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Full text of "Encyclopédie des gens du monde : réperatoire universel des sciences, des lettres et des arts : avec des notices sur les principales familles historiques et sur les personnages célèbre, morts et vivants"

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r 


ENCYCLOPÉDIE 


DBS 


GENS  DU  MONDE. 


TOME  TREIZIÈME. 


fhrnnthrt  |krttr. 


IMPRIMÉ 


P%n  LES  PDESSES  MiCAMQt'FS  DE  K.  l>l'VERGEn. 

RM  lia  VKUNàril.  >"  4. 


ENCYCLOPÉDIE 

DES 

GENS  DU  MONDE, 

RÉPERTOIRE   UNIVERSEL 

DES  SCIENCES,  DES  LETTRES  ET  DES  ARTSj 
iVEC  DES  NOTICES 


PAR  UNE  SOCIÉTÉ 


TOME  TREIZIÈME. 


•' 1 

Kaicyr-V:^^       PARIS 

LIBRAIRIE  DE  TREUTTEL  ET  WIJRTZ, 

■  UK  DE  LILLE,   H»  17^ 

A.  STRASBOURG.  GRAND'RUE ,  K'  16. 

1840  :-■.;..■ 


'    *•-       -•       **-?! 


SIGNATURES 


ES   AUTEURS   DU  VINGT-CINQUIÈME  VOLUME. 


A.  DE  G. 

C  N.  A. 
.  .         G.  £•  A. 

.  .  A*o. 

.    .  H.  A-D-T. 

:d" •A...  I 

L E.B-S.  I 

J.B-^. 

AS A.  B. 

I   à  LtooV  ...  A.  B-B. 

W.  B-T. 
m    k  li€«L-€ol.).  C-TE. 

HlFP.  C-T. 

r J.  C-T. 

Li J.  L.  C. 

ET» F.  D. 

im Th.  D. 

6- D-o. 

i D-K. 

C.  D-T. 

(à  Bolbec).  .  .  .  A»T.  D. 

m^w  n  M 

f F.  G.  £. 

F.  F. 

»  Scnsbovg)  .  .  Th.  F. 

L.  G-«. 

i  ;l«  comte  de).  .        C**  di  G. 

G-CB. 

iT  (de} P.  G-T. 

t J.  G-T. 

m  ;  rév«qae}.  .  .    M.  N.  S.  G.  t 
DK  Fèee  ....  G.  D.  F 

iT(leaipiUiHe),  à 

Ci*  A>  u« 

J.   H-T. 


MM. 

Jal A.J-L. 

La  Fagk  (Adrien  de).  .  J.  A.  dk  L. 

Latatx  (à  MftneîUe).  .  L-p-b. 

La  Noubais  (de) L.  N. 

LAmÉTEIXIÈEB-LiPBAUZ.  O.  L.  L. 

LBCLKmc-THQUUi  ....  O.  L.  T. 

Lbceaho A.  L-D. 

LxMomruoL C  L-m. 

Lk  Rot  dk  Chavtiovt  .  L.  d.  C 

(de) L.  DK  L. 

L.  L-T. 

Mabtih  (M^  Marie),  en 

Irlande M.  M. 

Mattbb M*B. 

MiBi.. M-i.. 

MoLioH  (de) V.  db  M-h. 

Naudbt N-T. 

OUBBT BL  O. 

OzBinrE  (M**  Louise).  .  .  L.  L.  O. 

Pabis  (Panlin) P.  P. 

Pabisot  (de  la  marine).  .  J.  T.  P. 

Pascallbt E.  P-C-T. 

Pauthibb G.  P-B. 

Pbtit-Lafittb   (à  Bor- 
deaux)   A.  P.  L. 

Pouchbt  (à  Roœn).  .  .  F.  P-t. 

R-T. 

(Félix) F.  R. 

Ratibb  (Victor) V.  R. 

Rbostabd  (Emile)  ....  E.  R. 

RBHiB  (Amédée) An.  R-b. 

ROTBB-COLLABD  (Fiul)    .  P.  R.  C. 

SAUCBBOTTB(àLanériUe).  C.  S-tb. 

Sauhou V.  S. 

SCHVITBLBB J.  H.  S.  el  S. 

SxsMOHDi  (de) J.  c  L.  S-i- 


uM. 


BUS. 


SOTBA L.  C.  S. 

Spach  (Edouard) Ed.  Sp. 

Spach  (Louis) L.  S. 


Yauchee  (à  Geoève). 

YnXEHATE 

TOUHO 


L.  V-E. 

V-TE. 

J.Y. 


Lct  lettres  C  X.  iodiqaent  que  l'article  est  traduit  du  ConversaUons-Lexicon 

ou  de  son  supplémeot  intitulé  Conpenations-Lexicon  der  Gegrntvart, 

le  plus  souvent  avec  des  modifications  (/t.)»  -^^^^^  ^utr,  signifie 

EncxelopétUe  nationale  autrichienne. 


ADDITIONS  ET  ERRATA 

COHCmmifAlfT  LA  LKTTRE  G. 

in  4diÊntmt  et  ErrmUi  màiqmm  êmr  U  dernière  page  da  T.  XII,  et  qae  noas  recoaman* 
:^am  a  rattcstMM  des  lecteurs.  Bons  ajoateroas  eneore  les  sairaots,  qoi  noai  ont  été  signalé» 
yv  «M  r«IUbocatears.  No«s  les  isTitons  à  nooa  contimier  leurs  obserratioBS,  et  celles  méioe 
tn  pcrBoaacs  étrangères  à  notre  pnbUeation  seront  toujours  accneillies  avec  reconnaissance. 

TOMK  XII. 

^    xSç,  col.  T,  ligne  4,  «a  '■aa  de  est  bien  capable  ,  lUts  sont  bien  capables.  —  tJn  pea 
pins  bas,  Jmmrims  est  poor  Âûtuaius, 
f  3(9,  col.  9 ,  Ugne  38,  na  lieu  4*  Arrive  an  pied  de  FéduCind,  lise»  ArrÎTé  an  pied  de 


f  35 r,  eoL  i,  iirnr—  important,  déjà  rectifié  snr  la  dernière  page  dn  T.  XU. 

p  4-1,  col.  I,  ^'aates,  à  ce  qni  concerne  M">c  Emile  de  Girardin,  qu'elle  a  publié,  à  la  fin 
de  xSSg,  VÈ^oU  dês  joummlistes^  comédie  on  drame  en  5  actes  et  en  rers,  qni  avait 
été  refusé  au  Théâtre  •  Français ,  après  avoir  été  d'abord  admis  par  le  comité  de 
lectore, 

p-  5^  col.  I,  ligne  45,  ea  lim  de  Molière,  Use»  Bfoline. 

p  57I,  col  I,  li^ne  6.  «a  lieu  de  plus  glorieuses,  lise*  plus  radieuses.  —Le  titre  de  l'arti- 
cle saivant  est  Gobc&ihgk. 

f.  65;,  coL  I ,  ligne  i3,  aa  lieu  de  14  septembre  1788,  liseu  14  novembre  1783,  date  de  la 
naissance  de  M.  le  général  Gonrgand.  Cest  par  erreur  qu'à  la  page  655,  coL  x,  on 
a  dit  qu'il  entra  dans  les  gardes-dn-corps  du  roi  :  il  n'en  a  jamais  fait  partie.  Enfin, 
»nr  la  même  page,  col.  a,  ligue  ^,auUeu  de  revint  en  France ,  lisex  revint  en  Eu- 
rope. 

p  -38,  col.  a,  ligne  Sa,  aa  lieu  de  Bfais  la  clef  de  voûte,  etc.,  pbrase  embarrassée  qui  peut 
donner  lieu  à  une  méprise,  lises  Mais  c'est  U  liberté  de  la  presse  qui  est  la  clef  de 
voûte  et  le  véritable  palladium  de  la  souveraineté  de  la  loi,  laquelle  est  elle-même 
le  bot  de  tonte  constitution,  comme  le  disait  déjà,  etc. 

p.  :;:,  coL  I,  ligne  43,  au  lieu  de  le  la  avril  1714 ,  /iw»  le  ao  juillet  1714.  On  trouve  ail- 
leurs  que  U  reine  Anne  mourut  le  x"  août  :  cette  date  se  rapporte  an  calendrier 
grégorien;  seulement  il  7  a  erreur  d'un  jour,  car  la  différence  étant  de  onte 
jours  au  dernier  siècle,  c'est  le  3i  juillet  qni  répond  ao  ao  dn  même  mois  dans  le 
calendrier  julien  qn'on  suivait  encore,  à  cette  époque,  en  Angleterre,  f".  Caliitdrxbr, 
T.  IV,  p.  5oi. 

p.  749.  <•<>*-  a,  ligne  4,  au  lieu  de  Pitt  proposa  eu  1801,  lise*  Pitt  fit  passer,  en  r8oo.  une 

loi  qui  ordonnait  de  réunir, 
p.  -71  ,  col.  X,  ligne  4a,  au  lieu  de  Percival,  lise*  Perceval. 

Tome  XIII  (l»*  partie). 

Pag.  18,  col.  I.  Ugoc  39.  L'explication  du  nom  de  Doriens,  donné  par  le  myUie,  «t  re«tifiéc 
à  Tarticle  DoRxxirs,  ainsi  qu'à  la  page  5i  de  ce  volume. 
p.  35 ,  col.  I,  ligne  33,  au  lieu  de  Sydooic,  lise»  Cydom'e. 

p.  36,  col.  X,  ligne  49,  au  lieu  de  Kaminar  Sara,  //m  kaminar  Sava.  Raroinar  est  un  ti- 
tre de  fonctions. 


Y.  37»  cot  m,  ligM  18,  es  Afn  de  Hofot  BakonUt,  Iûm  Gofot  Bakoolas. 

p.  38.  eol.  s,  ligne  4f ,  mu  litm  iê  Ridât,  Imm  HikllM. 

p.  44,  eol.  I,  ligne  41,  en  Km  de  ton  fiU  GrivM ,  KoIUopooloê  et  d*eatret ,  ht§ê  son  ftU  • 
GrÎTM.  KoUiopoalot  (PlapoaU»)  et  d'antres. 

p.  i5o,  col.  I,  ligne  6.  Lm  Ftaunt  uoirt  de  M.  GretMfa,  roman  en  4  toI.,  a  M  pnblâée  ea 
1834.  Elle  a  été  sniTie,  en  i835,  de  Mm  Wrife^it  4xtiÊr$iom  m  JlUmmguê,  detcriptîos 
d*nne  vitite  qne  l*antenr  a  faite  à  Hanbonrg,  Lnbeck  et  Berlin.  A  la  snite  de  VKtngr' 
ehpidiê  mut,  dont  lea  6  premiers  volomea  ont  parn  sont  la  direction  de  M.  Gretack, 
il  fant  mentionner  le  DiedoiMmin  tmiitmin  dont  fl  dirige  antai  la  rédaction.  La  #••• 
grmpku  dês  kommêt  dm  Jour,  dont  la  aotice  snr  M.  Gretach  paraît  aroir  été  pniaée  i 
bonne  aonrce,  le  nomme  encore  comme  fondateur  dn  immmml  dm  mbUtUr^  dt  Fimim- 
rtanr  et  dn  reenefl  périodlqne  întitnlé  BMioékiquê  de  Imetmrt. 

p.  i53,  col.  s,  la  note.  Lord  Howick  parait  être  aorti  dn  miniatire  Meibonme  parce  qn*il 
croyait  devoir  a'oppoaer  à  nne  pins  grande  extension  de  la  réforme  et  anx  conces- 
sions qne  ses  collégoes  semblaient  disposés  à  faire  an  parti  radical. 

p.  i54,  col.  I,  ligne  53,  «a  li^m  de  p.  716,  Iùêm  p.  736. 

p.  3i3  •  col.  9 ,  ligne  i ,  mjoutn  qo^il  Tient  de  paraître  (  février  1840)  nne  réponse  pina 
étendue  et  dictée  par  d*aotres  principes»  à  Técrit  de  M.  Gaiiot,  Dn  êmlkmtieimmm ,  dm 
protatimmtimê  tt  dm  pkUêêùphitmê,  L'antenr  de  cette  tmmomâm  répopae  e»t  11.  Fna- 
dsqne  BooTct.  M.  Goisot  est  parti  ponr  Londres  le  «5  février  lt4o«  pendant  In 
nonvelle  crise  minbtérielle,  et  après  avoir  en  nn  entretimi  «vne  In  général  Séhestîwi, 
•on  prédécetsear. 

p.  3ia,  col.  I,  ligne  5i,  en  /lan  dt  figom  parmi,  /iias  figure  parmi. 


S 


1 


ENCYCLOPÉDIE 


DB9 


GENS  DU  MONDE. 


t—u 


G*  {suiie  de  la  lettre). 


GBAT  (Jeakkk)*,  ■nrîère-pcUte-fillc 
4  Henri  \TLy  roi  d^ÀDgleterre,  et  petite- 
flbde  Marie,  Tcmre  de  LonisXD,  était 
lie,  en  1S37,  du  mariage  de  la  fille  du 
4e  de  Soflblk ,  second  époux  de  cette 
prioceBe,  arec  le  marquis  de  Dorset.  Jean 
Dsdley  (iwr-)>  co™^*  ^^  Warwick,  et 
àpaûs  doc  de  Northumberland,  conçut  le 
ji^A  de  sVmparer  de  Tautorité  souve* 
nœ  qœ  les  roaius  débiles  d'Edouard  VI, 
fa,  à  dix  ans  environ,  avait  succédé  à  son 
fat  Henri  VIII ,  laissaient  flotter  au  gré 
Jb  ambitions  de  cour.  Il  ameuta  contre 
Uoaard  Sejmour,  duc  de  Somerset,  oncle 
h  monarque  et  protecteur  du  royaume, 
me  partie  de  la  haute  noblesse,  le  parle- 
mal  et  le  conseil  du  roi,  et  fit  révoquer 
fmlorité  qull  s'était  attribuée ,  sur  ce 
Uementqu'il  n'avait  tenuaucuncompte 
fa  volontés  du  feu  roi,  qui  avait  donné 
fmt  réfçeots  à  son  fils.  Northumberland 
eva  de  pourvoir  à  la  sécurité  de  ses  vues 
mbitieascs  en  faisant  condamner  à  mort 
k  doc   de  Somerset,  sous  prétexte  de 
(laplot  contre  sa  vie.  Restait  à  conser- 
HT,  iprès  la  mort  d'Edouard  VI,  le  pou- 
i«ir  prewpie  illimité  qu'il  avait  conquis. 
Le  tesuroent  de  Henri  VIII  appelait  à  la 
niaronne,  à  défaut  de  son  fils,  Marie  et 
tlkibetb,  ses  filles,  déclarées  illégitimes 
fir  dfs  statuts  qui  n'avaient  jamais  été 
I  dpfiortés.  A  leur  exclusion,  la  couronne 
I  «ablait  devoir  appartenir  à  Tun  des  re- 
fréaentants  des  deux  sœurs  de  Henri  VIII, 

^.  5oos  écriront  Gruf  pour  noos  conformer 
■  r«Mge  ;  mais  le  marquis  de  Dorset,  geodre  de 
'^  4arbea<e  de  Snffolk  et  père  de  la  jeuoe  prln- 

**«,  t'appelait  Henri  Grey.  S. 

Enryctop,  d.  G,  d.  M.  Tome  Xllf, 


Marguerite,  reine  d'Ecosse,  et  Marte^ 
reine  de  France.  Marguerite  était  l'ai- 
née ,  mais  T'^orthumberland  calculait  que 
l'animosité  de  la  nation  anglaise  contre 
l'Ecosse  l'engagerait  certainement  à  ap- 
prouver l'exclusion  de  cette  princesse  pour 
laisser  monter  sur  le  trône  la  ducbesse 
de  Suflblk.  Celle-ci,  qui  n'avait  point  as- 
sez d'ambition  pour  aspirer  à  une  cou- 
ronne en  litige,  consentit  sans  peine  à 
transférer  ses  droits  à  Jeanne  Gray,  sa 
fille  aînée,  mariée  à  Guilford  Dudley ,  4^ 
fils  du  duc  de  Northumberland.  Cet 
abandon,  originairement  ignoré  de  Jeanne 
elle-même,  lut  la  source  de  tous  les  mal- 
heurs de  cette  jeune  et  intéressante  prin- 
cesse. 

Northumberland  réussit  sans  effort  à 
persuader  au  roi  que  l'uvéncment  de  Ma- 
rie ,  catholique  exaltée ,  replongerait  le 
rovaume  dans  toutes  les  ténèbres  de  la  su- 

m 

perstition  ;  et  il  lui  arracha  un  testament 

2[ui  Técartait  du  trône,  elle  et  sa  sœur 
Elisabeth,  comme  entachées  toutes  deux 
d'illégitimité,  y  appelant  au  contraire  la 
postérité  de  sa  tante,  la  reine  de  Fxance, 
dont  les  descendants  actuels  étaient  dis- 
tingués par  leur  piété  et  leur  attachement 
à  la  religion  réformée.  Cet  acte  ne  fut  pas 
reçu  sans  opposition  par  les  lords  du 
conseil;  mais  la  volonté  du  roi,  subjugué 
par  les  obsessions  incessantes  du  duc  de 
Northumberland ,  imposa  silence  à  leurs 
murmui*es;  et  à  la  mort  d'Edouard  VI, 
foutes  les  mesures  étaient  prises  pour 
faire  passer  sans  secousse  le  sceptre  aux 
mains  de  Jeanne.  Northumberland  n'a- 
vait point  négligt»  la  plus  csee.nlicWc  ,  c\j\v 


GU\  ( 

était  de  s^cm  parer  de  U  pen<ltine  de  Ma* 
rie;  mais  un  avis  secret  donné  à  cette 
princesse  dans  son  trajet  de  Kenning-hall 
à  Londres,  oii  on  avait  cherché  à  l^atti* 
rer  sous  un  prétexte  spécieux,  fit  échouer 
ce  projet. 

Edouard  expira  le  6  juillet  1553.  Nor- 
thumberland  et  ses  affidés  tinrent  secrète 
pendant  trois  jours  la  nouvelle  de  sa  mort; 
puis  ils  se  rendirent  à  Sion*house ,  lieu 
de  la  résidence  de  Jeanne,  pour  lui  no- 
tifier son  avènement  au  trône.  Le  duc  lui 
expo>a  d^abord  les  motifs  qui  avaient  dé- 
terminé le  feu  roi  à  itriver  de  la  couronne 
ses  soeurs  Marie  et  Elisabeth  ,  et ,  fléchis- 
sant le  genou  devant  elle,  il  lui  jura  que 
lui  et  ses  amis  étaient  prêts  à  répandre 
leur  sang  pour  défendre  ses  droits.  Cette 
communication  inattendue  jeta  le  trouble 
dans  Tàme  de  la  jeune  princesse,  qui,  oc- 
cupée jusqu^alors  dV*tudes  classiques  et 
religieuses ,  suivant  le  goût  de  son  siècle , 
n^avait  donné  qu^une  attention  fort  se- 
condaire aux  intérêts  de  la  politique. 
Elle  manifesta  un  regret  sincère  de  quit- 
ter sa  modeste  et  paisible  situation  pour 
les  pompes  du  rang  suprême,  donna 
quelques  larmes  à  la  mort  prématurée 
de  son  jeune  cousin,  éleva  même,  dit- 
on,  queh^ues  objections  sur  la  dé|>ossession 
de  Marie,  mais  exprima  re^|>oir  que 
«  Dieu  lui  donnerait  la  force  de  i>orter 
le  sceptre  à  la  gloire  et  à  Tavantage  de  la 
nation.  »  Elle  fut  conduite  le  jour  même 
à  la  Tour  de  I^ndre* ,  résidence  ordi- 
naire des  rois  d'Angleterre  pendant  les 
préparatifs  de  leur  couronnement ,  et  fit 
mvec  beaucoup  de  solennité  son  entrée 
dans  la  capitale.  I^  soir  de  ce  jour,  on 
distribua  au  peuple  une  proclamation  dans 
lar|uelle  les  droits  de  la  nouvelle  reine 
étaient  spécieusement  établis,  mais  que 
la  multitude,  assez  clairvoyante  pour  dé- 
mêler les  motifs  personnels  qui  faisaient 
agir  le  dur  deNorlhumlierland,  accueillit, 
suivant  IVxpression  du  docteur  Lingard, 
■ver  un  silence  prophétique. 

Cependant  Marie  n*a\ait  point  perdu 
de  temps.  Apre»  avoir  mis  sa  |>ersonne  en 
sûreté  contre  les  violences  de  ses  enne- 
mis, elle  s'était  entourée  de  ses  partisans, 
et  avait  écrit  aux  lords  du  conseil  pour 
les  si>mmer  d(*  taire  [irocUmer  sans  délai 
joii  êiênemenX  à  la  couronne.  Cette  com- 


î  )  GRA 

municttioD  étant  demeurée  sans  effet, 
elle  assembla  une  armée,  et  le  duc  de 
Northumberland  se  vit  forcé  de  sortir  de 
Londres  pour  marcher  au-devaut  d'elle. 
Son  départ  n'excita  aucune  sympathie 
dans  les  rangs  populaires.  LV\ê(|ue  de 
Londres  prêcha  sans  plus  de  succès  en 
faveur  des  droits  de  Jeanne.  Cette  in« 
différence,  qui  parut  bientôt  générale , 
commença  à  refroidir  le  zèle  de  ?^orthum- 
berland;  la  désertion  éclaircit  les  ranp 
de  ses  troupes,  qui  n'avaient  point  excédé 
8,000  hommes;  enfin  les  chefs  de  la  no- 
blesse se  déclarèrent  ouvertement  pour 
Marie,  et,  après  un  règne  éphémère  de 
neuf  jours,  pendant  le^ciuels  la  malheu- 
reuse Jeanne  n'avait  guère  connu  du 
rang  suprême  que  les  soucis  et  les  anxiétéi 
qui  Tempoisonnent ,  elle  repartit  pour 
Sion-house,  où  elle  fut  bientôt  arrètée|| 
puis  conduite  à  la  Tour  de  Londres.  Ma* 
rie  n'eut  pas  de  peine  à  reconnaître  qœ 
sa  jeune  parente  avait  été,  dans  cette  cir- 
constance, le  jouet  plutôt  (|ue  le  mobîlt 
de  I'ani))ition  de  Northumberland  ,  cl 
refusa  de  faire  exécuter  la  sentence  ca- 
pitale qui  fut  portée  contre  elle,  malgré 
les  instances  de  ses  conseillers  et  ki 
représentations  de  l'empei^ur  Charlet* 
Quint,  son  parent.  Mais  les  effets  de  m 
clémence  eurent  bientôt  un  ternie.  La 
nouvelle  du  mariage  de  la  reine  avec 
Philippe,  fils  de  (^  monarque,  servit  ch 
motifs  ou  pour  mieux  dire  de  prétexte  | 
de  vifs  mécontentements.  Le  duc  de  Saf« 
folk,  père  de  Jeanne  Gray,  fut  arrétl 
dans  le  comté  de  Warwick,  qu'il  cher- 
chait à  soulever.  Un  gentilhomme  nonft* 
mé  Thomas  AVyat  se  mit  à  la  tête  dai 
insurgés  du  comté  de  Kent,  et  marchl 
sur  Londres,  après  avuir  obtenu  quel* 
ques  avantages  sur  les  troupes  royales. 
LVfiVni  et  la  défiance  régnaient  dans  hi 
capitale  où  les  mécontents  avaient  oa 
parti  puissant  ;  le  ^ort  de  la  royauté  noa« 
velle  paraib.Nait  gravement  compromis | 
lorsque  la  fermeté,  la  présence  d*esprÛ 
de  Marie  ranimèrent  le  cM)urage  de  sas 
parti>ans.  Une  action  eut  lieu  à  Temple- 
Bar  entre  les  armées  des  deux  partis  :  la 
déroute  des  robell*»s  fut  complète,  el 
Wyat,  cerné  de  toutes  parts,  se  \it  obligé 
de  rendre  son  épée  à  un  simple  hêmyl 
d'armes.  Ce  r^nilist  dérida  la  perte  é€ 


GRà 


(â) 


GRA 


Jeamie,  dont  la  destinée  son- 
<ire  d^expîcr  les  crimes  d'ambi* 
tiM  cCrançères.  La  reine  ordonna  sa 
wmr..  Ao  jour  Sué  poor  l'exécation ,  on 
h  ftrwùt  de  dire  à  son  époux  un  dernier 
dtâ:  elle  refusa  cette  grâce  en  disant 
fK  sons  pea  d'heures  ils  se  retrouve* 
mean  dans  le  ciel.  D'une  fenétne  de  sa  ceU 
Me.  elle  ^it  conduire  Guilford  Dudiey  au 
supplice  ;  elle  lui  donna  les  derniers 
d*Qne  affection  qui  ne  s^était 
dêtnentie,  et  contempla ,  quelques 
astapf  s  après,  son  cadavre  sanglant  qu'on 
fvtait  â  la  cbapelle.  Sou  extraction  royale 
k  piéscf  11  elle -même  de  Tignominie 
#iBe  exécvilioD  publique.  Elle  monta 
faa  pas  fcnne  sur  un  échafaud  dressé 
hm  Feaceinte  de  la  Tour,  confessa  en 
|B  de  BK>ts  la  faute  qu'elle  avait  com* 
Me  en  consentant  à  la  trahison  de  Nor- 
AaBberlandy  et  s'accusa  ingénument  de 
l'itDÎr  pas  eo  le  courage  de  repousser  la 
lorsqu'elle  lui  avait  été  offerte, 
quelques  prières  prononcées 
fmt  voix  fervente,  elle  reçut  la  mort 
■«e  intrépidîté.  Ainsi  périt ,  le  1 2  février 
ii»4,  âgée  de  moins  de  17  ans,  cette 
■iHtBBce  princesse,  victime  innocente 
k  ratflKsphère  orageuse  dans  laquelle 
4ecCaît  née. 

Le  supplice  de  Jeanne  ou  Jane  Gray  a 
èi  représenté  d'une  manière  poétique  et 
dans  un  tableau  de  M.  Paul 
(vojr')9  exposé  au  Salon  de 
UU,  et  qaî  fit  alors  sur  les  spectateurs 
«  eflet  floot  tout  le  monde  a  gardé  le 
■amiir.  Jeanne  Grav  a  fourni  aussi  le 
«pet  de  plusieurs  tragédies  en  Angleterre 
tea  France.  A.  B-e. 

GEAY  Thoxa.s),  poète  anglais,  né  à 
en  1 7 1 6.  Il  reçut  5on  éducation 
â  Eton  ;  de  là,  il  passa  à  l'uni  ver- 
Éc  de  Cambridge.  Après  avoir  terminé  ses 
4ades,  il  partit  avec  lord  Walpole  pour 
^  le  tour  du  continent;  mais  il  se 
Woailla  bientôt  avec  son  compagnon  de 
^«igr  et  revint  en  Angleterre  (1741). 
Wa  père  mourut  et  lui  laissa  une  fortune 
>  aôdique  qu*il  prit  le  parti  de  retour* 
iv  à  Cambridge,  où  il  devint  bachelier 
•t  iroil  civil  àachelor  of  civil  iuw..  Il 
f  âcmeora  jusqu'à  sa  mort,  qui  eut  lieu 
e)0  juillet  1771,  ayant  été  nommé,  en 
l^tt.  prolessear  d'histoire  et  de  langues 


modernes.  Assidu  au  travail  et  infatigable 
à  l'étude,  il  bâta  lui-même  sa  mort  en 
ménageant  trop  peu  sa  santé. 

Gray  a  composé  une  fouie  de  poésies, 
dont  quelques-unes  sont  fort  belles.  Ses 
deux  odes  pindariques  The  Bard  (le 
Barde)  et  The progress  ofPoetry  (le  Pro- 
grès de  la  Poésie)  sont  peu  de  chose  :  les 
idées  sont  communes ,  les  pensées  trivia- 
les; néanmoins  chez  quelques  lecteurs  ces 
défauts  trouvent  grâce  en  faveur  de  la 
pompe,  un  peu  emphatique,  il  est  vrai, 
des  images  et  de  l'harmonie  de  la  versifi- 
cation ;  mais  ses  vrais  titres  de  gloire  se 
trouvent  dans  ses  odes  On  sprtngy  On. 
adversity^  On  thc  distant  vietv  of  Eton 
collège  et  The  Elegyin  acountry  Church 
yard. 

M.  de  Chateaubriand  a  dit  dans  son 
Essai  sur  la  littérature  anglaise  (t.  II , 
p.  279)  :  «  Gray  a  trouvé  sur  la  lyre  une 
série  d'accords  et  d'inspirations  inconnues 
de  l'antiquité.  A  lui  commence  cette  école 
de  poètes  mélancoliques  qui  s'est  trans- 
formée de  nos  jours  dans  l'école  des  poètes 
désespérés.  Le  premier  vers  de  la  célèbre 
élégie  de  Gray  est  une  traduction  presque 
littérale  de  ces  vers  délicieux  du  Dante  • 

...  Squilla  di  lontana, 
Cht  p€ija  *l  giorno  planter  eht  si  miMrv.M. 

«Dans  mon  temps,  j'ai  aussi  imité  le 
Cimetière  de  campagne,  (Qui  ne  l'a 
pas  imité?)...  L'exemple  de  Gray  prouve 
qu'un  écrivain  peut  rêver  sans  cesser  d'ê- 
tre noble  et  naturel,  sans  mépriser  Thar- 
monie.  L'ode  sur  Une  vue  lointaine  du 
collège  d'Eton  est,  dans  quelques  strophes, 
digne  de  l'élégie  sur  le  Cimetière  de  cam» 
peigne.,.  Qui  n'a  éprouvé  les  sentiments 
et  les  regrets  qu'il  y  exprime  avec  toute 
la  douceur  de  la  Mu«e  ?  Qui  ne  s'est  at- 
tendri au  souvenir  des  jeux ,  des  études , 
des  amours  de  ses  premières  années  ?  Mais 
peut-on  leur  rendre  la  vie?  Les  plaisirs 
de  la  jeunesse  reproduits  par  la  mémoire 
sont  des  ruines  vues  au  flambeau.» 

L'unedes  meilleures  éditions  des  Poems 
de  Gray  est  celle  de  WaLefield,  publiée  à 
Londresen  1786.  Uiieautrebonneédition 
est  celle  de  Parme,  Bodoni,  1793,  in-4<*. 
Toutes  ses  œuvres  ont  été  réunies  en  2 
▼ol.in-4»,Londres,1814etl816.  M.  M. 

GRAZIOSO,  mot  iuVien  c^\  s\çi\\^t 


/ 


gracieux,  gracicusemeDt.  H  sert,  loraqu^il 
est  placé  en  tête  d*un  morceau  ou  d*un 
air,  à  iodiquer  la  nuance  d'expression 
qu*il  convient  de  lui  donner.  Son  mouve- 
ment tient  le  milieu  entre  Vandante  et 
Vandantino;  il  n*est  ni  lent  ni  prompt, 
ni  traînant  ni  rapide,  mais  toujours  d^une 
grâce  expressive.  On  trouve  souvent  ce 
mot  au  commencement  des  romances 
gracieuses  et  des  grands  airs.  Quelquefois 
on  le  place  au  milieu  d*un  morceau,  quand 
celui-ci  change  d'expression.     £.  B-s. 

Au  théâtre,  particulièrement  en  Espa- 
gne, on  appelle  grazioso  le  masque  ou 
bouffon  qui  parait  sur  la  scène  sous  dif- 
férents noms  dans  les  trois  espèces  de  co- 
médies espagnoles,  mais  surtout  daus  les 
pièces  d'iutrigue  (  comrdias  de  capa  y 
espada).  Il  a  cela  de  commun  avec  Far- 
lequin  {voy,)  de  Fancien    théâtre  quMl 
est  quelquefois  comme  lui   grossier  et 
glouton;  mais  il  en  diffère  par  sa  loqua- 
cité et  par  son  naturel  craintif.  On  pourrait 
plutôt  trouver  le  modèle  de  ce  person- 
nage dans  le  Sosie  de  Plante  ou  dans  le 
Davus  et  les  autres  rôles  d'esclaves  de  Té- 
rence.  Lope  de  Véga   lui  donne  parfois 
le  caractère  d'un  lourdaud,  auquel  les 
poètes  espagnols  ajoutent  une  foule  de 
traits  accessoires,  le  peignant  tantôt  plein 
de  ruse  et  de  finesse,  et  tantôt  d'une  naî- 
▼eté  risible.  Dans  certaines  pièces,  il  y  a 
deux  grazioso  et  même  davantage.  Il  est 
rare  que  ce  rôle  serve  à  l'intrigue.  Le 
joyeux  valet  est  presque  toujours  chargé 
de  parodier  les  passions  de  son  maître,  et 
il  s'en  acquitte  souvent  de  la  manière  la 
plus  spirituelle  et  la  plus  agréable.  Dans 
les  comédies  d'Augustin  Moreto  y  Cabana, 
le  rôle  du  grazioso  se  distingue  par  les 
plus  heureuses  saillies.  C.  L. 

GRAZZINI  (AifToiiTE-FRANçois),  né 
à  Florence  en  ISO 3,  commença  par  étu- 
dier la  pharmacie.  Il  se  livra  ensuite  à  la 
littérature  avec  assez  de  succès  pour  fon- 
dera 37  ans  Facadémie  des  iVtfiraii/ri.  Pour 
se  conformer  à  l'usage  de  ces  corps  lilté- 
rmircsi  qui  voulait  qu'on  prit  en  y  entrant 
on  surnom  pluson  moins  bizarre,il  fit  alors 
choix  de  celui  de  jLo/ra  on  Dard  (poisson). 
Après  avoir  été  successivement  chancelier 
et  provéditcnr  de  cette  société  littéraire , 
Grazzini  en  fut  exclu  à  la  suite  de  que- 
rrllfs  asser.  fufîlcs.  Pour  s'en  venger,  il 


)  GH£ 

fonda,  en  lô82,  de  concert  avi^c  Br 
Caligiani,  Jean-Baplbte  Deli  et  Ba 
de  Rossi,  une  nouvelle  académie  de* 
fameuse  sous  le  nom  de  la  Crusca,  c 
trop  fidèle  à  son  titre*,  s'est  mo 
souvent  plus  soigneuse  d'éplucher  le: 
que  d'encourager  l'essor  des  pe 
Vingt  ans  après  son  expulsion ,  Gr 
rentra  au  sein  de  la  première  aca* 
qu^il  avait  fondée,  celle  des  Huti 
que  le  grand- duc  avait  érigée  en 
demie  fittrentine.  Il  mourut  à  Fie 
en  février  1588. 

Une    partie    de    ses    ouvrages 
exemple  ses  Sonnets^  Capitoli  ou 
satiriques,  recueillis  en  2  vol.    ii 
Florence,  1584,  et  son  poème  hén 
mique  de  la  Guerre  des  Monstres^ 
in-4<> ,  se  ressent  trop  de  querelles 
démiques  aujourd'hui  sans  intérê 
Comédies  y  Venise,  1582,  in-8®, 
mieux.  La  meilleure,  VJrzigngolo, 
tée  de  notre  Jifocai  PntheUn  ^  n 
imprimée  qu'en  1750,  Florence,  i 
Malgré  l'honneur  que  la  Crusca 
à  ses  écrits  de  les  placer  parmi  les 
rites  de  la  langue  {testi  di  lin^Ui 
Lasca  serait  à  peu  près  oublié  sa 
recueil  de  nouvelles,  La  prima  e  • 
conda   Cena^  Londres  (Paris),   1 
in-8%  traduit  en  frani^ais  en  177 5, 
in-8<*.  Le  traducteur  prétend  avo 
tabli  les  hiMoires  qui  manquaient 
la  troisième  partie ,  d'après  une  an< 
traduction  fram^aise  ,  manuscrite, 
œuvre  posthume  assure  à  Gra77in 
place  distinguée  parmi   les  nouvi 
italiens.  Outre  ces  ouvrages,  il  fut  i 
l'éditeur  du  deuxième  livre  des  \ 
du  Berni,  Florence,  1555,  in-8o,  e 
recueil  curieux   de  Chants  cnrnay 
7ic^j,depuis  Laurent  de  Médicis  ju; 
1 559.  Il  a  paru  à  Livourne,  en  179! 
édition  de  ses  Églogues  et  Poésies^ 
mentée  de  plusieurs  pièces  inédit 
M.  Domenico  Moreni  a  publié  On 
alla  croce  di  Grazzini^  deito  il  L 
Rome,  1822,  in-8«.  ] 

GRÉAL  (saint).  Les  mots  ^ 
graaly  greil^  graile  et  gracie  ou 

(*)  Im  Crmtf  veut  dire  I«  fton.  Oo  a  to 
primer  p»r  là  qae  la  aitsioa  de  rAi-ailAni 
de  trier  le*  exjtressioot  àc  la  langue,  c(M 
Itluteaa  «épure  le  ton  de  la  f.iriae. 


GUE 


(â) 


GKii: 


^tKsacutdesigoéfdaDS  TandenDe  langue 
,  «fabord  une  sorte  de  vase  en 
de  calîœ ,  puis  un  instrument  de 
saiibkd>le  aux  buccines: 
tôt  aifi&i  que  les  cors  et  les  trompettes 
éotftml  leurs  noms  au  rapport  de  leur 
iat  aiwec  orile  des  cornes  de  bœuf  et 
ées  trompes  dTéléphants.  Nous  nous  arré* 
>  a  celle  explication  qu*il  nous  semble 
ilnrd  de  demander ,  comme  on 
fa  fini  airaol  noos,  à  Tadjectif  latin  gra- 
tUû^  dool  Tanalo^e  avec  le  graile  re- 
mtksuil  esl  insaîsîssable  et  compléte- 
Kot  arbitraire. 

Mats  B01  n^anrioDS  pas  consacré  au 
■M  gréai  BB  article  particulier  si  Ton  n*y 
Mail  pss  anlrefob  attacbé  un  autre  sens 
■jsiii|ae,  aoe  idée  religieuse  et  pour 
■HÎ  dire  cabalistique.  La  légende  du 
Qiémi  oa  saint  Gréai  remonte  aux  pre- 
■ios  siècles  du  christianisme  et  se  lie  au 
fbs  grand  mTSlère  de  la  théologie  chré* 
iesne,  aa  Mcrement  de  l'Eucharistie. 
EHe  csi  fooilée  sur  la  tradition  du  souper 
et  SiMnn  If  T  éprcnx»  dernier  repas  dans 
kfKi  Jésus,  rompant  le  pain  et  parla- 
pat  le  ¥111,  s'écria  :  Ceci  est  mon  corps  y 
teci  est  mon  sang;  puis  recommanda  à 
de  garder  à  jamais  la  mé- 
de  ces  paroles.  Or,  à  cette  réu- 
WBm  se  trouwt  (et  la  légende  commence 
ki .  Joseph  d'Aiimathie ,  l'un  des  cen- 
de  Ponce-Pilate.  Cet  homme  de 
et  craignant  Dieu  fit  une  atten- 
particulière  au  vase  dans  lequel 
TiHM  Cliiiiî  avait  bu  et  rompu  le  pain, 
iprà  la  mort  du  Sauveur,  il  s'empressa 
f  aller  trouver  Pilate  et  de  lui  demander 
le  salaire  de  ses  services  comme  centurion 
■ilitaire.  Pour  unique  paiement,  il  solli- 
diaît  le  calice  de  Simon-le -Lépreux. 
Filale  s'cmprciia  de  le  satisfaire,  et  c'est 
duM  ce  gréai  que  Joseph  recueillit  les 
fuiitcs  <le  sang  qui  sortaient  des  plaies 
4i  Sanveur  quand  on  descendit  le  corps 
de  la  croix.  Apres  l'inhumation,  la  résur- 
rection et  l'ascension,  Joseph  conserva, 
comme  la  plus  précieuse  relique,  ce  vais- 
Wèu  déjà  plusieurs  fois  humecté  du  sang 
é^  Rédempteur  de  l'humanité,  ce  vaisseau 
éeuloé  à  tant  exalter  l'imagination  des 
«crÎTains  du  moyen-âge,  sous  le  nom  fa- 
de saint  Gréai. 
La  croix ,  les  cinq  clous,  b  couronne 


d'épine,  Téponge  et  la  lance  réveillent 
encore  aujourd'hui  autant  de  mystérieux 
souvenirs  de  la  Passion  du  Sauveur  :  com- 
ment n'en  aurait-il  pas  été  de  même  du 
calice  dans  lequel  Jésus  avait  institué  le 
plus  mystérieux  des' sacrements!  Dans  la 
ïbule  des  évangiles  apocryphes  {voy,)  on 
a  distingué  V Évangile  ilc  Nicotlème  :  ce 
compagnon  de  Joseph  et  Joseph  lui-même 
y  tiennent  une  place  importante,  et  l'on 
y  retrouve ,  à  peu  de  choses  près,  ce  que 
nous  venons  de  dire  du  vase  de  Simon- 
ie-Lépreux. Aussi  ne  peut-on  trop  s'é- 
tonner du  silence  presque  complet  que 
nos  écrivains  ecclésiastiques  et  profanes 
ont  gardé  sur  une  tradition  liée  si  intime- 
ment d'un  côté  à  l'institution  de  l'Eucha- 
ristie, de  l'autre  à  la  plus  vaste  série  dfe 
productions  poétiques,  les  romans  de  la 
Table  ronde;  ces demieri,  en  effet,  sont 
tous  fondés  sur  la  légende  du  snut 
Gréai.  D'où  provenait  ce  nom  de  gréai 
dans  l'acception  de  calice?  les  ronumoiers 
du  xii^  siècle  l'avaient  déjà  oublié  :  ils 
supposaient  gratuitement  qu'il  avait  été 
pris  de  la  saveur  agréable  qu'il  répandait 
dans  les  lieux  où  on  le  conservait.  Plus 
tard,  on  réunit  les  deux  mots,  pub  on  les 
écrivit  saing^réaly  et  on  les  expliqua  tan- 
tôt comme  sang  royal  ^  tantôt  comme 
sang  réel  :  rien  n'était  plus  plausible. 
Biais  le  mot  de  gréai j  appliqué  très  an- 
ciennement à  des  vases  tels  que  les  calices, 
et  qui  n'avaient  rien  de  sacré ,  le  même 
mot  presque  toujours  nommé  sans  être 
précédé  de  l'adjectif  saintj  dans  les  ro- 
mans de  la  Table  ronde,  tout  cela  justifie 
suffisamment  le  sens  et  l'orthographe  que 
nous  adoptons  ici. 

L'Église  put  fort  bien  condamner  les 
évangiles  apocryphes  fondés  sur  les  aven- 
tures de  Joseph  d'Arimathie  et  de  la 
sainte  femme  appelée  fort  inexactement 
sainte  \  éronique  {vor,  l'art.),  mais  il  ne 
lui  fut  pas  accordé  d'en  faire  disparaître 
complètement  le  souvenir.  L'institution 
fameuse  de  la  Table  ronde,  attribuée  au 
roi  Arthus  (vojr,  l'article),  est  fondée 
sur  cette  légende  hétérodoxe.  Les  mer- 
veilles qu'on  racontait  du  saint  Gréai,  le 
prix  qu'on  attachait  à  sa  recherche,  à  sa 
possession,  tel  est  le  centre  vers  lequel 
gravitent  toutes  les  prophéties  de  Merlin 
(voy.) y  tous  les  coups  de  lance  d'Ar«> 


GK£ 


(6) 


GRE 


thut  et  de  ses  compagnons,  en  un  mot 
tous  les  prodigieux  événements  qui  se  pas- 
saient le  plus  communément  du  monde 
au  temps  où  florissait  la  Dame  du  Lac, 
le  Morhout  d'Irlande,  le  tendre  Lancelot 
et  Tamoureux  neveu  du  roi  de  Cor- 
nouailles.  Expliquons  en  peu  de  mots 
comment  des  idées  si  distinctes  ont  pu  se 
trouver  liées  et  former  un  corps  raisonné 
de  doctrine  sous  la  plume  des  bardes 
bretons  et  des  plus  anciens  écrivains 
français. 

Parmi  les  apôtres  de  la  Grande-Bre- 
tagne, les  chroniques  nomment  un  certain 
évèque  Joseph,  qui,  venu  d'Afrique  et  en- 
voyé par  saint  Augustin,  parvint  à  con- 
vertir Tun  des  roitelets  de  Tile  d'Albion. 
Ce  Joseph,  en  s'adressani  à  des  païens  qui 
ignoraient  les  sublimes  vérités  du  chris- 
tianisme, leur  Gt-il  connaître  le  livre  des 
évangiles  en  même  temps  que  le  nom  du 
Dieu  qui  Tavait  inspiré?  Il  est  permis 
d*en  douter.  Trop  heureux  d'avoir  pu 
faire  comprendre  quelques-uns  des  points 
les  plus  importants  de  la  nouvelle  doc- 
trine, comme  l'immortalité  des  âmes,  la 
Passion  et  la  résurrection  de  Jésus-Christ, 
il   n'aura   pas    nettement   distingué   les 
oroyances  adoptées  par  les  premiers  con- 
ciles et  celles  que  renfermaient  les  évan- 
giles apocryphes.  Peut-être  lui-même  ne 
faisait- il  pas  clairement  ces  épurations. 
Quoi  qu'il  en  soit  (et,  quand  on  a  suivi  le 
mouvement  intellectuel  du  moyen -àgeyCela 
n*a  rien  que  de  vraisemblable),  Joseph,  le 
missionnaire  du  m*  siècle ,  fut  bientôt 
confondu  dans  la  Grande-Bretagne  avec 
le  centurion  de  l'Évangile,  Joseph  d'Ari- 
mathie.  Mais  |K>ur  reconnaître  dans  le 
contemporain  de  Jésus  l'envoyé  de  saint 
Augustin,  on   comprit    la   nécessité   de 
plusieurs  miracles.  Par  bonheur,  rien  n'é- 
tait alors  cru  plus  facilement  que  les  ré- 
citât parfaitement  incro)ables  :  ou  trouva 
donc  à  point  nommé  que  Joseph  d'Ari- 
mathie  avait  passé  le:(  mers  qui  séparaient 
la  Judi^e  de  l'Angleterre  par  le  secours  du 
pan  (If  s/t  chemise  qu'il  avait  étendu  en 
guise  de  gouvernail.  Ou  ajouta  qu'à  peine 
arrivé ,  il    avait  consacré  sou  fiU  et  ses 
nombreux  neveux,  l'un,  premier  évêque 
de  la  Brcta<;ne,  les  autres,  rois  chrétiens, 
successeurs  des  rois  païens  exterminés  ou 
'onvertis.  Ainsi  toute  la  série  des  souve- 


rains et  des  prélats  de  la  contrée  remos 
tait  en  ligne  directe  et  légitime  à  1 
consécration  des  disciples  de  Jésus  o 
à  la  famille  de  Joseph  d'Arimathi« 
Mais  ces  récits  ne  suffisaient  pas  encoi 
à  la  curiosité  des  fidèles  :  les  siècles  k 
plus  ignorants  sont  aussi  les  plus  ai 
dents  à  demander  l'origine  des  choses 
ils  ne  veulent  douter  de  rien ,  et  l'ex 
plication  la  plus  révoltante  les  satia 
fait  mieux  (]ue  l'absence  de  toute  expU 
cation.  A  cette  question  :  De  quel  eirtk 
Joseph  iVÀrimathicavait''Upu  institiu 
des  évequcs?  on  ne  répondit  pas  par  k 
paroles  de  Jésus-Christ  rapportées  dai 
l'Évangile,  mais  par  Thbtoire  du  Gréa] 
On  dit  que,  les  Juifs  ayant  tenu  Josep 
en  prison  pendant  50  ans,  la  possessio 
du  saint  calice  ra\ait  maintenu  dans  un 
jeunesse  perpétuelle.  On  dit  que  Jésui 
Christ,  en  le  faisant  délivrer  de  sa  capti 
vite  par  Vespasien,  lui  avait  enseigné  k 
paroles  de  la  messe,  et  l'avait  chargé  d 
renouveler  chaque  jour  la  cène  de  Simos 
le-Lépreux.  Ainsi  le  mystère  de  la  Trans 
substantiation  s'opérait  dans .  le  sait 
Gréai,  parce  qu'en  effet  ce  vase  ava 
précédemment  contenu  la  dernière  coup 
de  vin  vidée  par  le  Sauveur  et  les  der 
nières  gouttes  de  son  sang  répandues  ss 
la  croix.  Le  dépositaire  du  saint  Gréi 
pouvait  seul  transférer  aux  autres  calica 
faits  à  son  imitation,  quelques-unes  ck 
mystérieuses  propriétés  du  vase  réel  ;  < 
seul  il  pouvait  aussi  communiquer 
d'autres  le  pouvoir  d'évoquer  le  corps  < 
le  sang  de  Jésus-Christ,  c'est-à-dire  con 
férer  l'ordre  du  sacerdoce  chrétien. 

Entre  autres  privilèges  accordés  ai 
possesseur  du  saint  Créai,  on  reconnais- 
sait celui  d'une  jeunesse  perpétuelle:  aioi 
Joseph,  qui  avait,  grâce  à  cette  haute  &• 
veur,  vécu  plus  de  deux  siècles,  ne  • 
mit  à  vieillir  qu'après  avoir  investi  d 
son  autorité  et  du  saint  Gréai  son  fil 
Josrphe  ou  Josephes.  Ce  dernier,  qu 
préférait  encore  les  joies  du  Paradis  à  celle 
d'un  printemps  éternel  sur  la  terre,  coo- 
sacra  à  son  tour  l'un  de  ses  parents  en  si 
place;  et  c'est  lui,  je  crois,  qui,  sous  k 
nom  de  rt)i  Pécheur^  vivait  encore  dam 
un  monastère  ignoré  au  temps  que  ré« 
gnait  le  roi  Arthus  et  que  tous  les  che%a« 
lier»  accomyLisiaieot  les  é^éaeoients  pro- 


GRE  ( 

pbétsê  coBine  préconenrs  de  U  décou- 
va«  in  précieux  calice.  Les  romans  de 
b  IiUe  roode   nous   disent  bien   que 
rVanfiir  de  le  Toir  était  réservé  à  Par- 
tml  je  GaiHois,  fib  de  Lancelot  du  Lac, 
■Hi  îb  gardent  an  prudent  silence  sur 
k  4f^*»*^^  du  saint  Gréai  après  les  évé- 
ntnts  qui  forment  le  sujet  de  leur  ré- 
dL  On  a  pensé  qu^il  avait  été  transporté 
èm  file  d*Avalon,  où  le  roi  Arthus  était 
défe  chercher  et  Tavait  sans  doute  trou- 
ai puisque  les  Bretons  n'ont  jamais  cessé 
f  opérer  le  retour  de  ce  fameux  conque* 
obL  Quoi  qu^il  en  soit,  la  même  légende 
et  mial  Gréai  a  été  souvent  admise  au- 
èia  et  \m  Grande-Bretagne  :  plusieurs 
é^faei  4e  France  et  d'Italie  prétendirent 
bpiMiédcr,   et  Loub  XII  rapporta  de 
Céna  «ne  coupe  de  granit  ou  de  grès 
ftt  VoÊÈ  Ténérait  comme  ayant  figuré  à 
k  tdble  de  Simoo-le-Lépreux.  Ce  Gréai 
flt  CDOore    aujourd'hui   conservé   dans 
■Ire  naaée  royal  du  Louvre.. 

Deux  branches  des  romans  de  la  Ta- 
Ih  ronde  rappellent  spécialement  le 
mm  de  cette  ooupe  merveilleuse  :  la  pre* 
■are  lert  cTintroduction  au  récit;  l'autre, 
■M  le  titre  de  la  Quête  du  saint  Gréai, 
m  affre  fai  oondusion  ;  on  l'appelle  aussi 
fnlqncfoii  iantort  iT Arthus.  ÀlaU,  pour 
KiB  étudier  œscompositions  singulières, 
lae  faut  pas  s'en  rapporter  aux  éditions 
les  seules  qu'on  en  possède 
:  il  IkuC  rechercher  les  nombreux 
que  l'on  en  conserve  dans  la 
fhpart  des  bibliothèques  publiques,  et 
■rtoot  dans  celles  de  Paris.  Foy,  Table 
loinyc.  P.  P. 

GRËBE  fpodiceps) ,  genre  d'oiseaux 

plongeurs  de  Tordredes  palmipèdes(  iTo^.), 

ctaaxqœb  un  corpsoblong,  situé  presque 

verticalement  sur  des  tarses  assez  courts, 

■e  tète  arrondie ,  entourée  de  longues 

phaes  et  portée  par  un  long  cou ,  un  bec 

ions  et  droit ,  des  yeux  à  fleur  de  tète , 

rafasence  de  queue ,  donnent  une  physio- 

lomie  toute  particulière.  Leur  plumage 

at  lastré ,  comme  celui  des  espèces  qui 

psent  une  partie  de  leur  vie  dans  l'eau. 

Ln  çrèbes,  en  efTet,  nagent  aussi  bien 

mTM  volent  et  marchent  mal.  Leur  nour- 

mare  consiste  en  poisson,  en  insectes, 

m  plantes  marines.  Leur  chair  a  une  sa- 

HIV  désagréable.  Cinq  espèio» vivent  en 


1) 


GRE 


Europe ,  et  se  voient  plus  ou  moins  fré-* 
quemment  en  France.  Celle  qui  est  la 
plus  répandue  dans  ce  dernier  pays  est  le 
grèbe  huppé ,  long  de  18  à  20  pouces^ 
brun  dans  les  parties  supérieures,  blanc 
argenté  dessous ,  avec  deux  bouquets  da 
plumes  dirigées  en  arrière  de  chaque 
côté  de  la  face,  qui  est  blanchâtre.  Vien- 
nent ensuite  les  grèbes  cornu ,  oreiUard, 
ainsi  nommés  de  la  disposition  des  plu- 
mes de  leur  té^e  et  le  grèbe  castagneux^ 
le  plus  petit  de  tous.  C.  S*tk. 

GRÈCE.  Le  nom  de  ce  pays  si  célèbre 
depub  les  temps  antiques  vient  d'une  des 
anciennes  races  qui  l'ont  habité,  les 
r/3aexo^(Aristot.,  Meteor.y  I,  14),  en  la- 
tin Grœci,  d'où  nous  avons  fait  le  mot  de 
Grecs  et  de  Grèce.  Cette  race,  une  des 
principales  de  la  ligue  hellénique,  ha> 
bitait  les  pays  qui  prirent  ensuite  les  noms 
de  Tbessalie  et  de  Thesprotie ,  ou  ce  que 
l'on  comprenait  sous  le  nom  à^HtUade , 
d'après  Hellen;  le  dernier  mot,  ayant  pris 
le  dessus ,  fit  oublier  celui  de  Tpaixol ,  et 
on  ne  parla  plus  que  Ôl  Hellènes.  Cepen- 
dant les  Romains  désignèrent  sous  le 
nom  de  Grœci  toutes  les  races  du  pays  , 
et  cet  usage  a  prévalu. 

L   Géographie  comparée.  Au  temps 
de  son  plus  grand  développement  politi- 
que, la  Grèce  fut  divisée  en  trois  parties 
principales  :  P  la  Grèce  du  nord  (Thessa- 
lie,  Épire,  Macédoine),  qui,  plus  ancien- 
nement ,  était  regardée  comme  en  dehors 
de  l'Hellade  et  comme  habitée   par  des 
Barbares  ;  2<>  la  Grèce  du  milieu  ou  la 
Grèce  continentale  proprement  dite(Acar'' 
nanie,  Étolie,  Doride,  Locride,  Phocide, 
Béotie,Attique, Mégaride);  3«  le  Pélopo- 
nèse,  appelé  aujourd'hui  Morée  (Corinthe 
et  Sicyone  sur  l'bthme ,  Achàîe ,  Élide  , 
Messénie,  Laconie,  Argolide  et  Arcadie, 
voy.  tous  ces  noms).  Il  faut  encore  ratta- 
cher à  l'ancienne  Hellade  un  grand  nom- 
bre d'iles,  parmi  lesquelles  nous  citerons, 
dans  la  mer  Ionien  ne:  Corcyre  (Corfou), 
Céphalonie,  Ithaque  :Theaki),  Zacynthe 
(Zante\  Cythère  (Céripo),  Crète(Candie); 
sur  les  côtes  de  l'Argolide,  Sphaeria,  Ca- 
lauria .'  Poros) ,  avec  les  nombreuses  peti- 
tes îles  groupées  dans  le  golfe  d'Argos; 
enfin  Égine  et  Salamine  (Coluri\  sur  les 
cotes  de  l'Attique;  dans  la  mer  Egée,  Car- 
pathos  (Scarpanto),  Rhodes  et  Chy|[»re^ 


GKE  (8 

ensuite  les  Iles  de  rArchipel,  parmi  les- 
quelles oo  compte  les  Cyclades  {vojr.)  occi- 
dentales, Mycone,  Délos,  Ténos,  Audros, 
loSyNaxos,  Paros,  etc.;  à  Test,  lesS|K)rades 
(voy,),  Cos  (Staochio),  Patmos,  Samos, 
Chios,  Lesbos,  aux(|uelles  on  réunit  Téué- 
dos  (Adassi ',  Lemnos  (Stalimène),Imbros, 
la  Samothrace,  Thasos,  Scyroset  Ëubée 
(Nègrepont\  De  plus ,  les  côtes  de  TAsie 
vobintrs  de  THellcspoot  étaient  peuplées 
de  colonies  grecques.  Du  temps  du  Bas- 
Empire,  Byzance  (i^o^'.)  fut  la  capitale  d*un 
empire  grec  ;  la  Grèce  était  alors  à  peu 
près  tout  ce  que  la  Turquie  d^Europe  de- 
vint dans  la  suite.  La  Grèce  a  donc  chan- 
gé de  limites  en  divers  temps  ;  et  ce  nom, 
qui,dans  Tantiquité,  a  désigné  une  réunion 
de  petits  royaumes  et  de  petites  républi- 
ques, appartint  plus  tard  à  un  vaste  empire 
autrement  étendu  et  limité ,  comme  au- 
jourd'hui le  royaume  de  la  Grèce  a  en- 
core une  étendue  et  des  limites  différen- 
tes. Ce  dernier  se  compose  de  la  Morée , 
des  lies  de  la  mer  Êgéc  et  d^une  partie  de 
l'ancien  continent  grec,  qui  sera  spécifiée 
plus  loin.  Toutes  ces  contrées  sont  com- 
prises entre  36  et  40«  de  lat.  nord,  et 
entre  18  et  23»  de  long.  est.  Depuis  Tex- 
pédition  scientifique  ordonnée  par  legou- 
Ternement  fran^'ais  en  1839,  le  sol  de 
ce  pays,  surtout  dans  la  Morée,  nous  est 
mieux  connu  qu*il  ne  Ta  été  aux  anciens 
Grecs  même,  et  des  cartes  très  détaillées 
ont  été  publiées  pour  la  géographie  des 
diverses  contrées  de  la  Grèce  *. 

m  Ce  pays ,  disent  les  auteurs  de  Tou- 
\rage  sur  Texpédition  en  Morée**,  a  une 
physionomie  si  prononcée  qu'on  ne  peut 
manquer  d'en  être  frappé  à  la  vue  des 
cartes  les  plus  imparfaites.  L'énorme  es- 
carpement de  ses  rivages  et  leur  forme 
dentelée  et  morcelée,  des  mers  semées 
d*iles  nombreuses  qui  ne  sont  que  les  pics 
d'une  région  sous-marine  plus  profondé- 
■wnt  accidentée  que  le  continent  lui-mê- 
me, suffiraient  pour  la  distinguer  de  toutes 
les  parties  de  l'ancien  monde  dont  les  ri- 
▼agfs  offrent  de  longues  courbes  dessinées 
avec  une  étonnante  régularité.  Eu  outre, 

(*)  Exffèduiom  âcitnuji^uêdë  Morte,  wct.  des 
•ricttcfit  phjaiqact,  l.  1,  rrl.itiou  ;  t.  Il,  géogra- 
phie et  pi-ologivi  t.  HT.  loolo^ir  et  butuoiqur; 
Pari*.  tH3;-3H.  gr.  in-^*,  4*r«-  «tla»  îu-f«il. 

(-)lk,d,t.  II.  |i«rt.u' 


) 


GHE 


«n  y 


au  lieu  des  riches  et  vastes  plaines  du  nord 
de  l'Europe ,  nous  ne  trouvons  dans  l*ni- 
térieur  du  continent  grec  qu'une  régioB 
âpre  et  mon  tueuse  semée  de  quelqiiei 
petites  plaines  fertiles.  On  dirait  que  km 
grandes  fractures  qui  ont  produit  les 
tagnes  de  l'Europe  se  sont  toutes 
sées  ici  de  manière  à  n'y  rien  laisser  em 
place  et  à  diviser  le  sol  en  une  multitude  àm 
petits  bassins  fermés,  ou  ne  communiquant 
entre  eux  que  par  des  gorges  profondes.  • 
On  peut  grouper  les  montagnes  de  kl 
Grèce  en  plusieurs  systèmes  :  c'est  d*abofd 
l'Olympe,  maintenant  Lâcha ^  haut  éà 
7,000  pieds ,  avec  ses  embranchemeali 
qui  au  nord-ouest  se  lient  au  Piode  pw 
le  Bounenos  et  le  Sarrakina  ,  et  an  iMvd 
vont  se  joindre  aux  chaînes  de  mom 
de  la  Dalmatie  et  de  1*11  ly rie;  puis  le 
tème  du  Pinde  (aujourd'hui  Mfxwo^o 
Agrafa) ,  le  plus  élevé  de  la  Grèce,  a; 
8,000  pieds  :  il  tient  à  la  chaîne  de 
tagnes  qui  s'étend  depuis  l'Albanie  j 
qu'à  Lcpante ,  et  traverse  la  Morée, 
formant  les  montagnes  de  PArcadie  et  !• 
mont  Taygète ,  pour  aboutir  an  cap 
tapan .  Les  montagnes  de  l' Achaîe  foi 
un  autre  système  qui  s'étend  depoia  la 
mont  Vofdia  jusqu'au  Siria ,  et  compfwai 
les  monts  Smerna,  Zigos,  Phanari  et  ¥4» 
lonidia.  L'itrymanthe,  4*  s^-stème, 
la  Morée ,  se  compose  des  chaînes  da 
vrias  et  du  Vezitza,  et  de  celle  de  1' 
lide,  et  parait  se  prolonger  dans  les  Vim 
d'Égine,  Hydra,  Sikina,  Nicaria,  A 
gos  et  Cos  jusqu'à  l'Asie-Mineure. 
tites  chaînes  à  arêtct  très  marquées  q«i 
hérissent  la  presqu'île  de  TArgolide  al 
l'Achaîe  maritime,  et  auxquelles  sa  rai» 
tachent  les  monts  Géraniens  de  l'istbmeda 
Corinthe,  peuvent  être  regardées  rnmaar 
appartenant  toutes  à  un  système  parlicn-» 
lier,  désigné  sous  le  nom  d'Argoliqvt. 
On  remarque  parmi  ces  chaînons  lei  moali 
Adhères  dans  rArgolide,qui  se  termincot 
à  la  baie  de  Vourlia,  les  monta  ILbeli  on 
Arachnées,el  les  monts  d'Angelo-Kastm» 
au  midi  de  Corinthe.  Le  Ténarc,  qui  finit 
au  cap  de  ce  nom,  et  qui  n*e$t  qu'un  pro- 
longement duTaygcte  de  la  Laconie,(bnne 
un  G^  système ,  dans  lequel  on  signale  la 
montagne  de  Sauta-Méri,  qui  s*élè%e  en- 
tre deux  vallées  profondes.Le  terrain  1er* 
tiaire  d<*signé  |Mr  le  nom  de  sttUa|>enuiu 


II 
'I 


i: 


4 


GRE  (9 

tbol  «iftUNir  de  U  Morée,  un  ni- 
àtiOO  à  3M  mètres;  à  rexcepUon 

les  allavioos  an- 
à  d*aaBez  grandes  bau- 
TaUées  qui  débouchent  vers  la 
^jéoiopjÊitB  croient  avoir  reconnu 
h  position  horizontale  et  élevée  de 
tertiaires  l'eflet  de  soulève- 
rég^iliers ,  mais  successi&,  tandis 
la  forme  arrondie  du 
et  do  Voidia  l'influence  de 
icironlaires.  Les  monts  Olym- 
prcseotent  des  formations  an- 
ifoe  granits ,  gneiss,  mica- 
argileux  ,  stéascbistes  et 
i.  Une  grande  partie  du  sol 
éth  Grèce  coosiste,  comme  dans  d'autres 
adjacentes  à  la  Méditerranée, 
aecoodairesy  leb  que  .calcaire 
Bamcox ,  silex  rouge  et  gris , 
etc.  Les  lies  ne  présentent  guère 
imên»  terrains  cfoe  des  primordiaux: 
coi  Éaipinil  ,  cui  gneiss,  du  micaschiste 
C  ém  Hiairhiiitr   Les  chaînes  de  monta- 
dbngeot  généralement  du  nord- 
Dans  la  Morée,  il  y  a 
étendus  de  mica- 
roches  magnésiennes,  des 
gfaadolcox,  des  quarzites,  des 
Ealcaréo*talqoenses ,  avecdessub- 
■étilliqnrij  telles  que  or,  argent, 
;  c'est  surtout  le  calcaire 
,  avec  des  marbres  rouges  et  verts, 
nosme  dans  toutes  les  oon- 
à  la  Méditerranée ,  depuis 
joaqa'an  Liban.  Ce  terrain 
a  une  profondeur  de  près  de 
On  ne  sait  s'il  faut  com- 
ice terrain  le  marbre  siliceux 
qui  neaapporte  aucune  for- 
I  et  ne  contient  aucun  corps 
C*est<iansla  petite  chai- 
wméthjk/anvoÊÊO^tn  Laconie,  qu'on  trou- 
f  on  porphyre  vert  antique.  Dans 
,  on  ngnair  deux  formations  ter- 
I  disûnctes  :  la  plus  ancienne  des 
lits  allematifr  depou- 
nrins  et  de  sables  pro- 
ém  la  décomposition  des  roches  de 
qai  hordaîeot  la  péninsule;  ces 
it  jttK{o*â  une  élévation 
lyMO  pieds  k  lerraia  de  craie  redressé; 
I  ne  les fmnve qœ dans  le  nord  delà 
Une  seconde  fonnation  tertiaire. 


) 


GHE 


composée  de  marnes  bleues  ou  verdâtres 
avec  ligoites  et  de  graviers ,  git  au  bas  des 
montagnes ,  et  sa  hauteur  n'est  que  de 
300  mètres  au  plus.  Elle  remplît  la  val- 
lée de  la  Laconie,  forme  le  plateau  entre 
Coron  et  Navarin  ,  s'étend  sur  l'Élide  et 
la  Messénie,  et  sur  une  partie  de  l'Achaîe. 
On  y  trouve  près  de  200  espèces  de  co- 
quilles fossiles,  les  mêmes  qu'on  rencontre 
dans  la  formation  subapennine.  L'Ile  de 
Spezzia  présente  presque  tout  entière  le 
premier  de  ces  terrains.  C'est  dans  le  pe- 
tit archipel  du  Diable,  faisant  partie  des 
Sporades,  que  M.  Virlet  a  trouvé  le  seul 
terrain  lacustre  à  lignites    de    quelque 
étendue  qui  soit  en  Grèce.  Il  est  du  moins 
plus  considérable  qu'un  autre  semblable 
qui  s'étend  le  long  de  l'Alphée,  en  Morée. 
Quant  au  système  volcanique,  on  le  re- 
connaît aux  trachytes  de  la  presqu'île  de 
Methana  dans  le  golfe  d'Athènes,  en  Mo- 
rée, des  Iles  de  Santorin,  Milo,  l'Argen- 
tière,  Polino,  Polycandros,  Poros,  Égine, 
Scyros,  et  de  quelques  autres  lies  moins 
considérables  Ji  Santorin  (Thera),  les  érup- 
tions volcaniques  ont  continué  jusqu'amx 
temps  modernes;  les  trois  petites  Iles 
Kayméniy  c'est-à-dire  Brûlées,  indiquent 
par  leur  nom  les  effets  des  volcans  sous- 
marins  qui  les  ont  fait  naître  :  l'uned'elles, 
Hiéra,  était  consacrée   dans  l'antiquité 
aux  dieux  infernaux;  Thia  sortit  de  la 
mer  au  commencement  de  l'ère  chré- 
tienne;  la  troisième,  désignée  par  les  Grecs 
sous  le  nom  de  MikTo^Kayméné^  ou  Pe- 
tite-Brûlée, se  forma  au  xvi*  siècle.  Au 
milieu   du  siècle  suivant,  une  nouvelle 
éruption  sous-marine  se  manifesta  par 
des  tremblements  de  terre,  des  détona- 
tions, des  tourbillons  de  fumée  et  de 
cendres,  mais  sans  produire  d*iles  nou- 
velles. Au  commencement  du  xviii*  siè- 
cle, il  en  surgit  une  qu^on  appelle  la 
Noit9€Ue~Brutée',  elle  n'est  séparée  que 
par  un  petit  canal  de  la  Petite-Brûlée. 
Depuis  1707,  il  n'y  a  point  eu  de  phéno- 
mènes semblables,  et  le  foyer  volcanique 
an-dessous  de  ces  îles  paraît  avoir  perdu 
son  ancienne  activité.  On  suppose  que  très 
anciennement  il  existait  sur  remplace- 
ment de  ces  Iles  un  grand  cône  par  lequel 
le  foyer  volcanique  lançait  ses  laves,  et  qui 
s'est  écroulé  à  la  suite  lie  quelque  forte 
commotion,  peut-être  la  m^me  qui  a  eu- 


GUK 


(12 


CKË 


trées  eufenuées  entre  les  inoutagties  et  la 
mer  y  a  certainement  contribué.  L^àprelé 
des  régions  montueuses  a  donné  quelque 
chose  de  belliqueux  à  certaines  races,  tan- 
dis que  d'autres  étaient  amollies  par  la 
grande  douceur  du  climat  sous  lequel  elles 
vivaient.  La  facilité  des  communications 
maritimes  a  dû  bâter  la  civilisation  de 
la  Grèce  et  faciliter  le  commerce,  la  colo- 
nisation en  pays  étranger.  Enfin  les  arts 
trouvèrent,  dans  les  entrailles  de  cette 
terre  classique,  les  beaux  marbres  qu'im- 
mortalisa le  ciseau  des  Praxitèle  et  des 
Phidias,  et  avec  lesquels  on  construisit  ces 
temples  et  ces  palais  antiques,  modèles 
tublimes  de  goût  et  de  magnificence, 
dont  les  restes  dbpersés  captivent  par- 
tout Tattention  du  voyageur.         D-G. 

II.  Siatistique  du  royaume  de  Grèce, 
On  a  vu  plus  haut  que,  d'après  sa  situa- 
tion géographique,  la  Grèce  se  divise  na- 
turellement en  trois  parties  :  la  presqu'île 
de  Morée,  le  continent  et  les  îles.  Sa  su- 
perficie totale  est  de  900  milles  carrés 
géographiques  (ce  qui  fait  environ  3,ô00 
lieues  carrées,  chiftre  qu'on  a  porté  jus- 
qu*à3y7ôO  lieues);  les  trois  septièmes  en- 
viron sont  pour  la  Morée,  trois  autres 
septièmes  pour  le  continent  et  un  septième 
pour  les  îles.  Un  décret  du  15  avril  1833 
avait  partagé  le  royaume  en  8  départe- 
■ients(/ioiiio/),  et  bientôt  après  ce  nombre 
se  trouva  porté  à  1 0  par  l'adjonction  des 
deux  nomes  insulaires  des  Iles  Cyclades  et 
de  TEubée.  Ces  nomes  éuient  subdivisés 
en  64  éparehies  composées  chacune  de 
plusieurs  communes.  Le  nombre  total  des 
communes  était  de  468.  I^  plupart  des 
nomes  tlàeséparehies  portaient  d'anciens 
noms  historiques.  Au  mobde  juin  1836, 
pour  simplifier  la  machine  gouvernemen- 
tale et  accélérer  l'expédition  des  affaires, 
on  divisa  la  Grèce  en  80  goupememeniSj 
tout  en  conservant  provisoirement  les 
éparehies  comme  subdivisions.  A  la  tête 
de  chaque  gouvernement  fut  placé  un 
gouverneur  relevant  immédiatement  du 
ministère  et  avec  un  traitement  modique 
de  3,600  à  4,800  drachmes  qui  équi- 
vaut à  autant  de  francs  (v'iy.  Deachme). 
Dans  les  19  gouvernements  qui  compre- 
naient plus  d'une  é|)archie,  le  gouverneur 
avait  sous  lui  un  suus -gouverneur  avec 
un  traitement  da  3,400  drachmes.  Le 


nombi'c  de  ces  sous-gouvemeurs  fut  ce* 
pendant  réduit  à  7  au  uob  de  juillel 
1 838  et  celui  des  gouvemeurs  à  34.  Voie' 
l'état  actuel  de  ces  34  gouvernements  : 

V  Jrgoltdcy  chef-lieu  Nanplie,  avM 
le  sous-gouvernement  de  Spezzia  etd'HnKhi 
mione;  3**  ffydrOj  ayant  le  chef-liea  dm 
même  nom;  3*  Corùithe^  chef- lieu  Si- 
cyone;  A^  Achaie  ^  chef- lieu  Patraa; 
5«  /Cr^of /Ar, chef-lieu  Calavitra;  ^""ÈUde^ 
chef- lieu  Pyrgos;  7*  Triphjlie^ 
lieu  Kyparissia;  8*  Messénie^  chef-tt 
Calamata  (  sous  -  gouvernement  Phyli| 
chef-lieu  Ph>lo6  ou  Navarin);  9^  JVSmM" 
tinéCj  chef-lieu  Tripolizza;  10*  Gofil^ 
nia^  chef-lieu  Carythène;  W  LiseéM 
moncy  chef-lieu  Sparte;  13®  Laconiem 
Maïna,  chef-lieu  Ariopolis;  \t^  Éêoliê^ 
chef -lieu  Missolonghi  (sous-gouverwh 
ment  Trichonia ,  chef  -  lieu  AgrinicM  1 
\A^  Acurnanie^  chef-lieu  Amphîlochi* 
con  ou  Argos;  lo«  Eurytania^  cbef-lÎM 
Oîchalia;  16®  Phocide^  chef-lieu 
phissa;  M**  Phûiiotidey  chef- lieu 
(sous-  gouvernement  Locride,  cbcf-liai 
Aulante);  18®  Atiiquey  chef-lieu  AtU^ 
oes  (sous  -  gouvernement  Mégaride  « 
Égine,  chef- lieu  Mégare);  lO""  Béogm^ 
chef-lieu  Libadia;  30®  Euùée,  cbef-lifl 
Chalcis  (sous-  gouvernement  les  tlea  irai 
sines,  chef-lieu,  Skiathos);  31®  Tinosm 
AndroSy  chef- lieu  Tiuos;  33®  Syra^ 
les  autres  Cyclades,  chef-lieu  11 
polis  ou  Syra  (sous-gouvernement  Milo^ 
8yphnos,KJmolos,  Pholegandros,Sikiiioi| 
chef-lieu  Milos);  33®  Naxos  et  Paroê 
chef-lieu  Naxos;  34®  Thera^  avec  lea  lia 
environnantes,  chef- lieu Thera. 

Les  communes  sont  divisées  en  troii 
classes,  selon  le  nombre  de  leurs  habitantt: 
la  première  classe  comprend  celles  qui  ool 
une  population  de  plus  de  10,000  àoMt: 
il  n'y  en  a  que  4  ;  la  seconde,  celles,  an 
nombre  de  83,  qui  comptent  de  4  i 
5,000  habitants;  les  38 1  autres,  qui  n*M 
ont  que  1,000  environ,  rentrent  dana  b 
trobième.  La  population  totale  s'élevait| 
à  la  fin  de  18S7,  à  860,000  àmcs,  popu- 
lation relativement  très  faible,  puisqu*ellt 
ne  donne  pas  1,000  habitants  par 
carré.  Nauplie,  centre  du  gouv 
depuis  la  régence,  a  dû  céder  le  titre  dt 
capitale  à  Athènes  (iwr-)»  proclamée  talb 
le  33  février   1834.  U  roi  Olhon  t> 


GRE 


(18) 


GRÉ 


Hffti  stTtc  sa  ooar  le  5  décembre 
tfyCt  y  fat  suivi  y  le  1*'  janvier 
,  pr  tous  les  employés  supérieurs 
■vcmemeot  central.  Athènes  avait 
ilièreflueot  souffert  pendant  la  guer- 
riodépendance  ;  en   1833,  cette 
ooplait  à  peine  7,000  habitants 
iOO  mai^ofi*^  à  moitié  tombées  en 
An  mois  de  mars  1837,  elle  en 
léjà    18,000.  L'excédant  des  nais- 
sor  les  décès  dans  les  trois  der- 
années  a  beaucoup  accru  la  popu- 
Aa  royaume  et  Taccroitra  encore, 
e  la  Morée,  par  exemple,  n'a  pas 
i  des  habitants  qu'elle  comptait  au 
ûècle.  Cependant  les  dissensions  in- 
es,  l'appauvrissement  de  certaines 
s,  la  dévastation  des  forêts  d'oli- 
:  ie  triste  état  de  l'économie  rurale, 
t  le  manque  de  chevaux  et  de  bétes 
es,  semblent  devoir  s'opposer  long- 
encore  à  la  prospérité  du  royaume 
ner  lieu  à  de  fréquentes  éroigra- 
or  le  territoire  turc,  comme  cela 
1  â^m  les  années  1832  à  1834. 
4q;ae  faible  que  soit  encore  la  po- 
m,  Tagricalture  ne  peut  cependant 
[Ere  aux  besoins,  très  bornés  d'ail- 
lés habitants.  Elle  ne  reçoit  aucune 
d'encouragement;  les  travaux  les 
ides  sont  à  peine  payés,  et  les  pro- 
i  foncières  appartiennent  en  ma- 
MTtie  à  l'état  ou  à  TÉglUe.  Ce  sont 
itrées  les  plus  fertiles  qui  ont  été 
Ément  les  plus  négligées  pendant  la 
;.  Cependant,  de  1836  à  1838,  on 
Bé  avec  activité  les  travaux  de  des- 
Deot.  La  forêt  d'oliviers  près  d'A- 
. ,  et  toute  la  plaine  jusqu'au  Pirée 
Phalères ,   inondée   régulièrement 
e  année  depuis  le  mois  de  novem- 
squ'à  la  fin  de  mai  par  le  déborde- 
du  Céphise,  ont  été  mises  à  l'abri 
ïmblables  dévastations,  qui  ne  se 
tvelleront  pla^  si  Ton  entretient  avec 
es  ouvrages  qu'on  leur  a  opposés. 
tioe  près  d'Astros,  sur  la  côte  orien- 
lo  golfe  de  Nauplie,  a  été  également 
:bée,  et  l'on  a  creusé  des  canaux  sou- 
ns  pour  l'écoulement  des  eaux  des 
is  du  Parthénion,   qui   traverse  la 
e  de  Tripolizza.  Les  mines  attendent 
e   qu'on  s'occupe  sérieusement  tto' 
•xploitation ,  et  si  tout  reste  à  faire 


sous  ce  rapport ,  il  faut  l'attribuer  sans 
doute  principalement  à  la  pénurie  du  tré- 
sor; l'état  manque  de  capitaux  pour  s'ou- 
vrir de  nouvelles  sources  de  revenus ,  et  sa 
situation  précaire  n'est  pas  propre  à  en- 
gager des  particuliers  ou  des  sociétés  à  se 
lancer  dans  de  grandes  entreprises.  L'in- 
dustrie est  dans  un  état  bien  plus  triste  en- 
core :  les  produits  des  fabriques  des  pays 
les  plus  pauvres  de  l'Europe  méridio- 
nale, de  la  Sicile,  du  Portugal  et  de  l'Es- 
pagne, sont  des  chefs-d'œuvre  en  compa- 
raison de  ceux  de  la  Grèce.  On  a  recours 
à  l'étranger  même  pour  les  objets  les  plus 
communs  de  commodité  domestique;  et 
quoique  les  habitants  les  plus  riches  soient 
accoutumés  à  s'imposer  toutes  sortes  de 
privations,  ils  peuvent  à  peine  se  procurer 
les  choses  nécessaires  par  l'échange  de 
leurs  grossiers  produits. 

C'est  le  commerce  qui  a  fondé  l'indé- 
pendance de  la  Grèce  :  aussi  se  trouve- t-îl 
lié  de  la  manière  la  plus  intime  au  déve- 
loppement politique  du  nouveau  royaume. 
Le  gouvernement  fait  donc  tous  ses  ef- 
forts pour  donner  plus  d'activité  et  une 
base  de  plus  en  plus  solide  aux  transac- 
tions commerciales,  sources  fort  impor- 
tantes aujourd'hui  de  bien-être  et  pour  les 
particuliers  et  pour  l'état.  Les  tribunaux 
de  commerce  de  Nauplie,  de  Patras  et 
de  Svra,  qui  rendaient  de  médiocres  ser- 
vices, ont  été  remplacés,  en  vertu  d'un 
décret  du  27  juin  1836,  par  des  cham- 
bres de  commerce  mieux  organisées. 
Composées  de  membres  librement  élus 
par  les  négociants  domiciliés,  ces  cham- 
bres doivent  communiquer  au  gouver- 
nement les  résultats  de  leur  expérience 
en  tout  ce  qui  touche  au  commerce,  et 
veiller  à  l'exécution  de  toutes  les  mesures 
prescrites  dans  son  intérêt.  Il  y  a  en  ou- 
tre à  Athènes  un  comité  général  du  com- 
merce auquel  chaque  chambre  a  le  droit 
d'envoyer  un  député.  Ce  comité  est  pré- 
sidé par  le  ministre  de  l'intérieur;  on  le 
consulte  sur  les  intérêts  généraux  du  Com- 
merce, et  il  a  le  droit  de  soumettre  di- 
rectement au  roi  ses  vœux  et  ses  projets. 
Cependant  le  commerce  intérieur  n*a  pas 
encore  pris  beaucoup  de  développement, 
et  c'est  seulement  depuis  deux  ans  environ 
que,  grâce  à  la  construction  de  quelques 
rnutesj  es  habitantsde  l'intérieur  des  ICYt^^ 


GRE 


(1«) 


GRE 


contre  le  gouTememeiit.  U  fut  donc  né- 
œttaîre  d*établir  la  oonacriptioD  an  mois 
d^avril  1838,  et,  la  même  année,  Tarmée 
fat  rédoite  à  6,000  hommes,  c'est-à-dire 
aux  trois  quarts  pour  cent  enriron  de  la 
population.  L'infanterie  ne  compte  plus 
que  5  bataillons  nationaux,  dont  3 
d'infanterie  de  ligne  et  2  de  chasseurs. 
Le  régiment  de  cavalerie  a  été  réduit  de 
6  à  4  escadrons,  le  corps  d'artillerie 
diminué  de  444  hommes;  et  néan- 
moins il  fut  possible,  dans  l'automne  de 
1838 ,  d'envoyer  en  congé  à  peu  près 
le  quart  de  la  force  armée,  mesure  que 
dictait  le  besoin  d'économies.  La  marine 
grecque  ne  consistait,  pendant  la  guerre, 
qu'en  navires  de  commerce  armés  en 
guerre ,  et*,  tant  que  la  lutte  dura ,  on  ne 
construisit  que  quelques  petits  bâtiments 
de  guerre  destinés  à  composer  une  flotte 
avec  ceux  qui  avaient  été  conquis  sur  les 
Turcs.  Elle  compte  à  présent  32  navires 
armés  en  guerre,  dont  les  deux  plus  gros 
sont  3  corvettes  de  32  et  de  26  canons  ; 
à  l'exception  de  2  bateaux  à  vapeur  et 
de  2  bricks,  le  reste  ne  consiste  guère 
qu'en  chaloupes  canonnières  armées  d'un 
ou  de  deux  canons.  La  marine  entière 
possède  120  canons  et  demande  1,650 
hommes  d^équipage. 

Lorsque  Tindépendance  de  la  Grèce 
fut  reconnue ,  les  finances  étaient  dans  le 
plus  triste  état.  On  demandait  à  un  pays 
pauvre  en  argent  et  horriblement  ravagé 
de  fournir  les  moyens  de  fonder  une  ad* 
ministration  régulière  qui  le  défendit  à 
l'intérieur  et  à  Textérieur.  De  même  qu'il 
ne  devait  sa  liberté  qu'aux  puissants  se- 
cours de  l'étranger,  de  même  l'étranger 
seul  pouvait  l'établir  sur  des  bases  solides. 
La  France,  TAngleterre  et  la  Russie ,si- 
gnataires  du  traité  du  6  juillet  1827,  ga- 
rantirent, chacune  pour  un  tiers,  un  em- 
prunt de  60  millions  dont  la  Grèce  ne 
toucha  réellement  que  les  trois  quarts, 
puisque  la  Porte  reçut  13  millions  pour 
tles  dédommagements  pécuniaires  stipulés 
par  le  traité  de  paix  conclu  avec  elle.  Dans 
la  première  année  du  règne  d'Othon ,  la 
régence  trouva  un  déficit  de  6,600,000 
drachmes.  Les  revenus  ne  s'élevèrent 
qu*ji  7,042,553  drachmes,  et  les  dépen- 
ses montèrent,  en  1833,  à  13,630,617 
dnu^hme^.   L*année  suivante,  le  déficit 


fut  même  de  10,600,000  drachoM 
recettes  ayant  été  de  9,445,410  d 
mes  et  les  dépenses  de  20,150,00« 
1835,  il  y  eut  un  déficit  moindre,  et 
cettess'élevèrentà  1 0,700,000  drac 
tandis  qne  les  dépenses  descendiren 
millions.  L'année  1836  fut  encon 
favorable:  le  déficit  tomba  a  3,7 0( 
drachmes,  les  recettes  s'étant  élevée 
qu'à  11,300,000.  Mais  les  intéré 
emprunts  suivant  une  marche  i 
dante,  le  déficit  fut  presque  dou 
revint  à  la  somme  de  6,500,000  < 
mes.  n  était  impossible  d'espérer  i 
croissement  des  recettes  qui,  en 
avaient  été  évaluées  à  1 6,500,000  < 
mes  dans  le  budget  ordinaire,  ! 
dont  il  fallait  déduire  les  dix-cen 
pour  les  frais  de  perception.  L'impc 
cier  donna  6,500,000  drachmes;  1 
sur  les  bestiaux  2  millions;  les  d 
une  somme  pareille ,  perçue  par  2 
ployés  dont  la  négligence  coupabl 
sait  perdre  au  trésor  la  moitié  de  la  : 
qui  aurait  dû  y  rentrer  d'après  le 
le  timbre  500,000  drachmes,  et  1 
sur  le  sel  450,000.  Le  budget  des  de 
a  été  fixé  à  22  millions,  dont  6,32 
c'est-à-dire  près  du  tiers,  pour  V 
tien  de  l'armée,  et  2,660, 1 60  pour 
rine.  La  liste  civile  est  d'un  mill 
drachmes ,  sans  compter  les  rêver 
biens  nationaux  qui  ont  été  assig 
roi.  Le  budget  particulier  de  Tinsti 
publique  se  monte  à  44 1,000  dra< 
celui  de  la  justice  à  1,577,288.  L 
publique  ne  parait  pas  encore  av 
entièrement  régularisée,  et  nous 
quons  là-dessus  de  toutes  donnée 
cielles.  Cependant  les  renseignenM 
plus  récents  tendent  à  faire  croire 
ne  se  monte  pas  à  moins  de  1 80  n 
de  drachmes,  dont  un  liei*s  enviroi 
les  intérêts  arriérés.  (1 

IIL  Histoire,  De  tous  les  pays  d< 
rope,  la  Grèce  est  celui  dont  l'histc 

(*)  Cett  k  Pan*  des  dcmièrM  llTraltoa 
dm  C.  L.  der  Gêgtmmmrtt  précieax  toppléi 

K-aod  oovrag«,  oa«  aiNH  avont  «aiproa 
•aocaricas  <i«Usilmtion  ai-tnelUd'ai 
ae  c||oi  date  d*lii«r  et  ao  saJAi  daqael  oi 
rvratt  qii*il  a«  fAt  pat  dc  riable,  aprè*  lei 
qae  le*  gooTerovineots  aat«i  bt«a  que  1 
met  géaéreux  d«  toaa  \et  pavi ,  oot  (a\ 
Tappaler  à  ose  tsiitanca  indépeadantr. 


GAE  (  1 

mcmht  k  pfas  haut  et  offre  peut-être  le 

pin  Variété.  Lm  Grèee  étant  redereDue 

«inrABÎ,  quant  à  ses  limites,  ce  qu'elle 

<lîili  j  a  près  de  3,000  ans,  nous  de- 

■Mai  éciidier  le  sort  et  les  ricissitudes 

èm  kHit  ce  long  espace  de  temps,  pen* 

la  nation  hellénique,  succes- 

•oamise  aux  Macédoniens,  aux 

anx  Tares,  et  partiellement  aux 

Bx  Vénitiens,  envahie  d'ailleurs 

|V  les  Barbares,  les  Goths,  les  Slaves,  etc., 

tieçn  an  allta^  étranger  et  s'est  même 

m  pHtîe  transformée,  mab  sao9  oublier 

m  traditions  nationales,  sans  renoncer  à 

teilage  de  gloire  inséparable  du  nom 

èGfcce. 

Four  BÛaux  nous  orienter  dans  cette 

de  30  siècles,  nous  la  présen- 

trois  grandes  divisions  :  1^ 

tmiiqmiié^  jusqu'à  la  chute  de  la  Ligue 

llfaaii I    (146   ans  av.  J.-C);   2°  le 

mjiM  <iyf,  jusqu'à  l'entière  conquête  de 

k  Grèce  par  les  Othomans ,  à  la  fin  du 

;  et  3<*  irs  temps  modemeSy  jus- 

Férection  du  royaume  constitu- 

de  Grèce  et  jusqu'à  nos  jours.  Cha- 

■tde  ces  grandes  époques  se  subdivisera 

iphiitiii  I  périodes. 

1*  L* antiquité^  époque  divisée  en  cinq 

bien  distinctes  qui  sont  :  1^  l'âge 

et  héroïque,  jusqu'à  la  fin  de  la 

de  Troie,  vers  l'an  1200  av.  J.-C; 

2*  rhîatoire  du  développement  de  la  na- 

Haaliié    hellénique,   de   la    formation 

faae  politique  grecque  et  d'un  gouver- 

t  réglé,  depuis  la  guerre  de  Troie 

Taui  commencement  de  celle  contre 

500  av.  J.-C;  V*  la  période 

é^hplns  grande  gloire  de  la  Grèce,  jus- 

p'a  û  suprématie  de  Sparte  et  la  fin  de 

b  gacsTe  du  Péloponnèse  ,  404  ans  av. 

JLfC.  ;  4*  sa  décadence  intérieure,  jusqu'à 

fffaMrginnm!  de  la  puissance  macédo- 

cn  Grèce  par  la  bataille  de  Ché- 

338  av.  J.-C;  h^  enfin,  depub 

époque  jusqu'à  la  destruction  de  la 

h  grecque,  après  la  prise  de  Co- 

par  les  Romains,  146 ans  av.  J.-C. 

mythique  trouve  son  explication 

ce  besoin  particulier  au  vieil  esprit 

de  personnifier  autant  que  possible 

Ib  idées  qui  l'avaient  frappé,  et  de  les 

ft«êlir  d^on  corps  pour  les  rendre  per- 

«iftlbles  à  la  masse.  La  séparation  origi- 

Entyrlop.  d,  <?.  rf,  Hf.  Tr>roe  XJ//. 


7)  GRE 

nuire  des  différentes  tribus,  qui  avaient 
apporté  chacune  ses  traditions,  donna 
au  mythe  grec  cette  diversité  qu'on  ne 
retrouve  pas  ailleurs.  Dans  l'esprit  des 
Grecs,  l'idée  de  la  Divinité  se  transformait 
en  un  monde  de  dieux  qui  présentaient 
l'idéal  de  la  beauté  du  corps  et  de  la 
perfection  intellectuelle,  et,  par  une  dé- 
duction logique ,  elle  éveillait  en  eux  un 
sentiment  puissant  de  la  grandeur  et  de 
la  perfection  de  Tbomme,  et  créait  ce 
monde  de  héros  intermédiaires  entre  les 
dieux  et  les  hommes  qui  donnait  à  l'exis- 
tence un  relief  particulier.  Dès  les  temps 
les  plus  reculés,  des  poètes  épiques  surent 
revêtir  les  traditions  originaires  des  formes 
les  plus  attrayantes;  ils  leur  donnèrent 
un  intérêt  national  en  les  rapportant  au 
pays  en  général,  et  développèrent  dans 
le  peuple,  avec  le  sentiment  du  beau,  l'a- 
mour des  arts  et  de  l'éloquence.  Les  ré- 
sultats de  cette  tendance  furent  admira- 
bles: l'élévation  des  idées,  la  force  de  la 
pensée ,  la  justesse  des  vues  pratiques  se 
montrèrent  chez  lui  à  un  point  que  l'hom- 
me a  rarement  atteint  ailleurs.  Quant  à  la 
valeur  matérielle  de  ces  mythes,  elle  se 
borne  à  peu  près  à  avoir  conservé  les  élé- 
ments de  la  plus  ancienne  histoire  des 
races  et  des  héros ,  valeur  moins  impor- 
tante qu'on  ne  croit ,  car  en  voulant  re- 
monter, par  le  moyen  du  mythe,  aux 
traces  de  l'histoire  primitive  et  tirer  la  vé- 
rité historique  de  son  enveloppe ,  on  le 
détruit  lui-môme  avec  tout  ce  qu'il  ren- 
ferme de  révélations  sous  le  voile  allégo- 
rique. Si,  au  contraire,  nous  considérons 
le  mythe  de  la  même  manière  que  les 
Grecs,  c'est-à-dire  comme  un  essai  de 
mettre  en  harmonie  le  monde  des  idées 
et  celui  de  la  réalité,  il  n'est  pas  seule- 
ment pour  nous  un  document  précieux 
pour  l'étude  de  l'histoire  intellectuelle  du 
peuple  grec  dans  les  temps  les  plus  recu- 
lés, mais  l'explication  de  toute  sa  vie,  des 
causes  de  sa  rapide  élévation,  et  ensuite  de 
sa  décadence;  car  ce  caractère  poétique 
qui  traverse  toute  l'histoire  grecque  prend 
sa  source  dans  ce  monde  de  dieux  et  de 
héros,  et  s'évanouit  avec  la  perte  du 
sealîment  religieux.  Dans  l'âge  héroïque 
postérieur,  l'élément  historique  se  des- 
sine avec  plus  de  précision,  mais  pour  le 
reconnaître  il  faut  d'abord  examiner  queU 


GRE  ( 

igtaient  les  éléments  constitutifs  de  l'an- 
cien peuple  grec. 

En  première  ligne  se  présentent  les  Pé- 
las^eset  les  Hellènes.  Ce  n^étaient  peut-être 
(vof,  T.  VIII,  p.  435,  que  deux  rameaux 
d'une  mémesouche  originaire  d^Asie,  ma'is 
cependant  ils  s'étaient  développés  d'une 
manière  diflérente.  Les  Pétasses  [voy,) 
parurent  d'abord  dans  le  Péloponnèse,  s'é- 
tendirent ensuite  au  nord  vers  TAttique 
et  les  contrées  septentrionales,  et,  chassés 
plus  tard  par  les  Hellènes,  prirent  pos- 
session de  quelques  iles  de  la  mer  Egée  y 
de  Lemnos  et  d'Imbros.  De  petits  déta- 
chements allèrent  jus({u'aux  iles  occiden- 
tales ou  aux  côtes  voisines  et  se  fondirent 
avec  les  populations  indigènes.  Leur  his- 
toire nous  offre  peu  de  hauts- faib*  et  de 
héros,  mais  les  traces  d'une  civili-^ation 
assez  avancée.  Leur  agriculture,  les  soins 
donnés  à  l'élève  des  bestiaux,  à  la  culture 
de  l'olivier,  surtout  en  Atlique,  la  fonda- 
tion d'Argos  et  de  Sicyone,  les  murs  cy- 
clopéens,  les  dômes  souterrains  de  Mycène 
et  d'Orchomène ,  l'idée  plus  pure  de  la 
Divinité  formulée  dans  l'oracle  du  Jupiter 
pélasgique  à  Dodone  et  de  la  Thémis  de 
Delphes,  et  qui  se  continua  probablement 
dans  les  doctrines  secrètes  de  la  divinité 
de  Samothrace ,  telles  sont  les  preuves 
qu'on  en  peut  fournir.Les//<'///v/r'r <;  voy,), 
au  contraire,d'abord  le  plus  faible  des  deux 
rameaux,  mais  (jui  dominèrent  bientôt 
sur  le  continent  et  dans  quel(|ucs  iles,  se 
firent  remarquer  par  un  esprit  vif  et  par 
une  vie  active  qui  explique  leur  division 
en  quatre  branches  principales  sous  les 
noms  d'Éoliens,  d'Achéens,  d'Ioniens  et 
de  Doriens,  qu'ils  avaient  pris,  d'après  le 
mythe,  de^  noms  des  fils  de  Deucalion, 
f|ui  avait  été  l'unique  chef  de  toute  la 
famille.  Les  ÉoViens,  qui  les  premiers  s'ea 
séparèrent ,  occupèrent  plusieurs  points 
de  la  Grèce  du  nord,  lulkos  et  Phères, 
en  Thessalie  ;  la  Piérie  et  la  Péonie ,  en 
Macédoine  ;  l'Athamanie  de  l'Epire  ;  et 
au  sud,  en  Béotie,  Orchomène ,  puis  la 
Phocide  ,  Tl^tolie  ,  la  Locride,  l'Ararna- 
nie,  l'isthme  de  Corinthe  et  une  par* 
tîe  du  ÏVloponnèv.  I.,es  Ioniens  s'rta- 
blirent  dans  l'Ail i»|ur,  -ur  In  côte  nord  du 
Pélo|M»nnèse  (rrgia!<»e),  sur  quelques 
poinLn  de  l'Argolide,  de  la  Messénie  et  de 
î'Arcadie,  dans  la  Grèce  centrale,  en  Réo- 


18  )  GRE 

tie,  en  Phocide,  en  Acarnanie,  et  d 
iles  d'Eubéc  et  de  Céphalonie.  C 
plus  tard  du  continent  grec  par  le 
riens  (v/j.  ),  ils  se  portèrent  sur  \i 
occidentale  de  l'Asie-  Mineure  i^Ioni 
Achéens,  après  la  séparation,  occu] 
d'abord  la  Laconie  et  l'Argolide, 
durent  faire  place  aux  Doriens,  cl  c 
s'établirent  dans  l'Ionie,  qui  prit  d 
nom  d'Achaîe.  Les  Dorions  enfin,  s 
àts  autres,  se  répandirent  autoi 
Pinde  et  jusqu'en  Macédoine,  et  plu 
sous  la  conduite  des  Héraclides ,  é 
rent  leur  domination  dans  le  Pél 
nèse.  C'est  du  xvi*  au  xiv*  siècle  av 
qu'eurent  lieu  les  migrations  des 
helléniques.  Le  mélange  dVlénients 
gers  avec  ces  éléments  primordiau' 
est  expli(|ué  par  le  mythe,  (|uand  i 
de  migrations  venues  de  l'Asie  et  ci 
fri(|ue.  Ain>i  on  expliipie  l'intluei 
l'hgypte  sur  la  civili>ation  grec(]ue 
venue  en  Attiiiue  de  Cécrops  de  Saîj 
ans  av.  J.-C.,  et  de  Danaûs,  de  ( 
mis,  dans  la  Haute- Egypte,  tôOO 
J.-C;  mais  nous  avons  fait  voir  a 
{vny.  Cécrops,  Danaus,  etc.)  quell 
jertions  s'élèvent  contre  Tauthenti 
ces  traditions.  Quoi  (|u*il  en  soit  au  r 
celle  qui  attribue  à  Cécrops  et  à  sa  i 
tion  l'introduction  à  Athènes  du  cm 
la  Minerve  do  Saîset  le  partage  de l'i* 
en  (lou/.e  tribus  '^r,uot\  à  Danaû 
troduction  du  culte  de  Vénus,  e 
Clle.1  celui  desTiiesmophories  lyny.  *, 
c^t  pas  moins  vrai  que  d'irrécusab 
moignages  accusent  des  relations  fc 
cienncs  de  l'itgypte  avec  la  Grèce, 
révèlent  aussi  dans  les  monumei 
arts.  On  peut  en  dire  autant  des  I 
de  la  Phénicie  avec  la  Grèce,  q 
voulu  personnifier  dans  C^dmus  j 
Il  est  au  moins  incontestable  que  c 
pie  navigateur  a  (orme  des  établissi 
sur  divers  points  des  côtes  du  cot 
de  la  Grèce,  dans  les  iles  de  Rhod 
Oète ,  de  Thasos ,  et  sur  le  Panj 
Thrare.  Enfin  les  relations  préco 
l'Asie- Mineure  avec  la  Grèce  sont 
sonnifiées,  daii>  la  tradition,  par  l'éi 
souicnt  »les  iVlojtiile'.,  famille  phryg 
sur  plusieurs  parties  du  continent 
de  cette  famille  que  toute  la  péc 
méridionale  aurait  reçu  le  nom  de 


GRE 


(19) 


GRË 


■;cC  Ton  reconnaît,  en  effet,  des 
et  y  II  ig;r  àe  colonies  phrygiennes 
FeiMttt,  à  travers  TArcadie,  Argos, 
r,  Trézèoe,  Épidaure  et  Cléonée. 
le,  c*ètmit  un  des  principaux  traits 
Ktère  grec  que  leur  facilité  à  ac- 
tes étrangers  et  à  les  assimiler  à 
et  cette  tendance  est  surtout 
ble  dans  les  deux  siècles  qui  ont 
:  la  çoerre  de  Troie.  L'originalité 
ie  grec  n*en  souffrit  nullement;  la 
et  Fart  n'en  conservèrent  pas 
rbez  eux  lear  physionomie  parti- 
,   leur  nationalité,  dans  tous  les 

lat   rapporter  aussi  à  Tâge  hé- 
la marche  que  suivirent  les  pre- 
éveloppeaients  politiques,  la  for- 
de  certaines  idées  sur  les  dieux  et 
laws,  la  consécration  de  la  pro- 
la  cessation  des  guerres  particu- 
rinstitutton  du  culte  de  divinités 
oes  et  des  oracles  de  Dodone  et  de 
s,  qui  ne  tardèrent  pas  à  acquérir 
portance  politique  et  dont  le  der- 
nna  naissance  au  tribunal  helléni- 
I  Amphictyons  (i^r.).  On  peut  y 
ter  encore  la  constitution  du  peuple 
rses  classes  et  la  démarcation  tran- 
stre  les  héros  et  le  peuple  qui  se 
t  vis-à-vis  d>ux  dans  une  espèce 
endanee  :  de  là  naquit,  d'une  part, 
raté    héroïque,    et,    de  Vautre, 
blée  populaire  qui,  d'ahord  auto- 
liciaire  et  délibérative,  devint  la 
s  constitutions  démocratiques  pos- 
es. Avec  la  guerre  de  Troie  finit 
jroîque,  et  avec  lui  cet  esprit  d'a- 
B  qai  sVtait  révélé  déjà  par  Tex- 
a  des  Argonautes  en  Colchide  et 
tVe   des  sept  chefs  devant  Thèbes 
AmGO!r/ki7TKS,  Épigones,  Teoie). 
rre  de  Troie  est  surtout  importante 
bÊstoire  de  la  Grèce  parce  que  c'est 
nier  grand  acte  des  Hellènes  réunis 
ps  de  nation;  qu'elle  fit  naître  et 
Ht  longtemps  par  le  souvenir  l'es- 
itîonal ,  et  fut  le  sujet  des  poèmes 
îques  que  toute  la  nation  s'appro- 
•t  qui  ont  tant  contribué  à  la  civi- 
■  de  la  Grèce. 

reronde  période  de  l'histoire  de  la 
Grèce,  celle  surtout  où  se  dévelop- 
natîofMdîté,  dora  environ  700  ans 


et  fut  marquée  par  trob  grands  événé-^ 
ments  :  les  migrations  doriennes,  l'ex- 
tension de  la  puissance  grecque  par  ses 
colonies  de  l'est  et  de  Touest,  et  enfin  la 
formation  des  constitutions  républicaines. 
C'est  à  elle  qu'il  faut  remonter  pour  arriver 
à  l'antagonbme  des  deux  races  principa- 
les, de  la  race  dorienne  et  de  la  race  ionien- 
ne (voX'  T.  VIII,  p.  435),  antagonisme 
que  Sparte  et  Athènes  montrèrent  dans 
leur  plus  haute  expression,  et  qui,  après  les 
guerres  médiques  contre  les  Perses,  amena 
entre  ces  deux  principes  une  lutte  à  mort. 
Les  migrations  doriennes,  ainsi  nom- 
mées parce  que  l'élément  dorien  y  était 
prédominant,  furent  provoquées  soit  par 
l'excès  de  la  population,  soit  par  des 
troubles  intérieurs  qui  rendirent  néces- 
saire le  déplacement  des  partis  vaincus. 
Les  traditions  du  vieux  mythe  hellénique 
mettent  les  Héraclides  (voy.)  à  la  tête  des 
tribus  qui  pénétrèrent,  vers  l'an  1100 
avant  J.'^C,  dans  le  Péloponnèse.  Les  Do- 
riens  (  v/-),  sous  Aristodème,  Téménuset 
Cresphonte,  occupèrent  Corinthe,  Argos, 
Sparte  et  Messène,  et,  beaucoup  plus 
tardj  fondèrent  des  colonies  sur  la  côte 
sud  de  la  Carie,  ainsi  que  dans  les  iles  de 
Rhodes  et  de  Cos.  Tarente,  Héraclée, 
Brindes,  dans  la  Basse-Italie,  leur  durent 
l'existence.    En   Sicile,    Messine, 


aussi 


fondée  par  les  Corinthiens,    Syracuse, 
par  les  Messéniens,  Gela,  qui  donna  nais- 
sance à  la  riche  Agrigente,  par  les  Rho« 
diens,  étaient  également  des  villes  do- 
riennes. Entre  l'an  800  et  l'an  600  av. 
J.-C.  fleurirent  les  colonies  de  la  mer 
Pïoire  et  de  la  Propontide  :  Lampsaque  , 
Perinthe,  Byzance,  Chalcédoine,  en  fu- 
rent les  plus  remarquables.  On  peut  en- 
core  y   ajouter   Héraclée  de  Bithynie, 
Sinope  en  Paphlagonie,  Amisus  et  Tré- 
bizonde,  dans  le  Pont,  Tanali,  sur  la  rive 
septentrionale  de  l'Euxin ,  et  sur  la  rive 
occidentale,  Tomi,  Apollooie  et  Salmy- 
dessus.  Les  Éoliens ,  qui  avaient  suivi  les 
Doriens,  s'établirent  en  Élide,  et,  presque 
en  même  temps,  fondèrent  leurs  premières 
colonies,  Smyrne  et  Cyme,  sur  les  côtes  de 
la  Carie  et  de  la  Mysie,  et  ensuite  celles 
de  Ténédos  et  de  Mitylène,  dans  Tile  de 
Lesbos.  LesAchéens,repoussésde  l'isthme 
après  une  longue  résistance,  pénétrèrent 
sur  la  côte  nord  du  Pélopounè&tel  euev<« 


GRË 


(20^ 


GRB 


puisèrent  les  Ioniens,  qui  se  réfugièrent 
en  partie  chez  leurs  compatriotes  de  PAtii- 
que  et  en  partie  sur  les  côtes  de  T Asie-Mi- 
neure. Du  reste,  le  mouvement  ne  s^était 
pas  borné  au  continent  hellénique,  car 
Crotone  et  Sybaris,  dans  la  Basse-Italie, 
étaient  des  colonies  achéennes.  Un  peu 
plus  tard,  des  Ioniens  partis  du  Pélopon- 
nèse, de  TAttique,  de  la  Phocide,  de 
Thèbes  et  de  TEubée,  colonisïèrent  les 
côtes  sud  de  la  Lydie  et  la  côte  nord  de  la 
Carie,  qui  retint  dans  la  suite  le  nom 
d*Ionie.  Un  sanctuaire  commun,  dédié  à 
Neptune  Héliconien,  réunissait  les  douze 
villes  ioniennes  dans  des  fêtes  et  des  dé- 
libérations communes.  Les  plus  impor- 
tantes de  ces  villes  étaient  Phocée,  Clazo- 
mènes,  Colophon,  Ephèse  et  Milet,  la 
métropole  de  ces  brillantes  colonies,  bien- 
tôt égalées  par  les  colonies  ioniennes  de 
Chios  et  de  Samos.  Thuris,  Rhegium, 
Élée,  Cumes,  Maples,  dans  la  Grande- 
Grèce  ;  dans  la  Sicile,  Léontium,  Catane 
et  Tauromenium  furent  aussi  des  colooies 
des  Ioniens.  Les  colonies  de  la  côte  nord 
de  la  mer  Egée,  de  la  Thrace,  de  la  Ma- 
cédoine, appartiennent  à  un  temps  pos- 
térieur et  furent  la  plupart  fondées  par 
Corintbeet  Athènes,  lorsque  ces  villes,  en 
augmentant  leur  marine,  eurent  reconnu 
Timportance  de  possessions  sur  le  con- 
tinent baigné  par  la  mer  Egée.  Amphi- 
polis,  Chalcis,  Potidée  et  Olynthe  eurent 
surtout  une  haute  importance  politique; 
enfin  quelques  colonies  en  Sardaigne  et 
en  Corde,  Marseille  dans  la  Gaule,  Sa- 
gonte  en  Espagne,  C}  rènc  sur  la  côte  nord 
de  FAfrique,  ferment  le  cercle  des  co- 
lonies helléniques  à  Touest. 

Pendantquecesmigrations  répandaient 
ainsi  à  Textérieur  le  génie  et  la  civilisa- 
tion grecs,  ils  se  révélèrent  Tun  et  Tautre 
à  rintérieur  par  la  création  de  consti- 
tutions républicaines  dont  les  éléments 
existaient  déjà  dans  Tàge  héroïque,  et 
qua  préparèrent  mer\-eilleu8ement,  d'un 
côté  la  longue  absence  des  chefs  qui 
avaient  pris  part  à  la  guerre  de  Troie, 
et  de  l'autre  les  mouvements  qui  accom- 
pagnèrent les  migrations  doriennct.  La 
royauté  héroïque  fut  remplacée  par  l'a- 
ristocratie ou  la  démocratie,  avec  des  in- 
tervalles d'oligarchie  et  d'ochlocratie,  de 
tyrannie  même,  comme  par  exemple  dans 


ilt 


ir 


les  états  démocratiques  d*origine  dorien 
ne  en  Sicile.  En  général,  le  principe  arii 
tocratique  prévalut  chez  les  Doriena^  ln'": 
démocratie  chez  les  Ioniens;  et  plus  taid  v 
nous  retrouverons  dans  Sparte  et  AthèiiM^  >= 
qui  représentaient  ces  deux  tendanes:. 
opposées,  la  lutte  acharnée  dea  dcos  i. 
principes.  rz 

Le  siècle  qui  précéda  la  guerre  contraf-. 
les  Perses  fut  une  époque  de  vie  politique  ri 
intérieure.  Peu  de  temps  après  les  migia   & 
tions  doriennes,  Sparte  ^v^*)»  P***  "' 
force,  par  la  rigidité  des  formes  de  sa  vie]  > 
publique,  gagna  un  ascendant  décidé aor-  ; 
lesautresétats  du  Pêluponuèsc.  La  royauté-*; 
doriennefut  maintenue,  et  les  débris  des. ^ 
Achéens  désignés  spécialement  du  nooi  di,- 
Lacétiémoniens ,  taudis  que  les  Doricas  .. 
se  réservaient  à  eux-mêmes  celui  de  Spap    . 
tiates,  durent  renoncer  à  la  liberté  poli»: , 
tique  et  se  contenter  d'une  ombre  de  1^  - 
berté  individuelle,  s'ils  ne  voulaient  ètl». 
traites  comme  l'avaient  été  les  habitanl»^ 
d'Hélos  {voy.  Ilotes).  De  petites  guerrM  , 
avec  ses  vouins  les  Argiens ,  les  Achéeoa^ 
les  Arcadiens,  tinrent  en  haleine  la  pui»-  , 
sance  de  Sparte  et  remplirent  les  premien 
siècles  de  son  histoire;  mais,  à  Tintérieiuy 
il  fallut   livrer  plus  d'un  combat  pour 
donner  à  la  constitution  une  forme  «|sl  , 
répondit  aux  besoins  du   moment  et  à . 
l'esprit  progressif  des  temps.  L'état  était 
menacé    d'une    imminente    dissolution» 
lors<]ueLycurgue(i>'%),880ansav.J.«G.^ 
le  reconstitua  d'une  manière  durable.  Gifc 
ensemble  de  réformes  auxquelles  on    a  , 
donné  son  nom  est  moins  son  ouv 
qu'une  suite  de  dispositions  prises 
le  sens  et  accommo<lées  à  l'estprit  de 
lois.  Sans  entrer  ici  dans  tes  détails,  o 
ferons  remarquer  que  l'élément  aristocra*  ^ 
tique  dorien  ne  fut  que  légèrement  ten*  ^ 
péré  par  la  démocratie ,  et  que  la  lêgisia-  . 
tion  nouvelle  eut  pour  but  d'inspirer  aos  ^' 
citoyens  moins  le  sentiment  d*une  liberté 
individuelle   basée  sur  celui  de  la  di- 
gnité de  l'homme,  qu'une  obéissance  sana 
bornes  envers  les  gouvernants.  Quant  auK 
rapports  extérieurs  de  Sparte  depuis  la 
mise  en  vigueur  de  la  législation  de  lAcur» 
gue ,   ils  se  réduisent  à  de  fréf|uent« 
guerres  avec  ses  voisins ,  surtout  avec  les 
Mcsiéniens  [voy,  Mksslxik}.  Ces  guer* 
res,  soit  à  raison  de  la  part  qu'y  prt« 


GBE 


(21) 


GRE 


la  vaArcs  états  du  Péloponnèse,  soit 
ées  actions  héroïques  qui  les  iU 
,  furent  revêtues  par  la  tradi- 
lias  ^toutes  les  couleurs  de  la  poésie  et 
acfHroH  ainsi  une  certaine  importance 
tâluiique.  Avant  la  guerre  contre  les 
hn»j  Sparte  n^eut  de  rapports  avec 
bétafii  situés  hors  du  Péloponnèse  qu*à 
du  moment  où  son  roi  Gléomène  la 
dans  les  anaires  d'Athènes.  Alors, 
nous  Tavons  dit,  l*élément  dorien 
«trouva  en  présence  de  Félément  ionien. 
Ven  le  même  temps ,  Athènes  (voy,^ 
M  aiiifée ,  par  une  toute  autre  route, 
i  me  certaine  consbtance  politique.  La 
,  déjà  démo<:ratique ,  finit  enliè- 
■près  la  mort  héroïque  de  Codrus 
(■Vf.),  et  il  n'eut  pour  successeurs  que 
es  arcfaootes  à  vie  pris  dans  sa  famille  et 
^  formèrent  la  transition  à  la  démo- 
pore.  Treize  archontes  avaien  t  gou- 
lorsqa*on  réduisît  à  10  ans  le  temps 
k  Idu*  gouvernement  (  752  av.  J.-C.  )^ 
et  la  victoire  de  la  démocratie  fut  com- 
ficie  quand,  70  ans  plus  tard,  on  élut 
t  arebontes  annuels.  Les  traditions  qui 
lom  parlent  des  lob  sanglantes  que  Dra- 
9m(vajr,)  doit  avoir  introduites  60  ans 
riostallation    des  archontes    an- 
semblent  nous  apprendre  quMI  y 
de  violents  combats  entre  les  difTé- 
partis.  Athènes,  livrée  à  Tanarchie, 
Mnit  devenue  la  proie  de  ses  ennemis,  si 
Solon  (vay.),  nommé  archonte.  Tan  594 
V.  J.-C,  n'eût  ramené  la  tranquillité 
sa  patrie  en  la  dotant  d'une  consti- 
ooavelle.  Toutefois  il  ne  fut  pas 
ma  fort  pour  faire  cesser  les  querelles 
éti  partis,  comme  le  prouva  cette  guerre 
lie  30  ans  entre  les  Pisistratides  et   les 
AJcméonides,    dans    laquelle    Pisistrate 
•  wnjrJ)^   deux  fois  chassé  par  Mégaclès, 
didf  de  ces  derniers ,  abu&a  de  la  vic- 
toire du  peuple  pour  établir  la  tyrannie 
ée  sa  maison.  Son  fils  Hipparque  tomba 
■MIS  le  poignard  d^Harmodius  et  d^Aris- 
toçtCon   (vf*X')f   tandis  qu'Hippias,   son 
frère,  se  réfugia  chez  le  roi  des  Perses, 
ëimt  il  sut  faire  l'ennemi  acharné  de  la 
Grèce.  Les  Aicméonides  (vny.'^y  dont  le 
pouvoir  à  Athènes  était  encore  mal  as- 
Mré,  cherchèrent  à  mettre  le  peuple  de 
kor  côté  en  moclifiant  la  constitution  au 
poit  de  la  démocratie.  Clbthène  parta- 


gea le  peuple  en  12  tribus  (fiflat)',  et 
porta  à  500  le  nombre  des  membres  du 
conseil;  mais  la  tranquillité  ne  revint 
pas  :  les  partisans  de  la  famille  exilée  cher- 
chèrent un  appui  en  Grèce  même,  et  les 
hostilités  commençaient  entre  Sparte  et 
Athènes,  quand  la  guerre  contre  les  Per- 
ses vint  les  réunir  dans  un  but  de  dé- 
fense commune.  Pendant  que  ces  deux 
villes  se  plaçaient  à  la  tête  de  la  Grèce, 
une  révolution  s'opéra  dans  la  plupart 
des  petits  états  :  partout  la  royauté  fit 
place  au  gouvernement  populaire,  et, 
sous  le  régime  démocratique,  quelques- 
unes,  Corinthe  par  ses  jeux  olympiques. 
Élis  par  son  commerce,  acquirent  des  ri» 
chesses  et  de  l'influence,  tandis  que  des 
lies  comme  Égine  et  Corcyre  devenaient 
assez  fortes  pour  lutter  au  besoin  avec  les 
villes  les  plus  puissantes. 

C'est  pendant  la  troisième  période 
que  la  Grèce  devint,  quoique  pour  peu 
de  temps,  véritablement  une,  comme  elle 
était  destinée  à  l'être  par  la  communauté, 
sinon  d^origine,  au  moins  de  religion  et 
de  traditions.  Tous  les  Grecs  n'avaient- 
ils  pas  les  mêmes  dieux,  les  mêmes  héros; 
les  oracles  n'obtenaient- ils  pas  le  respect 
de  tous,  de  même  que  les  grands  jeux  les 
réunissaienten  masse  dans  certaines  villes? 
La  guerre  des  Perses,  en  menaçant  les 
Grecs  en  général,  les  réunit  pour  la  pre- 
mière fois  dans  une  grande  confédéra- 
tion nationale,  à  la  tête  de  laquelle  i% 
placèrent  naturellement  Sparte  et  Athè- 
nes. La  Grèce  ne  s'était  jamais  trouvée 
en  contact  immédiat  avec  la  Perse,  mais 
elle  fut  entraînée  dans  une  guerre  avec 
cette  monarchie  par  ses  colonies  de  P  Asie- 
Mineure  qui,  depuis  plus  d'un  demi-siècle, 
luttaient  avec  davantage  contre  les  forces 
supérieures  de  leurs  voisins.  Aristagoras 
de  Milet,  qui  croyait  que  le  moment  était 
venu  d'invoquer  l'appui  des  métropoles 
pour  défendre  la  liberté  chancelante  des 
villes  ioniennes,  avait  été  accueilli  avec 
froideur  par  les  Spartiates;  les  Athéniens, 
au  contraire,  cédant  à  ses  prières,  s'uni- 
rent aux  Érétriens,  débarquèrent  en  Asie- 
Mineure,  et,  avec  une  rare  audace,  détrui- 
sirent de  fond  en  comble  la  florissante 
ville  de  Sardes,  résidence  d'Artapheme, 
gouverneur  au  nom  du  grand  roi  (500 
ans  av.  J.-C.).  Sept  ans  après,  le  monar- 


GRE  (  22  ) 

nue  persan  les  fit  sommer  de  chobir  entre 
la  mort  et  TesclaYage,  et,  bien  que  quel- 
ques parties,  notamment  les  iles,  eussent 
commencé  par  se  soumettre,  peu  d^années 
plus  tard  ,  la  Grèce ,  victorieuse  à  Mara* 
tbon  (  490  ans  av.  J.-C.  )    et  à  Platée 
(479),  comme  à  Salamine  (480),  aux 
caps  d'Artémise  et  de  M} cale ,  célébrait 
sa  délivrance  par  des  chants  de  triom- 
phe. La  cause  de  ces  brillants  succès  peut 
s'attribuer  en  partie  aux  hommes  illus- 
tres qu^Athènes  produisit  alors    (  voy, 
MiLTXàOE,  Thémistocle,  AaisTiDE,  Ci* 
non)  et  à  qui  elle  fut  redevable  de  la 
formation  et  des  développements  rapides 
que  prit  sa  puissance  maritime  ;  mais  aussi 
ce  sont  eux  qui  firent  naître  dans  Fesprit 
du  peuple  d^Âthènes  Tespoir  de  comman- 
der un  jour  à  la  Grèce  entière.  Thémis- 
tocle surtout  était  persuadé  que  ce  n'é- 
tait qu'au  moyen  d'une  marine  imposante 
qu'Athènes  pouvait  obtenir  la  suprématie. 
Ses  prévisions  ne  furent  pas  trompées, 
car,  peu  de  temps  après  le  combat  de 
Platée,  cette  république,  qui  avait  suivi 
ses  conseils,  était  reconnue  comme  le  pre- 
mier état  de  la  Grèce;  Sparte  le  voyait 
d'un  œil  d'envie,  mais  la  hauteur  de  son 
roi  Pausanias  éloignait  d'elle  tous  ses  al- 
liés. Cette  diversité  de  position   amena 
entre  les  deux  états  une  inimitié  décla- 
rée, et  fixa  la  situation   des  partis  lors 
de  la  guerre  du  PélojKinnèse. 

Les  premiers  temps  qui  suivirent  Tex- 
pulsîon  des  Perses  furent  remplis  par  des 
guerres  qu'ils  entretinrent  contre  les  co- 
lonies ,  jus(|u'à  ce  que  la  double  victoire 
remportée  par  Cimon  sur  TEurymédon, 
en  Pamphylie  ^470  ans  av.  J.-C),  la 
prise  de  Chypre  et  la  dernière  défaite  des 
Perses  sur  les  cotes  de  F  Asie-Mineure, 
amenèrent    cette  paix   glorieuse    qu'en 
l'honneur  du  vainqueur  on  nomma  fHiix 
dr  Cnnnny  et  qui  rendit  aux  Hellènes  de 
l'A^ie-Mineure  leur  nationalité.  S|>arte, 
toujours  jalouse  de  la  puissance  crois- 
sante d'Athènes,  aurait  profilé  de  ce  mo- 
ment pour  lui  faire  une  guerre  acharnée 
sans  la  tn>i>ièi]ift  guerre  messénienne  qui 
survint   aloi-s;   mais   elle  n'en   chercha 
pas  moins  à  affaiblir  sa  rivale  par  tous 
les  moyens  possibles,  et  la  voyait  avec 
joie  user  ses  forces  à  continuer  la  guerre 
i*oDtre  le»  Pertes,  à  faire  en  Egypte  une 


GRE 

infructueuse  expédition  ^  et  k  opéi 

verses  descentes  dans  la  Grèce  di 

sous  la  conduite  de  Périclès.  To 

n'empêcha  pourtant  pas  les  Ath< 

sous  Tolmides,  de  détruire  à  G} 

dans  le  Péloponnèse,  les  chanti 

Spartiates.   La   trêve   que   le    p^ 

Cimon  avait  fait  conclure  pour 

fut  rompue  dès  la  deuxième  ann^ 

que,  dans  la  première  guerre  sacrée 

Sparte  se  déclara  l'alliée  des  De 

contre  les   Phocéens  auxquels  i 

avait  envoyé  des  secours.  Quelque 

des  Athéniens,  qui  reconquirent 

et  Mégare,  et  surtout  l'habileté  de 

{yo) .),  qui,  prévoyant  l'orage,  voi 

gner  du  temps  pour  résister,  am 

les  Spartiates,  l'an  445,  à  concli 

trêve  de  30  ans  qui  fut  rompue 

après  par  l'explosion  de  la  guerre 

loponnèse.  Quant  à  l'histoire  int 

nous  nous  contenterons  de  remi 

Sparte  l'accroissement  progressif 

voir  des  éphores(i>o>-.  ,  et  à  Athèi 

de  l'autorité  des  dix  chefs  aunue 

Archohtes),  qui,  malgré  les  ce 

incessantes  de  la  démocratie,  sure 

nir  bientôt  sur  le  peuple  un  pou^ 

mité. 

Dans  ces  circonstances,  ce  fut  f 
un  grand  l>onheur  pour  la  Càrt'c* 
destinées  des  Athéniens  fussent  ai 
de  Périclès.  Le  butin  fait  sur  le 
les  contributions  des  alliés,  qui 
saient  dans  les  caisses  publique 
que  le  trésor  fédéral  avait  été  tr 
de  Délos  à  Athènes,  avaient  éle\( 
haut  point  la  richesse  publi(|ue. 
n'était  pas  assez  :  il  fallait  as 
grandeur  dans  l'avenir.  Sans  rit 
ger  de  ce  qui  pouvait  augmentei 
sance  politi(|ue  qu'elle  avait  art 
sa  marine,  Périclès  sut,  petidai 
années  de  son  administration , 
l'activité  de  ses  concitovens  vers 
fectionnements  des  arts  et  ajnut< 
trophées  militaires  la  gloire  plu: 
que  donnent  les  conquêtes  do 
gence.  Aussi  cette  brillante  q\m 
elle  restée  unique  dans  l'histoire 
tiquité.  I..es  écoles  d'Athènes  ne  t 
pas  à  éclipser  celles  de  Corinthe, 
de  Sicyone.  Panrnus,  frère  de 
par  se»  travaux  dans  U  Padle| 


GRE 


(23) 


GRE 


no  bat,  ane  tendaoce  Datio- 
f(  tni  «n  quelque  sorte  le  matlre  et 
k  pneBTKur  d'artistes  plus  grands  que 
ki,drPol%goote  de  Thasus,  d*  A  polio - 
èffi^Aibèncs,  de  Zeuxis  d'Héraclée,  de 
JMmîbs  d*Éphèse,  d*  A  pelle  de  Cos; 
sittasHi  â  cette  époque  que  la  sculpture 
lingut  sa  plus  haute  perfection  dans  les 
■ne  de  Phidias  et  dans  celles  de  Poly- 
éttf  de  Scopas,  d^Alcamène,  de  ftlyron, 
fBloosoDt  jeté  sur  Athènes  le  reflet  d'une 
^hireîspéfissable.  Oo  peut  en  dire  auUnt 
k  Tcloqnciice ,  qui  fut  cultivée  avec  les 
fÉMbnliaotssoccès;  les  sophistes  Gorgias, 
et  Parménide  donnèrent  à  la 
des  foriDes  plus  fixes,  une  ex- 
plus claire,  et  préparèrent  ainsi 
à  la  philosophie  de  Socrate 
fB,  â  ioo  tour,  contribua  fort  à  réunir 
èMPbtoa  ane  étemelle  fraîcheur  de  jeu- 
WÊÊt  à  la  rigueur  de  la  virilité.  Pendant 
fiXidiyle,  Sophocle,  Euripide  et  Aris- 
liyëaoe  illnstraient  la  scène  de  leurs 
cMi-d*œavTe  dramatiques,  Hérodote, 
km  son  histoire  de  la  guerre  des  Perses, 
fait  les  formes  de  la  prose  grecque,  que 
rnvrage  de  Thucydide,  sur  la  guerre  du 
hkipoDoêse,  devait  rendre  encore  plus 
et  plus  accomplies.  £n  même 
Tart  de  Timprovisation  et  de  Télo- 
deirint  comme  le  privilège  exclusif 
èa  Athéniens;  et  si  plus  tard,  dans  un 
toBpsoù  il  était  leur  seule  défense,  il  offrit 
itÏ0tBa\  modèles,  il  n'est  pas  moins  vrai  de 
an  que  les  hommes  d'état  comme  Pé- 
fidêswdes  orateursaussi  di:>tiiigués  qu'An- 
cpkrm,  Andocide,  et  après  eux  Lysias, 
Ir  pr>rtèrent  déjà  à  une  haute  perfection. 
C  ae  Ciut  pas  oublieren  outre  que  dè.r>  lors 
«  Ban ifesi aient  dans  Athènes  les  germes 
/ane  dissolution  prochaine:  Gère  du  ses 
ncloires  elle  voulait  des  conquêtes;  il  ne 
Wi  Mil  fixait  plus  d*avoir  des  alliés,  elle 
41  loulait  faire  des  sujets.  Périclès  alors 
ant  mettre  le  sceau  à  sa  gloire  en  hri- 
■nt  dans  une  lutte  ouverte  la  puissance 
et  Sparte,  sa  redoutable  rivale,  et  en  as- 
arant  ainsi  à  Athènes  une  éternelle  su- 
yriroatie. 

Mai^  la  guerre  du  Péloponnèse  fit 
ecbrjuer  ses  plans;  toute  la  Grèce  se  di- 
«■a  en  deam.  camps.  L'élément  dorîen  et 
felnnent  ionien  furent  de  nouveau  en 
.  Sparte  mettait  sa  confiance  dans 


ses  forces  de  terre,  Athènes  dans  sa  ma- 
rine. La  guerre  commença,  l'an  43 1  avant 
J.^C,  par  la  rencontre  des  Gircyréens 
et  des  Corinthiens,  près  d'Epidamnus 
(Athènes  intervint  en  qualité  d'alliée  des 
premiers),  et  ensuite  par  la  prise  de 
Polidée ,  qui ,  comme  colonie  de  Corin- 
tbe,  voulait  se  soustraire  à  l'alliance  oné- 
reuse des  Athéniens,  mais  qui  finit  par 
succomber.  Corinthe  aigrie  provoqua  la 
réunion,  à  Sparte,  des  membres  de  la 
confédération  du  Péloponnèse;  et,  bien 
que  les  envoyés  d'Athènes  et  le  parti 
modéré  à  Sparte  recommandassent  la 
paix,  le  parti  de  la  guerre  l'emporta  et 
déclara  que  les  Athéniens  avaient  rompu 
la  trêve.  On  ne  chercha  plus  dès  lors  qu'à 
se  préparer  à  la  guerre.  Les  deux  pre- 
mières années  se  passèrent  dans  des  dé- 
vastations réciproques;  la  troisième,  une 
peste  effroyable  vint  ravager  Athènes, 
lui  enlever  Périclès  et  laisser  la  conduite 
des  affaires  aux  mains  de  démagogues  in- 
téressés ou  de  généraux  inexpérimentés , 
c^mme  Cléon  et  Nicias.  La  querelle  s'en- 
venimait; la  prise  de  Milylène  par  les 
Athéniens ,  celle  de  Platée  par  les  Lacé- 
démoniens,  rappellent  le  souvenir  d'hor- 
ribles cruautés.  Au  bout  de  sept  ans, 
quelques  victoires  des  Athéniens,  et  sur- 
tout la  défaite  des  Lacédémoniens  près 
de  Sphactérie,  engagèrent  ces  derniers  à 
demander  une  paix  honorable;  mais  l'or- 
gueil du  démagogue  Cléon  (v^)^.)  fit  re- 
jeter ces  ouvertures,  et  ensuite  la  prise  de 
Cythère,  et  d'autres  succès  qui  détachè- 
rent quelques  villes  de  la  Béotie  de  l'al- 
liance dorienne,  vinrent  exalter  outre 
mesure  les  espérances  des  Athéniens.  Ce- 
pendant lorsque  Brasidas  (vojr.)  leur  eut 
enlevé  plusieurs  de  leurs  colonies,  ils  con- 
sentirent aune  trêve  d'une  année,  qui  fut 
bicnlùt  convertie,  sous  la  médiation  de 
Nicias.  vo/.),  en  une  paix  de  60  ans.  Mais, 
conclue  à  la  hâte  et  sans  la  participa- 
tion des  confédérés  les  plus  puissants, cette 
paix  ne  pouvait  être  de  longue  durée;  sou 
exécution  nécessita  de  nouvelles  négo- 
ciations, et ,  d'un  autre  côté,  Alcibiade 
(>»o>-.),  placé  à  la  tête  des  affaires  publi- 
ques à  Athènes ,  ne  trouvait  que  dans  la 
continuation  de  la  guerre  les  moyens  de 
satisfaire  son  ambition.  Sept  années  se 
passèrent  ainsi  en  une  guerre  sourde  et 


GHË 

AntigODeDo60D,roi  de  Macédoine.  Celui- 
ci  accourut  au  secours  de  ses  nouveaux  al- 
liés (223),  reprit  les  villes  occupées  par  les 
Spartiates,  et,  malj^ré  quelques  succès  de 
Cléomène ,  assura  eucore  une  fois  par  la 
victoire  de  Scllasie ,  la  suprématie  de  la 
Macédoine  sur  la  Grèce.  Aussitôt  que  Phi- 
lippe II  eut  succédé  à  Dosou ,  la  guerre 
recommença  entre  les  Achéens  et  les  Éto- 
liens  (219i.  Les  Achéens  s^allièrent  en- 
core une  fois  avec  Philippe,  cfui,  après 
avoir  vaincu  les  Ëtoliens,  conclut  cette 
malheureu>e  alliance  avec  Anmbal,  qui  fit 
des  Romains  ses  ennemis  les  plus  arliar- 
nés.  Ceux-ci,  à  cette  époque,  avaient  dé- 
jà pris  pied  en  Illyrie  et  à  Corcyre,  et  mê- 
me obtenu  une  place  d^honneur  aux  jeux 
Néroéens  pour  avoir  détruit  la  piraterie. 
Trois  ans  plus  tard  (211),  lorsque  la  ligue 
venait  de  perdre  dans  Aratusson  plusferme 
appui,  les  Romains  firent  avec  les  Ëtoliens, 
contre  Philippe,  un  traité  d'alliance  au- 
quel, peu  de  temps  après,  accédèrent  les 
Lacédémoniens  et  les  Éléens.  La  lutte 
resta  indécise  tant  que  les  Romains  fu- 
rent occupés  autre  part.  I^  victoire  de 
Philu|>œmen  (v^'.)àMantiiiée,  sur  les  La- 
cédémoniens,  donna  aux  Achéens,  alliés 
de  la  Macédoine ,  quelque  influence  dans 
le  Péloponnèse.  Sur  la  plainte  portée  à 
Rome  par  les  cités  grec((ues,  que  Philip|>e 
avait  lompu  la  paix  conclue  204'  par  le 
consul  Sempronius,  le  sénat  déclara  la 

guerre  à  ce  roi,  et  Flamininus  (  vor-)  ^^^'''^ 
à  Cynocéphales  (  1 97  ans  av.  J.-C.  )  la  su- 
prématie de  Rome  sur  la  Grèce  et  la  Ma- 
cédoine. Toutes  les  cités  grecques  furent 
déclarées  indépendantes,  et  comme  elles 
ne  pouvaient  cesser  de  guerroyer  les  unes 
contre  les  autres,  Rome,  in  prenant  parti 
pour  celle-ci  ou  pour  celle-là ,  consulta 
avant  tout  son  intérêt,  et  t(»utes  ces  dis- 
sensions intestines  lui  profitèrent.  Il  en 
fut  ainsi  de  la  guerre  des  Arhéens  contre 
Nabis,  tyran  de  Sparte  (188),  qui  mit 
fin  à  la  nationalité  lacédémonieniie ,  et 
de  celle  des  Ëtoliens,  unis  au  roi  Antio- 
chus  de  Svrie,  contre  les  Achéens,  dont 
les  Romains  prirent  aK>rs  le  parti ,  et  qui 
te  termina  par  la  soumission  des  Ëtoliens 
(  I  dOj  ;  il  en  fut  de  même  encore  de  la  der- 
nière guerre  entre  Rome  et  la  Macédoine, 
qui  entraîna  TAchaîe  dans  ta  ruine.  La 
ligue  achéaune  fut  dissoute  par  un  décret 


(  26  )  GRE 

du  sénat.  La  levée  de  boucliers  de  > 
laûs  contre  Rome  et  Lacédémone 
ne  fit  que  mieux  constater  Timpui 
des  Grecs,  et  quand  les  Achéens 
été  vaincus  à  Skaephna ,  et  les  Arc 
à  Chéronée,  par  Metellus,  la  victc 
Mummius  dans  la  vallée  de  Leuco 
près  de  Corinthe,  amena  la  ruine  d 
ville  et  la  chute  de  la  liberté  hell 
(146  ans  av.  J.-C). 

2®  Lf  mnjrfn''dge  ou  la  Grèce 
la  domination  romaine  jusqu'à  « 
plète  soumission  par  les  Othomai 
fin  du  xv^  siècle. 

Pendant  les  premiers  temps  qui 

rent  la  conquête  romaine ,  la  mod* 

des  vainqueurs  permit  à  quelque 

d'atteindre  une  certaine  prospérité 

rielle.  Délos,  déjà  si  beureuscmeni 

pour  le  commerce,  hérita  de  prcM] 

celui  de  Corinthe.  On  permit  à  Alh 

conserver,  du  moins  quant  à  la 

son  ancienne  constitution,  jus(|u'à 

la  part  (|u'ello  prit  à  la  guerre  de 

date  (i»o/.),  sans  parler  des  révol 

esclaves  dans  TAttique  (Tan   133 

C.  ),  amena  pour  elle  une  dépendai 

étroite.  Les  Achéens ,  les  I^cédéii 

et  les  Béotiens ,  las  du  joug  des  Ut 

suivirent  l'exemple  d\Aihcnes,  et  « 

rent  des  auxiliaires  à  Mithridate,  : 

taille  de  Chéronée  [voy .);  mais  la  p 

dcSvllafil  toulrentrer  dans  Tord rt 

nés  st>ule ,  <)ui  avait  reçu  dan»  bc 

Tarniée  vaincue,  et  que  le  tvrar 

nion  avait  poussée  à  une  rcsistan 

espérée,  fut   prise  d'assaut   |>a.   ï 

livrée  au  pillage  (86  av.  J.-C.i.  \ 

date,  par  représailles,  fil  éprouvir  l 

sort  à  Dclos,  alliée  des  Roinaiii:». 

moment ,  la  Grèce  n'eut  plus  qu'i 

tome  de  liberté.  Thcbes  perdit  la 

de  son  territoire;  d'autres  villes,  s 

traire,  qui,  comme  Elatée  en  Pi 

s'étaient  énerj;i(|uemenl  refusées 

la  cause  de  Mithridate,  furent  ei 

d'im|K»U  et  di^clarét^  libres. 

Après  celte  guerre  désastrei 
(■rèce  dut  subir  les  ravages  des 
jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  vaincus  p« 
|)ée,  (|ui  en  établit  une  partie  à  1) 
Achaîe.  Athcnet  commençait  à  i 
sous  l'administration  de  T.  P.  > 
lorsqu'elle  prit  part  à  la  lutte  eu 


GRE 


(27) 


GRE 


Pharsft- 


,  qai  se  tcmuiu  a 
k.  Geor,  «aioqiiear ,  pardoona  aai  Athé- 
■m;  kt  Tbôsaliens  lureot  récompea- 
m  h  mn  aecoun;  Coriothe,  rebitie, 
,  devint  le  siège  des  préteurs 
Mêgare  seale  fut  détruite  en 
de  sa  résistance.  Lors  des  trou- 
lis  fn  saisirent  la  mort  de  César,  Bru- 
furent  re^us  et  fêtés  à  Athè- 
des  libérateurs.  Une  grande 
pnie  des  Grecs  se  réunit  à  eux  quand, 
ilhÉEppcSy  ils  combattirent  Antoioe  et 
tevc.  Antoine  usa  de  clémence;  il  en 
k  de  même  d*OcU¥e ,  quand ,  peu  de 
ays  après,  la  Tictoire  d^Ai-tium  lui  eut 
^R  la  dooûnatjon  du  monde.  Athènes 
fmét  scufeoient  quelques  retenus,  ainsi 
peb  facBilé  de  conférer  le  droit  de  bour- 
po«r  de  TargenL  Le  Péloponnèse, 
Sparte  qui  aTait  fourni  des  se- 
a  Octave,  furent  iaTorisés.  On  lui 
CTthère,  quelques  villes  de  la  Mes* 
aie.  b  présidence  des  jeux  quinquen- 
^B  da  promontoire  d'Actiuro  {v*yjr,); 
mn  die  perdit  cependant  une  partie  de 
■■  lenîtoire.  Djrme,  Phères,  Tritée  et 
IlLocride  furent  déclarées  tributaires  de 
te»,  qui  devint  libre  et  colonie  romaine; 
fapolii,  bâtie  près  d^Actium,  reçut  une 


tioa    iint^ecque 


et  romaine,  et  fut 


dans  la  confédération  des  Arophic^ 
Tous  ces  bouler en>enienls  avaient 
la  Grèce,  dunt  une  partie  était  près- 
^  entièrement  dépeuplée.  Elle  s'effaça 
Ép  plus  eo   plus  dans  Tempire  romain. 
ijmiques  Caveurs  faites  par  Auguste  àAthè- 
a»  ne  purent  lui  rendre  la  vie.  Néron , 
fia  donnant  aux  Grecs,  pendant  les  jeux 
Otvmpi«fues,  une  liberté  que  Vespasien 
leva  plus  tard  ,  se  servit  de  ce  pré- 
se  pour  se  livrer  à  toutes  ses  cruautés. 
s,  Tbespies,  Tanagra  et  Pliarsale 
fasTent  le»  seules  villes  qui  conservèrent 
«I  ^rme»  mensongères  de  Tantique  con- 
stat ion.  Trajan  donna  à  Méthoue  la  li- 
aene  poli  tique.  Adrien,qni  aimait  lesGrecà 
<  les  arts,  fit  quelques  efforts  en  faveur 
le  i  Acbaie  et  surtout  dWthènes.  Les  An- 
:  -ftjns  leur  parlaient  de  lilierté,  et  Marc- 
Ajarrle   faisait  exiler  d* Athènes  Elérode 
Aujcus  à  qui  il  attribuait  des  vues  amhi- 
Loues.  On  retira  des  villes  grecques  les 
tvn'aoos  romaines  pour  les  envoyer  au 
Vvd  contre  laa  Barbares;  et  lorMiue,plui 


tard,ceiix-ci  envahirent  la  Grèce,  ellen^ent 
pour  défenseurs  que  des  hommes  depuis 
longtemps  déshabitués  du  métier  des  ar- 
mes. L^art  et  la  science,  transplantés  à 
Rome,  perdirent  tout  leur  éclat  :  la  phi- 
losophie et  Féloquence  étaient  devenues 
un  art  puéril  de  sophistes;  la  sculpture 
ne  fut  sauvée  d*une  destruction  complète 
que  par  son  application  à  Tarchitecture. 
Pendant  ce  temps,  il  se  faisait  en  Grèce 
une  révolution  :  avec  les  vieilles  mœurs 
disparurent  les  vieilles  croyances.  On  cé- 
lébrait bien  encore  par  des  fêtes  annuel- 
les les  grands  jours  et  les  héros  de  Fanti- 
quité ,  mais  il  ne  restait  plus  ni  force  ni 
vie  dans  ce  pays  énervé  et  appauvri  par 
les  usuriers  romains.  Tel  était  Tétat  de  la 
Grèce  lorsqu'elle  fut  envahie  par  les  hor- 
des des  Goths  (lu^j-  Tarticle). 

Déjà  Tan  2 1 5  de  notre  ère,  sous  Caracal- 
la,  les  Goths  avaient  paru  sur  les  frontières 
de  la  Dacie.  Decius,  pour  conjurer  Forage, 
établit  une  garnison  romaine  aux  Tliermo- 
pyles,  et,  peu  après  ;253  après  J.-C),  la 
victoire  du  général  Émilien  sur  un  es- 
saim de  Barbares,  Goths ,  Ilérules  et  au- 
tres ,  sauva  pour  quelque  temps  la  Grèce 
aux  abois.  A  rapproche  du  danger,lesGrccs, 
sortant  un  instant  de  leur  léthargie,  adop- 
tèrent quelques  me!»ures  de  défense,  et  les 
Barbares,  ayant  pris  une  autre  direction, 
leur  laissèrent  alors  un  |)eu  de  repos.  En 
267 ,  sous  Gallien  ,  en  270 ,  sous  Claude, 
de  nouveaux  e>saims  revinrent  ravager 
la  Grèce,  mais  furent  encore  vaincus.  Si, 
dans  tout  le  iv^  siècle,  la  Grèce  fut  épar- 
gnée par  les  Barbares,  elle  fut,  en  revan^ 
che,  travaillée  par  ce  mouvement  de  dé- 
com|>osilion  qui  dissolvait  Tancien  moudo 
et  allait  enfanter  le  monde  moderne. 

Le  christianisme,  porté  par  saint  Paul 
à  Athènes  et  à  Corinthe ,  ne  fit,  dans  le 
princi|)e,  que  peu  de  progrès.  Ce  n^est 
cependant  qu*à  la  moitié  du  ii^  siècle  que 
nous  rencontrons  des  traces  de  persécu- 
tions. Uèdtt  de  toicrance  proclamé  par 
Constanlin-le-Grand ,  en  312,  à  Milan, 
accorda  aux  communautés  chrétiennes  de 
TAchaîe  le  libre  exercice  de  leur  religion. 
Les  progrès  des  nouvelles  croyances  nous 
sont  attestés  par  la  présence  de  3 1 8  évé- 
ques  de  toutes  les  parties  de  Tempire  au 
concile  de  Nicéc  (326) ,  dont  les  articles 
de  foi  furent  généralement  suivis  y  et  qui 


partie  de  lear  r^çne  à  guerroyer  contre 
leurs  Toisins.  Uempereur  latiu  de  ce  pays 
ayant  donné  à  Charles  d^Anjou,  roi  de  Si- 
cile, l'ioTestiture  de  la  Morée,  on  ne  put 
apaiser  les  prétentions  de  ce  dernier  qu'a- 
près la  mort  de  Guillaume,  et  par  le  ma- 
riage de  sa  fille  Isabelle  arec  Philippe,  fils 
de  Charles.  La  principauté  d'Achaîe  resta 
alors  un  fief  du  royaume  de  Sicile  entre 
les  mains  des  descendants  d'Isabelle  de 
Yillehardouin,qui,  à  la  mort  de  Philippe, 
ae  remaria  d'abord  avec  Florent  de  Uai* 
naut,  puis  avec  Philippe  de  Savoie,  ce 
qui  plus  tard  permit  aux  ducs  de  Savoie 
d'élever  des  prétentions  sur  la  Morée. 

