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DOCUMENTS & RAPPORTS
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MONS. — IMPRDIBRIB H. ICÂKCBAUX.
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DOCUMENTS & RAPPORTS
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SOCIÉTÉ PALÉONTOLOGIQUE
ET ARCHÉOLOGIQUE
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BBCTOR HAMCKAinC, WPBIHBDS-LIBRAIRE-tDrrniR
Rue de* Fripiers, 4; Gfanilllua, 7
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DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU }^ AVRIL 1873.
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^-^%^^ TABLEAU
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU PREMIER AVRIL 1875.
COMITÉ.
Messieurs^
D. VAN BASTELAER, Président.
A. CADOR. ^
C^ L. De GLYMES.
J.-B.GENARD. , ^ .„
J.KAISIN. > ConseiUers.
C. LYON.
C. VANDERELST.
A. GILLET, Trésorier.
E. COBAUX, Secrétaire.
MEMBRES D'HONNEUR.
Messieurs^
i. BORHANS, Stanisus, Archiviste de TÉtat, à Namur (1872).
2. CHALON, Renier, Président de la Société numismatique,
rue du Trône, H3, à Ixelles (1872).
3. DELMARMOL, Eugène, Président de la Société archéologi-
que de Namur, à Montaigle (1863).
4. DEWALQUE, Guillaume, Professeur à TUniversité de Liège
(1872).
5. D^OTREPPE DE BOUYETTE, Albert, Conseiller honoraire
à la Cour d*appel de Liège (1863).
' 6. JUSTE, Théodore, Historien, rue du Trône, 149, à Ixelles
(1873). •
7. LEJEUNE, Théophile, Géomètre, à Estinnes-au-Val (1863).
8. LEROY, Alphonse, Professeur à rUniversitéde£t^jfe(1872).
9. PIOT, Charles, Archiviste de TEtat, à Bruxelles (1872).
10. SCHUERMANS, Henri, Conseiller à la Cour d*appel, à Liège
(1872).
MEMBRES FONDATEURS.
Messieurs^
1. ACCARAIN, Emile. 3. CARNIÉRE, Antoine.
2. CADOR, Augustin. 4. CHARLES, Firmin.
— VIII —
5. CHAUDRON, Éôouard. 30. SCHOENFELD, Martin.
6. DEFONTAINE, Hippolttb. 19. ROUARD, Joseph.
7. DELYAL, Alexaniire. 18. HAROUSÉ, Achille.
8. DEVRIES, Louis. 17. LANCELOT, Emile.
9. DEWANDRE, Barthel. 16. LAHBOT, François.
10. DUBOIS, Léon. ^ 18. JOUNIAUX, Emile.
11. DUPRET, Charles. 14. JONET, Frédéric.
22. WILHET, Gustave. 13. JACOB, Eudore.
21. VANDERELST, Constant. 12. DURY, Gustave.
MEMBRES ACTIFS.
MessieurSy
1. ACCARAIN, Emile, Banquier, k Binant y Membre fomlateur.
2. ANDRIES, Ferdinand, Médecin, à Montignj/'S.'Sambre (1870).
3. ARTUS, François-Joseph, Receveur de Fenrcgistrement, à
Charleroi (1871).
4. AUDENT, Jules, Avocat, à Charleroi (1870).
8. BALISEAUX, Emile, Représentant, à Bruxelles (1864).
6. BASTIN, Charles, Négociant, à Dampremy (1870).
7. BAYET,JosEPH,Candidat-notaire, à Frasnes-i-Gossel. (1867).
8. BELLIËRE, Lêopold, Ingénieur, à MarcineUe (1864).
9. BERGER, Louis, Ingénieur, à Charleroi (1871).
10. BINARD, Auguste, Conseiller provincial, à Châtelet (1870).
11. BINARD, Louis, Industriel, à Charleroi (1870).
12 BIVORT, Clément, Industriel, à itfonceatt-sMr-Samftr^ (1872).
13. BIVORT, Henri, Industriel, à Jumet (1866).
14. BLANCHART, Camille, Ingénieur, rue Stevens, 32, à Saint-
Josse-ten-Noode (1869).
18. BLONDEAU, Charles, Curé, iLMontigny-le-Tilleul {I96i).
16. BODART, Emile, Propriétaire, à Fleurus {l%1i).
17. BODSON, Aimé, Notaire, à Charleroi (1870).
18. BOULENGER, Eugène, Ingénieur, à ChâUlineau (1870).
19. BOULVIN, Alfred, Médecin, à Gilly (1870).
20. BONMARIAGE, Arthur, Etudiant en médecine, à Monceau-
sur-Sambre (1872).
21. BRASSEUR,PAUL,Architecte. kMontsur-MarchiennesiWO),
22. BRIART, Alphonse, Ingénieur, à Bascoup (1864).
23. BRICOURT, Camille, Avocat, rue Stassart, 71, à Bruxelles
(1872).
— IX —
24. BROUWET, Paul, Conseiller prov., à ffoifkî-S*-PauI (1870).
25. BRIXHE, Camille, Avocat, à Charkrai (1870).
26. BRUNO, Louis, Propriétaire, à Danstienne (1872).
27. BRUYR, Vincent, Médecin, à Mont-mr-Marchiennes (1870).
28. BUCHET, Oscar, Juge de paix, à Fontaine-rÉvêque{iSll).
29. CADOR, Augustin, Architecte, à Charkroi (H. F.).
30. CAISSE, Jean, Céomhlte.kMont'Sur-Marehiennei (1872).
31. CARNIËRE, Antoine, Médecin, à Courcelles (M. F.).
32. CASSIEMANS, Eugènç, Aumônier milit., à Charleroi (1872).
33. CÉRESSIA, Adolphe, Pharmacien, à Fleurus (1868).
34. CHALLES, Adrien, Ingénieur, à Farciennes (1872).
35. CHANTRAINE, Henri, Agent de la Banque nationale, à
CAar/^oi (1872).
36. CHARBONNIER, Nicolas, Médecin, à Châtelet (1867).
37. CHARLES, Firmin, Banquier, à Charkroi (M. ¥.).
38. chaudron;, EDOUARD, Notaire, à Fra«ne«-/.-GoMW. (M. F.).
39. CLAUTRIAU,JosEPH,Négociant,à MarchienneS'aU'Pont(lS6i).
40. CLERX, Désiré, Directeur de charbonnage à GiUy (1864).
41. CLOQUET, Norbert, Médecin, kFéluy (1864).
42. CORAUX, Eugène, Instituteur en chef, à Charleroi (1810),
43. COLETTE, Louis, Ingénieur, à MarcineUe (1872).
44. COPPÉE, Jules, Médecin, à Jumet (1872).
45. CROQUET, Frédéric, Juge, à Charkroi (1868).
46. CULOT, Désiré, Pharmacien, kMarch%enneS'aU''Poni(iVl%.
47. De CARAMAN-CHIMAY, (Prince) Eugène, Conseiller pro-
vincial, à Beaumont (1870).
48. De BRUGES, Propriétaire, à Gerpinnes (1873).
49. DEFONTAINE, Hippolyte, Avocat, à Charkroi (M. F.).
80. De GLYMES, (Comte) Libert, Procureur du roi, à Charkroi
(1870).
81. DEGOSSERIES,ViCTOR, Négociant, à March.-aU'Pont (1870).
82. De hennin, Alfred, Juge de paix, à Beaumont (1872).
83. De LALIEUX, Louis, Propriétaire, à Féluy (1872).
84. DELBOSSE, Emile, Propriétaire, à Sars-ks-Moines (1870).
88. DELHAIRE, Emile, Négociant, à Gosselies (1871).
86. DELVAL,ALEXANDRE,Commissaire-voyer,à Traxegnies (M.F.).
87. DEMESSE, Benoit, Propriétaire, à Arquennes (1870).
88. DEPAGNE, Émii«e, Pharmacien, à Châtekt (1870).
— X —
89. DEPERMENTIER, Emile, ancien prof., à Charhm (1870).
60. DEPERMENTIER, Pierre, Négociant, à Charleroi (1872).
61. DEPLASSE, Louis, Médecin, à Charleroi (1870).
62. DEPOITIER, Edouard, Ingénieur, à Charleroi (1871).
63. DEPRET-HENNIN, César, Industriel, à Châtelet (1872).
64. De ROBIANO, (Comte) Louis, Sénateur, à Waudret (1873).
65. DESESSARTS, Jules, Journaliste, à Charleroi (1870).
66. DETHY, Philibert, Pharmacien, à Dampremy (1870).
67. DEVILLERS, Jean-Baptiste, Receveur communal, à Far-
ciennes (1870).
68. DEVRIES, Louis, PropriéUire, rue Philippe-le-Bon, 8, à
Bruxelles (M. F.).
69. DEWANDRE, Barthel, Avocat, à Charleroi (M. F.).
70. 0EWERT, FiRMiN, Professeur, à Châtelet (1871).
71. DOURIN, Jules, Négociant, à Charleroi (1870).
72. D'ODLTREMONT (C^), Charles, Propriétaire, kPréU (1873).
73. DRION, Adolphe, Représentant, à Gosselies (1870).
74. DRION, François, Conseiller provincial, à Gosselies (1872).
75. DUBOIS, Léon, Négociant, à Charleroi (H. F.).
76. DUBOIS, Nicolas, Négociant, à Dampremy (1870).
77. DUBOIS, Vital, Négociant, à Charleroi (1870).
78. DUCARME, Pierre-Joseph, Propriétaire, à Jumet (1873).
79. DULAIT, Adolphe, Conseiller provincial, à Mont-sur-Mar-
chiennes (1870).
80. DULAIT, Jules, Ingénieur, à Charleroi (1872).
81. DUPONT, Charles, Propriétaire, à Féluy (1872).
82. DUPRET, Charles, Médecin, à Charleroi (M. F.).
83. DUPRET, Charles, Ingénieur, kMarcinelle (1870).
84. DUPRET, Edouard, Juge, à MarcineUe (1864).
88. DUPRET, Ernest, Ingénieur, à MardnelU (1870).
86. DUPRET, François, Avoué, à Lodelinsart (1864).
87. DURANT, Henri, Ingénieur, à Lahestre (1871).
88. DURY, Gustave, Géomètre, à Jumet (M. F.),
89. EUGÈNE, Xavier, Curé, à Thirimont (1870).
90. EVRARD, Alexandre, Industriel, à Gerpinnes (1872).
91. FANIEL, François, Architecte, à Charleroi (1867).
92. FAYT,LÉ0P0LD,Greffier de la justice de paix, à Châtelet (1872).
93. FELIERS, Précepteur, à Arquennes (1871).
— XI —
94. FRANÇOIS, Jules, Ingénieur à Charlerai (1870).
9B. FROMONT. Jean-Baptiste, Industriel, à Jumet (1870).
96. FROMONT, Martial, Ingénieur, à Chdtelet (1872).
97. GENARD, Jean-Baptiste, Négociant, à Gosselies (1864).
98. GEORIS, Jean-Nicolas, Journaliste, à Charleroi (1870).
99. GEORLETTE, Maximilien, Médecin, à Gerpinnes (1872).
100. GHISLAIN, Alexandre, Industriel, à CourceUes (1871).
101. GILLAIN, Pierre, Propriétaire, à Bauffioulx (1867).
102. GILLES, Olivier, Peintre, à Chdtelet (1872).
103. GILLET, Amour, Industriel, à Dampremy (1867).
104. GILLEAUX, Martul, Propriétaire, à Dampremy (1870).
105. GOFFE, Stanislas, Industriel, à Châtelineau (1864).
106. GOFFIN, Auguste, Directeur de TUnion du crédit, à Char-
leroi (1873).
107. GORINFLOT, Théophile, Industriel, k Lodelinsart (1870).
108. GRÉGOIRE, Adolphe, Curé pensionné, à Nivelles (1864).
109. GRÉGOIRE, Anselme, Avocat, à Charleroi (1872).
110. GRÉGOIRE, J.-J., Naturaliste, rue au Bois, 10, 5atn/-6i/fe5-
lez' Bruxelles (1872).
111. GROULARD, Charles, Conducteur des ponts-et-chaussées,
à Charleroi (1871).
112. GUINOTTE, Lucien, Ingénieur, à Morlanweh (1870).
113. GUYAUX, Gustave, Sculpteur, à Bouffioulx (1872).
114. GUYOT, Antoine, Négociant, à CourceUes (1870).
115. HAGEMANS, Gustave, ReprésenUnt, à Chimay (1870).
116. HAMBURSIN, Edouard, Avocat, à Charleroi (1872).
117. HANNON, Joseph, Notaire, à Thuin (1872).
118. HANOLET, Félix, Médecin, à Fleurus (1870).
119. HARDENPONT, Félix, Vice-président du tribunal, à Char-
leroi (1873).
120. HAROU, Henri, Conseiller prov., à Gouy-lez-Piéton (1865).
121. HENREZ, Prosper, Ingénieur, à Couillet(^S6S).
122. HENRY, Octave, Avocat, à Charleroi (1872).
123. HENSEVAL, Léopold, Bourgmestre, à Gerpinnes (1870).
124. HERMANT, Emile, Représentant, à Chdtelet (1872).
128. HOUBEAUX, Gustave, Médecin, à Farcfenn^* (1872).
126. HOUTART, Jules, VTopnéiSLiTe,kMonceau-s.-Sambre (1864).
127. HODYOUX, AucusTE,Ingénieur,à Mont'S.'Marchienne(i%10).
— XII —
128. HOUYOUX, Maurice, Géomètre, à Jlfamn^Ite (1872).
129. HUWART, Adolphe, Avocat, à Charleroi (1871).
130. JACOB, EuDORE, Géomètre, à Roux (M. F.).
131. JACOB, Léon, Secrétaire communal, à Gerpinnes (1870).
132. JACQUEMAIN, Léopold, Notaire et bourgmestre, à Jumet
(1872).
133. JAUMONET, Lêopold, Banquier, à Charleroi (iSlO).
134. JONET, Frédéric, Négociant, à CourcelUs (M. F.).
138. JOUNIAUX,Émile, Ingénieur, directeur-gér., ài{oua;(M F.).
136. RAISIN, Joseph, Géomètre, à Fardennes (1867).
137. KRÉMER, Louis, Médecin, à Couillet (1872).
138. LAMBERT, Casimir , Maître dcTerreries, kLodelimart (iS69).
139. LAMBERT, Charles, Ingénieur principal des mines, à
Charleroi (1871).
140. LAMBERT, Valentin, Industriel , à Gilly (1864). ^
141 . LAMBOT, Léopold, Industriel, à Marchiennesau-Pont (M.F.).
142. LANCELOT, Emile, Banquier, à Afonceau-SMf-Sam&r^ (M. F).
143 LANTENER, Gustave, Receveur des contributions, à Gouy-
lez-Piéton (1871).
144. LARSIMONT, Alexandre, Bourgmestre, à Tra^^jf nie* (1870).
145. LEBEAU, Charles, Sénateur, à Charleroi (1870).
146. LEBEAU, Ferdinand, Banquier, à Mardnelle (1869).
147. LEBON, Paul, Industriel, à Charleroi (1872).
148. LEBORGNE, Armand, Géomètre, à Gilly (1871).
149. LEBRUN, Auguste, Médecin, k Marchiennes-au-Pont (IS6^).
180. LEMAIGRE, Emile, Négociant, à Courcelles (1872).
181. LEMAIGRE, Eugène, Juge, à Charleroi (1864).
182. LEMAIGRE, Paulin, Industriel, à Gosselies (1871).
183. LEMAIRE, François, Propriétaire, à F^/uy (1872).
184. LEMERCIER, Léon, Conseiller provincial, à Frosne-lez-
Gosselies (1872).
188. LESEIGNE, Joseph, Chef-compt.,àM(?nceau-5.-Samft. (1873).
186. LIBIOULE, Armand, Etudiant, à Charleroi (1870).
187. LOISEAU, Auguste, Substitut du procureur du roi, à Char-
leroi (1870).
188. LOPPENS, Aimé, Négociant, à Gosselies (1871).
189. LOSSEAUX, Arsène, Propriétaire, à Thuillies{i8U),
160. LOSSEAUX, Victor, Propriétaire, à Ragnies (1868).
— Xlll —
161. LUCQ, Victor, Substitut du prScureur du roi» à Charlem
(1870).
162. LYON, Camille, Docteur en droit, à CAarferot (1872).
163. LYON, Clément, attaché auxHouillères unies, à 6%(1873).
164. LYON, Marc-Clément, Avocat, à Charlerai (1864).
165. MA60NETTE, Alfred, Secrétaire du parquet, à Montigny-
mr-Sambf'e (1872).
166. MALENGRAUX, Auguste, Avocat, à Chimay (1870).
167. MAROUSÉ, Achille, Ingénieur, à Courcelles (M. F.).
168. MASCAUT, Jules, Négociant, à CourceUes (1870).
169. MASSAUT, Lambert, Secrétaire comm., à Châtel^neau(^S^O).
170. MINEUR, Léon, Industriel, à Courcelles (1872).
171. MIOT, Léopold, Médecin, à Charlerai (1867).
172. MISONNE, Alphonse, Ingénieur, à Châtelet (1871).
173. MORLET, Léopold, Cultivateur et propriétaire, à Pont-à-
Celles {186^).
174. MOTTE, Maximilien, Conseiller à la Cour d'appel, Chaussée
de Charleroi, 110, à Saint-Gilles-lez-Bruxelles (1870).
175. MOTTE, Maximilien, Ingénieur, à ilfarcA.-au-Pon^ (1864).
176. NEDENS, Auguste, Médecin, à Châtelet (iSlO).
177. NICE, Charles, Industriel, à Motit-sur-Marchienties (1864).
178. PAQUET, Maximilien, Géomètre à GiUy (1870).
179. PERLEAUX, Emile, Pharmacien, à CAarl^-ot (1866).
180. PHILIPPOT, Jules, Ingénieur, à Courcelles (1872).
181. PIERARD,ARisTiDE,Abbé,rue BeughemJ.k Bruxelles (1871).
182. PIÉRARD, ÉLiE, Architecte, à Charleroi (1870).
183. PIÉRARD, Horace, Notaire, à Gilly (1865).
184. PIRET, Edmond, Avocat, à Châtelet (1872).
188. PIRET, EMILE, Avocat, à Charleroi (1872).
186. PIRMEZ, Emile, Propriétaire, chaussée de Charleroi, 128,
à Bruxelles (1872).
187. PIRMEZ, Eudore, Représentant, à Heppignies (1870).
188. PIRMEZ, Henri, Propriétaire, à Gougnies (1872).
189. PIRMEZ, Octave, Propriétaire, à Acoz (1867).
190. PIRMEZ, Sylvain, Sénateur, à Marchiennes-au-Pont (1872).
191 . POCET, Edouard, Receveur communal, à Châtelineau (1872) .
192. QUINET, Auguste, Commissaire-voyer, à Couillet (1869).
193. QUIRINI, Auguste, fils. Propriétaire, à FZ^ru« (1869).
— XIV —
194. QUIRINI, Auguste, père, Propriétaire, à Fleurus (1872).
195. QUIRINI, Louis, Propriétaire, à Fleurus (1872).
196. RASCART, Adrien, Négociant, à ViesviUe (1864).
197. RAMWEZ, Jules, Pharmacien, à Mont-sur-March. (1870).
198. RENARD, Louis, Propriétaire, à Arquennes (1873).
199. RICARD, Henri, Banquier, à Fleurus (1873).
200. RICARD, Paul, Juge de paix, à Châtekt (1864).
201. RIGAUX, Joseph, Industriel, à Châtelet (1872).
202. ROUARD, Joseph, Négociant, à ilfarcAtmite«-au-P(m/(M.F.)
203. ROUARD, Jules, Négociant, k Marchiennes-au-Pont (1870).
204. SABATIER, Gustave, Industriel, à MonceaU'S.-Sambre (1866).
208. SCHOENFELD, Martin, Médecin, à March.-aU'Pont (M. F.).
206. SMITS, Eugène, Administrateur des usines de Couillet et
de Marcinelie, à Couillet (1872).
207. STAINIER, Emile, Secrétaire du comité charbonnier, à
Châtelet (1864).
208. STASSIN, Albert, Receveur de l'enregistrement, à Fon-
taim-VÉvêque (1872).
209. SYRJACQUE, Louis, Maître de carrières, à Féluy (1872).
210. THEVENIER, Victor, Propriétaire, rue de Berckmans, 3,
à Saint-Gilks-lez-BruxeUes (1867).
211.THIB0U, Alfred, Attaché aux usines du Lion belge, à
Couillet (1873).
212. TIROU, Emile, Architecte, à Gosselies (1864).
213. VAN BASTELAER, Désiré, Pharmacien,àCAarteroi(1864).
214. VAN BASTELAER, Edmond, Avocat, à CAar/^oi (1872).
218. VAN BASTELAER, Louis, Pharmacien, à Gilly (1870).
216. VANDAM, Louis, Négociant, à ViesviUe (1873).
217. VANDER ELST, Constant, Propriétaire, à CourceUes (ii.F .)
218. VASSET, Alfred, Chirurgien-dentiste, à Charleroi (1870).
219. WANDERPEPEN, Gustave, Bourgmestre, à Binche (1870).
220. WAROCQUÉ, Arthur, Représentant, à Mariemont (1870).
221. WAUTELET. Léon, Propriétaire, à CAarferot (1872).
222. WILMET, Gustave, Avocat et bourgmestre, à Montigny-te-
Tilleul (M. F.).
— XV —
MEMBRES CORRESPONDANTS.
Messieurs^
1. BERNIER, Théodore, Archéologue, à Angre (1871).
3. BRIGHÂUT,ÀUGUSTE,Nuinismate, rue des Grands-Augustins,
près le Pont-Neuf, à Paris (1872).
3. DEVILLERS, Léopolo, Archiviste de TÉtat, à Mons (1868)
4. DECLÈVE, Jules, Candidat-notaire, à Mons (1871).
5. DE KESSEL DE WELLIN, Napoléon, Fonctionnaire de
l'État, rue de Paris, 15, à Ixelles (1870).
6. DUPONT, Edouard, Conservateur du Musée d'histoire natu-
relle, à Bruxelles (1868).
7. GALESLOOT, L., Archiviste de l'État, à Bruxelles.
8. LE GRAND DE REULANDT, Simon, Secrétaire de l'Académie
d'archéologie, à Anvers (1866).
9. MALAISE, Charles, Professeur à l'Institut agricole, à Gem-
bloux (1866).
10. REUSENS, Edmond, Professeur à l'Université de Louvain
(1871).
11. THIELENS, Armand, Naturaliste, à Tirlemont.
12. Van BEMMEL, (Baron) Eugène, Professeur à l'Université de
Bruxelles (1870).
13. VANDER MAELEN, Joseph, Propriétaire de l'établissement
géographique, à Molenbeék-SainUJean (1864).
MEMBRES DÉCÉDÉS.
Messieurs^
1. BIVORT, Alexandre. (8 mai 1872.)
2. BORGNET. Jules. (21 octobre 1872.)
3. BRICHART, Alexandre. (10 juillet 1872.)
4. HAUZEUR, Nicolas. (11 juillet 1872.)
5. LEMAIGRE, Camille. (4 décembre 1872.)
6. LEBRUN, Louis. (7 février 1873.)
7. PIRMEZ, Fernand. (29 septembre 1872.)
Nous prûms ceux des membres qui auraient des rectifications à faire à
cette liste, d'en informer par écrit le secrétaire.
Nous les prions en outre de nous envoyer leur carte d'adresse pour éviter
ainsi tout retard et désagréments dans l'envoi des publications de la
Société.
XVI —
SOCIÉTÉS, COMMISSIONS ET PUBLICATIONS
AVEC LESQUELLES
LA SOCIÉTÉ PALÉONTOLOGIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
écHANOE BBS DOCUMENTS ET RAPPORTS.
Anvers.
Bruxelles.
»
»
»
Gand.
Hasselt.
Liège.
»
LOUVAIN.
Maestricht.
MONS.
»
Namur.
Riga.
Termonde.
Tournai.
Valengiennes.
Washington.
Toulouse.
Copenhague.
— Académie royale d'archéologie de Belgique.
— Commimon royale pour la publication des an-
ciennes lois et ordonnances de la Belgique.
Commission royale d'histoire de Belgique.
Ministère des travaux publics.
Société royale de numismatique de Belgique.
Société malacologique de Belgique.
— Messager des sciences.
— Société chorale et littéraire des Mélophiles de
Hasselt.
— Institut archéologique de Liège.
Société de littérature waUonne de Liège.
— Analectes ecclésiastiques.
— Société historique et archéologique du Duché de
Limbourg.
— Cercle archéologique de Mons.
Société des Sciences^ des Arts et des Lettres du
HainatU.
— Cercle archéologique de Namur.
— Naturforscher-Verein (Union des Naturalistes)^
Zu Biga.
— Cercle archéologique.
-^ Société historique et littéraire de Tournai.
— Société d'agriculture, sciences et arts de Far-
rondissement de Valendennes.
— Smithsonian institution (Institua SmithsonienJ .
— Société archéologique du midi de la France.
— Société des antiquaires du Nord.
ASSEMBLEES GÉNÉRALES
I
PREMIÈRE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA SOCIÉTÉ
LE 27 NOVEMBRE 186S.
Dans sa séance du 6 avril 1872, le Comité, sur la proposition de
M. Van Bastelaer, a décidé de publier dans ses Documents et rapports le
procès-verbal dn la séance de fondation de notre Société, avec les deux cir-
culaires préalables & cette réunion, ces trois documents n'ayant été
imprimés que dans le livrôt des statuts.
CIRCULAIRE PRÉALABLE A LA FORMATION DE LA SOCIÉTÉ.
21 septembre 1863.
Monsieur,
L'arrondissement de Chai^leroi, qui a pris un développe-
ment commercial si remarquable depuis trente-cinq ans, a
successivement institué d*après les besoins de son industrie,
des comités, des associations, et des établissements requis à
son maintien et à son extension.
C'est ainsi entre autres que la ville de Gharleroi a attaché
une école de Forions à son collège.
Le chef-lieu de la province a non-seulement une école des
Mines, mais il renferme encore des sociétés savantes dont les
travaux n'ont pas été stériles, loin de là.
Rien de ce genre n'existe dans notre arrondissement, et
pourtant les travaux d'art qui y ont été exécutés, et ceux qui
s'opèrent journellement, mettent à découvert plusieurs choses
du plus haut intérêt pour la. science. Faute d'un point central,
ces découvertes demeurent ignorées du grand nombre; c'est
dire qu'elles n'oQrent qu'un minime attrait à leurs auteurs.
Si la satisfaction des besoins théoriques de l'industrie marche
en première ligne, l'extension des connaissances scientiGques
mérite d'occuper la seconde place.
- * —
C'est à ce point de vue qu'il nous semble utile de former
une Société embrassant les cantons de Charleroi, Fontaine-
TEvéque, Seneffeet Gosselies^ qui aura pour but :
A. de consigner et^ autant que possible, conserver lesdé«
couvertes paléontologiques effectuées dans ces cantons;
B. de consigner et de conserver les objets d'archéologie
rencontrés ou recherchés sur leurs territoires.
Le fait de recueillir ainsi sur les lieux, les produits géolo-
giques d'une part, et ceux de l'industrie humaine des civilisa-
tions éteintes d'une autre, mettrait de suite la Société en rap-
port avec l'Ecole des mines de Mons, et avec la Société archéo-
logique de Namur, car une partie du territoire désigné a res-
sorti au comté de Namur sous l'ancien régime.
La formation de cette Société assurerait d*emblée avec peu
d'efforts, un rang honorable à l'arrondissement dans le cercle
scientifique du royaume.
Nous venons en conséquence demander votre participation à
la formation d'une Société paléontologique et srolLéologiqae del'arron-
dissement de Charleroi, et joignons ci-contre le bulletin que
veuillez nous retourner muni de votre adhésion, en déans les
quarante jours des présentes, si vous appréciez comme nous
l'utilité relative de notre projet. Nous aurons soin de convo-
quer les adhérents à Charleroi pour arrêter les Statuts de la
Société et nommer la commission.
Veuillez agréer l'assurance de notre considération, etc.
Théob. HAROU. P.-Const. VANDER ELST. A. MAROUSÉ.
CONVOCATION DU 20 NOVEMBRE.
ler novembre 1863.
Monsieur,
En conséquence de votre adhésion à notre ciculaire, nous
vous invitons à vous réunir à nous. Vendredi 27 Novembre
1. Étendue depuis à tout rarrondissement judiciaire.
— 6 —
courant, à 3 heures de relevée, au local du Café Casino k
Charleroi, (ancienne maison Rey), à l'effet d'arrêter le règle-
ment définitif de la Société Paléontologique et Archéologique
en projet; et d'en nommer le Comité dirigeant.
P.-C. VANDERELST, Th.HAROU, A. MAROUSÉ.
PROCÈS-YERBAL DE U SÉASCE DE FONDATION, LE 27 NOYEMBRE 1863.
A trois heures trente de relevée, SIessieursTh. Harou, A.
Marousé et P. G. Vander Elst^ promoteurs de la Société, pren-
nent place au bureau et M. Th. Harou déclare la séance
ouverte.
M. C. Vander Elst donne connaissance des adhésions qui
lui sont parvenues; elles sont au nombre de vingt-huit, dont
21 souscrites et 7 remises verbalement ; il ajoute que la con-
vocalionavait été adressée aux signataires, et communique une
lettre de M. E. Jouniaux s'excusant de ne pouvoir assister àla
séance, étant retenu par une expertise judiciaire.
L'appel nominal constate la présence de Messieurs
Gh. Dupret, de Gharleroi ; A. Gador, de la même ville; A.
HABART,deFontaine-rEvéque;A. Marousé elP. G. VandbrElst,
de Gourcelles; F. Lambot, de Gosselies; 6. Dury, de Jumet;
Th. Harou, de Gouy-lez-Piéton ; M. Schoenfeld, de Bayemont
(Marchienne), et H. Defontainb, de Cbarleroi.
Le Président accorde la parole à M. Vander Elst, qui s'ex-
prime en ces termes :
€ Votre adhésion au contenu de notre circulaire du SI sep*
tembre dernier, nous dispense d'exposer le but poursuivi par
la Société à la quelle vous allez donner l'existence. Toutefois
nous pensons être tenus de vous exposer quelle marche nous
croyons convenable de lui imprimer, afin d'assurer son exis-
tence et son développement.
- 6 —
Si les éléments d'une Société scientifique ne font pas défaut
dans notre arrondissement, nulle part encore jusqu'ici ils ne
se sont groupés en une association à laquelle nous aurions pu
nous rattacher. De là est résulté pour nous la nécessité de nous
adresser au plus grand nombre de personnes, indépendantes
par position, que nous supposions disposées à nous seconder;
de là encore la convenance de ne point élever le chiffre
de la cotisation pour les fondateurs qui seraient les premiers
adhérents.
147 circulaires ont été expédiées, principalement aux in-
génieurs, aux géomètres, aux entrepreneurs, aux notaires^
aux juges de paix, aux directeurs- gérants, aux bourg-
mestres, etc.
D*aprés notre estimation, nous ne pouvions espérer que 18
adhésiuns ; nous en avons recueilli 28.
Sans doute, si nous voulions de prime-saut nous emparer
d'une position égale à celle des Sociétés analogues les plus con-
nues du royaume, notre point de départ nous paraîtrait un
noyau bien minime. Mais nous ne sommes pas les premiers à
faire la remarque, que les humbles commencements ont cou-
vé les germes des existences les plus solidement établies.
C'est pourquoi nous désirons qu'une fois constituée la So-
ciété voie s'accroître le nombre de ses membres, afin qu'indé-
pendamment de leurs apports matériels, ces membres inté-
ressés aux succès de la Société, y fassent un apport de zèle plus
considérable que celui que l'on rencontre dans des institutions
analogues ne comptant que trente à quarante membres.
Recommandant les modestes commencements, nous insistons
sur les résultats corrélatifs à cette condition actuelle; d'abord
sur la modération dans les dépenses au début des opérations
sociales, jusqu'à l'époque où nos ressources nous permettront
d^agir comme les Sociétés belges qui nous ont précédés : sauf
en un point toutefois, celui d'implorer des subsides du gou-
vernement. Nous entendons faire ici une œuvre provinciale,
locale même, dont le caractère ne puisse jamais être altéré.
— 7 -
La minute des statuts dont 'nous allons vous donner lecture,
et sur lesquels vous avez à vous prononcer, est conçue à ces
points de vue.
L'Assemblée, ayant entendu la lecture réitérée du projet de
statuts, en discute la portée et en arrête les articles.
Âvantde passera l'élection des membres duComité, et comme
début de l'application de l'article 23, les promoteurs propo-
sent à l'Assemblée d'accorder par acclamation le titre démem-
bres d'honneur de la Société, à Messieurs:
Charles LE HARDY DE BEAULIEU, professeur à l'école des
Mines, à Mons;
Albert T01LLIEZ,IngénieurprincipaldesMinesdul«'^district,
également à Mons.
Théophile LEJEUNË, Géomètre, à Estinnes-au-Val.
Le Maître D'ANSTAING, à Tournai.
Pour le Hainaut, et à Messieurs :
Eugène DEL MARMOL, Président de la Société Archéologi-
que de Namur, à Montaiglè.
Jules BORGNET, Secrétaire de la même Société.
Nicolas HAUZEUR^ membre, et Juge de Paix, â Ciney.
L'Assemblée, appréciant les avantages scientifiques des rela-
tions de ce genre, et voulant témoigner à ces Messieurs l'es-
time qu'elle leur porte, acclame cette proposition.
Continuant son travail d'organisation, l'Assemblée procède
à l'application des art. 9 et 10 des statuts qu'elle vient de
décréter^ en passant au scrutin d'élection des membres de son
Comité. Le résultat des votes proclame :
MM. Th. HAROU, Président.
C. VANDER ELST, Secrétaire.
FiRMiN CHARLES, Trésorier.
AuG. CADOR, ) n 11 '
Charles DUPRET, ! Conseillers.
L'expiration du mandat dont ils sont investis, est fixée
au mois d'août 1866.
- 8 -
Il est décidé que le présent procès-verbal sera imprimé
avec les statuts, et que le bulletin les renfermant constituera
le premier numéro des Publications de la Société Paléontolo-
gique de l'arrondissement de Charleroi.
M. Cador soumet à TAssemblée les propositions suivantes :
€ i^ Il demande qu'il soit adressé une circulaire à MM. les
€ Bourgmestres, Commissaires-voyers, Instituteurs etc. dés
c communes situées le long de la chaussée romaine, afin de
c les prier de vouloir bien transmettre à la Société un relevé
€ des tumulm avec leur emplacement, et mentionner s'ils ont
c été fouillés ou non, et si leur conservation est assurée.
c â^ Le même propose aussi de demander dans toutes
€ les localités de l'arrondissement, qu'il soit, par les soins de
c l'autorité, ouvert une enquête pour connaître si la commune
c ne renferme pas d'antiquités, de chartes, d'archives, de
c médailles, ou des vertiges quelconques qui puissent servir
c à l'élude des temps anciens. »
L'Assemblée appuie le principe de ces demandes, en réser-
vant au comité le soin d'aviser aux moyens d'application les
plus convenables.
L'ordre du jour étant épuisé à 5 heures 90 minutes, l'As-
semblée s'ajourne au 7 février 1864.
Ainsi fait en séance les jour mois et an que dessus.
P. C. VANDER ESLT, T. HAROU, F. LAMBOT, M. SCHOEN-
FELD, DURY, A. MAROUSÉ, H. DEFONTAINE, A. HABART,
A. CADOR, D'DUPRET.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DU 5 FÉVRIER 4872.
L'Assemblée se réunit en son local, à l'Hôtel-de-Ville.
La séance est ouverte à 3 heures précises de relevée.
Sont présents :
MM. C. Vander Elst, Président ;
D. A. Yan Bastelaer, Secrétaire ;
F. Andris, V. Bruyr, A. Cador, N. Cloquet, E. Coraux,
L. DE Glihes, E. DelhairE) E. Demesse, B. Depoitiers, B.
Dewandre, Ch. Dupret, E. Duprkt, G. Dury, A. Gillet, J.
Kaisin, A. LossEAUx, M. Lyon, E. Stainier et A. Loppens,
membres.
M. D.-A. Van Bastelaer donne lecture du procés-verbal de
la réunion du 7 août 1871. Il est adopté sans observation.
La correspondance simène :
l^' Lettre de M. le Ministre demandant que la Société four-
nisse à son Département 10 exemplaires de chaque volume
paru.
2o Lettre du même annonçant un subside de 500 francs
pour aider la Société dans ses publications.
3^ Lettre du même exprimant le désir que les objets pos-
sédés en double par le Musée archéologique et qui peuvent être
cédés sans inconvénients^ soient réservés pour le Musée de la
porte de Hal.
A^ Lettre de M. le Gouverneur du Ilainaut accordant un
subside de 600 francs pour aider la Société dans ses travaux
scientifiques.
5^ Lettre de M. Th. Lejeune annonçant pour le 5^ volume
une notice archéologique sur les seize communes du canton
— io-
de Binche. L'auteur y joindra divers objets pour nos collec-
tions.
M. GiLLETy trésorier, fait connaître la situation de la caisse:
les recettes se sont élevées à 3887 fr. 08 et les dépenses à
3659 Tr. i6 ; ce qui laisse un boni de 1227 fr. 9% somme
destinée à couvrir partiellement les frais de l'impression du
4® volume paru depuis le mois d'août dernier.
L'Assemblée vérifie et approuve.
Le budget de 1872 porte 5347 ïr. 92 en receltes présumées^
y compris le solde d'encaisse de 1227 fr. 92 dus à l'impri-
meur et 5210 fr. en dépenses éventuelles. Il porte les deux
articles suivants : Bibliothèque: 500 fr. ; fouilles: 1000 fr.
H. Cloquet voudrait voir donner moins d'importance à la
bibliothèque et plus d'importance aux fouilles. Il dit qu'il
s'est pourvu dans les bibliothèques étrangères des ouvrages
nécessaires pour faire son rapport sur les fouilles d'Ârquennes,
et ajoute que nos collègues ont souvent recours à Bruxelles
pour leurs travaux. Il faut faire des fouilles, dit-il, et non
acheter des livres qui servent peu pour l'époque' romaine.
M.D.-A.VanBâstelaer pense tout autrement que M. Cloquet.
La bibliothèque, dit-il, est de première importance pour une
Société scientifique, si la nôtre était plus riche, les membres
devraient moins recourir aux bibliothèques étrangères et éloi-
gnées pour faire des travaux qui nécessitent des recherches.
Le budget doit être calqué sur le compte des années précé-
dentes et, bien que jusqu'ici aucune autorisation de faire des
fouilles n'ait été refusé^, jamais l'on n'a approché comme
dépenses du chiffre de 1000 fr., déduction faite des subsides
accordés par le Gouvernement ; du reste la somme consacrée
pour les fouilles sera augmentée chaque année en proportion
de l'importance que celles-ci prendront. Il trouve que 500 fr.
pour la bibliothèque et 1000 fr. pour les fouilles sont des
chiffres à l'abri de toute critique.
M. Kaisin prend alors la parole et fait remarquer à M. Clo-
quet qu'en lui accordant, ce qui est douteux cependant, que
- n -
les ouvrages soient inutiles pour les fouilles romaines, la
Société fait aussi des fouilles du moyen-âge et que là aussi les
ouvrages sont précieux et nécessaires.
M. Stainier trouve le local trop petit et insuffisant pour
notre Société qui prend sans cesse de Textension ; il devient,
dit-il, urgent de trouver les moy«^ns matériels et pécuniaires
de s*en procurer un convenable. Il voudrait doubler la rétri-
bution annuelle. Il propose d'employer un moyen de s'assurer
que les membres de la Société seront généralement favorables
à cette proposition.
M. le Président demande que cette proposition soit faite
par écrit, pour être mise à Tordre du jour de l'Assemblée pro-
chaine.
MM. C. Cloquet et D. A. Van Bastelaer appuieront la propo-
sition. Mais il faut, dit le dernier, s'assurer préalablement si
la plupart des membres adoptent la modification et s'enga-
gent à rester membres de la Société dans les nouvelles con-
ditions.
Le budget est adopté.
M. D. A. Van Bastelaer donne lecture de son rapport détaillé
sur la fouille de la porte de Waterloo. Ce travail, plein d'ac-
tualité, a vivement intéressé les auditeurs qui votent des re-
merciements à l'auteur. (Voit ce rapport ci-après.)
M. Cloquet prend alors la parole et donne lecture de son
rapport sur les fouilles de la Villa rmnaine d'Arquennes. Ce
rapport savant et volumineux est accompagné d'un grand
nombre de dessins dus au crayon de M. Cloquet fils. L'As-
semblée est unanime pour adresser des félicitations à l'auteur
du rapport. (Voir ce rapport ci-après,)
L'ordre du jour appelle la discussion et l'adoption de
mesures propres à encourager les publications des membres
delà Société. Une proposition d'ouvrir des concours et de
décerner des prix, avait été faite à une assemblée précédente,
et ajournée.
Une lettre de M. C. Lyon rappelle cette proposition. La dis-
- Il —
cussion ouverte sur ce sujet, fait voir les graves inconvénients
qui accompagnent toujours ces concours. L'Assemblée décide
que, dans ces conditions, la Société ne peut adopter ce mode
d'encouragement.
Pour atteindre le butcherché,H.D.A.VANBASTELAERfait re-
marquer qu'il s'agit uniquement d'encourager les Membres de
la Société à travailler, et non les savants étrangers à notre
cercle ; il estime qu'une prime d'encouragement accordée d'une
manière opportune, atteindrait entièrement le but et dépose
sur le bureau la proposition suivante :
€ Il pourra être alloué, par la Société, des subsides d'en-
couragement pour la publication d'ouvrages relatifs aux
sciences dont s'occupe la Société et écrits au point de vue de
l'arrondissement.
€ Le Comité est chargé des détails pratiques de cette déci-
sion. »
Il développe en quelques mots cette proposition qui est
adoptée à l'unanimité.
Sur la proposition du Comité, l'Assemblée nomme membres
d'honneur, à l'unanimité :
HH. G. Dewâlque, professeur à l'Université de Liège;
A. Leroy, professeur à l'Université de Liège ;
Renier Châlon, président de la Société numismatique,
à Bruxelles ;
S. BoRMANS, archiviste de l'Etat, à Liège;
H. Sghuërmans, conseiller à la Cour d'appel de Liège.
Sont admis ensuite, comme membres actifs :
M. E. BoDART, de Fleurus, présenté par M. Céressia ;
Et M. L. DE Lalieux, propriétaire à Féluy, présenté par
H.N.Cloquet.
M. le Président demande à l'Assemblée si elle n'a pas de
propositions à faire.
M. N. Cloquët estime que les dessins accompagnant son
rapport peuvent se réduire à 12 ou 13 planches environ. Il
espère que l'impression a' en souffrira pas de difficulté.
— 13 —
M. B. Dewandre demande si Ton ne pourrait pas utiliser la
photographie pour ce travail. Le bureau avisera.
M. le Président donne lecture de l'article 1^ de nos sta-
tuts et demande, au nom du Comité, qu'il soit interprêté^e la
manière suivante qui en exprime le véritable sens :
c Art. 1^^. Il est formé une Association pour le développe-
ment des connaissances géologiques, paléontologiques, histori-
ques et archéologiques dans l'arrondissement judiciaire de
Charleroi. > — Approuvé.
La Société reçoit en don de M. E. Dupret : 3 tuyères
trouvées dans les crayàts dits des Sarrazins, et une corne de ^
bouquetin.
De M. A. Ceressia : Calendrier de la cour de LL. A A. RR.
Marie-Christine, princesse royale de Hongrie et Albert, prince
royal de Pologne^ etc. 1 vol.
De l'auteur : histoire métallique de Charleroi, par A. D.
Van Bastelaer. 1 br.
Personne ne demandant plus la parole, la séance est levée à
6 heures et demie.
Charleroi, Sfévrier 1872.
Le Président,
Le Secrétaire-adjoint, G. VANDER ELST.
E. GOBAUX.
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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE
DU i5 AVRIL 4S72.
La séance est ouverte à trois heures et demie.
Sont présents :
MM. P. G. Vânder Elst, M. Lyon^ L. deGlyhes, J. Kaisin,
D. A. Van Bastelaer^ E. Cobaux, N. Cloquet, B. Demesse, A.
Marousé, J. Masgaux,G. Wanderpepen, V. Bkuyr, L.Binard,
G. DuRT, B. Dewandre, A. Houyoux, X. Eugène et F. Artus.
MM. A. Cador et E Gillet s'excusent de ne pouvoir assister
à la séance.
Le procès verbal de la dernière Assemblée générale est lu
et approuvé.
. M. le Président rappelle que Tordre du jour est de déli-
bérer sur les mesures à prendre par la Société, à la suite de
la décision du Collège échevinal qui nous retire notre local à
rH6lel-de-Ville. Il prie M. le Secrèlaire de donner d'abord
lecture d'une première missive du Conseil communal, relative
au subside demandé par la Société archéologique. (V. ci-après.)
M. A. Marousé fait remarquer que cette demande de subside
pour 1872 était datée du 21 décembre 1871 et que le Comité
avait prié l'Administration de lui allouer ce subside sur les
dépenses imprévues, ce qui fut fait pour le subside alloué en
1871, et ce qui peut toujours se faire lors oiéme que le bud-
get est dressé.
Le même membre demande si la lettre d'avis du subside de
1871 renfermait le conseil de solliciter le concours pécu-
niaire des communes de l'arrondissement.
MM. le Président et le Secrétaire déclarent qu'aucune
- 16 -
I
lettre d^avis n'a été envoyée à la Société concernant ce sub-
side de 1871.
L'orateur constate que, ce vœu ne nous étant pas parvenu,
Tasserlion inscrite au procès-verbal de la délibération du
Conseil communal du 1^ mars est erronée. Du reste, ajoute-
t-ii, il ne pense pas que la dignité de la Société lui permette
d'aller ainsi tendre la main aux communes rurales de l'arron- .
dissement pour mendier un secours de quelques francs.
(Marques d'approbation générale.) Tel n'est pas l'esprit de
l'article 31 de nos statuts qui prévoit c Vaide des communes "p
et leur concours. Il ne s'agit pas ici de concours pécuniaire,
mais du concours ofliciel et de la protection des autorités
pour aider la Société dans ses recherches d'objets et de do-
cuments archéologiques, dans ses fouilles et dans ses travaux
sur les diverses archives.
A la demande de l'orateur, M. le Président pose la ques-
tion de savoir si quelque membre l'entend aulrementet pense
que l'Administration communale a pu se tromper sur ce .
point.
On affirme unanimement que c'est bien ainsi que le com-
prend la Société» comme en font foi les diverses circulaires
adressées aux administrations communales de Tarrondisse-
ment. (Voir: Séance de fondation ei-devant page 5, — Assem^
blée du 7 août i864^ Tome /, page 9^ — et les circulaires qtU
en furent les conséquences, celle du 2i janvier i864, à la Cor*
respondance ci après et celle du 20 avril i869^ Tome III,
page 26.)
M. le Secrétaire donne lecture de la lettre du Collège éche-
vinal en date du 2 mars, reprenant à la Société son local de
rUôiel-de-Ville et de la réponse faite par M. le Président.
(Voir ces deux lettres à la correspondance ci-après,)
M.N.CLOQUETfait le rapprochement de la date des deux mis-
sives communales, il trouve étrange que ces deux lettres se
succèdent de jour à autre, et plus étrange encore qu'une com-
mune de l'importance de Charleroi ne puisse trouver 150 fr.
- 17 —
de subsidepour une Société scientifique. Il considère ce refus
comme plus grave, s'il est possible, que notre expulsion de
rHôleUde-Ville, parce qu'il y voit un parti pris et un mauvais
vouloir à l'égard d'une Société que l'administration devrait
se faire honneur de protéger.
M. le Président prie l'orateur de s'occuper de l'ordre du
jour. Nous n'avons pas à juger ici les actes de l'Administra-
tion communale, dit-il.
M. D. A. Van Bastelaer demande à indiquer l'ordre qui lui
semble devoir être adopté dans la discussion pour plus de
clarté. Les points à discuter peuvent se grouper comme
suit:
Transporter le siège de la Société hors de Gharleroi, ou
bien rester à Charleroi.
Dans ce dernier cas, se dressent deux nécessités.
Premièrement : Trouver, le plus tôt possible^ un local plus
ou moins provisoire.
Deux projets se sont fait jour jusqu'ici :
1^ louer un local particulier^ 2^ solliciter un local dans
les bâtiments de l'Etat.
Secondement : pour plus tard, se procurer un local définitif
1^ soit public, en le demandant à une administration pu-
blique, quand Texécùtion du plan d'agrandissement de la
ville aura permis d'y créer de nouveaux bâtiments publics ;
2* soit particulier, en trouvant moyen de faire construire un
bâtiment pour la Société en son nom ou au nom de tierces
personnes.
Une question incidente et importante devra être décidée,
savoir où l'on trouvera l'argent nécessaire pour parer aux
éventualités.
H. N. Cloquet demande l'opinion du Comité sur ces divers
points. Il sait que le Comité s'est occupé activement, s'est ré-
uni, a discuté et a adopté un plan de conduite pour laSociété.
11 prie le Comité de faire part de ses idées à l'Assemblée pour
empêcher la discussion de s'égarer.
- 18 -
M. P. G. VA19DER Elst préfère la discussion libre, sans Tin-
fluence préalable des opinions du Comité. Celui-ci agit ainsi
par délicatesse et pour éviter d^imposer ses idées.
iM . L. DE Glyme ne voit pas d'inconvénient k ce que le Comité
rende compte de ce qu'il pense et de ce qu'il a fait pour
trouver une issue à la situation.
Cette opinion étant appuyée, M. le Président prie M. le
Secrétaire de satisfaire au désir de l'Assemblée.
M . D. A .Van Bastelaer rapporte qu'aussitôt que fut connue la
décision du collège échevinal, beaucoup de membres vinrent,
dans l'intérêt de la Société, faire part au Comité de leurs idées.
Ce sont ces propositions qui furent consignées dans la circu-
laire de convocation, et qui constituent l'ordre du jour que
nous venons d'établir. (Voir cette circulaire à la correspondance
d'après.)
Après avoir étudié la question sous ses diverses faces et
avoir recueilli tous les renseignements utiles, les membres du
Comité se réunirent en séance pour prendre une résolution.
On avait fait ofifrir officieusement des locaux dans plusieurs
chefs-lieux de canton. LeComité, à l'unanimité, rejeta cette me-^
sure comme devant entraîner la mort de la Société.
Quant à trouver immédiatement un local, deux moyens se
présentaient :
Louer un local particulier, ou demander un local public
dans les bâtiments de l'État.
Le Comité rejeta à l'unanimité le premier moyen, parce qu'il
entraîne de grandes dépenses pour obtenir en dernière ana-*
lyse un local relativement restreint.
On nousaofifert des locaux à l'étage de maisons particulières,
au prix de 550 et 600 francs; mais ces locaux étaient de deux
chambres assez peu étendues.
L'idée de demander au gouvernement un local fut adoptée^
toujours àl'unanimité, par le Comité. On lui avait fait connaître
des places assez vastes pour faire un musée, places qui ne
nous seraient pas refusées, nous assuraient les agents de l'Etat.
— 19 —
Enfin et encore à runanimité^ le Comité a été d'avis que,
jusqu'à nouvel ordre, la Société, pour subvenir aux dépenses
éventuelles de son délogement, fera une réduction sur le bud-
jet de la bibliothèque. Toutefois, en cas de besoin, on pour-
rait avoir recours à une souscription volontaire, mais jamais
à une augmentation de cotisation annuelle qui serait de nature
à éloigner plusieurs membres.
M.N.Cloquet se réjouit de notre expulsion de l'hôtel de ville,
parce que l'on se procurera maintenant un local propre à y
établir un véritable musée, ce qui va doubler la prospérité de
notre Société. Il a visité les locaux du Gouvernement sur les-
quels le Comité a jeté les yeux, il les trouve convenables en
tous points, vastes, bien disposés, bien placés. On pourrait, dit-
il, y créer un musée de grand'ville.
M. D. A. Van Bastelaer fait remarquer qu'en principe notre
local était trop petit et qu'à la dernière Assemblée générale,
H. Stainier avait déjà proposé de chercher les moyens d'en
changer. Il appuie les idées de M. Cloquet, quant au local ap-
partenant à l'Etat.
Les locaux que l'on peut trouver au prix de 500 ou 600 frs.^
dit-il, sont à peine aussi grands que celui que nous devons
quitter. Pour avoir un local un peu convenable, il faudrait plus
de mille francs et encore serions-nous dans une maison par-
ticulière. Or mille francs, c'est une trop grande dépense pour
la Société qui ne peut que supprimer provisoirement le bud-
jet de la bibliothèque, soit 500fr.; mais elle ne peut restreindre
ses travaux et ses publications, sous peine de voir restreindre
aussi les divers subsides qui lui sont alloués et de voir même
diminuer le nombre de ses Membres.
M. B. Dewandre pense aussi que les fouilles ainsi que les pu-
blications donnent le plus grand relief à la Société, et qu'il con-
vient de sacrifier plutôt les dépenses de la bibliothèque que
celles des autres chapitres. Il croit du reste qu'il faut de-
mander un local dans les bâtiments publics qui appartiennent
à l'Etat.
M.L.DE Gltmes dit que, outre toutes les considérations que
l'on vient de faire valoir en faveur des locaax appartenant à
l'Etat, il y a cet immense avantage que nos collections ne
seront plus cachées et entassées dans un coin retiré d'un
étage^ mais pourront être rendues publiques et accessibles à
tous, ayant porte à rue et étant confiées à an concierge choisi
dans l'une ou l'autre maison du voisinage.
M. J. Kaisin demande ce que l'on ferait si, par hasard, on
n'obtenait pas le local de l'Etat sur lequel on rompte.
M. B.Demesse pense qu'il faut laisser au Comité les pouvoirs
nécessaires pour parer aux éventualités sans convoquer une
seconde Assemblée, et même pour faire l'argent utile dans
l'alternative indiquée par M. Kaisin. Alors le Comité pourra
louer un local particulier.
M. L. DE Gltmes recommande que ce local ne soit pas dans
un estaminet et fait remarquer que par économie on pour-
rait le choisir hors des rues principales de la ville.
M. A. Marousé pense que la Société doit quitter Charleroi.
On lui offre de plusieurs côtés les locaux les plus vastes et
les plus convenables pour son musée. 11 cite plusieurs loca-
lités qui seraient heureuses d'offrir une hospitalité convenable
à la Société d'archéologie. Pourquoi cette Société s'imposerait-
elle à une ville qui n'en veut pas ?
M. L. DE Glyhes répond que Charleroi est le centre et le
siège naturel de notre Société, laquelle s'éteindrait tout douce-
ment si on l'expatriait, car en se transportant dans un can-
ton particulier, elle divorcerait par le fait même avec les
autres cantons et deviendrait elle-même Société cantonale.
M. N.Cloquet dit que Charleroi est la seule ville de l'Arron-
dissement connue dans toute l'Europe et dans le monde en-
tier. Il fait ressortir le bien et le lustre que notre Société fait
rejaillir sur la cité.
M. P.C.VanderElst résume les débats et met aux voix les
propositions suivantes :
Acceptera-t-on un local hors de Charleroi ?
à
I
r
— 21 -
Demandera-t-on un local dans les bâtiments de l'Etat à
Charleroi ?
A l'unanimité, l'Assemblée rejette la première proposition
et adopte la seconde.
A l'unanimité aussi, l'Assemblée décide que le Comité avi-
sera aux moyens de trouver les fonds nécessités par les cir-
constances» et prendra à bail un local particulier si par hasard
le Gouvernement venait à refuser le local sur lequel on
compte.
Sur la proposition de M.D. A. Van Bastelaer, la question de
trouver pour l'avenir un local définitif est renvoyée à une
Assemblée prochaine. '
H.A.Marousé demande que l'on modifie l'art. 33 des statuts
qui, en cas de dissolution de la Société, attribue les collections
à la villede Charleroi. 11 ne faut pas, dit-il, qu'une Administra-
lion qui nous chasse de son Hôtel-de-Ville, devienne légataire
de tous nos biens.
M. P.C. Vander Elst fait remarquer qu'une Société ne doit
pas se venger et surtout ne pas faire retomber sur une ville ce
qui est le fait de quelques hommes. Il ajoute que les hommes
passent mais que les Administrations et les Sociétés de sciences
subsistent, enfin que nous ne savons pas ce qui nous est réservé
dans Tavenir.
Après une longue discussion, la modification de l'art. 33
est renvoyée à Tordre du jour de la prochaine Assemblée
générale.
On passe ensuite à la présentation de quatre membres nou-
veaux par MM. de Glymes, Kaisin et Gillet.
MM. Gédeon Jacor, Secrétaire communal, à Gerpinnes;
Edouard Evrard, Industriel, à Gerpinnes;
Gustave Houreau, Docteur, à Farciennes;
"^ Maximilibn Georlette, Docteur, à Gerpinnes,
sont admis à l'unanimité.
Avant que l'Assemblée se sépare, M. de Gltmes fait con-
naître que d'heureuses fouilles viennent de mettre à décou-
vert à Gerpinnes une villa Romaine plus vaste que celle
d'Arquennes, et qui promet des objets plus nombreux et plus
curieux encore. On y a trouvé déjà des débris de riches pote-
ries, de miroirs métalliques, de bronzes curieux, des perles
de colliers, etc., etc.
M. D. A. Van Bastelaer annonce la découverte de plusieurs
tombes romaines allignées et formées de larges dalles en terre
cuite, dans un champ de Strée appartenant à M. Bruno. Ce
monsieur a fait remettre à la Société, par l'intermédiaire de
M. Arsène Losseau, trois belles petites lampes sépulcrales en
terre, un petit trépied, ousupport de lampe, en bronze magni-
fiquement travaillé et trois médailles romaines.
La Société s'est assuré l'autorisation du propriétaire pour
faire cette fouille qui a été décidée à la dernière séance du
comité.
La séance est levée à 6 heures.
Le Président,
Le Secrétaire, G. VANDER ELST.
D. A. VAN BASTELAER.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DU 5 AOUT 1872.
Ordre du jour :
1« Lecture du procès-verbal de la dernière assemblée ;
2* Correspondance ;
3<> Rapport annuel du Président sur les travaux de la
Société ;
4<> Renouvellement du Comité ;
&> Modification à apporter à l'article 33 des statuts ;
6<> Propositions diverses.
La séance est ouverte à 3 heures de relevée.
Sont présents :
MM. C. Vander Elst, président ;
A. D. Van Bastelaer, secrétaire.
F. Andris, F. J. Artus, J. Batet, V. Bruyr, A. Cador, E. Co-
raux, J. CoppÉB, L. DE Glimes, E. Dbpermentier^ V. DUROIS»
G. DuRT, J.-B. Genard, a. Gillbt, C. Gutacx, L. Jaumonet,
J. Kaisin, L. Lambot, A. Larsimont, A. Libioule, M. C. Lyon,
A. Marodsé, a. Mascaux, L. Mineur, M. Motte, A. Piérard,
E. PiÉRARi>, A. QuiRiNi, J. RouARD, membres.
f «*' Objet à l'ordre du jour.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de l'assemblée
extraordinaire du 15 avril. — Adopté sans observation.
— 84 —
2* Objet.
i^ Lettres de M. le Hinistre de l'Intérieur faisant connaître
qu'un subside de 700 francs est accordé pour continuer les
fouilles d'Arquennes et publier les planches qu'elles nécessi-
teront, et un autre subside de 700 francs pour aider à faire
les fouilles de Gerpinnes.
2^ Lettres de MM. Cloquet, et Grégoire, abbé à Nivelles, sur
un point litigieux de la fouille d'Arquennes.
S^ Lettre de M. Van Bemmel, relative à sa conférence du
9 juin dernier sur l'emplacement du combat de César contre
les Nerviens.
4^ Lettre de M. Motte, annonçant qu'il ^a fouiller la grotte
dite Trou de la vache^ à Landelies. Il y joint de longues consi-
dérations sur les âges préhistoriques.
5^ Lettre de M. d'Otreppe de Bouvette qui envoie la collec-
tion de ses tablettes liégeoises.
6® Lettre de M. Grégoire, de Bruxelles, envoyant pour le
volume qu'on va publier, une étude paléo.ntologique du ter-
rain bruxellien, une collection des roches de ce terrain, diffé-
rentes photographies de fossiles, etc., etc.
1^ Lettre de M. Malengra^iu;,. promettant un travail sur des
découvertes romaines qu'il à faites à Chimay.
8^* Lettre de M. Cador, avec quelques considérations sur
les fouilles de Strée, de Gerpinnes et d'Arquennes. Il parle
de découvertes de bijoux faites en Egypte, et joint à sa lettre
deux planches coloriées représentant les objets découverts
dans cette fouille.
9^ Lettre de M. Deplasse, s'excusant de ne pouvoir assister
à la réunion.
3^ Objet.
H. le Président lit son rapport annuel sur les travaux et la
marche de la Société.
Ce travail intéressant sera imprimé dans le VI® volume.
4» Objet.
M. le Président prend la parole et s'exprime en ces termes :
c Le 2 août 1869, vous avez élu le Comité dont les pou-
voirs expirent aujourd'hui. Vous êtes appelés. Messieurs, à
élire le Président et huit membres qui formeront le Comité*
jusqu'au 1^^ lundi d'août 1875. Il me semble, Messieurs, que
le développement d'une Société comme la nôtre, s'oppose à
ce que la composition de son Comité soit permanente ; je suis
d'avis que la perpétuité des personnes aux fonctions direc-
trices, devient un élément d'engourdissement, souvent de
mort, et que la durée de la Société elle-mè me exige que les
aptitudes diverses soient utilisées à son avantage. C'est pourquoi
je viens appeler voire attention sur l'importance de modiûer
la composition du Comité et sur la nécessité de donner surtout
un successeur au Président qui est décidé à n'accepter d'au-
tre fonction que celle de simple membre du Comité. 78 mem-
bres actifs constituaient notre Société quand nous avons été
appelés à sa direction ; 190 la composent aujourd'hui. >
M. D. A. Yan Bastelaer regrette la détermination de
M. Vander Elst, il voudrait le voir rester à la tête de la Société.
Il ne partage nullement le système qu'il vient de développer,
ni les idées qu'il a émises . sur la nécessité de changer fré-
quemment la composition du Comité.
M. P. C. Vander* Elst déclare persister dans ses idées.
On procède alors au renouvellement des membres du
Comité, en vertu des articles 9 et 10 des statuts.
Sont nommés :
MM.
Président : A. D. Van Bastelaer 22 — 7.
(6 voix sont données à M. Vander Elst.)
Secrétaire : E. Cobaux 28 — 1 .
Trésorier: A. Gillet 28 — 1.
Conseillers: { ^' ^^^^^^ ^^ - *'
C. Vander Elst 25 — 4.
U de Glimes 24 — 5.
r, Il 1 C. Leroaigre 26 — 3.
A. Cador 23 — 6.
C. Lyon 23 — 6.
M. F. ÂNDRis félicite les nouveaux élus. II fait Téloge de
l'administralion passée, et il espère que la Société continuera
à marcher dans la voie qui lui est tracée.
Il propose de voter des remerciements à M. Vander EIst
en reconnaissance du zèle qu'il a témoigné pour les intérêts
de la Société pendant qu'il en était le Président. Cette propo-
sition est adoptée par acclamations.
5« ObjeL
Conformément à l'ordre du jour, on propose de modifier
l'article 33 des Statuts, ainsi conçu : c En cas de dissolution
de la Société, les collections seront abandonnées à la ville de
Charleroi, à charge par celle-ci de les tenir à la disposition
de toute Société analogue qui se constituerait par la suite.
Dans l'éventualité d'un refus de la Commune, le Comité social
en exercice décidera à quelle administration publique de
l'arrondissement, les collections pourront être remises aux
mêmes conditions. »
Après une discussion prolongée à laquelle plusieurs mem*
bres prennent part, on adopte, à l'unanimité, la proposition
de M. L. DE Glimes, ainsi conçue :
c En cas de dissolution de la Société, les collections ne
pourront être attribuées qu'à un dépôt public. L'assemblée
générale qui prononcera la dissolution, statuera sur cette at-
tribution et sur les conditions auxquelles elle aura lieu. »
m
6® Objet.
L'assemblée admet à l'unanimité, en qualité de membres
actifs :
MM. Léon Wautelet, Ed. Hambursin, Léop. Fatt, L** Quirini,
— 27 —
L** Bruno, Léon Lemergier, L'' Krémer, E*« Hermant et Maurice
HouYoux, présentés par MM. Artus, de Glimes, Quirini, Van
Bastelaer, Genard et Kaisin.
La faculté d'admettre les nouveaux membres pendant le
cours de Tannée est conférée au Comité par l'Assemblée géné-
rale, en vertu de l'article 23 des Statuts.
M. D. A. Van Bastelaer rappelle que la question d'un local
définitif, posée à l'assemblée du 25 avril dernier, a été ren*
voyée à la réunion d'aujourd'hui. Il y a urgence, dit-il, pour
la Société de se procurer un local définitif. En effet celui que
nous occupons, convenable à tous les points de vue, comme
les membres l'ont constaté, peut nous être retiré du jour au
lendemain, car le Gouvernement s'est, selon l'habitude, réservé
ce droit, en nous accordant un bail. Il propose de trouver un
moyen d'acheter un terrain sur l'emplacement de l'ancienne
forteresse, soit au nom de la ville, soit au nom de la Société
d'archéologie transformée, soit enfin au nom d'une Société
particulière formée par quelques membres ; et de bâtir sur
ce terrain un local convenable avec des capitaux réunis par
souscription, par subsides de l'Etat, de la province et de la ville,
ou par actions émises avec intérêt garanti par la Société.
M. A. Marousé approuvera le projet de M. Van Bastelaer, à
condition que la ville n'intervienne en aucune manière.
M. E. Deperhentier appuie d'une manière énergique l'avis
de M. Marousé.
M. P. G. Vander Elst fait remarquer qu'il est impossible
qu'une Société comme la nôtre, ayant une bibliothèque et un
musée destinés à prendre de l'importance, ne s'entende pas
avec l'Administration communale et n'ait pas avec elle les
rapports les plus suivis.
M. L. DE Glimes dit que la question traitée a tant d'im-
portance, qu'elle est si peu mûrie, qu'il est impossible de
prendre dès aujourd'hui une décision. Il désire qu'on nomme
une commission pour en faire l'étude et présenter un rapport
à l'Assemblée générale prochaine.
M. P. G. Vander Elst appuie cette proposition.
M. D. A. Yan Basteuuir fait remarquer qu'il y a dans sa
proposition deux choses distinctes : i^ l'achat d'un terrain,
^ la bâtisse d'un local sur ce terrain. U aOinne qu'il est ur-
gent de prendre une décision immédiate sur le premier point,
attendu que l'on est occupé à faire le pian de la ville et à
donner à chaque parcelle une destination spéciale. II voudrait
que l'Administration communale, en demandant les terrains
dont elle a besoin, demandât en même temps à prix réduit un
terrain que notre Société payerait.
H. ). Batbt demande si, vu l'urgence, on ne devrait pas
donner aux membres du bureau le pouvoir de traiter au nom
de la Société après avoir étudié la question.
MM. L. DE GuMEs et P. G. Vander ELsf repoussent cette
idée ; et sur leur proposition, il est décidé que le Gomilé
étudiera la question et en rendra compte à l'Assemblée pro-
chaine.
La séance est levée à 6 heures.
Le Secrétaire,
E. COBAUX.
Gharleroi, le 5 août 1872.
RAPPORTS
ET CORRESPONDANCE.
CIRCULAIRE •
A XESSIEUIIS LES BOURGMESTRES & ËCHETINS DES VILLAGES SITUES SUR B'AKCIEMNES
VOIES ROMAINES DANS L'ARRONDISSEMENT DE CHARLEROI.
Monsieur,
La commune de que vous administrez, oc-
cupe un territoire que parcourt l'ancienne voie romaine,
connue sous le nom de chaussée de Brunehaut.
Les découvertes intéressantes faites récemment dans les
provinces de Liège et Limbourg, aux abords du prolongement
de cette route, ont fixé particulièrement l'attention de la
Société paléontologique de l'arrondissement de Charleroi, et
par la présente, elle vient recourir à votre obligeance pour
savoir si votre commune ne renferme pas de tertre funéraire,
que nous désignons sous le nom de lumtilus, et que Ton
nomme assez vulgairement tombes, tommes, tombelUs, oumottes.
Dans l'affirmative, il nous serait agréable de savoir où ces
tertres sont situés à l'égard de .la chaussée prédite; si des
fouilles y ont déjà été pratiquées,' ehfln si quelques mesures
sont prises pour les conserver dans leur état primitif. En
même temps, veuillez nous faire savoir si le territoire de la
commune a révélé la présence de débris d'objets antiques.
Nous vous remercions d'avance, Monsieur, des rensei-
gnements que vous voudrez bien nous transmetre en réponse
à la présente, et vous prions d'agréer nos salutations em-
pressées.
Le Président,
Le Secrétaire, Th. HAROU.
P.-C. VANDER ELST.
Charleroi, ce SI janvier 1864.
If, B, Les communes n'ont jamais répondu à celte circulaire. G. V.
Porte de la Belle-Alliance ou de Waterloo, à Oxarleroi.
Conslnutt rai 1Ô16 rt démolie on 1870.
FOUILLE
PRATIQUÉE
LA PREMIÈRE PIERRE .
DE LA FORTERESSE DE CHARLEROI
ET LES OBJETS QU'ELLE CACHAIT.
RAPPORT LU a' L'ASSEMBLÉE DU 5 FÉVRIER 1872.
Messieurs,
J'ai rhouneur de vous présenter un rapport sur la fouille
décidée et pratiquée dans le but de retrouver la première
pierre de la forteresse de Charleroi et les objets que cette
première pierre recouvrait.
Laissez-moi vous dire tout d'abord que le résultat matériel
de cette fouille, a été des plus heureux et a dépassé, par les
découvertes obtenues, Tespoir que nous en avions conçu.
Comme ces découvertes touchent intimement à une ques-
tion de laplus haute importance pour l'histoire de Charleroi,
permettez-moi, Messieurs, de vous rappeler les circonstances
qui ont amené la fouille dont je dois vous entretenir.
En 1868, dans une note de la Collection des actes de fran^
-84 —
chise de Charleroi, premier fascicule, page 34 S nous écri-
vions ces mots :
c Au moment ou Ton va saper nos remparts et démolir la
porte de Waterloo, nous appelons Taltenlion de nos collègues
de la Société archéologique de Charleroi sur la note suivante
que nous a laissée Théodore-Joseph Prunieau, maire de notre
cité à cette époque, et mort en 1829 ; auteur d'une notice
sur l'histoire de sa ville natale : c Le 3 septembre 1816 fut
posée la première pierre de la forteresse ; cette pierre se
trouve dans la maçonnerie de la porte de Waterloo, à
droite en venant du faubourg. Sous cette pierre fut dépo-
sée une boite en étain, renfermant les portraits du Roi, du
Prince d'Orange et de son frère le Prince Frédéric;
le décret royal relatif à Tautorisalion de construction de ces
remparts, écrit de la main du Roi, sur parchemin ; quel-
ques médailles et jetons rappelant cette circonstance ; une
croix en or de la troisième classe de l'Ordre de Guillaume
avec le ruban et les statuts de l'ordre ; une carte du
royaume, un plan de la nouvelle forteresse ; un état du
corps des ingénieurs des Pays-Bas et enfin une copie du
discours du général Krayenhoff, qui posa cAte première
pierre. On fit une cérémonie analogue pour la première
pierre des fortifications de la ville Basse, qui fut posée le
24 mars 1819 par le Commandant dugénie Orthuine.»
Ces renseignements n'étaient pas officiels. Après un mûr
examen, ils paraissaient même assez suspects dans certains
détails. On ne pouvait se défendre d'un sentiment d'incrédu-
lité à l'endroit de ce c décret .... écrit de la main du roi, sur
parchemin, i Pour les médailles nous avons dit dans notre
Histoire métallique de Charleroi, page 65 ■ :
c Quant aux médailles frappées pour la circonstance, nous
n'avons trouvé aucune trace de leur existence et nous ne
croyons guère qu'on en ait frappé.
1. Voir : Documents et rapport» de la Société^ T. II, p. 145.
S. Voir Documents et rapports de la Société, T« IV, page 485.
— 85 —
c Nous saurons du reste à quoi nous en tenir sur ce point,
car la Société ardiéologique de Charleroi va faire des fouilles
à la recherche de cette boite, i
Vous verrez, Messieurs, que ces doutes étaient fondés et
que, pour certains détails au moins, les assertions du manus-
crit de notre ancien maire ne sont pas d'une exactitude irré-
prochable.
En effet, le décret est simplement signé et non écrit de la
main du Roi, et les médailles ne font aucune allusion directe
à la forteresse, mais ont un rapport plus ou moins prochain
à la constitution du royaume des Pays et à son souverain.
Je voulus des documents plus positifs, je cherchai des pièces
officielles et, grâce à la complaisance de monsieur Auguste
Hangin^ garde du génie chargé de la place de Charleroi, je les
trouvai dans les archives du génie militaire en notre ville.
C'était la copie de trois lettres écrites en hollandais et dont
voici la traduction :
Première kttre. —Du général Krayenhoff au colonel Van Ingen.
€ N<>3A9
c Sujet.
— c Amsterdam, 81 juillet 1816.
« Pose de la première
c pierre à Charleroi.
c J*ai l'honneur de faire connaître à votre Haute Honora-
bilité, qu'il a plu à S. M. de commettre, par son royal arrêté
du 25 c^. l'Inspecteur Général des fortifications, pour poser^
en son nom, la première pierre des travaux de la nouvelle
forteresse de Charleroi. Cette distinction si honorable pour
moi m'impose le devoir de remplir ce mandat avec la plus
large solennité, et comme je désire ardemment m'aboucher
avec votre Haute Honorabilité à ce sujet, je vous invite à
vous rendre chez moi à Bruxelles, le treize du mois pro-
chain. Si cependant les entrepreneurs devaient être pressés
pour aborder les travauxde maçonnerie comme je m'y attends,
— 36 —
ceci ne doit pas occasiimiier le moindre retard ; nous pouvons
toujours imposer le nom de l^^ pierre, sans que celle-ci soit
telle dans le sens absolu du mot ; et il me semble que les
fondements de la nouvelle porte dans la 2^ parcelle sont les
plus convenables pour recevoir cette pierre.
c Le Lieutenant-Général, Gouverneur d'Amsterdam, Ins-
pecteur-Général des fortifications et du corps des ingénieurs,
des pontoniers, mineurs et sapeurs.
c (Signé) Kratenhoff.
c Pour copie conforme :
c Le colonel directeur de la sixième
Direction de fortifications.
€ Van Ingen*. »
1. Texle original hoUtadais :
« N* S49 « Amiteidam den SI j«ly i$l6.
• Onderwerp
« Hetleggeader eertte
steen te Charleroi.
« Ik heb de eer U. £. H. G"* kennis te geven dat het zyne Majesteit bj Hoogderze-
loer besluit van deo 3S deser N« 44 heeft behaagt, deo Inapecteur Generaal der
fortiflcatiea te eommiitereDf om nameiis haar, deo en ten ateen te leggen aan de
Dîeuwe veatiag werken van Cfiarleroi.
« Deie ▼oormj vereerende onderacheiding legt my den pligt op, om dezecom-
missie met de meeste plegUgheid tea uilvoer te brengen ; en daar ik zeer gaane
wenschiemet H. U. E. Gest ofer dit onderwerp te aboucheeren, Infiteer ik V. H. Geat
sich op den 18 der volgende maand bj my te Brunàl ten dien einde te willen
fenroegen.
c Wanneer onvertuaschen de aannemera mogden gepresf eerd zyn, om gelyk ik
▼erwagte met het metselen een aeanvang te maken, dan zal lalks daaraan geene
vertraging mœten toebrengen, het kan immen de eerate steen geheeten worden»
fonder dit in den Yolstreksten sin te weien, en my dunkt dat de fùndamenten van
de nîeuwe poori in bet tweede parceel het geschikate wezen zoude, om deze steen
te kunnen ontvangen.
< De Luitenant-Generaal GouYerneur van Amsterdam, Inspecteur Genenud der
Vortificatien en van het korps Ingénieurs, de Pontonniers, Mineurs en Sappeurs.
c (Get) KHATBfBOFr.
Voor eenslaidend afschrift
De Kolonel Directeur der 6'*
Directie van Fortification
c VAH Ill€Ilf .
« AandeaHeere
Directeur der Fonifteatien
Kolonel Var Irgen . >
- 37 -
Deuxième lettre. — Du colonel Van Ingen au capitaine ingé-
nieur Van Oorlwyn.
Namur, S août 1816.
c Recevant aujourd'hui une mission • de S. E. Monsieur
rinspecteur Général en date du 31 juillet, n^ 349, touchant
la pose de la première pierre à Charleroi, j'ai Fhonneur de
vous en transmettre copie par la présente, en vous priant de
mettre tout en œuvre pour répondre complètement aux in-
tentions de S. E., vous invitant en même temps à me faire
tenir avant le soir du 12 courant un rapport détaillé des pro-*
grès effectués déjà à la i^ et à la 3"*® parcelle, afin que j'en
puisse faire rapport à S. E. le 13 courant.
c Le Colonel-Directeur de la 6®
direction des fortifications.
€ Van Ingen.
€ A. T. H. Monsieur
M. Van Oortvvyn,
Capitaine-Ingénieur
Charleroi*. i
1. Texte original hollandais :
Nameo, 8 augustus 1816.
c Heden een aanschryving v«d Zyne Exeellentie Den Heere Inspecteur Generaal
dd. 81 jnlj a^ 840, ontvaogea heblende, belrekkelyk het leggea der eerste ste n te
ChorUroi hebik de eer uw £. daanran by dese kopy le zenden, met verzoek om
ailes aante wenden om aan de intentien van Z. E. len desen opsigte te kunnea be
antworden ; U. E. W. G. tevens inTiteerende om roj, uiterlyk Yoor den IS deaer
des avonds, te willen doen geworden een gedetailleerd rapport over de gemaakle
voorderingen aan bet S en 8 perceel, ten einde hiervan op den 18 aang aande.
Z. E. ve^lag t8 kunnen doen.
« De kolonel Directenr der 9*
DirecUe der Fortificatien.
« Van IiffiE^i.
« Aan den W. E. G. Gest
Heer Ooetwtr, te
Cbarleroî. »
- 38 —
Troisième lettre. — Du même au même.
Ntmar, i6 tout 1816.
« No 256.
c Comme il est derintention de S. Ex. Tlnspecteur Géné-
ral de faire graver, sur l'une des surfaces longues de la pierre
couvrant Tétui de plomb, les mots suivants dans Tordre
marqué ici :
PRBTIOSA
POSTERITATI
MOMUMENTA
CONDIT
j'invite votre Haute Honorabilité de me faire connaître
par retour du courriery s'il y a un tailleur de pierres capable
à Charleroi, et qui soit parfaitement apte à faire cela; dans le
cas contraire, je vous en adresserais un de Namur.
c Le colonel-directeur de la 6°^
direction des fortifications,
c Yan Ingen.
c A sa Haute Honorabilité,
le i^^ Capitaine Ingénieur
OORTWYN,
Charleroi*. i
Où était la deuxième parcelle signalée dans la première de
1. Texte original hollandais :
N« S56. « Namen den 26 augiislus 1816.
c Daar heldeinlenlieTan Zyne Excellentîe den Inspecteur Generaal is, om op
eender lange vlakken van den sleen, die den looden koker dekktp aal, te laten
inhakken de navôlgcnde woorden in deselfde orde, looaisdezelvehier staan.
PKETIOSA
POSTERITATI
VOIfUMENrA
CONDIT
« Zoo verzoek ik U. E. W. GpsI, my met de omgaandê Po$t te willen schryren,
ol er eene bekwame sleenhouwer te Charleroi is, welkevolkomen lo staat ly, dit
— 39 —
ces lettres, et quelle était la nouvelle porte qui en faisait partie?
Ce fut encore mT)nsieur Mangin qui nous renseigna sur ce
point et nous apprit qu*il s'agissait de la porte de Waterloo.
Les indications devenaient plus précises. Nous avions même
des détails assez minutieux. Mais, chose surprenante, nous
verrons que pour l'exactitude, ces détails laissaient autant à
désirer que les détails fournis par Théodore Pruniéau. En effet
la boite en plomb se trouva être en étain^ et surtout l'ins-
cription indiquée par le général Krayenhoff ne ressemble en
rien à l'inscription réelle que nous avons trouvée.
Krayenhoff avait-il changé son inscription par suite de la
crainte manifestée par lui de ne pas trouver à €harleroi
l'homme qu'il y cherchait, le tailleur de pierre assez expert
pour tailler l'inscription fastueuse du général *. Ou plutôt le
capitaine ingénieur Van Oortv\ryn, ou un autre officier, par-
te bewerkstellîgen, daar ik in het tegen gestelde geval er een uit Namen derwaarls
lenden xal
« I>e kolonel Directeur der 6'
Directie van fortiflcatien.
« Van Incbn.
« Aàn den W. Ed. Gest, heere
!•' kaptein ingénieur,
OORrVTR
te
Charleroi.
1. n se fait que cet étui, en ôtain était simplement une modeste seringue de
cheval, veuve de son piston, séparée violemment de sa canule, pourvue de nou-
veaux fonds et ennoblie par une destination monumentale et historique! Oh! gloire
et noblesse dea cités fortifiées 1 Oh! ironie des circonstances !
Ce détail piquant vient de nous être révélé par le fils de l'artisan qui a fourni
robjet.Cet homme exerce encore son métier à Boussu, dans le Hainaut. Ce toi ce
même artisan qui fut chargé par son père de foire les soudures nécessaires i la trans-
formation et il en reçut comme récompense l'argent suffisant pour acheter une
paire de petits anneaux d'oreilles en or, qu'il convoitait dès longtemps et qu'il
porte encore aujourd'hui.
t. Cet homme se rencontra et c'était un homme expert. Ce fut Louis Branquart,
venu d'Anvers où il avait été un des bons élèves sculpteurs de l'Académie et y avait
remporté le premier prix. Branquart était employé i la forteresse avec Kuypers.
Plus tard celui-ci devint architecte de la ville. Ce fut Branquart qui tailla la pierre
et r inscription ; il fut loin de réussir dans sa carrière comme son amî Kuypers i
qui la fortune fut favorable.
— 40 —
vint-il à faire accepter une inscription plus modeste, plus
sage et plus en rapport avec l'objet.
Quoiqu'il en soit, Messieurs, nous savions dès lors qu'il
fallait fouiller et chercher dans les fondations de la porte de
Waterloo. Nous acceptâmes donc la version de Théodore
Prunieau qui, du reste, était corroborée par deux ou trois
vieux habitants de la ville.
Fort de ces renseignements, je demandai à la Société de dé-
cider la fouille. C'était le moment le plus favorable puisqu'on
était occupé à démolir la porte de Waterloo.
La décision fut donc prise dès l'année 1870, mais il fallut
une autorisation du gouvernement et ce n'est qu'en juillet
1871 dernier que notre collègue, M. Artus, receveur des do-
maines, nous communiqua la missive suivante :
c !• Di»>. i« Bureau. « Bruxelles, le 14 juillet 1871.
c N« S676.
« Place de Charleroi.
• Souvenirs hifttorîques.
C Monsieur le Directeur,
€ Comme suite à votre rapport du 7 juin dernier, vP 625<^,
j'ai l'honneur de vous prier de faire connaître à la Société
archéologique de Charleroi, qu'elle est autorisée à exécuter
des fouilles aux environs de l'ancienne porte de Waterloo et à
conserver en sa possession le coffret renfermant les souvenirs
historiques qu'elle espère retrouver, mais que l'Etat ne peut
aucunement intervenir dans les frais qne ces fouilles pour-
raient occasionner. c Au nom du Ministre,
c P"" le Directeur Général,
€ L'Inspecteur général,
c (Signé) Jadot.
c N^' 625<i. Ampliation transmise pour exécution à Monsieur
le receveur des actes judiciaires à Charleroi.
Mous, le 16 jttiUet 1871.
C Le directeur,
• c (Signé) Decuvelier. i
f>
- 41 -«
Les travaux commencèrent le 18 septembre au matin.
Toute la fondation de la porte de Waterloo était restée in-
tacte, je fis attaquer le coin gauche en entrant dans la porte
du côté de la ville. On arriva vite au terrain vierge schisteux.
Soixante centimètres de fondations seulement soutenaient
cette voûte massive et pesante dont chacun de nous a pu
juger.
Je fis enlever cette fondation en avançant vers le milieu
de la porte et après avoir découvert 6 à 7 mètres, on tomba
sur un bloc de maçonnerie plus profonde, plus soignée et
j)lus forte. On touchait à la découverte, après un travail d'une
journée et demie seulement.
On trouva une large feuille de plomb recouvrant une pierre
et protégeaAt une inscription taillée en grands caractères :
NEPOTIBUS
S.
Ce n'était pas Finscription indiquée dans la lettre du géné-
ral Krayenhoff que nous avons donnée précédemment : Pre-
TIOSA POSTERITATI MONUMENTA GONDIT.
En ce moment , je crus utile de réunir un groupe d'hommes
notables et connus qui fussent témoins de la découverte et
en pussent certifier le procès-verbal que je dressai séance
tenante et qui fut signé par tous. M. Auguste Mangia, garde
du génie, chargé du service de la place de Charleroi, en
réclama une copie certifiéer pour les archives de la place et
une pour envoyer au Ministère de la guerre, et M. Artus rece-
veur des domaines, en demanda une pour l'envoyer au Mi-
nistère des finances.
Voici, Messieurs, lo texte de ce procès-verbal, il m'exemp-
tera d'entrer, pour ce Rapport, dans de nouveaux détails.
— 48 —
PROCÈS-VERBAL
de la levée de la première pierre des forteresses de la ville
haute de Charleroi, et de l'ouverture de l'étui que cette pierre
cachait.
Aujourd'hui dix-neuf septembre 1800 seplante-eUun, à
onze heures du matin, par les soins de M. Van Baslelaer,
Désiré-Alexandre, secrétaire de la Société paléontologique et
archéologique de Charleroi, et en présence des témoins sous-
signés : les ouvriers Julien Deza et Jean-Baptiste Démolie,
dirigés par Monsieur Henri Sarrasin, garde des domaines de
FElat à Charleroi, ont découvert dans une tranchée ouverte
dans les fondations, à gauche en sortant, vers le milieu de
l'ancienne porte de Waterloo, la première pierre de la forte-
resse de la ville et un étui en étain qu'elle cachait. Cet étui
était emboité entre deux pierres creuses et superposées,
placées dans un massif de forte maçonnerie à une profondeur
d'environ un mètre et demi du niveau du sol ; chaque pierre
mesurait une surface d'environ 57 centimètres sur 26, et
était épaisse de 16 centimètres; elle portait au centre une
excavation semi-cylindrique, de façon que les deux pièces
superposées laissaient entre elles un espace cylindrique de
11 centimètres de diamètre et de 42 centimètres de longueur.
La pièce supérieure portait l'inscription : nepotibus s. con-
sacré à la postérité.
L'étui fut transporté chez le secrétaire de la Société,
Monsieur Yan Bastelaer, et ouvert en présence des mêmes
témoins soussignés qui l'avaient vu extraire du sol.
C'était un étui cylindrique mesurant 65 millimètres de
diamètre, 2 millimètres d'épaisseur et 36 centimètres de
long, y compris le couvercle vissé et soudé. L'eau chargée de
mortier et de chaux, qui remplissait l'excavation où il avait
été trouvé, avait corrodé l'étain, pénétré dans la boîte et
mouillé les objets qui y étaient renfermés.
-43 «-
Ces objets étaient d'abord deux petits paquets enveloppés
de toile cirée, liés ensemble par un mince ruban couleur
orange et cachetés de cire rouge, sans empreinte.
Le premier paquet contenait, dans du papier et de Touate,
une croix de troisième classe de l'Ordre de Guillaume, avec le
ruban.
Dans le second paquet étaient huit pièces et médailles de
petit module, enveloppées de papier, savoir:
N<>M, 2 et 8. Trois exemplaires, l'un en or, l'autre en
argent et le troisième en cuivre, d'une médaille d'inaugura-
tion de Guillaume d'Orange, à Amsterdam, comme prince-
souverain des Provinces-Unies.
fi^ 4 et 5. Deux exemplaires (argent et cuivre) d'une
médaille d'inauguration de Guillaume l^^i*, à Bruxelles, comme
roi des Pays-Bas.
N° 6. Une médaille en cuivre frappée h propos des vic-
toires de Wellington, en Espagne, en 1812.
N^« 7 et 8. Deux pièces de vingt francs dont une à l'effigie
de Louis XVIII, au millésime de 181 5, et l'autre à l'effigie de
Napoléon I®*", frappée pendant les cent jours (1815).
Le reste de l'étui était rempli par un rouleau de papiers et
parchemins, enveloppé de toile cirée, cacheté de cire rouge
et non scellé. Ce rouleau était composé de documents rédigés
en langue hollandaise, savoir :
N° 1. Une nomenclature manuscrite, sur papier, de tous
les ouvrages et bastions de la forteresse.
N^ 2. Un plan d'ensemble de la fq^teresse sur parchemin ;
manuscrit admirable d'exécution.
N^ 3. Deux exemplaires imprimés du discours de circons-
tance prononcé lors de la pose Je la première pierre par le
général du génie KrayenhofT. L'un des exemplaires est signé
de la main de l'auteur.
N<* A. La liste, imprimée en brochure, des officiers des
corps des ingénieurs, des pontonniers, mineurs et sapeurs
avec leur résidence.
- 44 —
N^ 5. Une carte des Pays-Bas^ sur papier.
N* 6. Les staluts de TOrdre militaire de Guillaume» im«
primés en brochure.
N* 7. Minute originale, signée de la main du Roi, sur
parchemin, du décret royal ordonnant la pose de la première
pierre de la forteresse de Charleroi.
N* 8. Portrait du prince Frédéric de Hollande.
N^ 9. Portrait du prince royal, Guillaume d'Orange.
N® 10. Portrait du roi Guillaïune de Hollande.
Ces trois derniers numéros sont de superbes gravures sur
cuivre.
En foi de quoi, pour certifier la vérité et Teiactitude de ce
qui précède, et comme témoins oculaires, nous avons signé
le présent procès- verbal, rédigé par M. le secrétaire de la So-
ciété d'archéologie, les jours mois et an que dessus.
Étaient signés :
Bésiré'Alexandre Van Bastelaer, secrétaire de la Société
archéologique de l'arrondissement de Charleroi et commis-
saire délégué pour procéder à la fouille; Henri Sarrasinj garde
des domaines de TElal, à Charleroi, chevalier de l'Ordre de Léo-
pold ; Julien Deza, terrassier ; Jean- Baptiste Démolie, ter-
rassier ; François-Joseph Artus, receveur des domaines à
Charleroi ; Auguste Mangin, garde du génie, chargé du ser-
vice de Charleroi ; JeanrJacques Ungrichl, lieutenant-adju-
dant de place, à Charleroi ; François Dupret, capitaine com-
mandant la compagnie d'artillerie de la garde civique de
Charleroi, chevalier de l'Ordre deLéopold et décoré de la croix
du vingt-cinquième anniversaire ; Philippe Lambrechts, pre-
mier vicaire de la paroisse de S^ -Christophe, à Charleroi ;
Désiré Pagnot, greffier-adjoint près le tribunal de Charleroi ;
Félix Haquin, directeur-gérant d'ardoisières; Félicien Caréna,
propriétaire à Charleroi.
Chaque pièce trouvée dans l'étui et consignée au procès-
- 48 -
verbal, fut authentiquée et certifiée par les mots que j'y ai
inscrits :
c Document enfoui le 3 septembre 1816 sous la première
pierre de la forteresse de Charleroi, et retrouvé le 19 sep-
tembre 1871 par le soussigné, secrétaire de la Société paléon-
tologique et archéologique de l'arrondissement de Charleroi.
€ (Signé) D. A. Van Bastelaer. i
Dans ce procès-verbal ne pouvait trouver place la descrip-
tion des objets. Nous allons, sur ce point, entrer dans quel-
ques détails nécessaires.
Nous commencerons par faire remarquer, Messieurs, que
l'eau remplissant Texcavation de la pierre où se trouvait niché
l'étui d'étain, provenait indubitablement de la masse de ma-
çonnerie humide qui, n'ayant pu sécher par l'extérieur, avait
laissé suinter son humidité vers l'espace vide où celle-ci
s'était réunie. Les objets trouvés étaient donc humectés depuis
peu de temps après leur enfouissement.
En présence de ces faits, il est vraiment extraordinaire que
cette longue humectation n'ait pas laissé la moindre trace
d'oxydation ou de sulfuration sur les métaux, pas la moindre
trace de moisissure sur les papiers ! Ce résultat prouve l'ab-
sence complète d'air et doit être attribué à cette heureuse
circonstance que l'eau d'humectation était purifiée par sa fil-
tration à travers les matériaux et était chargée de chaux, ce
qui la rendait alcaline, tout en lui enlevant l'acide carbonique
qu'elle aurait pu contenir primitivefhent en solution.
Une circonstance qui a contribué à conserver aux médailles
la plus grande partie de leur brillant, c'est qu'elles se trou-
vaient isolées l'une de l'autre dans autant d'enveloppes.
Pour les parchemins et les papiers, ils étaient roulés, collés
l'un sur l'autre, ramollis, presqu'en pâte et ne furent séparés
qu'avec la plus grande difficulté. .
Toutefois l'excellente qualité, devenue proverbiale, du
papier hollandais, nous permit d'établir un système d'épon-
- 46 -
gementy de pression entre buvards el de dessication qai noas
réussit parfaitement. Ce procédé, méthodiquement appliqué,
nous donna, à quelques exceptions prés, des résultats tout à
fait satisfaisants. Les gravures notamment semblent avoir con-
servé leur fraîcheur primitive. Toutefois tous ces papiers et
parchemins ont gardé une propriété hygrométrique due pro-
bablement à la présence d'un sel soluble de chaux ; ils ab-
sorbent l'humidité de Tair ambiant.
Quant aux rubans, on peutreôonnaitre encore parfaitement
leur teinte.
Le tout a retenu un odeur particulière et infecte, laissée
par l'enveloppe de toile cirée noire ramollie, poisseuse, col-
lante et en partie décomposée par l'action prolongée de l'eau.
Dans la description des divers objets que nous allons main-
tenant donner, Messieurs, nous nous servirons des numéros
que nous leur avons aifectés dans le procès-verbal. Mais il
vaudra mieux abandonner l'ordre adopté dans cette pièce,
pour suivre un ordre plus méthodique. Dans un procès-ver-
bal en effet, il s'agissait de constater la présence des objets au
fur et à mesure qu'ils se présentaient à nos regards en ou-
vrant les enveloppes, et nous n'avions pas à établir de classe-
ment, comme nous avons maintenant aie faire pour la rédac-
tion d'un rapport.
La médaillé n^ 6 (f n® 1) est une pièce en cuivre de 27 cen-
timètresde diamètre. Elle est consacréeaux victoires de Wel-
lington en Espagne del808à 1812.
Elle porte à la face le buste du duc de Wellington en uni-
forme de général et la tète couronnée de lauriers. Il est en-
touré des mots :
HISPANIAM ET LUSITÂNIAM RESTITUIT WELLINGTON.
Wellington réintégra V Espagne et le Portugal.
Le revers porte autour :
VIMIERA Auc. 21. 1808. TALAVERA july. 28. 1809. ALMEIDA
MAT. 5. 1811.
- 47 —
Et le milieu :
CIUDAD-RODRIGO. jan. 19. 1812. BADAJOZ. april. 2. 1812.
SALAMANGA. july. 22. 1812. etc., etc.. etc.
Wellington est le héros de Waterloo, et la défaite de la
France sur ce champ de bataille eut pour conséquence le
remaniement de la carte européenne, raifranchissement des
nationalités, Tinstitution du royaume des Pays-Bas, Téreclion
des forteresses du sud de la Belgique, décidées par les puis-
sances alliées et destinées à la défense du royaume contre les
invasions du midi.
C'est à ce titre, Messieurs, que dans les fondations de la
première de ces forteresses, celle de Charleroi,on enfouit une
pièce frappée en Thonneur du général anglais. Toutefois Ton
se demande pourquoi l'autorité hollandaise n'a pas choisi un
de ces nombreux jetons et médailles, par lesquels les Anglais
et les autres puissances immortalisèrent Wellington et sa vic-
toire à Waterloo ! C'eût été beaucoup plus rationnel. De
deux choses Tune, ou ces nombreuses médailles n'étaient pas
frappées lors de la pose de la première pierre, ou Ton ne
prit pas la peine de s'en procurer. Cette dernière supposi-
tion me semble assez plausible, je l'avoue, en présence du
peu d'importance qu'on semble avoir allaché à la composition
du legs destiné à la postérité (Nepotibtis), et au choJx de l'en-
veloppe où fut enfermé ce legs.
Nous avons, dans le procès- verbal, parlé sous les n^ 1, 2 et
3, de trois exemplaires (or, argent et cuivre) d'une petite
médaille frappée en l'honneur de Guillaume.
C'est la médaille d'inauguration, à Amsterdam, de Guil-
laume d'Orange Nassau comme prince souverain des Pro-
vinces-Unies.
Elle est restée inédite jusqu'à ce jour. Maurin-Nahuys même
n'en parle pas, bien qu'elle soit assez commune.
Nous en donnons la première description et le premier
dessin qui en aient été publiés*
t
- 48-
Cette médaille (fig. n^ 2) mesure 23™°^ de diamètre.
La face est la tête du roi Guillaume tournée à droite, avec
la légende circulaire :
WILLEM D. G. G. PRINS VAN ORANJE NASSAU.
Guillaume par la grâce de Dieu prince (T Orange Nassau^
Au revers l'inscription se continue.
Autour :
SOUVEREIN VORST DER VEREENIGDE NEDBRLANOEN.
Prince souverain des Provinces- Unies.
Au centre, entourée d'une couronné de feuilles de laurier :
GEHULDIGD TE AMSTERDAM MDCCCXIV.
Inauguré à Amsterdam en i8i4.
Il ne s'agissait alors ni de roi ni de royaume des Pays-Bas.
On était au commencement de 1814 ; la Hollande, indépen-
dante de laFrance, se constituait sans s'inquiéter de la Belgique
dont le sort restait encore incertain. Guillaume était élu Prince-
Souverain des Provinces-Unies dès le mois de décembre 1813
et couronné à Amsterdam, en mars 1814.
Toutefois, dès le 30 mai 1814, lors du traité de Paris, et
plus tard dans les stipulations du Ck)ngrès de Vienne, la réu-*
nion de la Belgique à la Hollande avait été convenue entre
]^ puissances alliées et acceptée par Guillaume le SI juillet.
Mais l'année suivante seulement les détails de cette réunion
furent réglés et l'annexion consommée par le traité de Vienne
du 31 mai 1815. On sait que ce n'était là qu'un c arrangement
conçu dans un but européen i, dit lord Aberdeen dans une
séance du Parlement britannique. Le Luxembourg, grand-
duché indépendant, faisant partie de la Confédération germa-
nique^ fut aussi donné à Guillaume comme prince de l'Empire
et en échange de ses autres terres d'Allemagne.
- 49 -
•
Ce prince devint roi des Pays-Bas et grand duc de Luxem-
bourg.
L'inauguration de Guillaume comme roi des Belges et grand
duc de Luxembourg, se fit à Bruxelles le SI septembre 1815,
et le royaume des Pays-Bas fut définitivement constitué.
C'est à cette occasion que fut frappée la médaille désignée
au procès-verbal sous les n9^ 4 et 5, (argent et cuivre), et qui
est une pièce inédite comme la précédente.
Le diamètre de ce jeton, (fig. n*» 3), est de 23™"*. La face
porte la tête de Guillaume tournée à gauche entourée des
mots :
WILH. NASS. BELG. REX LUXEMB. H. DUX.
Guillaume de Nassau, roi des Belges,
Grand-duc de Luxembourg.
L'avers porte l'inscription suivante, au milieu de deux
branches de lauriers liées en sautoir et formant couronne':
PATR. SAL. REG. ET. ORD. SOLEN. SAGRAM.
ASSERTA. MDGCCXV.
Le salut de la pairie assuré par le serment solennel
du Roi et des Chambres, iSiS.
L'année 1815 avait vu Louis XVIII fuir à Gand devant
Napoléon 1^^ revenu de l'île d'Elbe avec une armée, et Napo-
léon I«r lui-même forcé d'abdiquer transporté à l'île de Sainte-
Hélène pendant que Louis XVIII reprenait sa place sur le
trône de France.
La même année, ces deux princes avaient frappé monnaie
comme souverains de France.
C'est ce rapprochement qui fit déposer parmi les objets que
nous décrivons^ les deux pièces de vingt francs à l'effigie des
deux souverains et au même millésime de 1815, qui portent
les n^ 7 et 8 dans le procès-verbal.
i. On trouve de ee jeton une variété qui ne porte pas cette couronne.
— 50 —
La monnaie à Tefligie de Napoléon P** frappée pendant
celte période dite les cent jours, est fort recherchée.
Aussitôt après son avènement comme prince souverain des
Provinces-Unies, le prince d'Orange ^ avait institué son Ordre
militaire de Guillaume. L'arrêté date du 30 avril et les statuts
du 25 juin 4815.
L'arrêté royal de constitution en 12 paragraphes et les
statuts en 62 articles, contresignés par A. R. Falck', furent la
même année réunis et imprimés chez les frères Van Cleef, à
Amsterdam, en 26 pages in-S"". C/est un exemplaire de cette
brochure qui se trouvait dans Tétui tombé en nos mains et
qui est renseigné au procès-verbal sous le n^" 6 des papiers.
Nous ne décrirons pas la croix de VOrdre militaire de
Guillaume {de troisième classe que cette brochure accompa-
gnait. Tout le monde connaît cette croix. On sait qu'elle porte
sur les quatre branches en émail blanc entrecroisées d'une
croix de Bourgogne verte, les quatre mots : Voor moed beleid
trauw^ en or.
A celte décoration nouvellement instituée et à ces statuts,
on avait joint une carte du nouveau royaume des Pays-Bas
{q9 5 des papiers). C'est la première carie de ce royaume
qui ait été publiée. Elle sortait des presses de Mortier et C^^,
d'Amsterdam.
Puis viennent trois beaux portraits en buste, (n^^^ 8, 9 et 10),
gravés sur cuivre, mesurant 30 sur 40 centimètres et repré-
sentant le roi et les princes ses enfants, tous trois en uni-
forme d'officiers supérieurs et portant leurs Ordres. Le prince
royal surtout en est couvert.
Ces portraits étaient tout récents aussi, lorsqu'ils furent
enfouis. Us datent de 1815 et ont été faits en souvenir de la
paix de Paris et de Vienne.
i. A. R. Falck mourut à Bruxelles où il était en qualité d'ambassadeur auprès
du roi Léopold !•'.
S. Pour courage^ conduite^ fidélité.
— 81 —
En effet, ceux du roi et du prince royal portent à la partie
supérieure le mot :
VREDE
Paix.
surmontés de l'œil de la providence. Ces deux portraits sont
entourés de palmes de victoire, de branches du laurier de la
gloire, de rameaux de l'olivier de la paix, de couronnes de
chêne, de trophées d'armes, des drapeaux et des blasons des
puissances alliées, de la couronne, du sceptre royal; dans un
cartouche et sur des banderoles on lit les inscriptions :
ZALKl ZTN, die VREDE STIGHTEN. — TE PARUS. —
CONGRES TE WEENEN.
Heureux ceux qui fondent la paix. — Paix de Paris. —
Congrès de Vienne.
Ces portraits sont peints par E. Madskamp et gravés par
W. Yan Senus.
La souscription du portrait du roi est :
ZUNEKONINKLUKEMAJESTEIT WILLEM DE EERSTE KONING DER NEDERLANDEN
PRINS VAN ORANJE-NASSAU HERTOG VAN LUXBMBURG ENZ. ENZ.
Sa royale majesté Guillaume premier roi des Pays-Bas,
prince d' Orange-Nassau duc de Luxembourg, etc., etc.
Au bas du buste on lit :
ZIJNE KONINGLUKE HOOGHEUD WILLEM FREDERIK GEORGE LODEWTK
PRINS VAN ORANJE-NASSAU ETC.
Son altesse royale Guillaume Frédéric^Georges-Louis,
prince d' Orange-Nassau, etc.
Le troisième buste est celui du prince cadet. Il est fort
simple et trés-fîheraent gravé. Il porte lés signatures du
peintre C. H. Hodges et du graveur W. Van Senus.
— 52 —
L'inscription est :
-ZUNE KONINKLUKE HOOGHBID WILLEM FREOERIK KARBL,
PRINS DER NEDERLAMQKN
' Son altesse royale Guillaume Frédéric^Charles.
prince des Pays-Bas.
Après ces divers souvenirs qui se rapportent à l'époque de
l'érection du royaume des Pays-Bas, il était d'autres pièces
d'un intérêt plus ps^^ticulier et plus spécial, pour notre ville
et sa forteresse.
Messieurs, l'élévation et la fortification d'une ligne de dé-
fense des Pays-Bas sur la frontière française, avait été décidée
par les puissances alliées. Dans une convention du 13 août
1814, l'Angleterre s'était même engagée à contribuer à ces
ouvrages pour une somme de deux millions sterling à joindre
à une même somme que devait fournir Guillaume.
Or la plus importante des forteresses à construire était
celle de Charleroi. La position de cette ville la désignait à cet
effet d'une façon indubitable. L'Angleterre voulait même,
quand on discuta les plans, en faire une immense enceinte
militaire fortifiée par des forts selon un système analogue aux
principes suivis depuis dans la fortification de Paris.
Ce système, s'il avait prévalu, aurait rendu notre cité une
ville immense, et lui aurait permis de prendre dès lors tout
le développement que lui imprimaient ses nombreuses et im-
portantes industries ; mais le plan allemand prévalut et
Charleroi fut étouffé, comme on le sait, dans la ceinture
étroite de ses murailles de pierres et de bastions formidables.
Les plans furent faits !
La copie de ces. plans, marquée n^ 2 au procès verbal, est
un parchemin de 44 sur 3i^. Nous n'en donnons pas ici la
gravure parce que ce plan est réservé avec plusieurs autres
pour une Histoire descriptive de la forteresse de Charleroi ck
diverses époques. La copie dont nous parlons est un dessin à
— 83 -
la plume et au lavis, àrencre de Chine. 11 est admirable d'exé-
cution et de finesse : c'est un vrai chef-d'œuvre. Il est ac-
compagné d'une légende à laquelle renvoient les lettres dU'
plan et qui forme le tableau complet de la forteresse et la no-
menclature des ouvrages.
Voici la copie de ce tableau rapporté sous le n9 4 du pro-^
cès-verbal :
NOMENCLATURE DES OUVRAGES DE FORTIFICATION
DE GHARLEROI.
SIS
t
e
S
ce
S
"S
X
S
no 3.
uP 4.
no 5.
no 6.
no 7.
no 8.
Ouvrages de fartificalion.
. Bastion no 1 .
> no 2.
Ravelin no 9.
» no 10.
» no 11.
» no 12.
» no 13.
» n» 14.
Lunette no 15.
» no 16,
Bastion m 20.
> n<» 21.
/•^
4>
PQ
I
4>
OS
.S"
'o
.S
s
n<» 22.
no 23.
n* 24.
n» 25.
Noms.
Roi Guillaume.
Prince royal.
Wellington.
Waterloo.
Quatre bras.
Planchenoit.
Blucher.
Prince Frédéric.
Inspecteur général.
Haye-sainte.
Hougoumont.
Belle- Alliance.
Mont-S^-Jean.
Bulow.
Van Merle.
17, 18 et 19. Oortwyn.
Prusse.
Angleterre.
Pays-Bas.
Russie.
' Autriche.
Suède.
— 64 —
Ravelin n» 26.
Lunette n^) 27.
Sambre.
Collaert>.
Le plan porte les mentions suivantes : au coin gauche in-
férieur :
Dessiné par le 2^ lieutenani4ngénieur J.-H. Mouchard'.
Dans le coin droit inférieur sont écrits les mots suivants :
D'après le plan du capitaine ingénieur H. Oortwtn '.
i. Voici le texte hollandais :
RAMEN YOOR YISTIlCGWEBXEIf VAH CHAKLEROT.
Veitîng werhen.
s
I
tm
I
1
I
Bastion n* 1.
> n« S.
»
n«
8.
»
n«
4.
»
n«
6.
»
n«
6.
• n» 7.
» n» S.
Rayelynn* 9.
• n« 10.
» n« il.
• n« it.
» tt« 18.
• n« 14.
Lnnette n« 15.
Namen.
Koning Willem.
Kroonprins.
Wellington.
Waterloo.
Quatre bras.
Planchenoit.
Blucher.
Prince Frédérik.
Inspecteur général.
Haye sainte.
Hongonmont.
BelIe-AUiance.
Mont-Saint- Jean.
Bulow.
Van Merle.
> n* 16, 17, 18 en 18. Oortwyn.
Bastion n« SO.
• n« 81.
• n« 88.
> n« 88.
> tt* 8i.
» n« 86.
Ravelynn* 86.
Lunette n« 87.
Pruyssen.
Engeland.
Mederland.
RQsland.
Oostenryk.
Zweden.
Sambre.
Collaert.
8. GeteekMd door ien %• UUtenant^ngènieur J.-H. Mouchabd.
8. Volgmu het ontwerp Van den eapltein ingénieur H. Oortwth.
- 85 -
Et plus bas :
Approuvé par Sa Majesté. Ce que je certifie, mai général
des fortifications Krayenhoff * .
Vous remarquerez, Messieurs, ces titres de lieutenant et
capitaine ingénieurs. A cette époque comme sous la domina-
tion autrichienne, le génie n'existait pas de nom et comme
corps ; ce qui en tenait lieu était le Corps des ingénieurs, et
le Corps des pontonniers, mineurs et sapeurs qui formait en
quelque sorte les troupes des ingénieurs. Le n^ A du procès-
verbal, brochure in-13, de douze pages, sortant des presses
des frères Vancleef, est Tétat du corps des ingénieurs et corps
accessoires, avec l'indication des places de garnison de chaque
officier.
Ce livret donne pour Inspecteur général des fortifimtions,
et des corps spéciaux, le lieutenant-général baron C, R. T.
Krayenhoff, nommé par arrêté royal du 13 mars 1814.
Il y avait deux généraux-majors directeurs des fortifi^cations :
A. Croisset, nommé le 8 décembre 1817, à Maestriecht et :
Baron H. J. Vander J/i^yck, nommé le 22 avril 1815, à Gand.
Six colonels dont M. J. Deman, directeur des archives de la
guerre et du bureau télégraphique deipuis le 19 avril 1812 ;
Huit lieutenantS'Colonels ingénieurs, parmi lesquels P. S. R.
Van Hoofy aide-ée-camp du prince d'Orange.
Six majors ingénieurs.
Vingt capitaines ingénieurs de première classe, parmi lesquels
R. Oortwyn, celui-là même qui avait dressé le plan de la
forteresse de Charleroi, où il était en garnison.
Seize capitaines de deuxième classe dont E. Bergsma et F.
I. deMoor, à Charleroi.
Vingt-quatre premiers-lieutenants, dont /. Krayenhoff (le
fils de l'inspecteur), à Charleroi.
i. Door %iffne Mqjeiteit geapproheerd. In Kennîise Van my den intpecteur gène
raal der fortificalien Krayenhoff.
^ 86 -
Vingt-six deuxièmes-lieutenants .
Puis un coUmelj cinq capitaines et quinze premiers lieute-
nants des pontonnierSy mineurs et sapeurs.
Tels étaient les officiers à qui incombait le devoir d'élever
les nouvelles fortifications.
Les plans faits et approuvés, il s'agit de les exécuter et
l'on voulut se mettre solennellement à l'œuvre en commen-
çant les travaux par une brillante cérémonie par laquelle on
célébrât la pose de la première pierre.
Nous l'avons dit ci-devant, Messieurs, cette première pierre
n'était pas tant la première pierre d'une forteresse, que la
première pierre d'une ligne de forteresses dont Charleroi
était la première; ligne qui devait s'étendre le long de la fron-
tière méridionale des Pays-Bas et défendre ce royaume contre
les entreprises ultérieures de la France. Ainsi l'avaient décidé
les puissances alliées, l'Ànglelerre en tête. Voilà ce qui justi-
fiait l'importance que l'on attacha à la cérémonie et le décret
royal qui ordonna la pose de la première pierre le prouve
dailleurs.
Nous savons déjà par des lettres qui ont été transcrites au
commencement de ce rapport, que le roi avait délégué le géné-
ral Krayenhoff, le plus haut dignitaire du royaume en fait de
fortification, pour le remplacer à la cérémonie.
Voici le texte de l'Arrêté royal, (n* 7 du procès-verbal), qui
ordonne la pose de la première pierre et règle certains dé-
tails. Cette pièce confirme nos appréciations sur cet évé-
nement important.
« Nous Guillaume,
« Par la grâce de Dieu Roi des Pays-Bas, Prince d'Orange
.Nassau, Grand Duc de Luxembourg *,
etc. etc. etc.
1. Voidle texte hollandali:
<Wy Willem,
« By de Gratie Godskoningdernederlanden Printvan Orange Massan, Groolhertog^
- 87 —
« Vu la proposition de notre commissaire général de la
guerre, du S4 de ce mois, n^^ 2.
€ Et aussi prenant en considération l'usage très ancien de
poser avec une solennité extraordinaire, la première pierre
des forteresses de grande importance.
« Avons arrêté et arrêtons :
« Art. 1 . La première pierre des fortifications de Charle-
roi, cette ville étant la première des villes à fortifier sur la
frontière méridionale, sera posée, en notre nom, avec les cé-
rémonies accoutumées par. l'Inspecteur général des fortifica-
tions.
€ Art. 2. Les frais que les susdites cérémonies occasion-
neront et qui toutefois ne pourront dépasser la somme de
1000 florins, pourront être portés par le susdit inspecteur au
compte du Royaume; en attendant, le payement de cette
somme devra se faire sur la somme accordée par Nous pour
les travaux préparatoires à la fortification des frontières méri-
dionales.
« Art. 3. Copie de cet arrêté sera envoyé à notre Commis-
saire général de la guerre, à notre Conseiller d'Etat inten-
dant général de l'administration de la guerre pour l'exécu-
▼an Luxemburg enz. enz. enz. Gezîen de Yoordra^ van onzen commiuaris Gene-
raal van Oorlog, van den 2i, dezern» S.
• En daarby in aanmerking nemende het OYeroudgebruik om den eeraten steen
yan de belangryke yestingwerken met byzondere plegtigheden te leggpen.
« Hebben besloten en besluiten.
« Artikel I. De eerete steen der vesting werken van Charleroi, aïs de eerste der,
te bevestigen fteden in het zuidelyke frontier zal met de daar toe gebrnikelyke
plegtîgheden, namens Ons, door der Inspecteur-generaal der fortiflcalîen wor den
gelegt.
Artikel % De kosten welke de voorschrevene plegtigheden zuUen veroorz aken
en welke echter de som van Een duizend guldens niet znllen mogen te boven gaan
znllen door gemelden Inspecteur Generaal in rekenîng van het Ryk gebrogt kunnen
worden, terwyl de voldoenîng derzelve zal moeten geschîeden uit de som door ons
voor préparatoire werkzaamheden voor de bevestigîng der znidelyke firoutier;
gëaecordeerd.
« Artikel 8. Afschrift van dit besluit zal woorden gezonden aan Onien oom*
missaris Generaal van Oorlog en aan onzen Staats raad Adjudant Genenuil In de
-88-
tion, ainsi qu'à la chambre générale des comptes pour infor-
mation.
« Donné à La Haie le 25 juillet de l'an 1816 le3<^ de notre
règne.
c Guillaume,
« De par le roi.
€ Adj. De Mey Van Streefkerk. >
Au dos :
« Satisfait à l'honorable mandat renfermé dans cet arrêté
signé de la propre main de Sa Majesté le Roi, aujourd'hui le
troisième jour du seizième mois qui suit la bataille de
Waterloo
€ par moi,
« Lieutenant-Général
« Baron Gomelius-Rudolphus-Theodorus Krayenhofif, Com-
mandeur de rOrdre militaire de Guillaume, Gouverneur de la
ville d'Amsterdam, Inspecteur général des fortifications, du
corps des Ingénieurs, des pontonniers, mineurs et sapeurs,
etc.
En conséquence de ce décret, il fut décidé que la pose de
la première pierre serait faite le 3 septembre 1816.
ÀdmliiistratîeTanOorlogterexecutie, miUgaderaaan de AJgemeene Rekenkamer
tôt infonnatîe.
GegevoQte a' Grtfyenhage deaSS July des juara 1816, het,derde van onze
refferÎDff
« WiUem.
< Van wege den koning.
• A4i. De Mey y. Streefkerk.
An dos:
Aan den yereerenden last îi| dit beslnit ; door Zyne Mjijesteit den Koning tîgen
handig ooderteekend, yenrat, yoldaan op heden den derden yan den xestienden
maand na den slag by Waterloo.
door my
Lieutenant Generaal
Baron Cornélius Rudolphus Theodorus Khatshhoff eommandeur yan de mili-
taire Willems-orde, Gouyemeur der stad Amsterdam, Inspecteur Generaal der for-
tifleatien yan het korps Ingénieurs, yan de Pontoniers, Mineurs en Sappeurs, enz..
-89 -
Remarquons que cette date du 3 septembre était èhoisie' à
dessein pour fêter le 3 septembre de l'année 1666, date à
laquelle, jour pour jour, cent cinquante années avant, Castel
Rodrigo posait la première pierre de la première forteresse de
Chamoi, pauvre bourg porté par l'Espagne au rang de forte-
resse sous le nom de Charleroi.
La cérémonie eut lieu comme elle avait été projetée.
La première pierre posée au milieu de la joie, de l'en-
thousiasme et des acclamations des habitants de notre ville, fut
aussitôt recouverte des massifs immenses de terres et de
maçonneries qui formèrent l'ouvrage et la Porte de Waterloo
ou PORTE DE LA. BELLE ALLIANCE. (Voir la plauchc.) On y grava
au fronton l'inscription suivante en hollandais :
La construction de cette forteresse fut commencée sous LE
RÈGNE DU ROI GUILLAUME PREMIER l'aNNÉE ApRÈS LA BATAILLE DE WA-
TERLOO ET TERMINÉE EN l'aN 4824 ^
Nous donnons la traduction du discours prononcé par le
général Krayenhofi à cette cérémonie. Deux exemplaires in-S^
de ce discours imprimé se trouvaient avec les autres docu-
ments trouvés et sont repris au n^ 3 du procès-verbal. L'un
de ces exemplaires porte les mots suivants, écrits de la main
du général :
€ Uitgesproken na het leggen
van den eersten steen
door den
Inspecteur Generaal der fortifie.
« Krayenhoff.
€ Den 3 september 1816*. >
1. De iiigiing âe%er ve$ting i$ begonnen onder de regering van korUng WilUm
den eenien in het jour na den $lag van Waterloo en voltooid in hetjaar iSU.
%, « Prononcé après la pose de la première pierre par Tinspecteur général des
forlifleations.
(Signé): Kraterhoff.
Le 8 septembre 1816. >
- 60 —
Messieurs,
La première pierre des nouveaux ouvrages des fortifications
de Gharleroi est posée : des ruines de cette forteresse com-
mencée il y a justement 150 ans, pour maintenir, sur ce pays^
les droits d'une maison qui ne tenait aux habitants par aucun
autre lien que celui de la féodalité et de l'intérêt, va s'élever
une forteresse pour la défense de l'indépendance d'une nation
brave et heureuse ; d'une nation qui a juré de demeurer
libre ; qui aime son roi et sa famille parce que la patrie et
cette famille ne forment qu'un seul tout.
La forteresse commencée, conçue sur une échelle quatre
fois plus grande que celle qui l'a précédée, et destinée à de-
venir l'une des positions les plus fortes de l'Europe, n'est
(Cependant que l'un des boulevards de la ceinture de fortifica-
tions que doit construire de ce côté le nouveau royaume des
Pays-Bas ; ces remparts feront connaître à la postérité l'état
de nos connaissances théoriques dans l'art de la guerre, ainsi
que les champs des Quatre-Bras, de la Belle-Alliance et de
WaterJoO' maintinrent, il y a un an à peine, dans tout son
éclat, le renom antique du courage invincible* des habitants
des Pays-Bas. Peut-il se présenter de plus noble aiguillon à
leurs ingénieurs, pour exciter leur zèle à mériter la confiance
d'un roi aimé au-dessus de tout ; et au nom duquel je viens
aujourd'hui, par son mandat spécial, commencer ces impor-
tants travaux ? Non, Messieurs, les noms même qui doivent
distinguer les difiTérents points de cette forteresse, sufQront à
concentrer les efforts de vous tous qui partagez l'honneur de
coopérer à ces travaux, comme ces mêmes noms, et l'avance-
ment de la construction de cette ligne de places fortes, con-
firment l'esprit national par lequel seul une nation mérite
réellement de porter le nom de nation, et de posséder une
patrie.
1. C'est une allusion au : Quorum fortiaimi iunt Belgae des Commentairet de
César.
- 61 -
Pendant vingt ans, l'Europe a été courbée sous le poids
d'une nation belliqueuse pour qui toute nouvelle victoire était
un appât à de nouvelles conquêtes. La construction de ces
forteresses est le résultat d'une victoire plus humaine et plus
juste, qui n'a d'autre but que celui de prévenir l'oppression et
l'esprit de domination, par un plus équitable partage de puis-
sance. L'existence nationale récupérée peut-elle être distin-
guée par une alliance plus noble ? Peut-il y avoir de plus
justes motifs pour prendre part avec une enthousiaste satisfac-
tion au début solennel d'une œuvre, qui non-seulement inté-
resse notre pays, mais encore 4'Europe entière et toute
Thumanité?
L'établissement de ces travaux est en quelque sorte le
renouvellement solennel et effectif du serment par lequel
notre roi s'est engagé à protéger l'Etat nouveau-né. La devise
de chacun des habitants des Pays-Bas, doit être l'obligation
d'être prêt à tout pour servir celte patrie d'un commun ac-
cord avec le roi ; ceci doit lui rappeler, qu'à partir de ce
jour les Hollandais et les Belges n'ont plus qu'une même ligne
de défense, de même que les Belges et les Hollandaia tombés
dans les champs de Waterloo, sont morts pour une seule et
même cause, et que le sang des héros des Quatre-Bras y a
coulé pour une-seule et même patrie.
Vive la patrie, vive le royaume des Pays-Bas, vive le Roi * .
i. M. M. H. H. eoz .
De eerste steen aan de nieuwe Vestingwerken van CHÂRLEROI is gelegd. —
Cit de puinhoopen dezer vesting, welke, nu juist 150 jaren geleden, aangelegd
werdt, om de regtenop dit Land te handhaven van een Huis, hetwelk door geenen
enkelen band aan de ingezetenen des Lands gebonden was, dan alleen door dien
vanleenroerigheid en belang, zal eene sterkte opryzen tôt verdediging der onafhan-
kelykheid van een braaf en gelukkig volk, van een volk, dat gezworen heeft vry te
blyven en dat zynen Konîng en deszelfs Huis bemînt, om dat het Vaderland en dat
Huis slechts een geheel vormen.
De begonne vesting, op een viermaal grootere scbaal aangelegd, dan de vorige
en tôt een der tterkste punten in Europa bestemd, is slecbls een der bolwerken in
de mnur der VesUngen, welke het nieuw Ryk der Nederlanden, aan deze zyde, be-
vestingen moeten ; die muur zal den staat onzer beschouwende Krygskunde aan
— 62 —
Je ne veux donner de ce discours aucune appréciation ! La
manière de parler du général Krayenhoff et le ton qu'il prit
en cette occasion ne peuvent manquer d'être remarqués, au-
jourd'hui que les circonstances politiques sont changées. Ce
discours fait parfaitement ressortir combien changent avec
les époques les aspirations et les sentiments publics.
Il nous resterait maintenant, Messieurs, à faire une descrip-
tion de la cérémonie ; mais il nous semble bien plus inté-
de nakomelingschap doen kennen, (pelyk de velden van Quatre-Bras, Belle-
Alliance en Waterloo naauwlyks een jaar geleden, den voorouderlyken roem der
Nederlandflche dapperheîd en onverwinlykheidj^ehandhaafd hebben.
Kan er edeler spoorslag voor de Nederlandsche Ingénieurs £yn, om het yer-
troawen te verdienen van den boven ailes beminden Koning, iu wiens naam ik, op
byzondere last, heden het gewigtige werk met plegtigheid begonnen heb ?
Neen, Myne Heeren ! de namen zelve welke de byzondere punten dezer vesting
onderscheiden moeten, zullen t allen, die de eer genieten, daaraan mede te
werken, genoeg zyn lot inspanning van aile uwe krachten, gelyk die zelfde namen
en de voortgangen aan deze reeks van Vestingen den voiksgeest bevestigen zullen,
waar door alleen een volk waarlyk verdiend een volk genoemd te worden en een
vaderiand te bezitten.
Europa heeft, gedurende 30 jaren, gebukt gegaan onder het overwigt van een
ooriogszugtig volk, voor het wélk iedere nieuwe overwinning een lokaas tôt nieuwe
veroveringen was. De bouw dezer veslingen is de vnicht eener menschelyker en
regtvaardiger overwinning, welke geen ander doel heeft, dan de onderdrukking
en heerschzugt, door gelykere verdeeling van magt, voor te komen. Kan het her-
kregen volksbestaan door een edeler verbond gekenschetst worden, kan er billyker
grond beslaan om met geestdrift en genoegen deel te nemen aan den plegtigen
aanvang van een werk, waarby niet onze Staat alleen, maar geheel Europa en de
Menschheid belang heeft ?
Het aanleggen dezer werken is, als het ware, de plegtige en dadelyke vernieu-
wing van den eed, waarby zich onze Koning verbonden heeft den nienw-geboren
Staat te beschermen. Het moet voor elk Nederlander de leus zyn, om met dien
Koning voor dat Vaderiand ailes veil te hebben ; het moet hem herinneren, dat van
nu af HoUanders en Belgen slechts eene voormuur hebben, gelyk Belgen en Hol-
landers, in de velden van Waterloo^ voo^een en dezelfde zaak gevallen zyn en het
bloed van den Held van Quatre-Bra$ voor een en hetzelfde Vaderiand gestroomd
heeft.
Levé het Vaderiand^ levé het Ryk der Nederlandeny levé de Koning!
Uitgesproke na het leggen van den eersten steen
door den
Inspecteur Generaal der fortiflcatien
KRAVEllHOrP.
Den 8 september 1816.
- 63 —
ressant de nous priver de ce plaisir et de faire simplement con-
naître une pièce semi-officielle que nous possédons. C'est un
compte-rendu rédigé et signé, le lendemain de la cérémonie,
par un témoin oculaire et officiel. Je veux parler d'un manuscrit
laissé par le maire de la ville à cette époque, T.-J. Prunieau.
L'original de cette pièce est tombé en notre possession
depuis quelque temps et nous en faisons aujourd'hui hommage
à notre Société !
Nous considérons en effet les archives de la Société d'ar-
chéologie de Charleroi comme un asile naturel et assuré contre
les éventualités de l'avenir pour tous les documents ayant
trait à l'histoire de l'arrondissement, qui sont exposés à
disparaître lorsqu'ils restent dans les papiers individuels de
l'un ou l'autre membre.
Cet appel fait à nos collègues, je transcris la pièce de
Prunieau, en y laissant subsister quelques fautes qu'elle ren-
ferme : .
« Charleroi, le i septembre 1816.
« La journée d'hier fera à jamais époque dans nos annales,
les Espagnols, en 1666, travaillèrent à fortifier Charleroy,^ils
en commencèrent les travaux le trois septembre» diverses
vissisitudes amenèrent la démolition de ces fortifications,
après un siècle et demi, il va être derechef fortifié sur un plan
plus vaste qui en fera une des principales fortifications du
pays, son Excellence le Général KrayenhofiT, Inspecteur géné-
ral des fortifications du Royaume, en a hier posé la première
pierre ; Plusieurs généraux et officiers de tous grades ainsi
que les autorités civiles assistèrent à cette cérémonie qu'em-
bellissait un grand nombre de dames les plus distinguées de
la Province; ce brillant cortège se réunit ensuite à un diner
qui a été suivi d'un bal, ou la gaieté la plus franche et la
meilleure harmonie ont prouvé que les Belges de toutes les
Provinces de la monarchie ne font qu'un peuple de frères.
c Le maire de Charleroi
c T. J. Prunieau. >
- 64 —
On peut toucher du doigt, d'après ce document comme
d'après le discours de Krayenhoff, le changement que le temps
et les circonstances peuvent apporter dans les aspirations d'un
peuple, et l'antithèse de ces sentiments qui s'établit en cin-
quante années. L'enthousiasme et le bonheur de voir fortifier
la place en 1816, et en 1868 l'enthousiasme et le bonheur de
les voir détruire.
Au compte-rendu -du maire Prunieau^ nous joindrons un
autre compte-rendu contemporain qui pourra servir de com-
plément au premier. Il est signé d'un ancien habitant de la
ville, et a été copié dans un registre de commerce qu'il a
laissé ; mais malgré certaines inexactitudes, nous le considé-
rons comme ayant une origine plus officielle, car J. J. Pourbaix,
ce vieil habitant de la ville^ pourrait fort bien n'avoir pas
rédigé cette pièce qui respire un parfum administratif et
n'avoir fait que la copier.
Ce document nous a été communiqué par M. F. Haquin^
depuis la découverte faite par nous. On en admirera la pré-
cision.
« Chaiieroi, le 3 septembre 1816.
