irtn» *
)»?»
<^^E^^
r'V-.^'-t
"^
.^M
^ ^""j l'A
I, Ac-.<r«.s.si<.ns Shoir No.
liffj/o// L/âjYj/r.
y/// /////.y r^/ //'//y^/it^ C>^/nlÙ'/i/.
?li itiîtmt JJnltlir Ciltntm
//urr//r//.' //^///, /A7.'J.
Pamphlets.
1^^ I
^^ecA^^^n^ Ck^eu
J .>••>»«»-
CTl
4 ^/ sTi
Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
Boston Public Library
http://www.archive.org/details/dveloppementduOObarr
Accession No.
Added 187.
Catalogued by
Revised by
Memoranda.
DEVELOPPEMENT
DUSECOND SERMENT
APPELLE CIVIQUE
Décrété le iG et le 2^ Novembre ly^i^
WBtam
A P A R I S,
Chez Crapa rt , Imprimeur-Lîbraîre , place
Saint-Michel , No. i^g.
f r
fMiWfJ/f. ^ //JP^'
t
'^
DÉVELOPPEMENT
tDU SECOND SERMENT,
APPELLE CIVIQUE,
Décrété le i6 et le 29 Noveinbre ly^i.
J_ L est sept heures du soir; j*entends pu-
blier un nouvel article du décret relatif au
serment apprllé civiaue,
Jusquici on nous disoit : jurez, ou vous
ne serez payés ni de vos pensions ni de vos
traitemens ; c'est-à-dire, pour un assez grand
nombre, jurez, ou vous mourrez de faim!
Aujourd'hui, malgré l'article du même dé-
cret, portant liberté absolue de culte; par
un retour aussi contradictoire dans ce dé-
cret, que tout le décret même est contraire
à la constitution , aujourd'hui on nous dit :
jurez , ou vous n'aurez plus de liberté de
culte 'y jurez , ou vous n'aurez pas même la
liberté de dire la messe.
Telle est donc la destinée de l'homme !
Ses législateurs même ne sont pas exem7}ts
de la mobilité , des contradictions les plus
étonnantes. Mais ce n'est pas relativement
a nos législateurs , c'est relativement à nous
qu'il faut considérer ce nouveau serment.
A 2
( 4 ) _ ^ -
On se plaît à l'appeller civique, pour écar-
ter toutes les idées religieuses qui pourroient
légitimer notre refus. Oïl semble convenir
en£n que la religion ëtoit blessée par celui
qu'on exigea (raboril de nous sur la cons-
tith'tion prétendue civile du clej-g'é.lsli'jiis
voilà , nous dit-on , toutes vos difficultés de
conscience levées. Jurez donc , ou vous ne
sauriez plus plus vous (Jéfendre de rincul-
pation de mauvais citoyens.
Qui voudra s'aveugler et se tromper soî-
même , pourra se laisser prendre à ce rai-
sonnement ; mais qui veut réfléchir, et ,
malgré toute la haine du genre humain ,
persister dans les voies de la religion et de
la conscience, découvrira bientôt le piège.
Ce serment prétendu civique ne blesse pas
moins nos dogmes et nos lois que le ser-
ment de maintenir la prétendue constitu-
tion civile du clergé ; il en contient toute la
substance. Peu de mots suffiront pour le
démontrer. ,
I o. Sans parler ici de ces opînionsaussi faus-
ses aux yeux du vrai philosophe qu'à ceux
de riiomme religieux , comprises sous le
titre : droits de //homme ^ et qui sont pour-
tant les principes sur lesquels rassemblée
déclare établir \^ constitution^ dès le titre
premier , voici ce que vous lirez dans cette
constitution même : « les citoyens ont droit
d'élire ou de choisir les mhiistres de leur
Culte ". Jurez I si vous osez , de maintenir
(5) ^
cet article de tout votre pouvoir 5 et puis
dites-nous comment vous ferez pour ne pas
maintenir de tout votre pouvoir Tintrusioil
et le schisme des Gobet , Maroies , Grégoire,
l'expulsion de nos évêques et curés non
jureurs. Il est évident que cet article seul
renferme tout le venin de cette cojistitu-
tion prétendue civile du clergé y déclarée
un amas, un cahos d'hérésies.
2.^. Dès ce même titre, vous lirez que
les biens destinés aux dépenses du culte
appartiennent à la nation... que la cons-
titution en garantit Faiiénation. Voulez-vous
aussi jurer de maintenir de tout votre pou-
voir cette spoliation de l'église ?
3o. Avant même le titre premier (pag. 14^
édition de Didot le jeune ) vous lirez : ce la
loi ne reconnoît plus ni vœu religieux ,
ni aucun autre engagement qui seroit con-
traire aux droits naturels ou à la consti^
tution w. Voulez- vous jurer de maintenir de
tout votre pouvoir cette anti-pathie consti-
tutionnelle pour des vœux , la consomma-
tion de la perfection évangélique^ et cette
espèce de blasphème qui les associe à des
engagemens contraires au droit naturel on
a la constitution. Est-elle donc compatible
avec l'évangile , cette constitution qui se
déclare elle-même contraire à des vœux qui
ne sont que la perfection de l'évangile?