Possédé  jusqu'à  la  fin  du  xiii*  siècle 
par  la  famille  de  La  Roche,  le  duché  d'A- 
thènes passa  par  le  mariage  d'Isabelle, 
fille  de  Guillaume,  le  dernier  duc  de  cette 
famille,  avec  Hugues,  comte  de  Brienne, 
à  son  fils  Gautier,  et  resta  sous  Tautorité 
de  ses  descendants  jusqu'au  xiv^ siècle,  où 
il  tomba  au  pouvoir  des  Catalans.  Dans  le 
nord  de  la  Grèce,  la  mort  prématurée  du 
marquis  de  Montferrat,  roi  de  1  hessalo- 
nique,  avait  affaibli  la  domination  des 
Francs,  et  bientôt  un  voisin  ambitieux  en 
profita.  Michel,  despote  d'Épire,  eut,  à  sa 
mort ,  pour  successeur,  et  contrairement 
aux  traités  conclusavec  l'empereur  latin  de 
Constantinople,  son  frère  Théodore,  qui, 
après  de  brillants  succès,  se  fit  couronner 
empereur  dans  la  cathédrale  deThfssaloni- 
que^et  donna  ledespotat  de  rÉpirtàMichel 
l*Ange.  Peu  de  temps  après,  celui-ci  se  fit 
confirmer  par  l'empereur  de  Nicée(  1 326), 
protecteur  de  Théodore.  Malheureux  dans 
une  guerre  contre  les  Boulgares  ;  1 330), 
Théodore  ne  put  Uisser  à  son  fils  Jean  que 
la  capitale,  bientôt  après  conquise  par 
Yatacès,  empereur  de  Nicée,  qui  la  rendit 
à  Jean ,  à  titre  de  despotat  relevant  de  son 
empire.  Le  successeur  de  Vatacèt,  Michel 
Paléologue ,  se  rendit  maître  de  l'Épire 
et  de  la  Grèce  septentrionale,  que,  plus 
lard,  il  incorpora  à  l'empire  de  Constan- 
tinople. Mais,  dans  le  siècle  suivant,  celui- 
ci  devait,  en  grande  partie,  devenir  la  proie 
des  Albanais,  et  ensuite  celle  des  Turcs. 
Quant  aux  lies  de  l'Archipel,  elles  appar- 
tenaient preMpie  toutes,  soit  à  la  républi- 
que de  Venise,  soit  aux  nob.es  Vénitiens 
qui  les  avaient  conquises  sur  les  pirates 
tt  les  tenaient  comme  fiefs  de  la  métro- 


(  SO  )  GRE 

pôle.  Après  des  fortunes  diverses 
finirent  toutea,  au  xvi*  siècle,  par  él 
corporées  à  l'empire  othoman.  Cet 
riode  est  une  des  plus  tristes  de  Vh 
de  la  Grèce  :  les  forces  du  pays  s'é 
rent  dans  ces  incessantes  guerres  d 
valiers;  les  mœunt,  la  langue,  le  eu 
Occidentaux  avaient  tout  dissout,  t( 
truit,  et  à  leur  départ  il  ne  resta  r 

Au  commencement  du  xiv^sièch 
la  Grèce,  à  l'exception  de  la  print 
d'Achaîe,  du  duché  d'Athènes  et  d 
ques  lies  possédées  par  les  Franci 
de  nouveau  réunie  sous  les  lois  d< 
pire  de  Byzance.  La  Thessalie  et  ï 
d'abord  fiefs  impériaux,  tombèrei 
suite  entre  les  mains  du  Ar/fi  (i 
Servie,  Etienne  Duscian,  qui  les  d 
Prolupus,  un  de  ses  généraux,  et  se 
même  proclamer  em|>ereur.  11  coni 
tolie  et  l'Acarnanie  à  Simon  son  f 
titre  de  despotat;  mais,à  la  mort  d*l\' 
Simon ,  ayant  voulu  en  recueilli 
l'héritage,  se  vit  enlever  son  despo 
un  Grec  nommé  Nice phore,  qui  lui 
ensuite  le  perdit  avec  la  vie  dans  u 
taille  contre  les  Albanais.  Qucl((Uf 
après,  rÉpire  et  la  Thessalie  pa!»sè 
comte  de  Céphalonie ,  Isaus  ,  qu 
épousé  la  veuve  du  fils  de  Prolup 
celle-ci  n'ayant  pas  vécu  longtei 
épousa ,  pour  se  rendre  cette  nati 
vorable ,  la  fille  d'un  chef  ail 
nommé  Szalas.  A  sa  mort  (I407\ 
banais  conquirent  tout  le  pays,  et 
dèrent  jusqu'à  ce  qu'ils  en  fussent 
par  les  Turcs,  sous  Bajazet  I**"  et 
rath  II  (1433).  Georges  Castriota 
SxANOEEBEO  défendit  a vec  l>onhci: 
dant  quelque  temps,  contre  les  OtI 
la  nationalité  des  Épirotes;  mal 
qu'elle  eut  perdu  ce  héros,  l'Épii 
comba  (  1467  )  et  fut  bientôt  con 
ment  annulée. 

Le  duché  d'Athènes  n'eut  pas  i 
plus  heureux.  Les  Catalans ,  sous 
de  la  Flor,  pénétrèrent  dans  \\ 
comme  auxiliaires  d'Andronic  \\ 
contre  les  Turcs ,  au  commencem 
XIV*  siècle.  Mais  Andronic  ayant  f 
sassiner  leur  chef,  ils  se  révolter 
parcoururent  tout  IVmpire  en  le  ( 
On  les  appela  la  grande  rompag 
GalUpoli,  Après  avoir  attaqué  la 


GRE 


(SI) 


GRE 


* 
il 


t 

zi 


\ 


ibr ,  k  «ralûrent  F Attiqae ,  et ,  em* 

ansilttires  par  le  3*  duc 

,  3»  eomballireDt  d*abord  ses 

le»  acignean  de  Patras  et  d'Arta  ; 

touroaDt  leurs  armes  contre 

ils   conquirent   Thèbes   et 

et  nommèrent  duc  à  sa  place 

■  et  leurs  che& ,  Roger  Deslau.  Après 

k.  IcFlorcotiD  Reniero  Acciajuoli  (voy.)j 

b  VcuilBen»,  Antonio,  fils  de  Reniero,  un 

àxi parents,  nommé Nerio,  possédèrent 

tari  tour  le  duc  hé  d'Athènes.  Francesco, 

hèt  Ncrio,  lui  succéda  sous  la  protection 

^«hban;  mais,  peu  après,  une  armée 

ta^MMis  Omar-Pacha  s>mpara  d*Athè- 

■i  et  la  réunit  à  fempire  othoman  en 

I4i%,  En  1 467,  cette  ville  tomba  au  pou- 

w  des  Vénitiens,  sous  Victor  Capella; 

elle  fut  bientôt  après  reprise  par  les 

tts  qui  la  gardèrent  jusqu*aux  der- 

pierres  contre  Veni?e. 

Du»  la  Morée,  la  princii>auté  franque 

fichaie,  en  sortant  de  la  ligne  féminine 

k  b  famille  de  Villehardouin,  passa  à 

Itfcert,  prince  de  Tarente  et  d'Achaîe 

1S46  .et  ensuite  au  duc  Louis  de  Bour- 

Im.  Mab  la  maison  de  Savoie  la  reven- 

I,  et  Marie  de  Bretagne,  veuve  de 

de  Savoie,  prince  de  Piémont, 

en  faveur  du  grand -maître  de 

Shat>Jean-de-Jérusalem,  Jean  Ferdinand 

ée  Heredia,  qui,  uni  aux  Vénitiens,  es^ava 

«*▼  soutenir  contre  les  Turcs;  mais, 

prisonnier,  il   rendit  ses  conquêtes 

sauver    sa    vie.    T  héodore ,    frère 

ff^anamirl  D,  gendre  de  Reniero  Ac- 

eiafnoli  ,   ae   maintint   quelque  temps  à 

CarÎDlhe  ,  Argos  et  Lacédémone ,  et ,  à 

labsa  ses  états,  d^abord  à  son 

Théodore,  pub  à  Tempereur  Con- 

iUb    Paléologne,  qui   les  confia  à  ses 

Démétrius  et  Thomas ,  dont  Tun 

à  Mîslhra  ,  l'antre  à  Corinthe.  En 

14641,  toute  la  Morée  tomba  au  pouvoir 

écs  Otboaiaas,  à  Texception  de  quelques 

joints  CKcupés  par  les  Vénitiens  et  de 

parties  de  montagnes  inacces- 


j 


D  fat  plus  difficile  de  conquérir  les 
yowfjsions  vénitiennes  et  les  Iles  de  TAr- 
't:yr4  qui  étaient  aa  pouxoir  des  nobles 
VcBiiieoset  des  ducs  de  >'axos.  La  guerre 
^laa  en  longueur,  et  se  continua  avec  des 
il:  ernatives  de  suooèset  de  revers  jusqu'aux 


négociations  qui  amenèrent  la  trêve  de 
1478.  Onze  ans  après,  Bajazet  renouvela 
la  guerre,  et  conquit  en  deux  ans  toutes 
les  possessions  vénitiennes,  excepté  Napoli 
de  Roman ie.  En  1503,  la  paix  fut  conclue 
sous  la  condition  que  chacun  garderait  ses 
conquêtes;  mab  elle  ne  pouvait  être  de 
longue  durée  :  Rhodes  et  Naxos  durent 
suivre  bientôt  le  sort  des  autres  posses- 
sions vénitiennes  en  Orient. 

3°  Les  temps  modernes ,  ou  la  Grèce 
fondue  dans  la  puissance  othomant,  jus- 
qu^à  sa  reconstitution  en  un  royaume  in- 
dépendant. Jusqu'à  la  mort  de  Soliman  I^, 
la  Gi*èce  souffrit  moins  de  Poppression  de 
ses  nouveaux  maîtres  que  de  sa  poî»ition, 
qui  la  rendait  le  théâtre  des  combats  de 
la  Porte  avec  les  puissances  de  FOccident. 
En  1522,  Soliman  réunit  Tile  de  Rhodes 
à  son  empire  et  attaqua  Venise  :  le  duc 
de  Naxos  ayant  pris  parti  pour  la  métro- 
pole, il  força  Jean  Crispo  à  lui  payer  tri- 
but, et,  après  avoir  enfermé  aux  Sept-Touri 
son  successeur,  fit  administrer  cette  île  en 
son  nom  par  un  Juif  nommé  Jean  Michey 
(]56G).En  1 540,  après  laconquête  des  îles 
par  Barberousse ,  Venise  avait ,  à  la  paix  , 
abandonné  toutes  ses  posse-sions  dans 
rArcliipel.  Quelque  temps  après  la  prise 
de  Naxos,  Sélim  II  attaqua  Chypre  et  prit 
sans  coup  férir  Famagosta  et  Nicosie 
1571).  Moins  heureux  contre  Candie, 
il  se  tourna  vers  la  Morée,  sVmpara  de 
Zante  et  de  Céphalonie,  et  ravagea  toutes 
les  possessions  vénitiennes  sur  la  côte  oc- 
cidentale, de  Durrazo  jusqu^au  golfe  de 
Lépante.  Malgré  le  désastre  de  Lépante 
'7  octobre  1571),  Sélim  ayant  envoyé, 
Tannée  suivante,  une  Qotte  contre  les  Vé- 
nitiens, ceux-ci,  pour  avoir  la  paix,  en 
1573,  se  virent  forcés  d*abandonner,  ou- 
tre leurs  prétentions  sur  Chypre,  quel- 
ques forteresses  des  côtes  de  TAIbanie  et 
de  la  Dalmatie.  Cette  paix  compléta  la 
soumission  de  la  (*rèce. 

Dès  ce  moment  la  position  de  ce  pays 
devint  misérable;  il  fut  divisé  à  la  ma- 
nière othomane  en  sandJnks,\JMn  des  plus 
I  considérables  était  celui  de  Morée,  gou- 
verné par  un  hey.  La  justice  était  rendue 
par  un  hi  gic/  htgde  Grèce.  Sous  lui  étaient 
huit  kotija-bathims ,  qui  gouvernaient 
huit  différents  petits  districts.  Le  bcy  re- 
cevait du  sandjak  un  revenu  annuel  d^ 


GRE 


(82) 


GRE 


700,000  aspres  (environ  1 0,000  ît.)y  à  U 
€:har|;e  d*eDtreteoir  toujours  1 ,000  cava- 
liers au  service  du  beglerbeg.  Des  employés 
turcs  percevaient  sur  les  Cyclades  un  re- 
venu annuel  ;  mais  les  fréquentes  attaques 
des  chevaliers  de  Malte  troublèrent  la 
Porte  dans  sa  jouissance,  et  encore  le 
mince  tribut  dont  elle  s^était  contentée 
n'était-il  payé  que  lorsque  le  capudan- 
pacha  paraissait  dans  la  mer  Egée.  Les 
courses    des  chevaliers   de  Malte   dans 
cette  mer  amenèrent  une  rupture  entre 
Venise  et  la  Porte.  Contrairement  aux 
stipulations  de  la  paix  de  1578,  les  Vé- 
nitiens avaient  permis  (1644)  aux  cor- 
saires maltais  de  se  réfugier  dans  le  port 
de  Calismène,  à  Candie.  En  avril  1645, 
le  capudan- pacha  parut  dans  la  mer  Egée 
avec  des  forces  considérables,  et,  malgré 
la  coalition  des  Vénitiens,  du  pape ,  de 
Maples,  de  la  Toscane  et  des  chevaliers  de 
Malte,  débarqua  à  Candie  et  finit  par 
s'emparer  de  toute  l'ile,  en  1669.  A  la 
paix,  les  Vénitiens  perdirent  encore  quel- 
ques districts  en  Dalmatie  et  en  Candie; 
il  ne  leui*  resta  que  Spinalonga,  Carabusa 
et  Suda.  Mais  peu  après  la  fortune  chan- 
gea :  les  défaites  que  le»  Othomans  éprou- 
vèrent dans  leurs  campagnes  contre  les 
Hongrois  et  les  Allemands   les  alTaibli- 
rent.  En   1684,   Venise   envoya   contre 
eux  une  flotte  sous  la  conduite  de  Mo- 
rosini.  Une  partie  de  la  Morée  et  de  la 
Dalmatie  tomba  en  son  pouvoir;  Athènes 
et  TAcropolis  capitulèrent  après  huit  jours 
de  siège,  le  27  septembre  1 687.  La  guerre 
continua  encore  tiuelque  temps  sans  suc- 
cès décisifs.  Enfin  les  pertes  de  la  Porte 
en  Albanie ,  en  Dalmatie  et  en  Hongrie, 
contre  les  Allemandi,  amenèrent  (1690) 
Blustapha  U  à  signer  la  paix  de  Karlo- 
vitx  {yojr,\  par  laquelle  la  Transylvanie, 
presc|ue  toute  la  Hongrie  et  FEsclavonie 
furent  cédées  à  TEmpercur,  la  Podolie  à 
U  Pologne ,  Asof  à  la  Russie,  la  Morée  et 
quelques  points  importants  de  la  Dalma* 
tîe  à  la  républi(|ue  de  Venise.  C*était  le 
dernier  effort  de  cette  république  :  elle  se 
sentait  décliner  et  mourir.  Lorsque ,  au 
printem|>s  de  1 7 1 4,  le  grand-visir  quitta 
les  Dardanelles  avec  une  flotte  de  100 
voiles  et  commença  les  ho»tilités  par  la 
prise  de  File  de  Tinos,  Venise  était  si  peu 
préparée  quVIle  ne  put  envoyer  à  la  dé* 


Vl 


I 


:7. 


fense  de  la  Morée  que  8 

ligne,  1 1  galères  et  8,000 

le  général  vénitien  X  an  Ddfino  se 

tenta  de  défendre  quelques  places  îi 

et  laia>a  le  plat  pays  exposé  aux  ra 

des  Turcs.  Le  20  juin  1714,  le  grsiid»^ 

visir  fit  capituler  Corinthe.  La  oonqulu^ 

de  la  Morée  fut  terminée  cette  fois  dav^ 

une  seule  campagne;  les  Véniticoi  wtf^ 

purent  même  préser\-er  les  Iles.  Sut  10^' 


Si 


victoires  d'Eugène  dans  le  Nord , 
valeureuse  défense  de  Corfou  par 
lembourg,  qui  facilita  la  reprise 
Maure  et  de  Butrinto,  Venise  aurait 
risque  d^utre  attaquée  elle-même, 
victoires  sur  mer  la  relevèrent  un  i 
elle  pri  t  Prevesa  et  Von  izza,  et  elle  était 
cupée  au  siège  de  Dulcigno  lorsqu'elle 
çut  la  nouvelle  de  la  paix  conclue  à 
roviu  (2 1  juillet  1718)  entre  V 
et  la  Porte.  Forcée  d'y  accéder,  élis  lÉ: 
garda  que  Cérigo,  les  lies  Ioniennes»  # 
Butrinto,  Parga  et  Prevesa  dans  l'Attië»  < 
Alors  la  Grèce  tout  entière   élrfh 


nie. 


turque;  elle  fut  divisée  en  pachaiià9f, 
subdivisés  en  niussemliAs,  agaUks  i^ 
vaivodaliksy  qui  tous  étaient  subordcoal^ 
au  rnumeli'Valcsi  (grand-juge  de  Y^OÊf^ 
mélie).  La  Grèce  du  nord  comprit,  owHlï 
plusieurs  pachaliks,  le  mussemlik  de  Ij^. 
rissa,  les  vaivodaliks  d'Attiqueet  de  IJ^ 
vadie,  et  une  foule  de  |>otits  districts  uHÊk 
l'administration  particulière  de  fonction, 
naires  turcs,  tels  que  agas,  beys,  vaivod% 
et  même  primats  indigènes.  En  Morét^ 
le  ])acha  de  Tripollzza  était  à  la  téleA^ 
Tadmini^tration,  qui  était  entre  lesmaÎM 
de  huit  beys.  Les  trentc-et-unelieadell. 
mer  Egée  étaient  sous  les  ordres  du  caps* 
dan- pacha,  le  reste  sous  ceux  d'antni 
fonctionnaires  du  sérail.  Ce  système 
vint  bientôt  oppressif.  La  vénalilé 
charges  était  une  cause  continuelle  d*! 
torsions.  Ajoutons  à  cela  Télévation 
traire  des  impôts,  notamment  de  «loiéi 
la  capitation  (karadj)^  de  Timpôt  foocMi 
(miri\  du  rachat  des  corvées  (anganm)^ém 
frais  de  justice,  des  droits  d'entrée  ci  4i 
sortie.  La  manière  despotique  dool  8i 
étaient  levés  les  rendait  doublement  oméF 
reox.  Toute  la  propriété  foncière  élili 
tombée  entre  les  mains  des  Turcs,  dli 
Grèce ,  épuisée,  put  à  peine  trouver  OM 
compensation  dans  le  commerce.  I..CS  \\m 


GRE 


(«) 


GRE 


■I  teules  quelques  avantages  ; 
àt  Uxites  ces  taxes  arbitraires, 
est  à  payer  qu'un  tribut  an* 
OyOOO  piastres, 
ârconsiances,  la  religion  seule 
loore  nourrir  quelques  ger- 
iooalité.  Le  patriarche,  le  sy-> 
MistantiDople  et  tout  le  clergé 
qui  armit  avec  lepeuple  des  rap- 
amédiats,  défendaient  contre  la 
roits  de  leurs  coreligionnaires, 
juridiction  qu'ils  avaient  con- 
ie  en  matière  civile,  augmentait 
r  influence.  Si  elle  ne  fut  pas 
es  bienfaisante,  il  faut  Tattri- 
B  d^aisance  et  d'instruction  du 
ricnr.   Enfin,   il  ne  faut  pas 

silence  ces  corporations  mi- 
èpendantes,  plus  tard  célèbres 
Bs  d'annatoies  et  de  Alepà- 
innée  toujours  prête  à  mar- 
'intérêt  du  peuple,  et  enfin  les 
(  V07'.  ces  noms) ,  auzqueb  la 

de  leur  esprit  et  de  leurs  con- 
ne  tarda  pas  à  donner  une  as- 
nfluence  sur  les  aflaires  de  la 
commencement  du  xviu^  siè- 
r  donna  les  places  de  drogman 
odarats  de  la  Valachie  et  de  la 
ils  furent  aussi  drogmans  du 
acha  et  ambassadeurs  près  les 
irope.  Il  est  cependant  à  re- 
*  cette  aristocratie  nouvelle  ait 
ar  des  motifs  d'ambition,  né- 
Btérèts  du  peuple  grec;  mais, 
urant  du  x\iu*  siècle,  on  vit  se 
'  en  Grèce  les  germes  d'une  in- 
plus  avancée.  Dès  1620,  les 
patriarche  de  Constantinople, 
car,  pour  y  établir  des  écoles, 
neutralisés  par  Tinfluence  dés- 
*s  Jésuites,  qui  avaient  su  con- 
ns  leurs  mains  le  monopole  de 
«  publique.  Mal  dirigées,  leurs 
tardèrent  pas  à  s'éteindre.  La 
de  maiâons  de  commerce  grec- 
ies  principaux  ports  et  places  de 
ïnt  des  résultats  bien  plusavan- 
y  en  avait,  avant  la  fin  du  xvii* 
aastantinople,  Janina,  Smyme, 
Larissa,  Boukarest,  sur  le  mont 
Corfou  et  à  Patmos,  car  les 
permettaient  TiDstruction  que 
oltres.  Plus  lard,  elle  fit  encore 

relap.  d^ÎM.d.  M,  Tome  XJIJ. 


quelques  progrès  sous  la  protection  de 
la  Russie ,  qui  commentait  à  tourner  ses 
vues  vers  la  Grèce. 

L'insurrection  des  Monténégrins  de 
1766  n'était  pas  l'ouvrage  de  la  Russie, 
mais  elle  jeta  en  Grèce  des  idées  de  li- 
berté; cependant  elle  fut  bientôt  compri* 
mée.  Cette  puissance  se  disposait  depuis 
plusieurs  années  à  venir  au  secours  de 
ses  coreligionnaires,  et  dès  1763  elle 
avait  envoyé  un  émissaire  au  milieu  d'eux. 
Catherine  n  songeait  sérieusement  à  don- 
ner suite  à  ces  projets,  quand,  en  1 7  68,  la 
Porte ,  à  l'instigation  de  la  France ,  dé- 
clara la  guerre  à  la  Russie.  Pendant  qu'on 
préparait  à  Saint-Pétersbourg  une  expé- 
dition pour  la  Méditerranée,  leXhessalien 
Pappas-Oglou  travaillait  à  soulever  les 
Grecs;  enfin  une  flotte  de  sept  vaisseaux 
de  ligne,  quatre  frégates  et  quelques 
transports  quitta  Kronstadt  en  septembre 
1769.  La  Porte,  qui  ne  se  doutait  pas  du 
péril ,  dut  à  la  résolution  de  Gagi-Haçan, 
un  de  ses  marins  les  plus  expérimentés, 
de  pouvoir  rassembler  une  petite  force 
navale.  Au  commencement  de  1770,  une 
partie  de  l'escadre  russe,  sous  Fœdor  Or- 
lof  (i;o^.),  vint  mouiller  dans  le  golfe  de  Vi- 
ty  lo.  Il  n^y  avait  pasd'unité  en  Morécj  point 
de  plan  insurrectionnel,  et  la  faiblesse  de 
Tescadre  russe  vint  anéantir  les  espérances 
des  amis  de  la  liberté.  Orlof,  après  avoir 
rallié  quelques  troupes  indigènes,  eut  dans 
le  principe  certains  succès  ;  il  allait  mar- 
cher contre  Tripolizza,  lorsque  les  Alba- 
nais au  service  de  la  Porte  parurent  dans 
l'isthme,  prirent  Missolonghi,Corinthe,  et 
se  dirigèrent  ensuite  vers  Patras  et  Tripo- 
lizza. Réunis  aux  Turcs,  ils  battirent  com- 
plètement les  Russes.  Les  Grecs  qui  ne 
fuirent  pas  dans  les  lies  furent  massacrés. 
L'insurrection  fut  ainsi  détruite;  seule- 
ment autour  de  Navarin  quelques  débris 
des  Maînottes  faisaient  encore  cause  com- 
mune avec  les  Russes.  Toutefois  l'arrivée 
d'une  troisième  escadre  russe  devant  Vi- 
ty  lo,  le  2  0  mai,  ranima  les  espérances  ;  mais 
la  flotte  turque  évita  le  combat,  et  laissa 
Elphinstone  et  Spiritof,  les  deux  amiraux 
russes,  se  quereller  entre  eux.  Orlof,  voyant 
toute  résistance  impossible,  crut  qu^il  n'y 
avait  d^autre  parti  à  prendre  que  celui  de 
la  fuite  :  il  s'embarqua  à  Navarin  avec  les 
restes  de  l'expédition,  abandonnant  le$ 


GRË 


(H) 


GRE 


(trectfy  qaiy  malgré  Pamnistie  proclamée  /  fooda  et  beaaooap  de  proi 
par  la  Porte ,  reslèreot  peodant  neuf  ans     ~'~"       '"'  ■  -  •* 

exposés  à  toutes  les  cruautés  des  Albanais. 
L'incendie  de  la  flotte  turque  à  Tchesmé, 
les  7  et  8  juillet  1770,  par  Alexis  Orlof 
(vajr.)y  senrit  aussi  peu  à  la  délivrance  de 
la  Grèce  que  son  attaque  sur  Lemnos. 
La  flotte  russe,  après  trois  ans  d^inaction, 
ne  revint  en  Russie  qu'après  le  traité 
de  paix  conclu  à  Koutchouk-Kainardji 
(vo^.),  le  24  juillet  1774.  Cette  paix 
contenait  certaines  stipulations  avanta- 
geuses aux  Grecs,  telles  qu'amnistie  com- 
plète, libre  exercice  de  leur  religion , 
le  droit  d'émigrer  avec  leur  patrimoine  ; 
mais  la  Porte,  trop  faible  pour  répri- 
mer les  corsaires  albanais ,  était  égale- 
ment impuissante  pour  les  forcer  à  ob- 
server ces  conditions.  Haçan  les  détruisit 
enfin  le  10  juin  1770,  et  brisa  la  force 
des  Albanais.  H  reçut  en  récompense  le 
gouvernement  de  la  Morée;  son  adminis- 
tration, despotique  d'abord,  s'adoucit  en- 
suite sons  l'influence  de  son  drogman  Ma- 
TTogenis.  Quant  aux  lies,  la  politique 
conseillait  de  les  ménager.  On  eut  ainsi 
quelques  moments  de  repos. 

A  cette  époque,  le  nord  de  la  Grèce 
devenait  le  siège  d'une  puissance  nou- 
velle :  nous  voulons  parler  de  celle  que 
s'était  créée  le  pacha  de  Joannina  ou 
Janina,  Ali  de  Tébélen.  Avec  le  secours 
des  klephtes  et  des  armatoles  de  la  Thes- 
8alie,de  l'Étolie  et  de  l'Acamanie,  il  s'était 
emparé  du  pachalik  de  Janina,  d'une  par- 
tie de  celui  de  Bérat,  et  était  sur  le  point 
d'exterminer  Ibrahim,  pacha  de  Bérat, 
lorsque  celui-ci  fut  sauvé  par  la  valeu- 
reuse assbtance  des  Chimariotes  et  des 
SonUotes  (1789).  Ces  peuples  monta- 
gnards {VOX.    CHIlfiUL    et    SOUUOTES) 

étaient  en  armes  :  depuis  deux  ans  du- 
rait la  seconde  guerre  de  l'impératrice 
Catherine  contre  la  Porte ,  et  ses  agents 
avaient  cherché  à  soulever  surtout  ces 
vaillantes  populations.  Les  8,000  hom- 
mes qu'Ali-Pacha  (voj,)  envoya  contre 
les  Souliotes  furent ,  après  une  déroute 
complète,  forcés  de  s'enfuir  jusqu'à  Ja- 
nina. Cette  victoire  exalta  le  courage  des 
enfants  de  Souli  :  ils  songèrent  à  une  en- 
treprise plus  vaste  et  envoyèrent  une  am- 
bassade à  Saint-Pétersbourg  ;  mais  tout 
i«  Qu'elle  rapporta  ce  furent  quelques 


Ctéâm 

rine  oublia  ces  dernières,  peu  de  MM 
après,  pour  faire  sa  paix  avec  la  Fottl 
Toutefois  la  paix  de  Jaasy  (t^.),  du  9  jiril 
vier  1793 ,  en  conservant  aux  Grec»  Il 
avantages  que  leur  avait  garantis  oellt  4 
Koutchouk-Kainardji,  leur  donom  H 
outre  la  libre  navigation  sous  pavâlil 
russe.  La  même  année  vit  aussi  finir  I 
guerre  entre  les  Souliotes  et  Ali  :  le  pMH 
non-seulement  reconnut  l'indépendmiM 
des  Souliotes,  mais  leur  céda  des  portM 
de  territoire  et  racheta  ses  priaoMÉW 
par  une  forte  rançon. 

Pendant  la  période  de  repos  qui 
le  commerce  de  la  Grèce  prit  ooe 
grande  extension,  notamment  duHrl 
lies.  On  vit  s'élever  un  grand 
d'écoles  helléniques  ,  tant  au 
qu'au  sein  même  de  la  Grèce,  et,  d'im  li| 
tre  càxé,  les  mouvements  révolutioni 
de  l'Occident  contribuèrent  aussi  à 
cer  l'éducation  politique.  La 
l'affranchissement  de  la  patrie  eut  pil 
représentants  Mavrocordatos,Hy  pûlôrfl 
Gazb,et  surtout  leThessalien  Biiigai,  ni 
quel  on  doit  la  première  idée  d'une  M 
iérie  {voy-)  politique.  Si  le  supplie» |l 
ce  patriote  à  Belgrade,  en  1798,  ilH 
décourager  un  moment  les  amis  de  la  I 
berté  grecque,  ils  ne  perdirent  pas  polÉ 
cela  l'espérance.  Le  traité  de  Campd 
Formio  (5  juillet  1797)  venait  de  doMÉ 
les  lies  Ioniennes  et  les  anciennes  posMl 
sions  de  Venise  en  Albanie  à  la  répubiii|tf 
firançaise,  qui  avait  su  gagner  tous  les  m 
prits  par  son  adminbtration  libérale.  U 
déclaration  de  guerre  de  la  Porte  (seplam 
bre  1798)  et  le  mauvais  succès  de  Vesq^ 
dition  d'Egypte  firent  échouer  les  plai 
qu'elle  avait  conçus.  Ali-Paciia  enM 
presque  toutes  les  places  de  l'Albanie^  i 
les  lies  Ioniennes,  bientôt  retombées  m 
pouvoir  'de  la  flotte  turco- russe,  ne  ron 
trèrent  qu'à  la  paix  de  Tilsittsous  la  d» 
mination  de  la  France.  La  guerre  éê 
Souliotes  de  1804  n'eut  d'autres  résnl 
tats  que  d'amener  leur  exterminatloi 
presque  totale  et  de  faire  tomber  l'Albn 
nie  entière  au  pouvoir  d'Ali,  à  qui  I 
Porte  avait  conféré  le  titre  de  roumeli 
valesi.  La  majeure  partie  de  la  Grée 
septentrionale  était  en  son  pouvoir.  Ion 
qu'il  profila  de  la  rupture  entre  la  RyMft 


GRE 


(Si) 


GRË 


1806  y  pour  sVroparer 
et  Frévesa  ,  Butrinto  et  Vooizza. 
d'^habtleté  qae  de  ruse ,  il 
tour  à  tour  la  faveur  des 
i  ci  <ies  AnglaM,  et ,  après  avoir 
ï  k  Ticii  Ibrahim,  pacha  de  Bérat 
ctOKlre  son  influence  jusque  dans 
e  ■érîdionale,  Lorsqu'en  18  tT, 
Boo  anglaise  eut  été  retirée  de 
ce  dernier  boulevard  des  Soulio* 
lait  parvenu  à  établir  sa  domina- 
tonftes  les  cotes  de  TÉpire,  depuis 
i  jnscfa'au  golfe  d^Arta. 
ant  ce  temps,  la  nation  hellénique 
ie  aonveaux  progrès;  riostruc> 
propageait  d^une  manière  sensible 
Moldavie  ,  la  Valachie  ,  la  Macé- 
la  Tbesabe,  TÉpire.  L'école  d'A- 
Et  ia  Société  iUt  amis  de.t  MuseSy 
ca  1814,  favorisèrent  le  progrès. 
ée  vit  s*oavrir  des  écoles  qui  satis- 
■a  preaûers  besoins.  Dans  les  lies 
a  \woj.y,  bien  que  les  Anglais 
pea  de  sympathies  pour  les  écoles 
organisées  sous  la  domina- 
,  on  ne  peut  mécoonaitre 
rendus  par  quelques  hommes 
b,  oooune  lord  Guilford,  qui,  sous 
ction  de  Canning,  fonda  en  1823 
■té  ionienne  de  Corfou.  Dans  les 
a  mer  Egée  et  de  TAsie-Mioeure, 
t  les  écoles  de  Patmos  et  de  Chios, 
Aivali  on  Sydonie  et  deSmyrne  ; 
Bosphore  de  Thrace,  celle  du 
de  Kjoaroutchesmé.  A  côté  des 
avait  pris  naissance  uoe  lîtté* 
nationale  dont  les  interprètes 
ient  souvent  rallranchtssemeot  de 
X.  En  1813,  la  marine  grecque 
it  5O0  navires,  la  plupart  bien  ar- 
S,OO0  marins.  Le  nombre  de  ces 
laingmentait  chaque  année,  tandis 
raaée  de  terre  se  recrutait  de  tous 
Us  qui  revenaient  après  avoir  servi 
françaises  et  anglaises.  Il 
le  penple  une  vie  nouvelle, 
iveiles  idées,  mises  à  profit  pour 
ibiiMmr  lit  de  la  Grèce  par  une 
e  bétérie,  dont  on  peut  faire  re- 
à  1814  La  fondation  comme  so- 
£tîqne.  Cest  là  q  se  réfugièrent 
iimiri  desGrecs  trompées  au  con- 
vienne; l*hétérie  s'accrut  de  jour 
.  Qamd  die  eut  attiré  à  elle  tous 


les  Grecs  importants  de  TEurope  et  même 
de  Tempire  othoman,  Anthimos  Gazîs 
parcourut,  en  1816,  toute  la  Grèce  avec 
quelques  initiés;  dans  chaque  commune, 
on  réunit  des  membres,  et  en  1817  près* 
que  tous  les  primats  et  les  principaux 
klephtes  et  armatoles  de  la  Morée  et  du 
nord  de  la  Grèce  en  faisaient  partie. 

A  peine,  en  1820,  Ali -Pacha,  qui 
devenait  de  jour  en  jour  plus  redouta- 
ble, fut-il  proscrit  par  la  Porte,  que  les 
chefs  de  Thétérie  envoyèrent,  de  concert 
avec  lui ,  une  ambassade  à  Saint-Péters- 
bourg pour  s'assurer,  par  le  comte  Jean 
Kapodistrias  (  'ony,  ),  Tappui  du  cabinet 
russe.  Le  succès  ne  répondit  pas  à  leurs 
espérances;  on  ne  leur  donna  que  des 
réponses  évasives.  Pendant  ce  temps ,  en 
Grèce ,  les  choses  prenaient  une  tour- 
nure inattendue.  La  Servie,  la  Moldavie, 
la  Valachie  étaient  en  proie  à  la  plus  vive 
fermentation.  Les  armatoles  et  les  klephtes 
du  Nord ,  travaillés  par  les  émissaires  d'A- 
li-Pacha ,  prenaient  contre  la  Porte  une 
position  hostile,au  point  que  déjà  en  1 820 
le  capudan-pacha  envoyé  sur  les  côtes  de 
l'Albanie  avait  cru  devoir  s'emparer  de 
Panorma ,  Santi  -  Quaranta  ,  Delvino , 
Saint-Basile,  Moursino  et  Butrinto,  sur 
les  côtes  d'Albanie.  Mais  dans  ce  moment 
décisif,  Ali ,  abandonné  des  siens,  vit  sa 
puissance  se  briser,  et,  comme  on  peut  le 
voir  dans  sa  notice ,  finit  par  une  mort 
malheureuse  une  vie  souillée  de  crimes. 

Pendant  que  le  nord  de  la  Grèce  s'a- 
gitait, la  Morée,  déjà  ébranlée,  dans  son 
obéissance  au  sulthan,  parVeli,  fils  d'Ali- 
Pacha  ,  ne  restait  point  inactive.  Une  as- 
semblée nombreuse  d'hétéristes  se  tint 
à  Vostizza  en  novembre  1820.  Tout  était 
prêt  pour  un  soulèvement ,  lorsque  les 
mouvements  dans  le  nord  attirèrent  l'at- 
tention de  la  Porte.  Alexandre  Hypsilan- 
lis  {voy.)y  qui  avait  quitté  Saint-Péters- 
bourg dans  l'été ,  venait  de  se  rendre  par 
Odessa  à  Kichenef  eu  Bessarabie,  où  était 
le  siège  principal  de  Thélérie.  On  croyait 
partout  qu'il  allait  être  précédé  d'une 
armée  russe.  Une  fermentation  sourde 
agitait  la  Valachie  et  la  Moldavie,  lors- 
que la  mort  subite  de  l'hospodar  Alexan- 
dre Soutzos  (1 1  février  1821)  amena  un 
soulèvement  qui  fut  regardé  par  Hypsi- 
lantis  comme  l'instant  le  plus  favorable 


GRC 


(36) 


GRE 


poor  tenter  la  délivrance  de  sa  patrie. 
En  eflety  diaprés  les  plans' de  rbétérie, 
rinsurrection  devait  commencer  par  la 
Moldavie  et  laValacbie;  TOlympien  Geor- 
gaki,  qui,  sous  Alexandre  Soutzos,  était  à 
Boukarest  tufenkgi '^  baschi  (colonel  des 
troupes  à  pied),  devait  en  être  Fagent  le 
plus  actif.  Celui-ci  envoya  dans  la  Petite- 
Valachie,  avec  150  hommes ,  un  Valaque 
nommé  Théodore  Vladimiresko,  qui  avait 
été  au  service  russe  commandant  de  pan- 
dours,  et  qu^il  chargeait  de  soulever  le 
peuple  dans  cette   province.  Mais  sans 
s^ioquiéter  de  suivre  les  plans  des  hétéris- 
tes  y  cet  homme  ne  songea  qu^à  se  faire 
donner  par  la  Porte  Fhospodarat  de  la 
Yalachie.  A  cette  nouvelle,  Hypsilantis 
passa  le  Prouth  et  entra  à  Jassy  le  7  mars; 
là,  au  lieu  d*agir  avec  rapidité  et  de  pro- 
fiter de  Tenthousiasme  général,  il  per^ 
dit  du  temps  dans  de  funestes  irrésolu* 
tions  et  des  négociations   inutiles  avec 
Yladimiresko.  Pour  comble  de  malheur, 
l'empereur   Alexandre  (vo^.),  alors  au 
congrès  de  Laybaeh ,  le  fit  désavouer  le 
9  avril  par  son  consul  général  à  Jassy  ;  et 
les  boîars,  qui,  à  son  entrée,  avaient  pris 
la  fuite,  rentrèrent  et  excitèrent  par  leurs 
proclamations  le  peuple  contre  lui.  En 
même  temps»  les  comtes  Nesselrode  et  Ka- 
podistrias blâmaient  vivement  la  conduite 
d^ Alexandre  Uypilantis  et  le  sommaient 
de  se  retirer  dans  les  montagnes  pour  de 
là  traiter  avec  le  sulthan.  Son  armée  se 
trouva  alors  complètement  désorganisée, 
et  ceux  qui  Pavaient  suivi  dans  la  croyance 
qu*il  était  soutenu  par  la  Russie  prirent 
contre  lui  de  la  dé6ance;  cependant  la 
lenteur  desTurcs  lui  aurait  permis  de  con- 
quérir quelques  avantages  qui  pouvaient 
amener  le  triomphe  de  sa  cour.  Enfin  le 
sulthan,  instruit  par  Tambassadeur  russe, 
baron  Strogonof,  des  intentions  de  son 
maître,  envoya  des  troupes  dans  la  Mol- 
davie et  laVaîachie  ;  les  Grecs  furent  bat- 
tus, Galacz  fut  pris  par  loussouf ,  pacha 
d'Ibraîl,  Boukarest  par  le  pacha  de  Silis- 
trie.  Les  renforts  qu^Hypsilantis  reçut  du 
corps  du  Grec  Karoinar  Sara,  ancien 
commandant  de  la  garnison  de  Boukarest, 
et  de  celui  de  Yladimiresko,  exécuté  à 
Tcrgovist,  furent  peu  utiles,  parce  que  le 
prinrt*  fut  obligé  de  diviser  ses  forces  à 
rinfiiii.  Aprvs  pliisicure  petits  comliats, 


celai  de  Dragachân  (19  juin  183 
truisit  ton  armée,  et  avec  elle  les  « 
ces  des  hétéristes.  Hypsilantis,  qui 
pas  pris  part  à  Faction,  se  retira  c 
à  Rimnik,  puis  sur  le  territoire  auti 
Reçu  par  les  autorités  comme  un  | 
nier  d'éut,  il  vécut  d'abord  à  Mi 
puis  àTheresienstadt  dans  une  être 
son ,  et  mourut  à  Yienne  en  182 
après  son  élargissement. 

Avec  sa  retraite  finit  Finsurrec 
la  Yalachie;  mab  la  Moldavie  ne  I 
mise  qu'après  la  défaite  de  Ranta< 
prèsdeSkouleni(29juin  I821)»et 
héroïque  de  Georgaki  (26  août) 
dant  ce  temps,  en  Morée,  Tinsun 
fomentée  et  dirigée  surtout  par  ( 
nos  (voy,)^  archevêque  de  Patn 
victorieuse.  Tripolizza,  Calavryta 
rent  au  pouvoir  des  Grecs.  Les  A 
chrétiens  de  la  Mégaride  marchaic 
treCorinthe;  en  Messénie,  Grégoi 
que  de  Modon,  bloquait  Navarin  \ 
que  les  Maînottes,  sous  Pietro-be 
vromichalis  )  et  Théodore  Koloa 
revenu  de  Zaute,  prenaient  Cala 
réunissaient  le  premier  congres  i 
sous  le  nom  de  sénat  de  Mtssênii 
vrit  ses  séances  le  9  avril,  publia  < 
clamalions,  distribua  des  armes 
plit  les  fonctions  d'un  gouvememi 
visoire.  Les  Turcs,  battus  dans  tr 
contres,  purent  néanmoins  pre 
mettre  à  feu  et  à  sang  Patras,  ' 
et  Argos.  D'autres  victoires  de 
près  de  Yaltezza  (27  et  28  ma 
Doliana  (81  mai),  quoique  de  pe 
portance,  assurèrent  le  triomph* 
de  leur  cause  en  Morée.  Le  sénat  a 
porta  de  Calamata  au  monastère  i 
tezzi,  et,  le  9  juin,  installa  une  c 
sion  provisoire  composée  d'un  pi 
et  de  neuf  membres. 

Les  lies  suivirent  bientôt  le 
ment  dont  la  Morée  leur  donnait 
pie  :  au  mois  d'avril,  Spezzia, 
Hydra   déclarèrent  leur   indépej 
Dans  le  nord,  la  guerre  de  la  Port* 
Ali  donna  à  l'insurrection  un  ci 
particulier.  Les  Souliotes  fortifiaie 
nouvelles  conquêtes.  Dans  Test,  VI 
la  Béotie,  la  Phocide  étaient  entii 
soulevées;  Athènes  a\ait  été  prû 
garnison  turque  était  bloquée  da 


GRE 


(J7) 


GRE 


oalèvement  s'étendit  aa-delà 
pyf es  :  en  Magnésie ,  en  Ma- 
»  Turcs  se  dirent  attaqués  et 
c  seule  put  empêcher  la  prise 
e  et  repousser  les  Grecs  vers 
du  mont  Athos.  La  Porte, 
habitude,  ignorait  les  événe- 
^naient  de  se  passer  ;  ce  fut  à 
écouverte  de  la  conspiration 
e  Justiniani,  qui  commandait 
grecs  et  devait  s'emparer  de 

Tarsenal  de  Constantinople 
sonne  même  du  sulthan,  put 
vTÎr  les  yeux.  Des  massacres 
les  parties  de  l'empire  (voy. 
Mo&ousi,  etc.)  en  furent  la 
>rreurs  (on  estime  à  30,000 
les  ^-ictimes  )  et  l'intervention 
Togonof ,  ambassadeur  de  la 
ûe,  amenèrent  entre  les  deux 
n  échange  de  notes,  puis  une 
ogonof  se  retira  à  Bajukdéré, 
i  la  Porte,  le  15  juillet  1 821, 
771  où  il  la  sommait  d'épar* 
Hiens  et  de  respecter  la  reli- 
e.  Le  10  août,  il  quitta  le 

arriva  le  13  à  Odessa,  dé- 
fit d'abord  beaucoup  desen- 
irope,  mais  qui  n'aboutit  à 

qu'à  l'interruption  tempo- 
ipports  diplomatiques.  A  la 
i,  ces  rapports  furent  même 

seulement  pour  donner  la 
1  désirait  à  la  rupture  inévi- 

préparait  pour  le  mois  de 

:)ui,  dans  la  crainte  de  la  Rus- 
ait du  côté  du  nord,  se  dégar* 
>ôté  du  midi.  Sur  mer,  la  flotte 
imbasis  remportait  de  nom- 
[âges;  une  autre  flottille  en- 
;  golfe  de  Lépante  et  faisait 
solonghi,  Anatolico,  l'Étolie 
nie.  loussouf-Pacha  ,  de  son 
illa,  que  les  Ioniens  du  comte 
\9s  avaient  mis  en  insurrec- 
ransporta  la  population  à  Pa- 
!  époque  environ  (juin  1821), 
T  l'arrivée  en  Morée  de  Dé- 
psilantis  (voy.) ,  frère  d'A- 
t  l'origine  des  divisions  qui 
itre  les  difTérents  chefs.  Alors 
'avaient  plus  en  Morée  que 
qui  toutes  étaient 


serrées  de  près;  peu  après,  il  ne  leur  resta 
plus  que  Coron  et  Modon ,  approvision* 
nées  par  Tescadre  du  capudan«bey,  Ga- 
laxidi ,  Napoli  de  Romanie,  dont  Hypsî- 
lantis  fut  forcé  de  lever  le  siège,  et  Patras, 
que  les  Grecs  attaquèrent  sans  succès.  Le 
congrès  national  fut  transféré  à  Argos,  et 
ensuite,  sur  la  proposition  de  Mavrocor- 
datos  (vo^.),  dans  la  petite  ville  de  Piada, 
sur  le  golfe  Saronique. 

Dans  le  nord,  les  Souliotes,  sous  Bot- 
zaris  [voy.)j  faisaient  moins  de  progrès; 
à  l'ouest,  les  armatoles ,  sous  G.  Varna- 
kiottis ,  prenaient  Vrachori  et  Zapandi  ; 
sousTzongas,  ils  s'emparaient  de  Playa  et 
de  Téké,  sur  la  côte  de  l'Acarnanie  ;  Pa- 
nourias  prit  Salone  en  Locride,  et,  le  27 
juillet,  Hogos  Bakoulas  remporta  une 
brillante  victoire  près  de  Petia ,  à  deux 
milles  d'Arta.  Khourchid  -  Pacha  n'en 
conserva  pas  moins  l'avantage;  les  Sou- 
liotes furent  forcés  à  la  retraite.  Le  con- 
grès réuni  en  novembre  à  Salone,  sous 
la  présidence  de  Théodore  Negris,  ne  put 
rien  faire  d'important.  Dans  l'ouest,  les 
Souliotes  essuyèrent  un  échec;  dans  Test, 
les  Grecs,  battus  aux  Thermopyles,  per- 
dirent la  Livadie  et  Thèbes.  Heureuse- 
ment un  corps  de  5,000  hommes,  qui 
venait  rejoindre  Méhémet-Pacha ,  fut  as* 
sailli  et  vaincu  par  eux  dans  les  défilés 
du  mont  Œta.  Ce  succès  fut  compensé 
par  la  prise  de  Magnésie  et  de  la  pres- 
qu'île de  Chalcidique.  Enfin  il  ne  restait 
plus  aux  Grecs  que  la  passe  de  Pallène  : 
le  1 1  novembre,  elle  fut  prise  d'assaut  par 
le  pacha  deSalonique,  qui,  peu  après 
(27  décembre),  prit  possession  des  cloî- 
tres du  mont  Athos. 

On  le  voit,  cette  première  année  ne  fut 
pas  heureuse  pour  les  Grecs  ;  il  n'y  avait 
ni  chefs  ni  armée.  A  l'extérieur,  la  Russie, 
l'Autriche  se  déclaraient  contre  eux;  la 
France  gardait  une  stricte  neutralité; 
l'Angleterre  qui,  à  cause  du  voisinage  des 
îles  Ioniennes,  redoutait  l'influence  que 
ces  mouvements  pouvaient  y  exercer,  était 
ouvertement  hostile.  L'année  1 822  s'ou- 
vrit par  la  publication  de  la  constitution, 
sous  le  nom  de  loi  organique  d^Épidaure^ 
en  107  articles,  très  libérale,  mais  avec 
beaucoup  de  dispositions  inapplicables. 
Toutefois  le  nouveau  gouvernement  fut 
installé  et  la  présidence  donnée  kMnto» 


GU£ 


(88) 


GUE 


cordatos;  après  la  dissolution  du  coo- 
grès,  le  28  janvier,  celui-ci  choisit  pour 
le  siège  du  gouTeroemeot  Corinthe ,  qui 
▼enait  de  se  rendre.  Le  4  mars,  il  y  eut 
un  combat  peu  décisif  près  du  cap  Papas 
entre  Tescadre  turque  et  la  flottille  grec- 
f|ue,  sous  Miaulb  (vojr,^  Dans  la  Morée, 
Kolocotronisgagna(  1 4  mars)  une  brillante 
victoire  sur  Mébémet-Pacha  ;  Napoli  de 
Romanie  allait  capituler,  quand  Pappari- 
tion  de  Tarmée  du  séraskier  Rhourcbid- 
Pacba  força  les  Grecs  à  lever  le  siège. 
Dans  It  midi,  Mahmoud-Dram>  Ali,  après 
de  norobreui  avantages  et  la  prise  de  la 
citadelle  de  Larissa,  perdit  dans  une  dé- 
sastreuse retraite  ses  bagages,  sa  caisse  et 
la  majeure  partie  de  son  armée.  Dans  le 
nord,  les  Souliotes,  d^abord  constamment 
vainqueurs  de  Khourchid -Pacha,  eurent 
ensuite  presque  continuellement  le  sort 
contre  eux;  battus  à  Petta  le  16  juillet, 
menacés  par  une  flotte  othomane  de  96 
voiles,  ils  obtinrent  une  capitulation  par 
la  médiation  du  consul  anglais  de  Pré« 
vesa,  et,  le  1 6  septembre,  ib  quittèrent  en- 
core une  fois  leur  patrie  et  furent  trans- 
portés à  Assos  sur  des  vaisseaux  anglais. 
ÛAcarnanie  perdue,  Mavrocordatos  vou- 
lut sauver  au  moins  FÉtolie  et  se  jeta 
dansMissolonghi,  qui,  grâce  aux  Hydrio- 
tes,  put  repousser  Omer-Vriones.  L'A- 
camanie  se  déclara  de  nouveau  indépen- 
dante. En  Macédoine,  dans  TEubée,  en 
Thcssalie,  les  Grecs  eurent  plus  de  revers 
que  de  succès;  dans  Test,  les  avantages 
furent  balancés,  et  le  chef  Odysseus  (w>y.), 
après  plusieurs  échecs ,  força  Méhémet- 
Pacha  à  une  trêve  et  ensuite  à  la  retraite. 
Quant  à  la  guerre  maritime,  elle  fut  tout- 
à-fait  à  Tavantage  des  Grecs.  L*insurrec- 
tion  intempestive  des  Chiotes  amena  la 
dévastation  de  leur  lie  par  le  capudan- 
pacha  ,  Kara-Ali;  mais  elle  fut  suivie  de 
la  destruction  de  la  flotte  othomane  par 
Constantin  Ranaris  (vor.),  le  18  et  le  19 
juin  :  cet  événement  eut  pour  Pavenir  les 
fuites  les  plus  importantes.  Ceux  qui  vin- 
rent après  et  notamment  Pheureuse  atta- 
que de  Ranaris  (19  septembre  )  à  Téné- 
dos,  contre  la  flotte  turque,  montrèrent 
qu^on  pouvait  difficilement  enlever  aux 
Grecs  leur  supériorité  sur  mer.  LMnsur- 
rcction  de  Candie  (vo/.  CaàTE)  nVut 
^*autris  rétaltats  que  de  refouler  les  Grecs 


dans  les  montagnes  et  d'abandoni 
Turcs  le  plat  pays  et  les  villes. 

Le  second  congrès  national,  qt 
vrit  à  Astros  en  mars  1823,  ri 
mésintelligence  qui  exbtait  entre 
férents  chefs.  Le  parti  militaire,  i 
duquel  étaient  Rolocotronb,  Uy[ 
et  Odysseus,  voulait  partager  le  ] 
un  certain  nombre  de  districts  m 
et  s^en  faire  confier  le  command 
ainsi  que  la  direction  de  la  guerr 
le  parti  des  primats,  qui  avait  à  s 
chef  des  Maînottes  Piétro  Mavroi 
et  le  Fanariote  Mavrocordatos,  fui 
fort.  Après  une  séance  très  orageu 
vromichalis  fut  nommé  président, 
cordatos  secrétaire  de  la  commisse 
visoire  de  gouvernement,  et  les  ce 
déments  militaires  furent  donnés 
cotronis  dans  la  Morée,  dans  li 
occidentale  à  Botzaris,  et  dans 
Odysseus.  On  se  borna  du  rest 
nouveler  la  déclaration  d^indépe 
à  réviser  les  lob  de  Piada,  à  su] 
les  assemblées  provinciales,  à  ou 
négociations  avec  les  chevaliers  d 
et  à  chercher  à  négocier  un  em 
Londres.  La  session  finit  le  28  i 
le  gouvernement  fut  transféré  à 
lizza. 

Cette  année,  les  opérations  ré 
commencèrent  assez  tard.  Marc  l 
k  la  tête  des  Souliotes,  battit  un  c 
troupes  que  loussouf-Pacha  avait 
que  à  Rrionero,  et  ensuite,  dans  la 
1 7  août,  remporta  sur  Mustapha, 
Carpanissi,  une  victoire  complet! 
s^ctre  réuni  avec  les  débris  de  soi 
à  Omer-Vriones,  Mustapha  opér 
traite  dans  le  courant  de  novembi 
Test,  Berkofzali,  attaqué  par  Od} 
Nicias,  dans  les  environs  d*Athè 
qu*oii  il  avait  pénétré  après  avoir 
les  Thcrmopyïes ,  fut  forcé  de  m 
dans  Pile  de  Négrepont  où  il  fut 
LesGrecs  auraient  fait  de  plusgrai 
grès  sans  leurs  dissensions  ;  mais  il 
toujours  divisés  en  deux  partis , 
Rolocotronb  et  celui  de  Mavroci 
qui  finit  par  Pemporter.  Une  an 
des  Grecs  au  congrès  de  Véroi 
amené  cette  déclaration  des  pui 
que  la  Grèce,  n^étant  point  un  éti 
pendanti  ne  pouvait  demtndcr 


réponse 

plus  elle 

féi  des 


GBB  (S8  ) 

m;  ph     0 
déeoongi 

toate  l'Eim  >pe, 
t  et  lies  particoUcn.  Des  comités 
an  le  fbrmèreDt  en  Angleterre^ 
ne  {woy,  KomAÎ  et  Didot),  en 
IMyCB  Suisse  (vajr.  Ethabd),  et  un 
r  de  800,000  Iît.  sterl.  fut  négo- 
•df«sle31féTrierl824. 
rpee  parvt  alors  pour  la  première 
I  ka  a&ires  de  la  Grèce.  Ibrahim, 
>liaiBiiied  (wjyr.)  ou  Méhémet-Aii, 
pacba  de  la  Morée,  quitta  Alexan- 
c  SO  finégates,  quelques  petits 
K,  ISO  transports,  2,000  bom* 
ca^crie  et  30,000  d'infanterie 
I  à  reoropéenne.  Pendant  ce 
t  capodaB-pacha  mettait  Psara  à 
■GDg.  En  rerandie,  Miaulis,  avec 
détruisit  derant  Cbios  (voy, 

flotte  turque  de  30  navires, 
i  de  la  campagne ,  ce  brave  ami- 
;  parvenu  à  les  forcer  tous  deux 
aile,  le  capudan-pacha  vers  les 
fiUes ,  Ibrahim  vers  File  de  Can* 
1  lai  fit  encore  éprouver  de  nou* 
cfaeca.  Sur  terre,  les  opérations 
oneot  à  quelques  escarmouches, 
f  :  la  trahison  desSfakiotes(monta- 
livra  cette  lie  à  Husaeîn-bey.  Mal- 
ïcfaec,  le  gouvernement  provisoire 
it  un  peu  de  confiance  et  de  fer- 
»  partis  semblaient  se  faire  des 
ons;  le  7  février  1 825,  un  second 
I  lut  contracté  à  Londres,  au 
de  2  Baillions  de  liv.  sterl.,  au 
f  SS  s  p.  Y^  Uarmée  s'orga- 
en,  des  écoles  s'ouvrirent,  la 
bt  continuée  avec  chaleur.  Mais  la 
rît,  de  son  coté,  des  mesures  plus 
■es.  Navarin,  vivement  attaquée 
ikûn,  défendue  par  2,000  Grecs, 
irdievéque  de  Modon  et  Jean 
urhalis,  fils  de  Piétro-bey,  capi- 
23  mai.  Miaulis  qui  venait  de 
Hydra ,  détruisit  devant  Modon 
rtie  de  la  flotte  ég3rptienne,  et, 
1  vice-amiral  Sakhtouris,  allait  at- 
la  flotte  turco-ég3rptienne  dans  le 
Sade,  quand  la  tempête  dispersa 
leanx.  Pendant  qu^au  sud  Navarin 
bait,  Missolonghi,  dans  le  nord, 
icment  pressée.  Rolocotronis,  avec 
10  iKiMiet  quHl  avait  rassemblés 


GRE 

à  Tripolina,  Dikaios,  Mavromichalis  avee 
ses  Malnotes,  ne  purent  empêcher  Ibra* 
him  et  Reschid  -  Pacha  de  réunir  leurs 
forces  et  de  Tassiéger  a  la  tête  de  80,000 
hommes.  Ainsi,  à  la  fin  de  1 826,  la  situa- 
tion des  affaires  était  peu  brillante.  La 
désolation  régnait  en  Morée;  la  Grèce 
occidentale  était  dans  les  mains  des  Ara* 
bes  et  des  Albanais ,  la  Livadie  en  partie 
conquise  ;  l'Attique  et  la  Béotie  seules  se 
trouvaient  libres.  Des  deux  emprunts ,  il 
ne  restait  plus  que  les  vaisseaux  que  le 
gouvernement  faisait  construire  en  Amé- 
rique et  dont  lord  Cochrane  (voy,)  de- 
vait prendre  le  commandement.  Les  tris- 
tes divisions  des  Grecs  s'étendaient  jusque 
sur  la  flotte.  Enfin  on  équipa  une  petite 
escadre  de  vingt-quatre  bricks ,  qui  par- 
vinrent à  ravitailler  Missolonghi;  mais  la 
ville  commençait  à  sentir  la  famine;  le 
siège  fut  converti  en  blocus,  et  le  27  avril 
elle  succomba. 

Cette  lutte,  en  se  prolongeant,  avait 
fini  par  attirer  l'attention  de  l'Europe. 
Les  Anglais  craignaient  de  voir  la  Russie 
intervenir  à  la  fin  et  acquérir  une  pré- 
pondérance décidée.  En  février  1826, 
le  duc  de  Wellington  se  rendit  à  Saint- 
Pétersbourg,  sous  le  prétexte  de  saluer 
l'avènement  au  trône  de  l'empereur  Ni- 
colas ;  mais  le  4  mars  il  présenta  un  pro- 
tocole qui  servit  de  base  à  toutes  les  né« 
gociations  diplomatiques  subséquentes. 
Le  roi  d'Angleterre ,  à  la  demande  des 
Grecs,  y  invitait  l'empereur  à  s'intéresser 
aux  événements  de  l'Orient.  Il  proposait 
de  faire  de  la  Grèce  un  état  tributaire 
de  la  Turquie,  mais  gouverné  par  des 
princes  indigènes  qui  seraient  confirmés 
par  la  Porte.  La  liberté  de  conscience  et 
la  liberté  de  commerce  devaient  être  en- 
tières. On  inviterait  la  France,  l'Autriche 
et  la  Prusse  à  accéder  à  ces  propositions. 
La  France  et  la  Russie  les  accueillirent  ; 
mais  les  deu\  autres  puissances  refusè- 
rent. Du  reste,  ce  ne  fut  qu'au  prin- 
temps de  1827  que  s'ouvrirent  les  con- 
férences qui  amenèrent  le  traité  du  6 
juillet.  Les  événements  de  la  Grèce,  pen- 
dant cet  Intervalle ,  eurent  sur  ce  traité 
tme  influence  essentielle. 

Le  congrès  national  d'Astros  s'était 
réuni  seulement  quatre  jours  avant  la 
chute  de  Missolonghi  (avril  1826J,  Com« 


GRE 


(40) 


GRE 


me  on  ne  pot  s'entendre  sur  les  mem* 
bres  qui  composeraient  le  nouveau  gou- 
vernement provisoire ,  on  confia  la  con- 
duite des  affaires  à  deux  commissions  : 
Tune,  de  douze  membres,  avait  le  départe- 
ment de  la  guerre;  l'autre,  de  treize,  était 
chargée  de  l'administration  civile  et  finan- 
cière jusqu'à  la  réunion  des  députés  qui 
devait  avoir  lieu  au  plus  tard  en  septem- 
bre. La  guerre  prit,  après  la  chute  de  Mis- 
•olonghi,  un  caractère  bien  plus  terrible. 
Ibrahim  ravagea  tout  ce  qu'il  put  jusqu'à 
ce  qu'il  fût  arrêté  par  les  Maînottes  sous 
les  murs  de  Misthra,  A  l'automne,  la  Mo- 
rée  n'était  plus  qu'un  désert.  Pendant  ce 
temps,  Reschid-Pacha,  après  avoir  sou- 
mis l'ouest,  se  tournait  vers  l'est  de  la 
Grèce,  et,  au  commencement  de  juillet, 
faisait  le  siège  d'Athènes  {voy.  l'article). 
On  fit,  pour  sauver  la  ville,  les  plus  grands 
efTorts ,  mais  en  vain  :  elle  fut  prise  d'as- 
saut ,  et  l'Acropolb  bloquée.  Tout  man- 
quait à  la  fois  :  le  gouvernement  était  sans 
énergie,  sans  armée,  la  flotte  sans  subsis- 
tances. Pour  comble  de  malheur,  on  vou- 
lait rendre  le  gouvernement  responsable 
des  faits  de  piraterie  qui  se  commettaient. 
La  garnison  de  l'Acropolis  fut,  à  travers 
mille  dangers,  ravitaillée  une  première 
fois  le  23  octobre  par  le  capitaine  Gri- 
siottis,  et  une  seconde  le  12  novembre 
par  le  général  Fabvier  (voy,)',  mais  ces 
secours  ne  la  sauvèrent  pas.  Le  colonel 
licidegger  (vof,)  fit  manquer  une  expé- 
dition contre  l'Oropus.  Les  divisions  des 
députés  contribuèrent  encore  à  porter  le 
découragement  dans  le  peuple.  Heureu- 
sement arriva  lord  Cochrane,  qui  mit 
pour  condition  à  sa  coopération  la  réu- 
nion des  deux  part»  au  congrès  natio- 
nal de  Trézène.  On  nomma  à  l'unanimité 
lord  Cochrane  amiral,  sir  Richard  Church 
(vojr.) ,  colonel  d'un  régiment  léger  dans 
les  lies  Ioniennes ,  général  en  chef,  et  le 
comte  J.-A.  Kapodistrias  (vojr,) ,  gou- 
verneur pour  sept  ans.  En  attendant  son 
arrivée  de  Paris,  on  élut  une  commission 
provisoire  composée  de  G.  Mavromicha- 
lis,  J.  Milaitis  et  Jannulis  Nako.  Karaîska- 
kis  et  Miaulis,  qui  jusque-là  avaient  com- 
mandé l'armée  et  la  flotte,  furent  blessés 
de  la  préférence  qu'on  donna  sur  eux 
aux  Anglais  Church  et  Cochrane.  Après 
plusieurf  combats ,  dans  l'un  desquais 


Karaîskakis  perdit  la  vie,  la  ci] 
de  l'Acropolis  fut  signée  le  5 
l'entremise  du  commandant  Fal 
médiation  de  l'amiral  de  Rigny  ; 
son  se  retira  au  Pirét,  où  elle  h 
quée  pour  la  Morée. 

Toute  la  Grèce  était  alors  < 
complète  désorganisation;  Tint 
des  puissances  pouvait  seule  I 
La  Porte  n'avait  pas  adopté  le 
du  4  avril  1 826,  et  toutes  les  né| 
n'aboutirent  qu'à  Vuliinuttum 
le  10  juin  1827  par  le  reis-efl 
laissait  aux  trois  puissances  (Fra 
gleterre ,  Russiej  le  choix  d'ab 
la  médiation  ou  d'appnyer  le  ; 
par  la  force.  On  se  décida  poa 
nier  parti,  et  l'on  signa  à  Lod< 
juillet  1827,  ce  fameux  traité  ^ 
la  nationalité  de  la  Grèce.  Les  t 
sauces  résolurent  de  mettre  fi 
guerre  meurtrière.  Le  12  juil 
donnèrent  aux  amiraux  des  in 
à  l'eflet  d'empêcher  à  l'avenir 
nu»  de  troupes  d'Egypte ,  et 
mencer  les  hostilités  si  les  Ti 
laient  forcer  le  passage.  Ibrahim 
une  trêve,  et  quelques  jours  ap 
lut  quitter  Navarin  pour  aller 
mais  l'amiral  anglais  CodrtngUM 
força  d'y  rentrer.  Comme  il  se 
vager  la  fiAorée,  les  amiraux  luii 
Tordre  de  retourner  aosaîtôl 
flotte  en  Egypte.  Par  un  oonoot 
constances  inattendues,  le  20  oc 
cadre  combinée  se  laisM  entrai 
livrer,  devant  le  port  de  Navar 
cette  fameuse  bataille  qui  àA 
flotte  turque  et  assura  Texéc 
traité.  L'interprétation  ambigu 
puissances  médiatrices  donoèt 
événement,  qui  nedevait  paa  les 
avec  la  Porte,  mit  les  amirmux 
inaction  dont  le  divan  et  Ibmk 
profiter.  Le  reis-effendi  «iéc 
puissances  qu'on  voulait  bien  p 
aux  Moréotes,  mab  à  <30Pdit 
se  soumettraient;  les  ambaaini 
ne  pouvaient  accepter  cet  pro| 
quittèrent  Constantinople  le  8  < 

En  Grèce,  cependant,  la  f 
Navariu  avait  produit  qoelqiie  i 
siottis  et  Vassoa  eurent  de»  so 
le  sud;  dam  Toncst  ^  \m 


GRE 


( 


ipttaine  HasUngs  s'emparèrent  de 
9  places.  Quant  à  lord  Cochrane, 
a  b  Grèce  le  10  janvier  1828, 
oîr  rien  pu  faire.  On  attendait 
jour  le  comte  Rapodîstrias  :  enfin 
1  le  18  janvier  à  Napoli  de  Ro- 
!t  le  24  la  commîision  d^Egine  re- 
re  ses  mains  le  pouvoir  exécutif, 
ette  époque  seulement  que  se  po- 
s  bases  de  Porganisation  future  de 
5.  La  Russie,  après  le  combat  de 
^  sembla  prendre  une  position  ex- 
neUe,  et  déclara  vouloir,  pour  son 
compte,  demander  à  la  Porte  des 
ODS.  En  effet,  le  1 4  mars  la  guerre 
iarée  entre  les  deux  puissances; 
elle  ait  duré  deux  ans,  elle  eut 
t  d^influence  sur  les  affaires  de 
\>oy.  Nicolas  P',  DiEBrrscH  et 
ropL.E).  On  était  si  las  des  troubles 
rivée  du  président  fit  partout  côn- 
es espérances.  On  posa  les  armes; 
et  Kolocotronb  se  réconcilièrent, 
lion  d'un  PanheUénion  composé 
lembres,  et  qui,  avec  le  président, 

Fautorité  suprême,  la  division 
I  en  13  départements,  et  leur 
e  organisation  par  des  commis- 
Ltraordinaires,  trouvèrent  grande 
L'exécution  toutefois  rencontra 
uses  difficultés,  et  on  vit  alors  se 
ter  des  germes  d^opposition.  Le 
it  ne  convoquait  pas  le  congrès 
I  et  ne  donnait  aucune  raison 
le  de  sa  conduite.  Dès  ce  mo- 
1  se  défia  de  lui  ;  il  chercha  d'a- 
organiser  l'armée ,  mais  les  res- 
étaient  insuffisantes.  Les  troupes 
ères  furent  occupées  à  faire  la  pe- 
rre  contre  les  Turcs.  On  porta  à 
hommes  le  corps  des  tacUkoi  ; 
irgent  manquait,  et  le  colonel 
;er  ne  put  jamais  réunir  plus  de 
hommes.    L'organisation    de    la 

n'avançait  pas;  les  Hydriotes, 
le  dépendait  en  grande  partie, 
dès  le  principe  en  hostilité  avec 
ident.  Pour  remédier  au  mal , 
i  essaya  plusieurs  opérations  fi- 
es; car  à  son  arrivée  les  cais- 
ent  vides ,  les  revenus  courants 
is.  Après  avoir  essayé  d'un  em- 

Londres,  on  s'en  tint  à  la  fon- 
(Tttiic  banque  nationale  iivec  in* 


41)  GRE 

téréU  à  8  pour  100  et  les  biens  natio- 
naux pour  hypothèque.  En  mai,  elle  avait 
déjà  réuni  100,000  colonais;  on  en  ga- 
gna 50,000  en  affermant  certains  reve- 
nus ;  car  il  ne  fallait  pas  encore  songer  à 
un  système  organisé  ;  mab  cela  ne  suffit 
pas ,  et  Kapodistrias  fit ,  dans  le  même 
mois,  déclarer  semi-officiellement  que,  si 
les  puissances  médiatrices  ne  garantis- 
saient pas  un  emprunt  de  20  millions 
de  fr.,  il  serait  obligé  de  se  retirer.  La 
France  et  la  Russie  assurèrent  chacune 
un  million  de  subsides  mensueb,  mais 
l'Angleterre  ne  fit  rien.  En  juin,  l'empe- 
reur de  Russie  plaça  en  outre  2  millions 
de  fr.  à  la  banque  grecque. 

Les  opérations  de  guerre  se  bornèrent 
à  la  reprise  de  Missolonghi  et  à  la  des- 
truction deCarabousa,  port  de  Candie  qui 
était  devenu  un  repaire  de  pirates.  Enfin 
ou  accepta  les  secours  de  la  France.  Le  gé- 
néral Maison  {voy,)  débarqua  le  29  août 
avec  14,000  hommes  ;  à  la  fin  d'octobre,  il 
s'était  emparé  de  toutes  les  places  de  la 
Morée,  avait  forcé  Ibrahim  à  l'évacuer,  et 
en  décembre,  il  était  sur  le  point  de  reve- 
nir en  France  quand  il  reçut  l'ordre  de  res 
ter  avec  un  corps  d'observation  de  5,000 
hommes  jusqu'à  la  fin  des  négociations 
avec  la  Porte.  Par  le  traité  du  1 6  novem- 
bre 1828,  les  puissances  avaient  placé  la 
Morée  et  les  îles  sous  leur  garantie.  Ka« 
podistrias  prit  la  part  la  plus  active  aux 
négociations  relatives  aux  frontières.  La 
Grèce  commençait  à  se  relever,  bien  qu'il 
y  eût  de  toutes  parts  beaucoup  de  mé- 
contentement. On  demandait  surtout  à 
grands  cris  la  convocation  du  congrès  na- 
tional. Enfin  il  fut  assemblé  à  Argos  le 
23  juillet  1829.  Le  gouvernement  eut  la 
majorité  ;  le  président  fut  confirmé.  A  la 
place  du  PanheUénion  fut  constitué  le  sé- 
nat, dont  les  membres  furent  presque  tous 
désignés  par  le  président.  On  s'y  occupa 
aussi  d'une  foule  d'objets  d*administra- 
tion  intérieure,  et  la  session  fut  close  le 
8  août.  L'opposition  devint  alors  plus 
vive;  elle  accusait,  et  avec  raison,  le  pré- 
sident de  vouloir  concentrer  entre  ses 
mains  toute  l'autorité.  A  la  fin  de  1829, 
elle  avait  à  sa  tète  des  hommes  considé- 
rables et  était  devenue  menaçante.  On 
accusait  Kapodistrias  d'être  un  agent 
russe,  et  de  vouloir  fonder  une  monarchie 


GRE 


(42) 


GRE 


i 


pour  lui  et  sa  famille.  Au  conmence- 
meot  de  Faonée  1830,  la  péourie  était 
plus  grande  que  jamais.  Le  président  re* 
çat,  au  congrès  d^Argos,  l'autorisation  de 
demander  aux  puissances  médiatrices  la 
garantie  d'un  emprunt  de  60  millions  de 
francs;  mais  toutes  ses  démarches  furent 
sans  résultat.  Enfin  un  protocole  du  3  fé- 
vrier 1830  déclara  l'indépendance  de  la 
Grèce  et  fixa  son  territoire  ;  un  second 
ofûrit  la  couronne  au  prince  Léopold  de 
Saxe-Cobourg,  qui,  le  i  1  février,  l'accepta 
conditionnellement.  Le  24  avril,  la  Porte 
adhéra  à  ces  dispositions;  mais  comme  les 
frontières  adoptées  ne  donnaient  pas  au 
nouvel  état  assez  de  sécurité,  le  2 1  mai 
Léopold  (  vcy,  )  fit  connaîtra  son  refus 
d'acceptation. 

Sur  ces  entrefaites,  l'expédition  fran- 
çaise à  Alger,  la  fermentation  intérieure 
en  France,  la  mort  du  roi  d'Angleterre, 
la  révolution  de  Juillet,  mirent  fin  à  la 
conférence  de  Londres.  La  position  du 
président  devenait  de  jour  en  jour  moins 
tenable.  On  ne  songeait  plus  qu'à  rendre 
exécutable  le  protocole  du  3  février,  con- 
cernant la  délimitation  du  nouvel  état  et 
les  échanges  de  territoire.  Samo»  «t  Can- 
die seules  furent  soumises  par  la  Porta. 
Un  parti  républicain  en  Morée  augmen- 
tait encore  l'opposition,  tandis  que  le 
président  levait  les  impôts  à  l'aide  de 
2,000  Rouméliotes  armés.  Enfin,en  1831, 
la  misère  était  si  grande  que  les  fonction- 
naires ne  reçurent  que  le  cinquième  de 
leur  traitement  en  argent;  les  quatre  autres 
cinquièmes  leur  furent  payés  en  billets  k 
échéances  indéterminées.  Le  président 
avait,  fort  légèrement,  confié  la  rédaction 
des  nouveaux  codes  à  son  frère  Viaro  et  à 
l'avocat  corfiote  Gennatas,  qui  voulaient 
concentrer  tout  le  pouvoir  judiciaire  dans 
les  mains  du  souverain.  Les  mesures  ar- 
bitraires prises  à  Tégard  du  journal  l'Apol» 
Ion  rendirent  l'opposition  tellement  vive 
que  Hydra  et  Psara  se  séparèrent  du  gou- 
vernement, nommèrent  des  commissions 
provisoires,  et,  comme  pour  se  mettre  sous 
la  protection  de  la  France,  arborèrent 
toutes  deux  le  drapeau  tricolore.  Après 
avoir  voulu  négocier,  le  président  essaya 
d'étouffer  Topposition  par  la  force  ;  mais 
saa  troupes  furent  battues  par  4,000 
aoToyéa  par  la  comminioa 


de  Maîûa.  Après  aToir  échoué  dansai' 
nouvelles  tentatives  da  négodatioiiai  Kl^'' 
podistrias  eut  recours  aux  mesures  ln^ 
plus  violentes,  les  condamnations  à  l'aidg^ 
les  arrestations  arbitraires,  la  TiolariMP 
du  secret  des  lettres,  etc.  Ces  McaHii-' 
forcèrent  les  Hydriotes  à  prendra  te 
armas;  Miaulis sa  préparai  la  oombnltn||3 
lui  et  les  Russes  qui  le  soutenaient|  # 
il  y  eut  effectivement  quelques  ooahnH] 
sans  résultat.  Tel  éuit  l'éUt  des  cboMl 
lorsque ,  le  9  octobre ,  Kapodistriaa  ft# 
assassiné  par  Georges  et  G>nstantin  Un* 
vromichalis.  C'est  dans  la  notice  qui  M, 
sera  consacrée  qu'on  pourra  lira  lâa  ilé»i 
tails  da  cet  événement. 

Il  y  eut  alors  un  moment  de  repos.  Lii 
sénat  de  Nauplie  nomma  un  gouvaraOM. 
ment  provisoire  de  trois  membres,  qui  fi|P* 
rent  Augustin  Kapodistrias ,  Théodoci: 
Rolocotroniset  Jean  KoletUs  ;  le  premte 
fut  nommé  président.  Néanmoins  kl 
troubles  duraient  toujours.  L'oppositios 
hydriote,  après  avoir  réuni  soixante  dép>« 
tel,  fit  des  propositions  d'arrangement  Mk 
sénat,  qui  les  rejeta.  En  même  temps, Éiii 
Kadchakos  Mavromichalis,  chef  des  Mal* 
nottes,  prenait  les  armes  et  accusait  dans 
ses  proclamations  l'assemblée  de  NsapUtb 
Les  chefs  des  Rouméliotes ,  élus  dépiilél 
dans  la  Grèce  occidentale,  arrivèrent  à  Ar> 
gos  le  8  ;  le  9,  le  congrès  s'ouvrit.  La  < 
Augustin  fut  nommé,  la  20, 
provisoire.  Les  Rouméliotes,  da  leurcôcl^ 
avaient  constitué  une  assemblée  nationala» 
Alors  Kolocotronis,  membre  da  la  oom* 
mission  gouvernementale,  pensa  qoa  la 
moment  était  venu  d'en  appeler  aux  ar» 
mes.  Il  y  eut  des  affaires  sanglantes  qol 
auraient  fini  par  la  ruina  des  Roumé- 
liotes sans  l'intervention  des  puissanoas. 
Par  suite  d'un  compromis,  les  Roumé* 
liotes  purent  se  retirer  sur  Corintha,  oè 
ils  arrivèrent  le  25  décembre. 

Au  reste,  tout  cela  ne  changea  rien  à  la 
position  des  partis.  L'assemblée  roumé-> 
îiote  continuant  de  siéger  k  Péracbora, 
nomma  Rolettis,  S^aimis  et  Ki>ndouriottis 
membres  de  la  commission  gouvernemen- 
tale ,  appela  toute  la  Roumélie  aux  armes» 
s'empara  de  Mégare  et  réunit  jusqu'à 
8,000  hommes.  A  Nauplie,  on  était  dé- 
couragé ;  faute  d'argent,  on  ne  put  lever 
des  troupes^  toai  oa  qu'on  pat  faire  fiil 


GRE 


3,000 
1$S3,  oo  reçal  le  pitMocole  da  7  jan- 
r,  ^«domiail  de  reooooaitre  les  di»- 
dn  confpnèt  national  d^Argos  et 
iTenTojer  tons  peu  de  l*argent 
Les  Rooméliotes  y  oonti- 
kostîlités,  n*en  traTersèrent 
risthme  et  s'aTancèrent  jus- 
Alors  arrÎTa  le  protocole  da 
Mfm  DomiBait  roi  le  prince  Otbon, 
fia  da  roi  de  BaTière.  Le  9  avril. 
Ici  officiers  de  Naaplie  donnèrent 
poor  se  réanir  à  Kolettis. 
ILapodistrias  fit  de  même ,  et , 
It  ISy  il  s^embarqoa  pour  Corfou. 

Mais  après  le  départ  de  ce  dernier, 
«■  parti  coDtÎDoa  ses  intrigues  avec  un 
it  sans  égal  ;  enfio,  après  beau* 
)dc  pourparlers,  on  nomma  une  com- 
i  «le  sept  membres.  Il  fallait  ensuite 
aux  places  vacantes  dans  le  se- 
diacon  voulait  y  faire  entrer  ses 
conflit  aurait  pu  durer  long- 
rénergie  des  Naupliotes,  qui, 
It  9 avril,  entourèrent  en  armes  la  maison 
it  et  déclarèrent  que  nul  ne  quit- 
i  aénnce  qn^après  une  solution  corn- 
An  boot  d'un  quart  d^heure,  Kolo- 
da  balcon  de  la  maison,  annonça 
fÊÊ  les  opérations  étaient  terminées,  et 
fÊÊ  le  gouvernement  allait  aussitôt  entrer 
m  acdoB.  Oo  apprit  ce  résultat,  par  des 
pradamaCioDs ,  au  peuple  et  à  Tarmée; 
■Ms  le  parti  des  Kapodistrias  songeait 
plas  activement  que  jamais  k  opérer  une 
contre- révolution.  Le  gouvernement  grec, 
éÊÊÊê  sa  détresse,  s'adressa  aux  Français 
^  oocapaient  encore  quelques  places 
h  la  lleasènie.  Les  Maînottes  passèrent 
ée  ttm  c6té,  et  Ton  sembla  un  moment 
■  réanir  pour  déjouer  les  plans  des  con- 
He-révolationnaires.  La  pénurie  du  tré- 
nr  était  extrême,  mais  on  attendait  tout 
do  puissancrcs  et  de  Tarrivée  du  roi.  Sur 
ca  entrefaites  fut  conclu  le  traité  du 
7  mai,  qui,  en  nommant  roi  le  prince 
Oliion,  lui  adjoignait  une  régence  jusqu'à 
aaMJorité(l^^juin  1835),  et  garantissait 
da  côté  des  puissances  l'emprunt  de  60 
ailUoos  de  fir.,  ainsi  que  Penvoi  d'un  corps 
de  troupes  bavaroises  de  3,500  hommes. 
Le  roi  de  Bavière  ratifia  le  traité  à  Na* 
pies  le  37  mai,  et  les  ratifications  furent 
•cbaB|éa»  à  Londres  dans  la  dernière  se- 


(  4S  )  GRE 

Enfin,  le  38  fé-     maine  de  juin.  Ce  traité  souleva  de  vio« 

lents  débats  à  Londres  et  à  Paris.  Le 
8  août,  le  roi  Othon  fut  reconnu  unani- 
mement, et  cet  événement  fut  célébré,  le 
32,  par  une  fête  spéciale.  Malgré  cela, 
l'assemblée  nationale  et  le  sénat  étaient 
loin  d'être  d'accord  ,  surtout  quand  il 
fallut  nommer  un  nouveau  membre  du 
gouvernement  à  la  place  de  Démétriua 
Hypsilantis  décédé.  Enfin  le  sénat  et  le 
parti  des  Kapodistrias  excitèrent  quelques 
chefs  rouroéliotes,  qui  envahirent  le  33 
août  le  local  des  séances,  maltraitèrent  les 
députés,  et  en  emmenèrent  neuf  que  Ko- 
lettis et  ses  amis  furent  obligés  de  racheter 
au  prix  de  150,000  piastres.  Sur  des  dé- 
pêches du  roi  de  Bavière,  l'assemblée  na- 
tionale fut  prorogée  le  f  septembre.  On 
n'avait  pu  s'entendre  sur  le  choix  d'un 
remplaçant  d'iiypsilantis;  le  méconten* 
tement  était  général. 

La  régence  ne  fut  nommée  officielle- 
ment à  Munich  que  le  6  octobre  :  elle  se 
composait  du  comte  d'Armansperg  (voy.)^ 
du  général  de  Heidegger,  du  conseiller 
d'état  de  Maurer;  le  conseiller  de  léga- 
tion d'Abel  leur  fut  adjoint.  Le  1 3,  une 
ambasMde  grecque,  ayant  l'amiral  Miaulis 
à  sa  tête ,  arriva  dans  la  capitale  de  la 
Bavière,  et  le  15  elle  prêu  serment  au 
nouveau  roi  de  la  Grèce.  La  levée  des 
troupes  et  ensuite  la  garantie  de  l'emprunt 
éprouvèrent  des  délais.  On  ne  put  s'en- 
tendre qu'après  de  violents  débats  ;  à  la  fin, 
la  conférence  de  Londres  céda  aux  deman- 
des de  la  Turquie.  La  chambre  des  dé- 
putés de  France  vota  la  garantie  le  22  mai 
1833.  L'emprunt  avait  été  contracté  avec 
la  maison  Rothschild  au  taux  de  94  p.  ^A, 
Le  départ  du  roi  fut  fixé  aux  premiers 
jours  de  décembre:  le  6,  il  quitta  Munich; 
il  se  rendit  par  Rome  à  Naples,  et  s'y  em- 
barqua le  10  janvier;  le  18,  il  arriva  à  Cor- 
fou»  où  il  trouva  les  troupes,  la  régence  et 
la  députation  grecques  ;  le  23,  toute  l'es- 
cadre mit  à  la  voile  pour  Nauplie. 

L'anarchie  continuait  de  régner  en 
Grèce  ;  le  sénat  était  toujours  en  hostilité 
avec  le  gouvernement.  Le  30  janvier, 
l'escadre  mouilla  devant  Nauplie;  les 
troupes  bavaroises  furent  débarquées;  le  6, 
le  roi  et  la  régence  mirent  pied  à  terre. 
Cette  dernière  montra,  dans  le  principe, 
beaucoup  de  prudence  et  s'attira  la  con- 


GRE  (  48 

s^âl  existait  eDcore  des  docooients  assez 
exacts  sur  les  édifices  primitifs  de  la  Grè- 
ce :  malbeureusemeot  il  n^en  reste  plus 
de  vestiges,  et  les  traditions  ne  donnent 
aucune  indication  positive  sur  ce  qu*é- 
taient  les  édifices  de  la  première  période 
^cque,  dite  les  temps  héroïques ,  c*est- 
à-dire  celle  dont  l'histoire  n^est  fondée 
que  sur  les  Récits  des  poètes.  On  n^a  au- 
cune trace  de  la  primitive  architecture 
des  anciennes  villes  de  Thèbes,  Argos  et 
autres  lieux  célébrés  par  les  chants  d^Hé- 
siode  et  d^Homère.  Ce  que  Ton  peut  con- 
jecturer de  plus  vraisemblable,  c'est  que 
le  caractère  artistique  de  cette  époque 
devait  se  ressentir  de  la  faiblesse  des  peu- 
plades grecques,  qui,  bien  que  nombreuses, 
étaient  divisées,  et  chacune  resserrée  dans 
un  territoire  assez  restreint.  Il  est  même 
à  présumer  que  Tarchitecture  des  villes 
de  Tancien  Péloponnèse  était  alors  éclip- 
sée par  celle  des  villes  de  l* Asie-Mineure, 
plus  riches  et  plus  florissantes,  jusqu*à 
l'époque  où  Tinvasion  des  Mèdes  et  des 
Perses  réunit  celles-ci  au  grand  empire 
asiatique  que  gouvernaient  alors  les  des- 
cendants de  Cyrus. 

Les  édifices  grecs  dont  \—  débris  ont 
résisté  aux  ravages  du  temps  et  aux  dé- 
vastations des  hommes ,  plus  funestes  en- 
core, ne  datent  guère  que  du  siècle  de 
Périclès  (vo).),  époque  célèbre,  qui  fut 
pour  la  Grèce  ce  «jugent  été  depuis  le  siè- 
cle de  Léon  X  pour  Tltalie,  ceux  de 
François  I"  et  de  Louis  XIV  pour  la 
France.  Quelque  temps  avant  la  magis- 
trature de  cet  illustre  citoyen,  c'est-à- 
dire  environ  500  ans  avant  l'ère  chré- 
tienne ,  la  Grèce  avait  été  ravagée  par 
une  invasion  des  Perses;  Athènes  avait 
été  saccagée,  ses  temples  avaient  été  ren- 
versés; la  ville  entière  était  à  rebâtir  à 
neuf.  Cependant  les  efforts  des  villes  grec- 
ques réunies  étaient  parvenus  à  refouler 
l'ennemi  commun  sur  le  territoire  asiati- 
que. Autant  en  mémoire  de  ces  grands  évé- 
nements que  pour  ajouter  à  la  splendeur 
de  la  ville  d'Athènes,  Périclès  ordonna 
la  construction  d'un  grand  nombre  d'é- 
difices neufs;  il  rétablit  le  port  du  Pirée, 
il  agrandit  et  embellit  l'Acropole  on  cita- 
delle, au  sommet  de  laquelle  il  fit  élever, 
sur  les  dessins  des  plus  habiles  architectes 
et  sous  la  diiTctinn  g«^n<^rale  de  Phidias, 


)  GRE 

le  fameux  temple  de  Bllnenrey  dit 
thénon ,  et  ses  Propylées,  dont  les' 
font  encore  l'orgueil  de  la  Grèce  act 
Foy,  Athèitis. 

Les  noms  de  ces  édifices,  et  d'i 
non  moins  remarquables  qui  avaiei 
né  l'ancien  sol  de  ce  beau  pays ,  é 
à  peine  connus  en  France  et  mén 
Europe  il  y  a  un  siècle,  quoique 
dans  nos  climats ,  on  eût  la  prête 
de  pratiquer  l'architecture  à  l'imil 
des  styles  grecs  et  romains.  Un  voy 
français,  David  Leroy,  fut  un  dei 
miers  qui  rapporta  quelques  desiii 
édifices  de  l'ancienne  Grèce  et  ra 
l'attention  des  artistes  sur  un  can 
d'architecture  dont  le  souvenir 
perdu. 

Cependant  les  esquissesde Leroy  é 
insuffisantes  pour  remplir  leur  < 
Deux  voyageurs  anglais,  Stuait  et  R< 
entreprirent  de  compléter  le  travi 
l'artiste  français ,  ou  pour  mieux  di 
suppléer  par  un  travail  nouveau, 
vrage  qu'ils  ont  publié  aous  le  titre  < 
tîquités  (T Athènes  (Londres,  176 
éd.,  1825)  est  un  des  plus  beaux  n 
ments  que  l'archéologie  ait  produit 
l'histoire  de  l'art.  Toutefob  ce  reçu 
contient  encore  qu'un  très  petit  n< 
des  édifices  grecs  et  se  borne  à  ce 
la  ville  d'Athènes.  A  la  mort  de  S 
une  compagnie  s'est  formée  à  Loi 
sous  le  titre  de  la  Société  des  Diletk 
dans  le  but  de  continuer  l'œuvre  de 
voyageurs  anglais  :  cette  seconde  i 
prise  eut  pour  objet  d'explorer  les  i 
des  édifices  de  l'Attique  situés  au  c 
d'Athènes.  Le  volume  qui  a  paru  dt 
publication  contient  plusieurs  te 
de  la  plaine  d'Eleusis,  la  plupart 
sacrés  à  Gérés,  dont  le  culte  était  tr 
néré  des  Athéniens  :  nous  devons  à 
savant  collaborateur  M.  Hittorff ,  i 
tecte ,  une  traduction  française  de  ( 
ouvrage,  qui  donne  sur  l'architectun 
que  des  documents  précieux ,  princ 
ment  sur  les  détails  d'exécution,  qu 
en  petit  nombre  dans  la  collection 
rieure  de  Stuart  et  Re\%ett.  M.  H 
(vof.)  est  lui-même  auteur  d'un  trè 
foyagc  en  Sicile  qui  fait  connaître  l 
de  l'antiquité  grecque  dans  cette  coi 

Depuis  Stuart  et  Rewett,  un 


GRE 


(49) 


GRE 


foji^eiinontTisitéla  Grèce  ^; 
ont  été  poussées  jusque 
,  où  l'on  rencootre, 
m  pla»  grande  abondance  que  dans 
Mopoonèse,  des  ruines  d^édifices 
et  ioas  genres  et  de  toutes  dimen- 
■■;  la  ■■l^iiiiiT  sont  si  nombreux  et 
diTcrnfiét  que,  jusqu'à  ce  que 
de  ces  Toyages  aient  été  pu- 
i  ne  peut  dire,  malgré  l'impor- 
cxplorations  antérieures,  que  le 
fit  g^ee  sent  encore  complètement  re- 


1  un  fidt  constant  se  fait  re^ 
dans  la  disposition  des  monu- 
^recs  ée  tontes  les  contrées  :  c'est 
t  à  certaines  règles  gêné- 
cpii  concerne  l'ordonnance 
édifices.  Cette  observation 
t  le  caractère  principal  et  dis- 
rarchitecture  grecque,  nous  en- 
dans  qnelcpies  détails  à  ce  sujet. 
Lca  dialefrtes  grecs,  dont  on  parlera 
■a  Partît  soÎTant,  différenciaient  la 
WfÊtt  d'âne  manière  curieuse;  toutefois 
t  s'était  point ,  comme  les  patois  des 
maci  modernes,  une  langue  différente 
I  la  langue  nationale,  mais  seulement 
■aode  particulier  d'expression  qm  pre- 
dans  le  plus  ou  le  moins  de 
des  babitudes  sociales  du  pays 
■at  il  dérivait.  Le  style  attique  expri- 
■it  rorbanité  plus  avancée  des  Athé- 
■Bi;  le  dorîen ,  le  béotien  se  rappor- 
aux  mcenrs  plus  agrestes  et  moins 
de  ces  deux  pays;  l'ionien,  l'éo- 
lépondaientà  diverses  nuances  entre 
dbôx  degrés.  Un  même  ouvrage  de 
■e  pouvait  être  écrit  en  plusieurs  dia- 
snivant  que  les  situations  du  sujet 
a  k  divenité  de  caractères  des  person- 
ie  comportaient.  On  comprend  fa- 
t  à  quelle  richesse  d'expression  la 
grecque  a  dû  parvenir  avec  cette 
kalté. 

Ce  que  Tesprit  fin  et  délicat  des  Grecs 
ant  opéré  dans  la  langue  fut  introduit 
iat  lô  arts.  Les  artbtes  s'appliquèrent 
iiacoonaltre  les  rapports  qui  existent  en- 
lit  les  facultés  matérielles  des  êtres  et 
^  qualités  intellectuelles  ;  ils  les  clas* 
aîeat  au  physique  comme  la  langue  les 
(imait  au  moral.  Par  ce  rapprochement, 
w  ^«/.  CaoisBUi<-Gourr:K&,  Dodwelz^  etc. 
Encjclnp.  d.  G,  d.  M,  Tome  XIU. 


ils  furent  conduits  à  ces  types  remarqua- 
bles qu'ils  ont  imprimés  aux  productions 
de  la  statuaire  et  de  l'architecture;  de  là 
vient  cette  justesse  admirable  d'exprès- 
sion  qu'ils  ont  donnée  aux  figures  des 
dieux  et  des  héros ,  cette  harmonie  par- 
faite entre  toutes  les  parties  des  édifices 
qu'ils  leur  ont  consacrés,  mais  qui  se  ré- 
sumèrent, dans  l'un  et  l'autre  de  ces  deux 
arts,  par  une  régularité  constante  d'or- 
donnance et  par  une  similitude  de  ca- 
ractère qui  devinrent  un  dogme  invaria- 
ble pour  toutes  les  constructions  de  même 
genre. 

Pour  l'architecture ,  les  Grecs  adopi^» 
rent  trois  ordonnances  ou  modes  diffé- 
rents que  l'on  a  désignés  sous  le  nom 
^ordres  (vo/.),  savoir:  Vbrdre  dorique f 
le  plus  ancien  de  tous,  se  rapportait  aux 
édifices  dont  le  caractère  dominant  con- 
sistait dans  la  force  ou  la  gravité.  Les  tem- 
ples de  Minerve,  de  Junon,  d'Hercule,  et 
autres  divinités  sévères,  étaient  d'ordon- 
nance dorique.  Cet  ordre  était  générale- 
ment caractérisé  par  la  simplicité  des  dé- 
taib  de  ses  moulures,  lesquelles  n'admet- 
taient point  d'ornements,  non  plus  que  le 
chapiteau  de  sa  colonne.  Quelquefois  ce- 
pendant on  plaçait  des  sculptures  dans  la 
frise  de  son  entablement  et  dans  le  tym- 
pan de  son  fronton  [voy.  ces  mots),  comme 
au  Parthénon  d'Athènes. 

Uordre  tonique^  quoique  encore  d'un 
aspect  assez  ferme,  admettait  cependant 
un  degré  de  plus  d'élégance,  par  l'addition 
d'ornements  dans  ses  moulures  et  par  la 
forme  particulière  du  chapiteau  de  sa 
colonne,  orné  de  volutes.  Les  temples  de 
Vénus,  de  Diane  et  autres  déesses  étaient 
de  cet  ordre. 

1^^ ordre  corinthien ,  l'une  des  derniè- 
res et  des  plus  ingénieuses  inventions  des 
Grecs,  caractérisait  les  édifices  somptueux 
du  plus  haut  rang,  principalement  les 
temples  consacrés  aux  grandes  divinités, 
Jupiter  et  Neptune,  dont  les  attributs 
étaient  mêlés  aux  élégantes  décorations 
qui  ornaient  les  frises  et  les  chapiteaux. 

On  se  tromperait  si  l'on  pensait  que  les 
trois  types  que  nous  venons  de  signaler 
fussent  entièrement  identiques  de  forme 
et  de  proportions  avec  les  trois  ordres  de 
mêmes  noms  qui  sont  connus  dans  l'ar- 
chitecture moderne  :  ceux-ci  sont  plutôt 

4 


GRE 


(50) 


GR£ 


I 


atie  imitation  du  style  romain  que  du 
style  grec.  Nous  n^entreprendrons  pas 
dHndiquer  ici  toutes  les  altérations  que 
le  style  grec  a  subies  chez  les  nations  qui 
l'ont  pris  pour  modèle,  et  particulière- 
ment chez  les  Romains,  qui  Pont  imité  le 
plus  directement  :  ces  explications  ap- 
partiendraient à  Tétude  spéciale  de  l'art  ; 
nous  nous  réservons  de  donner  quelques 
■perçus  à  ce  sujet  à  l'article  Romaine 
^architeciure).^ous  nous  bornons  à  énon- 
cer actuellement  que  la  régularité  d'or* 
donnance  des  édifices  de  l'ancienne  Grèce 
a  donné  naissance  à  l'architecture  modu- 
laire (vojr.  Module),  qui  a  été  adoptée 
par  les  architectes  modernes,  et  qui  a  prin- 
cipalement repris  faveur  à  l'époque  dite 
de  la  Renaissance ,  au  point  de  traduire 
presque  en  formules  les  règles  des  propor- 
tions des  édifices.  Nous  discuterons  ail* 
leurs  quelle  a  pu  être  l'influence  plus 
ou  moins  heureuse  pour  l'art  de  cette  ex- 
tension donnée  au  système  de  régularité 
des  Grecs;  ici,  faisons  seulement  observer 
que  le  style  pur  de  l'antiquité  est  loin 
d'admettre  cette  rigueur  absolue  de  prin- 
cipes, et  qu'il  laissait  beaucoup  plus  de 
liberté  à  l'imagination  dm»  ftrtâstas. 

Voici  sur  quelles  idées  fondamentales 
repose  le  S3rslème  des  Grecs. 

Considérant  que  la  colonne,  comme 
moyen  de  soutien,  est  l'élément  principal 
de  toute  construction,  ils  lui  attribuèrent 
des  analogies  avec  les  proportions  du 
corps  humain.  Prenant  donc  le  diamètre 
de  la  colonne  pour  unité,  ils  donnèrent  a 
la  colonne  dorique  7  à  8  diamètres  de 
hauteur,  c'est-à-dire  le  même  rapport 
ifu'eotre  la  tête  et  la  stature  de  l'homme 
fait;  ib  donnèrent  à  la  colonne  ionique  8 
à  9  diamètres,  c'est-à-dire  proportionnel- 
leoient  à  la  taille  plus  svelte  de  la  femme; 
•nfio  ib  portèrent  jusqu'à  10  diamètres 
la  proportion  de  la  colonne  corinthienne, 
par  analogie  avec  la  taille  élégante  et 
élancée  des  jeunes  vierges.  ^o/.Colonhb. 

On  comprend  facilement  qu'avec  ces 
variantes  chacun  des  trois  ordres  pre- 
nait on  caractère  différent  d'effet  et  d'as- 
pect ,  selon  la  proportion  de  sa  colonne. 

Suivant  sa  destination  ,  chaque  édifice 
rentrait  dans  l'une  ou  Pautre  de  ces  ordon- 
nances. C'est  ainsi  qu*en  mêlant  la  poésie 
avec  la  philosophie,  les  Grecs  ont  fondé  le 


système  artbtique  le  plus  remarquahllB 
et  qui  allie  le  plus  rationnellement  |i 
conditions  si  difficiles  à  réunir,  la  beMlN 
l'utilité  et  la  convenance.  Si  la  nataitle 
cet  article  nous  permettait  de  somn  d 
phases  diverses  de  l'art  grec,  nom  4|^ 
vrions  parler  ici  des  constructioat 
même  style  qui  ont  été  érigées  en 
et  en  Italie ,  et  jusques  en  Afiriqœ. 
aurions  à  mentionner  surtout  les 
de  la  Grande-Grèce  (voy,)^  et 
terioBs  particulièrement  les  templat\ 
Pestum  [voy,)y  Tancienne  Posé 
dont  les  restes  existent  encore,  il 
font  une  classe  à  part  du  genre 
les  ruines  d'Herculanum  et  de 
(?'''/•  )*  si  intéressantes  par  le  sou5 
l'horrible  catastrophe  qui  les  a  tenni 
glouties  pendant  dix-huit  sièclea. 
montrerions  les  traditions 
conservant  presque  pures ,  sous  Vi 
romain ,  dans  les  monuments  de 
et  de  Paimyre;  enfin  nous  en  troMUT 
rions  encore  les  traces  dans  les  êdUW 
du  premier  âge  chrétien ,  et  même  4É|[ 
ceux  du  moyen -âge.  Mab  nous  téÊtf 
vous  ces  développements  pour  lesarfl 
des  auxquels  nous  renvoyons  et  poor  pld 
sieur»  autres  de  cet  ouvrage.  f 

On  ne  doit  pas  attendre  de  nooi  i|| 
nous  cherchions  à  établir  aucune 
raison  entre  le  style  grec  et  les 
genres  d'architecture  qui  ont  paru  deptril 
parce  qu'il  semblerait  puéril  de  fona| 
des  rapprochements  entre  des  maliè[||( 
qui  ne  sont  point  comparables.  Noos  M 
minerons  en  faisant  observer  qoe  «^ 
principalement  à  son  caractère  propi«  4 
simplicité ,  de  convenance  et  dSitîHli 
qu'il  faut  rapporter  l'influence  qa'eBn  i 
exercée  sur  les  peuples  qui  lui  sont  pv 
térieurs.  Il  est  remarquable  que  c'est  ME 
époques  de  transition,  à  celles  oè  I 
mouvement  intellectuel  se  développe 
les  masses ,  que  son  génie  a  été  le 
apprécié.  Il  n'est  aucun  des  styles  les  pin 
brillants  qui  lui  ont  succédé,  ou  qi 
ont  apparu  dans  les  temps  mcidernu 
qui  ne  lui  doive  ses  plus  heureuses  in» 
pirations  et  qui  n'en  attende  encore  m 
dernières  perfections.  J.  B-r» 

G&ECQUB  (église),  voy.  Oau» 


GRBCQVB  (li50uk).  Rangée  aujovr 


GRB  ( 

«  les  linfiuûtes  dans  la  nom- 
faaiUe  des  idiomes  iodo*eiiro- 
,  c*ai-à-dire  ayant  le  sanscrit  pour 
dt  départ  direct  ou  indirect,  la 
pecque  fut  parlée  par  les  tribus 
f  liiimit  en  Grèce  en  traversant  la 
y  et  qui ,  s'étant  mêlées  avec  d*au- 
ttibos  venues  d'Asie ,  formèrent  la 
Ulénique  dont  les  colonies  s'é- 
sar  toutes  les  côtes  de  la  Médi- 
(vo^.  Gaies).  Cette  nation,  bien 
d^éléments  très  divers,  ac- 
nt  de  bonne  heure  une  gran* 
,  parce  que  la  civilisation  qu'elle 
■X  tribus  asiatiques,  et  surtout  à 
q«  étaient  désignées  sous  le  nom 
«le  Péiasges  (voy,),  prit  promp- 
nciiiean  moyen  du  culte  religieux 
k  Dodone  et  à  Ddpbes  (  r>f»y,)y  «t 
t  au  loin  par  la  voie  des  chants 
Arfos,  l'Attique,  la  Béotie ,  la 
,  PEubée,  Dodone,  situés  au 
Péloponnèse,  étaient  d'origine 
Les  Pélasges ,  qui  habitaient 
,  prirent  plus  tard  le  nom  d'/r>* 
et  celui  ^Jifténiens^  dans  l'Atti- 
l'arrivée  de  Cécrops.  Le  lan- 
peuples,  des  Athéniens,  par 
et  des  Argiens,  était  le  même, 
leur  oripne  (Pausanias,  II ,  37). 
de  oe  langage  primitif  que  sortit  en 
lien  la  langue  épique.  Il  n'est 
«upienant  que  cette  dernière ,  pro- 
d*nn  idioine  dont  les  éléments 
géuéialement  répandus ,  se  soit , 
temps  reculés,  élevée  jusqu'à  un 
point  au  rang  de  langue  natio- 
et  que,  dans  la  suite,  les  poèmes  épi- 
aient été  toujours  composés  dans 
parmi  les  différentes  tribus 


I 


I 


Im  poésie  épique  fleurit  pendant  long* 
parmi  toutes  ces  tribu?.  En  Eu- 
à  côté  des  chants  d^Hésiode  et  de 
mi  qui  portent  seulement  son  nom , 
il  répétait  les  nombreux  poèmes  des 
ftéfaiides,  des  Atthides,  des  Minyades; 
*  ionie,  M  cette  poésie  avait  suivi  les 
%iti&,  Hoosère  acquit  une  gloire  sans 
mais  à  côté  de  l'Iliade  et  de  l'O- 
,  on  vit  naître  plus  tard ,  bien  que 
des  temps  encore  très  reculés ,  les 
de  Chypre,  ceux  de  la  Ruine  de 
Inie,  oeux  des  Malheurs  du  Retour 


51  )  GRE 

(Kûirpca  ems,  Ueaxà»  ^'ôoTot).  Dans  tous 
ces  chants,  Tancienne  langue  nationale 
fut  conservée ,  ainsi  que  la  forme  qu'avait 
revêtue  l'épopée  dès  son  origine. 

La  nation,  plus  jeune,  composée  des 
Pélasges  et  de  quelques  autres  races  bar- 
bares, s'était  alors  séparée  des  Pélasges 
proprement  dits,  qui  étaient  restés  purs 
de  tout  mélange,  et  qui  avaient  r^isté 
aux  heureux  effets  de  la  civilisation.  Plu- 
sieurs siècles  après,  ceux-ci  sont  consi- 
dérés par  Hérodote  (I,  68)  comme  un 
peuple  étranger  qui  parle  une  langue  qui 
lui  est  propre,  tandis  que  les  autres  tribus, 
sans  nom  commun  du  temps  d'Homère , 
prirent  plus  tard  celui  à^tieliènes  (voy,). 
Dans  la  famille  hellénique,  on  distinguait 
la  branche  dorienne  de  l'ionienne,  et 
tout  ce  qui  ne  faisait  pas  partie  de  ces 
deux  branches  principales  était  compris 
sous  le  nom  de  branche  éolienne'^.  Cepen** 
dant  il  faut  remarquer  que  cette  réunion 
de  tribus  si  différentes  du  peuple  grec 
sous  le  nom  commun  d'ÉoIiens  finit  par  se 
fondre  dans  la  dénomination  des  peu- 
ples doriens,  lorsque  ceux-ci  eurent  ac- 
quisune  prépondérance  politique  décisive. 

L'uMi|f*  ^énéMil  <1«  la  langue  épique 
dans  les  écrits  se  perdit,  ainsi  que  celui 
de  la  poésie  épique  elle-même ,  à  l'épo- 
que où  chaque  état  se  donna  une  consti- 
tution libre;  cependant  cette  langue  exer- 
ça une  influence  durable  sur  tous  les  dia- 
lectes qui  s'élevèrent  au  rang  de  langue 
écrite.   Jusqu'alors   les   autres   dialectes 
étaient  restés  incultes  à  côté  de  cette  lan- 
gue épique;  mais  lorsque  de  nouveaux 
états  indépendants  entrèrent  dans  une 
voie  de  civilisation  et  qu'ils  considérè- 
rent comme  une  marque  d'indépendance 
l'emploi  de  leur  dialecte ,  non-seulement 
dans  les  rapports  de  la  vie  commune,  mais 
encore  dans  les  monuments  écrits,  alors 
ces  dialectes  se  perfectionnèrent  et  pri- 
rent de  la  fixité.  Le  nombre  en  était  as- 
sez considérable  :  Hérodote  en  compte 
quatre  chez  les  Ioniens  d^Asie;  Strabon 
dit  que  de  son  temps,  l.S  ans  après  J.-C., 
il  y  avait  encore  des  diflerences  dans  les 
dialectes  de  chaque  ville.  On  ne  peut  donc 
pas  rechercher  combien  il  y  avait  de  dia- 

(*)  D'après  le  mythe,  qa^on  a  rapporté  à  U 
p.  i8,il  y  avait  uue  quatrième  branche,  cello 
des  Achéent.  S« 


^ 


GRIi: 


(54) 


GRE 


et  qui  admettait  toutes  les  invenions, 
toutes  les  transpositions  que  la  vivacité 
du  sentiment  devait  suggérer;  c'est  qu'elle 
faisait  un  fréquent  usage  de  Tellipse  et 
des  figures  qui  donnent  au  langage  une  al* 
lare  plus  libre  et  plus  franche,  une  expres- 
sion plus  pittoresque,  plus  caractéristique; 
enfin ,  c'est  qu'en  flattant  agréablement 
l'oreille,  il  lui  suffisait  de  la  plus  légère 
variation  dans  l'accent,  dans  l'aspiration, 
dans  le  ton ,  pour  faire  saisir  à  l'auditeur 
des  choses  qui  échappent  au  lecteur  le 
plus  attentif. 

Les  conquêtes  des  Macédoniens  en  Asie 
portèrent  la  langue  grecque  chez  des  peu- 
ples qui  jusqiie*là  avaient  parlé  les  lan> 
gués  de  l'Orient.  Appelés  à  s'exprimer  en 
grec,  tandis  qu^ib  pensaient  encore  dans 
leur  langue  maternelle,  ib  formèrent  un 
dialecte  dans  lequel  ib  introdubirent  des 
tournures  hébraïques ,  syriaques  et  chai- 
déennesy  et  plusieurs  idiotisroes  qui  ap- 
partenaient au  dialecte  macédonien.  C'est 
dans  ce  dialecte  qu*ont  été  traduits  les  li- 
vres de  l'Ancien-Testament  et  qu'ont 
été  écrits  ceux  du  Nouveau,  en  sorte 
qu'on  peut  l'appeler  </#Vi/rc/e  ecelésiasti-» 
que,  roy.  HtnAMwtama, 

Tandis  que  les  dialectes  se  perdaient 
faute  d'être  employés  dans  les  monuments 
écrits  y  la  langue  commune  se  maintint  à 
la  cour  de  Constantinople  jusqu'au  xv* 
siècle,  comme  la  langue  des  gens  instruits, 
comme  la  langue  usitée  dans  les  actes  du 
gouvernement ,  dans  les  lois  et  dans  les 
traités.  Pendant  que  l'ancien  grec  s'alté- 
rait peu  à  peu  dans  la  bouche  du  peuple, 
iortout  depub  l'introduction  du  chris- 
tianisme, les  savants,  c*est-à-dire  les  so- 
phbtes ,  les  rhéteurs ,  les  grammairiens , 
qoelquefob  même  les  Pères  de  rÉgli9e,s'el- 
forçatent,  par  une  lecture  continuelle  et 
par  l'imitation  des  écrivains  attiques,  de 
protéger  la  pureté  du  langage  contre  l'in- 
fluence du  dialecte  ecclésiastique. 

Mab  lorsque,  après  la  ruine  de  l'empi- 
re de  Byzance,  le  grec  cessa  d'être  la  Ungue 
de  l'état;  lorsque  l'Église  forma  Tunique 
lien  qui  donnât  l'unité  et  la  consbtance  au 
peuple  vaincu ,  l'influence  du  grec  eccl*^- 
siastique  s*étendit  sur  toute  la  nation. 
Compris  du  laïc,  qui  s'accoutumait  à 
Pentendreà  l'école  et  à  Téglbe,  aussi  bien 
9ue  du  prêtre ,  il  devint  |  comme  autre- 


fob  le  dialecte  homérique ,  une  1 
générale  à  laquelle  des  tribus  isolées 
habitants  de  pays  différents  ont  i 
beaucoup  d*expressions  qui  s'étaien 
servées  dans  la  bouche  du  peupl 
avoir  jamais  passé  dans  la  langue  < 
et  où  sont  en  très  des  idiotbmes  empi 
à  des  langues  étrangères,  au  latin  sa 
au  slavon,  et  plus  tard  au  turc  et  k 
lien.  De  là  est  sorti  un  idiome  ne 
qui  diflere,  il  est  vrai ,  beaucoup  d 
cien,  pas  assez  cependant  pour  être  i 
déré  comme  une  langue  nouvelle. 
Grecques  modernes  (langue  et  U 
ture). 

Si  le  grec  ancien  avait  disparu  c 
Ungue  nationale ,  il  était  cependant 
pris  et  étudié  par  des  individus  iso 
les  écoles  du  mont  Athos ,  celles  d 
de  Kaxos  et  de  Chios,  qui  n'ont  j 
cessé  d'exister  tout-à-lait ,  ont  con 
à  le  conserver  jusqu'à  ces  derniers 
comme  le  langage  des  Grecs  instrui 
sorte  que ,  depuis  les  chants  d'Ho 
dans  lesquels  elle  a  revêtu  pour  I 
mière  fois  une  forme  durable ,  la  I 
grecque  a  constamment  été  en  usag 
les  ouvrages  écrits  pemiant  une  du 
près  de  S,000  ans. 

Après  cette  esquisse  rapide  des 

rentes  phases  par  lesquelles  a  passé  I 

gue  des  Grecs,  il  nous  reste  à  énu 

les  principaux  ouvrages  des  ancieni 

modernes  qui  ont  eu  pour  objet  I 

de  cette  langue ,  et  auxquels  il  fat 

courir  pour  en  connaître  l'esprit,  I 

thode,  l'abondance,  les  finesses,  i 

mot  toutes  les  ressources.  Dans  la  o 

école  d'Alexandrie ,  et  plus  tard  à 

et  à  Constantinople,  la  langue  greccj 

étudiée  par  d*habilesgrammairiens( 

Ia»  termes  rares  employés  par  les 

auteurs,  et  surtout  par  les  poètes,  i 

expliqués  et  recueillis;  certaines  ] 

de  la  grammaire  et  de  la  syntaxe 

traitées  dans  des  ouvrages  spéciaux 

qudqueamns  sont  parvenus  jusqn'i 

et  méritent  toute  l'attention  de  1* 

ntste.  Tels  sont  la  grammaire  (abré| 

Denys  de  ThracefSO  ans  av.  J.-C. 

(•)  Cvnmr  on  W  dit  «  TartirU  Dkvti  ( 
p-  *9f)  ) .  rll«  far  pabliée  ro  |^<>«  par  1 
•v«r  Im  coMaieaUUara  \  aUe  le  fat  «oftv 
Ciriiird,  Pkris,  i8>>,  «u  («receii  arwc 
aa  frao^jab. 


GBE 


(S5) 


GRB 


«TApoUonius  Dyacolus^, 
gétm  ik  Hérodien  (300  ans  après 
C>)*^b«ifiage»  de  Dracon  et  d'Hé- 
MÎBHrla  nwtriqoe,  celui  de  Gré- 
itàGrâdie  sur  les  dialectes^^.  Par- 
nous  mentionneroiis 
-le -Sophiste y  contemporain 
aoteor  d*iin  lexique  d^Homè- 
'^Ératiea,  qui,  sons  le  règne  de  Né- 
«■posa  on  lexique  d^Hippocrate  ; 
iMiiii(]90  après  J.-C),  auteur  de 
,  recueil  où  les  mots 
par  ordre  des  matières,  et 
fipésd^expUcations  et  d'exemples; 
(in  du  ni*  siècle),  dont  il  nous 
abrégé  un  lexique  de  Pla- 
';  Harpocration  (  voj.),  qui  a  re- 
in termes  employés  par  les  orateurs 
i;  Ammonius,  à  qui  Ton  doit  un 
de  synonymes*******  ;  Hésycbius 
omaMocenient  du  V* siècle),  dont  le 
,  extrait  d*anciens  grammairiens, 
icB  plus  précieux  s'il  n'avait  été 
abrégé  Y  pois  ensuite  fortement 
ié;  Suidas  (tK>y.),  dont  le  glos- 
t  me  BÎne  abondante  de  notices 
biques,  et  qui  contient  aussi  des 
kMH  de  mots  difficiles  et  des  ci- 
Taotenrs anciens;  Pkodus,  Zona- 
^  qui  ont  au»i  laissé  desrecueib 
difficiles;  l'auteur  de T^/TTrao/o- 
raste  compilation  où  se  trouvent 
p  de  remarques  curieuses  rela- 
1  grammaire ,  à  la  lexicographie , 
bologie  et  à  l'histoire  ;  ceux  des 

bliés  par  Bekkcr ,  en  partie  dans  les 
Grmem  ,  t.  Il,  en  partie  dans  des  Toln- 
rn,  ea  x8e3,  1817. 
ibtiéi  par  Diodorf ,  daos  les  Gramma" 
,  Leipxtg,  i8a3  ;  par  Bekker,  dans  le 
rjk  cité,  et  par  d^antres  sarants. 
m  actUenre  édition  est  celle  qn*en  a 
rluefer,  Lcipxig,  x8ii,  arec  les  notes 
Basty  Boiasonade  et  les  siennes,  et  nne 
oa  de  Sast  sur  la  paléographie. 
BBprÙM  poor  la  première  fois  par  Vil* 
ria,  1773*  >  ▼ol.  ia-4*. 
Oa  estime  snrtont  l'édition  de  Hem- 
,  Aoasterdam,    1706,  réimprimée  par 
Lripsig,  i8«4- 

)  Pabiié  par  Enboken,  Leyde,  1754, 
ec  aa  coBuaaataire  qaî  passe  ponr  nn 
rrre. 

*)  Les  meillenres  éditions  sont  celles  de 
rr,  Leyde  ,  1739,  et  d'Ammon,  Erlan- 

**)  Fbodas  et  Zonaras  ont  été  publiés 
fois  à  Leipzig,  en  1808,  par  les 
et  de  Tittmaoo. 


Lexica  segueriana^  ainsi  nommés  de  la 
bibliothèque  du  chancelier  Séguier ,  qui 
ont  été  signalés  par  Montfauoon  et  pu- 
bliés par  Bekker  et  Bachmann*.  A  ces 
lexicographes  nous  ajouterons  ceux  que 
l'on  désigne  sous  le  nom  ^atticistes  (voj^.}, 
et  qui  ont  recueilli  les  locutions  pure- 
ment attiques,  dont  ib  indiquent  les  équi- 
valents en  grec  commun  :  ce  sont  Phry- 
nichus**  (environ  lOOaprès  J.-C),  Mœ- 
ris**"*^  (250),  Philémon,  dont  l'époque  est 
incertaine****,  Thomas-Magister  *****,  du 
xiv*  siècle.  Outre  ces  secours,  on  peut  en- 
core puiser  bien  des  observations  ciuieuses 
et  importantes  dans  les  divers  scoliastes, 
surtout  dans  ceux  d'Homère ,  Pindare , 
Eschyle,  Sophocle,  Aristophane,  Théo- 
crite ,  Lycophron ,  etc. 

A  la  renaissance  des  lettres ,  les  Grecs 
venus  de  Constantinople  enseignèrent 
leur  langue  dans  les  principales  villes  de 
l'Italie  et  en  France.  Emmanuel  Moscho- 
poulos,  Théodore  Gaza,  Constantin  Las- 
caris  {voy,  leurs  articles)  publièrent  des 
grammaires  destinées  a  feciliter  l'étude 
de  cette  langue.  Bientôt  les  érudits  ita- 
liens, français,  allemands,  produisirent 

daa  oufiaftca   ploa  méthodiques    et   plus 

complets;  le  savant  Budé,  élève  de  Jean 
Lascaris,  mit  au  jour  ses  Commentarii 
Unguœ  grœcœ^  1629;  Érasme,  Mélandî- 
thon  {voy,  ces  noms) ,  composaient  des 
grammaires  grecques  pour  les  collèges. 
Les  Institutions  de  Clénard  (1530)  ser- 
virent pendant  longtemps  de  guide  dans 
l'étude  du  grec;  on  faisait  aussi  usage  de 
la  syntaxe  de  Varenius,  de  Malines  (JLou- 
vain,  1 532),  de  la  grammaire  de  l'Espagnol 
Vergara  (1550),  abrégée  par  Nunez  de 
Valence  (1555),  de  r^<r//^/2f.rmi/^  Cani- 
nii  (Paris,  1555),  ouvrage  dont  le  savant 
Tannegui-Lefebvre  faisait  grand  cas.  P. 
Ramus  publia  aussi,  en  1557,  une  gram- 
maire grecque,  dont  Jos.  Scaliger  et  Ca- 
saubon  ne  parlent  pas  avantageusement, 

(*)  Dans  le  t.  l'r  des  Aneedota  Gr<g*a,  de  Bek- 
ker, Berlin,  x8 14 ;  et  dans  les  ^«oi.  Gr.^  de 
Bachmann ,  Leipdg,  i8a8. 

(**)  La  meilleure  édition  est  celle  de  Lobeck^ 
Leipzig,  1820. 

(***)  Publié  arec  comm.  par  Pierson,  Lejde , 
17  59  ;  réimpr.  à  Leipxig,  i83i. 

(****)  Publié  par  Osano,  Berlin,  i8si. 

(*****)  Publié  par  Bernard,  arec  les  notes  de 
Hemsterhvjs  et  autres  savants;  Leyde.  1757  \ 
réimpr.  à  Leipzig,  i833. 


GRË 


plosleiin  TÎos  estimés  et  exporte  en  outre 
une  grande  quantité  de  raisins  secs,  sur- 
tout le  raisin  de  Corinthe ,  qui  provient 
d*un  cep  ou  plutôt  d*un  arbuste  de  4  ou 
5  pieds  de  haut.  Il  faut  citer  le  malvoisie 
qu*on  tire  d^une  prcsquMle  de  la  Laconie, 
du  nom  de  Malvoisie,  qui  a  été  donné  en- 
suite à  cette  qualité  délicieuse  de  vin. 
L*ÉIide  et  PArcadie  produisent  de  bons 
vins.  Athènes  n'a  sur  son  territoire  que 
des  vins  faibles,  qu'on  rend  piquants  ou 
plutôt  amers  à  Taide  de  la  résine;  c'est, 
au  reste ,  une  coutume  assez  générale  en 
Grèce,ainsi  qu'en  d'autres  contrées  du  midi 
de  l'Europe.  Enfin  la  vallée  de  l'Hélicon, 
dans  la  Livadie,  fournit  des  vins  estimés. 
Les  lies  Ioniennes  méritent  un  rang  dis* 
tingué  dans  cette  énumération  :  Cépha- 
lonie  a  de  bon  vin  muscat,  Zante  possède 
on  raisin  d'un  parfum  particulier,  et 
Corfou  a  des  vins  très  spiritueux.  Foir 
A.  Jullien,  Topographie  de  tous  les  vi- 
gnobles  connus^  chap.  XI-XHI.  D-g. 

GRÉCOURT  (Jean -Baptiste -Jo- 
seph-ViLLARET  de)  ,  Tun  des  abbés  et 
des  poètes  les  plus  licencieux  du  xviii* 
siècle,  était  né  à  Tours  en  1683.  Il 
descendait,  dit -on,  d*une  noble  famille 
écossaise,  qui,  par  suite  de  revers  de  for- 
tune, était  venue  s'établir  en  France.  Le 
crédit  de  son  oncle,  ecclésiastique  estimé, 
tous  la  direction  duquel  il  avait  fait  de 
bonnes  études  à  Paris,  lui  fit  obtenir, 
dès  l'âge  de  13  ans,  un  canonicat  dans 
l'église  de  Saint-Martin  de  Tours. 

Après  son  retour  dans  cette  ville,  où 
sa  mère,  devenue  veuve,  occupait  la 
place  de  directrice  des  postes,  le  jeune 
abbé  Grécourt  voulut  s'y  livrer  à  la  pré- 
dication, et  trouva  moyen  de  faire  de 
son  premier  sermon  un  premier  scandale  ; 
il  l'avait  en  elTet  rempli  d'allusions  sati- 
riques contre  plusieurs  des  dames  de  la 
ville,  et  l'on  s*aperrut  dès  ce  moment  que 
cet  abbé  mondain  était  peu  fait  pour 
monter  dans  la  chaire  chrétienne. 

Grécourt  retourna  dans  la  capitale  où 
on  lui  procura  ce  qu'on  appelait  alors 
une  chapelle,  véritable  sinécure  ecclé- 
siastique qui  lui  laissait  tout  le  temps 
de  se  livrer  à  cette  vie  épicurienne  pour 
laquelle  il  était  né,  et  de  composer  des 
contes  et  des  vers  grivois  pour  Famuse- 
fDent  de  ses  sociétés  et  de  ses  protecteurs. 


(  46  )  GRE  1 

Son  premier  Mécène  fut  le  marédidP^ 
duc  d'Estrées,  qui  le  menait  souvent  9mé 
lui  aux  États  de  Bretagne  pour  se  dii»*" 
traire  des  ennuis  de  la  représentation.  1^ 
en  trouva  ensuite  un  autre  dans  le  AMP* 
d'Aiguillon,  qu'il  accompagnait  tooa  lit*' 
ans,  pendant  la  belle  saison,  à  son 


^ 


i] 


teaù  de  Véret.  Là  se  réunissait  une  wtfi^' 
ciété  tout-à- fait  dans  les  goûts  du  voloféafl 
tueux  seigneur  et  de  l'abbé  libertin, 
était  l'Anacréon  ou  l'Horace,  tant  soit 
cynique,  de  cette  réunion.  Auasi  m 
coutume  d'appeler  Véret  son 
terrestre, 

La  table  et  les  conquêtes  faciles 
toujours  les  deux  muses  de  Grécourt.  Oé^i 
fut  pour  obtenir  les  faveurs  d'une  b4h{  r 
chapelière  de  la  place  Maubert ,  qui  it  ii 
donnait  les  airs  d'être  janséniste,  <pfltr;i 
composa  contre  les  jésuites  le  petit  pol» 
me  de  PhilotanuSy  badinage  assex  i 
nieux  dont  Voltaire  n'eût  pas  d€jsiyi% 
certains  vers  ;  quelques  années  aprlt^i 
éprb  de  la  femme  d'un  cordonnier 
en  voulait  aux  jansénistes,  notre 
abbé,  girouette  littéraire  et  religi 
attaquait  ces  derniers  a  leur  tour. 

Parmi  tous  ses  vices,  Grécourt 
du  moins  une  vertu  :  exempt  de 
ambition,  il  refusa  des  offres  brillaslil 
qui  lui  furent  faites  par  le  contrôleor 
général  Law,  compatriote  de  sa  famille^ 
il  composa  à  cette  occasion  l'apolont 
intitulé  Le  solitaire  et  la  Fortune  |  a  la 
fois  la  plus  décente  et  la  meilleure  de  ma 
poésies  fugitives. 

Heureux  par  son  caractère  gai  et  ia* 
souciant,  surtout  par  l'avantage  d'avoir 
vécu  dans  un  siècle  qu'il  pouvait  din^ 
comme  le  mondain  du  poète  de  FerMy, 
tout  fait  pour  ses  mœurs  ^  l'abbé  ém 
Grécourt  vit  sa  carrière  de  plaisirs  se  tor* 
miner  à  59  ans.  Il  mourut  à  Tours,  !•  % 
avril  1743. 

Ses  poésies,  presque  toutes  très  libres^ 
qu'il  avait  eu  la  prudence  de  ne  poisi 
livrer  a  l'impression  pendant  sa  vie.  In* 
rent  pour  la  première  fois  réunies  en  S 
volumes  in-  12  en  1747;  il  en  paml 
ensuite  plusieurs  autres  éditions  en  4 
volumes  du  même  format.  Les  meillenrBi 
sont  celles  de  1762  et  de  1764;  toutefob 
on  y  a  inséré,  comme  dans  toutes  lc« 
autres  ,  diverses  pièces  de  Voltaire  ^  da 


GRE 


(4t) 


6rë 


if 


à  tort  à  Gré- 


aont  souTeDt  plus  ordarien 
its,  et  il  D^a  pas  même  su  res- 
ft  cbaste  muse  de  la  fable ,  dont 
aine  et  tous  ses  dbciples  n'avaient 
otm^  la  pudeur.  Ses  vers  ont  en 
t  défiiut  d'être  remplb  de  négli» 
t  d^ncorrections;  parfois,  cepen- 
1  y   trouYe  de  la  facilité  et  du 

Si  ses  écrits  parviennent  à  la 
i,  ce  sera  moins  en  qualité  d'œu- 
étiques  que  comme  des  témoi- 
e  la  licence  de  son  époque.  M.  O. 
ICQIJE  (architecture).  D  n'est 
os  difficile  de  remonter  avec  quel- 
titode  à  l'origine  des  premières 
[rtioDs  grecques  que  d'assigner  l'é- 
précise  de  la  première  formation 
pies  de  la  Gr^.  Le  trait  princi* 
rhistoire  a  conservé,  c'est  que  le 
e  d'an^itecture  adopté  par  les 
ranchait  de  la  manière  la  plus 
e  avec  l'architecture  des  peuples 

avaient  précédés.  Ainsi,  tandis 
monuments  persans,  égyptiens  et 
brillaient  principalement  par  l'é- 
des  masses ,  par  le  grandiose  de» 
tons  et  par  la  somptuosité  de  leur 
m,  les  monuments  grecs  capti- 
attention ,  moins  par  l'exagéra- 

dimensioos  que  par  l'entente  et 
cse  harmonie  de  toutes  leurs  par- 
oins  par  la  richesse  propre  de 
itériaux  que  par  le  soin  et  l'habile 
e  de  leur  mise  en  œuvre.  Chez 
3 ,  les  édifices  consacrés  au  culte 
t  toujours  le  premier  rang,  mais 
Jnent  point  les  constructions  d'u- 
A>liqae.  Avant  l'ère  grecque,  l'art 

tes  chefs-d'œuvre  qu'à  l'action 
|iie  des  populations  et  à  l'influence 
ive  des  classes  supérieures  sur  les 
iférienres:  depuis  cette  ère  seule- 
e  génie  de  Tintelligence  domine 
rt;  il  prend  un  caractère  natio- 
con<»urt  à  l'amélioration  sociale, 
Bt  an  progrès  de  la  civilisation. 

beaucoup  discouru  sur  l'origine 
i  primitif  de  l'architecture  grec- 
ins  que  les  idées  aient  jamais  été 
laircies  à  ce  sujet.  Des  savants  de 
,  et  Vitruve  à  leur  tête,  posant 
cipe  qu'an  art,  quel  qu'il  soit,  doit 


toujours  avoir  pour  but  un  objet  d'imi- 
tation, un  type  offert  par  la  nature  même, 
ont  admis  qu'ainsi  qu'on  avait  supposé 
l'architecture  égyptienne  dérivant  de  l'i- 
dée première  de  la  grotte  et  l'architec- 
ture orientale  de  celle  de  la  tente,  de 
même  l'architecture  grecque  pouvait  pro> 
venir  de  l'imitation  de  la  cabane  gros- 
sière que  l'homme,  à  la  naissance  des  so- 
ciétés, avait  construite  pour  s'abriter.  Sans 
adopter  dans  toute  leur  rigueur  les  con- 
séquences de  cette  hypothèse,  sur  laquelle 
un  de  nos  savants  collaborateurs  s'est  dé- 
jà prononcé  (yojr.  Architecture,  T.  I , 
p.  186),  nous  trouverons  néanmoins  dans 
cette  explication  le  trait  caractéristique 
qui  distingue  cette  architecture  :  c'est 
qu'en  effet  les  éléments  qu'elle  emploie 
pour  la  construction  des  édifices  sem- 
blent, plus  qu'en  tout  autre  style,  déri- 
ver ou  se  rattacher  immédiatement  aux 
besoins  et  aux  habitudes  de  l'homme; 
en  toute  circonstance,  sur  une  grande  ou 
sur  une  faible  échelle ,  les  conditions  d'u- 
tilité et  de  convenance  font  sa  première  loi. 

Au  surplus,  ce  résultat  s'explique  lors- 
que l'on  se  reporte  au  principe  moral  qui 
dominait  l'esprit  de  la  nation  :  doué  de 
la  plus  vive  sagacité ,  le  peuple  grec  était 
aussi  sensible  aux  charmes  de  la  poésie 
qu^il  était  apte  aux  méditations  de  la  phi- 
losophie. Le  pays  qui  a  vu  naître  les 
poètes  et  les  orateurs  les  plus  célèbres,  les 
philosophes  les  plus  profonds,  devait 
donner  le  jour  aux  artistes  les  plus  ingé- 
nieux et  les  plus  habiles. 

Les  plus  anciennes  constructions  grec- 
ques dont  l'histoire  fasse  mention,  sans 
néanmoins  en  préciser  les  dates,  sont  les 
constructions  cyclopéennes  {^^ojr.  ce  der- 
nier mot).  Elles  sont  ainsi  désignées  à 
cause  de  l'énormité  des  blocs  de  pierre  qui 
les  composaient ,  et  dont  l'extrême  soli- 
dité avait  fait  croire  qu'un  ouvrage  de 
cette  sorte  ne  pouvait  être  que  l'œuvre 
des  cyclopes.  Chez  tous  les  peuples,  l'o- 
rigine des  sociétés  est  toujours  mêlée  de 
quelque  fable  :  une  telle  dénomination 
ne  doit  donc  pas  surprendre  chez  celui 
de  l'antiquité  où  le  goût  de  la  poésie  a 
été  le  plus  dominant. 

Ce  ne  serait  point  cependant  à  ces  con- 
structions qu'il  faudrait  remonter  pour 
reconnaître  les  premiers  pas  de  l'art  ^ec^ 


GRE  (  48 

s'il  existait  encore  des  docooients  assez 
exacts  sur  les  édifices  primitifs  de  la  Grè- 
ce :  malheureusemeot  il  n*en  reste  plus 
de  vestiges,  et  les  traditions  ne  donnent 
aucune  indication  positive  sur  ce  qu'é- 
taient les  édifices  de  la  première  période 
grecque,  dite  les  temps  héroïques ,  c'est- 
à-dire  celle  dont  Tbistoire  n'est  fondée 
que  sur  les  Yécits  des  poètes.  On  n'a  au- 
cune trace  de  la  primitive  architecture 
des  anciennes  villes  de  Thèbes,  Argos  et 
autres  lieux  célébrés  par  les  chants  d'Hé- 
siode et  d'Homère.  Ce  que  l'on  peut  con- 
jecturer de  plus  vraisemblable,  c'est  que 
le  caractère  artistique  de  cette  époque 
devait  se  ressentir  de  la  faiblesse  des  peu- 
plades grecques,  qui,  bien  que  nombreuses, 
étaient  divisées,  et  chacune  resserrée  dans 
un  territoire  assez  restreint.  Il  est  même 
à  présumer  que  l'architecture  des  villes 
de  l'ancien  Péloponnèse  était  alors  éclip- 
sée par  celle  des  villes  de  l'Asie-Mineure, 
plus  riches  et  plus  florissantes,  jusqu'à 
l'époque  où  l'invasion  des  Mèdes  et  des 
Perses  réunît  celles-ci  au  grand  empire 
asiatique  que  gouvernaient  alors  les  des- 
cendants de  Cyrus. 

Les  édifices  grecs  dont  1m  débris  ont 
résisté  aux  ravages  du  temps  et  aux  dé- 
vastations des  hommes ,  plus  funestes  en- 
core, ne  datent  guère  que  du  siècle  de 
Périclès  (voy.),  époque  célèbre,  qui  fut 
pour  la  Grèce  ce  qu^ont  été  depuis  le  siè- 
cle de  Léon  X  pour  l'Italie,  ceux  de 
François  P'  et  de  Louis  XIV  pour  la 
France.  Quelque  temps  avant  la  magis- 
trature de  cet  illustre  citoyen,  c'est-à- 
dire  environ  500  ans  avant  l'ère  chré- 
tienne, la  Grèce  avait  été  ravagée  par 
une  invasion  des  Perses;  Athènes  avait 
été  saccagée,  ses  temples  avaient  été  ren- 
versés; la  ville  entière  était  à  rebâtir  à 
neuf.  Cependant  les  efforts  des  villes  grec- 
ques réunies  étaient  parvenus  à  refouler 
l'ennemi  commun  sur  le  territoire  asiati- 
que. Autant  en  mémoire  de  ces  grands  évé- 
nements que  pour  ajouter  à  la  splendeur 
de  la  ville  d'Athènes,  Périclès  ordonna 
la  construction  d'un  grand  nombre  d'é- 
difices neufs;  il  rétablit  le  port  du  Pirée, 
il  agrandit  et  embellit  l'Acropole  on  cita- 
delle, au  sommet  de  laquelle  il  fit  élever, 
sur  les  dessins  des  plus  habiles  architectes 
et  sous  la  direction  gi^n^rale  de  Phidias, 


)  GRE 

le  fameux  temple  de  Blinenre,  i 
thénon ,  et  ses  Propylées ,  dont  1 
font  encore  l'orgueil  de  la  Grèce  i 
Foy,  Athèitis. 

Les  noms  de  ces  édifices,  et 
non  moins  remarquables  qui  ava 
né  l'ancien  sol  de  ce  beau  pays 
à  peine  connus  en  France  et  n 
Europe  il  y  a  un  siècle,  quoiqi 
dans  nos  climats,  on  eût  la  pr 
de  pratiquer  l'architecture  à  Ti 
des  styles  grecs  et  romains.  Un  ^ 
français,  David  Leroy,  fut  un 
miers  qui  rapporta  quelques  de 
édifices  de  l'ancienne  Grèce  et 
l'attention  des  artistes  sur  un  < 
d'architecture  dont  le  souvei 
perdu. 

Cependant  les  esquisses  de  Lero 
insuffisantes  pour  remplir  leu 
Deux  voyageurs  anglais,  Stuart  et 
entreprirent  de  compléter  le  ti 
l'artMte  français ,  ou  pour  mieux 
suppléer  par  un  travail  nouvea 
vrage  qu'ils  ont  publié  sous  le  tit 
ttquités  (T Athènes  (Londres,  1 
éd.,  1825)  est  un  des  plus  beau: 
ments  que  l'archéologie  ait  prod 
l'histoire  de  l'art.  Toutefois  ce  p 
contient  encore  qu'un  très  petit 
des  édifices  grecs  et  se  borne  à 
la  ville  d'Athènes.  A  la  mort  d< 
une  compagnie  s'est  formée  à  \ 
sous  le  titre  de  la  Société  des  Di 
dans  le  but  de  continuer  l'œuvre 
voyageurs  anglais  :  cette  second 
prise  eut  pour  objet  d'explorer  I 
des  édifices  de  l'Attique  situés  a 
d'Athènes.  Le  volume  qui  a  parv 
publication  contient  plusieurs 
de  la  plaine  d'Eleusis,  la  plup 
sacrés  à  Cérès,  dont  le  culte  était 
néré  des  Athéniens  :  nous  devon 
savant  collaborateur  M.  Hittorfl 
tecte ,  une  traduction  française  c 
ouvrage,  qui  donne  sur  l'architect 
que  des  documents  précieux ,  pr 
ment  sur  les  détails  d'exécution, 
en  petit  nombre  dans  la  collecti 
rieure  de  Stuart  et  Rewett.  M. 
(voj^.)est  lui-même  auteur  d'un 
/  'oynge  en  Sicile  qui  fait  connaît! 
de  l'antiquité  grecque  dans  cette 

Depuis  Stuart  et  Rewett,  o 


GRE  (49 

!^wjiy.im  ont  witéU  Grèce*; 
oDt  été  poussées  jusque 
,  où  l'on  rencontre  9 
■piin^i  iiiiU  abondance  que  dans 
iMopooDcse,  des  ruines  d^édiScet 
b  mm  genres  et  de  toutes  dimen- 
sont  si  nombreux  et 
que,  jusqu'à  ce  que 
ions  de  ces  ▼oyages  aient  été  pu- 
M  ae  peut  dire,  malgré  l'impor- 
Bcxploiations  antérieures,  que  le 
ecsQit  encore  complètement  re- 


un  fiit  constant  se  fait  re^ 
rdas  la  disposition  des  monu- 
irecs  de  tontes  les  contrées  :  c'est 
iHKBent  à  csertaines  règles  gêné- 
1  ce  qui  concerne  l'ordonnance 
n  des  édifices.  Cette  observation 
■t  le  caractère  principal  et  dis- 
t  Fardiilecture  grecque,  nous  en- 
bas  quelques  détails  à  ce  sujet. 
Silectcs  grecs,  dont  on  parlera 
tide  soivant,  différenciaient  la 
'■ae  manière  curieuse;  toutefois 
t  point,  comme  les  patois  des 
lodemes,  nne  langue  différente 
fne  nationale,  mais  seulement 
particniier  d'expression  qui  pre- 
Brœ  dans  le  plus  ou  le  moins  de 
a  des  babitudes  sociales  du  pays 
lérirait.  Le  style  attique  expri- 
-banité  plus  avancée  des  Athé- 

dorîen,  le  béotien  se  rappor- 
[X  Bceors  plus  agrestes  et  moins 
de  ces  deux  pays;  l'ionien,  l'éo- 
odaîentà  diverses  nuances  entre 
;  degrés.  Un  même  ouvrage  de 
avait  être  écrit  en  plusieurs  dia- 
ôvant  que  les  situations  du  sujet 
renité  de  caractères  des  person- 
oomportaîent.  On  comprend  fa- 

à  qodle  richesse  d'expression  la 
recque  a  dû  parvenir  avec  cette 

e  Tesprit  fin  et  délicat  des  Grecs 
Ère  dans  la  langue  fut  introduit 
arts.  Les  artistes  s'appliquèrent 
aitre  les  rapports  qui  existent  en- 
acoltés  matérielles  des  êtres  et 
alités  intellectuelles  ;  ils  les  clas- 
1  physique  comme  la  langue  les 
B  iBoral.  Par  ce  rapprochement, 
.  CaouKtrvGoumaft,  Dodwilz^  etc. 

ryehp.  eL  G.  d.  M.  Tome  XIH. 


)  GRE 

ils  furent  conduits  à  oes  types  remarqua* 
blés  qu'ils  ont  imprimés  aux  productions 
de  la  statuaire  et  de  l'architecture;  de  là 
vient  cette  justesse  admirable  d'exprès- 
sion  qu'ils  ont  donnée  aux  figures  des 
dieux  et  des  héros ,  cette  harmonie  par- 
faite entre  toutes  les  parties  des  édifice» 
qu'ib  leur  ont  consacrés,  mais  qui  se  ré- 
sumèrent, dans  l'un  et  l'autre  de  ces  deux 
arts,  par  une  régularité  constante  d'or- 
donnance et  par  une  similitude  de  ca- 
ractère qui  devinrent  un  dogme  invaria- 
ble pour  toutes  les  constructions  de  même 
genre. 

Pouf  l'architecture ,  les  Grecs  adopl^» 
rent  trois  ordonnances  ou  modes  diffé- 
rents que  l'on  a  désignés  sous  le  nom 
d'ordres  (vo^.),  savoir:  Vbrdre  dorique^ 
le  plus  ancien  de  tous,  se  rapportait  aux 
édifices  dont  le  caractère  dominant  con- 
sbtait  dans  la  force  ou  la  gravité.  Les  tem- 
ples de  Minerve,  de  Junon,  d'Hercule,  et 
autres  divinités  sévères,  étaient  d'ordon- 
nance dorique.  Cet  ordre  était  générale- 
ment caractérisé  par  la  simplicité  des  dé- 
taib  de  ses  moulures,  lesquelles  n'admet- 
taient point  d'ornements,  non  plus  que  le 
chapiteau  deaa  colonne.  Quelquefois  ce- 
pendant on  plaçait  des  sculptures  dans  la 
frise  de  son  entablement  et  dans  le  tym- 
pan de  son  fronton  [voy,  ces  mots),  comme 
au  Parthénon  d'Athènes. 

U  ordre  tonique  y  quoique  encore  d'un 
aspect  assez  ferme ,  admettait  cependant 
un  degré  de  plus  d'élégance,  par  l'addition 
d'ornements  dans  ses  moulures  et  par  la 
forme  particulière  du  chapiteau  de  sa 
colonne,  orné  de  volutes.  Les  temples  de 
Vénus,  de  Diane  et  autres  déesses  étaient 
de  cet  ordre. 

"V ordre  corinthien ,  l'une  des  derniè- 
res et  des  plus  ingénieuses  inventions  des 
Grecs,  caractérisait  les  édifices  somptueux 
du  plus  haut  rang,  principalement  les 
temples  consacrés  aux  grandes  divinités 
Jupiter  et  Neptune,  dont  les  attributs 
étaient  mêlés  aux  élégantes  décorations 
qui  ornaient  les  frises  et  les  chapiteaux. 