« Le lieutenant-général baron de Krayenhofif, inspecteur
général des fortifications, a posé aujourd'hui au nom de Sa
Majesté et avec une grande solennité, la première piçrre des
fortifications de cette ville. Cette cérémonie a eu lieu en pré-
sence de plusieurs généraux et fonctionnaires publics, ainsi
que des autorités ; elle avait attiré un grand concours de
monde, et le temps, qui avait été constamment mauvais, était
alors très-beau. Son Excellence, après avoir exposé le sujet de
la fête, a donné lecture de l'article premier de l'arrêté royal
de S. M. qui y est relatif ; ensuite elle a montré les différents
objets qui devaient être renfermés dans une boite d'étain, et
posés sous la première pierre. Ces objets comprenaient les
portraits de Sa Majesté, du prince d'Orange et du prince Fré-
déric ; le décret royal relatif à la pose de la première pierre.
- 65 —
signé de la main du roi et écrit sur parchemin ; quelques
médailles frappées à l'occasion des inaugurations du prince
d'Orange-Nassau comme souverain des Provinces-Unies et
comme roi des Pays-Bas et Grand duc de Luxembourg ; une
autre médaille dont l'inscription rappelait les différentes vic-
toires du duc de Wellington, en Espagne ; quelques jetons
portant des inscriptions analogues à la cérémonie ; une croix
d'or de la 3"»® classe de l'Ordre de Guillaume, avec le ruban
et les statuts de l'Ordre ; une carte du royaume ; un plan de
)a nouvelle forteresse de Charleroy ; un é(at du corps des in-
génieurs du royaume des Pays-Bas, et tel qu'il existait au
moment où on posait la première pierre de la première forte-
resse des frontières des provinces méridionales, dont ils entre-
prennent le rétablissement ou la nouvelle construction ; et
enfin une copie du discours que prononça monsieur le géné-
ral, après que la boîte^ fermée hermétiquement, fut mise
sous la première pierre, portant pour inscription : Nepotibus
S. (Sacrum). Monsieur le général, ayant un tablier de velours
blanc, garni de frangés d'or, a posé ladite pierre en se ser-
vant d'une truelle d'argent ; il était assisté de ses deux fils,
qui faisaient les fonctions d'aide-maçon ^
c (Signé) J. J. PouRBAix. »
Ajoutons un détail à ce qui précède. La musique bour-
geoise qui fit entendre les morceaux et les aubades obligées
à la cérémonie de la pose de la première pierre était la mu-
sique de Delgouffre, composée de quatorze (?) proches
parents* I
i. La famille des Krayenhoff semble prédestinée à coopérer à la pose des pre-
mières pierres. Cette année (187S) la Hollande célébra d'une façon particolière la
prise de La Brielle par les Gueux de Mer^ et l'on éleva un monument pour perpé-
tuer ce haut fait d'armes. Or on lisait dans les journaux locaux Tarticle suivant:
c Le 1*' avril 1872, M^^* de Krayenhoff, petite-fllle du Général, présenta au roi
Gnillaume 111 les ustensiles nécessaires pour maçonner la botte renfermant le procès-
verbal de la pose de la première pierre du monument nalional de La Brielle. »
S. C'était la musique officielle à cette époque. Elle datait de loin et déjà dans les
premières années républicaines à Charleroi, en 1795, (an lY), et années suivantes.
i
I
- 66 -
Cinquante-cinq ans après, Messieurs, au milieu d'une nou-
velle joie, d'un nouvel enthousiasme et de nouvelles acclama*
tions des habitants, la Porte de Waterloo tombait sous le mar-
teau de la démolition ; et la première pierre posée par le gé-
nie militaire le 3 septembre 1816 était levée le 19 septembre
1871 par la Société paléontologique et archéologique de Var-
rondissement de Charleroi.
C'est que pendant un demi-siècle le monde avait marché
dans la voie du progrès ; c'est que la facilité extraordinaire
des transports, par la vapeur, et l'instantanéité des commu-
nications électriques qui supprime les estaffettes et les cour-
riers, avaient bouleversé complètement l'ancien système de
défense nationale ; c'est qu'aujourd'hui dans un petit royaume
comme la Belgique, une armée s'appuyant sur une seule
vaste enceinte fortifiée, peut se porter en peu de temps par
voie ferrée à la défense des parties menacées que lui signalent
les dépêches télégraphiques ; c'est que la perfection des nou-
veaux engins de guerre, la portée inouïe des pièces d'ar-
tillerie nouvelles, rendent inutiles et impuissantes beaucoup
de positions que l'on regardait comme inexpugnables ; c'est
qu'aujourd'hui enfin, il est admis par l'art de la stratégieque
la défense la plus efficace de notre Belgique gît à Anvers, et
que là doit être reporté tout l'ancien attirail des forts de la
frontière.
Puisse cette simplification capitale dans le système de dé-
fense de notre patrie, ce libre accès du grand air octroyé à nos
cités anciennement ceintes de murailles de pierres, ce déga-
gement du pays entier, ouvert de toutes parts, sous la pro-
tection d'une seule et puissante forteresse, capable de le dé-
fendre sans l'étouffer ; puissent ces heureuses innovations
nous amener des simplications analogues dans la réglemen-
tes comptes de la ville de Charleroî nous font connaître qne les Delgouffre étaient
pa)6s pour animer de leur harmonie les fêtes républicaines : les sanculottides, la
fête de la jeunesse, de la mort du dernier tyran, de la liberté, de la réunion à la
Flrance etc. etc.
— 67 —
tation de nos libertés t Que nos libertés belges soient bientôt
dégagées des mille tracasseries administratives qui les étouffent,
et qu'elles se développent largement et dans tous les sens
sous l'abri tutelaire d'une seule et puissante protection, notre
sage Constitution, débarrassée des centaines de lois particu-
lières et arbitraires qui la restreignent en pratique.
1
ii
,1 •
V
,a1' 1-
i.
:'j-(
P'
RAPPORT
SUR LA
DÉCOUVERTE D'UNE VILLA BELGO-ROMAIHE'
A ABQUENNES, PROYINOS DU lAINAnT
LU A L'ASSEMBLÉE DU 5 FÉVRIER 1879.
§ I. — INTRODUCTION.
Le village d'Àrquennes, qui est le sujet de nos opérations,
se trouve à l'extrémité nord-ouest de l'arrondissement de
Charleroiy province duHainaut.
Il touche au nord à Nivelles (Brabant), à l'est à Petit-Rœulx,
au sud à Seneffe, et à l'ouest à Feluy.
Il est situé dans un charmant vallon sur les bords de la
Samme et du canal de Cbarleroi à Bruxelles.
Nous TOUS en avons déjà parlé longuement dans une notice
publiée dans le tome II des Documents de notre Société ;
1. Certaines personnes préfèrent la dénominatiun de gallo-romaine. Je ne suis
pas de leur avis ; mais voulant m'appuyer sar une autorité, je me suis adressé à
rérudit archéologue de Liège, M. Schuermans, qui s'est servi de la même expres-
sion, belgo-romaine. On trouvera sa lettre extrêmement intéressante à la suite de
ce rapport ; elle me paraît juger parfaitement la question.
- 70 -
permettez-moi de vous en dire encore quelques mots sous forme
d'introduction y cela préparera à l'étude de nos découvertes.
D'après Chottin, ce village s'appelait en 1138 arkenna^ ar-
chenneSf puis en 1150 archeneisy en 1180 arkenne^ enfin-plus
lard archen^ arkennes et arquennes. '
Son nominal nous aurait été transmis par les Celtes à
l'aide de l'article ar et signifierait Chesnaies^ quercetum, Ueu
rempli de chênes. Il est à remarquer que le mot chêne se pro-
nonce encore kèiie dans le patois de beaucoup de localités et
surtout dans le Hainaut, ainsi que kar pour char.
Un autre mot celtique hen signifie encore aujourd'hui,
comme alors, des parois d'osier pour donner de l'ampleur à
'Ces véhicules.
D'autre part, Lambiez, dans son Histoire nu>numentaire du
nord des Gaules \ dit, en parlant d'un autre village, il en existe
plusieurs de ce nom venu des autels érigés saw les chênes;
là on offrait des sacrifices sous la futaie surtout au retour du
printemps. *
C'était la lisière de la forêt charbonnière.
En effet, nous voyons dans un manuscrit de la vie de sainte
Gertrude', que saint Feuillien quittant cette sainte pour se
rendre à Fosses, où il avait fondé une abbaye, c entre bientôt
dans la forêt de Seneffe qui touche à Nivelles » (Contigit eum
per sylvam Sonef fiant, Nivelice contiguam)... Il s'égare, et
tombe entre les mains de brigands qui le massacrent ainsi que
ses compagnons. Plusieurs auteurs prétendent que c'est à
Seneffe.
Gertrude, à la nouvelle de sa mort, part avec ses gens et
pénètre dans la forêt, après avoir traversé un endroit rocail-
leux et désert'. Tel devait être l'aspect d'Arquennes et de ses
environs au VI^ siècle.
i. Tom. 1, page iii.
S. BibUoih. de Bimrg. 1,49, 84.
8. Notke Mtiorique iur la vUle et iur U$ abhetiti 'de Nitfelleê, par F. Lbmai&k,
.p. 18.
— 71 —
Quoiqu'on doive, en général, se défier des étymologistes,
nous sommes tentés de croire ces deux auteurs : tout prouve
qu'Ârquennes a été habité dans les temps les plus reculés et
, qu'il était à la limite de la forêt charbonnière. Le bois d'Har-
I pes, qui est situé sur son territoire, est encore renommé
par ses beaux chênes.
Déjà en 1857 nous avons signalé au Cercle archéologique
de Mons * la découverte de silex taillés et de poteries celtiques
et romaines au bois de \à Garenne*, au champ de Manneville'
et sur d'autres points de son territoire.
Depuis lors, nous avons insisté plusieurs fois sur Timpor-
tance de cette localité ; le hasard vint confirmer ce que nous
avancions et révéler de nouvelles substructions.
Grâce au zèle intelligent de M. Demesse-Dubois, membre
de notre Société et propriétaire du terrain^ nous pûmes com-
mencer des fouilles qui ne tardèrent pas à devenir fructueuses.
Disons d'abord comment eut lieu cette découverte.
§ U. — HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE.
Le nommé Pierre Botte bêchait son champ ; souvent il avait
ébréché son outil contre des pierres qu'il extrayait en mau-
gréant; cette fois ce fut un carreau qui l'arrêta dans son
labeur ; il le retira et ses dimensions l'étonnèrent ; il avait
0,43c sur 0,29<î et 8 l/2« d'épaisseur ; il l'envoya à son pro-
priétaire qui en reconnut l'origine, se rendit sur les lieux,
ramassa quelques tessons à la superficie .du sol et me les con-
voya.
Le lendemain, nous étions sur le terrain avec un ouvrier et
en moins de deux heures nous mettions au jour tous les con-
1. Annales du Cercle Arehéol. de Mons. T. IV, p. 198.
S. Là se trouve remplaèement d'ua oppidum de Tàge de la pierre polie, dont
nous parlerons plus tard.
t. M. Dawant, ancien curé d'Arq. aujourd'hui curé de Rêves, qui s'occupe d'ar-
chéologie; (kit dériver tnanneviUe de magna villa.
— 72 —
tours d'une place dont Torigine ne pouvait être douteuse.
C'était une ruine belgo-roroaine.
Le jour suivant, nous découvrions un bain bien conservé,
ainsi que remplacement d'un foyer servant à chauffer les eaux
du bain. Alors nous vous avons fait connaître l'importance de
notre découverte, et nous vous avons demandé de continuer ces
travaux aux frais et pour compte de la Société. Vous avez ac-
cueilli favorablement notre demande et vous avez nommé une
commission composée de MM. l'abbé Grégoire, Demesse-
Dubois, Lemaigre et moi, qui fus chargé par la commission,
de la direction des travaux.
J'ai accepté cette honorable mais difficile mission avec
d'autant plus de confiance que j'étais aidé de collègues zélés
et intelligents.
Nous venons aujourd'hui vous rendre compte de la première
partie de nos travaux, car nos fouilles sont loin d'être ter-
minées ; de nouvelles et importantes substructions ont été
découvertes vers la fin de l'année qui vient de s'écouler ; elles
se rattachent au premier édifice et viendront probablement
nous éclairer sur bien des questions encore difficiles à ré-
soudre.
§ lU. -- DESCRIPTION DES PLACES.
*
Comme nous vous l^avons dit, nous avions découvert une
salle, un bain, un foyer ; nous mimes successivement au jour
8 autres places dont nous allons vous faire la description.
Revenons à la première place marquée A sur le plan, (pi. II),
qui accompagne ce rapport. Cette pièce, longue de 5"^75 sur
3°"90 de large, présente un pavement en béton bien conservé.
Aux quatre angles se trouvaient des carreaux de 0°^20 carrés,
distants de 0^60 de la muraille^ ils indiquent probablement
l'emplacement de piliers d*hypocauste, se prolongeant contre
les parois de l'appartement ; les murs construits en ciment
ne conservent plus qu'environ 0"40 d'élévation, à partir de
H
i
- 73 —
la surface du pavement ils présentent encore à leur face inté-
rieuredes traces de plâtrage.
Les décombres qui recouvraient Taire de cette place conte-
naient une quantité considérable de débris de tuiles à rebords
et de briquettes d'bypocauste qui avaient servi probablement
aux conduits de chaleur dont nous venons de parler. Nous en
avons conservé de beaux spécimens. (Voir pi. IV, fig. 7 et 9.)
Ces tuileaux se trouvaient entassés dans des amas déciment,
parmi lesquels nous pûmes recueillir des parties de crépis de
murs encore recouverts de peintures à fresque. Nous revien-
drons plus loin sur ces différents matériaux.
Nous trouvâmes aussi des amas d'argile pure et mélangée
de débris de paille de seigle parfaitementconservée, quelques
os d'animaux, des clous rouilles, mais pas le moindre objet
de ménage, ni débris de vases.
Vis-à-vis de cette pièce, au midi, existe un hypocauste dont
la chaleur se communiquait probablement au salon que nous
venons de décrire.
Plusieurs piliers sont assez bien conservés. (Voirpl.III.)Ils
sont en briques carrées (carreaux), superposées, sans ciment,
ayant une légère couche de sable entre les joints et distants de
0^36 les uns des autres.
Les murs de cette place ont un revêtement de carreaux
jusqu'à la hauteur des piliers, et présentent à la partie supé-
rieure une rainure servant à appuyer le pavement qui les re-
couvrait. (Voir pi. m, coupe ABCD.)
Quatre piliers conservaient 7 carreaux, les 5 autres n'en
conservaient que quelques-uns.
Au point 6 est une double pile oblique servant de conduit
de chaleur près du fourneau. La même construction se trou-
vait probablement vis-à-vis. On en voit encore les traces.
L'aire de cette place est aussi en béton. On voit distincte-
ment les traces de la chaleur qui a noirci le pavement au
point G.
Le fourneau E, de forme rectangulaire, a 1 ,65<^ de long sur
4
— 74 —
1°^,38 de large; les murs sont en pierre de marne qui aura
paru plus réfractaire que la pierre de la localité.
Dans le fond se trouvait, au milieu d'une terre noire mé-
langée de cendres, une pierre blanche d'environ 0,20 centi-
mètres carrés sur 0,10 d'épaisseur. Au point D, la muraille
présente à peine 0,1 5<^ d'épaisseur ; elle s'appuye contre la terre
qui parait être vierge ; au bas se trouve une ouverture d'en-
viron 0,30^ sur 0,40^ fermée par une tuile placée verticale-
ment et portant un bouton, qui sert probablement à la dé-
placer au besoin.
A côté de cet hypocauste existe une petite place (pi. II, lett. G)
ayant l^^ySO de largeur sur 3<",S0 de longueur. Elle parait avoir
servi à remiser les objets nécessaires à l'entretien du foyer.
Nous n'avons retrouvé aucun spécimen entier du pavement
qui recouvrait les piles, si ce n'est le grand carreau trouvé
par Pierre Botte.
Si nous retraversons notre premier salon, nous arrivons
au hain D, qui est précédé d'une petite place E., de I^^IS
sur l'»,80; elle a servi visiblement de foyer, car la terre est
toute noire et remplie de débris de cendres ; peut-être ce
foyer avait-il un double usage, chauffer les eaux du bain et
cuire les aliments ; nous y avons trouvé des os de volailles et
des écailles d'huitres et de moules. Nous avons aussi recueilli
en cet endroit deux petites pièces (quenaires) du Bas-Empire
(Constantin et Gpnstange) ; entre le mur de cette pièce et la
maçonnerie du bain, il y a un espace de 0,70^ de terre vierge
ou au moins ne renfermant aucun vestige de briques ni de
poteries.
Le bain *• est de forme rectangulaire (Voir pi. II, lett. D) :
il a 2™,49 de long sur 2™,14 de large; on y descend par un
1. M. ScBUERMANS, daDS 868 ExploraHons dei villes ^Outre^Meuse, p. 489, dit en
parlant d'une baignoire découverte par M. Habeta dans le Limbourg : c la décoa-
▼erte eat importanle, car ainai que le foit remarquer la première instruction da
Comité historique des monuments de France, le balneum ou bain privé se présente
rarement dans les maisons romaines. La Gaule en a donné quelques exemples et il
est important de recueillir ceux qui se présenteront à l'avenir.
/
r
- 78 -
escalier en briques plates de différentes dimensions d'environ
4 centimètres d'épaisseur. Le fond est en béton dans le genre
de la place Â.
On voit dans les angles Â, des parties de carreaux qui indi-
quent qu'il en était recouvert. Les murs sont d'une épaisseur
de OyG^S mais ils sont rendus imperméables par des couches
alternatives de ciment et de carreaux dressés sur une épaisseur
de 0,185"^. Â l'intersection du mur avec le pavement se trouve
une moulure en quart de rond, en stuc rose, se relevant en
baguette aux quatre coins de la pièce. (Voir pi. III, fig. 6.)
Nous cherchâmes longtemps l'ouverture qui devait servir de
décharge aux eaux du bain. Après avoir bien nettoyé et gratté
le pavement dans l'angle qui paraissait le plus déchiré, nous
trouvâmes une ouverture bouchée par des débris de béton
détachés qui faisaient corps avec le reste.
Nous constatâmes bientôt qu'il y avait un tuyau en plomb
D (pi. II), assez gros (0,08<^) qui traversait la muraille.
Nous fîmes des fouilles dans cette direction et nous trou-
vâmes un aqueduc de décharge F. Cet aqueduc est construit
en moellons du pays qui servent également de couverture ; il
a une ouverture de ^J&^ de profondeur et de 0,30<^ en lar-
geur ; il est pavé en carreaux à rebords, sur lesquels s'appuye
la maçonnerie ; il était complètement rempli de vase dans
laquelle nous n'avons trouvé que des cendres et une dent
humaine (grosse molaire).
Ce conduit se terminait à 12 mètres de longueur. Il se dé-
versait dans un fossé à ciel ouvert qui venait de plus loin,
longeant le bâtiment à une distance de quelques mètres et se
dirigeant vers la rivière. Nous aurons l'occasion de parler
plus loin de ce fossé qui a son importance.
A la naissance de cet aqueduc, on voit deux petits conduits
en poterie formés par des tuiles courbes (imbrices), super-
posées qui ont servi probablement de décharge pour les eaux
pluviales * .
i. Mqu8 avons vu le même emploi de ces iailes (imbrices) dans d'autres substruc
— 76 —
Vis-à-vis du bain, se trouve une place G, de 3"" sur 3">,45.
Cette place centrale n'a pas de pavement ; après avoir enlevé
la terre végétale à une profondeur d'environ 40 centimètres,
nous avons trouvé la terre' vierge; il ne paraît donc pas qu'elle
ait été pavée. Les murs sont aussi faits en bonne maçonnerie.
' En avant de cette place, vers le sud-est, se trouve une autre
pièce H, faisant partie de la façade; elle a 5)^,40 sur 3. On ne
voit pas non plus de traces de pavement.
A gauche, se trouve un espace de 9 mètres sur 6 mètres,
marqué I, entouré de murs en partie à sec, et à droite un
cabinet J de 3™,90 sur 3™,02, joignant le premier salon.
Les dernières places ont des murs à sec et ne présentent
ni traces de pavements, ni débris de poteries. Nous avons
seulement trouvé, au point 0 de la pièce I, une aire en terre
rougie par le feu qui l'avait calcinée, et renfermant une quan-
tité considérable de petits grains de quartz blanc qui ont sans
doute été broyés en cet endroit, car nous avons ramassé quel-
ques gros fragments. Sous la pièce J se trouve une espèce de
vestibule M, d'environ 2™50 de large, qui se dirige vers la cam-
pagne (sud). Les murs sont aussi à sec.
Nous arrivons maintenant à une place qui présente un in-
térêt particulier. Elle a aussi un pavement en bèlon ; les terres
qui le recouvraient ne contenaient que des débris de tuiles,
mais beaucoup moins abondants que la première salle. Une
brèche ayant été faite dans le pavement moins solide que
l'autre, nous fûmes surpris de trouver des débris de vases et en-
tr'autres un magnifique morceau de soucoupe avec inscription
(pi. VI, fig. I). C'était le premier sigle qui s'otTrait à nos re-
gards et on verra plus loin qu'il n'était pas sans importance.
Nous aggrandimes l'ouverture et nous fûmes assurés que le
pavement reposait en entier sur des ruines; tuileaux, tessons,
cendres, os, clous, vitrifications, etc. (V. coupe, pi. III, fig. 5.)
lions. Oo se servait également des tuiles à rebords comme pavement ou parement
d*aqueduc et même à d'autres usages.
- 77 -
«
Nous reconnûmes en outre que le mur construit en ciment
et ayant comme les autres O^^Q^ d'épaisseur, reposaitsurun
ancien mur à sec de 0n>,32. (Voir pi. III, fig. 4.) Il était donc
beaucoup plus large que celui qui lui servait de base. Cela
annonçait évidemment une reconstruction, ce que vint confir-
mer la découverte d'une pièce d'Antonin le pieux qui se trou-
vait dans les débris inférieurs au pavement. — Cette place
présente deux alcôves; elle a 6"*,50 de long sur4",13 de large,
y compris la profondeur de ces alcôves qui ont 2" sur 4°*,38.
A son extrémité nord se trouve un cabinet de 2"*,40 sur 2™, 70.
Revenons maintenant à notre fossé creusa à ciel ouvert
(incilia), où se déversaient les eaux de l'aqueduc.
L'intérêt que nous présente cette tranchée dont il nous reste
encore à fouiller quelques parties, s'offrait à nous sous diffé-
rents rapports.
D'abord il nous donnait Tespoir de nous faire découvrir un
puits qui positivement doit exister et que nous ne sommes pas
encore parvenus à trouver. Mais tout en marchant vers ce
but, les déblais nous fournissaient d'innombrables spécimens
de la céramique romaine et belgo-romaine. En effet la terre
noire qui comblait le fossé sur un mètre de large et autant de
profondeur, mais se rétrécissant vers le fond, était littérale-
ment farcie de morceaux de vases, de toutes formes, de toutes
couleurs, de toute finesse depuis la fine terre rouge dite de
Samos et celle recouverte d'un beau vernis de noir d'ébène,
jusqu'à la plus grossière poterie des soucoupes, des amphores et
des tonneaux (dolia). Dans cette espèce de pudding se trouvaient
aussi des clous, des ferrailles généralement trop oxydées pour
qu'on pût déterminer l'usage du plomb, du bronze, du verre,
des débris de coffres, comme on trouve dans les tombes, des
urnes cinéraires brisées mais conservant encore des os hu-
mains à demi calcinés (pi. V, fig. 96), des amas de matières
fondues, vitrifiées, enfin toutes les traces de destruction, d'in-
cendie et de pillage.
Comment tous ces objets se sont-ils trouvés réunis dans
— 78 --
cette boue noire solidifiée par le temps ? Comment les osse-
ments humains ont-ils abandonné leurs urnes habituellement
si bien protégées? La fin de nos fouilles nous donnera peut-
être cette explication.
§ IV. — MATÉfUlAUX DONT FUT CONSTRUITE LA VILLA.
Notre villa est située comme presque toutes celles qu'on a
découvertes en Belgique et en France sur le versant d'une
colline, prés des bords d'une rivière assez importante (la
Samme) surtout à cette époque.
Son exposition est aussi suivant les règles^ au sud-est ; au
moins c'est ce que beaucoup d'archéologues ont signalé ; elle
était bâUd en torchis ou clayonnage (aedes parietanae, dit
Vitruve*).
L'absence des matériaux pierreux n'eût pas été une raison
suffisante pour décider cette question ; on aurait pu les enlever
pour d'autres constructions ou pour les besoins de la culture;
mais nous trouvons sur les lieux des preuves plus certaines.
La première est l'argile mêlée encore de débris de paille
de seigle , qu'on rencontre au milieu des décombres ;
ensuite c'est la grande quantité de cendres et de clous qui
indique l'emploi du bois sur une grande échelle ; enfin c'est
le grand nombre de murs à sec qui ne pouvaient servir qu'à
appuyer les charpentes étales isoler du sol pour empêcher
l'altération. C'est aussi l'avis des archéologues distingués qui
sont venus visiter nostravaux, tels que MM. Galesloot, Schuer-
manSy Vande Ritt, Juste, Yan Put, etc., ainsi que de notre col-
lègue, M. Motte, qui nous exprimait cette idée dans une lettre
qu'il nous adressait à ce sujet.
D'autre part, les habitants de la villa avaient un grand in-
térêt à adopter ce mode de construction : se trouvant à côté
de la forêt, ils pouvaient se procurer, à peu de frais, tous les
i. Cette coutume de construire des habitations en argile nous vient des peuples
les plus anciens ; elle s*est perpétuée dans nos campagnes, et on voit encore actuel-
lement, tant en Belgique qu'en France, beaucoup de demeures de ce genre surtout
dans le Brette et le lyonnais.
- 79 —
bois nécessaires, tandis que la pierre de la localité était fort
difficile à extraire et fort dure à tailler ; il est vrai que, comme
le fait remarquer M. Schuermans, ces murs de bois étaient un
aliment tout préparé pour Tincendie ; aussi quand dans les
malheurs de la guerre, le feu était mis à ces matériaux si in-
flammables, les tuiles tombaient et se brisaient sur le sol
où on en retrouve des fragments en quantité considérable.
Les murs de fondation sont en pierres bleues de la localité,
connues sous le nom de petit granit (calcaire à encrines)y
qu'on a extraites probablement le long de la vallée aux en-
droits où les roches affleurent.
Comme nous l'avons vu, les uns sont cimentés et d'autres
sont à sec.
Les murs en ciment ont une épaisseur de O^jQ^. C'est en-
core une règle assez générale*. On y rencontre parfois, mais
surtout aux angles des murs, des pierres de marne (calcaire
siliceux du terrain tertiaire des environs de Nivelles).
Les anciens employaient probablement ces matériaux comme
pierre d'angle, parce qu'ils sont très-tendres à tailler, surtout
quand ils sont nouvellement extraits. Les cultivateurs de celte
époque se servaient déjà de ce produit terreux (marga) pour
amender leurs terres*. On l'exploitait probablement le long
des berges des grands chemins creux des environs de Nivelles,
et les pierres qu'on en retirait en même temps servaient aux
constructions.
La face intérieure des murs est faite avec soin, en petit
appareil allongé. Le centre est fait en blocage avec des moel-
lons irréguliers plongés dans un bain de mortier. La face ex-
térieure est irrégulière, comme dans toutes les fondations.
Le premier tas est ordinairement mis à sec.
Le ciment est de couleur rose comme le ciment romain-en
général ; il est composé de chaux, de sable et de brique
pilée ; il est assez friable, car on s'est servi de la pierre de
i. Voir BitploratioM des vUUibelgo-romaines (Outre-Meuse)^ Schuerhaks, p.488.
a. Voir Plike, EuiiÉiiss et Vaaron, De re rusUea,
— 80 —
la localité qui produit une chaux grasse nullement hydrauli-
que. On s'est également servi du sable des environs qui est
très-terreux et mauvais pour les mortiers.
Aussi ne croirait-on pas voir du ciment romain tant il se
broyé facilement sous les doigts. Gela prouve, et c'est notre
conviction^ que le grand secret dans la fabrication des mor-
tiers se trouve dans les qualités de la chaux et du sable mé-
langé convenablement, mélange que le temps durcit et pétrifie
en quelque sorte chimiquement ^
Le béton formant le pavement de la i^^ place ainsi que de
l'hypocauste, est composé d'un mélange de chaux et de tui-
leaax concassés (testa cantusa) d'environ 8 centimètres d'épais-
seur; vient ensuite une seconde couche assez mince de chaux
et de tuiles broyées, ayant reçu un poli assez bien conservé. Ce
pavement est encore en usage en Italie sous le nom de smat-
to*. Dans nos campagnes le mélange se fait avec des cendres,
on bien on se sert des résidus de fours à chaux, ce qui lui a
fait donner le nom de cendrée.
Le pavement en béton de la place aux alcôves que nous
attribuons à une époque plus récente, vu qu'il a été reconstruit
sur des débris de l'incendie de la villa, se compose à sa
base d'une couche de moellons placés de champ (stratumen),
comme on le fait pour le macadam; cette couche est ensuite
recouverte de ciment rempli de briques concassées ; on y a
même mélangé des débris de vases. On voit distinctement
qu'on a voulu utiliser tous les débris.
On comprend la différence de ce mode de construction : dans
la première place, le béton repose sur la terre vierge bien dure.
1. HiGGiNS a cherché déjà au siècle dernier quel était le secret des Romains dont
le mortier, après 2000 ans, est aussi dur que la pierre ; les analyses lui ont prouvé
qu'il n'en existait aucun que nous ne puissions découvrir. (Encyclopédie anglaise.)
Voir pour ces mélanges, chaux, ciments ou mortiers, Vicàt qui a fait plus récem-
ment de nombreuses expériences qui prouvent ce que nous venons d'avancer.
2. Restes d^une habitation de Vépoque romaine, découverte à Laeken par
M. Galisloot, 1'« partie des Bulletins de V Académie royale, 185Î. T. XVHF,
p.S04.
— 81 —
bien ferme, tandis que dans la seconde, il est sur des débris ni*
velés qui représentent une surface beaucoup moins solide.
Nous n'avons trouvé de crépi de murs avec peintures que
dans la place  ; ce sont parfaitement les mêmes que ceux que
M. Schuermans a découverts à Herkenberg et M. Galesloot à
Laeken ; ce dernier nous Ta affirmé lui-même dans les dif-
férentes visites qu'il nous a faites ; laissons-le parler dans son
intéressante notice publiée dans les Bidletinsde V Académie^.
^ On ne peut se défendre de quelque étonnement à l'aspect
de ces vestiges de l'art grec, exhumés pour la seconde fois d'un
sol réputé parmi nous sauvage et barbare en ces temps reculés.
c J'ai pu comparer ces peintures sans trop de désavantage
à certains fragments de peintures murales provenant de Pompéï;
on remarque des teintes variées ; ainsi, quelle que soit la nature
des couleurs, nous y voyons le rouge en diverses nuances,
depuis le rose jusqu'au rouge foncé ; le jaune, le bleu, le vert,
le noir et différentes sortes de blanc ; les couleurs sont ré-
parties sur le ciment en couches unies ; quelques-unes le sont
par bandes ou rayes ; un morceau entr'autres offre trois larges
rayes d'un ensemble fort agréable à l'œil. (Nous possédons
plusieurs morceaux de ce genre.) La 1^® est en rouge, la 2™®
en blanc, la 3™® en bleu. (Chez nous le bleu est remplacé par
du vert. Voir pi. V, fig. 7, 8, 9, 10, 11, 12.)
o[ Je suppose que les bandes servaient d'encadrement aux
murs des chambres tandis que les lignes ou filets simples plus
délicats qu'on aperçoit sur plusieurs fragments forment des
ornements intermédiaires. Ces filets par leurs couleurs diffé-
rentes tranchent sur le fond ; ils servent ainsi de séparation
. entre deux couches; nous trouvons par exemple des débris
qui présentent une couche jaune et une couche blanche sé-
parée par une raye noire. Le fond des murs me semble avoir
été peint en blanc ou plutôt il était formé d'un stuc blanc
1. Débris de peintures murales trouvées à Laeken^ restes ^un établissement
romain à Melsbroeky Bulletin de VAcad, T. XXXIII, 2* partie. 18(6, p. 181.
- 82 -
aussi solide que beau. (Le nôtre est moins dur à cause de la
chaux grasse qu'on aura employée.) >
< Divers ornements relevaient évidemment cette couleur uni-
forme comme on vient de le voir ; mais, à part les traces secon-
daires, n'y avait-il là que des teintes plates, des fonds dépour-
vus de figures ou sujets quelconques? C'est ce qu'il est im-
possible de vérifier à Taide du petit nombre de fragments qui
me sont parvenus. Nous espérons que des explorations ulté-
rieures éclairciront un jour cette intéressante question. »
Plus loin il ajoute encore : € quelques teintes rouges ont
gardé, malgré les injures des siècles, un vernis mat ou glacé à
Tabri duquel la couleur est restée inaltérable ; l'emploi de la
cire est manifeste ici, et sans prétendre à des connaissances
en matière de peintures antiques, je produirais volontiers ces
fragments comme des échantillons de la peinture à Ten-
caustique. :»
Nous avons été plus heureux que M. Galesloot' : nous avons
trouvé plusieurs fragments qui prouvent évidemment que les
encadrements renfermaient des paysages. Nous ne possédons
que du feuillage ; pas de figure d'hommes ou d'animaux. C'est
ce qu'il reconnaît lui-même dans une notice qu'il vient d'en-
voyer à l'Académie d'archéologie de Belgique sur sa visite à
la villa d'Ârquennes*. Nous avons un assez grand nombre de
spécimens plus ou moins bien conservés. Il est très-difficile
d'en avoir de larges plaques surtout lorsque le stuc n'est pas
dur, car se trouvant au milieu des débris de ciment et de
tuileaux, il faut de la chance et des précautions pour les re-
trouver '.
« Le ciment sur lequel se trouvent appliquées les peintures
varie en épaisseur depuis 10 centimètres jusqu'à 30 milli-
mètres ; quoiqu'inférieur sous le rapport de la préparation à
*
i. Voir ScHUERMMis, ExpL des villei helgo^om. (Ouire^Meuié), p. 498.
2. Bullet. de rAead.arck, ^e/g., i,««/ase.
3. Le masée de Ramur poisède aussi de très-belles plaques de peinlures murales
trouvées à la villa d^Anthée.
VILLA BILCO-ROMAINE D'AROUENNE
— 83 —
celui que j'ai vu de Pompeï et de Bavai, il n'est pas moins
solide. C'est un mélange composé tantôt de chaux et de gra-
vier de silex, tantôt de chaux, de poussière de briques et de
sable ; la surface est enduite d'une couche très-fine de plâtre,
mêlé de quartz broyé : c'est sur cette préparation que les
couleurs sont étendues et avec laquelle elles ne forment qu'un
seul corps. Quelques fragments, plus épais que les autres, sont
dépourvus de ce second enduit ; ils sont formés de chaux, de
tuiles ou briques réduites en petits morceaux. Cet ouvrage
poli à force de bras est d'une couleur rouge et d'un joli as-
pect ; je présume qu'il servait au revêtement des murs
extérieurs. »
Tout ce que nous extrayons ici de la notice de M. Galesloot
se rapporte exactement à notre villa ; il est probable que les
ouvriers décorateurs de cette époque suivaient,^ comme nous
l'avons déjà fait remarquer sur d'autres points de la construc-
tion, des régies fixes et généralement admises.
M. Dondelinger a trouvé également des peintures murales
dans une villa à Berdorf (grand duché de Luxembourg). Cette
villa dont j'ai le plan, grâce à l'obligeance de M. Joseph Van-
dermaelen, membre correspondant de notre Société, ressemble
en besiucoup de points à la villa d'Ârquennes ; voici ce que
dit l'auteur à ce sujet : < Au nombre des objets trouvés, des
fragments de peintures murales méritent surtout beaucoup
d'attention, car, à ce que je sache, on n'a découvert nulle
part dans le grand duché des traces de cet art antique*. »
Un bas-relief antique récemment découvert à Sens (France)
rend parfaitement compte des procédés si bien décrits par
M. Galesloot. On y voit un peintre monté sur son échafiaudage,
occupé à enduire de couleur le mortier encore frais qu'un
autre ouvrier stucateur vient à peine d'étendre sur le mur; un
troisième personnage, assis sur un escalier^ prépare des car-
tons et un quatrième achève le mortier*.
1. PublicaHoM de la Société pour la reekerehe et la publication deê monuments
historiques dans le grand duché. T. XVII, 1861, p. 169.
2. Voir Abécédaire de De GAmioitT, p. 410.
— 84 —
Nous avons aussi trouvé dans les décombres des parties de
moulures en ciment, en plâtre et même en poterie ; cela for-
mait sans doute des panneaux, car il existe des retours. Plu-
sieurs morceaux sont revêtus d'un vernis, espèce d'émail, de
différentes couleurs, gris d'argent, rouge bronzé, etc.
On a longtemps prétendu que l'émail de plomb n'était pas
connu des Romains; aujourd'hui ce n'est même plus un doute.
On a trouvé des objets du II®, III® et IV® siècle positivement
vernissés en plomb.
Savoir : une petite lampe à glaçure verte, une petite figu-
rine accroupie à glaçure verdâtre, un sanglier sous forme de
petite bouteille, enfin un fragment sur lequel est sculpté un
lion en bas-relief avec glaçure jaune verdâtre ^ .
Nous renvoyons les personnes qui voudraient s'éclairer
davantage, à la lettre de M. Schuermans à M. Ghalon, p. 13.
§ V. — DESTINATION PRÉSUMÉE DES PLACES , ETC. , ET OBSERVATIONS
DIVERSES SUR LEUR CONSTRUCTION.
11 est assez difficile de déterminer la destination de toutes
ces places, qui se présentent avec assez d'irrégularité.
En général les villes gallo ou belgo-romaines semblent
avoir été construites san&plan bien arrêté ; il est rare qu'on
y rencontre de grandes ressemblances, si ce n'est par les di-
mensions des murs comme nous l'avons vu et par l'ornemen-
tation des appartements ; les places sont ordinairement pe-
tites, irrégulièrement placées, s'étendent sur une grande su-
perficie de terrain, ce qui dépend, de ce que les habitations,
même les plus opulentes, n'avaient ordinairement pas d'étage;
elles ne se composaient que d'un rez-de-chaussée.
L'hypocauste de la pièce B, semble devoir communiquer sa
chaleur à la pièce A, et le niveau des aires ne se correspon-
i. Voir Leçons de Céramique par H. À. Salyétat.
— 86 -
dent paB. Cependant les carreaux trouvés aux angles de cette
place, indiquent la présence des piles ; il est vrai qu'elles
pouvaient avoir plus ou moins d'élévation. Nous devons
supposer que le pavement en béton, en tout semblable à celui
de la place B^ n'était pas le seul, car l'ornementation de la
place qui semble en faire une des plus importantes de l'établisse-
ment, exige au moins un pavement en carreaux; nous ne trou-
vons aucune trace de mosaïques. Ce pavement aurait donc
été porté sur des piles, mais la grande quantité de briquettes
oblongues et même de conduits carrés en poterie nous font
croire que la chaleur se prolongeait à l'intérieur des parois
pour se répandre dans les parties supérieures et s'échap-
per ensuite au dehors sous forme de fumée. Cette circu-
lationde l'air chaud devait être nécessairement facilitée par
une ouverture extérieure qui servait de cheminée *.
Les Romains, dit-on, n'avaient pas de cheminées, au moins
Vitruve ne donne pas de régies pour en faire, et on n'ena ren-
contré nulle part ; cependant on rapporte que quand Vitellius
fut élu empereur, le feu ayant pris d'abord dans la chemi-
née^ il gagna la place à manger ou le triclinium. Sénèque
dit que de son temps on inventa certains tuyaux qu'on met-
tait dansles murailles *, afin que la fumée du feu qu'on allu-
mait au bas des maisons, passant par ces tuyaux^ échauffât éga-
lement les chambres jusqu'au plus haut étage. En définitive,
ces tuyaux ne sont que des cheminées, quels que soit le nom et
la forme qu'on leur donne. Lamenta, cheminée, ne signifie pas
seulement la partie de tuyau ou de maçonnerie qui sort du
toit, mais encore et surtout le tuyau par où passe la fumée.
Nos cheminées modernes offrent déjà tant de désagréments
1. H. Hagemars, parlant de Thypocauste d'une ^illa près de Houfklîse, dit : > les
mure de la salle de cet hypocauste étaient jurais de tuyaux en terre cuite qui
servaient à conduire la chaleur dans les appartements. Les tuyaux de forme
oblongue communiquent non seulement par leurs ouvertures inférieures et supé-
rieures, mais encore par des trous percés dans les cétés. » {Cabinet de Vamateur^
p. UO, 441.)
1. Per tubos parietibus impressos. Serec. Ep. 90. de provi. d. 4.
- 86 -
par rapport au tirage, qu'il eût été impossible de résister
dans les appartements, si un courant d'air établi du dehors
n'eût enlevé la fumée.
Il est vrai qu'Horace dit {SaL i , 5, 81) qu'ils en étaient très-
incommodés ; de là l'épithète ftimasœ donnée aux images des
Dieux placées dans Y atrium; mais cela ne s'explique-t-il pas
plutôt par l'usage qu'ils avaient d'employer des fourneaux
portatifs {lameni portatiles)^ qu'ils plaçaient au milieu des ap-
partements.
Nous avons à faire une autre observation par rapport à la
place A. Elle se trouve placée entre B, G, E, J, 6, H, de
manière qu'elle ne peut obtenir le moindre jour de l'exté-
rieur si ce n'est en supposant que la place G n'eût pas eu de
toiture. Admettant cette supposition qui est probable, ce se-
rait là, Vatrium, ou Vimpluvium. C'est ce que prouverait en-
core l'absence de traces de pavement. La pièce H fesait aussi
partie de l'atrium, communiquant par le milieu de la façade
sud-est.
Le bain D {balneum) est également construit comme ceux
signalés par M. Schuermans dans la Hesbaye ', et par M. Don-
delînger dans le Grand-Duché du Luxembourg •. Le bain cité
par ce dernier avait un réservoir semi-circulaire construit vis-
à-vis, qui servait à son alimentation. Nous avons vainement
cherché le réservoir.
Nous avobs vu que la place K avait deux alcôves (zotecula).
Nous croyons conclure de là que l'état de la chambre à cou-
cher (cubicula dormitoria)j le cabinet L pourrait avoir été un
cabinet de toilette? Le grand espace I semble être une cour;
nous n'y avons trouvé aucune trace de pavement et fort peu
de décombres à part les débris de quartz que nous avons
signalés. Une autre place J. est un cabinet faisant suite
i. Voir Explorations des villes belgo^romaines {Outre'Meuse)j p. 489-499 eklet
auteurs auxquels on renvoie.
2. Voir Publication de la Société etc. du Grand Duché de huxembourÇt T. XVII.
fol. 162. 1861.
Fouille beliKi romnnip d'Ai-rnipi
- 87 —
au vestibule M, qui serait de communication pour les habi-
tants de la villa avec les bâtiments voisins dont les fouilles ne
sont que commencées.
§ VI. — CÉRAMIQUE BELGO-ROMAINE. TUILES, BRIQUES, CARREAUX.
Examinons maintenant les produits les plus communs de
la céramique ayant servi à la villa, les tuiles, les briques et
les carreaux.
Les tuiles sont de deux espèces, les tuiles plates à rebords
(tegulae) et les tuiles courbes (imbrices). (Voir pi. IV, fig. 1,
2, 3, 4.)
Les tuiles plates présentent comme d'habitude 40 à 50 cent,
de hauteur sur 0,30*^ à 0,3&^ de largeur*. Leur épaisseur est
d'environ 4 cent.
Ces tuiles se rétrécissent à une extrémité, ce qui leur a fait
donner le nom de trapézoïdales. Nous en avons d'autres dont
la forme est en parallélogramme. M. Liger, architecte de
Paris, prétend que Rondelet et le colonel Emy étaient dans
l'erreur lorsqu'ils signalaient la forme trapézoïdale. Ici au
contraire c'est la règle, comme le fait remarquer M. Schuer*
mans*, et les briques que nous trouvons de forme indiquée
par l'auteur français ne servaient dans la ville d'Ârquennes
que comme pavement d'aqueduc, ou parement du mur de
l'hypocauste, ce que nous avons déjà remarqué ailleurs.
Les tuiles plates pèsent environ 10 kilogrammes, ce qui
explique encore pourquoi les habitations n'avaient qu'un rez-
de-chaussée.
Gomme à Herkenberg, nous avons trouvé une tuile percée
d'un trou', système d'attache des tuiles que Liger présente
i. Voir SCHATES. Architeet. — Eléments d^arehiteeture religieuse, par Reusens.
— Abécédaire de de Gaumont.
9. ScBJJEOMASS, page 499.
8. Voir ScBLvaûiAns,page 500,— de Gadhort, Cours d^ antiquités monumentales^
II, p. 188. — Annales de la Société de Namur, II, p. 419.
- 88 -
comme celui des anciens. Nous croyons que ce n'était qu'ex-
ceptionnel, comme on le fait encore parfois aujourd'hui.
Aucune de nos tuiles ne porte la marque du fabricant. Ce
qui ferait croire qu'elles ont été fabriquées sur les lieux.
Quelques-unes sont marquées d'un cercle ou demi -cercle
comme si on y avait déposé un vase lorsqu'elles étaient encore
tendres et étendues sur le sol. M. Schuermans signale le même
fait. Un assez grand nombre portent des empreintes de pas
d'animaux ; l'une présente l'empreinte d'une patte de chien,
une autre de deux pattes de chien, une troisième de pieds de
chat, une quatrième et cinquième de chevreau, une sixième
d'un gallinacée. (Voir pi. IV, fig. 42, 13, 14, 15.)
Certains archéologues ont cru d'abord y voir une marque
de fabrique, mais il n'en est rien, le fait est bien accidentel.
Les échantillons que nous avons le prouvent à Tévidence ; il
s'explique facilement quand on sait que les tuiles devaient
rester exposées à l'air pendant longtemps, avant d'être sé-
chées ; des règlements fixaient même la date à plusieurs an-
nées, si on doit en croire Vitruve*. Nous avons déjà vu que
les habitants de la villa se servaient des tuiles plates en paral-
lélogrammes pour pavement de conduits; ils se servaient
aussi des tuiles courbes pour tuyaux de décharge des eaux
pluviales en rapprochant les deux parties concaves. Us en ont
fabriqué des plus épaisses à ce sujet et dont la forme se rap-
proche du carré.
Nous avons remarqué également sur les tuiles plates, l'em-
preinte du bout du pouce de l'ouvrier, marque qu'on emploie
encore aujourd'hui pour indiquer la quantité de pièces fabri-
quées, les centaines ou les millions. Un spécimen a une marque,
un autre en a deux (pi. IV, fig. 10-11). Nous avons vu les
mêmes empreintes sur des morceaux de vases communs.
Nous avons à signaler avec M. Schuermans, la rareté des
briques; ce qui prouve encore que le bâtiment était en tor-
1. VnRmnE, ÎI, 8. ~ Baràilon, p. 415.
Fouille belgo romaine d'Arquenne. i;
— 89 —
chis ; nous en avons à peine quelques débris assez grands,
rien d'entier. Comme nous l'avons dit, le grand aqueduc est
pavé en tuiles ou carreaux à rebords, ainsi que l'escalier du bain
et les parois des murs de l'hypocauste.
Les briquettes oblongues ont, comme d'habitude, 0,285™
de long sur 0,09"* de large"; elles sont percées d'une ouverture
circulaire de 0,05 centimètres : elles sont en grand nombre,
mais presque toutes fracturées. Nous avons un seul échan-
tillon bien conservé et d'une forme particulière. (Voir pi. IV,
fig. 7.) Nous avons aussi trouvé une grande quantité de briques
de revêtement avec des losanges qui servaient à les faire
adhérer aux murs. (Voir pi. IV, fig. 8.)
Les carreaux ne sont pas non plus très-nombreux : à
l'exception de ceux trouvés dans la salle A et ceux formant les
piles de l'hypocauste, nous n'en avons trouvé nulle part ; ils
ont 20 à 22 centimètres carrés sur 3 1/2 à 4 centimètres d'é-
paisseur, ils sont faits de pâte plus fine que les briquettes,
que les tuiles courbes, et que les briques de parements qui
ont subi une plus forte cuisson. On remarque aussi cette diffé-
rence dans les tuiles plates, même dans les épaisseurs ; cela
prouverait-il qu'elles auraient été fabriquées à deux époques
différentes ?
§ VII. — POTERIE.
Les tessons que recèlent les substructions romaines appar-
tiennent aux poteries à grandes dimensions, à énormes gou-
lots, ainsi qu'aux vases les plus fins, les plus délicats ; malheu-
reusement le plus souvent, les fonds, les anses, les goulots
ont seuls résisté et les parties ornées ne se retrouvent qu'en
petits fragments*.
< Les poteries antiques ne se trouvant la plupart du temps
qu'en fragments, dit de Caumont, offrent peu d'intérêt aux per-
i. Y4^ SCHUERMAIIS, 496.
9. SCHUERMANS.
— 90 —
sonnes qui se laissent séduire par le charme des formes et par
la conservation des objets, plutôt que par l'importance des
déductions qu'on peut en tirer pour l'histoire et pour Tart.
Cependant la connaissance de la céramique antique est repré-
sentée comme la pierre angulaire de l'archéologie. » Quand
nous considérons la quantité des tessons de toute espèce dé-
couverts dans notre villa, nous devons dire encore avec H.
Schuermans que nous sentons la tâche trop lourde pour en
faire une classification. Nous vous indiquerons seulement les
principaux types.
Si nous examinons les produits les plus grossiers trouvés
à la villa d'Arquennes, nous voyons une grande variété de
vases dont un certain nombre ont des dimensions incroyables.
C'est ainsi qu'un morceau de dolium accuse 80 centimètres
de diamètre. Ses parois ont 2 centim. 1/2 d'épaisseur.
Nous possédons deux autres fragments de même épaisseur,
mais en terre simplement séchée au soleil. D'autres débris
d'un grand bassin accusent 50 centimètres de diamètre* ; les
bords sont rabattus et l'épaisseur des parois est de 1 cent. 1/2 ;
la pâte est jaunâtre, grossière mais bien cuite et dénote une
grande solidité.
Un autre bassin a 0,35<^ de diamètre, 0,1 3<^ de profondeur
1. Nous avions remarqué que les dimeosions des produits céramiques romaines
Bt rapportaient assez généralement au système métrique. Voici ce que H.
Constant Vander Elst nous écrit à ce sujet :
I Les anciens mathématiciens mesuraient les dislances an moyen de stades, mais
ils en avaient de deux longueurs ; celui utilisé par Ârchimède est la 800,000* partie
de la circonférence terrestre, mais celui utilisé antérieurement en Grèce (et peut-
être en Orient), est la 400,000* partie de la même circonférence comme l'indique Aris-
tote(ife CœlOf 1. H, c. 14). Or le 1/4 formant la distance du pèle à l'équateur donne
100,000 stades. Le stade vaut donc 100 mètres, unité qui est la dix-millionième
partie de la même distance. On est parti de cette donnée d'Aristote pour reconnattre
que le mur d'enceinte intérieure de Babylone mesurait 8,000 mètres et celui de
la seconde enceinte 19,000. Le stade était une mesure en usage parmi les Grecs et
comme la poterie était surtout exercée par des ouvriers grecs, même en Italie, il a
été naturel de prendre pour dimensions des parties aliquotes du stade %ui était
usité. •
— 91 —
et 0,1 6« d'assiette, 0,01 <î d'épaisseur; il est de même pâte et a
le même degré de cuisson.
Nous possédons en outre de nombreux fragments d'un
grand vase à anse (diota). Nous avons vu le semblable chez
Albert Toiliez qu'une mort prématurée a malheureusement
enlevé à la science et à ses nombreux amis.
Nous avons aussi différents cols d'amphores de grande di-
mension. L'un conservant la partie supérieure dii vase, mesure
à l'extérieur de son ouverture 0,16® et 0,12® à l'intérieur.
Cette amphore avait 0,35 centimètres de diamètre à la panse.
Une seconde avait un col de 0,12<^ extérieurement, 0,09<^ in-
térieurement et 0,3&^ de diamètre à la panse. (Voir pi. YI,
ûg. 7 et 8.) Voir aussi pi. VI (de 2 à 6 et de 9 à 16), des
cols, des anses, des rebords d'amphores, de tèles et d'autres
poteries grossières.
Beaucoup d'autres fragments accusent des dimensions ana-
logues à celles que nous venons de citer. Leur couleur est gris
jaune ou rouge pâle. La cuisson est parfaite.
Ces amphores servaient ordinairement à conserver le vin,
l'eau, l'huile, etc., etc.
c II y aplusieurs vaissaux de terre qui sentent le vin vieux,
dit Martial.
€ Produisez-nous, mon cher Thaléarque, dit Horace, ce vin
de Sabine, tiré du grand vaisseau à deux anses. »
La plupart des amphores étaient pointues à la base, elles
n'offraient donc pas d'assiette, aussi les enterrait-on dans le
sable, car ordinairement les caves n*étaient pas pavées. On
a trouvé à la maison de Diomède à Pompeï des amphores
contenant encore du vin.
Cette forme conique (pi. YI, fîg. 11), est un caractère des
vases les plus anciens (âges de la pierre polie et du bronze) ;
c'est encore la forme des poteries des peuples sauvages. In-
diens et Australiens.
Il existait d'énormes amphores, celles de la villa Ludovisca
pouvaient contenir plus d'un muid. MM. Brongniart et Rio tr eux
- 92 -
citent le fragment d'un de ces vases en pâte rouge-rosâtre,
n^ 343 du Musée de Versailles, ayant 3 centimètres 4/2 d'é-
paisseur et 1,50 de hauteur. On ne doit donc pas s'étonner
que certains auteurs prétendent que le tonneau de Diogène
était enj)oteric.
Il est probable que les vases grossiers étaient fabriqués sur
les lieux ou dans les environs, car la poterie commune est
une de ces industries que la force des choses localise et fixe
aux lieux de consommation. M. Schuermans le croit aussi, car
il semble pour ainsi dire impossible^ dit-il, d'admettre l'ex-
tension poi^r les produits pondéreux et de peu de valeur des
rapports commerciaux que signale la poterie romaine ^
Cependant des marchands étrangers colportaient des vases
grossiers. Nous en voyous un exemple dans la marque d'un
potier qui se trouve sur un beau fragment de soucoupe dont
nous avons déjà parlé. (Voir pi. VI, fig. 1.) .
Cette marque était composée de caractères renversés et
avait été vue par plusieurs archéologues sans qu'ils pussent
la déchiffrer, lorsque nous reçûmes la visite de M. Schuermans;
il l'examina dans tous les sens et ne fut d'abord guère plus
heureux ; l'idée lui vint de transcrire les caractères sur une
feuille de papier mince et de les regarder à travers la feuille
en la renversant ; nous lûmes alors distinctement brariatvs,
la seconde lettre seule laissait à désirer. Je m'en doutais, dit M.
Schuermans, car c'est la spécialité de ce potier. Quelques jours
après, ce savant archéologue nous envoyait une longue suite
de notes sur ce sigle et sur d'autres qu'il avait découverts sur
nos poteries et dont nous vous parlerons plus loin.
D'abord, il dit que c'est la première fois qu'il rencontre
cette marque renversée ; cette particularité est en effet assez
curieuse : probablement que le potier inexpérimenté aura cru
qu'en traçant son nom en caractères ordinaires, ce caractère
se reproduirait de même sur ses vases.
1. Voir pour l'étendue de la clientèle des fabricants de poterie commune :
Mémoires de la Société d'archéologie et d^Mstoire de la Moselle, 1863 et 1864,
Fouille belao-romaine d'Arquenne,
hr.-l'J I
— 93 —
M. Schuermans signale ce sigle dans ses Explorations des
Tumulus de la Hesbaye, p. 347 et 480. Voici ce qu'il dit : « la
marque de Brarutvs ici encadrée en billette en creux, s'est
trouvée également sur des rebords de poteries communes dans
la villa de Stenbosch, dans celle de Rodenbosch, à Houthem
S*-Gerlach etàFouron-le-Comte *. »
Or, la monnaie la plus récente trouvée dans les villas est
pour la première de Marc Auréle et pour la quatrième de
Faustine, épouse de cet empereur ; c'est aussi une monnaie
de Marc Aurèle^ qui indique le minimum probable d'anti-
quité de la villa Hemelryk, rapprochement ayant certes quel-
que valeur.
Les Annales du Cercle archéologique de Namur* citent des
soucoupes d'Anthée et de Ciney avec le même sigle Figulin
Brariatus. Nous les avons vues au musée de cette ville.
Albert Toillez, dans une notice des antiquités belgo-romaines
et franques, trouvées dans le Hainaut, en parlant d'objets dé-
couverts à Nimy-Maisières, par son cousin Désiré Toillez et
M. Pinchart, cite un fragment de col d'un grand vase en terre
gris jaunâtre (couleur de notre vase) portant sur les bords vers
l'intérieur l'estampille de ce potier brarutvs en lettres sail-
lantes d'un centimètre de hauteur, dans une cartouche rec-
tangulaire formée par un cordon de perles.
Nous avons, ajoute Toillez, retrouvé avec plaisir la même
estampille placée de la même manière sur un col de vase en
terre jaune dans la belle collection de M. de Formestreux.
a Brariat était évidemment un potier de nos contrées^ qui cir-
culait sur la grandevoie romaine de Bavay à Tongres etméme
à Cologne, et sur différents embranchements à Anthée, Ciney,
Arquennes etc., et qui offrait en vente ses poteries. Ce que je
connais de lui, continue M. Schuermans dans sa lettre, est uni-
quement composé de soucoupes, et les soucoupes ne se trouvent
1. À Fouron-le-Gomie on Ta trouvée sur des débris de plusieurs grandes amphores
en terre blanche. Voir Catalogue de M. Juste, p. 194, n» 28".
2. T. X, p. 12.
— 94 —
qu'en Belgique entre Bavay et les environs de Maestrichl inclu-
sivement. > Nous avons cependant vu sa marque sur des dé-
bris d'amphores de Fouron-le-Comte et sur le col d'un grand
vase de Niroy-Maisières.
< L'âge des poteries de Brariat, achève M. Schuermans, est
très-bien déterminé par moi, par leur trouvaille à Walsbetz
(Antonin Pie), Houthem S^-Gerlach (Faustina Marci), Fouron
le Comte (Marc-Âurèle, mari de la précédente). J'ai essayé
d'établir que les trois villas ont été incendiées par l'invasion
des Chauques vers 180, elles étaient en effet sur le parcours
du torrent.
' c Le fait qu'avec une monnaie d'Antonin votre Brariatus
aurait été trouvé dans les premières constructions de votre
villa, recouvertes ensuite par la reconstruction ultérieure
avec monnaies de Constantin, est conGrmé parfaitement par
mon attribution et la confirme à son tour^ j>
On voit, par ces détails, qu'il est bien vrai de dire avec M.
Hagemans qu'un vil tesson peut renfermer parfois plus d'en-
seignements que tel débris de matière précieuse, payé bien
cher à cause de sa valeur intrinsèque et de là fort admiré * !
Si nous en venons maintenant aux poteries d'une pâte plus
fine, nous trouvons des urnes de toutes dimensions de couleur
noire, brune ou gris bistre, avec des ornements, imbrica-
tions et guillochis charmants et variés (voir pL VI, n^* 21 à
24 et pi. VIII, n^' 1 àl5). Des plateaux ou poteries avec rebords
plus ou moins élevés, des terrines, des pots, des cruches,
variant de finesse, de formes et de couleurs ; enfin tout ce qui
est nécessaire à une famille bien établie, pour les besoins du
ménage, des bains, de la toilette^ des funérailles et des pra-
tiques religieuses, tels. que assiettes, tasses, écuelles, gobelets,
burettes, pots à onguents ou à parfums, et bien d'autres dont
il est impossible de déterminer l'usage.
1. Suite des notes de M. ScHUEaMAMS sur Brariaiut: voir aux annexes.
2. Hagemahs, Cabinet de Vamateur,
— 98 —
Outre ces produits qui, bien que communs, ont des formes
gracieuses, nous possédons (mais hélas ! toujours des débris)
des vases plus fins, plus délicats, plus riches de forme et de
couleur. C'est la poterie de luxe.
Ces poteries différent beaucoup quant à la finesse des pâtes
et à la beauté des formes et des dessins.
Les unes portent des reliefs avec des courses de chars ou
des combats de gladiateurs. (Voir pi. VU, fig. 16.)
Les autres des festons de feuilles de lierre et de nénuphars.
C'est ainsi que les plus riches décorations de l'art grec étaient
connues à cette époque dans la petite bourgade d'Arquennes.
Nous nous bornerons à signaler des jattes (fig. 1,2,3); des
tasses (fig. 6,7,12,13); des bols* (fig. 14); des plateaux, des
soucoupes, des assiettes (fig. 8, 9, 10, 11).
Nous avons peu d'exemplaires de poterie noire fine vernis-
sée ; ordinairement unie, elle ne présente que quelques
dessins délicats, comme nous l'indique un joli petit vase qui
a aussi le tort d'être brisé. Cette espèce de poterie est géné-
ralement assez rare dans les substructions.
Une poterie vert bronzé^ à pâte blanche, mais très-tendre,
représente en relief des dessins de chasse aux cerfs et aux
lièvres. Voir pi. VII, fig. 18 à 23.
i. Un fond mammelonnë de bol porte une marque de fabrique en relief. M.Schuer-
mans y a lu : HONTÀNI. Voici les notes qu'il nous a envoyées à ce sujet : Voir
les fouilles de la Hesbaye p. 470, note 2. BuUetln des Cotnm. royales d^art et
d^arch, VI, p. 154. — Les slgles fiçuUns n» 3684 à 8694, où vous pourrez voir les
détails. Ils ont été publiés dans la S* série 3* volume 1867 des Annales de V Aca-
démie d^ Archéologie de Belgique, p. 182. — J'ai en outre MONTANI Londres,
arcJ^o/o(;<e, VUI,p. 181. OF MONTÀNI. Mayence Zeitschrift de vereins mrentfors-
ehung der Reinisdie Geschiechte und alterthumer in Main%, 1859, II, p. 218.
Mon n<> 3692 OF MQNTAI9I se trouve aussi dans Roach Smith^ illustrations of ro-
man London, p. 104.
L'âge des poteries de Montanus est le même que celui de Brariatus, car Montano
a été trouvé àHoutemcité (Faustina II la folle). En outre on a des MOMTAN où
cette forme archaïque de l'A indiquerait une antiquité relative selon M. de Long-
perier, mais cela est sans intérêt pour vous et cela prouve seulement que la villa
a existé depuis le temps où Montanus fabriquait ses produits, ou bien, où ses pro-
duits étaient encore dans le commerce ou en usage, jusqu'au temps de Constantin.
{Lettre de M, Schuermans.)
- 96 -
•
Le musée de Bruxelles (porte de Hal) en possède quelques
beaux vases entiers trouvés dans la Flandre Orientale ^ .
M. Galesloot suppose qu'en faisant des vases ornés de cette
façon les marchands se procuraient un moyen facile de les
vendre, car la chasse est toujours restée chère aux Belges de-
puis les temps les plus reculés*. Combien ne voyons-nous pas
encore dans nos salons des gravures représentant les mêmes
sujets.
Il nous reste à noter quelques particularités aSsez curieuses:
d'abord, et cela a été observé par presque tous les archéo-
loques, certains vases présentent à l'intérieur, souvent à la
base, des grains de quartz blancs saillants à la surface,
d autres en ont à l'extérieur.
On a dit que c'était pour servir à triturer certains aliments.
Cette explication est difficile à admettre ; nous croyons que
cela dépend des procédés de fabrication. Cela se comprend
pour l'extérieur des vases ; une face rugueuse se fixe mieux
dans la main. Certains vases grossiers portent des empreintes
de doigt ; est-ce une marque ou l'effet du hasard?
Une circonstance assez curieuse est la découverte d'un
morceau de poterie rouge (soucoupe) qui ayant été brisé, a
été recolé. La colle parait très-solide. Nous croyons qu'on s'est
servi de la gomme laque. Ayant désiré conserver le morceau
intact nous n'avons pu nous en assurer.
Beaucoup de vases brisés pourront se reconstituer à la fin
des fouilles. Ce sera une véritable résurrection : là une
amphore retrouvera son anse sous les décombres depuis tant
de siècles; plus loin un vase au col élégant sera tout fier de
le revoir encore, enfin des bols, des jattes, des poteries, des
soucoupes, des pots, des cruches, des armes et tant d'autres
retrouveront leurs membres mutilés et éparpillés sous terre
1. Voir Catalogue Juste, p. 168, T. 64 urne en terre grise ornée de figures en
bas-relief représentant une chasse ; on y voit deux chiens poursuivant des lièvres et
des cerfs.
2. La Province du Brabant iou» l'empire romain^ par Galesloot, p. 10.
^2 Grandeur nalurelle
PL VU
Gmv'fparLV^nKt^là'K ■' SnL'
FnuiUi' lie! :(o romaine d'Arquenne, /5~^
— 97 —
et reprendront leurs formes primitives pour se faire admirer
encore dans nos musées.
Mais si nous nous reportons à leur naissance, si nous
laissons notre imagination vagabonde parcourir l'époque où
ils ont vécu et scruter les secrets de leur existence, que de
choses curieuses ne nous apprendront-ils pas, que de faits
historiques, que de tableaux de mœurs, que de scènes de la
vie intime, que d'avenim^es galantes peut-être ne nous révéle-
ront-ils pas ! Car, dit Boucher de Perthes, on pourrait pres-
qu'écrire l'histoire de l'homme et le suivre pas à pas dans sa
marche vers la civilisation, puis dans sa décroissance et son
retour vers la barbarie, en analysant les figures et les élé-
ments de ses poteries, au point qu'un archéologue pourrait
dire d'un peuple : qœ Von me montre ses vases et je dirai qui
il est.
§ Vm. — VERRE.
Dû temps de Pline, des verreries avaient été fondées non-
seulement en Italie, mais même en Espagne et jusque dans
les Gaules. Tantôt le verre était soufQé, tantôt tourné, tantôt
ciselé * .
Les Romains savaient aussi colorer le verre ; ils imitaient
les pierres précieuses et faisaient de faux camées. Lago-
bletterie était surtout répandue ; on faisait des coupes,
des urnes, des tasses, des gobelets, des fioles que l'on décorait
des plus beaux ornements.
Cette industrie, aujourd'hui si prospère en Belgique, ne
parait pas avoir eu ce privilège dans les temps anciens.
Jusqu'ici on n'a retrouvé de traces de verrerie que du temps
du moyen-âge et encore Guicciardin parait être un des plus
anciens auteurs qui en ait signalé l'existence*.
Généralement les Romains se servaient de talc, de papier,
de tablettes de cornes, de pierre spéculaire et d'autres matiè*
1. Pline, XXXVI, bb.
8. Voir Aperçu sur Vâge de Vindustrie verrières—Documents de la Société d'arch,
de Charleroi, 1. 1, page 97.
5
-gè-
res transparentes ou translucides d'après les places qu'ils vou-
laient éclairer et Timportance des habitations.
Aucun auteur n'ayant mentionné l'emploi du verre à vitre,
on crut pendant longtemps qu'ils ne se servaient des verres
plats, opaques ou translucides, que comme ornements des
murs ou des plafonds.
< L'usage des vitres n'a jamais été connu dans tout le temps
de la belle antiquité, dit Montfaucon, ça été jusqu'à présent
(1719) le sentiment des plus habiles antiquaires; néanmoins
j'apprends que M. le sénateur Buonarote, de Florence, vient
de faire un livre où il prouve que l'usage des vitres est des
anciens temps. >
En 1758, on découvrit à Herculanum et à Pompéï des
vitres grandes d'une palme, en verre épais, transparent et
beau comme du cristal ; elles étaient encore enchâssées dans
le châssis en bois d'une fenêtre ^
Chez les Romains, les fenêtres ne donnaient pas sur la rue
comme de nos jours; les maisons avaient au dehors l'aspect
des maisons orientales àe notre époque.
La villa d'Ârquennes offrait sans doute cette disposition, car
la principale place A ne pouvait être éclairée que par la pièce
D, comme nous l'avons déjà vu.
Cependant nous avons trouvé d'assez nombreux débris de
verre à vitre, ils sont verdàtres, bleuâtres* ou d'un vert pâle,
transparents ou opaques; plusieurs ont le rebord arrondi,
inégal, bosselé, ce qui prouve qu'ils ont été coulés. Ils ont
un millimètre 1/2 d'épaisseur; les translucides servaient de
verre mat pour la salle de bain et pour les décors des murs
ou plafonds, les opaques servaient probablement aux fenêtres.
1. Hagemars, Cabinet ifun amateur.
2. La teinte verdâtre est fréquemment observée dans le verre antique. Voir
Congrès arch. de France, tenu à Àrras, II, p. 875.
Cette couleur est due à un excès de potasse ou de protozide de fer dans Targile,
où Talumine employée à la confection du verre n'avait pas été épurée par Varsenic
ou le peroxide de manganèse. (Voir Scbuermans.)
— 99 —
Un assez grand morceau est très-blanc, fort transparent,
mais rempli de pailles, il n'a qu'un millimètre d'épaisseur ;
nous en avons de très-minces (1/2 millimètre), très-blancs,
très-transparents, mais légèrement irisés ; d'autres ont une
teinte jaunâtre ou sont d'un blanc de terre ; un morceau vert
foncé a une double épaisseur (2 millimètres). Certains débris
translucides, presqu'opaques ont le revers ponctué pour éta-
blir l'adhérence aux parois des murs.
Outre les verres plats, nous avons trouvé (toujours des dé-
bris! ) des débris de vases du plus haut intérêt au point de vue
de l'art. Ce sont des bases, des cols, des rebords et d'autres
fragments de coupes, de flacons, d'urnes, de fioles; on peut
juger, par la délicatesse des parois, combien leurs formes
étaient gracieuses et élégantes ; il y en a qui ont moins d'un
quart de millimètre, presque l'épaisseur d'une feuille de papier
ordinaire.
Tous les verres sont de couleurs différentes et en général,
offrent la pureté des plus beaux cristaux de Bohême. Roach
Smith dit que les modernes les plus accomplis ne sauraient
atteindre les anciens dans la verrerie. Ce qui explique cette
exclamation de Jolivet : nos verriers sont d'habiles industriels,
ceux des anciens sont des artistes ^ I
Une espèce de bouton en verre brun de 2 centimètres 8 mil-
limètres de diamètre avec une face creuse et l'autre arrondie,
semble avoir servi de bouchon à un flacon; M.VanDesselm'a
dit avoir trouvé exactement le même objet à Elewyt (Brabant).
Nous avons des verres blancs, jaunes topaze, bleus de saphir,
verts émeraude^ enfin les principales couleurs des strass de nos
jours.
II nous reste à parler d'un assez grand nombre de frag-
ments d'un vase, vert-tendre, de grande finesse, ayant à peine
un millimètre à la panse. Cette petite urne avait 8 cent. 1/2
1. Voir la description delà belle petite amphore de Freiin Schurrhans. Explo-
ration det tumultu de la Heibaye^ p. 51. — Feuilleton de V Indépendance 6e/(jre,
30 octobre 1862.
- 100 -
de diamètre extérieur à son ouverture ; elle était ornée, un
peu plus bas que la gorge, d'un filet en émail blanc qui doit
surtout attirer notre attention. Encore une fois, je dois avoir
recours à Térudit archéologue liégeois qui traite incidem-
ment celte question dans une lettre adressée à M. Cbâion, en
attendant qu'il livre au public une étude plus complète sur
les anciens émaux.
t J'ai, dit-il, en ce moment même devant moi, la magnifique
collection de pierres gravées et de pâtes de verre que M. De
Meester de Ravestein, ancien ministre de Belgique à Rome, a
rapportée d'Italie et qu'il a bien voulu me confier pour les
étudier ; pour les connaisseurs ces pâtes de verre sont à plus
d'un titre plus précieuses que les pierres gravées elles-mêmes ;
à mes yeux celles de M. De Meester le sont au premier chef,
parce que notamment plusieurs me donnent la preuve de
l'emploi de l'émail blanc par les Romains. >
(T La pâte vitreuse, opaque, d'un blanc de lait, ditM.de Girar-
din de l'Institut de France ^ que les anciens qualifiaient de
quasi porcelaine, n'est autre chose que l'émail blanc, c'est-à-
dire du verre dans la pâte duquel on a ajouté une certaine
quantité d'oxide d'étain ; c'est encore ainsi qu'on fait l'émail
de nos jours*. »
§ IX. — BIJOUX.
Puisque nous parlons d'émail, mentionnons ici un bijou que
nous avons trouvé récemment dans les nouvelles découvertes
que nous avons faites et qui pour cela aurait dû trouver place
dans notre second rapport. Cependant la grande analogie qu'il
a avec les verres émaillés dont nous venons de parler, nous
a décidé à en faire ici la description.
Cet objet est un bouton à tenon, en bronze, d'un cent. 1/2
1. Mémoire de Vlnstitulf IV p. 83. Schuermams. Lettre à M. Châlon,
2. Voir les travaux de M. le Comte de Laborde, de Vermeith, Ricaed, Gbest, de
Lenos, etc., etc.
I
r-inlures nwalts Je JiVi.'li Bsigo-romaine d'An
LVP J,r|
- 101 -
de diamètre, exactement comme un bouton de manchette,
dont la surface extérieure est ornée de dessins en émail, re-
présentant au centre une petite rosace blanche entourée d'un
cercle vert.
A Tenlour sont étalées en couronne les mêmes petites ro-
saces incrustées dans un fond rouge (pi. V, fig. 2).
Ce petit bijou, malheureusement fort dégradé, devait être
charmant; ce qui en reste suffit pour nous en donner une
idée.
« D'une fraîcheur admirable au moment de leur exhuma-
tion, ils sont, dit M. Joly,en parlant de ces objets, de véritables
merveilles de délicatesse ; ils offrent un fini précieux d'exé-
cution et peuvent rivaliser avec les œuvres les plus parfaites
dans ce genre de travail microscopique. »
M. Schuermans donne la description et le dessin d'un bijou
du même genre, mais beaucoup plus grand et parfaitement
conservé, trouvé dans la villa de Rondenbosch*.
Il dit à ce propos que les bijoux romains sont rares dans
nos contrées, tandis que les bijoux des barbares foissonnent ;
il en trouve la cause dans la loi des XII tables qui inter-
disait aux Romains de déposer l'or dans leurs tombeaux, elles ,
objets précieux qu'ils possédaient dans leurs villas auront
été^ lors des invasions, emportés par les fuyards ou pillés par
les envahisseurs.
« Les objets en bronze qui présentent les vestiges d'émail^ dit
la première instruction du Comité historique des arts et monu-
ments de France, doivent être recueillis avec grand soin comme
propres à éclaircir une partie peu connue de l'industrie an-
cienne*. »
En fait de bijou, nous citerons encore une petite bague en
cuivre, comme une bague d'enfant, ayant sur le chaton une
inscription illisible ou un petit ornement qui la simule.
1. On a trouiré à Elouges 2 fibules rondes éniaillées, l'une en bleu à petits ronds
noirs, Tautre formant des carrés entremêlés de points ronds blancs formant mo-
saïque. Voir Annaltidu Cercle arch. de Mons^ t. VI, p. 117.
3. Voir SCHUEBMANS, Exploration^ page» 44Î et suivantes.
— 102 —
Nous avons aussi trouvé un quartz (diamant de Fleurus ou
du Rhin), taillé en rose comme on taille le diamant. Il a
appartenu probablement à un bijou. (Voir pL V, fig. 3.)
§ X. — BRONZE.
Chaque âge de civilisation a puisé ce qu'il avait de bon dans
l'âge antérieur : l'âge du fer s'est emparé du bronze et ces
deux métaux réunis ont formé des instruments parfaits. Heu-
reusement que le second de ces métaux a pu résister à la
rouille des siècles ; on le retrouve presque toujours intact,
tandis que le premier est souvent tellement détruit par l'oxi-
dation, qu'on peut à peine en distinguer les formes.
Jusqu'ici le musée de la villa d'Arquennes n'est pas très-
riche en bronzes. Nous allons énumérer les différents objets
que nousy avons trouvés.
1° La partie supérieure (couvercle) d'une cassolette à par-
fums exactement semblable à celle trouvée par M. Schuer-
mans* dans la Hesbaye (pi. IX, fig. 22 et 23).
c Ces petites boites à éponges odorantes, dit Grignon, sont
composées de deux parties unies par une charnière s'emboi-
tant l'une dans l'autre ; elles restent assujetties par un petit
arrêt; un des côtés est uni et percé de petits trous pour que
les parfums puissent exhaler leurs odeurs. :»
2<> Un anneau en bronze (fig. 28).
3® Une plaque en bronze avec deux tenons au revers de
0,07c de long, 0,035™ de large (fig, 4 et 2).
A^ Autres plaques de0,04c de long sur 1,1/2 de large (fig.
3 et 5).
09 Une autre plaque plus petite.
6^ 2 fibules rondes, forme de bouton, de 0,03<^ de diamètre
avec 2 tenons (fig. 7 et 8).
1^ 2 plus petites avec un tenon, 1 centimètre 1/2 de dia-
mètre (fig. 9).
1. Voir Ëxplor. etc., p. 507.
,«Ï1j3S <C3> ûCg
-^^ <JO vX< ^-r '
16 i5 l4 13 i2 H
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1!^
fouille W^-romained'Arquenne
^.
- 103 —
8^ 6 fibules d'un centimètre (fig. iO, 11, 13, 14, 15, 16).
9^ Un petit bouton (fibule) à un seul tenon, absolument
semblable à celui dont parle Schuermans, p. 313. « Il offre
tout à fait, dit Grignon, la forme des boutons en corne et en
ivoire qu'un espèce de fou criait (1775) dans les rues de Paris
sous le titre de cadenas de sûreté des culottes, tant il est vrai,
ajoute Schuermans, qu'il n'est rien de nouveau sous le soleil. »
10^ Un morceau de fibule et un ardillon en fil de laiton
dont l'extrémité est tournée en spirale (fig. 17). D'après cer-
tains archéologues, cette espèce d'ardillon appartiendrait à
une époque reculée*.
Tous les objets, de n° 3 à n*» 17 inclus, servent comme nos
boutons à fixer des parties de vêtement ; aussi les désigne-
t-on souvent sous le nom de fibules (fibula, agrafe).
11° Une plaque circulaire en bronze trouée au centre.
Espèce de fibule qui servait à fixer la toge sur l'épaule des
personnages, comme on peut le voir dans une gravure repré-
sentant le costume d'un empereur romain. (Montfaucon,
vol. 111, p. 20.) M. Schuermans a trouvé le même objet, voir
p. 510.
12<> Des plaques en bronze, très-minces, avec les ouver-
tures de petits clous ayant probablement appartenu à un
coffret.
13<> Des très-petits clous en bronze, dont la tête est plus
petite qu'une lentille et n'ayant qu'un centimètre de lon-
gueur.
14^ Un autre clou en bronze de la même dimension et de
la même forme que ceux dont on ornait les meubles du
moyen-âge, bahuts et fauteuils à la Rubens.
15o Un style dont l'extrémité est légèrement applatie.
16'' Une pièce de Constantin (324) (petit module aquenaire),
exergue, Gloria exercitûs. Au revers, trophées militaires : deux
guerriers tenant une enseigne (pi. IX, fig. 18, 19).
1. Publication du Luxembourg, IX, p. 1S3.
- 104 -
1 7® Une pièce de Constance (353) : Flavùis Constantius :
exergue: Dominus noster (pi. IX, fig. 20,21).
18*^ Une pièce d'Antonin le Pieux. Moyen bronze, 3® consulat
(138). Revers: la Justice tenant une balance.
19<* Une pièce de Valerianus (253) *, revers : Apollon debout
tenant une branche de laurier de la main droite.
En fait d'objets en os travaillé, nous n'avons trouvé qu'une
aiguille ou épingle avec une tête ronde^ assez grosse (1 cen-
timètre de diamètre), qu'on nommait discriminaley pour sé-
parer les cheveux sur le devant. C'est en cela qu'on distinguait
les filles des femmes mariées. < )Les femmes, dit Tertulien,
tournent leurs cheveux à droite et se servent pour cela d'une
aiguille qu'elles maintiennent délicatement pour agencer leurs
cheveux. » (V. pi. V, fig. 1.)
§ XI. — PLOMB ET FER.
Nous n'avons qu'une petite pariie de feuille de plomb,
comme on s'en sert encore sur nos toitures, un bout de tuyau
d'environ 3 millimètres de diamètre sur 5 et 6 centimètres de
long, et le gros tuyau du bain qui a 0,08*^ de diamètre sur
0,80 de longueur.
Le fer est plus abondant que le bronze et le plomb, malheu-
reusement il se conserve difficilement ; les formes s'altèrent
6t souvent il est difficile de reconnaître les objets qui ne sont
plus que des débris informes et soudés ensemble.
Ce qu'on trouve en plus grande abondance dans les subs-
tructions, ce sont 1« les clous. Nous en avons une collection
complète, depuis les plus gros clous de charpente qui ont
presque deux centimètres de diamètre et parfois 15 centi-
mètres de longueur, jusqu'aux petits clous à tête arrondie,
dont se servent les cordonniers pour mettre aux semelles des
gros souliers. (PI. IX, fig. 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50.)
1. Ces monnaies ont été déterminées par M. l'abbé Grégoire et H. Gilet, qni
possèdent, Tan et Tautre, une très-belle collection de pièces romaines.
— 108 -
3» Gonds de porle (pi. IX, fig. 41). Les portes étaient
soutenues sur des jambages de bois qu'on appelait postis,
posticum était la porle de derrière; elles étaient attachées sur
des gonds, à l'un de ces jambages ; à l'autre était la gâche où
entrait la penne ; on croit qu'il y avait souvent plusieurs
pennes pour une même serrure; cette serrure était ordinaire-
ment amovible et tenue par des chaînes comme les cadenas ;
il reste très-peu de serrures anciennes, mais il reste un grand
nombre de clefs. Outre les serrures, les anciens avaient
des barres qu'on mettait derrière, en travers, pour plus de
sûreté, qu'ils appelaient repagulaj usage qui s'est conservé
jusqu'aujourd'hui.
3° Une clef à panneton denté (pi. IX, fig. 31).
Le système de serrure auquel a appartenu cette clef, et dont
nous venons de parler, est rendu palpable par un mécanisme
en bois fait par le cardinal Lambruschini et cédé par celui-ci
à M. De Meester de Revestein (Musée d'hiver, près de Matines).
On se servait de ce genre de clef comme d'un levier pour
soulever la penne, M.Schuermans a trouvé les mêmes en Hes-
baye *, et M. de Bove à Elouges ; les dernières avaient quatre
dents au lieu de trois * ; on en voit aussi au Musée de
Namur.
4^ Deux couperets dont un bien conservé et le second dé-
truit par la rouille. Nous avons trouvé le même sur l'emplace-
ment d'un grand établissement belgo-romain à Ways, près
deGenappe (Brabant)'. Ces substructions importantes n'ont
pas encore été fouillées et méritent de l'être, car on a ra-
massé à la surface du sol, une quantité considérable de pe-
tits cubes de mosaïque dont nous avons donné des spécimens
à notre musée.
5<> Des charnières et difiérentes autres pièces de coffret,
J. Voir SCHUERMÀNS, pi. IV, fig. 25, p. 840.
S, Voir Annales du cercle arch. de Mons^ vol.VI, p. 129.
8. Voir Lettre sur des antiquités trouvées à Feluy et aux environs. Annales du
Cercle arch, dé MonSj t. IV.
— 106 —
exactement les mêmes que celles décrites par M. Schuermans
(pi. IX, fig. 29, 34, 35, 36, 37).
6® Un fer de lance (hasta), trouvé ainsi que les fibules au
point P. de la villa. (Voir pi. II, fig. 2.) il est exactement le
même que celui décrit par M. Schuermans et qu'il considère
comme Tarme qu'un Valeson aura conservée par faveur (pi.
IX, fig. 39).
7o Une lame de poignard (sica). (PI. IX, fig. 38.)
8<> Un bouton à tenon en fer assez semblable à celui en
bronze dit de sûreté.
9^ Ornement en fer en forme de trèfle (pi. IX, fig. 25) .
IQo Un petit gond (pi. IX, fig. 42) ; un T en fer (fig. 32) ; des
crampons, des anneaux détachés, des ferrailles avec anneaux
mobiles ayant servi à attacher les animaux ; un morceau de
chaîne ; un collier de chien-^t différents autres objets ayant
servi à l'usage des animaux domestiques, presque tous les
mêmes que ceux qu'on employé aujourd'hui (pi. IX, fig. 26,
33, 40). .
§ XII. — OBJETS DFVERS, CRAYATS DE SARAZINS, PIERRES À AIGUISER^
QUARTZ BLANC, MEULES, SILEX TAILLÉS, ETC. ETC.
Nous avons trouvé, au milieu des décombres, des scories qui
semblent être ce qu'on nomme crayats de Sarazins. C'est
d'ailleurs l'opinion de plusieurs membres compétents de
notre société. On ne rencontre souvent ces produits que dans
les localités peu distantes des minerais de fer. Nous n'en con-
naissons qu'à quelques kilomètres d'Ârquennes, au Bois du
Sépulchre sous Nivelles et à Henripont ; mais il est si siliceux
que les métallurgistes l'ont abandonné. Cependant le fer de la
villa est d'excellente qualité.
Nous avons recueilli aussi beaucoup de vitrifications^ mé-
lange informe de verre et de métaux qu'on rencontre après
tous les grands incendies.
Les pierres à aiguiser se rencontrent aussi abondamment.
— 107 —
Un grès de grande dimension (0,25^^ à 0,30^) provenant des
bancs les plus durs des sommets du Condroz, qu'on trouve à
2 kilon^ètres de distance, présente des traces d'usure ou de
frottement; il ressemble aux grès dont se servent aujourd'hui
nos ouvriers de carrière.
Trois autres pierres plus petites et plus tendres ont servi
comme outils d'une autre nature ; l'une paraît avoir servi à
écurer ou à polir; une autre plus petite encore en cotimle
verdâtre (pierres à rasoir), présente un creux oblong, vers le
milieu, produit par le frottement répété de petits instruments
comme des stylets, etc.
Nous avons déjà dit que nous avions trouvé au point 0, de
la place L, une quantité considérable de quartz blanc, en pe-
tits fragments; il en restait aussi quelques morceaux assez
gros. Déjà dès les temps les plus reculés on employait ces grains
de quartz dans la poterie, et c'est en quelque sorte ce qui
caractérise les poteries dites Celtiques. Chose étrange, ici
comme pour la forme conique des vases que nous avons si-
gnalée, les Indiens se servent encore des mêmes procédés.
C'est ainsi qu'ils employent le granit, le felspath, le mica, et
même les coquillages probablement pour le même motif, pour
empêcher le retrait de la pâte.
Le quartz employé à Arquennes servait spécialement pour
les ciments et les bétons; il provenait des environs de Ron-
quières vers Virginal, endroit où on le rencontre et où se
trouvait aussi un établissement romain important.
Nous n'avons rencontré que des fragments de meules;
elles auront probablement été brisées, elles étaient en pierre
d'Assche, même roche que celles que nous avons trouvées au
Bois de la Garenne.
Enfin nous avons trouvé les produits d'un âge beaucoup
plus ancien. Ce sont des silex taillés; les uns étaient étalés à
la surface du sol, et entr' autres un morceau de hache polie.
(Voir pi. IV, fig. 17.) D'autres couteaux et grattoirs se
trouvaient au milieu des décombres. (Voirfig. 18, 19,20, 21.)
- 108 —
Ces objets se trouvaienl-ils là accidentellemenl, ou bien les
habitants les avaient-ils ramassés par curiosité ou par esprit
superstitieux? On sait que tous les peuples attachaient cer-
taines croyances à ces pierres qui, peut-être, leur servaient
d'amulettes. A Ârquennes ces silex devaient être très-abon-
dants à cette époque, car on en rencontre encore beaucoup
aujourd'hui.
§ xni. — OBJETS d'alimentation.
Les peuples les plus anciens, même les habitants des ca-
vernes de l'âge de la pierre brute, ont laissé des traces de
leurs repas. Ces traces sont très importantes au point de vue
de leurs mœurs et surtout du degré de leur civilisation.
Ici ce ne sont pas les restes d'animaux immondes comme
on rencontre dans les grottes des bords de la Lesse, mais ce
sont les restes de ce qu'il y a de plus recherché par les gour-
mets, de l'huître* (ostrea edulis)^ qu'on retrouve presque par-
tout dans les villas romaines, ainsi que des moules, des escar-
gots et des œufs. Les Romains aimaient les poissons et surtout
ceux à coquilles (pisces testacei).
Ils ont été les premiers à faire venir des huîtres à grands
frais des divers endroits où elles abondaient et où elles pré-
sentaient les meilleures qualités ; c'est ainsi qu'ils les tiraient
souvent des côtes d'Angleterre, où elles sont encore irès- recher-
chées aujourd'hui. Les écailles que nous avons trouvées res-
semblent à celles de l'huître dite d'Oslende.
Non seulement ils introduisirent l'huître dans leurs repas
somptueux, mais ils la perfectionnèrent et la parquèrent. Ce
fut un nommé Sergîus Arotria qui imagina le premier de faire
construire des viviers d'huîtres {ostrearium vivarium), sur le
lac de Lucrin.
Les poêles ont vanté les huîtres de ce lac.
1. Voir, ScHUERHANS, pag. 380.— JoLT, Collect. scientif. p. il .^Publicationt du
Luxembourg, XI, p. 95, XV, p. 222. —Annales de la Société de Namur, II p. 379.
— Cochet, Normandie souterraine, p. 74.
■
l
— 109 —
Les escargots (cochleae) étaient aussi un mets recherché ;
Tespèce nommée vigneron^ qui se trouve dans les vignes, était
surtout recherchée alors et elle est encore aujourd'hui esti-
mée à Paris.
Ces mollusques sont connus depuis la plus haute antiquité.
M. Dupont les a trouvés dans les grottes de Tâge de la pierre
polie*. Pline, Varron, Aristotè les ont mentionnés d'une
manière toute particulière , parce que les anciens s'en
servaient comme aliment ; ils recherchaient les espèces les
plus délicates et les plus faciles à propager et à élever ; les
Romains les rapportaient de Lybie, des iles de la méditerra*
née surtout, et même d'Afrique ; la Sicile leur en fournissait
en grand nombre. On en rencontre en grande quantité dans
les rocailles à Arquennes.
Nous avons aussi trouvé des écailles d'œufs brisées, mais
bien conservées. Les Romains commençaient leurs repas par
des œufs et finissaient par des fruits, d'où : ab ovo usque ad
mala*; du commencement jusqu'à la fin du souper. Ce mot
est devenu proverbial.
Avant de parler des ossements d'animaux trouvés dans les
décombres, nous devons citer un produit animal assez cu-
rieux, bien caractérisé, nous dirons même bien conservé après
tant de siècles d'enfouissement. Malgré sa trivialité, notre
mission de rapporteur nous oblige d'en parler.
Cette curiosité, car c'en est une : ce sont des crottins de
cheval (ou de mule) et de chien'. N'en rions pas ! les
anciens tiraient quelquefois des augures des excréments de ces
animaux. Dans le titre XIIl^ du Concile des Eptines {des Es-
tinnes)y tenu par ordre de Carloman, on s'occupe : de augu-
riis vel avium vel equorum, vel boum slercoribus *.
1. L'homme pendant les âges de la pierre. parE. Dupont, p. 131.
2. HoRAT., Sat: 1,3,6.— Cicérok, fam: IX. ÎO.
3. M. Dupont a trouTé dans lesgroUes des excréments d'hyèaes et d'autres ani-
maux, mais sous forme de coprolyles.
4. SCHAYES, la Belg. et les Pays-Bas avant et pendant la domination romaine.
T. II. p. 146.
— 110 —
§ XIV. — OSSEMENTS D*ÀNI1IAUX.
Les os d'animaux sont aussi très-communs dans les subs-
truclions. Beaucoup d'archéologues les ont signalés mais sans
les déterminer. M. Schuermans insiste avecraison,sur le grand
intérêt de cette mesure. Roaçh. Smith, dans son rapport sur
les fouilles de Richborongh, fait ressortir l'importance des
ossements et les relations de la géologie, de la zoologie et de
l'archéologie * .
M. Ed. Dupont, directeur du musée d'histoire naturelle de
Bruxelles, étant venu visiter nos fouilles, s'est gracieusement
offert pour la détermination des os de la villa; nous avons ac-
cepté cette offre avec empressement et vous verrez l'impor-
tant résultat de son concours. Nous établirons d'abord diffé-
rentes catégories :
Les os d'animaux domestiques et les os d'animaux sauvages.
Ceux-ci peuvent encore être divisés en os d'animaux dange-
reux (féroces) et non dangereux.
Pour les animaux domestiques nous trouvons, le cheval, le
bœuf, le porc, la chèvre, le lapin, le chiMi, la poule et l'oie
ou l'outarde?
Pour les animaux sauvages non dangereux, le cerf et le
castor.
Pour les animaux sauvages dangereux, le sanglier et l'ours
brun.
Les os d'animaux domestiques ne nous indiquent rien de
bien spécial quant à la race, il faudrait pour cela des
squelettes plus complets. Nous devons cependant noter un
fait assez intéressant que nous a fait remarquer M. Dupont»
préparateur au musée de Bruxelles ; ce sont six vertèbres de
bœuf, présentant une coupe longitudinale, divisant en partie
1. RoACH. Smith, p. 307. Ses recherches ont révélé la présence d'un hos longi-
frons, espèce aujourd'hui perdue. Les habitations romaines d'Angleterre comme les
fouilles de noire pays, ont constalé une autre espèce également perdue : bos bra--
chyeeros.
. — m —
le canal rachidien, produite par une scie, comme cela se pra-
tique aujourd'hui, pour enlever ce qu'on nomme le filet.
Parmi les animaux sauvages non dangereux , le cerf se
présente fréquemment, mais le castor est assez rare et nous
ne connaissons aucun auteur qui le cite comme ayant été ren«
contré dans des substructions belgo-romaines.
Ces animaux habitent de préférence les bords dès lacs, des
rivières, et les autres eaux douces ; on n'en trouve en quan-
tité que dans les contrées les plus septentrionales.
Ils sont très-rares en France. M. E. Dupont, parlant des
animaux sauvages que les chasseurs ont détruit pendant l'é-
poque romaine, tels que l'urus^ l'aurochs, etc. , dit : « El le castor
que l'impitoyable poursuite de l'homme a forcé de changer son
instinct de constructeur en celui de fouisseur et qui n'existe
plus qu'en couple isolé sur le Bhône et le Danube. >
Il est probable qu'àl'époqueoùle castor existai ta Ârquennes
la Samme était beaucoup plus forte, que ses eaux sortaient
souvent de leur lit et formaient des étangs, des lacs et des
marais ^
On a trouvé (fes os de castor dans la tourbe ; il paraîtrait
même que c'est à leur présence dans diverses localités des
Flandres qu'on a donné le nom de Beveren à plusieurs vil-
lages de cette contrée marécageuse.
M. Galesloot, parlant de la belle ferme nommée Thof te
Bever, dit : « Si on ajoute à cela le nom non moins primitif de
maison du castor, cet industrieux et inoffensif animal qui,
traqué par l'homme, a disparu depuis tant de siècles de ces
parages, etc., etc. >
Nous voyons par nos découvertes qu'il existait encore à
Arquennes au commencement de l'ère chrétienne.
1. Partout les bords des fleaves et des rivières présentaient de vastes marécages,
parce que les eaux beaucoup plus abondantes que de nos jours, à cause de la grande
quantité de pluies etde neiges qui tombent dans un pays boisé, ne pouvaient tenir
dans leur lit et s'épanchaient librement dans la plaine. (Chotin. Étude* EtymO"
logiques, p. 42.)
- 112 -
•
Un os non moins intéressant que celui du castor est une
côte d'ours brun. Voici ce que nous écrivait M. Dupont à ce
sujet :
« J'ai reconnu avec étonneroent et satisfaction une côte
d'ours brun ; ce qui est la démonstration en fait que Tours,
quoique non mentionné par César, pour notre pays, y a existé
bien lard;, vous savez qu'on arrivait déjà à cette conclusion
par d'autres données assez conjecturales, il est vrai ; ceci de-
viendrait dès lors catégorique. »
L'ours brun se trouve communément dans les Alpes ; il est
féroce et carnassier ; on en rencontre dans les climats froids
et tempérés, même dans les régions du midi.
Il y a, dit BufTon, des ours dans les pays déserts, escarpés
ou couverts. L'ours est solitaire, il fuit par instinct toute
société. 11 ne se trouve à son aise que dans les endroits qui
appartiennent à la vieille nature, une caverne, une grotte
creusée dans la pierre ou le tronc d'un vieux arbre.
Quand on se représente le terrain accidenté qu'occupait
la Forêt Charbonnière à cette époque, on ne doit pas être sur-
pris de l'existence de cet animal qui y trouvait facilement des
repaires.
On connaît généralement la légende de S^-Ghislain.^ On peut
trouver ce récit absurde, dit Dewez*, mais si on voulait pré-
tendre que le récit est une fable, parce qu'en Belgique on ne
voit plus d'ours, on se tromperait sans doute, car dans le temps
ces animaux n'y étaient pas rares, ils trouvaient facilement
des retraites dans les vastes forêts dont elle était couverte. »
Dans le X« siècle encore, l'empereur Otlon, dans un diplôme
de l'an 943, défend entr'autres la chasse aux ours ; mais de-
puis que les forêts ont disparu les ours se sont retirés dans
les vastes forêts du Nord.
M. C. Vander Elst, notre honorable président, m'écrivant
à ce sujet , me rappelle l'ordonnance de Baudouin-le-Coura-
1. Dictionnaire géographique des Pays-Bas,
— 113 —
geux, ou d'Otlon, dont la version française porte le moteurs;
il ajoute, € comme il s'agit ici de la pâture (sic) de ces animaux
dans les clos des manants, jusqu'à preuve contraire je crois
qu'il s'agit des verrats et non des ours; tous deux se disent béer
en flamand (et même en anglais), s Nous sommes assez de son
avis.
Mais il ne nous manque pas d'autres preuves, elles pullulent
.chez tous les historiens de l'époque.
Le poëte Venance Fortunat et Grégoire de Tours, VI® siècle,
comptent parmi les bêtes fauves qui peuplent les Ardennes
Tours, l'élan, Turus^le buboleet l'âne sauvage.
On lit encore dans la légende de S*-Vaast que cet évêque vi-
sitant vers le VI® siècle les ruines de la ville d'Arras {Civitas
Atrebatum) détruite récemment par les Huns, vit avec douleur,
les débris de son église métropolitaine servir de tannière à
un ours qu'il chassa dans la forêt entourautla cité.
D'après l'Hagiographe de la vie de S^®-Gudule écrite au XI®
siècle *, les animaux féroces, même les ours ne devaient pas
être très-rares dans les bois des environs de Bruxelles, L'au-
teurrapporte que Charlemagne, s'y livrant un jour à la chasse,
rencontra un ours d'une taille monstrueuse qu'il poursuivit
jusqu'au village de Moorsel entre Alost et Termonde.
Sous le règne de Charlemagne, les loups étaient si nom-
breux en Belgique* etdansia plus grande partie de la France,
que par un capitutaire de Tan 813 ce prince ordonna à chaque
chef de canton, d'entretenir deux louvetiers : ut vicarti lupa-
rios habeant, unius quisque in suo ministerio duos *.
Enfm le moine de S^-Gall décrit une chasse au bison et à
l'urus ou aurochs que Charlemagne accompagné des ambas-
1. Sainie-Gudule, act SS. Btlg. t. V, p. 709, 727.
2. n existe un petit chemin près de la villa, longeant la prairie de la ferme
d'Hubeaumont, nommé HutUe auxLeus (loup). U y a près de la 8« écluse, une val-
lée aux loupt^ et il existait un petit bois Tis-à-vis de la 20* écluse nommé louvia.
Voir Carte archéologique d^Arquennes,
8. Ch, 1, ieet. 8.
— 114 -
sadeurs de Perse fit dans les forêts des environs d'Aix-la-
Chapelle.
On voit par ces différentes citations que les grandes forêts
d? a Belgique renfermaient on assez grand nombre d'animaux
sauvages et même féroces ; la forêt charbonnière surtout de-
vait en être bien peuplée. Si jusqu'ici on n'a pas rencontré les
restes de ces animaux parmi les os des villas, c'est qu'ils
étaient relativement rares, et fuyaient la présence de l'homme
qui devait cependant les rechercher pour leur fourrure et pour
leur chair.
§ XV. — ASPECT ET DEGRÉ DE CIVILISATION DU PAYS.
( La présence dans cette partie des Gaules; d'animaux sau-
vages que l'on ne rencontre plus de nos jours, sinon dans les
lieux les plus inaccessibles ou dans les régions les plus froides
et les plus reculées de l'Europe, esta mon avis, ditSchayes,
la preuve la plus positive de la dépopulation et de l'état in-
culte de la Belgique pendant la domination romaine.
€ Ce pays n'offrait, dans toute son étendue, que l'aspect d'une
forêt continue, dont la triste et sombre monotonie n'était
interrompue que par des marécages et dévastes espaces cou-
verts d'eau, dans les plaines et les lieux voisins de la mer, ou
par de rares défrichements tels que pouvaient les pratiquer
des peuples nomades et vivant en grande partie du produit de
leurs troupeaux, de la chasse et du pillage. » Il ajoute encore
que des documents nombreux attestent que pendant la durée
de la domination romaine et bien avant dans le moyen-âge , la
Belgique resta en grande partie une terre sauvage. Nous
croyons qu'il y a beaucoup d'exagération dans ce tableau peu
flatteur que fait Schayes de notre patrie naissante.
D'abord la présence des animaux sauvages, tels que l'ours,
l'urus, l'aurochs, etc., n'est pas une preuve de l'état inculte
et de la dépopulation du pays ; cela nous semble prouver une
seule chose, c'est que ces grandes forêts qui recouvraient une
- 415 -
certaine partie du sol et le climat plus froid que celui de nos
jours étaient des conditions favorables à Texistence et au dé-
veloppement de ces animaux; la Belgique a dû subir bien des
phases depuis l'arrivée de César jusqu'à celle. d'Allila ou de
Clodion.
Lorsque les Romains y pénétrèrent, il y avait sans doute
d'immenses forêts, des marécages et des lieux stériles et
déserts. N'en trouve-t-on pas encore dans les pays les plus
civilisés ? Mais lorsque le grand conquérant envahit le terri-
toire de nos ancêtres, il Irouva une nation versée dans l'art de
la guerre, pratiquant l'agriculture, exerçant quelque commerce
et les industries afférentes à son état social. L'armée romaine
ne marcha pas dans un désert, mais sur des chemins dont
plusieurs furent, par la suite, empierrés*.
C'est d'ailleurs ce que prouve M. Galesloot dans l'intéres-
sant ouvrage qu'il vient de publier * :
« Plus je considère, dit-il, la fécondité d'une grande partie
de notre sol et nos gras pâturages, en Brabant surtout, plus
je me persuade que la population attaquée par César devait
être essentiellement agricole. Quant aux habitants de la Nervie,
des auteurs anciens ont rendu hommage à leur aptitude à
cultiver la terre. « Que ne possédons-nous, s'écria l'un d'eux,
c un sol fertile comme celui des Rhémois et des Nerviens et
< de nos voisins les Tricassiens, dont les travaux sont ample-
< ment récompensés par les produits de leurs champs'. »
€ Qu'est-ce que César, se demande M. Galesloot, parlant
des villages (vict) qu'il incendie, entend par les édifices qu'il
ravage en même temps? Tout en les distinguant dans sa nar-
ration ne faut-il pas y reconnaître des exploitations rurales,
isolées des maisons et habitées par des chefs ou des grands
propriétaires*? »
1. VoirMoKE, Belgique ancienne^ page 27, note 3.— C. Vanber Elst, Belgique
primitive, chap. III.
S. La province du Brabant avant Vinvation des Romaint, page 7,
8. EuMÉNBS dans son panégirique de Constantin,
4. Les Helvetîens iactndient eux-mêmes leurs villes, leurs villages et leurs édi-
— H6 —
A noire avis, la Belgique devait présentera celte époque des
aspects bien différents. Les parties basses devaient être eh
beaucoup d'endroîls couvertes d'eau, formant des étangs, des
lacs ou des marais dont une grande partie sont restés jusqu'au
moyen âge et dont on voit encore les traces aujourd'hui ; les
parties élevées et rocheuses (schistes) devaient être stériles et
couvertes d'une végétation sauvagecomme on voit encore dans
les Ardennes, tandis que les vallons offraient de riches pâtu-
rages et les plaines argileuses d'excellentes terres à cultiver
le froment.
Quant à la civilisation, c'était la civilisation de la fm de
i'cigedu fer, une civilisation relative et bien faible, il est vrai,
au point de vue romain; mais si nous jetons les yeux autour
de nous, ne voyons-nous pas certains de nos villages, surtout
des départements français, n'être guère plus éduqués que ces
peuplades que l'on traite si durement.
Si ce peuple conservait sa grossière écorce, ce n'était que
pour mieux garder dans son cœur ses vertus civiques ; à son
esprit d'indépendance, à son amour de la liberté, il joignait
la force physique, que l'austérité de ses mœurset l'exercice de
ses membres, en s'adonnant à la chasse et aux travaux des
champs, développaient énormément. Que faire pour dompter
ces hommes si forts, si fiers, si valeureux? Ils pouvaient être
battus mais ils n'étaient pas vaincus et ce pays, que M.Schayes
considère comme dépeuplé, tint pendant longtemps en échec
la nation la plus puissante du monde.
Ne pouvant réussir par les armes, les gouverneurs essayent
un autre moyen; ils cherchent à leur faire connaîtreles jouis-
sances sans nombre d'une civilisation plus avancée; ils met-
tent à leur disposition les ressources de leur trésor, pour
se bâtir dès maisons au lieu des cabanes, des temples, des
marchés, des bains publics, etc. ; ils inlroduisentles coutumes et
fices privés. {Oppida sua omnia, numéro ad duodedm vicot ad quadringentoif
reliqua ffrlvata^ cadificia incendunt.) Comm. • Coesar. L. ]. ch. Y.
- 117 —
les modes de Rome et insensiblement le peuple se laisse en-
traîner au culte du plaisir ^
C'est ainsi qu'une partie delà Belgique devint romaine. Ce
fut sous les Antonins, que le pays acquit le plus haut degré
de splendeur ; c'est alors que s'élevèrent toutes les villas dont
nous retrouvons les ruines à la fin du l^ ou au commence-
ment du 11^ siècle.
§ XVI. — ÉPOQUE DE LA CONSTRUCTION DE LA VILLA D'ARQUENNES.
— RACE ET MOEURS.
C'est aussi l'époque probable de la construction de la villa
d'Arquennes.
< Au second siècle, dit Gibbon cité par M. Schuermans, les
habitants jouissaient au sein de la paix des avantages du luxe
et des richesses. Sous Traj an, Hadrien et les deux Antonins*,
le nom romain était respecté parmi les nations de la terre. Les
villas se reparaient, s'embellissaient et surgissaient de toutes
parts*. Indice de la quiétude universelle qu'Antonin Pie avait
bien le droit de prendre pour symbole sur ses monnaies ;
rien de plus naturel que de voir à cette époque les cam-
pagnes elles-mêmes se peupler de villas confiâmes^ . A quelle
race, à quelle nationalité appartenait l'habitant de la villa? »
Continuant le rapprochement que nous avons fait à juste
titre entre la villa d'Arquennes et celles d'Outre-Meuse, dont
parle M. Schuermans, nous nous servirons encore de son
autorité. La première idée qui se présente à l'aspect de ces
établissements où tout est romain, c'est que les habitants étaient
des hommes attachés à l'état ou qui y avaient été attachés.
On sait que pour arriver aux résultats dont nous venons de
1. MoKE, Mœurs et usages des Belges.
2. Lorsqu'on demande à ces villas en ruines de Weyerbempt et de Hemeiryk, le
nom des empereurs que portent leurs monnaies, elles répondent invariablement :
Trajan, Hadrien, Antonin, Marc-Aurèle, rien en deçà.
8. Baralon, p. 201.
i. SCflUERMANS, Exploration de 995 , tumulus, ete^ p. 899.
- 118 -
parler, pour romaniser le pays on établit des colonies. C'est
encore un moyen employé aujourd'hui en Algérie.
Ces colons venaient de la mère patrie ; c'étaient des auxi-
liaires provinciaux, ayant adopté les mœurs et les usages de
leurs compagnons d*armes ; c'étaient des vétérans dont l'in-
fluence a exercé un efiet immense sur leurs compatriotes,
comme l'observe M. Galesloot. Un grand nombre d'archéo-
logues sont du même avis '.
« La présence d'armes, de fers de lance, trouvés au Hemel-
ryk et au Weyerbempt, ne dit-elle pas même, dit Schuer-
mans, que les chefs de ces villas, vétérans licenciés, auxquels
à ce titre il était permis peut-être de conserver un souvenir
de leur vie militaire, n'étaient pas, à raison de la conûance
inspirée par eux, compris dans les mesures de désarmement
général des provinciaux qu'on attribue aux Romains*. >
Encore une fois nous pouvons faire la même supposition
par rapport à notre villa. Nous avons aussi trouvé un fer de
lance entièrement semblable à ceux dont il est question.
L'habitant de la villa d'Ârquennes jouissait d'une certaine
aisance. C'était probablement, comme le dit M. Galesloot
dans une notice qu'il a publiée sur une visite à nos fouilles',
un riche propriétaire foncier. C'est ce que nous espérons
pouvoir prouver plus tard. 11 avait bain, hypocauste, salon
avec peintures murales, ; il portait des bijoux; il aimait la
bonne chère et mangeait des huîtres qu'il devait se procurer
à grands frais; il avait une basse-cour, deschevaux, des vaches,
desbœufs, des chèvres, deschiens, des poules, des oies, cartons
ces animaux ont laissé des traces de leur existence en ces lieux.
1. Voir Desroghes, Reeherche$ tur V ancienne Belgique, II, 269.
Hauzeur, Annales de la Société arch. de Namur, II, p. S9i-38i. — PioT, Re-
vue numismat. Belge, Orig» rom, de la Belg. IV, p. 822. — Galesloot, Revue
d^hist. et d'arch, I, p. 158.
2. Voir ExploratioM de quelques tumulus de la Heshaye, 401. — H. ScHUEBiiÀifS
y Iraite parfaitement la question de colonisation.
3. Visite aux ruines de la villa Belgo-romaine d^Arquennes^ Bull, de VAcad.
d'arch, de Lelc, I, iascicule 6.
— 119 —
Si tout cela indique sa richesse, un style .trouvé dans les
ruines, prouve certain degré d'instruction. Vivant sur la li-
sière dfe la Forêt Charbonnière, et sur les bords d'une rivière,
qui, à cette époque, était beaucoup plus forte qu'aujourd'hui
et qui formait, par ses débordements, des marais et des lacs, il
s'adonnait à la chasse et à la pêche.
Il tuait des cerfs et des sangliers pour se nourrir, des ours
et des castors pour se vêtir de leur fourrure ; ses rapports
avec ses voisins étaient nombreux, car il vivait dans le luxe de
la mère patrie.
Ses poteries unes, ses mosaïques, ses verres émaillés et ses
cristaux, venaient d'Italie, d'Espagne ou du midi de la France;
ses huitres et ses moules des bords de la mer et même des
côtes d'Angleterre. Il fallait donc qu'il eût des moyens faciles
de communication. Ces moyens étaient des chemins creux %
existant encore aujourd'hui, qui se rendaient aux centres
habités et se raccordaient à la chaussée romaine , qui de
Bavai conduisait à Cologne; il n'en était éloigné que de
quelques lieues. (Liberchies.) Des colporteurs circulaient le
long des grandes voies et se dirigaient vers les lieux habités
comme cela se pratique encore de nos jours. La Gaule, dit
Cicéron, fourmille de marchands romains. Chacun avait sa
spécialité, chacun avait sa clientèle. Nous avons vu Brarialus
vendant des grosses poteries, des soucoupes et des amphores;
Montani s'occupant de poteries samiennes; d'autres de
verroteries et des différents ustensiles nécessaires à la vie
domestique.
§XVin. — LA VILLA ÉTAIT-ELLE ISOLÉE?
Les nombreux endroits où l'on a trouvé des vestiges d'ha-
bitations romaines sur le territoire d'Arquennes font supposer
1. H. Galesloot en parle longuement dans son dernier travail : La Belgique
avant la domination romaine ^ p. Si. — M. Vander Rit nous a dit, lors de sa
visite à la villa, qu'il s'occupait d*un travail sur ce sujet pour iaire suite à Les
Chaustéôi Romaines, ouvrage aujourd'hui épuisé.
- 120 —
un certain centre d'habitation. Comme nous l'avons déjà dit,
il devait exister un établissement au moins aussi important
que celui-ci, sur le champ de Manneville ^ où se trouve un
grand aqueduc qui se rend à la rivière.
Ces villas formaient des noyaux autour desquels s'éle -
vaienty çà et là, le long des chemins t, des cabanes, des
huttes^ qui construites en bois, en argile et en paille, ne lais-
sent plus de traces de leur existence. Peut-être bien quelques
parties noires dans le sol, quelques cendres encore conservées
et des tessons de poterie grossière qu'on rencontre parfois,
sont-ils des preuves de ces modestes habitations.
Ces demeures étaient habitées par ce qu'on nommait le
peuple (plebs)y comprenant les petits propriétaires, les^ mar-
chands et les artisans libres.
Pour construire les villas, dont l'étendue est très-grande, il
fallait des matériaux, des pierres, de la chaux, du sable, du
bois, du fer, etc.; pour transporter ces matériaux, il fallait
des chevaux, des chars, et pour les façonner il fallait des ou-
vriers bien exercés dans leur spécialité, car ce qu'ils faisaient
était bien fait.
Tous ces hommes habitaient probablement la Bourgade
{Vicusy. C'est ainsi qu'on voit non loin de là, les vestigesdont
npusvenonsde parler. Il fallait aussi entretenir les bâiiments,
les harnais, les meubles, les objets j^e ménage, de culture, les
vêtements etc. Tous ces hommes, se livrant à ces professions
diverses que leur avait apprises le peuple conquérant , se
mettaient continuellement en relation avec les habitants de
ces riches demeures et se formaient insensiblement à leurs
mœurs et à leurs usages, ils se poliçaient sans s'en aperce-
voir par le fréquent contact.
Il est vrai que les Romains avaient des esclaves artisans qui
1. Voir la carte arch. de Feluy-Ârquennes, litt. 0. — M. Dawant, curé de Rêves,
qui s'occupe d'étymologies, pense que Manneville vient de magna villa,
2. Voir le chemin des huttes à Feluy.
3. Voir carte arch. de Feluy-Àrquenne, litt. DC. et litt. R.
- 121 —
non seulemenl travaillaientpour leur maître, mais même pour
le public et à leur profit. On ne sait quand Tinduslrie sortit de
cette domesticité, mais les Nerviens ayant été les premiers à
avoir >des privilèges, il est probable que le petit commerce et
la petite industrie étaient libres à l'époque dont nous nous
occupons.
I XVin. — INDUSTRIES DIVERSES DE LA LOCALITÉ A CETTE ÉPOQUE.
Les pierres dont on s'est servi pour construire la villa (cal-
caire à cncrines, dit petit granit) proviennent de la localité;
elles auront probablement été extraites où la roche affleure
dans le vallon car c'est là que se sont ouvertes nos plus an-
ciennes carrières. Nous a'avons pas trouvé de véritable taille,
telle que ciselure ou moulure, ce qui nous fait supposer qu'il
n'y avait pas d'exploitation régulière. Nous avons cependant
trouvé dans nos fouilles un petit ciseau de tailleur de pierres
qui aura servi lors de la construction,
La chaux a été faite avec le menu calcaire. Cette fabrica-
tion a pu devenir une industrie plus étendue, car on sait que
les Nerviens employaient le produit minéral comme engrais
de même que la marne*.
. Nous savons aussi qu'une loi chez les Romains imposait
aux possesseurs de teirains calcaires (cespites ca/canï^ l'obli-
gation de fournir de la chaux à TÉtat.
On a retrouvé des chaufours romains à Blaton. Probablement
qu'il y en avait aussi aux Ecaussines dont le nom (scalcinae
juxta carbommos) (1199) viendrait de calcinae, calciniae,calx,
du radical cans (chaux), comme on dit encore dans certaines
localités.
Jusqu'ici nous n'avons retrouvé aucunes traces de ces fours
à Ârquennes, avec indication positive; nous nous rappelons
cependant avoir vu les débris d'un vieux four, découvert en ou-
i. Pline, XVII, 8. Les I^erviens, dit Edhénes, déjà parvenus à un certain degré
social culiivaient le froment et savaient améliorer le sol par remploi de la marne.
5
— 1Î2 —
vrant une carrière que se trouve près du tienne des Sarazins
dont nous allons parler. Peut-être a-t-on fabriqué en cet en-
droit la chaux nécessaire à l'établissement Frank qui s'y
trouvait*.
Une autre industrie probable de la localité ou des. environs,
est la fabrication des tuiles, carreaux, briques et autres
poteries grossières. Nous avons signalé, il y a plusieurs an-
nées^ l'existence d'une tuilerie romaine au hameau de la
panneterie.k Feluy*. Il existe à Arquennes, plusieurs terrains
contenant des argiles dites terre de pots, à très peu de dis-
tance de la villa; le terrain même sur lequel elle est cons-
truite est une excellente terre à briques; le bois était presque
sur les lieux en grande abondance^ nul doute qu'ils n'aient pro-
fité de ces circonstances pour fabriquer non seulement les
matériaux nécessaires à leur construction, mais les vases les
plus grossiers, les plus usuels et dont les dimensions étaient
un obstacle pour des longs transports.
Nous en avons d'ailleurs une preuve dans les débris de
terre glaise restés sur les lieux, et les morceaux de Dolium,
simplement séchés, durcis au soleil.
Ces différentes industries ne servaient probablement que
pour la localité et les environs, car généralement ces objets
étaient trop lourds pour être transportés au loin comme nous
l'avons déjà dit.
L'industrie principale était probablement l'agriculture,
quoique les terrains très-accidentés des environs fussent en
grande partie couverts de forêts, dont il reste encore de nom-
breux vestiges*.
Certains plateaux argileux devaient produire d'excellentes
récoltes. A cette époque, comme aujourd'hui, on recherchait
1. Lettre V de la Carte archéologique de Feluy-Arquennes.
2. Voir encore la Carte archéologique lett. J.
8. Bois d'Ârpes, bois de la Garenne, les Louviaux, el chip d'our^ qu'on a tra-
duit poétiquement en chiffre iTor^ comme on Tindique par décence dans certains
actes. Ce petit bois se trouvait près de Manueville. Il est très-probable qu'il tient
son nom d'un Priape en or qu'on aura trouvé en cet endroit.
- 123 -
les meilleurs terrains. Les Nerviens étaient surtout renommé»
pour la culture des grains; tous les auteurs anciens leur ren-
dent cet hommage ; ils faisaient le commerce en grand. On a
trouvé à Nimégue une inscription d'un negodator frumenta-
fins Nervien * .
H. Galesloot dit même qu'ils possédaient déjà' des exploita-
tions rurales isolées, de véritables fermes avec granges et
enclos, entourées de haies épaisses et dont les branches en-
trelacées avec art formaient de véritables murs.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet.
§ XIX. — DESTRUCTION DE LA VILLA.
Nous venons d'examiner quel était l'aspect du pays, son
degré de civilisation, l'époque probable de la construction de
la villa, la race de ses habitants, leurs mœurs, leurs usages,
leur industrie; cherchons à connaître maintenant quel a été
leur sort.
Tout annonce le pillage et l'incendie.
Nous avons vu que pendant le règne des Ântonins, Rome
se reposait sur ses lauriers ; malheureusement elle s'aban-
donnait à une trop grande quiétude ; elle eut bientôt occasion
de s'en repentir ; des nouvelles invasions de barbares vinrent
la menacer ; tandis que Marc-Aurèle guerroie contre les Mar-
comans, ses généraux Pertinax et Didius Julien résistent sur
d'autres points aux invasions des Cattes et des (Ihauques; ils
sont forcés d'appeler tumultueusement (tumultuariis auxiliis)
les habitants aux armes.
La date est fixée par les fastes consulaires ; l'empereur,
pour récompenser ses lieutenants, les désigne pour le con-
sulat et ce consulat est l'antépénultienne année de Marc-
Aurèle. L'invasion des Chauques en Belgique a donc eu lieu
Tan 176 ou l'an 177 de l'ère chrétienne. Ne serait-ce pas là,
1. SCHVERMAMS. SCHATES. KOULIZ.
- 124 -
se demande M. Schuermans, l'événement violent dont les
subsiruciions de Weyerbempt et du Hemelryk portent les
traces? Noire villa est parfaitemenl dans les mêmes condi-
tions. Nous avons déjà établi ces relations par le sigle de
Brariatus et la pièce d'Anlonin, trouvés sous le pavement de la
chambre aux alcôves; nous avons donc le droit de faire la
même supposilion que M. le conseiller Schuermans qui a jeté
un nouveau jour sur cette partie obscure de notre histoire
nationale.
Dans une visite que nous fîmes à cet auteur au début de
nos fouilles, il fut surpris d'apprendre que nous avions trouvé
deux peliles pièces du Bas-Empire ; il est probable, disait-il,
que votre villa aura échappé à l'ennemi qui ne se sera pas
avancé jusqiie là... Quelque temps après, nous découvrions les
preuves certaines d'une destruction antérieure à Constantin
et d'une reconstruction. Nos premiers travaux semblaient
d'abord infirmer l'opinion de M Schuermans qui dit : si de
l'ensemble de ces recherches comparées à celles de la Hesbaye,
il résulte qu'aucune monnaie postérieure aux Ântonins ne se
trouve dans aucim des établissements existants avant l'inva-
sion des Chauques, il yaura certes de quoi asseoir avec quelque
certitude un juj^ement sérieux et l'on pourra donner, comme
hypothèse fort vraisemblable , qu'avant d'être réprimés par
Didius Julien, les.Chauques avaient pénétré fort avant dans la
Belgique et avaient eu le temps d'y semer de toutes parts des
ruines*.
La découverte des preuves d'un premier incendie avec date
certaine (pièce d'Anlonin et sigle de BRARIATUS), vient con-
firmer au contraire les idées de M. Schuermans.
Il est bien vrai qu'on a découvert des médailles de toutes les
époques, depuis César jusqu'à Constantin et même Ilonorius
à Assche, Ekwyt et à Buns-Villers, mais de même que la villa
d'Arquennes, ces étahlissements, dont on n'a retrouvé que
1. Voir Schuermans.
— 126 —
des vestiges, n'auraient pu également être reconstruits après
une première destruction.
§ XX. — RECONSTRUCTION ET SECONDE DESTRUCTION.
Une question plus difficile encore à résoudre est la recons-
truction. Supposant toujours que l'invasion des Cbauques soit
arrivée jusqu'ici, et qu'elle ait réduit notre villa comme bien
d'autres, il est probable que, suivant les mouvements instinc-
tifs que nous voyons encore aujourd'hui, les habitants se
seront sauvés dans la forêt voisine, emportant ce qu'ils avaient
de plus précieux ; l'ennemi ayant été bientôt repoussé, ils
seront revenus reconstruire leur habitation incendiée.
llsj l'auront même probablement agrandie, comme cela se
fait assez généralement pour toute reconstruction. L'établis-
sement d'une muraille en bonne maçonnerie cimentée, sur
un mur à sec beaucoup plus étroit semble le prouver. Il
paraîtrait même qu'on aurait utilisé une partie des anciens
matériaux, car parmi les tuileaux que contient le béton, nous
avons trouvé des débris de vases et de tuiles ayant servi à la
toiture.
Près d'un siècle |)lus tard (256), les Germains passent le
Rhin et dévastent de nouveau la Gaule sons le nom de Francs:
ils sont chassés par Aurélien. Ces- tentatives se renouvellent
sans cesse. En 276,Probus vient dans la Gaule avec une grande
armée, défait les Francs et reprend les villas; mais ces
peuples reparaissent avec plus de fureur en 388 let repassent
le Rhin chargés de butin, ayant dû cependant abandonner une
partie des leurs, exterminés par les Romains dans la Forêt
Charbonnière.
L'empire romain, continuellement morcelé, perdait de ses
forces ; plus il ^affaiblissait, plus il avait besoin d'argent ;
plus il en demandait aux peuples et moins il s'occupait d'eux.
« Le despotisme, dit Guizot, était à la fois plus exigeant et plus
faible; obligé de prendre beaucoup et incapable de protéger,
— 126 -
ce double mal avait pleinement éclaté au IV® siècle. Non-seu-
lement à celte époque tout proprés social a cessé, mais le
mouvement rétrograde est sensible ; le territoire est envahi
de toutes paris, parcouru et dévasté par des hordes de bar-
bares ; la population décline surtout dans les campagnes ;
partout enfin apparaissent les symptômes de la décadence du
gouvernement et de la désolation du pays ; le mal alla si loin
que l'empire romain rappela ses troupes et dit aux provinces:
« Je ne puis plus vous défendre, défendez-vous vous-mêmes. »
Bientôt Tadminislration elle-même se retire comme les troupes
et vers le milieu du V® siècle se replie de toutes parts et
abandonna aux barbares les provinces conquises avec tant'
d'efforls. > (Guizot, Hist. de la civilisation en France, tome I,
page 44.)
En effet, en 407, un torrent effroyable de Vandales se ré-
pandit dans la Gaule septentrionale, ruinant tout sur son pas-
sage, les villes mêmes ne purent lui résister ; Tongres el Bavay
succombèrent ainsi qu'une foule de cilés des provinces adja-
centes ; ce qui échappa au fer et au feu dans cette première
attaque fui détruit trois années après^
Il est assez probable que c'estàFune de ces deux époques de
dévastation que notre villa fut livrée de nouveau au pillage et à
l'incendie pour ne plus se relever ; les pièces de Gonâlantin et
de Constance indiquent qu'elle existait encore sous leur règne.
Environ 40 ans plus tard (44i), Clodion quitte sa résidence
de Dispargum (DiestJ et s'avance avec son armée vers le
Midi ; il pénètre dans la Forêt Charbonnière, marche sur
Bavay et détruit tout ce que les Vandales avaient épargné de
cette ville ; mais il est bientôt arrêté dans sa course par
Aétius et il ne survit pas à sa défaite. Mérovée, son parent,
qui lui succéda, dut quelques années après (451) se joindre
aux barbares cantonnés dans les Gauls et aux Romains com-
mandés par Aétius qui y étaient restés, pour arrêter un nou-
1. MoKE, Mxurt, usages, etc. des Belges,
— 127 —
veau torrent non moins formidable que celui des Vandales,
Attila, surnommé le fléau de Dieu !
Après un immense carnage qui eut lieu dans les plaines
catalauniques, les Huns parvinrent à rentrer en Germanie avec
leur chef.
Les Francs s'emparèrent alors des principaux édifices brûlés
ou détruits, dont la position leur était favorable, et s'en firent
des châteaux-forts dont on retrouve encore les ruines, car
les seigneurs du moyen-âge s'en servirent à leur tour ; ils se
greffèrent en quelque sorte sur ce vieux tronc dont on avait
brisé les branches, mais auquel il ne manquait pas de sève.
§ XXI. — ÉPOQUE FRANQUE A ARQUENNES.
A Arquennes,les Francs choisirent une position plus favorable
queremplacement de la villa, pour se fortifier; ils s'installèrent
dans l'angle formé par l'intersection de la rivière avec un
grand chemin creux qui porte encore le nom cCEscavée et qui
conduit de Nivelles vers Binche (Waudrez).
Il est probable qu'il y avait en cet endroit un édifice plus
important, construit par les Romains ; il ne manque pas de
tuileaux dans les environs et il existait, il y a quelques années,
un monlicule couvert de broussailles nommé Tienne des
Sarrazins. Il est actuellement recouvert par la culée du pont
du chemin de fer de Manage à Wavre, qui se trouve du côté
du village, et le groupe de maisons le plus rapproché recouvre
encore des ruines*.
Nous avons assisté à l'exhumation d'un squelette, ayant une
framée à ses côtés, â peu de distance de cet endroit. Nous
conservons ces objets dans nos collections.
A la suite de tous ces désastres, les terres restèrent en
grande partie incultes ; le sol se couvrit de broussailles ; le
pays sembla désert ; les Francs, il est vrai, le repeuplèrent
1. Voir Lettre sur des antiquités trouvées à Feluy et dans les environs, par
M! Cloqust. Annales du Cercle areh. de Mons, tom. IV, p. 202.
- 128 -
bientôt, mais ils rétablirent avec le culte d'Odin et de Thor
les usages barbares des premiers Nerviens^
C'est ainsi que les écrits de cette époque, (lettre de saint
Paulin au IV^ siècle et légende de saint Médard au YI^^ siècle),
qualifient certaines parties de la Belgique de peuple farouche
et attaché au culte des idoles.
Saint Oiien, hagiographe de saint Eloi, écrit dans les mêmes
termes au siècle suivant ; enfin saint Liévin dépeint aussi les
habitants du pagus Brabantiensis qui occupait une bonne par-
tie de la Nervie et dont Ârquennes faisait partie, comme des
barbares plongés dans les ténèbres dé l'idolâtrie.
Des écrivains modernes comme Schayes, prenant d'une part
pour autorités, César, Tacite, Strabon et d'autres écrivains du
commencement de la conquête et ensuite ceux du commence-
ment de l'époque franque dont nous venons de citer quelques
exemples, ont prétendu que la Belgique était un pays désert,
incuUe et sauvage, et que les habitants n'étaient que des bar-
bares pendant toute l'occupation romaine et même bien avant
dans le moyen-âge. Ils ont fermé les yeux sur ces siècles de
paix, de prospérité, de civilisation dont nous retrouvons
chaque jour et à chaque pas les traces.
