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Full text of "Documents diplomatiques"

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Vil- MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES. 



DOCUMENTS DIPLOMATIQUES. 



AFFAIRE 

DU JOURNAL LE BOSPHORE ÉGYPTIEN. 



PARIS. 

IMPRIMERIE NATIONALE. 

M nncc i,\xxv. 



MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES. 



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DOCUMENTS DIPLOMATIQUES. 

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AFFAIRE 

DU JOURNAL LE BOSPHORE ÉGYPTIEN. 



PARIS. 
IMPRIMERIE NATIONALE. 

M DCCC LXXXV. 




JUN 1 8 1021 



TABLE DES MATIÈRES. 



uÉnos. 



1 
2 
3 







8 



10 
11 
12 

13 
14 

15 



16 

17 
18 
19 
20 
21 

22 



N01VI5. 



M. Saint-René TaiBandier. . 



Id 



an. 



X M. Saint-René Taillandier. 



M. Saint-René Taillandier. . . 



Id 



an. 



X M. Saint-René Taillandier.. 



M. Saint-René Taillandier. • . 



Idem. 



À M. Saint-René Taillandier. . 



Id 



mi. 



M. Saint-René Taillandier. . . 



Idei 



m. 



À M. Saint-René Taillandier. . 
M. Saint-René Taillandier . . . 



Aui Ambassadeurs de la Ré- 
publique française à Reiiin , 
Gon«tttiki]io(4e , Londres , 
Saint - Pétersbourg , -Rome 
et Vienne. 

X M. Saint-René Taillandier.. 



M. Saint-René Taillandier. . . 
X M. Saint-René Taillandier. . 



M. Saint-René Taillandier. . . 



Idem. 



X M. Saint-René Taillandier. . 



Idem 



DATES. 



i885. 
8 avril. . . 



9 avril 



G avril 



1 1 avril 



Ide 



m. 



12 avril 



Idem. 



Idem. 



i3 avril 



\ avril. 



Idem. 



i5 avril. 



17 avril. . . 

18 avril. . . 



Idem. 



19 avril. 



20 avril, 



Idem. 



22 avril 



23 avril. 



OBJET. 



Documents diplomatiques. — Bosphore é^ptien. 



Fermeture de l'imprimerie du Botphûre égjrpùttt, . 

Illégalité de Tarrété de fermeture 

Demande de communication de Tarrété de ferme- 
ture 

Communication de Tarrété de fermeture 

Démarche de M. Saint'Rcné Taillandier auprès du 
Khédive 

Approbation du langage tenu au Khédive par 
M. Saint-René Taillandier 

Illégalité de la mesure. — Nubar-Pacha se prépare 
à envoyer une Note justificative 

Entrevue de M. Saint-René Taillandier avec M. Scr- 
rièreé 

Demande du texte du procès-verbal dressé lors de 
la fermeture 

Instructions 

Envoi du texte du procès-verbal 

Conversation de M. Saint>René Taillandier avec le 
Khédive et avec Nubar-Pacha 

Instructions 

Nouvel entretien avec le Khédive et avec Nubar- 
Pacha. — Demande de réparations 

Communication des instroctions adressées à 
M. Saint-René Taillandier. 

Approbation du langage tenu par M. Saint-René 
Taillandier. 

Visite de Nubar-Pacha. — Demande de délais. . . . 

Refus d^accorder aucun délai 

Mise en demeure adressée à Nubar-Pacha; 

Réponse de Nubar-Pacha 

Entretien de TAmbassadenr de Turquie avec le 
Ministre des Affaires étrangères 

Instructions . • 

6. 



PAGES. 



1 
2 

3 

4 



6 



8 
8 
9 

II 
12 

13 

14 



15 
15 
16 
16 
17 

18 

18 



VI 



wu- 

MÀROS. 



NOMS. 



23 



24 



25 
26 

27 
28 
29 
30 
31 

32 
33 
34 
35 
3f> 
37 
38 
39 
40 

41 

42 

43 

44 
45 
4G 



M. Saint-René Taillandier. . . 



Aux Ambassadeun de la Répu- 
blique française à Beiiin, 
Gon8tantino(de , Londres , 
Saint-Pétersbourg , Rome et 
Vienne. 



Au marquis de Noailles 



M. Saint-René Taillandier. . 



X M. Saint-René Taillandier. . 



M. Waddington. 



Le Baron de Courcel 



À M. M^addington 

M. Saint-René Taillandier. . . . 

M. Waddington 

M. Saiot-René Taillandier. . . 



Le Général Appert 
A M. Waddington , 



M. Waddington 

X M. Saint-René Taillandier. 
M. Saint-René Taillandier . . 
X M. Saint-René Taillandier. 
M. Saint-René Taillandier. . . 



Idem 



là 



eni 



Idem. 



X M. Saint-René Taillandier. 
M. Saint-René Taillandier. . . 



Idem. 



DATES. 

i885. 
ad avril. . . . , 

Idem 

Idem 

a6 avril 

Idem 

Idem 

Idem, • « 

36 avril 

Idem ..•••... 

27 avril 

Idem 

Idem, ..••••. 

28 avril 

Idem 

3g aviil 

3o avril 

1 •' mai 

a mai 

3 mai 

Idem 

1 5 mai 

1 6 mai 

1 7 mai 

a 1 mai 



OBJET. 



Suspension des relations officidles avec Je Gouver- 
nement égyptien 

Communication des instructions adressées à 
M. Saint-René Taillandier 



Instructions , 



Instance de M. Baring. M. Saint*Reoé Taillandier 
retarde son départ 



Instructions , 



Entretien avec Lord Granville 



Entretien avec le Comte de Hatzfeld 
Instructions 



Départ de M. Saint-René Taillandier pour Alexan- 
drie 



PAGES. 



Entratien avec Lord Granville, 



Arrivée, de M. Saint-René Taillandier à Alexandrie. . 



Entretien avec M. de Giers 



Instructions , 



Nouvel entretien avec Lord Granville 



Instructions. 



Demande de pouvoirs spéciaux.. . 
Réponse à la dépêche précédente 



Règlement des questions de forme préalables. Départ 
pour le Caire 

Visite officielle de Nubar^Pacba. Reprise des rela- 
tions diplomatiques 

Réouverture de rimprimerie Serrière. Fin de Taction 
diplomatique 

M. Giraud se dispose à faire reparaître le Bosphore 
égyptien 



Réponse à la dépêche précédent c 

Date de la réapparition du Bosphore égyptien. 
Le Bosphore égyptien a l'eparu 



20 



21 



22 

22 
23 
24 
25 
20 

27 
28 
20 
29 
30 
31 
32 
32 
33 

33 

34 

35 

35 
3G 
36 
37 



DOCUMENTS DIPLOMATIQUES- 



AFFAIRE 



DU JOURNAL LE BOSPHORE EGYPTIEN. 



r 1. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant TAgence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



( TÉLÉGBAMME. ) 



Le Caire, le 8 avril i885. 



Aujourd'hui, malgré l'opposition d'un délégué du Consulat général 
et dans les circonstances les plus propres à accroître la gravité de cet 
acte, l'imprimerie du journal le Bosphore égyptien a été fermée par la 
violence. Nubar-Pacha m'a fait prévenir, vers trois heures, parTigrane- 
Pacha, que le Gouvernement, par un arrêté de ce jour, avait décidé la 
fermeture de cette imprimerie. Je représentai à Tigrane-Pacha ce 
qu'une pareille mesure avait d'impolitique et d'arbitraire, et je ne lui 
laissai aucun doute sur l'attitude que j'allais prendre. 