On  se  tromperait  si  l'on  pensait  que  les 
trois  types  que  nous  venons  de  signaler 
fussent  entièrement  identiques  de  forme 
et  de  proportions  avec  les  trois  ordres  de 
mêmes  noms  qui  sont  connus  dans  l'ar- 
chitecture moderne  :  ceux-ci  sont  plutôt 


GRE 


(50) 


GRE 


I 


atie  imitation  du  style  romain  que  du 
style  grec.  Nous  n^entreprendrons  pas 
d*indi(|uer  ici  toutes  les  altérations  que 
le  style  grec  a  subies  chez  les  nations  qui 
l*ont  pris  pour  modèle,  et  particulière- 
ment chez  les  Romains,  qui  Tont  imité  le 
plus  directement  :  ces  explications  ap- 
partiendraient à  l'étude  spéciale  de  Part  ; 
nous  nous  réservons  de  donner  quelques 
aperçus  à  ce  sujet  à  l'article  Romaine 
^architeciurey^ous  nous  bornons  à  énon- 
cer actuellement  que  la  régularité  d'or* 
donnance  des  édifices  de  l'ancienne  Grèce 
a  donné  naissance  à  l'architecture  tnodu^ 
laire  (vojr.  Module),  qui  a  été  adoptée 
par  les  architectes  modernes,  et  qui  a  prin- 
cipalement repris  faveur  à  l'époque  dite 
de  la  Renaissance ,  au  point  de  traduire 
presque  en  formules  les  règles  des  propor- 
tions des  édifices.  Nous  discuterons  ail- 
leurs quelle  a  pu  être  l'influence  plus 
ou  moins  heureuse  pour  l'art  de  cette  ex- 
tension donnée  au  système  de  régularité 
des  Grecs;  ici,  faisons  seulement  observer 
que  le  style  pur  de  l'antiquité  est  loin 
d'admettre  cette  rigueur  absolue  de  prin- 
cipes, et  qu'il  laissait  beaucoup  plus  de 
liberté  à  l'imagination  dm»  artUtas. 

Voici  sur  quelles  idées  fondamentales 
repose  le  S3rstème  des  Grecs. 

Considérant  que  la  colonne,  comme 
moyen  de  soutien,  est  l'élément  principal 
de  toute  construction,  ils  lui  attribuèrent 
dea  analogies  avec  les  proportions  du 
corps  humain.  Prenant  donc  le  diamètre 
de  la  colonne  pour  unité,  ils  donnèrent  à 
la  colonne  dorique  7  à  8  diamètres  de 
hauteur,  c'est-à-dire  le  même  rapport 
ifu'entre  la  tète  et  la  stature  de  l'homme 
fait  ;  ib  donnèrent  à  la  colonne  ionique  8 
à  9  diamètres,  c'est-à-dire  proportionnel- 
leoient  à  la  taille  plus  svelte  de  la  femme; 
enfin  ih  portèrent  jusqu'à  10  diamètres 
la  proportion  de  la  colonne  corinthienne, 
par  analogie  avec  la  taille  élégante  et 
élancée  des  jeunes  vierges.  ^o/.Colonhe. 

On  comprend  facilement  qu'avec  ces 
variantes  chacun  des  trob  ordres  pre- 
nait on  caractère  différent  d'effet  et  d'as- 
pect, selon  la  proportion  de  sa  colonne. 

Suivant  sa  destination  ,  chaque  édifice 
rentrait  dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  ordon- 
nances. C'est  ainsi  qu*en  mêlant  la  poésie 
nvec  la  philosophie,  les  Grecs  ont  fondé  le 


système  artbtique  le  plus  remarquafalu 
et  qui  allie  le  plus  rationnellement  li 
conditions  si  difficiles  à  réunir,  la  beni|n 
l'utilité  et  la  convenance.  Si  la  natnvtïe 
cet  article  nous  permettait  de  suinn  || 
phases  diverses  de  l'art  grec,  nona  dh^ 
vrions  parler  ici  des  construction!  ^ 
même  style  qui  ont  été  érigées  en  8HI 
et  en  Italie ,  et  jusques  en  Afrique.  HÂj 
aurions  à  mentionner  surtout  les  édM|^ 
de  la  Grande-Grèce  {voy,)^  et  noni  ^ 
terioas  particulièrement  les  teraplat  4] 
Pestum  (vojr,)^  Tancienue  Posidtlt^^ 
dont  les  restes  existent  encore ,  il  M^ 
font  une  classe  à  part  du  genre  S'^'tl 
les  ruines  d'Herculanum  et  de  Pafl||L 
{vnjr.\  si  intéressantes  par  le  souvenir C 
l'horrible  catastrophe  qui  les  a  ten  '^ 
glouties  pendant  dix-huit  siècle 
montrerions  les  traditions  g^i  1 1  t\mê 
conservant  presque  pures ,  sous  W 
romain,  dans  les  monuments  de 
et  de  Paimyre;  enfin  nous  en  tnM0i[|[ 
rions  encore  les  traces  dans  les  éàiÊtf 
du  premier  âge  chrétien ,  et  même  4il| 
ceux  du  moyen -âge.  Mais  nous 
vous  ces  développements  pour  lea 
des  auxquels  nous  renvoyons  et  poor  |ll| 
sieun  autres  de  cet  ouvrage.  9 

On  ne  doit  pas  attendre  de  nooa  i|| 
nous  cherchions  à  établir  aucune 
raison  entre  le  style  grec  et  les 
genres  d'architecture  qui  ont  paru  dnw^j 
parce  qu'il  semblerait  puéril  de 
des  rapprochements  entre  des 
qui  ne  sont  point  comparables.  Nous  M 
minerons  en  faisant  observer  qoe  dM 
principalement  à  son  caractère  propm  4 
simplicité ,  de  convenance  et  dSitiHll 
qu'il  faut  rapporter  l'influence  qa'eBn . 
exercée  sur  les  peuples  qui  lui  sont 
térieurs.  Il  est  remarquable  que  c'a 
épot|ues  de  transition,  à  celles  oè  1 
mouvement  intellectuel  se  développe 
les  masses,  que  son  génie  a  été  le 
apprécié.  Il  n'est  aucun  des  styles  les  pki 
brillants  qui  lui  ont  succédé,  ou  qi 
ont  apparu  dans  les  temps  moderne 
qui  ne  lui  doive  ses  plus  beureuset  nm 
pirations  et  qui  n'en  attende  encore  m 
dernières  perfections.  J.  B«T* 

GRECQUB  (êolisb),  voj-.  Omam 

TALI. 

GRBCQVB  (uL!f  ovk).  Rangée  auj 


'7 


6RB  ( 

les  Kngnistci  dans  la  nom* 
«les  idiomes  iodo«eiiro- 
rCot-a-dire  ayaot  le  sanacrit  pour 
dt  départ  ilireci  ou  iodirecl,  la 
pvtqœ  fut  parlée  par  les  tribus 
f^ftiit  en  Grèce  eo  traversant  la 
,  et  qui ,  s*étaot  mêlées  avec  d*an- 
èas  ▼enues  d^Asie,  formèreot  la 
kdiéniqiie  doot  les  colooies  s^é- 
it  sor  toaccs  les  c^es  de  la  Hédi- 
e  ^9oy.  Gazes).  Cette  natiou,  bien 
d^étéments  très  divers,  ac* 
de  bonne  heure  une  grau» 
K  pure  que  la  civilisation  €{u'elle 
t  tribus  asiatiques,  et  surtout  à 
■i  etaieet  désij^nées  sous  le  nom 
a  de  Pélasges  (  vay.},  prit  promp- 
môiiean  moyen  du  culte  religieux 
à  Dodone  et  à  Delphes  {vojr.)^  et 
idit  an  loin  par  la  voie  des  chants 
.  Ar^os,  TAttique,  la  Béotie,  la 
FEobée,   Dodone,  situés  au 
Péloponnèse,  étaient  d'origine 
Les  Pélasges ,  qui  habitaient 
B,  prirent  plus  tard  le  nom  d'/o- 
t  eeiui  d'jihéniemsj  dans  l'AtU- 
l'arrivée  de  Cécrops.  Le  lan- 
peaples,  des  Athéniens,  par 
f,  et  des  Argiens,  était  le  même, 
le«r  origine  (Pausanias ,  II ,  37). 
ce  langage  primitif  que  sortit  en 
lien  la  langue  épique.  Il  n'est 
■prenant  que  cette  dernière ,  pro- 
d^nn  kliome   dont   les  éléments 
^éBéralement  répandus,  se  soit, 
temps  reculés ,  élevée  jusqu'à  un 
poôit   an  rang  de  langue  natio- 
que,  dans  la  suite,  les  poèmes  épi- 
ai été  toujours  composés  dans 
igoe  parmi  les  différentes  tribus 
de  grec. 

»ésie  épique  fleurit  pendant  long- 
«rmi  tontes  ces  tribu?.  En  Eu- 
côté  des  chants  d^Hésiode  et  de 
i  portent  seulement  son  nom, 
tait  les  nombreux  poèmes  des 
es ,  des  Atthides ,  des  Minyades  ; 
ty  oii  cette  poésie  avait  suivi  les 
Hoeaère  acquit  une  gloire  sans 
mis  à  côté  de  miade  et  de  i'O- 
on  vît  naître  plus  tard ,  bien  que 
(  temps  encore  très  reculés,  les 
e  Chypre,  ceux  de  la  Ruine  de 
X  des  [Vialheurs  du  Retour 


51  )  GRE  ^ 

(Kxnrpta  iwQ^  I^axà,  Nooroc).  Dans  tous 
ces  chants,  Fancienne  langue  nationala 
fut  conservée,  ainsi  que  la  forme  qu'avait 
revêtue  l'épopée  dès  son  origine. 

La  nation ,  plus  jeune,  composée  des 
Pélasges  et  de  quelques  autres  races  bar- 
bares, s'était  alors  séparée  des  Pélasges 
proprement  dits,  qui  étaient  restés  purs 
de  tout  mélange,  et  qui  avaient  résisté 
aux  heureux  effets  de  la  civilisation.  Plu- 
sieurs siècles  après,  ceux-ci  sont  consi- 
dérés par  Hérodote  (I,  68)  comme  un 
peuple  étranger  qui  parle  une  langue  qui 
lui  est  propre,  tandb  que  les  autres  tribus, 
sans  nom  commun  du  temps  d'Homère , 
prirent  plus  tard  celui  à^HeUènes  (voy,). 
Dans  la  famille  hellénique,  on  distinguait 
la  branche  dorienne  de  l'ionienne,  et 
tout  ce  qui  ne  faisait  pas  partie  de  ces 
deux  branches  principales  était  compris 
sous  le  nom  de  branche  éolienne'^  •  Cepen* 
dant  il  faut  remarquer  que  cette  réunion 
de  tribus  si  différentes  du  peuple  grec 
sous  le  nom  commun  d'Éoliens  finit  par  se 
fondre  dans  la  dénomination  des  peu» 
pies  doriens,  lorsque  ceux-ci  eurent  ac- 
quis une  prépondérance  politique  décisive. 

L*u««g»  gbnéwJ  ^  U  langue  épique 
dans  les  écrits  se  perdit ,  ainsi  que  celui 
de  la  poésie  épique  elle-même ,  à  l'épo- 
que où  chaque  état  se  donna  une  consti- 
tution libre;  cependant  cette  langue  exer- 
ça une  influence  durable  sur  tous  les  dia- 
lectes qui  s'élevèrent  au  rang  de  langue 
écrite.   Jusqu'alors   les   autres   dialectes 
étaient  restés  incultes  à  côté  de  cette  lan- 
gue épique;  mais  lorsque  de  nouveaux 
états  indépendants  entrèrent  dans   une 
voie  de  civilisation  et  qu'ils  considéré* 
rent  comme  une  marque  d'indépendance 
l'emploi  de  leur  dialecte ,  non-seulement 
dans  les  rapports  de  la  vie  commune,  mais 
encore  dans  les  monuments  écrits,  alors 
ces  dialectes  se  perfectionnèrent  et  pri- 
rent de  la  fixité.  Le  nombre  en  était  as- 
sez  considérable  :  Hérodote  en  compte 
quatre  chez  les  Ioniens  d'Asie;  Strabon 
dit  que  de  son  temps,  1  h  ans  après  J.-C., 
il  y  avait  encore  des  différences  dans  les 
dialectes  de  chaque  ville.  On  ne  peut  donc 
pas  rechercher  combien  il  y  avait  de  dia- 

(*)  D*après  le  mythe,  qo*oa  a  rapporté  à  la 
p.  i8,il  j  avait  uue  quatrième  branche,  cello 
des  Achéent.  S« 


nRË 


(52) 


GRE 


Ibctea  daDs  la  langue  grecque;  mais  on 
peut  demander  queb  sont  ceax  qui,  de* 
pub  la  langue  épique,  ont  pris  de  la  con- 
sistance par  des  écrits  et  dont  la  con- 
naissance est  parvenue  jusqu'à  nous. 

Les  formes  les  plus  anciennes  de  la 
langue  gréco-pélasgique  se  sont  conser- 
vées dans  le  latin,  comme  dans  certains 
mots  et  certaines  tournures  employées  par 
les  Lacédémoniens.  Si  les  Doriens ,  d'où 
sont  sortis  les  Lacédémoniens,  avaient 
négligé  le  perfectionnement  de  leur  lan- 
gue ,  ils  en  avaient  ausai  empêché  l'alté- 
ration en  s'opposant  à  tonte  fusion  avec 
les  habitants  des  pays  qu'ils  avaient  con- 
quis et  en  les  réduisant  à  l'état  d'esclaves. 
Ce  ne  fut  donc  pas  cette  langue  perfec* 
tionnée  par  les  chants  épiques,  et  qui  avait 
aussi  une  origine  pélasgique,  qui  se  main- 
tint chez  eux,  mais  ce  fut  la  langue  gros- 
sière de  leurs  ancêtres,  bien  que  ceschants 
ne  leur  fussent  point  restés  étrangers. 

Les  autres  Doriens  ne  conservèrent  pas 
leur  langue  primitive  aussi  pure,  et  se 
rapprochèrent  d'autant  plus  de  la  langue 
épique  qu'ils  s'éloignèrent  davantage  du 
dialecte  de  leurs  ancêtres.  Néanmoins  on 
retrouve  dans  l«uar»  BnonuaA«niB  écrits 
beaucoup  de  formes  communes  avec  la 
langue  épique  et  avec  leur  dialecte  propre, 
qui  ont  donné  au  dialecte  doricn  son  ca- 
ractère particulier;  on  y  reconnaît  l'es- 
prit d'un  peuple  énergique  qui  habitait 
autrefois  les  montagnes ,  et  que  sa  gravi- 
té, la  profondeur  de  ses  sentiments  avaient 
amené  à  cultiver  un  genre  de  poésie  élevé 
et  une  philosophie  mâle  et  sévère.  Les 
chants  de  plusieurs  poètes  lyriques  et  les 
écrits  des  pythagoriciens  étaient  conçus 
en  dialecte  dorien,  ainsi  que  l'ancienne 
comédie  en  Sicile.  Les  tragiques  athéniens 
même  admirent  dans  leurs  chœurs  quel- 
ques formes  doriques  qui  se  recomman- 
daient par  leur  son  plus  ouvert  et  plus 
majestueux,  en  particulier  par  l'emploi 
plus  fréquent  de  l'a  (itlaruaviioç). 

Comme  les  Lacédémoniens,  les  Éoliens 
s'éloignèrent  peu  de  leur  langage  pri- 
mitif ,  et  se  rencontrèrent  ainsi  en 
beaucoup  de  points  avec  les  Doriens;  de 
sorte  que  leur  dialecte  a  été  quelquefois 
considéré  comme  ne  différant  pas  essen- 
tiellement du  dialecte  dorien.  Il  ne  fut 
guvie  employé  que  dans  les  chants  lyri-  | 


ques  des  Éoliens ,  et  il  ne  nous  est 
que  par  quelques  fragments  qui 
sont  restés  de  ces  chants  et  par  ce 
ont  dit  les  grammairiens.  On  peut 
duire  qu'il  variait,  comme  le  dialec 
rien,  suivant  le  siècle  et  la  pat 
poète  ;  que  dans  les  odes  d'Alcéc 
Sapho,  originaires  de  Lesbos,  il 
pas  le  même  que  dans  celles  de  Ci 
originaire  de  Béotie  ;  que  le  diale 
Béotiens,  desThessaliens,  des  Étolic 
appartenaient  tous  à  la  branche  éo 
n'était  pas  exactement  le  même.  L' 
geté  de  ses  formes  et  leur  grand  él 
ment  de  la  langue  épique  rendai 
dialecte  inintelligible  aux  Grecs  qi 
talent  pas  Éoliens.  C'est  pourquc 
dare ,  qui  chantait  pour  toute  la  i 
renonça  à  plusieurs  des  termes  éol 
conserva  surtout  ceux  qui  étaienl 
rouns  au  dialecte  dorien ,  et  se  rap 
beaucoup  de  la  langue  épique. 

Dans  la  formation  de  leur  dii 
les  Ioniens  s'éloignèrent  moins  (\ 
autres  Grecs  de  cette  même  langv 
que,  au  point  qu'elle  a  pu  être  con 
conune  étant  ionienne.  Ce  qui  i 
contribué  à  établir  cette  opinion 
que  les  chants  épiques  ont  été  de 
des  Ioniens  l'objet  d'une  attention 
culière  et  durable,  et  que  le  gei 
poésie  propre  aux  Ioniens,  l'élégi 
en  est  sortie  et  qui  a  été  cultivée  pi 
tée,  Callinus,  Mimnerme,  resta  i 
cette  langue  poétique ,  aussi  bien 
poésie  didactique,  qui  fut  cultiva 
les  premières  écoles  de  philosopha 
pendant  on  ne  peut  donner  propren 
nom  àt  dialec  te  ionien  qu'à  ce  qui 
tue  le  caractère  des  quatre  idiomes  c 
rodotc  attribue  aux  peuples  d'i 
ionienne.  L'un  de  ces  idiomes  a  ë 
ployé  par  Hérodote  lui-même  et  pa 
pocrate,  et  on  l'a  désigné  sous  le  n 
dialecte  ionien  nouveau ,  par  opp 
à  la  langue  épique,  que  l'on  a| 
dialecte  ionien  ancien.  Le  dialec 
nien  avait  quelque  rapport  avec  les  i 
du  peuple  qui  le  parlait  :  il  ann 
une  certaine  mollesse,  il  évitait  le 
du  gosier  et  recherchait  au  contrair 
des  lèvres  et  de  la  langue  ;  par  la  rép4 
des  voyelles,  il  était  très  favorahh 
musique. 


GRH 


(5S) 


GRE 


^i 


i  dialecte  attiqoe,  qui  ressemblait 
rà  bcancoap  à  la  langue  épique, 
tout  différent  du  dia- 
.  Ud  pays  plus  rude,  un  ciel 
ssereiii ,  empêcha  la  langue  de  s'a- 
la  réanion  en  une  seule  cité  de 
s  tribus  attiques,  le  concours  des 
qui  furent  de  fort  bonne  heure 
à  Albènes  par  des  révolutions 
oa  qui  y  lurent  attirés  par  le 
■eree^ct  qvi^cpies  autres  causes,  exer- 
l  «ne  inflocnce  décisÎTe  sur  la  for- 
B  en  langage.  H  en  reçut  un  carac- 
ie  finesK  eC  de  souplesse  qui  se  révèle 
les  fmes  des  mots  et  dans  le  style, 
î  s'éloigne  également  de  Fantique 
■r  dn  sérère  dialecte  dorien  et  de  la 
■e  <in  dialecte  ionien.  On  retrouve 
pes  tnees  <le  la  langue  épique  dans 
nvains  attiqoes  les  plus  anciens, 
le  Eacfcyle  ;  mais  elles  disparaissent 
it  cooqiiétement  pour  faire  place 
rilable  aitiasme,  qui  se  révèle  dans 
fdt ,  Euripide ,  Aristophane ,  Thu* 
e,  Platon. 

dialectes  subirent  de  diffé- 
Tépreave  du  temps,  de 
€|oe  chacun  d'eux  présenta  des 
ions  dans  chaque  siècU.  Ijc  dialecte 
I  de  Théocrite  n'est  pas  le  même 
dni  des  anciens  poètes  siciliens.  On 
ancien  et  un  nouveau  dia- 
:  œ  <lemier  est  celui  dans 
t  ont  écrit  les  orateurs  et  les  au- 
ie  la  nouvelle  comédie.  Cependant 
doivent  être  considérées 
de  nouveaux  dialectes  que 
e  des  phases  d'un  même  dialecte^ 
■i  longtemps  que  dura  la  liberté , 
e  état  se  servit  de  son  dialecte  par- 
r.  Le  dialecte  attique,  perfectionné 
I  grand  nombre  d'écrivains  du  pre- 
ndre, fut  parlé  de  préférence  à  la 
bs  rois  <le  ^iai^édoine  et  propagé  de 
te  en  Syrie  ei  en  Egypte ,  royaumes 
t  partie  de  l'empire  macédo- 
ciroonstanoe,  mais  surtout  la 
tioo  de  oe  dialecte  et  la  gloire  d'A- 
»,  qui  continua  d'être  le  centre  des 
de   philosophie  et   d'éloquence, 
arent,  des  l'époque  d'Alexandre-le- 
1,  an  dialecte  attique  la  supériorité 
s  antres.  Ceux-ci  disparurent  peu  à 
sus  la  domination  romaine^  et,  dès 


le  II*  et  le  m*  siècle,  ils  ne  furent  plus 
employés  dans  aucun  monument  écrit. 
Lorsque  le  dialecte  attique  fut  ainsi  de- 
venu la  langue  générale ,  on  en  retrancha 
ce  qui  s'y  trouvait  de  trop  particulier,  et 
ces  formes  furent  appelées  attiques ,  par 
opposition  aux  îormescommunes  (xoevai). 
C'est  cette  langue  générale  qui  sert  de 
fondement  à  nos  grammaires. 

La  langue  grecque ,  parvenue  ainsi  à 
son  plus  haut  point  de  perfection ,  réu- 
nissait tous  les  caractères  qui  pouvaient 
la  rendre  propre  à  devenir  universelle. 
C'était  une  langue  éminemment  poétique, 
revêtissant  avec  une  égale  facilité  toutes  les 
formes  de  la  poésie  dont  elle  prit  succes- 
sivement tous  les  tons  :  simple,  naïve, 
souvent  sublime,  dans  Homère,  âpre  et 
mordante  pour  Archiioque,  gracieuse  et 
badine  pour  Anacréon ,  majestueuse  dans 
Eschyle  et  Pindare ,  noble  et  digne  dans 
Sophocle,  pathétique  dans  Euripide ,  fine 
et  railleuse  dans  Arbtophane.  Elle  se 
montra  ensuite  plus  flexible  encore,  s'il 
est  permb  de  le  dire,  entre  les  mains  des 
auteurs  en  prose,  s'adaptant  au  génie  du 
bon  Hérodote  comme  à  celui  du  grave 
Tltucydidr  rrt^c^  l'eiegant  XénophoD  ;  se 
prêtant  avec  souplesse  à  toutes  les  subti- 
lités des  sophistes ,  aux  discussions  phi- 
losophiques de  Socrate  et  de  Platon ,  aux 
distinctions  et  aux  définitions  des  Stoï- 
ciens; accompagnant  les  orateurs  au  mi- 
lieu des  luttes  de  la  tribune  et  du  bar- 
reau; devenant  claire ,  précise,  quelque- 
fob  même  un  peu  sèche,  sous  la  plume 
d'Aristote;  remplissant  enfin    toutes  les 
conditions  d'exactitude  requises  par  les 
mathématiciens.  Mais  comment  la  même 
langue  pouvait-elle  sufBre  à  tant  d'exi- 
gences différentes?  C'est  qu'elle  réunis- 
sait à  une  grande  richesse  de  termes  une 
aptitude  remarquable  à  en  former  de  nou- 
veaux, sans  les  emprunter  ailleurs,  et  à  sai- 
sir de  la  sorte  une  foule  de  nuances  qui 
s'expliquaient  d'elles-mêmes  ;  c'est  qu'elle 
observait  dans  les  diverses  formes  qu'elle 
imposait  à  ses  noms  et  à  ses  verbes  des  rè- 
gles fondées  sur  une  analogie  aussi  simple 
que  savante;  c'est  qu'en  conservant  tou- 
tes les  conditions  nécessaires  à  la  clarté, 
elle  avait  une  syntaxe  qui  pouvait  indi- 
quer facilement  une   foule  de  rapports 
entre  les  divers  membres  de  la  phrase , 


GRK 


(54) 


GRE 


et  qui  admettait  toutes  les  invenions, 
toutes  les  transpositions  que  la  viYacité 
du  sentiment  devait  suggérer;  c^est  qu^elie 
faisait  un  fréquent  usage  de  Feiiipse  et 
des  figures  qui  donnent  au  langage  une  al- 
lure plus  libre  et  plus  franche,  une  expres- 
sion plus  pittoresque,  plus  caractéri<itique; 
enfin,  c'est  qu'en  flattant  agréablement 
Toreille,  il  lui  suffisait  de  la  plus  légère 
variation  dans  l'accent,  dans  l'aspiration, 
dans  le  ton ,  pour  faire  saisir  à  l'auditeur 
des  choses  qui  échappent  au  lecteur  le 
plus  attentif. 

Les  conquêtes  des  Macédoniens  en  Asie 
portèrent  la  langue  grecque  chez  des  peu- 
ples qui  jusque-là  avaient  parlé  les  lan- 
gues de  l'Orient.  Appelés  à  s'exprimer  en 
grec,  tandis  qu^ib  pensaient  encore  dans 
leur  langue  maternelle,  ils  formèrent  un 
dialecte  dans  lequel  ils  introduisirent  des 
tournures  hébraïques ,  syriaques  et  chai- 
déennes,  et  plusieurs  idiotismes  qui  ap- 
partenaient au  dialecte  macédonien.  C'est 
dans  ce  dialecte  qu'ont  été  traduits  les  li- 
vres de  l'Ancien-Testament  et  qu'ont 
été  écrits  ceux  du  Nouveau,  en  sorte 
qu'on  peut  l'appeler  diaUcte  eeciésiasti^ 
que.  firyr.  Hm*i.*hist«s. 

Tandis  que  les  dialectes  se  perdaient 
(aute  d'être  employés  dans  les  monuments 
écrits,  la  langue  commune  se  maintint  à 
la  cour  de  Constantinople  jusqu'au  xv* 
siècle,  comme  la  langue  des  gens  instruits, 
comme  la  langue  usitée  dans  les  actes  du 
gouvernement ,  dans  les  lois  et  dans  les 
traités.  Pendant  que  l'ancien  grec  s'alté- 
rait peu  à  peu  dans  la  bouche  du  peuple, 
surtout  depub  l'introduction  du  chris- 
tianisme, les  savants,  c*est-à-dire  les  so- 
phistes, les  rhéteurs,  les  grammairiens , 
qnelquefob  même  les  Pères  de  rÉglise,s'et- 
forçaient,  par  une  lecture  continuelle  et 
par  l'imitation  des  écrivains  attiques,  de 
protéger  la  pureté  du  langage  contre  l'in- 
fluence du  dialecte  ecclésiastique. 

Mais  lorsque,  après  la  ruine  de  l'empi- 
re de  Byzance,  le  grec  cessa  d'être  la  langue 
de  l'état;  lorsque  l'Église  forma  Tunique 
lien  qui  donnât  l'unité  et  la  consbtance  au 
peuple  vaincu ,  l'influence  du  grec  e«'clt^- 
sîastique  s*étendit  sur  toute  la  nation. 
Compris  du  laïc,  qui  s'accoutumait  k 
Tentendrcà  l'école  et  k  TégUse,  aussi  bien 
que  du  prêtre ,  il  derint ,  comme  autre- 


fob  le  dialecte  homérique,  une  1 
générale  à  laquelle  des  tribus  isolées  al  n 
habitants  de  pays  différents  ont  ^fil 
beaucoup  d'expressions  qui  s'étaiettf  «i 
servées  dans  la  bouche  du  peuple  m 
avoir  jamais  passé  dans  la  langue 
et  où  sontentrés  des  idiotbmes  em 
à  des  langues  étrangères,  au  latin 
au  slavon,  et  plus  tard  au  turc  et  à 
lien.  De  là  est  sorti  un  idiome 
qui  diiïere,  il  est  vrai ,  beaucoup  d#l 
cien,  pas  assez  cependant  pour  être  CH 
déré  comme  une  langue  nouvella.  pi 
Geecquss  modeenes  {langue  et  UmM 
ture). 

Si  le  grec  ancien  avait  dbpam  tmm 
langue  nationale ,  il  était  cependaotoi 
pris  et  étudié  par  des  individus  iioli>j 
les  écoles  du  mont  Athos ,  celles  àmi 
de  Naxos  et  de  Chios,  qui  n*ool  ji^ 
cessé  d'exister  tout-à-iait ,  ont  oontrilj 
à  le  conserver  jusqu'à  ces  derniers ¥tÊ^ 
comme  le  langage  des  Grecs  instniili|i 
sorte  que ,  depuis  les  chants  d'Hoaif 
dans  lesquels  elle  a  revêtu  pour  la 
mière  fois  une  forme  durable ,  la 
grecque  a  constamment  été  en 
les  ouvrages  écrits  pendant  une 
près  de  8,000  ans. 

Après  cette  esquisse  rapide  des  dH 

rentes  phases  par  lesquelles  a  passé  b  II 

gue  des  Grecs,  il  nous  reste  à  énofldl 

les  principaux  ouvrages  des  anciens  «M 

modernes  qui  ont  eu  pour  objet  TélI 

de  cette  langue ,  et  auxquels  il  îuaX  1 

courir  pour  en  connaître  l'esprit,  la  ■ 

thode,  l'abondance,  les  finesses,  ca  < 

mot  toutes  les  ressources.  Dans  la  eéW 

école  d'Alexandrie ,  et  plus  tard  à  Ba 

etàConstantinople,  la  langue  gi^ecqtisi 

étudiée  par  d*habilesgraromairietis(tw| 

Les  termes  rares  employés  par  les  iÊm 

auteurs,  et  surtout  par  les  poètes,  hm 

expliqués  et  recueillb;  certaines  paM 

de  la  grammaire  et  de  la  syntaxe  Hm 

traitées  dans  des  ouvrages  spéciaux,  df 

quelques-uns  sont  parvenus  jusq«*à  m 

et  méritent  toute  l'attention  de  PImI 

ni*^te.  Tels  sont  la  grammaire  (abrégea) 

Denys  de  Thrare'50  ans  av.  J.-C.)*, 

(•)  C>'nmr  on  !*■  dit  •  rarttri*  Dnrrt  (T.  1 
p-  "HA  ) ,  rll«  fa»  palili^  m  gr#c  (»«r  B«àl 
•ver  Im  couiMeaUtaor*  ;  «Ue  ïe  fut  «■«au»  | 
Cirhird,  Piirts,  i  S  la,  eu  grec,  en 
ea  français. 


inoaq 
lurlaj 


\ 


GBS 


(«*) 


GRE 


B#l 


drApoQonîiB  Ihacolns*, 
ft  HcrcMben  (300  am  après 
;li«Kvn«es  de  Dracon  et  d'Hé- 
■  h  l'Iiiiii  ,  celui  de  Grê- 
les dialectes^.  Pkr- 
pow  icntioBDerons 
lr»Sophirtr,  coBteaporain 
d*im  l^qne  d^Homè- 
qui,  soos  le  reçue  de  Né- 
■■  lexM|Qe  d^Hippocrate  ; 
180  après  J.*C.),  auteur  de 
,  recueil  où  les  mots 
pw  ordre  des  Batières,  et 
dTcapikatîoQS  et  d'exemples; 
)y  dont  il  nom 
afarc^  un  lexique  de  Pla- 
(iPor.),qiiiare- 
cmplojés  par  les  orateurs 
à  qui  Ton  doit  un 
*****^;  Hésjchins 
dn¥*sîède ',  dont  le 
d*aiicinis  grammairiens, 
s'il  n'sTait  été 
fortement 
(«of.)y  dont  le  glos- 
abondante  de  notice 
,  et  qui  isontient  aussi  des 
e  UHits  difficiles  et  des  ci- 
;  Phoctos,  Zona- 
laissé  des  recneib 
Fauteur  de  VEiymoio^ 
ou  se  trourent 
curieuses  rela- 
y  à  la  lexicographie , 
et  à  rhisloire  ;  ceux  des 

Bekkcr,  ea  partie  dans  les 
»  t.  Il,  «■  partie  daat  àet  ▼ola- 
fSiS«  iti7. 

par  Diadorf ,  dans  le«  GrsjwMji- 
it«3  ;  par  Bekker,  dans  le 
et  par  d^aaim  taTasts. 

celle  q«*ea  a 
Lfipeig,  i8fi,  arec  les  ootea 
et  les  sienaes,  et  oae 
aar  la  paléographie. 

la  ptfièie  fois  par  Yil- 

réditioB  de  Heia- 
1706,  réiapriaée  par 

par  Ralmkea,  Leyde,  17S4, 
qai  passe  poar  aa 


éditioas  «oat  celles  de 
,  1739,  et  d'Aïasoa,  Erlan- 


Lexica  segaeriana^  ainsi  nommés  de  U 
bibliothèque  du  chancelier  Séguier  ,  qui 
ont  été  agnalés  par  Montlaucon  et  pu- 
bliés par  Bekker  et  Bachmann^  A  œa 
lexicographes  nous  ajouterons  ceux  que 
Ton  désigne  sous  le  nom  d^atticistes  ("vof  .), 
et  qui  ont  recueilli  les  locutions  pure* 
meot  at tiques,  dont  ik  indiquent  les  équi- 
valents en  grec  commun  :  œ  sont  Phirj- 
nichus**  (environ  lOOaprès  J.-C.),  Mm- 
ris^^  (2o0),  Phiiémon,  dont  Tépoque 


et  Zoaaras  oat  été 
m  Letpsig,  ea  iSot»par  les 
•t  de  TIttsMss. 


incertaine****,  ThoflBas.Hagister****%  du 
XXV*  siècle.  Outre  ces  secours,  on  peut  en- 
core puiser  bien  des  observations  curieuses 
et  importantes  dans  les  divers  scoliastes  , 
surtout  dans  ceux  d'Homère ,  Pindare , 
Eschyle,  Sophocle,  Aristophane,  Théo- 
crite ,  Ljcophron ,  etc. 

A  la  renaissance  des  lettres ,  les  Grecs 
venus  de  Constantinople  enseignèrent 
letu*  langue  dans  les  principales  villes  de 
l'Italie  et  en  France.  Emmanuel  Moscho- 
poolos,  Théodore  Gaza,  Constantin  Las- 
caris  (vcy.  leurs  articles)  publièrent  des 
grammaires  destinées  à  fiiciliter  l'étude 
de  cette  langue.  Bientôt  les  érudits  ita- 
liens, français,  allemands,  produisirent 

d^  ouvia^u   phn  méibodiques   et   plus 

complets  ;  le  savant  Budé,  àève  de  Jean 
Lascaris,  mit  au  jour  ses  Commentarii 
Unguœ  grœcœy  1629;  ÉrasoM,  Méhuidi» 
thon  {voy,  ces  noms),  composaient  des 
grammaires  grecques  pour  les  collégOw 
Les  Lislitutions  de  Clénard  (1630)  ser- 
virent pendant  longtemps  de  guide  dans 
l'étuile  du  grec;  on  taisait  aussi  usage  de 
la  syntaxe  de  Varenius,  de  Malines  (Lou- 
vain,  1532),  delà  grammaire  de  l'Espagnol 
Vergara  (1S60),  abrégée  par  Kuncz  de 
Valence  (1656),  de  VHeUenismus  Cani- 
nu  (Pïuis,  1565),  ouvrage  dont  le  savant 
Tannegui-Lefebvre  faisait  grand  cas.  P. 
Ramus  publia  aussi,  en  1557,  une  gram- 
maire grecque,  dont  Jos.  Scaliger  et  Ca^ 
saubon  ne  parlent  pas  avantageusement. 


(*)  Daos  le  t.  I«r  des  Âmteâf  Grmta^  de  Bek- 
ker, Bcriia,  18 ri;  et  daas  les  iéiaed.  Gr.,  de 
Badnaaaa ,  Leipdg,  1828. 

(**)  La  aeilleare  éditioa  est  celle  de  Labecfc« 
Letpsâg,  1830 

(***)  Pablié  arec  comoi.  par  Picrsoa,  Lejde  , 
1759  ;  réioipr.  à  Leipzig,  i83i. 

(****)  Pablié  par  Osaao,  Berlia,  itsi. 

(****^  Pablié  par  Bernard,  avec  les  aotes  de 
Hemsterhays  et  aotres  savants;  Lejde»  1757  | 
rcJaq>r.  à  Leipsig,  s 833. 


GRE 

nub  qui  est  vtntée  par  Lancelot  de  Port- 
Royal  ,  et  qui  fut  complétée  par  Sylburg 
(1 582).  JjesErotemata  linguœgrœcœ^àe 
Neander,  obtinrent  plus  de  faveur.  Henri 
Estîenne  révéla,  dans  son  Traité  de  la  con~ 
formité  du  langage  français  avec  le  grec 
(1569)  y  un  grand  nombre  des  idîotismes 
communs  aux  deux  langues.  En  1632,  le 
jésuiteVigier  (  Vigerius)^  de  Rouen,  publia 
son  traité  des  idiotismes  grecs,  réimprimé 
encore  de  nos  jours.  Au  milieu  du  xvii* 
siècle ,  Lancelot  de  Port-Royal  introdui- 
sit dans  la  grammaire  grecque,  comme 
dans  celle  des  langues  latine  et  française, 
d'heureuses  améliorations,  une  méthode 
plus  rationnelle  et  un  esprit  d'observa- 
tion qui  ne  furent  pas  appréciés  comme 
ils  le  méritaient,  et  publia  le  Jardin  des 
Racines  grecques.  Pendant  le  xviii*  siè- 
cle, l'étude  du  grec  fit  en  Hollande,  parles 
travaux  de  Tib.  Hemsterhuys ,  de  Ruhn- 
ken ,  de  Valkenaëry  de  Pierson,  de  d'Or- 
ville,  de  Lenuep,  de  Hoogeveen,  et  en 
Angleterre,  par  les  recherches  de  Richard 
Bentley,  de  Toup,  de  Maittaire  et  de 
Dawes,  des  progrès  très  remarquables. 
Les  savants  hollandais  montrèrent  la  voie 
pour  arriver  au&  vérâi«i»los  ■•«;tai«B  grec- 
ques; Bentley  parvint,  par  les  secours 
d'une  critique  admirable,  à  des  décou- 
vertes importantes  pour  l'histoire  de  la 
langue  ;  Dawes  établit  plusieurs  des  rè- 
gles de  la  syntaxe  mal  comprises  jusqu'à 
lui.  Au  commencement  du  xix*  siècle, 
l'Allemagne  s'empara  du  sceptre  de  la 
philologie  classique;  la  grammaire  grec- 
que en  particulier  prit ,  entre  les  mains 
savantes  de  Fischer^  Reitz,  F.  A.  Wolff, 
Hermann ,  Buttmann,  Scbcfer  *^^  Mathie, 
Thiersch  (vof .  ces  noms),  et  tout  récem- 
ment par  les  travaux  de  Bemhardy**% 
Krûger***%  Lobeck****%  Kûhncr******, 

(*)  ÀmimadptrnâHet  ad  WelUri  Grammutieam 
frmcam  ,  Leipi.,  i7f)S-i8of ,  3  toI.  îd-S**. 

(**)  LmmktriiBot  ÈlUpstsgrmcm^fimm  motisSch^ 
ftri,  Leips.,  i8o8. — Mthttmataeriticm  l'a  Dèùmjni 
BtJ.  mrttm  rhHarûmm,  L«ipB.,  i8o8. 

(***)  msinêchaflltchê  Spuax  dêr  Griêduschm 
Sprark^^  Berlin,  18^9. 

(***')  Unttmekmmgtm  autdem  Gthiêti  dêr  Utêi' 
nitcktn  Sprrnek^ ,  Brunswic,  18^0-1897;  vv^^ber- 
chrt  où  l'aatear  montre  d«  nooTeaoz  rapport! 
•Dire  les  deoz  Uogaes. 

(**'**)  Pûfiipom9na  Grmmmtiem  frwem,  Ldp- 
■ig,  1837,  s  vol.  io*8«. 

(**'^')  j4u$fêkritckt  Gmmtmétik  dtr  Griêeki- 
Khm  Sprmtkê,  Haoïirrr,  1834. 


(  &6  )  GRE 

un  développement  aussi  remarqua 
l'abondance,  la  justesse,  la  fines 
observations,  que  par  la  profondei 
solidité  des  principes  qu'elles  ont 
établir. 

Les  ouvrages  des  Allemands  sur 
gue  grecque  étaient  restés  k  pe 
étrangers  à  la  France  pendant  les 
premières  années  de  notre  siècle 
lorsque  les  loisirs  de  la  paix  et  la 
des  communications  permirent  de 
vrer  aux  études  classiques,  on  ni 
pas  à  reconnaître  la  nécessité  de  se 
à  l'école  de  tels  maîtres,  et  l'on 
qu'il  fallait  introduire  dans  les  liv 
mentaires  leurs  heureuses  simplifi 
et  leurs  savantes  remarques.  Aprt 
fait  usage  pendant  trop  longtem]; 
grammaire  de  Furgault  (1789),  < 
ploya  celle  de  J.-B.  Gail  (1805) 
trouvent  déjà  quelques  amélioratic 
pruntées  aux  hellénistes  allemand 
ces  deux  ouvrages  durent  faire  ph 
Méthode  de  M.  Bumouf  (vojr,  < 
et  le  précédent),  qui  rendit  à  l'él 
la  langue  grecque ,  en  France ,  Tii 
service  d'exposer  clairement ,  dtrs  ] 
miers  pas ,  les  lois  si  simples  et  si 
des  en  applications  que  prit  cett 
langue ,  et  qui  initia  de  bonne  hc 
élèves  à  des  secrets  réservés  jus< 
aux  seuls  savanU.  Cet  excellent 
publié  pour  la  première  fob  en  1 
été  fréquemment  réimprimé  ;  il  < 
sa  3 1«  édition. 

La  lexicographie  a  suivi  à  peu 
même  marche  que  la  grammaire  ; 
dant  un  ouvrage  capital ,  qui  fut 
jour  vers  la  fin  du  xvi«  siècle  (16 
qui  fit  oublier  tous  les  essab  prêo 
à  l'exception  des  Commentaires  de 
le  Trésor  d'Henri  Estîenne  (voj. 
pendit  pendant  longtemps  touâ  lest 
de  même  nature.  On  ne  consultait 
défaut,  que  l'abrégé  qu'en  avait  fa 
Scapula*.  Vers  le  milieu  du  xvii* 
Schrevelius**  publia  un  lexique  d'i 

(*)   Lêxieon  grwco-Utimmm ,  Bile,   iS* 
fol.  Parmi  les  éditions  andeooc»»,  la  pion 
la  plus   rcrberchée  e«t  celle  d  Ëlzerir 
kiai ,  Leyde,  if>5a,  in- fol. 

(**)  Lêxieam  mantuUe  grmcoimtimnm  ,  p 
ndlla  S('br«velias  da  Uarlern  ,  l^jJc,  i( 
ea  a  00e  foole  d*Mitioot  :  parmi  celles  d 
les  metUenres  sont  de  Jannet  (i8o(>,  in-S 
FI«ory-L*cclitM  (1830 ,  ia-8"). 


GRE 


(67) 


GRE 


firt  trop  loB^emps  eotre  les  mains  des 
Soczante-dix-sept  ans  plus  tard , 
*  mh  an  jour  nn  dictionnaire 
étt  trois  parties  :  savoir  le  grec- 
le  latin-grec,  et  une  partie  ana    ti- 
à  la  solution  des  forme 


i\ 


■    I 


^bi  difficiles  des  noms ,  pronoms  et  ' 
Impvcs.  An  conunencgment  de  i  tre 
■de,  J.<-0.  Sdineîder  (voy.)  fit  par  itre 
^  grand  Dictionnaire  grec-altemi  nd, 
m  k  Boabre  des  termes  relatifs  k  la  pby- 
à  FagricolUire,  à  Thistoire  natu- 

fet  considérablement  augmenté.  Ce 

fut  abrégé  par  Riemer*'^,  qui 

beaoconp  la  partie  étymologi- 

et  plos  tard  par  Fr.  Passow  (vqx.)^ 
y  introduisit  un  ordre  plus  rigou- 
Cy  des  distinctions  mieux  marquées 

h  si^ification  des  mots ,  et  qui  en 

■B  an  lexique  très  précieux  pour  la 
sd^omère,  d*Hésiode,  d'Hérodote, 
de  Piadare,  des  tragiques,  d*Aristophane, 
daPbioa,Xénopbon,Démosthène.  Mais 
«frit  deiexioograpliîegrecque,  les  ourra- 
fB  les  pins  importants  sont,  sans  contre- 
dk,  les  deox  éditions  nouvelles  du  Tré- 
■r  de  Henri  Estienne,  dont  nous  avons 
d^  f^  i;90f.  les  articles  Didot  ,  £s- 
norsKy  LniQiTs).  L*abr^  de  Scapula 
a  clè  aasai  réimprimé  trob  fob  en  An- 
ftauie^  avec  de  nombreuses  améliora- 
lionB  ***.  Noos  devons  mentionner  encore 
klrxsroji  Momericum  elPindaricum^  de 
Otaaai  "***  et  Dnncan,  publié  de  nouveau 
ftr  ILoat;  le  Lexicon  Xcnophonteum^ 
h  Stnrz ,  celui  d'Hérodote  par  Schweig- 
knBer,  de  PUton  par  Ast,  de  Sophocle 
fK  Schneidrr,  etc.  Depuis  quelques  an- 
aies  oo  a  senti,  en  France,  qu'il  importait 
et  mtttie  entre  les  mains  des  élèves  des 
****'""^"**  grecs  moins  imparfaits  que 

iT.  LtMictm  mtmmmmlm  gntemm,  par  Benjamin  He- 

I  Bfîuiie,  1675),  Leipzig,  1722, 

(v«X.)  Ta  cMHuidérablemeot  amé- 

édMÛon%de  fjS^,  1767  et  X7S8. 

édiiitom»  sont  celles  de  Padoae  et  de 

BK.  Parw  les  dernières,  noos  citerons  Vé- 

ém  1816,  in-4** 

1**  ;  Icn  ,  i8as-4*  a  vol.  in4^ 

i>or»iiIuaMim.,  stlteta  D.  SeoUi^tt 

jiskrwimm»  did;  consilio  et  eurm  J.  BaU 

i  wt  MtmdimJ.'R.  Aijor;  Lood  ,  1820,  in- 


né 


Zf, 


C  Q«a  a  patns  an«  «ditiQa  à  Glasgow,  en  1816, 
■-«*,  ce  oae  antre  à  Oxford,  en  i8ao,  in-fol. 
*",  La  i**  éd.  da  So9mm  Lexicon  gr.  etjrmol.  et 
fne  pvUiée  ■  Bcriio ,  i774t  2  voC  in-i"* 


ceu3[  dont  ils  faisaient  usage.  Nous  applau- 
dissons aux  efforts  de  MM.  Plandie"^, 
Vendelbeyl ,  Pillon  et  Alexandre  **,  et 
nous  faisons  des  vœux  pour  que  les  pro- 
grès que  leurs  lexiques  amèneront  les 
rendent  bientôt  insuffisants.     L.  V-e. 

GRECQUE  (urréRATURK).  La  civi- 
Ibation  moderne  a  pour  principal  fonde- 
ment l'antiquité  grecque  et  romaine,  et  en 
dérive  essentiellement.  De  là  l'intérêt  qui 
s'attache  pour  nous  à  l'étude  de  ces  lit<- 
tératures.  Cette  filiation  intellectuelle  se 
révèle  à  la  fois  dans  les  institutions, 
dans  les  mœurs ,  dans  la  poésie  et  dans 
les  arts.  Depuis  longtemps  Rome  et  la 
Grèce  ont  cessé  de  gouverner  le  monde; 
mais  leur  influence  morale  s'est  prolon- 
gée par  les  ouvrages  de  leurs  grands  écri- 
vains. Qui  ne  serait  curieux  de  saisir  à 
leur  source  les  idées  qui,  encore  aujour- 
d'hui, président  au  développement  intel- 
lectuel de  l'humanité  ?  Qui  n'aimerait  à 
voir  par  quelles  transformations  succes- 
sives les  formes  littéraires  trouvées  il  y  a 
deux  ou  trois  mille  ans  sont  devenues 
celles  qui  charment  encore  les  nations  les 
plus  éclairées  de  l'Europe  ? 

La  litttSittiuKi  -çrvccpie  est  si  richc  et 
elle  embrasse  une  si  longue  durée,  qu'on 
éprouverait  quelque  embarras  à  établir 
des  classifications  claires  et  naturelles 
dans  un  champ  si  vaste,  si  le  dévelop- 
pement du  peuple  grec  n'avait  été  le  plus 
simple  et  le  plus  naturel  qu'on  puisse 
imaginer.  Chez  aucun  peuple,  l'histoire 
littéraire  n'a  une  liaison  plus  étroite  et 
plus  intime  avec  l'histoire  politique.  Ho- 
mère et  Pindare  représentent  l'un  et 
l'autre  un  état  social  distinct;  Eschyle, 
Sophocle,  Euripide,  Aristophane,  Pla- 
ton, Déroosthène  reproduisent  l'image  la 
plus  fidèle  des  temps  où  ils  ont  vécu.  Il 
ne  sera  donc  pas  difficile,  tout  en  s'as- 
treignant  à  suivre  l'ordre  chronologique, 

{*)  On  doit  à  M.  Planche  le  premier  DkUom' 
naire  grec'f tançais \  son  oarrage  a  rendu,  lors 
de  sa  publication  eu  18 10,  on  véritable  service 
à  l'étude  du  grec  eu  France.  La  dernière  édition 
(i833)  a  reçu  da  ai;\I.  Vendelheyl  et  Pillon, 
des  amélioratioos  qui  en  fuut  un  très  bon  Dic- 
tionnaire pour  le^  étudiants. 

(**)  VÂbri^i  dm  dictionnaire  grec-frmn^ie,  par 
M.  Alexandre  (Paris,  i83i,in^<*;3''  éd.,  i858), 
a  beaucoup  contribué  à  faire  connaître  et  à  po- 
pulariser dans  les  collèges  français  les  rc9ultal9 
des  trjiraax  des  savjnt>  allemands. 


) 


GRE  (  58 

de  le  oombiBer  avec  un  ordre  systémati- 
que qui  renferme,  dans  ce  cadre  natu- 
rel, la  succession  des  genres  divers  dans 
lesquels  se  sont  exercés  les  poètes  et  les 
écrivains  qui  ont  tour  à  tour  obtenu  Tad- 
miration  de  leurs  contemporains. 

Le  nom  d^Homère  est  le  premier  qui 
se  présente  à  celui  qui  veut  esquisser  le 
tableau  de  la  littérature  grecque;  mais  la 
poésie  homérique  n'a  pu  évidemment  être 
le  début  de  Tcsprit  grec  :  la  perfection 
même  dont  elle  porte  Fempreinte  sup- 
pose des  essais  antérieurs.  Nous  admet- 
trons donc  nécessairement  une  époque 
an  té-homérique.  Et  ce  n*est  pas  seule- 
ment le  genre  de  poésie  qui  a  dû  différer: 
Tétat  social  lui-même  nous  apparaît  avec 
des  différences  profondes.  Les  traditions 
historiques  et  poétiques  s'accordent  pour 
placer  au  début  de  la  civilisation  grecque 
une  race,  un  théâtre  et  un  genre  de  poésie 
tout  autres  que  ceux  où  Homère  a  brillé. 

Avant  la  race  hellénique  à  laquelle 
appartient  Homère,  toutes  les  traditions 
placent  la  race  pélasgique,  dont  Tenfanoe 
s'écoula  sous  la  tutelle  sacerdotale,  et  en- 
fanta une  poésie  religieuse,  dont  l'origine 
se  rattache  à  Orph^^  «>t  Hnnt  In  Thmce 
fut  le  berceau.  Ce  qu'on  sait  de  cette 
époque  anté-homérique  se  réduit  à  d'obs- 
cures traditions  f  on  plutôt  à  des  fables, 
aux  fictions  de  la  mythologie;  les  noms 
fabuleux  de  Linus,  Olen,  £umolpe,Tha- 
royris,  Orphée,  Musée,  la  remplissent, 
et  elle  s'arrête  à  la  guerre  de  Troie,  le  pre- 
mier événement  où  commence  réellement 
l'histoire  de  la  Grèce. 

La  Thrace  parait  avoir  été  alors  l'anti- 
que foyer  d'une  poésie  fille  de  la  religion. 
Des  écoles  ou  des  familles  de  chantres 
(aœdes)  existaient  en  Grèce  longtemps 
avant  Homère  et  Hésiode,  dans  la  Piérie, 
au  pied  de  l'Olympe  et  dans  la  Béotie, 
voisine  de  l'Hélicon.  Les  Muses  o/^m- 
piatles ,  piérides ,  héliconiadts ,  invo- 
quées par  Homère  et  par  Hésiode,  sont 
les  symboles  de  ce  développement  poéti- 
que plus  ancien.  Orphée  [voy,)  est  donc, 
selon  toute  probabilité,  antérieur  à  ces 
deux  poètes  ;  mais  les  théogonies  orphi- 
ques sont  l'ouvrage  d'écrivains  posté- 
rieurs. A  en  croire  d'illustres  savants,  en 
tête  desquels  nous  nommerons  M.  Creu- 
ser, les  débris  du  culte  pélasgique  el  de 


)  GRE 

l'antique  poésie  sacerdotale,  sym! 
et  théologique ,  se  conservèrent  < 

mystères  (l'ox*)'  ^^  ^^^  ^9^^ 
contestée  par  d'autres  savants  noi 
recommandables.  Quoi  qu'il  en  so 
poque  sacerdotale  des  Pélasges  i 
l'époque  héroïque  des  Hellènes;  à 
sie  religieuse  et  mystique,  née  « 
Thrace  ,  succéda  la  poéûe  épiqui 
llonie  fut  le  berceau. 

Entre  la  prise  de  Troie  et  l'ap| 
d'Homère  s'écoula  un  assez  lonf 
yalle,  qu'il  nous  est  impossible  de 
par  aucun  autre  nom.  Mais  on 
douter  que  la  poésie  n'ait  fleuri  < 
intervalle;  Homère  lui-même  n 
prend  qu'avant  lui  d'autres  poètes 
pris  déjà  la  guerre  de  Troie  poui 
de  leurs  chants.  Dans  l' Odyssée  (c 
y.  490),  Démodocus,  poète  du 
Phéaciens ,  célèbre  les  derniers 
ments  qui  suivirent  l'incendie  d 
Nous  voyons  également  Phémius, 
palais  d'L'lysse,  chanter  le  ret 
Grecs  (Odjrss.y  ch.  I,  v.  325).  Ia 
de  cette  époque,  qu'on  trou 
suite  des  rois,  peuvent  se  compi 
que  furent  les  bardes  dans  la 
les  scal«l««  chetz  les  Scandinaves 
troubadours  dans  les  châteaux  d 
ces  et  des  seigneurs  au  moyen-ig< 

Les  poètes  étant  des  improvisât 
spires  par  chaque  circonstance  , 
nements  amenéi  par  les  migrai 
peuples,  les  guerres,  les  révolul 
térieures,  étaient  pour  eux  un  \ 
épuisable.  Le  peu  de  fixité  de  I 
cial  à  cette  époque ,  et  la  pas 
aventures,  qui  est  le  caractère  d 
des  siècles  héroïques,  firent  ni 
expéditions  lointaines  qui  im|>i 
un  long  ébranlement  aux  pop 
et  par  suite  aux  intelligences;  < 
vinrent  le  sujet  des  divers  cycl 
épiques  qui  furent  l'aliment  de  I 
dans  les  sièi*les  suivants.  La  prri 
ces  expéditions  fut  celle  des  Aq 
(vnjr.  )  en  Colchide,  sur  la  côte  < 
du  Pont-Euxin,  pour  la  conc 
la  toison  d'or.  Cette  première 
course  maritime  de  la  Grèce  fn 
vement  les  imaginations.  Autoui 
faits  se  groupent  les  noms  bril 
Jaaon  et  Médée,  de  Castor  et  PoUii 


GRE 


(69) 


GRE 


3     « 


■^   X  i* 


d    ^ 


'  t 


l|B^èiPéiée,pèi«d*Adiille,  d'Her- 
«îli,fOl|kée.  Tient  ensuite  la  guerre  des 
■llCUwQBtre'nièbesy  à  laquelle  se  rat- 
hcalaitroiihes  d'OEdipe  et  de  ses 
fli,  Eléode  et  Polynice  ;  enfin  la 
^  Troie,  qnienrùla  une  si  nom- 
pOÊèntàon  de  héros,  et  qui,  en 
hpopolation  hellénique  sur 
bh»àéerAsie41ineurey  la  familiarisa 
mm  WÊ  fsale  didées  jusqu*alors  incou- 
■■  pav  ékf  et  exerça  ainsi  une  in- 
éidâfe  sur  la  ciTilisation.  Elle 
CBire  les  peuplades  grecques  des 
fèm  iotimcs,  et  concourut  a  les 
n  ooe  sente  nation  ;  elle  ac- 
■Iprjî  h  puissance  de  la  Grèce;  par 
iài^  de  agît  sor  les  mœurs,  sur  les  in- 
AtiBBipoItliqnes  et  les  lob,  et  prépara 
k Mmlaûuu  qui ,  plus  tard,  substitua 
|Mhc  le  fouvemement  démocratique  à 
hmoÊÊTtim  ou  à  Toligarchie.  La  guerre 
é  TniÊ  aarqna  donc  une  ère  nouvelle 
hmntktoire  des  Grecs;  nul  événement 
rtckan^  davantage  la  physionomie  et 
b  iiiiifniiii  de  cette  nation  :  il  a  été 
die  ce  qmt  les  croisades  furent  au 
pour  les  nations  modernes. 
(f«f.),  né  en  lonie,  non  loin 
4ê  tbitw  éB  cette  guerre^  •»  entendit 
kmealÎMeaMnt  prolongé,  et  fut  inspiré 
pv  les  aouvcnirs  vivants  qu'elle  avait 
n  wïias  reste  sous  son  nom  deux 
,  V Iliade  tl  YOdyssée^ 
qui  ae  rapporte  au  siège  de  Troie, 
qpÔL  diaote  les  aventures  d^Uljsse 
«Ht  ton  reloor  à  Ithaque.  Ces  poèmes 
yniftètre  considérés  comme  Tencyclo- 
pÉdK  des  tcnps  héroïques:  ib  peignent 
tf  léiSHKilt  toute  la  civilisation  grecque 
ée  csne  époque.  Les  mœurs,  la  religion, 
tant  FéCaft  social,  s'y  reproduisent  en 
tu  naïfs.  Lecaractère  essentiel 
c^cst  la  simplicité,  le  naturel  ; 
■ichaots  retracent  Fenfance  du  genre 
«fana  la  naïveté  de  ses  mœurs 
et  année  ses  sentiments  instinc* 
aoit  peu  groasiov.  Ses  héros  et 
aont  des  hommes  de  la  nature, 
fiiçoiiiiés  par  un  commencement 
éedvfliaatîoo;  mab  il  y  a  une  teinte  poé» 
toute  cette  nature  inculte, 
primitive.  Aussi  Ho- 
plaiC-il  à  tons  les  âges  ;  il  intéresse, 
i  ntâcbei  wÊnm  dans  de  plaies  traduc- 


tions, où  toutes  les  beautés  de  sa  langue 
ont  disparu.  Une  des  parties  les  plus  ad- 
mirables dans  les  poèmes  homériques, 
c^est  rindividualité  des  caractères,  c'est 
la  puissance  de  création  qui  a  donné  à 
chaque  héros  sa  physionomie  propre  et 
si  nettement  dessinée,  sans  que  la  foule 
des  imitateurs  ait  pu  en  dénaturer  le 
fond.  Ainsi  le  roi  des  rob,  Agamemnon, 
avec  son  orgueil,  le  sage  Nestor,  le  bouil- 
lant Achille,  Téloquent  et  astucieuxU  lysse, 
Hector  et  Andromaque,  le  vieux.  Priam, 
sont  des  figures  à  jamab  gravées  dans  le 
souvenir  des  hommes,  et  dont  il  n'est  plus 
donné  à  personne  de  pouvoir  altérer  le 
type.  C'est  là  le  côté  par  où  Virgile  est 
resté  bien  inférieur  à  son  modèle. 

Nous  avons  nommé  Homère  en  même 
temps  que  V Iliade  et  V  Odyssée  :  oublie- 
rions-nous que  l'authenticité  de  ces  poè- 
mes, queTexbtence  même  du  poète  a  été 
attaquée  naguère,  et  avec  des  arguments 
dont  il  est  difficile  de  méconnaître  la 
force? 

Comme  il  est  toujours  difficile  de  se 
transporter  dans  un  ordre  de  choses  fort 
différent  de  celui  avec  lequel  on  est  fa- 
miliarbÂ^  An.  AA^M-fkrÂte  pas  volontiers  à 
croire  qu'un  poème  tel  que  V Iliade  ou 
X  Odyssée  n'ait  pas  été  exécuté  sur  un 
plan  conçu  d'avance  et  profondément 
médité  par  l'auteur;  on  se  refuse  à  ad* 
mettre  que  chacun  de  ces  poèmes  ne  soit 
qu'un  recueil  de  fragments  épars,  restés 
longtemps  détachés  les  uns  des  autres,  et 
dont  on  s'est  enfin  avisé  de  former  un 
tout.  L'esprit  est  d'abord  révolté  d'une 
telle  supposition  ;  elle  semble  même  ab- 
surde ;  mab  à  un  plus  mûr  examen  elle 
prend  un  grand  caractère  de  probabilité. 

Ce  n*est  pas  ici  le  lieu  de  reproduire 
la  controverse  remarquable  qui  s'est  en- 
gagée sur  ces  questions;  il  nous  suffira  de 
résumer  les  résultats  auxquels  elle  a  con- 
duit. Nous  avons  les  poésies  homériques 
dans  l'état  où  elles  sont  sorties  des  mains 
des  grammairiens  d'Alexandrie  ;  nous  ne 
pouvons  juger  que  par  conjecture  de 
leur  état  primitif  et  des  formes  diverses 
par  lesquelles  elles  ont  passé  aux  époques 
antérieures.  Un  hiit  important,  et  qui 
peut  servir  de  point  de  départ  aux  con- 
jectures, c'est  la  mesure  prise  d'abord  par 
Solon,  pub  par  Hipparque ,  pour  coq- 


; 


GUE 


(62) 


GRfi 


et  lonBOit  des  arts  distincts.  Parmi  les 
poètes  de  cette  époque,  oa  cite  Tyrtée 
(yof.)y  dont  les  chants  belliqueux  enflam- 
maient le  coura^  des  Spartiates  dans  les 
guerres  qu'ils  firent  aux  Messéniens  :  il 
BOUS  reste  quelques  morceaux  de  lui  ; 
Archiloque  {voy,)  de  Paros,  inventeur  <le 
l'iambe ,  qui  florissait  au  vii^  siècle  avant 
notre  ère  :  son  esprit  satirique  et  Tamer- 
tume  de  ses  vers  lui  firent  de  nombreux 
ennemis.  Les  droonstances  que  la  tradi- 
tion rapporte  de  sa  rie  paraissent  fabu- 
leuses; on  sait  seulement  qu'il  chanta  aux 
jeux  Olympiques  un  hymne  célèbre  en 
rhonneur  d'Hercule;  il  ne  nous  reste  de 
lui  que  des  fragments.  Callinus  d'Éphèse, 
inventeur  du  vers  élégiaque ,  se  fit  con- 
naître aussi  par  des  chants  de  guerre. 
Alcman  (vojr.)  de  Sardes,  en  Lydie,  poète 
erotique,  florissait  vers  670.  Alcée  {voX') 
de  Mitylène  fit  des  vers  virulents  contre 
Pittacus  qui  le  força  de  s'exiler  ;  dans  ses 
poésies,  il  attaquait  la  tyrannie  et  célébrait 
tour  à  tour  Vénus  et  Bacchus.  La  tendre 
Sapho  (  voy»  )  de  Lesbos,  contemporaine 
d'Aloée ,  est  célèbre  par  son  amour  pour 
Phaon  ;  Denys  d'Ualicamasse  nous  a  con- 
servé d'elle  uni»  off**  ^  v^nu«,  «t  l^n^n 
un  autre  morceau  traduit  par  Boileau  :  ce 
sont  des  vers  brûlants  de  passion. 

Dans  cette  période  parurent  aussi  les 
législateurs  qui  donnèrent  aux  petites  ré* 
publiques  de  la  Grèce  leurs  premières 
constitutions.  Le  plus  ancien  de  tous, 
Lycurgue  (  voy.  ) ,  fit  de  Sparte  une  es- 
pèce de  couvent  militaire,  et  fonda  sa 
grandeur  future  sur  l'austérité  des  mœurs 
et  des  loib.  Stobée  nous  a  conservé  le 
préambule  des  lois  de  Zaleucus  et  de  Cha- 
rondas  {v<>jr,\  législateurs  des  Locriens 
et  des  habitants  de  Catane.  Le  premier 
législateur  d'Athènes  fut  Dracon  (voy.) , 
dont  les  lois,  écrites  en  caractères  de  sang, 
furent  bientôt  abolies.  Enfin  Solon  (vof  .) 
donna  aux  Athéniens  des  lois  plus  du- 
rables, parce  qu'elles  étaient  mieux  assor- 
ties à  leur  caractère  ;  Solon  fut  aussi  un 
des  sept  sages ,  et  il  a  laissé  des  poésies 
dont  nous  avons  quelques  fragments, 
une  prière  aux  Muses  en  76  vers ,  et  un 
morceau  de  1 8  vers  sur  les  âges  de  la  vie. 

Mais  alors  commence  une  période  nou- 
velle ,  depuis  la  légblation  de  Solon  jus- 
(|o'à  ravénement  d'Alexandre  (694-886 


av.  J.-C.):c*est  l'époque  la  pi 

et  la  plus  féconde  de  la  littérati 

Jusqu'ici  l'Asie- Mineure  e 

la  Méditerranée  en  avaient  ét^ 

maintenant  la  Grèce  propret 

Athènes  en  particulier  devint 

des  lumières  et  le  centre  du 

rilisé.  Nous  voici  arrivés  au  [ 

important  du  développement 

de  la  Grèce.  Les  Grecs,  di* 

grand  nombre  de  tribus  et  ci 

pendants,  n'étaient  que  faib 

par  la  communauté  de  leur 

leur  langue  et  de  leur  religioi 

tour  périodique  des  jeux  so 

queb  toute  la  nation    pren 

enfin  par  le  conseil  des  AmpI 

pèce  de  centre  politique  où 

quelquefois  les  intérêts   géi 

guerres  médiques  vinrent  i 

liens  peu  étroits  avant  cette  ép* 

ger  commun  obligea  ces  peti 

ques  à  réunir  leurs  forces  pou 

à  l'ennemi  qui  menaçait  Tic 

générale.  Des  victoires  rerap< 

Perses  date  l'époque  de  la  , 

la  Grèce.  A  Athènes,  le  g( 

démocratique  avait  prévalu  i 

pureté.  Tandis  que  dans  le 

l'ambition  des  citoyens  ne  coi 

de  plus  noble  que  les  prii 

les  jeux  solennels  à  l'agilité 

corporelle ,  les  Athéniens  se 

traient  sensibles  a  la  gloire 

du  génie.  Chez  eux,  l'éloquen 

au  pouvoir;  les  concours  pul 

sant  de  la  poésie  un  goût  g^ 

pulaire ,  firent  éclore  une  g 

poètes  qui  portèrent  l'art  dr 

plus  haut  point  de  perfect 

dut  sa  suprématie  à  ses  gran 

mab  bient6t  enivrée  de  sa  p\ 

abusa  de  son  pouvoir  et  fit  s 

à  ses  alliés,  qui  formèrent  une 

elle  sous  la  direction  de  Spa 

guerre  du  Péloponnèse  :  Atht 

subit  la  domination  de  Spa 

mais  celle-ci  déchut  à  son  to 

Téclat  passager  de  Thèbes  so 

et  Épaminondas,  Philippe  d 

hérita  de  ces  dominations  s 

réunit  la  Grèce  entière  soui 

C*est  dans  cette  période  i 

langue  et  la  littérature  grecqu< 


GR£ 


(6S) 


GRE 


r|hi  iMle  perfection.  Jusqu'alors 
t  runiversaiité  de  la 
pli  le  triple  office  de 
pailla  pUloeophie  et  de  la  reli- 
ai fiH  s^agit  de  transmettre  les 
mèg  fèSÊé  aux  génératioiis  à  ve- 
ÉfBFoB  Toalût  conserver  le  dé- 
h  eomaiasanoes  acquises  ou  les 
pratique,  soit  enfin 
les  croyances  reli* 
iy«  caiployait  le  rhythme  et  la 
■umétL  des  vers  pour  les  graver 
Awiéieutdans  la  mémoire.  Dé- 
ikiéparation  va  s'opérer  :  chaque 
■t  ôdtivé  distinctement  et  de- 
I  foèjet  d'une  étude  spéciale.  Le 
fcnent  des  relations  sociales, 
icBonaissance  de  l'écriture,  qui  se 
I  daas  la  Grèce  avec  l'întrodoc* 
■Pjrus  égyptien,  amenèrent  l'em- 
li  de  la  prose.  Chaque  genre  de 
e  dédoubla  en  quelque  sorte: 
b  poésie  épique  sortit  l'histoire; 
ophie spéculative  sortit  de  la  poé- 
lîqne,  soos  laquelle  on  résumait 
epCcs  de  la  sagesse  pratique  et 
de  la  vie.  Telle  avait  été  celle 
,  au  nombre  desquels  on 
(va/.),  fond»tMv<~  rf©  la 
lue  ionique.  Nous  trouvons  aussi 
s  poètes  ginomiques  le  nom  de 
te  (  voy.  )  ,  auquel  on  a  attribué 
^or,  et  qui  fut  le  fondateur  de 
talique  dans  la  Grande-Grèce. 
énophane  de  Colophon,  auteur 
mt  sur  la  Nature,  fut  le  chef  de 
léaticfoe.  Pour  les  détails  sur  ces 
ades  écoles ,  qui  représentent  la 
hie  de  cette  époque ,  nous  ren- 
i  Tarticle  suivant,  où  nous  trai- 
pédalement  de  la  philosophie 
Les  autres  poètes  gnomiques  les 
■arquables  furent  Théognis  de 
SI  Pbocylide  de  Mîlet. 
kése  lyrique  avait  déjà  jeté  un 
dans  la  période  précédente;  mais 
e  pha  illustre  de  ce  genre  appar- 
I  période  actuelle  :  c^est  Pindare 
(tenl  représentant  qui  nous  reste 
isie  dorienne  ;  il  fait  la  transition 
jrèœ  ancienne  et  la  Grèce  nou- 
>  maîtres  avaient  été  Lasus ,  Si- 
Myrtis  et  Corinne.  Il  nous  reste 
)  bvmnes  ou  chants  de  victoire , 


en  rhonneur  des  vainqueurs  aux  jeux  pu- 
blics et  des  divinités  qui  présidaient  à  ces 
fêtes,  savoir  :  14  olympiques  y  i2  pjr» 
t/ii(/ues y  11  néméens,S  isthmiques.  Il 
avait  composé  une  foule  d'autres  poésies. 
Le  triomphe  des  vainqueurs  aux  jeux 
publics  était  célébré  dans  la  soirée  même 
qui  suivait  la  lutte  :  comme  il  ne  se  trou- 
vait sans  doute  pas  toujours  sur  les  lieux 
des  poètes  d'une  verve  assez  féconde  pour 
improviser  ces  chants,  il  est  probable  que 
les  chanteurs  chargés  de  célébrer  la  vic- 
toire savaient  par  cœur  un  certain  nom« 
bre  diodes  qu'on  pouvait  appeler  banales, 
et  applicables  en  pareille  circonstance. 
Parmi  les  poésies  de  Pindare ,  il  y  en  a 
peut-être  quelques-unes  de  cette  espèce. 
On  préparait  au  vainqueur  une  seconde 
fête,  à  laquelle  prenaient  part  ses  amis,  sa 
famille ,  ses  concitoyens,  les  compagnons 
de  son  enfance  ;  cette  fête  l'attendait  au 
retour  dans  sa  ville  natale  :  plusieurs  odes 
de  Pindare  ont  été  faites  pour  ces  solen- 
nités. Enfin  quelques-unes  de  ses  odes  ne 
peuvent  avoir  été  composées  que  long- 
temps après  l'événement ,  ce  qui  indique 
des  anniversaires  où  l'on  célébrait  le  sou- 

Yenir  dÀ«  vÂc-tnimna    Tïnnm  !«.«  odcS  chautéCS 

à  ces  anniversaires,  il  est  à  peine  question 
de  Fexploit  qui  en  est  le  prétexte;  le 
poète  use  de  la  liberté  la  plus  étendue 
pour  parler  de  la  gloire  des  ancêtres  de 
son  héros  et  pour  rappeler  les  fables  qui 
entourent  le  berceau  de  sa  naissance. 
Pindare  chanta  les  victoires  du  roi  Hié- 
ron ,  qui  l'accueillait  à  sa  cour  ;  mais  il 
célèbre  aussi  des  citoyens  obscurs,  dont 
le  nom  serait  resté  à  jamais  inconnu , 
s^il  n'avait  été  proclame  dans  les  jeux 
publics.  Ces  odes  étaient  chantées  par 
des  chœurs  composés  d^hommes  exercés 
à  cet  emploi;  elles  étaient  en  quelque 
sorte  représentées,  c*est-à-dire  accompa- 
gnées d^une  pompe  éclatante  et  de  danses. 
Les  poésies  de  Pindare  ont  en  général 
un  caractère  solennel  et  public  qui  sup- 
pose une  représentation  d'apparat  ;  il  y 
règne,  d^unbout  à  rautre,un  ton  grave  et 
sérieux,  souvent  un  enthousiasme  exalté 
et  un  caractère  religieux.  Elles  étaient 
faites,  non  pour  la  lecture  réfléchie  du 
cabinet,  mais  pour  être  récitées  devant 
la  foule,  au  milieu  d^un  spectacle  pom- 
peux. Leur  principal  caractère  est  l'en^ 


GRE  (  S4  ) 

thousiaime  lyrique,  qui  se  manifeste  par 
des  mouvements  fougueux,  irréguliers,  des 
métaphores  hardies,  des  images  grandes 
et  sublimes,  au  milieu  desquelles  le  style 
est  souvent  obscur  à  force  de  hardiesse. 
Ces  odes,  représentées  au  moins  autant 
que  chantées,  préparaient  la  transition 
an  genre  dramatique. 

Parmi  les  autres  lyriques,  les  plus  cé- 
lèbres furent  Stésichore,  d*Himère  en 
Sicile,  adversaire  de  Phalaris,  tyran  d*A- 
grigente  ;  Anacréon,  de  Téos,  qui  adonné 
ton  nom  à  un  genre  de  poésie  gracieux , 
où  Ton  chante  Tamour  et  les  plaisirs;  Si- 
monide,  qui  fut  le  maître  de  Pindare  et 
inventa  Télégie  moderne  :  quelques  frag- 
ments que  nous  avons  de  lui  portent 
Tempreinte  d'une  sensibilité  touchante. 
Bacchylide,  de  Céos,  rival  de  Pindare  et 
neveu  de  Simonide ,  eut  aussi  la  faveur 
d^Hiéron ,  roi  de  Syracuse  ;  ses  poésies  se 
distinguaient  par  la  profondeur  des  pen- 
sées et  ^élévation  de  la  diction.  Voy.  tons 
ces  noms. 

La  poésie  dramatique.  En  Grèce ,  la 
poésie  dramatique  résulta  du  concours 
des  deux  grandes  formes  poétiques  qui 

s'étaient  développées  les  premières  :  Té- 
popée  et  U  poésie  lyrique  vinrent  se  con- 
fondre dans  le  drame.  A  Tépopée  il  em- 
prunta le  récit,  qui  ne  tarda  pas  à  se 
partager  en  dialogue;  la  poésie  lyrique 
lui  donna  ses  chœurs,  qui  furent  en  effet 
le  germe  des  représentations  théâtrales. 
L'origine  de  la  poésie  dramatique  chez 
les  Grecs  se  rattache  à  la  religion  natio- 
nale. Dans  les  fêtes  des  dieux ,  une  par- 
tie essentielle  du  culte  public  consistait 
dans  les  chœurs  {yny,\  qui,  en  chantant 
et  dansant  au  son  de  la  musique ,  repré- 
sentaient quelque  fable  relative  à  la  divi- 
nité dont  on  célébrait  les  louanges.  Ainsi 
Hérodote  raconte  (V,  67  )  que  les  habi- 
tants de  Sicyone  représentaient  par  des 
chceurs  les  aventures  d*Adraste,  un  de 
leurs  anciens  rois.  Quoique  ce  culte  fût 
antérieur  à  l'époque  où  la  poésie  drama- 
tique prit  naissance  et  se  partagea  en 
deux  genres,  le  tragique  et  le  comique, 
Hérodote,  par  une  espèce  d'anachro- 
nisme ,  appelle  tragiques  les  chœurs  des 
Sicyoniens,  parce  qu*ils  représentaient  les 
malheurs  d'Adraste.  Le  même  historien 
(V,  83)  attribue  l'origine  des  drames co- 


GRE 

miques  à  des  chœurs  formés  pt 
bitants  d'Égine.  A  Athènes,  d 
semblables  à  ceux  de  Sicyone  • 
faisaient  partie  des  fêtes  de  Ba< 
se  célébraient  soit  à  l'époque 
danges,  soit  lorsqu'on  mettait 
perce.  Dans  Torigine,  ces  chœu 
naient  à  chanter  les  louanges  d€ 
sans  être  accompagnés  d'aucui 
plus  tard,  on  s'avisa  de  coupei 
des  chœurs  par  quelque  récit  < 
pela  épisode.  Telle  fut  donc  r< 
la  tragédie  :  les  chants  lyriques 
d'abord  la  partie  fondamental 
du  chœur  dans  le  drame  et  la 
prit  à  Faction  ont  varié  avec  1< 
selon  les  auteurs.  En  général, 
de  la  tragédie  représente  le  boi 
blic  ;  il  joue  en  quelque  sorte 
médiateur  enti*e  Thomme  et  1 
son  langage  est  celui  de  la  me 
sa  tâche,  de  calmer  les  passioi 
Thespis,  contemporain  de  Se 
Pisistrate,  passe  pour  Tinvenl 
tragédie  ;  il  rendit  le  chœur  plu 
et  y  joignit  un  acteur  qui  débit 
cit  ou  représentait  une  action. 
•(  dit  Horace ,  inventa  le  gcnr 
«  «U  la  tragédie  et  promena  sui 
«  riots  les  acteurs  qui  chan 
«  poèmes.  »  Le  cliariot  ou  le  \ 
de  Thespis  n'a  pas  d'autre  auto 
passage  d'Horace,  qui  parait  i 
fondu  ici  la  tragédie  avec  la 
celle-ci  était  ambulante  ;  mais 
était  représentée  à  côté  de 
Bacchus.  Phrynichus,  d'Athè 
ciple  de  Thespis,  est  connu  pa 
de  Milet^  qui  le  fit  mettre  à 
pour  avoir  trop  vivement  ému 
ïité  des  spectateurs;  Thémisto 
frais  d^une  de  ses  tragédies, 
contemporain  d'Eschyle,  doni 
pompe  au  costume;  ce  fut  poi 
les  Athéniens  construisirent  I 
théâtre. 

Eschyle  [yoy.)^  né  à  Éleusi: 
avant  J.-C,  mort  en  436, 
le  père  de  la  tragédie  j  pa 
donna  au  drame  une  forme 
il  ajouta  un  second  acteur,  e 
inventa  le  dialogue.  Dans  la  i 
phode  introduisit  un  troisii-i 
quatrième    acteur,   et   Eschv 


(64) 


GRE 


■BBB  VHK  hb  dTacnrc  oc 
vtoal  plMcs  dldées  hardies;  il 
MJKéuJimA  et  des  demi -dieux  ; 
kk  01  élevé ,  IjrkpM  et  soutcdI 
tSaffav  soDt  dHnie  extrême  sim- 
;  i  K  amant  pas  Fart  de  nouer 
actkm.  Chez  loi ,  le 
«ne  très  grande  part 
ioesméme  il 
^damieiSap» 
9mla  EttmémiiUs,  H  ne  reste  de 
■^tnfêdiei,  mais  dans  le  nombre 
vC^oelqQes-oncs  de  ses  plus  ce- 
khioac  /er  Perses^  le  Prométhée 
i^yCtli  trilogie  de  VOrestiej  com- 
JgÊmammony  Us  Ckoéphores  et 


iAt[vof.)^  do  bourg  de  G>lone  en 
aé  ea  49^  et  mort  en  406,  éuit 
e^Tfchylede  30  ans,  et  plus  âgé 
i^  de  Û.  n  porU  la  tragédie 
a  perfection.  D  concoomt  sou* 
Escbjle;  il  remporta  sa  pré- 
toire sor  lui  à  Page  de  29  ans. 
•pie  athénien,  si  passionné  poar 
'  «ocès  de  son  Antigone^  jouée 
fit  nommer  général  de  Texpé- 
îgée  contre  Samos,  concur- 
nec  Péridès  et  Tho^fd^le.  Ce 
oaime  noos  Favons  dit  plus 
Bit  on  troisième  acteur  sur  la 
brégea  les  chœurs  et  leur  don- 
rt  moins  directe  dans  Faction, 
drriot  ainsi  accessoire,  après 
principale  dansForigine. 
profonde  du  cœur  hu* 
Sophocle  un  grand  maître  dans 
stodre  les  passions;  et  néan- 
:agédie  consenre  chez  lui  son 
eiigieax,  avec  une  rare  éléva- 
t  et  one  sorte  de  pressenti- 
ores  Térités  du  christianisme. 
,  en  général,  cette  noble  sim- 
est  on  des  caractères  de  la 
C'est  parmi  les  sept  ouvrages 
estent  de  lui  qu'il  faut  cher- 
bds-d^ŒUTre  de  la  tragédie 
}Edipe  roij  Œdipe  à  Colone^ 
sont  comparables,  pour  Fîdéal 
fe  des  formes,  à  tout  ce  que  la 
itiqiiA  a  produit  de  plus  par- 

s  («o;r-)  était  né  à  Salamine, 
vant  J.-C,  le  jour  même  de 

lop.  d.  G.  d,  M.  Tome  XID. 


I  la  bataille  de  Salamine.  Pftr  une  siogii* 
lière  coïncidence,  le  nom  des  trois  grands 
tragiques  se  trouve  atUché  à  cette  célèbre 
journée,  puisque  Eschyle  y  combattit  en 
guerrier  valeureux,  et  que  Sophocle,  âgé 
de  1 5  ans,  y  chanta  Fhymne  de  la  victoire, 
à  la  tête  de  la  jeunesse  athénienne.  Élève 
d'Anaxagoras  et  de  Protiicos,  ami  de  So- 
crate ,  Euripide  transporta  sur  la  scène 
les  idées  et  le  langage  de  la  philosophie , 
et  quelquefois  aussi  les  raffinements  de 
la  rhétorique.  Il  n*a  pas  été  surpassé  dans 
la  peinture  des  passions;  Aristote  Fappelle 
le  plus  tragique  des  poètes,  U  cherche 
surtout  à  émouvoir,  à  exciter  la  pitié. 
Sophocle  subordonne  la  passion  au  carac- 
tère, et  le  caractère  à  la  grandeur  idéale  ; 
ohez  Euripide,  la  passion  est  la  chose 
principale  :  le  caractère  et  la  dignité  y 
sont  subordonnés  aux  effets  pathétiques. 
Son  style  est  clair,  élégant,  hûtnonieux  et 
facile;  il  a  souvent  des  passages  d^une 
beauté  ravissante,  et  d'autres  fois  il  tombe 
dans  les  trivialités.  Ce  défaut  lui  a  valu 
de  firéquentes  parodies  des  poètes  comi- 
ques. Chez  lui,  le  chœur  n'a  plus  qu'un 
rôle  très  secondaire  :  ses  chants  ne  tien* 
negt  jliii  an  «gat  ai  Hâg^nèrenten  hors- 
d'œuvre.  Les  ouvrages  d'Euripide  furent 
très  recherchés  dans  toute  la  Grèce.  On 
raconte  qu'après  la  défaite  de  Nicias  en 
Sicile,  un  grand  nombre  d'Athéniens 
durent  leur  salut  aux  vers  de  ce  pocte  : 
ceux  qui  purent  en  réciter  échappèrent 
à  la  mort  et  à  l'esclavage. 

Les  ouvrages  des  trois  grands  tragiques 
étaient  regardés  par  les  Athéniens  comme 
des  monuments  de  la  gloire  nationale. 
L'orateur  Lycurgue ,  qui  vécut  entre  les 
années  404  et  320,  fit  passer  une  loi  or- 
donnant qu'une  copie  exacte  et  authenti- 
que des  tragédies  d'Eschyle,  de  Sopho- 
cle et  d'Euripide ,  serait  déposée  aux  ar- 
chives de  l'état,  et  qu'un  des  premiers 
magistrats  de  la  république ,  le  greffier 
de  la  ville ,  veillerait  à  la  conservation 
de  ce  dépôt.  Ptolémée  Évergète,  roi  d*É* 
gypte,  voulant  faire  corriger  les  copies 
qui  existaient  à  Alexandrie ,  obtint  qu'on 
lui  confiât  cet  exemplaire,  moyennant  un 
cautionnement  de  16  talents;  mais  il  ai- 
mieux  perdre  cette  somme  que  de 


ma 


rendre  le  manuscrit;  il  ne  renvoya  aux 
Athéniens  qu'une  copie  de  leur  original. 


GRE  (  66  ) 

Le  drame  satyrique,  qui  faisait  le  com> 
plémeot  des  tétralogies ,  parait  avoir  été 
UQ  genre  intermédiaire  :  nous  n'avons 
pour  en  juger  que  le  Crr/o/?^  d'Euripide. 

La  tragédie  avait  dû  sa  naissance  aux 
chœursdithyrambiques  par  lesquels  les  vil- 
les de  la  Grèce  célébraient  la  fête  de  Bac- 
chus.  La  comédie  (vof.)  naquit  dans  les 
campagnes.  Aux  fêtes  du  même  dieu  ou  des 
autres  divinités  champêtres,  les  habitants 
de  plusieurs  villagesou  bourgs  de  TAttique 
ae  réunissaient  pour  chanter  les  chœurs 
phaWqiies^d^ns  lesquels  régnait  la  licen- 
ce la  plus  effrénée  ;  les  acteurs,  traînés 
sur  des  chariots,  se  rendaient  d'un  village 
à  Faatre,  et  faisaient  assaut  de  sarcasmes 
avec  les  passants.  Le  chœur  fut  ainsi  To- 
rigine  de  la  comédie  comme  de  la  tragé- 
die ;  mais  il  suivit  les  destinées  de  la  co- 
médie elle-même  :  son  r6le,  très  important 
dans  la  vieille  comédie ,  perdit  peu  à  peu 
de  son  caractère,  quand  la  comédie 
moyenne  cessa  d'être  politique,  et  à  la 
fin  il  fut  entièrement  supprimé  dans  la 
comédie  nouvelle.  Une  des  différences 
profondes  qui  distinguaient  la  comédie 
antique  de  la  comédie  des  modernes ,  c*est 
la  parabeistf  ^  ciiyaîoi»,  <!%»•  I<»']|«i0ll#k  le 
poète,  représenté  par  le  chœur,  s'adressait 
directement  aux  spectateurs ,  et  s'entre- 
tenait avec  eux  de  lui-même ,  de  ses  ri- 
Taux  ,  de  ses  ennemis ,  et  souvent  même 


traitait  les  questions  relatives  aux  affaires 
publiques.  Quelque  anti- dramatique  que 
nous  paraisse  aujourd'hui  cette  interrup- 
tion de  l'action  ,  la  parabase ,  impatiem- 
ment attendue  de  l'auditoire,  était  le  mor- 
ceau capital  de  la  pièce.  C'est  que  U  co- 
médie avait  un  caractère  tout  politique 
chez  les  Athéniens:  c'était  le  complément 
de  leurs  institutions  démocratiques.  Tout 
était  de  son  ressort:  elle  atteignait  indis- 
tinctement les  particuliers  et  les  hommes 
d'état;  chefs  de  partb,  généraux,  ora- 
teurs, écrivains,  tous  étaient  tributaires 
de  ses  plaisanteries  et  des  ridicules  qu'elle 
versait  à  pleines  mains. 

Aristophane  (vo/.),  le  poète  le  plus 
célèbre  de  l'ancienne  comédie,  nous  a 
laissé  onze  pièces,  sur  un  bien  plus  grand 
nombre  qu'il  fit  représenter.  De  ses  pré- 
décesseurs, itpicharme.  Gratinas,  Eupolb, 
etc.,  nous  n'avons quequelques fragments. 
Lescomédiesd'Aristophaiie,lellesqtt'elles 


GRB  I 

sont,  nous  présentent  le  tableau  !•  j^ 
fidèle  des  mœurs  d'Athènes.  Ce  qfoà 
la  valeur  éminente  d'Arbtophane  à 
yeux,  c'est  qu'il  est  l'historien  le  plqi 
ridique  des  mœurs  de  l'antiquité 
Il  nous  fait  la  peinture  de  la  cori 
d'Athènes  avec  une  énergie  et  une 
de  couleurs    que   ne  peut  offrir 
autre  monument  historique.  Nul  i 
crit   la  décadence  des  mœurs 
d'une  manière  plus  vive  etplusfra| 

La  licence  de  la  comédie,  qu'on 
tenté  mainte  fois  de  réprimer,  n*' 
qu'avec  la  liberté  publique.  Dive 
crets  défendirent  de  nommer  les 
vivants,  d'attaquer  les  magistrats; 
ces  décrets  n'étaient  pas  longtemps 
serves,  et  la  comédie  reprenait 
son  ancienne  allure.  Enfin,  après  b 
d'Athènes  par  Lysandre,  Lamachns^ 
des  membres  du  gouvernement  des 
te,  établi  sur  les  ruines  de  la  dénK 
défendit,  l'an  404,  de  traduire 
scène  les  événements  du  temps,  d'y 
mer  les  |>ersonnes  vivantes;  il  intenfitl 
parabases.  Tout  citoyen  attaqué  pur 
auteurs  comiques  eut  le  droit  de 
plainte  devant  les  tribunaux.  Ce  fut 
coup  mortel  pour  la  vieille  coi 
elle  perdit  son  caractère  essentiel,  lui 
tire  politique  et  les  personnalités 
rieuses,  la  censure  publique  des  actes 
gouvernement  et  de  ceux  qui  avaient  ] 
au  maniement  des  affaires.  Le 
momentané  de  la  démocratie  ne 
pas  à  la  comédie  ses  privilé{;es. 
commença  la  romédie  moyenne^ 
dura  jusqu'à  Ménandre.  Toute 
lité  en  était  bannie,  sans  que  ce| 
la  satire  fût  exclue.  Ne  pouvant  pli 
nommer  les  individus,  les  poètes  dÎM 
gnaient  par  des  allusions  et  par  un  |N0 
siflage  plus  fin  les  caractères  qulb  iroii 
laient  immoler  à  la  risée  pnbliqon,  S 
Plutut  est  un  échantillon  de  In  ooaiéj| 
moyenne.  Une  ressource  des  poètes  poi^ 
amuser  et  exciter  le  rire  fut  aussi  de  |iii| 
rodier  les  ouvrages  connus.  Eufin  M|j 
nandre,  l'homme  de  génie  de  U  ûomUk 
n'ttiK*elley  inventa  la  comédie  de  cerMij 
tère,  dont  le  trait  essentiel  est  U  pain^ 
ture  des  mœurs.  C'est  donc  dans  les  Ma 
jets  que  la  différence  est  frappante  :  da^ 
la  TÎeille  oomédiey  ib  étaient  réab  al 


GUE 


(61) 


CRË 


ifidiids  ;  dans  la  nouTelle,  les 
iKhèrent  aux  TÎces  et  aux  rî- 

I  la  société.    Il  s'eosiiiTÎt  un 

II  dans  les  masques  :  ne  pou- 
hire  le  portrait  des  personnes 
n  donna  aux  masques  des  traits 
Afin,  depnb  l'abolition  de  la 
B,  les  citoyens  riches  n'eureot 
érèt  à  se  charger  de  la  dépense 
ir  :  ainsi  disparut  la  pompe  du 

le  chœur  ne  fut  plus  qu^un 
e  de  la  pièce,  et  finit  même  par 
aché  tout*à-fait. 
TT .NoGs  aTons  yu  que  les  progrès 
re  au  yi*  siècle  av.  J.-C.  et  le  dé- 
eot  des  relations  sociales  avaient 
loir  remploi  de  la  prose.  Les 
Dces  historiques  et  géographi- 
aienoèrentà  s*accroitre,  avec  les 
[ni  mîreot  les  Grecs  en  coq  tact 
ie  et  TAfrique,  avec  le  lien  fé* 
se  forma  entre  les  divers  états, 
rogrès  du  commerce  et  les  voya- 
e  mit  à  recueillir  les  traditions, 
lirs  du  passé,  encore  bien  mé- 

fables.  Ainsi  se  fit  le  passage 
sie  épique  à  Vhistoire.  Cadmus 
Sécatée  de  Milet,  Hellanicus  ùm 

auteurs  du  pr^mter  essai  de 
pe,  furent  les  précurseurs  d'Hé- 
nfin  Hérodote  (  voy.  )  d'Hali- 
né  en  484  av.  J.-C.  fut  appe- 
f  de  V histoire  y  parce  que,  le 
il  connut  Fart  de  faire  un  tout 
te  parties  incohérentes.  Depuis 
5  ans,  il  parcourut  les  princi- 
\  connus;  il  s'occupa,  dans  ces 
s,  de  rassembler  les  matériaux 
oire  de  la  guerre  des  Grecs  cou- 
rses. A  son  retour,  il  les  mit  en 
rédigea  son  ouvrage,  suite  at- 
le  tableaux  historiques,  ratta- 
ne  autant  d^épisodes  à  une  ac- 
né, grande  et  importante,  dont 
(Dent  est  le  désastre  de  Xerxès. 
en  partie  à  l'assemblée  des  jeux 
les  en  456,  puis  à  la  fête  des 
ées,  où  il  obtint  de  grands  ap- 
nents  et  excita  l'enthousiasme 
[>e  caractère  religieux  d'Béro- 
mntre  dans  tout  son  livre  ;  il  est 
Msun  peu  crédule,  et  même  su- 
x;  néanmoins  sa  véracité  est  re- 
lojoard'hni  :  les  explorations  des 


modernes  en  Egypte,  par  exemple,  n^ont 
fait  que  confirmer  les  assertions  d'Héro- 
dote qui  avaient  été  l'objet  de  quelques 
doutes. 

Thucydide  [voy,)^  né  treize  ans  après 
Hérodote,  en  471,  fut  un  historien  non 
moins  célèbre,  mais  dans  un  genre  tout 
différent  :  il    créa   l'histoire    politique. 
Homme  d'état,  ayant  pris  part  au  gou* 
vernement,  et  victime  lui-même  des  ca- 
prices de  la  démocratie,  il  fut  à  même  de 
connaître  à  fond  les  menées  des  partis  et 
les  ressorts  secrets  qui  décidaient  souvent 
des  délibérations  publiques.  Pendant  son 
exil^  il  rassembla   des  matériaux  pour 
l'histoire  de  la  guerre  du  Péloponnèse,  et 
n'épargna  ni  soins  ni  dépenses  pour  con- 
naître les  causes   qui  la  suscitèrent,  et 
les  intérêts  particuliers  qui  la  prolongè- 
rent. Il  se  rendit  chez  différentes  nations 
ennemies,  consulta  partout  les  chefs  de 
l'administration ,  les  généraux ,  les  sol- 
dats, et  fut  lui-même  témoin  de  la  plu* 
part  des  événements  qu'il  avait  à  raconter. 
Son  histoire  comprend  les  vingt- une  pre- 
mières années  de  cette  guerre.   Partout, 
dans  son  ouvrage,  respire  l'amour  de  la 
-rt^rfte.  uurauuiite  qu  il  assisu,  jeune  en- 
core, à  la  lecture  qu'Hérodote  fit  de  son 
histoire  aux  jeux  Olympiques  :  ému  de 
ces  récits  et  des  acclamations  qu'excitait 
l'auteur,  on  a  prétendu  que  cette  impres- 
sion de  sa  jeunesse  avait  décidé  de  sa  vo- 
cation comme  historien.  Cette  anecdote 
a  été  contestée  :  elle  n^a  pourtant  rien  d^in« 
vraisemblable  dans  l'existence  toute  poé- 
tique des  grands  écrivains  de  la  Grèce. 
Parmi  les  morceaux  célèbres  de  son  his- 
toire, on  cite  l'éloge  des  citoyens  morts  en 
combattant ,  qu'il  met  dans  la  bouche  de 
Périclès,  et  la  description  de  la  peste,  qui 
fut  imitée  par  Lucrèce,  lequel  le  fut  lui- 
même  par  Boccace  dans  la  peinture  de 
la  peste  de  Florence. 

Xénophon  (vo/.),  né  en  44S  et  mort 
en  356,  hbtorien,  philosophe,  militaire 
et  homme  d'état ,  continua  l'histoire  de 
Thucydide  jusqu'à  la  bataille  de  Manti- 
née.  Il  écrivit  aussi  la  retraite  des  Dix- 
Mille,  qu'il  avait  dirigée  lui-même.  Parmi 
ses  autres  ouvrages,  les  plus  importants 
sont  la  Cyropédie^  espèce  de  roman  mo- 
ral et  politique,  et  ses  Mémoires  sur 
Socrate,  Son  style  par,  éléf^nl  et  çleiiv 


GRE 


(68) 


tîRE 


«le  grâce,  le  fit  sarnommer  Vabeille  atti- 
que.  Il  fut  exilé  d'Athènes ,  comme  dé- 
voué au  parti  dorien  ;  les  Lacédémoniens 
lui  donnèrent  des  terres.  Disciple  de  So- 
crate,  il  parait  être  celui  qui  a  reproduit 
avec  le  plus  de  fidélité  son  enseignement 
et  ses  idées. 

Les  quatre  grands  géographes,  Stra- 
bon ,  Pausanias ,  Ptolémée,  Etienne  de 
Byzance,  appartiennent  à  Fépoque  sui- 
vante :  nous  les  nommons  ici  par  antici- 
pation, pour  n'avoir  pas  à  y  revenir.  Foy, 
leurs  articles. 

Nous  parlerons  dans  un  article  spécial 
de  la  plùlosophie^  qui  fut  illustrée  dans 
cette  époque  par  les  plus  grands  génies. 
Toutefob,  dans  un  tableau  de  la  littéra- 
ture grecque,  nous  ne  pouvons  passer 
sous  silence  les  sophistes  qui  avaient  été  le» 
maîtres  et  les  précurseurs  de»  grands  ora- 
teurs, et  qui  eiercèrent  une  influence  po- 
litique et  littéraire  autant  que  philoso- 
phique. Jusque  vers  la  90*  olympiade, 
les  philosophes  et  leurs  écoles  furent  dis- 
séminés dans  toutes  les  villes  de  la  Grè- 
ce. A  cette  époque ,  Athènes  devint  leur 
quartier-général ,  ce  qui  ne  contribua  pas 
peu  à  donner  ua«  ■lir«iitîni>  «KA«)iv*l1«*  à 
leurs  études.  Gorgiasde  Léontium  (vo^.), 
en  Sicile ,  Protagoras  d*Abdère,  Hippiaa 
d'Élîs,  Prodicus  de  Céos,  Thrasymique, 
Tisias,  sont  les  plus  célèbres  sophistes 
dont  les  noms  nous  soient  parvenus.  Leur 
doctrine,  dont  le  fond  consistait  à  appli- 
quer à  la  morale  et  à  la  politique  ce  prin- 
cipe de  la  physique  antique  que  «  toutes 
choses  sont  dans  un  flux  continuel ,  » 
conduisait  directement  au  scepticisme  : 
c'était  pour  eux  une  arme  commode  dans 
Part  de  dbputeret  de  prouver  indifférem- 
ment le  pour  et  le  contre.  Ces  abus  de  la 
dialectique,  lorsqu'ils  furent  portés  à 
leur  comble,  suscitèrent  la  réaction  puis- 
sante de  Socrate  (im>j.),  qui  fit  un  appel 
au  bon  sens,  et  qui  rendit  à  la  philoso- 
phie une  direction  pratique.  H  pulvérisa 
les  sophistes  et  montra  le  néant  de  leurs 
subtilités.  Mais  les  sophistes,  justement 
confondus  comme  philosophes,  ne  fu- 
rent pourtant  pas  complètement  inutile» 
au  développement  de  l'etprit  grec  :  ib 
jouèrent  comme  rhéteurs  un  autre  rôle, 
c|ui  maintint  leur  importance.  Dans  un 
état  démocratique,  le  talent  de  la  parole 


était  de  première  nécessité  pou 
la  multitude  ;  quiconque  aspirs 
dre  part  aux  affaires  publiqi 
étudier  Tart  de  bien  dire.  Tous 
hommes  d'Athènes,  Thémistocl 
de,  Cimon ,  Périclès,  Alcibiad 
besoin  de  séduire  le  peuple  pai 
quence ,  avant  de  commander  s 
ration  par  leurs  grandes  action 
me  Gorgias  que  Socrate  se 
confondre  comme  sophbte,  avi 
puté  auprès  des  Athéniens  par 
tants  de  Léontium  pendant  la 
Péloponnèse;  son  éloquence  a] 
fureur  parmi  les  Athéniens,  qu 
rent  les  Léon  tins,  et  forcèrent 
s'établir  à  Athènes,  où  il  donn 
çons  de  rhétorique.  Il  nous  rc 
deux  déclamations,  genre  fri 
lequel  les  idées  sont  entièreroen 
à  l'art  d'arranger  les  mots.  Cet 
veau  prospéra,  et  Athènes  vit  s^ 
écoles  où  la  rhétorique  fut  pn 
lors  sans  interruption.  La  t 
l'art  de  la  parole  avait  été  in 
Sicile ,  mais  l'éloquence  naqui 
nés.  Là,  en  effet,  elle  avait  d« 
sérieux  à  défendre,  et  souvent  < 
moyen  «W  «Vmparer  du  gouvei 
Les  grammairiens  nous  on 
une  Ibte  de  dix  orateurs  atti 
tous  ont  laissé  des  ouvrages.  N( 
crons  à  chacun  dVntre  eux  i 
spécial  {voy,  Antiphon,  An  do 

SIAS,    IsOCaATB,  Is^E,    KsCHINI 

GUE  d'Athènes,  Htpéeide,  Di 
mais  parmi  eux  se  trouve  V\ 
plus  éloquent  qui  ait  jamab  i 
semblables  par  le  talent  de  la 
nous  devons  arrêter  un  instant 
tention  sur  lui. 

Démosthène  {voy.)  fut  discip 
ton  et  d'Eudide  de  Mégare  po 
losophie  ;  pour  la  rhétorique, 
tendu  qu'il  ne  s'était  pas  trc 
riche  pour  suivre  l'école  d'I» 
reçut  les  leçons  disée.  A  dix-» 
composa  cinq  plaidoyers  cont 
teurs  :  on  les  a  encore;  il  gagna 
ces;  mab  la  première  fois  qii 
parler  devant  l'assemblée  du  ] 
échoua.  Il  est  superflu  de  répét 
tout  le  monde  sait  de  ses  eflbrts 
blés  et  des  études  opiniâtres  i 


I 

f 


GRE  (  69  ) 

m  pour  trîompber  de  quelque» 
et  oalore  et  se  rendre  digoe  de 
qu'y  eeouût  en  lui.  A  25  ans, 
disooun  contre  Leptine. 
dîeooars  contre  Philippe  est 
Z^l  :  il  a¥mit  alors  33  ans.  Dès 
il  s'attacha  à  poursuivre  le  roi  de 
y  m  ^.M^^Jiiet  ses  projets  ambi- 
;tf  à  hii  madter  des  ennemis.  Pen* 
Ll4  ans,  œ  fat  ht  pensée  dominante 
ses  démarches.  Des  61 
quîll  noua  a  laissés  y  12  se  rap- 
à  cette  çoerre  acharnée  qu'il  fit  à 
Ccit  là  qu'il  mit  en  œuvre  tou- 
que peut  offrir  le  §;énie 
du  bien  public,  pour 
peuple  frivole,  insouciant  et 
le  porter  à  des  résolutions 
it  que  vigoureuses.  Le  trait 
t  caractéristique  de  son  élo* 
ralUanœ  étroite  du  raisonne- 
al  de  h  passion.  Il  démontre  con- 
la  duplicité  de  Philippe,  ses 
taolôt  violentes,  tantôt  eau- 
(;  il  gofuiBande  les  Athéniens  sur 
,et  loajoars  il  fait  passer  dans 
chaleur,  une  véhémence 


GKË 


a^onrd'hui,  après  plus  de  ,  XA.iirtPi-ani 


il 

$ 

r  • 
f } 


,     mmMnmm   foUt    p»rtogcr    ICS 

qu'il  éprouvait  lui-même, 
dans  ce  long  duel  avec 
sa  patrie  reconnaissante 
I  ooaronne  d'or.  Cette 
contestée  par  un  rival  ja- 
fin  ^oariepius  puissant  des  ont" 
mmk  que  Tappelle  Plutarque,  Toc- 
diin  nouveau  triomphe,  où  il  se 
Condamné  à  Texil 
avoir  reçu  les  dons  d*Harpalus ,  il 
dans  Athènes  après  la  mort  d*A- 
;  puis  il  finit  par  s'empoisonner 
a*ctre  pas  livré  vivant  à  Antipater. 
AfRs  Déaioithène  et  son  contempo- 
(vcT'.),  à  la  fois  philosophe, 
,  historien  de  la  nature ,  en  un 
^Ifoprit  le  plus  universel  de  son  temps 
les  Grecs  en  général  ;  après  eux, 
,  la  littérature  grecque  en* 
One  époque  de  décadence;  on 
f*  ^foaier  qu'elle  change  de  caractère 
*44iRction.Si,dès  lors,  elle  produisit 
«fiain  BKMns  hardis  et  nloins  féconds, 
^  f><B9K»  des  lumières  et  une  civilisa- 
^  H»  générale^  effet  des  conquêtes 


d'Alexandre,  peuvent  être  envisagés  com- 
me une  compensation.  Les  esprits  inven- 
teurs devinrent  plus  rares,  l'esprit  criti* 
que  se  développa  à  proportion.  Athènes 
avait  été  jusque-là  le  principal  siège  des 
lettres  et  des  arts  :  Alexandrie  {voy,)^ 
la  nouvelle  capitale  de  l'Egypte,  se  sub- 
stitua à  ^n  influence.  Par  sa  position 
admirable  entre  l'Europe,  l'Asie  et  l'A- 
frique, elle  devint  l'entrepôt  du  corn-, 
merce  du  monde  et  le  confluent  des  doc- 
trines orientales,  qui  vinrent  féconder, 
par  leur  mélange,  les  jets  un  peu  épuisés 
de  la  philosophie  grecque.  Les  Ptolémées, 
qui  régnèrent  avec  quelque  gloire  sur 
l'Egypte,  encouragèrent  les  sciences  et 
les  lettres.  La  fameuse  bibliothèque  d'A- 
lexandrie et  le  musée  qu'ils  fondèrent 
furent  un  asile  splendide  ofTert  aux  sa- 
vants; des  revenus  particuliers  étaient 
affectés  à  l'entretien  de  ceux  qui  y  de- 
meuraient. L'abondance  même  du  papy- 
rus, qui  croit  en  Egypte,  aidait  à  la  mul- 
tiplication des  manuscrits.  Tout  concou- 
rait donc  à  faire  prévaloir  l'érudition  sur 
le  libre  essor  des  intelligences,  qui  ce- 
pendant ne  fut  pas  complètement  étoulTc. 


-iransportéc  d'A- 


thènes à  Alexandrie,  se  transforma  donc  : 
elle  devint  l'objet  d'études  réglées;  au  lieu 
d'hommes  de  génie  il  y  eut  des  savants. 
Ce  fut  à  Alexandrie  qu'on  traça  ce  cercle 
des  connaissances  humaines  qu'il  fallait 
avoir  parcouru  pour  aspirer  au  titre 
d'homme  lettré  ;  là  naquirent  les  sept  arts 
libéraitXy  qui  deviendront  le  trivium  et 
le  quadnpîum  du  moyen-âge  :  gram- 
maire, rhétorique,  dialectique,  arithmé- 
tique, géométrie,  astronomie  et  musique. 
Alors  la  critique  des  mots  fut  en  hon- 
neur; tous  les  grands  poètes  fournirent 
une  matière  inépuisable  de  commentaires 
(voy.  EusTATHK,  ctc).  Les  lettres  déchu- 
rent; mais  leur  plaie  la  plus  incurable 
fut  la  déchéance  du  caractère  moral  :  à 
la  cour  des  princes  elles  contractèrent 
l'esprit  de  servitude ,  et  se  prostituèrent 
trop  souvent  à  une  basse  flatterie. 

Nous  avons  parlé  précédemment  de 
Ménandre  et  da  Philémon,  les  gloires  de  la 
comédie  nouvelle,  qui,  par  les  dates,  ap- 
partiennent à  cette  époque,  mais  que 
nous  avions  nommés  par  anticipation  , 
pour  ne  pas  rompre  l'ensemble.  Quant 


GRE  (  70 

aux  poètes  d^Alexandriei  ils  étaient  sa- 
\ants,  mais  ils  manquaient  d^imagination 
et  de  goût;  ils  usaient  beaucoup  de  temps 
et  de  patience  à  faire  des  anagrammes  ou 
autres  futilités  du  même  genre.  Qu^il 
nous  suffise  de  citer  Lycophron,  auteur 
d*un  poème  sur  Cassandre,  dont  le  st}le 
obscur  et  entortillé  ne  rachète  pas  la  bi* 
zarrerie  de  la  composition  ;  Callimaque  de 
Cyrène,  poète  froid,  dénué  de  \erve, 
dont  il  nous  reste  quelques  hymnes; 
Apollonius  de  Rhodes,  auteur  des  jérga- 
nautiques  (voj,  ces  noms  ),  poème  dont 
l'allure  se  rapproche  plus  de  rhistoire 
que  de  Tépopée. 

La  poésie  didactique  est  le  genre  vrai- 
ment propre  aux  Alexandrins  :  comme 
ouvrage  remarquable  de  cette  époque, 
Dous  citerons  les  Phénomènes  d^Aratus 
(vo> .),  poème  où  sont  décrits  le  cours  et 
l'influence  des  astres.  Il  a  été  traduit  par 
Cicéron. 

Cependant  nous  rencontrons  un  véri* 
table  poète,  Théocrite  ivoy.)  de  Syracuse, 
créateur  d*un  genre  nouveau,  la  pastorale, 
qu*il  porta  tout  d'abord  à  sa  perfection. 
Il  semble  qu*à  certaines  époques  d'épui- 
sement ,  la  société  blasée  éprouve  le  be- 
soin de  M  reporter  vers  cet  âge  idéal 

d'innocence  qu'une  croyance  poétique 
place  au  début  de  la  vie  du  genre  bu» 
maiu.  Les  tableaux  de  la  vie  pastorale 
sont  de  nature  à  satisfaire  cette  disposi« 
tion  d'esprit  ;  c'est  ce  qui  fit,  vers  la  fin 
du  xviii*  siècle,  l'immense  succès  des 
idylles  de  Gessoer  et  de  Paul  et  Virginie. 
Théocrite  en  a  été  le  digne  modèle  par 
la  grâce,  la  naïveté  et  la  fraîcheur  de  ses 
peintures,  foy.  Bucolique. 

Les  conquêtes  d'Alexandre  agrandirent 
le  champ  de  l'histoire  ;  mais  alors  naquit 
une  tendance  au  merveilleux,  un  pen» 
chant  pour  le  romanesque,  qui  la  déna- 
ture. On  n'en  est  que  plus  heureux  de 
voir  apparaitre,  vers  la  fin  de  cette  pé- 
riode, Polybe  ^'v'*^.)  de  Mégalopo1is(205» 
123),  qui  a  porté  dans  Thistoire  une 
étendue  de  vues  qui  semble  n'appartenir 
qu'aux  temps  modernes.  Homme  d'état, 
pilitaire  formé  par  Philopcemen,  il  avait 
été  un  des  chefs  de  la  ligue  achéenne.  A 
l'âge  de  40  ans,  il  fut  conduit  à  Rome 
tomme  otage  et  y  séjourna  dix-sept  ans  ; 
il  devint  Tami  et  le  compagnon  d'armct 


)  GRB 

du  jeune  Sdpion  Émilien.  Pour  rt 

hier  les  matériaux  du  grand  ouvrag 

il  avait  dès  lors  conçu  la  pensée,  il 

voyages  au-delà  des  Alpes,  dans  les 

les,  en  Ibérie,  et  même  dans  la  mer . 

tique.  Scipion  lui  fit  communiqi 

Libri  censualeSy  registres  conserva 

le  temple  de  Jupiter,  au  Capitole,  e 

très  documents  historiques.  Après 

assisté  à  la  prise  de  Carthage  et 

un  voyage  en  Egypte  et  en  Espagm 

accompagna  Scipion,  il  revint  en  à 

et  y  mourut  d'une  chute  de  cheva 

un  âge  avancé.  Des  quarante  li^ 

son  Histoire  générale  ^  qui  eml 

soixante^quinxe  années,  de  220 

il  ne  nous  reste  que  les  cinq  pren 

quelques  fragments  des  autres.  La 

en  est  attachante.  Jamais  Thisto 

été  écrite  par  un  homme  d'un  plw 

sens,  d'une  perspicacité  plus  profi 

d'un  jugement  plus  libre  de  tout  p 

Peu  d'écrivains  ont  réuni  à  un  pli 

degré  les  connaissances  militaires 

litit]ues;  aucun  n^a  poussé  plus  loi 

partialité  et  le  respect  pour  la  vér 

La  Grèce,  devenue  province  rt 

perdit  jusqu'à  son  nom  :  sea  vair 

t*«t*p*l^rent  Athlète,  Rome,  devei 

pi  ta  le  du  monde,  grâce  à  ses  fi 

rudes  vertus,  professait  un  grand 

pour  les  Grecs.  Caton  regardait 

des  lettres  grecques  comme  un 

ment  frivole,  indigne  d'un  homm 

Cependant,  comme  dit  Horace,  «  1^ 

vaincue  subjugua  à  son  tour  son  f« 

vainqueur,  et  introduisit  la  civi 

dans  le  Latium  encore  barbare.  » 

un  peu  de  temps,  et  la  Grèce  éfy 

devient  elle-même  une  province  d« 

Toute  ombre  d'indépendance  péri 

la  littérature  grecque  ne  jette  p 

des  lueurs  passagères.  Deux  borna 

pellent  encore  les  beaux  jours  de  I 

d*Athènes   par  l'étendue  et  la  g 

leur  esprit  :  Plutarque  et  Luciei 

sont  les  derniers  représentants  di 

thébme  grec,  qui  avait  produit 

chefs-d'œuvre  ;  mais  tous  deux  e 

tent  la  décadence,  l'un  en  le  repro 

par  son  c6té  sérieux,  l'autre  en  k 

çant  par  son  o6té  ridicule. 

Nous  croyons  devoir  arrêter  cet 
de  U  littérâtoro  grecque  au  p 


GRE  (7 

èm  ArbliamiBift  :  ici  eipîre  Tes- 
|nK  4b  tcBps  antiques;  un  esprit  nou- 


rbamanité.  Au  sein  de  la  reli- 

,  ((iii  a  détrôné  le  YÎeux 

,  germent  en  sileoce  les  élé- 

i  d'où  sortira  le  monde 

A-D. 

fnnix>soPHiK).  L'histoire 
A  k  pbiloaopbie  grecque  se  divise  na- 

trois  époques  :  la  prè- 
les temps  antérieurs  k 
;  la  seconde,  dont  le  point  de 
la  révolution  opérée  par  So- 
iprend  toutes  lêi  sectes  issues 
et  wm  école  :  pendant  cette  époque, 
iribrri  est  le  centre  du  mouvement 
fUoaopliiqiie;  la  troisième  embrasse  les 
«■■»  iféciectisiDe  et  de  syncrétisme  ten- 
Técole  d^Alexandrie ,  soit  pour 
entre  eux  les  divers  systèmes  de 
hpMoaophie  greccpie,  soit  pour  les  ma- 
ies doctrines  orientales. 

'  époque  j  de  Thaïes  à  Socrate, 

«▼.  J.-C.  La  philosophie  grec* 

la  poésie,  naquit  dans  FAsie- 

r;  là,  comme  partout,  elle  débuta 

la  tcntaitjvcs  les  plus  téméraires.  Dès 

pas^  die  voulut  expliquer  le 

premiers  essai*  Am-ot  des 


Tram  griiides  écoles  remplissent  cette 
iPLmÎLii  époque.  Ici,  comme  dans  toutes 
kihraBcke»  d«  la  civilisation  hellénique, 
mm  teiiumoBS  Tantagonisme  des  deux 
mmrm.  ;  Tesprit  iouîeu  et  l'esprit  doi  ien  se 
— wfi  ifmt  par  des  caractères  divers  en 
pMniiHiliir^  comme  dans  les  arts  et  *  la 
L'esprit  ionien  est  le  sensualisme 
:  sa  philosophie  fut  donc 
Ce  caractère  mobile,  ou* 
à  tontes  les  impressions  du  dehors , 
*  préoccupa  surtout  des  phénomènes 
^,  et  cbercha  à  expliquer  l'exis- 
iles  choses  du  point  de  vue  maté- 
les  philosophes  ioniens  prirent 
Imr  à  tonr  pour  premier  principe  Teau, 
far.  le  fcn.  L^esprit  dorien,  doué  de 
fin  de  profondeur  et  de  solidité,  s'élève 
m  iuÊias  des  impressions  sensibles  :  aussi 
h  fkitosophie  de  l'école  italique  ou  py- 
a-t-elle  une  tendance  plus 
vers  les  recherches  morales;  le 
de  rpnité  et  de  l'ordre  porte  ses 
ao-ddà  des  phénomènes  du 


1)  GRE 

monde  extérieur.  L'importance  que  Py<« 
thagore  accorda  aux  idées  mathémati- 
ques,  qui  semblent  planer  comme  un 
intermédiaire  entre  le  monde  sensible  et 
le   monde  idéal,   prépara  la  transition 
de  la  philosophie  sensuelle  des  Ioniens  à 
la  philosophie  platonicienne,  qui  cher- 
chait l'essence  des  choses  dans  les  idées 
pures  de  la  raison ,  révélées  par  l'intui- 
tion extérieure.  Enfin  l'école  éléatique 
admit  dans  sa  doctrine  deux  éléments 
divers,  l'un  ionien,  Tautre  dorien.  Le 
système  de  Xénophane  est  un  mélange 
où  les  deux  philosophies  contemporaines 
coexistent  sans  être  fondues  véritable- 
ment; sa  physique  est  ionienne,  sa  théolo- 
gie est  pythagoricienne.  C'est  cette  com- 
binaison  de  deux  éléments  divers,    les 
idées  5ur  le  monde  et  les  idées  sur  Dieu, 
qui  forme  le  caractère  propre  de  la  phi- 
losophie de  Xénophane.  Malgré  leur  ac- 
cord momentané,  il  est  évident  que  l'a- 
venir doit  les  séparer  et  faire  prévaloir 
l'un  sur  l'autre. 

Le  point  de  départ  de  la  philosophie 
fut  la  question  de  l'origine  et  du  prin- 
cipe élémentaire  du  monde.  Elle  cherchii 
à  la  rAgniiHrft  ^''aIuu'H  par  Pexpérience  et 
la  réflexion ,  appliquées  tantôt  à  la  ma- 
tière de  la  sensation  f école  ionique), 
tantôt  à  sa  forme  (école  pythagoricienne), 
ensuite  par  l'opposition  de  l'expérience 
et  de  la  raison  (école  éléatique). 

École  ionique. 'ïhi\es[voy,^^  de  Milet, 
un  des  sept  sages,  fut  le  premier,  chez  les 
Grecs ,  qui  s'occupa  des  recherches  spé- 
culatives du  monde.  L'eau  fut  pour  lui 
le  principe  d'où  viennent  toutes  choses. 
On  lui  attribue  le  précepte  Connais -toi 
toi-même,  Anaxiroandre  {voy,\  aussi  de 
Milet,  modifia  les  idées  de  Thaïes;  il  prit 
pour  premier  principe  V infini^  qui  con- 
tient tout  en  soi ,  et  qu'il  appela  l'être 
divin.  Cependant  sa  doctrine  est  restée 
assez  équivoque;  car,  suivant  les  uns,  il 
attribue  à  cet  infini  une  nature  distincte 
des  éléments;  suivant  d'autres,  il  en  fait 
quelque  chose  d'intermédiaire  entre  l'eau 
et  Pair.  Anaximène  {yoyj)^  disciple  d'A- 
naximandre,  considère  l'air  comme  l'é- 
lément infini  et  primitif. 

École  pythagoricienne.  Pythagore 
{voy.)y  né  a  Samos  vers  571,  se  prépara, 
par  des  voyages  et  par  de  longues  études^ 


GRË 


(72) 


GRE 


à  sa  mission  philosophique.  On  prétend 
qu'il  avait  passé  33  ans  en  Egypte.  Il 
s'établit  à  Crotone  et  y  fonda  un  célèbre 
institut.  Cette  espèce  de  communauté,  ou 
il  avait  pour  but  de  réaliser  ses  doctrines 
philosophiques  et  politiques,  souleva  de 
violentes  inimitiés  ;  au  bout  d'un  certain 
nombre  d'années,  elle  fut  attaquée  et  dis* 
pensée  par  la  violence.  Le  nom  de  Pytha- 
goi^e  est  resté  grand  dans  l'histoire  de  la 
philosophie;  il  a  le  mérite  incontestable 
d'avoir  donué  une  forte  impulsion  aux 
sciences  mathématiques  et  à  la  morale. 
Il  transporta  dans  la  philosophie  les  idées 
des  rapports  des  nombres  et  des  tons; 
il  chercha  de  mystérieuses  analogies  entre 
les  idées  morales  et  les  idées  des  nombres  : 
la  monade  et  la  dyade  sont  pour  lui  les 
éléments  de  tout  ce  qui  existe.  Pythagore 
lut  un  des  premiers  qui  mit  en  honneur 
la  croyance  à  l'immortalité  de  Tàme,  sous 
la  forme  encore  bien  imparfaite  de  la 
mutcmpsychose.  Ses  disciples  les  plus  cé- 
lèbres furent  Philolaûs,  Archy  tas  et  Lysis, 
ot  après  eux  Ocellus  de  Lucanie  et  Timée 
de  lucres,  maître  de  Platon. 

Ecole   éléa tique.  Nous  avons  vu,  à 

l'article  consacré  à  cette  école,  que  Xéno- 
phaae  <U  CoU^pnon,  Contemporain  oe 

Pythagore,  la  ionda  à  Élée,  dans  la 
Grande^Grèce.  Il  ramena  toute  la  réalité 
de  l'univers  à  Tintelligence,  comme  à  la 
substance  unique  ;  il  identifia  Dieu  et  le 
monde,  et  fut  ainsi  le  premier  auteur  du 
panthéisme  idéaliste.  Parménide  (voy,) 
donna  à  ce  système  son  développement  le 
plus  élevé.  Zenon  (voj.),  d'Élée ,  disci- 
ple et  ami  de  Parménide,  fit  avec  lui  un 
voyage  à  Athènes,  vers  l'an  460,  et  il  y 
défendit  le  nouveau  système.  Il  posa  les 
fondements  de  la  dialectique,  dont  il 
donna  le  premier  des  le<;on8. 

A  l'école  ionique  se  rattache  l'école 
atomistique  {voY.)y  dont  le  point  de  dé- 
part est  Tempirisme  et  le  matérialisme. 
Ce  système ,  exposé  par  Leucippe  et  par 
Démocrite  (voy,)^  s^ra  repris  et  déve- 
loppé plus  tard  par  Èpicure. 

Uéraclite  {vojr,)y  d'Éphèse,  appartient 
aussi ,  par  sa  patrie  et  par  ses  principes , 
aux  philosophes  ioniens.  Le  feu  lui  parait 
être  l'agent  universel  et  l'élément  fonda- 
mental de  toutes  choses;  cependant  il 
admet  la  lutte  des  éléments  divers  comme 


a 


l'origine  de  tous  les  changcn 
lui  qui  enseigna  que  toutes  • 
dans  un  flux  continuel,  axioi 
sophistes  abusèrent  à  l'excès  ( 
en  le  transportant  dans  le  d 
idées  morales,  de  la  justice  et  < 
Ce  principe  devint  ainsi  Tare- 
scepticisme. 

Anaxagore  {voy.\  deClazo 
pour  être  le  premier,  avant  $ 
ait  reconnu  l'existence  d'une 
supérieure  gouvernant  le  m 
nature  par  ses  lois.  Cependan 
sée  devait  avoir  pénétré  peu 
sa  doctrine,  puisque,  pour  ex 
nivers,  il  eut  recours  aux  hon 
qui  ne  sont  autre  chose  que 
dont  tout  est  composé,  seloi 
rialistes. 

Deuxième  époque.  Les  s 
sophistes,  l'effronterie  avec 
s'annonçaient  pour  soutenir 
ment  le  pour  et  le  contre,  le 
versel  qui  résultait  de  leun 
provoquèrent  une  réaction  s« 
crate  (voy.)  ramena  la  philo< 
tude  de  l'homme  intérieur; 
la  rendirent  plus  complète  et 
;  la  iMychologie  et  la  n 


créées  comme  sdeuces.  Socr 
écrit,  mais  l'esprit  de  son  e 
nous  a  été  transmis  par  ses  di 
nophon  {voy,)  a  reproduit  fi 
idées,  mab  sans  les  systématis 
après  lui,  fondèrent  des  écol 
sèrent  des  principes  très  d 
furent  Técoïe  cyrénaïquey  c 
Aristippe,  rapportait  tout  à 
c'est  le  précurseur  d'Épici 
cynique ,  fondée  par  Antisth 
plus  célèbre  de  toutes  fut  I 
qui  eut  pour  chef  Platon 
ces  noms),  génie  vaste  et  I 
alliait  tout  le  charme  de 
poétique  aux  conceptions  les 
de  la  raison.  En  regard  de  ; 
convient  de  placer  l'école 
cienne  (voy.),  fondée  par 
Aristote  (voy.),  génie  encyrU 
assujettit  jusqu'à  la  marche  li 
gination  aux  lois  d'une  rs 
Platon  et  Aristote  ont,  en  qt 
épuisé  tout  le  domaine  de  la 
savoir  humain;  Platon  trait 


GSE 


(W) 


GRE 


■■  art,  et  Artstote  oomine 

i  itÔÊ^  la  connaissaoce  em- 

à  k  oMBaîaBaiioe  raiioondle; 

'kfoanaHaance  deDîeaet 

I  ane  fooroe  sumatoreUe 

tf  fhi  inéi  qae  pour  la  coonaiasaDoe 


M  :  c^est  là  le  caraclm  di- 

'^a  doctrine.  Arislote  est  Tin- 

dkhlofique;  le  premier^  il  Ta 

et  soumise  à  desprin- 

il  n'admet  oomme 

t^awmniiaissancesqoe  la  raison 

^  fl  rejette  cette  source  sa- 

idaâe  par  Platon.  Uinflaence 

et  (TAnstote  sur  la  postérité  a 

i'j  fidfalisme  de  Ton  et  Fem- 

àt  Twain  sont  les  deux  éléments 

ékphihaofiâe  preoque;  anjourd'hui 

■BR^  HNile  phikûophie  est  inévitable- 

wtÊ  u  iif  iili  lii  if  mit  ou  platonicienne. 

Dm,  autres  sectes  issues  de  Técole  de 

I  ont  exercé,  un  peu  plus  tard,  une 

la  vie  pratique: 
Ak,  edie  cTÉpicnre  (vo/.),  professait 
^cdhe  de  la  volupté  et  Finsouciance 
wm  les  affaires  publiques,  en  même 
■fs  quVOe  eole^t  aux  dieux  le  gou- 
gwtiil  des  cboses  humaines  ;  Paa***^* 
le  ém  Pbrtique,  qui  «ut  Zenon  de 
Dam  pour  fondateur,  réhabilitait  la 
■dcur  de  Tbomme  en  faisant  un  ap- 
1  à  sa  liberté  (vc^y^  SroiciKNs).  Enfin, 
»  avoir  parcouru  le  cercle  des  opi- 
■s  et  des  systèmes,  Tesprit  humain 
tmtm  dans  le  sosptictsme,  où  il  avait 
^  flotté  avant  la  venue  de  Socrate.  Les 
Eieaux  représentants  de  ce  scepticbme 
ivcnel  furent  Caméade  et  les  nou- 
■X  académiciens ,  puis  Sextus  Empi- 
B  cl  Éoésidème.  F'oy.  leurs  articles. 
Du  scepticisme  au  mysticbme  il  n*y  a 
BB  pas  ;  c'est  la  marche  naturelle  de 
imaie,  c|ni  va  par  soubresauts  et  se 
sdpite  toajoiirs  d'un  excès  dans  Texcès 
ï.  Cette  transition  fut  l'œuvre  et 
da  néoplatonisme  d'Alexan- 


Tnùâième  époque  :  école  itAlejcan" 
r>.  Le  priocipe  du  mysticisme  se  trou- 
K  déià  dans  Platon,  par  cela  seul  qu'il 
■ettail  âne  soon  e  de  vérité  sumatu- 
le  et  sapérîeure  à  la  raison.  Le  contact 
i  docttÙMS  oricat  les  avec  la  philosa- 


phie  grecque,  et  la  fusion  qui  s'opéra  entre 
ces  deux  éléments  dans  l'école  d'Alexan- 
drie (voy.),  achevèrent  Tœuvre  commen- 
cée. L'école  néoplatonicienne  (voy.)cher- 
cha  à  compléter  Platon  par  Aristote  et  par 
les  traditions  orientales  :  <ie  là  datent  les 
tentatives  d'éclectisme  et  de  syncrétisme, 
soit  pour  concilier  entre  elles  les  diffé- 
rentes sectes  de  la  philosophie  grecque, 
soit  pour  les  concilier  avec  les  croyances 
émanées  des  religions  de  l'Orient.  Le  syn- 
crétisme était  un  mélange  de  la  philoso- 
phie grecque  de  l'Orient  d'une  part  avec 
le  christianisme  de  Taulre.  Ce  système, 
amalgame  des  principes  les  plus  opposés, 
eut  l'Egypte  pour  berceau.  Ses  premiers 
auteurs  furent  Potamon  d'Alexandrie  et 
AmmoniusSaccas.  Le  plus  célèbre  disciple 
d'Ammonius,  Plotin(vox.),  le  véritable 
créateur  de  cette  doctrine,  fut  aussi  le 
moins  déraisonnable  des  Alexandrins  ;  sa 
doctrine  est  consignée  dans  les  Ennemies^ 
recueil  de  réponses  de  Plotin  à  des  ques- 
tions qui  lui  étaient  adressées,  mis  en 
ordre  par  les  soins  de  Porphyre,  son  dis- 
ciple. Poussant  à  l'extrême  l'opinion  de 
la  puissance  de  la  raison  pour  s'élever 

jusqu'à  la  vérité,  Plotin  ne  regardait  la 
«tfatecuque  que  comme  uu  ffihrlirn  pour 
arriver  à  la  lumière,  qui  ne  peut  venir 
que  d'en  haut,  et  il  remplaça  ainsi  la 
méditation  par  une  intuition  intellec- 
tuelle. Ses  successeurs.  Porphyre,  Jam* 
blique,  Proclus  (vo/.),  tombèrent  dans 
toutes  les  extravagances  du  mysticisme , 
de  l'extase  et  de  la  théurgie.  Jaloux  d'imi- 
ter en  tout  le  christianisme ,  ils  allèrent 
jusqu'à  prétendre  faire  des  miracles. 
E*ifin  l'empereur  Justinien  détruisit  le 
néoplatonbme  en  fermant  les  écoles  d'A-> 
thènes,  et  les  philosophes  allèrent  cher* 
cher  un  asile  auprès  de  Khosroès,  roi  de 
Perse.  A-D. 

GRECQUES  MODERNES  (L.vif GUE 
ET  uttésatuee).  La  distinction,  aujour- 
d'hui généralement  adoptée,  qui  partage 
le  grec  en  langue  ancienne  et  langue  mo- 
derne, et  reconnaît  seulement  entre  elles 
un  lien  de  filiation ,  n'était  pas  admise  en 
Grèce  il  y  a  quelques  années.Cesdeux  idio- 
mes  y  étaient  désignés  sous  les  noms  d'//W- 
lénique  ou  langue  écnie(i\hivtxnty^nTi 
yXûffffa),  et  de  romatque  ou  langue  vul- 
gaire ty  parlée  (^'oifMiex^y  vQirk  itai  nm^ 


GRE 


(76) 


GHE 


tépénultième,  comme  en  italien  dans  les 
mots  tronchi^  piani  et  sdruccioli.  Ces 
vers  admettent  aussi  la  rime,  mais  elle 
n*y  est  pas  obligatoire. 

Les  modifications  introduites  par  Fu- 
sage  dans  la  langue  ancienne  s'observent 
dans  la  déclinaison,  la  conjugaison ,  la 
syntaxe  et  la  lexicologie.  Mous  avons 
reconnu  que  la  prononciation  s'était  un 
peu  altérée  durant  le  moyen-âge  :  de  là 
sans  doute  l'abandon  de  quelques  mots 
qui  devaient  aisément  se  confondre.  Ainsi 
voiis  et  nous^  yfitiç  etn^iicto^y^ot  pris  le 
même  son  (imis)^  ont  été  remplacés  par 
ifAtîç  et  iviïç.  Ce  même  besoin  de  clarté, 
qui  est  la  première  condition  d'une  lan- 
gue, a  pu  amener  les  modifications  de  la 
déclinaison.  Le  peuple  fait  peu  sentir  les 
consonnes  finales,  telles  que  le  ç  des  no- 
minatifs en  of,  le  y  des  neutres  ou  des 
accusatifs  singuliers  masculins.  Le  datif 
A>  pouvait  se  confondre  à  l'oreille  a?ec  le 
nominatif  ou  l'accusatif  :  on  l'a  remplacé 
dans  l'usage  vulgaire  par  le  génitif  ou 
par  l'accusatif,  avec  ou  sans  préposition. 
La  déclinaison  imparisyllabique  (comme 
en  espagnol  et  en  italien,  où  le  nominatif 

s'est  formé  des  anciens  cas  obliques)  a 
pri»  pv«n-  MMMtMior  l'ancien  accusaui  nn* 

gulier  dans  les  noms  féminins  {ii  fiinripaj  n 
rpix<ot9  4  >a/Airâ9a,  au  lieu  de  ijunrnpy  Op(^y 
ïafiKàç)^  et  ces  noms  se  déclinent  sur  la 
première  déclinaison  féminine;  pour  les 
noms  masculin%  elle  a  prb  la  désinence  de 
l'accusatif  pluriel,  ô  naripoLÇ,  6  yiirova^ , 
au  lieu  de  frar^/a,  yctruv.  Mous  indiquons 
ces  modifications  parce  qu'elles  olfrent 
des  rapprochements  curieux  avec  les  lan- 
gues dérivées  du  latin  ;  mais  aujourd'hui, 
dans  leurs  écrits  et  même  dans  leur  lan- 
gage, les  hommes  qui  ont  quelque  édu* 
cation  reviennent  aux  formes  grammati- 
cales anciennes.  L'état  d'abandon  où  s'est 
trouvée  la  littérature  grecque  moderne  a 
du  moins  eu  cet  avantage  que  la  langue 
n'est  pas  fixée  et  qu'il  est  encore  possible 
aujourd'hui  de  reprendre  dans  la  langue- 
mère  une  partie  des  formes  dont  la  perte 
est  à  regretter. 

La  conjugaison  des  verbes,  si  compli- 
quée dans  la  langue  ancienne,  a  subi  de 
notables  changements.  Comme  l'italien  et 
le  français,  le  grec  moderne  se  sert  de  ver- 
bes auvliaîres  :  on  en  a  conclu  trop  lé* 


gèrement  que  l'influence  de  ces  deu 
gués  était  pour  beaucoup  dans  sa  f< 
tion.  Il  fiiudrait  connaître  les  langu 
divers  peuples  qui  se  sont  trouv 
contact  avec  l'empire  romain  d'Ori 
d'Occident  pour  décider  d'où  vie 
ces  formes  composées  qui  se  trouven 
les  langues  dérivées  du  latin,  quoiqi 
lui  soient  étrangères,  aussi  bien  qu'ai 
Les  auxiliaires  du  grec  moderne  on 
de  rapports  avec  ceux  de  l'anglais 
l'allemand  qu'avec  les  nôtres.  Enel 
futur  se  forme  avec  le  verbe  vou 
une  forme  dérivée  de  l'infinitif 
ypâ^tt  ou  y/îâyic  (Iwiil  wnie)'y  U 
ditionnel,  avec  l'imparfait  de  ce 
verbe  :  loécXa  ypà^st  {1  would  wHi 
mœchte  schreiben).  Enfin,  le  plus 
parfait  se  forme  avec  l'imparfait  du 
avoiry  mais  combiné,  non  pas,  cora 
français,  avec  le  participe  passé,  ma 
cette  même  forme  qui  sert  au  futui 
conditionnel  et  parait  venir  de  T; 
infinitif.  Cependant  ce  mode  est  ho 
sage,  et  c'est  là  sans  doute  une  { 
perte  pour  la  langue,  la  forme  sul 
tive  qui  le  remplace  étant  moins  a 
L'optatif  s'exprime  par  le  lobjôncti 
**^  ^  la  conjonction  «/uiirerf .  L' 
ratif  emploie,  à  la  uoisième  persoi 
singulier  et  à  la  première  du  pluri 
auxiliaire  analogue  au  iei  des  Angl 
yp«>fniy  àç  ypâyjfùiiJit»,  L'ancienn 
moyenne  est  à  peu  près  perdue  ;  son 
est  remplacé  par  celui  du  passif,  ci 
lieu  déjà  dans  le  style  du  Nouveau- 
ment  :  àmxpi^  pour  ccircxpcvscro. 
coup  de  verbes  prennent  un  sens 
en  conservant  la  forme  active  à  t 
temps,  excepté  au  participe  passé 
exemple,  ait  ûta^j 'étouffe^  c'est-à-di 
de  l*éiouffemeni;  fb-Trao-a,  airao 
Le  duel  est  inusité  dans  les  verbes 
que  dans  les  noms. 

La  syntaxe  a  pris  ici,  comme  <j 
reste  de  l'Europe,  des  allures  plus  ti 
qui  donnent  au  discours  moins  < 
riété,  mais  en  revanche  plun  de 
L'emploi  fréquent  du  pronom  p< 
exprimé  par  l'afBxe  enclitique  f^o^ 
Tou;  l'article  indéfini  haç;  un  pi 
relatif  invariable  (oiroO),  sont  d'un 
plus  commode  qu'élégant.  La  dédi 
ayant  perdu  on  de  ses  cas,  et  les  dé 


GRE 


t^^) 


GRE 


B^éUBt  ptt  tOQJOQn  biCD 

am  §ùl  plus  tovreot  ussfe  des 

<|ne  jadis.  Ainsi  les  degrés 

s*expriBent  par  àirô  ou 


h 


faire  coDoaitre  les 
da  dictioDoaire  grec 
eotnpose  :  1*  de  mots  bel- 
dont  la  significatioD  a  changé; 
inz  dérivés  du  fond  de 
;  3*  de  mots  helléniques  alté- 
leor  forme;  4*  de  mots  étran- 
à  diverses  époques. 
!•  L*ét«ile  des  acceptions  successives 
iwÊ  même  aiot  eil  une  des  parties  les  plus 
ÎÊÊénÊÊÊmUs  de  Im  linguistique  ;  car  sou- 
imi  <m  j  peut  suivre  Thistoire  même  de 
in.  Aucune  langue  n^offreun 
diamp  à  cette  étude  que  le 
pce^qui  dnrmii  trois  mille  ans,  au  milieu 
Ai  umoustance»  les  plus  diverses,  a  ton* 
jiiflf  féomid en  écrivains;  mais  il  faut, 

l'ensemble,  cette  vaste 
qui  répand  un  intérêt  particu- 
far  flv  le  GOUTS  de  grec  moderne  tel 
fiV  tal  professé  à  Paris,  près  la  Bi- 
da  roi.  En  prenant  pour 
de  la  plus  basse  grécité, 
M.  Hase  a  souvent  occasion  fU«%a<ter 
kl  acoeptioiis  variées  d'un  mot  en  re* 
■Mtoac  jusqu^à  Homère,  et  cet  examen 
itttfpeUif  jasti6e  quelquefois,  par  des 
fmiiii  ■■■!  ■■■■■j  'ti^  trrmrrTjnrrnn  tni 
lat  clé  tenté  de  prendre  pour  des  néo- 
La  plupart  des  changements  de 
étant,  comme  nous  Tavons 
^leréanltat  d'une  révolution  morale, 
^otde  notroduction  du  christianisme 
une  partie  des  acceptions  nou- 
Pour  ne  dter  qu'un  exemple,  les 
oDt  persisté  à  se  nommer  'VwfiSiiot 
après  que  l'influence  romaine 
ilifpara  de  chez  eux,  parce  que  le 
d'E^Ji^viC  rappelait  l'id^  des  païens, 
auteurs  qui,  vers  le  com- 
it  de  ce  siècle,  ont  cherché  à 
les  Grecs  aux  souvenirs  de  leurs 
cmi  évoqué  le  vieux  mot  inusité 
tzç  {vcf»  P*  ^)*  C'^t  seulement  dans 
révolution  que,  les  idées  de 
teidlndépendanœ  l'emportant  sur 
le  nom  classique  à^ Hellènes 
a  «ti  rcaûs  en  honneur  et  adopté  par  la 
Htien  affranchie. 


2^  Quelque  riche  que  soit  une  langue, 
le  besoin  de  mots  nouveaux  ae  fiiit  sentir 
tant  qu'elle  est  vivante.  Les  néologismes 
sont  des  améliorations  lorsqu'ik  sont  vrai- 
ment nécessaires,  c'est-à-dire  lorsqu'ils 
ne  remplacent  pas  des  mots  dont  on  au- 
rait pu  se  servir,  et  qu'ils  sont  formés  se- 
lon les  lob  de  l'analogie  grammaticale.  En 
se  mettant  au  niveau  de  la  civilisation 
moderne,  les  Grecs  avaient  à  exprimer  une 
foule  de  choses  et  d'idées  inconnues  aux 
anciens  ;  le  vocabulaire  des  sciences  à  lui 
seul  est  immense.  Le  grec  aura,  sur  la  plu- 
part des  langues,  l'avantage  de  pouvoir  se 
sufBre  à  lui-même,  grâce  à  son  génie  syn- 
thétique, ^ous  lui  avons  emprunté  une 
grande  partie  de  notre  nomenclature  scien- 
tîBque,  mais  trop  souvent  sans  une  con- 
naissance suffisante  de  la  langue  et  des  rè- 
gles de  la  composition,  en  sorte  que  la  ma- 
jeure partie  de  ces  termes  censésgrecs  sont  à 
refaire.  Les  Grecs  y  travaillent  depuis  une 
cinquantaine  d'années,  et  bientôt  une  aca- 
démie nouvelle ,  en  réunissant  dans  son 
sein  les  hommes  instruits  dans  les  diver- 
ses branches  des  connaissances,  pourra 
accomplir  cette  tâche  avec  la  perfection 

et  l'autorité  qui  manauent  à  des  travaux 
isolés. 

30  Le  peuple  a  déBguré  beaucoup  de 
mots  anciens,  soit  par  des  mutations  de 
lettres,  soit  par  des  suppressions  au  com- 
mencement ou  à  la  (in.  Les  mots  les  plus 
usuels  ont  été  les  plus  maltraités;  il  nVn 
reste  en  quelque  sorte  qu'un  tronçon. D'a- 
bord s'est  introduit  l'usage  des  diminutifs 
avec  le  sens  du  primitif.  On  a  dit:  |3ocdcoy, 
atytîcov,  of)tîcov,  pour]3oOc,  aîÇ,  oytf .  Aux 
xiu*  et  xi\^  siècles,  on  trouve  ces  mots  et 
ceux  du  même  genre  écrits  jSo9ty,  of>($cv. 
Enfin  le  y  final  s'est  perdu,  et,  dans  queU 
ques-uns,  le  peuple  supprime  aussi  la  syl- 
labe initiale  et  dit  yiSc,  pour  acyt9coy, 
^tot,  pour  ô^r^cov. 

Nous  ne  notons  ces  mots  que  pour  mé- 
moire ;  car  aujourd'hui,  grâce  à  l'influen- 
ce des  écoles  et  des  journaux,  le  peuple 
même  y  renonce. 

4<> On  peutendireautantdes mots  étran- 
gers. Il  est  impossible  de  préciser  dans 
quelle  proportion  ces  mots  s'étaient  in- 
troduits dans  la  langue,  puisque  cette  pro- 
portion varie  selon  les  localités  et  même 
I  les  individus.  La  langue  latine  est  pour 


GtlE  ( 

beaneoop  ibos  les  mots  reeaeiUis  par 
Meursiiu  et  Ûucange  dans  leurs  lexiques 
de  la  basse  grécité,  mais  la  plupart  sont 
déjà  depuis  assez  longtemps  tombés  en 
d^étude.  Les  mots  italiens  et  turcs  peu- 
vent être  aisément  rayés  du  dictionnaire; 
ceux  d'origine  sUvonne  ou  albanaise,  in- 
troduits par  le  mélange  des  Grecs  avec 
quelques  tribus  de  ces  nations,  sont  à  no- 
ter pour  Tétuda  de  ces  idiomes.  Mais  il  y 
a  dans  la  langue  parlée  beaucoup  de  mots 
qu^on  ne  trouve  pas  dans  Ibs  dictionnai- 
res de  la  langue  ancienne  et  qui  sont  im« 
portants  à  recueillir;  car  ils  peuvent  avoir 
une  origine  hellénique,  quoiqu'ils  niaient 
pas  été  conservés  par  les  auteurs  qui  nous 
sont  parvenus.  Les  nomenclatures  de  la 
botanique,  de  Tornithologie,  de  Ticblhyo- 
logie,  en  un  mot  toutes  les  dénominations 
usuelles  et  locales,  remontent  probable- 
ment on  partie  à  Tantiquité  et  peuvent 
être  d*une  grande  ressource  pour  les  ar- 
chéologues. 