Il est vrai que depuis Tacite jusqu'au IV® siècle, on ne
trouve pour ainsi dire aucun auteur dont les écrits jettent
quelque lumière sur les mœurs des Belges, mais ces nom-
breusesvillas ' qui se découvrent avec tout le luxe d'une civi-
lisation avancée, ne sont-elles pas un livre parlant, une au-
torité plus grande que les écrits des plus grands historiens de
l'antiquité? L'historien peut avoir des renseignements erro-
1. C'est ce que prouva le tombeau de Childéric (mort en 479), découvert à Tour-
nay. Il contenait un squelette d*homme et une tète de cheval. On sait que chez les
Nerviens, les chefs étaient enterrés avec leurs armes et leurs chevaux.
2, Depuis la lecture de ce rapport, on a découvert une villa importante à Ger-
pinnes, avec peintures murales, bain etc., ainsi que près de Nivelles en creusant le
chemin de ter de Charleroi à Bruxelles. Malheureusement cette dernière n'a été
connue que tardivement et lorsqu'elle était presque détruite ; nous avons cepen-
dant pu recueillirquelques débris curieux de peintures murales.
— 129 —
nés tandis qu'ici c'est le fait brut qui se révèle et qui doit
convaincre les plus incrédules.
Feluy, IS janvier 1872.
D' N. CLOQUET.
Rapporteur,
ANNEXES AU RAPPORT.
I.
Lettre de M. le conseiller Schnermaas, concemant la déiioinmation de
BELGO-ROMAINE donnée à la villa d'Arqnennes.
Mon cher CoUèçue,
Je TOUS remercie de me tenir au courant de vos fouilles d^Arquennes,
qui m'intéressent beaucoup.
Je partage complètement votre avis en ce qui concerne la dénomi*
■ nation Belgo-Rofitaine que j'ai employée d'après Roulez (y. Bulletins des
Commissions royales d'Art et d'Archéologie y II, 171, et mes Tumulusde
Eesbaye tirés à part, p. 75, note 2).
Arquennes à Tépoque romaine n'avait plus rien de Gaulois propre-
ment dit ; les Gaulois ou Celtes avaient longtemps avant César, anti"
quitus, été cfaassés de la plus grande partie du Hainaut et du Brabant
parles Nerviens, population Germanique,
L'expression de Gauloise est donc impropre, à moins que pour la
justifier on songe uniquement aux Gaules en général, et dans ce cas, il
serait bon de préciser : Gallo-Belge, ou Gallo-Germain, comme ont dit
Dujardin et Gravez, A. N. IX, p. S9.
Mais il s'agit de tenir compte de l'élément romain, dès que la con-
quête de César a eu lieu ; la romanisation de nos provinces n'a pas été
tellement complète qu'on puisse, avec M. Franks ^, dire villa romaine, à
preuve qu'à Arquennes vous avez des produits de Brariatus, potier
Incontestablement belge, comme l'indiquent son nom au ndicslBrariatet
le rayon de son industrie de Bavay à Maestrioht; les villas ont
d'ailleurs été peuplées non seulement de fonctionnaires romains, mais
aussi de vétérans nerviens.
Avant César, je dirais donc :
I. Gallo- Belges, avant l'arrivée des Nerviens et l'on en découvrira.
II. Germano- Belges, entre l'arrivée des Nerviens, la conquête et la
civilisation romaine.
m. Romano-Belges ou Belgo-Romains, depuis César jusqu'aux
Francs.
Rien à tout cela que de trèsHsimple et de très-logique.
1. M.Franks, directeur da musée Britannique de Londres, nous avait dit lors de la
visite du Congés préhistorique au musée de Mamur, qu'il n'aimait pas l'adjonction
des mots Belf^, Gallo ou Ânglo; qu'il préférait le mot Romain sans spécification.
- 131 -
Nous ne pouYons adopter la dénomination trop vague et trop géné-
rale de Gallo-Romaine, que contredisent chez nous notamment les
Dit Nervini de Bavay, les tnatronae ContruxUihuae de Hoeylaert, qui
sont des divinités germaniques.
Pourquoi d^ailleurs par une expression juste seulement dans un sens
général, aller encourager la propension des Français à s'emparer de ces
indices d'une prétendue origine commune ? Ces jours, ne sont plus, mais
ils peuvent revenir et Belgo-Romain a précisément dans sa sphère res-
tante, pour portée d'en empêcher le retour.
Votre tout dévoué, SCHUERMANS.
Liège, 2 septembre 1873.
II.
Légende de la Carte archéologique de Felny-Arquennes. — Époque
Franqne, Romame et Celtique.
A. Villa Belgo-Romaine, — Située dans Tangle formé par Tinter-
section de la route de Nivelles à Braj et du canal de Charleroi à
Bruxelles; elle est à moins de cent mètres de la Samme; un grand
chemin creux passe aux environs*
B. Ruines d'un château franc, — Le point touge indique rempla-
cement d'un château-fort de l'époque fîranque, probablement construit
sur des ruines romaines.
C. D. Poteries romaines et cendres.
B. Grotte des fées* — Cette grotte formée par une grande coupe dans
le dolomie a été habitée. On n'y a jamais fait de fouilles à cause des frais
qui seraient assez grands, car on a remblayé contre l'ouverture.
F. Vignobles. — Nom du terrain parfaitement exposé pour la culture
de la vigne ; il est très-probable qu'on l'a cultivée en cet endroit.
Q. Bois de la Garenne. Oppidum celtique. Poteries celtiques, silex
taillés, poteries romaines, de la roc, débris d'une sépulture romaine,
H. I. Tuileaux. Terre noire» débris de vases. Nous soupçonnons
l'existence d'une sépulture.
J. Tuilerie romaine. — ÇHhande excavation dans la terre excellente
pour la poterie, nombreux débris de tuiles à rebords. (Commune de
Feluy.)
K. L. Centre du village de Feluy. Château moyen-âge. Objets de
l'époque franque.
M. Médaille d'Aiitonin. Boucles et ûbule émaillée de Tépoque ro-
maine, et autres objets.
N. Silex taillés.
0. ManneviUe (Arquennes). Substructions romaines curieuses. Point
important à fouiller. SUex taillés.
— 43Î —
p. JSenissari, — Tulles à rebords. Vieilles fondations non explorées.
Q. Scoumont. — Silex taillés. Poteries g^'ossières.
R. Hubaumont, — Silex taillés. Tuileaux.
S. Mont du Berger, — C'était probablement un tumulus ; on Taura
détruit par cultiver.
T. Bois d'Ârpes, — Tuiles à rebords. Silex taillés.
U* . Villa romaine découverte pendant les travaux du cbemin de fer.
N. B. Les points rouges^ non indiqués par une lettre, indiquent la
présencti de silex taillés.
m.
« LeBRARlATUS de Nimy-Maisières est cité comme étant empreint sur
de la poterie sigillée, dans le Catalogue de la collection toillez n^ 80, p. Ô,
ainsi désigné : 3 fragments de vases en terre sigillée portant des noms
de potiers Brariatus, Clemens, Beçuliani; les deux premiers provenant de
Nimy-Maisières (il y a eu probablement erreur comme nous TaYons vu
plus haut). Cela présente quelqu'intérét, dit M. Schuermans, car si
Brariai fabriquait des poteries sigillées, il faudra en trouver les fours
bien près de la Belgique actuelle.
c Annales du Cercle archéologique de Namur^ X, p. 121. DeBastne
donne pas de détails sur le genre de poteries de Bavay, où il a vu
RARIATVS. BRARINIVS. BRAPTATVS, qui sont évidemment des
Brariatus. Ues sigles flgulins n« 5540 citent VACATVSBPAPLATIFF.
Yacasalus Bariati âlius fecit. L'un de ces deux, d'après Steiner, se
trouverait sur une anse d'urne (môme genre de poterie que la Samienne),
l'autre provient de Janssens, p. 151, de son Musée Lugduno-Batavey
inscriptiones Oraecae et Latinae, ouvrage qui est à la Bibliothèque de
Bruxelles et que je n'ai pas sous la main ; je vérifierai l'objet au Musée
de Leyde où je dois aller au printemps prochain. Les deux Vacatus
Brariatus proviennent des environs de Nimègue ; l'industrie de la
famille Brariat a donc été transportée vers le Nord. Roach. Smith
romae London p 107, cite BRARIAM du musée de Douay, mais sans
préciser s'il s'agit de poteries sigillées ou grossières. C'est encore un
point à vérifier si en effet le Bariatus de Mons était sur poterie sigillée.
Dans ce cas surtout, nous aurions fortuitement à retrouver bien près du
Hainaut des tabriques de poterie samienne ; mais le sigle Dicolétien
ressemble bien à Brariatus et il faut suppléer à BRARIA m. Je gage
bien qu'à Mons et à Douay, peut-être même à Bayay, si les sigles cités
par de Bast y sont encore, vous trouverez uniquement des tèles, voir
aussi RIATVF dans mes sigles figulins n» 4668. Le RIANS d'Elouges
(Annales du Cercle archéologique de Mons,yip. 121) ne serait-il pas BrO'
riaius f M. de Bove a décrit une poterie grossière où on litRlNVS^ce qui
est bien près. > (Lettre de Monsieur Bchuermans,)
COMMUNICATION
DU COLLÈGE ÉCHEVINAL I?E CHARLEROI
A U SOOÉTB PALËONTOLOGIQDE & ARCHËOLOGIQUE SE L'iEROHDISSENEMT.
PROVINC£ DE HAINàUT. — VILLE DE CHARLEROI.
Extrait du registre aux délibérations du Conseil communal.
Séance d« 1^ mm 1878*
Présents : MM. Lebeau, Charles, bourgmestre, président ;
DuPRET^ Charles, Isaac, Jules^ échevins ; Brighart, Louis,
AuDENT, Jules, François, Jules, Fay, Charles, Dubois, Jules,
conseillers ; Polghet, Fortuné, secrétaire.
Sur le 4°^® objet.
Le Conseil,
Vu la requête en date du 21 décembre dernier par laquelle
la Société Paléonlologique et Archéologique de cette ville,
sollicite un subside sur la caisse communale.
Considérant que rien n'établit que la Société demanderesse
aurait fait des démarches et des diligences pour obtenir Tin-
tervention pécuniaire des autres villes et des principales com-
munes de l'arrondissement, ainsi que le vœu en avait été émis
Tan dernier.
Considérant que le budget communal pour Texercice 1872,
est arrêté, et que Texiguïté des ressources de la ville ne per-
met de disposer d'aucuns fonds.
Vu le rapport de la section des finances, en date du 20 fé-
vrier dernier, dont les conclusions sont adoptées.
-134 —
Décide à Tunanimité des voix, qu'il n'y a pas lieu d'ac-
cueillir favorablement la demande prémentionnée.
Ainsi fait et arrêté en séance les jour, mois et an que
dessus.
Par le Conseil,
Le Président,
Le Secrétaire, (signé) Charles Lebeau.
(signé) F. PoLCHET.
Pour extrait conforme,
Le Secrétaire,
F. POLGHET.
Les Bourgmestre et Éehevim,
Ch. Lebbau.
'^^^v>*W"* '*'***
LETTRf DU C0LLË6E ËCHEYIMAL DE CEAKLEllOI.
Gharleroi, le S murt i879.
Messieurs,
Nous avons rhonneur de vous faire connaître que dans sa
réunion d'hier notre Collège Echevinal a décidé qu'il y avait
lieu de reprendre pour y installer Técole de musique nouvel-
lement créée, les locaux de PHôtel-de-Yille qui ont été mis à
votre disposition jusqu'aujourd'hui.
Nous regrettons, beaucoup, Messieurs, de devoir retirer à
votre Société les dits locaux, mais l'absence complète de bâti-
ments où nous puissions établir notre école de musique, nous
y oblige.
Nous venons en conséquence vous prier de vouloir bien
prendre des mesures pour que les locaux dont s'agit soient
remis le plus tôt possible.
Veuillez agréer. Messieurs^ l'assurance de notre considéra-
tion distinguée.
Les Bourgmestre et Éclievins,
Le Secrétaire, Ch. LEBEAU.
F. POLGHEZ.
il la Société paléontologique et archéologique de l'arrondis-
sement de Charleroi.
y
liËPORSE A U LETTRE PR£C£DENTE.
Messieurs,
Nous avons été honorés de votre lettre du 3 courant, nous
informant que le Collège échevinal a décidé qu'il y avait lieu
de reprendre les locaux qui ont été mis à notre disposition,
et, nous invitant k prendre des mesures pour que ces locaux
soient remis le plus tôt possible.
En conséquence, le Comité va convoquer extraordinaire-
ment l'assemblée générale de la Société, afin qu'elle se pro-
nonce sur le lieu et l'abri où elle devra déposer ses collec-
tions avec sa bibliothèque et siégera l'avenir. Aussitôtcette dé-
cision prise, nous aurons l'honneur de vous en donner con-
naissance, ainsi que de Tépoque à laquelle les locaux seront
évacués.
Il nous reste. Messieurs, à vous témoigner le regret de ce
que, contrairement aux usages suivis par diverses villes, qui
ont réservé des locaux définitifs dans leur Hôlel-de-ville, aux
collections des sociétés similaires, vous n'ayez pu comme
elles, destiner à l'école de musique, les salles de l'école pri-
maire, aux heures où ces salles sont libres.
Veuillez agréer. Messieurs, l'assurance de notre profond
respect.
Le Président,
P. C. VANDER ELST.
Charleroii ce 4 mars 187t.
A Messieurs les membres du Collège échevinal de CharUrai.
CIRCULAIRE
CONVOQUANT UNE ASSEMBLEE EXTRAORDINAIRE
POUR DËLIfiîSER SUR LES COMKUNICATIONS PRÉCÉDENTES.
Charieroi, M mart 187t.
Monsieur et honoré collègue,
Le Comité a Thonneur de vous convoquer à Tbôtel-de-
ville, le lundi 15 avril prochain à 3 heures, pour une assem-
blée générale extraordinaire.
Le but de cette réunion est tout à fait capital pour la Société.
Il s'agit d'arrêter les mesures à prendre pour remplacer le
local que nous occupons à Thôtel-de-ville de Charieroi et que
nous devons quitter en vertu d'une décision du Collège Eche-
vinal datée du i^^ mars.
Nous croyons utile d'appeler dès aujourd'hui votre attention
sur cet objet, et nous vous prions de ne pas manquer à la
séance, parce que, dans cette circonstance grave, le concours
et les lumières de tous ne seront pas de trop pour l'intérêt
commun.
Plusieurs propositions se sont déjà fait jour ; nous avons
l'honneur de vous les soumettre sans aucun commentaire,
pour qu'elles puissent être étudiées et discutées ensuite en
connaissance de cause.
1^ Louer un local particulier à Charieroi. Pour subvenir à
ce surcroît de dépense, on voudrait augmenter la cotisation
annuelle ; ou bien ouvrir une souscription facultative entre
les sociétaires ; ou encore réduire les dépenses de la société.
— 138 —
(ce qui gênerait ses travaux et ses publications) ; ou enfin,
tenter d'obtenir de l'Etat, une augmentation du subside
annuel.
2® Demander au gouvernement un local dans les bâtiments
du génie militaire. Nous nous sommes assurés du succès d'une
telle demande. Un local vaste et convenable nous serait ac-
cordé moyennant une légère indemnité.
3^ Transporter le siège de la Société dans l'un- des chefs-
lieux de canton de l'arrondissement. Quelques membres nous
assurent que l'on obtiendrait facilement un local communal
convenable, si l'on se décidait à prendre cette résolution.
4® Enfin, dans l'une des deux premières éventualités, re-
gardées comme provisoires, plusieurs membres seraient dis-
posés à s'entendre pour bâtir, sur un terrain à obtenir de
l'Etat, un local pour la Société, moyennant la garantie d'un
loyer équivalent à l'intérêt des capitaux engagés.
Veuillez agréer, monsieur et honoré collègue, l'assurance
de notre entière considération.
Par le Comité :
Le Secrétaire, Le Président,
D.-A. Van Bastelaer. P.-C. Vander Elst.
CIRCULAIRE DE CONVOCATION
POUR L'EXCURSION & LA CONFÉRENCE RELATIVE AU LIEU DE COMBAT SUR LA SAMBRB
DES NERYIENS CONTRE CËSAR.
» » •
Charleroi, ce 9 juin 1872.
Monsieur et cher Collègue.
Monsieur le professeur Yan Bemmel donnera , le lundi
10 juin, à 4 heures de relevée, une conférence à la Société
d'archéologie, dans la grande salle du rez-de-chausséedeTHô-
tel-de-ville. Le sujet de cette conférence est des plus intéres-
sants: M. Van Bemmel fera l'étude des divers emplacements
que Ton a attribués au combat de César sur la Sambre. Nous
comptons que la réunion sera nombreuse, d'autant plus que
les sociétaires pourront y introduire des personnes de leur
connaissance étrangères à la Société.
Monsieur le. professeur fera précéder cette séance d'une
excursion sur divers points de la vallée de la Sambre, où les
historiens ont placé cette grande bataille qui décida de l'as-
servissement des Belges aux Romains. Cette promenade scien-
tifique dirigée par un homme dont le mérite est connu, est
une bonne fortune pour les membres de notre Société ; elle
se fera le dimanche 9 juin. Nous comptons que beaucoup
d'entre vous en voudront profiter.
Pour vous faciliter les moyens d'assister à une partie de l'ex-
* cursion, dans le cas où vous ne voudriez pas y consacrer
toute la journée, nous allons vous préciser l'itinéraire de la
promenade, de façon à ce que chacun puisse se rallier à la
société par l'un ou l'autre train de chemin de fer.
— 140 —
Départ de Charleroi à 6 heures 35 minutes du matin. —
Arrivée à Haumont à 8 heures 32 minutes» 9 minutes après
l'arrivée du train venant de Mons. — Visite des bords de la
Sambre à Ilaumont. — Retour à pied jusqu'à Maubeuge pour
y prendre le train à 2 heures 40 et arriver à La Buissiére
A S heures 38 minutes. — Retour à Charleroi le soir.
Lundi, départ de Charleroi pour la station du Campinaire
à 6 heures 33 du matin, pour visiter le champ de bataille
de Presles. — Retour à Charleroi par le train de 12 heures
18 minutes pour assister à la conférence à 4 heures précises.
Nous espérons, Monsieur, que vous trouverez ce programme
à votre convenance, au moins pour une partie, et que vous
tiendrez à proGter du bon vouloir d*un guide de la valeur de
M. Van Bemmel.
Le Secrétaire-adjoint, Le Président,
E. COBAUJ. R-C. VANDER ELST.
letthe de nonsieuk hauzeuk.
Ciney, 14 juin 1872.
Mon cher Président,
Je vous néglige et je m'en fais des reproches ; je suis
presque toujours absent, mais ce n'est pas une raison pour
négliger ses bons amis, direz-vous.
J'ai reçu dimanche dernier, dans le Luxembourg où je me
trouvais, votre circulaire du S courant. J'aurais certaine-
ment assisté à la conférence de M. Van Bemmel, et surtout à
votre excursion qui m'aurait tant intéressé ; malheureuse-
ment l'avis m'est parvenu trop tard.
Il sera sans doute rendu compte dans vos annales de la
conférence et de l'excursion, ^e me trouvais à Freset, petit
village du Luxembourg, où je fais des fouilles intéressantes.
Décidément notre Belgique antique est encore loin d'être bien
connue ; partout dans la province que j'explore maintenant^
des vestiges de la domination romaine : des camps romains,
des Chestins (Castella), dont deux au moins sont évidemment
barbares et probablement préhistoriques. Je vous adresserai
mon travail sur tout cela , s'il est imprimé comme je le
pense.
Gomme je viens de prononcer le mot préhistorique, vous
avez sans nul doute adhéré au congrès qui s'ouvrira le 2S
août à Bruxelles. Vous ne pouvez manquer d'y assister, vous
y serez en société avec une foule de savants de tous les pays,
de toutes les nations ; votre place y est marquée.
J'espère que vous ne me gardez pas rancune pour mon long
silence, je suis occupé presque continuellement dans la pro-
vince de Luxembourg.
— 148 —
Je la parcours depuis le 7 août dernier^ et j'ai découvert
jusqu'à présent bon nombre d'antiquités surtout romaines,
qui seront déposées au Musée de la porte de Hal à Bruxelles.
J'ai surtout découvert des poteries bien curieuses ; peu d'ob-
jets en bronze^ ils sont détruits par la nature trop corrosive
du terrain ; peu d'objets en silex.
Des fouilles que j'ai pratiquées dans le Chestin de S^-Ode-
Lavacherie n'ont mis au jour que quelques petits fragments
de poterie à moitié cuite et des scories de fer. Je compte re-
prendre ces fouilles, car je n'ai pas mes appaisements sur
cette forteresse placée sur une crête trés-élevée au milieu des
forêts sur les bords de l'Ourthe occidentale. Je ne retrouve pas
le camp de Labienus à Lavacherie que l'auteur de la vie de
Jules César y place cependant.
Êtes-vous édifié sur le lieu de la bataille contre les Ner-
viens ? sur l'emplacement du camp de Cicéron ? ce sont des
points qu'il faut tacher de débrouiller une bonne fois ; savoir
enfin si ce conquérant n'en a pas imposé comme semble le
dire Asînius PoUio, d'après Suétone « Vie de César b .
Si vous ne me gardez pas rancune, comme je l'espère bien,
vous me donnerez sans doute de vos nouvelles.
Je retourne dimanche à- Lavacherie (Luxembourg); vous
pourrez y adresser votre lettre, c'est mon quartier-général et
j'y suis bien connu ; on fera suivre ofi je me trouverai.
C'est à Lavacherie que je dépose mon butin, j'y retourne
donc souvent ....
Veuillez agréer mes sentiments d'estime, d'amitié et de
haute considération.
N. HAUZEDR.
A Monsieur Yander Elst, président de la Société d'archéoUh
gie, à Charleroi.
[Répondu le 18.]
RAPPORT ANNUEL
SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ,
LU A L'ASSEMBLÉE DO 5 AOUT Î879.
Neuf années se soni écoulées depuis le jour où trois per-
sonnes agirent en promoteurs pour la fondation de notre
Société, qui débuta trois mois plus tard comme Société Paléon-
tologique et Archéologique de Charleroi; composée alors de 28
membres, elle en comptait 190, le 1^ juillet de cette année.
Mais la mort s'est montrée avide depuis un an; M. Théo-
bald Harou, l'un des trois promoteurs de notre œuvre et son
Président d'honneur, est mort; M. Charles Lehardyde Beaulieu,
et M. N. Hauzeur, tous deux élus membres d'honneur dans
notre séance de constitution, sont morts ; nous avons égale-
ment perdu Sylvain Bommariage, l'un des 28 membres fon-
dateurs, ainsi que 4 membres admis postérieurement à la fon-
dation. Ces pertes regi*ettables ont été accompagnées de 4
démissions. Hais le nombre des nouveaux membres s'étant
élevé à 36, nous comptions au 1^^ courant 190 membres ac-
tifs, soit 29 de plus que l'an dernier.
Les fouilles en voie d'exécution ont amené des résultats
fort remarquables, par les découvertes opérées à Arquennes,
comme le rapport de l'assemblée de février dernier vous l'a
fait connaître. Depuis lors cette fouille a été poursuivie, et le
gouvernement s'est associé à nos travaux, en nous venant gé-
néreusement en aide pour leur continuation.
A celte même séance de février, vous avez entendu le re-
— 144 —
marquable rapport de H. Vaa Baslelaer, qui a retrouvé la
première pierre de la forteresse de Charleroi et les précieux
documents et souvenirs historiques que cette pierre cachait.
Une autre fouille, spécialement conduite par MM. J. Kaisin
et Henseval, dans la commune de Gerpinnes, révèle par ses
substructionSy la présence d'une villa analogue mais plus con-
sidérable que celle d'Arquennes; elle produit des fragments
nombreux d'un mobilier qui parait avoir été plus précieux
encore.
Enfin des travaux faits à Strée, ayant mis sur ies traces
d'un cimetière romain, des fouilles en cet endroit ont été
commencées à la demande de M. A. Losseau. M. Yan Bastelaer
s'occupe spécialement de cette fouille qui s'annonce sous les
plus beaux auspices et qui a déjà produit les objets les plus
précieux et les plus divers.
Si, par suite de ces travaux, nos collections archéologiques
ont trouvé de l'accroissement, notre collection paléontologique
s'est aussi enrichie, grâce à la générosité de M. Grégoire de
Bruxelles, et surtout au zèle ardent et éclairé de notre col-
lègue, M. Camille Lemaigre.
Par lettre du 2 mars dernier, l'autorité communale ayant
fait connaître qu'elle nous. retirait l'usage du local provisoire
où elle nous avait accueillis, nous avons convoqué l'assemblée
générale, afin qu'elle nous chargeât de trouver un autre abri
à la Société. Par la présente réunion, vous venez d'inaugurer
le nouveau domicile que le Comité â'est assuré pour la Société
et que TEtat belge nous loue pour une légère indemnité. Les
difficultés du déménagement se présentaient sous l'apparence
d'une haute gravité ; le zèle de M. Camille Lyon sut nous af-
franchir de toute inquiétude à ce sujet par les soins qu'il a
apportés à ce travail ; nous sommes heureux de lui témoigner
ici la gratitude de la Société.
Dans le courant de l'année, quatre conférences publiques
ont été données et ont réuni de nombreux auditeurs.
Nonobstant les contretemps de diverses natures qui se sont
— 14B —
produits depuis deux ans, la science des choses anciennes ne
s'est point endormie.
Le 22 courant^ le congrès international d'Anthropologie
préhistorique doit se réunir à Bruxelles. Dans cette remar-
quable réunion, doivent se trouver non-seulement tous les
savants des pays occidentaux, mais encore ceux de Turquie,
d'Egypte, du Cap, des Indes et même de la Chine. Les obser-
vations recueillies par ces divers savants, viendront en s'é-
changeant éclairer plusieurs points obscurs, dissiper des
doutes, mais en même temps poser de nouveaux problèmes.
Au point de vue archéologique, il se poursuit maintenant
un travail d'une haute importance, que des savants anglais
voulaient déjà entreprendre il y a quarante ans, mais qui dut
être délaissé alors faute d'autorisation du gouvernement local.
C'est le curage du Tibre, nécessité par suite de la terrible
inondation de 1870, qui, redversant les murs des berges, en-
traîna encore des terres dans sa retraite.
Le Gouvernement italien ayant décidé la construction de
quais nouveaux et d'un endiguement, l'archéologue Aiessandro
Gastellani, a obtenu que des fouilles pussent être entreprises
dans le lit du fleuve.
Un comité spécial est en fonction ; on remarque parmi ses
membres : P. Resa; Odescalchi; Vitteleschi; G. Lignana; Gior-
dano, ingénieur ; l'américain Slory, le français Longperrier, et
l'allemand Helbig. Toselli, inventeur d'appareils sous-marins,
s'est mis à la disposition du Comité. Les travaux doivent ap-
peler les recherches aux abords des ponts, et l'on comprend
que le résultat de ces investigations sera incalculable. Mais à
peine ce comité fut-il constitué qu'il songea à s'assurer les
moyens de répandre la lumière sur les découvertes attendues.
Il reconnut que Rome, étudiée exclusivement par des savants
étrangers depuis près d'un siècle, ne possédait pas les pré-
cieux ouvrages publiés dans cet intervalle , tant en France
qu'en Angleterre et en Allemagne. Par Tinilialive d'Enrico
Narducci, la participation de Cerotti, et sous la protection du
— 146 —
syndic F. Grispini, un second comité s'est constitué pour
fonder une Bibliotheca romana. Enfin Tlnstitut archéologique
constitué à Rome, en 1828, par le savant allemand Gerhard, a
été transformé en Institut de TEmpire d'Allemagne qui, en
même temps et par décision du 17 mai dernier, créait à
Athènes une institution succursale.
Si nous remarquons à l'étranger de si importants travaux
en voie d'exécution, il en est quelques-uns sur notre sol qui
méritent une mention spéciale. Nous citerons entre autres les
recherches entreprises aux environs de Vilvorde et sur le ter-
ritoire de la ci-devant ville de Grimberghe par M. Van Dessel
et par M. L. Galesloot, qui en sont les promoteurs ; nous
nommerons encore aux environs d*Audenaerde les investiga-
tions de M. Vander Straeten, et nous osons dire qu'il est
peu de points du territoire présentant le moindre indice des
temps anciens, qui ne donnent lieu à quelques investigations
conduites par les amis de la science.
C'est par le mobile de ces dispositions que des membres de
notre Société se réunirent le 9 juin dernier à MM. Van Bem-
mel, Herier et Schuermans pour interroger les rives de la
Sambre ; cette excursion a servi de thème à la conférence
donnée le lendemain 10.
L'influence de la Société commence, quoiqu'encore faible-
ment, à s'étendre en dehors de son cercle d'action. Si quelques
communes de l'arrondissement comprennent l'utilité du
classement de leurs archives, c'est à l'esprit qui anime nos
membres qu*on doit ce résultat. Le travail fait pour Châte-
lineau a facilité à M. J. Kaisin la rédaction de l'histoire de
cette commune d'après les documents officiels , œuvre dont
la Société a facilité la réalisation. En attendant que ce zélé
collègue, publie quelqu'autre monographie, soit seul, soit
en collaboration, nous avons préparé les matériaux d'un VI®
volume qui ne tardera pas à être livré à l'impression et qui
renfermera, entre autres : les Rapports sur les fouilles opé-
rées à Arquennes et à la porte Waterloo de Charleroi, outre
— 147 —
les Procès-verbaux, Rapport annuel et correspondance ; une
topographie archéologique du canton de Binche par M. Théoph.
Lejeune ; une notice biographique sur le médecin Sorbay de
Montbliard^ par M. Bemier ; les Fêtes et l'éloquence républi-
caines sous le régime français à Charleroi, par M. D. VanBas-
telaer ; une Notice sur les fossiles rares du terrain bruxellien,
par M. Grégoire, etc.
Ce volume sera un des plus importants que nous ayons
publiés et prouve que Tannée écoulée a été pour notre So-
ciété une année de travail et de succès.
Le Président,
P. C. VANDER ELST.
LETTRE DE MONSIEUR P. C. TARDER ELST.
Ravenburg, sous Coureelles, !•' septembre 1871.
Monsieur le Président,
J'envoie ci-joint, pour nos collections, un fragment de
tuile portant le sigle C. V. Si cette dernière lettre n'est plus
qu'indiquée, c'est que par suite de la dessication, Textrémité
s'est exfoliée et tombée en morceaux.
Ce débris a été trouvé dans un parc de mon légumier, en-
clos de l'ancienne poudrière. La marque et la contexture de
la pâte rend son origine romaine probable. Les gisements de
débris de poteries que j'ai signalés dans le rapport du 8 avril
1868, sur les fouilles de Monceau S rend cette origine à peu
près certaine.
Au surplus je remarque les analogues suivants : C c. ▼.
trouvé à Juslenville et déposé au musée de Liège ; REc.T.LIÂNI,
cabinet Charlier, à Nivelles*. L'objet a [teu d'importance en
lui-même; mais il conserve une valeur pour les études com-
parées.
Veuillez agréer, M. le Président, mes salutations cordiales.
P. CONST. VANDER ELST.
k Monsieur le Président de la Société archéologique de
Charleroi.
1. Documents et Eaffports^ tome U, P 68. Cfr. la carte y jointe.
f« H. SaroERMAHS, Menues inserip^ons du musée de Liéçe^ U. 1^50. Inscript
provenant de l'étranger, P 84.
lEnRE DE MONSIEUR P. C. YAHDER ELST.
Ravenburg, près Roux, 80 septembre 1872.
Monsieur le Président,
L'aperçu d'ethnologie et de linguistique que j'ai fourni pour
le cinquième volumeS a donné lieu à quelques remarques
étymologiques que je crois utile d^accueillir. Je viens les
faire connaître, discuter leur portée et soumettre mes conclu-
sions aux examens futurs.
L'explication donnée au nom de Gour m'a valu des obser-
vations parties de deux points, du Midi et du Nord. La pre-
mière me fut verbalement transmise par notre zélé collègue
H. J. Kaisin. On lui fit remarquer que Gouy devait venir de
Gosium, Gtmus, gosier en basse latinité, parce que le Piéton
y absorbe le ruisseau venant de Trazegnies à travers la
Haute-Chaussée.
La seconde remarque m'a été faite par mon ami D. Bud-
dingh', d'Utrecht, qui, se conformant à mon opinion sur
l'origine tudesque du nom de Gouy, croit y. voir Gaw ou Gau,
c'est-à-dire Pagus, canton ; donc lieu de réunion du plaid
cantonal.
Un nouvel examen, tout en me faisant abandonner ma
première explication de Gouy = Gawie^ Ghélidoine, ne m'a pas
amené à accueillir l'une ou l'autre des étymologies prémen-
tionnées.
La dénomination latine de cet endroit n'est ni Gosium^ ni
GosMs, Gosier, mais Guabiàgus; ainsil'écrivait l'évêqueNotger*.
1. Documents et Rapparti^ tome V, M89 i S47.
1. Dceumenti et Rapporte^ t. II, ^ 94.
— 150 —
Donc il n'y a pas lieu d'admettre l'hypothèse qu*un confluefnt
ait pu être désigné par un gosier.
Quant à la racine tudesque Gau-pagus, j'ai fait observer à
mon contradicteur qu'aucun des Gouy ou Goey de notre ter-
ritoire n'a été un lieu central à'^nfagus^ ou d'un comitatus^
et sur cette observation préalable, il s'est rangé en ces termes
à l'opinion que je vais exposer.
« Votre explication de Gouy, au moyen de la forme origî-
€ nelle Guâdi-acus^ Yadi-acus, me parait tout «à fait juste et
€ claire. Il doit donc y avoir là un vada, eene Wade, un
« Waey, un gué. C'est ce que la " situation du cours d'eau,
« Acus, semble indiquer. Peut-être le nom de Piéton trahit-il
€ quelque condition analogue. Je regarde Guadi-acus comine
« d'origine tudesque*. » En effet, la forme orthographique
que les scribes latins donnaient au W teutonique était G. U.,
tandis que l'U est employé par eux, dans la transcription du
W wallon; Gouy reviendrait donc au mot Gué. Une étymolo-
gie identique peut être attribuée à Goey, sous Labuissiëre :
Goèum prope Sambram. Ces nomsi ne se prononcent pas
comme Goi, ou Ghoi qui ne forme qu'une syllabe.
J'ai traduit Answel par Asen^wel. M. Buddingh' préfère
AnS'Wel (An-das-wel) « A la source >, comme étant plus na-
turel. Je me range à ce sentiment, ainsi qu'à l'opinion qu'il
émet touchant Bambois, Bei-am-bosch : a près, contre le bois. »
Leernes, Ledema, que je n'ai point expliqué, serait selon
lui : « Cours d'eau détourné. » De Leiden, conduire, et a, eau.
M. Buddingh' n'admet pas mon explication de Meling, Mol-
let; il voit dans Mel : le Mahl, ou plaid, et ink le champ clos
où il se tient. Ceci reste à vérifier.
Il conteste également l'étymologie que j'attribue à Fleurus,
Fledelciolum^ Vlicdersheim? et insinue d'y reconnaître Vlie,
Vliet, « une dérivation. 9 Mais la situation du lieu, et la na-
ture du terrain m'interdisent d'admettre cette interprétation.
1. Lettre du %% juillet 1872.
— 151 -^
Telles sont les remarques que, jusqu'ici, j'ai reçues sur
l'aperçu de linguistique. Mais une observation spéciale m'a été
faite sur l'appréciation publiée par nous, d'un de nos débris
provenant de la fouille de Monceau ^
La commission a considéré comme étrusque, à cause de la
blancheur de la pâte, ce fragment de poterie. Or, M. H.
Scbuermans m'a fait connaître que cette circonstance lui in-
dique de la poterie romaine, ayant trouvé lui-même quantité
de fragments qui portent ce caractère, et qui sont évidemment
romains*. Je consigne cette remarque parce que jusqu'aujour-
d'hui nous avons eu peu d'objets de comparaison sous la main,
et que l'échantillon indiqué dans le rapport de la commission
était unique dans son genre.
Veuillez, je vous prie. Monsieur le Président, donner place
à cette lettre dans le prochain volume et agréer mes saluta-
tions sincères.
P. C.VANDERELST.
I. Documents et Rapports, t. II, ^ 67.
t. Lettre du U août 187S.— Cfr. Objets Etrusques en Belgique, par Schdermaks.
DOCUMENTS
ET ANALECTES.
\
NOTES & DOCUMENTS
POUR
L'HISTOIRE DE FLEURUS,
PAR P. Â, QUIRINI ET J, BATS T.
PREMIER FASCICULE.
AVANT-PROPOS.
Notre but n'est pas d'écrire Thistoire de Fleuras, mais
uniquement de former un faisceau de renseignements et de
documents propres à faire cette histoire. Nous nous propo-
sons de publier ces renseignements et documents au fur et à
mesure que nous aurons la bonne chance de les découvrir ;
c'est pourquoi nous intitulons le présent travail : € Premier
fascicule ^, incertains si nous aurons jamais des éléments
pour en écrire d'autres.
Nous avons aujourd'hui entre les mains quelques pièces
relatives à Fleurus. Ces pièces se trouvent aux archives de la
ville (sauf toutefois le règlement relatif à la propreté des
rues*). Elles nous ont été signalées par M. Joseph Lefebvre,
i. Un exemplaire de ce règlement, imprimé en forme de placard, lait partie des
archives de r£tat,à Namur.
- 166 —
bourgmestre, qui a eu Tobligeance de nous les communiquer
et à qui nous témoignons ici notre sincère gratitude. Nous
les donnons textuellement comme annexes aux notes sui«
vantes, qui leur servent de commentaires.
Décembre 187f .
INTRODUCTION HISTORIQUE.
Fleurus tire son nom, d'après d'anciens écrivains, de la
fertilité de son sol et de ses riantes campagnes {Floridum rus.
Champs fleuris*).
Il existait déjà vers 868 et appartenait alors à l'abbaye de
Lobbes*.
Graromaye' dit que ses anciens seigneurs portaient trois
fleurs dans ieurs ai mes et que la ville en portait une seule.
Des privilèges que nous publions et dont nous parlerons
plus loin, lui furent accordés dès 1155. D'après Grammayé,
Gui de Dampierre les accrut en 1265. De cette époque datent
les deux foires annuelles de la Mi-carême et de la Toussaint,
ainsi que deux marchés hebdomadaires, le mardi et le ven-
dredi. Paul de Croonendael, dans ses mémoires*, en 1604,
dit qu'alors le marché se tenait le lundi.
Fleurus était le cheMieu du baillage de ce nom. On ignore
à quelle époque a été institué ce baillage. Toutefois, d'après,
la Chronique de Gembloux, il semble que le territoire de
Fleurus apparlenail à l'abbaye de Gembloux, vers 950. A cette
époque, Robert, dit l'Accrocheur, comte de Namur, fit inva-
1. D'après j^. Vander Elst, Aperçu d^élhnologie et de linguistique, pumiédani
les Documents et Rapports de la Société paléontologique et archéologique de
Charleroi, (t. V, p. 239-246), ce nom viendrait de Vlieder^sheim ou Vliers-hem,
demeure proche des sureaux. — Voir aussi ci-devant page 150.
2. Documents et Rapports, etc., t. II, p. 87 et 245.
8. Antiquitates Belgicœy in prœfect, Floridi ruris, sect. 2.
4. Un extrait en a été publié dans les Monuments pour servir à Vhistoire de$
provinces de Namur^ du Hainaut et du Luxembourg.
7
— 168 —
sion dans les biens de ce monastère et s'empara de la meil-
leure partie de ceux-ci, connue depuis sous le nom de baillage
de Fleurus. Vers la fin de sa vie, il voulut expier les violences
qu'il avait exercées envers le monastère de Gembloux, en
donnant à l'église de Saint-Lambert, à Liège, un tiers de sa
conquête ^ Peu de temps après (1016), la comtesse Ludgarde,
épouse de Ârnould II, comte de Looz, étant sans enfant, donna
sa terre de Fleurus à l'évéque de Liège, BaldéricIP. Guil-
laume!, dit le Riche, comte de Namur, acheta, en 1367, de
Marguerite de Wesemale, dame de Duffel, et de Thierry de
Bornes, sire de Ferwez, la terre et tous les biens dont ils
jouissaient à Fleurus'. Les biens qu'y possédait l'église de
Liège et qu'elle avait cédés à l'abbaye de Villers, furent réunis
au comté de Namur, par rachat, sous Philippe II, roi d'Es-
pagne, en 1570*.
Antérieurement à cette époque, Fleurus était une des plus
riantes villes du comté de Namur, bien bâtie et ornée de belles
places. Malheureusement/ les guerres de religion portèrent le
pillage et la dévastation dans tout le pays. Déjà Henri II, roi de
France, en guerre avec Charles-Quint, ayant traversé TEntre-
Sambre-et-Meuse, vint camper à Jumet, et de là, rayonnant
à quatre lieues, il porta la ruine jusqu'à Nivelles*. Fleurus ne
fut pas épargné.
En 1591, des soldats espagnols, des mercenaires comme
beaucoup de soldats de ce temps-là, se mutinèrent à Fleurus
et imposèrent des contributions à toutes les communes des
environs, les menaçant de pillage, si elles ne s'exécutaient
pas . " •
En 1594, les troupes de la compagnie de Jacques Belle-
1. Histoire de Namur ^ par Galliot, 1. 1, p. 68 et 64.
a. Histoire de Liége^ par Bodille, 1. 1, p. 83.
3. Galliot, loco dlatOt t. II, p. 79.
4. D'après les Délices du pays de Liége^ t. IV, p. 319, les princes de Liège ne
possédaient qu'un quart du territoire de Fleurus.
5. Histoire de Belgique sous Charles-Quint, par Heine, t. IV, p. 111.
6. Annales deChâtelineau, par J. Kaisin, p. 87.
- 159 -
joyeuse étaient logées à Fleurus et imposaient aussi des con-
tribulions sur les environs ^
En 1595, Héraugier, capitaine aventurier au service des
États-généraux, ayant pris Huy par surprise, y établit une gar-
nison qui dévasta les églises, les maisons, mit les monastères à
contribution et fit des courses dans le comté de Namur. Les
aventuriers saisirent, près de Fleurus, 7 chariots chargés de
marchandises, estimés à 300,000 florins *, et incendièrent la
belle halle de cette ville, que l'intendant des finances du roi
y avait fait récemment bâtir. Fleurus resta longtemps à se re-
lever de ce désastre.
Fleurus, situé au milieu d'une plaine fertile à peu de dis-
tance de la chaussée romaiife, traversé par le chemin direct
de Mons à Namur, eut fréquemment le triste avantage d'être
le théâtre de combats ou de batailles, auxquels^il doit en grande
partie sa célébrité.
Le 29 août 1622, le général espagnol Cordova remporta
une victoire sur les bandes d'Ernest de Mansfeld et de l'é-
vêque d'Halberstadt, Christian de Brunswick. Ces derniers, à
la tête de troupes protestantes, reçurent l'offre, de la part
des États de Hollande, de passer aux Provinces-Unies. Partis
des environs de Sedan, le 25 août, ils atteignirent la plaine
de Fleurus, le 28, vers 6 heures du soir, et campèrent dans
un village situé sur la chaussée romaine, distant de Fleurus
d'une demi-lieue environ. Le chemin leurétait barré. Cordova,
& la première nouvelle de leur départ, avait levé son camp,
et, laissant ses bagages et son artillerie à Givet, avait passé la
Sambre, le 27, au gué de Pont-de-Loup. Là, apprenant que
les aventuriers marchaient sur Fleurus, il vint, avec sa cava-
lerie, prendre position vers S*-Amand, sur une érainence,
ayant le dos appuyé sur Fleurus et faisant face à la chaussée
romaine. 11 fut rejoint, vers cinq heures et demie du soir, par
son infanterie, qu'il fit mettre immédiatement en bataille, mal-
«
i. Kaisin, loeo citatOf p 94.
i. Bouille, loco citatOt 1. 111, p. 68.
- 160 -
»
gré une pluie torrentielle. Les deux troupes passèrent la nuit
en face Tune de l'autre. Le lundi 29 août, au matin » les Es-
pagnols aperçurent à leur gauche, vers Fleurus, un gros de
cavalerie cherchant à les tourner. Cordova fit tirer quelques
coups de canons. Ce fut comme un signal pour la cavalerie
d'Halberstadt, qui, forte de 3000 hommes, culbuta la cavale-
rie espagnole^ laquelle n'en comptait que 1200, et pénétra
jusqu'aux bagages qu'elle se mit à piller pour son malheur,
car, pendant ce temps, le colonel Gaucher reformant ses esca-
drons débandés, tomba sur les cavaliers de Christian et les
ramena l'épée dans les reins, sans pouvoir toutefois reprendre
leur butin. De son côté, Mansfeld ayant attaqué le centre de
Cordova, la mêlée y fut si chaude que l'on se rompaft le pis-
tolet sur la tête, après avoir tiré. La bataille durait depuis cinq
heures, avec acharnement, sans qu'on eût pu dire de quel
côté penchait la victoire. Enfin, vers H heures, Halberstadt
et Mansfeld, ayant réuni leurs forces, se jetèrent en désespé-
rés sur l'extrême droite des Espagnols, y firent une trouée et
continuèrent leurs courses vers le pays de Liège. Cordova ne
put les poursuivre. Ses troupes étaient épuisées. Il les laissa
reposer jusqu'à 3 heures et demie, puis suivit les aventu-
riers le long de la chaussée romaine ^
Depuis celte époque jusqu'à la fin de la guerre de succes-
sion, les Pays-Bas furent le théâtre de nombreuses batailles.
Fleurus eut à souffrir du passage des troupes. Aussi ses rues
et ses chaussées étaient dans un tel état de délabrement que
son magistrat, ne disposant pas d'autres ressources, dut de-
mander l'autorisation de percevoir un droit de chausséage
pour leur rétablissement. En outre, vu le voisinage des villes
fortes de Namur et de Charleroi, Fleurus était souvent visité
par des officiers aventuriers, soldats de fortune qui ne pou-
vaient oublier leurs mœurs de pillage et de déprédation".
1. Erntit de Mansfeld, par le comte de Villebhont, t. II, ch. XVI. — Çfr. Docu-
ments et Rapports, t. IV, p. 31.
2. Se trouvaient à Fleurus : en 1616, une compagnie du baron de Fontaine ; en
I
— 161 —
Le i^^ juillet 1690, la plaine de Fleurus devint encore le
théâtre d'une sanglante bataille.
Louis XIV, voulant s'emparer des Pays-Bas, le maréchal de
Luxembourg vint camper à Velaine^ le 30 juin, et le lende-
main, 1®*" juillet, s'avança sur Fleurus, dont il s'empara. Le
prince de Waldeck, général des alliés, dont l'armée comptait
37,800 hommes et 50 canons, avait fait occuper S*-Amand,
ainsi que deux châteaux voisins. Les Français déployèrent
leur armée, composée d'environ 39,500 hommes avec 50 ca-
nons, adroite et à gauche de Fleurus, parallèlement aux al-
lées. Penchant que la gauche et le centre des Français, tra-
versant Fleurus, attaquaient la droile de l'ennemi, Luxem-
bourg en personne passa le village deLigny, et, à la faveur
des hauts blés qui le dérobaient à la vue des ennemis, tomba
sur les derrières de l'aile gauche des alliés. En même temps,
l'artillerie française, postée sur les hauteurs devant S^-Amand
canonnait avec succès la cavalerie ennemie. Le prince de Wal-
deck envoya aussitôt, contre Luxembourg, sa faible réserve et
sa cavalerie de Taile gauche. Il fut vivement attaqué par la
1648 et 1659, des soldats nommés Irlandais ; et en 1657, d'autres militaires. (Kaisin,
loco citato, p. 127, 181. 186 et 196.)
n nous paraît que l'épisode suivant, narré par le comte de Villermont, dans ses
Esquisses Namuroises du XVI* siècle, trouve ici sa place :
c Jean-Baptiste de Minet, personnage semi-bourgeois, semi-gentilhomme, était
chef bailli de la ville de Fleurus. 11 épousa, vers 1615, Marguerite de Gorty, Aile
de Philippe de Gorty, prévôt de Revin, lequel eut la tête tranchée, pour meurtre,
sur la grand'place de Mons en 1600.
■ Florent de Minet, enfant né de son mariage, écuyer et capitaine au service du
roi d'Espagne, vint, comme capitaine retraité, se flxer à Fleurus, vers 1660. C'était
un original d'une espèce rare. Son humeur inquiète et querelleuse, le rendait la
terreur du pays. l\ eut des démêlés, notamment avec Charles de I^éverlée, seigneur
de Baulet, et Gérard de Nëverlée, frère de celui-ci. Un combat, dans lequel un
jeune homme nommé Charles Robert fut tué par le seigneur de Baulet, eut lieu,
par suite de ces démêlés, à Florisoulx (ou plutét Fleurisoulx, nom que portait
alors la ferme de Flerigout), entre de Minet et les frères de Niverlée. L'ex-capitaine
fut condamné, pour ses méfaits, par le conseil provincial de Namur, le 1*' juillet
1667, à une amende de 100 patagons et au bannissement pour un terme de dix
ans. N'ayant pu payer son amende, il fut retenu de ce chef en prison pendant pin-
sieurs années et y mourut.
— 162 -
gauche et le centre des Français, qui le percèrent et allèrent
opérer leur jonction avec le maréchal de Luxembourg. Le
prince de Waldeck essaya dese frayer un chemin parS^-Fiacre,
mais assaillis parla cavalerie française, ses rangs furent rom-
pus et il se replia en désordre sur Charleroi*.
A la suite de leur défaite de Nerwinden, en 1793, les
Français perdirent la Belgique en moins de temps qu'ils n'en
avaient mis pour la conquérir.
En 4794, ils reprirent Toffensive. Le généralJourdan, com-
mandant Tarméede TEntre-Sambre-et-Meuse, forte de 75,000
hommes, enleva Charleroi, et, le 26 juin, vainquit l'armée du
prince de Cobourg, composée de 70,000 Autrichiens et Hollan-
dais. On se battit, notamment à Wangenies, à Heppignies et
à Lambusart. Ce dernier village fut disputé avec opiniâtreté et
incendié par les obus. Il resta enfin au pouvoir des Français.
Bien que Fleurus n'eût joué qu'un rôle très-secondaire dans
cette bataille, les Français lui donnèrent le nom de cette
ville, en souvenir de la victoire remportée par le maréchal de
Luxembourg en 1690.
Pendant la bataille, un ballon stationné au-dessous du vil-
lage de Jumet et duquel descendait sans cesse des billets,
n'a pas peu contribué à éclairer le général français sur les
intentions et les mouvements de ses adversaires *.
Les alliés ayant déclaré la guerre à l'empereur Napoléon,
échappé de l'île d'Elbe, celui-ci vint le 15 juin 1815, sur-
prendre le corps de Zieten, fort de 26,000 hommes^ dans
ses cantonnements sur les bords de la Sambre. II le repoussa
et passa la rivière sur trois points, à Marchiennes, à Charle-
roi et à Châtelet. Zieten, reculant en combattant, vint s'ar-
rêter en arrière de Fleurus. Blucher, commandant l'armée
prussienne, ne tarda point à concentrer une armée de 95,000
1. Les Délices de la Hollande, Amsterdam^ i697, p. 491. ^ Description des
batailles de Belgique^ par Codssement, p. 112.
9. GoussEMENT, loco cltato, p. 169.
Des troupes campèrent à Fleurus, en 1694, en 1695 et en 1696. Kaisin, loco cltato,
p. 263, 264, 266 et 267.
— 163 —
hommes et 224 canons, pour tenir tête à l'armée française qui
comptait 91 ,000 hommes environ et 242 canons.
Le 16 juin, vers 2 heures de l'après-midi, trois coups de
canon tirés près du moulin Naveau, à Fleurus* qui avait servi
d'observatoire à Napoléon, furent le signal de l'attaque. La
position de Blucher était couverte par le ruisseau et les vil-
lages de Lîgny et de St-Amand. Entre-coupée d'arbres, de
haies et de clôtures maçonnées, c'était une magniflque posi-
tion définitive. Le combat fut opiniâtre et dura jusqu'au soir.
Enfin, une charge de la garde impériale rompit le dernier
carré prussien, au milieu duquel se trouvait Blucher qui fut
foulé aux pieds des chevaux et qui ne doit la vie qu'à sa pré-
sence d'esprit et au dévouement d'un soldat. Le gros de l'ar-
mée prussienne se retira vers Wavre,d'où elle rejoignit, le 18,
l'armée anglaise à Waterloo. Pendant la nuit du 16 au 17,
un corps prussien fut pris de panique et s'enfuit vers Liège à
la débandade.
Cette victoire des Français, qui ne retarda que de deux
jours la chute de Napoléon, leur coûta 11,000 hommes. Les
Prussiens subirent une perte de 18,000 hommes".
Après le combat, qui est connu sous le nom de bataille de
Ligny, Napoléon vint coucher à Fleurus, au château du che-
valier de Paul de Barchifonlaine. Il avait eu pour guide^ pen-
dant l'afiaire, le géomètre Simon, de Fleurus.
A la suite de cette boucherie, la ville devint un hôpital.
L'église, les principales maisons et même des granges, regor-
geaient de blessés.
Comme si le nombre de victimes n'eût déjà pas été assez
grand, des habitants de Fleurus et des environs firent éclater
des caissons restés à droite de la chaussée, entre Fleurus et
le moulin Naveau, en y recherchant ce qui pouvait s'y trou-
ver de précieux, et occasionnèrent ainsi la mort de 17 per-
sonnes. Beaucoup d'autres furent blessées. .
1. Ce iDoalîn existe encore, mais il n'a plus d'ailes. Il est actuellement trans-
Ibnné en cabaret.
9. C«npagne de iSiS, par Chairas, ch. VTII.
NOTES & DOCUMENTS
POUR L'HISTOIRE DE FLEURUS.
La première pièce (annexe A) que nous offrons à nos lec-
teurs est la plus importante et la plus ancienne de celles que
nous publions. C'est Isl charte ou les privilèges de Fleurus, oc-
troyés par Henri l'Aveugle, comte de Namur, en H55, renou-
velés et confirmés par Baudouin, empereur de Constantinople
et comte de Namur, en 1247*.
On trouve dans la charte de Flenrus, des dispositions de
droit administratif, de droit civil, de droit pénal, etc. Comme
elleest conçue dansun langage ancien et incorrect et, par suite,
assez difficile à comprendre, nous allons essayer d*en donner
une analyse. Elle disposait : que les femmes, après la mort
de leurs maris, tiendraient leur douaire toute leur vie ; — que
les hommes, après le décès de leurs femmes, tiendraient aussi
leurs biens jusqu'à leur mort ; — que si des époux avaient
acquis des biens ensemble, le survivant en jouirait sa vie du-
rant, sans en prendre nouvelle vesture ; — que si quelqu'un
répandait sang, il serait coupable de paix rompue ; — que
celui qui serait convaincu de s'être battu ou d'avoir frappé,
paierait 7 sols ; — que celui qui aurait coupé ou taillé dans
le bois du seigneur, sans permission, paierait une amende
de 2 deniers ; — que les bourgeois, dont les bètes seraient
1. GBAHMÀinE, loeocitatOjinprœfeet. Floridl» rurit^ sect. 2, donne, par erreur,
rannée 1145 comme date de la charte de Fleuras et l'année 1246 comme date de sa
confirmation par l'empereur Baudouin. — Galliot, loeo citato, 1. 1, p. 175, indique
exactement la date (1155) de la charte.
— 166 —
trouvées dans le bois du seigneur, devraient payer une jaiibe
(gerbe), pour dommage, à la saint Rémi; — que, si un bour-
geois contractait un mariage inégal, il ne pourraitêtre attrait«n
justice^ pour Tamende; — que les habitants ne pouvaient être
poursuivis que devant la justice de Fleur us ; — que le bour-
geois qui ne paierait point ses cens* au jour voulu, subirait
une amende de 12 deniers seulement, mais que, s'il persis-
tait jusqu'à ce qu'il fût baiini *, l'amende serait de 7 sols ; —
que chaque bourgeois ne devait payer, pour tonlieu, que 2
depiers annuellement à la saint Martin ; — que toute personne
appartenant à une communauté religieuse, payant ses contri-
butions ecclésiastiques, était franche à Fleurus, et que, dans
le cas où elle était au service d'une personne laïque, elle pro-
fitait de celte franchise, si elle venait liabiter Fleurus sans
contradiction et si elle y demeurait un an sans réclamatioii
de son seigneur ; — que, pour le droit de pacage', les habi-
tants devaient travailler chaque année, pendant trois jours, à
la réparation de la ville ; — qu'ils n'étaient point astreints au
service militaire en dehors de la ville, < si ce n'est de grâce
€ et pour l'amour de leur souverain seigneur ; » — qu'en
échange des franchises et libertés qui leur étaient accordées,
chacun d'eux devait payer annuellement, au comte de Namur,
à la saint Rémi, 2 sols lorignis, et à la Noël, 12 deniers, sauf
toutefois les clercs et les chevaliers qui ne devaient rien ; —
que chaque année, au jour de Pâques fleuries et au jour de la
ducasse, le curé devait excommunier ceux qui contrevien-
draient à la cliarte ; — enfin, que, si un habitant de la ville
i. Le mot cens Tient de oefwtM, tribut. Les Romains appelaient de ce nom le tri-
but public. C'est dans cette acception que Ton emploie aujourd'hui les termes cens
électoral.
2. C'est-à-dire jusqu'à ce que le retard fût publiquement proclamé. Le verbe
bannir avait alors le sens d'annoncer, et c'est par extension qu'on a pu appeler
honni celui qui était chassé du pays à son de trompe. Magasin pittoresque, t. H,
p* 178.
3. Droit de &ire pâturer des porcs dans une forêt, pour les y nourrir deflands
et de fatnes.
- 166 -
mourait sans héritiers, la justice devait garder ses biens pen-
dant quarante jours^ au bout de quel temps ils appartenaient
au seigneur, si personne ne justifiait y avoir droit.
La copie des privilèges de Fleurus., se trouvant aux archi-
ves de la ville, est précédée d'un extrait des privilèges donnés
à la ville de Namur, en 1383, par Guillaume 1, comte de
Namur*. Cet extrait contient des dispositions relatives aux
méfaits. 11 se trouve en tète de la charte probablement parce
qu'il est dit dans celle-ci : c car le mesme et tele franchise et
c liberté qui est donné à ceulx de Namur est donné à ceulx
c de Flerus. »
A cette même copie sont attachés par des ficelles :
l^' Un extrait du privilège donné par Guillaume I, comte de
Namur, en mai 1357, duquel il résulte que, dans le but de
protéger le commerce, on autorisait tout marchand fLafforain >
à demeurer en la c ville et franchise deseurdicte » (il s'agit
évidemment de Fleurus), pendant vingt jours, sans que ses
héritiers fussent soumis au droit de morte-main et de four-
mouture, si durant ce temps il venait à y décéder ou à être
atteint d'une maladie qui y amenât ensuite sa mort.
i^ Une série de comptes de fourmouture relatifs à des
personnes ne possédant pas la qualité de bourgeois , décè-
dées à Fleurus, pendant les années 1523, 1524, 1525, 1526,
1548 et 1622. Comme spécimen, nous reproduisons deux de
ces comptes. Celui qui concerne les héritiers Gilman présente
de l'intérêt, en ce sens qu'il nous apprend que le droit de four-
mouture était affermé et que ces héritiers ne s'y sont soumis,
et encore d'une manière transactionnelle seulement, qu'à la
suite d'un procès, ce qui prouve qu'on savait, à l'occasion,
tenir tète au seigneur.
3<» Un compte des droits de bourgeoisie perçus à Fleurus,
en 1622. Un tarif de ces droits se trouve aussi joint à la
i. Le texte de ces privilèges a été publié & la suite des Coutumes de Namur^
MàUncê i73S, p. 185-138.
- 167 -
•
charte. Mais, comme il forme en quelque sorte double emploi
•avec le compte, nous nous abstenons de le reproduire.
Le droit de bourgeoisie, à Fleuras, était payé à titre de
rachat de la morte-main. 11 n'existait plus en 1789 \ D'après
le tarif dont nous venons de parler, les mayeurs, échevins et
sergents en étaient exempts.
Les statuts des métiers (annexe 6) furent donnés par Albert
et Isabelle, le 8 août 1601. Ils ont été trouvés dans un dossier
concernant un différend survenu, en 1772, à propos d'un droit
de gabelle que Ton voulait imposer aux Fleurusiens, mais dont
ceux-ci se prétendaient exempts.
Le tarif des tonliexix et du poids de Fleurus (annexe C), est
suivi du tarif des droits de wynaige qui se percevaient à
Fleurus, à Yelaine et à Heppignies. Il porte, dans la signature
du fonctionnaire qui en a dressé la copie, la date de 1628.
Les droits de tonlieu étaient en quelque sorte des droits
d'octroi. Quant aux droits de wynaige ou waynage, c'étaient
de vrais droits de douane. Le hameau du Wainage, territoire
de Farciennes, entre cette localité et Fleurus, tire son nom de
là. C'était dans ce hameau que se percevaient les droits de
douane sur ce qui était importé du comté de Namur dans la
principauté de Liège *.
Nous lisons, dans le tarif en question^ que toute personne
était astreinte à peser au poids de la ville, où il fallait payer
i. Voir Agonie et mort de la teigneurie de Fleurus^ par Josiph BAtET, dans
les Documents et Rapport», etc., t. III, p. 187-191.
9. Les caves sous une prange isolée, dépendant anciennement de la fenne de
Pontenelle et située à rextrème limile du pays de Mamur et du pays de Liège,
servaient à la contrebande et avaient été établies pour cet usage.
— 168 —
un quart de patart au c cent pesant. » Les crachiers^ c'est-à-
dire les vendeurs de crache (graisse) étaient seuls exemptés
de cette régie.
Nous avons dit plus haut que les biens dont Téglise Saint-
Lambert à Liège avait été propriétaire à Fleurus, avaient été
réunis au domaine des comtes,, en 1570. Néanmoins, dans le
tarif des droits de tonlieu et de poids, qui pourrait bien être
antérieur à cette année, il est vrai, mais dont la copie porte la
date de 1628, nous trouvons que ces impôts compétaient pour
un quart aux Liégeois. Ceux-ci, vraisemblablement, avaient
fait réserve de ce droit, car, s'il en eût été autrement, pour-
quoi le fonctionnaire qui a certifié la copie du tarif ne l'au-
rait-il pas fait remarquer ?
« »
Nous avons vu qu'à la suite des guerres, les rues et chaus-
sées de Fleurus étaient tellement détruites qu'on dut imposer
un droit de chausséage pour pourvoir à leur rétablissement.
L'octroi de 1654 (annexe D), relatif à cet objet, ne faisait
qae confirmer un octroi de 1632. Celui-ci avait été lui-même
précédé d'un autre, daté du 25 février 1622, dont nous avons
retrouvé un fragment.
*
L'un des derniers actes promulgués au nom du souverain,
comme seigneur de Fleurus S est un règlement en date du
10 novembre 1779 (annexe E), relatif à la propreté des rues
de la ville. Ce règlement diCTère bien peu de celui qui est en
vigueur actuellement. Nous y lisons que les c circonstances
présentes » nécessitaient la salubrité de l'air et la propreté des
rues. On était, sans nul doute, effrayé des ravages que la peste
venait de produire à Fleurus. Cette épidémie sévissait avec
1. La seigneurie fat cédée aa baron de Buddenbrock. en 1789. Vt Tannexe F.
- 169 -
une telle vigueur qu'on avait placé un drapeau noir en haut
du clocher pour engager les étrangers à ne pas pénétrer dans
la ville * .
*
Comme complément à un petit travail publié jprécédem-
ment par l'un de nous ', nous donnons (annexe F) les lettres
patentes de vente de la seigneurie de Fleurus au profit du
baron de Buddenbrock ' .
Nous voyons, dans ce document, que le bailli de Fleurus,
en 1789, était le vicomte de Baillet. Ce bailli jouissait d'une
prérogative toute particulière, c'était celle de nommer les
mayeurs, les échevins, etc. Il était encore en fonctions lors
de la réunion de la Belgique à la France. Ce fut donc le der-
nier qui exerça à Fleurus *.
i. Elle désola tout le pays, Maximilien Amand, écrivain ecclésiastique et curé
d'Heppignies, s'y distingua par son zèle et sa charité. (Biographie nationale, t. I,
p. 243.)
2. Agonie et mort de la uigneurie de Pleuru$par Joseph Bayet, dans les Docu-
ments et Rapports, etc., t. III, p. 187-191.
8. Voici, d'après V Armoriai général de Rietstap, la description des armes de
de Buddenbrock : D'argent à neuf losanges, dont quatre d'or et cinq d'azur, acco-
lées et aboutées, 8, 8 et 8, et posées en bande. Casque couronné. Cimier : sept
plumes d'autruche, trois d'or et quatre d'azur. Lambrequins : des mêmes émanx.
Supports : deux paons régnant au naturel. «
4. Jehan, seigneur de Velaine, en 1479, et le chevalier de Ponty, seigneur de Lin-
geon, en 1645, exerçaient les fonctions de bailli à Fleurus. (KÂunr, loco eitato,
p. 82 et 179.)
ANNEXES.
ZDOOTJINaiBI^TTS.
A.
LES PRIUILEGES DE LA VILLE DE FLERUS,
pays à conté de Namur.
Satraict de certain priuilege octroyé a la ville et fhtnchise de Namur
par Guillaume de Flandres conte de Namur et seigneur de Lescluse lan de
grâce mil trois cent quatre vingt et trois le œiiii* iour du mois de nouembré
lequel priuilege repose sain et enthier scellé de deua> grands scels lun dud
s^ conte et loutre du grand scel de la ville au coffre des mayeurs et esche^
uins dud Namur.
Premier nous leurs auons octroyé et concède octroions et concédons
que ce aulcuns ou plusieurs débats s*esmouuoient au temps aduenir
deuens Namur ou en lad franchise dont gens fuissent battus, feruS|
nauris quaissies ou blessies fùst un ou plusieurs fuissent après le iour
que ainsy seroit aduenus, reueus sur chemin le seigneur allans et pas-
sans sans tenir et appoyer sans malenghien que ly faiteursdesdbattures,
ferures^nanururesy quaissieuresoublesseures, tantost euxreueuz si q dict
est demeurent en paix délie mort quoy quil en aduiegne en après. Et
que cils dis facteurs toutes fois quil )eur plairat p eulxou par leurs amys
soit quil ly fait en soit mande ou non etsoitquilz en soyent tires en cause
de justice ou non, puissent ce remoustrer par deux tesmoings preu-
dhomes dignes de foid, bourgeois de Namur, quilz ayent veu lesd batus,
férus, naureySy quaissies ou blessies sur chemin le seigneur allant pas-
sant sicq dict est cy deuant. Et que ly Justice q cesd tesmoings orra
n^en prendre point fie sallaire se ptye le yeult monstrer quand que ce
soit.
Item q touttes fois que tels fais auenus que dict sont cy deseurs soit
quil soyent mande ou non ly faicteurs par yeulx ou par leurs amis ayent
s'il leur plaist le mede sermente tantost et sans targer au commande-^
ment délie justice pour visenter les battus, férus, naureys, quaissies, on
blessies, et iceulx assegurer dele mort* par led mede sermente ly justice
debuera iuger les facteurs en paix dele mort sans débats sauues no£
— 171 —
amendes. Bt estoit Bonbescript collaon faicte au priuile^e original et
trouue oonoorder sonbsigne Doorsin.
Bauldijin par la graoe de Dieu empereur très fidel en Dieu corone et
adome modérateur des Romains, tousiours auguste, et aussi marquis
de Namur a tous ceulx qui ces pntes 1res verront ou orront éternellement
salut
Comme chose iuste soit pour nous de legierement consentir a Juste pé-
tition, et accomplir par effect les demandes et requestes a nous faictte
lesquelles ne discordent poinct au trayn de rayson.
Pour ce est il q nous diligemment auons veu et regarde les 1res de
liberté des bourgeois mannaus et habitans de nostre ville de Fieras
laquelle Ire est approuuee de leur loing usaige, corrobore du scel de
bonne mémoire Henry conte de N' auecq madame Yde de Symai et de
Euforard son filz engendrez de Bernard Dorbays ont statue et ordonne
Kous considérant, que la ruyne d'ancbienete q mect touttes choses a
corruptibilite et a néant le pouoit de legier user et annihiler. Pour icelle
d liberté a tousiours garder et entretenir, et aussy a la prière et re-
queste des deuant d bourgeoys et habitans incline Auons faict escrire
et annoter en ceste pnte nre lettre ce q es d 1res de liberté auons trouue
en escript en telle forme et manièi'equilsensuitdemot aaultres Pourtant
que les estatuts bien et raysonnablement ordonnez de longtemps vien-
nent en oubliance, et hors délie mémoire des personnes, meismes aul-
cune fois par faulsete qui est ennemye de toutte vérité demeurent ches-
cun ou paruiendroit en parm^ usaige La discrétion et sage authorite de
noz prédécesseurs ont commande et ordonne leurs affaires estre bien
faictes et raysonnablement comme de mectre en 1res par escript pour
donner mémoire et plaine cognoissance dicelles a leurs successeurs.
En ce cas nous poursuiuants leurs trayns auons faict escrire en ceste
pnte comment led conte de Namur et Madame Yde sa femme et Eufo-
rard son fils engendre de Bernard Dorbays, ont donne franche liberté et
ceste franchise a nostre d ville auecq touttes ses appendices comment toutte
inimitié, exactions, mortesmains prières q Ion dist aydes et touttes perno'
tations violante remises ont pron^is de iamais ieelle reuocquer.
Premier ont ensemble octroyez et ordonne que se aulcuns de nos
bourgoys de Flerus, comect mariage inégale que on ne le peult mener
en cause deuant Justice pour lamende. Et aussy que les femmes ten-
ront leur douaire toute leur vye après le trespas de leurs marys. Et
aussy les hommes tenront leur bien après le trépas de leurs femmes par
toutte leur vye durante Et s*ilz ont acquis quelques biens ensembles
desqls ils ont receu et prins vesture^commune le suruiant doibt iouyr
desd biens sa vye durant sans en prendre nouuelie vesture. Aussy ont
mis et ordonne paix en nostre d ville et par tout le ban dicelle laquelle
!
- 172 -
paix «e aulcuns en espandant sang le violoit shoit conlpable de paix
rompue. £t sy lun contre lautre ou aulcun contre aulcun frappât ou
oombataut par force assaillant lun lautre cellui ou ceuix qui sea con-
uaincn par loy et par teamoingrs conuenables payeront sept seolz pour
loy et pour ban. Item ont aussi ordonne que Sfi quelcun de nosd
bourgois ne paioyt point ses cens au jour ordonne que lendemain se-
roit quiet e po' douze deniers pour ban et pour loy. Et sUls laissoîent
ou oubly oient a payer iusques a tant que ils fuissent bannis ils payeront
tant pour ban que pour loix sept solz. Pour debte de marche que Ton
appelle vulgairement tonlieux ne debueront q deux drs au iour S^ Mar-
tin. Item se quelque personne estoit trouue taillant ou couppant es boys
du sgT sans le congie du mayeur ou de la garde du boys il ne debuera
q deux drs pour ban et pour loy. Item se les bestes ou animalles desd
bourgois estoient trouues es biens ou preitz du sgr selon la coustume ilz
nous seront tenu recompenser le domaige de une jaube le iour S* Remy.
Item est aussy que si quelque personne q soit de la famille daulcune
eglize Tint résider et demourer en ceste ville, sy auant qu'il paye le
trescens de son église il demeurera francq en nostred ville sans quelque
exaction Mais s'il est seriiiteur de quelque personne layc et il viegne
résider en lad ville sans contradiction et s'il y demeure par un an sans
réclamation de son s' il sera participant de ceste franchise et liberté
car le mesme et tele franchise et liberté q est donne a ceulx de Namur est
donne a ceux de Flerus. Et aussy de quelconcque cause que ce soit ne
doient respndre sinon que douant nostre commune justice dud Flerus.
Item pour debtes des pourceaux q on appelle en commun langage pai-
nage ils n'en payeront rien pour la garde nocturnal, mais seront tenu
chescune anee de labourer trois iours seuUement de corruee a la répa-
ration de nrêd ville. Item ne yront point a main armée hors du ban de nos^
tred ville par drot'ctde debte, sy ce nest de grâce et pour lamour de leurs
souverain seigneur. Pour lesquelles franchises et libertés chescun bourgeoi
sera tenu de payer tous les ans au Conte de Namur deuv ^ louignis au
jour 8* Remy Et douze drs au jour du noel Les clercs ne doient rien,
car ilz sont en tel cas priuilégiez Les cheualiers aussi ne payerot rien. .
Item ha este décrète de nous et de tous noz bourgois que les curez
chescun an au jour de pasques florie et au jour dele dédicace ne nred
ville de Flerus seront tenus et debueront excommunier tous ceulx et
celles q contreuiendront et entreromperont ceste loy, franchise et
liberté. Item est il aussi estably q se quelque persone demeurât en icelle
ville meurt sans hoirs ou héritier que la justice doit garder tous ses
biens par xl iours pour Theritier se il y vient pour les reclamer Et se
après les d. quarante iours nulluy ne suroient le souuerain sgr posses-
serat et proufBcterat desd biens.
— 173 —
Ces lettres furent faictes lan dele incamatio nre sgr mil cent cino-
quantte cinq al iij« indiotion le iiij* calende d'octobre lune xij«. £t de
ces choses sont tesmoings cheualiers Phi* Dantrine, Coene de Vuandei-
gnes, Vuathier de Marbays, Godeffrold du Sombreffe, Philippe de Vel-
laines, Edgoeffanchon Francq, Henry Vuarnier de Dalsoelz^ francq de
hanesch cure et psonne de leglize de Flerus.
Nous Baulduin Empereur deuantd auons approuué et approuuons
ceste prednte franchise et liberté et en attouchant les sainctes relicqs
de leglize dud Fleru, faisst serment corporelement auons promis garder
et entretenir atousiours enthierement et Inuiolablem dont en tesmolng et
munition de vérité auons faict faire et roborer cestes pntes lettres de
lapçendition de nre propre scel En la présence de noble homme Gérard b^
de Voint, Gilles s*" de Bieures, Henry s' de han Et des Escheuins deNamur.
Donne a Namur lan de nre seigneur mil deux cent quarantte sept Et
de nre empire le huictîeme an Et estoit soubescript copie est collatio-
nee a loriginal et trouuee concordantte par moi ainsy signe DuRieux.
« *
Extraici duprevilleige de Guillaume Conte de Namur en datte dupe-
nultiesme de may 4357.
Item a diesin que nre ville et franchise deseurdicte puis estre en temps
aduenir plus habitant et agréable as afibrains marchand nous avons oc-
troyé et'concedeit a tousiours que quiconcques afforains de nos pays et
d'autres venra en nredicte ville et franchise pour marchander vendre ou
achapter que chils puis demourer et habiter en nredicte ville vingt jours
enthiers et de celi partir et amener ses chatels delulrent deuents led
temps, sans ce que nous ou nos recepueurs des mortesmaîns puissent
les marchans ou ses chatels restent pour cause de malladie ou de mort
de mortesmain et de fourmoture, et sy deuens led temps moroit que
sy proime puissent amener ses biens ou chatels sans ocquoison, et en ce
cas sil estoit débat p nous ou nosd recepueurs, se tels homes estoit mar-
chant ou non que ly cognoissance de ce q appartiegne a nosd mayeur
et escheuins, et de ce promestoit aussy de cely qui mors seroit sans
mallenghin.
« •
Du chapre des mortesmains du compte du domaine de Fleru pour l'an
Jinff atf œxiij at este eatraict fol xxxv ce qui sensuyt.
De defunct Martinet le serrurier quy trépassa a Fleru non bourgeois
au mois d'apuril an que dessus sy fut apppîncte pour sa formoture
ayant regard a sa pauurete de sa feme les droits du sergeant paye la
some de • • . . xxv p
— 174 —
JBxtrakt hors du compte ningtroi^iesme de feu Lancellot de Moinp en
sonviuant recepur des domaines de Sa Ifa^ au quartier de Flerus folio
eliiijjiny le dernier de juing cftaip vingt et deux.
Des hertiers feu Thomas Gilman at esté reçeula somme de cincquante
florins pour la recognoisiance de la grâce a eulz faicte p son Altezes
Sermes leurs ayants accorde de grâce speale la paisible possession de la
succession des meubles délaisses p led feu Gilman pour aultant quilz
peuuent toucher a Sa Ma^. Lequels cedit receur auoit faict annoter et
les tenoit p droict de fourmouture acquis et deuoluz au prouffict de Sa
Ma^. Led Gilman est allé de vie a trespas au lieu de Flerus non estant
bourgois, et combien que ledit droit estoit rendu a ferme et en débuoit
jouyr Nicolas Payai fermier d*icelluy Neanmoings 'cedit receur considé-
rant rimportance desdicts meubles, at induict ledit fermier de céder
son octroy au prouffîct de Sad Ma^^ a charge de le descharg^ du procès
quil a fallu soustenir contre lesd héritiers, lequels par ordonnance de
Son Altezes sont charge de contenter tous ceulx quy de droict pour-
roient prétendre ausd meubles aussy de payer les despens de la pour-
suytte demeurée aud conseil et aultres depuis engendrez come lordon-
nan de sad Ma'" du troiziesme de feburier xvj^ vingt deux cy rendue
plus amplement appt ptant icy lesd L f .
Par ordonnance de Son Alteze Sermes en datte du iij^ de. feburier
xvj^ vingt et deux signée d'icelle et plus bas soubsigne par le chef et
trois commis des finances conforme au texte cy rendu.
« «
Extraict hors dud compte folio lœiiij.
Quant aux droicts des Bourgoisiez de la ville de Flerus ce recepueur
déclare les avoir exposez p deux diuerses fois au plus offrands, assauoir
le premier jour de mars et vingt cincquiesme de feburier xvj^' dix noeuf
et sontz tousiours demeurez a fault de marchand au roy nre sire, quoy
voyant cedit recepueur pour en faire le plus grand proufflct, mesmes
en suytte de Tordonnan couche au premier compte de ce receur pour
seize cent folio Ixij, ou il estdictqu'il soit aduisé p forme de preuue
sMl ne serolt plus proflQctable de collecter ce droict p les mayeur et es-
cheuinsdud Flerus, les at faict collecter et rassembler come cy deuat
se falloit faire p lesd mayeur et escheuins, doyant chun bourgeois au
jour St*Remy douzes deniers louignis et le mardi après les roys qua-
torzes deniers louignis come appt p les comptes flny quatorze . cent
trente noeuf au premier chap"' des deniers que lors et longtemps après
J
— 178 —
ne collectoient p le recdpneur a l'aduenant de xy heaulmes demy chun
bourg'ois, et les yefaes la moiectie, ayant este trouue pour ceste année
le nombre de cent et cincquante cincq bourgois et demy corne p certif-
flcation desd mayenr et escbeuins cy rendue appt renenant a la some
de xl f. y p. ix d.
Par certification des lieutenant mayeur et escbeuins de la haulte
court de Flerus, quant au nombre cy rendu, et pour le prix respond
bien a la some thiree bors lege a Taduenant de trois beaulmes pour ûng
sol ex, en suyttede la déclaraon rendu a compte flny xvj** onze folio cij
Bt embas estolt escript il est ainsy au double du compte de feu Lancel-
lot de Moiny fait a Flerus le x« novembre 1627 S Froissart.
B.
Extrait de certaine lettre qui se trouve écrite dans un registre apparte-
nant aux métiers de la ville et fianchise de Fleurus repensant même es
archives dudit métier,
Albert et Isabel Clara Engenla, infante d'Espaigne par la grâce de
Dieu, arcbiducq d'Autricbe, duc de Bourgojg^e, de Lotîer, de Brabant,
de Limbourg, de Luxembour et de Gueldres, comte de Hasbourg, de
Flandres, d'Artois, de Bourgt)gne, de Tirol, Palatin, et de Haynau, de
Hollande, de Zélande, de Namur et de Zutphen, marquis du Saint-Em-
pire de Rome, seigneur et dame de Frise, de Zalines, de Malines, des
citez Tilles et pays dlJtrecht, d'Overyssel et de Groeninge ; A tous
ceux qui ces présentes verront, salut, receu avons Thumble supplication,
des mayeur, écbevins, bourguemaitres et communauté de notre ville
de Fleuru, comté de Namur, contenant que par la durée de la calamité
présente, lisse retrouvent en grandissime extrémité, signament par le
dernier sacq advenu audit Fleurusperpétré parles ennemis de feu le Roy
nostre très cber et honoré père, (que Dieu ait en gloire), après la sur-
prlnse des villes et château de Huy, laquelle encore aigrit de plus
par l'affùence des manans du pays de Liège, leurs voisins, et autres es-
trangers survenants es Jours de marchez de la dite ville, amenants
grande quantité de mercerie, qu*ils exposent en vente, sans aucune reoo-
gnoissanceà la dépression des bourgeois, et marchands merciers d'icelle,
lesquels s*ayant chargez de marchandises soub espoir de brief reject et
revente se trouvent frustrez de leur attente par l'arrivée desdits étran-
gers, lesquels pour le gain qu'ils trouvent à l'argent de moindre prix,
que au pays de Liège, tirentl'entier gaignage que deveroit compéter aux
suppliants, voir même asportent Targ^nt de notre marque audit pays
de Liège, ne rapportants d'iUeeq que des liards, et autres pattani de
— 176 —
France, et comme lesdits suppliants se seroient referez par reqnette à
ceux du mag^istra de nostre Tille de Namur, leur chef de sens, affln en
obviant à tels abus et pour parvenir k un redressement politique pour
es mômes mestiers, sy comme merciers et brasseurs leur voulloir consen-
tir et accorder les mômes droits que ont les dits métiers en notre ville de
Namur, iceux auroient déclarez qu'à ce faire, il leur convlendroit avoir
nostre octroy pour ne s'extendre leure authorité oultre nostre ditte ville
de Namur et Banliewe ce qui causoit aux suppliants à se référer vers
nous suppliants très humblement qu'il nous plut d'ordonner aux dits
du magistrat de nostre ditte ville de Namur de leur dresser règlement
des dits deux mestiers Scavoir des merciers en général et des bras-
seurs, ensuitte de ceux qui se praticquent en la ditte ville de Namur,
par où nous trouverons nostre ville etrepublicque de Fleuru augmentée,
Pour ce est il, que nous, les choses susdittes considérées, et sur ce eu Ta-
vis de nos amés et féaulx, les gouverneur, président et gens de nostre
conseil provincial à Namur et désirant le bien, augmentation et advan-
cement de nostre ditte ville de Fleuru, avons auxdîts mayeur, échevins,
bourguemaitres et la communauté d'icelle, suppliants, octroyé, accordé,
permis et authorisé, octroyons, accordons, permettons et authorisons de
grâce spécialle par ces présentes de dresser et establir par un ordre
politicque, les dits deux mestiers desmorchiers et des brasseurs, et ce par
les moyens, et en la forme, et manière comme est contenu es poincts et
articles cy ensuivants :
Poincts et articles contenants les moyens et conditions, comment les
mestiers de merchiers et brasseurs se pourront ériger et dresser au
bourg de Fleuru, comté de Namur.
Premier. Comme les manants et habitants dudit bourg sont réduits en
petit nombre par la misère et calamité de cette guerrej touttes sortes de
meâtiers se pourront comprendre sous ces deux mestiers, savoir les mer*
chiers et les brasseurs, et soub le dit mestier desmorchiers seront com-
prins les drappiers, grossiers, bouchers, boulangers, marichaulx, pot-
tiers, potteniers, tanneurs, corduaniers, toilliers, et à tous ceux qui
distribueront ou achapteront marchandises par aulne et par poid. Et
soub le dit mestier des brasseurs seront comprins aussi bien les reven-
deurs de cervoises, que lesdits brasseurs, le tout à condition que ne se-
ront admis aulcuns es dits métiers, sinon en payant pour droits d'en-
trée par l'estranger résident hors la ditte ville qui voudrat acquérir le
dit mestier quarante florins, et par l'estranger qui viendra résider en
îcelle ville, et se ferat bourgeois, trente florins, et par celuy, qui est na-
tif et demeurant audit bourg, douze florins, à repartir jceulx droits, en
trois scavoir : Un tiers à l'église dudit bourg de Fleuru, un tiers à
leurs Altezes, et l'autre tiers au mestier, item que les enfants mais des-
dits mestiers résidents et bourgeois de la ditte ville, deveront payer au
jour de leurs nopces, quarante sols, une fois au profiSt du dit mestier,
si avant qu'ils en veuillent jouir, et ce pour droit de relief, bien en-
— 177 —
tenda que les enfans des étrangers non résidents en la dltte ville, de-
yeront de nouveau acquérir ledit mestier en payant les droits que dessus
scavoir : quarante florins s'ils demeurent hors de la ville, et trente
s'ils résident en la ditte ville, item qu'ils se devron chacun an élire
deux maîtres sur chacuns desdits mestiers, lesquels incontinent leure
élection faltte, deveront prester le serment en la justice de Fleurus, de
bon fidel et léal maistre, et qu'Jceulx maistres seront tenus rendre
compte de leure administration enfin d*jcelle par devant les dits du
mestier, et par après par devant les deux maistres de Tan présédent,
item qu'il devrat estre inhibe et deffendu h. tous étrangers de venir
vendre ou mettre en vendre par le menu, et à détail aulcune sorte de
marchandises ne soit qu'ils ayent acquis le dit métier à peine de
confiscation de la ditte marchandisse et de dix florins d'amende sauf
touttes fois au temps de franche foires, que lors leur est permis de
venir vendre et achapter, tant en gros, qu'en détail, comme aussy en
autre temps leur est permis d'y vendre en gros et non autrement, à
repartir les dittes amendes, scavoir : un quart k leurs altezes, un quart
à l'officier dudit Fleuru,à charge d'assister les dits mestiers, à la pour-
Buitte et exécution desdittes amendes. Item, un autre quart auxdits
mestiers, et un quart aux pauvres dudit Fleuru. Item que les dits
maîtres deveront prendre avec eulx à chaque fois, qu'ils trouveront
convenir, hommes cognoissans, pour visiter et prendre soigneux esgard,
qu'aulcunes chaires ou lards infectés et malsains ne soyent vendus ny
distribuez, par les bouchers, à peine que, s'ils sont trouvez en avobr
vendu, mis ou exposez en vendre, que les dittes chaires et lards seront
confisquez, et de l'amende de six florins à repartir comme dessus, jtem
que les dits maîtres, lorsque les grains se rehaussent à prix trop exces-
sif devront tenir notte du prix des dits grains, et d'jceulx en faire rap-
port à ceulx de la justice, pour par eux estre donnée ordre et taux à com-
bien le pain d'unpattar, d'un demi pattar et ainsi à Vadvenant devra poi"
ser, jtem que celluy qui serat trouvé avoir usé d'aulne et mesure trop pe-
tites, ou de poix trop légers, fourferat oultre l'amende ordinaire due au
maistre du mestier, autre amende de six florins applicable comme des-
sus, et advenant que aulcuns étrangers se présument de venir hayon-
ner audit Fleuru, en autre temps que de foire marchandes, sans avoir
acquis le dit mestier, encoureront Tamende de douze florins, a repar-
tir aussi comme dessus, jtem qu'il deverat aussi être ordonnez que ceux
estant dudit mestier ny autres ne pourront aller sur les chemins hors du
dit Fleuru, ni attendre ny achapter cuirs h poils, et les revendre et por-
ter ailleurs; mais que tout cuirs deveront être achapter audit Fleuru; et
y être tannés, sauf que tous bourgeois dudit Fleuru en pourront achap-
ter pour la provision de leure famille; et au regard du mestier des bras-
seurs, qu'il soit aussi inhibé et défendu à tous ceulx dudit mestier, dis-
tribuer par pot ou autrement auscune bierre ne soient qu*elle ayt préa-
lablement été ce essaillée et esprouvée par ceulx de la cour et par*jceuz
— 178 —
apprétiée à peine de confiscation de la ditte bierre et de six florins d'a-
mendes à repartir comme dessus, et qu'il leur deyerat aussi être or-
donné de- faire leur brassée de pur grain et de n'y mettre aucun mé-
lange d'herbée, si, comme scarlée corrande, lavende et autre semblable
à peine de Tamende de vingt florins, pour la première fois, et de trente
florins pour la deuxième fois et pour la troisième fois de privation du dit
mestier, au par dessus les dittes amendes. Si, donnons en amendement
à nos amez et feaulx le chef président et gens de nos privez et grands
cousaulx, gouverneur, souverain bailly, président et gens de notre dit
conseil provincial à Namur et à tous autres nos justiciers officiers et
subjets, ou ce regardera, que deceste nostre présente grâce, octroy, ac-
cord, permission et authorisation aux conditions selon et en la forme et
manière, que dit est, ils fassent, souffrent et laissent les dits suppliants
plainement, paisiblement jouir et user sans leur faire mettre ou donner
ny souffrir estre fait, mis ou donné aulcun trouble destoubier ou em-
peschement, au contraire ; car ainsi nous plait il. En temoing de ce
nous avons fait mestre nostre grand scel à ces présentes. Donné en
nostre ville de Bruxelles, le huittième jour du mois d'aoust, l'an de grâce
mil six cent et un. Etant apposé le grand scel de leures-AItèzes en cyre
vermeille, pendant à double quewe de parchemins, et sur le replis est es-
crit par les Archiducqs en leur conseil.
(Signé)
L. S. DE GRIMALDI.
Plus bas : concorde à la lettre orglnelle en parchemin scellée et signée
comme dessus tem. etc.
(Signé)
J. B. WARNIER NRE. 1744.
C.
Bxtraict de certain regre couuert de peaux rouge contenant la leuee de
pîussrs fermes dépendantes de la recepte gnalle de Namur fol9 a^ vso et
ensuyuant.
LES TONLIEUX ET POIX D? FLERUS.
Item le tonlieux et poix de lad ville de Flerus où PEmpereur nre sire
a les trois parts et messieurs de S^ Lambert le quart, l'on at accoustume
leuer de touttes marchandises quy se vendent en lad ville et franchise
de soixante douzes florins ung, ou de soixante douzes deniers ung a
Taduenant et ce sur ceulz qui vendent drap ou aultres denrées en gros
et dolbt le vendeur et l'achapteur les tonlieux se dont n'est qu'ils soient
previllegies.
— 179 —
Item quant aux vins vendus en lad Tille et franchise en gros, le ven-
deur et l'achapteur doibuent les tonlieux se dont n'est qu'ils soient
bourgeois ou previllegies.
Item sur ung ch^ vendu en lad ville et franchise le vendeur et Tachap-
teur doibuent pour chun ch^ ung pattars et pour une jument demy
patart et s*il estoit chargez chou pour chou et ils ne doibuent rien de
tonllieu sy dont n*est qu'ils soyent previllegies.
Item sur une vache quattre deniers petit, et le doibt le vendeur et
Tachapteur, sur ung bœuf huict petit deniers, sur ung mouttons deux
gros, sur une brebis ung gros, sur ung pourceau gras cincq deniers,
sur une troye deux gros, se dont n'est qu'ils soyent previllegies.
Item le poix dud Fieras nuls ne peut peser en lad ville et franchise
synon les crachiers vendant leurs marchandises et tous aultres
bourgeois ou manuans doibuent de chun cent pesant ung quari de
patart.
Audit reçre/oP if vso
LE WYNAIGE DE FLERUS VELAINES ET HEPPEIGNIES.
Et premier led wynaige apptient è TEmpereur seul, et se doibt leuer
sur ung char chargée d'or de poix cornes fer sepeceryes et aultres mar-
chandises quy passe es d wynaiges pour chun char ou chariot noeuf
patart, d'une chareite quattre patart demy d*un chenal marchant dix
noeuf deniers petit d'ung chariot non charge d*or de poix doibt ung
patart d'ung mouton brebis ou pourceaux quatre petit deniers d'ung
chariot charge de drap deux patart demy et embas estoit escript II est
ainsy aud reg^re reposant au comptoir de lad recepte gnalle Et estoit
signe Pie Joenfre (?) 1628.
Desfosse
1628.
D.
Du registre des Chartres commenchant au mois de may sotj* cincquatUe
quatre tenuz et reposant en la chambre des comptes du roy h Lille at este
extraictj^ ij^ <Bvij ce qui sensuiciz.
Philippe par la grâce de Dieu Roy des Chastillede Léon d'Arragon etc.
a tous ceulx quy ces pntes veront salut Receu auons Ihumble supplicaon
de noz amez les mayeurs et escheuins et bougmres de nre Bourg de
FleruB nre pays et oomte de Namur, contenant que par laps et cala-
— 180 —
mite du temps des troubles et guerres, les rues et chaussées dud* Bourg
estoy tombées en ruyne tellement que les estrangers accoustumez a
prendre leurs chemain par led^ bourg son retournent craindant le
mauuàis chaussée au grand preiudioe desd** manans, et aussy des
droictz quy se leuent a nre proufflct sans que par lesd*« supp^ y puisse
estre aulcunement remédie a cause de la grande despence quMÎ y con-
uient exposer et pour nauoir aulcuns reuenuz annuelz que le droict
dud* chaussaige quy ne peult porter pntement quenuiron quatorze a
quinze florins par an en considération de quoy nous leur aurions, au
mois de feburier mille six cens trente deux consenty de pouuoir leuer
ainsy que se faisoit es aultres lieux voisins sur chacun chariot deux sols,
sur chaque charrette un soit et sur chasque cheual bœuf et vache six
deniers et au cent de porcqs et moutons douze sols et demy en lieu de
ce que se recepuoit anciennement et ce moyenant et en payant pour
recognoissance a nre prouflt six florins par an et comme le terme dud*
octroyé est expire ils nous ont très humblement suplie quUl nous pleust
leur accorder un nouveau terme a prendre cours deiz lexpiration du pré-
cèdent aùecq expression quU ny aurat persone exempte dud* droict de
quelle qualité ou condition quil soit horsmis les hnts et bourgeois dud*
Fleurus à raisons des diflcultez quy sy rencontre journellement a len-
contre des fermiers ou des mosniers quy d*aucthorite sen vouloîent
exempter et sur ce leur faire despescher noz 1res patentes en telle cas,
pertinentes, scavoir faisons, que les choses sudd^ considérées et sur
icelle veu laduis de noz amez et feaulx les président et gens de nre
chambre des comptes a Lille quy au préalable ont sur ce ouy le con-
sailUier et procureur gnal de nre conseille prouincîalle de Namur et
consequament celluy de noz très chers et feaulx les chefs trésorier gnai
et comis de noz domaines et finances nous pour ces causes et aultres a
ce nous mouuans inclin^mt fauorablement a la supplicaon et req^*^ desd^
mayeurs escheuins et bourgmres de nre bourg de Fleurus supplis, leur
auons par la délibération de nre très cher et très ame bon cousin
Leopold Guillaume par la grâce de Dieu Archiduc d'Autriche duc de
de Bourgogne etc lieute gouuerneur et capitaine gnal de noz pays bas
et de Bourgoigne etc consenty octroyé et accordé, consentons octroyons et
accordons de grâce speal par ces pntes quils puissent et pouront conti-
nuer a leuer en conformité de noz Ires patentes précédentes a leffect icy
requis schauoir sur chacun chariot deux sols sur charrette un solz et
sur chasque cheual bœuf et vache six deniers et au cent de porcqs et
moutons douze sols et demy et ce pour un aultre temps et ferme de dix
huict ans quy auront comencez a prendre cours deiz la s^ Jean-Bap^
seize cent quarante six sans que persone de quelle qualité il soit en
- 181 —
poisse estre exempte saulf seulement pour tout ce quy s'amènera dans
lad'^Yille pour la prouisKionetcomodîte des bourgeois d*ice11e moyenantet
en payant pour recognoissance de c'est grâce a nre prouflict douze florins
par an le sud^ terme durant es mains de nre recepueur de Fleurus put ou
aultre a venir lequelle en sera tenuz en faire recepte rendre compte et re-
liqua auecq les aultres deniers de son entremise a charge que les deniers
pronenans dud^ droictz ne seront employés a aultre effect qu* la faire les
chaussées icy mentionees et d'en rendre compte de trois ans a aultre
de ce quil en aurat este employées pardeuant led* recepueur put ou a
venir et au surplus aux aultres charges et conditions portées par les
octroys précédents pourueu quauant pouuoir jouyr de leffect de ces
d^ pnts ils seront tenuz faire présenter icelles tant au consaille de nosd*^
Qnances que en nostre chambre des comptes a Lille pour y estre res-
pectiue regardées vérifiées et interimmees a la confirnations de noz
droictz haulteur et authorite la et ainssy qu'il appartiendra parmy
payant ausd^de noz comptes a Lille lancien droict pour led^ interiment,
sy donnons en mandement a noz très chers et feaulx las chefs président
et gens de noz priue et grand conseille gouuerneur président et gens de
nostre conseil provincial de Namur, ausd^ de nos finances et de noz
comptes à Lille, et a tous aultres noz justiciers, officiers et subietz cuy
regard, que de cest nre pnt grâce consetm et octroy aux charges et
conditions selon et en la forme et manière que dit e»t, ils facent souf-
frent et laisent lesd** supliant plainement et paisiblement jouyr et user,
sans leur faire mestre ou donner, ny souffrir estre faict mis ou donne
aulcun trouble destourbier ou empeschement au contraire car ainsy nous
plait il en tesmoing de ce nous auons faict mestre nre scel a ces pntes
donne en nre ville de Bruxelles le dixiesme de décembre, lan de grâce
xvj* clzïcquant« quatre et de noz règne le trent quatriesme, paraphe Re.
sur le ply est escript, par le Roy monseigne l'archiduc d'Austriche lieu«
tenant gouuerneur et capitaine gnal etc messire Jacques Demeutiers
chlr S' de Hurlebois la Barlieir etc thesorier gnal Gaspart Cockaerts s'
de Curgies et Philippe le Roy aussy chlr s^" de Brochem comis des
finances et aultres puts soubsig^nez P de Lindick, sur le dos est escript
les chefs thesorier gnal et comis des finances du Roy consententetac-
cordent en tant qu'en eulx cest que le contenu au blancq de cestes soit
furny et accomply tout ainsy et a la mesmes forme et manière que sa
Ma. le veult et mande estre faict par icelluy blancq faict a Bruxell au
consaille desd^ finances soubz le signe mannelz desd'« trésorier gênerai
et comis desd^ finances le xxviy« dagoust xvj^ cincquante six soubsi*
gnez J Demetiers J Cochaerts Van Haghen M. Colbrant sur lauandict
ply est encoires escript ces 1res sont interimees selon leur forme et
teneur par les président et gens des comptes du Roy a Lille et de leur
S
— 182 —
oonsentement enregrees au regre des Chartres y tenu, comenchant en
may xvj* cincquante quatre fol ij^ zvîij vso et ensuiuant le saiziesme de
may xvij« cincquante sept nous potes soubsignez René de Vos de Ste-
miYioh, P. Moniot et N. de la Porte.
n est ainsy au sud* regrre col.
SMET.
E.
Sifflement provisionnel pour procurer la propreté des rues et la
salubrité de l'air dans la ville de Fleurus,
Les gouTerneur, président et gens du conseil de Sa Migesté Timpéra-
trice douairière et reine apostolique ordonné à Namur.
Les mayeurs et échevins de Fleurus, nous aiant remis en conséquence
de notre ordonnance du 9 octobre dernier, un projet de supplément à
ordonnance, pour parvenir plus efficacement à la salubrité de Tair et à
la propreté des rues, si nécessaires dans les circonstances présentes ,
et aTant pris sur cet objet des éclaircissements convenables ; avons or-
donné et statué les points et articles suivants, pour être ponctuellement
observés par provision et jusqu^à autre disposition.
L II sera établi dans la ville de Fleurus, un ou deux tombereaux
selon le besoin ; pour rouler journellement dans les rues, afin d*en
transporter les immondices, dont il sera parlé ci-après : et les chevaux
des ditR tombereaux porteront au col une clochette assez forte pour être
entendue dans les maisons et avertir le public de leur passage.
II. Tous bourgeois, manants et habitants de la dite ville alTant maison
dans les grand'rues, marchés et passage d*entre le cimetière de la pa-
roisse et les maisons de Thomas Dauphin, jusqu'à Téglise des P. P. Re-
collets, devront y balaYer ou faire balaYer, tous les mardis et vendredis
de chaque semaine, ou la veille en cas de fête, entre deux et quatre
heures après midi en hyver et entre trois et cinq en été, depuis le mi-
lieu de la rue, en ramassant ainsi les boues et ordures en un mont contre
leurs maisons, afin que les conducteurs de tombereaux, puissent plus
facilement les enlever : à peine de trois sols d'amende, contre ceux qui
seront défaillans d'ainsi balaTer^ déclarant que les maîtres et maîtresses
seront responsables de la négligence de leurs domestiques ou servantes.
III. Et afin que les rues soient toujours nettes, il est défendu à tous
et un chacun de jetter ou placer dans les endroits désignés, article
précédent, aucunes ordures ou cendres provenant de nettoiement des
coins ou maisons, mais on devra les faire jetter sur son ftimier, à moins
que Ton ne préfère de les mettre dans des tonneaux ou baquets, pour
être dans ce dernier cas versées chaque jour dans les tombereaux par
- 183 -
les conducteurs d'iceux, lorsquMls passeront dans les rues. Etant defr
fendu de mettre aucun excrément dans les dits tonneaux ou bacquets, le
tout à peine de trois florins d'amende.
IV. I) est de&endu à qui que ce soit de faire des dépôts de fumiers^
cendres ou autres engrais dans les grand'rues, marchés ou passage
susdits. Mais lorsqu'il sera nécessaire d'y placer momentanément les
dits fumiers, cendres ou autres engrais, pour être transporté sur les
terres ou ailleurs, ce transport devra être effectué dans la même jour-
née ; enjoingnant, en ce cas, de netoYer proprement et de suite la place
où ils auront été mis, le tout à peine de dix sols d'amende.
y. Il est interdit à tous les poissonniez on teinturiers de faire ou
laisser écouler hors de chez eux, les eaux qui pourroient avoir servi à
leur teinture, ou au détrempement des poissons. Mais il leur est enjoint
de les conserver dans des tînneaux, qui devront être versés chaque
jour, après sept heures du soir en hyver et après neuf heures en été, à
peine d'encourir une pareille amende de dix sols.
VI. Les bouchers qui laisseront écouler dans les rues, ruelles ou
autres places, le sang des animaux, qu'ils tueront, devront le balaYer
de suite, et jeter deux ou trois seaux d'eau pour en précipiter l'écoule-
ment. Il leur est aussi enjoint, de conserver dans des tinneaux, les ex-
créments et autres ordures provenant des intestins des mêmes bêtes,
pour être jettes et transportés le même jour sur les dits tombereaux,
aussi à peine de dix sols d'amende.
VU. La même peine encoureront ceux qui jetteront dans les dites
rues, ruelles ou places, quelques bêtes mortes, comme chiens, chats
ou autres semblables, et h l'égard du bétail ou autres gros animaux
morts, il est enjoint de les transporter et enterrer hors de la ville a '
peine de trohi florins d'amende.
Vin. Personne ne pourra laver laines, ni étoffes dans le ruisseau de
Fleurus, mais seulement dans celui nommé Plumcocq ; interdisant de
même d'aller faire le lavage des inteltins des bêtes dans le dit ruisseau
de Fleurus, ailleurs que vis-à-vis de la tannerie de feu Antoine Haustart,
présentement occupée par le nommé Massart, ou audessous des tan-
neries près de la prairie possédée par le sieur de Budembroeck, provn-
nante des héritiers Martin, à peine que les contre venans, k l'un ou
l'autre des membres du présent article, encoureront ime amende de
vingt sols.
IX. Il est interdit à un chacnn d'arrêter ou d'empêcher le cours dudit
ruisseau, soit par digues au autrement ; ainsi que d'y aller abreuver
ses bêtes dans l'endroit appelé le rieu du chftteau proche de la chapelle
S^ Joseph, à peine qu'il échoiera une amende de dix sols k la charge
des contrevenants.
Et sera le présent règlement imprimé et publié, ensuite affiché aux
1
— 184 -
coins des rues de la dite Tille de Fleuras, afin que personne n'en prétexte
cause d'ignorance, et qu^un chacun ait à s'y conformer.
Fait au conseU de Namur, le 10 novembre 1779.
(Paraphé)
STASS. (Signé)
DE POSSON.
F
Lettres patentes de vente de la seigneurie de FUurus au prqfii de Mon-
sieur le baron de Buddenbrock.
N» 855.
Joseph par la grâce de Dieu, empereur des Romains, toujours
auguste, roi d'Allemagne, de Jerasalem, de Hongrie, de Bohême..»*. ('),
à tous ceux qui les présentes verront, salut.
La seigneurie et dépendances de la ville de Fleurus en notre pro-
vince de Namur, ayant été exposée en vente publique par adjudication
du 19 août 1789, ensuite de notre dépêche royale du 16 mai 1782 qui
autorise notre gouvernement général des Pays-Bas à vendre et à aliéner
différentes parties de nos domaines dont la teneur s'ensuit :
•
Joseph par la grftce de Dieu, empereur des Romains, toujours
auguste, etc., etc., à tous ceux qui ces présentes verront, salut.
Ayant pris en considération ce qui concerne nos domaines dans nos
provinces belgiques relativement au bien de l'Etat et à la prospérité de
nos sujets, nous avons jugé que les diflférents cens, rentes foncières,
espiers, lardiers, reconnaissances irrédimibles, tant en nature qu'en
argent, les différents petits droits, qui se lèvent au profit de nos finances
sur les denrées et sur d'autres objets dans les villes ainsi que les mou-
lins, fours bannaux, et encore les justices seigneuriales, les cours
foncières, les dtmes, terrages, corv^ées et nombre de prestations dues
sous différentes dénominations, par des habitants de la campagne for-
ment des branches de nos domaines qui par leur nature nécessitent une
régie toujours onéreuse à l'Etat et occasionnent dans la perception
nombre de gênes et de difficultés à l'administration et à nos fidèles
sqjets ; nous avons également considéré que différentes parties de terre
ou fonds domaniaux, passant entre les mains des acquéreurs particu-
liers, seraient mieux mis en valeur, que l'Etat retirerait de cette opéra-
tion le double avantage d'ouvrir des nouveaux moyens de jaroût de
1. NouB épargnons aux lecteurs réouméralion de tous les aulres titres.
— 188 —
Bustentation aux babitants de ]a campagne et d'augmenter les produe-
tiona précieuses de ragricultnre, qui avec le commerce, font la source
de la richesse et de la prospérité publique ; à ces causes nous avons de
notre certaine science et pleine puissance, et ouT notre chancelier de
cour et d'Etat résolu de charger et d'autoriser, comme nous chargeons
et autorisons par les présentes leurs altesses rojales T Archiduchesse
Marie Christine, princesse royale de JBtongrie et de Bohême, notre très-
chère et très-aimée sœur, et le Duc Albert, prince royal de Pologne et
Blectorat de Saxe, duc de Teschen notre très-cher et très-aimé beau-
frère et cousin, nos lieutenants gouverneurs et capitaines généraux des
Pays-Bas, d'ouvrir le remboursement ou liquidation de tous les cens,,
espiers, lardiers, rentes foncières, prestations irrédimibles, soit en
argent ou en nature, et d'admettre à ces liquidations et remboursements
tous les débiteurs quelconques y compris les mains-mortes, et après un
certain terme révolu, de vendre ou aliéner tous les dits objets que les
débiteurs n'auraient pas rachetés, de réunir ces cens seigneuriaux et les
droits de lots et ventes aux différentes justices seigneuriales de nos
domaines et d'en former des livres censaux et cours foncières et ainsi
les aliéner et vendre à perpétuité avec les dites cours foncières et jus-
tices seigneuriales, de vendre encore et aliéner à perpétuité toutes les
hautes justices, juridictions et cours seigneuriales, de remettre aux dif-
férents corps municipaux la perception de différents droits qu'on lève
dans les villes au profit de nos royales finances, parmi une reconnais-
sance à payer par les dites villes, ou parmi des sommes de deniers
selon l'état de leur administration, de remettre également aux corps
municipaux respectifs, et sous les mêmes arrangements, nos moulins et
fours bannaux, de convertir par des arrangements à prendre avec, les
communautés respectives des villages, les droits de corwée et autres
prestations quelconques sur les habitants ainsi que le droit de fours et
moulins bannaux, dans une reconnaissance payable par les dites com-
munautés ou parmi une somme de deniers selon l'état des dites com-
munautés, de vendre ou aliéner tous les moulins quelconques qui n'au-
raient pu être cédés aux villes et communautés de vendre et aliéner
également les terres arables, prairies, étangs, bruyères, terrains vagues,
dimes, terrages faisant partie de nos domaines déclarant expressément
que nous regarderons et tiendront tout ce que leurs altesses royales au-
ront fait et disposé ensuite des présentes .comme si nous Tavions fait et
disposé nous môme, confirmant dès à présent le tout, tant pour nous
que pour nos héritiers et successeurs, voulant que pour en assurer et
perpétuer d'autant mieux l'effet, les présentes soient enregistrées, en
notre conseil des finances, en notre chambre des comptes, et ailleurs
où il peut appartenir, à quelle fin nous dérogeons pour cette fois aux
ordonnances ou instructions qui existent pour la conduite et direction
de nos domaines et finances, par lesquelles il est défendu de les vendre,
engager, charger ou aliéner, soit en tout ou en partie, dont nous avons
— 186 —
relevé et relevons les gens de notre conseil des finances, ceux de notre
chambre des comptes et tous autres officiers et sujets que ce regardera,
les déchargeant en conséquence pour ce cas, du serment quMls ont
prêté sur robsenration et exécution de ces ordonnances ou instructions «
lesquelles resteront néanmoins pour tous autres cas, points et articles,
en leur pleine force et vigueur, car ainsi nous plait-il.
Bn témoignage de quoi nous avons signé le? présentes, et nous y
avons fait apposer notre contre scel.
Donné à Vienne, le 6 mai, Tan de grâce 1782 et de nos règrnes de
remplie romain le 19«, de Hongrie et de Bohême le 2". Etait paraphé
Krv* (signé) Joseph ; plus bas était : par T empereur et roi (contresigné)
A, G. Delederer.
Sur quol^nous ayant été représenté que la dite seigneurie et dépen-
dances de la ville de Fleurus serait accordée nu Baron de Buddenbrock
pour la somme de quatorze mille florins, qu'il s*est soumis de payer au
cas qu'il nous plût lui vendre la dite seigneurie sur le pied des condi-
tions reprises dans la criée publique qui a eu lieu le dit jour 1 9 août de
la présente .année, ci-attachée en copie authentiqué sous notre contre
scel, demandant le dit baron de Buddenbrock que nous lui en fassions
dépêcher nos lettres patentes de vente absolue pour pouvoir en jouir en
pleine propriété, savoir faisons :
Qu'agréant la dite soumission et la dite somme de quatorze mille
florins ayant été payée à la recette générale de nos flnances, avons de
notre certaine science et propre mouvement, de Tavis de notre conseil
royal du gouvernement, vendu, cédé et transporté, comme nous ven-
dons, cédons et transportons par les présentes, pour nous nos hoirs et
successeurs, audit baron de Buddenbrock pour lui ses hoirs et succes-
seurs et ayant causes, la dite seigneurie et dépendances de la ville de
Fleurus en notre province de Namur, consistant dans les droits honori-
fiques, le droit de chasse^et le quart de la grosse dfme, pour la somme
payée de quatorze mille florins, à charge que la dite seigneurie et dé-
pendances sera cotisable et tenue au paiement des charges publiques or-
dinaires et extraordinaires de la province, sans que le propriétuire pour-
ra se pré\aloirà ce sujet de ce qu'elle aurait fait partie de nos domaines,
et afin que cette vente soit de plus de force et de valeur et qu'elle
puisse son plein effet nous avons promis et promettons en parole d'Em-
pereur et Roi par les présentes, pour nous, nos hoirs et successeurs in-
violablement la garder et entretenir, et par tous les officiers et tous
autres qu'il appartiendra, la faire garder, maintenir et observer et
qu'ils . . . directement ni indirectement, ni ne souffîriront que qui que ce
Boit aille au contraire sous quelque prétexte que ce puisse être ; mais
maintiendront et garantiront le dit contrat de vente et ce qui en dépend,
eu la manière que dit est, et tiendront le dit baron de Buddenbrock,
ses hoirs, successeurs et ayant cause, quittes et francs de toutes contrl-
— 487 —
1)utioDS et charges envers et contre tous renonçants mdme quant à ce k
toutes prééminences privilèges et exceptions de droit et de fait, que
nous ne voulons de par nous ou autrement de par qui que ce soit être
objectés ni avoir effet contraire au préjudice des choses susdites, vou-
lons qu^ensnite des présentes le dit baron de Buddenbrock entre en
pleine et réelle possession de la dite seigneurie de la ville de Fleurus et
ait tous droits de propriété sur icelle.
Si donnons, en mandement à nos très chers et féaux ceux de notre
conseil royal du gouvernement président et gens de notre conseil de
Namur, directeur et gens de notre chambre des comptes et à tous autres
nos Justiciers, officiers et sujets à qui ce regardera, que de cotte pré-
sente vente, absolue cession et transport aux charges et conditions selon
et en la forme et manière que dit est, ils fassent, souffrent et laissent le
dit baron de Buddenbrock, ses hoirs, successeurs et ayant cause, plei-
nement et paisiblement Jouir et user, sans leur faire mettre ou donner
ni souffrir leur être fait mis ou donné aucun trouble ou empêchement
au contraire, en procédant par les dits de notre conseil royal du gou-
vernement, et ceux de nos comptes à là vériâcation, entérinement et
enregistrement des présentes selon leur forme et teneur sans contredit
ni difficulté, nonobstant que par les ordonnances, ci-devant faites pour
la conduite de nos domaines et finances, soit entre autre interdit et dé-
fendu de vendre, ou aliéuer telles et semblables parties de nos biens,
héritages et domaines, ce que nous ne voulons aucunement préjudicier
au dit baron de Buddenbrock ses hoirs, successeurs et ayant cause ;
mais les en avons relevés et relevons par les présentes et par icelle dé-
chargés les dits de notre conseil royal du gouvernement, ceux de nos
comptes et tous autres quMl appartiendra des serments par eux prêtés sur
Tentretennement etrobservance des dites ordonnances et instructions les-
quelles resteront néanmoins pour tous les autres points et articles en
leur pleine force et vigueur nonobstant aussi quelconques nos ordon-
nances restrictions ou défenses & ce contraires ; %ar ainsi nous platt-il.
En témoignage de ce nous avons fait mettre notre grand scel & ces
présentes données en notre ville de Bruxelles le 5* jour du mois de
novembre, l'an de grftce 1789 et de nos reignes, savoir de l'empire
romain le 26"", de Hongrie et de Bohême le 9™, était paraphé c' v* et
suivait par Tempereur et roi en son conseil (signé) Hamant et y était
appendu et apposé le contre scel et grand scel de sa Majesté, le premier
imprimé en cire rouge a double queue de parchemin et enveloppé dans
une boite de fer blanc, et le second sur nieule rouge, puis suivait
lettres patentes de vente absolue de la seigneurie et dépendances de la
ville de Fleurus, en faveur du baron de Buddenbrock. Sur le replis était
ces lettres patentes de vente sont enregistrées selon leur forme et teneure
au registre des octrois et arrêtés du conseil royal du gouvernement
général des Pays-Bas tom. 2 fol 95 le 10 novembre 1789 (signé)
B. J. B. Beaumont. Ces lettres patentes de vente sont enregistrées à la
— 188 —
chambre des comptes de TBmpereiir et Roi au registre da mandement,
chambre octrois, etc., ressortissant du département des domaines n* 3
fol. 154 et sigtm ce 11 novembre 1789 (signé) Lochen p. prevost et
Debavai lors graphiani.
Ces lettres patentes de vente absolue de la ville de Fleurus. sont enre-
gistrées au registre du souverain bailla ge intitulé 2^ volume aux acqui-
sitions de seigneuries en la province de Namur le 17 novembre 1789
(signé) Dnhaveau conseiller et greffier autorisé.
■
S'ensuivent les conditions de la criée publique ci-devant mentionnée,
n» 12138.
De par Sa Majesté l'Empereur et Roi,
Conditions sous lesquelles Charles Joseph de Franquen de Qoquetcon-
seiller receveur générai des domaines de l'Empereur et Roi, au pays et
comté de Namur et k intervention d*un commissaire de la part du gou-
vernement, exposera le 19 aotlt 1789 ensuite des billets d'annonce affi-
chés et renouvelés dans divers endroits, en vente absolue au plus offrant
et dernier enchérisseur sous Tagréation du conseil du gouvernement, la
terre et seigneurie de Fleurus, consistante en haute, moyenne et basse
justice, droit de chasse et pêche, le quart de la grosse dîme et le droit
de plantis pour autant quMl compète à sa Majesté, laquelle vente se fera
en argent courant de Brabant.
Que le prix de la demeurée se paiera en une seule fois endéans trois
semaines, es mains du dit conseiller receveur général, à peine d*exécution
réelle et effective, sans exception de personne port ni faveur, sans aussi
pouvoir déduire de Tachât aucune prétention dettes, rentes et autres
actions semblables telles qu*elles puissent être icelles réservées. Sa
Majesté aura Toption de procéder k la dite exécution, ou de rebailler la
demeurée 2i folle enchère, auquel cas se recouvrera sur le défaillant la
courtresse qu'il pourrait y échoir avec tous dépens et intérêts sans pou-
voir aussi profiter du boni s'il s'en trouvait.
A charge de tenir la dite terre et seigneurie en fief du chatel de
Namur, de payer à chaque changement de main et possession du dit âef
les droits de reliefs accoutumés comme aussi en cas d'aliénation, soit par
vente, cession ou transport donation entrevifs ou à cause de mort, «uo-
cession en vertu de testament ou légat à d'autre qu*au plus proche et
immédiat héritier, les deniers seigneuriaux à Tad venant du dixième du
prix de la valeur conformément au reces du 2 janvier 1621 inscrit au
cahier de la coutume. ^
Et de plus payer tels autres droits que font les hommes de âef d'icelui
chatel, faire foi et hommage à sa Majesté comme comte de Namur et de
recevoir, relever et faire serment de fidélité es mains du gouverneur et
grand baill3' du dit pays, et en donner dénombrement pertinent ; et
comme la dite terre et seigneurie se trouve tellement jointe et entre-
- «0 —
lacée avec d'autres, qu'il pourrait ci-après s'émouvoir quelques diffi-
cultés, celui à qui elle demeurera sera obligé avant d'entrer en posses-
sion de requérir le conseiller, procureur général de Namur de faire un
cercle ménage et planter bornes, y appeler ceux qu'il appartiendra, le
tout aux frais de l'acheteur, qui sera obligé après avoir fait vérifier et
entretenir les présentes tant au conseil royal du gouvernement, qu'à
la chambre des comptes, de les faire enregistrer au registre des fiefs du
souverain baillage de Namur dans la cour du dit Fleurus, ainsi qu'au
bureau de la recette générale et d'en faire conster au dit procureur
général à peine d'y être contraint par voie d'exécution sommaire.
Bien entendu que dans la présente vente ne sont pas compris le son
de la cloche, aides, subsides, reliefé, légitimation, aubaines, rémis-
sions, octrois tant d'eau que de vent, non plus que les biens vacquants
ou qui viendraient à vacquer, qui demeureront au profit de sa msgesté,
de môme que toutes sortes de minéraux et droits sur iceux, et généra-
lement tous autres droits du souverain et de régal, y compris les cens,
rentes et autres parties domaniales, dont les receveurs et fonciers ont
ci-devant répondu ou dû répondre ; mais les confiscations pour les
crimes dont les hauts justiciers peuvent connaître seront et demeureront
au profit de l'acquéreur.
Il est aussi conditionné que Tobtenteursera obligé de commettre pour
mayeur, échevins, greffier et sergents de sa justice des personnes na-
tives du pays de Sa Majesté et y résidents, si avant qu'il y ait des per-
sonnes capables et devra aussi faire au regard des plaids et procédures
observer ponctuellement les ordonnances ; mais l'acquéreur ne pourra
jouir de la prérogative ordinairement attachée aux hautes justices de
nommer aux places de mayeur, échevins, etc. , qu'après le décès ou la
démission du bailly actuel de Fleurus, le vicomte de Baillet qui jouit
maintenant de cette prérogative en vertu de ses patentes.
Sa Mijesté se réserve la faculté d'agpréer les mises de Tun ou de Tautre
des trois derniers enchérisseurs sur le pied qu'ils les auront faites k la
présente passée, siins admettre de leur part d*offres plus fortes par des
soumissions postérieures.
Laquelle seigneurie et annexes ci-dessus mentionnés, se vendent à
la même forme et manière que Sa Majesté les possède et vente qui se
fera en la ville de Fleurus en présence des gens de loi du dit lieu.
N<> 2136. Sa Majesté h la délibération de son conseil royal du gou-
vernement agrée comme il agrée par cette les conditions ci-dessus
munies de son Cachet secret.
Fait à Bruxelles, le deux juillet 1789.
Etait paraphé Cr 9^^ et signé P. Lbdbrbb.
Conditionné qu'on expose 1« la terre et seigneurie de Fleurus dans
la consistance et conditions ci-dessus, à l'exception du quart de la grosse
dime, qui formera le second marché. 3® La seigneurie y compris le
— 190 —
qnart de la g^rosse dfme. 4^ On exposera en louage pour le terme d*un
an à commencer le 20 de ce mois, le droit de chasse et pêche dont le
prix de rendage sera an proât de l'obtenteur de la seigrneurie.
1^ S^expose la terre et seigneurie de Fleuras consistante en haute,
moyenne et basse justice, droit de chasse et de poche et le droit de
planter pour autant qu'il compète à Sa Majesté, mise à prix à trois
mille florins par le sieur Piton pour monsieur le duc Delooz et demeuré
au dit prix.
2* Le' quart de la grosse dime de Sa Majesté à jouir seulement pour
commencer par la dépouille de Tannée prochaine mise à prix à trois
mille florins et demeurée à sept mille florins à monsieur le baron de
Buddenbrock.
Les deux objets ci-dessus ensemble réunis à dix mille florins et de-
meurés à douze mille florins à monsieur le duc Delooz-Corswaren par
le sieur Piton son receveur.
S*expo8e le droit de chasse et de poche pour un an seulement, mis à
prix à quarante florins et demeuré à soixante florins au dit seigneur duc
de Looz par le dit sieur Piton.
Ainsi fait et passé en Thôtel de Tille du dit Fleuras les jours, mois et
an ci-dessus et étaient signés J. Clément de Cletj comme constitué de
la part du seigneur duo de Looz et de Corswaren, F. J. Piton et C. de
Francquen de Boquet, de Leune. Suivait pour copie collationnée
(signé) Hamant.
NOTE
SUR LES COPIES DE LA CHARTE DE JUMET.
Le tome V des Rapports et Documents contient une version
des Chartes de Jumet d'après un titre reposant aux archives
de Roux. Mais Jumet possède également une copie de < l'Ap-
« pointement et Règlement touchant les droits de Tavouerie
< de Jumet) fait par Weric, abbé de Lobbes, en 1201, » que
M. J. Dury a eu l'obligeance de nous communiquer.
Ce document ne se rapporte qu'à la copie B. f« 9 du cin-
quième volume. Nous l'avons coUationné avec notre texte
imprimé, et n'y avons rencontré que de légères variantes
dans les mots, procédant selon toute apparence de la méthode
suivie pour déchiffrer l'ancienne écriture de la vieille langue
romane.
La copie ayant été faite en IGU^, sa conclusion différente
mérite d'être rapportée, la voici : « Fait l'an N. S. mil 2 cens
et un en un colle à une pareille reposante dans un ancien
registre couvert de parchemin fol. deux cent quarante un^
ledit registre intitulé : Atlas appartenant à l'église de Saint-
Pierre de Lobbes et contenant tous anciens lettriages d'autres
' anciens caractères et autentiqué par deux notairs en ces ter-
mes : transcripta omnium lit ter arum in hoc libro descriptarum
concordant cum originalibtts diligenter facta. collatione per nos
notarios publicos sic signatum Q.PiermanSy B : C .Rouvbelé
- 192 -
avecq leur paraphe et trouvé conforme de mot à autre, ce
16 novembre 1694. Ce que j'atteste; était signé E. Charles
Gossuart notaire apostolique décrit aux archives de la cour de
Rome, per copiam. »
C. V. D. E.
RÈGLEMENT DU 3 DÉCEMBRE i703,
CONCERNANT LA COMMUNAUTÉ DE COUILLET.
Son Altesse Sérénissime électorale, voulant assoupir les con-
tentions survenues entre la justice et communauté de Couillet
d'une part et quelques principaux propriétaires dudit lieu de
Taulre ; après avoir examiné leurs raisons et entendu, en plein
conseil, les^de Yillenfagne de Sorines, faisant partie, (antpour
luy, que pour lesdits propriétaires ses consors, deux échevins^
et le Bourguemaitre dudit Couillet, lequel at la même exhibé
une déclaration au nom de ladite communauté, supplians qu'il
y soit establi une bonne police pour le paiement des charges,
que l'on fasse une révision des comptes et passées^ que l'on
modère les droits de la justice et que l'on commette des gens
de probité pour advigiler aux afiaires^ conjoinctement avec
les justiciers.
Son Altesse s'inclinant favorablement à leur juste supplica-
tion, déclare d'avoir établi, comme elle établit par cette le
suivant règlement, ordonnant à tous et un chacun de l'ob-
server dans tous ses points et à l'officier du lieu de tenir la
main à ce qu'il soit exécuté et que personne n'y contre-
vienne.
I.
Que des deux Bourguemaîtres qui sont ou seront établis,
l'un soit renouvelé chaque année et l'autre continue deux ans,
9
- 194 -
affin que celuy qui demeur en état, informe le nouveau eleu
des affaires de la communauté.
IL
Que tant lesdits Bourguemaitres que les justiciers ne pour-
ront, sous quelque prétexte que ce soit, asseoir aucune taille
sans la participation et convocation des principaux proprié-
taires ; à quel effet la publication devra se iaire pendant la
messe paroissiale par le curé du lieu, au son de la cloche et
par affiche huit jours auparavant que Ton procède à laditte
assiette.
m.
Que la collecte de toutes les assiettes des tailles sera passée
au rabais et les deniers portés gratuitement par les collecteurs
jusqu'à la distance de quatre lieues, sur les ordonnances des
Bourguemaitres et pas d'autres, sauf que s'il eschoit quelques
charges à payer ou voyage plus long à faire pour la remise
desdits deniers aux créanciers ou receveur des tailles du quar-
tier, telles charges et voyages seront aux frais de la commu-
nauté.
IV.
Que lesdits collecteurs seront tenus de donner aux particu-
liers ce requérant^ récépissé des argents qui leur seront
comptez et de faire les deniers bons de tous les roUes d'as-
siette qui leur seront mis en main, ne soit que par poursuite
et exécution faitte en temps opportun, ils justifient l'insolva-
bilité des cotisez, auquel cas les revenus de leurs biens seront
saisis et passez au profBt de la communauté et la courleresse
de leur part repartie sur les autres propriétaires et habitants
solvables, à règle de taille.
V.
Que lesdits Collecteurs et Bourguemaitres seront tenus quinze
jours avant l'expiration de chaque année, de rendre compte
- 195 —
de leur maniance, applicat et administration des deniers pu-
blicques, à riolervention et convocation desdits principaux
propriétaires, la justice présente ; à quel effet la publication i
du jour qui sera limité à cette fin, se fera de même huit jours ]
auparavant par le curé du lieu, pendant la messe pai^oissiale,
au son de la cloche et par affiche.
VI.
Que ceux de la justice ne pourront prétendre aucuns droits
pour les assiettes des tailles comme aussy pour les redditions
des comptes, sinon onze florins brabant, desquels le greflier
aura la tierce part et rien de plus, hormis ses copies et con-
fections. *
VII.
Que pour l'ouverture des fermes^ il sera payé tant seule-
ment vingt sept pattars et pareille somme pour les clôtures.
VIII.
Qu'il sera fait une révision des comptes, collectes et emplois
des deniers, assis depuis la paix de Rjswick. Les propriétaires
sur ce appelés par devant le sieur Jean Huche, bourguemaître
de Cbâtelet et le curé de Loverval qui dresseront procès-ver-
bal de leur négoce et le renverront à ce conseil, pour sur ce
être ordonné ainsi qu'il appartiendra.
IX.
Que les comptes susdits seront pendant la révision consi-
gnez entre les mains du greflier de nom et libre avis au com-
missaire député et depeschera copie des pièces qui seront
requises^ parmi -deux escalins pour chaque feuille entière
d'écriture.
X.
Que les deniers imposez et levez pour certaine fin ne pour-
ront être divertis à d'autres usages, sous quelque prétexte que
— «6 —
<e soit ; et, survenant quelqu'autre nécessité pendant cette
-collecte, il sera fait une nouvelle assiette pour y subvenir.
XI.
Queles particuliers ne pourront retenir la quote part qu'ils
•doivent des tailles, sous aucun prétexte ou à raison que la
communauté leur serait redevable, sauf à eux de poursuivre
le paiement de leur deu, par les voyes et dans les formes or-
dinaires.
XIL
Que les deniers provenant des biens abandonnés seront
employez à payer les tailles du Prince et de ses Etats préfé-
rablement à toute autre charge, sans pouvoir les divertir à
d'autres fins.
XIII.
Que toutes redevances des tailles que l'on découvrira seront
poursuivables aux frais des collecteurs ou de leurs héritiers
qui ont négligé d'en faire rentrer les deniers et à leur défaut
par un nouveau commis à établir de la part de la commu-
nauté.
Se réservant sa dite Altesse de changer, adjouter ou dimi-
nuer au présent règlement toutes etquantes fois elle trouvera
convenir.
