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/Ò-J. 4>la-i>Lt^re(
Université de Rennes.
Donnchadh Bàn Mac an t-Saoir
(Duncan Bàn Mac Intyre)
1724-1812.
Poète gaélique écossais.
Vie, étude, citations, traductions.
par
Donald James Maclkod, M. A., H.M.I.S.,
Docteur es Lettres,
Inspecteur de gaélique et de langues modernes.
Printed by the Northern Counties Newspaper and Printing and Publishing
Company. Limited. Margaret Street. Inverness.
INTRODUCTION
" Il serait intéressant de passer en revue le splendide élan
lyrique de nos frères de la Haute-Ecosse de cette époque et
celui des poètes que je viens de mentionner, mais cela étendrait
outre mesure la visée de ce travail, Il me semble qu'il y a
peut-être plus de substance, plus de simplicité et de clarté
dans les poèmes des Gaëls écossais et plus de mélodie, plus de
jeu verbal obtenus aux dépens de beaucoup de nébulosité et
de sons manquant de sens, dans ceux des Gaëls irlandais ; mais
bien que tous deux aient complètement échoué dans la ballade
ils ont porté le poème lyrique a un très haut degré de perfec-
tion."
Literary History of Ireland. XVIIIth century.
Prof. Douglas Hyde, LL.D., &c., p. 605,
" Traduire Duncan Bàn n'est pas une affaire facile.
Personne, n'a jamais employé la langue gaélique avec plus
d'exactitude idiomatique ou de maîtrise du vocabulaire.
Aucun poète gaélique ne le vaut comme maître de versification
claire et mélodieuse. Sa logique ou la suite de ses récits
peuvent manquer de précision mais jamais son oreille n'est en
défaut pour la mélodie."
Celtic Beview, T. vin., p. 256. W. J. Watson,
LL.D., &c, Professeur de langues celtiques,
Université d'Edimbourg.
iv. INTRODUCTION
l »< boue les i tes de la Haute Ecosse, et plus nettement
encore <|u' Ossian cei homme «Donnchadh Bàn) est incontest-
ablement celui Joui les traits d'origine celtique sautent aux
yeux. 11 est in ; en tous points, du pays des montagnes autant
que la bruyl re pourpre des coteaux; c'est un nls parfait des
montagnes, intègre, absolu, sans qu: aucune manière ou
qualité des Basses-Terres ait troubié lunite naturelle et le
caractère complet de son type."
" Je serais surpris d'apprendre qu'il existe en une langue,
ancienne ou moderne, un poème plus original, du genre que
nous pouvons appeler " de vénerie " que celui de Bcinn-
Dòbhrain de Duncan Bàn. Ce que Landseer a fait en peinture
pour les animaux en général, Mac Intyre, dans ce travail
singulier l'a fail pour les cerfs et les daims.''
Language and Literature of the Highlands of Scot-
land; p. 156. J. S. Blackie, LL.D., Prof, de
grec, Université d'Edimbourg.
' Il pourrai! être profitable aux habitants des Basses-
habituéa à lire les poètes d'élite et à juger toute poésie
d'aprèi l< or modèle, de se détourner et de prêter attention à
une poésie entièrement différente de celle de l'Angleterre, de
mi de la Grèce : une poésie aussi spontanée que le chant
des oiseaux i i 1" battemi ni du coeur humain; une poésie qui
Le partie, indépendante des livres et des manu-
acrits; qui, bienlque plus étroite d'envergure, et
oigneusement finie, est aussi pleine d'émotions et aussi
: la Nature el à L'homme que toute chose contenue dans
les littératures classiques . . .
Dana aucun poème connu, les aspects, les repaires, les
moeurs ci les coutumea des cerfs et dey chevreuils a'oat été
INTRODUCTION V.
aussi exactement et aussi affectueusement dépeints que dans le
Beinn-Dòbhrain de Duncan Bàn."
Aspects of Poetry. J. C. Shairp, LL.D., &c,
Professeur de Poésie, Université d'Oxford;
Principal, Université de Saint Andrews.
" Etant donné que beaucoup des poèmes ossianiques et
surtout ceux d'une date plus ancienne, sont d'extraction
irlandaise, on ne peut regarder ce produit littéraire comme la
source la plus pure du gaélique vraiment écossais. Au point
de vue linguistique, la versification des bardes populaires
mérite la plus haute considération
Mais Duncan Mac Intyre ou Duncan Bàn ("le
blond Duncan ") né en 1724, doit être estimé l'interprète le
plus parfait de la poésie de la Haute-Ecosse. C'était un
sportsman et un garde-chasse et son chef d'oeuvre est une
description rythmique de la vie des chevreuils et des cerfs de la
forêt de Beinn-Dòbhrain qui était sa charge particulière."
E. Windisch.
Section C. de l'arl icle " Keltische Sprachen " dans
l'encyclopédie Ersch et Grôber (pp. lôS et
seq.).
TABLE DES MATIERES
PAGE
Introduction iii.
Vie du poète 1
Arrière plan historique et organisation sociale à l'époque du poète 11
Orthographe, Accents, Sons .23
Formes grammaticales 44
Versification 55
Sujets des poèmes . 65
Poèmes, Traductions, Notes: —
Moladh Beinn-Dòbhrain 72
Louange à Beinn-Dòbhrain 73
Coir' a' Cheathaich 112
Vallée de la Brume 113
Cumha Coir' a' Cheathaich 122
Complainte de la Vallée de la Brume 123
Oran do'n Mhusg 132
Poème à une carabine 133
Oran Seacharan Seilge 136
Chanson de chasse manquée 137
Oran nam balgairean 140
Chanson sur les renards 141
Oran do Ghunna d'an ainm Nie Còiseam 144
Chanson à une carabine appelée Nie Còiseam .... 145
Cead deireannach nam beann 150
Le dernier adieu aux montagnes 151
Rainn Gearradh-Arm 156
Vers sur des armoiries 157
Do Chaiptean Caimbeul 162
Au Capitaine Campbell 163
Oran do'n bhriogais 166
Chanson aux culottes 167
Oran do Chlaidheamh mhic an Leisdeir, etc 174
Chanson à l'épée de Monsieur Fletcher et à la Bataille de
Falkirk .175
TABLE DES MATIERES
Mol.ull) do'n Ghàidftlig 'a do'n Pbioh Mhôir
Louange BU gaélique el à la Grande Cornemuse
Bainn olaidheimb
V I - sur une épée ....
Oran dùthcha ....
néon au payB de Bon enfance .
Oran do'n Eideadli Gliaidhealach
Cbanson au costume montagnard
Oran d'à Chéilc nuadh-pôste
Clianson à sa nouvelle épousée .
lîainn a ghabhae maighdean d'à leannan
qu'une jeune fille chante à son amoureux
i) r.i n Dhun-éideinn
Chanson à Edimbourg
Oran do cliaora a fbuaradb, etc.
sur une brebis, cadeau d'une certaine dame
i: .iinii do'n cbeud cbeàird .
V i mi le premier métier .
Rainn don pb.adb.adb .
Vere sur la soif .
âoir Disdean Phiobair
s.it ire sur (Tisdean le cornemusier
Ouvragée de référence
PAGE
182
183
188
189
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193
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239
21(1
241
LA VIE DU POETE
Donnchadh Ban Mac an t-Saoir* (Duncan Ban Mac Intyre)
ou comme il est mieux connu de ses compatriotes, Donnchadh
Bàn Nan Or an (le blond Duncan des chansons), naquit le
20 Mars 1724 à Drumliaghart, Glenorchy, dans le comte
d'Aj-gyll (Ecosse). Le lieu de naissance du poète est situé
dans une des vallées les plus reculées et les plus pittoresques
comprises dans la prolongation sud-ouest des Monts
Grampians. La scène, de tous côtés est sauvage et sévère ;
c'est dans ce voisinage que 1' on trouve, pour la plupart, les
hauteurs les plus élevées et les plus massives de la Haute-
Ecosse, et les vallées les plus étendues et les plus profondes.
Cette contrée, autrefois si inaccessible à cause de sea
montagnes abruptes, ses torrents rapides, ses gorges pro-
fondes, n'ayant ni routes ni ponts, peut être maintenant
facilement visitée par chemin de fer ou automobile. La
grande ligne de Glasgow à Fort William ou Oban, passe par
Bridge of Orchy, près de Beinn-Dòbhrain. Mais la con-
figuration naturelle demeure, pour la plus grande part,
comme au temps du poète, excepté l'absence d'un bois ici et
là. Le vaste territoire, s'étendant de tous côtés de Beinn-
Dòbhrain est encore un des meilleurs domaines de chasse de
toute l'Ecosse. Vers le nord et le nord-ouest, le Black
Mount, la Lande de Rannoch, le grand massif de Stob
Ghabhar ; à l'ouest, Beinn-Starabh, Glen Etive et Buachaill
Etive ; à l'est, Beinn Achalladair, Glen Lyon, la vallée la
plus longue de l'Ecosse (20 milles), Glenlochay et les pics
* Donnchadh = donn+cath, guerrier brun. Mac an t-Saoir = fil«
du menuisier ; v. " Vers sur des armoiries " pour les idées du poète
touchant l'origine de son Clan.
/. 1 VIE DU POÈTE
dominants do Gleuorchy. Les rivières et les lacs contribuent
aussi à la variété du paysage. Que vous voyagiez au nord
ou au sud de cette région, vous traversez toujours des scènes
romantiques et historiques, rappelant l'époque des clans. Des
Campbells, des Stewarts, des MacDonalds, des Camerons et
des MacGregors, ont tous leur place dans l'histoire ici. En
toutes saisons de l'année, du mois de janvier au mois de
décembre, cette terre possède des beautés incomparables, mais
c'est une terre de changements rapides et complets. Les
neiges et les rafales de l'hiver, les nuages de tonnerre
une fois passés, déploient un monde de blancheur immaculée ;
l'ardeur de l'été fait sortir le genêt d'or, la bruyère pour-
prée, et la verdure des hautes collines ; en automne, surtout à
la fin d'octobre, les hauteurs et les bois sont embrasés de
rouge et d'or ; dans le crépuscule, le bramement des cerfs se
fait entendre en écho résonnant.
Au temps de la naissance du poète, la paroisse de Glen-
orchy était peu peuplée; elle a approximativement 24 milles
de long et 17 milles de large, la largeur en étant très inégale.
En dix-sept cent cinquante cinq, le nombre d'habitants
s'élevait à 1654, vers dix-huit cent onze, il était descendu à
993, et il est encore moindre de nos jours.
Autant que l'on peut affirmer, d'après les recherches, les
parents du poète étaient d'humbles paysans, vivant sur un
petit morceau de terre, dont le supérieur ou propriétaire,
était le comte de Breadalbane qui possédait aussi la contrée
voisine. La jeunesse de Duncan se passa en suivant les
occupations tranquilles de la communauté rurale dans
laquelle ii vivait. Il devint versé dans l'art de la chasse aux
oiseaux sauvages, de la pêche, de la chasse aux cerfs, et sa
réputation comme fin tireur fut grande. L'école la plus
proche de son lieu de résidence était à 15 milles de distance,
« han-an-diseirt (Dalmally) et vu la pauvreté de ses
parents, ce fut le sort du poète de grandir illettré, sans même
les éléments ordinaires d'éducation, et jusqu' à la fin il ne
savait ni lire ni écrire, bien que son papier de libération du
régiment rie Breadalbane, 1799, heureusement encore con-
servé, montre qu'il pouvait griffonner son nom.
LA VIE DU POETE 3
Le gaélique était sa seule langue. Il était âgé de plus de
quarante ans quand il quitta ses montagnes natales pour
aller à Edimbourg s'enrôler dans la Garde de la Cité.* Là,
il entendait parler anglais sans doute, mais d'après ses
derniers poèmes, cette langue fit sur lui une impression peu
favorable et la tradition nous dit qu'il n'a jamais su la parler.
Comme ses amis de la Garde de la Cité, et plus tard du
régiment Breadalbane, à cette époque, semblaient être, pour
la plupart, montagnards de race gaélique, comme lui, il est
à penser qu'il n'en eut pas besoin. Parmi ses amis intimes,
se trouvait le capitaine de la Garde, le Capitaine Campbell,
originaire du comté d'Argyll, soldat très renommé à cette
époque parmi les montagnards.
C'est un cas évident de " poeta nascitur, non fit," s'il y
en eut jamais un. 11 forma son éducation en étudiant le
livre ouvert de la nature; il avait habitué son oeil et son
oreille à observer et à enregistrer comme il vagabondait, en
toutes saisons, à toute heure du jour et de la nuit, à travers
* C'est un fait intéressant qu'au 18 ème siècle, la Garde de la
Cité d'Edimbourg se composait de " Highlanders." Ce n'était pas
un vieux corps car il ne fut formé qu'en 1648, afin d'aider les
citoyens dans leur service personnel de surveillance et de garde.
D'abord le nombre de simples soldats ou sentinelles s'élevait à
60, mais il variait de temps en temps. Il s'était élevé à 108 en 1682
et à 150 en 1708, selon les dangers imminents.
D'après Hugo Arnot, le corps, de 1758 à 1788, comptait 75
hommes. Après cela le nombre en diminua jusqu'à disparaître
(empiétement en 1805, et fut remplacé par la police.
Mais, en ce qui concerne les hommes de la vieille garde, Creech,
dans une de ses Lettres, jointe à l'Histoire d'Arnot, donne un compte
rendu intéressant : il compare l'Edimbourg de 1763, avec l'Edimbourg
de 1783, et entr'autres, il dit :
" En 1783, la Garde de la Cité comptait le même nombre
d'hommes qu'en 1763, bien que la ville fût trois fois plus étendue
et les moeurs plus libres. Le pays, en général, a progressé dans la
langue anglaise, depuis 1763; mais la Garde de la Cité semble
conserver la pureté de sa langue natale, le gaélique, de sorte que peu
de citoyens la comprennent ou s'en font comprendre."
Inverness Gaelic Society Trans. XXXI. p. 244.
Discours de David Macritchie sur " Le Gaël à Edimbourg."
4 LA VIE DU POETE
les solitudes désertes des montagnes et des vallées, à la pour-
suite de sa vocation.
Dans sa vingt-deuxième année, il servit avec le parti
royaliste à la bataille de Falkirk (le 17 janvier 1746). Son
coeur était entièrement en faveur du prince Charles et de*
Jacobites, mais le comte de Breadalbane sur les terres duquel
il habitait, soutenait le gouvernement. Parmi les métayers
appelés à servir se trouvait Archibald Fletcher de Crannach,
Glenorchy. Ce Monsieur Fletcher ne désirait pas s'enrôler
et s'assura le poète comme remplaçant, en lui promettant
300 merks écossais (£16 17s 6d). Il lui donna aussi une
épée de famille que le poète perdit ou abandonna pendant la
retraite des royalistes à Falkirk. Lorsqu' il rentra chez lui,
Fletcher refusa de payer à son remplaçant les trois cents
merks sous prétexte que 1' épée avait été perdue. L'occasion
semble avoir inspiré le poète de composer le premier poème de
quelque mérite qui nous soit arrivé ; les circonstances de la
bataille et l'épée y sont décrites avec gaieté et satire piquante.
Le poème se répandit à travers le pays et Fletcher s'emporta
tant que, un jour, rencontrant le poète à un marché, il lui
frappa les épaules de sa canne, faisant cette remarque en
gaélique: " Dean òran air sin, a bhalaich "' (fais une chanson
à propos de cela, mon garçon).
Donnchadh se plaignit au comte de Breadalbane de ce que
Fletcher ne voulait le payer et le comte qui se montra plus
tard bon patron pour le poète, contraignit le métayer à
remettre l'argent. Peu après cet incident, à cause de sa
réputation de tireur, Donnchadh fut nommé par Breadalbane
son garde-forestier à Coire a' Cheathaich et à Beïan-
Dobhrain.
Cee deux endroits étaient familiers à Donnchadh car ils se
trouvaient dans le voisinage de Glenorchy. La Vallée ou
Coire est en avant de Glenlochay et s'élève de 800 à plus de
2500 pieds ; elle a environ 2 milles et demi de long. Beion-
Dobhrain, immortalisée par le poète dans son meilleur poème,
l'élève ù plus de 3500 pieds. Cette montagne était la retraite
favorite des cerfs et des chevreuils. On soupçonne que, lors
de son séjour ici, à un endroit nommé Bad-Odhar, il épousa
L . VIE DU POETE 5
Main Bhàn Og (la jeune et blonde Marie), dont il loua les
charmes en composant un des plus beaux poèmes de toute la
langue gaélique. Elle était la fille de parents à l'aise. Son
père, aussi nommé Mac an t-Saoir (Mac Intyre) était sous-
régisseur et aubergiste à Inveroran et probablement parent
du poète.
D'après son poème, nous apprenons avec quelle modestie
Donnchadh fit sa proposition, à cause de la haute position
sociale de la jeune fille ainsi que les excellentes qualités de
celle-ci plus tard lorsqu' elle devint sa femme. On ne sait
pas exactement à quelle époque Donnchadh renonça à sa
position de garde-forestier à Coire a' Cheathaich mais il le fit
après quelques années, à sa nomination comme garde-
forestier, soit du duc d'Argyll, soit du propriétaire de la
localité de Dalness et Buachaill Eite (Bergers d'Eite), nom
charmant- donné aux deux hautes montagnes jumelles,
dominant Glen Etive et Glencoe. Ici, il résida à un endroit
appelé Dalness et son occupation principale semble avoir été
de procurer de la venaison au propriétaire du Glen. Sans
doute avait-il beaucoup de temps de loisir dans lequel il in-
voqua la muse gaélique et idéalisa les beautés de la nature et
les gloires de la chasse. Sa maison est à présent en ruines et
l'on n'en voit plus que les fondations. Un chêne vigoureux
s'élève encore près du coin de la maison, et il peut bien avoir
existé du temps du poète. L'aspect sauvage de Glen Etive,
forêt royale, rendez- vous de chasse aux cerfs durant des
siècles, est presque sans pareil en Ecosse et probablement la
brièveté de son séjour ici explique les quelques allusions à ce
glen dans ses poèmes. Beinn-Dòbhrain dont il a habité le
voisinage si longtemps a toujours eu la première place dans
ses affections. Il est naturellement possible que l'extrême
sévérité de Glen Etive n'ait pas eu pour lui le même charme.
Les principales allusions se trouvent dans son ode à son fusil
de chasse, Nie Coiseam. La partie supérieure de Glen Etive
est associée à la légende de Deirdre, bien connue dans les
traditions gaéliques.
Quelques-uns, comme le feu Docteur Carmichael, placent
le " Grianan de Deirdre " à l'endroit même de la demeure
6 LA VIE Dl POETE
de Donnchadh Bàn : d'autres attirent l'attention sur un autre
" grianan " dans la vallée à l'extrémité est de Beinn Ceitilin,
appelé sur la carte géographique " Sunny Peak " (pie
ensoleillé). Ce " grianan " est l'endroit du glen sur lequel
les derniers rayons du soleil couchant reposent. Il semble
certainment une retraite sure! " Eilean Uisneaehain " dans
le Loch Etive a aussi rapport de la même façon à la légende
des fils d'Uisneach. Sous le patronage de Breadalbane,
Donnchadh fut enrôlé dans la Garde de la Cité d'Edimbourg.
D'après l'évidence intérieure fournie par son poème à son
fusil de la Garde, il est clair que le poète alla à Edimbourg
avant 1768, date de la première édition de ses poèmes. A
Edimbourg, il composa six poèmes, couronnés, de 1781 à 1789,
par la Société de la Haute-Ecosse à Londres, en louange du
gaélique et des cornemuses. En 1793, à l'âge de soixante
neuf ans — circonstance qui indique sa vigueur de corps et
d'esprit — il joignit le régiment de Breadalbane (Breadalbane
Fencibles), régiment volontaire formé pour la défense de
l'Ecosse, due à la crainte d'invasion occasionée par la Révo-
lution Française, et servit comme soldat jusqu' à ce que 1«
régiment fût dissous en 1799 : alors il retourna à la Garde
de la Ville d'Edimbourg.
Bien qu'il eût l'âme plus poétique que guerrière, ii aimait
la vie de soldat, trouvant grand plaisir dans la compagnie de
ses camarades au camp. D'après les rapports, très courts,
qui nous restent, on l'occupait à faire la cuisine. Dans cette
occupation, il ne semble pas avoir obtenu grand succès, sa
disposition poétique lui faisant très souvent oublier ses
devoirs, jusqu' à ce que l'appétit de ses compagnons le
rappelât à l'ordre.
Ici, il servit jusqu' en 1806, quand il prit sa retraite.
Nous ne savons exactement où il passa le reste de sa vie, mais
probablement à Edimbourg. Il mourut le 14 mai 1812 dans
sa quatre-vingt neuvième année et est enterré dans le cime-
tière do Greyfriars, Edimbourg. Sa femme mourut deux
ans plus tard et repose à ses côtés. Sa tombe est marquée par
un beau monument en pierre, érigé en 1855 par les admira-
teurs de son génie. TTn autre monument en forme de petit
LA VIE DU POETE 7
temple grec, fut érigé en sa mémoire près du Loch Awe,
Argyll, en 1859. Mais ses plus grands monuments sont,
Beinn-Dòbhrain, montagne que son chef d'oeuvre a rendu
presque sacré aux Gaëls écossais, et le volume de poésies que
ses talents innés ont laissé à jamais.
Le 19 Septembre 1802, quand il avait 78 ans, il visita
Beinn-Dòbhrain et les scènes de sa jeune virilité : ses impres-
sions et ses facultés poétiques, merveilleuses chez un homme
de son âge avancé, se voient dans son beau poème, " Cead
deireannach nam Beann," " Le dernier adieu aux mon-
tagnes."
Dans sa jeunesse, le poète était un homme d'aspect viril et
dans sa vieillesse, il présentait l'apparence d'un vénérable
patriarche, connu et respecté partout où il allait.
Il ne nous reste de lui que trois courts récits de témoins
oculaires :
" Je connais une dame de la Haute-Ecosse," dit le Prin-
cipal Shairp, " qui se souvient l'avoir vu alors qu'elle était
enfant, lors d'une visite chez son père à Mull. Il errait
partout avec la Belle Marie, encore belle, bien qu'elle ne fût
plus jeune. Il portait alors, si je m'en souviens bien, une
jupe écossaise de tartan, et sur la tête, un bonnet de peau de
renard. Il était blond, la mine agréable et joyeuse, des
manières attrayantes. C'était un homme aimable de tem-
pérament doux, qui n'attaquait jamais personne, disait-on,
sans provocation ; mais lorsqu'on l'attaquait, il savait
riposter de cette satire qui est si prompte chez la plupart des
poètes de la Haute-Ecosse."
Le Révérend Monsieur McCallum de Arisaig, le vit
" voyager lentement avec sa femme. H était vêtu du
costume écossais, d'un bonnet à carreaux, duquel pendait la
queue touffue d'un animal sauvage, une peau de blaireau
attachée à la ceinture par devant, un coutelas au côté, et un
havresac de soldat bouclé aux épaules. Aucune personne
présente ne l'avait encore vu, cependant on le reconnut
immédiatement. Un jeune homme hardi lui demanda si
8 LA VIE DV POETE
c'était lui qui avait fait Beinn-Dòbhrain ? ' Non,' répondit
le vieillard, ' Dieu fit Beinn-Dòbhrain, mais je l'ai louée '
(An tusa a rinn Beinn-Dòbhrain ?' ' Is e Dia a rinn Bcinn-
Dòbhrain, ach is mise a mhol i '). Il me demanda alors si je
voulais acheter un exemplaire de son livre. Je lui dis de
passer chez moi, le lui payai trois shillings, et je conversai
un peu avec lui. 11 parlait avec lenteur, il ne semblait pas
avoir une bien haute opinion de son propre ouvrage, et parla
]>eu de la poésie gaélique, mais dit que les officiers de l'armée
lui parlaient des poètes grecs et qu'il admirait surtout
Pindare."
A l'occasion du Festival, le 2 Septembre 1859, lorsque le
monument en mémoire du poète fut érigé, le Révérend John
Mac Intyre dit : —
Peut-être n'y a-t-il pas ici beaucoup de personnes qui
aient vu lu poète. J'ai eu le privilège, lorsque j'étais fort
jeune, de le voir chez mon père, accompagne de Màiri Bhàn
Og. Je me rappelle l'accueil cordial et même respectueux
avec lequel lo poète et sa femme furent reçus par mon père,
et comme il les plaça, chacun à ses côtés à la table du dîner.
Duncan Bàn était alors un vieillard de quatre vingts ans,
mais toujours robuste, il avait bon pied et bon oeil. II
était vêtu du costume complet des Ecossais, Màiri Bhàn Og
portait un manteau rouge élégant et beau, de bonne qualité,
elle avait l'air si gentille et si aimable, et avait conservé
beaucoup de cette beauté personnelle que le poète décrit d'une
façon si heureuse et si tendre."
De ces histoires, bien qu'elles soient brèves, des tradi-
tions orales recueillies, concernant le poète, et de ses poèmes,
son caractère personnel n'est pas difficile à connaître. Ne
sachant écrire, pendant des années, il garda dans sa mémoire
sa propre poésie, de même que probablement beaucoup de la
poésie populaire héroïque, oralement répandue dans son
temps.
3Î3 milliers de lignes de sa propre poésie étaient évidem-
ment en réserve dans sa mémoire, de cette façon, pour être
LA VIE i:i/ POETE 9
finalement mises en écrit sous la dictée même du poète, par le
Révérend Docteur Stewart, un des traducteurs de la Bible
Gaélique et par le Révérend Monsieur Mac Nicol, Lismore.
Le poète avait clairement un esprit bien balancé car sa
poésie n'indique pas d'émotions extrêmes, observateur profond
de tous détails de la nature, plein de sage sens commun,
toujours calme et stable.
Il avait aussi de l'esprit, de la sympathie et un bon
tempérament, malgré ses quelques satires. Il voyageait
beaucoup dans la Haute-Ecosse, avait la repartie très vive et
était toujours désireux d' être sociable.
Beaucoup de ses voyages à travers les montagnes de
l'Ecosse furent entrepris simplement pour obtenir des
souscripteurs pour son livre. A une occasion, tandis qu'il
récitait quelques-unes de ses propres poésies à Fort William,
il le fit tenant son livre sens dessus-dessous. Un des audi-
teurs s'en apercevant en fit la remarque au poète qui
répondit froidement: " Is coma do sgoilear math dé an
ceann a bhios ris " — " Il importe peu à un bon écolier, de
quelle façon il tient son livre." Ceci seul indique comme il
prenait bien une plaisanterie faite à ses propres dépens.
Malgré son amour intense pour tous les animaux et les
oiseaux, personne plus que lui ne pouvait jouir de la chasse.
Nous rencontrons le même trait dans la poésie de Sir Walter
Scott. Il aimait à prendre un verre en compagnie, mais
n'allait jamais à l'extrême, comme son contemporain plus
renommé, le poète Burns. Nous pouvons nous imaginer le
clignotement jovial dans l'oeil du poète comme il dit :
" ' Is mor na mliaoidheas orm mo dheoch,
Ach 's beag na dh' fhidireas mo phadhadh."
'"' Nombreux sont ceux qui secouent la tête quand je prends
la goutte,
Mais rares sont ceux qui sympathisent avec ma soif."
Comme il n'est pas extraordinaire chez des hommes
réellement grands, Mac an t-Saoir était très modeste, sAurtout
à l'égard de son propre travail. Lorsqu' il en parlait, il
10 LA VIE DU POETE
semblait insensible de sa valeur intrinsèque ; ni sa modestie,
ni son indifférence apparente sur ce point ne semblent
affectées, ni dues à une confiance consciente en ses facultés-
personnelles. Il est toujours satisfait de ce que la vie lui a
donné et ne souffre jamais d'ambitions désappointées. En
tous points sa personnalité est particulièrement charmante,
et il est peu étonnant que parmi ses compatriotes il soit le
poète le plus aimé de tous.
11
ARRIERE PLAN HISTORIQUE
ET ORGANISATION SOCIALE A L'EPOQUE
DU POETE
Lorsque le poète eut atteint sa vingt-cinquième année (1749;
l'organisation sociale dans les Hautes-Terres de l'Ecosse avait
commencé à subir une transformation complète. L'ancien
système des Clans venait ou était sur le point, de disparaître.
La chaîne des montagnes de la Haute-Ecosse, les vallées
isolées, les îles innombrables et les bras de mer expliquent
l'ancienne distribution des habitants en clans ou tribus et
sans doute aussi l'origine de beaucoup de leurs attitudes
sociales et institutions. En l'année 84 a.d., les Romains
sous Agricola furent réprimés dans leur élan par les Calé-
doniens, un peuple Celte conduit par Calgâcus, au pied des
Monts Grampians près d'Ardoch, dans le comté de Pertli.
et désormais, protégés par les montagnes contre l'invasion
sur une grande échelle, les tribus du nord étaient libres de
se développer et de se civiliser à leur propre gré, tout à fait
■exemptes de l'influence romaine. Sans tenir compte des
aborigènes pré-celtiques, les races au nord de la ligne des
places fortes d'Agricola, située entre le Forth et la Clyde,
étaient dès le commencement de l'histoire les Calédoniens
(ensuite appelés les Pietés) et les Scots qui parlaient tous
deux, une langue celtique. Les Scots venaient de l'Hibernie
(Irlande) dans les premiers siècles de notre ère, apportant
avec eux la langue gaélique.
Sur ce point je suis tout à fait de l'avis de Kuno Meyear.*
MacBain et Watson. La langue des Pietés céda devant le
* D'après Meyer : " Pas un Gaël ne mit le pied sur le sol britan-
aique qui ne fût venu d'Irlande."
12 IALE
Scots, probablement au neuvième siècle, quand
à s'appeler Ecosse (Scotland).t
Les invasions des Vikings (du 8ème au I3ème siècle)
ajouta uii grand élément de sang Scandinave au nord-ouest de
l'Ecosse mais les envahisseurs s'assimilèrent peu à peu a*
système social des Scots (des Gaëls) comme le firent aussi les
puissants barons Anglo-Normands à qui les rois Malcolm
Canmore el David 1er (11-12 siècles) avaient donné des terres
au nord de l'Ecosse. Vers la fin du treizième siècle, absolu-
ment tous parlaient gaélique comme les Scots eux-mêmes et
<juelques-uns des plus puissants des chefs Highlanders plus
tard traçaient leur origine ou quelque lien de famille, des
Vikings et des barons nomands, par exemple les MacDonalds,
tes MacLeods, les Frasers.;
Malgré ce grand mélange de races, en 1745, le nombre
des habitants des Hautes-Terres Ecossaises ne dépassait pas
100,000, ou environ un douzième de la population de
l'Ecosse à ce temps-là.
Les hommes qui se sont signalés par leurs talents de
guerre ou de conseil devinrent dans le cours naturel des
choses, chefs, et chaque district était vraiment un petit état
indépendant.
Le gouvernement- de chaque district tribal était, d'abord,
plus patriarcal que féodal, la souveraineté du chef était,
d'ordinaire, héréditaire, et l'organisation sociale fut fondée
sur un usage et un accord général. Les membres de chaque
clan se regardaient, les uns les autres, comme les membres
d'une famille et le chef était considéré comme le grand pivot
de l'organisation sociale. Entre ses mains, reposait par
accord mutuel, tout pouvoir de lever des hommes pour la
t En gaélique écossais " Ecosse " est " Alba "; le mot " Scot "
pas dans la Langue parlée. De nos jours, au point de vue de
langue, le terme " Scots " (ou Broad Scotch) s'applique uniquement
anglais du nord, encore couramment employé dans les
de l'Ecosse.
d< chevaliers normands que le roi David 1er honorait qui
se aommail Walter Fitz Alan et reçut le titre de High Steward of
Bootland (Grand Intendant de l'Ecosse) fut le fondateur de la
tû royale des Stewarts (ou Stuarts).
ORGANISATION SOCIALE 13
guerre, de distribuer des terres et de prononcer des juge-
ments. De fait, il était propriétaire, chef et juge. D'ordin-
aire, les ordres des chefs pour la guerre ou pour la chasBe
étaient obéis avec empressement, quelque fût la sévérité ou le
sérieux du devoir à accomplir, mais l'on connaît des ca9 ok
les chefs furent déposés quand ils employaient leur pouvoir
trop arbitrairement ou trop cruellement.
Le témoignage authentique qui suit, de la tyrannie d'un
chef aussi récemment que 1730, de Burt (Letters from the
North of Scotland. Ed. 1754), était, nous devons espérer,
exceptionnel :
" Je me trouvais chez un certain chef quand le chef d'une
tribu appartenant à un autre clan vint rendre visite; après
avoir causé de différentes choses, je lui dis que je pensais que
quelques-uns de ses gens n'avaient pas agi envers moi dans une
affaire particulière, avec toute la civilité que j'espérais du
clan. Il bondit et immédiatement d'un air féroce, porta la
main à son épée, et me dit que, si je désirais, il m'enverrait
deux ou trois de leurs têtes. Mais moi, pensant vraiment
qu'il avait plaisanté et bien joué la comédie (car la plaisan-
terie n'est pas leur talent) m'exclamai, comme si j'appréciai»
sa capacité de faire une farce ; là-dessus, il prit, si possible,
un air encore plus sérieux et me dit d'une manière tranchante
qu'il était homme à tenir sa parole, et l'autre chef présent ne
nt aucune objection à ce qu'il disait."
D'ordinaire, chaque membre d'un clan serrait la main à
son chef d'une manière respectueuse mais à la fois indé-
pendante, civilement mais non pas servilement, et c'était
l'intérêt du chef de cultiver la loyauté et de stimuler les
instincts guerriers car les membres de son clan étaient sa
sauvegarde et une grande partie de sa richesse. Par consé-
quent il avait soin que chaque terre fût convenablement
partagée et subdivisée et que, autant que possible, ses officiers
ou métayers qui souvent étaient ses proches parents, fussent
des hommes de valeur, remarquables de mérite et de juge-
ment.
14 ORGANISATION SOCIALE
Les règlements auxquels le chef devait se conformer étaient
simples en une organisation tribale si primitive où la loyauté
envers lui était absolue et où sa manière de gouverner était
celle d'un père.
Mais l'opposition et la rivalité entre les clans entre-
tenaient constamment un esprit hostile et militaire dans la
Haute-Ecosse. Une forme d'attaque préférée spécialement,
quand un jeune chef voulait s'assurer la confiance de son
clan, était de faire une incursion dans le territoire d'un clan
hostile, ou dans les Terres-Basses qu'ils considéraient comme
leur proie naturelle, et d'emporter leur bétail. Des repré-
sailles s'ensuivaient naturellement, mais des épisodes de telle
nature étaient regardés par les vieux montagnards écossais
comme part et parti de leur instruction de guerriers et
membres du clan.
L'ancienne société montagnarde organisée de cette façon
regardait l'ordre des poètes de profession comme très
important. Chaque chef avait dans sa suite son Barde ou
" Seanachaidh " (historien) dont le métier était de stimuler
les sentiments et les émotions de son audience en chantant ou
en récitant les prouesses et la bravoure de leurs ancêtres et
de leurs amis. Ces bardes avaient une mémoire fidèle, ils
suivaient les clans au combat, passant de ligne en ligne,
encourageant, exhortant, entretenant l'enthousiasme.
Jusqu' au commencement du 17ème siècle, ces bardes pro-
fessionels étaient très souvent des hommes de savoir qui
supportaient une discipline longue et pénible et quand ils
écrivaient le gaélique, employaient un type littéraire et
archaïque de langage qui n'était compris, pour la plupart,
que de quelques-uns des plus instruits parmi les chefs ou par
les gentilshommes montagnards.
A cette époque ces hommes de rang, bardes et musiciens
professionels, achevaient leur éducation dans les collèges
d'Irlande. (Joyce, T. I., Social History of Ancient Ireland,
]>. 596). Ceci est prouvé par les records du Conseil Privé de
ce temps. (V. aussi Reliquise Celticse, 1894. T. II., Books
of ClanranaldV Cet ancien système social reçut son premier
-cisif on 1494, par la chute des Seigneurs dea Iles, les
ORGANISATION SOCIALE 15
conducteurs du grand Clan MacDonald dont un des chefs
fameux rendit des services signalés au roi Robert The Bruce,
à la bataille de Bannockburn en 1314.
Dès le commencement du 16ème siècle, et par la suite, le
gouvernement central réussit, petit à petit, à contenir efficace-
ment les chefs montagnards au moyen de ruses variées et
finalement, les mesures prises après les rebellions de 1715 et
1745 dans l'intérêt des Jacobites détruisirent, pour toujours,
l'ancien régime gaélique et le barde professionel et l'historien
disparurent en même temps.
Ainsi au début du 18ème siècle, à l'époque de la naissance du
poète, nous voyons, dans la Haute-Ecosse, un peuple primitif
ayant peu de rapports avec la masse des habitants du pays
dans lequel ils vivaient, remarquable par ses moeurs parti-
culières, sa mode de s'habiller, son langage, sa musique, et
dont l'organisation sociale était sans parallèle exacte en
Europe. Leurs habitudes militaires les inclinaient à mépriser
toute occupation paisible ou manuelle. Les artisans tels que
tisserands ou savetiers, s'il y en avait, étaient présentés à la
compagnie avec une excuse: " Breabadair le'r cead " (un
tisserand, avec votre permission).
On laissait la culture au soin des " Sgalagan," ou gens
les plus bas de la société. Les gentilshommes passaient leur
temps à la chasse ou à la guerre. La tâche de chacun était
bien définie. Les clans les plus importants à cette époque
étaient d'une trentaine, occupant des districts bien distincts
dans les comtés de Sutherland, Ross, Inverness, Argyll et
Perth. Les clans moins importants occupaient des parties
des comtés de Dumbarton, Stirling, Elgin, Nairn et partie de
l'ouest d'Aberdeen. Les moindres clans tels que celui de
Mac Intyre (Mac an t-Saoir) vivaient sous le protectorat des
clans plus importants de leur voisinage. Le clan le plus fort
de tous, les Campbells occupaient la plupart d 'Argyll sous
leur chef, " Mac Cailein Mor," duc d'Argyll ; la partie est du
comté, appartenait à son proche parent, le comte de Bread-
albane, dont le territoire s'étendait dans le comté de Perth T
bien au-delà de Taymouth (Bealach) une de ses résidences.
16 ORGANIS ITIOA SOCIALE
Glenorchy, où naquit le poète, faisait, comme nous l'avons
vu, partie de ses terres.
D'après les rapports du Général Wade (1724 et 1727),
fondés sur les renseignements intimes de Forbes de Culloden,
le duc d'Argyll pouvait alors lever sur ses propres terres trois
mille combattants et Breadalbane, mille. Ce clan " Whig "
comme il était appelé dans le siècle précédent avait long-
temps supporté les gouvernements royalistes et anti-Jacobites
et avait acquis du pouvoir aux dépens des autres clans,
surtout des MacDonalds. Les clans importants voisins au
nord et à l'ouest tels que les MacDonalds, les Stewarts, les
Macleans et les Camerons détestaient cordialement les Camp-
bells, qui à leur avis, se rangeaient du côté le plus fort et le
plus sûr.
Mémoires des guerres de Mon tr ose (1645) de Claverhouse
(1689) et du massacre de Glencoe (1692) intensifièrent la
haine commune pour ce clan d'Argyll et la loyauté des autre»
clans envers la maison des Stuarts. Les Jacobites d'Angle-
terre et de France s'en rendaient bien compte et considéraient
les clans, non sans raison, comme leur plus sûr appui. Cette
loyauté aux Stuarts avait aussi ses profondes racines
dans le système des clans. Le chef et les suivants avaient
dans le cours des âges acquis une haute considération pour
les droits héréditaires et avaient en conséquence un profond
respect pour la doctrine de " Droit Divin des Rois " (Divine
Right of Kings). En plus, la poésie vigoureuse du barde
renommé, Jean MacDonald* (Iain Lom : Jean le Chauve,
* Une histoire traditionnelle de ce poète et qui court encore
parmi les vieux Gaels de l'ouest, montre combien la vie d'un barde
gaélique, à cette époque, était sacrée. A la bataille d'Inverlocby
(Inbhir-Lòchaidh, 1645) où les Campbells furent sévèrement battus,
Iain Lom fut placé sur les créneaux de l'ancien château d'Invcrlochy
par Alexandre MacDonald (le fameux guerrier Alasdair Mac Cholla
Chiotaich), pour assister à la bataille et pouvoir ensuite louer les
exploita des MacDonalds vainqueurs. Le marquis d'Argyll qui
ressentait beaucoup la satire du poète offrit une récompense pour sa
tête. Fort de sa position de barde qui le rendait inviolable, le. poète
se rendit lui-même chez son ennemi, au château d'Inverary, pour
réclamer la récompense promise. Le marquis lui fit bon accueil et
lui fit visiter le château. En traversant une salle où étaient
ORGANISATION SOCIALE 17
c. 1620-1710), qui était un ennemi féroce des Campbells,
avait beaucoup d'influence comme en avaient aussi les
chansons populaires qui étaient, toutes, en faveur des Stuarts.
En ce temps-là, les hommes d'un clan n'hésitaient
jamais ni ne raisonnaient de quel côté se ranger quand le
chef donnait des ordres ; ils obéissaient simplement, et le
faisaient d'autant plus volontiers et allègrement quand
l'expédition promettait du butin, et de la revanche, sur les
Campbells. Des différents religieux, tels qu'il y en avait en
Angleterre et dans les Basses-Terres écossaises n'existaient
pas dans la Haute-Ecosse. La religion du montagnard de ce
temps, était un mélange de ses anciennes croyances super-
stitieuses et de la simple vérité du Christianisme. En effet,
la majorité des clans qui se levèrent avec le Prince Charles
était presbytérienne. La cause des Stuarts était si populaire
parmi les hommes de rang et les membres des clans de la
Haute-Ecosse, que même Donnchadh Bàn, notre poète,
presbytérien, né et élevé sur le sol des Campbells, fut, dit-on,
mis en prison pour avoir publié " Oran do'n Bhriogais "
(Chanson aux Culottes) 1768. En tout cas, ce poème n'a pas
paru dans sa seconde édition (1790).
Si les clans, dont les chefs furent retenus par le conseil et
l'influence de Forbes de Culloden, avaient supporté le Prince,
il semble probable que Londres eût été pris et la maison de
Hanover renversée.
La haute politique à l'étranger appréciait à juste raison,
la puissance militaire des clans.
suspendues des têtes de coqs de bruyère, t on grande quantité, le
marquis demanda en gaélique : " Am fac thu riamh, Iain, an uiread
sin de choilich dhubha an aon àite?" " Chunnaic," dit Iain.
" C'àite?" " An Inbbir-Lòchaidh." " Ah ! Iain, Iain, cha sguir
thu gu bràth de chagnadh nan Caimbeulach." " Is duilich learn "
dit Iain " nach urrainn mi an slugadli." (Eh bien ! Jean avez-vous
jamais vu autant de coqs de bruyère rassemblés en un même
endroit?" "Oui." " Où donc?" "A Invcrlochy " (allusion à la
défaite des Campbells). " Ah ! Jean, Jean, vous ne cesserez jamais
de mâcher les Campbells." " Je regrette de ne pouvoir les avaler ").
Enfin le marquis le congédia amicalement.
t Symbole des Campbells.
18 ORGANISATION SOCIALE
Avant sa mort en décembre 1718, dans les tranchées de
Frederikshald, Norvège. Charles XII. projetait d'envahir
l'Ecosse avec 12,000 soldats suédois, pour coopérer avec les
clans à l'aide des Jacobites. La France qui avait été un asile
pour les Jacobite6 exilés d'Angleterre et d'Ecosse, prenait
aussi ^rand intérêt. En 1708, Louis XIV. qui avait,
auparavant, aidé Jacques II. (mort à Saint-Germain 1701),
sur terre et sur mer, envoya une flotte sous les ordres
de l'amiral Fourbin, avec 4000 troupes pour soutenir le Vieux
Prétendant. Cette flotte atteignit la côte écossaise à Mon-
trose, mais pour une raison quelconque retourna en France.
Quand la rébellion de 1715 échoua plusieurs chefs
renommés des Hautes-Terres écossaises, y compris Clanranald,
Lochiel, Seaforth et Tullibardine se réfugièrent en France.
L'Angleterre, toujours craignant le nord distant, avait,
vers 1730, construit de grands chemins militaires de Perth à
Inverness, par Dunkeld et Blair-Atholl, et d' Inverness le
long de la ligne du canal calédonien, à Fort-William. Le
long de cette ligne pour dominer les clans, elle avait placé
trois forteresses, une à Inverness, une autre à Fort Augustus,
et la troisième à Inverlochy (Fort-William).
En 1740, les chefs jacobites s'assemblèrent à Edimbourg
et rédigèrent un traité par lequel ils s'engageaient à prendre
les armes pour les Stuarts si la France prêtait assistance.
Ce document fut signé par Lord Lovât, le duc de Perth, lord
Traquair. Lochiel et d'autres.
On sonda la cour française et le cardinal Tencin qui, à la
mort du cardinal Fleury, en 1743, devint premier ministre
du roi Louis XV., s'occupait activement en faveur des
Stuarts. On entreprit une expédition, mais comme toutes les
entreprises jacobites elle échoua.* Pendant l'embarquement
à Dunkerque, un orage se leva, des hommes et des navires se
perdirent et l'expédition fut abandonnée.
* Si quelque chose justifie ceux qui croyent une fatalité à
laquelle ricu ne peut se soustraire," écrit Voltaire, " c'est cette
suite continuelle de malheurs qui a persécuté la maison de Stuart
pendant plus de trois cents années."
ORGANISATION SOCIALE 19
Néanmoins l'intérêt français dans la grande aventure du
Jeune Prétendant restait grand, et un régiment français de
volontaires commandé par Lord John Drummond prit part
à la bataille de Falkirk, en 1746.
Le poète, qui y était présent, parle de ces soldats français
avec honneur dans son poème à la bataille. Enfin, c'était
un corsaire de Saint-Malo, étrangement malnommé
" l'heureux," qui ramena en France le Prince fugitif et
quelques-uns des chefs proscrits.
Après la débâcle jacobite à la bataille de Culloden en
1746, passa un Acte de Désarmement* exigeant la déposition
dxi costume national écossais et des armes. Un acte suppri-
mant la Jurisdiction Héréditaire en Ecosse suivit en 1749.
Un grand nombre de vieux chefs gaéliques furent bannis
mais ceux qui furent laissés, qu'ils fussent restés loyaux ou
non, avec leurs suivants eurent à se soumettre à la perte de
leurs habitudes nationales. Sous une loi, demi-martiale les
montagnards émigrèrent on grand nombre et beaucoup
s'enrôlèrent dans des régiments en service à l'étranger.
Ainsi les événements et les expériences historiques et sociales
durant la longue vie de Donnchadh Bàn s'enchaînaient de la
façon la plus frappante.
Il avait vu ses montagnes saturées du féodalisme des clans,
son pays bouleversé par des complots jacobites et des chefs
puissants qui étaient, parfois, sans scrupule. Il avait vu
aussi la vénération du peuple pour les gens de rang à son
comble, senti l'esprit de chevalerie et remarqué des incidents
* €et ordre à l'égard du costume était ainsi conçu : — " Je,
soussigné, jure, comme si je répondais à Dieu au jour du jugement,
que je n'ai, ni n'aurai, en ma possession aucun fusil, épée, pistolet
ou arme d'aucune sorte et ne porterai jamais de tartan, de plaid,
ni aucun vêtement du costume écossais national et si je le fais, que
jo sois maudit dans mes entreprises, ma famille et ma propriété.
Puisse- je ne jamais voir ma femme et mes enfants, mon père, ma
mère ou mes parents. Puissé-je, être tué dans la bataille comme un
poltron et reposer sans sépulture chrétienne dans un pays étranger,
loin de la tombe de mes pères et de ma parenté : que tout ceci
m 'arrive si je manque à mon serment."
Ceux qui ont composé les termes de ce serment comprenaient,
évidemment, le caractère des montagnards à cette époque.
20 ORGANISATION SOCIALE
d'audace personnelle et d'aventure romantique, à une époque
où l'esprit le plus fermé devrait être éveillé.
Il avait pu remarquer du noble orgueil et de la dignité de
race dans d'humbles entourages et, malgré leur pauvreté, les
gens du peuple montraient un esprit d'hospitalité, de politesse
et de l'intelligence. Il vit combien il fallait faire d'efforts
pour acquérir des qualités viriles et ce qui devait l'intéresser
tout spécialement, la disparition du barde professionnel avec
sa flatterie caractéristique envers ses supérieurs, tandis que
les récits héroïques et les légendes demeuraient. Avec
barde professionnel disparut aussi la harpe, instrument
musical national, qui fut remplacée au début de sa vie par-
la cornemuse plus martiale.