On  a  parlé  des  dialectes  du  grec  mo- 
derne, et  même  quelques  auteurs  en  ont 
compté  soixante-douze  :  ce  nombre  est 
tout-à«fiiît  arbitraire.  Les  Grecs  des  diver- 
ses provinces  se  reconnaissent,  il  est  vrai, 
à  leur  prommciation  ,  a  certains  idlotls^ 

mes,  au  mélange  plus  ou  moins  grand 
de  mots  turcs  ou  italiens;  mais,  à  Texcep- 
tion  du  dialecte  de  File  de  Crète,  qui  s*est 
produit  dans  quelques  poèmes  imprimés 
à  Venise,  et  du  patois  des  habitants  du 
Blagne  ou  Éleuthéro-Lacons ,  toutes  ces 
nuances  disparaissent  dans  le  langage  des 
hommes  qui  ont  un  peu  d'éducation  ;  et 
Funité  de  TÉglise,  qui  faisait  passer  d'une 
province  à  l'autre  les  ministres  de  TÉvan- 
gile ,  a  maintenu  l'unité  de  langage  ainsi 
que  de  nationalité. 

Tels  sont  les  principaux  caractères  de 
la  langue  grecque  moderne,  dont  nous 
avons  signalé  l'exbtence,  à  côté  de  la  langue 
littérale,  comme  bien  antérieure  à  la  chute 
de  Constantinople.  La  majeure  partie  des 
classes  élevées  et  riches  fut  alors  dispersée  ; 
mais  les  ecclésiastiques  restèrent  à  leur  pos- 
te, et,  ménagés  par  la  politique  des  Turcs, 
ils  adoucirent  la  servitude  et  conservèrent 
quelques  traditions  de  savoir  intimement 
liées  à  la  religion  dans  l'Église  d'Orient.  Ils 
fondèrent  plusieurs  écoles,  et  notamment 
celle  du  patriarcat  à  GoostantUiople,  oà 


19  )  GRB 

Ton  continiia  d'enseigner  le  grec 
et  la  philosophie  d'Aristote.  Une 
merie  fut  aussi  établie  par  les  patri 
et  de  ses  presses  sont  sortb,  outn 
vres  de  religion,  plusieurs  bons  ou 
tels  que  la  traduction  du  Dtscoi 
r Histoire  universelle^  de  Bossue 
grand  Dictionnaire  nommé  VArci 
langue  grecque  (iLcéuroç).  Quand 
lats  n'employaient  pas  le  grec  a  m 
écrivaient  dans  un  style  qui  s'en 
peu  et  que  l'on  nomme  siyle  eccL 
que.  Ils  ne  se  bornèrent  pas  à  comp 
écrits  ascétiques,  témoins  l'Histoire 
triarches  de  Jérusalem  par  le  pal 
Dosithée;  celle  de  l'ilede  Chypre,  \ 
ckimandrite  Cyprien  ;  l'histoire  e< 
tique  et  surtout  la  géographie  di 
tius,  métropolitain  d'Athènes.  Pi 
homélies  qui  ont  été  publiées ,  ] 
estimées  sont  celles  de  Miniati,  d^ 
Bulgaris ,  non  moins  célèbre  par 
vaux  scientifiques  et  par  sa  traduc 
vers  homériques  de  V Enéide;  en 
les  de  Théotoki,  et,  parmi  nos  coo 
rains,  les  discours  de  Constantin 
nomosqui  prononça  l'oraison  fun 
patriarche  Grégoire  {voy.).  Que! 
•*■"■'  ^  «l^nfé  composait  des  sera 
des  ouvrages  de  polémique  religi 
grec  tout-à-fait  vulgaire,  pour  co 
lancer  l'influence  des  publication 
laires  de  la  propagande  latine, 
cette  dernière  que  nous  devons  la 
des  gramnuires  et  des  lexiques  < 
barbare  (comme  on  disait  alors) 
rent  publiés  au  xvii*  siècle. 

U  y  avait  même  à  Rome  un 
pour  les  Grecs,  d'où  sont  sortis  q 
hellénistes  distingués;  mais  cet 
d'instruction  n'était  ouverte  qu'i 
nombre  de  Grecs  catholiques.  Li 
blique  de  Saint-Marc,  qui  avait  h 
quelques  débrb  de  l'empire  d'< 
plus  occupée  de  commerce  que  d 
doxie,  permit  aux  Grecs  de  venir 
mer  leurs  enivres  à  Venise,  et  oel 
fut  ainsi  longtemps  l'asile  de  la 
tnre  ronuîque.  Les  Iles  Ioniennes 
de  Candie,  qui  profitèrent  surtout  < 
protection,  subirent,  par  suite,  da^ 
l'influence  de  la  langue  italienne. 

Les  premiers  ouvrages  de  litt 
imprimés  à  Veoise  fnrent  qnelqi 


iikb 


dm  moyen-^y  t^  que 
Béiisaire;  puis  U 
de  Boocaœ;  le  poème 
it  Conuuros(  vox,)^ 
'émpàtity  par  Chortazi,  de  Crète  ; 
fMâjrjgên^  par  Drimytioos  deCrète; 
BHT  les  aalheonde  U  Morée,  par 
la  coaquète  de  Caodie, 
traductioDS  du  Tasse, 
jiarJSda^  àe  Guarioi,  etc.,  etc. 
■■•  piBs  oatjonale,  plus  spoDta« 
c  daas  1»  mootagoes  de 
Piade.  Là  Tivait  une  po- 
toajoiiri  prête  à  se 
m  k  l'autorité  des  pachas,  et  qui 
ic  daas  «les  ckants  improvisés, 
s  rfMy-jliuLf  ses  soocès  oa  ses  re- 
bas  toala  fai  Grèce,  dans  les  iles 
■ootagaes,  un  besoin  de 
des  chants  pour  chaque 
i  la  We,  féies,  aaissances,  maria- 
perte  d^aa  pareoty  d*on  ami,  était 
!s  Follet  d^aae  maiphinte  nom- 
iroiogme  ijÊmtfKvyttnf),  Plosieors 
élé  frajppés  de  Tori^ 
de  «s  diverses  diansons; 
frôle  de  s^eo  procurer 
aatenrs  ne  savaient 

et  1» 
spttctaaoe.  £Ues 

boache,  s'altérant  oa 

jaaqa^à  ce  qœ  d^aotres  les 

,  «1  rîMfaaieat  de  se  perdre 

M.   Faorid  en  a  publié  un 

P^rssi,  1834,  2  voL  ia-8*;,  en  ies 

■p^at  d^observatjoes  pleines  d^io- 

r  la  yoéaic  popalaire  et  les  moBurs 

e^  rrvélaBt  ainsi  à  TEurope,  an 


eae  fol  pasalérik  pour  leur  pav» : 
e  épo^ne  daleat  beauooiii»  d^cio- 

y  répandre  les  In* 

Bttoit  le 
de  ae  aKttre  an  ai 


(  7»  )  GBÊ 

toujours  doués  de  cette  ima^înation  vive 
qui  distinguait  leurs  ancêtres,  se  mirent, 
avec  une  patiente  ardeur,  à  faite  passer 
une  foule  d'ouvrages  dans  leur  langue, 
dont  la  flexibilité  se  prête  admirable- 
ment à  ce  genre  de  travail. 

L'étude  des  sciences  exactes  les  captiva 
surtout  à  cette  époque.  Pour  la  litté- 
rature ,  les  che&-d*œuvre  antiques  pou- 
vaient les  rendre  moins  jaloux  des  pro- 
ductions modernes;  mais  ils  étaient  frap- 
pés des  progrès  immenses  des  sciences 
physiques  et  mathématiques.  Aristote 
même,  qui  avait  régné  sans  rival  sur  les 
écoles  de  la  Grèce,  y  vit  pénétrer  les 
écrits  de  Descartes,  de  Locke  et  de  Con- 
dillac  Eugène  fiulgaris  et  Théotoki,  qui 
publièrent  de  nombreux  ouvrages  de 
science  et  de  philosophie ,  se  fixèrent 
en  Russie^  d'autres  revinrent  en  Tur- 
quie en  qualité  de  médecins,  ce  qui  est 
en  Orient  une  sauvegarde  et  même  un 
acheminement  au  pouvoir.  C'est  ainsi 
qu'au  XVII*  siècle  deux  bonunes  d'un 
grand  mérite,  Panagbiotb  et  son  ami  Ma- 
vrooordaios  (  nox-  j,gagoèren  t  la  confiance 
des  ministres  tores  dont  ib  avaient  d'a« 

bord  été  1»  médecins^  tous  deux  obtin- 
reoriâ  cBif^  de  arogmao  ou  ^mia-fO' 

terprète,  qui  fut  depuis,  avec  rhospo- 
daiat ,  la  source  de  la  (ortoiie  des  Fana- 
riotes  (  -voy.  œs  uK^ts  j.  Qud  qœ  soit  le 
jugement  que  Ton  porte  sur  la  politique  de 
cette  classe  d^boosmei,  on  ae  peutoooteiiUsr 
les  services  inuaeates  qu  Us  rendirent  aux 
lettres,  en  obtenant  die  la  Porte,  sous  di- 
vers prétextes,  la  peraûsskin  é'imrrir  des 
écoles  Bottvellea.  L'éaiubt'too  qui  v^établst 
entre  les  riUes  pour  pM*éd«r  le»  yr^j^' 
senrs  les  plus  distingués^  était  pour  otaut» 
ci  an  honorable  tîniufaiirt^  Les  sM^O(;iattls 
grwit,  quif  vers  la  lia  du  aiwie  denûer^ 

a  s*earitibir  par  le  oim^ 
aiariLînie  «t  par  oeUu  de  rAjUeata-- 
gne,  lavoriMMsat  le»  letm»i»«ac  asierare 
libéralflé;  plusMauv  d'eotj^  aux,  établis  a 
Ortrass,  Msiaocia,  Hadi^  Vinaar,  Iriesir 
et  l^niprig,  oMmwraieat  aae  partie  des 
béaéiifSBsde  lears  nuÛMias  a  fiaire  «aipri«> 
mer  dans  ws  «iUes  des  livres  dout  ib 
dotaient  leur  pays.  Oe  aiinuniawait  isrtaU 
lectud  lut  «ttoare  eaoité  par  la  révoUt*» 
licm  inuiçaitfe,  Wfttereasd^llalie  «t  dlS> 

r 


r.RB 


(80) 


6Rfi 


qni  fainieTit  entrevoir  auxCrrecs  leur  cmtn- 
cipation  comme  prochaine.  Un  de  ceux 
qui  embrassèrent  cet  espoir  avec  le  plus 
dHurdeuT  fut  le  poète  Rhigas  {tHjf.  p.  34) 
Occupé  d*abord  à  publier  àVienne  divers 
ouvrsges  de  science  et  de  littérature,  des 
cartes  de  la  Grèce  et  la  traduction  du 
voyage  d*Anacharsb,  il  forma  avec  d'au- 
tres patriotes  une  société  (vojr,  Hin^aiE) 
pour  hâter  Taffranchissement  de  leur 
pays.  Nouveau  Tyrtée,  Rhigas  composa, 
pour  appeler  les  Grecs  aux  armes,  des 
hymnes  dont  Tune  est  imitée  de  la  Mar* 
seiUaise,  Il  était,  dit-on,  encouragé  dans 
ces  travaux  par  l'ambassadeur  français  à 
Vienne,  aujourd'hui  roi  de  Suède  ;  mais, 
dénoncé  à  la  Porte  olhomane  et  livré  par 
le  gouvernement  autrichien , il  fut  décapité 
à  Belgrade  en  1 798.  L'accomplissement  de 
setdûseins  ne  fut  qu'ajourné  par  sa  mort  : 
la  révolution  de  1820,  en  réalisant  pres- 
que tous  les  plans  de  Rhigas,  donne  à  ses 
chants  quelque  chose  de  prophétique.  On 
voit  qu'ils  inspiraient  les  hommes  placés 
à  la  tête  du  mouvement,  en  même  temps 
qu'ils  étaient  chantés  par  les  soldats;  car, 
ainsi  que  Béranger,  Rhigas  a  su  devenir 

populaire  sans  abaisser  son  style.Cet  exem- 
ple C3%  •«M-rS  yàT  les  pvc««s  s«wuui  de  i« 

Grèce  :  KaWos,  qui  a  essayé  d'introduire 
dans  la  poésie  lyrique  un  système  nou- 
veau de  métrique  ;  Âlorousi,  Soutzos,  au> 
teur  aussi  d'odes  françaises;  le  docte  Nico- 
lopoulos,  dont  le  style  est  paré  des  fleurs 
de  la  poésie  antique;  Salomos,  qui  rachète 
quelques  négligences  par  de  grandes  beau* 
tés,  et  une  foule  d'autres  qui  ont  trouvé  de 
nobles  accents  pour  chanter  de  nobles  ac  • 
tions.  Pendant  les  années  de  calme  appa- 
rent qui  suivirent  la  mort  de  Rhigas  un 
poète  d'un  genre  tout  différent,  Athanase 
Christopoulos  {voy,)y  acquit  une  grande 
popularité  par  ses  poésies  légères;  il  y  a  dans 
son  style  un  laisser -aller,  des  images 
fraîches  et  gracieuses  qui  rajeunissent  des 
sujets  erotiques,  déjà  souvent  traités,  et 
justifient  le  surnom  d'Anacréon  moderne 
qu*il  a  reçu.  Ses  poésies  ont  été  souvent 
réimprimées.  On  a  également  publié 
celles  de  Villaras,  de  Sakellarios,  et  l'on 
formerait  bien  des  volumes  si  l'on  pou- 
vait recueillir  tous  les  vers  que  le 
moindre  événement  faisait  éclore  dans 
la  société  élégante  de  Constantinople,  de 


Bookarest,    dlassy   et   d'OdaMi.    Bl 


OM 


j 


théâtres  s'étaient  ouverts  dans  „ 

nières  villes  :  on  y  joua  d'abord  ëas  M| 
ductionsdes  anciens  tragiques  d*AtUlM 
puis  de  Racine,  de  Voluire,  de  MIéI 
tase,  de  Molière  et  de  GoldonL 
applaudit  aussi  des  pièces  oi 
telles  que  la  tragédie  à^Aspasie  et 
médie  du  Nouveau  patois  det 
par  Rizo  Néroulos. 

Mais  revenons  à  des  ouvrages  phv 
rieux.Tandisque  MM.  Coumas, 
Daniel  Philippide,  Psalidas  fabuest 
aux  sciences  et  à  la  philosophie  de 
veaux  progrès,  l'étude  des  andeat, 
longtemps  demeurée  stérile,  devenait 
source  nouvelle  d'instruction,  grfio» 
maîtres  qui  ne  se  renfermaient  plos 
l'explication  grammaticale  des  te 
les  faire  connaître  d'un  plus  grand 
de  lecteurs,  Néophyte  Ducas  les 
pagna  de  paraphrases  en  grec 
Coray*  {vojr,)y  aidé  par  le  généreux 
cours  des  frères  Zojeimas,  publiait  dl 
éditions  des  classiques  destinées  à  la  JM 
nesse  grecque  et  recherchées  des  énÊk 
d'Occident  pour  la  savante  révision  dk 
textes;  elles  montrent  assez  l'utilité  dtl 
^^'^e*^  actuelle  pour  l'intelligeoot  à 
l'ancienne,  hn  e«©t,  Coray  a  souvent  A 
guidé,  dans  l'interprétation  ou  la  oanm 
tion  des  textes,  par  l'usage  de  sa  lanfi 
maternelle,  et,  eu  retour,  ntal  plo»  qntli 
n'a  contribué  a  l'épurer;  ses  conmin 
taires,  comme  ceux  d'Eustathe  sur  Hn 
mère,  établissent  des  rapprocfacnaJ 
fréquents  entre  l'aÀijvcxii  et  Uxafl 
yÀûo'O'a.  Ses  éditions  sont  en  outre  ni 
compagnées  de  prolégomènes  étends 
dans  lesquels  il  donne  à  ses  compatridi 
des  conseils  littéraires,  moraux  ou  pnH 
tiques,  selon  les  diverses  cirronstanni 
où  se  trouvait  sa  patrie,  pour  bqudle  m 
zèle  ne  s'est  refroidi  ni  par  réloigneam 
ni  par  l'âge.  La  vie  si  longue  et  si  t^m 
plie  de  ce  littérateur  mérite  d*étre  rdb> 
jet  d*une  notice  à  part,  mais  nons  d» 
vtons  signaler  id  l'influence  singulièn 


(*)  Cm  célèbre  b«IléBiite  tinuiit  Id.i 

•inti  ton  nom,  qoi,  e«  gr«r,  récrit  par  mm  S 
Cett  mmU  relie  lettre  qu'on  fronven  U 


qae  nous  lai  cootacroot,  ainM  qoe  reliée  él 
beenconp  d*aatm  Greca»  KapodiaUiat ,  Ksis 
kotroais,  Kaaaris,  etc. 


GRE 


(Ôl) 


crë 


qàl,  éa  fond  de  son  Cftbinet 
à  laire  adopter  son  style 
de  see  idées  à  U  génération 
lEi  1803,  il  publie  une  notice 
tf  de  la  cirilisation  en  Grèce;  les 
faVile  y  fiûsait  tons  les  jours 
frapper  les  Toyageurs 
t  enfin   les  descendants 
Guys,  dans  son   Voyage 
r  (Paria,  1776),  awt  déjà  établi 
iparaiaoD  entre  eux  :  Villoison  fit 
c,  dans  ce  but,  d'immenses  re- 
s  ^11  n*a  pas  publiées,  et  il  ou- 
30«n  de  grec  moderne  continué 
«s  de  auooes  par  M.  Hase ,  qui 
éKml^Mdgasin  encyclopédique^ 
dn  grec  moderne.  On  trouve  des 
pleins  d'intérêt  sur  la  rérolution 
qui  s*opérait  en  Grèce  au  corn- 
lent  de  œ   siede  dans  les  on- 
de PooqneTÎIle,  de  lord  Byron, 
Ih  l>oaglas  et  surtout  de  Martin 
Les  écoles  de  Cydonie,  de  Cbîos, 
ma,   s enrtcniasaient  de  bibiio- 
(  et  de  calânets  de  physique.  Un 
littéraire  fondé   à  Vienne,  le 
e  «vaut  (ê  loycoc  E*pfi^c),  répan- 
etoot  réoBulation;  et  les  Grecs, 
e  leurs  rapides  progrès,   durent 
que,  pour  mardier  de  pair  avec 
»  nations ,  il  ne  leur  restait  plus 
Douer  le  joug  de  la  Turquie.  La  ré- 
B  de  1820  (p.  35  et  suiv.)  est  le 
\  de  ce  mouvement  intellectnel,  et 
rouvé  son  appui  dans  le  concours 
érateurs  de  tous  les  pays,  qui  ont 
S  à  la   Grèce  les  sympathies  des 
I  et  même  des  cabinets. 
lis  que  Findépendance  d'une  par- 
I  Grèce  est  enfin  assurée,  la  litté- 
n*a  pas  pris  l'essor    auquel  on 
s'attendre;  peut-être  même  roar- 
Oe  un  temps  d'arrêt.  C'est  l'efret 
d'une  lutte  qui  a  épuisé  presque 
es  forces  du  pays.  D'ailleurs  les 
I  lettrés  sont  appelés  à  des  foDc> 
tives  qui  leur  laissent  moins  de 
onr  composer  des  œuvres  litté- 
les  journaux  aussi,  qui  se  sont 
•ment  multipliés,  absorbent  une 
a  temps  des  écrivains,  mais  leur 
e  sur  la  langue  et  la  civilisation 
rapide  et  plus  universelle  que  ne 
:  être  celle  de  gros  ouvrages.  H 

yrlop,  d.  Ce!.  Af.  Tome  "XIIL 


n'a  pas  Ibanqué  non  plus,  dans  ces  der* 
nières  années,  d'utiles  productions,  fruits 
des  rapports  intimes  de  la  Grèce  avec 
l'Europe.  Nous  avons  déyi  dit  que  les 
Grecs  avaient  beaucoup  iraduit  :  les 
Français  apprendront  avec  plaisir  que 
notre  littérature  a  fourni  la  pUpart  des 
modèles,  et  qu'on  peut  lire  en  grec  les 
principaux  ouvrages  de  Racine,  Molière, 
Bossuet,  Fénélon,  Descartes,  La  Roche- 
foucauld, Montesquieu,  Voltaire,  Rous* 
seau,  Fontenelle,  Condillac,  Rollin, 
Afably,  Millot,  Barthélémy,  Marmontel, 
Bernardin  de  Saint- Pierre,  M°'''  de 
Staël,  Chateaubriand,  etc. 

Mais,  dirait-on,  une  littérature  qui 
n'ofire  en  quelque  sorte  qu'un  reûet  des 
autres,  et  ne  présente  encore,  dans  son 
idiome  a  peine  ûxé^  aucun  ouvrage  on» 
ginal  de  premier  ordre,  mérite-t-elle  de 
fixer  l'attention  des  étrangers?  Ce  rôle 
d'imitateurs,  auquel  les  Grecs  se  sont 
astreints,  n'aura-t-il  pas  éteint  en  eux 
tout  génie  créateur?   Qu'on  ne  le  croie 
pas  !  Chez  les  Latins,  l'imitation  des  mo- 
dèles de  la  Grèce  n'a-t-elle  pas  précédé 
de  peu  le  brillant  siècle  d'Auguste;  et 
chez  nous,  au  xvi*  siècle,  n'est-ce  pas  par 
l'étude  de  l'antiquité  que  s'est  formée 
cette  littérature  qui  devait  bientôt  riva- 
liser avec  elle?  S'il  est  permis  de  préju- 
ger l'avenir  d'après  le  passé,  la  Grèce  est 
peut-être  à  la  veille  d'une  époque  sem- 
blable; et,  tandis  qu'ailleurs  on  lutte 
contre  la  décadence,  là  nous  pouvons 
assister  au  spectacle  intéressant  du  déve- 
loppement   et  du  progrès.    La  langue 
grecque  ressemble  à  ces  arbres  antiques 
qui  ont  plongé  dans  le  sol  de  profondes 
racines  :  quand  la  cognée  du  bûcheron 
vient  à  abattre  leur  tronc,  un  rejeton  s'é- 
lance ,  et  l'on  admire  sa  rapide  et  vigou- 
reuse croissance.  Depuis  que  la  partie  let- 
trée de  la  nation,  renonçant  à  la  prétentioa 
de  perpétuer  la  langue  ancienne,  s'est  mite 
à  cultiver  la  nouvelle,  ses  développemects 
.  ont  été  rapides  ;  aujourd'hui,  lesGrecs  sont 
en  possession  d'une  langue  régulière,  Aexi- 
ble,  riche,  homogène,  et  non  moins  har- 
monieuse que  l'espagnol  ou  l'ital^n  ;  ils 
connaissent  le?  grands  modèles  anciens  et 
modernes,   îfs  ne  sont  pas  encore  blasés 
sur  leurs  beautés,  et  semblent  appelés  à 
rivaliser  avec  eux. 


GRE 


(82) 


GRË 


L*étude  du  grec  est  maintenant  une 
jiartie  essentielle  de  notre  éducation  pu- 
blique. Que  des  préjugés  surannés  ne 
détournent  plutf  les  hellénules  de  com- 
pléter cette  vonnaissanoe  en  suivant  la 
langue  d'Homère  jusque  dans  cette  phase 
nouvelle  où  elle  reprend  tant  d^éclat. 

Les  principaux  ouvrages  à  confNilter 
sur  le  grec  moderne  sont,  outre  ceux  qu'on 
a  indiqués  dans  le  courant  de  cet  article  : 
Martin  Crusius,  TUrcogrœcia^  Bàle, 
1584;  Langius,  Philologia  barbaro^ 
grœca^  Nuremb.,  1 707-1 7  08  ;  Ducange, 
Glossahwn  ad  scriptores  mediœ  et  iit" 
fimœ  GrœciUitiSf  Paris,  1688;  Martin 
Leake,  Researches  in  Greece^  Londres, 
1814;  Oehèque,  Dictionnaire  grec  mo" 
derne  français j  Paris,  1825;  Jules  Da- 
vid, Méthode  pour  étudier  le  grée  mo^ 
deme  et  le  parallélisme  des  deux  lan- 
guesy  Parb,  1820  et  182 1  ;  Codrikas,  Sur 
d'opinion  de  quelques  Itellénistes  tou^ 
imitant  le  grec  moderne^  Paris,  an  XII; 
iJâàtmwànyNeugriechische  Granunatikj 
Leipsig,  1826;Théocharopoulos,  Gram^ 
rnaire  grecque  universelley  PêrUf  1830; 
Iken,  Eunornitty  Darstellungen  und 
Fragmente  neugriechischer  Poésie  und 
Prosa^  Grimma,  1827;  Kind,  Neugrie» 
rfèiscke  Ctirestomathie^  Leipz.,  1835; 
enfin  le  Cours  de  littérature  grecque 
moderne f  donné  k  Genève  par  J.  Rixo 
^éroulos,  Genève,  1827. 

Parmi   las  ouvrages  originaux  grecs 
sons  citerons  :  la  Grammaire  grecque  mo- 
derne, par  Athanase  Christopoulos,  Vien- 
ne, 1 805,  et  celle  de  Démétrius  Darvaris, 
Vienne,    1806;    TÉtude  de   la  Ungue 
grecque,  par  Codrikas,  Paris,  1808;  la 
Dissertation  sur  Tétat  de  la  langue  vul- 
fûre,  parCrommydes,  filoscou,  1808,  et 
Vienne ,  1 8 1 1  ;  le  Dictionnaire  de  Cou* 
nas.  Vienne,  1826;  enfin  tous  les  ouvrm- 
gis  de  Coray,  et  notamment  les  if raxra , 
Fins,  1828-1835,  5  v.  in-8«.  W.  B-t. 
GRECS -UNIS,    voy.    Union   et 

SCHiSME. 

Q&ÉEMENT  ou  Gminarr,  substan- 
tif dirivé  du  verbe  gréer  ^  qui  n*est 
lai-mèiae  qu'une  abréviation  de  Tancien 
mot  agréer,  braiicoup  plus  expressif.Qui- 
conque  a  qtielque  connaissance  de  notre 
vieux  langage,  ron^it  tout  de  suite  qu*a* 


gréer  un  vaisseau  c*est  Tapproprier  i 
r usage  auquel  il  est  destiné ,  c'eat-4*4ii* 
le  mettre  en  état  de  naviguer.  QooSm 
tombé  depuis  assez  longtemps  ep  " 
tude,  le  terme  agréer  a  été  maÎD' 
dans  les  nomenclatures  du  Dictio, 
de  V Académie  et  de  V  Encyclopédie 
thodique.  Suivant  ces  deux  oa 
agréer  un  vaisseau,  c^est  Téquiper 
garnir  de  toutes  ses  manœuvres, 
vergues,  voiles,  etc.  Quant  au  mot 
mentj  il  signifie  à  la  fois  Faction  de 
et  Tensemble  de  tout  ce  qui  sert  à 
celte  dernière  acception  est  la  pli 
néralemeiit  employée.  Les  auteur» 
sur  les  espèces  d'objcu  que  Ton  doit 
sidérer  comme  faiciant  essenild 
partie  du  gréement;  la  plupart  en 
les  voiles  et  le  bornent  au  système 
plet  de  cordages  et  de  poulies  qui 
à  consolider  les  mâts  tant  inféricoTi 
supérieurs  y  et  à  élever  ou  à 
derniers  suivant  le  besoin,  àsuspeDih|B| 
vergues,  ainsi  qu'à  les  faire  mouTolv 
long  et  autour  des  mâts,  enfin  à 
et  replier  les  voiles  {voy.  AcEis).  O 
peu  d'ouvrages  qui  traitent  du 
des  vaisseaux  :  le  plus  connu  est  le 
que  Lescallier  entreprit  par  ordre  da  H| 
riéchal  de  Castries,  ministre  de  U  naiB 
et  qu'il  publia  en  1 791 .  Alais  depo»  qv 
époque,  Tart  de  gréer  les  vaisaeans  a  OV 
bien  des  perfectionnements  :  ainsi  ^  ■ 
exemple ,  à  Taide  d'un  nouveau  proov 
pour  le  tordage  ou  commettage^  on  \ 
parvenu  à  obtenir  des  cordes 
moins  grosses  et  pourtant  de 
et  par  conséquent  à  diminuer  coi 
blement  le  poids  autrefois  si 
gréements,  la  diminution  dedi 
cordages  ayant  amené  naturelleawnt 
des  poulies.  Toute  description 
du  gréement  d*un  vaisseau  serait 
ment  inintelligible  ;  il  faut  Toi 
le  vaisseau  même  pour  s'en  faire  ont 
Foy,  CiAGUs,  ÉcoiTTE,  etc.      J.  T* 

GREEXWICH,  ville  du 
Kent,  en  Angleterre,  sur  la  rive  droi|9|| 
la  Tamise,  à  5  milles  de  Londres.  EUi 
bien  bâtie,  et  habitée  par  plus  de  SO|l 
âmes.  C'est  le  lieu  de  retraite  d*iin 
nombre  d'officiers  de  marine  avec 
familles.  Autrefois  c^était  une 
royale;  dans  le  château  de  Giecnnl^ 


* 


GKE  (  8â  )  GRE 

t  la  reÎBes  Slarie  el  Elisabeth  ;  ]  l^hospîce  de  GreeDwich  nourrit  et  loge 
VI  T  mofunL  Sous  Charles  II  y  j  environ  3,000  marins  invalides  et  leur 
dkâlîeaa  fiit  <iéflK>li  poof  faire  |  donne  1  shelinç  par  semaine  pour  leurs 
■  Boovcaa  dont  les  Stnarts  ne  i  menues  dépenses;  une  infirmerie  les  re- 


poînt.  Un  très  beau  parc  attire, 
Klle  saison  y  les  promeDeurs  de 
Sar  la  ooUinedeoeparc,  Charles 

pour  son  as- 
c^est  le  principal 
de  ce  genre  en  Angleterre, 
daqnid  les  Anglais  comptent  les 
t  loogiitade  :  sa  différence  avec 
itoire  on  méridien  de  Paris  est 
A'  S-f*  occ.  Greenwich  a  noe 
I,  deux  collèges  pour 
I  ta  princi* 
celle  qui ,  concurrem- 
E  robsenratoire,  rend  Greenwich 
ert  lliospice  de  la  marine,  le 
et  le  plus  riche  établissement 
■e  qall  y  ait  an  monde.  Sur  une 
qui  looge  la  Tamise  se  déploient 
i  i»"*— *•  corps  de  bâtiments 
ion  grands  palais;  entre  eux  s^é- 
e  vmte  cour  munie  d'une  grille 
:  de  la  statue  de  George  II.  Une 
le  ces  bâtiments  était  le  château 
les  IL  Guillaume  III  et  Marie  en 
i  hoyice  de  la  marine,  et ,  sous 
m  suivants,  on  embellit  ces  édifices 
I  on  en  ajouta  de  nouveaux.  Les 
tes  Wren,  Inigo  Jooes  et  Van- 
irent  preuve  de  talent,  et  la  na- 
•pargna  pas  les  dépenses  pour  la 
mlé  des  constructions.  On  les  di- 
quartiers  du  roi  Charles,  de  la 
■ne,  du  roi  Guillaume  et  de  la 
vie.  Dans  celui  de  Guillaume,  on 
le  la  Salie  peinte^  galerie  de  106 
î  long  sur  56  de  large  et  50  de 
■t  les  murs  et  la  voûte  sont  cou- 
peintures  allégoriques  et  histo- 
C*ert  dans  le  quartier  de  la  reine 
■e  se  trouve  r^;lise  de  rétablis- 
bâtie  dans  le  style  grec  et  lon- 
\  1 1  pieds  sur  52  de  large.  On  y 
c  un  tableau  de  West  repré- 
t  Natrfrage  de  saint  Paui,  Dans 
■le,  on  voit  les  statues  des  Fertus 
Ee/.  La  salle  du  conseil  et  Tap- 
it du  gouverneur,  Tun  et  Fautre 
le  belles  marines,  sont  également 
nde  nugnificence.  Mais  ce  qui 
beau  que  tout  ce  faste,  c*est  /(ue 


çoit  en  cas  de  maladie;  en  outre,  Thos- 
pice  donne  une  pension  qpi  varie  de 
4  liv.  sterl.  et  demie  a  27  liv.  par  an,  à 
i  32,000  marins  en  retraite,  et  q«i  vivent 
j  ailleurs  que  dans  rétablissement.  On 
pourvoit  à  cette  dépense  au  moyen  des 
retenues  que  subissent  les  paies  des  ma- 
rins en  service,  et  par  divers  droits  et 
autres  fonds.  Un  gouverneur,  un  sous- 
gouverneur,  et  un  conseil  de  24  mem- 
bres administrent  Fhospice.  L'asile  naval 
qu'on  a  en  perspective  en  entrant  dans 
la  cour  de  rétablissement,  et  qui  est  si- 
tué à  l'entrée  du  parc,  a  été  bâti  dans  ce 
siècle,  et  consiste  en  un  corps  de  bâtiment 
qui  date  du  xvii*  siècle,  avec  deux  ailes  ; 
il  est  destiné  à  recevoir  les  enfants  des 
marins,  savoir  800  garçons  et  200  filles, 
qui  y  sont  élevés  et  instruits.  Dans  les  se- 
maines de  Pâques  et  de  la  Pentecôte,  il  se 
tient  à  Greenwich  des  foires  très  fréquen- 
tées. Des  bateaux  partent  plusieurs  fois 
par  jour  de  Londres  pour  cette  ville.  D-g. 
GREFFE,  GaxFFixa.  On  nomme 
greffe  le  lieu  où  l'on  conserve  les  actes 
confiés  à  un  fonctionnaire  appelé  gref» 
fier  (de  ypa^sxtç ,  écrivain).  Ce  foncdon- 
naire  est  chargé  d'écrire  les  actes  du  mi- 
nistère du  juge,  d^en  conserver  les  minu- 
tes et  d'en  délivrer  les  eipéditions.  Dans 
la  basse  latinité,  le  grefEer  est  appelé  gref- 
Jariiu ,  grefferiuSy  scriba.  On  lit  dans 
une  ordonnance  de  1361  :  Registratores 
seu  grrferii  pariamenti. 

En  France,  les  greffiers  étaient  depuis 
longtemps  choisis  par  les  juges ,  lorsque 
Phiiippe-le-Bel  réserva  à  la  couronne  le 
droit  exclusif  de  les  nommer.  En  1521, 
François  P'  érigea  leurs  charges  en  titre 
d'office.  A  partir  du  règne  de  ce  princt , 
on  fit  différentes  créations  de  greffiers 
auxqueb  on  donna  des  attributions  di- 
verses. L'Assemblée  constituante  suppri- 
ma tous  ces  officiers,  en  même  temps  que 
les  anciens  tribunaux. 

n  euste  aujourd'hui ,  près  dei  cours 
et  tribunaux,  des  greffiers  nommés  par  le 
roi,  qui  peut  les  révoquer  à  vobnté.  Ceux 
des  cours  royales  doivent  ^cre  âgés  de 
27  ans ,  et  ceux  des  tribunaux  de  pre« 


GRË 


(«*) 


(iRE 


dlike  instance  et  des  justices  de  paix,  de 
25  ans.  Les  greffiers  font  partie  intégran- 
te des  cours  ou  tribunaux  auxquels  ils 
sont  attachés ,  K  leur  présence  est  essen- 
tielle à  la  TalÛité  des  décisions  judiciai- 
res; toutefois  ils  ne  sont  pas  considérés 
comme  a^nts  du  gouYernemeot  dans  le 
sens  de  l'article  75  de  la  constitution  de 
Tan  Vni,  et  ils  peuvent  dès  lors  être 
poursuivis  sans  autorisation  préalable 
]K>ur  des  actes  relatifs  à  leurs  fonctions. 
Ils  doivent  présenter  et  faire  admettre 
au  serment  le  nombre  de  commis-gref- 
fiers nécessaire  pour  le  service  de  leur 
tribunal  ;  mais  le  greffier  en  chef  est  seul 
responsable  de  la  conservation  des  actes , 
de  la  fidélité  des  expéditions ,  etc. 

Sous  l'ancien  régime,  dans  la  pro- 
vince d'Artois,  on  nommait  greffier  du 
gros  un  officier  qui  était  chargé  de  gar- 
der les  minutes  des  notaires  et  d'en  déli- 
vrer des  grosses  {voy,  ce  mot).  Cet  officier 
était  appelé  tabellion  dans  le  ressort  du 
parlement  de  Flandre.  Des  placards  de 
l'empereur  Charles-Quint  et  de  Philippe 
II,  roi  d'Espagne,  obligeaient  les  notaires 
à  déposer  au  greffier  du  gros  les  minutes 
des  contrats  réciproques^  l'office  de  no- 
taire n'étant  point,  dans  les  Pays-Bas, 
réuni,  comme  en  France,  à  celui  de  gar- 
de-note ou  de  tabellion.  £.  R. 

GREFFE.  Comme  terme  de  culture, 
ce  mot,  d'une  toute  autre  étymologie  que 
celui  dont  on  a  traité  dans  l'article  pré- 
cédent, parait  être  le  substantif  du  ver- 
be grepery  charger  [gravare)^  imposer. 
La  greffe  est  une  opération  qui  a  pour 
but  d'unir  une  partie   végétale  vivante 
aune  autre  avec  laquelle  elle  s'identifie  de 
manière  à  continuer  de  se  développer  et 
de  vivre  comme  si  elle  adhérait  encore  à 
son  propre  pied.  La  végétation  des  ar- 
bres greffés  présente  donc  quelque  ana- 
logie avec  celle  des  parasites.  Dans  l'un 
et  l'autre  cas,  la  sève  transmise  aux  bour- 
geans  et  aux  tiges  de  l'un  des  deux  indi- 
▼id»  unis,  est  puisée  dans  le  sol  par  des 
racaies  étrangères.  Aussi,  de  même  que 
les  parasites  affectionnent  certaines  plan- 
tes dofct  les  sucs  séveux  conviennent  seuls 
à  leur  développement,  de  même  les  greffes 
d*ane  esptce  ne  réussissent  que  sur  d'an- 
tres espèce  ayant  avec  elles  une  certaine 
analogie. 


Avant    d^avoîr  étudié  TorgankatM 

végétale  jusqu'en  ses  principes  Mmm 

taires,  on  n'avait  pu  se  fiûre  une  ihém 

quelque  peu  juste  de  cette  carieme  oy 

ration  :  aussi  les  anciens,  dans  lenn  % 

gués  croyances,  lui  attribuaient-ils  i 

effets  miraculeux.  Voulait-on  confcai 

les  caractères  si  différents  du  mjite  «t 

la  vigne,   la  greffe  en  offrait  auasilAtl 

moyens  (JU  autem  uva  myrto  mixim^ 

in  myrtum  arborem  viiû  sarmemtm  i 

seras ,  liv.  ly,  ch.  4 ,  des  Gréoponi' 

désirait-on  obtenir  des  raisins 

blés  k  l'époque  où  les  cerises 

Si  nigram  ttvam  in  ctrastun  in9tn 

etiam  verè  uvam  hahebU$  eotiem 

tempore  vitis  upasproducii  qmo 

proprium  fert  fiuctum  (lir.  ir,  eh.  i 

fallait-il  changer  la  couleur  natnrell»  l 

citrons  ou  des  pommes  pour  la  cooli 

noire  :   Citria  autem  si  velis  ttigntj 

cerej  mali  ramum  citro  insère j  ei  « 

versât  Malum  vero  citro  insita^  eim 

versdf  nigrum  fiât  (liv.  x,  ch.  7).  1 

fin ,  pour  choisir,  entre  mille  autres^ 

dernier  exemple ,  voulait-on  obtenir  < 

pommes  à  chair  rouge  et  des 

couverts  de  fruit  presque  toute  T 

dans  le  premier  cas  il  suffisait  de  gral 

sur  platane,  et  dans  le  second  sur  citfil 

nier  [Interuntur  etiam  mala  in  pitâ 

num^ex  qudrubicunda  malapropemm 

Didymus^  in  Georgicis  suis ,   ait  mu 

rite  inseri  in  Damascena^  et  malum. 

insérât ur  in  citrum^  per  tôt um  fera  é 

num  fruetum  Jerre^  ch.  20). 

Mais  les  longues   et   consdencigl 

expériences  d'André  Thouin  et  de  <|l 

ques  autres  savants  praticiena  ;   \m  i 

cherches  d'organographie   qui  oooé 

sirent  à  considérer  chacune  des  vésid 

microscopiques  dont  se  compose  le  Wîj 

tal  comme  douée  d'une  existence  qui 

est  propre,  dépouillèrent  le  phéiKNl 

de  ce  qu'il  avait  de  prestigieux;  et,  I 

dis  qu'elles  repoussaient  parmi  lea  firi 

les  bizarres  merveilles  trop   loii0;lai 

vantées  sur  la  foi  des  Grecs ,  elles  ca< 

voilaient  de  nouvelles  qui  devront  dél 

mais  arrêter  bien  des  tentatives  inotl 

et  contribuer  autant  au  perfectionneH 

de  l'art  qu'aux  progrès  de  la  science. 

Le  tissu  membraneux  et  semi*traiM| 

rent  qui  compose  extérieurement  rliai 


GRE 


(M) 


GUE 


ifainik  ccUolcuse  csi  homogène  en  ap- 
loiL  organisation  échappe  en 
pstie  anx  observations  les  plus 
aidées  des  instruments  les 
ts.  Cependant  cette  mem- 
filtre  à  traTers  lequel  les 
%  «^élaborent  d'une  ma* 
,  et  ne  peuvent  s'élaborer 
fK  de  eeCte  niaDière  pour  chaque  espè- 
et  D  crt  dooc  fiicile  de  concevoir  que  la 
organisable  soit  absorbée  éga«> 
et  asaimilée  différemment  dans 
voisines,  appartenant  à 
diflerentes,  alors  même  que 
hn  pvoB  se  seraient  soudées  ;  que  la 
àm  de  Vwom  «e  modifie  en  passant  dans 
et  que  la  diflérence  spécifique 
nettement  tranchée  des  deux 
dlb  d\me  double  doisoui  si  mince  à  nos 
^qne  noos  pouvons  presque  la  consi- 
nne  surface  mathématique. 
Van  aatre  c6té ,  telles  sont  les  modi* 
inconnues  apportées  par  la  na- 
dani  Forganisation  des  vésicules  élé- 
des  divers  groupes  de  végétaux 
fi,  hîcn  que  toutes  les  plantes  puissent 
dans  un  même  sol  une  nourri- 
pim  on  moins  appropriée  à  leurs 
cette  nourriture,  une  fois  qu'elle 
télé  dbaise  dans  llntérieur  des  tissus , 
è  aille  qu'elle  ne  pourrait  pas  alimen- 
te loattt  les  parasites,  ne  convient  plus 
àfccnooup  près  à  toutes  les  espèces 
èiéa  iTon  système  propre  d'assimila- 
(■.De  la  l'impossibilité  matérielle  d'u- 
tepv  la  greffe  des  végétaux  qui  ne  pré- 
teint  pas  entre  eux  une  analogie  suf- 
fctei ,  luilogie  qu'on  retrouve  générale* 
■■twez  bien  dans  les  caractères  sur 
te|Hbertassise  la  classification  naturelle. 
Tjk  cette  théorie  résultent  deux  faits 
:  rnn,  que,  contrairement  anx 
longtemps  reproduites  sans 
|^<ci  et   sans  examen,   des  anciens 


»  r 


géoponiques,  on  ne  trouve  près- 
fi  «ton  exemple  de  succès,  et  peut- 
te  lucon  exemple  de  succès  durable, 
^■iles  greffes  hétérogènes;  le  second, 
^jamais  Funion  la  plus  intime  de 
tel  ou  d*un  plus  grand  nombre  d'es- 
fiBB  a'a  pu  opérer  le  mélange  des  sucs 
■«aifar  un  seul  point  de  l'individu 
lide^  on,  en  d''autres  termes,  créer  une 
on  une  variété  nouvelle. 


Cependant,  sans  rien  changer  aux  ca- 
ractères botaniques,  l'opération  qui  fait 
le  sujet  de  cet  article  puit  apporter,  par 
diverses  raisons  physiquement  apprécia- 
bles, plusieurs  modifications  dans  la 
taille,  le  port,  la  rusticité,  la  durée  mê- 
me des  végétaux,  etc.,  etc.  Aitsi  on  sait 
que,  tandis  qu'un  pommier,  gireffé  sur 
jranc^  forme  un  arbre  d*une  grande  élé- 
vation, il  reste  nain  ou  presque  tel  s'il  est 
greffé  sur  paradis  ou  s\xr  doucin;  qu'un 
poirier  s'élève  beaucoup  plus  sur  sauva- 
geon que  sur  coignassier,  etc.,  etc.  On 
sait  aussi  que  certains  arbrisseaux  pren- 
nent en  partie  le  port  des  arbres  qui  leur 
transmettent  leur  sève.  Dans  ces  deux 
cas,  la  cause  est  la  même  :  la  nourriture 
accordée  par  le  sujet  à  la  greffe  est  tan- 
tôt plus,  tantôt  moins  abondante  que 
celle  qu'elle  pourrait  puiser  dans  un  sol 
fécond  et  à  différents  degrés.  Les  effets 
de  la  gelée  étant  d'autant  plus  graves 
qu'elle  survient  alors  que  les  végétaux 
sont  plus  en  sève,  de  même  que  le  degré 
d'humidité  du  terroir  doit,  en  favorisant 
l'ascension  des  liquides,  augmenter  le 
mal,  on  conçoit  qu'un  semblable  phéno- 
mène puisse  être  produit  par  les  disposi- 
tions physiologiques  que  présente  tel  ou 
tel  sujet  à  entrer  en  sève  plus  tôt  qu'un 
autre  au  printemps,  ou  à  conserver  plus 
longtemps  une  vie  active  en  automne. 
On  a  vu  souvent  des  tiges  annuelles,  telles 
que  celles  de  la  pétunie,  du  tabac  usuel, 
de  l'œillet  de  Chine,  devenir  vivaccs 
lorsqu'on  les  greffait  sur  des  racines  pé- 
rennes  de  quelques-unes  de  leurs  con- 
génères ;  et,  chose  pltis  curieuse  encore, 
des  racines  annuelles,  comme  celles  du 
liseron,  continuer  de  vivre  au-delà  du 
terme  ordinaire  quand  on  y  réunissait 
des  tiges  vivaces,  telles  que  celles  de  la 
patate.  Les  premières,  grâce  à  la  nourri- 
ture qu'elles  continuaient  de  recevoir  du 
sol  pendant  et  après  la  fructificatioa, 
réparaient,  à  l'aide  de  la  sève  du  sujet,  la 
perte  occasionnée  dans  leur  tissu  par  la 
formation  de  la  graine  ;  les  secondes  re- 
trouvaient dans  le  feuillage  persistant  de 
la  greffe  les  sucs  descendants  qutf  n'au- 
rait pu  leur  procurer  une  tige  annuelle. 

L'influence  réciproque  du  sajet  sur  la 
greffe  et  de  la  grefTe  sur  le  sajet ,  quoi- 
que cette  dernière  ait  été  moins  fréquem- 


GHË 


(88) 


GRE 


ment  constatée,  n^est  donc  pas  douteuse. 
Elle  s'étend  aussi  au  mode  de  fructifica- 
tion des  arbres,  à  Tabondance,  à  la  qua- 
lité de  leurs  /hiits,  et  peut-être,  en  de 
certaines  limites ,  à  la  faculté  reproduc- 
tive des  {^raines.  Toutefois,  sur  ces  divers 
points  U  reste  encore  beaucoup  à  ap- 
prendre. 

Les  usages  généraux  des  greffes  sont 
de  multiplier  et  de  conserver,  conjointe- 
ment avec  les  marcottes  ou  les  boutures 
(vojr,  ces  mots) ,  les  variétés  non  trans- 
missibles  de  semis  ;  de  propager  les  espè- 
ces qui  ne  fleurissent  ou  ne  grainent  pas 
dans  nos  régions;  d'améliorer  celles  qui 
n'ont  que  peu  de  vmleur,  en  leur  deman- 
dant de  meilleur  bois,  de  meilleurs  fruits, 
etc.;  d'obtenir  des  végétaux  utiles  là  où 
la  terre  convient  mieux  à  leurs  congénè- 
res qu'à  eux-mêmes  ;  de  doubler  parfois 
les  produits  du  sol  en  demandant  par 
exemple  à  une  plante  tubérifere,  comme 
la  pomme  de  terre,  des  fruits  comesti- 
bles ,  teb  que  les  tomates  ;  d'obtenir  des 
bois  d'œuvre  de  forme  particulière  ;  de 
rendre  enfin  la  beauté  ou  la  vie  à  des  ar- 
bres mutilés  ou  languissants ,  tantôt  en 
donnant  artificiellement  à  celui-ci  les 
branches  ou  la  cime  dont  un  accident  l'a 
dépouillé,  tantôt  en  portant  à  son  tronc, 
par  l'intermédiaire  d'autres  tiges,  la  sève 
que  ses  racines  chancrées  ne  pouvaient 
plus  extraire  de  la  couche  labourable. 

Toutes  les  parties  d'un  végétal  en  état 
de  développement  actif  peuvent  s'unir 
à  celles  d'un  autre  végétal  analogue  placé 
dans  les  mêmes  circonstances.  Ainsi  l'on 
greffe  des  racines,  des  tiges,  des  gemmes 
ou  bourgeons  non  encore  développés, 
des  feuilles  et  même  des  fleurs  et  des 
fruits,  à  la  condition  que  la  greffe  et  le 
sujet  se  trouveront  en  contact  au  point 
où  s'opère  directeoient  l'accroissement, 
et  que  les  vésicules  naissantes  qui  pro- 
viendront de  l'une  et  de  l'autre  pourront 
se  sr>uder.  Ce  point,  qui  n'existe  qu'entre 
le  b«b  et  l'écorce  pour  tous  les  arbres  de 
la  claise  des  dicotylédons  arrivés  à  une 
certaine  période  de  leur  croissance  an- 
nuelle, ^  rencontre  partout  chez  les  ti- 
ge^ encore  herbacées,  parce  que  partout 
alors  il  y  a  formation  de  nouvelles  vésicules 
organiques. 

Deux  ép{>i|ues  conviennent  particu- 


lièrement à  la  reprise  de  la  pli 
greffes  :  le  printemps,  au  momei 
cension  de  la  sève,  alors  que  1 
cessé  d'être  adhérente  au  bois  < 
yeux  ou  gemmes  sont  sur  le 
s'ouvrir;  les  approches  de  l'auton 
dant  le  cours  de  la  seconde  sèT< 
dant  il  en  est  qui  peuvent  el 
même  se  faire  entre  ces  deux 
tandis  que  la  végétation  est  d 
son  activité. 

Les  greffes  de  printemps  se 
peut  immédiatement  :  aussi  le 
uommécs  à  œil  poussant.  Les  { 
la  seconde  sève,  dite  d'août, 
être  exécutées  à  une  époque  tel 
soudure  des  parties  trouve  le 
se  compléter,  sans  toutefois  qu< 
s'épanouissent  avant  Thiver,  att 
les  bourgeons  auxqueb  ils  donn 
sance  seraient  le  plus  souvent 
par  I^  gelées  d'automne;  on  If 
mées  à  œil  dormant.  Quant  au 
de  l'été  ou  du  plein  de  la  sève 
elles  ne  peuvent  s'opérer  qu'a 
de  bourgeons  herbacèi,  de  rami 
vertes  de  leurs  organes  foliacés 
même  de  leurs  fleurs  et  de  leu 
fruits,  leur  succès  tient  à  d'auti 
cipes  :  il  importe,  avant  tout, 
cher,  par  l'emploi  des  abris,  Téva 
et  l'active  transpiration  qui  des 
inévitablement  les  parties  opérée 
ticulièrement  la  greffe  avant  qi 
pu  s'unir  au  sujet. 

On  a  groupé  toutes  les  greffes 
en  quatre  divisions  principales  : 
micre  comprend  les  grfffes  pa\ 
ehe  ;  elles  consistent  à  inciser,  à 
cher  et  unir  de  diverses  manière 
tie  qui  doit  servir  de  sujet  et  < 
doit  servir  de  greffe,  mais  sans 
préalablement  celle-ci  de  son 
pied,  le  sevrage  ne  devant  avoir  I 
près  la  reprise.  Les  greffes  par  a 
présentent  donc  une  analogie  re 
ble  avec  les  marcottes. 

La  seconde  division  compi 
greffes  par  scions  ou  rameaux 
du  pied -mère  avant  d'être  op 
doivent  conaéquemment  se  sufBr 
mêmes  jusqu'à  ce  que  la  commui 
sève  soit  établie.  Cet  greffes  roi 
dent  aux  boutures. 


GRE 


s  lie  greffes  par  gemmes  sé- 
«ne  sânqple  pla€[ô^  d'écorce, 
qui  les  fonia,  et  tnnsportés 
1  antre.  On  pourrait  les  com- 
ews,  poisqney  de  même  que 
perment  et  s'aanmilent  les  socs 
le  sol,  les  gemmes  s'épanouis- 
it  des  socs  emprontés 


dirision  eofin  réooit 
greffes  berbscéeSy  c'est-à-dire 
l'opcreDt  STec  les  parties  non 
lenses  des  plantes  aanaelles, 
a,  ^rvaccscKi  des  arbres.  Grâce 
te  Tsciioody,  elles  ont  acquis, 
lèriences  de  physiologie  végé- 
Be  pratique  osoelle,  one  im- 
pa^on  était  loin  jadis  de  leur 
r.  O.  L.  T. 

V  ANIMALE.  L'obsenration 
Dcaes  de  la  greffe,  c'est-à-dire 

00  dVine  partie  étrangère  sor 

1  Tirant,  fit  naître  l'idée  de  rat- 
orpshomain  des  parties  complé- 
adiéca  de  l'indiridu,  oo  même 
■  aatresojet.Cette  tentative  fut 
mcùOj  ù  l'on  en  croit  certains 
dens,  et  cependant  les  expé* 
demes  n'ont  jamais  confirmé 
ODS.  L'histoire  citée  par  Ga- 
'on  nez  coupé  avec  les  dents, 
ensoite,  a  toor  à  tour  été  con- 
tame  vraie  et  comme  fausse; 
t  Gaspard  Tagliacozzi,  de  Bo- 
IX  dépens  duquel  s'est  égayé 
HuiiibraSy  les  frères  Bozano, 
re  et  fib,  semblent  avoir  pra- 
ncoès  la  greffe  animale,  et  l'a- 
Blièrement  appliquée  à  la  res- 
hi  nez  et  des  oreilles,  que  la 
lait  souvent  aux  coupables  de 
liais  il  s'agissait  d'un  nez  taillé 
;nments  du  bras  du  sujet  lui- 
•  d'une  adhérence  que  Ton  fai- 
cter  à  ces  parties,  et  non  pas 
e  enlevée  à  un  autre  individu, 
t  prétendu  quelques  auteurs 
erveilleux  dont  Voltaire  s'est 
tent  moqué.  Plus  souvent  on 
mpmnter  aux  téguments  du 
[oes  lambeaux  qui,  artiste- 
liés  et  cicatrisés,  ont  remédié, 
ère  plus  ou  moins  heureuse. 


(  87  )  GRE 

se  compose  des     à  la  difformité  dont  il  est  ici  question 

(7}ox.  Rhikoplastis).  Quant  à  la  greffe 
animale  proprement  di\e,  c'est-à-dire 
à  la  réunion  de  parties,  sc4t  séparées  de 
l'individu  lui-même,  soit  prises  sur  un 
autre  sujet,  les  expériences  de  {«hysiologie 
les  plus  exactes  et  les  plus  réctntes  ont 
démontré  qu'elle  n'avait  jamais  litu  ches 
l'homme^  ni  chez  les  animaux  supérieurs  ; 
mais  qu'on  ne  devait  jamais  désespérer  de 
voir  se  rattacher  des  portions  même  très 
considérables,  telles  qu'un  membre  en- 
tier, toutes  les  fob  que  la  séparation  n'é- 
tait pas  absolue  et  qu'il  restait  ne  fut-ce 
qu'une  étroite  languette  de  peau  pourvue 
de  vaisseaux.  Il  est  donc  de  précepte, 
dans  les  blessures  de  ce  genre,  de  ratta- 
cher, suivant  les  règles  de  l'art,  les  por- 
tions divisées,  et  de  n'abandonner  l'es- 
poir de  la  cicatrisation  que  quand  la 
mortification  y  est  évidente.  F.  IL 

GRÉGEOIS,  vof.  Feu  grégeois. 

GRÉGOIRE  (saint)  de  Naziahze, 
surnommé  le  Théologien  *,  naquit  en 
Cappadoce^  dans  le  petit  bourg  d'Arianze, 
voisin  de  la  ville  de  Nazianze.  Son  père  , 
nommé  Grégoire,  avait  appartenu  à  la 
secte  des  hypsistaires,  ainsi  désignés  parce 
qu'ils  n'adoraient  que  le  Très-Haut  (f  ^c- 
(j'zoç)y  mais  qui  joignaient  à  ce  culte  des 
pratiques  empruntées,  soit  au  paganisme, 
soit  au  judaïsme.  Sa  mère ,  issue  de  pa- 
rents chrétiens,  se  distingua  par  une  piété 
profonde ,  une  foi  ardente ,  une  grande 
charité  et  une  vie  pleine  d'austérités  et 
de  mortifications.  Cette  femme  convertit 
son  mari  et  inspira  à  ses  trois  enfants, 
Grégoire,  Césarius  et  Gorgonie,  une  piété 
aussi  vive  que  la  sienne  et  un  attache- 
ment inaltérable  au  christianisme.  Dès 
que  Grégoire  fut  né,  en  329,  sa  mère  le 
consacra  à  Dieu,  suivant  le  vœu  qu'elle  en 
avait  fait.  U  reçut  une  éducation  à  la  fois 
religieuse  et  lettrée,  et,  au  sortir  de  l'ea- 
fance,  il  partit  avec  son  frère  Césarnis 
pour  aller  continuer  ses  études,  l'ua  à 
Césarée ,  en  Palestine ,  l'autre  à  Alexan- 
drie. De  Césarée,  Grégoire  se  rendit  à 
Athènes,  et  il  essuya  dans  la  try^ersée 
cette  longue  et  terrible  tempête  qu'il  a 


(*)  n  ne  faot  pas  le  confondre  ar^c  laint  Gré« 
goire  U  Thmmaturg»,  né  à  Céfaréf,  T^rs  le  com- 
meocemeotda  iit*  siècle  de  notre  ère  «et  dont  il  a 
été  questioa  à  Tarticle  3ÂSiLa  de  &âeac\«.  ^.  ^ 


GRE 


(90) 


GRE 


de  grand.  Comme  lui,  Grégoire  fut  élevé 
par  les  meilleurs  maitres  dans  la  connais- 
sance des  lettresMcrées  et  profanes.  Enco- 
re très  jeune,  U  s'était  engagé  dans  les  liens 
du  mariage»  et  il  se  livra  à  la  profession 
de  la  rhétorique.  Devenu  veuf  au  bout  de 
peu  de  temps ,  il  se  consacra  au  service 
des  auteb  et  s'adonna  tout  entier  à  Tétude 
des  saintes  Écritures.  Basile,  ayant  été  ap- 
pelé, en  370,  au  gouvernement  de  Péglise 
de  Césarée ,  jugea  son  frère  Grégoire  di- 
gne de  l'épiscopat ,  et  le  fit  nommer  au 
siège  de  ?«ysse.  «  J'aurais  voulu ,  écrivait 
«  le  grand  archevêque  de  Césarée  à  saint 
1  Eusèbe  de  Samosate,  en  lui  annonçant 
«  cette  promotion,  j'aurau  voulu  lui  don- 
«  ner  une  église  mieux  proportionnée  à 
«  son  mérite  ;  mais  la  chose  n'ayant  pas 
«  dépendu  de  moi,  c'est  lui  qui  honorera 
«  sa  chaire  plutôt  que  la  chaire  n'hono- 
«  rera  l'évéque.  »  Ce  vœu  ne  fut  point 
trompé;  on  se  douterait  à  peine  qu'il  y 
ait  eu  une  bourgade  de  ce  nom  érigée  en 
évéché  si  les  vertus  et  les  talents  de  saint 
Grégoire  ne  lui  eussent  donné  un  lustre 
égal  à  celui  des  premières  métropoles. 
Dans  les  actes  du  concile  de  Coustantino- 
pic  de  394  ,  on  le  voit  nommé  avant  plu- 
sieurs métropolitains ,  honneur  qui  tenait 
à  sa  personne,  et  qui  explique  la  dési- 
gnation particulière  que  lui  donnèrent  les 
Pères  du  second  concile  de  Nicée,  où 
il  est  appelé  Père  des  Pères,  Vincent  de 
Lérins  observe  que  telle  était  son  autorité 
parmi  les  Pères  du  concile  d'Éphèse  que 
Nestorius  y  fut  condamné  d'après  le  té- 
moignage de  saint  Grégoire  de  Nysse.  U 
était  du  nombre  des  évéques  que  l'empe- 
reur Hiéodose  désigna  pour  centres  de 
communion  dans  l'Orient,  «  de  sorte 
«  qu'il  fallait  communiquer  avec  lui  pour 
«  être  censé  appartenir  à  la  véritable  Ëgli- 
«  se.  » 

Son  attachement  à  la  foi  de  Nicée  lui 
attira  de  violentes  persécutions  de  la  part 
des  iriens  {voy,)  ,  qui  réussirent  à  faire 
nommer  à  sa  place  un  autre  évêtiue.  Gré- 
goire  ne  voulut  pas  faire  tête  à  l'orage  , 
et  préitra  le  parti  de  la  retraite.  Les  af- 
faires di  rÉglise  changèrent  de  face  sous 
Tempire  de  Gratien  :  ce  prince  rétablit 
Grégoire  S4r  son  siège  ;  mais  la  joie  que 
ce  dernier  rtssentit  de  son  retour  à  NysM 
fut  troublée  par  la  mort  de  saint  Baîiley 


son  frère,  pour  lequel  il  avait  toojoa 
autant  de  vénération  que  de  tendres 
alla  à  Césarée  pour  assister  k  ses  funér 
et  lui  rendre  les  devoirs  que  presan 
la  nature  et  la  religion.  Lear  sœur  a 
Macrine  ne  survécut  pas  longtemps  à 
chevêque  de  Césarée ,  et  ce  fut  ci 
saint  Grégoire  de  Nysse  qui  lui  fera 
yeux.  D'autres  pertes  vinrent  bîent^ 
fliger  l'Église  et  l'empire  :  durant  l 
nue  du  concile  général  convoqué  à  C 
tantinople,  en  381,  mourut  saint  M 
d'Antioche,  qui  présidait  cette  aasem 
l'évéque  de  Nysse,  chargé  de  l'éloge  f 
bre,  s'en  acquitta  avec  honneur.  D 
peu  après ,  à  payer  le  même  tribol 
jeune  princesse  Pulchérie  et  à  sa 
l'impératrice  Flaccille,  épouse  de  T 
dose.  La  juste  estime  dont  il  jouissait 
versellement  l'avait  désigné  comme 
des  évéques  les  plus  capables  de  rét 
la  discipline  dans  les  églises  d'Arafa 
de  Palestine.  Il  s'y  employa  avec  ard 
mais  le  succès  ne  répondit  point  au; 
forts  de  son  zèle.  Après  avoir  travaillé  1 
temps,  par  ses  écrits  et  par  ses  dise 
à  instruire  les  fidèles  et  à  combatti 
ennemis  de  la  vérité,  il  mourut  dan 
âge  avancé,  vers  la  fin  du  iv*  siècle. 
Il  méritait  que  l'Église  le  compti 
nombre  de  ses  docteurs.  Cependant 
moins  connu  parmi  nous  que  saint  B: 
son  frère,  et  saint  Grégoire  de  Nazii 
dont  il  fut  aussi  contemporain;  les 
ciens  rendaient  plus  de  justice  à  son 
quence.  Photius  et  Suidas  n'en  paj 
qu'avec  les  plus  grands  éloges  ;  Rufli 
place  non -seulement  au  même  rang 
le  grand  archevêque  de  Césarée ,  il  s 
ble  même  lui  accorder  quelque  sup< 
rite.  Nous  ne  partagerions  point  > 
opinion  :  nous  croyons  qu'il  pcutsufl 
sa  gloire  d'avoir  mérité  d'être  distii 
parmi  les  écrivains  illustres  de  ce  U 
pour  l'abondance  et  l'agrément  de 
élocution  ,  pour  la  richesse  de  Timai 
tiou.  Mais,  chez  lui,  ces  qualités  se 
lent  à  leurs  excès.  Le  plus  considér 
de  ses  ouvrages  est  sa  réfutation  d'Ei 
mius,  qui  avait  publié  une  apologie  < 
doctrine  ,  après  c|ue  saint  Basile  Te 
puissamment  combattue.  La  prétei 
d'Eunnmius  était  d*expliquer  le  my; 
de  la  Trinité  per  des  arguments  pliÛ 


GRE 


(91) 


GRE 


1  attaquait  à  la  fois  l'essence 
s  le  Père,  la  consobstantialité 
y  la  divinité  dans  leSaint-Esprit, 
le  production  nouvelle,  enché- 
ore  sur  ses  premières  hérésies. 
^ire  de  Nysse  avait  k  venger 
onnenr  de  son  frère.  Son  traité 
iMomtus  est  partagé  en  douze 
suit  pied  à  pied  son  adversaire, 
I  sophismes  et  les  démasque, 
ibaodoQnant  à  un  luxe  d'éru- 
peut-être  nuit  à  Teffet  de  sa 
neurs  de  ses  allégories  ont  paru 
s  du  même  reproche.  H  essaie 
^fier  dans  un  autre  de  ses  li- 

par  des  raisons  plus  subtiles 
s.  Noua  avons  de  lui  un  grand 
e  traités  sur  diverses  matières, 
sntaires  sur  rÉcriture,  des  ho- 
I  panégyriques,  quelques  orai- 
ires  et  des  lettres,  le  tout  re- 
i  une  savante  édition  publiée  en 
Pronton  duDuc,en  2  vol.in-fol. 
.y  1638,  3  vol.  in-foL).  Saint 
Je  Nysse  est  bon  à  connaître , 
nent  par  extraits.  M.  N.  S.  G.  t 
OI&E  (  SAINT  )  DE  Tours.  Les 
t  ce  prélat  prennent  rang  parmi 
s  les  plus  illustres  des  Gaules 
es  derniers  empereurs  romains; 

que  nous  connaissions  est  saint 

évéque  de  Langres,  né  d'une 
latoriale  de  la  ville  d'Autun. 
e  eut  trois  enfants  d'un  mariage 
à  son  épiscopat  :  Tétrice,  qui 
ccesseur  à  l'évéché  de  Langres  ; 
sénateur  d'Auvergne,  et  une 
le  nom  est  resté  inconnu.  Geor- 
nx  fib  :  saint  Gai ,  évéque  de 
,  et  Florent,  sénateur  comme 
La  fille  de  saint  Grégoire  eut 
nommée  Armentaria.  C'est  de 
t  d' Armentaria ,  petit -fils  et 
e  de  saint  Grégoire,  que  naquit, 

jour  de  novembre  539,  celui 
>us  consacrons  cette  notice.  Il 
noms  de  Geoeges-Florent  , 
it  ceux  de  son  aïeul  et  de  son 
1  y  ajouta  plus  tard  celui  de 
ni,  Grégoire,  sous  lequel  il  est 
ui  plus  connu. 

re  passa  sa  jeunesse  en  Auver^ 
!cut  là  près  de  son  oncle  Tévé- 
Gal  j  qui  était  plus  à  portée  que 


ses  autres  parents  de  se  livrer  au  soin  de 
son  éducation;  car,  dans  ces  temps  de 
barbarie ,  le  souvenir  et  les  débris  de  la 
civilisation  romaine  ne  se  retrouvaient  plus 
guère  que  parmi  le  clergé,  c'est-à-dire 
autour  des  sièges  épiscopaux.  Sou  in- 
struction fut  confiée  à  l'archidiacre  Avit, 
qui  fut  depuis  successeur  de  saint  Gai.  Il 
fit  une  légère  étude  de  la  grammaire  et 
des  auteurs  de  la  belle  latinité;  mais, 
voulant  suivre  les  grands  exemples  qu'il 
trouvait  au  sein  de  sa  famille,  il  se  voua 
de  bonne  heure  au  service  de  l'autel,  et 
partagea  bientôt  la  prévention  de  quel- 
ques saints  des  premiers  siècles  de  l'É- 
glise, qui  proscrivaient  les  plus  belles  pro- 
ductions du  génie ,  parce  que  leurs  au- 
teurs étaient  païens.  Dès  lors,  Grégoire 
s'adonna  sans  partage  à  l'étude  de  l'Écri- 
ture sainte  et  des  auteurs  ecclésiastiques. 
Il  reçut  les  ordres  l'an  564,  à  l'âge  de 
25  ans.  Neuf  ans  plus  tard,  il  était  déjà  de- 
venu célèbre  dans  les  Gaules  par  sa  piété 
et  par  ses  vertus,  lorsqu'il  fut,  l'an  573, 
appelé  à  l'évéché  de  Tours  :  il  avait  alors 
34  ans^ 

On  était  au  temps  des  petits- fils  de  Clo- 
vis,  c'est-à-dire  que  plus  d'un  siècle  s'é- 
tait écoulé  depuis  qu'à  l'ancienne  popu- 
lation gallo-romaine  étaient  venus  se  mê- 
ler les  peuples  germains,  francs,  visi- 
goths,  bourguignons.  Cependant  tous 
ces  éléments  sociaux  étaieut  encore  en 
fermentation  et  s'agitaient  de  mille  ma- 
nières; chacun  cherchait  à  se  faire  une 
place  aux  dépens  de  ce  qui  l'entourait  :  les 
peuples  se  froissaient;  les  rois  s'égor- 
geaient pour  se  dépouiller  ;  la  confusion 
et  la  violence  formaient  le  fonds  de  la 
société,  dans  laquelle ,  comme  on  l'a  dit, 
il  n'y  aurait  pas  eu  un  seul  élément 
d'ordre,  de  police  et  d'administration 
sans  l'épiscopat.  Les  évéques  étaient  les 
représentants  et  les  protecteurs  de  leurs 
cités,  où  ils  exerçaient  l'influence  qu'a- 
vaient perdue  les  magistrats  municipaux; 
ils  avaient  leur  place  marquée  dans  les 
conseils  du  souverain,  et  leur  paroU  fière 
et  mesurée  y  posait  souvent  la  r«gle  du 

(*)  NoQf  adoptons  ici  lei  date*  fixées  par  Lé- 
resqae  de  la  Raralicre;  il  est  bon  cependant  de 
lire  ce  qu'ont  écrit  sur  ce  sujet  le  P.  Pagi»  «<*  «»*• 
5;4,  num,  17,  et  D.  Ruinart,  daos  une  note  sur 
It  lif rc  des  Mtraeiâs  de  S,  Uartin,  U^.  u,  cU.  1. 


GRE 


(92) 


GRE 


droit  et  da  devoir  3  ils  étaient  honorés 
dans  le  monde,  où,  d'ordinaire,  leurs  lu- 
mières et  leurs  vertus  leur  attiraient  le 
respect  des  peuples.  La  vie  de  Grégoire , 
comme  on  Ta  dit  encore,  offre  un  bel 
exemple  de  cette  influence  salutaire  exer^ 
cée  par  lesévéquesau  milieu  de  ces  temps 
de  barbarie.  L'évéque  de  Tours  est  Pun  de 
ceux  qui  comprirent  le  mieux  Timpor- 
tance  et  la  sainteté  de  leur  mission  :  s'il 
siège  dans  les  conciles  ou  dans  le  conseil 
des  rois ,  il  y  fait  entendre  une  voix  cou- 
rageuse ;  s'il  est  chargé  d'une  ambassade 
ou  choisi  pour  médiateur  entre  les  rois 
francs ,  il  s'acquitte  avec  honneur  des  de* 
voirs  attachés  à  ces  titres  de  confiance; 
que  sa  ville  soit  menacée  dans  sa  tran- 
quillité ou  dans  ses  privilèges,  il  la  défend 
avec  chaleur  et  presque  toujours  avec 
succès  ;  dans  son  église ,  c'est  un  modèle 
de  piété,  piété  peu  éclairée,  si  l'on  veut, 
mais  tellement  sincère  et  charitable  qu'on 
n'éprouve  aucun  étonnement  k  trouver 
Grégoire  placé  au  nombre  des  saints. 

Grégoire  de  Tours  fut  donc  un  homme 
pieux  et  un  homme  public ,  et  ce  double 
caractère  présida  à  la  rédaction  des  ou- 
vrages qu'il  nous  a  laissés.  Son  zèle  a  ré- 
pandre la  foi  de  Jésus-Christ  le  porta 
naturellement  k  offrir  en  exemple  aux 
peuples  la  vie  et  les  miracles  des  Pères , 
des  Confesseurs,  des  Martyrs;  et  la  part 
qu'il  prit  aux  affaires  de  son  temps  l'en- 
gagea sans  doute  à  nous  transmettre  les 
faits  dont  il  avait  eu  connaissance  et 
auxquels  même  il  avait  souvent  participé. 
Les  premiers  ouvrages  de  Grégoire  de 
Tours  roulent  tout  entiers  sur  des  sujets 
appartenant  à  la  religion  ;  ce  sont  :  1**  un 
livre  de  la  Gloire  des  martyrs  ;  7^  un  li- 
vre des  Miracles  de  saint  Julien  ;  3<*  un 
livre  de  la  Gloire  des  confesseurs;  4* 
quatre  livres  des  Miracles  de  saint  Mar» 
tin;  5**  un  livre  de  la  f^ie  des  Pères; 
6*>  enfin  plusieurs  autres  ouvrages  ou  de 
peu  d'importance,  ou  qui  ne  sont  pas 
parvenus  jusqu'à  nous.  Ces  ouvrages  ont 
ûiit  placer  Grégoire  de  Tours  au  nombre 
des  Pères  de  l'Église.  Grégoire  composa 
ensuite  son  Histoire  ecclésiastique  des 
Francs^%}j^oxk  regarde  comme  la  dernière 
de  ses  cootpositions,  parce  que  toutes  les 
autres  sont  citées  dans  celle-ci.  Cette  his- 
toire peut  être  divisée  en  deux  parties  : 


•-'tî 


dans  la  première,  l'auteur  écrit  d*a]^ 
témoignage  d'écrivains  plus  ancîeiis 
près  des  traditions,  d'après  des  oui 
Cette  partie  remonte  au  oommen 
du  monde  et  finit  vers  l'an  547  de 
elle  comprend  les  trois  premiers  livrei 
THistoiredes  Francs^.  La  seconde 
écrite  d'après  ce  que  l'auteur  a 
même,  commence  à  l'an  547  et 
l'an  591  ;  elle  embrasse  environ  44  ^ÊJà 
et  remplit  les  sept  derniers  Uvrea  êm  % 
même  Histoire.  1 

Tout  le  monde  est  d'accord  sur  rSafl 
portance  historique  des  oeuvres  de  Gsif 
goire  de  Tours;  ils  se  recommandent 
tout  par  un  double  mérite  :  ils  ft 
le  principal  monument  original  qui 
fasse  connaître  les  premiers  actes  de 
nation  française,  et  la  vérité  n'y 
comme  il  arrive  si  souvent  dans  lei 
vrages  du  même  genre ,  étouffée 
amas  de  fables.  Du  reste,  nous 
pouvoir  dire  que,  pour  qui  sait  bîeo 
les  écrits  du  père  de  notre  hiHoire^ 
n'est  rien  de  relatif  a  son  tempa  qu'oa 
puisse  découvrir  ;  que  là  se  montre 
entière  la  civilisation  contemporaîiity 
dans  son  ensemble  et  dans  sa  mobile 
riété.  Que  si  l'on  veut  considérer  les  otti 
vrages  de  Grégoire  de  Tours  oonuoe  mm^ 
numents littéraires,  il  faudra  reconiiall% 
qu'une  distance  infinie  les  sépare  êm^ 
beaux  modèles  que  nous  légua  Tastf^ 
qui  té,  soit  pour  le  fond  des  pensées ,  aoU 
pour  la  forme  du  langage.  On 
le  style  lourd,  monotone,  incorrect, 
vent  barbare,  mais  quelquefois  auan 
preint  d'une  simplicité  qui  n'est  pet 
charme.  On  peut  dire  mtee  que,  si 
auteur  retrace  quelques-unes  des 
blés  calamités  de  son  temps,  œ  style 
et  monotone  semble  s'animer,  et  qoV, 
lors  il  rappelle  en  quelque  sorte  celai  iÊà 
premiers  auteurs  chrétiens. 

Les  œuvres  de  Grégoire  de  Tours,  if 
surtout  son  Histoire  des  Francs,  ont  M' 
publiées  plusieurs  fois;  mab  Féditioai 
qu'en  donna  Dom  Ruinart,  en  1699,  m 
un  vol.  in-fol. ,  fit  oublier  toutes  ki 
précédentes;  cette  édition  a  été  repro* 
duite,  pour  l'Histoire  des  Francs,  àsm 
le  grand  Recueil  des  historiens  des  Gmk 

(*)  L*aBtf ar  afaic  8  ans  ea  54;. 


GRE  (  d$ 

et  la  France.  L'Histoire  de  Gré- 
ée Tours  a  été  plusieurs  fois  tra- 
.,y«r^bédelfarolles(1668, 2  vol. 
ictartres;  mais  la  traduction  publiée 
L  Gmiaot,  dans  sa  CoUeciion  des 
Qîfts  reliiiijshV Histoire  de  France  y 
pami  les  traductions  antérieures 
%  qw  D.  Ruinart  avait  pris  parmi 
écèlents  éditeurs.  Tout  récemment, 
iété  de  FHistoire  de  France  vient 
blier  use  édition  et  une  traduction 
iUes  de  IHEListoire  des  Francs,  avec 
trait  dca  autres  ouvrages  de  Tévêque 
oms.  Cette  publication ,  due  aux 
de  MM.  Guadet  et  Taranne,  forme 


) 


GtlÊ 


I  peut  cx>iisiilter  sur  Grégoire  de 
I  et  sur  ses  ouvrages  la  préface  que 
nart  a  mise  à  la  tête  de  Pédition 
S99;  une  dissertation  appartenant 
B.  ni  de  V Histoire  littéraire  de  la 
tee;  on  Mémoire  de  Lévesque  de  la 
Eèie  imprimé  dans  la  collection  des 
dires  de  TAcadémie  deslnscriptions, 
XXVI;  une  Notice  sur  Grégoire 
mrs  placée  par  M.  Guizot  à  la  télé 
tiadaction  qu'il  a  publiée  de  VHiS" 
des  Francs  ;  la  préface  qui  accom- 
t  Féditâon  mise  au  jour  par  la  So- 
dé FHistoire  de  France,  et  enfin  les 
^es  de  deux  Allemands  :  Kries,  De 
orii  Tïironensis  episcopi  vitd  et 
er/yBreslaa,  1839,eCJ.~W.Lœbell, 
or  'von  Tours  und  seine  Zeit^  vor- 
tUch  aus  seinen  ff^erken  geschil- 
Leîpzig,  1839.  J.  G-t. 

KÉG01R£  (papes).  Seize  personna- 
e  ce  nom  ont  occupé  la  chaire  pon- 
te depuis  Fan  590,  où  le  premier  y 
levé,  jusqu'à  ce  jour,  où  elle  est  oc- 
e  par  Mauro  Capellari,  qui  prit  le 
de  Grégoire  après  son  exaltation,  en 
L 

konr  GaÊcoias  P*',  dit  le  Grand  à 
e  de  son  caractère  moral  et  de  ses 
»,  né  à  Rome,  d'une  riche  fa- 
t  patricienne,  vers  Fan  540,  quitta 
fipiité  de  sénateur  et  celle  de  pré- 
de  Rome  pour  se  retirer  dans  la 
ivie  et  mener  une  vie  religieuse. 
I  il  fat  appelé  au  secrétariat  par  le 
e  Ptiage,  et  fut  contraint  de  Faccep- 
malgré  son  amour  de  la  retraite.  Il 
>7da  au  pontife  en  590 ,  élevé  à  ce 


rang  par  le  choix  du  clergé  et  du  peuplej 
confirmé  par  l'empereur.  C'est  le  pape 
qui  a  laissé  à  ses  successeurs,  après  treize 
années  de  fonctions,  les  plus  grands  exem- 
ples de  zèle  et  de  vertu  pastorale  dans  le 
gouvernement  de  l'Église.  Il  léforma  en 
particulier  la  discipline,  l'office  divin, 
qu'il  simplifia,  le  chant  appelé  grégorien 
[voy,) ,  de  son  nom ,  et  s'occupa  surtout 
des  mœurs,  qu'il  appelait  la  science  des 
sciences^  quoiqu'il  ne  manquât  ni  d'é* 
rudition  nid^habileté.La  charité  évangé- 
lique  le  dirigeait  principalement;  lors  des 
ravages  de  la  peste,  dans  les  premières 
années  de  son  pontificat,  il  n'ordonna 
pas  seulement  des  prières,  il  distribua  des 
secours  et  paya  la  rançon  des  prisonniers 
faits  par  les  Lombards,  qui  dévastaient  la 
Romagne  et  la  Toscane.  Sa  bienveillance 
et  son  humilité  relevaient  et  animaient 
ses  actions  et  ses  discours.  Il  mourut 
Fan  604. 

Celui  qui  appelait  les  vénérables  vieil<* 
lards  ses  pères  pouvait  bien  s'intituler 
le  serviteur  des  serviteurs^  titre  depuis 
adopté  par  des  papes  qui  n'ont  pas  été 
aussi  humbles.  Il  fut  néanmoins  aussi 
ferme  que  modéré ,  et  il  désapprouva 
publiquement  le  titre  d'évéque  universel 
que  prit  le  patriarche  de  Constantinople. 
Son  zèle  pour  l'Église  était  inséparable 
de  celui  qui  le  portait  à  en  répandre  les 
maximes  morales,  où  se  trouve,  de  l'aveu 
de  notre  plus  grand  orateur,  un  juste 
tempérament  de  la  crainte  et  de  l'amour. 
Le  docte  et  pieux  auteur  espagnol  de  la 
Fie  des  Hommes  illustres  le  préfère  à 
tous  les  écrivains  ecclésiastiques  pour 
l'expression  claire  et  simple  des  vérités 
évangéliques  :  ce  fut  sans  doute  ce  qui 
contribua  au  succès  des  prédications  du 
moine  Augustin  (vo/.),  que  Grégoire  en- 
voya en  Angleterre  pour  la  propagation 
de  l'Évangile. 

La  meilleure  édition  des  œuvres  de 
Grégoire- le- Grand,  dont  on  distingue  les 
Morales  sur  Job  y  le  Pastoral  et  les 
Homélies  sur  les  Évangiles  ^  est  celle 
qu'ont  donnée  Denys  de  Sainte-Marthe 
et  Guillaume  Bessin,  Paris,  1705.  4  vol. 
in-fol.  G-CK. 

Grégoire  II  fut  élevé  au  si^e  ponti- 
fical en  7 1 5  ;  il  était  d'origine  romaine. 
Distingué  par  son  savoir,  il  avait  occupé 


GUE 

longtemps  a  Rome  les  fonctions  paisibles 
de  bibliothécaire  de  TÉglise.  Il  appor- 
ta dans  le  gouvernement  de  cette  Eglise, 
avec  les  lumières  de  l'esprit  et  une  remar- 
quable aptitttde  aux  aflaires,  une  modé- 
ration de  caractère  et  des  sentiments  po- 
litiques qui  contrastent  étrangement  avec 
les  prétentions  qui  devaient  surgir  après 
lui.  On  le  voit  intervenir  en  conciliateur 
dans  la  lutte  du  roi  lombard  Luitprand 
et  de  l'empereur  grec,  qui  se  disputaient 
ritalie;  quand  le  premier  s'empara  de  Ra- 
▼ennes,  Grégoire  II  prit  en  main  l'intérêt 
de  l'empereur,  négocia  avec  le  Lombard, 
et  le  décida  à  rendre  une  partie  des  villes 
conquises.  Ce  fut,  il  est  vrai,  à  l'Église 
qu'il  en  fit  don ,  et  le  pape  ne  refusa 
ni  n'accepta ,  soit  prudence  ou  réserve 
calculée,  soit  qu'il  doutât  sincèrement  de 
la  légitimité  du  droit  apostolique  à  ces 
dépouilles  de  l'empire. 

Grégoire  cependant  avait  de  graves  su- 
jets de  mécontentement  contre  Tempe- 
reuc  grec.  L'hérésie  des  Iconoclastes  ou 
destructeurs  des  images  se  propageait  par 
son  appui  :  le  pape  prit  d'une  main  fer- 
me la  défense  des  doctrines  et  des  déci- 
sions des  conciles. 

L'empereur  ne  répondit  à  ses  deux 
lettres  dogmatiques  sur  le  culte  des  ima- 
ges qu'en  détachant  de  TÉglise  romaine 
riUyrie,  Naples  et  la  Sicile,  pour  les  sou- 
mettre k  l'Eglise  d'Orient;  mais  le  Saint- 
Siège  répara  ces  pertes  par  des  conquêtes 
importantes  au  nord  de  l'Europe.  Boni- 
iaoe  (yox.)  poursuivait  ses  missions  en 
Germanie,  et  déjà  l'Église  romaine  com- 
mençait a  nouer  avec  la  monarchie  des 
Francs  des  relations  étroites  qui  décidè- 
rent plus  tard  les  hautes  destinées  de  la 
puissance  pontificale.  Grégoire  implorait 
l'appui  de  Charles- l^Iartel  contre  l'op- 
pression des  puissances  ennemies  entre 
lesquelles  il  était  renfermé.  Les  historiens 
byzantins  ont  accusé  ce  pontife  d'ambi- 
tion secrète  et  de  menées  perfides,  lui 
imputant  d'avoir  soulevé  contre  Tempire 
ks  villes  d'Italie;  d'autres  prétendent  au 
contraire  qu'il  ne  cessa  de  travailler  a 
réprivier  leur  révolte. 

Grégoire  II  occupa  quinze  ans  le  siège 
pontific%l  et  mourut  en  731  ;  l'Église  la 
placé ,  comme  Grégoire  I^*^ ,  au  nombre 
des  saints.  On  a  de  lui  un  ouvrage  inti- 


(  94  )  GRE 

tulé  Explanaiionum  erriestatil 
iibri  X^  Venise,  1791,  in-fol. 

GaÉGoiaE  ni  succéda  à  Grégoire  tt 
73 1 .  Il  était  d'origine  syrienne  et  dVu 
ractère  qui  contrastait  fort  avec  la 
suétude  de  son  prédécesseur.  La  si 
que  le  patient  Grégoire  II  avait  Ira* 
s'aggravait  de  plus  en  plus;laqaei«l|9Àk 
images  agitait  le  monde  chrétien  :  le  ■ÉK 
veau  pape  aborda  ces  difficultés  avee  M^ 
décision  et  une  soudaine  hardkae  dn 
la  chaire  apostolique  n'avait  pas  «Bm|| 
donné  l'exemple.  Des  lettres  de  Pem^ 
à  l'adresse  du  pontife  précédent  étui 
nues  dans  ses  mains,  il  commença 
répondre  en  termes  menaçants, 
d'ignorance  et  d'orgueil  ce  fiiutear  4^ 
nouvelle  doctrine;  puis  il  assembla  m 
concile  et  frappa  la  secte  d'une  eioM^ 
munication  dont  l'empereur  avait  sa  pflft 
Celui-ci,  loin  de  se  soumettre,  uiijM 
une  flotte  pour  lui  faire  raison  des  WBi 
révoltées  de  l'Italie  et  de  la  condaile  £ 
pontife;  mais  une  iem|)ête  la  dispentiS 
sein  de  l'Adriatique,  et  le  peuple  de  |[k^ 
venue  détruisit  le  reste  de  Texpédidif  r 
dans  un  combat  (733).  De  œ  incNM|| 
s'évanouit  à  peu  près  la  domination  gMjt^ 
que  en  Italie.  Rome  se  donna,  soas  11^ 
duence  et  la  protection  des  pontife^  ^! 
gouvernement  indépendant,  où  repan|f  ' 
sent  les  titres  des  anciennes  magistnMk  ' 
res,  les  ducs,  les  préfets,  les  patrioes;a*' 
le  nom  de  république  des  Romains,  Atf| 
sociation  républicaine,  qui  se  révcillA  Jr 
nouveau,  semble  dater  du  pontifical  f' 
Grégoire  III.  Mais  la  domination  greoqfi^^ 
en  s'éloignant ,  laissa  le  champ  libre  WÊ^ 
Lombarde,  (|ui  touchaient  aux  portMlft* 
Rome  et  menaçaient  d'absorber  daasS^ 
progrès  de  leur  puissant  état  la  petilt  ^ 
publique  pontificale.  Comme  son  préife^ 
cesseur ,  ce  fut  du  côté  des  Francs  qpp^ 
Grégoire  III  tourna  les  yeux.  Il  imploM' 
Charles-Martel  contre  la  cour  de  Byiaai||^ 
le  pressant  par  ses  amba^adeurs  de  sa  4i* 
clarer  pour  la  république  romaine  oomÊtà 
l'empereur  d'Orient;  puis  il  l'iaiplora  ^ 
core  contre  Luitprand,  roi  desLombai4^ 
qui  s'approchait  de  Rome  avec  une  Sff^' 
mée  ;  il  fit  partir  de  nouveau  deux  immmM 
qui  portèrent  au  dur  des  Francs  les  cfall 
du  tombeau  de  saint  Pierre  avec  une  la!» 
tre  qui  le  conjurait  de  ne  point  préfénc 


GBE 


(95) 


GRE 


i  àa  roi  des  Lombards  à  œlle  du 
des  apôtres.  Charles-Martel  était 
Dcopé  dans  U  Gaule  pour  soDger 
r  b  s^ierre  en  Italie;  il  se  contenta 
BÔer  près  du  Lombard  et  de  ser- 
■e  par  son  influence.  Le  moment 
pas  Tenu  d^pouser  hautement  sa 
il  liimait  ce  rôle  à  ses  succès- 


«f 


joîre  in  mourut  en  noTembre  74 1 . 
,  AT"p4  dix  ans  le  siège  aposto- 

GoniE  IV.  L^histoîre  de  ce  pon- 
a  Tan  827 ,  est  toute  concentrée 
n  événement  unique:  la  querelle 
lis-le-DébonDaire  et  de  ses  fib. 
A  le  Trai  caractère  de  son  inter- 
i  ?  Quel  jugement  faut-îl  porter  de 
laite  cians  ce  conflit  lamentable? 
torîen&  l'ont  interprétée  différem- 
^nand  les  fib  de  Louis-le-Débon- 
ï  souleTèrent  pour  la  seconde  fois 
les  nouveaux  partages  qui  atten- 
k  leurs  droits  et  marchèrent  en 
k  U  rencontre  de  rCmpereur,  le 
rréfoire  IV,  par  sa  présence  au 
d^eux,  sembla  légitimer  leur  ré- 
[^aets  étaient  les  desseins  du  pon~ 
st-oe  dans  un  but  de  conciliation 
%ait  quitté  Rome  ?  Cétait  la  pre- 
(bis  <{u^un  pape  osait  se  montrer 
Dce  sansun  appel  du  souverain.  Le 
•olennel  de  817,  consacré  par  un 
prédécesseurs,  venait  d'être  violé 
I  seconde  fois,  et  le  pontife  prenait 
in  la  défense  de  cette  constitution. 
nées  se  trouvaient  en  présence  dans 
ioes  de  Rothfeld.  Le  clergé  de  la 
était  partagé  dans  la  querelle  du 
:  des  fib.  La  plupart  des  évêques  se 
ent  du  cùté  de  r  Empereur,  et  Tap- 
a  du  pontife  fit  éclater  parmi  eux 
(lents  murmures.  Ib  se  jurèrent 
nix  de  repousser  Fintervention  du 
et  répondirent  à  ses  menaces  d'ex- 
inication  :  «  qu'il  n'avait  droit  d'ex- 
inier  personne,  ni  de  se  mêler, 
leur  volonté,  aux  affaires  de  leurs 
,  et  que,  s'il  était  venu  pour  ezcom- 
r,  il  s'en  retournerait  excommunié 
me.  i'  Grégoire,  après  un  moment 
ation  et  d'effroi,  reprit  courage  et 
tson  rôle  avec  fierté.  Il  leur  écrivit 
4>ur  que  leur  menace  de  déposition 


était  absurde,  n'ayant  pour  motif  qu'une 
démarche  qui  les  contrariait,  et  non  un 
crime,  tel  que  sacrilège,  homicide  ou 
larcin  ;  il  se  plaignait  encore  de  ce  qu'ils 
l'avaient  qualifié  dey>v/vetnon  depère^ 
comme  ib  le  devaient.  Les  armées  étaient 
prêtes  à  en  venir  aux  mains,  tt  le  pape 
n'était  pas  venu  sans  doute  pour  rester 
le  témoin  impassible  de  cette  lutte  sacri- 
lège, n  se  rendit  auprès  de  Louis- le-Dé- 
bonnaire  et  y  resta  plusieurs  jours  ;  mab 
à  peine  eut-il  quitté  sa  tente  que  l'armée 
de  l'Empereur  se  dbpersa  ;  elle  s'écoula 
comme  un  torrent  vers  sesjilt.  Cette  dé- 
fection, dont  le  théâtre  fut  appelé  champ 
du  mensonge  fut-elle  l'ouvrage  du  pon- 
tife ?  fut-il  trompé  lui-même  pendant  la 
durée  de  sa  négociation  ?  Ceux  qui  l'a- 
vaient mb  en  avant  abusèrent  peut-être 
de  sa  présence  et  de  son  nom.  Si  l'on  re- 
garde à  ses  antécédents ,  on  a  peine  à 
l'impliquer  dans  cette  perfide  manœu- 
vre :  c'est  contre  son  gré  qu'il  avait  été 
porté  au  trône  apostolique,  de  simple 
prêtre  qu'il  était  dans  l'église  des  mar- 
tyrs saint  Côme  et  saint  Damiens,  et  l'on 
chercherait  en  vain,  dans  le  reste  de  sa 
vie  apostolique,  un  autre  exemple  de 
politique  artificieuse  et  d'ambition.  Il  ne 
tarda  pas,  du  reste,  a  se  repentir  de  son 
voyage  et  de  la  part  qu'il  avait  eue  aux 
infortunes  du  vieil  empereur.  A  en  croire 
l'historien  Nithard,  U  reprit  la  mute  de 
Rome  plus  tard  qu'il  n'eût  voulu.  Il  in- 
stitua, en  835 ,  la  fête  de  tous  les  saints, 
et  mourut  en  844. 

Grégoire  V.  L'époque  la  plus  confuse 
et  la  plus  triste  de  Thistoire  pontificale 
est  celle  où  les  médiocres  successeurs 
d'Othon-le-Grand,  continuant  l'œuvre 
d'asservissement  du  Saint-Siège  et  de  l'I- 
talie, disputaient  aux  ambitions  locales 
le  choix  et  la  tutelle  des  pontifes. 

Le  x^  siècle  et  le  commencement  du 
XI*  sont  pleins  des  violences  et  des  oscil- 
lations de  ce  long  schisme  ;  mais  le  con- 
flit, avant  d'atteindre  au  caractère  de  gran- 
deur que  Grégoire  VII  lui  imprima,  se 
traîna  longtemps  à  travers  les  plus  pro- 
fanes et  les  plus  honteuses  intriguei. 

Le  consul  Crescentius  luttait  a  Rome 
contre  la  faction  impériale;  l'intérêt  de 
son  ambition  se  trouvait  rallié  à  celui 
de    l'indépendance   italienne.    Le   pape 


ÔRË 


(96) 


ÛRË 


Jean  XVI  avait  été  chaMé  par  le  consal; 
il  réclama  raîde  derEinpcreiir,dont  il  était 
la  créature,  et  Othon  III  aocounit  d*Al- 
lemagDC  pour  lui  faire  rouvrir  les  portes 
de  Rome;  mais  ce  pontife  mourut,  et  l^m- 
pereur  lui  donna  pour  successeur  un  de 
de  ses  parents,  Brunon,  fib  d*Olhon,  duc 
de  la  France  rhénane;  il  le  fit  pape  sous 
le  nom  de  Grégoire  V,  en  996.  Cet  étran* 
ger,  imposé  par  une  influence  qui  le  re* 
commandait  mal  à  raffection  des  Ro- 
mains, se  rendit  plus  impopulaire  encore 
par  sa  morgue  féodale  et  sa  rudesse  ger- 
manique; il  fut  chassé  peu  d'années  après, 
et  Crescentius  lui  donna  pour  successeur 
le  Grec  Philagalhus ,  évéque  de  Plai- 
sance (997);  mais  FEmpereur  accourut 
de  nouveau  et  Tantipape  s*enfuit  à  son 
approche.  Il  eut  le  malheur  d'être  pris 
par  les  Impériaux  qui  le  mutilèrent 
cruellement;  ils  lui  coupèrent  le  nez  et 
la  langue.  Grégoire  V  rentra  dans  Rome 
au  milieu  des  troupes  allemandes,  et  saint 
Nil  accourut  du  fond  de  la  Calabre  pour 
intercéder  en  faveur  du  malheureux  Phi- 
lagathus.  L'Empereur  pardonna ,  maû 
Grégoire  demeura  inflexible:  il  fit  placer 
son  rival  sur  un  âne,  le  visage  tourné 
vers  la  queue,  et  ordonna  qu'il  fût  pro- 
mené par  la  ville  au  milieu  des  insultes; 
pub  il  se  le  fit  amener,  lui  déchira  ses  ha- 
bits et  le  fit  expirer  dans  de  grandes  tor- 
tures. Cette  conduite  implacable  attira 
sur  le  pape  les  malédictions  du  saint  dont 
les  prières  n'avaient  pu  le  fléchir  :  aussi 
les  chroniqueurs  ecclésiastiques  font*ib 
remarquer  que  ce  pape  mourut  l'année 
suivante,  en  999,  étant  encore  à  la  fleur 
de  l'âge;  il  avait  37  ans. 

C'est  un  (ait  assez  digne  de  remarque 
que  ce  pape  aux  inclinations  violentes 
et  mondaines,  à  l'éducation  toute  féo- 
dale, parait  avoir  pris  au  sérieux  sa  pub- 
sance  spirituelle.  C'est  ce  farouche  jeune 
homme,  qui  ne  devait  la  tiare  qu'à  un 
caprice  de  son  cousin  l'Empereur,  qui  osa 
excommunier  le  roi  de  France,  le  bon  et 
pieux  Robert  ;  c'est  d'une  telle  main  que 
parti*  Tanathème  qui  jeta  tant  d'épou- 
vante dans  le  monde  chrétien. 

G AK'x>iaR  VI  [Jean  Graticn\  natif  de 
Rome,  prit  possession  du  Saint-Siège  en 
1044.  La  papauté  et  les  plus  hautes  dt- 


domaine  des  prétention!  féodales  et  cli 
naient  la  conquête  des  plus  indignes  ai 
tions.  Un  enfant  de  dix  ana^  de  la  poiv 
maison  des  comtes  deTusculum,  avail 
placé  sur  la  chaire  de  saint  Pierre  p« 
brigues  de  ses  parents  qui  l'y  maintin 
près  de  quinze  années.  Trob  fon  il  e 
été  chassé  de  Rome  qu'il  rempluMl 
ses  désordres  et  de  ses  crimes.  Le  | 
Victor  ni,  son  contemporain,  ■■ 
{Dialog.,  liv.  lU)  qu'il  vendit  le  pontii 
à  un  archiprétre  Jean  qui  lui  en  con 
une  forte  somme;  que  ce  Jean  néanna 
passait  dans  la  ville  pour  un  des  m 
leurs  ecclésiastiques,  et  que,  tandis 
Benoit  IX  habitait  des  maisons  de  | 
sance,  Jean  gouverna  l'Église  deux  ai 
trob  mois,  sous  le  nom  de  Grégoire 
jusqu'à  l'arrivée  de  Henri  m,  roi  d* 
lemagne. 

Le  désordre  était  devenu  ai  graa 
Rome  et  dans  les  provinces  apostolii 
que  le  nouveau  pape  employa  vainea 
d'abord  les  voies  de  douceur,  pnii 
armes  spirituelles,  pour  rétablir  la  pai 
rendre  à  l'I^lise  les  domaines  qu 
avait  perdus.  Il  en  vint  bientôt  à 
moyens  de  répression  plus  énergîqoei 
employa  le  temps  de  son  court  pontii 
à  combattre  en  personne  à  la  tète  de 
troupes.  Mab  l'empereur  Henri  H 
déposa  comme  simoniaque,  ainsi  qm 
deux  compétiteurs  les  papes  Benoit 
et  Sylvestre  III.  L'Empereur  l'emn 
avec  lui  en  Allemagne,  où  il  finit  ses  je 

Quelques  auteurs  nous  donnent  ce 
liqueux  pontife  comme  fort  ignort 
mab  d'autres  assurent  qu'il  avait 
un  des  maîtres  d'Hildebrand,  qui  n 
sa  mémoire  en  honneur  et  rétablit 
nom  dans  la  série  des  papes. 

GaÉcoiRE  Vn.  Le  pape  Jean  Gral 
en  quittant  l'Italie  pour  aller  vivre  < 
l'exÛ  que  lui  assignait  TEmpereur,  « 
mena  avec  lui  un  jeune  homme  doi 
avait  dirigé  naguère  les  premières  < 
des  :  on  l'appelait  Hildebrand,  Q 
que  ce  nom  indique  une  ancienne 
gine  allemande ,  il  était  né  dans  la 
de  Soane,  en  Toscane,  où  son  ; 
était  charpentier.  A  Rome,  où  il  p 
selon  toute  apparence ,  une  partie  d 

I  jeunesse,  il  avait  eu  sous  les  yem 
brigues  et  tous  les  scandales  qui  avi 


GRE 


(91) 


GRE 


fes  demicn  règiMi.  Il  s'élei- 
knt  avec  regret,  attaché  par  la 
■Bee  à  la  fortnne  de  son  ancien 
s  exilés  trayers^nt  la  France 
«nt  à  Cluny.  Aa  sein  de  cette 
«te,  soumise  à  la  règle  la  plus 
ild^rand  montra  de  telles  dis- 
^oor  la  TÎe  da  dottre  et  im- 
Igré  sa  jeunene,  un  tel  ascen- 
ir  de  loi  qu'il  fut  bientôt  élu 
sb  son  influence  ne  resta  pas 
i  confinée    dans  Fétroite  en- 


Tenr  Henri  DDE  arait  ressaisi  le 
Bomiiier  seul  au  Saint-Siège,  et 
s  de  son  choix  s'y  étaient  succé- 
d^tenralle.  Le  dernier,  Bruno, 
le  Toul ,  Allemand  d'origine  et 
I  maison,  s'arrêta  à  Cluny,  en  se 
en  Italie.  Telle  fut  sur  lui  l'au- 
la  parole  d'Hildebrand  qu'il  dé- 
par  ses  aTis,  les  insignes  pontifi- 
er se  rendre  à  Rome  sous  l'hahit 
rÎB,  ne  tenant  son  élection  pour 
fa'antsnt  que  le  peuple  et  le  clergé 
se  Fannient  ratifiée. 
H^  l'Église  empirait  de  jour  en 
csBcnirs  primitives  et  son  esprit 
iK&tdansune  société  farouche  dont 
Mt  pu  triompher.  Une  réforme 
te  et  hardie  était  l'espérance  de 
tqui  restait  d'âmes  fortes  et  pures. 
le  quel  côté  pouvait-on  l'attendre, 
Petit  d'abaissement  où   le  Saint- 
était  descendu?  Le  trouble  et  le 
tre  n'avaient  été  nulle  part  aussi 
iqo'aa  faite  même  de  l'Églbe.  Le 
ir  religieux  s'était  divisé,  isolé,  à 
pie  des  pouvoirs  temporels.   On 
it  pas  que  l'esprit   d'Hildebrand 
>lé  longtemps  devant  ce  difficile 
■e.  Son  premier  pas  marque  un 
et  no  parti  déjà  bien   pris,  une 
ette  et   hardie   de    la  voie    qu'il 
ioiTre.  Rendre  avant  tout  à  i'É- 
I  pouvoir  unique  et  sans  contrôle, 
lir  la  source  à  Tabri  des  caprices 
ttteinte  du  pouvoir  temporel,  le 
ter  devant  le  monde  par  l'indé- 
œ,  et  le  constituer  assez  fort  pour 
r  à  la   société  barbare  les  hauts 
de  la  communauté  chrétienne, 
sscr  de  l'Église  redevenue  uni- 
tout  ce  qui  s^y  était  introduit 

yciop,  d,  G.  d,  M.  TomeXJII. 


d'étranger  :  c'est  là  sans  doute  ce  qu'avait 
déjà  rêvé  le  moine  de  Cluny  dans  la  paix 
et  la  sécurité  du  cloître,  avant  d'être  à 
portée  de  conduire  à  fin  de  pareils  plans. 

L'évêque  Bruno,selon  les  conseils  d'Hil- 
debrand, avait  soumb  son  élection  aux 
suffrages  de  l'Église  de  Rome.  Consacré 
sous  le  nom  de  Léon  IX ,  il  appela  bien- 
tôt près  de  lui  le  prieur  de  Cluny,  et  le 
fit  cardinal.  Ce  pontife  commença  le  tra- 
vail de  la  réforme  avec  un  zèle  où  l'on 
reconnaît  l'influence  et  les  inspirations 
évidentes  d'Hildebrand.  Des  conciles  con- 
voqués à  Rome,  à  Reims,  à  Mayence,  où 
le  pape  lui-même  se  rendit ,  abordèrent 
toutes    les  graves    questions  que   faisait 
naître  l'état  de  l'Église.  Les  empiétements 
de  l'autorité  laïque  sur  le  pouvoir  spiri- 
tuel, le  relâchement  de  la  vie  monastique, 
le  concubinage  des  prêtres ,  et  enfin  la 
vente  des  dignités  ecclésiastiques  et  leur 
collation  par  les  princes  (ce  qui  remplis- 
sait rÉglise  de  leurs  créatures  et  viciait 
son  esprit  et  ses  institutions  par  l'intro- 
duction des  pratiques  et  de  la  dépendance 
féodales):  c'étaient  là  des  abus  presque 
universels  que  l'usage  et  le  temps  avaient 
consacrés. 

Léon  IX  mourut  après  six  ans  d'un 
règne  actif,  et  Hildebrand  fut  député 
vers  l'Empereur  par  le  peuple  et  le  clergé 
de  Rome  pour  le  faire  consentir  au  choix 
du  nouveau  pape.  La  bonne  harmonie 
qui  s'était  rétablie  entre  les  deux  pouvoirs 
fit  préférer  sans  doute  cette  voie  de  con- 
ciliation et  de  ménagements.  Hildebrand 
proposa  Tévêque  Gebhard,  l'Empereur 
de  son  côté  présenta  ses  candidats;  mais 
le  négociateur  résista  et  finit  par  faire  pré- 
valoir son  choix.  Le  nouveau  pape  fut 
consacré  (1055)  sous  le  nom  de  Victor  H, 
après  une  élection  régulière  à  Rome,  dans 
la  forme  et  selon  les  vues  apostoliques;  ce 
qui  réduisit  aune  simple  formalité  le  con- 
sentement de  l'Empereur. Victor  n  pour- 
suivit les  réformes  de  son  prédécesseur. 
Il  assembla  des  conciles,  envoya  Hilde- 
brand en  France,  où  de  grands  désordres 
troublaient  l'Église,  et  qu'agitait  eacore 
l'hérésie  de  Bérenger  {voyj).  Le  p*pe  et 
l'Empereur  vinrent  à  mourir  alors;  Hilde- 
brand était  absent,  et  l'élection  se  fit  sans 
ses  conseils.  Ce  fut  sur  un  ennemi  de  l'Em- 
pereur, Frédéric,frère  deGodefrov  deLor- 


GRE 


(98) 


GRË 


raine)  que  tomba  le  choix  du  clergé.  Cette 
brusque  conduite  pouvait  tout  compro- 
mettre et  engager  la  lutte  avant  le  temps. 
Hildebrand  se  fût  contenté  sans  doute  de 
faire  un  pas  de  plus  pour  détourner  da- 
vantage IVlection  du  principe  qu^il  vou- 
lait ruiner  par  degrés.  Mais  le  nouveau 
pape,  Etienne  IX,  mourut  presque  aussi- 
tôt (1058).  On  dit  quMl  avait  recommandé 
à  son  lit  de  mort  qu^on  attendit  le  retour 
d^Hildebrand  pour  lui  donner  un  succes- 
seur ;  mab  les  puissants  comtes  de  Tus- 
culum  ne  tinrent  compte  de  sa  volonté  : 
ib  poussèrent  au  trône  apostolique  un 
évéque  de  Vellétri ,  leur  créature  ,  qui 
s^était  aidé  de  son  or  pour  y    parvenir 
et  qui  s*y  maintenait  par  la  force.  Hilde- 
brand accourut  d^ Allemagne  à  la  nou- 
velle de  ces  désordres  qui  présageaient  le 
retour  de  ces  jours  honteux  où  le  ponti- 
ficat dépendait  des  caprices  d'une  Marosie. 
Il  arriva  appuyé  par  TAllemagne ,  et  fit 
élire  Tévéque  de  Florence  (Nicolas  II), 
dans  une  assemblée  tenue  en  Toscane.  La 
situation  était  délicate  :  on  avait  besoin 
de  l'Empereur  pour  écarter  Tanti-pape 
(voy.  Benoît  IX.),  les  circonstances  vou- 
laient qu'on  le  ménageât  ;  on  députa  vers 
lui  pour  obtenir  la  confirmation  du  choix 
qu*on  venait  de  faire.  L'acte  le  plus  im- 
portant de  ce  règne  fut  l'adoption  d'un 
nouveau  mode  d'élection  pontificale.  Le 
bas  clergé,  par  son  manque  de  lumières 
et  sa  corruption,  se  montrait  peu  digne 
d'exercer  tant  d'influence;  le  peuple  ve- 
nait de  prouver,  par  son  dernier  choix , 
que  l'intrigue  et  l'or  ne   pouvaient  que 
trop  sur  son  suffrage.  Voici  le  remède 
qu'on  adopta  sur  l'avis  d'un  conseil  tenu 
par  113  évéques.  «  Nous  ordonnons,  dit 
le  nouveau  décret,  que,  le  pape  venant 
à  mourir,  les  évéques-cardinaux  avant 
tous    traitent  entre  eux  de  l'élection  , 
qu'ils  y  appellent  après  les  clercs-  car- 
dinaux, et  que  le  peuple  et  le  clergé  en- 
suite y    apportent   leur   consentement, 
prenant  garde  surtout  que  le  poison  de 
la  vénalité  ne  se  glisse  quelque  part.  Que 
les  hommes  les  pluH  pieux  dirigent  l'élec- 
tion et  conduisent  les  autres  ;  que  ce  soit 
dans  l'cr^lise  de  Rome  que  l'on  choisisse 
d'abord,  i"i\  s'y  rencontre  un  sujet  assez, 
digne;  sinon,  que  l'on  prenne  daosqucl- 
gae  autre,  lauf  l'honneur  qui  est  dû  à 


notre  cher  fils  Henri,  présentement 
Si  quelqu'un  est  élu  ou  intronisé  au  i 
de  ce  statut,  qu'il  aoit  anathémat 
déposé  avec  ses  complices,  qu'il  ao 
jeté  comme  l'Antéchrist;...  qu'ils 
nombre  des  impies  qui  ne  ressusci 
point  au  jour  du  jugement;...  que  le 
roux  des  apôtres  saint  Pierre  et  saint 
dont  il  ose  troubler  l'Église,  le  pou 
dans  cette  vie  et  dans  l'autre;  que  i 
meure  soit  déserte  et  que  personne 
bite  dans  sa  maison,  etc.  » 

L'établissement  des  Normands  ai 
de  l'Italie  vint  donner  au  Saint-Si^ 
auxiliaires  d'un  puissant  secours.  I 
litique  romaine,  dont  Hildebrand 
en  main  tous  les  ressorts,  fit  servii 
alliance  nouée  avec  tant  de  dexU 
tenir  l'Allemagneen  respect.Elleret 
d'abord  à  châtier  l'aristocratie  roi 
Une  armée  normande  appuya  les 
mations  des  pontifes  dans  la  Cam 
sur  les  territoires  de  Préneste,  de  ' 
luiu,  et  fit  rendre  au  domaine  di 
Pierre  les  possessions  que  la  violei 
avait  arrachées. 

Nicolas  II  mourut  (1061)  aprè 
ans  de  règne,et  ce  fut  encore  une  oc 
de  troubles.  La  question  était  < 
voir  si  le  nouveau  mode  d'élection 
accepté  et  passerait  en  coutume.  L 
dinaux  choisirent  Anselme,  évéq 
Lucques,  qui  prit  le  nom  d'Alexai 
(voy.  ;  mais  la  noblesse  romaine 
partie  du  peuple  résistèrent,  et  s 
sèrent  à  l'Empereur,  qui  convoqua 
une  assemblée  d'évèques  attaché 
cause.  Les  canons  de  Nicolas  H  y 
attaqués  avec  violence,  et  Tévéc 
Parme,  Cadalous,  y  re<^ut  de  leurs 
la  papauté.  Comme  la  plupart  des  c 
lombards,  alors  en  guerre  ouver 
l'autorité  apostolique  et  livrés  à  U 
excès  que  la  réforme  poursuivait,  l' 
Cadalous  (Honorius  II),  ne  jouix' 
de  la  plus  sainte  renommée.  PI 
textes  le  qualifient  d'homme  vil, 
tacle  de  vices  et  de  péchés.  Si  r£{ 
Rome  eût  plié  dans  cette  circonsti 
eôt  laissé  périr  l'autorité  des  décre 
laissant  imposer  un  tel  chef,  c'< 
fait  de  son  indépendance;  elle  eÙL  r 
en  un  instant  tout  le  terrain  qu' 
braod  lai  aTait  conquis.  Aussi  œ 


GRË 


(S9) 


6re 


I  à  £ûre  confirmer  Télectioii 
e  n.  Ce  pape  prit  pour  chan- 
mne  dont  Taotorité  décidait 
goaTemementde  l'Église.  Ca- 
kBcai  avec  one  année  impériale 
portes  de  Rome,  où  les  deux 
Tinrent  aux  mains  après  s*étre 
iés.  Les  Allemands  et  leur  pape 
en  fuite.  Le  jeune  Empereur 
ât  à  rinflnenoe  de  sa  mère  et 
la  garde  de  rarchevéque  de 
nnon  (Hannon),  qui  provoqua 
■ibiée  de  Goslar  la  reconnais- 
exandre  IL 

rand,  plus  puissant  que  jamab, 
X  toute  Tardeur  dont  il  était 
guerre  entreprise  au  sein  de 
l  poursuiTit  la  simonie  et  les 
sts  du  clergé  en  Lombardie,  à 
au  mont  Cassin .  Il  se  rencontre 
époque  de  la  vie  d^Hildebrand 
loot  il  faut  tenir  compte  pour 
itioa  de  son  caractère  :  c'est  sa 
avec  Fun  des  hommes  les  plus 
5  plus  sévères  de  son  temps ,  le 
^rre  Damien.  Unis  longtemps 
lémfs  Tues,  tendant  de  cœur  au 
it,  ils  tombèrent  en  désaccord 
que  point  qui  reste  obscur,  et 
timent  éclate  en  amères  invectl- 
les  écrits  de  l'éloquent  évéque. 
èoouragé,  il  avait  sollicité  sa  re- 
rêiçDé  Tévéché  d'Ostie  :  Tinfa- 
lildebrand  s'y  était  opposé  avec 
en  gourmandant  son  ami  de  ce 
criait  son  poste.  Voici  ce  que 
écrirait  à  ce  sujet  :  «  Peut-être  ce 
tteur  Hildebrand),  qui  m'a  tou- 
ÎDt  de  sa  compassion  d^un  Néron, 
aiguillonné  en  me  souffletant, 
pour  ainsi  dire  caressé  avec  des 
igle,  se  plaindra  de  moi  en  di- 
ovez!  il  cherche  un  coin  pour  se 
i  sons  prétexte  de  pénitence  et 
ification,  il  s'eflorce  de  quitter 
chcrcbe  la  fraîcheur  de  l'ombre 
|ue  les  autres  se  précipitent  au 
Mais  je  dirai  à  mon  saint  Satan 
»  cniants  de  Ruben  et  de  Gad 
est  à  Moïse,  leur  chef  :  Nous 
iaa  combat,  ceints  et  armés,  de- 
ib  d'Israël,  jusqu'à  ce  que  nous 
conduits  à  leur  demeure.  »  Il 
»,  «  s'il  a  renoncé  au  monde^ 


c'est  qu'il  ne  pouvait  plus  vivre  avec  ceux 
dont  les  mœurs  s'éloignaient  si  étrange- 
ment des  siennes.  »  On  peut  lire  encore 
l'adresse  d'une  lettre  en  ces  mots  :  «  Au 
fléau  Assur,  Hildebrand,  de  la  part  de 
Pierre.  »  Le  principe  de  cet  antagonisme 
tiendrait-il  simplement  à  quelque  démêlé 
personnel?  Les  idées  de  ces  deux  hommes 
sur  Tétat  et  les  besoins  de  l'Église  con- 
cordaient assez,  en  général,  mais  l'in- 
fluence souveraine  d'Uildebrand  pouvait 
porter  aussi  quelque  ombrage  secret  au 
pieux  évêque ,  plus  propre  à  dénoncer 
éloquemment  les  maux  et  les  scandales 
du  temps  qu'à  y  porter  le  remède  d'une 
main  vigoureuse.  II  se  pourrait  encore  que, 
dans  le  contact  des  affaires,  celui  qui  y 
avait  le  premier  rôle  eût,  par  la  roideur 
de  sa  conviction,  l'âpreté  de  ses  volontés, 
froissé  la  vive  et  irritable  susceptibilité 
de  Pierre  Damien. 

Mab  Hildebrand  touchait  à  l'instant 
décisif  de  sa  vie.  Alexandre  II  mourut,  et 
celui  qui  dictait  ordinairement  les  choix 
se  trouva  porté  lui-même  au  trône  d'un 
mouvement  général  et  soudain  (1073). 
Il  ne  consentit  qu'avec  peine  à  son  élé- 
vation. Les  contemporains  assurent  qu'il 
était  ce  jour-là  en  proie  à  de  grands  com- 
bats. On  comprend  que  son  regard  se 
troublât  devant  l'immensité  et  les  périls 
d^une  tâche  que  personne  ne  connaissait 
mieux  que  lui;  il  fallait  marcher  à  dé- 
couvert, répondre  de  tout  ce  que  les  cir~ 
constances  pouvaient  exiger.  Il  affirme 
qu'il  n'avait  pas  souhaité  la  tiare  :  on  doit 
l'en  croire,  car  son  ambition  aurait  pu  se 
satbfaire  plus  tôt\ 

L'histoire  du  pontificat  de  Grégoi- 
re Vn  (nom  qu'Hildebrand  choisit  par 
un  pieux  souvenir  de  son  ancien  maître), 
est  rhistoire  politique  et  religieuse  de 
TEurope  pendant  ce  temps.  Ce  serait 
donc  ici  le  lieu  de  jeter  un  regard  sur 
la  vaste  scène  que  l'activité  de  Grégoire 
allait  remplir;  mais  il  serait  difficile  d^em- 
brasser  ici  tout  ce  vaste  horizon. 

(*)  Oa  lit ,  dans  an  historien  postérieur  de 
deux  siècles,  qae  Grégoire  le  lendemain  de  soa 
élection ,  après  arotr  réfléchi  snr  les  linogert 
qai  renriroonaieot,  enroja  deux  légats  à  r£ai- 
pereor  poar  Tinformer  dn  choix  qo'on  renaît 
de  faire  et  poor  le  conjurer  d'y  mettre  obstacle  ; 
nuis  aocoiM  trace  de  ce  fait  ne  se  rencontre  dans 
les  lettref  et  les  écrits  «oatemporaiiu* 


GhE 


(lOO) 


GRE 


Li  pensée  des  croisades  (voy.)  était 
déjà  dans  cette  forte  tête,  et,  dès  la  se- 
conde année  de  son  pontificat,  il  travailla 
k  la  faire  adopter  de  tous  les  princes 
chrétiens.  Il  écrivait  à  Tempereur  Hen- 
ri IV  (  1074)  :  «  Je  vous  avertis  que  les 
chrétiens  d*outre-mer,  persécutés  par  les 
païens  et  pressés  pai*  la  misère  qui  les  ac- 
cable, ont  envoyé  vers  moi,  me  priant 
humblement  de  les  secourir  ainsi  que  je 
le  pourrais,  et  d*empécher  chez  eux  la 
ruine  entière  de  la  religion  chrétienne. 
J^en  sub  pénétré  de  douleur  jusqu'à  dé- 
sirer la  mort  et  exposer  ma  vie  pour  eux, 
plutôt  que   de  commander  à  toute   la 
terre,  en  négligeant  de  les  secourir.  C'est 
pour  cela  que  je  travaille  à  exciter  tous  les 
chrétiens  et  à  leur  persuader  de  donner 
leur  vie  pour  leurs  frères,  en  défendant 
la  loi  du  Christ,  et  de  montrer  aussi  clair 
que  le  jour  la  noblesse  des  enfants  de 
Dieu.  Déjà  les  Italiens  et  ceux  d'au-delà 
des  monts,  inspirés  de  Dieu,  comme  je  le 
crois,  ont  reçu  de  bon  cœur  cette  exhor- 
Ution.  Déjà  plus  de  50,000  fidèles  se 
préparent  à   cette  entreprise,   et,  s'ils 
peuvent  m'avoir  pour  chef,  à  marcher  à 
main  armée  contre  les  ennemis  de  Dieu, 
et  pénétrer  jusqu'au  sépulcre  de  Notre 
Seigneur.  Ce  qui  m'excite  encore  puis- 
samment à  cette  entreprise,  c'est  que  TÉ- 
glisc  de  Constantinople,  séparée  de  nous 
au  sujet  du  Saint-Esprit,  attend  sa  ré- 
conciliation avec  le  Siège  apostolique. 
Les  Arméniens  aussi  se  sont  écartés  pres- 
que tous  de  la  foi  catholique ,  et  la  plu- 
part des  Orientaux  attendent  que  la  foi 
de   l'apôtre  Pierre  décide    entre   leurs 
croyances  diverses...  Et  comme  nos  pères, 
dont  nous  voulons,  quoique  indignes,  sui- 
vre les  traces,  ont  souvent  visité  ces  con- 
trées pour  le  triomphe  de  la  foi  catholi- 
que, et  aidés  par  les  princes  de  tous  les 
chrétiens ,   si   Dieu  nous  en  ouvre    le 
chemin,  nous  sommes  tenus  d*y  passer 
pour  la  défense  de  la  même  foi.  Mais 
comme  une  si  grande  chose  veut  de  sé- 
rieux  conseils  et    de  puissants  secours 
(  car  a  je  fais  ce  voyage  avec  l'aide  de 
Dieu,  c'est  à  vous,  après  Dieu,  que  je  con- 
fierai l'Église  romaine,  afin  que  votu  la 
gardiez  comme  une  mère  sainte  et  pré- 
serviez soa  honneur),  faites-moi  con- 
noiire  êu  plnMoi  ce  qu'il  vous  semble  de 


ce  projet  et  ce  que  l'inspiration 

suggère  à  votre  prudence*...»  Bi 

affaii-es  d'Europe  ne  permirent  pi 

tempsàGrégoire  d'appliquer  sa  p 

ce  grand  projet.  Il  était  inévitable 

guerre  éclatât  entre  les  deux  poi 

l'autorité  temporelle  ne  pouvait 

ser  désarmer  sans  résistance  et  san 

L'empereur  Henri  IV  (voy.), 

une  minorité  orageuse,  n'avait  gu 

bi  d'influence  propre  à  modérer  I 

naturelle  de  ses  passions,  et  déjà, 

pontificat  de  Nicolas  II,  les  écart 

vie  domestique  lui  avaient  attiré  J 

sures  de  Rome.  Les  désordres  d^ 

par  les  derniers  conciles  n'en  avai 

moins  leur  cours  ;  les  défenses  for 

les  anathèmes  restaient  sans  effet. 

pereur  abusait  plus  que  jamais  d 

d'octroyer  et  de  vendre  les  haute 

ges  ecclésiastiques,  et  jamab  le  si 

des  choix  n'avait  donné  prise  à  do 

tes  plus  légitimes.  Grégoire  laissa 

les  premières  atteintes  sans  faire  < 

une  patience  prudente,  un  dési 

marqué  de  conciliation  caractérise 

bord  ses  relations  avec  l'Empereui 

bientôt  à  s'en  applaudir.  Une  le 

Henri ,  implorant  sa  clémence,  vt 

surer  de  son  repentir  et  de  sa  soun 

Malheureusement  cette  lettre  était 

par  les  circonstances  :  la  Thurinj 

Saxe  s'étaient  insurgées,  et  Henri 

chait  partout  des  appuis  ;  mab  qi 

vit   sous  ses  pieds  les  deux   pn 

vaincues,  il  reprit  avec  Rome  son  a 

hautaine  et  provoquante.  Il  exigea 

position  des  prélats  saxons  et  non 

nouveaux  évêques  ;  des  protestatic 

levèrent  dans  le  sein  des  villes  coi 

investitures  scandaleuses.  Cologne 

leva  et  repoussa  un  desservant 

que  l'Empereur  avait  tiré  de  sa  cl 

pour  en  faire  on  archevêque.  Le 

provoqué  par  tant  d'actes  hosti 

plaignit  plus  haut  et  mêla  à  des  r 

trances  énergiques  une  menace  dV 

munication  ;  il  somma  l'Empereur 

légats  de  comparaître  à  Rome  dev 

concile  et  de  s'y  justifier  (1076). 

L'Empereur,  pour  toute  réponse 
sa  les  légats  et  convoqua  à  ÂVorn 
assemblée  d'cvèques  dévoués  à  sa 

n£>iif.,ll,3i. 


GRE 


(101) 


GUE 


^laseon  d'entre  etu  étaîeDt  interdits  ou 
Grégoire  Vil  y  fut  attaqué 
;  des  crimes  de  toute  nature, 
k  mann,  la  simonie^  Fadultère,  le  sa> 
ci3^  hi  furent  imputés,  et  rassemblée 
déposition  que  l'Empereur 
le  premier.  L«s  érèques  lomliards, 
ks  dispositions  étaient  connues, 
t  aTec  joie  à  cet  acte  auda* 
ôbb;  mais  à  Rome  il  reçut  un  tout  au- 
feciemeil.  Grégoire  arait  convoqué  un 
Ridk  où  le  messager  de  TEmpereur  se 
yiéKota  :  quand  il  eut  parlé,  le  préfet  de 
et  ses  soldats  tirèrent  leurs  épées; 
le  saura  en  le  couyrant  de  son 
;  puis  il  ouvrit  ses  lettres  et  les  lut 
TCHX.  IJ*ane  d^elles  lui  était  ainsi 
:  «  Henri,  roi ,  non  par  usurpa- 
par  ordre  de  Dieu,  à  Hilde- 
&nx  moine  et  non  pape.  »  Cè- 
ne longue  et  violente  invective  dont 
<|uelques   traits:  « Tu  es  par- 
an  pontificat  par  Tastuce  et  la 
Innde,  par  toutes  les  voies  que  la  reli- 
poB  réfârouve  :  par  Tor,  tu  as  (pgné  la 
bvenr  dn  peuple  ;  par  cette  faveur,  tu 
as  acquis  une  puissance  de  fer  ;  par  cette 
,  tu  es  monté  sur  le  siège  de 
et  tu  as  troublé  la  paix  de  ce 
néfc  en  armant  les  sujets  contre  leurs 
ckèb,  etc..  Comme  tu  ne  crains  pas 
Diea,  tu  ne  m'honores  pas,  moi  qu'il  a 
coustitné   roi.    Puisque  tu  es  frappé 
d*anathèine  et  condamné  par  le  juge- 
■cBt  de  tous  nos  évêques  et  par  le 
BÔtre,  descends!»  Grégoire  répondit 
m  exposant  sa  conduite  et  ses  desseins; 
loate  rassemblée  jura  de  lui  rester  (idcle 
tf  demanda  d^une  voix  unanime  Fexcoro- 
■naicatîon  du  tyran.  Alors  le  pontife  se 
k«a  et  prononça  l'anathème  dans  ces 
tone»  soienneb  et  si  pi*opres  à  remuer 
kl  âmes  :  «  Saint  Pierre,  prince  des  apô- 
«  ITB,  écoutez  votre  sen  iteur  que  vous 
«ivez  nourri  des  l'enfance  et  soustrait 
«Jft3qn''à  ce  jour  à  la  main  des  méchants, 
'  ^i  me  haïssent  parce  que  je  vous  suis 

•  fidcle  ;  vous  êtes  témoin ,  vous  et  la 

•  uînte  Mère  de  Dieu,  saint  Paul  votre 

*  Crm  et  tous  les  saints,  que  l'Église  ro- 

*  aaine  m*a  obligé,  malgré  moi,   à  la 
'  I  ■  p"jvemer,  et  que  j'eusse  mieux  aimé 

^  «fixer  ma  vie  dans  l'exil  que  d'usurper 
'«otre  place  par  des  moyens  humains; 


«  mais,  m'y  trouvant  par  votre  grâce  et 
«  sans  l'avoir  méritée,  je  crois  que  votre 
«  intention  est  que  le  peuple  chrétien 
«  m'obéisse,  suivant  le  pouvoir  que  Dieu 
«  m'a  donné,  à  votre  place,  de  lier  et  de 
«  délier  sur  la  terre.  C'est  en  cette  foi 
a  et  pour  rhonneur  et  la  défense  de  l'É- 
«  glise,  de  la  part  du  Dieu  tout- puissant, 
«  Père,  Fils  et  Saint-Esprit,  et  par  votre 
«  autorité,  que  je  défends  à  Henri ,  fils  de 
«  l'empereur  Henri ,  qui,  par  un  orgueil 
<i  inouï,  s'est  élevé  contre  votre  Église,  de 
«  gouverner  le  royaume  teutonique  et 
n  ritalie.  J'absous  tous  les  chrétiens  du 
«  serment  qu'ils  lui  ont  fait  ou  feront,  et 
«  je  défends  à  qui  que  ce  soit  de  le 
«  servir  comme  roi  ;  car  celui  qui  attente 
«  à  l'autorité  de  votre  Église  mérite  de 
«  perdre  la  dignité  dont  il  est  revêtu... 
«(  Je  le  charge  d'anathèmes  en  votre  nom, 
«  pour  que  les  peuples  sachent  par  ex- 
«  périence  que  vous  êtes  Pierre,  et  que 
a  sur  cette  pierre  le  Fils  du  Dieu  vivant 
«  a  édifié  son  Église,  et  que  les  portes  de 
n  l'enfer  ne  prévaudront  pas  contre  elles.» 
Grégoire  poussa  jusqu'au  bout  sa  résolu- 
tion hardie  et  se  leva  devant  tous  ses  en- 
nemis à  la  fois  :  il  excommunia  du  même 
coup  tous  les  prélats  rebelles  d'Allema- 
gne, tous  ceux  de  la  Haute-Italie,  et  som- 
ma les  assistants  du  concile  de  Worms  de 
se  justifier  sans  délai.  Déjà  plusieurs  l'a- 
vaient prévenu  par  des  lettres  de  re-* 
pentir  et  d'obéissance. 

Le  bruit  d^un  tel  événement  remua  le 
monde  chrétien  et  le  partagea  en  deux 
factions  ennemies.  L'école  historique  du 
xviii*'  siècle  a  pris  fait  et  cause  pour 
l'Empereur  :  trop  de  préventions  l'éloi- 
gnaient  du  parti  de  l'Église  pour  lui 
laisser  le  loisir  d'étudier  à  fond  les  pièces 
de  ce  grand  procès.  Le  droit  du  pontife, 
quelle  qu'en  fût  la  source  et  la  nature, 
avait  du  moins  pour  répondants  sa  con- 
viction et  ses  efforts  pour  le  salut  de  la 
foi  chrétienne  et  le  redressement  moral 
du  monde.  D'ailleurs  les  premiers  torts 
de  conduite  semblent  avoir  été  du  côté 
du  prince  :  c'est  lui  qui  manque  à  ses  pro- 
messes, et  qui,  dans  l'emportement  de  son 
orgueil,  que  le  succès  avait  relevé,  com- 
promet le  repos  du  monde  en  le  déchi- 
rant par  un  schisme.  L'anathème  dont 
il  fut  atteint  répandit  une  terreur  im« 


GHE 


(102) 


GHE 


l 


mense.  La  cause  de  TEmpcreur  fut  assez 
vite  abandonnée,  et  la  plupart  des  évèques 
allèrent  à  Rome  implorer  leur  pardon. 
Une  des  lettres  de  Grégoire  qui  lui  ont 
attiré  le  plus  de  reproches  est  celle  qu^il 
étrivit  à  Tun  d^eux,  et  où  il  établit,  en 
s^appuyaot  dVntécédents  historiques,  le 
droit  d*excominanication  ainsi  que  la  su- 
prématie temporelle  de  Rome.  L'expres- 
sion s'y  ressent,  il  est  Trai,  de  la  passion 
militante  et  de  la  roidenr  de  ses  convic- 
tions ;  mais  Fattîtude  qu'il  avait  prise  était 
franche  et  décidée  :  pour  se  faire  le  ré- 
formateur du  monde  il  sentait  le  besoin 
d'en  être  l'arbitre.  «  Si  le  Saint-Siège, 
«  écrit* il,  a  reçu  de  Dieu  le  pouvoir  de 
«  juger  les  choses  spirituelles,  pourquoi 
«  ne  jugerait-il  pas  aussi  les  choses Item- 
«  porelles?...  Si  donc  on  juge  comme  il 
«  le  faut  les  hommes  spirituels,  pourquoi 
«  les  séculiers  ne  seraient-ils  pas  encore 
«  plus  obligés  à  rendre  compte  de  leurs 
n  mauvaises  actions?  Mais  ils  croient 
«  peut-être  que  la  dignité  royale  est  au- 
«  dessus  de  la  dignité  épiscopale.  On  en 
«  peut  voir  la  dilTérence  par  l'origine  de 
«  l'une  ou  de  l'autre  :  celle-là  a  été  in- 
n  ventée  par  l'orgueil  humain,  celle-ci 
«t  instituée  par  la  bonté  divine;  celle-là 
«  recherche  incessamment  la  vaine  gloire, 
«I  celle-ci  aspire  à  la  vie  céleste.  Qu'ils 
«  se  rappellent  ce  que  le  saint  pape 
n  Anastase  écrivait  à  Tempereur  et  ce 
«  qu'en  dit  saint  Ambroise  dans  son  Pas- 
«  toral  :  «  L'épiscopat  est  autant  au-dcs- 
4t  sus  delà  royauté  que  l'or  est  au-dessus 
«  du  plomb.  »  Constantin  le  savait  bien 
n  lorsqu  il  prenait  la  dernière  place  entre 
«  les  évèques.  » 

Mab ,  quoique  aux  prises  avec  l'Alle- 
magne, Grégoire  n'en  était  pas  moins 
appliqué  à  ses  projets  intérieurs  de  ré- 
forme dans  F  Église.  C'était  une  entreprise 
plus  immense  en(t)re  que  relie  de  mettre 
à  la  raison  le  chef  de  TFimpire;  il  portait 
la  main  sur  un  ordre  de  choses  que  le 
temps  avait  affermi ,  sur  des  faits  pres- 
que universels  que  Thabitude  revendi- 
quait comme  des  droits;  il  n'entrepre- 
nait pas  moins  que  de  rompre  tout  à 
coup  les  mœurs  et  la  vie  habituelles  de 
plusieurs  millions  d'hommes.  L'interdic- 
tion du  mariage  aux  ecclésiastiques  (vof. 
Célibat)  souleva  surtout  et  de  toutes 


«i> 


!»5ï 


parts  les  plus  vives  résistances,  et  Gié^ 
goire,  après  des  tenutives  réitéréi»)  ^'" 
vint  à  faire  exécuter  les  canons  vm 
dernière  rigueur  :  les  prêtres  rebeikt 
rent  arrachés  des  autels  et  lÎTrés, 
autant  de  sacrilèges  condamnéSy  à 
les  outrages  des  exécutions  popidi 
L'Église  abandonnait  son  chef,  et  le 
pie  lui  vint  en  aide  :  il  s'easoivit  de 
tes  désordres  et  de  sauvages  eieik 
réformateur  de  la  discipline  en  dot 
mir  au  fond  de  son  âme  ;  maiS| 
extrémités  où  il  se  vit  réduit,  il 
être  convaincu  que  le  salut  de 
était  à  ce  prix.  Les  habitudes  f< 
la   famille  introduisaient  l'hérédité 
les  fonctions  sacrées  :  Tautel  était 
à  la  maison  du  prêtre. 

L'anathème  dont  FEmpereiir 
frappé  avait  en  pour  effet  de  r«iidri 
Saxons  l'espoir  et  le  courage  :  ib 
rent  de  nouveau  et  entraînèrent  daoe! 
cause  une  partie  des  princes  de  I 
Ils  s'adressèrent  au  Saint-Siège 
lection  d'un  nouveau  roi.  La  répoM»^ 
Grégoire  atteste  qu'il  avait  le  désir  H   ^ 
poir  de  faire  sa  paix  avec  Henri,  d 
hésiterait  longtemps  avant  de  jeter 
pire  dans  les  bouleversements  d'une 
lité.  «Gomme  nous  ne  sommes,  fui|j|,^ 
animés  contre  Henri  ni  par  l'orgiidljt! 
siècle,  ni  par  une  vaine  ambition,  ffÊfA 
discipline  et  le  soin  des  églises  aonlll^ 
seuls  motifs  qui  nous  font  agir,  nous 
demandons,comme  à  des  frères,  de  le 
ter  avec  douceur  s'il  revient  sin 
à  Dieu,  non  avec  cette  justice  qui  lai 
lève  l'empire,  mais  avec  cette  misérioa||^J 
qui  efface  ses  crimes,   ^i'oubliex  pei^J^"" 
vous  prie,  les  fragilités  de  la  nature  lM|i"^ 
mainc.  Rappelez- vous  le  souvenir  piH|. 
de  son  père  et  de  sa  mère,  auxquéb  m^ 
ne  peut  comparer  nul  prince  de  nolll^ 

temps »  Toutefois  Grégoire  tennuMl.^ 

en  accordant  que ,  si   Henri  s'obstiav  *" 
dans  le  péché,  on  lui  désignât  un  priMl  ^ 
dont  le  choix  put  être  confirmé  par  1^ 
gli.He.  Une  diète  générale  fut  convoqaft 
à  Augsbourg,  par  les  princes;  HeÔHi 
plein  de  terreur,  n'osa  plus  attendra 
Tant  de  revers  avaient  abattu  son  am*^ 
rage  :  il  prit  le  parti  d'aller  chercher  Wf  " 
même  ce  pardon  que  le  pape  labaaît 
core  espérer. 


GBE 

qnittiRoHieeUe  miten  Toote 
ttMMT^,  sdon  ses  promesses, 
■ts  à  Ifantone  le  7  jaDTÎer 
Klaîl-4i  aux  prioceSy  et  doos 

pas  à  af&ooter  les  daDgers 
i^Îbc,  s^l  est  nécessaire,  pour 
^  rÊ^iscet  le  bien  de  Tétat.  » 
i  il  trmTersait  laLombardie,  il 
Bcnri  Tenait  de  franchir  les 
iKioooé  de  tons ,  sans  escorte 
ni,  il  urirait  en  effet  avec  sa 
■  cnikot  ;  il  en  avait  été  réduit 
«TfT^  <ies  Alpes  an  prix  dVne 
n  bruit  de  son  approche,  Gré- 
mignit  quelque  surprise  ;  car  il 
Uilli   être  victime  d^un  coup 
ns  Rome  :  il  gagna  la  forteresse 
,  qai  appartenait  à  Mathilde, 
de  Toscane.  On  sait  le  pieux 
it  que  cette  femme  portait  à  sa 
èTéoement  capital  de  cette  his- 
èoc  dont  le  château  fut  le  théâ- 
Cait  conna  de  tous.  La  rigueur 
loot  s^anna  Grégoire  à  Fégard 
Tcur  suppliant  a  jeté  sur  sa 
ariqne,  plus  que  tout  autre  acte 
cette  expression  de  dureté  et 
aroncbe  ;  elle  fut  au  moius  une 
iqoe  et  eut  des  suites  fâcheuses 
ififaires  du  pape.  Cependant  sa 
^explique ,  si  Ton  considère  le 

que  ridée  expiatoire  avait  alors 
osciences  chrétiennes.  Grégoire 
nis  son  pardon  sous  la  condi- 
c  pénitence;  il  en  fait  mention 
ettres.  Les  temps  antérieurs  où 
ics  règles  de  conduite  lui  four- 
plus  d^un  exemple  de  ces  dures 
i  imposées  à  des  princes.  L^em- 
mri  m  s^j  était  soumis,  et  son 
coupable  aux  yeux  de  Grégoire 
dose,  ne  fut  pas  plus  sévèrement 
faut  se  souvenir  encore  que  la 
était  aux  portes  de  la  forteresse. 
es  excommuniés  s^étaient  portés 
t  de  ITmpereur  ;  le  parti  rebelle 
de  se  relever,  et  Grégoire  pensa 
et  le  punir  dans  son  chef.  Du 
elle  qu^eût  été  la  conduite  du 
le  de  Henri  TV  eût  été  la  même  ; 
>éi  aux  nécessités  du  moment,  et 
I  plus  sincère  dans  cette  démar- 
1  mille  autres.  Quand  Grégoire 
de  bénédiction,  il  éleva 


(  108  )  GR£ 

rhostie  en  disant  :  «  Je  veux  que  le  corps 
de  yotre  Seigneur,  que  je  vais  recevoir,  soit 
une  preuve  de  mon  innocence.  Je  prie  le 
Tout- Puissant  de  dissiper  tout  soupçon 
si  ma  cause  est  juste,  et  de  me  (aire  mourir 
à  Tinstant  si  je  suis  coupable.  »  Puis  il 
offrit  une  moitié  de  Fhostie  à  Henri ,  qui 
s^éloigna  plein  d^embarras  et  de  terreur. 
Les  ennemb  de  Grégoire  accueillirent 
le  roi  de  façon  à  réveiller  son  orgueil  et  à 
le  pousser  à  venger  son  affront.  Il  sollicita 
une  entrevue  du  pontife  dans  le  but  de 
s^em parer  de  lui;  mab  la  tentative  man« 
qua  et  Henri  en  vint  bientôt  à  une  rup- 
ture ouverte. 

Il  avait  pour  lui  la  plupart  des  sei- 
gneurs et  des  évêques  de  ITtalie;  mais 
TAllemagne  gardait  toujours  une  attitude 
hostile,  et  bientôt  la  diète  de  Forchheim 
donna  la  couronne  à  Rodolphe,  duc  de 
Souabe. 

Grégoire  VH  avait  tenté  d*ajoumer  au 
moins  cette  mesure  qui  vint  lui  apporter 
de  graves  embarras;  il  voyait  TEmpire 
partagé ,  les  deux  partis,  également  re« 
doutables,  prêts  à  décider  le  conflit  par 
les  armes.  Il  différa  de  se  prononcer.  On 
a  attribué  son  hésitation  à  des  vues  inté- 
ressées. Cet  intérêt,  quoi  qu'il  en  soit, 
était  celui  de  la  cause  qu*il  représentait. 
La  déposition  d'un  empereur  était  un  fait 
d'assez  grande  conséquence  pour  qu'il  y 
regardât  de  près.  Il  n'avait  pas  complè- 
tement désespéré  de  Henri;  il  voulait 
épuber  tous  les  moyens  de  conciliation 
avant  d*en  venir  avec  lui  à  ce  remède  ex- 
trême; d'un  autre  côté,  en  repoussant 
Rodolphe,  il  eut  aliéné  à  sa  cause  les 
princes  qui  faisaient  son  appui;  car  on 
voyait  alors,  comme  il  a  été  remarqué, 
un  empereur  allemand  soutenu  par  l'Ita- 
lie et  abandonné  de  l'Allemagne. 

Grégoire  se  préparait  à  franchir  les 
monts  pour  aller  régler  sur  les  lieux  le 
différend  des  deux  princes.  «Notre  cœur, 
écrivait-il,  est  plongé  dans  Tamertume  à 
la  vue  de  tant  de  chrétiens  voués  à  leur 
perte  dans  ce  monde  et  dans  l'autre,  de 
la  religion  chrétienne  déchirée,  de  l'em- 
pire romain  menacé  de  ruine  par  l'or- 
gueil d'un  seul  homme Nous  n'avouj^ 

rien  promis  aux  deux  rois  que  notr^ 
justice;  car  nous  aimons  mieux  souffi*;|. 
la  mort ,  s'il  le  faut ,  que  de  consentir  ^ 


GRE 


(104) 


GRE 


être  U  cause  des  troubles  de  l'Eglise.  » 
Mais  Henri  IV  mit  obstacle  an  voyage 
de  Grégoire;  il  était  moins  disposé  que 
jamais  à  livrer  sa  conduite  à  une  enquête. 
Le  pontife  retourna  à  Rome  (1080),  où 
il  porta  de  nouveau  ses  regards  sur  les 
affaires  ecclésiastiques  et  le  gouvernement 
des  états  chrétiens.  Il  avait  donné  un  roi 
k  la  Dalmaticy  en  loi  enjoignant  de  pro- 
téger les  orphelins  et  les  veuves  et  d'em- 
pêcher le  trafic  des  esclaves.  Il  s'élevait 
aussi  avec  force  contre  la  coutume  bar- 
bare de  dépouiller  les  naufragés  sur  les 
c6tes.  Il  rattachait  la  Corse  à  TÉglise 
romaine,  veillait  à  l'état  précaire  des 
églises  d'Orient,  arrêtait  dans  la  Fouille 
les  rapines  des  Normands,  et  entretenait 
avec  le  conquérant  de  l'Angleterre  une 
amitié  profitable  que  quelques  nuages 
pourtant  vinrent  obscurcir. 

Des  envoyés  de  Rodolphe  de  Souabe 
arrivèrent  à  Rome  pour  dénoncer  au  pon- 
tife d'odieux  excès  que  Henri  commettait, 
portant  partout  le  fer  et  la  flamme,  rui- 
nant les  églises,  emprisonnant  les  évê- 
ques  fidèles.  A  ces  nouvelles,  Grégoire 
ne  balança  plus  :  il  renouvela  Tanathème 
et  prononça  la  déposition  de  Henri  IV. 