Donné en son Conseil près de sa personne à Namur, le 3
décembre 1703.
(Archives de l'Etat à Liège. Protocoledu Conseil privé 4702-
nos, no im, k.)
Cl. L.
oii3D03sr3sr-A.3sra
PORTANT RÈGLEMENT
POUR L'ADMINISTRATION DE LA COMMUNAUTÉ DE MARCHIENNE-AU-PONT.
13 MAI 1784.
Son Altesse, vu la supplique présentée par les jsurçéans de
Marchienne-au-Ponty ensemble l'avis du seigneur du lieu, or-
donne qu'il soit établi un collecteur des tailles et revenus de
la Communauté, conformément à son mandement du 31 mars
1734, qui prête caution réelle et suffisante des deniers de la
communauté et en rende compte, selon la forme et teneur du
susdit mandement, sans que les justiciers, bourguemaitre et
autres puissent prétendre aucune vacation au droit d'assem-
blée, conformément au susdit règlement et à Tarticle 19 de
celui du 6 avril 1686^ Si après le compte-rendu, il se trouve
quelque boni, la somme sera mise dans un coffre à trois ser-
rures, dont une clef sera gardée par le seigneur ou son
député, l'autre par les justiciers et la troisième par le bour-
guemaitre nommé de la part des manants, pour ces sommes
être appliquées en rédemption des rentes de la Communauté
ou acquittement des charges les plus pressantes.
L'élection des Bourguemaitres se fera le premier octobre,
l'un desquels sera nommé par les justiciers et l'autre par les
1. Bèglem6nt du 18 mars 1686, mis en garde de loi 6 avril suivant.
— 198 —
manants, auxquels le seigneur pourra adjoindre un député de
sa partj sans l'intervention duquel ils ne puissent rien dis-
poser, ou régler rien de ce qui regarde les affaires de la com-
munauté, soit en payement à faire, compte à rendre, ou
autrement.
Les bourguemaitres devront être choisis hors les gens les
plus possessionnés, capables et entendus dans les affaires de la
communauté, sachant lire et écrire si faire se peut.
On ne pourra choisir pour bourguemaitre personne qui
serait en procès actuel avec la communauté, ou qui serait
réliquataire envers icelle, non plus que ceux qui n'y auraient
pas leur domicile fixe, au moins depuis cinq ans.
Les bourguemaitres choisis devront être présentés au sei-
gneur pour reconnaître s'ils ont les qualités requises et en
cas ils ne les auroient pas, ou qu*il y aurait d'autres motifs ou
raisons notables pour quels il jugèroit qu'ils ne doivent être
bourguemaitres, il devra en donner part à Son Altesse pour
attendre ses ordres, et entretems ces bourguemaitres n'en-
treront en aucune fonction de leurs charges, mais les pré-
cédents continueront.
Le présent règlement commencera au premier octobre pro-
chain auquel jour fixé pour la nomination des bourguemaitres
et députés, et l'établissement du collecteur, et huit jours en
après au plus tard, il sera procédé à la reddition des comptes
conformément au présent règlement et à celui du 31 mars
dernier.
Et afin qu'il porte ses effets, sa dite Altesse ordonne qu'il
soit enregistré où il convient et lu au prône, un jour de
dimanche, pour la connaissance d'un chacun.
Donné au conseil de sa dite Altesse le 13 mai 1734.
(Archives de l'Etat à Liège. Protocole du Conseil privé,
dépêches, i73S'i745. K. 58.)
D. A. V. B.
>:i »
0ii.iD0 3sr3srA.3sraB
TOUCHANT L'ACQUISITION DU DROIT DE BOURGEOISIE
DANS
LA COMMUNAUTÉ DE LEERNES & WESPES,
. A LIÈGE, LE îî JUILLET 1758.
Jean-Théodore, par la grâce de Dieu, évêque et prince de
Liège, etc., à tous ceux qui les présentes verront, salut.
Les abus qui se sont glissés dans la communauté de Leernes
et Wespes, au sujet de la bourgeoisie et des émoluments y
attachés, ayant déterminé cette communauté à donner des
députés pour aviser les moyens de pourvoir à ce que les choses
fussent réglées, au futur, à cet égard d'une manière non
moins solide que propre à écarter les contestations que des
usages informes ont souvent fait naître, et les dits députés
ayant dressé un projet de règlement^ lequel nous a été pré-
senté pour que notre bon plaisir serait d'ordonner et statuer
en conséquence ce qui serait juste et raisonnable; condescen-
dant favorablement à la très-humble requête de la dite com-
munauté, vu aussi l'avis du Seigneur du lieu et son adhésion
audit projet, avons jugé convenable ensuite d'icelui de régler
et statuer ce qui suit par mode de provisionnelle, et en atten-
dant qu'il soit fait un règlement général pour toute l'entre
Sambre-Heuse.
— 200 -
io Tous manants et habitants de Leernes et Wespes même
communautés, y domiciliés et résidants actuellement, origi-
naires ou non, jouiront du droit de bourgeoisie et de tous
droits, privilèges, émoluments et prérogatives attachés, tant
pour partager les bois, glandages, qu'autres revenus, selon
l'usage accoutumé, ce qui aura lieu tant et si longtemps
qu'ils retiendront leur domicile dans la dite communauté.
2o Un bourgeois venant à transférer son domicile ailleurs,
et hors de la dite communauté, sera, ipso facto ^ déchu de son
droit de bourgeoisie et autres.
3^ Et si tel bourgeois venait en après à transférer de nou-
veau son domicile dans la dite communauté, il ne sera plus
admis à bourgeoisie, à moins qu'il n'en fasse de nouveau
Tacquête.
4® Si cependant tel bourgeois était originaire de la com-
munauté, il rentrera dans tous ses droits jure posiliminii^
comme avant son premier changement de domicile, sans être
obligé à faire aucune nouvelle acquéte.
5^ Tous enfants de bourgeois, nés dans une autre commu-
nauté où leurs parents auraient transféré leur domicile, ne
pourront jouir du droit de bourgeoisie sans l'avoir acquis.
6° Seront cependant censés originaires de la dite commu-
nauté, ceux qui se trouveront nés catuellement hors d'icelle
voire d'une mère reconnue, pour bourgeoise actuelle.
7<> Les filles nées et à naître de parents bourgeois d'icelle,
jouiront des mêmes droits et prérogatives que* les garçons et
communiqueront ce droit à leurs maris quoi qu'étrangers et
. aux enfants nés de leur mariage dans ladite communauté,
ce qui aura lieu au regard des mariages jusqu'ici contractés.
8^ Hais, au futur^ un bourgeois et une bourgeoise, venant
à épouser un non bourgeois et le conjoint bourgeois venant
à mourir le premier, le survivant ne continuera la jouissance
de son droit de bourgeoisie lui communiqué par le prédévié
qu'aussi longtemps qu'il restera veuve et venant à se remarier
à un non bourgeois ou non bourgeoise, il sera déchu de ce
- 201 —
droit, et les enfants nés de ce dernier mariage n'auront au-
cun droit de bourgeoisie à moins qu'il n'en fasse Tacquéte.
9® Tous les enfants de père et de mère non bourgeois
quoi que nés et nationés de la dite communauté, ne seront
point bourgeois sans en avoir acquis le droit.
lO^' Plusieurs personnes originaires ou autrement, ayant
droit de bourgeoisie vivant en comnnin et usant d'un même
feu et d'un même pain, ne seront réputées que pour un mé-
nage et une même personne à effet de jouir des droits et
émoluments attachés à la bourgeoisie.
11. Des orphelins, aussi longtemps qu'ils vivront ensemble
ou même séparément ne seront réputés que pour une seule
personne à l'effet ci-dessus.
12. L'un, cependant, venant à se séparer, étant majeur
d'âge ou marié, et tenant ménage à part, entrera dans la
pleine jouissance de tous ses droits, pendant que les autres
frères et sœurs continueront de jouir de leur position bour-
geoise.
13. Les manants non bourgeois ne pourront s'ingérer dans
l'administration des biens et droits de la communauté.
14. Personne ne pourra au futur acquérir le droit de
bourgeoisie sans s'être préalablement conformé aux mande-
ments généraux.
15. Devront, de plus, se procurer l'agréation tant du sei-
gneur temporel que de la communauté assemblée au désir
du mandement de Tan 1734 ^
16. Payeront pour droits, à la caisse de la communauté,
quarante florins de Brabant et un écu à chaque Bourgue-
maitre-régent.
17. Finalement, ils devront prêter serment de nous être
fidèles et soumis à leur seigneur, de même que de soutenir
les intérêts de la communauté.
18. Celui qui, étant né dans la communauté, savoir, de
1. Ordonnance da 81 mars 1784 miie en garde de loi, le 2 avril suivant.
— JOÎ —
parens qui auraient leur fixe domicile dans icelle, ou qui,
ayant été une fois admis bourgeois, auraient été déchus de
leur droity pour cause de changements de domicile, venant à
transférer de nouveau leur dit domicile dans la communauté,
devront être admis à ladite bourgeoisie ensuite de la demande
qu'ils en feront aux bourguemaîtres, et cette admission ne
pourra leur être refusée- sans cause légitime, parmis se con*
formant aux articles cidessus prescrits.
19. Les fermiers résidents tant à la censé Delforest, appar-
tenante au monastère de Lobbes, seigneurs des dits lieux qu'au
château de la Joncière, appartenant à Madame la barone de
Mean de Pailhe, haute vouée des dits lieux, jouiront ainsi que
leurs successeurs esdites fermes, des droits annexés à la dite
bourgeoisie et cela aussi longtemps qu'ils resteront fermiers.
20. Que, si les fermiers desdites deux censés n'avaient
acquis le droit de bourgeoisie, leurs enfans ne seront bour-
geois et ne pourront jouir des droits y attachés sans en faire
Tacquête et même les dits fermiers, après être sortis des dites
censés, désisteront de jouir des dits droits pour iceux être
transmis à ceux qui les remplaceront dans les fermes, telle-
ment que ces droits seront censés et resteront attachés aux
dites deux censés.
21 . Toute pratique qui pourrait s'introduire ci-après contre
le permis sera réputée nulle et abusive.
22. Le présent règlement sera publié au prône, affiché et
enregistré au greffe de la justice du lieu, pour qu'un chacun
ail à s'y conformer, telle étant notre sérieuse ^volonté.
Donné en notre conseil privé, à Liège, le 22 juillet 1758.
(Archives de VEtat à Liège. Protocole du Conseil privé,
dépêches, i755-d767, K. 60.)
D. A. V. B.
LES FETES
ET L'ÉLOQUENCE RÉPUBLICAINES
A LIBRE'SUR'SAMBRE;
PIÈCES OFFICIELLES PROPRES A CONSTATER L'ÉTAT DE L'ESPRIT RÉPUBUCAIN
DANS LE CANTON DE CHARLEROI, A U HN DU SIÈCLE DERNIER,
FAR
D.-A. VAN BASTELASR.
AYANT-PROPOS.
Si nous en jugeons par les documents officiels que nous
avons eus en main, l'exaltation de la fièvre républicaine semble
avoir sévi avec plus de violence à Cbarleroi pendant la période
révolutionnaire française» que dans les communes voisines.
Les procès-verbaux qui rendent compte de la célébration
des fêtes de la république et les discours qu'on y prononçait,
respirent un enthousiasme brûlant qui ne manque pas d'ex-
centriciré. Les orateurs se livrent tout entiers au plus beau
pathos du jargon républicain.
Nous extrayons des registres de procès-verbaux de la muni-
cipalité de Tan III à l'an VHP les pièces qui regardent ce sujet
1. Registre qui repose aux archives de la ville.
* VouiXT [Diieours iur V étude det langues), dit à ce propos : « Lorsqu'en 1789
U nation française concourut par toutes les classes qui la composent, à nommer
— 204 —
et nous les donnons sans commentaires. Non-seulement elles
forment une collection des plus curieuses, mais on y rencontre
les choses les plus inattendues, les plus intéressâmes et sou-
vent fort importantes au point de vue de l'histoire de la ville,
des mœurs répubUcaines et de la façon dont le peuple rece-
vait les prescriptions de ce gouvernement et les exécutait.
On y trouve surtout la constatation du peu de sympathie
que les nouvelles institutions et leur tyrannie rencontraient
dans les communes voisines.
«^^w»H IHH«'»
MS représentants dans rAssemblée dite Corutituante, les lois et les harangues,
pendant trois ans, parlèrent le français le pins noble et le plus correct. La Con-
vention succéda ; tous savez quel langage parlèrent alors les harangues et les
lois! Pourquoi cette différence! Parce que dans le premier cas le langage fut
celui des classes cultivées et lettrées ; tandis que dans le second il fut celui des
classes qui ne connaissaient que le dictionnaire des besoins. »
PIECES OFFICIELLES.
LIBERTÉ. ÉaAJLITÉ.
DÉPARTEMENT DE JEMMAPES.
Procès-verbal de la célébration de la fête de la jeunesse,
conformément à l'arrêté du Directoire exécutif du i9 ventôse
dernier j laquelle a eu lieu le vingt germinal à Libre-sur-
Sambre, 4"^ année républicaine.
Cejourd'hui vingt germinal 4°^^ année républicaine à deux
heures de relevée, lé commandant de la place, les officiers de
toutes armes composant la garnison^ les chefs des adminis^
trations civiles et militaires, tous réunis à la Maison com-
mune, précédés des membres composant TÂdminislration
municipale, décorés de leurs écharpes, les jeunes élèves des
écoles nationales entre deux files de volontaires accompagnés
de la musique en défilant devant Tarbrede la liberté, se sont
rendus au pied de l'autel de la Patrie élevé sur une estrade.
Cet autel, d'une belle forme antique imitant le marbre^ orné
de têtes de béliers en or, était artistement peint sur un des
trumaux de la Maison commune, en face de l'arbre de la
Liberté. Les jeunes élèves des deux sexes, pénétrés et remplis
d'enthousiasme en bénissant la République, attendaient avec
impatience les prix promis aux vainqueurs. Le citoyen Chapel,
commissaire du Directoire exécutif près de ce canton, leur
aiant prononcé un discours analogue à la fête, le président
leur distribua, au nom de la République, les prix dus à leur
émulation, consistant en grammaires françaises, dictionnaires
géographiques etarithmétiques. Le commissaire du Directoire
- 206 -
distribua aux trois premiers un exemplaire de la Constitution
française en les exhortant d'en étudier tous les principes. L'air
retentissait des chants et hymnes patriotiques» le citoyen
Quevreux fils, prononça aussi un discours propre à encou-
rager cette tendre jeunesse. Il fut vivement applaudi.
Tout le cortège, la musique en tête et sous le même ordre,
se rendit à la place de la Ville-Basse rendre hommage à l'Arbre
de la Liberté. Peu de jeunes gens accompagnaient le cortège,
la plus part, séduits par la malveillance et la crainte d'être
enregistré pour la réquisition, s'enfuirent dans les communes
voisines cacher leur honte et leur lâcheté; aucun jeune homme,
malgré toutes les exhortations faites antérieurement et le dis-
cours du commissaire, ne s'est présenté à signer au registre ^
Revenus prés de l'autel de la patrie les jeunes citoyennes
embellirent par leurs chants et leurs danses cette fête si chère
à leur cœur. D'un côté quelques jeunes citoyens s'amusèrent
au jeu de balle *, d'autres aux quilles. Pour exciter leur ému-
lation, des prix furent promis à ceux qui se distingueraient par
leur adresse, des rafraîchissements furent distribués et parta-
gés avec la garnison, la fête se termina par des chants et la
danse.
Les citoyens Castiau, agent de Lodelinsart, André, agent de
Dampremy, outrés de l'inconduite du chef-lieu de Chastelet',
se sont venu jeter dans nos bras et fraternisèrent cordiale-
ment avec nous.
Nous les avons consolés, leur avons dit que la majorité de
leurs membres avaient été égarés un instant, que le repentir
les ferait rentrer dans leurs devoir, que c'était la crainte des
revenans qui les avait fait refuser le serment exigé par la loi ',
Les citoyens Nil, agent de Marcinelle, Duvivier, agent de la
commune de Coulliet, ainsi que le citoyen Grosjean, agent de
1. Soccès remarquable des idées républicaines !
S. Celait déjà alors un jeu local.
8. Il semble que le peuple à Ch&telet n'était pas plus patriote qu'à Chaileroi.
4. Douce et intelligente consolation !
I
t.
— 207 -
Bouffioulx, entraînés par le grand nombre avaient aussi signé
leur démission ; nous les avons reçus en frères inquiets être-
pentansy nous les avons consolés et fait espérer que leur con-
descendance à la majorité ne leur serait pas imputée en crime.
Toute cette fête s'est passée avec le plus grand ordre pos-
sible et fut terminée vers les sept et demie heures du soir, au-
quel temps nous avons fait et clos le présent procès-verbal le
jour mois et an que dessus. Et signé N. J. Habart présida J.
J. Duparque mp* J. J. Andrez mp^; A. Louant ofF. de po-
lice M. J. Chapel com"* du direct® exécutif ; H. François s^«
en chef.
Liberté. Égalité.
Discours du citoyen Chapel.
Frères et Amis,
Dignes rejetons de la Belgique, la république vous appelle
dans son sein : c'est au pied de cet autel qu'elle vous invite à
jurer une haine étemelle à la tyrannie ; c'est au pied de cet
autel, dis-je, oùvous receverez le titre de citoyen actif, ce liti'e
sacré. Vos noms transmis d'âge en âge, attesteront et votre
civisme et vos vertus. El vous jeunes amis, venez recevoir,
non des armes, mais des cartes civiques en attendant qu'une
paix stable nous fasse aussi jouir du df oit imprescriptible de
défendre nos propriétés et nos foyers contre les brigands de
malveillans ^
Le sang de vos vertueux ancêtres n'a cesse de circuler dans
vos veines ; imitez leurs exemples, soyez unis, n'oubliez ja-
mais qu'ils ont dû tous leurs succès à ces mêmes vertus : Liberté
^ Fraternité, principes sacrés.
Jadis libres, nos frères q'ont été subjugués que par la ty-
rannie la plus atroce : des temps plus heureux ont vu renaître
t. Une menace à radreaee des ennenU$ intérieurs.
un instant celte liberté si chère à nos cœurs^ le fanatisme,
ce Protée^ ce monstre infernal, par ses poisons séducteurs, a
su parvenir à captiver vos âmes pures. Atterrés et succombant
sous vos nouvelles chaînes , vous étiez anéantis, pendant
qu'une partie de vos frères, ennemis de la tyrannie a su bri-
ser ses fers. Incorruptibles dans leurs principes, ils ont
cherché une nouvelle patrie. La victoire nous a transmis leur
valeur ; invincibles comme leurs nouveaux frères, vertueux
€omme eux, ils ont par leur courage hâté notre bonheur.
Réunion sacrée, la terreur de tous les tyrans coalisés, vous
nous êtes donnée par cette nation si chère.
Nous saurons la mériter par nos vertus.
Venez, jeunes élèves, venez recevoir les prix que la Répu-
blique donne à ceux d*entre vous qui ont par leur zèle mé-
rité cette distinction due aux Talens.
Vive la République.
*
Discours pour la fête de la jeunesse, prononcé par le citoyen
Quevreux fils.
Aimable Jeunesse,
Dans ce jour que la République a consacré pour célébrer
votre fête, livrez vos cœurs à la joie pure que doivent éprou-
ver des républicains, lorsqu'ils se rassemblent tous pour res-
serrer par des jeux et des divertissements civiques, lesliensde
la fraternité qui les unissent. C'est dans cette journée de plai-
sir que vous devez vous jurer mutuellement une amitié à
toute épreuve, et vous exciter les uns et les autres à cette
concorde qui fait la force des républiques, et procure en
même temps à ses citoyens, cette tranquilité d*âme et ce ca-
ractère d'aménité qui les met au dessus de tous les sujets des
despotes et des monarques * .
1. Adorable appréciation de l'aménité des républicains de 1798.
— 209 —
Rappellez-vous, jeunes Belges, que vos illustres ayeux,
dont le sang circule ^ns vos veines, ont toujours chéri la
Liberté ; qu'ils ont, en mille circonstances, fait des efforts
héroïques, pour secouer le joug de la servitude et de la
tyrannie.
Si leur courage généralement connu, même dans les siècles
les plus reculés, n'a pas été couronné par d'heureux succès,
c'est que le fanatisme, toujours accompagné de l'affreuse
trahison^ ont mis des obstacles insurmontables à leur valeur.
Votre dernière révolution en est une preuve non équivoque,
vous prîtes les armes pour la cause de la liberté, que des
fanatiques vous firent entrevoir dans le lointain, sa vue quoi-
qu'elle ne vous parût pas dans tout son éclat ne laissa pas que
de donner l'élan à votref énergie héréditaire, mais les trom-
peurs n'animèrent votre courage que pour favoriser leur
ambition *.
L'hypocrisie de leur conduite vous causa des maux et des
pertes incalculables, et ces traîtres, enseignant de travailler à
briser vos fers^ ne firent que les resserrer davantage.
Après ces événements malheureux, la magnanime nation
française, vous apporta la liberté, vous Tacceplâtes avec
enthousiasme ; mais, par un coup infortuné, vous ne l'entre-
vites alors qu un moment sur votre horizon.
La trahison de l'infâme Dumouriez la fit disparaître pour
faire place au despotisme qui régnait auparavant dans ces
riches contrées.
L'Être suprême enfin jeta sur la Belgique un regard de
bienveillance, il inspira aux généreux républicains français de
la reconquérir *. Leurs invincibles bataillons se mettent en
marche, la victoire accompagne leurs pas. Leur valeur, aussi
prompte que la foudre, a bientôt vaincu tous les obstacles ;
1. Édifiantes aménités que s'adressent réciproquement tous les révolutionnaires:
« 8e défier d'un autre charlatan du même nom qui demeure en face ! • Ce qu'il y
^ de plus triste, c'est qu'ils disent tous vrai !
t. Céleste inspiration de nous forcer malgré nous à accepter le bonheur I
— 210 —
rien ne résiste à leur courage ; les éléments semblent leur
obéir, les Qots des lacs et des fleuves se taisent et s'abaissent à
leur approche; au lieu d'une surface liquide il leur présente
un passage aussi ferme que le roc, sur lequel ils se portent en
foule avec leur redoutable artillerie et leur rend possible la con-
quête des Pays-Bas.
.La République victorieuse vous a adopté depuis pour ses
enfants en vous réunissant à la grande famille, parce qu'elle
compte sur votre amour pour cette liberté sainte qu'elle a
acquise par des sacrifices indicibles \
Comptez sur sa sincère amitié pour les Belges et soyez per-
suadé qu'elle vous chérira 'toujours* comme de vrais Français
tant que vous témoignerez un attachement sincère à sa Consti-
tution fondée sur les droits inprescriptibles de l'homme.
Vive à jamais la République I
LIBERTÉ. ÉGALITÉ.
DÉPARTEMENT DE JEMMAPES.
L'an quatrième de la République française une et indivi-
sible, le 10"^^ jour de thermidor. Nous soussignés commissaire
du Directoire exécutif et membres composants l'Administration
municipale de Libre-sur-Sambre, voulant satisfaire à l'invita-
tion de l'Administration centrale du Département de Jemma-
pes, nous nous sommes disposés à célébrer les fêtes de la Liberté
des 9 et 10 thermidor, et en conséquence, nous avons invité
le commandant de la place et les officiers qui composent la
garnison^ à se joindre à nous pour solemniser avec tout Tap-
pareil que nous le permettent nos faibles moyens, ces fêtes
sublimes, conformément aux ordres du Directoire exécutif.
i. Sacrifices imposés naturellement à ses nouveaux enfants belges adoptés malgré
euzl
S. Comme le cbat chérit la crème.
— 211 —
L^arrêté du Directoire Exécutif en date du 17 messidor der-
nier qui nous a été transmis par l'Administration centrale du
Département de Jemmapes, qui ordonne la célébration des
deux fêtes de la Liberté et que nous n'avons reçu que le
9 thermidor à huit heures du soir, dans la lettre de ladite
administration en date du 7 dudit, ne nous a point permis de
solemniser ces fêtes à commencer à la date prescrite par ledit
arrêté. Nous avons en conséquence célébré les deux fêtes le
10 thermidor, de la manière suivante.
Le commandant de la place a mis la garnison sous les
armes, à quatre heures après-midi. Étant parvenue sur la
place, elle se rangea en bataille; le commandant et les autres
officiers de la garnison se rendirent à la maison commune où
ils furent reçus par les membres composant l'administration
municipale. Tous les agents au service de la république s'y
trouvèrent également; le cortège se mit de là en marche
précédé par la troupe et par une musique guerrière et se
porta vers l'autel de la patrie dressé sur la dite place et qui
est en permanence, il était décoré autant bien que la brièveté
du temps et l'exiguïté de nos moyens nous l'avaient permis ;
mais nous avons cependant suivi le mieux que nous avons pu,
les instructions qui nous avaient été transmises à cet égard.
Vis-à-vis l'autel de la patrie, nous avions élevé le simulacre
d'un trêne décoré de tous les attributs du despotisme, des
sceptres^ des torches, des poignards, un masque, un jonc, des
armoiries, enfin tout ce qui caractérise la tyrannie et la per-
fidie de ces anciens maîtres des destinées des mortels.
Arrivé devant l'autel de la patrie, la garnison se rangea en
cercle; alors le citoyen Quevreux fils, ancien administrateur,
etc., originaire français, prononça un discours analogue aux
deux fêtes. On y reconnaît l'expression simple S mais vraie
d'un franc républicain, nous prononçâmes .ensuite unanime-
ment le serment de haine éternelle à la royauté, puis nous
i. Simplicité et pathos étaient donc alors synonymes !
- 212 -
nous mimes en marche vers l'arbre de la Liberté qui se trouve
précisément entre l'autel et l'emplacement ou nous avions
élevé le trône. Après avoir fait le tour de cet arbre^ emblème
de la félicité des Français, nous allâmes à cette représentation
de l'ancien faste des rois, à ce trône qui nous retraçait le
souvenir de la servitude sous laquelle nous avions gémi tant
de siècles. Le commissaire du Directoire exécutif près cette
administration municipale y mit le feu à divers endroits aux
acclamations de tous les bons républicains présents à cette
cérémonie ^ La musique y joignit sa mélodie^ l'artillerie et la
mousqueterie se firent entendre tour à tour à différentes
reprises, des hymnes patriotiques furent chantés pendant
que la flamme ardente réduisait en poudre tous les attributs
de la Royauté, et lorsqu'il n'en resta plus que la cendre, le
même cortège retourna vers l'autel de la Patrie au bruit des
fanfares guerrières, et des cris redoublés de Vive la République,
Vive la Liberté et de haine éternelle à la Royauté.
Le commandant de la place, les officiers de la garnison,
les divers agents de la République et nombre de nos conci-
toyens présents à la solemnité furent invités d'entrer dans la
salle de la maison commune où des rafraîchissements leur
furent présentés.
La fête fut terminée vers les huit heures du soir, après
quoi nous nous sommes occupés à rédiger et à clore le
présent procès-verbal fait en la salle de nos séances, les
jour, mois et an que dessus.
Les membres composant l'administration municipale de
Libre-sur-Sambre.
Signé. Habart, municipal; J.-J. Duparque; Quevreux;*
André; Michel Joseph Chapel, commissaire du Directoire
exécutif.
« »
1. Puérile cérémonie.
- 213 -
Discours pour les fêtes des 9 et iO thermidor de Van 4,
prononcé par le citoyen Quevreu^ic pis.
Le Directoire exécutif, toujours attentif à rappeler à la
nation ces époques fameuses, où elle a secoué le joug de la
tyrannie, a porté un arrêté qui ordonne de célébrer les fêtes
de la Liberté. L'intention du législateur, en plaçant ces solen-
nités aux 9 et 10 thermidor, a été de célébrer par une même
institution la destruction de toutes les espèces de tyrannie
qui ont pesé sur la France.
Ces deux fêtes nous rappellent non-seulement la chute de
ce barbare et sanguinaire triumvirat, mais elles doivent en-
core consacrer les deux époques les plus mémorables de la
révolution : celle du 14 juillet 1789 où la Nation fit les plus
grands efforts pour recouvrer ses droits, et celle du 10 août
1792 où le trône fut renversé.
Le peuple français qui a conquis sa liberté et qui veut la
conserver, attache beaucoup d'importances et d'intérêts aux
solennités qui lui retracent chaque année le souvenir de ses
combats et de ses triomphes.
Nous faisons maintenant partie intégrante de la Républi-
que, saisissons donc avec empressement toutes les occasions
possibles de nous montrer dignes de fraterniser avec un
peuple qui nous a apporté la Liberté, qui a brisé nos fers en
expulsant de nos contrées ces hordes barbares, faites pour être
les satellites des despotes.
Imitons ces républicains généreux en célébrant comme eux
des fêtes civiques en mémoire des actions subliméls qui les
rendejit à présent la terreur des tyrans, et l'amour de tous
les amis de l'humanité. Elles augmenteront s'il est possible
notre reconnaissance pour eux, et nous faisant ressouvenir
que c'est à leurs armes victorieuses, que c'est à ce caractère
mâle, qu'aucun revers n'a intimidé et qui ne s'est point enor-
gueilli insolemment par ses succès, que c'est enfin à leur
bienfaisance que nous devons le recouvrement de nos droits.
- 244 -
de ces droits sacrés de l'homme que nous ne connaissions plus
que denom*.
Jurons comme eux haine éternelle à la tyrannie. Que les
noms surtout de Robespierre et de ses cruels partisans soient
toujours pour nous en horreur, que les souvenirs de leur
barbare triumvirat ne se présente à notre esprit que pour
renouveler nos serments de mourir plutôt mille fois que de
nous laisser courber de nouveau sous les chaînes du despo-
tisnte.
Les victoires multipliées que les armées républi6aines rem-
portent sans interruption font espérer que les beaux jours de
la République ne tarderont plus à briller de tout leur éclat,
qu'une paix aussi honorable que glorieuse cimentera notre
bonheur et que ces noms de proscription, d'inimitié, de ven-
geance, de perfidie et de guerre seront pour jamais effacés de
notre esprit. Vive la Liberté. Vive la République.
*
LIBERTÉ. ÉGALITÉ.
DÉPARTEMENT DE JEMMAPES.
Canton de Libre-sur-Satàbre.
L'an cinquième de la République française une et indivi-
sible, le premier vendémiaire, jour de l'anniversaire de la
fondation du gouvernement républicain, nous soussignés
membres composant 'l'administration municipale de Libre-
sur-Sambre et le commissaire du Directoire exécutif près ladite
administration, voulant remplir le vœu de l'arrêté du 13 fruc*
tidor, portant que toutes les communes de la République
célébreront l'époque mémorable de l'ère républicaine avec
tout réclat et la pompe que les localités et les moyens res-
1. Toigours le môme thème derecoonaiisance eavers nos enTahÎMeunl
— 215 —
peclifs le permettront, nous avons fait tout ce qui était en
nouSy pour rendre celte fête la plus brillante possible, par un
emploi sage et bien distribué de la somme de deux cents
livres que l'administration centrale du déparlement doit nous
remettre d'après sa lettre du 23 fructidor. Des prix ont été
achetés pour être délivrés aux vainqueurs des différents jeux
d'exercice que nous avons établis comme suit.
" Une paire de boucle en agent aux vainqueurs à la course.
Cinq paires dito,aux vainqueurs à la balle, (les parties étant
de 5 contre 5).
Quatre grands plats d'étain pour les gagnants aux quilles.
Quatre dito, à ceux pour le jeu de fer, (ces deux exercices
se font A contre 4).
Les concurrents s'étoient venusfaire inscrire la veille, pour
ces divers jeux, et par la voie du sort chaque partie fut ar-
rangée.
La petite jeunesse, animée par ces préparatifs, nous pré-
senta sa pétition le dernier jour complémentaire, par laquelle
elle nous témoignait combien illui serait sensible de ne point
participer à la fête et nous demanda quelques légers prix
pour les vainqueurs pour les jeux auxquels ils désiraient qu'on
leur permit de se livrer ; et ils choisirent celui de la balle et
la course, nous nous empressâmes de répondre à la demande
de ces jeunes républicains. Nous fûmes contraints de mesu-
rer la valeur de leurs prix à Texiguïté de nos moyens, savoir
un plat d'étain de moyenne grandeur pour le vainqueur à la
course et cinq de même pour les gagnants à la balle. Le sort
distribua les parties combattantes comme pour l^s grands
prix.
Ces divers jeux furent placés dans les quatre sections qui
forment ce canton. Le jeu de fer eut lieu au Faubourg où cet
exercice est très usité *.
Celui de quilles à la Ville-haute, ainsi que le jeu de balle des
adolescents.
1. Jea Içcal.
- 246 -
Celui de la course dans une rue droite qui forme le lieu dit
FEntre-ville.
Enfin celui de la balle sur la place de la Ville-basse qui,
n'étant point pavée dans son centre, sert toujours à cet exer-
cice *.
Par cette distribution les divers quartiers de la commune
profitèrent de la fête.
Le commandant de la place, les officiers de la garnison, les
employés attachés au service de la république, etc., furent
invités à venir embellir par leur présence, cette solennité,
qui depuis plusieurs jours avait déjà été annoncée aux répu-
blicains par des ailGches.
Plusieurs décharges d'artillerie, annoncèrent de grand ma-
tin cette fête civique, et vers les huit heures, la garnison qui
avait pris les armes, se rendit sur la place de la Ville-haute
où elle se rangea en haie autour de l'autel de la Patrie qui
était décoré de verdure suivant l'usage.
Le corps municipal, après s'y être rendu, se rangea sur
les degrés, et le citoyen Quevreux fils, l'un de ses membres,
après un préambule analogue à la circonstance, y fit la lecture
des droits de l'homme, et des 1^^^ articles de la Constitution,
ce qui fut terminé par une péroraison où régnait les senti-
ments du vrai patriotisme et par les cris redoublés de Vive
la République que les assistants répétèrent à l'unisson et à
l'envi.
Les prix destinés pour les différents jeux étaient portés
sur des couronnes de verdure par des adolescents rangés en
cercle autour du pied de l'autel.
Le cortège alla ensuite vers l'arbre de la Liberté, la garni-
son l'ayant entouré le salua de plusieurs décharges de mous-
queterie, l'artillerie y répondit, la musique, par intervalle
joua des airs patriotiques. On s'achemina de là vers TEnlre-
ville, lieu où la lice pour la course était préparée et ornée
i. Cet usage s'est perpétué.
- 217 -
de brainchages, nous allâmes d'un but à l'autre précédé de
la musique, des tambours et escortés d'un détachement de la
garnison. On se transporta après sur la place de la Ville-
basse, on fit le tour de l'arbre de la Liberté qui y existe en
face du jeu de balle qui était décoré de feuillages dans toute
son enceinte. Ces diflérentes marches furent accompagnées
de tous les concurrents aux divers exercices et d'un nombre
considérable de citoyens de tout âge.
La course commença, les exercices et les autres successive-
ment. Le prix en fut remporté par le citoyen François Wartez,
natif de Bonnay, département de la Somme, au 3"^^ régiment;
il eut des adversaires qui étaient dignes de combattre contre
lui, tant parmi ces camarades que parmi les bourgeois.
Les vainqueurs aux quilles sont les citoyens Simon Fauge-
nette, Louis Lemoine, François Rassart, Joseph Warnon,
tous de cette commune.
Les gagnants au jeu de fer sont les citoyens Dieudonné
Paquet, Louis Paquet (dit l'étudiant), Louis Schmidt, Jacques
Lefebvre, tous du Faubourg.
Ceux à la balle sont Germain Théveignier^ Gaspart Monfort,
François Rucloux, Jacques Cosse et Joseph Bageart.
Les adolescent? commencèrent également leurs exercices
par la course, dont le prix fut remporté par Pierre Warnon.
Les vainqueurs à la balle sont les jeunes citoyens Jos.
Lance, N.-J. Hancart, J.-B. Kremer, J.-F. Milcamp, J.-J. Do-
bresse, tous au-dessous de seize ans.
Enfin, après que tous ces jeux furent terminés, nous fîmes la
distribution des prix avec toute la pompe et tout l'appareil le
plus brillamment civique qu'il nous fut permis. Des prome-
nades dans les divers emplacements de tous les exercices,
égayées par la musique et par les hymnes républicaines
répétées tour à tour par les vainqueurs, leurs concurrents et
par les bons patriotes qui prirent part à ces divertissements,
terminèrent cette sublime solemnité à huit heures du soir.
Nous avons la douce satisfaction de vous annoncer que dans
40
— 218 —
cette journée tout s'est passé dans le plus grand ordre ; que
nous avons vu Tunion, la fraternité et cette gaieté naturelle
aux vrais amis de la Patrie régner parmi tous nos concitoyens
qui ont participé à la fête. Nous nous sommes retirés ensuite
en la salle de nos séances où nous avons rédigé le présent
procés-verbal les jour, mois et an que dessus.
Les membres composant Tadministration municipale du
canton de Libre-sur-Sambre, signés : N.-J. Habart, président;
J.-J. Duparque, municipal; Quevreux, municipal; J.-J. André,
municipal; M.-Jos. Chapel, commissaire du Directoire exécutif
et H. François, secrétaire en chef.
Nota. — Après la clôture du présent, il fut arrêté qu'on
donnerait un bal dont la rétribution d'entrée serait au profit
des pauvres de cette commune, mais cette entrée n'est pas
exigée. On invite seulement les âmes sensibles à subvenir au
secours des indigents. La musique sera fournie gratis.
*
Municipalité de Libre-mr-Sambre.
L'an sixième de la République française une et indivisible,
le vingt-six du mois de messidor, nous soussignés commis-
saire du Directoire exécutif et membres composant l'adminis-
tration municipale du canton de Libre-sur-Sambre, nous
conformant à la loi du 10 thermidor an IV et à l'invitation dé
l'administration centrale du département de Jemmapes, nous
nous sommes empressés de célébrer la fête sublime du 14 juil-
let dite de la Fédération. En conséquence, nous avons invité
le commandant de la place, les ofQciers composant la garni-
son, le juge de paix et ses assesseurs à se joindre à nous pour
rendre la fête aussi solennelle que le désire leDirectoire exécutif.
Le commandant de la place mit la garnison sous les armes
à deux heures après-midi. Le cortège se rendit à la Maison
commune et de là sur la place de la Ville-basse, où ayant
formé un cercle autour de l'autel de la Patrie, le citoyen
— 219 —
Quevreox, instituteur de Técole primaire, prononça un dis-
cours analogue à la fête, lequel fut généralement applaudi ;
on fit alors le tour de l'arbre de la Liberté accompagné de la
garnison, de la musique et d'un nombre considérable de nos
concitoyens, en chantant des hymnes à la Liberté et à la Répu-
blique.
Après quoi on se rendit dans une des salles de la maison
commune où une collation frugale fut présentée au comman-
dant de la place, aux autres militaires composant la garnison,
de même qu'à un grand nombre de braves patriotes invités à
la récréation, tout se passa dans le meilleur ordre, on y vit
briller l'amitié, l'égalité et la fraternité.
La fête se termina vers les huit heures du soir, la jeunesse
prit des arrangements, profilant du reste de la journée pour
donner un bal qui a duré jusqu'au lendemain matin.
Ainsi fait et clos le présent procès-verbal en la maison
communede Libre-sur-Sambre les jour mois etan susdit. Louis-
F. Binard père, administrateur municipal; Michel-Joseph Chapel,
commissaire du Directoire exécutif; N.-J. Habart; J.-J. Du-
parque; H. François, administrateur municipal; A. Louant,
administrateur municipal; Roland, secrétaire en chef.
*
DISCOURS
prononcé devant l'autel de la Patrie^ à Libre-sur-Sambre, le
26 messidor, sixième année républicaine, jour de Vanniver*
saire de la fête de la Fédération du 'i4 juillet 1790^ par le
citoyen Quevreux, instituteur.
Tous les Français célèbrent aujourd'hui l'anniversaire de ce
jour mémorable où ils brisèrent les fers du despotisme sous
lequel ils étaient courbés depuis tant de siècles. Le 14 juillet
(suivant l'ancien style) est une époque à jamais mémorable
pour la République. La loi l'a consacré en ordonnant que des
— 220 —
fêles solennelles fussent célébrées dans toute l'étendue de sa
'domination.
Citoyens, célébrons cette fête avec enthousiasme, elle
nous rappelle les actions héroïques de cette nation belli-
•queuse dont les armes victorieuses ont apporté la liberté :
<î'est à la valeur de ces braves nouveaux républicains ; oui,
c'est à leur intrépidité au dessus de tout éloge que les Belges
«ont redevables de l'anéantissement de cette inique féodalité
<]ui les rendait tous esclaves; c'est aux lumières des Français
«t à leur philanthropie que nos concitoyens doivent le réveil
de leurs anciennes vertus et l'énergie guerrière qui les dis-
tingue des autres habitants du nord ^
Tâchons donc de nous rendre digne du titre de frère dont
cette belle nation daigne nous honorer. Marchons sur les traces
de ces anciens Francs qui, les premiers de tous les peuples,
osèrent attaquer l'empire romain qui conlmandait à l'univers.
Nos anciens Gaulois ou Francs, qui sont les ancêtres des Français
modernes, parvinrent enûn par des prodiges de valeur à sub-
juguer ces fiers guerriers et à leur dicter ses lois '.
Mais ces Francs ayant choisi des rois pour les gouverner,
ils leur attribuèrent tant de pouvoir qu'ils devinrent à leur
tour aussi esclaves que les vaincus.
Bien des siècles s'écoulèrent, avant que le Français ne sen-
tit combien il était peu fait pour obéir à des despotes, mais
le génie de la France fît sortir enfin le peuple de sa léthargie.
Il lui retraça les faits valeureux des héros leurs ancêtres; il lui
fit apercevoir les charmes de la Liberté, de la Fraternité, de
l'Égalité, il lui ôta le bandeau des esclaves qui Tempêchait
de voir toute l'horreur du fanatisme, du despotisme sous les
fers desquels il était courbé.
Le courage des Français se ranima, son antique énergie ré-
1. Le Belge doit aux Français, même ses qualités naturelles ! — Admirable naï-
veté d*aa orateur français : 0 Chauvin !
S. Voilà un paragraphe gonflé de leçons d'histoire d'une fantaisie tout à fait
inattendue.
i
- 221 —
prit son essort, et le premier acte de vigueur qui le signala
fut de proclamer et de vouloir unanimement l'égalité des con-
ditions, l'extinction delà noblesse et du clergé S seul moyen
d'anéantir la servitude sous laquelle on était écrasé. Toutes
les autorités féodales furent dès lors supprimées, et la liberté
de penser fut rendue aux citoyens.
C'est à l'époque du 14 juillet, dont nous faisons aujour-
d'hui l'anniversaire, que la Bastille, ce séjour de larmes et
d'horreurs pour une infinité de victimes de la barbarie des
Rois et de leurs cruels suppôts, que celte forteresse, d'où ne
sont jamais sortis que des cris douloureux venant des infor-
tunés qui y étaient arbitrairement détenus, fut assiégée par
les vrais enfants de la patrie, prise d'assaut et condamnée à
être rasée et démolie jusque dans ses fondements.
Il resrait encore beaucoup à faire aux Français pour deve-
nir entièrement libres ; aucun obstacle ne les rebuta. Ils
avaient conservé un Roi, il devint perfide, le glaive de la loi
le frappa I Des trailres traînaient au dedans et au dehors,
leurs complots furent dévoilés et ils subirent le sort qu'ils mé-
ritaient •.
Les tyrans couronnés, mitres, crosses, etc., se coalisèrent
pour écraser les nouveaux républicains *, leurs nombreuses
phalanges mercenaires firent des vains efforts contre les troupes
françaises dont la victoire accompagne toujours les pas. Vain-
queurs par la douceur des procédés aussi bien que par les
armes, séduits par l'aménité qui caractérise les Français, les
habitants de la Belgique se félicitèrent d'être soumis au sort
de la république^. Ces conquêtes engagèrent des monarques
et autres souverains à se détacher de la coalition.
L'invincible Buonaparte a subjugué toute l'Italie, les arbres
de la Liberté y croissent, les drapeaux tricolores sont arborés
au Capitole.
1 . Les instituteurs étaient avancés à celte époque, à Gharleroi !
2. Apologie delà guillotine dans un discours oiAciel.
3. Pas mal !
4. Heurtux Belges ! On sait combien leur sort fut digne d'envie !
— 822 -
Cet illustre guerrier vient de joindre à cette conquête im-
portante celle de l'isle de Malte, place la plus importante
possible pour protéger et mettre à l'abri nos flottes dans la
îféditerrannée. Ce grand général vole encore à d'autres victoires
qui l'illustreront à jamais et procureront à la République des
avantages inappréciables.
Il nous reste encore à vaincre cette glorieuse Albion, cette
Angleterre jalouse de nos succès, et qui sans aucune raison
plausible s'est armée contre nous; bientôt, on cessera de la
regarder comme la souveraine des mers, on verra ces pavil-
lons se baisser devant ceux de la République, et ces barbares
cohortes s'humilieront devant nos drapeaux*.
Nous avons donc, citoyens, l'espoir le mieux fondé de deve-
nir heureux à jamais par notre réunion à la magnanime na-
tion française; faisons des vœux pour sa prospérité, que ses
vertus, sa valeur, son affabilité deviennent notre héritage et
en peu de temps nous oublierons que nous avons été les es-
claves des tyrans, des fanatiques, de la noblesse et de la féo-
daUté*.
Vive la République.
« «
Canton de Libre-sur-Sambre,
L'an sixième de la République française une et indivisible,
le !23 Thermidor, Nous soussigné commis^ du Direct^ Ex. et
membre composant radm<>° Municipale de Libre-sur-Sambre,
nous conformant à l'arrêté du D^'^Ex, du 15 Thermidor an 4,
et à l'invitation de l'administration centrale du département
de Jemmapes, nous nous sommes empressés à célébrer la fête
sublime du 10 août, dernier jour du despotisme en France.
En conséquence nous avons invité le commandant de la place,
i. U y a là cinq petits paragraphes dont la naïve vanité chauvine inspirera ans
lecteurs des commentaires mille fois meilleurs qne les réflexions que nous pour-
rions y joindre.
— 223 —
les officiers composant la garnison, le juge de paix et asses-
seursy à se joindre à nous pour rendre la fête, aussi solen-
nelle que le désire le D^*® Ex.
Le commandant de la place mit la garnison sous les armes
à deux heures après midi, le cortège se rendit à la Maison
commune, et de le sur la place de' la ville Basse, ou ayant for-
mé un cercle autour de l'autel de la Patrie, le président rap-
pela au peuple assemblé, l'histoire abrégée du 10 août, et
suspendit ensuite à l'arbre de la Liberté l'incription suivante :
AU 10 AOUT !
Honneur aux braves qui renversèrent le trône. Les Français
ne reconnaissent pltis d'autre maître que la loi.
Le citoyen Quevreux, instituteur de l'école primaire, pro-
nonça un discours analogue à la fête, lequel fut généralement
applaudi, et prononça aussi à haute voix, de même que le
citoyen Robert, en présence des corps constitués, le serment
de n'inspirer à leurs élèves que des sentiments républicains,
du respect pour les vertus, les talents, le courage, et de la
reconnaissance pour les fondateurs de la République. Des
chants civiques ont suivi cet engagement solennel. On fit alors
le tour de l'arbre de la Liberté accompagné de la garnison,
de la musique et d'un nombre considérable de nos conci-
toyens, enchantant des hymnes à la Liberté etàlaRépublique ;
après quoi on se rendit dans un lieu où un repas frugal fut
présenté au commandant de la place et autres militaires com-
posant la garnison, de même qu'à un grand nombre de braves
patriotes, invités au repas ; tout se passa dans le meilleur
ordre ; on y vit briller l'amitié, l'égalité et la fraternité. La
fête se termina à minuit, après plusieurs danses qui ont eu
lieu auprès de l'autel de la Patrie.
Ainsi fait et clos le présent procès-verbal le jour mois et
an susdit.
*
— Î24 —
DISCOURS
pour la fête du iO ami, le 23 Thermidor an 6, prononcé par
le citoyen Quevreux, instituteur.
Citoyens,
Nous vous avons invité à vous réunir avec nous aujourd'hui
près de Tarbre de la Liberté» pour célébrer Tanniversaire de
ce jour à jamais mémorable où le peuple français a brisé le
sceptre de fer sous lequel il était courbé depuis plus de 14
siècles, il a contracté Tobligalion d'asseoir la liberté sur les
ruines du despotisme et de faire succéder le règne des lois
aux caprices de la volonté d'un seul.
Ce qu'une grande Nation devait faire pour remplir une si
glorieuse entreprise, le peuple français l'a fait: il s'est levé en
masse, plus d'un million de soldats ont bravé la mort et les
dangers ; les éléments ont été méprisés.
Tous ces efforts ont obtenu une précieuse récompense, nous
voyons nos frontières reculées jusqu'au Rhin. Quatorze armées
républicaines ont vu la victoire en permanence sous leurs
drapeaux, la Belgique est rendue à la liberté, la Hollande est
délivrée d'un statliouder qui jouait le rôle d'un despote, la
navigation de l'Escaut est rétablie, l'étendard tricolore flotte
sur les rives du Tibre et du Pô et dans toute l'Italie, l'île de
Malte, ce repaire de l'arislocralie, est maintenant soumise
aux lois de la grande nation.
Soldats républicains, c'est à votre dévouement que tous ces
succès sont dus, vous effacerez l'éclat des beaux jours d'A-
thène et de Rome. Ces anciens guerriers ne combattaient que
pour leur liberté, vous combattez pour celle de vos voisins,
pour celle du peuple sur le territoire duquel vous promenez
vos armes triomphantes \
Une grande tâche vous reste encore à remplir, vous avez
i. Heureux peuples qui goûtent la jouissance d'être soumis aux troupes d'in-
vasion I
- 828 -
fait ressentir à nos ennemis, la force de l'impétuosité de votre
courage, faites éprouver au peuple au milieu duquel vous
vous trouvez, l'améoilé et la sensibilité qui caractérisent )a
nation française.
Citoyens^ vous avez vu les phalanges républicaines combattre
nos ennemis, llsétaient encore ceux de l'humanité. Vous res-
sentirez tous les avantages qu'assurent le gouvernement répu-
blicain. Associés à sa gloire, vous participerez à son bonheur,
tel est le sort qui vous attend. Jurons par la liberté que les
Français ont conquise, jurons une haine éternelle aux tyrans,
resserrons-nous par les liens de la confiance, de l'amitié et de
la fraternité, et faisons qu'ils soient aussi indissolubles et aussi
durables que la République.
Vive la République.
*
« «
Canton de Libre-sur-Sambre.
Le dix-huitième jour du mois de fructidor, de l'an sixième
de la République française,, une et indivisible, quelques
décharges d'artillerie annoncèrent à six heures du matin aux
habitants de Libre-sur-Sambre, et à ceux des cantons voisins,
la commémoration de la fêle qui devait se célébrer au dit jour^
dans toutes les communes de la République; les autorités
constituées, la garnison, les fonctionnaires publics, tous se
préparèrent à la célébration de la fête.
Vers dix heures du matin, le commandant de la place,
accompagné des officiers de la garnison et des braves défen-
seurs de la patrie, vinrent recevoir l'administration munici-
pale à la maison commune, après avoir fait quelques décharges
de mousqueterie sur la place de la Ville-haute, le cortège
descendit sur la place de la Ville-basse ; là, rangé autour de
l'autel de la Patrie, au pied de l'arbre de la Liberté, les
volontaires de la 51">® demi-brigade, composant la garnison de
la place firent quelques évolutions militaires. Le citoyen Que-
- 826 —
vreux> inslituteur de Técole primaire, prononça un. discours
qui fut écoulé avec attendrissement, de tout le peuple assem-
blé; la garnison reprit ses évolutions militaires en faisant
plusieurs belles décharges, qui furent applaudies par les cris
de vive la République, vive Ja Liberté; les évolutions militaires
achevées le cortège, après favoir fait le tour de la place,
remonta à celle de la Ville-haute, où elle fit également le tour ;
les évolutions militaires recommencèrent, les chasseurs à
cheval firent quelques courses. Pendant ces évolutions, le
bruit du canon et de la mousqueterie retentissait sur nos
remparts démolis, le cortège rentra dans la salle de notre
administration municipale où Ton fut prendre un léger rafraî-
chissement. L'après-diner la fête contiuua par les danses sur la
place de la Ville-basse autour de l'arbre de la liberté et dura
jusqu'à onze heures du soir.
Toute la fête s'est passée dans la plus grande cordialité; pour
endre compte et attester la célébration de cette fète^ moi
soussigné commissaire du Directoire, en ai dressé le présent
procès-verbal triple, dont un sera adressé au commissaire du
Directoire exécutif près Tadministration centrale du départe-
mentde Jemmapes, le second pour être consigné aux archives
de ladministralion municipale de ce canton, et le troisième
pour être gardé en mon bureau, les jour, mois et an susdits.
*
DISCOURS
Prononcé par le citoyen Quevreux, instituteur à V école primaire
de la commune de Libre-sur-Sambre, le i8 Fructidor
an VK
Nous célébrons aujourd'hui l'anniversaire de la fameuse
journée du 18 fructidor an V. Cette fête ordonnée par le
Directoire exécutif, et qui doit avoir lieu dans toute la Répu-
blique, a pour objet de rappeler au peuple que le royalisme
- 227 -
s'est constamment caché sous tous les masques et sous tous
les costumes ; qu'il a eu la plus grande part dans les événe-
ments qui ont amené lel^'' germinal^ le 13 vendémiaire et le
18 fructidor, qu'il met à profit toutes les circonstances pour
opérer le renversement de la Constitution à laquelle la France
doit tant de succès et de gloire; et qu'il faut une vigilance
continuelle pour défendre contre ses attaques réitérées le
trésor précieux de la Liberté.
Une conspiration ourdie depuis longtemps avait pour objet
de rétablir en France un trône de privilèges et de vexations
mille fois plus odieuses que celles qui ont été abolies par la
volonté souveraine du peuple. Une conspiration toujours
dévoilée et jamais détruite, avait amené de nouveau la Répu-
blique sur le bord de l'abime. Le gouvernement, par sa
sagesse et par sa fermeté en a déconcerté l'action au moment
où elle allait éclater. Encore une nuit et un deuil éternel cou-
vrait notre patrie! Encore une nuit et le despotisme levait sa
tête hideuse et assayait sans retour son usurpation sur les
cadavres de tout ce qui avait servi plus ou moins la cause de
la Liberté.
Des hommes qui n'avaient ambitionné le pouvoir populaire
que pour mieux asservir le peuple, tramaient depuis long-
temps cet exécrable projet; ils tendaient 1^ à l'anéantissement
de tout esprit publique; 2<^ à l'assassinat de tout ce qu'ils appe-
laient suspect de patriotisme et l'impunité accordée aux assas-
. sins, par des tribunaux vendus au royalisme; 3^ à l'extinction
des ressources financières de l'Etat; 4^ à l'avilissement du
gouvernement et des institutions républicaines ; 5^ à allumer
une guerre civile sur tous les points delà République, &^kla
destruction de la sûreté intérieure et les routes interceptées;
?<> à plonger dans la misère le rentier, le soldat et l'ouvrier ;
8^^ enfin à l'actif renversement des lois constitutionnelles.
Voilà, citoyens, ce que ces monstres nous réservaient '.
i. Quelle Aèvre et quel luxe d'accusations imaginaires pour exciter les passions
du peuple.
- 228 — •
Le génie tutélaire de la République française a inspiré une
fermeté inébranlable à ceux de nos braves représentants qui
toujours ont maintenu la bonne cause, la trame a été décou^
verte, les coupables ont été saisis et le sang n'a pas coulé.
La sagesse a conduit la force, la valeur et la discipline en
ont réglé l'emploi, la justice nationale a été consacrée par le
calme du peuple. Il était évident aux yeux* de tout le monde
qu'on ne voulait rien déplacer, mais remettre tout à sa place.
Et les perfides qui n'eussent pas épargné la vie d'aucun
républicain, ont été déportés et traînent maintenant loin de
nous leur malheureuse existence dans les remords et dans l'op-
probre.
Français, car vous l'êtes actuellement, mettons-nous tou-
jours en garde contre les insinuations de ces tartufes en poli-
tique qui n'affectent de parler civisme que pour mieux vous
séduire, vous les connaîtrez facilement, en faisant attention
combien ils se contredisent par leurs discours et leurs actions.
Unissons-nous d'amitié, fraternité; portons le nom de citoyen
avec un orgueil légitime; que chez nous désormais l'esprit
national s'élève au niveau des plus hautes destinées. Soyons le
premier peuple libre et que la qualité de citoyen français soit
le plus beau de tous les titres !
Vive la République !
*
t Cantœi de Libresur-Sambre.
L'an septième de la République française une et indivisible,
le premier jour du mois de Vendémiaire, Nous soussignés ad-
ministrateur et commissaire du Directoire exécutif près l'ad-
ministration municipale du canton de Libre-sur-Sambre, en
conformité de la loi du 27 Thermidor et de l'invitation de l'ad-
minislraiion centrale du département de Jemm^pe en date
du 15 Fructidor, nous nous sommes empressés de célébrer la
fête de la fondation de la République.
- 229 -
En conséquence nous avons invité le commandant de la
place, les officiers composant la garnison, le juge de paix et
assesseurs, à se joindre à nous pour rendre la fête aussi solen-
nelle que le désire le Directoire exécutif.
Le commandant de la place, mit la garnison sous les armes
à dix heures du matin ; le cortège se rendit à la maison com-
mune et delà descendit sur la place de la Ville-basse.
Là, rangé autour de Tautel de la Patrie au pied de l'arbre
de la Liberté, le citoyen Chapel, commissaire du Directoire
exécutif, prononça le discours du ministre de l'intérieur sur
le mode à suivre pour la 'célébration de la fête de la fonda-
tion de la République, qui fut applaudi par les cris de vive
la République, vive la Liberté. Le cortège, après avoir fait le
tour de la place, remonta à celle de la Ville-haute où elle fit
également le tour. Le cortège rentra dans la salle de notre
administration, l'on fut prendre un léger rafraîchissement.
L'après diner, la fête continua par les danses sur la place de
la Ville-basse autour de l'arbre de la Liberté et dura jusqu'à
minuit.
Toute la fête s'est passée dans la. plus grande cordialité.
Pour rendre compte et attester la célébration de cette fête,
nous administrateurs municipaux avons rédigé le présent pro-
cès-verbal, qui sera consigné aux archives de cette adminis-
tration, les jour, mois et an susdits.
(Signé) : N.-J. Habart, président; J.Duparque, H.François,
Louis-J. Binard père, administrateurs Municipaux, Michel-
Joseph Chapel, commissaire du Directoire exécutif et Roland,
secrétaire en chef.
*
DISCOURS
p&ur la fête du iO aoûtf 23 Thermidor an VII, fait par le
Ministre de Vintérieur et prononcé par le citoyen Chapel. •
Les vrais Républicains ne sauraient se rassembler à une
époque plus glorieuse, plus chère à tous citoyens sincèrement
— Î30 —
amis de la Patrie, que celle où le Trône du premier potentat
de l'Europe fut renversé par le génie de la liberté.
La Liberté pour laquelle le peuple français a déjà souffert
dix années d'orages et de privations, la Liberté que nos pha-
langes victorieuses ont scellée de leur sang, et dont certes,
malgré les tentatives perfides des partisans de la royauté,
jamais ces magnanismes guerriers ne se laisseront ravir les
fruits, jamais après avoir étonné l'univers par leur courage,
par leur patience, par leurs sublimes vertus, ils ne laisseront
ternir l'éclat du drapeau tricolore.
0 généreux soldats, nos libérateurs, nos frères, vos noms
sont marqués en caractères ineffaçables au comble de l'im-
mortalité. J'entends l'impartiale postérité ne prononcer vos
noms qu'avec l'émotion de la reconnaissance. Elle voit décou-
ler de vos exploits le bonheur des générations futures. Ah !
qu'elle est énorme la différence entre le soldat d'un Roi qui
combat pour les caprices de son maître^ et le républicain
qui combat pour soi, pour sa femme, pour ses enfants, pour
sa patrie, pour le genre humain. Quelle différence entre les
sujets des despotes et les citoyens d'une république démo-
cratique. Les premiers sont guidés par un vif intérêt ou par
une ambition ridicule, dont ils sont les esclaves. Les se-
conds se préparent une longue suite de jouissance, parce que
leurs vertus leur mériteront les éloges de tous les amis de
l'humanité et de la philosophie. Non jamais les généreux sou-
tiens de la liberté et ses partisans bien prononcés, ne se
laisseront égarer par les apôtres du royalisme ou de l'anar-
chie, ils n'oublieront point que si la liberté affermit les ré-
publiques elles ne peuvent néanmoins exister dans un état
durable qu'autant que les citoyens qui les composent con-
servent les vertus civiques, professent tous les devoirs de
l'humanité et qu'ils ne s'écartent jamais de la soumission aux
lois.
Citoyens, célébrons avec enthousiasme cette fête commé-
morative du renversement du trône. Rappelions nous ce jour
- 831 —
immortel qui ne s'effacera jamais de la mémoire de ceux qui
ont assisté à sa solennité, ce jour de Tesprit public, ou tous
les cœurs confondaient leurs vœux et leurs espérances, ou
toutes les pensées n'étaient qu'un sentiment, où' ce sentiment
était celui de la liberté, de la gloire et de la force nationale,
jour qui fut l'effroi de la tyrannie et dans lequel la répu-
blique semblait précéder d'avance par un heureux pressenti-
ment, les triomphes qui devaient établir et affermir son in-
dépendance ; que le même esprit qui régnait en ce jour su-
blime renaisse et qu'il brille d'un plus vif éclat.
Français, prosternons-nous devant l'autel de la Patrie, dé-
posons-y toutes nos haines s'il en existe encore et ne songeons
qu'à concourir à la prospérité d'une république également for-
' midable pendant la guerre, que formidable à ses jaloux pen-
dant la paix.
N'écoutez point surtout ces ennemis du bien public qui
se font une joie de répandre parmi vous de l'inquiétude sur
le sort de nos armées par toutes sortes de mensonges absur-
des ; si les soldats républicains peuvent être retardés un ins-
tant de leurs triomphes, ils ne tardent guère à reprendre le
chemin de la victoire. Disons avec le citoyen Sieyes prési-
dent du directoire Exécutif dans sa dernière proclamation :
c Nous ne devons^ avoir qu'une seule passion, qu'un seul
c besoin, celui de vaincre. La victoire est à nous, la patrie est
sauvée, la République est affermie pour jamais. > •
Vive la République !
c
* »
Canton de Lthre-sur-Sambre.
L'an VII de la République française une et indivisible du
mois de thermidor le vingt-quatrième jour.
Nous soussignés membres composant l'administration muni-
cipale du canton de Libre-sur-Sambre département de Jem-
mapes, désirant montrer l'attachement inviolable que nous
- 23î-
avons juré à la République française en nous conformant à
ses lois et institutions républicaines, avons célébré la fête du
10 août, époque du renversement du trône du dernier roi des
Français. A cet effet nous avons fait publier solennellement
cette époque mémorable, la veille de ce jour, dans toute
rétendue de cette commune et avons invité le commandant de
cette place à nous seconder avec nos braves frères d'armes
composant la garnison sous ses ordres, ainsi que les autorités
constituées civiles et fonctionnaires publics, qui se sont rendus
le 23 courant vers les dix heures du matin à la maison com-
mune, où le cortège ayant été formé nous sommes descendus
dans le plus grand ordre possible sur la place de la Ville-
basse, précédés d'une musique guerrière, accompagnés d'une
grande multitude de nos concitoyens et habitants des com-
munes voisines.
Là^ en face de l'autel de la Patrie posé au pied de Tarbre
de la Liberté, après avoir chanté plusieurs hymnes patriotiques,
le citoyen Quevreux, instîluleur de l'école primaire, prononça
un discours analogue à la fête; l'on recommença les chants
patriotiques, et le cortège ayant fait le tour de la place se ren-
dit au temple de la Loi situé à la Ville-haute, où le même dis-
cours ayant été répété, l'on entonna diverses hymnes patrio-
tiques où nos braves frères d'armes y mêlèrent leurs mâles
accents, de concert avec toute l'assemblée et les voûtes de cet
édifice 'retentirent du cri mille fois répété de vive la Répu-
blique. De là le cortège se rendit à la maison commune où le
commandant temporaire ainsi que les officiers de la garnison
reçurent l'invitation de se rendre vers les trois heures de
relevée à la maison commune pour y participer à une collation
frugale, au divertissement de la danse et à divers jeux. Nos
concitoyens en firent l'ornement, et la fêle se prolongea jus-
qu'à deux heures et demie du malin. Bien satisfait de Tordre,
la tranquilité et la cordialité qui avaient régné pendant toute
cette fête, nous en avons dressé et signé le présent procès-
verbal pour être adressé à l'administration centrale du dépar-
— 833 —
tement. Signé J.-P. Dandôy, président; J.-A. Louant, H. Fran-
çois, Rucloux, administrateurs municipaux et Roland, secré-
taire en chef.
« «
Canton de Libre-sur-Sambre.
Ce jourd'huy ^ 20 prairial an 7 k 10 heures et demie du
matin» jour désigné par la loi du 22 florial pour la célébra-
tion de la fête funéraire en mémoire des citoyens Bouvier et
Roberjot, plénipotentiaires français assassinés à Rastadt par
les satellites de l'Autriche.
Nous, membres composant l'administration municipale du
canton de Libre-sur-Sambre, après avoir annoncé la veille à
tous les habitans du canton, la célébration de la fête qui de-
vait avoir lieu le lendemain; réunisdevant la maison commune
place de la Ville-haute, nous avons formé le cortège dç la ma-
nière suivante : quelques cavaliers et ceux de la gendarmerie,
en station en cette commune, ouvraient la marche ; ensuite
trois jeunes gens enrôlés volontairement portaient des tableaux
peints, sur le premier desquels était en grands caractères
blancs sur fond noir l'inscription suivante :
Le 9 floréal de Van 7 à neuf heures du soir, le gouverne-
ment autrichien a fait assassiner par ses troupes, les ministres
de la Bépublique française^ Bouvier, Roberjot et Jean Debry
chargés par le Directoire exécutif de négocier la paix au con-
grès de Rasladl. Vengeance !
Cette inscription, surmontée par une urne cinéraire, en
marbre blanc sur lequel étaientinscrils les noms de Bouvier et
Roberjot, couronnés de deux couronnes d'olivier entrelassées,
couverts en partie d'un crêpe noir au bas duquel on aper^
cevait un flambeau renversé et était entouré de sabres et
poignards ensanglantés.
Le second contenait lesnoms des conscrits du canton, par-
— J34 —
tis pour l'armée ; surmontés d'un faisceau de la république,
couronnés et entourés des branches de laurier.
Sur le troisième tableau étaient inscrits les noms des lâches
déserteurs, conscrits qui n'ont pas rejoints les armées, sur-
montés de l'emblème de la lâcheté représentée par un lièvre
fuyant à toutes jambes dans un bois voisin.
Suivaient immédiatement les membres composant notre
administration municipale, l'adjudant-généraleBergeron, corn*
mandant de la place, le général de brigade Lamy, ensuite les
juges de paix et assesseurs, tous les fonctionnaires publics
tant civils que militaires, un nombre considérable de nos con-
citoyens de la commune et des environs, fermaient le cortège
qui marchait les armes baissées entre deux haies de volon-
taires dans le plus grand silence et un recueillement profond,
qui n'était interrompu que par le son lugubre de la cloche
et de celui de la caisse couverte d'un crêpe. Le cortège se
rendit au pied de l'arbre de la Liberté planté sur la place de
la Yille-basse. Là, le commissaire du Directoire exécutif lut à
haute voix la loi du 32 Florial relatif à la fête, les inscriptions
portées par les jeunes volontaires, et prononça l'imprécation
auguste et terrible reprise dans la lettre du ministre de l'in-
térieure du 2 Prairial au VIL Le peuple français dévoue le tyran
de l'Autriche, aux furies, il dévoue ses forfaits au monde in-
digné, il en appelle à tous les peuples, à ses fldèles alliés, à
son propre courage, il charge les républicains de sa ven-
geance,
c Guerre à l'Autriche! Vengeance! Vengeance! Vengeance I »
Ce dernier mot fut répété avec enthousiasme par tous les
citoyens présents. Le cortège reprit sa marche et se rendit dans
le même ordre, au bruit sourd d'un coup de canon tiré de
quart d'heure en quart d'heure et se rendit au temple de la
Loi situé à la Ville-haute. Là, le commissaire du Directoire
exécutif lut le bulletin décadaire de la 2^ décade de ce mois.
Tous nos concitoyens prêtèrent une oreille attentive à la lec-
ture de la pièce transmise par le Directoire exécutif par un
— J36 —
message au conseil des Cinq-Cents relative à l'assassinat des
plénipotentiaires français et parurent pénétrés d'horreur ; en-
suite il réitéra la lecture des trois tableaux portés par les
jeunes gens enrôlés volontairement, et reprononça l'impréca-
tion auguste et terrible contre le tyran de l'Autriche, après
quoi, les trois tableaux repris ci-devant furent afQchés au lieu
le plus apparent du temple de la Loi. Des doubles furent en-
voyés au tribunal de paix et aux deux écoles primaires.
Le cortège reprit sa marche et vint escorter notre adminis-
tration municipale à la salle des séances, où la fête étant ter-
minée, nous avons dressé le présent procès-verbal en triple,
dont un sera envoyé à l'administration centrale du départe-
ment. Le second pour être adressé au commissaire du Direc-
toire près le même département et le [troisième retenu aux
archives de cette administration municipale, et avons signé
tous les membres présents, les jour, mois et an susdits.
(Signé). Dandoy, Président; J.-A. Louant, P.-J. Leguelle; H.
François. Rucloux ; Lahy, administrateurs Municipaux ;
Hichel-Joseph Ghapel, commmissaire du Directoire exécutif;
Roland, secrétaire en chef.
/
MÉLANGES PALÉONTOLOGIQUES.
ARCHÉOLOGIQUES & HISTORIQUES.
i
COMBAT DE CÉSAR
GONTRE LES NERVIENS
SUR LES BORDS DE LA SÂIBRE
Notre société s'est occupée spécialement cette année de
remplacement du combat livré sur les bords de la Sambre
par César aux Nerviens. M. le professeur Yan Bemmel a même
bien voulu nous promettre, pour notre prochain volume, le
compte-rendu de la conférence ou plutôt de la discussion his-
torique qui eut lieu dans notre local après l'excursion préa-
lable faite par nos membres le long de la Sambre les 9 et
10 juin 1872.
Dans ces circonstances et en attendant le travail de notre
savant membre d'honneur, nous croyons faire plaisir de
donner à nos collègues de la Société un travail analogue,
fait il y a près de 70 ans. Ce travail est de J.-B. Lambiez, dit
père Grégoire, et fait partie des Fastes Belgiques^ publiés par
l'auteur, en 1806, dans la Feuille de Morts et de Jemmapes.
Ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais cet écrit offre quelque
intérêt. Il rencontre à peu près toutes les opinions diverses
soutenues encore aujourd'hui, et en consigne une peu connue
et encore moins étudiée. Il constate que quelques-uns ont
placé le lieu du combat à la hauteur de Charleroi. L'étymo-
logie de Charrwy, Kamoit, que plusieurs ont fait dériver de
— 240 —
caro, carrùs, carnetum et auquel on a attribué la signification
dechamier^ a peut-être aidé à cette opinion. On y peut ajouter
ranciedne tradition qu'un général romain du nom de Marcel-
linus ou Maxcinelhis fut inhumé au lieu dit La Tombe^ sur le
territoire de MarctnellCy en face de Charleroi. On sait que
l'immense r«mwZu5 du lieu dit La Tombe recouvrait en effet un
tombeau romain ' ayant servi à un haut personnage.
Est-ce que les raisons indiquées ci-dessus auraient influé
en quelque chose sur l'opinion de Napoléon III et de la com-
mission spéciale chargée par lui d'élucider cette partie de
l'histoire de César? On sait que ces messieurs placent à la
hauteur de Charleroi le Camp de CicéronU!
Je ne prétends pas juger de l'importance de cette idée, ni
étudier la question au point de vue de Texamen topographique,
étymologique ou historique. Je me contente de citer Lam-
biez, convaincu que nos amis y trouveront au moins un inté-
rêt de curiosité.
Voici le texte de l'auteur.
D. A. V. B.
a Charleroi, quoique ville moderne, a des prétentions, qui
remontent à la plus haute antiquité, particulièrement sur le
local ensanglanté par la cruelle bataille de la Sambre, entre
Boduognat, général des Nerviens, et César, conquérant
romain, environ 56 ans avant notre ère vulgaire, sous le
consulat de Lentulus-Spinter et de Métellus. Bataille à jamais
mémorable et dont la secousse fit trembler les Gaules. >
€ César, le rapide conquéranldes Gaules, après avoir soumis
les Rémois, les Soissonnais, les Beauvaisains et les Amienois,
conçoit le généreux, mais redoutable projet de percer dans
la Nervie féroce, et de s'assujettir les plus fiers, les plus cou-
1. Voir Document» et Bapports^ etc., T. I, page 11.
- 241 -
rageux et les plus vaillants des Belges. Il part d'Amiens,
avance, côtoie pendant trois jours leurs limites méridionales
au delà des sources de l'Escaut et de la Sambre. >
€ Les Nerviens, commandés par Boduognat,qui avaient déjà
opposé une barrière à César sur la rivière d'Aisne, livré
plusieurs combats et dérouté sa marche ofifensive, informés
des nouveaux projets du conquérant, se rassemblent avec les
Atrébates et les Vermandois et vont se retrancher sur les
coteaux de la rive gauche de la Sambre où ils lui opposent une
seconde barrière.
César, après trois jours de marche sur les frontières du
territoire des Nerviens, apprend, par quelques fugitifs, qu'il
n'était éloigné que de dix milles pas, de la Sambre ; qu'au
delà de cette rivière, les Nerviens, les Atrébates et les Verman-
dois étaient retranchés et l'attendaient à pied ferme, que les
Aduatiques devaient incessamment arriver, etc.
Toutes ces dispositions disaient tacitement à César qu'il
fallait prendre de grandes mesures pour n'être pas surpris.
Il envoie ses piqueurs choisir un lieu propre à camper son
armée, et ils marquent le camp à la droite de la Sambre, sur
une pente de facile accès depuis le sommet jusqu'à la rivière,
au delà de laquelle était une autre colline d'une rampe assez
aisée et également accessible. Chaque côté de la Sambre (qui
n'avait, en ce local, que trois pieds d'eau), offrait des belles
plaines larges de deux cents pas, et des coteaux plantés d'ar-
bres si touflus que les deux armées placées derrière ne pou-
vaient s'entrevoir.
César avance avec six légions toutes à la fois et dans un
ordre tout à fait différent de ce qui avait été rapporté aux
Nerviens^ arrive sur la colline en face de la Sambre, sans toute-
fois entrevoir l'ennemi à cause des arbres, des ramiers et
des bois entrelacés. Seulement quelques piquets de cavalerie
paraissaient au bas, le long du coulant ; César y fait avancer
ses gens de trait et passer l'eau aux escarmoucheurs. '
L'action s'engage entre les avant-postes des deux armées,
a
et quoique la cavalerie nervienne n'eût pas autant de renom-
mée que ses gens de pied,, elle se signale cependant par la
valeur et Tintrépidité, tantôt elle se retire dans les ravins et
derrière les arbres, et tantôt sortant des bois elle vient fondre
sur l'ennemi dans la plaine et faire carnage.
Les six légions que César avait envoyées toutes à la fois,
fortifient leur camp de toute part et rendent leur position
inaccessible par de grandes levées : Boduognat, général des
Nerviens, prévient leurs travaux, fait battre l'appel^ met ses
ti^oupes en ordre, et va fondre sur elles ; il attaque la cavale-
rie qui était au bas de la montagne, en tue une partie, force
l'autre à repasser promptement la rivière et la poursuit avec
tant de valeur et de vitesse qu'en un moment, pour ainsi
dire, on les vit tomber des bois dans la rivière et encore plus
vite regrimper sur l'autre colline.
César fait battre la générale, rappelle les soldats, dispersés
et occupés à couper des bois, fait ranger l'armée en bataille,
plutôt selon la nature du lieu que selon l'art de la guerre, à
cause de la précipitation^ plante l'aigle et donne le signal du
combat.
Boduognat tombe sur l'aile droite qui fut surprise et forcée
de se mettre si précipitamment en action que la plupart des
soldats n'eurent pas le temps de mettre le casque en tête, ni
de se couvrir de leurs boucliers, ni de rejoindre leurs dra-
peaux. Les légions douzième et septième, qui n'avaient pas
encore donné, se rapprochent de Taile droite^ Boduognat les
découvre, fond sur elles, les repousse en pointe et en flanc,
tue tout devant lui et s'empare du champ de bataille.
Les troupes légères qui avaient été rompues au premier
choc, revenant se ranger sous leurs drapeaux sont malheu-
reusement rencontrées et impitoyablement hachées. Les valets,
vivandiers, munitionnaires approchent le camp des Romains,
n'y voyant que des Nerviens, prennent la fuite. La cavalerie
de Trêves^ qui venait joindre César, se mêle avec les Nerviens
et croyant que tout était perdu peur les Romains, prennent le
- Î43 —
parti de se retirer sans se battre, et vont porter à Trêves la
nouvelle que lesNerviens vainqueurs se sontemparé du champ
de bataille. Castris tfervios potitos civitatirmunciarunt. (Les.
1.2.
César rassemble les débris de son armée, la remet en ordre
de bataille, court le long des lignes, exhorte, encourage son
monde (mais on se battait à tant d'endroits, longeant les bords
delaSambre,qu'un seul général ne pouvait se porter partout),
arrache un bouclier à un des soldats du dernier rang, s'a-
vance à la tête de l'armée, appelle les centurions chacun par
son nom, ranime les soldats par un fervent discours, fait
avancer les drapeaux et recommence l'action la plus sanglante
qui fut jamais ; action d'où résulta la destruction entière de
la Nervie, la gloire de Rome et le fondement d'un empire
illimité sur le globe continental.
Les Atrébates qui, comme des dogues invincibles, s'étaient
battus sans relâche contre l'aile gauche, où étaient les légions
neuvième et dixième, criblés de coups, mis hors d'haleine,
et leurs carquois épuisés de flèches, sont précipités dans la
Sambre et la plupart massacrés.
Les Vermandois, qui étaient au centre de l'armée, sont as-
saillis par la onzième et la huitième légion^ une longue et ma-
gnanime résistance les signale ; mais ils sont abîmés sur les
bords de la Sambre, par une grêle de pierres et de flèches.
Les Nerviens tenaient encore les redoutes, dont ils avaient
chassé les Romains, lorsque les légions douzième et septième,
qui étaient âr l'aile droite, voyant l'aile gauche et le centre
dégagés^ reprirent courage. César entrevoit la septième mal-
traitée, court vers elle, ordonne aux ofQciers de s'adosser
les uns contre les autres, afin de se porter mutuellement du
secours et ranime le courage du soldat qui se croyait
vaincu.
Les deux légions qui escortaient les bagages, accourent à
toute bride rejoindre le corps de l'armée : Labienus aperçoit
ce renfort, y fait joindre la dixième légion, et ces légions arri-
— 244 —
vées à point, font changer les affaires de face, causent tant
d'animation parmi les Romains, que ceux qui étaient couverts
de blessures et àdemi-morts, oubliant leurs cicatrices, se rele-
vaient sur leurs genoux, et se battaient appuyés sur leurs
boucliers.
Boduognat attendait les Aduatiques qui ne paraissent pas^ il
voit arriver des nouvelles forces à César, ô fatalité ! le dieu
Mars lui dispute le victoire. La constance dégénère en dépit,
et la mort devenue l'unique ressource, il se bat en désespéré,
il ne fait que boucher les trouées ouvertes par le fer, toujours
resserrer les rangs et se défendre sur l'amoncellement des
corps morts ; enfin, plutôt exterminé que vaincu, il se voit, lui
et toute son armée, enseveli sous le glaive pour la défense de
la patrie.
Les vieillards, qui s'étaient retirés, avec les femmes, les
enfants et les attirails inutiles dans un lieu sûr^ éloigné du
combat, voyant leur nation détruite, envoyent des députés im^
plorer la clémence de César et lui exposer que de 600 séna-
teurs de la cité des Nerviens, il n'en restait que trois, et de
60 mille combattants à peine en restait-il cinq cents en état
de porter les armes.
César reçoit la députation des Nerviens avec bonté, n'exige
d'eux aucun otage, n'impose aucun tribut ; mais considérant
d'un côté la bravoure de ce peuple intrépide, qui tient un
rang si honorable dans les fastes belgiques, et de l'autre -que
la clémence en pareil cas est du devoir d'un général, il les
déclare libres, et leur permet deretourner tranquillement dans
leurs villes, et afin qu'aucun ennemi ne profite de leur fai-
blesse pour les opprimer d'avantage, défend à quiconque de
leur faire la moindre violence.
Les Aduatiques (ou Tongrois) arrivent, mais trop tard ; ils
vont se retrancher sur une montagne escarpée (dont nous
discuterons le local en parlant de Beaumont). César les pour-
suit et ne les quitte qu'après une contribution de 5â mille têtes.
Après tant d'événements favorables, tant d'heureux succès.
- 848 -
César repasse en Italie^ et pour bénir les dieux immortels d'une
protection aussi signalée, le sénat de Rome décrète quinze
jours d'actions de grâce ; ce qui n'était jamais arrivé jusques
alors.
Presque tous les riverains de la Sambre, depuis Landrecies
jusqu'à Namur, forment des prétentions sur le local où s'est
donnée la bataille sanglante entre César et les Nerviens. Serait-
ce Labuissiére, arrondissement de Charleroi ? serait-ce Bous-
sière, entre Hautmont et Quarte-et-Pont, arrondissement
d'Avesnes ? serait-ce tout autre lieu ? discourons,
i^ Après une marche de trois jours, César, parti d'Amiens,
arrive, plante pour la première fois l'aigle sur le territoire des
Nerviens, dans un lieu encore appelé Camp-César, entre War-
pont, Avenelle et Liessies ; là il n'était éloigné du local en
question que de dix mille pas. Cette distance, de quatre à
cinq lieues, donne une prépondérance aux localités de Bous-
sière, de Quarte et de Baschamp.
^^ César envoie des piqueurs qui marquent son camp sur
la rive droite de la Sambre à l'opposite de celui des Nerviens:
deux coteaux, d'une pente de facile accès, s'élevant à deux
cents pas^ étaient couverts de broussailles, de buis et de buis-
sons, d'où les villages de Boussière et de Labuissiére ont éga-
lement retenu leurs noms.
3^^ La Sambre en ce local n'était pas profonde, vu qu'elle
n'avait que trois pieds d'eau, au temps de la bataille qui s^est
donnée dans les chaleurs de l'été, lorsque les eaux sont basses :
il parait que trois pieds d'eau seulement accusent plutôt la
proximité des sources, que de l'embouchure.
A^ César étonné de la bravoure de ses légions incompa-
rables, parlant de la Sambre et de ses coteaux, dit, dans l'en-
thousiasme, qu'elles ont traversé un fleuve très-large et
franchi des montagnes très-escarpées : cette hyperbole rap-
proche de Charleroi les démêlés de la Sambre.
&> Les deux armées ajoutent à la nature du lieu, des re-
tranchements par des fossés et des palissades ; les* traces de
- 246 -^
ces retranchements se montrent tant à Labuissière et au Camp-
César de l'arrondissement de Cbarleroi^ qu'à Boussière, S^-
Remi-Malbattu et Baschamp.
6^ La quatrième cohorte de la douzième légion fut totale-
ment défaite en la journée de la Sambre, le village de Quarte,
dit-on, en a retenu le nom ; mais il est ,plus à propos de l'at-
tribuer à remplacement du IY<^ milliaire sur la chaussée
romaine.
7^ Il s'est trouvé dans les environs de Quarte, une pien*e
avec cette inscription : CiESARI DEBELLATORI
NERUM. (Nerviorum.) M. Bevy l'a citée, mais quelque re-
cherche qu'on en eût faite, cette pierre ne se retrouve pas ;
d'ailleurs les Romains n'érigeaient pas des monuments
désagréables aux yeux des nations vaincues.
8*» La cavalerie, venue de Trêves pour se joindre aux
Romains, se présente à l'aile droite de L'armée, ce qui désigne
qu'elle longeait vers la source.
9^ Les Aduatiques qui étaient en marche pour joindre l'ar-
mée des Nerviens, sont arrivés après les Atrébates et les
Vermandois ; si le local de la bataille eût été la basse Sambre,
ne seraient-ils pas arrivés les premiers ?
lU^ Le local approximatif, à désigner pour le gros de l'ar-
mée, parait être le village de Boussière, entre Hautmont et
Quarte-et-Pont, observant cependant avec César, que la ba-
taille s'est donnée en plusieurs endroits longeant la Sambre,
et que ce conquérant a parcouru, poursuivant les Aduatiques,
tout le cours de cette rivière qui baigne le département de
Jemmape.
Nous ne passerons pas sous silence les prétentions absurdes
des historiens de Tournai^ induits en erreur par une fausse
et vieille tradition qui confond les Toumaisiens avec les Ner-
viens, ils ont^ par suite, voulu confondre la Sambre avec
l'Escaut et changer SaHs, en Scaldis. c Ce ne serait pas une
hérésie en fait d'histoire, ont-ils osé écrire à la page 31,
d'avancer que César et ses copistes se sont trompés et qu'au
- 847 -
lieu de Sealdis, ils auront écrit Sabis ; que d'ailleurs le mot
à*jEstuaria joint à celui de Paludes, pour montrer le lieu de
la remise des attirails inutiles, désigne évidemment un lieu
maritime. »
On répond que faire pareille violence au texte de César,
que d'en transporter les mots pourappuyer unsystéme erroné,
serait témérité, même hérésie, en fait d'histoire, s'il y avait
opiniâtreté : la teneur des mots sert de régie oùilne se trouve
aucun ridicule. Ici c'est le contraire. César répète cent fois
Sabis, ses marches et contre marches sont toujours adSabim.
Quant aux mots à'JEsttuiria et dePaltides, ils n'ont point
assez de vertu pour changer Sabis en ScaldiSj ils désignent
des marécages, des lieux couverts de végétaux rendus acces-
sibles par les eaux que l'hiver gonfle et que l'été desséche :
mais il n'est pas nécessaire de les placer sur l'Escaut, ni sur
les dunes de mer. On sait que les eaux de pluie ou de sources,
qui se gonflent au confluent des rivières, s'expliquent par-
faitement des mers d'eau douce, qui, agitées par les vents,
font paraître des vagues et des flots : telles étaient les prairies
de Maroilles, tels les marais de Condé, de Jemmape et
d'Havre.
Ces lieux sûrs, éloignés des combats, défendus par les ma-
rais et les flots, étaient au nord de la Sambre, dans les pays
des Nerviens. On peut sans s'y méprendre les confondre avec
la chaîne des montagnes qui environnent la ville de Mons, à
sept lieues de Pont-sur-Sambre et à sept de Charleroi.
Nous discuterons maintenant le local de la forteresse des
Aduatiques, après avoir décrit leurs démêlés avec César.
Nous le plaçons à Beaumont, ville de l'arrondissement de
Charleroi.
Les Aduatiques, descendus des Cimbres et des Teutons si
mémorables dans les fastes Belgiques, au temps de Marins,
201 ans avant l'ère vulgaire, le sont encore ici par leurs dé-
mêlés avec César.
^" Arrivés, mais trop tard, au secours de Nerviens, leurs alliés,
— 848 —
dont ils apprennent l'entière destruction sur les bords de la
Sambre, les Aduatiques rebroussent chemin, et abandonnant
toutes leurs villes et châteaux, ils vont se retrancher sur une
montagne favorisée de la nature et presqu'imprenable ; elle
était environnée de rochers et de précipices, elle n'était ac-
cessible que par une rampe d'environ 200 pieds de large ;
les Aduatiques fortifient celendroitd'un double mur quMls com-
blent avec des pierres énormes et des pieux pointus.
Aussitôt l'arrivée de César, leur courage se réveille, ils font
plusieurs sorties et à toute heure du jour, ils en viennent aux
mains. Actifs aux ouvrages ainsi qu'aux combats, ils creusent
une ligne de circonvallation de douze pieds de haut dans un
circuit de quatre lieues, se bâtissent des forts de distance en
distance dans lesquels ils se renferment.
Les Romains élèvent des batteries, disposent des béliers,
construisent des tours mobiles pour les approcher de la
forteresse.
Les Aduatiques, fiers de leur position, avaient l'air de se
rallier des Romains criant du haut des murs : Courage, petits
Césarions ! poussez fort. Les Italiens, observe César, n'étaient
que des petits hommes et d'une taille peu élégante pour «e
mesurer avec les Belges (1. 2. v. 30) ; mais ces petits hommes,
avec plus d'adresse que de force, mettent fin aux railleries en
faisant mouvoir leurs machines colossales, et les approchant
des murailles.
Etonnés en même temps qu'effrayés d'un pareil spectacle,
les assiégés députent dire à César, c Serait-il possible que sans
c l'assistance des Dieux vous pussiez remuer de si grosses
c masses avec tant de facilité et de promptitude ? si les Dieux
c vous protègent, si les destins sont pour vous, si César est
€ un Dieu, nous ne refusons pas de lui obéir, nous espérons
c que sa divine clémence nous permettra de conserver nos
c armes pour nous défendre contre les injures de nos
c voisins. »
César répondit c qu'eu égard à sa coutume d'user d'indul-
- 249 -
€ gence, plus qu'à leur conduite irrégulière, il conserverait
« leur cité, si, avant que le bélier n'eût atteint leurs murailles,
c ils rendaient les armes, qu'il agirait envers eux comme il
f avait fait envers les Nerviens leurs alliés, qu'il les défendrait
€ de toute injure contre leurs ennemis. »
Les députés rentrent dans la ville, les conditions sont accep-
tées, on jette les armes du haut des murs, leur quantité rem-
plit les fossés, on en cache cependant un tiers, dans des vues
sinistres. Alors on ouvrit les portes et la paix dura tout le
jour.
Le soir, César, usant de précaution, fait fermer la ville et
sortir sa troupe de peur qu'on ne lui fasse quelqu'outrage. Ce
ne fut pas sans raison, vers le minuit les assiégés se font, à la
hâte^ des boucliers d'écorce ou d'osier couverts de cuir, et avec
toutes leurs forces font une prompte irruption, foncent et at-
taquent les lignes qu'ils croyaient abandonnées à cause du
traité.
Aussitôt on allume des feux, signal ordonné par César,
l'armée romaine avertie se rassemble, se défend et parvient à
coups de javelots, lancés tant des tours que desramparls, à re-
pousser les Aduatiques dans leur retranchement, mais comme
il n'y avait plus d'espérance de pardon, ils se sont battus en
désespérés et 4000 hommes demeurèrent sur le carreau.
Le lendemain César rompt les portes, entre dans la ville
avec toute son armée, fait autant de prisonniers qu'il y a
d'habitants, et, ne voulant pas user des rigueurs de la guerre,
il leur laisse la vie, mais il les vend comme des esclaves avec
leur butin, le nombre montait à 53 mille, porté tel par les
acheteurs.
Le local célèbre du retranchement des Aduatiques est dis-
puté particulièrement entre Namur et Beaumont : les histo-
riens ont laissé la chose indécise. Examinons-la.
i^ Les Aduatiques venaient de Tongre, cette ville est ap-
pelée Aduaca Tongrorum^ dans l'itinéraire d'Anlonin.
- J50 -
99 Hs étaient aux environs de Cbarleroy, lorsqu'ils aper-
çurent les eaux de la Sambre rougies de sang humain.
3* Ils retournèrent chez eux, ayant appris que les Nerviens
leurs alliés étaient ensevelis sous le glaive.
A^ Ils abandonnent leurs villes et leurs châteaux.
5^ Us se retirent dans une de leurs forteresses, sur une
montagne très escarpée.
6^ Cette montagne inaccessible, sauf par une rampe de 200
pieds, offrait aux yeux des rochers et des précipices.
La marche des Aduatiques, les superbes sommets Namurois,
leur situation sur les limites de la Tongrie, donnent à la ville
de Namur une prépondérance sur le local de Beaumont qui
faisait partie de la Nervie et qui, par le combat de la Sambre^
était déjà tombé au pouvoir des Romains.
J.-B. LAMBIEZ.
♦
HISTOIRE & ARCHÉOLOGIE
DU
CANTON DE BINCHE,
PAB Ti. Lsnum.
NOTIONS GENERALES.
SITUATION. — Le canton de Binche, situé dans la partie oo
cidentale de l'aiTondissement judiciaire de Charieroi est com-
pris entre 55 grades 95 et 56 grades 05 de latitude septentrio-
nale et entre 1 grade 98 et 2 grades 18 de longitude orien-
tale du méridien de Paris.
UMiTES. — Formé du démembrement de l'ancienne pré-
vôté de Bincbe, il a pour limites: au nord, le canton de Se-
neffe ; à l'est, celui de Fontaine-l'Évêque ; au sud, les can-
tons de Thuin et de Merbes-le-Château ; à l'ouest, celui du
Rœulx.
COMMUNES. — Il comprend seize communes, dont une ville
et quinze communes rurales.
La ville est Bincbe, cbef-lieu du canton.
Les quinze communes rurales sont: Ânderlues, Battignies,
Buvrinnes, Carniéres, Épinois, Estinnes-au-Mont, Haine-Saint-
Pierre, Haulcbin, Leval-Trabegnies, Mont-Sainte-Aldegonde,
Mont-Sainte-Geneviéve, Morlanwelz, Ressaix, Yellereille-le-
Brayeux etWaudrez.
— 25J -
ÉTENDUE. — Longoeur: 16 kilomètres da Nord-Est au Sud-
Ouest (de Morlanwelz à Haulchin).
Largeur : 9 kilomètres de l'Est à l'Ouest ( d'Ânderlues à
Waudrez).
Snperfloie : 12892 hectares ou environ 5 lieues 1/4 carrées de
5,000 mètres.
Population. — Absolue : 34633 habitants. — Rd&tiye : 6597
par lieue carrée.
CLIMAT. — Son climat est assez humide et sa température
est sujette à de brusques variations. On y respire un air pur
et salubre. Les vents dominants sont ceux deTOuesl.du Sud-
Ouest et de l'Est tirant vers l'Est-Nord-Est. La quantité d'eau
provenant de la pluie et de la fonte de la neige et de la grêle
s'élève annuellement de 70 à 80 centimètres.
La température donne en moyenne maxima + 21^9, minima
— S^'S. Le printemps ramène rarement les beaux jours ; les
chaleurs de l'été sont de courte durée; l'automne est la
saison la plus soutenue.
CONFIGURATION DU SOL. — Le sol cst accideuté, principale-
ment vers le Nord et l'Est, oùl'on rencontre des collines dont
la pente est très-abrupte ; il s'incline visiblement vers le cours
de la Haine et de ses affluents. Le point le plus élevé que nous
connaissions se trouve aux confins de Fontaine-l'Évéque, sur
la route de Bincheà Charleroi : il est de 188 mètres 70 cen-
timètres au dessus du niveau de la mer ; le point le plus bas
est au pont de Haine, sur la route de Nivelles : il n'offre que
63 mètres 90 centimètres. Les plus belles plaines s'étendent
dans la partie ouest-sud-ouest du canton.
Constitution géologique. — Au point de vue géologique, on
peut considérer le sous-sol comme étant formé de terrains
d'aune nature bien distincte et dont voici la simple indication.
Terrains qnatenuuree. — Système diluvien : le limon hes-
bayen se rencontre sur divers points du centre du canton de
Binche.
Terrams tertiaires. — Terrain éocène. Système ypresien :
- 253 -
argile à Leval-Trabegnies. Système landenien : sable glauco-
nifére à Carnières.
Terrains secondaires. — Terrain crétacé. Système sénonien :
la craie blanche, susceptible d'être transformée en chaux, do-
mine dans la partie occidentale du canton.
Terrains primaires. — Terrain anthraxifère. Système houil-
1er ; il règne au Nord et dans une étendue qui comprend plus
de la moitié du canton. Système eifelien quartzo-schisteux : il
existe dans le côté sud-ouest du canton et notamment à Haul-
chin et à Estinnes-au-Mont.
On trouve des fossiles turoniens à Haine-Saint-Pierre.
HYDROGRAPHIE. — Une rivière, la Baine^ arrose le canton
de Binche du sud au nord-ouest. Il est en outre sillonné par
plusieurs ruisseaux dont voici les principaux: IsiBruille^VEs'
tinneSf le Mazy^ le Norgean^ le Reau^ la Samme, le Warimez.
La HaitiCj qui a donné son nom au Hainaut, prend sa
source à Ânderlues, à Taltitude de 1 79 mètres. Elle est formée
par trois ruisseaux qui se réunissent à Carnières. L'un parait
au hameau du Marais ; l'autre, au hameau de Hansuelles ; et
le troisième sort de la fontaine de Saint-Médard. De Car-
nières, cette rivière se dirige de l'Est vers l'Ouest, arrose les
communes de Morlanwelz et de Haine-Saint-Pierre, et continue
son cours dans le canton du Rœulx. .
La Emilie prend sa source à Vellereille-le-Brayeux et arrose
la commune de Waudrez, où elle se réunit au ruisseau de la
Princesse.
VEstinMs^ qui porte aussi le nom de ruisseau de l'Étang,
se forme dans le canton de Merbes-le-Cbflteau, à Peissant, de
la réunion de deux pelits cours d'eau, le ruisseau de Gau-
tiauxet la fontaine de Saint-Marc; cette petite rivière traverse
Faurœulx, Estinnes-au-Mont, et se rend ensuite dans le can-
ton du Rœulx.
Le Mazy a sa source dans le bois du Foyau, à Buvrinnes, se
dirige du Sud au Nord-Ouest, traverse le territoire de Res-
saix, reçoit le Reau et va se joindre à la Samme.
4t
— 264 —
Le Norgean naîl à Haulcbin, reçoit le ruisseau de TAuU
nois et se dirige à TOuest vers Givry, où il se jette dans la
Trouille.
Le Reau prend naissance sur le territoire de Leval-Trahe-
gnies et arrose la commune de Ressaix, où il conflue avec le
Mazy.
La Samme a son origine à Buvrinnes, passe à Épinois, à
Ressaix et à Battignies, baigne la ville de Bincbe, arrose
WaudreZy prend le nom de Princesse et va se réunira la Haine,
à Triviéres.
Le Warimez prend sa source "à Mont-Sainte-Âldegonde et va
se perdre dans la Haine.
Il existe une source d'eau ferrugineuse, légèrement sulfu-
reuse, à MariemontS dépendance de Morlanwelz ; elle est
située au bas d'une colline, dans une prairie à l'ouest du cbâ-
teau de M. Warocqué.
BOIS ET FORÊTS. — Lcs propriétés boisées dont l'étendue
était, en 1846, de 2358 bectares 78 ares tendent à diminuer
par suite des défricbements qu'on y effectue d'année en
année.
L'ancien bois royal de Mariemontqui comprenait, en 1830,
482 bonniers, compte encore aujourd'bui 440 hectares.
VOIES DE COMMUNICATION. — Le cautou de Binche est tra-
versé par des chemins de fer, des grandes routes, des cbemins
de grande communication et de nombreux chemins vicinaux
bien entretenus qui favorisent les relations entre toutes les
communes.
Le cbemin de fer du Centre, Erquelinnes à Écaussinnes, par
Bonne-Espérance, Bincbe et Beaume; celui de Beaume à Mar-
chiennes par Morlanwelz et Carniéres ; celui de Frameries à
Ghimai par Estinnes-au-Mont ; celui de la Louvière à l'Olive
par Haine-Saint-Pierre et Mariemont.
La route de Mons à Charleroi par Waudrez, Binche, Leval-
i. Cette eau miaérale a été analysée et décrite en 1740 par le docteur Rega et
plus récemment, par le professeur S. A. De Villers.
— 255 —
Trahegnies et Anderlues ; celle d'Anderlues à Thuin ; celle
d'Anderlues vers les houillères du Centre parCarnières; celle
de Bray à Nivelles par Haine-Saint-Pierre; celle deBinche au
pont de Saint-Vaast par Battignies ; celle de Binche à Merbes-
le-Cbâteau.
L'ancienne voie romaine dite Chaussée Brunehaut, de Bavai
à Cologne par Haulcbin, Estinnes-au-Mont, Waudrez, Batti-
gnies et Morlanweiz.
AGRICULTURE ET INDUSTRIE. — Dcpuis nôtre régénération
politique, Tagricullure a fait des progrès considérables dans
ce canton. On y trouve de fort beaux cbamps cultivés qui four-
nissent d'abondantes récoltes en céréales, en fourrages et en
plantes industrielles.
Le développement du commerce et de l'industrie y est ex-
trêmement favorisé par les nombreux débouchés qu'offre la
contrée circonvoisine. Des fabriques en tous genres donnent
partout à la population une activité surprenante et répandent
Taisance dans les familles.
TOPOGRAPHIE ANCIENNE. — Le cautou de Binche a été formé
par la partie nord-est de l'ancien pagtis Hainœnsis ; tous les
villages dont il se compose ressortissaient jadis à la Prévôté
de Binche.
ÉTAT ECCLÉSIASTIQUE. — Il a fait partie du diocèse de Cam-
brai jusqu'à la révolution française. Depuis la conclusion du
concordai, en 1801, il appartient au diocèse de Tournai. Il
compose le doyenné de Binche, qui compte actuellement une
cure secondaire et quatorze succursales.
^^^V^^f^AA^t^M
NOTICES PARTICULIÈRES SUR LES COMMUNES.
ANDERLUES.
SITUATION. — Ânderlues, AnderlobicBy dont le nom signifie
littéralement autrelobesy de andery en laiin aUer, autre, et de
lobiœ, lobes ou Lobbes, est un village élevé au rang de com-
mune et de paroisse, et ayant pour limites les territoires de
Gamières, jde Fonlaine-rÉvêque, de Mont^Sainte-Geneviève et
de Levai- Trahegni es.
Cette commune qui a pour dépendances :Hansuelles [Hain-
cueUes (868-869), Hanecueles (11 72), flann^cw^fe* (1201), Haù
nechiieles{\^65,iSH)j Hainchuelles (1288), Haynechufilles
(iS06)yHanechtieles{\S\\)^Hanechoelles (1410), Hagnechuelles
(4460), Hanimihodks (1502, \^m),Hanneehueles (1697)], les
Bruyères, Gœgnies, [Goisnies (1203, 1265, 1285), Goemies
(1203,1697), Goisgnies (1285), Goyem^s (1460), Goenées
(1502), Hamel de Gœnies (1514), Ghonés (1566), Ghognies
(1622), Gougnies (1664)], Laluet ou Laluel [Allodium (1156-
1182), Laluel (1265, 1410), Lue d'Andrelues (1516), Laloel
(1566)]. le Marais, les Trieux [les Warmaw (1357)], et Beu-
gnies [Bawegnies (1265), Beugnies (1633)], est située aux
sources de la Haine, sur la route de Mons à Charleroi et à 8
kilomètres est de Binche, son chef-lieu de canton et de dé-
eanat.
POPULATION. — En 1486, on y comptait 75 foyers, y com-
pris 14 pour Hansuelles et 9 pour Gœgnies ; en 1750, 111
feux, dont 41 pour les deux hameaux précités * ; en 1830,
i. DuBDissoN. Mémoire 9ur le HtAnauU fol. 87. Hs. în fol. de la bibliothèque
publique de Mons. — Th. Lejeurb, Sotiu tur le Hainaut, dans ses MonograpMet
kittoriquei et ardUologiquei^ 1. 1, p. 67.
- 267 —
5i6 maisons, et en i866, 882 habitations. En l'an XIII de la
république, il y avait 1956 individus, et en 1830, S662; sa
population actuelle * est de 4210 habitants dispersés sur une
étendue superficielle de 1702 hectares.
NOMS ANCIENS. — Afiderluviœ^ avant 673, Testament de
sainte Âldegonde, dans Duvivier. Recherches sur le Hainaut
ancien^ 273. — Anderlobiœ, 868-869, Polyplique de Fabbaye
de Lobbes : Duvivier, 313 ; 973, Diplôme de Tempereur
Otton II : MiRiEus. Opéra diplamaticay I, 673; 1444, Qtiare
instilutœ sunt lilaniœ, sive Bancruces, etc. , dans Bormâns et
F. Hachez. Le pèlerinage des Croix à l'abbaye de Lobbes. —
AndreluvioBy 1177, charte d'Alard, évêque de Cambrai : Du-
vivier, 699 ; 1194, Bulle du pape Célestin III, dans Maghe.
Cartulaire de l'abbaye de Bonne-Espérance^ \, fol. 50-63;
1212, même cartulaire, IV, 1, 8. — Jndrekes, 1186, Jacques
DE Guise. Histoire du Hainauty XII, 341 ; Bénézegh. Études
sur l'histoire du Hainauty § II, IX ; 1265, Cartulaire-cfiasse-
reau des revenus des comtes de Hainaut, 97, ms. du XIII^
siècle ; 1 291 , Cartulaire de l'abbaye de Bonne-Espérance ;
IV, 12 ; 1410, 1473, 1502, 1566, cartulaires des fiefs et ar-
rière-fiefs du Hainaut. — AnderluiueSy 121$, Cartulaire de
l'abbaye de Bonne-Espérance, IV, 3. — Andreluwes^ 1445,
Ibidem, IV, 130. — Andreluez, 1445, Ibidem, IV, 160. —
Andrelue, 1460, Cartulaire des mortes-mains du Hainault,
88. — Dans les pouillés, à partir du XIV^' siècle, on lit : * An-
derlus, Andreluues, Andrelues, Andrelies et Andreleus.
antiquités. — Les antiquités qui ont été recueillies de nos
jours sur le territoire de cette commune se réduisent à des
débris de poteries et de potiches, et à des grains de collier *.
i. Au pranier janvier 1871 .
i. A. PuiCHART. Seconde notice iur des antiqtUiés galUhromaines trouvées dans
le Hainaut^ dans les Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers^ pu-
bliés par r Académie royale de Belgique. Bruxelles, 1850 ; t. XXIII. — Schates et
PioT. La Belgique avant et pendant la domifiation romaine. Bruxelles, 1859; t. lit,
p. 418.
— 268 —
MONUMENTS. — L'église paroissiale existait dés le XIP siècle,
mais elle subit des modifications dans la suite des temps. Ainsi
le chœur parait dater du XVl^ siècle ; la tour fut reconstruite,
sinon restaurée, vers 1650 ; la nef, rebâtie un peu plus lard,
• c'est-à-dire, en 1660, fut agrandie en 1779 aux frais de Tab-
baye de Bonne-Espérance ^ — Le château des Loges, qui oc-
cupe remplacement d'une maison seigneuriale très-ancienne,
fut bâii, dit-on, au milieu du XVII® siècle. Dans l'enclos adossé
au bois de Fontaine s'élève un obélisque de vingt-cinq pieds
de hauteur, érigé à la mémoire du baron Xavier de Leuze,
mort au blocus de Lille, en 1792. — On ne reconnaît plus les
derniers vestiges du manoir de Lalue où vécurent au XII®
siècle deux nobles personnages nommés Wibert et Théceline,
qui donnèrent le jour à Oda, vierge de l'ordre des Préraontrés.
FAITS HISTORIQUES. — Ce village est très-ancien : il existait
déjà au VII® siècle et sainte Aldegonde y possédait alors des
biens importants. Par son testament ou donation, dont oniixe
la date avant l'année 673 % la {Jieuse fille du comte Walbert II
les donna au monastère de filles qu'elle avait fondé à Mau-
beuge quelque temps auparavant. C'est à tort que ce docu-
ment, dont le texte publié ne date que du X® siècle, place An-
derlues dans le pagus Brachbantensis. — Cet endroit est dé-
signé dans un polyptique ou état de biens de labbaye de
Lobbes, dressé en 868-869, comme une possession de cette
maison religieuse. — ;Un diplôme d'Oiton II, empereur d'Al-
lemagne, de l'an 973, porte que l'enclos de ce monastère s'éten-
dait* alors jusqu'aux confins d'Anderlues ; le même fait est
rappelé dans une cKarte d'Henri IV, roi de Germanie^ datée
de Limbourg, le 2 mal 1102, et par laquelle ce prince se dé-
clare le protecteur de Lobbes et confirme les privilèges que
lui avaient accordés ses prédécesseurs. — A part ces quelques
1. Nous devons ces renseignements à TobUgeanoe de M. Félix Hachez, Directeur
au ministère de la Justice.
a. AnaleeUB pour nrvlr d Vhiêtoiré eeeléilasUçue de la Belgique, Louvain,
i86ft ; t. II, p. 49.
- 259 —
notions^ l'histoire da village se confond presqu'enlièrement
dans celle des seigneuries qui se partageaient le sol. — Ce-
pendant nous savons encore qu'à l'époque des guerres allu-
mées par l'ambition de Louis XIY, Ânderlues fut accablé de
logements militaires^ vil ses champs dévastés par les armées
belligérantes et dut payer de fortes contributions en nature
et en argent, notamment 20 vaches aux troupes du maréchal
d'IIumiéres, campées au Piéton, le 31 mai 1689, et la somme
^ de 1920 florins à l'intendant français du Hainaut, Voisin, à
Maubeuge, le 15 mars 1690 *.
JURIDICTIONS. — Le village d'Ânderlues, après avoir fait
partie, pendant prés de six siècles de la prévôté de Binche,
fut compris en l'an III de la république française dans le can-
ton de Fontaine-l'Évêque, puis, en l'an X, dans celui de Binche.
— Suivant une liste publiée par Ch. Delecourt, dans son
IfUroductioii à l'histoire administrative du Hainaut, cette loca-
lité comprenait dans sa circonscription territoriale le village
d*Anderlues, le hameau de Gœgnies, la chapelle, la censé de
Bourgogne, le hameau de Hannechœlle, le moulin, le château
de Monlgarny et la Seigneurie de Gembloux". — Les juridic-
tions y étaient partagées en trois fractions : d'une part, An-
derlues formait avec Laluel une dépendance de la terre de
Fontaine-l'Évèque, qui relevait directement du comté de Hai-
naut ; de l'autre, le hameau de Gœgnies appartenait, dès le
Xlli^ siècle, à un seigneur particulier, au chapitre de Sainte-
Waudru, de Mons, et aux comtes de Hainaut ; enfin, le do-
i. Abcbitbs du ROTAUia. Chàmbrt descompte^^ n» 187t. — Stroobànt. Histoire
de la commune de Feluy^ BraxoUes, 1856, p. 209.
9. n résulte d*une déclaration produite le t7 juin 1634 par « Jacques Moite, mayeur
d'Hançoelle, Jean Blondiau, mayeur de Gonf^ies, Pierre Hecq, Guillaume de fiau-
doux,6chevins de Hanchoelle et de Gongnie, Charles Gampion, mayeur d'Andrelues,>
qu'il y avait dans la paroisse d'Anderlues divers seigneurs ayant chacun leurs
droits particuliers, « si comme S. M. catholique a sa seigneurie particulière, le
Sr baron de Fontaine, le S' prélat de Bonne-Espérance, le S' de Dtme-Dieu, les
Doblee dames de Sainte-Waadm, le S' de Crohin, le S' de Péchan, le S' de Gembleux
et la 8' de Henleu. • {CartuUdre de Fabbaye de BonHe-Espérancef t. IV, fol. 860.)
— J60 —
maine d'Hansuelles était un fief de ia mouvance de la cour
féodale de Mons. — Le prince avait conservé dans ces diffé-
rents domaines les droits de morlemainy de douzaine, de si-
xaine, Tosl et la cbevauchie, l*estaplerie, l'issue des Eslinnes
et du Ploîch, les cens de Saint-Jean et de Saint-Sauve, et la
poursuite de ses serfs et de ses serves. Toutefois à Barvegnies,
à Ânderlues et à Lalue, c dou tant le veske Nicholon, on ni.
prendroient nient, » car la comtesse Marguerite de Constanti-
nople c le voloilainsi faire soffrir ; » à Gœgnies et à Hansuelles,
les tenanciers prétendaient être exempts du service militaire,
parce qu'ils relevaient de l'église de Saint-Pierre de Lobbes
et par conséquent de la principauté de Liège/. — Le posses-
seur du domaine d'Ânderlues y avait la justice à tous les de-
grés avec le droit de créer un maîeur dont la plus ancienne
mention connue remonte à Tan 1285, et des écbevins cités en
Tan 1319. Parmi les noms de ces fonctionnaires nous avons
rencontré ceux de Jehan Doret, maîeur en 1461 ; de Jehan
Cambier, en 1565; de Nicolas Ledoulx, en 1599 ; de Charles
Campion, en 1632; de Jakemart de Haspre, Jehan de Dour,
Jehan de le Houssière dit Descamps, et Gilliart Mullet, écbe-
vins en 1445*. — Au commencement du XVI® siècle, en
1502, Colars Crohin tenait à Anderlues du sire de Fontaine un
fief ample comprenant une maison, des terres, des prés, des
pâturages, des cens et des rentes; il avait un maîeur particu-
lier nommé Jehan Jehanne dans un chirographe de l'an 1504'.
— Les religieux de Bonne-Espérance jouissaient également
de cette prérogative que le sire Bauduin de Fontaine leur
reconnut en 1290; le maîeur créé par eux percevait les cens,
les rentes, les entrées, les issues, les lois, les amendes sur
tous les tenanciers du monastère. — Jakemon de le Couture,
i* Cdrtulaire^haisereau des revenue des comtes de Hainaut^ en iiÔô^ fol. 97.
Ms. da XIII siècle, petit in-i*, des archives de l'État, à Mons. — Archites dv
ROTAUMB Chambre des comptes^ n» 1807, 1811 et 1312.
t. Cartulaire de V abbaye de Bonne-Espérance^ t. IV, passim.
8. Archives du royaume, vfi 1118, fol. 66.
— 261 —
maïeur de Gœgnies, figure dans un acte de vente fait et passé
en 1285 à Goisgnies sous le tilleul vis-à-vis de la maison
Nicholon Paruet et une déclaration de 1358, émanée des gens
de loi de celte seigneurie, en présence de Jehan Bourguet de
Ressaix, maïeur de Monseigneur de Hainaut, et de Lorent le
Couvreur, maïeur deGodefroid Favart, sire de Gœgnies, nomme
les échevins Jehan de Lierne, Huart le Cambier, Jehan Na-
gelet, Piérart Gobin, Andrien le Bosquillion, Jehan Pieron et
Jehan Fourment. Ce documentqui fut rédigé le mercredi avant
la fête de Pâques 1357 (v. st.), dans la chapelle de Saint-Jean,
à Gœgnies, ensuite d'informations faites sur la requête du
chapitre de Sainte- Waud ru, au sujet des droitures et juridic-
tions compétentes aux différents seigneurs de cette terre, cons-
tate que le maieur particulier du comte de Hainaut avait seul
le droit de créer les échevins de Gœgnies, communs aux trois*
co-propriétaires àe la Seigneurie ; que le chapitre de Sainte-
Waudru percevait seul les amendes dans toute retendue de
sa juridiction. Mais celles qui étaient jugées dans la partie
comprenant les prés et les Waressaix se partageaient par moi*
tié entre le prince, d'une part, et les deux autres seigneurs,
de l'autre. Les droits de tonlieu, de cambage et d'afforage
étaient répartis dans les mêmes proportions. Le compte du
domaine de Binche pour 1516-1517 fixe la part des revenus
du souverain à 308 livres 4 sous 7 deniers, plus OS chapons,
3 muids 1 rasiére 1 quartier de blé et 19 muids 1 rasière
3 quartiers d'avoine. En cas d'absence du maïeur du souve-
rain, ceux des autres parchonnierspouvaient le suppléer pour
faire lois ou justice, mais on devait livrer le délinquant au dé-
légué du comte de Hainaut. Le prévôt de Binche ou tout autre
seigneur à qui il avait été fait don des € aivres de franche
ville » ne pouvait procéder à aucune saisie sans avoir averti
préalablement le maïeur de ta partie du domaine où le débi-
teur s'était fixé *. — L'échevinage d' Anderlues, de même que
i. Archives de l'êtàt, a hors. Charirier du ehapUre noble de Sainte-Waudru^
— L. DKV1LLBR8. DeseHpUon de eartulaires et de eharlriers du Hainaut^ t.IV« p.S7«
D« i. — Mem. îlotlee tur le dépôt des Archives de VÉtaU à MonSy pp. iiO-i4i.
- 262 —
celui de Gœgnies qui était commun à Hansuelles, suivait la
coutume de Mons. — Sous le rapport des aides ou des impôts^
Ânderlues était distinct de Gœ^^nies et de Hansuelles, en 1486,
comme il l'était encore au XVIII^ siècle.
SEIGNEURIES.— La terre d'Anderluesappartint aux seigneurs
de Fonlaine-rÉvéque depuis les temps les plus anciens jus-
qu'à la révolution française, qui supprima les droits féodaux.
Vers le milieu du XII^ siècle, en 1140, ce domaine était tenu
par Widon de Fontaine, qui fut un des bienfaiteurs de l'ab-
baye de Bonne-Espérance. Wautier de Fontaine apparaît dans
un grand nombre d'actes de son époque (de 1180 à 1244).
Après sa mort, Anderlues passa pnr héritage à Nicolas de
Fontaine, son fils, qui occupa le siège épiscopal de Cambrai
de 1248 à 1272. Ce prélat le légua avec la seigneurie de
Fontaine à sa sœur Mahaiit, dame de Boussu-sur-Haine, qui
le transporta par alliance à la maison de Hennin>Liélard ;
celle-ci le conserva pendant plus de trois siècles. Bauduin X
de Hennin qui aflerma en 1524 le droit de hallage de Fon-
taine-l'Évéque et d*Anderlues au prix de 68 livres par an,
laissa une fille unique, Anne de Hennin, qui épousa Jacques
HI de Croy, chevalier, seigneur de Sempy et de Tours-sur-
Mame. De cette union naquit Antoine de Croy, seigneur de
Fontaine-rÉvêque et d'Anderlues, cité dans un compte des
revenus de ce domaine de l'année 1557-1558. Marie de Hamal,
douairière d'Ârgenteau fit le relief de cette seigneurie, le 16
décembre 1596, et Françoise de Jauche, veuve de Philippe de
Herzelles, le 24 novembre 1597. Antoine de Herzelles^ leur
fils, qui la releva à sa m«')jorilé, le 19 décembre 1600, mou-
rut à Paris, et son cœur fut transporté à Fontaine-l'Évêque et
déposé sous une pierre, portant cette inscription :
ICI REPOSE LE COEUR DE l'iLLUSTRE
ET GÉNÉREUX SËIGR. ANTOINE DE
BERZELLE BARON DE FONTAINE -
L*ÉVÉQUE S' d'aNDERLUE HAUT
VOUBT DE SOUVRET DÉCÉDÉ A PARIS.
— 463 —
Philippe de Herzelles, frère d'Antoine, mourut sans alliance,
(relief du 15 décembre 1603). Gabriel de Herzelles, qui lui
succéda, Gt construire en 16:25, dans l'église de Saint-Chris-
tophe, à Fontaine-l'Évéque, l'autel de Saint-Hubert, sur la
corniche duquel on inscrivit en lettres dorées :
exécutée par noble s' gabriel de herzelles, baron de fontaine,
d'anderlues, luerne, lorrenke, hault aovowez de SOUYRET.
A^" 4638.
Alardine de Herzelles, héritière de ses frères, transmit
la terre de Fontaine-rÉvêque et d'Ânderlues à l'illustre
famille de Rodoan par son mariage avec Charles-Chrétien de
Rodoan, qui la fit relever par procuration, le 26 février 1630.
Après la mort de sa mère, arrivée en 1637, François-Gabriel
de Rodoan en fit le relief, le 26 octobre 1638. Puis viennent
successivement Philippe-Albert de Rodoan (reliefs du 8 mai
1640 et du 14 février 1642), François de Rodoan, mort le 4
octobre 1676, Michel-Luc-Camille de Rodoan, troisième fils
de Philippe- Albert (relief du 25 octobre 1677), Michel-Caraille-
Joseph de Rodoan (reliefs du 20 juillet 1702 et du 3 mars
1712), Anloine-Adrien-Joseph de Rodoan (relief du 9 janvier
1722), Adrien-François-Isidore-Joseph^ comte de Rodoan,
mort le 5 mai 1761, Philippe-Ferdinand-Joseph, comte de
Rodoan et de Boussoit (relief du 7 avril 1773), Charles-Amour-
Joseph-François-Régis-Jean-Néponucème, comte de Rodoan
et de la Marche (relief du 20 octobre 1786) '. Ce fut le der-*
nier seigneur féodal d'Anderlues. — La seigneurie d'Anderlues
consistait, au XVIII^ siècle, en un village à clocher, en droit
de haute, de moyenne et de basse justice, en un moulin,
et en plusieurs cens et rentes avec le poulage de Mont-
1. LiiSNft, ColUetionde généalogies, 1. 1, fol. 28 v«. Hs. în-fol.de la bibliolhèque
publique deHons. — Ch. Wàrlomoht. Notice hUtorique tur la commune^ le ckâ-'
teott et le$ seigneurs de Boussu. Tournai, 1857 ; p. 36. — G. Stroobant. Histoire
de la eomnmne de Virginal, Bruxelles, 1853 ; pp. 524-562. — Dk SAiin-GÉNOit
Monuments anciens, t. |I. pp. 95-98 ; — Th. Lbjeume. Monographies historiques et
archéologiques, t. II, p. 895.
— 864 —
Sainte - Geneviève. En 1578 - 1579, le revenu de ce do-
maine 8* éleva à 1292 livres 8 sous 11 deniers ; le moulin
banal produisait en 1706, 31 muids 3 rasières de grains. —
Outre le fief ample tenu par Golars Crohin, il en existait plu-
sieurs autres peu importants, si ce n*est la censé du vivier i
Goulon, relevant du Hainaut, et qui comprenait 16 bonniers
de terres, une aunaie et 5 bonniers d'étangs ^ — Goègnies
formait jadis une seigneurie qui parait avoir été démembrée
au commencement du XIII^ siècle par suite d'une donation
faite au chapitre de Sainte-Waudru, de Mons. Il résulte d'un
acte d'amortissement accordé en 1303 à cette communauté
religieuse par Marie, comtesse de Flandre et de Hainaut, en
présence de Régnier de Trit, d'Alard de Slrépy, de Wautier
de Quiévrain, de H. de Gages, de W. de Potelles, de G., pré-
Tôt de Mons, et de G., prévôt de Soignies, qu'une partie des
alleux de Gœgnies avait été donnée aux cbanoinesses par
Hawide Pidocéen, après la mort d'Emma, sa mère, de qui
elle l'avait obtenue, avec l'assentiment de Daniel, frère de cette
dame ; cette donation qui avait été faite à la cour et en la
présence du comte Bauduin VI, avant son départ pour la
croisade, avait reçu l'approbation de Wautier et de Jean,
frères d'Hawide. En 1S85, le même chapitre aqguit de Robert
de Biévène (le Happart), fils de M^^* Pierson Happart, chevalier,
un fief situé à Gcegnies et consistant en cens, en rentes, en
terres arables, etc., qu'il tenait de Bauduin de Hennin, plus
six bonniers de terres, chargés d'un cens de 12 deniers
blancs, payable à la Saint-Jean-Baptiste, au damoiseau de
Fontaine ou à son maïeur d'Anderlues. Plus tard, des diffi-
cultés s'étant soulevées entre les cbanoinesses et Godefroid de
Naast,sirede Gœgnies, concernant la juridiction et les droitures
sur les héritages du lieu, le jugement des lois et des amendes,
une sentence arbitrale rendue en 1337 rétablit la concorde
entre les parties. En 1434, elles cédèrent en arrentement au
prix de 13 livres et moyennant quelques autres conditions, à
i. Aroutbs pu eotauhx. Chambre d«s comptes, n* 1119, fol. ill v*.
— 265 —
Jean Lemaitre, la grange, le pourpris et tous les biens-fonds
se composant d'environ 30 bonniers de terres et de prés,
avec les droits de terrage qu'elles y possédaient ^ Parmi les
successeurs de Godefroid de Naast, en qualité de seigneurs
de Gœgnies, nous citerons Godefroid Favart (1357), Jean I de
Rumignies, seigneur de Peissant(mortle48 novembre 1393),
Jean II de Rumignies (mort en 1441), Jacques I de Rumignies
(mort en 1495), Jean III de Rumignies (mentionné en 1503-
1515etmort enl554), Jacques II de Rumignies (mentionné en
1567), Pierre de Rumignies (mort en 1601), Jean lY de Rumi-
gnies(1632); JeanTamiçon, époux d'AgnésPoschet(relief du2
août 1641) ; Jacques-François Deppe (cité en 1664), Antoine-
Alphonse Deppe (mort en 1679), Jeanne-Marie Deppe, sœur
du précédent (relief du 2 décembre 1679), Jeanne-Ursule
Deppe (relief du 3 juillet 1683); Jérôme-François de Sterling,
écuyer (relief du 20 juillet 1 739), Louis-Joseph de Gœthovius,
seigneur d'Attenhoven (relief du 18 juin 1769). — Jacques-
François Deppe publia en 1664 un cartulaire dans lequel se
trouvent consignées toutes les rentes dues à la seigneurie de
Gœgnies, savoir : f à lui-même et le reste au chapitre de
Sainte-Waudru ; celles qui leur étaient communes avec le
souverain sur les prés et les waressaix de Gœgnies ; enfin, un
droit de terrage dû à lui seul. La seigneurie avait un bailli,
des échevins, un greffier, un sergent^ la haute, moyenne et
basse justice, les amendes, les forfaitures, les afiTorages, les
droits de lin, de carrières, de bâtardise et d'aubanité '. —
Hansuelles, qui relevait du Hainaut, consistait en une maison,
avec grange, étable, cour, jardin, clos, prés, pâturages,
aunaie , rente d'argent , d'avoine , de chapons , services
fonciers, mortemains, succession de serfs, d'aubains, de
bâtards, droit i^ancfieUe, lois, amendes, et la justice à
1. Chartrier du chapitre noble de Sainte-Wandrut actes colés n»* 12, 13, 16
et 17.
S. Laisnê. ColUetion de géné(Uogi€$^ 1. 1, fol. 6-8.
8. L. Devillers. Notke sur le dépôt de$ archivée de l'État^ à Mon», p. 148.
18
— 266 -
tous ses degrés. Godefroid de Winchi en était seigneur, en 1 288;
Godefroid de Naast, en 1311-1337; Etienne de Gembleux, en
1380; les héritiers de Jacquemart Coispeau, en 14t)0;Cornil le
Cordier, en 1503, et Jean de la Thour, écuyer, bailli de Mon-
tignies-Saint-Christophe, en 1566. D'autres fiefs peu impor-
tants méritent à peine d'être cités*. — L'abbaye de Bonne-Es-
pérance possédait depuis 1378 à Ânderlues une seigneurie
fonciéredont le produit, en 1787, s'élevait à ISflorins 14 sous;
la censé de la Ckf avec 77 bonniers 225 verges de terres et
12 bonniers de prairies, loués 737 florins; 15 bonniers de
terres servant de dotation au cantuaire de la chapelle de
Gœgnies, produisant 125 florins. La dîme de ce village lui
appartenait également par la donation que lui en avait faite
Wautier de Fontaine au mois de janvier 1212 (v. st.) : ce que
Pontius, doyen de Binche, fit connaître par un mandement
qu'il donna la même année, et de son côté, Jean III, évêque
de Cambrai, en corrobora la possession aux religieux par une
charte de l'an 1213. Robert, chevalier de Carniéres, donna
aussi vers le même temps à cette abbaye la portion de dîme
qu'il tenait à Ânderlues. Le produit de ces dîmes montait
à environ 2860 florins, mais la partie qui avait été acquise
par échange, en 1278, avec la co7nmanderie du Piéton se
trouvait chargée d'une rente annuelle de 7 muids de grains,
moitié seigle et moitié avoine *.
CULTE. — Anderlues figure au nombre des paroisses qui,
dans les temps anciens, portaient au monastère de Lobbes, le
25 du mois d'avril, les offrandes de la bancroix auxquelles
1. Abchiyes du ROTiuxE. Chambre des cemptei, n« ilSi. Cartulaire det fiefs de
la terre et prévôté de Blnehe^ renouvelé en i4i0 et i4ii. Registre des reliefs des
fiefs de la terre de Binche de 1479 d iSOS. Registre des fiefs de la prévôté de
Binehe, en 1550. — Ibidim. n»* 1119 et IISO. Fiefs et arrière-fiefs en Hainaut^
1502, passim. — Arcuvks dk l'Étit, à Mous. Cour féodale du Hainaut, n* SSi.