Il voyait les gens habitués à se contenter de peu et avait
pris sa grande part dans la vie pastorale des pâturages,
connaissait bien les foires, les fêtes, la vie de soldat, de
combat, de chasse, de pêche et la société joviale des auberges.
Il avait une grande expérience de toutes ces choses, long-
temps avant de quitter Glen Etive, et les changements qu'il
remarqua plus tard et regretta, comprenaient la rupture des
anciens liens existant entre les hommes d'un clan et leur
chef; au lieu du chef paternel se trouvait le propriétaire,
quelquefois un étranger, toujours prêt à augmenter le loyer
des pauvres tenanciers, à les expulser de leurs terres afin de les
remplacer par du bétail et, plus tard, par des moutons, dont
la laine, grâce à l'établissement d'usines, fut en grande
demande en Angleterre.
Lui-même fut assez heureux dans la façon dont il était
traité par son chef et patron, mais les changements l'obli-
gèrent— lui, poète doué, de premier rang — à quitter son occu-
pation favorite de garde-forestier et à travailler, pour douze
sous par jour, dans une cité tandis que son coeur était
demeuré dans son pays natal.
Si une note de ressentiment se fait sentir ici et là dans sa
poésie, nous ne sommes pas surpris. Heureusement il vécut
pour voir et chanter la restauration des terres confisquées et
de son costume national en 1782.
ORGANISATION* SOCIALE 21
Jusqu' à la fin du siècle, il pouvait passer ses congés dans
ses montagnes et réciter sa poésie à des auditeurs attentifs.
Dans les chaumières des paysans l'hospitalité se montrait
comme au temps jadis, mais les liens féodaux étaient passés
de mode, les vieilles associations s'étaient écroulées, on com-
mençait à réaliser la valeur de l'argent, le désir d'accumuler
se faisait voir : de plus en plus, on entrait en contact avec le
monde extérieur mais jusque-là, apparemment, les foyers et
les coutumes des gens ordinaires, n'avaient changé que très
peu, dans les vallons écartés.
Il vécut longtemps mais, à peine assez longtemps, pour
voir le commencement réel de l'Ecosse moderne avec son
agriculture, son industrie et son commerce prospères.
A l'époque de Donnchadh Bàn appartiennent aussi les
grands noms d'Alexandre Mac Donald (Alasdair Mac
Mhaighstir Alasdair) le Tyrtseus de la Révolution de 1745,
comme on l'appelait, le plus martial des poètes gaéliques,
Iain Mac Codrum, Dughall Bochanan et Rob Donn. Au
temps de Donnchadh Bàn et de ces grands poètes, la langue
gaélique était à son mieux, flexible et sonore, harmonieuse
avec son merveilleux système vocal et capable d'exprimer
toutes sortes d'émotions sous une grande variété de formes.
De plus, tous les montagnards écossais avaient de la sym-
pathie pour leur langue maternelle et, quelque fût l'endroit
où ils s'assemblaient, chants et histoires étaient à l'ordre du
jour, chansons et récits des choses passées, d'humbles choses,
d'occupations communes. Au fait, ceux qui pouvaient
chanter et réciter le mieux, étaient les plus estimés des grands
et des petits.
Les vieilles narrations héroïques, telles que celles que l'on
trouve dans les " Popular Taies of the West Highlands " de
Campbell, étaient répandues partout et connues de tout le
monde. Beaucoup avaient le don de composer de très bons
vers, d'improviser quand l'occasion le demandait.
Beaucoup de ceux-ci, parmi lesquels Donnchadh Bàn
grandit, étaient, sans aucun doute, doués de cette façon.
Les histoires du vieux monde comme celles rédigées dans
les " Popular Taies of the West Highlands " par Campbell,
22 ORGANISATION SOCIALE
qu'il entendit de cette façon, eurent leur part dans sa culture,
car en dépit de son manque de connaissance de livres, il
était fort bien éduqué. Son langage abondant doit probable-
ment quelque chose à la facilité, à la fraîcheur et à la
simplicité de tout ce qu'il entendit de cette façon, pendant
les longues soirées d'hiver à son foyer, car il a dû écouter avec
des oreilles vives. Il vivait, comme nous l'avons vu, lorsque
les montagnards étaient, potentiellement, des soldats prêts à
partir en campagne à tous moments, quand ses compatriotes,
montagnards élevés dans la pauvreté, acquéraient de l'audace
pour supporter des privations sévères et quand la simplicité
de leur vie donnait de la vigueur au corps et de la force à
l'esprit. Enfin quand la vie dans les vallées et parmi les
montagnes offrait une issue libre aux qualités personnelles de
la meilleure trempe.
Nous pouvons comprendre combien il était en contact avec
l'ancien régime, quand nous nous rappelons que Rob Roy (V.
le roman 'Rob Roy' par Sir Walter Scott) le proscrit renommé
du clan Mac Gregor était encore en vie dans le voisinage, à
Balquhidder, quand Donnchadh Bàn était jeune homme. Et
aussi nous ne devons pas oublier que le poète était limité à
la langue gaélique, qu'il n'avait aucun accès aux livres, que
aon premier entourage, lorsqu'il composa son meilleur
ouvrage, excluait toute influence étrangère et que ses poèmes
sont dûs, par conséquent, directement et uniquement à la
force et à l'originalité de son propre génie.
23
ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
L'orthographe usuelle telle que nous l'employons aujourcl'
hui pour le gaélique écossais, date, pour ce qui est des livres
imprimés, d'environ 1750. Le premier livre gaélique qui fût
imprimé, soit en Ecosse, soit en Irlande, fut la traduction
par Jean Carswell, évêque des Iles, 1567, de la Liturgie de
Jean Knox, le Réformateur.
Cet ouvrage est écrit dans le gaélique écossais littéraire
de cette époque et quoiqu'en bien des sens il ressemble à
l'irlandais moyen, l'orthographe employée est dans des points
importants, de style moderne.
Il nous est difficile de dire d'où Carswell tient son ortho-
graphe ; il était en tout cas, au courant des manuscrits et du
style des scribes, mais l'on peut conclure d'après sa dédicace,
qu'il était encore possible d'obtenir une bonne connaissance
du gaélique littéraire dans les écoles bardiques ou ecclésias-
tiques qui fonctionnaient.
L'extrait suivant de sa dédicace est intéressant non seule-
ment au point de vue de l'orthographe, mais aussi pour
montrer la condition de l'instruction littéraire dans la Haute
Ecosse en 1567. Faisant allusion aux difficultés qu'il avait à
envisager dans sa tache, il dit: —
" Is tearc neach agabfuil ceart canamhna na gaoidheilge
agas ni na Nalbain amhain acht Anerind fein act mara bfuil se
ag beagan daois ealadhna mhaith re dan agas re seanchus
agas ag méidigin do mhacaibh maith leighind agas arnadh-
bharsin da bfaghadh saoi re healadhain locht sgriobhtha no
deachtaidh sa leabhar bheagsa gabhadh se mo leithsgelsa or ni
dhearrna mè saothar na foghluim sa ngaoidhleig acht amhain
mar gach nduine don pobal choitchind." — (" Très peu de
personnes en Ecosse et même en Irlande connaissent à fond
24 OIÌTIIoci: I /'///;. iCCENTS. SONS
la langue gaélique. Cette connaissance se borne à- quelques
vieux poètes et historiens et quelques hommes de lettres.
Donc, si quelque érudit gaélique trouve des fautes, soit dans
l'orthographe, soit dans la composition de ce petit volume,
qu'il veuille bien me pardonner, car je n'ai jamais étudié la
langue, ni n'en ai-je une connaissance plus approfondie que
celle que possèdent les gens ordinaires ").
Carswell n'apprit pas ce dialecte littéraire en Irlande,
car nous n'avons aucune raison de penser qu'il allât jamais
dans ce pays. D'autre part il n'était pas obligé comme les
poètes ou les historiens, de suivre le style littéraire rigide et
traditionnel, de rigjeur dans les deux pays.
Du côté moderne son orthographe montre :
i 1 ) adhérence assez constante à la règle :
" Leathann ri leathann is caol ri caol '' :
(2) adoucissement des consonnes régulièrement indiqué
par " h " :
(3) l'effet de la finale nasale sur certaines consonnes
initiales comme dans l'irlandais moderne.
Le livre du Doyen de Lismore (circa 1512-1526) montre
une orthographe phonétique créée par les compilateurs et
difficile à interpréter. Contrairement à la diction littéraire
de Carswell le langage employé par le Doyen, qui était son
contemporain plus âgé, laisse voir fréquemment des termes
modernes qui étaient devenus courants dès le 15ème siècle.
Le manuscrit Fèrnaig (1688) était aussi écrit sur une base
phonétique de la même espèce composée par le compilateur
Duncan Mac Rae. Pour ceux-ci, on employa l'aphabet
romain, mais les bardes professionnels employaient invari-
ablement dans leurs manuscrits la vieille écriture irlandaise.
("est vers le commencement du 18ème siècle que la Bible
irlandaise Bedell imprimée en caractères irlandais apparut
dan^ les Hautes-Terres écossaises. Elle ne se répandit que
peu, pour commencer; les pasteurs s'en servaient du haut de
la chaire et quand cela était nécessaire, la traduisaient —
souvent imparfaitement — pour leur auditoire, en gaélique
écossais courant. Le Révérend Robert Kirke (1644-1692)
ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS 25
transcrit cette Bible en caractères romains et pendant tout le
18ème siècle, elle fut la seule Bible complète usitée dans la
Haute-Ecosse. Alexandre Mac Donald (Mac Mhaighstir
Alasdair le poète c. 1700-1770) et son fils, Ranald, écrivirent
leurs manuscrits en caractères irlandais et semblent être les
derniers à le faire.
Depuis la Réforme et la Colonisation de l'Ulster par
Jacques 1er (1611) les rapports entre l'Irlande et l'Ecosse se
sont tendus de plus en plus et le gaélique écossais s'est
développé d'une façon indépendante.
En 1767, une édition du Nouveau Testament fut publiée
en gaélique, sous la direction du Révérend Dr Stewart de
Killin, dont le fils, le Révérend Dr Stewart de Luss, un
érudit également renommé fut le principal éditeur de la
Bible gaélique de 1801. Ce Dr Stewart fut aussi le premier
qui écrivit la poésie de Donnchadh Bàn et son travail porte
les empreintes des soins munitieux du savant. Ces Stewart»
père et fils, et d'autres savants gaéliques éminents de cette
époque, tel que le Dr Smith, Campbeltown, R. Armstrong,
Ewen Mac Lachlan, MacKintosh MacKay, sentirent tous la
nécessité de réformer l'orthographe traditionnelle, d'une
façon saine et acceptable.
Ainsi l'orthographe du dictionnaire de la Société High-
land (1828) et celle de la Bible gaélique éditée par Stewart,
indiquent une grande uniformité et sauf où, dans l'occasion,
la recherche moderne a révélé de petites favites, est le modèle
de l'orthographe de nos jours. Cette orthographe montre: —
(1°) une stricte adhérence laquelle n'est pas toujours
soutenable, à la règle moderne, déjà mentionnée
quant à l'assimilation vocalique :
Leathann ri leathann is caol ri caol.
Vélaire avec vélaire, palatale avec palatale.
(2°) un changement motivé par des raisons d'étymologie
et de prononciation, savoir, l'absence totale de
l'application de la loi irlandaise de l'éclipsé (c-à-d.
la modification des consonnes initiales résultant
du contact d'un "n" final d'un mot précédent et
26 ORTHOGRAPHE, ACCENTS. SONS
intimement lié) car les vieilles réglée de3 gram-
mariens ne représentaient plus la prononciation
écossaise. Même le manuscrit Fernaig (1688)
contient peu d'exemples d'éclipsé. La nasale de
l'article défini et des pronoms est devenue "m"
précédant les labiales. Si le mot suivant arn,
"notre," bhurn, "votre," commence par une
voyelle, la nasale se relie au mot suivant par un
trait d'union, ar n-athair, notre père. Quelques
phrases très usitées gardent l'ancienne influence:
a bhàn a bhfàn (a nfàn)
gu bheil (gu'm feil gu bhfeil)
Dans certaines localités, surtout dans le nord de
l'Ecosse la langue parlée a retenu quelques traces
de cette nasalisation.
On entend, par exemple :
An déid thu? Irez-vous?
Tir na mbeann. Pays des montagnes.
Mais on écrit toujours " an téid thu?" ^i " Tir
nam beann." En Argyll l'éclipsé dans la langue
parlée est devenue très rare.
(3°) l'adoucissement des consonnes initiales, médiales et
finales indiqué par la lettre "h" sauf les liquides
1, n, r, qui ne portent aucune marque spéciale.
Le poète eut ainsi la bonne chance d'avoir le Dr Stewart
de Luss pour mettre ses poèmes en écrit. Sa poésie parut en
six éditions, 1768, 1790, 1804, 1834, 1848 (8 fois réimprimée)
et 1912.
En vue de cette étude, ces éditions ont été soigneusement
examinées. De toutes ces éditions les textes gaéliques de la
1ère (Dr Stewart) et de la dernière (Dr Calder) sont les plus
exactes et les plus satisfaisants.
Le Dr Calder est. en ce moment, conférencier de gaélique
à l'Université de Glasgow, et l'été dernier, il fut assez aimable
de me donner l'occasion de lire avec lui les parties du texte
gaélique qui me semblaient obscures. Ceci m'a mis a même
ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS 27
de donner les textes gaéliques des poèmes choisis pour cette
thèse, aussi exactes que possible. Car tandis que je me
permets d'interpréter le gaélique du poète différemment que
le Dr Calder, et cela beaucoup plus souvent que je ne puis
dire, j'ai trouvé très peu de cause de ne pas être d'accord
avec lui, quant à l'exactitude du propre texte gaélique. Pour
les quelques difficultés qui restaient à éclaircir, j'ai gardé le
texte de la 1ère édition. Des renseignements précis seront
donnés dans les annotations.
Dans les poèmes cités, l'apostrophe peut sembler abonder.
Aujourd'hui, la règle en Ecosse est d'écrire les mots gaéliques,
en entier, sauf dans les phrases très usitées, et dans la prose,
c'est une bonne règle à suivre. Cependant, je me suis décidé à
suivre l'exemple du Dr Calder et des premières éditions en
retenant l'apostrophe où, à mon avis, la cadence musicale et
le rythme des vers, se trouvent ainsi mieux conservés.
Accents.
Les accents employés sont le " grave " et 1' " aigu " :
l'accent grave pour toutes les voyelles longues, et l'accent aigu
seulement pour les voyelles é, et 6, longues et fermées.
Ces accents ne sont employés que pour les longues voyelles
toniques. Chaque mot accentué porte l'accent tonique sur la
première syllabe à moins qu'il ne s'agisse d'un mot composé;
alors, l'accent tonique se trouve généralement, mais non pas
invariablement sur la première syllabe du second mot avec un
accent plus faible sur la première syllabe.
i
ex: sgeul-rùin, sk'e-.LrûN1, secret.
Coire-Chruiteir, korzxru:tf9r', Vallée du Ménestrel.
mais maoth-bhuidhe, mX:vuJ9, jaune brun.
Même dans ces cas l'accent tonique tend finalement à
reposer sur la première syllabe :
ex : co-dhùnadh, UdyûNvy i
I [ conclusion,
codhunadh, koyui\ dy j
fior-ghlan
fiorghlan
d, H-.ryLaN )
i V pur.
28 ORTHOGRAPHE, AC( ENTS, SONS
Dans les polysyllabes il y a une accentuation secondaire sur-
la troisième syllabe :
ex : dealasach, dsaLam\, ardent.
La transposition de l'accent tonique de la première à la
seconde syllabe d'un mot composé produit un abrègement de la
i
voyelle longue: Neò-ghlan, N'p'yLaN, sale.
neo-bheag, N'pvèk, beaucoup.
Les syllabes finales des diminutifs en : -an, -ag, conservent un
accent presque aussi fort que celui des premières syllabes.
Un mot composé, de plus de deux éléments, porte l'accent
tonique sur la première syllabe du dernier mot.
Dail-an-easa, daL-dnèsa, Dalness.
L'accent tonique tend à devenir de plus en plus fort dans le
langage moderne de sorte que les syllabes, ou les particules
non-accentuées, montrent une décadence phonétique ou une
siippression complète.
Sons.
Depuis longtemps l'accent gaélique de l'Argyll m'est
familier, surtout la diction claire des îles, telle que celle de
mes amis M. Neil Shaw (Jura), secrétaire du " Comunn
Gàidhealach," du révérend D. Lamont (Tirée), Blair Atholl,
et du feu M. MacKinnon (Colonsay), ancien professeur de
langues celtiques. Université d'Edimbourg, avec qui j'ai pu
une fois, pendant une période de six mois, lire le gaélique.
Mais pour me permettre d'indiquer aussi correctement que
possible, la phonétique du dialecte du poète, j'ai résolu d'en-
tendre autant que je le pouvais, le parler des personnes âgées
du nord de l'Argyll et surtout du voisinage de Glenorchy.
J'ai découvert en Monsieur Archibald Munn, originaire
d'Oban, Argyll, le vrai type que je cherchais. M. Munn qui
a 70 ans est un Seanachaidh célèbre qui a remporté beaucoup
de prix comme conteur des légendes gaéliques au Grand Mòd
National.* Il sait, lire le gaélique, sa langue maternelle, et,
comme bien de ses compatriotes de l'Argyll, porte une grande
* Fête Nationale durant une semaine et qui correspond aux fêtes
nationales, galloise et irlandaise, Eisteddfod et Oireachtas.
OBTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS 29
admiration à Donnchadh Bàn et a appris par coeur, bon
nombre de ses poèmes. Au mois de Septembre 1926, à Oban,
il m'a très aimablement raconté, d'abord, une quantité de
longues histoires gaéliques, puis il m'a récité des poèmes choisis
du poète.
La diction de M. Munn est excessivement claire, unie, et
naturelle et j'ai pu la contrôler en écoutant parler différents
amis de l'Argyll, et en permettant à leur accent de frapper
mes oreilles, de nouveau, à différentes reprises.
Comme un des juges gaéliques au Mòd National, j'avais
pleine occasion d'enregistrer et de comparer. Les morceaux
choisis qui suivent en écriture phonétique l'étude détaillée des
sons représentent la prononciation de M. Munn, enregistrée
par moi-même alors qu'il les récitait et je ne doute nullement
qu'elle indique de la façon la plus proche, la prononciation du
poète. Je puis ajouter que c'est un type de prononciation que
nous aimerions entendre plus souvent au Mòd écossais.
La graphie employée est celle de l'Association Phonétique
Internationale avec l'addition d'un symbole, le 'À' grec,
représentant une voyelle spéciale et le ' y ' grec pour la
spirante gutturale sonore dh, gh.
Le symbole R représente 'r' vélaire non-adouci et non pas
l'R uvulaire (ou grasseyé) français ou allemand qui ne se
trouve pas en gaélique.
Classification des Voyelles.
( r d'avant a, e, e, i.
normales \
buccales -j (d'arrière a, o, o, u.
Voyelles { I anormales d' avant œ, 3, À.
d'avant e, œ, X, i.
d'arrière a, 5, û.
nasalisées
Voyelles normales d' avant (palatales non arrondies) :
a, e, e, i ; normales parce que les positions respectives de
la langue et des lèvres contribuent ensemble à l'abaisse-
ment ou à 1' élévation du timbre ; d'avant, parce que d' a
en i, la langue se rapproche de plus en plus du devant de
la bouche.
30 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
a=l' a du mot français, ' part ' : est toujours bref et repré-
senté dans l'orthographe par: —
'a' comme dans cas, kas, pied :
'ai' ,, ,, sail, sa.1', poutre;
'ea' .. ., caileag, kal'ah, jeune fille.
Les voyelles juxtaposées indiquent le timbre de la con-
sonne voisine et l'application de la règle : —
" Leathann ri leathann is caol ri caol."
Dans les terminaisons des diminutifs, -an, -ag, ce son
est bref et ouvert : —
gealag, k'jalak, truite saumonée :
giullan, k'juLaN, jeune garçon.
e — français ' fait ' ; long ou bref : —
ce, k'e : , crème ; deth, dse, de lui ;
'èa' dèan, dse:n (ou tfein), faire;
'ea' fear, fer, homme ;
'ei' mèilich, me-.l'iç, bêler: 'ei' — meilich, mel'iç,
périr de froid ;
seulement long: 'eu' — neul, Ne:L, nuage.
e — français 'dé' : long ou bref: —
glé, kl'e : , très ; teth, tfe, chaud ;
'éi' — céir. k'e:r, cire; ceil, k'el', cacher;
seulement long: 'eu' — ceum, k'e:m, pas;
seulement bref : 'ea' — eas, e-?, chute d'eau.
i — français 'qu?" : long ou bref: —
mir, mi:r', morceau; mil, mil', miel:
'ìo' — sìoda, fi:t9, soie; 'io' — bit&k, poignard;
bref comme 'ai' dans quelques syllabes finales :
ulaidli, »Li, trésor; nàmhaid, JYaivit(f), ennemi;
againn. akiffi', à nous.
2. Voyelles normales d'arrière (vélaires arrondies) : a, o, o, u;
normales, on vient de l'expliquer; d'arrière, parce que
d' a en u la langue se recule de plus en plus vers le fond
de la bouche.
ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS 31
a — français 'pas' ; long ou bref : —
cas, ka:s, malheur; cath, ka, bataille ;
'ai* sàil, m:l', talon; 'ai' — gaillionn, kaL'pn, orage ■
ïe deuxième élément dans : —
'eà' geàrr, k'ja:E, court; 'ea' — dealt, d*a>Lt, rosée;
'eài' ceàird, k'jairU, métier; 'eai' — Peairt, pjarst,
Perth.
o — français 'tort' ; long ou bref : —
òr, o:r, or; cor, kor, condition;
'òi' glòir, kho:r, gloire; 'oi' — thoir, hor, donner;
'eo' — deò, dso : rayon; 'eo' — deoch, dsJ%, boisson;
long dans 'eòi,' feòil, fp'.V, mouton.
o — français tôt ; long ou bref : —
co, ko, qui ; tog, tok, lever ;
dobhran, do-.r&n, loutre; crodh, kro, bétail;
lomadh, Lom9y, tondaison ;
long comme premier élément dans : —
'òi' còig, ko :ik' , cinq ;
long comme second élément dans : —
'eo' leoghann, L'jo-.N, lion.
u — français 'tout' ; long ou bref : —
cù, ku : , chien ; rud, Eut, chose ;
'ùi' cùil, ku:V coin; 'ui' — fuil, fui', sang;
'iù' cliù, kl'u:, réputation; 'iu' — fliuch, fl'ux,
mouillé ;
long dans 'iùi' — siùil, \u:V, voiles.
3. Voyelles anormales d'avant (palatales arrondies mais
moins qu'en français) : œ, 9, À ;
anormales, parce que l'action de la langue et celle des
"ièvres se contrarient; la première élève le timbre, la
seconde l'abaisse; d'avant, parce que la langue se rap-
proche de plus en plus du devant de la bouche.
œ— français, 'ceewr'. Mon oreille ne perçoit que la plus
petite nuance entre l'œ de PArgyll et l'œ du Parisien:
long ou court : —
32 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
long comme :
'a' précédant 'dh' — ladhran, Lœ-.ran, sabots;
V précédant 'gh' — foghluni, fœ:fom, éducation:
roghnaich, Roemiç, choisir;
bref comme :
'a' précédant 'gh' — lagh, Lœy, loi ;
'o' précédant 'gh' — roghainn, RœiN , choix ;
'oi' précédant les liquides (1, n, r) : —
oilthigh, œl'hœj, université; coinneal haNhL, chan-
delle ; goirid, kœritf, court ;
bref comme 'i' dans tigh, tœj, maison ;
seulement long :
'ao' dans aobhar, œ:vr, raison.
a— français 'de' ; son très courant en gaélique ; représenté
par 'e' et 'a' finaux, non-accentués: —
'uile,' ulh, tout; àite, a:tJ9, endroit; ola, 0L9, huile:
par 'a' de l'article défini : —
an t-each, 9ntja\, le cheval;
par 'a' et 'u' dans des particules variées: —
mur, raar, si ;
généralement = a, u, e dans les positions non-accentuées :
galar, kahR, maladie; agus, ay9s, et;
leatsa, VetS9, avec toi : et dans les terminaisons, au
pluriel: k'jarhjn, poules ;
ce son se présente aussi, par épenthèse entre les liquides
et les autres consonnes des groupes suivants : —
rg, lg, lb, rc, lm, rm, nm, nb, lp :
balg, baPk, sac.
'À' — un son qui semble n'appartenir qu'au gaélique. Tl
est produit avec la pointe de la langue légèrement
appuyée contre le bord des dents inférieures, la langue
elle-même bien étalée de façon que ses bords reposent
contre les dents supérieures et que le souffle passe le long
>du milieu de la langue.
ORTHOGBAPHE, ACCENTS, SONS 33
C'est évidemment une modification du son 'œ' articulé
plus haut. Il ressemble au français 'eu' dans 'creuse'
ou 'Meuse' ou à l'allemand 'ò' dans 'toten,' 'Gôthe,'
mais en gaélique l'aspiration est plus forte et la langue
plus tendue. Un 'À' grec représentera ce son qui
s'écrit 'ao' : —
aotrom, À : tRvm, léger ; taobh, tX : v, côté : il se présente
aussi comme
'aoi' — sgaoil, slïX:ï', l'épandre :
daoine, dX:Nh, gens.
Autant que j'ai pu remarquer il est toujours long.
A. Voyelles d'avant, nasalisées ê, œ, X, ï.
e : — seimh, /è : v, calme; treubh, trë : v, tribu ;
freumh, frê :v, racine : gnè, kre; espèce.
ê — leamh, L'èv, impertinent.
La nasalisation n'est pas si forte en gaélique qu'en
français,
ce :■ — s'entend mais très rarement : —
naomli, N<7 : v.
X : — aon, X : n . un ; maotb, mX : , mou.
ï: — priomli, prfï:v, premier; ni, Ni: chose;
ï — nigh, NI, laver.
5. Voyelles d'arrière nasalisées, à, 5, u.
à : — manran, mû :]?an, berceuse :
amhghar, â:y?r, douleur;
a ghnath, zyBà:, à l'ordinaire.
â — searbhant, far3vànt, domestique;
famh, fà, taupe; famhair, fà3r, géant.
5 : — Domhnach, dZ : n^, dimanche ;
2! — domh, (J7i, à moi ; cnoc, kroyk, colline.
û: — umhlachd, u:La\k, hommage.
û — cumhang, kûPk, étroit.
6. Diphtongues: —
'a' et V précédant '11,' 'un' 'm' : —
'call,' IxauL, perte; bail, bauL, corde;
'cam/ kaum, courbé; toll, tœuL, trou;
tonn, tœuX , vague; tram, traum, lourd.
34 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
7. Dans les combinaisons suivantes, V et 'i' sont consonnifiés
et prononcés 'j' : —
'eà' — feàrr, fja:r, meilleur:
ea — feart, fjarst, obéissance:
eò — eòlas, p : Lss, connaissance ;
eo — -beothail, bpal', vif ;
io — iolach, juL^x, haut cri :
iù — fiù, fju : , digne :
iu — piuthar, pjur, sœur ;
iùi — ciùil, kjuiL1 de la musique;
eòi — geòidh, k'pj, oies.
Consonnes.
1. Les occlusives: p, b; t, d; c, g.
Contrairement à ce qui se passe dans les langues française?
allemande, anglaise, ou irlandaise, toutes les consonnes occlu-
sives en gaélique écossais sont sourdes.
Immédiatement après une consonne nasalisée, b, d, g
naturellement conservent un peu de la sonorité de celle-ci.
Dans le gaélique de l'Argyll il y a aussi quelque -fois, un petit
élément sonore après 'd' palatal.
(1) 'p' vélaire ou palatal et 'b' (médian et final) vélaire ou
palatal, dénotent le même son, à peu près le 'b' français
dans 'obtenir' ; piuthar, pjur, sœur ; cipean, k'ipan,
cheville ; cip, k'ip, mottes ; pdg, po : ~k, baiser ;
lapach, Lap9\, faible ; sgap, skap, disperser ;
mabach, map^x, balbutiant ; gob, kop, bec ;
ribeag, R'ipak, petit chiffon; dileib, tji:L'ip, gén. de
'dileab,' héritage.
(2) 'b' (vélaire ou palatal) initial ou au commencement d'une
syllabe se prononce comme le 'b' français, dévoisé, dans
'bout' :
botach, {>J^x> vieillard ; pràban pra : ban, maison où l'ou
vend clandestinement des boissons fortes ; prapan,
pluriel de prab, suppuration oculaire ;
bior, birf, épine; dibir, di:bir', abandonner.
OBTHOGBAPHE, ACCENTS, SONS 35
t, d.
'b' vélaire et 'd' vélaire (médian et final) se prononcent comme
le t' français dans ta,s.
(1) tog, lok, lever ; botul, botdL, bouteille; cat, IcaH, chat;
(2) lodan, L.n&n, flaque d'eau; ceud, ke:t, cent;
'd' vélaire initial ressemble au 'd' français (dévoisé) dans
'doute' :
dubh, du, noir;
'd' et 't' palataux deviennent deux consonnes, d = ds ou t/ et
t = t/.
(1) till, tfil1 revenir; litir, L'Ufir lettre; àite, a-.tfz,
endroit ;
(2) dean, dse:n' tje-.n1 (tous les deux se disent en Argyll),
faire ; didean, tfi : tfan, protection ;
deanamaid, tfenhmitf, que nous fassions;
'd' suivant 'n' devient sonore : an dé, 9n dse : , hier ;
an dàn, 9n da\N, le poème.
c, g.
(1) k = k vélaire:
le 'k' français dans car, lac.
(2) k' = k palatal:
le 'k' français dans qui.
k = c, g vélaires :
cum, kum, retenir ; bòcadh, bo-^lcdy, enfler ;
poc, p^xk, sac ; gu, ku, à ; bogadh, bokdy, mouillant ;
òg, o : k, jeune ;
= 'd' dans le groupe — chd : bochd, bo^k, pauvre; lochdan,
Loykzn, péchés.
k' = c, g palataux,
e.g.:
cir, k'i-.r1, peigne; ceòl, k'jo-.L, musique;
aice, aikh ; à elle ; mie, mi^k' , fils (pi.) ;
smigean, smik'en1 , petit menton ; aig, ek', à ;
giullan, k'juLan, garçon ;
na big, na bik', les petits.
36 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
Au nord de l'Argyll comme au sud du comté d'Inverness
c, p, t finaux deviennent yk, xP> X^-
e.g. : mac, ma^k, fils ;
sop, soxp, bouchon de paille ;
cat, kaxt, chat.
Ailleurs cette spirante gutturale intercalée n'est souvent
qu'une aspiration cat, kaht.
A ce que je sache ou ne trouve pas ce phénomène dans le
gaélique irlandais mais il existe en gaélique écossais depuis des
siècles.
Alexandre Macdonald (Mac Mhaighstir Alasdair, le
poète), c. 1700-1770, qui était originaire du sud-ouest d'Inver-
ness et maître d'école dans le nord de l'Argyll écrit dans son
Foclair ou Vocabulaire gaélique-anglais 1741 : —
brocha pour broc, blaireau; poca pour poc, sac, etc.
Articulation :
p, k', t explosion forte, organes du parler relâchés.
b, k, d explosion faible, organes du parler tendus.
Pour 'g' initial ou entend aussi très souvent 'g/ i.e. 'g'
français devoisé : —
gob, gop ; gabh, gav ; gille, giLh.
Les spirantes ou fricatives : f v (w) s / ç j \ y.
Les consonnes v (w) ] y sont sonores.
fv : le 'f et 'v' français dans 'vent' et '/aux.'
f (ph), sourd, explosif, contact labio-dental, relâché;
v (bh, mh), sonore, non-explosif, contact tendu bi-labial et
dental : —
fàisg, fa-.ijk, presser; phill e, fi: De, il est revenu:
bhàs, va;*, de la mort; gàbhadh, ka:v9y, danger:
gabh, kav, prendre ;
de'n bhiodaig, tfen vltek' , du poignard :
mhàs, va :«, du séant ; de'n mhire, tjen vïr9, du morceau,
clamhan, kLavân, milan; snàmh, snâ:v, nager;
mhnathan, vrâhn, des femmes ; mhios, vl :s du mois.
Pour 'bh' et 'mh' vélaires, médians et finaux, j'ai quelque-
fois entendu le son bi-labial w='ou,' dans 'oui,' français
mais avec les lèvres moins tendues.
ORTHOGRAPHE. ACCENTS, SONS 37
çj — En gaélique ç=(l) 'ch' palatal: le 'ch' allemand dans
'ich' : —
chi mi, ci: mi, je verrai; dicheall, tfiiçaL, diligence ;
soillsich, sœjL'jiç, éclairer;
(2) 'th' palatal, médian et final: — nithean, N'içsn,
choses ; ith, iç, manger.
'j' = 'dh,' 'gh' palataux: le 'y' français dans '^ak' : —
dh'ith mi, jiç mi, j'ai mangé; guidheam ort, kujam
■>rst, je te prie; féidh, fe:j, cerfs; gheibh mi, jev mi,
j'obtiendrai; Bràigheach, hra:'p\, montagnard; faigh,
faj, obtenir.
X y vélaires.
X = le 'ch' allemand dans 'ach' = 'ch' vélaire gaélique.
y = le 'g' allemand dans Tage mais plus fricatif = gh, dh
vélaires gaéliques :
e.g. chum, x^m^> Pour ; dachaidh, dayi, foyer (home) ;
luch, Lux, souris ;
ghabh mi, yav mi, j'ai pris; aghaidh, œyi, figure;
laogh, L\y, veau; lagh Lœy, loi;
dhà, ya : , à lui ; dh' fhàisg e, ya:fhe, il a serré ;
cladh, JcLœy, cimetière.
Remarques. — L'opération de l'adoucissement des con-
sonnes est tellement avancée en Argyll que th, dh, gh, mh, bh
souvent ou ne se prononcent pas ou n'indiquent leur présence
que par une courte aspiration (un léger coup de glotte), entre
les syllabes :
e.g. sitheann, fidX , venaison; sith, fi:, paix;
saighead, sait, flèche; muigh, mui, dehors;
tlàth, tLa : , tiède ; fidhleir, fi :l'er' joueur de violon :
Domhnull, dZ:L, nom de personne.
Dans mon dialecte natal la plupart des spirantes, autrefois
occlusives, se prononcent encore.
'Th' initial n'est qu'une aspiration forte :
tha e, /me, il est ; et silencieux dans thu u : , tu ;
38 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SOXï
'fh' ne se prononcent pas sauf dans :
fhuair, hu3r, imparfait de faigh, obtenir:
fhathast, ha9st, encore;
fhéin, hen', même.
Restent les sibilantes qui ne représentent pas d'occlusives
originelles.
s vélaire: le 's' français dans sans: —
sabh, sav, odeur ; basan, basen, palmes :
cas, k&s, pied.
s se développe, par épenthèse, entre V et 't.' 'à.'
bard, barH, barde; mart, marst, vache,
s palatal = le 'ch' français dans 'Chine.'
silteach, fiL'tjax, saignant;
càise, ka:jd, fromage.
sh='h' anglais: shin e, hi:nf e, il étendit.
Exceptions: so, ici, et sud, là, se prononcent /o et fut.
Dans les phrases comme,
an t-slat, 9?i tLat, la canne,
an t-sròn, an tro :n, le nez,
l'influence vocalique des liquides est à remarquer :
'h' quand il n'apparaît pas dans des combinaisons
adoucies = 'h' anglais:
na h-eoin, nahp-.N', les oiseaux.
Les liquides 1, n, r ont chacune quatre sons distincts.
L'adoucissement de ces consonness n'est marqué dans l'écri-
ture par aucun signe ou lettre mais au parler l'oreille remarque
facilement la différence.
L. Vélaire, non-adouci, sonore. Pour produire ce son la
langue se met en contact léger avec l'alvéole supérieure
et les dents tandis que le souffle se divise en deux portions
qui s'échappent le long des bords de la langue. Les
variétés de T sont dues aux changements de point de
contact et aux différentes formes de la langue. Ce son
est représenté par T vélaire initial et 'H' vélaire. J'ai
remarqué qu' on substitue ce son très souvent en Argyll h
'V intervocalique.
ORTHOGRAPHE. ACCENTS, SONS 39
Lamh, Là : v, main ; dall, dauL, aveugle ;
galla, kaLd, chienne.
1 vélaire, adouci, sonore: T français dans 7ong." Repré-
senté par T vélaire intervocalique et T vélaire final : mo
lamh, molâ-.v, ma main; càl, ka:l, choux.
L' palatal, fricatif , non adouci, sonore ; presque le son de '11'
dans 'miZZion' en anglais : représenté par '1' palatal
initial et '11' palatal :
litir, L'tfir', lettre: pill, pi:Lf, revenir.
1' palatal, adouci, sonore: '1' français dans 'Zivre.'
mo lion, mô l'ion, mon filet ; mil, mil' , miel ;
Dans quelques autres dialectes j'ai remarqué un '1' sourd.
Les sons de n.
En produisant ces sons le souffle est interrompu en levant
le bout et le dos de la langue contre les dents et l'alvéole
et en baissant le voile du palais pour laisser échapper l'air
par le nez.
N='n' initial vélaire non-adouci et 'nn' vélaire:
nos, Nô : s, habitude ; bronnach, broNa\, embonpoint ;
tonn, tauN , vague ;
11= 'n' vélaire adouci et 'n' vélaire final:
'n' français dans 'mon ami.'
mo nos, mô no: s, mon habitude;
bàn, bain, blond; banarach, ban&rox, laitière:
N'='n' palatal initial non-adouci et 'n' palatal final avec
voyelle longue :
nighean, X'ion, fille; lin, L'i:N', filets.
n'= 'n' palatal adouci : 'n' français dans ni :
mo nighean, mo n'Ì9n, ma fille :
fine, fin' 9, tribu ; min, min', farine d'avoine :
sin, fin', cela :
n' initial est aujourd'hui assez rare: le plus souvent on
entend N' en Argyll.
40 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
R = r vélaire, non-adouci, vibration légère ou marquée, du
bout de la langue qui est légèrement retournée ; rr vélaire ;
V français dans 'rond' (i.e. l'r français ancien, l'r des
chanteurs qui est linguo-palatal) :
ruadh, Riny, rouge : barran, baRan, les bouts.
mor, mo : F, grand.
r=V vélaire adouci : le bout de la langue ne fait que frapper
l'alvéole :
nigbean ruadh, N'Ì9n rudy, fille rousse:
aran, a?-a>/, pain.
R/='r' palatal: vibrations légères du bout de la langue: 'r'
français ancien dans 'péril' :
righ, R'i:j, roi ; firinn, fi : R'iN1 , vérité :
mìr, mi-.R', morceau.
r'=V palatal adouci ; coup très léger du bout de la langue
contre l'alvéole :
a rithist, ar'i :jt, encore une fois :
cir, k'i '.r1, peigne.
Remarques.— Dans les îles du nord-ouest W final et inter-
vocalique et r' se prononcent couramment comme 'th' anglais
dans 'then.'
Après r, g, gh. t vélaires souvent 'n' = 'r' :
cnoc, kro\h, colline; a ghnath, dynï : . toujours:
gnothach. //•~\, affaire : fcnu, trù : envie.
m = 'm* français.
Le timbre de la consonne se détermine par les voyelles, selon
qu'elles soient vélaires ou palatales.
,^'ng' anglais.
rj vélaire — long, Lorj, bateau ;
langan, Laija.it, bramement.
palatal Mingarry, mi>ja,ri, nom d'un district, au nord
de l'Argyll.
ORTHOGRAPHFJ, ACCENTS, SONS 41
t/ vélaire = ?;<? et t] palatal = rjk dans certaines combinaisons:
an gunna, oi]guno, le fusil ;
frangach, frarjga\, français ;
faing, fairjk, gén. de fang, bercail.
Articulation : langue ramassée vers le fond de la bouche :
pointe abaissée.
y ce son='gn' français dans signe et se représente en
gaélique comme ' nn ' palatal ; langue ramassée vers le
front de la bouche : pointe abaissée.
binn, bi:y, mélodieux; sinn, fi:y, nous.
En Argyll ce son se confond avec N'.
Combinaisons de certaines consonnes dans la poésie de
Donnchadh Bàn.
— mhd — còmhdach, kô-.dax-
— ghmh — brioghmhor, br'i :or.
— chd-shl — ochd-shlisneach, oykVi\noy^.
— ghn — dh' fhoghnadh, yo-.noy.
— gh dh — òrduigh dhaibh, ordi ya.iv.
— tht — caithtiche, ketiçQ.
— ch fh — nach fhanadh, nayanjy.
— chl — caochlaideach, /.À -.laff^x-
— mch — timchioll, tirnçzL.
— bht — sléibhtean, fL'e : t?n.
— lmh — cheòlmhorachd, çjo '.Lvor9yk.
— lit — millteach, mi : L'tjax-
— ghl — fòghlaichean, /o :l'iç9n.
— thr- — mòthraichean, mo :rfiç9n.
— mhn — còmhnuidh, ko mi.
— dhch — boidhchead, bo:iç9t.
— thl — eathlamh, jaLu(w).
— th-bh— maoth-bhuidhe, mX : vu'p.
- — mhdh — còmhdhail, ko : al'.
— athgh — athghoirid — ayœritf.
42 ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS
Prononciation de M. Arckibald Munn, Oban, Argyll,
des extraits vis-à-vis: —
1.
1 on turdm har kax bejn'
ek' bejn' do :ren
tfe na xunik' mi fon yre : n,
fi bd vo :iç9 lum;
5 monoy fat9 re : ,
hu-.V dm fetJ9 fej,
s<xl'er9)(k 9n il' : ev
va mi so \r9\ajy;
dœr9y9n n9rje :k,
10 koeV auns 9m bi fe :r,
fojnef9x 9n spre : j,
vis 9 yo'-™ aun '■
kre9n b9 jaL ke :r,
J9i-t er 9n de :j,
15 sL&x lum 9 sre:t
9 va sro :ne[9x-
Mofoy bejn' do:ren.
2.
fe korg çjeiç )i9n a'pn fu : Lax,
9n k.)T9 rû :nax as u :rar faun,
ku Lur&x, mia,ter9x, mi-.njaL, svar.
k&x Lus&n fii-.ar b9 yu\ffl% lum:
ku moL9\, du y.>rm, torax, Lu : fral.9x,
l.iRiXi plu:rB,ii9x>' $Lu: y Lan kr'iiN',
kop}j. balj9x, tfi:an9x, kaN9x, mi :fVen9x,
Ideaun a viL'tiç. san Lfi:nvor mâ-k.
kir 9 çjeiç.
3.
Jt9jç mi L'i m er fiir1 ufk'tanv,
s mi str'i : /,a haBirj er hru9x,
s huk mi Ve skrfi : /i i r tfi : r' > /a/a/.',
s a L'i : mar jal er 9 x" "' ■
s tol'itf 9 ya : k en La : fin mekn9,
9n RœjN' 9 vakgm san U9r :
bi koim9s mo cet vrâ : relt ni metna;
mo ce :lh kat9l s m/m hu9N'.
oran da ce \lh.
ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SONS 43
1.
1 An t-urramthar gach beinn
Aig Beinn-Dòbhrain
De na chunnaic mi fo'n ghréin,
'S i bu bhòidhche leam ;
5 Monadh fada, réidh,
Cuile 'm faighte féidh,
Soilleireachd an t-sléibh'
Bha mi sònrachadh ;
Doireachan nan geug,
10 Coill' anns am bi feur,
'S foineasach an spréidh,
Bhios a chòmhnuidh ann :
Greighean bu gheal céir,
Faoghaid air an déidh,
15 'S laghach leam an sreud
A bha Sròineiseach.
Moladh Bei/i n-Dòb h rain .
2.
'S e Coir' a Cheathaich nan aighean siùbhlack,
An coire rùnach as ùrar fonn,
Gu lurach, miad-fheurach, min-gheal, sùghar,
Gach lusan flùar bu chubhraidh leam;
Gu molach, dubh-ghorm, torrach, îùisreagach,
Corrach, plùranach, dlùth-ghlan grinn,
Caoin, ballach, ditheanach, cannach, misleanach,
Gleann a' mhiltich, 's an lionmhor mang.
Coire a' Cheathaich.
3.
Shuidhich mi lion air fior-uisg tana,
'S mi strigh 'ga tharruing air bruaicb,
'S thug mi le sgriob air tir a' ghealag,
'S a lì mar eal' air a' chuan.
'S toilicht' a dh' fhàg e 'n là sin m' aigne,
An roinn a bh' agam 'san uair;
B' i coimeas mo cheud mhnà reult na maidne :
Mo chéile cadail 's mi 'm shuain.
Or an ri 'a Chéile.
44
ORTHOGRAPHE, ACCENTS, SOXS
a
ai
eài
eà
a
ai
eai
ea
ò
òi
eòi
eò
6
òi
eoi
eo
o
oi
eoi
eo
ù
ùi
iùi
iù
u
ui
iui
iu
èi
èa
éi
eu
r1
1
ea
ÌO
ai
i
io
ao
aoi
iai
ia
ua
uai
Le système d'orthographe peut être résumé comme suit :
à long
a bref
ò long
6 long
o bref
ù long
u bref
è long
é long
e bref
ì long
i bref
ao long
ia
ua
Les lignes épaisses et fines figurent les consonnes vélaires
et palatales respectivement. Entre les lignes se trouvent les
voyelles qui indiquent les sons simples de la première colonne
à gauche. Naturellement, il est nécessaire d'avoir une oreille
capable de saisir le timbre des consonnes.
Prenons le mot: " Searmonaichean " . . . . prédicateurs.
pal. vél. vél. pal. vél.
consonnes s rm n ch n
voyelles (de la table) ea o ai ea
Formes grammaticàli s.
Pour faciliter la lecture du texte gaélique des poèmes on
peut constater les points suivants :
L'article déf . revêt les formes qui suivent :
Masc. Fem. Plur.
an Comme gén.masc. Commun.
na
na h- ( 4- voyelle)
ua nan
Nom.
Gén.
am ( -i- b. f , m, p)
an t ( + voyelles)
an
a' (-rbh,ch, gh,
mh, ph)
an t- ( -f s pur)
Dat. Comme gén.
('n, 'n t- après
des prép. se terminant
par une voyelle).
na h- ( + voyelle) nam ( + b, f , m, p)
Comme dat. masc. Comme nom.
FORMES GRAMMATICALES 45
Le gén. sing. masc, nom. sing. fem. et dat. sing., m. et f.
adoucissent toutes les consonnes initiales des noms qui suivent ,
sauf d, t, et s, consonnes dont la dernière s'éclipse si elle est
pure, i.e. devant les voyelles et 1, n, r.
La lettre 'a' est devenue un sujet de difficultés en gaélique
écossais, plus encore qu'en irlandais. Elle assume tant de
fonctions différentes. Comme nous pouvons voir c'est l'art,
déf . dans divers cas quand il est suivi de l'apostrophe :
Coire a' Cheathaich : Vallée de la Brume.
Elle représente —
(1) l'adj. poss. (troisième pers. pron. poss.) son, sa,
'S a bhàrr air lùbadh. ... sa tête se penche.
(2) le pron. relatif :
A mhaireas ùine qui demeure quelque temps.
(3) le rel. loc. an (am) qui devient «' :
A' bheil luibh is luachair : où il y a des plantes et des
roseaux.
(4) ainsi que la particule interrogative 'an' :
A' bheil thu gradh ? Le dites-vous ?
(5) ainsi que 'ag' avec le nom verbal :
A' mire-leumnaich : Sautant gaiement.
(6) La particule verbale 'do' se contracte en 'a' :
(a) Ged a thigeadh an sneachda.
Et même s'il tombait de la neige.
(b) 'S gur trie a dh' àraich i'n làn-damh donn.
Et souvent le grand cerf brun s'y nourrissait.
(c) M'an choir' as aoigheala tha r'a fhaotainn.
Autour de la vallée la plus hospitalière que l'on
puisse trouver.
(7) La prép. 'de' devient quelquefois 'a,' e.g. :
Diùgha a bhuill-deis e = Diùgha de bhuill-deis e.
La pire de toutes les armes.
Les cas suivants sont aussi à noter : —
(8) La phrase :
De a h-uile ( = gach uile) seòrsa.
De toute espèce.
46 FORMES GRAMMATICALES
(9) La prép. a (ex) :
Tighinn a grunnd eas lom.
Jaillissant au bas des cascades limpides.
(10) Certaines autres prépositions :
a nall, a mach, etc. . .
Anns an = 's an, 's a', 'sna :
le 's' est vraiment une partie de l'art, déf . comme dans le
cas de 'ris,' 'leis,' etc.
