des premiers amis de la liberté, c'est pour elle
qu'il a fait le généreux abandon de toutes ses
prérogatives ; c'est pour elle qu'il s'est exposé
à la liaine , aux fureurs y aux calomnies les plus
affreuses : aussi est-il du très-petit nombre de
ceux qui sont restés fidèles aux véritables in*
téréts du peuple , et qui ne veulent aucune
transaction dans la constitution. Maintenant
il est , avec ses trois jeunes enfans, au camp de
Lukner, tout prêt à donner son sang pour dé-
fendre la souveraineté du peuple, l'égalité entre
les ciroyens , la liberté de la France.
Citoyens! jugez vous-même sa conduite et
celle de ses vils calomniateurs.
N'est-il pas temps que le peuple connoisse les
icélérats qui le trompent et qui l'abusent ? Les
rrais agitateurs du peuple sont ceux qui ne peu-
vent supporter l'égalité et la liberté ; les vrais
Imitateurs du peuple sont ceux qui vçulent l'anéan-
issement, ou du moins la modification d'une
onstitution qui déjoue leur ambition et leurs
( i8 )• ,
espérances ;, les Trai3 agitateurs sont cette classe
des ci-devant privilégiés , cpii ne pouvoient au-
trefois prétendre aux places de la cour , et qui
ont espéré les obtenir pour prix de leur retour
à la bassesse et à Ja flatterie. Mais tous ces in-
sensés n'ont pas calculé que le peuple françois
connoissoit enfin sa dignité , et que jamais il
ne souffrira de capitulation sur .les droits de
l'homme , évangile immortel de la raison.
Voilà, messieurs,. les vrais., les seuls ennemisp
de M. d'Orléans. Ils, n'osent ouvertement insul-
ter le peuple ; mais ce sont les amis et les dé-
fenseurs du peuple qu'ils calomnient. Cette ca-
bale infâme ne se réveille que lorsque de grands
complots sont prêts à éclater. Citoyens ! tenez-
vo"ns sur vos grandes , que l'œil vigilant du patrio-
tisme se tienne ouvert, et nos ennemis, confon-
dus et humiliés, rentreront avant peu dans le
néant.
3'ai cru devoir.ypus indiquer , messieurs , dansi^
cette opinion . les bases de la trame ourdie contre
M. d'Orléans ; je le répète à nos adversaires ; car
s'il existe une faction d'Orléans , je dois en être
par ramitié qui me lie à ce prince. Hé bien!
je porte le dé£ à qui que ce soit de pouvoir
prouver que , depuis répoG[ue, du 5 mai 1789 , je
m,e sois trouvé à aucun comité particulier avec
M. d'Orléans. Souvent il m'a entretenu de ses\
peines et de se$^ chagrins personnels j; mon cœui
les a partagé avec lui ; mais c est à sa constante
fermeté dans le parti patriote , à son amour pour
la liberté et l'égalité que je rends hommage en
ce moment , en couvrant de mépris ses calom-
niateurs , et les vils agens dont ils se servent.
Je termine cette opinion , messieurs , en vous
disant que, si l'existence du comité autricliien
paroissoit douteuse encore , que la dénonciation
ridicule qui a été faite à l'assemblée nationale
lundi dernier^ en démontre la réalité; qu'elle n'est
qu'une basse récrimination , pour distraire l'at-
tention de l'assemblée sur les vrais coupables.
Messieurs, ne ménagez personne, portez fatten-
tion la plus scrupuleuse sur les vrais conspira-
teurs , et méritez, par votre surveillance ,1a con-
fiance de tous les véritables amis de la liberté,
SILLERY,
De l'Imprimerie duPATiiiOTEFRANçpis,
place du Théâtre Italien.
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