Cartulaire formé en i4i0^ fol. 108 et 114 v«. — Ibidem, n« 217, fol. 844.— Régi»-
ires aux actes de déshêritances, d^adhériianceSf de rapports, de dénombrements et
de reliefs de fiefs de i$80 à 1795, passim. — Cartulaire de Jacques-François
Deppe, seigneur de G<egnies4e%'Anderlues, formé en 1664,
2. Archives durotiuiis. Ckamhres des comptes, n* 46874.
— 267 —
elles ajoutaient la cotisation et la maille, ou obole de Saint-
Pierre*. L'autel de ce village était compris- parmi les posses-
sions de l'abbaye de Bonne-Espérance, dans le XII^' siècle. Ce
fut Hugues de Harvengt qui^ de concert avec son frère Robert, .
le lui donna en 1177, du consentement d'Alard, évêque de
Cambrai. La même année, cette disposition a été confirmée
par une bulle du pape Alexandre III, par des chartes de Roger,
évêque de Cambrai, de 1 1 81 , et de Jean II d'Ântoing, de 1 1 95, et
par des bulles de Clément III, de 1188, et de Céleslin III, de
1194*.— J. de Guise cite la paroisse d'Anderlues parmi celles qui,
enl186, faisaient partie du décanatde Binche'. — L'abbé de
Bonne-Espérance était le coUateur de la cure taxée au XIV®,
au XVe et au XVP çiècle, à 30 livres*. — En 1787, les revenus
du curé atteignaient 1211 florins 18 sous, somme dans laquelle
les dîmes figuraient pour 588 florins 6 sous^ les biens-fonds
pour 315 florins 5 sous, les rentes et divers émoluments pour
310 florins 7 sous ; il devait procurer la nourriture au vicaire
de la paroisse qui renfermait alors 1500 individus. — La dota-
tion de la fabrique ne montait qu'à 193 florins 9 sous. — Il
y avait anciennement dans le hameau de Gœgnies une^chapelle
dédiée à la sainte Vierge, indiquée comme bénéfice ecclésias-
tique avec une taxe de 20 livres, et dans laquelle on avait
fondé un cantuaire chargé de 53 messes par an^. — En 1288,
Godefroid de Winchi, sire de Hansuelles, avait érigé dans sa
maison seigneuriale, avec l'approbation d'Enguerran II de
Gréqui, évêque de Cambrai, une chapelle qui fut placée sous
l'invocation de saint Laurent. La dotation du bénéfice de cette
i. F. Hachez. Le pèlerinage des croix à Vabbaye de Lobbei, dans les Annales du
Cercle archéologique de MonSy t. II, p. 90. — Bormans. Notice concernant l'insti--
tution des rogations et certaines offrandes publiques que faisaient autrefois
le jour de Saint-Marc, à Vabbaye de Lobbes, les habitants de différentes com-
munes voisines^ dans les Bulletins de la Commission royale é^histoire. %• série ;
t. Vin, pp. 818-8S4.
S. HA6HE. Chronicon Bonœ Spei, p. 110, 118, 128, 186 et 189.
S. Jacoues de Guise. Histoire du Hainaut, t. XÎI, p. 841.
A. Ce. Ddyivier. Recherches sur le Hainaut ancien^ p. 282.
5. ABcanss DU botauib. Chambre des comptes, n« 46626.
- 868 —
chapelle > qui comprenait 13 bonniers de terres fut reconnue
en 1311 par Godefroid de Naast, chevalier, et par un acte
confirmatif émané de Pierre III de Lévis, évêque de Cambrai ^ .
— L'église d'Anderlues reconnaît saint Médard pour patron.
— La ducasse de ce lieu arrive le 8 juin et le lendemain si
ce jour est un dimanche, ou le dimanche suivant, et celle de
Hansuelles, le dimanche qui suit le 10 août, ouïe 10 août
quand il tombe un dimanche.
BIENFAISANCE. — En 1787, la table des pauvres d'Ander-
lues possédait 20 bonniers de bois et des rentes produisant
ensemble un revenu de 630 florins 12 sous 2 deniers. — Les
pauvres de Gœgnies et de Hansuelles avaient aussi leur table
particulière, dontla dotation ne se composait que de quelques
rentes en argent et en grains *.
PERSONNAGES REMARQUABLES. — Le hamcau d'AlodiuM ou
de Lalue a vu naître, au XII<^ siècle, la bienheureuse Oda^
première abbesse du monastère dn Rivrœulles, et vierge de
Tordre des Prémontrés, qui mourut le 20 avril 1168.
BIBLIOGRAPHIE. — PhiUppi obbatis^ de vita venerabilis Odœ
virgin. Duaci. Apud Balt. Bellerum, 1621, p. 779. — Biblio-
theca Praemonstratffisis or dinis omnibus y religiosis.., auctore
Fr. g. DE Paige. Parisiis, 1633, in-fol., lib. 2, p. 189. Vita
B. Odœ. — Cartulaire de l'abbaye de Bonne-Esféraiice, t. IV,
intitulé : Des titres et lettriages de l'abbaye de Bonne Espé-
rance^ touchant le village d'AnderlUy où nous avons la cure^
les dîmes, une seigneurie^ unecense^ une grange décimale, des
bénéfices et plusieurs rentes, recuonllis par Englebert Maghe,
abbé de cette abbaye, pour la facilité de ses successeurs, en 1697
et 1698. Ms. in-folio-
1, C4trtulalre de Vahbaye de Bonne-Espérance, l. IV, fui. 125-285.
S. Chambre des comptes^ tfi 46629.
- 269 -
BATTIfcNIES.
SITUATION. — BattignieSy qui a pour radicaux battiy battis,
gazon, préy et egniesy village, est un village élevé au rang de
commune et ayant pour limites les territoires de Péronnes,
de Ressaixy d'Épinois, de Buvrinnes, de Binche et de Waudrez.
Cette commune, qui a pour dépendances les hameaux de
Samme et de Balenfer, est située à 1 kilomètre N. de Binche,
son chef-lieu de canton .
POPULATION. — En 1830, on y comptait 85 maisons et en
1866, 172 habitations. En l'an XIII de la république, il y
avait 230 individus et en 1830, 442 ; sa population actuelle
est de 750 habitants répartis sur une surface de 263 hectares.
NOMS ANCIENS. — J^ôctdmetœ, 1120, Cartulaire de l'abbaye
de Marchiennes : Duvivier, 524. — Balingeiœ, 1123, Bulle
du pape Calixte II : A. LeGlay. Nouveaux anaUcles, 11. —
BatimÙBy 1152, Charte de Nicolas, évêque de Cambrai : Duvi-
viER, 573. — BadengieSj 1246, Charte de Marguerite de
Gonstantinople : Miraeus, IV, 242.
ANTIQUITÉS. — La chaussée de Bavai à Cologne forme la
limite de Battignies avec Péronnes sur une longueur de
1250 mètres. — On y a trouvé des monnaies romaines *.
MONUMENTS. — La chapelle de Sainte-Anne est une modeste
construction qui remonte au XVI® siècle. — La maladrerie de
Binche, fondée au XIP siècle^ se trouvait sur le territoire de
cette commune ; elle a été supprimée vers la fin du XVII® siècle.
FAITS HISTORIQUES. — Le village de Battignies, qui est con-
tigu à la ville de Binche et qui en forme pour ainsi dire un
faubourg, partagea souvent les tristes destinées de cet endroit
durant les guerres dont notre contrée fut le théâtre à diverses
époques.
i. Bulletin det séance» du Cercle archéologique de Mom (Année 1864-1865),
p. 14.
— Î70 —
JURiDiGTioiis. — Battignies a ressorti jadis à la prévôté de
Binche, et dépend, depuis l'an HI de la république , du canton
dont cette ville est le chef-lieu. — Ce village formait, sous
Tancien régime, une terre franche dont la seigneurie appar-
tenait à l'église de Sainte-Rictrude de Marchiennes. L'échevi-
nage constitué par cette maison religieuse suivait la coutume
de Mons.
SEIGNEURIES. — La terre franche de Baltignies dont Pris-
ches {Pelices, Periehes) était le chef-lieu au moyen âge
formait une seigneurie ayant maîeur et échevins. Elle appar-
tenait de temps immémorial à l'abbaye de Marchiennes. Les
religieux y^avaient des dîmes, des bois, des terres, des prés,
des pâturages et d'autres biens, et ils percevaient un cens
annuel de 1 0 livres de Yalenciennes, dû à la Noël sur les rentes
novales de Binche, au sujet d'un certain fonds de terre situé
près de cette ville et qu'on appelait Saint-Eusèbe * . — En 1 787,
la dime de Battignies qui se levait sur toute la terre franche
de ce nom, comprenant 133 bonniers, était partagée par
moitié entre le curé de Saint-Ursmer de Binche et celui de
Ghoy-la-Buissière^ à titre de chapelain de Saint-Nicolas de la
maladrerie de Binche*. — L'abbaye de Marchiennes obtint la
confirmation de ses biens à Battignies et à Prisches, du pape
Galixtell, en 1 123, de Nicolas I, évéque de Cambrai, en 1152,
et de Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut, en 1246'.
— On signale l'existence de deux documents relatifs à la
franchise de Baltignies : le premier est du 23 février 1764, et
le second, du 9 octobre 1765*.
CULTE. — Battignies a toujours dépendu, pour le spirituel,
de la paroisse de Binche. — La chapelle de Sainte-Anne
n'avait qu'un revenu de 6 florins 14 sous. — La déclaration
1. MncEUS. Opéra diphmûticat t. IV, p. lis.
S. Abchitbs du BOt auhs. État deê Meru du dergi «éeii/ier, en 1787, t. 90. —
A. Lb Glàt. Mémoire eur le$ arehivet de l'abbaye de Marchiennet, Douai. 1854;
p. «7.
8. A. Lb Gliy. Nouveaum anaUctei. Paris, 1882; p. 11.
4. Db Saint-Gérom. Monumenti anciens^ 1. 1, pp, li6-lS7.
des biens de la prévôté de Prisches, produite en 1787, par le
prévôt dom Amand Libessart, constate que cet établissement
jouissait alors d'un revenu annuel de 2399 florins et que les
charges atteignaient Si 1 9 florins * .
BmCHE.
SITUATION. — Binche, en latin Binchium^ qui dérive de
Bindum, colonie, est une ville élevée au rang de commune et
de cure secondaire, et ayant pour limites les territoires de
Battignies, de Buvrinnes et de Waudrez.
Cette commune, qui a six faubourgs en partie séparés de la
ville par le ruissean de la Samihe, est située sur la route de
Mons à Charleroi,sur le chemin de fer du Centre et à 31 kilo-
mètres 0. de Charleroi, son chef-lieu d'arrondissement judi-
ciaire.
POPULATION. — En 1486, on y comptait 950 foyers ; en
1750, 886 feux ; en 1830, 760 maisons ; et en 1866, 1542
habitations. En 1784, il y avait 3683 individus ; en l'an XIII
de la république, 3798 ; et en 1830, 4993 ; sa population ac-
tuelle est de 7201 habitants répandus sur une surface de 78
hectares.
NOMS ANCIENS. — Bificium, 1124, Charte de Burchard,
évêque de Cambrai : Duvivier, 532 ; 1182, Charte de Bau-
duin Y, comte de Hainaut : De Shet, II, 782 ; 1193, Cartu-
laire de l'abbaye d'Hautmont : Devillers, III, 178 ; 1200,
Chartes du Hainaut : Devillers, IV, 22 ; 1229, Cartulaire de
l'abbaye d'Âbe : Devillers, 1, 275 ; 1248, Cartulaire de l'ab-
baye de Saint-Denis en Broqueroie : Devillers, V, 174 ; XII®
siècle : Gisleeert, 48, 53, 137, 149. — Binzium, 1159,
Charte de Nicolas I, évêque de Cambrai: Duvivier, 589 ; 1204,
1206, Cartulaire de l'abbaye d'Ahie: Devillers, I, 107, 206.
— Binz, 1158, 1170, 1182, 1209, Cartulaire de l'abbaye
1. Chambre ie$ eomptts^ ifi 4Mtt.
- Î72 —
d'Aine iDevillers, 1,206, 252, 257,261; H67,Cartulairede
Tabbaye de Bonne-Espérance.— BinSy vers iiQ% Miracula S .
Bemardi, auclore Gaufrido, apud sancti Bernardi. Opéra
omnia^ IL 1197 ; 1460, Cartulaire des mortes-mains du
Hainnault, fol. 73; Guicciardin, 55U ; Le Petit, 222, 359.
— BinCy 1167, Cartulaire de l'abbaye de Bonne-Espérance ;
1179, Cartulaire de l'abbaye d'Hautmont: Devillers,!!!, 164;
1181, Bulle du pape LuciusIII : Duvivier, 637 ; 1239, Car-
tulaire du chapitre de Soignies, fol. 84 v^' ; 1246, 1247, Car-
tulaire de l'abbaye d'Aine, Devillers, I, 277-278 ; JUII^ siècle :
Philippe Mouskès : De Reiffeneerg, II, 477. — Binchium,
1177^ Cartulaire de l'abbaye de Bonne-Espérance ; 1246,
Charte de Marguerite, comtesse de Flandre et de Hainaut.
MiRAEUS, IV, 242; 1258, ibidem : Miraeus, I, 262 ; Gislebert,
63. — Bince^ 1179, Bulle du pape Alexandre III ; Duvivier,
623. — BainSf XVI« siècle. Rabutin, Du Bellay, Brantôme.
— Beinsy XVI® et XYII^ siècle : Paradin, 335 ; Le Petit. -
Binch, 1232, 1256, 1265, 1300, 1355, 1380, 1408, 1417,
1550, 1590,1625, 1658, 1734,1784, 1790. Documents divers.
» Dans les pouillés, on lit Binch et Binchium. — Les habi-
tants prononcent Bince.
antiquités. — On y a trouvé un bronze d'Alexandre Sévère*.
MONUMENTS. — Vers le milieu du X1I« siècle, Bauduin FV,
comte de Hainaut, dit le Bâtisseur, selon Tépitaphe consacrée
à la mémoire de ce prince^ a. bâtit de fond en comble et mu-
nit de lours et édifices la ville de Binche *. > Ce fait est con-
firmé par les annalistes du Hainaut. Qutre ses remparts flan-
qués de vingt-cinq tours, Binche possédait alors un château-
fort que l'on nommait la Salle au XIV® siècle et qui s'élevait
à Textrémité méridionale du bourg '. Il en est fait mention
en ces termes : Castrum quod nominant Bins, dans la rela-
1. Annales du Cercle archéologique de Mona^ t. IV, p. 23i.
S. De Bodssd. Histoire de la ville d^Ath, Mons, 1750; p. 80.
S. Compte du domaine de Binche^ en 1372-1373^ aux archives du royaume,
n« 8765 de la Chambre des comptes.
- 273 —
tion contemporaine du voyage qu'entreprit saint Bernard,
abbé de Clairvaux, en 1146, sur les bords du Rhin et dans les
provinces belges où la langue romane était en usage*. Après
la guerre de Tan 1185; les fortifications de cette ville furent
réparées et Bauduin V augmenta les moyens de défense de ce
poste important *. En 1543, en 1554 et en 1578, elles furent
fort endommagées par les attaques des Français *. En 1675,
on fit sauter les murailles d'enceinte sur divers points *, mais
elles furent remises en état lors de l'occupation des troupes
de Louis XIV, de 16»! à 1697.
. Binche avait autrefois six portes défendues pour la plupart
par de grosses tours cylindriques, cinq grandes : au Nord,
celle de Bruxelles ; au Nord-Est, celle de la Sablonnière ou
de Charleroi ; au Nord-Ouest, celle de Mons ; au Sud-Est,
celle de Saint-Paul ou de Buvrinnes ; au Sud-Ouest, celle de
Saint-Jacques ; une petite : la porte du Posty, du côté méri-
dional. Ces portes ont été démolies vers 1835 '.
La Salle de Binche, dont on retrouve le dessin sur le sceau
primitif de la ville, fut remplacée en 1546 par une construc-
tion magnifique que fit élever Marie de Hongrie, sœur de
Charles-Quint, sur les plans de l'architecte montois, Jacques
i. Opéra omniaj t n, p. 1188.
5. GiSLiBBRT. Chronica HanMfUae^ p. 149. — Chronicon Balduini Avennensl^^
Mve hiitoria genealogiea eomitum Hannoniae^ curft baronis Leroy. AnYors, 1699 ;
eap. S8, p. 41.
8. Maatoi du Belut. Jfémoiret, dans le Panthéon littéraire^ t. III, p. 789. —
GuiiLArai Paradir. Continuation deVhiBtoire de nottre /empt. Lyon, 1556; pp. 885
886. — Gilles Wadldk. Chronique de Lobbei^ p. 489.
4. Chambre deteomptei^ n« 14480, fol. 189 r«.
6. Les éditears da Magaiin[belge^ ont reproduit dans ce recueil, 1. 1, p. 18i, une
gravure représentant une ancienne porte de Binche. Ce monument présente le ca-
ractère de différentes épo<iues et remonte, i coup sûr, i une date antérieure au
siège de 1554. — Un plan de Binche, levé en i 786, lorsqu'il s'est agi d'une nou-
TeUe circonscription de paroisses, par ordonnance de S. M. du 19 mai de cette an-
née, est déposé aux ArcliiTes générales du royaume. On y a figuré l'enceinte for-
tifiée avec les portes et les tours qui en défendaient l'accès : celles-ci, au nom-
bre de S6, avaient diflérents noms, tels que la tour de la Sorcière, celle de Saint-
Georges, etc.
- 274 -
Dubreucq% mais qai subsista à peine huit ans: ce palais *, le
plus somptueux des Pays-Bas, fut entièrement détruit avec la
ville en 1554 par Henri 11, roi de France, en représailles de
la ruine de sa maison de plaisance deFolembrai,en Picardie,
par les troupes de cette princesse sous les ordres d'Adrien de
Croy, comte du Rœulx, en 1552 ■. — Après ce désastre,
Jacques Dubreucq fut appelé à Binche pour visiter la ville et
y dresser les plans d'une restauration. Le 15 octobre de la
même année, l'empereur Charles-Quint adressa des lettres à
ce sujet au grand bailli de Hainaut, et le 3 août 1555, le même
souverain accorda des lettres d'octroi pour la levée de 1000
livres destinées à faire face aux besoins de la cité, élargir les
rues, embellir la maison de ville, l'église paroissiale, celle
du béguinage, les hôpitaux et réparer les portes et les mu-
railles de l'enceinte *.
L'hôtel de ville est un édifice qui a été rebâti en grande par-
tie au XVI11<^ siècle (1774). Dans la cour intérieure, on lit la
date 1737. Cependant le beffroi parait très-ancien ; il ren-
ferme une horloge, un carillon et une grosse cloche dite l'/n-
dépendanccy qui date du siècle dernier.
La prison fut installée dans la rue de ce nom, après l'année
1578.
i. Archites de l'état, a Hons. Comptes du domaine de Bineke^ de 1549-1550.
Oo y lit ce qui suit, au foi. SOi. • A H* Jacques Dubrœcq, artiste, demorant i
HoDS, auquel S. H. par ordonnance datée de Bruxelles, le 27 septembre 1546, loi
a accordé 200 florins carotus d*or de gaiges et traistement pour chacun an. >
2. Il existe à la Bibliothèque royale, sous le numéro 22,090 de TinTentaire des
Ms. de la seconde section, un portefeuille de cartes manuscrites dressées vers
1560 par Jacobus Van Deventer. Ces cartes sont classées par ordre alphabétique. A
la lettre B on trouve un plan portant le nom de Bins. Outre le palais de Marie de
Honnie, qui est figuré sur l'emplacement de l'ancienne salle ou ch&teau-fort des
comtes de Hainaut, on y distingue l'église paroissiale, l'hOtel de ville, les halles,
le couvent des Sœurs-Noires, l'église du béguinage de Gantimpré et la chapelle du
cimetière.
i. FftANCOiSDB Rabutin. Mémoires, dans le Panthéon littéraire, t. T, p. 615. —
Lettre de B. de Salignac Pénelon i Mgr. le cardinal de Ferrare, du 81 juillet 1554.
Le voyage du Roy au Pays-Bas de l'Empereur, en l'an HDLIIIl. Paris, 1554 ;
chap. 8.
4. ABCHTES DB l'Êtat, A MoH8. Chartes de la trésorerie des eomtei de Hainaut.
- 275 -
L'hôpital de Saint-Pierre établi dans des temps fort reculés,
avait dés le principe une dotation particulière qui s'accrut
considérablement, au XVIP siècle, des biens de la maladrerie
de Binche, située hors la porte de Bruxelles * et devenue sans
utilité par suite de la disparution de la lèpre. Brûlé et sac-
cagé par les Français, en 1554, il fut reconstruit en 1567,
puis agrandi et restauré à diverses époques. L'hospice des or-
phelins, situé jadis dans la rue de ce nom, y est maintenant
annexé. La chapelle n'offre rienile remarquable.
L'hôpital de Saint-Jacques, fondé le 18 janvier 1449 (v. st.)
dans le faubourg de ce nom *, fut supprimé par un décret de
Philippe y, roi d'Espagne, le 30 juillet 1703, et ses biens,
peu considérables d'ailleurs, servirent avec ceux d'autres éta-
blissements charitables à la fondation de l'hôpital royal mili-
taire de Mons '.
Selon toute probabilité, l'église de Sainte-Marie, aujour-
d'hui de Saint-Ursmer, avait été bâtie par Bauduin IV, comte
de Hainaut, lorsqu'il entoura Binche de remparts avant l'an-
née 1146 ; le fils aîné de ce prince, mort en bas âge^ y reçut
la sépulture ^. Cet édifice dont on retrouva le plan tout en-
tier en visitant les combles, affectait la forme d'une croix la-
tine, avec chœur terminé par une abside semi-circulaire.
Agrandi considérablement vers 1409, après son érection en
collégiale, il fut construit dans le style ogival tertiaire. Lors
de la prise de Binche en 1554, il fut fortement endommagé
par l'incendie qu'y allumèrent les troupes françaises. Les mil-
lésimes 1583 et 1671 qui figurent sur la tour placée en avant
i. Archives DEL'ËTiTfiMONS.Mven/oiredM biens meubles et immeubles de
Vhôpital Saint-Pierre^ certifié par les officiers municipaux provisoires de la ville
libre de Binchey le ift mars i793.
S. Archives du eotaume. Conseil privé. Carton, n» 1515 et 1516. — Archivée
des hospices de Binche. Reg. in-folio. U est intitulé : Registre des leltriages ap"
partenans à la bonne maison et hospital Dieu et Monseigr St-Jaeques le majeut^
situé en la ville de Binche^ etc.
8. Annales du Cercle arcJiéologique de Jfoiu, t. I, p. 226,
4. GiSLEBEBT. Chronica Hannoniœ, p. 48. — Jacques de Guise. Histoire du
Uainaut^ t. XII, p. 7. — Delewaroe. Histoire générale du Haineu^ t. III, p. 8.
/
— 276 —
et à gauche du chœur indiquent les dates de sa restauration.
Intérieurement le temple paroissial, qui est assez vaste, est
disposé enferme de basilique à trois nefs, avec chœur arrondi ;
deux rangées de piliers partagent le vaisseau en cinq travées.
Lies nefs, de même que le chœur, sont recouverts d'une voûte
à plein cintre en berceau, avec arcs doubleaux. On y compte
dix chapelles latérales : Sainte-Anne, Saint-Julien, Saint-Sé-
bastien , Saint-Christophe , Saint-Sacrement , Saint-Ursmer ,
Sacré-Cœur de Marie, Saint-Antoine, Sainte-Barbe. Des lam-
bris ornent le sanctuaire et la chapelle du Saint-Sacrement.
Les boiseries du sanctuaire encadrent six tableaux peints par
un artiste d'Âvesnes, nommé Scounet ; on admire dans cette
partie de l'église cinq vitraux dus au pinceau deM.Capronnier.
La chaire, peu remarquable du reste, montre un groupe
représentant le Sauveur et la Samaritaine. Au grand portail
'qui est de style roman, on a adossé un jubé en marbre,
où figurent dans des niches les statuettes des vertus théolo-
gales, et au centre un écusson dépourvu de ses armoiries
et entouré du collier de Tordre de la Toison d'or, avec le
millésime 1592 au bas. Les œuvres d'art que l'on con-
serve dans le temple saint sont : Reliquaire en forme de
bras, en argent orné de quatorze plaques niellées, de fili-
granes et de cristaux en cabochens, et exécuté au XII^ siècle.
Reliquaire de même forme, en cuivre doré et en argent, orné
de pierreries et d'émaux champlevés et cloisonnés, et datant
du XIII® siècle. Le Christ en croix entre la sainte Vierge et
saint Jean, joyau orné de belles pierreries et donné au cha-
pitre de Binche, par Marguerite d'Yorck, veuve de Charles-le-
Téméraire.
L'église de Sainte-Croix était le siège d'une paroisse
de Binche, dont la suppression eut lieu vraisemblablement
vers 1409 *.
i. Elle est mentionnée dans les anciens pouiUés, sous ce titre : Binchiumparo-
aicht Sancta Crux, avec une taxe de 15 livres, puis de IS livres. Le pouillô des
archives de l'archevôché de Malines, qui date des années 1440-1447, omet cette
paroisse. Cfr. Gh. Duviyier. Rtcherchti iur le Hainaut anderif pp. S19, 288.
- m -
L'église de Sainte-Elisabeth fut anssi te siège d'une autre
paroisse, dite du béguinage de Gantimpré, et dont la cure fut
unie à celle de l'église de Saiut-Ursmer par l'archevêque
François Vander Burch (14 juin 1615—23 mai 1644)'.
Le couvent du b^uioage, dont la fondation remontait à une
époque reculée, passa aux Récollets par décret de Philippe
II, roi d'Espagne, en date du 29 octobre 1598 *.
Le couvent des Sœurs-Noires, qui avait été fondé en 1494
par Marguerite d'Yorck, douairière de Bourgogne, fut démoli
après la suppression des ordres religieux *.
Le couvent des Récollets, qui, dans le principe, avait été
établi près des remparts de la ville, au lieu dit Cantimpré, fut
transféré, en 1598, par échange, dans la maison et l'église des
Béguines, occupées antérieurement par des Croisiers depuis
peu de temps *. Cet étabUssement où se sont installées, le 28
mai 1822, les religieuse du Sacré-Cœur de Jésus pour se li-
vrer & l'enseignement de la jeunesse, a survécu au flot révolu-
tionnaire. L'église qui y est annexée est de stjle renaissance ;
le beau tabernacle qui repose sur l'autel provient, dit-on, -de
la chapelle castrale bâtie par Marie de Hongrie. Sur te fron-
tispice de l'oratoire on lit le millésime: 1767. — Le sceau
dont se servait le gardien des Récollels de Binche représente
saint François d'Assises dans l'attitude de la prière devant
une chapelle; il porte cette inscription: sigil : guard: bincb.
I. L. Dmuns. Sotb» «w (e dipSl du AreUta it VÉtal, à Uoitt, p. M.
1. Doeumtntt tt KapporU de la SeOiti wekMogtgue de CluirteTOl, t. IV,
p. us-tst.
1. VracHANT. Anneiti du Rainant, L V, p. Itl.
t. Buunm. Orlf/iiMt omnium fimiuMla eœiwbiontm. Mooi, IBU; p. UD.
14
- 278 —
•
Le couvent des RécoUectines fut fondé, en 1620; il fut ins-
tallé dans la vieille halle au blé par les soins des archiducs
Albert et Isabelle * .
Le collège fondé en 1577, fut tenu par des religieux pré-
montrés de Bonne-Espérance, passa aux Âuguslins vers 1725*,
et forme actuellement un collège patronné, en même temps
qu'une école moyenne communale de la catégorie intermédiaire,
avec section préparatoire.
Il n'existe plus de traces de la chapelle du Mont-Sara, située
dans Tun des faubourgs de la ville et qui avait une dotation
particulière.
La chapelle du cimetière de Binche, sur le frontispice de
laquelle on lit la date 1537, est un édifice de style ogival de la
troisième époque, dont la décoration intérieure mérite d'attirer
l'attention des archéologues. On y admire des sculptures et
des peintures offrant des spécimens de sujets traditionnels qui
ont souvent exercé le talent des artistes au moyen âge dans
les cimetières ; elles représentent la Danse macabre, la Fleur
de la mort, des anges portant les instruments de la Passion,
saint André, titulaire de l'oratoire, saint Jean l'Évangéliste
avec un calice, la victoire remportée sur la mort par le Sau-
veur dans sa résurrection, etc.
FAITS HISTORIQUES. — Primitivement Binche dépendit de
l'ancien Waudrez ou le Vodgoriaeum des Romains ; il en fut
détaché à une époque inconnue, mais vraisemblablement de
IISO à 11S7, sous la régence de Yolende de Gueldre '. Une
opinion accréditée fixe sur la colline, où s'élève aujourd'hui
cette ville la position du camp de Quintus Gicéron, qui y fut
i. Prâsseur. loe. dt.f p. 874. — L'inventaire des cartes et plans conservés aux
Archives générales da royaume, mentionne, sous le n» 1908, le plan du couvent des
RécoUectines de Binche, levé par l'architecte M. LeClercq, en 1784, et divisé en lots
pour la mise en vente de cette maison religieuse, qui eut lieu en 1785.
S. Abchives du royaume. Chambre des comptes^ n» 46628. ~ Archives de l'État,
A MOMS, n« 87871 des Doêiierê dei procès jugée du conseil souverain de HcUnaut,
8. GiSLEBERT. ÇhronUa Hannonioe^ p. 58. — Jacques de Guise. Histoire du EtA-
naut, t. XU, p. 11.
J
— Î79 —
assiégé par les Belges, 52 ans avant l'ère chrétienne ^ — Ce
point fortifié se trouva abandonné pendant une longue suite
de siècles, et, devenu au commencement du XII^ siècle un
endroit habité, il subit les désastres des guerres qui ensan-
glantèrent nos contrées , la veuve du comte Bauduin III de
Hainaut le reconstruisit et le repeupla pendant son adminis-
tration. — A dater du milieu du XII® siècle, Binche commence
à prendre rang dans l'histoire: ce bourg est visité en 1148
par le grand saint Bernard, abbé de Clairvaux, qui vient y
prêcher la croisade et témoigner en présence de la foule as-
semblée sous ses murs récemment construits la toute puis-
sance do souverain maître de l'univers*. — En 1185, Binche
échappe, grâce à ses fortifications et à l'énergie de sa garni-
son composée de 500 hommes de troupes de la Heèbaye^
aux ravages de l'invasion armée du duc de Brabant et de l'ar-
chevêque de Cologne, qui s'étaient coalisés avec le comte de
Flandre, contre Bauduin V, comte (jle Hainaut '. — En 1187,
ce dernier prince y célébra les fêtes de Noël, à l'instar des
souverains franks^. — Les Binchois furent appelés en' 1194 à
sanctionner par des députés le traité d'alliance conclu entre le
comte de Hainaut et le duc de Brabant'. — En 12!25, ils re-
çurent avec un enthousiasme fanatique le faux Bauduin, con-
nu sous le nom de Bertrand de Rains. C'est à ce suje^ qu'un
chroniqueur contemporain, Philippe Mouskès, s'exprime ainsi:
f Et cil de Bine, sans nul desdaing,
f Burent plus d'un mui de sonbaing*. »
1. Documents et Rapports de la Sodité arehéologiquede Charleroiy 1. 1, pp. 183,
149.
S. Saint Bernard. Opéra omnia. Edente Johanne Mabillon, t. II, p. 1188. —
Delewarde. Histoire générale du Hainau, t. H, p. 486.
8. GisLEBERT. Chroniea Hannoniœt pp. 186-188. — Vinchant. Annales du
Hainauty t. II, p. S77. — Delewarde. Histoire générale du Hainau^ t, III. p. 15S.
4. Vinchant. Annales du Hainaut, t. II, p. Î77.
5. De Saint-GAnois. Monuments andens, 1. 1, p. 197.
6. De Reiffbnberg. Monuments pour urvir à rhistoire de Namur^ du Hainaut
et de Luxembourg^ t. V, p. 477.
- 880 -
En 1252, ils sabirent la tyrannie de la comtesse Marguerite
de Constantinople, qui, deux ans après, leur fit reconnaître
le comte Charles d'Anjou en qualité de souverain du Hainaut.
— Peu de temps après, Binche rentra sous l'autorité de son
prince légitime, Jean U d'Avesnes (1254) *. — Divers diplômes
datés de celte ville en 1182, 1236, 1258, 1265, 1292, 1302,
1304, 1308, 1327, ainsi que les comptes de la recette géné-
rale de l'ancien comté de Hainaut et du domaine de Binche,
prouvent que nos souverains y séjournaient fréquemment,
d'autant plus que ses environs étaient très-favorables pour se
livrer au plaisir delà chasse*. — Les Lombards y étaient
fixés en 1304». — Elle fut appelée en 1322 à ratifier deux
traités conclus à Paris et àMalines entre le comte de Hainaut,
le comte de Flandre et le duc de Brabant*. — La peste noire
moissonna en 1349 et en 1398 la majeure partie de sa popu-
lation, qui trouva dans Pierre de Malonne^ abbé de Bonne-
Espérance, un bienfaiteur. Ce prélat distribua aux pestiférés
plus de 2000 florins'. — Albert de Bavière et Guillaume IV,
son successeur, favorisèrent le repeuplement de la cité en
affranchissant les habitants du droit de meilleur catel et de
plusieurs autres charges*. — Trois députés, Jakemart de le
Gambe, Basse et Jehan de Binche furent présents à la rédaction
des chartes de l'an 1391, données en interprétation de celles de
l'an 1200 ^ — Les bourgeois obtinrent, le 15 juillet 1434, de
Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne des lettres d'octroi qui les
autorisaient à faire un emprunt, au nom de la ville, on cons-
i, Jacques DE Guise. Histoire du Hainaut, t. XV, pp. 110-116.
S. Cfr. plus haut la nibrique : Nomi anciens,
8. L. Detillers. Notice sur un cartulaire de la trésorerie des Comtes de Hai-
naut, pp. 49-50.
4. De SAiiiT-XiÂNOis. Monuments andenSyi, I, p. S17. — D'Oudeghebst. Anno/es
de Flandre, Gand, 1789 ; t. Il, p. 888.
5. Maghe. Chronicon Bonn Spei, p. 844. — Vqiciiaiit. Annales du Hainaut,
i. ni, p. 88i.
e. Cartulaire des mortu^mains du Htdnnaultj en 1460. Chambre des eompteti
n« 1812.
7. De SAiNT-GtNOis. Monuments anciens, p. 112 ; voyex aussi les différentes
éditions des chartes da Hainaut.
— Î81 —
titntion de pension viagère jusqu'à concurrence d'une somme
de 50 livres annuellement pour servir à payer leur quote-part
dans l'aide de 40,000 livres tournois accordées au prince par
les trois États de Hainaut, et destinée i solder les gens de
guerre commandés par le comte d'Étampes et mis sur pied
dans le but d'empêcher l'ennemi de revenir en Hainaut^ —
En 1477, les habitants ruinés par la guerre se retirèrent à
Mons, et la ville tomba dans une extrême misère '. — La
garnison française d'Aimeries l'ayant attaquée en 1543, fut
obligée de se retirer devanl l'énergique résistance qu'on lui
opposa'. — A l'occasion de l'inauguration du fils de l'empe-
reur Charles-Quint, en qualité de prince et seigneur des pro-
vinces des Pays-Bas, Marie de Hongrie célébra à Binche, le 20
août 1549, en l'honneur de son neveu, des fêtes si splendides
qu'elles donnèrent naissance à ce proverbe espagnol : Mas
brava que las fiestas de Bains (plus magnifique que les fêtes
de Binche)*. — Un traité de paix entre Charles-Quint et Marie
Stuart, reine d'Ecosse^ fut conclu au palais de Binche, le 15
juin 1550'. — Les troupes d'Henri H, roi de France, assié-
gèrent la forteresse qu'ils pillèrent et réduisirent en cendres,
le 22 juillet 1554. La belle résidence de la gouvernante Marie
fut enveloppée dans ce désastre irréparable et les flammes
dévorèrent les merveilles de l'art qu'on y avait rassemblées à
grands frais. Cette destruction donna lieu aux bouts-rimés
suivants :
€ Les flamaiches de Folembay et Aubenton
€ Ont fait brusler Binche et Marmont. *
1. Archives de l'État, a Mors. Vidimuê sur parchemin avec deux sceaux, le 8*
enlevé.
3. J. Lessabé. Hannor^œ urbium et nominatiorum locorum ad ccenobiorum ad-
jedis aliquot limitaneig, ex annaiibus ttnacephalaeoHSy apud db Reotenberg.
Monuments t etc. y i, I, p. LIIV.
3. A. HENNE. Histoire du règne de Charlee-Quint en Belgique^ t. VIII, p. m.
4. Brantôme. Supplément aux vie$ des Dames iUustres^ dans ses Œuvres, La
Haye, 1743 : t. XV, pp. 312-836.
5. V. D. M. Géographie de la province de Hainaut, p. 165.
6. GnicoARDiM. Description de iovtsles PayS'Bas, Amsterdam, 1615; v«. BmcBB.
— Î82 —
Cette ville entra en 1576 dans la Confédération connue sons
le nom de pacification de Gand. — L'année suivante, Jeanne
d'Albret, reine de Navarre, qui se rendait à Spa, y fut reçue
avec tous les honneurs dus à son rang. — Après la bataille de
GemblouXy livrée le 31 janvier 1578, celte ville fut remise sous
l'obéissance de don Juan d'Autriche. — Le 7 octobre suivant,
le duc d'Anjou, frère du roi de France, l'attaqua et s'en em-
para par la force*. — Les archiducs Albert et Isabelle y firent
leur joyeuse entrée le 27 février 1600 ; ils y tinrent leur cour
en attendant la reconstruction du château de Mariemont*. —
Lors du passage des troupes de Mansfeld, qui exercèrent
d'affreuses; dévastations sur leur route, la ville fut mise à
l'abri d'une surprise et reçut dans son sein les populations
circonvoisines que l'épouvante avait fait fuir (1622)'. — Le
terrible fléau delà peste y fit encore son apparition en 1626
et en 1636^ et enleva une grande partie de ses habitants^. —
Pendant les guerres qui suivirent ces épidémies, Binche eut à
endurer des calamités d'un autre genre : elle fut accablée de
logements militaires, subit les horreurs d'un siège en 1675,
dut payer de fortes cçn tribu lions de guerre, et fut témoin de
la destruction d'une partie des forlifications qui la protégeaient
contre les armées envahissantes'. — En 1667, Louis XIV
s'élant emparé de toute la prévôté de Binche, la réunit à sa
couronne par la conclusion de la paix d'Aix-la-Chapelle, qui
eut lieu le 2 mai 1668; mais dix ans après, c'est-à-dire le 17
septembre 1678, par suite du traité de Nimègue, elle fit retour
à l'Espagne et fut évacuée par les Français ^ — Avant comme
1. ViNCHANT. Armaleidu Halnaut, t. V, p. 808. — Steada. Histoire de laguerre
de Flandre, Paris, 1787 ; liv. 9, p. 604.
2. Gilles Waulde. Chronique de Lobbes^ p. 600.
8. Archives de l'État a Mons. Registre des résolutions, et des autres actes re-
latifs à VadmifUstration du clergé, fol. 871. — Archives de Véglise d^Estinnes-au-
Val. — Gilles Waulde. Chronique de Lobbes^ p. 510.
4. Gilles Waulde, loe, cit., p. 512.
5. Chambre des Comptes, n« 187S, 24429 et 24430. — HiNAUT. Nouvel abrégé
chronologique de VMstoire de France. Paris 1752, p. 626.
6 Recueil des traité%de paix, etc. Amsterdam et La Haye, 1700 ; t. IV, pp. 268,
— Î83 —
après la bataille de Seneffe, livrée le il août 1674, le maré-
chal de Luxembourg avait traversé la plaine de Binche avec
tonte son armée^ — De 1691 à 1697, Binche reçut une gar-
nison française*. — Le 26 mai 1707, les troupes de Louis XIV
partirent de cette ville pour aller à Gosselies. — En 1709,
une partie de l'armée des alliés, sous les ordres du comte de
Tilly, ravagea les environs de la cité. — Uue armée hollan-
daise se livra à une pareille exaction au mois de novembre
1710, et vers lafin de juillet 1711 un corps d'armée française,
commandé par le comte d'Étampes^ vint camper sous ses
murs. — En 1746, le comte de Clermont-Gallerande partit de
Haubeuge à la tète de l'aile droite de l'armée de Louis XV ettra-
versaBinche pour se diriger sur le village de Piéton ' . — Enfin de
nombreux corps de troupes furent cantonnés dans cette ville
pendant les guerres de la république et du premier empire.
JURIDICTIONS. — Dès le XII^ siècle, la garde de la forteresse
de Binche avait été confiée à un officier militaire ou châtelain
qui y commandait au nom du souverain et dirigeait de plus
les forces féodales comprises dans la circonscription territo-
riale, nommée la châtellenie. — A côté de ce pouvoir s'élevait
le prévôt dont les fonctions^ purement civiles dès le principe,
devinrent mixtes dans le siècle suivant, après l'année 12^1,
lors de la suppression de l'office de châtelain. — Le premier
châtelain connu est Henri, chevalier.de Braine-la-Willolte,
cité dans des actes de 1161* et de 1167*; Jean, prévôt de
897. — Hiêtoire des traités de paix, Amsterdam et La Haye, 1728 ; 1. 1, pp. 614, 620.
—Th. LEJEims. Notice sur le Hainaut^ p. 38.
1. Relation sucdnete de la bataille de Senef, Leide, 1747 ; p. 74. — F. Isaac.
Vne page de Vhistoire de Charleroi, p. 84.
S. Gachard. Inventaire des archives du royaume^ L II, p. 202.
8. DuMONT et BODSSET. Histoire militaire du prince Eugène deSavoye, du prince
et du duc de Malbcrough et du prince de Nassau-Frise. La Haye, 1719 ; L I, p.
160. — EsPAGRAC. Campagne de V armée du roy, enilâl. La Haye, 1747. — Rela-
tion de la campagne en Brabant et en Flandres de Van i747, La Haye, 1747. —
Stbobamt. Histoire de la comunne de Feluy, pp. 352>364. — Archives de Véglise
dEstinnes-au-Val.
4. Tb. Leieuhe. Monographies historiques et archéologiques, t. III, p. 808.
8. Cartulaire de Vabhoye de Bonne-Espérance, t. II, foh 1-8.
- 284 —
Binche est mentionné en 1189 *. — Les habitants du bourg ou
la bourgeoisie constituée en une association jurée^ ets'abritant
derrière ses remparts avec la volonté de se prêter un mutuel
appui, furent administrés par des juges ou des magistrats qui,
sous le titre de jurés*, étaient renouvelés et créés le 2 février
de chaque année par le représentant du prince ; à partir de
1 589, cet officier eut également la mission de choisir le con-
seil de ville, composé de six membres, sur la présentation
faite par les connétables. — Les chartes et coutumes locales
de la ville de Binche furent rédigées par Philippe de le Samme,
conseiller au conseil souverain du Hainaut; homologuées par
Philippe II, roi d'Espagne, au mois de mars 1589 ; publiées
le 28 du mois de septembre de la même année, et imprimées
à Mons, en 1663, par de la Roche, sous ce titre ; chartes et
covstvmes locales de la ville de Binch, tirées de l'ancienne loy
et vsance d^iceUes, ratifiées et authorisées par Sa Majesté:
Avec la réformation de plusieurs articles, tant aficiens que
nouveaux desdites chartes y couchez y le tout par décret de sadite
Majesté^. Petit in4<> de 40 pp. ; elles furent réimprimées,
en 1700, par Ernest de la Boche de Mons, en un vol. in-4<',
avec d'autres chartes locales. — Comme chef-lieu d'une pré-
vôté ressortissant à la cour de Mons, Binche avait dans sa ju-
ridiction la ville de ce nom, six terres franches et abbayes,
quarante-deux villages, vingt hameaux et seigneuries, et la
franche ville de Fontaine-UÉvêque'. — Par arrêté du 20 mars
1793, les commissaires français Térigèrent en un chef-lieu de
district, subdivisé en douze cantons. — Après la réunion de
la Belgique à la France, elle forma, par l'arrêté du 21 fruc-
tidor an 111, le siège de l'un des vingt-huit cantons du dépar-
tement de Jemmapes, composé de dix communes. Sous le
consulat et sous l'empire, de même que sous le régime
i. Maghb. Chronicon Bonœ Spd, pp. 167-168.
S. Alard de Thuin, juré de Binche, figure en qualité de témoin dans Tacte précité
de l'année 1167.
8. Cfr. Ch. Delecourt. loc. dt,^ p. 71.
- 288 —
•
hollandais, le canton de Binche comprenait les seize com-
munes dont il se compose actuellement. — Au moyen âge,
les corporations des métiers acquirent une influence consi-
dérable. A Binche, la draperie surtout était florissante au
XIV® siècle % et la présence des Lombards dans la cité à cette
époque atteste la prospérité de l'industrie et du commerce. —
Les serments ou compagnies militaires dont on retrouve la
mention, sont: les confréries de Saint-Georges, de Saint-Sébas-
tien, de Saint-Vincent, de Sainte-Christine et de Saint-Laurent.
ARMOIRIES. — La ville de Binche porte : d'argent, à un lion
de sable, armé et lampassé de gueules.
SCEAUX. — Le sceau dont se servait Toffice de la prévôté au
moyen âge offrait les armes de la ville et la légende : sigillum
prepositus binchii in hanonia ; il fut perdu et remplacé en
1578. — Un autre sceau dont la matrice existe encore, porte
ces mots : seel dé la gref de loffige de binch. — Les sceaux
primitifs du magistrat représentaient un château-fort ; ils dis-
parurent lors du pillage de 4578. Un octroi du grand bailli
deHainaut, du 20 juin 1579, accorda l'autorisation d'en faire
graver deux autres dont les matrices sont conservées dans les
archives communales de Binche*. Le premier est: d'azur, au
château d'or, accompagné de deux écussons ; celui à dextre,
aux armes du Hainaut, Vautre à senestre, d^ argent au lion de
sable armé et lampassé de gueules. On y lit ces mots : f sigil-
LVM : MAGNVM : VRBis: BINCHII : IN : hanonia: 1579. Le second
sceau offrant dans son champ un château-fort avec la ban-
nière de la viHe, avait pour légende: f s. segreti. yrbis.
BINGHIl*.
seigneuries. — La terre de Binche appartenait de temps
1. La halle de Binche est mentionnée dans une charte de Fernand, comte, et
Jeanne, son épouse, comtesse de Flandre et de Hainaut, du mois de mai 1229
( L. Devillers. Description analytique du cartulaire de Vahbaye d^épinUeu,p> 67.)
S. Archives de L'ÊTAt, a Mors. Regiêtre aux octrois et dépêches du grand bailli
de Hainaut, no 7, fol. 97i-976.
9. Annales du Cercle archéologique de Monsy t. Il, p. 91 et sniT,
- 286 -
immémorial aux comtes de Hainaut. A dater dii XIII<^ siècle S
on trouve des détails curieux sur les revenus de ce beau
domaine, qui furent parfois cédés en apanage à des membres
de la famille du souverain. Celui-ci qui avait son manoir dans
le bourg y prélevait les fruits et profits dus pour toutes les
seigneuries, la justice haute et basse, le droit de bourgeoisie,
les hommages, les bois, les prés, les eaux, les terres arables^
les cens, les rentes, les requès, les reliefs, les services, les
lonlieux, les winages ou péages, les foins, les moulins, les
parchons de serfs, les mortemaihs, les forfaitures, les amen-
des, les tailles, les corvées, lesabancs^ les estrayers, les affo-
rages, les poids, les fournages, les étalages et toutes les autres
droitures. Les intérêts du domaine comtal étaient surveillés
par un rentier ou receveur, dont on trouve la première men-
tion en 1247 et dont le plus ancien connu est Mathieu de
Villers, qui vivait en 1333. Il existe au dépôt des archives
générales du royaume une série presque complète des comptes
du domaine de Binche de 1372 à 1794 ; il s'en trouve aussi
trente aux archives de l'État, à Mons. Il semble qu'au
XIII^ siècle le prince ait voulu se dégager du soin de confier
cette comptabilité à un receveur particulier. On sait en effet
que la comtesse Marguerite de Constantinople céda à bail pour
le terme de trois années, de 1274 à 1277, à deux bourgeois
de Binche, Robert de Jeumont et Jacquemon le Clerc, tous
les tonlieux et les autres revenus qui lui appartenaient tant à
Binche qu'en l'alleu de cet endroit et de plus à Bray et aux
Estinnes, moyennant la somme de 3465 livres blancs ; ce bail
fut ensuite renouvelé pour le prix de 3795 livres". Plus tard,
on réunit à la recette de Binche^ les revenus de quelques
autres seigneuries où le souverain avait des droits et des
biens-fonds. Ces localités furent: Péronnes^ Merbes-Sainte-
Marie, Estinnes et Bray, Rouvroit^ Morlanwelz^ Haine, Belle-
1. Cartulaire-chatsereau des revenus des comtes deHainauty en iî65. — Ai*
CHIVES DU ROYAUME. Chambre des comptes^ n« 8765 et suiv.
S. De SAIRT-G&ifois. Monuments anciens, t. L pp. 648, 65S,66S.
- 287 -
c ourt, Grandrengy Boussoit-sur-Haine, Bois-d'Haine, Marche-
lez-ÉcaussineSyThieu, Heigne sous Jumet,Hansuelles,Lalue et
Gœgnies sous Anderlues^ En 1333-1334 (v. st.), le comptable
renseignallO^ livresS sous 10 deniers blancs*;en 1380-1381,
4383 livres 3 sous 6 deniers»; en 1417, 3694 livres 2 sous .
— Par ses lettres du mois de juillet 1289, le comte Jean II
d'Âvesnes régla l'administration des assennes de son épouse
Philippine de Luxembourg dans la châtellenie de Binche*.
Après la mort de son mari, arrivée le 27 septembre 1345,1a
comlesse Jeanne de Brabant s'étant retirée à la cour de son
père, oblint un riche douaire en partie hypothéqué sur la
ville de Binche. Par acte du 10 mai 1366, le duc Albert de
Bavière engagea la prévôté de Binche au duc de Brabant pour
sûreté d'un prêt de 50,000 écus^ Le 8 mai 1479, la ville, la
prévôté et la seigneurie de Binche furent assignées à Margue-
rite d'Yorck pour son douaire; elle en jouit jusqu'en 1504,
date de sa mort. Enfin, en 1545, l'empereur Charles-Quint
fit don à sa sœur Marie de Hongrie, pour en jouir sa vie
durant, du beau territoire de cette ville avec tous les revenus
qui y étaient attachés \ — Les bois de Binche, qui, en 1265,
comprenaient 395 bonniers, produisirent en dix tailles
4972 livres 10 sous; en 1275-1288, ils rapportèrent au do-
1. Chambre des compiei^ n» 8765 et n« 1128. — Abchives de l'État, a Mors.
Compte du domaine de Binche^ rendu par Philippe du Terne à la reine de Hon-
grie^ régente det Pays-Bat^ du i*' janvier i545 au Si décembre 1553.
%, ExtraUt des comptée de la recette générale de Vanden comté de Hainaut,
Mons, 1871 ; t. I, p. 16.
8. Chambre de» comptes^ d« 877S.
4. Cartulairede Binche^ en Î4il. Ms. in folio aux Archives du royaume.
5. L. Devillers. Notice tur iincartulaire de la trésorerie des comtes de Hainaut.
Bmelles, 1871 ; pp. 9-15. — Pour les assennes de Binche, voyez le compte-rendu
à Marie, reine douairière de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas et dame de
Binche, par Philippe du Terne, receveur, pour l'année 1558, déposé aux Archives
de r£ut, à Mons.
e. KERvmDELBTTERHOVE. Œuvres de Froissart, Introduction. Bruxelles. 1870;
1. 1, p. 157.
7. Gachard. Inventaire des archives du royaume, 1. 1, p. 238 ; t. Il, p. 201.
— 288 -
maine comtal 3780 livres blancs; et en i 333-1 334, i049 livres
5 sous 8 deniers blancs ^
CULTE. — Après avoir fait partie du diocèse de Cambrai
pendant plus de dix siècles, Binche fut compris dans l'évèché
de Tournai, dont il dépend encore aujourd'hui. — Cet en-
droit formait avec Épinoit, pour le culte, au commencement
du Xn^' siècle , un appendice de la paroisse de Waudrez^
comme on le voit par une charte de l'an 1134, émanant de
Burchard, évéque de Cambrai, en faveur de son église de
Sainte-Marie. Deux bulles, l'une du .pape Alexandre III, du
14 janvier 1180 (n. st.), et l'autre du pape Lucien III du
31 décembre 1181, confirmant au chapitre de Cambrai la
possession de ses biens, portent également : eeclesiam de
Waudre cum appenditiis suis Bine et Espinoit*. Hais en même
temps, le bourg ayant acquis de l'importance, il fut choisi
pour le chef-lieu du décanat de son nom, titre dont il se
trouvait doté en 1186, suivant la liste des paroisses publiée
par un chroniqueur du XIV® siècle'. — La circonscription de
ce décanat a subi des modiûcations notables depuis cette épo-
que. Alors on y comptait 46 paroisses ou succursales. Au XIV®
et au XV® siècle, d'après des pouillés publiés par A. Le Glay
et M. Ch. Duvivier, il y en avait 42. En 1779, suivant l'Aima-
nach ecelésiastiqtie des Pays-Bas , ce nombre se trouvait
réduit à 39. Enfin, cet état de choses fut modifié notablement
par suite de la conclusion du concordat du 30 messidor an IX
(15 juillet 1801) et la promulgation de la loi du 18 germinal
an X (8 avril 1802), décrétant l'institudon dans chaque canton
d'une paroisse ou cure et d'un certain nombre de succur-
sales. C'est alors que l'église de Binche devint une cure ou
église paroissiale de l'évèché de Tournai, ayant pour ressort
le territoire de la justice de paix et pour succursales les corn-
1. Cartulaire-Hshaiureau des revenui des comtes de Hainautten i265^ fol. 5S-77.
— De Saiht-GAnom. Monuments andens^ p. 652. — Extraits des comptes délart"
utte générale de VancUn comté de Hainaut^ t. I, p. S.
S. Gh. Duyivisr. Recherches sur le Hainaut ancien, pp. 582, 628 et 687.
8. JAcaoïs m GuuB. Histoire du Hainaut, t. XII, p. 841.
— 289 —
munes de la circonscription cantonale actuelle. — A dater de
la seconde moitié du Xll^ siècle, on constate l'existence à
Binche de trois paroisses : Sainte-Marie, Sainte-Croix et Sainte-
Ëlisabelh. Avec le temps, une seule paroisse ayant paru suf-
fisante pour les besoins religieux du peuple, on supprima les
deux dernières : ce qui se trouvait effectué avant Tannée 1644.
— Les trois paroisses de Binche, qui étaient de la collation
du chapitre de Cambrai, se trouvent ainsi taxées dans les an-
ciens pouillés: Binch B. Maria^ 45 livres; Binchium paro^
chiay Sancta-Crux, 15 livres et 12 livres; Binchium^ beginor
gium^ B. Elisabeth, 15 livres*. — En 1787, les revenus delà
cure s'élevaient à 1482 florins 1 patar. — Il existait à Binche,
à la même date : 1^ Un chapitre de chanoines, dit de Saint-
Ursmer. Il était doté primitivement de 12 prébendes, mais
l'un de ces bénéfices avait été supprimé pour 40 ans, le
13 janvier 1777. Sa fondation remontait au Vll^ siècle. 11 eut
d*abord son siège à Lobbes et fut transféré à Binche, en 1409*.
Revenus : 13949 florins 4 sous 2 deniers; charges : 2836 flo-
rins 7 sous 10 deniers. ^^ Une niaison et collège d'Augustins^
où résidaient 4 prêtres et un frèi*e laïc. Leur établissement,
en cette ville, datait de 1727. Revenus: 1200 florins; charges,
355 florins 5 sous. Il y avait de plus un grand nombre de
chapelles en titre de bénéfices ecclésiastiques, et dont la col-
lation appartenait également au chapitre de Cambrai. C'étaient
celles de Saint-Jacques, taxée à 16 et à 20 livres ; de Saint-
Jean, taxée à 12 livres ; de Saint-Pierre, taxée à 15 livres ; du
comte, taxée à 30 livres; de la léproserie, taxée à 15 livres;
de Sainte-Marie-Magdelaine, non taxée ; de Saint-Georges,
taxée à 10' et à 20 livres ; de Saint-Servais, taxée à 15 et à
20 livres ; de Saint-Nicolas, taxée à 15 livres ; de Saint-Maur,
taxée* à 12 livres ; de Sainte- Aldegonde, taxée à 12 livres; du
Fay, non taxée; de la bienheureuse Marie, taxée à 15 livres.
— Le chapitre de Binche avait la collation de la chapelle de
1. A. Lb Glat. C^uneracumehriitiottum. Lille, 1849 ; p. 498.
S. Gilles Wauldk. Chronique de LobbeM, pp. 487-459.
46
- 290 -
Saint-Ursmer, fondée au XV^ siècle, et dont la dotation s'éle-
vani, en 1787, à 257 florins 14 sous, était chargée de 12
messes par an ; il avait encore Tadministration des biens et
revenus de la fondation de J.-F. Moreaux, en l'honneur de
Notre-Dame du Mont-Carmel. — Le bénéfice de Saint-Servais,
fondé en 1170^ par Alix, comtesse de Hainaut, et dont le
souverain était le coUateur, avait été uni à la prébende
décanale du chapitre de Saint-Ursmer, par Philippe V, roi
d'Espagne, en 1650. Revenus, 555 florins 7 sous 3 deniers;
charges, 92 florins 9 sous 7 deniers : deux messes par se-
maine. Le bénéfice de Saint-Jean TÉvangéliste, cité en 1429,
avait une dotation de 658 florins 15 sous, chargée de 3 messes
par semaine. Le cantuaire de Sébille de Lattre était doté de
prés de 12 bonniers de terres, loués 450 livres, avec charge
de 2 messes par semaine ^ — La ducasse de Binche arrive
le deuxième. dimanche qui suit le 24 juin.
Bienfaisance. — Diaprés un inventaire dressé, le 12 mars
1793, par le magistrat de Binche, Thôpital de Saint-Pierre
possédait alors environ 226 bonniers de terres, situés à
Morlanwelz, à Battignies, à Leval-Trahegnies, à Ressaix, à
Saint- Vaast, à Péronnes, aux Estinnes, à Bray, à Quaregnon»
à Waudrez, à Haine-Saint-Pierre, produisant un revenu an-
nuel de 3714 livres 10 sous et 832 rasières 3 quartiers de
grains. Cet établissement charitable renfermait 22 lits gai*nis
et Ton conservait dans la chapelle un reliquaire de saint
Pierre, apôtre, et une jambe d'argent. — Les revenus des
orphelins, au siècle dernier, consistaient généralement, en
rentes et en dons particuliers, dont le produit s'élevait, d'après
le compte de 1785-1786, à la somme de 3088 livres 13 sous
et 22 rasières 3 quartiers de grains. — La table des pauvres^
à la même époque, avait une dotation de 3829 livres 12 sous
3 deniers et près de 50 bonniers de terres, rapportant 450
rasières de grains *. — Au mois de février 1248 (n. st.),
1. AiCHivES DU ROTADME. Chambre des comptée^ n« 46628.
S. Aacmyis dk l'état, a mons. Titret et papiers relatifs aux ho^ces de
Binche.
k:
- 291 — •
maître Ârnould de Binche, chanoine de Cambrai, ayant laissé
ses biens à Tabbaye de Sainl-Denis-en-Broqueroie, imposa
aux religieux, sous peine de 100 sous de blancs, Tobligalion
de fournir, chaque année, aux jurés de Binche, cinquante
tuniques de gros drap pour être distribuées avant Thiver aux
pauvres de cette ville ^ Plus lard, des difficultés se soulevè-
rent au sujet de la qualité de ce drap, mais une sentence du
Conseil souverain de Hainaut, rendue le S3 février 1598, mit
fin aux contestations, et Ton voit qu'en 1785 l'abbaye fournis-
sait au magistral de Binche cent aunes de bonne étoffe de laine,
franche du XX^ de deux aunes.
Personnages remarquables. — Maitre Arnould de Binche,
chanoine de Cambrai, architecte au XIII® siècle, construisis de
1235 à 1239, dans le style romano-ogival, la belle église de
Notre-Dame de Pamele, à Audenaerde. — Bauduin de Binche,
chevalier, cité en 1261, dans une charte de Marguerite de
Constantinople. — Jean Crudilactius, mort avant l'année 1561,
cultiva la poésie laline. — Guillaume Gilbart, né à Binche,
dans la seconde moitié du XVI® siècle, abbé de Lobbes, pen-
dant 27 ans, mort le 1®^ mai 1628. — Jean de Pilpan, né
vers le même temps, fut seigneur de Montauban et prévôt
de Valehciennes, où il résida longtemps ; il a laissé en manus-
crits de nombreux ouvrages de généalogie, qui se conservent
dans la bibliothèque publique de Cambrai. — Gaspard Quar-
temont, né en 1556, mort à Huy, le 4 février 1626, est auteur
de plusieurs ouvrages de théologie. — Jacques Boudart,
chanoine de Saint-Pierre de Lille, né en 1622, mort le 4
novembre 1702, a laissé une théologie imprimée à Louvain,
en 1706, en 6 vol. in-8*>, et réimprimée à Lille, en 1710,
en 2 vol. 'm-¥. — Henri Postel, jésuite, né le 28 mai 1707,
mort à Douai, le 7 novembre 1788, où il avait professé avec
distinction la philosophie et la théologie. Il a publié une partie
de ses leçons sous ce titre : Y Incrédule conduit à la religion
1. L. Deyillers. DeieripUon analytique de eartulairei et de rhartrierg, t. Y,
p. 174.
I
t
- 292 -
parla voie de la démonstration. Tournay, 1772^ 2 vol. in-S^'.
— André-Jacques Boussart, né le 13 novembre 4758, com-
mandeur de la légion d'honneur, le 15 juin 1804, baron de
l'empire avec un majorât en 1807, chevalier de la couronne
de fer en 1809, général de division, le 15 mars 1812, mort à
Bagnères, le 10 août 1813. — Charles-Henri Philippron, né
en 1759, mort à Havre, le 20 mars 1822, commissaire du
canton du Rœulx sous le gouvernement français^ a laissé
quelques ouvrages sur réduôation de la jeunesse.
Bibliographie. — Règlement de l'impératrice douairière et
reine pour la ville de Binche, du 30 mai il 66. A Hons, chez
Henri Boltin, 1766, in-4* de 32 pp. — Notice et extraits d'un
manuscrit du XYl^^ siècle^ par Jean Vandenesse, contrôleur de
Charles-Quint et de Philippe iï, son fils, second extrait inti-
tulé : Fêtes données à Binche et à Mariemonty au mois d'août
4549, tant à l'occasion d'un second voyage de la reine de
France, qu'à cause de Varrivée de Philippe II, et publié par
M. Lesbroussart, dans les Nouveaux: mémoires de F Académie
de Bruxelles, L l, pp. 261 -265. — Notice sur les vitraux de
l'église paroissiale de la ville de Binche, 8 février 1850, petit
in-8** de 8 pp. — Notice sur Féglise de Saint-Vrsmer à Binche,
par M. Léopold Devillers, dans les Annales de l'Académie
d'archéologie de Belgique. Anvers, 1857, t. XIII, pp. 113-127. —
Les sceaux de la ville de Binche, par M. Théophile Lejeune;
dans les Annales du Cercle arcliéohgique de Mons, t. H, pp. 91-
104. Orné de deux planches. — Notice historique sur le châ-
teau de Binche, par M. l'abbé Huguet^ dans les Bulletins de
la Société historique et littéraire de Tournai, t. XH, pp. 218-
235. — La danse macabre et la fleur de la mort, à la cliapelle
du cimetière de Binche, par M^*" C-J. Voisin, dans les mêmes
Bulletins, l. XIV, pp. 78-86. Orné de trois planches. — Amoul
de Binche, architecte, par M. Félix Hachez, dans le même
recueil, t. H, pp. 147-152. Orné de deux planches.
1
- 293 —
BUVRINNES.
SITUATION. — BuvrinneSy Beverines, qui doit son nom soit
aux bœufsy soit aux castors (be ver, castor), est un village élevé-
au rang de commune et de paroisse, et ayant pour limites les
territoires de Baltignies, d'Épinois, d'Anderlues, de Mont-S*«-
Geneviève, de Bienne-le-Happart, de Merbes-Sainle-Marie, de
Vellereille-le-Brayeux et de Waudrez.
Cette commune, qui a pour dépendances : Anprres, Bois-
Hoyaux, BuUeau {Ructal, 1228, Buiiiaus, 1238, le Buctean,
1460), Fantegnies (1 265), Frastrée, est située sur la Samme, sur
le chemin de grande communication de Binche à Lobbes, et
à 4 kilomètres sud-est de Binche, son chef-lieu de canton et
de décanat.
POPULATION. — En 1486, on y comptait 42 foyers, dont 10
à Fantegnies ; en 1750, 78 feux ; en 1830, 204 maisons ; et
6n 1866, 254 habitations. En l'an XIII de la république, il y
avait 981 individus et en 1830, 1096; sa population actuelle
est de 1234 habitants dispersés sur une surface de 1637
hectares.
NOMS ANCIENS. — BuilTums, 868-869, Polyplique de l'ab-
baye de Lobbes : Duvivier, 313. — Beiimes, 963, Bulle du
pape Jean XII : Duvivier, 343. — Berones , alias Bermies,
1015, Diplôme de Henri II, empereur d'Allemagne : Duvivier,
369. — BerruneSy alias Bezuune^ et Berunnes^ 1015, Diplôme
de Henri II, empereur d'Allemagn^î : Duvivier, 371. — Beu-
runesy XII® siècle, Hugues de Flavigny, chronicon Virdwiense,
apud Labbe, bibliotheca nova manuscriptay I, 168. — Belzo-
mium^ alias Bolrover et Bolromr^ vers 1050, Polyplique de
Tabbaya de Saint- Vannes de Verdun : Guérard, 120. — Beve-
i^nesy 1181, Bulle du pape Lucius III : Duvivier, 637. —
BunrineSy 1186, Jacques de Guise, XII, 341. — Beviine^^
1186, Bénézecu, loc. cit. — Beverinnes, 1211, Bevrines^
1 21 1 , Buverines, 1 234, 1 248, Buvrines, 1 235, Beverines, 1 236,
Carlulaire de l'abbaye d'Aine : Devillers, I, passim. — Beve-
- 294 ~
rines, 1228^ i^iO, Cartulaire de Tabbaye de Salzinnes, fol.
88, 90. — Bevrines, 1265, Carlulaîre-chassereau des revenus
des comtes de Hainaut^ 63 v>. — Dans les pouillés, on lit :
BuverineSj Buvrines et Buvemies. — Les habitants pronon-
cent Buvrène.
MONUMENTS. — Au moycn âge, il existait à Fantegnies un
manoir seigneurial dont on retrouve à peine des traces, mais
qui fut détruit postérieurement au XVI® siècle. — Le château
de Walhain parait dater duXVII^ siècle. — L'église, qui a été
reconstruite en 1854, dans le style ogival, renferme trois
œuvres d'art d'un travail remarquable : un retable d'autel, en
bois, exécuté au XVI® siècle et re|)résentant les principaux épi-
sodes de la vie de saint Pierre, apôtre, et son martyre ; un autre
retable, en pierre blanche de France, de la fin dû même siècle,
oflranl des scènes empruntées à la Passion ; et un tabernacle
du XV* siècle, également en pierre de France, et où est figuré
le Christ, au jardin de Gethsemani.
FAITS HISTORIQUES. — Buvrinnes paraît être très-ancien.
Il est compris dans la liste des villages où l'abbaye de Lobbes
possédait des biens en 868-869. — D'un autre côté, on voit
que, dans le siècle suivant, Lambert de Louvain en était le
propriétaire et qu'il le céda en échange de celui d'Assche
à Godefroid II d'Ârdennes et à Herman, son frère. Ceux-ci
donnèrent 30 manses situés à Buvrinnes, avec l'église de ce
lieu, à l'abbaye de Saint-Vannes, de Verdun : ce qui est attesté
par upe bulle confirmât ive du pape Jean XII, en date du 8
janvier 963, et par deux diplômes de l'empereur Henri II, de
Tan 1015*. — L'histoire de ce village, en dehors des seigneu-
ries, n'offre aucune particularité intéressante qui, depuis cette
dernière date, nous ait été transmise par les écrits ou par la
tradition. Sans doute, il éprouva aussi des malheurs pendant
les guerres de religion, comme pendant celles que Louis XIV
1. Ch. DuTiviER. ReûherrJieiMurleHalnautanden^pp.HZ, 869, 871. — Cfr.
aussi Hugo FLAViiiucEifsis, apud Pcrtz. Monumenta Germaniœ hUtorica^ t. VIII,
p. 867. — GutRAio. Polyptiquede Vabhaye de Saint-Vannes^ à Verdun^ p. 110.
— 295 -
entreprit pour réunir les Pays-Bas à la couronne de France.
Nous savons notamment qu'en 1695, les troupes du maréchal
de Villeroi, qui avait son quartier général à Binche, campè-
rent & Buvrinnes et ravagèrent presque entièrement le terri-
toire de cette localité*. — Lors du combat de Merbes, livré
le 12 mai 1794, deux colonnes de troupes françaises qui
avaient passé la Sambre au pont de Lobbes, tombèrent sur
les flancs de l'aile gauche de Tarmée autrichienne, au moment
où elle débouchait de Mont-Sainle-Geneviève, et vinrent oc-
cuper Buvrinnes, Merbes-Sainte-Marie, Vellereille-le-Brayeux
et les bois environnants*. ,
Juridictions. — ' Le village de Buvrinnes était compté, au
XIII® siècle, avec Mont-Sainle-Aldegonde, Waudrez, et leurs
dépendances, au nombre des terres allodiales qui appartenaient
aux comtes de Hainaut '. C'était, & coup sur, Tun des plus
beaux domaines de nos souverains. Il avait plus de 3,000 bon-
niers de superficie, y compris les bois. — Aucune portion de
ce territoire n'était exploitée directement par ses propriétaires;
il renfermait un grand nombre de manses ou métairies dont
rétendue était variable. Les rentes dues, au moyen âge, par
les tenanciers, se payaient à la Noël en argent et en nature;
ces dernières se composaient d'avoine et de chapons. Les biens
sur lesquels on les percevait étaient appelés terres de quar-
tiers ; il y en avait 236. Celui qui en vendait quelque parcelle
devait au seigneur deux sous d'issue et celui qui l'acquérait,
deux sous d'entrée. — Les corvées dues par les manants de
Talleu étaient réparties d'après la valeur de la rente d'avoine :
1. Compte de la seigneurie de Walhain^ à Buvrinnes, rendu par Vavocat Ga--
Met Huhlé. Année 1696.
S. Z.-J. PiftRAHT. La grande épopée de l'an If y pp. 95-96.
8. Le document le plus ancien que nous connaissions sur l'alleu de Binche est
une ordonnance relativement à ce domaine et émanée du comte Bauduin VI «à
Mons, el cliastiel, le ehienquie^me jour devant le jour d'aoust > ; cette charte, qui
commence ainsi : « Cby après est H ordenanche del aluet dé Binch », fut conlirmée
par l'empereur Charles-Quint, le 5 septembre 1533 {Chartes de la trésorerie de»
comtes de Hainaut).
— 296 —
quiconque devait payer un selier d'avoine était astreint à une
journée de cheval ; si Ton payait deux setiers, on faisait deux
journées, et ainsi de suite. — Le droit de champart levé sur
les terres de ce domaine à Buvrinnes et à Waudrez était fixé
à la tierce gerbe sur 95 bonniers et à la septième sur 5 l)on-
niers seulement. Le cens imposé sur tous les héritages était
évalué, au total, à la somme de 72 livres. — Chaque ménage
de Talleu ayant une ou plusieurs vaches jouissait du droit de
pâture dans les bois du domaine de Binche à condition de
payer au seigneur la geline de coutume, à la Noël. Cette rede-
vance, qui produisait annuellement 140 poules, fut cédée, en
1275, à Jean le Madré et à Gérard, son fils, moyennant 60 sous
blancs par an. — Outre ces droits, les comtes de Hainaut
avaient encore dans Talleu de Binche la justice haute, moyenne
et basse, les mortemains, l'aubaine, la bâtardise, les droits de
douzaine et de sixaine, Tost et la chevauchie. — En 1274, les
revenus de Talleu furent donné» à ferme, pour le terme de
trois ans, par la comtesse Marguerite de Constantinople à
Robert de Jeumont et à Jacquemont le Clerc, de Binche. —
Lorsque celte princesse vendit, l'année suivante, ses bois
dépendant du domaine de Binche pour les aménager en treize
ans, elle réserva les droits qu'y avaient les manants de l'alleu
et qui consistaient principalement dans le pouvoir de faire
paitre leurs bestiaux, de couper de l'herbe et de ramasser des
glands. — Les revenus de Talleu, comme les obligations des
tenanciers, se modifièrent avec le temps, soit par suite d'a-
chats de terres ou de rentes, soit par suite de transactions
avec les habitants. Le cartulaire de Binche de l'an 1417 ne
fixe qu'à 198 livres le moulant des rentes de l'alleu tant en
argent, qu'en chapons, en corvées et en avoine, et les services
fonciers dans la circonscription de la mairie, à 20 livres *. —
1. Cartulaire-chassfreau des revenus des comtes de Hainaut, en 1f65, fol. 63 vo
et ftuiv. — Ibidem, fol 96. ^ Cartulaire de Binche^ en i4t7. Chambre des
comptes^ n» 1123. — Cartulaires des mortes-mains du Hainnault, en i458 et en
1460. Chambre des comptes, n« 1311, fol. 58, 79 : n« 18«, fol. t6-78 y». — DE
Saiiit-Gerois. Monuments anciens, pp. 268, 648, 652.
— 297 -
Le fonctionnaire qui représentait le souverain dans Talleu de
Binche portail donc le nom de maîeur. La première mention
qui s'en rencontre, se trouve dans le carlulaire-chassereau des
revenus des comtes de Hainaut, en 1265. Dans un acte de l'an
ii94} par lequel Jean II d'Âvesnes fait une donation aux reli-
gieux de Bon ne-Espérance y on lil ce qui suit : c Fait en le
présence de no raaïeur des alloés de Binch, Yvelet de
Bruille » «. — L'office de celle mairie, qui était déjà alors
héréditaire, avait été transformé en possession féodale. Il for-
mait un fief ample relevant de la cour de Mons et auquel
étaient attachés plusieurs droits et la jouissance de 28 bonniers
de terres labourables, le tout produisant, en 1473, 150 livres
par an ■. — Nous avons rencontré les noms de quelques-uns
de ces officiers : Loys Bondans (1410), Guilleme li Cordier
(1473), Nicolas Micault, chevalier, seigneur d'Indenelde
(1474), Georges Longherant ^1502). — Au XIll^ siècle, le
maîeur de l'alleu devait payer pour son office une rente de
32 sous à son suzerain, fournir deux gîtes pour les chiens des
comtes de Hainaut et nourrir deux de ces animaux pendant
six mois, de la Saint-Remi au commencement d'avril. En
retour, le prince gratifiait ce fonctionnaire de dons divers con-
sistant en 12 chapons et demi, 18 deniers, 12 pains d'un
maille, 4 sous de rente à la Noël et 2 sous à la Saint-Jean.
— Le maîeur prenait en outre les meilleurs draps de ceux
qui mouraient dans tout l'alleu et le seigneur, le meilleur
catel ou le plus beau meuble ; et si le défunt n'avait laissé
que des draps, le dernier seul avait le droit de s'en emparer.
— Deux sergenteries héréditaires créées dans ce domaine re-
levaient également du souverafn. Ceux qui remplissaient ces
offices étaient chargés spécialement de faire les messages :
ils recevaient pour gages 8 deniers à la Noël et 4 deniers à la
1. De REiFFEKBEaa. Monuments pour urvir à Vkiitoire de$ provinee$ de Namur»
du Hainaut et de Luxembourg^ 1. 1, pp. 487-488.
i. Argbiybs wtiOXKisia. Chambre de$ comptes^ n^^* 1116 et 1119, fol. ItS. —
CourféodaUde Hainaut, n« »S, fol. 115 ; n«S24, fol. 296 v«; n» m, fol. 811 Y».
-.»8 —
Saint-Jean. — Les échevins, au nombre de sept^ jouissaient
dans le principe des mêmes émoluments que les sergents hé-
réditaires. Ils siégeaient à Binche avec le maïeur une fois
par semaine, le lundi, excepté lorsque ce jour était une grande
fête ; les autres jours, ils étaient tenus de faire lois et justice
dans les terres del'allea partout où ils étaient requis *. Cet
échevinage, qui suivait la coutume de Mons, se servait, au
XVII^ siècle, d'un sceau orné d'un écusson aux armes de la
ville de Binche et portant pour légende : seel esciievinal de
LALLVET DE BiNCH. 1615. — M. Ch. Lccocq, notaire àBinchc,
conserve dans son étud^ les registres aux adhéritances des
échevins de l'alleu, pour 1666 à l'an III de la république
française. — Il existe un autre document émanant de ces ma-
gistrats communaux : c'est une déclaration produite au sujet
des livraisons faites aux troupes du roi, depuis la prise de
Mons, le 11 juillet 1746, On y voit que les habitants de l'al-
leu avaient dû fournir 19 voitures de bois de chauffage tant
aux corps de garde^ qu'aux grands gardes postés à Waudrez
et au château de Bruille ; du pain et de la viande aux divers
détachements pour 143 livres 18 sous ; des pionniers et des
guides qui employèrent 1462 journées au service des troupes;
1600 rations et 2300 bottes de paille de foin à la cavalerie
campée à Waudrez ; des chariots qui furent occupés pendant
99 journées ; des logements pour 2000 hommes. Les éche-
vins déclarent en outre que les Français ayant campé pen-
dant les moisde juillet et d'août dans la juridiction de l'alleu
et notamment au lieu dit : couture à Malier, et aussi à Ma-
hieu-Faut, ils avaient enlevé les récoltes sur une étendue de
plus décent bonniers *.
SEIGNEURIES. — On Sait que Buvrinnes faisait jadis partie
de l'alleu de Binche. Â une époque très-reculée, mais que
nous ne pouvons préciser, les comtes de Hainaut démem-
brèrent ce domaine au profit de quelques fidèles serviteurs.
1. CariutaireûtiUli^ fol. 69.
S. L. DKmxERS. Notice sur le dépôt de$ Archive* de VÈiat^ à MonSy p. 70.
- 299 -
Telle est l'origine des seigneuries de Walhain et de Fanle-
gnies *. Les détails sur la première nous manquent complète-
ment pour les temps anciens. Ce n'esl qu'à partir de la fin
du XVl® siècle que nous rencontrons les noms des possesseurs
de Walhain : en 1576, paraît Jacques de Sivry, chevalier
mort en 1597. Philippe de Sivry, son fils (relief du 12 sep-
tembre 1597). Cornil VanderSteyn, chevalier, lui succéda et
vécut jusques vers 1691: Georges-Christophe de Schellartqui
fit l'acquisition de ce domaine, le tint jusqu'à sa mort arrivée
le 8 décembre 1700. Il échut ensuite à Anne-Maximilienne de
Schellart qui le transmit à son fils Ernesl-Chrislophe-Joseph de
Lattre (relief da 3 mai 1728). Celui-ci le laissa à sa fille Hen-
riette de Lattre (relief du 28 décembre 1749). Améliede Lattre
releva Walhain en qualité d'héritière de sa sœur (23 octobre
1761). Il passa enfin, avec Feignies, à la famille de Blois,
dont l'un des membres est M. Ernest de Blois, chevalier delà
légion d'honneur, ancien brave du temps de l'empire, qui en
est le propriétaire actuel*. — Le domaine de Walhain, situé
entre Fantegnies, Buvrinnes, le Bulteau et le bois le Comte
et tenu en fief du comté de Hainaut, comprenait le château de
ce nom avec la justice haute, moyenne et basse, à Buvrinnes
la basse-cour, deux viviers, 54 bonnîers de biens-fonds et
tous les droits compétents au seigneur haut-justicier. Il existe
aux archives de l'État, à Mons, une série de 42 comptes de la
seigneurie de Walhain pour les années 1691 à 1758, rendus
àlaxour de Mons et où le comptable commis par la cour
souveraine de Hainaut renseigne les revenus provenant de la
maison mortuaire de messire Cornil Vander Slein, chevalier,
seigneur de Tercamen, Walhain, etc. Ces revenus qui s'éle-
vèrent en 1691 à 1255 livres 10 sous et en 1696 à 1568 livres
6 sous 6 deniers, provenaient de la location de la censé et
basse-cour du château avec 15bonniers d'héritages (produit
i. Cartulairê de$ mortes-maim du HtànntaUt, en 1458. Chambre ie$ comptes^
n« 1811, fol. 79. — ibidem^ en U60, n* 1812, fol. 78 y.
9. RegUtrei aux aetet de$ reliefs de fiefi^ n^ 815 à 826, paMim.
- 300 —
230 livres), qnatre maisons avec 22 bonniers (produit 620
livres), le pré de Lange contenant 3 bonniers (produit 63
livres ; les autres recettes provenaient des mainfermes con-
sistant en cinq maisons, deux viviers, des rentes, etc. Les dé-
penses avaient pour objet Tentretien du château, des maisons^
et l'acquittement des rentes dues à diverses personnes et à des
fondations pieuses. — La seigneurie de Fantegnies compre-
nait une maison ou château muni d'une tour et entouré
d^eau, une basse«cour, deux viviers, 72 bonniers de terres, 10
bonniers de prés, les services fonciers, les droitures, la jus-
tice à tous ses degrés et trois hommages ou arrière -fiefs. Les
premiers propriétaires de ce domaine en portaient le nom.
Les chartes nous font connaître : Obert de Fantegnies, che-
valier, 1200 et 1211 ; Henri, son fils, 1235 ; Gilles de Fante-
gnies, 1265 V Le cartulaire du Ilainaut, renouvelé parordre
du comte Guillaume III de Bavière, vers 1356, mentionne
Jehans de Fantignies, écuyer,qui,à cause des terres qu'il te-
nait en l'alleu de Binche et qui avaient appartenu à messire
Henri de Senzelle, chevalier, son père, devait au prince 8
sous 9 deniers de blancs, 20 setiers d'avoine et 20 corvées ;
pour un pré et un aulnois situé au-dessus du moulin de Bu-
vrinnes, 3 sous 1 parti de blancs, 7 setiers d'avoine et 7
corvées ; et pour le moulin précité, 12 deniers de blancs à la
Noël et une pareille somme à la Saint-Jean*. Jehan de Sen-
zelle, chevalier, sire de Casteau, qui hérita du domaine de
Fantegnies, parait en 1473'. Dans le siècle suivant, en 1502,
il appartint à Jean de Lannoy, seigneur de Maingoval, puis à
Nicolas de Lannoy, qui le vendit à Louis de ReveM. Ce fief eut
plus tard pour maîtres : Antoine du Mont, écuyer (1631) ;
Adrien-Philippe du Mont, cité en 1667 ; Séverin-Joseph Des-
piennes (relief du 7 décembre 1703), par la mort du précé-
1. Cartuîaire'Chauereau dêM revenus iei eomtei de Hainauty en 1265 y fol. 89.
2. Architbs du rotadme. Chambre des eomples, n« 1110.
8. Cour féodale de HainauU n* 924, fol. 297 v«.
A, Chambre det comptes^ n* 1119, fol. 130.
— SOI —
dent, son oncle maternel ; Charles-Joseph-Séverin Despiennes
(relief du 1 7 janvier 1 730) ; Marie*IsabeUe Despiennes, sa
sœur (relief du 25 mai 1736) ; Jérôme-François-Joseph de
Sterling, écuyer, (relief du l®*" juillet 1738); François-Joseph-
Gonzalès de Sterling, écuyer, (relief du SO août 1746) ; Marie-
Françoise-Rose de Sterling, sa sœur, (relief du 23 janvier
1759) ; Marie-Hélène- Jacqueline de Sterling, épouse d'Ale-
xandre-Louis de Behaut, seigneur de Warelles, (relief du I«f
août 1774); Jean-François-Alexandre de Behaut, écuyer, (relief
du 8 août 1792) *. — Il y avait encore à Buvrinnes deux
autres fiefs tenus du comté de Hainaut^ mais qui n'avaientpas
l'importance des précédents : Tun d'eux consistait en Hbon-
niers 2 journels déterres '. — Les dîmes de ce village appar-
tenaient pour 3/4 à l'abbaye d'Aine et le reste à l'église de
Sainte-Marie de Cambrai par la donation que leur en avait
faite le chevalier Obert de Fantegnies en 1211. Les religieux
d'Aine y avaient d'autres biens, notamment une métairie et
12 bonniers de terres qui leur avaient été cédés, en 1236,
par Henri de Buvrinnes, avec l'approbation de Jeanne, com-
tesse de Flandre et de Hainaut '. — Les possessions que l'ab-
baye de Salzinnes avait à Buvrinnes et notamment la ferme
de Bulteau avec 60 bonniers de terres et deux bonniers d'aul-
nois^ et les biens dus à la libéralité de Godefroid de Buvrinnes,
lui furent confirmés par une charte de 1228, émanée de
Ferdinand de Portugal et de son épouse Jeanne de Constan-
tinople. Une donation de dix bonniers de terres situés au
même lieu, faite aux dames de ce couvent par Nicolas de
Mont-Sainte-Geneviève, reçut également la sanction de Thomas,
comte de Flandre et de Hainaut, le 2 juin 1240*. — Le cha-
pitre de Binche n'y possédait qu'environ 8 bonniers de terres,
et dans Talleu, 17 bonniers de biens-fonds'.
1. Cfr. Cour féodale dt Hainaut^ reg. 826, relief du 28 août 1792.
2. FitfÈ et arrière-fiefi en Hainaut^ 1503, fol. 121.
8. L. Detiixebs. Mémoire twr le eartulaire et le$ archives de Vabhaye ^Alne,
pp. 182. 188, 276.
i. Archives DE L'ÉTAT, A IVamcr. Cartulaire de Vabbaye de SaMnnes^ fo!. 88-91.
5. Chambre du comptée, vfi 46628.
- 302 -
CULTE. — L'église de Buvrinnes était Tune de celles qui,
à une époque très-ancienne, devaient la bancroix à l'abbaye
de Lobbes, c'est-à-dire y accomplir un pèlerinage, le S5 avril
de chaque année, et y faire déposer une offrande consistant en
un pain et une obole ^ — Dans le XII^ siècle, cette église
était une possession du chapitre de Cambrai, comme le cons-
tate la bulle de Lucius 111, du 31 décembre 1181*. — En
il86, Buvrinnes est désigné comme une paroisse du décanat
de Binche. Le chapitre de Cambrai était le colla teur de la
cure dont la taxe, au XIV® siècle, s'élevait à 32 livres. Les
revenus du curé étaient peu importants au commencement
du XVIII® siècle. Une sentence de la Cour souveraine de Rai-
nant du Si mars 17â0 éleva à 232 florins 16 patars la com-
pétence que devaient lui payer le chapitre de Cambrai et les
abbayes d'Aine et de Salzinne. 11 avait le droit de prélever
quatre pots de bière sur chaque brassin. Ses revenus, au
total, montaient, en 1787, à la somme de 807 florins 13 sous
6 deniers. — La dotation de la fabrique était de 329 florins
16 sous. — Par son testament du 14 septembre 1631, Antoine
du Mont, seigneur de Fantegnies, fonda dans l'église de
Buvrinnes un canluaire à perpétuité dont les revenus étaient
primitivement de 300 livres de rentes au denier 18, avec
charge de deux obits et de messes pour le repos de son âme
et de celle de son épouse, Jacqueline de la Houssière '. — Les
ducasses tombent le 29 juin, fête du patron, saint Pierre,
ou le dimanche le plus rapproché, et le premier dimanche,
d'octobre.
BIENFAISANCE. — Buvrinucs, avec Waudrez et Hont-Sainte-
Geneviève n'avaient d'autres fondations pieuses que la table
des pauvres, dont les biens régis par les gens de loi de Talleu
1. Instltutio tuppUcationum generalium quœ vulgo Banerucês vœantur ad limina
apostolorum, et earum Iranstatio ad Ecclesium monasterii S. Pétri Lobbiensis
apostolicœ Sedl immédiate nthjecti. Grand in-foHo placard. Hong, Laurent
Prud'homme, 1706.
S. Ch. Duviyikr« Recherches $ur te Hainaut anden, p. 687.
8. Chambre des comptée y n^ 46629.
— 303 —
de Binche consistaient en 13 bonniers 2 quarterons et demi
de terres et en divers corps de rentes.
CARNIÉRES.
I
SITUATION. — Carnières, qui n'est autre que Carpinetum,
charmoie, c'est-à-dire lieu planté de charmes, et non champ de
carnage comme on Ta prétendu, est un village élevé au rang
de commune et de paroisse, et ayant pour limites les terri-
toires de Morlanwelz, de Ghapelle-lez-Herlaimont, d'Anderlues
et de Mont-Sainte-Aldegonde.
Cette commune^ qui a pour dépendances : Colaimont (1503),
Hairimont, Ravez, Pairois, Housse, Gade, Trieux et Wares-
saix, est située sur la Haine, sur le chemin de fer de Beaume
à Marchiennes, et à 8 kilomètres nord-est de Binche, son chef-
lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En 1486, on y complaît 40 foyers ; en
1503, 73 chefs de ménage, dont 24 à Coiarmont; en 1750,
64 feux ; en 1830, 157 maisons ; et en 1866, 1020 habita-
tions. En l'an XIII de la république, il y avait 1295 individus
et en 1830, 1975 ; sa population actuelle est de 4651 habi-
tants répandus sur une surface de 761 hectares.
NOMS ANCIENS. — Camières, 868-869, Polyptique de l'ab-
baye de Lobbes. — Cameriœ^ 1077-1094, Lettres des moines
de Lobbes à Otbert, évêque de Liège ; 1177, Charte d'Alard,
évéque de Cambrai; 1194, Bulle du pape Célestin III; 1212,
Lettres de Robert, chevalier de Carniéres : Carlulaire de
l'abbaye de Bonne-Espérance, XI et IV, passim. — Camières,
XI^ siècle, GiSLEBERT, 75; 1186, 1203, 1265, 1298, 1460,
4503, Documents divers. — Cameres^ 1212, Cartulaire de
l'abbaye de Bonne-Espérance, IV, 8. — Charnières, 1393,
Cartulajrede l'abbaye d'Aine: Devillers, I, 121. — Dans les
pouillés, on lit Camières et Carniers.
— 304 -
MONUMENTS. — Il Serait difficile de préciser la date où l'on
rebâtit l'église actuelle de Caroières, qui^ du reste» n'offre
aucun caractère architectural digne de fixer Tatteotion de
l'archéologue. Un arrêté royal, en date du 9 février 1872,
autorise la construction d'une église en remplacement de
l'ancienne. — Le manoir seigneurial qui s'élevait jadis prés
de la place publique n'existe plus, mais la basse-cour qui en
dépendait est restée debout: c'est la ferme de M. Daumeries,
propriétaire à Fontaine-l'Évéque. — Près de là se trouve la
fontaine de THostée. — Les bâtiments de l'ancien hôpital ont
été démolis au XVlU^ siècle. — Les registres de l'état-civil
remontent pour les naissances au 19 janvier 1678, pour les
mariages au 11 juin 1680 et pour les décès au 7 décembre
1715.
FAITS HISTORIQUES. — L'cxisteuce de Carnières, au 1X« siècle,
est attestée par le polyplique de l'abbaye de Lobbes, dressé en
868-869, mais les biens que cette maison religieuse y posséda
furent aliénés dans la suite dès temps. — C'est dans la plaine
située entre la Haie et le village de Carnières que, en 1170,
Bauduin V, comte de Hainaut, livra à Godefroid III, duc de
' Brabant, une bataille sanglante dans laquelle les Brabançons,
au nombre de 30,000, perdirent, selon les uns, 2,000 hommes
*\ et 6,000 prisonniers, et selon les autres, 2,000 fantassins,
4 chevaliers, outre 200 prisonniers qui furent conduits à
Valenciennes, tandis que les Hênnuyers comptant seulement
3,000 hommes de pied dans leurs rangs n'essuyèrent qu'une
perte très-légère * . — Carnières se trouvant à proximité de la
voie romaine fut souvent ravagé par les armées envahis-
santes, notamment en 11 85 par les Brabançons et les troupes
de Philippe, archevêque de Cologne, en 1554 par les Français,
en 1568 et en 1572 par les Gueux, en 1622 par l'armée de
Mansfeld, et du temps de Louis XIV par les Français qui impo-
1. GiSLEBERT. Chroniea Hannoniœ^ p. 75. — Delewardb. HUtoire générale du
Hainau^ t. III, p. 7. — Ftutes militairei des Belges, Bruxelles, 1885 ; t. II, p. 155,
~ 308 -
sérent sur les habitants de fortes contributions de guerre en
1667, en 1674, en 1675 et en 1690*.
JURIDICTIONS. — Le village de Carnières dépendait jadis de
la prévôté de Binche. Il fut compris^ en Tan III, dans le
canton de Fontaine-rÉvéque, et, en Tan X, on le joignit à la
justice de paix de Binche. On y suivait la coutume de Mons.
— De toute ancienneté, les seigneurs avaient à Carnières la
justice à tous ses degrés, des cens, des rentes, les lois, les
amendes, etc., et le comte de Hainaut y possédait la sou-
veraineté avec la poursuite de ses 9 estappliers, Tissne des
Estynes et de Ploïch, le cens de Saint-Saulve et Saint-Jean, et
autres qui par raccat de servaige doient le meilleur catel, et
aussi le poursieulte de ses serfs et serves si aucun y alloit de
vie à trépas*. » ;— Le bailli de Carnières partageait le soin
de rendre la justice au criminel, avec lemaïeur et les éche-
vins, qui jugeaient seuls les affaires civiles. On conserve aux
archives de l'État, à Mons, les plaintes à loi de ceux ci, pour
les années 1647 à 1699, et le registre aux plaids de l'office du
bailliage, tenus de 1697 à 1757.
Seigneuries. — Ce village a été le berceau d'une famille
noble qui portait le nom de Carnières et dont on rencontre les
premiers membres au XII® siècle. Robert de Carnières, sur le
conseil de Bauduin V, comte de Hainaut, se déclara vassal du
roi d'Angleterre, et reçut à cfe titre un fief de bourse produi-
sant chaque année 10 marcs sterling de grands poids, en
1172 '. Ce noble chevalier attesta une charte du comte Bau-
duin VI en faveur de l'abbaye de Bonne-Espérance, datée de
l'an 1200 *. Il est encore cité dans plusieurs actes relatifs à
l'abbaye d'Aine, sous les années 1S02, 1203, 1209 et 1219.
1. Gfr. Les Annales du Hainant, les chroniques et les mémoires du temps, ainsi
que les documents de la Chambre des comptes, sous les n^* 1372-1380, 24429-
24480.
2. Chambre deg comptes, n* 1812, fol. 87.
8. GiSLEBERT. Chroniea Hannoniœ, p. 82.
4. Cartttlaire de Vabhaye de Bonne-Espêrance^ t. XIV, fol. 21-28. — Gfr. aussi
t. IV, fol. 1-8.
— 306 —
— Apros lui vécut peut-être Bauduin de CarniÂres, cheva-
lier, qui fonda six messes chantées dans Téglisede ce lieu ^.
— Gossuîn de Garniéres, mentionné en 1288, figura comme
témoin en 1291 (n. st.) dans la reconnaissance de la charte
d'affranchissement accordée par Jean II d'Avesnes, comte de
Hainaut, aux habitants de Bray et des Estinnes *. Nous le
retrouvons en 1299, et le 23 juillet 1318, il renonça avec
son fils aîné Gilles, en Taveur de Tabbaye de Saint-Ghislain à
la haute justice qu'il prétendait avoir sur un pré ou pâturage
situé entre Quaregnon, Saint-Ghislain, Wasmuël et la Haine.
— Gillion de Carnières vendit le 2 mars 1329 (v. st.) à Guil-
laume I, comte de Hainaut, les droits qu'il possédait sur la
mairie de Quaregnon, tenue en fief de l'église de Sainte-Wau-
dru, de Mons •. — Guillaume de Carnières» chevalier, inter-
vînt dans un jugement rendu à la cour, à Mons, le 11 décem-
bre 1374, entre le seigneur et la communauté de Ciply, au
sujet de leurs droits réciproques. — En 1393, Gossuin et
Robert de Carnières, écuyers, eurent des contestations avec
l'abbaye d'Aine. — Gilles de Carnières, fils de Gossuin, paraît
en 1400. — Jacques, seigneur de Carnières, chevalier, fut
témoin au contrat de mariage, passé le 3 août 1463, entre
Jean, baron de Trazegnies , et Sébille de Ligne. — Lion de
Carnières, écuyer, est cité en 1473, et Warnier, seigneur de
Carnières, en 1502. — Un siècle plus tard, c'est-à-dire en
1603, le domaine de Carnières appartenait à messire René de
Rosey, seigneur de Ronchinnes, gentilhomme de la chambre
de S. A. le prince de Liège. — En 1737, il était la propriété
de messire Jean-François de Cbasleler, marquis de Courcelles,
mort le 25 août 1764, et auquel succéda Jean-Gabriel-Joseph-
Albert du Chasteler, mort le 7 mai 1825. — La seigneurie de
Carnières, que l'on relevait de la terre de Strépy, formait, en
1502, un fief lige comprenant un manoir, avec tour, forte-
1. Comptes de Végîite de Carnières. Années 1640-1765i
S. Chambre des comptes^ n^ 1812.
8. Db Saint-Génois. Monuments andens^ 1. 1, p. 803.
— 307 —
resse, grange, étable, écurie, colombier, cour, courtil, jar-
din, etc., l'hôpital du lieu avec la collation de la chapellenie
qui y avait été fondée, des cens, des rentes en argent, en blé,
en avoine, en poules et en chapons, des terres, des bois, des
pâturages, une maison de censé, un moulin banal, un droit
de terrage, la justice haute, moyenne et basse, un bailli, un
maîeur, des échevins^ des sergents ou messiers, les lois, les
amendes, le droit de posséder les biens confisqués pour cause
d'homicides^ de lever les mainmortes, de succéder aux
bâtards, aux serfs et aux aubains, et les services fonciers *. —
Un compte de celte seigneurie, pour Tannée 1603-1604, en
porte le produit à 3793 livres 4 sous 2 deniers, somme dans
laquelle figurent un cens de 89 livres 6 sous 5 deniers,
4 muids de froment, 7 muids S rasières 2 quartiers d*avoine,
24 5/6 chapons et 3 poules. Chaque chef de ménage payait
alors, à titre de droit de bourgeoisie, une redevance de 4 sous
4 deniers; le droit de fournage produisit 39 livres 14 sous
9 deniers cl la paisson dans les bois et sur les waressaix,
21 livres 5 sous. La coupe des bois rapporta 398 livres 2 sous
et la vente des grains, des chapons, etc., 536 livres 16 sous
7 deniers. Les fermages valaient 1697 livres 19 sous : la ferme
de la Basse-Cour était louée 726 livres 6 sous, et le moulin
banal de Colarmont, 240 livres. Le droit d'avouerie et les ser-
vices fonciers représentaient une valeur de 122 livres 10 sous,
et ceux de meilleur calel, de bâtardise, d'aubanité, avec les
confiscations, les lois, les amendes, les exploits de justice, s'é-
levèrent à 168 livres. Enfin, le chiffre des recettes extraordi-
naires atteignit 729 livres 2 sous*. — Le fief-lige de Car-
nières était, en 1502, chargé de deux rentes dues au seigneur
de Strépy : la première consistait en 13 muids de blé, et la
f . Chambre âet comptes^ n» 1118, fol. S82.
S. Dans un chapitre des dépenses renseignées dans ce compte, onlit ce qui suit:
« Aultre despence d'argent faicte et payée ad cause de l'emprisonnement de Jen ne Bucqz,
accusée de sortilège et, par ordonnance de justice, bannye des terres Monsieur de
Camières, et du pays de Hajnnau, par ordonnance Monseigneur le grand haAWy. »
— 308 —
I
seconde, en 100 livres tournois. — Il existe encoredeux chas*
sereaux du droit de terrage dû dans Télendue de la seigneurie
de Carniéres, renouvelés en 4639 et le 20 juillet 4757, d'a-
près cefui de 1588. — Robert de Carnières ayant donné à
Fabbaye d'Aine deux portions de dime de Tautel de cette
localité^ qu'il tenait en fief de Bauduin de Strépy^ l'évêque de
Cambrai corrobora celte donation par une charte datée de
Meslin, en 1203. Plus tard, des dillficultés se produisirent au
sujet des dîmes de Carnières entre les religieux, d'une part,
Gossuin et Robert de Garnièros, d'autre part; mais une sen-
tence arbitrale rendue en 1393, par Nicholes de Housdaing,
chevalier, maintint le monastère d'Aine dans ses droits : ce
que Gilles de Carnières, fils de Gossuin, reconnut par lettres,
au mois de mars 1399 (v. st.) *.
CULTE. — Carnières était l'une des paroisses qui se ren-
daient en procession à l'abbaye de Lobbes, à la fête de saint
Marc, pour y offrir l'aumône de la bancroix. — Jacques de
Guise mentionne celte paroisse parmi celles qui, en 1186,
étaient comprises dans le -décanat de Binche. — La collatioa
de la cure qui appartenait à l'abbaye de Bonne-Espérance,
depuis le 9 octobre 1177, fut cédée par arbitrage àGodefroid
II de Condé, évêque de Cambrai, en l'an 1222». — Ce béné-
fice était soumis, suivant les anciens pouillés, à une taxe de
22 livres. — Le curé jouissait, en 1787, d'un revenu annuel
de 822 florins 17 sous. La portion congrue qui lui était payée
par lesdécimateurs avait été fixée à 238 florins, dont 164 dus
par l'abbaye d'Aine et le reste par l'église de Sainte-Marie de
Cambrai, le chapitre de Binche et le seigneur de Carnières.
Le bénéficier percevait par moitié avec ce dernier, sur chaque
brassin, quatre pots de bière forte et une même quantité de
petite. — La cure de Carnières fut qualifiée au XVII*' siècle
de tolius districiûs diffkilior parochia par le doyen rural à
1. L. Devillers. Desf^pHon analytique de eartulalref et de chartriertdu
Eainauty t. I, pp. 121, 204.
2.' Maghe. Chronicon Bonœ SpeU pp- 110 et 150.
- 309 -
cause des difficultés que rencontrait alors le titulaire pour ar-
river dans les divers hameaux de sa paroisse*. — Il y avait à
Carnières> dans le XIV<^ siècle, un bénéfice ecclésiastique dé-
signé sous le nom de Curies de Haureulx^ taxé à 3 livres et à
la collation du chef diocésain*. — Quant à la chapelle de l'hô-
pital, elle avait pour collateur le seigneur de Carnières et le
bénéfice qu'on y avait fondé était chargé de deux messes par
semaine. — Le patron de la paroisse est saint Hilaire. —
Carnières a deux ducasses tombant, Tune le dimanche qui suit
le 5 mai et l'autre le dernier dimanche du mois d'août.
BIENFAISANCE. — Il y avait autrefois à Carnières un hôpital
compris dans le fipf tenu par le seigneur de la localité et dont
la mention la plus reculée que nous ayons rencontrée remonte
,à l'année 1393. — La table des pauvres avait été établie à
une époque fort reculée. Les comptes se rendaient au pasteur,
au bailliy au maîeur, aux échevins et à la communauté du
lieu. En 1615-1616, les recelles produisirent 276 livres 18
sous 9 deniers. Parmi les dépenses qui s'élevèrent à 183
livres 14 sous 6 deniers, figurent i livres payées à maître
Jean Delcourt pour avoir enseigné les enfants pauvres à l'é-
cole, 12 livres au manbour pour ses gages, 8 livret au bailli
pour l'audition du compte, etc. En 1674-1675, lesrevenusen
argent étaient de 103 livres 15 sous 3 deniers, plus 2 muids
3 quartiers de froment et 4 rasières 3 quartiers de seigle.'
En 1787, les pauvres possédaient près de 12 bonniers déterre,
un bonnier 10 quarterons de pré, loués 452 livres 10 sous, et
en outre des rentes en argent pour 149 livres 18 sous 4 de-
niers, en grains pour 107 livres 11 sous; les charges étaient
de 421 livres 15 sous 2 deniers.
1. Chambre de$ comptes, n« 46680.
S. Gb. Duvivier. Recherchée sur le Hainaut ancien, p. 234.
8. Le dépôt des archives de TÊtat, à Mons, renferme 74 comptes de Téglise de
Carnières, de 1640 à 1766 ; 63 comptes des pauvres, de 1616 à 1750 ; des criées
des biens de Téglise et des pauvres ; un registre des rentes dues à réglise ; et ua
^tat des biens du bénéfice de Notre-Dame, dressé vers ran VI.
- 310 -
EPINOIS.
SITUATION. — ÉpinoiSy dont le nom indique un endroit
couvert de ronces, d'épines et de broussailles^ est un village
élevé au rang de commune et de paroisse, et ayant pour li-
mites les territoires de Leval-Trahegnies, de Buvrinnes, de
Battignies et de Ressaix.
Celte commune est située sur la Samide et à 3 kilomètres
est de Binche, son chef-lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En 1486, on y comptait 16 foyers; en
1750,25 feux ; en 1830, 50 maisons ; et en 1866, 96 habita-
tions. En l'an XIII de la république, il y avait 235 individus
et en 18^, 277 ; sa population actuelle est de 368 habitants
dispersés sur une surface de 367 hectares.
NOMS ANCIENS. — Spinclum, 868-869. Polyptiqùe de l'ab-
baye de Lobbes. — Spinethum^ 1124. Charte de Burchard,
évêque de Cambrai: Duvivier, 532. — Espinoit, 1181. Bulle
du pape Lucius III: Duvivier, 637 ; 1299. Charte de Jean II
d'Âvesnes, comte de Hainaut : Devillers, III, 256. — Spi-
noiif 1265. Cartulaire-chassereau des revenus des comtes de
Hainaut, 96. — Espinoit, 1347, 1355, 1357. Documents di-
vers. — Espinois, 1372. Compte du domaine de Binche. -^
Espinoy. Carpentier, II, 543. — Dans les pouillés, on lit :
Espinoit. — Les habitants prononcent Spinou.
FAITS historiques. — L'existeucc d'Epinois, au IX^ siècle,
est attestée par le polyptiqùe de l'abbaye de Lobbes, qui y
possédait des biens en 868-869. — Nous n'avons guère de
notions sur l'histoire de ce village : elle se résume entière-
ment dans celle de son château dont les propriétaires étaient
maîtres de la presque totalité du territoire.
monuments. — On ignore la date de la construction de
l'église, dont la tour paraît remonter à l'ère ogivale. — On
remarque dans le chœur un monument sépulcral érigé à la
mémoire des derniers seigneurs du village. Il porte cette
inscription :
3ic
— 3H —
D. 0. M.
ICI
EST U SÉPULTURE
DE LA FAMILLE DES COMTES
LEBOUCQ 0*ESPINOIS
SEIGNEUR DUDIT UEU
TRAGNIES
MONT-SAINTE-ALDEGONDE
LA BUISSIÊRE
LEVAL-LEZ-BINCHE
LEVAL - LEZ - BERLATMONT
SAINT-VAAST, FLORENVILLE
LA PORCHIE, ETC., ETC., ETC., PRIEZ DIEU POUR LE REPOS
DE LEURS AMES.
Le bâtiment de rermitagë, fondé à une époque assez reculée,
est devenu rhabitation d'un particulier. — L'ancienne de-
meure seigneuriale dont il existe une vue curieuse, dessinée
au XVI^ siècle S et que nous reproduisons ci-contre, quoi-
qu'ayant subi des transformations notables dans son architec-
ture, a conservé quelque peu le caractère des châteaux-forts
de la période féodale et se trouve flanqué de quatre tourelles
octogones. On voit encore les traces des fossés qui en défen-
daient l'accès. — A l'ouest du chef-lieu s'élève une jolie
maison de campagne, qui a été bâtie de nos jours.
JURIDICTIONS. — Épinois, où Ton suivait jadis la coutume
de Mons, fit partie de la prévôté de Bincbe jusqu'à l'an III de
la république française, et depuis cette époque, du canton
dont cette ville est le chef-lieu. — Le seigneur y avait son
pilori, un bailli, un maïeur, des échevins et la justice à tous
les degrés, sauf au bois de la Houssière, où elle était exercée
1. L. Devillkbs. Inventaire de* cartes et plans^ conservés aux archives de VÉtat^
à Mons. Première partie, section C, n*> S8. — Le plan qui est indiqué sous ce nu-
Qiéro offre non seulement la représentation du chAteau d'Épi nois, mais encore ré-
glise, les maisons, piloris, bornes, bois, viviers, ruisseaux, moulins, terres labou-
rables et autres de la seigneurie, une partie de la ville de Binche, sa maladrerie,
le château de la Hutte et la censé de Gourt-à-Ressaiz.
— 312 —
par les feudalaires des comtes de Hainaut. — Ces princes n'y
possédaient, avec la souveraineté, que l'estaplerie, l'issue des
Estinnes et du Ploïcb, les cens de Saint-Sauve, de Saint-Jean,
et d'autres, le meilleur catel dû par ceux de leur mouvance
qui avaient été affranchis, et de plus la poursuite de leurs
serfs et de leurs serves*.
SEIGNEURIES. — Sclou Carpeutier, le domaine d'Épinois-Iez-
Binche était, dans le principe, la propriété d'une famille qui
en avait pris le nom, qui portait : Fdscé de vair et de gueules
de 6 pièces^ et qui criait: Berlaimont*. Mais Nicholon de
Housdaing ou de Housdeng, chevalier, qui parait pour la pre-
mière fois dans un acte de 1283 en faveur de l'abbaye de
Bonne-Espérance et qui intervint ensuite, en qualité d'homme
de fief du comté deUainaut^ dans un grand nombre de titres
de son époque, de même que son successeur, Nicoles de
Houdeng, chevalier, conseiller de la comtesse Marguerite de
Bavière, qualifiés l'un et l'autre de sire d'Épinois, possédèrent-
ils réellement la seigneurie du village qui fait l'objet de nos
recherches, ou bien celle d'Épinoy-lez-Clerfayt, qui formait
en 1472, avant son acquisition par Bauduin I de Lannoy, un
arrière-fief de Solre-le- Château ? Il y a un document faisant
connaître que, le jeudi avant la Conversion Saint-Paul 1299,
Nicole de Housdaing reçut de Jean II d'Avesnes^ comte de Hai-
naut, en accroissement du fief qu'il tenait de ce prince, la
t^rre dite les € tries du Corroit », sise à Épinois, cinq bon-
niers de terre situés à Uaine-Saint-Pierre, ainsi que les droits
de douzaine, de sixaine et de meilleur catel à Mont (Sainte-
Aldegonde), à LevaUTrahegnies et à Épinois'. — D'après une
autre version, celle de M. Z. Piérart, les seigneurs d'Épinois
commencent dès le XII^ siècle. Marie, dame de ^ce lieu, porta
1. Cartulaire-ckaneTeau de« rtvtntu des comtes de Hainaut, en iî65^
fol, 96 V». — Chambre des comptes^ n« tSlS, fol. 89.
a. Cabpentier. Histoire de Cambray et du Cambrais^ t. II. p. 548.
8. L. DEviLLsas. Description analytique de cartulaires et de ehartriers, t. III,
p. S56.
— 313 —
la terre d'ÉcIaibes avec Épinois, dans la maison de Saultain, par
son mariage avec le sire Raoul. De celle union naquit, vers
Tan 1200, une fiile, Ide, qui épousa Philippe de Gavre, cadet
de la puissante ligne de Chièvres^ dont les seigneurs d'ÉcIaibes
adoptèrent les armes et le cri de guerre ^ Celte noble famille
parait avoir possédé le domaine d'Épinois jusque vers l'an
1591. — Dans*le siècle suivant, ce domaine fut éclissé delà
pairie de Belœil, en vertu de lettres-patentes en date du
18 juin 1689, et le prince Henri- Louis-Ernest de Ligne le
vendit à Philippe-Louis le Boucq, qui le releva le 29 juillet sui-
vant. Après la mort de ce seigneur, il passa à François-Joseph-
Théodore le Boucq (relief du 19 septembre 1721) : celui-ci le
transmit à son fils Philippe-Âlberl-Léopold le Boucq, comte
d'Épinois , en 1762. Dominique-Âlexandre-Marc-Joseph le
Boucq recueillit la succession de son père, le 30 mars 1777,
etCharles-Léopold le Boucq, dernier seigneur féodal, le
13 février 1789. — Au commencement du XVI* siècle, Jac-
ques d'ÉcIaibes, écuyer, tenait la terre d'Épinois en fief-lige
de la pairie de Belœil, qui relevait du château de Namur. Ce
fief comprenait le château et la seigneurie d'Épinois, avec
Leval-Trahegnies et Mont-Sainte-Aldegonde, y compris les
appartenances et dépendances, les cens, les rentes, les fer-
mages, les revenus en gi^ains, les morlemains, les successions
de serfs, de bâtards et d'aubains, les lois, les amendes, ^es
forfaitures, etc. ; il était alors chargé de plus de 100 livres
de renies*. — Le sire d'Épinois touchait, en 1372, une pen-
sion de 60 écus sur les revenus du domaine de Binche, qui,
à cette époque, étaient perçus au profit de la duchesse de
Brabant'. — ,Le bois de la Houssière, dont l'étendue était de
60 bonniers au XV® siècle, constituait aussi, avec la justice
à tous ses degrés, un fief-lige de la mouvance des comtes de
•
1. Z. PiÉRÀRT. Recherches hi8iorique$ iur Muuheuge^ ion canton et lee corn-
mune» Hmitropheit, Maubeuge, 1851 ; p. 96.
2. Chambre des comptes, n? 1118, fol. 265,
S. Chambre des comptes^ n« 8765.
46
— 314 —
Hainaut. Jehans de Thiers, sire de Wattignies, le tenait en
1410, et Jacques, seigneur de Marquettes, chevalier, en 1473.
Au XVUI® siècle, on y comptait 72 bonniers de bois, y com-
pris les pachys ou bois de Termilage dé Sainte-Appolinne, et
la famille le Boucq d'Épinois posséda ce ûef jusqu'à la révo-
lution française*.
CULTE. — Épinois ne figure pas sur la lisle des paroisses
du Hainaut de 11 86. Néanmoins on mentionne ce village comme
formant avec Binche, en 1124, des appendances de l'église de
Waudrez, dont l'autel fut donné alors au chapitre de Cambrai
par l'évéque Burchard ; ce que corrobora le pape Alexandre III
par une bulle datée de Velletri le 14 janvier 1179-1180 ■. Il
est probable qu'après l'érection de Binche en paroisse, Épinois
y resta annexé pour le culte pendant plusieurs siècles. — Un
document de la fin du XVIII^ siècle assure que la cure d'Épi-
nois avait été unie à celle de Buvrinnes, le 13 juin 17i<5. Celle
date est erronée, puisque nous voyons cette union effectuée
auparavant, comme le constate le Calendrier ecclésiastique de
Cambray^ pour l'année 1754. — Les revenus de la cure
d'Épinois étaient évalués, en 1787, à la somme de 171 flo-
rins 9 sous 9 deniers. — La dotation de la fabrique ne mon-
tait qu'à 75 florins. — Outre l'ermitage de Sainte-Appolinne,
il y avait autrefois dans cet endroit trois chapelles érigées en
bénéfices ecclésiastiques : l'une, sous l'invocation de la sainte
Vierge et de Sainte-Marie-Magdelaine, avait une dotation de 36
florins, chargée de dix messes par an ; l'autre, dédiée à Notre-
Dame de Cambron, sous le vocable de Saint-Fiacre, ne valait
à son bénéficiaire que 13 florins de rentes; la troisième, citée
dans les anciens pouillés sous la rubrique de la paroisse de
Levai, n'était autre que la chapelle castrale'. — Sainte Marie-
Magdelaine est la patronne de la paroisse d'Épinois. — Les
1. Archives de l'État, a mons. Carlulaires de la cour féodale de Hainaut^
ii«« 232 et Sii. ^ Registres au^ acles des reliefs de fiefs, paBsim.
2. DuTiYiER. Recherches sur le Hainaut ancien, pp. 582 et 628.
8. Chambre des comptes, n« 46629.
— 315 —
ducâsses tombent le dimanche qui suit le 22 juillet et le der-
nier dimanche de septembre ; celle de Moscou arrive à l'As-
cension.
ESTINNES-AU-MONT.
Situation. — ^Estinnes-au-Mont, enhimLeptinœy quidoitson
nom aux Lètes, colons, est un village élevé au rang de com-
mune et de paroisse, et ayant pour limites les territoires
d'Estinnes-au-Val, de Vellereille-le-Brayeux, de Fauroeulx,
d'Haulchin et de Vellereillele-Sec.
Cette commune qui a pour dépendances la Chapelle, les
Trieux et la Station, est située sur la chaussée Brunehaut,sur
le chemin de fer de Frameries à Chimai et à 6 kilomètres
sud-ouest de Binche, son chef-lieu de canton et de décanat.
Population. — En1486, on y comptait 66 foyers; en 1750,
155 ménages et22fermes; en 1830, 255 maisons; et en 1866,
474 habitations. En l'an XIII de la république, il y avaitl056
individus, et enl830, 1565 ; sa population actuelle est de 1888
habitants répartis sur une surlace de 970 hectares.
Noms anciens. — LephsUnœy 691, Diplôme de Pépin de
Ilerslal : Waulde, 324; Mirœus, 11,126; Bréquigny et Par-
dessus, II, 217; A. Le Glay, 89. — LestincBy 697, Diplôme
de Pépin de Herstal : Waulde, 338; Mirœus, III, 283; Bré-
QDiGNY et Pardessus, II, 245; A. Le Glay, 151. — Liftirm,
aliàs LiptinoBy 743, Karlomanni principis capilulare : apud
Anségise et Benoit, 91 ; Sirmond, I, 537; Godalst, H, 118;
Labbb, VI, 1537 ; Baluze, Î, 149;Hardouin, 8« siècle, 1921 ;
Hartzeiu, I, 50; Mansi, XII, 370 ; Georgisch, 489 ; Lecointe,
V, 105;Pertz, I, 18. — Liptinœy 744, Diplôme de Carloman:
Folcuin, cap. 6. — ListiruBy 8« siècle; Bollandistes, 2 junîi.
— Leptinœy 870, denier d'argent de Charles-le-Chauve. —
1
- 816 -
lÀplinœ^ allas Leptinœ^ 8^ et iO® siècles : Hinghar, Aimoin,
Annales Bertiani, Folcuin. — LephtinŒy ll)« siècle : Ghes-
QUIËRE, VI, 284. — Lietsines, 1065, Charte de Bauduin I,
comte de Hainaut : Duviyier, 407. — Lestinœ^ Lestines, 1449,
1147, 1148, 1^50, 1153, 1156, 1165, 1467, 1180, 1181,
1194, 1S00, 1243, etc., Documents divers; Gislebert, Jacques
DE GuiSE, Nicolas de Guise, Brasseur, Le Waitte. — Lethi-
nœS. Remigiiy 1124, Charte de Burchard,évéqoe de Cambrai :
DuviviER, 532. — Jlfon^ sancti Remigiiy 1150, 1196, Chartes
de fiaoduin lY et de Bauduin VI, comtes de Hainaut : Duvi-
yier, 567 et 662. — Lesiines-in-Montey 1186: Jacques de
Guise, XII, 341, 1186; Bénézech. — Lestines-ou-Mmiy 1265,
Gartulaire-chassereau des comtes de Hainaut, 80, 1291 , charte
de Jean II d'Avesnes. — Liptinœ superioresy 1681 : Mabillon,
293. — UEstines-Hautes, 18® siècle. — Dans les pouillés, on
lit : Lestines de Monte et Lescines.
Antiquités. — Estinnes-au-Mont est coupé par l'ancienne
voie romaine de Bavai à Cologne sur une longueur de 2140
mètres. Ce village parait avoir été habité sous la période gal-
lo-romaine, carony ^ découvert les substructions d'une habi-
tation de cette époque, ainsi que des débris de matériaux
antiques, des briques, des carreaux, des tuiles courbes et à
rebords, des fragments de poterie, etc. *•
MONUMENTS. — La grosse tour carrée en pierres de taille,
qui précède l'église, de même que le chœur, remonte à la
troisième époque de Tère ogivale, et a été restaurée en 1729;
les nefs formant quatre travées ont été reconstruites en 1750,
sur les plans de l'architecte montois De Bettignies. On re-
marque sous le jubé du temple paroissial un modeste monu-
ment encastré dans le mur et rappelant le séjour de l'illustre
Froissart au presbytère de Lestines. Il consiste en une tablette
de marbre blanc portant l'inscription suivante :
1. Ânnalei du Cercle arehéoîogiquê de Mom^ t. IV, p. S28.
- 317 -
A
la mémoiFe
de
JEHAN FROISSART,
eiiré à Estinnes-an-Mont,
(1372-1382)
où il commensa
la rédaction de ses chroniques,
le 30 noYembre 1373.
PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE SON AÏE.
Yiri famosi memores Baro Constantinus
Eervyn de Lettenhoye, Adonis Bongard,
Theophilns Lejenne atqne Lndovicns
Lairein pastor snmptibus sois
posnere anno IDCCGLXXn.
La chapelle de Notre-Dame de Cambron date de l'année
1483 ; elle renferme un tableau sur bois en douze comparti-
ments représentant les scènes du sacrilège commis en 132!2
dans Tabbayede Cambron, et un retable de style gothique, en
pierre de France. — Il y avait jadis près de l'église un hôpital
placé sous l'invocation de saint Nicolas et dont la fondation
était très-ancienne ; il fut supprimé et ses biens confisqués
en 1703 ^
FAITS HISTORIQUES. — Les établissements que les Romains
avaient fondés aux Estinnes servirent de berceau au manoir
royal avec un palais^ curtim regiam mm palalio, des rois
franks de la première et de la seconde race. On croit que cette
maison royale fut érigée à une époque antérieure à celle où
les Franks-Saliens, sous la conduite de Clodion, étendirent
leurs conquêtes au-deU de Cambrai (445)'. — Divers diplô-
mes émanés de Pépin de Herstal et de son petit-fils Carlo-
1. Annales du Cercle archéologiquede MonSj 1. 1. p. S26. — Arcbiyksde l'État,
A MoHS. Comptes de Vhôpital Saint-Nicolas, à Estinnes-au^Mont, de 1577 à 1603.
S. Mabillon. De te diplotnatiea, Paris, 1681 ; p. S98.
-818 -
man, en 691, en 697 et en 744, sont datés de Leptines'. —
Vers le milieu du VIII* siècle, on tint â Leptines deux conciles
oa synodes: l'un, le premier mars 743, assemblé par Cario-
man et présidé par saint Etoniface, archevêque de Mayence,
en qualité de vicaire du Saint-Siège ; l'auLre, en 756, réuni
par Pépin le Bref, et présidé par l'évèque Geoi^es, légat du
pape Etienne II*. — Après le partage de la Lotharingie, en
870, Charles le Chauve y séjourna avec la reine Ermentmde
et distribua à ses barons les bénéfices de ses nouvelles pos-
sessions'. — L'année suivante, le roi revint à Leptines pour
s*y livrer avec ses leudes au plaisir de la chasse*. — Un
atelier monétaire ayant été ét^li dans cette villa royale, on
y frappa des deniers d'argent, portant à l'avers: leptinas
Fisco ; sur le revers on Ut: GRA.TiiD(Ei)REx, et au centre se
voit le monogramme de k(a)rol(v)s, entouré d'un cercle
perlé '. — Le palais de Leptines fut dévasté en 881 par les
Normands ; il ne se releva plus de ses ruines. ~ L'histoire
I. HnuKDS. Optra dlt^omalletC, t. Il, p. lit; t. Ht, p. S8S. — Folccih. Dtgnfft
abbatum Lobitntium, cap. S ; apud D'ÂcitiT. SpIdUgtum. Paris, 17SS ; t. Il,
p. 7S6.
a. SiRHOHD. ConeUia GaUbs. Paris, 1619 ; (. I, p. !I37. — Laibe. Concilia gtne-
TUUa. Paris, 1671 ; t. VI, vol. 1S37. — Pebtz. Ifonumenta Germaniœ hiilmUa.
LEGn. Hanovre, 1SS6 ; 1. 1, p. 18. — Hincmaii. Optra omnia. Paris, 1649 ; 1. 1[,
col. ISl. — BiLDiE. CaplMarla rtgum Francortiin. Paris, 16TT ; t. 11, vol. IVl.
S. AiHOUi. De getUi Franeorum. Paris, 16I)S ; p. S16.
i. DoH BouaVET. i{«rum' Gallleanan et Pranctcarum leriptorei. Paris, 1719;
I. VU, p. ils.
8. LÊblauc. Traité hlilorique àt* monnonet de Franu. Paris, 1690 ; p. 109 et
luiv. — Ghesql'iéU. Mitaolre mr troii poiriti inlirensantt de l'hittoirt manilaire
de* Pajit'Bai. Bruxelles, 1786 ; p. 90. — C. Piot. Rteherchts tur let atdlert mo-
nitaireM dei Miravlngleni, Cartovlitgietu et empereur* d'Allemagne ta Belgique,
duu U Revue de la Numttmatljue belge, t. IV, p. 817.
- 349 —
de celte localité reste plongée dans une nuit profonde jus-
qu'au XII^ siècle : située sur l'une des voies militaires les plus
fréquentées, elle a été souvent ravagée par les bandes armées
et pour la première fois en 1185 par les Brabançons réunis
aux troupes de Tarcbevéque de Cologne, lorsqu'ils envahirent
le Hainaut pour aider Philippe d'Alsace dans ses entreprises
contrôle comte Bauduin V, son beau-frère ^ — En 1242, la
communauté des Estinnes et de Bray se trouva dans la néces-
sité de vendre à l'abbaye de Bonne-Espérance les bois de
Wauhu et de Buscaille, qui comprenaient environ 100 bon-
niers : cette vente eut lieu pour le prix de 1000 livres blancs
avec le consentement du comte de Hainaut, et l'évéque de
Liège, en sa qualité de suzerain, y donna son approbation*.
— Les Estinnes furent pillées et saccagées plusieurs fois du
temps de Jacqueline de Bavière (1417-14S7) par les Braban-
çons, les Bourguignons et les soudards de Chaumont-lez-Flo-
rennes*. — En 1568 et en 1572, les Gueux ou les troupes du
prince d'Orange y campèrent et les livrèrent aux flammes et
au pillage^. — Les dégâts qu^ causèrent les troupes de
Mansfeld, en 1628, furent très-considérables*. — Les armées
françaises y établirent leur camp ou les traversèrent en faisant
subir aux habitants des pertes fort sensibles en 1642, 1643,
1644,1645,1658,1667, 1672, 1673,1674, 1683, 1684,
1688, 1689, 1690, 1691, 1692, 1693, 1696, 1704, 1711,
1745, 1746 et 1794. — Le duc de Marlborough, commandant en
chef des alliés, passa aux Estinnes avec son armée le 17
septembre 1709*. Nos pères n'eurent pointa se plaindre du
1. GiSLEBERT. Chroniea Hannoniœ, p. 187. — Jacques de Guise. Uiitoire du
Hainaut, t. XII, p. 807. — Vinchant. Anwilti du Hainaut^ t. II, p. 870.
a. Cartulaire de l'abbaye de Bonne-EspéranM. t. III, fol. 217-2i7. -> De Saint-
Gero». Monumenti ancient^ p. 820.
8. ÀRCHiTESDn ROTAUHB. Cf^ambre des comptes, n* 15190 à 16198. — Comptes
de la massarderie de la ville de Mans.
4. Archives de l'État, a BIohs. Registre aux résolutions du chapitre noble de
Salni&'Waudru. Année 1568. — Registre aux octrois du grand bailliage, n« 4.
6. Compte de la maladrerie des Estinnes et de Bray. Année 1619-1623.
6. ARCUTE8 DU ROTADVE. Chambre des comptes, u9* 1872-1880 ; 24,429^24,480.
— 820 -
général anglais, car la discipline régnait parmi les soldats
placés sous ses ordres et c'est pour cette raison qu'il fût com-
plimenté par le magistrat de Bruxelles. — Lors de la pre-
mière invasion de Tarmée française, en 1792, le bois de
Buscaille fut le théâtre de quelques engagements entre les
républicains et les Autrichiens ^ — En 1814, une brigade
de l'armée des alliés fui cantonnée aux Estinnes et en 1815
les Prussiens y commirent des excès déplorables après la ba-
taille de Waterloo*.
JURIDICTIONS. — EsLinnes-au-Mont ressortissait, sous l'an-
cien régime, à la prévôté de Binche; le 22 mars 1793, il
devint l'un des douze cantons du district de Binche*; depuis
Tan III de la république, il dépend ^u canton de cette ville.
— La justice à tous les degrés y appartenait aux comtes de
Hainaut. On y suivait la coutume de Mons. — Les échevins
des Estinnes sont cités dés l'an 1189 *. Un chirographe de
1325 passé par-devant le maïeur et les échevins des Estinnes et
de Bray était déjà rédigé en langue romane * . Ces fonction-
naires qui tenaient leur mandat du souverain étaient re-
nouvelés le 24 juin (s. Jean-Baptiste) de chaque année.
— Le sceau primitif de l'échevinage nous est inconnu. Au
XIV^ âiécle, il subit une transformation complète : on y figura
la scène principale du sacrilège que commit, en 1322, dans
— Conseil privé. Carton 1516 et 1516. — Comptes de lamaladrerie des Estinnes
et Bray, Année 1683-168i. — Compte des pauvres d'Estinnes-^u-Mont. Année
1681-1683. — Archives de l'église d'Estinnes-àu-Val. Pièces du procès soutenu
par la communauté des Estinnes contre les administrateurs de l'hôpital royal de
Mons, — Anciens registres de Vétat-civil de 1649 à 1796. r- 1>B Bbaurair. His-
toire militaire de la Flandre^ 1. 1, p. 31 ; t. II, p. 2. — Jean Racine. Relation de
ce qui s'est passé au siège de Namur, dans ses Œuvres, Paris. 1808 ; t. VI, pp. 394-
896. — Stroobant. Histoire de la commune de Feluy, pp. 259, 268.
1. Z. J. PiÉRART. La grande épopée de Van IL Paris, 1864 ; pp. 77-128.
2. Renseignements divers.
8. Pasinomie^ t. V, p. 97.
4. Maghe. Chronicon Bonœ Spei^ p. 168.
5. Archives du Iiotauhe. Cartulaire de Vabbaye de la Tfiure, Ms. du XVI* siècle
(1518); fol. 118.
l'abbsye de Cambron, un juif nouveau coavertî. Il portait cette
légende : estinnes et brat.
La mairie héréditaire des Estinnes, appelée au moyen âge
la mairie de ^ /oy, formait unTiefrelevant delà cour de Mons.