Henri  de  son  côté ,  convoqua  un  con- 
cile à  Brixen  (1080),  et  répondit  par  une 
nouvelle  déposition  deGr^oire.  Un  nou- 
veau pape  y  fut  ensuite  élu  sous  le  nom 
de  Clément  IH.  C'était  l'un  des  évêques 
excommuniés  de  la  Lombardie,  Guibert 
de  Ravenne.  Mab  le  parti  qui  soutenait 
Grégoire  en  Allemagne  se  trouva  ruiné 
tout  à  coup.  Rodolphe,  après  plusieurs 
combats  heureux,  périt  les  armes  à  la 
main,  sur  les  rives  de  TElster,  au  milieu 
d'une  victoire.  Son  rival,  libre  de  ce  côté, 
pouvait  paraître  d'un  moment  à  l'autre  en 
Italie.  Grégoire  ne  se  laissa  point  abattre. 
«Que  l'espérance  de  chacun  soit  forte  et 

inébranlable,  mandait-il  aux  siens Je 

méprise  l'arrogance  du  roi,  et,  même  dans 
le  cas  où  les  secours  me  manqueraient, 
je  redoute  peu  son  arrivée.  »  11  n'était  pas 
sans  appui  cependant  :  la  chevaleresque 
et  pieuse  Mathilde,  qu'un  dévouement  si 
éprouvé  attachait  au  Saint-Siège  qu'elle 
venait  d'enrichir  de  son  héritage ,  était 
prête  à  se  jeter,  avec  ses  seules  forces,  an- 
devant  de  l'Empereur,  son  parenL  Gré- 
goii'e  trouva  un  autre  appui  dans  les  Nor- 


mands de  la  Basse-Italie.  Il  sai 
heureuse  occasion  de  les  réconcil 
Rome  an  moment  où  l'Empereur 
prochait  (1080).  Henri,  en  effet 
bientôt  sous  ses  murs  avec  Tant 
Grégoire,  avec  quelques  troupes  1 
et  l'appui  énergique  des  Romains 
pendant  deux  ans,  inébranlable 
conviction  de  son  droit  et  de  la  pi 
de  son  pouvoir,  qu'il  s'efibrçait 
d'établir  dans  ses  lettres.  «  Si  saû 
goire,  ce  docteur  plein  de  douce 
créta  qu'on  devait  non-seulemen 
ser,  mais  encore  anathématiser  les 
violeraient  les  privilèges  accord* 
hospice,  qui  oserait  nous  blâmer 
firappé  du  même  châtiment  Henri, 
tempteur  des  sentences  apostoliq 
qui  foule  aux  pieds  l'Église,  sa  m 
Qui  ignore  que  les  rois  tiennent  I 
très  d'hommes  qui  ne  connaissaiei 
Dieu,  qui,  enflés  par  l'orgueil,  ce 
de  rapines,  de  meurtres  et  de  tout 
de  crimes,  ont  cherché  a  dominer  s 
semblables  avec  une  fureur  av< 
une  intolérable  présomption?  » 

Enfin  Grégoire,  abandonné  d 
mains,  assiégé  dans  le  château  Sain 
se  tourna,  dans  sa  détresse,  du  < 
Normands.  Ils  accoururent  (  1084' 
approche,  Henri ,  déjà  maître  de 
quitta  la  ville  en  toute  hâte.  L 
roands  pénétrèrent  dans  Rome  a> 
et  la  flamme.  Grégoire,  du  haut  d 
teresse,  fut  témoin  des  scènes  effi 
auxquelles  la  ville  fut  livrée.  Se 
était  écrasé  ;  Rome  était  un  séjo 
gereux  pour  lui.  Il  suivit  ses  libé 
et  se  retira  irSaleme ,  où  il  roour 
née  d'après  (le  35  mai  1085). 

On  suppose  qu'il  dit  en  expirai 
aimé  la  justice,  j'ai  haï  l'iniquit 
pourquoi  je  meursdans  l'exil .  ><  S'ei 
vaincu  après  tant  d'épreuves,  et  q 
il  la  terre  découragé  ?  On  ne  peul 
Peut-on  lire,  au  fond  de  cette  v 
versement  jugée,  quel  fut  le  secr 
fut  le  but  véritable  de  ses  longs  o 
Poursui\'ait-il  en  effet,  derrière  • 
voir  théocratique  tant  revendiq 
pensée  de  réforme  et  d'affranchis 
Les  grands  désordres  du  temps, 
imminente  des  institutions  chr 
l'occupaient-ib  plus  que  la  pas 


GRE 

lovoir?  Tout  dépose,  si  nous  ne  noua 
MKMiy  de  son  désiotéressement  et  de  sa 
i;  û  litMibU  le  monde  un  instant,  mais 
nflenait  sa  cro3fance  et  sa  moralité. 
QiBBd  on  applique  à  la  société  du 
^  aède  les  théories  absolues  du  droit  et 
dée  de  pcNiToir,  telles  que  les  entend 
Bodeme,  on  ne  saurait  que  cou- 
les maximes  et  les  actes  de  Gré* 
¥11;  mus  cette  préoccupation  a  trop 
laé  aor  les  jugements  qu'on  a  portés 
lai.   En  écartent,  comme  il  est  per- 
■y  cette  question  du  droit  pontifical,  il 
■t  reooiiiiaitre  que,  dans  ce  conflit  des 
éteadons  de  Rome  et  de  l'Empire,  les 
ées  de  Gré^ire  étaient,  en  matière  de 
aTememeDt  et  de  raison  sociale,  fort 
périeares  aux  pratiques  grossières  du 
barbare.  Le  moyen-âge  a  vécu 
sîèdes  des  conceptions  de   ce 
it  ;  sa  Toiz,  qui  dictait  à  l'Église 
cbotz  de  ses  pontifes,  garda  son  auto- 
lé  après  sa  mort;  tous  ceux  qu'il  avait 
%  derniers  moments  passèrent 
Im  sur  le  tr6ne  pontifical.  Il  est 
■ai  qull  usa  violemment  de  ce  pouvoir 
s'il  dispateit  à  la  barbarie  ;  exalté  par  les 
,  il  ne  mesura  pas  toujours  ses 
On  trouve  en  lui  ce  zèle  vébé- 
i  da   moine  dont  s'émut  de  même 
plus  tendre  de  saint  Bernard; 
Gré^re  YII  était  placé  pour  l'ac- 
•a  an  laite  d'une  société  farouche,  et  il 
*eat  pour  la  conduire  que  cette  puis- 
■Boe  morale  dont  il  est  dîns  l'histoire  la 
ikts  haute  expression  *. 
G  aiconiEVni,  successeur  d'Urbain  m, 
it  élevé  au  pontificat  le  2 1  octobre  1187. 
Tétait,  dit  Guillaume  de  Neubrige,  un 
lersonnage  éminent  en  sagesse,  rempli 
le  zèle  pour  les  choses  saintes,  et  très 
ipe  correcteur  des  pratiques  supersti- 
€{ue  l'ignorance  avait  introduites 
l'Eglise  contre  l'autorité  des  Écri- 
.  Grégoire,  dont  le  nom  était  Albert 
it  SpinachiOy  signala  son  avènement  en 
léressant  aux  princes  chrétiens  des  lettres 
|sr  lesquelles  il  les  inviteit  à  la  croisade. 


(^  Le  livre  le  plai  inportant  à  coofolter  sur 
«  poBtife  réièbre  {rof.  Papauté)  c«l  VHistoirt 
h  pfM  Grégoire  VU  «t  de  son  siicie,  d'mprèi  les 
mtmteMfs  originaux,  par  J.  Voigt,  trad.  de  l'al- 
iftnd  (Weicoar,  i8i5,  avol.  io-S**),  Jiogmen- 
iif  Bae  iotrud action,  de  notes  hi^tnriqaes  et  de 
pcaja»tificatiTes,Paris,i839,  avol.  io-S?.  S. 


(  105  )  GRE 

Jérusalem  était  au  pouvoir  des  ennemis 
de  la  foi  ;  le  nouveau  pape  semblait  vou- 
loir dévouer  sa  vie  à  la  conquête  de  la 
cité  sainte.  Il  promettait  des  indulgences^ 
prescrivait  des  jeûnes,  se  soumettait  pour 
sa  part  aux  plus  rudes  austérités,  et  tra- 
vaillait dans  l'intérêt  de  la  conquête  à  la 
réconciliation  des  Pisans  et  des  Génois, 
lorsqu'il  mourut  à  Pise  le  16  décembre 
1 187,  après  avoir  occupé  le  trône  ponti- 
fical pendant  un  mois  et  27  jours. 

GxEGOiaE  IX,  cardinal-diacre  du  titre 
de  Saint-Eustache,  et  ensuite  évêque  d'Os- 
tie,  se  nommailHugolin;  il  était  né  àAgna- 
ni  d'une  famille  noble.  C'était  un  neveu 
d'Innocent  III.  Élu  pape  le  1 9  mars  1227, 
l'un  des  premiers  actes  de  sa  puissance 
fîit  d'adresser  un  appel  aux  peuples  chré- 
tiens, afin  de  ranimer  la,  ferveur  des  croi- 
sades. L'empereur  Frédéric  II  avait  pro- 
mis de  partir  dans  l'année  même  pour 
Jérusalem,  et  le  nouveau  pape  lui  rappela 
son  serment.  Nous  avons  parlé  ailleurs 
de  ses  lenteurs  calculées  et  de  son  prompt 
retour.  Dès  ce  moment,  les  haines  long- 
temps contenues  entre  Frédéric  et  Gré- 
goire éclatèrent  plus  vivement.  La  po- 
litique en  était  la  vraie  cause.  Deux  pro- 
ches parents  de  Grégoire,    les   comtes 
Thomas  et  Richard,  avaient  tenté  d'enlever 
à  Frédéric  une  partie  du  royaume   de 
Naples;  l'Empereur  les  avait  punis  par 
l'eul  :  le  pape  voulut  à  son  tour  punir 
l'Empereur  par  l'excommunication,  et  la 
sentence  fut  prononcée  le  18  novembre 

1227.  Frédéric  alors  tenta  de  se  justifier; 
il  accusa  le  pape  d'ambition  et  de  mau- 
vaise foi  ;  il  attaqua  la  papauté  même,  en 
promettant  toutefois  de  se  croiser  dans 
un  bref  délai.  Le  jeudi-saint,  23  mars 

1 228,  l'excommunication  fut  renouvelée  ; 
mais  l'Empereur,  cette  fois,  eut  recours  à 
la  ruse:  il  acheta  les  biens  desFrangipani 
(vojr.)  et  de  quelques  grandes  familles  ro- 
maines ambitieuses  ou  mécontentes,  les 
leur  rendit  à  titre  de  fief,  se  fit  prêter 
ainsi  serment  de  vassalité,  et  se  mit  en 
route  pour  l'Asie,  laissant  au  cœur  de 
l'Italie  même  un  parti  puissant  disposé 
en  son  absence  à  agir  contre  le  pape. 

Au  retour  de  l'Empereur ,  Grégoire 
parla  de  réconciliation,  et,  après  quelques 
négociations  qui  semblèrent  d'abord  assez 
difficiles,  la  paix  fut  conclue,  le  28  août 


GRE  (  106  ) 

1230.  Grégoire,  qui  une  première  fois 
déjà  avait  été  contraint  de  quitter  Rome 
à  la  suite  de  troubles  populaires,  se  vit  de 
nouveau  forcé  de  fuir  sa  capitale,  et,  s*é- 
tant  retiré  à  Rieti,  il  implora  contre  les 
Romains  rebelles  le  secours  deTEmpereur, 
qui,  après  avoir  secrètement  fomenté  cette 
révolte  y  accueillit  favorablement  la  de- 
mande de  Grégoire.  La  haine  cependant 
n^était  point  éteinte  entre  les  deux  puis* 
sants  rivaux.  Frédéric  s*étant  emparé  de 
la  Sardaigne,  qu^il  donna  à  son  fils  naturel 
Enzio,  le  pape  prétendit  que  cette  lie  lui 
appartenait,  et  en  réclama  la  possession; 
FEmpereur  refusa  de  la  rendre. Grégoire, 
toujours  prompt  à  la  colère ,  répondit  à 
ce  refus  par  Texcommunication  ;  il  dé- 
clara Frédéric  déchu  du  trône,  et  offrit 
le  sceptre  de  ses  états  à  Robert,  comte 
d^ Artois,  frère  de  saint  Louis.  Le  roi  de 
France  refusa  sagement  ce  sceptre,  qui  ne 
devait  point  se  briser  encore  si  vite  sur 
un  ordre  du  Saint-Siège ,  et,  non  content 
de  maintenir  les  droits  de  sa  couronne, 
Frédéric  résolut  de  répondre  par  la  guerre 
aux  manifestes  violents  du  pontife  qui  le 
signalait  à  la  chrétienté  comme  un  véri" 
table  antéchrist ,  un  autre  Balaam ,  a/i 
prince  des  ténèbres.  Il  se  mit  donc  en 
marche  vers  Rome,  et  déjà  il  avait  établi 
son  camp  aux  environs  de  cette  ville , 
lorsqu'il  apprit  que  Grégoire  venait  de 
mourir,  le  20  août  1241,  àTàge  de  près 
de  cent  ans.  A  cette  nouvelle,  Frédéric  II 
écrivit  aux  diverses  cours  de  l'Europe  une 
lettre  dans  laquelle  il  exprimait  le  vœu 
qu'on  donnât  à  Grégoire  un  successeur 
moins  ambitieux  et  mieux  disposé  pour 
la  paix.  Frédéric  n'était  certes  pas  exempt 
de  cette  ambition  qu'il  accusait  dans  le 
souverain  pontife  ;  mais  Tltalie  tout  en- 
tière, qui  avait  9MSf\  souffert  par  lui,  de- 
vait partager  ce  vœu  tardif  ;  car  ces  longs 
débats  avaient  enfanté  des  haines  qui  ne 
devaient  pas  s'éteindre,  et,  si  Ton  en  croit 
quelques  écrivains,  c'est  à  cette  époque 
qu'il  faut  rap|H>rter  l'origine  des  Guelles 
et  des  Gibelins,  for.  Tarticle. 

Sévère  dans  ses  mœurs,  fervent  dans  sa 
foi,  mais  ambitieux  d'une  domination  su- 
prême, Grégoire  IX.  vit  len  quatorze  an- 
néesdcson  pontificat  livrées  à  de  constan- 
tes agitations.  Ce|>endant ,  au  milieu  des 
orages  de  sa  vie  politique,  il  s'occupa  de 


:a 


t..' 


'A 


'^ 


y. 


GRE  S 

régulariser  la  discipline  ainsi  que  le  draii  - 
canonique,  et  les  cinq  livres  de  Décréialif  ^ 
(vojr^)  qu'il  fit  publier,  en  1234 , 
commandent  par  la  méthode  et  la 
Dans  l'ordre  temporel,  Grégoire  IX 
l'Égliseau-dessusde  la  royauté, 
l'excommunication  tout  monarqne,  flhif  -c 
ce  même  saint  Louis,  qui  refuserait  dtMv  -3 
connaître  l'absolue  puissance  du 
Siège;  et,  pour  faire  triompher 
cipes,  il  recourut  sans  cesse  aux 
rituelles.  Faire  payer  de  lourds  i 
par  la  menace  des  peines  ecclésiaslic|iH% i.s 
confondre  avec  la  cause  de  l'ÉgUie  M|.v 
querelles  ou  ses  haines  personneUflt,  «U 
au  milieu  de  tous  ces  torts,  agir  taawmt^ 
de  bonne  foi,  telle  fut  la  politique,  idb 
fut  la  vie  de  Grégoire  IX. 

Grkooirb  X.  Près  de  trois  am  A» 
taient  écoulés  depuis  la  mort  de  Qi» 
ment  IV,  et  les  quinxe  cardinaux  rémi$ 
en  conclave  à  Viterbe  n'avaient  pa  a*i^ 
tendre  sur  le  choix  de  son  flooceaav» 
Lassés  de  tant  de  retards,  et  plus  ••• 
core  peut-être  d'une  séqucstratioo  dl 
plusieurs  jours,  ils  remirent  à  aix  d*i»* 
tre  eux  plein  pouvoir  d'élire  uo 
dans  le  plus  bref  délai.  Le  1** 

127 1 ,  l'archidiacre  Thébalde  ou  ThihmÊi  ^ 
fut  de  la  sorte  élevé  au  trùne  pootifiol ,. 
sous  le  nom  de  Grégoire  X.  Thébaldl  ^ 
était  alors  en  Palestine  :  il  apprit  son  éleo»  ' 
tion  à  Saint- Jean-d' Acre,  et,  aTaol  de 
partir  |>our  TEurope,  il  salua  la  Terre*  , 
Sainte  de  ce  solennel  adieu  emprunté  & 
un  verset  des  Psaumes  :  Si  je  t* oublie^  4  * 
Jérusalem  y  si  tu  n'es  pas  mon  uniqm 
pensée  y  ma  première  joie^  je  veux  qmê  " 
rouhli  me  dessèche  à  mon  tour^  et  ^m 
ma  langue  s^attache  à  mon  palais.  Dèt 
son  arrivée  en  Europe,  son  premier  aoia 
fut  en  effet  de  travailler  à  la  croisade;  el^ 
après  s'être  faitsacrer  à  Rome,  le  27  WÊgê 

1272,  il  indiqua  un  concile  générml  & 
Lyon,  dont  le  but  était  de  s'occuper  ds 
schisme  des  Grecs ,  des  chrétiens  de  le 
Terre-Sainte,  et  d'une  sage  réforme  daai 
la  discipline  de  TEglirte.  Tous  les  souve* 
rains  de  TEurope,  le  roi  d'Arménie  et  le 
khan  des  Tatars  lui  même  furent  convo* 
qués.  Grégoire  \,  étant  parti  de  Rose, 
tenta  sur  la  n)Ute  d'a|>ai$er  les  faclioM 
qui  agitaient  Tltalie;  il  parvint  à  rétablir 
la  tranquillité  à  Sienne,  et  il  s*occupa  e^ 


GRE  (  107 

«TapfMiyer  félectioii  de  Ro- 
Iplt  àe  Habshoai^  à  l'Empire,  que  la 
Mi^hn  cC  la  mort  de  Frédéric  II 
Mt  laimé  Tacant  depuis  33  ans.  Le  7 
■  1174,  U  première  session  du  con- 
ti'ewrit  m  Lyon  dans  Téglise  métro- 
an;  la  réunion  de 
qoeTÎTement  sou- 
rcflipereur  Michel  Paléologue, 
pat  s'accomplir,  et  le  concile  eut  à 
1er  tmlre  autres  afiaires  la  tenue  des 
et  la  forme  de  Télection  des 
Cette  grande  assemblée  terminée, 
X  se  mit  en  route  pour  lltalie  ; 
m  SCO  passage  à  Lausanne,  des 
«vi  et  des  intérêts  de  TÉglise  avec 
i:4pHf>,  roi  des  Romains,  et  s^occupa 
■iie  darecooTrement  des  décimes  pour 

Grégoire  mourut  le  1 0 
1376.  On  trouve  dans  Thistoire 
PlùaBoe,  de  H.  Campî,  soixante-deux 
Rs  de  ce  pape. 

XI,  né  aux  environs  de 
1329,  se  nommait  Pierre 
^rr;  fl  était  fils  du  comte  de  Reaufort 
terem  ^  Clément  VI  qui  Pavait  revêtu 
b  pourpre  à  Tâge  de  1 7  ans ,  et  cette 
,  ainsi  que  dlieureuses  qua- 
et  de  Tesprit,  lui  assurèrent 
»  sa  jeanesse  un  rang  éminent  dans  TE- 
!cLe  30  décembre  1 370,  il  fut  élu  pape 
■s  la  ville  d" Avignon,  et  Tun  de  ses  prê- 
ts fiit  de  travailler  au  rapproché- 
es divers  peuples  de  la  chrétienté, 
par  la  guerre.  Il  écrivit  donc  pour 
la  paix,  au  nom  de  TEglise,  aux 
e  de  France  et  d^Angleterre,  à  la  reine 
;  5kav;vTe  et  an  roi  de  Sicile.  Tandis 
iH  eauvait  ainsi  de  rétablir  dans  les 
temporales  un  repos  trop  sou- 
ooblé,  il  tentait  également  de  ra- 
an  aein  du  catholicisme  TÉglise 
NKifoe,  loojours  rebelle  à  une  réunion 
eifiitive.  Cette  fob  encore  son  zèle  de- 
■c  ecbooer  ;  mats  sa  sollicitude  pontifi- 
iW  ne  trouvait  que  trop  en  France,  en 
linaazDe,  en  Italie,  de  tristes  éléments 
arii^ité.  Le  monde  chrétien  semblait 
noir  recœillî  que  des  superstitions  du 
mtiqiie  héritage  du  xii*  siècle.  Arnaud 
botinier,  en  Catalogne,  annonçait  pu- 
t,  de  saint  François  et  de  son 
des  miracles  impossibles;  Albert 
fHaibentadt   prêchait  le  fioaiisme   en 


) 


GRE 


Allemagne  ;  la  France  était  menacée  tout 
à  la  fois  dans  son  orthodoxie  et  dans  son 
repos  par  les  Réghards  et  les  Turlupina 
(i?o^.),  et  en  Angleterre  la  papauté  voyait 
sVIever  dans ^Viclef  ( voj\)ub redoutable 
ennemi.  Ainsi,  dans  FÉglise,  le  désordre 
et  Tabus ,  et  Thérésie  forte  de  ce  désor- 
dre même  ;  dans  les  républiques  de  rita« 
lie,  des  factions  implacables;  en  France, 
la  guerre  et  des  désastres  de  toute  sorte  ; 
telle  était  la  triste  situation  de  FEurope. 
Grégoire  XI  combattit  Thérésie,  rétablit, 
de  concert  avec  Charles  V,  la  discipline 
dans  rÉglise  gallicane  (ti.),  et,  pour  rendre 
enfin  à  Fltalie  déchirée  une  paix  qu*eUe 
avait  perdue  depuis  si  longtemps,  il  réso* 
lut  de  transférer  de  nouveau  à  Rome  le 
Saint-Siège  qui,  depuis  50  ans,  avait  été 
établi  dans  Avignon.  Le  13  septembre 
1376,  il  se  mit  en  route  avec  toute  sa 
cour,  et  sa  présence  en  Italie  ne  tarda  point 
à  produire  les  plus  heureux  résultats.  Les 
factions  se  calmèrent  ;  mais  le  souverain 
pontife,  faible  et  souffrant  depuis  sa  jeu- 
nesse, ne  devait  compter  encore  que  peu 
de  jours.  Il  mourut  en  1 378,  après  avoir 
occupé  pendant  7  ans  le  trône  pontificaL 
Les  hbtoriens  s*accordent  à  faire  Téloge 
de  sa  science,  de  son  zèle  pour  les  arts, 
de  la  pureté  de  ses  mœurs,  mais  ils  Tac- 
cusent  de  népotisme  (voy.  ce  mot).  Gré- 
goire, qui  est  le  dernier  des  papes  fran- 
çais, eut  pour  successeur  Urbain  VL 

Grégoire  XII.  La  chaire  de  saint 
Pierre  était  disputée  entre  Rome  et  Avi- 
gnon, loTsqu'J nge/o  Corrario^  vieillard 
octogénaire  et  noble  vénitien,  fut  élu 
pape,  sous  le  nom  de  Grégoire  XII,  en 
1406.  De  hautes  et  importantes  fonctions 
dans  rÉglise  avaient  depuis  longtemps 
préparé  Corrario  aux  labeurs  du  ponti- 
ficat ;  on  Tavait  jugé  capable  entre  tous 
de  travailler  efficacement  à  Textinction 
du  schisme,  et  ses  premiers  actes  confir- 
mèrent, en  effet ,  les  espérances  que  Ton 
avait  conçues  de  son  habileté  et  de  son  ca- 
ractère, n  En  quelque  lieu  que  soit  con- 
«  due  Tunion,  avait-il  dit,  je  m^y  rendrai, 
a  et,  au  besoin,  j*irai  à  pied,  un  bâton  à 
«  la  main.  »  Mais  déjà  la  pratique  du 
pouvoir  avait  altéré  ces  premières  et 
loyales  intentions.  Benoit  XIII  {vnjr,)^ 
Tanti-pape,  avait  promis  sa  démission  ; 
Grégoire  XII  avait  signé  la  sienne  ;  mais 


GRE  (  106  ) 

1230.  Gréf;oirey  qui  une  première  fois 
déjà  avait  été  contraint  de  quitter  Rome 
à  la  suite  de  troubles  populaires,  se  vit  de 
nouveau  forcé  de  fuir  sa  capitale,  et,  s'é- 
tant  retiré  à  Rieti,  il  implora  contre  les 
Romainsrebelles  lesecours  de  TEmpereur, 
qui,  après  avoir  secrètement  fomenté  cette 
révolte ,  accueillit  favorablement  la  de- 
mande de  Grégoire.  La  haine  cependant 
n*était  point  éteinte  entre  les  deux  puis* 
sants  rivaux.  Frédéric  s^étant  emparé  de 
la  Sardaigne,  qu^il  donna  à  son  fils  naturel 
Enuo,  le  pape  prétendit  que  cette  Ile  lui 
appartenait,  et  en  réclama  la  possession; 
TEmpereur  refusa  de  la  rendre.Grégoire, 
toujours  prompt  à  la  colère ,  répondit  à 
ce  refus  par  Texcommunication  ;  il  dé- 
clara Frédéric  déchu  du  trône,  et  offrit 
le  sceptre  de  ses  états  à  Robert,  comte 
d'Artois,  frère  de  saint  Louis.  Le  roi  de 
France  refusa  sagement  ce  sceptre,  qui  ne 
devait  point  se  briser  encore  si  vite  sur 
an  ordre  du  Saint-Siège ,  et,  non  content 
de  maintenir  les  droits  de  sa  couronne, 
Frédéric  résolut  de  répondre  par  la  guerre 
aux  manifestes  violents  du  pontife  qui  le 
signalait  à  la  chrétienté  comme  un  véri" 
table  antéchrist ,  un  autre  Balaam ,  an 
prince  des  ténèbres.  Il  se  mit  donc  en 
marche  vers  Rome,  et  déjà  il  avait  établi 
son  camp  aux  environs  de  cette  ville , 
lorsqu^il  apprit  que  Grégoire  venait  de 
mourir,  le  20  août  124 1,  à  Tàge  de  près 
de  cent  ans.  A  cette  nouvelle,  Frédéric  II 
écrivit  aux  diverses  cours  de  TEurope  une 
lettre  dans  laquelle  il  exprimait  le  vœu 
qu'on  donnât  à  Grégoire  un  successeur 
moins  ambitieux  et  mieux  disposé  pour 
la  paix.  FK'déric  n'était  certes  pas  exempt 
de  cette  ambition  qu'il  accusait  dans  le 
souverain  pontife  ;  mais  Tltalie  tout  en- 
tière, qui  avait  aussi  souffert  par  lui,  de- 
vait partager  ce  vœu  tardif  ;  car  ces  longs 
débats  avaient  enfanté  des  haines  (^ui  ne 
devaient  pas  s'éteindre,  et,  si  Ton  en  croit 
quelques  écrivains,  c'est  à  cette  époque 
qu'il  faut  rap|H>rter  l'origine  des  Guelles 
et  des  Gilielins.  for,  Tarticle. 

Sévère  dans  ses  mœurs,  fervent  dans  sa 
foi,  mais  ambitieux  d'une  domination  su- 
prême, GK'goire  W  vit  les  (piator^e  an- 
néesdeson  pontificat  livrées  à  de  constan- 
tes agitations.  Ce|>endant ,  au  milieu  des 
orages  de  sa  vie  politique ,  il  s'occupa  de 


f:' 


GRE 

régulariser  la  discipline  ainsi  que  le  dnk 
canonique,  et  les  cinq  livres  de  Décrétaky 
{vojr,)  qu'il  fit  publier,  en  1234, 
commandent  par  la  méthode  et  la 
Dans  l'ordre  temporel,  Grégoire  IX 
l'Église  au-dessus  de  la  royauté,  menaça^p  «^ 
l'excommunication  tout  mooarqney  flÉf*<! 
ce  même  saint  Loub,  qui  refuaermît  dtn^  i\ 
connaître  l'absolue  puissance  du 
Siège;  et,  pour  faire  triompher 
cipes,  il  recourut  sans  cesse  aux 
rituelles.  Faire  payer  de  lourds 
par  la  menace  des  peines  ecclétiaitk|M%i:. 
confondre  avec  la  cause  de  l'Égliae  M| .'. 
querelles  ou  ses  haines  persoDoeUe»,  «U  -^ 
au  milieu  de  tous  ces  torts,  agir  mmmÊL  .'. 
de  bonne  foi,  telle  fut  la  politique,  nHl .: 
fut  la  vie  de  Grégoire  IX.  «^ 

Greooirb  X.  Près  de  trois  am  M*  ^ 
taient  écoulés  depuis  la  mort  de  Qi» 
ment  IV,  et  les  quinxe  cardinaux  réaril 
en  conclave  à  Viterbe  n'avaient  pa  a*i^  ^ 
tendre  sur  le  choix  de  son  aaoceaov* 
Lassés  de  tant  de  retards,  et  plus  mr» 
core  peut-être  d'une  séquestratioo  é$  . 
plusieurs  jours,  ib  remirent  à  aiz  d^tm»  ^ 
tre  eux  plein  pouvoir  d'élire  on 
dans  le  plus  bref  délai.  Le  1" 

1 27 1 ,  l'archidiacre  ThébaUe  ou  7%i<Mf  ; 
fut  de  la  sorte  élevé  au  trùne  pootifol .  \ 
sous  le  nom  de  Grégoire  X.  ThébalAl^ 
était  alors  en  Palestine  :  il  apprit  son  élto»  *" 
tion  àSaint-Jean-d'Acre,  et,  avant  4a  ' 
partir  pour  l'Europe,  il  salua  la  Terra*  ^ 
Sainte  de  ce  solennel  adieu  emprunté  h  ' 
un  verset  des  Psaumes  :  Si  je  t'oublie^  é  ^ 
Jérusalem  y  si  tu  n'es  pas  mou  uniqm 
pensée  y  ma  première  joie^  je  veux  qm 
Voubli  me  dessèche  à  mon  tour^  et  qm  ' 
ma  langue  s*attache  à  mon  palais.  Dèt  ' 
son  arrivée  en  Europe,  son  premier  aoia  ^ 
fut  en  effet  de  travailler  à  la  croisade;  d^ 
après  s'être  faitsacrer  à  Rome,  le  27  nma 

1272,  il  indiqua  un  concile  général  à  ' 
Lyon,  dont  le  but  était  de  s'occuper  ém  '' 
schisme  des  Grecs ,  des  chrétiens  de  la 
Terre-Sainte,  et  d'une  sage  réforme  daaa 
la  discipline  de  TÉglise.  Tous  les  souv#* 
rains  de  TEurope,  le  n>i  d'Arménie  et  la 
khan  des  Tatars  lui  même  furent  coofo* 
qués.  Grégoire  \,  étant  parti  de  R 
tenta  sur  la  route  d'apaiser  les 
qui  agitaient  Tltalie;  il  parvint  à  rétablir 
la  tranquillité  à  Sienne,  et  il  s'occupa  a^ 


GRE 


(107) 


GRE 


■i|»s  «Tappayer  rélection  de  Rô- 
le Habsbourg  à  l^mpire,  que  la 

0  et  la  mort  de  Frédéric  II 
tissé  vacaot  depuis  22  ans.  Le  7 
I,  la  première  session  du  con- 
rit  à  Lyon  dans  Féglise  métro- 

de  Saint-Jean;  la  réunion  de 
recque,  bien  que  Tivement  sou- 
r  Tempereur  Michel  Paléologue, 
accomplir,  et  le  concile  eut  à 
itre  autres  affaires  la  tenue  des 
»  et  la  forme  de  Pélection  des 
ette  grande  assemblée  terminée, 
X  se  mit  en  route  pourlltalie; 
L,  à  soD  passage  à  Lausanne,  des 
!t  des  intérêts  de  TÉglise  avec 
e^  roi  des  Romains,  et  s'occupa 
u  recouvrement  des  décimes  pour 
i  sainte.  Grégoire  mourut  le  1 0 
276.  On  trouve  dans  Thistoire 
nce,  de  M.  Campi,  soixante-deux 
;  ce  pape. 

31  K£  XI,  né  aux  environs   de 
en  1 329 ,  se  nommait  Pierre 

1  était  fib  du  comte  de  Beaufort 
de  Clément  VI  qui  Pavait  revêtu 
arpre  à  Tâge  de  1 7  ans ,  et  cette 
aigne,  ainsi  que  d'heureuses  qua- 
cour  et  de  Tesprit,  lui  assurèrent 
messe  un  rang  éminent  dans  TÉ- 
30  décembre  1 37  0,  il  fut  élu  pape 
ille  d^  Avignon,  et  Tun  de  ses  pre- 
ins  fut  de  travailler  au  rapproche- 
s  divers  peuples  de  la  chrétienté, 
ar  la  guerre.  Il  écrivit  donc  pour 
er  la  paix,  au  nom  de  TEglise,  aux 
France  et  d'Angleterre,  à  la  reine 
ire  et  au  roi  de  Sicile.  Tandis 
nyait  ainsi  de  rétablir  dans  les 
emporelles  un  repos  trop  sou- 
»ablé,  il  tentait  également  de  ra- 
lu  sein  du  catholicisme  l'Église 
,  toujours  rebelle  à  une  réunion 
e.  Cette  fois  encore  son  zèle  de- 
oaer  ;  mais  sa  sollicitude  pontifi- 

trouvait  que  trop  en  France,  en 
;ne,  en  Italie,  de  tristes  éléments 
é.  Le  monde  chrétien  semblait 
recueilli  que  des  superstitions  du 
e  héritage  du  xii*  siècle.  Arnaud 
ier,  en  Catalogne,  annonçait  pu- 
ent, de  saint  François  et  de  son 
les  miracles  impossibles;  Albert 


Allemagne  ;  la  France  était  menacée  tout 
à  la  fois  dans  son  orthodoxie  et  dans  son 
repos  par  les  Béghards  et  les  Turlupina 
(vo^.),  et  en  Angleterre  la  papauté  voyait 
s'élever  dansWiclef  (ï>o>-.)un  redoutable 
ennemi.  Ainsi,  dans  l'Église,  le  désordre 
et  l'abus ,  et  l'hérésie  forte  de  ce  désor- 
dre même  ;  dans  les  républiques  de  l'Ita- 
lie,  des  factions  implacables  ;  en  France, 
la  guerre  et  des  désastres  de  toute  sorte  ; 
telle  était  la  triste  situation  de  l'Europe. 
Grégoire  XI  combattit  l'hérésie,  rétablit, 
de  concert  avec  Charles  Y,  la  discipline 
dans  l'Église  gallicane  (ti.),  et,  pour  rendre 
enfin  à  l'Italie  déchirée  une  paix  qu'elle 
avait  perdue  depuis  si  longtemps,  il  réso- 
lut de  transférer  de  nouveau  à  Rome  le 
Saint-Siège  qui,  depuis  50  ans,  avait  été 
établi  dans  Avignon.  Le  13  septembre 
1376,  il  se  mit  en  route  avec  toute  sa 
cour,  et  sa  présence  en  Italie  ne  tarda  point 
à  produire  les  plus  heureux  résultats.  Les 
factions  se  calmèrent  ;  mais  le  souverain 
pontife,  faible  et  souffrant  depuis  sa  jeu- 
nesse, ne  devait  compter  encore  que  peu 
de  jours.  Il  mourut  en  1378,  après  avoir 
occupé  pendant  7  ans  le  trône  pontifical. 
Les  historiens  s'accordent  à  faire  l'éloge 
de  sa  science,  de  son  zèle  pour  les  arts, 
de  la  pureté  de  ses  mœurs,  mais  ils  l'ac- 
cusent de  népotisme  (vof,  ce  mot).  Gré- 
goire, qui  est  le  dernier  des  papes  fran- 
çais, eut  pour  successeur  Urbain  YI. 

Grégoire  XII.  La  chaire  de  saint 
Pierre  était  disputée  entre  Rome  et  Avi> 
gnon,  loTsqu'J ngelo  CorrariOy  vieillard 
octogénaire  et  noble  vénitien,  fut  élu 
pape,  sous  le  nom  de  Grégoire  XII,  en 
1406.  De  hautes  et  importantes  fonctions 
dans  l'Église  avaient  depuis  longtemps 
préparé  Corrario  aux  labeurs  du  ponti- 
ficat; on  l'avait  jugé  capable  entre  tous 
de  travailler  efficacement  à  l'extinction 
du  schisme,  et  ses  premiers  actes  confir- 
mèrent, en  effet ,  les  espérances  que  l'on 
avait  conçues  de  son  habileté  et  de  son  ca- 
ractère. R  En  quelque  lieu  que  soit  con- 
«  due  l'union,  avait-il  dit,  je  m'y  rendrai, 
a  et,  au  besoin,  j'irai  à  pied,  un  bâton  à 
a  la  main.  »  Mais  déjà  la  pratique  du 
pouvoir  avait  altéré  ces  premières  et 
loyales  intentions.  Benoit  XIII  (v^j^.), 
l'anti-pape,  avait  promis  sa  démission  ; 


:s€adt   prêchait  le  fatalisme   en     Grégoire  XII  avait  signé  la  sienne  \  mais 


GRE 


(108) 


GRE 


quand  le  moment  fut  venu  de  tenir 
cette  double  promesse,  Benoit  et  Gré- 
goire en  éludèrent  Faccomplissement.  Un 
concile  fut  assemblé  à  Pise.  Le  roi  de 
France  et  tous  les  grands  dignitaires  de 
l'Eglise,  qui  sentaient  le  besoin  de  la  paix, 
pressèrent  les  deux  obstinés  rivaux  de 
réaliser  leurs  engagements  :  ils  refusèrent. 
Le  concile  les  déclara  schismatiques  et  fit 
choix  d'Alexandre  V  {vojr,)  ;  Grégoire, 
de  son  côté,  essaya  d'opposer  à  cette  élec- 
tion solennelle  l'autorité  d'un  concile 
nouveau ,  mais  cette  résistance  devint  inu- 
tile. La  chrétienté  tout  entière  se  pro- 
nonça contre  lui  ;  les  Vénitiens,  ses  com- 
patriotes, menacèrent  même  de  le  faire' 
arrêter,  et  Grégoire,  pour  échapper  à  la 
▼iolence,  renonça  au  pontificat  devant  le 
concile  de  Constance  (vq^.)y  par  l'entre- 
mise de  Charles  Malatesta,  seigneur  de 
Riminî.  H  mourut  le  18  octobre  1417. 

GaicoiAz  Xm  (  Charles  on  Hugues 
de  Buon^Compagno\  était  né  à  Bologne 
en  1503.  Docteur  en  droit  à  18  ans,  pro- 
fesseur à  l'université  de  sa  ville  natale  à 
33  ans,  il  vint  à  Rome,  en  1539,  et  y  fut 
nommé  référendaire.  Il  assista  au  concile 
de  Trente  et  devint  évêque  et  cardinal  sous 
Paul  IV ,  qui  lui  confia  la  légation  de  Por- 
tugal, où  il  connut  le  cardinal  de  Gran- 
▼elle  [voy,).  Après  la  mort  de  Pie  V,  l'in- 
fluence de  ce  cardinal  fit  élever  sur  le 
Saint-Siège,  d'une  voix  unanime,  Buon- 
Coropagno,  qui  prit  le  nom  de  Gré- 
goire Xin,  le  14  mai  1573.  Il  ordonna 
une  procession  solennelle  et  des  actions 
de  grices  après  les  massacres  de  la  Saint- 
Barthélémy;  mais  son  caractère  plein  de 
douceur  et  d'humanité  permet  de  penser 
qu'il  fut  entraîné  à  ces  odieuses  réjouis- 
sances par  l'exaltation  fanatique  de  la 
populace.  S'il  fit  tirer  le  canon  de  Saint- 
Ange  à  cette  occasion,  s'il  prodigua  des 
indulgences  pour  obtenir  les  secours  du 
ciel  en  faveur  du  roi  de  France,  s'il  féli- 
cita le  duc  d'Anjou  de  ses  victoires  sur 
les  calvinistes,  il  ne  refusa  pas  moins  de 
lancer  des  bulles  d'excommunication  con- 
tre Henri  IV  et  le  prince  de  Condé.  Gré- 
goire confirma  l'établissement  de  la  con- 
grégation de  rOratoire  et  fonda  plusieurs 
collèges  à  Rome;  en  1583,  il  publia  une 
édition  nouvelle  du  Décret  de  Gratien 
{voy,)  avec  des  notes  et  des  gloses.  Mais 


ce  qui  a  le  plus  contribué  à  la  { 
son  pontificat,  c'est  la  réforme  d 
drier.  Nous  avons  vu,  à  Tarticlc 
que  la  réforme  julienne  renfen 
core  une  erreur  astronomique  q 
lait  corriger;  Louis  Lilio ,  méde< 
brob,  Christophe  Clavius  et  Piei 
con  eurent  la  plus  grande  part 
opération.  L'Europe,  déchirée 
troubles  religieux ,  accueillit  cette 
d'abord  avec  assez  d'indifféré 
France  s'y  soumit  du  1 0  an  20  d 
1 583  ;  les  Russes  et  les  Grecs  la  i 
encore,  et  comme  ils  continuent 
dre  pour  bissextiles  toutes  les 
exactement  divbiblës  par  4,  ce  c 
convenu  de  ne  plus  faire  pour  le 
iniUales  des  siècles  (1700,  180( 
qui  ne  sont  pas  divisibles  par  4( 
que  siècle  dont  l'indice  séculaire  i 
vise  pas  par  4  éloigne  le  comput  % 
jour  du  comput  romain.  La  dilTér 
pourlexix^  siècle,  de  13  jours,  j 
tienté  reconnaissante  donna  ai 
drier  ainsi  réformé  le  nom  de  s* 
moXe\XT{yoy,  CALK2rnaiER).Grég( 
mourut  presque  subitement  le 
1 585,  après  un  pontificat  de  1 3 
On  lui  reproche  avec  rabon  d'av 
blé  sa  famille  de  richesses  et  d'ave 
que  de  fermeté  dans  l'administn 
fut  inhumé  à  Saint-Pierre,  dans 
pelle  grégorienne  qu'il  avait  fa 
et  une  statue  lui  fîit  érigée  au  Ca] 
eut  Sixte-Quint  {voy.)  pour  su( 

Geegoiee  XIV  [Nicolas  Sfo» 
Il  était  né  à  Crémone  en  1535,  t 
évêque  de  cette  ville ,  puis  cart 
1583.  Lors  du  conclave  de  d 
1590,  il  était  atUqué  d'une  fièi 
lente  et  vivait  retiré  dans  sa 
Quand  on  vint  lui  annoncer  qu' 
être  élu  pontife,  il  priait  agenoi 
vaut  un  crucifix  ;  sa  joie  fut  grs 
nouvelle  d'une  nomination  à  la^ 
ne  s'attendait  point. 

Sous  le  règne  de  ce  pape ,  le 
amassés  par  Sixte- Quint  servire 
roenter  la  révolte  des  ligueurs;  I 
Landriano,  chargé  d'un  monitoin 
contre  les  partisans  de  la  roya 
môme  envoyé  en  France;  mais  un 
mentdesévéques,  datédeChartres 
les  bulles  de  Grégoire  XIV  «  nulk 


GRE 


(109) 


GRE 


ft  la  forone,  injostety  données 
tk»  des  ennemis  de  la  France, 
es  de  lier  les  éréques  ni  les 
oUqoes  françab,  fidèles  au 
;fit  consalter  la  corieusc  lettre 
e  XIV  dans  la  Chronologie 
de  Palma  Cayet.  L'excommu- 
Henri  W  y  était  renouvelée, 
ajoînt  à  tous  de  se  séparer  du 

toire  ne  suffit  point,  et  Gré- 
rotrm  actÎTement  dans  la  lutte 

soutenir  l^pa^e.  Les  Pa- 
crent  une  indemnité  mensuelle 

scudi;  le  colonel  Lusi  en- 
Nipes  en  Suisse,  et  Hercule, 
ontife,  reçut  des  mains  de  son 
i  réalise  de  Sainte-Marie-Ma- 
odard  de  TÉglise  avec  le  titre 
des  armées  pontificales.  Her- 
;nit  aux  ligueurs  aux  environs 
;  mais  ses  troupes  furent  bat- 
ipées,  et,  comme  Font  dit  avec 
lénédictins  dans  PArt  de  w- 
iXeSy  il  ne  resta  à  Grégoire  XIV 
te  de  s^étre  appauvri  pour  ser- 
rque  espagnol  qui  le  dominait. 

avait  des  vertus  très  estima- 
onte;  mab,  au  point  de  vue 
il  D^a  exercé  qu^un  rôle,  sinon 
nce,  au  moins  secondaire  et 
■able.  Sa  mort,  qui  arriva  le 
e  1391,  vint  interrompre  un 
menées  de  TEspagne.  Mura- 
e  que  Grégoire  XIV,  pendant 

maladie,  ne  put  être  soutenu 
tnt  de  For  moulu  et  des  pier- 
Mites,  ce  qui  occasionna  une 
;  15,000  écus  dW.  H  avait 
nob  et  dix  jours. 
KM.  XV.  Bien  que  le  règne  de 
ait  été  très  court  et  qu'aucun 
ement  n^en  ait  marqué  la  du- 
it  injuste  de  ne  pas  lui  accor- 
.ace  notable  dans  la  série  des 
IT  n*  siècle.  Alexandre  Ludovi- 
gne  était  né  le  9  janvier  1 554  ; 
1  1616,  il  fut  élevé  à  la  pa- 
février  1631  et  prit  le  nom 
•  XV;  il  avait  67  ans.  Au  dire 
jt^^  c^était  un  homme  de  petite 

dt  /«  Pmpmmii  pendant  les  xvi>  et 
trad.  de  rallemand  par  M.  Haiber 
irrs  avoir  subi  diTer»es  altératioDf  | 


taille,  flegmatique,  mais  k  cette  heure 
fatigué  par  les  années  et  affiubli  par  la 
maladie.  Conservant  les  traditions  de  la 
politique  romaine  du  xyi*  siècle,  de  cette 
politique  habile  aux  négociations,  insi- 
nuante et  cauteleuse  en  sa  diplomatie, 
bien  plus  préoccupé  de  la  fin  que  des 
moyens,  il  avait  une  réputation  de  finesse 
et  d'habileté  souple,  préférant  le  succès 
obscur  à  TéclaL  A  cet  âge  avancé,  il  lui 
restait  à  peine  un  souffle  de  vie  et  il  ne 
put  guère  régner  que  de  nom.  Son  ne- 
veu, Ludovico  Ludovisio,  prélat  jeune 
et  brillant,  administra  pour  lui.  Peu* 
dant  que  le  pape  négociait  avec  Télec* 
teur  de  Bavière  pour  faire  transporter 
au  Vatican  la  bibliothèque  de  Heidel- 
berg  {vof.  T.  III,  p.  496) ,  composée  de 
livres  provenant  des  monastères;  tandis 
qu'il  passait  ses  journées  à  causer  dans 
son  palais  avec  les  membres  des  académies 
littéraires;  tandis  enfin  qu^il  convertissait 
le  maréchal  de  Lesdiguières,  qull  créait 
en  France  la  célèbre  congrégation  des 
Bénédictins  de  Saint-Maur,  et  qu'il  éri- 
geait l'évéché  de  Paris  en  métropole,  le 
cardinal  Ludovbio  continuait  avec  zèle,  et 
sous  le  couvert  de  son  onde,  l'oeuvre  des 
conquêtes  pontificales.  Élevé  par  les  jésui- 
tes, il  propagea  autant  qu'il  put  leurs  doc- 
trines  d'envahissement.  Ignace  et  Fran- 
çob-Xavier  furent  canonisés;  le  capucin 
Girolamo  da  Nami ,  saint  homme  d'ail- 
leurs, mais  prédicateur  ardent,  fut  pro- 
t^é  avec  persévérance,  et  le  collège  de  la 
Propagande,  institution  qui  exerça  sur 
les  destinées  postérieures  du  catholicbme 
et  sur  la  science  philologique  tine  gran- 
de influence,  fut  établi  avec  éclat  par 
une  bulle  pontificale.  L'Empereur  reçut 
même  de  grandes  sommes  pour  les  em- 
ployer contre  les  protestants,  et  le  roi 
de  Pologne  pour  ses  luttes  contre  les 
Turcs.  Mab  Grégoire  XV  ne  laissa  pas 
longtemps  à  son  neveu  le  loisir  de  s*exer- 
cer  à  cette  politique  active  et  prudem- 
ment entreprenante  :  il  mourut  le  8  juil- 
let 1623,  après  un  règne  de  vingt- huit 
mob.  Am.  R-e. 

Ge^goiee  XVI,  pape  actuel,  est  né 
le  18  septembre  1765  à  Bellune ,  sur  le 
territoire  de  la  république  de  Venise.  Son 

rectifiées  depuis)  par  M>  de  Saipt-Chcron»  Paris» 


QUE 


(I 


nom  est  Mauro  Capellari  ;  de  là  vient 
!•  chapeau  [cappeUo)  que  Ton  Toit  dans  le 
champ  des  armes  du  pontife.  Destiné  dès 
ia  jeunesse  à  Tétat  ecclésiastique,  il  s^ap- 
plîqua  de  bonne  heure  à  Tétude  de  la 
théologie  et  entra  dans  Tordre  des  Béné- 
dictins camaldules.  En  1795,  Capellari  se 
rendit  à  Rome  avec  la  réputation  d^un 
canoniste  distingué,  réputation  qu^afifer- 
mit  encore,  quatre  ans  plus  tard ,  la  pu- 
blication dW  long  ouvrage  :  //  trionfo 
délia  Santa-^ede  e  délia  Chiesa  contre 
gli  astolli  dei  novatori.  H  fut  nommé  pro- 
curateur général  et  bientôt  après  vicaire 
général  de  son  ordre.  Le  13  mars  1825, 
Léon  Xn  le  revêtit  de  la  pourpre  et  le 
plaça,  avec  le  titre  de  préfet,  dans  la  con- 
grégation pour  la  propagation  de  la  foi. 
Pendant  son  cardinalat ,  il  fut  chargé  de 
négociations  fort  importantes.  Sa  réputa- 
tion de  canoniste  habile  le  fit  choisir,  entre 
autres ,  pour  négocier  le  concordat  avec 
le  royaume  des  Pays-Bas,  et  il  s^en  acquitta 
d^une  manière  qui  lui  valut  les  éloges  de 
la  cour  de  Rome.  Sous  le  faible  Pie  VIII, 
son  prédécesseur,  il  fut  employé  à  traiter, 
avec  la  cour  de  Prusse,au  sujet  des  mariages 
mixtes.  Il  ne  savait  pas ,  à  cette  époque , 
que  le  bref  de  Pie  VIII  (vo^.)  etTinstruc- 
tion  adressée  aux  évéques  par  le  cardinal 
Albani  {voy.)^  lui  préparaient  à  lui-même 
tant  et  de  si  cruels  embarras. 

Le  cardinal  Capellari  était  en  grande 
faveur  dans  Topinion  publique  à  Rome  : 
son  érudition  et  la  fermeté  de  sa  foi  lui 
avaient  valu  Testime,  et  sa  simplicité,  sa 
douceur,  son  équité,  raffection  de  tout  le 
monde.  Aussi  lorsqu*à  la  mort  de  Pie  Vm, 
après  50  jours  de  conclave,  son  nom,  qui 
n'avait  pas  même  été  prononcé  d'abord , 
sortit  vainqueur  de  Turne ,  à  la  surprise 
générale,  le  3  février  1831,  le  peuple  té- 
moigna-t-il  une  joie  telle  qu'il  n'en  avait 
pas  manifesté  depuis  bien  longtemps  à 
l'élection  d'un  pape.  La  sévérité  de  Tad- 
ministration  de  Léon  XII  avait  soulevé 
contre  elle  la  haine ,  et  l'esprit  inquisi- 
torial  du  gouvernement  de  Pie  VIII 
avait  excité  de  profonds  mécontente- 
ments. Tout  changement  devait  donc  être 
salué  avec  allégresse ,  et  la  répuUtion  du 
nouveau  pape  faisait  espérer  un  règne  de 
eoociliation.  Capellari,  qui  avait  saint 
Orégoin  pour  fMtroo  et  qui  avait  été 


10  )  GHË 

abbé  du  couvent  des  Camaldules  d< 
Grégoire-le-Grand,  sur  le  mont  C 
prit  le  nom  de  Grégoire  XVI  et  fa 
ronné  le  6  février. 

La  situation  de  l'Italie  (vor.)  *^ 
des  plus  graves.  Ce  pays  semblait  i 
de  violentes  commotions ,  et  la  m 
de  ne  pas  laisser  trop  longtemps  le 
Siège  vacant  en  de  pareilles  circon 
avait  bâté  l'élection.  On  ne  tarda  ] 
convaincre  que  le  choix  aurait  pu  I 
sur  un  homme  un  peu  plus  exe 
maniement  des  affaires  temporelle 
nouveau  pape,  dont  l'activité  ne 
jamais  portée  que  sur  des  matière 
ment  ecclésiastiques.  Grégoire  sVt 
de  nommer  secrétaire  d'état  le 
nal  Bemetti ,  celui  de  tous  les  m 
du  sacré  collège  qui  s'entendait  le 
en  diplomatie^. 

Quelques  jours  s'étaient  écoulés 
depuis  son  couronnement  que  des 
tes  éclatèrent  à  Bologne,  à  Ferrare 
cône.  Les  I^Iarches  et  TOmbrie  se 
vèrent,  et  des  symptômes  d*agita 
manifestèrent  jusque  dans  Rome  g 
béralisme  a  peu  d'accès.  Le  pape 
claré  déchu  du  pouvoir  tempon 
les  Légations,  qui  nommèrent  un  { 
nement  provisoire.  Une  troupe  o 
rable  d'insurgés  se  mit  en  man 
Rome.  L'enthousiasme  révoluti( 
embrasa  tout  l'État  de  l'Église,  et  I 
de  la  fuite  du  pape  à  Civita-Vei 
répandit  partouL  Les  libéraux  réi 
un  moment  à  exciter  du  tumulte 
capitale;  mais  une  partie  du  peu 
Trasteverini  ) ,  la  plus  redoulabh 
force  et  par  sa  résolution ,  prit 
cause  pour  le  saint-père  et  lui  pi 
les  marques  de  son  attachement. 

Les  premières  proclamations  d 
tife  respirent  la  douceur  et  la  c< 
tion  ;  tout  ce  qu'il  disait ,  tout  i 
faisait  dans  les  premiers  jours  de 
ministration  était  propre  à  lui 
l'amour  de  son  peuple,  et  l'on  sai 
souverain  n'est  jamais  plus  libre  di 
ses  inspirations  que  lorsque  la  uoi 

(*)  Tbomat  B«roetti ,  né  ■  Fermo  I 
cembre  I77u«  éuit  cardiaal-dùcr*  «le 
octobre  \iii,  Eo  i836,  il  a  rc^a  po«i 
•car  dans  les  foactioBa  d«  Mcrétair* 
I  ctrdiaal  L»«ilwiitrbid,  né  à  Oéa«%  «■ 


GRE 

it  impose  encore  des  mé- 
9  à  ceux  qui  Fentourent.  Mais 
Q  de  l^Ilalie  deTeoaot  plus  me- 
e  jour  en  jour  et  Taudace  des 
ts  croissaDt  daos  les  Lestions, 
étrangères  saisirent  les  rênes  de 
le  nouveau  pape  gouvernait 
de  faiblesse  et  d^nexpérience. 
oaus  Albani  et  Bemetti  »  que 
cédents  forçaient  à  renoncer  à 
e  de  s^asseoir  eux-mêmes  sur  le 
ge  et  aflraDchissaient  ainsi  d'un 
fiant  y  le  besoin  de  popularité , 
de    Tesprit    du  souverain 


e  commença  son  règne  par  pro- 
dulgence  aux  égarés;  il  s'en- 
eanellement  à  opérer  enfin  les 
indispensables  dans  toutes  les 

de  Tadministration.  Mais  ces 
tspositions  ne  durèrent  qu'aussi 
s  que  le  souverain  pontife  put 
I  propre  mouvement  et  que  ses 
-s,  dans  la  conviction  intime  de 
uice  des  moyens  gouvememen- 
Is  avaient  à  leur  disposition,  se 
nt  à  temporiser.  Dès  qu'ib  eu- 
enn  Fassurance  des  secours  de 
e,  ils  changèrent  de  langage;  mais 
ies  Ailenunds,  sur  lesquels  se 
ent  les  haines  populaires  en  lia- 
it pas  plus  tôt  prononcé  que  les 
détournèrent  de  Grégoire  XVI. 
orait  pas  que,  dans  le  collège  des 
X,  il  t'était  rangé  du  côté  du 
déré  que  dirigeait  le  prodataire 
pMxa;  mais  on  savait  aussi  qu'il 
su  faire  triompher  son  opinion, 
mpuiasance  fut  un  grief  de  plus 
d.  La  cherté  des  vivres  et  la  mi- 
e  naturelle  de  l'état  agité  des  Lé- 
rinrent  encore  augmenter  le  mé«» 
menL  Peu  de  temps  après  avoir 
le  traiter  tous  les  égarés  avec  une 

apostolique  pour  les  ramener 
ce  et  à  la  vérité,  le  pape  se  laissa 
r  à  signer  un  édit  sévère  contre 
rtnnés  qu'on  transformait  alors 
icis  ;  oo  établit  des  tribunaux  ex- 
lires,  on  publia  une  amnistie  tel- 
streinte  parlesexceptionsqu'elle 
itre  dérisoire,  on  abolit  le  droit 
scgUics.  Malgré  les  efforts  de  la 
1  de  quelques  autres  états  ^  les 


(111)  GRË 

promesses  de  réforme  que  le  pontife  avait 
faites  restèrent  sans  effet;  le  gouverne- 
ment  temporel,  dans  toutes  ses  branches 
et  subdivisions,  resta  confié  à  des  prêtres, 
quoique  tout  le  monde  eût  exprimé  le 
désir  de  voir  séculariser  l'administration; 
la  constitution  communale  et  les  institu- 
tions provinciales  qui  avaient  été  pro- 
mises furent  accordées,  mais  avec  de  telles 
restrictions  que  ce  qu'on  obtint  était  à 
peine  l'ombre  de  ce  qu'on  était  en  droit 
d'espérer.  Rien  ne  fut  fait  pour  remédier 
à  la  confusion  qui  régnait  dans  les  attri- 
butions des  tribunaux.  Les  améliorations 
effectivement  opérées  dans  la  législation 
furent  neutralisées  par  l'opposition  du 
clergé  d'une  part  et  des  avocats  de  l'au- 
tre ;  les  impôts  furent  augmentés  en  par- 
tie et  l'on  en  établit  de  nouveaux;  le  do- 
maine public  fut  dilapidé  et  les  couvents 
restèrent  dans  la  paisible  possession  de 
leurs  biens.  L'armée  fut  augmentée,  et, 
au  milieu  de  l'agitation  des  provinces,  les 
troupes  papales  commirent  des  horreurs 
qui  resteront  comme  une  tache  ineffaçable 
sur  le  gouvernement  clérical*.  Depuis  le 
rétablissement  de  la  tranquillité,  tout  est 
rentré  dans  l'ancienne  ornière,  et  ni  les 
instances  de  ses  propres  sujets,  ni  l'inter- 
vention des  puissances  étrangères  n'ont 
pu  décider  la  cour  de  Rome  à  renoncer, 
dans  les  affaires  temporelles,  aux  abus 
accumulés  depuis  des  siècles  et  dont  la 
plupart  des  autres  nations  ont  déjà  obtenu 
le  redressement. 

U  n'en  fut  pas  de  même  dans  le  gou- 
vernement de  l'Église.  Léon  Xn  avait 


(*)  Noai  STODs  dit  à  Târticle  fioLOOHB  qae 
le  goavernemeot  papal  fut  renversé  dam  cette 
légation  le  ai  déc.  x83i.  Voici  comment  un  de 
nos  miniitres  des  affaires  étrangères  les  pins 
mesurée,  M.  Molé^s*est  exprimé  a  ce  sujet  d^us 
la  chambre  des  Députés  :  «  C'est  alors  que  la 
cour  de  Rome,  essayant  de  se  suffire  à  «lle-mé- 
me.  Tout  ut  comprimer  la  révolte,  et  que  le  car- 
dinal Albani  (l^g*^  apostolique  d'Urbin  et  de 
Pesaro) ,  se  mettant  a  la  tète  de  quelques  trou- 
pes  mallieareuaement  indisciplinéet,marcba  sur 
Tiusurrection  et  s^avança  ju»qu*a  Forli  pour  la 
réprimer.  Mais  bientôt  ces  troupes  commirent 
de  telles  Texations ,  des  actes  si  révoltants,  que 
ceux-là  même  qui  oe  s'étaient  pas  encore  sou- 
levés s^osurgèrent  cette  fois,  et  que  le  cardinal 
Albani,  en  vertu  de  pleins  pouvoirs  dont  il  était 
revAto ,  se  vit  dans  la  nécessité  d'appf v*'  t  toa 
secours  les  troopes  »ytrichi— l  »  P^tgt 
(éiai)  et  Ajfcdjra.  •  i 


GkE  (i 

exercé  une  surveillance  sévère  sur  U  dis- 
cipline et  sur  les  mœurs;  quint  à  PieVIUy 
le  rigorisme  un  peu  finitique  de  ses  dé- 
crets les  avait  rendus  inexécutables;  Gré- 
goire XVI  porta  toute  son  attention  sur 
le  dogme,  qu'il  mit  beaucoup  de  soin  à 
purifier  de  tout  alliage,  et  qu'il  chercha  à 
rétablir  dans  sa  majesté  sainte.  L'impuis- 
sance ou  une  prudence  mondaine  avait 
décidé  ses  prédécesseurs  immédiats  à  se 
retrancher  dans  une  position  négative  ou 
défensive  :  Grégoire  fut  le  premier  à  re- 
prendre le  rôle  actif  abandonné  depuis 
longtemps.  Faible  dans  les  affaires  tem- 
porelles, parce  que  l'inexpérience  le  ren- 
dait timide,  il  déploya  beaucoup  d'éner- 
gie dans  les  afTaires  ecclésiastiques  où  la 
connaissance  du  terrain  lui  donnait  plus 
d'assurance.  Chrétien  sincère,  sévère- 
ment ortliodoxe,  peu  accessible  aux  opi- 
nions d'autrui,  persévérant  dans  les  sien- 
nes et  n'admettant  pas  le  doute,  il  a  la 
confiance  de  faire  passer  dans  tous  les  es- 
prits la  conviction  intime  qu'il  a  de  ses 
droits  hiérarchiques.  Les  circonstances 
pouvaient  l'encourager  à  choisir  cette 
ligne  de  conduite.  Partout  les  troubles  de 
notre  époque  ont  fait  surgir  un  parti  con- 
servateur; le  philosophisme  avait  conduit 
au  découragement,  les  excès  au  repentir, 
les  espérances  dérues  à  la  pénitence  ;  d'ail- 
leurs le  parti  même  du  mouvement  le  plus 
|lrononcé  favorisait  en  quelques  lieux 
{vox-  Belgique,  Mf.eodr,  Laxernais, 
etc.)  les  tendances  hiérarchiques,  et  l'É- 
glise rivale,  déchirée  par  les  divisions, 
envahie  par  le  doute,  succombait  à  sa 
faiblesse.  Tout  semblait  ranimer  le  besoin 
d'unité  dans  l'Église  et  relever  le  vieux 
symbole  de  la  foi. 

Dès  le  commencement  de  son  règne, 
Grégoire  montra  les  dispositions  les  plus 
bienveillantes  pour  les  Jésuites;  il  voulut 
qu'on  leur  rendit  la  direction  de  Tinstruc- 
tion  publique,  et  son  édit  relatif  aux  étu- 
des, du  1 3  septembre  1831,  avec  ses  res- 
trictions, son  intolérance  et  sa  sévère  or- 
thodoxie ,  se  ressent  de  l'influence  de  cet 
Pères,  qui  depuis  se  sont  emparés  de  pres- 
que toutes  les  écoles  dans  TÉtat  Romain. 
Les  places  dans  Tadministration  ne  furent 
données  qu^à  des  hommes  zélés  et  ferme- 
ment attachés  aux  doctrines  de  ITglise  ; 
tous  furent  choisis  dans  le  clergé.  On  re- 


12)  GRE 

commanda  aux  curés  de  veiller  ( 
à  œ  que  leurs  paroissiens  finéqnenl 
les  églises  et  s'acquittassent  de  font 
devoirs  religieux  ;  des  ordonnaooei 
bées  depuis  longtemps  en  désuétude  1 
remises  en  vigueur  ;  on  augmenta  Wi 
venus  des  couvents,  on  répara  cens 
menaçaient  ruine,  on  accabla  de 
de  toute  espèce  les  moines  dont  Ict 
soins  de  l'état  avaient  forcé  un  ii 
diminuer  le  nombre  et  les  _  _ 
situation  où  l'Église  catholique 
dans  toutes  les  parties  du  monde  ^ 
pertes  qu'elle  avait  essuyées,  les 
dont  elle  était  l'objet,  furent  un 
aiguillon  pour  le  zèle  de  Grégoire 
Il  est  peu  de  papes  qui  aient  pabBé 
de  brefs  que  lui ,  ou  dont  on 
plus  d'allocutions  ;  et  tous 
ont  porté  le  caractère  de  la  coni 
Ne  comprenant  rien  à  l'esprit  de  œ 
le  saint-père  explique  l'opposition 
rencontre  par  des  causes  qui  sont  UKtii 
plus  vraies  pour  l'Italie  partout  roai_ 
nue  par  le  pouvoir,  «i  Le  mal,  dit-il  4if| 
sa  lettre  encyclique  aux  patriarcbee  elflÉJ 
évéques,  a  sa  radne  dans  l'activité  élêi 
ordonnée  de  ces  sociétés  secrètes  Wpdi 
dues  partout,  et  qui  sont  la  source  ^rMj 
tant  d'actions  infimes,  de  crimes  0Lm 
scélératesses  qu'en  a  jamais  en^tée  IMj 
résie.  »  Les  attaques  contre  le  célibat  ÛÊ 
prêtres  et  contre  la  suprématie  da  piÉI 
sont  à  ses  yeux  d'horribles  infiractkwri 
la  loi  de  Dieu.  «  On  ne  peuty  san»  p6cM| 
a-t-il  dit,  toucher  à  rien  de  ee  c|iie  fM 
glise  a  établi  ;  on  n'y  peut  rien 
on  n'en  peut  rien  retrancher;  il  ert 
déraisonnable  qu'audacieux  de 
améliorer  par  des  nouveautés  une 
tution  que  le  temps  ne  saurait  af&iblirll 
dont  rien  ne  peut  obscurcir  l'écfait'IM 
frémissons  de  voir  les  erreurs  iniiuiti  oan 
ses  qui  se  font  jour  de  toutes  parts  «t  • 
répandent  par  la  liberté  de  la  prcwi^  | 
plus  grand  des  maux ,  par  des  jooiviai 
et  des  pamphlets  imperceptibles ,  ai  on  n 
regardie  qu*à  leur  volume,  mab  démoMVi 
ment  pernicieux ,  à  raison  des  principi 
corrupteurs  qu'ils  sèment  sur  tontt  I 
terre.  » 

Aux  peines  et  aux  regrets  que  don 
naient  à  ce  zélé  pontife  tous  les  dangH 
intérieurs  de  l'Élise  te  sont  jointes  k 


GBE 

chiâoot 

I  en  Portugid,  de 
K  cl  de  rAmérique  espagnole, 
i|BC»  de  IL  de  Lamennais ,  qui 
u  de  mal  peat-étre  à  l'Église  et 
ir  da  Seint-Siége  que  tous  ceux 
naicni  aitaqués  avant  lui.  Les 
le»  sovacis  assiégeaient  donc  de 
^  le  moi-pcre  lorsque  Tenlève- 
Tardievêcine  de  Cologne  (Droste 
riog)y  par  le  bras  séculier,  le  20 
1 1837,  Tint  lui  porter  le  coup 
■îble.  Il  assembla  sur-le-cbamp 
cosre  secret  dont  on  le  vit  sortir 
t  de  tous  ses  membres  et  en 
Ica  éoaoiiotts  passionnées  que  sa 
icadblerail  exclure,  mais  qui  s'ex- 
par  une  asanière  de  voir  les  choses 
aat  à  on  antre  âge,  par  son  igno- 
i  HMnHi  qui  font  aujourd'hui 
le  imondf,  et  enfin  par  cette  naî- 
qni  ne  peut  voir  dans  les 
I  vie  nouvelleet  dans  les  néces- 
i  politique,  qu'injustices,  offenses 
laœté  *.  Cette  cruelle  épreuve  ne 
i  «lemîère  :  d'autres  l'attendaient 
Atenralle.  L'archevêque  de  Poz- 
sa),  Martin  Dunin,  suivit  l 'exem- 
rdîat  de  Cologne  (  mandement  du 
er  1838,  aussi  relatif  aux  maria- 
s)  et  eut  à  peu  près  le  même  sort. 
i  son  siège,  par  la  force,  il  est  en- 
sa  dans  la  forteresse  de  Colberg 
Ml  confrère  l'étaitàAUnden.  Gré- 
fi,  dans  une  nouvelle  allocution, 
hautement  contre  tout  ce  qu'a- 
ie gouvernement  prussien ,  et  si- 
par  ua  cri  d'alarme,  l'atteinte 
'on  gouvernement  venait  de  por- 
Iroîts  de  l'Église.  Elle  ne  tarda  pas 
OQver  une  antre  encore  plus  grave 
•9,  par  la  révocation  de  l'union 


I  ele  reoToje  a  a  présent  arti- 

celoi  êmr  F&ioÉaic-GoiLX.AVMB  III, 

détail»  tar  les  grares  éTéoemeots  de 

Bais  CCS  derniers  n'étant  pas  encore 

éa,  Boos  bésiUms  à  en  donner  ici  Tbis- 

t  Boas  nimoas  mieux  le  réserrer  pour 

^iscauiiXG.  Les  querelles  hermésien- 

recédèrent  celles  sur  les  mariages  mix- 

expliquées  an  mot  Hkrxès.  £n  par- 

^ad-dncbé  de  Posen  (Pozo4n)  nous 

!  méflie  Toccasion  de  revenir  sur  les 

e  rapportent  an  démêlé ,  ancien  mais 

Bt  repris  en  i833,  du  gouTcrnement 

rarclirvéqu«M4rtiji  Duuto.      S. 


(lis)  GRE 

les  événements  i  qui  vient  d'avoir  lieu  eu  Lithuànie  et  qui 
s  l'Espagne,  de    détacbe  du  Saint-Siège  des  milliers  de 

fidèles.  Le  pontife  ne  garda  pas  plus  le 
silence  sur  cette  entreprise  d'une  puis- 
sance scbismatique ,  qu'il  ne  l'avait  £ût 
au  sujet  de  celle  d'une  puissance  protea- 
tante.  Il  jeta  un  nouveau  cri  d'alarme  et, 
dans  son  allocution  du  22  nov.  1839  aux 
membres  du  consistoire  secret,  il  attribue 
énergiquement  à  des  menées  frauduleux 
ses  et  à  des  pasteurs  infidèles  la  défiée- 
tion  d'une  population  dont  on  a,  par 
degrés,  corrompu  la  foi  en  altérant  ses 
livres  liturgiques  et  en  profitant  de  soa 
ignorance  pour  le  tromper.  Tant  d'épreu- 
ves ne  lassent  pas  l'inébranlable  courage 
du  pieux  pontife*,  et  si  les  événements 
continuent  à  suivre  ce  même  cours,  le 
nom  de  Grégoire  XVI  deviendra  histo- 
rique dans  ce  sens  que  apn  zèle  et  l'im- 
pétuosité de  sa  résistance  seront  le  sym* 
bole  du  dernier  écUt  jeté  par  une  flamme 
prête  à  s'éteindre.  C.  X.  m. 

GRÉGOIHfi,  patriarche  deConsUn- 
tinople ,  l'un  des  premiers  martyrs  de  la 
cause  des  Grecs  après  r.insurrection  de 
1821,  naquit  à  Calavrita,  en  Arcadie, 
vers  1740,  et  fit  ses  études  aux  écoles  de 
Dimitzana  (Morée) ,  du  mont  Athos,  de 
Pathmos  et  de  Smyrne.  C'est  là  qu'il  prit 
l'habit  monastique,  et,  après- ayoir  passé 
par  les  degrés  de  diacre  et  de  prêtre,  il 
fut ,  jeune  encore ,  élu  métropolitain  de 
celte  ville  importante.  La  plqpart  des 
églises  de  ce  diocèse  tombaient  en  ruines, 
et  l'on  sait  quels  obstacles  les  Turcs  op* 
posentàleurreconstruction.Telle  mosquée 
splendide  a  peut-être*  moins  coulé  que 
l'humble  chapelle  à  peine  remarquée  des 
voyageurs,  et  dont  les  chrétiens  ont  ra- 
cheté vingt  ibis  la  conservation.  Le  zèle 
de  Grégoire  parvint  cependant  à  doter 
Smyrne  de  plusieurs  édifices  religieux. 
Ses  vertus  ont  laissé  dans  cette  ville  des 
souvenirs  non  moins  durables,  et  y  ont 
exercé  la  plus  salutaire  influence.  Ainsi . 
dans  une  de  ces  dissensions  qui  trop  sou- 
vent partageaient  les  Grecs,  le  métropo- 
litain s'était  laissé  entraîner  à  prendre 
parti  pour  une  des  factions;  mais  ayant 


yclop,  d,  G.  d,  M.  lowe  7UIL 


(*)  En  date  du  3  noTembre  1839,  il  vient  de 
rendre  des  lettres  apostoliques  interdisant  le 
trafic  des  noirs,  ainsi  que  toute  traite  d'homme« 
en  général.  S. 


GRE 


(U4) 


GRE 


Irwonnu  bientôt  riojustîce  de  la  cause 
qu*il  soutenait ,  il  profita  d^une  solennité 
religieuse  qui  réunissait  tous  les  fidèles 
^ns  la  métropole,  et,  après  avoir  prêché 
sur  la  concorde ,  il  descendit  de  son  siège 
épiscopal,  et,  les  yeux  humides  de  larmes, 
diemanda  publiquement  pardon  à  tous 
oeux  qu'il  avait  pu  ofTenser.  Cet  exemple 
était  fait  pour  agir  sur  Tesprit  des  Grecs, 
aisément  accessible  aux  nobles  impul- 
•ions,  et  les  ennemb  de  la  veille  s'em- 
brassèrent avec  effusion. 

Les  qualités  éminentes  de  Grégoire 
la  firent  appeler,  en  1795 ,  au  trône  pa- 
triarcal de  Constantinople ,  position  la 
plus  haute  qu'un  Grec  pût  occuper.  Aussi 
actif  qu'éclairé,  il  aurait  favorisé  le  mou- 
Tement  intellectuel  de  la  nation  qui  com- 
mençait à  sortir  d'une  longue*  torpeur  ; 
mab  l'expédition   française  en    Egypte 
vint,  dans  le  même  temps,  raviver  la  haine 
des  Tunes  contre  les  Francs.  Accusé  d'ê- 
tre favorable  à  leurs  idées ,  le  patriarche 
fut  déposé ,  heureux  pourtant  d'avoir  pu 
détourner,  avant  sa  disgrâce,  les  dangers 
qui  menaçaient  ses  coreligionnaires.  Re- 
tiré dans  l'un  des  monastères  du  mont 
Atbos,  Grégoire  n'y  fut  pas  inactif;  non- 
leulement  il  composa  plusieurs  ouvrages 
«tUes  à  la  religion ,  mab  il  étudia  l'art 
de  les  multiplier  par  la  typographie ,  et, 
rappelé  bientôt  à  la  tête  de  l'Église  grec- 
que ,  il  rétablit,  dans  le  palais  patriarcal 
en  partie  réédifié  par  lui,  Timprimerie 
que  ses  prédécesseurs  avaient  tenté  d'y 
fonder.  Ces  occupations  et  les  encoura- 
gements qu'il  donnait  à  l'établissement 
des  écoles  furent  interrompus  par  un 
nouvel  exil  à  la  suite  des  révolutions  de 
Constantinople,  en  1808,  alors  que  le 
divan,  flottant  entre  Alexandre  et  Napo- 
léon ,  sacrifiait  aux  revirements  de  sa  po- 
litique   ministres,    hospodars  et  drog- 
mans.  Le   patriarche   fut  aussi   déposé 
comme  partisan  des  Russes.  Enfin  il  ve- 
nait d'être,  pour  la  trobième  fois,  obligé 
d'accepter  le  patriarcat,  quand  l'invasion 
d'Hy|isilantb  (1821),  dans  les  provinces 
danubiennes  devint  le  signal  de  l'insurrec- 
tion des  Hellènes.  Constantinople  était 
le  but  supposé  de  l'entreprise,  et,  selon 
les  plans  que  l'on  prétait  aux   bétéristes 
{vojr.)^  les  Grecs  de  la  capitale  devaient 
se  soulever,  immoler  le  sulthan  et  réta- 


blir le  trône  de  Constantin.  Sur  oift  i 
cusations,  les  princes  du  Fanar  (iNi|r«j 
les  malheureux  artisans  grecs  étaient  JM 
nellement  massaciés  par  une  toldaMi 
exaspérée,  qui  désignait  le  iralah  ' 
patriarche  comme  l'anenal  et  le  inÉ 
des  chrétiens.  La  position  du  cigj 
grec  en  présence  d'une  révolotioa  ^ 
s'annonçait  au  nom  de  la  religion  4| 
des  plus  difficiles.  En  effet,  il  a¥nto=4 
maintenu,  lors  de  la  conquête  otiMMÉI 
dans  une  partie  de  ses  prérogative»  |NI 
devenir  le  garant  de  la  soamiMion  4 
chrétiens,  et  il  avait  souvent  iilnnj, 
tyrannie  en  préchant  toujours  ToM 
sance.  Grégoire  dut  suivre  ces 
et  lancer  un  anathème  religieux 
les  auteurs  de  la  révolte.  Soit  qo^  4 
obtenu  par  cette  mesure  la  confianei^ 
minbtres  turcs,  soit  qu'ib  vouloatefll'V 
prouver,  ils  lui  confièrent  la  garde  Éi 
famille  Morousi(voj.),  dont  lechef  trt 
été  mis  à  mort  peu  de  jours  eapeiM 
comme  hétériste. 

L'ecclésiastique  chargé  par  Gffé|yi 

de  veiller  sur  ces  infortunés  fovnrim  II 

évasion  :  de  ce  moment,  le  patriarcbefl 

vit  son  arrêt.  Il  se  rend  immédialBH 

chez  les  ministres  qui  l'accablent  dl4 

res,  mab  sans  attenter  à  sa  liberté.  ■ 

amis  le  pressaient  de  fuir,  mais  kd  10 

remplir  jusqu'au  bout  les  devoirs  dtH 

apostolat.    On   était  dans    la    seanll 

sainte  ;  le  jour  de  Pâques  arrive ,  41 1 

patriarche  célèbre  avec  calme,  avnl 

pompe  accoutumée,  mais  an  miliendfl 

silence  de  mort ,  cette  solennité  ofti 

chrétiens  orientaux  font  d'ordinaireèl 

ter  leur  joie.  Au  sortir  de  l'église,  il  I 

saisi ,  jeté  dans  un  cachot ,  et,  qne^i 

heures  plus  tard ,  pendu  devant  la  pfll 

de  l'église  comme  fauteur  de  la  rétél 

Les  principaux  membres  du  synode  p| 

tagent  son  supplice  ou  sont  résenPÉ 

d'autres  tortures.  Des  ordres  de   mn 

vont  dans  les  provinces  frapper  les  dîp 

taires  du  clergé.  Ainsi  périssent  pini 

soixante  évêques  ou  exarques.  Le  Hn 

rable  Cyrille,  prédéceMcur  de  GréQoi 

retiré  à  Andrinople ,  y  subit  le  mi 

sort.  Cependant,  au  milieu  de  ses  fnrea 

le  divan,  penévérant  observateur  dei  i 

ciens  usages,  fait  élire  un  nouvcen  | 

,  et  le  9)  avril ,  le  jour 


GRE  (i 

de  Grégoire ,  à  la  TiMLde  lOD  gî- 
mtj  éréque  de  Pisidie,  est  installé 
drémonial  habituel.  Ce  sera  la 
àt  la  Porte  aux  plaintes  des  am- 
is chrétiens.  An  bout  de  trob 
t  corps  du  patriarche  fut  aban* 
des  JuifÀ  qui  le  traînèrent  igno- 
;aent  par  les  rues  et  le  jetèrent 
.  Mais  quelques  fidèles  avaient 
i  jeux  ces  restes  Ténérés;  un  ca- 
le aaTire  les  recueillit  à  son  bord 
île  vers  Odessa.  Un  service  funè- 
bt  célébré  le  38  juin  avec  la 
■de  pompe ,  en  présence  des  di- 
i  du  clergé  russe  venus  de  Mos- 
dcs  autres  provinces.  Huit  mille 
I,  sous  les  ordres  du  comte  de 
OD,  gouverneur  général,  formaient 
sur  le  passage  du  cortège.  Le  sa- 
wHtinfin  Œconomos^  ancien  pro- 
dn  Lvcée  de  Sm^me,  prononça 
m  funèbre  du  patriarche.  Elle  fut 
léc  à  Stint-Pétersbourg  et  à  Mos* 
itec  des  traductions  russe  et  aile- 
.  Cet  attentat  sur  le  chef  de  TÉglise 
t  émut  profondément  les  peuples 
s  de  la  Russie,  qui  déjà  ne  respi- 
lœ  la  guerre.  Cependant  la  politi- 
mit  à  entraver  cet  élan  des  sujets 
indre  (vo^.  SraoooiroF).  Il  n*en 
de  même  en  Grèce.  Dans  Tlle 
i  cl  dans  les  autres  villes  aflran- 
n  service  funèbre  fut  célébré  avec 
le  pompe  qu*à  Odessa ,  mais  avec 
lins  de  fServeur,  pour  la  mémoire 
iardie  Grégoire,  et  le  sang  de  ce 
1  Biartyr  devint  aussi  fécond  que 
ES  premiers  confesseurs  de  la  foi. 
mÈcB ,  p.  35  et  suiv.  W.  B-t. 
UiOiWLE  (riTE  DK  SAurr).  On  ap- 
i  {Gregorùtsfesi)  une  fête  que 

des  écoles  célébrait  assez  gêné* 
it  autrefois  dans  plusieurs  parties 
emagne ,  surtout  en  Saxe.  Dégui- 
Bontagnards ,  en  ramoneurs ,  en 
rs,  etc.,  les  écoUert  parcouraient 
,  précédés  ordinairement  de  quel- 
■fldeos,  récitant  des  vers  analo- 
leors  costumes,  et  recevant  des 
b  soit  des  vivres,  soit  de  Targent, 
I  partageaient  ensuite.  Cette  fête, 
célébrait  vers  Pâques ,  était  évi- 
it  une  imitation  des  Panathénées 

ec  de  la  félt  de  Minerve   à 


U)  GRE 

Rome.  Grégoire  IV,  oonvaincuderimpoé" 
sibilité  d'abolir  ces  fêtes,  ordonna,  Fan 
828,  que  chaque  année,  a  Fépoque  où  tom- 
bait la  fêtede  Minerve,  si  chère  aux  païens 
convertis ,  on  en  célébrerait  une  en  rhon- 
neur  d*un  de  ses  prédécesseurs ,  le  papa 
Grégoire-le-Grand  {vojr.)y  qui  avait  éta- 
bli à  Rome  les  premières  écoles  de  chant. 
De  là  lui  vint  le  nom  de  fête  de  saint 
Grégoire.  De  nos  jours  même,  il  s'en 
couserve  des  traces  dans  les  villages  de 
la  Saxe.  Chaque  année ,  vers  Pâques,  les 
maîtres  d'écoles  parcourent  les  villages  à 
la  tête  de  leurs  élèves,  entonnant  devant 
chaque  maison  le  chant  de  saint  Gré" 
goire^  pour  recevoir  Fargent  ou  les  den- 
rées qu'on  veut  bien  leur  donner.  €•  lu 

GRÉGOIRE  (HxvKi).  «  Desessarts , 
dans  ses  Siècles  littéraires  de  la  France^ 
m'apprend  qu'à  Yého,  à  deux  myriamè- 
très  de  Lunéville ,  département  de  la 
Meurthe,  esl  Bé,  le  4  décembre  1760, 
Henri  Grégoira,  curé  d'Embermesnil , 
puis  évêque  de  Blois ,  membre  de  l'As- 
semblée constituante ,  de  la  Convention 
nationale ,  du  conseil  des  Cinq-  Cents , 
du  Corps  législatif,  puis  sénateur,  l'un 
des  commandants  de  la  Légion-d'Hon* 
neur,  membre  de  l'Institut  national,  des 
Sociétés  d'Agriculture  de  Paris,  d'En- 
couragement, de  philosophie  chrétienne, 
de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Gœt- 
tingue  (et  d'une  foule  d'autres  académies 
et  sociétés  savantes).  Cette  accumulation 
de  titres  ne  donne  pas  le  mérite,  et  même 
elle  ne  le  suppose  pas  toujours.  » 

C'est  ainsi  que  Grégoire  commence  les 
Mémoires  de  sa  vi>,  publiés  en  1887. 

9  Quant  à  moi ,  dont  \^  roture  remonte 
probablement  jusqu'à  Adam ,  continue- 
t-il,  né  plébéien  comme  Chevert,  André 
del  Sarto,  Lambert  de  Mulhausen,  Dor- 
fling,  etc. ,  persuadé ,  comme  le  dit  un 
poète ,  que  chacun  est  fils  de  ses  œuvres, 
je  ne  veux  jamais  séparer  mes  affections 
ni  mes  intérêts  de  ceux  du  peuple.  » 

Ces  deux  citations  nous  donnent  à  la 
fois  une  sorte  de  table  des  matières  pour 
la  longue  carrière  publique  de  Grégoire 
et  un  aperçu  des  sentiments  qui  ne  cessè- 
rent de  le  diriger.  Champion  infatigable 
de  la  cause  démocratique,  qui  s'identifiait 
dans  son  esprit  avec  celle  de  la  religion , 
après  une  existence  vouée  tout  entière  à 


dRË  (  1 

FàcooapliiMiiieiit  des  devoirs  imposés 
|Mnr  sa  conscience,  il  Toulat  encore  en 
déposer  une  dernière  et  posthame  ex- 
pression dans  un  admirable  testament  : 
«  Avec  la  grâce  de  Dieu,  dit  Grégoire,  je 
mourrai  bon  catholique  et  bon  républi- 
cain. » 

Il  était  déjà  républicain  et  prêtre  ca- 
tholique lorsque  les  suffrages  des  élec- 
teurs allèrent  le  chercher  dans  sa  petite 
cure  d*£mbermesnil  pour  l'envoyer  re- 
présenter le  clergé  lorrain  aux  États- 
Généraux.  Ses  opinions  s'étaient  fait  jour 
plus  d'une  fois,  particulièrement  dans  un 
Essai  sur  la  régénération  physique  et 
morale  des  Juijs  ^  œuvre  de  tolérance 
bien  remarquable  dans  la  plume  d'un  ec- 
clésiastique y  et  que  l'Académie  de  Metz 
avait  couronnée  en  1788.  Quinze  ans  au- 
paravant ,  celle  de  Nancy  avait  décerné 
le  même  honneur  à  l'i^/og^  de  la  Poésie^ 
premier  écrit  de  l'auteoTi  qui  atteignait 
à  peine  sa  vingt- troisième  année. 

Rendu  à  son  nouveau  poste,  Grégoire 
se  lia  bientôt  avec  les  députés  les  plus  in- 
fluents du  tiers-état.  La  première  ques- 
tion importante  qui  s'agita  fut  celle  de  la 
réunion  des  trois  ordres  :  le  curé  d'Em- 
bermesnil  contribua  beaucoup  par  son 
exemple,  par  ses  discours  et  par  d'éner- 
giques publications,  à  y  déterminer  la 
portion  du  clergé  qui ,  sortie  des  rangs 
populaires  et  vivant  de  la  vie  du  peuple, 
avait  senti  comme  lui  le  poids  des  abus  et 
des  privilèges.  Le  14  juin  1789,  il  vint, 
avec  Dillon  et  quelques  autres  ecclésias- 
tiques, accéder  solennellement  aux  actes 
des  représentants  du  tiers-élat. 

«Cette  conduite,  dit  Grégoire,  fait 
prenentir  que  j'étais,  le  30  juin,  à  la  cé- 
lèbre séance  du  Jeu  de  Paume,  où  se 
trouvaient  quatre  autres  curés ,  et  à  la 
séance  que  tinrent  le  tiers -état  et  149 
membres  du  dcrgé  dans  l'église  Saint- 
Louis  ,  où  je  recueillis  les  témoignages  les 
plus  flatteurs  de  l'approbation  publique.  » 
Plein  de  hardiesse,  il  présida  la  séance  de 
soixante-douze  heures  pendant  laquelle 
le  peuple  de  Paris  prenait  d'assaut  la  Bas- 
tille. Sept  cents  députés  et  une  foule  de 
citoyens  alarmés  encombraient  la  salle  et 
les  galeries.  Grégoire  prit  la  parole ,  et 
après  avoir  flétri  les  ennemis  de  la  cauie 
nationale  :«  Le  ciel,  s*écria-t*îl|  mar- 


16  )  dRE 

quera  le  terme  de  leurs  scélérati 
pourront  éloigner,  prolonger  la 
tîon ,  mais  certainement  ib  ne  l'ei 
ront  pas.  Des  obstacles  nouveau 
ront  qu'irriter  notre  résistance 
fureurs  nous  opposerons  la  mati 
conseib  et  le  courage  le  plus  io 
Apprenons  à  ce  peuple  qui  nous 
que  la  terreur  n'est  pas  faite  poui 
Oui,  messieurs,  nous  sauverons  h 
naissante  qu'on  voudrait  étouffer 
berceau,  fallût-il  pour  cela  noi 
velir  sous  les  débris  fumants  < 
salle.  »  Puis,  traduisant  la  dis 
courageuse  qu'il  venait  de  faire 
dans  les  âmes,  il  termina  par 
d'Horace  : 

Si/raclm*  iUabatmr  orUt, 
Impavidum  ftiitmi  ruimm. 

Tous  les  votes  de  Grégoire  à  l'A 
constituante  furent  dirigés  vers 
chissement  du  peuple,  l'amélior 
son  sort  et  l'élévation  desesseo 
Nous  citerons  la  part  active  qu^ 
l'abolition  des  privilèges  dans  la 
rable  séance  nocturne  du  4  aoî 
où  il  réclama  spécialement  et  < 
suppression  des  annates  ;  ses  mot» 
tre  le  droit  d'aînesse  et  contre 
absolu  ;  ses  efforts  réitérés  en  fa 
Israélites  et  des  hommes  de  coul< 
fin  son  opinion  toute  démocrat 
les  bases  de  la  capacité  électorale 

Lorsque  la  constitution  civile  c 
fut  mise  a  l'ordre  du  jour,  Gré\ 
le  premier  à  lui  donner  son  ad 
non,  dit- il,  qu'il  la  trouvAt  san 
che,  mab  parce  qu'il  regardait  < 
liésion  comme  «  un  devoir  de  pal 
propre  à  porter  la  paix  dans  le  i 
et  à  cimenter  l'union  entre  les 
et  les  ouailles.  »  Son  discours  à  < 
casion,  deux  publications  Sur  l 
mité  du  serment  civique^  et  ai 
l'exemple  d'un  homme  dont  on  < 
sait  la  piélé  fervente  et  les  lumièr 
oèrent  une  influence  décisive  sui 
très  membres  de  l'ordre  auquel  i 
tenait.  C'est  aussi  de  cette  épo 
date  la  haine  violente  dont  il  fi 
toute  sa  vie,  et  que  nous  avons  \ 
veiller  avec  une  nouvelle  intein 
ses  derniers  moments. 


(117)  GRË 

que  de  Saîot-Claade)  en  a  tiré  une  copie 
certifiée  par  Camus  ;  mais  ce  qui  est  re- 
marquable, c^est  que,  pour  avoir  sup- 
primé ces  mots,  les  quatre  commissaires 
furent  dénoncés  aux  Jacobins,  dont  la 
tribune  était  alors  vouée  à  Texagération 
la  plus  outrée.  Jean-Bon^-Saint^André  ju« 
gea  à  propos  de  piendre  notre  défense.  » 

Revenu  de  sa  mission  dans  le  nouveau 
département  du  Mont-Blanc,  Grégoire 
fut  élu  membre  du  comité  dlnsiruction 
publique,  et  devint  Tun  des  principaux 
collaborateurs  de  cette  section  du  gou- 
vernement républicain,  à  laquelle  nous 
devons  tant  de  belles  et  utiles  créations. 

Sur  ses  rapports,  et  en  grande  partie 
par  ses  soins,  furent  établis  le  Bureau  des 
longitudes  et  le  Conservatoire  des  Arts  et 
Métiers.  D^autres  rapports  non  moins  im- 
portants, présentés  par  lui  à  l'assemblée, 
eurent  pour  objet  la  rédaction  des  An^ 
naies  du  ciçismc ,  la  composition  de  li- 
vres élémentaires ,  l'organisation  de  bi« 
bliothèques  publiques,  rétablissement  de 
jardins  botaniques  et  celui  de  fermes  ex* 
périmentales,  la  propagation  de  la  langue 
nationale  et  l'abolition  des  patois  provin- 
mandait  que  la  peine  de  mort  |  cîaux.  Il  contribua  plus  que  personne  à 


GRË 

Trages  de  deux  départements , 
a  Sarthe  et  de  Loir-et-Cher, 
it  simultanément  à  Grégoire  l'é- 
ODstitutionnel.  H  opta  pour  le 
ége ,  et  ne  tarda  pas  à  y  être 

Taffection  et  de  la  confiance 
qui  le  désignèreat  pour  prési- 
DÎstration  centrale,  et  plus  tard 
^senter  le  département  à  laCon- 
Laissons-le  raconter  lui-même 

dans  cette  nouvelle  assemblée. 
I  première  séance,  je  déclare  à 
nbres  que  je  vais  demander  Ta- 
e  la  royauté  et  la  création  de  la 
e.  Ils  pensent  que  le  moment 
3Ttan  et  m'engagent  à  suspen- 
>t-d'Herbob  me  prévient  et  se 
énoncer  cette  proposition  ;  je 
se  d'en  développer  les  motifs. 
iUt  surtout  de  mon  discours  ces 
?hiitoire  des  rois  est  le  mar» 
ies  nations.  Sur  ma  rédaction, 
é  fat  abolie  le  21  septembre 
j^avoue  que,  pendant  plusieurs 
;cès  de  la  joie  m'ôta  l'appétit  et 
»1.  » 
la  discussion  sur  le  procès  du 


rimée.  «Cent  fois,  dit-il,  on  a 
le,  malgré  mon  absence  lors  du 
,  deChambéry  où  j'étais  en  mis- 
ais, avec  mes  collègues,  écrit 
lander  que  Louis  XVI  fût  con- 
mort.  Notez  qu'en  déclarant  le 

je  ne  prétends  pas  émettre  une 
sur  creux  qui  ont  voté  de  cette 

ils  remplissaient  la  pénible  fonc- 
irés  de  jugement,  et  je  dois  croire 
:  suivi  comme  moi  la  voix  de  leur 

L-crit,  en  effet ,  à  la  Convention, 
c  datée  de  Chambéry,  20  janvier 
signée  des  noms  de  Hérault,  Ja- 
m  et  Grégoire;  mais  voici  la  vé- 

que  la  première  rédaction  de 
re  par  mes  collègues ,  continue 
,  fat  présentée  à  ma  signature, 
d'y  souscrire,  attendu  qu'elle 
it  que  Louis  fût  condamné  à 
ors  on  en  substitua  une  autre, 
lelle  effectivement  les  mots  à 
ie  trouvent  pas.  On  peut  la  voir 
veS|  d'où  M.  Moyse  (ancien  évè- 


prévenir  la  destruction  des  monuments 
des  arts,  et  qualifia  le  premier  ce  genre 
de  crime  du  nom  de  vandalisme  y  terme 
adopté  depuis  dans  toutes  les  langues  eu- 
ropéennes ;  il  protégea  de  tout  son  crédit 
les  savants ,  les  hommes  de  lettres  et  les 
artistes,  et  obtint  pour  eux  de  la  Con- 
vention des  encouragements  considéra- 
bles. Enfin  il  établit,  par  l'intermédiaire 
des  agents  diplomatiques  et  consulaires, 
une  immense  correspondance  avec  les 
pays  étrangers,  destinée  à  répandre  les 
lumières  et  à  propager  les  découvertes 
utiles.  Lorsque  les  changements  politi- 
ques vinrent  l'interrompre  dans  l'exécu- 
tion de  cette  belle  pensée,  livré  à  ses  res- 
sources personnelles,  il  la  continua  avec 
persévérance  pendant  tout  le  reste  de  sa 


vie. 


Cette  longue  énumération  ne  contient 
encore  qu'une  partie  des  travaux  accom- 
plis par  Grégoire  dans  l'intérêt  de  la 
prospérité  nationale  et  dans  celui  de  l'hu- 
manité entière.  Dès  avant  la  révolution  ^ 
il  avait  élevé  la  voix  en  faveur  des  Juifs  ; 
il  obtint  de  l'Assemblée  constituante  leur 


GRE 

rodaction  dans  U  vie  e 
t.  Ceita  aMemblée,  w 


ivila  et  politi- 
r  »  demande, 
I  mémet  droils  les  hommes  de 
luieur  libra  de  nos  colonies;  la  Con- 
cntion,  également  provoquée  par  lui, 
upprioM  l«  prime  accordée  jusqu'alors 
pour  Ift  traite  de*  nègres,  et  enfin  abolit 
csnpKtMDeDi,  en  février  1794,  l'ocU- 
vaga  d«  la  race  africaine. 

A  l'AMcnblée  oomtiiiiante ,  Gré^ira 
avait  demandé  que  le  nom  de  l'Être  su- 
prême fAt  inscrit  au  frontispice  de  la  Dé~ 
ctamtion  det  droits,  et  que  celle-ci  fût 
Mcompagnée  d'une  déelaration  des  de- 
voir* :  à  la  Convention,  il  proposa  une 
déclaration  du  dmit  des  gens,  destinée 
à  régler  Ict  rapports  de  la  républiiiue 
francise  aveclcs  nations  étrangères.  Celte 
pièce  est  l'application  dei  préceptes  du 
christ ianïwne   aiu  relations  internatio- 

Haii  l'an  des  traits  les  plus  éclatants 
de  U  vie  de  Grégoire  est  la  courageuse 
persistance  avec  laquelle  il  proclama  se* 
opinions  l'en  g  ieuscs  au  milieu  des  injures 
et  des  menaces  que  lui  prodiguaient  les 
partiiaos  d'Hébert  et  de  Chaumetle.  La 
Commune  de  Paris,  voulant  substituer 
ani  cultes  établis  celui  de   la  Raison, 
l'évèquc  de  la  métropole,  Gobcl,  avai 
eu  la  faiblesse  d'apostasier,  onsnmma,* 
pleine  asiemlilér,   l'évéque  de  Rloîs  d' 
miter    cet   exemple.    ■    Catholique    par 
<  conviction  et  par  sentiment,  n^pondit 

■  Grégoire    à    la    trihune,    prêtre    pal 

■  choix ,  j'ai  été  délégué  par   le  pMi- 

■  pie  pour  être  évéque,  mais  ce  n'est  n 

■  de  lui  ni  de  tous  que  je  tiens  ma  mis- 

•  sion.  J'ai  consenti  à  porter  le  fardeau 

■  de  l'épitcopat  ilans  le  temps  où  il  était 

•  entouré   d'épines;   on   m'a  tourmenté 

•  pour  l'arr^pter  :  on  me  tourmente  au- 

•  jourd'hui  piiur  me  forcer  à  une  alidi 

•  cation  qu'on  ne  m'arrachera  jamai 
«  Agissant  d'apri-a  les  priiicipeisacréi  qi 
1  me  sont  chen,  et  que  je  vous  défie  t 

•  me  ravir,  j'ai  tàchû  de  faire  du  hira 

•  dans  mon  diocèse  :  je  reste  évéque  pour 

•  en  faire  encore;  j'invnque  la  liberté  des 

Défenseur  de  l'humanité  en  faveur 
même  de  ses  adversaires,  on  «il  encore 
Grégoire  demander  et  obtenir  la  liberté 
des  eccléaiasticjiira    réfractaire*    entasué* 


(118)  GHl!. 

iurlespoDtoiiideRocbernrt.  Av 
délivrance ,  ces  eccl<siasti<]i)e>  | 
relation  de  U  captivilif  qu'il*  ' 


Grég, 
une  de  ses 

1831 
la  Hévoli 
:hrétiens  : 
issiégé  de 

lui  ont  fermé  la  porte  de  << 
Grégoire  avait  vu  da[i> 
fran^a  isel'apptication  des  yi 
vangi  le  aux  relations  politM 
de  l'Oise  le  caractérisa  pi  r; 
qu'il  lui  reprocha,  au  clul 
de  vouliir  christianiier  lu  Hri-otm 
ceci  explique  fort  bien  lu  i 
dignation  qui  le  rend  »i>i 
dans  ses  navnges,  envers  >r' 
au  grand  œuvre  politique  i|i 
Poiier  arteinta  aux  sentinir 
tudes  religieuses  de  tout?  i, 
ecclésiastique  dont  iifai^^iii  |>;iriir,  r'^i^ 
à  ses  yeux  une  déviation  luririte  da  y^t 
ritables  principes  révolnliunnair». 

Mais,  en  même  temp»  ijiir  la  tiiilitf 
ses  opinions  et  l'exliénir  iini.iliiliie  i0 
son  caractère  donnaient  ;iivv   fr<-<)um- 
ment  à  sa  parole  et  à  se>  >-'  nt'  une  mti 
de  violence,   il  avait   su    .i<  < oiiiumerfl 
raison  k  exercer  un  adniirnblr  cmpta) 
sur  ses  passions,  natnrrlI'-Tniiii  ardrnla' 
et,  dans    la   pratique  dr  I. 
l'homme  le  plus  tendre  ri  le  plus 
fensif.  Un  de  ses  biographe! 
ment  lui  appliquer  la  mt\U 
Augustin  :  Immoler  Tirt'Ui 
les  hommes.  On  eût  dit-|n'  i< 
y  avait  prédilection  chez  Im  ; 
versai rcs, iant  il  s'effiir^iit  il. 
rer  de  soins;  et,  à  voir  \*   > 
laquelle  il  défendait  les^t.'xr 
litn,  des  protestants,  dr  l'ui 
cmvait  égarés,  on  serait  tenté  de  for 
poJr  le  peindre,    l'alliance   la  pin»  U^  ~^ 
urrr   de  deux   mots  qui  jurent   im  w'^^ 
trouver  ensemble  :  lejanatisiite  de  la  !•*   ^ 

Après  la  clAturede  la  ConventioB  ■»• 
tionale,  Grégoire  entra  au  conseil   dv  r' 
Cinq-Cents,  créé  par  la  cnnslilulioa  ir>- 
l'an  m ,  et ,  après  la  1 8  brumaire ,  il  H .: 


'<•■»: 


GRB  (1 

&èiB(Mtteaii  Coq»  législatif.  A 
ém  différentes ,  cette  assemblée 
leomme  candidat  au  Sénat  con^ 
\  tes  opinions  répoblicai- 
^f/à  caatioQait  de  professer  haute- 
1^  bIm  dans  ses  allocutions  offi* 
bfipéMice  des  consuls,  plaisaient 
it  à  la  nouTclle  cour;  ses 
rdigieiix,  pratiqués  avec  exac- 
kiB'éuientpasnn  moindre  scandale 
yiDx  de  plusieurs  philosophes  peu 
mtL  On  essaya  même  d^obtenir  de 
I  ranaciation  à  ces  pratiques,  mais 
'pk  biea  loin  toute  capitulation  de 
(MMe.  Eafin  ion  élection,  longtemps 
dée,  eut  lien  en  décembre  1801. 
ié§At  fit  partie  de  la  minorité  du 
t  ^aî  ne  cessa  de  protester  contre 
■pbisaiices  de  cette  assemblée  po- 
t  D  l'opposa  à  l'usurpation  de 
rNnia,  à  la  création  des  droits 
f  i  rétablissement  des  tribunaux 
ioooels  et  des  prisons  d'état;  il 
lec  deux  de  ses  collègues,  contre 
m  du  gouTemement  impérial,  et 
U't  seol  l'adresse  à  Napoléon  au 
I  rétablissement  des  titres  nobi- 
Ni6o  il  se  prononça  contre  le  di- 
f  Teaipereor  et  refusa  d'assister  à 
feau  mariage. 

que  la  puissance  du  maître  sem- 
assnréë,  Grégoire  et  Lambrechts 
it  à  peu  près  seuls  l'opposi* 
ais,  quand  les  premiers  revers 
issipé  le  prestige,  cette  minorité 
set  s^enhardit;  des  conciliabules 
nus,  dans  lesquels  on  s'entrete- 
affaires  publiques  et  des  moyens 
rr  le  joug  impérial.  Grégoire 
nes-ons  de  ses  amis  rédigèrent 
bacan  de  son  c6té,  des  actes  de 
3e  motivés,  et  il  avait  été  résolu 
casion  se  présentant,  on  livre- 
Miblicité  celle  des  rédactions  qui 
prouvée. 

tijet  écrit  par  Grégoire  a  été 
:  c^est  la  diatribe  la  plus  véhé- 
intre  Napoléon.  Quelque  temps 
déchéance  fut  en  efTet  prononcée 
nat. 

ire  ne  fut  pas  compris  dans  la 

des  Pairs  formée,  en  1814,  par 

Mins,  auxquels  il  avait  rappelé, 

(  brochure  énergique  ^  qu'ils  ne 


19)  GRE 

montaient  sur  le  trône  que  sous  la  con- 
dition de  proposer  à  l'assentiment  na- 
tional un  pacte  constitutionnel. 

Il  ne  fdt  pas  appelé  davantage  dans 
le  Sénat  que  réunit  l'empereur  pendant 
les  Cent-Jours. 

La  seconde  Restauration  ne  se  contenta 
plus  de  le  délaisser  :  elle  le  persécuta.  H 
se  vit  d'abord  éliminé  de  Tlnstitut,  dont 
il  avait  été  l'un  des  créateurs;  puis  on 
s'efforça  de  l'atteindre  dans  ses  moyens 
d'existence  par  une  suspension  prolongée 
de  sa  pension  d'ancien  sénateur.  Il  ven* 
dit  sa  bibliothèque  pour  vivre  et  se  ren- 
ferma dans  une  laborieuse  retraite,  à  Au* 
teuil,  où  il  acheva  des  travaux  littéraires 
pour  lesquels  dès  longtemps  il  «lait  amas- 
sé d'immenses  matériaux. 

L'apparition  du  concordat  de  1817 
{voy.  T.  VI,  p.  613)  fut  pour  Grégoire 
une  nouvelle  occasion  de  monter  sur  la 
brèche.  H  fit  paraître  son  Essai  histo» 
Tique  sur  les  libertés  de  V Église  galli'* 
cane  (1818,  2™»édit.  1826). 

Lesempiétementsdel'ultramontanisme 
commençaient  alors  à  inspirer  de  vives 
répugnances  au  pays;  l'espérance  d'ac- 
quérir en  Grégoire  un  défenseur  éloquent 
et  éprouvé  des  libertés  ecclésiastiques^ 
jointe  aux  grands  souvenirs  qui  se  ratta- 
chaient à  son  nom  et  au  désir  de  répondre 
par  une  manifestation  solennelle  aux 
scènes  de  réaction  qui  venaient  d'ensan- 
glanter l'Isère,  fixèrent  sur  lui  les  yeux 
des  électeurs  de  ce  département.  Son  élec- 
tion, en  réveillant  toutes  les  haines  con- 
tre-révolutionnaires,  effaroucha  la  ti- 
midité du  parti  libéral  dans  la  Chambre; 
car  le  projet  annoncé  par  les  ultra-roya- 
listes d'exclure  comme  indigne  le  nou- 
veau député  allait  la  placer  dans  cette 
fâcheuse  alternative  de  ratifier  une  vio- 
lation formelle  de  la  Charte  ou  de  com- 
promettre son  plan  d'opposition  par- 
lementaire en  prenant  la  défense  d^un 
républicain  avoué.  On  fit  auprès  de 
Grégoire,  pour  l'engager  à  donner  spon- 
tanément sa  démission,  de  vives  instances 
que  repoussa  sa  fermeté.  La  difficulté  fut 
tournée  au  moyen  d'un  subterfuge  légis- 
latif. L'élection  de  llsère  fut  annulée 
sans  un  motif  nettement  formulé,  de 
manière  à  ce  que  les  uns  pussent  voter 
l'annulation  pour  vice  de  forme^  tandia 


GRE 


(120) 


GRE 


que  les  autres  la  prononcent  pour  cause 
^indignitéy  et  personne  (hormis  M.  Du- 
pont de  TEure)  n^eut  le  courage  de  re- 
pousser hautement  cette  injure  de  la 
tête  du  respectable  vieillard.  La  ca- 
lomnie profita  de  ces  circonstances  pour 
renouTcler  ses  attaques  dans  les  journaux 
soumis  à  Tinfluence  du  pouvoir.  L'an- 
cien évéque  de  Blois  s'en  plaignit  à  M.  de 
Richelieu  :  «  Je  suis  comme  le  granit,  lui 
«  écrivait-il  :  on  peut  me  briser,  mais  on 
«  ne  me  plie  pas.  » 

En  1823,  une  occasion  se  présenta  en* 
core  à  Grégoire  de  déployer  le  même 
caractère  de  dignité.  Le  chancelier  de  la 
Légion*d*Honneur  lui  ayant  communi- 
qué rordbnnance  du  26  mars  1816  sur 
le  remplacement  des  anciens  brevets  par 
de  nouveaux,  Grégoire  répondit  par 
une  renonciation  au  titre  de  comman- 
deur dans  cet  ordre. 

Pendant  les  quinze  dernières  années  de 
sa  vie,  Tancien  évéque  de  Blob  vécut  dans 
une  retraite  studieuse,  entretenant  avec  les 
savants  de  toute  PEurope  une  vaste  cor- 
respondance au  moyen  de  laquelle  il 
réalisait  en  quelque  sorte  le  projet  d'as- 
sociation intellectuelle  qu'il  avait  autre- 
fois proposé  à  la  Convention.  Un  grand 
nombre  d'écrits  utiles  furent  le  fruit  de 
ses  loisirs  ;  nous  citerons  les  principaux  : 
Histoire  des  confesseurs  des  empereurs ^ 
des  rois  et  d* autres  princes  (1824); 
Histoire  du  mariage  des  prêtres  en 
France  (1826);  De  V influence  du  chris" 
tianisme  sur  la  condition  des  jemmes 
(1821). 

Fidèle  au  devoir  qu'il  s'était  imposé 
de  travailler  constamment  à  hâter  l'abo- 
lition de  l'esclavage  colonial,  il  publia 
aussi  :  Des  peines  infamantes  à  infli" 
ger  aux  négriers  ;  De  la  noblesse  de  la 
peau,  etc.  :  cette  dernière  brochure  est 
en  quelque  sorte  la  conclusion  d'un  livre 
plus  étendu.  De  la  liilératttre  des  /?<*- 
grès  (1808),  où  l'auteur  s'efforçait  de 
démontrer  par  des  exemples  l'ah^urdité 
du  préjugé  qui  refuse  aux  noirs  le  même 
développement  moral  que  nous  recon- 
naissons chez  les  blancs. 

Mais  le  plus  important  des  ouvrages 
de  M.  Grégoire,  celui  dont  la  refonte  l'oc- 
cupait particulièrement  dans  ses  derniers 
jours,  est  V  Histoire  de*  sectes  religieuse x 


(I8l0,2vol.in.8*»;2«édit.,182< 
le  sixième  et  dernier  est  resté  ma 
Le  gouvernement  sorti  de  la 
tion  de  juillet  1830  ne  répara  pa 
Grégoire  les  injustices  de  la  Resti 
Trompé  dans  les  espérances  qi 
fondées  sur  lui  pour  la  réalisatio 
idées  politiques,  le  vieillard  ne  ] 
triser  sa  douleur;  uu  chagrin 
s'empara  de  lui  et  détruisit  en 
mois  ses  forces  qui  lui  avaieni 
jusqu'alors  de  se  livrer  à  des  tra 
sidus.  Le  mal  moral  rendit  bieni 
rable  un  mal  physique  dont  l'éi 
son  Âme  triomphait  depuis  loi 
Il  expira  le  28  mai  1831. 

Les  derniers  moments  de  Gré 
rent  pour  ses  anciens  ennemis  i 
velle  occasion  de  scandale ,  poi 
nouveau  triomphe  de  résignati 
fermeté.  Dès  que  la  maladie  eu 
caractère  de  gravité,  résolu  d'à 
ponctuellement  tous  les  devoirs 
ligion  dans  laquelle  il  avait  véc 
voya  prier  le  curé  de  sa  parois 
administrer  les  sacrements.  L' 
que  de  Paris  lui  fit  annoncer  qi 
cours  spirituels  lui  seraient  refus 
consentait  à  rétracter  le  sernM 
que  prêté  à  l'Assemblée  constitu 
mourant  ne  voulut  point  souscr 
pareille  condition.  Une  corres] 
s'engagea  à  ce  sujet  entre  lui  el 
véque,  correspondance  dans  la 
dignité  et  la  douceur  évangéliq 
trouvent  pas  du  côté  du  supéri 
la  hiérarchie  ecclésiastique.  Li 
ments  furent  administrés  par  ! 
Guillon,  qui  pensa  que  la  dise 
devait  pas ,  dans  de  telles  drco: 
l'emporter  sur  l'humanité. 

Ces  scandaleux  débats  s'étai 
nés  par  un  refus  de  sépulture, 
civile  dut  s'emparer  de  Téglise 
bave- aux- Bois,  où  la  messe  fu 
un  prêtre  proscrit  sous  b  Res 
pour  avoir  baptisé  un  enfant  < 
nuel  était  le  parrain.  Au  sortir  d 
des  jeunes  gens  dételèrent  les  ch 
char  funèbre,  et  le  traînèrent  à 
qu'au  cimetière  du  Mont- Par 
cortège  se  composait  d'au  aoin 
personnes. 

Cet  article  est  une  sorte  de  i 


GRE 

k  Mâei  bioçraphiqae  que  nous  avons 
IJbQfaeaiêtedes  Mémoires  ecciésias'' 
0^^folitiques  et  littéraires  de  Gré' 
pic  Qm  de  traTam  accomplis,  que 
4tai|ki donnés!  avons-nous  dit  dans 
Hfliartke.  Et  pourtant  cet  homme  a  été 
on  énergnmène  sanguinaire, 
B 11^  et  comme  un  hypocrite  ; 
iaàépnéciué  par  ceux  qui  se  décla- 
■iatio  eonemis  de  U  religion  et  par 
■B^'affiBctaient  dVn  être  les  défen- 
■B  adoflfs.   Délaissé  par  le  gou- 
inpérial,  il  fut  expulsé   de 
par  ks  Bourbons,  et  déclaré  In- 
de méfBT  dans  rassemblée  des  re- 
pKKBtiDts  da  peuple  ;  il  est  mort  né- 
|%é  psr  le  pouvoir  révolutionnaire  de 
Mkt,  cf  sa  cendre  même  n^a  pas  été  à  Ta- 
bidBpoanm'tes  du  fanatisme.  Hipp.  G-t. 
laUGORIEN  (cHAirr  et  eit).  L'É- 
or  avait  conservé  par  tradition  les  priè- 
I  do  premiers  chrétiens  qu^un  zèle 
sn  et  de  nouveaux  besoins  pouvaient 
«  augmenter  ou  varier  chaque  jour , 
ifue  le  pape  saint  Gélase  {vojr>)y  pour 
nir  les  peuples  dans  une  communauté 
,  recueillit  ces  prières  et  en  forma 
taire  qui  porte  son  nom.  Saint 
9Mre*le-Grand  {voy.)  le  remit  dans 
■eillcor  ordre ,  et  régla  les  cérémo- 
>  qall  lallait  observer,  soit  dans  la  li- 
;îe ,  soit  dans  Padmimstration  des  sa- 
■eots;  elles  composent  le  rit  grégo- 
I,  contenu  dans  le  Sacramentaire  de 
U  Grégoire  qui  fait  partie  de  ses  œu- 
L  n  fit  peu  de  changements  dans  la 
rgie ,  abrégeant  seulement  le  travail 
AÎnt  Gélase  :  aussi  la  messe  grégorienne 
-elle  la  plus  courte  des  différentes  li- 
pea.   Tontes  les  églises  n^adoptèrent 
codant  pas  le  sacramentaire  de  Gré- 
re  :  celle  de  Milan  conserva  le  rit  am> 
ôien   {TfoyJ) ,  celle  d^Espagne  resta 
idiée  à  la  liturgie  retouchée  par  saint 
lore  de  Séville  {voy*  ce  nom) ,  à  la- 
Jle  on  a  depuis  donné  le  nom  de  mo- 
nbîquey  et  l^Église  gallicane   garda 
ancien  office  jusqu'au  règne  de  Char- 
ogne. f7>^.  Rituel. 
oint  Grégoire  donna  ensuite  des  règles 
chant  d^^(s  mêmes  prières  ;  ce  chant 
te  anssî  son  nom.  Pour  en  perpétuer 
âge ,  il  avait  établi  à  Rome  une  école 
JÎantm  qui  subsistait  encore  300  ans 


(121)  GRE 

après  lui.  Ce  sont  plusieurs  de  ces  chan- 
tres venus  en  Angleterre  avec  le  moine 
Augustin  qui  propagèrent  le  chant  gré- 
gorien dans  les  Gaules.  Fof,  Plaut- 
Chaitt. 

Calenorier  geégorien  ,  ou  nouveau 
style,  voy,  Awitée  (T.  I«',  p.  789),  Ca- 
lendrier (T.  IV ,  p.  501)  et  Grégoire 
Xni.  L.  L-T. 

GREIFSWALD.  Cette  ville  de  U 
Poméranie  antérieure,  dans  la  régence 
prussienne  de  Stralsund,  sur  le  Rick,  et  à 
une  faible  distance  de  la  mer,  est  bien 
bâtie  et  compte  9,000  âmes  de  popula- 
tion .  Ce  qu'elle  a  de  plus  important  est  son 
université;  mais  il  y  a  en  outre  un  gymnase, 
une  cour  d'appel ,  une  cour  royale ,  un 
consistoire  et  un  tribunal  de  district.  On 
y  voit  aussi  une  saline  et  un  hôpital 
où  sont  reçus  les  malades  de  la  province. 
Son  port  se  trouve  à  l'embouchure  du 
Rick,  où  sont  situés  les  villages  de  Wyk  et 
d'Eldena.  Le  trajet  de  Greifswald  en  Suède 
se  fait  maintenant  en  douze  heures  par  les 
bateaux  à  vapeur. 

Greifswald  fut  fondé,  vers  1233,  par 
Tabbé  de  Hilda  ou  Eldena ,  couvent  de 
Cisterciens  établi  dans  le  voisinage,  et  fut 
peuplé  par  des  marchands  et  des  ouvriers 
de  la  Basse-Saxe.  Donnée  en  fief  par  Fab- 
bé  au  duc  de  Poméranie  Vartislaf  ni 
(1249),  la  ville  reçut  le  droit  de  Lubeck 
et  la  constitution  de  la  Basse-Saxe.  Son 
commerce  maritime  avec  les  villes  de  la 
Basse-Saxe,  du  Nord  et  des  Pays-Bas, 
prit  bientôt  beaucoup  d'extension.  Dès 
1270,  Greifswald  entra  dans  d'étroites 
relations  avec  les  villes  Anséaliques ,  et 
forma  avec  Lubeck ,  Wismar ,  Rostock , 
Stralsund,  le  noyau  de  la  hanse  vénède , 
qui  ne  tarda  pas  à  se  trouver  en  guerre 
avec  les  princes  du  Nord.  Pendant  la 
guerre  de  Trente*  Ans ,  la  ville  eut  beau- 
coup à  souffrir  de  la  longue  occupation 
des  Impériaux.  Lorsque  Gustave-Adol- 
phe parut  en  Poméranie  (1630),  elle 
fut  fortifiée  et  défendue  pendant  un  an 
contre  les  Suédois  par  le  général  Ludovic 
Pérusîus.  La  paix  deWestphalieladonna 
à  la  Suède.  Bombardée  deux  fois ,  en 
1659  et  en  1678,  par  le  prince  électoral 
de  Brandebourg ,  ruinée  par  les  guerres 
de  Charles  XU,  elle  vit  sa  prospérité 
aller  de  jour  en  jour  en  décroissant  jus- 


GRE 


(122) 


GRE 


qu'au  milieu  du  xviii*  siècle  y  où  elle 
oommeuça  à  se  relever  par  le  commerce 
des  grains  de  la  Poméranie  sous  pavillon 
suédois.  Elle  a  passé ,  en  1720 ,  avec  la 
Poméranie  antérieure,  sous  la  domination 
prussienne. 

La  fondation  de  funiversîté  de  Greifs- 
wald,  inaugurée  le  17  octobre  1456,  re- 
monte au  règne  du  ducVartislaflX;  Henri 
Rubenow,  bourguemestre  de  la  ville,  en 
fut  le  premier  recteur ,  et  les  nombreux 
sacrifices  qu*il  fit  pour  elle  lui  donnèrent 
le  droit  d^en  être  considéré  comme  le  pè- 
re. La  doctrine  de  Luther  s*étant  répan- 
due en  Poméranie  (  1522  ) ,  les  profes« 
seurs  refusèrent  de  Tadopter  et  Tnniver- 
sité  fut  à  peu  près  fermée  pendant  quelques 
années;  mab  le  duc  Philippe  I**^  la  rou- 
vrit en  1589.  Elle  devint  alors  une  uni- 
versité luthérienne.  Le  duc  Ernest-Louis 
fit  élever  pour  elle  un  nouveau  bâtiment 
en  1591.  En  1634  ,  le  duc  Bogislaf  XIV 
lui  fit  don  d'une  grande  partie  des  biens 
du  couvent  supprimé  de  Hilda,  dota- 
tion qui  suffit  encore  aujourd'hui  à  cou- 
vrir toutes  les  dépenses.  Le  gouvernement 
n'accorde  aucune  subvention  à  l'univer- 
sité. Cependant,  si  les  rois  de  Suède 
ont  veillé  à  sa  conservation ,  les  rois  de 
Prusse  ne  se  sont  pas  montrés  moins 
soucieux  d'y  introduire  toutes  les  amé- 
liorations possibles.  Les  revenus  annuels 
s'élèvent  à  60,000  thalers,  dont  10,000 
sont  absorbés  par  les  fra'is  d'administra- 
tion et  par  des  pensions.  Le  chancelier  de 
l'université  est  le  prince  Putbus  de  l'Ile 
de  Rûgen  ;  les  recteurs  changent  chaque 
année.  Depuis  1830,  on  a  joint  aux 
autres  établissements  une  clinique  médi- 
co-chirurgicale pour  les  chirurgiens  de 
l^^etde  2»«(1asse,  et  en  1834  on  a  éubli 
un  institut  caméralo-économique  sur  le 
territoire  d'Eldena,  qui  dépend  de  l'uni- 
versité. Foir  l'ouvrage  allemand  de  Ges- 
terding,  Pièces  relatives  àV  histoire  de  la 
ville  de  Greijswald^  Greifswald,  1827, 
et  continuée  jusqu'en  1830.  C.  L. 

GRÊLE.  La  grêle  est  un  phénomène 
si  vulgaire  qu'il  doit  paraître  inutile  de  le 
décrire,  et  la  théorie  de  ce  météore  est 
encore  si  peu  avancée  qu'il  ne  reste  pres- 
que, pour  en  parler,  qu'à  dire  les  princi- 
pales circonstances  qui  l'accompagnent. 
Ceat  surtout  au  printemps  et  en  été  qu'il 


tombe  le  plus  firéquemment  de  la 
et  sa  chute  est  toujours  précédé 
bruissement  dans  les  airs  qui  a  ét^ 
paré  à  celui  que  ferait  un  sac  de  no 
l'on  agiterait  fortement;  des  phéno 
électriques  l'accompagnent  générali 
et  plus  la  grêle  acquiert  de  voIuum 
ces  phénomènes  montrent  d'intenai 
tonnerre  se  fait  quelquefois  en' 
avant  le  bruit  précurseur  de  la  gré 
éclats  en  accompagnent  presque  to 
la  chute  et  diminuent  souvent 
elle  a  cessé.  Ce  concours  est  favoi 
l'opinion  que  l'électricité  joue  n 
important  dans  la  formation  de  la 
sans  le  nier,  reconnaissons  que  de 
nomènes  électriques  non  moins  ic 
se  produisent  dans  des  pluies  ora 
qui  se  passent  sans  être  accomp 
de  grêle.  La  grêle  précède  ces  plui 
accompagne  quelquefois ,  mais  lec 
cède  rarement  ;  ajoutons  qu'il  arri 
sez  souvent  qu'il  grêle  sans  to 
ou  sans  éclairs.  Les  nuages  qui  d 
fournir  la  grêle  ont  un  aspect  pi 
lier  qui  les  fait  facilement  recoi 
de  l'observateur  :  ils  sont  ordinaii 
très  épais  et  offrent  une  nuano 
drée  qui  leur  est  propre  ;  général 
peu  élevés,  ils  sont  échancrés  sni 
bords  et  leur  surface  présente  un 
nombre  d'élévations  irrégulières.  I 
Ion  est,  dans  la  plupart  des  cas, 
de  couches  concentriques,  distinc 
unes  des  autres,  de  glace  transpi 
et  qui  sont  venues  se  superposer  . 
d'un  noyau  qui  ressemble  à  de  h 
tassée.  MM.  Élie  de  Beaumont, 
dant  et  d'autres  savants  ont  eu  oc 
d'observer  des  grêlons  qui  préseï 
tous  des  pyramides  quadrangulain 
la  base  était  une  portion  de  spl: 
dont  la  hauteur  égalait  le  rayon  d 
Ions  primitivement  observés.  Cesp; 
des  étaient  en  outre  formées  de  o 
curvilignes  alternativement  transpa 
opaques  et  parallèles  à  la  base.  M 
dant  pense  que  ces  gréions  pyrac 
étaient  des  fragments  de  grêlons  ol 
d'abord  dans  le  même  orase,  et  q 
taient  rompus  en  éclats  du  cktre  à 
conférence  par  une  cause  inconnue 
agissant  avant  la  chute  des  grêloi 
aucun  grêlon ,  au  moment  de  l'ol 


GRE 


(U8) 


GRE 


,iM«iît  entkr  à  terre.  IflM.  Airy, 
ttnrierobserTitoire  de  GreeDwicb, 
khà  oat  de  lear  côté  observé,  le 
■rci  Angfeteiie  et  le  second  en 
jmtj  ^  les  grékHis  ont  souvent  la 
ir  Ak  poire.  Qoaot  à  la  grosseur 
pAaai,  chacun  sait  combien  elle  va- 
tf  fK^  s^  j  en  a  de  gros  comme  un 
«■  ea  a  TU  qui  ont  le  volume  d*un 
k  pifeofi,  de  poule  et  même  de 
ef  qui  pèsent  jusqu'à  350  grammes 


t\ 


a,  joMfulL  présent,  est  le  seul  pby- 
|m  ait  essayé  dVxpliquer  ces  phé- 
Sy  UMÔ  son  système  a  donné  lieu 
objections  de  la  part  de 
nr,  et  Ton  peut  dire  que  la  théo- 
I  grêle  est  encore  à  créer.  A.  L-d. 

ÛX ,  VOf.  COUDAGE. 

!f  ACflE  (vnr  de).  On  appelle 
i  me  espèce  de  raisin,  et  le  vin 
■épare  à  l'aide  de  ce  raisin,  par  un 
purtictilîer,  est  le  vin  de  grena- 
st  sartout  à  Mazan ,  arrondisse- 
Carpentras,  département  de  Vau- 
le  se  €ut  le  vin  de  grenacbe  pour 
^^unation  de  Paris,  et  ce  n'est 
la  capitale  qu'il  est  connu, 
it  M.  Cavoleau  [Œnologie 
ur,  P^ris,  1827,  p.  327)  décrit  le 
<le  la  fabrication.  «On  écrase  le 
oo  en  exprime  le  moût,  que  l'on 
illir  pendant  une  beure;  on  le 
ns  <ies  tonneaux  ;  on  y  mêle  à  peu 
seizième  d'eau-de-vie  de  vin,  et, 
rvoir  bien  clarifié,  on  le  livre  au 


fTantres  départements  du  midi 
-sBoe,  par  exemple  dans  le  Gard, 
nées-Orientales,  à  Narbonne,  le 
renacbe  s'emploie  à  la  vinifica- 
m»  on  V  procède  par  la  méthode 
«.  Le  meilleur  de  ces  vins  est 
«  le  vin  blanc  de  Rodés  et  Con- 
partement  des  Pyrénées-Orienta- 
<  avec  une  variété  du  grenache 
ne  se  &it  ce  vin  délicieux.  Le 

00  a  aussi  un  grenache  noir  qui 

01  vÎD  doux,  spiritueux  et  par* 
des  communes  de   Banvols-sur- 

m 

!  Port-Vendre  et  de  Collioure, 
e  le  canton  de  Rivesaltes,  se  dis« 
:  par  leur  vin  de  grenache  délicat 
té.  PcMir  le  préparer,  on  le  laisse 


fermenter  dans  les  futailles,  an  lien  de 
faire  opérer  la  fermentation  sur  le  marc, 
ou,  si  on  le  laisse  fermenter  de  cette  ma- 
nière pendant  une  quinzaine  de  jours,  il 
faut  attendre  dix  à  douze  ans  pour  qu'il 
se  dépouille  entièrement;  mais  alors  aussi 
il  devient  délicieux,  et  s'exporte  à  l'étran- 
ger sous  le  nom  de  rancio.  D'après  l'au- 
teur cité,  on  ne  fait  de  grenache  pur  dans 
les  Pyrénées-Orientales  qu'environ  500 
hectolitres  par  an. 

Le  vin  de  grenache  est  un  des  vins 
de  France  dont  la  réputation  est  la  plus 
ancienne.  Dans  un  fabliau  du  moyen- 
âge,  on  le  cite  parmi  les  quatre  mattres-» 
vins  : 

Ce«t  vin  grec  et  ▼!»  de  grenacbe , 
Tin  moscadet  et  vin  de  Chipre. 

Et  plus  loin  : 

Elle  est  do  lignage  garnache 
Qui  est  on  des  grans  vins  dn  numde. 
{La  despiuoisam  «in  «m  cf  tU  timuê,*) 

D-o. 

GRENADE,  province  d'Espagne  avee 
titre  de  royaume;  elle  forme  la  moitié  de 
l'extrémité  orientale  et  toute  la  partie 
méridionale  de  l'Andalousie.  Elle  a  58 
lieues  de  longueur  de  l'E.  au  S.-O.,  7  de 
large  à  sa  pointe,  du  S.-O.  auN.-E.,  vers 
le  détroit  de  Gibralur,  et  28  du  S.  au  N. 
à  sa  base,  qui  s'appuie  àl'E.  sur  le  royaume 
deMurcie,  auquel  il  confine  aussiau  N.-E. 
Ce  royaume  est  borné  à  l'O.,  au  N.-O. 
et  au  N.  par  ceux  de  Séville,  de  Cordoue 
et  de  Jaên,  et  au  S.  par  la  Méditerranée; 
il  est  arrosé  par  1 8  rivières  dont  les  prin- 
cipales sont  le  Verde,  le  Xenil,  le  Darro 
et  le  Guadalète.  Ses  chaînes  de  montagnes 
sont  :  au  centre,  la  Sierra-Nevada ,  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  est  toujours  cou- 
verte de  neige;  dans  sa  partie  méridio- 
nale, la  Sierra-de-Ronda,  et  au  N.-E.,  vers 
la  Méditerranée  ,  les  Alpuxarras  (vojr,) 
qui  servirent  longtemps  de  retraite  à  un 
grand  nombre  de  Maures  chassés  de  Gre  • 
nade,  dont  les  descendants  industrieux 
rendent  ce  pays  un  des  plus  peuplés  et 
des  mieux  cultivés  de  l'Espagne. 

Le  royaume  de  Grenade  avait  eu  70 
lieues  de  long  sur  33  de  large,  129  villes 
dont  32  grandes,  plus  de  2,000  bourgs  ou 


(*)  A.  Jobioal,  Nomptam  Rêemêil  d§  CoaUs,  diU 
FMimuxt  P^s,  i8o^  1. 1,  p.  3^, 


GRE 


(124) 


GRE 


vîllagcSy  3  millions  d'habitants,  et  il  rap- 
portait 700,000  ducats,  somme  alors  con* 
sîdérable.  Aujourd'hui ,  on  n'y  compte 
qu'une  vingtaine  de  Tilles  et  700,000  ha- 
bitants. Il  y  a  un  archerèché  à  Grenade  et 
trois  évêchésà  Malaga,  Almérie  et  Guadix. 
Grenade  f  en  arabe  Garnathah  et  en 
espagnol  Granoia^  célèbre  capitale  de  ce 
royaume  et  située  au  confluent  du  Darro 
et  du  Xenil,  n'est  point  l'antique  liiibe" 
risy  car  elle  fut  fondée  par  les  Arabes 
Yers  la  fin  du  ix*  siècle ,  et  non  pas  an 
milieu  du  x*.  Le  nombre  de  ses  habi- 
tants, qui  s'élcTait  à  400,000  au  temps 
de  sa  splendeur,  n'est  aujourd'hui  que 
•d'enTiron  60,000;  elle  a  une  univer- 
sité, une  chancellerie  royale,  plusieurs 
collèges  et  hôpitaux,  un  capitaine  général 
et  un  intendant.  Ses  rues  sont  générale* 
ment  étroites,  mais  ses  promenades  char- 
mantes. Elle  est  divisée  en  plusieurs  quar- 
tiers, dont  les  quatre  principaux  sont: 
Grenade,  Albayzin,  Alhambra  et  Ante- 
querula.  Dans  le  premier,  qui  forme  la 
cité,  on  voit  la  cathédrale,  monument 
magnifique  où  sont  les  tombeaux  en  mar- 
bre de  Ferdinand  Y  et  d'Isabelle,  rois  d'A- 
ragon et  de  Castille.  La  vaste  place  qui 
conduit  au  palais  de  la  Chancellerie  est 
décorée  par  une  superbe  fontaine  de  jaspe. 
Le  quartier  de  l' Alhambra,  situé  sur  des 
éminences,  est  orné  de  plusieurs  beaux 
palais,  entre  autres  de  celui  qu'on  nom- 
mait Alcazar  on  Al  Casr  al  Omrah  (le 
palais  des  princes),  fondé,  non  point  sous 
la  dernière  dynastie  des  rob  de  Grenade, 
mais  un  siècle  auparavant,  par  un  gou- 
verneur qui  appartenait  à  la  race  des  Al- 
Mohades,  rois  de  Maroc.  On  a  décrit  ail- 
leurs {yoy,  Alhambra)  ses  cours  ornées 
de   fontaines  jaillissantes,  de  colonnes 
d'albâtre,  ses  voûtes  en  marbre  incrustées 
d'or  et  d'azur,  ses  peintures  encore  admi- 
rables dans  leurs  débris.  On  voit  aussi 
dans  ce  quartier  le  Generalif^  ou  plutôt 
Djenn^al^arif{y<t  jardin  de  l'inspecteur), 
où  sont  les  tombeaux  de  plusieurs  rois  de 
Grenade,  et  dont  le  palais,  moins  bien 
conservé  quele  précédent,  est  dans  une  po- 
sition plus  élevée  et  plus  riante.  Celui 
qui  fut  bâti  avec  une  extrême  magnifi- 
cence par  Charles-Quint  et  Philippe  II 
est  presque  totalejnent  en  ruines.  Le  quar- 
tier nommé  Albayzin  ou  de  la  Faucon- 


nerie, qui  tirait  probablement 
de  Baêca,  dont  les  habitants  étai 
s'y  établir  après  la  prise  de  leur 
les  chrétiens,  avait  un  château  < 
nom  qui  dominait  Grenade  ;  il  c 
habité  par  des  descendants  des 
Le  ^wixtx  Antequerula  est  auss 
bourg,  et  a  pris  son  nom  des 
d'Antequera,  qui  vinrent  s'y  reti 
de  ce  quartier  sont,pour  la  plupa 
vriers  en  soie  et  des  teinturiers, 
a  une  jolie  salle  de  spectacle  qui 
pendantl'occupation  desFrançai 
à  1812.  A  cette  époque,  l'Alha 
converti  en  forteresse  presque 
ble.  Grenade  est  située  dans  u 
délicieuse  et  fertile,  de  8  lieue 
sur  4  de  large  ;  la  Soto  de  Romi 
tué  au  milieu  de  cette  plaine,  a 
au  duc  de  Wellington  depuis  ! 
Parmi  les  villes  du  rovaumi 

m 

nade,  la  plus  importante  est  B^ 

seconde  et  l'une  des  plus  anci 

royaume,  ville  célèbre  par  les 

vins  que  produit  son  territoire,  ei 

nous  devrons  consacrer  un  artic 

Elle  est  située  sur  la  Méditerra 

que  Marbellay  Fêlez -Malaga, 

cary  Almeritty  etc.  Parmi  les  vill 

térieur  nous  nommerons  Romla^ 

et  demie  des  frontières  de  Sévil 

fut  bâtie  par  les  Maures,  près  • 

de  Munda  ou  Aninda,  sur  les  fli 

haute  montagne  et  sur  la  rivière 

ra,  qui  la  sépare  de  son  fauboi 

passe  sur  un  pont,  et  on  y  de 

un  escalier  de  400  marches  tail 

roc  et  qui  est  l'ouvrage  des  Maui 

contient  13,000  habitants;  on 

des  cuirs.  Ses  environs  bien  cuit 

nissent  d'excellents  fruits,  des  pi 

des  troupeaux.  Antequera ,  1' 

des  Romains,  sur  la  frontière  des 

de  Cordoue  et  de  Sévîtte ,  offre 

d'antiquité,  et  est  divisée  en  hau 

Son  château,  bâti  par  les  Maure 

l'hôtcl-de-ville  et  denx  de  i 

églises;  elle  a  14,000  habiUnts 

ville  autrefois  très  importante,  1 

dence  de  plusieurs  rois  de  Gi 

missionnaires  ou  détrônés.  San 

bâtie  par  Ferdinand  et  Isabelle 

placement  de  leur  camp  penda 

de  Grenade. 


GRE 


(135) 


CRÈ 


Ift  \%ii ,  on  a  fonné  uiM  nouvelle 
de  Grenade  en  joignant  à  la 
Btnk  de  l'ancienne  quelques 
àarojaninesdeSéTille,  de  Jaên 

îlèGorione.  Aln»éiie,  Malaga  et  les 
toiitoires  au  nord  de  la  première 
lâ  de  la  seconde  nVn  font  plus 


Matrnn,  Grenade  a  été  à  trois  épo- 
pBAOéfcoteib  capitale  d^un  royaume  : 
mÊà  h  pmfiace  dont  elle  est  la  métro- 
friia  a-ti^  conservé  le  titre.  Sous  la 
!  époque,  cette  province  compre- 
tlnm  petits  royaumes,  dont  les 
fareot  Malaga ,  Grenade  et 


croyons  devoir  tracer  ici  un  ta- 
npidede  ces  révolutions  peu  con- 
■te  de  b  plupart  des  auteurs  qui 
«Céeril  sur  l'Espagne  et  qui  n'ont  fait 
qaedn  dernier  royaume  de  Gre- 
9  fku  pnÎHant  à  la  vérité  et  surtout 
que  les  premiers,  car  ses  H- 
s'diendirent  longtemps  au-delà  de 
m  kùoiièns  actuelles. 

*^*'  *<^  Lors  de  la  décadence  du  kha- 
fÊÊt  et  Cordooe  {voy,\  Ali-ben-Hamoud, 
m  des  Edrisides  {voy.)  rois  de  Fez,  fut 
MUié  gnavemear  de  Ceuta  et  de  Tan- 
Wf  qtà  dépendaient  de  l'Espagne  musul- 
qvoiqae  sur  la  côte  d'Afrique,  et  son 
laœfli  obtint  le  gouvernement  d'Al- 
k  Sollicité  de  secourir  le  khalife  Ue- 
n  contre  deux  usurpateurs  qui  suc- 
l'avaient  détrôné  et  empri- 
se, Ali  vint  par  mer  s'emparer  de 
^,  ran4l6derhégire(10l6deJ.- 
j.  D  aurcha  sur  Cordoue,  et,  ne  pouvan  t 
ifalir  Heacham  qui  avait  disparu,  il 
wiaya  en  faisant  périr  Soleiman,  le  se- 
ad  osnrpateor,  et  s'empara  du  khalifat 
■lil  se  pïviendait  héritier  ;  mais  regardé 
comme  un  usurpateur  par  les 
des  Omméiades,  il  fut  étouffé 
no  bain  en  1018.  Son  frère  Ca- 
fib  Yahia,  régnèrent  l'un  après 
Cordoue  comme  khalifes  ,  en 
de  quelques  princes  Ommé- 
les.  L'oucle  fut  détrôné,  en  1031,  par 
qui  s'était  maintenu  dans  ses 
de  MÎdaga  et  d'Afrique ,  et  qui  , 
il  son  tour  de  Cordoue  par  Cacem, 
1023,  y  rentra  peu  de  mois  après,  par 
e  nouvelle  révolution  qui  le  rendit  mai- 


■Ire 


tre  de  la  personne  de  son  onde.  YahiA 
périt,  en  1026,  dans  une  bataille  contre 
les  Val i  deSéville  et  quelques  autres  gou- 
verneurs qui  s'étaient  rendus  indépen* 
dants.  Son  frère  Edris  et  quatre  autres 
princes  Hamoudides  ne  possédèrent  que 
le  royaume  de  Malaga  et  d'Algéziras, 
avec  Tanger  et  Ceuta ,  où  le  dernier  se 
retira ,  en  1069 ,  lorsque  ses  états  d'£s- 
paç^e  lui  eurent  été  enlevés  par  le  roi 
de  Séville. 

Gkenade.  Zavy,  prince  de  la  race  des 
Zéirides  ou  Sanhadjides,  qui  régnaient  à 
Tunb  et  à  Tripoli,  ayant  usurpé  la  sou* 
Ycraineté  de  Grenade  qu'il  gouvernait 
au  nom  de  Hescham  U ,  khalife  de  Cor- 
doue, la  transmit,  en  1019  ou  1029,  à 
son  neveu  Habous,  qui,  ainsi  que  ses 
deux  successeurs,  Badis  et  Abd'AUahy 
reconnaissait  pour  khalifes  et  pour  suze- 
rains les  rois  de  Malaga.  Ils  soutinrent 
plusieurs  guerres  contre  les  rois  de  Se-* 
ville,  qui,  maîtres  de  Cordoue,  affectaient 
la  suprématie  sur  tous  les  dynastes  mu- 
sulmans de  la  Péninsule.  Un  intérêt  com- 
mun ayant  réuni  ces  derniers  pour  résister 
aux  progrès  des  princes  chrétiens,  et  pour 
appeler  comme  auxiliaire  le  roi  de  Ma- 
roc loussouf ,  deuxième  monarque  de  la 
race  des  Al-Moravides,  Abd'Allah  fut  une 
des  premières  victimes  de  cette  démarche 
imprudente.  Après  avoir  assisté  à  la  ba- 
taille deZallakah,  gagnée  en  1086  par  les 
musulmans  d'Afrique  et  d'Espagne  sur 
Alphonse  VI,  roi  de  Léon  et  de  Castille, 
il  négocia  secrètement  avec  ce  prince  pour 
s'en  faire  un  appui  contre  l'ambition  du 
roi  de  Maroc  qui ,  Tayant  fait  arrêter, 
l'envoya  en  Afrique  et  s'empara  de  ses 
états,  en  1088. 

AxMÉaiE  avait  pour  gouverneur  Khaî- 
ran,  Esclavon  ou  Dalmate  de  naissance , 
lequel,  fidèle  à  la  cause  des  khalifes  Om- 
méiades de  Cordoue,  périt  en  1017-18, 
dans  une  bataillecontreAli-ben-Hamoud, 
roi  de  Cordoue  et  de  Malaga.  Zohaîr,  son 
parent  et  son  successeur,  laissa  ses  états  en 
mourant,  en  1 04 1 ,  au  roi  de  Valence  Abd- 
el-Aziz,  qui  lesdonna  à  son  gendre  Aboul- 
Ahvas-Maan,  fondateur  de  la  courte  dy- 
nastie des  Samadaliides  ou  Tadjibides , 
lequel  à  sa  mort,  en  1052,  transmit  sa 
couronne  à  son  fils  IMohammed-Moczz' 
Eddaulah^  l'un  des  princes  les  plus  éclai- 


GRE 


{Ht) 


GBS 


réi  eC  l«s  pins  vertueux  qui  aient  régoé 
daut  l^Espagoe  musulmane.  N^ayant  point 
combattu  à  S^allakafa,  bien  qu'il  se  fût 
soumis  au  roi  de  Maroc,  Moeu-£d- 
daulah  fut  assiégé  par  terre  et  par  mer 
dans  Aimérie,  et  y  mourut  en  1 09 1 .  Cinq 
mois  après  y  Obéid- Allah,  qui  lui  avait 
succédé,  entama  avec  le  roi  de  Maroc  des 
négociations  à  U  faveur  desquelles  il  par- 
vint à  s'embarquer  avec  un  de  ses  frères 
et  à  se  retirer  auprès  du  roi  de  Boudjie 
(Bougie)  en  Afirique;  mais  sa  capitale 
tomba  aussitôt  au  pouvoir  des  AUMora* 
vides,  qui  en  avaient  continué  le  siège. 

Tous  les  états  musulmans  d'Espagne 
ayant  passé  sous  la  domination  des  Al- 
Moravides  {voy,\  un  prince  de  cette  dy- 
nastie gouvernait  l'Andalousie  et  tenait 
sa  cour  à  Grenade,  lorsque  Alphonse-le- 
Batailleur,  roi  d'Aragon,  après  une  mar^ 
che  aussi  imprudente  qu'aventureuse,  pa- 
rut, en  1126,  devant  cette  ville  sous 
prétexte  d'y  délivrer  les  chrétiens  qui 
l'avaient  appelé;  mais  il  échoua  dans  son 
entreprise. 