En même temps, lé Gouverneur du Caire avisait par écrit M. Le- 
queux de la décision du Gouvernement et lui demandait l'assistance 
d'un délégué du Consulat. Consulté à ce sujet par M. Lequeux, je 
donnai l'ordre à son chancelier, M. Taillet, de se rendre à l'impri- 
merie avec deux cawas, avant l'heure indiquée, de protester contre 
l'exécution d'un arrêté illégal , de ne céder qu'à la force et de dresser 

Documents diplomatiques. — Bosphore égyptien. i 



— 2 — 
procès-verbal. J'adressai en môme temps à Nubar-Pacha une protes- 
tation écrite par laquelle je déclarais le Gouvernement égyptien res- 
ponsable des accidents qui pourraient survenir. Ma démarche n a pas 
arrêté Nubar-Pacha. 

L'attitude résolue de M. Taillet n'a pas arrêté non plus le chef de la 
police. La porte de l'imprimerie a été brisée. Ledomicile d'un Français 
a été violé. M. Taillet, les d£ux commis du consulat, les deux cawas 
ont été bousculés. 

Le procès-verbal attestant ces actes de brutalité s'est aussi tôt couvert 
de signatures. 

Saint-René Taillandier. 



r 2. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant f Agence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

[télégramme.) 

Le Caire, le 9 avril i885. 

L'arrêté qui a décidé la fermeture de rimprimerie Serrièrvoù s'im- 
prime le Bosphore vise un ancien arrêté de suppression, daté du 
29 février i884. Il vise, en outre, la loi de 1881 qui n'a pas été com- 
muniquée aux Consuls généraux et qui est entachée de nullité en ce 
qui concerne les étrangers. Il est donc éminemment illégal. Le juge- 
ment récent du tribunal d'Alexandrie dans l'affaire Takla met hors de 
doute la légitimité de mon opposition. Enfin, cet arrêté arbitraire a été 
exécuté avec toutes les circonstances aggravantes que Votre Excellence 
connaît déjà. 

La prétention émise par le Gouvernement égyptien d'appliquer, 
malgré les Puissances, la loi de 1881 , donne à l'incident actuel un in- 
térêt international. Votre Excellence appréciera si le moment est venu 



— 3 — 
de régier, d'accord avec l'Egypte et les Puissances, iâ situation de la 
presse étrangère dans ce pays. Mais il y a une nécessité urgente : c'est 
celle d'obtenir satisfaction pour l'acte du 8 avril. 

Une vive effervescence règne dans la colonie française et même 
parmi les étrangers. Je m'applique de tout mon pouvoir à la calmer. 

Saint-René Taillandier. 



N" 3. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat gé- 
néral de France en Egypte. 



( TÉLÉGRAMME. ) 



Paris, le 10 avril i885. 



Avant de vous envoyer des instructions définitives au sujet de l'in- 
cident du Bosphore égyptien, je désire connaître les termes de l'arrêté 
égyptien du 8 avril. Veuillez m'en envoyer le texte complet. Si, comme 
vos dépêches l'indiquent, l'arrêté prononce la fermeture de l'imprimerie 
et non pas seulement la suspension du journal , il constitue certainement 
un abus de pouvoir et une atteinte au droit de nos nationaux. Les tri- 
bunaux mixtes ont depuis longtemps jugé qu une imprimerie ne peut 
être fermée par mesure administrative. Cette infraction est encore 
aggravée par les offenses commises contre les employés du Consulat et 
pour lesquelles une réparation devra être obtenue dans tous les cas. 
Nous devrons demander la réouverture de l'imprimerie et la révoca- 
tion des fonctionnaires responsables de la violation du domicile de 
nos ressortissants et des immunités de nos Agents. Prévenez-en officieu- 
sement Nubar-Pacha et le Khédive. Ne laissez point ignorer qu'une réso- 
lution spontanée de l'Administration égyptienne est le seul moyen de 
prévenir de graves complications, le Gouvernement de la République 



1 . 



— 4 — 
restant bien décidé à obtenir les satisfactions qui lui sont dues et à 
faire respecter en Egypte comme ailleurs les droits de ses nationaux. 

ff 

C. DE Freycinet. 



N° 4. 



M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général de 
France en Egypte, 

à M. de Freycinet , Ministre des Affaires étrangères. 



(télégramme,) 



Le Caire, le ii avril i885. 



Le texte de l'arrêté du 8 avril dernier est ainsi conçu : 

« Le Ministre de l'Intérieur, 

«Vu l'arrêté du 29 février i884, par lequel le journal le Bosphore 
égyptien est supprimé ; 

Attendu que, malgré la signification régulière de cet arrêté, la pu- 
blication dudit journal continue; 

« Attendu, au sui^lus, que pendant tout ce temps le Bosphore égyptien 
n'a cessé de publier des nouvelles alarm^intes et erronées et d'exprimer 
des appréciations contraires à l'intérêt de l'ordre public ; 

«Attendu que, notamment, le numéro io58 du 4 avril i885 
contient des passages d'une soi-disant proclamation duMahdi qui sont 
encore plus de nature à surexciter les esprits et partant à troubler la 
tranquillité publique, et que le numéro 1069 du 5 avril i885 contient 
ces mêmes passages en langue arabe; 

« Attendu que le Bosphore égyptien paraît aussi en langue arabe sans 
y être autorisé ; 

«Vu la loi sur la presse du 26 novembre 1 88 1 , 



« Arrête : 

t ARTICLE UNIQUE. 

« Le Gouverneur du Caire est chargé de procéder à la fermeture de 
rimprimerie du Bosphore égyptien afin d'empêcher Tira pression du 
journal. 

Fait au Caire, le 8 avril i885. 

Le Minisire de l'Intérieur, 
Signé : Gtordon. » 

J'enverrai aujourd'hui même à Votre Excellence quelques indications 
complémentaires. Je me rends immédiatement chez le Khédive et chez 
Nubar-Pacha. 

Saint-René Taillandier. 



N^ 5. 

M. Saint-Rene Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

(télégrammb.) 

Le Caire, le ii avril i885. 

Le langage que j'ai tenu au Khédive et à Nubar-Pacha a été conforme 
à vos instructions. Le Khédive a paru très ému de ma démarche. Après 
m'avoîr écouté en silence, il s'est plaint du ton habituel an Bosphore 
•et particulièrement de la citation récente d'une soi-disant proclamation 
du Mahdi. Je lui ai répondu que je n'étais pas venu auprès de lui pour 
défendre un journal qui a pu en effet causer des sujets de plainte, 
mais que, après tant de preuves de bienveillance données par la Répu- 
blique à sa Personne et à son Gouvernement, nous étions en droit de 

DoGUHEKTS DIPLOMATIQUES. — Bosphore i^ptien, 2 



— 6 — 
nous étonner que le Gouvernement égyptien, au lieu de nous exposer 
courtoisement ses griefs, eût porté la main sur les droits de nos natio- 
naux et les immunités de nos Agents. 

J'ai parlé de même à Nubar-Pacha. Je lui aï indiqué comme j'avais 
fait au Khédive, en termes modérés mais résolus, le minimum de nos 
exigences. Il m'a opposé un refus catégorique. Il s'est déclaré décidé 
à ne consentir ni à la réouverture de l'imprimerie ni à la révocation 
de fonctionnaires qui, m'a-t-il dit, n'ont fait qu'exécuter ses ordres. 

Le bruit de ma double visite commence à se répandre. Il excite 
partout de vives espérances. Le directeur du Bosphore serait en mesure 
de reprendre la publication de son journal. Je l'ai détourné de le faire 
jusqu'à nouvel ordre. 