On rencontre fréquemment cette prép. doublée chez Duncan
Bàn.
'S ann am Beinn-Dòbhrain ... sur Beinn-Dòbhrain.
'S ann am mor-mhonadh ... sur la lande spacieuse élevée ;
'am' peut se substituer à 'ann am' sans changer la signi-
fication. 'De' est aussi doublé devant les voyelles et
devant 'f : —
Cò de dh'fhearaibh na rioghachd ?
Lequel des braves du royaume ?
N'a rinn e oirnn de dh' antlachd.
Tant il nous a injuriés.
' Is ' devient fréquemment 's, surtout au commencement
d'une ligne et l'élision des voyelles finales est générale-
ment marquée par l'apostrophe.
Des exemples de possessifs prépositifs et de pronoms pré-
positifs se présentent passim dans tous les poèmes cités.
Ces combinaisons se présentent comme suit : —
Possessifs prépositifs.
mo (mon) do (ton) a (son) ar (notre) bhur (votre) an, am (leur)
(sa)
Aig, ag, 'gam 'gad 'ga 'gar 'gur 'gan, 'gam
(à)
Ann, an, am ad 'na 'nar 'nur 'nan, 'nam
dans, en)
Gu
à, vers, gu m' gu d' g'a g'ar g'ur g'an, g'am
FORMES GRAMMATICALES
Pronoms prépositifs.
mi tu
47
Ug à
h p1-
agam
againn
agad
agaibh
aige
aca
aice
air, sur
(for) pl.
orm
oirnn
ort
oirbh
air
orra
oirre
ann, dana
annam
annad
ann
innte
pl.
annainn
annaiblx
annta
as (ex) hors de
a pl.
asam
asainn
asad
asaibh
as
asta
aiste
bko, de
© pl.
(bh)uam
(bh)uainn
(bh)uat, (bh)uait (bh)uaitli
(bli)uaibh (bh)uapa
(bh)uaipe
de. de
pl.
diom
dinn
diot
dibh
deth
diubh
di, dith
do. à
domh
dut, duit
da
di
pl.
duinn
duibh
doibh
eadar (entre)
pl.
eadarainn
eadaraibh
eatorra
fo, sous
pl.
fodham
fodhainn
fodkad
fodhaibh
fodha
fopa
foipe
gu, à
pl.
thugam
thugainn
thugad
thugaibh
thuige
thuca
thuice
le, avec
pl.
leam
leinn
leat
leibh
leis
leò
leatha
mu, sur, autour
umam
uni ad
uime
uimpe
(um)
pl.
umainn
umaibh
umpa
ri, à
riuni
riut
ris
rithe
pl.
ruinn, rinn ribh
riutha, riù
roimh, avant,
devant, pl.
romham
romhainn
romhad
ronihaibk
roimhe
rompa
roimpe
thar, au dessus
pl.
tharam
tharainn
tliarad
tharaibh
thairis, air tliairte
thar ta
troimh, par,
a travers de, pl
tromham
tromhainn
tromhad
tromhaibh
troimhe
trompa
troimp©
48 FORMES GRAMMATICALES
Les flexions de désinence des noms aux gén. et dat. sing.
et pi. sont d'ordinaire bien en évidence dans la poésie de D.
Bàn. La flexion après le nom verbal est aussi régulière. De
temps en temps la voyelle finale dii gén. des noms et du nom.
pi. des adjectifs manque. (An t-sléibh pour an t-sléibhe,
coilich dhubh pour coilich dhubha, etc.).
Chan (Ir. no cha n-) s'écrivait 'cha'n' et 'cha n-,' mais
' chan ' est la forme maintenant adoptée par la plupart des
écrivains écossais.
Dans le texte gaélique le verbe a la voix, le mode, le temps,
le nombre et la personne. Il n'a pas de participes actifs mais
il a deux formes pour les modes indicatif et subjonctif (con-
ditionel français), l'un employé quand le verbe est, ou, peut
être le tout premier mot d'une phrase et l'autre, quand le
verbe vient après une particule telle que la particule interro-
gative 'an' (am) et son négatif 'nach,' le nég. 'cha' et les con-
jonctions gu'n, nach, mu'n, mur et na'n. La forme employée
après ces particules s'appelle la forme Dépendante, l'autre est
la forme Absolue, e.g. : ' buailidh mi ' (forme absolue), ' Je
frapperai,' et 'am buail mi' (forme dépendante), 'frapperai-
3e V
L'infinitif gaélique est aussi particulier : c'est un nom
abstrait formé diversement avec des suffixes abstraits -adh,
-chd, t, -nn, etc. En plus des formes absolue et dépendante,
le verbe 'bi' (être) a aussi une forme Emphatique. Les temps
synthétiques du verbe sont peu nombreux mais les temps péri-
phrastiques formés par l'emploi du verbe 'bi' avec les préposi-
tions a' (ag) et 'air' (après) donne une variété de temps aussi
complète que celle que l'on trouve dans une langue moderne.
Les paradigmes suivants indiqueront les temps qu' on
rencontre chez le poète et dans le gaélique moderne de l'Ecosse.
Verbe ' Bi '.
Indicatif.
Abs.
Prés, 1, 2, 3. tha, mi, thu, etc.
Je suis, etc.
Imparfait (comme subjonctif)
FORMES GRAMMATICALES 49
Fut. 1, 2, 3. bithidh ou bidk
mi, tu, e, &c.
Forme rel. bkitheas, bhios.
Parf. bha mi, thu, &c.
Dép.
(a' pour am) bheil mi, &c.
(gu, gu'm)
nach 1
mar J-'eil mi, &c.
chan J
bi
(cha) bhi.
robh mi, thu, &c.
Emphatiqut .
Is mi, tu, &, C'est moi.
bu mhi, tu, sinn, sibh
b'e, b'i, b'iad
(adoucissant les noms et adj.).
Subjonctif (conditionnel français).
Abs. Dép.
(et après cha et rel. a). (après am, nach, na'm, mur).
1 bithinn 1 bithinn
2 bhitheadh ou bhiodh tu 2 bitheadh ou biodh tu
3 bhitheadh ou bhiodh e, i 3 bitheadh ou biodh e, i
1 bhitheamaid ou bhiomaid 1 bitheamaid ou biomaid
2 bhitheadh ou bhiodh sibh 2 bitheadh ou biodh sibh
3 bhitheadh ou bhiodh iad 3 bitheadh ou biodh iad
Impératif.
Sing. Pluriel.
1 bitheam bitheamaid
2 bi bithibh
3 bitheadh,. biodh e, i bitheadh, biodh iad
Infinitif. Bith : a bhith.
Ce berbe a aussi les formes impersonnelles suivantes au
passif.
V
1
FORMES GRAMMATICALES
Indicatif.
Abs. Dép.
Prés.
thatar beilear
(rel. thathas)
Fut .
bitear
Inip.
bhithte bite
Impr
. bitear
Par.
bhathar nacb robhas
(rel. bhathas) gu'n robbar
La vieille forme 'ata' apparaît plusieurs fois dans '.
poèmes.
(a) Conjugaison consonnante.
Buail, frapper.
Voix active.
Indicatif.
Abs. Dép.
Fut. 1. 2, 3 buailidb mi, tu, &c. buail mi, fcbu, &c.
rel. bhuaileas mi, tu, <fec (cha) bhuail
Parf. 1. 2. 3 bhuail mi, tu, &c. do bhuail
Subjonctif (aussi Conditionel français).
Abs. Dép.
après cha et rel. a).
Sing. 1 bhuailinn 1 buailinn
2, 3 bhuaileadh tu, e, i 2, 3 buaileadh
PI. 1 bhuaileamaid 1 buaileamaid
2, 3 bhuaileadh sibh, iad 2, 3 buaileadh
Ces formes ont aussi la force de 1' imparfait Ind.
Impératif.
Sing. PL
1 buaileam buaileamaid
2 buail buailibh
3 buaileadh e buaileadh iad
Infinitif — bualadh; a bhualadh, a' bualadh.
FORMES GRAMMATICALES 51
Voix passivt .
Indicatif.
Abs. Dép.
Fut. 1, 2, 3 buailear mi, thu, &c. buailear mi, &c.
(cha, a) bhuailear
Parf. 1, 2, 3 bhuaileadh mi, thu, &c. do bhuaileadh mi, &c.
Subjonctif (Conditionel fr.).
Abs. 1, 2, 3. bhuailteadh mi, thu, &c. (et après cha, a).
Dep. 1, 2, 3. buailteadh mi, thu, &c.
Impératif.
1, 2, 3. buailtear mi, thu, &c.
Participe passé : buailte.
(b) Conjugaison des verbes qui commencent avec une voyelle
et avec 'f ' : — òl, boire, fàg, quitter, laisser.
Voix active.
Indicatif.
xt. Abs. 1
, 2, 3 òlaidh mi, &c. fàgaidh mi, &c.
rel. dh'òlas mi, &c. dh'fhàgas mi, &c.
Dép. 1
, 2, 3 òl mi, &c. fàg mi, &c. (mais chan
fhàg mi, &c.)
irf. Abs. 1,
, 2, 3 dh'òl mi, &c. dh'fhàg mi, &c.
Dép. 1
, 2, 3 dh'òl mi, &c. d'fhàg mi, &c.
Subjonctif (Cond. fr.).
Abs.
1 dh'òlainn dh'fhàgainn
2, 3 dh'òladh tu, &c. dh'fhàgadh tu, &c.
Dép.
1 òlainn fàgainn
2, 3 òladh tu, &c. fàgadh tu (mais chan
fhàgainn, &c).
Impératif.
Sing.
PI. Sing. PL
1 òlam
òlamaid 1 fàgam fàgamaid
2 òlainn
òlaibh 2 fàg fàgaibh
3 òladh e,
i òladh iad 3 fàgadh e fàgadh iad
Infinitif — 01 ; a dh'òl ; ag òì
fàgail ; a dh'fhàgail ; a' f àgail
52 FORMES GRAMMATICALES
Voix passive.
Indicatif
Fut. 1, 2, 3 òlar mi, &c.
fàgar mi, &c. (mais chau
fhàgar mi)
Parf. 1, 2, 3 dh'òladh mi, &c.
dh'fliàgadh mi, &c.
Dép. d'òladh mi, &c.
d'fhàgadh mi, &c.
Subjonctif (Cond. fr.).
Abs. 1, 2, 3 dh'òlteadh mi, thu, e
dk'fhàgteadh mi, thu, e
&c.
&c.
Dép. 1, 2, 3 òlteadh mi, thu, e
fàgteadh mi, thu, e
&c.
&c.
(mais chan fhàgteadh,
&c.)
Impératif 1, 2, 3 òlar mi, &c.
fàgar mi, &c.
Participe — òlte.
fàgte.
Temps périphr astiques.
Indicatif actif.
Prés. Progressif: Tha mi a' bualadh = Je bats ou Je suis en
train de battre.
,, Parf. : Tha mi air bualadh = J'ai frappé.
Fut. Progressif: Bithidh mi a' bualadh = Je frapperai.
„ Parf. : Bithidh mi air bualadh = J'aurai frappé.
Imprf. Progressif: Bha mi a' bualadh = Je frappais.
Plus que Parf. : Bha mi air bualadh = J'avais frappé.
Indicatif Passif.
Prés. Déf. : Tha mi buailte = Je suis frappé.
,, Prog. : Thatar 'gam bhualadh = On me frappe.
Parf. : Tha mi air mo bhualadh = J'ai été frappé.
Fut. Indéf. : Buailear mi, Bithidh mi buailte = Je serai
frappé.
,, Parf.: Bithidh mi air mo bhualadh = J'aurai été
frappé.
Passé Indéf . : Bhuaileadh mi, Bha mi buailte = J'étais frappé.
P. q. Parfait: Bha mi air mo bhualadh = J'avais été frappé.
Une autre méthode pour exprimer le passif en gaélique
est d'employer 'théid' et 'chaidh' le fut. et le passé de 'rach'
(aller): théid mo bhualadh = je serai frappé; chaidh mo
bhualadh = j'étais frappé.
FORMES GRAMMATICALES 53
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54 FORMES GRAMMATICALES
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55
VERSIFICATION
La versification gaélique écossaise est de deux types : —
(a) l'ancien qu' employaient les bardes professionels
spécialement instruits, des temps écoulés jusqu' au
commencement du dix-huitième siècle ;
(b) le moderne, des bardes non instruits, ou peu instruits,
du commencement du dix-septième siècle.
L'ancienne versification gaélique classique; (Dan Direach)
était de type compliqué et délicat, conforme aux mesures
méticuleusement complexes des écoles bardiques irlandaises
et écossaises. On connaît environ trois cents de ces mesures.*
Les traits de cette versification classique étaient :
(1) une stance de quatre vers (quatrain) ;
(2) un certain nombre de syllabes dans chaque vers :
(3) rime finale.
Cette rime finale (Comharda) était
slàn (complète) ou briste (rompue) selon l'accord des voyelles
en quantité et en qualité et selon que les consonnes étaient ou
non de la même classe.
La classification des consonnes était particulièrement
pécise. Elles se divisaient en six genres: —
les douces (qui sont vraiment dures) p, c, t :
les dures (qui sont vraiment douces) b, g, d :
les rudes . . . ch, f, th. ; les légères . . . bh, gh, dh, mh,
1, n, v;
les fortes . . 11, nn, rr, m, ng;
s = la reine des consonnes.
* V. Kuno Meyer : ' Primer of Irisli Metrics.' Hyde : ' Filidheacht
Ghaedhealach.' Watson : * Bardachd Ghàidlilis.'
56 VERSIFICATION
Une consonne qui faisait partie d'une de ces divisions ne
pouvait être prise pour rime finale (Comharda) avec toute
autre consonne qui n'était pas de la même division. Il y
avait consonance entre les derniers mots de chaque vers ou de
chaque distique.
L'assonance intérieure des voyelles (uaithne) se trouvait
entre un ou plusieurs mots des vers du même distique. La
rime des voyelles entre la dernière syllable accentuée du
premier vers d'un distique et une autre syllabe accentuée du
second vers du même distique s'appelait Aichill. Dans la
poésie gaélique moderne on a développé cette assonance ou
rime à un très haut degré.
(4) L'allitération (uaim) était un trait marqué. Elle
était de deux genres : —
(a) fior-uaim — lorsque les deux derniers mots d'un vers
commençaient par la même consonne ou par une
voyelle ;
(b) uaim-gnùise — lorsque l'allitération se trouvait entre
différents mots du même vers. Un mot court inac-
centué intercalé ne comptait pas.
(5) Pour la métrique il est utile de noter les points
suivants : —
(a) lorsqu'un mot, commençant par une voyelle suit un mot
finissant par une voyelle l'élision est régulière :
(b) une syllabe longue peut être comptée comme deux ;
(c) les particules initiales inaccentuées telles que les pro-
clitiques des verbes peuvent être négligées mais les
suffixes pronominaux comptent toujours.
(d) le mot portant l'accent final dans le premier vers
compt e quelque fois comme le commencement du
ond vers.
Les traits de la poésie gaélique écossaise moderne sont,
d'autre part: —
(1) indifférence pour l'exacte nombre de syllabes et con-
centration sur régularité du rythme — i.e. vin nombre
invariable de syllabes accentuées dans chaque vers :
VERSIFICATION 5
(2) insouciance pour l'accord consonautique et concentration
sur l'assonance des voyelles — i.e. sur une suite de
voyelles semblables, y compris la rime intérieure et
finale.
En Ecosse et en Irlande, le même genre de développe-
ments sociaux et politiques semble avoir effectué ce change-
ment environ à la même époque — vers la fin du XVI ème et
le commencement du XVII ème siècles. Il y avait aussi des
raisons linguistiques dont on parlera plus loin.
La nouvelle poésie libérée des innombrables traits tech-
niques que seuls les bardes très instruits pouvaient employer
devint l'élément des poètes naturellement doués mais non
érudits des deux pays, et la magnifique mélodie naturelle de
la langue atteignit ainsi son apothéose.
De ces nouvelles mesures, le Prof. Douglas Hyde dit d'une
façon frappante: —
' A présent, aussi, le reste des bardes — les grandes
familles n'étant plus — s'adonnèrent instinctivement au grand
public, et rejetèrent les vers compliqués des écoles, et se
débarassèrent aussi, d'un seul coup, de plusieurs milliers de
mots que personne ne comprenait, excepté les grands chefs
et ceux qui avaient été instruits par les poètes, tandis qu'ils
éclataient en vers magnifiques et à la fois intelligibles,
qu'aucun Gaël d'Irlande ou d'Ecosse, ne puisse oublier alors
qu'il les a appris ou même entendus. Ceci est peut-être, à
mon avis, la plus belle création de toute la littérature irland-
aise, la vraie gloire de la nation irlandaise moderne et de la
Haute-Ecosse, ceci est la note la plus réelle de la sirène
celtique enchanteresse, et celui qui l'a entendue une seule
fois, et reste sourd à ses charmes ne peut avoir que peu de
coeur pour les chansons ou d'âme pour la musique. La
poésie gaélique des deux derniers siècles et en Irlande et dans
la Haute-Ecosse, est vraisemblablement le plus agréable essai
que l'homme ait jamais fait pour exprimer la musique en
mots. Il est absolument impossible de rendre en une autre
langue 3a douceur des sons, la richesse du rythme et la per-
fection de l'harmonie."*
* A Literary History of Ireland, p. 542.
5fc VERSIFICATION
Le dernier des bardes écossais érudits qui employait
exclusivement l'ancienne métrique fut Domhnull Mac-
Mhuirich de l'Uist du Sud, Seanachaidh du Clanranald.
D'après les documents il était en vie en 1722 (Reliquias
Celticœ, Cameron, T. II., p. 139).
La nouvelle école des bardes gaéliques écossais com-
mençant avec Iain Lom et Mairi Nighean Alasdair Ruaidh
qui tous deux vécurent jusqu' à un âge avancé, de c. 1620-
1710, composait dans le gaélique parlé de l'époque aussi bien
que dans la nouvelle métrique accentuée.
Dans la langue parlée les syllabes inaccentuées avaient
perdu beaucouj} de leur précision et les syllabes accentuées
avaient gagné en force. Ceci se trouva facilité dans le
gaélique écossais par l'accentuation naturelle et le progrès
continue toujours. Cette cause ne pouvait manquer d'avoir
une influence sur la poésie syllabique.
De même les chants de travail de toutes sortes, chansons
de batelier (iorram), de fouleurs de drap (orain luaidh),
chansons à moudre le grain (orain brà) qui étaient très
courantes portaient naturellement de très forts accents.
Environ à la même époque où. la nouvelle poésie se
répandait dans le pays (vers le début du XVIIIème siècle) la
harpe perdit sa place d'instrument de musique national mais
je n'ai pu trouver de rapports intimes entre la disparition cle
la harpe et l'adoption de la nouvelle métrique. Plus tard
l'influence de la poésie anglaise se fit sentir par exemple dans
celle de Dughall Bochanan un de nos plus grands poètes.
La poésie de Donnchadh Bàn porte les traits des deux
métriques comme nous pourrions nous y attendre, vu son
époque, mais pour ce qui concerne l'ancienne métrique, seul
le dessin général en est clair.
Ce dessin néanmoins se détache distinctement dans ses
principaux poèmes mais naturellement les détails, y compris
l'allitération (uaim), &c, manquent cm n'apparaissent que
selon le plaisir du poète.
Le nouveau genre de poésie chez Donnchadh Bàn et
d'autres poètes modernes se divise en deux parties:
VERSIFICATION 59
(a) Cumha, lamentation, qui n'exigeait que des mesures
accentuées et des rimes finales;
(b) Oran (ou Amhran), chanson qui était du même genre
mais plus compliquée et demandait aussi une asson-
ance intérieure.
Le principal poème de Donncliadh Bàn, " Moladh Beinn-
Dòbhrain,"* cJief d'œuvre artistique, comprend 554 lignes de
versification merveilleusement soutenue. Pour le rythme et
les qualités vocaliques il est adapté à un air de cornemuse, le
pibroch, dont les variations se suivent du commencement à
la fin.
Ce pibroch se divise en huit sections.
La première partie se nomme Urlar ou Base et se répète
quatre fois; le Siubhal (variation) trois fois et le tout se
termine par le Crunluath (mouvement au galop). Presque la
moitié du poème se compose d'Urlar. Le poète doit avoir
fréquemment fredonné le poème avec l'air de la cornemuse
dans la tête, de même qu'il a dû le retenir dans sa mémoire
pendant des années et l'améliorer de temps en temps, jusqu'
à ce qu'il acquît la forme finie telle que nous la possédons.
De nos jours, il n'y a pas de pibroch appelé " Moladh Beinn-
Dòbhrain."
Le dessin métrique de l' Urlar est une combinaison de
Leathrannaigheacht Mhor et Blogbairdne. La formule est
2(5i + 53) + (3x5i) + 53 i.e.
le premier quatrain se compose de deux distiques dont chaque
vers contient cinq syllabes, le dernier mot des vers impairs
étant un monosyllabe et le dernier mot des vers pairs un
trisyllabe ; ce quatrain est suivi de trois vers de cinq syllabes
chacun se terminant par un monosyllabe, suivi d'un vers de
cinq syllabes terminé d'un mot de trois syllabes.
Dans les trois sections Siubhal, la métrique est Rindaird,
62+62 i.e.
une succession de vers de six syllabes terminés par un dis-
syllabe.
* Ce poème ainsi que tous les autres mentionnés se trouvent avec
traductions complètes plus loin.
60 VERSIFICATION
Le Crunluath ou partie finale du poème a le dessin
métrique de Seudna Mlu-adhonach
(3 > 83) 72.
Le premier Urlar contient 48 vers portant deux accents
dont le premier est indéfini. Il y a
19 rimes finales accentuées en "e"
14 rimes finales accentuées en "a"
15 rimes finales accentuées en "o"
qui forment la cadence finale accentuée dans toutes les
strophes Urlar, ainsi que dans toutes les Siubhal après le vers
260 et dans la totalité du Crunluath.
Par conséquent c'est un poème en "O."
Les " Siubhal " et le " Crunluath " montrent de la même
façon dans les rimes finales et les rimes " Aichill " le jeu le
plus magnifique des voyelles ainsi que du rythme mélodieux.
Le jeu consonantique est aussi merveilleux pour son inspira-
tion suggestive et sa force d'onomatopée.
Ce grand poème possède la qualité subtile appelée
" atmosphère" et demande une disposition d'âme en har-
monie avec celle du poète, pour jouir des rythmes forts, de la
variété et de la flexibilité des nuances, de la résonance des
mots des rimes comme ils se présentent.
Un instinct profond est satisfait par la coïncidence des
accents d'expression et de métrique, avec le battement
régulier du rythme.
L'allure dos vers avec leurs qualités claires et souples
donne de la vivacité, de la réalité et un très beau sens
poétique. Notre capacité à saisir les idées se trouve aidée
par l'enchaînement du rythme et de la signification. L'aug-
mentation et la diminution de la cadence sont idéales pour
l'étude de la mélodie et l'intonation délicate.
L - consonnes nettes et les voyelles correctes et l'emphase
juste ajoutenl de la vie et de la vigueur d'expression.
L'allure mesurée des longues voyelles et des consonnes sonores
donnent, la quiétude plus douce de PUrlar, tandis que les
us dures et les courtes voyelles des " Siubhal "
VERSIFICATION 61
et du " Crunluath " donnent la couleur et la rapidité qui
rendent les tableaux du poème plus beaux.
Le but du poète, nous sentons instinctivement, est
d'éveiller les sens de ses auditeurs, de les remuer, et de les
soulever et de les ravir par l'enchaînement magique des mots
en musique. Le rythme de chaque vers active l'esprit et
anéantit la léthargie mentale et spirituelle. Donnchadh Bàn,
au moyen de la métrique artistique de son poème, nous fait
sentir que ses pensées chantent ainsi que ses mots.
Dans sa versification il y a beauté de couleur, de forme et
de son. La force du climax à la fin des différentes strophes
montre habileté technique et artistique de premier ordre.
Parmi tous ces artifices poétiques, l'équilibre de la phrase
est maintenu et Donnchadh Bàn bien qu'il n'eût aucune
instruction avait complètement compris et su harmoniser
cette variété. " Coire a' Cheathaich " poème à peine moins
célèbre parmi les Gaëls que " Moladh Beinn-Dòbhrain "
exhibe le dessin métrique de
Ochtf hoclach beag (3 x 52) + 41 :
'Se Coir' a' Cheathaicli / nan aighean siùbhlach.
An coire rùnach / as ùrar fonn.
Comme indiqué ci-dessus, il peut aussi affecter une forme
de seize vers ou quatre strophes : alors il se nomme ' : corran-
ach." Ici nous avons la mesure de Cumha avec les embel-
lissements d'Oran.
On peut considérer chacune de ces strophes comme un
simple vers et ceci donne un "rann." La rime des voyelles
finales et intérieures de vers en vers est des plus ingénieuses.
Voici une stance où la voyelle accentuée est 'u': —
'S a' mhaduinn chi//in-ghil, an am dhomh d/isgadh
Aig bun na stmce b' e 'n sùgradh leam :
A' chearc le sgiùcan ag gabhail tf/chain,
'S an coileach cwirteil a' dwrdail crom :
An dreathan sv/rdail, 's a ribheid chiml aige,
Ag cur nan sm?/id deth gu l?)thor binn :
An druid 's am br/>-dhearg, le moran />inich,
Ri ceileir swnntach bu shiwbhlach rann.
62 VERSIFICATION
La métrique de " Oran do chlaidkeamh mhic an Leisdeir
agus do Bhlàr na h-Eaglaise Brice " = Rannaigheacht bheag
mhor, 82 + S2;
" Oran Seacharan seilge " = Rannaigheacht bheag mhor,
3x82 + 82;
" Moladh do' Ghaidhlig " "j Sneadhbhairdne, 82 + 42
" Rainn Gearradh-arm " J- alternativement avec
" Rainn Claidheimh " J Rannaigheacht bheag mhor,
82+82;
' Rann do'n cheud cheaird " = Druimne suithe na bairdne,
83 + 61;
"Oran Dhunéideinn " =Cro cummaisc etir rindaird
agus leathrannuigheacht,
73 + 61x3;
"Rainn a ghabhas Maigh- = Rindaird, 62 + 62;
dean d'à Leannan "
" Oran do'n Eideadh Ghaidh- = Rannaigheacht dialtach,
ealach" 71 + 71.
" Cumha Coire a' Cheathaich " a comme plan: —
3 (Is duilich leam an càradh) 's a' Bhràighe so thall,
i.e. une phrase en "a" portant deux accents répétée trois fois
avec l'accent final sur la pénultième suivie d'une phrase en
"a" portant deux accents dont l'accent final est sur la
dernière syllabe.
La dernière voyelle accentuée "a" de la strophe est la
même pour les seize premières strophes.
Sa chanson la plus connue du type moderne accentué est :
" Oran d'à chéile nuadh-pòste."
L'accentuation et le plan des voyelles du premier verset
peuvent être pris comme type : —
A Mhairi bhân Ôg 's tu'n Ôigh th'air m'àire
Ri m' bheo bhi fàr am bithinn fhêin :
O'n fhuair mi ort coir cho nior 's bu mhàth leam,
Le posadh ceàngailt' o'n chlêir ;
Le cûmhnanta teànn 's le bànntaibh dàingean,
'S le snàim a dh' fhànas nach treig :
'S e t' fhàotainn air lâimh le grâdh gach càraid
Rinn slâinte mhâireann am chre.
VERSIFICATION 63
Les voyelles longues portent une barre :
â = a:, ô = O : , ê = e :
Plan des
voyelles : -
— à
j
ò /
-ò / -
— ò
/ -
a /
-é /
— a
/
■ ò /
-Ò / -
— ò
/ -
a /
— — é
— ù
/
(e)a /
— — a
- a(i) /
a /
— — é
— ao
/
• à /
-à / -
— à
/ -
a /
é
Il y a quatre accents dans le premier vers de chaque
distique et trois dans le second vers; les deuxième et
troisième voyelles accentuées du premier vers de chaque dis-
tique riment entre elles et avec la première voyelle accentuée
du second vers, tandis que le dernier accent des premiers
vers des distiques correspondent tout le long ; ce que font
aussi les accents finaux des seconds vers. Deux intéressantes
chansons à fouler le drap montrent les traits de leur classe :
" Oran nam balgairean " et
" 'Sa' chaora fhuair mi o Shiùsaidh gun an cùin a dhol g'a
ceannach . ' '
Le couplet est comme une longue ligne avec quatre
accents. Les second et troisème accents riment. Tout le
long la rime finale est "A" : donc c'est un poème en "A."
•' Oran nam balgairean " est un poème en "Ao " portant
aussi quatre accents.
" Oran do'n Mhusg " — poème en "A," dont les derniers
accents correspondent tout le long et dont le premier accent
est indéfini.
" Oran do'n Bhriogais " est un poème en "U" com-
mençant par une phrase à deux accents trois fois répétée,
suivie d'une phrase portant l'accent final sur "U."
'S olc an secl duinn / am Prionns' òg
A bhi fo mhòran / duilichinn.
64 VERSIFICATION
"Cead deireannach nam Beaim " (Le dernier adieu aux
montagnes), composé par le poète à l'âge de 78 ans est une
oeuvre frappante pour le rythme et l'assonance aussi bien
que pour son contenu.
Bha mi 'n dE 'm Beinn-DObhrain
'S 'na cOir cha robh mi Aineolach,
ChUnna' mi na gleAnntan
'S na beAnntaichean a b'Aithne dhomh.
B' e sln an sealladh Eibbinn
Bhi 'g Imeachd air na slEibhtean,
'N uair bblodh a' ghrian ag Eirigb,
'S a bhiodh na fEidb a' lAnganaich.
Si nous considérons la stance de huit vers comme un
quatrain de quatre longs vers, les accents finaux en " A "
dans les vers 1, 2, et 4 s'accordent tout le long du poème:
par conséquent c'est un poème en "A."
Les second et troisième accents riment dans les premiers
et seconds longs vers tandis que le second et le quatrième
accent du troisième vers correspondent avec le second et le
troisième du quatrième vers. Le premier accent est indéfini.
s:>
SUJETS DES POEMES
La poésie du Gaël écossais montre trois qualités distinctes,
son amour pour la patrie, son amour pour sa parenté, son
amour pour la nature, et celle de Donnchadh Bàn laisse voir
toutes ces qualités avec force et précision. Son oeuvre, prise
en entier, montre une étendue et une variété de topiques,
mais peut, quant au contenu, être classée comme suit : —
(1) Poèmes sur la nature et chants de chasse, e.g. Moladh
Beinn-Dòbhrain, Coir' a' Cheathaich, Cumha Coir' a'
Cheathaich, Cead deireannach nam Beann, Oran nam Balg-
airean, Oran Seacharan Seilge, Oran do Ghunna d'an ainm
Nie Còiseam, etc.
(2) Chansons martiales ou patriotiques : — Oran do
Chlaidheamh mhic an Leisdeir agus do Bhlàr na h-Eaglaise
Brice, Oran do'n Bhriogais, Oran do'n Mhusg, Oran do'n
Eideadh Ghàidhealach, Rainn Gearradh-arm, Moladh do'n
Ghàidhlig, &c, 1789, Oran Dùthcha, Rainn Claidheimh, Oran
do Chaiptean Caimbeul, &c.
(3) Poèmes sur l'amour ou topiques de cette espèce: —
Oran d'à Chëile nuadh-poste, Rainn a ghabhas Maighdean
d'à Leannan. &c.
(4) Divers morceaux d'un type descriptif: — Oran Dhun-
éideinn, Oran do chaora a fhuaradh a' Ghibht o Mhnaoi
uasail àiridh, etc., Rainn do'n cheud cheàird.
(5) Satires et poésies sociales: — Aoir Uisdean Phiobair,
Rainn do'n Phadhadh, &c.
Le texte gaélique de tous les poèmes et chansons énumérés
ci-dessus qui représentent la meilleure partie de la poésie de
Donnchadh Bàn, ainsi qu'une traduction en prose sont donnés
ci -après.
5
66 SUJETS DES POEMES
Un effort a été fait pour retenir la focre et la signification
de chaque mot du texte gaélique et il n'a donc pas été con-
sidéré nécessaire d'y ajouter un glossaire. Conserver l'esprit
de l'original dans la traduction est une affaire différente et en
dépit de tous les soins, les traits fins qui donnent à la poésie
de notre poète beaucoup de sa beauté et de sa verve ne
peuvent être reproduits pleinement dans une autre langue.
La magie d'un original s'évapore dans la traduction mais
on espère que le but principal de donner aux lecteurs français
une occasion de juger des mérites de la poésie gaélique de
Donnchadh Bàn sera atteint par la prose équivalente donnée
en regard du gaélique.
Une étude de son chef d'oeuvre révèle la constitution
mentale de l'homme. Nous voyons que le poète chasseur a
mis son âme entière dans ce poème.
La tournure d'esprit du poète, comme elle se reflet© dans
' ' Moladh Beinn-Dòbhrain ' ' et dans ses travaux principaux
est d'un genre objectif : comme ses ancêtres celtiques, il est
un vrai adorateur de la nature et c'est très rarement, qu'il
nous semble rêveur ou abstrait. Les qualités vitales de la
nature elle-même sont la plus grande part de son inspiration.
Il erre parmi ses collines natales avec des yeux qui savent
voir et une vive perception, et bien que ses sujects puissent
ne pas sembler, à quelques-uns, grands en eux-mêmes il n'y
a pas de doute, il chantait sur des sujets qui lui faisaient
appel, et non pas seulement à lui-même mais, aussi à ses
compagnons montagnards, car des milliers chantaient ses vers
qui n'en ont jamais lu une ligne.
Il se contente de dépeindre des choses comme il les voit,
en un style concret et descriptif : il ne philosophe pas, ni ne
rêve. C'était un homme d'action et non un philosophe posé
et insipide. C'est par l'activité de sa vie que la nature lui
est révélée, et la nature après tout est le meilleur créateur
des poètes.
Il y i s. Matthew Arnold indiqua le succt-s du
génie celtique dans ce qu'il appelle " L'art ordinaire d'orne-
mentation." La délicatesse et 1" fini des jBWwiat'ions- des
vieux livres celtiques ovi manuscrits démontrent ceci comme
SUJETS DES POEMES 67
le fait aussi la symétrie parfaite des dessins sur pierres
mentées ou sculptées en Irlande et en Ecosse. Suivant Fart,
comme son confrère artistique des temps plus anciens, notre
poète réussit à faire une délinéation la plus méticuleuse de
son sujet quel qu'en soit la simplicité.
Dans ce but, instinctivement, il ne choisit que des sujets
qui l'intéressent complètement et il en parle simplement
parce qu'il ne peut s'en empêcher, c'est spontanément, avec
un son et une ampleur de sincérité qui est toujours fraîche et
vive.
Il est versé dans ses sujets et en est charmé, de là ses
instincts de race pour une description claire trouvent un libre
essor et dans ses goûts naturels et dans sa connaissance unique
de sa langue.
Sa langue contraste avec celle des hommes de son rang
par le grand nombre et l'originalité de ses pensées et les
rapports à exposer. Ce serait une erreur de croire puisque
son style est simple, que son langage l'est également quant
à son vocabulaire et à ses idiotismes. Tous deux sont assez
difficiles pour demander la plus grande attention de la part
de ceux qui s'adonnent à l'étude de ses travaux ainsi que la
plus profonde connaissance du gaélique.
D'un bout à l'autre, dans ses grands poèmes, Moladh
Beinn-Dòbhrain, Coir' a' Cheathaich, et Oran d'à Chéile
Nuadh-poste, ses efforts pour représenter un tableau complet
dans tous ses détails, quelques petits qu'ils soient, sont claire-
ment évidents.
Le poète cherche à épuiser son sujet de point en point
jusqu'à ce qu'il l'ait entièrement parcouru et nous ayons
devant nous un tableau auquel rien ne peut être ajouté. On
peut dire par <-xemple, que Moladh Beinn-Dobhrain est trop
long, que la Base tend à en devenir monotone. Mais pour
ceux qui connaissent le gaélique dès le berceau et apprécient
les différentes formes sous lesquelles les conceptions poétiques
sont exprimées en cette laugue, il n'en semble pas ainsi.
Un long poème comme celui-ci ou celui de " Coir' a'
Cheathaich " ou " Oran d'à Chéile Nuadh-poste," leur
montrent combien le poète aimait son sujet et son entêtement
68 SUJETS DES POEMES
à lui faire justice et ils ont tout égard et sympathie pour son
affection ardente. Comme chez les grands poètes gaéliques
de son siècle, il n'hésite pas à employer ses adjectifs d'une
façon qui nous semble dans certains cas excessive.
La longueur de " Moladh Beinn-Dòbhrain," n'ennuie
pas les Gaëls; au contraire, leur oreille, à l'unisson avec les
variations du pibroch, apprécie avec goût l'oeuvre soutenue
et habile de l'artiste. Les variations longues et continues
par un habile musicien, sur un thème choisi, ne fatigueront
pas l'oreille habituée à apprécier " l'harmonie de doux
accents."
Ceci suggère deux considérations qui sont importantes : —
(1°) la couleur locale dans la poésie,
(2°) que les poèmes de Donnchadh Bàn étaient composés
à l'origine pour être chantés ou récités par des voix humaines
à des oreilles attentives.
La couleur locale est une forte note dans la poésie de
Donnchadh Bàn, aussi forte que la note de sincérité ; et
quelqu'un a dit que la sincérité est la note la plus forte dans
tous les arts.
" Moladh Beinn-Dòbhrain," à chaque vers, respire la
vie et l'air frais des montagnes. Composé comme il l'est en
vers courts et gais, la forme convient bien au thème mais
l'inspiration vient directement des vues et des scènes des
côtés de la montagne ; la conception est si frappante à cause
de son intense couleur locale et les détails sont si exacts parce
que la connaissance du poète sur ce sujet, y compris les habi-
tudes des animaux, est si complète. Il n'oublie aucun détail
et Michel Ange, qui devrait savoir, remarqua une fois que
des bagatelles contribuent à la perfection, et que la perfec-
tion n'est pas une bagatelle.
De la même façon, le poète s'étend avec chaleur, émotion,
use disposition et la plus grande élaboration sur les
charmes de sa femme (V. " Oran d'à Chéile Nuadh-pòste ").
[ci, il peut arriver que quelques personnes trouvent la
description exagérée, mais la beauté élémentaire doit être
de tous. Un ami du poète qui avait été charmé de ce
SUJETS DES POEMES 69
poème particulier, fut désappointé lorsqu'il rencontra " La
belle jeune Marie " elle-même et osa suggérer au poète
qu'après tout, elle n'était pas tellement belle, à quoi le poète
répliqua: — "Vous ne l'avez pas vue avec mes yeux" —
" Chan fhaca tusa i leis na sùilean agamsa."
Dans les poèmes déjà mentionnés et en particulier dans
" Cead deireannach nam Beann " (Le dernier adieu aux
montagnes), on ne peut démentir que la vision du poète est
essentiellement délicate et fort belle en caractère.
Comme tous les vrais poètes il voit plus que l'oeil
ordinaire et il est intéressant de sonder la constitution de sa
nature comme elle se révèle dans sa poésie pour chercher la
source de sa sensibilité excessive et de son ardeur constante
pour le bonheur. Ses alentours et ses instincts celtiques
héréditaires semblent l'expliquer complètement.
Il n'y a pour ainsi dire, point de mélancolie celtique dans
aucun des poèmes de Donnchadh Bàn. Ce trait est
remarquable par son absence. Dans le lointain Glen-
orchy — pour quelques-uns le coeur même de la désolation — -
sa voix est celle du printemps. Au milieu de cette désola-
tion, à quatre milles au nord de Tyndrum, sur la route de
Glencoe, se dresse Beinn-Dòbhrain. C'est une belle mon-
tagne conique. Parmi les montagnes d'Ecosse, elle est peut-
être unique pour sa forme gracieuse : son contour est regardé
presque comme d'un caractère féminin parmi les montagnes
rugueuses du nord, tant ses courbes sont charmantes. La
beauté rare et la grâce de Beinn-Dòbhrain s'imprimèrent
dans l'esprit du poète, esprit naturellement enclin à être
impressionné par toute chose gracieuse, précise et définie.
Cette rare montagne, il avait contemplée depuis son
enfance jusqu'à son adolescence, et jeune homme il avait erré
pendant des années le long de ses pentes, jusqu'à ce que ses
belles vallées et ses sources, ses cerfs et ses oiseaux, ses fleurs
et même ses rochers lui fussent devenus presque comme des
choses vivantes.
Nous voyons combien les cerfs si majestueux et beaux les
dains et les faons avec leur agilité lui font appel comme ils
ne le pourraient qu'à un poète chasseur. Le cerf est élancé
70 SVJETS DES roi-: MF. s
v, la montagne use el l'herbe même pousse
délicate et tendre.
La même qualité, appréciation d'élégance et de raffine-
ment de forme opère dans tous ses poèmes sur la nature et
beaucoup aussi dans ses poèmes de sentiment?. Cette appré-
ciation de beauté physique, de Foi nature, des faits
de sa race, rappellent la pers ue nous
trouvons en Homère.
il a horreur des choses gauches et maladroites, par
exemple l'épée qui lui fut prêtée par Fletcher et qu'il lança
au loin pendant la bataille de Falkirk. Même son vieux
mousquet qu'il décrit d'une façon si belle dans tous ses détails
mécaniques est pour lui une chose de netteté et de beauté et
a sa personnalité aussi bien que son utilité. Seul un génie
pourrait composer des poésies de première classe sur les
détails du mécanisme d'un vieux fusil à pierre. Il a le même
succès merveilleux en nommant les fleurs nombreuses et variées
du flanc de la montagne et des niches des rochers. Les vers
reflètent chaque trait avec une félicité exacte.
Ses poèmes martiaux sont composés en louange des
guerriers de son propre temps, des armes de guerre des
montagnards, du costume et de la langue gaélique.
Les allusions du poète aux héros d'un âge d'or passé sont
rares et incidents ; il en savait bien des choses car des poètes
gaéliques plus modernes que lui en parlent dans leurs
poésies, mais il trouvait les hommes et les temps où il vivait
assez intéressants pour ses desseins.
En conséquence, ses descriptions ne sont vraiment pas
moins intéressantes ou effectives. Son poème sur la resti-
tution du costume montagnard national est d'un intérêt
particulier. Le poète commence à célébrer, une fois de plus,
l'apparence de l'ancien uniforme gaélique après avoir été
obligé pendant trente ans de porter un vêtement étranger.
A cette époque, il servait dans la Garde de la Cité
d'Edimbourg et avait suivi avec un vif intérêt tous les efforts
faits pour restituer le costume national des montagnards,
restitution qui aida beaucoup à raviver le sentiment uational
SUJETS DES POEMES 71
et donna grande satisfaction en Ecosse. Le poète frappe ici
un accord et une note effectives.
Satires. — Avec l'exception de la satire sur l'épée de
Fletcher et quelques vers citables (e.g. les vers choisis de la
satire du cornemusier) les productions du poète dans ce
département peuvent être considérées comme manquées car
elles ne sont que des productions assez vulgaires où l'auteur
accumule les injures sur des personnes assez malheureuses
pour lui avoir donné de grandes offenses. Un certain tail-
leur et un joueur de cornemuse ont de longues satires pour
eux seuls, mais la nature du poète n'était pas en tout cas
assez aigre pour s'assurer du succès dans les satires et
généralement les satires des grands bardes gaéliques, Mac
Mhaighstir Alasdair et Donnchadh Bàn, sont de beaucoup
les moins heureuses de leurs productions. Ces satires res-
semblent aux gronderies d'une poissarde, piquantes en un
sens mais principalement critiques et injurieuses.
72 POEMES
MOLADH BEINN-DOBHKAIN
Air Fonn — Piobaireachd
Urlar
An t-urram thar gach beinn
Aig Beinn-Dòbhrain,
De na chunnaic mi fo'n ghréin,
'S i bu bhòidhehe leam :
5 Monadh fada, réidh,
Cuile 'm faighte féidh,
Soilleireachd an t-sléibh'
Bha mi sònrachadh ;
Doireachan nan geug,
10 Coill' anns am bi feur,
'S foineasach an spréidh,
Bhios a chomhnuidh ann :
Greighean bu gheal céir,
Faoghaid air an déidh,
15 'S laghach leam an,sreud
A bha sròineiseach.
Titre : Dans toutes les éditions nous trouvons ' Dourain ' ou
' Dòrain ' : Dourain (Stewart) est la prononciation du comté de
Perth; Dòrain, celle du nord de l'Argyll. La meilleure
orthographe est Dòbhrain. C'est un dim. masc. de ' dobhai ,'
eau, maintenant inusité dans le parler. Dans le voisinage sont
Inveroran (Inbhir Dhòbhrain) et Allt Orain (Allt Dòbhrain).
Beinn Dòbhrain signifie 'pic du ruisean ' ; cf. Douvres.
L'etymologie populaire est ' pic de la loutre ' (Dobhran) ou
' pic des loutres.'
1. 'thar': prép. = au-dessus de, au-delà de; prend l'ace, ou gén.,
adoucit ' b ' et ' c ' ; ' thar chuan,' trans mare.
' beinn ' : cas oblique de ' beann ' employé maintenant au nom.
et à l'ace; s' applique en Ecosse aux plus hautes montagnes.
e.g., Ben Nevis.
4. bu (gaél. moy., bud) adoucit toutes consonnes excepté Les
dentales comme ' bu ' se terminait autrefois par ' d.'
6. 'm faighte: 'm = am (an, ann am); faighte, imparf. au \>'..
forme dépendante du verbe irrég. faigh, fhuair, s"licil>li
(obtenir).
POEMES 73
LOUANGE A BEINN-DOBRAIN
Air — Le pibroch
Base
Que Beinn-Dòbhrain soit louée
Au-dessus de toutes montagnes !
De tout ce que j'ai vu sous le soleil,
Je l'ai trouvée la plus belle;
5 Lande étendue et unie
Retraites où se réfugiaient les cerfs,
L'éclat de ses coteaux,
Je le contemplais avec affection ;
Bocages de branchage,
10 Bois où pousse l'herbe.
Troupeaux de cerfs aux aguets,
Refuge qu'habitent ces braves :
Troupes à la croupe blanche
Chasse ardente après elles,
15 Bandes, aux narines flairantes,
Qui me sont chères.
12. ' a chòmhnuidh ' : expression assez souvent rencontrée chez D.
Bàn. L'expression est courante en Argyll surtout au sud-
ouest. Au nord et partout dans les îles on dit toujours ' a'
oòmhnuidh ' (ag còmhnuidh), ag+nom verb. La Bible a
' ag gabhail còmhnuidh,' ' tha e 'na chòmlinuidli ' niais aussi
' tha e chòmhnuidh measg nan cinneach, Lam. 1. 3; 'do
phiùthar a tha chòmhnuidh aig do làimh,' Ezek. 16. 46; ' tha
an solus a chòmlmuidh maille ris/ Dan. 2. 22, &c. Je suis
enclin à penser que c'est un ' do ' qui est devenu ' a ' et que
l'expression est parallèle à ' do ghnàth ' ' a ghnàth ' : dans
ce cas c'est vraiment une phrase adverbiale significant
littéralement ' de demeurant ' à présent employé comme
une phrase participiale. ' An còmhnuirìk ' chez D. Bàn,
comme ailleurs, signifie ' toujours.'
15. Is+adj. (ou nom)+pron. prép. = verbe:
Is laghach leam= J'aime.
Is eagal leam^Je crains.
74 POEMES
'S aigeannach fear eutrom.
Gun mhòrchuis,
Théid fasauda 'na éideadh.
'20 Neo-spòrsail :
Tha mhantal uime féin,
Caithtiche nach tréig,
Bratach dhearg mar chéir
Bhios mar chòmhdach air ;
25 'S culaidh g?a cliur eug,
Duin' a dheanadh teuchd,
Gunna bu mhaith gleus
Au glaic òganaich ;
Spor anns am biodh bearn,
30 Tarrann air a ceann,
Snap a bhuaileadb teann
Ris na h-òrdaibh i ;
Ochd-shlisneach gun fheall,
Stoc de'n fhiodh gun mheang,
35 Lotadh an damh seang,
Is a leònadh e :
'S fear a bhiodh mar cheaird,
Riu sònraichte,
Dh' fhoghnadh dhaibh gun taing,
40 Le chuid seòlainean :
Gheibhte sud ri am
Pàdruig anns a' ghleann,
17. eutrom: eu- préfixe nég.+trom, lourd; aussi ' aotrom.'
1 s. L'adoucissement de 'm' indique qu'autrefois la prép. se
terminait par une voyelle.
1!). 'na = ann a. Théid: fut. de ' rach.'