Pendant  l'anarchie  qui  entraîna  et  qui 
suivit  la  dissolution  de  la  puissance  des 
Ai-Moravides,  Grenade  se  révolta  contre 
eux,  en  1 146,  et  reconnut  pour  roi  Ah- 
med Seif-Eddaulah  Ben-Houd,  dépouillé 
du  royaume  de  Saragoose  qu'avaient  pos- 
sédé ses  ancêtres.  Ce  prince,  devenu  éga- 
lement roi  de  Jaén,  de  Murcie  et  de  Va- 
lence,  ayant  été  repoussé  devant  l'Ai 
CasralOmrahde  Grenade  (p.  134)  par  les 
troupes  al- moravides,  et  tué,  en  1146, 
dans  une  bataille  contre  leur  allié  Al- 
phonse-Raimond ,  roi  de  Castille  et  de 
Léon,  Grenade  retomba  an  pouvoir  des 
Al-Moravides  et  fut,  sur  le  continent  es- 
pagnol, le  dernier  asile  de  leur  puissance 
anéantie ,  depuis  près  de  vingt  ans ,  en 
Afrique  par  les  Al-Mohades  (vof.);  ils 
se  joignirent  même  à  l'armée  chrétienne 
pour  assiéger  par  terre  et  par  mer  Aimé- 
rie,  qui  fut  prise  en  1147  ou  1148.  La 
mort  d'Yahia-Ben^Ghania,  le  plus  vail- 
lant de  leurs  chefs,  après  une  bataille 
contre  les  AUMohades,  en  1149,  assura 
la  domination  d'Abd-el-Moumen  (uoy'.), 
deuxième  prince  de  la  nouvelle  dynastie, 
sur  la  msjeure  partie  de  l'Espagne  mu- 
sulmane et  de  l'Afrique  septentrionale  ; 
inais  ce  ne  fut  qu'en  1 166  que  Grenade 


lui  fut  livrée  par  capitulation 

med-ben-Biardenisch,  roi  de 

de  Murcie,  en  devint  maître , 

à  la  suite  d'une  sédition;  mi 

Mohades  ayant  repris  Alméri< 

année,  après  un  blocus  de  sii 

portèrent  d'assaut  Grenade  pei 

après,  et  repoussèrent  toutes  l< 

du  roi  de  Valence  uni  aux  chi 

conservèrent  Grenade  jusqu'i 

où  leurs  guerres  civiles  entrait 

décadence  en  Espagne   et  ec 

Mohammed -ben-Houd   s'élev 

mier  contre  eux ,  comme  h< 

droits  de  ses  ancêtres.  Reconn 

les  montagnes  des  Alpuxarras, 

il  s'empara  de  Murcie  et  en  13! 

nade.  Mais  tandis  qu'il  étendai 

nation  sur  l'Andalousie  et  le  V 

qu'il  cherchait  à  enlever  Valen 

veau  roi  qu'elle  s'était  donné 

med  ben-al-Ahmar  le  trahit,  l'ai 

jeta,  en  1 332  Jes  fondements  d 

royaume  de  Grenade,  et  se  reo 

de  Jaén,  de  Guadix,  de  Baéça.  1 

ayant  été  assassiné  à  Almérie, 

Mohammed  ben-al-Ahmar  y 

nu  roi,  et,  l'année  suivante,  il  < 

Grenade,  qui  derint   la   capi 

royaume  dont  la  durée  fut  prc 

longue  que  celle  de  la  puissanc 

de  Cordoue,  et  bien  plus  longU' 

de  tous  les  états  musulmans  qu 

élevés  sur  les  ruines  de  cette  n 

Mohammed  fut   le  fondatc 

royaume  et  de  la  dynastie  des  j 

ou  Al-Ahmarides^  qui  aposséd 

264  ans,  sous  2 1  rois,  la  pro 

tière  de  Grenade  et  d'autres  ] 

l'Andalousie.   Parmi   ces  rois, 

med  II ,  malgré  sa  parfaite  coi 

de  la  langue  castillane  et  l'aroii 

leresque  qui  l'unissait  à  Alphoi 

habilement  employer  les  armes 

li tique   pour   consolider   sa  n 

Mohammed  II  profita  des  trou 

Mauritanie  pour  y  conquérir 

quelques  autres  places,  mab  il  f 

détrùné.  Isroaêl  I**  remporta, 

la   bataille    nommée  Journée 

fants^  parce  que  deux  princes 

y  furent  tués.   loussonf  I*',   v 

bile  à  la  guerre  que  pendant  la 

le  législateur,  le  réforroateor  d 


(U7) 


GSM 


tajortice,  pour 
lo  arts,  OB 


oripne,  deb 
it  CatSk,  convoité,  atuqiié, 
t  pv  kl  iMHHiif  II  caotilbi» 
M«  par  le»  roi»  de  Fez  ce  «le 
Miui  ifcrhiif  par  des  fac- 
r  is  pores  cHiles  ait  pa  se 


et  par  coo- 


s 

b  «  la  ncknes  s'accronaieni 

mctt  pv  l^asile  «pj  troa- 

^^' de  SériUe,  de  Va- 

Mvôe  et  des  antres  états  cd-> 
k  rislaMtsBe  par  les 
;  <|iie  la  discorde  aussi 


ttamme  ca  Afrique;  que,  pro- 
Inn  ditisiouay  le  rojaimw  de 
raiintloar  à  tour  auprès  d'eux 
tt  4ei  auxiliaires;  qull  re^t 
•ecDun  des  rois  de  Tunis  et  de 
tt^'eain  il  me  socoomba  qu^an 
■ÎQo  des  couroQoes  de  Castille 
M  pv  le  naria^  de  Fcrdinaud 
le.  IVo6taBt  de  la  coociirrcfice 
t  rois  de  Grenade,  d*abord  le 

fib,  pois  le  fils  et  son  onde, 
^Ks  dkrétieBS  les  attaquèrent 
kl   points.   Rouda    fut   prise 

Miiaca  CD  1488;  Guadix  et 
ir  ftirent  liTrées  par  Abd' Allah 
fiindes  deux  rois,  en  1490;et 

■ercu  Abou-abdAllah  Mo- 
U,  et  DOB  pas  Boabdil,  comme 
i  cqnpiob  et  plusieurs  com- 
nncais  ont  écrit  son  nom ,  fut 
adre  sa  capitale  dans  Us  pre- 
s  de  jaimer  1493.  Ce  lâche 


prince,  qui  s'était  léTohé  cottlve  um  pcra 
et  qui ,  placé  par  sa  mciu  sur  ua  tit&iie 
qull  fut  forcé  de  partager  avec  aoa  onde, 
n  avait  su  que  pleurer,  mérita  ce  leprodm 
de  cette  princesse  :  «Tu  his  bieu  de  pieu» 
rcr  comme  une  Icmme  nu  ro  jmuM  que 
tu  n  as  pm  su  défendre  eu  homme  el  eu 
roL  •  D  s^embarqua  en  1493  pour  FA- 
frîque,  où  son  onde  s*était  défà  retiré^  et 
il  fut  tué  dans  une  bataOk,  eu  défcadam 
la  cause  du  roi  de  Fa,  son  parent. 

Les  Maures  de  Grenade,  par  leurs  re- 
lations rontinurilrs  aTcc  lô  chréticBS, 
avaient  adopté  la  mode  de  la  chevalerie, 
des  tournois,  des  carrousels,  dm  armoiries 
et  <lesépitaphes,  inconnus  aux  autres  na- 
tions mninlmanw  Us  firent  usa^  de  la 
poudre  à  canon  et  de  TartiUerîe  à  la  dé  - 
lense  de  U  ville  de  Kiehia,  en  13S6,  an 
siéee  de  Baêça,  en  1334,  et  à  ccfaii  d'Aï- 
geziras,  époques  antérieures  à  la  hataiUe 
de  Crécv,  perdnepar  Philippe  de  Valois 
roi  de  France.  Quant  aux  Zé^ris  et 
Abencérages  {9oj.\  noms  plus  ou 
défigurés  de  deux  &millesoriginairesd*A- 
frique,  ils  sont  plus  connus  dans  lo  ro- 
mans que  dans  Thistoire. 

Les  Maures  de  Grenade  se  révoltèrent, 
en  ld69  ,  contre  Philippe  II,  roi  d'Es- 
pagne ;  ik  élurent  deux  rob  dont  k  fin 
fut  tragique;  mak  ik  ne  tinrent  entière- 
ment chmiés  de  U  Péninsule  q^*en  1 61 0, 
sous  PhiUppe  IIL  H.  A- 

GREXADE  (bot.),  «07-.  Gax 

GRENADE  (art  mit},  petits  boulets 
creux  de  kfiii  me  <les  obus,  que  r<m 
plit  de  pondre  pour  les  ^ire  éclater 
milieu  d^une  troupe  ennemie.  On  ne  se 
sert  guère  de  ce  projeciik  que  dans  k 
guerre  de  siège.  On  connaiaait  les  gre- 
nades avant  1 533,  puisque  Baptiste  ddk 
Valle  enseignait  à  cette  épocpie  k  prépa- 
ration des  grenades  à  main.  Les  Fran^M 
en  firent  usage  pour  k  picaûcie  fins  an 
siège  d'Arles,  en  1536.  Au  siège  dXK- 
tende,  en  1603,  on  jeu  dans  la  pkce 
50,000  grenades  et  20,000  furent  kn* 
céesdek  place  siv  les  asHègeants.  An  Mége 
de  Candie  (1 669  ,  les  a«ègès  comommè' 
rent  100,960  grenades  à  main  et  4,874 
grenades  de  verre.  On  fait  entrer  actneU 
leamnt  40,000  grenades  â  main  â»m  les 
approvÎHonnements  d^nn  siège,  et  b  place 
assiégée  doit  avoir  pour  m  déinse  au 


GRB 


(188) 


GRE 


HKHDft   SyOOO  grenades  de  rempart  et 
20,000  à  main. 

On  s'est  servi  de  grenades  en  carton, 
en  verre,  en  métal  de  cloche,  en  bronze 
et  en  fonte  de  fer;  on  n'en  fabrique  plus 
que  de  ce  dernier  métal.  U  y  avait  au- 
trefois en  France  des  grenades  de  rempart 
du  calibre  de  16,  24  et  32  ;  on  consom- 
mera celles  qui  restent  en  magasin  et  on 
y  suppléera  par  des  projectiles  creux  de 
plus  petits  calibres.  Les  grenades  à  main 
ont  varié  dans  leurs  dimensions^  on 
B*en  coule  plus  que  d'une  seule  espèce, 
de  o'".08  de  diamètre  et  pesant  envi- 
ron 1  kilogr.  Pour  (aire  éclater  cette 
grenade,  on  la  remplit  de  poudre  et  on  y 
met  une  fusée  de  20  secondes  de  durée. 
Des  hommes  exercés  lancent  ces  grenades 
avec  la  main  à  26  mètres,  et  à  100  me* 
très  au  moyen  d'une  ficelle  attachée  à  la 
fusée  et  dont  on  se  sert  pour  imprimer 
à  la  grenade  un  mouvement  de  rotation 
comme  le  ferait  une  fronde.  On  jette  des 
masses  de  grenades  sur  un  même  point 
avec  les  mortiers,  pierrten,'obusiers,  etc., 
ou  au  moyen  d'un  seau  en  bois  cerclé  en 
fer,  qui  remplace  le  mortier. 

£n  1657,  Charles-Gustave,  roi  de 
Suède,  introduisit  l'usage  de  petites  gre- 
nades fixées  à  la  baguette  et  qui  se  ti- 
raient avec  le  mousquet.  En  1668,  on 
tira  à  Berlin  des  grenades  avec  le  mous- 
quet, en  fixant  la  grenade  dans  un  sabot 
à  tige  qui  entrait  dans  le  canon. 

Dans  la  défense  des  places,  on  com- 
mence à  jeter  des  grenades  contre  les 
tètes  de  sape  dès  qu'elles  approchent  du 
chemin  couvert,  et  l'on  continue  jusqu'à 
la  fin  du  siège,  surtout  au  moment  de 
l'assaut,  à  inquiéter  l'assiégeant  par  un 
jet  continu  et  bien  nourri  de  grena- 
des. L'attaque  emploie  la  grenade  vers 
la  même  époque  du  siège  pour  s'opposer 
aux  rassemblements  des  troupes  de  sortie 
dans  les  places  d'armes  et  pour  déloger 
l'ennemi  du  chemin  couvert  et  des  rem- 
parts. 

«  Comme  les  pierres  et  les  grenades, 
dit  Vauban,  jetées  avec  des  mortiers, 
font  plus  de  mal  encore  que  les  bombes, 
et  qu'elles  tuent  et  blessent  beaucoup  plus 
de  monde,  il  faut  s^en  précautionner  de 
son  mieux.  » 

Le  jet  des  grenades  a  souvent  occa- 


sionné des  accidents  graves  pti 
dats  qui  les  lançaient  :  pour  la 
on  y  exerça  des  hommes  de 
prirent  le  nom  de  grenadier 
mot);  mais  aussit^  que  les 
furent  réunis  en  compagnies 
rent  l'élite  de  l'infanterie,  on  c 
exercer  au  jet  de  la  grenade  q 
rent  complètement  depuis  1 
Les  troupes  du  génie  sont  les  s 
quelles  on  apprend  encore  s 
projectile. 

GREN  ADB  (Nouvelle-),€ 
NueporGranada.  Les  Espsgno 
naient  sous  ce  nom  et  sous  celi 
cas  toutes  les  possessions  qu' 
conquises  dans  le  nord  de  l'Am 
ridionale,  et  qui  forment  aujo 
républiques  de  Venezuela,  de  h 
Grenadeetde  l'Equateur  (vo/. 
me  de  la  Nouvelle-Grenade,  qu^ 
gouverner  par  un  vice-roi ,  è 
au  nord  et  à  l'ouest  par  la  m 
contigu  au  Caracas,  au  Brésil  e 
Ayant  500  lieues  de  long  sur  e 
de  large,  il  avait  une  superfi 
de  58,000  lieues  carrées  (de  2C 
c'est-à-dire  presque  le  double 
la  France  ;  et  quand  on  ajouU 
dans  la  zone  torride,  travei 
hautes  chaînes  de  montagnes 
tions  des  Andes  du  Pérou, 
par  de  grands  fleuves  qui  re* 
rivières  considérables ,  ce  pay 
en  productions  des  trois  rè| 
nature  ;  qu'il  a  une  grande  vai 
mats,  de  beaux  sites,  des  i 
communication  faciles,  enfii 
sources  de  toute  espèce  et 
ments  infinis  de  prospérité ,  i 
venir  .que  c'était  un  des  éta 
favorisés  par  la  nature.  Ce; 
pays  si  riche  et  si  beau  oompt 
lors  de  la  fin  de  la  domination 
2  millions  d'âmes;  en  177 
avait  même  recensé  qu'un  p 
1,200,000  habitants  :  or  s'il  < 
et  cultivé  comme  la  France,  il 
nourrir  60  millions.  Son  com 
en  proportion  de  la  faiblesse  de 
tion.  M.  de  Humboldt*  évalu< 


(*)  Etiûi  ^oUtiquê  tur  U  rûimmm 
fittfMs^^^gntf  Pari»,  i8ii,  l.  Y.  1. 


(m) 

d'Asie,  y 


GUE 


et 

U      v      ^ 

iS,7M,000  pu  pro- 

èhpknhiire  à  1  millions,  et 

d'or  et  dPargeDt  à  S  miU 

à|iHbfi(le  produit  annuel  en  or 

M,  to  oommenoement  de  ce 

n  éoidnt  en  tontes  choses ,  ne 
Ml  M  roi  d*Espegne  que  4  à 
ÊtÊfÊÊjmitmjipoiqne  le  revenu  brut 
4r  tyîlO,000;  en  sorte  que,  sous  le 
4i  pTMbîty  la  perte  de  cette  colo- 
«  lli  pta  Konble  au  trésor  d^Es- 
Omn  Por  et  Targent,  la  Non- 
feornisMÛt  du  mercure 
ydtpbtÎDe,  du  cniTre,  du  fer, 
,  telles  qu'émeraudes 
in,  fa  perlei,  etc.  Les  côtes  de 
,  friMÎpal  séjour  des  Européens, 
■C  îilabiiB  sur  beaucoup   de 
taéiiqae  les  hautes  régions  de  Hn- 
(Ton  climat  parfaitement 
neoomber  une  partie  de 
ppdMÎDB  étrangère  qui  avait  mal* 
déCmit  par  ses  Tiolences  la 
ytrîbnsindiennesdont 
sont  entièrement  étein- 
tt<B  ar  fe  point  de  Tétre.  De  ce  nom- 
^Wmls Caraïbes,  race  forte  et  éner- 
ss  frisut  redouter  par  ses  goûts 
et  que  les  Espagnols  ont 
Cl  plusieurs  contrées;  les  Cu- 
aajourd*hui  civilisés;  les  Gua« 
ft^  fMple  bdliqueux  ;  les  Omaguas  et 
■BmcH^qni  rendaient  un  culte  au  soleil 
tk  k  hnc^  et  qui,  de  tous  les  Indiens , 
■M  frît  le  plus  de  progrès  dans  les  arts 
fk  dfilisatioa.  Leur  idiome,  appelé 
ieli,  cl  qui  était  parlé  dans  unegrande 
rie  dn  roianme,  est  sur  le  point  de 
mh^;  éa  reste  il  eustait  un  grand 
Ère  de  langues  diverses.  Ces  peuples 
■C  gottteinéspar  des  caciques  qui, 
■BBent  en  guerre  entre  eux ,  se 
Mvaîent  avec  acharnement.  Les  ca- 
■  de  Bogota  avaient  le  titre  de  zippa 
setgnenr.  Quelques  caciques  ré* 
loogtenpa  aux  Espagnols,  quand 
vinrent,  au  commencement  du 
,  faire  successivement  la  con- 
*  des  vastes  territoires  de  TAmérique 
liûoalc  qœ Christophe  Colomb  avait 
nerts  à  la  fin  du  xv*  siècle.  Subju- 

''Hjciop.  4*  O,  (i.  M,  Tome  XIII. 


guéei  peu  a  peu  par  les  Européens,  kft 
peuplades  indUennes  de  la  Nonvelle-Gi«-> 
nade  furent  employées  aux  mines  et  à 
d'autres  travaux  fatigants,  et  disparurent 
en  partie.  Il  n*y  en  a  eu  qu'un  petit 
nombre  qui,  à  la  faveur  des  boiset  deslieux 
inaccessibles  qu'elles  habitaient,  conser» 
vèrent  leur  indépendance  et  leurs  habi* 
tudes  sauvages.  On  évalue  à  200,000  1» 
nombre  d'Indiens  (voy.)  qui  pouvaient 
exbter  encore,  à  la  fin  de  la  domination 
espagnole,  tristes  débris  du  grand  nomhre 
d'indigènes  qui  vivaient  anciennement 
sur  ce  vaste  territoire.  En  revanche, 
les  Espagnob  avaient  fondé  une  quan* 
tité  de  villes,  établi  des  missions  pour 
convertir  et  civiliser  les  sauvages  et  in* 
troduit  la  race  noire  pour  remplacer  la 
race  cuivrée. 

Le  royaume  de  la  Nouvelle-Grenade, 
qu'ils  avaient  formé,  ne  se  composait, 
dans  l'origine  de  leur  domination,  que  de» 
anciens  états  de  Bogota  et  de  Tunja.  En 
1718,  ils  y  réunirent  le  NuepoReyno  ou 
Nouveau-Royaume,  la  Terre-Ferme  et  le 
Quito,  déuché  du  Pérou,  dont  il  faisait 
partie  d'abord.  Le  Nouveau* Royaume, 
se  composait  de  Carthagène,  Caracas,  Po* 
payan,  Maracaîbo,  Guîane,  Cumana, 
Sainte-Marthe,  Antioquia,  dô  Iles  de  la 
Trinité,  de  Marguerite,  Porto-Rico,  etc.  La 
Terre-Ferme  comprenait  Panama,  Porto- 
bello,  Véragua  et  Dar îen .  Ainsi  ce  royaume 
touchait  d*un  côté  au  Mexique,  et  de  l'an* 
tre  au  Brésil  et  au  Pérou.  Il  était  gouverné 
dans  cet  esprit  étroit  et  ombrageux  qui 
dirigeait  alors  les  Espagnob  dans  leur  sys- 
tème colonial. 

Au  commencement  du  xix*  siècle,  un 
simple  particulier,  Miranda,  pendant  quel- 
que temps  soutenu  par  l'Angleterre ,  es» 
saya  d'affranchir  ces  colonies  lointaines  ; 
mab  n'ayant  que  peu  de  crédit  et  d'in- 
fluence, il  échoua  dians  sa  tentative.  Quel- 
que temps  après.  Napoléon  envahit  l'Es- 
pagne. La  junte  du  gouvernement  natio- 
nal, qui  se  forma  alors  dans  la  métropole, 
engagea  la  Nouvelle-Grenade  à  soutenir 
les  Espagnols  dans  leur  lutte  contre  Tem- 
pereur  des  Françab  et  à  rester  fidèle  à 
Ferdinand  VII;  mab  comme  celui-ci  re- 
nonça au  trône,  la  Nouvelle-Grenade, 
abandonnée  à  elle-même,  crut  le  moment 
opportun  poui*  s'affranchir  du  joug  eu- 

9 


GRE 


(âlO) 


GRI 


jrq>éen.  En  1809,  uoe  jonte  soprème  de 
gouYememeot  le  forma  à  Quito  pour  ce 
royaume  et  pour  les  provinces  de  Guaya- 
quil,  Popayao  et  Panama.  Le  vice  -  roi 
Âmar  parvint  à  la  dii!>oudre  par  la  force 
armée;  cependant  Tesprit  insurrection- 
nel se  répandit  bientôt  dans  toutes  les 
provinces;  on  arrêta  et  destitua  le  vice* 
roi.  Une  nouvelle  junte  s^étant  organisée, 
elle  invita  toutes  les  provinces  à  envoyer 
des  députés  pour  un  congrès  à  Bogota.  En 
effet ,  le  congrès  s'assembla  à  la  fin  de 
1 8 1 0  ;  mais  on  ne  put  tomber  d'accord  sur 
la  manière  de  constituer  Tancienne  colo* 
nie.  De  son  côté,  Venezuela  déclara,  en 
1811,  son  indépendance  sous  le  nom  de 
confédération  américaine  de  Venezuela  ; 
Carthagène  en  fit  autant  dans  la  même 
année.  En  novembre  (  1 8 1 1  ),  un  nouveau 
congrès  fut  tenu  à  Bogota  et  donna  lieu 
à  un  pacte  fédéral;  deuK  mois  après, 
en  1813  ,  la  Nouvelle- Grenade  et  Quito 
proclamèrent  leur  indépendance.  Cepen* 
dant  il  fallut  combattre  le  parti  espagnol 
et  royaliste  qui  conservait  encore  quelque 
force ,  et,  malgré  les  victoires  de  Bolivar 
(vojr.)^  le  général  espagnol  Morillo  (i^.), 
envoyé  avecdes  troupes  par  Ferdinand  VII 
qui  venait  de  remonter  au  trône ,  parvint 
à  entraver  pendant  quelque  temps  Tor- 
ganisation  du  gouvernement  indépendant; 
mais  en  décembre  1 8 1 9,  le  congrès  de  Ve- 
nezuela proclama  la    loi  fondamentale 
qu'il  avait  décrétée  pour  la  réunion  de  la 
Nouvelle- Grenade  et  de  Venezuela  en 
république  de  Colombie  (vox.  ce  nom). 
Ce   nouvel   état  fut  divisé  d'abord  en 
trois  grands  défuirtemciits,  savoir:  ceux 
de  VénézueU,  Quito  et  Cundinamarca , 
ayant  pour  chefii-lieux  les  villes  de  Cara- 
cas ,  Quiio  et  Bogota.  Pendant  plusieurs 
années  encore,  l'Espagne  esMya  de  ressai- 
sir son  ancienne  suprématie  sur  les  colo- 
nies émancipées  ;  tous  ses  efforts  n'abouti- 
rent qu'à  dévaster  le  territoire  colombien. 
La  première  organisation  administrative 
de  la  Colombie  paraissait  au  gouverne- 
ment du  pays  donner  trop  d'étendue  à 
chaque  département  et  trop  de  pouvoir 
aua  cbeis;  en  conséquence,  on  la  divisa 
(1824)  en  12  départements,  dont  voici 
les  noms  :  Orénoque,  Venezuela,  Apure, 
Zulia,  Boyaca,   Cundinamarca,    Mag- 
dalene,  Cauca,  l'Istlime,  Ecuador  ou 


Equateur  I  Asuay  et  Guayac 
soin  d'une  défense  commun 
réuni  des  provinces  qui,  fai 
munications  faciles  entre  e 
peu  de  sympathie  les  unes 
très  :  aussi,  quand  leur  libert 
et  à  l'abri  des  attaques  de  la 
se  séparèrent-elles;  Vénézu 
velle-Grenade  et  l'Équateu 
autant  de  républiques  parti 
pendant,  en  mai  1832,  elle 
traité  d'alliance  d'après  lequc 
publiques  feront  toujours  cai 
pour  le  maintien  de  leur  ind« 
de  leur  liberté,  et  agiront 
vis-à-vis  des  puissances  étra 
les  tarifs  des  douanes.  Elles 
réservé  la  faculté  de  former 
tiou,  mais  sans  gouvernen 
Elles  ont  fait  la  répartition  < 
dette  commune  et  aboli  la  t 
claves. 

Bo^a  est  la  capitale  de  I 
actuelle  de  la  Nouvelle-Grei 
elle  l'était  de  l'ancienne  vice«i 
la  Colombie  {voy.)  dans  se 
La  république  ne  doit  guère 
1,500,000  liabiunu*;  ell 
les  dé|>artements  de  Magdale 
Carthagène;  de  l'Isthme,  ri 
nama;  de  Boyaca,  chef-liei 
Cauca,  chef-lieu  Popayan,et 
marca,  dans  lequrl  e>t  située 
qui  comprend  les  provinces 
Bogota,  Mariquita  et  Neyvi 
nord-est  de  Venezuela,  la  N< 
nade  actuelle  est  bornée  a 
république  de  l'Equateur**, 
che,  au  milieu  de  l'isthme  d 
l'ancienne  confédération  de 
(voy,  plus  loin  cet  art.i.  Qi 
une  longue  étendue  de  côte 
long  du  grand  Océan,  la  M< 
nade  n'a  pourtant  d'autre  po 
que  celui  de  Carthagène  sur 
Mex  ique.  Le  sud-ouest  est  hé 
tagnes  ;  mais  dans  Test  s'étei 
tes  plaines,  susceptibles  d*u 

(•)  D*aprè«  le  rereBwmenl  d» 
avait  i,6H6,oao.  Lea  levroui  d< 
de  a,3i7«B3(>  et  tes  dé|>cn»c«  de 
tara. 

(**)  Lm  Hmtt*»  entre  \e%  deu 
r^léet  par  le  traité  de  Petto,  c 
V»j.  Ira  arlirlr»  K^r^rn  »  rt  \ 


GAB 


(181) 


GRE 


liimvdeMagdalenetnY«ne  la 
■■NMitsade  dans  presque  toute  son 
,éinuiaB  nord,  et  se  jette  dans 
Mniqae.  D^o. 

(bot.).  Uarbre  qu^on 

i  ippartient  à  la  famille  des 

cl  il  constitue  à  lui  seul  le 

r/Bnci8.Le  nom  scientifique  dérive, 

mâiMs  punica ,  terme  employé 

parce  que  œ  fut  de  Car- 

raçurent  le  grenadier,  soit  de 

,  pour  fiiire  allusion  à  la  cou* 

éBvfale  en  fleurs  de  ce   végétal. 

I  réfTBologie  de  grenadier  ^  elle 

pnbtUcment  dans  granatum^ 

tti  htii  de  It  grenade ,  dû  à  la  multi* 

^étpéDtBk{ffranum)  qui  remplissent 

mkàL 

U  pcatdicr  {punica  granaUun^  L.) 
^''^  lUMÂt  ions  forme  de  buisson,  et 
Ml  forme  d*un  petit  arbre  haut 
fc  li  à  30  pieds.  Son  tronc  tortueux  se 

CCD  brioches  à  rameaux  touffus, 
,  ■eaoi  et  épineux.  Ses  feuilles, 
opposées,  tant6t  vertidllées ,  tan* 
,  et  souvent  fasciculées  aux 
des  plus  anciennes ,  sont  déponr- 
deMipales,  très  entières,  glabres, 
,  luisantes  y  un  peu  coria* 
Doo  persistantes,  lancéolées,  ou 
ou  oblongues ,  ou  oblongues- 
,  obtuses ,  ou  pointues ,  légère- 
idalées  aux  bords,  courtement 
,  et  longues  de  un  à  deux  pou* 
L  hm  fleurs,  grandes  et  d^un  écarlate 
knc  (iaonâtres  ou  blanches  dans  cer* 
■i  variétés  de  culture) ,  sont  presque 
lies  et  naissent  à  Textrémité  des  ra- 
ssoit solitaires,  soit  agrégées  au  nom- 
ét  deux  à  cinq.  Le  calice  est  un  peu 
lec,  charnu,  coloré;  il  offre  un 
lirbiné ,  adhérent  à  Tovaire,  et  cou- 
é par  un  limbe  en  forme  de  cloche, 
è  es  cinq ,  six  ou  sept  lobes  triangu- 
(  ec  pointus;  les  pétales,  en  même 
ve  que  les  lobes  du  calice  et  insérés 
sorge  de  celui-ci ,  sont  sessiles ,  ova- 
Wcalaires,  chifTonnés  et  imbri* 
Kvant  la  floraison ,  étalés  lors  de  l'é* 
ÛBement.  Les  étamines,  très  nom- 
es et  insérées  à  la  gorge  du  calice , 
lies  courtes  que  celui-ci  et  de  même 
ir  que  le.4  pétales  ;  elles  ont  des  fi- 
bres ,  subulé^ ,  et  des  anthères  mo- 


biles,  ovales.  L'ovaire  ofire  un  graïkl 
nombre  de  loges,  disposées  en  deux  sé- 
ries superposées  comme  par  étages  ;  les 
placentaires  sont  gros  et  recouvrent  la 
base  de  même  que  la  surface  interne  des 
loges.  Le  style  est  grêle  et  terminé  par  on 
stigmate  en  forme  de  disque  papilleux. 
Le  fruit  (connu  sous  les  noms  At  grenade^ 
pomme  de  grenadier^  et  balauste)  est 
coriace  et  indéhiscent,  sphérique,  cou* 
ronné  par  le  limbe  du  calice,  plurilocu- 
laire,  et  en  outre  divisé  par  un  diaphragme 
horizontal  en  deux  compartiments  iné* 
gaux  dont  le  supérieur  est  plus  ample 
que  rinférieur.  Ce  fruit,  rougeâtre  ou 
jaunâtre  à  la  maturité ,  n'est  guère  plus 
gros  qu'une  noix  à  l'état  sauvage ,  tan- 
dis que  dans  certaines  variétés  cultivées 
il  atteint  le  volume  d'une  grosse  orange  ; 
ses  cloisons  sont  membraneuses;  chaque 
loge  est  remplie  d'un  grand  nombre  de 
graines  attachées  horizontalement,  os- 
seuses, et  de  forme  irrégulièrement  polyè- 
dre; chaque  graine  est  enveloppée  d*un 
tégument  soocnlent  et  pulpeux,  lequel 
est  la  seule  partie  mangeable  du  fruit. 
L'embryon  n'est  pas  accompagné  de  pé- 
risperme  ;  il  offre  une  radicule  courte  et 
des  cotylédons  convolutés  en  spirale. 

Le  grenadier  croit  spontanément  dans 
le  nord  de  l'Afrique  et  dans  presque  tou- 
tes les  contrées  tempérées  de  TAsie.  Intro* 
duit  d'Afrique  en  Italie,  à  l'époque  des 
guerres  puniques,  il  se  trouve  depuis 
longtemps  naturalisé  dans  l'Europe  aus- 
trale. La  beauté  de  ses  fleurs  et  de  ses 
fruits  l'avait  fait  consacrer  aux  divini* 
tés  de  la  mythologie  grecque,  et,  plus  an- 
ciennement encore,  les  Hébreux  en  fai- 
saient usage  dans  leurs  cérémonies  reli- 
gieuses. 

On  possède  dans  le  Midi  trou  variétés 
de  grenades,  savoir  :  celle  à  pulpe  douce, 
celle  à  pulpe  acidulé,  et  celle  à  pulpe 
mélangée  de  sucre  et  d'acide.  Cette  pulpe 
en  général  est  rafraîchissante  et  astrin- 
gente. On  la  suce  crue,  et  l'on  en  fait 
aussi  des  sirops,  des  confitures,  ainsi 
que  des  sorbets  d*un  goût  agréable. 
Les  fleurs  du  grenadier,  nommées  en 
pharmaceutique  balauxtes ,  sont  très  as- 
tringentes, parce  qu'elles  contiennent 
beaucoup  de  tannin  ;  leur  décoction 
s'emploie  contre  les  diarrhées  chroni« 


GRE 


(1S2) 


ClIË 


^|iMs  et  plnnenn  autres  ma^dlet.  On  ob- 
tient une  encre  d*iin  beau  rou^  en  faisant 
macérer  cet  fleorB  avec  on  peu  d'alun 
dans  de  Feau.  L*écorce  du  fruit ,  laquelle 
possède  les  mêmes  propriétés  que  les 
fleurs,  sert  au  tanna^;  c'est  avec  cette 
écorce  que  les  Tunbiens  obtiennent  la 
belle  couleur  jaune  de  leurs  maroquins; 
elle  peut  d'ailleurs  remplacer  la  noix  de 
galle  dans  la  préparation  de  l'encre  noire. 
L'éooroe  de  la  racine  de  f;renadier,  ad- 
ministrée aux  doses  convenables,  est  l'un 
des  remèdes  les  plus  efficaces  contre  le 
tœnia  ou  ver  solitaire. 

Sur  les  c6tes  occidentales  de  la  France 
et  dans  le  midi  de  l'Angleterre ,  le  gre- 
nadier peut  végéter  en  pleine  terre  à  la 
faveur  de  situations  abritées;  mais  aux 
environs  de  Paris,  il  résnte  rarement  aux 
bivers ,  et  on  ne  le  cultive  que  comme 
plante  d'ornement  d'orangerie.  Planté 
en  caisse  ou  en  pot,  il  demande  une 
terre  substantielle,  comoM  celle  qu'on 
donne  aux  orangers.  En  été,  il  exige 
des  arrosements  fréquenta  «t  abondants  ; 
si  l'on  néglige  de  prendre  ce  soin,  ses 
fleurs  tombent  avant  de  s'épanouir.  C*est 
en  les  taillant  régulièrement  qu'on  par- 
vient a  élever  les  grenadiers  sur  une  seule 
tige  et  à  leur  former  une  tête  régulière , 
opération  qui  se  pratique  à  la  fin  de  l'hi- 
ver ou  au  commencement  du  printemps. 
Les  variétés  à  fleurs  doubles,  qu'on  re- 
cbercbe  plus  spécialement  comme  arbris- 
seaux d'agrément,  se  multiplient  de  bou- 
tures ou  de  marcottes  ;  la  dernière  mé- 
thode surtout  réussit  avec  une  extrême 
facilité.  Le  grenadier  vit  fort  longtemps  : 
on  possède,  dans  les  orangeries  de  Ver- 
sailles et  du  Luxembourg,  à  Par» ,  plu- 
sieurs pieds  dont  l'âge  est  estimé  à  2 
oo  SOO  ans.  Dans  le  midi  de  l'Europe,  on 
forme  avec  le  grenadier  d'excellentes 
baies  de  défense,  qui  offrent  l'avantage  de 
n'être  broutées  par  aucun  animal. 

Les  variétés  les  plus  marquées  de  cet 
arbre  sont  le  grenadier  nain  (puniea 
nanm^  L.),  considéré  à  tort  comme  une 
espèce  particulière  par  plusieurs  auteurs, 
et  fréquemment  cultivé  aux  Antilles  :  sa 
tige  est  basse;  ses  feuilles  sont  presque 
linéaires,  ses  fleurs  de  couleur  écarUte  ; 
le  grenadier  à  fleurs  blanches ,  qu'où 
jMMsède  a  fleurs  simples  ainsi  qu'à  fleurs 


doubles,  fut  introduit,  en 
Chine  en  Europe;  on  le  cul 
orangeries;  enfin  le  grenat 
jaunâtres ,  variété  égalemei 
delà  Chine,  d'où  elle  fut  a 
même  époque  que  la  variété 
ches;  ses  fleurs  sont  très  % 
fruit,  de  couleur  jaunâtre,  a 
lume  d'une  grosse  orange. 

GRENADIER  (art  mil.y 
autrefois  au  soldat  qui  jetait 
[voy,)  et  aujourd'hui  aux  \ 
lite  des  bataillons  d'infante 
miers  soldats  qui  portèrent 
grenadiers  parurent  dans  1 
çaise  en  1667.  Ils  appai 
régiment  du  roi;  il  y  en 
à  six  par  compagnie  ;  on  les 
particulièrement  au  jet  de 
L'on  choisissait  pour  ce  sen 
les  hommes  les  plus  braves 
temps  d'une  taille  élevée,  pot 
sent  plus  facilement  lance 
par-dessus  les  retrancheme 
vices  signalés  que  rendirent 
d'élite  dans  les  campagne 
1668,  1669,  les  fit  réunir 
pagnie  qui  prit  le  nom  de  c* 
grenadiers;  en  1673,  les  tn 
régiments  d'infanterie  euren 
compagnie  de  grenadiers, 
régiments  et  enfin  chaque  bi 
depub  les  réformes  de  171 
Révolution  de  1 789,  il  n'y  eu 
compagnie  de  grenadiers  p 
Dès  qu'il  y  eut  un  si  gr 
de  grenadiers,  on  oublia  le 
ils  ne  furent  plus  exercés 
grenade;  mais  le  grenadier, 
voure  et  sa  belle  conduite  et 
sion,  devint  le  modèle  et 
l'infanterie. 

LouisXVéUblit,enl74 
pagnie  de  grenadiers  dans 
taillons  de  la  milice  du  royau 
ces  compagnies  réunies  form 
giments  de  grenadiers  mjrt 
taillon  chacun  ;  on  les  rem| 
milice,  par  des  compagnies 
postiches  que  l'on  incorpon 
vante,  dan«  les  grenadiers  ro 
tant  les  régiments  a  deux  1 
1779,  on  porta  à  treize  le  n< 
gimeots  de  grenadiers  royai 


GRi: 


(iij) 


GRE 


[ 


et  grenadiers  royaux 
àm  régiments  de 

sortai.-i,  et  les  hommes 
k  tort  de  œs  régiments. 
haÊ^ÊKÊl  étprmadiers  de  France^ 
t748,étiit  composé  de  quatre  bn- 
ieschaciin^  il  était 
a  complet  par  des  détache* 
ftkhm  là  grenadiers  royaux, 
la  fRSifei  échappèrent  au  grand 
lévohtioonaire  qui  changea  ton- 
ÎÊÊtàtaâaoÊ  militaires.  Depuis  For- 
ée 1791  josqn*à  nos  jours,  il  y 
ca  Boe  compagnie  de  grena- 
m  tfle  de  diaqœ  bataillon  d'in- 
tentée figae  et  aséme  de  chaque  ba- 
ie h  gnde  nationale.  L'infanterie 
ftii  pide  da  Directoire,  organisée  en 
ÊtÊif  allait  composée  que  de  deux  com- 
É^BB  de  gransdiers;  la  garde  des  cou- 
lfcmt|i8Morganisatîon,denx  bataillons 
byvadiersietydans  la  garde  impériale 
hvf.J^  i  y  sfait  des  régiments  de  grena* 
hs  à  pied,  de  grenadiers- fusiliers,  de 
IBfanncC  de  tirailleurs-grenadiers,  et 
Am  dm  régisaenls  de  conscrits-grena- 
pa.  Les  grenadiers  ont  été  fréquem- 
m;  pendant  les  guerres  de  la  Révolu- 
■tf  de  rEmpire,  réunis  en  division  et 
d'armée  pour  senrir  de  réserve 
t  avec  la  garde. 
Le  eofps  mjral  des  grenadiers  de 
',  organisé  en  1 8 1 4  avec  les  débris 
ta  de  grenadiers  de  la  vieille 
éeanpérîale,  ne  fut  pas  maintenu  après 
Cent-Joars. 

!mbs  XIV  avait  créé,  en  1676,  une 
de  grenadiers  à  cheval^  qui, 
atînée  à  marcher  et  à  com- 
le  à  pied  et  à  cheval  en  tête  de  la 
■■  do  roi,  n^en  faisait  cependant  pas 
ie.  Cette  compagnie,  supprimée  en 
S,  liit  rétablie  en  1789  et  licendée 
1792.  Les  grenadiers  à  cheval  repa- 
Bat  avec  éclat  dans  la  garde  des  con- 
fit dans  la  garde  impériale,  où  ils 
aient  un  seul  régiment.  Dans  Torga- 
ion  de  la  maison  du  roi,  en  1 8 1 4,  on 
ptak  une  compagnie  de  grenadiers  à 
bL  qoj  ne  fut  pas  rétablie  en  1815. 
■dant,  il  y  en  avait  deux  régiments 
ih  garde  royale  qui  disparurent  avec 
la  révolution  de  juillet  18S0. 
ont  loajours  été  dioisb 


parmi  les  hommes  d*une  belle  et  haute 
stature,  ayant  déjà  servi  et  réunissant 
toutes  les  qualités  d*un  bon  et  brave  mi- 
litaire. Entrer  aux  grenadiers  a  été,  de 
tout  temps,  une  distinction  et  une  récom- 
pense militaire.  Le  grenadier  jouit  d*una 
solde  plus  forte  que  le  fusilier;  il  porte 
des  marques  distinctives  qui  le  flattent 
beaucoup  ;  il  est  fier  de  sa  grenade ,  de 
ses  épaulettes  et  de  son  sabre  qu'il  ne 
quitte  jamais.  Les  grenadiers  portaient 
autrefois  le  bonnet  à  poils  ;  leur  coiffure 
actuelle  ne  diffère  de  celle  des  fusiliers 
que  par  quelques  ornements.  Toutefob, 
dans  la  garde  nationale  de  Paris,  les  gre- 
nadiers ont  conservé  le  bonnet  d*ourstn. 
Les  grenadiers  commandés  de  service  oc* 
cupent  les  postes  d'honneur;  on  leur 
confie,  à  la  guerre,  les  postes  les  plus  pé- 
rilleux, et  ce  sont  eux  ordinairement  qui, 
dans  un  siège ,  montent  les  premiers  à 
l'assaut  de  la  place. 

Les  puissances  étrangères,  profitant  de 
l'exemple  donné  par  la  France,  ont  aussi 
des  grenadiers  pour  troupes  d'élite.  En 
Prusse,  les  bataillons  de  grenadiers  for- 
més avec  tant  de  soin  par  le  roi  Frédéric- 
Guillaume  I^  (voy.  ce  nom  et  Potsdam) 
se  sont  couverts  de  gloire  sous  Frédé- 
ric II.  Indépendamment  des  compagnies 
de  grenadiers  des  régiments ,  il  y  a ,  dans 
la  garde  royale  de  Prusse,  deux  régi- 
ments de  grenadiers,  celui  tle  l'empereur 
Alexandre  et  celui  de  t  empereur  Fran^ 
çois.  En  Russie,  on  a  formé  un  corps 
d'armée  de  grenadiers,  composé,  comme 
les  corps  d'armée  de  la  ligne ,  de  quatre 
divisions  d'infanterie,  d'une  division  de 
cavalerie  légère  et  d'une  division  d'ar- 
tillerie. Il  existe  en  outre ,  dans  la  garde 
impériale,  les  régiments  de  grenadiers  de 
l'empereur  François  et  du  roi  de  Prusse, 
En  Autriche ,  la  réserve  se  compose ,  en 
temps  de  paix  comme  en  temps  de  guerre, 
de  vingt  bataillons  de  grenadiers.  C.  A.  H. 

GRENAT.  Cette  subsUnce  minérale, 
composée  en  grande  partie  de  silice  et 
d'alumine,  renferme  aussi  en  quantité 
notable,  tantôt  de  la  chaux,  tantôt  du  fer, 
quelquefois  la  chaux  avec  le  fer,  et  d'au- 
tres fois  le  fer  uni  au  manganèse.  Mais 
quelles  que  soient  les  combinaisons  sous 
lesquelles  se  présente  le  grenat,  sa  cristal- 
lisation est  toujours  la  mémei  c^est-à-dtre 


GRE 


(IM) 


GRB 


qu'il  cristâllîie  dans  le  tyttèine  cubique, 
en  présieutaiit  pour  formes  domiDantes 
le  trapésoèdre  et  touTenl  le  dodécaèdre 
rhomboîdal. 

Ce  800t  les  dliTérenoet  de  composition 
et  de  couleur»  qu'on  remarque  dans  les 
grenats,  qui  en  ont  déterminé  la  division 
en  plusieurs  espèofliy  lesquelles  ont  été 
groupées  sous  les  noms  de  grossuiairey  ai" 
mutndine^  méianiie  et  êpessarUne, 

La  dénomination  de  grosiuiaire  a  été 
d*abord  donnée  à  un  grenat  verdâtre  ; 
mais  la  composition  chimique  Fa  fait 
étendre  à  des  grenats  jaunâtres  ou  d*un 
rouge  orangé  que  Fou  appelle  encore 
essoniie  et  colophonitr.  L^analyse  pré- 
sente, dans  les  grossulaîres,  environ  40 
pour  100  de  silice,  20  d'alumine,  84  de 
chaux,  %  de  peroxyde  de  fer,  et  quelques 
parties  de  protoxyde  de  manganèse. 

La  seconde  espèce,  d*un  rouge  violet, 
quelquefois  brune,  d'autres  fois  noire, 
comprend,  sous  le  nom  ^almandine^  le 
grenat  pyrope,  le  grenat  syrien,  et  en  gé- 
néral tous  les  grenats  orientaux  des  la- 
pidaires. Elle  se  compose  de  39  à  42  par- 
ties de  silice,  de  1 9  à  22  d'alumine,  d>n- 
▼iron  80  de  protoxyde  de  fer,  et  de  quel- 
ques parties  de  protoxyde  de  manganèse. 

La  troisième  espèce,  appelée  mêlant  te  ^ 
ne  comprend  pas,  comme  son  nom  pour- 
rait le  faire  croire ,  le  seul  grenat  noir, 
mab  aussi  celui  qui  est  jaunâtre  ou  brun. 
Elle  se  compose  d^environ  40  parties  de 
silice,  de  20  à  80  de  protoxyde  de  fer,  de 
26  à  80  de  chaux,  et  quelquefois  d'un  peu 
d'oxyde  de  manganèse. 

La  quatrième  espèce  enfin,  nommée 
spessartine  y  parce  que  le  type  en  a  été 
troufé  dans  le  Spessart  [voy,)^  contrée 
montueuse  et  forestière  de  l'Allemagne, 
est  une  substance  rouge  ou  brune,  for- 
mée de  80  à  40  parties  de  silice,  de  1 4  à 
18  d'alumine,  d'environ  15  d'oxyde  de 
fer,  et  de  20  à  80  de  protoxyde  de  man- 
ganèse* 

Les  grenats  se  trouvent  en  masse  dans 
les  gneiss,  les  schistes  et  d'autres  roches 
anciennes,  dans  les  serpentines  et  d'autres 
roches  d'origine  ignée,  et  dans  quelques 
roches  volcaniques. 

Les  deux  premières  espèces  que  nous 

venons  de  décrire  sont  frécpiemment  em- 

pU^yém  dans  la  bijouterie  \  leur  prix  est 


même  assez  élevé,  lorsqu'elles  soi 
ptes  de  défauts.  On  les  uille  on 
ment  en  cabochons;  quelquefob  1 
daires  se  bornent  à  polir  les  û 
grenats  cristallisés.  J, 

GRENIER.  Dans  les  maisons 
comme  dans  les  habitations  rui 
grenier  est  la  partie  immédiatem 
le  comble  (yoy.\  qui,  à  la  campa 
employée  à  serrer  des  produits  a| 
et  qui,  dans  les  villes,  sert  d'hal 
de  garde-meuble  ou  de  magasin  à 
ge.  Biais  le  grenier  n'a  réellement  d 
tance  que  dans  l'économie  rurah 
ce  que  nous  allons  en  dire  se  r 
aux  constructions  agricoles.  Il  ne 
seulement  à  emmagasiner  les  foui 
les  céréales  en  gerbe,  il  est  enc 
souvent  employé  s  serrer  les  grains 
dans  ce  cas,  il  prend  assez  génér 
le  nom  de  chambre  à  blé.  C*est 
vant  à  cet  usage  cfue  sa  constni 
sa  disposition  réclament  Tobservi 
règles  dont  il  faut  peu  s*écarter. 

La  construction  se  borne  pres) 
tièrement  à  donner  au  plancher 
solidité  nécessaire  pour  supporte 
battu,  dont  le  poids  est  souvent  < 
rable.  Le  blé  s'étend  sur  le  pisi 
des  épaisseurs  différentes  selon  i 
plus  ou  moins  sec.  Avant  un  an,  oi 
à  la  couche  80  à  40  centimètres  ( 
seur,  pour  amener  une  dessiccati 
prompte  et  éviter  la  fermentati< 
deux  ans  et  plus,  on  peut  aller  à 
et  même  à  0™.7S  dans  les  anni 
bondance.  On  estime  moyennei 
poids  du  mètre  cube  de  blé  k  11 
grammes  :  ainsi,  en  prenant  pour  li 
une  épaisseur  de  0™.50,  le  plane! 
à  supporter  875  kilogrammes  pa 
carré,  poids  déjà  considérable.  F 
sister  à  cet  effort,  le  système  le  pi 
venable  consiste  à  placer  des  pout 
tant  dans  les  murs  de  face  sur  àk 
trumeaux ,  et  de  les  écarter  de  4 
au  plus  ;  sur  des  lambourdes  bos 
aux  poutres  reposent  les  solives, 
entre  elles  de  0™.33  ;  Téquarria 
celles-ci  ne  peut  être  moins  de 
sur  0"^.]1,  pour  porter  sans  fi 
poids  de  350  à  400  kilogr.  par  n 
superficie.  Dans  Thypothèse  de  k 
kilogr.yilfiivteipaoarlflssolhei  di 


GRE  (1 

d*éqiiaiTÎssage  0*^.14  sur 
Lit  pluicli^Bfe  en  frises  de  chêne 
■i  roipn  diagonal  est  celui  qui 
■I  k  viieQX,  coAme  résistant  bien 
ËÊp,  Si  Ton  ne  craint  pas  la  dé- 
,  In  parois  rmmpantes  du  grenier  se- 
oa  rerétnes  d'une  boiserie 
ce  soin  est  même  presque  in- 
ponr  combattre  les  toiles  d'a- 
m  d  aatrei  ordures. 

dans  une  bonne  disposi- 


d*abord  une  assez  grande 
r,  pois  Qoe  superficie  conTenable 
ipérer  aisément  la  manutention  du 
MfiieUe  oonaute  à  le  remuer  fré- 
Beat.  H  faut  des  lucarnes  avec 
s  ntérieares  pour  le  montage  des 
t  do  ouvertures  pratiquées  au  nord 


poar  aérer 


celles-ci  doivent 
t  se  clore  à  volonté  et  des- 
t  josqu'an  plancher,  de  manière  à 
t  Tût  rase  bien  la  surlace  et  par 
fM»t  le  blé. 

s  sont  les  détails  généraux  de  con- 
km  qui  se  rapportent  aux  greniers 
de  nos  établissements  agricoles , 
i  d'une  certaine  importance.  Il  y  en 
lires  pour  le  commerce  et  fappro- 
■émeut  des  villes^  mais  qui  doivent 
be  plos  justement  le  nom  de  //ta- 
!i  m  blé,  Corbeil  en  possède  de  ma- 
M  qui  ont  jusqu'à  sept  étages  ;  Pa- 
d*aatres  grandes  villes  sont  pour- 
le  greniers  dits  d'abondancCy  con- 
ioBs  imposantes,  mais  de  luxe  bien 
pae  d'une  véritable  utilité,  comme 
t  voir  les  économistes.  Ces  vastes 
ina,  souvent  voûtés,  n'offrent  rien 
I  puticnlier  dans  leur  distribution  ; 
ilancliers  sont  munis  de  trappes,  de 
%j  de  canaux  en  bois  pour  porter 
alité  le  blé  d'un  point  à  un  autre. 
aax  (fispositions  économiques  qui 
Mserocnt,  c'est  aux  mots  Approvi- 
az^rr  et  Subsistaitces  qu'on  peut 
ndre  connaissance. 
Boven  efficace  pour  la  conserva- 
s  céréales  [voy.  Graiks),  c'est  de 
rucui'er  une  bonne  ventilation. 
•el  do  Monceau  {yoy,)  a  composé 
ilé  spécial  sur  la  conservation  des 
;  il  T  fait  la  description  de  divers 
rs  de  son  invention,  en  recomman- 
•  PMKT  les  blés  à  l'étuve,  pour  les 


S5  )  GRE 

dessécher,  avant  de  les  emmagasinera- 
Il  emploie  pour  ventiler  le  grain  des 
souflQets  et  le  ventilateur,  et  pour  opérer 
la  dessiccation,  desétuves  italiennes,  ap- 
portées, selon  lui,  en  France  par  M.  Ma- 
réchal, directeur  des  fortifications  da 
Languedoc;  mais  il  ne  donne  pas  le  nom 
de  rinventeur  de  ces  étuves,  qui  est  Bar- 
tolomeo  Intieri. 

L'emploi  des  étuves  est  peu  ou  point  em- 
ployé par  les  agriculteurs  français,  qui  se 
bornent  la  plupart  du  temps,  pour  la  cou* 
servation  de  leur  grain,  à  l'étendre  par 
couches  minces,  à  le  remuer  souvent  et  à 
bien  aérer  leurs  greniers. 

Mais,  de  tous  les  greniers  inventés  jus- 
qu'à nos  jours,  ctXmàxl  perpendiculaire^ 
proposé  par  l'agronome  sir  Jones  Sain- 
clair,  est  sans  doute  le  seul  qui,  par  la 
manutention,  la  ventilation  du  grain,  et 
encore  par  sa  construction  peu  compli- 
quée, convienne  aux  établissements  agri- 
coles d'une  certaine  importance.  Ce  gre- 
nier, carré  en  plan,  présente  en  éléva- 
tion une  hauteur  égale  à  deux  fois  sa  lar- 
geur; sa  construction  demande  à  être  très 
solide  pour  résister  à  l'effort  considéra- 
ble du  poids  du  blé.  Dans  le  haut  du 
bâtiment  est  une  lucarne  pour  le  mon- 
tage du  grain,  qu'on  verse  alors  dans  la 
capacité  du  bâtiment;  intérieurement,  et 
vers  le  bas,  est  établi  un  plancher  extrê- 
mement solide,  garni  de  neuf  trémies  car- 
rées en  entonnoir,  communiquant  toutes, 
par  des  ouvertures  étroites,  à  une  seule 
grande  trémie  munie  dans  le  bas  d'une 
soupape  à  coulisse.  Sous  cette  trémie 
principale  est  une  chambre  pour  la  li- 
vraison du  blé  ;  pour  remplir  un  sac,  on 
le  place  sous  la  soupape  qui,  ouverte, 
donne  passage  au  grain,  en  sorte  qu'en 
ne  retirant  qu'un  seul  hectolitre  de  grain 
on  remue  toute  sa  masse,  qui  descend  en 
passant  par  les  neuf  petites  trémies.  L'a- 
vantage de  cette  manutention,  qui  rem- 
place le  pellage,  est  facile  à  comprendre. 

Le  moyen  employé  pour  aérer  le  blé 
est  des  plus  ingénieux.  Dans  les  murs  sont 
pratiqués  des  trous  en  losange  de  1 3  à 
15  centimètres  de  côté,  auxquels  cor- 

(*)  Cest  ce  qii*on  fait  généralement,  dant  \m 
Nord,  dam  det  bâtiments  spécialement  affec- 
tés à  cette  destination  et  qnn  1m  Alleoiandf  ap« 
peDent  Rêg9,  |, 


GR£  (136) 

rcfpondenty  à  rîntérieur,  des  conduits 
triaogaUdres  formés  simplement  de  deux 
planches  clouées  à  angle  droit.  On  con- 
çoit qu*en  emplissant  de  blé  le  grenier,  il 
reste  sous  le  conduit  triangulaire  un  petit 
espace  libre,  communiquant  d*une  part 
au  blé  et  de  Tautre  à  Tair  extérieur,  au 
moyen  des  trous  dans  les  murs  :  il  s^en- 
suit  que  l'air  se  trouve  porté  au  milieu  de 
toute  la  masse  du  blé.  On  peut  faire  jus- 
qu'à 82  ou  40  conduits  aériferes  qui  se 
croisent  à  angle  droit  intérieurement. 
Les  trous  dans  le  mur  sont  fermés  avec 
des  tissus  métalliques  pour  empêcher  les 
animaux  granivores  de  pénétrer  dans  l'in- 
térieur ;  ik  sont  garantis  de  la  pluie  par 
de  petits  auvents. 

On  ne  saurait  trop  recommander  ce 
système  ingénieux  aux  agricultclin;ils  en 
retireront  des  avantages  certains.  La  dis* 
position  de  son  plan  peut  varier:  ainsi  il 
est  facile  de  pratiquer  plusieurs  comparti- 
ments, pour  séparer  les  espèces  de  céréa- 
les, comme  aussi  d'adopter  de  petites 
proportions  pour  faire  servir  le  système 
de  coffre  à  avoine.  La  seule  attention  à 
ne  pas  négliger,  c'est  de  régler  la  force  de 
la  construction  sur  sa  capacité,  en  se  rap- 
pelant que  le  mètre  cube  de  blé  pèse  de 
720  à  750  kilogr.,  et  l'avoine  de  700  à 
72Skilogr.  Ant.  D. 

GRENOBLE,  voj.  Isà&e  et  Dau- 

FHIKÉ. 

GRENOUILLE,  genre  de  reptiles  de 
l'ordre  des  batraciens  {voy»)  et  delà  famil- 
le  des  anoures  (a  privatif  et  ov/sa,  queue), 
caractérisé  par  une  forme  svelte ,  une  peau 
lisse ,  des  membres  postérieurs  plus  longs 
que  le  corps,  ce  qui  en  fait  des  animaux 
sauteurs,  des  membres  antérieurs  plus 
courts ,  des  doigts  non  munis  vers  leur 
extrémité  de  pelotes  visqueuses,  comme 
dans  les  rainettes ,  tous  libres  et  au  nom- 
bre de  quatre  en  avant,  entièrement  pal- 
més, et  au  nombre  de  cinq  en  arrière; 
une  langue  attachée  fort  en  avant  et  que 
l'animal  crache  pour  ainsi  dire  au  de- 
hors pour  s'en  servir  ensuite  comme  d'une 
pelle  et  ramener  la  proie  dans  sa  bouche; 
«feux  rangées  de  petites  dents,  une  à  la 
mâchoire  supérieure,  l'autre  au  palais. 
Leur  squelette  ne  présente  aucune  trace 
de  eûtes,  ce  qui ,  joint  à  l'absence  d'un 
diaphragme ,  nécessite  un  mode  de  respi- 


ration tout  particulier.  Lorsque  1'; 
veut  faire  entrer  de  Tair  dans  set 
mons ,  il  ferme  hermétiquement  M 
che,  abaisse  son  larynx  et  augmenta 
tant  sa  cavité  bucco-pharyngieniM* 
entre  par  les  fosses  nasales  et  vicnl 
pUr  ce  surplus  de  capacité.  Alon 
mal  ferme  l'ouverture  postéri«im 
fosses  nasales  avec  le  bout  de  sa 
fait  monter  vivement  son  larynx, 
comprimé  fait  effort  inutil 
l'ouverture  de  la  bouche  et  conln 
verture  postérieure][des  ti 
sont  fermées,  et  il  est  obligé  d'( 
une  sorte  de  déglutition  dans  la 
artère  et  les  poumons.  Aossî  nn 
certain  d'asphyxier  une  grenonille 
de  lui  tenir  la  bouche  contin 
ouverte.  On  sait  combien 
ont  la  vie  dure;  on  les  a  vus  oonti 
vivre  après  l'extirpation  du  coenr. 
une  expérience  faite  par  Bartholin  «t 
pétée  par  M.  Bory-Saint-Vincettl« 
grenouille  mâle  accouplée,  et  don 
trancha  la  tête ,  a  continué  pendant  ||É 
sieurs  heures  à  féconder  les  oenft  qçl 
mettait  la  femelle. 

La  manière  dont  s'effectue  cette  fktm 
dation  mérite  d'être  mentionnée.  Dèif 
la  chaleur  vient  réchauffer 
au  fond  des  mares  qui  leur 
sile  contre  le  froid ,  une 
râtre  et  papilieuse  se  montre  à  In  h| 
des  pouces  dans  le  mâle;  en  même  Ul^ 
son  ventre  se  gonfle;  il  recherche  m 
compagne ,  s'élance  sur  son  dos,  et^  |^ 
sant  ses  pattes  antérieures  sous  les  akaîl 
de  la  femelle,  l'embrasse  étroitemcnif  I 
point  que,  joignant  ses  doigts,  il  Ice  pM 
les  uns  dans  les  autres.  La  distenaion  i 
pouce  favorise  la  solidité  de  cette  jonctiÉ 
qui  dure  plusieurs  jours.  Dans  cette  pi 
sition,  les  individus  des  deux  seiei  I 
sont  même  plus  libres  de  se  séparer;! 
vivent  ainsi ,  nagent  ensemble ,  de  In 
quinze  et  même  jusqu'il  vingt  jours.  Si  fi 
coupe  les  pouces  du  mâle,  l'embrawr— 
cesse  aussit6t.  Cet  accouplement  n'a  Hi 
qu'une  fois  par  an.  Il  se  fait  par  la  sorti 
des  œufs  qui  s'échappent  de  la  femelle  i 
longs  chapelets  flottants;  à  mesure  qdl 
viennent  au  jour,  le  mâle  les  arrose  dei 
liqueur  spermatique. 

La  chair  des  grenouilles  est  aujoei 


i 


hmwit 


c4 


GRE 

«n  mels  recherché ,  mais  les  an- 
fHaisaent    ii*eii   ëjoii  point  fait 
fimr  les  autres  batraciens,  toute 
d*abord  par  Télat  de  té^ 
ce  mot).  Les  espèces  les  plus 
les  sont  les  suivantes  :  la  gre^ 
Tte  [rana  esculenta ,  L.) ,  la 
ane  dans  nos  environs,  et  que 
jouer  au  milieu  des  plantes 
monter  sur  les  feuilles  de 
et  j  poursuivre  des  insectes.  Ce 
aosû  qui,  dans  les  soirées  d*été, 
9  incommodes  concerts 
Aristophane  essaya  de  repro- 
la  «liscordance  par  brekekekex^ 
La  grenouille  rousse  [rana 
'flyL.}serenoontreau  printemps, 
dans  les  bob;  elle  ne  recherche 
qne  pendant  Thiver;  elle  vit  sou- 
tins et  les  haies.  La  gre- 
mugissante  [rana  pipiens\  vul- 
t  grenouille^taureau  y  n'a  pas 
de  1 8  pouces  du  bout  du  museau 
àFcitréfliité  des  pattes  postérieures,  et 
khite  Ica  marais  de  la  Caroline  aux  États- 
Cms  d'Amérique.  Très  agile,  elle  saute 
JH|nesà  10  et  13  pieds ,  et  prend  beau- 
flDBp  de  poissons  et  d'oiseaux  aquatiques 
pVOe  saisit  par  les  pattes  et  entraine 
m   Feau.   Le  Muséum    de  Paris   en 
nne    qui   a    été  prise  et  mise 
de  i*esprit->de-vin  au  moment  où 
on  canard  dont  la  moitié  est 
hors  de  sa  gueule.  Son  nom  vient 
h  h  force  de  son  coassement.  Enfin  la 
jstkie  {rana  paradoxa^  L.)  vit  à  Suri» 
Mai,  et  son  têtard,  presque  aussi  gros  que 
riaimal  parfait,  a  donné  lieu  de  croire 
^'dlese  change  en  poisson.     G.  L-h. 

GBE3IVILLE  (William  Wykdham 
Giisni.i.B,  baron),  né  le  25  octobre 
17M,  était  le  troisième  fils  de  Geoece 
Gffmvîlle  **,  premier  ministre  de  la  Gran- 
de-Bretagne en  1763-65.  Ce  dernier, 
1770,  avait  joué  un  rôle  poli- 


{*]  S«r  Porigfne  de  ce  nom,  vdr.  la  note  à  Tai^ 
ttrU  Geavti LLX.  Les  Grenaille  de  Wootton , 
radeue  des  Grenaille  ou  Granville  da 
font  remonter  leur  race  à  RoIIon, 
doc  de  Normandie.  Ils  »*allièrent,  en 
irio ,  ans  Temple  {yej.\  et  William  Wjndham 
\meà  appelé  do  nom  de  sa  mère)  était  petit-fils 
€\m»  comtcsee  Temple.  A  la  même  famille  ap- 
partient le  dac  actoel  de  Backingbam ,  marqois 
4c  Chaados.  J.  H.  S. 


(  137  )  GRE 

tique  important  dans  la  première  moitié 
du  règne  de  George  III  ;  il  était  Tauteur 
de  ce  fameux  acte  du  timbre  qui  souleva 
les  premières  résistances  dans  les  colonies 
de  rAmérique  du  Nord,  et  son  nom  est 
resté  attaché  à  une  loi  {Gretwille  act) 
qui  règle  la  manière  de  juger  les  élections 
contestées.  C'est  de  lui  que  Burke  a  fait 
ce  bel  éloge  :  «  Il  voyait  dans  l'adminis- 
tration des  affaires  publiques  la  jouis- 
sance d'un  plaisir  plutôt  que  l'accomplis- 
sement d'un  devoir.  S'il  était  ambitieux, 
disons  à  sa  louange  que  cette  ambition 
était  d'une  nature  noble  et  généreuse.  Ce 
qu'il  voulait,  c'était,  non  pas  s'élever  par 
de  sales  intrigues  de  cour,  mais  bien  con- 
quérir l'accès  au  pouvoir  par  les  grada- 
tions laborieuses  des  services  publics,  et 
s'assurer  au  Parlement  une  place  bien 
acquise  par  une  connaissance  approfon- 
die de  sa  constitution  et  une  pratique 
constante  des  devoirs  qu'il  impose.  » 

Élevé  au  milieu  des  traditions  parle- 
mentaires et  familier  dès  sa  jeunesse  avec 
la  science  constitutionnelle  qui  resta  un 
des  caractères  les  plus  marqués  de  son  ta- 
lent,William  Grenville  entra,  en  1782,  à 
la  chambre  des  Communes.  Peu  après, 
son  frère,  le  comte  Temple,  nommé  lord- 
lieutenant  d'Irlande,  l'emmena  comme 
secrétaire,  et  Pitt,  dont  il  était  devenu  le 
cousin  par  son  alliance  avec  la  fille  de 
lord  Camelford,  le  fit  entrer  dans  son  se- 
cond ministère  (décembre  1783)  en  qua- 
lité de  payeur  général.  En  1789,  sa  con- 
naissance parfaite  des  précédents  et  des 
privilèges  de  la  Chambre  le  fit  nom- 
mer président  [speaker)^  mais  au  bout  de 
quatre  mois,  il  remplaça  lord  Sydney  au 
déparlement  de  l'intérieur.  A  cette  épo- 
que, la  révolution  française  vint  jeter  l'a- 
larme dans  les  consciences  de  quelques- 
uns  des  amis  de  la  liberté.  Grenville  fut 
du  nombre  de  ceux  qui  allèrent  avec 
Burke (voj^.),le  grand  transfuge,  grossir  les 
rangs  des  conservateurs.  La  ferveur  de  sa 
propagande  contre  la  France  le  désigna 
au  choix  du  roi  pour  la  pairie  (1790),  et 
bientôt  après  pour  le  ministère  des  af- 
faires étrangères,  poste  si  important  dans 
ces  moments  critiques,  où  il  fallait  unir 
aux  conditions  ordinaires  de  capacité  une 
haute  intelligence  des  vues  et  des  intérêts 
de  la  coalition.  On  venait  d'apprendre  la 


GRE  (  1 

mort  de  Louis  XVI,  el  rAngleterre  s*en 
était  émue  comme  si  celle  de  Charles  I*' 
était  sortie  de  sa  mémoire.  A  cette  uou- 
Yelle,  le  ministère  renvoya  brusquement  le 
marquis  de  Ghauvelin  (  i>o^.),ambassadeur 
de  France,  et  Maret,  envoyé  pour  tâcher 
d^adoucir  Teflet  de  ce  coup  terrible,  mais  à 
qui  Ton  ne  donna  pas  le  temps  d^ouvrir  ses 
lettres  de  créance.  Ces  mesures  ne  furent 
que  le  prélude  des  hostilités  dont  on  peut 
dire  que  lord  Grenville  fut  Tàme.  Le  mal 
qu*il  fit  à  la  France  ne  nous  empêchera 
pas  de  reconnaître  qu^il  sut  exploiter  ha- 
bilement, dans  Pintérét  d^une  croisade 
légitime  à  ses  yeux,  les  excès  de  nas  anar- 
chistes, la  haine  de  TAnglcterre  et  les  in- 
quiétudes de  TEurope.  On  ne  peut  nier 
d'ailleurs  que,  sur  les  autres  questions,  sa 
conduite  politique  n'ait  été  noble  et  jus- 
qu'à un  certain  point  libérale.  Ainsi  l'u- 
nion avec  l'Irlande,  qui  fut  la  grande 
mesure  intérieure  de  ce  ministère,  ayant 
été  réalisée,  sous  la  promesse  faite  aux 
catholiques  qu'elle  serait  suivie  de  leur 
émancipation  (voj),  Pitt  et  Grenville, qui 
ne  purent  vaincre  les  répugnances  du  roi 
pourcette  concession,se  retirèrent  (  1 80 1); 
et  lorsque,  trois  ans  après,  le  premier 
crut  pouvoir  rentrer  aux  affaires  sans 
insister  sur  l'émancipation,  lord  Gren- 
ville persbta  dans  ses  honorables  refus. 
En  1806,  après  la  mort  de  Pitt,  il  n'hé- 
sita pas  à  entrer  dans  le  ministère  de 
coalition  formé  à  cette  époque  des  hom- 
mes les  plus  distingués  de  tous  les  partis; 
il  eut  même  la  gloire  de  donner  son  nom, 
comme  chef,  à  cette  administration  dite 
des  talents^  où  siégeaient,  à  côté  de  Sid- 
mouth  et  de  Vansittart,  Erskine,  Fox  et 
lord  Grey.  On  peut  voir  à  l'article  de  ce 
dernier,  dont  lord  Grenville  suivit  à  cette 
époque  la  fortune  parlementaire,  com- 
ment ces  deux  hommes  d'état,  tombés 
avec  leurs  collègues  à  cause  de  leur  cou- 
rageuse persistance  à  stipuler  les  intérêts 
de  rirlande,  furent  pressés  à  plusieurs 
reprises,  notamment  en  1809  et  1813, 
de  rentrer  au  |H>uvoir,  et  s'y  refusèrent 
par  des  motifs  puisés  dans  les  conve- 
nances parlementaires.  Depuis  ce  temps, 
lord  Grenville  cessa  de  prendre  part  à  la 
direction  des  aflaires  publiques;  mais  il 
resta  un  des  membres  les  plus  influenu 
de  U  Chambre  haute^  voUnt  le  plus  sou- 


S8  )  GRE 

vent  avec  l'Opposition,  excepté 
cause  de  l'ordre  lui  paraissait 
mise.  Plus  tard,  quoique  rallié  «u 
nistères  de  Canning  et  de  lord 
appuya  la  suspension  de  Vhabeas 
et  s'abstint  de  donner  son  vota 
question  de  la  réforme  parlemeottink^ 

Lord  Grenville  mourut  sans 
le  13  janvier  1834,  dans  sa  retrailt 
Dropmore  (Buckinghamshire).  H 
cultivé  la  littérature  avec  quelque 
outre  des  brochures  politiques  tellfli 
Plans  de  finances  y  avec  des  tablet.  Il 
in-8®,  Lrttre  au  comte  de  Fié 
1 8 1 0,  il  avait  publié  en  1 804  h 
du  comte  de  Chatham  à  son  nepeu  71^ 
mas  Pitt,  in-8^.  Dans  un  mémoire 
titulé  Oxford  et  Locke,  il  justifia 
université,  dont  il  avait  été  élu  cl 
en  1 809,  du  reproche  d'avoir  ezpolié 
son  sein  le  célèbre  philosophe.  Soa 
titre  de  Nugœ  metncœ,  il  fit  partltrt 
traduction  en  vers  latins  de  pluaieura  i 
ceaux  grecs,  italiens  et  anglais.  Eafia  ■ 
retraite,  pendant  les  dernières  amiéetdB 
sa  vie,  fut  consacrée  à  une  édition 


race,  avec  notes,  tirée  à  un  petit 
d'exemplaires.  On  prétendait  <|ue  \/tmk 
cret  des  Lettres  de  Juntus  était  conrij 
de  lord  Grenville  et  serait  révélé  apffèia| 
mort.  Ce  serait  son  neveu,  lord  Nn^aa^ 
qui  serait  maintenant  chargé  de  cette  a^ 
vélation.  R-V*  , 

GRÈS,  roche  quartzeuie,  c*ett« 
composée  essentiellement  de  quartz  fvof»] 
à  texture  grenue,  liche  ou  serrée,  à 
pins  ou  moins  fins  ;  tantôt  blanche , 
tôt  rouge,  tantôt  jaune;  ou  te 
sous  d*autres  couleurs  et  souvent 
offrant  l'assemblage  de  plusieurs  coi 
différentes. 

Les  grès  doivent  probablement 
origine  à  des  sables  quartzeux ,  réunb 
uncimentinvi>ible  ordinairement  silî' 
et  quelquefois  calcaire  :  aussi  distii 
t-on  les  grès  purement  quartzeux  de 
qui  sont  calcarifères.  On  aurait  ton^adai 
nous ,  de  croire  que  le  sable  qui  accoii 
pagne  les  grès  est  dû  à  la  désagrégatioft 
de  ceux-ci,  bien  que  beaucoup  de  grli 
passent  à  l'état  de  sable  par  une  sorte  de 
décomposition.  Il  suffit  pour  se 
rre  que  les  sables  ont  été  fbrméa 
les  grèt,  on,  en  d'antrea  termea,  que  wtm 


(13») 


GRE 


ilsaffit, 

les  grès  des  en-* 

tds  q[iii  ceux  de  U  forêt 

d*OnaT  et  de  U 

m 

,  et  de  Toir  qu*ib 
irrefuliers 
gros  an  HilieQ  des  mas* 
■Uk  q«i  constituent  en  partie  nos 
»;  et  qnî  prouve  qne  ces  mameloDs, 
itapbtbet  qœlquefoîs  d*aiie 
,  ont  dû  se  former,  comine 
,  par  rinfiltration 
tenant  en  dissolution  la 
d'an  cuent  qoi  a  réuni  le  sable 


te^  da 


M  demaadait  d*oà  Tenait  et  com- 
ciC  IbriBé  le  sable  de  nos  colHues, 
ëpoodrions  cpi'il  a  été  déposé  sur 
ds  des  dernières  eaux  de  la  mer 
■rrit  nos  contrées,  comme  les 
fû  se  forment  sar  les  côtes  de  TO- 
t  que,  comme  le  sable  de  celles-ci, 
ton  oripne  aox  débris  de  roches 
qni  ont  été  pulvérisées  par 
it  des  flots,  finr.  Sable. 
1  des  sables  et  conséquemmeot  des 
m  tons  les  terrains  ou  grands  grou- 
roches  qoi  composent  Fécorce  du 
voj.  Txa&AUf)  ;  nous  ne  citerons 

principaux,  et  dans  Tordre  de 
rmatîon. 

I  des  plos  anciens  grès  est  celui 
B  nomme  psammiie  ou  grès  ar- 
,  grés  micacé  ;  il  est  postérieur 
cmchistes  et  aux  gneiss.  Le  vieux 
mge  €HÈ  grrs  pourpré j  qui  se  mon- 
ute,est  antérieur  aux  plus  anciens 
cibles.  Le  grés  hoiuitery  quelque* 
acé,  accompagne  lescoucbes  houil- 
e  grés  rougCy  ordinairement  com- 
'an  grarier  dont  les  parties  sont 
pnr  un  ciment  argilo-ferragineux, 
èrieur  à  la  formation  houillère.  Le 
farnr,ainsi  nommé  parce  qu^il  pré- 
in  mélange  de  diverses  couleurs , 

an  grès  rouge.  Différents  grès  si- 
Ml  calcarifères  se  montrent  dans 
rents  étages  du  terrain  jurassique. 
fs  v€7ts  et  des  grés  ferrugineuse 
mnent  au  terrain  crétacé  ou  qui 
nd  la  craie.  Enfin  différents  grès 
ces  de  débris  organiques  et  des 
Icarifercs  appelés  motlassesj  mais 


appnrtîcimeot  ans 
terrain  supérieur  à  la  craie. 

Ces  différents  grès  sont  em|dojés  à 
divers  usages  :  dans  quelques  parties  de 
!a  !Yormandie,  les  psammitcs  sont  ex- 
ploités pour  la  bâtisse;  dans  Tarroudis- 
sèment  de  Baveux ,  on  s>n  sert  pour 
le  pavage;  le  grès  pourpré  des  environs 
de  Bierck  fournit  à  Metz  la  matière 
d^un  excellent  pavage;  le  grès  houil- 
1er  donne  de  bonne  pierre  de  construc- 
tion et  sert  à  faire  des  meules  de  moulin  ; 
le  grès  rouge  et  le  grès  bigarré  fournis- 
sent des  dalles  pour  la  bâtisse;  les  grès  du 
terrain  jurassique  sout  aussi  employés 
dans  le  pavage  et  dans  les  constructions, 
ainsi  qu^à  faire  des  meules  à  aiguiser;  les 
grèsdu  terrain  crétacé  renferment  souvent 
du  bon  minerai  de  fer;  en6n  les  grès  et 
les  mollasses  des  dépôts  supérieurs  à  la 
craie  fournissent  aussi  des  matériaux  pour 
le  pavage  et  la  bâtisse.  Cest  dans  la  mol- 
lasse de  Seyssel,  des  environs  de  Belley, 
que  suinte  le  bitume  employé  aujour- 
d'hui avec  tant  d*avantage  dans  certaines 
constructions,  for,  Exduits.     J.  H-t. 

On  emploie  pour  le  pavage  {voy,)  de 
Paris  des  grès  durs  qui  se  délitent  faci- 
lement et  auxquels  on  donne  la  forme 
d'un  cube  assez  régulier,  en  frappant  sur 
la  masse  dont  on  veut  les  détacher  avec 
un  marteau  d*acier  très  pesant.  Ces  grès 
sont  extraits  de  différentes  localités  voi- 
sines de  la  capitale  et  surtout  de  la  forêt 
de  Fontainebleau(vo/.)oiiron  estime  par- 
ticulièremeot  celui  du  rocher  du  Train. 

Les  poteries  appelées  grès  sont  d*une 
tout  autre  nature  que  les  roches  dont 
nous  parlons  :  aussi  M.  Brongniart  les  ap- 
pelle-t-il  grès'^érames,  Foy,  CiiiAMi- 

QUE,  PoTKRIK  et  WeDCEVTOOD.  X. 

GRÉSILLON ,  voj.  Fa&ine  ,  T.  X , 
p.  516. 

GRESSET(  Jcan-Baptists),  un  des 
poètes  les  plus  élégants  et  les  plus  spiri- 
tueb  du  xviii*  siècle,  était  né  à  Amiens 
en  1709.  Il  avait  fait  ses  études  chez  les 
jésuites,  et  à  Tâge  de  seize  ans  il  entra 
dans  leur  ordre.  C^est  à  Paris  au  collège 
Louis -le -Grand,  où  il  passa  plusieurs 
années  comme  répétiteur ,  quMI  com- 
posa Vert-'Verty  à  Tàge  de  vingt-quatre 
ans.  Ce  petit  poème,  que  J.-B.  Bous- 


Ils  «foielesgrèa  de  Fontainebleau^  *  seau  appelle  le  plus  agréable  badloage 


GRE 


(140) 


GRE 


que  DOQS  ayoDS  dans  notre  langue,  coa« 
rai  d'abord  maDuacrity  et  il  ne  tarda 
pas  à  être  imprimé  tans  l'aveu  de  l'au- 
teur. Cette  poésie  pleine  de  facilité,  de 
naturel  et  de  grice,  révélait  un  talent 
original.  Grande  fut  la  surprise  des  écri- 
vains et  du  public  quand  on  tut  que 
cette  œuvre  si  remarquable  par  la  fine 
raillerie,  par  le  piquant  des  détails  et 
par  l'esquise  délicatesse  de  l'expression , 
était  due  à  un  jeune  homme  étranger  au 
monde,  ou  qui  ne  l'avait  entrevu  que 
par  la  lucarne  de  son  collège.  Dès  le  dé- 
but, Gresset  vit  ainsi  son  nom  entouré 
d'une  brillante  réputation ,  que  ses  pro- 
ductions suivantes  ne  firent  qu'accroître. 
Jje  Carême  impromptu  ^  Le  Lutrin  vi- 
pant^  La  Chartreuse^  Les  Ombres^  pré- 
sentent les  mêmes  caractères  que  Fert- 
Vert  :  abondance ,  harmonie ,  allure  fa- 
cile, élégant  badinage.  Il  y  avait  en  lui 
une  vocation  véritable  :  aussi  se  lassa-t-il 
bientôt  de  sa  vie  de  régent.  Après  avoir 
été  transféré  de  Paris  à  Tours,  puis  à  La 
Flèche ,  où  il  professa  quelque  temps  les 
humanités,  de  petites  tracasseries  mona- 
cales lui  firent  vivement  sentir  le  prix  de 
sa  liberté,qu'il  finit  par  réclamer.  L'ayant 
obtenue  ,  il  quitta  la  robe  de  jésuite ,  et 
fit  à  cette  occasion  ses  Adieux  aux  je» 
suites^  petite  pièce  de  vers  qui  n'a  de  re- 
marquable que  les  détails  qu'on  y  trouve 
sur  lui-même.  On  y  lit  ce  passage  : 

▼ictiaie,  ta  le  mis,  d*on  Ag«  où  Ton  t'ignore, 
[^^        Porté  da  Iierceaa  tar  Paatel, 
Je  m*efitendait  à  peine  encore 
Qaand  j*/  vins  béga  jer  l'engagement  cmel , 


etc. 


Totttefo» ,  loin  d'y  insulter  à  ses  an- 
ciens maîtres ,  il  leur  rend  un  hommage 
d'autant  plus  désintéressé  qu'il  n'était 
plus  sous  leur  dépendance.  Il  se  rendit 
alors  à  Paris  pour  s'y  livrer  à  cette  vie 
littéraire  qui  s'offrait  à  cette  époque  avec 
tant  de  charmes.  Le  rôle  que  les  gens  de 
lettres  jouaient  dans  la  société,  l'accueil 
empressé  qu'ils  trouvaient  dans  le  grand 
monde,  avaient  bien  de  quoi  séduire  un 
jeune  homme  de  vingt-six  ans;  c'était  en 
1735.  Le  jeune  prince  qui  devait  être 
plus  tard  le  grand  Frédéric,  roi  de  Prusse, 
écrivait  à  Voluire,  le  38  mars  1738  : 
•I  II  s'agit  de  la  muse  de  Gresset ,  qui  est 
à  présent  nne  des  premières  du  Paîmatsa 


français.  Cet  aimable  poêle  a  b 
s'exprimer  avec  beaucoup  de  fi 
épithètes  sont  justes  et  noa^ 
cela,  il  a  des  tours  qui  lui  sont 
On  aime  ses  ouvrages  malgré  lenn 
il  est  trop  peu  soigné  sans  coni 
paresse,  dont  il  fait  Unt  Télogi,! 
plus  grande  rivale  de  sa 

Le  théâtre  a  été  de  Umt 
but  le  plus  élevé  de  l'ambition 
tes  :  Gresset  tenta  aussi  cette 
hasardeuse.  Il  s'essaya  d'abord 
tragédie,  et  n'y  obtint  que  àm 
équivoques.  Celle  à^ Edouard  in^\ 
en  1740,  ne  put  se  soutenir  à  la 
Sidney 9  qui  vint  ensuite,  roula 
suicide ,  sujet  qui  excite  la  trittai 
tôt  que  l'intérêt  :  le  dégoût  de 
n'est  pas  un  sentiment  dramatiqQa. 
set  rachetait  ses  défauts  par  le 
style  et  de  la  versification  ;  d'ailleanl 
une  glorieuse  revanche  dans  la 
die.  Le  Méchant^  repréaenté  en  11 
est  son  chef-d'œuvre  ;  l'action  ca 
blement  nouée,  et  la  conduite  ■■  ] 
froide  ;  ma»  il  s'y  trouve  tant  de  êA 
spirituels ,  tant  de  vers  heureux,  qnl^ 
dans  toutes  les  mémoires  et  qui  sont  dl 
nus  proverbes  ;  le  style  en  est  si  élégnl 
flexible  et  si  pur,  que  cette  pièce  m/L  l 
tée  et  restera  comme  un  des  monni 
de  la  langue.  D'ailleurs,  comme  paini 
de  mœurs,  cette  comédie  retrace  la  fi 
sionomie  de  l'époque,  et  reprodoit  I 
lement  le  jargon  de  la  haute  iociélé  ] 
le  milieu  du  xviii*  siècle.  On  a  dit  aj 
a  répété  que  le  duc  deCboîseal  avait! 
de  modèle  au  caractère  du  méchant  : 
a  là  une  erreur  évidente,  carlaoéUi 
de  cet  homme  d'état  ne  date  que  dt 
ministère,  qui  commence  à  la  fin  de  17 

La  s'arrête  la  gloire  de  Greaet  : 
autres  ouvrages  ne  s'élèvent  pas  aa«da 
de  la  médiocrité.  Il  fut  reru  à  l'Acidi 
Française  en  1748;  il  se  retira  coi 
dans  sa  ville  natale,  où  il  fonda 
Académie.  Néanmoins  il  faisait  d^ 
fréquents  voyages  à  Paris.  En  1 7S4,  pi 
dant  l'Académie  Française  comme  dli 
teur  à  la  réception  de  Boissy,  il  fit  Té 
de  Destouches  et  de  la  comédie.  Il 
pondit  également  à  D'Alembert,  qni 
re^u  à  l'Académie  Fran^ûse  à  la  p 
de  l'évêque  de  Vence,  le  19 


,afat  applaadi  qa*à  un  tenl 
i«  it  pobUe  saint  une  «liusioo 
ibcféqiMS  non  résidanU.  H  di- 
p^iMi  le  ooon  de  plus  de  Tiogt 
liÉpaoopet ,  révéque  de  Vence  ne 
pM  de  ion  diocèse  que  quand  il 
rie  par  loo  deroîr  à  Tasoeinblée  du 
CMttt  sortie  lut  reptfdée  oomme 
vfie,elUderDÎère  phrase  fut  re- 
kdu  lecoeil  de  rAcadéniie.  Lort- 

alla  à  Versailles  présenter 
le  roi  lui  tourna  le  dos 
I  à  wa  esprit  fort.  Gresset,  con- 
àê  ectte  disgrâce  et  désespéré  de 
ffoa  aivait  de  lui  y  se  jeta  dans  les 
t  Févéque  d'Amiena.  Eu  Tannée 
>  l'attentat  de  Damiens  contre 

du  roi  y  la  ville   d^Amiens 

fcquèle  pour  obtenir  que  le 
ielaviUe  fût  changé:  Gressetfit  des 
|Hi  aooompaf;nèrent  la  requête; 
ma  il  crut  l'occasion  propre  à  si- 
r  ton  a&  et  à  rentrer  en  grâce. 
I  k  4  mai  1 759,  il  fit  imprimer  une 
9  iMT  ia  cotnédie^  par  laquelle  il 
ifHt  an  théâtre  et  demandait  pardon 
met  an  public  du  scandale  qu^il  avait 
é  M  travaillant  pour  les  spectacles, 
iiteactatlon  excita  la  colère  de  Vol- 
,  qaiy  dans  les  pamphlets  satiriques 
1  accablait  Pompignan,  vers  1 760 , 
dans  Le  pciuvre  diable^  déco- 
queues  traits  contre  Grcs- 

avaitpourtantfait^en  1736, 
contre    les    détracteurs 


1 1774,  i  ravénementde  Louis  XYI, 
tt  complimenta  le  roi  au  nom  de 
iémie  Française.  A  cette  occasion, 
lia  à  la  cour  des  firagments  d*un 
e  inédît,  le  Parrain  magnifique^ 
Wélé  publié  qu'en  1810.  La  même 
(y  il  retondit  à  Suard,  lors  de  sa  re- 
in à  l'Académie;  il  n'était  plus  que 
re  de  lui-même.  Gresset  mourut  le 
in  1777,  dans  les  sentiments  d'une 
piété.  Il  avait  été  connu  pendant 
î  oDBnw  un  bon  et  galant  homme , 
aociété  «loucse,  aimable  et  de  mœurs 
;  il  avmit  l'imagination  vive  et  le 
Icte  un  peu  faible. 
.  acillenre  édition  de  ses  œuvres, 
■t  été  touveot  réimprimées,  est  celle 


(  141  )  GRfi 

qn*cn  ^  donnée  Renonard,Purii,  181f/ 
S  ^.  in-8*,  fig.  Une  édition  très  soi* 
gnée  des  Œuvres  choisies  de  Gresset^ 
en  1  vol.  in-8<*,  fait  partie  de  la  iVba* 
TDelle  Bibliotftèque  classique  publiée  par 
la  maison  Treuttel  et  Wûrtz.         A-d. 

GRETNA-GREEN.  C'est  le  nom  du 
premier  %illageécossab  (comté  de  Dnm» 
fries)  de  la  frontière ,  en  venant  de  Lon- 
dres; depuis  environ  60  ans,  il  est  deve- 
nu le  rendez- vous  des  couples  amoureux 
qui  veulent  éluder  la  rigueur  de  la  lé- 
gislation anglaise  sur  le  mariage,  et  se 
passer  du  consentement  de  leurs  parents 
ou  de  leurs  tuteurs.  Les  gens  du  monde 
qui  entendent  parler  des  mariages  de 
Gretna-Greeu,  célébrés,  dit*on,  par  un 
forgeron,  s'imaginent  généralement  qu'il 
s'agit  là  de  quelque  bizarre  privilège  in* 
hérent  au  lieu  ou  a  la  personne,  et  s'é- 
tonnent, que  de  pareilles  unions  puissent 
être  tolérées  sur  la  terre  classique  de  la 
légalité.  La  vérité  est  qu'elles  ne  sont  pat 
de  véritables  mariages  et  ne  produisent 
point  par  elles-mêmesles  effets  que  la  loi  at« 
tache  à  ces  derniers.  D'après  une  ancienne 
disposition  du  droit  canonique,  abolie  en 
Angleterre  par  le  26*  statut  de  George  II, 
mais  encore  en  vigueur  en  Ecosse,  les 
paroles  de  prœsentiy  ou  déclaration  de 
deux  parties  devant  un  prêtre,  un  notaire, 
ou  même  un  individu  quelconque,  qu'elles 
entendent  actuellement  se  prendre  pour 
mari  et  femme,  valent  comme  mariage, 
pourvu  qu'elles  soient  suivies  de  la  coha- 
bitation*. De  son  coté,  la  loi  anglaise  re- 
connaît la  validité  des  mariages  contractés 
hors  du  royaume,  pourvu  qu'ils  aient  été 
célébrés  suivant  les  formes  du  lieu.  Par 
là  s'expliquent  les  unions  mystérieuses  de 
Gretna-Green.  Ce  village  n'est  choisi  que 
parce  qu'il  est  le  premier  qu'on  rencontre 
passé  la  frontière;  la  prétendue  bénédic- 
tion nuptiale  n'est  qu'une  promesse,  et 
le  soi-disant  ministre,  pêcheur,  menui- 
sier, forgeron  ou  marchand  de  tabac  (car 


(*)  Cependant  il  ne  faat  pat  croire  qae  cet 
mariaget  soient  tout-à'fait  réguliers,  même  en 
Écoue.  La  formalité  des  bant  on  d'une  dispense 
préalable  existe  là  comme  ailleurs,  et  ceux  qui 
procèdent  à  des  mariages  clandestins  sont  pai- 
sibles d'une  amende  et  d*un  emiirisonocinent 
scTères,  ce  qui  explique  les  exigences  des  ma- 
rieurs de  Gretna-Green;  mais  cette  cootraTm- 
tioa  nVotratne  pas  la  nullité  du  mariage. 


6RË 


(t44) 


GRË 


IkiitifDorpliûM  Intellactadle,  qui  avait 
failli  lui  coûter  la  ne,  tourna  au  profit 
de  soo  talent.  Il  avait  fait  entendre  à 
Rome  y  dans  quelque»  réunions  d^ama- 
teurs,  plusieurs  scènes  détachées  et  plu* 
sieurs  symphonies,  lorsque  le  directeur  du 
théâtre  d^Alberti  le  chargea  de  mettre  en 
musique  un  intermède  italien  intitulé  les 
Fendangeuses.  Uouvnige  fut  représenté 
dans  le  camiTal  de  1765,  et  bien  ac- 
cueilli. Ce  qui  le  flitta  le  plus  dans  ce 
succès  fut  d^apprendre  que  le  célèbre 
Piccini  y  avait  applaudi ,  en  disant  que 
le  jeune  compositeur  ne  suivait  pas  la 
route  commune.  Une  partition  de  Rose 
et  Colas ,  qui  lui  fut  prêtée  par  un  se- 
crétaire de  la  légation  de  France  à  Rome, 
lui  causa  un  extrême  plaisir ,  et  Monsi- 
gny  décida  la  vocation  que  Pergolèse 
avait  fait  naître.  En  même  temps,  il  ré- 
solut de  se  rendre  à  Paris,  où  le  public 
goûtait  une  telle  musique.  Cependant  ses 
parents  le  rappelaient  à  Liéf^ ,  bornant 
leur  ambition  à  le  voir  matlre-de-cha- 
pelle  dans  sa  patrie.  Une  de  ces  places 
y  était  vacante  :  par  condeacendance  pour 
le  vœu  de  sa  famille,  il  envoya  au  con- 
cours le  psaume  Conjitebor  ^  sur  lequel 
il  fut  nommé.  Mais  il  avait  d*autres  pro- 
jets et  d^autres  espérances. 

U  quitU  Rome  le  1***  janvier  1767, 
après  y  avoir  passé  sept  années.  Il  n*a- 
vait  encore,  pour  tout  moyen  d'existence, 
qu*une  pension  qu*il  recevait  d*un  lord , 
grand  amateur  de  flûte ,  avec  qui  il  avait 
pns  rengagement  de  composer  des  con- 
eertos  pour  cet  instrument.  Il  s'arrêta  à 
Genève ,  où  un  ami  lui  procura  quelques 
leçons  de  chant.  On  jouait  dans  cette  ville 
les  opéras  de  Duni ,  de  Philidor  et  de 
Ifonsigny  :  il  en  lut  enivré,  et  se  con- 
vainquit de  la  puissance  de  la  langue 
française  pour  Taccent  dramatique.  Dès 
lors,  il  se  flatta  de  marcher  un  jour  sur 
les  traces  de  ces  compositeurs,  et,  dans  cet 
espoir,  il  écrivit  à  Voltaire ,  qui  habitait 
Femey,  une  lettre  spirituelle  qui  plut  au 
poète.  Voltaire  lui  indiqua  sur-le-champ 
un  rendez-vous  et  lui  promit  un  poème  ; 
mais  comme  il  n'avait  pas  le  temps  de 
s*en  occuper  actuellement,  il  pria  M'^'Cra- 
mer,  son  amie,  de  lui  en  faire  un,  et 
rengagea  à  prendre  bien  ^ite  la  route  de 
Parin.  ••  C'est  là,  ajouta  Voltaire,  que  Ton 


vole  à  rimmortalité.-^Vow  •■  a 
les  bien  à  votre  aise,  lui  répoodUC 
try  ;  le  mot  vous  est  auttl  fimllkr  qa 
chose.  — Moi,  répliqua  Voltaire,  j«d 
nerais  cent  ans  d*immortalité  po«r 
bonne  digestion.  » 

L*opéra  de  M***  Cramer  avançait  * 
tement.  Les  comédiens  de  Geoèvie  d 
nèrent  alors  Isabelle  et  Gertnuie^  i 
le  poème,  ouvrage  de  Favart,  fit  pW 
mais  dont  la  musique  parut  faibU.  fl 
try  entreprit  de  la  refaire,  et  il  tétà 
Peu  de  temps  après,  il  alla  prendra  «M 
de  Voluire ,  et  partit  pour  la  capHdi 
la  France.  " 

Son  but  et  les  moyens  de  TaUdd 
étant  bien  arrêtés,  il  fréquenta  pM' 
théâtres  lyriques  et  beaucoup  la  ComU 
Française.  Sensible  par-dessus  toutl 
déclamation  vraie,  il  fut  frappé  da  l 
qu'il  restait  à  faire  pour  la  ooovcriir 
chant;  mab  il  cherchait  en  vain  unpol 
d'opéra-comique.  Émules  générenx,Dl 
Philidor  et  Monsigny  s'employèreot  pi 
le  lui  faire  avoir,  mais  inutilemenL  EÎi 
Durozoi  lui  confia  Ic.v  Mariages  Se 

ni  tes.  Autre  contrariété  !  I fliliii 

fusèrent  la  pièce,  comme  étant  d'an  p 
trop  élevé  pour  la  scène.  GréCry  ec 
mençait  a  désespérer  de  sa  réuasile;  i 
il  avait  des  protecteurs  puinants  cC 
voués.  Le  comte  de  Creutz,  amateur] 
sionné,  l'abbé  Arnaud,  Suard,  le  pcii 
Joseph  Vcrnct,  ranimèrent  son  oovn 
haut  placés  dans  la  société,  ils  le  pféi 
tèrent  au  prince  de  Conti,  qui  lui  fit  I 
cueil  le  plus  adable.  Peu  de  temps  ap 
les  Mariages  Samnites  furent  rtpréi 
tés  sur  le  théâtre  de  l'hôtel  Conli, 
présence  de  la  cour  :  l'eflet  fut  glac 
Grétry  se  serait  enfui  à  la  fin  du  praf 
acte  si  on  ne  l'eût  retenu. 

En  rentrant  chez  lui,  Grétnr  Ira 
une  lettre  de  Londres  où  on  le  préva 
que,  le  lord  aux  concertos  ayant  reoa 
a  la  flûte,  la  pension  était  sapprâ 
Toutes  les  tribulations  lui  arrivaient 
fois  ;  mais  ses  protecteurs  veillaient  à 
intérêts,  qui  se  confondaient  avec  c 
de  l'art  :  ils  l'adressèrent  à  Marmoa 
Celui-ci,  qui  \cnnit  d'achever  le  Mm 
chargea  Grétry  de  la  musique.  L'ouvr 
fait  en  six  semaines,  fut  représenté  k 
avril  1 768,  et  eut  un  succès  décidé. 


GRË 


(1«) 


GRË 


i^IrIbmM  Io  ép  ofcs  que  le  ulent 
à  rentrée  de  toute  carrière;  les 
it,  et  le  solliciteur  devint 
KailkMlUdté.  Les  poèmes  lui  arri- 
lODtcs  parts;  il  n*eut  plus  que 
db  choix.  Mais  la  reconnais- 
«  k  rainn  rattachèrent  à  Mar- 
ri^ me  qui  il  fit  six  opéras,  dont 
CwildiiftÉs  parmi  seschei»<i'œuvre. 
cèle,  Voltaire  lui  tin  t  parole;  flatté 
femu  par  deux  de  ses  contes, 
et  Gertrude  et  L'Ingénu^  les  su- 
opéras  où  le  jeune  compo- 
réoûi,  il  lui  envoya  une  pièce 
Lt  baron  d'OtrantCj  tirée  de 
d'un  prince^  un  autre  de  ses 
recommandation  de  la  pré- 
flMiBe  Tessai  d*un  auteur  de  pro- 
Ï3k  fat  refusée  parce  qu^un  des 
rôles,  celui  du  corsaire,  était 
\lft  a  italien ,  mais  avec  invitât  if  )n  au 
Ébt avenir  à  Paris.  Cette  proposition 
■  fcire  rire  Voltaire;  quant  à  Grétry, 
lAtOMiCnrié  de  la  décÎMon  :  il  aurait 
|l  firr  d*a»ocier  son  nom  à  celui  de 
inné  de  génie  qui  était  Tarbitre  du 
pkrtqoî  avait  été  son  premier  patron. 
riJ^ak  parut  le  5  janvier  1 769,  et  ex- 
hrmhoQsîasme  ;  le  célèbre  quatuor 
Kfra/-o/i  ^Ire  mieux  qu'au  sein  de 
*JÊmttie?  fit  verser  des  larmes  à  tous 
■ifiililears.  Le  Tnblrau  pariant y\o\ïé 
Mm  de  septembre  de  la  même  année, 
Ml  la  boache  à  la  critique  qui  déjà 
tt  la  gaité  au  musicien.  Quatre 
des  plus  saillants,  savoir  les 
Pour  tromper  un  pauvre 
tHaniti  f^ous  étiez  ce  que  vnus  ne- 
'fk%\»  deccription  comique  de  la  tem- 
%  al  te  duo  Je  brûlfmi  tCune  ardeur 
meUe^  furent  écrits  dans  une  seule 
ér  chez  le  comte  de  Creutz,  au  grand 
1  de  Tami  et  du  compositeur 


Doaveaax  ouvrages 


marquèrent 
lie  1 77 1  .* Sylvain^  dout  le  duo  Dans 
û  d'un  père  fut  noté  littéralement 
lidédafnatîon  de  M'^*  Clairon;  i^s 
t  Avares j  où  Taocent  de  la  vraie  co- 
ir  raaort  avec  tant  de  vivacité  dans 
M  Rendre  ainsi  cet  or^  ces  bijoux  î 
•  L Amitié  à  Cépreuçe,  Zêmire  et 
Vf  joaé  an  1771,  fut  traduit  dans 
ifK  loalet  les  langues. 

iMeyriofp.  d,  G.  d,  M.  lome  XJIl^ 


VAmt  de  la  maison  date  de  1779  J 
raccord  entre  les  paroles  et  la  musique 
y  est  tel  que,  sur  Inobservation  qui  en  fat 
faite  devant  Grétry  :  «  Ne  dirait-on  paa^ 
reprit-il  naïvement,  que  c^est  Marmontel 
qui  a  fait  la  musique  et  moi  les  paroles?» 
Le  Magnifique  est  de  1772  :  cet  opéra  se 
réduit  à  la  scène  de  la  rose;  mais  quelle 
progression  d'intérêt  dans  celte  situation! 
La  Rosière  de  Salency,  où  .tout  est  si 
virginal,  si  gracieux  et  en  même  temps  si 
dramatique,  fut  représentée  en  1774.  La 
fausse  Magie  y  étincelante  de  verve, 
appartient  à  1775.  C'est  à  une  représen- 
tation de  La  fausse  Magie  que  Grétry 
fut  présenté  à  J.- J.Rousseau.  <c  Je  veux 
vous  connaître,  lui  dit  celui-ci  ;  ou,  pour 
mieux  dire,  je  vous  connais  déjà  par  voa 
ouvrages ,  mais  je  veux  être  votre  ami.  » 
Qu'on  juge  du  bonheur  de  Grétry  à  ces 
paroles!  Ils  sortirent  ensemble.  Des  pier- 
res embarrassant  la  rue,  Grétry  saisit  le 
bras  de  Rousseau  et  Tavertit  de  prendre 
garde.  Rousseau  retira  brusquement  son 
bras,  et  s'écria  d'une  voix  fâchée  :  <«  Lais- 
sez- moi  me  servir  de  mes  propres  forces .'  » 
Des  voitui*cs  les  séparèrent ,  et  jamais  ils 
ne  se  revirent. 

Dans  la  même  année,  la  tragédie  ly- 
rique de  Cêphaleet  Procris,  En  1776, 
Les  Mariages  SamniteSy  avec  quelques 
légères  retouches,  opéra  unanimement 
accueilli  par  le  même  aréopage  qui,  huit 
ans  auparavant,  l'avait  unanimement  re- 
jeté; mais  alors  Tauteur  des  paroles  et 
celui  de  la  musique  n'avaient  pas  encore 
de  nom.  En  1777,  le  drame  burlesque 
de  Matroi'Oy  assembinge  de  vaudevilles 
communs,  pastiche  fait  pour  la  cour,  et 
dont  la  partition  fut  détruite  par  les  flam- 
mes. <i  en  expiation,  dilGrétry  lui-même, 
de  l'atteinte  portée  au  bon  goût.» 

L'Anglais d*Hèle  vint  lui  proposertrois 
poèmes ,  dont  il  fut  très  satisfait  ;  mais  on 
ne  croyait  pas  à  Versailles  qu'un  Anglais 
fût  en  état  de  faire  une  bonne  pièce  fran- 
^•aise  :  en  conséquence  Le  Jugement  de 
Midas  fuè  condamné  par  le  tribunal  des 
gentilshommes  de  la  chambre.  Grétry  eu 
parla  chez  M'"*^  de  Montesson  :  le  duc 
d'Orléans  voulut  entendre  l'ouvrage.  Le 
rôle  de  Chloé  fut  joué  par  M'^  de  Mon- 
tesson avec  autant  de  grâce  que  de  natu- 
rel. Cependant  on  discourut  de  cette  re- 

\0 


ORB 


(148) 


GRE 


semblait  à  Pcrgolèse,  et  il  eo  afait  été 
flatté.  Son  portrait,  dessiné  parlsabey,  a 
été  gravé  par  Simon.  IlfutdepuUpeinten 
pied  par  Robert  Lelêvre,  pour  la  Mlle  d*as* 
semblée  du  tliéàtrede  rO|>éra-Comique. 
Quelques  pièces  de  mustique  d^église, 
plusieurs  ouvrages  de  musique  de  con- 
cert, et  une  Méihoilc  pour  appiendre  à 
préluder  en  peu  de  temps  avec  toutes 
les  ressources  de  Vhminonit'^  destinée 
à  Téducation  de  ses  filles,  complètent 
la  liste  des  œuvres  de  Grétry  comme 
compositeur.  Comme  écrivain,  il  a  pu- 
blié, en  trois  volumes  in- 8^,  des  Méinui^ 
res  ou  Essats  sur  lu  musique^  revus  et 
en  partie  rédigés  par  un  ami,  avec  un  au- 
tre ouvrage,  aussi  en  tn)is  volumes  in  8**, 
intitulé  Lit  véntêy  ou  G*  que  nous/âmes^ 
ce  que  nous  sommesy  et  te  que  nous  rie' 
çrtotts  être.  Deux  ans  avant  sa  mort,  il 
avait  annoncé  un  troisième  ouvrage  eu 
sis  volumes,  sous  le  titre  de  R»'fiexion% 
d*un  xolitaire^  qui  n*a  paa  vu  le  jour. 

Grétry  pos&édait  une  fortune  hono- 
rable, fruit  de  ses  immenses  et  glorieux 
travaux  :  il  fut  ruiné  par  U  Révolution.  La 
reprise  df*  ses  ouvrages  et  une  pension  de 
4,000  francs  que  lui  fit  Tempereur,  lui 
rendirent  rai>ance.  Il  avait  été  marié,  et 
avait  eu  trois  filles,  Jenny,  Lucile  et  An- 
toinette, qu*il  |>erdit  il  la  fleur  de  Tàge, 
malheur  qu*il  déplore  de  la  manière  la 
plus  touchante  dans  un  chapitre  de  ses 
Ef.uiis  intitulé  Des  itiir/ttx  précoces,  I^ 
première  succomba  à  Texcès  de  Tétude  ; 
la  seconde  s*é tait  déjà  fait  connaître  avan- 
tageusement par  deux  opéras.  Le  mitfioge 
d* Antonio  et  L/mis  et  Totnetlr;  c'est  elle 
qui,  voyant  son  père  composer  Guillaume 
Tell  k  la  campngne ,  lui  disait  :  «  Toutes 
tes  pièces  ont  Todeur  du  poème;  celle- 
ci  sentira  le  ser|K>let.  »  Il  avait  lui-même 
sauvé  miraculeusement  la  vie  à  la  troi- 
sième, entraînée  par  les  flots  dans  un  dé- 
bordement de  la  Saône. 

Des  honneurs  de  tout  genres  furent 
décernés  à  Grétry  pendant  sa  vie.  La  ville 
de  Paris  donna  son  nom  à  l'une  des  rues 
qui  avoiiinent  le  théitre  Favart,  et  la 
ville  de  liége  à  Tune  de  tes  principales 
places.  Son  buste  (ut  placé  au  foyer  du 
grand  Opéra.  Un  riche  particulier,  le 
marquis  de  Livry,  lui  érigea  une  statue 
en  marlire  sous  le  vestibule  de  TOpéra- 


Comique.  11  fut  nommé  membi 
stitut  à  sa  formation,  et,  à  la  n 
que,  inspecteur  de  Tenseign 
Conservatoire  de  musique.  La  c 
de  jla  Légion-d* Honneur  lui  fi 
à  la  création  de  cet  ordre. 

Il  avait  acquis  TErmitage ,  i 

campagne  célèbre  située  à  Mon 

Le  séjour  qu'y  avait  fait  J.-J. 

la  lui  rendait  chère.  Il  y  pas 

grande  partie  de  ses  dernière? 

vit  approcher  sa  fin  avec  «éréni 

descendu  dans  son  jardin  ave 

Bouilly  :  tout  à  coup  la  pâleur  i 

front,  et  il  s'évanouit.  Ranin 

soins  empressés  de  Tamitié,  se 

tant  rouverts  à  la  lumière  :  »  J 

mercie,  dit-il,  ce  n'était  qu'ur 

mourut  le  24  septembre   18: 

pour  successeur  à  Tla^^titut  ce  n 

signy  qui  avait  fait  éclore  son 

Tout  ne  finit  pas  pour  lui  a 

Il   avait  plusieurs  fois  expriir 

que  son  cœur  fût  porté  dans  sa  v 

Le  mari  d'une  de  ses  nic*ces  se 

de  ce  vœu,  offrit  le  cœur  de  ( 

ville  de  Liége,  tant  en  son 

celui  de  ses  cohéritiers.  L'oCfn 

l'exhumation  faite  et  la  reliqi 

entre  les  mains  du  neveu  pou 

à  sa  destination,  celui-ci  chan 

Devenu  acquéreur  de  TErmita 

tint  et  la  plaça  dans  son  jardin 

érigé  un  monument  à  la  niém 

oncle.  Les  Liégeois  insi^tèren 

le  silence.  Les  événements  p<: 

1814   et   1816   lai>s^M*ent  les 

suspens.  Mais,  en  1823,  la  v 

des  commissaires  s|W*ciaux  poi 

loir  ses  droits  et  réaliser   le 

volontés  de  Grétry.  Tous  les 

conciliation  ayant  été  inutile* 

gués  s*adressèrenl  aux  tribui 

damnés  en  première  instance 

rent  en  appel  leur  noble  caua 

d'écUUnU  débau.  Mais  l'aut 

nistrative,  circonvenue  par  i 

de  cour ,  éleva  un  conflit.  C 

arrêta  l'exécution  du  jugemc 

t828.  Deux  députés,  choisis  f 

de  régence,  se  transportèrent 

rency.   L'urne,  extraite  du 

par  le  maire  de  la  commune, 

mine  en  présenoa  du  cliargé  i 


GRE 


(149) 


GBE 


K  dks  Pnys-Bas.  Leor  retour  à 
«M  liea  le  7  septembre  1828  et 

kb  à  des  réjouissft publiques 

■âfDt  trois  joars. 

m,  placée  sor  on  char  de  forme 
■  et  accompagnée  de  toote  U  po- 
Si  poorcort^,  tniTersa  la  TÎlle, 
b  rvs  étiieot  parées  de  guirlan- 
e  ieon  et  de  feuillages;  elle  fut 
dnsoDe  des  salles  de  ThôteUde- 
Xis  la  station  de  cette  pompe 
ibie  derant  l^nmble  demeure 
■t  aé  rhomme  de  génie,  ne  fut 
Msde  le  moins  intéressant  de  cette 
ite.  M-L. 

CTSCH  (Nicolas  Ivahovitch  ), 
■r  msae  très  connu ,  ayant  rang 
ciller  d  état,  est  né  le  7  août  1 787 
Peiersbourg.  Il  étudia  d^abord  le 
lais  bientôt  il  abandon  na  cette  car- 
mr  se  livrer  eiclusivement  à  des 
littèraifes.  Le  FiU  de  la  patrie 
fiHrhrstva  ) ,  recueil  périodique 
iQs  l'iospiration  d^un  patriotisme 
I  partir  de  1 8 1 2,  fiia  d^abord  Tat- 
or  lui.  En  i8 1 7,  il  fut  attaché  à 
béque  impériale,  mab  il  put  faire 
as  un  Toyage  en  Allemagne,  en 

en  France.  Dans  ce  dernier 
et  trooTé  Toccasion  d*étudier  la 

d'enseignement  de  Lancaster 
eat  soin,  après  son  retour,  de  la 
oaitre  à  ses  compatriotes  dans 
ige  particulier  (t819),  et  en 
9ps  il  lui  fut  permis  de  Tintro- 
ts  une  école  militaire  de  Saint- 
irg.  M.  Gretsch  donna  dans 
feuilles  périodiques  des  extraits 
ojage,  avant  dVn  publier  la 
«1,  en  1830,  sous  la  forme  d'un 
Btitulé  Promrnade  à  travers 
^ne.  Il  y  dépeint  aussi  la  vie 
ands  à  Saint-Pétersbourg.  Cou- 
le donner  tous  ses  soins  à  la 
rîodique,  dont  il  dirigeait  lui- 
ïz  lui  les  ateliers,  il  fit  impri- 
I  le  Fils  fie  In  patrie^  des  no- 
euses  «ur  la  Russie  qui  ne  tar  - 
s  à  être  traduites  dans  des  re- 
n:;and<i.  En  182ô,M.  Grcl.sch,de 
ec  M.  Bo'jigarine.'îv;r.),sonami, 
nrnal  L' abeille  du  ?fortly\^iç\us 
iote  des  gazettes  russi^'s,  si  cette 
pouvait  convenir  à  une  publi- 


cation soumise,  comme  toute  antre,  aune 
sévère  censure.  Après  avoir  longtemps  pa- 
ru trob  fois  par8emajne,r^6e///(r finit  par 
imiter  les  journaux  étrangers  en  parais- 
sant tous  les  jours,  et  son  spirituel  feuiU 
leton,  joint  à  des  notices  intéressantes  sur 
Tintérieur  de  Tempire,  lui  assura  une 
vogue  qu'elle  n*aurait  pu  emprunter  aux 
matières  politiques,  daos  un  pays  où  tant 
de  faits  curieux  à  conuaitre  se  dérobent 
à  la  publicité. 

L'un  des  fondateurs  du  journalisme  eo 
Russie,  ce  titre  n*est  cependant  pas  le  seul 
que  M.  Gretsch  puisse  invoquer.  On  lui 
doit  aussi  d'excellents  ouvrages  relatifs 
à  la  langue  et  à  la  littérature  de  sa  pa- 
trie. Nous  citerons  d'abord  son  Manuel  de 
la  latcraîwe  russe  (Saint-Pétersbourg, 
1819- 1822,  4  vol.  in-8«),  collection  de 
morceaux  choisis  suivie ,  dans  le  4*  vo- 
lume ,  d'un  résumé  hbtorique  divisé  en 
plusieurs  périodes  et  dont  M.  Otto  a 
lait  la  base  d'un  manuel  allemand.  Cha- 
cune de  ces  périodes  commence  par  un 
aperçu  politique  et  par  un  coup  d*œil 
sur  I  état  de  la  civilisation  et  des  let* 
très;  fauteur  cite  ensuite  les  principaux 
écrivains  par  ordre  chronologique,  donne 
leurs  biographies  et  les  dépeint  d'après 
leurs  mérites  littéraires,  sans  cependant 
pénétrer  bien  avant  dans  l'appréciation 
des  hommes  et  de  leur  génie  particulier. 
M.  Gretsch  est  un  des  bons  prosateurs  rus- 
ses de  cette  époque,  et  peu  d'hommes  con- 
naissent la  langue  nationale  aussi  bien  que 
lui  et  iM.  Tamiral  Ghischkof(i;';^'.).  lien  a 
publié  une  grammaire,  bien  su|)érieure  à 
toutes  celles  qu'on  en  avait  eues  aupara- 
vant et  où  les  différentes  formes  de  cet 
idiome  sont  très  bien  expliquées.  Elle  pa- 
rut en  1827  (2  vol.  in-8«),  et  M.  Reiff, 
qui  a  depuis  enrichi  la  linguistique  d'un 
excellent  dictionnaire  russe,  en  a  donné 
une  édition  française  sous  ce  titre  : 
Grammaire  raisonnée  de  la  langue 
russe  y  précédée  (Tune  introduction  sur 
l'histoire  de  cet  idiorney  de  son  alpha^ 
bel  et  de  sa  grammaire  y  ouvrage  traduit 
du  russe,  etc.  (Saint-Pétersbourg,  1828, 
2  vol.  in-8°).  M.  Gretsch  rédigea  lui- 
même  un  extrait  de  sa  grammaire  détail- 
lée, extrait  qui,  dès  1 833,  était  à  sa  3'édi* 
tion  et  avait  été  traduit  en  plusieurs 
langues.  Son  succès  ne  s'arrêtera  pis  là 


GRE  (  160  ) 

tani  cloute.  Comme  rom«DGier,M .  Gretoch 
1  été  moins  heureux  :  uoui  aTonsdéjà  parlé 
de  sa  Promenade  à  travers  V Allemagne 
^PoteM^Aa  v'Ghermaniou  ),  roman  en 
lettres  (Saint-Pétersb.,  1831,  2  vol.  in- 
8*).  Depuis,  il  a  publié  Z.^  Femme  noire^ 
roman  dans  le  genre  de  ceux  d^Hoflmann, 
et  connu  en  France  par  une  traduc- 
tion de  M***  Conrad.  Cette  même  dame, 
très  Tersée  dans  la  littérature  russe ,  lui  a 
senri  d^interprète  auprès  des  lecteurs  fran- 
çais pour  un  opuscule  de  peu  dMmportan- 
œ,  mais  qui  n*est  pas  sans  charme,  et 
qu'il  a  intitulé  Mes  Réminiscemes ,  Pa- 


ris, 1837. 


M.  Gretsch  dirige  avec  M.  Glinka, 
depuis  1816,  les  travaux  de  la  Société 
des  Amb  de  la  Littérature  russe,  à  Saint- 
Pétersbourg,  qui  a  publié  un  choix  d'ou- 
vrages russes  et  de  traductions.  C*est  aussi 
sous  sa  direction  qu'a  d^abord  paru  la  pre- 
mière Encyclopédie  russe^  commeiir«'*e 
par  la  maison  Pluchard ,  qui  Ta  ensuite 
confiée  à  M.  Senkofski,  connu  comme  sa- 
vant orientaliste.  L'activité  de  M.  Gretsch  a 
suffi  à  tous  ces  nombreux  travaux,  et  Tim- 
pulsion  qu'il  a  donnée  s'est  fait  sentir  avec 
force  dans  la  librairie  russe.    C  L,  et  S. 

GREUZB  (Jean -Baptiste),  né  à 
Toumus,  en  Bourgogne,  en  1734,  et 
mort  à  Paris  en  1807,  occupe  l'un  des 
premiers  rangs  dans  l'école  française  par- 
mi les  peintres  de  genre.  Se»  drames  lar- 
moyants Tout  fait  appeler  le  La  Chaussée 
de  la  peinture,  l'énergie  de  ses  carac- 
tères, le  Hogarth  français.  Ce  peintre  est 
éminemment  original,  parce  ({u'il  est,  en 
quelque  sorte,  élève  de  la  nature.  Ce 
n^est  pas  dans  la  vie  des  grands  hommes 
que  Greuze  a  puisé  ses  sujets  :  profondé  - 
ment  blessé  des  sarcasmes  de  ses  eon- 
frères,  lors  de  sa  réception  à  l'Académie 
dans  la  classe  des  peintres  de  genre,  Aur 
la  préïientation  de  son  tableau  dMiistoire, 
r empereur  Sévère  reprochant  h  mn  filt 
Otracallti  d'awtir  voulu  rasuissiner, 
il  les  a  été  prendre  sous  Phumble  toit  de 
l'bonnéte  artisan,  ou  au  milieu  de  la 
foule;  et  ces  sujets  de  son  choix,  con- 
formes à  ses  goAts,  à  son  génie  observa- 
teur, il  les  a  traités  avec  une  originalité, 
une  verve,  un  naturel,  qui  lui  suMMtèivnt 
autant  d'ennemis  qu'il  y  eut  d*arlistes  de 
kjiut  rang  humiliés  ou  envieux  de  son  mé  - 


GRE 

rite  plébéien.  Greuze  attendi 
sans  la  solliciter  :  elle  lui  fut  loi 
belle  ;  les  grands,  le^  hommes 
les  dinpensateu  rs  des  largesitcs  r 
n'assiégeait  pa^»  de  flatteries,  s 
de  sa  fierté  en  le  délaissant.  I-f 
tit  le  besoin  de  faire  le  vo\  âge  t 
l'y  laissa  aller  à  ses  dépens,  et  i 
maturément  apn^s  avoir  é|i 
ses  ressources.  A  .«ioii  retour  à  1 
ches  amateurs  parurent  priseï 
core  ses  ouvrages  «lu^auparava 
perfcH'lion  qu'il  y  mît  ;  et  .soi 
tableau  du  Pnrnly  tirpir,  qui 
sation  si  profonde  au  Salon  ( 
trouva  pas  d^acquéreur  en  F 
que  le  |)eintre  eiit  obtenu  I 
Taller  montrer  au  roi  à  Versail 
d\f  livre  du  genre  a  passé  en  Ri 
galerie  im|)ériale  de  THmiita^ 
f*e|>endant,  la  fortune  se  lassa 
traire  à  Gn-ii/e.  l  nr  suite 
ntmpue  de  succès  brillants 
une  réputation  europiVune;  I 
français  se  disputèrent  à  IVt 
vnigin»  et  y  mirent  un  pri\  pi 
à  leur  mérite.  Il  «Icvint  riche 
et,  s'il  n'a  pas  laissé  «le  j;r.in 
faut  Tattribuer  à  son  caractèr 
à  la  révolution  de  1793  qui  a 
tant  de  fortunes,  et  à  des  mal 
mille,  ('omme  tous  les  hf)ti 
d'un  eo'ur  sensil.le,  Greuze  •< 
la  s<M*iété  des  femmes,  a\ec 
était  fort  aimable  :  riium<'ur 
la  sienne,  qu*il  ne  <*e>Na  d'ain 
sonna  sa  vie.  Il  a  laiss«'  deu^ 
tières  de  son  talent  et  de  s«*s  ' 
I,es  ouvra;;es  qui  r<int  ii 
les  grands  artistes  dont  !.i  F 
tiore  sont  trop  nonil)rcu\  ]ni 
rap|H'li's  ici;  niai^  i  liarun  i 
moins  par  les  estanqM's  (|ui  s* 
partout,  r.-it  ior.ft't  ilr  i/A 
roi  fit  acheter ,  au  prix  de  1 
la  vente  du  manpiis  tic  Mena 
payé  ce  tableau  9,000  fr.  à  ! 
M't  ;  Ir  Pantly  tique  srrv;  ji 
fti/itSy  déjà  cité,  et  «|ue  Fliji 
ainsi  <pie  le  pré<'éilcnt  ;  Iti 
la  thhle  en  fitmt!lt\  pa^si*  di 
la  Live  de  Jully  dan>  celui  df 
Dffrrte  de  ehtirif*\  çj^\  é  par 
il  Paix  du  mvnttuc ,  /«/  hni 


GRE 


(lâl) 


GRE 


-E 


f;  le  Fils  coupable  et  tant  d'au- 

^fimt  de  son  œuvre  un  véritable 

■èBonle,  où  Ton  apprend  à  con» 

Mtt  que  c*est  qu'une  bonne  mère, 

heureux,  des  enfants  sensibles 

iDts,  en  un  mot  tout  ce  qui 

le\éritable  bonheur  *,  Comme 

),  Greuze  vivra  longtemps  dans 

da  pères,  des  mères,  des  époux , 

nés;  comme  coloriste  et  pein- 

fepeaRoii,il  sera  toujours  consulté 

cftvL 

mérite  d'être  connue.  Voici 
Mérimée  la    décrit  dans  son 
t  De  la  Peinturt  à  l'huile  (Paris, 
%  m-8*,  p.  38)  :  «  Il  ébauchait  une 
iDBJoors  en  pleine  pâte;   lorsquUl 
Ht  repeindre  sur  cette  ébauche,  il 
il  par  la  glacer  en  entier  et  la 
i  TefTet  avec  des  couleurs  trans- 
délavées dans  une   pâte  onc- 
à  Faide  de  laquelle  sa  peinture 
nnss'emboire.  Après  cette  prépa- 
qu'il  exécutait  assez  rapidement, 
^^  iicpe^nait  sa  tête  en  entier,  en  commen- 
fM  par  établir  les  lumières  et  en  arri- 
^M  prtigi  usivement  jusqu'aux  ombres. 
il  manquait  de  facilité,  il  ne  par- 
pas  à  terminer  dans  cette  seconde 
ttioo:  cen'était  encore  qu'une  ébau- 
plus  avancée;  quelquefois  même  son 
n'était  supportable  qu'après  plu- 
âevs  séances.  Enfin,  en  suivant  toujours 
h  sème  manière  d'opérer,  il  parvenait 
à  produire  un  ouvrage  dans   lequel  on 
irsit  la  couleur  sans  apercevoir  en 
endroit  la  fatigue  du  travail.  »  Du 
temps  de  Greuze,  il  était  reçu  et  l'on  cn- 
«ignaic  même  qu'une   sphère  doit  être 
représentée  comme  un  polyèdre.  Formé 
par  Restant,   qui  propagea  cet  absurde 
sfUciDe,  il  l'adopta  implicitement  :  aussi 
trop   souvent  les  joues   potelées   d'une 
JBBse  fille  prirent-elles,   sous  son  pin- 
eean,  Tapparence  d'un  corps  taillé  à  fa- 
eeties.  ?(éainmoins  son  tableau  de  La  /;e- 
tite  Fille  au  chien,  qui  est  peut-êlre  son 
chcf-<l*œnvre,  et  d'autres  de  ses  ouvrages 
très  terminés  sont  exempts  de  ce  défaut. 
Od  lui  reproche  encore  d'avoir  sacrifié  le 

(*)  Va  tableaox  de  Greuxe  ont,  en  effet, 
îamrmi  les  tajeU  d*an  recaeti  de  Contts  moraux 
m  ytm  pablin  par  Tabbé  Aubert.  S. 


ypiféien  rommonauté  parMoreau  I  fini  des  draperies  à  l'effet  de  la  tête,  dé 

leur  avoir  donné  des  tonssales  et  violacés, 
enfin  de  n'avoir  pas  assez  varié  le  carac» 
tère  et  les  types  de  ses  figures.  Peut-être 
aussi  pourrait-on  trouver  qu'il  a  trop 
visé  à  l'eflet  théâtral  ;  mais  une  sensibilité 
véritable  et  la  chaleur  d'âme  qu'il  a  ré- 
pandues dans  ses  ouvrages  lui  font  par- 
donner ces  défauts.  L.  C.  S. 

GREVE.  C'est  le  nom  que  l'on  donn« 
en  général  aux  bords  des  rivières  et  des 
mers  ({ue  les  eaux  ont  couverts  de  gravier 
(voy.'j  ou  de  gros  sable,  et  de  galets  ou  de 
cailloux  roulés. — C'est  sa  situation  sur 
le  bord  de  la  Seine  qui  a  fait  donner  son 
nom  à  la  pince  de  Grève  devant  l'Hôtel- 
de- Ville  de  Paris  et  que  les  exécutions, 
dont  elle  était  le  théâtre,  ont  rendu  fameu- 
se. Aujourd'hui  un  beau  quai  sépare  cette 
place  de  la  grève  proprement  dite.  J.  H-T. 

GRÈVE  (artmil.),nomd'unepiècequi, 
dans  les  armures  du  moyen -âge,  couvrait 
le  devant  de  la  jambe  seulement,  tandis 
que  ]Bjambièr('y  qui  appartient  plus  par- 
ticulièrement aux  Grecs  et  aux  Romains, 
enveloppait  toute  la  jambe.  La  grève  des 
gens  d^armes  ou  hommes  d'armes  des 
compagnies  d'ordonnance  créées  par  Char- 
les  VIT  était  faite  d'une  ou  de  deux  pièces 
d'étoffe  de  fer  ou  d'acier  et  s'adaptait  sur 
le  devant  de  la  jambe  dont  elle  avait  la 
forme  ;  elle  s'emboitait  par  le  haut  sous  la 
genouillère,  et  par  le  bas  dans  le  souiie* 
rct  ou  soient  ;  elle  était  maintenue  sous 
le  genou  et  vers  le  milieu  de  la  jambe 
par  des  courroies  bouclées.    C.  A.  H. 

GREY  (Jane),  voy»  Gray. 

GREY(lord).  Charles  Grey,  comte 
Grey  ,  vicomte  Howicx  et  baron  Gre-t 
DE  IIowicx ,  naquit  dans  la  terre  de  Fal- 
lowden,  près  d'Alnwick,  le  1 3  mars  1764, 
d'une  ancienne  famille  du  Northumber- 
land,  anoblie  par  Edouard  IV,  mais  ori- 
ginaire de  Normandie,  et  dont  une  bran- 
che aînée  a  possédé  le  comté  de  Tanrar- 
ville  dans  cette  dernière  province.  Soa 
père,  sir  Charles  Grey,  qui  mourut  ea 
1807,  avait  servi  avec  distinction  dans  les 
guerres  d'Amérique,  où  il  avait  obtenu  le 
grade  de  général,  et  dans  celles  de  la  ré- 
volution, où  il  commandait  les  troupes  de 
terre  qui,  agissant  de  concert  avec  l'es- 
cadre de  l'amiral  Jervis,  s'emparèrent 
de  la  Martinique,  de  la  Guadeloupe,  df 


GRE  (I 

Sainte-Lucie,  etc.  Les  senrices  de  sir  Char- 
les furent  récompensés,  en  1801 ,  par  la 
pairie  et  par  le  titre  de  baron  Grey  de 
liowick ,  auquel  se  joignirent,  en  1 806 , 
ceux  de  vicomte  Uowick  etdecomteGrev. 

Charles ,  son  fils  aîné ,  après  de  bril- 
lantes études  à  Eton  et  à  Cambridge ,  et 
après  avoir  fait  la  tournée  sur  le  conti« 
nent,  qui  passe  en  Angleterre  pour  le 
complément  obligé  dfi  toute  éducation 
aristocratique ,  fut  élu  à  son  retour,  et  à 
Tàge  de  22  ans,  député  du  Northuniber- 
land ,  sa  province  natale.  A  cette  époque 
(1786),  un  homme  qui  comptait  à  peine 
quelques  années  de  plus  luttait  seul  au 
ministère  contre  la  plus  brillante  Oppo- 
sition dont  les  fastes  parlemci'.taires  of» 
frerii  rex»'m|>le  (voy.  Fox,  Buerk,  She- 
RiDAN,  AViîtiiHAM,  etc.)-  Mrtis  cet  hom- 
me »*appel;iit  ^Vilii<lm  Pilt,  vt  résumait 
en  lui  rin\iii(  ibic  o,iiiiiàireté  du  tnrys- 
me.  Le  jeune  Grc^y  fut  remarqué  lorsqu^il 
alla  s*as.^eoir  pour  la  première  foin  sur 
les  bancs  de  ses  adversaires,  à  côté  de  ces 
géants  de  la  tribune.  A  cinquante  ans 
d^in  tergal  le ,  nous  le  retrouverons,  seul 
représentant  de  Tancien  parti  ^%'hi^  dans 
Tautre  chambre,  survivant  à  tant  de 
morts,  n  tant  d*aposta?>ies,  à  tant  de  po- 
pularités ,  sani  en  excepter  la  sienne  , 
mais  pur  après  deux  ministères  et  fidèle 
aux  sympathies  de  sa  jeunesse  après  deux 
révolutions. 

Son  premier  disc-ours  parlementaire 
(jmaiden  sperrh)y  pronom  é  dans  la  séan- 
ce du  21  février  1787,  fut  une  (Tilii{uedu 
projet  d^adrcsse  en  réponse  an  discours  de 
la  couronne.  L^éclat  de  ses  débuts  lui  va- 
lut Phonneur  d'être  nommé  membre  du 
comité  qui  dirigeait,  au  nom  de  la  cham- 
bre des  Communes,  la  célèbre  a(*cusation 
contre  le  gouverneur  llastin^s  >3>ov.j.  Il 
parait  que  Tardeur  juvénile  de  son  op- 
position, qui  Fentraina  dans  plus  d'une 
controverse  contre  le  redoutable  Pilt 
lui-même,  devint  bientôt  pro\erbiale, 
puisque  Canning,  dans  son  poème  AU 
t/ir  talents  y  caractérisant  par  des  contre* 
vérités  ironiques  les  hommes  d'état  du 
jour,  met  sur  la  même  ligne  «i  le  sang- 
froid  de  Grev  et  les  bons  bilUts  de  She- 
ridan  *.  •• 

(•)  The  temper  «f  Grry 

^       A  ad  trt atarcr  Sheridan  i  promise  to  p«j. 


&2  )  GRE 

A  cette  époque,  le  prince  d 
depuis  George  IV  (iviy.),  entret 
relations  intimes  avec  les  chefs 
position.  Chose  étrange,  et  qu 
gagements  de  parti  peuvent  set 
quer!  On  vit  en  sa  faveur  des 
graves  se  constituer  les  apologisi 
bertinage,  des  prêcheurs  d'écf>n< 
ter  un  supplément  de  pension  p 
venir  à  de  folles  dépenses,  des  lii 
jaloux  de  Tautorité  royale  com 
sages  restrictions  dont  on  voula 
rer  la  régence  d'un  jeune  étoun 
les  Grey ,  malgré  la  sévérité  de 
ci|>es,  |>assait  alors  pour  un  des 
du  palais  de  Carlton,  théâtre  di 
tion  et  de  désordres  que  la  je 
l'amabilité  du  prince  couvraien 
d'un  \crnis  d'élcgan(.*e  ;  au  moi 
au  parlement  un  de  ses  plus  zélc 
dans  les  discussions  auxquelles  d 
lieu  le  paiement  de  ses  dettes , 
riage  secret  avec  uliâtre^s  Fit/ 
[vtf),  T.  \II,  pa;;.  3'14^.  et  sa 
l^endant  les  premières  atteintes  c 
ladie  de  George  III. 

La    ré\()luiion    française   am 
grande  di\ision  parmi  les  uhigs 
modérés   et    les    plus  timides, 
Greii\ille(ro>/  à  leurtcte,  quitti 
mentaiiément  les  rangs  de  TO 
et  passèrent    dans   le  camp  de 
plu\  hardis ,  sous  la  conduite  de 
meurèreiil  du  coté  gauche  de 
bre.  Grev  fut  du  nombre  de  ce-» 
Plus   tardf   lorsqu'il    s'agit    de 
l'Angleterre  arroderail  a  lu  coali 
mée  contre  la  France,  il  coml> 
vigueur  une  polilif{ue  qu'il  quali 
mixtion  injustifiable  dans  les  aM 
mestiques  d'une  grande  nation  i 
dante,  et,  pendant  toute  la  dui 
guerre,  il   continua  de  proteste 
le  principe  qui  faisait  agir  les  p 
combinées.  Il  fut  même  un  des 
dents  promoteurs  de  la  Société 
du  peuple ,  qui  effraya  le  gouv< 
par    ses   tendances    quasi-répui 
Ce  fut  en  1793  qu'il  présenta 
première  fois  la  fameuse  pétition 
quelle  cette  société  réclamait  la 
parlementaire;  quatre  ans^Iust 
développa  le  plan  détaillé  à  la 
des  Commune^,  qui  repou«sa  la  d 


GRE 


(153) 


GRE 


rtfeé  de  300  roi\  contre  60.  Mal- 
pi^es  «loooés  à  U  cause  de  la  U- 
Uiarles  Grey  était  si  loîci  d^ap- 
r  les  excès  qui  la  comproroettaîeut 
mot  qu^en  1 794  il  n'hésîu  pas  à 
r  a  la  tribune  «  que  le  despotisme 
roo  et  des  Caligula  lui  paraissait 
b!e  au  réçime  de  la  Terreur.  »  La 
■on  de  Vhnbeas  corpus ,  les  abus 
«Crainte  par  corps  trouvèrent  en 
éloquent  adversaire  ;  il  se  fit  éga- 
fpoiarquer  dans  les  débats  relatif 
nation  dirigée  contre  lord  Mel- 
^uemi  constant  de  toute  inter- 
t  année  dans  les  affaires  des  autres 
I,  il  s^opposa  aux  secours  que  Pitt 
envoyer  à  la  Porte  contre  Cathe- 
.  et  à  la  guerre  contre  la  Suède  et 
mark.  Les  négociantsdeStoçkholm 
vm^rent  une  médaille  dans  celte 
re  circonstance. 

1806,  la  mort  de  Pitt  rapprocha 
rtk>Ds  da  parti  whig,  repr^ntées 
>x  et  par  lord  Grenville.  Un  cabi- 

forma  de  ces  deux  éléments,  et 
ej,  derenu  lord  Howick  par  suite 
«romotion  de  son  père  au  titre  de 
,  en  fit  partie  comme  premier  lord 
tirauté.  Fo\  ayant  suivi  de  près  au 
m  son  illustre  antagoniste,  il  lui 
I  en  qualité  de  secrétaire  des  ai- 
étrangères  et  de  chef  ministériel 
"  à  la  chambre  des  Communes, 
dministration  trop  courte  est  moins 
*  par  ses  actes  que  par  Téclatant 
[e  de  probité  politique  que  donne- 
I  ministre»,  en  sacrifiant  leurs  pla- 
leur  popularité  au  soutien  d^une 
t  juste  et  libérale  (v.  GaEirviLLc). 
lord  Howick  qui,  en  mars  1807, 
aitîatiTe  d*une  motion  tendant  à 
Ber  le  serment  imposé  à  tous  ceux 
ilaientserrir  dans  la  marine  ou  dans 
e ,  et  à  leur  accorder  le  libre  exer- 

leur  religion.  On  a  peine  à  s*iroa- 
les  clameurs  que  cette  proposition 
Doo-senicmeot  parmi  les  soutiens 
s  du  trône  et  de  Tautel,  mab 
ior  les  bancs  les  plus  éclairés  du 
cnt ,  et  dans  le  public  qui  n^était 
ar  pour  une  pareille  concession. 
exigea  de  ses  ministres  la  promesse 
le  ne  pas  toucher  à  cette  question 
le  :  ib  sV  refiucreDt  noblement 


et  résignèrent  le  pouvoir.  Leurs  nicoes- 
seurs ,  pour  le  dire  en  passant ,  réalisè- 
rent sans  bruit,  quelques  années  après, 
la  mesure  même  au  rejet  de  laquelle  ils 
devaient  leurs  places.  Lord  Howick,  Tau- 
teur  de  la  malencontreuse  motion ,  per- 
dit le  siège  qu^il  tenait  au  parlement  du 
mandat  des  électeurs  du  Northumber- 
land ,  ses  compatriotes;  et  son  long  éloi- 
gnement  des  emplois  publics,  depuis  cette 
époque  jusqu*en  1830,  n^eut  pas  d'an- 
tre cause  que  son  honorable  persistance 
dans  les  mêmes  principes. 

A  la  mort  de  son  père ,  au  mois  de 
novembre  de  la  même  année  (  1 807),  lord 
Howick  changea  son  titre  contre  celui  de 
comte  Grey  et  prit  place  à  la  Chambre 
haute.  Pendant  quelques  années,  on  le  vit 
peu  empressé  de  figurer  sur  ce  nouveau 
théâtre  si  bien  approprié  à  la  tournure 
aristocratique  de  son  caractère  et  de  son 
talent.Marié,  en  1794,  à  la  fille  unique  de 
lord  Ponsonby  (  père  du  baron  actuel), 
dont  il  avait  déjà  plusieurs  enfants  %  il  se 
livra  aux  charmes  de  la  vie  domestique 
pour  laquelle  il  montra  en  tout  temps 
une  prédilection  marquée.  Cependant , 
en  décembre  1810,  la  maladie  du  roi 
ayant  remis  la  question  de  la  régence  à 
Tordre  du  jour,  lord  Grey  reproduisit 
ses  anciennes  opinions  à  cet  égard,  opi- 
nions d^autant  moins  suspectes  cette  fois 
que  ses  liaisons  avec  le  régent  avaient 
cessé  depuis  longtemps  et  qu^il  s'était 
même  opposé  à  ce  qu^on  votât  des  fonds 
pour  le  mariage  du  prince. 

A  la  mort  de  Perceval  (  1 8 1 2),  les  lords 
Grey  et  Grenville,  qu'il  avait  vainement 
sollicités  dVntrer  dans  son  minbtère, 
furent  l'objet  de  nouvelles  instances.  Les 
restrictions  de  la  régence  venaient  d*ex- 
pirer;  une  nouvelle  ère  s'emblaii  s^ou- 
vrir.  Le  prince,  déférant  au  vote  exprimé 
par  les  Chambres,  annonçait  Tintention 
d'établir  sur  des  bases  libérales  une  ad- 

(*)  Lord  Grey  a  ea  i3  eofants.  Byron  a  célé- 
bré les  grl«*es  de  ses  filles,  dont  l'une,  comme 
on  sait ,  ■  époa^é  lord  Durbiiiii  (vo/.).  Son  fils 
atoé,  Henri,  lord  Howick.,  né  en  i8oti ,  devint 
membre  du  Parlement*  i-omroe  député  du  Nor- 
thumberland,  et  il  a  fair  partie  du  niinistére 
Melboarne,  comme  secrétaire  dVtat  au  dépar- 
tement de  la  guerre,  jusqu'à  la  fin  d*aoùt  iSSg» 
on  il  donna  sa  démisuon ,  ne  tronTant  pas ,  di* 
sai(«B,  la  taodancc  4a  ministère  asscs  libérale, 


GRE  (  154  ) 

minîstratioii  forte  et  compacte,  et  le  choix 
des  deux  hommes  dVtat  dési|;nés  par  le 
Tœu  puhlîr  était  d^accord  avec*  m*s  an- 
cienne» liaisons.  Mais  les  deux  nobles  lords 
résistèrent  à  toutes  les  avances  qui  leur 
furent  faites,  par  une  susceptibilité  par- 
lementaire dont  ils  exposèrent  les  motifs 
honorables  dans  la  lettre  (pi'ils  écrivirent 
à  lord  Welleslev. 

Pendant  les  18  années  qui  suivent, lord 
Grey  sVd  tint  au  rôle  de  chef  de  TOp- 
position  dans  la  chambre  des  Pairs.  Parmi 
ses  discours  parlementaires,  on  peut  citer 
ceux  quMI  pnmonca  en  mai  1815,  pour 
conseiller  au  gouvernement  britannique 
Il  neutralité  lors  du  retour  de  >a|M>léon 
de  nie  d'KIbe;  en  mars  1817,  pour  la 
suppression  des  sinécun*s  et  contre  une 
nouvelle  suspension  de  Vhttht'as  corpus. 
Jamais  il  ne  parut  plus  habile  que  dans 
ta  défense  de  la  reine  Caroline  :  Theu- 
reux  mélange  de  chaleur  et  de  modéra- 
tion (pril  sut  y  mettre  lui  valut  cet 
éloge  de  n*avoir|>as  oublié  un  seul  instant 
qu*ii  était  ju^c,  tout  en  se  faisant  avocat. 