Saint-René Taillandier. 



N^ 6. 



M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant TAgence et Consulat 
général de France en Egypte. 



(télégramme.) 



Paris, le 12 avril i885. 



Je donne mon approbation au langage que vous avez tenu au Khé- 
dive et à Nubar-Pacha. Comme vous, je crois qu'il est préférable que le 
Bosphore ne reparaisse pas jusquà ce que la question soit résolue. 

C. de Freycinet. 



— 7 



r 7. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant TAgence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

[ TÉLÉGRAMME, ) 

LeCaire, le 12 avril i885. 

Ainsi que Votre Excellence Ta vu par le texte de l'arrêté du 8 avril, 
c'est bien la fermeture d'une imprimerie française que le Gouverne- 
ment égyptien a ordonnée pour arriver à supprimer de fait le Bosphore. 
La suppression du journal a été le but; la fermeture de l'imprimerie 
a été le moyen. L'illégalité de la mesure est donc manifeste. 

J'ai des raisons de croire que Nubar-Paclia se prépare à m'adresser 
une lettre justificative où il s'efforcera de prouver que le Gouverne- 
ment a agi dans la plénitude de ses droits et que j'étais moralement 
tenu de lui prêter mon concours. Que je reçoive ou non cette note, je 
ne laisserai pas déplacer une question qui s'est posée dans les termes 
les plus simples. Elle se résume en peu de mots : fermeture arbitraire 
d'une imprimerie française, violation d'un domicile français, offenses 
graves faites publiquement à nos Agents. 

Nubar-Pacha m'a formellement déclaré qu'il revendiquait la res- 
ponsabilité de tout ce qui a été fait. 

Saînt-René Taillandier. 



N^ 8. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet , Ministre des Affaires étrangères. 

( TÉLÉGRAMME, ) 

Le Caire, le 12 avril i885. 

Rapprends que M. Serrière recevra demain un acte judiciaire Tau- 



2. 



— 8 — 
torisâDt à rouvrir son imprimerie , sous ] a condition expresse de ne plus 
imprimer le Bosphore. M. Serrière m'a promis de ne donner aucune 
réponse à cette notification. 

Saint-René Taillandier. 



r 9. 



M. déFreycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant TAgence et Consulat 
Général de France en Egypte. 



( TÉLÉGRAMME. ) 



Paris f le i3 avril i885. 



Envoyez-moi le texte du procès-verbal dressé lors de la fermeture 
de Timprimerie , en supprimant les clauses de style. Indiquez en même 
temps le nombre de signatures qui ont appuyé la vôtre, et ajoutez, si 
besoin est, quelques explications complémentaires très précises. 

G. de Freycinet. 



r 10. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 
général de France en Egypte. 

{télégbamme.) 

Parif, le i4 avril i886. 

M. Serrière, diaprés vos dépêches, serait autorisé à rouvrir son 
imprimerie, à la condition de ne plus imprimer le Bosphore. Nous ne 



pouvons, quant à nous, accepter aucune restriction dans la réparation 
d'un acte illégal. Mais une fois la réouverture opérée purement et 
simplement, nous verrions volontiers, aCn de bien marquer la sépa- 
ration que nous entendons maintenir entre la question du journal et 
celle de rimprimerie, que la publication du journal restât suspendue 
pendant quelques jours. 

Quant aux offenses dont les Représentants du Consulat ont été 
Tobjet, c'est un point que nous réglerons aussitôt que j'aurai étudié 
le procès- verbal que je vous ai demandé. 

C. DE Freycinet. 



r 11. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant T Agence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Minisire des Affaires étrangères. 



(télégramme.) 



Le Caire, le i/i avril i885. 



J'ai l'honneur de vous envoyer le texte du procès-verbal que vous 
m'avez demandé par votre dépêche du i5 avril : 

«Le 8 avril, à 6 heures du soir. Nous, Paul Taillet, Chancelier du 
Consulat général de France au Caire, agissant par délégation du Con- 
sul et du Consul général de France, dans les bureaux du Bosphore 
égyptien, où étant, en présence de M. Giraud, Directeur dudi t journal, 
MM. Chidîac, Arnould et Jouslin, le premier, drogman, le second et 
le troisième, attachés au Consulat de France au Caire, s'est présenté, 
sur notre invitation, M. Fœwnik, Commandant de la police, qui ar- 
rivait à la tête d'une troupe d'agents pour saisir les presses de l'impri- 
meur Serrière, en vertu d'un décret du Ministre de l'Intérieur, qu'il 
nous a montré. 

Documents diplomatiques. — Bosphore ét^yptien. 3 



— 10 — 

«Après lui avoir déclaré nos qualités, nous lui avons signifié que, 
laio d'être ici pour Taider dans sa saisie, nous étions venus spéciale- 
ment pour nous y opposer, et ce, en vertu des ordres à nous donnés 
par le Consul et le Chargé d'affaires de France. Nous avons ajouté que 
nous nous opposerions jusqu'au dernier moment à la saisie en question 
et jusqu'à ce que nous soyons contraints de céder à la violence; que, 
d'ailleurs, nous ne reconnaissions pas la loi sur la presse sur laquelle 
est basé l'arrêté susdit; et qu'il violait le domicile d'un citoyen français. 
M. Fœwnik nous a répondu qu'il avait des ordres formels et qu'il était 
dans la nécessité d'employer au besoin la force pour les exécuter. 

« Nous avons fait observer à M. Fœwnik que l'imprimerie était la pro- 
priété de M. Serrière et non celle du Bosphore égyptien, et que nous le 
rendions responsable, lui et le Gouvernement égyptien , de tout ce qui 
pourrait résulter de l'exécution de ces ordres. On est venu nous pré- 
venir à ce moment que les agents de police essayaient de briser une 
porte de derrière de l'imprimerie (porte qui ne nous avait pas été in- 
diquée) , sans avoir fait de sommations, et sans avoir essayé d'entrer par 
la porte principale. Nous y étant rendus, nous avons été bousculés par 
les cavaliers postés à l'entrée de la rue , où ils ont repoussé la foule ; 
ayant de nouveau protesté que nous ne céderions qu'à la violence, 
M. Fœwnik a ordonné de charger les armes. M. Jouslin, qui avait passé 
précédemment, et qui se trouvait devant la porte de l'imprimerie que 
les agents se disposaient à briser, a , après avoir déclaré ses qualités, pro- 
testé de la façon la plus formelle. Le Commandant l'a pris alors par le 
bras et l'a éloigné. M. Jouslin a déclaré ne céder qu'à la force ; M. Ser- 
rière s'est alors présenté et a déclaré que les agents de police, M. Fœw- 
nik en tête, étaient entrés chez lui par la porte brisée , à laquelle il» 
n'avaient pas même frappé; le Commandant a déclaré à M* Serrière 
qu'il agissait en vertu d'un arrêté ministériel ordonnant la fermeture de 
l'imprimerie du Bosphore, ^i qu'il devait exécuter cet arrêté, bien qu'd 
sût que M. Serrière avait d'autres travaux pour des particuliers^ deô 
administrations, etc.; M. Serrière a protesté contre la violation dôson 
domicile, qu'il abandonne eA rendant M. Fœwnik responsable, ainsi qœ 
le Gouvernement égyptien, de tout ce qui pourrait résulter de cet acte v 



— 11 — 

et de iQut ce qui précède. Nous avons dressé le présent procès- verbal , 
que nous avons signé avec les susnommés et les témoins. M. Fœwnik, 
qui au début avait promis de signer le procès- verbal, a refusé au der- 
nier moment de le faire, disant avoir reçu des ordres en conséquence. » 

Le nombre des signataires est de vingt-un ; il aurait été beàrucoup 
plus considérable si M. Taillet l'avait désiré. L'ordre de charger les 
armes a été distinctement entendu. Une compagnie de soldats souda- 
niens, dans une caserne voisine, attendait Tordre d'agir. La police à 
cheval, sabre à la main, faisait des patrouilles dans le quartier. 