21. Tha mhantal = Tha a m.
23. caithtiche -vêtement. V. caith.
24. mai. comme : prend le dat. du nom avec adoucissement; gaélique
moyen, im-mar; g. ancien, amal; lat., similis.
25. g'a < liur eug: phrase poét. pour ' g'a chur gu bas.' Cf. dol
bas, mourir.
_'(). teuchd : forme usuelle, euchd.
28. an glaic : .^lac, l'intérieur de la main avec laquelle on empoigne.
V. alac, saisir.
POEMES 75
Brave au pied léger et fougueux,
Sans faux orgueil,
Habillé dignement
20 Sans apparat;
Son manteau le couvre,
Vêtement qui durera,
Robe rouge comme la cire,
Ainsi est-il vêtu ;
25 Une arme pour le tuer,
Un homme pour le fait,
Un fusil en bon ordre
Entre les mains d'un gaillard ;
Un silex taillé,
30 Un clou à la tête,
Une détente qui la projette
Raide contre le fer,
Canon octogone sans faute
La crosse de bois solide,
35 Pour frapper le cerf svelte,
Et le blesser :
37, 38 Seul un homme dont c'était la profession
Pourrait, malgré eux, les abattre,
40 Au moyen de ses stratagèmes ;
Tout ceci arrivait
Lorsque Pàdruig habitait la vallée,
29. Spor, pierre à feu : anglais ' spar ' : bearn, * cavité.'
30. Tarrami . tarrug, taruing : clou.
31. ' snap ' : détente, angl. ' snap.'
32. * Eis na ' = ri sna (prép.+art. déf.) ' òrdaibh ' : dat pi. en— ibh
est régulier chez D. Bàn. PI. ord., ùird. ' Ord ' est cette
partie du mécanisme d'un fusil qui donne l'étincelle.
33. ochd-shlisneach : octogone.
39. La part. verb. ' do ' devient ' dh ' devant une voyelle ou ' th.'
' Dh ' fhoghnadh dhaibh' = qui leur suffirait, i.e., les tuerait.
V. foghainn.
40. ' Le chuid ' = ' le a chuid ' : ' cuid,' pron. indéf., ' cuid,' subst.
= une part. Cf. le chuid daoine, avec ses hommes.
41. ' Gheibhte ' : 1' imparf. pass. de ' faigh,' ' ri àm,' une fois.
42. Pàdruig : un des Campbells de Glenorchy c. 1635-1736.
76 POEMES i
Gillean is coin sheang,
'S e toirt òrduigh dhaibh ;
45 Peileirean 'nan deann.
Teine g' an cur ann,
Eilid nam beann ard
Théid a leònadh leò.
Siubhal
'S i 'n eilid bheag, bhinneach,
50 Bu ghuiniche sraonadh,
Le cuinnean geur, biorach,
A' sireadh na gaoithe,
Gasganach, speireach,
Feadh chreachann na beinne,
55 Le eagal roimh théine,
Cha teirinn i 'n t-aonach ;
Ged théid i 'na cabhaig,
Cha ghearain i maothan ;
Bha sinnsireachd fallain,
60 'N uair a shineadh i h-anail,
'S toil-inntinn leam tannasg,
G'a langan a chluinntinn ;
Si 'g iarraidh a leannain
'N am dàraidh le oaoimhneas :
65 'S e damh a' chinn allaidh
Bu gheal-cheireach feaman,
Gu cabarach, ceannard,
A b' fharumach raoiceadh :
'S e chòmhnuidh 'm Beinn-Dòbhrain,
70 'S e eòlach m'a fraoinibh.
'S ann am Beinn-Dcbhrain,
Bu mhòr dhomh r'a innseadh
45. ' Peileir ' : angl. pellet : 'nan doann = ann an d. (dans leur vol.).
60. V. sin, étendre, allonger : i h-anail-i a h-anail.
61. ' Tannasg ' = spectre : à mon avis le poète indique qu'il serait
ravi d'entendre le spectre d'un bramement, i.e., un b. qui
était faible et distant. ' G'a langan ' se trouve dans toutes
les éditions. O'a tient la place de D'à (de son). Prononcia-
POEMES TT
Jeunes gens et chiens efflanqués
Se hâtant à ses ordres :
45 Des balles partant à la volée
Le feu les lançant,
La biche des pics élevés
En sera frappée.
Variation
C'est une petite biche à la tête altière,
50 A l'allure la plus rapide,
Les naseaux fins, en éveil,
Flairant le vent,
Queue épaisse, jambes minces,
Sur les flancs de la montagne
55 Craignant le feu,
Elle ne descendra pas dans la lande :
Bien qu'elle aille à toute vitesse,
Elle ne se plaindra pas de douleur au poitrail ;
Elle appartenait à une race saine.
60 Lorsqu'elle soufflait fortement.
Il m'était délicieux
D'entendre son bramement faible et délicat :
Elle cherchait son compagnon
Dans la saison où ils s'aiment ;
65 Lui, est le cerf à tête sauvage,
Aux hanches et à la croupe blanches.
Aux bois nombreux et grands,
Qui brame bruyamment ;
Il habite Beinn-Dòbhrain,
70 Ses abris lui en sont familiers.
Dans la forêt qui couvre Beinn-Dòbhrain
Il me serait difficile de dire
tion dialectique archaïque qui ne serait pas facilement
comprise aujourd 'Lui.
64. ' àm dàraidh ' . . . temps du rut.
71. * ami am '=am.
72. r'a innseadh - ri a i.
78 POEMES
A liuthad damh ceannard,
Tha fantainn 'san fhrith ud ;
75 Eilid chaol, eangach,
'S a laoghan 'ga leantainri,
Le 'n gasgagan geala,
Ri bealach a' direadh,
Ri fraigh Choire-chruiteir,
80 A' chuideachda phiceach :
\ uair a shìneas i h-iongan
'S a théid i 'na deannaibh,
Cha saltradh air thalamh
Ach barran nan inean.
85 Co b' urrainn g'a leantainn,
De dh'fhearaibh na rioghachd ?
S arraideacb, farumach,
Carach air grine,
A' choisridh nach fhanadh
90 Gnè smal air an inntinn ;
Ach caochlaideach, curaideach,
Caol-chasach, ullamh,
An aois cha chuir truim' orra,
Mulad no mi-ghean ;
95 'Se shlànaich an culaidh.
Feòil mhàis, agns mhumeil,
Bhi tàrahachd am bunailt
73. a liuthad : ' a ' est pron. poss. Cf. n leithid, &c.
80. ' A ' chuideachda phiceacli ' ; ceci se trouve en apposition à
' damh ceannard,' ' eilid,' ' laoghan,5 ci-dessus : le poète les
rassemble dans cette phrase.
83. ' Cha saltradh' pour 'cha saltair ' ; le poète ne gardi pas
toujours la suite des temps.
83. ' air thalamh.' Dans le gaél. mod. ' air ' représente :
(1) V.G. iar, iar n- (après). L'ancien ' n ' se conserve dans
certaines phrases. Cette préposition n'adoucit pas.
Elle s'emploie très souvent avec les noms verbaux.
(2) V.G. ' ar,' pour, sur : V. C< I*.
(3) V.G. ' for ' (lat. super) sur, au-dessus «le.
Comme 'ar' se terminait autrefois par une voyelle il
adoucit: les composés pronominaux ' orm.' 'orl.'
' air,' &c, viennent de * for.'
POEMES 79
73, 74 Combien de cerfs à tête fière demeurent :
75 La biche mince et leste,
Son petit la suivant,
Aux queues blanches,
Montant le défilé
Vers le mur de la Vallée du Ménestrel
80 ] iande à la tête ornée de bois :
^uand elle allonge ses jambes
jt qu'elle court à toute vitesse,
Seules les pointes de ses sabots
Touchent à terre.
8.r> lequel des braves du royaume
Pourrait la suivre ?
Vagabondant, bruyante,
Rusée,* sur le gazon,
Voilà la bande dont l'esprit
90 N'est jamais assombri :
Mais changeante, sournoise,
Aux jambes minces, alerte,
La vieillesse ne lui apportera ni lenteur.
Ni tristesse, ni mécontentement ;
95 Ce qui les a remis en bon état.
Leur a donné de fortes hanches et du poitrail,
C'est de vivre à l'abri
* on lapilli'.
(1) gouverne le clat. ; (2) et (3) le dat. (inaction);
l'ace, (mouvement vers.)
e.g. (1) V. 225 air dùbladli.
(2) V. 83 air thalamli.
(3) V. 100 air fàsach.
85. urrainn, subst. = autorité, capacité: est fréquemment employé
comme verbe. De nos jours on l'emploie de cette ou
même au passif.
88. ' grìn,' grine : anglais ' green.'
89. ' nach,' rel. nég.
90. ' gnè smal ' : pas le moindre assombrissement.
95. 's e shlànuich : le rel. ' a ' se supprime devant le verbe ici.
97. Bhi tàmhachd^a bhi a' tàmhachd : V. tàmhaicli, se reposer;
bunailt : autre forme pour ' bunait.'
80 POEMES
An cùilidh na f rithe ;
Le àilleas a' fuireach
100 Air fàsach 'nan grunnaibh;
'S i 'n àsuinn a' mhuime
Tha cumail na ciche,
Ris na laoigh bhreaca, bhallach,
Nach meilich na siantan,
105 Le 'n cridheachan meara,
Le bainne na cioba ;
Grisionnach, eangacb,
Le 'n giortagan geala,
Le 'n corpanan glana,
110 Le fallaineaehd f ior-uisg :
Le farum gun ghearan,
Feadh ghleannan na milltich;
Ged a thigeadh an sneachda
Chan iarradh iad aitreabh,
115 'Se lag a' Choir '-altrum
Bhios aca g 'an didean :
Feadh stacan, is bhacan,
Is ghlacagan diomhair,
Le 'n leapaichean fasgach,
120 An taie Ais-an-t-sithean.
Urlar
B' ionmhuinn leam ag éirigh
'San òg-mhaduinn,
Timchioll air na sléibhtean
'M bu choir dhaibh bhith,
125 Cupal chunntas cheud,
Luchd nan ceann gun chéill
A' mosgladh gu neo-bheudar
Mòr-shòlasach ;
106. ' cìob/ scirpus caespitosus, scirpe gazonnant.
112. * millteach,' triglocliin palustre, troscart des marais.
115. * Coir'-altrum '^Coire+altrum, vallée noircissante Nom de
lieu ici.
POEHŒS $1
Dans la retraite de la forêt ;
Volontiers ils demeurent
100 Groupés dans les solitudes;
C'est la lande étendue la terre-nourricière
Qui donne le têton,
Aux petits mouchetés et tachetés
Que les averses ne refroidissent,
105 Petits aux coeurs ardents,
Nourris du lait du scirpe gazonnant,
Petits pommelés, aux pieds légers,
Aux hanches blanches,
Aux petits corps sains,
.110 Grâce à la pureté de l'eau des sources;
Faisant du bruit mais sans plainte,
A travers les vallées herbeuses
Et même s'il tombait de la neige,
Ils ne demanderaient pas d'abri ;
115 C'est le creux de Coire Altrum
Qui leur sert de refuge:
Parmi les collines et les tertres,
Les coins secrets,
Leurs lits bien à couvert,
120 Protégés par Ais-an-t-Sithean .
Base
Cela m'était une joie de me lever
De bon matin,
Autour des coteaux
Où ils devaient être,
125 Deux cents s'y trouvaient,
Bande sans cervelle,
S 'éveillant inoffensivement
Toute joyeuse ;
220. An taie, à l'abri de; Ais-an-t-sithean = ath + iunis (qui deviennent
' ais ' topographiqueinent) = pré en friche-)- an t-sîthean = de la
colline; ou plus probablement ici ' ais ' = ' dos.'
«2 POEMES
Is osgarra o'm beul
130 Tormain socair, réidh,
S glan au corp 's an cré
Seinn an dreòcaim ud :
Broc-liath chorrach eild'
An lod g'a loireadh théid,
135 Cuid g'a farraid fhéin
'N uair bu deònach leatha.
'S annsa leam 'n uair théid
lad air chrònanaich,
Na na th'ann an Eirinn
140 De cheòlmhoireachd ;
'S binne na gach beus
Anail mhic an fhéidh
A' langanaich air eudan
Beinn-Dòbhrain ;
145 An damh le bhùireadh féin
Tighinn a grunnd a chléibh,
'S fada chluinnt' a bheuc
An am tòiseachaidh ;
An t'agh as binne geum,
150 'S an laogh beag 'na dhéidh,
Freagraidh iad a chéile
Gu deòthasach ;
Plosg-shùil mheallach, gheur,
Gun bhonn glòinin innt',
129. ' osgarra.' ' ascarach,' hardi : du nom du héros Oscar. Ir. ascar,
champion; o'm beul=o am b ' de leur bouche.'
131. ' An corp 's an cré.' Corp et cré (creubh) tous deux signifient
' corps ' vivant ou mort : employés ensemble ici par emphase.
' Mo chreubhag ' (mon petit corps) est une expression fam.
dans les îles du nord sous l'empire d'émotions soudaines.
132. - Seinn ' : nom verb. suivi comme d'ordinaire du gén.
' an dreùcaim ud '=ce bramement : ud, pron. dem. ' An duine
ud/ rot homme.
133. Broc-liath chorrach eild'; eild' est le gén. de ' eilid ' (biche).
Strictement 'broc-liath' et ' corrach ' sont des adJOTifs et
l'expression naturelle serait ' eilid bhroc-liath chorrach.'
Probablement ' broc ' a suggéré au poète cette variation
hardie. Après un substantif la construction est assez
POEMES 83
Hardiment ils poussent
130 Des murmures gentils et doux,
Créatures aux corps purs
Jetant leurs bramements;
La biche impétueuse, grise comme un blaireau,
Ira jouer dans la mare,
135 Quelques-uns la chercheront
Lorsqu'elle est consentante.
J'aime davantage
Quand ceux-ci commencent à raire
Que toute la musique
140 D'Irlande :
Plus douce qu'aucune mélodie
Est le cri du fils du cerf,
Bramant aux flancs
De Beinn-Dòbhrain.
145 Le cerf, de son propre rugissement
Sortant du fond de sa poitrine,
Se fait entendre de loin
Au moment même où il commence;
La biche au bramement le plus doux,
150 Le petit la suivant,
Se répondent l'un à l'autre
Ardemment ;
L'oeil vif, grand, perçant,
Sans aucun regard louche,
commune, e.g., ùdlaiche làndaimh, un vieux gaillard de cerf;
leanabh mie un enfant mâle (a man child). Le poète a en
vérité converti ' broc-liatli ' en substantif.
137. ' annsa ' = plus cher.
139. ' Na na = que tout ce qui; ann an = an; la mention de la musique
d'Irlande est intéressante. En plus de la tradition il se
peut que le poète ait eu des souvenirs personnels des visites
des ménestrels irlandais.
141. 'S + comp. prem. + na, forment la comparaison de supériorité
entre individus.
149. ' agh,' bienque masc. signifie une femelle; cf. boirionnach m.
femme.
154. ' bonn ' . . . ia fondation, le commencement.
84 POEMES
155 Rosg fo mhala léith
Cumail seòil oirre.
Coisiche maith, treun,
Bu bheothaile a théid,
Air thoiseach an treud,
160 A bha dòchasach.
Cha robh coir' ad cheum,
'S cha robh moill' ad leum,
Cha robh deireadh réis
Air an t-seòrsa sin;
165 'N uair a bheireadh tu steud,
'S nach sealladh tu 'd dhéidh
Cha b'aithne dhomh féin
Co bhiodh còmhla riut !
Tha 'n eilid anns an fhrith
170 Mar bu choir dhi bhi,
Far am faigh i millteach
Glan fecirneanach :
Bru-chorc is ciob,
Lusan am bi brigh,
175 Chuireadh suit is igh
Air a lòineanaibh.
Fuaran anns am bi
Biolaire gun dith,
'S milse leath' na'm fion
180 'Se gu'n òladh i ;
Cuiseagan is riasg,
Chinneas air an t-sliabh,
B' annsa leath' mar bhiadh
Na na foghlaichean.
185 'S ann de'n teachd-an-tir
A bha sòghar leath',
156. ' seòil/ gén de ' seòl,' voile (vélum) : s^én. ord. siùil.
161. ad = ann do.
165 ' steud ' (1) bond (2) coursier (3) vaguo.
166. 'd = ad = ann do.
168. ' còmhla riut,' avec vous.
POEMES 85
155 Paupière sous un sourcil gris
Qui le protège.
Marcheuse bonne et forte,
La plus alerte avance,
A la tête,
160 De la bande confiante.
Point de défaut dans ton pas,
Dans ton saut point de lenteur,
Parmi ceux de cette espèce,
Aucun ne fut le dernier à la course;
165 Quand tu allais en bondissant,
Sans jeter de regard en arrière,
Je ne sais pas moi-même
Qui pourrait rester à tes côtés !
La biche est dans la forêt
170 Où elle doit être,
Où elle trouvera de l'herbe de montagne
Pure et riche.
Des joncs de bruyère et de l'herbe vigoureuse,
Plantes riches en sève
175 Qui mettraient graisse et rondeur
Sur ses reins.
Une source où le cresson
Pousse à volonté,
Plus douce pour elle que le vin,
180 Voilà son breuvage ;
Jacobées et laiche
Qui poussent sur les pentes
Elle les préfère
A l'herbe drue.
185 Parmi sa nourriture préférée
Se classent
173. ' Bru-chorc,' juncus squarrosus, jonc rude ; bru (inusité), biche
+corc, avoine. Quelques éditions ont ' Bruchaireachd.'
174. * Plantes qui contiennent de la sève.'
180. ' Voilà ce qu5 elle boirait.'
184. Fòghlach, sium angustifolium, berle à feuilles étroites.
185. ' Teachd-an-tir,' le produit de la terre. ' Tir ' est m.f .
86 POEMES
Sòbhrach is eala-bhì
'S barra neònagan;
Dobhrach-bhallach, mhìu
190 Ghobhlach, bharrach, shliorn,
Lòintean far an cinn
I 'na mòthraichean :
Sud am pòrson bìdh
Mneudaicheadk an cli
195 Bheireadh iad a nios
Ri am dòlaichein :
Chuireadh air an druim
Brata saille cruinn,
Air an carcais luim
200 Nach bu lè-dail.
B' e sin an caidreabh grinn
Mu thràth nòine,
'N uair a thionaladh iad cruinn,
Anns a' ghlòmuinn :
205 Air fhad 's gu'm biodh oidhch',
Dad cha tigeadh riu,
Fasgadh bhun an tuim
B' àite còmhnuidh dhaibhï;
Leapaichean nam fiadh,
210 Far an robh iad riamh,
An aonach farsaing fiai,
'S ann am mòr-mhonadk.
'S iad bu taitneach fiamh,
'N uair bu daithte am bian,
215 'S cha b'i 'n aire am miann,
Ach Beinn-Dòbhrain.
187. Eala-bhi, aussi ' Eala bhuidhc ' et ' lus Chaluiin Chille.' La
plante de Saint Colomba. Aux Hébrides toute personne qui
possède cette plante ne peut voir de mirage.
188. neònag : Lat ' nona ' : fleur d'après-midi; cf. anglais, daisy =
day's eye.
195. . . . ' a nios ' de ' an+îos.'
196. ' dolaicbein ' : cf. écossais ' dool/ lat. ' dolor.'
202. 'mu thràth nòine' = mu thràth fheasgair.
Tràth=(l) heure, (2) temps, (3) période, (4) heures des repas.
POEMES 8T
La primevère, l'herbe de la Saint-Jean
Et la tête des pâquerettes;
L'orchis tacheté, délicat,
Ï90 Fourchu, élancé, mince,
Qui croît en touffes
Dans les marais :
Voilà l'espèce de nourriture
Qui augmentait leur force,
195 Qui les remontait
En temps de besoin :
Qui leur mettait au dos
Sur leurs corps maigres, les arrondissant,
Une couche de graisse
200 Qui ne leur était pas fardeau.
C'était une aimable compagnie,
Quand à l'approche du soir,
Us s'assemblaient
Au crépuscule :
205 Peu importait la longueur de la nuit
Aucun mal ne leur arriverait.
Un abri sous un monticule
Etait leur demeure :
Les lairières des cerfs
210 Où ils étaient toujours,
Sur la plaine étendue et hospitalière,
Sur la lande spacieuse, élevée.
Comme leur aspect était beau,
Quand leur robe était toute luisante,
215 Ce ne sont pas les endroits arides qu'ils
Mais Beinn-Dòbhrain. [choisiraient
e.g., ' Tràth ghluaiseadh an Fliéinn uile mach ' ; quand tous les
Fingaliens sortiraient on marche;
nòine : cf. lat. ' nona hora.' c. 3 p. m.
205. ' glòmuinn ' : angl. ' gloaming.'
207. ' bun ' : la base (de la colline).
214. La peau de la biche est plus belle que celle du mâle. On s'en
servait pour faire des tuniques et des fourrures aux femmes.
215. ' aire/ détresse, besoin ; ici le mot vent dire place stérile.
S8
POEMES
SlUBHAL
A' bheinn luiseanach, fhailleanach,
Mheallanach, liontach,
Gun choimeas dh'a falluing
220 Air thalamh na Criosdachd ;
'S ro neònach tha mise,
Le bòidhchead a sliosa,
Nach 'eil còir aie 'an ciste
Air tiotal na rioghachd.
225 'Si air dùbladh le gibhtibh,
'S air lùisreadh le niiosaibh
Nach 'eil bitheant' a' bristeadh
Air phriseanaibh tire !
Làn-trusgan gun deireas,
230 Le usgraichean coille,
Barr-gùc air gach doire,
Gun choir' ort r'a innseadh;
Far an uchd-ardach coileach,
Le shriutaichibh loinneil,
235 'S eòin bhuchalach bheag' eile
Le 'n ceileiribh lionmhor.
'S am buicean beag sgiolta,
Bu sgiobalt' air grine,
Gun sgiorradh, gun tubaist,
240 Gun tuisleadh, gun diobradh,
Crodhanadh, biorach,
Feadh coire 'ga shireadh,
Feadh f raoich agus firieh ,
Air mhire 'ga dhireadh :
245 Feadh rainich, is barraich
Gu'm b' arraideach inntinn,
Ann an iosal gach feadain,
'S air àirde gach creagain :
Gu mireanach, beiceasach.
222. île '=4 cau^o de.
223. còir, droit.
POEMES SS
Variation
Montagne herbeuse, buissonneuse.
Accidentée, fertile,
Ton manteau est sans pareil
220 Sur toute la terre chrétienne ;
Il me semble étrange [quand je regarde]
La beauté de sa côte,
Qu'elle n'ait pas un acte dans son coffre-fort
Lui donnant titre au royaume.
225 Elle est doublement douée,
Surchargée de fruits
Qui ne poussent pas souvent
Sur les arbrisseaux d'un pays !
Robe complète et sans tache,
230 Luisante de joyaux des bois,
Tout bocage en floraison,
On ne peut te trouver de faute ;
Où vit le coq de bruyère hardi,
Lançant ses accents vifs et joyeux,
235 Et d'autres oisillons mélodieux
Avec leur gazouillement divers.
Et le petit chevreuil alerte,
Leste sur le gazon,
Sans faux pas, sanSmésaventuiv.
240 Sans chute, sans défaillance,
Pieds sabotés, tête haute,
Que l'on cherche dans la vallée,
Parmi la bruyère et sur la montagne,
Gambade en escaladant :
245 Dans la fougère et les broussailles,
Que son esprit est changeant,
Au fond de chaque ravin,
Au sommet de chaque roche,
Folâtrant, sautant,
-c l'a innseadh,' à racouter.
'g a shireadh, à sa recherche.
90 POEMES
250 Easgannach, sìuteach.
'N uair a théid e 'na bhoile
Le clisge 's a' choille,
Is e ruith feadh gach doire,
Air dheireadh cha bhi e;
255 Leis an eangaig bu chaoile
'S e b' aotruime sinteag,
Mu chnocanaibh donna
Le ruith dara-tomain,
'S e togairt an coinniumh
260 Bean-chomuinn os n-iosal.
Tba mhaoisleach bbeag bhrangacb
'S a' ghleannan a chcmhnuidh,
'S i fuireach 'san fhireacb
Le minneinean òga:
265 Cluas bhiorach gu claisteachd,
Suil chorrach gu faicinn,
JS i earbsacb 'na casaibb
Chur seachad na mointicb :
Ged thig Caoilte 's Cuchullainn,
270 'S gacb duine de'n t-seors' ud,
Na tha dbaoine 's de dh'eachaibh,
Air fasta Kigb Deòrsa ;
Na'n tearnadh a craiceann
O luaidbe 's o lasair,
275 Cha chuala 's chan fhac i
Na ghlacadh r'a beò i :
'S i grad-charach, fad-chasach,
Aigeannach, neònacb,
251. 'na bhoile, dans son excitation.
252. ' le clisge/ avec un sursaut.
250. Dans la Haute-Ecosse on considère le saut d'un cerf (sinteag
féidh) égal à 30 pieds anglais (9.2 mètres).
259. ' an coinniumh.' Ce dat. s'écrit maintenant ' an coinnimh '
[à la recontre.]
269. os n-iosal. A présent on n'entend que ' os iosal.' Le MS.
Fernaig a ' fois nysill ' et le Prof. Fraser pense que le - n '
s'explique par l'analogie de ' gigh nouirc ' = gach n-uair, ïc.
Scottish Gaelic Studies T.I. p. 120.
POEMES 91
250 Agile, à grands pas.
Lorsqu'il s'alarme,
Sursautant dans le bois,
Et qu'il s'élance à travers chaque bosquet,
Il ne sera pas le dernier:
255 De la jambe la plus mince
Son saut est le plus léger,
Autour des tertres bruns
Les franchissant d'un élan alternativement,
Dans sa grande envie de rencontrer
260 Une bien-aimée en secret.
La daine petite et grondeuse
Habite dans le vallon,
Dans la terre des cerfs,
Elle et ses petits :
265 L'oreille bien tendue,
L'oeil mobile, en éveil,
Se fiant à sa coursa
Pour parcourir la lande:
Même si Caoilte et Cuchullainn venaient,
270 Et tout héros de leur espèce,
Tous les hommes et tous les chevaux
Au service du roi Georges;
Si sa peau échappait
Au plomb et au feu,
275 Elle n'a rien vu ni entendu
Qui pourrait la prendre vivante;
Aux mouvements vifs, aux jambes longues,
Intrépide et capricieuse,
262. 'S a' ghleannan = anns a' ghleannan.
263. * Fireach ' s'emploie uniquement pour la terre des cerfs. Cf.
Slat a coill' is fiadh a fireach, gaule d'un bois, cerf d'un
fireach.
264. ' minnein ' : dim. de ' meann ' faon.
267. 'na casaibh, à ses pieds.
269. ï Ged thig ' . . . pour * Ged thigeadh.'
Caoilte is Cuchullainn. Une des rares références du poète aux
héros mythiques des poèmes et des légendes anciennes.
Caoilte (maigre); angl. ' Thinman ' excellait en rapidité.'
92 POEMES
Geal-eheireach, gasganach,
280 Gealtach roimh mhadadh,
Air chaisead na leacainn
Cha saltradh i còmhnard ;
'S i noigeanach, gnoigeasack,
Gog-ckeannack, sòrnach ;
285 Bior-shùileach, sgur-shùileach,
Frionasach, furachair,
A' fuireach 's a' mhunadh,
An do thuinich a seòrsa.
Ublab
B' i sin a" mhaoisleach luaineach,
290 Feadh òganan ;
Biolaichean nam bruach
'S àite còmhnuidh dbi,
Duilleagan nan craobh,
Bileagan an fhraoich,
295 Criomagan a gaoil,
Cha b' e 'm fotrus.
A h-aigneadh aotroni suaire,
Aobhach, ait, gun ghruaim,
Ceann bu bhraise, ghuanaiche,
300 Ghòraiche ;
A' chré bu cheanalt' stuaim,
Chalaich i gu buan
An gleann a' bharraich uaine
Bu nòsaire.
305 'S trie a ghabh i cluain
'S a' Chreig Mhòir,
O'n is measail leatb' bhi Luan
Is a Dhòmhnach ann ;
287. ' <ln thuinich.' Impf. de ' tuinich ' (demeurer) 'où son espèce
demeurait.'
296. ' fôtrne ' — aussi fortas et fòtus — ce qui reste de paille et de foin
après que le bétail a mangé. Cf. angl. ' orts '+'•£'
prosthétique.
302. ' Chalaich i ' de ' cala * (caladh), port.
305. ' cluain ' (1) pâturage (2) retraite.
307. 0'n=parceque, car.
POEMES |3
La croupe blanche, la queue vibrante,
280 Fléchissant devant les chiens,
Malgré l'escarpement du coteau
Elle ne mettrait pas le pied dans la plaine.
Grincheuse, maussade,
Rejetant la tête en arrière, irritable,
285 L'oeil alerte, le regard perçant,
Nerveuse, avisée,
Habitant dans la lande,
Terre nourricière de sa race.
Base
Voilà la daine agitée,
290 Parmi les broussailles;
Au pied du tertre
Se trouvait son gîte,
Le feuillage des arbres,
Les brins de la bruyère,
295 Les morceaux choisis
N'étaient pas, du tout, pauvre mangeaille.
D'un naturel doux et bon,
Légère, joyeuse, jamais abattue,
Téméraire, fort imprudente,
300 Très étourdie ;
Créature à la mine la plus modeste,
Son refuge permanent était
Dans la vallée des broussailles vertes
Pleines de sève.
305 Souvent s'abritait-elle
Dans la Grande Roche
Elle aimait à y être le lundi
Et le dimanche.
307-8. Luau is a Dhòmhnach = a Luan, &c,
'a'au lieu de ' do.' Di-Dòmlmaich (Dies Doniini) ne s'emploie
guère aujourd 'lmi. On dit ' Là na Sabaid.'
308. ' ann '=y. Dans le gaél. mod. * ann ' représente : —
(1) V.G. inn, ind (prép. dans) ;
(2) V.G. and (adv. y) ;
(3) V.G. ind (pron. prép. on lui).
94 POEMES
Pris an dean i suain
310 Bitheanta mu'n cuairt,
A bhristeas a' ghaoth tuath,
'S nach leig deò oirre,
Am fasgadh Doire-chrò,
An taice ris an t-Sròin,
315 Am measg nam faillean òg'
Is nan còsagan.
Masgadh 'n fhuarain mhòir,
'S e pailte gu leòir,
S blasda leath' na bheòir
320 Gu bhi pòit orra.
Deoch de'n t-sruthan uasal
R'a òl aice,
Dh' fhàgas fallain, fuasgailteach,
Oigeil i :
325 Grad-charach ri uair,
'S eathlamh bheir i cuairt,
'N uair thachaireadh i 'n ruaig
'S a bhiodh tòir oirre.
*S maoth-bhuidh' daitbt' a snuadh,
330 Dearg a dreach 's a tuar,
'S gur a h-iomadh buaidh
Tha mar chòmhla oirre;
Fulangach air fuachd,
Is i gun chum' air luathas ;
335 Urram claisteachd chluas
Na Roinn Eòrpa dhi.
311. ' qui arrêtera la bise.'
312. ' qui ne permettra pas à un seul souffle de l'atteindre.'
313. ' Doire-Chro ' : nom de lieu, Bosquet de la bergerie.
314. - Sròn ' : nom de lieu, nez, promontoire.
315. ' còsag ' : dim. de còs, une petite niche confortable.
317. 'masgadh,' subst. du v. masg (infuser, e.g., du thé); écossais..
mask.
320. ' gn bhi pòit orra ' : pour en boire : ' pòit ' est un verbe ici et
ailleurs chez D. Bàn.
322. ' r * a ôl aice ' ; à elle pour en boire. Pour la construction
cf. Tsaumes 36. 1. 32; 60. 1 12; 80. 1. 20 de la Bible gaélique.
323. i Dh " fhàgas.' Fut. rel. de ' fàg.'
POEMES 95
Les buissons dans lesquels elle repose
310 L'entourent nombreux
La protégeant contre la bise,
Détournant chaque souffle,
Abritée par le Doire-Chrò,
Près de la Sròn,
315 Au milieu des jeunes buissons
Et des coins retirés.
Le breuvage de la grande source,
Coulant à flots,
Est pour elle plus doux à boire
320 Que la bière.
Gorgée du noble ruisseau
Pour se désaltérer,
La rendant saine, souple,
Jeune :
325 Alerte en tout temps,
Elle s'élance vivement,
Quand elle est mise en fuite
Et poursuivie de près.
Sa teinte est d'un jaune délicat,
330 Biche à 1' aspect et à 1' air rouges,
Nombreuses sont les qualités
Qu'elle possède toujours ;
Supportant bien le froid,
Sans égal en vitesse;
335 Digne de l'honneur le plus grand en Europe
Pour sa finesse d'ouïe.
328. ~ tòir,' ' tòrachd,' poursuite.
331. 'S gur a h-iomadk . . . ; ' h-' apparaissant régulèrement devant,
des voyelles accentuées représente certaines lettres disparues.
Cf. gaélique moyen * co rob.'
332. - mar chòmhla ' : cette phrase est, depuis longtemps inusitée.
Com+làmn, près, ensemble, toujours. Cf. Pingal v. 307.
-' Cuir da shleagh ri'm thaobh air chòmhla.'
' A mes côtés mettez deux javelots ensemble.'
' Còmhladh/ à la fois, ensemble, est très commun.
334. ' gun chum'air luathas ' : Ir. moy. cumma, égal ; employé ici
comme nom. Cf. Is coma leam = Das ist mir gleich. Cela
m'est égal.
£6 POEMES
SlUBHAL
Bu ghrinn leam am pannal
A' tarruing an òrdugh,
A' direadh le farum
340 Ri carraig na Sròine:
Eadar sliabh Craobh-na-h-ainnis,
Is beul Choire-dhaingein,
Bu bhiadhchar greigh cheannard
Nach ceannaich am pòrsan :
345 Da thaobh Choire-rainich
Mu sgéith sin a' Bhealaicb,
Coire Réidh Beinn Achaladair,
Is thairis mu'n Chonn-lon
Air Lurgainn-na-laoidhre
350 Bu ghreadhnach a' chòisridh,
Mu Làrach na Féinne
'S a' Chreig-sheilich 'na dhéidh sin,
Far an cruinnich na h-éildean
Bu neo-spéiseil mu'n fhòghlach:
355 'S gu'm b' e 'n aighear is an éibhneas
Bbi faicheachd air réidhlein,
Ag comh-mhacnas ri chéile,
'S a' leumnaich feadh mointich :
Ann am pollachaibh daimseir
360 Le sodradh gu meamnadh,
Gu togarrach, mearachdasach,
Aineasach, gòrach.
337. ' pannal ' : angl. ' band.'
341. ' Craobh na h-ainnis ' = Arbre du pré en friche.
342. ' Coire-dhaingein ' : Vallée forte. Cf. Daingneacli. forteresse.
343. ' Biadhchar ' — ' repu'.'
344. Persan — angl. portion.
345. ' Coire-rainich ' : Vallée des fougères.
346. ' Bealach ' : Col.
347. 'Beinn Achaladair ' = Beinn Ach'Clialadair, montagne du
champ du Caladar (ruisseau). Le Prof. Watson dérive ce
nom de ruisseau, tant répandu, du celtique ancien Caleto-
dubron, eau dure : Vieil Ir. calad, calath, dur.
POEMES 97
Variation
J'admirais beaucoup la bande
Lorsqu' elle défilait en bon ordre,
Montant avec bruit
340 Vers la roche de la Sròn :
Entre la pente de Craobh-Ainnis,
Et l'ouverture de Coire-Dhaingein,
Bien repu est le troupeau à cornes
Qui n'achète pas sa nourriture :
345 Des deux côtés de Coire-Rainich
Autour de cette aile de Balloch
La vallée lisse de Beinn Achaladair,
Et contournant le Conn-Lon:
Sur le Lurgain-na-laoidhre,
350 Que la bande était joyeuse
Autour de la ruine de la Feinn
Puis autour de la Roche aux Saules,
Où s'assemblent les biches
Qui méprisent l'herbe drue.
355 Leur joie et leur allégresse
Etaient de s'ébattre sur le pré
Folâtrant l'une l'autre,
Sautant sur la mousse;
D'être dans les lieux du rut
360 Se faisant la cour avec joie,
Ardentes, téméraires,
Furieuses, insouciantes.
348. ' Conn-lon : ce nom n'est pas localement connu ; probablement
un morceau de terrain marécageux.
349. ' Lurgain-na-laoidhre,' Lurgann veut dire une hauteur qui se
termine en plaine. Possiblement ' hauteur du sabot.'
' Ladhar ' est fem. ici.
351. Beaucoup de lieux en Ecosse sout nommés d'après les Fingaliens.
359. Cf. ' poil bùiridh ' : lieu où les cerfs brament.
360. Aujourd 'hui on dit ' gu meanmnach.'
361. ' Mearachdasach ' de ' mearachdas/ adj. mear; joyeux.
362. ' Aineasach ' de 'ain+teas ' — chaleur excessive.
98 POEMES
'S cha bhiodh ìot' air an teangaidh
Taobh skios a' Mhill-tionail,
365 Le fiou-uillt na h-Annaid,
Blas meala r'a 61 air :
Sruth brioghor, geai, tana,
'S e siothladh roimh 'u ghaineamh,
'S e 's milse na 'n caineal,
370 Cha b'aineolach oirnn e :
Sud an iocshlainte mhaireann,
A tliig a iochdar an talaimh,
Gheibhte lionmhorachd mhaith dhith
Gun a ceannach le stòras ;
375 Air fàruinn na beinne
Is dàicliile sealladh,
A dh' fhàs anns a' cheithreamk
A' bheil mi 'n Roinn Eòrpa:
Le glainead a h-uisge
380 Gu maoth-bhlasta, brisg-gheal,
Caoin, caomhail, glan, measail,
Neo-mhisgeacb ri pòit' air :
Le fuaranaibh grinne
Attî bun gruamach na biolair,
385 Còinneach uaine mu'n iomall,
As iomadach seorsa:
Bu ghlan uachdar na linne
Gu neo-bhuireasach, milis,
Tighinn 'na cbuairteig o'n ghrinneal
390 Air slinnean Beinn-Dòbhrain.
363. . . . ' iot air an teangaidh/ soif sur leur langue; iota, soif,
s'emploie généralement dans l'Ecriture Sainte; ' padhadh '
est lo mot usuel, ' tart ' une altération qui a duré longtemps.
3G4. ' Meall-tional ' : Colline de l'assemblée.
365. ' Annaid ' signifie l'église d'un saint patron. Comme nom de
lieu il se retrouve souvent dans des endroits reculés, dans la
Haute-Ecosse et dans les Iles et toujours en rapport avec
les ruines d'une église. Ce semble être le nom ecclésiastique
celtique le plus ancien que nons ayons en Ecosse mais aucun
nom de Saint n'est attaché aux ' Annats ' écossais. Leq
POEMES 99
Elles ne souffraient jamais de soif
Sur le bas coteau de Meall-tionail,
365 Ayant le vin du ruisseau de Annat
Doux comme le miel,
1 Pour s'abreuver
(i
Ruisseau efficace, clair, peu profond,
Filtré par le sable,
Plus doux que la cannelle,
370 Nous le connaissions bien :
Voilà le baume permanent
Qui sort de dessous le sol,
Nous pouvions nous en procurer à volonté
Sans que la richesse pût l'acheter;
375 Au sommet de la haute montagne,
Le spectacle est le plus magnifique,
Qu'on ait jamais vu dans la contrée
De l'Europe que j'habite:
La pureté de ses eaux
380 Douces à goûter, au clair bouillonnement,
Agréables, bonnes, limpides, délicieuses,
Jamais capiteuses à boire :
Avec des fontaines superbes
A la sombre racine du cresson,
385 La mousse verte de mainte espèce,
Entourant leurs bords :
Que la surface de la source est limpide,
Placide et douce,
L'eau tombant en petits tourbillons du gravier
390 Sur la pente de Beinn-Dòbhrain.
sources et les ruisseaux dans le voisinage des ' Annats,'
possédaient, dit-on, des vertus propres à guérir. D 'où le
terme * fion-uillt ' ici : cf. Tobar an Fhiona, source de vin ;
et le terme ' fion fhuil ' (sang vin), le sang des vrais chefs.
371. Cha b'ain-eolach, &c. : double nég.
372. an talaimh : ce substantif est généralement f . au gén. ayant
la forme ' na talmhainn.'
375. Pàrruinn : far (for) sur+rinn, pointe, promontoire, ici=cime.
375. ' A cUi' fhàs ' : qui a crû.
100 POEMES
Tha leth-taobh na Leacainn
Le mais' air a cèmhdach,
'S am Frith-choirean creagach
'Na sheasarah 'g a choir sin;
395 Gu stobanach. stacanach,
Slocanach, claganach,
Cnocanach, cnapanach,
Caiteanach, ròmach :
Pasganach, badanach,
400 Bachlagach, bòidheach :
A h-aisiridhean corrach,
'Nam fasraichibh molach,
'S i b'fhasa dhomh mholadh,
Bha sonas gu leòir oirr' :
405 Cluigeanach, gucagach,
Uchdanacli, comhnard,
Le dithean glan ruiteacb,
Breac, misleanach, sultmhor.
Tha 'n fhrith air a busgadh
410 'San trusgan bu choir dhi.
Urlar
'S am mouadh farsaing faoin
Glacach, srònagach ;
Lag a' Choire-fhraoich
Cuid bu bhòidhche dheth :
415 Sin am fearann caoin
Air an d' fhàs an aoidh,
Far am bi na laoigh
'S na daimh chròcach;
Is e deisearach ri gréin,
420 Seasgaireachd d'à réir,
391. ' Leacainn ' : une pente large et raide.
393. 'Frith-choirean': frith, prép.=ri: coirean «Uni. de coire.
Petite Vallée de côté.
402. 'Nam = ann am : fasraichibh, dat. pi. do ' fasair ' pâturage
luxuriant (provincial).
404. ' Il y avait assez de bonheur en elle.'
POEMES 101
Une des côtes de la Leacainn
Est richement habillée,
Et le Frith-Choirean rocailleux
Se trouve à côté d'elle :
395 A pics, escarpée,
Pleine de cavités, de creux,
De tertres, de talus,
Hérissée, rude,
Touffue, buissonneuse,
400 Entremêlée, splendide :
Ses sentiers rapides, raboteux,
Pâturages herbeux,
Ce m'est très facile de la louer,
Elle était la source de bien des bonheurs :'
405 Couverte de clochettes, de fleurs,
De monticules, de pelouses,
De fleurettes pures et roses,
Tachetée, verdoyante, féconde:
La forêt est revêtue
410 De la robe qui lui convient.
Base
Lande étendue et solitaire
Pleine de recoins et de rochers ;
Le creux de la Vallée de la Bruyère
En est l'endroit le plus beau.
415 Voilà la terre propice
A la mine souriante,
Où sont les faons
Et les grands cerfs à bois ;
Grâce à son exposition au midi,
420 Elle jouit d'une chaleur convenable,
Busgadh ' : cf. anglo-écossais, ' busk.'
Aoidli.' Ainsi toutes les éditions. Je pense que ce mot doit être
• aoibh ' et l'ai traduit ainsi. Aoidli (troupeau) n' est pas
connu dans le gaélique écossais,
d' a réir ' : locution prépositive; do -f- réir, dat. de ' riar/
plaisir.
102 POEMES
'S neo-bheag air an eildeig
Bhi chòmhnuidh ann.
Leannan an fhir léith
As farumaiche ceum
425 Nach iarradh a' chléir
A thoirt pceaidh dhaibh ;
"S glan fallain a cré,
Is banail i 'n beus :
Cha robh h-anail breun,
430 Ge b'e phògadh i.
'S e 'n coire choisinn gaol
A h-uil' òganaich,
A chunna' riamh a thaobh,
'S e ghabh eòlas air :
435 S lionmhor feadan caol
Air an éirich gaoth,
Far am bi na laoich
Cumail còmhdhalach.
Bruthaichean nan learg
440 Far am biodh ghreigh dhearg
Ceann-uidhe gach sealg
Fad am beò-shlaint' :
Is e làn de'n h-uile maoin,
A thig a mach le braon,
445 Fàile nan sùbh-chraobh,
'S nan ròsan ann.
Gheibhte tacar éisg
Air a corsa,
Is bhi 'gan ruith le leus
450 Anns na mòr-shruthan,
Morghatb cumhann geur
421. * neo-bheag ' : Litote.
430. ' 6e b'e ' . . . pron. indéf. * quiconque.'
432. ' A h-uil ' : pour ' gach uil.' On n' entend pa> te ' g ' à présent
mais on entend ' ach ' toujours dans cette phrase. V. les
remarques du Prof. Douglas Hyde sur ce point, p. 199 de sou
livre des légendes populaires irlandaises ' Beside the Fire '
où il montre la même particularité de prononciation à l'ouest
de l'Irlande.
POEMES 103
La jeune biche a plaisir
A y habiter.
Amante du gaillard gris
Au pas le plus bruyant
425 Qui n'enverrait pas chercher le clergé
Pour les marier ;
Elle a le corps pur et sain,
Sa conduite est toujours modeste :
Son haleine jamais mauvaise.
430 N'importe qui la baiserait.
C'est la vallée qui gagna l'amour
De tous les jeunes gens
Qui virent jamais sa pente
Et parvinrent à la connaître ;
435 Nombreux en sont les ravins étroits
Où se lèvent les vents,
Où les héros tiennent
Réunions.
Escarpements des hauts cols
440 Où reposera la troupe rouge.
But désiré de toute partie de chasse
Tant qu'elle existe ;
Vallée pleine de tous biens
Que produit la sève,
445 De l'odeur de la framboise
Et de l'églantine.
Les poissons se trouvent en quantité
Dans son voisinage,
On les poursuit à la lueur des torches
450 Dans les grandes rivières,
Un harpon étroit et pointu
438. Còmbdhalach : gén. de comhdhail (com+dail, assemblée).
444. * a macli.' Les termes mod. ' a mach/ ' a niuigh/ * a steaeh/
' a stigh/ montrent la signification de ' in ' (ann) avec
l'accus. et le dat.
• a mach '=in+mach : ace. de ' magh ' champ — mouvement vers
l'extérieur.
451. ' Morghath ' : harpon à pêcher. Muir+gath?
104 POEMES
Le chrann giubhais fhéin,
Aig fir shubhach, threubhach,
'Nan dòrnaibh :
455 Bu shclasach a leiini
Bric air buinne réidh,
Ag ceapadh chuileag eutrom
'Nan dòrlaichean.
Chan 'eil înuir no tir
460 A' bheil tuille brigb
'S tha feadh do chrich
Air a h-òrduchadh.
An Crunluath*
Tha; il eilid auns a' ghleannan so,
Chan amadan gun eòlas
465 A leanadli i mur b' aithue dha
Tighinn farasda 'na còmhdhail :
Gu faiteach bbi 'na h-earalas, '
Tighinn an faisge dhi mu'n caraich i,
Gu faicilleach, gle earraigeach,
470 Mu'm f airicli i 'ga còir e :
Feadh shloc, is ghlac, is chamhanan,
Is chlach a dheanadh falach air,
Bhi beachdail air an talamh,
'S air a' char a thig na ncòil air;
475 'S an t-astar bhi 'ga tharruing air
Cho macanta *s a b' aithne dha,
Gu'n glacadh e 'ga h-aindeoin i
Le h-anabharra seòltachd ;
Le tùr, gun ghainne baralach,
I k TTrlar, Siubhal et Criuiluath le derniei Bemble
moderne. Macbain le fait dériver de ' cruinn+luath ' mais Joseph
Macdonald dans le premier traité vraiment scientifique que nous
ayons concernant la musique de la cornemuse, composé 1760/63, écrit
' Creanluth.' Les formes de dictionnaire sont ' Crunulùtli ' et
- Crualuatb.' Le mot exprime vivacité et habilité de mouvement»
des doigts.
457. - Dòrlach ' : une poignée, une quantité; dorn+lach.
POEMES 105
A la hampe de sapin,
Entre les mains des gaillards,
Joyeux et vigoureux :
455 Heureuses sont les truites
Sautant dans le courant placide,
Attrapant au vol les mouches légères
A pleine bouchée.
Il n'y a point de mer ni de rivage
460 Où se trouve meilleur approvisionnement
Que la nature n'a arrangé
D'un bout à l'autre de tes bords.