Après  la  mort  de  lord  Ijver|MM>l  et 
quand  la  politique  de  Canning  [voy.  ces 
noms)  paraissait  à  la  plupart  des  \%higs 
assez  Hl)érale  pour  motiver  leur  con- 
cours, lord  Grey  seul  se  retrancha  dans 
ses  inflexibles  antipathie^,  (le  fut  au^si 
vers  cette  époque,  ilans  une  diM-iission 
sur  les  céréale*»,  cprun  orateur  ayant  an- 
noncé que  cette  question  anirnerail  in- 
failliblement une  rupture  entre  la  no- 
blesse territoriale  et  le  |)euple,  lord  Grey 
prononça  (ys  pandes  qu*on  a  souvent  ci- 
tées depuis  :  «  C^uoi  qu'il  arrive,  je  vivrai 
et  je  mourrai  avi»c  mnn  nnlrvl  <• 

Mais  le  temps  approchait  où  les  deux 
mesures,  ré\es  de  sa  vie  entière,  allaient, 
plus  impérieusement  que  jamais  rappeler 
le  vieil  atliK'te  daii^rarcm'  poliiiipie  dont 
il  affectait  de  sVloigner.  I/une,  rcmanci- 
pation  'V'ty.\  tie^  cath'>liqiics,  devait 
être  «'onsommée  par  se^  adversaires  eux- 
mêmes.  |)ans  ce  débat,  lord  ('rrev,  dit  A/ 
Brvitr  trEditnh*iiir*;^  surpassa  tous  le* 
autres  et  m»  surpassa  lui-même;  mais  une 
part  encore  plus  belle  lui  était  réservée 
dans  raccompiivseuient  du  >e('ond  de  ses 
vœux,  la  réforme  parlementaire  ?»•>•. 
GRAî«nF-BR»Tv<;?iK,  T.  \II,  p.  710), 
dernière  pàïmv  réservée  à  îia  carrière  po- 


GRE 

li  tique,  comme  pour  la  couronner 
ment.  En  novembre  18S0,  au  plq» 
paroxysme  de  cette  fièvre  |>opulaire 
vaient  allumée  les  révolutions  de  Pi 
et  de  Belgique,  lorsque  le  nouveep 
verain,    Guillaume  IV,   pour  évii 
bouleversement,  dut   s^exécutcr 
grande  mesure  de  la  réforme, 
s'arrêta  naturellement  sur  celui 
nom  seul  disait  au  |>euple  :  L*œu 
complira,  et  au  ptmvoir  :  Elle  o' 
trop  loin.  En  effet,  son  âge  Jord 
avait  alors  00  ansj,  sa  naissance, 
probité  politique  et  par-dessus 
arrêt  net  ftfermc^  comme  dît 
qui  chez  lui  marquait  d^avaoce  h 
des  innovations,  étaient  de  natoieà 
sunT  les  intérêts  conservateurs.  Eft- 
semaine  le  ministère  fut  formé, 
d^adhércnts  de  Canning,  partie  d*j 
whigs  (  voy.  Ai.thorp,  BaoucBAV, 
iiAM,   IInMA?rn,  LvNsinmH,  Ms! 
?ïK,  Pvi.vir.RsTox,  STA?ïi.r.T,  Rl'ss; 

Comme  on  s\  attendait,  la  qi 
de  la  réforme,  dont  le  chef  du 
avait  fait  la  <-<mditionde  son 
occupa  pre>que  exclusivement  la 
In  premier  bill,  dont  la  rédactMfl 
attribuée  à- lord  John  Russell  et  à 
Durham,  mais  qui  présentait  de 
breuse>  analogies  avec  le  plan  proporf 
le  jeune  Charles  Grey  en  1797,  ftH 
jeté  eu  1831  parla  chambre  des 
niunes;  la  dissolution  du  Parlemcoly 
sVnsuivit,  Tadoption  parles 
et  le  n*jet  par  les  Pairs  d*un 
bill,  puis  enfin  Tadoption,  en  18SI| 
lf*s  deux  Chambres,  d'un  troisième 
peu  différent  des  précédents,  ou 
alla  échouer  à  son  tour  devant  le 
tie  la  Pairie,  sont  des  événements  HT  lÉ', 
quels  WKnu  aurons  à  revenir  dans  ^KÊ[\^ 
rents  artitle^.  I^ord  Grey  désesptati 
moment;  mais,  apn-s  un  vain  CHM  A"  ^ 
tories  pour  former  un  ministère,  Tiai^^ 
sur  les  bras  tlii  |>euple,  il  remonta 
phaut  à  son  poste,  et  le  vote  sîl 
des  Pairs,  dont  la  résistance  étAÎC 
cons;uTa  le  succès  du  bill.  ^ 

Ka  bataille  était  gagnée,  et,  poordM 
ger  c<*tte  rude  campagne  parlenwBlihi^ 
lord  Grey,  «pie  ses  ennemis  aflècftMeaft^^ 
représenter  comme  un  vieillard  laé  J^ 
corps  et  d'esprit,  avait  relroave  tooltl^ 


GRE 


(155) 


GRE 


et  n  jeaoesse.  Pendant  tout  le 
i^aTÛtduré  la  lutte,  on  Tavait  vu, 
kor  la  brèche,  répondre  aux  in- 
de  droite  et  de  gauche,  cal- 
■rhiipttiences,  rassurer  lesscrupules, 
«Amr  parfois  jusqn^à  Téloquence, 
■■ràosle  discours  qu^il  prononça  le 
4pB  1833,  lors  de  la  troisième  lecture 
A 19,  pour  répondre  aux  reproches 
Mb  an  cèt^  opposés  de  la  chambre 
JbKrk  I  Milords ,  dit-il ,  on  m'accuse 
■Awr  fixiJé  aux  pieds  ce  que  je  devais 
■AbeomMue  et  à  cette  chambre  :  à  la 
•«■mm!  moi  dont  les  opinions  sur 
••faot,  les  préjugés  peut-être,  me  sont 
•■■dien  que  le  sang  qui  coule  dans 
«Miânes;  à  celte  chambre!  moi  qui 
iMicns  et  soutiendrai  toujours   que 
rtUépendance  et  les  privilèges  de  vos 
ta^pcories  sonl  essentieb  à  la  perma- 
iMMe  de  DOS  institutions.  MVntendre 
tiae  CCS  choses  pour  avoir  suivi  la  mar- 
■  cke  <pii,  daus  mon  âme  et  conscience, 
(punit  seule  sauver  du  danger  de  la 
tiBUvction   et  la   couronne    et   cette 
'éMbre!...  en  vérité  c^est  trop  mau- 
«■!  (//  is  indeed  io  bad!)  »  L'effet  de 
idanières  paroles,  si  simples,  presque 
Mieiy  mais  qu'ennoblissait  le  senti- 
■(  profond  qui  les  avait  dictées,  fut, 
Nw,  prodigieux. 

Avec  k  victoire  commencèrent  pour 
dOrev  les  difficultés  réelles.  Le  mi- 
lÈRde  la  Réformeeut  le  malheur  qu'on 
tttndit  trop  peut-être,  au  moment 
Texplosion  de  dissidences  contenues 
ptÂk  par  Fintérét  dominant  et  le 
itcment  d'opinions  amené  par  sa 
loéte  même  rendaient  sa  tâche  plus 
die  que  jamais.  N'oublions  pas  ce- 
luit  les  réformes  utiles  que  lord  Grey 
s  amis  parvinrent  à  réaliser  au  milieu 
Bt  d^obstacles,  et  dont  l'importance 
oit  pas  sVffacer  complètement  devant 
it  cle  la  grande  mesure  à  laquelle  il 
fini  donné  d'attacher  leurs  noms  : 
mol  le  bill  qui  déclare  libres  les  es- 
ei  des  Indes-Occidentales,  l'adminis- 
oo  municipale  rendue  aux  bourgs 
nia,  le  commerce  de  l'Indoustan  réglé 
des  dispositions  justement  nommées 
■ande  Charte  de  ce  pays,  neuf  statuts 
eomacrent  d'heureuses  améliorations 
t  h  josliot  civile  et  criminelle,  enfin  la 


diminution  du  personnel  du  clergé  angli^ 
can  d'Irlande.  Mais  cette  question  irlan- 
daise ,  qui  sera  traitée  ailleurs ,  principe 
de  mort  attaché  aux  flancs  de  tout  minis- 
tère qui  ne  l'aura  pas  résolue,  devait  ame- 
ner la  dissolution  de  celui  de  lord  Gi*ey. 
Déjà  trois  de  ses  membres,  préoccupés  des 
dangers  que  leur  semblait  courir  l'Église 
protestante,  avaient  fait  place  à  des  ré- 
formateurs plus  hardis,  et  le  chef  du  ca- 
binet qui,  au  fond  de  son  âme,  sympa- 
thisait plus  peut-être  avec  les  ministres 
sortants  qu'avec  ses  nouveaux  collègues, 
avait  cru  de  son  devoir  de  rester  à  son 
poste.  Néanmoins,  depuis  quelque  temps, 
les  ravages  produits  dans  cette  organisa- 
tion forte,  mais  sensible,  par  les  exigences 
et  les  injustices  des  partis,  étaient  faciles 
à  remarquer;  on  voyait  lord  Grey,  à  la 
chambre  des  Pairs,  triste,  la  tête  penchée, 
énergique  dans  ses  discours,  mais  mélan- 
coli(|ue  dans  son  attitude.  Il  paraissait  évi- 
dent à  tous  qu'il  n'attendait  qu'une  oc- 
casion pour  se  retirer  de  la  carrière  avec 
honneur. 

Les  troubles  de  l'Irlande  avaient  fait 
juger  nécessaire  une  nouvelle  mise  en  vi- 
gueur du  coercinn^biU  de  1833,  qui 
n'avait  été  voté  que  pour  une  année.  Le 
parti  avancé  consentait,  quoiqu'à  contre- 
cœur, à  celle  mesure  ;  mais  il  exigeait  la 
radiation  de  l'article  c|ui  interdisait  les 
meetings  ^uhWcs,  Lord  Grey,  de  la  vieille 
école,  ne  transigeait  pas  sur  la  répression 
du  désordre  :  il  se  déclara  invariablement 
déterminé  à  maintenir  la  clause.  Cettedis- 
sidence  du  cabinet  fut  révélée  àM.  O'Con- 
nel  par  l'imprudence  du  secrétaire  d'état 
pour  l'Irlande,  Liltleton,  qui  dut  donner 
sa  démission  ainsi  que  lord  Althorp 
(comte  Spencer),  chef  du  parti  ministériel 
opposé  à  lord  Grey.  Aussitôt  le  fougueux 
agitateur  commença  avec  le  premier  mi- 
nistre une  guerre  d'injures  dont  voici  un 
échantillon  :  n  Le  misérable,  dit-il  dans  une 
de  ses  lettres,  foule  aux  pieds  l'Irlande;  sa 
puérile  décrépitude  se  manifeste  par  une 
folle  haine,  par  un  dédain  maniaque...  et 
ce  vieillard  stupide  est  à  la  tête  du  minis- 
tère!... M  Lord  Grey  ne  répondit  à  ces 
invectives  qu'en  disant  à  la  chambre  des 
Communes,  à  propos  des  négociations 
avec  O'Conncl  :  <<  Nul  membre  du  cabinet 
n'aurait  dû  avoir  de  relations  avec  ce{ 


GRI 


(156) 


GRI 


homme.  »  Mais  bientôt  isolé,  dégoûté  de 
ces  injures,  aveiti  d^ailleurs  par  Page,  il 
réaigna  le  pouvoir.  On  vit  dfs  larmes  hu- 
mecter les  yeux  de  ce  vieillard  austère 
lorsqu'il  prononça  aux  Communes  son 
discours  d*adieu  comme  ministre  de  la 
couronne,  le  9  juillet  1834.  «  Cest  trop, 
dit-il,  pour  les  forces  d^un  homme  de 
mon  âge ,  c*est  trop  du  moins  pour  les 
miennes,  que  d^avoir  à  lutter  contre  des 
dirCcultés  inaccoutumées  et  sans  cesse 
croissantes.»  L*unique  regret  qu*il  expri- 
ma fut  de  n'avoir  pu  mener  à  bien  deux 
importantes  mesures  :  la  réforme  de  la  loi 
des  pauvres  et  la  commutation  des  dimes 
irlandaises. 

Depuis,  lord  Grey  n^a  reparu  que  de 
loin  en  loin  au  Parlement.  Dans  les  rares 
occasions  où  il  a  pris  la  parole,  quoiqu'il 
sesoit  montré  fidèle  à  sa  vieille  ligne  po- 
litique, il  n'a  pas  laissé  d'appuyer  fran- 
chement Tadministration  de  lord  Mel- 
bourne qui  a  surcédé  à  la  sienne.  En 
1836,  après  un  silence  de  deux  ans,  il 
tenta,  dans  une  occasion  solennelle  (le 
bill  des  municipalités  irlandaises),  de  for- 
mer avec  le  duc  de  Richmond  un  tiers- 
parti  dans  la  chambre  des  Lords,  mais  il 
ne  put  réussir  à  déplacer  une  seule  voix. 
Il  fut  un  des  orateurs  qui,  en  juin  1 837, 
prirent  la  parole  pour  rendre  hommage 
aux  vertus  du  feu  roi.  Il  le  fit  avec  sim- 
plicité, et  termina  son  discours  par  quel- 
ques allusions  aux  diffirultés  qui  entou- 
raient le  nouveau  règne,  et  en  exprimant 
Tespoir  que  la  princesse  les  surmonterait 
heureusement,  avec  l'aide  de  la  Providence 
et  grâce  au  développement  des  heureuses 
qualités  qu'elle  avait  déjà  eu  occasion  de 
manifester.  On  entendit  avec  émotion  re- 
tentir encore  une  fois  la  voix  de  lord  Gr^y 
dans  cette  occasion  solennelle,  où  l'An- 
gleterre semblait  inaugurer  le  trône  nais- 
sant de  sa  jeune  reine  par  les  derniers 
accents  du  plus  vieux  et  du  plus  n*s|)ecté 
de  ses  hommes  dVtat.  R-y. 

GlllBKArVAL(JK%?r-BAPTisTF  Va- 
QtiRTTR  DR)  csl  un  dcs  officiers  ;;ênéranx 
dont  s'honore  le  plus  le  corps  de  Tarlil- 
leiie.  Sa  vie  fut  entièrement  ronsarn'»e 
aux  travaux  théoriques  et  prati(|ues  de 
•on  arme,  qui  rilhistrèrcnt  autant  à  Té- 
tranger  qu'en  France. 

r^ê  à  Àmieoty  le  16  septembre  171d| 


il  se  prépara  par  des  études  solid 
partie  du  service  militaire  à  laquel 
destinait.  Il  entra,  en  1733,  dans  I 
ment  Royal- Artillerie,  et,  après  ti 
de  service  comme  volontaire,  il  fu 
méofBcier  pointeur(l735).  Legoi 
ticulier  que  Gribeauval  montra  po 
des  mines  le  fit  bientôt  appeler  ai 
mandement  d'une  compagnie  de  m! 
et  la  brillante  réputation  qu^il  y  ob 
valut  une  mission  délicate  dont  i 
quituavec  distinction.  L*artilleri< 
sienne  venait  d'attacher  des  pièces 
aux  régiments  d'infanterie  :  le 
d'Argenson,  ministre  de  la  guerre 
lut  avoir  des  renseignements  sur  c 
veau  système  et  envoya  Gribeat 
Prusse  pour  les  recueillir.  Ce  savj 
ficier  ne  se  borna  pas  à  remplir  la  i 
qui  lui  était  confiée  :  il  rapporta  en 
plusieurs  mémoires  intéressants  su 
des  frontières  et  des  places  forte 
avait  visitées. 

Promu,  en  1757,  au  grade  de 
nant-colonel,  il  passa,  avec  le  coi 
ment  du  roi,  au  service  de  l'Autrii 
il  fut  élevé  au  grade  de  général  co 
dant  l'artillerie,  le  génie  et  les  o 
de  l'armée  impériale.  Cinq  ans 
Marie-Thérèse  le  chargea  des  trav 
défense  de  la  place  de  Schweidnil 
trouva  l'occasion  de  développer  t 
talents.  Cette  place,  un  des  plu 
remparts  de  la  Silésie,  avait  été  | 
1'^  octobre  1761 ,  après  deux  joui 
taque,  sur  une  garnison  de  3,UO0 
siens,  par  l'habile  et  audacieux  m^ 
Loudon,  à  la  tête  d'une  di%i%ion 
chienne.  L'année  suivante  1762 
déric  II  voulut  reprendre  Schweid 
chargea  le  major  Lefebvrc,  ioj 
prussien  d'un  grand  mérite,  de  la 
ti<}n  des  travaux  des  mines  par  l 
il  comptait  sVm|>arer  promptem 
la  place.  Gribeauval  la  défenda 
11,000   Autrichiens. 

1^  tranrlu*e  fut  ouverte  le  6  a< 
le  13,  Frédéric  écri\ail  au  man|ui 
gens  :  I  M(m  entre|»ri\e  sur  Si  h\\ 
\a  ju-qu'ii'i  à  merveiîlr;  il  n<UH  I. 
core  on/e  jours  heur  -ux,  «'t  notre  < 
sera  remplie.  "  Vinf;i-trols  jour»  s 
écoulés,  et  le  roi  écrivait  le  G  >e|i 
suivant  au  même  marquU  d*Argei 


GRI 


(157) 


GAI 


m  wmi  nnUdroit  à  prendre  des  places 
^a  faire  des  vers.  Un  ceruio  Gribeau- 
id|  ^  ne  se  oiouche  pas  du  pieil,  et 
M^Mtflatrîchieas  nous  oot  arrêtés  jus- 
fia/reent.  CepenJanl  le  comiiianJant 
tfh|vnUon   sont  à 
èmn  ioces&amiiient  le  viatique 
étt,  n  sVtait  engagé  une  guerre  sou  ter- 
■■edaD«  latiuelle  Gril>eau\al  prolon- 
pM  B  defeos«y  par  une  grande  su|>ério- 
ft  ^  Hioyens,  bien  au-delà  du  terme 
kè  pAF  rasbiégeant.  Le  20  septembre, 
kdoric,   qui  tenait  son  correspondant 
4rt  an  courajit  de  ce  qui  se  passait,  le  lui 
t  en  ces   termes  :  «  Je  vous  ava'is 
«Tcc  trop  de  présomption  la  fin 
^  notre  siéçe.  Nous  y  sommes  encore; 
nous  ont  beaucoup  arrêtés...  Il 
faut  employer  six  semaines  à  re- 
re  une  pbure  que  nous  avons  perdue 
Âb  dcii&  heures.  Je  ne  veux  plus  être 
wgoohitte^  ni  vous  annoncer  le  jour  de  la 
lédôctîon  ;  je  crois  que  cela  pourra  durer 
quelques  jours.  Le  génie  de  Gri- 
mai defeud  la  place  plus  que  la  valeur 
Xntrichiens.  Ce  sont  des  chicanes  tou* 
ntesqu*il  nous  fait  de  toutes 
ïc»  Ckoos.  Je  suiï  obligé  de  faire  ici  le 
d*iugénieur  et  de  mineur  ;  il  faut 
«pie  nous  réussissions  à  la  fin.  » 
Cescbicanesse  multiplièrent  tellement 
qae  lestcçe  dura  jusqu^au  9  octobre  1762. 
La  place  ne  caipitula  qu^après  soixante- 
trois  jours  de  tranchée  ouverte,  dont  qua- 
fiftlë-neuf  depuis  le  commencement  de 
l'aSlaqoe  par  les  mines.   Quand  la  gar- 
fut  présentée  à  Frédéric,  ce  prince. 


Après  s*étre  couvert  de  gloire  au  %iég« 

de  Schweidnitz,  Gribeauval,  que  Marie* 

Thérèse  avait  promu  au  grade  de  feldma- 

réchaUlieurenant,  rentra  en  France,  où îl 

lani  le  coiumaiiuaui,      devint  successivement  maréchal-de camp, 

à  Tagonie;  on  leur      lieutenant  général,    inspecteur  général 

nt  le  viatique.  »  En      d'artillerie.  On  lui  est  redevable  de  Tor- 

doniiance  de  1764,  qui  fixe  la  proportion 
des  troupes  de  Tartillerie  relativement  à 
la  force  des  armées ,  et  qui  en  détermine 
remploi. 

H  a  organisé  le  corps  des  mineurs  et 
perfectionné  les  manufactures  d^armes, 
ainsi  que  les  forges  et  fonderies  des  arse» 
naux.  Gribeauval  a  terminé  le  9  mai  1 789 
la  carrière  qu'il  avait  parcourue  si  glo- 
rieusement. Les  officiers  de  son  arme 
n'ont  pas  hésité  à  le  surnommer  le  Vau* 
ban  du  corps  de  Tartillerie.  C-te. 

GRIBOIÉDOF   (Alexandeb  Ser- 
chéÎevitch),  conseiller  d*état  russe,  di- 
plomate et  poète  dramatique,  mais  que 
sa   mort  tragique  à  Téhéran ,  le  24  fé- 
vrier   18*29,  a   surtout   fait   connaître, 
naquit  en   I7S9,  ou  suivant  d'autres,  en 
1793,  et  fit  ses  études,  d'abord  dans  la 
maison  paternelle,  et  ensuite  à  l'univer- 
sité de  Moscou.  Familiarisé  de  bonne  heure 
avec  les  littératures  anglaise,  française  et 
allemande,  le  talent  d'observation  et  le 
guût  du  jeune  Griboîédof  se  formèrent 
par  des  voyages  et  par  ses  relations  avec  la 
bonne  com|>aguic  de  Saint-Pétersbourg 
et  de  Moscou.  Il  entra  ensuite  au  service 
pour  payer  son  tribut  à  la  patrie,  alorsen- 
vahie  par  les  Français;  mais  il  quitta  l'ar- 
mée  en  1 8 1 7,  el  fut  reçu  dans  le  collège 


honteux  de  la   vigoureuse  rési-  1  des  affaires  étrangères.  Bientôt  il  devint 
u*il  avait  rencontrée  dans  les  ef-      secrétaire  d'une  mission  en  Perse,  et  à 


qu 

fort»  de  Gribeauval,  ne  voulut  pas  le  voir. 
Pourtant  il  le  re^ut  plus  tard,  et  le  traita 
alors  avec  la  distinction  qu'il  méritait. 
Ce  ftîége,  Tun  des  plus  fameux  des 

montra  toute  Tinflucnce 


qae   Fut  des  mines,  employé  par  un 


t  de  géoîe,  peut  exercer  sur  la  du- 
rée de  la  défense  des  places.  On  y  fit  pour 
h  première  fois  usage  du  globe  de  com- 
ynoHon  («o/.),  inventé  par  Bélidor  en 
17  »3.  Le  major  Lefebvre  en  fit  jouer 
ftttre  qui  produbirent  des  effets  prodi- 
peax,  et  il  prouva,  par  une  application 
fratiqucy  tout  le  parti  qu'on  en  pouvait 

liTPT. 


Tavriz  il  se  concilia  la  bienveillance  de 
l'héritier  présomptif  du  trône,  Abbas 
Mirza.  Après  son  retour,  il  fut  placé  dans 
la  section  diplomatique  attachée  à  la  per» 
sonne  du  gouverneur  général  des  pos' 
sessions  russes  dans  le  Caucase  ;  en  1826, 
il  accompagna  le  comte  Paskévitch  d'E- 
rivan  dans  sa  campagne  contre  les  Persans^ 
I  et  fut  employé  à  la  conclusion  du  traité 
deTourkmantchaî  (yoy.)j  qui  mit  fin  à  la 
guerre  (^  février  1 828).  Ce  fut  lui  qui 
porta  la  nouvelle  du  traité  à  Pempereur  ; 
il  fut  largement  récompensé,  et  promu 
du  titre  de  conseiller  de  collège  à  celui 
de  conseiller  d'état.  Pour  lui  témoigner 


GRI 


(158) 


GRI 


sa  satâfaction  particulière  de  ses  ser^'ices, 
I^ioolas  I*'  le  nomma,  en  avril  1828,  mi- 
nîitre  plénipotentiaire  près  de  la  cour  de 
Téhéran. 

Griboîédof  partit  avec  une    légation 
nombi-euse,  emportant  de   riches  pré- 
sents pour  le  chah.  Mais ,  dès  son  arri- 
vée, le  peuple  de  Téhéran  témoigna  un 
grand   mécontentement   des   conditions 
du   traité   conclu;  et,    quoique   Nico- 
las eût   lait  remise   de    12   millions  de 
la  contribution  de  guerre  imposée  à  la 
Perse,  néanmoins  les  grands  engagèrent 
le  chah  à  rompre  la  paix  et  à  se  réunir 
avec  la  Turquie,  à  laifuelle  la  Russie  ve- 
nait de  déclarer  la  {guerre.  Comme  Icchah 
hésitait,  le  clergé  Taccusa  hautement  de 
lâcheté  et  de  trahison ,  et  pliiMPiirs  ré- 
voltes éclatèrent  dans  les  provinces  occi- 
dentales, lors  de  la  penreption  de  Tiinpôt . 
Dans  ces  circonstances,  Grihoîedol,  d'un 
caractère  vif  eteiuporté,  crut  devoir  mon- 
trer de  Ténergie  et  ne  lléchir  sur  aucun 
point.  S'appuyant  sur  le  droit  d'asile , 
il  refusa    de  livrer  un    Aiménien  qui , 
poursuivi    par  les  autorités  persane»    et 
appartenant  a  la  province  d'Krivan ,  ce- 
dée  à  la  Russie,  s'était  réfugié  dan>  son 
hôtel;  il  prit  aussi  sous  >a  protection,  à  titre 
de  sujets  rus;«es,  deux  (juor};ieunes  récla- 
mées comme  esclaves  par  îles  i\'n»an<.  C!ela 
amena  re\plosion  de  la  haine  nationale  : 
le  peuple  s'ameuta,  et  une  ntultitude  ei- 
i'rénée  s'assembla  devant  Diôtel  de  l'am- 
bassade, demandant  avec  iiireur  qu'on 
lui  livrât  le  criminel  et  las  deu\  esclaves. 
Ses  clameur:»  étant  rcstc(*s  ^alls  ré|M>nsi;, 
le  peuple  assaillit  les  porter.  Alors,  sui- 
vant le  rapport  des  Anglais,  les  cosatfues 
de  Tambassade  chargèrent  lc>  assaillants 
et  en  tuèrent  six,  ce  (|ui  devint  le  signal 
du  soulè\einenl  de  toute  la  populiitioii. 
Les   cadavres    des    \ictimi*s    lurent   ex- 
posés dans  des  mos4|uees;  les  m<illahs  ap- 
pelèrent les  tîdèles  à  la  ven^^ant  e  ,  et  le 
peuple,  furieux,  prit  alors  d'assaut  le  pa- 
lais de  r.iml>assade,  et  |M*nétra  dan^  l'in- 
térieur des  ap|>artements  on  elle  inan>a- 
cra  tout  ce  qu'elle  trouva.  I^e  chah  ,  ar- 
C(»ni|ta;;né  de  son  fiU,  le  sulthan  Selon, 
^ouvernein-   de  Téhéran,  et  siii^i   «ruiie 
trnn|>e  nombreuse ,  arriva  mallieureuM*- 
nent  trop  lard  sur  le  th«*àtrt*  du  carna};e. 
Griboîedor.  le  ^'coml  ««•'^rétaîn*  d*iro- 


bassade ,  Charles  d*Adelung  (  fils  d«  M 
vant  de  ce  nom,  à  Saint-Pétersliourg,  •■ 
quel  nous  avons  consacré  uo  ailicW) 
un  médecin  allemand,  un  interprcisi 
quinze  personnes  de  la  suite  avaieat  ^m 
succombé    aux  coups  des  assasMOSi.   L 
premier  secrétaire  d'ambassade  Malail 
et  trois  autres  personnes,  qui  habiuim 
une  cour  plus  reculée  de  Thôtel, 
|)èrent  seuls  au  massacra.  Pour  es 
cette  catastrophe,  le  chah,  après  avoir  M* 
donné  un  deuil  de  huit  jours  à  TébéM 
envoya,  le  111  mai,  son  petit-lils,  le 
Khosref  Mirza,  tiU  d^Abbas  Mirxa  ( 
ce  nom  et  Fktii-Ali),  au  quartier- 
ral  russe  à  Titlis,  auprt-s  du  général 
kevitch.  Le  jeune  prinire  se  rendit 
par  iN^oscou  à  Saint-Pétersbourg.  Il  II 
traité  |>artout,  et  môme  à  Tsarsko^Gé* 
lo,  avec  une  grande  attention.  Il  obliali 
le  22  août  i82U,  avec  un   cérémoirii 
|Kirticulier,  une  audience  solennelle,  si 
Kh(»sref  exprima  la  <louleur  que  Fdk" 
Ali-chah  éprouvait  du  crime  commis  ptf 
ses  sujet**,  et  pria  remj>ereur  de  vouer  fli 
malheureux  événement  à  foubli  et  êi 
continuer  s«>  relations  amicales  avec  h 
Perse.  A  la  suite  de  cette  satisfaction  of- 
ferte  a  la  Ru-isie ,  le  prince  DolgoroaU 
fut  en\ové  comme  amiNis&adeur  à  la 
de  Téhéran.  Dans  cette  ville,  le 
tre   commis   sur    les  diplomates 
fut  venge  par  Texil  du  grand-pontiie| 
premier  instigateur  du  tumulte,  puis  pM 
la  [uiiiitiim  cor(M)relle  et  la  mutilatiofl 
dVn%in)n  t,dOO  personnes;  beaucoup ds 
gens  s'étaient    stm^traiLn  au    châtimcat 
par  la  fuite    Le  corps  du  ministre  Gri« 
boïedof  l'ut  enterré  ave«'  pompe  à  Titlâi 
le  29  juillet    iM2«.l,  dans  le  courent  da 
Saint- David  ;  sa  mère  et  sa  veuve  re(ti« 
reni    chacune   une    pension   viagère   ds 
0,000  rouble^,  et  chacune  en  outre  uni 
somme  de  :)0,000  roubles. 

(rriboïédof  était  né  |M»ête  :  après  pla« 
sieurs  e^^ais  hearcux,  il  l'oufia  sa  réputa- 
tiniieoinme  auteur  dramatiipie|Kiruoeco 
niédie  en  vers  et  en  quatre  aetes,  les  Inenm» 
%'tffvnti  tir  l'instntriton  ,  représentéi 
a\ec  succèsàSaint-IVtersbourgei  a  Mos- 
cou. File  fut  imprimée  en  1833.  De  Tes* 
prît,  de  la  s;itire,  et  de«  caractères  bien 
traces,  qui  |>eigneiit  les  ridicules  de  cettf 
manie  d'instruction  do  l'homme  qui  cher* 


GRI 


(15«) 


Gta 


bnller  plutôt  qu'il  o'a  vraiment 
I  de  savoir,  recommandent  cette  co- 
I  qne  les  Rnises,  avec  trop  d^ambi- 
■I  doute ,  placent  à  côté  de  la  ce- 
JcAoo/ybr  scandai  de  Sheridan. 
été  composée  par  Tauteur  eu  Perse, 
M  le  premier  séjour  qu'il  y  fit. 
■a  les  loisirs  de  son  séjour  en 
e  pour  composer  plusieurs  poèmes 
*.  premier  fut  imprimé  en  J82â. 
cm  lai  doit  encore  quelques  pièces 
Ire  origioales  ou  imitées  du  firan- 

U  œ  poète,  le  nom  de  Griboïédof 
éjà  pris  place  dans  la  littérature 
àa  XVII*  siècle,  Foedor  Ivaiio- 
(Wîboîédof,  l'un  des  diaks  ou  se- 
cs de  la  chancellerie  d'état,  sous 
s  AleKM  Mikhaîlovitch  et  son  fils, 
imposé  UD  Abrégé  de  V histoire  de 

qa*il  dédia  au  père,  mais  qui  n*a 
été  imprimé.  Il  doit  être  considéré 
i  le  premier  ou  Tun  des  premiers 
ographes  de  Russie.  Il  fut  aussi  du 
re  des  rédacteurs  du  fameux  code 
k,  dit  Oulojéniéf  dont  le  tsar  Alexis 
on  empire.  C  L,  et  S. 

IIEFS,  mot  dérivé  de  gravis  y  gra^ 
I,  atteintes  graves  contre  lesquelles 
Jame.  Dans  Tancien  droit  français, 
j>pelait  griefs  les  différents  chefs 
el  que  Ton  proposait  contre  une 
ice  rendue  en  procès  par  écrit. 
leUnt,  dans  un  tel  procès,  fournis- 
ea  ^els,  et  Tintimé  ses  réponses  à 
r. 

Dsledroit  public  duSaint-Ëmpire,  on 
Mt  griefs^  gravainina ,  les  plaintes  des 

sur  différents  abus  de  la  puissance 
orelle  ou  de  la  puissance  ecclésiasti- 
On  sait  que  cent  gravamina  nationis 
nanicœ  furent,  en  1523,  envoyés  à 
e,  avec  demande  de  redressement. 
xte  en  a  été  imprimé  à  Nuremberg, 
^23.  Aujourd'hui  même,  on  appelle 
tmina  les  réclamations  des  députés 
I  général  des  membres  d'assemblées 
lis  au  sujet  des  dénb  de  justice  et  des 
quelconques  relatifs  à  Tadministra- 
judiciaire  ou  à  toute  autre  branche 
lires,  y^iy-  Doléances.  X. 

RIES  (JEAN'THiEaaY),  littérateur 
land,  est  né,  le  7  février  1776,  à 
ibourg,  où  son  père  était  sénateur. 


Destiné  dans  l'origine  au  commerce,  le 
jeune  Gries  eut  beaucoup  de  difficultés 
à  surmonter  pour  obtenir  la  permission  de 
se  vouer  aux  études.  À  partir  de  1795,  Il 
fit  son  droit  à  Iéna,où  il  reçut  plus  tard  le 
grade  de  docteur  ;  c'est  aussi  là  qu'il  eut  des 
relations  avec  Schlegel,  Schiller,  Wieland, 
Gœthe,  Herder.  Vers  1798,  pendant  un 
séjour  d'été  à  Dresde ,  il  commença  la 
traduction  de  la   Jérusalem  délivrée  y 
dans  le  rhythme  de  l'original.  Ce  remar- 
quable  travail   parut  pour  la  première 
foU  à  léna,  en  2  vol.,  de  1802  à  1803.(5« 
édit.,  1826),  le  Roland  furieuxy  de  l'A- 
rioste  le  suivit,  1804-1808,  en  4  vol. 
(2«  édit.,t826,5  vol.,).  En  1808,M.  Gries 
fit  un  voyage  en  Suisse  et  en  Italie;  de  re- 
tour à  léna,  il  publia  (1810)  une  seconde 
édition ,  complètement  refondue  de  la 
Jérusalem  délivrée.  En  1812,  il  fit  pa- 
raître dans  le  Morgenblatt  le  douzième 
chant  de  VOrla/ido  inamoraio  y  de  Bo- 
}SLTdo(vojr,);  en  1815,  ce  fut  le  tour  de 
Calderon  (t.  I-VII,  Berlin,  1815-1826); 
en  dernier  lieu ,  cet  infatigable  traduc- 
teur  a  livré  au  public  le  RtcciardettOy 
de  Fortiguerra  (Stuttgart,  1831-1832  , 
2  vol.).  Les  poésies  originales  de  M.  Gries 
et  des  traductions  de  moindre  importance 
ont  paru  à  Stuttgart  en  1  vol.,  1829. 

Comme  traducteur  à  la  fois  élégant  et 
fidèle  du  Tasse,  de  l'Arioste  et  de  Cal- 
deron, M.  Gries  s'est  fait  un  nom  dans  la 
littérature  allemande.  Nous  ne  pensons 
pas  qu'il  existe  dans  aucune  langue  mo- 
derne des  calques  aussi  parfaits  des  poè- 
tes du  IVlidi  que  ceux  de  M.  Gries.  C'est 
que  la  langue  allemande,  avec  ses  tour- 
nures si  variées,  sa  souplesse,  sa  libre 
allure,  ses  constructions  hardies  et  sa  ter- 
minologie que  l'écrivain  peut  modifier  à 
l'infini,  se  prête  mieux  que  tout  autre 
idiome  à  la  reproduction  naïve  des  œu- 
vres poétiques  les  plus  diverses.  Le  talent 
du  traducteur  demeure  toujours,  quoi 
qu'on  fasse,  renfermé  en  de  certaines 
bornes  infranchissables,  soumis  aux  exi- 
gences de  l'idiome  qu'il  emploie;  mais 
ces  bornes,  ces  exigences  admises,  il  est 
impossible  de  mieux  faire  que  M.  Gries, 
qui,  dans  ses  copies,  reproduit  non-seu- 
lement le  rhythme  de  l'original,  mais, 
dansCalderon,  par  exemple,  jusqu'aux  as- 
sonances nombreuses  auxquelles  l'oreilk 


GRI 


(l«0) 


GUI 


dptgiiole  eftt  si  sensible.  La  conscience 
de  traducteur  portée  à  ce  degré  nous 
parait  d^ailleors  eiagérée,  et  nous  sacri« 
fierions  Tolontiers  la  monotone  demi*rime 
à  des  phrases  moins  compassées.  L.  S. 
GRI  ES  BACH  (eaux  de),  voy.  Fo- 

mÂT-NoiEE. 

GRIRSBACII  (Jeait- Jacques),  exé- 
gète  et  critique  biblique  distingué,  né  à 
Butxbach,  dans  le  grand-duché  de  Hesae, 
le  4  janvier  1 745,  suivit,  encore  enfant, 
à  Francfort-sur-le-Mein,  son  père,  qui 
mourut  dans  cette  ville ,  en  1777,  pas- 
teur et  conseiller  de  consistoire.  Après 
aToir  reçu  la  première  instruction  au  gvm- 
nasede  Kr4incfort,Griesbachalla,cn  1 762, 
étudier  la  théologie  à  Tubingue,  à  Halle 
et  à  Leipzig.  Ce  fut  à  Halle  qu*il  com- 
mença ses  études  sur  la  critique  du  Nou- 
veau-Testament, et  quMl  écrivit,  sous  la 
direction  de  Semler,  ses  deux  premiers 
essais  sur  la  valeur  historique  des  dog- 
mes sanctionnés  par  le  pape  Léon-le- 
Grand.  Décidé  à  se  consacrer  tout  entier 
à  la  critique  du  texte  du  Nouveau -Teâta- 
ment,  il  entreprit,  en  1769  et  1770,  un 
voyage  scientifique  en  Allemagne,  en 
Hollande,  en  Angleterre  et  en  France. 
De  retour  dans  sa  patrie,  il  s^occupa  pen- 
dant quelque  temps  à  mettre  en  ordre 
les  matériaux  qu'il  a\ait  recueillis,  et,  en 
1771,  il  fit  paraître  sa  célèbre  disserta- 
tion DecodUibiu  (juatuor  Eran^rltonim 
Origenianis, qui  lui  valut,  deux  ans  après, 
la  place  de  professeur  extraordinaire  à 
Tuniversité  de  Halle.  Il  poursuivit  alors 
avec  une  ardeur  infatigable  son  projet 
de  donner  une  édition  nouvelle  du  Nou- 
veau-Testament; mais  il  crut  prudent  de 
sonder  d^abord  Topinion  par  la  publi- 
cation de  sa  Synopsis  Evangeliorurn 
(Halle,  1774  à  1775,  2  vol.;  3*^  éd., 
1809),  qu*il  ne  tarda  pas  à  faire  suivre 
de  celle  du  Nouveau -Testament  com- 
plet (Halle,  1775  à  1777;  2*  éd.,  1796 
à  1806;  3*  éd.,  t.  1*',  Berlin,  1827). 
L^auleur  ne  se  borne  pas  à  donner  les 
variantes  reçues  ou  rejetées,  mais  il 
en  indique  aussi,  par  des  signes  placés 
sous  le  texte  et  faciles  à  comprendre,  les 
divers  degrés  de  probabilité.  En  1776, 
Griesbach  lut  nommé  professeur  ordi- 
aaire  à  léua,  où  il  mourut  le  24  mara 
1812,  conseiller  privé  ecclésiastique  et 


premier  professeur  dans  la  I 
logîe.Ce  savant  théologien 
vices  éminents,  non-seulen 
ecclésiastique,  à  Texégèse  < 
ces  auxiliaires,  mais  encon 
que  par  la  publication  de  V 
en  allemand  et  intitulé  :  Df 
pulutrt  (Icna,  1779;  4«  è 
avocat  habile  et  convaincu  < 
tème  d'orthodoxie,  il  a  su, 
modération  ,  poser  des  lii 
d'innovation.  Ses  Opitscià 
ont  été  publiés  par  Gabier 
vol.).  On  trouve  une  notice 
sur  Griesbach  dans  la  3'  s 
des  Contem|>orains  (Ze/lgt 

GIUVFE,  voy.  Onci.v. 

GRIFFON.  On  a  donn 
mammilere  fabuleux  que 
de  certains  savants  paraît 
sur  rinspection  du  tapir  (i 
pogkiffk).  I^  dénominat 
est  aus>i  donnée  au  gyps 
ment  nommé  vautour  des 
qu^au  vautour  fauve  (vc 
Enfin  on  applique  encore 
race  de  chiens  originaires 
Bretagne. 

GlilGNAN,  vor.Dnô: 

GRILLAGE,  mot  dtii 
strument  de  1er  qui  sert  ; 
rôtir. 

Dans  la  métallurgie,  le  { 
pération  qui  suit  celle  du  t 
va^c  des  minerais  de  fer 
à  fondre  plus  facilement, 
les  avoir  concassés,  on  le; 
un  fourneau  pour  en  sépare 
contiennent.  L'effet  immé< 
est  de  va|K>riser  une  partie 
ces  autres  que  le  fer,  qui 
minerai,  d'augmenter  le 
conséquent  la  porosité  de 
qui  le  rend  plus  tendre,  pi 
duire  en  morceaux  d^une 
venable  pour  être  traités  i 
vantage  dans  le  fourneau, 
de  fer  peuvent  être  grillL*s  < 
nières  différentes  :  1**  à  l'ai 
des  aires  entourées  de  mi 
couvertes;   3®  sur  des   ai 
couvertes;     4**   dans    des 
réverbère,  foy,   Mi?(£aAi; 
iiEAU,  FoaoB,  etc. 


Gia 


(181) 


Clll 


est  encore  employé , 
tedbnologiqiie,  dans  d'au- 
Ondomiele  nom  de  gril^ 
lUBraib  ouwagcs  fiûts  avec  du  fil 
niàluton,  et  qui,  composés  de 
bfboa  Bioins  serrées,  aont  per- 
kiîFvet  à  la  lumière.  On  fabri- 
■iarflnii  de  ces  ouvrages  dont  les 
lB«tdW  telle  ténuitéy  et  dont 
■iotciécaté  avec  tant  de  déli- 
By^Hi  ressemblent  à  de  véritables 
^il  fie  le  nom  de  gazes  métalliques 
fBv-qoe  leur  donnent  les  Anglais 
■Mt  parfaitement.  Ces  gril- 
■*Bt  à  beaucoup  d'usages  :  on  en 
MiatresquiySous  la  forme  de  cou- 
>|n|irei  à  recouvrer  les  plats  qui 
■I  air  les  tables ,  ont  Tavantage 
iwcrles  mets  qu'ils  recouvrent 
kl  noocbes  et  les  autres  insectes. 

'«us  XÉrAIXIQUES.     V.  DE  M-N. 

ILU)M.  On  désigne  par  ce  nom 
cta  de  Tordre  des  orthoptères  et 
■îHe  desgrillonnes.  Ces  animaux, 
ideot  dans  nos  champs  et  même 
doneares  de  l'homme,  sont  cou- 
OQt  le  monde  et  reconnaissables 
îlei  plissées  longitudinalement,  à 
idet  plus  large  que  long,  à  leurs 
Mlérieures  très  développées  et 
0  saot,  tandis  que  celles  de  de- 
simples  et  n'offrent  point  les 
f  scies,  servant  pour  couper  la 
s  Ton  observe  dans  quelques 
lins. 

Ions,  dans  beaucoup  de  con- 
t  vulgairement  désignés  sous  le 
ri'» cri  :  cette  dénomination 
ruit  retentissant  que  produi- 
liles  en  frottant  et  en  faisant 
Mse  de  leurs  élytres  qui,  chez 
mte  à  cet  effet  une  structure 
e  et  est  disposée  en  forme  de 
de  peau  de  tambour.  Ces  in- 
lient  des  latitudes  fort  variées 
B  connaît  que  peu  d'espèces, 
uelles  on  doit  surtout  signaler 
lomestique  et  le  grillon  cham- 
lose  de  leur  contact  fréquent 

uixo3r    DoanssTiQUE    n'offre 

fanit  lignes  de  longueur  et  sa 

ist  d'un  brun  jaunâtre;  il  ha- 


fentes  des  vieille^  cheminées  ou  des  fourf^ 
et  généralement  près  des  lieux  où  l'onfiût 
du  feu.  liais  quoique  Loudon,  agronoue 
anglais,  ait  émis  cette  opinion,  on  ne  le 
rencontre  que  rarement  dans  les  habita- 
tions nouvellement  construites.  Ce  n'est 
que  le  soir  qu'il  sort  de  sa  retraite  pour 
se  livrer  à  la  recherche  de  sa  nourriture, 
qui  se  compose  d'insectes,  selon  Latreille, 
mais  que  nous  pensons,  avec  l'entomolo- 
giste De  Geer  et  plusieurs  autorités,  être 
en  partie  formée  des  débris  de  nos  ali- 
ments et  surtout  de  pain  et  de  farine. 

Le  bruit  retentissant  que  le  grillon  do- 
mestique mâle  produit  pour  appeler  les 
femelles,  faisait  redouter  cette  espèce  chez 
quelques  peuples  de  l'antiquité,  et  même 
il  était  des  pays  où  l'efiroi  qu'elle  inspi- 
rait l'avait  fait  ranger  parmi  les  animaux 
sacrés.  Aujourd'hui  encore,  dans  cer- 
taines contrées,  sa  présence  inspire  de 
superstitieuses  craintes;  mais,  par  com- 
pensation, dans  quelques  provinces  de 
l'Espagne,  à  ce  que  rapporte  M.  Bory 
Saint-Vincent,  on  recherche  cet  insecte 
et  on  l'enferme  dans  d'élégantes  petites 
cages  que  les  paysans  suspendent  au 
foyer  de  leur  demeure,  afin  de  jouir  con- 
tinuellement du  plaisir  de  le  voir  et  de 
l'entendre.  Cet  orthoptère  habite  toutes 
les  latitudes  de  l'Europe. 

Le    Geiixoit  cHAMpéraE   est  d'une 
plus  forte   taille  que    le   précédent  et 
d'une  teinte  plus  foncée;  il  habite  les 
prairies  et  les  pelouses  des  coteaux  de 
toute  l'Europe  méridionale  et  de  cer- 
taines régions  de  l'Afrique.  On  le  trouve 
dans  des  trous  qu'il  creuse  à  la  superficie 
du  sol,  bien  que  ses  pattes  ne  pr^ntent 
à  cet  effet  aucune  modification  organique. 
La  femelle  est  très  féconde;  sa  ponte, 
qui   se  compose  d'enriron  cent  œufs, 
s'opère  pendant  l'été  ;  les  petits  naissent 
quinze  jours  après.  Quoique  plusieurs  au- 
teurs aient  avancé  qu'ils  se  nourrissent 
d'abord  d'herbes  tendres  et  de  racines, 
nous  pensons  qu'ils  vivent  constamment 
de  petits  animaux,  ainsi  que  le  fait  Tin- 
secte  parfait  ;  car,  comme  dans  cet  orthop- 
tère il  n'y  a  point  de  ces  métamorphoses 
qui  transforment  de  fond  en  comble  l'or- 
ganisation, mais  seulement  des  mues  suc- 


cessives à  la  suite  desquelles  il  se  déve- 
et  se  niche  dans  les  I  loppe,  il  est  difficile  d'admettre  qu'il  y  «iC 

thp.  d.  G.  d,  M.  Tome  XJZJ,  ^^ 


GRI  (  iS2  ) 

Unclungemeot  total  dans  le  régime  alimen- 
taire  selon  Tépoque  de  la  vie.  Cet  insecte 
l'echerche  la  chaleur,  et  c^est  toujours  sur 
1^  coteaux  ou  dans  les  lieux  exposés  k 
Hnsolation  qu'il  établit  son  nid;  quand 
rhiver  est  rigoureux,  il  meurt.  C*est  Ters 
le  déclin  des  belles  journées  d'été  et  pen- 
dant la  nuit  que  se  lait  entendre  le  grillon 
champêtre  mâle;  son  cri,  qui  signale  sa 
présence  aax  femelles,  est  aigu,  et  vibre 
avec  force  quand  on  est  éloigné  de  sa  re- 
traite, mais  il  diminue  d'intensité  à  me- 
sure qu'on  s'en  approche  et  cesse  entiè- 
rement quand  on  arrive  tout  auprès. 

Les  enfants  des  campagnes  reconnais* 
sent  fort  bien  la  demeure  de  cet  insecte 
à  la  forme  du  trou  qui  en  constitue  l'issue, 
et  quelquefois  ils  s'amusentàen  faire  sortir 
le  propriétaire  en  y  enfonçant  un  brin 
d*berl>e;  d'autres  fois,  ainsi  que  le  pra- 
tiquaient déjà  les  anciens,  ils  attachent 
une  fourmi  à  un  cheveu  et  la .  tiennent 
à  rentrée  du  souterrain  de  l'insecte ,  le- 
quel ne  tarde  pas  à  sortir  de  sa  retraite  et 
à  poursuivre  l'animal  captif:  par  ce  stra- 
tagème, on  se  saisit  facilement  du  grillon, 
qui,  à  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  il 
tombe  dans  cette  embûche,  était  devenu 
Temblème  de  la  stupidité.  F.  P-t. 

GRILLPARZëR  ^Feaik^ois),  poète 
tragique  contemporain ,  né,  le  15  janvier 
1791,  à  Vienne, où  il  a  fait  ses  études  et 
où  il  a  occupé  jus(|u'en  1833  une  assez 
mince  place  de  chancellerie.  Depuis,  il 
est  devenu  directeur  des  Archives  de  la 
chambre  auli(|ue  générale,  et  ta  position 
s*est  ainsi  améliorée. 

En  18 1  G,  la  tragétiie  allemande  venait 
de  recevoir  une  direction  toute  nouvelle 
par  la  piè<*e  de  Mûllner  (v^X*)*  ^'^ 
^Schui€i{U  Faute  ou  l'Kxpiationl,  lors<]ue 
l'apparition  d'une  autn*  pièce,  Die  Ahn^ 
frau  ;  l'Aïeule  ,  de  M.Grillparzer,  révéla 
un  jeune  talent  qui  entrait  aussi  dans  la 
voie  que  suivait  le  poète  de  Wcisscnfcis. 
Mûllner  et  Grillparzer  semblaient  arc*or- 
derune  puissance  illimitée,  irrésistible,  à 
cette  mvstérieuM*  puissance  tjue  les  an- 
ciens reconnaissaient  au /rir» m,  et  devant 
laquelle  la  volonté  de  l'individu  se  trouve 
anéantie  au  p<iint  de  mettre  en  doute 
la  n*alitê  de  notre  lilnT  arbitre,  l/cs  deux 
poète*  iior.»  nionlrai«*nl  leurs  héros  tra- 
liqucs  prédestinés  de  longue  main  â  un 


GRI 

sort  funeste,  poussés  fatalement,  par  im 
passions  héréditaires,  au  crime,  «|  ai 
trouvant  de  repos  qu*au  fond  de  01^^ 
tombe  où  le  meurtrier  et  la  TÎdimk 
l'homme  vertueux  et  le  criminel,  fiafe 
sent  par  dormir  cote  à  côte.  Certeat  fl.} 
a  quelque  chose  de  désespérant  di 
doctrine  jugée  du  point  de  vue 
mais  on  ne  saurait  nier  qu*elle 
devenir  la  source  d'un  puissant  ii 
dramatic|ue  :  la  tragédie  grecque  m 
pose,  en  dernière  analyse ,  que  sur 
donnée.  Le  sort,  dans  Shakspeare  et 
le  plus  chrétien  des  poètes,  dans  GaMft 
ron,  joue  un  rôle  tout-puLssant  ;  et  ■IWi'' 
peut  adresser  un  reproche  à  Mûllner  il)' 
Grillparzer,  c'est  moins  d'avoir  empknf 
cet  agent  que  d'avoir  mis  dans  la  boMII 
de  leurs  personnages  la  juiitification  4l 
leurs  mauvaises  actions,  grâce  à  celle  k* 
talité  c|uv-Ies  entraine.  L'homme  peatlp 
doit  lutter  avec  le  mal  en  dépit  du  wmà 
héréditaire  qui  brûle  ses  veines,  en  dépl 
des  circonstances  ennemies  au  milieu  dîif 
quelles  il  se  trouve  jeté  ;  s'il  succoahs 
malgré  ses  efforts  sincères,  sans  doule  M 
est  au-delà  de  ce  monde  une  puîasaM 
dis|>ensatricc  qui  tient  compte  de  la  latli| 
la  |iarabole  des  talents  nous  en 
l'assurance,  l^e  poète  tragique  qui 
à  des  sophismes  efrémincs  pour  évoi|ai| 
l'intérêt  en  faveur  des  êtres  qu'il  a  ciÏM% 
manque  à  sa  haute  vocation;  il  se  rétign 
de  prime  abord  à  ne  |>as  marcher  A 
pair  avec  les  maîtres  de  la  scène.  UËdipi 
est  pur  et  grand,  malgré  son  inœrti} 
Hugo  (ro/.  Muii.R  la  /  et  Jaromir  (le  < 
nier  rejeton  de  l'Aïeule  ;  ne  sont  que 
êtres  sans  vigueur  qui,  dans  toute 
constance,  se  seraient  abandonnée  à  II 
dérive  de  leurs  mauvais  penchants. 

Mai!*,  alMtraction  laite  de  ce  falalîiai 
un  |)eu  brutal,  il  règne  dans  cette  biaM 
tragédie  de  V Ahnirau  un  esprit  telU 
original  que,  si  M.  Grillpar/.ern*eût 
duit  que  cette  seule  pièce,  il  occupeni 
déjà  une  place  reman|uable  parmi  Ifl 
auteurs  dramatiques.  On  «lirait  qu*U  i 
puisé  son  inspiration  ni^Méri^use  «Imi 
(pielque  >ieu\  ehûteiiudelabrédela  lIoB* 
grie,  par  une  louj^ue  et  triste  nuit  «l'hiver. 
Tout  ce  t)ue  la  «*ro\ance  aux  \isioos  il 
aux  revenants  |M*ut  inspirer  de  malala 
ctd'en'roi  s'y  trouve  condeii>é^  Tappari* 


Gftl  (1 

enle  coupable,  obligée  d*i8- 
lates  de  sa  race  en  expiation 
pertonoelle,  est  à  chaque 
par  des  ressorts  si  habiles  que 
lépalcre  sVmpare,  quoi  qu'il 
xctateur  incrédule  ;  que  ses 
peut  sous  rimpression  d'un 
trange,  et  que  sa  poitrine, 
ar  un  cauchemar  inconnu, 
nénie  terreur  que  celle  dont 
g:es  de  la  scène  sont  agités. 
ui  pju-oten  1818)  joue  dans 
■ot  difTérent.  Les  passions  s'y 
.  comme  il  couTient  à  ce  sujet 
iU  milieu  des  fleurs;  on  dirait 
r,  d^un  seul  bond,  a  touIu 
ténèbres    superstitieuses  du 

la  clarté  du  soleil  de  Grèce; 
sentimentalité  moderne  qu'il 
personnages  désoriente  tant 
justiâe  la  critique  sévère  qui 
ae  M.  Grillparzer  n'est  point 
liter  les  sujets  antiques.  Tou- 
A  trilogie  de  la  Toison  d* Or j 
xoîs  pièces  distinctes  :  tHâie^ 
%tes  et  Méfiée^  il  règne  par- 
um  de  véritable  hellénisme, 
lisième  partie,  les  situations 
lissant  intérêt,  et  le  contraste 
et  de  Médée,  de  la  femme 
ie  la  femme  barbare,  esc  ha- 
icé.  Nous  ne  citerons  qu'en 
ène  où  Médée  essaie  en  vain 
-  à  jouer  de  la  lyre,  espérant 
et  art,  où  sa  ri^e  excelle,  le 
;rat  Jason. 

n  if  or  avait  paru  en  1832  : 
Grillparzer  se  montra  au  pu- 
irrain  de  l'histoire  nationale. 
^Ottokary  roi  de  Bohême ^ 
Niveau  r6té  de  ce  beau  ta- 

cette  ibb  par  le  plus  noble 
ir  patriotisme  ;  et  l'on  pou- 
que,  fouillant  désormais  dans 
ie  son  pays,  le  jeune  poète 
au  théitre  de  nombreuses 
productions.  Jusqu'à  ce  joar 
nce  n'a  pas  été  réalisée.  Le 
tear  de  son  maure,  pro- 
runtée  à  l'histoire  de  la  Hon- 
agues  de  la  mer  et  de  l'a- 
)  retracent  la  touchante  his- 
•  et  de  Léandre,  mais  n'ont 
icoup  plus  d'effet.  En  revan- 


es  )  Cm 

che,  la  dernière  de  ses  prodactionS)  tê 
rêve  y  c'est  ht  vie  y  a  été  accueillie  ateô 
faveur  *  :  c^est  la  contre-partie  de  la  U^ 
meuse  pièce  de  Calderon,  la  Plda  un 
suetio.  Le  poète  allemand  y  parcourt, 
en  vrai  psychologue,  les  mystérieuses  ré- 
gions des  songes;  c'est  un  tableau  de  fan- 
taisie traité  de  main  de  maître. 

M.  Grillparzer  a  publié,  dans  l'alma- 
nach  des  muses  intitulé  Jglajay  des  vers 
lyriques  très  dbtingués  ;  nous  nous  bor- 
nons à  citer  les  Adietucà  Gastein,  la  Mati- 
née après  une  tempête;  les  ruines  d  u  Cam- 
pa Faccino  à  Rome.  Une  douce  mélan- 
colie règne  dans  ces  productions,  comme 
dans  la  physionomie  du  poète.     L.  S. 

GRIMACIER.  Que  chez  un  homme 
en  proie  à  l'étonnement ,  à  la  crainte  ou 
à  la  douleur,  les  muscles  du  visage  se  con- 
tractent, que  les  rides  de  la  peau  se  creu- 
sent et  se  dessinent  d^une  manière  comi  - 
que,  pénible  ou  effrayante  à  voir,  cet 
homme  fait  une  grimace;  mais  si,  par 
affectation,  dans  le  but  de  se  faire  re- 
marquer, il  compose  ses  traits  et  en 
change  à  plaisir  l'expression,  c'est  un 
grimacier.  Quelques  personnes,  croyant 
par  là  plaire  et  se  rendre  plus  agréables , 
contractent  l'habitude  de  faire  ainsi  men- 
tir leur  figure;  mais  il  est  rare  que  la 
nature  et  la  vérité  perdent  leurs  droits , 
et  la  plupart  ne  tardent  pas  à  se  repentir 
d'une  sorte  de  tic  qui  les  signale  à  la  risée. 

A  défaut  d'autres  moyens,  sans  doute, 
des  individus  se  sont  fait  une  ressource 
de  la  facilité  qu'ils  avaient  à  décompo- 
ser les  traits  de  leur  visage.  A  Paris,  on 
peut  se  rappeler  le  grimacier  de  Tivoli, 
qui,  pendant  plusieurs  étés,  attira  les 
curieux  dans  ce  jardin  par  ses  contor- 
sions ridicules,  pleurant  d'un  œil  et  riant 
de  l'autre ,  tandb  qu'il  chantait  la  chan- 
son burlesque  de  la  Bourbonnaise,  Mais 
le  rire  passager  qu'excite  parfois  un  hi- 
deux bouleversement  de  la  physionomie 
n'est  pas   un  rire  de  bon  aloi.  Sur  les 
planches  comme  dans  le  monde  ,  la  qua- 
lification de  grimacier  sera  toujours  une 
assez  mauvaise  recommandation.  Au  théâ- 
tre, on  flétrit  justement  de  ce  nom  l'ac- 
teur qui  cherche  dans  des  contorsions  bi- 
zarres, dans  des  expressions  exagérées,  de 

(*)  U  «B  a  para  enrore   aae  plus  rechute  : 
Malheur  am  mmteuri  comédie  ^n  5  avtt»,  iSl^O^ 


tint 


(164) 


ont 


faux  ^  indignes  éléments  de  &ucces.  V.  R. 
*  CRIMALDI  (famille  des).  Tune 
d^  quatre  de  la  haute  noblesse  de  Gènes 
hojr,  ce  nom  et  Docks  ).  En  possession, 
depuis  980y  de  la  seigneurie  de  Monaco% 
qui  fut  élevée  plus  tard  au  rang  de  princi- 
pauté, elle  joua  toujours,  comme  les  Fies- 
chi  (vox»)  9  dans  Thistoire  de  Gènes,  un 
grand  rôle  ,  surtout  pendant  la  lutte  des 
Gibelins  et  des  Guelfes;  c*est  au  der- 
nier parti  qu^appartenaient  les  deux 
familles.  De  riches  propriétés  dans  le 
royaume  de  Naplts,  en  France  et  en 
Italie,  augmentèrent  Tinfluencedes  Gri- 
maldi ,  et  plusieurs  hommes  célèbres  sor- 
tirent de  leur  sein. 

Raimoud  Grimaldi  fut  le  premier  Gé- 
nois qui  fit  flotter  le  pavillon  de  la  répu- 
blique au-delà  du  détroit  de  Gibraltar. 
Dans  une  guerre  de  Philippe -le -Bel 
avec  les  Flamands  (  1304),  Grimaldi,  à 
la  tête  de  seize  galères  génoises  et  de 
vingt  vaisseaux  français ,  fit  voile  vers  la 
Zélande,  où  il  battit  et  fit  prisonnier  le 
comte  Gui  de  Flandre ,  qui  commandait 
la  flotte  ennemie ,  forte  d^nviron  quatre- 
vingts  oavires. 

Antottio  Grimaldi,  autre  marin  dis- 
tingué, vécut  dans  la  première  moitié  du 
xiv^  siècle.  Les  Catalans  avaient  agi  hosti- 
lement contre  Gênes,  qui,  par  ses  dis- 
sensions intérieures,  se  trouvait  inca- 
pable de  venger  cette  insulte.  Mais  un 
moment  plus  opportun  étant  venu ,  An- 
tonio reçut  le  commandement  de  la  flotte, 
ravagea  les  côtes  de  la  Catalogne,  et  battit 
une  flotte  aragonaise  de  quarante-deux 
vaisseaux.  A  son  tour,  vingt- un  ans  plus 
Urd,  le  39  août  1358,  il  fut  battu  par 
les  Vénitiens  et  les  Catalans  coalisés  sous 
la  conduite  de  Nicolas  Pisani;  il  échappa 
avec  dix-sept  vaisseaux,  et  les  Génois 

(*)  Le  pnoc«  actoel  de  Monaco  (vo/.),pair  de 
France  et  dar  deValeotino»  («of .),  porte  encore 
le  BOB  de  Grimaldi  ;  mais  la  Ugne  matculioe  à  qoi 
ce  nom  appartenait  •*ett  éteinte,  en  I73i,dant 
la  pertoone  d*ADtoioe,prinee  de  Monaco.  L*bé- 
ritière  d'Antoine  Grimaldi,  Lonise-Hippolyte , 
dncbeatede  Valentiooit,  arait  é|>oaié,  en  I7i5, 
François  de  Matignon,  comte  de  Tborigni ,  que 
ce  mariage  mit  en  pouetiion  de  la  principauté, 
de  la  pairie  française  et  dn  titre  de  dnc  de  Va* 
lentioob.  Arec  ce  titre,  il  t'enfçagea  à  prendre 
le  nom  et  lc«  arroct  de  la  famille,  «•  êén*  pooToir, 
lui  ni  «et  detcrntlanti,  ajouter  ancnn  .lutrr  nom 
a  celui  de  Grimaldi,  ni  prendre  d'autres  ar- 
mt3.  •  1-  U'  i>- 


furent  obligés  de  se  soumettre  âu 

rain  de  Milan,  Jean  Visconti, 

un  protecteur  contre  Venise.  t 

Giovanni  se  rendit  célèbre  par  hkA 
toire  qu'il  remporta,  le  23  mai  14 tl^ 
Nicolas  Trevisani.  La  rencontre 
lieu  sur  le  Pô,  et  Tamiral  véiiiti 
battu  quoique  Carmagnola ,  le 
meux  général  de  ce  temps,  m  tvgÉ 
aux  bords  de  ce  fleuve  avec  une  fonp 
posante  prête  à  l'assister.  Par  wam  4 
nceuvre  heureuse  ,  Grimaldi  ooofll 
flotte  vénitienne  du  rivage  où  GhI| 
gnola  était  posté,  à  trois. milles  ttt 
sous  de  Crémone;  et  il  panrmty  fl| 
seulement  à  mettre  les  ennemb  «■  ;'J 
route ,  mais  à  leur  enlever  viog;!^ 
galères  et  quarante-deux  bâtîi 
transport  avec  un  butin  immente. 

DoMiNiQUF.,  mort  en  1593, 
archevêque  et  vice-légat  d'Avignoi^  4 
chargé,  avant  d'être  revêtu  de  cet  4 
nentes  dignités ,  sous  Pie  V,  de  la 
surveillance  des  galères  de  FÈtat 
Il  assista,  en  1571,  étant  déjà  é 
la  bataille  navale  de  Lépante,  où 
distingua  par  son  courage.  Son 
CiKROîfiMo,  né  en  1597,  fut  no 
Tâge  de  vingt-huit  ans,  vire-légat 
Romagne  el  ensuite  évoque  d*Alb^««^ 
gouverneur  de  Rome.  Urbain  VfU  m 
voya  comme  nonce  en  Allemagne  Itl 
France ,  et  les  bons  offices  qu'il  y  rirf 
à  la  cour  de  Rome  lui  valurent,  en  Ifj 
le  chapeau  de  cardinal.  Par  nmimil 
sance,  Geroniroo  protégea  la  famille df^ 
bain  après  sa  mort ,  ce  qui  lui  attii^ 
colère  du  pape  Innocent  X.  Taal  d 
vécut,  ce  pontife  refusa  de  signer  la  Ifl 
par  laquelle  Geronimo  avait  été 
archevêque  d'Aix.  Ce  ne  fut  que 
successeur  (  1655),  Alexandre  MI,  ^ 
le  cardinal  Grimaldi  put  entrer 
nouvelle  charge,  où  il  s'eflbrra  de 
ger  les  mœurs  des  prêtres  qui  lui 
subordonnés.  Il  fonda  aussi  k  Aix  m  t 
minaire  pour  des  ecclésiastiques  il 
hôpital  pour  les  pauvres.  NoMM^f 
tard  doyen  du  sao^  collège  à  RoaNÎ 
ne  put  cependant  pas  se  décider  a  fi 
ter  le  diocèse  confié  k  ses  soins,  et  miM 
à  Aix  en  1685.  D'autres  cardinaia 
cette  famille  furent  Niccoix) ,  qui,  wé 
1645,  fut  revêtu,  en   1706,  par  0 


G&l 

a  4b  k  povpre  ronuûney  et  mou- 
,  1717,  laiauit  une  fortane  îm- 
utlGiaosuio,iié  en  1674,  d^a* 
de  U  cour  de  Rome 
dans  les  Pays- 
■MogM,  en  Allemagne^  et  mort 
■ia  1733. 

■ioBs  antres  Grimaldi ,  membres 
K  fanUe  on  qui  portaient  seule- 
l  h  Berne  nom ,  se  sont  distingués 
Ib  Mil  et  dans  les  sciences.  Gia- 
I,  finénteor  du  xri*  sicde,  mort 
BX,a  bien  mérité  des  lettres,  com- 
des  archires  de  Féglise  de 

!,  par  Tordre  qa*il  mit  dans 

de  cette  précieuse  collection, 
naa  à  interpréter  par  des  no- 
ies inscriptioni  antiques 

aoQsPanlV. 
màsn-YmASicxscOy  mort  en  1680, 
■K  fépofatiim  comme  peintre,  ar- 
M  et  grarenr;  il  fut  surnommé  il 
r,  parce  qu^il  aTait  tu  le  jour  à 
Dans  la  peinture ,  il  avait  pris 
leCorrége;  il  traTailla  aussi 

ips  avec  TAlbane.  Appelé  à 
par  le  cardinal  Mazarin ,  il  peignit 
■s  fresques  dans  le  Louvre.  Il  n^ac- 
is  moins  de  réputation  comme  ar- 
ie,  et  ses  oeuvres  au  burin  sont  très 
cWcs.  Innocent  X  le  chargea  des 
eots  des  fresques  au  Vatican  et  dans 
À&  Quirinal.  On  trouve  plusieurs  de 
îUenrs  tableaux  dans  Téglise  Santa- 
•del-Moote ,  à  Rome. 
iScois-MAmiE  Grimaldi ,  né  à  Bo- 
en  1613,  mort  en  1663,  se  fit  je- 
1  se  distingua  comme  matbémati* 
Q  publia  entre  autres  Touvrage  in- 
:  Pkrsico^maUtesis  de  iumincy 
but  et  ùidej  nliisqtie  annexés  (Bo- 
,  166^,  2  voL  in-4®),  que  Newton 
our  base  dans  son  Traité  sur  la  lu^ 

9 

*m 

Ascois,  profiaseur  au  collège  des 
es,  mort  en  1738,  acquit  du  re« 
mr  plusieurs  poésies  bucoliques  et 
atiqûes.  PiEaas,  aussi  jésuite,  fut 
CBps  missionnaire  dans  les  Indes- 
Maies.  On  a  dit  qu*à  son  retour 
Mpe  il  découvrit  une  macbine 
lie  de  laquelle  il  traversa  dans 
I  et  dans  Tespace  d'une  heure,  la 
■eeqoi  sépare  Calais  de  Douvres^ 


(  16i  )  GRI 

mais    ce   récit  est   fortement  coMesté. 

CoNSTAirrnf,  né  en  1667,  à  Na|Aes, 
mort  en  1750,  fut  jurisconsulte  ;  nuis  il 
se  fit  principalement  remarquer  par  s>% 
connaissances  en  histoire,  en  médecine 
et  en  théologie.  On  le  connaît  surtout  par 
sa  dispute  avec  les  bénédictins,  dont  il  re» 
poussa,  dans  une  réplique  amère,  les  at* 
taques  contre  Deicartes. 

Enfin  FaAircEsco-AifTOKio  Grimaldi , 
mort  à  Piaples  en  1784,  donna  plusieurs 
ouvrages  historiques  sur  cette  rille  et  sur 
la  constitution  du  royaume.  C  X. 

Deux  membres  de  la  famille  Grimaldi 
sont  morts  en  1830 ,  Pun  était  contre* 
amiral ,  et  Tautre  (  Joseph-Maaik  ,  né  à 
Montcallier,dans  le  Piémont,en  175  3),qui 
parait  avoir  appartenu  à  l'antique  famille 
génoise,  était  archevêque  de  Verceil  en 
Piémont.  Le  premier,  connu  sotu  le  nom 
de  chevalier  Grimaldi ,  ne  doit  pas  être 
confondu  avec  cet  autre  chevalier  Gri- 
maldi qui,  élu  en  1 799  adjudant  général 
de  la  garde  nationale  de  Naples,  soutint 
les  droits  de  ses  concitoyens  contre  le 
gouvernement  royal  {voy.  Ruffo)  et  de- 
vint Tun  des  martyrs  de  cette  cause.  X. 

GRIME.  Ajouter  à  l'expression  des 
traits  du  visage,  ou  la  modifier  par  l'ap- 
plication de  couleurs  disposées  d'après 
certaines  règles,  c'est  ce  qu'on  appelle  au 
théâtre  se  grimer.  Ainsi,  dans  son  ac- 
ception la  plus  étendue,  ce  mot  doit  s'en- 
tendre de  l'emploi  du  rouge  et  de  laoéruse 
{voy.  Fakd)  que  les  acteurs  se  mettent  sur 
la  figure  pour  donner  à  leur  teint  de  l'éclat 
et  de  la  blancheur,  et  sans  lesqueb  leur 
peau  paraîtrait,  à  la  lumière,  horrible- 
ment pâle  et  liride.  Ils  en  réservent  plus 
particulièrement  Tusage  pour  les  cas  où 
il  s'agit  de  se  composer  un  véritable  mas- 
que, mais  un  masque  mobile  et  expressif, 
au  lieu  du  masque  invariable  des  acteurs 
de  l'antiquité.  Est-il  besoin  de  représenter 
un  guerrier  à  l'air  farouche,  un  hypocrite 
aux  joues  maigres,  un  imbécile  à  la  face 
épanouie,  une  duègne  à  la  physionomie 
revèche,  un  vieillard  à  la  tête  vénérable, 
c^est  alors  qu'il  faut  avoir  recours  à  la 
grime.  Un  peu  de  rouge,  de  blanc,  d'en- 
cre deChine,  de  terre  d'ombre  ou  de  liège 
brûlé,  une  estompe,  une  longue  aiguilla 
noircie  à  la  fumée  d'une  bougie,  suffisent 
aune  main  exercée  pour  opérer  toutes  o^ 


GlU  (  1 

méumorplMiics  ;  arquer  uo  Morcil,  fendre 
un  «il,  creuser  ou  arrondir  une  joue , 
cootourner  une  bouche ,  fleurir  une 
oreille,  allonger  et  grossir  un  nez,  y  pla- 
cer une  verrue,  ouvrir  une  cicatrice,  tout 
cela  est  Taflaire  de  quelques  coups  de 
pinceau.  Mais  il  faut  savoir  les  donner  : 
ce  n'est  qu*en  étudiant  bien  i'anatomie 
du  visage  que  Ton  peut  y  parvenir  ;  sans 
cette  connaissance,  on  ne  se  rend  ni  vieux, 
ni  jeune,  ni  terrible,  ni  comique  :  on  se 
barbouille,  on  est  hideux,  on  est  grotes- 
que. On  voit  que  le  talent  de  se  grimer 
n*cst  pas  la  partie  la  moins  importante 
de  Fart  du  comédien.  Potier,  de  si  amu- 
sante mémoire,  mettait  à  se  grimer  un  soin 
qui  n*a  pas  peu  contribué  à  ses  nombreux 
succès.  De  nos  jours ,  Bouffé,  cet  excel- 
lent comédien  j  passe  pour  celui  de  tous 
nos  artistes  qui  s'occupe  le  plus  de  cette 
étude  et  qui  y  réussit  le  mieux. 

Les  rôles  de  vieillards  ridicules  ou  co- 
miques étant  ceux  dans  lesquels  il  est  le 
pliu  souvent  nécessaire  de  se  faire  un 
masque,  ont  pris  de  cette  circonstance  le 
nom  de  grimes;  Arnolphe,  Sganarelle, 
Mondor ,  Bartbolo ,  sont  des  rôles  de 
grimes.  Molière  remplissait  cet  emploi, 
dans  lequel  Grandmesnil  s'est  depuis  il- 
lustré. V.  R. 

GRIMM  (FmKDÉaic-MELCBioa,  ba- 
ron de),  né  à  Ratisbonne  le  25  décem- 
bre 1738%  est  un  exemple  remarquable 
de  la  puissance  des  lettres  au  xviii*  siècle. 
Fils  de  parents  pauvres ,  après  avoir  fait 
enAllemagne  des  études  solides,  il  accom- 
pagna en  France,  comme  gouverneur,  le 
fib  du  comte  de  Scbœnberg,  ministre  du 
roi  de  Pologne  près  lecabinet  de  Versailles. 
Il  se  lia  avec  les  encyclopédistes,  et  devint 
le  critique  le  plus  original  de  son  temps. 
Ses  relations  littéraires  le  conduisirent  à 
jouer  un  rôle  diplomatique,  et  il  mourut 
avec  la  qualité  de  conseiller  d*état  au  ser- 
vice de  la  Russie.  Ajoutons,  pour  ne  rien 
oublier,  qu'il  avait  reçu  le  titre  de  baron. 
Peu  après  son  arrivée  à  Paris ,  il  fut 
attaché  au  prince  héréditaire  de  Saxe- 
Gotha  en  qualité  de  lecteur,  «  en  atten- 
«  dant  quelque  place  dont  son  très  mince 
«  équipage  annon<^ait  le  pressant  besoin,  » 
à'a  Rousseau ,  qui  le  rencontra  et  le  lia 

\*)  La  C.  L.  ^oane  la  date  du  26  septcabrc. 


66)  GRI 

avec  lui  vers  cette  époque  (  1 
seau  le  mit  en  rapport  a' 
D'Alembert,  Raynal,  le  baro 
M*"*  d'Épinay  et  autres  per» 
guées  par  leur  esprit  ou  par 
sociale.  Enfin,  le  comte  de 
veu  du  maréchal  de  Saxe,  se 
pour  Grimm  et  en  fit  son  sec 
des  appointements  qui  le  mi 
de  pourvoir  aux  dépenses 
toujours  la  fréquentation  di 
de.  L'arrivée  des  bouflbns 
italiens  à  Paris,  en  1752,  i 
une  guerre  de  plume  des  plu 
les  partisans  de  la  musique 
ceux  de  la  musique  italien n 
fit  la  réputation  d'homme  d 
publication  du  Pciii  proph 
mischbrtida  (]753>,  qui  coi 
cule  les  champions  de  la  mi 
nale,  pendant  que  Rousseai 
par  la  Lettre  sur  la  musiqi. 
Voltaire,  qui  savait  goûter  I; 
sauterie,  apprécia  la  gai  té 
Petit  prophète,  et  il  écrivait  c! 
«  De  quoi  s'avise  donc  ce  Bo 
«  voir  plus  d'esprit  ({ue  nou.' 
C'est  à  cette  épo(|ue  que 
nal  lui  céda  sa  correspondai 
avec  quelques  cours  du  nor 
de  l'Allemagne,  qu'il  suivait 
ques  années  avec  négligenrt 
respondance  est  devenue  le 
commande  Grimm  à  la  pc 
comprend  de  1753  k  1790, 
celte  riche  moitié  du  xvii 
préludait  avec  une  ferment 
à  la  Révolution  franraÎM*.  I 
publia  les  premiers  volume* 
on  fut  frappé  de  la  nou\r 
gemcnts  et  de  rindé)>endan 
side  à  la  critique;  on  y  (roi 
bien  autrement  libre,  bien  ai 
gagé  de  préjugés  que  dans  1 
Marmontel.  Les  divers  sou^ 
quels  Grimm  adressait  sa  cor 
étaient  le  duc  de  Sa\e-Goth 
trice  de  Russie,  la  reine  de  ! 
de  Pologne,  le  duc  de  Deu: 

(*)  r^tte  CamtpùmdmHeê  l^ttira 
qmê  êi  erùtqut,  puliliee  d'aliurd  i 
oa  |»ar  lection*,  daat  ruriirc  i* 
forme  16  volara»  ia-S*  dau»  Téd 
ft  i5  «ol.  daas  cellf  df  1819. 


GM 


(167) 


GM 


Whédluûedc  Hesie-Darastadt) 
George  de  Hcase-DarmsUdt,  la 
îdeNanta-Saarbnick.  Oo  ajoute 
kGtîibid,  aTantd^adresser  à  ces 
Va  lettres  dans  lesquelles  il  leur 
fMptedes  DouTeautés  littéraires 
Fruce,  eo  faisait  faire  quelques 
<i  ùtear  des  particuliers  assex 
••Bw  curieux  pour  lui  payer  un 
■at  de  trob  cents  francs.  Entre 
refliboratears  qui  Taidaient  dans 
li,  M  dte  Diderot  et  Fabbé  Rav- 
it poor  lui  que  le  premier  écrivit 
m. 

correspondance,  les  liaisons  de 
tvec  les  principaux  rédacteurs  de 
f^ie,  et  Part  qu'il  eut  de  s'insi- 
I  le  irand  monde ,  le  conduis!- 
'épatttion  et  à  la  fortune.  Tout 
01  U  société  des  gens  de  lettres 
les,  il  rechercha  aussi  la  haute 
s  exemples  ne  manquaient  pas 
p8  pour  lui  apprendre  que  les 
it  un  des  plus  sûrs  moyens  de 
il  ne  négligea  rien  pour  leur 
soin  extrême  quUI  prenait  de 
i  et  la  recherche  de  sa  toilette 
qu*à  mettre  du  blanc  de  ce- 
*  creux  de  ses  joues  pour  dis- 
rides. Ses  amis  Favaient  sur- 
run-le^BlanCy  par  allusion  à 
tterie  et  à  son  caractère  opi- 
aTrnture  avec  M"«  Fel,  pour 
ivait  conçu  une  vive  passion , 
me  sorte  de  vogue.  Rousseau 
15  SCS  Confessions  y  queGr  imm, 
ir  cette  chanteuse ,  tomba  de 
ians  une  étrange  maladie  :  il 
ours  et  les  nuits  dans  une  lé- 
itînnelle  ,  les  yeux  ouverts , 
irler,  sans  manger,  sans  bon- 
an  beau  matin,  il  se  leva, 
reprit  son  train  de  vie  ordi- 
le  fit  passer  parmi  les  femmes 
3dèle  d*amour  passionné. 
re  aventure  attira  sur  lui  les 
■Tait  été  introduit  par  Rous- 
[«e  j'Fpjnay  :  il  parvint  à  lui 
»attit  pour  elle,  et  supplanta 
ai  la  consolait  des  torts  de  son 
it  même  par  la  brouiller  avec 

L  il  sut  s'ouvrir  la  carrière  de 
tie    en  décidant   la  ville  de 


Francfort  à  le  charger  de  la  repréHatei^ 
auprès  de  la  cour  de  Versailles.  Mais  tne 
dépêche  dans  laquelle  Grimm  avait  lai^ 
échapper  une  plaisanterie  contre  un  mu 
nistre  de  Louis  XV  ayant  été  ouverte  t 
la  poste,  on  exigea  de  la  ville  libre  qu'elle 
choisit  un  autre  chargé  d'affaires.  Alors 
il  fit  un  voyage  en  Allemagne  et  en 
Russie  (1777).  H  obtint  de  la  cour  de 
Vienne  le  diplôme  de  baron  du  Saint- 
Empire,  qui  lui  valut  les  épigrammes  de 
Galiani  ;  Catherine  II  lui  donna  le  titre 
de  conseiller  d'état  et  la  grand'croix  de 
deuxième  classe  de  Saint-Vladimir.  Enfin 
le  duc  de  Saxe-Gotha  le  nomma  son  mi- 
nbtre  plénipotentiaire  près  le  cabinet  de 
Versailles.  Pendant  la  Révolution,  Grimm 
quitta  Paris  avec  les  autres  membres  du 
corps  diplomatique  et  se  retira  à  la  cour 
de  Gotha.  En  1795,  Catherine  le  nomma 
son  ministre  près  des  états  du  Cercle  de 
Basse-Saxe;  il  fut  maintenu  dans  ce  poste 
par  Paul  I*'.  Après  une  maladie,  il  perdit 
un  œil,  et  se  retira  de  nouveau  à  Gotha, 
où  il  mourut  le  19  décembre  1807,  âgé 
de  84  ans. 

Le  baron  de  Grimm  a  laissé  la  réputa- 
tion d'un  homme  de  beaucoup  d'esprit , 
d'un  écrivain  piquant  et  original.  Mais  ce 
que  Rousseau  nous  a  transmb  de  son  ca* 
ractère  le  montre  comme  un  homme  per- 
sonnel, égoïste  et  consommé  dans  l'art  de 
l'intrigue.  A-d. 

GRIMM  (les  F&inEs),  nom  de  deux 
célèbres  philologues  allemands,  dont  le 
touchant  accord  de  principes  et  de  tra- 
vaux semble  encore  rehausser  le  mérite 
littéraire. 

L'ainé,  Jacques-Louis  Grimm ,  né  à 
Hanau  le  4  janvier  1785,  étudia  succes- 
sivement à  Cassel  et  à  Marbourg ,  et  en 
1805  à  Paris,  où  l'appelait  son  maître, 
le  célèbre  jurisconsulte  de  Savigny,  qu'il 
aida  dans  les  recherches  auxquelles  il  se 
livrait.  Placé  ensuite  au  collée  militaire 
de  Hesse,  il  fut  nommé  en  1808,  après 
la  fondation  du  royaume  de  Westphalie, 
bibliothécaire  du  roi  au  château  deWil- 
helmshœhe.  Ces  fonctions,  et  celles  d'au- 
diteur au  conseil  d'état  qu'il  y  joignit 
bientôt,  lui  laissèrent  néanmoins  tout  le 
loisir  nécessaire  pour  se  livrer  à  son  étude 
favorite,  celle  du  droit  et  de  la  littéra' 
ture  allemande  du  moyen-âge.  D  coia* 


GRI 


(168) 


GBI 


menfft  alors  à  publier^  de  concert  avec 
•oo  frère  Guillauniey  les  Contes  d'en- 
foMis  et  des  f amitiés  (Kinder  und  Haus^ 
nœrchen^  8  toI.,  Berlin,  1813-18),  et  les 
Forêts  tudesques{AUdeutscheH^œUier^ 
Cassely  8  toI.,  1813-16).  Au  retour  de 
Télecteur  de  Uesse^en  1814,  il  fut  chargé, 
avec  le  bibliothécaire  Vœlkel,  de  réclamer 
à  Paris  les  trésors  littéraires  appartenant 
au  gouvernement  hessois,  ce  qu'il  fit  avec 
tant  de  discernement  et  de  succès  que 
bientôt  après,  en  1815,  la  Prusse  le  char- 
gea d*une  mission  semblable.  Nommé  en- 
fin, en  1816,  second  bibliothécaire  de 
la  ville  de  Cassel ,  il  n*a  cessé  depuis  ce 
temps  de  se  livrer  exclusivement  à  Tétude 
approfondie  du  moyen«àge.  Il  avait  fait 
paraître  dès  1815,  à  Vienne,  un  roman- 
cero espagnol  sous  le  titre  de  Siha  de 
romances  viejos^  et  bientôt  après  les 
Légendes  allemandes  (Deutsche  Sagen^ 
Berlin,  1816-18,  3  vol.).  Mais  toutes  les 
facultés  de  son  esprit,  toutes  les  ressources 
d'une  érudition  immense,  jointes  à  un 
tact  exquis  et  à  un  jugement  supérieur , 
se  trouvent  réunis  dans  son  grand  ou- 
vrage, la  Grammaire  germanique  (Deut» 
schc  GrammatiA,  Gœttingue,  1 818-3 1 , 
3  vol.),  répertoire  admirable  et  complet 
de  tous  les  mots  usités,  depub  les  temps 
les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours,  dans 
tous  les  dialectes  qui  composent  la  vaste 
famille  germanique.  Ainsi  le  gothique,  le 
tudesque,  le  saxon,  le  frison,  Tangle,  le 
norvégien  primitifs,  les  mêmes  dialectes 
tous  leur  forme  transitoire,  et  enfin  TaU 
Icmand,  le  néerlandais,  l'anglais,  le  sué- 
dois et  le  danois  modernes,  jont  analysés 
et  expliqués  en  entier  dans  cet  ouvrage  , 
en  tableaux  comparatifs  et  parallèles  qui 
montrent  la  filiation  du  même  mot  à  tra- 
vers les  temps  et  Tespace,  dans  toutes  les 
ramifications  de  la  même  souche,  en  in- 
diquant ses  rapports  avec  les  langues  du 
reste  de  TEurope.  L'alphabet,  le  vocabu- 
laire et  la  grammaire  sont  successivement 
passés  en  revue  dans  toutes  les  subdivi- 
sions des  noms,  des  verbes  et  des  parti- 
cules, sans  que  la  main  habile  et  ferme 
qui  a  construit  cet  édifice  immense  laisse 
échapper  un  instant  le  flambeau  qui  doit 
en  éclairer  toutes  les  parties.  Jamab  ex- 
flication  plus  complète,  plus  conscien- 
cieuse et  plus  logique  n'avait  été  donnée , 


non*seulementde  l'allema 
cune  autre  langue  existante 
Grimm  s'est  ainsi  élevé  d'u 
premier  rang  des  philologi 
pe.  Cette  place  éminente 
dans  l'estime  et  dans  l'adi 
raies ,  il  n'a  cessé  de  s'en 
par  la  continuation  de  ses 
ches,  au  nombre  desquelles 
ter  ses  Monuments  du  D 
(Deutsche  RechUalterthi 
1 828),  et  sa  Collection  d'h 
(Hjrmnorum  XXVI  interp 
ca,Gœtt.,  1 830).  Peu  de  tei 
dernière  publication,  un  < 
position  survenu  après  la 
mier  bibliothécaire  Vœlkc 
Grimm  à  quitter  (1830) 
occupait  à  Cassel,  pour  ac 
de  bibliothécaire  et  de  prc 
tingue.  Depuis  cette  épo<] 
illégale  de  la  constitutioi 
(voy,)  amena  pour  lui  ui 
placement,  fruit  honorai 
d'honnête  homme  qui  lu 
gner,  ainsi  qu'à  son  frère  c 
professeurs  de  Tuniversiti 
tion  du  18  novembre  1 
qu'ayant  refusé  de  prêter 
constitution  de  1819,  r^ 
coup  d'état,  et  de  prendn 
tion  nouvelle  que  runivcn 
en  vertu  de  cette  loi  abr 
sept  reçurent  leur  démissi 
Grimm  quittèrent  ainsi  i 
ils  vivent  maintenant  reti 
à  Leipzig,  où  ils  contiuucn 
littéraires. 

Guillaume  -  Cuables 
du  précédent,  né  le  4  f 
Hanau,  étudia  égalemen 
Marbourg,  jusqu'au  momc 
ladie  grave  l'astreignit  à  i 
Toutefois  l'activité  de  son 
même  sa  convalescence,  ei 
avait  publié  à  lleidelbcr 
d'anciens  poëmcs  danois 
Heldenliedcr).  Uni  de  c 
frère  dont  Tamitic  adoucit 
ces,  il  fit  paraître  ensuite,  c 
lui,  les  Contes  d'enfantt^ 
desqueSy  les  Lt'gendrs  allt 
le  moindre  mérite  a  été  i 
Allemagne  un  profond  scn 


il.  n 

m 


'4» 


Rmi  l814,Mcrétairede 

bUUàfK  de  uasael ,  il  eomposann 

hRunes  {Uiber  deiUsche  Ru* 

ktt.,  1831),  et  Induisit  ensuite 

Grimn  un  excellent  recueil 

hB>ifiniqiittirUn<Uis(/mc^eJgye/i- 

MBlfli,LdpL,1836).  En  1830,  ilsui- 

^— WttàGœttinyie,  arec  le  titre  de 

JB^ttioihécure  et  de  professeur,  après 

■'Nié  kqI  différenU  ouvra^  re- 

ie  curieox    fragment   du 

Bidolf  (  Grave  Ruodolf^  GœtL, 

(J^ctcdoido Combat  de  Hildebrand 

a^^iiéniuio  fragmenUun^  GœtL, 
!^  cisiiioat  le  L^^daire  héroïque 
^ifai^  (Deuisehe  Heldensage^ 
''^ '029), ouvrage  plein  d^érudition  et 
"Nt-  M.  Guillaume  Grimm  a  su  prou- 
^Avone occasion  récente,  en  1888, 
(^  fêmoar  de  la  patrie  allemande  est 
k^  une  réalité ,  et,  sacrifiant  tous 
%«ao(age5  extérieurs  à  une  conviction 
et  êdairée,  il  a  quitté  Gœttingue 
Ldpngy  où  son  firère  a  voulu  le 

F.  G.  E. 
OUMOD  DE  LA  REYNIÈRE 
(AuxAinimE- Balte AZAa-LAuaEirr),  né 
h  39  septembre  1 758.  Foy.  la  deuxième 
■Ole  de  rarticle  Ehteées  et  la  fin  de  Par- 
licle  GoumMAiTDisF..  S. 

GEIMOIRE,  livre  magique,  espèce 
de  fiMiaalaîre  de  sorcellerie  qui  servait 
à  révocation  des  morts  et  des  esprits 
— liiii  Ce  n'étaient,  comme  on  pense 
bn,  que  des  paroles  vides  de  sens,  des 
fhnKi  dont  la  bizarrerie  faisait  toute 
h  fioffce,  tracées  en  caractères  qui  pas- 
uientpcnr  diaboliques,  et  que  les  impos- 
lean  livrésaux  sciences  de  la  cabale  (yoy. 
^lamAUkM)  marmottaient  d'une  voix 
Morde  et  rauque  pour  produire  leurs 
pRicodos  miracles.  Celui  qui  se  servait 
koire  devait,  quand  le  démon  con- 
motitrait,  lui  jeter  quelque  cbose 
è  la  tête,  sans  quoi  il  courait  risque  d'a- 
voir le  cou  tordu.  On  connaît  trois 
pimoîres  en  français,  tous  aussi  ridicules 
Tan  que  l*antre  :  Le  Grémoire  du  pape 
Bouorims^  avec  un  recueil  des  plus  rares 
,  1870,  in- 16,  obloog,  orné  de 
et  de  cercles;  Les  'véritables  Cla^ 
memies  de  Salomon  à  Memphis^  chez 
JiAecà  rÉgjrptien^  1517,  in-16;  enfin 
Upund  Grimoire  opec  la  grande  cla^ 


(  169  )  GRI 

çieule  de  Salomon  et  la  magie  noîve ,  <m 
les  forces  irtfernales  du  grand  jtgftppa 
pour  découvrir  les  trésors  cachés  et,  se 
faire  obéir  à  tous  les  esprits^  suivis  ie 
tous  les  arts  magiques ^  in- 18,  sansdaie 
ni  nom  de  lieu.  Ces  terribles  petits  vo- 
lumes, aux  phrases  grotesques  et  insi- 
gnifiantes, auxquels  les  esprits  supersti- 
tieux attachèrent  longtemps  une  si  re- 
doutable puissance,  étaient  jadis  tenus 
secrets,  vendus  mystérieusement  à  des  prix 
très  élevés  et  brûlés  dès  qu'on  les  saisis- 
sait. Aujourd'hui ,  le  grimoire  n'effraie 
plus  personne;  on  le  vend  peu;  on  le 
brûle  encore  moins;  et  même  dans  les 
campagnes,   où   les  bergers  conservent 
toujours  une  certaine  réputation  de  sor- 
ciers, le  nombre  des  gens  crédules  qui 
font  parfois  ouvrir  le  grimoire  diminue 
de  jour  en  jour. 

Dans  la  conversation  familière,  on  ap- 
pelle figurément  grimoire  des  discours 
obscurs,  des  écritures  difficiles  à  lire  : 
C'est  du  grimoire  pour  moi;  cette  lettre 
est  un  grimoire  indéchiffrable.      V.  R. 

GRIMPEREAU  {certhia)^  genre 
d'oiseaux  de  l'ordre  des  passereaux,  fa- 
mille des  ténuirostres,  ainsi  nommés  de 
l'habitude  qu'ils  ont  de  grimper  aux  ar- 
bres, en  se  servant  de  leur  queue  comme 
d'un  arc-boutant.  Us  se  dbtinguent  par  la 
courbure  de  leur  bec  des  genres  voisins. 
—  Le  GamPEREAU  d'Europe  est  un  pe- 
tit oiseau  long  de  quatre  pouces  et  demi, 
qui  vit  dans  les  bois  et  dans  les  vergers, 
où  il  se  fait  remarquer  par  la  vivacité 
avec  laquelle  il  grimpe  ou  voltige  d'arbre 
en  arbre;  son  plumage  est  blanchâtre,  ta- 
cheté de  brun  en  dessus,  teint  de  roux 
au  croupion  et  sur  la  queue.  — L'Eche- 

LETTR  ou  GaiMPEKEAU  DE  MURAILLE,  qui 

se  cramponne  le  long  des  murs  à  l'aide 
de  ses  ongles  très  longs,  est  d'un  cendré 
clair,  avec  du  ronge  vif  sur  quelques 
pennes  de  l'aile;  la  gorge  du  mâle  est 
noire.  Il  habite  aussi  l'Europe.  La  plu- 
part des  autres  espèces  sont  exoti- 
ques. C.  S-TE. 

GRIMPEURS  ou  Zygodactixes. 
C'est  le  nom  que  G.  Cuvier  et  plusieurs 
ornithologistes  avec  lui  donnent  à  un  oi^ 
dre  d'oiseaux  caractérisé  par  4  doigts  di- 
visés en  deux  paires,  l'une  antérieuie, 
l'autre  postérieure  (les  toucans,  les  per^ 


/ 


GRI  (1 

roqufûi,  les  pies,  les  coucous,  etc.,  (v.  ces 
mot;)*  Toutes  les  espèces  qui  le  composent 
]i*Y*nt  pas  la  faculté  de  grimper,  la  dé- 
ncmination  de  zygodactyles  (de  Ç-jyôw , 
j«  joins,  oâxrv/oç,  doigt)  semble  mieux 
l»ur  convenir.  Au  reste,  cet  ordre  est  dé- 
membré et  reporté  dans  plusieurs  autres 
par  quel(|ues  naturalistes.         C.  S-tk. 

GRIMSKL,  montagne  des  Alpes  ber- 
noises en  Suisse,  sur  la  limite  du  Valais, 
à  17  lieues  de  Berne  et  à  5  du  Saint- 
Gothard.  Elle  est  granitique  et  toujours 
couverte  de  neige.  Sur  un  col  de  cette 
montagne,  haut  d*environ  fi,400  pieds 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  pa5»e  une 
route  qui  conduit  du  village  valaisan 
d*Obergasteln  dans  la  vallée  bernois  de 
Hasli;  un  peu  au-dessous  de  ce  col,  au- 
près de  deux  petits  lacs  couverts  de  glace 
pendant  la  plus  grande  partie  de  Tannée, 
un  hospitalier  tient  une  auberge,  seule 
habitation  dans  cette  immense  solitude  où 
Tété  est  de  quelques  semaines  et  où  tout 
le  reste  de  Tannée  n'gne  un  froid  glacial. 
Cette  habitation  minit  quelquefois  un 
grand  nombre  de  vr>yag(*urs,  heureux  (Ty 
trouver  un  refuge  contre  Tintempérie  des 
saisons.  Il  y  a  9  lieues  de  descente  depuis 
Thospice  jusqu*au  village  de  Meyriiigen  , 
dans  la  vallée  d' Hasli.  I^  haut  du  Grim- 
sel  ne  présente  que  des  roches  de  granit, 
des  glaciers  et  des  cham|>s  de  neige;  dans 
la  nyion  inférieure, les  botanistes  trouvent 
à  cueillir  de  belles  gentianes  woy.).  En 
trois  heures,  on  |M*ut  monter  de  ThoNpice 
au  Sildelhorn,  pic  élevé  de  8,(>34  pieds, 
d*où  Ton  a  une  vue  magnifique  sur  li>s  Al- 
pes bernoises,  sur  le  \'alais  et  les  glacit^rs 
du  Rhône.  D-n. 

GRIPPE,  affection  catarrhale  ai;;uê 
(fui  s'est  montrée  plusieurs  fois  rians  ces 
derniers  temps  sous  la  forme  dVpidémies 
assez  graves.  Ce  sont  les  voies  aériennes 
qui  se  trouvent  plus  partirulièrement  pri- 
ses dans  «'ette  malatlie.  Outre  le  nom  de 
gripp<*,  elle  a  ret;u  ceux  de  fniiretCy  <le 
roquettr^  iVinfiitenza  ;  et,  à  ses  diverses 
apparitions,  elle  a  pn'tenté  desdltTéi*enees 
assex  maripièes  <lans  sa  manière  dVire. 

Les  cauM's  li>s  plus  ordinaires  de  la 
flippe  paraissent  être  les  alternatives  ra- 
p«les  de  froid  et  de  chaleur  t|u*oii  observe 
dmis  le  printemps ,  mais  qui ,  dans  cer- 
^AÎBes  annéen,  le  montrent  avec  une  ir- 


70  )  GRI 

régularité  remarquable.  Bien  que  en  éplu 
démies  aient  dû  être  très  fréquentes,  «lU 
n'avaient  pas  été  observées  el  lifiiiMI 
avant  le  xvt"  siècle,  où  elles  furent  ooal« 
dérées  par  les  auteurs  comme  constitOHl 
une  maladie  nouvelle ,  et  même  ooaMI 
contagieuses  \ 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  8ympt6met  An- 
vers signalés  par  les  auteurs  et  o! 
dans  ces  derniers  temps  se  ra 
presque  tous  à  une  angine  guttunk  tf 
lar}'ngée  accompagnée  de  bronchite  tf 
d'une  fièvre  plus  ou  moins  aiguë.  En  §1^ 
néral,  les  phénomènes  inflammatoi 
minaient  et  réclamaient  Temploi  de 
cations  actives  sans  lesquelles  ou 
souvent  se  manifester  des  accidenta 
▼es  et  quelquefois  mortels.  D*aillcHII| 
comme  toutes  les  épidémies,  la  grippe  î 
présenté  des  |>ériodes  d'intensité 
santé  et  décroissante.  Beaucoup  de 
dies  sont  venues  d'ailleurs  se  joindrai 
celle-là  comme  complication,  et  en  eit 
rendu  le  pronostic  plus  défavorable. 

De  nos  jours,  la  grippe  étant  une  ni» 
ladie  susceptible  de  se  reproduire  M» 
quemment  sous  forme  épidémique ,  fl 
im|K)rte  de  savoir  qu'en  général  elle  M 
présente  pas  de  gravité,  et  que  les  iolal 
hygiénitpies  sufliNcnt  pour  la  prévenir  ei 
pour  la  guérir;  ce  qui  n'eropéche  pH 
néanmoins  que  certains  cas  offrent  en- 
core  quelque  danger. 

Outre  la  cause  atmosphérique,  on  a  éli 
porté  à  admettre  TexiNtence  d'un  mîasm 
analogue  à  celui  de  la  n)Ugeole,  ce  q«i 
d'ailleurs  ne  change  rien  ni  au  pronostic 
ni  au  traitement.  F.  R. 

ORISAILLK  ,  peinture  grise,  d'uM 
seule  couleur,  imitant  le  bas-relief,  el 
qui  s'emploie  r>rtlinairement  dans  les  fri- 
ses et  dnns  l(*s  soubassements  des  éditiceii 
Les  Italiens  appellent  ce  genre  de  prin« 
ture  rhitint  scitnt ,  parce  ipi'il  ne  rend 
que  le  clair  el  Tombre.  Polydore  de  Ce- 
ra\age,  qui  a  fait  beaucoup  de  peintum 
nionoehrômes,  a  exécuté  au  Vatican  dei 
tableaux  en  grisaille.  Cette  sorte  de  pein- 
ture était  très  peu  en  usage,  lors4|ue«  ven 
Tannée  1834,  on  s'en  servit  pour  omcf 

(*;  Les  prindp4le4  é|>iflrmir«  de  la  grippe  nOl 
rrgiié  ddD«  In  aaovrs  17^1.  174  (t  iT'^a.  i??^ 
i-Hj.  iH'(o  vt  i8iJ.  Toulet  let  vunUrvt  co  «ai 
CD  Uar  part  9. 


GRI 


(1 


b  fÊitie  sopéricare  de  U  grande  salle 

à  h  Boune  y  à  Paris ,  où  M.  Abel  de 

h^  eiécaîM  en  (cisaille  diverses  Ggu- 

Midiforîques  {voy.  BouasE,  T.  IV,  p. 

II.  Un   autre    Ubieaa  imporUnt   du 

■fat  iienre  est  celui  que  cet  artiste  a 

pal  dans  >otre->Dame-de-BoDDe-Nou- 

lA,  roDC  des  églises  de  la  même  capitale. 

ÛB  it^pelle  aussi  grisailles  des  esquis- 

»  préparatoires  où  les  couleurs  locales 

atsoatpoiot  indiquées.  G.  D.  F. 

CUSI  iGiTTLiA  ou  Giuuetta),  au- 
jnrd*bai  M*^  de  Melcy,  célèbre  canta- 
est  née  vers  1812,  à  Milan,  de 
Grisi,  officier  topographe  dis- 


du  Tice-roi,  et  d^une  sœur  de  la 


Graasinî.  Elle  se  fit  remarquer , 
Tige  de  douze  ans,  par  les  plus  heu* 
bpositions  et  par  la  pureté  de  sa 
Vive,  intelligente,  elle  reproduisait 
■ne  merveilleuse  facilité  les  scènes 
aaaiqiirs  qu'elle  avait  \iies.  Plus  tard, 
dk  oommenca  des  études  musicales  chez 
■D  oncle  qu'elle  avait  à  Bologne.  A  peine 
âne  de  seize  ans,  la  petite  Julie  débuta 
an  Traira  Communale^  dans  la  Zelmiray 
de  Roasini.  Grâces,  justesse  dans  les  sons, 
■  ■lîbilitc  et  ta<!t,  signalèrent  ses  premiers 
fas  dans  la  carrière.  Un  poète  célèbre 
oaiposa  pour  elle  un  opéra  maintenant 
onblic,  mais  qui  mit  en  évidence  ses  qua- 
lité» naturelles  comme  artiste.  En  1828, 
eUr  obtint  de  grands  succès  à  Florence,  au 
tfcri:re  cl  dans  la  société  :  jamais  ou  n*y 
Kail  ym.  une  plus  jolie  personne.  La  ville, 
pieine  de  riches  étrangers,  la  cour,  les 
sailcnrs  les  plus  éclairés  et  les  plus  pas- 
râacs  de  musique ,  battirent  des  mains 
I  H»  représentations.  Elle  fut  applaudie 
^B>  Rtcciardo  e  Znraïdc^  de  Rossini. 
Elle  le  fut  ensuite  à  Pise ,  aux  f<hes  celé- 
krees  en  l'honneur  de  saint  Ramieri,  pa- 
feOB  de  Pise.  Sa  beauté  et  ses  chants  ra- 
«lent  durant  plusieurs  jours  une  foule 
«aense  de  nationaux  et  d'étrangers  d'é- 
tie.  Sa  manière  se  dessina  surtout  dans 
b  rôles  de  Sfmiramideti  de  Desdemona, 
Ole  retint  vite  à  Florence,  où  elle  prit  un 
ï«ifieme  engagement.  M"'  Grisi  se  ren- 
cil  ensuite  à  >tilan,  où  elle  était  appelée, 
Koa  elle  excita  Tenthousiasme  et  toutes 
•  iapressions  qu^un  talent  fin  et  char- 
■BM,  joint  à  une  rare  beauté,  peuvent 
eveiler  dans  la  foule. 


71  )  GRI 

Après  les  plus  grands  succès  entiemé- 
lés  de  chagrins  causés  par  les  intriguas  de 
quelques  vieilles  cantatrices,  la  jeuie 
Grisi  quitta  Tllalie,  et  se  retira  aupiès 
d'une  sœur  qui  habitait  un  bourg  olrâcir 
de  la  Corse.  Sa  santé  affaiblie  s^y  rétablit 
C'est  là  que  le  dernier  directeur  de  rO* 
péra-Italien  de  Paris  la  découvrit. 

Ce  ne  fut  pas  sans  de  vives  appréhen- 
sions que  M"''  Grisi  se  présenta  devant  le 
public  de  la  salle  Favart,  le  plus  élégant 
et  le  plus  éclairé  des  publics;  sa  première 
émotion  fut  telle  que  Tactrice  fut  près  d'é- 
chouer aux  répétitions.Timide,découragée 
par  les  grands  modèles  auxquels  on  devait 
naturellement  la  comparer,  elle  souffrit 
ces  poignantes  anxiétés  qui  semblent  an- 
noncer un  échec;  elle  débuta,  et  réussit. 
Jamais  les  applaudisâements  n'avaient  été 
plus  vifs,  jamais  la  magie  de  la  beauté 
n'avait  été  mariée  à  un  jeu  plus  délicat,  à 
une  organisation  plus  musicale,  à  une 
exécution  plus  spirituelle  et  plus  rapide. 
Ce  début  eut  lieu  le  13  octobre  1832. 

Voici  de  quelle  manière  le  feuilleton 
du  Journal  drs  Débats  annonça  la  bril- 
lante  entrée  de  la  jeune  débutante  : 

«  L  ne  voix  éclatante  de  mrzzft^soprano^ 
toujours  juste  et  ferme,  que  Ton  entend 
toujours  sans  que  le  plaisir  de  l'auditeur 
soit  jamais  altéré  par  l'appréhension  la 
plus  lép;ère  ;  de  la  noble>se  dans  le  main- 
tien ,  de  la  grâce  et  de  la  vérité  dans  les 
gestes,  une  tête  charmante  se  tournant 
avec  noblesse  sur  ce  que  les  sculpteurs  et 
les  peintres  appelleraient  un  coude  cygne  : 
tels  sont  les  avantages  réunis  qui  ont 
contribué  à  faire  oblenîr  un  grand  suc- 
cès à  M"«  Julia  Grisi  dans  le  rôle  si  diffi- 
cile de  Semiramide,  » 

Ia  nature  a  fait  beaucoup,  en  effet, 
pour  cette  cantatrice.  Son  gosier  et  ses 
dents,  qui  brillent  comme  des  perles,  lui 
permettent  d'accuser  les  nuances  les  plus 
fugitives,  les  sons  rêveurs,  et  de  les  mo* 
duler  par  des  expressions  nettes  et  vives. 
Sa  voix  a  de  l'étendue  au  besoin  ,  mais  il 
est  visible  que  c'est  l'art  (|ui  crée  cette 
étendue,  ou  du  moins  qui  donne  au  sen- 
timent qui  Ta  produite  une  verve  si  en- 
flammée, quoique  retenue  par  un  goût  ex- 
quis. Ses  notes  sont  fines  et  ont  le  timbre 
enchanteur  de  Talouette,  la  belle  plénitude 
de  vocalisation  de  l'oiseau  du  printcmf«. 


GRI 


(172) 


GRI 


Les  tons  qui  dominent  dans  le  chant 
aonti^rincipalenientteiKlref,  fleuris,  lim- 
pid^A  :  la  perfection  de  la  forme  y  est  na- 
tuielle  et  due  à  on  sentiment  inspiré.  Ses 
^mes  sont  délicates  et  ont  la  mélodie 
3b  Finslrument  le  plus  flexible.  L'Ilalie 
i  des  talents  plus  originaux ,  mais  aucun 
a*a   possédé  au  même  degré   Part  des 
nuances,  des  inflexions  mobiles  et  pures, 
l'art  de  traduire  par  la  Toix  un  sentiment 
Tif  ou  intime ,  de  développer  la  comédie 
et  le  drame  dans  le  chant  le  plus  léger,  le 
plus  clair  et  le  plus  suave.  C'est  la  comé- 
die tout  à  la  fois  de  caractère  et  le  Ubretto; 
tout  cela  est  mêlé  de  défauts,  sans  nul 
doute ,  mais  perceptibles  aux  connaisseurs 
seulement  :  çà  et  là  des  négligences  gra« 
cieusas ,  des  phrases  cassées  ou  jetées,  des 
tons  indéfinis,  une  mélodie  qu'on  trouve 
trop  spirituelle  lorsqu'on  s'est  préoccupé 
des  traits  vraiment  dramatiques  du  rôle. 
On  reproche  à  l'actrice  de  changer  trop  ra- 
pidement de  sphère.  On  voudrait  aussi  que 
quelques  légères  négligences  de  costume 
fussent  moins  fréquentes,  et  que  l'analogie 
entre   la  grâce  du  vêtement  et  la  grâce 
naturelle  de  la  personne  se  maintint  telle 
qu'on  a  pu  la  remarquer  dans  plusieurs 
rôles. 

M"^  Grisi ,  qui  passe  à  Londres  l'inter- 
valle des  saisons  musicales  du  Théâtre- 
Italien  de  Paris  et  qui  n'est  pas  moins 
admirée  en  Angleterre  qu'en  France,  a 
épousé,  dans  cette  ville,  en  1836, 
M.  Gérard  de  Melcy.  Un  duel  qu'il  a  eu 
(1888)  au  sujet  de  sa  femme  avec  le  fils 
du  marcpiis  de  Londonderr}-  a  mis  le 
public  dans  la  confidence  de  quelques 
nuages  qui,  au  bout  de  peu  d'années, 
ont  compromis  le  bonheur  de  ces  jeunes 
époux. 

M*^  de  Melcy  a  une  sœur,  M^'*  Judith 
Grîsi,  qui  parut  sur  la  scène  lors  des  dé- 
buts de  Jttlia  au  Théâtre-Italien  de  Paris, 
et  qu'on  n'a  pas  entendue  sans  plaisir , 
même  à  côté  de  la  grande  cantatrice  dont 
la  réputation  européenne  a  remplacé  celle 
des  Pasta ,  des  Malibran ,  des  Sontag ,  et 
qui  réunit  en  elle  des  avantages  dont  la 
nature  ne  dote  si  libéralement  que  sesen- 
>snts  les  plus  chérb.  F.  F. 

GRISONS  (cairroir  des),  en  allemand 
Cranbundien  ou  les  liguesgrises.  Le  quin- 
*mnt  eo  rang  parmi  les  cantons  de  la 


Suisse,  celui  des  Grisons  oom 
superficie  de  112  milles  carré 
population  de  98,000  hab 
80,000  parlent  l'allemand,  : 
lien  et  48,000  le  roman,  lac 
du  romain  rustique.  Il  est  bo 
par  le  canton  de  Glaris,  [ 
Saint-Gall  et  par  le  Vorarli 
par  le  Tyrol  ;  au  sud  par  la 
Alilanez  et  le  canton  du  Tess 
par  celui  d'Uri.  Nulle  part,  < 
ne  trouve  des  transitions  au 
des  beautés  les  plus  terribles 
aux  sites  les  plus  gracieux.  I 
élèvent  à  11,000  pieds  au-* 
mer;  la  ligne  des  neiges  éten 
cendà8,400  pieds;  341  g 
chutes  d'eau  lui  donnent  l'a 
pittoresque.  L'Inn  et  le  Rh 
leur  source  dans  ce  canton,  s 
une  quantité  de  torrents  mo 
râbles.  Martinsbruck ,  le  p 
bas  de  la  populeuse  vallée  de 
est  encore  à  3,334  pieds,  et 
plus  élevé  est  à  5,600  pieds  « 
niveau  de  la  mer.  La  tenipén 
différente  selon  les  dilférenti 
canton  ;  le  seigle  et  la  pomn 
croissent  jusqu'à  une  haute 
pieds,  l'orge  et  le  navet  ju! 
zone  où  l'hiver  règne  déjà  |: 
mois.  Tout  le  pays  est  riche 
alpestres,  mais  les  bouquetins 
paru. 

La  canton  des  Grisons  c 
prement  en  cinq  vallées  pr 
pi*emière,  celle  du  R/tin  poM 
ferme  le  Rheinwald,  la  Vi 
vallées  de  Schams  et  de  Dom 
ci,  la  contrée  la  plus  douce 
renferme  22  villages  où  on 
man;  on  en  compte  9  fort 
la  vallée  de  Schams  qui  a 
demi  de  long;  la  terrible  V 
tend  entre  elle  et  le  Rheir 
routes,  horribles  autrefois, 
en  Italie  à  travers  le  Splug< 
nardin  {ttoy.  ces  noins"^;  1 
sous  le  commandement  de 
escaladèrent  le  premier,  en  1 
courbe  osa  traverser  le  secui 
à  la  télé  d'une  forte  divbioi 
route  qui  conduit  de  Coire 
Splugcn  par  Rcichcnau,  à  tra 


GRI 


(178) 


GRI 


le. 


«s  j 


'in  > 


i 


ktèAAfihvSèe  qui  s'y  rattache  par 
Wm  lik,udifiiét  maintenant  en  dcox 
hihiilimrimescdirige,  depnis  1 820, 
wiQivaiii,  à  trafcrs  le  mont  Splu- 
IByS  rmtti  ptr  les  Cardinelles  et  la 
^Sût-Jacques ,  et  dont  l'antre , 
Itt^^oondoit  à  Bellinzona,  à  tra- 
mikBniniiii,  par  la  vallée  du  Rhin 
fai^BnràcclledeMisox. 

bvBoode  nllée  principale  du  can- 
§m  ^Grisons  est  celle  dn  Rhin  anté- 
I  yà  s'^tfofl  depnb  la  frontière 
^  le  Saint-Cxothard  jusqu'à 
"lAoensteig  (pas  de  Sainte-La- 
m^  Cot  là  que  se  trouvent  les  endroits 
!■  ïb  Raarqoables  :  Disentis,  vieille 
MR  de  bénédictins  qui  fut  réduite  en 
'■fafir  les  Français,  en  1799,  sans 
^ cil  été  pooible  de  rien  sauver  de 
•ftèors  littéraires;  les  villes  àillanz  et 
AâvAf  (cB  allemand  Chur)^  où  Ton  a 
■mvt  mi  grand  nombre  d'antiquités 
■M^  c(r.  Cette  dernière  ville,  siège 
fhi  évécbé,  est  la  capitale  du  canton  et 
mfk  3,400  habiUnts. 
la  miBème  vallée  est  celle  de  VEn-- 
ou  de  rinn  supérieur,  qui  s'étend 
au  nord-est;  elle  n'offre  point 
et  vîUe  naarquable,  mab  elle  est  riche 
MÂtcscTiiiie  beauté  incomparable. 

La  quatrième  est  formée  par  l'Albula, 
fB  sccfaappe  du  mont  Septime  et  se  jette 
dbai  le  Rhin  postérieur  près  de  Thusis. 
La  cinquième  enfin,  appelée  Bret'' 
s'étend  le  long  de  la  frontière  sep- 
dans  le  voisinage  du  VorarU 
kof.  Cest  dans  cette  vallée  qu'est  situé 
bdbef-liea,  Maienfeld^  sur  le  Rhin,  avec 
■epopoUtion  de  1,000  âmes.  Dans  les 
f  aimii  se  trouve  le  Luciensteig,  gorge 
ivtifiée  par  laquelle  passe  la  route  qui 
«■doit  dans  la  principauté  de  Liechten- 


"•  « 


j 


La  population  du  canton  des  Grisons 
itt  Bo  iDélange  de  trois  races  :  la  race 
^àÊnmmamm  OU  romane,  la  race  allemande 
it  la  race  italienne.  Les  deux  tiers  des 
professent  la  religion  protes- 
;;  Taotre  tiers  est  catholique;  il  n'y 
tout  le  pays,  que  trois  villes  qui 
ot  Dom  :  Coire,  Maienfeld  et 
La  difficulté  des  communications 
de  cprands  obetades  au  commerce  ; 
hi  artâdcs  d^czportatîon,  pour  le  Mila* 


nais  surtout,  consistent  en  bestiaiy^  ^ 
fromages,  en  houille  et  en  fossiles  r^res; 
ceux  d'importation,  en  grains,  en  sel,  en 
toiles  et  en  draps. 

Ce  canton  faisait  anciennement  parte 
de  la  Rhétie.  Un  antique  château,  dai^ 
une  contrée  sauvage  et  pittoresque,  porU 
encore  de  nos  jours  le  nom  de  Rhxzins. 
Par  le  traité  de  Verdun, en  843,  son  ter- 
ritoire fut  incorporé  à  l'Allemagne.  Peu 
à  peu  Tévéque  de  Coire,  le  prélat  le  plus 
puissant  de  la  Rhétie,  et  la  noblesse  du 
pays  tombèrent  dans  Pindigence,  et  se  vi- 
rent forcés,  non-seulement  d'engager  et 
de  vendre  leurs  terres,  mais  même  d'ac- 
corder à  prix  d'argent  des  franchises  aux 
communes.  Ces  communes  s'allièrent  avec 
la  noblesse  du  voisinage,  et  il  se  forma 
ainsi  trois  ligues  :  la  ligue  supérieure  ou 
grise  {tlcrgraue  Buml)  en  1424,  la  ligue 
cadéeoudelamaison  deDieu(Ga//e/A^iii^- 
Bund)  en  1 42  5,  et  la  ligue  des  dix  juridic- 
tions [Zehngeric/ite)en  1434»,  qui  formè- 
rent une  confédération  générale  en  1 4  7 1 . 
Les  deux  premièress'allièrent,  la  ligue  grise 
en  1497,  la  ligue  cadée  en  1498,  avec 
Zurich,  Luceme,  Uri,  Schwytz,  Unter- 
walden  et  Glaris,  et  devinrent  ainsi  alliées 
de  la  Confédération  suisse  dans  laquelle 
elles  n^entrèrent,  comme  canton  indé- 
pendant, qu'en  1799.  Le  11  novembre 
1 8 14,IesGrisons  se  donnèrent  une  consti- 
tution qui  fut  révisée  le  19  juin  1820.  Le 
grand  Conseil  est  composé  de  65  mem- 
bres; il  décide  en  dernier  ressort  dans  tout 
ce  qui  concerne  les  aflaires  d'administra- 
tion ;  les  lois  et  les  traités  sont  soumis  à  ses 
délibérations.  Le  gouvernement  rentre 
dans  les  attributions  du  petit  Conseil. 
Le  canton  fournit  1,600  hommes  à  l'ar- 
mée fédérale  ;  sa  dette  s'élève  à  environ 
460,000  florins.  —  On  peut  consulter 
sur  ce  pays  les  deux  ouvrages  suivants,  l'un 
rédigé  en  allemand,  l'autre  en  français  : 
Les  nouvelles  Routes  de  Coire  au  lac  de 
C6me  par  le  Splugen ,  ei  à  Bellinzona 
par  le  Bernardin j  à  travers  le  canton  des 
Grisonsy  en  30  feuilles,  par  J.-J.  Meyer, 
avec  texte  explicatif  par  Ebel  et  carte 
routière  par  Keller  (Zurich,  1825,  in- 
fol.);  et  Voyage  pittoresque  dam  b 
canton  des  Grisons ^  etc.,  avec  gravuns 
et  notes  explicatives  par  Ebel  (Zurici, 
1827,in-4»).  Cm. 


GIU  (1 

GPnrE  (tttrtitts)y  nom  que  Ton  donne 
■ux^p^ces  du  ^nre  merle  {voy,)  qui 
onfle  plumage grivelé,  c'est-à-dire  mar- 
q\t  de  petites  taches  noires  ou  brunes. 
(Uatre  espèces  ditïérentes  se  mnntn*nt 
A  Europe;  toutes  sont  brunes  sur  le  dos 
ai  tachetées  à  la  poitrine;   ce  sont  :  la 
griçe  proprement  dite,  ou  grive  c/uin" 
teusty  de  8  pouces  et  demi  de  longueur; 
le  manvisy  la  plus  petite  de  toutes;  la  //- 
tome  et  la  draine  ou  grande  grwe.  Ce 
sont  des  oiseaux  chanteurs,  vivant  d'in- 
sectes, de   fruits,  etc.,  et  voyageant  en 
troupes  nombreuses.  On  sait  que  leur 
chair  a  une  saveur  fort  agréable;  cVst  la 
grive  proprement  dite,  dont  le  dessous 
des  ailes  est  jaune,  que  Ton  mange  le 
plus.  C.  S-TR. 

CiRiVOIS  (r,F,HRF\  «Tous  les  genres 
sont  brms,  >»  a-t-on  dit,  mais  ce  nVst  pas 
aux  yeux  de  la  mordie,  «pii  condamne  sans 
pitié  le  genre  des  écrits  libres  et  même 
grivmix.  A  Méfaut  de  ce  juge  sévcre,  la 
raison  et  le  goût  ont  quelqurfoÎA  («ardonné 
à  ce  dernier  genre,  à  cause  de  la  jo\euse 
ivresse  qui  en  avait  inspiré  les  produc- 
tiona. 

Le  mot  gnvois^  qui  a  vieilli  comme 
substantif,  répondait  k  peu  près,  dans 
notre  ancien  limgnge,  à  ce  cpie  Ton  a  de- 
puis appelé  un  /tttn  vivant,  ù  ce  que  Ton 
nomme  aujourd'hui  un  vivt'iir.  Il  CNt 
très  probable  qu'il  dérivait  du  nom  <le  la 
grive  (!*<)>'.  \  <ii»eau  fort  gourmand  de 
raisin,  et  qui  sVnivre  à  force  d*en  man- 
ger. C'est  dans  les  ai*ceptions  dont  nous 
venons  de  parler,  dans  celles  aussi  de 
/iim/i,  de  cmquenr  de  poulrltes,  «pie 
I^a  Fontaine  et  les  auteur»  de  son  é|>oque 
ont  souvent  mis  en  M'ène  le  grivnis. 

Aujourd'hui,  ce  terme  ne  s'emploie 
plus  que  comme  adjectif  :  ouvrage  ou 
propos  grivois,  chanson  grivoi>e,  etc.  ; 
nous  en  avons  fait,  en  quelque  sorte,  le 
svnonvme  iVerotit/ur,  Toutefois  la  tram,  lie 
galté  dont  Pn^uvre  grivoise  est  empreinte, 
et  qui,  comme  nou-»  Pavons  dit,  |>eul  lui  mt- 
vir  d'excuse,  doit  em|K'»her  de  la  con- 
fondre avec  r<ru>re  cynii|iie,  toujours 
'roi«le  dans  s€>n  immoralité  prêmèdit«''e. 
ia  Fontaine  est  constamment  i^rivnis 
dins  ses  contes;  Grécourt  n'c^t  trop  sou- 
vent que  rrnitfur  dans  les  tiens.  | 
C'est  burloQt  à  la  rhjns<m,  du  moins  j 


74  )  ORO  ' 

à  la  chanson  de  nos  pères,  fille  de  la  li*' 
bic  et  du  moment,  que  l'on  a  pu  pti^ 
mettre  quelquefois  d'être  grivoise.  ALO. 
GRŒXI.>'GrE,  vor.  Pats-Bas. 
fîRŒXLAND,  nom  danois  qui  Éfe 
gniiic  terre  verte.  Le  Gnenland  est  maà' 
contrée  polaire  soumise  à  la  domînatiai 
danoise.  Malgré  une  superficie  de  20/ 
milles  carrés  géogr.,on  y  compte  k 
24,000  habitants.  Kllë  forme  une  fk 
qu'on  attribue  assez  généralement  à  TAf- 
mérique.  Tel  (]u'on  le  ennnalt  aujoai^ 
d*hui,  le  Grcrnland  s'étend  du  59*  ttf^ 
au  78«  degré  de  latitude  nord;  ren  U 
sud,  il  se  rétrécit  au  point  de  ne  foraiv 
qu'un  promontoire  qu'on  appelle  le  flif 
Farewcll.  De  lit ,  la  côte  occidentale  11 
retourne  vers  le  nord  jus(]u*au  détroit  éê 
Davis,  et  à  la  baie  de  Raffin.  l  ne  chalU 
de  montagnes  qui  parcourt  le  milieo  di 
|»€iys,  du  sud  au  nord,  le  divise  en 
|>arties. 

Il  y  a  plus  de  huit  siècles,  le  Gi 
land   avait  déjà    été   peuplé    par 
colonies,  Tune  nor\égienne,  Tautre 
noise  :  celle-là  c»ccupait   la  nile 
dentale,  c«*lle-ci  la    côte   orientale;  3 
n'existait   entre   elles  aucun  mo^en  de 
c*omnuinication  par  terre ,   à  cause  dai 
montagnes;  elles  ne  communiquaient  que 
par  la  mer.  l  ne  pieire  runii|ue  IrouTée 
dans  le  Onrniaiid  en   1824,   et  qui  cil 
aujourd'hui  c*ons<>rvée  dani  le  muve  dei 
antitpiités   hyperlmrèennes  à  (Io|i«Dha- 
gue,  prouve  que  la  première  découd  crie 
du  Groenland  a  été  laite  par  les  Scandi* 
naves.  Les  plus  ant*iennes  colonies  de  rea 
peuples  iM'cupaient  les  lieux  situés  dana 
la  partie  orientale  de  Pile  et  qui  regardml 
l'Islande;  et  les  deux  anciennes  colonies 
d\4sturb\gd  et  de  >\i*sturbygd  élaicBl 
établies  l'une  et  Pauti*e  dans  cette  méow 
p.irtie.  I^  colonie  occidentale,  apri*s  avoir 
traversé  bien  des  %  ici<isitiides,  existe  CB« 
core aujourd'hui;  mais  le  sort  qu'a  éprouvé 
lac4ilonieoi'ieniale,qui,en  I  406,«ceoiB- 
posait  <le  1110  villages,  poosé<lail  un  é%é- 
chc,  dou/e  paroisst*N  et  deux  monastèrcf, 
est  depuis  <*c*   temps  environné  d*épais 
nuages.  Jus«pi'à  celte  e|)04|ue,  seize  evè- 
qucs  avaient  successivement  et  régulière- 
ment été  envoies  par  la  >ior\ége,  mais  le 
dix-septième  trouva  dans  les  glaces  ua 
obstacle  qui  l'empêcha  do  gagner  le  paja, 


GBO 


(174) 


GRO 


danoii  tentèrent  ^ne- 
ijL  xn*  d  XTU*  iièdesy  de  débar- 
in  o6cn  «HÎcntalc.  Tout  œ  qa*on 
-,  c^cst  que  la  colonie  existait 

le  miliea  du  xvi*  siècle, 
prétendent  que  cette 
tnle  perdue  est  le  JuUanes^ 
njoard^hoi,  situé  sur  la  côte  oc- 
e,  nnisoette  opinion  ne  parait  pas 
Oe.  Sotts  le  rèsned*ÉliMbeth,For. 
t  Dnvb  découTrirent  de  nouveau 
OGadenrales  du  Groenland;  mais 
«  temps  on  n*a  point  fait  d^au- 
jusqu*en  1721 ,  que  le 

1  danob  mit  un  ecdésiasti- 
Hans  Egede  à  même  de  fon- 
ka  rivière  de  Baal  la  première  co- 
■opcenoe  de  Godhaab  ( Bonne- 
né  s  En  1733,  les  frères  Moraves, 
ptîon  do  comte  de  Zinzendorf, 
Bt  des  établissements  et  des  mis* 
ir  C3es  côtes  inhospitalières ,  de 
\  qa*aajourd*hui  on  compte  sur 
occidentale  vingt  colonies ,  dont 
méridionale  est  celle  de  Uchte^ 
las  le  60*  34'  de  latitude  nord; 
afteoKnt  après,  se  trouve  la 
ae  colonie  de  Julianeshaab  (Espé- 
e  Julienne),  dans  les  environs  de 
:  on  ▼ott  encore  les  débris  d^une 
e  église  irlandaise  ou  norvégienne. 
■t  ensuite  les  autres  colonies  qui 
sit  «le  plus  en  plus  vers  le  nord 
i72^  32'  de  latitude  septentrio- 
s  coiooies  qui  existentau-dessus  de 
rection,  abandonnées  par  les  Eu- 
^  mt  sont  plus  peuplées  que  d^in- 
.  Le  goavemenr  du  Grœnland 
oal  a  sa  résidence  à  Godhaab 
i  do  Grœnland  septentrional,  à 
9em  '.  Bon-Port),dans  File  de  Disko, 
'0*  de^ré  de  latitude.  Il  y  a  sur  toute 
ckiq  églises  protestantes,  où  Ton 
CB  grœnlandais  et  en  danois.  Les 
Eoravcs  ont  trois  lieux  de  réunion, 

,  à  Lichtenfels  et  à  Nen* 


mbitanti  originaires,  appelés  Skrel" 

Uns  les  vieux  livres  islandais  et 

proviennent  d^une  peuplade 

(vo/.).  Ib  sont  remarquables 

petitesse  de  leur  taille  et  la  laideur 

lîgvre  ;  leurs  habitations  sont  des 

•n  pierre  recouvertes  de 


gazon  et  où  Ton  ne  peut  entrer  qiie«nr  le 
ventre;  elles  ont  rarement  des  fenéUea  et 
ne  se  composent  que  d'une  seule  chancre 
qui  n*a  jamais  six  pie<ls  de  haut;  leurs  i|. 
tements  sont  faits  avec  des  peaux  de  reu 
nés  et  de  phoques  ;  leur  langue  est  œlli 
que  Ton  parle  au  pays  des  Esquimos  et  à  la 
baie  de  Hudson  ;  ils  révèrent  les  sorciers  ; 
leurs  prêtres  sont  en  même  temps  mé» 
decins;  ib  n'ont  qu'une  grossière  idée  de 
l'Être  suprême.  Les  vents  du  nord  pro- 
duisent en  hiver  un  froid  excessif,  mab 
les  vents    d'ouest  qui  soufflent    sur  le 
détroit  de  Davb  amènent  toujours  le  dé- 
gel. Les  baleines  y  viennent  en  grand 
nombre  et  sont  d'une  grosseur  extraor- 
dinaire. Les  objets  d'exportation  consb- 
tent  en  os  et  huile  de  baleine,  en  peaux 
de  phoques  marins,  de  renards,  d'ours 
blancs  et  de  rennes ,  en  édredon  et  en 
cornes  de  narval.  Ou  y  importe  de  la  fa- 
rine ,  du  pain ,  du  thé ,  du  café ,  de  la 
bière,  des  légumes,  de  la  poudre,  du 
plomb,  de  la  quincaillerie,  des  toiles,  du 
coton,  des  draps  et  des  verreries. 

Les  meilleurs  documents  sur  le  Grœn- 
land se  trouvent  dans  un  ouvrage  anglab 
de  Scoresby  le  jeune,  intitulé  Journal 
d*un  voyage  pour  la  pèche  de  la  ba^ 
leine  dans  le  Nord  (Londres,  1822),  et 
dans  un  autre  ouvrage,  en  langue  danoise, 
du  capitaine  Graah,  qui  a  pour  titre  : 
Foyage  à  la  côte  orientale  du  Gro?/?- 
/a/z^  (Copenhague,  1832,  in-4^).  Ce  na- 
vigateur, depuis  1829  jusqu'en  1831 ,  pé- 
nétra, le  longdes  cotes  duGrœnlandybeau* 
coup  plus  avant  que  ceux  qui  l'avaient 
précédé  ;  mab  il  ne  put  atteindre  son  but 
principal,  qui  était  de  trouver  les  traces 
des  colonies  blandaises  perdues,  et  qui 
doivent  avoir  exbté  sur  la  côte  orientale. 
On  peut  consulter  encore  avec  fruit , 
le  Voyage  au  Grœnland,  de  Manby,  en 
1821,  publié  en  allemand  par  Michaëlis, 
à  Leipzig,  en  1823,  et  l'Histoire  du 
Grœnland  par  Cranz (Leipzig,  1765-70, 
2  vol.  in.8»).  C.  Z. 

GROG,  boisson  composée  de  rhum, 
d'eau  et  de  sucre,  et  qui  est  fort  en  usage  en 
Angleterre.  C'était  la  boisson  habituelle 
de  lord  Byron.  Voici  l'origine  du  nom 
qu'on  lui  a  donné.  L'amiral  Vernon,  qui 
portait  toujours  un  habit  de  camelot  ap- 
pela en  anglais  grogwamy  ou  par  abrévia* 


GRO  (  iU  ) 

tion  fi^gf  crut,  aa  miliea  du  damier  siè- 
cle y  «eroir  cesser  de  donner  aux  matelots 
lew  ration  de  rhum  pur,  et  ne  la  leur 
fi^lus  distribuer  que  mêlée  avec  de  l'eau. 
La  matelots,  très  mécontents,  comme 
^  pense  bien,  désignèrent  alors  leur  cbef 
ous  le  nom  du  vieux  grog^  en  attachant 
aussi  ce  sobriquet  a  la  boisson  qu'il  avait 
introduite;  et  ce  nom  est  resté.     D-o. 

GROLMAN  (CHAaLES-Louis-GuiL- 
L4UME  de),  minutre  de  l'intérieur  et  de 
la  justice  et  président  du  conseil  des  mi- 
nistres du  grand-duché  de  Hesse-Darm- 
sudt, naquit  le  33  juillet  ITTSàGiesseu, 
où  son  père ,  conseiller  de  régence ,  avait 
fait  partie  de  l'administration  provinciale 
du  landgraviatde  Hesse-Darmstadt.Grol- 
man  se  forma  au  gymnase  et  à  l'université 
de  Giessen,  oit  il  se  livra  à  l'étude  de  la  ju« 
risprudence  ;  il  fréquenta  ensuite  Tuni- 
versité  d'Erlangen,  et,  à  son  retour  dans  sa 
ville  natale,  il  y  donna  des  cours  publics. 
£n  1798,  il  fut  nommé  professeur  ex- 
traordinaire en  droit,  pub  professeur  en 
titre  en  1800;  conseillera  la  cour  d'appel, 
en  1804,  et  en  décembre  181S  chancelier 
de  l'université,  dignité  qui  était  restée  va- 
cante depuis  1804.  Le  roi  de  Prusse  re- 
nouvela ses  titres  de  noblesse,  ainsi  que 
ceux  de  ses  frères,  sans  doute  par  égard 
pour  le  vénérable  chef  de  la  magistrature 
prussienne  qui  porte  le  même  nom  et  qui 
est  sans  doute  d'une  autre  branche  de  la 
même  fiimille  {voy.  plus  bas).  Grolman  , 
après  avoir  présidé  depuis  1816  la  com- 
mission qui  avait  été  chargée  de  rédiger 
un  nouveau  code  pour  le  grand-duché  de 
Hesse-Darmstadt ,  entra  au  ministère  en 
1819  ;  il  y  dirigea  toutes  les  branches  de 
l'adminbtration  supérieure,  à  l'exception 
du  département  de  la  guerre,  et  cela  jus- 
qu'à la  réorganisation  des  hauts  fonc- 
tionnaires du  grand-duché,  en  1831, 
époque  a  laquelle  il  se  chargea  du  minis- 
tère de  l'intérieur  et  de  la  justice  et  fut 
investi  de  la  présidence  du  conseil  des 
minbtres.  H  mourut  le  14  février  1839. 

Grolman  doit  être  placé  au  nombre 
des  jurisconsultes  allemands  les  plus  dis- 
tingués. On  lui  doit  de  nombreux  ou- 
vrages, tous  écrits  en  allemand,  dont  les 
plus  importants  sont  les  suivants  :  Pnn- 
ùpes  fie  la  science  du  finit  criminel  et 
etpihfé  systématique  tics  lois  crimi» 


oao 

nellesaliemamies(GkÊÊBÊÈf  1791 
1836);  Fondement  du  droit pén 
la  législation  pénale^  avec  une  tl 
la  gradation  des  peines  et  de  Tim] 
lé|^e  (Giôsen,  1799),  livre  dan 
contrairement  à  Feuo^ch  [vof 
très  criminalistes  opposés  a  la  i 
des  lob  préventives,  il  essaya  de 
que  cette  doctrine  est  sasœptibl 
application  j^ratique  ;  Théorie  de 
cédure  cipile,  ff  après  le  droit  € 
allemand  {Qfxtaaexïy  1800;  S*  Ad. 
le  meilleur  ouvrage  de  Grolmai 
nuel  du  Code  Napoléon  à  l*m 
praticiens  allemands  amis  fie  ié 
(Giessen,  1810-1813,  vol.  I-E 
vrage  qui  ne  fut  pas  continué  k  c 
changements  politiques  survenu 
lemagne  vers  la  fin  de  l'anné 
M.  de  Grolman  publia  en  outre  d 
traités  ;  il  rédigeait ,  soit  seul,  soi 
ciété  avec  d 'autres  savants,  plusâei 
les  périodiques  consacrées  au  pr 
la  jurbprudence  et  de  la  philoac 
Le  magistrat  dont  nous  avons  p 
haut  est  M.  HxNxi-THiEamT  de  G 
président  du  tribunal  suprême,  e 
le  3  janvier  1740  à  Bochum  (M 
Brandebourg)  vient  de  célébrer  i 
anniversaire.  Il  est  Pun  de*  réUac 
Code  civil  prussien.  Fils  de  Chr 
Thierry  Grolman ,  qui  mourut  € 
de  la  régence  à  Clèves,  le  1 3  févri 
il  reçut  sa  première  instruction  i 
Il  étudia  le  droit  à  Halle  et  à  Go 
de  1759  à  1763,  et  retourna  à  CI 
il  débuta  dans  la  carrière  du  dro 
avoir  subi  un  examen ,  il  entra 
juillet  1 7  65,  dans  la  chambre  de  j 
Berlin,  et  y  fut  bientôt  nommé  o 
et  membre  du  conseil  des  Pupîll 
mé  k  l'école  de  Frédéric -le - 
dont  il  partageait  les  idées  tu 
ceseité  d'un  code  national,  M.  i 
man,'^déjà  pendant  le  règne  de  a 
fut  compté  parmi  les  juristes  les  ] 
tingués  de  la  Prusse.  Nommé ,  ei 
membre  de  la  Commission  des 
qualité  de  conseiller  privé  de  jt 
fut  un  des  plus  actifs  rédadeors  • 
prussien  [Allgemeines  pr,  Lan 
Sous  sa  direction,  furent  coordoi 
opinions  émises  sur  le  droit  des 
nés  par  quelques  savants  et  par 


eKO  (  ii:  )  CRO 

i  |Hitt  qjÊtt  PoD  atmit  oonsoltés.  à  cette  demi^  puiMiiiGe;  oependaDt  il 
h  wm  csQabontears ,  M.  de  Grol-  n'arrÎTa  qa^apres  h  bataille  d'Aspern,iiiaîs 
I  ■jiwii  in«  le  seul  gai  aoit  encore    ilfit  la  campagne  de  Franconie  et  de  Saxe. 

Après  la  oondosion  de  la  paix,  M.  de 
Grolman  se  rendit  ea  Espagne  par  la 
Suède  et  PAngleteh^e;  débarqué  à  Cadix 
an  printemps  de  1810 ,  'J  ne  tarda  pas 
à  être  nommé  commandant  d'an  bataillon 
d^étrangers.  Dans  le  cours  de  la  goarre,  il 
fut  élevé  au  grade  de  lieutenant-colonel; 
mais,  ayant  été  fait  prisonnier  à  Valence 
en  1S12,  il  fut  transporté  en  France, 
d^où  il  parvint  à  s'échapper  par  la  fron- 
tière suisse.  Il  retourna  en  Allemagne  sous 
un  faux  nom  et  rentra  dans  sa  patrie 
à  la  nouvelle  de  la  retraite  de  Moscou. 
D'abord  il  dut  se  cacher;  mais  bientôt  il 
suivit  le  roi  en  Silésie  et  le  traité  d'al- 
liance entre  la  Pruss*  et  la  Russie  lui 
permit  enfin  de  reparaître  sur  la  scène. 
Blessé  grièvement  d'un  coup  de  feu  dans 
les  reins«  à  la  bataille  de  Kulm,  il  atten- 
dit à  peine  sa  guérison  pour  reprendre 
son  service.  A  la  bataille  de  Leipzig ,  il 
portait  les  épaulettes  de  colonel,  et  après 
la  conclusion  de  la  paix  de  Paris ,  il  fut 
nommé  général  et  directeur  du  second 
département  au  ministère  de  la  guerre. 
Lorsque  la  guerre  éclata  de  nouveau  , 
en  1815,  M.  de  Grolman  fut  placé  dans 
le  corps  de  Blûcher  eo  qualité  de  quar* 
tier-  maître  général ,  et  il  trouva  plus  d'une 
fois,  dans  le  cours  de  cette  dernière  cam- 
pagne, l'occasion  de  montrer  son  talent 
et  son  expérience  stratégiques;  le  récit 
qu'il  en  rédigea  (en  allemand)  a  été 
publié  par  le  major  de  Damitz  sous  ce 
titre  :  Histoire  de  la  campagne  de  t  Si  S 
dans  les  Pays-Bas  et  la  France  (Berlin, 
1837-38,  2  vol.).  Cet  ouvrage  n'est  pas 
moins  important  sous  le  rapport  histori- 
que et  politique  que  sous  le  rapport  stra- 
tégique; il  réfute  indirectement  les  asser- 
tions de  quelques  Anglais  et  de  lordWel- 
lington  lui-même ,  relativement  aux  ser- 
vices rendus  à  la  coalition  européenne 
par  les  Prussiens,  services  qu'il  s'efforce 
à  mettre  en  relief.  Après  la  seconde  paix 
de  Paris ,  M.  de  Grolman  rentra  dans  le 
ministère  de  la  guerre  commv  chef  de 
l'état-major;  roab  en  1819  Is  démission 
du  ministre  de  la  guerre  de  Boyen  l'en- 
gagea à  donner  la  sienne;  H  se  relira  dans 
une  terre  qu'il  avait  achetée  aux  envi- 

\1 


iMifril  1793,  il  lot  nommé  cou- 
i^#,kS3tTril  1804,  préaident  du 
■lfméiapérieor;le37  décembre 
i^Si^aaifenaire  de  son  entrée  dans 
pblkpies,  il  reçut  le  titre 
,  et,  en  1816,  il  fut  déco- 
I  frad-cordon  de  l' Aigle-Rouge, 
i  fgaJttioQ  du  conseil  d'état ,  en 
r,  I  a  fat  oommé  membre.  Pendant 
%  il  ifiit  servi  trois  rois  avec  un 
iÉM)le,lonqa'enfin  l'afEiiblisse- 
'^^M  de  sa  vue  et  de  son  ouïe 
pu  à  denander  sa  retraite.  Le  roi 
nofda,  et  lui  envoya,  avec  les  in- 
ie  ioo  ordre  de  l'Aigle-Koir,  une 
itfIciiK,  où,  après  lui  avoir  témoi- 

rcgrets  de  ce  que  ses  infirmités 
MBt  à  rechercher  le  repos,  il  lui 
iC  qu'il  lui  conservait  son  traite- 
tîtrv  de  pension-  Le  vénérable 
,  qoi  possède  encore  la  vigueur 
C  et  la  santé  du  corps,  vit  main- 
I  sein  de  sa  famille.  M.  Begas, 
i  doot  on  a  vu  au  Salon  de  Pa- 
ilean  de  Vempereur  Henri  IF 
m  de  Canosscy  a  fait  son  por- 
ome  la  salle  des  séances  du  tri- 
rvé  sopérieur  de  Berlin. 
Es-GciLXAUXx-GEoacE  de  Grol  - 

aîné  du  précédent ,  général  de 
ie,  est  né  à  Berlin  le  30  juillet 
Pige  de  14  ans,  il  entra  au  ser- 
tAtre  et  fut  fait  successivement 
et  second  lieutenant;  premier 
t  en  1804,  il  fut  nommé  ad- 
lospection  du  feldmaréchal  de 
iH.  En  1806,  il  servit  eu  qualité 
ine  d*état-major  sous  les  ordres 
idniaréchal  y  qui  prit  le  com- 
nt  de  Tannée  après  la  bataille 
edc  Placé  dans  Tétat-major  du 
L^Estocq ,  il  fut  élevé  au  grade 

à  la  suite  du  combat  de  Heils- 
rès  U  paix  de  Tilsitt,  il  prit  une 
re  à  la  réorganisation  de  l'armée, 
té  de  directeur  de  la  première 
da  département  de  la  guerre;. 
iqa*en  1809  la  guerre  éclata 
France  et  l'Autriche,  il  donna  sa 
1  et  partit  pour  offrir  ses  services 

"yrtnp,  d,  G.  d.  M,  Tome  XJTI. 


GRO 


(178) 


GRO 


ronsde  Kotlbus,  mais,  en  1825 ,  il  fut 
remis  eD  activité  avec  le  titre  de  lieute- 
nant général  et  de  commandant  de  la 
neuvième  division.  En  1833,  il  fut  nom- 
mé général  commandant  provisoire,  et, 
trois  ans  après,  général  commandant  dé- 
finitif du  cin|uième  corps  d*arméc  dans 
le  grand«dacbé  de  Posen,  charge  dont 
il  est  encore  revêtu.  Le  30  mars  1837, 
il  fut  promu  au  grade  de  général  de  Pin- 
fanterie,  et,  à  la  dernière  fête  de  TOr- 
dre ,  il  a  reçu  la  décoration  de  rAigle- 
Noîr. 

Guillaume-Henri  de  Grolman,  pré- 
sident du  sénat  d*appel  supérieur  dans 
la  chambre  de  justice  de  Berlin,  est  le 
frère  du  précédent.  Né  dans  cette  capi- 
tale le  28  février  1781  ,  il  en  fréquenta 
d*al>ord  le:»  écoles  et  se  rendit  plus  tard 
aux  universités  de  Gœttingue  (  1798  à 
1800}  et  de  Halle ,  où  il  étudia  le  droit. 
Après  avoir  commencé  son  •ci%ii.-«:  dans 
la  magistrature  de  Berlin  (1801),  il  fut 
appelé  au  conseil  dVtat  (1804),  entra 
en  qualité  de  conseiller  dans  la  Cham- 
bre de  justice  de  Berlin  (  1806),  et  fut 
nommé  (1810)  membre  du  conseil  des 
Pupilles  de  la  Marche  électorale.  Lors- 
que la  guerre  éclata ,  en  1813,  la  com- 
mission de  Berlin  le  chargea  d*organiser 
la  landwehr  avec  le  titre  de  major  et 
de  commandant  d*un  bataillon  d*infan- 
terie  de  cette  milice  qui  faisait  partie  du 
quatrième  corps  d^armée.  Au  combat  de 
Hagelsberg,  il  re<^ut  la  Croix  de  Fer.  En 
1814,  il  marcha  avec  sa  division  vers  le 
Rhin  et  bloqua  la  forteresse  de  Wesel  ; 
Tinvestissement  du  Fort-Napoléon  lui  fut 
spécialement  confié.  A  son  retour  à  Ber- 
lin, il  reprit  ses  fonctions  civiles  dans  la 
chambre  de  justice;  mais  lorsque  la  guerre 
se  ralluma,  en  1815,  M.  de  Grolman  se 
remit  à  la  tête  de  son  bataillon  de  land- 
wehr et  arriva  assez  à  temps  sur  le  théâ- 
tre des  opérations  militaires  pour  pren- 
dre part  à  la  bataille  de  Fleurus  et  à  laf- 
faire  Je  Wavre.  A  la  seconde  paix  de 
Paris,  f n  1 8 1  G,  renon<^*ant  définitivement 
à  la  carrière  militaire ,  il  rentra  dans  la 
sphère  oùsVtaient  déjà  illustrés  son  jw're 
et  son  grai»d-p4*re  f  et  le  31  mars  il  fut 
nommé  vice  «président  du  tribunal  de 
justice  de  Clèvet.  Rap|»clé  à  Berlin  pour 
nartlciper  à  la  révision  de  la  législation , 


il  fut  envoyé  à  Magdebourg 
qualité  de  vice-président  du  tr 
périeur  de  justice  ;  mais,  en  1 8 
mination  à  la  charge  de  lire* 
de  la  chambre  de  justice  de  Be 
mena  dans  la  capitale.  Ce  tri 
préme  (  Kamrnergerirht  ]  v. 
comme  on  sait,  en  trois  sênat> 
d^appel  supérieur,  le  Sénat  d*i 
et  le  Sénat  crim'nel  :  après  ax 
ce  dernier  pendant  quatre  a 
Grolman  fut  nommé  président 
d*instruction,  et  enfin,  en  18! 
dent  du  sénat  d^appel  supérieti 
lents  brillent  encore  aujourd 
ces  hautes  fonctions. 