Je rappelle à Votre Excellence quune heure avant l'exécution , j'ai 
prévenu par écrit Nubar-Pacha que je donnais l'ordre au Chancelier 
du Consulat de s'opposer à une mesure illégale. 

Saint-René Taillandier. 



M. Saint-René Taillandier , Gérant TAgence et Consulat général 
de France en Egypte , 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

( TÉLÉGRAMME. ) 

Ift Caire, le a6 avril ifii^â. 

En parlant au Khédive et à Nubar-Pacha des réparations qui nous 
sont dues pour les actes illégaux du =8 avril, j'ai déjà eu soin de 
répudier toute solidarité avec le Bosphore. Je ne manquerai pas d*y 
revenir. 

Saint-René Taillandier. 



3. 



12 



N" 13. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

k M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 

f 

général de France en Egypte. 

{TÉLéoRAMME.) 

Paris» le 17 avril i885. 

Vous m'avez annoncé, à la date du 8 avril, la fermeture de l'impri- 
merie Serrière, ainsi que les incidents qui ont précédé et suivi celte 
mesure. Je vous ai, de mon côté, fait part, dès le lendemain, de la 
première impression produite sur moi par ces nouvelles, et recom- 
mandé d'agir officieusement auprès du Khédive et de Nubar-Pacha 
pour obtenir d'eux une réparation spontanée. Je voulais ainsi laisser 
au Gouvernement égyptien le temps de la réflexion et m'entourer 
moi-même de toutes les lumières nécessaires. 

J'ai pris l'avis de jurisconsultes compétents. De l'examen approfondi 
de la question il ressort que, si des décisions judiciaires ont reconnu 
au Gouvernement égyptien la faculté de suspendre ou de supprimer 
un journal, d'autre part, ce Gouvernement n'a pas le droib de pres- 
crire par voie administrative la fermeture d'une imprimerie euro- 
péenne. D'où résulte que l'arrêté du 8 avril, qui a prononcé la fer- 
meture de l'imprimerie Serrière, est absolument sans valeur. Les actes 
accomplis pour mettre à exécution cet arrêté constituent à la fois 
une violation de domicile, une atteinte à la propriété et un manque- 
ment direct aux officiers du Consulat de France qui ont tenté de s'y 
opposer. 

Je vous invite en conséquence à réclamer officiellement du Gouver- 
nement khédivial les satisfactions suivantes : 

1 ° Réouverture pure et simple de l'imprimerie Serrière; 

2"* Punition des auteurs responsables des actes coupables. 

Vous ferez comprendre au Khédive et à Nubar-Pacha, dans un lan- 



— 13 — 
gage courtois, maïs très net, que, si le Gouvernement français n'obtient 
pas une réponse satisfaisante dans un bref délai, il ne s*en tiendra pas 
là et déterminera dans le sentiment de sa dignité les résolutions ulté- 
rieures auxquelles il devra s'arrêter. 

Vous vous attacherez , dans les explications que vous pourrez être 
amené à donner, à bien marquer la séparation que nous avons établie 
dès le premier jour entre le journal et Timprimerie. 

Sans mêler à ce débat vos Collègues étrangers, vous pourrez ne pas 
leur laisser ignorer le point de vue auquel se place le Gouvernement 
de la République, dans une question qui, se rapportant aux Capitula- 
tions , intéresse toutes les colonies européennes en Egypte. 

C. DE Freycinet. 



N^ IL 

M. Saint-René Taillandier , Gérant TAgence et Consulat général de 
France en Egypte , 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

(TÉLÉGnAMMB,) 

Le Caire fie 18 avril i885. 

Je viens de voir de nouveau le Khédive et Nubar-Pacha. Je leur ai 
notifié les conclusions auxquelles Votre Excellence a été amenée par 
un examen approfondi de l'affaire du 8 avril; in inspirant de toutes 
vos vues, j'aî formulé oiBciellement les deux points de votre demande 
de réparation et j'ai laissé au Gouvernement égyptien un délai de 
quarante-huit heures pour donner une réponse satisfaisante. 

Le Khédive m'a demandé si nous refusions à son Gouvernement le 
temps de se justifier. Je lui ai répondu que ce temps ne lui avait pas 
manqué depuis dix jours; je lui ai rappelé ma démarche officieuse et 
le refus absolu de toute satisfaction que m'avait opposé Nubar-Pacha. 

Docomeuts diplomatiques. — Bosphore égyptien. h 



— 14 — 
Mon langage, très courtois d'ailleurs^ na pu laisser aucun doute sur 
la fermeté de notre résolution. 

J'ai trouvé Fattitude de Nubar-Pacha notablement différente de ce 
qu elle avait été. Mais il m'a représenté qu'on imposait à l'Egypte une 
situation intolérable, en lui contestant le droit de légiférer sur la presse. 
C'est là, dans son essence, la thèse par laquelle il croit pouvoir justi- 
fier les actes du 8 avril. Je lui ai répondu qu'en matière de presse 
nous contestions seulement au Gouvernement égyptien le droit d'ap- 
pliquer à nos nationaux une loi qui est entachée de nullité en ce qui 
les concerne, faute de nous avoir été communiquée. Je n'ai pas laissé, 
d'ailleurs, l'entretien s'engager sur ce terrain. 

J'attends d'ici à deux jours la réponse du Gouvernement khédivial 
à ma démarche officielle. 

Saint-René Taillandier. 



N' 15. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

aux Ambassadeurs de la République française à Berlin, Con- 
stantinople, Londres, Saint-Pétersbourg, Rome et Vienne. 



{TiLiGRAMME.) 



Paris, le i8 avril i885. 



Je vous envoie ci-après , pour votre information , copie des instruc- 
tions que j'ai adressées à M. Saint-René Taillandier relativement à 
Tincident du journal le Bosphore égyptien. 

C. DE Freycinet. 

(Voir plus haut la dépêche de M. de Freycinet à M. Saint-René Taillandier, da i7avril i885*) 



— 15 - 



N^ 16. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulal 
général de France en Egypte. 

( TÉLÉGRAMMB, ) 

Paris f le 19 avril i885. 

J'approuve entièrement le langage que vous avez tenu et vous 
remercie de votre dépêche du 18 avril. 

C. DE Freycinet. 



W 17. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général 
de France en Egypte , 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



(télégramme.) 



Le Caire, le 20 avril i885. 



Je viens de recevoir la visite de Nubar-Pacha. Au lieu de m' apporter 
la réponse attendue, il m'a prié de demander à Votre Excellence pour 
le Gouvernement égyptien un délai de quelques jours, motivant cette 
requête par la nécessité de consulter, d'une part, la Porte sur une 
question qui se rattache aux Capitulations , d'autre part, l'Angleterre, 
en raison de la situation de fait où se trouve l'Egypte. . 

J'ai répondu à Nubar-Pacha que je regrettais pour lui que le Gou- 
vernement égyptien eût laissé s'écouler le délai convenu; que le Gou- 
vernement de la République n'en accorderait certainement pas un 

i. 



— 16 — 
nouveau ; que ni la Porte ni l'Angleterre n'étaient intéressées dans la 
question actuelle; que je consentais cependant à vous faire part de sa 
démarche, mais sans pouvoir lui laisser aucun doute sur l'accueil que 
vous y feriez. 