Mouvement au Galop
La biche est dans ce vallon,
Un simple, ignorant de tout
465 Ne pourrait la suivre s'il ne savait
Comment parvenir à la rencontrer facilement;
Sur le qui- vive pour elle,
Il faut qu'il l'aborde avant qu'elle s'enfuie,
Soigneusement, sournoisement,
470 Avant qu'elle ne le sente près d'elle :
A travers les cavités, les creux, les grottes,
Parmi les pierres où il pourrait se dissimuler,
Examinant avec soin le terrain
Et la direction des nuages :
475 Raccourcissant la distance
Aussi doucement qu'il lui est possible,
Ainsi il pourrait la captiver malgré elle,
Avec ses fines ruses ;
Avec prudence, sans manque de jugement,
Crean (agiter^ remuer)-)- luth (articulation). Cf. gaél. ait. (1)
articulation, (2) art, façon.
Il existe environ 300 pibrocks.
462. Le poète s'adresse ici à la montagne elle-même.
467. Pour na li-earalas ' je préfère lire ' na earalas.
478. Le h-anabharra, &c. Autre cas où * li-' représente l'absence
d'une lettre. Le h- = leth (le) avec.
479. ' Baralach ' = sén. de ' barail.'
)06 POEMES
480 An t-sùil a chur gu danara,
A' stiùradh na dubh-bannaiche,
'S a h-aire ri f ear-cròice ;
Bhiodh rùdan air an tarruing
Leis a lùbt' an t-iarunn-earra,
485 Bheireadh ionnsuidh nach biodh mearachdach
Do'n fhear a bhiodh 'ga seòladh :
Spor ùr an deis a teannachadh,
BuilP ùird a' sgailceadh daingean ris.
Cha diùlt an t-srad, 'n uair bheanas i
490 Do'n deannag a bha neònach :
'Se'm fùdar tioram teann-abaich
Air chùl an asgairt ghreannaich.
Chuireadh smùid ri acfhuinn mheallanaich
A baraille Nie Cciseam.
495 S i 'n teachdaire bha dealasach,
Nach mealladh e 'na dhòchas,
'Nuair a lasadh e mar dhealanach,
Gu fear-eigin a leònadh.
Gu silteach leis na peileirean
500 Bhiodh luchd nan luirgnean speireanach,
'S nam bus bu tirme bheileanaich,
Gun mheilliche gun tòicean.
'S e camp na Creige-seiliche,
Bha ceannsalach 'nan ceireanaibh.
505 Le aingealtas cha teirinn iad,
Gu eirthir as an eòlas,
Mur ceannsaichear iad deireasach,
Ri ara an criche deireannaich,
Tabhannaich le deifir
480. ' Mettant son oeil hardiment.'
485. ' Nach biodh mearachdach ' : qui ne serait pa> en faute.
493. ' Qui mettrait de la fumée à l'instrument faisant partir la çrêle.'
503. ' Gun mheilliche ' : ainsi la première éd. Je considère
' meilliche ' comme un nom abstrait de ' meilleach ' = ayant
les lèvres épaisses :
e.g., Namhaid òg thu an rôin mheillich
Thig a sgeiribh a' chaoil ;
POEMES 107
480 Epaulant fermement son fusil,
Visant du vieux mousquet au canon, noir,
La gueule dirigée sur un gaillard à cornes,
La jointure du doigllt sur la courbe
Qui faisait replier la détente,
485 Laquelle enverrait la décharge, frappant juste
Pour celui qui la dirigeait;
Pierre nouvelle, bien serrée,
Coup dur du marteau, frappant à toute volée,
L'étincelle ne manquera de jaillir
490 Quand elle touchera la pincée merveilleuse :
C'est la poudre sèche, compacte, inflammable,
Sous la bourre rude,
Qui fait grêler les balles
De la gueule de Nie Cciseam.
495 Voilà le courrier acharné,
Qui ne tromperait jamais son espoir,
Lorsqu'il ferait feu comme un éclair,
Pour en blesser un :
Le sang coulerait des plaies des balles,
500 Des galants, aux jambes fuselées,
A la bouche sèche et impertinente.
Sans épaisseur, ni enflure.
Le camp de la Roche aux Saules
Est leur retraite suprême.
505 Pour nous contrarier ils n'en descendent pas
Errer sur des terres inconnues,
A moins qu'ils ne soient domptés définitivement
A leur dernière heure,
Les chiens aboyant avec ardeur.
' Tu es le jeune ennemi du phoque à lèvres épaisses '
&c. ;
' meillich ' rime avec ' sgeiribh ' montrant que l'e
est bref.
505. Eirthir (oirthir) : la côte.
as an èolas : hors de leur connaissance.
509. Les mots ' Tabhannaich ... a bhi . . . air an tòrach ' forment
une clause de circonstances accompagnantes. ' Deilean '
signifie l'aboiement fort des chiens et * ag ' (ou ri), le
précédant est sous-entendu.
10£ POEMES
510 A bhi deilean air an tòrach.
Gun channtaireachd, gun cheileireachd,
Ach dranndail chon a' deileis rithe,
A ceanu a chur gu peirealais
Aig eilid Beinne-Dòbhrain !
515 B' ionmhainn le fir cheanalta,
Nach b' aineolach mu spòrsa,
Bhi timchioll air ua bealachaibh
Le fearalachd ua h-òige ;
Far am bi na féidh gu farumach,
520 'S ua fir 'nan déidh gu caithriseach,
Le gunna bu mhaith barantas
Thoirt aingil 'n uair bu choir dhi ;
'S le cuilean foirmeil, togarrach,
'G am biodh a stiùir air bhogadan,
525 'S e miolairtich gu sodanach,
'S nach ob e dol 'nan còmhdhail;
'Na fhurbaidh làidir, cosgarrach,
Ro inntinneach, neo-fhoisinneach,
Gu guineach, sgiamhach, gob-easgaidh,
530 'San obair bh'aig a sheòrsa :
'S a fhrioghan cuilg a' togail air,
Gu maildheach, gruamach, doicheallach,
'S a gheanachan, cnuasaicht', fosgailte,
Comh-bhogartaich r'an sgòrnan.
535 Gu'm b'arraideach a' charachd ud,
'S bu chabhagach i 'n còmhnuidh,
'N uair a shineadh iad na h-iongauan
Le h-athghoirid na mòintich :
Na beanntaichean 's na bealaichean,
Gu'm freagradh iad mac-talla dhuit,
Le fuaim na gairme gallanaich
513. La prem. éd. a 'A ceann a chur,' &c, que je crois juste. 'A
ceann,' si^uificant 'afin de paralyser sa tête/ i.e., 'Afin
de p. sos sens.'
Ai»- eilid . . . est plutôt difficile mais signifie probablement ' au
cas <U> la biche.' Les autres éd. ont ' A cheann,1 &o.
534. ' Comh-bhogartaich ' : frétillant d'allégresse . . .
POEMES 109
510 Hurlant furieusement en pleine poursuite,
Sans mélodie ni accents harmonieux, [biche
Seul le grognement des chiens qui chassent la
5.13, 514 De Beinn-Dòbhrain et dont ils abasourdissent
la tête !
515 C'était chose agréable pour les gentilshommes
Qui se connaissaient bien en sports,
De se rendre autour des défilés
Avec la vivacité de la jeunesse :
Où seront les cerfs bruyants,
520 Et les hommes les poursuivant vigilamment
Aux mains, un fusil bien garanti
Pour faire feu à temps;
Suivis d'un jeune chien ardent et vif,
Dont la queue s'agitait sans cesse,
525 Et qui se plaignait en frétillant,
Sans peur d'aller à leur rencontre,
Chien fort et sanguinaire.
Hardi, sans repos,
Furieux, aboyant, crocs en avant
530 Pour le travail de son espèce;
Ses poils raides se hérissant
Aux sourcils touffus,
Le front bombé, hargneux, grossier,
Gueule ouverte, grinçant des dents,
Prêt à leur déchirer la gorge.
535 Brusques étaient les mouvements des cerfe,
Ils se lançaient toujours en hâte,
Quand ils allongeaient les sabots
Prenant les raccourcis de la lande.
Les montagnes et les cols,
540 Résonnaient en écho,
Du bruit de l'aboiement vigoureux
540. * Dhuit ' : dat. d'intérêt.
541 . ' gallanaich ' : ainsi toutes les éditions. Je me permets de
suggérer qu'il serait mieux de lire ' callanaich ' de ' callan '
bruit et je l'ai ainsi traduit. Calder suggère que le mot
vient de galla (chienne).
1 10 POEMES
Aig farum a'" choin romaich :
'Gan tearnadh as na mullachaibh
Gu linnichean nach grunnaich iad,
545 'S ann a bhitheas iad feadh na tuinne;
Anns an luinneinich 's iad leòinte.
'S na cuileanan gu fulasgach
'S nach urrainn iad dol tuilleadh as,
550 Ach fuireach, 's bhi gun deò annt'.
Is ged a thuirt mi beagan riu,
Mu'n innsinn uil' an dleasdanas orra,
Chuireadh iad am bhreislich mi
Le deismireachd chòmhraidh !
POEMES 111
Vacarme du chien velu,
Les chassant des hauteurs,
Jusqu'aux étangs dont ils ne toucheront le fond,
545 Les voilà entourés de vagues,
Se débattant et blessés.
Les jeunes chiens activement
Les tenant à la gorge,
Ils ne peuvent plus s'échapper, [souffle.
550 II faut qu'ils y restent jusqu' a leur dernier
Et bien que je n'en aie dit que quelques mots,
avant que je pusse raconter tout leur mérite,
Ils me laisseraient la cervelle confuse
D'un chaos de mots !
1 1 2 POEMES
COIRE A' CHEATHAICH
'S e Choir' a' Clieathaich nan aighean siùbhlach,
An coire rùnach as ùrar form,
Gu lurach, miad-fheurach. min-gheal sùghar.
Gach lusan flùar bu chùbhraidh leam :
o Gu molach, dubh-ghorm, torrach, lùisreagach,
Corrach, plùranach, dlùth-ghlan grinn,
Caoin, ballach, ditheanach, cannach, misleanach,
Gleann a' mhilltich, 's an lionmhor mang.
Tha falluing dhùinte, gu daingean, dùbailt".
10 A mhaireas ùine, niu'n rùisg i Iom,
De'n fheur as cùl-fhinne dh' fhàs na h-ùrach.
'S a bhàrr air lùbadh le drùchda trom,
Mu choire guanach nan torran uaine,
A' bheil luibh is luachair a suas g' a cheann ;
15 'S am fasach guamach an cas a bhuana,
Na'm b'àite cruaidhe, 'm biodh tuath le'n suim.
Tha trusgan faoilidh air cruit an aonaicb
Chuir suit is aoibh air gach taobh ad chom,
Min-fheur chaoracb. is barra bhraonan,
20 ;S gach lus a dh'fhaodadh bhi 'n aodann thom
M'an choir' as aoigheala tha r'a fhaotainn,
A chunna' daoine an taobh so 'n Fhraing ;
Mur dean e caochladh, b' e 'n t-aighear saoghalt'
Do ghillean aotrom bhi daonnan ann.
■ Coir' a' Clieathaich.' ' Ceathach ' est l'ancien gén. sing. pri»
comme nom. Ceô — ceathach; cf. dé, fumée, deathach ; dair, chêne,
darach. ' Darach/ ' deathach,' ' ceô ' et ' ccathacli ' sont les nom.
d'aujourd ' hui. Cette vallée a environ deux milles et demi de
long et s' élève de 800 à plus de 2,500 pieds.
2. 'as ùrar fonn ' : forme rel. de ' is '+comp. prcm.+subst.=
superlatif.
8. Quelques éditions out ' canach ' ' cotonneuse.'
9. ' mîsleanach ' de ' milse ' — signifiant ' herbage savoureux.'
11. ' dh' fhàs ' = ' de fhàs ' : ' ùrach,' gén. de ' ùir '; ' fàs ' est un
eubst. ici.
POEMES U3
LA VALLEE DE LA BRUME
C'est la Vallée Brumeuse des biches agiles,
Vallée très chère au sol le plus frais,
Belle, florissante, tapissée de blanc, fraîche,
Où croît chaque fleurette la plus parfumée ;
5 Hérissée, vert-sombre, fertile, herbeuse,
Escarpée, parsemé de fleurs pures et abondantes.
Douce, tachetée, fleurie, délicate, graminée,
Vallée de troscarts, refuge des faons.
Le manteau est fermé et doublement sûr,
10 II demeure quelque temps avant de disparaître.
Manteau d'herbe au dos clair que produit la terre
Et dont la tête se penche sous le poids de la rosée ;
Tout autour de la Vallée riante des tertres verts,
Où, jusqu' à l'extrémité l'on voit des plantes et des
roseaux,
15 Le coteau avenant serait prêt pour la fenaison
S'il était un endroit dru, commode aux paysans et
leurs troupeaux.
Le manteau verdoyant qui couvre la lande entière
Met de la vigueur et de la joie sur tes flancs
Herbage tendre aux moutons, fleurs de la terre-noix
20 Toute herbe qui embellit des buttes
Pousse autour de la Vallée la plus hospitalière
Qu'on ait jamais vue de ce côté de la Manche,
A moins qu'elle ne change ce sera une source constante
de joie
Pour les adolescents légers d'y demeurer.
L9. rerre-noix— Bunium flexuosum.
' La terre-noix est un genre de plante dont la fleur est
ordinairement à cinq feuilles ' (Hatzfeld et Darmsteter, sub
' Terre-noix.5)
22. ii Fhraing = de'n Fhraing=de la France: An Fhraitiy. Na
Frainge.
2,'}. ' saoghalt ' de saoghal; au monde, durant la vie ici bas.
1 1 4 POEMES
25 S ann mu'n Ruadh Aisridh dh'fhàs na cuairteagan,
Clùmhor, cuachanach, cuannar, àrd,
A h-uile cluaineag 's am bàrr air luasgadh,
S a' ghaoth 'gan sguabadh a null s a nall :
Bun na cioba is bàrr a' mhilltich,
30 A' chuiseag dhireach, 's an fbiteag cham :
Muran brioghor, 's an grunnasg lionmhor,
Mu'n chuile dhiomhair, am bi na suinn.
Tha sliabh na Làirig an robh Mac Bhàididh,
JNa mhothar fàsaich, 's 'na stràca trom ;
35 Slios na Bàn-leacainn, chan i as taire,
'S gur trie a dh" àraich i 'n làn-damh donn .
S na h-aighean dàra nach téid do'n bhà-thaigh,
A bhios le 'n àlach gu h-àrd 'nan grunn,
S na laoigh gu h-ùiseil a là 's dh' oidhche,
40 "S na h-uiread cruinn diubh air Druim-clach-fionn.
Do leacan caoimhneil, gu dearcach, braoileagach,
Breac le feireagan as cruinn dearg ceann ;
Ancreamh 'na chathraichibh, am bac nan staidhrichean,
Stacan fraoidhneasach nach bu ghann :
45 Am bearnan-bride, 's a' pheighinn rioghail,
S an canach mui-gheal, 's am mislean ann;
'S a h-uile mir dheth, o'n bhun as isle
Gu h-ionad cirean na crich' as àird'.
'S riomhach cota na Creige Moire,
50 S chan 'eil am fòlach ad chòir 'san am,
Ach meanan còinnich, o 's e bu nòsaire,
Air a chòmhdachadh bhos is thall :
iVj. Ruadh Aisridh — ' Sentier Bouge.'
39. Ntillteach [troscart des marais] s'emploie aussi pour nommer
l'herbe ordinaire.
33. Mac Bhàididh : angl. Mac Wattie.
35. Bàn-Leacainn : Pente Blanche : nom de lieu.
38. àlach : progéniture : aussi ' àl/ gén. ' àil.'
39. à la 's a dh' oidhche : a dh = do do : double part.
40. Druim-clach-fionn : Sommet de la pierre blanche.
45. Bearnan-bride, ou ' bearna Bride': de bearn 'entaille'? (1»
feuille est dentelée) et Bride (Sainte Bride) : la plante est
en fleurs * air Làtha Fhéill-Bride ' (à la Saint Bride).
POEMES 115
Tout autour de Ruadh Aisridh poussent les touffes
d'herbe
Abritées, en forme de coupe, nettes, hautes,
Toutes petites pelouses dont la surface ondule,
Par ici et par là au gré du vent ;
La racine du scirpe gazonnant, la tête de l'herbe
30 Le jonc droit, le vulpin genouillé,
L'agrostide robuste et le séneçon abondant,
Croissent autour du sanctuaire secret où demeurent les
braves.
La pente du Col où demeurait Mac Bhaididh
N'est plus qu'un désert farouche aux touffes lourdement
penchées
35 Le flanc de la Bàn-Leacainn n'est pas le moins estimé,
Et souvent le grand cerf brun s'y nourrissait:
Et les biches, au temps du rut, qui ne veulent entrer
dans la bergerie
Demeurent en groupes sur les hauteurs avec leurs petits
Qui se reposent nuit et jour à leur aise,
40 Bon nombre de ceux-ci se rassemblent sur Druim-clach-
fionn.
Ton coteau avenant, fertile en baies, en myrtilles,
Tacheté de fausses mures aux têtes rondes et rouges ;
La gentiane en bouquets aux coins des roches échelon-
nées
Les précipices aux bords nombreux :
45 Le pissenlit et le pouliot,
La blanche linaigrette lisse et la flouve odorante
Le couvrent entièrement, de la base
A la plus haute cime.
L'habit du Grand Rocher est magnifique,
50 II n'y a point d'herbe rude près de toi à présent,
Mais de la mousse fine, chose la plus fraîche
Qui, de part et d'autre, te couvre :
116 POEMES
Na lagain chòmhnard am bun nan sròineag,
Am bi na sòbhraichean, 's neòinein fann,
55 Gu bileach, feòrneanach, milis, ròineagacb,
Molach, ròmach, gach seòrs' a th' ann.
Tha mala ghruamach de'n bhiolair uaine
Mu'n h-uile fuaran a th' anns an fhonn ;
Is doire shealbhag aig bun nan garbh-chlach,
60 'S an grinneal gainmhich' gu meanbh-gheal protm :
'Na ghlugan-plumbach air ghoil gun ain-teas,
Ach coilich bùirn tighinn a grunnd eas lom,
Gach sruthan uasal 'na chuailean cùl-ghorm,
A' ruith 'na spùta, 's na lùba steoll.
65 Tha bradan tarr-gheal 's a' choire gharbhlaich.
Tha tighinn o'n fhairge bu ghailbheach tonn,
Le luinneis mheanmnach ag ceapadh mheanbh-chuilcag
Gu neo-chearbach le cham-ghob crom :
Air bhuinne borb, is e leum gu foirmeil,
70 'Na éideadh colgail bu ghorm-glas druim,
Le shoislean airgid, gu h-iteach, meanbh-bhreac,
Gu lannach, dearg-bhallach, earr-gheal sliom.
'S e Coir' a' Cheathaich an t-aithir priseil,
'S an t-àite rioghail mu 'm bidht' a' sealg,
75 Is bidh féidh air ghiùlan le lamhach fùdair
Ag cur luaidhe dhùbh-ghorm gu dlùth 'nan eolg:
An gunna gleusda, 'an cu'lean eutrom,
Gu fuileach, feumanach, treabhach, garg,
A' ruith gu siùbhlach, ag gearradh shùrdag,
80 'S a' dol g'a dhùbhlan ri cùrsan dearg.
Gheibhte daonnan mu d'ghlacaibh faoine
Na h-aighean maola, na laoigh, 's na maing ;
Sud bu mhiann leinn am maduinn ghrianaich.
Bhi dol g'an iarraidh, 's a' fiadhach bheann
Ged thigeadh siantan oirnn, uisg is dile,
63. " Gach sruthan ' se rapporte à ' 'Na ghlugan-plumbach.' Suc.
65-72. Ces vers forment un couplet admirable.
POEMES Uf
Les creux lisses à la base des saillies
Où croissent les primevères et les frêles pâquer*
55 Feuillues, herbeuses, douces, ébouriffées,
Hérissées, touffues, toute espèce s'y trouve.
Des bordures sombres de cresson vert
Entourent toute source de ce terrain :
Des plants d'oseille à la base des pierres rugueuses,
60 Ainsi que du gravier sablonneux, fin et blanc;
Bouillonnant sans chaleur avec des clapotements,
1 )es bulles d'eau se formant au bas des cascades limpides.
Chaque ruisseau noble en tourbillon à surface bleue.
Coule rapidement en zigzaguant en torrents.
65 Dans la rude vallée, le saumon au ventre blaiv
Qui vient de l'océan aux flots orageux.
Attrape agilement, avec fougue enjouée, les mâcherons
De son bec courbé :
Dans le torrent furieux, il se lance vigoureusement,
70 Vêtu de son armure martiale, au dos bleu-gris,
A reflets argentés, nageoires déployées, mouchetée,
Ecailleuse, tachetée de rouge, queue blanche glissante.
Vallée de la Brume, retraite bien-aimée,
Endroit royal, et rendez-vous de chasse,
75 Où les coups de fusil abattent les cerfs
Le plomb bleu-noir abondamment lancé dans leur peau :
Le fusil reluit et le chien au pied agile
Sanglant, au flair développé, fort redout;.
Se précipite et fait des gambades
80 Mettant au défi le coursier rouge.
Toujours autour de tes coins secrets se réfugiaient
Les biches sans cornes, leurs petits et les faons ;
Nous trouvions notre plaisir le matin ensoleillé
A aller les chercher et chasser parmi les montagnes
85 Malgré les rafales, la pluie, le déluge,
7-i. aithir : terme inusité aujourd 'hui.
7ô. ' air ghiùlan ' se dit d'un corps mort que l'on porte.
118 POEMES
Bha seòl g'ar dìdean rau'n chrìch 'san ani,
An creagan iosal am bun na frithe,
'S an leaba-dhiona, 's mi 'm shmeadh ann.
'S a' nxhaduinn chiùin-ghil, an am dhomh dùsgadh
90 Aig bun na stùice b' e 'n sùgradb leam ;
A' chearc le sgiùcan ag gabhail tùchain.
'S an coileach cùirteil a' dùrdail crom ;
An dreathan sùrdail, 's a ribheid chiùil aige .
Ag cur nan smùid deth gu lùthor binn ;
95 An druid 's am brù-dhearg, le moran ùinich.
Ri ceileir sunntacb bu shiùbhlach rann.
Bha eòin an t-sléibhe 'nan ealtain glé ghlan
Ag gabhail bheusan air ghéig 's a' choill :
An ùiseag cheutach, 's a lùinneag féin aice.
100 Feadan spéiseil gu réidh a' seinn :
A chùbhag, 's an smeòrach, am barr an ògain.
Ag gabhail òrain gu ceòlmhor binn :
'N uair ghoir an cuanal gu loinneil guanach.
'S e 's glain' a chualas am fuaim 's a' ghleann.
105 'N uair ghoir an cuanal gu loinneil guanach.
De a h-uile seòrsa bu choir bhi ann,
Damh na cròice air srath na mòintich,
'S e gabhail crònain le dreòcam àrd ;
A' dol 'san fhèithe gu bras le h-éibhnea^.
110 A' mire-leumnaich ri éildeig dhuinn :
B' i sin an ribhinn a dh' fhàs gu mileanta.
Foinneamh, fìnealta, direach, seang.
Tha mhaoisleach chùl-bhuidh' air feadh na dùslainn
Aig bun nam fiùran 'gan rùsgadh loin ,
115 'S am boc gu h-ùdlaidh ri leaba chùirteil,
'S e 'ga bùrach le rùtan crom ;
'S am minnean riabhach bu luime cliathaich.
Le chuinnean fiata, is fiadhaich' ceann,
'Na chadal guamach an lagan uaigneach
120 Fo bhàrr na luachrach 'na chuairteig chruinn.
101 ' ogain ' et ' orain ' sout tous doux au singulier.
POEMES 1 1 9
Nous trouvions toujours moyen de nous abriter dans les
bornes
Sous les rochers bas au pied de la forêt.
Dans le lit à couvert, je m'étendais.
Au matin clair, paisible, c'était une joie pour moi
90 De m'éveiller au pied du rocher,
.a poule de bruyère caquetant une chanson sou
Et le coq fier chantonnant à voix basse :
I .e roitelet vif de son pipeau musical
Lance des notes fortes et douces
95 L'étourneau et le rouge-gorge, avec beaucoup de bruit,
Sifflent joyeusement des vers rapides.
Les oiseaux de la montagne en volée remarquablement
belle
Chantaient leurs mélodies sur les abrisseaux du boi ;
L'alouette splendide faisait entendre doucement
100 Une chanson d'amour de sa façon particulière ;
Le coucou et la grive aux cimes des branches
Gazouillaient leurs accents mélodieux :
Lorsque le choeur résonnait léger et joyeux,
C'était la plus pure chanson entendue dans la vallée.
.105 Quand toute espèce vivante s'assemble
Qui devrait être sur tes flancs,
Le cerf à la tête boisée dans la vallée de la lande
Pousse sa plainte à hauts cris :
II s'élance dans le marais impétueusement, avec joie,
110 Sautant gaiement vers une biche brune ;
Voilà la reine qui a grandi majestueuse,
Elégante, gracieuse, droite et svelte.
La daine au dos jaune vit au milieu du fourré
Au pied des jeunes arbres qu'elle écorce,
115 Et le chevreuil solitaire prépare un lit noble,
Comme il creuse la terre de son sabot courbé :
Le faon aux flancs maigres et tachetés
Aux narines timides, à la tête farouche,
Dort confortablement dans une retraite secrète
120 Abrité sous les joncs dans une petite couche ronde.
1^0 POEMES
Is lìonmhor cnuasach a bha mu'n cuairt duit,
Ri àm am buana, bu luaineach clann,
Ri tionnal guamach, gu fearail, suairce,
"S a' roinn gu h-uasal na fhuair iad ann;
125 Céir-bheach 'na cnuacaibh, 's an nead 'na chuairteig,
'S a' nihil 'ga buanach air cruaidh an tuim.
Aig seillein viabhacha, breaca, srianach,
Le Jn crònan cianail as fiata srann.
Bha eus r'a îhaotainn de chnothan caoiuc
130 'S eha b' iad na caochagan aotrom gann.
Ach bagailt mbaola, bu taine plaoisg,
A' toirt brigb a laodhan nain maoth-shlat fann ;
Srath nan caochan 'na dhosaibh caorainn,
S na phreasaibli caola, làn chraobh is mheang :
135 Na gallain ùra, 's na faillein dlùfcha,
i barrach dùinte mu chùl nan crann.
Gach àite timchioll nam fàsach iomlan,
Màm is Fionn-ghleann 's an Tuilm 'ga choir
Meall-tionail laimh ris, gu molach, tlàthail,
140 W e chulaidh dh' àrach an àlaich òig ;
Na daimh 's na h-éildeau am maduinn Chéitem
Gu moch ag éirigh air réidhlean feòir,
Greighean dhearg dhiubh air taobh gach leargain
Mu'n choire ^luirbhlaieh. d'an ainm an C
122. ' Ei àni am buaiia ' : quaud le temps fut venu de les récolter
138. e Màm ' : un mont grand et arrondi: Fionnghleann : Vallée
BlancLe.
' Tuilm ' : Butte Verte : du norvégien ' holmr ' maintenant
naturalisé eu gaélique. Nom. Tolm. Le * t ' de; l'art, déf.
gaél., s'attache généralement aux moK- norvég. commençant
par un 'h,' e.g., ' haf ' est devenu an tabl : la mer.
POEMES 121
Nombreux étaient les trésors autour de toi
Au temps de la récolte, les enfants gambadaient
A l'assemblée heureuse, bravement, complaisamment,
Se partageant noblement ce qu'ils trouvaient:
125 Des blocs de cire d'abeilles, leur nid en forme de boule,
Sur la rude pente du coteau recueillant le miel,
Des abeilles rayées, tachetées, mouchetées.
Qui bourdonnent tristement faisant beaucoup de bruit .
Là, il y avait des noix mûres en abondance
330 Et point de coquilles vides et légères
Mais des masses lisses, la coque bien mince,
Qui prennent leur force de la sève des jeunes branches ;
Vallée pleine de sources, de bouquets de sorbier.
De buissons élancées, d'arbisseaux et de rameaux,
335 De jeunes plants et de rejetons épais.
De fougères sauvages entourant les arbres.
Tout à Tentour est devenu désert,
Mam et Fionn-ghleann et le Tuilm voisin,
Meall-Tionail proche, herbeux et abrité.
340 C'est l'endroit pour faire grandir les petits :
Les cerfs et les biches, le matin de mai,
Se lèvent de bonne heure dans la plaine verte
Troupes rousses au côté de chaque pente,
Autour de la Vallée rugueuse, appelé. Vallée de la
Brume.
122 POEMES
CUMHA CHOIRE A CHEATHAICH
S duilich leam an oàradh
Th' air coire gorm an fhàsaicli.
An robh mi greis am àrach
'S a' Bhràighe so thall :
5 'S iomadh fear a bhàrr orm,
A thaitneadh e r'a nàdur,
Na'm biodh e mar a bha e,
'N uair dh' fhàg mi e nall :
Gunnaireachd is làmhach
10 Spurt is aobhar gàire,
Chleachd bhi aig na h-àrmuinn
A b'àbhaist bhi 's a' ghleann :
Rinn na fir ud fhàgail
'S Mac Eoghainn t'ann an dràsda,
15 Mar chlach an ionad càbaig
An àite na bh' ami.
Tba 'n coir' air dol am fàillinn,
Ged ithear thun a' bhlàir e,
Gun duin' aig am bheil cas deth
20 Mu'n ait anns an am ;
Na féidh a bh' ann air fhàgail.
Cha d' fhuirich gin air àruinn,
'8 chan 'eil an àite-tamha
Mar bha e 's a' ghleann.
25 Tha 'm baran air a shàraeh'.
Is dh' fhartlaich air an tàladh,
Gun sgil aig' air an nàdur
Ged thainig e ann :
B' fheàrr dha bhi mar b'àbhaist,
30 Os cionn an t-soithich chàtha.
Le poète nous donne une comparaison tranchante de La vallé*
telle qu'il l'a quittée et toile qu'il la retrouve.
am àrach * = de mo àrach : de mon adolescence.
POEMES 123
LA COMPLAINTE DE LA VALLEE DE LA BRUME
Je suis désolé de l'état
De la vallée verte de la lande,
Où je fus élevé quelque temps
Sur la Pente opposée ;
o II y a beaucoup d'hommes ainsi que moi
Dont l'esprit serait content
Si la vallée restait dans son état d'autrefois,
Quand je l'ai quittée pour venir ici :
La mousqueterie et le tir s'y pratiquaient
10 Les sports et les occasions de rire
Ne manquaient pas pour les héros
Qui habitaient la vallée ;
Ces braves l'ont quittée
C'est Mac Eoghainn qui y vit,
15 Comme une pierre au lieu de fromage
Remplaçant ce qui y était.
La vallée s'est flétrie,
Bien que broutée jusqu'au ras du sol
Aucun homme n'en a soin
20 Dans la proximité à présent:
Les cerfs qui l'habitaient l'ont quittée
Il n'en reste aucun dans le voisinage
Et leur refuge dans la vallée
N'est plus le même.
25 Le régisseur est bien déconcerté
Il n'a su les apprivoiser
Il est ignorant de leurs habitudes
Bien qu'il soit venu :
Mieux vaudrait pour lui comme d'habitude
30 Qu'il restât au-dessus de la terrine de bouillie
14. ' Mac Eoghainn.' Nous apprenons de v. 121 que le nom complet
était Alasdair MacEogliainn. Il semble avoir été une sorte
d'intendant, surveillant la cuisine du comte de Breadalbane.
J2. - air àruinn ' : dans ses limites; àruinn veut aussi dire - forêt.'
124 POEMES
'S a lamhan a bhi làn di,
'Ga fàsgadh tu teann.
'S e niuthadh air an t-saoghal,
An coire laghach, gaolach,
35 A dhol a nis air faondradh,
'S am maor a theachd ann :
S gur h-e bu chleachdainn riamh dha
Bhi trusadh nan cearc biata,
Gur trie a rinn iad sianail,
10 Le pianadh do lànih ;
Is iad 'nam baidnibh riabhach.
Mu t'amhaich 's ann ad sgiathau,
Bhiodh itealaich is sgiabail
Mu t'fhiaclan 'san am :
Bu ghiobach thu ri riaghailt
Mu chidsin tigh an Iarla,
Gar nach b' e do mhiann
Bhi cur bhian air an staing.
Ged tha thu nis 's a' Bhràighe,
Oha chonipanach le càch thu,
S tha h-uile duine tàir ort
O'n thàinig thu ann :
S éiginn duit am fàgail
Na 's miosa na mar thàinig,
55 Cha taitinn thu ri 'n nàdur
Le cnàmhan 's le cainnt :
Ged fhaiceadh tu ghreigh uallach,
'N uair rachadh tu mu'n cuairt daibh.
Cha dean thu ach am fuadach'
60 Suas feadh nam beann,-
Leis a' ghunna nach robh buadhmhoi ,
:S a* mheirg air a toll-cluaise,
Chan eirmis i na cruachan,
An cuaille dubh, cam.
40. Ici le poète s'adresse au régisseur.
44. 'Mu t' fhiaclan ' : autour do tes dents.
48. ' stansf ' : mol rare: du norvégien ' stanga ' perche
POEMES 1Î5
Les mains collantes,
Lorsqu'il la pétrit.
La nature est bien changée,
La vallée riante et douce
35 Est de nos jours complètement négligée,
Le bailli y est arrivé:
C'était toujours son habitude
De rassembler les poules grasses,
Souvent ont-elles poussé des cris perçants
40 De douleur sous tes mains ;
En groupes bigarrées
Autour de ton cou et de tes côtés
Régnaient agitation et battement d'ailes,
Les plumes volant autour de ta tête.
45 Tu étais habile à surveiller
La cuisine du Comte,
Bien que tu n' eusses jamais envie
De mettre des peaux sur des perches.
Bien que tu habites la Bràighe* à présent
50 Le reste des habitants ne te considèrent pag un
compagnon,
Tout le monde te déteste
Depuis le moment de ton arrivée :
Il faut que tu les quittes
Pires que tu ne les as trouvés,
55 Tu ne peux t'accorder avec eux
A cause de tes querelles et de ta gronderie :
Même si tu vois le noble troupeau,
Lorsque tu t'approches d'eux,
Tu ne fais que de les effaroucher
60 Au coeur des montagnes ;
Ton fusil sans valeur
Sa lumière rouillée,
Il rate même les meules,
Gourdin inutile qu'il est.
* Bràighe : pente d'une colline : nom de lieu ici
126 POEMES
65 'S e 'n coire chaidh au déis-laimh,
O'n tha e nis gun fhéidh ann,
Gun duin' aig am bheil spéis diubh,
Ni feum air an cùl :
O'n tha iad gun fhear-gléidhte,
70 Chan fhuirich iad r'a chéile,
"S ann a ghabh iad an ratreuta
Seach réidhlean nan lùb.
Chan 'eil pris an ruadh-bhuic,
An coille no air fuarau.
75 Nach b' éiginn da bhi gluasad
Le ruaig feadh na dùthch' ;
S chan 'eil a nis mu'n cuairt da
Âon spurt a dheanadh suairceas,
Na thaitneadh ri duin'-uasal
80 Ged fhuasgladh e ehù.
Tha choille bh' anns au fhrith ud,
"Na cuislean fada, direach,
Air tuiteam is air crionadh
Sios as an rùsg ;
85 Na prisein a bha brioghmhor
'Nan dosaibh tiugha, lionmhor,
Air seacadh mar gu'n spiont' iad
A nios as an ùir :
Na failleanan bu bhòidhche,
90 Na slatan is na h-ògain,
'S an t-àit am biodh an sineòrach
Gu mòdhar a' seinn ciùil,
Tha iad uil' air caochladh,
Cha d'fhuirich fiodh na fraoch ann;
95 Tha 'm mullach bharr gach craoibhe,
'S am maor 'ga thoirt diubh.
Tha uisge Srath na Dige,
'Na shruthladh dubh gun sioladh
Le barraig uaine li-ghlais
100 Gu mi-bhlasda grannd ;
07. Srath na Dige: Vallée du mur; les ruines de ce mur demeurent
encore.
POEMES 127
65 La vallée s'est détériorée
Il n'y a ni cerfs,
Ni aucune personne qui les apprécie
Qui soit utile à les chasser ;
Parce qu'ils sont maintenant sans garde,
70 Ils ne restent pas groupés,
Ils ont battu en retraite
Au-delà du plateau des détour-.
Personne n'a de considération pour le chevreuil,
Ni dans les bois ni près des sources,
75 II doit s'enfuir
A travers la campagne ;
Il n'existe à présent dans la vallée
Nul sport qui donne de la joie,
Qui plaise à un gentilhomme
80 Bien qu'il lance son chien.
Le bois qui se trouvait dans cette forêt,
Les troncs longs et droits,
Sont tombés flétris
Sans écorce ;
85 Les arbustes qui étaient fertiles
En taillis épais et nombreux
Sont desséchés, comme déracinés
Du sol ;
Les ramilles les plus jolies,
90 Les branches et les plants.
Et l'endroit où la grive chantait
Doucement sa mélodie ;
Maintenant ils appartiennent tous au passé
Ni bois ni bruyère ne sont restés :
95 Les arbres n'ont plus de cimes,
C'est le bailli qui les a abattues.
L'eau de Srath na Dige
Est devenue immonde, noire, et non filtrée
Couverte d'écume verte, jaunâtre,
100 Repoussante et sale ;
128 POEMES
Feur-lochain is tàchair
An cinn an duilleag-bhàite,
Chan 'eil gnè tuille fàs
Anns an ait ud 'san am ;
105 Glumagan a' chàthair,
'Na ghlugaibh domhain, sàmhach,
Cho tiugh ri sùghan càtha,
'Na làthaich 's na phlani;
Sean bhùrn salach ruadhain
110 Cha ghlaine ghrunnd na uachdar,
Gur coslach ri muir ruaidh e,
'Na ruaimle feadh stang.
Tha 'n t-àit an robh na fuarain
Air fàs 'na chroitean cruaidhe,
115 Gun sòbhrach, gun dail-chuàich,
Gun lus uasal air carn ;
An sliabh an robh na h-éildean,
An àite laighe is éirigh
Cho lom ri cabhsair féille,
120 'S am feur, chinn e gann :
Chuir Alasdair le ghéisgeil
A' ghreigh ud as a chéile,
'S ar leam gur mor an eucoir
An eudail a chall ;
125 Cha lugha 'n t-aobhar miothlachd.
Am fear a chleachd bhi tiorail,
A' tearnadh is a' direadb
Ri frith nan damh seang.
Ach ma 's duine de shliochd Phàruig
130 A théid a nis do 'n àite,
'S gu'n cuir e as a làraich
An tàcharan a th' ann,
112. stang: cf. français, étang.
136, 127. Deux vers difficiles. Je suis de l'avis (1) que ' am fear 'sa
rapporte à Alasdair et non pas au poète chasseur; (2) que
'tiorail' est bon gaélique et non pas l'anglais * cheerf nl,|
prononcé à la gaélique. En gaélique écossais ' tiorail ' veuf
dire ' chaud,' ' abrité,' e.g. ' tigh tiorail.' V. aussi Macbain
(Etyrnological Dictionary) sub ' tiorail.'
POEMES 129
Ce n'est qu'un marécage de grandes herbes
Où pousse seul le nénuphar,
Nulle autre chose ne croît
Dans cet endroit, à présent ;
105 Les étangs de la tourbière
Sont des mares profondes et tranquilles
L'eau épaisse comme la bouillie de son,
Fangeuse et grumuleuse,
Eau stagnante, sale, couleur de rouille
110 Le fond malpropre ainsi que la sxirface,
Semblable à une mer rouge,
Eau morte des fossés.
L'endroit où étaient les sources
Est devenu terrain dur,
115 Sans primevère, ni violette,
Ni herbe noble dans les tas de pierres ;
La pente qu'habitaient les biches
Où elles se couchaient et se levaient
Est aussi rase que l'emplacement du marché.
120 L'herbe y pousse rare :
Alexandre, de sa clameur,
A dispersé ce troupeau,
Et à mon avis, c'était une grande faute
De perdre le bétail ;
125 La cause de chagrin n'est pas moindre
Que celui qui se tenait au chaud
Descend et monte
La forêt des cerfs sveltes.
Mais si c'est un descendant de la race de Pàruig
130 Qui vient maintenant dans la localité,
Et qu'il chasse des ruines
L'enfant subtitué qui y habite,
129. sliochd Phàruig : Pàruig (Pàdruig) était, dit-on, le fils de Sir
John Campbell de Glenorchy (1635-1736)— plus tard Vicomte
de Breadalbane.
132. tàcharan : cette allusion se rapporte sans doute à Alasdair Mac
Eoghainn ci-dessus mentionné.
9
130 POEMES
Bidh '11 coire niar a bha e,
Bidh laoigh is aighean dàr' ann,
135 Bidh daimh a' dol 'san dàmhair,
Air fàsach nam beann;
Bidh. buic 's na badan blàtha,
Na bric 'san abhainn làimh riu,
S na féidh an Srath na Làirig'
140 Ag àrach nam mang ;
Thig gach uile ni g' a àbhaist,
Le aighear is le àbhachd,
'N uair gheibh am baran bàirlinn
Sud fhàgail gun taing.
139. Sràth na Làirig : Vallée du Col : nom de lieu.
143. ' bàirlinn ' : cf. anglais, warning.
POEMES 131
La vallée redeviendra ce qu'elle était autrefois,
Il y aura des faons et des biches ardentes,
135 Les cerfs au temps du rut auront recours,
A la solitude des montagnes;
Il y aura des daims dans les fourrés chauds.
Des truites dans la rivière avoisinante
Et les biches du Srath na Lairig
140 Allaitant leurs petits;
Tout sera rétabli comme auparavant,
Avec joie et allégresse,
Quand le régisseur aura reçu l'ordre
De partir malgré lui.
132 POEMES
ORAN DO'N MHUSG
S iomadh car a dh' fhaodas tighinn air na fearaibh,
Is theag' gu'n gabh iad gaol air an té nach f aigh iad ;
Thug mi fichead bliadhna do'n cheud té ghabh mi,
Is chuir i rithisd cùl rium, is bha mi falamh.
5 Is thàinig mi Dhun-éideami a dh' iarraidh leannain,
Is thuirt an Caiptean Caimbeul, 's e 'n geard a' bhaiîe,
Gu'm b'aithne dlia banntrach an àite falaich,
S gu'n deanadh e àird air a cur am charaibh.
Rinn e mar a b'àbhaist cho maith 's a ghealladh,
10 Thug e dhomh air làimh i, 's am pàigh mar ri ;
Is ge b'e bhios a' feòraich a h-ainm no sloinneadh,
Their iad rithe Seònaid, 's b'e Deòrsa a seanair.
Tha i soitheamh, suairce, gun ghruaim, gun smalan,
Is i cho àrd an uaisle ri mnaoi 'san f hearann ;
15 Is culaidh am chumail suas i, o'n tha i mar rium,
Is mor an t-aobhar smuairein do'n fhear nach faigh i.
Leig mi dhiom Nie Còiseam ged tha i maireann,
Is leig mi na daimh chròcach an taobh bha 'n aire,
Is thaobh mi ris an og-mhnaoi, 's ann leam nach aith-
reach,
20 Chan 'eil mi gun stòras o'n phòs mi 'n ainnir.
Bheir mi fhéin mo bhriathar gu bheil i ro mhaith,
Is nach d'aithnich mi riamh oirre cron am falach,
Ach gu foinneamh, fìnealta, direach, fallain,
Is i gun ghaoid, gun ghiomh, gun char fiar, gun chamadh.
2. theag' pour ' theagamh.'
8. ag deanamh àird, ag cur àird, s'emploient encore mais très rare-
ment en Argyll : inventer des moyens.
11. ' pàigh ' se prononce ' paigheadh ' — angl. ' pay.'
12. Le roi Georges III.
POEMES 133
POEME A UNE CARABINE
Il y a bien des changements qui peuvent arriver aux
hommes
Peut-être aiment-ils celle qu'ils n'obtiendront jamais ;
J'ai consacré vingt ans à la première qui m'a accepté.
Elle m'a tourné le dos et m'a abandonné.
5 Je suis venu à Edimbourg chercher une belle,
Alors le Capitaine Campbell qui était de la garde la
Cité m'a dit
Qu'il connaissait une veuve qui était dans un endroit
retiré
Et qu'il trouverait moyen de la placer entre mes mains.
Il a agi comme d'habitude ainsi qu'il l'avait dit.
10 II me l'a donnée, la paye l'accompagnant:
Et quiconque s'informerait de son nom et de son surnom
C'est Jeannette qu'on l'appelle et Georges était son
Grand 'père.
Elle est gentille et aimable, sans mélancolie ni tristesse
Elle est de rang aussi haut que toutes les dames du pays ;
15 Elle est mon soutien depuis que je l'ai obtenue,
C'est, une grande cause de chagrin pour celui qui ne
l'obtiendra pas.
J'ai quitté Nie Coiseam quoiqu'elle soit encore utile,
J'ai permis aux cerfs d'aller où bon leur semblait,
Je me rendis vers la jeune femme et je ne le regrette pas,
20 Car je ne suis pas sans richesse depuis que je l'ai épousée.
Je donnerai ma parole qu'elle excelle,
Que je n'ai jamais vu en elle de défaut secret.
Mais elle est belle, élégante, droite, saine,
Sans travers, ni faute, sans détour, ni courbe.
17. ' Nie '=nighcan mhic. Le nom du fusil qu'il portait dans Coir'
a' Cheathaich (la Vallée de la Brume) : nommé d'après un de
ses ancêtres du clan ' Mliic Còiseam.'
1 31 POEMES
25 Bithidh i air mo ghiùlain, *s gur maith au airidh,
Ni mi f héin a sgùradh gu maith 's a glanadh ;
Chuirinn ri' an t-ùille g' a cumail ceanalt',
Is cuiridh mi ri m' shùil i 's cha diùlt i aingeal.
'N uair bhios cion au stòrais air daoiuibh ganna,
30 Cha leigeadh nighean Deòrsa mo phòca falamh ;
Cumaidh i rium òl anns na tighibh-leauna,
'S paighidh i gach stòpan a ni mi cheaunach.
Ni i mar bu mhiann leam a h-uile car dhomb,
Chan innis i breug dhomh, no sgeul am mearachd
35 Cumaidh i mo theaghlach cho maith 's bu mhaith leam,.
Ge nach dean mi saothair no obair shalacb.
Sgithich mi ri gniomh, ge nach d'rinn mi earras,
Thug mi bcid nach fhiach leam bhi ann am sgalaig,
Sguiridh mi g' am phianadh, o'n thug mi 'n aire
40 Gur en duine diomhain as fhaide mhaireas.
'S i mo bheanag gaolach nach dean mo mhealladh,
*S foghnaidh i dhomh daonnan a dheanamh arain ;
Cha bhi fàillinn aodaiche orm no anairt,
'S chaidh cùram an t-saoghail a nis as m' aire.
30. Son fusil de garde.
40. Espèce de philosophie que l'on ne peut pas toujours recom
mender.
41. ' bheanag,' dim. de ' bean.'
POEMES 13§
25 Je la porterai et elle le mérite,
Je la polirai moi-même et la nettoyerai;
Je l'arroserai d'huile pour la conserver parfaite,
Je viserai avec elle et je ne manquerai jamais mon coup.
Lorsque l'argent est rare chez les hommes pauvres,
30 La fille de Georges ne me laissera pas les poches vides :
Elle me procurera de la boisson dans les cabarets.
Elle payera chaque verre que j'achèterai.
Elle fera tout ce que je désire,
Elle ne me dira pas de mensonge ni d'histoire trompeuse,
35 Elle supportera ma famille autant que je voudrais,
Bien que je ne peine ni ne fasse de travail désagréable.
Je me suis épuisé quoique je ne me sois pais enrichi,
J'ai juré de ne pas m'abaisser à devenir garçon de ferme
Et je cesserai de me faire du souci car j'ai observé
40 Que c'est l'oisif qui vit le plus longtemps.
Elle est ma chère petite femme qui ne me trompera jamais
Elle me suffira toujours pour gagner ma vie ;
Je ne manquerai ni de vêtements ni de linge,
Et je suis libre maintenant de tous soucis de ce monde .
ï:>,6 POEMES
ORAN SEACHARAN SEILGE
Luinneag :
Chunna' mi n damh donn 's na h-éildean
Direadh a' bhealaich le chéile :
Chunna' mi 'n damh donn 'a na h-éildean.
'S mi tearnadh a Coir' a' Cheathaich,
5 'S mor mo mhighean 's mi gun aighear.
Siùbhal frithe ré an latha,
Thilg mi 'n spraidh nach d'rinn feuni dhomh.
Chunna' mi 'n damh donn, etc.
Ged tha bacadh air na h-armaibh,
10 Ghléidh mi 'n Spàinteach thun na sealga,
Ged a rinn i orm de chearbaich,
Nach do mharbh i mac na h-éilde.