En 1410, il comprenait une ferme avec 14 bonniers de
terres, le droit de mortemain dil de seurain vestement, celui
d'avoir une paire de gants de tous ceux qui se mariaient dans
la localité, trois deniers pour les services fonciers, ta partici-
pation aux émoluments des échevins, des cens et des rentes.
— La sei^enterie constituait également, avec la tourie (prison),
un fïef ample relevant de la même cour et comprenant quel-
ques parties de terres labourables'. — Le domaine comtal
possédait aux Estinnes, en 1365. des terres, des cens, des
rentes, un moulin banal, un vivier, le droit de pêche, les lois,
les amendes, les services fonciers, le tonlieu, l'afforage, les
mortemains, les terrages, les corvées, l'ost et la chevau-
chie ou service militaire, etc.*. — Les revenus qui ré-
sultaient de la plupart de ces droits furent affermés avec
ceux de la terre de Binche, en 1274, et depuis lors, com-
pris dans la recette domaniale de cette ville'. — Les biens
1. AMzms DE L'ÂMT, A Hors. Cartvlidre de 1410. H*, io-rolio. — Regltln
aux ocltM de rtUefi de fief*- »' ■■(>• Toi. S7 r>.
9. CartulaiTe-thatKTeait dei revenu* âei eomlet de llalnaul, en 11G9, to\. 80.
1. De SabR'Geimis. Monumenli aiuieiu, pp. 6SS, S61.
— 322 —
•
communaux des Estinneset Bray ont été partagés au commen-
cement de ce siècle dans les proportions suivantes : Estinnes-
au-Mont ^, Eslinnes-au-Val ^ et Bray ^.
SEIGNEURIES. — Dès la création des grands fiefs hérédi-
taires, au IX<^ siècle^ la terre seigneuriale des Estinnes fut com-
prise dans le domaine des comtes de Hainaut. Les proprié-
taires distribuèrent, à diverses époques, des portions notables
du territoire de ces villages aux corporations religieuses de la
contrée et aux établissements de bienfaisance ; ils en cédèrent
d'autres en fief à certains de leurs serviteurs, à titre de récom-
pense pour les services qu'ils en avaient reçus; enfin, ils ré-
partirent entre les habitants des Estinnes, moyennant une
redevance annuelle, un grand nonfbre de parcelles dont on
peut voir Ténumération dans un cartulaire-chassereau dressé
vers l'an 1265. — Le moulin banal construit sur le ruisseau
qui arrose les Estinnes, mentionné pour la première fois
au XIII" siècle, existait antérieurement à cette époque. Un
autre moulin appartenait à l'abbaye de Bonne-Espérance, qui
le tenait depuis 1156 du chapitre de Cambrai sous un cens
annuel de six muids, moitié froment et moitié avoine; mais
les religieux le cédèrent en 1314 à Guillaume I d'Avesnes,
comte de Ilainaut, en échange de 6 bonniers 98 verges de
terres. Le troisième moulin dit des Vallées fut bâti dans des
temps reculés par la même corporation religieuse, qui, vers
1690, le transforma en une papeterie après qu'il eût été emporté
par les eaux \ — La grosse dîme était perçue par plusieurs
communautés religieuses : le chapitre de Notre-Dame de
Cambrai, le chapitre de Sainte- Waudru à Mons, l'abbaye de
Bonne-Espérance et la chapelle centrale de Saint-Servais à
Binche en avaient chacun | ; le reste se levait au profit du
curé de la paroisse '.
i. Cartulairede Vahhaye de Bonne Espérance, t. XIV, fol. S8-S6. — Macbe.
Chronieon Bonm Spei^ cap. S, g 24 ; cap. 3, g 20.
2. Cartufaire de V abbaye de Bonne-Espérancej t. Il, fol. i-5. — Cartulaire des
dimages (sic) des Estinne$y renouvelé en 1669.
— 323 —
CULTE. — L'église paroissiale qui, à coup sûr, date de loin,
a saint Rémi pour patron. En 1i86^ elle était comprise dans
le décanatde Binche. Antérieurement à cette date, c'est-à-dire
en \m, Burchard, évéque de Cambrai, avait fait dgn au cha-
pitre de son église des autels d'Estinnes-au-Mont et de Yelle-
reille-le-Brajeux, sa dépendance, dont le pape Eugène III lui
confirma la possession par des bulles du l^** avril 1148 et du
10 des calendes de février 1153 (n. st). La même collégiale
obtint encore, comme nouvelle corroboration de. ses droits à
ce sujet, une bulle de Lucius III Je 31 décembre 1181 *. — Le
doyen du chapitre était le coUateurde la cure, dont l'un des
titulaires au XIV^ siècle (1372-1382), fut le célèbre historien
Jean Froissart, né à Yalenciennes en 1333 et mort à Chimai
versl410. La taxe de ce bénéfice étaitfixée^ dans le même siècle,
à 40 livres*. En 1787, le pasteurjouissait d'unrevenu de 1071
florins 4 sous 5 deniers'. ^ Cette paroisse ne se maintint in-
tacte que jusqu'en 1245, date où Ton en détacha Téglise
de Yellereille-le-Brayeux , qui fut érigée en succursale parti-
culière^. — Les ducasses arrivent le troisième dimanche de
juillet et le premier octobre, ou le dimanche le plus rappro-
ché. — La dotation de la chapelle de Nolre-DamedeCambron
s'élevait en 1577-1578 à la somme de 12 livres 10 sous, plus
52 rasières de blé'. — En 1787, les revenus de la fabrique
montaient à 603 florins^
CHARITÉ. — La table des pauvres d'Estinnes-au-Mont pos-
sédait, en 1787, 28 bonniers 11 quarterons de terres et divers
corps de rentes produisant 536 florins 3 patars et 120 rasières
de grains ; ces revenus servaient à secourir 50 familles indi-
gentes. — L'hôpital de Saint-Nicolas, qui se trouvait à proxi-
mité et au sud-est de l'église n'avait que de minces ressour-
]. Gh. Ddvivier. Recherchée iur le Halnaut ancien, pp. 532, 565, 575, 687.
S. A. Le Glat. Cameraeum chriitianum^ p. 498.
8. Chambre des compta^ n* 46681.
4. Cartulaire de Vabbaye de Bonne-Eipérance^ t. II, pp. t4-45.
8. Architis de l'État, a Mous. Compte rendu par Martin le Jeume. Année
1577-1578.
— 324 —
ces. Sa dotation n'atteignait, en 1633-1634, que la somme
de 163 livres 8 sous 8 deniers, et les dépenses s'élevaient
à 102 livres 6 sous, dont la plus grande partie pour distri-
butions de vêtements et de denrées alimentaires. Gel établis-
semenl fut supprimé en 1703 et ses biens furent employés
pour rérecUon de Thôpitàl royal militaire de Mons^
PERSONNAGES REMARQUABLES. — GiUes Moriaux de LestineSy
écuyer, cité en 1291 et en 1310*. — Jakèmes de Lestines,
ménestrel, mentionné en 1373'.
BIBLIOGRAPHIE. — Recherches sur la résidence des rois
franks aux Eslimies, par M. Théophile Lejeune, dans les
Annales de V Académie d'archéologie de Belgique. Anvers,
1857 ; t. XIV, pp. 305-363.— La Vierge miraculeuse de Cam-
bron, dans nos Monographies hisloriques et archéologiques ^
t. II, pp. 169-198. Édition ornée de trois planches.
HAINE-SAINT-PIERRE.
SITUATION. — Haine-Saint-Pierre, qui est ainsi appelé à
cause de sa position sur les rives de la Haine, et de la dédi-
cace de son église au prince dés Apôtres, est un village élevé
au rang de commune et de paroisse Qt ayant pour limites les
territoires de La Hestre, de Morlanwelz, de Péronnes et de
Haine-Saint-Paul.
Cette commune, qui a pour dépendances Redemont et Joli-
mont, est située sur la route de Binche à Nivelles et à 5 kilo-
mètres nord de Bincbe, son chef-lieu de canton et de décanat.
Population. — En 1486, on y comptait 43 foyers, dont 3
1. Archives du hotaumb. Conuil privét carton n« 1515.
S. Archives de l'Ëtat, a Mons. Charte de liberté accordée par Jean d^Avennes,
comte de Hainaut, aux habitanti de Bray et dei Estinnet^ (mars iS90, v. st.). —
Vidimus sur parchemin donné en 1470 sous les sceaux de trois hommes de fief
du comté de Hainaut. N® 159 du nouvel inventaire. — Guerre de Jean é^Avetnet
contre la ville de Valenciennes^ publiée par M. A. Lacroix, p. 101.
8. Chambre de$ comptée^ n* 8765.
— 325 —
à Redemont ; en 1750, 26 feux ; en 1830, 147 maisons ; et
en 1866, 580 habitations. En l'an XIII de la république, il y
avait 366 individus,, et en 1830, 945 ; sa population actuelle
est de 2811 habitants répandus sur une surface de 501
hectares.
Noms anciens. — Hagna^ 868-869, Polyptique de Tabbaye
de Lobbes. — Haina, 905, Diplôme de Louis IV, roi de Ger-
manie : DuviviER, 327 ; 966, Diplôme d'Otton, empereur
d'Allemagne : Mirœus, I, 654. — Hayne-Sanoti-Petrij 1186,
Jacques de Guise, XII, 341 ; 1186, Bénézech, loc. cit. —
HainaSancti-Petriy 1202, Charte de Bauduin VI, comte de
Flandre et de Hainaut : Devillers, I, 269. — Hayne-SairU-
Pière, 1265, Cartulaire-chassereau des revenus des comtes de
Hainaut, 97. — Haynne-Saint'Pière, 1299, Charte de Jean II
d'Avesnes, comte de Hainaut : Devillers, III, ^5&.^—Haingne
1382, Compte de la prévôté de Binche. — HainneyiA^ siècle,
Froissart. — Dans les pouillés on lit : HaynCy Haynne et
Hainne.
ANTIQUITÉS. — On y a recueilli des haches de silex*.
monuments. — L'église, qui renferme les pierres tumu-
laires des derniers seigneurs d'Aimeries, à Haine-Saint-
Pierre, a été construite en 1780 sous l'administration de
Joseph Scrippe, 42® abbé d'Aine, comme nous l'apprend le
chronogramme suivant, inscrit au-dessus du portail : Nëg
sustinet tenentur . . . fUnDatUr apostoLorUM prIncIpI sUb
Josepuo prœsULe ALnensL — Le presbytère fut rebâti en
1635. — L'ancien manoir seigneurial d'Aimeries n'offre rien
de remarquable sous le rapport architectural.
faits historiques. — Haine figure dans le polyptique de
l'abbaye de Lobbes, dressé en 868-869 ; ce qui prouve son
ancienneté. Il est encore question de cet endroit dans des
diplômes du X^ siècle. Celui qui émane de l'empereur Otton I
pour la confirmation des biens du chapitre de Nivelles, s' ex-
•
1. ScBATES et PiOT. La Belgique avant et pendant la domination romaine^
p. 476.
47
-'326 -
prime en ces termes : Mansos quatuor in pago Hainaico in
villa quœ dicilur HAINA^Ce n'est qu'à dater de 1138 qu'une
distinction commence à s'établir entre les deux villages por-'
tant le nom de Haine^ et dontl'un, Haine-Saint-Paul, est appelé
Haina Poteriensis^ dans un acte émané de Nicolas I, évêque
de Cambrai *. Un diplôme du comte BauduinVI, de l'an 1202,
formule aussi une différence. On y lit : Haina-Sancti-Petri
et Haina-le-Poterie^. — Haine-Saint-Pierre eut aussi ses
désastres pendant les guerres qui, au moyen âge^ désolèrent
les localités circonvoisines, notamment en 1185 et en 4189^
lors des hostilités entre le duc de Brabant et le comte de Hai-
naut ; dans cette seconde affaire peu importante , il est vrai,
des chevaliers et des sergents sortis de Nivelles au nombre de
100 environ s'étant avancés jusqu'à Haine pour y commettre
des dégâts, furent battus par six chevaliers, quelques pay-
sans et des femmes qui les mirent en fuite. Les uns furent
faits prisonniers, les autres perdirent leurs chevaux et leurs
armes et l'on vit alors une femme qui avait arraché son mari
des mains des ennemis, réclamer sa part du butin, un cheval
de somme, des habits et des armes, ce qui excita l'étonnement
de tous les assistants ^. — Au XIV" siècle, on y célébrait des
fêtes dans lesquelles le roi des ménestrels était couronné. On
lit à ce sujet dans les comptes de la prévôté de Binche, sous
la date de 1382 : < Au roi des méneslreuxde la procession de
Haingne^en l'aide de Je fieste qu'ils font là-endroit, III rasières
de bled '.» — Du temps du grand roi Louia XIV, les troupes
françaises campèrent à diverses reprises dans la plaine située
entre Haine-Saint-Pierre et Morlanv^elz. Elles s'y établirent
avec sûreté le 15 mai^ le 8 et le 11 juin 1674, sous les ordres
du prince de Condé. Le 23 mai 1692, le roi de France, allant
i. MiRCBUs. Opéra diplomaticay 1. 1, p. 654.
2. Ch. DuyiTiER. Recherchée ntr le Hainaut ancien^ p. 549.
S. L. Devillers. Mémoire sur le cariulaire de Vabbaye d'Aine, pp. 269-370.
4. Vinchant. Annales du Hainaut, t. II, p. 270. — Gislebert. Chronica Han-
noniœ, p. 208. — JAcauES de Gdise. Histoire du Hainaut, t. XIII, p. 18.
5. Chambre des comptes, n« 15031.
— 327 —
assiéger Namur en personne, vint occuper le même camp ;
enfin Ie9 et le 10 septembre 1693^ l'armée du maréchal de
Luxembourg y dressa ses tentes après la bataille de Ner-
winden *.
JURIDICTIONS. — Haine-Saint-Pierre faisait autrefois partie de
la prévôté de Binche. A la révolution française, le village de-
vint une commune du département de Jemmapes. Après avoir
été compris, de l'an III à l'an X^ dans le canton de ^onlaine-
l'Évéque, il fut joint à la justice de paix de Binche. — Le ter-
ritoire de cette commune comprenait, sous l'ancien régime,
plusieurs seigneuries ou domaines importants. De lemps im-
mémorial, les propriétaires y avaient la justice & tous les
degrés, des cens, des rentes, les lois, les amendes, et les comtes
deHainaut prélevaient, de leur côté, les droits de morlemains,
de douzaine, de sixaine, avec l'ost et la chevauchie, hormis
dans la seigneurie d'Aimeries, qui était. un alleu du sire du
Rœulx *. — La justice haute, moyenne et basse, à Haine-
SainUPierre, ainsi que les amendes, les confiscations, les
droits seigneuriaux et de. plantis sur les chemins, à l'excep-
tion de la pêche, de la chasse, de la volerieet de tous autres
droits, fut engagée, le 21 janvier 1645, pour 1400 florins à
Jacques Chisaire^ qui la tint en fief de la cour de Mons, sous
la reconnaissance d'un chapon à la recelte de Binche '. —
Les échevinsdu lieu sont cités dès l'an 1:248 : sire Évrars li
Crelurs^ Jakèmes li Marchans, Jehans li Moines, Willaumes
li Mouniers, Adans li Mouniers, Gelebiers li Torneres et
Godefrois dou Chaîne *. — Quelques-uns des baillis et des
maîeurs de Haine-Saint-Pierre sont inhumés dans l'église pa-
roissiale, où nous avons distingué la pierre tombale du bailli
Roch-Joseph Soupart, mort le 12 septembre 1754. — L'ab-
i. D'Aguesseàu, de QuiNCT et de Beavrain, loe. d/.
S. Cariulaire-chauereau des revenus des comtes de Hainaut, en 1265^ fol.
97 Y».
8. DuBUissoM. ilémoire sur le Btdnauty fol. S49.
4. Devillers. àlémoire sur le cartulaire de V abbaye d^Alne^ p. 96.
- 328 -
baye d'Aine avail également un maîeur et des échevins pour
les services fonciers.
SEIGNEURIES. — L'origine de la seigneurie de ce village
remonte, à coup sûr, aux premiers temps de la féodalité.
Guillaume de Haine parait en 1186. Gislebert de Haine est
cité en 1194-1200. Fressende de Haine adhéra, en l!204, à
une donation faite à l'abbaye d'Aine par Arnquld, clerc de
Haine, du consentement de sa femme et de ses enfants. En
1299^ Catherine, dame de Bourlers, veuve de Jakemon de
Bourlers, partageait à Haine-Saint-Pierre certains droits sei-
gneuriaux avec l'abbaye d'Aine. Guillaume de Bourlers re-
cueillit la succession de sa mère au commencement du XIV?
siècle. Nonobstant ces indications, notons que vers le même
temps les sires du Rœulx possédaient de grands domaines sur
les bords de la Haine^ tels que Morlanwelz, Haine-Saint-
Pierre, La Hestre, Bellecourl, et que le seigneur Euslache VI,
le dernier rejeton de celte illustre famille, s'en déshérita au
profit du comte Guillaume d'Avesnes. C'est ce qui résulte d'un
acte passé à Soignies en présence dé plusieurs hommes de fief
du comlé de Ilainaut, le dimanche avant le jour de Noël de
l'an 1332 ^ Ce fut probablement en ce temps-là qu'on dé-
membra la seigneurie de Haine et qu'on en forma trois por-
tions : la justice de La Hestre et de Haine-Saint-Pierre, qui
fut un fief ample relevant des comtes de Hainaut; celle d'Ai-
meries^ qui resta sous la mouvance de la pairie du Rœulx ;
enfin, le fief de Redemonl. — Le fief de La Hestre et de Haine-
Saint-Pierre comprenait une maison avec tour, entrepresure,
des terres, des prés, des cens, des rentes, un moulin, un droit
de lerrage, les reliefs, les services fonciers, les mainfermes,
les tonlieux, les entrées, les issues, quatre lots au brassin de
bière et la justice à tous ses degrés. En 1473, ce domaine se
composait de trois bonniers d'héritage, de 45 bonniers de
terres labourables produisant un revenu de 16 muidsde blé;
i. Di Saimt-Gerois. Monuments anciens^ t. I, p. 888.
1
N
- 329 -
en 1600-1601, les receltes s'élevaîenl à 738 livres 2 sous
9 deniers. Les rentes valaient, à Haine-Saint-Pierre, 168 livres
5 sous 11 deniers et les fermages, 274 livres 10 sous y com-
pris 201 livres pour la location du moulin. A partir du XV^ //l^^t^^^L. *
siècle, les seigneurs furent : Jacques de Boussu (1410); Jehans ^
de Denglebiers, sire de Loncamp (1473); Jacques de Monti- ^^^^ é^/WM
gnies, écuyer, sire de Noyelles (1502); Charles de Carondelet,. ^ ^ . i '
sire de Potelles (1528); Paul de Carondelet, chevalier, sire de- i^^^*''^ ^^ J%
Maulde, de Noyelles (1597-1607); Antoine de Carondelet *^ •^^*'7^/
(i647-1648); Ferdinand de Carondelet (mort en 1690); y^mmI ^''''' '
Alexandre de Carondelet, son frère (relief du 6 février 1691); (^c î^Jf ••^'
Jean-Louis de Carondelet (relief du 13 novembre 4725) ; * /
François-Louis-Hector de Carondelet (relief du 16 mars 1776);
JeanLouis-Nicolas-Ghislain de Carondelet, son frère, par
transport du 9 avril 1784 (relief du 5 juin 1784). — Parmi
les saisies pratiquées par Toffice de la prévôté de Binche^ au
XVn® siède, se trouve la seigneurie de La Hestre et de Haine-
Saint-Pierre, dont il fut rendu compte des revenus pour
Tannée 1668-1669 au sieur de Monteville, juge royal de cet
office. Le 22 décembre 1 685, Françoise Chisaire, veuve de Jean .
de Maleingreau, conseiller, releva cette seigneurie qu'elle avait
acquise sur recours tenu par les exécuteurs testamentaires de
Marie Chisaire, veuve du conseiller Jean de la Houssière.
L'engagère de Haine-Saint-Pierre fut encore relevée le
24 juillet 1756 par Marie-Thérèse-Maximilienne de Biseau,
veuve d'André-Joseph Tahon, écuyer, seigneur de Vellereille-
le-Sec*. — Ce que l'on appelait la seigneurie d'Aimeries à Haî-
ne-Saint-Pierre formait primitivement un alleu qui appartenait
aux sires du Rœulx, en même temps que la seigneurie prin-
cipale unie à celle de La Hestre. Au XIY^ siècle, il devint la
propriété des comtes de Hainaut et dans le siècle suivant,
I. Cfr. les comptes de la terre et seigneurie de Haine-Saint-Pierre, aa nombre
de 66, pour les années 1599 à 1727, déposés aux archives de l'État, à Mons, ainsi
qne les registres aux actes de reliefs de fiefs et les cartulaires de la cour féodale de
Hainaut, de UIO, de 1473 et de 1566.
- 330 -
après qu'Antoine de Croy eut reçu en don la terre du Rœulx
de la comtesse Jacqueline de Bavière, le 1®^ avril 1432 (1433
n. st.), ce seigneur le revendiqua comme membre de son
domaine \ Â cette époque, Jacques d'Abcoude de Gaesbeck en
était le feudataire. Mais il le vendit, le 26 juillet 1441, à Ni-
colas de RoUin qui ajouta à son fief le correctif c justice d'Ai-
meries i, ainsi qu'à d'autres fiefs situés' à Haine-Saint-Paul,
à Saint-Yaast et à Houdeng, du nom de la terre d'Aimeries-
lez-Berlaimont qu'il avait acquise en 1434 de René d'Anjou,
duc de Lorraine et de Bar •. A Nicolas de Rollin succédèrent :
Antoine de Rollin, son troisième fils, mort en 1469 ; Louis de
Rollin, chevalier, cité en 1502; Georges de RoUin, chevalier»
son cousin, qui fut présent à l'abdication de Charles-Quint, le
25 octobre 1555; Anne de Rollin ; Jeanne de Rollin, qui
épousa en 1560 Charles le Danois, seigneur de Joffreville.
Cette famille posséda la seigneurie d'Aimeries, de 1560 à la fin
du XVII® siècle. Philippe le Danois en fit le relief le 17 dé-
cembre 1632, et sa succession passa à son frère Joseph-Fran-
pois le Danois, prévôt de l'église métropolitaine de Cambrai'.
Celui-ci la transmit à François Hossart, mort le 10 mars 1698.
Marie-Thérèse Duvivier, son épouse, la releva en qualité de
douairière, avec son fils Adrien-François Hossart^ le 2 jan-
vier 1699. Ce dernier fut curé de Saint-Vaast et mourut le
15 mai 1735. Jean-François Hossart lui succéda (relief du
! 3 janvier 1736) et après sa mort arrivée le 20 août 1759,
Adrien Hossart prit possession du fief d'Aimeries (relief du
2 juillet 1760). La fille de ce seigneur le transport par
alliance à Jean-François-Joseph Brouwet, chevalier, conseiller-
receveur-général de l'impératrice-reine, en Hainaut, et qui
fut le dernier seigneur féodal de ce domaine, La terre sei-
gneuriale d'Aimeries à Haine-Saint-Pierre, consistait, au
1. Cartulalre du Hainaut, en Î570, n« 42, fol. 88, ms. des archives générale»
du royaume.
t. J. MoNOTER. Essai historique sur les anciens villages de Houdeng, Gœgniet
et Strépy. Mous, 1871 ; pp. 18-21.
8. Greffe féodal du Hainaut, n« 822 des registres aux actes des reliefs de fiefs.
— 331 —
XVIII® siècle, en une maison de censé avec 54 bonniers de
biens-fonds et la justice à tous ses degrés, produisant, année
commune^ un revenu de 2,000 livres \ — Le fief ample de
Redemont que Ton relevait du comté de Hainaut était tenu,
en 1566, par Jehan du Fosset; et dans le XYIII® siècle, par
Philibert-François-Joseph Milot, écuyer (relief du 7 février
1719); il se composait d'une maison avec ses dépendances et
de 40 bonniers de propriétés foncières. — II y avait encore
quelques autres fiefs, mais dont l'importance n'était que très-
secondaire. — L'abbaye de Lobbes* avait déjà des biens dans
ce village au IX® siècle. C'est ce qui résulte du polyptique
dressé en 868-869. Les propriétés qu'elle y conserva jusqu'à
l'époque de sa suppression comprenaient près de 40 bonniers
de terres, dont la location lui rapportait 415 livres •. —
L'abbaye d'ÂIne y avait aussi de riches domaines, comme l'at-
testent plusieurs actes du XIII® siècle, et notamment une
charte de Bauduin VI, comte de Flandre et de Hainaut, datée
de Valenciennes en 1202 et par laquelle ce prince lui trans-
mit la possession de la terre qu'elle avait reçue de Robert de
Carnières, chevalier. En 1203, Marie, comtesse de Flandre et
de Hainaut, concéda à ce monastère la partie de dime de
Haine-Saint-Pierre, qui lui avait été donnée par Bauduin de
Saint-Vaast et ses deux frères Lambert et Wautier, et par
Robert de Carnières, duquel ils la tenaient en fief ; l'année
suivante, les religieux en acquirent encore la troisième partie
au moyen d'une donation faite à leur église par Bauduin de
Lobbes, officier du. comte Bauduin VI et sénéchal de Valen-
ciennes '.
CULTE. — Haîne-Saint-Pierre figure sur la liste, dressée en
11 86, des paroisses du décanat de Binche. — La possession de
1. Cartulalre de la cour féodale de Hainaut, formé en 1566, fol. 888-389. —
Registre aux actes des reliefs de fiefs, n« 817.
2. DuviviER. Recherches sur le Hainaut ancien, p. 818. ~ ▲bcrites de l'État,
à MoMS. Comptes des biens et revenus de Vabbaye de Lobbes, de 1775 à i789,
8. L. Devillers. Mémoire sur le eartulaire de Vabbaye d^Alne, passim.
— 33Î —
Tautel de cet endroit avait été confirmée à Tabbaye d'Âlne
par Nicolas I^ évêque de Cambrai, en 1147. Des chartes de
l'archevêque de Reims, de 1167, de Pierre I d'Alsace, de 1167-
1171, et de Jean II d'Antoing, évêquesde Cambrai, renforcè-
rent encore cette conGrmation. — L'abbaye d'Aine avait donc
la collation de la cure dont la dotation se composait de dîmes,
de biens-fonds, etc., produisant au total, en 1787, 761 florins
8 sous 7 deniers. Au XIY® siècle, ce bénéfice était laxé à
35 livres. Le premier curé dont le nom nous soit connu est
Isaac, prêtre de Haine, qui apparaît dans des actes de 1204,
1206 et 1209. En 1245, vivait Wiberl, investi de Haine et
doyen de chrétienté à Bincbe. — Les revenus de la fabrique
s'élevaient, vers la fin du XVIH® siècle, à la somme de
176 florins, 6 sous 6 deniers \ — On a constaté l'existence à
Haine, en l'an 905, d'une chapelle dédiée à Saint-Martin*. —
11 y avait en outre^ au XV® siècle, un autre oratoire érigé en
bénéfice ecclésiastique à la collation de l'abbaye d'Aine :
c'était la chapelle du Sart, dédiée à la Sainte Vierge et taxée à
20 livres. — Les ducasses tombent le 29 juin, fête patronale^
ou le dimanche le plus rapproché, et le dimanche qui suit le
8 septembre.
BIENFAISANCE. — Les bieus des pauvres, dont le produit
était évalué, en 1787, à 380 florins 10 sous 9 deniers, con-
sistaient en 5 bonniers de terres et en plusieurs corps de
rentes.
1. Chambre det eompteM, tfi 46683.
S. Ch. Duyivibr. Reeherchet tur le Halnaut ancien^ p. 8)7.
- 333 —
HAULCHIN.
SITUATION. — Haulchin^ en latin HaldnuSj peut-être pour
AlcincluSy alnelo cincluSy endroit clos, fermé d'aulne, est un
village élevé au rang de commune et de paroisse, et ayant pour
limites les territoires de Vellereille-le-Sec , d'Estinnes-au-
Mont, de Faurœulx, de Croix, de Rouveroy et de 6ivi7.
Cette commune qui a pour dépendances les Trieux et le
Tombois (Grant- Tombais y i344), est situé à proximité du
chemin de fer de Frameries à Chimai, sur la chaussée Brune-
haut^ et à 8 kilomètres sud-ouest de Binche, son chef-lieu de
canton et de décanat.
Population. — En i486, on y comptait 38 foyers ; en
1750, 59 feux ; en 1830, 120 maisons, et en 1866, 280
habitations. En l'an XIII de la république, il y avait 558
individus et en 1830, 909 ;sa population actuelle est de 1140
habitants dispersés sur une superficie de 942 hectares.
NOMS ANCIENS. — Ac/itmajf(C, 779, Diplôme de Charlemagnc.
MiRŒUS, I, 496; Qùix. Codex diplomaticuSy 1. — Aginiagœ,
844, Diplôme de Lothaire II. Mirœus, I, 337. — Haleine
868-869, Polyptique de Tabbaye deLobbes. — Auciriy 1159-
1181, Bulle du pape Alexandre III : Duvivier, 635. — Halci"
?iuf, BoLLANDisTES, 10 julii. — Htiuchin, 1186, Jacques de
Guise, XII, 341. — Haldy 1190, Cartulaire de l'abbaye
d'Hautmont : Devillers, III, 134. — JHacm,1182, 1211, Car-
tulaire de l'abbaye d'Âlne : Devillers, I, 183, 262. — Ha-
chin, 1211, Ibidem^ I, 182. —flawin, 1217, Cartulaire de
l'abbaye d'Hautmont : Devillers, III, 184, 185. — Hauchin,
1218, Ibidem, III, 185. — Hauoin, 1219, 1221,1232, 1243,
1244, 1261, 1264, Cartulaire de l'abbaye d'Épinlieu : De-
villers, III, 13, 14, 17, 18, 29, 43, 53, U. — Hacin, 1220,
Ibidem, III, 15. — Hauchin, 1223, 1243, 1261, 1264,
Ridem, III, 21, 42, 53, 54. — Hauchiny 1265,. Cartulaire-
chassereau des revenus des comtes de Hainaut, 98 \^. —
- 334 -
Haussaing, 1 566, Cartulaire des ûefs et arriére-fiefs du Hai-
naut. — Haulchin^ 1618, et Aiisaint, 1709, Documents di-
vers. — Dans les pouillés, à partir du XIV® siècle, on lit :
Houchifif Hanchin et Hauchin. — Les habitants prononcent
Audn.
ANTIQUITÉS. — On croit que cette localité, qui est traversée
par l'ancienne voie romaine de Bavai à Cologne sur une dis-
tance de 2800 mètres, a une origine fort ancienne. A coup
sûr, elle remonte à la période franke, sinon à l'occupation
romaine. — Outre des armes de bronze, des tombeaux
romains, des monnaies impériales, des débiris de tuiles con-
vexes et à rebords, des puits antiques, on y a rencontré des
substructions gallo-romaines. — L'exploration du cimetière
frank situé dans la prairie dite le Tombais a amené la décou-
verte d'un grand nombre de sépultures construites en pierres
brutes et en fragments de pierres de taille; on en a retiré des
urnes, des francisques, des scramasaxes, des fers de fra'mée,
des grains de collier, des fibules, des plaques de bronze, elc.^
MONUMENTS. — Du mauoir féodal qu'habitèrent au moyen
âge les seigneurs d*Haulchin, il ne reste plus que le souve-
nir : une grande ferme dite la Censé du Château occupe une
des dépendances de l'ancienne demeure seigneuriale. —
L'église brûlée en 1709 fut reconstruite en grande partie
après cette date néfaste : on a conservé les soubassements du
collatéral droit et la grosse tour carrée du vieux temple, la-
quelle menace malheureusement ruine. — Les registres ecclé-
siastiques de l'état-civil remontent : pour les naissances, au
17 octobre 1660; pour les mariages, au 5 novembre 1660;
et pour les décès, au 2 décembre 1708.
FAITS HISTORIQUES. — Les BoUaudistes pensent que ce village
faisait partie du patrimoine de saint Vincent ou du comte
1. Bulletin de V Académie royale de Belgique, t. XXI, n« S. — Bulletins det
iéaneeidtt CercU archéologique de Mons^ Année 1861-1862, p. 11.
- 336 -
Hadelgaire, qui en avait doté le monastère de Soignies (650)V
— D'un autre côté, on présume que c'esÙlan\c\iin{Aehinagiœ)
qui est cité dans un diplôme de Charlemagne, comme une
possession de l'église d'Aix-la-Chapelle (779). Lothaire II
ratifia, en 844, les droits de la même église sur cet endroit
qu'il nomme Aginagiœ*. — Enfin, on voit par le polyptique
de Lobbes, de 868-869, que cette abbaye y avait des propriétés
que le chapitre de Saint-Ursmer conserva jusqu'à la confisca-
tion des biens du clergé, en 4796 '. — En 1185, les Braban-
çons et leurs alliés n'épargnèrent pas Haulchin qui fut com-
plètement dévasté *. En 1411, les troupes du duc de Brabant
rayant menacé de pillage, il fut délivré de cette calamité par
l'intervention armée des Rodiens conduits par le chevalier
Evrard de 1^ Haye *. Les guerres de Charles-Quint et du roi
de France lui occasionnèrent d'autres désastres en 1543 et en
4 554^ et les Gueux l'incendièrent en 1568 et en 1572. — Les
troupes de Mansfeld fourragèrent sur son territoire en 1622.
— Pendant les gueiTes de LouisXIV, ce village retomba dans
la désolation : il fut accablé de logements militaires, dut payer
de fortes contributions de guerre et eut son église pillée et
ses anciennes archives détruites, ainsi que l'affirme un docu-
ment de 1709. — A partir da celte date jusqu'en 1736, c'est
à dire durant l'espace de 27 ans, il y eut mille morts *. —
Lors des batailles de Grandreng et de Peissant, livrées le 1 3
mai 1794, le prince de Kaunitz qui avait établi sonailegauche
à Haulchin, la prolongea vers Binche pour maintenir ses
communications avec la route de Mons ^
JURIDICTIONS. — Haulchin dépendait jadis de la prévôté de
i. Acia sanetorum, ad ziy julii. ~ Ghesquièrb et Smet. Aeta 55. Belgii seler-
tœ ; t. IV, pp. 1-1*.
S. Mjbcbus. Opéra diplomatieaj t. I, p. 496, et p. 887.
8. Chambre dei complet, n« i66S8.
i. VmcHAirr. Annales du Halnauty t. II, p. 270.
5. Compte du bailUage du Rœulx. Chambre det compte$^ n» 15190.
6. Ancien regiitre de Vitat-civlL Année 1660-1708.
7. Z.-J. PiÉRART. La grande épopée de l'an //, p. 99.
- 336 -
Biiiche. Depuis Tan III, il est compris dans le canton dont cette
ville est le chef-lieu. -^ Les comtes de Hainaut n'y possé-
daienty avec la souveraineté , que je droit de meilleur catel, de
douzaine et de sixaine. — Il y avait dans ce village, outre
plusieurs seigneurs fonciers, trois juridictions civiles ayant
chacune leur seigneur : cequi résulte d'un cerèificat produit à
la cour souveraine de Hainaut parle curé, les échevins et les
manants, le 7 avril 1618 *. — Dés le XII® siècle, Haulchin
était doté d'une institution communale : Renier, maïeur,
Baldéric et Jean, échevins, figurent dans des lettres de Van
1189, données par Bauduin, châtelain de Beaumont, en fa-
veur de l'abbaye de Bonne-Espérance *. La mairie d'Haul-
chin est encore mentionnée dans un acte de l'an 1218, et dans
le siècle suivant, nous avons rencontré, en 1327, les noms des
membres du corps échevinal. C*étaîent : Jacquemars Caufours,
maïeur ; Colars Debourch^ Jehans Goniaux, Jehan d'Espinleu,
Jehan de Rouvroit, Colars dou Corroit, Jehans Tendans et
Colars Thumas, échevins^ qui jugeaient .suivant la coutume
de Mons '. — Une terre de la mairie d'HauIchin, sise dans la
couture entre lamarnière sous la chaussée et Flobiert-Fosse à
1. L. Devillers. Description analytique de eartulalres et de chartrien, t. IV,
p. ITt; t. III,pp.i8-55.— LacoUectioa des archives seigneuriales, au dépôt de Mons,
renferme nndoeument intéressant, relatifà la seigneurie du Hamel, à Haulchin. C'est
une copie, sur papier, des lettres, datées de Gand le 20 juillet 1485, par lesquelles
les archiducs Maxlmilien'et Philippe, à la requête de Jean Le Glercqz, qui possédait
alors cette seigneurie, ordonnent: l*aux échevins de Tabbesse et du chapitre de De-
nain, à Haulchin, de se rendre à la seigneurie du Hamel, pour y f foire la justice de
« tous cas et ainsi qu'il est accoustumé faire par ci-devant », chaque fois qu'ils y
seront invités parle maire et les officiers du seigneur précité; 2o à l'abbesse et
au chapitre, de relever de ce seigneur certain terrage qu'ils tenaient de lui en fief
d'en payer et d'en faire payer les reliefs et autres droits, et de se déporter de
ramortissement de divers héritages acquis de Jean de Viller et tenus de la sei-
gneurie du Hamel. — L. Devillibs. Netiee nir le dépôt des archives de l*État, à
Mons j p. U7.
2. Maghe. CAronieofi Bona Spei^ p. 168.
8. Le greffe d'HauIchin, qnl se trouve aux Archives de l'État, à Mons, comprend
cinq cahiers aux plaids du 29 novembre 1600 au 28 mai 1697, du 8 janvier 1599
au 6 avril 1618, du 11 août 1679 au 15 janvier 1688, et une liasse de plaintes à loi
des années 1599 à 1695.
— 337 —
Givry fut donnée Tan 1218 en aumône à l'abbaye d'Raut-
mont par Guillaume de Beaumont, chevalier, sire de Rou-
vroit *. — Une confrérie d'archers ditede Saint-Vincent avait
été érigée à Haulchin par messire Nicolasde Bouzegnies, le 14*
juillet 1522, avec l'autorisation de François d'Ailly, seigneur
du lieu, et suivant une déclaration du 14 mai 1620, le jour
du tir, c'est-à-dire, le dimanche avant l'Ascension, le maîeur
de la seigneurie haute-justiciére avait l'habitude de tirer le
premier coup à l'oiseau *.
SEIGNEURIES. — La principale seigneurie d'Haulchin, au
XII® .siècle, se composait d'un beau domaine situé dans la par-
tie sud-ouest du village et qui en portait le nom. Elle relevait de
la cour féodale de Mons. — A coup sûr, ce sont les proprié-
taires de celte terre, qui apparaissent dans les chartes sous
le *nom d'Haulchin. On mentionne : en 1189, Roland de Hau-
chin; en 1218-1220, Obertde Hauchin, chevalier; en 1221,
Gui ou WidondeHaucin, chevalier. — Après l'extinction de
cette famille noble, la terre d'Haulchin fut partagée en deux
portions égales et chaque portion devint la propriété de sei-
gneurs particuliers. D'un côté, nous rencontrons : en 1410,
Ernouls de Barbençon, chevalier, sire de Solre et de Haussi ;
Jean de Potelles, sire de Mortagne ; Bauduin de Bousies, à
titre de sa femme ; en 1473, Charles de Poitiers ; en 1502,
Gilles de Buzegnies ; en 1521 , Nicolas de Buzegnies ; en
1 566, Philippe de la Barre, chevalier, du chef de sa femme
Marie Houzeau ; François-Léonard de la Barre (relief du 2
mars 1703); Philippe-Ignace de la Barre, écuyer, seigneur d'Er-
quelinnes ; Philippe-Charles-Joseph de la Barre (relief du 6
septembre 1712); Marie-Catherine de la Barre, épouse d'A-
drien-Joseph de France, baron de Laprez (relief du 7 juin
1. L. Devillers. Description analytique de eartulaires et de ehartrien^ t. III,
pp. 184-185.
9. L. Dbvillebs. Notice sur le dépôt des archives de VÉtat^ à Mons, p. ^60. —
Description analytique de cartulaires et de chartriers du Hainaut^ t. IV, p. 173. —
Archives de l'État, a Mons. Lettres d^érection et statuts du serment de Saint"
Vincent. Original sur parchemin, sceaux enlevés.
-« 338 —
1719) ; François-Louis Le Roy, au nom de ses trois enfants
mineurs, par la mort de Marie-Françoise de France, dame de
Noyelles, leur mère (reliefdu 24 décembre 1 751 ) ; Âlexandre-
Joseph-Adolphe, chevalier de Le Roy de Ville, page du roi de
France (relief du 27 avril 1767). Leurs co-propriétaires furent :
en 14-10, Jehans de Thiers, chevalier, sire de Wattignies, et
Jehans Mullart ; Jehans de Marquettes, mort le 14 février
1464 ;Hoste de Marquettes, cité en 1473 ; Jehan Gelet, sei-
gneur de Saint-Symphorien ; en 1502, Antoine Dailly dit de
Sains, chevalier, seigneur de Baudegnies, et Simon de Crohin,
époux d'Antoinette Gelet ; Philippe de Crohin^ échevin. de
Mons, en 1555 ; François I de Crohin ; François II de Crohin;
Anne de Crohin, sa sœur, qui épousa Gérard de Roly, sei-
gneur de Sarsen Fagne (12 octobre 1604) ; Antoine Carbon,
cité en 1637, et dont la postérité posséda la seigneurie
d'Haulchin jusqu'à la Révolution française. — Cette seigneu-
rie formait un fief lige relevant du comté de Hainaut et con-
sistant en toute justice, haute, moyenne et basse, poursoing
ou droit de gîte', afforages, tonlieux,lois, amendes^ forfaitures,
26 bonniers de terres, rentes d'argent, d'avoine, de chapons,
de pains, services fonciers et trois hommages *. — Le sire de
Chimai avait à Haulchin un alleu dont la plus grande partie
fut acquise par l'abbaye d'Épinlieu, près de Mons. Cette terre
avait été cédée en fief à la dame de Merbes et au seigneur de
Barbençon. La première en donna 30 bonniers sur 72 qu'elle
tenait, à cet établissement religieux avec l'approbation de
Roger de Chimai, qui abandonna tous ses droits seigneuriaux.
1. Les archives de TÉtat, à Mons, renfermant 8 cahiers des sièges du droit de
poursoing, consistant en un c charlë » d'avoine, un poulet et un pain, — tenus en
1643, 1647, 1664, 1665, 1667, 1686 à 1691. Le sieur Carbon, seigneur d'Haulchin,
recevait un tiers de ce revenu ; le sieur de Lambrechies, 1/8, à titre de sa sei-
gneurie de Solre au dit Haulchin, et le seigneur du Rœulx, 1/8, pour sa seigneurie
de Blain aussi située à Haulchin. — L. Devillers. Notice $ur le dépôt de$ archives
de VÉtatf à Mons, p. 15S.
2. Documents de la cour féodale de Hainaut, aux archives de TËtat, à Mons. V.
la notice de M. L. Devillers sur ce dépôt, p. 64.
— 339 —
en 1320; le second lui en vendit 30 autres bonniers, en 1324,
en se réservant la haute justice et la vicomte : ce qui fut agréé
par le comte de Soissons, seigneur de Chimai, et son fils Jean
de Soissons, en 1261. Vers le même temps, les religieuses
auxquelles Thierry de Walcourtfit une donation de quelques
biens-fonds à Haulchin et qui avaient reçu une partie de la
dîme de cet endroit de la libéralité de la dame Hawide, fille de
Widon, chevalier, avec le consentement de Guillaume, sire de
Rouvroit, duquel elle était tenue en fief, de Godefroid, évéque
de Cambrai, et du chapitre de Saint-Ursmer de Lobbes, en
1221, firent bâtir sur leurs propriétés une ferme dont le nom
actuel rappelle la communauté d'Épinlieu. Ces biens compre-
naient^ en 1787, 83 bonniers de terres et 4 bonniers 1 jour-
nel de prairies. — A cette dernière date, le chapitre de
Binche possédait à Haulchin 42 bonniers de terres, loués 842
florins 8 sous, la grosse dime produisant 591 florins 6 sous
6 deniers, la menue dîme valant 112 florins 10 sous et une
seigneurie foncière avec un livre censal rapportant 31 florins
13 sous 11 deniers '.
CULTE. — Haulchin est compté par Jacques de Guise, dans
la liste^ dressée ep 1186, des paroisses du décanat de Binche.
— Le chapitre de Saint-Ursmer élail le collateur de la cure
dont les revenus se composaient, en 1787, d'un neuvième de
la grosse dime, de toute la menue dime, de la location de
quelques pièces de terres, de diverses rentes et du casuel, le
tout produisant, année commune, 747 florins 2 sous *. La taxe
assise sur ce bénéfice était fixée, au XIV® siècle, à 25 livres,
mais dans le siècle suivant, elle se trouvait réduite à 15 livres.
— La dotation de la fabrique ne s'élevait, en 1787, qu'à
184 florins 3 sous 6 deniers *. — On mentionne au XIV® et
au XV® siècle une chapefle dite de Hannetelles ou de Hamelles,
taxée d'abord à 10 livres, puis à 12 livres^ et à la collation
1. étal des bieru du clergé régulier^ en i787. Chambre des comptes, n« 46628.
2. Chambre des comptes, n« 46638.
8. OncoDserve aux Archives de TÊtat, i Hons, 45 comptes de Téglise d'Haulchin
pour les années 1440 à 1778 et 28 comptes de la chapelle de Notre-Dame.
— 340 —
du chapitre de Binche ^ — Delcourt, seigneur d'Haulchin,
avait fondé dans la chapelle castrale un bénéfice dont il s'était
réservé la collation. Les revenus estimés à 600 livres à la fin
du siècle dernier, étaient chargés d'une 'messe basse tous les
dimanches, et le produit de la location de deux bonniers de
terres était appliqué à l'entretien du sanctuaire *. — La
fête patronale ou de Saint Vincent arrive le dimanche qui
précède le 14 juillet; la fête communale se célèbre le diman-
che qui suit le 29 août.
BIENFAISANCE. — Les pauvrcs d'Haulchin possédaient, en
1787, 21 bonniers 2 journels de terres et diverses rentes
donnant un revenu , au total de 906 livres, mais dont les
charfjes étaient de 271 livres.
BIBLIOGRAPHIE. — Noticc suv la découverte (Tun cimetière
franc au village d'Haulchin (Hainaul), par A. 6. B. Schayes,
dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, t. XXI, n^' 2.
LEVAL-TRAHEGNIES.
SITUATION. — Leval-Trahegnies, dont l'étymologie de la
première partie n'offre pas de difficulté et dont le nom
de la seconde parait dériver de trajectum, pont, passage, est
un village élevé au rang de commune et de paroisse et
ayant pour limitée les territoires de Monl-Sainte-Aldegonde,
d'Anderlues, d^Épinois, de Ressaix et de Morlanwelz.
Cette commune qui a pour dépendances Herchies, Trieude
Levai et Court-à-Ressaix, est située à proximité de la route
de Charleroi et à 5 kilomètres nord-est de Binche, son chef-
lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En i486, on y comptait 44 foyers, dont 20
h Trahegnies ; en 1750, 51 feux y compris 29 à Trahegnies ;
en 1830, 212 maisons; et en 1866, 404 habitations. En
1. Ch. DuviviER. Recherches tur le Hainaut ancien^ p. 23i.
2. Chambre dti comptes^ n« 46638.
— 341 —
Tan XIII de la république, il y avait 555 individus, et en 1830,
1177; sa population actuelle est de !2013 habitants dispersés
sur une superficie de 776 hectares.
NOMS ANCIENS. — Traignies, 868-869, Polyptique de l'ab-
baye de Lobhes. — Vallis, 1159-1181, Bulle du pape Alexan-
dre III : DuviviER, 635. — Levais 1265, Trahegnies, 1265,
Cartulaire-chassereau des revenus des comtes de Hainaut,
96, 97. — TrasneiaSf XII® siècle. Chronique de l'abbaye de
Lobhes. — Vallis et TraygnieSy 1444, F. Hachez. Le pèleri-
nage des Croix à l'abbaye de Lobbes. — Dans les pouillés, on
lit Levai. *
MONUMENTS. — L'égliso de Levai fut reconstruite au
XVIII® siècle et coûta, avec le presbytère, la somme de
6434 florins au chapitre de Saint-Ursmer de Binche ^
FAITS HISTORIQUES. — Si l'ou s'cu rapporte à la Chronique
de Lobbes par le doyen de Binche, Gilles Waulde, ce village
existait déjà au VII® siècle. Il assure qu'il appartenait à l'église
collégiale de Lobbes et que saint Ursraer en avait obtenu la
propriété et la seigneurie par la libéralité royale. — Quoi-
qu'il en soit, on rencontre le nom de Trahegnies dans le
Polyptique du monastère de Lobbes, qui date de 868-869. —
La tuilerie de cet endroit est citée en 1406 dans les comptes
du domaine de Binche*. — Nous n'avons guère d'autres sou-
venirs sur Leval-Trahegnies dont les faits connus concernent
plutôt la seigneurie*
JURIDICTIONS. — Leval-Trahegnies qui était compris, sous
l'ancien régime, dans la prévôté de Binche, dépend depuis
l'an m du canton de justice de paix de cette ville. — D'après
le cartulairede 1265, les comtes de Hainaut s'y étaient réservé
les droits de mortemain, de douzaine, de sixaine, l'ost et la che-
vauchie, mais les manants de Trahegnies prétendaient ne pas
leur devoir le service militaire, parce qu'ils relevaient de
Saint-Pierre de Lobbes et conséquemment de Saint-Lambert
i. Chambre des comptes^ n« 46628.
9« Chambre de$ comptée^ u* 8784.
— 342 —
de Liège. Au XV® siècle, ils y avaient en core Teslaplerie,
Vissue des Estinnes et du Ploïch, les cens de Saint-Sauve, 'de
Saint-Jean, et autres par rachat de servage, ainsi que le droit
de meilleur catel sur ceux de leur mouvance qui y mouraient,
et la poursuite de leurs serfs * . — Les prérogatives qui étaient
attachées à la seigneurie étaient d'une grande importance,
puisque le propriétaire avait la haute, la moyenne et la basse
justice, un maire, un échevinage et un sergent. Le greffe de
la cour de Trahegnies pour les années 1623 à 1792, et celui
de la cour de Levai, pour les années 1662 à 1795, se trou-
vent en l'étude de M« Charles Lecocq, notaire à Binche. —
Un acte de déshéritance du 10 mai 1459, en forme de chiro-
graphe, mentionne Giliart, maire, Jehans Huart, Stasse Gos-
suin, Estiévène Collart, échevins, qui s'y qualifient de € maire
et eschevins des adviesli§ de le francque table saint Pière de
Lobbes >, àLeval-Trahegnies*. — En 1486 et en 1750, Levai
et Trahegnies formaient pour l'impôt deux cotes distinctes.
SEIGNEURIES. — La séde des possesseurs du domaine de
Levai ne commence avec cerlitude qu'au début du XIV® siècle:
Mahieus, sire de Levai, est cité en 1304 dans des lettres de
Jean II d'Avesnes, comte de Hainaut, en faveur de Marie de
Beaufort'. — Dans le siècle suivant, c'est-à-dire en 1486, la
seigneurie de ce village se trouvait partagée entre Simon
Prévôt et Gilles d'Éclaibes, sire d'Épinois*. Jean Prévôt qui
avait recueilli la succession de son père Guillaume Prévôt,
bailli des fiefs des châtellenie, ville et prévôté de Binche, de
1554 à 1557, paraît dans l'enquête tenue à Mons, le 12 avril
1578, par Philippe de Lalaing, grand bailli de Hainaut, au
sujet de la reddition de la ville de Binche à don Juan d'Au-
triche*. Vinrent ensuite Jacques Prévôt, comte de Levai, cité
1. Cartulalre des mortes-mains du Hainnault,en 1460, fol. 88.
). Car tulaire de V abbaye de Bonne-Espéraneet t. XII.
8. L. Devillers. Notice sur un eartulaire de la trésorerie des comtes de Hai-
nautf p. ii.— Idem. Description de cartulaires et de chartriers^ t. VI, p. 42.
4. Th. Lejeune. Notice historique sur le Hainaut, p. 66.
8. L. Devillers. Documents sur les conquêtes de Don Juan et sur ses partisans
- 343 —
en 1626; Gabriel-François Prévôt, son petit-fils (relief du
30' septembre 1689). Joseph-François Prévôt (relief du 8 jan-
vier 1699). — Dans le même siècle, nous rencontrons comme
sire de Levai, Jean le Boucq, mort en 1643; puis Charles
le Boucq, son fils (relief du ï" août 1644). Sa veuve releva
cette seigneurie, le 9 décembre 1652, et son fils Philippe-Louis
le Boucq, mort en 1720, la transmit à ses descendants. Fran-
çois-Joseph-Charles le Boucq, comte d'Épinois, (relief du
17 juillet 1721); Philippe-Alexandre-Léopold le Boucq, (relief
du 24 avril 1764); Dominique- Alexandre-Marie-Joseph le Boucq
(relief du 7 juin 1777) ; et Charles-Léopold le Boucq (relief
du 5 février 1790). — Le fief de Levai, qu'on relevait de la
cour féodale de Binche, auXYI^ siècle, avait haute, moyenne et
basse justice, des terres (en 1721, 100 bonniers), des bois,
des pâturages, des cens, des rentes d'argent, d'avoine, de
pains, de chapons, le droit de poursoing ou de gfte, et quinze
hommages, le tout chargé de 40 livres par an, et produisant
en 1689 un revenu d'environ 1100 livres. — La terre de
Trahegnies était moins importante : elle ne comprenait que
10 bonniers de terre, 14 bonniers de bois avec plusieurs
hommages, la justice à tous les degrés, le droit de meilleur
eatel et celui degite^ — D'après une déclaration produite
en 1569, l'abbaye de Lobbes y possédait alors 32 bonniers de
terres labourables. — Le chapitre de Binche prélevait la grosse
dime qui lui valait par an, en 1787, 750 florins à Levai, et
415 florins à Trahegnies*.
GULTB. — Jacques de Guise cite Levai dans sa liste des
paroisses de 1186. — Levai et Trahegnies figurent aussi au
nombre des villages qui, durant onze siècles, vinrent offrir à
dan» le Hainaut, en 1578, dans les Annaleidu eerde arehiologUiue de Mon», t. X^
pp. 831-876.
1. RegUtreê aux actes des reliefs de fiefs de la cour féodale de Hainaut, passim.
— Chambre des comptes, n* 1118, fol. 265 ; n« 1119, fol. 99-101.
). Chambre des comptes, n« i66«8. — âbchitbs de l'État, à Hors. Extraict du
cahier de l'an 1569 de Messieurs du clergé de Hainaut pour le regard des biens de
Vabbaye de Lobbes.
— 344 —
l'église de Saint-Pierre de Lobbes la bancroix, la cotisation
et les mailles, le jour des rogations de Saint-Marc. — C'était
le chapitre de Saint-Ursmer, de Binche, et non Tabbaye de
Maroilles, qui avait la collation de la cure de LevaL -^ La
taxe de ce bénéfice d'abord fixée à 16 livres 5 sous, puis à
15 livres 5 sous, s'éleva, dans le XV« siècle, à 21 livres. — Le
bénéficier jouissait, en 1787, d'un tiers de la grosse dime
(produit 1186 livres), de la menue dime (produit 350 livres),
des novales, de quatre bonniers et demi de terres et de deux
journelsde prairie (produit 191 livres 6 sous), etc., le tout
valant 2,085 livres 9 sous 9 deniers. — L'église avait
529 livres 16 sous 3 deniers de revenus. — Le bénéfice de
Saint-Martin, dont le patronat appartenait, en 1787, à la com-
tesse de Thirimont, douairière de Templeuve, avait pour dota- N
tion cinq bonniers un journel de terres et une prairie où
s'élevait l'oratoire dédié au bienheureux évêque de Tours^
produisant un revenu de 79 florins 6 patars 6 deniers; il était
chargé de 24 messes par an et d'une messe solennelle, avec
vêpres, que l'on chantait le 11 novembre. — Au XV® siècle,
le curé de Levai possédait le bénéfice attaché à la chapelle
castrale d'Épinois, dont la taxe n'est pas fixée dans les pouil-
lés *. — Saint Pierre et non saint Sauve, est le patron de Levai.
— Les ducasses arrivent le dimanche qui suit le 29 juin, ou
le dimanche précédent^ si le 29 est un lundi ou un mardi,
et le premier dimanche du mois d'août. — Les habitants de
Trahegnies fêtent la Saint-Martin d'hiver.
BIENFAISANCE. — La table des pauvres de Levai était jadis dis-
tincte de celle de Trahegnies. La dotation de la première com-
prenait deux bonniers dix quarterons de terres et plusieurs
corps de rentes, produisant, au total 45 florins 13 sous
14 deniers; celle de la seconde ne rapportait aux indigents
que 38 florins 12 sous 4 deniers.
i. Chambre des compttt^ d<» 46628 et 46636. — A. Le Glat. Cameracum chris^
tianumj p. 498. — Ch. Dutiyier. Recherches sur le fhUnaut andeii, p. 235. '
>
— 345 —
MONT-SAINTEALDEGONDE.
SITUATION.— Moni-bainte-Âldegonde, qui doit son nom à sa
situation sur une hauteur et à la fondatrice du monastère de
Maubeuge, patronne de TégliseS est un village élevé au rang
de commune et de paroisse et ayant pour limites les terri-
toires de Morlanwelz^ de Carniéres, de Leval-Trahegnies et
de Ressaix.
Cette commune est située à 6 kilomètres nord-est deBinche^
son chef-lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En 4486, on y comptait 13 foyers; en 1750,
16 feux; en 1830, 98 maisons; et en 1866, 232 habitations.
En l'an XIII de la République, il y avait 366 individus et en
1830, 494; sa population actuelle est de 1269* habitants
répandus sur une surface de 302 hectares.
NOMS ANCIENS. — Mofis-Sanctœ-AldegundiSy 1177, Charte
d'Alard, évêque de Cambrai : Maghe. Chronicon Bonœ Spei^
II, 52. — Mo7it. 1218, Charte de Jean, évêque de Cambrai :
Devillers, Ir 195. — Mont'S.'AudegondCy 1265, Cartulaire-
chassereau des revenus des comtes de Hainaut, 97. — Mons
S. AldegundiSj 1444. F. Hachez. Le pèlerinage des Croix à
Vabbaye de Lobbes. — Mont-Sainte' Aldegonde^ 1473 et 1566,
cartulaires des fiefs et arrière^ûefs de la cour féodale de Hai-
naut.
monuments. — L'église paroissiale fut reconstruite en 1779,
comme l'atteste le chronogramme suivant, gravé au-dessus du
portail : LoCVs Iste Vere DoMVs oratIonIs VoCabItVr. — 11
ne reste plus de trace de l'antique manoir seigneurial d'Es-
cosson*.
FAITS HISTORIQUES. — Ce village, dont l'origine parait ^«,
remonter aux premiers temps de la féodalité, fut du nombre
t. Triqur, Vie admirable de sainte Aldegonde^ augmentée par A. Estiehke,
dana les Documenti pour faire suite à Vhistoire de sainte Waudru, édit. par Emm.
Hoyoifl, à Mons, in-8o, pp. 149 et 151.
9. V. D. M. Géographie de la province de Hainaut, p. 167.
'* • s*
— 346 —
de ceux que les armées dévastèrenl en 1185, en 1554, en
1568, en 1572 et en 1622. — Les Français s'étant emparés
de Binche au mois de juin 1667, vinrent camper à Mont-
Sainte-Âldegonde, causèrent de grands dommages aux pro-
priétés du seigneur de cet endroit et exigèrent des habitants
de fortes contributions de guerre '.
JURIDICTIONS. — Mont-Sainte-Âldegonde dépendait jadis de
la prévôté de Binche. En Tan III de la République, il fut
compris dans le canton de Fonlaine-l'Évêque, puis il fut
réuni à la justice de paix de Binche. — Les comtes de Hai-
naut avaient conservé dans ce village les droits de mortemain
ou de meilleur catel, de douzaine, de sixaine, l'ostetla che-
vauchie, Testaplerie, l'issue des Estinnes et de Ploîch, les
cens de Saint-Sauve et de Saint-Jean, et la poursuite de leurs
serfs*. — 'La justice, à tous les degrés, y appartenait au sei-
gneur qui avait aussi le droit d'établir un bailli, un maîeur,
des échevins et un sergent. — M. Charles Lecocq, notaire à
Binche, est dépositaire du greffe de Mont-Sainte-Aldegonde
pour les années 1720 à 1795.
SEIGNEURIES. — La seigncuric de Mont-Sainte-Aldegonde,
dont l'origine est fort obscure, formait un fief ample, rele-
vant de la cour féodale de Mons. Nous supposons que, selon
l'usage, ce sont les possesseurs de ce domaine qui, dans les
actes du moyen âge, apparaissent portant le nom de Mont. —
On mentionne Anselmede Monlen 1212 et en 1218'. — Cette
terre appartint au XIV® siècle à Philippe de Marmol, puis elle
passa aux sires de Carnières : Jehan de Carnières la possédait
en 1410, Lion de Carnières en 1473, etWarnier de Carnières
en 1503*. Celui-ci la vendit à Nicolas de la Croix. — Vint en-
1. Cfr.les annales du Hainaut aux dates que nous indiquons ci-dessus.— Compte
de la terre et seigneurie de Mont-Sainte-Aldegande. Année 1677.
a. Cartulaire-chaa^reau dei revenue de$ comtes de Hainaut, en 1265, fol. 97. —
Chambre des comptes, n« 1819, fol. 88.
8. L. Djsyillers. Mémoire sur le eartulaire de V abbaye d^Alne, pp. 196» 197
et 304.
4. Cour féodale du Hainaut, Reg. n« 2S2, fol. 109 v«.
- 347 -
suite Henri d'Hamericourt ou d'Emméricourt, dont la fille
Marie épousa Jacques deMarnix, baron de Polies» seigneur de
Tholouse, mort après Tannée 1553. Pliilippe deMarnix^ qui
lui succéda, vit ses biens confisqués par le gouvernement du
roi Philippe II ; il mourut le 15 décembre 1598. Walbrechtde
Marnix^ fille de Jacques de Marnix, fut mise ensuite en pos-
session du fief deMonl-Sainte-Aldegonde (relief du ISnovembre
1599). Après sa mort, l'une des filles de Philippe de Marnix
ayant épousé Guillaume Olden Barneveld de Sloutenburg,
celui-ci se soumit au roi d'Espagne en 1623 et d'après les sli- .
pulations du traité de 1609, il put revendiquer cette sei- /
gneurie du chef de sa femme*. De 1655 à 1682, le domaine
de Mont-Sainte-Aldegonde resta en saisie et la gestion en fut
confiée à un bailli qui rendait comple à la cour souveraine de
Hainaut; il appartenail alors à messire Honoré Vanden Eynde.
Il passa plus lard à Alix de Lévin par le trépas de son frère,
Charles de Lévin, dit Jamars, arrivé le l^r juillet 1690*. Phi-
lippe-Louis le Boucq en fit Tacquisilion à la précédente (relief
du 4 mars 1701). François-Joseph le Boucq le releva le 17
juillet 1721; Philippe-Albert le Boucq, le 26 avril 1763, Domi-
nique-Alexandre le Boucq, le 7 juin 1777, el Charles-Léopold
le Boucq, le 5 février 1790*. — Au commencement du XV®
siècle, lalerre de Monl-Sainle-Aldegonde formait un fief ample
de la mouvance des comtes de Hainaut et se composail d'une
maison avecyeslre, 89 bonniers de terres, de prés et de pâtu-
rages, avec droit de terragesur46 bonniers2 journels de terres,
14 bonniersde bois appelés le bois de Chièvremonl, des cens,
1. Cartulalre de la cour féodale de Hainaut^ formé en 1566, fol. 89a.
a. il existe au dépôt des archives de l'État, à Mods, uq cartulalre des rentes et
droit de terrage dus à la seigneurie de Mont-Sainte-Aldegonde, renouvelé en 1626
par Luc le Mesnier, agent des aflaires de Messire Guillem del dea Bemevelt,
chevalier.
8. Dnbuisson, dans son Hîémoire manuscrit sur le Hainaut, fol. iSO, assure que la
terre de Mont-Sainte- Aldegonde fut vendue en engagère à Alix de Lévin pour la
somme de 2326 florins.
4. Registree aux aeiee des reliefs. Passim.
— 348 —
des rentes d'argent, d*avoine et de chapons * . I^s recettes
pour une année s'élevaient, en 1660-1661, à 2256 livres 4
sous en argent, plus 5 mnids 3 rasières de grains (valeur 115
livres 12 sous), 56 chapons (lU livres 8 sous), 6 poules et 2
fourches en pré. En 1666^ la ferme avec ses dépendances
était louée 1600 livres. Enfin^ lorsque Philippe le Boucq releva
ce fief, le 24 avril 1764, il comprenait 160 bonniers de terres,
6 bonniers de prairies, 7 bonniers de prés et 60 bonniers de
bois. — En 1172, l'abbaye de Bonne-Espérance reçut en don
de Jean et Wautier de Hanecueles des biens qu'ils tenaient
du chapitre de Saint- Germain à Mont-Sainte-Aldegonde % et
vers le même temps, trois personnages, Wiger d'Anderlues,
Régnier de Ressaie et Otton de Levai, y ajoutèrent d'autres
propriétés que les religieux conservèrent jusqu'à la suppres-
sion de leur communauté. Ces biens consistaient en 13 bon-
niers de terres, loués, en 1787, 121 florins'.— La dîme de ce
village, qui appartenait à Charles de Croix, chevalier, était
tenue en fief par Gérard de Provi, noble dame Jueta, sa mère,
et Anselme du Mont, qui la cédèrent en 1209, à l'abbaye
d'Aine avec le consentement de leur seigneur : ce qui fut ra-
tifié, en 1211-1218, par Nicolas, archidiacre et Jean III de
Bélhuae, évêque de Cambrai.
CULTE. — Mont-Sainte-Aldegonde était l'une des paroisses
qui devaient la bancroix, la cotisation etles mailles au monas-
tère de Lobbes. — Cette paroisse ne figure ni dans la liste
publiée par Jacques de Guise, ni dans les anciens pouillés, et
ce n'est que dans le calendrier ecclésiastiqtie de Cambray, pour
l'année 1 754, et dans VAlmanach ecclésiastique des Pays^Bas^
pour l'année 1779, qu'on la trouve mentionnée comme une
succursale de la paroisse qui avait son siège à Ressaix. — En
1 1 77, Hugues de Harvengt et son frère Robert concédèrent,
avec l'assen liment d'Alard, évèque de Cambrai, l'autel de Hont-
1. Cartulaire de la cour féodale de Hainaut^ formé en 1410, fol. 109 v«.
2. Car lulaire de V abbaye de BonneEtpêranu^ t. XII, loi. 270.
8. Chambre des eomptei^ n^ 46674.
- 349 —
Sainte-Aldegonde à l'abbaye de Bonne-Espérance. Mais en 1222,
Godefroid II de Condé, successeur de ce prélat, ayant contesté
aux religieux la donation des Harvengt, il fut décidé par ju-
gement arbitral que le patronat de cette église et de celle de
Ressaix devait appartenir à Tévôque diocésain ^ — Les reve-
nus de la fabrique n'atteignaient, en 1787, que la somme de
137 florins 15 sous 9 deniers*. — Les ducasses arrivent le
dimanche avant le 24 juin, et le dimanche qui suit le 8
septembre.
BIENFAISANCE. — La dotation de la table des pauvres con-
sistait, sur la fin du XVIII® siècle, en un revenu de 122 florins
7 sous 9 deniers.
MONT-SAINTE-GENEVIÈVE.
SITUATION. — Monl-Sainte-Geneviève, qui tire la première
partie de son nom de sa position sur un plateau dominant la
contrée environnante, et la seconde, de la sainte à laquelle
son église est dédiée, est un village élevé au rang de commune
et de paroisse, et ayant pour limites les territoires d'Ânder-
lues, de Leernes, de Thuin, de Lobbes, de Sars-la-Buissière,
de 6ienne-le-Uappart et de Buvrinnes.
Celte commune est située h 6 kilomètres sud-est de Binche,
son chef-lieu de canton et de décanat.
PQPULATioN. — En 1486, on y comptait 25 foyers ; en 1750,
29 feux ; en 1830, 71 maisons; et en 1866, 105 habitations.
En Tan XIII de la République, il y avait 317 individus et en
1 830, 334 ; sa population actuelle est de 424 habitants ré-
partis sur un territoire de 894 hectares.
NOMS ANCIENS. — MoHs satictœ Genovefœy 1177, (Iharte
d'Alard, évêque de Cambrai. — 1202, Charte de Marie, épouse
de BauduindeConstantinople, comte de Flandre et de Hainaut:
Chartrier de V abbaye de Salzinnes. — Mons-Sainte-Genevtève^
1. Haghe. ChronUon Bonœ Spel, p. iSO.
2. Chambre du compUit n« 46640.
18
- 380 -^
1265yCartiilaire-chassereau des revenus des comtes deHainant,
96. — Le Mùnt'Sainte*Genevièye, 1356, Cartulaire du Hayn-
naut, t. III; 1460, Carlulaire des mortes-mains du Haynnaut.
MONUMENTS. — L'église de Mont-Sainte-Geneviève, qui n'offre
rien de remarquable, est de construction moderne.
FAITS HISTORIQUES. — Ce village ne date, à coup sûr, que
de la première période de l'ère féodale. Son isolement, au
milieu d'une contrée boisée, et son éloignement des grandes
voies de communication lui épargnèrent les désastres qu'eu-
rent i subir les villages circonvoisins pendant les guerres du
moyen âge et des temps modernes. Nous n'avons donc re-
cueilli aucune particularité intéressante, si ce n'est que le 12
mai 1794 (23 floréal an II), après que les troupes républi-
caines eurent forcé le passage de la Sambre, Duhesme
s'avança de Thuin sur Mont-Sainte-Geneviève, suivi de la
division Mayer, et ayant refoulé ensemble les Autrichiens, ils
bivaquèrent, le premier en avant- garde à Yellereille-le-Brayeux,
et le second dans la localitéqui fait l'objet de nos recherches ^
JURIDICTIONS. — Mont^Sainte-Geneviève était compris dans
l'alleu de Binche, domaine des comtes de Hainaut. Au XIII® siè-
cle, les droits seigneuriaux qu'ils y possédaient comprenaient,
outre 29 corps de rentes dues par leurs tenanciers, la justice
à tous ses degrés, les mortemains, les aubains, les bâtar-
dises, les douzaines, les sixaines, l'ost et la chevauchie *. Le
cartulaire de Bonne-Espérance, t. XII, renferme un acte du
12 octobre 1355, ou sont mentionnés les échevins de Mont-
Sain te-Geneviève, savoir : Witlaumes Bailles, Jehans Cerise,
Jehans Turpins, Oliviers li Mesureres, Jehans Pellins, Jehans
dou Lardier et Jehans Boussars, maîeur. Cette commune fait
partie du canton de Binche depuis l'an III de la République.
SEIGNEURIES. — L'abbaye de Bonne-Espérance et celle de
Salzinnes avaient à Mont-Sainte-Geneviève des biens et des
1. Z. J. PiÊRART. La grande épopée de Van //, chap. 27 et 28, pp. 93-104.
2. Cariulairt-chaiureau deerevenus des comtes de Hainaut ^ en 1265, fol. 65 v*
et 96. — Chambre des comptes, n** 1811 et 1812, fol. 78.
— 381 —
revenus dont il existe des relevés faits à diverses époques. Les
possessions de la première consistaient, d'après un bail de
1519, en une maison avec grange, jardin, courtil, 20 bonniers
1/2 de terres à trois roies, un bonnier et demi de pré et un
tiers de la dime. Ces biens provenaient de la donation que
lui en avait faite, en 1261, Bauduin de Péronnes, chevalier;
mais la grange ne fut acquise que le 8 mai 1447. Bonne-
Espérance y avait € les entrées et issues de ses cens, i> tandis
que les < adbéritances, les déshéritances, les devises, les cer-
quemanages et abornemenls » se faisaient par le ministère
du maïeur et des échevins de l'alleu de Binche^ — La dime
que Tabbaye de Salzinnes y prélevait lui avait été donnée, en
1202, par la comtesse Marie, épouse de Bauduin de Constan-
tinople, et la possession lui en fut confirmée par des chartes
des évêques de Cambrai, Jean III et Godefroid II, du mois de
juin 1203 et du moi» de septembre 1236. Plus tard, au mois
d'avril 1238, Thomas de Savoie, comte de Flandre et de Rai-
nant, et son épouse Jeanne, cédèrent aux religieuses une
partie des revenus qu'ils possédaient à Mont-Sainte-Geneviève.
L'abbesse Ymania, dans sa déclaration en date de 1239, re-
connaît avoir reçu ces biens consistant en 8 muids de blé et
autant d'avoine, à la mesure de Binche, sur le terrage de cet
endroit, et de plus 4 gerbes avec 8 bonniers de terres compris
dans le sart de Bultiaus, le tout sous un cens de 4 livres
blancs. Marguerite de Conslantinople confirma <ïes donations,
en 1252, et elle y ajouta des revenus d'une valeur de 60 livres
blancs*. — En 1410, on cite parmi les fiefs que Ton relevait
du comté de Hainaut, à Mont-Sainte-Geneviève, le vivier
Coulon consistant en une maison avec vivier, terres, prés,
aulnois, pâtures et le bois dit des Alices, tenu alors par Wil-
laume Estiévenars, dit dou Cambge. — Il y avait encore la
seigneurie de Hautmont-Fayt comprenant 20 bonniers de
1. Carttdaire de V abbaye de Bonne-Espérance, t. XII, fol 70.
a. Analeetêi pour eervir à Vhiitoire eccléiiaitique de la Belgique^ t. III,
pp. 188-189 ; t. VI, pp. 84-86.
— 352 —
terres en une seule pièce et dont le conseiller Ignace- François-
Joseph de Sébille de Pelogne fît le relief le 22 décembre 1789.
CULTE. — L'église de Mont-Sainte-Geneviève portait jadis la
cotisation et les mailles à l'abbaye de Lobbes, le jour du
pèlerinage des bancroix qui avait lieu le 25 avril. — L'autel
de ce village fut attribué, en 1177, avec plusieurs autres &
l'abbaye de Bonne-Espérance, comme le prouve une charte de
ladite année, émanant d'Âlard, évêque de Cambrai*. — C'est
bien à tort que M. Ch. Duvivier substitue cette église au
bénéfice de la chapelle de Sainte-Geneviève, érigée au
XIP siècle dans l'église de Saint-Martin, à Estinnes-au-Val et
dont il est fait mention dans des actes de 1150, de 1175, de
1181 et de 1196. — On ne trouve ni dans Jacques de Guise
ni dans les anciens pouillés, le nom de cet endroit qui, sous
le rapport spirituel, fut longtemps annexé à la paroisse d'An-
derlues. Cependant on y comptait 260 communiants au com-
mencement du XVII^ siècle. Fatigués d'une union qui leur
était fort désavantageuse, ils adressèrent une requête, le
8 avril 1620, à l'archevêque de Cambrai pour lui exposer
leurs plaintes et le supplier dejeur accorder un pasteur rési-
dant. Cette pièce qui contient l'énumération des avantages
dont jouirait le titulaire était signée par les habitants les
plus notables: Jean Bourgois, Jacques Baudart, Philippe Dar-
levelle et Martin Joveneau. Une enquête fut ouverte, mais
elle dura de longues années. Néanmoins elle eut des résultats
favorables pour les suppliants, malgré la vive opposition du
seigneur d'Anderlues et des gens de loi de ce village et des
hameaux qui en dépendaient. En 1634, Mont-Sainte-Geneviève
fut donc érigé en paroisse par l'archevêque François Vander
Burch*. Cependant dans le siècle suivant, en 1754^ Mont-
Sainte-Geneviève se trouvait encore dépendant d'Anderlues
pour le culte, ainsi qu'on le voit à la page 83 du Calendrier
ecclésiastique de Cambray. La permission d'établir des fonts
i. Hagre. Chroninon Bonœ Spei, p. 110.
S. Cartuîttire de Vabbaye de Bonnes Espérance^ L XII.
-363 —
baptismaux dans Téglise de Mont-Sainte-Geneviève avait été
accordée le 5 mai 1554* par le vicariat de Cambrai. — Eq
1787, le patrimoine de la cure se composait d'une partie de
la dime, de 18 bonniersde terres, de trois bonniers de prai*
ries, de trois bonniers et demi de bois situés à Mont-Sainte-
Geneviève, de 13 bonniers de bois sis à Hansuelles, et de plu-
sieurs corps de rentes, le tout produisant 940 florins 7 sous.
— Les revenus de la fabrique atteignaient à peine 24 florins ^
— Les ducasses du lieu ^tombent le dimanche qui suit le
premier juillet, et le dimanche après le premier septembre.
— Le pèlerinage de sainte Geneviève était très-fréquenté au
XVII^ siècle; on accourait de plusieurs lieues à la ronde pour
invoquer la patronne de l'église de Mont contre les fièvres.
On y avait établi une confrérie dont les membres étaient
nombreux.
BIENFAISANCE. — La dotation de la table des pauvres était
unie à celle des autres localités comprises dans Talleu de
Binche.
MORLANWELZ.
SITUATION. — Morlanv^elz, qui, selon d'anciens auteurs,
signifie le Val des Morts, mortmrum valliSy mais qui dérive
plutôt de moerlandj marais, et de veldj vallée, est un village
élevé au rang de commune et de paroisse, et ayant pour
limites les territoires de Chapelle-lez-Herlaimont, de Carnières,
^ de Mont-Sainte-Aldegonde, de Péronnes et de Haine-Saint-
Pierre.
Cette commune qui a pour dépendances Mariemont, l'O-
live, les Hayettes et la Folie, est situé sur la Haine, près du
chemin de fer de Beaume à Marchiennes et à 8 kilomètres
nord-est de Binche^ son chef-lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En 1486, on y comptait 71 foyers; en 1750,
\, Chambre des comptes, u^ i668{}.
- 364 -
70 feux; en 1830, 333 maisons; et en 1866, 1020 habita-
tions. En l'an XIII de la République, il y avait 1243 individus
et en 1830, 1539; sa population actuelle est de 4788 habi-
tants répartis sur une surface de 956 hectares.
NOMS ANCIENS. — MoHanwBz, 1177, Charte d'Alard, évêque
de Cambrai : Maghe, II, 52. — Morlanwezy 1178, Cartulaire
de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem : Devillers, II, 47 ;
Vita B. Guilielmi, apud Jacques de Guise, XIV, 230; 1186,
Ibidem, XII, 341. — MorkinweiSy 1198, Le livre enchaîné du
chapitre de Soignies, fol. 61. — Morlanwes, 1204, Cartu-
laire de l'abbaye d'Aine : Devillers, I, 108. — Morlainwes,
1263, Lettres d'Eustache du Rœulx, sire de Trasegnies : De
Reiffenberg, I, 148; 1265, Cartulaire-chassereau des rêve-*
nus des comtes de Hainaut, 97 v^. — MorlariwelSy 1322,
Charte de Guillaume, comte de Hainaut : De Saint-Genois,
399. — Morlanwes, 1373, Comptes du domaine de Binche.
— Morlanweilx, 1417, Cartulaire de Binche. — MorlanweiSy
1444, Le pèlerinage des bancroix à V abbaye de Lobbes :
F. Hachez, 6. — Morlenwes et Morlenweiz, Gislebert, 39,
138. — MorlainweeSj Bauduin d'Avesnes, 45. — Morlanweis,
Jacques de Guise, III, 465; IV, 343. — Morlanwelz, Vinchant,
1, 207 ; II, 270. — Dans les pouillés on lit : MarUmes, Mor-
bennes, Merlauwes, Morlanwelf Morlanwes et Morlanwelz.
antiquités. — La voie romaine traverse le territoire de
Horlanwelz sur une longueur de 5540 métrés.
MONUMENTS. — On assurc que les murs de soutènement
situés entre le marché et le moulin sont des restes du châ-
teau-fort dont l'existence au XII^ siècle est attestée par la
chronique de Gislebert et qui est mentionné dans des actes
de 1312, 1322, 1323 et 1325, et dans les comptes du domaine
de Binche jusqu'en 1517 ^ — Mais de la maison de plaisance
de Mariemont, bâtie en 1546 par Marie de Hongrie, brûlée en
1554 par les troupes françaises, reconstruite de 1600 à 1601
1. On le trouve encore cité, soas Tannée 1S36, dans la chronique latine de
Bonne-Espérance par Fabbé Maghe.
- 385 -
par les archiducs Albert et Isabelle et incendiée de nouveau
en 1792 par l'armée républicaine, il ne reste plus que des
tronçons de murs et des débris gisant pêle-mêle sur le sol.
Peu d'années après la restauration de cette résidence prin-
cière^ on la représenta en peinture, et le tableau, qui est au
• musée historique de Bruxelles, porte la signature suivante :
DENIS ^ ASLOOT
s : s : ARGHIDVGVM.
p. 1620.
Un autre tableau exécuté en largeur et de grande dimen-
sion, vers l'an 1670, et entouré du chiffre de Louis XIV,
roi de France, les deux LL entrelacées, figure au musée du
palais de Versailles ; on croit que cette peinture est l'œuvre
d'Abraham Genoëls, qui avait dessiné le château royal avec
Huchtenburg, peintre de batailles, et Boudewyns, pour être
^'</ m^ic. ^ ensuite reproduit en tapisseries de Gobelins. M. Léon Fon^/*^'-'A"f:{\,,
i i*J l'û' * 1'^^^^^ notaire à Kessaix, possède une vue de cette résidence] '^.'^^J^^ ,.,.'
' Wincière, peinte au XYII® siècle. Il existe une quatrième^^ft^i,b-i-. \ , ,
peinture du château de Mariemont, faite en 1844 par un ar- ï!^»-'*' ^'•^<**'"
tiste de Gand^ M. Gels, fils; elle a été acquise par le comte
de Beaufort. — Parmi les cartes ou plans particuliers du parc
du château et des environs de Mariemont, nous citerons le
plan en perspective levé au XVII® siècle et conservé au dépôt
des archives de l'État, à Mons, sous le n^ 58 ; celui qui fut
levé par J.-J. Pion, arpenteur juré, le 23 juillet 1718, n*> 71
de l'inventaire imprimé des cartes et plans du même dépôt.
Plan du château et parc royal de Marimont et de ses en-
virons où sont compris les bois royaux de la Viscagne, de
Morlanwez et de la Croix, ainsi que plusieurs autres petites
parties du domaine de S. M. ; deuxième moitié du XVIII^
siècle. Carte figurative du château et parc de Hafimont,
dressée en 1783. Plan du rez-de-chaussée et du premier
étage du même château. Élévation de la façade du côté
I
«
- 386 -
de la grande avant-cour. Plan du parc de Mariemont et de
ses environs. Carte particulière du parc et château royal de
Mariemont, avec ses environs, représentant retendue et l'en-
ceinte des chasses royales, gravée par Cardon en 1774. Carte
générale des chasses royales aux environs du château et du
parc de Mariemont, gravée par Cardon, aux archives du
royaume, sous les n^» 582 à 589, 845, et supp. 413 à 415.
Enfin, nous possédons un linge de teble ayant i m. 45 c. de
longueur sur-1 m. 25 c. de largeur et offrant dans son tissu
la représentation de cette demeure princière avec un paysage.
— On admire à quelques pas des ruines de Mariemont le château
moderne, bâti vers 1830, (par Âbel Warocqué sur les plans
de Tarchitecte Suys. — Les bâtiments de l'ancienne abbaye de
rOlive, fondée en 1240 et supprimée en 1796, ont presqu'en-
tiérement disparu. — Le béguinage de Morlanwelz, cité en
1292, et les pauvres ermites dont il est parlé en 1406, n'ont
laissé que des vagues souvenirs. — La chapelle de Montaigu
qui s'élevait au XViPsiècle à l'extrémité orientale des Trieux
de Morlanwelz et au bout de l'avenue principale du château
de Mariemont a été démolie. — L'église paroissiale qui fut
abattue en 1862, n'offrait rien de remarquable sous le rap-
port architectonique. Elle a fait place à un édifice religieux,
de style ogival, construit sur les plans de l'achitecte Félix
Laureys, de Bruxelles (1862-1864). — Les registres de l'état
civil remontent au lOjuin 1644 pour les naissances, au5 juillet
1648 pour les mariages et au 3 mars 1679 pour les décès.
FAITS HISTORIQUES. — On doit rejeter parmi les fables les
plus absurdes le récit par lequel Jacques de Guise, d'après
Hugues de Toul, fixe à Morlanwelz^ qu'il appelle la vallée ou
le gué des morts, mortuorum valliSy vel vaduniy le lieu où les
Belges livrèrent une bataille sanglante aux Romains, l'an 34
de notre ère, et dans laquelle les deux armées furent pres-
qu'entiérement anéanties*. — Morlanwelz figure sur la liste
1. Jacques de Gdise. Hiftoire du Hainaut, t. III, p. 465. — Vdvchant. Annales
du Hainaut^ t. h P- 207.
— 387 -
des paroisses de notre contrée, qui, déjà au X^ siècle, se
rendaient en pèlerinage à l'abbaye de Lobbes, le jour de saint
Marc. — Ce village n'apparait positivement dans Thisloire
qu'à dater de Tan 1185 : ce fut en cette année que le manoir
féodal, situé sur la montagne du château^ eut à soutenir les
attaques des Brabançons et de leurs alliés ; Euslache du Rœulx
et son fils repoussèrent les assaillants qui subirent des pertes
sensibles dans la lutte'. — Le 19 juillet 1340 le duc Guil-
laume de Bavière se rendit au château de Morlanwelz avec
toute sa cour et y passa la journée dans un festin splendide
qu'il offrit à ses ofûciers*. — On fixe à l'an 1377 la destruc-
tion de ce château féodal : c'est une erreur, car on a la preuve
qu'il existait encore longtemps après cette date et que le duc
Guillaume lY de Bavière y dina avec tine partie des gens de sa
suite, le 7 août 1408, avant de voler au secours de son frère
Jean de Bavière, prince-évéque de Liège. Les frais de ce repas
s'élevèrent à 41 livres 10 sous 6 deniers'. — Pendant cet in-
tervalle, la forteresse demeura sous la garde d un châtelain
qui, en 1380, recevait pour ses gages 30 écus de Hainaut
sur la recette du domaine de Binche^. — En 1546, Mcirie de
Hongrie ayant acquis la terre de Morlanwelz, y fit construire
par Jacques Dubreucq une fastueuse maison de plaisance
qu'elle nomma Mariemont. — Trois ans après^ des fêtes splen-
dides eurent lieu à Mariemont pour la réception de l'empe-
reur Charles-Quint et de son fils Philippe, que le monarque
présentait aux provinces des Pays*Bas, comme son héritier
futur: un témoin oculaire Jean Vandenesse, contrôleur de
Charles-Quint, nous en a laissé la description qu'a publiée
Jean-Baptiste Lesbrûussart\ — Le 21 juillet 1554, Henri 11,
1. GiSLEBEAT. Chronlca IlannonlcRt p. 138.
S. ExttaiU des eompUi de la recette générale de Vancien comté de Hainaut,
1. 1, p. i5.
9. ÂRCBiVES DU ROYAUME. Compte du domaine de Binche. Chambre des comptes,
n» 8786.
4. Archives du royàuve. Chambre des comptes, n» 8772.
9. Nouveaux mémçires de VAcadémie de Bruxelles^ t. I, pp. 261-265.
' -. 358 —
roi de Francei incendia le château de Marlcmont pour se
venger de ce que les troupes impériales avaient détruit, deux
ans auparavant, celui de Folembray, situé en Picardie\ Sur
les ruines fumantes de cette maison de plaisance, le monar-
que français fit planter un grand poteau étalant aux yeux des
populations épouvantées cette inscription : Royne insensée,
souviens'tùy de Folembray!^ — Après que les archiducs Albert
et Isabelle l'eurent relevée de ses ruines, au commencement
du XVII<^ siècle, ces souverains y séjournèrent souvent : c'est
là qu'ils donnèrent asile au prince Henri de Bourbon*Condc
et à sa femme, la belle comtesse de Montmorency, pour les
soustraire aux poursuites d'Henri IV, qui $'était épris de la
jeune épouse de son parent'. — Les archiducs rendirent à
Mariemont, le 12 juillet 11511, l'ordonnance et le fameux Édit
perpétuel qui résumaient les lois de Charles-Quint et qui
donnaient une forme plus régulière aux poursuites judiciaires
et une grande autorité au droit romain ; ils y octroyèrent
aussi, le 28 novembre de la même année, l'interprétation de
cet édit. — Le S2 mai 1616, l'archiduc Albert y reçut
les députés des États de Hainaut entre les mains desquels
il prêta, au nom du monarque^ le serment d'en main-
tenir les privilèges pour le cas où les archiducs décéde-
raient sans postérité et où les Pays-Bas retourneraient à la
monarchie espagnole. Le prince reçut, en échange, le serment
de fidélité des États par l'organe de leurs délégués. —
La reine de France, Marie de Médicis, qui s'était échappée
du château de Compiègne pour se réfugier dans les Pays-
Bas, fut reçue à Mariemont, vers la fin de juillet 1631,
par rinfante Isabelle qui lui fit une réception magnifique^.
1. Cfr. Â. Heiime Biitoire du règne de [Charlei-Quint en Belgique^ t. VIU
pp. 216, 280. » Th. Joste. Vie de Marie^ reinede Hongrie^ pp. 85-110.
a. Brantôme. Loc eit., t. XV, pp.. 312-326.
3. Let relatioM du cardinal Bentivoglio. Paris, 1642 ; p. 499 et suiv. trad. de
F. P. Gaffardy.
4. Histoire cvrievsé de tout ce qui M'est passé à Ventrée de la Reyne mère du Roy
très chrestien dans les villes des Pays-Bas, Anvers, 1632 ; p. 13.
- 359 —
— Louis Xiy, ayant obtenu la prévôté de Binche par la con-
clusion du traité d'Aix-la-Chapelle, le 2 mai 1668, devint pro-
priétaire du château royal de Mariemont, qu'il visita deux ans
après, accompagné de la reine, du dauphin, du duc et de la
duchesse d'Orléans, de mademoiselle de Montpensier^ de la
comtesse de la Vallière et des grands de sa cour, avec de
brillants équipages, sous l'escorte de 16,000 hommes bien
disciplinés*. — Cette résidence qui était très-recherchée servit
de quartier-général, notamment le 15 mai, le 8 ^t le 11 juin
1674, lorsque les troupes françaises campèrent à Haine avec
la droite à Mariemont, sous les ordres du prince de Condé ;
le 11 août suivant, elle fut témoin du combat sanglant livré à
Fayt-lez-Seneffe par le lieutenant du roi de France au prince
d'Orange, qui, après l'action, vint prendre position derrière
la Haine. En 1675, Louis XIV revit Mariemont quand il visita
le champ de bataille de SenefTe avant d'entreprendre une nou-
velle campagne contre les alliés. Le S3 mai 1692, ce mo-
narque allant assiéger Namur en personne, conduisit son ar-
mée à Morlanwelz sous le château royal. Enfln, le 9 et le 10
septembre 1693, l'armée du duc de Luxembourg vint encore
y dresser ses tentes, après la bataille de Nerwinden, où elle
s'était couverte de gloire*. — Après le traité de Nimègue,
signé le 17 septembre 1678, Mariemont, de même que toute
la prévôté de Binche, fit retour à la couronne d'Espagne et
ce domaine redevint comme auparavant le séjour de prédilec-
tion des gouverneurs généraux des Pays-Bas espagnols. —
Maximilien-Emmanuël, électeur de Bavière, Tembellil considé-
rablement en 1699^ et c'est pour ce prince avide de plaisirs
et à l'occasion de la naissance du prince des Asturies, qu'un
p oète valenciennois, nommé Fouquier, composa une pasto-
1. VanLoor. Histoire métallique deiXVII provineei des Payi-BM. La Haye,
1732 ; t. ni, p. 80.
9. D'4guesseau. Hittoire de la campagne de Bf, leprlnce de Condé en Flandre^
en 1674. Paris, 177i ;pp. 10-51. — De Quinct. Hittoire militaire du règne de
Louiê-le-Grand^ roy de France. Paris, 1726 ; 1. 1. pp. 881 et suiv. — De Beaurain.
Hittoire militaire de la Flandre, Campâmes de 1692 et de 1698.
— 360 —
raie portant le lilre de : Les plaisirs de Mariemonty pastoralei
représentée devant son Altesse Électorale, à Mons ; mise en
musique par le sieur Vaillant» musicien de la chapelle de
Messieurs du magistrat de Valenciennes, imprimée dans la
même ville, chez Gabriel-François Henry, 4708, in-4o de 12
pp. — Le 26 novembre 1710^ une armée hollandaise parut
au-dessus deMorlanwelz et incendia la ferme de Mariemont'.
— De 1723 à 1741, le château fut habité, pendant la belle
saison, par Tarchiduchesse Marie-Ëlisabelh, gouvernante gé-
nérale des Pays-Bas autrichiens ; elle se plut à orner ceséjour
et y fit construire une magnifique chapelle dont la consécra-
tion solennelle eut lieu, le 2 août 1739, par le nonce apos-
tolique, monseigneur Tempi, archevêque de Nicomédie, en
présence de toute la noblesse et du clergé régulier et séculier
de la contrée circonvoisine*. — Ce fut sous les auspices de
celte princesse que l'on chercha à étendre la renommée des
eaux minérales de Mariemont dont le peuple publiait tradi-
tionnellement les vertus depuis les temps les plus reculés. Au
mois d'août 1740, par les ordres de la gouvernante, le doc-
teur H.-J. Rega, le professeur dé chimie Sassenus etS.-A. de
Villers, professeur de médecine à l'université de Louvain,
firent l'analyse de ces eaux et recueillirent la liste des gué-
risons qu'elles avaient pu opérer. — Le prince Charles de
Lorraine, qui succéda à l'archiduchesse, en 1741, dans l'ad-
ministration des provinces belgiques, consacra une grande
partie de ses .soins à l'embellissement de Mariemont et l'enri-
chit d'un grand nombre de chefs-d'œuvre de peinture et de
gravure pour lesquels il avait une prédilection particulière.
— La princesse Anne-Charlotte de Lorraine, qui remplaça, à
Mons, l'impératrice Marie-Thérèse, sa belle-sœur, en qualité
d'abbesse du chapitre noble de Sainte-Waudru, de 1754 à
1773, époque de sa mort, passait une partie de l'été à Marie-
mont, et alors ses équipages allaient tous les jours en ville
1. Stroobànt. Hiitoire de la commune de Feluy^ p. 853.
S. Th. Luedne L'ancienne abbaye de Lqbbes. Mons, 1859 ; p. 79.
— 361 —
chercher quatre chanoinesses qui dînaient avec elle et qu'on
ramenait le soir à Mons. Des coureurs fesaient continuel-
lement le servies de Mons à Mariemont. — Cette maison de
plaisance fut visitée, le 6 juin 1781, par l'empereur Joseph II.
— Les derniers hôtes de Mariemont furent l'archiduchesse
Marie-Christine et son époux^ le duc de Saxe-Teschen, qui
l'habitèrent jusqu'à la révolution française. — En 1794, les
troupes françaises pillèrent le château et Tincendièrent en
haine de son nom, de ses nobles habitants et de la royauté
dont il rappelait les souvenirs et portait les emblèmes, tout
en imitant ici le roi Henri II.
JumniCTiONS. — Morlanwelz dépendait jadis de la prévôté
deBincheetTon y suivait la coutume de Mons. Le SI fructidor
an III, ce village fut compris dans le canton de Fontaine-
rÉvêque,puis on l'en détacha en l'an X pour le réunir à celui
do Binche, dont il fait encore partie aujourd'hui. — Au
moyen âge, le seigneur de cette terre y levait des cens, des
renies, des droits d'herbage, de pâturage, d'issue, d'entrée,
de tonlieu, d'étallage, d'afTorage, de mouture, de fournage,
etc., le tout s'élevant, en 1380, & la somme de 662 livres
10 sous 10 deniers ^ Les recettes en grains pour le fermage
des moulins, des terres labourables et d'une partie des prés
dépendant du château, ainsi que pour un droit de lerrage
perçu sur les terres à trois < roies de Branfosse, de Kau-
buissons et de Constant », montaient & 34 muids et demi de
blé. Chaque bourgeois aflbrain devait au seigneur, à la Noël,
21 deniers blancs pour droit de bourgeoisie*. — La justice
haute, moyenne et basse lui appartenait dans toute la paroisse.
— Un document Je Tan 1373 mentionne le maïeur de Mor-
lanwelz; Bauduin le Haubirgeur^ ainsi que les échevins et les
1. Chambre dei compte*^ n« 8,772.
2. Chambre des comptes^ d9 lilO. — On lit : « Che ionl les rentes^ droitures et
revenues appartenant à Mgr le eomtet en argent^ en avoine^ en chapons^ à lui dues
chaque an en la ville de h!orlanwe%, >
— 362 -
sergents, dont la nomination rentrait dans les droits du pro-
priétaire domanial \
SEIGNEURIES. — La famille de Morlanwelz apparaît au XIP
siècle. Jean de Morlanwelz intervint avec le comte de Ilainaut
et un grand nombre de soigneurs à un acte de l'an 1198^ re-
latif à la collation de la troisième prébende de l'ancien cha-
pitre de Soignies*. — Ce noble chevalier cité par Gislebert
était pair du château de Hons'. — Sa fille unique, Marie,
transmit la terre et pairie de Morlanwelz dans la maison du
Rœulx par le mariage qu'elle contracta avec Eustache I dit le
Vieux, petit-fils de Bauduin II, comte de Hainaut. Eustache II
du Rœulx, dit le Valet, mourut en 1186. A ces nobles cheva-
liers succédèrent Eustache III du Rœulx, dit Canivet, cité
en 1202 ; Eustache IV du Rœulx, dit l'Ampoulé, qui combat-
tit à Bouvinnes, en 1214; Eustache V du Rœulx, chevalier,
sire de Trazegnies, qui donna, en 1264, au comte Gui de
Namur ses francs-alleux de Morlanwelz pour les tenir en fiefde
ce souverain*. — Quatre ans après la mort deOilles du Rœulx,
c'est-à-dire, en 1312, sa veuve« noble dame Isabelle, et ses
deux fils, Eustache VI et Fastré- du Rœulx, se déshéritèrent
du château, de la maison et de la terre de Morlanwelz qu'ils
tenaient en franc-alleu et de 200 livrées de terres relevant du
comté de Namur, pour les reprendre en fief et augmentation
de pairie sous la mouvance des comtes de Hainaut. Par des
actes de 1822 et de 1323, les revenus de ce domaine furent
assurés aux héritiers de la douairière Isabelle du Rœulx ; mais
en 1325, Eustache VI céda à son suzerain 300 livrées de terres
à prendre sur les biens qui relevaient de lui pour la garantie
i. Compte du domaine de Binche, rendu par Godefroid de le Tour, dit des Preis,
rentier deBrabant, de la Saint-André 1373 au 25 mai 1373.
t. Th. Lejeone. Hittoire civile et ecclénastique de la ville de Soignies. Mons,
1870 ; p. 808.
3. Gislebert. Chronica Hannoniœ^ p. 39. — Vincrant. Annales du Hainaut^
l. n, p. 239. — Carpertier, Hittoire de Cambray et du CambrésiSt p. 943. —
Jacques de Guise. Hiitoire du Hainaut^ t. XI, p. 211.
4. De Reiffenberg. àlonumentti etc., 1. 1, p. 148. — De Saiht-Gehois. Monu-
ments ancient, p. 958.
- 363 —
da paiement d'une somme de 3000 livres^ due par le sire du
Rœulx à Bernard Roger et à ses compagnons Lombards, au
Quesnoi*. — Ce fut, croyons-nous, vers ce temps que la fa-
mille Turcq fut mise en possession de la terre et seigneurie
de Morlanwelz : en 1344, roessire Bertrand Turcq, chevalier,
natif du marquisat de Montferrat^ en Lombardie, était encore
seigneur de ce village*. Plus tard, mais avant 1356, le domaine
de Morlanwelz fut réincorporé à celui de Hainaut et les reve-
nus qui en provenaient furent engagés avec d'autres pour
assigner une dot aux enfants à naître du mariage projeté entre
Guillaume III de Bavière et Marie, fille du roi de France, en
cas de mort de leur père avant qu'ils fussent en âge de lui
succéder dans ses droits*. — Ce mariage n'ayant pu s'accom-
plir, les droits seigneuriaux de Morlanwelz passèrent à la
duchesse Jeanne de Brabanl, dont le riche douaire était hy-
pothéqué sur les villes de Dordrecht et de Binche. — Cet état
de choses subsista jusqu'en 4406, et dans le siècle suivant ce
domaine fut acquis par Marie de Hongrie qui le transmit à
nos souverains de la maison d'Autriche*. — Il y avait à Mor-
lanwelz plusieurs fiefs dont lé plus important était la seigneu-
rie foncière de Mervaux. Elle consistait en la haute justice
lorsqu'il en était question^ donnée par arrentement par le
prince de Chimai à Nicolas de la Forge et à Ferry-Jérôme^
son fils, avec les prééminences^ 5 bonniersiO quarterons de
terres et de prés, 17 livres 44 sous 3 deniers de rentes, 26
charlets 2 pintes d'avoine et 43 chapons, au fermage annuel
de 406 livres 44 sous (relief du 44 mai 4701)'. — L'abbaye
de Bonne-^Espérance possédait dans cet endroit 23 bonniers
de terres qui lui avaient été donnés en partie vers l'année
1. De SAiirr-GENOis. Monument anciens^, pp. 372, 883, 898-309. — Hossart.
Hiitoire ecilétiastique et profane du Hainauij t. II, p. 105.
a. Bauduin d'Avesnes, tocd/., p. 15. — Vinchamt, loe. cit., l. III, p. 922.
8. De Saint-Genois; loc. cit., p. 226.
4. Gachard. Inventaire det archiva du royaume, t II, pp. 200-204.
5. Archives dd royaume. Répertoire des dénombrements des fiefs des comtés de
Flandre, de Hainaut et de Namur^ antérieurs à i74S, fol. 828 v«.
- 364 -
1205. — Le chapitre de Binche y avait 28 bonniers 9 journels
de terres, loués, en 1787, 324 florins \\ sous. — La com-
manderie du Piéton y avait aussi des propriétés foncières,
ainsi que Tabbaye de l'Olive. — Enfin les deux tiers de la
dime se prélevaient au profit du nionaslère de Lobbes.
CULTE. — L'église de Morlanwelz devait aussi à Tabfoaye
de Lobbes l'aumône de la bancroix et y portait à la fête de
saint Marc la cotisation et les mailles. — La donation de Tau-
tel de cette église, faite à l'abbaye de Bonne-Espérance par
Hugues d'Harvengt et son frère Robert, avec Tapprobaiion
d'Alard, évêque de Cambrai, remontait à Tannée 1177. Une
charte de 1181, émanant de Tévêque Roger, lui en confirma
la possession ; ce que Jean II d'Ântoing, son successeur, cor-
robora, à son tour, par un acte de Tan 1195*. -r- Morlanwelz
figure sur la liste des paroisses du décanat de Binche, en
1186. — C'était Tabbé de Bonne-Espérance qui avait la colla-
lion de la cure dontla taxe, au XlVesiècle, s'élevait à30 livres. Le
curé avait, en 1787, un revenu de 913 florins 13 sous, dont
300 florins à titre de la portion congrue que Lui payaient les
décimateurs. — La dotation de la fabrique de Téglise était
de 448 livres 15 sous 7 deniers. — Il existait autrefois dans
la paroisse de Morlanwelz plusieurs chapelles en bénéfices
ecclésiastiques. C'étaient celle du béguinage, taxée à 15 livres;
la chapelle castrale taxée à 17 livres 7 sous; la chapelle de
Bellecourt que les échevins du lieu faisaient desservir ; celle
de Mariemont, dont la dotation était fixée, en 1787, à 824
florins 14 sous ; celle de Notre-Dame en Téglise paroissiale,
dont les revenus montaient à 498 livras 1 ! sous 8 deniers ', et
celle de Saint-Nicolas, avec une dotation de 898 livres 6 sous
1 denier. — Saint Martin est le patron de la paroisse. — Les
ducasses tombent le premier dimanche de juillet et le pre-
mier dimanche d'octobre.
1. Maghe. ChroniconBonœSpeù pp. 110,113, 128.136, 139.
S. Chambre det comptett n» 46635. — Voyez aussi la Notice tur le dépôt des ar-
chivée de VÉtat, à Mons, par BI. L. Devillers, p. 359.
— 365 —
ABBAYE DE l'olive. — Ce moiiastère, désigné dans le prin-
cipe, sous le nom de V Ermitage, s'élevait dans le bois dépen-
dant de Morlanwelz et qui devint dans la suite le parc royal de
Mariemont. 11 reconnaissait pour fondateur un anachorète
brabançon nommé Jean-Guillaume^ qui se fixa dans un lieu
situé au nord du village, en 1218. Ayant bâti un oratoire sur
un terrain qui lui avait été concédé par la châtelaine, il y
appela des religieuses de Fontenelles. Elles abandonnèrent ce
séjour de prières, mais elles furent bientôt remplacées par
sept dames du couvent de Moustiers-sur-Sambre. Une abbesse
y fut établie et la communauté fut incorporée à l'ordre de
Citeaux, sous la dépendance de Clairvaux. L'œuvre du pieux
ermite se trouva achevée pei\ de temps avant sa mort, qui
arriva en 1240 * . Le pape Innocent IV, par une bulle de 1245,
confirma à Tabbaye de l'Olive la possession de tous ses biens
et lui accorda les grands privilèges concédés généralement, en
ce temps, aux »congrégations religieuses régulièrement cons-
tituées^. Voici la liste des abbesses : Marie I de Machipres.
— Marie II de Meligli. — Gertrude de Bruxelles. — N. de
Marke. — N. de Mons. — Elisabeth I de Kerche. — Béatrix.
— Elisabeth II citée en 1329. — Marie Illde Leu. — Agnès
de Glabes. — Marie IV Gilkarde. — Elisabeth III. — Philippe
de Limenet. — Jeanne I. — Ides. — Marguerite de Prumels.
— Ide dô Viset, 'mentionnée en 1440. — Jeanne de V^arlu-
sielle. — Éléonore Bourghoise décédée en 1526. — Cathe-
rine de Lannoy, en 1569. — Antoinette d'Oignies, en 1583.
— Jeanne II d'Open, en 1604. — Hélène Lecocq, en 1608.
— Marie Gillet, en 1641. — Magdelaine Gillet, en 1649. —
Marie Bodart, en 1655. — Jeanne Duvivier, en 1690. — Ber-
narde Petit, en 1709. — Rose de Bode, en 1734. — Marie
Maréchal, en 1755. — Michelle Brasseur, en 1767. — Cathe-
rine Nopère, en 1786. — Nathalie Vander Nootdut quitter
le monastère en 1796. — La communauté comptait 20 mem-
1. Jacques de Guise. Histoire du Hainaul, t. XIV, pp. sas et suiv.
S. BoLLANDiSTES. Acta Sanctorum^ 10 febroarii.
49
- 366 —
bres, en 1787 *. — Ses revenus. s'élevaient, à la même époque;
à 7054 florins. — Les principaux bienfaiteurs du monastère
étaient les seigneurs de Morlanv^relz, de Felui, de Trazegnies,
les princes de la maison de Bourgogne et ceux de la maison
d'Autriche. — Les biens fonds comprenaient environ 215 bon-
niers de terres, de prés et de bois situés à Binche, Carnières
Chapelle - lez - Herlaimont, Courcelles, Cuesmes, Épinois,
Estinnes-au-Val, Fayt, Fontaine-rÉvêque, 6ouy-le- Piéton,
Haine-Saint-Pierre, Hyon, Lalleslre, Marche-lez-Écaussinnes,
Mignaut, Mont-Sainte-Aldegonde, Morlanwelz, Péronnes, Res-
saix, Saint-Vaast, Saint-Vaast-lez-Bavai, Souvrel, Thiméon et
Trazegnies*. — Cette maison religieuse portait d'argent à deux
chevrons de sable.
BIENFAISANCE. — En 1356, on mentionne le manbourdes
pauvres de Saint-Nicolas à Morlanwelz, qui. devait payei à la
recette du domaine comtal, à la Noël, un chapon et un char-
let d'avoine, à titre de reconnaissance pour les héritages légués
aux pauvres de cette localité, et pour le droit de tonlieu. D'un
autre côté, cet administrateur prélevait chaque année, au pro-
fit de l'institution charitable, quatre muids de blé par an sur
les revenus provenant de la banalité du moulin de la seigneu-
rie'. — En 1787, la Table du Saint-Esprit et du béguinage
1. De Sainte-Marthe. Gallia ehrUtiana^ t. IH, p. 189. -- Conteil privé. Carton
no 1420.
2. Chambre de» comptez j n^ 46676.
8. Chambre des comptes^ ii« 1810. — Cfr. les comptes des pauvres, au nombre de
onze, de 1684-1791, déposés aux Archives de l'État, à Mons.
— 367 —
possédait 43 bonniers et demi de terres et un revenu total de
932 florins 12 sous.
PERSONNAGES REMARQUABLES. — Charles Wastelain, jésuite,
naquitàMariemontle 22 septembre 1695, exerça le professo-
rat à Tournai et à Lille, et mourut le 24 décembre 1782. On
a de lui un excellent et savant ouvrage, intitulé : Description
de la Gaule Belgique^ selon les trois âges de Vhistoire, Lille,
1761, in-4o; Bruxelles, 1788, in-8<^. — Guillaume Fontaine,
né en 1723, fut élu abbé de Saint-Feuillien^ au Rœulx, le 9
février 1765, et mourut eu 1775^ après dix ans de prélature.
— Montoyer, habile architecte, né dans la première moitié du
XVIli^ siècle, construisit le château royal de Laeken, et beau-
coup d'autres édifices importants; il mourut à Vienne, en
1800.
BIBLIOGRAPHIE. — Mariemont. Aixcieu château, 1546-1794.
Nouveau château. Notice publiée par Arthur Dinaux, dans les
Archives historiques et littéraires du iwrd de la France et du
midi de la Belgique. Nouvelle série; T. VI, pp. 95-127. —
A. DeVillers, Analyse des eaux minérales y qui se trouvent au
château royal de Marimont en Hainaut, Louvain^ 1741,in-12.
— U ancienne abbaye de VOlive^ 1218-1796, publiée par
M. Théophile Lejeune dans ses Monographies historiques et
arcliéologiques. Mons, 1870; T. II, pp. 199-214.
RESSAIX.
situation. — Ressaix, Ressay, Ressars, qui, selon les uns,
signiQe un endroit au bord d'un cours d'eau, de ress^ habi-
tation, et de ay, rivière, et selon les autres, veut dire terre
essartée, des mots romans reZy terre, et sart^ essarty défri-
chement, est un village élevé au rang de commune et de
paroisse, et ayant pour limites les territoires de Péronnes, de
Morlanwelz, de Leval-Trahegnies, d'Épinois et de Battignies.
- 368 -
. Cette commune, qui n*a pour dépendance que le hameau
des TrieuXy est située sur le ruisseau de Mazi et à 3 kilomè-
tres est de Binche, son chef-lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En 4486, on y comptait 21 foyers ; en
1750, 20 feux; en 18â0, 56 maisons ; et en 1866, 108 habi-
tations. En l'an XIII de la république, il y avait 217 individus
et en 1830, 318 ; sa population actuelle est de 538 habitants
répandus sur une surface de 431 hectares.
NOMS ANCIENS. — Rcsaiy 868-869, Polyplique de Tabbaye
de Lobbes : Du vivier, 313. — ResatiuMy 973, Diplôme de
l'empereur Otlonl : Waulde, 371 et Mirœus, III, 296. —
ResaiSy 1159-1181, Bulle du pape Alexandre III. : Duvivier,
635. — Ressaisj 1177, Cartulaire de Tabbaye de Bonne-Espé-
rance. — Ressarsy iiS6. Jacques de Guise, XII, 341. — Res-
say, 1186, Benezech, hc. cit. — Ressaie 1265, Carlulaire-
chassereau des revenus des comtes de Hainaut, 968. — Res-
say y 1297, Cartulaire de Tabbaye de Bonne-Espérance, I, 222;
1473, Cartulaire des fiefs et arrière-fiefs du Hainaut, 172 ;
1502, Ibidem, \l, 90, 105; Carpentier, 868 ; De Saint-Genois,
271,354,374,777,812.— Dans les pouillés, on lit : Ressais,
Ressiaus, Ressay^ et Ressars.
MONUMENTS. — On Sait que Téglise de Ressaii était déjà
érigée au XII^^ siècle, et quoique des restaurations l'aient pro-
fondément transformée, il est facile d'en reconnaître les par-
ties qui datent de Tépoque romane. — Une pierre incrustée
dans la muraille de la nef du côté septentrional porte Tépitaphe
de Philibert Dongnies, décédé en 1562. — Le château-fort de la
Hutte ayant subi des dévastations sous les guerres de religion
et sous celles de Louis XIV, il fut rasé depuis en partie et
remplacé par une belle maison de campagne. Sur Tune des
deux tourelles qui restent debout à la façade méridionale on
lit le millésime 1642, indice d'une restauration. — Un dessin
de cet ancien château-fort a été exécuté au XVI^^ siècle et se
conserve au dépôt des archives de TÉtat, à Mons.
FAITS HISTORIQUES. — L'abbayc de Lobbes posséda, dés
— 369 -
les premiers siècles de son existence^ le village de Ressaix,
sinon en totalité, du moins en partie : c'est ce qu'atteste le
polyptique de cet établissement religieux, dressé en 868 ou en
869. — Les biens qu'elle y avait lui furent confirmés avec
d'autres, suivant un diplôme de l'empereur Otton II, daté
d'Aix-la-Chapelle, en 973*. — Cette localité souffrit consi-
dérablement, en 1185, lors de l'invasion des Brabançons qui
avaient opéré leur jonction avec les troupes de l'archevêque
de Cologne. — Les gueux l'incendièrent en 1568 et en 1572,
et l'armée de Mansfeld y causa de grands dégâts en 1622. Plus
tard, durant les guerres de Louis XIV, les maux qu'elle eut
à subir ne furent pas moins considérables : les Français, de
même que les alliés, y firent de nombreux fourragements et
imposèrent aux habitants de fortes contributions. — En
1745-1746, elle fut encore accablée de logements militaires*.
JURIDICTIONS. — Ressaix dépendit de la prévôté de Binche
jusqu'à l'an III de la république, puis il fut joint au canton de
la justice de paix, dont cette ville est le chef-lieu . On y suivait
la coutume de Mons. — Les comtes de Hainaut s'étaient réser-
vé, à Ressaix, les droits de mortemains, de douzaine, de
sixaine, l'ost et la chevauchie, mais les sainteurs de Saint-
Vincent de Soignies, de Saint-Ghislain, de Saint-Denis-en
Brocqueroi, de Saint-Etienne, de Braine-l'Âlleu et de Notre-
Dame de Coddé en étaient exempts, s'ils étaient de franche
origine'. — La juridiction était partagée par quart entre le
chapitre de Saint-Ursmer et les propriétaires particuliers du
domaine seigneurial ; ils établissaient un bailli, un maîeur,
des échevins, un greffier et un sergent. M^ Charles Lecocq,
notaire à Binche, est dépositaire de l'ancien greffe de Ressaix,
pour les années 1690 à 1793.
Seigneuries. — Plusieurs chevaliers portant le nom du
village possédèrent Ressaix au XIU^ et au XIV^ siècle. L'un
d'entre eux, Jean de Ressaix, intervint dans plusieurs actes
1. HmcBDS. Opéra diplomatiea^ t.III» p. 296.
1. Cfr.les annales et les chroniciues citées dans les articles précédents,
S. Chambra dei comptes, n* 181S, fol. 89,
- 370 —
importants de son époque, et notamment en 1276, 1288, 1289,
1292, 1295, 1297, 1304 et 1308. Après la mort de ce sei-
gneur et de Guillaume, son frère, Marguerite de Quarouble,
dame de Ressaix, porta ce domaine dans la maison de Mon-
lignies par son mariage avec Abraham de Montignîes. Henri
dit Bridoul de Montignies le tenait en 1373. Dans le siècle
suivant, la seigneurie de Ressaix se trouvait démembrée et
formait quatre portions appartenant au chapitre de Binche et
à diverses familles nobles. Les trois dernières se distinguaient
par les dénominations suivantes : a) Ressaix, Cochet, Suso-
mont et la Hutte, relevant de la pairie de Longueville; b) Cler-
fayt que Ton tenait de la pairie duRœulx ; c) Peissant qui était
resté sous la mouvance des comtes de Hainaut. Voici Ténu-
mération des seigneurs qui eurent en leur possession la terre
de Ressaix depuis le commencement du XV® siècle jusqu'à la
suppression des droits féodaux. Olivier de Colem, chevalier,
sire d'Angre (1410), Jean de Sars, chevalier (1448), Jacques
de Sars (1473), Michel de Sars (1503) ; Gilles II, sire d'Es-
claibes, écuyer (1473), Gilles HI d'Esclaibes (1510), Gilles
IV d'Esclaibes (1532), Jean HI d'Esclaibes (1556); Jean I de
Peissant (1503), Pierre de Peissant (1566-1584), François de
Peissant (relief du 26 février 1601), Jean H dePeissant(1632);
Jean de Quiévrain, chevalier (mort le 9 octobre 1495), An-
toine de Quiévram (2 avril 1526), Charlotte de Quiévrain,
épouse de Jacques de Rosimbos, Jeanne de Rosimbos. Louis
de Mahieu, chevalier, paraît être le seigneur sous lequel les
membres de la terre de Ressaix furent réunis pour les tenir
en un seul fief comprenant la justice haute, moyenne et basse,
des cens, des rentes, des corvées, les lois, les amendes et les
forfaitures (1641-1647)*. Quelques années après, cette sei-
1. H. L. Devillers, dans sa notice précitée, p. 163, signale Texistence d*une
« affiche de la vente, par ordonnance de la cour souveraine de Hainaut, du 21 juin
1625, du ûef delà Hutte, consiâlant : en un château avec pont-levis, environné de
jardins et de drèves, etc., près de Binche ; en une maison de censé, en 34 bonniers
de prés et de terres labourables, en cens et rentes, en un fief ample dit la terre et
seigneurie de Ressay, village à clocher, tenu de la seigneurie d'Âymeries, etc. >
- 371 —
gneurie fut confisquée par le roi de France, qui avait conquis
les Pays-Bas espagnols. Ce qui résulte de divers comptes
rendus par Jean Tahon à M'' de Monteville, juge royal des ville
et terre de BinChe et subdélégué de Tintendant-général^ de
tout ce qu'il avait reçu en sa qualité de comptable € sous la
main de Toffice de Binch, de la terre et seigneurie de Ressaix
et la Hutte, appartenant à la maison mortuaire de Feignies »
et dont le premier compte date de 1677-1 678. A cette époque,
les revenus s'élevaient à 2197 livres 15 sous 3 deniers en ar-
gent, plus 18 ihuids 1 rasière de froment. Dans un chapitre
des dépenses du compte de 1694, on mentionne des répara-
tions faites au donjon, à la chapelle et à la basse-cour du
château de la Hutte. Au commencement du XYIII^ siècle,
Pierre-Ernest de Lattre ayant acquis la seigneurie de Ressaix
renouvela le cartulaire des cens et des rentes qui y étaient
attachés. Jean-François de Wolf, chevalier du Saint-Empire,
qui avait épousé Marie-Thérèse-Françoise de Lattre du Préau,
en fit le relief le 15 mai 1765 après la mort de sa belle-sœur,
Marie-Catherine de Lattre. Charles-Philippe-Maximilien-Joseph
de Lattre, mort le 18 octobre 1793, fut le dernier seigneur
féodal de Ressaix, la Hutte, etc. * — La Court-à-Ressaix, située
entre ce village et le hameau de Trahegnies et tenue en fief
du comté de Hainaut, se composait, au XYI® siècle, d'une
tour, d'une maison de cense^ avec grange, écurie, étable, ber-
gerie, courtil, fournil, le tout clos de murailles et de fossés
1. Cour féodale de Hainaut, n« 293, fol. 125 ; n» 223, fol. 51 ; n* 227, fol. 847 v».
— Registres aux actes des reliefs de fiefs, passim. — Cfr. aussi les 42 comptes de
la seigneurie de Ressaix, etc., le cartulaire fonné en 1701, et le vidimus délivré
par le conseil de Hainaut, le 17 août 1680, d'un contrat passé entre les héritiers de
Louis de Mahieu, seigneur de Feignies, la Hutte, etc., décédé le 28 mars 1668, pour
le partage des terres de Feignies, Ressay, Bosqueau, la Hutte, Blairon, Fessant,
Clerfayt, du bois des Loges, et la vente des autres ftefs devant servir au paiement
des dettes dudit seigneur de Feignies, conservés aux archives de TEtat, à Hons —
Archives du botaume. Chambre des comptes^, n* 1119, fol. 106 v« • n» 1120, fol. 116.
~ De Sàint-Genois. Monuments anciens, pp. 271, 854, 874, 882, 777, 812. —
De Heiffenbebg. Monuments, etc., t. I, pp. 410, 415, 426, 447. — Cartulaire de
Vabbaye de Bonne^Espéranee, 1. 1, fol. 222. — L\isiiÉ. Collection de généalogie ,
t. I, fol. 6-8.
— 37Î —
munis d'un pont-levis, 95 bonniers de terres, 25 bonniers de
jardin, de prés et de prairies, 45 bonniers de bois; la pos-
session avait cens, renies, lois, amendes, services fonciers et
la justice à tous ses degrés, et constituait un bailli, un
maïeur^ des échevins et un garde-forestier. Le cens produisait:
en 1566, 46 livres? sous, H chapons 1/4 et trois charlets 4/4
d'avoine. En 1684, les revenus étaient estimés à 1000 florins.
Celte seigneurie eut pour maîtres successifs : Michel de Sars
(cité en 1503); le chevalier de Wignacourl (1566); Charles
d'Ardembourg, mort le 15 mai 1630; Louis-AlexanJre Schoc-
kaert, chevalier, mort en 1683; Louis-Alexandre Schockaert^
son fils, (relief du 15 janvier 1684); Alexandre-Louis Schoc-
kaerl, comte de Thirimont, (relief du 6 octobre 1702); Phi-
lippe-Charles-Thomas Schockaert (reliefs du 3 septembre 1718
et du 9 novembre 1724) ; Augustin-Juste Schockaert, son frère
(relief du 14 octobre 1775) ; Brigitte-Josèphe Schockaert,
douairière de Charles-Louis Demaisières, seigneur de Tem-
pleuve (relief du 27 mars 1779)*. — Le chapitre de Saint-
Ursmer possédait à Ress^ix^ de temps immémorial, une sei-
gneurie avec la haute et la basse justice, un revenu censal pro-
duisant, en 1787, 6*florins 15 sous 6 deniers, 21 bonniers de
terres et la grosse dîme sur tout le territoire y compris le
sartis Farinart, l'aulnois Godaux, le bois d'Horimont, le bois
d'Eloges et le trieu Saint-Berger (valeur 1186 florins)*.
CULTE. — Ressaix, qui, depuis les temps anciens, portait
des oflrandes à l'abbaye de Lobbes^ à la fête de saint Marc,
formait, en 1186, une paroisse du décanat de Binche. R est
vraisemblable que Mont-Sainte-Aldegonde y était déjà réuni à
cette époque. — Cette paroisse est mentionnée pour la pre-
mière fois dans une charte de Tan 1177, par laquelle Alard,
évêque de Cambrai, confirma à l'abbaye de Bonne-Espérance
la donation de l'autel de Ressaix, que lui avaient faite Hugues
1. Cour féodale du Hainaut,n<^ 227, fol. 347. — Registres aux actes des reliefs
defiefSf passim.
2. Chambre descomptes^ n« 46628.
— 373 —
d'Harvengt et son frère Robert. On sait que celte cession fut
annulée en 1222 et que l'évêque Godefroid II de Condé obtint
la collation de la cure dont la taxe était fixée, au XIV^ siècle,
h 21 livres. — La dotation de ce bénéfice consistait, en 1787,
en dîmes (produit 368 florins 15 sous 3 deniers), en biens-
fonds (loués 28 florins 18 sous), et en rentes (valeur 316 flo-
rins 1 sou 6 deniers), le tout chargé de 35 florins 13 sous
3 deniers. — Les revenus de la fabrique montaient alors à
178 florins 4 sous. — Il y avait, au XV® siècle, une chapellenic
reconnue comme bénéfice ecclésiastique à la collation de Té-
vêque diocésain et taxée à 15 ou à 16 livres*. — Saint Etienne
est le patron de la paroisse. — Les ducasses de Ressaix tom-
bent le premier dimanche de septembre et le jour du patron,
c'est-à-dire, le 26 décembre.
BIENFAISANCE. — La table des pauvres de 4{essaix avait, à
la fin du XVIII® siècle, un modique revenu qui ne s'élevait qu'à
la somme de 112 florins 10 sous. / .
VELLEREILLE-LE-BRAYEUX.
SITUATION. — Vellereille-le-Brayeux, qui doit la première
partie de son nom au roman veile, velle, c'est-à-dire, vieux,
et au bas latin recula^ recella, reicula, ou essart, et la seconde
partie au mot brai, fange, boue, est un village élevé au rang
de commune et de paroisse, et ayant pour limites les terri-
toires d'Estinnes-au-Val, de Waudrez, de Buvrinnes, de
Merbes-Sainte-Marie, de Peissant, de Faurœulx et d'Estinnes-
au-Mont.
Cette commune qui a pour dépendances Bonne-Espérance,
Belle-Maison, Pincemaille et Rivrœlles, est située à 5 kilomètres
sud de Binche, son chef-lieu de canton et de décanat.
1. Màghe. Chronicon Bonœ Speî, pp. iiO. 113, 128, 136, 139, 150. — Ch. DdtI'
viER. Recherches sur le Hainnut ancien^ p. 237. — Chambre des eomptfis,
n* 46640.
- 374 -
POPULATION. — Ea 1486, on y complaît 21 foyers ; en 1750,
28 feux; en 1830, 80 maisons; et en 1866, 125 habitations.
En Tan XIII de la république, il y avait 381 individus et en
1830, 467; sa population actuelle est de 603 habitants dis-
persés sur une superficie de 1426 hectares.
NOMS ANCIENS. — Vellereille''Umidaj 868-869, Polyptique
de l'abbaye de Lobbes. — Villa-ReUay X® siècle, Folcuin,
cap. 31. — Velleregiuniy 1124, Charte de Burchard, évêque
de Cambrai: Duvivier, 532. — VeUerella, 1127, Charte de
l'évêque Burchardy Maghe, 3; 1131, Charte de Liétard, son
successeur: Declèves, 251 . — Yekrella^ 1167, Cartulaire de
l'abbaye de Bo^ne-Espérance, II, 1. — Velerelley 1181, Bulle
du pape Lucius III : Duvivier, 637 ; 1240, Cartulaire de l'ab-
baye d'Aine: Devillers, I, 77. — Velerelle-le-Brayeuse^
1265, Cartulaire-chassereau des revenus des comtes de Hai-
naut, 100 vo. — Villereilley 1451, Cartulaire de l'abbaye de
Bonne-Espérance. — ViHerielle-la-Brayeuse, 1486, Matricule
transcrite par Dubuisson. — Dans les pouillés, onlH: Ville"
rella-Braiosay Vellerelle-le'BrayeuXy Villerelle-de-BrayieulXi
antiquités. — Divers travaux exécutés sur le territoire de
ce village, et notamment dans le bois de Pincemaille, situé à
l'est du chef-lieu, ont amené la découverte d'objets antiques
tels que des poteries, des briques, des tuiles convexes et à
rebords, des monnaies romaines, etc. ^
monuments. — L'église de Vellereille-le-Brayeux est une
construction en briques qui date du XVIIl® siècle. On con-
serve dans le trésor de cette église une relique de saint
Ursmer donnée, en 1593, à Jean Luc, abbé de Bonne-Espé-
rance, par l'archevêque de Cambrai, Louis de Berlaimont,
avec l'assentiment du chapitre de Binche*. — L'abbaye de
Bonne-Espérance, aujourd'hui convertie en séminaire épis-
copal, avait été fondée en 1 126.
i.Ga%eUedeMonSy S mars 1847. ^ Annalet du eerde archéologique de 5Ions,
l. IV, p. MO.
a. Gilles Waulde. Chronique de Lobbes^ pp. 48i, 502.
— 375 -
FAITS HISTORIQUES. — L'ancienneté du village nous paraît
établie par la présence sur divers points de son territoire
de débris de matériaux de la période gallo-romaine. —
On assure que cet endroit servait de lieu de repos à saint
Ursmer^ lorsque ce vénérable abbé de Lobbes se rendait à la
cour des maires du palais d'Âustrasie, qui avaient leur rési-
dence dans la célèbre vtMa royale de Leptines*. — Quoiqu'il
en soit, il est avéré que ce monastère y avait des biens au
IX« siècle, comme l'affirme le polyptique dressé en 868-869
par Jean, évêque de Cambrai*. — Vellereille-le-Brayeux fut
doté de franchises à une époque que nous ne saurions préci-
ser, mais qui parait être antérieure au XVI® siècle. On trouve
le texte de la charte-loi qu'il dut à la bienveillance des abbés
de Bonne-Espérance dans le cartulaire de cette abbaye, t. I,
fol. 526-536. — Ce village fut livré aux flammes et au pillage
parles Gueux, en 1568, par les Hollandais en 1604 et par les
troupes deMansfeld, en 1622*. — Pendant les guerres qui
éclatèrent sous le règne de Louis XIV, roi de France, il eut
encore à subir de grands désastres et dut payer de fortes con-
tributions de guerre, notamment en 1654, en 1656, en 1667,
en 1673, en 1674, en 1675 et en 1690*. - La nuit du 12 au
13 mai 1794, le général Duhesme, qui commandait l'avanl-
garde de l'armée française, bivaqua à Vellereille-le-Brayeux et
de là se porta contre les Autrichiens dans la direction de
Croix-lez-Rouveroi pour leur livrer bataille *.