Si, en effet, comme l'indique l'approbation donnée jusqu'ici à mon 
langage, Voire Excellence est résolue à ne pas tolérer de nouveaux 
atermoiements, je la prie de m'en aviser d'urgence, et de me mettre 
ainsi en mesure d'exiger du Gouvernement égyptien une réponse 
immédiate. 

Saint-René Taillandier. 



r 18. 

M. DE Freycinet , Ministre des Affaires étrangères , 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 
général de France en Egypte. 

[TELÉGaAMMS.) 

Paris, ie 20 avril i885. 

. Je vous prie de réclamer du Gouvernement égyptien une réponse 
catégorique dans la journée de demain. 

G. DE Freycinet. 



r 19. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général de 
France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

{télégramme.) 

Le Caire, le 21 avril i885. 

Je reviens de chez Nubar-Pacha. Je Tai mis en demeure de me don- 



— 17 — 
ner une réponse catégorique aujourd'hui, avant 4 heures. U s'est in 
cliné, en signe d'assentiment. 

Saint-René Taillandier. 



N^ 20. 



M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat générai 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



(télégramme.) 



Le Caire, le 21 avril 188 5. 



Nubar-Pacha, qui sort de l'Agence, m'a dit qu'il avait reçu du Grand- 
Vizir, après ma visite de ce matin, un télégramme lui annonçant que 
l'Ambassadeur de Turquie à Paris était invité à entretenir Votre Ex- 
cellence de l'incident du Bosphore. 

■ Devant celte situation, m'a dit Nubar-Pacha, je prie instamment 
le Gouvernement français de patienter un peu. » 

J'ai répondu en substance : u Mon Gouvernement ne voit pour la 
Porte aucune raison d'intervenir dans cette affaire. Mes instructions 
me le prouvent. Elles sont trop catégoriques pour qu'il me soit permis 
de transmettre de votre part à M. de Freycinet la demande d'un nou- 
veau délai. 

«Je vais simplement lui annoncer que le Gouvernement égyptien a 
laissé passer le terme convenu sans nous donner satisfaction. Le plus 
que je puisse faire est de l'informer en même temps du motif invoqué 
par Votre Excellence pour justifier ce retard. » 

Saint-René Taillandier. 



18 — 



N" 21. 



M. DE Fre\cinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat gé 
néral de France en Egypte. 



(télégramme,) 



Paris, le 32 avril i885. 



Aujourd'hui TAnibassadeur de Turquie est venu à ma réception heb- 
domadaire, et a abordé, ainsi que je m'y attendais, d'après votre dé- 
pêche, l'affaire du Bosphore. Je l'ai interrompu dès les premiers mots 
en lui disant que c'était là une question purement intérieure à l'Egypte, 
que nous traitions directement avec elle, et dans laquelle la Turquie 
n'avait pas de raison d'intervenir. Le reste de l'entretien, d'ailleurs 
très amical, a été à titre privé. 

Demain vous recevrez des instructions sur l'attitude que vous avez 
à prendre en conséquence du refus de Nubar-Pacha. 

G. DE Freycinet. 



r 22. 



M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 
général de France en Egypte. 



[télégramme.) 



Paris, le 23 avril i885. 



Le délai que nous avions laissé au Gouvernement égyptien, pour 
nous donner les satisfactions qui nous sont dues à raison de la fer- 



— 19 — 
meture illégale de rimprimerie Serrière et des ofiPenses faites, à cette 
occasion, à nos officiers consulaires, est expiré sans que nous ayons 
obtenu les réparations si modérées que nous demandions, savoir : la 
réouverture sans conditions de Timprimerie et la punition des auteurs 
responsables du manquement commis envers notre personnel consu- 
laire. 

A Theure actuelle, nous ne saurions nous prêter à de nouveaux 
atermoiements, qui ne feraient du reste qu'augmenter Timpatience 
de l'opinion en France comme en Egypte. 

Nous avons soigneusement écarté du débat le journal incriminé, 
nous déclarant disposés, dès que nous aurions les satisfactions morales 
et matérielles que comporte l'incident de l'imprimerie, à examiner le 
régime auquel pourraient être soumis les journaux publiés par des 
étrangers en Egypte. 

Mais nous persistons à croire qu'une controverse sur cette question 
de principes serait prématurée, tant que le point de fait actuel ne 
sera pas réglé conformément à nos droits. 

L'attitude prise dans cette circonstance par le Gouvernement khédi- 
vial témoigne, nous le constatons à regret, de peu de gratitude pour 
notre pays, qui s'est pourtant montré toujours animé des dispositions 
les plus bienveillantes et les plus amicales envers l'Egypte. 

Le souci de notre dignité ne nous permet pas de rester indiffé- 
rents à cet oubli du passé. 

Je vous invite donc à suspendre toute relation officielle avec le Khé- 
dive et ses Ministres et à recommander à nos Consuls de se renfermer 
strictement dans leurs devoirs de protection à l'égard de leurs ressor- 
tissants. 

Le Gouvernement de la République est résolu à se tenir, jusqu'à 
nouvel ordre, dans une complète réserve, pour toutes les questions 
qui touchent aux intérêts de l'Egypte. C'est ainsi qu'il ajournera la 
sanction par les Chambres de l'arrangement relatif aux finances égyp- 
tiennes. Le moment serait, en effet, mal choisi pour solliciter l'appro- 
bation du Parlement en faveur d'une Convention qui stipule la 
garantie de fa France pour un emprunt destiné à rétablir la prospérité 



— 20 — 
intérieure de TÉgypte, Conventîon qui non seulement fait peser de 
lourdes charges sur nous, soit par une retenue sur les coupons de la 
dette, soit en soumettant nos résidents à des impôts nouveaux, mais 
encore annule l'effet des sentences judiciaires relatives à l'inobserva- 
tion de la loi de liquidation. 

J'ajoute que si nous nous en tenons, pour l'instant, à cette attitude 
expectante, nous n'entendons point aliéner, pour cela, notre liberté 
d'action ultérieure. 

Vous voudrez bien lire cette dépêche à Son Altesse le Khédive et à 
Nubar-Pacha et en laisser copie à ce dernier, s'il le désire; je vous 
autorise également à en donner connaissance à vos Collègues. 

Dès demain, vous ferez vos préparatifs de départ pour Alexandrie, 
de façon à pouvoir vous mettre en route dès que vous en recevrez 
l'ordre. 

C. DE FrEYCINET. 



r 23. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général 
de France en Egypte, 

r 

à M. de Freycinet, Ministre des Affaires Etrangères. 



\TiïÀGnAMME,\ 



Le Caire, le a4 avril i885. 



J'ai lu au Khédive votre télégramme d'hier et j'en ai laissé copie à 
Nubar-Pacha. J'ai suspendu toute relation officielle avec le Gouverne- 
ment égyptien. J'ai transmis vos recommandations à nos Consuls et je 
fais mes préparatifs de départ. Un entretien avec M. Baring m'a laissé 
l'impression que l'Angleterre est disposée à laisser au Gouvernement 
égyptien la responsabilité des actes illégaux du 8 avril. La suspension 
des relations officielles est déjà connue ici. Elle y produit un eflfet 



— 21 — 

t 

considérable. Je compte, sauf avis contraire, partir demain soir pour 
Alexandrie où j'attendrai vos ordres. 

Saint-René Taillandier. 



r 24. 