'N uair a dh'éirich mi 's a' mhaduinn,
Chuir mi innte fùdar Ghlascho,
15 Peileir teann is tri puist Shas'nach,
Cuifean asgairt air a dhéidh sin.
Bha 'n spor ùr an déis a breacadh,
Chuir mi ùille ris an acfhuinn,
Eagal drûchd bha mùdan craicinn
20 Cumail fasgaidh air mo chéile.
Laigh an éilid air an fhuaran,
Chaidh mi farasda mu 'n cuairt di,
Leig mi 'n deannal ud m'a tuairmse,
Leam is cruaidh gu'n d'rinn i éirigh.
25 Rainig mise taobh na bruaiche,
'S chosd mi rithe mo chuid luaidhe :
'S 'n uair a shaoil mi i bhi buailte,
Sin an uair a b'àird' a leum i.
13. ' mu'n cuairt di ' : on la contournant.
POEMES 1 37
CHANSON DE CHASSE MANQUES
Refrain :
J'ai vu le cerf brun et les biches
Montant le défilé, côte à côte :
J'ai vu le cerf brun et les biches.
Comme je redescendais de la Vallée de la Brume,
•5 Ma tristesse et mon chagrin étaient grands.
Errant tout le jour dans la forêt,
J'ai tiré le coup qui ne me rapporta rien.
J'ai vu le cerf brun et les biches, etc.
Bien que l'on ne permît pas de porter armes,
10 J'ai gardé la carabine espagnole pour la chasse,
Malgré le tour qu'elle m'a joué,
Elle a manqué de tuer le fils de la biche.
Quand je me levai le matin,
Je la chargeai de poudre de Glasgow,
15 D'une balle bien ajustée et de trois lingots anglais
Puis d'une bourre de filasse.
La pierre à fusil était fraîchement taillée
Et je versai de l'huile dans le ressort,
De crainte de la rosée un fourreau de peau
20 Protégeait ma chère compagne.
La biche reposait près de la source
Et je m'approchai d'elle facilement,
Je fis feu éclatant sur elle,
Je fus désolé de la voir se relever.
25 J'atteignis le flanc du mamelon,
Je déchargeai mon plomb sur elle ;
Et lorsque je pensai l'avoir frappée,
Ce fut alors qu'elle bondit le plus haut.
138 POE
'S muladach bhi siùbhal frithe
30 Ei là gaoith', is uisg', is dile,
'S òrdugh teann ag iarraidh sithne.
Cur nan giomanaoh 'nan éiginn.
'S mithich tearnadh do na gleannaibk
O'n tha gruamaich air na beannaibh,
35 'S ceathach dùinte mu na meallaibh.
Ag cur dalladh air ar léirsinn.
Bidb. sinn beò an dòchas ro mhath.
Gu'm bi ekùis ni 's fheàrr an t-ath là :
Gu'm bi gaoth, is grian, is talarnh.
40 Mar as maith leinn air na sléibhtibh.
Bidh an hiaidh ghlas :na deannaibli ,
Siùbhal réidh aig conaibh seanga :
'S an damh donn a' sileadh fola,
'S àbhachd aig na fearaibh gleusda !
POEMES 133
Il est triste de parcourir la forêt
30 Un jour de vent et de pluie torrentielle,
Avec l'ordre le plus stricte de chercher venaison,
Ce qui pique l'honneur des chasseurs.
Il est grand temps de redescendre dans la vallée
Puisque sur les pics le ciel s'est assombri,
35 Et le brouillard épais entoure les collines,
Brouillard qui nous aveugle.
Nous vivrons dans l'espérance,
Que le lendemain nous sera plus favorable ;
Que le vent, le soleil et le paysage,
40 Seront tout ce que nous désirons sur les hauteurs
Le plomb gris jaillira foudroyant,
Les chiens efflanqués s'élanceront sans entraves ;
Le cerf brun ruissellera de sang
Et les gens ardents auront la joie au coeur.
[40 POEMES
ORAN NAM BALGAIREAN
Luirmeag:
Ho hu o ho na balgairean,
O's ainmig iad r'am faotaiim :
Ho hu o ho na balgairean.
Mo bheannachd aig na balgairean,
5 A chionn bhi sealg nan caorach.
Ho hu o, etc.
An iad na caoirich cheann-riabhach.
Rinn ainihreit feadh an t-saoghail ?
Ain fearann a chuir fàs oirnn,
Is am mal a chuir an daoiread ?
10 Chan 'eil ait aig tuathanach :
Tha bhuannachd-san air claonadh.
Is éiginn dha bhi fàgail
An ait anns an robh dhaoine :
Na bailtean is na h-àirighean,
15 Am faighte blàthas is faoileachd.
Gun tighean ach na làraichean,
Gun àiteach air na raointean.
Tha h-uile seòl a b:àbhaist,
Anns a' Ghàidhealtachd air caochladh :
20 Air cinntinn cho mi-nàdurra
'S na h-àitean a bha aoidhoil.
Chan 'eil loth na làir
Bhiodh searrach làimh r'a taobh ann.
Cette chanson aussi se chante eu foulant le drap. Le poète loue
les renards comme tueurs des moutons qui avaient pris la place de
tes cerfs, tant aimés, dans ses lieux de chasse préférés. ' Balgair ',:
nom très inusité aujourd'hui sauf dans l'expression ' lus a' bhalgaire *
= angl. fox weed (Lycopodium clavatum, Lycopode en massue).
POEMES 141
CHANSON SUR LES RENARDS
Refrain :
Ho hu o ho les renards,
Qu'ils sont rares à trouver ;
Ho hu o ho les renards.
Sur les renards repose ma bénédiction,
5 Parce qu'ils chassent les moutons.
Ho hu o ho, etc.
Sont-ce les moutons à tête tachetée
Qui ont causé partout la discorde ?
Qui ont mis notre terre en friche
Et élevé le loyer de ce qu'il était?
10 II n'y a point de place pour le métayer ;
Son gain a diminué.
Il faut qu'il quitte
La place où demeuraient ses ancêtres :
Les villages et les cabanes du pâturage,
15 Où il trouvait et la chaleur et le bon accueil.
Point de maisons mais des ruines demeurent,
Point de culture dans la plaine.
Chaque vieille coutume qui existait
A changé dans les montagnes d'Ecosse :
20 Les gens sont devenus méchants
Dans des endroits autrefois hospitaliers.
L'on ne trouve plus ni pouliche ni jument
Un poulain paissant à ses côtés.
Le parchemin du plus ancien MS. écrit en Ecosse, une copie de la
Vie de Saint Colomba par Adamnan, avant 713 a.d., était de peau de
chèvTe.
142 POEMES
Chan 'cil aigkean dàra
25 Bhios ag àrach an cuid laoigh ann.
Chan 'eil feum air gruagaichean,
Tha h-uile buail' air sgaoileadh.
Chan fhaigh gille tuarasdal
Ach buachaille nan caorach !
30 Dh' fhalbh na gobhair phriseil,
Bu righ a dh'òrduich saor iad.
Earba bheag na dùslainn,
Cha dùisgear i le blaoghan.
Chan 'eil fiadh air fuaran,
35 O'n chaill na h-uaislean gaol daibh.
Tha gach frithear fuasgailte,
Gun duais a chionn a shaoithreach.
Is diombach air an duine mi
A ni na sionnaich aoireadh ;
40 A chuireas cù d'an ruagadh,
No thilgeas luaidhe chaol orr.
Gu ma slàn na cuileanan
Tha fuireach ann an saobhaidh.
Na'm faigheadh iad mo dhùrachd
45 Cha chùram dhaibh cion saoghail.
Bhiodh piseach air an òigridh,
Is bhiodh beò gus am marbh aois iad.
31. Dans les " Adventures of Kob Roy " par James Grant, nous
apprenons que le Roi, Robert le Brus, s'étant caché dans une
certaine caverne une fois à Inversnaid se trouva entouré par
un troupeau de chèvres sauvages qui avaient pris la caverne
comme refuge. Cependant le roi se trouva si bien parmi elles,
se nourrissant de leur lait, que, lorsque la paix fut rétablie et
que h; Parlement fut convoqué il fit passer une loi par laquelle
les chèvres pouvaient aller partout en liberté.
POEMES U3
Plus de génisses qui s'unissent
25 Qui allaitent leurs petits.
Il n'y a plus besoin de laitières
Tout troupeau est dispersé.
Excepté le berger des moutons,
Nul n'obtiendra pas de récompense.
30 Parties les chèvres si précieuses,
Sur l'ordre du roi elles vagabondaient en liberté.
La petite daine du fourré sombre,
Au cri du faon ne s'éveillera pas.
Pas un cerf près d'une source, [pour eux.
35 Depuis que les gentilshommes ont perdu leur amour
Chaque garde forestier est désengagé
Sans recevoir le prix des services rendus.
Je me sens irrité contre cet homme
Qui satirise les renards;
40 Qui envoie un chien les poursuivre
Ou tire sur eux, du plomb maigre.
Robustes soient les renardeaux
Qui demeurent dans les terriers.
S'ils vivaient comme je le voudrais [leurs jours.
45 Ils n'auraient besoin de se soucier du nombre de
Les petits grandiraient robustes et fermes
Et vivraient jusqu'à ce qu'ils périssent de vieillesse.
144 POEMES
ORAN DO GHUNNA D'AN AINM NIC COISEAM
Luinneag :
Horo mo chuid chuideachd thu,
Gur muladach leam uam thu ;
Horo mo chuid chuideachd thu,
'S mi direadh bheami is iichdanan,
5 B' ait leam thu bhi cuide rium,
'S do chudthi'om ah' mo ghualainn.
'N uair chaidh mi do Ghleann Lòcha,
'S a cheannaich mi Nie Còiseam,
Is mise nach robh gòrach,
10 'N uair chuir mi 'n t-òr g'a fuasgladh.
Horo mo chuid chuideachd thu, etc.
Thug mi Choir' a' Cheathaich thu,
'N uair bha mi fhéin a' tathaich ann,
'S trie a chuir mi laighe leat
Na daimh 's na h-aighean ruadha.
15 Thug mi Bheinn-a-chaisteil thu,
'S do'n fhàsach a tha 'n taice ri,
Am Màm is Creag-an-aprain
Air leacan Beinn-nam-fuaran.
Thug mi thu Bheinn-Dòbhrain,
20 Au cinneadh na daimh chròcach,
'N uair theannadh iad ri crònan,
Bu bhòidheach leam an nuallan.
7. Gleann Lòcha (ou Lòcbaidh) : Vallée de la rivière Lâcha : nom
intéressant que l'on retrouve dans plusieurs noms de fleuves de
la Haute Ecosse; l' ' ô ' est long et ouvert et eu parlant d'une
rivière ainsi nommée au sud-ouest d'Inverness Adamnan
POEMES 14§
CHANSON A UNE CARABINE APPELEE
NIC COISEAM
Refrain :
Horo! pour camarade je n'ai que toi.
Que je suis triste séparé de toi ;
Horo ! pour camarade je n'ai que toi.
Escaladant les pics et les rochers,
5 Que je suis heureux de t'avoir,
Ton poids sur mon épaule.
Quand je suis allé à la Vallée de Lòcha,
Et que j'ai acheté Nie Còiseam,
C'est moi qui n'étais pas sot,
10 De donner de l'or pour l'obtenir.
Horo ! pour camarade je n'ai que toi, etc.
Je t'ai apportée dans la Vallée de la Brume,
Lorsque j'y demeurais,
Souvent ai-je abattu avec toi
Les biches et les cerfs fauves.
15 Je t'ai apportée à la Colline du Château
Et dans les plaines qui l'environnent,
Au rocher du Tablier et au Màm,
Sur la pente de la Montagne des Sources.
Je t'ai apportée à Beinn-Dòbhrain,
20 Où vivent les cerfs à bois,
Quand ils commençaient à bramer,
Que leurs cris me semblaient beaux !
(Vita S. Co., II., 38) dit " Fluvius qui Latine dici potest
Nigra Dea." Ailleurs A. nous donne le nom dans la
phrase " Stagnum Lochdiae." ' Lòch ' a évidemment ainsi
la force de l'adj. ' noir.'
8. Nie Còiseam : nom de son fusil de chasse.
10
H6 POEMES
Thug mi Choire-chruiteir thu,
O's àite grianach, tlusail e,
25 Gu biadhchar, feurach, lusanach ;
Bhiodh spurt ann aig daoin'-uaisle.
Ghiùlain mi Ghleann-éite thu,
Thog mi ris na Créisean thu ;
S e mheud 's a thug mi spéis duit
30 A dh' fhàg mo cheum cho luaineach.
S math am Meall-a-bhùiridh thu,
Oha mhiosa 'm Beinn-a-chrùlaist thu,
S trie a loisg mi fùdar leat
An coire chùl na Cruaiche.
35 Thug mi Lairig-ghartain thu,
O's àlainn an coir'-altrum i ;
'S na féidh a' deanamh leabaichean
Air creachainn ghlas a' Bhuachaill.
ïhug mi thu do'n Fhàs-ghlaic
40 'S a' ghleann am bi na làn-daimh ;
'S trie a chaidh an àrach
Mu bhràighe Cloich-an-tuairneir.
Chaidh mi do dh' Fhéith-chaorainn
Le aithghearr Choire-chaolain,
45 Far an robh na daoine
A bha 'n gaol air a' ghreigh uallaich.
Thug mi Bheinn-a-chaorach thu,
Shireadh bhoc is mhaoiseach,
Cha b'eagal gun am faotainn,
50 'S iad daonnan 's an Tòrr-uaine.
27. na Créisean : collines.
31. Meall-a-bhùiridh: Colline du bramement.
32. Beinn-a-chrùlaist : crùlaist = colline rocheuse (Dictionnaire de I*
Société Highland, 1828).
34. <'rtiach: colline arrondie.
:J5. Làirig-ghartain : Col du champ.
38. Buachaill : Berger, nom d'une colline.
POEMES 147
Je t'ai apportée à la vallée du Ménestrel
Charmant endroit ensoleillé.
25 Vert, herbeux, fécond,
Rendez-vous de chasse des gentilshommes.
Tu m'as accompagné à la Vallée d'Etive
Je t'ai portée en montant les Créisean :
C'est mon excès d'appréciation pour toi
30 Qui m'a laissé le pas si incertain.
Tu es bonne sur Meall-a-bhùiridh,
Tout aussi bonne sur Beinu-a-chrùlaist
Avec toi j'ai souvent brûlé de la poudre
Dans la vallée derrière la Cruach.
35 Je t'ai apportée à Làirig-ghartain,
Splendide vallée nourricière;
Les cerfs se font des gîtes
Sur la côte grise du Buachaill.
Je t'ai apportée au Fàs-ghlaic
40 Dans la vallée qu'habitent les cerfs de premier rang;
Souvent étaient-ils bien repus
Autour de la pente de Cloch-an-tuairneir.
Je suis allé à Feith-chaorainn
En coupant par Coire-Chaolain
45 Qu'habitaient les hommes
Qui appréciaient la troupe orgueilleuse.
Je t'ai apportée à Beinn-a-chaorach
Pour y chercher les daines et les chevreuils,
Rien à craindre de n'en pas trouver
50 Car ils étaient toujours sur la Colline Verte.
■i'J. Fàs-ghlaic : Creux stérile.
42. Cloch-an-tuairneir : Pierre du tourneur.
43. Féith-chaorainn : Fossé du sorbier.
44. Coire-chaolain : Vallée du défilé.
47. Beinm-a-chaorach = Beinn Chaorach : Montagne de moutons. La
voyelle 'a ' n'est pas radicale dans la phrase.
148 POEMES
'N uair théid mi ris a' mhonadh,
'S tu mo roghainn de na gunnachan;
O'n fhuair thu féin an t-urram sin,
Cò nis a chumas uait e ?
55 Ged tha mi gann a stòras
Gu suidhe leis na pòitearan,
Ged théid mi do 'n tigh-òsda,
Chan òl mi ann an cuaich thu.
55. 'a '=de.
POEMES 149
Quand je me rends à la montagne,
De tous fusils tu es mon préféré;
Depuis que tu as cet honneur
Qui maintenant t'en privera?
55 Bien que mes moyens soient peu abondants
Pour m'asseoir avec les buveurs,
Bien que j'aille à l'auberge,
•Te ne te dépenserai pas en boisson.
150 POEMES
CEAD BEIREANNACH NAM BEANN
Bha mi 'n dé 'm Beinn-Dòbhrain,
'S 'na còir cha robh mi aineolach,
Chunna' mi na gleanntan
'S na beanntaichean a b' aithne dhomh :
5 B'e sin an sealladh éibhinn
Bhi 'g imeachd air na sléibhtean,
'N uair bhiodh a' ghrian ag éirigh,
'S a bhiodh na féidh a' langanaich.
"S aobhach a' ghreigh uallach,
10 'N uair ghluaiseadh iad gu f arumach :
S na h-éildean air an fhuaran,
Bu chuannar na laoigh bhallach ann
Na maoisleichean 's na ruadh-bhuic.
Na coilich dhubh is ruadha,
15 'S e 'n ceòl bu bhinne chualas
5N uair chluinnt' am fuaim "s a: chamhanaich.
'S togarrach a dh' fhalbhainn
Gu sealgaireachd nam bealaichean.
Dol mach a dhireadh garbhlaich,
20 'S gu'm b' anmoch tighinn gu baile mi:
An t-uisge glan s am fàile
Th' air mullach nam beann arda,
Chuidich e gu fàs mi
'S e rinn domh slàint' is fallaineachd.
25 Fhuair mi greis am àrach
Air airighnean a b'aithne dhomh,
Ri cluiche, 's mire, 's mànran,
S bhi 'n caoimhneas blàth nan caileagau :
1. an dé : le 19 sept. 1802 : le seul poème du poète qui soit daté.
4. beanntaichean : forme plurielle créée par le poète pour la
métrique; il emploie cette espèce de licence poétique de temps
k autre.
POEMEX 151
LE DERNIER ADIEU AUX MONTAGNES
Hier j'ai escaladé Beinn-Dobhrain,
La vue ne m'était pas étrangère.
Je contemplais les vallées,
Et les montagnes que je connaissais bien :
5 C'était un spectacle merveilleux
D'errer sur les hauteurs
Au lever du soleil,
A l'heure où brament les cerfs.
Joyeux est le noble troupeau des cerfs
10 Lorsqu'ils s'avancent bruyamment:
Les biches près des fontaines,
Les petits tachetés y reposent doucement.
Les daines et les chevreuils,
Les coqs de bruyère, rouges et noirs,
15 Leurs accents nous semblaient la plus douce mélodie
Lorsqu'ils se faisaient entendre à l'aube.
Je me mettais en route ardemment
Chasser dans les cols élevés,
J'allais grimper les hauteurs sauvage?
20 Ne rentrant chez moi que tard :
L'eau limpide et l'air frais
Que l'on trouve aux sommets des montagnes,
M'ont aidé à grandir,
M'ont donné la force et la santé.
25 Je m'abritai quelque temps
Au milieu des pâturages qui m'étaient bien connus,
Folâtrant, jouant, chantonnant,
Jouissant du bon accueil des jeunes filles :
|1. fuaran = (l) source, (2) gazon autour des sources.
lC. am fuaim = leur bruit.
SI. 'S am fàile : certaines éditions ont 's an t-àile, ce que je préfère;
' fàile ' vent dire ' odeur.'
152 POEMES
Bu chùis an aghaidh nàduir,
30 Gu'm maireadh sin an dràsd' ann,
'S e b' éiginn bhi 'gani fàgail
'N uair thàinig tràth dhuinn dealachadh.
Nia on bhuail an aois mi,
Fhuair mi gaoid a mhaireas domh,
35 Rinn milleadh air mo dheudach
'S mo léirsinn air a dalladh orm :
Cban urrainn mi bhi treubhach,
Ged a chnirinn feum air,
'S ged bhiodh an ruaig am dhéidh-sa.
40 Cha dean mi ccum ro chabhagach.
Ged tha mo cheann air liathadh,
'S mo chiabhagan air tanachadh,
*S trie a leig mi mial-chù
Ri fear fiadhaich, eeannartach :
45 Ged bu tòigh leam riamh iad,
S ged fhaicinn air an t-sliabh iad,
Cha téid mi nis g 'an iarraidh
O'n chaill mi trian na h-analach.
Ri am dol anns a' bhùireadh,
50 Bu dùrachdach a leanainn iad :
'S bhiodh uair aig sluagh na dùthcha
Toirt òrain ùra 's rannachd dhaibh :
Greis eile mar ri cairdean,
'N uair bha sinn anns na campan.
55 Bu chridheil anns an am sinn
'S cha bhiodh an dram oirnn annasach.
'N uair bha mi 'n toiseaeh m' òige,
'S i ghòraich a chum falamh mi :
'S e fortan tha cur oirnne
60 Gach aon ni còir a gliealladh dhuinn;
48. ïanalatb : gén. do ' anail.1
PO HAIES 155
Il serait contre nature
30 Que les mêmes choses durassent encore
Et j'ai dû les quitter
Quand mon heure de partir arriva.
Maintenant que la vieillesse m'a frappé
J'ai reçu un coup qui se fera sentir à jamais,
35 Qui m'a apporté la carie des dents
Et la faiblesse de la vue :
Il m'est impossible d'être énergique
Quelque soit le besoin qui me presse,
Même si j'étais poursuivi,
4fi Je ne pourrais accélérer mon pas.
Bien que ma tête soit argentée
Et que mes tempes soient dégarnies,
J'ai souvent lancé un chien de chasse
Après un cerf sauvage aux grands bois ;
45 Quoiqu'ils me fussent toujours très chers
Et que je les visse sur la pente,
Je n'irai pas les chasser maintenant
Car j'ai perdu le tiers de mon souffle.
Au temps du rut des cerfs,
50 Je les poursuivais avec ardeur:
Les occasions ne manquaient pas de passer quelque»
moments avec des amis
A leur réciter des chansons et des vers nouveaux;
J'ai passé une autre période avec des amis
Quand nous passions quelque temps au camp.
55 Nous nous trouvions toujours joyeux
Et la bouteille apparaissait souvent.
Lors de ma pleine jeunesse,
Mes folies me laissaient sans le sou;
C'est le destin qui nous accorde
60 Toute bonne chose promise :
154 POEMES
Ged tha mi gann a stòras
Tha m' inntinn làn de shòlas.
O'n tha mi ann an dòchas
Gu'n d'rinn nighean Deòrs'* an t-aran domh.
65 Bha mi 'n dé 'san aonach
'S bha smaointean mor air m' aire-sa.
Nach robh 'n luchd-gaoil a b" àbhaist
Bhi siùbhal fàsaich mar rium ann :
'S a' bheinn is beag a shaoil mi
70 Gu'n deanadh ise caochladh :
O'n tha i nis fo chaoraibh
'S ann thug an saoghal car asam.
N uair sheall mi air gach taobh dhiom
Chan fhaodainn gun bhi smalanach,
75 O'n theirig coill' is fraoch ann,
'S na daoine bh' ann, cha mhaireann iad ;
Chan 'eil fiadh r'a shealg ann,
Chan 'eil eun no earb ann,
'M beagan nach eil marbh dhiubh,
80 'Se rinn iad falbh gu baileach a?.
Mo shoraidh leis na frithean,
O 's miorbhaileach na beannan iad.
Le biolair uaine is fior-uisg,
Deoch uasal, riomhach, cheanalta :
85 Na blàran a tha priseil,
'S na fàsaichean tha lionmhor.
O 's ait a leig mi dhiom iad,
Gu bràth mo mhìle beannachd leò !
61. ^'ann a stòras ' = gann de stòras.
64. nighean Deòrs' : l'appellation du poète pour son fusil de gard*
à Edimbourg. Deòrsa — Le roi Georges III.
71. ' fo chaoraibh ' : dat. pi. Aujourd'hui on dit ' fo chaoraich.'
POEMES 155
Bien que je ne sois pas dans l'abondance
Mon esprit est fort satisfait
Car je vis dans l'espoir
Que la fille de Georges me procurera de quoi subsister.
65 J'étais dans la lande
Et des pensées profondes m'ont assailli.
Mes anciens amis qui chassaient avec moi
N'étaient plus là :
La montagne ! J'ai peu pensé
70 Qu'elle changerait :
Les moutons y broutent à présent
Le monde s'est joué de moi.
Quand je regardais de tous côtés
Je ne pouvais m'empêcher d'être at.
75 Car il n'y a plus ni bois ni bruyère,
Les hommes qui y étaient ne sont plus :
Il n'y a plus de cerfs à chasser,
Plus d'oiseaux, plus de chevreuils,
Les quelques survivants,
80 Sont tous partis ailleurs.
Adieux éternels aux retraites des cerfs.
Que les montagnes sont merveilleuses,
Le cresson vert, sources vives,
Breuvage noble, délicieux, doux :
85 Plaines chères et magnifiques,
Solitudes grandes et nombreuses,
Scènes que j'ai quittées pour toujours,
Soyez à jamais mille fois bénies.
156 POEMES
RAIKN GEARRADH-ARM
Chunnaic mi 'n diugh a' chlach bhuadhach,
'S an leug àlainn,
Ceanglaichean de'n òr niu'n eu air t dhi
'Na chruinn mhàille ;
5 Bannan tha daingean air suaicheantas
Mo chàirdean,
A lean gramail r'an seann dualchas
Mar a b'àbhaist.
Inneal gu imeachd troimh chruadal
10 Le sluagh laidir,
Fir nach gabh giorag no fuathas
Le fuaim làmhaich ;
Fine as minig a ghluais
Ann an ruaig namhaid,
15 Nach sireadh tilleadh gun bhuannachd
No buaidh-làrach.
Bha sibh uair gu grinn a' seòladh
Air tuinn aàile,
Chaidh tarrung a aon de bhòrda
20 Druim a' bhàta.
Leis a' chabhaig spàrr e'n crdag
Sios 'na h-àite,
'S bhuail e gu teann leis an òrd i,
'S ceann dith fhàgail.
1. Le chef du Clan Maclntyre [Mac an t-Saoir] à l'époque du poète
était James Maclntyre [Seumas Mac an t-Saoir], 1727-1797,
vivant et poète lui-même. Il habitait Glenoe, le domaine
ancestral du Clan. Quand le poète le visita il lui montra le
vieux sceau portant les armoiries de son Clan.
POEMES 117
VERS SUR DES ARMOIRIES
Aujourd'hui j'ai vu la pierre vertueuse,
Le bijou splendide,
Une monture d'or tout autour
En forme de cercle ;
5 Blason ferme sur la bannière
De ma race,
Qui suivait avec dévotion ses vieilles traditions
Comme c'était sa coutume.
Devise d'aller à travers le danger
10 De la part d'un peuple fort,
Héros qui ne connaissent ni peur ni panique
Au son de la mêlée;
Race qui s'est souvent avancée
Mettant l'ennemi en fuite,
15 Race qui n'acceptait jamais de revenir
Du champ de bataille, les mains vides ni vaincue.
Une fois vous naviguiez paisiblement
Sur les flots salés;
Un clou s'échappa d'une des planches
20 De la carène,
En hâte il mit le pouce
Dans l'ouverture,
D'un coup de marteau l'y enfonça
En y laissant le bout.
15. ' gun bhuannachd ' : sans profit.
17. sibh . . . L'eponyme du clan.
21. Ici le poète parle de lui à la troisième personne.
24. D'après cette légende le fondateur du clan fut appelé • Saor na
h-òrdaig ' (Menuisier du pouce).
158 POEMES
25 An onoir a fhuair an saor Sléibhteach,
Leis gach treuntas a dh' fhàs ann,
Ghléidheadh fathast d'à shliochd féin i
A dh' aindeoin eucorach gach nàmhaid :
Na h-airm ghaisge, ghasda, ghleusda,
30 Dh'òrduich an righ gu feum dhàsan,
Cho math 's a th'aig duine 'n dream threun sin,
A shliochd Cholla cheud-chathaich, Spàinntich.
Dorn an claidheamh, is làmh duin'-uasail
Le crois-tàraidh,
35 Iolairean le 'n sgiathaibh luatha,
Gu cruas gàbhaidh,
Long ag imeachd air druim chuantan
Le siùil arda,
Gearradh-arm Mhic-Shaoir o Chruachan,
40 Aonach uachdarach Earra-ghàidheal.
Tha do dhaoine trie air fairge,
Sgiobairean calma, neo-sgàthach ;
Tha 'n aogas cumachdail, dealbhach,
'S iomadh armailt am beil pàirt dhiubh ;
25. an saor Sléibhteach : selon le poète le premier de sa race
était originaire de l'Ile de Skye. Sléibhte est une paroisse
dans le territoire du Clan MacDonald (Mac Dhomhnuill).
31. 'n = de'n.
32. Conn ceud-chathach, Conn des cent batailles, fut roi d'Irlande,
^elon les Annales de 123 à 157 a.d. On le confond ici avec
Coll Uais un des trois Coll qui prospéraient vers le milieu du
quatrième siècle et dont la maison de Somerled — les Mac-
Donalds — prétendent descendre. L'epithète ' Spàinnteach '
-e rapporte à l'ancienne tradition que les Gaëls descendaient
de Milidh Easpâine dont les fils se partagèrent la plus grande
partie de l'Irlande. (Watson).
3*. crois-tàraidh, aussi crann tàraidh et c. tara. Lorsqu'un chef
désirait appeler ses hommes aux armes il prenait une croix de
bois et après en avoir brûlé les extrémités il la trempait dans
le sang d'une chèvre. Il la remettait à un de ses hommes qui
avait pour mission de se rendre dans un des villages du clan
et de remettre cette croix à un autre qui, à son tour, se
rendait dans un autre village et ainsi de suite dan6 tous les
POEMES 1 59
25 L'honneur qu'a gagné le menuisier de Sléibhte,
Par tous ses actes de bravoure.
A été conservé pour sa race
En dépit de la vilenie de tout ennemi :
Armoirie belle et élégante.
30 Que le roi lui assigna pour son usage,
Armoirie aussi bonne que portait tout brave de cette
race,
Descendue de l'Espagnol Coll. vainqueur de cent
batailles.
Epée au poing, main noble
Tenant la croix d'appel aux armes,
35 Aigles aux vives ailes déployées
Pour le combat acharné,
Vaisseau voguant sur les flots
Voiles en berne,
Armoirie de Mac an t-Saoir de Cruachan
40 Solitude élevé d'Earra-Ghàidheal.
Tes hommes naviguent souvent sur l'Océan,
Capitaines hardis qui méprisent le danger ;
A la mine avenante et belle,
Il y en a dans bien des armées :
villages. Chaque homme comprenait la signification de la
croix, et le messager n'avait qu'à prononcer le nom de
l'endroit du rassemblement. Cameron et MacBain réfèrent
-tara au norvég. tara, guerre; mot que Vigfusson (Vigfus-
son-Cleasby, p. 625), semble considérer comme un mot
étranger. Henderson suggère norvég. her-ôr (flèche de
guerre) avec le ' t ' de l'art, déf. gaél. en tête (Norse Influ-
ence in Celtic Scotland), mais la phonétique ne convainc pas.
La coutume pouvait bien venir des vikings. (V. Dictionnaire
Vigfusson-Cleasby, sub Kross). Tous deux, l'article et le
nom sont inconnus en Irlande.
39. Cruachan : la plus haute montagne de l'Argyll : montagne au
sommet arrondi.
40. Earra-ghàidheal : Argyll ; Ir. moy. Airer Gâidel, plus tard Oirer
Ghâidheal, " Margo Scotorum."
44. ' ma beil '=a' bheil.
160 POEMES
45 Thug iad gaol a shiùbhal garbhlaich,
Moch is anmoch a' sealg fàsaich ;
Cuid eile dhiubh 'nan daom'-uaisle,
'S tha cuid dhiubh 'nan tuath ri àiteach.
'S rioghail an eachdraidh na chualas
50 Riamh mu d'phairtidh,
'S Ronmhor an taie, na tha suas diubh,
Na'm biodh cas ort :
Tha gach buaidh eile d'à réir sin
An Gleann Nodha féin an tàmhachd,
55 Piob is bratach is neart aig Seumas,
An ceann-cinnidh nach tréig gu bràth sinn .
54. Glenoe [Gleann Nodha] = Vallée Nouvelle, Fraîche.
POEMES 161
45 Us aimaient surtout à parcourir les pays montagneux :
Matin et soir à chasser dans les solitudes
Quelques-uns d'entre eux sont des gentilshommes,
D'autres sont des paysans qui cultivent la terre.
Belle dans l'histoire
50 Est toujours la réputation de ta famille.
Bon nombre existe encore pour te soutenir
En cas de besoin ;
Toute autre vertu de cette espèce
Habite Glenoe même,
55 Cornemuse et étendard et force sont à Jacques,
Chef qui ne nous trahira jamais.
il
16Î POEMES
DO CHAIPTEAN CAIMBEUL.
'S maith thig féile cruinn uasal
Mu'n cuairt air do bhreacan,
Bonaid ghorm a' bhile shìod' ort,
'S péiteag riomhach de'n tartan;
5 Brog theann air dheagh chumadh
Mu'n troigh as cuimeir air faiche,
S air do chalpannan soilleir,
Osain ghoirid is gartain.
'S maith thig claidheamh geur cùil ort,
10 Lann ùr nan tri chlaisean,
Tana, faobharach, fuileach,
Aotrom, guineach, geur, sgaiteach ;
Dias chuimeir de'n stàilinn,
'S i spàirrt' an ceann aisneach,
15 Ann an iomchar uallach,
'S an crios gualainn 'san fhasan.
Paidhir dhag air do ghiùlan,
B'e do rùn a bhi 'd shiùbhal,
Mar ri cuilbheir deaa, aotrom,
20 Gunna caol a' bheòil chumhainn,
Adharc chuimeir an fhùdair,
Flasg chùl-bhuidh 's beul lùthaidh,
Sgiath bhreac nam bail dlùtha,
Lann sgriùbhta 'na h-ùbhall.
25 Cha mhios 'thig dhuit biodag,
Cho maith 's a thigeadh o'n cheardaich,
Sniomhan lionmhora, croma,
Air a cois dhromanaich, chargnaich;
POEMES 163
AU CAPITAINE CAMPBELL (Vers Choisis)
Bien sied le noble kilt arrondi,
A ton plaid,
Bonnet bleu bordé de soie
Veston superbe de tartan ;
5 Chaussure ajustée, élégante,
Au pied le plus soigné sur le gazon ;
A tes mollets blancs,
Chaussettes courtes et jarretières.
Bien te sied le sabre tranchant,
10 Lame neuve aux trois rainures,
Mince, aiguisée, sanguinaire,
Légère, affilée, coupant bien;
Lame d'acier bien faite,
Fixée dans une garde à côtes,
15 Suspendue à un noble crampon,
Et la bandoulière à la mode.
Deux pistolets sur toi
C'était ton désir de porter,
Avec un fusil beau et léger,
20 Carabine à gueule étroite,
Cor élégant à poudre,
Poire à poudre jaune, ouverture articulée,
Bouclier tacheté garni de clous compactes,
Pointe vissée à sa bosse.
25 Pas moins ne te sied le poignard,
Le meilleur qui pût venir de la forge,
Maints plis contournés
A la hanche sillonnée et noueuse :
164 POEMES
'S i gu finealta, sgeanail,
Direach, tana, glé sgeanamhail,
30 Eadar bhonn agus mhuineal,
An taoim 's an dùille 's a' chrambait.
Ces vers donnent une représentation remarquablement claire et
nette d'un montagnard écossais dans son costume complet à cette
époque. Le Capitaine Campbell était à la tête d'une compagnie de la
milice d'Argyll à la bataille de Culloden (1746) du côté royaliste.
Après on l'envoya punir les ' rebelles ' dans les districts sauvagea de
Moidart et Arisaig où il agit avec grande considération et tolérance.
Plus tard il devint un des capitaines de la garde d'Edimbourg où il
fut un des meilleurs amis du poète. Il mourut en 1774.
31. An taoim : ainsi toutes les éditions. Je prends le mot pour ' an
t-uigheam ' et l'ai traduit ainsi.
POEMES 105
Poignard bien fait et propre,
30 Droit, mince, bien poli,
Pommeau, emboiture,
Arme, fourreau, bouterolle.
166 POEMES
OR AN DO N BHRIOGAIS
Lin mu ag :
"S o tha na briogais liath-ghlas
Am bliadhna cur mulaid oirnn,
'S e'n rud nach fhacas riamh oirnn.
S nach miann leinn a chumail oirnn :
ô S na'm bitheamaid uile dileas
Do'n Righ bha toirt cuiridh dhuinn,
Chan fhaicte sinn gu dilinn
A' striochdadh do'n chulaidh so.
'S olc an seòl duinn, am Prionns' òg
10 A bhi fo mhòran duilichinn,
Is rìgh Deòrsa a bhi chòmhnuidh,
Fear 'm bu choir dha tuineachas;
Tha luchd-eòlais a' toirt sgeòil duinn
Nach robh còir air Lunnainn aige,
15 'Se Hanòbhar an robh sheòrsa,
'S coigreach oirnn an duine sin :
'S e 'n righ sin nach buineadh dhuinn,
Rinn dimeas na dunach oirnn,
Mu'n ceannsaich e buileach sinn,
20 B' e 'n t-am dol a chumasg ris ;
Na rinn e oirnn de dh'an-tlachd,
De mhiothlachd, is de dh' aimhreit,
Ar n-eudach thoirt gun taing dhinn,
Le ainneart a chumail ruinn.
'S o tha na briogais, etc.
]. ' briogais ' : au pluriel : écossais ' breeks ' : liath-ghlas : couleur
la plus méprisée parmi les montagnards écossais depuis ce
temps.
G. Le Vieux Prétendant.
POEMES iff
CHANSON AUX CULOTTES
Refrain :
Ce sont les culottes gris vert
Qui nous chagrinent cette année.
C'est une chose qu'on ne nous a jamais vue
Et nous ne désirons pas continuer à les porter
5 Car si nous avions été fidèles
Au roi qui nous le demandait
On ne nous aurait jamais, jamais vu
Abandonner ce costume.
Quel malheur pour nous que le jeune Prince
jlO Soit en si grande tribulation,
Tandis que le roi Georges habite
Où lui devrait vivre :
Ceux qui savent nous racontent
Qu'il n'avait aucun droit sur Londres.
J15 Ses gens sont du Hanovre,
Cet homme règne en étranger :
C'est un roi différent de nous
Qui nous a traités misérablement,
Avant que nous ne soyons assujettis,
30 II serait temps d'aller le combattre ;
H nous a injuriés
Tourmentés et querellés,
Il nous a dépouillés de nos vêtements,
Nous poursuivant avec violence.
Ce sont les culottes gris- vert, etc.
168 POEMES
25 'S o'n a chuir sinn suas a' bhriogais,
Gur neo-mhiosail leinn a' chulaidh ud
G'an teannadh mu na h-iosgannan,
Gur trioblaideach leinn umainn iad :
'S bha sinn roimhe misneachail,
30 'S na breacain fo na criosan oirnn,
Ged tba sinn am bitheantas
A nise cur nan sumag oirnu :
'S ar leam gur h-olc an duais
Do na daoine chaidh 's a' chruadal.
35 An aodaichean thoirt uapa
Ge do bhuannaich Diuc Uilleam leò.
Chan fhaod sinn bhi sùlasach,
O'n chaochail ar cùlaidh sinn.
Chan aithnich sinn a chéile
40 La féille no cruinneachaidh.
'S bha uair-eigin an t-saoghal
Nach saoilinn gu'n cuirinn orm.
Briogais air son aodaicli .
'S neo-aoibheil air duine i :
45 'S ged tha mi deanamh ùis cl il h.
Cha d'rinn mi bonn sùlais
Ris an deise nach robh daimheil
Do'n phairtidh g'am buininn-sa :
'S neo-sheannsar a' chulaidh i,
50 Gur grànda leinn umainn i.
Cho teann air a cumadh dhuinn,
'S nach b'fheàirrde leinn tuilleadh i
Bidh putain anns na glùinean,
la bucalan g'an dùnadh,
55 'S a' bhriogais air a dùbladh.
Mu chùlaibh a huile fir.
34. Les Campbells d'Argyll.
36. Le duo de Cumberland, vainqueur à la bataille de Cnlloden, 1746
POEMES 169
25 Depuis que nous avons mis la culotte,
C'est un habit que nous détestons cordialement
Nous serrant autour des cuisses,
Le porter nous contrarie beaucoup ;
Autrefois nous étions fiers,
30 Des plaids, sous nos ceintures,
Mais à présent, nous avons
Des housses en fait de jupon ;
Je pense que c'est mal récompenser
Les hommes qui ont bravé le danger,
35 De priver de leurs habits
Ceux qui ont gagné la victoire pour le Duc Guillaume,
Maintenant, nous ne pouvons être heureux.
Notre habillement nous change tant,
Nous ne nous connaissons plus
40 Aux assemblées, ou les jours de foires.
A une époque de ma vie
Je ne pensais pas qu'il me faudrait revêtir
Des pantalons à la place de costume,
Cela sied si mal un homme :
45 Bien que j'en porte,
Je ne me sens pas heureux
Car cela ne convient pas à la race
A laquelle j'appartiens:
C'est un vêtement si triste,
50 Nous pensons qu'il est horrible à porter
La forme est trop serrée pour nous,
Nous désirons ne plus l'avoir
Il a des boutons près des genoux.
Et des boucles pour les retenir,
55 Les pantalons nous enserrent
A chacun le dos.
170 POEMES
Gheibh sinn adan ciar-dhubh,
Chur dion' air ar mullaichean.
Is casagan cho sliogta,
60 'Sa mhìnicheadh muilean iad.
Ged cbumadh sin am fuachd dhinn.
Chan fhàg e sinn cho uallacli.
'S gu'n toilich e ar n-uaislan
Ar tuath no ar cumanta.
65 Cha taitinn e gu bràtli ruinn
A choiseachd nan gleann-fàsaieh.
'N uair a rachamaid do dh' àirigh.
No dh' ait am biodh cruinneagan :
'S e Deòrsa rinn an eucoir,
70 'S ro dhiombach tha mi féin deth,
O'n thug e dhinn am féileadh,
'S gach eudach a bhuineadh dhuinn.
S bha h-uile h-aon de'n phàrlamaid
Fallsail le 'm fiosrachadh,
75 *N uair chuir iad air na Caimbenlaicli
Teanndachd nam briogaisean :
"S gur h -iad a rinn am feum dhaibh
A' bhliadhna thàin'' an streupag,
A h-uile h-aon diubh dh' éirigh
80 Gu léir am Milisi dhaibh ;
'S bu cheannsalach, duineil iad.
'San am an robh an eumasg ami,
Ach 's gann daibh gu'n cluinnear iad
A champachadh tuille leis ;
85 O'n thug e dhinn an t-aodach.
'S a dh' fhàg e sinn cho faontrach.
'S ann rinn e oirnn na dh' fheudadh e.
Shaoileadh e chur mulaid oirnn.
71. ' am féileadh ' : aussi ' an t-éileadh ' : la racine correcte semble
commencer par '£'. Macbain suggère V. Ir ' roufeladar ' et
fiai; lat. : vélum; angl. ' veil.' V. aussi les remarques d©
O'Rahilly sous ' féileadh ' (Scottish Gaelic Studies. T. n.,
p. 20).
78. thàin' : thàinig.
POEMES m
Nous aurons des chapeaux d'un noir poudreux
Pour nous protéger la tête,
Et des manteaux doux et lisses
60 Qui se puissent fabriquer.
Bien qu'ils nous protègent du froid,
Nous ne serons pas si fiers,
Cela plaira à nos bourgeois,
A nos fermiers et à nos gens :
65 Nous ne l'endosserons pas avec joie.
Pour marcher dans les vallées écartées,
Quand nous irons aux abris des pâturages.
Ou en un lieu où vivent les jeunes filles :
Le roi Georges a commis une injustice
70 Je suis moi-même très fâché contre lui,
Car il nous a dépouillés du kilt,
Et du costume qui nous appartenaient .
Et chacun des membres du Parlement.
Fut faux à ce qu'ils savaient,
75 Quand ils obligèrent les Campbells
A porter le pantalon ;
Car ce sont eux qui les servirent
L'année où le tumulte commença.
Chacun d'eux se leva,
80 Et leur Milice entière à leur aide ;
Ils étaient intrépides et robustes
Tant que dura la lutte
Mais on entendra parler de peu
Qui aillent désormais camper avec lui :
85 Car il nous a dépouillés de nos vêtements,
Et nous a laissés si désespérés,
Il nous a fait la pire des choses
Qui, à son avis, nous chagrinât.
172 POEMES
'S ann a nis tha fios againn
90 An t-iochd a rinn Diuc Uilleam ruinn,
'N uair a dh' fhàg e sinn mar phrisonaich,
Gun bhiodagan, gun ghunnachan,
Gun chlaidheamh, gun chrios tarsuinn oirnn,
Chan fhaigh sinn pris nan dagachan :
95 Tha comannd aig Sasunn oirnn,
O smachdaich iad gu buileach sinn :
Tha angar is duilichinn
'San am so air iomadh fear,
Bha 'n campa Dhiuc Uilleam,
100 Is nach fheàirrd iad gu'n bhuidhinn e :
Na'n tigeadh oirnne Tearlach,
'S gu'n éireamaid 'na champa,
Gheibhte breacain charnaid,
'S bhiodh àird air na gunnachan.
90. Le duc de Cumberland, fils du roi Georges II.
101. Le Jeune Prétendant.
POEMES 17$
Maintenant nous savons fort bien
90 L'indulgence du Duc Guillaume envers nous,
Quand il nous laissa ainsi que des prisonniers,
Sans poignard, sans fusil,
Sans épée, sans baudrier,
Même les pistolets nous manquent :
95 L'Angleterre règne sur nous.
Ils ont triomphé sur nous ;
La colère et le chagrin sont à présent
Dans le coeur de chaque homme,
Qui fut dans le camp du Duc Guillaume
100 Et chacun d'eux s'en trouve plus mal d'avoir gagné :
Mais si Charles revenait parmi nous
Et que nous nous levions en armes dans son camp.
Nous obtiendrions des plaids rouges
Et les fusils seraient tout prêts.
174 POEMES
ORAN DO CHLAIDHEAMH MHIC AN LEISDEIR
AGUS DO BHLAR NA H-EAGLAISE BRICE
Làtha dhuinn air Machair-Alba,
Na bha dh' armailt aig a' Chuigse,
Thachair iad oirnne na reubail,
'S bu neo-éibhinn leinn a' chuideachd ;
5 :N uair a chuir iad an ratreud oirnn,
"S iad 'nar déidh a los ar murtadk,
'S mur deanamaid feum le'r casan,
Cha tug sinne srad le'r musgan.
"S a' dol an coinneamh a' Phrionnsa
10 Gu'm bu shunntach a bha sinne,
Shaoil sinn gu 'm faigheamaid cuis deth
'S nach robh dhuinn ach dol g'a sireadh :
?N uair a bhuail iad air a chéile
'S àrd a leumamaid a' tilleadh,
15 JS ghabh sinn a mach air an abhainn
S dol g'ar n-amhaich anns an linne.
'N am do dhaoine dol 'nan éideadh
Los na reubalaich a thilleadh,
Cha do shaoil sinn, gus na ghéill sinn,
20 Gur sinn féin bhidhte 'g iomain ;
Mar gu'n rachadh cù ri caoraibh,
'S iad 'nan ruith air aodann glinne,
'S ann mar sin a ghabh iad sgaoileadh
Air an taobh air an robh sinne.
< Vux-ci sont les premiers vers du poète. Les faits historiques y sont
intéressants et l'humour satirique de B. Bàn est particulière-
ment agréable dans ce cas.
2. * a' Chuigse ' = ' Whigdom,' l'ensemble des Whigs : ici les
royalistes. Angl. 'wh' = gaél. V; e.g. whip, cuip; wheel,
cuibheal.
9. Le Prince Charles, le Jeune Prétendant.
POEMES 175
CHANSON A L'EPEE DE MONSIEUR FLETCHER
ET A LA BATAILLE DE FALKIRK
Un jour dans la Plaine Ecossaise,
Nous voilà l'armée entière des Whigs
Rencontrés par les rebelles,
Compagnie que nous n'aimions pas ;
5 Lorsqu'ils nous obligèrent à battre en retraite.
Nous poursuivant pour nous massacrer,
Si nous nous sommes servis de nos jambes,
Nous n'avons point employé nos fusils.
En allant à la rencontre du Prince
10 Pleins d'entrain étions-nous,
Nous pensions avoir le dessus
N'ayant qu'à aller à sa recherche ;
Quand les armées s'entre-choquèrent
Nous bondissions en nous enfuyant,
15 Nous nous élançâmes dans la rivière
Plongeant jusqu'au cou à l'endroit profond.