4o. Laissons de côté bien d'autres articles.
Ce qui vous répugnoit , sur- tout dans l'aai-
A3
(6)
cîen serment , n'ëtoit-ce pas tonte la cons^
iitutio-i pi'ëtendue civile du clergé"^. Prenez
le dernier décret de l'acte constitutionnel ;
vous y lirez « les décrets rendus par ras-
semblée nationale constituante , qui ne sont
pas compris dans l'acte de constitution , se-
ront exécutes comme lois : et les lois an-
térieures auxquelles elle n'a pas dérogé , se-
ront également observées tant que les uns
ou les autres n'auront pas été révoqués ou
modifiés par le pouvoir législatif 3^. Ce pou-
voir n*a ni révoqué ni modifié ce que la
constitution civile du. clergé a de plus con-
traire à la foi 'j donc le serment de main*
tenir de tout votre pouvoir l'acte constitu-
tionnel, vous eneaseroit à maintenir, comme
loi , tous ces articles de la constitution pré-
te];idue civile/ donc ce serment seroit ab-
sctlument pour vous le même que l'ancien ,
à la différence près , de maintenir comme
loi , et de maintenir comme article consti-
tutionnel ; donc il faudroit être bien ab-
surde pour croire l'un plus permis que
l'autre . ,
5o. Mais on vous dit que ce serment est
purement civique ! on vous le dit, et vous
auriez la bêtise de le croire ! ce ne sont
donc pas des objets tenant à la religion ,
que cette élection des pasteurs , cette pros-
cription des religieux , cette spoliation de
l'église , cette constitution soi-disant civile
du clergé ? Vous croiriezi donc aussi qu'on
(7) _
peut Jurei" tout cela, et ne faire qu'un ser-
ment purement civique r Comment ne voyez-
vous pas que cette restriction seule ëquivau-
clroit à l'hérésie de celui qui diroit : les voeux
religieux, l'élection des pasteurs, l'intrusion,
le schisme , le bouleversement de la juris-
diction ecclésiastique autorisé par la soi-
disant civile constitution du clergé, ne sont
que des objets purement civils? Oui, cette
restriction seule d'un pareil serment , à la
qualité de serment civique , est elle-même
nn calios d'hérésies.
60. Mais par ces mots ^ maintenir de tout
mon pouvoir y on vous permet d'entendre
simplement une soumission purement pas-
sive 1 C'est à-dire qu'on vous permet de men-
tir aussi serré que Brienne , dans l'acte
même de votre serment , et de prendre Dieu
à témoin que vous vous parjurez 5 que vous
avez autre chose sur les lèvres, et autre
chose dans le cœur. Eh ! vous croyez en
bon prêtre, en chrétien, en honnête homme,
pouvoir user de cette permission ?
70. Maintenir de tout son pouvoir, ne
signifiera plus que laisser faire , et ne se
montrer ni pour ni contre ! c'est donc ainsi
que vous maintiendrez la vérité et la re-
ligion de tout votre pouvoir ? Vous ne ferez
rien ni pour ni contre ! lâche que vous êtes !
si c'est-là que se réduit tout votre pouvoir
et tout votre zèle , souvenez- vous que Dieu
déteste la tiédeur et l'indifférence en ac-
I
(8)
tîons , tout autant qu'en paroles et en sen-
timents, quia tepidus es^ iticipiamte evomere
ex ore nieo^
80. Vous est-il donc permis d'être passif
sur des objets de cette espèce, surtout ce
qui intéresse Dieu et la religion. Non 5 c'est
un crime honteux que cette inaction seule.
La révolte à part, vous devez de tout yotre
pouvoir empêcher le maintien de toute loi
contraire à la justice, à la vérité et à la
religion. Vous ne devez pas exciter des trou-
blés , opposer la force à l'autorité publique \
ce seroit manquer à une loi divine pour le
maintien d'une autre loi divine 5 mais vous
devez faire tout ce ^^qu'on fait les apôtres
sans manquer à la puissance civile. Auroient-
ils donc aussi juré , les apôtres , de main-
tenir de tout leur pouvoir les édits de
Césars contre le christianisme^ en recou-
rant à vos distinctions de pouvoir actif et
de pouvoir passif? Tous les beaux préam-
bules d'Antonin^ de Marc-Aurelle , de Ju-
lien , au r oient-ils arraché un pareil ser-
ment aux vrais chrétiens sous de pareils
prétestes. , ' ^
90. Les libellistes aussi, et ceux qui d'une
main offroient de l'encens aux idoles ^ en
protestant de l'autre, avoient leurs distinc-
tions. L'église a-t-elle jamais approuvé leur
lâcheté? Estrce que ce serment prononcé
de bouche sans être dans le cœur, sera plus
innocent? Qu'est-ce donc qu'un parjure et
(9)
uîie liorfible dissimulation , sî jiisques dans
un acte où doit dominer la franchise , où
le ciel même est pris à témoin de la sincé-
rité^ on se réserve des interprétations tou-
tes opposées au langage ordinaire !