M. DE Freycinet, Ministre des AflFaires étrangères, 

aux Ambassadeurs de la République Française à Berlin, 
Constanlinople , Londres, Saint-Pétersbourg, Rome et 
Vienne, 

( TÉLÉGBAMME, ) 

Paris, le 34 avril i885. 

L'attitude observée par le Gouvernement khédivial dans l'affaire du 
Bosphore rna, conduit à adresser hier au Chargé d'affaires de France 
au Caire le télégramme suivant : 

(Voir plus haut la dépêche de M, de Freycinet à M. Saint-René Taillandier, du 23 avril i885.) 

r 

Les Puissances ne doivent pas se méprendre sur les motifs pour 
lesquels une semblable communication a été faite. Je n'entends, en 
aucune manière, rtie délier des engagements souscrits par mon prédé- 
cesseur; mais, en présence du refus de TEgypte de nous accorder les 
réparations si modérées que nous réclamions, nous ne saurions deman- 
der au Parlement français de consacrer un arrangement qui impose 
des charges nouvelles à nos compatriotes. Cet ajournement qui, je Tes- 
père, ne sera pas de longue durée nous est dicté par l'obligation de ne 
pas laisser impuni un fait qui, portant une sérieuse atteinte au régime 
traditionnel des Capitulations, constituerait un précédent tout aussi 
fâcheux pour les autres Puissances que pour la France. 

Je vous prie de saisir la première occasion de vous expliquer verba- 
lement dans ce sens avec le Ministre des Affaires étrangères du Gou- 
vernement auprès duquel vous êtes accrédité. 

C. DE Freycinet. 



22 



r 25. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

au Marquis de Noailles, Ambassadeur de la République fran- 
çaise à Gonstantinople. 

• ( TÉLÉGRAMME. ) 

Paris, le 2Â avril i88ô. 

Essad Pacha est venu m^entretenir avant-hier de l'affaire du Bos- 
phore. J'ai décliné tout entretien officiel avec lui, mais je lui ai, à titre 
privé, fait comprendre que cet incident est une simple affaire de po- 
lice intérieure, qui doit se régler exclusivement au Caire, Vous 
pourrez vous exprimer de la même manière avec le Grand-Vizir, en 
ajoutant que s'il s agissait d'une question de souveraineté, nous serions 
heureux, au contraire, de témoigner de notre respect pour les droits 
du Sultan « 

G. DE Freycinet. 



N^ 26. 



M. Saint-René Taillandier, Gérant TAgence etGonstdat général de 
France en Egypte. 

à M. DE Freycinet , Ministre des Affaires étrangères. 



{ritâçMâmME,) 

Le Caire, le 35 avril i885. 



M. Baring m'a fait demander, avec de vives instances, de retarder 
mon départ, au moins jusquà demain. Je m'y suis engagé. 

Saint-René Taillandier. 



23 



r 27. 



M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 
général de France en Egypte, 



( TÉLÉGRAMMB, ) 



Paris, le 2 5 avril i885. 



Vous devez exiger les deux réparations dans les termes où nous les 
avons demandées et, par conséquent, en ce qui concerne la réouver- 
ture de Timprimerie, vous devez la réclamer sans condition d'aucune 
sorte. 11 est indispensable que le Bosphore puisse reparaître, mais, ainsi 
que je vous l'ai dit, je désirerais qu'il ne reparût que quelques jours 
après la réouverture de l'imprimerie, afin de marquer la séparation que 
nous avons toujours entendu établir entre l'imprimerie et le journal. 
Quant à la punition des auteurs responsables, vous en laisserez Tini- 
tiative au Gouvernement égyptien et vous me ferez connaître ses 
intentions. 

Ces deux réparations obtenues, vous écouterez les ouvertures que 
pourra vous faire Nubar-Pacha pour l'établissement d'un régime appli- 
cable aux journaux publiés par des étrangers en Egypte et vous me 
les transmettrez immédiatement. Votre langage devra donner l'im- 
pression de notre bon vouloir à prévenir le retour de semblables 
difficultés. 

G. DE Freycinet. 



24 



N° 28. 

M. Waddington, Ambassadeur de la République française à Lon- 
dres, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



(télégramme.) 



Londres, le uô avril i885. 



Aujourd'hui, j'ai vu deux fois LordGranville, ce matin d'abord et 
ensuite à quatre heures. 

Dans le premier enjtrelien, je lui ai exposé que vous étiez désireux 
de mettre fin à Tincident du Bosphore et que, puisque le Gouverne- 
ment anglais avait une part de responsabilité dans cette affaire, 
il sérail sans doute disposé à donner au Khédive des conseils de 
nature à nous faire obtenir les réparations auxquelles nous avons droit. 

J'ai tout d'abord déclaré à Lord Granville que nous écartions du 
débat le journal lui-même et, qu'une fois l'incident de l'imprimerie 
vidé, vous étiez disposé à examiner le régime qui pourrait être ap- 
pliquc aux journaux publiés en Egypte par des étrangers. Lord Gran- 
ville m'a répondu qu'il se prêterait volontiers à un échange de vues 
sur cette question. 

Je lui ai alors rappelé qu'il y avait eu deux faits graves, un man- 
quement vis-à-vis de notre personnel consulaire et la fermeture illégale 
d'une imprimerie française, et que nous demandions à titre de répa- 
ration la punition des auteurs responsables du manquement ainsi que 
la réouverture sans conditions de l'imprimerie. J'ai ajouté que l'opinion 
publique en France était fort émue de l'incident et que tant qu'il ne 
serait pas réglé à notre satisfaction, il serait bien difficile, pour ne 
pas dire inutile, de demander aux Chambres la ratification de la Con- 
vention financière. 

Lord Granville, après avoir écouté ma déclaration, manifesta le 
de désir de consulter ses collègues avant de me répondre, et c'est seu- 



— 25 — . 
lement à la suite d'un Conseil qu'il me fil connaître les vues de son 
Gouvernement; il les formula à peu près dans ces termes : 

« Le Cabinet anglais prend acte de ce que le Gouvernement français 
ne soulève pas de question sur la suppression du journal le Bosphore, 
et il est d'avis que la fermeture de Timprimerie n'était pas autorisée 
par la loi; l'imprimerie, en conséquence, doit être rouverte immédia- 
tement. Quant à la conduite du Chef de la Police, elle est conforme 
aux ordres qu'il a reçus, et le Gouvernement anglais espère que le 
Gouvernement de la République reconnaîtra que la responsabilité 
pour le manquement vis-à-vis du personnel consulaire n'incombe pas 
à ce fonctionnaire. Le Gouvernement anglais, enfin, ayant déclaré 
qu'il ne décline pas sa part de responsabilité dans la suppression du 
journal le Bosphore, n'hésite pas à s'associer aux regrets qu'il a conseillé 
au Gouvernement khédivial d'exprimer au sujet des incidents qui ont 
accompagné cette suppression. » 

Je lui rappelai que j'avais demandé la réouverture de l'imprimerie 
sans condition : il ne le contesta pas, mais il médit que, si nous arrivions 
à une entente, il comptait bien que vous empêcheriez le journal de 
reparaître pendant quelque temps. 

J'attends vos instructions; comme c'est demain dimanche, il est pro- 
bable que je ne pourrai voir Lord Granville avant lundi. 

Waddington. 



N^ 29. 

Le Baron de Courcel, Ambassadeur de la République française à 
Berlin , 

à M. DE Freycinet, Ministre des AflFaires étrangères. 



(télégramme.) 