Quand nos hommes se préparaient
A refouler les rebelles,
Nous pensions peu jusqu'à notre défaite,
20 Que ce serait nous les fuyards ;
Comme un chien saute après les moutons
Qui courent sur le penchant du vallon,
C'est ainsi qu'ils étaient dispersés
Du côté où nous étions.
Titre : Leisdear = angl. ' fletcher,' fabricant de flèches : cf. fi*, 'flèche'
et gaél. 'fleasg'; an Leisdeir = an (Fh)leisdeir.
Au Eaglais-bhreac — église tachetée = éc. ' Fal ' (Paw), couleur
isabelle-f'kirk/ église. Falkirk est la traduction en anglo-
écossais du nom gaélique. Nom d'une ville près d'Edim-
bourg.
176 POEMES
25 Sin '11 uair thàinig càch 'sa dhearbh iad
Gu'm bu shearbk dhuinn dol nan cuideachd
Se'n trùp Ghallta g'an robh chall sin,
Bha colluinn gun cheann air cuid diubh :
'N uair a thachair ribh Clann-Dòmhnuill.
30 Chum iad còmhail air an uchdan,
Dh' fhàg iad creuchdan air an reubadh,
'S cha léigkiseadh léigh an cuislean.
Bha na h-eich gu crùitheach, srianach,
Giortach, iallach, fiamhach, trùpach;
35 'S bha na fir gu h-armach, fòghluimt',
Air an sònrachadh gu murtadh.
N uair a dh' aom sinn bhàrr an t-sléibh.
Is moran feum againn air furtachd,
N'a bha beò bha cuid dhuibh leòint',
40 'S bha sinn brònach mu na thuit ann.
Dh' éirich fuathas anns an ruaig dhuinn.
N uair a dh' aom an sluagh le leathad ;
Bha Prionns' Tearlach le chuid Frangach.
S iad an geall air teachd 'nar rathad :
45 Cha d'fhuair sinn focal comannd
A dh' iarraidh ar naimhdean a sgathadh :
Ach comas sgaoilidh feadh an t-saoghail,
S cuid againn gun fhaotainn fhathast.
Sin 'n uair thàinig mise dhathaigh
50 Dh' ionnsuidh Ghilleasbuig o'n Chrannaich.
'S ann a bha e 'n sin cho fiata
Ri broc liath a bhiodh an garaidh .
38. Ainsi l'éd. 1804.
Four ce vers l'éd. Calder a :
Fhuair iad am marbhadh 's ain murtadh ;
Ils furent tués et massacrés.
Pour les vers 37, 38 l'éd. C. a les vers 29, 30.
Pour les vers 29-32 cette éd. a :
'S ann a theich sinn as na cianaibh
An déidh trian againn a thuitcam,
'S cha téid mise tuille gu dilinn
Chuideachadh le Righ na Cuigse.
POEMES 177
25 Quand les autres sont venus ils nous ont prouvé
Que c'était chose pénible de leur faire face :
Les troupes de la Plaine subirent cette pei te,
Parmi elles beaucoup ans tête :
Quand le Clan DomhnuU vous rencontra.
30 Ils livrèrent combat sur la butte.
Ils laissèrent des blessures ouvertes.
Les médecins ne pouvaient fermer leurs veines.
Les che v; s, bridés,
Sanglés, ceints de lanières, ombrageu
Les hommes armés, disciplinés,
Choisis pour tuer.
Quand nous avons descendu la pente,
Que nous avions besoin d'aide,
Parmi les survivants il y avait des blessés.
40 Nous étions désolés d'avoir perdu tant d'hor
Dans la débandade la peur nous saisit,
Quand l'adversaire se mit à dévaler la pente :
Le Prince Charles et ses Français
Semblaient impatients de nous attaquer :
45 Nous n'avions pas reçu de mot d'ordre
Exigeant que nous détruisions nos ennemis.
Mais le privilège de nous disperser partout.
Quelques-uns d'entre nous n'en peuvent encore profiter.
Quand je suis rentré au pays,
50 Auprès de Gilleasbuig de Cramiach ,
Il se montra aussi sauvage
Qu'un blaireau dans son repaire :
Vers 29-32 de l'éd. C. :
Alors nous nous enfuîmes bien loin
Après avoir perdu le tiers de notre armée,
Je n'irai jamais plus de la vie
Aider le Eoi des Wkigs.
49. Gilleasbuig = serviteur d'un évèquej prénom de M. Pletclier.
Crannach = endroit planté d'arbres; résidence do M. Pletcher.
51. ' dhathaigh ' = dhachaidh.
12
178 POEMES
Bha e duilich amis an am sin
Nach robh bail aige r'a tharru
S mor an diùbhail na bha dhii
Claidhearah sinnsireachd a a
Moran iaruinn air bheag faobhair,
Gu'm b'e sud aogas a' chlaidheimh :
S e gu lùbach, leumnach, bearnach,
60 "S bha car cani ann anns an ami,.
Dh' fhàg e mo chruachann-sa br
Bhi 'ga ghiùlan feadh an rathaid.
'S e cho trom ri cabar fearna,
'S mairg a dh' fhairdeadh an robl rath air.
65 N uair a chruinnich iad 'nan ceudan
N la sin air Sliabh na h-Eaglais.
Bha ratreud air luchd na Beurla,
'S ann doibh féin a b' éiginn teicheadh :
Ged a chaill mi anns an am sin
70 Claidheamh ceannard Chloinn an Leisdeir;
Claidheamh bearnach a' mhi-fhortaii .
'S ann bu choslach e ri greidhlein.
Am ball-teirmeisg a bha meirgeach,
Nach d'rinn seirbhis a bha dleasnach ;
75 S beag an diùbhail leam r'a chunntadh
Ged a dh' ionndraich mi mu fheasgar.
An claidheamh dubh nach d'fhuair a sgùradh
'S neul an t-sùith air a leth-taobh ;
S beag a b'fhiù e, 's e air lùbadh,
80 S gu'm b'e diùgha de bhuill-deis e.
An claidheamh braoisgeach bh' aig na daoine
Nach d'rinn caonnag 's nach tug buillean,
Cha robh aogas air an t-saoghal,
S mairg a shaothraich leis an cuimeasg :
67. i luchd na Beurla ' : les Anglais ; beurla = la langue anglaise
cf. Ir. ' beurla ' : beul (bél)+terminaison abstraite -re.
POEMES 179
Il était désolé eu ce moment
De ne pas avoir une arme à tirer,
35 Grande perte sans doute ce qui lui manquait,
L'épée familiale de ses ancêtres.
Beaucoup de fer, peu de tranchant.
Telle était la forme de l'épée,
Courbée, branlante, ébrêchée,
60 Un coude à son emboîture ;
Elle m'a laissé la hanche meurtrie
Pour l'avoir portée le long du chemin.
Aussi lourde qu'un gourdin d'aune,
Insensé celui qui demanderait si elle portait bonheur.
65 Quand ils se sont assemblés par centaines
Ce jour-là sur la pente de Falkirk,
Ce furent les Anglais qui battirent en retraite.
Eux qui eurent à s'enfuir ;
Bien que j'aie perdu à ce temps-là
70 L'épée du chef du Clan-an-Leisdeir ;
Epée ébrêchée de malchance.
Elle ressemblait à une spatule.
Arme repoussante et roui liée
Qui n'a pas rendu le service dû,
75 A mon avis ce n'est pas une grande perte
Bien qu'elle me manquât à la nuit tombante,
Epée noire qu'on n'a jamais nettoyée
Un des côtés couleur de suie,
Peu appréciable avec ses courbes,
80 La pire de toutes les armes.
Epée édentée appartenant aux hommes
Qui n'ont ni combattu ni porté de coups,
Sa pareille n'existait pas au monde,
A plaindre qui l'employait au combat ;
1 gl ) POEMES
85 An claidheamh dubh air an robh an t-aimhleas
Gun chrios, gun chrambait. gun dùille,
Gun roinn, gun fhaobhar, gun cheann-bheart .
'S mairg a tharadh leis an cunnart.
Thug mi leam an claidheamh bearnach,
90 'S b'olc an àsuinn e 's a chabhaig,
Bhi 'ga ghiùlan air mo shliasaid,
'S mairg mi riamh a thug o'n bhail' e :
Cha toir e stobadh na sathadh,
'S cha robh e làidir gu gearradh ;
95 Gu'm b'e diùgha de bhuill airm e,
'S e air meirgeadh air an fharadh.
Chruinnich uaislean Earra-ghàidheal,
Armailt laidir de Mhilisi,
'S chaidh iad mu choinneamh Prionns' Tearlach
100 'S dùil aca r'a champ a bhristeadh;
S ioma fear a bh' anns an ait ud
Nach robh sàbhailt mar bha mise,
Ged tha mo chlaidheamh air fhàgail
Am Blàr na h-Eaglais Brice.
98. ' armailt ' : cf. lat. ' arinamentum.'
104. 'Blàr' = (l) champ uni, (2) bataille.
POEMES 181
85 Epée noire de mauvaise fortune
Sans ceinture, ni bouterolle ni fourreau.
Ni pointe, ni tranchant, ni garde,
A plaindre qui la possédait dans le danger.
J'ai porté avec moi l'épée ébrêchée,
90 Arme inutile dans le besoin.
Suspendue à ma hanche.
Misérable suis-je de l'avoir apportée de chez nous;
Elle ne peut presser ni percer.
Manquant de résistence pour couper,
9,5 Outil de guerre le plus méprisable.
Qui a rouillé dans le galetas.
Les nobles d'Argyll assemblèrent
Une armée puissante de milice,
Ils allèrent à la rencontre du Prince Charles
100 Dans l'espoir de détruire son camp ;
En ce lieu, nombreux les hommes
Qui n'en réchappèrent comme moi,
Bien que mon épée fût abandonnée
Sur le champ de bataille de Falkirk.
182 POEMES
MOLADH DO'N GHAIDHLIG, S DON PHIOB MHOIR,
'S A' BHLIADHNA 1789
Brosnachadb cluiche na pioba
Dh' innsinn pàirt deth,
An toiseacb a gleusadh, 'n uair a lionar
Séïd na màla ;
5 Fonnrahor, freagarrach g' a chéile
Na dtiis arda,
Lan toil-inntinn do'n lucbd-éisdeachd
Bhios 'ga clàistinn.
Piob uallach nam maidean réidbe
10 'S nan ceanna cnàmha,
De 'n fhiodb chruaidh thig a Semeuca,
'S fbeàrr tha fàs ann :
Air a thuairnearachd cruinn, direach.
Iobbuireach , f àinneach ,
15 Gaoithearach, feadanacb, finealt'
Le binne chàilleachd.
Ce poème fut couronné par la Société Higkland do Londres.
11. Le j' angl. de Jamaica (Jamaïque) devient 's' en gaélique.
POEMES 183
LOUANGE AU GAELIQUE ET A LA GRAN
CORNEMUSE EN L'AN 1789
Encouragement aux sons de la cornemuse
En faire part je le voudrais,
Tout d'abord la régler en gonflant-
Son outre de vent ;
5 Mélodieux, tous de même accord
Les grands tuyaux,
Charment pleinement les auditeurs
Qui les écoutent.
Cornemuse élégante aux tuyaux lisses
10 Aux têtes d'os,
De bois dur de la Jamaïque
Le meilleur qui y croît ;
Tourné rond et droit,
Anneaux d'ivoire,
15 Embouchure et fifre jolis
Aux notes harmonieuses.
La plus vieille cornemuse en Ecosse porte la late 1496. Elle ne
possède que deux tuyaux et il y a quelques années, appartenait à
Monsieur John Glen. (Trans. of the Scottish Antiquarian Society;.
Les cornemusiers les plus renommés de l'Ecosse entière les Macrim-
mons (Mac Criomthainn) étaient cornemusiers héréditaires des Mac-
Leods de Dunvegan, Skye. La cornemuse de cette famille existe
encore au château de Dunvegan où je l'ai souvent vue. Elle ne
possède que deux tuyaux. La cornemuse de Pàdruig M6r Mac
Criomthainn (A' Phìob Bhreac) le plus célèbre cornemusier du
monde, qui date du commencement du XVII ème siècle est aussi à
Dunvegan. Elle porte trois tuyaux. Toutes deux furent exposées à
kWembley il y a deux ans et mon ami le Révérend Dr Neil Ross, le
cornemusier bien connu et rédacteur du " Gàidheal " me dit, que
l'été dernier, avec la permission de Sir Reginald MacLeod, il a joué
de la cornemuse la première mentionnée, dont la musique, selon lui
est aussi bonne que celle d'un instrument moderne.
184 POEMES
'S freagarracli a' chuid a steach dhitli.
"S tha n taobh mach dhith dreachor, dàicheil,
lonnagach, ribineach, riomhach,
20 Dosan de'n t-sioda ri srannraich,
Mu Mhuineal nam buaidhean priseil,
Cumail dion' air a min bhràghad.
Cuilc 'na slugan tha 'ga lionadh.
Air a dhionachadh le snàithean.
25 Si phiob ùr a tha "n Dun-éideann,
Eibhneas Ghaidheal.
Inneal-ciùil as fheàrr fo 'n ghréin
Le reusan àraid ;
Tha i snasmhor, maiseaeh, fìnealt',
30 Cuimir, dreachmhov, dionach, làidir,
Gu binne, bòidheach, seòcail, ceutach,
Ceòlmhor, eutrom, éibhinn, àluinn.
Piob a chuireadh suimt gu mire,
Fonn is farum,
35 Air gach diuc is ard cheann-ci inidh,
'S oighre fearainn :
Bidh gach duin'-uasal ga sireadh
Gu togail a shluaigh 's a' charraid,
An am tarruing a suas gach fine
40 Dhol a bhualadh nau cruaidh lannan.
i !eò] as riog :. die 's as sine,
Chuala sinne bhi air thalamh,
( !eòl as brighmhoire 's as binne,
S as grinne thug meòir a erannaibh ;
45 Cha chualas neach riamh a dhi-mol
Dreach is deanadas na h-ainnir :
"S fhuair i cliù le beul gach filidh
A bha 's dùthaich b' fhiacb gu rannan.
25. On offrait nue nouvelle cornemuse élégante chaque année au
meilleur cornemusier du concours.
POEMES 185
Conforme est son intérieur
A son dehors gracieux et net,
Garni, enrubanné, pimpant,
20 Morceau de soie frissonnant
Autour du cou, aux charmes précieux.
Protégeant son poitrail lisse,
Anche remplissant sa gorge
Bien serrée par du fil mince.
25 La nouvelle cornemuse qui est à Edimbourg
Joie des Gaèls,
Instrument de musique le meilleur sous le soleil
Non sans raison :
Elle est magnifique, coquette, soign*' .
30 Bien formée, attrayante, imperméable, forte.
Douce, avenante, superbe, digne,
Mélodieuse, légère, entraînant) . splendide.
Cornemuse qui changerait la joie en enthousiasme
Inspirant la gaieté et l'ardeur
35 A tout duc, tout grand chef,
Et tout héritier de terre:
Tout homme de rang la recherchera
Pour exciter ses hommes au co
Au moment de ranger chaque clan
40 Qui va frapper avec des lames d'acier.
Musique la plus royale et la plus ancienne
Que nous sachions exister sur terre.
Musique la plus vitale, la plus mélodieuse,
La plus douce que les doigts aient produite
45 On n'a jamais entendu personne blâmer
La forme et l'exécution de la demoiselle
Elle fut louée des lèvres de tout poète
De mérite habitant le pays.
186 fit EUES
Tha 'n rioghachd làn éibhneis uile,
50 'S Dun-éideann gu trie 'nan aire.
Liuthad treun-fhear th'ann ag cmnail
Reachd is reusan a chomh-thionail :
Cainnt as géire chuala duine,
'S urramach gach beul a chanas.
55 A' chanain ata réidh, ullamh,
Reusach, furanach, glé ealamli.
! air do'n Ghaidhealtachd turu?
Na thainig an dràsd' do'n bhailr.
imail ara pris brigh an t-seancb;
€0 Tha farcnadach leis na Gallaibh :
Gàidhlig Albannach nan curaidh,
'S a' phiob, ban-mhaighstir gacb ealaidb.
An ceòl 'sa' chainnt a fbuair gach urram.
As luaithe bh'ann 's as fhaide mhaireas.
POEMES [ v7
Le royaume entier est dans la joie,
50 Et Edimbourg souvent est dans sa pensée.
Tant de braves y demeurent et exerc
La loi et la justice parmi les hon. -:ies :
Langue la plus tranchante jamais entendue,
Honorable est chaque bouche qui parie.
55 La langue qui est unie, précise.
Modeste, cordiale et vive.
C'est un honneur aux Hautes-Terres, la venue
De tous ces gens à ce moment à la ville
Pour glorifier la substance de l'histoire,
Envie des gens des Basses-Terres :
Gaélique écossais, langue des héros,
Cornemuse, reine de tout art,
Musique et langue couronnées d'honneur.
Les premières, elles existaient, les dernier»
s'éteindront.
1 86 POEMES
11AINN CLAIDHEIMB
Gu'in bu slnu do làimh an Iarla
A chuir aiu charaibh
An claidheamh fhuair mi Di-ceudaoin
Ami am Bealach ;
5 Stàilinn cruadhach, buadhor, ceutach,
'S e geur, tana,
Nach lùb. 's nach leumadh, 's nach bearnadh.
'S nach gabh camadh.
Claidheamh cùil a choisinn cliù,
10 Ged fhuair e fheuchainn,
S trie a thug e buille drùiteach
Le làimh threubhaieh ;
Sàr cheann-Tleach, làidir, dionach;
'S lann d'à réir sin,
15 Ghearradh e ùbhal air uisge
Le fior gheuraid.
Claidheamh li-ghorm îian tri chlaisean,
Fhuair a chleachdadh ris na creuchdan.
B' fheàirrde duin'-uasal 'na ghlaic e,
20 Na'm biodh e 'san fheachd ag éirigh :
'S deas a laigheadh e air gaisgeach.
'N uair a rachadh e ceart 'ua éididh,
'S bhiodh 'ga ghiùlan an crios-gualainn
Air uachdar breacan-an-fhéilidh.
25 'N uair bba 'n saoghal an aimlireit,
'S anus a' champ as trie a bha e,
'S cha do chuir riamh fear a ghiùlain
Cùl r'a namhaid :
1. Le comte de Breadalbnnc, patron du poète :
Breadalbane=Bràghaid Alban, Partie Supérieure «le l'Ecosse
ancien cas locatif de Bràighc.
3. Di-ceudaoin: Le premiei jour de jeûne: (ceud+aoine).
POEMES 189
VERS SUR UNE EPEE
Heureuse soit la main du Comte
Qui plaça sur mon chemin
L'épée que j'obtins, mercredi
A Bealach;
5 D'acier dur et clair, de bonne qualité,
Tranchante et mince. |sa garde,
Elle restera droite, sans brèche, fixée fermement dans
Et ne se courbera pas.
Un sabre qui a gagné des honneurs,
10 Malgré de dures épreuves,
Qui a souvent frappé un grand coup
Par une main robuste :
Poignée d'Islay forte, ferme, fixée,
Lame qui lui est assortie,
15 Elle couperait une pomme sur l'eau
Tant elle est tranchante.
Epéo de couleur bleue, à trois rainures,
Qui s'exerça en faisant des blessures,
Un gentilhomme ne s'en trouvera que mieux,
20 De l'avoir au poing lorsque la guerre éclate :
Elégante serait-elle sur un héros
Qui irait équipé de son uniforme,
La portant à son baudrier
Au-dessus de son plaid plissé.
25 Lorsque le monde était en confusion
Dans le camp elle se trouvait le plus souvent,
Et jamais celui qui la portait
A l'ennemi ne montrait le dos ;
4. Bealach: résidence du comte: gaél. bealach =fr. col;
angl. Taymouth.
13. Ileach : appartenant à l'Ile d'Islay — une des îles de l'Argyll.
190 POEMES
Gach duine a tharruing a truaill e,
30 S ann air a bha bhuaidh gach làrach :
'S e "s feàrr a thàinig riamh â ceardaich,
S a rinneadh le Aindrea Farara.
S e ri nu Aindrea n obair cheutach,
A thoilicheadh miann gach Gaidheil ;
S eireachdail e air an t-sliasaid,
'S cha mheasa gu gnionih "san làimh e :
.Bha e tamull aig na Fianntaibh,
Daoine fiadhaich anns na blàraibh ;
S rinneadh e'n toiseach do Dhiarmad,
40 "S ann aig sliochd Dhiarmaid e tha e.
32. Le fameux armurier espagnol.
39. Diarmad : le héros Fingalien, fondateur légendaire du clan.
Campbell : Diarmad O'Duibhne.
POEMES 191
Chaque homme qui la dégaina
30 Gagna les batailles dans lesquelles il prit part :
C'est la meilleure qui soit jamais venue de la forge,
Faite par Andréas Ferrara.
Andréas fit le travail d'une façon suprême
Qui donna toute satisfaction à chaque Gaël :
35 Au coté, elle est superbe,
Et non pas pis entre les mains en action :
Les Fingaliens l'eurent quelque temps
Hommes sauvages dans les combats :
Elle fut faite tout d'abord pour Diarmad,
40 Elle reste aux soins de sou clan.
IS'2 POEMES
ORAN DUTHCHA
Luinneag :
Horinno lio iririo,
Horinno ho iririo,
Hirinno lio liiri uo,
'S i mo dhùthaich a dh' fhàg mi
5 Ged a tlia sinn car tamuill
A' tàmh aig na Gallaibh,
Tha mo dhùthaich air m'aire,
'S cha mhaith leani a h-àicheadh.
Horinno ho iririo, &c.
Ged as éiginn duinn gabhail
10 Leis gach ni thig 'san ratliad.
Gu'm b'fheàrr na na srathan
Bhi tathaich 'sa' bhràighe.
Ged as comhnard na sràidean,
'S mòr a b'fheàrr bhi air àirigh,
15 Am frith nam beann arda
'S nam fàsaichean blàtba.
Beurla chruaidh gach aon latha
'N ar cluais o chionn ghrathuinn,
'S e bu dual duinn o'r n-athair
20 Bhi labhairt na Gàidhlig.
Ged as cliùiteach a' Mhacbair
Le cùnnradh 's le fasan,
B' e ar dùrachd dol dathaigh
'S bhi 'n taice r'ar càirdean.
POEMES l»:i
CHANSON AU PAYS DE SON ENFANCE
Refrain :
Horinno ho iririo,
Horinno ho iririo.
Horinno ho hiri uo.
J'ai quitté le lieu de mon enfai
5 Bien que nous soyons depuis quelque I
Parmi les habitants des Basses-Terres.
Mon pays est toujours présent à l'espril .
Je refuse de L'en chasser.
Bien que nous devions accepter
10 Tout ce qui se présente à nous
Je préférerais la vie sur les hautes pentes,
A celle des larges vallées.
Bien que les rues soient égales,
Meilleure est la vie dans une cabane
15 Dans un terrain de chasse sur les monts.
Parmi les landes abritées.
Chaque jour l'anglais peu harmonieux
Retentit aux oreilles depuis longtemps,
De nos pères nous devrions tenir
20 La langue gaélique.
Bien que la Plaine soit célèbre
Par ses marchés et ses modes,
C'est notre vif désir de rentrer
Vivre auprès de nos amis.
13
194 POEMES
25 Bhi n Clachan-an-diseirt
A' faicinn ar dilsean,
Gu'in b'ait leinn an tir sin,
O'n as i rinn ar n-àrach.
Cha b'e fasan nan daoiu' ud
30 Bhi 'n conas na 'n caonnaig,
Ach sonas an t-saoghail.
'S a bhi gaolach mar bhràithrean.
'N am suidhe 's tigh-òsda
Gu luinneagach, ceòlmhor.
35 Bu bhinn ar cuid òran,
'S bhi 'g òl nan deòch-slainte.
Luchd-dhìreadh nan stùcan
Le 'n gunnachan dubh-ghorm,
A loisgeadh am fùdar
40 Ri ùdlaiche làn-daimh.
"S e bu mhiann leis na macaibh
Bhi triall leis na slatan
A chur srian ris a' bhradan,
Cha b'e fhasan am fàgail.
45 Gu fiadhach a' mhonaidh,
No dh' iasgach air buinne,
Anns gach gniomh a ni duine,
'S mor urram nan Gaidheal.
25. Clachan-an-diseirt: aujourd' hui, Dalmally. ' Clachan ' : vil-
lage d'église; diseart, herniitage.
'■ï.i. s — anns an.
POEMES 195
25 Rester à Clachan-an-aiseirt
Auprès de nos chers parents,
Voilà la terre qui nous rend heureux
Car elle nous a vu grandir.
Ce n'était pas 1' habitude de ces gens
30 De se quereller ni de se battre,
}Jais de mener une vie paisible
Et de s'entr'aimer en frères.
Assis dans l'auberge
Chantonnant nos mélodies,
35 Que nos chansons étaient douces
Quand nous vidions nos verres.
Grimpeurs d'escarpements ,
Leurs fusils couleur bleu sombre,
Qui brûleraient leur poudre
40 Visant un grand cerf.
Les gars trouvaient bien à leur goût
D'aller pêcher à la canne,
Retenir à la bride le saumon
Ce n'était pas son habitude de leur échapper.
45 Chasser les cerfs sur la montagne,
Ou prendre le poisson dans un courant,
Dans tous les faits qu' accomplit l'homme,
Grande est la renommée des Gaëls.
196 POEMES
ORAN DO'N EIDEADH GHATDHEALACH.
Fhuair mi naidheachd as ùr,
Tha taitneadh ri rùn mo chridh'
Gu faigheamaid fasan na dùthch'
A chleachd sinn an tùs ar tim.
5 O'n tha sinn le glaineachan làn
A' bruidhinn air mànran binn,
So i deoch-slàinte Mhontrose,
A sheasadh a'chòir so dhuinn.
Chunnaic ni 'n diugh an Dun-éideann
10 Comunn na féile cruinn,
Litir an fhortain thug sgeul
Air toiseach an éibhneis dhuinn.
Piob gu loinneil an gleus
Air soilleireachd réidh an tuim ;
15 Thug sinn an follais ar n-éideadh,
Is cò a their reubail ruinn ?
Deich bliadhna fichead is còrr,
Bha casag de'n chlò m'ar druim,
Fhuair sinn ad agus cleòc,
20 'S cha bhuineadh an seòrs' ud dhuinn :
Bucaill a'dùnadh ar bròg,
'S e 'm barr-ial bu bhòidhche leinn :
Hinn an droch fhasan a bh'oirnn
Na bodaich d' ar n-òigridh ghrinn.
25 Mhill e pairt d'ar cumachd
O'n bhlàr gu mullach ar cinn ;
Bha sinn cho làn de mhulad,
'S gu'n d'fhàs gach duine gu tinn.
1. 'naidheachd' pour ' nuaidheachd ' : je suis l'orthographe d<
Machain et la prononciation locale.
' as ' forme rel. de ' is.-
.i. fasan: vêtements à la mode. Cf. angl. ' fashiou.'
6. Lit : " parlant du bon bruit qui court." Mànran : (1) mélodw
chantonnée (2) nouvelle, rumeur.
POEMES 1«J7
CHANSON AC COSTUME MONTAGNARD.
J'ai reçu des nouvelles qui me sout fraîches.
Et comblent le désir de mon coeur
Nous obtiendrons encore l'habit de notre pays
Que nous portions dès le commencement de notre
temps.
5 Puisque nous nous tenons verre en mains,
A propos de la bonne nouvelle.
Buvons à la santé de Mont-rose
Qui nous a soutenu ce droit.
J'ai rencontré à Edimbourg aujourd'hui
10 Tne assemblée hospitalière,
Kl la lettre de bonheur qui disait
Que notre joie avait commencé.
Les cornemuses jouaient d'accord à ravir,
Sur la pelouse ensoleillée du tertre ;
15 Nous avons ressorti en public notre propre costume,
Qui s'avisera de nous appeler rebelles ?
Pendant trente ans et davantage,
Sur le dos nous avons porté une casaque de drap.
Nous avions reçu un manteau et un chapeau,
20 Et cette sorte de choses n'était pas de nature à nous
convenir ;
Des boucles pour attacher nos souliers,
Nous trouvions les lacets beaucoup plus jolis ;
I .< -s habits de mauvais goûts
Faisaient de nos jeunes gens des vieillards.
25 Ils détruisaient en partie notre tournure
I )e la terre au sommet de la tête ;
Nous étions si pleins de chagrin,
Que tous les hommes en languissaient.
7. Le Marquis de Montrose qui avait plaidé avec succès la
restauration du costume écossais.
1!» casa», ad, cleòc : Cf. an^l. cassock, liât, cloak.
198 lfJ5
'S ann a bha 'n cas cho duilich
30 'Sa thàinig uile ri 'ni linn,
'N uair a rinn pàirtidh Lunnainn
Gach ait is urram thoirt dhinn.
'S fhada bha n onair air chall
Is fasan nan Gall oirnn dlùth.
35 Còta ruigeadh an t-sàil,
Cha tigeadh e dàicheil dhuinn :
B'éiginn do'n bhrigis bhi ann,
"N uair a chaidh ar comannd cho ciùin
'S gu'n d'rinneadh gach fine "nan tràill
40 'S gach firionnach fhàgail rùisgt'.
*
Tha sinn a nis mar as maith leinu.
'S gur h-àrd ar caraid 's a' chùirt.
A chuir air na daoin' am fasan
Rinn pàrlamaid Shasuinn thoirt diubh :
45 Beannachd gu bràth do'n Mharcus
A thagair an dràsd' ar cuis:
Fhuair e gach dlighe air ais duinn
Le ceartas an High 's a' chrùin.
Fhuair e dhuinn comas nan ann
50 A dheanamh dhuinn sealg nan stùc,
'S a ghléidheadh ar daoine 's a' champ
Le fàgail an naimhdean bruit " .
Thogadh e misneach nan clann
Gu iomairt nan lann le sùnnt,
55 Piob, is bratach ri crann,
'S i caismeachd àrd mo rùin.
Fhuair sinn cothrom an dràsd'
A thoilicheas gràdh gach dùthch".
Comas ar culaidh chur oirnn
60 Gun fharraid de phòr nan lùb :
34. fasan nan Gall: les habits des habitants de la Plaine; en
gaélique ' Gall ' veut dire écossais qui ne parle pas gaélique;
Machair nau Gall : Les Basses-Terres écossaises Nom. pi.
'Goill.'
POEMES 199
Mais le cas le plus pénible
30 Qui arrivât de tout mou temps,
Fut lorsque le parti de Londres
Nous déroba tous honneurs et toutes positions.
Notre honneur fut perdu pendant longtemps
Et les habits des Basses-Terres nous gênaient |ort,
35 Un manteau qui atteignait les talons.
Jamais ne nous alla bien :
Naturellement il nous fallut porter de3 culottes,
Quand nous acceptâmes si paisiblement l'ordre
De sorte que tous les clans devinrent des esclaves,
40 Et que tout homme fut dépouillé de son costume.
Nous sommes à présent comme nous le désirions.
Et haut placé à la cour est notre ami
Qui rendit aux hommes le vêtement
Que le Parlement Anglais leur avait enlevé :
45 Béni soit à jamais le Marquis
Qui a plaidé à ce temps notre cause.
Il nous a obtenu chaque droit légitime
Avec la justice du roi et du gouvernement.
Il nous a obtenu le droit d'aller armés
50 Pour nous permettre de chasser sur les hauteurs,
Gardant nos hommes sains et saufs dans le champ
En laissant leurs ennemis battus :
Il inspirerait le courage des clans,
A brandir les lames avec entrain,
55 La cornemuse, aux tuyaux enrubannés,
C'est une joyeuse marche que j'aime.
Nous avons obtenu l'occasion maintenant
Qui plaira à l'amour patriotique,
Ce pouvoir de revêtir notre costume,
60 Sans le demander à des personnes rusées :
44. Shasuinn : de l'Angleterre: pàrlamaid, angl. parliament; — nt
anffl. = d, sraél. Cf. sacramaid et sacrament.
L'UO POEMES
Tha sinn a nis mar as còir,
Ts taitnidh an seòl r'ar sùil :
Chuir sinn a' bhriogais air làr,
S cha tig i gu bràth a cuil.
65 Chuir sinne suas an deise
Bhios uallach, freagarrach dhuinn.
Breacan-an-fhéile phreasach.
Is péiteag de'n eudacli ùr :
Còt' de chadadh nam bail
70 Am bitheadh a' chàrnaid dlùtli.
Osan nach ceangail ar ceum.
'S nach ruigeadh mar réis an glùn.
Togaidh na Gaidheil au ceanu,
Cha bhi iad am fang na's niò,
75 Dh'fhalbh na speirichean teann
Thug orra bhi mail gun luth :
Siùbhlaidh iad fireach nam beann
A dh'iarraidh dhamh seang le'n cù.
'S aotrom théid iad a dhannsa,
80 Freagraidh iad srann gach ciùil.
Tha sinn an comain an Uasail
A choisinu le chruadal cliù.
Chuir e, le teòmachd làidir.
Faoineachd chàich air cliùl :
85 Oighre ciuu-feadhna nan Greumach,
'S ioma fuil àrd 'na ghnuis :
'S ann tha Marcus an àigh
Am mac thig an ait an Diuc.
09. ' cadadfa nam bail ' : avec c cadadb ' Macbain compare ' cadee '
(cotoni (gaéi. de l'Ile de Man), angl. ' Caddow ' (16 ème
siècle), français, en dis.
70. ' carnaid ' : Cf. angl. ' carnation.'
POEMES 201
Nous sommes maintenant vêtus comme il nous convient,
Le style plaît à nos yeux :
Nous avons mis les culottes de côté,
Elles ne sortiront jamais du coin où elles sont.
65 Nous avons repris le costume
Qui est gai et nous convient.
Le grand plaid plissé
Et un gilet fait de drap neuf :
Habit d'étoffe de tartan à carreaux
70 Dans laquelle il y aura beaucoup de rouge.
Chaussettes qui n'entraveront jamais nos pas.
A une longueur de main du genou.
Les Gaëls lèveront la tête,
Ils ne seront plus dans une bergerie.
75 Parties les entraves serrées
Qui les rendaient lents, sans énergie :
Sur les pentes des pics, ils avanceront
Pour chasser le cerf élancé, accompagnés de
chiens.
Ils poseront le pied légèrement dans la danse,
80 Ils répondront aux sons de toute la mus
Nous sommes redevables au Noble
Qui gagna son renom par son intrépidité,
Par sa persévérance ei par son tact
Il réduisit la folie des autres à rien :
85 L'héritier des chefs des Graham,
Avec beaucoup de nobles traits dans son visage :
Voilà le Marquis par excellence,
Le fils qui remplacera le Duc.
72. ' Qui n'atteignent pas plus qu' à une main au-dessous du genou ' :
• ruigeadh,' bien qu' au passé, a la force du présent qui indique
une habitude; ' ruig ' fut. dir. restreindrait la signifie; tior
202 POEMES
ORAN D'A CHEILE NUADH-POSTE
A Mhàiri bhàu òg, 's tu 'n òigh th' aire m' aire,
Ri 'm bheò bhi far am bithinn fhéin ;
O'n fhuair mi ort còir cho mòr s bu mhath leani,
Le pòsadh ceangailt' o'n chléir :
5 Le cùmhnanta teann 's le bamitaibh daiiu
'S le snaim a dh'fhanas, nach tréig :
'S e t' fhaotahm air làimh le gràdh gaeh caraid
Rinn slàinte mhaireann am chré.
:N uair bha mi gu tinn s mi n cinnseal leanna
10 Gun chinnt co theannadh rium fhéin,
'S anu a chunna' mi 'n òigh air bord tigh-leanna.
'S bu mhòdbar ceanalt' a beus :
Tharruing mi suas ria 's fhuair mi gealladli
O'n ghruagaich bhanail bhi 'm réir ;
15 'S mise bha aobhach t' fhaotainn mar rium.
'S orodh-laoigh a' bharain atl dhéidh.
Maduinn Di-luain, ge buan an t-slighe,
'N uair ghluais mi, ruithinn mar ghaoth.
A dh'fhaicinn mo luaidh 's rud uainn 'nar dithisd
20 Nach dual da rithisd gu'n sgaoil.
Thug mi i 'n uaigneas uair a bhruidhinn.
'S ann fhuair an nighean mo ghaol,
Ts chluinneadh mo diluas an fhuaim a bhitheadh
Aig luathas mo chridhe ri m' thaobh.
8. 'mhaireann': adj. ici = permanent. Quelquetui- ce mot est
subst. -vie. D'après le Trof. Fraser (Scottish G;u>lic Studies,
T. i., p. 204) ' maireann,' est en réalité la 3èm< pers. sing.
du prés. inrl. du verbe ' inair,' durer. La fornu maireann
est devenue isolée en Eeossc.
11. " chunna' pour ' chnnnaic ' : abréviation très répandue.
13. ' ria ' = rithe.
16. Le vieux barde semble être pratique aussi bien que poétique.
POEMES 203
CHANSON A SA NOUVELLE EPOUSEE
O Marie blonde et jeune tu es la vierge que je désire
Avoir toujours près de moi tant que je vivrai :
Depuis que tu m' appartiens, comble de mon désir.
Union raffermie par les mains du clergé,
5 Et par des liens solides et des attaches fermes,
D'un noeud qui tient bon et ne se relâche pas,
Obtenir ta main avec l'approbation de tous par
M'a donné la santé permanente dans tout mon
Lorsque j'étais malade et cherchais ardemment un< bien-
aimée
10 Sans trop savoir qui m' aimerait,
C'est alors que je vis à la banquette d'une au' erge, la
jeune fille
Dont l'amabilité était douce et attrayante :
Je lui fis la cour et j'obtins la promesse
Que la demoiselle modeste m' accepterait :
15 C'est moi qui étais joyeux de t' avoir pour compa<_!if.
Et les vaches laitières du régisseur en dot.
Lundi matin bien que le chemin fût long,
Quand je me nis en route pour voir ma chérie,
Je courais comme le vent ; nous désirions tous d
20 Quelque chose qui vraisemblablement ne pût se défaire:
Une fois je l'ai menée à part pour lui parler,
La jeune fille gagna mon amour,
Et mon oreille pouvait percevoir le bruit
Des battements accélérés de mon coeur.
20. " Nach dual ' : qui n'est pas de nature à.
21. Quelquefois le poète s'adresse directement à sa femme, puis il
semble se tourner et adresser ses réflexions à un» autre per-
sonne.
23. ' an fhuaim ' : ' fuaim ' est masc. à l'ordinaire; am mai m.
204 POEMES
25 Sir. ii uair chuir Cujoid an t-ultach ara bhroilleach,
D'à shaighdean corranach. caol,
A dhrùidh air mo ehuisleau. chuir luchd air mo cholainn,
Leis au do thuit mi ge b'oil leam 's gu'n d'aom.
Dh'innis mi sgeul do'n té rinn m' acain.
30 Nach léigh a chaisgeadh mo ghaoid :
'S e leigliis gach creuchd i fhéiu le feartau
Theachd réidh am ghlacaibh mar sliaoil.
Bheirinn mo phòg do'n òg-mhnaoi shomult'
A dh'fhàs gu boinneauta. caoin.
35 Gu mìleant'. còmlmard, seòcail, foinneamh,
Do chòmhradh glieibh mi gu saor.
Tha mi air sheòl gu leòir ad chomain.
A mhòid s'a chuir thu gu faoin.
De m' smaointean gòrach. pròis nam boireannach,
40 'S còir dhomh fuireach le h-aon.
Chaidh mi do'n clioill an robh croinn is gallain.
Bu bhoisgeil sealladh mu'n cuairt,
'S bha miann mo shùl do dh' fhiùran barraicht'
An dlùthas nam meanganan suas :
15 Geug fo bhlàth o bàrr gu talamli.
A lùb mi farasda nuas :
Bu duilich do chach gu bràth a gearradh,
'S e n dan domh 'm faillean a bhuain.
Shuidhich mi lion air fior-uisg tana,
50 S mi strigli 'ga tharruing air bruaich.
'S thug mi le sgriob air tir a' ghealag,
"S a li mar eal' air a' chuan.
ri ailleurs «1 surtout à la dernière strophe il en parle
comme s'il lui faisait encore la cour et nous raconte ce qu'il
ferait si elle l'acceptait.
H. Ses similitudes sont, comme on s'y attend, prises directemcnl de
~:(in entourage.
POEMES 205
25 Lorsque Cupide a percé mou coeur
De ses flèches déliées et pointues,
Qui atteignirent mes veines, pesant sur mon corps,
Malgré moi je tombai et cédai :
Je déclarai ma passion à celle qui l'avait allumée.
30 Lui disant que ce n' était pas un docteur qui pouvait nie
guérir :
Elle seule a réussi à fermer mes blessures de ses vertus.
En venant dans mes bras comme je l'espérais.
Je donnerais mon baiser à la jeune fille avenante
Qui a grandi gracieuse et gentille,
35 Elégante, droite, active, belle,
Ta conversation j'aurai sans contrainte,
Je te suis d'une façon bien reconnaissant,
D'avoir dissipé
Tant de mes folles pensées, vanité pour les femmes,
40 Mon devoir est de rester avec une seule.
Je suis allé aux bois parmi les arbres et les plants.
La vue tout autour était ravissante,
Le désir de mes yeux était d'obtenir le rameau magni-
fique
Dans l'épaisseur des branches de la cime :
45 Rameau fleuri du sommet à la base
Que je ployai facilement :
Il était difficile aux autres de jamais l'arracher,
Car le sort m' avait désigné pour le cueillir.
J'ai baissé mon filet dans l'eau douce peu profonde,
50 J'ai lutté pour le tirer au rivage,
J'ai réussi d'un coup à mettre à terre le saumoneau
Luisant comme un cygne sur la mer :
45. ' o barr " pour ' o a bàrr.'
48. 'S e 'n dàn, &c. = Is e an dàu : c'était pour moi dans une incanta-
tion; le sort l'avait ainsi arrangé.
19-56. Vers exceptionnellement beaux.
206 POEMES
S toilicht' a dh' fhàg e '11 là sin m' aigne,
An roinn a bh'agam 'san uair :
55 B' i coimeas mo cheud mhna reult na maidne ;
Mo chéile cadail 's mi "m shuain.
'S e b' fhasan leat riamh bhi ciallach, banail,
Ri gniomh, 's ri ceanal mna-uaisl' :
Gu pàirteach, bàidheil, blàth. gun choire,
60 Gun ghiomh, gun ghainne, gun chruas ;
Gu deireeack, daonntach, faoilidh, farasd',
Ri daoine fanna, bochd, truagh :
Is tha mi le d'sheòl an dòchas ro mhath,
Gur Ion do t-anam do dhuais.
65 Chuir mi air tkùs ort iùl is aithne.
Le sùgradh ceanalta. suaire,
'N uair theannainn riut dlùth, bu chùbhraidh I ' anaiî
Na ùbhlan meala 'gam buain :
Cha bhiodh sgeul-rùin, a b'iùil domh aithris.
70 A' b'fhiù nach mealadh i uam ;
Na'n cuireadh i cùl rium 's diùltadh baileach.
Bu chùis domh anart is uaigh.
Do bhriodal blàth 's do mhànran milis,
Do nàdur grinneas gach uair,
75 Gu beulchair, gàireach. àlainn, caoimhneil,
Gun chàs a thoilleadh dhuit f uath ;
Chuir i guin bhais fad ràith' am mhuineal
Dh'fhàg làn mi mulad 's a ghruaim,
'N uair thuig i raar bha, 's a thàr mi 'n ulaidh,
80 Ghrad spàrr i 'n cunnart ud uam.
56. ' mi m shuain ' — mi am s.=et moi dans un profond sommeil.
65. ' iùl is aithne ' : première connaissance suivie d'une connaissance
plus intime.
ti7. ' theanainn ' : de ' teann,' proche.
• t' anail -do anail : 'd' redevient l'ancien 't' ici : lat. tuus.
(i'J. sgeul-rùin : secret; cf. cha sgeul-rùin is fios aig triùir air ce qui
est connu de trois personnes n'est pas un secret.
sgcul = histoire; rùin, de choix.
POEMES 207
Ce jour-là mes pensées étaient heureuses
De la part que m' avait assigné le sort,
55 Seule l'étoile du matin est à comparer à ma femmt sans
pareille,
Chère compagne de mes rêves à mes côtés.
C'était toujours ton habitude d'être sensée et modo
Noble en actions et en douceur,
Généreuse, amicale, tendre, sans faute,
60 Sans tache, ni mesquine, ni dure :
Humaine, joyeuse, franche, compatissante,
Envers les faibles, les pauvres, les malheureux ;
Ta conduite m' inspire l'espoir le plus grand,
Que le bien que tu as fait affermira ton âme.
65 D' abord j'ai appris à te connaître,
En te faisant une cour bonne et douce,
A mon approche ton haleine était embaumée,
Ainsi que les pommes, douces comme le miel à la récolte :
Il n'y aurait de secret que je pusse dire
70 Et digne d'être raconté qu'elle ne sût m' arracher :
Si elle m' abandonnait définitivement
Ce serait le linceuil et la fosse pour moi.
Ta tendre causerie et ta douce chansonnette,
Ton naturel restent un charme chaque heure,
75 Affable, souriante, attrayante, gentille,
Tu n'as pas de défauts qui te fassent mériter la haine :
Elle m'a blessé au coeur mortellement durant trois mois,
Et m'a laissé plein de chagrin et de tristesse,
Lorsqu'elle a compris ce qui en était et que j'eus saisi
le trésor,
80 Elle m'a immédiatement écarté le danger.
70. 'A b' fhiù.' ' Fiù ' ici veut dire 'digne,' ' ayant une valeur ' ; ce
mot veut dire aussi très couramment ' même ' (even) ; fiù an
aodach = même leurs vêtements.
77. Hàith : un trimestre.
208 POEMES
'S ann thog e mi 'm pris on titn so 'n uiridh,
An ni 'san urrainn a fhuair,
Sguab de 'n ire fhior-ghlain chruineac
An siol as urramaich' buaidli.
85 Sin na chuir mi cho riomhach umad,
Bha t' inntinn bunailteach, buan :
Lionadh do sgiamhacbd miann gach duini .
An dreach, fiamh, an cumachd, 's an snuadh.
Do chuach-fhalt bàn air fàs cho barrail.
90 'S a bhàrr làn chamag is dhual ;
T' aghaidh ghlan, nihàlda, nàrach, bhai:
Do dha chaol mhala gun gliruaim;
Sùil ghorm, liontach, mhin-rosg, mheallacli.
Gun dith cur fal' ann ad gbruaidh,
9ô Deud geai iobhraidh, dionacb, daingean.
Beul bith nach canadh ach stuaim.
Shiubhladh tu fàsach àirigh glinne
"S an ait an cinneadh an spréidh,
G'am bleoghainn mu chrò, 's mi choir na h-innis,
100 Laoigh òg a' mireadh 's a' leum :
Cha mhiosa do làmh 's tu làimh ri coinnil
N'an seòmar soilleir ri gréin,
A' fuaigheal 's a' faitheam bhann is phionar,
An am chur grinnis air greus.
10.") Do chneas mar an éiteag glé ghlan fallain.
Corp seang mar chanach an t-sléibh' ;
Do bhràigh cho-mhin, 's do chiochan corrach,
'S iad liontach, soluist le chéiF :
Gàirdeana tlàth, geai làmh na h-ainnir,
110 Caol mheòir, glac thana, bas réidh :
Calpa deas ùr, troigh dhlùth 'm bròig chuimir,
[s lùthor. innealta ceum.
82. ni est encore employé par les vieillards des lien pont ' bétail.
96. bith: calme, reposé: mot qu'on n'entend plu^ à présent.
POEMES -209
L'estime dont je jouis a augmenté depuis un an,
Grâce aux possessions et à l'appui que j'ai obtenus.
Une gerbe de blé de la plus pure croissance.
Le grain de la plus noble qualité ;
35 C'est pour cela que je suis si fier de toi,
Ton esprit était ferme et constant,
Ta beauté satisfierait au désir de tout homme,
Quant à la mine, la teinte, la forme, ou l'expression.
Ta blonde chevelure roulée a poussé si magnifique.
90 Le haut plein de boucles et de frisettes ;
Ta figure agréable, douce, modeste, et si femme.
Deux sourcils légers sans mélancolie ;
L'oeil bleu, grand, séduisant, paupières fines,
Les joues toujours abondamment colorées,
95 Dents d'ivoire blanches, serrées et fermes,
Bouche calme qui ne parlerait qu' avec modestie.
Tu marchais dans la solitude de la vallée des pâturages,
L'endroit où grandissait le bétail,
Pour le traire autour de l'enclos et près de la prairie,
100 Les petits veaux bondissant et sautant :
Ta main est non moins prête à la lueur d'une bougie,
Ou dans une salle éclairée du soleil,
A coudre et à ourler bandes et tabliers,
Quand tu fais de la broderie.