JURIDICTIONS. — Le village de Vellereille-le-Brayeuxj qui
ressortissait jadis à la prévôté de Binche, fait partie depuis
Tan 111 du canton de justice de paix de cette ville. — Les
comtes de Hainaut s'y étaient réservé les droits de mortemain,
1. FOLCDiN. De Getlis abbatum LobieMium, cap. 81.
2. Ch. Ddviyier. Recherches sur le Hainaut anciertj p. 313.
S.Gilles Waulde, loccit., pp. 502,510. — Mague. Chronicon Bonce Spei,
pp. 479, 523.
4. Chambre des comptes^ n" 1372, 2i4î9, 2ii30.— Cfr. deQcincy, deBeadrain,
d'Aguesseau, loc. cit.
5. Z.'L PiÉRART. La grande épopée de l*an //, p. 96.
-876 -
de douxaine, de sixaine, Tost et la chevaachie^ maisTabbaye
de Bonne-Espérance y exerçait la justice à tous ses degrés et
levait une partie de la dime, des cens, des rentes, etc. —
Les abbés de ce monastère nommaient le maîeur, les éche-
vins et le sergent. L'exercice de cette prérogative donna lieu
à plus d'un conflit avec les délégués du prince: en 1280,
Gérard li Mardres, prévôt de Binche, ayant violé les droits de
justice qui appartenaient à Bonne-Espérance, cet officier dut
réparer ses torts en présence de Sebiers, maïeur, de Guerrart
le Teilier, Jehan le Baron, Martin le Bauteur, Robin le Car-
pentier et Thieront de Premonstret, échevins de Yellereille ;
Gérard Dobie, son successeur, avait établi comme maleur de
Yellereille, en présence des échevins de ce lieu, Gérard Wal-
mestaine, tourier de Waudré, qui voulut faire justice, mais
Tabbé de Bonne-Espérance, en sa qualité de haut-justicier,
réclama contre cette usurpation, et le prévôt déclara le 5
janvier 1386 (v. st.), dans le conseil des jurés de Binche, qu'il
avait agi sans raison légitime*.
SEIGNEURIES. — La terre et seigneurie de Vellereille-le-
Brayeux appartenait, au commencement du XII® siècle, aux
sires de Barbençon, qui cédèrent ce domaine en fief aux châ-
telains de Beaumont. L'un de ces officiers, nommé Ghislain,
les transporta à l'abbaye de Bonne-Espérance^ du consente-
ment de Nicolas de Barbençon (11 65). Cette disposition reçut,
la même année, l'approbation de BauduinlV, comte de Hai-
naut. — Jean de la Roche qui possédait un alleu à Yellereille
le donna en aumône à Bonne-Espérance, per ramum et cespi-
tenij par le rameau et le gazon, avec l'assentiment de Nicolas,
évêque de Cambrai, en 1157; ce qui fut confirmé, peu de
temps après, par le comte Bauduin IV*. — Quant aux autres
possessions seigneuriales, les religieux les avaient obtenues
1. Cartulaire'ehaMereau de$ revenue de» comtes de Hainaut, en 1965^ fol.
100 y. — Chambre de$ comptes, n« 1811, fol. 85.
1. BlAGHE. Chronicon Bonœ Spei^ pp. St8, 840.
I. Carttil(i\re de Vahbaye de Botint-Espèrance, 1. 1, fol, 202 ; t l^IV, fol. 1.
— 377 —
en partie par achat, et le reste par donation pendant le cours
du XII® et du XII^ siècle. Parmi ces biens, figurent la
basse-cour de l'abbaye comprenant 99 bonniers de terres et
33 bonniers de prairies, mesure locale ; la ferme Chabaré avec
100 bonniers de terres et 17 bonniers de prairies; la ferme
de Belr-Airj avec une exploitation de même étendue; la ferme
de Pincemailley ayant près de 150 bonniers de terres et 20 bon-
niers de prairies; la ferme de Belle-Maison^ avec 92 bonniers
de terres et 20 bonniers de prairies ; la ferme de Rivrœlles^
avec 100 bonniers de terres et 18 bonniers de prairies. —
Les autres propriétés de l'abbaye à Vellereille-le-Brayeux se
composaient de plusieurs branches de terres contenant en-
semble plus de 100 bonniers, de diverses prairies, de sept
étangs d'une étendue de 14 bonniers, d'un moulin banal, et
de 380 bonniers de bois*. —Quant à la dime, elle apparte-
nait en grande partie aux religieux qui l'avaient reçue en don
d'Engelbert de Bréda, et de Henri, châtelain de Binche, en
1157, du chapitre de Walcourt, en 1169^ et du chapitre de
Cambrai, en 1245*.
CULTE. — On voit par une charte de Tan 1124 et par une
bulle du 31 décembre 1181 que Vellereille-le-Brayeux dé-
pendait au XIP siècle, pour le spirituel, de la paroisse d'Es-
tinnes-au-Mont. Cet état de choses subsista jusqu'au 29 no-
vembre 1235 et ce fut à cette date qu'on l'en détacha pour for-
mer le siège d'une succursale du décanat de Binche, comme
il l'est encore aujourd'hui. Cependant l'accord qui intervint à
ce sujet n'eut lieu définitivement que le 6 juin 1328, et
Pierre III de Lévis, évêque de Cambrai y donna son appro-
bation au mois d'octobre de la même année >. — L'abbé de
Bonne-Espérance obtint la collation de la cure, dont les reve-
nus, sous l'ancien régime, n'ont pas été déclarés au gouver-
i. Chambre det compte»y n« 46674.
S. Cartulairt de l'abbaye de Bonne-Espérance, t. U, fol. 1, 24, 38 et 45 ; t. XIV,
fol. 4. — Maghe. Chronicon Bonœ Speij cap. 2, ^ S6 et 28 ; cap. 5, § 50.
8* DcviviBR. Recherchée iur le Hainaut ancien, pp. 582, 687. — Cartulairt da
Vabbaye de Bonne^Etpérance, L II, fol. 2i, 88 et 45.
- 378 -
nement de Joseph II, parce que le titulaire étant nourri et en-
tretenu aux frais de l'abbaye n'avait en particulier aucunes pos-
sessions seigneuriales ni autres biens-fonds quelconques atta-
chés à son bénéfice. — La taxe ordinaire que devaient payer
les bénéGciers n'est pas fixée dans les pouillés pour la cure
de Vellereille-le-Brayeux. — Saint Ursmer est le patron de la
paroisse. — Les ducasses de cette localité arrivent le 18
avril, fête du patron, ou le dimanche suivant ; le quatrième
dimanche de juillet, et le premier dimanche d'octobre.
ABBAYE DE BONNE-ESPERANCE.
FONDATION. — Bonne-Espérauce, Bona-Spes^ située sur
une éminence et environnée de bois, à un kilomètre nord-
nord-ouest de Vellereille-le-Brayeux, estunancien monastère de
l'ordre des Prémontrés, qui avait d'abord été établi dans l'alleu
de Ramelgiis (Ramignies), puis transféré en un lieu appelé
le Sart de Richevin, et de là à l'endroit où il subsista près de
six siècles et demi, grâce à la libéralité d'un noble chevalier
de la contrée, Renier de Croix, et de Béatrix, son épouse
(H26)*.
MONUMENTS. — Lcs bâtiments claustraux achevés en 1131,
furent bénis solennellement par Liétard, évêque de Cambrai,
et l'année suivante, Odon, le premier abbé de cette maison,
jeta les fondements d'une vaste église dont les travaux furent
terminés au mois de juillet 1135. — Jean de Bruille, 11®
abbé, construisit une belle tour, en 1212-1221 ; cet édifice
s'étant écroulé en 1271, il fut relevé dans l'état où on le
i. Jacques de Guise. Ui$toire du Hainaut, t. XII, p. 139. — Curlulaire de Vab-
baye de Bonne-Espérancey t I, fol. 2. — Ce manuscrit est intitulé : Des titres et
lettriages de Vabbaye de Bonne-Espérance^ contenant la fondation d^icellCy sa con-
firmation, ses privilèges, les fonds de Vellereille-le-Brayeuse, de Rivroelle et de
Ramigny,lajustice et divers rétablissements dHcelle, les donations de quelques
biens, etc, recueilli^ par F, Eng. Maghe, 42* abbé, pour se faciliter à ses succes-
seurs la connaissance de nos biens, en 1679,
- 379 -
voit encore aujourd'hui. — Jean des Monastères, 15® abbé, et
Adam de Cultissore, son successeur, élevèrent en 1266-1274
une nouvelle église abbatiale, qui était un des types les plus
parfaits de l'architecture ogivale primaire de nos contrées. —
Le dortoir et trois ailes de cloître furent aussi l'œuvre de ce
dernier prélat. — Jean Cornu, 35^ abbé, bâtit en style ogival
le cloître et le réfectoire (1510-1537). — Après l'incendie de
1568, Jean Luc, 39® abbé, répara ce désastre pendant sa préj
lature (1580-1607). — Nicolas Chamart, 40« abbé, posa en
1609 la première pierre d'une nouvelle église abbatiale,
qui fut achevée après sept années de travail. — La plus grande
partie des bâtiments actuels de Bonne-Espérance sont dus au
zèle de Jean de Patoul, 43® abbé, et de Jérôme Petit, qui lui
succéda dans l'abbatiat : le premier construisit le dortoir^ la
bibliothèque, le quartier des hôtes, l'infirmerie et la façade
orientale, qui est ornée de ses armoiries ; le second refit la
façade principale et le côté nord du monastère, ainsi que le
réfectoire des rehgieux, le salon et les appartements des hôtes
dont les voûtes à arcades surbaissées sont dignes de fixer
l'attention des amateurs. — Les autres bâtiments claustraux
furent bâtis en partie entre les années 1740 et 1764 sur les plans
de l'architecte montois Dubressi et sur ceux de Laurent Dewez.
— L'église actuelle de Notre-Dame de Bonne-Espérance, com-
mencée en 1770 par Adrien Houze, 45® abbé, fut terminée
en 1776 par l'abbé Jérôme Daublain, d'après les plans de l'ar-
chitecte Dewez. Au-dessus de la porte d'entrée du temple saint,
on a gravé ce chronogramme : regI sœCULorUM eXtrUCta
œDes. — Douze grandes statues décorent les bas-côtés de l'é-
glise : elles représentent saint Norbert, saint Frédéric, saint
Isfrid, saint Évremond, saint Luc, saint Marc, saint Mathieu,
sarnt Jean, et les quatre vertus cardinales : la Prudence, la
Justice, la Force et la Tempérance* . — A la porte du chœur se
dressent les statues de la Foi et l'Espérance. Dansle sanctuaire,
1. A répoque de la république Trançaise, ces statues avait été forten.cnt muti-
lées. On les a restaurées complètement.
- 380 -
8ur des piédestaux en marbre, sont placées les statues des
quatre pèresde l'église latine: saint Jérôme, saint Ambroise,saint
Augustin et saint Grégoire. — Sur Tautel de la Sainte Vierge,
on admire la statue antique de Notre-Dame de Bonne-Espé-
rance. — Au côté opposé, apparaît saint Louis de Gonzague,
et plus loin, Tautel et le monument en marbre blanc des
anges tulélairesde Bonne-Espérance'.
ARMOIRIES. — L'abbaye de Bonne- Espérance portait : d'azur
bordé de gueule, à une crosse mise en pal et quatre étoiles d'or.
SCEAUX. — Le sceau, dont la matrice en argent se conserve
au séminaire, est de forme ronde ; il représente Notre-Dame
de Bonne-Espérance, patronne de Tabbaye, assise sur un
trône et placée sous un dais, ayant à sa droite une fleur de
lis et à sa gauche une étoile, Tune etTautre surmontée desept
petites étoiles. La légende porte : Sigillum, convenius. ecclesie.
bone spei (en gothique). Il y a un contre-sceau offrant une tête
et deux clefs en sautoir; on y lit ces mots : Clavis sigilli (en
gothique)*.
CHARTES. — Les souveraihs pontifes qui prirent Bonne-
Espérance sous leur patronage et lui confirmèrent la posses-
sion de ses biens et de ses immunités , sont : Innocent II,
le 27 janvier 4137 (v. st.), et le 24 septembre 1443 ; Kugène
m, le 2 juin 1147; Alexandre III, le 2- mai 1165, le 21 mai
1171, le 31 août 11 73-1174, le 9 et lel3 octobre 1177;Lucius
III, vers 1185 ; Clément III, le 20 févçier 1188 (v. st.) ; Cé-
lestin IIL en 1194 ; Grégoire IX, en 1229 et en 1238. — In-
nocent IV, en 1245, en 1249, en 1252 et en 1254 ; Alexandre
IV, en 1254-1 261, Clément IV, en 1265; Grégoire X, enl271-
4276;JeanXXI,en4276;NicolasIlI,en4277,le44 mai 4280
et en 4281 ; Boniface VIII^ en 4298. — Quelques papes lui
accordèrent encore des prérogatives toutes spéciales : Adrien IV
autorisa les religieux à élire un abbé, lorsque le siège abba-
1. Cfr. A. G. B. ScBAiES. Histoire de Varchitecture en Belgique, t. II, pp. 450,
688.
1. v. Maghe. Chronicon Donœ Spei, p. 490. -^ Oa conserve aussi la matrice en
argent de ce contre-sceau au séminaire épiscopal de Bonne-Espérance.
- 881 —
tial deviendrait vacant dans leur monastère (14 octobre 1154-
4158) ; Alexandre III jes exempta de l'obligation de payer la
dime des terres novales qu'ils cultivaient directement et celle
des denrées servant à l'alimentation de leurs troupeaux
(!2 mars 11 65) ; Grégoire X leur permit déchanter le Ghriain
excelsiSy le Te Deum et quelques autres prières en l'honneur
de la sainte Vierge, le jour de la fête de l'Annonciation, au
temps de carême (1S73) ; Nicolas lY accorda de nombreuses
indulgences pour l'église de Notre-Dame de Bonne-Espérance
(1290) ; Benoit XII ordonna à l'archevêque de Cologne et aux
évêques de Cambrai et de Laon de défendre Bonne-Espérance
contre les exactions du duc deBrabant (1335) ; et Clément YIII
permit aux abbés de porter l'anneau, la mitre, la crosse et les
autres insignes de la prélature (1601). — Les princes suivants
prirent ce monastère sous leur haute protection ou le com-
blèrent de biens : Frédéric I, empereur d'Allemagne (29
décembre 1165) ; Bauduin IV, comte de Hainaut (1140,
1150, 1165, 1167) ; Godefroid III, duc de Brabant (1160,
1165) ; Bauduin V et Bauduin VI, comtes de Flandre et de
Hainaut (1172, 1174, 1200, 1202) ; Henri I, duc de Brabant
(1213, 1228) ; Thomas et Jeanne, comtes de Flandre et de
Hainaut (novembre 1242) ; Jean d'Avesnes et Philippine de
Luxembourg, comtes de Flandre et de Hainaut (1247, 1256,
1288, 1295, 1300, 1302) ; Marguerite, comtesse de Flandre
et de Hainaut (1257, 1259) ; Jean I, duc de Brabant (1276,
1280, 1292, 1293) ; Jean U, duc de Brabant (1296, 1312) ;
Guillaume I d'Avesnes, comte de Hainaut (1314) ; Wenceslas,
duc deBrabant (1377) ; Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne
(1434, 1445, 1451). — Il reçut des témoignages de dévoue-
ment de la part des évêques de Cambrai : Burchard (1127),
LiéUrd (1131), Nicolas I de Chièvres (1141, 1157, 1162,
1163, 1165, 1167), Alard (1175, 1177), Roger de Wavrin
(1181), Nicolas Hlde Fontaine (1253) ; Enguerran U de Cré-
qui (1274, 1288) ; Gui II de CoUemède (1300) ; Pierre HI de
Lévis (1315) ; et des évêques de Liège : Henri de Leyen
10
- 382 -
(li6i) ; Albert de Louvain (1187) ; Albert de Cuick (1196) ;
Jean d'Aps (1238) ; et Robert de Langres (1243) *. — Par-
mi les nombreux bienfaiteurs de Bonne-Espérance, nous ci-
terons : Wautier et Alard de Louvignies, Imbert de Perheses,
Gauthier d'Artre, Alard de Marche, Lambert de Boeniis,
Hubert de Chimai, Engelbert de Brédas, Théodoric de Wal-
court, Alard de Castelain, Guillaume de Saint-Remi ^1126);
Jean de la Roche (1128) ; Gilla^ châtelaine de Bruxelles ;
Gillard de Familleureux ; Helwide de Felui (113!) ; Jean de
Saint-Yaast (1138); Arnould et Nicolas de Blaton, Gauthier
de Houdeng, Gislebert et Marie de Merbes, Gauthier Rufus
de Lestines, Holder de Mathies, Widon de Fontaine^ Hubert
de Merbes, Radulphe et Jean de Lestines (1140) ; Engel-
bert de Croix (1141) ; Judith de Merbes, Rasse de Gavre,
Alard de Louvroil (1145) ; Théophile de Jemmapes, Ghislain
de Quaregnon, Théophile de Waudrez (1146); Guillaume
deRuesne (1155), Adelende de Lestines (1159) , Régnier et
Bauduin d'Attre, Rigautde Rêves (1160) , Radulphe de Ser-
ries (1161); Radon de Chaursie (1163) ; Francon, châtelain
de Bruxelles, Nicolas de Lestines (1165) ; Henri, châtelain de
Binche (1167); Wéric de Lestines (1168) ; Godescald de
Thier, Hugues de Boussoit (1171) ; Jean et Wautier de Hane-
çueles, Wiger d'Anderlues, Régnier de Ressaix, Otton de
Levai, Guillaume de Haine, Wicard de Thorembaix, Mathilde
deLérinnes^ Gosuin de Tourinhes (1172) ; Enguerran d'Or-
bais (1172) ; Godefroid et Jacques d'Orbais (1173) ; Régnier
de Jauche, Mathieu de Sémeries, Jean de Saintes, Ghislain de
Villers (1174); Clémence de Thuin (1175); Hugues et
Robert d'Harvengt (1177) ; Anselme d'Harvengt (1178) ;
1. Le dépôt des archives générales du royaume possède 471 chartes, 82registres
et 15 liaues de pièces qui proviennent de l'abbaye de Bonne-Espérance, et Ton
conserve à celui de TÊtat, à Mons, divers documents relatifs à l'élection de quel-
ques abbés et aux biens et revenus du monastère. — Voy. L. Devillers, Notice sur
le dépôt dei archives de VÉtat, à MonSj p. 369 ; idem, De»cripihn de cartulairet
et de chartrien du Hainaut, t. UI, p. 103 {Quatre charteê de Vàbbaye de Bonne-
Espérance).
— 383 -
Bauduin de Ville, Sara de Gottignies (1179) ; Bauduin, archi-
diacre de Liège, Godefroid de Thuin (1180); Godefroid
d'Ottignies, Béatrix de Limai (1187); Ghislain, châtelain de
Beaumont, Jacques d'Avesnes, Hugues de Rumignies (1189) ;
Godefroid et Jacques deChaumont (1196) ; Gilles de Binche
(1197) ; Maurice deTourinues (1198); Elisabeth de Merbes
(1202) ; Gauthier, fils d'Obert (1203) ; Béatrix de Familleu-
reux (1204) ; Jean de Lobbes(1205) ; Jacques d'Orbais (1206);
Bauduin d'Erquelinnes (1207) ; Wautier de Fontaine, Robert
de Garnières (1212) ; Bernard de Meslin, Jean de Ghoy
(1213); Eve de Haine-Saint-Paul (1215) ; Euslache du Rœulx
(1217); Antoine de Braine (1218); Gérard de Jauche (1227);
Gilbert Couvet(1232) ; Lambert de Heuleu (1233) ; Théodo-
ricde la Haie (1237) ; Guillaume le Cruel (1238) ; Nicolas et
Gosuin de Croix (1245) ; Jean d'Avesnes(1251); Simon Puche,
Pierre d'Ablimont (1254) ; Nicolas de Boussoit, Marguerite
deConstantinople(1256) ; le maîeur deLestines(1257); Bau-
duin d'Avesnes (1259) ; Bauduin de Péronnes, Jacques de
Bersillies(1261) ; Roger d'Élesmes(1262) ; Théodoric de Bar-
bençon (1264) ; Hugues de la Glisuelle (1266) ; Nicolas
d'Ëcaussinnes (1271); Nicolas de Chanteraine (1274) ; Drogon
le Boulenger de Lestines (1280) ; Bauduin de Hennin (1282) ;
Gilles Rigaut du Rœulx (1299); Jean Sausses de Boussoit
1315) ; Engelbert de Grez (1362) ; Jean Amourettes (1414);
Engelbert d'Illre (1436) ; Jean d'Écaussinnes (1440).
Abbés. — Les Prémdntrés séjournèrent à Bonne-Espérance
pendant 670 années^ sous 46 abbés, dont voici la liste : Odon,
1126-1156. Philippe de Harvengt, 1156-1182. Godescal,
1182-1186. Jean 1 de Valenciennes, 1186-1188. AUesme,
1188-1192. Robert d*Harmignies, 1192-1194. Jean U de
Clairefontaine, 1192-1197. Jean HI de Bruile, 11 97-1 204. Pierre
I Scot, 1204-1205. Reinard, 1205-1206. Jean UI de Bruile,
1206-1221. Arnould de Erpse, 1221-1234. Gérard de Binche,
1234-1242. Jean IV de Gentinnes, 1242-1253. Jean V des
Monastères, 1253-1270. Adam de CuUissore, 1270-1286.
-384 —
Waatier de Fiavennes, 1286-1290. Jean VI de Valenciennes,
1290-1308. Gérard II de Hasnuy, 1308-1316. Jean VII de Va-
lenciennes, 1316-1323. Simon de Lobbes, 1323-1324. Jean
VIII de Bevre, 1324-1328. Jean IX de Ninove, 1328-1328. Jean
Xde Barbençon, 1328-1342. Hugues de Sart, 1342-1345. Ma-
thieu de Lens, 1345-1353. Jean XI de Vigne, 1353-1359.
Jean XII Sortes, 1369-1394. Pierre II de Halonne, 1394-1421.
Gilles Mâchez, 1421-1444. Guillaume Schieneil, 1444-1459.
Pierre III des Fossets, 1459-1473. Antoine de Herdop, 1473-
1495. Nicolas I de Merdop, 1495-1510. Jean XIII Cornu,
1510-1537. Jean XIV d'Eppe, 1537-1555. Pierre IV Despe-
ries, 1555-1559. Jean XV Treux, 1559-1580. Jean XVI Luc,
1580-1607. Nicolas II Chamart, 1607-1641. Augustin de Fel-
leries, 1642-1671. Engelbert Haghe, 1671-1708. Jean XVII
Patoul, 1709-1724. Jérôme Petit, 1724-1752. Adrien Houze,
1752-1772. Bonaventure Daublain, 1773-1796 '.
BÉNÉFICES. — L'abbaye jouissait d'un certain nombre de
bénéfices, les uns dans le diocèse de Cambrai, les autres dans
celui de Liège. C'étaient les cures de Leugnies (1161), de
Familleureux (1162), de Haine-Saint-Paul (1163), de Seneffe
(1167), de Thorembais-Saint-Trond (1172), d'Orbais (1173),
d'Erquelinnes(1175), d'Anderlues, de Feïuy, de Mont-Sainte-
)/ Geneviève, de Morlanwelz (1177), de Gentinnes (1181-1185),de
Gourcelies (11 88). de Sombreffe (1190), de Chaumont (1 1 96) et
d'Eysinghem (1290); le prieuré de Saint-Nicolas-au-Bois, sous
Seneffe (1253); la chapelle d'Ansielsart, sous Haine (1261);
celle de Sainte-Calherine, à Manage (1262) ; le béguinage de
V Morlanwelz (1292); et la chapelle de Saint-Jean-Bapliste, à
Bois-d'fiaine (1315).
BIENS ET BEVENUS. — Le nombre des religieux qui compo-
sèrent la communauté de Bonne-Espérance fut toujours à peu
près le même & toutes les époques. Il y en avait 59 en 1773, 64
i. De SAmTS-MÀBTHE. GMa ehriithna. Paris, i7S6; col. 198-196. — Anna!e$
Prœmonttraten$€M. Nancy, 1784 ; t. I, col. 851 et acq. — Aacbitcs ou rotàumi
CmmH privé. Carton n« 1418.
- 385 -
en 1787, et 65eni796. An moment de la suppression, on
comptait 23 religieux qui desservaient les cures dont la colla*
tion appartenait à l'abbaye, 13 vicaires, 2 chapelains, 13 étu-
diants en théologie, et 38 seulement restaient au monastère.
— Quant aux revenus, nous savons qu'ils s'élevaient : en
1708, à 11,711 florins ; en 1724, à 24,986 florins; en 1773,
à 40,955 florins; et en 1787, à 65,735 florins. — Outre les
biens dont nous avons déjà parlé, Bonne-Espérance possédait,
à la fin du siècle dernier, des seigneuries foncières à Gouy-
le-Piéton, àCantrainesousMignaut, à Familleureux et à Hou-
deng-Gœgnies. La seigneurie de la Salmagne sous Yieux-
Reng, consistant en une ferme avec 15 bonniers de prairies
et 100 bonniers de terres, et un moulin à eau, acquis par
échange en 1246 et loués ensemble 1,336 florins. La seigneu-
rie de Chaumont-Gistoux acquise en 1451 pour 3,500 muids
de seigle, et comprenant un livre censal (produit 255 florins
4 sous); les 4/5 de la dime (revenu 1,100 florins); un moulin
à eau, loué, avec 6 bonniers de terres et de prés, 400 flo-
rins; une franche taverne, à Chaumont, louée 20 florins ; une
autre, à Gistoux, louée 36 florins ; la censé du Mont, à Gis-
toux, louée, avec 64 bonniers de terres et une partie de la
dime 1 ,078 florins; 30 bonniers de bruyères et de broussailles,
(revenu 155 florins). La seigneurie deHamalsous Courcelles,
qui avait été donnée à Bonne-Espérance en 1141 et se com-
posant de quatre fermes : le Grand-Hamal avec 60 bonniers
de terres et 10 bonniers de prairies, louée 614 florins 10
sous ; la ferme de Corbeau-Fontaine^ avec une même exploi-
tation, louée 920 florins ; la ferme de Miauccurt^ avec 57 bon-
niers de terres et 16 bonniers de prairies, louée 590 florins ;
et la ferme de Petit-Harnais avec 46 bonniers de terres et 16
bonniers de pâturages, louée 296 florins; 13 bonniers de
terres et 4 bonniers de trieux, loués 137 florins; un droit
d'entre-cens valant 33 florins ; et 103 bonniers de bois,
achetés en 1245, et donnant un revenu de 1,206 florins. La
seigneurie de Gourriére sous Familleureux, par donation
- S86 -
faite en il 60 et en 1471, comprenant une ferme avec 103 bon-
niers de terres et 18 bonniers de prairies, louée 1,250 flo-
rins; Ai bonniers y compris leTrieu de Boulereau, loués 523
florins; une maison de sergent dite Peiit-Courrière avec deux
bonniers (produit 40 florins); et 200 bonniers de bois (revenu
2,382 florins). La seigneurie de Leugnies, acquise en 1171
sous une reconnaissance d'un cens de 10 deniers : il y avait
une ferme contenant 70 bonniers, louée, avec la dime, 643 flo-
rins; des rentes seigneuriales rapportant 110 florins; et 11
bonniers de bois, donnant un revenu de 106 florins. La sei-
gneurie de Souvret, acquise par échange de l'abbaye de Gem-
bloux, en 1300, et où Bonne-Espérance avait une ferme
nommée Lescaille avec 62 bonniers de terres et 8 bonniers
de prairies, louée 575 florins; un moulin à eau, loué 154
florins ; une ferme appelée le Trichon avec 63 bonniers de
terres, louée 510 florins ; un droit de dime valant 603 florins;
et des droits seigneuriaux (produit 156 florins). Enfin,
comme biens seigneuriaux, citons encore 35 bonniers de bois
à Saint-Nicolas sous Senefie (revenu 175 florins). — Les reli-
gieux avaient une nïaison à Nivelles, louée 1 07 florins ; une
autre contiguë à la précédente, louée 38 florins; un refuge
à Mons, dont on retirait 386 florins ; et une maison à Hou-
deng-Gœgnies, avec 5 bonniers, louée 66 florins. — Parmi
les possessions non seigneuriales, on distinguait : la ferme
d'HaubreuXy à Croix-lez-Rouveroy, avec 60 bonniers de terres
et 10 bonniers de prairies, louée 853 florins 10 sous; la
ferme de Roteleux, à Thieusies, avec 48 bonniers de terres,
louée 490 florins, y compris 1/30 de la dime ; la ferme de
Cantraine^ à Hignaut, avec 60 bonniers de terres et 10 bon-
niers de prairies, louée 685 florins; une ferme à Elesmes,
avec 16 bonniers et un tiers de la dime, produisant ensemble
845 florins 13 sous; la ferme de Heuleux^ à Senefle, avec 74
bonniers de terres et une portion de dîme, louée 1023 florins
10 sous; et une papeterie, à Estinnes-au-Mont, oii 12 ou-
vriers étaient occupés pendant 6 ou 7 mois de Tannée. Les
— 887 —
religieux avaient aussi d'autres biens-fonds à Merbes-Sainte-
Marie (48 bonniers), à Vellereille-le-Sec, à Bray (53 bonniers),
à Maurage, à Rouveroy, à Haulchin^ à Grandreng, à Peissant»
à Estinnes-au-Mont (35 bonniers), à Houdeng-Gœgnies^ à
Anderlues, à Haine-Saint-Pierre, à Morlanwelz, à Villers-sire-
Nicole, à Boussois-sur-Sambre (22 bonniers, dont A bonniers
chargés d'un anniversaire avec distribution aux pauvres de
32 aunes de drap), à Merbes-Ie-Ghâteau, à Gœgnies-lez-Ander-
lues, à Gourcelles, à Givry, à Gennetines, à Nimy, à Harmi-
gnies et à Haine-Saint-Paul. Ils percevaient la dime à
Estinnes-au-Mont (les 2/9 achetés en 1169), à Villers-sire-
Nicole (1/6 acquis en 1259), à Gennetines, à Anderlues, à
Gouy-le-Pieton (donnée en 1213 et en 1237, produit 3,050
florins), à Seneffe (revenu 4,227 florins), à Sombreffe (dona-
tion de 1,190, produit 2780 florins), à Forchies (revenu 648
florins), à Erquelinnes (donnée en 1207, produit 1,350 flo-
rins), à Feluy (revenu 2,193 florins); et un droit de terrage
à Viliers-sire-Nicole. — En 1787, les propriétés foncières de
l'abbaye de Bonne-Espérance avaient une contenance globale
de 3,364 bonniers qui se subdivisaient ainsi : terres arables,
2,285 bonniers ; prés et pâtures, 290 bonniers ; bois, 740
bonniers ; bruyères et terrains vagues, 35 bonniers ; étangs,
14 bonniers. — Us produisaient avec les dîmes, les rentes et
autres droits seigneuriaux un revenu montant à 28,334 florins 9
sous 5 deniers. — Les capitaux actifs placés à intérêts et
exempts de toute fondation atteignaient, avec diverses rentes
constituées à Chaumont-Gistoux, la somme de 37,400 florins
6 sous 2 deniers. — Le monastère avait à supporter de fortes
dépenses qui s'élevèrent, à la même date, à 62,709 florins 8
sous 10 deniers, somme dans laquelle l'entretien de trente-
deux religieux figurent pour 19,200 florins, les frais d'habille-
ment de neuf vicaires pour 1,350 florins, la nourriture et les
gages de vingt-neuf domestiques pour 4,406 florins, et l'en-
tretien de quatre chevaux de voiture pour 700 florins. L'hos-
pitalité qu'on exerçait envers les étrangers qui affluaient à
Fabbaye coûtait i247i florins 16 sons il deniers; on distri-
buait en secours aux vieillards et aux infirmes des villages
voisins des provisions de toute espèce pour 700 florins ; les
pensions et pains d'abbaye payés à 44 individus exigeaient
une somme de 4,717 florins. Les dépenses pieuses montaient
à 4,122 florins; Tentretien et la réparation de Téglise^ des
cloche? et des bâtiments claustraux, à 3,682 florins 17 sous
11 deniers; les subsides accordés aux fabriques des églises^ à
la collation de l'abbaye, à 875 florins ; et les portions con-
grues, à 886 florins 9 sous 8 deniers ^
BiBLioGRAPHiK. — Chronicott Beatœ Mariœ virginis Bofiœ
Speiy per R. D. F. Engelbertum Mâche, abhatem. Bonœ
Speî, 1704, in-4®*. — ProseaUio ehronici ecclesiœ B. Mariœ
virginis Bonœ Spei ordinis prœmonstralensiSf per R. D. F.
Engelbertum Hàghe, quadragesimum secundum abbatem.
Solis Bonœ Spei canonicis. Bonœ Spei. Sacrœ Majostatis
Catholicœ permissu. M. DCC. YIII, in-4o'. — Notre-Dame de
Bonne-EspérancCy par M. l'abbé C. L. De Clèves. Bruxelles,
1869, in.8*.
WAUDREZ.
SITUATION. — Waudrez, en latin Yodgoriamm^ Waldria-
eum^ qui, selon M. C. Vander Elst, signifie demeure de la ré-
gion boisée, du tudesque Wald ryk hem ; selon Chotin, a le
sens de voogd, chef, seigneur, celui qui commande, et de
1. Nous aTons puisé ces détails dans le cartulaire précité de Bonne-Espérance, et
dans la déclaration des biens de ce monastère, produite au gouvernement de
Joseph II par l'abbé F. B. Danblain, le 6 ayril 1787. — Chambre dei comptes,
n« 46674.
2. Cette chronique sortit des presses de Tabbaye et fut imprimée sur du papier
provenant de sa papeterie. Elle a peu de style, mais beaucoup d'érudition.
8. Voy. le Bulletin des eianeee du Cerde archéologique de Mons, première série,
1860-1861, p. SI.
- 889 - /
etc, aCy acunij eaa on ruisseau ; et selon le docteur J. W.
Wolf de Cologne, rappelle un lieu où Ton rendait un culte
au dieu Wodan ou Odhinn^ est un village élevé au rang de
commune et de paroisse, et ayant pour limites les territoires
de Péronnes, de Battignies, de Binche, de Buvrinnes, de Vel«
lereilIe-le-Brayeux et d'Estinnes-au-Yal.
Celte commune, qui a pour dépendances Bruille (Bruilium^
UU, Bruilum, iiSO, Brulers, X\^ siècle), c'est-à-dire la
prairie^ Tout-Vent, la Commune, Champ-Perdu et Waudri-
selle (Waldrisellum, ii24, Wavidrisél, 4265, Waudrisiel,
i458), est située sur la route de Mons àBinche, sur le ruis-
seau de la Princesse, et à 1 kilomètre ouest de Binche, son
chef-lieu de canton et de décanat.
POPULATION. — En 1486, on y comptait 34 foyers ; en
4750, 33 feux ; en 1830, 110 maisons ; et en 1866, 193 ha-
bitations. En Tan XIII de la république, il y avait 354 indi-
vidus et en 1830, 542 ; sa population actuelle est de 757 ha-
bitants dispersés sur une étendue de 895 hectares.
Noms anciens. — Vodgariacumj V® siècle. Itinéraire d'An-
tonin. — Vosoborgiacum, vers 230, carte de Peutinger. —
Walderiego, 779, Diplôme de Charlemagne : Miraeus, 1, 496.
— Waldriacunif 844, Diplôme de l'empereur Lothaire :
Miraeus, I, 337. — y^aldrica, 905, Diplôme de Louis IV,
roi de Germanie : Duvivier, 327. — WiiWrcta, 868-869,
Polyptique de l'abbaye de Lobbes. — H^aldraieumy 973, Di-
plôme de l'empereur Otton I : Miraeus, III, 296. — Waldre,
1120, Charte de Burchard, évêque de Cambrai: Duvivier,
524. — Waldrechum, 1124 : ibidem, 532. —iTuaWre, 1148,
Bulle du pape Eugène 111 : Duvivier, 565. — Svaldrei, 1150,
Charte de Bauduin IV, comte de Hainaut : Duvivier, 567. —
^^aldrey 1152-1153, bulle du pape Eugène III : Duvivier,
575. — Waudré, 1179-11 80, Bulle du pape Alexandre 111 :
Duvivier, 623 ; 1181, Bulle du pape Lucius : ibidem, 637.
— Gualdrei, 1195-1196, Charte de Bauduin VI, comte de
Hainaut ; Duvivier, 661. — }^audré et Waudret, 1265, car-
- 390 —
tulaire -chassereau des revenus des comtes de Hainaat,
65 V**, 68, 96. — Wauldret : de Boussu. — Waudrai: Desroghes.
— Dans les pouillés on lit : Wadrety Wardret, Waudret et
Waudreet. — Les habitants prononcent Audré.
ANTIQUITÉS. — C'est sur le territoire de Waudrez que se
trouvait la mansion romaine désignée sous les noms de Vod-
goriacum ou de Vogodoriacum sur la carte de Peutinger et
l'itinéraire d'Anlonin. Cette station était située à 12000 pas
romains de Bacaco Nerviorum (Bavai) et à 22000 pas de
Geminium viens (Gembloux). On a découvert sur son em-
placement de nombreux objets d'antiquités , savoir : une
monnaie gauloise en bronze, des monnaies des premiers Cé-
sars, des puits, des débris de meule, une hache d'armes, un
fer de lance, une lame d'épée, une petite flèche de fer, des
clefs en fer et en bronze, des fibules de même métal, un
bracelet en bronze, des boucles de ceinturon, un petit cou-
teau et un petit marteau en fer, deux styles en bronze et en
ivoire, des grains de collier en terre émaillée, une pieiTe
à aiguiser, des débris de tuiles, une grande brique de four,
un fragment de tuyau ou conduit de chaleur, un grand tuyau
en fer, des urnes, des plateaux, des patéres, des fragments
de verre, d'amphore, de poteries de diverses formes et de
diverses couleurs *.
MONUMENTS. — L'églisc de Waudrez fut reconstruite en
1780 par le chapitre de Sainte-Waudru, de Mons. — La chaire
de vérité, joli morceau de sculpture en bois, provient du
couvent des Récollets de Binche. — Le monument sépulcral
érigé en la mémoire de la famille du baron Coppens est
i. Mémoiret de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut'
Année 1838 ; p. 18. — Bulletins de V Académie royale de Belgique, t. Il, p. 437,
t. XV, p. 194. — Tb. Juste. Catalogue du musée royal d^antiquités de Bruxelles,
pp. 180, 205. — Vander Rit. Les grandes chaussées de Vempire romain créées en
Belgique. Bruxelles, 185i ; p. i5. — M. Tabbé Huguet, Inspecteur diocésain de
renseignement primaire, à Tournai, possède dans ses collections quelques armes
antiques qui ont été découvertes sur remplacement de rancienne station romaine de
Yogdoriacttm,
- 891 —
adossé j dans le cimetière, à la chapelle de la Sainte- Vierge •
Au-delà se trouve celui de la famille de M. le comte Ludovic
de Robiano. — Les anciens registres ecclésiastiques remontent
à Tannée 1662. — La chapelle de Notre-Dame de Walcourt,
située sur la route de Binche à Mons, parait être un édifice
du XVI^ siècle ; elle figure avec l'église paroissiale sur le plan
de Binche, dressé vers l'an 1550 par Jacobus Van Deventer.
— Le château de Bruille qui a remplacé l'ancien manoir
seigneurial est de construction moderne.
Faits historiques. — Le village de W^audrez, qui a eu pour
berceau un des relais ou étapes de la Nervie romaine, est, à
coup sûr, l'endroit le plus ancien du canton de Binche '. Un
auteur belge, Wendelin, place à Waudrez la position du camp
de Quintus Cicéron*, qui eut à soutenir les violentes attaques
des Belges coalisés, mais qui en fut délivré par l'arrivée de
César à la tète de ses légions invincibles. — L'église d'Aix-la-
Chapelle posséda, au VIIl^ et au IX^ siècle, le territoire de
cette localité, sinon en totalité, du moins en partie, comme
l'attestent deux diplômes émanés de l'empereur Charlemagne
et de son petit-fils Lothaire. — Le Polyptique de l'abbaye de
Lobbes, dressé en 868-869, le mentionne comme renfermant
des biens appartenant à cette maison religieuse. — Suivant un
acte du 19 octobre 905, Waudrez et sa dépendance Hamor,
dont le nom ne s'est pas perpétué dans ce village, figurent au
nombre des possessions qui firent l'objet d'un échange opéré
entre Lintard, vassal de Gisèle, abbesse de Nivelles, et
Etienne, évéque de Liège, et dont la confirmation eut lieu à
la prière du comte Régnier, par Louis IV, roi de Germanie*.
Lorsque l'abbé Folcuin obtint, en 973^ de l'empereur Otton
1. A. G. B. ScHATES. La Belgique avant et pendant la domination romaine, t. II,
p. 457.
2. Cfr. G. Vander Elst. Le Camp de Quintus Cicéron u trouvait-il dans les limites
de V arrondissement dé Charleroi ? et Th. Lkjedre. Lettre à Vauteur de cette di$ur-
tation, dans les Documents et Rapports de la Société paléontologique et arehéo'
logique de Charleroi, 1. 1, pp. 127 et 149.
8. Gh. DUYiTiER. Recherches sur le Hainaut anden, pp. 208, 818, 827.
II, rétablissement de douze chanoines dans l'église de Sainte-
Marie et de Saint-Ursmer de Lobbes, au lieu de chapelains
qu'y avait placés Tabbé Fulrade, ce souverain affecta pour
leur entretien les biens que cette collégiale possédait à Wau-
drez V — Cette paroisse était aussi Tune de celles qui, auX^
siècle, payaient la bancroix à l'abbaye de Lobbes, lors du pè-
lerinage de la fête du 25 avril. — Waudrez dut à sa situation
sur la voie romaine et à son voisinage de la forteresse de
Binche la plupart des désastres qu'il a soufferts pendant les
guerres du moyen âge et des temps modernes. Eu 1185, il
fut entièrement ruiné par les troupes du duc de Brabant et
de l'archevêque de Cologne, qui avaient envahi le comté de
Hainaut. — Il essuya pareil désastre en 1543 et en 1554, lors-
que les Français attaquèrent la ville de Bincbe. — Les Gueux
l'incendièrent en 1568 et en 1572, et le duc d'Alençon lui fit
subir le même sort en 1578 '. — Le chapitre de Sainte-
Waudru, dans sa séance du 6 septembre 1632^ reçut une
demande de modération de son fermier des dîmes de Waudrez,
pour les pertes qu'il avait essuyées pendant le passage des
troupes de Mansfeld, les gens de guerre ayant gâté le blé
et les Binchois ayant pris ce qui restait dans les champs '.
— Ces dégâts furent renouvelés par les armées françaises qui
traversèrent son territoire ou qui campèrent dans la plaine
située entre ce village et les Estinnes, notamment en 1642,
1643, 1644, 1645, 1658, 1667, 1672, 1673, 1674, 1683,
1684, 1689, 1690, 1691, 1692, 1693, 1696, 1704, 1711,
1745, 1746 et 1794 ^ — Outre les fortes contributions de
guerre que les habitants de Waudrez durent payer souvent
avec ceux des autres localités de l'alleu de Binche, nous savons
qu'ils furent encore imposés en 1673-1674 à la somme de
i. Gilles Wàuldb. ChronUiue de Lobbti, p. 872.
^.Arehiveide VéglUe d^EstinMi-au^Val.
S. Regiitrei aux résolutions du chapitre noble de Sainte^Waudrut à Mons^ Ana-
lyses faites par M. L. DeviUers.
4. AacHiYBS DU ROYAUME. Couseil privé. Carton n« 1515. — Archivée de VégUte
— 393 -
3834 florins 18 sous, et en 1675, à celle de 3745 livres 13
sous *.
JURIDICTIONS. — Waudrez dépendait, sous Tancien régime,
de la prévôté de Binche; il fut compris^ en Tan III, dans le can-
ton de justice de paix de cette ville. — Il y avait jadis dans
ce village deux juridictions différentes: Waudrez avec son
hameau de Waudriselle était une fraction de l'alleu de Binche,
qui avait un échevinage particulier ; Bruille formait une sei-
gneurie ayant un maîeur et des échevins, et jouissant du
droit de haute justice. On y suivait la coutume de Mons. —
Les comtes de Hainaut y avaient retenu la succession des
bâtards et des aubains, le meilleur catel, et les droits de dou-
zaine et de sixaine, sauf sur les sainteurs qui en payaient un
tiers au sire du Rœulx et le reste à Tabbesse du chapitre de
Sainte-Gertrude de Nivelles*. — L'abbaye de Bonne-Espérance
avait à Bruille les entrées et les issues de ses censitaires ; mais
les adhéritanceSy les déshéritances, les cerquemanages ou
abornements se faisaient par le maîeur et les échevins de l'al-
leu de Binche •
SEIGNEURIES. — Ou trouvc daus deux cartulaires originaux
l'état des rentes, des droitures et des revenus que le souve-
rain possédait au XIII^ et au XIV® siècle dans le village de
Waudrez. Nous ne reproduirons pas les détails que nous
avons recueillis à ce sujet. Il nous suffira de faire connaître
qu'il était dû au prince, à la Noël, neuf rentes à Waudrez,
treize à Waudriselle et dix à Bruille ; il prélevait la troisième
gerbe sur vingt-sept parcelles situées à Waudrez et à Wau-
driselle, et y avait conservé la propriété de 95 bonniers 57
verges de terres labourables, partagés en trois lots et loués^
en 1365, à raison de 16 sous le bonnier ^. — Le fief le plus
important qui existait à Waudrez était celui de Bruille, situé
i. Chambre de» comptes, N«« 1878, S4429, SU80.
8. Cartulaire de f i65«fol. 66-68, 96. — Carîulaire de 1460, fol. 76.
8. Cartulaire de C abbaye deBonf^-Eipirance, t. XII.
4. Cartulaire de iS65, — Chambre de$ complet, ii« 1810.
— 394 —
à rextrémité méridionale du village. Il formait, au commen-
cement du XYI^ siècle, une seigneurie de la mouvance du
château de Belœil. On trouve plusieurs mentions de reliefs
qui furent faits de cette seigneurie et un dénombrement qui
fut produit le 20 janvier 1502 (v. st.) par Michel de Sars,
chevalier, sire de Clerfayt. Le domaine de Bruille consistait
alors en une maison ou château entouré de fossés, avec la
basse-cour, grange et écurie, dite la maison du Censseur ; en
préaux, fossés, viviers, chapelle et jardin, contenant ensem-
ble trois bonniers; en 52 bonniers de terres labourables et 8
bonniers de prés et de pâturages ; en cens ou rentes d'argent,
d*avoine et de chapons, et plusieurs autres redevances ; en
services fonciers sur tous les héritages tenus de ce fief; en
lois, amendes, forfaitures et mortemains ou meilleur catel ;
en toute justice haute, moyenne et basse, à Bruille, à Wau-
drez et à Waudriselle. Le seigneur avait le droit d'établir un
maîeur et des échevins qui exerçaient leur juridiction sur
ses tenanciers. Un second fief d'une valeur de âO florins d'or
hypothéqué sur le précédent est cité dans le même document.
Plus tard, ils furent réincorporés tous les deux au domaine
^du Hainaut \ — La famille des seigneurs primitifs de Bruille
en portait le nom. Plusieurs d'entre eux firent des donations
à l'abbaye de Bonne-Espérance. Nous avons rencontré : en
1157, Fulbert de Bruille; en 1174 et en 1181, Obert et Gis-
lard de Bruille; en 1197-1221, Jean de Bruille, abbé de
Bonne-Espérance; en 1251, Arnould de Bruille. Plu^ tard,
cette seigneurie passa aux mains de Jean de Beaufort, qui la
transmit^ à coup sûr, aux feudataires suivants : Jacques de
Sars, écuyer, sire d'Angre, mort le 14 juillet 1448; Michel de
Sars, chevalier, sire de Clerfayt, cité en 1488 et en 1503;
Anne de Sars, fille et unique héritière de Michel, porta ce
domaine à la maison de Harchies. Dans le siècle suivant, le
3 mars 1627, la seigneurie de Bruille, avec la justice, les
i. Chambre det comptée, n^ 1118, fol. i78 v«.
— 395 -
amendes, les forfaitures, les mortemains et les autres droits
qui y étaient attachés, sans aucun domaine ni droit de chasse,
fut engagée pour la somme de 4,000 florins à Philippe de
Massiette, chevalier, seigneur de Biiore. Elle appartint ensuite
à Sébastien-Nicolas-Joseph de Croix, comte de Clerfayt, prévôt
de Binche, mort le 3 novembre 1 738 ; à Marie-Ânne-Joséphe
Le Duc, douairière de Croix (relief du 15 octobre 1739); à
François-Charles-Sébastien de Croix, comte de Clerfayt (relief
du 30 août 1749) ^ — Il y avait à Bruille un autre fief rele-
vant de la cour féodale de Mons; il était tenu, au commence-
ment du XI V^ siècle, par JeandeCarnières qui s'en déshérita en
faveur de ses sœurs Jeanne et Marguerite, auxquelles on avait
assigné sur ce fief une somme de 800 livres. En 1335 (n. st.),
Jeanne de Carnières vendit aux religieux de Bonne-Espérance
sa quote-part consistant en plusieurs cens et rentes d'argent,
de poules, de chapons, d'avoine, de pains, etc., et de plus
un pré et un trisson y contigu, entre Bruille et le moulin de
Chevraul *. — Le chapitre de Cambrai prélevait, à Waudrez,
le tiers de la grosse dime, tandis que le chapitre de Sainte-
Waudru, de Mons, en avait les deux autres tiers qui étaient
chargés de trois rentes de grains, dues aux pauvres, à Thô-
pital et au chapelain de Binche '.
CULTE. — L'autel de Waudrez, avec ses appendices Binche
et Épinois, ainsi que douze manses sis à Waudriselie et à
Bruille, fut donné par Burchard, évéque de Cambrai, à l'é-
glise collégiale de Sainte-Marie de cette ville, pour l'usage
des frères qui la desservaient (1124). Le pape Eugène III
assura au chapitre de Cambrai la possession de cet autel, sui-
vant une bulle du premier avril ll48, comme le firent après
lui les papes Alexandre III par une bulle du 14 janvier 1180
1. Cour féodale du Hainaul, u^ 319 et 8i0. — DcnrissoH, m», d/., fol. 246. —
Le domaine de Braille est aujourd'hui la propriété de M. le comte Ludovic de Ro-
biano, sénateur.
9. Cartulaire de Vahbaye de Bonne-Espérance, t. III.
3. L. Devillkrs. Notice iur le dépôt dei archives de VEtat^ à Mons^ p. 8t0.
- 396 -
(d. 8t.), et Lucius IK par une bulle du 31 décembre il81 ^
— Waudrez est désigné comme siège d'une paroisse du déca-
natde Binche dans la liste de Jacques de Guise de Tan 1186.
— Le chapitre de Téglise de Cambrai avait la collation de la
cure. — La taxe à payer par le bénéGciaire fut d'abord de
32 livres» puis réduite à 18 livres. — Le pasteur jouissait, en
1787, d'un tiers de la menue dime, de sept bonniers de terres
et d'un grand nombre de rentes, produisant ensemble la
somme de 481 florins 5 sous* . — Le seigneur de Braille avait
fondé dans son château, à une époque reculée, une chapelle
dédiée à saint Nicolas, et non taiée dans les anciens pouil-
lés; il la dota de onze journels de terres situés à MontrSainte-
Aldegonde, loués, en 4787, pour 18 rasières de froment, et
chargés de deux messes par semaine. Le coUateur paraît avoir
été le chapitre de Cambrai, et ensuite le seigneur temporel'.
— Saint Rémi est le patron de la paroisse de Waudrez. —
Les ducasses de ce lieu arrivent le lundi de la Pentecôte, et le
dimanche le plus proche du premier octobre, fête patronale.
BIENFAISANCE. — La table des pauvres de Waudrez n'avait
d*autre dotation que celle affectée aux indigents des villages
et hameaux de l'alleu de Binche.
PERSONNAGES REMARQUABLES. — Jean de Braille, abbé de
Bonne-Espérance, de 1191 à 1204 et de 1206 à 1221. —
François-Sébastien-Gharles-Joseph de Croix, comte de Clerfayt,
feld-maréchal des armées autrichiennes, né au château de
Braille, le 14 octobre 1733, et mort à Vienne le 18 juillet
1798. Son corps fut déposé au village d'Hernaels, où il avait
fixé sa résidence et où les Viennois ont fait ériger à sa mé-
moire un magnifique mausolée^.
i. Gb. DuYiYiER. Reeherchei iur le Balnaut ancien^ pp. 6S2. 628. 687. — A. Li
Glat. Glonaire topographique de Vanden Cambré^ii. Cambrai, 1849; p. 46.
S. Chambre àt» compttiy n* 46648.
8. Chambre dee eomptu, n* 46629.
4. Cfr. Le IIATSUB, La Gloire belgique. Louvain, 1880; t. II, p. 426. — Les
Belges iUustres^ 1. 1. — Goillàohe, Histoire des régiments nationaux belges pen--
dam lié guerres de la riPohaionfrançaiUf 1791-1801. Bruzellet, 1866, 2 vol. iih8«*
DE UANCIEN ESCLAVAGE
RÉVÉLÉS PAR LES RECORDS.
I
Lorsque nous avons pris connaissance des records de
Monceau-sur-Sambre de 1*467, et de Jumel 1461 , ces dates
ont frappé notre attention, et nous nous sommes demandé
pourquoi ce fut à cette époque plutôt qu'à toute autre que
ces deux villes ou communes de la principauté de Liège cru-
rent nécessaire de convoquer leurs chefs de familles ou
à'Hosteils, pour qu'ils disent et déclarent : c ce qu'ils doivent
au seigneur, et ce que le seigneur leur doit », comme ils
l'ont appris de leurs ancêtres, ou devantrains. Pour Monceau^
le moment était en effet des plus opportuns: les 25 et 26 août
de l'année précédente, Dinant avait éprouvé son effroyable sac;
Philippe-le-Bon mourait le 15 juin 1467, et son fils Charles,
comte de Cbarolais, plus tard le Téméraire devenait duc de
Bourgogne. Duc de Bourgogne, c'est-à-dire l'ennemi irrécon-
ciliable du peuple liégeois, auquel, depuis près de quarante
ans, il fesait une guerre opiniâtre.
Souverain de toutes nos provinces séculières, il s'efforçait
de devenir tout au moins suzerain des provinces ecclésiasti-
ques, et d'y étouffer également les aspirations plébéiennes.
Ces tendances non déguisées de centralisation et d'unification
étaient des menaces permanentes aux immunités et aux li-
— 398 —
berlés des sujets de Sainl-Lambert dont rintuition devinait
l'absolutisme.
Le concordat passé entre le pape et l'empereur en 4448,
en exigeant la qualité de sujet né de l'Empire pour l'obtention
de toute principauté ecclésiastique, écartait d'avance toutes
les prétentions que produirait la famille de Valois, ou sa bran-
che de Bourgogne, sur la principauté de Liège. Philippe,
après sept ans de préparatifs parvint à tourner la difficulté,
en obtenant que Jean de Ileinsberg, prince-évêque de Liège,
résignât ses dignités en faveur de Louis de Bourbon, neveu du
duc, né français et âgé de dix-huit ans. Le pape, sur les ins-
tances pressantes du puissant prince bourguignon, conféra
l'èvêché au jeune prélat, sans prendre l'avis de» chanoines de
Saint-Lambert', aux reproches desquels il fit répondre que la
haute protection du puissant voisin leur serait plus avanta-
geuse que l'observation du concordat .
Louis de Bourbon fut donc installé en 1456, et l'année sui-
vante Philippe fit un pas de plus. Malgré l'obstination des
chanoines d'Utrecht, et au moyen de ses troupes, il intronisa
comme évêque et seigneur* David de Bourgogne, son fils na-
turel, qualité obstative dont une dispense papale avait levé
l'empêchement canonique. Philippe s'était ainsi arrogé la
haute main sur deux principautés ecclésiastiques, c Ce duc,
« dit Jean de Muller*, honora et contint la noblesse; il l'en-
€ gagea à se livrer aux exercices militaires. Il empêcha que les
c nobles ne se confondissent avec les roturiers, de peur que
c leur union ne nuisit à son autorité. » Toute celte con-
duite, quelqu'éclat qu'elle répandit d'ailleurs sur le prince,
n'était pas de nature à calmer les craintes d'un peuple voisin,
déjà souvent victime de ses entreprises guerrières, et dont
1. Gachard. Analectet Belglques, tome /, /^ SSO^ Bruxellei i830.
2. Pfaffs. Deutsche Geichichte^ tome IIl^ f^ 525^ cité par Rahlenbeck.
8. Le domaine lemporel de cet évèché d'Ulrecht, également sufiragant de Colo-
gne, répondait aux provinces actuelles d'Utrecht, Over-Yssel et Drenlhe.
4. Histoire univerBelle» Livre XVI f, chap,38.
- 399 -
Tastucieux roi de France entretenait les inquiétudes. Qu'on
joigne à cela les mesures prises à l'égard des plébéiens de la
Flandre et du Brabant, et l'on s'expliquera rallitude défensive
que gardèrent les manans de nos villages liégeois.
Mais il avait surtout une autre cause, c'était que les habi-
tants de l'apanage héréditaire de cette branche des Valois,
les deux Bourgognes, le Duché et la Comté, gémissaient sous
les charges féodales les plus oppressives ; bien que Philippe-
le-Bon en eût décrété l'allégement, ses vassaux n'en tenaient
guère compte. Beaucoup de ces Bourguignons entouraient
ici le duc, et des alliances matrimoniales en temps de trêve,
ou des confiscations pendant la guerre semblaient pouvoir
les imposer pour seigneurs à nos manans. Tout ceci n'était
pas ignoré, car bien des Belges avaient visité ces provinces
héréditaires de la couronne *.
Parmi les droits odieux qui opprimaient le peuple, il y en
avait deux surtout qui gardaient la marque de l'esclavage an-
tique ; de réels qu'ils étaient à l'origine^ sous la société ser-
vile où l'esclave était déclaré la chose du Maître^ ils étaient
devenus personnels quand le servage eut remplacé l'escla-
vage ; dès lors le serf, comme un client, fut tenu non pour
la chose, mais pour la personne du patron qu'il complétait:
c'étaient les droits de inorte-main et de marquette. Tous deux
ont été exercés sur plusieurs points de notre territoire, jamais
surtous ; tous deux étaient ici ou abolis, ou convertis en re-
devances pécuniaires depuis des siècles, alors que, dans la
Bourgogne, ils étaient en pleine vigueur ; aussi le comté con-
servait-il la morte main et le servage le plus tyrannique jus-
qu'en 1777 ».
Dans le Traité des coulttmes de la Franche-Comté que
DuNOD publia en 1733, il attribue le servage de son pays, et
1. L'hôpital de Beaune construit eu 1443 a en pour architecte le belge JACfiUES
WiscREREM (Note due à l'obligeance de M. Charles Bigarne).
2. Cfr. Lamt. Chapuis et Paget, Mémoirei pour les habitants du Jura ; repro-
duitpar VoLTAiBE Politique et Législation,
- 400 —
la morte-main aux institutions romaines. Quêtaient elles en
effet qui contenaient tout ce qui avait trait à la condition ser-
vile. C'était d'après elles que le maître héritait ravoirdel'es-
clave, incapable de posséder, ni d'avoir une famille *.
Danslasuite, sa famille, qui ne put être qu'illégitime, fut
autorisée à garder une légère part de l'héritage ; enfin^ sous
la protection de l'église chrétienne, le serf auquel elle recon-
naissait une àrae égale à celle du patron, put contracter ma-
riage, avoir famille, et successivement disposer d'une partie
plus grande de ses valeurs meubles.
Lsi Cité primitive . du Latium déclarait que l'esclave privé
du geniuSy n'avait point d'âme; plus tard, on lui reconnut
une âme (Tesclave, en contraste avec celles des ingénus, des
patriciens et des héros ; ce fut l'Evangile qui proclama l'éga-
lité de toutes les âmes humaines.
Ce qui nous parait évident aujourd'hui a été pourtant pour
les chrétiens d'Occident des IV et V siècles, une leçon bien
difTicile à apprendre. S^-Remi lui-même, dans son testament^
ne distingue pas clairement ses esclaves de ses autres valeurs
mobilières *, tant il est vrai que la puissance des milieux so-
ciaux est incalculable, les mauvais comme les bons exemples
des contemporains agissant tout autour d'eux ^.
Pour s'expliquer la persévérance tenace des mesures op-
pressives dans le centre des Gaules, il faut remontera l'origine
de ses rapports avec Rome. Lors de l'avènement à l'Empire de
César-Auguste, la Gaule fut constituée comme domaine spé-
cial de la couronne. Le César en eut seul l'administration,
contrairement au sort des autres provinces romaines qui res-
sortissaient au Sénat ^. Il est résulté de cette condition singu-
1. Cfr. Cod.Theod. LV. t. 47. — LV, t. 9etîO. — L, XI, U H,
2. FLODOARik Hitt. rem. Eccl. Lib. /, chap. i8. C'Ué par Gérard. Francs d'Aus-
liant, t. I, P 399. — Cfr. Gregor. Tur., I. IV, c. 12 et I. VI II, c. 39.
S. De Gasparin. Un grand peuple qui se relève, Etats-Unis en 1861, fol. il
à 20 et fol. 107 à 138. —Chateaubriand. Etudes historiques^ t. IV, fol. 391.
{Analyse raisonnêe § final.)
4. Gérard. ///« lettre sur l'Histoire de Belgique dans le tome IV de la Revue
~ 401 —
liére que la volonté de l'empereur seule put toujours y avoir
force de loi. Aussi l'esclavage romain s'y développa-t-il dans
les cantons où des citoyens de Rome vinrent s'établir en plus
grand nombre.
L'iniquité de l'oppression s'accrut surtout pendant les
guerres des prétendants à la pourpre, et donna naissance aux
mouvements socialistes des Bagaudes, ce qui augmenta encore
davantage la misère de la population gauloise. Salvien, con-
temporain de l'établissement de la monarchie franque, nous ex-
pose comment les calamités de l'époque amenèrent les hommes
libres à devenir colons, et comment la tyrannie des posses-
seurs du sol en fit des esclaves \ Leur sort fut probablement
adouci par la suite, car c'est à l'avènement de la race des
Capétiens que la tradition des Bourgognes rapporte l'aggra-
vation de la tyrannie des seigneurs. La misère s'accrût là en
des proportions si effrayantes que Rodolphe Glaber, auteur
contemporain, nous apprend que la famine de 1045 vit ces
infortunés habitants se manger les uns les autres*.
Une misère aussi terrible ne fut pas signalée chez nos pères.
Dès le onzième siècle, nos seigneurs en diverses localités se
contentaient de lever le meilleur catheily d'enlever le meilleur
meuble à la mortuaire du vassal, et avaient renoncé à se faire
présenter la main coupée du défunt par le plus proche
héritier.
Au milieu du XIII« siècle, cette dernière redevance même
avait été supprimée en Flandre et en Brabant, où du reste elle
n'avait jamais frappé toutes les localités. Nous en trouvons la
preuve dans les dénombrements féodaux des provinces où ce
droit resta en vigueur jusqu'à l'expiration du régime féodal.
En effet sur 90 seigneuries de la principauté de Liège, nous
trimestrielle^ fol. 63 et 70, v. 72. — Cfr. Miebuhr. Hist, Romaine^ 1. 1, fol. 817 et
fol. 334.
1. De Gubematione Dei. Lib, X, cap. 9, cité par Chateaubriand. Etudes HU
P>84.
S. J. Desroches. Œpitomes, t. Il, /^ 37, — Les cinq époques du Brabant^ f^5i.
- 402 —
en trouvons 8 ou 9 frappées du droit de mortemain ; ce sont :
BraiveSy mais pour le seul village de Cyplet; Diepenbeek^ Flo-
rennes^ LandelieSy Lexhy, Monccau-sur-Sambre, Morialmé el
Seraing-le-Château^ ; plus Châtelineau qui passa au comté de
Namur*. Presque toutes ces localités ont fourni des restes
antiques témoignant de la présence d*habitations sous la pé-
riode romaine. Le droit de mortemain, converti d'abord en
meilleur calheil fut finalement estimé en argent^ là où il per-
sista jusqu'en 1795'. Cette transformation était déjà obtenue
en 1467.
Il en fut de même' du droit de marquette^ mot désignant la
pièce d'un demi-marc, dû pour le rachat du droit de préliba-
lion que des seigneurs s'étaient arrogés et qu'ils exerçaient en
passant la première nuit des noces avec leurs vassales. L'es-
clave étant la chose du maître dans la société servile, l'usage
était une conséquence du principe. Mais lorsque les affran-
chissements se furent introduits à Rome, il y eut des reven-
dications, des tentatives pour conserver cet odieux privilège.
Il n'est point impossible que des conflits de ce genre aient
donné lieu à quelqu'action en justice, dont la solution en
forme d'arrêt eût servi de base à ce soi-disant droit féodaL
Un écrivain du III® siècle, Dion Cassius, avance qu'un décret
du Sénal avait attribué à César Auguste le jus primœ noclis
des Matrones romaines^. Des critiques modernes, et entre
autre Zueris Boxhorm, auteur hollandais du XVIi® siècle, en
attribue la concession àCaïus Caligula. De même que le droit
de mortemain, cette oppression ne souillait pas toutes les sei-
gneuries» mais fut très répandue en Europe. On la retrouve
en Italie, en Angleterre et en France, où elle se maintint dans
i. s. BOMIAVS. Les seigneurieB féodales du pays de Liège ^ 187i. In vodhus.
2. J. Kaisin. Annale^ historiques de Chdtelineau, i87S. p' SO. Et en Hainaut,
Estinnes-au-moot, Mont-S^'-Geneviève, Ressaix, Vellereille-le-Brnyeux, Waudrez,
Barbencon. Voir ci-haut, ^• 321, 350, 869, 875, 393. elTom. IV. 386.
8. Charleroi, Fleurus, Châtelineau. — Cfr. Dulaure. Esquisses de la RévolU'
tion française, U /, /^ 247 et 264, Séance du 4 août il89,
4. Voltaire. Diet. Philosop. — M voce. — Roquefort.
— 403 -
la seigneurie de Souloire près CatideJec jusqu'en 4607*. Cet
abus de pouvoir s'élait introduit dans des pays où les Ro*
mains n'avaient même jamais dominé.
M. Frans Depotter nous apprend que le roi Even l'inlro-
duisit en Ecosse et que Malcolm III en décréta le rachat
moyennant un demi-marc*. Even, ou plutôt Uven, monta sur
le trône d'Ecosse en 8â6 et Malcolm III en 1056. Cet abus fut
donc en vigueur pendant près de 180 ans'!
L'auteur que nous venons de citer déclare c qu'il n'a trouvé
n aucun indice que ce droit odieux et immoral ait existé dans
c les provinces flamandes, bien qu'une quantité considérable
« de dénombrements féodaux du XIIP jusqu'au XYIII® siècle
« lui aient passé par les mains ^. » Mais il y a une chose
qui lui a échappé ; c'est que la redevance féodale pour con-
tracter mariage n'était que la conversion de ce droit tyranni-
que. Or, en Flandre même, cette redevance était due par la
classe d'habitants qu'on nommait tributarii ou kolve kerels ;
ils payaient ISS deniers pour mortemain, et 6 pour contracter
mariage*.. Les abbayes de Saint Pierre-lez-Gand et de Saint
Bavon percevaient ces revenus en plusieurs localités ; et il est
vraisemblable que lors de leur fondation, au VII® siècle, elles
convertirent immédiatement l'ancien droit en redevance pécu-
niaire, au moins dans la population dépendante d'elles, qui y
étaient astreinte. Dans la suite, le droit canon, en conservant
dans certains évêchés la redevance à l'occasion du mariage,
lui donna une autre cause; c'était le rachat de la première
nuit que les époux eussent dû passer chastement par mortifi-
6. Sapprimô par arrêt du 15 décembre même année. — Voir en outre Vellt.
HM. de France^ t. VI, ^ 2î9. — Boerids Decur : 897. Note il, — C. Borellus.
Bibliolh. Germ. T. I et Babbetbàc. Discours sur Us bénéficeSi note iî, — Tous
cités par Rozet.
1. Nederdoitsch. Jydschrift^ 1866. Tome //, p» 34,
%. Cfr. PiKKERTON. An Inquiry on the History ofScotland.
8. Nbd. Tyd, id f^ 36,
4. WARHKôifiG. La Flandre et ses Institutions. T. 11, f* ^6 à 5S. (Kolf-maMuey
seule arme dont ils pouvaient user.)
— 404 —
cation*. Au surplus, selon Grupen qui cite le P. Paper-
BnucH, le droit de marquette s'est perçu non seulement en
Flandre mais dans tous les Pays-Bas et en Allemagne; et il
dit que Tollius et Yoetius en signalent l'existence dans la sei-
gneurie d'Utrecht, le duché de Gueldre et le comté de Zut-
phen : mais pas plus que celui de mortemain^ ce droit ne fut
général. Là où se percevait le droit de marquette existait aussi
celui du meilleur catheil ou mortemain; mais celui-ci n'en-
trainait pas la co-existence de l'autre; la servitude avait ses
grades; leur co-existence dans un lieu déterminé dénonce évi-
demment une population primitivement esclave; la morte-
main seule s'est attachée à une population issue des liberlini^
des affranchis j fait qui pourrait bien s'être produit en consé-
quence du capitulaire de l'an 744, dont l'art. 15 enlève aux
aQranchis la faculté de tester, et rend celui d'ester en justice
contestable pour eux.
Les documents nous ont révélé l'existence du droit de
mortemain à Charleroi*, à Fleuras^ ^ à Châtelineau^ à Lan-
délies y à Monceau-sur-Sambre et à GosselieSy sur les non-bour-
geois" ; et à Jumet^ où le meilleur catheil était partagé entre
l'église et l'avoué. Nous présumons que des documents qui
nous sont encore inconnus nous révéleront son existence dans
beaucoup d'autres localités.
c C'est à la servitude romaine qu'il faut attribuer cet abus
1. cDas bisschoffeliche. Jus primœ noetis, hat mitdem /tire deporathnU nnd
seine rédemption nichts za schaffen, sondera hat seine fundament in deren canO'
nibus eonciUorum vermoge denen sich die neu getraûte in honorem benedklionis
diaeerste nacht in virginiM^e bewahren sollle. » De Uxore Theotisca^ oderTon
der Teutsehe Fraû Gottingen 1743. — Voir aussi Tarrèt du Parlement de Paris du
19 mars Tan 1409. Cité par Rozet. Biens ecclésiastiques, tome I, fol. 112 à 116.
9. Habàrt. Charnoy, fol. 49.
8. Batet. Documents et Rapports, tome III, fol. 187.
4. J. Kaisiii. Annales^ fol. 20.
5. Charte communale de Gosselies. Documents, t. UI, fol. 87, art. 29. « Ceux
qui ne sont bourgeois ains habitans seulement ^oit en la ville, franchises, ou terre
de Gosselies paient mortemain de leur meilleur catel, au S^; 28 deniers de restau-
ries pour chaque an et 8 chapons, etc. »
6. Charte de Vavouerie de Jumet, Documents, t. V, fol. 11.
-408 -
de pouvoir qui a donné naissance au droit de marquette, dit
Chateaubriand, et il ajoute que les empereurs rendirent des
rescrils défendant aux maîtres de forcer leurs esclaves à des
choses infâmes*, j^
Si l'oppression des seigneurs s'accrut en France à l'époque
de Hugues-Capet, elle fut un instant arrêtée dans sa marche
par la première croisade, mais pour reprendre plus de vigueur
dans la suite. Aussi voyons-nous qu'alors, en Auvergne et en
Piémont, les seigneurs ne se contentèrent plus du droit primœ
nociiSy mais qu'ils exigèrent en outre la seconde et la troisième
nuit. Ces turpitudes excitèrent des insurrections terribles
pendant le XIV® siècle; les Auvergnats obtinrent que les trois
nuits fussent réduites à une heure seulement; mais les Pié-
montais chassèrent les seigneurs, et moyennant affranchisse-
ment complet proclamèrent le comte de Savoie Amédée VI*,
pour leur seul seigneur et prince.
La charte de Monceau-sur-Sambre, le record de 1467 est
jusqu'ici le seul titre qui nous ail montré un souvenir du
droit de marquette; et sous un tel aspect qu'on peut, nous
semble-l-il, faire remonter son rachat à 3 ou 4 siècles au-
dessus de la date de ce document'.
Les termes dont il est fait usage nous révèlent suffisam-
ment que ce droit avait été contesté, et le dispositif a toute
l'allure d'une transaction dont le seigneur supporte les frais.
Le record porte que l'on sait par la tradition des ancêtres,
qu'à l'occasion de leur mariage, les habitants du Vietl-posty
doivent au seigneur 9 rasières d'avoine; et que si l'un des
conjoints est étranger à la seigneurie, l'autre ne doit que
1. Eludes historiques, t. III, fol. 860 et 36i. {Analyse raisonnée de Vhistoire de
France.)
2. Mort en 1383 Frans Depotter. Livre cité, P 3i.
3. Les plaids de canton (Gouding) se maintinrent en Belgique. Le Cantatorium
de Saint Hubert nous les montre fonctionnant en 1040. L'introduction diabus op-
piesseurs n'a pu garder en conséquence une longue durée parmi nous. Cfr. GéRARD.
Lettre VII sur l* Histoire de Belgique dans le lome XIV de la Hevue trimestrielle,
/• Î2S, d. Î5i.
— 406 -
41/2 rasières; mais que de son côté le seigneur est tenu de grati-
fier les époux de leurs habits de noce; et, s'ils l'exigent, il
doit fournir un cheval et un palefrenier pour mener la mariée
à l'église, en tout cas la vaisselle pour célébrer le festin nup-
tial; enfin si le seigneur refuse de remplir ces conditions, les
époux sont libérés ipso factOy de toutes les redevances préindi-
quées*. On devine les lutte? incessantes que nos roanans
durent soutenir pour amener leur seigneur à souscrire une
transaction semblable.
Les seigneuries monacales de notre pays nous paraissent,
ou n'avoir jamais été assujetties à cette ignominie, ou en être
affranchies de temps immémorial. Le record de Jumet qui
avait pour seigneur l'abbaye de Lobbes s'énonce ainsi : c Tous
ceux ou celles qui demeureront sous cette assise pourront
célébrer noces pour eux et leurs fils ou filles partout où ils
voudront, sans permission préalable de Tabbé ou de l'avoué".»
L'énonciation de ce droit résulte de son opposition à des cou-
tumes de localités voisines, évidemment.
Familleureux par contre, conserva dans sa coutume un
souvenir Awjus primœ nociis converti en redevance, conversion
qu'on peut regarder comme fort ancienne, vu le peu d'im-
portance de son rendement. A son mariage, le manant devait
au seigneur 2 vieux gros et une paire de gants blancs'. Le
droit de meilleur catheil avait disparu de cette seigneurie qui
ressortissait au Brabant.
Bien que la liberté ne fût jamais tout à fait absente du ter-
ritoire belge, l'égalité ne s'y montrait qu'entre individus
d'une même classe ; mais les catégories étaient nombreuses,
et les libertés de certaines d'entre elles étaient encore bien
restreintes. Mais, à partir de l'aurore de l'histoire, nous voyons
toutes ces classes marcher à la conquête des droits qui leur
1. Document» et Rapports^ tome III, fol. 102 el 102. Record de Monceau.
^.Documents el Rapports^ t. V, f^ 11, art. 7, B. — L'art. 1 A, stipule que les
résidens ont la qualité de bourgeois, mais que celui qui vient résider, doit acqué-
rir cette qualité en se mariant et versant 4 vieux esterlins pour se bourgeoiser,
3. Th. Lejeune. Notice sur Familleureux, f« il.
— 407 —
manquent, et marquer les mêmes étapes que Florus a assi-
gnées à rémancipation plébéienne de Tancienne Rome : Nunc
libeitateMy nunc pudiciiiam, tum natalium dignitatemy hono-
rum décora et insignia. La puissance des ducs de Bourgogne
était pour elles une menace permanente, leurs membres n'en-
tendirent se soumettre à marquer le pas, qu'à la condition de
garder inattaquables les droits.déjà récupérés, c Plutôt que
de blâmer légèrement ceux qui nous ont devancé dans cette
œuvre immense, dit Augustin Thierry, regardons avec admi-
ration à travers quels obstacles la pensée de la liberté s'est
fait jour pour arriver jusqu'à nous*, > et soyons reconnais-
sants à nos devantrains qui ont recordé les droits transmis
par les générations antérieurei^ qui avaient su les récupérer.
G. VAN DER ELST.
1. Letlre XXV,
NOTICE HISTORIQUE
SUR LA VILLE DE CHARLEROI,
ÉDITION POSTHUME
PUBLIÉE D'APKÈS LE HAKUSC^IT DE THËOD.-JOS. PRUNIEAU, MilIlB DE CETTE VILLE EN 1811,
PRÉCÉDÉE DE LÀ BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR •
ET ENRICHIE DE DEUX VUES DE CHARLEROI ANCIEN,
par D.-A. VAN BiSTELAEB.
PRÉFACE.
Tous ceux qui se sont occupés de riiisloire de Charleroi
ont ouï parler de la notice sur celle commune, publiée par
Prunieau, ancien maire de la ville, mais bien peu ont vu cet
ouvrage, épuisé depuis de longues années. Plusieurs écrivains
de la localité Font cité sans Tavoir jamais eu en main ; mais
nous pourrion;» en revanche nommer tels autres qui ont pillé
Tœuvre du maire sans y faire la moindre allusion.
Certains ont voulu tenir en quelque sorte cet ouvrage en-
veloppé d'uy voile de mystère. Chacun en parle et peu le
connaissent. Généralement on voudrait lire cette brochure qui
fut la première écrite sur Charleroi et qui parut en 1817.
Elle avait pour titre: Notice sur la ville de Charleroi, par
Théodore-Joseph Prunieau, maire de cette ville. Â Mons, de
l'imprimerie de H.-J. Hoyois, libraire-relieur, rue des Fripiers
no 24.
— «0 —
Une circonstance heureuse a mis à notre disposition une
partie des papiers ayant appartenue Prunieau, et nous avons
vu que ce maire si soigneux des archives de la ville, ne le fut
pas moins des siennes» et qu'il y consignait tous les faits de
quelqu'importnnce.
Nous y avons rencontré divers détails intéressants. Nous y
avons acquis la certitude quePrunieau a mis .plusieurs années
à recueillir, avec quelques amis, les documents qui ont servi
à son travail ; mc'^is ce qui est d'une importance capitale, nous
avons trouvé dans ses archives le manuscrit d'une deuxième
édition de sa Notice^ beaucoup augmentée. C'est ce manuscrit
que nous oiTrons aujourd'hui à nos lectfmrs avec l'assentiment
et sous le patronage de la Société d* archéologie de Charleroi.
Nous le faisons imprimer textuellement |ans nous permettre
d'y rien changer : c'est l'œuvre de notre ancien maire Pru-
nieau.
Gomme nous l'avons dit, cet auteur est le premier qui ait
réuni les éléments de notre histoire locale ; avant lui personne
ne s'en était préoccupé*, et son ouvrage jouit encore aujour-
d'hui d'une estime méritée. Le lecteur pourra s'assurer que
certaines parties offrent un intérêt réel. Nous ne citerons ici
que ce qui a rapport à la bataille de Waterloo relativement à
notre ville, et aux passages de troupes qui s'y opérèrent à cette
époque ; nous attachons la plus grande valeur à ces faits narrés
par un témoin oculaire, judicieux observateur.
La notice de Prunieau n'est pas parfaite. Elle renferme des
lacunes ; ce n'est pas un chef-d'œuvre littéraire, la langue y
est même parfois assez malmenée, et nous n'avons pas
voulu corriger Fauteur. Tel qu'il est néanmoins cet ouvrage
est la première source à laquelle ont puisé les' écrivains qui
sont venus dans la suite. C'est un document précieux qu'il im-
porte de conserver.
1. On rencontre cependaul quelques courtes noies dans : Les délices des Pays-
BjSy Vhisloire de la province de Namur par Caillot, etc., et enfln dans un ma-
Duscrit de la bibliottièque des ducs de Bourgogne à Bruxelles. (Voir Documents
et Rapports^ tome IV, page 524.)
- 411 -
Nous nous sommes permis d'ajouter quelques noies au bas
des pages. La plupart sont de Prunieau lui-même et nous en
possédons le manuscrit écrit de sa propre main. Ces notes de
l'auteur étaient réunies sur une feuille volante qu'il avait
jointe à son manuscrit et qu'il destinait probablement à* être
incorporée dans le texte.
Grâce à M. l'abbé Piérard qui a bien voulu nous confier la
rare brochure imprimée de Prunieau, nous avons pu lacolla-
tionner avec le manuscrit que nous donnons au public. Celte
circonstance nous a permis de constater les améliorations et
les augmentations que l'auteur voulait introduire dans la se-
conde édition. Désirant faire connaître au lecteur l'importance
de ces additions, nous les avons fait imprimer en italique de
façon que notre textl de la seconde édition renferme et précise
les limites de la première.
Nous ne pouvons laisser ignorer queEmm. Hoyois, fils de
l'imprimeur de la brochure de Prunieau, fit lui-même, il y a
vingt-deux années, une brochure intitulée : Résumé de Vhis-
toire de Charleroi et que dans celle brochure il reproduisit
une grande partie du texte de Prunieau auquel il joignit de
nouveaux documents. Cette brochure est elle-même fort rare
aujourd'hui. On a regardé à tort cette brochure comme une
deuxième édition de l'ouvrage de Prunieau *.
Nous avons joint à cette notice deux planches de la plus
grande valeur et que nous avons empruntées à deux plans de
la forteresse de Charleroi, publiés en France aussitôt après la
prise, de la ville par Vauban en 1693. L'une est une carte des
environs, due au graveur Loisel ; l'autre est de la même
époque. C'est la plus ancienne vue de la ville qui ait été faite:
elle est due au burin du célèbre Le Paulre. Ce petit chef-
d'œuvre, pourrait faire le sujet d'un joli tableau local. Nous
faisons des vœux pour que l'un ou l'autre artiste en tire parti;
1. L'édto des travailleurs^ journal hebdomadaire qui parut le 25 mars 1849 à
Charleroi et vécut deux ans, a réproduit dès sa naissance la brochure de Th.
Prunieau.
- 412 -
on peut en faire une belle toile pour notre Hôtel de Ville. Ce
serait ouvrir la voie. Noire histoire quoique relativement
moderne offre cependant quelques épisodes qui méritent d'être
consacrés par le pinceau.
Nous ferons précéder cet ouvrage posthume d'une notice
biographique sur l'auteur. Prunieau est un homme assez
méritant pour qu'on lui fasse cet honneur. Malheureusement
les renseignements nous ont manqué pour faire cette biogra-
phie aussi complète que nous l'aurions voulu.
Enfin nous avons placé en tête de la NoUce historique sur
Charleroi dix-huit vers formant un résumé succinct de cette
histoire, sous forme d'acrostiche y jeu de versification adapté
au nom de notre ville et qui semblent avoir été préparés pour
cet ouvrage. Cette pièce, qui accompagnait le manuscrit,
n'est pas du maire, mais de son cousin le curé de Mont-sur-
Marchiennes^ homme véritablement lettré, au talent duquel le
maire parait avoir eu recours au besoin. Le curé s'occupait
de poésie et surtout des jeux de versification. Il se glorifiait
d'une grande facilité pour le chronogramme.
Nous devons en terminant remercier notre collègue et ami,
M. Camille Lyon, du concours actif qu'il nous a prêté dans la
préparation de l'œuvre que nous offrons à nos concitoyens.
D. A. VAN BASTELAER.
Charleroi, ce 20 décembre 1872.
3 c
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR
THÉODORE-JOSEPH PRUNIEAU,
MAIRE DS CRABLS ROI.
Théodore-Joseph Prunieau était issu d'une bonne et an-
cienne famille de brasseurs établie à Charleroi\ Il naquit
1. Dès Tan 1709 Gille PruDÎeau était brasseur à Charleroi. En feuilletant les ar-
chives de la commune, on peut s'assurer que depuis 1741, les Prunieau occupèrent
toujours des charges dépendantes de l'Adminisiration locale, dans la gabelle de
bière, dans la ferme de la demi-barrière du faubourg ou d'autres droits commu-
naux, etc., etc. Tels sont Gérard, Guillaume-Joseph, François-Joseph, Théodore-
Joseph.
Ce dernier fut l'aïeul de son homonyme le maire de Charleroi. Nous croyons utile
de donner une esquisse généalogique de sa descendance pour guider le lecteur:
^ a
«S
a
«
n s
I «
«>
Jean-Àntoi ne-Joseph ; deuxième
enfant: baptisé à Charleroi le 27 fé-
vrier 1730 ; marié à Senefle, avec
Marie-Norbertine Waulhier ; mort à
Charleroi le 6 mai 1800 ; eut cinq
enfants, dont :
Jacques-Joseph ;
quatrième enfant ;
né à Charleroi le 18
mars 1733; marié
à Charleroi, avec
Marie - Anne Thi-
baut le 8S septem-
bre 1770 ; mort à
Charleroi le 16 mai
1 810 ; eut plusieurs
enfants dont :
Théodore-Joseph ; premier né, enfant uni-
que par la mort de ses frères et sœurs ; bap-
tisée Charleroi le 13 juin 1771 : devenu maire
de cette ville; mort célibataire à Charleroi
le 80 septembre 1828.
Jacques-Joseph ; premier enfant ; né à Charleroi le 19
mars 1771 ; devenu curé de Mont-snr-Marchienne ; morj
en cette commune le 21 septembre 1854,
Jean - Anthoine - Joseph ;
deuxième enfant ; né i Char-
leroi le 20 octobre 1772 ;
marié à Charleroi le 8 avril
1796 ; avec Rosalie-Gerardi-
ne- Joséphine Marcq, (de
Baisy, morte à Charleroi le
21 avril 1819), devenu phar-
macien à Charleroi ; mort à
Charleroi le 29 juin 1800 ; eut
Ursmer-Joseph, né à Char-
leroi le 27 février 1797; marié
à Harcioelle avec Louise -
Joséphine Dubuque,le 20 no-
vembre 1822; devenu ensuite
brasseur à Cbarleroi ; mort à
Marcinelle le 25 mai 1839. A
laissé deux enfants aujour-
d'hui ooariés ; Félicie et Ca-
mille.
deux enfants dont :
La brasserie fut toujours une industrie fort honorée et fort lucrative à Charleroi. Outre
— 414 —
le H ou le 12 juin 1771 ; le registre de Tétal-civil consUile
qu'il fut baptisé le 13 V II était fils de Jean-Àntoine-Joseph
de cette ville et de Marie-Norbertine Waulhier de Seneffe.
Tous ses frères et sœurs étaient morts jeunes.
Son père était le plus considéré, le plus riche et le plus in-
fluent de la famille Prunieau. Dans le tableau des tailles de
1769 et de 1773, qui repose à THôtel de Ville, il figureparmi
les plus forts imposés de la ville comme propriétaire et comme
brasseur*.
Nous manquons de renseignements sur sa jeunesse. Nous
ignorons où il étudia et quelles études ii fit. Il ne serait pas
impossible qu'il eût étudié au collège de Thuin où Ton en-
voyait à cette époque la plupart des jeunes gens de notre ville.
Ce qu'on sait, c'est que Théodore-Joseph s'occupa assez jeune
de la brasserie paternelle et que dans sa famille il reçut les
meilleurs principes et les plus beaux exemples de patriotisme.
C'est ainsi qu'en 1793 son père souscrivit largement au don
patriotique sollicité par le souverain pour subvenir aux frais
de la guerre et empêcher l'asservissement de la Belgique.
Quant aux sentiments de famille, il apprit chez lui à pratiquer
cette union touchante et cette généreuse solidarité qui carac-
térisaient les relations des premiers habitants de Cbarleroi.
Nous aurons occasion de justifier cette assertion.
Il avait eu deux frères et deux sœurs; mais à la mort de
son père en 1800, il était seul et il consacra ses soins à sa
la bière ordinaire, oa y fabriquait alors une biôre spéciale à la localité que l'on
nommait bière d'absinthe. Nous ne savons par qael procédé se faisait cette bière.
Etait-ce une infusion de la plante dans de la bière déjà brassée, ou était-ce déjà une
tentative de remplacer la propriété amère du houblon par une autre matière.
Voici Tacte de baptême de Théodore Prunieau, extrait de l'état-civil de Char-
leroi. (Ville-Basse). « Ânno 1771, mensis junii, decimà tertià, baptisatus fuit Theo-
dorus-Josephus, legitimus filius Joannis-Antonii-Josephi Prunieau et Mariœ-
NorbertinoB Wauthier, qui contraxerunt matrimonium in SenefTe, comitatus et
diocœsis Namurcencis ; suscipientibus Bartholomeo-Josepho Wauthier et Maria-
A^oele-Josephà Prunieau. »
2. La brasserie de la famille Prunieau occupait l'emplacement où se trouvp au-
jourd'hui la savonnerie de M. Museur, à l'Entrc-Ville.
— 413 —
mère qui avait eu à pleurer la perte de son mari et de quatre
enfants. Elle avait reporté toute son affection sur Théodore.
Dès ce moment la mère et le fils resserrèrent encore plus
étroitement leur union.
Cependant Théodore s'était acquis les plus grandes sym-
pathies de ses concitoyens avec la considération la mieux établie
et la plus méritée. Sa famille honorable, sa position de grande
fortune, les nombreuses et loyales relations de sa profession,
les qualités de son caractère devaient amener ce résultat. A
peine âgé de âO ans, il fut dès l'année 1802 porté au corps
municipal de la ville. Il avait pour collègue M. Gauthier-
Puissant et le maire était à celte époque le médecin B.Thomas^
Le 1®^ février 1805, Prunieau perdit sa mère à l'âge de
66 ans. Cette perte lui causa la plus vive douleur. A la mort
de son père il avait reporté toutes ses aff'ections sur sa vieille
mère dévouée, qu'il adorait et pour qui il était lui-même tout
sur la terre.
Il chercha sa consolation dans l'occupation, et il se jeta avec
plus d'ardeur dans la vie publique. Dès le moment où Pru-
nieau était arrivé h l'Administration communale il avait pris
à cœur les intérêts que ses concitoyens lui avaient conQés et
cinq ans après, en 1807, il fut nommé adjoint.
Il resta sept années investi des fonctions d'adjoint et chargé
spécialement de tout ce qui regardait la police locale *.
Pendant tout ce temps il s'occupa activement de l'adminis-
tration et l'on peut revendiquer à juste litre pour lui, l'ini-
liative de beaucoup de bonnes mesures prises à cette époque
par l'autorité locale. Telles sont l'agrandissement du cimetière,
l'établissement du balayage semi-hebdomadaire des rues de la
ville, l'application rigoureuse des règlements de bâtisse, même
pour le faubourg, alignement des façades, suppression des
1. Le présideal du Conseil municipal était distinct du maire ; c'était alors
M. Ligot, fabricant de laine en ville. L'année suivante, ce fut Fr. Gaulhot, procu-
reur (avoué).
S. l\ eut pour collègues adjoints-maire : Fr. Yernaux, N.-J. Habart, Gauthier^
Paissant, etc.
— 416 —
caves sur la voie publique, des gouttières sur la devanture des
maisons, des escaliers de quartiers militaires s'ouvrant sur
la rue^
Nous attachons de l'importance à ces détails, qu'on pourrait
regarder comme oiseux, parce que c'est leur stricte exécu-
tion qui distingue les cités des villages et que le moment où
l'on en établit Tobligalion dans une commune marque l'épo-
que de sa transformation de bourg en ville.
Cependant le maire B. Thomas vint à mourir. Les affaires
communales n'en allèrent ni plus ni moins bien par la dispa-
rition du vieux magistrat. Gauthier-Puissant qui aspirait à
l'honneur de le remplacer, parvint à obtenir la signature pen-
dant l'intérim, et fit jouer tous les ressorts pour arriver à
supplanter son collègue Prunieau à qui revenait la succession
de B. Thomas.
On eut à traverser une époque de provisoire. Les alliés
avaient pris possession de la Belgique depuis le commence-
mentde 1814, et tout changement ou renouvellement de fonc-
tionnaire dut être remis à un moment plus opportun et jusqu*à
l'établissement d'une autorité définitive. Après la prise de
possession de la Belgique par Guillaume, sortit seulement la
nomination du maire de Charleroi. Elle ne se fit qu'en sep-
tembre 181 4, après une assez longue attente.
Les ennemis de Prunieau ne lui pardonnèrent pas sa nomi-
nation de maire. L'architecte Clercx alla jusque l'accuser par
écrit d'avoir détourné les indemnités de logement, au détri-
ment des habitants de la ville auxquels elles étaient allouées.
Le magistrat méprisa avec raison ces calomnies au-dessus
desquelles le mettaient son caractère connu, sa grande fortune
et la haute considération dont il jouissait en ville.
Gauthier-Puissant ne tarda pas à cesser d'être adjoint. Les
i. Les quartiers ëtaieat des logements à l'étage avec entrée particulière réservés
par TEtat dans les villes, pour la garnison. De là le nom de quartiers resté aux
casernes qui remplacèrent le premier mode de logement. — Voir Collection des
oc/et, e/c, de Charleroi parD. A. Van Bastelaer, l" fascicule, page 86.
— 417 -
adjoints maire qui aidèrent Prunieau dans ses fonctions, furent
P. Lambert et F. Rucloux.
Prunieau arrivait au pouvoir communal au milieu de cir-
constances difficiles. La domination de la France avait ruiné
la nation belge, les guerres avaient appauvri notre ville et les
sièges l'avaient détruite. II fallait avoir le zèle et le courage du
nouveau maire pour accepter des fonctions si difficiles et si
ingrates.
Les finances de Charleroi étaient dans l'état le plus triste ;
la ville était obérée^ criblée de dettes. Pendant de longues
années, la caisse communale n'avait pu payer les intérêts de
sa dette qui s'était accrue de moitié.
Le maire chercha à rétablir ce service et employa toutes
ses facultés à faire rendre à la ville le droit de demi-barrière
sur la chaussée allant vers Bonair et Jumety droit que la ville
avait possédé depuis cent ans * et que l'empire avait, depuis
1801 , accaparé injustement et sans aucune compensation pour
la cité'. C'était là, en effet, la principale source du revenu
communal.
Sous l'administtation de Prunieau, l'industrie locale prit un
essor remarquable. Ce fut l'époque de l'établissement de la
fonderie de fer de Théodore Bernus, de la fonderie de cuivre
de Boucher (à l'ancien local de la* sucrerie Plowitz, où est au-
jourd'hui l'hôpital militaire), de la distillerie de grains des en-
fants Castelain qui possédaient déjà une brasserie de bière.
Depuis quelque temps, les charbonnages s'élevaient et des cen-
taines de demandes en concession se faisaient jour. Les
demandes d'élever des usines^ verreries, manufactures, etc.,
n'étaient pas moins nombreuses et l'administration locale se
1. Voir le renouvellement de Toctroi de cette barrière, accordée en 1718, dans la
Collection des actes ete,, de Charleroi, par D. A. Van Bastelaer, a* fascicule,
pages 25, 78, 123; l«r fascicule page 52, et 3« fascicule, page 65.
2. La république avaitdéjà mis la main sur cette propriété, mais elle l'avait restituée
en l'an IV. Voir Collection^ etc., 2« fascicule page 157.— L'empire lui-même avait
agi de celte £içon pour la barrière du faubourg. Voir Eodem locoy 3* £ucicule,
page 95.
22
- 418 -
plaisait à aider à ce mouvement remarquable. Une industrie
locale était alors la fabrication d'étoffes de laine. Voulant
favoriser les fabricanls qui, depuis longtemps réclamaient
un emplacement pour élever des rames à sécher leurs pièces
de drap, on obtint de l'Etat la cession d'un terrain dans la for-
teresse, moyennant une légère indemnité ^
A cette époque, nos marchés étaient les seuls dans un large
rayon de territoire qui eussent une importance vraiment
remarquable; c'étaient de véritables foires; mais celte af-
fluence des marchands ambulants étrapgers faisait le plus
grand tort aux commerçants de la ville qui avaient eu tout à
souffrir pendant les temps sinistres que Ton avait passés ; le
maire mit ordre à cet abus, bien qu'il rapportât une augmen-
tation de revenus à la caisse communale; il sentait que, même
dans la période de gêne pécuniaire que la ville traversait,
l'autorité devait protéger le commerce particulier et ne pouvait
sans injustice le tuer à son profit. On avait interdit la vente
des aunages neufs sur les marchés, on y ajouta la défense d'y
débiter le pain et tout ce qui regarde la boulangerie, ainsi
que d'autres articles du commerce régulier de la ville.
Une des périodes les plus agitées et les plus difficiles des
fonctions du maire Prunieau, fut sans contredit l'époque de
la chute de l'empire et de la bataille de Waterloo. Pendant
1 . Ces fabricants au nombre de six, payaient ensemble 96 fr. par an. C'étaient :
Lambert Gador et son fils Auguste, rue du Gomptoire* ;
Veuve Guillaume;
l.-B. Guillaume;
Demarlin, frère et sœur, rue de Dampremy;
Guillaume Martin, qui importa la petite draperie de Thuin à Charleroi;
Pierre Depermenlier.
Il y avait en outre à Charleroi, entre autres fabricants de laine à cette époque:
J.-B. Deltombe, frère el sœur, enfants de Dellombe-Doncel. fabricant de coaiings,
qui, en 1806, avaient obtenu une médaille en or à Texposition départementale.
Cador Guillaume, et Martin avaient eu des mentions honorables à la même expo >
sition.
*. Le nom de cette rue vient du cowpioire ou bureau de la gabelle de bierre qui
s'y trouvait anciennement.
— 419 —
plusieursjourSyCharleroi fut livré aux troupes de passage des
diverses nations depuis les Français jusqu'aux Russes et aux
Cosaques. L'Administration communale, ou plutôt le maire,
dut se constituer en permanence depuis le 15 juin 1815 jus-
qu'au 19 ^ Les difficultés presqu'insurmontables de maintenir
l'ordre en ville pendant les heures de déroule de l'armée fran-
çaise et de fuite à travers Charleroi, se prolongèrent longtemps
après. Dans ces grands événements politiques et ces périodes
de convulsions d'une contrée entière transmise de la domina-
tion d'une puissance à une autre^ les Administrations locales
sont en effet livrées à elles-mêmes pendant les premiers
moments, et le magistrat supérieur doit s'élever à la hauteur
d'un gouvernant et a besoin de capacités spéciales pour se
passer pendant quelque temps d'une direction supérieure et
faire marcher d'un mouvement indépendant ce rouage séparé
temporairement du mécanisme gouvernemental.
Prunieau ne faillit pas à sa mission ; il la remplit même
d'une manière remarquable. Tout en accomplissant son devoir,
il traversa la tourmente en sage, et l'esprit d'observation dont
il était doué lui fit profiter d'une position qui lui permettait
l'étude des événements au profit du travail historique qu'il
voulait consacrera sa ville natale.
Dès lors en effet, le maire avait déjà formé le projet de jeter
les fondements de l'histoire de Charleroi à laquelle personne
n'avait pensé encore jusque-là. Il travaillait activement à réunir
les matériaux de sa notice historique. Les archives commu-
nales lui servirent beaucoup dans cette tâche et il y puisa lar-
gement. Ses amis l'aidèrent aussi pour son travail et surtout
Pierre Mayence, son intime et son collègue à l'Administration
communale. Mais celui qui lui fut le plus utile en cette occu-
rence, fut son cousin le curé de Mont-sur-Marchienne*. A cette
i. Nous publierons plus tard Thisloire de ces quatre jours à Gharleroî, notes
manuscrites dues à un citoyen de la ville à cette époque, et tombées en la posses-
sion de Fun de nos collègues de la Société archéologique de Charleroi,
3. Nous possédons plusieurs notes intéressantes écrites de sa main sur This-
— 420 -
notice l'auteur consacra, pendant plusieurs années, ses moments
de loisir et l'ouvrage parut en 1817.
En cette même année 1817, fut renouvelée l'Administration
communale qui donna comme adjoint-maire à Prunieau :
Cb. Nalinnes et Fr. Rucloux.
toîrede la Yille, notes qui accompa^aient le manuscrit du maire poar lequel
elles éuient destinées et qui indiquent une véritable collaboration.
lacques-Joseph Prunieau, curé de Nont-sur-Marchiennes et doyen du canton
de Chfttelet, était un homme d*une instruction et d*uae intelligence remarquables
et d'un esprit fort cultivé, qualités auxquelles il joignait une modestie rare. Il
aimait tes livres et sa bibliothèque était nombreuse et choisie. Il laissa une
grande quantité de notes et de manuscrits et d'archives diverses et entre autres
celles de l'ancien couvent des capucins de la Ville-Basse de Charleroi. Malheureu-
sement toutes ces archives furent brûlées par les héritiers pour échapper aux
difAcultés d'un triage. Quelques feuillets seulement sont arrivés jusqu'à nous.
Son père, nommé aussi Jacques-Joseph, était un des notables delà ville dès 1787
et assistait comme tel aux Assemblées communales. Plus tard il devint éehevin de
Charleroi. Sa mère Anne-Joseph Thibaut, d'une ancienne et honorable fomille de
la ville, restée veuve en 1810 vint à Mont-sur-Marchiennes, chez son fils le curé et
y mourut sept ans après.
Nous croyons être agréable au lecteur en donnant r inscription tumulaire du
curé et de sa mère. Nous les devons à l'obligeance de M. Camille Lyon. Les pierres
tombales se lrott\ent encore au cimetière du village dans le mur extérieur de
l'aile droite de l'église.
D. 0. M.
A LA MÉMOIRE DE
M. JACQUES
JOSEPH PRUNIEAU
NÉ A CHARLEROI LE 19 BURS 1771.
MORT A MONT SUR MARCHIENNE
LE il SEPTEMBRE 1854. DE 1795
A 1853 IL REMPLIT SUCCESSIVE-
MENT DANS CETTE PAROISSE
LES FONCTIONS DE COADJUTEUR
DE CURÉ ET DE DOYEN.
IL FUT L^ORNEMENT DE SA
FAMILLE, LE BONHEUR DE
SES AMIS ET LE PÈRE DE SES
OUAILLES PAR TOUTES LES
VERTUS DE L*HOMME AU COEUR
DÉVOUÉ ET DU PRÊTRE
EXEMPLAIRE. IL A ÉTÉ CHER
A DIEU ET AUX HOMMES, SA
MÉMOIRE EST EN BÉNÉDICTION.
R. I. P.
ICI PRÈS
REPOSE LE CORPS
DE LA DAME
MARIE ANNE JOS. THIBAUT
DÉCÉDÉE CHEZ SON FILS
CURÉ DE CETTE PAROISSE
LE 18 MARS 1817
ÂGÉE DE 78 ANS
VEUVE DU SIEUR
JACQUES JOS. PRUNIEAU
QUI DÉCÉDÉ A CHARLEROY
LE 10 MAI 1810
AUSSI ÂGÉ DE 78 ANS
FUT ENTERRÉ
A MARCINELLE.
PRIEZ DIEU POUR LEURS AMES.
-. 421 —
La loi fondamentale portée par le roi Guillaume le 24 août
1815> adoptait les dénominations nouvellement introduites en
Belgique A' Intendant au lieu de Préfet. Ce fut à cette époque
que le sous-intendant, comte De Glymes, remplaça à Charleroi
le souS'Préfet Troye.
Pendant Tannée 4818, furent élaborés divers règlements
locaux plus importants les uns que les autres et dus en grande
partie à l'initiative du maire. Ils réglaient tous les détails
d'administration, d'aflichage, de vaccine, gratuite et obligatoire,
la mendicité', etc., etc.
Au commencement de 1819, la commune fît la réouverture
de son collège en remplacement de Vécole secondaire fermée
en 1811.
Cette même année aussi, on travailla activement à la nou-
velle forteresse de la ville et un grand nombre de princes et de
souverains descendirent dans nos murs pour visiter les tra-
vaux. Ces circonstances firent de 1819 une année laborieuse
pour l'Administration locale et surtout pour le maire.
Prunieau, quoique jeune encore, déclinait. L'année 1833
fut la dernière de son administration comme maire. Il était
souffrant et fatigué des affaires; les finances communales
étaient toujours en désordre malgré ses efforts; il fallut, même
cette année, remettre en vigueur à Charleroi la taxe sur le
pain, taxe odieuse qu'on avait laissé tomber en désuétude
parce qu'elle était antipathique aux habitants.
Le 19 février 1824, le roi Guillaume, en vertu de nouveaux
règlements, fit réélire le Conseil et nomma un Collège de ré-
gence formé d'un bourgmestre et de deux échevins. G. A. Puis-
sant fut nommé bourgmestre^ T. J. Prunieau n'en voulait
1. Oq rétablit à cetle époque le jeton, ou médaille des pauvres, créé en 1718 et
tombé en désuétude. Toutefois le jeton devint alors une simple plaque ronde en
cuivre sans armoiries portant un simple numéro d'ordre et les mots: « Pauvres
de Charleroi. » Ces plaques existent encore aux archives du Bureau de bienftiisance
de Charleroi. — Voir Histoire métallique de Charleroi, par D. A. Vàn Bastelaeb,
page 47,
- 4JJ —
plas et ce fat malgré lui qu'il resta encore quelque temps
conseiller ; mais il donna bientôt sa démission et fut remplacé
dés le 1^^ mai par Eug. Dorlodot.
Cependant il resta attaché jusqu'à un certain point à l'Ad-
ministration publique. On venaitd'élablir à Charleroi le Bureau
de bienfaisance. Prunieau aimait les pauvres et avec son ami
P. Mayence il accepta une place dans le sein de cette admi-
nistration qui lui permettait de faire le bien, selon ses goûts
et ses larges loisirs. Il n'avait plus en effet aucune occupation
d'affaires; car depuis quelque temps déjà, voulant soutenir le
seul parent qui fût marié et qui pût perpétuer le nom de
la famille, Théodore-Joseph Prunieau avait abandonné géné-
reusement la brasserie à son cousin sous-germain Ursmer, qui
s'était marié en 1822 et n'avait su conserver les débris de la
fortune de son père Antoine-Joseph, pharmacien en cette
ville*.
Prunieau avait fini sa carrière* ; il mourut à Charleroi le
30 septembre 1828 et son dernier acte fut un acte de justice
et de bienfaisance. Il légua une partie de sa fortune auK pau-
vres de Charleroi et de Mont-sur-Marchienne, et il répartit
cquitablement le reste entre ses*cousins. Il fit la grosse part à
Ursmer, le seul Prunieau marié et le même dont nous venons
de parler, qui avait acquis les sympathies de son parent et
était d'ailleurs moins fortuné que les autres.
Le défunt fut enterré à Mont-sur-Marchiennes, selon son
désir^ à côté de Téglise du doyen Prunieau avec lequel il avait
toujours été lié.
Cette vie si bien remplie que nous n'avons pu raconter
1. Antoine-Joseph était frère du curé. C'était un patriote exalté. En 1797, il était
établi pharmacien à l'Eatre- Ville. Sa maison occupaill'emplacement de h brasserie
actuelle de M. Dubois-Quenne. C*est dans sa demeure que Ton célébra souvent les
mystères de la religion, pendant la Terreur, pour les paroissiens de la Ville-Haute;
ce fut là aussi qu'un saint pasteur de celte paroisse fut arrêté pendant qu'il
célébrait la messe. Cette propriété passa ensuite aux Dubuque.
S. La ménagère qui habitait à celte époque chez le maire, devint plus tard la
dame Dubois qui fut assassinée par la band^ nqirc à Gouillet.
- «8 -
qu'imparfaitement, ne demande pas de commentaire et sert
de tout éloge funèbre que nous pourrions y ajouter \
1. Il nous paraît atile de donner ici Tépitaphe de Théodore-Joseph Pruniean,
gravée sur une croix en pierre épaisse» placée dans un angle du mur extérieur,
celé gauche de l'église de Mont-sur-Marchiennes. Nous y joindrons Tacte de décès
du maire.
À LA
MÉMOIRE
DU SIEUR
THÉODORE JOS.
PRUNIEAU
ANCIEN MAIRE DE CHARLEROI
Y DÉCÉDÉ LE 30 SEFTEMBRE 1838.
AGE DE 57 ANS.
\ IL REÇUT ICI
LA SÉPULTURE
QU'IL AVAIT
CHOISIE.
LA FABRIQUE
ET LES
PAUVRES
LE COMPTENT
PARMI LEURS
BIENFAITEURS.
PRIEZ DIEU POUR
SON AME
ET CELLES
DE SES PROCHES.
Acte de dicéide Théodore-Joitph Prunleau,
L'an mil huit cent vingt-huit, le premier octobre, à hait heures du malin,
par-devant nous, Pierre-Joseph Buchet, échevin, officier de Tëlat civil de Charle-
roi, sont comparus les bienrs Ursmer-Joseph Prunieau, maître brasseur, ftgé de
trente-et-un ans et Phili ppe- Antoine Marcq, docteur en médecine, ftgé de trente-
deux ans, domiciliés en celle ville, lesquels nous ont déclaré que hier à neuf heures
et demie du soir est décédé dans sa demeure située entre deux villes, mode Mon-
tignie^-sur-Sambre, le sieur Théodore-Joseph Prunieau, rentier. Agé de cinquante-
sept ans, trois o^ois et dix-sept jours, né à Charleroy, célibataire y demeurant, fils
- «4 -
PETn ESSAI ÉHIGMATIQDE.
n harles Toulut me mettre au rang des boalerarts ;
01 onoré de son nom j*en reçus des remparts.
> Louis jeuue encore il fallut me soumettre :
^ oi d*un Btat voisin il fut onze ans mon mattre.
t* 'on Tintju8qu*à deux fois, mais en vain m'attaquer.
H n signant à Nimègue, il dut m^abandonner.
^ eTenus sous mes murs les Français m^enlevèrent.
O n couTint à Ryswicli... Lors ils me recédèrent.
i-4 1 se traite à Utreck arrang^mens nouTeaux ;
M tjedeTiens si^et des Etats-Qénéraux.
CZ2 uccède à cette paix le traité de Barrière :
H ont change... L'empereur me rétablit frontière.
K ais Conti me reprend ; Louis XV du nom,
O rdonne de miner mes beaux forts , mon cordon.
2 ul ne me ceignit plus sinon d'une terrasse.
Z otre pays pourtant manque de cette placé.
O n va merelCTcr... Guillaume m'entreprend.
^ on nom reste à saToir... DeTinequi m'entend.
J.-J. PaimiBÀU.
de Jean-Antoine-Joseph Pninieau et de Marie-Norbertîne Wautier, conjoints, y
décédés tous deux ; et ont les comparants déclaré que le défunt avait choisi le
cimetière de Mont-sur-Marchienne pour sa sépulture, et lecture laite ont signé
cet acte avec nous.
U. Pruhieau. p. Harcq. P.-j. BnCHET.
NOTICE HISTORIQUE
SUR
LA VILLE DE CHARLEROL
L'année 1666, le marquis de Castel-Rodrigo, fit^ par ordre
de Charles II, roi d'Espagne, construire une forteresse sur
remplacement d'un petit village de la province de Namur,
nommé Charnoi, situé sur la rive gauche de la Sambre ; les
travaux en furent commencés le 3 septembre et le nom de
Charleroi lui Ait donné en mémoire de son fondateur, qui
accorda de beaux privilèges, exemptions et immunités aux
habitants qui vinrent s'y établir et la peupler ; le nommé Maitre
Jacques, qui lors étoit curéduCharnoi, fut pourvu d'un cano-
nicat au chapitre de Walcourt.
En mai 1667, les Espagnols détruisent les fortifications
qu'ils avoient érigées et abandonnent' Charleroi qui est oc-
cupé le 2 juin suivant par Louis quatorze, roi de France, qui
, en fait relever et achever les fortifications par le maréchal de
Yauban ; le premier ingénieur de son siècle en fait une bonne
forteresse défendue par six bastions portant les noms de 1^
bastion Turenne,^^' d'Orléans, 3<) Dauphin, ^''duRoi, a^" Montai,
6o des Gardes, et autres ouvrages qui la rendirent une des plus
fortes places du pays; il y fit aussi bâtir une église dédiée à
i. LeSî mai. Note de T. Prunieau.
N
- 426 -
Saint-Louis et Saint-Christophe, y établit un curé et un vicaire,
conûrma et augmenta les privilèges et immunités des habi-
tants.
Par la paix d' Aix-la-Chapelle, conclue le 2 mai 166)^, Char-
teroi est cédé à la France.
Le six avril 1672 Louis XIV déclare la guerre à la Hollande
et se rend à Charleroi avec le duc d'Orléans, son frère. Il y
concerte ses entreprises et fait la revue de son armée campée
sur la Sambre et forte de 110,000 hommes.
Le cinq décembre de la même année, Guillaume III prince
d*Orange, à la tète de Tarmée des alliés, forme le siège de
Charleroi que le comte de Marsin, général espagnol, avoit in-
vesti la veille; Monsieur de Montai, qui en étoit gouverneur,
en étoit sorti pour aller secourir Tongres ; mais il y rentra le
18 à la tète de cent cavaliers qui passèrent au travers du camp
des assiégeants, en se disant gens du duc de Holstein ; l'arri-
vée de ce brave officier ranima le courage de la garnison et
obligea le prince d'en lever le siège le vingt-deux du même
mois.
Le mercredi des quatre-temps avant hi Pentecôte de Van
1673, monsieur de Louvois fait planter les premiers piquets
pour tracer les fortifications de la Ville-Basse.
La même année^ M. de Louvois fait creuser un canal qui
amène les eaux de la rivière d^ Heure dans le fossé extérieur de
la Ville-Basse. On donna à cette espèce de rivière le nom de
Louvoise. On en voit encore les vestiges dans la plaine qui est
entre Charleroi et Marchienne-au-Pont.
Le 10 août 1674 se livre, à quatre lieues de Charleroi, la
célèbre bataille de Seneffe où le grand Condé vit s'obscurcir ses
lauriers, en cédant le champ de bataille au prince d'Orange^
à qui les ail iés durent le salut de leur armée, et qui fit voir
darvs cette grande action la valeur d'un soldat jointe à la pru-
dence d'un vieux capitaine. La plus part des blessés de l'armée
françoise furent amenés à Charleroi, un grand nombre
d'ofQciers de distinction y moururent, entre autres MM :
— 427 -
Lé chevalier de Fourilles*, lieutenant-général de la cavalerie.
Le marquis de Champvalon^ cornette des deux cent chevaux.
de Cullan, lieutenant au régiment de Rambures.
de Loberty lieutenant-colonel du même régimetit.
de LislCy capitaine au régiment d'Auvergne, *
de Senneville, commandant du régiment de Picardie^
de Bucy, lieutenant au^ gardes.
de Saint-Seine, capitaine aiut gardes.
de Courcelles, capitaine de cavalerie.
Le chevalier de Mauportuis, lieutenant aux gardes.
de Meineblanc, capitaine au régiment de Navarre.
Le marquis d'Hillière, Capitaine des chevaux légers.
de Vilelte, capitaine au régiment de Navarre.
de Gomer, capitaine au régiment des Tassiaux.
de BlanzaCy lieutenant au régiment d'Enghien.
de Lozbron, capitaine des cravates.
Therosme Lopus, lieutenant au régimefit de Konigsmark.
du CroCj lieutenant au regimbent du roi.
des Grieux, capitaine des chevaux légers au régiment Mestre
de camp général.
du Boyau, brigadier aux gardes.
de Lurpinière, capitaine au régiment des fusiliers.
de Boici, lieutenant des cravates au régiment Mestre de
Camp.
de Morainville, exempt des gardes du corps.
de HauteforgCj brigadier aux gardes.
d'EWoSy capitaine au régiment du roi.
de Dami, lieutenant au régiment de la reine.
d'Abbe de la Roquemartinne^ lieutenant aux gardes.
des BossièreSf lieutenant au régiment de La Fère.
LadeuzCy capitaine au régiment du roi.
d'Avril^ lieutenant des Suisses.
de Buquoy, écuyer.
1. Dont U eaur fut embaumé et traneporté en France.
Note de T. J. PruDieau.
- 428 -
de Mariolle^ lieutenant au régiment de Navarre.
de Balincoury capitaine aux gardes.
de la Caussade, lieutenant au régiment de FansaCy
Schtoupej major du régiment de ce nom.
• Venosini, capitaine au régiment du roi.
de Chastelinj gentilhomme du prince de Condé.
Le comte de Garcy, colonel.
de Belle vallée^ lieutenant de cavalerie.
Le chevalier de Troagen, cornette au régiment de Goumai.
de La Londe.
Le chevalier de Monpassani capitaine des chevaux légers au
régiment de Saint-Aou^t.
de CarilleSf capitaine des fusiliers.
des Mazures^ capitaine au régiment de Monpezat.
Le chevalier de la Fare, aide de ùimp du prince de Condé.
de Gauviile, commissaire provincial de Vartillerie.
de BifioZj capitaine au régiment des Tassiaux.
du Carlot^ lieutenant au même régiment.
de Courlenay, enseigne colonel du régiment SEnghien.
Le chevalier de Tancé, capitaine des fusiliers.
des Sarts, cornette au régiment Dauphin.
d'AtlignaCj capitaine au régiment de Condé.
de Noiellej capitaine au régiment de Bambures.
de Saint'Thiancej capitaine au régiment de Saint-Ela.
Le chevalier d'Estrées^ capitaine au régiment des fusiliers.
Busquety lieutenant au régiment de Bambures.
de SabouliSj capitaine au régiment du Boi.
de Gerancy, major au régiment de Cheury.
d'Aumont, lieutenant colonel du régiment de Condé.
àe Nantua, lieutenant au régiment de Navarre.
de Moncise, lieutenant au régiment des Tassiaux.
du Pommier y lieutenant au régiment de la reine.
de la Garde, cornette au régiment royal cravates.
Le marquis de Beauvan, le comte de Dorât, enseignes aux
gardes.
— 429 — '
de Penne, aide de camp.
de Serre, capitaine au régiment du roi.
de Bis, lieutenant au régiment suisse de Salis.
du Peyrac, capitaine au régiment du roi.
Le chevalier deRaba, aidemajor au régiment du roi.
de Sainl'Quinti)},^ cornette des cuirassiers.
du Boissieu,y capitaine des chevaux légers de la garde du roi.
de DeaulieUj capitaine au même régiment.
de la Brasse, lieutenant au régiment de Condé.
de Villeneuve^ lieutenant au régiment de Conti.
de Cassardy capitaine aie régiment de la reine.
de Lostendart, lieutenant au régiment de Rambures.
de Saumareuil, lieutenant au régiment de Condé.
Rinvau, lieuteuant au régiment de la reine.
Le comte de Rosandart, capitaine au régiment du roi.
Le chevalier de Montai^ capitaine au régiment de cavalerie
du comte de Montai, et plus de cent autres ofûriers François.
L'an 1676, Louis XIV fait bâtir la Ville-Basse de Charleroi,
de l'autre côté de la Sambre, sur le territoire de Marcinelle,
Pays de Liège, et pour y attirer des habitants leur assure les
mêmes privilèges et immunités qu'c^ ceux de la forteresse,
leur donne des terrains pour y bâtir, et fait faire à ses frais
les devantures des maisons, qui furent toutes ressemblantes,
et bâties sur un même plan', le curé de la paroisse Saint-
Louis y exerça les fonctions pastorales et y administra les sa-
crements. Le quartier dit TEntre-Ville commence aussi à se
bâtir sur le même plan que la Ville-Basse.
Le6aoûtl677^ le prince d'Orange à /a tête deVarm^e des alliés
cerne Charleroi défendu par le même Montai, et en commence
le siège que le maréchal de Luxembourg lui ût lever le il.
i. Lt$ premiert qui y bâtirent des maisons furent Alathieu, alors greffier. Noire
notaire, Philippe Ftanquenouille, Bourdon, dit la pierre et, dans la rue de Mar^
chienne- au- Pont, David dont la maison a aujourd'hui Venseigne : Le granit mo^
narque et plus loin la Pomme d'or*. Noie de T. Pruaienu.
' Aujourd'hui VUôlel des riseaax d'or, D. A. V. B.
â3
- 430
En cette occasion le village de Marcinelle fut brûlé par les
Espagnols quij se ressouvinrent mal à propos que, quatre ans
auparavant, dans une même circonstance, les habitants avaient
attaqué leur arrière-garde et pillé leurs bagages.
En 1667, les capucins, religieux de Tordre de Saint-François,
obtiennent du roi de France Toctroi de bâlir en la Ville-Basse
un couvent pour seize religieux de leur ordre ; cet octroi leur
est confîrmé par le roi d'Espagne en Tannée i679\
Le trois octobre de la même année le feu prend au magasin
à poudre, qui saute en l'air avec un grand fracas. Un nommé
M. Breton, artificier du roi, et plusieurs canonniers furent vie-
times de cet événement.
En exécution de la paix conclue à Nimègue le 10 août 1678,
la France rend Charleroi à TEspagne, qui en reprend posses-
sion le 12 janvier 1679. Les curé et vicaire de la p|roisse
Saint-Louis continuèrent à exercer leurs fonctions pastorales,
tant en la Ville-Haute qu'en la Ville-Basse^ et la cure étsuit
devenue vacante, un nommé Jean Martini y fut nommé par le
roi. Mais un monsieur Thibaut, lors pasteur du village de Mar-
cinelle, représenta à Son Altesse le prince évecque de Liège,
que la Ville-Basse de Charleroi étant bâtie sur le Pays de
Liège dépendant de'sa paroisse, Tadministration des sacre-
ments et les fonctions pastorales dévoient lui appartenir, pré-
tendant que les villes et provinces peuvent bien changer de
domination, mais que les diocèses ne changent pas. Ensuite
de cette représentation^ le vénérable Martini, curé desdites
villes, reçut ordre de ne plus exercer ses fonctions pastorales
en la Ville-Basse et les habitants d'icelle, de ne plusreconnoitre
d'autre pasteur que celui de Marcinelle, sous peine d'excom-
munication.
L'an 1682, Don Juan de la Passe, gouverneur de Charle-
roi fait bâtir, à la Ville-Haute, la chapelle dite de Notre Dame
du Rempart.
i. I9ous avons trouvé cet oc: roi dans les papiers de Pruniean et nous le donnerons
dans le fascicule prochain de la Collection det acieif tic, de Charleroi, D. A. V. B
- 431 —
En i687y deux bourgeois de Charleroi nommés Albert Mi-
chaux et Jacques Delenne, obtiennent du roi d'Espagne V octroi
dt construire sur la Sambre des éclu^eSy un moulin à farines^
et une usine à forger le fer ^.
Le premier juillet 4690, le maréchal de Luxembourg rem-
porte, dans la plaine de Fleurus, à deux lieues de Charleroi,
une victoire complète sur Tarmée des alliés, commandée par le
prince de Waldeck. Don Diego de Pimentai, gouverneur de
Charleroi pour le roi d'Espagne, parvint par une sortie à s'em--
parer d!une grande partie des blessés de l'armée victoriettse et
à les amener dans la place. Beaucoup y moururent; ils furent
inhumés dans des grandes fosses que Von creusa à l'endroit où
Von a depuis bâti la me dite des vieux fours.
Les 49, 20 et 21 octobre 4692, les François, commandés par
le marquis de Boufllers, bombardent Charleroi et y causent de
grands dommages.
Le 9 septembre 4693, l'armée Françoise, commandée par
Monsieur de Yilleroi, investit Charleroi et en forme le siège,
dont le Maréchal de Vauban conduit les travaux', vingt-six
bataillons vont successivement travailler à la tranchée, tandis
que l'armée, postée avantageusement, empêche tout secours
aijix assiégés, le marquis de Castillo, gouverneur espagnol, offi-
cier d'un grand mérite, répond à la sommation qui lui est faite
de se rendre, qu'il défendra jusqu'à la dernière extrémité une
place qui a l'honneur de porter le nom de son roi, et il tient
parole '.
Le i2j quatre-vingt bouches à feUy trophées de la victoire que
le YAaréclial de Luxembourg avait remportée^ le 29 juillet iôdS^
sur l'armée alliée, dans les plaines de Nerwinde, arrivent au
camp des assiégeants.
i. « L*an 1680 uq monsieur Pouchaat et un monsieur Benoit Louant font bfltir
à rexlrémitô de TEnlre-Ville l'usine dite depuis /endeHe Puitsant» >
Note de Prunieau.
2. La principale attaque eut lieu du côté de Datnpremy, Noie de Prunieau.
8. Les asMiégeanti tiraient leurs munitions de.Namur^ de Uonset de Maubeuge.
Note de Pmnieau.
- 482 -
Le 13, cent pièces de canon et quarante-huit mortiers en
cinq batteries foudroient la place sans interruption ; enfin le
brave Gastillo, après avoir vu périr les trois quarts de sa gar-
nison et fait perdre bien du monde aux assiégeants, se voyant
menacé d'un assaut général qu'il n'auroit pu soutenir sur des
remparts réduits en poudre, battit la chamade le 11 octobre,
après vingt-sept jours de tranchée ouverte, et sortit de la
place avec les honneurs de la guerre ; Monsieur Boislot, capi-
taine des gardes, en fut nommé gouverneur par le roi de
France.
Le feu fut si violent à ce siège, il y fut tiré tant de boulets
et tant de bombes, qui toutes pesaient cinq cent livres^ qu'en
1783 lorsqu'on démolit les remparts de la Ville-Haute, les
ouvriers offrirent d'en applanir la partie qui est du côté de
Dampremy, où étoit la principale attaque des François, ne de-
mandant pas d'autre salaire que d'avoir & eux les éclats de
bombes et les boulets qu'ils y trouveroient. Leur offre fut
refusée.
Pendant le siège, un canonnier de la garnison^ nommé DeU
gouffre, servant l'artillerie sur le bastion Montai, y fut blessé
d'un éclat de palissade qui l'étourdit de manière qu'on le crut
mort et on le jeta avec d'autres dans une fosse ; un soldat,
s'étant apperçu qu*il avoit fait un léger mouvement^ et lui
ayant reconnu quelques signes de vie, l'en retira et le porta à
l'hôpital où il guérit. C'est de ce Delgouffre que sont issus tous
nos musiciens, le nommé Jacques Delgouffre, un de ses nom-
breux arrières petits-fUs a, lui seul, neuf fils qui sont, ainsi que
leur père, leurs oncles et leurs cousins, tous musiciens.
Monsieur Boislot, étant gouverneur de Charleroi, fait cons-
truire trois redoutes pour la défense des digues du grand étang,
et leur donne son nom, elles furent depuis, par corruption,
nommées les forts Boislau.
En exécution du traité de paix conclu à Riswik le 30 sep-
tembre 1697, la France rend Charleroi à l'Espagne.
Le 6 février 1701, le duc de Bavière, gouverneur des Pays-
- 438 -^
Bas espagnols en livre toutes les forteresses anx troupes
françoises et reconnoit le duc d'Anjou pour roi d'Espagne
sous le nom de Philippe V, les troupes hoHandoises qui étoient
en garnison dans Charleroi obtiennent la liberté de se retirer
dans leur pays. Là commence la longue guerre dite de la
Succession, qui fit couler des fleuves de sang, le mémorable
hiver de 1709 en faisant périr les moissons, mit le comble
aux maux dont la guerre accabloit le pays.
En exécution du traité d'Utrecht; conclu le onze avril 1713»
la ville de Charleroi est occupée par les troupes hoHandoises
qui la remettent à Tempereur d'Allemagne, Charles VI, en exé-
cution du traité de Bade, conclu le sept septembre 1714.
La Ville-Basse s'étant promptement peuplée, Son Altesse le
prince évesque de Liège accorda son approbation d'y bâtir une
église V Un bourgeois nommé Antoine Boëns céda en l'an 171 1
un terrain pour cette construction, tous les habitans s'em-
pressèrent d'y contribuer, et le chœur en étant presqu'achevé
un monsieur Dandoy curé de Marcinelle obtint du prince évec-
que de Liège Vauthorisationd'y translater le siège de la paroisse.
Le jour Saint-Jean-Baptiste de Van 1719, il vint avec son frère
curé de CouiUet et autres ecclésiastiques des environs tous en
habits sacerdotaux suivis d'un peuple nombreux bénir la nou-
velle église et y célébrer la messe, mais le gouverneur qui
n^ avait pas été informé de cette cérémonie, envoya un détache-
ment desoldats qui dispersèrent lepeupleet obligèrent les prêtres
de prendre la fuite encore revêtus de leurs habits sacerdotaux.
Cette conduite du gouverneur de troubler en temps de paix les
cérémonies religieuses sous un prétexte aussi frivole fut blâmée
par le souverain, mais il intrigua si bien prétextant que ce
nouvel établissement compromettroit la sûreté de la place en y
attirant trop de gens du dehors, que les travaux de la nouvelle
1. La if édition portait : « rérifea en paroisse et accorda, etc. • Cette asser-
tion est entièrement opposée à la vérité. Voir : CoUeetion eu octet de franekitee,
etc. par D. A. Van Bastelaeb, !• lascicole, page SS.
— 434 —
église furent abandonnés et que la Ville-Basse demeura unie à
la paroisse de Marcinelle.