BeriiD, le a 5 avril i885. 



lie Comte de Hatzfeldt m'ayant spontanément parlé aujourd'hui de 



— 26 — 
Taffaire du Bosphore égyptien, je lui ai donné connaissance des instruc- 
tions que vous avez adressées à notre Chargé d'affaires au Caire et que 
ce dernier a dû lire au Vice-Roi et à Nubar-Pacha. J ai fait ressortir 
qu'en défendant l'inviolabilité du domicile et le respect des capitula- 
tions» nous défendions la cause de tous les Européens. Le Comte de 
Hatzfcldt m'a dit que l'Allemagne approuvait notre point de vue et 
qu'elle ne s'en était point cachée. 

COURCEL. 



]N° 30. 

M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Waddington, Ambassadeur de la République française 
à Londres. 



( TiLÂGBÂMMB, ) 



Paris, le a6 avril i885. 



La Noie qui vous a été remise par Lord Granville me fait craindre 
qu'il ne se soit établi un malentendu sur le caractère de la conversation 
amicale que nous vous avons prié d'avoir avec lui. Nous n'avons pas eu 
la pensée de régler avec le Gouvernement anglais les conditions des 
réparations que nous croyons devoir exiger du Gouvernement égyp- 
tien, mais nous avons supposé que les connaissant, il pourrait juger 
opportun et efficace de faire entendre au Gouvernement kliédiviai des 
avis de modération et de sagesse. Lord Granville se montre tout disposé 
à conseiller aux Ministres de Son Altesse la réouverture, sans condi- 
tion, de l'imprimerie qu'il reconnaît avoir été fermée illégalement, et 
même, à cette occasion, il veut bien, ce dont nous sommes vivement 
touchés, nous exprimer des regrets pour la part de responsabilité qu'il 
peut avoir prise, par ses conseils, dans l'accomplissement de cette 
mesure. Quant à la punition des auteurs responsables de la violation 
du domicile, Lord Granville estime qu'il n'y a pas lieu de persister 



— 27 — 
dans notre demande, par la raison que les agents d'exécution n'ont 
fait, selon Sa Seigneurie, que se conformer strictement aux ordres 
qu'ils ont reçus. S'il en est réellement ainsi et si Nubar-Pacha croit 
devoir, en eflFet^ couvrir ses Agents à tous les degrés, nous nous abstien- 
drons d'insister, mais à la condition alors, bien entendu, que Nubar- 
Pacba fera lui-même à notre Agent diplomatique des excuses officielles, 
avec la solennité que comportent les circonstances. 

L'affaire ainsi réglée, nous serions tout prêts à accueillir les ouver- 
tures que nous ferait le Gouvernement égyptien, que nous avons seul 
mis en cause en cette affaire, et si Lord Granville peut aider à un dé- 
nouement satisfaisant par ses sages suggestions, nous ne pourrons que 
lui en savoir le meilleur gré. 

Le Gouvernement égyptien n'ignore pas d'ailleurs les bonnes dispo* 
sitions dont nous sommes animés pour rechercher, une fois les répa- 
rations obtenues, un régime de presse de nature à prévenir le retour 
de ces difficultés. 

G. DE Freycïnet. 



N^ 3L 

M. Saint-René Taillandier, Gérant TAgence et Consulat générai 

de France en Egypte, 

% 

à M. de Freycïnet, Ministre des Affaires étrangères. 



[tèlâgramme.) 



Le Caire, ie s6 avril i885, 



Je pars pour Alexandrie, où j^attendrai vos directions. 

Saint-René Taillandier. 



28 



r 32. 

M. Waddington, Ambassadeur de la République française à 
Londres, 

à M. DE Freycinet, Ministre des AQaires étrangères. 

( TÂLÉGBÂMMg, ] 

Londres, le 27 avril i885. 

Votre télégramme m'est parvenu hier soir, et ce matin je suis allé 
trouver Lord Granville. J*ai commencé par lui rappeler que le but de 
Tentretien que j*avais eu avec lui samedi n était pas de régler direc- 
tement et officiellement avec le Gouvernement anglais les répara- 
tions que nous avons à exiger du Gouvernement égyptien, mais de lui 
faire connaître nos conditions, afin qu'il donne des conseils de modé- 
ration au Gouvernement égyptien , en usant de Tinfluence que sa 
situation de fait lui assure au Caire. 

Gela dit, je lui ai exposé que vous n insistiez pas sur la punition 
des agents d'exécution, puisque Nubar-Pacha croit devoir les couvrir, 
mais qu alors il était nécessaire que Nubar-Pacha fit lui-même à notre 
Agent diplomatique des excuses officielles et solennelles; que nous 
poursuivions la réparation d'une offense commise par les ordres de 
Nubar-Pacha et dont il assumait la responsabilité. J'ai ajouté que 
vous aviez été très sensible aux regrets exprimés par le Gouvernement 
anglais, mais qu'en Orient surtout une offense publique exigeait une 
réparation également publique. 

Il aurait voulu que tout se terminât par une lettre de regret que 
Nubar-Pacha aurait écrite à notre Agent. Je lui ai dit que c'était insuf- 
fisant. Finalement il m'a déclaré que pour mettre fin à l'incident il 
conseillerait à Nubar-Pacha de faire à notre Agent diplomatique une 
visite officielle pour lui exprimer ses regrets. Je lui ai dit que je vous in- 
formerais immédiatement par le télégraphe sans pouvoir préjuger 
votre opinion. 



— 29 — 
En résumé, ïa réparation conseillée par le Gouvernement anglais 
consisterait : 

1^ En la réouverture sans conditions de rimprimerie fermée; mais 
avec Tentente officieuse que le Bosphore ne reparaîtra pas immédiate- 
ment; 

2** Nubar-Pacha ferait à notre Agent une visite officielle pour expri- 
mer ses regrets. 

Une fois la réparation accomplie, on fixerait le plus tôt possible le 
régime de la presse européenne en Egypte. 

Waddington. 



r 33. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat générai 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

( TÉLÉGRAMME, ) 

Alexandrie, le 27 avril i885. 

Je suis arrivé hier soir à Alexandrie. Mes Collègues d'Allemagne, 
d'Autriche et de Russie m'ont accompagné à la gare. La confiance 
générale qui se manifeste m'a confirmé l'opportunité de ce voyage. 

Saint-René Taillandier- 



N^ 34. 

Le Général Appert, Ambassadeur de la République française à 
Saint-Pétersbourg , 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

(télégramme.) 

Saint-Pétersbourg, le 27 avril i885. 

M* de Giers, à qui j'ai donné connaissance du sens général de voire 



— 30 — 
dépêche du a 5 avril, relative à l'affaire du Bosphore égyptien, regrette 
cet incident qui va retarder Tarrangeraent des affaires d*Égypte. Il 
espère que le Gouvernement égyptien comprendra que la France ne 
pouvait rester indifférente en présence de la violation du régime tra- 
ditionnel des capitulations et qu'il finira par accorder les justes satis- 
factions réclamées. 

Appert. 



N^ 35. 

M. deFre^cinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Waddington, Ambassadeur de la République française 
à Londres. 

( TÉLÉcnAMME. ) 

Paris, le a8 avril i885. 