105 Ta peau pure et saine comme le caillou blanc,
Ton corps svelte comme la linaigrette de la montagne,
Ta poitrine lisse, tes seins en forme de cônes,
Tous les deux arrondis et éclatants ;
Le bras doux , la main blanche de la vierge,
110 Doigts effilés, paume lisse, main fine.
Mollet frais et ferme, le pied bien chaussé.
Le pas alerte et élégant.
97. airigb : pâturage. Dans l'Ile de Lewis où ces vieilles coutumes
de pâturage existent toujours on entend le verbe ' ag
àireacbas ' (garder les troupeaux et vivre en été dans une
cabane sur la montagne).
14
210 POEMES
'S ann fhuair mi bhean chaoin aig taobh Mhàm-charaidh
'S a gaol am mhealladh o'm chéill ;
115 Bha cridhe dhomh saor, 'n uair dh'fhaod mi tharruing.
Cha b'fhaoin domh bharail bhi 'd réir.
S ioma fuil uasal, uaibhreach, fharumach,
Suas ri d' cheann-aghaidh fhéin,
Gad chumail am pris an Righ 's MacCailein,
120 'S tu shiol nam fear a bha 'n Sléibht'.
Na'm faighinn an dràsd' do cliàramli daingean
An àite falaich o'n eug ;
Ged thigeadk e 'd dhàil, is m' fhàgail falamh
Cha b' àill leam bean eil' ad dhéidh :
125 Cha toir mi gu bràth dhuit dranndan teallaich,
ilu'n àrdaich aileag do chléibh,
Ach rogha gach mànrain gradh, is furan,
Cho blàth 's a b' urrainn mo bheul.
Dheanainn duit ceann, is crann, a's t-earrach,
130 An am chur ghearran an éill :
Is dheanainn mai* chach air traigh na mara,
Cur àird air mealladh an éisg :
Mharbhainn duit geòidh is ròin, is eala,
'S na h-eòin air bharra nan geug;
1 35 "S cha bhi thu ri d' bheò gun seòl air aran,
'S mi chòmhnuidh far am bi féidh.
L13. Màm-charaidh : màm, mont; carragh, menhir; nom de lieu.
1 1!». Mac Cailein : le duc d'Argyll (fils de Cailean) ; Sléibhte : paroisse
de l'Ile de Skye; selon le poète le pays natal du fondateur du
clan Maclntyre.
121. an dràsda = an tràth so.
Il'ô. Adhérence stricte à la suite des temps nous donner.-' il :
" Cho blàth 's is urrainn mo bheul."
129. Dheanainn duit ceann : idiotisme absolument disparu aujourd'
hui. Le poète veut dire qu'il conduirait les chevaux en
labourant : autrefois il fallait deux hommes, un pour con-
duire les chevaux un autre pour guider la charrue afin
d'éviter les pierres et épargner la charrue qui était en bois.
Le guide des chevaux s'appelait ' ceannairc.'
as t-earrach: au printemps; cf. a's t-samhradh : en été. 'A's
t-samhradh '= anus an t-samhradh; la phonétique est régu-
POEMES 211
J'ai trouvé ma douce femme auprès de Màm-Charaidh,
Son amour a ensorcelé ma prudence,
115 Son coeur m' était ouvert lorsqu' elle m' accepta,
T" appartenir ne m' était pas vaine pensée :
De beaucoup de sang noble, fier et célèbre
Ton front se couvre,
Te rendant l'égale du Roi et de Mac Cailein,
120 Fille de la race des chefs de Sléibhte.
Si je parvenais à ce moment à te mettre en un abri sûr,
Dans un endroit inconnu à la mort,
Si elle te rencontrait et me laissait seul,
Je ne voudrais jamais choisir une autre femme :
L25 Je ne te querellerai jamais au foyer,
De peur que tes sanglots n' éclatent,
Je te donnerai l'amour tendre, l'élite des sonnets, des
caresses,
Aussi doux que ma bouche pourra exprimer.
Je te conduirais les chevaux et je tiendrais la charrue au
printemps,
130 Au temps où les poulains sont ai télés.
Et comme les autres je mettrais à marée basse.
Des moyens pour prendre les poissons :
Je te tuerais des oies sauvages, des phoques et des cygnes.
Et les oiseaux aux cimes des branches,
135 Et tant que tu vivras, tu ne manqueras jamais de nour-
riture,
Si je demeure où il y a des cerfs.
lière; mais ' anns an earrach ' qui est la forme littéraire,
devient a's t-earrach par analogie. On entend aussi a's
t-fhoghar, en automne.
135. ' des phoques et des cygnes.' Les phoques et les cygnes ne sont
pas considérés comme chair très délicate : c'est le chasseur
plus que le poète qui parle ici; de fait, dans certains endroits
on considère que de tuer un cygne porte malheur. Les
anciens les considèrent comme ' clann righ fo gheasan
(enfants de roi sous charmes), et dans l'Ile de South TJi.st de
grands troupeaux fréquentent les lacs sans que personne ne
leur fasse de mal.
2 I 2 POEMES
KAINN A GHABHAS MAIGHDEAN D'A LEANNAN.
Chan èolas gràidh dhuit
Uisge shràbh na shop,
Ach gràdh an fhir tliig riut
Le blàthas a tharruing oit :
5 Eirich moch Di-dòmhnaich
Gu lie còmhnairt, plilataich,
'S thoir leat bearmachd pobuill
Agus currachd sagairt ;
Tog sud air a ghualainn
10 Agus sluasaid mhaide,
Faigh naoi gasan rainich
Air an gearradh le tuaigh,
Is tri cbnaimhean seann-duine
Air an tarruing a uaigh ;
15 Loisg air teine crionaich e,
Dean sud gu léir 'na luath,
Suath sin r'a gheal-bhroilleach
An aghaidh na gaoith'tuatb. ;
'S théid mise 'n rath's am barantas
20 Nach faibli 'm fear ud uait.
Divers charmes de cette nature ont été recueillis par CaTinich m 1
\ Carmina Gadelica) ; Macbain et Mackenzie (Trans. of the Gaelic
Society of Invorness) et Henderson (Survivais of Belief). Différentes
superstitions intéressantes existent encore dans les Iles de l'Ouest.
Le charme que le poète chante ne semble pas très practicable.
'.i. ' chum ' est sous-entendu devant ' gràdh.'
POEMES 213
VERS QU'UNE JEUNE FILLE CHANTE A SON
AMOUREUX.
Ni la paille ni une poignée d'herbe arrosée d'eau
Ne sont pour toi charme d'amour,
Mais pour attirer à toi l'amour de l'homme
Que tu aimes, avec chaleur :
5 Va, de bon matin, dimanche
A une dalle nue et plate,
Apporte avec toi la bénédiction des gens
Et le capuchon d'un prêtre
Que tu mettras sur ses épaules,
10 Et une pelle de bois,
Prends neuf tiges de fougères
Coupées au moyen d'une hache,
Et trois os d'un vieillard
Tirés de dessous une tombe ;
1 5 I )ans un feu de plantes sèches
Brule-les en cendres,
Frotte cela sur sa poitrine blanche,
Contre le vent du nord,
Je te garantirai alors comme chose certaine
20 Que ce jeune homme ne s'éloignera pas de toi.
214 POEMES
OR AN DHUN-EIDEINN.f
S e baile mor Dhun-éideimi
A b' éibhinn leam bhi ann.
Vite fialaidh farsaing
A bha tlachdmhor amis gach bail;
0 (rearasdan is bataraidh
Is rampairean gu teann,
Tighean mor is caisteal
Auus au trie an d'stad an eamp.
S trie a bha camp rioghail ann,
10 S bu riomhach an luchd-dreuchd ;
Trùp nan srann-each lionmhor
Gu dileas air a'gheard :
Bbiodh gach fear cho eòlach
S a h-uile seòl a b'fhearr,
15 Na fleasgaich bu mhath foghlum
A dhol an òrdugh blàir.
'S iomadh fleasgach uasal ann
A bha gu suairce, grinn ;
Fùdar air an gruagan
20 Suas gu bàrr an cinn ;
Leadain dhonna dhualach
'Na chuachagan air sniomh :
Bàrr dosach mar an sioda
'N uair shliogadh e le cir.
25 'S mòr a tha de bhain-tighearnau
A null 's a nall an t-sràid,
Guntaichean de'n t-sioda orr'
G'an sliogadh ris a'bhlàr ;
Staidhse air na h-ainnirean
30 G'an teannachadh gu h-àrd ;
Buill-mhais'air aodainn bhòidheach.
Mar thuilleadh spòrsa dhaibh.
+ Ce poème décrit la vie et la cité d'Edimbourg peiulanl La
dernière moitié du XVIIIe siècle quand le poète était garde de la cité.
POEMES 215
CHANSON A EDIMBOURG.
C'est la grande ville d'Edimbourg
Où je demeurerais avec plaisir,
Ville grande et hospitalière
Elle était agréable en toute chose ;
5 Avec des garnisons et des batteries
Et des murailles compactes,
De grandes maisons et un château
Où le camp s'est souvent tenu.
Un camp royal y était souvent
10 Et l' état-major était beau :
Les troupes de cavalerie hennissant
Montant la garde fidèlement :
Chaque homme était si habile
Dans tous les meilleurs stratagèmes :
15 Les jeunes gens bien instruits
A marcher en lignes de bataille.
Ici, bien des gaillards nobles
Etaient aimables et bien élevés ;
Sur leurs perruques il y avait de la poudre
20 Même au sommet de leurs têtes :
Des mèches brunes et tressées
En boucles qui s'entrelacent,
Le haut en est comme une touffe de soie
Lorsqu'il est lissé par un peigne.
25 U y a beaucoup de nobles dames
Se promenant dans les rues,
Elles sont vêtues de robes de soie
Qui traînent sur le sol ;
Chaque jolie fille porte un corset
30 Qui lui serre le buste ;
Des grains de beauté sur les jolies frit
Comme un charme de plus.
216 POEMES
A h-uile té raar thigeadh dhi
Gu measail am measg chàich,
35 Uallach, riomhach, ribeanach,
Cruinn, min-geal, giobach, tlàth :
Trusgan air na h-òigheanan.
G 'an còmhdachadh gu làr :
Bròg bhiorach, dhionach, chothromach,
40 'S bu chorrach leam a sàil.
'N uair chaidh mi stigh do'n Abaiii« .
Gu'm b'ait an sealladh sùl
Bhi 'g amharc air na dealbhannan,
Righ Fearghas ann air thùs ;
45 A nis o'n rinn iad falbh uainn,
Tha Alba gun an crùn ;
'S e sin a dh'fhàg na Garbh-chriochan
'San aimsir so a cùirt.
Bidh lòchrain ann de ghlaineachaii
50 Is cainneal amis gach ait,
A' meudachadh an soillearachd,
Gu sealladh a thoirt daibh ;
Cha luglia 'n t-aohhar éibbneis,
Clùig-chiùil g' an éisdeacbd ann,
55 'S gur binne na chuach Chéitein iad,
Le 'm forgan éibhinn ard.
Bidh farum air na coitseacban
'Nan trotan is 'nan deann,
Eich nan cruaidh-cheum socrach,
60 Cha bhiodh an coiseachd mail ;
Cursain mheanmnach, mhireanach
A b'àirde, binneach ceann ;
Chan e am fraoch a b'innis daibh,
Na firichean nam beann.
36. òigheanan : pluriel double: nom. sing. òigli ; N. pi. òighean.
41. Abailte : Abbaye de Holyrood.
43. Portraits des anciens rois d'Ecosse. Ces portraits, pour la
plupart, sont imaginaires.
POEMES 217
Chacune, comme il lui convient bien .
Est aimée de tout le reste,
35 Fière, admirable, enrubannée,
Dodue, blanche, gentille, pimpame :
Les robes des jeunes filles
Descendent jusqu'à terre;
Un soulier pointu chaussant bien, imperméable.
10 Dont le talon était, pensais-je, instable.
Lorsque j'entrai dans l'Abbaye
Quelle vue agréable à l'œil
De porter ses regards sur les peintures.
Celle du roi Fergus y était la première :
45 Maintenant qu'ils nous ont quittés.
L'Ecosse n'a plus de couronne ;
Cela a laissé la chaîne des montagnes rugueuses
De nos jours inconnue à la cour.
Il y a des lanternes faites en verre,
50 Et une bougie dans chaque endroit
Donnant plus de lumière,
Afin que la vue en soit meilleure :
C'est également un sujet de joie,
D'écouter les cloches carillonner, [mai,
55 Leur chant est plus doux que celui du coucou, en
Avec leur ronflement sonore et joyeux.
Un roulement causé par les voitures
Qui vont d'un trot rapide,
Les chevaux aux sabots durs, à l'allure tranquille
60 N'avaient pas le pas lent ;
Coursiers vifs et fougueux
A la tête la plus altière ;
Leur nourriture n'était pas la bruyère.
Ni l'herbe des plateaux élevés.
47. C'est à dire, les Terres-Hautes de l'Ecosse.
56. Céitein : mai: cét+sam— (le sam. de samhradh) : premier.
apparition de l'été [Macbain].
218 POEMES
65 fs ami an Clobhs 'na Pàrlamaid
A chi mi thall au t-each,
Na sheasamh mar a b'àbhaist da
Air lom a' chabhsair chlach ;
Chuir iad srian is diallaid air,
70 'S e 'n Kigh a tha 'na ghlaic,
D'an robh còir na rioghacbd so,
Ged dhiobair iad a mhac.
Tha tigh mor na Pàrlamaid
Air àrdachadh le tlachd,
75 Aig daoine-uaisle ciallach,
Nach tug riamh ach a' bhreith cheart :
Tha breitheanas air thalamh ami
A mhaireas 's nach téid as,
Chum na thoill e chrochadh,
80 S thig na neo-chiontaich a mach.
Is chunna' mi tigh-leigheis ann
Aig léigheannan ri feum,
A dheanadh slàn gach dochartas
A bhiodh an corp n'an cré ;
SD Aon duine bhiodh an easlainte,
No'm freasdal ris an léigh,
B' e sin an t-àite dleasdanach,
Gu theasairginn o'n eug.
Tha Dun-éideann boidheach
90 Air iomadh seòl na dhà,
Gun bhaile anns an rioghachd so
Nach deanadh striochdadh dha ;
A liuthad fear a dh'innsinn ann
A bélreadh cis do chach,
95 Daoin-uaisle casg' an iota
Ag òl air fion na Spàinnt'.
65. Cf. angl. 'close.' Espèce de ruelle.
70. Statue du roi Charles II. Jaques II était son frère.
94. Le sens est obscur. Je crois qu'il s'agit des Jacobites écossais
exilés en France : leurs amis en Ecosse leur envoyaient de
L'argent.
POEMES 2 1 9
65 C'est sur la Place du Parlement
Que je vois le cheval là-bas
Se tenant, comme d'habitude
Sur la pierre nue de la chaussée :
Ils lui ont mis selle et bride,
70 Sur son dos est monté le roi
Qui a droit à ce royaume,
Bien qu'ils en aient banni son fils
La grande maison du Parlement
Est bâtie avec goût
75 Pour les gentilshommes sages
Qui ne donnèrent jamais de fausses décisions ;
La justice y existe sur terre
Elle reste et sera à jamais,
Pour ceux qui le méritent, la corde,
80 Les innocents sont libérés.
Et là je vis une maison de santé
Pour les médecins en cas de besoin.
Qui guériraient toutes les maladies
Du corps et de l'être ;
85 Pour quiconque est souffrant
Ou doit suivre les soins du docteur.
C'est la place même pour eux,
Pour les sauver de la mort.
Edimbourg est belle
90 En bien des façons ;
Il n'y a point de ville dans ce royaume,
Qui ne doive reconnaître sa supériorité ;
Il y a beaucoup de personnes que je pourrais
nommer
Qui donnaient des revenus à d'autres,
95 Des messieurs qui étanchent leur soif
En buvant le vin d'Espagne.
96. Le commerce de vin entre l'Ecosse, la France et l'Espagne aux
XVIIe et XVIIIe siècles était très considérable.
' ag òl,' prend une prép. rarement.
220 POEMES
Ge mòr a tha de dh'astar
Eadar Glascho agus Peairt
Is cinnteach mi ged fhaicinn
100 Na tha dh'aitreabh ann air fad.
Nach 'eil ann as taitniche
N' an Abailt is am Banc,
Na tighean mòra rìomliach
Am bu choir an righ bhi stad.
POEMES 221
Bien que la distance soit grande
Entre Glasgow et Perth,
Pourtant, je suis sûr, bien que je voie
Ï00 Les châteaux, tout le long du chemin.
Qu'il n'y a pas d'endroit plus plaisant
Que l'Abbaye et la Banque,
Ces maisons grandes et belles
Où le roi lui-même devrait habiter.
POEMES
ORAN DO CHAORA A FHUARADH A' GHIBHT
O MHNAOI UASAIL ARAIDH.
Hem o ho io, ho ro chaora cheann-fhionn,
Hem o, ho io,
'Sa' chaora fhuair mi o Shiùsaidh,
Gun an cùinn a dhol g'a ceannach :
Hem o, ho io, &c.
5 Gu'm bu slàn do'n t-sàr mhnaoi-uasail,
O'n d'fhuaradh a' chaora cheann-fhionn.
Cuimhnichidh mi do dheoch-slàinte
'S a h-uil' ait an òl mi drama.
Caora thàinig a Còir'-uanain,
10 Pairt d'à suanaich mar an canach.
Bha cuid dhith air dath na càrnaid,
'S cuid eile mar bhàrr a' bhealaidh.
'S ann bu choslach ris an t-sioda,
Caora mhin nan casa geala.
1") 'S iomadh cuileag chun an iasgaich,
Thàinig riamh as a cùl cannach.
Cungaidh mhaith nam breacan daora
Anns a h-uile taobh d'à falluing.
Cuiridh iad i air na clàdaibh,
20 'S àlainn i 'n uair théid a tarruing.
'S i bu mholaiche na'n lion
'S fheàrr tha cinntinn aig na Gallaibh.
Une des chansons à fouler le drap. Une douzaine ou plus <l<
jeunes femmes, assises autour d'une grande table, chantent les vers
l'une après l'autre et toutes ensemble reprennent le refrain pour >'
entraîner au travail. Les airs sont toujours gais et vifs. Ces
chansons sont souvent composées pour l'occasion et les allusion:- y
POEMES 223
CHANSON SUR UNE BREBIS CADEAU D'UNE
CERTAINE DAME
Hem o, ho ro, la brebis à tête blanche,
Hem o, ho io.
Pour la brebis que j'ai eue de Suzanne,
Pas un sou n'ai-je eu à payer.
Hem o, ho io, &c.
5 Tous mes souhaits pour la fortune de la noble dame,
De qui j'ai obtenu la brebis à tête blanche.
Je me souviendrai de boire à votre santé
Dans chaque endroit où je prendrai un verre.
La brebis qui vint de Coir'-uanain,
10 Une partie de sa toison était comme du duvet.
Une partie était couleur incarnate,
Une autre couleur des genêts.
A la soie vraiment cela ressemblait
La brebis douce aux pieds blancs.
15 Plus d'une mouche pour la pêche
Provint en son temps, de son joli dos.
Bonne étoffe pour les chers plaids plissés
Poussait de chaque côté de ses flancs.
Us la feront carder,
20 C'est si beau quand c'est préparé.
C'est plus hérissé que le plus beau lin,
Qui pousse dans les Terres-Basses.
sont locales et topiques. Ici D. Bail avec humour, raconte la mort
<T une brebis préférée et les conséquences qui s' en suivirent.
9. Coir'-uanain : Vallée d' agneaux.
15. chun : aussi ' thun ' : pour gu+art. clef. Cf. pour la phonétique
chugam et thugam.
22. ' aig na Gallaibh ' : parmi les Goill.
224
Bhiodh aice da uan 's a' bliliadhna,
'S bha h-uile h-aon riamh dhiubh fallain.
25 'S 'n uair thigeadh mios roimh Bhealltuinn,
B' fheàirrde mi na bh' aice bhainne.
Chumadh i rium gruth is uachdar,
Air fhuairid 's gu'm biodh an t-earrach.
Dh' fhòghuadh i dhomh fad an t-samhraidh
30 Cumail annlain rium is arain.
Cha robh leithid chun an eadraidh
Am fad as freagradh do Mhac Cailein.
Bhiodh i air thoiseach an t-sealbhain,
A' tighinn 's a' falbh o'n bliaile.
35 'S mise fhuair an sgobadh creachaidh
'N là a leag iad i 'san rainich.
'S trie tha mi 'g amharc an ait
An robh i blàth, 's i call a fala.
'S anns an fhraoch aig taobh Uillt-gharlain.
40 Rinn i 'n cadal as nach d' fhairich.
'S diombach mi de'n ghille-mhàrtuinn,
Bha cho dàna 's dol 'na caraibh.
Feudaidh na h-eunlaith bhi ròiceil
Ag itheadh a feòla 's a saille.
45 Chan 'eil eun a laigh air fulachd
Nach robh umad ann an cabhaig.
Am fear-ruadh a chuir gu bas i,
Thug e pàirt dhith clinm na garaidh.
25. Bcalltuinn : Ir. béalteine, belo te (p) nia, 'feu vit' (Stokes et
Macbain). Les anciens (J;i<;ls des lies poussaient le bétail
entre deux fenx afin de Le purifier le premiei mai.
.28. ' air fhuairid ' : deuxième comp.
POEMES 225
Deux agneaux elle donnait chaque année.
Et tous ne s'en portaient que mieux.
25 Et un mois avant le premier mai.
Je me sentais mieux grâce à son lait.
Du caillé, et de la crème j "avais.
Qiielque fût la froidure du printemps.
Elle me fournissait tout l'été
30 De. pain et de condiment.
A l'heure de la traite, elle était sans égale
Partout où dominait MacCailein.
Elle était à la tête du troupeau
Arrivant au village et le quittant.
35 C'est moi qui souffris une cruelle angoisse
Le jour où on la tua dans la fougère.
Souvent je regarde l'endroit
Où elle reposait encore chaude perdant son sang.
C'était dans la bruyère près de Allt Grhartain.
40 Qu'elle dormait du sommeil sans réveil.
Je suis courroucé contre le renard
Qui fut assez hardi pour l'attaquer.
Et les oiseaux de l'air peuvent bien être voraces
En dévorant sa graisse et sa chair.
45 Pas un oiseau qui se nourrît de charogne
Qui n'accourût autour de toi en hâte.
Le renard rouge qui causa sa mort
En emporta une partie dans son antre.
33. MacCailein : dans certains cas, le ' c ' de mac, fils, éclipse la
consonne suivante, MacCailein pour Mac Chai loin.
39 Allt-Ghartain : ruisseau du champ.
41. " gille-martuinn ' ou ' gille Martuinn.' Quelquefois on appelle
le Clan Martin ' Les Renards ' (Forbes).
15
226 POEMES
'N uair a ràinig nais' an àraich,
50 Cha robh làthair dhiot ach faileas.
Bha na cnàimliean air an lomadh :
13 bha 'n olann air a pealladh.
O'n a chaill mi nis mo chaora,
'S coslach do 'n aodach a bhi tana.
55 Cia leis a nithear dbomh còta,
O nach beò a' chaora cheann-fhionn ?
H-uile bean a th' anns an dùthaich,
Tha mi 'n dùil an dùrachd mhaith dhomh.
'S théid mi dh' iarraidh na faoighe-chlòimher
60 Air mnathan còire an fhearainn.
Tadhlaidh mi air Inbhir-ghinneachd,
'S innsidh mi na bhios air m' aire.
Gheibh mi tlàm de chlòimh nan caorach,
O'n a tha mi dh' aodach falamh.
65 Gheibh mi rùsg an Tigh-na-Sròine,
O'n mhnaoi choir a bha 'san Arthar.
An Gleann-ceitlein an fheòir
Gheibh mi na rìiisg mhòra, gheala.
Gheibh mi làn na slige-chreachainn
70 O nighean Dòmhnuill ghlais an drama.
Cuiridh mi sud thar mo rùchan,
'S fheàirrd' a ghiùlaineas mi 'n eallach.
Ruigidh mi bean Cheann-loch-éite,
Tha mi 'm éiginn is cha bu mhaith lea.
65. Tigh-na-Sroine : maison du promontoire.
65. Arthar: signification douteuse: emplacement de ruines d' une
maison : la plupart des éditions ont ' Arrar.'
(>7. Gleajm Ceitlein : signification de Ceitlein, douteuse. I'our
' Pcncaitland ' ailleurs, Watson suggère Pen extrémité+coet
(cœd) un bois + lami, enclos.
POEMES 227
Quand j'atteignis le champ du carnage,
50 Rien que votre ombre était visible.
Les os étaient décharnés,
La laine tout éparpillée.
Maintenant, puisque j'ai perdu ma brebis.
Mes habits seront sûrement minces et rares.
55 De quoi mon manteau peut-il être fait ?
Toute femme qui vit dans le pays
Est, j'espère, bien disposée envers moi.
Depuis que la brebis à tête blanche est morte.
J'irai demander le don ordinaire de laine
60 A toutes les bonnes dames du pays.
Inver Ghinneachd je visiterai
Et ce que je pense je le dirai.
J'obtiendrai une poignée de laine
Puisque je n'ai pas de réserve.
65 A Tigh-na-Sròine j'aurai une toison
De la bonne femme qui demeurait à Arthar.
A Glen Ketland du gazon,
J'obtiendrai des toisons blanches.
J'en aurai une coquille pleine
70 De la fille du gris Donald du Verre.
J'avalerai de bon coeur le verre de whiskey
Et serai plus fort pour porter mon fardeau.
J'irai voir la femme de Ceann-loch-éite,
Elle sera peinée de me voir dans le besoin.
69 slige-chreachain : coquille de peigne.
73. Ceann-loch-éite : ceann, extrémité ; lock, bras de mer ; éite,
d'après le Prof. Watson représente Ir. moy. Eitchi le gén.
sing. de Eitig, nom. propre fém. signifiant ' La répugnante '
ici, la déesse du lac et de la rivière. Le ' loch ' est dangereux
et tourmenté.
Î8 POEMES
75 Gheibh mi uaipe tlàm de dh'fhaoighe,
Tlàm eile a thaobh bhi 'm charaid.
Their an té tha 'n Guala-chuilinn :
'S mor as duilich leam do ghearan.
Bheir i nuas an t-uisge-beatha,
80 Dh' fheuchainn an crath e dhiom an smalan.
Their gach té tha 'n Druim-a-chòthuis,
Gheibh thu rud, 's gur maith an airidh.
, 'N uair a théid mi dh' Inbhir-charnain,
Cha leig aon th' ann mi falamh.
85 'N uair théid mi'n bhail' tha làimh ris,
Gheibh mi tlàman anns gach talla.
Chan'eil té tha 'n Dail-an-easa
Nach téid mi 'n freasdal a ceanail.
Thig mi dhathaigh leis na gheibh mi,
90 'S tomad deth cho mor ri gearran.
Fòghnaidh sud domh còrr as bliadhna
Chumail sniomh ri nighinn a' bharain.
'S 'n uair a théid e fo na spàlaibh,
Ni i fàbhar rium a' bhan-fhigheach.
95 'S ioma té ni eudach guamach,
Ach cha luaidh i e gun cheathrar.
'H-uile gruagach tha 'n Gleann-éite
Dh' fheumainns' iad a thighinn do'n bhaile.
'S 'n uair a chuireas mi air sèol iad,
100 'S ann a théid an clò a theannadh.
'N uair a theannas iad ri fùchdadh,
Cha bhi tùchadh air an anail.
7."). Faoighe. La coutume était pour ceux qui n' avaient pas de
laine d'aller chez les autres et de'n recevoir d'eux. Cette
coutume était en vigueur il n1 y a pas bien longtemps dans
les endroits reculés.
•'• MES 229
75 D'elle j'obtiendrai un flocon de laine
Et un autre car je suis son ami.
Celle qui habite Guala Chuilinn dira :
" Je suis désolée de votre malheur."
Elle descendra le whiskey
80 Pour tâcher de dissiper mon chagrin.
Toute femme à Druim-a-chòthuis dira " :
" Vous obtiendrez quelque chose, vous le méritez.
Quand j'irai à Inbhir-Charnain
Aucune femme ne me laissera les mains vides.
85 Quand je visiterai la ville du voisinage,
Je recevrai un flocon dans chaque maison.
Il n'y a pas de femme à Dalness
A la bonté de laquelle je ne me fierai.
Je rentrerai avec ce que j'obtiendrai
90 Dont la masse sera aussi grande qu'un poulain.
Cela me suffira pour plus d'une année
Et occupera la fille du régisseur à filer.
Quand la laine ira sous les navettes
La tisser ande elle me fera une faveur.
95 Nombreuses les femmes qui feront du beau drap
Mais pour le fouler il faut être quatre.
Toutes les jeunes filles habitant à Glen EiU-
Il me faudrait, les faire venir à la ville.
Quand je les mettrai en bon train
100 C'est alors que le drap s'épaissira.
Lorsqu'elles commencent à fouler
Il n'y aura pas de souffle r au que.
77. Guala Chuilinn : épaule de houx.
87. Dail-an-easa : Pré de la cascade.
92. ' nighinn a' bharain ' : la femme du poète.
230 POEMES
'N uair a shuidheas iad air cléith,
Gu'n cluinnt' an éigheach thar na beannaibh.
105 'N uair a sheinneas iad na h-òrain,
Cuiridh iad na h-eòin an crannaibh.
'N uair a theannas iad ri luinneag,
'S binn 'iad na guileag na h-eala.
'S mor as binne fuaim nan nionag
110 Na ceòl pìob'air thùs a' phannail.
Bithidh a turn an làimh gach té dhiubh.
'S bithidh a beul a' seinn na h-ealaidh.
Té ri bùrn, is té ri moine,
Té ag cur seòl air an aingeal.
115 Té 'ga phostadh ann an tuba,
Té 'ga luidreadh, té 'ga ghlanadh.
Dithis 'ga shlacadh gu làidir,
Dithis 'ga fhàsgadh gu gramail.
Ach mu'n cuir iad as an làimh e,
120 'S cinnteach mi gu'm fàs e daingean.
Théid a thiormachadh air bràighe
Gàradh-càil air am bi barran.
Mur tig e 'm ionnsuidh an tàillear,
'S nàr dha e 's gu'n tug sinn bean da.
125 'S ann an sin a théid mo chòmhdach.
Leis a' chlòimh a rinn mi thional.
Gur mise tha gu dubhach
Ri cumha do'n chaora cheann-fhionn.
'S beag an t-ioghnadh dhomh bhi duilich,
130 Mulad a bhi orm is farran.
'N uair a shuidheas mi air tulaich,
'S turraman a bhi air m' aire.
POEMES 2il
Quand elles s'assiéront sur une claie
On les entendra au-delà des montagnes.
105 Quand elles entonneront les chansons
Les oiseaux perchés sur les branches les écouteront.
Quand elles commenceront une chansonnette
Elles sont plus mélodieuses que les notes du cyg tie.
Le refrain des jeunes filles est plus harmonieux
110 Que la cornemuse en tête d'une bande joyeuse.
Dans la main de chacune le travail
En même temps qu' aux lèvres la mélodie.
Une pour l'eau, une pour la tourbe
Une autre entretenant le feu.
115 Une dans un baquet le foulant aux pieds.
Une le frottant, une le nettoyant.
Deux le battant avec force
Deux autres le tordant fermement.
Mais avant qu'il soit hors de leurs mains
120 Je suis sûr qu'il sera devenu résistant.
On le mettra sécher sur la pente
Au sommet du mur édenté d'un potager.
Si le tailleur ne vient pas chez moi
Honte à lui car nous lui avons donné une épouse.
125 C'est alors que je serai vêtu
De la laine que j'ai amassée.
C'est moi qui suis chagrin
Me lamentant sur la brebis à tête blanche.
C'est peu étonnant que je sois triste,
130 Que le chagrin et la colère me possèdent.
Quand je suis assis sur un tertre
Me bercer dans ma douleur absorbe ma pensée.
232 POEMES
Ag cuimhneachadh coslas na caorach
Nach robh h-aogas amis an fhearann.
135 Bha i riabhach, 's bha i lachdunn.
Bha i cais-fhionn, 's bha i ceann-fhionn.
Biia i crodb-fhionn, 's bha i bòtach :
Bha geai mòr air bàrr a breamain.
'N uair théid mi shealltainu nan caorach,
140 Ionndraichidh mi chaora cheann-fhionn.
;S misde mi gu'n d'rinn i m' fhagail,
'S b'fheàirrde mi 'm fad 's a dh' fhàn i.
Cha do leig i riamh an fhàillinn
Ann ara fhàrdaich fhad 's a mhair i.
145 'N nair a rachainn chum na h-àirigh,
Chuireadh i na tràthan tharum.
*S ro mhaith thogadh i na pàisdean,
Bhiodh iad sàthach 'n uair bu mhaith leam,
'S mise bha air bheagan saothrach
150 'M fad 's a bha mo chaora maireann.
O'n a thàinig ceann a saoghail,
'S éiginn domh bhi daor 's a' cheannachd.
Gu'm bu slàn do'n chàta chaorach,
As an tàin' a' chaora cheann-fhionn.
155 'S an té o'n d'fhuair mi i 'n toiseach,
'S ro mhaith choisinn i mo bheannchd.
Beannachd leis an rud a dh' fhalbhas ;
Chan e 's fheàrr dhuinn ach na dh' fhanas.
'S fheàrr bhi cridheil leis na dh' fhuir'cheas,
160 Na bhi tùirsach mu na chailleas.
154. Càta : cf. angl. cot.
154. i tàiu ' : tàinig.
POEMES 233
Me rappelant l'apparence de la brebis
Qui n'avait pas sa pareille dans le pays.
135 Elle était tachetée et isabelle
Aux pattes et à la tête blanches.
Elle avait les sabots blancs bien chausses
Une grande tache blanche au bout de la queue.
Quand j'irai voir les moutons
140 Je regretterai la brebis à tête blanche.
Ce m'est une perte qu'elle m' ait quittée
J'avais du bénéfice tant qu'elle me restait.
Elle n'a jamais laissé le besoin
Entrer chez nous pendant qu'elle vivait.
145 Quand j'allais aux pâturages
Elle me procurait mes repas.
Elle nourissait très bien les petits
Ils étaient repus quand je le désirais.
C'est moi qui avais peu à travailler
150 Tout le temps que dura ma brebis.
Depuis que la fin de ses jours est arrivée
Il me faut tout acheter cher.
Bonne chance à la bergerie
D'où est venue la brebis à tête blanche.
155 Et celle de qui je l'ai obtenue tout d'abord
Bien a-t-elle mérité ma bénédiction.
Ma bénédiction repose avec ce qui n'est plus
Ce n'est pas le meilleur mais ce qui r
Mieux vaut se réjouir de ce que nous avons
160 Que de nous lamenter sur ce qui n'est plus.
234 POEMES
RAINN DO'N CHEUD CHEAIRD.
'S i cheud cheàird an tàillearachd.
Os i rinn Adhamh air thùs,
A' cheàird as luaithe a ghnàthaicheadh,
' S gu bràth nach leig iad diubh ;
o Am fad 's a bhios na màthraichean
A" breith nam pàisdean rùisgt',
Bidh feum air gniomh na snàthaide
G 'an cumail blàth gu dlùth.
Cliaidh Adhamh a chur 's a' Ghàradh,
10 Cha b' e 'n t-àit 'n do chuir e dhùil.
Bu chôma leis bhi saoithreachadh
Feadh chraobh 's ag cur nam flùr :
Cha bheireadh e air sluasaid,
'S cha ruamhradh e 'n ùir,
15 Cha mhò a ghabh e caibe,
Chan oibricheadh e tùrn.
S i Eubha fhuaradh tàmailteach
Le dànadas gun tùr,
N uair thug i 'n t-ùbhal àlainn
"20 A bàrr a' ghallain ùir ;
'S truagh gu'n tug i dhàsan e.
Bu daor a phàigh e 'n sùgh,
lad le chéile bhàsachadh,
'S na thàinig de shliochd dhiubh !
25 Chunnaic an sin Adhamh
Gu'n robh nochd 'sa nàire rùisgt',
De'n droigheann ghabh e snàthadan.
'S rinn e snàth de'n rùsg :
Dh' fhuaigh e duilleagan nan geug
30 Mu' bheulaibh 's air a chùl :
Dhiùlt e bhi 'na ghàradair
B' e 'n tàillearachd a rùn.
POEMES 235
VERS SUR LE PREMIER METIER
Le métier primitif fut celui du tailleur.
Celui qu' Adam essaya tout d'abord.
Métier qui fut exercé dès les premiers temps,
Et qui ne sera jamais abandonné :
5 Tant qu'il y aura des mères
Qui mettront au monde des enfants mis.
On aura besoin du travail de l'aiguille
Pour les garder bien au chaud.
Adam fut placé dans le jardin,
10 Ce n'était pas la place qu'il espérait,
Il ne se souciait guère de travailler.
Aux arbres ou de planter des fleurs :
D'une pelle il ne voulait se servir,
Il refusait de creuser la terre,
15 Ou de toucher à une pioche,
Du travail, il ne voulait en faire.
Eve fut la coupable
Par sa folle hardiesse,
Elle prit la pomme splendide
20 Du haut des branches nouvelles :
Hélas ! elle la lui donna,
Il paya cher le fruit,
Que tous mourraient,
Ainsi que tous leurs descendants.
25 Alors Adam vit qu'il était
Dans sa honte évidente, nu,
Des épines lui servirent d'aiguilles
Et d'écorce il se fit un fil;
Il cousut les feuilles des branches
30 Dont il se ceignit ;
Il ne daignait pas être jardinier,
Il avait le métier de tailleur en lui.
»36 POEMES
B' e cheud fliear-ceàird 'saii t-saoghal e,
Cha d'fkeud e bhi guu chliù,
35 S nach robh e riamh 'na fhogklumaich,
Ach f haotaiim le beaclid sùl ;
Gun snàth, gun olainn chaorach,
Rinn e déise dh' aodach ùr ;
Bha e urramach 'na thàillear —
40 Cha b'fhear-gàraidh e co-dhiubli.
POEMES 23'
11 fut le premier qui eût un métier,
Et sans renommée ne doit être,
35 Car il n'avait pas fait d'apprentissage,
Il apprit en se servant de ses yeux ;
Sans fil ni laine de mouton,
Il fit un habit tout neuf;
Respectable comme tailleur —
40 Jardinier il ne pouvait l'être.
218 POEMES
RAINN DO'N PHADHADH
'S bochd an deireadh beatha bròn,
'S olc an deireadh òil padhadh ;
'S muladach suidhe mu'n bhòrd,
Gun an stòp a lionadh fhathast :
5 'S aighearach daoin'-uaisle còir
Aig am bheil stòras 'nan lamhan,
Ni òl 'n uair bhios iad pàiteach,
'S a bheir paigheadh do na mnathan.
'S aoibhinn 's a' mhaduinn a' chòmhdhail
Thighinn oirnne toiseach an làtha,
Bean-uasal a thighinn g'a seòmar
A chur sòlas feadh an tighe ;
Botal mor aice 'na làimh,
'S e dearlàn a dh' uisge-beatha ;
15 'S òl gu cridheil air a chéile,
'S their i féin gur e ar beatha.
'S e fasan ceart a's tigh-thàirne
Misneach àrd 'san am gu caitheamh ;
Bidh fear leis nach toil am branndaidh
20 Ri cùl-chainnt oirnn chionn a ghabhail;
'S e their companach a' bhotail,
Lionar suas an copan fhathast ;
S mor na mhaoidheas orm mo dheoch,
Ach 's beag na dh' fhidireas mo phadhadh.
11. 'a, seòmav ' : sa salle de réception.
17. - tigh-thàirne ' : cf. angl. tavern.
POEMES 239
VERS SUR LA SOIF
C'est triste à la fin de la vie de souffrir,
Mauvaise est la soif après avoir bu ;
C'est triste de s'asseoir à table.
Lorsque la chopine ne se remplit plus;
5 Joyeux sont les gentilshommes cordiaux
Ayant en mains des richesses,
Qui boiront quand ils sont altérés,
Qui tendront la paye aux femmes.
Heureuse la visite du matin,
10 Qui nous vient entamer la journée,
La dame arrivant dans la salle
Apportant du confort dans la maison ;
Une grande bouteille à la main,
Toute pleine de whiskey ;
15 Buvant à la santé l'un de l'autre,
Elle dira " Soyez le bienvenu."
C'est la façon juste à l'auberge
Quand c'est le moment de payer gaiement ;
Celui qui n'aime pas l'eau-de-vie
20 Quand nous en buvons nous dénigre :
Le joyeux compère dira,
Que la tasse se remplisse à nouveau ;
Nombreux ceux qui secouent la tête quand je prends
la goutte,
Mais rares sont ceux qui sympathisent avec ma soif,
240 POEMES
AOIR UISDEAN PHIOBAIR'
Turus a chaidh mi air astar
A Chinn-tàile,
Chunna mi daoin'uaisle tlachdmhor,
Caoimhneil, pàirteach ;
5 Bha aon bhalach ami air banais
A thug dhomh tàmailt,
O'n a bha esan mar sin dòmh-sa,
Bidh mise mar so dhàsan.
S ann an sin a thòisich Uisdean,
10 Mar a ni cù an droch naduir,
Tabhannaich ri sluagh na dùthcha,
'S b' e rùn gu'n gearradh e 'n sàiltean :
'S math an companach do'n chù e,
'S dona 'n companach, le càch e,
15 Cha chuideachd e bhàrd no phiobair
Aig a mhiomholachd 's a dh' fhàs e.
Aidich fhéin nach 'eil thu 'd phiobair,
S leig dhiot bhi 'm barail gur bàrd thu :
Daoine cridheil iad le chéile,
20 'S bithidh iad gu léir a' tàir ort ;
Fear ciùil gun bhinneas, gun ghrinneas,
Fuadaichidh sinn as ar pàirt e,
Mar a thilgeas iad craobh chrionaich
O'n fhionan a mach as a' ghàradh.
25 Ma chi thusa bàrd na filidh
No fear dàna,
Ma bhios aon diubh 'g iarraidh gille
Ghiùlan màlaid,
2. Ccann-tàilc : Kintail, endroit au sud-ouesl de la côte du comte
de Ross.
= Ccann an t-sàilc — extrémité (du bras) de mer.
POEMES 241
SATIRE SUR UISDEAN LE CORNEMUSIER
(vers choisis)
Une fois que j'étais en voyage
A Kintail,
J'y ai vu des gentilshommes aimables.
Bienveillants, généreux ;
5 II y avait un jeune homme à une noce,
Qui m'a agacé,
Puisqu'il m'a traité de la sorte,
J'agirai envers lui de cette manière.
C'est alors qu'a commencé Uisdean,
10 Comme un chien pervers.
Aboyant aux gens du pays,
Son envie est de les mordre aux talons;
Il est un bon compagnon pour le chien,
Et mauvais camarade pour les autres,
15 Société méprisable pour les bardes ou cornemusiers
Tant il a grandi en impertinence.
Renoncez à l'idée que vous êtes cornemusier.
Abandonnez la notion que vous êtes poète ;
Car ils sont tous des hommes cordiaux,
20 Et vous mépriseront d'un commun accord;
Musicien sans mélodie, ni goût,
De notre société nous vous répudierons,
Comme on rejette un arbe desséché
De la vigne du jardin.
25 Si vous voyez barde ou poète
Ou versificateur,
Si l'un d'eux désire un garçon
Pour porter sa valise.
Uisdean : Ce nom vient du norvégien Eysteinn : ce nom est
généralement traduit en anglais Hugh, qui vient vraiment
de la racine teutonne hug, pensée.
16
242 POEMES
Lean an duine sin le dùrachd
30 Los gu'n siùbhladh tu h-uil' àite ;
'S mor an glanadh air do dhùthaich,
I chur cùl riut 's thu g
No ma chi thu fear a sheinneas
Piob no clàrsach,
35 Feudaidh tus' an t-inneal ciùil
A ghiùlan dàsan,
Gus am bi craiceann do dhroma
Fàs 'na bhallaibli loma, bàna,
Mar a chi thu milleach srathrach
40 Air gearran a bhios ri àiteach.
Cia mar a dheanadh e òran
Gun eòlas, gun tuigse nàduir ?
O nach deanadh e air dòigh e
'S ann bu choir dha fuireach sàmhach ;
45 Bruidhinn ghlugach 's cuici dith mabach,
Mòran stadaich ann am pàirt dith ;
Na ni e phlabartaich chòmhraidh.
Cha bheò na thuigeas a Ghàidhlig.
Séididh Uisdean piob an rongain,
50 'S mòr a h-antlachd,
Bithidh i cosmhail ri gaoir chonnspeach
A bhiodh an cnoc fraoich a' dranndail :
An Circe-poll làimh ri Tonga,
A' baigearachd air muinntir bainnse,
55 Fhuair mise pìobair' an rumpuill.
'S dh' fbàg mi ann e !
35. tus' = tusa; forme oruph. du pronom.
53. Circe-poll : Kirkibol, endroit au nord du comté de Sutherland.
Le nom qui est norvég., signifie ' emplacement d'église.'
Tonga : endroit aussi au nord de Sutherland. Norvég. ' tunga,'
' une langue de terre.' Le nombre des noms de lieu
POEMES 243
Résolument joiguez-vous à lui
30 Pour errer partout ;
Bon débarras pour votre pays,
S'il vous rejette et que vous le quittiez.
Si vous voyez un joueur
De cornemuse ou de harpe,
35 Soyez content de porter
Son instrument de musique,
Jusqu'à ce que la peau de votre dos
Par endroits pelle et blanchisse,
Comme vous voyez les maux du harnais
40 Sur un cheval que l'on fait labourer.
Comment pourrait-il composer une chanson
Sans instruction, sans intelligence innée?
Puisqu'il ne sait la bien faire
Il devrait se tenir tranquille ;
45 Parler balbutiant et parfois bégayant
Beaucoup d'arrêts çà et là :
Lorsqu'il bredouille,
Aucun vivant ne peut comprendre son gaélique.
Uisdean gonflera la cornemuse ronflante,
50 Grande notre aversion,
Elle est comme le bourdonnement des guêpes
Qui fredonnent sur un tertre de bruyère ;
C'était à Kirkibol près de Tongue,
Mendiant parmi les invités de la noce,
55 Que j'ai trouvé le cornemusier ce vaurien,
Et je l'y ai laissé.
norvégiens dans la Haute-Ecosse et dans les Iles est très
grand comme on pourrait s'y attendre. Depuis c. 795 a.d.
jusqu' à 1263 a.d. (Bataille de Largs) les norvégiens pos-
sédaient le nord et le nord-ouest de l'Ecosse.
55. ' rumpull ' : cf. angl. ' rump,' cohue.
Ouvrages de référence utilisés pour cette étude : —
Armstrong's Gaelic Dictionary, 1825.
Highland Society's Gaelic Dictionary, 1828.
Macleod and Dewar's Gaelic Dictionary, 1866.
McAlpine's Gaelic Dictionary, 1877.
Faclair Gàidhlig. E. Dwelly. 1902.
MacBain's Etymological Dictionary, 1911.
Hatzfeld et Darmsteter : Dictionnaire Général de la langue
française.
Larousse.
Icelandic Dictionary. Vigfusson et Cleasby.
Celtic Review, t. i. à t. x.
Scottish Geltic Review. Cameron. 1885.
Les grammaires gaéliques de Stewart, Munro, Gillies et Calder.
Bardaclid Ghàidhlig. Prof. Watson.
The Beauties of Gaelic Poetry. Mackenzie.
Les poèmes gaéliques d'Alexandre MacDonald (Mac Mhaigb-
stir Alasdair, c. 1700-1770, 1ère édition).
Les poèmes gaéliques de Dughall Bochanain, 1716-1768.
Prof. D. Maclean.
The Transactions of the Gaelic Society of Inverness.
Skene's Highlanders of Scotland. MacBain.
Burt's Letters from the North of Scotland. Jamieson, 1754.
History of Western Highlands. Gregory.
Sketches of the Highlanders. Stewart of Garth. 1822.
The Young Pretender. Prof. Sanford Terry.
The Literature of the Highlands. Prof. Magnus Maclean.
Language and Literature of the Scottish Highlands. Prof. J.
S. Blackie.
Norse Influence on Celtic Scotland. Henderson.
A Literary History of Ireland. Prof. Douglas Hyde.
Social History of Ancient Ireland. Joyce.
Celtic Place Names of Scotland. Prof. Watson.
The Old and New Statistical Accounts of Scotland.
The Wild Sports of the Highlands. St John.
Wild Animal Life in Scotland. J. Ritchie.
Vu et permis d'imprimer
Vu et lu Pour le Recteur
LE DOYEN li Doyen Délégué