Le 18 avril 1722, le célèbre général Palay, gouverneur de
Gharleroi, meurt à Mons des suites d'un coup de fourche que
lui donna un de ses palfreniers. Né h Mons de pauvres parents,
il prit tout jeune le parti des armes, et, par sa conduite et
son courage, il parvint au grade de lieutenant-général de la
cavalerie impériale ; il légat une assez forte somme à Téglise
de la Ville-Haute avec laquelle le vénérable Gaspard Chaus-
teur, curé d'icelle, y ût bâtir un chœur dont elle manquoit et
au milieu duquel il fit placer la tombe du général Patay. C'est
d'alors que l'église de la Ville-Haute fut dédiée à S^-Chrislophe ^
L'hiver de 1740 est presque aussi funeste aux récoltes que
celui de 1709, à des pluies extraordinaires, qui firent débor-
der la Sambre et élevèrent ses eaux jusqu'à plus de six pieds
au dessus du nive^au de la Ville-Basse, succéda le froid le plus
rigoureux. Les grains furent très chers cette année et la mi-
sère fut générale.
La guerre se rallume derechef entre la France et l'Autriche.
Après avoir pris Mons, le prince de Conti à la tète d'une partie
de l'armée françoise, vient le 16 de juillet 1746, mettre le siège
devant Charleroi.
Ayant établi son quartier général à Marchiemies^au-Pont,
petite ville à une demi lieue de Charleroi qui a un pont sur
la Sambre^ il fait commencer une levée au travers des prai-
i. < L*an 1789, ane partie de l'arsenal sauta en Tair avec un grand fracas, par
suite de rimprudence d'un canonnier, qui en y entrant pour y travailler, avait dans
sa poche une pipe mal éteinte et ou il voulut cacher de la poudre. 11 fut victime
de son imprudence ainsi que douze autres canonniers qui l'accompagnaient et un
nommé M. Jolll, directeur dudit arsenal.
Une pluie de grosses pierres fracassa une partie des toits des malsons. Cet évé-
nement remplit la ville de trouble et de terreur. Les habitants, malgré le péril
8*empres8èrent de travailler à éteindre l'incendie qui en était résulté. Ils y parvin-
rent à force de travail et en préservèrent la partie 'de Tarsenal où étaient les
bombes, dont une quantité énorme était chargée et qui, si elles eussent pris feu
n'auraient plus fait de la Ville-Haute qu'un monceau de ruines.
Note de Pninieau.
- 438 —
ries inondées qui séparent la Ville-Basse du village de Marci-
nelle. La cavalerie quoiqu' exposée à tout le feu de la place y
apporte des fascines et V infanterie des sacs de terre. Il fait en
même temps attaquer la redoute située à gauche de la chaussée
allant à Marcinelle, défendue par le brave O'Lara, Irlandois de
nation, qui avec trente hommes qu^il avoit avec lui, mais dont
il faisoit paroitre le nombre plus grand, ayant fait placer des
casque sur des pieux, soutient bravement Veffort des assail-
lans. Son feu soutenu et bien nourri leur fait croire que sa gar-
nison est nombreuse, mais un déserteur les informe du petit
nombre de ses compagnons et les guide au travers de l'innon-
dation ayant de Veau jusqu^à la ceinture^ il est tué un des
premiers, et O'Lara, après avoir fait des prodiges de valeur,
, est forcé de se rendre avec le peu de braves qui lui restoient.
Le prince de Conti, charmé de sa bravoure, voulut le voir, et
lui offrit du service en France dans les régiments de sa nation.
Mais O'Lara lui fit cette réponse laconique « prince, je ne peux
« accepter vos offres, j'ai juré fidélité à la reine de Hongrie,
« je vivrai et mourrai à son service. »
La garnison, étonnée de ce succès et delà vivacité des atta-
ques des François se retire dans la Ville-Haute avec une telle
précipitation qu'elle néglige de couper le pont de la Sambre,
et abandonne la Ville-Basse, qui est aussitôt occupée par les as-
siégeant qui desuite travaillent à élever des batteries sur la
place publique en face du pont, le moment devenoit terrible
pour les habitans, l'artillerie de la Ville-Haute pouvait écraser
la Ville-Basse et les assaillam, muilres du pont, pouvaient ap-
pliquer le mineur au pied de ses ramparts tandis que ses nom-
breuses batteries établies totit à Ventour dans les positions les
plus avantageuses, la foudroiroient de toutes parts, la garnison
composée de troupes de différentes nations perdit la tête et, le
deux août, arbora le drapeau blanc *. Le marqais du Chatel
1. Voici le texte de la l^* édition :
c Le 2 août, s'étaat rendu maître de la YiHe-Basse et de Touvrage & cornes, dît
de Namur, et étant prêt à donner un assaut général, le gouverneur, nommé Robert i
comte de Beaufort, arbora le drapeau blant, etc. •
— 436 —
lieutenanUgénéral dressa les articles de la capitulation d'après
laquelle la garnison resta prisonnière de guerre.
Le prince Charles de Loraine qui, à la tête de l'armée au-
trichienne, accouroit à marches forcées j annva ce même jour
au village du Mazi sur la route de Namur, et se disposoit à
livrer le lendemain bataille aux François, Mais ayant appris
la nuit la reddition de la place qu'il venoit secourir, il fit
prendre une autre direction à son armée.
FORGE DE LA GARNISON DE GHARLEROI AU GOMMEXGEMENT DU SIËGE.
NOMS DES CORPS.
NOMBRE
D^OFFICIERS.
NOMBRE
DE SOLDATS.
Un bataillon du régiment d^Aremberj^.
Un détacbem^ des dragons de Stirum.
Régiment du colonel Raders «
Régiment du colonel Hoolwerf . .
Canonniers bollandois
Canonniers Autrichiens
Un détachem^ de hussards hongrois .
Un détachement d'infanterie venu de
Mons
Total. . .
18
11
44
34
1
2
3
16
590
234
730
680
28
38
34
348
129
2702
En exécution du traité d'Aix-la-Chapelle signé le 18 octobre
4748, Gharleroi est rendu à l'Autriche. Mais avant de Taban- -
donner, les François en détruisent les fortifications, un article
secret du traité porloit qu'elles ne pouroient être rétablies.
L'église de la Ville-Haute étant devenue .insuflisante pour
les babitans, dont le nombre s'ctoit beaucoup augmenté. Sa
Majesté Timpératrice reine de Hongrie et de Bohême accorde
l'authorisation d*en construire une nouvelle, plus vaste, sur
l'emplacement de l'ancienne. Les travaux en furent commen-
cés en 1778, l'ouvrage ne fut terminé qu'en 1781.
• Le six juin 1781 l'empereur Joseph II arrive à Gharleroi
- 437 -
dans le plus grand incognito et loge à rhôlcl dit du Grand
/Monarque.
En 1782, il fait vendre tous les bâlimenls servants de loge-
ments aux officiers, arsenaux, magasins, casernes, et les
i terrains occuppcspar les forliûcalions, on bâlit sur leur em-
placement beaucoup de maisons, et de beaux jardins, ce qui
augmenta considérablement la population de la ville en y atti-
rant beaucoup d'étrangers, qui y apportèrent leur commerce
et leur industrie'.
Le 24 de novembre 1790, l'armée Brabançonne, qui éioil
campée sur la Meuse près de Bouvigne, abandonne ses posi-
tions à l'approche de l'armée autrichienne et arrive à Charle-
roi dans le plus grand désordre.
Le 25, l'armée Brabançonne évacue Charleroi, qui est
occupé le même jour par l'avant-garde des Autrichiens. Les
Autrichiens, ayant perdu la bataille de Jemmappee, livrée près
dcMons, le sept novembre 4792, les troupes qu'ils avoient à
Charleroi l'évacuent, et l'armée françoise commandée par le
général Valence, y arrive le onze, d'où, après y avoir passé
la nuil, elle se porte en avant et va faifele siège de Namur.
Le 20 mars 1793, les François abandonnent Charleroi qui
est occupé le 23 par les Autrichiens.
Le 18 février 1794, les Autrichiens commencent à fortifier
Charleroi^ et y travaillent sans interruption, jusqu'au 28 mai,
qu'une armée françoise commandée par le général Charbon-
nier, après avoir incendié les belles abbayes de Lobbes et d'Aine,
passe la Sambre et vient en former le siège. La garnison com-
posée de troupes autrichiennes et hollandoises n'ayant que
des fortifications en terre et en fascines garnies de 42 bouches
à feu de petit calibre, mais soutenue par le courage et les
1« La première édition ajoutait les paragraphes suivants :
« En 1789, l'empereur Joseph 11 établit à Charleroi un tribunal de première
instance et un délégué que les troubles qui surviennent dans les Pays-Bas obligent
de se retirer.
A la suite de ces mêmes troubles, les Autrichiens évacuent la même année une
grande partie des Pays-Bas, et se retirent derrière la Meuse. »
— 438 —
latents de M'*' Lopez de Bruaœlles, el Chava^ne de Charleroi,
l'un major et Taulre capitaine au corps du génie qui avoient
dirigés les travaux de la place, se défend avec courage. Le
feu commence le 31. Après trois jours du bombardement le
plus violent, l'empereur d'Autriche François II, entre le 3 juin
à la télé de son étal-major dans Charleroi après avoir ce même
jour battu l'armée française à plate couture, et l'avoir obligé
de repasser la Sambre en désordre.
Le lendemain l'armée autrichienne est obligée de marcher
.à la défense de la Flandre et les François ayant reçu des
renforts ils repassent le 12 la Sambre qu'ils sont obligés de re-
passer après un combat que leur livra sur la plaine de Fleurie
le général Beaulieu à la tête d'un corps d'armée autrichien
venu au secours^
Le général Jourdan vient prendre le commandement en
chef de l'arnoée françoise, et ayant reçu tous ses renforts, il
lui fait passer derechef la Sambre, il place ses principales
forces sur la plaine de Fleurus dans une position avantageuse,
tandis que le reste de son armée forme le siège de Charleroi.
Le 18 juin, le bombardement commence et la ville est fou-
droyée sans interruption jusqu'au 24 après-midi, que le gou-
verneur signa une capitulation d'après laquelle la garnison
sortit de la place le même jour y et est conduite prisonnière
de guerre en France. Le lendemain, 25 juin, se livre sur la
plaine de Fleurus, la célèbre bataille de ce nom, entre Farmée
françoise commandée par le général Jourdan, et l'armée au-
trichienne commandée par le prince de Cobourg, qui venait
pour faire lever le siège de Charleroi. Le général Beaulieu,
commandant l'aile gauche des Autrichiens, fait d'abord plier
et met en désordre l'aile droite des François, leur aile gauche
est également repoussée par la droite des Autrichiens. Mais
le prince de Cobourg, placé au centre, ayant appris la reddi-
tion de Charleroi, qu'il venoit secourir, n'attaque pas et
1. La première édition portait : « après une nouvelle Yictoire qne le général
prince de Rheuse, remporta sur eux dans la plaine de Fleurus. »
I
— 489 —
ordonne la retraite qui se fait en bon ordre et au moyen de
laquelle le champ de bataille reste aux François.
Ce siège occasionne des dommages incalculables à la ville
de Charleroi et aux environs, plusieurs habitans furent tués,
toutes les maisons furent plus ou moins endommagées^ beau-
coup furent incendiées par les obus, les bombes et les boulets
rouges que les assiégeants y firent pleuvoir, et une partie du
faubourg fut rasée* La cherté des grains qui suivit mit le comble
à la misère des habitants et du pays qui avoit été ravagé; le
stier de froment se vendit à Charleroi 32 escalains.
Après la prise de Charleroi, les François en réparèrent et
perfectionnèrent les fortifications, construites en terre, palissa-
des et fascines*, mais sur la fin de la même année, ils les
démolissent, et font sauter ce qui restoit encore des anciens
ramparts.
L'église de la Ville-Haute avoit été tellement endommagée
lors du siège par les bombes et les boulets que le dôme s'écroula
peu de mois après et en écrasa une partie des voûtes ;
M. Ponlot, curé d'icelle, la fait réparer, y fait faire un nouveau
pavement en marbre à la place de l'ancien qui étoit fracassé,
et un nouveau jubé où il fait placer un orgue.
Le gouvernement françois établit à Charleroi un sous-préfet
et un tribunal de première instance.
Le gouvernement françois ayant supprimé tous les ordres
religieux et vendant les biens du clergé, la ville de Charleroi
achète le couvent des capucins, y établit, en l'an 1804, une
école secondaire, et appelle pour y enseigner, des prêtres de
l'Oratoire, qui font fleurir cet établissement. La Ville-Basse est
érigée en même temps en paroisse, dont M. Roisin deMontignies
est le premier pasteur ; l'église des capucins en devient l'église
paroissiale.
Les longues guerres que la France suscite contre tous les
souverains de l'Europe, forcent la jeunesse de se rendre suc-
1. La première édition igoutait : « et font abattre beaucoup de maisons dans le
faubourg. »
- 440 -
cessivcment aux armées, Técole secondaire se déserte petit à
petit, et en 1811 tombe totalement, on y place les hôtels de
la sous- préfecture et de la mairie.
Une maison d'éducation pour les filles, établie en même
temps que l'école secondaire, est anéantie aussi en même temps
qu'elle.
Les désastres que les armées françoises éprouvent en Russie
et en Allemagne, en 1812 et 181 3, amènent dans les Pays-Bas
les armées des puissances alliées; un détachement de Cosaques
entre dans Ciharleroi le 29 janvier 1814 et en prend possession
au nom de ces puissances.
Le 7 février, commence le passage des Cosaques et des Bas-
quires, ils sont suivis par les corps d*armées russes des géné-
raux Witzingerode, Zernichef, Woronzow, Slrogonow, et
autres, qui se portent en France à marches forcées, et vont
joindre l'armée prussienne commandée par le général Blûcher,
qui, avec leur secours, gagne sur Bonaparte en personne, la
célèbre bataille de Laon, qui décide du sort de la France.
Après le traité de Paris, conclu le 30 mai 1814, une partie
de l'armée prussienne repasse par Charleroi, et va prendre
des cantonnements au-delà de la Meuse.
Les provinces des Pays-Bas réunies, ayant été érigées en
royaume par le traité de Vienne, Son Altesse le prince d'Orange-
Nassau en prend le titre de roi, et est proclamé comme tel à
Charleroi le 12 mars 1815 sous le nom de Guillaume premier.
Bonaparte, ayant quitté l'Ile d'Elbe, qu'on lui avoit assignée
pour sa résidence, et étant débarqué en France, le l*^'' mars
1815, l'armée se déclare pour lui; Louis XVIII est obligé de
quitter sa capitale et de se réfugier en Belgique ; Bonaparte
entre à Paris le 30 mars, y reprend le titre d'empereur et est
reconnu en celte qualité par presque toute la France.
Cet événement ramène en Belgique les armées des puis-
sances alliées, un corps de milice hollandaise fort de six à sept ,'
^ mille hommes, commandé par le général Stedmann, arrive à 4
- 441 ~
Cbarleroi le premier avril, et y reste jusqu'au ome^ d'où il se
porte vers Nivelle.
Le même jour, le général Zieten, àlaléte du premier corps,
formant l'avant-garde de l'armée prussienne, arrive à Cbarle-
roi et y établit son quartier général, le général Blûcher, com-
mandant en chef de cette armée, établit le sien à Namur.
Le 15 juin 1815, de grand matin, les avant-postes de l'armée
prussienne placés près du village de Jammioulx, formant une
ligne de postes jusqu'au-dessus de Thuin, sont attaqués par
les François avec la plus violente impétuosité, et se replient,
en combattant vaillamment ; un bataillon de landwer^ entoure
par plusieurs régiments de cavalerie françoise, près du Moulin
à vent, sur la plaine, au-dessus de Marchienno-au-Pont, refuse
de se rendre et veut se former en bataillon carré; il est en-
foncé avant d'avoir achevé son mouvement, une partie est tuée,
le reste blessé et pris. Le général Zieten quitte Charleroi vers
les 9 heures; vers les iO heures^ les premiers tirailleurs fran-
çois y arrivent avec une pièce de canon^ et y engagent une
fusillade avec quelques pelotons prussiens, qui la soutiennent
avec fermeté et se replient par échelons ; quelques hommes
des deux côtés sont tués en se battant dans les rues. Vers les
deux heures, Bonaparte arrive à Charleroi à la tête d'une
forte colonne de son armée, il traverse la ville et se porte au
village de Gilly sur la route de Fleurus, où le général Zieten
avoit placé quelques bataillons avec de l'artillerie sur les hau-
teurs; un bataillon des troupes de Berghe, formé en carré
à la lisière d'un bois, repousse deux charges d'un régiment
de chasseurs à cheval de la garde française. Bonaparte, im-
patienté de la résistance, ordonne au général Letort de le
charger avec les grenadiers à cheval en lui disant ces mots :
c Letort, il faut que ce soit vous qui me ballayiez cette
« canaille, t Letort fait un détour, charge et enfonce le batail-
lon dont une partie est écrasée, mais il y est blessé à mort,
et expire le lendemain à Charleroi^ et son corps fut reporté en
France. Après différents combats qui durèrent jusqu'à la soirée
— 442 —
l'aarièr^-garde prussienne se replie sur Fleurus^ans être beau-
coup poursuivie, et Bonaparte vint passer la nuit à Charleroi
dans le même quartier que le général Zieten avoit quitté le
matin. C'est la maison de M. Puissant.
L'on avoit déjà ramené à Charleroi beaucoup de blessés.
L'attente des grands événements qui alloient se passer, les
maisons des habitants occupées par un état-major nombreux,
et par la garde^ la plus grande partie de larmée bivouaquée
dans les environs et dont des hauteurs de la Ville-Haute on
nppercevoit les feux, tout cela formoit un spectacle terrible
et majestueux, qui jetoit dans les âmes un sentiment de
çtupeur diUBcile à décrire.
Le 16, vers huit heures du malin, Bonaparte part de Char-
leroi, et va livrer en personne la bataille de Ligny, tandis
qu'avec une partie de l'armée, le maréchal Ney va attaquer
les alliés aux Quatre-Bras, les relations de ces événements
disentassez quel en fut le résultat. A Ligny, les François triom-
phent des Prussiens, leur prennent 14 pièces de canon et
600 prisonniers. Le maréchal Ney est repoussé aux Quatre-
Bras et se retire à Frasnes, à une lieue du champ de bataille;
au moment où il fit cette retraite, le plus grand désordre se
mit sur les derrières de son armée, une foule de vivandiers,
d'équipages, et même des soldats arrivèrent à Charleroi en
courant, et criant qu'ils avaient perdu la bataille. La présence
d'esprit du commandant de place français qu'on y avoit laissé
avec un bataillon, empêcha un plus grand désordre, en plaçant
au pont de la Sambre deux compagnies d'infanterie qui em-
pêchèrent les fujarts de le passer. Le prince héréditaire des
Pays-Bas se couvrit de gloire à la bataille dite des Quatre-Bras
ainsi qu'à Waterloo. Pendant ce temps, la ville de Charleroi
se remplit de blessés de taus grades, partie Prussiens, la plu-
part François. Les églises, l'hôtel de la mairie, celui de la
sous-intendance, trois autres grands bâtiments en sont bientôt
encombrés, on manque de tout pour les soigner, il faut y
établir des cuisines] et ramasser chez les habitants tout ce
qu'ils peuvent fournir en linges et en charpie.
— 443 —
La journée du 17 est plus Iranquille, mais les blessés con-
tinuent d'arriver, de manière que les ambulances ne pouvant
plus les recevoir, les maisons des habitants des mes princi-
pales^ et de celles à portée des ambulances, en sont bientôt
encombrées. Plus de deux cent voilures arrivées à dix heures
du soir par une pluie horrible, furent déchargées dans l'Entre-
Ville seule.
Le 18^ se livre la célèbre bataille de Waterloo. Le bruit du
canon étoil entendu de Charleroi^ comme celui d'un orage
affreux; vers huit heures du soir des blessés, des employés de
l'armée commencent à repasser; vers neuf heures arrive un
convoi de voitures chargées de blessés que Ton fait passer sur
France. La foule grossit petit à petite des équipages de l'armée
commencentà repasser avec célérité; vers onze heures, les voi-
tures chargées des pontons de cuivre repassent en courant, et
faisant un bruit que l'obscurité et la circonstance rendent en-
core plus terrible, ils sont suivis par ttms les voituriers et
conducteurs des caissons et canons, qui ayant coupé les traits
de leurs chevaux, se bâtent de repasser la Sambre, chaque
cheval est monté de deux et trois hommes; la cavalerie les
suit, et le pont était trop étroit pour la foule qui se pressait.
La rivière est couverte d'hommes et de chevaux qui s'y préci-
pitent par toutes les issues, et la passent à gué, Bonaparte
lui-même, au milieu de la foule des cuirassiers, passe le pont
vers les trois heures du malin, et prend la route de Philippe-
ville; l'infanterie suit la cavalerie et se déborde dans toutes
les rues comme un torrent, des coups de fusil tirés de temps
en temps font croire aux plus avancés que les alliés arrivent et
leur font hâter leur fuite.
L'on veut rallier les cuirassiers au village de Marcinelle, à
un demi-quart de lieue de Charleroi, les trompettes sonnent,
et environ six cent se rassemblent dans une prairie. Mais
bientôt entraînés par les fuyarts, ils mettent le feu aux caissons
et pontons qui avoient repassé la Sambre la veille, et la fuite
devient encore plus rapide. A huit heures du malin^ toute
- 444 -
Tannée est passée, et il ne reste plus en ville que des blessés.
Quelques trainards et quelques voituriers, se présentent aux
dernières maisons pour y piller : la garde bourgeoise se met
aussitôt sous les armes, et la plus grande tranquillité succède
nu trouble le plus affreux. Ainsi rentrèrent en France les restes
de celte vaillante armée qui, quatre jours auparavant, en étoit
sortie croyant marcher à une victoire certaine, que sa valeur
lui auroit assurée si elle n'avoit eu à combattre d'aussi braves
troupes, commandées par des chefs aussi vaillants qu'expé-
rimentés.
A cinq heures après-midi, le général Zielen arrive à Charle-
roi à la tête de son état-major, lui et ses officiers reprennent
leurs anciens logements, et son corps d'armée entre en ville
avec la même tranquillité que s'il avait été passer une revue.
Il en part le 20, et se met à la poursuite de l'armée fran-
çoise.
Le 21, arrive le reste de l'armée prussienne, composée des
corps de Kleist, de Tillemann, et de Bulow; elle bivouaqua à
Charleroi et environs, et le 22, elle poursuivit sa marche vers
la France. Lors du repassage de l'armée françoisc, tous les
blessés qui pouvoient se traîner cherchèrent à regagner la
France ; les villages sur les roules en furent remplis, le nombro
(le ceux qui restèrent à Charleroi fut encore bien grand, il
en mourut environ six cents, et ce ne fut qu'après qu'on en
eut transporté quatorze bateaux à Namur, tant François que
Prussiens, gue l'on put retirer dans les hôpitaux une partie de
ceux qui étoient chez les habitants. Le passage des Prussiens
continue par Charleroi, ils y placent une garnison et un lieu
d'étappes pour leur armée; dans le mois d'août, leur sixième
corps d'armée, commandé par le général Tanenzien, y passe en
quatre colonnes, qui logent à Charleroi et les environs; plu-
sieurs régiments et un corps de dix mille Saxons y arrivent'
encore pendant le même mois. Après le licenciement de Tarmée
françoise de la Loire, leur repassage commence et dure jus.
qu'au trois janvier 181 6; alors les habilants, n'ayant plus qu'une
- 4iS ~
pelîte garnison belge, comracncentjà respirer el à jouir d'une
paix achclée par tant de sang el de.souiTrances.
Les habitanls de Charleroi el des environs soniTrirent iv/i-
niment pendant celle guerre par les logements des militaires
el les voilures qu'il fallut leur fournir pour les convois, outre
qu'une parlie des recolles*/***''^»' détruites par les marches des
armées. La ville de Charleroi seule compLi en logements
depuis lei*'*' avril jusqu'au 31 décembre:
Journées de logement d'officiers . . . 16 256
De sous-officiers el soldats 3 349 984
De femmes 728
De chevaux 44 553
Le 5 avril 1816, Sa Majesté le roi des Pays-Bas vient à
Charleroi, examiner la place et l'emplacement des fortifica-
tions que Ton va y conslruire, el qui en feront une forteresse
de premier rang.
Ayanl été témoin oculaire des principaux événements qui
se sont passés à Charleroi depuis quaranle ans, j'ai cru devoir
en faire celle notice pour l'instruction de mes concitoyens,
les priant s'ils avoicnt connoissance de quelques événements
imporUmlsquc j'yaurois oubliés, ou de quelques erreurs que
j'y aurois commises, de vouloir m'en informer, pour pouvoir
les rectifier.
24.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR PAUL DESORBAY,
MÉDECIN DE LA COUR DE VIENNE AU XVII"»' SIÈCLE,
par T.-A. BERNIER,
MEMBRE C0RRESP0N1>ANT, A ANGRE.
Le ptitoresque village de Montbliart, perdu pour ainsi dire
au milieu de lafagne de Chimai, s'honore à jusle tilre d'avoir
vu naître une célébrité médicale du XVII" siècle, qui fut aussi
un philanthrope, Paul Desorbay, praticien à la cour d'Au-
triche.
C'était le cinquième enfant de Nicolas Desorbay, bûcheron
et faudreur^ de son état. Il vit le jour en 1624; nous avons
trouvé, dans les registres de son village natal, son acte de bap-
tême, ainsi conçu: « N^ 110. En l'an 1624, le 25 de janvier,
Nicolas Desorbay et Jeanne Rouli ont eu un fils aux saints fonds
de baptême nommé Paul; le parrain, maître Antoine Normand,
curé ; la marraine, Marie Derue. »
A défaut de faits authentiques sur la vie de Desorbay, nous
ferons part au lecteur de son histoire légendaire^ telle que la
raconte le peuple de Montbiiart. Nous n'y changerons rien,
môme ce qui pourrait sembler peu vraisemblable.
Comme tous les enfants du peuple auxquels la nature a
1. C'est le nom qu'on donne dans le pays de Chimai à ceux qui font le charbon
de bois,, principalement de bois de hêtre {fagus^ en latin, d'où vient chav"
bon de faux et faudreur).
- 448 -
donné le génie ou rînspiralion, Desorbay monlra dès son en-
fance une vive répulsion pour les travaux manuels auxquels*
le condamnait sa position obscure. Il concentrait sur l'élude
de la musique toute Taclivilé de son inlollig:ence. Espcrail-il
par cet art obtenir un jour fortune et célébrité? il est permis
de le -croire, car vers sa quinzième année il avait arrêté le
projet de quitter son village pour courir le monde à la pour-
suite de la fortune (vers 1639).
La tradition rapporte qu'un, jour, pendant qu'il aidait son
père et ses frères dans Tanlique foret, il jeta loin de lui sa
cognée et déclara ne vouloir plus travailler désormais. Ses
parents ne pouvant, par leurs instances, le faire revenir sur
sa détermination, fmirent par lui accorder la permission de
quitter leur toit. Il partit un beau matin, le cœur allègre et
plein d'espérance, son violon sous le bras; comme il n'avait
pas les cinq sous traditionnels du Juif-Errant, il comptait
sur son talent musical pour vivre en roule.
Il se rendit d'abord à Thuin, dit-on, où les pcrcs de l'Ora-
toire tenaient un collège assez fréquenté. Desorbay invité à
donner une récréation aux écoliers, captiva lellemcnl son jeune
auditoire et les régents, que ces bons pères proposèrent au
virtuose de resler allacbé à leur maison. 11 accepta de grand
cœur et pendant trois ans enseigna au collège le peu de
musique qu'il savait; en retour on lui fit commencer ses bu-
manités.
L'exercice de la médecine laissait alors beaucoup à désirer:
les médecins ne se trouvaient que dans les villes assez impor-
tantes, les bourgs et les campagnes étaient exploités par des
guérisseurs ambulants ou i^ebouleurs, regardés souvent comme
sorciers. Souvent aussi c'étaient des aides-médecins, ou chi-
rurgiens des villes, qui, ayant pu achelcr des drogues, une
voilure et un cheval, couraient de village en village exercer
la médecine, et à l'aide des simples, faisaient parfois des
cures réellement étonnantes.
Un de ces exploiteurs se présente un jour a la porte du
— 449 -
collège (le Thuin el se met à débiter, en style fleuri, une ha-
rangue apprise par cœur et dans laquelle il promcUait à
chacun, pour quelques sous, la gucrison prompte et radicale
de tous maux passés, présents et futurs... Cette rencontre fut
pour Desorbay comme une révélation. De même que le Corrègo
se sentit peintre à la vue d'un tableau de Raphaël, de même
aussi le jeune musicien de Montbliart reconnut sa vocation
pour la médecine à la vue du charlatan. Sa résolution fut
bientôt arrêtée: après des pourparlers sommaires, il s'engagea
comme serviteur et ménétrier du guéril-tout nomade.
Dès ce moment, commence pour Desorbay une vie errante à
travers les villes, bourgades et campagnes de l'Europe, étu-
diant sérieusement pendant ses voyages l'art de son maître.
Quelques années après, il se trouvait k Vienne au moment où
un épanchement de lait mettait en danger les jours de l'im-
pératrice Eléonore. Tous les médecins renommés de l'empire
avaient clé appelés à la cour et aucun n'avait réussi à en déli-
vrer l'illustre malade. Desorbay vît dans cette circonstance le
premier échelon de sa fortune. Toujours juché sur le devant
de sa voiture, il se mit à rassembler la foule aux sons de son
violon et haranguant les passants : c C'est bien dommage —
disait-il — délaisser ainsi mourir une si belle et si digne prin-
cesse; si je pouvais arriver jusqu'à elle et lui donner mes
soins, je réponds de la guérir au moyen d'un remède que cent
fois j'ai expérimenté avec un succès toujours constant...» Ces
propos rapportés à la cour parvinrent aux oreilles de l'impé-
ratrice qui le fit appeler et accepta ses soins. Quoi d'éton-
nant? Dans les cas désespérés n'accepte-t-on pas le secours
de quelque part qu'il vienne? Notre jeune empirique en-
treprit donc la cure de la souveraine malade et la guérit en
peu de temps, au grand dépit des médecins consternés.
Paul Desorbay se vit magnifiquement récompenser de ses
soins. L'impératrice le fit nommer médecin de la cour, ce qui
permit au studieux jeune homme de suivre les leçons de
l'Université de Vienne. Il y prit ses grades et bientôt son rare
— 4»0 —
%
talent lui fit conférer la première chaire do médecine, qu'il
a occupée honorablement pendant 25 ans.
Ici la légende fait place à l'histoire et nous pouvons donner
*lc litre de plusieurs ouvrages publiés par Téminent médecin :
1® Concilixim medicum^ aive dialogus de peste Vieniiiensi
Vienne 1679, in-12*.
2® Commentaire sur les aphorismes d'Hippocrate (en latin).
Vol. in4*. Vienne, 1680.
S^ Médecine universelle théorique et pratique (en latin) ; ou-
vrage posthume, imprimé en i 701, in-folio.
Desorbay obtint, comme récompense de son mérite, le litre
de chevalier du roi de Hongrie:
Quoique vivant loin de son pays, Desorbay parvenu aux
honneurs et à la fortune, n'oublia ni ses parents pauvres ni
les habitants de son village natal. Par son testament en date
du 15 août 1670, il fit plusieurs donations à sa famille, h
l'église et aux pauvres de Montbliart. Il fonda de plus une
bourse en faveur de ses parents qui voudraient étudier la
médecine ou la théologie. Nous donnons ci-après, comme an-
nexe, la teneur de ce testament, d'après une copie qui en
existe aux archives de la cure do Montbliart*. En 1663, il
avait déjà donné à l'église de ce lieu un autel dédié à Saint-
Nicolas, patron de son père. On y lit l'inscription suivante :
« Paul Desorbay, natif de Montbliart, docteur en médecine
et professeur à Vienne (Autriche) a donné cet autel en 1663.»
Le docteur Desorbay mourut à Vienne, avec postérité* le
28 avril 1691.
!. Au rapport de rauteur, la peste aurait emporté en celle année à Vienne,
76,9tl personnes. (L. Toars, Fastex et calamités survenues en Belgique, lome 2,
page 889.)
t. Nous devons la communicalion de la copie du testament de Desorbay, à l'obli-
geance de M. Caiçoet, curé de Montbliart, à qui nous adressons ici nos sincères
remerciements.
8. Après la mort de Desorbay, un do ses fi!s envoya à Téglise de Monlbliart un
superbe ostensoir en argent avec celle inscription : « Anno 1700. Monsieur Hu-
bertus Desorbait, marchand à Vienne, en Autriche, a dantië ce soleil à l'éfflise de
Montbliart. >
ANNEXE.
EXTRAIT DU TESTAMENT DE PAUL DESORBAY.
Salut en Notre Seigneur.
Mes três-chers parents,
Ayant bien considéré la petite durée de cette vie mortelle et quMI n'y a rien
de perpétuel en ce monde, outre que nous n'emportions rien que les bonnes
œuvres, je me suis résous à faire mon testament. Et suivant ce proverbe :
« Fais, c'est en ton vivant qu'ayant négligé, à la mort tu te repentiras d'en être
Texéculeur toi-même. » Car j'éprouve tous les jours la fausseté du monde, car
bien rarement après la mort les étrangers donnent à un chacun ce qui lui
touche; mais que le plus souvent ils emplissent premièrement leurs bourses
devant faire la volonté du défunt. Voyant qu'il y a aussi cent fois plus de
mérite de se pnver en la vie d'un fardeau qui nous pourrait facilement enfon-
cer à notre trépas ; c'est pourquoi je veux et constitue selon le treizième arti •
cle de mon testament, qu'on mette douze patacons ^ à rente bien fondée et
bien asseurée, ou auprès de quelque communauté ou sur quelque bien qui
n'est autrement engagé, de laquelle rente je veux qu'il soit nourri un de mes
neveux du nom de Desorbay, un garçon de bonnes mœurs et craignant Dieu,
do bon esprit, aux études, collèges et universités, tant qu'il aura achevé ses
études et pris un degré de maître ou docteur en théologie ou médecine. Après
qu'on présente un autre du même nom aux deux plus vieux de notre famille
Desorbay, qui seront toujours inspecteurs et conservateurs de cette bourse
avec la communauté de Montbliart ; et que ce présenté garçon jouisse de
ladite bourse jusqu'à ce qu'il ait achevé ses études, et tellement que cecy soit
continué en perpétuité et que le garçon étudiant soit obligé de prier tous les
jours un De profundU pour moy. Je veux que le premier soit le fils de mon
frère Jean Desorbay ; après celui-ci tous ceux de mon nom Desorbay, s'ils
sont capables y pourront arriver. Si en cas, il n'y a personne capable, qu'on
augmente le capital de la rente jusqu'à ce qu'il s'en présente un ou tout au
moinsle fils du plus proche parent. Pour cecy j'envoie douze cents patacons,
lesquels pour ne les perdre on pourra si longtemps laisser an change jus-
qu'à ce qu'on ait un lieu certain pour les arrenter. Je prie semblablement M. le
pasteur de Montbliart, comme un homme singulièrement craignant Dieu, et
aussi la communauté, d'avoir soin de cette bourse au respect du bénéfice que
1. Ancienne monnaie qni avait conrs sous la domioation espagnole et qui valait
6ff.88c.
- 452 -
J*ai fait h leur église, afln que ladite bourse dure perpétuellement et que ceux
qui parviendront par icellc n*augmentent pas seulement cette bourse, mais
aussi qu'ils portent le même soin comme moi pour le profit de Téglise de Mont-
bliart ; et veux que cette mienne lettre soit gardée, qu'on la fasse décrire et
k vidimer^ afin que mes parents en aient une copie et la communauté une, qui-
conque fera contre cette mienne volonté il aura la malédiction du ciel pour
lui et pour ses enfants.
Secondement, je donne au capital de mil deux cent cinquante ducats que
j*cnvoie, pour im autel et ornement à la chapelle de Notre Dame de Lorette,
cent patacons pour faire une muraille au cimetière de Téglise pour la défense
du village en ma mémoire ; item cinquante patacons pour la restauration de
réglise ; item cinquante patacons pour distribuer par le pasteur et mon frère
Jean, entre les pauvres du village : item deux cents patacons pour mon père
et ma mère et soulagement de leur vieillesse; item deux cents patacons à
mon frère Jean Desorbay ; item autant aux enfants de mon frère Scr\'ais, dc-
Axnt, et deux cents patacons aux enfants de mon frère Gille, défunt. A ma
sœur Marie et à ma sœur Jeaime Desorbay, chacune cent patacons, avec cette
condition que tous fhèrcs, sœurs, neveux et nièces emploieront cet argent
non pas à la débauche, mais pour leur honnête entretien en achetant quelque
fond et priant Dieu pour le salut de mon âme, se contentant de la vraye fidé-
lité et bienveillance d*un frère qui ne cherche et souhaite autre chose, princi-
palement de ses parents et amis, recommandant mon âme dedans rabîme de
la miséricorde de Dieu et à vos prières. — Je suis et demeure tant que je
vivray votre affectionné • .
Donné à Vienne, en Autriche, le i5 aoust, le jour de Notre Dame, l'an 1670
(Etait signé) : Paul Desorbay, docteur en médecine.
Je veux que chacun m'envoie quittance de ce quMl a reçu de celte mienne
disposition et qu'on prenne bien garde qu'il ne soit perdu par le |chemin, ne
faisant courir aucun bruit devant l'avoir.
Cette copie a été trouvée concordante et conforme h son original, de mot à
autre, et par nous fidèlement décrite et coUationnéc le onze de décembre
1670, lefie et releûe, parles témoins soussignés à ce spécialement requis, ce
que déclare et atteste le pasteur de Montbliart et même in verbo saceràotis
selon la coutume, apposant ici son signé manuel accoutumé, étant l'original
de Jean Desorbay. — Etait signé : — Ita est, maître Augustin, curé-pasteur
dudit lieu et jurez de Montbliart; mayeur, Pierre Gabotiau, Pierre Ghobert,
Gille Hardy, Jean Garlier, Pierre Hanotiau.
Le 2 may 1684, le docteur Desorbay 'veut *et ordonne que ceux qui jouiront
de sa bourse ne pourront en jouir que dix ans, comme y appert par son ori-
ginal envoyé à Montbliart l'an 1684.
1. Oa lit dans la marge de cette lettre: < font bien deux mille cinq cents pata-
consf desquels le change cuût^ jusqu'à cent et cinquante patacons. »
VARIÉTÉS
ET EXTRAITS.
NECROLOGIE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ.
Alexandre-JosepiiGiiislain-Désiré BIVORT, membre delà
Société paléontologiqiie et archéologique de Charleroi, est né
à Fleunis le 9 mars 1809. Il y est mort le 8 mai 1872.
Il était fils d'Aman J Bivort de la Saudce, gentilhomme cam-
pagnard, dont la fortune fut fortement entamée par la première
révolution française, et qui, à la suite de cela, embrassa cou-
rageusement la profession de négociant. .
Alexandre Bivort fit ses études à Técole industrielle de
Melle et au collège d'Alost.
Rentré dans sa famille, son père l'envoya surveiller ses
intérêts aux charbonnages d'Amercœur, à Jumet. Mais, cédant
à ses goûts pour l'agriculture, il vint bientôt s'établir à rSaint-
Rcmy-Geest, village brabançon, oii il s'adonna avec passion a
l'agronomie et, surtout, à la pomologie, branche dans laquelle
il conquit de bonne heure, tant en Belgique qu'à l'étranger,
une grande réputation €;t une autorité bien méritée. On lui
doit plus de 100 nouvelles variétés de fruits.
Bivort présida pendant longtemps le comice agricole du
canton de Jodoigne. Il était membre des Sociétés de pomologie
de PariSj Angers, Lyon^ Nancy^ Rotum^ Prague^ BerliUy
Boston, Philadelphie cl Tournai^ de la Société linéenne de
Bruxelles, de la Société agricole du Massachusetts y et de diverses
autres.
Il fut directeur de la Sociçté Van Mons et secrétaire-rédac-
.leur des Annales royales de pomologie belge, 11 a écrit : V Album
de pomologie, Les fruits du jardin Van Mons (ce dernier ou-
vrage inachevé), ainsi qu'une quantité d'articles dans les
journaux agricoles et horticoles.
- 456 -.
Il remplit, pendant un grand nombre d'années, les fonc-
tions d'échevin à Saint-Remy-Geest, où il fit beaucoup de
bien. Leséleclcurs de Fleurus, où il clait revenu se fixer, lui
conférèrent ensuite le mandat de conseiller communal.
Ls 23 août 1858, le roi, voulant le récompenser des ser-
vices qu'il avait rendus à Tarboricullure, le nomma chevalier
de rOrdre de Léopold.
J\ni connu particulièrement Alexandre Bivort. Celait un
excellent homme, un cœur charitable et généreux. Il aurait
tout fait pour être utile à quelqu'un.
Emile Kodigas a écrit, dans le BulletU (T arboriculture
publié à Gand (2' série, v. 1, p. 230-235), une biographie de
Bivort, accompagnée de son portrait. Plusieurs autres revues
lui ont aussi consacré des articles.
Joseph BAYET.
Août 1872.
Alexandre-Pierhe-Josepii BRICHART, que nous n'avons
compté qu'un an parmi nous, était né h Mons, mais depuis
une trentaine d'années s'était fixé dans noire arrondissement.
Successivement conseiller communal, puis bourgmestre de
Châtelet, il consacra tout son zèle et une partie de sa fortune
a la fondation d'un hôpital que les besoins de cette ville récla-
maient depuis longtemps. Il mourut le 10 juillet 1872, à l'âge
de 61 ans.
Nicolas HAUZEUR, décédé le 11 juillet 1872, était né à
Ciney, le 3 juillet 1806. Successivement attaché au bureau de
Tenregistrement et des domaines, et au ministère de la justice,
en 1843, il obtint son diplôme de docteur endroit à Bruxel-
les, où il avait suivi les cours universitaires. Six ans plus tard,
il fut nommé juge de paix du canton de Ciney, fonctions qu'il
remplit jusqu'en 1871, époque où il fut' admis à la pension^
après avoir été décoré en 1867.
— 457 —
Dès 1848, il fit partie de la Société archéologique de Namur,
et compta parmi ses membres les plus zélés. D'autres corps
savants du pays ont tenu i\ honneur de le compter parmi les
correspondants d'abord, parmi les membres effectifs ensuite.
Ce fut le cas pour la Commission royale des monuments, pour
la Société ou Ghilde de Saint-Thomas et Saint-Luc, pour la
Société royale de numismatique belge, etc., etc.
Notre Société le choisit pour l'un de ses membres d'honneur
le 27 novembre 1863, jour de sa fondation; et il lui mani-
festa sa protection par des dons pour sa collection naissante,
cl par les conseils de son expérience. 11 fut présent le 1 4 juin
1864 h notre excursion sur la voie romaine dite Ilaulc-
Ghaussée, et à celte occasion nous fil connaître les bases sur
lesquelles des fouilles devaient être conduites. La Société
publiant son premier volume Tannée suivante, Ilauzeur lui
fournit son premier article sur les Franciscains de l'arrondis-
sement, article dont le complément a paru dans le tome IV,
en 1871.
Les annales de la Société archéologique de Namur renfer-
ment plusieurs mémoires dus a sa plume, traitant tous des
iléoouvertes opérées par lui, ou à son intervention ; ils sont
(les modèles à suivre pour les rapporteurs des commissions
de fouilles. Voici leurs litres :
Dans le tome II (1852). - Établissement romain à Bar-
cène.
D\NS LES TOMES IV (1856), V(I857), et VII (1862). — An-
tiquités gallo-fjôrmaniques^ gallo-romaines et franqnes de la
rive droite de la Meuse.
Dans le tome VIII (1863). — Notice sur les arhaUtriers de
Ciney.
Il a coopéré en oulre, comme nous l'avons su, au mémoire
qui se trouve dans le même volume sur le cimetière franc de
Sponlin.
Les époques historiques n'absorbèrent point seules son at?
leniion, la paléontologie y eut sa part. Il contribua puissam-
— 488 —
ment aux investigations préhistoriques que nous voyons se
développer» en favorisant d'abord les essais, puis les eflbrts do
son parent Emile Dupont, aujourd'hui autorité dans la science
préhistorique belge. Le 10 décembre! 864, N. Hauzeur assisLi
aux fouilles importantes des bords de la Lerse, conduites on
présence de MM. Van Beneden, Dumont^ Coemans, John,
Lyell, Talbolh, etc., etc.
N. Hauzeur, en quittant ce monde, laisse un vide dans la
science, comme dans l'amitié de ceux qui Tout connu.
C. V. D. E.
Fernand PIRMEZ, né à Châtelineau le 16 juillet 1844, fit
partie deux années seulement de noire Société; mais depuis
longtemps il lui avait rendu des services. Il ne se contentait
pas de mettre à notre disposition ceux de ses terrains qui of-
fraient des vestiges d'antiquités, mais il fournissait encore los
ouvriers que réclamaient nos recherches. C'était un esprit
pénétrant, possédé de l'amour de la science, et dont toute la
* jeunesse fut consacrée à l'étude. A peine âgé de vingt ans, il
avait obtenu, le 15 mars 1864, le diplôme de docteur en droit
à l'université deléna.
Il visita l'Allemagne, l'Italie, l'Egypte et la Grèce qu'il
habita deux années. Il rapporta de ses voyages de nombreuses
noies révélant chez leur auteur un vif sentiment de l'art et
une érudition des plus étendues. Il a laissé. inédits les écrits
suivants: Lettres de Roumanie; r Archipel des Cyclades;
Stnyrne et Alexandrie. Environ 300 pages de notes sur son
voyap:e en Espagne et en Afrique ont été égarées. A son retour
du Midi, il habita Paris, où il fut un des membres fondateurs
de la Ligue de la Paix. Il revint ensuite se fixer à Acoz.
Ce fût à cette époqui^ qu'il fonda à Chàtelet le journal « Le
/pays wallons qu'il rédigea pendant un an et demi. C'est dans
ce journal' qu'il publia deux biographies bien écrites de
1. Numéros du 19 février et du 16 avril 1871.
- 459 -
Gustave Flourms et de Désiré Baiicel. Mais bientôt il aban-
donna la littérature pour se livrer k Vétude des sciences natu-
relles et particulièrement de la paléontologie.
Fernand Pirmez est mort prématurément le 29 septembre
1872, à l'âge de 28an§, sans avoir eu le temps de produire
le fruit de ses travaux persévérants.
C'était un esprit d'une activité dévorante qui se pliait assez
difficilement au terre à terre de la vie d'opulence uniforme et
monotone. Il avait besoin de la vie d'aventures et de hasards.
Il lui fallait l'existence des grands voyages ou des hardis
pionniers américains. Il avait ce qu'il faut, nous disait un des
siens, pour constituer un planteur aventureux placé aux limi-
tes de la civilisation et des forêts vierges du Nouveau-Monde.
C. V. D. E.
Jules BORGNET est mort à Namur à l'âge de 53 ans, le 21
octobre 1872, à 11 heupes du soir, presque subitement, par
suite de l'aggravation inattendue d'une maladie chronique qu'il
portait.
Notre Société a perdu en lui uii de ses plus savants mem-
bres d'honneur.
Peu de morts ont le privilège d'émouvoir le public d'une
ville comme cette mort l'a fait à Namur où Borgnel était né
et avait toujours vécu.
L'enterrement a eu lieu au milieu d'un concours considé-
rable de perso imes.
On voyait près du corps, dan» la chapelle ardente, M. le
bourgmestre et les membres du Conseil communal ; M. Dury,
président du Conseil provincial ; des membres de cette assem-
blée; M. Wasseige, reprèsentant et ancien ministre; M.Baycl,
Conseiller i la Cour de cassation; M. Nypels, professeur à l'u-
niversité de Liège ; M. Del Marmol, président de la Société
Archéologique, des magistrats, des membres du parquet, les
professeurs de l'Athénée.
- 460 —
De nombreux assistants se pressaient aux abords de la mai-
sou mortuaire. Les élèves de TAlhénée étaient rangés dans la
me en face de Thabitation du défunt. Un peloton du 9^ de
ligne faisait le service des honneurs funèbres rendus aux dé-
pouilles de M. Dorgnct.
Avant la levée du corps, M. le bourgmestre Lelièvre a adressé
un dernier adieu au défunt, « au nom de la ville de Namxn\ »
MM. Ilansolte, préfet des études à IM/A^nc^jelDel Marmol,
président de la Société archéologique y ont aussi prononcé des
discours dans lesquels ils faisaient l'éloge mérité de celui que
font le monde pleurait.
Notre collègue élaitriiomme le plus serviable» le plus com-
plaisant et le plus dévoué. Ricfi ne lui coùtailpour aider les Ira-
v.'iilleurs etnouspourrions personnellement en citer des preuves.
Doué dos plus belles qualités, il savait s'attirer les plus grandes
sympathies. On ne pouvait le voir sans Testimer et sans cher-
(lier à devenir son ami. Nous n'avons été lié avec Inique peu
d'années seulement, mais nous le pleurons à l'égal d'un ami
intime. Du reste nous sommes convaincus que les regrets de
ceux qui l'ont connu peu de temps ne seront pas moins vifs
que la peine de ceux qui ont eu le bonheur de le connaître
pendant de longues années.
Chacun sait que Jules Borgnet était un savant distingué,
riiistoire et l'archéologie font en lui une grande perte.
Dès l'origine de notre Société, on jeta les yeux sur lui et il
fit partie des quelques savants que Ton choisit comme par-
rains et que Ton nomma membre d'honneur à la séance de
fondation de la Société d'archéologie de Charleroi. Depuis ce
moment, il nous fut dévoué et nos publications témoignent qu'il
fut toujours prêt à aider nos travailleurs. Notre dernier vo-
lume renferme encore un groupe de documents dont nous
devons le manuscrit ù ses patientes recherches et à sa com-
plaisance. Je fais allusion au Protocole de V Assemblée légis-
lativcdupays de Namur siégcanlenijOSàCharles-sur-Sambre.
Nous ne parlerons pas de ce qu'il a fait pour le Cercle
— 461 —
archéologique de Namur ; cette Société se chargera sans doute
de publier une biographie de cet homme illustre, qui fut
Tun de ses fondateurs ; son premier secrétaire et son pivot,
depuis l'origine, il y a 27 années ; Tauteur de beaucoup d'ar-
ticles importants de ses publications; le créateur de son riche
musée d'archéologie, dont Namur est si fiëre.
Cette dernière ville doit à Jules Borgnet son histoire en-
tière ; c'est lui qui l'a fait sortir des vieilles archives et qui
Ta écrite.
Le premier magistrat de Namur a déclaré sur la tombe de
Jules Borgnet que « c'est l'un des citoyens qui ont rendu les
services les plus signalés à la chose publique » et il a ajouté :
€ on sait aussi quels services signalés il a rendu comme ar-
chiviste de l'Etat. C'est grâce à ses soins que l'ordre a été ré-
tabli dans cette partie importante du service. Il a ainsi sau-
vegardé la fortune publique et privée, de manière à faire
honorer à jamais son nom et à ^ne le faire prononcer qu'ac-
compagné de l'expression de la gratitude générale. »
Jules Borgnet a publié beaucoup d'ouvrages dont voici les
principaux :
Histoire du Comté de Namur dans la Bibliothèque Nationale.
Promenades dans Namur.
Cattulaire de Ciney.
Cartulaire de Fosse.
Cartulaire de Bouvignes.
Cartulaire de Namur.
Un grand nombre d'articles importants dans chaque livrai-
son des Annales du Cercle archéologique de Namur dont il
dirigeait la publication, et dans les mémoires de l'Académie
royale.
Ce que la publication des carlulaires que nous avons cité
plus haut, a exigé de patience de courage et de persistance
dans les recherches, de discernement dans les choix, de mé-
thodes dans les classements, . de clarté et de profonde érudi-
tion dans l'exposition, ceux-là seuls le savent qui ont feuilleté
— 462 —
des recueils si précieux pour l'histoire du pays et surtout ceux
qui se sont occupés de travaux analogues.
M. Jules Bor^jnet touchait par ses proches à la grande in-
dustrie de notre arrondissement, il était beau-rrère de
M. Emile Dupont de Fayt ; MM. J.-B. Brabanl, ancien repré-
sentant et ancien bourgmestre de Namur; Nypels, professeur
de droit à T Université de Liège, Armand Demanet, ancien
lieutenant-colonel du génie s'étaient mariés aussi avec ses
sœurs. Lui-même était veuf de Henriette Poswick et il laisse
un fils de 17 ans. Tout le monde savant connaît le frère du
défunt, M. Adolphe Borgnet, historien et professeur à TUniver-
sité de Liège.
La famille était composée de sept enfants.
Jules Borgnet était né à Namur le 16 novembre 1817.
A l'âge de 25 ans, le S7 février 1842, il fut chargé par le
gouvernement de trier et de classer les archives des anciens
états de Namur, et le 17 mars 1848, un arrêté lui conféra la
tit^e de conservateur de ce dépôt ; le 22 septembre 1851, il
fut nommé professeur d'histoire à l'Athénée ro^al de Namur.
Un arrêté royal du 6 août 1860 le créa chevalier de l'Ordre de
Léopold ; le 11 février 1861, il fut nommé membre correspon-
dant de la Commission royale des monuments pour la pro-
vince ; le 22 décembre 1864, membre de la Commission pro-
vinciale de statistique. 11 était en outre membre d'un grand
nombre d'académies et de sociétés scientifiques de la Belgique
et de l'étranger. D. A. V. B.
Camille LEMAIGRE vient de mourir ! Le comité d'admi-
nistration de notre Société d'archéologie se souvient, avec
quels sentiments furent reçues ces tristes paroles à la séance
où le président les prononça. C'est que nous perdions un bon
camarade, et que la Société perdait un de ses jeunes membres
et collaborateurs sur lequel elle s'était habituée à placer le plus
grand espoir pour son avenir ! Quant à sa famille, elle perdait
— 463 —
en lui un fils, un frère dévoué et aimant, un membre plein de
cœur et du meilleur caractère.
Camille-Arihur Lemaigre était né à Gosselies le 3 août 4847.
Il fut enfant ce que nous l'avons connu jeune homme : obser-
vateur, studieux, d'une promptitude de jugement et d'un3
ténacité de mémoire vraiment remarquables.
Il ût de brillantes études professionnelles, et ses succès l'ont
toujours placé pendant sa vie d'étudiant au premier rang
parmi ses condisciples.
Les sciences exactes et naturelles^ celles-ci surtout, furent
toujours l'objet d'une application toute particulière de sa
part.
Au sortir des cours professionnels, il fut question de lui
faire suivre la carrière des mines, puis la carrière militaire.
La section des armes spéciales dans l'armée souriait surtout à
Camille ; les nécessités du commerce de son père en firent dé-
cider autrement. Le jeune homme devint donc commerçant,
mais à ses heures de loisir il redevenait étudiant et il appro-
fondissait seul ce qu'il avait appris sous la direction de ses
maîtres. Sa science favorite était la paléontologie. Bientôt
l'archéologie et l'histoire lui offrirent des attraits tout particu-
liers, et il appliqua à cette étude toutes les heures que lui
laissaient les affaires. Les voyages occasionnés par le commerce
lui permirent même de recueillir une grande quantité de ren-
seignements et d'indications précieuses.
Tout jeune, Camille Lemaigre avait compris que l'homme
doit se rendre utile par ses travaux, s'il veut laisser à ses
amis un souvenir vivace sur la terre.
En 1 870^ il entra dans notre Société et bientôt après il fut
élu membre du conseil d^administration et conservateur des
collections : c'est qu'on avait déjà reconnu en lui l'homme de
science et le travailleur. Dès ce moment, il nous consacra
tous ses loisirs, il nous donna ses collections de paléon-
tologie, il mit notre musée en ordre, il s'occupa de re-
cherches historiques sur l'arrondissement, il écrivit dans nos
- 464 -
publications. Il se multipliait pour ces travaux et nous nous
demandions parfois où ce travailleur infatigable trouvait le
moyen de faire tant de choses pour notre Société, dans les
quelques heures de loisir que lui laissaient ses affaires.
Malheureusement nous avons perdu ce collaborateur zélé
qui laisse parmi nous un vide immense I II est mort le 4 dé-
cembre 1872. Ses travaux restent inachevés, ses projets sont
inexécutés^ ses aspirations n'ont pas été remplies! Il n*est
plus ce collègue qui ne demandait que du temps pour se
faire une belle renommée I La mort lui a refusé ce temps !
Camille Lemaigre avait fait imprimer dans nos Documents et
Rapports, etc. :
Date de fondation du prieuré de Chapelle-lez-Herlaimùnt
(t. IV).
Recherches sur l'étymologie du mot Rordia. — Charbonnage
du Grand'Bordia, à Gosselies-Courcelle (t. IV).
Notice sur un cartulaire de la seigneurie de Tyherchamps, à
SeneffCy suivi de l'historique des fiefs qui en dépendent (t. V).
Mais notre ami regretté avait en portefeuille un grand
nombre de travaux importants déjà commencés. Il avait sur le
métier une Histoire de Vabbaye de Soleilnwnt yUne Histoire de
Monceau-sur 'Sarabre y un Recueil d'inscriptions et d^épitaphes
des églises de rarrofidissement^nn Armoriai des familles nobles
de l'arrondissement, un Aperçu généalogique des anciens sei-
gneurs de V arrondissement y etc., etc.
Sa famille est disposée à remettre ces notes aux membres
de la Société qui voudraient mener à bonne un Tun ou l'autre
des travaux commencés par Camille Lemaigre.
D. A. V. B.
Louis LEBRUN, conseiller provincial du Hainaut pour le
canton de Thuin, est mort subitement à la station de Manage^
le 7 février 1873. Né à Thuin en 1812, il avait fait ses études
au collège de cette ville qui forma tant d'élèves remarquables.
— 465 —
Il s'appliqua à Tagriculture et se fixa à Tbuillies où il créa
une sucrerie importante. Il jouissait d'une grande influence
dans sa localité où il fut investi de plusieurs charges honori-
fiques. En 1865,1e canton de Thuin Tenvoya siéger au Conseil
provincial. De la même époque, il était président du Comité
cantonal des chemins de grande communication et du conseil
de milice. C'était un citoyen dévoué, intelligent, courageux et
zélé.
Il faisait partie de la Société archéologique de Charleroi
depuis 1870.
SEIGNEURS DU BRÂBANT WALLON EN 1771.
Voici la liste de quelques villages du Brabant wallon, avec
l'indication de leurs seigneurs en 1771 \
Ârquennes.
Âyseau.
Celles.
Familleureux.
Frasne.
Gosselies.
Goui-sur-Piéton.
Jumet.
Liberchies.
Lulhre.
Mellet.
Rêves.
SeneSe.
Wanfersée.
Duchesse de Croy.
Prince de Gavre.
(Vinchers), baron de Celles.
M. de Bisseaux.
(Nassau), comte de Corroy.
jfmc Bergerand.
Baron d'Hérissem et marquis de Wemmel.
Âbbé de Lobbes.
Comte de Lannoy.
Comte d'Halmale.
Comte de Clauv^^ez-Briant.
Marquis de Rêves.
Comte de Pestere.
H.' Posson.
Extrait d'un manuscrit de la bibliothèque des ducs de Bourgogne.
D. A. V. B.
i. Voir Doeumentif etc., t. lY, page 580.
- 466 -
PRÉSERVATIFS EMPLOYÉS PAR LE PEUPLE CONTRE LES MALÉFICES
DES SORCIERS.
Il n'existe plus aujourd'hui de sorciers dans le sens pro-
pre du mot, c'est-à-dire, d'alliés authentiques du diable ;
les individus que l'on qualifie ainsi dans les campagnes ne
sont que des fripons de bas étage justiciables de la police cor-
rectionnelle. Par contre, malgré le développement de la civi-
lisation et de l'instruction, il est peu de villages qui ne pos-
sèdent une ou plusieurs sorcières de réputation. Cette quali-
fication toute gratuite est généralement donnée à de vieilles
femmes pauvres, laides, sales et grincheuses ; il n'est sortes
de pratiques qui ne soient mises en œuvre ou pour recon-
naître la sorcière ou pour se mettre à l'abri de ses sortilèges.
(1 en est deux curieuses, se procurer une poignée de terre
prise daits la pelletée que jette le prêtre sur le cercueil lors
des inhumations, et en saupoudrer le seuil de l'église le di-
manche, est un moyen infaillible pour faire reconnaître les
sorcières de la paroisse ; attendu qu'elles ne pourront malgré
les plus grands efforts, franchir le parvis du temple se trou-
vant repoussées par une force invisible. On peut préserver
les animaux d'une étable de tout maléfice, en suspendant à la
voûte de petites pierres trouées naturellement et trouvées
dans les champs sans avoir été l'objet d'aucune recherche.
Nous citons ces deux vaines pratiques entre une foule d'autres
encore en usage au moment actuel. Cette malheureuse super-
stition engendre des haines et des rancunes, et ne tend pas à
disparaître^ malgré les efforts et le zèle avec lesquels Tinstruc-
tion est propagée dans les campagnes par des instituteurs
aussi instruits qu'intelligents. A. Q.
— 467 —
LES GILLES DE BINCHE.
LËGENDE & CARNAVAL.
•
La légende des Gilles de Binehe remonte à plusieurs siècles
et, comme dans toutes les légendes, la fantaisie a le pas sur
rhistoire. On raconte qu'à l'époque de la domination espa-
gnole, la Cour qui habitait un château aux environs de
Binehe, venait célébrer le carnaval en cette ville ; prince, gou-
verneurs, seigneurs de la Cour faisaient largesse au peuple,
jetaient des dragées par les fenêtres, éblouissaient la foule
par leurs riches costumes et leurs somptueuses dépenses, et
permettaient à certaines corporations de vilains de représen-
ter les groupes qui rappelaient les victoires remportées par
les Espagnols sur les Incas, sur les peuplades du Pérou, etc.
Les types de ces peuplades esclaves étaient difformes^ bossus,
couverts de costumes chamarrés de bêtes fauves, de lions
héraldiques rappelant les armes des vainqueurs et de coiffures
à plumes élevées et bariolées, imitant les coiffures des Indiens,
des sauvages.
Les princes, les gouverneurs, les seigneurs espagnols dis-
parurent ; mais les types des vaincus, les Gilles, ainsi baptisés
par un poète du temps, bossu lui-même, restèrent, et ils
vivent encore ; ils sont mieux portants et plus enragés que
jamais, et grâce à eux, Binehe a chaque année le carnaval le
plus animé de Belgique, de France et de Navarre.
Dès 6 heures du matin, la ville est en fête. Les différents
groupes de masques se rassemblent ; ce sont d'abord les 6rt7Ze^,
costume qui rappelle celui des Polichinels italiens, veste et
pantalon en toile grise sur lesquels sont appliquées des
figures allégoriques de toute nature et de toutes nuances;
une large collerette en rubans et en dentelles s'étale élégam-
ment sur la double bosse du Gille ; les couleurs des rubans
correspondent aux plumes de toute fraîcheur^ aux rubans et
— 468 -
broderies qui ornent le chapeau, dont le coût dépasse souvent
cent francs, la chaussure consiste en sabots pointus ornés de
cocardes et festons, qui complètent très bien ce costume
singulier.
Les Paysans, aussi légendaires que les Gilles, et qui ont
comme eux leur chant spécial, ont un costume des plus frais
et des plus flatteurs : un soulier élégant avec cocardes, un
pantalon blanc, une blouse neuve, des gants de peau beurre
frais et un chapeau à large bord en satin blanc, orné de perles,
de broderies, de rubans éclatants et de grandes plumes for-
mant diadème.
A ces groupes viennent se joindre une quantité de Pierrots
blancs, bleus, rouges, roses, violets, mis avec un luxe que
nous ne rencontrons pas toujours dans nos bals travestis et
qui jouent un rôle important dans la journée.
Ajoutez à cela des centaines de dominos noirs armés de
vessies, chargés d'éloigner la foule des groupes susdits et de
courir sus aux pékins. Joignez-y une foule de 10 à 15,000
personnes dont les deux tiers sont masqués et pour cause^ et
vous vous ferez une idée du carnaval de Binche.
A midi, la fête commence officiellement. Le son du carillon
et de la musique, le bruit du tambour, le chant joyeux des
Gilles et des Paysans remplit la ville, et tous nos gaillards se
mettent à danser en cadence pour ne plus s'arrêter que le
soir. Cette danse, saccadée, originale, à laquelle prend part
une foule bigarrée et tumultueuse, ces masques qui se res-
semblent tous (car le faux-visage du Gille est aussi coquet
qu'uniforme), ces bandes folles qui tourbillonnent, lancent
des oranges dans tous les sens, tout cela forme un ensemble
presque fantastique. On dirait que, pour un jour, toute la cité
est atteinte de la danse de S^-Gui.
Vers 2 heures, tous les groupes qui se sont réunis à l'ex-
trémité de la Grand'Rue, s'avancent toujours en dansant, au
son des musiques, vers la Grand'Place , arrivés devant l'Hôtel-
de-Ville, tous se livrent à une ronde immense, qui est une des
- 469 -
parties les plus curieuses et les plus originales de la journée ,
et donl on ne peut se faire une idée exacte sans l'avoir vue ;
après la ronde des Gilles et des Paysans, a lieu à THôtel-de-
Ville la présentation des vins d*honneur ; tous les masques se
précipitent dans le monument municipal où le vin est versé :
le bourgmestre préside solennellement : l'usage antique
l'oblige de faire accueil aux Gilles et il le fait d'excellente
grâce, ayant été en son temps un Gille de premier ordre, ainsi
que doit l'être du reste tout vrai Binchois de Binche.
A dater de ce moment, on réalise le vieux proverbe v^al- *
Ion qui dit qu'au Carnaval tous les Binchois (f viennent sots.
La jeunesse ne connaît plus de bornes à ses extravagants
plaisirs, c'est le dernier jour de folie, mais il sera complet;
les danses^ les rondes^ les marches en cortège recommencent
de plus belle ; chaque Gille a son domestique porteur de pro«
vision d'oranges, il en est de même des Paysans et c'est à
l'aide de ces projectiles que commence un siège en règle de
toutes les maisons où se montrent les têtes des curieux ; les
oranges se croisent, s'entrecroisent, s'entrechoquent par
milliers, entrant parles fenêtres, s'applatissant sur les balcons,
les Persiennes... et les visages des curieux ; les vitres, non
protégées, volent* en éclats ; dans les cafés, les verres des
consommateurs sont balayés par la mitraille ; c'est pendant
toute l'après-midi un concert immense de cris de joie^ d'ex-
clamations de dépit ou de bonheur, lorsqu'un coup a porté
juste ; tout cela dominé par les bruits incessants des musi-
ques, des trompettes, des tambours ; bref, le plus beau va-
carme que Ton puisse entendre.
On s'explique alors pourquoi on barricade les fenêtres,
pourquoi certaines maisons sont entourées de grillage en
laiton, afin qu'on puisse jouir du spectacle sans recevoir d'o-
ranges, pourquoi aussi toutes les glaces des cafés et estami-
nets sont recouvertes d'énormes planches, pourquoi les ver-
riers ont disparu, pourquoi enfin tout le monde est masqué
dans la foule énorme qui encombre la Grand'Rue, le princi-
- 470 -
■
pal théâtre de tous ces exploits carnavalesques ; c'est que si
les Gilles ne respectent ni vitres, ni glaces, ni verres, ils
respectent tous les masques comme étant de leur famille, et
ceux-là sont assurés de ne recevoir ni les oranges des Gilles,
ni les coups de vessie des Dominos, ni les coups de ramonelte
des Paysans, ni, dans le cou, le son de messieurs les Pierrots,
qui font cette farce avec une dextérité incroyable ; voilà pour-
quoi il n'est pas rare, à Binche, de voir d'honnéles bourgeois
et bourgeoises de 60 à 70 ans se promener de long en large
et masqués comme on le fait à 20 ans.
Les étrangers savent cela et chacun arrive avec son cos-
tume ou tout au moins son faux-nez ; la jeunesse de Mons y
est souvent représentée par des groupes très-réussis ; il y a
aussi un cours des masques à costumes impossibles, ce qui
complète le tableau du célèbre carnaval de Binche.
Il va sans dire que de pareilles folies ne se font pas sans
dépenser pas mal de pièces de cent sous ; dans tous les hôtels
et restaurants de la petite ville, le Bourgogne et le Champagne
coulent à flots, et quant aux héros de la fête, la journée se
solde souvent par unedépense de plusieurs centaines de francs;
il est vrai de dire que les premières familles de Binche ont
leurs représenlanis dans les groupes et que les étudiants bin-
chois des universités reviennent pour faire le Gille.
D£LMÉE, réd. de l'Économie de Tournay.
ÉnMOLOGIE DES NOMS DE LOCALITÉS TERMINÉS EN GNY
OU GNIES.
* Plusieurs localités montueuses, dont les noms se terminent
en inny ou igny, viennent se ranger dans la série de nos mon-
tagnes. Telles sont, dans le déparlement de Jemmape, Mon-
tigny-lez-Lens, Montigny-sur-Roc, Monligny-le-Tilleul, Motir
tigny-sur-Sambre et Montigny-SairU-Christophe.
- 471 -
La curiosité se porte ici particulièrement à connaître l'ori-
gine de cette terminaison en igny^ qu'on écrit aussi ignies et
qui est la plus commune dans l'étendue du territoire habité
par les anciens Nerviens. Serait-ce peut-être une des traces
des Romains qui ont dominé 500 ans dans la Nervie?
Le latin était^ de l'empire romain, le langage dominant et
exclusif: l'italien en conserva des traces en i dans seà titres
locaux, Canganelli, Braschati, Roselli, Barbarini, etc.; en
serait-il de même de la langue thudesque introduite par Char-
lemagne : ou de la romane engendrée du latin? Auraient-
elles puisé igny dans le génitif, Monliniumy Montigny, Bou-
vinium, Bouvigny, Louvinium^ Louvigny? ou dans le verbe
inessCf Montiny? ci gist une montagne ou dans le mot ignis^
Mont-ignis, voici une montagne de feu. Tout cela n'est pas
clair.
Si, pour s'éclaircir davantage, les étymologistes ont recours
aux anciens diplômes que les temps voraces ont épargnés, ils
y liront tout en as^ tout en o, rien en igny ; Businianas^
Tanias, Lobias, Scaldatitio, Thuduino, etc. Ce ne sera qu'après
le temps de Charlemagne qu'ils retrouveront igny, encore
sera-t-il déguisé. Ils liront, dans les archives de Saint-Géry,
de Cambrai, qu'un certain Gille-de-Chin, de la race sans doute
de l'hercule montois, avait, en sa qualité de chambellan et
d'avoué, reçu le comté de Hainaut en sa terre de Busigny^
Tan 1173. A celte époque la finale igny régna dans les villes,
bourgs et villages. De quelle nation est-elle donc venue?
« Le inn saxon, dit M. Guilmot (Mémoire acad.) qui signifie
( encore chez les Anglais logis, auberge, hôtellerie, a formé
( la finale des noms en iny ou ignies^ et désigne indifférem-
( ment un manse ou un village; on le rencontre dans Mérignies,
c Wattignies, Monlignies, etc.^ il est parsemé en différents
€ cantons du déparlement du Nord et du Pas-de-Calais, où
€ furent transplantés les Saxons. On ne remarque plus de finale
€ décidémentgermaniquedansleHainaat, pays des Nerviens:
€ tant de peuples, de dialectes si différents du leur s'y sont
— 478 —
c introduits, que tout est disparu. En échange les noms y
c ont pris la terminaison saxonne. » Et de là, d'une finale
familière en langue saxonne, 36 communes du département
de Jemmape sont terminées en inmjy ignies ou egnies.
Cette finale qui vient si souvent frapper notre organe d'une
prononciation douce, correspond au celtique, cort, curt, ras-
semblement de maisons, c'est le curtis de la haute et le villa,
villarCy de la basse latinité ; c'est le hemy heim^ et le dorff des
Allemands, le zéel, le hove et le hooeve des Flamands. Toutes
ces finales sont parentes à l'ancien manse, qui engendra
Mansel et Mansile, les Manages et les Manans.
Outre la terminaison commune aux villages du nom de
Montigny, une désignation appropriée à chaque local vient les
spécifier. L'un accuse sa position solide sur une pierre dure
et propre à bâtir ; tel est Montigny^-sur-Roc. L'autre montre
un arbre touffu qui couvre les places publiques de son ombre;
tel est Montigny-le-Tilleul, qui fournit une brèche calcaire de
marbre fort curieuse par l'assemblage des fragments les plus
disparates.
Un autre où s'exploite une carrière de marbre de fond-bleu
ardoise^ superbement veiné, oublia ses productions naturelles
pour adopter le patronage d'un saint, et c'est Montigny-Saint-
Christophe. Ici c'est une montagne qui emprunte son nom
des bois, et on l'appelle Montigny^-lez-Lens. Là c'en est une
autre à la proximité des eaux, et on la désigne par le nom de
Mon tigny-sur-Sambr e .
(Extrait des Fastes belgiques^ par J.-B. Lahbier, dit père
Grégoire, dans la Feuille de Mons et du département de Jem-
mappes, 1^ année, n® du H avril 1806.)
^f^^*f^f^^^^*^»
— 473 —
LE CHATEAU DE SOLRE-SUR-SAMBRE ;
UN DES PLUS ANCIENS DE L'ARRONDISSEMENT DE CHARLEROI.
Ce château situé sur la Sambre, dans un vallon agréable,
appartient à M. le comte de Mérode Westerloo. Bâti dans ces
temps reculés, où la sûreté domestique était le seul but de ces
constructions; il a conservé jusqu'à nos jours uns sombre
rudesse qui lui donne un aspect sinistre. La hauteur des tou-
relles, la noirceur des pierres, les eaux qui l'entourent et le
pont qui en ferme l'entrée, sont autant de témoins irrécu-
sables de son antique existence. Un historien moderne cherche
même à en reculer l'origine jusqu'à une époque, que la saine
critique ne peut admettre. Cet historien, le père Brutan,
affirme que les cruautés de l'empereur Commode, ayant sou-
levé les Belges, ceux-ci se liguèrent avec Sorricus, chef d'une
colonie allemande, chassèrentles Romains et bâtirent plusieurs
châteaux fortifiés^ au nombre desquels il compte Solre-le-
Château, Solre-sur-Sambre, etc.
Une partie du château deSolre, évidemment plus moderne que
le grand bâtiment, porte gravé sur une pierre, au-dessus de
la grange, le millésime 1 593 avec ces mots : t phis P poise ca-
rondelet j » qui paraissent avoir été la devise de quelque famille
illustre. (Châteaux et monuments des Pays-Bas par Dz Cloet.
T. 1, planche 14.)
LES INDUSTRIES DU HAINAUT
en 1870.
CHARBONNAGES.
Le dernier rapport de M. l'ingénieur en chef Directeur des
Mines du Hainaut nous fait connaître que la production des
charbonnages de notre province s'est élevée, en 1870| à
- 474 -
10,196»530 tonneaax ; elle dépasse de 356,000 tonneaux celle
de 1869.
En 1861,1a production était de 7,955,643 tonneaui; elle a
successivement augmenté pour arriver au chiffre que nous
venons d'indiquer pour 1870.
Elle se répartit comme il suit entre les trois arrondisse-
ments miniers de la province :
Charleroi 8,832.850 tonnes;
Mons 3,694,780 >
Centre 2,668,900 >
Les Stocks de charbon s'élevaient, au 31 décembre dernier,
à 732,874 tonneaux pour toute la province. On peut les éva-
luer à 10 millions de francs, d*après les calculs de M. le direc-
teur des Mines du Hainaut.
Le tableau suivant Ciit connaître par arrondissement minier
la part de chacun dans ces stocks et leur augmentation pen-
dant Tannée 1870 :
STOCKS
M 1" Jaav. 1870 au Si dée. 4870
Tonneaux Tonneaux
Mous 94,036 356,088
Charleroi 182,550 309,200
Centre 17,000 67,586
Totaux. . 293,586 732,874
L'évaluation de ces magasins est faite de la manière sui-
vante par M. le Directeur des Mines :
Mons 5,341,320 francs.
Charleroi 4,163,400 »
Centre ...... 770,400 »
L'honorable fonctionnaire qui nous donne ces renseigne-
ments inléres>sants, attribue à deux causes l'origine de ces
stocks si considérables: Tune est la guerre et la seconde
la loi sur les échéances des effets de commerce votée en août
dernier par l'assemblée législative de France.
— 478 —
Que M. le Directeur des Mines nous permette de lai dire
qu'il en a oublié une troisième, très-importante: la pénurie
du matériel de transport des chemins de fer. Nous appelons
toute son attention sur ce point. C'est avec regret que nous
avons vu que nulle part dans son Rapport suf les opérations
de l'industrie charbonnière en 1870, il ne parle de l'influence
exercée sur les ventes de nos charbons par le manque de plus
en plus grand de wagons. Peut-être a-t-il craint que M. Was-
seige, ou le Journal de Charleroif ne l'accuse de... faire de
la politique ?
Le nombre d'ouvriers occupés par les charbonnages de la
province, a été en 1870 de 68,831 dont 5â,327 à l'intérieur
et 15,504 à la surface.
Les salaires payés s'élèvent à 60^440,400 francs, répartis
de la manière suivante par arrondissement minier :
Charleroi 21,744,000 francs.
MonB 23,271,300 i
Centre 15,425^100 »
Les autres frais des charbonnages s'élèvent à :
frais ordinaires . . . • 43^815,725 francs
» extraordinaires • . 9>589,800 >
Total 58,405 525 flrancs
ài^outeraux • • • • 60,440,400 francs de salaires
on arrive à an chiffre de . 113,845,925 francs
dépensés dans le Hainaut par l'industrie charbonnière ; à ce
chiffre, qu'on ajoute ceux des dépenses faites par les char-
bonnages de Liège et de Namur, et l'on nous dira ensuite si le
gouvernement est juste de marchander toujours, comme il le
fait, à l'industrie charbonnière, ce qu'elle demande pour
pouvoir écouler ses produits.
ÉTABLISSEMENTS VERRIERS.
En 1870,11 y avait dans le Hainaut 55 établissements verriers
(fabriques de verres à vitres, de glaces, de bouteilles et de
- 476 -
gobeletteries) en activité, avec 137 fours, 982 creusets, 183
fours d*étendage et 71 moulins.
Ils ont occupé 6,624 ouvriers, consommé 401,150 tonnes
de charbon, et fabriqué des produits pour une valeur de
23,385,000 francs.
HAUTS-FOURNEAUX.
liy a eu en 1870 dans le Hainaut 28 hauts-fourneaux en
activité et 18 inactifs, qui ont occupé 2,648 ouvriers et con-
sommé :
en minerais, .... 1,000,775 tonnes
enoastlne 264,824 ■
en ooke 453,892 >
Leur production a été :
fonte de monlage • • • 34,720 tonnes
• d*afBnage . . . 323,088 »
Total . 357,758 tonnes
LAMINOIRS.
Les laminoirs ont eu 389 fours à puddler en activité et 42
inactifs; 156 fours à réchauffer actifs et 30 inactifs.
Us ont occupé 8002 ouvriers, consommé 420,688 tonnes de
fonte et 600^888 tonnes de charbons et produit 305,969 tonnes
de fer
PLATINERIES.
Les plalineries ont eu 28 fours à réverbères actifs et 3
inactifs; 101 foyers découverts actifs et 15 inactifs; elles ont
occupé 363 ouvriers et consommé: en fer brut 1688 tonnes,
en mitrailles 5433 tonnes et en houille 15224 tonnes, et elles
ont produit 5727 tonnes de fer ouvré.
FONDERIES.
Les fonderies en activité ont été au nombre de 81 avec 156
cubilots actifs, occupant 1428 ouvriers, et consommant
- 477 —
35,827 tonnes de fonte brute et 9,850 tonnes de coke^ et elles
ont produit 33,086 tonnes de fonte moulée.
CARRIÈRES ET MINIÈRES.
L'extraction du minerai de fer dans le Hainaut a été de
86,463 tonnes. C'est insignifiant.
Les carrières en activité ont été au nombre de 431 , dont
363 à ciel ouvert et 68 dont les sièges d'exploitation sont sou-
terrains. Elles ont occupé 9829 ouvriers et donné des produits
pour une valeur de 12,358,080 francs.
FOURS A COKE.
Le nombre de fours à coke en activité a été dç 2371 , et
celui de fours inactifs de 767. Ils ont occupé 1490 ou-
vriers, consommé 1,343,761 tonnes de charbons et produit
961,868 tonnes de coke.
MACHINES A VAPEUR.
Les machines à vapeur existantes au 31 décembre 1870
dans la province de Hainaut, s'élèvent au nombre de 3,428
représentant une force de 140,358 chevaux.
Elles se répartissent comme suit entre les trois districts des
mines :
Mons — 829 machines de 38,248 chevaux
Charleroi — 1,140 » » 56,178 »
Centre — 1,459 i » 45,937 ■
Ces chiffres ne représentent pas seulement les machines de
l'industrie charbonnière, mais celles de toutes les industries.
VALEUR DE LA PRODUCTlOiN.
La valeur de la production des mines, minières, usines
minérallurgiques, carrières et verreries du Hainaut en 1870,
a été r
S6
— 478 -
HouUle 112,951,945 francs
Minerai de fer 610,375 »
Marbres, Pierres, Chaux, etc. . • 12,858,080 ■
Fontes et Fers 87,944,654 •
Verres et Glaces 23,385,000 >
Total . 237,250,045 francs
E. STAINIER.
Extrait de la Betfw induztrUlU de Charleroi da 17 Juillet 1871.
NOTICE
SUR LES PREMIÈRES MACHINES A VAPEUR
ÉTABLIES DANS LE DISTRICT DE CHARLEROI.
On a VU dans notre dernier numéro qu'il ; avait au 31 dé-
cembre 1870, dans le deuxième arrondissement minier, celui
de Charleroi» 1,140 machines représentant une force de
56,178 chevaux.
Voici quelles ont été les machines établies jusqu'en 1834
dans notre district administratif, avec leurs forces respectives
et répoque de leur établissement :
VOBCB.
Charbonnage de Lodelinsart • • • .
Mambourg et Bawette
rArdinoise (Gilly) .
Mambourg et Bawette
la masse S'-François
Bascoup. •
rOllve . .
Mariemoot .
Amercœur •
Sacré-Madame
la Réunion (GUl^) .
1725
1750
1760
1770
1778
1788
1803
1805
1807
1811
1812
55 che
37
30
35
25
45
52
57
81
46
52
aux.
— 479 —
Charbonnage de la SablonnièrefCharleroi).
■ rArdinoise (Gilly) . . .
Société de Fontaîne-Spitaels (Marciuelle,
haut-fourneau) . . . .
Charbonnage de La Hestreà Halne^'-Pierre
Société de Fontaine- Spitaels (Marcinelle,
haut-fournsau. Hauchis) .
» » ■ . .
Charbonnage de Bascoap
M. Dupont du Fayt (fonderie) . . .
Charbonnage de La Hestre h Haine-S*-P'«
> Mambourg et Bawette.
Veuve Ghislain à Charleroi (filature de laine)
Charbonnage du Bois Delville • . .
» Gouffre
Sacré-Français (Dampremy)
la Hestre
Lodelinsart . . . •
Sacré-Français . . .
Gouffre. , . . . .
Hant-foumeau de fiourpes ....
VeuveChingyà Charleroi (filature de laine)
Charbonnage de Bascoup
> > . • • •
Société des verreries de Marieroont. .
Charbonnage de Marcinelle (Fontaine-
Spitaels) . . .
» de la Sablonnière. . .
> du Gurgeat (Charleroi) .
» de rArdinoise. . . •
» de Maicinelle (Nord) . .
Ha utfi-foumeanx de Couillet (Fontaine-
Spitaels). . .
» • N .
Charbonnage de Monceau-Fontaine. .
M. Dupont à Chfttelineau (haut-fourneau)
Charbonnage de Sacré-Madame . . .
» de Sacré-Français . •
» du Gouffre. ....
Haut-fourneau de la Société de Châtelineau
> » »
Charbonnage de Boone-Espérance (Monti-
firny)
» de Monceau-Fontaine.
FORCE.
1814
52 chevaux.
1817
61
1820
5
1820
23
1820
5 >
1821
20 »
1822
23
1822
24
1824
28 »
1825
25 »
1825
5 »
1826
15 >
1826
15 »
1827
10 »
1827
135 B
1827
25
1827
30 »
1827
30
1829
80
1829
4
1829
150 %
1829
24
1828
8
1829
12
1850
30 >
1820
20
1830
20 »
1830
8 »
1830
50
1830
50 »
1830
12 >
J830
25 >
]830
25 >
1831
20 »
1831
20
1831
50
1831
50
1831
24
1832
40 »
— 480 -
FOSCI.
Charbonnage de la Hestre à Haine-St-P^. 18S2 SO chevaux,
» ' de Mareinelle (Fontaine-Spi-
taels) 1832 20 ■
» de la Réunion (Mont-sur-
Marchlennea .... 1833 14 »
» du Poirier 3834 40 >
La machine de 25 chevaux montée en 1725 au charbon-
nage de Lodelinsart appartenant au vicomte Jacques
Desandrouin, est la première machine à vapeur de la province
de Hainaut. Elle fut construite, sur des modèles que ce grand
industriel avait fait venir de Liège, par Mathieu Misonne, du
village de Ransart. Son cylindre, de 38 pouces (l'"12), était
en fer battu. La tradition rapporte que l'ouvrier forgeron qui
y travailla, un nommé Liégeois, mourut des suites de la
chaleur à laquelle il fut exposé pendant l'opération.
Le vicomte Desandrouin, n'ignorant pas les difficultés qu'il
avait à surmonter pour réussir la machine d'exhaure qu'il
avait projetée^ s'approvisionna du meilleur fer qu'il put trou-
ver dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, et le fit manipuler dans
ses propres usines métallurgiques,' car en même temps que
maître de verreries et charbonnier, il était maître de forges.
Il possédait notamment à Charleroi un des plus beaux ateliers
de l'époque. Non content de s'être procuré les matières pre-
mières de la meilleure qualité, M. Desandrouin fit venir des
ouvriers habiles, qu'il plaça sous la direction de Mathieu
Misonne, et en deux ans la machine fut achevée dans son ate-
lier de Charleroi. Il l'inaugura par une fête splendide à
laquelle il invita les ouvriers bouilleurs de son charbonnage,
les forgerons de Charleroi et les notables des environs. Le
clergé, avec toutes les pompes de l'église, vint bénir la nou-
velle machiae.
Il existait encore en 1820, au château de Lodelinsart, un
pastel représentant cette cérémonie : M. Desandrouin, au mi-
lieu d'un cortège brillant, ceignait d'une couronne de lauriers
-m -
Mathieu Misonne, et un chronogramme inscrit au bas du ta-
bleau rappelait la solennité.
Cette machine fonctionna jusqu'en 1834. Plus que sécu-
laire, elle travailla pendant 109 années.
Nous écrivons en ce moment, — et nous la publierons dans
la ReviUf — une notice sur la vie et la carrière industrielle
du vicomte Jacques Desandrooin^ surnommé dans le nord de
la France : le bienfaiteur du Hainaut français, parce qu'il y
découvrit les mines d'Ânzin, de Fresnes et de Gondé, aidé de
Jacques, Pierre et Léonard Mathieu, qui dirigeaient à Lodelin-
sart ses établissements houillers.
Aucun monument, ni à Lodelinsart, ni à Charleroi, pas
même le nom d'une place ou d'une rue, ne rappelle le nom
de cet homme remarquable qui réunissait en lui la triple
qualité de maître de verreries, de maître de forges et de
maître de charbonnages, cc^mme s'il pressentait quels devaient
être les trois éléments principaux de la puissance induslrrelle
de notre arrondissement, — ce qui ne l'empêchait pas d'être
en même temps un grand seigneur, vicomte, bailly héréditaire
de Charleroi, seigneur de Lodelinsart, d'Heppignies, dèCastil-
Ion, de Longbois, de Villers-sur-Lesse, membre de l'État
noble de Namur, et pendant quelques années, capitaine de dra-
gons dans le régiment de Flavacour.
Jacques Desandrouin mourut le 16 novembre 1761. Il fut
inhumé dans le chœur de l'église de Lodelinsart, et un tom-
beau y fut élevé à sa mémoire. Cette église a été démolie, et
le mausolée de notre grand industriel a disparu avec elle.
E. STAINIER.
(Extrait de la Mevue itiiutiHelU de Charleroi da 20 jaUlet 1871.)
-m -
VERRERIES DE CHARLEROI EN 1870.
Nous extrayons de la Revue industrielle le tableau des
maîtres de verreries de Tarrondissement de Gbarleroi en
mars 1870, avec le nombre de fours qui composaient les
usines :
MM. Bennert et BIvort, à Jamet 12
D. Jonet et C% à Charlerol ...... 9
Foorcault-Frison et C*, à Dampremy .... 8
Verreries de Juxnet 8
Verreries de Mariemont 8
Andria-Lambert et C*, à Marchienne-an*Pont . « 7
Casimir Lambert, à Lodelinsart (plus 4 en construction). 6
H. Lebrun et C*, à Roux 5
De Dorlodotâls et G", k Lodelinsart • • • . 5
J. Deyillez et C*, à Lodelinsart 4
Société des verreries de Gosselies 8
Daubresse tthres, h La Louvière 3
Molle frères et C<>, à Saint-Vaast 3
P.-J. Hans, h Jumet 3
Schmidt, Devillez et C* à Lodelinsart . • . . 4
Alpli. Morel, à Lodelinsart 4
Schmidt, frères et sœurs, à Lodelinsart. ... 2
Bastin et Williams, à Lodelinsart 2
Léon Mondron fils. h. Lodelinsart 4
Uoutart-Roulier, à Charleroi 2
Léon Houtart et C*, à la Louyière . . • • 2
Société des Verreries de Quaregnion . • • , 2
Monoyer frèrns et €•, à Jumet 2
Schmidt Brasseur et Evrard, à Montigny-sur-Sambre 2
Francart et Peuplier, à Gilly. • • • • • 2
Laurent Devergnies et C*, à Binche . • • . 2
J.-P. Hanquinet» à Lodelinsart ...',« 2
Renard, A., Schmidt et C*, à Jumet .... * 2
Crets-Gérard, àJemmapes 2
J.-J. Comil et C*, à Lodelinsart 4
E. Dumonceau et C*, à Charleroi 1
E. Dewerpe etC% à Jumet 2
J. Deulin père, à Jumet I
Ph. Hindel, à Lodelinsart ...... ]
A reporter. 129
— 488 -
Report. 129
MM. Isidore Sehmidt et fils, à Lodelinsart .... 1
Aoh. Andriset CS àLodelinsart 2
Bd. De Dorlodot, à Lodelinsart 1
BJ. Oobbe-Hooqaeniiller, à Lodelinsart ... 1
Manderller-Delibouton et C*, à Charleroi ... 2
J. Mayenoe et C*, à Roux 2
J. Dessent et CS à Jnmet 2
L. Greffe et C% k Lodelinsart 1
141
Dont 19 sont éteints.
En outrCi on nous annonce que le laminoir du bois des
Amendes va être converti en deux verreries ou plus ; on les
construit déjà et, pour le mois de juillet, on y fera du verre.
E. STAINIER.
ACADÉMIE D'ARCHÉOLOGIE DE BELGIQUE.
Protbctbur : S. M. LE ROI.
OOXTOOtTZiS Z>S 1874.
I
I
l*' SUJET. — Prix : 500 francs.
Traiter ime question archéologique ou historique relative à
Vancienne principauté de Liège,
Le choix du 8i:uet est abandonné & rauteur,
2* sujBT. — Prix : 500 francs.
Présenter la topographie des voies romaines de la Oaule
Belgique^ et déterminer les localités modernes correspondant aux
stations indiquées dans Vitinéraire cCAntonin et sur la carte de
Peuiinger.
L*aatear fournira les cartes et les croqnis manuscrits nécessaires
& rintelligence de son mémoire. Il indiquera sur ces plans les rac-
cordements des voies romaines de la Oaule*Belgique avec celles
des pays voisins.
— 484 —
Indépendamment de ces prix» l'Académie décernera à chaque
antenr cooronné une médaille de vermeU et lui donnera 50 exem-
plaires de son mémoire.
Les mémoires devront être rédigés en français ; ils seront adres-
sés francs de port au Secrétariat général, 22, rue Conscience»
à Anvers, avant le 1*^ mars 1874.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations
et demande, à cet eflet, que les auteurs indiquent les éditions et les
pages des livres, ainsi que les numéros de classement des archives
qu'ils citeront.
Les auteurs ne mettront point leur nom & leurs ouvrages ; Us y
inscriront seulement une devise, qu'ils répéteront sur un billet
cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de
satisfaire à ces prescriptions, les prix ne pourront leur être
accordés.
Les ouvrages remis après l'époque fixée et ceux dont les auteurs
se feraient connaître, de quelque manière que ce soit, seront ex-
clus du concours.
Les manuscrits des mémoires envoyés aux concours deviennent
la propriété de TAcadémie ; cependant les auteurs peuvent en faire
prendre des copies à leurs frais, sans déplacement des manuscrits.
Anvers, le 3 décembre 1872.
Le Conseiller^ Secrétaire perpétuel. Le Conseiller^ Président.
8.-E.-Y. Lb QKANh. N. Db Eetbsr.
SOCIÉTÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET Df S LEHRES DU HAIMUT.
EXTRAIT DU PROGRAMME POUR LE CONCOURS DE 1873.
PREMIERS PARTIS.
BIOORAPHIB.
VL — Biographie d'un homme remarquable par ses talents ou
par les services qull a rendus, et appartenant au Hainaut.
.1
— 488-
BBAUX-ARTS. — - AROHTTECTUBB.
VIT. ^ Étudier Tarchitectare dans les monaments et les tnai-
soDS particulières de la ville de Mons, aux deux derniers siôcles.
HISTOIRE.
VIII. — Écrire lliistoire d*une des anciennes villes du Hainant,
excepté Soignies, Péruwelz et Saint-Qhislain.
IX. — Faire Thistorique de lexploitation de la houille dans le
Hainaut.
SCISNCBS. — OÉOLOOIB.
XL — Une étude des terrains quaternaires du Hainaut, situés
sur la rive gauche de la Sambre.
XII. — Indiquer d*une manière précise les matières utiles des
terrains tertiaires et quaternaires du Hainaut, au point de vue
industriel et agricole, en désignant les lieux de gisement et leurs
usages économiques.
XIII. — Donner l'histoire des insectes les plus nuisibles à Ta-
griculture, indiquer les moyens raisonnes, sûrs» économiques et
faciles à se procurer, de les détruire ou au moins d*en arrêter les
dégâts.
DBUIIÈMB PASTIS.
QUESTIONS PROPOSâBS :
a. Par le Gouvernement.
XVIII. — Une appréciation raisonnée des ouvrages de J.-F.
Le Poivre, géomètre montois.
Le prix pour chaeon de ces SDjets est une midulle d'or.
Les Mémoires devront être remis franco, avant le 31 décembre
1873, chez M. le Président de la Société, rue des' Compagnons
n^ 21, àMons.
Les concurrents ne signent pas leurs ouvrages : ils j mettent
une devise qu*il répètent sur un billet cacheté renfermant leur nom
et leur adresse.
^ m-
Sont «oloi da oonooort : 1* las nMmbrai elBwtift de la Société,
2* oeaz qui se font oonnidtre de quelque manière qne ce soit on
qoi envoient des mémoires après le terme fixé, on des œuvres déjà
communiquées à d'autres Académies.
La Société devient propriétaire des manuscrits qui lui sont
adressés ; cependant les auteurs qui justifient de leur qualité, peu*
vent en fidre prendre des copies à leurs frais.
Aùui arrêté en séance d Mont^ Je 14 mare 1873.
Le Secrétaire général,
A. HOUZBAU DB LbHAIB.
SUITE DU CATALOGUE
DES
LIVRES DE LA BIBLIOTHÈQUE*.
509. DoM DE Vaines. — Dictionnaire raisonné de diploma-
tique. Paris. Humblody 1774.3vol. g. in-S^.
510. "* — Porte-feuille de Buonaparte pris à Charleroi, le
18 juin 1815. La Haye, imprimerie Bel-
gique, 1815. 1 vol. in-8^
51 1 . A. De Caumont. — Abécédaire ou rudiment d'archéolo-
gie. Gaen, Le Blanc-Hardel , 1870. 3 vol.
gr. in-8<>.
512. Ch. Wastelain. — Description de la Gaule-Belgique avec
cartes de géographie et de généalogie.
Bruxelles. V^T. TSerslevens, 1788. In-8o.
513. Englebert du Marez, binchois. — Le fidèle Ghrestien.
Mons, G.-U. Havart. 1674. In-4o.
514. Ris-Paquot. — Manière de restaurer soi-même les por-
celaines, lesfaïences, cristauiietc. 187S.lb.
515. X. De Feller. — Recueil des représentations^ protes-
tations et réclamations faites à S. H. L
Joseph II, par les représentants et États
des provinces des Pays-Bas autrichiens.
Imp. des Nations. 1788. 90 vol. in-8o.
516. *** — Liste de noblesse, chevalerie et autres marques
d'honneur, depuis 1659 jusqu'à 1762.
517. Société de Yalengiennes. — Mémoires historiques sur
Tarr. de Valenciennes. — Échange.
1. Voir les tomes précédents.
— 488-
518. ScHOUTHEETK DB Tbryarent. — Inventaire général ana-
lytique des archives de la ville et de l'église
primaire de S^-Nicolas (Waes). Bruxelles,
1872. In A*.
519. J. KAisiif. — Notre opinion sur la bataille de Presle.
Farciennes. Yekeman-Garon, 1872. 1 br.
— Don de Tauteur.
520. M. ). Motte. Découverte de Tbomme rongeur ou des
premiers âges de Thumanilé. Charleroi.
Pietle, 1872. 1 br. - Don de l'auteur.
521 . Cl. Lyon — Les chemins de fer au point de vue mili-
Uire. Charleroi. Piette, 1872. 1 br.— Don
de l'auteur.
522. Société de Comes. — Revista archéologica délia provincia
di Como. 2 vol. — Échange.
523. L. Devillers. — Notice sur le dépôt des archives de
l'État à Mons. Fort vol. — Don de l'auteur.
524. J.-C. Brunet. — Manuel du Ubraire et de l'amateur de
livres. Bruxelles, 1821. 4 vol. in-S"".
525. "* — Ordonnances et provisions décrétées par le souverain
chef-lieu du dit Mons, à l'éclaircissement
d'aucuns articles et points dépendants des
dites chartes eschevinales. Mons,Waudrez,
fils, 1646. 1 vol.
526. Anselmus Boetius (de Boot). — Gemmarum et Lapidum
Historia. Lugduni batavorum, 1836. In-I2.
527. FredericiHildebrandi. — Antiquitates romanse, éditio-8^
Franequerœ, 170U. In- 18.
528. J.-G. Zeuss. — Grammatica Geltica. Berlin, 1868.
529. *** — Descriptio brevis Gemmarum quae in museo Baro-
nis de Crassier asservantur. Leodii, 1740.
Petit in-4^ 1 br.
530. ScHAYES. — Mémoire de l'architecture ogivale enBelgique.
Extr. Mémoires del'Académie. T. i¥. 1 br.
531. D.-A. Van Bastelaer. — Collection des actes de Fran-
— 489 —
chises, privilèges de Charleroi. 3^ et 4^ fas-
cicules, 1 br. — Don de l'auteur.
532. PiÉRARD. — Le pays de Charleroi au point de vue histo-
rique, commercial et industriel. Charleroi,
Deghistelle, 1855. i vol.
533. Declève. — De la majorité civile sous le régime des
coutumes en pays de Hainaut. BruxelleSi
4872. 1 br. — Don de l'auteur.
534. *** — Historia Belgîca : hoc est, rerum memorabilium,
quse in Belgio jam inde a pace illa Caméra-
censi inter Carolum Y, etc. Francof. 1583.
In-8^ Vol. b. c.
535. Leroy. — Achates Tiberianus sive gemma cœsarea» etc.
Amsterdam, 1683. In-fol. Vol. b. c. Figg.
avec des annotations manuscrites, peut-être
de Mireus.
536. Hymans. — Histoire populaire du régne de Léopold I^',
Roi des Belges. 3«éd. Bruxelles, 1866. In-8o.
537. Legouvet. — Les petits poètes latins du Hainaut. Brochure
in-8^
538. — Essai sur la condition sociale des Lépreux au
moyen âge, principalement en Belgique et
dans les pays limitrophes. Gand, 1865. 8^.
539. Le Roux. — Recueil de la noblesse de Bourgogne, Lim-
bourg, Luxembourg, Giieldres, Flandres,
Artois, Haynau, Hollande, Zélande, Namur,
Matines et autres provinces de S. M. Catho-
lique de i 424-1 71 4. Bruxelles, T'Serstevens
et à Lille, 1715. Petit in-4«.
540. Lepaige — Nouveau système du premier établissement
desj^Francs dans les contrées belgiques, et
du commencement de la monarchie fran-
çaise, etc. Gand, 1770. In-4<>. 1 br.
541. BnuLMONT. — Abolition du remplacement militaire.
Bruxelles, 1872. In-S». — Don de CL Lyon.
— 490 -
542. Van Hulst. — Biographie de André-Joseph Boossart.
— Don de M. F. Isaac, père.
biS. Soci£té db Valence. — Memoria de los trabajos lavados
à Cebo. Valence. 1872. i br.— Échange.
544. Cl"'* Louant. — Les fleurettes, poésies. Charleroi, Cador.
1865. — Don de Cam. Lyon.
545. L. Delacre. — Carte du bassin houiller de Charleroi.
1870. — Don de l'auteur.
546. L. Crahat. — Coutumes du comté de Looz, etc. Bru-
xelles, 1872. T. 2«. — Don du Gouvern.
547. "** — Inventaire des archives de la ville de Bruges.
Bruges, 1871. Vol. in^^', publié sous les
auspices de l'Administration communale.
— Don du Gouvernement.
548. J. BoRGNET. — Cartulaire de la commune de Bouvignes,
publié par ordre du Conseil provincial.
2 vol., in-8o. Namur, 1862.
549. — Cartulaire de Ciney. In 8». Namur, 1869.
550. — Cartulaire de Fosses. In-8<>. Namur, 1867.
551 . — Cartulaire de la communede Namur. Namur,
1871. In-8«. Tome 1er, ge livraison. 1118-
1430. — Les quatre derniers numéros,
dons du Gouvernement provincial de
Namur.
552. *'* — Catalogue d'une précieuse collection de livres an-
ciens et modernes provenant du cabinet
de M. Hochart, décédé percepteur à Lille.
Lille et Paris, 1869. In-8^
553. *** — Le vrai supplément aux deux volumes du nobi-
biliaire des Pays-Bas et de Bourgogne.
Louvain, 1774. Vol. in-12.
554. De Bast. — Recherches historiques et littéraires sur la
langue Celtique, Gauloise et Tudesque.
Gand, 1815. 2 vol. réunis, in-4<>.
555. Defrance. — Du dix<neuviéme siècle et de l'égoîsme,
- 491 -
l'homme^ rorgueilson meurtrier.Gharleroi,
Deghistelle,184S. In-8o.
556. **" — Indicateur nobiliaire de Belgique, de France, de
Hollande, d'Allemagne^ d'Espagne, d'Italie
et d'Angleterre, d'après les collections ma-
nuscrites des bibliothèques publiques de
Belgique. Bruxelles, 1869. In-S^.
557. Beudant. — Cours élémentaire d'histoire naturelle.
Minéralogie et Géologie. Paris, 1872. 13»»
' éd. Vol. in-12.
558. Guillaume. — Histoire des régiments nationaux belges
pendant les guerres de la révolution fran-
çaise. 1792-1801. Bruxelles, 1855. In-8o.
559. GuiOTH. — Histoire numismatique de la révolution belge,
gr. in*4o. Hasselt, 1844 et 1845. 2 vol.,
texte et planches.
560. *** — Bulletin des lois de la république française. N^ 1 à
362 avec table gén. Paris, anIX.29v. in-12.
561 . Smits et Stainier. — Les institutions ouvrières de la
Société anonyme de Marcinelle et Couillet.
Charleroi, Pietle, 1872. Br. in-8s relié.—
Don des auteurs.
562. Société deToulouse. — ^Mémoires de la Société impériale
archéologique du midi de la France, établie
à Toulouse en 1831. Paris et Toulouse,
1872. Gr. in-4o.
563. *** — Catalogue d'une belle collection de médailles Ro-
maines. Bruxelles, 1872. In-8<>.
564. R. Ghalon. — Recherches sur les monnaies des C^ de
Namur. Supplément. Bruxelles, Decq,1870.
In-4o.
565. Justin*'* (Graugagnage). — Le Congrès de Spa. Nouveaux
voyages et aventures de M. Alfred Nicolas
au royaume de Belgique. Liège, 1858-72.
In-12. — Don de l'auteur.
— 492 —
566. Chassant. — Paléographie des chartes et manuscrits
du XI« auXVIP siècle. Paris, Aubry. 1867.
In-i2. 6« éd., ornée de 10 planches.
567. — Dictionnaire des abréviations latines et fran-
çaises, usitées dans les inscriptions lapi-
daires et métalliques, les manuscrits et les
chartes du moyen-âge. Paris, Aubry, 1866.
In-12.8eédil.
568. Hagehans. — Histoire de Cbiraay. Bruxelles, chez Olivier,
1866. 2 vol. in.8o. — Don de Tauteur.
569. Malaise. — Mémoire sur les découvertes paléontolo-
giques faites en Belgique jusqu'à ce jour.
Mémoire couronné par la Société d'ému-
lation de Liège en 1858. Liège, 1860. Br.
68 pages, in-8^ — Don de G. Lemaigre.
570. Gaillard. — Recherches sur les monnaies des comtes
de Flandre, depuis les temps les plus re-
culés jusqu'au régne de Robert de Bélhune
inclusivement. Gand, Hoste, 1852. In4^
571. Dë Bast. — L'institution des communesdans la Belgique
pendant les XII® et XIII® siècles, suivies
d'un traité sur l'existence chimérique de
nos forestiers de Flandre. Gand, Houdin,
1819. In-4o. 1 vol.
572. De Rouck. — Adelyktooneelof historische Beschryvinge
ordens, met haar oors pronk. Gr. in-8.
van allerley trappen van adeldom en rid-
derlykeheid. Amsterdam by. Heindrick en
Dùck Boom, 1673.
573. Nyst. — Description des coquilles et des polypiers fos-
siles des terrains tertiaires de la Belgique.
Mémoire couronné en 1843. Exlr. Mé-
moires, académie. Tome XVII, in-4-^. 1 v.
574. Gachard. — Documents politiques et diplomatiques sur
la révolution belge de 1790. Bruxelles,
Remy, 1834, In-8^
- 493 —
575. Keryyn de Lettenhove.— Histoire de Flandre, Bruges,
Beyaerl-Defoort. 4 vol. in-8<*: ;— Échange.
576. De Feller. — Dictionnaire géographique. Bruxelles, Le
Charlier, 4791-1792. 2vol.in-12.
577. Van der Vinck. — Histoire des troubles des Pays-Bas.
Bruxelles, Lacrosse, 1836. 3 vol. in-S^'.
578. *** — Révolution de Liège sous Louis de Bourbon.
Bruxelles, Hayez, 1831.
579. Smet (le père). — Belgique catholique. Saints et grands
hommes du catholicisme en Belgique. Lou-
vain, Fonteyn, 1852. 3v. in-8^
580. ViLLENFAGNE. — Rechcrches sur l'histoire de la ci-de-
vant principauté de Liège. Liège, CoUar-
din, 1817. 2 vol. in-8^
581 . "* — Dictionnaire historique des batailles, sièges et
combats de terre et de mer, qui ont eu
lieu pendant la révolution française, par
une société de militaires et de marins.
Paris, HenardetDesenne, 1818. 4v.in-8^
582. O'Kellt. — Dictionnaire des cris d'armes et devises des
personnages célèbres et des familles nobles
et autres de la Belgique ancienne et mo-
derne. Brux., Schnée, 1865. 1 vol. in-8<».
583. OuDiN. — Archéologie chrétienne, religieuse, civile et
militaire. Bruxelles, Wahlen, 1847. 1 vol.
in-8o et atlas.
584. TiESSÉ. — Biographie héroïque ou histoire abrégée des
maréchaux, amiraux, généraux français et
autres militaires de tous grades qui se sont
illustrés pendant les guerres de la révolu-
tion et de l'empire. Paris, Masson et Gonet,
1828. 2 vol. in.l2.
585. PiERARO -r- Le Respect. Conférence donnée à Bruxelles
par le chanoine Pierard. 1 Br. — Don de
Fauteur.
- 494 —
586. Deminng. — Le problème de la navigation aérienne.
Namur, Collin, 4868. 1 Br. in-8\ - Don
de l'anteur.
587. "* — Hommage à la mémoire de M. Adrien-François
Gautier, docteur à Hyon, né à Cbarleroi.
Discours prononcé sur sa tombe, i br.
— Don de M. C. Lyon.
588. *'* — Règlement pour la ville de Cbarleroi, imprimé à
Namur, cbez Lafontaine^ 1768. 2 fascicu-
les. In-fol. — Don de M. D.Van Bastelaer.
589. CoLLiGNON (l'abbé). — Précis bistorique de la chapelle
N.-D. du Rempart^ à Cbarleroi, publié cbez
Casterman en 1860. (Manuscrit de l'au-
teur). — Don de M. D.Van Bastelaer.
590. Société géologique de France. — Extrait des bulletins
delaSociété. Excursion en Belgique en 1863
et étude des terrains belges. 1 vol. — Don
de M. Dewalque.
591 . *** — ^Paquets de catalogues de diverses ventes de livres et
bibliothèques. — Don de M. D.Van Bastelaer.
594. Société du Wisconsin. — Le phénomène météorologique
du 21 novembre 1872 aux États-Unis.
3 planches en couleur. — Échange.
593. Fisen. — Historia ecclesiœ Leodiensis. Liège, 1696.
Apud Guil.-Uenri Streel. 2 vol. réunis.
594. Trévoux. — Dictionnaire universel français et latin,
vulgairement appelé dictionnaire de Tré-
voux. Paris, Giffart, 1732. 5 vol. in-fol.
595. Calepini ambrosii. — Dictionarium undecim Linguarum
Basileae, apud Henricpetrinos, 1627. Très-
gros vol. in-fol.
596. "* — Biogi*aphie univeraelle, ancienne et moderne^ ou
dictionnaire de tous les hommes qui se
sont fait remarquer par leurs écrits, leurs
actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs
— 495 —
crimes, depuisle commencement du monde
jusqu'à ce jour, par une société de gens de
lettres et de savants. Bruxelles^ 1843-
1847. 21 vol, gr, in-8o.
597. ScHOON BROODT. — Inventaire analytique et chronologique
des chartes du chapitre de S^-Lambert^
à Liège. Liège, Desoer, 1863. 1 vol. in-4<>.
598. De Cloet. — Châteaux et monuments des Pays-Bas, fai-
sant suite SiM\Voyage fntioresquCy dédié à
S. Â. R. la princesse d'Orange. Bruxelles,
Jobard, frères. 2 vol. in-folio. — Don de
M. Aug. Quirini.
599. Reusens. — Éléments d'archéologie chrétienne. Louvain,
Peeters, 1872.
600. Havard. — Dictionnaire géographique, topographique,
historique, statistique, ecclésiastique, ad-
ministratif, judiciaire et postal des com-
munes de Belgique. Bruxelles, 1841. 1 v.
gOl. *** — Coutumes et ordonnances du pays et comté de
Namur, décrétées et autorisées par Sa
Majesté le 2 mai 1682. Matines, Vander
Elst, 1733. 1 vol. petit in-4o.
602. *" — Les délices des Pays Bas, ou description géogra-
phique et historique des XVII provinces
belgiques. 7^ éd. Paris et Anvers, Spa-
noghe. 1786, Suivi d'un* dictionnaire
historique ou histoire abrégée de tous les
tous les hommes illustres des Pays-Bas.
7 vol. in-12.
603. Tablier. — Dictionnaire des communes belges, des ha-
meaux, charbonnages, carrières, mines,
châteaux, fermes, moulins, etc. , Bruxelles,
1872. in-8^ 1 vol.
604. B<"^De Reinsberg. — Duringsfeld. Tradition et légendes
- 496 -
1
(le la Belgique, Bruxelles, Glaessens,i870.
2 vol. in-8».
605. PiÉRARD. — Bénédiction de la cloche de l'hôpital civil
de Charleroi. 12 septembre 1872. 1 br.
in-S*.
606. Cl. Lyon. — Contestations politiques et religieuses pen-
dant les XYIP et XVIIi<^ siècles, entre la
principauté de Liège et les Pays-Bas, au
sujet du territoire de la Ville-Basse de
Charleroi, dépendant de la commune de
Marcinelle. Mons, Manceaux, 1870-1871.
X. 2 fascicules, in-8®. — Don de Tauteur.
607. Société Libre d'Émulation de Liège. — Mémoires.
Nouvelle série, tome IV, Liège, 1872. 1 vol.
în-8®. — Échange.
608. ÂNTONY RiCH. — Dictionnaire des antiquités Romaines
et Grecques, accompagné de 2,000 gra-
vures d'après l'antique, traduit de l'anglais
par Ghéruel. Paris, F. Didot, 1861. Fort
vol., gr. in-12. — Don de M. Aug.
Quirini.
609. D** Smith. — Dictionnaire de biographie, mythologie,
géographie anciennes^ accompagné de près
de 1,000 gravures d'après l'antique, tra-
duit et augmenté par Theil. Paris, F.
Didot, 1865. Fort vol. gr. in-12. — Don
de M. A. Quirini.
610. Ed. Vander Straeten. — La musique aux Pays-Bas avant
le XIX® siècle. Documents inédits et an-
notés. Compositeurs, virtuoses^ théoriciens,
luthiers ; opéras, motets^ airs nationaux,
académies, maîtrises, livres, portraits,
etc., avec planches de musique et table al-
phabétique. Bruxelles, Muquardt et Van
Triât, 1867 à 1872. 2 vol. in.8o.
— 497 —
611 . De Barante. — Histoire des ducs de Bourgogne, avec des
remarques par le baron de Reiffenberg.
6e éd,Bruxelles,Lacrosse,1837.10v. in-8^
612. Gachard. — Rapport sur les octrois communaux de Bel-
gique, présenté à la Chambre des Repré-
sentants le 28 janvier 1845, parle Ministre
de Tintérieur. Bruxelles, Devroye, 1845.
2 fort vol. in-4®.
613. De Louvrex. — Recueil contenant les édits et règle-
ments faits pour le pays deLiége et comté
de Looz, par les évoques et princes, tant
en matière de police que de justice, etc.
Continué par Bauduin Hodin. Liège, Eve-
rard-Kinls, 1750. 4 vol. in-4«.
614. GoLTz. — Faslimagistratuum ettriumphorumRomanorum
ab urbe condita ad Âugusti obitum ex
antiquis tam numismatum quam marmo-
rum mônumentis : thésaurus item rei an-
tiquariaB huberrimus Huberti Toitzi her-
bipolitse Venloniani : fastiq. Siculi deno
restiluti ap. aud. ScholtoS. I. Ântuerpise
apudJacobumBlœrum anno cio. nc.XYII.
(1617). 1 vol. in.4«.
615. J. De Bie. — Numismata aurea imperatorum Romano-
rum et recensione Sigeberti Haverkampi.
Amstelodami apud Martinum Schagen,
1738. 1 vol. in-4^
616. Spon. — Recherches curieuses d'antiquités, contenues
en plusieurs dissertations sur des médailles^
bas-reliefs, statues, mosaïques et inscrip-
tions antiques. Lyon^ chezThomas Âmaul-
ry, 1683. 1 vol. in-4o.
617. J. Mantelîus. — Historiae Lossensis librî decem. Leodi,
Alexandre Barchon, 1717. 1 vol. în-4<>.
618. Bartels. — Documents historiques sur la révolution
— 498 —
Belge. a« édit. Broxelles, Th. Lejeune et
Lahaye, 1836. 1 vol. in-S».
619. JoANiiis Smith.— Oppidum Batevorum^ seu Noviomagum.
Liber singularis. Amstelodami, Johannis
Black, 1645. Petit in-4*.
620. AuG. Lacroix. — Chronique du Hainaut et de Mons.
Mons, Hojois, 1842. 1 voL in-4«.
621. — Th. Juste. — Histoire du Congrès National de Bel-
gique ou de la fondation de la monarchie
Belge. Bruxelles, Decq, 1850. 2 vol. in- 8*.
622. — Précis de l'histoire du moyen-âge, considé-
rée particulièrement dans ses rapports avec
la Belgique. Panthéon National. Bruxelles,
Jamar. 5 vol. in-12.
623. De Laveleye. — Histoire des rois Francs. Panthéon
National. 2 vol. in-12.
624. *** — Notice historique des peintures et des sculptures
du palais de Versailles. Paris, Thomassin,
1837. 1 vol. in-12.
625. Ch. White. —Révolution Belge de 1830. Traduit de
l'anglais par Miss Mary Corr. Bruxelles,
Hauman, 1836. 3 vol. in-12.
626. H. Tablier. — Dictionnaire des distances légales entre
toutes les communes de la Belgique. Brux.,
Tarlier, 1869. 1 vol. in-8^
627. Famien Çtrada. — Histoire de la guerre de Flandre,
traduite par P. Du-Ryer. Bruxelles, T'Sers-
tevens, 1712. 3 vol. in-12.
628. *" —Supplémentàrhistoire des guerres civiles deFlandre
sous Philippe H, roi d'Espagne, du père
Famien Strada et d'autres auteurs. Ams-
terdam, P. Michiels, 1729. 2 vol. in.l2.
629. Boulanger. — L'antiquité dévoilée par ses usages. En
Suisse. Imprimerie philosophique^ 1791.
10 vol. in.32.
-«. 499 —
630. *** — Aux ouvriers, par un travailleur Belge. ^
édition. Bruxelles, Lebègue, 1872. Br. de
30 p. — Don de M. Cl. Lyon.
631. Serrure. - Les monnaies de Canut et de Sifroid^ rois
pirates Normands et fondateurs du comté
de Guines (938-965). Paris, Hoffmann,
1858. Br. de 24 pages.
632. De Witte. — Recherches sur les empereurs qui ont
régné dans les Gaules au III^ siècle de
l'ère chrétienne. Extr., revue numism.^
1850. 1 broch.
633. R. Chalon. — Deuxmonnaies italiennes au XYII^ siècles;
un sol de déciane, un daldredeCorreggio.
Bruxelles^ 1851. extr. rev. numismatique.
1 broch.
634. **^ — Ermitage impérial. Cabinet numismatique. Collec-
tion Reichel. S*-Pétersbourg, 1 858. 1 br.
635. Th. Juste. — La révolution Belge de 1830, d'après des
documents inédits. Bruxelles. Bruylant-
Christophe, 1872, 2 vol. in-8^
636. Ch. Donny* — Les habitants de la lune, par Ch. Donny,
cî-devantconseiller pensionnaire de Bruges.
La Haye, 1816. 1vol. in-8^
637. **' — Convention entre le gouvernement fran-
çais et le pape Pie VII, avec les discours
du citoyen Portails, et les articles orga-
niques des Cultes. Paris, imprimerie natio-
nale, an X. 1 vol. in-8*.
638. *"— Collection de placards du XVIII^ siècle ayant rapport
à la Belgique et surtout à Charleroi. —
Don de M. D. Van Bastelaer.
639. Société d'émulation de Bruges. — Annales de la Société
d'Emulation^ pour l'étude de l'Histoire et
des antiquités de la Flandre. 3® série.
Bruges, 1866-71. 7 vol. in-8«.— Échange.
\
- 500 -
640. — Chronique de Flandre publiée par la Société
d'Émulalion de Bruges, 1839.4 vol. in-4v
641. Ministère des travaux publics de Belgique. — Annales
des travaux publics de Belgique. Tome 29
et 80. 2 vol. — Échange.
642. Cornet et Briart. — Notice sur le terrain crétacé de
la vallée de l'Hogneauet sur les souterrains
connus sous le nom de trous des sarrasins
des environs de Bavay. Extrait des mé-
moires de la Société des Sciences, de TÂgri-
cuUure et des Arts de Lille, avec une
planche. 1 br. in-8^.
CARTES, PLANS, ESTAMPES, GRAVURES, ETC.
1 . Plan cadastral de la ville de Charleroi^ publié par Popp.
— Don de l'administration communale.
2. Plan de la ville de Charleroi. Agrandissement de Charle-
roi. Projet présenté par la commission instituée le 28
mai 1867 et adopté par Tadministralion communale.
— Don de l'administration communale.
3. Vue photographiée de l'ancien pont de Marchiennes-au-
Pont.
4. Vue photographiée de l'ancienne église de Châtelet.
5. Vue photographiée de l'ancienne porte de Waterloo, à
Charleroi.
6. Portrait de S. M. Royale Guillaume I«', roi des Pays-Bas,
prince d'Orange-Nassau, duc de Luxembourg, etc.
7 . Portrait de Son AltesseRoyale Guillaume-Frédéric-Georges-
Louis^ prince d'Orange*Nassau^ etc.
8. Portrait deSon AltesseRoyale Guillaume-Frédéric-Charles,
prince des Pays-Bas.
9. Plan delà forteresse érigée à Charleroi en 1816.
^m
— 8M -
10. Diplôme de l'érection delà citadelle deCharleroi, 1816.
Nota. Ces trois portraits et les deux numéros suivants ont été
retrouTés, en parfait état de conservation, sous la première
pierre de la forteresse de Charleroi, en 1871« lors de la fouille
faite à la recherche de cette pierre.
11. Six grandes vues photographiées du château d'Acoz. — Don
de M. Octave Pirmez, d'Acoz.
12. Vue photographiée de la ferme de la Maquette, à Chàteiet.
— Don de M. Henri Pirmez, de Gougnies.
13. Petite vue lithographiée du château de Fontaine-l'Evêque.
14. Dessins d'objets trouvés par Mariette, en Egypte, au vil-
lage deGournal, nécropole de Thébes, dansle tombeau
de la reine Aah-hootep (morte environ 18 siècles avant
J.-C.). Deux planches. — Don de M. A. Cador.
15. Six grandes vues photographiées du château de Fontaine-
TEvêque. — Don de M. Bivort, de Fontaine-l'Evêque.
16. Six grandes vues lithographiées du château de Prestes.
Don de M. le comte d'Oultremont, de Prestes.
17. Projet d'un monument à élever, à Charleroi, à la mémoire
de Léopold I®<^, par M. A. Cador, architecte de la
ville. Dessin. — Don de Fauteur.
18. Projet d'agrandissement de la Ville-Basse de Charleroi,
présenté en 1841, par M. Le Hardy de Beaulieu, avec
une lithographie du même projet. — Don de l'auteur.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS.
Page 79, ligne 13, au lieu de: déchiré, Use» : dédiye.
P. 76, 1. 37, p. 77, 1. 26, p. 93, 1. i5, p. 93, L 14 et 32,att (teu cte : soucoupe.
Usez : tèle.
P. 83, 1. 96, ou (toi de : laminus, Usez : caminus.
P. 86, 1. »,mUeude : Etat, lisez : G*était.
P. 88, 1. 10, au tieu de : pied de chat. Usez : une troisième, de chat.
P. 88, 1. ^^auUeude : millions, Usez : mille.
P. 91, 1. 33, au lieu de : Restreux, lisez : Rionceux.
P. 96, 1. 39, au lieu de : des poteries et des armes Usez : à la ligne sui-
vante, est de trop.
P. 98, 1. 37, au Ueu de : translucides. Usez : opaques.
P. 98, 1. ^^ au lieu de : opaques, Usez : transluddes.
P. 103. 1. 31, au lieu de : aquenacre. Usez : quinaire.
P. 106, 1. 6, au Ueu de : Valeson, Usez : Vétéran.
P. 107, 1. 11, au Ueu de : stylets, Usez : styles.
P. 107, 1. 30, au Ueu de : d'Assche, Usez : d'Assesse.
P. 110, 1. 28, au Ueu de: Dupont, Usez : Depau.
P. 31, 1. 6, au Ueu de: encourager la propension des Français à s'emparer,»
Usez .-encourager le chauvinisme finançais si prompt à s'emparer. »
P. 31, 1. 8, au Ueu de : restante. Usez : restreinte.
P. 51, 1. 38, At;an/ le mot » de la Roc, Usez : « bois ïf(de la Roc),
P. 133, 1. 7, au lieude : chemin de fer, Usez : chemin de fer à Nivelles.
P. 374, 1. 31. La prison de Binche vient d'être démolie et remplacée par
des maisons d'habitation.
P. 373, 1. 30. Au lieu de : retrouva. Usez : retrouve.
P. 393, 1. 39. Au lieu de : dans le même recueil, lisez : dans les Annales du
Cercle archéologique de Mons,
P. 399, 1. 33. Au lieu de: d'un maille. Usez : d'une maille.
P. 303. A la fin de l'article Buvrinnes, ajoutez la rubrique suivante : Biblio-
graphie. — Le retable gothique de l*égUse paroissiale de Buvrinnes, par M.
Théophile Lejeune, dans ses Monographies historiques et archéologiques^
t. II, pp. 137-168. Orné d'une planche.
— 804 -^
P. 309, 1. 8. La chapelle de Viermont, à Gamières, figure sur plusieurs caries
qui accompagnent VEUtoire militaire de Flandre depuis 4690 jusqu'en
4694, par De Beaurain. In-folio, 4 vol.
P. 310, i. 31. Au lieu de : ogivale, Usesi : romano-ogivale. Cet édifice reli-
gieux a subi de nos jours une restauration, mais on a laissé intacts le clocher,
et les soubassements des nefs et du chœur, construits en grès taillés. La tour
munie decontreforts aux deux côtés de la porte d'entrée, présente comme
système d'ornement, sur chacune de ses faces, des arcades simulées formées
de deux cintres juxtaposés.
P. 51 1 , 1. 15. Dans le cimetière, se trouve le modeste monument funéraire de
ioseph-Antoine-George d'Espinois, décédé le 11 novembre 1834. — L. 22.
Au lieu de : quatre tourelles octogones, Usez : cinq tourelles cylindriques. —
L. 24. La chapelle de Saint-Fiacre qui s'élève dans l'enclos de ce château est
une simple construction qui a deux ou trois siècles d'existence.
P. 318, 1. 3. Certains diplomatistes, entre autres Mansi, fixent le premier
concile de Leptines à l'année 742, et le second à Tannée 744. Cfr. notre His-
toire des EstinneSy chap. IV, $5.
P. 323, 1. 23. L'ancienne confrérie en l'honneur de la Sainte Vierge, qui exis-
tait jadis dans la chapelle de Notre-Dame de Gambron, à Estinnes-au-Hont,
fut rétablie par Mp Labis, évéque de Tournai, le 10 avril 1872. Voir les sta-
tuts de cette pieuse association et l'acte d'érection canonique dans notre NO"
tice historique sur la Vierge miraculeuse de Cambron, Ëcaussinncs, 1872 ;
pp. 35-42.
P. 328, 1. 23. Les trois seigneuries qui se partageaient le village de Haine-
Saint-Pierre sont désignées ainsi par un document de l'an 1787 : 1<» seigneu-
ries de Haine-Saint-Pierre, dite du Roi ; 2» seigneurie du Terne ; 3» seigneu-
rie d'Aimeries (C/iam^re des comptes^ n»46633). — P. 351, note 2. Au lieti
de : t. VI, pp. 84-86, lisez : t. VU, pp. 122, 123 et 127.
P. 370, l. 25. Jean Dongnies, fils de Robert, chevalier, seigneur de Philo-
metz, posséda aussi le domaine de Ressaix (relief du 17 octobre 1602).
P. 379, n. 1. Au lieu de : avait, lisez : avaient.
P. 395, 1. 22. On voit par une convention passée le 11 juin 1788 entre le
chapitre de Sainte-Waudru et celui de Cambrai, au sujet de la portion con-
grue du curé, qui fut élevée à 565 livres 10 sous, que la collégiale de Hons
avait à Waudrez les 8/13 de la dtme et Notre-Dame de Cambrai, le reste.
(Chartrier du chapitre noble de Sainte-Waudru^ aux Archives de l'Ëtat, à
Hors.)
Tome V, p. 346, 1. 16. Au lieu de : s. suxip? lisez : saint iunipère.
TABLE DES MATIÈRES.
PAGES.
Tableau des membres de la Société vii
Sociétés, commissions et publications avec lesquelles la société
échaoïge ses Documents et Rapports xvi
ASSEMBLÉES GÉNÉRALES.
Assemblée générale où fut constituée la Société le 27 novembre 1865.
•* Circulaire préalable à la fondation de la Société ... 3
Convocation à la première assemblée 4
Procès-verbal de la première assemblée 5
Procès-verbal du 5 février 1872 9
Procès-verbal du 15 avril 1872 15
Procès-verbal du 5 août 1872 23
RAPPORTS ET CORRESPONDANCE.
Circulaire du 21 janvier 1864 aux autorités locales .... 31
Rapport de la fouille pratiquée dans le but de retrouver la première
pierre de la forteresse de Charleroi et les objets qu*elle cachait,
lu à rassemblée du 5 février 1872. — D.-A. Van Bastelaer 35
Rapport sur la découverte d^lne ville belgo-romaine à Arquennes, lu
à rassemblée du 5 février 1872. —N. Cloquet. ... 69
Conununication du collège échevinal de Charleroi à la Société, le i^
mars 1872. 135
Lettre du collège échevinal de Charleroi à la Société, le 2 mars 1872. 135
Réponse à la lettre précédente, le 4 mars 156
Circulaire convoquant rassemblée extraordinaire du 15 avril 1872 pour
aviser à trouver un nouveau local social .... 137
Circulaire de convocation pour Texcursion et la conférence relatives
au lieu du combat sur la Sambre des Nerviens contre César ;
les 10 et 11 juin 139
Lettre de H. Hauzeur, le 14 juin 1872 141
Rapport annuel sur les travaux de la Société lu à rassemblée du 5
août 1872. 143
Lettre de M. Vander Elst le 1« septembre 1872 148
Lettre du même le 30 septembre 1872 149
DOCUMENTS ETANALECTES.
Notes et documents pour Thistoire deFleurus.— A.Quirini et i. Bayet. 135
Note sur les copies de la Charte de iumet. — C. V. D. £. . 191
y