lo^. Malgré votre serment, il vous sera
permis de penser , d'écrire ^ de parler com-
me vous le voudrez contre le serment et la
constitution î C'est-à-dire , qu'il vous sera
permis de violer votre serment tant que
vous le voudrez ! Et vous jurez parce qu'il
vous est permis de violer votre serment î
iio. La Gonsitution , en exi2;eant le ser-
ment de la maui tenir de tout mon pouvoir^
me permet eile-mêrae de l'attaquer par mes
écrits. . . . La constitution , en cela , est un
clief - d'œuvre de contradiction. Je défie
qu'on trouve rien de plus absurde , de plus
inconciliable que le serment de maintenir
un ami de tout son pouvoir , et la permis-
sion de l'attaquer tant qu'on voudra, com-
me un malhonnête homme, un imbécile ,
un perfide , un hnpie , etc. C'est outrager
la divinité que la prendre à témoin d'une
promesse absurde.
120. La constitution laisse une parfaite
liberté, de parler ^ d'écrire , d'iinpii mer ^
quelqu'opinion que l'on ait sur la religion...
Et vous jurez de maintenir cette constitu-
tion qui permet de répandre l'erreur et le
poison comme la vérité et les doe^mes les
plus nécessaires aii salut ? Ne voyez-vous
pas que cette permissfion ajoute précisément
aux dangers de la constitution , et par con-
séquent au crime du parjure ? C'est donc
dans ses erreurs et dans ses dangers que
vous trouvez une nouvelle raison d'en ju-
rer le maintien ?
i3o. Les hommes font les mots ?... Ouï, et
les mots les menteurs ; et les menteurs dans
un serment font les parjures.
i4^. On peut s'expliquer dans un préam-
bule... Oui , on peutdiredansun préambule
qu'on ne jure pas dans le sens de la for-
mule ; mais en prononçant la formule sans
y rien changer , elle gardera son vrai sens
malgré le préambule. V ous aurez commencé
par dire que vous ne jurez pas de mainte-
nir , et l'instant après vous jurerez de main-
tenir. Ce manège est indigne. Il m'annonce
un homme assez éclairé pour voir la véri-
té , mais trop lâche pour mourir sans la
trahir.
i5^. Vous jurerez comme citoyen ; com-
me prêtre vous ne jurerez pas... Le citoyen
sera damné comme parjure 5 et le prêtre
ira où il pourra.
160. Il faut donc que je meure de faim , si
l'on vient me demander ce serment au prix
de ma pension !. .. Il faut donc que votre ven-
tre soit plus cher que votre ame ! Il ne fal-
( 11 )'
loît donc pas faire faire tant d'actes de con-
trition à vos pénitens , pour leur donner
l'absoluiion , et demander s'ils aimeroient
mieux mourir qu'offenser Dieu. Vousy voilà
à ce véritable acte de contrition. Vous en
avez tant demandé aux autres : faites en ce
moment le vôtre. Et puis n'offensez pas
encore cette providence qui prend soin des
oiseaux et de l'herbe des champs^ qui saura
bien pourvoir à ses serviteurs.
170. Au reste, nosévêques de l'église catho-
lique , apostolique et romaine , ne font pas
toutes ces difficultés. Tout ce qu'il y a de
vrais ecclésiastiques est prêt à suivre leur
exemple. Sur la première nouvelle de ce dé-
cret, pas un seul de nos prélats n'a hésité.
M. le cardinal de làRochefoucault , MM.
d'Arles, d'Aix, de Clermont, d'Uzès , du
Mans, d'Angoulême, de Séez^ etc. , ( je
nommerois tous ceux que la persécution
concentre dans Paris ). Tous ces dignes
héros de la religion n'ont pas trouvé seule-
ment qu'il y eût lieu à délibérer. Même
résolution dans nos vrai^ curés , vicaires ,
chanoines de Paris , dans nos professeurs
de Sorbonne et Navarre. Tous ont dit : nous
voilà aux beaux tems de l'église. Qu'une
xiouvelle persécution devienne pour elle un
nouveau triomphe ; et mourons , s'il le
faut , plutôt que d'être parjures. On nons
déclarera suspects!. . On en disoitbien au-
tant des apôtres. Nous serons anatlaêmes
aux yeux des citoyens Mieux vaut Fêtre
auprès des hommes qu'auprès de Dieu.
180. Nous ne pourrons plus exercer les actes
les plus saints de notre religion. Nous ne
pourrons pas même invoquer publiquement
notre Dieu pour le salut de la patrie !. .. Qui
vous a dit que les confesseurs de Jésus-
Christ ne Tin voqu oient que dans des basi-
liques ? que leurs vœux pour la patrie se-
r oient , et moins ardens et moins exaucés
dans le secret d'un oratoire que dans tou-
te la. pompe de nos fêtes ? . . . . Mais nous
ne pourrons plus immoler la victime sans
tache ! . . . N'avez- vous pas votre poitrine !
que votre cœur soit pur , elle sera le plus
saint des autels.
Ce 3^ Novembre 1791.
B A R E U EL.
^"(r^i*
fe i
r
V «* -fj^
?^ 5*
%É
/ 1.
fSSrv*