Par votre dépêche d'hier vous m'annoncez que le Gouvernement 
anglais est disposé à conseiller au Gouvernement égyptien de nous 
accorder les deux réparations que nous demandons: i^ Timprimerie 
Serrîère serait rouverte sans conditions. Il est bien entendu que l'indi- 
cation que nous avons spontanément donnée, dès le début, de notre 
désir de laisser s'écouler un certain temps entre la réouverture 
de l'imprimerie et la réapparition du journal ne doit pas être 
interprétée comme une concession de notre part qui affaiblirait la 
valeur même de cette réparation; 2** le Gouvernement anglais, nous 
le constatons avec plaisir, reconnaissant qu'une communication écrite 
à notre Agent — moyen auquel il avait d'abord songé — ne consti- 
tuerait pas une réparation suffisante, est prêt aujourd'hui à conseillera 
Nubar-Pacha une visite officielle et solennelle. Nous considérerons 
cette visite comme étant l'expression d'un regret en ce qui concerne 
l'ensemble de l'incident, et d'une excuse sur le fait spécial des offenses 
matérielles envers nos officiers consulaires dont la qualité et l'interven- 
tion avaient été déclarées et reconnues. 



— 31 — 

Aussitôt que M. Saint-René Taillandier, qui s'est rendu à Alexandrie, 
aura été informé par le Gouvernement égyptien que Nubar-pacha est 
prêt à accorder les deux réparations sus-mention nées, il s'empressera 
de rentrer au Caire pour recevoir la visite du Premier Ministre. 

Dès que j'aurai votre réponse, je donnerai les instructions néces- 
saires à M. Saint-René Taillandier. 

C. DE Freycinet. 



N° 36. 

M. Waddington, Ambassadeur de la République Française à 
Londres , 

à M, DE Fkeycinet , Ministre des Affaires étrangères. 



{viiiQMàmmE.) 



Londres, le 28 avril i885. 



Je viens de voir Lord Granville et je lui ai fait connaître, dans les 
termes mêmes de votre télégramme, le sens que vous attachez à la visite 
officielle que Nubar-Pacha doit faire. 

Lord Granville en a pris noie en l'acceptant. Il est également bien 
entendu que rajournement de la réapparition du Bosphore pendant 
quelque temps est un acte spontané de votre part, n'ayant aucun 
caractère officiel. Lord Granville désire naturellement que vous 
retardiez la réapparition le plus possible et il voudrait que dans l'in- 
tervalle on pût arriver à une entente sur un modns vivendi pour la 
presse européenne en Egypte , sauf à en fixer plus tard le régime défi- 
nitif. J'ai réservé votre liberté entière sur ces deux points. J'ai 
d'ailleurs déclaré que vous désiriez autant que personne établir des 
règlements qui empêchent le retour d'incidents aussi fâcheux. Lord 
Granville doit télégraphier sans retard au Caire. 

Waddington. 



32 



W 37. 



M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 
général de France en Egypte. 



(riLÉGRAMME.) 



Paris, le 39 avril i885. 



Aussitôt que l'avis officiel du Gouvernement égyptien vous sera 
parvenu , vous vous rendrez au Caire pour y recevoir la visite de Nu- 
bar-Pacha. 

C. DE Freycinet. 



r 38. 

M. Salnt-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général 
de France en Egypte , 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 

(télégramme,) 

Alexandrie, le 3o avril i885. 

Je me dispose à rentrer au Caire. 

Votre Excellence ne m'a donné aucune indication relative à la visite 
officielle que je devrai faire au Khédive. Elle jugera peut-être opportun 
de m^envoyerpar télégraphe, pour la circonstance, des pouvoirs spé- 
ciaux, sous la forme d'une Note que je remettrais à Son Altesse. 

Saint-René Taillandier. 



— 33 



N" 39. 

M. DE Freycinet , Ministre des Affaires étrangères , 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat 

/ 

général de France en Egypte. 

( TÉLÉGBAMME. ) 

Paris, le i^'iuai i885. 

Tai reçu votre dépêche d'hier. Vos relations avec le Gouverne- 
ment égyptien ayant été» non point rompues, mais simplement sus- 
pendues, vous n avez besoin ni de pouvoirs spéciaux ni de Note pour 
les reprendre. Il faut et il suffit qu'aussitôt après la démarche de Nubar- 
Pacha, vous alliez à votre tour rendre visite au Khédive et au Pre- 
mier Ministre. 

C. DE Freycinet. 



r 40. 



M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat général 
de France en Egypte , 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



( TÉLÉGRAMME. ] 



Alexandrie, le a mai i88ô. 



Les questions de forme relatives aux réparations et à ma visite au 
Palais ont été réglées d'une manière satisfaisante. Je partirai pour le 
Caire aujourd'hui, vers six heures du soir, 

Saint-René Taillandier. 



34 



M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat générai 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



(TÉLÉGttAM}fE.) 



Le Caire, le 3 mai i885. 



Je suis heureux de pouvoir annoncer à Votre Excellence que nos 
relations officielles sont reprises avec le Gouvernement égyptien. 

Hier soir, à la gare du Caire, un Maître des cérémonies du Khédive 
m'a souhaité la bienvenue au nom de Son Altesse. 

Ce matin Nubar-Pacha, en uniforme, est venu m*exprimer les 
regrets et les excuses de son Gouvernement. Je l'ai reço, assisté de 
M. Bailly, de M. Lequeux, de M. Taillet, du Commandant et d'un 
Officier du Seignelay. Le Premier Ministre a prononcé la formule 
d'excuses convenue. Je me suis hâté de l'interrompre. 

L'entrevue a été des plus courtoises. Je me suis rendu aussitôt après 
chez le Khédive. Le poste du Palais m'a rendu les honneurs militaires. 
Le Khédive s'est montré sensible au soin que j'ai eu de marquer notre 
satisfaction et notre désir d'entretenir avec lui de bons rapports. 

Je suis allé enfin chez Nubar-Pacha où l'entretien, étranger à la 
politique, a été exempt de tout embarras. 

La réouverture de l'imprimerie aura lieu aujourd'hui à quatre 
heures par les soins de M. Taillet. 

Saint-René Taillandier. 



35 — 



r 42. 

M. Saint-René Taillandier, Gérant de TAgence et Consulat général 
de France en Egypte , 

à M. DE Freycinet , Ministre des Affaires étrangères. 



{tâlégramme.) 



Le Caire, le 3 mai i885. 



M. Taillet, en uniforme, a procédé tout à l'heure à la réouverture 
de Fimprimerie Serrière, en présence du Délégué du Gouvernement 
et d'un piquet de soldats. L'action diplomatique a donc atteint son but. 

Saint-René Taillandier. 



N° 43. 

M. Saint-Rene Taillandier, Gérant f Agence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet , Ministre des AflFaires étrangères. 



(télàgrammk.) 



Le Caire, le i5 mai i885. 



M. Giraud se dispose à faire reparaître le Bosphore vers le ao. 

Saint-René Taillandier. 



36 



M. DE Frbycinet, Ministre des Affaires étrangères, 

à M. Saint-René Taillandier, Gérant l'Agence et Consulat gé- 

$ 

néral de France en Egypte. 

[TiLiGRAMMR.) 

Paris, le i6 mai i885. 

M. Giraud est parfaitement libre de faire reparaître le Bosphore à 
ses risques et périls le ao courant comme il vous en annonce Tinten- 
tion. 

C. DE Freycinet. 



r 45. 

M. Saint-René Taillandier; Gérant TAgence et Consulat général 
de France en Egypte, 

à M. DE Freycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



[TiLÉ^BAMME.) 



Le Caire, le 17 mai i885. 



M. Giraud fera reparaître le Bosphore le mercredi 20. 

Saint-Hené Taillandier. 



37 



y /i6. 

M. Saint-René Taiixandier, Gérant TAgence et Consulat général 
de France en Egypte. 

à M. deFreycinet, Ministre des Affaires étrangères. 



(TÉrÉGRAMME.) 



Le Caire, le 21 mai i885. 



La réapparition du journal le Bosphore Egyptien a eu lieu hier sansr 
incident. 

Saint-René Taillandier. 



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