GROXOVE  ou  plutôt  Gp 
latin  Gro/tnv'us.  Il  v  eut  de  re 
critiques  et  philologues  celibr< 
mier,  jRAX-FiiJ.oKRir,  naqiii 
bourg  le  8  septembre  1611,  tit 
à  Leipzig  et  à  léna,  et  étudia 
AUdorf.  Il  parcourut  sui-res^»! 
Hollande,  TAnglelerre ,  la  Fra 
lie,  et  fut  ensuite  nommé  profes 
toire  et  d'éloquenre  à  Dcvent 
Yssel).  Quand  le  célèbre  Hrins 
mourut,  il  le  remplaça  dans  Tui 
Leyde.  CVtait  un  infatigable  ti 
il  a  donné  des  éditions  de  Titt 
Stace,  de  Jusvin,  de  Tacite 
Gelle ,  de  Phèdre ,  de  Sénètji 
luNte,  de  Pline  et  de  Plante.  î 
\SL{'ums^Oit.te'n'tttitmu/n  lihri  i 
1G3  I,  et  iiùri  rr,  Dtvtntcr, 
de  Platner,  Leip/..,  17ôô)  se 
de  finesse  et  d'érudition ,  m 
faut  reconnaître  également  à  so 
Sur  les  sesterces  '^  Cnmmrntari 
trritf.s^  Deventer,  1643,  et  I^; 
in-4"\  Ses  préfaces  sont  foii  ; 
fort  judicieuses.  On  n»*  lieirh 
édition  du  livre  dr  Groliu*  tfr 
et  pncÎK  (  vfty.  p.  1 96 \  parit»  «|u 
dVxcellentes  note-*.  Ce  travail 
à  rimpres>ion  qu'aprt^  sa  mo 
le  28  dé<*embre  1671.  (ncara 
et  liant  Tavait  fait  aimer  généi 

JAcgrr.s  Gronove,  son  fit^ 
cédait  en  rien  pour  le  savoir, 
venter  le  20  octobre  I64.>,  it«> 
celle  ville  et  à  I^ytle.  Apn""»  ui 
((uelques  mois  à  Oxford  et  à  (! 
il  revint  à  Ix^yde^  où  mui  éditi 


GRO 


(lt9) 


GRO 


^'U70)  fst  tellement  goûtée  qu'on 
bi  «Kl  me  place  de  professeur  à  De- 
mùi  il  refusa,  voulant  perfection- 
■tfadespar  des  voyages.  Gronove 
dooc  la  France  et  lllalie,  et  se 
fitibaû  et  des  protecteurs  en  grand 
^■ÉR.  Le  grand-duc  de  Toscane  lui 
^Mi  «K  diaire  à  Pise  ;  il  la  quitta  en 
Vty  pour  aller  remplacer  son  père  à 
Iiçie.  En  1703,  il  y  fut  nommé  géogra* 
^dbrooJTersilé  ;  il  y  mourut  le  2 1  oc* 
1*16,  à  Tàge  de  7 1  ans.  Il  a  pu- 
le  oaltitude  d'éditions  d^auteurs 
Tacite,  Polybe,  Hérodote,  Pom- 
.Ve/a,Cicéron,  Ammien  Marcel- 
.  (^te-Curce,  Macrobe,  Sénèque  le 
presque  achevé  par  son  père. 
ki  doit  aussi  la  riche  collection  inti- 
;  Thésaurus  Antiquitatutn  Grœca- 
Mr  ûaprimée  à  Leyde  de  1697  à  1702, 
I  f  J  ToL  iznfol.,  avec  6g.  Il  a  de  plus 
BÎde  â  quelques-unes  des  publications 
Gr»»iiiâ  ;pf>}.;.  Malheureusement,  il 
■I  on  caractère  caustique  et  hargneux, 
i'atta<|uait    méchamment  à    tout    le 
ade,  prodî^aot  les  injures  les  plus 
max>  savants  les  plus  célèbres, 
ValU^  Henri  Estienne,  Spanheim, 
n»,  SaoiDaiie,Bochart,Graevius,etc.; 
éditions,    même   celle   d^Hérodote, 
e!>t   son    chet  -  d*œuvre ,  sont   ero- 
aies  de  ce  défaut  ;  on  juge  bien  qu'il 
ns  iDéna^e  sa  bile  dans  ses  écrits  po- 


e  Iroîsièflie  Gronove,  fibde  celui-ci, 
Kia  Ab&aham  et  naquit  à  Leyde  en 
1.  Il  fit  des  éditions  de  Pompon ius 
L,  de  Tacite  et  d'Élien ,  et  mourut 
iotiiccaûre  de  Tuniversité ,  le  1 7  août 
». 

eu  autres  Gronove  se  sont  distin- 
daas  les  sciences  naturelles,  Tun 
i-FaxDiaic ,  fils  de  Jacques)  comme 
ai»te;  Tautre  ^LAUBEXT-TuioDOEE , 
la  précèdent)  comme  20ologi&te.  Ce 
âer  a  laisflé  d^'importants  ouvrages, 
ccrîLk  en  latin.  C  Z.  m, 

ftOS,  du  mot  grossus  de  la  basse 
ité,  BionDaie  d*argent  qui  date  du 
en-â^e,  et  dont  le  nom  ^  en  allemand 
iràr/i^  se  conserve  dans  les  états  de  la 
federation  germanique  qui  comptent 
ThaUr  ,ecu9.,  Groschen  et  P/ennige^ 
■Kmétaire  qui  n*est  pas  usité  dans  | 


l'Allemagne  méridionale,  où  Ton  compte 
par  Gulden  (florins)  et  Kreutzer,  D'après 
le  système  usité  dans  les  états  de  Saxe  et 
ailleurs,  24  gros  font  un  Thaler  de  la  va- 
leur de  4  livres,  et  chaque  gros  vaut  1 3 
Pfennige.  Aussi  les  appelle- 1- on  bons 
gros  (gute  Groschen),  tandii  que  la  Prus- 
se taille  dans  son  thaler,  qui  ne  vaut  que 
3  livres  15  sous,  jusqu^à  30  gros  :  ceux-ci 
sont  désignés  sous  le  nom  deSîiber^Gnh- 
sc/teny  ou  gros  d'argent,  quoiqu'il  y  entre 
beaucoup  plus  de  cuivre  que  d'argent.  Il 
y  a  encore  les  petits  gros  ou  gros  de  Ma^ 
rie  y  valant  8  PJennige.  On  ne  connaît 
pas ,  en  Allemagne ,  de  gros  plus  anciens 
que  ceux  qui  ont  été  frappés  à  la  Mon- 
naie de  Trêves  en  1 104. 

Pour  le  gros  pris  comme  poids ,  voy. 
Livre.  D-g. 

GROS  (AirroiifE-JEArf,  baron),  pein- 
tre d^hi-stnire,  naquit  à  Paris  le  16  mars 
1771.  Son  père  peignait  en  miniature  el 
sa  mère  au  pastel.  On  se  figure  aisément 
tout  le  soin  que  des  parents  artistes  de- 
vaient mettre  à  cultiver  dans  leur  fils  un 
talent  sucé  avec  le  lait.  Dès  Fàge  de  6  ans, 
il  dessinait  sous  la  direction  de  son  père; 
mais  celui-ci  poussait  la  se  vérité  jusqu'au 
point  de  faire  recommencer  à  l'enfant 
douze  ou  quinze  fois  de  suite  une  tête, 
un  pied  ou  une  main,  et  de  le  retenir  sur 
le  même  dessin  pendant  des  mois  entiers. 
Cette  rigueur  rendit  le  disciple  si  crain- 
tif que  plus  tard,  ayant  été  invité  par 
son  père  à  faire  son  portrait,  il  ne  put, 
quoique  arrivé  à  Tadolescence,  supporter 
son  regard,  et  se  décida  à  le  peindre  de 
profil.  Il  convenait  toutefois  que  Texi- 
gence  paternelle  avait  beaucoup  contri- 
bué à  la  justesse  de  son  coup  d'œil  et  à 
la  sûreté  de  sa  main.  Heureusement  elle 
ne  lui  fit  pas  prendre   Fart  en  dégoût, 
comme  cela  pouvait  arriver.  Avant  d'a- 
voir terminé  ses  études  classiques,  qu'il 
faisait  au  collège  Mazarin,  il  sollicita  avec 
instance  la  permission  de  consacrer  tout 
son  temps  au  dessin  el  à  la  peinture.  Son 
père  le  mena  au  Salon  du  Louvre,  et 
voulut  qu'il  se  choisit  lui-même  un  mai- 
Ire ,  à  la  vue  des  ouvrages  evposés.  Le 
jeune  homme ,  sans  hésiler,  s'arrêta  de- 
vant le  tableau   représentant  Hector  et 
Andromaqufy  peint  par  David.  Le  père, 
r^ri  àe  ce  choix^  le  conduisil  des\t\^tin 


GRO 


(180) 


CAO 


clomaîn  chez  le  peintre ,  qui  Padmît  au 
nombre  de  ses  disciples.  Gros  était  alors 
âgé  de  quatorze  ans. 

A  ses  débuts  dans  Tatelier,  David  eut 
bientôt  reconnu  en  lui  une  vocation 
marquée.  A  perne  Félève  avait-il  besoin 
d^étre  dirigé  :  il  semblait  deviner  Fart.  Il 
y  avait  d'une  étude  à  Tautre  un  progrès 
dont  tous  ses  camarades  étaient  d'autant 
plus  surpris  que  ces  résultats  étaient 
obtenus  presque  sans  travail.  Lorsque 
dans  la  pose,  ou  dans  la  forme,  ou  dans 
la  couleur  du  modèle,  Gros  ne  trouvait 
aucune  inspiration,  il  ne  faisait  rien;  il 
se  contentait  d'observer.  David  ne  lui  en 
adressa  jamais  de  reproches,  quoiqu'on 
pareil  cas  il  ne  les  épargnât  point  ;  mais 
il  avait  saisi,  avec  un  tact  qui  n'était  qu'à 
lui,  la  marche  qu'il  fallait  suivre  avec  ce 
disciple  à  part. 

La  plupart  de  ses  études  furent  remar- 
quées; plusieurs  existent  encore,  et,  au- 
jourd'hui comme  alors,  elles  causent  au- 
tant d'étonnement  que  de  plaisir.  Le  pein- 
tre d'histoire,  le  peintre  de  batailles  et  le 
coloristes'annonçaientà  la  fois.  Bientôt  on 
put  croire  que  Gros  n'avait  plus  rien  à  ac- 
quérir dansl'atelierd'apprentissageet  qu'il 
pouvait  voler  de  ses  propres  ailes;  mab 
une  dernière  leçon  lui  était  réservée.  Le 
roi  de  Prusse  avait  fait  demander  les  por- 
traits des  Français  les  plus  célèbres.  Da- 
vid, à  qui  te  monarque  s'était  adressé,  et 
qui  avait  personnellement  des  droits  à 
faire  partie  de  cette  collection,  pria  Gros 
de  le  pcindre.L'élève  n'avait  jamais  fait  de 
portrait  historique  :  il  commença  celui-ci 
presque  de  profil ,  à  cause  de  la  diffor- 
mité qui  défigurait  la  joue  gauche;  il  le 
sentit  d'ailleurs  avec  tant  d'énergie  et  le 
rendit  avec  un  tel  accent  de  vérité  que 
David  lui  dit  en  souriant  :  «  Mon  ami, 
vous  n^avez  donc  jamais  fait  le  portrait 
de  personne?  Quand  on  peint  un  por- 
trait, il  faut,  sans  altérer  la  ressemblance, 
le  voir  en  beau.  »  Puis,  après  cette  réflexion 
toute  amicale,  il  lui  fit  quitter  la  toile,  et 
se  peifnit  lui-même  dans  une  glace ,  mais 
tellement  bien  que   la  leçon   donnée  à 
Gros  en  tat  une  pour  tout  l'atelier.  David 
en  fit  faire  iTne  copie  qu'il  retoucha,  et 
il  garda  l'original  dans  sa  famille.  Ce  por- 
trait ?i  cuririix,  où  le  modèle  est  repré- 
senté en  rhe^rnx  poudrés,  a  passé  dans 


le  cabinet  de  Gérard;  il  est  m; 
en  la  possession  de  M.  Delafontai 
élève  du  grand  maître. 

Gros  continua  de  fréquenta 
mais  il  n'y'fit  plus  d'études.  En 
concourut  pour  le  grand  prix  a 
don  et  Moreau  qui  fut  depuis  ar 
le  sujet  était  Èléazar  refusant 
ger  des  viandes  défendues.  Lan 
porta  le  grand  prix  ;  Moreau  g 
premier  second  grand  prix,  et  C 
lementun  deuxième.  Ce  sujet,  c 
et  pour  ainsi  dire  négatif,  convi 
k  un  talent  chaleureux  et  tout  ei 
néanmoins  Gros  en  fit  un  table 
belle  couleur  et  d'un  sentimen 
quable.  Ce  genre  de  lutte  acadéi 
lui  convenait  guère  mieux. 

La  Révolution  française  pre 
un  caractère  sombre.  Gros  avait 
avec  enthousiasme  les  idées  de 
ma'is  son  âme  généreuse  s'indi 
leur  sanglante  application.  L'afl 
liale  et  la  déférence  profonde  r| 
pour  son  maître  lui  firent  détes 
tant  plus  le  rôle  de  violence  où 
fut  entraîné.  La  Terreur  fut  bien 
de  la  première  réquisition,  levée 
des  jeunes  gens  de  18  à  25  an! 
trouvant  atteint  par  le  décret,  ] 
fit  obtenir  un  passeport  pour 
mais  Rome  et  Florence  étaient 
aux  étrangers  et  surtout  aux 
L'artiste  fut  forcé  de  s'arrêter 
partie;»  septentrionales,  qu'occu 
troupes  de  la  République.  Il  m 
Gènes,  et  parvint  à  se  castT  di 
major  de  l'armée.  C'est  dans  i 
qu'il  rencontra  Girodet,  malade 
tour  de  Rome,  et  qu'il  lui  prod 
les  soins  de  l'amitié  la  plu«  emp 

Gros  trouva  des  protecteurs 
principaux  personnages  au  sen 
république  française  et  d'honoi 
sources  dans  son  talent.  Il  fit 
traits  en  miniature  à  l'huile,  où 
lait,  et  beaucoup  de  ces  Jixt 
chefs-d'œuvre  de  finease  et  de  ce 
méritaient  la  vogue  dont  ils  jo 
M"*  Bonaparte  étant  venue  ha 
nés  quand  son  mari  eut  obteni 
mandement  de  l'armée  d'Italie 
fut  présenté:  elle  lui  fit  le  plu 
nrcueil ,  le  prit  en  affection,  et 


GRO 


(181) 


GRO 


il  en  chef,  qui  le  reçut  à  Milan. 
Mo&ire  ne  fut  pas  moins  profi- 
a  gDenrîer  qu^à  Fartiste.  Gros, 
i  1rs  bien  la  langue  italienne,  fut 
(àréut-major  comme  interprète, 
Kvi  fois  il  fut  envoyé  en  parle- 
ire.  Q  ioint  tous  les  mouvements 
9k j  pendant  lesquels  il  partageait 
le<ii  général.  Dans  ces  marches  à 
»  la  rizières  de  la  Lombardie ,  il 
daone  infirmité  grave  :  une  de  ses 
i  «  ncoourcit  subitement;  il  resta 
■ps  boiteux,  et  se  ressentit  de  ce 
tadaot  presque  toute  sa  vie.  Té- 
ticteordes  opérations  militaires, 
!■  (hos  la  partie  technique  du  mé- 
'tfiBes,  mais  sans  cesser  de  culti- 
ootore;  il  avait  au  quartier-gé- 
n  alelier ,  où  Bonaparte  lui  fai- 
îéqaentes  visites.  Il  eut  bientôt 
niaaoce  avec  tous  les  généraux 
c,  et  quelques-uns  devinrent  ses 
i'ao  VI,  il  envoya  à  Paris  le 
e  fionaparte  au  pont  d'Arcole 
1  général  Berthier.  Membre  de 
BÎon  chargée  de  recueillir  les 
t  qui  étaient  cédés  à  la  France 
ité  de  Tolentino,  il  s^acquitta 
ission  rigoureuse  avec  une  mo-> 
ont  les  habitants  de  Pérouse , 
ont  conservé  un  souvenir 


"9 

mt 


rvalle  de  paix,  ou  plutôt  un 
i  la  guerre ,  permit  à  Gros  de 
riccipales  villes  de  ritalie,  et 
:er  à  peu  près  son  pèlerinage 
De  retour  à  Paris,  il  y  trouva 
eur  maître  de  la  France.  Un 
dis  à  sa  disposition,  par  le  gou- 
^  dans  le  bâtiment  des  Capu- 

avoir  fait  une  étude  sérieuse 
lu  Louvre  et  surtout  de  Ru- 
.  nous  venions  de  recevoir  les 
vre,  il  peignit  Sapho  à  Leu^ 
AU  qu^il  exposa  au  Salon  de 
aéme  temps  qu^un  portrait  du 
lusul  à  cheval,  passant  en  re- 
rnadiers.  Dans  le  cours  de  la 
•e,  un  concours  s'ouvrit  pour 
de  NazaretJiy  dont  Junot  avait 
.  L'esquisse  de  Gros,  pleine  de 

la  plus  belle  couleur ,  obtint 
De  ;  le  tableau  fut  même  ébau- 
oile  dans  ks  plus  vastes  pro- 


portions ;  mais  œ  travail  ne  fut  pas  achevé. 
On  a  cru  voir  la  cause  de  cette  interrup- 
tion dans  un  sentiment  jaloux  qui  déjà 
portait  Bonaparte  à  ne  vouloir  souffrir 
que  lui  seul  sur  le  premier  plan. 

Ainsi  le  montra,  en  1804,  le  tableau 
des  Pestiférés  de  Jajfa,  Cette  peinture, 
exécutée  à  Versailles,  dans  le  célèbre 
Jeu  de  paume ,  était  la  première  de  ces 
grandes  toiles  qui  furent  consacrées  a  re- 
tracer la  gloire  contemporaine,  et  elle  est 
demeurée  l'une  des  plus  belles.  L'effet  en 
fut  prodigieux.  L'auteur  fut  porté  en 
triomphe  depuis  le  café  de  la  rue  du  Coq 
jusqu'au  Salon  du  Louvre,  et  l'ouvrage 
fut  couronné  en  sa  présence  comme  le 
chef-d'œuvre  de  l'exposition.  Bonaparte 
aux  Pyramides^  le  Combat  d'Aboukir  ^ 
l'esquisse  de  la  Bataille  de  FFagram ,  la 
Bataille  d'Eylau,  V Entrevue  de  V em- 
pereur des  Français  et  de  l'empereur 
d'Autriche  en  Moravie,  la  Reddition  de 
Madrid^  Charles^  Quint  reçu  à  Saint- 
Denis  par  François  /•' ,  furent  les  prin- 
cipaux ouvrages  de  Gros  pendant  le  Con- 
sulat et  l'Empire. 

Doué  d'une  exécution  entraînante  , 
il  semblait  né  pour  peindre  les  Fran- 
çais victorieux.  Tout  respire  dans  ses 
tableaux,  et  jamais  le  caractère  local, 
jamais  la  physionomie  individuelle  ne 
furent  rendus  avec  plus  de  vérité.  L'am- 
bassadeur turc,  visitant  le  Salon,  s'arrêta 
en  admiration  devant  le  Combat  d'A^ 
boukir;  puis  il  fit  le  geste  d'un  homme 
en  action  de  se  déshabiller.  On  fui 
demanda  ce  que  cette  singulière  dé- 
monstration signifiait.  «  Quand  tous  ces 
personnages  seraient  dépouillés  de  leurs 
vêtements,  répondit -il,  on  reconnaî- 
trait un  Turc ,  un  Albanais ,  un  Fran- 
çais. »  Insistons  aussi  sur  le  Charles- 
Qiiint y  parce  qu'il  fut,  de  la  part  du 
peintre,  une  noble  réponse  à  des  criti- 
ques qui  avaient  mis  en  doute  la  flexi- 
bilité de  son  talent  :  Gros  paraît  aussi 
à  l'aiie  dans  c«  tableau  de  chevalet  que 
sur  ses  toiles  de  40  pieds.  L'intérêt  de  la 
composition,  la  finesse  des  expressions  et 
la  magie  de  la  couleur  en  font  une  véri- 
table perle. 

En  1817,  le  Départ  met  urne  de 
Louis  XVIll  au  20  mars ,  sujet  triste  et 
ingrat  y  mais  titûté  avec  une  incroyable 


GRO 


(184) 


GRO 


reux  et  arides.  Personne  n'ignore  qu'on 
la  cultive  fréquemment  à  cause  du  fruit, 
appelé  groseille  à  maquereaux^  parce 
que,  avant  d'avoir  atteint  sa  maturité,  il 
sert  à  assaisonner  ce  poisson. 

Parmi  les  espèces  cultivées  à  titre  d'ar- 
brisseaux d'agrément,  nous  signalerons 
le  GaosEitLxa  ou  Liban  [ribes  orientale^ 
Poir.) ,  remarquable  par  l'odeur  de  rei- 
nette qu'exhalent  ses  feuilles  et  ses  jeunes 
pousses;  le  Geoseiller  des  Alpes  [ribes 
Alpinum^  L.),  l'un  des  arbrisseaux  les 
plus  précoq^  de  nos  climats;  le  Geoskil- 
LEE  ODOEANT  (rihes  palmatum ,  Desf.) , 
dont  les  fleurs ,  grandes ,  très  abondantes 
et  d'un  jaune  vif,  répandent  une  odeur 
de  jasmin.  Cette  espèce,  d'ailleurs,  mé- 
rite d'être  cultivée  pour  ses  fruits,  dont 
la  saveur  approche  de  celle  du  cassis; 
enfin  le  Geoseillee  pouepee  {ribes  san^ 
guineumy  Pursh.),  l'espèce  la  plus  élé- 
gante de  la  famille.  Ed.  Sp. 

GROSS-BEEREN  (bataille  de). 
Gross-Beeren  est  un  village  du  Brande- 
bourg, régence  de  Potsdam,  où  fut  livré, 
le  23  août  1813,  un  combat  dont  l'issue 
déconcerta  le  plan  d'opérations  imaginé 
par  Napoléon  pour  la  campagne  d'au- 
tomne et  l'empêcha  de  recueillir  les  fruits 
de  sa  victoire  de  Dresde. 

Dans  notre  article  sur  cette  bataille, 
nous  avons  décrit  comment  Napoléon, 
assis  sur  l'Elbe,  ayant  Dresde  pour  pivot 
de  ses  opérations,  contenait  Blûcher  en 
Silésie,  Schwarzenberg  en  Bohême,  et 
poussait  sur  Berlin,  contre  l'armée  nisso- 
prusso-suédoise  de  Bernadotte,  le  maré- 
chal Oudinot  et  le  maréchal  Davoust. 
A  l'occupation  de  cette  capitale  il  ratta- 
chait set  plus  hautes  espérances,  que  le 
lieutenant  général  Pelet  présente  ainsi  : 
«  Ils  (Davoust  et  Oudinot)  devaient  obli- 
ger Tennemi  a  se  retirer  sur  la  rive  droite 
de  l'Oder.  Alors  nos  places  se  trouvaient 
débloquées  ;  les  vieilles  troupes  des  gar- 
nisons, remplacées  par  des  conscrits,  ve- 
naient renforcer  l'armée.  Celle-ci  entrait 
en  ligne,  comme  en  1807,  couverte  par 
le  bat  Oder,  garni  des  forteresses  qui 
nous  appartenaient.  La  guerre  pouvait 
«^tre  portée  sur  l'autre  rive  du  fleuve  et 
gagner  rapidement  laVbtule,  où  nous  at- 
tendaient &0,000  Polonab  prêts  à  s'ar- 
mer. Napoléon  n'aurait  plus  désormais 


à  s'occuper  que  de  son  flanc 
pouvait  d'ail  iirs  transporter  sa 
pérations  par  Magdebourg  sur 
ou  Dusseldorf.  Mais  les  Prussiei 
cheraient-ils  pas  au  secours  de  i 
Les  Russes  ne  craindraient-ils 
la  Pologne  et  pour  leurs  d^ 
grande  armée  de  la  coalition 
désunie.  » 

Dès  le  29  juillet.  Napoléon 
Rapp ,  gouverneur  de  Dantzif 
première  opération  sera  de  nou 
de  Berlin,  de  débloquer  Custri 
tin.  Nous  nous  mettrons  promp 
communication  avec  vous.  » 

Le  1 8  août,  il  faisait  écrire 
au  maréchal  Oudinot  par  le  i 
néral  :  «  Sa  Majesté  espère  qu 
telle  armée  vous  pousserez  ra 
l'ennemi;  que  vous  enlèvere 
désarmerez  ses  habitants,  dispei 
tes  les  landwehrs  et  cette  nuée 
vaifles  troupes.  Toutefois  vous 
vrerez  pour  vous  joindre  i 
d'Eckmûhl,  débloquer  Stett in  c 
et  rejeter  tous  les  Suédois  dans 
ranie.  Le  seul  but  de  Cemperei 
Grande'^Arméey  sera  de  prou 
opération  et  de  contenir  l'arn 
chienne  et  russe.  Vous  sentez  c 
bien  il  est  important  que  vou 
18  en  pays  ennemi,  et  le  21  c 
vant  Berlin,  abstraction  faite 
majeures.  » 

La  place  de  Magdebourg  < 
celle  de  Wittenberg,  avec  laque 
pide  maréchal  duc  de  Reggio  ( 
dinot)  avait  sa  ligne  de  commi 
n'étaient  qu'à  trois  ou  quatre  n 
Berlin,  et  le  contour  de  l'Ell 
parfaitement  sa  position.  Le 
Oudinot  fut  avec  le  1 2*  corps 
à  12  lieues  de  Berlin.  Il  atten* 
de  Padouc(vo^.  Aeeichi)  ,  qu 
1 7,  Reynier  et  Bertrand,  qai  se 
à  lui  le  18.  Le  19  seulement,  < 
corps  entrèrent  sur  le  territoire 

Le  pays  par  lequel  il  fallai 
l'armée  du  prince  royal  de  S 
d'après  la  description  du  savai 
sciencieux  major  Wagner  {yoy 
p.  519),  entrecoupé  de  marais  c 
seaux  coulant  sur  des  fonds  bon 
qui  les  rend  très  propres  à  ladél 


GRO 


(18$) 


GRO 


*  des  digaet  dont 
pitêtrea  ;  disputé. 

kiipëB  pni  U  4«,  gé- 

IVuMo,  7,907  hommes;  la  S* y 
iMdl,  10,338  hommes)  y  pré- 
KyMO  bommesy  éuient  chargées 
de  deux  de  ces  ruisseaux  y  la 
il  Hotte,  dont  les  cours  diver- 
)Béi  pir  des  bas -fonds  maréca- 
t  paaiUiem  une  ligne  favorable 
■sailbot  tourné  contre  les  Fran- 
Âb  tIaoAt,  sur  Tavis  de  leur  mar- 
ÉÊim  tnk  colonnes,  deux  autres  bri- 
pjipiiiiuuu  (17,916  hommes)  vin» 
■iiiBfciter cette  ligne.  Jjbs  autres  corps 
A&v  umèt  montant  en  totalité  à 
f^i^  lioiames  (d*après  Fétat  qu'en 
Wigotr),  restèrent  dans  leurs  can- 
tux  enrirons  de  Berlin  et  de 
tous  la  main  du  prince  royal  de 
;  car  on  ne  prévoyait  pas  encore 
•vdéboodieraitOudinot  avec  le  gros 
Celles-ci  ont  été  évaluées  par 
à  77,000  hommes;  mais  le  gêné- 
Piekt,  qui  cite  Tétat  fourni  à  Napo- 
i  le  6  août,  part  d'une  première  base 
pÉrée  de  73,000  ,  ramenée  ensuite 
■■  autre  état  à  60,000  hommes ,  et 
I  apprécie  à  une  force  réelle  d^envi- 
^,000  hommes. 

omr  firancfair  un  marais  qui  s'étend 
lis  Trebbin  j  osqu'au  lac  de  Rangsdorf, 
'rançaîs  avaient  à  forcer  trois  pas- 
>  :  à  leur  gauche  celui  de  Thyrow, 
a  regardait  comme  imprenable,  aussi 
!*  corps  n'y  entreprit-il  rien;  celui  de 
Mock  à  leur  centre;  celai  de  Jûhns- 
à  droite. 

a  divisâon  française  Durutte,  du  7* 
■ycmporu  Wittstock.  De  l'autre  coté 
t  village  était  la  digue,  défendue  par 
•taillon  prussien  et  par  deux  canons 
riorent  soutenir  cinq  régiments  de  ca- 
riée! lieux  batteries  légères,  dont  Pune 
Bca  aussitôt  son  feu  contre  le  débou- 
L'artillerie  française  ripostait  avan- 
■sement,  placée  sur  une  colline  au 
en  dn  village,  à  l'abri  du  canon  prus- 
.  Les  maisons  d'alentour  furent  in- 
lîées  pour  Tobliger  à  s^éloigner  ;  mais 
reparut  quand  les  maisons  eurent  été 
w"p^*«  Son  feu  a^ait  duré  depuis 
t  jusqu'à  six  heures  du  soir,  lorsque 
teéral  prunen  de  Thûmen,  cpii  cou* 


rait  risque  d'être  tourné  sur  sa  droite, 
retira  son  infanterie,  abandonnant  la  dé- 
fense de  la  digue  aux  canons  et  à  la  ca- 
valerie. Alors  les  tirailleurs  firançais 
s'enhardirent  jusqu'à  pauer  le  canal,  sur 
des  planches  à  côté  de  la  digue  ;  d'autres 
jetaient  du  foin  et  des  branches  d'arbres 
afin  de  le  rendre  guéable;  enfin  une  co- 
lonne d'infanterie  se  précipita  à  pas  re- 
doublés pour  franchir  le  paauge;  mais 
la  mitraille  des  deux  batteries  prussien* 
nés  réunies  l'accabla ,  et  elle  revint  en 
désordre  en  jetant  ses  armes.  Ce  ne  fut 
qu'à  une  trobième  tentative  que  la  digue 
fut  enfin  franchie.  Au  débouché,  nos  co- 
lonnes, maltraitées  par  la  mitraille,  eurrait 
encore  à  soutenir  deux  charges  de  cinq 
régiments  de  cavalerie  qui  les  pénétrè- 
rent sans  les  pouvoir  entamer,  tant  elles 
se  soutinrent  avec  valeur  et  habileté. 
Wagner,  dans  ce  récit  que  nous  ne  fai- 
sons qu'abréger,  rend  hommage  à  la  va- 
leur extraordinaire  des  troupes  françaises 
et  dit  que  les  soldats  prussiens,  manquant 
encore  d'expérience,  s'embarrassaient  en- 
tre les  canons  et  les  empêchaient  d'agir. 
Il  ajoute  que  le  général  de  Thûmen  or- 
donna alors  d'abandonner  le  défilé  de 
Thyrow  et  de  faire  une  retraite  générale 
par  le  bob  vers  Gross-Beeren. 

L'armée  de  Bernadotte  était  de  l'autre 
côté,  en  position  devant  les  débouchés  de 
ce  bois  en  partie  marécageux  et  traversé 
par  trob  grands  chemins  :  celui  de  Jûhns- 
dorf  à  Blankenfeld,  à  droite;  un  autre,  ce- 
lui deWittstock  à  Gross-Beeren,  qui  est  la 
route  de  Berlin,  et  à  gauche  celui  de  Treb- 
bin par  Ahrensdorf  et  Sputendorf.  Point 
de  communications  transversales  entre  les 
deux  premiers  à  cause  du  marab.  Une  lan- 
gue de  sable  mouvant,  entre  les  deux  der- 
niers, opposait  de  grands  obstacles  aux  ma- 
nœuvres de  l'artillerie  et  de  la  cavalerie, 
en  sorte  que  les  Françab  étaient  réduits 
à  traverser  le  bob  en  plusieurs  colonnes, 
ce  qui  donnait  la  facilité  de  réunir  toutes 
les  forces  contre  l'une  d'elles,  tandb 
qu'avec  peu  de  troupes  on  tiendrait  les 
autres  en  échec. 

Le  23,  de  grand  matin,  le  général 
Bertrand,  qui,  avec  le  4*  corps,  s'était 
rendu  maître  du  village  de  Jûhnsdorf  la 
veille  et  y  avait  passé  la  nuit,  s'avança 
en  plusieurs  colonnes  sur  Blankenfeld, 


GRO 


(186) 


GRO 


village  au  débouché  du  bois ,  contre  le  [  six  batteries  dont  le  feu  oommei 


général  Tauenzien  ;  mais,  après  avoir  ca- 
nonné,  il  se  retira,  ne  voulant  sans  doute 
pas  dépasser  le  défilé  de  Jûhnsdorf  avant 
que  les  mouvements  du  général  Reynier, 
avec  le  7"  corps,  n'eussent  forcé  à  la  re- 
traite le  corps  de  Tauenzien.  A  deux 
heures,  tous  deux  avaient  repris  leurs  po- 
sitions rc9pectives,  restant  tranquilles  et 
se  couvrant  par  une  chaîne  d'avant-postes. 

Ce  fut  vers  quatre  heures  du  soir  que 
le  7*^  corps,  qui  avait  passé  la  nuit  à 
Wittstock,  déboucha  du  bois  sur  le  villa- 
ge deGross-Beeren,oii  Bûlow(ro^.),fort 
de  40,000  hommes  en  quatre  brigades, 
avait  placé  trois  bataillons,  un  régiment 
de  hussards  et  quatre  canons.  La  diviâion 
saxonne  Sahr  Tincendia  avec  deux  bat* 
teries  et  un  de  tes  bataillons  l'emporta 
d'assaut. 

Dans  ce  moment,  les  troupes  prussien- 
nes avaient  déjà  pris  les  armes  pour  se 
replier  jus(|u'aii  AVeinberg  près  de  Ber- 
lin ,  d'après  l'ordre  de  Bernadotte  qui 
avait  jugé  que  sa  position  pouvait  être 
abordée  et  tourni^e  maintenant  de  tous 
les  côtés.  Mais  Bûlnw,  campé  à  peu  de 
distance  de  Grnss-Beeren,  sur  le  versant 
d'une  colline,  voyant  que  le  7*  corps  dé- 
bouchait seul  et  allait  s'étendre  pour 
camper  en  sécurité  entre  Crross-  et  Neu- 
Beeren,  villages  distant  de  tn)is  mille  pas 
Tun  de  Tautre  et  tous  deux  à  mille  pas 
du  bois,  résolut  de  le  punir  de  sa  har- 
diesse par  une  atta()uc  générale.  Berna- 
dotte l'approuva.  Il  pleuvait  à  verse;  le 
juurcommen<jait  à  bai!»ser  et  chacun  cher- 
chait à  se  mettre  à  couvert.  Reynier,  ayant 
ce?vsé  d'entendre  le  feu  du  4** corps,  en»  ait 
qu'il  s'était  porté  en  avant  et  que  d*un 
autre  côté,  à  sa  gauche,  le  1 2**  corps  et 
la  cavalerie  du  duc  de  Padoue  devaient 
être  à  |>ortée  de  le  soutenir.  De  là  sa 
sécurité,  si  grande  que  tout  le  train  se 
trouvait  au  milieu  de  la  colonne,  et  les 
fimrriers  étaient  occupés  à  désigner  les 
bâtiments  propres  à  loger  les  odiciers 
supérieurs,  «piand  les  Prussiens  parurent, 
dt>srendant  la  colline  dont  le  pied  touche 
à  G^os^-B^'eren.  Troi»  brigade»  s'avan- 
çaient  à  drf»ite  et  une  à  gauche  de  ce 
village,  sur  deux  et  trois  lignes,  en  maftse, 
par  bataillons. 

Pevant  leur  front  était  une  ligne  de 


distance  de  1,800  pas  et  contii 
avançant;  à  1,200  pas,  oo  porta 
64  le  nombre  des  pièces.  L^n 
suivait  à  300  pas  en  arrière,  trèsi 
tée  par  le  feu  du  7*  corps  qui  a^ 
successivement  en  batterie  tous 
nous  en  nombre  à  peu  près  égal 
ordonna  à  ses  bataillons  de  se  d< 
croyant  qu'ils  auraient  moins  à 
dans  l'ordre  mince;  mais,  dit  \ 
s*  étant  aperçu  que  P  ordre  prof  m 
plus  adapté  à  V esprit  du  soldat^ 
reprendre  ;  puis,  ayant  pour  lui  I 
riorité  du  nombre,  il  augmenta 
82  le  nombre  de  ses  pièces,  qui  foi 
rent  en  front  et  en  tlanc  la  ligne 
par  une  division  saxonne  et  la 
française  Duruttc,  dont  le  feu  i 
fut  successivement  éteint.  Alors 
ordonna  une  attaque  générale,  à 
de  laquelle  Gross-Beeren  fut  e 

Reynier  ne  voulut  pas  faire  d< 
seconde  ligne  et  se  borna  à  couvr 
traite  que  les  Prussiens  ne  suivir 
On  ne  distinguait  plus  les  objets, 
sur  la  gauche,  les  divisions  frani 
cavalerie  Fournier  et  d'infanteri 
leminot,  du  ]2*corpi,  dél>ouc 
défilé  de  Thvrow,  donnèrent 
aux  Prussiens,  qui  se  replièrent  \ 
ment  sur  leur  camp  de  Heinersdc 
in(|uiéter  Reynier.  Wagner  dit 
perte  des  Prussiens  m(mta  à  15* 
6G2  blessés,  228  prisonniers  et  s 
démontées;  il  porte  à  2,124  ho 
1 4  canons  la  perte  des  Saxons.  \ 
(|ue  le  maréchal  Oudinot  venait  i 
à  AVittstock,  où  il  retnit  la  itou 
combat  et  de  la  défaite  ;  «pie,  fort 
tentde  Reynier,  qui  s'était  engag 
ses  ordres,  il  ordonna  la  retrait 
les  corps.  O  fut  le  surlendeniai 
ment,  25  août,  que  Bernadotte  \\ 
vre,  l'inquiétant  si  peu  que 
français*;  mit  jusc|u'au  2  septem 
réunir  dans  son  camp  sous  AVit 

Napoléon  avait  manqué  de  rei 
monts  exacts  sur  les  forces  de  Ber 
Oudinot  trouva  devant  lui  1 00, 0< 
mes  quand  lui  -  même  n'en  a 
00,000,  dont  plus  de  la  moitic 
étaient  des  AUemancb  ou  des  I 
peu  alfectioDoét  que  Wagner  lu 


6RO 


(187) 


GRO 


■prtîalité,  compte  parmi  eux 
déserteurs  qui,  dans  le  mob 
nient  passé  par  les  états  autri- 
«r  retourner  dans  leur  pays, 
bec,  pea  considérable  en  lui- 
cqoiert  de  Timportance  par  Tir- 
aoà  il  jeta  Napoléon,  qui,  n*en 
bieo  juger  du  champ  de  bataille 
e,cnignii  vraisemblablement  de 
i  pràe  de  Pirna  au  soutien  de 
Dt,  qui  seul  barrait  audacieuse- 
rvtraite  à  la  grande  armée  des 
îtiU.  Victime  d^un  mouvement 
croire  soutenu,  ce  général  Irou- 
te  k  Kulm  (vo/,) ,  où,  avec  le 
de  DOS  autres  corps  à  la  pour- 
iliés,  il  était  possible  de  com- 
lésorganisation  de  leur  grande 

D-E. 

iE,  terme  de  pratique  qui  dé- 
ne  authentique  d*un  acte  no- 
n  jugement,  délivrée  en  forme 
c>il-à-dire  portant  le  même 
I  même  formule  finale  que  les 
>orte  de  copie  a  été  nommée 
e  qu*elle  était  ordinairement 
us  gros  caractères  que  la  mi- 
autres  copies. 

'  fait  la  même  foi  que  Torigi- 
ce  titre  n^cxiste  plus.  La  re- 
1  est  faite  volontairement  au 
L  présumer  le  paiement  ou  la 
.  dette ,  sans  préjudice  de  la 
raire.  E.  R. 

ESSE ,  partie  importante  de 
>n  voy.  ,  exclusivement  dé- 
^m^le,  et  qui  consiste  à  por- 
I  sein,  pendant  neuf  mois,  le 
la  conception ,  et  à  lui  four- 
riaux  nécessaires  à  son  déve- 

jusqu*à  Tépoque  où  elle  le 
»Qde.  On  admet  à  tort  une 
scsse:  ce  n^est  qu'une  maladie 
;  par  la  présence  d'hydalides 
>es  dans  la  cavité  de  Tulérus, 
paisseur  de  ses  parois,  et  qui 
nposer  par  le  développement 
t  la  suppression  du  flux  mens- 
it  à  la  véritable  grossesse ,  la 

nous  ayons  à  nous  occuper 
put  présenter  des  anomalies 
odiquerons  seulement  :  ainsi 
ire  extra  •'Utérine^  c'est -à- 
\  krtuSy  au  lieu  de  se  déve- 


lopper dans  rotérus ,  se  développe  dans 
Fovaire,  dans  la  trompe,  ou  même  dans 
la  cavité  du  péritoine  (vox>  œs  mots)  ; 
toutes  circonstances  qui  rendent  Taccou- 
chement  impossible  par  les  voies  natu- 
relles et  amènent  inévitablement  la  perte 
de  la  mère  et  de  Tenfant. 

La  grossesse  intra-utérine ,  celle  dans 
laquelle  le  produit  de  la  conception  est 
bien  renfermé  dans  la  matrice  [yoy^^ 
peut  être  simple ,  s'il  n'y  a  qu'un  fœtus; 
composée,  lorsqu'il  y  en  a  plusieurs,  con- 
dition accidentelle  dans  l'espèce  humaine 
et  dans  quelques  autres,  mais  habituelle 
chez  la  plupart  des  animaux  vivipares 
{yoy.  Gestation);  enfin,  compliquée,  lors- 
que des  moles ,  des  polypes  ou  des  kys- 
tes coexistent  avec  le  fœtus. 

Aussitôt  que  la  grossesse  a  commencé 
se  manifestent,  dans  le  plus  grand  nombre 
des  cas  ,  des  signes  qui  en  font  connaître 
l'existence.  Outre  la  suppression  de  l'é- 
vacuation périodique ,  qu'on  a  vu  cepen- 
dant continuer  pendant  les  premiers  mois 
de  la  gestation  et  même  jusqu'au  terme 
de  racc(tuchemcnl,  surviennent  des  nau- 
sées et  des  souffrances  variables  résultant 
de  la  pléthore  sanguine;  en  même  temps, 
le  volume  du  ventre  augmente  sensible- 
ment, ainsi  que  celui  des  glandes  mam- 
maires. Mais  le  phénomène  caractéristi- 
que est  la  sensation  que  fait  éprouver  à 
la  femme  enceinte  le  fœtus,  dont  les  mou- 
vements deviennent  reconnaissables  après 
le  quatrième  mois.  A  ces  signes,  vulgaires 
en  quelque  sorte,  de  la  grossesse,  signes 
qui  peuvent  être  équivoques  ou  incom- 
plets ,  il  s'en  joint  d'autres  que  le  méde- 
cin seul  peut  apprécier;  ce  sont  :  l'état 
du  col  de  l'utérus  constaté  par  le  toucher, 
le  développement  du  corps  de  cet  organe, 
le  ballottement  du  fœtus,  enfin  le  bruit  de 
la  circulation  placentaire  et  fœtale  perçu 
par  Tauscultation.  Par  ces  divers  moyens, 
on  peut  non-seulement  constater  l'exis- 
tence de  la  grossesse ,  mais  encore  préci- 
ser avec  assez  de  certitude  l'époque  à  la- 
quelle elle  est  parvenue. 

Les  phénomènes  physiologiques  de  la 
grossesse,  en  ce  qui  concerne  l'enfant, 
sont  exposés  aux  articles  OKuf  humain. 
Embryon  et  Foetus,  de  même  qu'au  mot 
Accouchement  on  trouve  ce  qui  est  re- 
latif à  sa  terminaison,  L'aiticle  GiNÉ&A- 


QBO  (  188  ) 

TioM  est  également  propn  à  compléter 
rensemble  des  oonnaissauofli  à  ce  sajet  : 
noua  o*avoiis  donc  à  nous  oocapericî  que 
de  ce  qui  regtrde  Tliygiène. 

La  grossesse,  en  effet ,  n*est  point  une 
maladie ,  mais  un  état  normal  qn^il  finit 
respecter  et  assurer  dans  son  résultat. 
Quelques  incommodités  raccompagnent, 
il  est  vrai;  mais  il  est  généralement  facile 
de  les  prévenir  ou  d*y  porter  remède  y  et 
leur  persistance,  dans  la  plupart  des  cas, 
accuse  Timprudence  ou  Tindocilité  des 
malades.  Cependant  quelquefois  elles  ré- 
sistent au  traitement  le  mieux  entendu  et 
se  terminent  par  l'issue  prématurée  du 
fœtus.  Fby,  AvoaTEXKNT. 

L'importance  des  soins  que  réclame 
une  femme  enceinte  n'avait  pas  échappé 
aux  législateurs  de  l'antiquité,  qui,  consi- 
dérant que  deux  individus  se  trouvent 
alors  intéressés,  avaient  entouré  cette 
double  exbtence  de  précautions  et  de  pri- 
vilèges de  tout  genre.  En  effet,  dans 
cette  situation,  la  susceptibilité  naturelle 
à  la  femme  est  singulicrement  accrue ,  et 
les  impressions  qu'elle  éprouve  réagissent 
sur  l'enfant  qu'elle  porte  dans  son  sein. 
Un  régime  doux  et  modéré  est  néces- 
saire 'au  début ,  et  la  nature  elle-même 
l'indique  en  plaçant  à  cette  époque  les 
dérangements  des  organes  digestifs,  les 
nausées,  les  vomissements  et  autres  symp- 
tômes annon<^ant  une  surabondance  de 
substance  nutritive.  L'abstinence  est  donc 
le  véritable  moyen  de  remédier  à  ces  in- 
commodités, qui  d'ailleurs  cessent  d'elles- 
mêmes  vers  le  quatrième  mois ,  c*est-à- 
dire  lorsque  le  fœtus,  en  se  développant 
d'une  manière  plus  rapide,  fait ,  si  l'on 
peut  ainsi  dire«  une  plus  grande  consom- 
mation. Les  vomitifs  et  les  purgatifs  sont 
bien  moins  salutaires  que  nuisibles ,  et  la 
saignée,  quoiqu'elle  soit  utile  assez  sou- 
vent,  pourrait  plus  souvent  encore  être 
évitée  par  une  judicieuse  direction. 

>'ous  renvoyons  à  l'article  ënviks  pour 
ce  qui  est  relatif  aux  appétits  bizarres  de 
certaines  femmes  grosses  et  aux  consé- 
quences que  le  vulgaire  a  coutume  de 
leur  attribuer. 

Si  les  vêtements  étroits  et  serrés  sont 
nuisibles  en  tout  temps,  ils  sont  funestes 
aux  femmes  grosses  :  aussi  dès  les  pre- 
miers temps  de  la  gestation  doiveut-elle» 


GRO 

renoncer  aux  corsets,  aux  jarre 
rées  et  à  tout  ce  qui  peut  gêne 
lation ,  sous  peine  de  voir  sui 
incoomiodités  et  des  accident 
genre. 

Un  exercice  modéré  est  i 
avantageux,  et  les  travaux  corpo 
vu  qu'ils  ne  soient  pas  poussés  j 
efforts  violents,  ni  jusqu'à  un 
fatigue ,  assurent  à  l'enfant  ce 
mère  une  bonne  et  solide  sant 
calme  de  l'esprit  est  particulièn 
cessaire,  et  les  secousses  qu'imp 
passions,  de  même  que  les  e 
produites  par  les  liqueurs  spirit 
café ,  le  thé  et  les  aliments  éc 
préparent  toujours  de  fâcheux 

11  est  sans  doute  inutile  de  c 
air  pur  et  une  habitation  sali 
nécessaires  dans  une  position  oii 
leures  conditions  de  l'hygiène  de 
rassemblées  autour  des  femm' 
devront-elles  fuir  les  spectacles 
les  réunions  nombreuses,  de  n 
les  locaux  où  régnent  des  émanai 
rantes  et  capables  d'agir  forlem 
système  nerveux. 

On  ne  saurait  trop  recomm 
bains  tièdes  :  en  effet,  ils  con&t 
mo}en  précieux  pour  prévenii 
combattre  les  accidents  qui  !ie  ( 
au  commencement  de  la  grosses 
qu'elle  est  plus  avancée  et  nién 
de  son  terme ,  ils  tendent  à  a: 
état  de  relâchement  favorable  i 
chement.  rojr.  Bain. 

La  principale  attention  doit  ê 
pêcher  Pissue  prématurée  du  fwt 
a  désignée  sous  le  nom  dejaussi 
Énumcrer  les  causes  t|ui  la  pro< 
plus  souvent ,  c'est  indiquer  au 
les  moyens  de  s'en  garantir.  I 
sont  les  Inertes  trop  considérable 
ou  d^autres  humeurs,  un  eier 
violent,  à  pied,  à  cheval  ou  en 
des  effort»  pour  .soulever  des 
trop  pesants  ou  pour  atteindre  « 
trop  élevés.  Le  même  résultat  | 
venir  de  vomissementa» ,  d^une  ti 
longée,  de  convulsions;  il  pet 
ment  succéder  à  des  coups  port 
ventre,  à  des  chutes,  à  Tusaj 
nourriture  trop  substantielle  et 
mulante ,  comme  aussi  à  une  al 


GHO 


(18») 


GRO 


a  >  ■  «  * 


1       ,^*^^, 


a^ 


'i\  r 


\ 


fnkn^ée,  à  ane  constipation  opi- 

,tdaiccès  de  colère ,  etc. 

IKnKimaladiies  peuveot  traverser  le 

èh(;ro9Msae  et  prendre  un  ca- 

fëcial  de  gravité  à  raison  de  cette 

,  qui  impose  également  une 

RKne  relativement  à  l'emploi 

agents  thérapeutiques.  Di- 

■■i  qoe  II  grossesse ,  dans  beau- 

àditDDsUnces,  a  exercé  une  in- 

favorable  sur  la  santé  des  femmes 

tf  làfdoppé  ane  constitution  primi- 

^m/ÉL  detkite  qui  s^est  encore  conso- 

itifadiDt  la  nourriture, quand  cette 

^■K  (tait  conduite  avec  prudence. 

Upmaêe  a  fait  surgir  un  grand 

Mis  de  questions  de  médecine  légale. 

A  A;  dans  presque  tous  les  codes  elle 

MbePeiemption,  au  moins  provisoire, 

'ékpa'oe  de  mort;  en  outre,  die  est 

comme  excuse  complète  ou 

circonstance  atténuante  de  di- 

éélits:  il  peut  donc  y  avoir  simula- 

hê  de  grossesse.  D'un  autre  côté,  cer- 

Kbb dspositions  législatives,  et  Topi- 

■N    publique  plus    souvent    encore, 

|aieut  conduire  une  femme  à  celer  une 

pnnjn  qoi  compromet  des  intérêts  ou 

fi  porte  ooe  grave  atteinte  à  son  hon- 


Lcs  principaux  cas  qui  peuvent  détcr- 
uer  une  femme  à  simuler  une  grossesse 
itière  civile,  le  désir  de  hâter 
•,  d'écarter  des  collatéraux  dans 
,  enfin  de  gagner  les  ali- 
leats  accordés  aux  enfants;  en  matière 
"^  omimtiie ,  une  femme  peut  invoquer  ce 
'  fRlexBe  pgar  se  soustraire  à  un  jugement 
foa  nrtirait  on  arrêt  de  mort.  Quant  à 
k  eelatîoa  de  la  grossesse ,  elle  est  fré- 
dans  les  pays  où  la  loi  punit  la  fille 
et  son  séducteur;  et  elles*accom- 
presque  toujours  d'un  crime  ten- 
à  faire  disparaître  Tenfant,  ou  au 
de  manœuvres  atant  pour  but  de 
In  ravir  son  état  civil.  Dans  ces  divers  cas, 
fespol  est  appelé,  soit  à  constater  Texis- 
rç>elle  de  la  grossesse  qu*on  veut 
soit  à  démontrer  la  vanité  des  si- 
par  lesquels  on  vent  en  imposer  à 
Il  ^oscîce.  Toujours  il  aura  besoin  de  sa- 
adt^  et  de  prudence  pour  éclaircir  Tob- 
«vnti^  de  ces  sortes  de  questions ,  dans 
>v^rv4lei  la  science ,  en  lui  montrant  les 


nombreuses  anomalies  des  phénomènes 
organiques,  lui  fuit  un  devoir  de  l'indul- 
gence tout  autant  que  Fhumanité.  Ain- 
si donc  Texistence  possible  de  la  gros- 
sesse doit  cire  admise  toutes  les  fois  que 
cette  possibilité  tend  à  la  conservation  de 
la  mère  et  par  conséquent  de  son  fruit; 
et  de  même  Tabsence  de  la  grossesse  doit 
être  supposée  toutes  les  fois  quMIe  peut 
prêter  quelque  avantage  à  la  personne  en 
cause  ou  lui  faire  éviter  quelque  incon- 
vénient, f'^ojr.  V\KT  {supposition  et  sup^ 
pression  de). 

Le  médecin  légiste  est  souvent  appelé 
à  prononcer  sur  la  durée  légitime  de  la 
grossesse,  de  même  que  sur  le  droit  d'aî- 
nesse dans  les  grossesses  composées  ;  en- 
fin il  est  souvent  consulté  sur  l'influence 
qu'exerce  sur  la  volonté  de  la  femme  l'é- 
tat de  gestation  et  sur  la  liberté  morale 
dans  cette  circonstance. 

L'hygiène  publique  est  également  oc- 
cupée à  protéger  Tcxistcnce  des  citoyens 
avant  même  qu'ils  aient  vu  le  jour.  Dès 
Pantiquité  ,  cette  protection  se  manifesta 
d'une  manière  qui  devrait  servir  d'exem- 
ple aux  temps  modernes.  Nous  voyons 
les  lois  et  les  ordonnances  s'attacher  à  ga- 
rantir les  femmes  grosses,  non-seulement 
de  toute  inâulte  et  violence ,  mais  encore 
de  tout  ce  qui  pourrait  leur  causer  quel- 
({ue  impression  pénible.  Il  serait  à  dési- 
rer que  ces  soins  et  ces  égards  entrassent 
dans  les  mœurs  du  peuple  surtout,  chez, 
lequel  on  a  trop  souvent  à  déplorer  des 
actes  d'une  ignorance  barbare  et  d'une 
odieuse  brut<ilité.  F.  R. 

GROSSGŒRSCUEX  (bataille. 

de),  ZWy,   LUTZEN. 

GROSSI  (ToMMASEo).  Né  à  Milan  en 
1 79 1 ,  à  peu  près  du  même  âge  que  Sil- 
vio  Pellico,  et  plus  jeune  que  Manzoni  de 
quelques  années,  Tommaseo  Grossi,  quoi- 
que moins  connu  en  France,  jouit  en  Ita- 
lie d'une  réputation  à  {leinc  inférieure  à 
celle  des  deux  poètes  que  nous  venons  de 
nommer.  Il  était  sans  fortune,  et  entra 
dans  la  carrière  du  barreau;  mais  ses 
liaisons  avec  Porta  et  Manzoni  paraissent 
avoir  de  bonne  heure  conquis  lejeane  avo- 
cat à  la  cause  de  la  littérature.  A  l'exem* 
pie  du  premier,  il  s^essaya  d'abord  dans 
le  dialecte  milanais,  et  ses  poésies  pleines 
de  verve  et  de  patriotisme  lui  aaaarèranty 


GRO 


(190) 


GRO 


dès  leur  apparition ,  une  popularité  qui 
ne  fut  pas  sans  dangers.  La  plus  connue 
de  ces  compositions  est  le  poème  que  lui 
inspira  la  mort  du  comte  Prina,  minis- 
tre des  finances  du  royaume  d'Ilulie, 
massacré  à  Milan ,  le  20  avril  1814,  dans 
une  émeute  provoquée  par  les  agents  de 
FAuirichc.  Ce  poêmc,  intitulé  El  di  tCin- 
cocuy  est  regardé  comme  un  chef-d^œu- 
vre  par  les  Milanais,  malheureusement  à 
peu  près  seuls  en  état  de  le  comprendre. 
A  la  mort  de  Porta ,  dont  il  publia  les 
œuvres  (Milan,  1821,  3  vol.  in- 12), 
BI.  Grossi  i^vint  à  la  langue  italienne,  et 
si,  au  dire  des  mêmes  juges,  il  parut  per- 
dre au  change  quelque  chose  de  la  vi- 
gueur et  de  roriginalité  de  ses  premiers 
essais,  l'Italie  entière  Tadopta  et  le  mit  au 
nombre  de  ses  poètes  favoris.  Il  avait 
composé,  en  société  avec  Porta,  un  drame 
intitulé  Maria  Viscontiy  duc  de  Milan , 
qui  devait  être  représenté  au  théâtre  de 
lei  Canobifiaaa'y  mais  le  genre  quMl  adopta 
de  préféredte  est  celui  de  la  nouvelle  en 
vers,  nni'clla  rotnanlica  ^  comme  on 
rap|>elle  en  Italie,  soit  du  nom  de  la 
nouvelle  école  poétique  sous  Tinfluence 
de  laquelle  sont  nés  f  es  ouvrpges ,  soit  à 
raison  du  choix  des  sujets,  empruntés 
souvent  aux  chroniques  italiennes  du 
moyen-âge.  Telle  est  son  lidc^onddy  pu- 
bliée à  Milan  en  1820,  et  dont  le  succès 
fut  éclatant.  L^héroînc  est  une  jeune  iille 
réduite  à  Talternative  de  sacrifier  sa  pas- 
sion ou  de  se  consacrer  à  Dieu  :  elle  ré- 
siste à  son  père  qui  la  maudit;  sa  mère 
meurt  de  chagrin  ;  son  frère  fait  brûler 
son  amant  comme  hérétique ,  et  la  mal- 
heureuse Ildegonde  ne  tarde  pas  à  suc- 
comber à  sa  douleur.  La  Fugitive ,  que 
M.  Grossi  écrivit  d'abord  en  dialecte  mila- 
nais et  qu'il  remit  plus  tard  en  italien , 
pour  rinsérer  dans  la  Scriia  di  poésie 
romanttche^  publiée  à  Florence  par  Ma- 
gheri  (1825-26,  2  vol.  in-lGj ,  e:»t  Ihis- 
toire  pathétique  d'une  jeune  Italienne 
qui  se  déguise  pour  suivre  son  amant 
dans  la  campagne  de  Russie,  et  le  retrouve 
mourant  sur  le  champ  de  bataille ,  à  la 
lueur  de  Tincendie  de  Moscou.  Ulnc  et 
Lida  (Milan,  1837,  in-8»)  est  un  épiso- 
de des  guerres  du  xii*  siècle,  entre  les  vil- 
les de  Corne  et  de  Milan.  Outre  ces  trois 
nouvelles    deux  ouvrages  de  longue  ha- 


leine ont  été  essayéspar  M.ûrosii 
ou  moins  de  succès.  Le  premiei 
épopée  des  Lombards  à  la  /, 
rro/jûr/c  (Milan,  1826);  elle  este 
chants,  et  Pauteur  en  promettait 
très.  I^lais  précédé  d*élogcs  p< 
vanté  imprudemment  par  Técole 
tique  comme  devant  faire  oubli< 
rusalrm  de'lii'réeyvonire  laquell< 
nal  le  Coficiliattur  lanc^^ait  dcpi 
que  temj»  des  atta(|ues  trop  |>eu  ni 
ce  poème,  malgré  des  beautés  du 
ordre ,  fut  Tobjet  de  critic|ues 
nées,  et  ne  parut  pas  tenir  en  ( 
tout  ce  qu'on  devait  attendre  cJ 
de  son  auteur.  Marco  flscontt 
historique  dont  la  traduction  fr 
paru  en  2  volumes  (Paris,  1835 
que  M.  Grossi  manie  la  prose  ei 
aussi  bien  que  le  vers,  et  renferi 
tout  dans  sa  seconde  moitié  ,  de 
admirables.  Le  personnage  d'Ki 
qui,  sous  les  apparences  les  plus 
les  plus  saintes,  cache  à  Tama 
fille  le  feu  qui  a  dévoré  sa  pn 
ncàse,  est  d'un  effet  neuf  et  ? 
Nous  citeronrt  ausai  l'épisode  d* 
vre  mère  qui  pleure  >on  fils  moi 
>  lac ,  scène  d'une  pa^sion  si  prt) 
simple  et  si  vraie  ,  qu'à  l'exrept 
mort  du  pêcheur, dans  l'Antiqui, 
ne  connaissons  rien  de  plus  louci 
toute  la  littérature  moderne.  ( 
par-dessus  tout  poète  du  cœur.  L 
naïves  des  vierges  du  moyen-âge 
leurs  silencieuses  du  cloître ,  les 
de  l'enfer  et  les  consolations  d'i 
chrétienne,  voilà  le^  idées  qui  Y 
le  mieux  et  pour  lesquelles  il  t 

//  cmntar  ck«  ngli'  anima  ti  stnta. 

On  reconnaît  en  lui  les  inspir 
cette  école  qui  a  produit  les  , 
Sjwsi  et  les  Pri^ioni ^  et  qui  c 
tour  pour  organes  le  Curti  iliai 
Jiicuglitorc.  M.  Grossi  vil  à  MiL 
maison  de  Manzoni ,  dont  il  esi 
plus  intime  et  le  plus  ancien. 

IHtOSSIËRKTK.  Ce>l  ui 
défauts  qui  souvent  |>araîv»ent  | 
quants  (|uc  de>  vii-es.  L'homuK 
n'a  aucun  égard  pour  Tige,  le  ii 
sexe,  etc.,  aucun  res|>eclpour  U 
nances,  les  formes,  les  usages  ad 


GRO 


|kM!è. Comme  il  heurte  tout  sar  son 
|Hi|eichicuD  redoute  son  approche 
Aèmk  à  réviter. 

Irtèesgens  qui  ont  le  malheur  d^étre 

9«npir  naturel,  par  tcm}>érament  ; 

^fnim,  la  grossièreté  est  la  faute 

IhidiatioD  négligée,  parfois  aussi  de 

hSé^Ution   de  la  mauvaise  com- 

|^.Oipeut,  en  quelque  sorte,  Tex- 

■vcWf  ceux  qui  n^ont  pas  été  à  por- 

lit  è  riMtrnire  des  lois  de  la  politesse 

^.CiTiuTL .  Qu*un  charretier,  qu^un 

■■nm  s  expriment  d'une  façon  gros- 

PRi  crh  se  com*oit  aisément  ;  mais 

MM da monde  qui  se  fait  grossier, 

WfHrr  jMr  SYstème,  est  vraiment  un 

Arâiolérable.' 

^efcpies  personnes   confondent    la 
"    J^ww/r  avec  la  r«,ç//riV,  et  aflecleut 
F  dernière  pour  se  procurer  un  renom 
JAripmllté;  mais  la  rusticité  ne  s^ac- 
point,  elle  est  inhérente  à  Pindi- 
On  ne  devient  pas,  on  naît  paysan 
'^Danu^*e^  et,  en  voulant  imiter  ce 
nie  et  âpre  langage,  on  peut  tomber 
i*écueîl  de  la  grossièreté  jouée  et 
itieuse,  à  coup  sûr  la  pire  de  toutes. 
Li  grosMèreté  ii*est  pas  toujours  seu- 
it  dans  les  roots  :  elle  peut  se  mon- 
feVy  d'une  naanière  non  moins  repous- 
■Ue,  du»  la  démarche,  les  manières,  en 
■  mot  dans  toutes  les  habitudes  de  la 
fÎL  Co  salutA  du  haut  de  la  tète,  ce  man- 
ftt  de  déférence  et  d'attentions  pour  les 
fcaaes,  ces  cigares  fumés  presque  sous 
W  figure,  ne  vou>  semblent-ils  pas  te- 
lîr  de  hîen  près  à  la  gros:»ièreté  ?  Il  y  eut 
^fot-être  autrefois  chez  nous  excès  de 
pbCtesae  et  de  galanterie  :  prenons  garde 
de  nous  laisser  entraîner  dans  Pcxcès  con- 
traire: M.  O. 

GROSSULARIÉES  ou  Riblsikes, 
haille  de  plantes  dicotylédones,  qui  ren- 
;,  parmi  une  soixantaine  d*autrcs  es- 
tes grjStriUers  à  maquereaux  (fai- 
BBt  partie  du  genre  gmssuiaria ,  d*OLi 
vient  Tun  des  noms  de  la  famille),  ainsi 
que  les  gmseilUrs proprement  dits  (ap- 
partenant au  genre  ribes).  Les  caractères 
principaux  de  la  famille  sont  les  suivants  : 
(alice  d'une  seule  pièce,  adhérant  iufé- 
ricnrement  à  lovaire ;  limbe  à  quatre  ou 
âa*) lobes;  corolle  régulière,  persistante  ; 
MUws  alternes  avec  les  lobes  du  calice 


(191) 


GRO 


et  en  même  nombre  que  cenx-cî  ;  éta* 
mines  en  même  nombre  que  les  pétales, 
persi>tantes,  insérées  devant  les  lobes  du 
calice;  filets  libres;  anthères  mobiles,  à 
deux  boui*ses  latéralement  déhiscentes; 
ovaire  iutère  ou  senii-supère ,  unilocu- 
laire ,  ou  incomplètement  biloculaire; 
placentaires  nu  nombre  de  deux,  de  trois 
ou  de  quatre  pariétaux,  chacun  à  plusieurs 
ovules;  st\lcs  en  mèiuc  nombre  que  les 
placentaires,  ordinairement  soudés  jusque 
vers  leur  milieu,  terminés  chacun  par  un 
stigmate  indivisé  ou  écliancré.  Le  fruit 
est  une  baie  couronnée  par  les  restes  du 
calice.  Les  graines  ont  un  tégument  ex- 
terne pulpeux,  et  un  tégument  interne 
corné  ;  elles  sont  poui'Aues  d\in  péri- 
sperme  charnu,  vci's  Tune  des  extrémités 
duquel  est  niché  Tembryon.  Celui-ci, 
central  et  d'ordinaire  beaucoup  plus  court 
que  le  périsperme,  ost  cylindrique  et  rec- 
tiligne. 

Les  grossulariées  S4)nt  des  arbriiseanx, 
les  uns  inermcs,  les  autres  hérissés  d  ai- 
guillons, soit  épars  à  toute  la  surface  des 
rameaux,  soit  situés  sciileiuent  >. 'is  le 
pélioleouà  côté  du  pétiole.  Les  feuilles, 
éparsos  sur  les  jeunes  pou^ses  terminales, 
mais  roselées  lors(|u'ellcs  nai.^ent  des 
bourj;eons  disposés  le  long  des  ramules 
de  Tannée  précédente,  sont  simples,  pé- 
tiolées,  puhnatincrvées,  en  général  lobées 
ou  anguleuses,  en  outre  crénelées,  ou 
dentelées,  ou  incisées,  et,  dans  l>eaueoup 
d'espèces,  parsemées  de  vésicules  poncli- 
foriiies.  Les  Heurs,  le  plus  souvent  dispo- 
sées en  grappes  garnies  de  bractées,  sont 
régulières  ou  pres(}ue  régulières,  en  gé- 
néral hermaphrodites. 

La  plupart  des  grossulariées  habitent 
les  contrées  tempérées  de  rhémisphèrc 
septentrional.  Ln  grand  nombre  trou- 
vent place  dans  les  jardins  d^agrément, 
soit  à  cause  de  leur  feuillage  précoce , 
soit  à  cause  de  Télégance  de  leurs  Heurs. 
Plusieurs  oflrent  une  utilité  bien  plus 
générale  par  les  fruits  cprelles  produi- 
sent :  le  groseiller  \y(ty.)  commun,  le  gro- 
seiller  à  maquereaux  et  le  cassis  {V'')',)  eu 
sont  des  exemples  bien  connus;  cepen- 
dant les  baies  depres(|iie  toutes  les  autres 
espèces  sont  ou  insipides,  ou  d\inc  e\- 
trcine  acidité.  Les  propriétés  toniipies  et 
(!i!ir(':tiques  dont  jouiss(*nt  quelques  grosn 


GRO 


(102) 


GRO 


sulariées  sont  dues  à  une  résine  aromati- 
que (d*uDe  odeur  particulière  et  analogue 
à  celle  du  cassis)  contenue  dans  les  vési- 
cules ponctiformes  qu'on  trouve  sur  les 
feuilles  et  les  jeunes  pousses  de  ces  vé« 
gétaux.  Ed.  Sp. 

GROTEFEND  (GEORGE-FaiDéaic), 
linguiste  allemand^  directeur  du  lycée  de 
Hanovre,  naquit  à  Mûnden  le  9  juin 
1775.  Après  avoir  fréquenté  le  pœdago^ 
^/if/Tidllfeld,  il  se  rendit,  en  1795,à  Tuni- 
TersitédeGœttingueyOÙ  HeyneyFiorilloet 
Tychsen  reconnurent  Térudition  du  jeune 
étudiant.  Ce  fut  aussi  là  qu'il  se  lia  avec 
M.  Heeren  (v.),  dont  \es  Idées  répandirent 
d'abord  le  nom  de  Grotefend.  De  Gœt- 
tingue,  où  il  était  devenu  collaborateur 
au  gymnase  et  chargé  de  cours  [Privât^ 
docent)y  il  fut  appelé,  en  1803,  comme 
recteur-adjoint  et  professeur  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  où  il  resta  jusqu'en  1821 , 
époque  à  laquelle  la  direction  du  gym- 
nase de  Hsnovre  lui  fut  confiée.  Dans  la 
carrière  pédagogique,  M.  Grotefend  s'est 
distingué  par  une  intelligence  profonde 
de  la  nature  de  l'instruction  supérieure  ; 
il  a  organisé  sur  un  nouveau  modèle  gym- 
nase de  Hanovre,  et  s'est  particulièrement 
attaché  à  mettre  en  honneur  l'enseigne- 
ment philologique.  Comme  écrivain,  il  a 
déployé  une  très  grande  activité.  Nous 
devons  d'abord  citer  ses  interprétations 
des  inscriptions  cunéiformes  {voy,)^  qu'il 
déchinVa  le  premier,  au  témoignage  de 
Silvestre  de  Sacv  et  de  M.  de  Uammer.  Le 
mémoire  qui  traite  de  ce  sujet  parut 
d'abord  dans  les  Idées  de  Heeren  ;  il  con- 
tinua ses  travaux  dans  les  Mines  de  CO^ 
rienty  dans  VA  malt  liée  de  Bœttiger,  et 
dans  l'ouvrage  sur  Olaf-  Gerhard  Tychsen 
par  M.  le  professeur  Hartmann.  Depuis 
que  M.  Eugène  Bumouf  a  publié  son 
Mémoire  sur  deux  inscriptions  cunéi- 
formes trouvées  près  d*Hamadany  M. 
Grotefend  est  revenu  sur  le  même  sujet , 
en  publiant  ses  Nouveaux  essais  dex- 
plication  des  inscriptions  cunéiformes  de 
PersépoUsj  Hanovre,  1837.  Il  signala 
ensuite  sa  science  profonde  de  la  langue 
et  de  la  littérature  des  peuples  d'Orient 
par  la  préface  dont  il  dota  l'extrait  de  1'/// i- 
toire  primitive  des  Phéniciens^  de  San- 
choniatlion  (i>or.),  par  Wagenfeld,  mys- 
tification ingénieuseet  habile,  mais  blâma- 


ble, dont  notre  linguiste  fat  dop 
l'autorité  de  son  nom  contribua  i 
ger  la  durée.  Quoi  qu'il  en  soit  de 
chérie  du  D*^  Wagenfeld  \  sur 
nous  reviendrons,  la  science  lui 
vabie  del'excellenttraité  de  M.  G 
qu'elle  absout  de  sa  crédulité  < 
de  Unt  d'érudition.  M.  Grotet 
en  outre  occupé  de  la  pasigra] 
plusieurs  mémoires;  il  a  enrichi 
latines  d'un  excellent  travail,  en  i 
tout-à-fait  la  grammaire  de  V 
édition ,  Francfort-sur-le-Mein 
généralement  estimée  à  cause  di 
che  logique  et  des  recherches  | 
dont  elle  est  le  fruit.  A  ce  travai 
ses  articles  de  critique  sur  la 
Inscriptionum  latinarum  d'On 
très ,  dans  la  Bibliothèque  de 
(1828-30),  et  ses  Rudiment 
Vmbricœ  ex  inscriptionibus 
enodata  (  Hanovre ,  1 835-88 , 
effort  prodigieux  de  science  pc 
conjecturale.  On  lui  doit  en  < 
études  fécondes  sur  des  sujets  d 
graphie  d'Homère,  et  de  celle 
ciens  Romains.  Fondateur  de  I 
savante  de  Francfort  pour  la  lax 
mande  (181 7),  M.  Grotefend  lu 
plusieurs  traités.  Il  a  aussi  publî 
ments  de  la  Prosodie  alleman 
sen,  1815).  la' Encyclopédie  d 
Gruber  lui  doit  plusieurs  arti 
grand  mérite.  On  regrette  qu< 
vaux  de  ce  savant  soient  trop  d 
dans  des  recueils  périodiques,  c 
pendant  ne  les  empêche  pas  d*éti 
et  estimés,  même  hors  d'Allenia( 
depuis  plusieurs  années  membrt 
ciété  asiatique  de  Londres,  et 
l'Institut  de  la  Correspondemu 
logica  de  Rome.  C 

GROTESQUES.  Le  sens  d< 
qui  devrait  s'écrire  et  s*écrivait 
grottesqueSf  est  fort  éloigné  au 
de  son  étymologie.  On  appelle 
peinture,  des  ornements  imitéi 
qui  furent  découverts  à  Rome 
grottes  ou  ruines  du  palais  de  1 

(*)  Ls  denier  de*  onvraget  bomI 
qaelt  cette  ayttificjitioo  doaoa  Ue« 
da  filt  de  M.  Grotrfrod  (C«4«LSS*Li 
de|»ait  i833,  e»t  profetseer  sa  lycf 
père  •  U  directioB. 


GRO 


(1931 


GRO 


kts  bizarres^  composésde  fi<^rcs  de 

ition  et  dont  le  modèle  n^existe  pas 

I  b  lutare,  assemblages  d^objets  divers 

•  de  se  troaTer  réanîsy  où  Ton  voyait, 

iple ,  une  figure  d'homme ,  sur 

kd^nn  animal,  sortir  d^mie  branche 

,an  milieu  d^nn  ensemble  de  fleurs, 

its,  de  fruits  ou  d^armes  de 

,  étaient  employés  par  les  Romains, 

ide  leur  luxe,à  décorer  les  plafonds 

panneaux  de  leurs  appartements 

f.  ÉLMAMWSQrEs\  Vitruve  s*élève  avec 

Lire  le  mauvais  goût  de  ce  genre  de 

qui  demeura  longtemps  oublié. 

ifUdîne  (m.  en  1564)  et  le  Morto  de 

kfeent  les  premiers  qui  le  ressusci- 

.laphaêl,  cédant  aux  caprices  de 

ne  dédaigna  pas  de  placer  des 

aux  loges  du  Vatican  ;  d'au* 

peintres  en  ont  aussi  intro- 

des  compositions  sérieuses, 

pour  donner  un  spécimen  des  di- 

naoces  de  leur  talent.  Callot  (voy,) 

un  nom  célèbre  dans  ce  genre  de 

dans  lequel  il  est  resté  sans 

Le  x^ii*  siècle  surtout  vit  régner 

EBoos  la  manie  des  grotesques.  MM. 

et  Granvîlle  ont,  de  nos  jours, 

à  ce  genre  de  composition  le  ca  - 

Efan  véritable  talenL 

[k  théâtre,  on  appelle  zumi  grotesque 

bouffon  chargé  d'égayer  par 

iflmli  I  les  entr'actes  de  certaines 

i:  c'est  œ  que  les  Anglais  appellent 

V.  R. 
ou  Vah  Groot  (Hugues), 
Ddft,  le  10  avril  1583,  fut  un  de 
rares  qui,  doués  d'une  facilité 
embrassent  tout  et  réussis- 
tout  ce  qu*ils  embrassent.  Son 
K  révéla  dès  son  enfance.  A  huit 
(fatios  faisait  des  vers  latins,  dignes 
dans  son  pays  où  tous  les 
icn  faisaient  aisément.  A  quatorze 
Ji  premier  parmi  les  étudiants  de 
■té  deLeyde,  il  étonnait  ses  mai- 
'(latioi,  Scaliger  et  Merula)  par  une 
qui  semblait  n'avoir  plus  rien 
à  la  leur.  Un  an  plus  tard  , 
■  ieooapagna  l'ambassade  que  la  Hol- 
Wrcavova  au  roi  de  France,  et  Henri  IV, 
^c  connaissait  par  une  ode  qu'il  avait 
'fe  I  ce  prince  quelques  années  aupa- 
'^^•t,  iV.^-ia  en  le  montrant  à  ses  cour* 

Etryrhp,  d.  G.  ri.  M.  Tome  XJ7/. 


tîsans:  Foila  la  merveille  de  la  Hollande! 
A  des  paroles  si  flatteuses  le  grand  roi 
joignit  le  don  de  son  portrait  suspendu  à 
une  chaîne  d'or;  il  devait  plus  tard  lui 
donner  une  nouvelle  preuve  de  son  es-> 
time  en  hésitant  entre  lui  et  Casaubon 
dans  le  choix  d^un  bibliothécaire.  A  seize 
ans,  Grotius,  qui  n^avait  passé  qu'un  an  en 
France,  mais  qui  avait  pris  à  Orléans  ses 
grades  en  droit,  était  avocat  au  barreau 
de  Delf^  et  débutait  dans  les  lettres  par 
une  édition  du  Satiricon  de  Martianus 
Capella.   On  sait  que  ce  livre,  qui  em- 
brasse   les    Nuptiœ   Philohgi€G     cum 
MercunOy  est  un  résumé  des  sept  arts  li- 
béraux et  qu^il  fut  longtemps  le  manuel 
des  études  littéraires  :  Grotius  l'enrichit 
de  notes  si  savantes  que,  du  premier  pas, 
il  se  plaça  parmi  les  érndits  les  plus  dis- 
tingués. Sa  traduction  de  la  A  cfiEvr u^erexii 
ou  Art  de  dérouvrir  les  ports ^  du  mathé- 
maticien Simon  Stévin,  augmenta   peu 
cette  réputation  naissante,  mais  bientôt 
il  fît  paraître,  sous  le  titre  ^Aratœa^  les 
Phénomènes  d^Aratus,  ce  monument  si 
précieux  de  l'astronomie  ancienne  qu'il 
rendit  plus  précieux  encore  par  des  sup- 
pléments et  des  notes  qui  révélaient  une 
science  prodigieuse  dans  un  adolescent. 
Tout  en  se  créant  une  renommée  qu'au- 
raient pu  envier  des  savants  qui  avaient 
vieilli  sur  les  livres,  il  cultivait  la  poésie, 
et  ses  pièces  de  vers,  en  grec  et  en  latin, 
firent  l'admiration  de  son  siècle.  On/e 
alexandrins  qu'il  fit  sur  la  ville  d'Ostende 
furent  mis  en  françab  par  l^Ialherbe  et 
en  grec  par  Casaubon.  Sans  parler  d'une 
foule  d'autres  pièces  légères,  il  composa 
trois  tragédies  latines  :  Adamus  exul, 
Christus  patiens  et  Sophomphaneas  ou 
le  Sauveur  du  monde.  La  dernière  ne 
demeura  pas  inconnue  à  Mil  ton  et  eut 
l'honneur  d'être  traduite  en  hollandais 
par  Vondel,  que  la  Hollande  appelle  son 
Shakspeare,  à  peu  près  au  même  titre  que 
les  Allemands  nomment  Wieland  leur 
Voltaire.  A  vingt  ans,  Grotius  fut  choisi 
par  les  États- Généraux  pour  la  place 
d'historiographe  des  Provinces-Unies. Les 
Sacra  y  recueil  de  poésies  sacrées,  parurent 
la  mémeannéeque  VAdamusexul  (  1 601). 
Six  ans  plus  tard,  Grotius  fut  élu  a  Tuna- 
ni  mi  té  avocat  du  fisc  de  la  Hollande  et 
de  la  Zi'lande,  et  envoyé  à  Londres  pour 


GRd 


(i»4) 


GRO 


y  soatenir  les  droits  dt  la  république  à 
la  pÂche  de  la  baleioe  dans  les  mers  du 
Nord.  Vers  cette  époque,  il  épousa  la  fiUe 
d*UQ  bourguemestre  de  la  Zélande,  fem- 
me distÎD^ée  dont  les  vertus  Paidèrent  à 
supporter  les  malheurs  qui  ne  tardèrent 
pas  à  Tassaillir  ;  ils  fondirent  sur  lui  à 
la  suite  de  ses  liaisons  arec  le  grand- pen- 
sionnaire de  la  Hollande,  Olden  Barne- 
veldt  (  V.).  Ces  rapports  avaient  été  amenés 
par  la  publication  du  traité  De  Atari  //- 
beroj  composé  par  Grotius  pour  défen- 
dre, contre  les  prétentions  de  l'Espagne, 
le  droit  de  tes  concitoyens  de  naviguer 
dans  la  mer  des  Indes.  A  cette  publication 
politique  en  succéda  une  autre  d^un  ca- 
ractère plus  historique,  celle  De  anti^ 
quUrtte  reipublicœ  Bata»icœy  1610,  tra- 
vail qui  fit  grand  plaisir  à  la  république. 
Grotius  y  joignit  ses  Annales  ou  ^/>- 
toriœ  de  rebtu  Belgicis^  qui  furent  éga- 
lement appréciées,  mais  dont  la  républi- 
que crut  toutefois  devoir  ajourner  l'im- 
pression. Là  finit  la  carrière  paisible  de 
Grrotius  ;  bientôt  il  se  trouva  acteur  dans 
le  drame  passionné  et  sanglant  qui  se 
préparait  en  Hollande. 

En  effet,  la  liberté  des  Provinœs-Unies 
était  à  peine  reconnue  que  déjà  la  famille 
de  Nassau  {yor.)y  qui  avait  dirigé  Tin- 
surrection,  songeait  à  confisquer  la  ré- 
volution à  son  profit,  et  à  substituer  une 
sorte  de  monarchie  tempérée  à  cette  mo- 
narchie despotique  d*  Espagne  dont  la 
Hollande  s'était  détachée.  Pour  arriver 
au  pouvoir  absolu,  il  lui  fallait  la  guerre: 
tous  les  efforts  du  prince  Maurice  d'O- 
range tendirent  là;  le  parti  national  ou 
républicain,  au  contraire,  à  la  tète  du- 
quel était  Olden  Bameveldt,  employait 
tous  tes  moyens  pour  amener  les  États  à 
signer  la  trêve  de  9  ans  que  proposait  l'Es- 
pagne. Grotius,  qui,  depuis  1618,  était 
pensionnaire  de  Rotterdam  et  député  aux 
Etats-Généraux,  embrassa  cette  politique, 
et,  par  son  appui ,  le  grand-peosionnaire 
l'emporta  sur  le  stathouder  ;  mais  la  haine 
que  déjà  lui  portait  Maurice  en  devint 
plus  violente.  Deux  partis  exaltés  étaient 
en  présence,  celui  du  prince  et  celui  du 
peuple;  des  dbputes  théologiques,  celles 
d*Arminius  et  de  Gomar  [voy.)  sur  la 
grftce,  leur  fournirent  l'occasion  de  me- 
$urer  leurs  forces.  Tolérant  par  convic- 


tion, Bameveldt  embrassa  l'opin 
sage  et  plus  douce  du  premier; 
par  politique,  Maurice  se  jeta 
doctrine  contraire.  Aucun  moye 
négligé  pour  rendre  le  grand-) 
naire  odieux  et  suspect  :  on  l'a 
favoriser  l'Espagne  et  le  catholid 
pure  antipathie  pour  le  stathoui 
peuple,  trop  crédule,  prit  en 
les  patriotes.  A  la  cour  de  Ma 
réaction  contre  la  république  éfc 
dre  du  jour.  Le  peuple,  excité 
émissaires  du  prince,  se  laissa 
entraîner  à  cette  réaction  par  i, 
et  finit  par  s'y  précipiter  avec 
siasme*.  En  vain  Bameveldt  esai 
montrer  le  péril  que  courait  la 
ni  ce  grand  citoyen  oi  Grotius  i 
compris.  Bientôt,  appuyé  par 
tude  et  fort  des  suffrages  de  bea 
pasteurs  qui  lui  donnaient  raisc 
rice  fit  arrêter  le  vénérable  chd 
position,  malgré  la  résistance  d 
Grotius,  qui  s'était  vainement  c 
calmer  les  esprits,  qui  avait  réd 
de  pacification  publié  par  les 
qui  avait  écrit  ensuite  une  ap 
cet  édit,  qui  n'avait  enfin  riei 
pour  concilier  les  partis,  en 
comme  en  religion,  fut  en  vélo 
ces  iniques  persécutions  :  on  l'ar 
Bameveldt.  Un  83rnode  fut  cor 
Dordrecht  (vo^.),  en  1616,  p< 
le  débat  religieux ,  et  son  juge 
conforme  au  vœu  de  Nassau, 
n'attendit  pas  même  ses  déctsi 
faire  juger  aussi  le  débat  politiq 
damné  à  mort  dès  le  1 1  mai,  & 
avait  été  exécuté  immédiatemei 
tins,  qu'on  ne  pouvait  envoyer 
fand,  fut  condamné  à  une  i 
perpétuelle  et  dépouillé  de  ses  I 
voie  de  confiscation,  système  de 
que  la  république  avait  vivemet 
ché  à  la  monarchie  et  que  cepet 
trouva  fort  de  son  goût.  Enfermé, 
dans  le  chiteau  de  Lœvestein, 
Gorcum,  Grotius  s'en  échappa 
plus  tard  par  l'ingénieuse  inveni 
femme ,  qui  le  fit  évader  dans  n 
à  livres  qu'elle  avait  fait  faire  wm 

(*)  r^nr  cette  lotte  duns  notre  i 
doctrintt  politiqmêt  dêt  trmi  dtmêtn  $. 
p.  3ou. 


c!-*-k.' 


f 


1^ 
r 


GRO  (  195  ) 

toos  les  oavn^  que  le 

prâouicrdemandaît  du  dehors, 

It^k  farde,  F«ssorêe  par  les  travaux 

h.^àk  patriote,  De  visitait  plus  avec 

^èrifeur  à  sa  sortie. 

avoir  erré  quelque  temps  dans 

Grotius  se  retira  en  France, 

■i  wit  ooae  ans  d'une  pension  que  lut 

LsiB  Xm.  Il  écrivit  d'abord,  en 

son  apologie,  qu'il  envoya  en 

«qui  y  fut  proscrite,  mais  qu'il 

ea  kîcDtôt  en  latin  à  Paris.  Ce  fut 
kckileau  de  Balagny,  près  de  Sen- 
^■baile  que  lui  avait  offerte  son  ami 
de  Mesmes,  qu'il  composa 
traité  Dejurepaeis  et  ùetliy 
de  ses  ouvra^.  Les  ambassa- 
de la  Hollande  essayèrent  en  vain 
A k perdre  dans  l'esprit  du  roi;  mais 
mfA  n'avaient  pu  obtenir,  Richelieu 
en  1631  :  sa  pension  ne  lui  fut 
et,  obli^  de  quitter  la  France, 
de  rentrer  dans  sa  patrie.  Fré- 
succevenr  de  Maurice,  lui 
écrie  une  lettre  toute  bienveillante  : 
sa  protection.  Déjà  il  avait 
îa  lotitution  de  ses  biens  ;  la  li- 
hlé  d'aller  les  gérer  devait  s'ensuivre. 
Grotius  se  vit  trompé  dans 
Ses  amis  étaient  nombreux, 
is,  plus  paissants,  le  firent 
à  on  bannissement  perpétuel  ; 
^  Itarédkapper  k  on  nouvel  emprisonne- 
toaC,  il  dat  le  réfugier  à  Hambourg,  en 
W2.  FeoilaDt  le  séjour  qu'il  fit  dans 
mÊt  viDe,  les  rob  de  Danemark,  de 
cC  d^Espagne,  lui  offrirent  un 
leurs  élats;  mais  la  protection 
ietJii*  trouvaient  en  Suède  lui 
ÎDvîiation  d'Oxenstiem. 
donc,    en    1634,    pour 
d^où  il  repartît  bientât  en 
f  ■■tiawiilriir  de  Suède  en  Fran- 
Ce  dioiv  on  le  pense  bien,  déplut 


GRO 

rin,  que  dirigeaient  des  habiludea  et  dt% 
doctrines  bien  difTt^rcntcs  des  siennes. 
Dégoûté  enfin  de  la  vio  publique,  (i ro- 
tins demanda  son  rappel  et  se  remit  en 
route  pour  StocLholm,  en  passant  par 
Amsterdam,  où  on  lui  fit  raccueil  le  plus 
distingué.  Bientôt  quelques  désagréments 
qu'il  eut  à  essuyer  à  la  cour  de  Christine, 
joints  à  la  rigueur  d'un  climat  qui  ne 
convenait  pas  à  sa  santé  cham^lante,  l'en- 
gagèrent à  quitter  la  Suède.  Assailli,  dans 
la  traversée,  par  une  violente  tem|iéte, 
il  arriva  malade  à  Rostock  le  26  aoiU 
1645,et  y  mourut  le  29,  ù  l'âge  de  63  ans. 
Son  corps,  embaumé,  fut  transporté  dans 
sa  ville  natale  et  déposé  à  coté  du  mau* 
solée  de  Guillaume  l***. 

Malgré  l'agitation  de  sa  vie,  Grotius  est 
auteur  d'une  foule  d'ouvrages,  tous  re* 
oommandables.  Ses  écrits, latins  ou  hollan- 
dais, peuvent  se  ranger  en  (|uatre  classes  : 
théologie,  droit,  histoire  et  mélanges. 

Les  plus  importants  de  ses  ouvrages 
théologiques  sont  ses  commentaires  sur 
l'Écriture  {Annotât,  in  f^.-'/*.,  Paris, 
1644,  3  vol.  in-folio;  édit.  de  Dut. 
derlein,  Halle,  1775-1776,  3  vol.  in.4»; 
et  Annotât,  tn  N.-T.^  Amstftrd. ,  1641- 
1646,2  vol.  in-folio;  nouv.édit..  Halle, 
1769,  2  vol.  in-4»  ),  commentaires  que 
Leibnitz  préférait  a  ceux  de  tous  les 
autres  interprètes,  et  qui  sont  encore  es- 
timés, malgré  tous  les  progrès  de  l'eue- 
gèic.  Son  traité  De  veritate  relififhfnn 
chrisUanœy  Amsterd.,  1662,  a  été  tra- 
duit dans  presque  toutes  les  langues  d«: 
l'Europe  et  dans  que|i|ues  idiomes  de 
l'Asie.  La  plus  ancienne  traduction  fi-an- 
çaise  est  celle  de  MéaE«*ra),  Paris,  1644, 
in-ft»,  qui  a  été  suivie  de  Irrii»  autres. 
Son  traité  contre  Sry-in  Vfiy.^  avait  utmr 
but  de  laver  les  Kemontranli»  du  repro- 
che de  socinianisme.  ^>s  d*Trii«rr»  un- 
vrages,  auxquels  oo  doit  aJouti*r  Fut  ad 


à  Ricbelien;  il  fallut  pourtant    pacfm  eccU^siatttram ,  Phthj.st,f,f,'trutrt 


\ 


m  Tokmté  fléchit  de«'ant  celle 
GrotiaB  reparut  ainsi  à  Pa- 
lb,CB  1634.  du»  la  position  la  plnséle- 
«ie.  Cependantoette  position  était  fansM;  : 
k  wilkble  cbef  dn  gouvernement  le 
en  tome  occasion  ,  et,  jjendant 
année»,  la  poLitiqne  loyale  de 
Grofâvï  eut  a  intter  d'abord  contre  oeiie 
if  Rf^^MïlHHi.  fmi«  f:iintre  «elle  de  Mazs- 


sententUe  iir  fato  et  d»'  **t,  t^uod  tn  n^j^tnl 
ert  poîrstate^  Paris,  I64»5,  îr#.4^,  w  oo» 
pas  la  valeur  de  h*;»  <:otuni«-rii»iri«^  fwi.ik 
iXh  auuofir:eut  un  horniii*'  tW  f.tyft'b::.  lu 
miereb.  Lue  édition  «vnuyWu  dr  bi-r.  ou 
vraçïfc  thé«jUjçi.|u«-e  s  éii'  \m\Ai(A  4-m 
4  voi,  io-4*',  k  AiiiHU^rdkiu,  j/h»    m^h  filr 


Pierre   OroUu», 
th'ffL/fytt.a . 


h'^Ub 


U-     iiift 


GRO 


(<»«) 


CRO 


Les  ourrages  de  droit  de  Crroiitis  soot 
plus  nombreux  que  ceux  de  théologie ,  et 
plus  remarquables  sous  bien  des  rapports. 
A  la  tète  de  tous  doit  se  placer  le  fameux 
traité  Dejmre  belli  et  paciSy  qui  lui  a  valu 
la  réputation  universelle  dont  il  jouit. 
Partant  de  Tidéede  \AsociabHité^  il  pose 
comme  principe  du  droit  la  sûreté  de  la 
société  (societatis  custodia).  Ce  droit, 
qu^il  appelle  droit  naturel,  a  sa  source 
dans  la  saine  raison,  et  se  distingue  es* 
sentîellement  du  droit  positif,  divin  ou 
humain,  qui  est  toujours  arbitraire  (Jus 
votuntarium).  Le  droit  divin  est  d*a- 
bord  à  ses  yeux  un  droit  général  qui 
s'applique  à  Thumanité  tout  entière,  et 
il  le  place  par  conséquent  sur  la  même 
ligne  que  le  droit  naturel;  il  admet  en- 
suite un  droit  divin  spécial  et  qui  n'a 
de  valeur  que  pour  un  seul  peuple ,  ce- 
lui d'Israël.  J.-J.  RousMau  reproche  à 
Grotius  d'établir  le  droit  par  le  fait  ^àt 
favoriser  par  ses  maximes  le  despotisme 
et  Tesclavage,  et  ce  reproche  est  fondé. 
M.  Hurhard,  dans  son  fameux  livre  De  la 
Jiésistance  à  t  autorité  publique  (Bruns- 
wic,  1833,  1  vol.  in-8%  en  allenuind), 
traite  aussi  le  publicbte  hollandais  avec 
quelque  sévérité.  D'autres  le  blâment 
d'avoir  surchargé  son  ouvrage  de  citations 
tirées  des  anciens.  On  ne  peut  disconve- 
nir qu'il  y  a  déployé  un  grand  luxe  d'éru- 
dition et  montré  plus  de  savoir  que  de  phi- 
losophie; mais  il  a  le  mérite  d'avoir  posé 
les  bases  d'une  science  tout*à-&it  nou- 
velle,car  ce  qtt'01dendorp,Hemming,  Ste« 
phani  et  Winkler  avaient  (kit  avant  lui  lais» 
sait  latcteoceà  créer  (yox.T.Vni,  p.  577). 
Grotius  a  été,  jusqu'à  ces  derniers  temps, 
le  véritable  législateur  du  droit  intema- 
lional.  Gustave* Adolphe  portait  toujours 
son  livre  avec  lui.  Des  entres  fureat  fou* 
dées  dans  plusieurs  uoivenilés  pour  ex- 
pliquer un  volume  qui  a,  comme  la  Bi- 
ble, sa  littérature  à  lui.  Pas  un  ouvrage 
n'a  eu  plus  de  traductions  et  de  com- 
mentaires; de  ses  innombrables  éditions, 
il  sufEra  de  citer  celle  de  Paris,  publiée 
par  Nicolas  Buon  en  162S,  in  *  4<*,  la 
première  de  toutes,  mau  non  pas  la  plus 
belle  ni  la  plus  exacte;  on  préfère  celle 
d'Amsterdam  de  1720,  in-8*,  sortie  des 
presses  de  AVetstein,  réimprimée  dans  la 
rocme  ville  en   1735,  et  à  Lausanne  en 


1751,  en  4  vol.  în-4*>,  qui  contien 
les  traités  J^r^far/  libéra  et  Dca: 
indulgentid  et  facilitate^  avec  d 
de  Gronovius  (i>or.  p.  178)  et  de 
rac.  L'édition  de  Becmann  (Fr 
sur-rOder,  1691  et  1699,  in-4*j 
recherchée  aussi  à  cause  des  note 
les  traductions  on  doit  dter  celle 
beyrac  (Amsterdam,  1734,  2  vol 
et  parmi  les  commentaires  celui 
céius  :  Grotius  illustmtusj  Breslai 
à  1752,  4  vol.  in-fol.  Les  aui 
vrages  de  Grotius  sur  le  droit 
moins  de  réputation  sans  doute 
dant  on  lit  encore  son  Introduci 
jurisprudence  hollandaise  ^  Li 
1611,  in-4%  et  on  consulte  le  t 
imperio  summarum  potestata 
sacray  Paris,  1646. 

Parmi  les  travaux  hbtoriques 
tins  brillent  surtout  ses  Annales 
toriœ  Belgicœj  usqué  ad  indue 
1609,  libriXrni,  qui  n'ont  vi 
qu'en  1657  (  Amsterdam ,  in*f€ 
lui  a  reproché /^/ifiu^m^/i/  d'avi 
ché  à  imiter  dans  cette  histoire 
de  Tacite.  Son  Historia  Gotitoru 
dalorum  et  Longobardorum , 
dam,  1655,  in-8»;  son  Parallèlt 
publiques  et  ses  Recherches  sur 
des  nations  américaines  consen 
jours  le  même  degré  d'importan 

Les  travaux  de  Grotius  sur  li 
ture  ancienne  sont  iamienses  : 
Théocrite,  Stobée,  Euripide,  PI 
saint  Basile,  Blarcianns  Capella, 
Sénèque*le-Tragique,  Tacite,  ci 
culièrement  exercé  son  éruditi4 
critique.  Ses  propres  poésies,  hé 
dranuitiques,  proûmes  ou  sacréei 
recueillies  et  publiées  par  son  fine 
laume,  àLeyde,  in-i2,  en  161* 
compte  dix  éditions  jusqu'à  celle 
terdam  de  1670,  in-12.  Quant 
très,  dont  plusieurs  sont  importai 
l'histoire  contemporaine,  il  en 
trob  recueils,  le  premier  publié 
gués  et  Jean  Grotius,  ses  petits- 
ce  titre  :  Epistolœ  quotquot 
potuerunt  y  Amsterd.,  1687, 
les  deux  autres  par  Meermann 
Epistolœ  ineditœ^  Hariem,  180< 
et  Hitg.  Grotii  Epistolœ  s(x  i 
Edent.  ad9,  StolAer^  Leyde,  Il 


GRO 


(197) 


GRO 


a  été  Tobjet  d^im 
d*oavra^,  |Murmi  lesquels 
>  uiîvaots  :  Btirigoy,  f^ie  de 
pr#  GroiiuSf  Paris,  1752,  2  vol. 
dLyde  Brand  etCattenburgb  (Dor- 
1737  et  1732  ,  2  yoI.  io-fol.); 
kk.  Biographie  des  savants  ce- 
(t.  n,  p.  267  et  saiv.);  Leh- 
H.  Groùif  Beigarum  pàœnicis  f 
mb  imiqÊÙs  obtrectationibus  vin- 
(Delft,  1727,  et  Leipzig,  1732, 
Tittel ,  £sprii  de  Groiius  (Zu- 
789,  in*8<»,  en  allemand);  Lu- 
l  Groiius  if  après  sa  we  et  ses 
Bertin,  1 807,  in-S®, en  allemand); 
,  Li/e  of  Groi  (Jjondrts^  1827); 
(  de  Vnes,  Hugo  de  GroL  en 
«OA  Edgersbergen  (Amsterdam, 
D  reste  à  faire  sur  Grotius  une 
^hie  qui  Tapprécie  d'une  manière 
te,  Doo-seulemenC  comme  savant 
aôa,  mais  comme  homme  politi- 
chef  de  doctrine.  M-r. 

OTTES,  cavités  souterraines 
grandes  que  les  cavernes  {yoy,  ce 
t  qui  ont  été  creusées  par  la  na- 
i  sein  de  certaines  montagnes.  On 
te  qo^on  très  petit  nombre  dans  les 
sdnstcosei,  telles  que  le  gneiss  et 
■chhtfs;  on  en  connaît  beaucoup 
s  formations  gypseuses  et  dans  les 
d^orîgine  ignée;  mais  c'est  dans 
"^^C***  calcaires  que  ces  cavités 
plus  fréquentes. 

I  le  langage  ordinaire ,  on  emploie 
t  comme  synonymes  les  mots  grot- 
pcme  :  ainsi  Ton  dit  la  grotte  d'An- 
{yay,  Paaos),  la  grotte  d'Arcy,  la 
le  Fiogal  (vo)^.),  bien  que  ces  ca- 
âent  assez  hautes  et  assez  vastes 
■ériler  qu'on  les  appelle  cavernes 
BasAi.TK).  En  général,  les  grottes 
iqiies  sont  moins  étendues  que  les 
calcaires. 

lû  ces  dernières,  il  en  est  quel- 
mes  dont  les  parois  se  couvrent 
rcsœnces  nitreuses,  qui  se  repro- 
t  avec  une  telle  rapidité  et  une 
Modance  qu'elles  deviennent  des 
e»  très  avantageuses  à  exploiter; 
it  y  récolter  le  nitre  (voy.),  c'est- 
le  salpêtre,  tous  les  trois  jours  en 
tous  les  sept  jours  en  hiver.  On 
i  dea  grotte»  de  ce  genre  à  la  MoU 


fetta,  près  Bari,  dans  la  Fouille.  J.  H-t. 

GaoTTE  DU  Chikn,  en  italien  t^nuta 
del  Caney  Buvo  valenoso^  grotte  ou  ca- 
verne d'Italie,  dans  le  royaume  de  Naples, 
de  tout  temps  célèbre  par  ses  exhalaisons 
méphitiques. 

Les  anciens  l'ont  nommé  Spiracula 
et  Scrobes  Chœroneœ;  Pline  (II,  11 3)  en 
fait  mention.  Elle  est  située  près  du  lac 
d'Agoano ,  entre  Naples  et  Pouzzole ,  sur 
le  chemin  qui  conduit  à  cette  dernière 
ville ,  à  deux  milles  de  la  première  et  au 
pied  de  la  montagne  appelée  Solfatara, 
autrefois  Forum  Vulcani  et  Leucogœi 
colles. 

Jusqu'à  l'époque  où  la  chimie  répandit 
tant  de  lumières  et  donna  la  solution  de 
tant  de  problèmes  restés  inconnus,  on 
ignorait  la  véritable  cause  des  effets  per- 
nicieux de  cette  grotte.  On  avait  cm 
pendant  longtemps  que  les  vapeurs  qu'elle 
exhalait  étaient  sulfureuses  ;  on  les  disait 
de  même  nature  que  celles  d'une  carrière 
voisine  des  eaux  minérales  aérées  de 
Pyrmont;  on  les  comparait  encore  aune 
autre  vapeur  qui  se  fit  sentir,  dans  l'ile  de 
Wigh ,  en  Angleterre,  à  des  ouvriers  oc- 
cupés à  creuser  un  puits,  et  qui  causa  la 
mort  de  plusieun  d'entre  eux.  Le  tra- 
ducteur de  Lehmann  dit  qu'en  Hongi*ie, 
près  de  Ribas,  dans  une  grotte  auprès  des 
monts  Karpaths,  il  sortait  une  vapeur 
semblable;  les  oiseaux  qui  volaient  au- 
dessus  en  rasant  la  terre  de  trop  près 
tombaient  morts,  aussi  bien  que  les  ani- 
maux qui  s'en  approchaient. 

La  grotte  près  de  Pouzzole  a  reçu  le 
nom  moderne  qu'elle  porte  de  ee  qu'on 
éprouve  communément  ses  effets  sur  les 
chiens;  elle  serait  cependant  également 
funeste  aux  autres  animaux.  On  rapporte 
que  Charles  VIU,  roi  de  France,  en  fit 
l'essai  sur  un  âne,  et  que  deux  esclaves 
qu'on  y  avait  mis  la  tête  en  bas,  par  ordre 
de  Pedro  de  Tolède ,  vice-roi  de  Naples, 
perdirent  la  vie. 

Cette  grotte  a  environ  huit  pieds  de 
haut,  et  douze  de  long  sur  six  de  large. 
U  s'élève  de  son  fond  une  vapeur  chaude 
qu'il  est  facile  de  discerner  à  la  vue.  La 
vapeur  forme  un  jet  continu ,  couvrant 
toute  la  surface  du  fond  de  la  grotte  ; 
elle  ne  se  dissipe  pas  dans  l'air  et  re- 
tombe on  moment  après  s'être  élevée. 


GRO 


(198) 


GRO 


n  est  reconnu  maintenant  qae  le  gaz 
adde  carbonique,  que  Ton  trouve  mêlé 
a?ec  Toxygène  et  l^azote  dans  Fair  atmo- 
sphérique ,  et  que  Ton  rencontre  presque 
pur  dans  certaines  cavités  ou  grottes  des 
pays  volcaniques  ou  des  terrains  calcaires 
de  sédiment,  constituela vapeur  qui  exbte 
dans  la  Grotte  du  Cbien.  La  couche  dia- 
cide carbonique  de  la  grotte  est  ordinai- 
rement de  4  à  6  décimètres  d^épaisseur, 
en  sorte  qu'un  homme  peut  y  entrer  sans 
danger,  et  qu'un  chien,  ou  tout  autre  ani- 
mal dont  la  tète  se  trouve  au-dessous  de 
ce  niveau,  perd  tout  d'un  coup  le  mou- 
vement, comme  s'il  était  étourdi;  au 
bout  d'une  trentaine  de  secondes,  il  pa- 
rait mort;  bientôt  après,  ses  membres  sont 
attaqués  de  tremblements  convulsifs  ;  à  la 
fin ,  c'est-à-dire  dans  l'espace  d'une  mi- 
nute, il  ne  conserve  d'autre  marque  d'exis- 
tence qu'un  battement  presque  insen- 
sible du  coeur  et  des  artères,  qui  ne  tarde 
même  pas  à  cesser.  Après  deux  ou  trois 
minutes,  l'asphyxie  est  complète;  si,  au 
contraire,  avant  que  l'animal  ait  cessé  de 
donner  tout  signe  de  vie ,  on  le  retire  de 
la  grotte,  il  revient  à  lui,  surtout  lors- 
qu'on le  plonge  dans  le  lac  d'Agnano,  qui 
est  à  vingt  pas  de  là. 

La  grotte  n'est  pas  ouverte  ;  celui  qui 
en  tient  la  clef  fiiit  ordinairement  l'expé- 
rience sur  un  chien  quand  les  voyageurs 
le  désirent. 

Les  phénomènes  de  la  Grotte  du 
Chien  peuvent  être  reproduits  en  rem- 
plissant une  éprouvette  de  gaz  acide  car- 
bonique ,  la  renversant,  pub  y  plongeant 
jusqu'à  an  certain  point  un  cylindre  dont 
le  diamètre  est  presque  égal  au  sien ,  et 
le  retirant  doucement  :  par  ce  moyen , 
l'on  aura  deux  couches,  l'une  supérieure, 
d'air,  qui  entretiendra  la  combustion, 
Tautreiinférieore,  d'acide  carbonique,  qui 
éteindra  les  bougies  et  fera  périr  les  ani- 
maux. 

L'antiquité  fait  connaître  plusieurs 
autres  cavernes  célèbres  aussi  par  des 
exhalaisonsdélétères.  Telle  éuit  Méphitis 
d*Hiérapolb ,  dont  il  est  parlé  dans  Ci- 
céron,  dans  Élieo  et  dans  Strabon  ;  telle 
était  aussi  la  caverne  de  Goryde ,  specms 
Corjrciut^  dans  la  Ciliete,  qui,  à  cause  de 
ses  exhalaisons  mortifères,pareilles  àcelles 
gue  les  poêles  donnent  à  Typhon  (iM>f.), 


était  appelée  l'Antre  de  Typho 
Tfphonis,  PomponiusMéla  n'a 
de  la  décrire,  et  elle  parait  aussi 
qu'Homère.  Le  mont  Arima, 
placé  cette  caverne,  était,  à  c 
Eustathe,  une  montagne  de  Cil 

Enfin  les  vapeurs  pernicieuse 
nature  ne  sont  pas  rares,  et,  bic 
soient  plus  fr^uentes  dans  le 
dans  certains  puits,  dans  les  a 
dans  beaucoup  d'autres  lieux  se 
on  en  rencontre  quelquefois  à 
de  la  terre,  surtout  dans  les  pays 
dent  en  minéraux  ou  qui  renfei 
feux  souterrains,  teb  que  sont,  « 
la  Hongrie,  la  Sicile  et  l'Italie. 

On  voit  donc  qu'il  peut  être  < 
de  descendre  dans  des  cavités  < 
vemes  qui  n'ont  point  été  visit* 
longtemps  et  où  l'air  ne  se  i 
point.  On  ne  doit  le  faire  qu'< 
devant  soi  des  bougies  allumée 
chées  à  l'extrémité  d'un  long  b; 
iMugie  brûle  et  si  l'air  est  sans  < 
peut  y  descendre  avec  sécurité; 
lumière  de  la  bougie  pâlit,  oi 
une  odeur  d'œub  gâtés,  il  fai 
vaut  renouveler  l'air  au  moyen  < 
neau  plein  de  charbons  ail  un 
dbposera  à  l'entrée  de  la  ca^ 
cendrier  duquel  on  adaptera 
qui  plongera  très  avant  dans 
même. 

GROCCHY  (EMMAmTFL,  mu 
maréchal  et  pair  de  France,  \ 
l'année  1 838,  membre  du  comil 
terie  et  de  cavalerie,  naquit  à  P 
octobre  1766,  d'une  famille  an 
la  Normandie.  Destiné  à  la  cai 
litaire  vers  laquelle  l'appelait 
tion  très  prononcée,  il  entra  en 
l'âge  de  1 4  ans,  au  corps  royal  < 
en  qualité  d'aspirant;  au  b< 
année ,  il  fut  lieutenant  en  sec 
le  régiment  de  La  Fère,  pub  il  ] 
les  troupes  à  cheval,  et,  en  17 
fait  capitaine  dans  le  régimen 
Étranger;  enfin,  nommé  sous-l 
aux  gardes-dn- corps  du  roi  sui 
1786,  il  occupa  ce  poste  jusqu 

Quelque  opposées  que  fussen 
politiques  qui  venaient  d^être  p 
avec  celles  an  milieu  desquelle! 
Grouchy  avait  été  ékvé,  il  n*hé 


GKO 


(199) 


GKO 


met  h  canse  rérolDlionnaîre. 
■étafflt  du  1 1*  de  chasseur! 
^  a,  iD  bout  de  quelques  mois 
t. il  en  fol  DoiBmé  colonel.  Il  Tut 
•llicé,  dam  la  mixat  qualité,  à  la 
hfrifiBeDt  de  Condé-DragoD» 
mvmuftia  de  1 791  dam  l'armée 
éiOte.  Éleré  au  grade  de  géné- 

bipde  (aeptembi 
t  r««ée  des  A.lpes,  il  ;  prit  le 
■JeatDi  de  la  oTalerie  et  panl- 
koonqnète  de  la  SaToie. 
non  dvile  s'allumait  alon  ei 
:  le  général  Groacfa;  7  fut  enrojé 
cndre  le  aMomandemnit  d'abord 
ai-prde ,  pois  de  t'aile  ^nche 
ée  de  l'Ooeit.  Ce  fat  aurtout  '  ' 
la  camp  des  Sorinièrea,  le  5  lep- 
qn'il  fil  remarquer  sa  bravoure, 
«re  flattait  indécise:  Grouchj, 

ble»é,  MDte  à  bas  de  son  che- 
I  b  télé  de  quelques  compagnica 
dien,  fond  sur  les  Veudéent, 
Ile  et  les  mel  en  faile. 
é,  malgré  les  vœt»  des  soldats, 
p  de  bataille  par  le  décret  de  la 
an  nationale  qai  excluait  lea 
s  armées,  il  j  retourna  comme 
dal  dans  les  rangs  de  la  garde 

et  fut  bientôt  récompemé  de 
iotiqne  résolniîon  par  ïe  décret 
I  179S(35  prairial  aDlII),qiii, 
■anl  son  civisme,  le  conGrma 
ade  de  généra)  de  dirision  au- 
lit  été  promu,  en  1793,  par  les 
ats  da  peuple  en  mission  aux 
iommé  en  outre  chef  d'état- 
rarmée  de  l'Ouest,  il    contri- 

yjA.  A  la  noavelle  du  débar- 
lé  Qoiberon  (_vof.),  il  accourut 
a  Poitou  ,  rassembla  à  la  bâte 
troopes  disséminées  dans  le 
■Dite  de  la  pacification  de  La 
et  les  conduisit  au  point  du 
■eut.  ^ommé  général  i^ii  chef 
■e  arvée  à  la  pl*c«-  Af  Can- 
efcsa  ;  et,  penoadé  i\»'-,  pour 
k  goon  civile,  il  fallait  re- 
lia les  mêmes  m«iir<  Is  con-  . 
otite*  les  opérations,  il  écrivit 
MR  pour  l'engager 


K,^Brai 


quant  le  général  Hocbe  comme  le  clief  le 
plus  propre  i  occuper  ce  triple  com- 
mandement. Son  conseil  fat  approuvé  : 
Hoche  fut  nommé  général  en  chef  de 
l'armée  des  côtes  de  l'Océan,  dont  Grou- 
chj, par  l«  même  décret,  devint  chef 
d'état-major.  En  cette  qualité,  il  dirigea 
plusieurs  expéditions  et  conduiNt  souvent 
contre  Charette  et  Stofllel  {voy.)  des 
corps  d'année  i  la  tête  desquels  il  rem- 
porta des  avantages  signalés. 

Après  la  pacification  de  la  Vendée,  il 
fiit  nommé  d'abord  chef  d'état-major  a 
l'armée  du  Nord,  puis,  lorsque  Hoche 
eut  organisé  l'armée  d'élite  destinée  à  en- 
vahir l'Iriande  (en  1796),  ce  général 
obtint  du  Directoire  que  Grouchj  fftt 
révétu  du  commandement  en  second.  Le 
vaisseaa  que  ce  dernier  montait  fut  du 
petit  nombre  de  ceux  qui  purent  arriver 
aux  côtes  d'Irlande.  Dès  qu'il  fut  entré 
dans  la  baie  d«  Bautry,  Groucby  ordon- 
na le  débarquement  :  la  mer  était  groM«, 
et  I*  marine  refusa  d'obéir,  sous  )e  prétexte 
que  la  nuit  allait  tomber;  on  ajourna 
donc  la  descente  au  lendemain  lia  pointe 
du  jour.  Vers  minuit,  une  riolen  te  tempête 
s'éleva  :  aussitôt,  sans  en  prévenir  le  gé- 
néral, le  contre-amiral  Bouvet  vonlnt 
regagner  la  haute  mer.  En  vain  Grouchj 
adresse  à  Bouvet  de  vives  rcprésenlationi: 
on  sort  de  la  baie;  puis,  lorsque  la  tem- 
pête est  calmée,  le  contre-amiral  refuse 
encore,  et,  pour  toute  réponse,  déclare  a 
Grouchj  qu'il  n'a  pas  d'ordre  à  recevoir 
de  lai.  On  rentra  donc  i  Brest,  et  Bou- 
vet ne  tarda  pas  à  être  destitué. 

L'agitation  se  prolongea  dans  les  pn>- 
rioces  de  l'Ouest;  le  général  Graudr, 
qui  j  fut  envojé  en  qualité  de  gonvv- 
neur  des  1 1',  tV,  W,  W  et  3ï>  di- 
vbioos  militaires,  ramena  le  r»lf  par 
d'excellentes  maures,  et  sa  mn«ViiiiiMi 
lui  mérita  restime  générale,  Hk  S  w 
pinit  à  une  position  plm  aedic,  «i  ^. 
miutla  au  général  Bonipwtr  ^  l'a 
ner  en  ^.^jple.  Refiiié  i  ohp  4c  • 
lalions  avec  Bocbe,  r 
et  dévoué,  il  passa  en  I  TflS  à 
talie,  sonalesordrailtii 
moment  o 


GHO 


(200) 


GRO 


roi  de  SaixUigne  de  se  réunir  aux  coali- 
sés :  Joubertet  Grouchy  se  consultent,  et 
ce  dernier,  bravant  les  dangers,  et  malgré 
la  responsabilité  qu*il  allait  assumer  sur 
lui,  se  rend  à  Turin  (décembre  1798), 
sous  le  prétexte  d'y  prendre  le  comman- 
dement de  la  citadelle  ;  secondé  par  le 
comte  de  Saint-Marsan,  ministre  et  favori 
de  Charles-Emmanuel,  il  parvient  adroi- 
tement à  amener  ce  prince  à  abdiquer  sa 
couronne  et  à  remettre  aux  Français  le 
Piémont  avec  ses  places  fortes.  Le  com- 
mandement en  chef  du  Piémont  fut  le 
prix  de  cette  habile  et  heureuse  négocia- 
tion, et  le  Directoire  chargea  en  outre  le 
général  Grouchy  de  l'organisation  géné- 
rale du  pays. 

Lorsque  Moreau,  succédant  à  Schérer 
qui  venait  de  reperdre  le  liilanais ,  prit 
le  commandement  suprême  de  l'armée 
d'Italie ,  ce  général  écrivit  à  Grouchy  : 
«  Ne  perdes  pas  une  minute  à  venir  me 
«  joindre,  car  j'ai  grand  besoin  de  vos 
«  conseils,  et  il  me  reste  trop  peu  d'hom- 
«  mes  de  votre  trempe,  etc.  »  Grouchy  fit 
de  concert  avec  lui  la  mémorable  campa- 
gne du  Piémont ,  et  lorsqu'un  décret  du 
Directoire  le  nomma  général  en  chef  de 
l'armée  des  Alpes,  il  refusa,  préférant 
partager  avec  Moreau  la  gloire  et  les  dan- 
gers de  la  lutte  brillante  que  soutenait 
l'armée  dltalie.  Ce  fut  surtout  aux  af- 
faires de  Valence  et  de  San«Giuliano  que 
Grouchy  se  distingua.  A  la  bataille  de 
Novi  (vcf,)  y  les  premiers  efforts  de  l'en- 
nemi furent  dirigés  contre  sa  division;  ce 
corps,  qui  faisait  partie  de  l'aile  gauche 
de  l'armée,  fut  engagé  onze  fois  dans  cette 
journée.  Animant  les  troupes  par  ses  pa- 
roles et  son  exemple ,  on  le  vit ,  le  dra- 
peau de  la  39*  demi-brigade  à  la  main , 


de  tous  cotés  et  percé  de  quatone 
sures,  il  tombe  baigné  dans  son  sm 
pouvoir  de  l'ennemi.  Le  général  € 
chy  dut  la  vie  au  grand-duc  Contli 
qui,  l'ayant  reconnu,  le  fit  panser  |i 
propres  chirurgiens  et  voulut  aasMli 
même  aux  soins  qu'ils  lui  prodigii 
Rétabli  après  quatre  mois  de  soafll 
et  échangié  après  un  an  de  captiviM 
tre  un  général  anglais,  il  rentre  en  I 
après  la  bataille  de  Marengo.  Pleei 
sitôt  à  la  tête  de  l'une  des  diTtsioai 
seconde  armée  de  réserve  ifsfîneii 
pied  du  mont  Jura,  Grouchy  tkm 
Autrichiens  de  l'Engadine,  péailni 
le  pays  des  Grisons,  occupe  CoiM 
allait  passer  le  Splugen,  lorsque  Mi 
nald  (voy,)  vint  le  remplacer. 

Moreau  attendait  Grouehy  à  h 
du  Rhin,  dont  une  division  foii 
18,000  hommes  lui  était  réatrfèê, 
tête  de  ce  corps,  il  prit  part  à  pli 
affaires  partielles  et  contribua  aai 
de  la  bataille  de  Hohenlinden.  1 
nommé,  après  la  campagne ,  impi 
général  de  la  cavalerie,  et,  en  ISOS^i 
lui  que  le  premier  consul  cfaeif 
conduire  de  Paris  à  Florence  le  g 
du  roi  d'Espagne,  et  de  le  faire  fi 
naître  roi  d'Étrurie. 

Lors  du  procès  de  Moreau  (18# 
générai  Grouchy  ne  dissimula  poil 
attachement  pour  le  rival  du  fH 
consul  :  sa  franchise  blessa  BoMf 
mais  elle  ne  l'empêcha  pas  de  rcflfi 
dans  toutes  ses  campagnes.  En  î 
Grouchy  commanda  une  desdivinfl 
camp  de  Brest  ;  dans  la  guerre  iê  I 
et  1807  contre  les  Prussiens,  il  il  I 
de  la  grande  armée ,  et,  après  la  M 
diéna  (voX')y  ton  corps  entra  le  yM 
dans  Beriin.  A  la  baUille  d'Eybl(f 


ramener  au  combat  les  soldats  ébranlés;  _  _  ^ 

*  un  boulet  brise  la  hampe  du  drapeau  ;  1  il  contribua  à  la  victoire  par  les  4 
Grouchy  élève  alors  son  chapeau  au  bout  qu'il  fit  pour  protéger  le  corps  M 
de  son  sabre,  et,  se  précipitant  à  la  tête 
de  ses  braves  sur  les  Autrichiens,  il 
leur  prend  1,500  hommes  et  leur  fait 
perdre  plus  d'une  lieue  de  terrain.  Placé 
entre  deux  feux  par  la  retraite  du  centre 
et  de  la  droite  de  notre  armée,  il  est 
obligé  de  se  replier;  en  se  retirant,  il 
veut  sauver  l'artillerie  abandonnée  par 
l'aile  droite  dans  le  défilé  de  Pasturana  ; 
mÙM  Mcablé  bienlùt  ptr  le  uombre,  cerné 


qu'il  ui  pour  protéger  le  corps 
reau  et  donnci*  au  maréchal  DifM 
temps  d'arriver;  dans  cette  jeers 
eut  un  cheval  tué  sous  lui,  fut  bkaé^ 
dut  la  vie  qu'au  dévouement  de  son 
de-camp,  M.  Lafayette  fils,  qui  IVl 
des  mains  des  Ru&ses.  A  la  batii 
Friedland  (vfn-.),  le  16  juin  1807,  < 
lui  qui,  en  l'absent!C  de  Murât,  cefl 
da  la  cavalerie;  à  l'aide  d'une  M 
hebilement  simulée,  il  njeU  wm 


GRO  (  201  ) 

par-delà  kPrégel  et  prépara 


GHO 


;  die  lui  ▼aiot  le  grand- 

èt  b  L^*^*^^^^'^''^^  ®^  ^'^~ 
anboUelinde  cette  ba- 

rendm  des  services  impor^ 

«  MU  les  eipieaions  mêmes  de 


timloMe;  Biais, 


TUsitt,  Groudiy  ren- 
envoyé  presque 
Eipsgoe,  il  fut  nommé  gou- 
fMadrid  (1808).  Le  3  mai,  une 
éclate  dans  les  murs  de  cette 
100  Français  y  sont  lâcliement 
fÊÊt  les  rérollés  :  le  général  se 
fai  attaquer,  les  disperse  et  re- 
[;  le  calme  lut  rétablL  Quel- 
après,  Groochy,  alléguant  des 
■>èt  smié,  obtint  son  rappel  et  se 
onres;  ma»  Tordre  de  se 
1^  suivît  à  peu  d^ter- 
lappelé  de  œ  pays  pour  opérer 
t  avec  la  Grande-Armée,  il  pap- 
t  k  bataille  de  Wagram  {voy^y 
ïlacavalerieautricliienne,et  met  en 
dWrièfe-farde  du  prince  de  Rosen- 
Kyiéon,  voulant  reconnaître  sa 
Groucby  commandeur 
ihCoanane  de  Fer,  colonel  général 
et  grand>officier  de  Tem- 


fiiBi  la  campagne  de  Russie,  il  contri- 
f  ibord  à  la  prise  de  Vilua,  puis  il  se 
à  FalEûre  de  Krasnoî  et  refoula 
dans  les  murs  de  Smolensk. 
181 2,en  tournant  avec  luu 
bpande  redoute,  il  facilita  lesnocès 
kklaille  de  la  Moskva  {voy.).  Dans 
^Easde  journée,  il  eut  un  dieval  tué 
lii  et  reçut  un  bîscaien  dans  la  poi- 
fib^  qui  combattait  à  ses  côtés, 
presque  au  même  moment.  Pen- 
baMlbeûrense  retraite,  Fempereur 
M  corps,  composé  uniquement 
et  de  généraux,  destiné  ii  veiller 
sbHé  personnelle  :  ce  fut  à  Grou- 
^11  confia  le  commandement  de  cet 
sacré,  Mab,  au  commencement 
19U,  le  général  ayant  sollicité  le 
t  d'un  corps  d'infanterie 
b  campagne  qui  se  préparait,  Na- 
blni  refusa;  alors  Groucby,  mé- 
qnitta  le  service.  Biab  lorsque  la 
de  Leipzig  eut  été  perdue ,  que 
d'AUonagne  fût  en  pleine 


retraite  et  que  Tennemi  menaçait  nos 
frontières,  Groucby  écrivit  à  Fempereur 
pour  le  reprendre ,  et  Napoléon  accepta. 

Les  alliés  avaient  passé  le  Rbin.  Le  gé- 
néral arrêta  d'abord  leur  marcbe  dans 
les  plaines  de  Colmar  et  ensuite  dans  les 
Vosges  ;  il  vint  se  réunir,  à  Saint-Dizier, 
aux  troupes  que  Napoléon  amenait  de 
Paris,  et  prit  part  aux  combats  de  Brienne 
(iK>x.)  et  de  la  Rotbière.  Il  couvrit  la  re- 
traite de  Tannée.  A  Taffaire  de  Vau- 
cbamps,  le  14  février  1814,  il  coupa  le 
corps  du  général  prussien  Klebt;  au  dé- 
filé d'Étoges,  il  combattit  encore  glorieu- 
sement. L'empereur  Téleva  alors  à  la  di- 
gnité de  marécbal  d'empire,  mab  le  bre- 
vet de  sa  nomination  ne  lui  fut  expédié 
que  pendant  les  Cent- Jours.  Le  7  mars 
eut  lieu  la  bataille  de  Craonne  (vo^.); 
Groucby  y  fut  grièvement  blessé,  ce  qui 
l'obligea  de  quitter  l'armée. 

Apres  la  première  Restauration ,  il  fut 
dépouillé  de  son  grade  de  colonel  général 
des  cbasseurs,  en  faveur  du  duc  de  Berri; 
le  général  écrivit  vainement  au  roi  pour 
réclamer  contre  cette  mesure  qu'il  regar- 
dait comme  une  infraction  à  la  parole 
donnée  :  sa  lettre  déplut,  et  il  demeura 
en  dbponibilité. 

Mab  après  le  retour  de  l'île  d'Elbe, 
Napoléon,  le  l*'  avril,  donna  à  Groucby 
le  commandement  en  cbef  des  7%  8%  9* 
et  1 0*  divisions  militaires.  En  cette  qua- 
lité, il  eut  à  s'opposer  au  duc  d'Angou- 
léme  qui,  à  la  tête  de  5  à  [6  régiments, 
se  portait  sur  Lyon.  Le  prince  ne  tarda 
pas  à  capituler  ;  il  quitta  ses  troupes,  de- 
mandant, pour  toute  faveur,  la  faculté  de 
sortir  de  France.  Le  général,  par  ordre 
de  l'empereur,  le  lui  permit,  après  l'avoir 
retenu  quelques  jours  prisonnier  au  Pont- 
Saint-Esprit.  Le  prince  s'embarqua  à 
Cette.  Alors  Groucby  se  porta  sur  Aix 
et  Marseille,  afin  de  dbsiper  les  débris  de 
l'armée  royale  et  d'empêcher  le  duc  de  Ri- 
vière de  soulever  le  Midi.  Le  marécbal 
fut  ensuite  cbargé  du  commandement  en 
cbef  de  l'armée  des  Alpes;  et,  après  qu'il 
eut  mit  les  frontières  du  Piémont  et  de 
la  Savoie  en  état  de  défense,  il  alla 
prendre  celui  de  toute  la  cavalerie  de 
réserve  de  la  Grande  >  Armée.  De  Cbar- 
leroi,  on  il  était  entré  le  1^  juin  1815  à 
la  tête  de  sa  cavalerie  légère,  il  poursuivit 


GRO 


(202) 


GRO 


le  i^éoéral  Ziethen,  arriva  jusque  sons 
Meurusy  passa  la  nuit  du  15  au  16  à 
portée  du  canon  ennemi ,  et  emporta 
Fleurus  dans  la  matinée  du  1 6.  Le  même 
jour,  vers  midi ,  l'attaque  générale  s'en- 
gagea, et  le  maréchal,  placé  à  la  tète  de 
toute  l'aile  droite, prend  Ligny(i>o/.  )et  for- 
ce le  général  Blûcher  (voy,)  à  la  retraite. 
Le  lendemain  1 7,  il  se  met  à  la  poursuite 
de  l'armée  prussienne  pour  l'empêcher 
d'opérer  sa  jonction  avec  lord  Welling- 
ton, et  se  dirige,  d'après  les  instructions 
de  l'empereur,  vers  la  Meuse,  à  Namur  et 
Liège.  Mais  Blûcher,  au  lieu  de  marcher 
sur  Namur,  s'était  dirigé  vers  Wavres, 
où,  le  17  au  soir,  il  opéra  la  réunion 
de  ses  troupes  ;  en  sorte  que ,  lorsque  le 
maréchal  put  en  être  instruit,  le  18  an 
matin,  et  diriger  ses  divisions  sur  ce 
point,  déjà  l'armée  prussienne  avait  tra- 
versé la  Dyle  et  rejoint  Wellington.  Au 
bruit  effroyable  de  la  canonnade  qui  se 
faisait  entendre  sur  le  champ  de  bataille 
de  Waterloo,  les  généraux  Gérard,  Excel- 
mans,  Vandamme  (vo^.  ces  noms),  sup- 
plièrent le  maréchal  de  se  porter  par  la 
gauche  vers  Mont-Saint-Jean  :  il  résista 
à  leurs  instances  en  leur  montrant  les 
nouveaux  ordres  qu'il  venait  de  recevoir 
de  l'empereur  et  qui  lui  enjoignaient  de 
rechef  de  se  porter  sur  Wavres.  C'est  au 
mot  Wateeloo  que  sera  placé  le  récit 
des  événements  de  cette  journée  décisive, 
ainsi  que  l'examen  des  rôles  que  jouèrent 
chacun  de  ceux  qui  s'y  trouvèrent  ;  bor- 
nons-nous à  dire  ici  que,  lorsque  le  ma- 
réchal reçut,  vers  les  quatre  à  cinq  heures, 
nne  seconde  lettre  de  l'empereur  qui  lui 
ordonnait  de  manœuvrer  pour  joindre  la 
droite  de  l'armée,  il  le  fit  aussi  prompte- 
ment  que  le  lui  permit  un  corps  de  l'ar- 
rière-garde  prussienne  avec  lequel  il  était 
anx  prises*.  Lorsqu'il  re^t  la  nouvelle 
da  désastre  de  Waterloo,  il  effectua  sa 
retraite  »ur  deux  colonnes;  le  31,  à  la 
pointe  du  jour,  toute  l'armée  évacua  Na- 
mur et  se  mit  en  marche  pour  Dinant. 
Ce  ne  fat  qu'à  Réthel  que  le  maréchal 

(*)  r«»r  car  toot  cet  faits  U  noli«*«  retatlTe  aa 
maréchal  GrouchT  dans  la  Biographie  dei  A<mi* 
■Mt  dm  j^ttr,  t.  Il,  1**  partie,  p.  948  et  tuiv. 
Cette  notice,  tr^  circoaataaciée,  a  été  rédifée 
avec  le*  matériaux  foarais  par  M.  U  maré«£al 
Jd-méme.  9. 


apprit  la  seconde  abdictCioa  :  à 
nouvelle,  il  adressa  une  prodai 
ses  troupes  et  leur  fit  reconnaître 
léon  n  pour  empereur.  Le  37,  on 
mença,  près  de  Soissons,  à  commi 
avec  les  débris  de  l'armée  vaincae  à 
terloo ,  et ,  le  28 ,  le  maréchal 
gouvernement  provisoire  l'ordre  de  ] 
dre  le  commandement  en  chef  de 
l'armée  du  Nord  et  de  se  rapi 
Paris.  Sa  retraite  lui  mérita  les  é1 
gouvernement;  mais  en  batte  à  b 
de  tout  ce  qui  tenait  pour  une 
Restauration,  le  maréchal  remit 
mandement  à  Davoust,  puis,  oonprii 
des  premiers  dans  l'ordonnance 
du  34  juillet,  il  alla  demander  un 
Nouveau-Monde.  Le  maréchal  habitat 
ans  Philadelphie ,  où  son  fils  ,  le 
de  Grouchy,  qui  s'était  rapidement  1 
au  grade  de  colonel  des  chasseurs,  k 
joignit  an  mois  de  mai  1817.  L*< 
satisfit  pas  les  ennemis  du  maréduA 
leur  fallait  contre  lui  une  sentenea 
mort  :  il  fut  donc  traduit  devant  on 
seil  de  guerre,  qui  se  déclara  ii 
tent.  La  sœur  du  maréchal ,  Sophie 
Grouchy,  veuve  de  Condoroet*, 
toutes  les  séances  du  conseil;  elle 
même  la  défense  de  l'illustre  proacrk  < 
publia  un  mémoire  pour  sa 
Le  24  novembre  1821,  une 
royale  spéciale  pour  le  marqnb  de  Groril^ 
chy  vint  enfin  mettre  an  terme  à  «(Iv^ 
exil,  en  étendant  à  sa  personne  le  hiait^ 
fait  de  l'amnistie  accordée  dès  1819.  Uf^ 
maréchal  rentra  immédiatement  daoilil| 
patrie,  fut  réintégré  dans  tous  ses  drofel  ' 
et  honneurs,  à  l'exception  de  la  digoiléil*, 
maréchal  de  France  ;  il  fut  classé  penÉ*  . 

1 


les  lieutenants  généraux  et  mis  à  la 
traite  définitive. 

La  révolution  de  1830  le  réânlIfA 
enfin  dans  la  plus  haute  dignité  de  fip» 
mée,  et,  par  ordonnance  du  1 1  odolM 
1832,  il  fut  appelé  à  la  chambre 
Pairs,  où  il  s'est  toujours  montré  da  perti 
de  l'opposition  modérée.  Lors  da  graaÉ 
procès  politique  des  accusés  d'avril  1 8S^ 
il  refusa  de  prendre  part  aux  travaux  et 


-  I 
\ 


(*)  A  Tartirle  Coirooicar,  fort 
mallieerentemeat ,  maia  que  aoea  trovi 
rocvaaioo  de  compléter,  oe  a  perlé  àm  oevisM 
dell«*Coiidorc«t.  & 


GRO  (  20S  ) 

kOMfc»  WMIitiife  €D  haatecooT  de 


le  de  Grovchy,  fils  aioé  du 

t  fnti  b  même  carrière  et 

«  grade    de  marédial-de- 

«a  ft^lL  EflUBaooel  de  Groa- 

%ditdhtîiSBé  dans  celle  de  U  di- 

E.  P-OT. 

Le  BOt  firançais  groupe  ou 

■mpuim  de  ntaHen  groppo  et  sert 

M^îv  fnemblage  de  plusieurs  par- 

aéparables  ettudépendan- 

on  sujet  de  peioture,  de 

d*ardiitectnre.  Dans  ces 

««Ibii  Bit  g^9mpe  n*a  pas  toujours  la 

:  ainsi,  en  architecture, 

€■  parlant  de  Taccouplemeut 

de  leur  réunion  en  faisceau, 

fiVa  sculpture  et  en  peinture  on 

pv  groupe  Faiscmblage  naturel 

^  ds  %nres  ou  des  ornements  qui 

m  bas  relief  ou  un  tableau. 

sont  subordonnés  au  goât,  à 

pHKy  à  rdiiet,  à  Fespression  et  sur- 


Pour  bien  grouper  des 
e  suffit  pas  de  les  rassembler 
de  trois,  de  cinq  ou  de  sept, 
la  mêuie  lîfue  ou  de  les 
les  unes  au-dessus  des  autres: 
tout  consulter  les  lois  de 
tenir  compte  des  effets  de 
,  des  oppositions, 
les  parties  principales 
qu^dles  puissent  plaire  aux 
aux  autres  parties  acces- 
fipnes  des  seconds  plans ,  au 
ornements  de  décoration. 
Raphaël   Mengs,   le  groupe 
Funion  de  plusieurs  figures 
I  Kent  entre  elles  ;  mab  les 
toujours  être  composés 
impair,  comme  trois  et  cinq, 
noailifcs  impairs  formant  un 
,  comme  six,  dix,  quatorze. 
giuupe  doit  former  une  pyra- 
e,  et  il  iaot,  autant  que  possible,  que 
ait  une  forme  ronde.  Comme 
dit  plus  haut,  les  masses 
«iana  un  sujet  bien  groupé , 
m  milieu,  et  les  moindres 
les  accessoires  aux  extrémités. 
point  que  les  figures  se  trou* 
à  la  file,  ni  qu^l  se  trouve 
s  ligne  droite. 


s  r 


e 
t 


GRU 

I,  perpendiculaire  ou  oblique^ 
ni  qu'une  tète  se  rencontre  avec  une  lèle 
dans  un  sens  ou  dans  un  autre.  Il  faut 
aussi  éviter  soigneusement  de  placer  les 
membres  ou  les  accessoires  d*un  sujet  à 
égale  distance,  et  disposer  ses  personnages 
de  telle  sorte  que  leur  tête,  leurs  mains 
ou  leurs  pieds  ne  puissent  former  une 
figure  géométrique  régulière,  comme  par 
exemple  un  triangle,  un  carré,  un  pen- 
tagone ou  un  hexagone. 

Cependant  Fart  de  grouper  ne  peut 
s'enseigner  d^une  manière  invariable  et 
précise;  Fart  du  peintre  et  du  sculpteur 
a  besoin,  il  est  vrai,  de  quelques  principes 
généraux ,  comme  Léonard  de  Vinci  les 
donne  dans  son  Traité  de  peinture^  prin- 
cipes qui  facilitent  les  premiers  essais, 
mais  ils  ne  peuvent  apprendre  à 
qui  n'ont  pas  le  sentiment  de  Fart  les 
crets  du  génie,  de  Fexpression,  de  la 
grâce,  des  groupes,  de  la  composition  en 
un  mot.  Parmi  les  statues  groupées  des 
Grecs,  nous  citerons  le  Laocoon^  les  Xttl- 
teurs  de  Florence^  le  Taureau  Famèie 
et  les  Dioscures,  En  peinture,  les  ta- 
bleaux de  Raphaël  donnent  Fidée  la  plus 
complète,  la  plus  vraie  et  la  plus  harmo- 
nieuse de  Fart  de  grouper  un  sujet. 

En  musique,  on  se  sert  du  mot  groupe 
pour  désigner  la  réunion  de  plusieurs 
notes  tenues  ensemble  au  moyen  de  bar- 
res, n  y  a  des  groupes  de  deux,  de  trois, 
de  quatre,  de  six  notes.  Les  fusées  et 
les  gammes  chromatiques  présentent  des 
groupes  de  trente-deux,  de  soixante,  de 
quatre-vingts  notes.  Quatre  notes  égales 
et  diatoniques,  dont  la  première  et  la 
trobièmesont  sur  le  même  degré,  forment 
un  groupe.  E.  B-s. 

GRUAU,  voy.  Fasike,  T.  X,  p.  516. 

GRURER  (JEAH-GoDxraoi),  né  à 
Naumbourg  en  1 774, et  depuis  1811  pro- 
fesseur à  Wittenberg,  puis  à  Halle,  où  il 
vit  encore.  Voy.  EifCTCU>PÉniB  et  WiE- 
LAirn. 

GRUE  (du  latin  grus\  nom  des  grands 
oiseaux  qui  forment,  dans  Fordre  des 
échassiers  (yoy.\  famille  descultrirostres, 
un  genre  remarquable ,  comme  la  plu- 
part de  ceux  qui  appartiennent  à  cette 
division  ,  par  la  longueur  des  tarses,  du 
cou  et  du  bec.  La  plupart  des  espèces 
ont  la  tête  et  une  partie  du  cou  dépour* 


GRU 


(104) 


GRO 


yues  de  plumes.  Leurs  ailes  sont  allon- 
gées et  leur  courte  queue  est  souvent  dé- 
passée par  les  plumes  du  croupion.  Le 
plumage  ne  diffère  point  dans  les  deux 
sexes.  Les  grues  font ,  comme  les  cigo- 
gnes, une  assez  grande  destruction  de 
reptiles  et  dMnsectes;  cependant  elles  se 
nourrissent  plus  volontiers  de  substances 
végétales  y  et  leurs  habitudes  sont  plus 


La  GauE  comiiuke  {artUa  grus)y  d'un 
gris  cendré ,  avec  la  gorge  et  les  plumes 
du  croupion  noirâtres,  haute  de  4  pieds 
et  plus,  est  depuis  longtemps  célèbre  par 
la  prévoyance  et  par  l'ordîre  intelligent 
avec  lequel  elle  accomplit  ses  migrations 
annuelles,  du  nord  au  sud  en  automne,  et 
du  sud  au  nord  au  printemps.  Disposée  en 
triangle  pour  mieux  fendre  l'air ,  ou  en 
rond  si  le  vent  est  trop  violent,  la  troupe 
part  sous  la  conduite  d'un  chef  qui  aver- 
tit par  ses  cris  les  moins  expérimentées  de 
le  suivre,  et  cède ,  quand  il  est  fatigué , 
son  poste  à  une  autre.  Dans  les  temps  de 
repos,  des  sentinelles  avancées  veillent  à 
la  sûreté  générale.  Les  voyages  ne  se  font 
d'ailleurs  que  de  nuit.  Cette  espèce  ni- 
che dans  les  buissons  et  dans  les  joncs 
qui  bordent  les  eaux  marécageuses. 

Parmi  les  espèces  étrangères,  nous 
citerons  I'Oiseau  kotal  ou  la  GauB  cou- 
moNHKE  (ardea  pavonia)^  bel  oiseau 
originaire  d'Afrique,  et  qui  a  le  corps 
noir,  lea  ailes  blanches,  la  tète  surmontée 
d'une  aigrette  roussàtre  en  forme  de 
couronne.  C.  S*te. 

GRUE  (mécanique).  On  donne  ce 
nom  à  une  machine  dont  l'effet  est  de 
mouvoir  de  lourds  fardeaux. 

Cette  machine  est  composée  de  la  réu- 
nion des  premières  machines  simples  ,  le 
levier,  lea  cordes,  la  poulie  et  le  treuil. 
La  pièce  principale  est  un  long  levier  de 
6  à  8  mètres  de  longueur  et  quelquefois 
plus,  en  suspension ,  par  son  milieu,  sur 
un  axe  ou  arbre  vertical,  et  qui  peut 
au  besoin  prendre  un  mouvement  de 
rotation  autour  de  son  point  d'appui.  A 
l'une  des  extrémités  de  ce  levier,  est  une 
poulie  où  passe  un  câble  auquel  est  sus- 
pendu l'objet  à  mouvoir  ;  le  même  câ- 
ble est  renvoyé  par  plusieurs  poulies  vers 
l'autre  extrémité  du  levier,  et  communi- 
que au  cylindre  d*an  treuil  qui  met  la 


machine  en  action.  A  nu 
corde  s'enroule  sur  le  cylind 
le  fardeau,  et  si  en  même  te 
a  opéré  une  partie  de  révoli 
de  son  point  d'appui ,  le  fan 
seulement  élevé  au-dessus  d 
a  été  pris,  mais  il  est  eocoi 
sur  un  autre  point  où  il  s'a^ 
mener. 

Telle  est  la  machine  que 
fréquemment  dans  les  bâtim 
struction  pour  soulever  et 
pierres  d'un  point  a  un  aul 
lise  aussi  sur  les  ports ,  pou 
ments  et  déchargements  d< 
en  existe  en  permanence  si 
des  carrières,  et  généralemei 
coup  d'usines. 

Cette  machine  est  fort  a 
connue  :  on  la  trouve  iodiqi 
ou  moins  de  complication  <î 
tures  anciennes  et  sur  d'ani 
liefs.  Son  effet  est  très  puissi 
d'un  homme  suspendu  à  la 
du  treuil  suffit  pour  enlev 
considérables. 

Son  nom  se  rapporte  a  la 
son  levier,  qui  lui  donne  une* 
logie  d'aspect  avec  le  cou  de  l 
appelle  grue.  F<^.  l'art,  pr 

L'instrument  qu'on  nomi 
dont  on  a  donné  la  descriptif 
tide),  est  une  variante  de  i 
cette  différence  principale 
nué  du  mouvement  de  rota 
ce  défaut,  la  chèvre  est  plus  1 
employée,  parce  qu'elle  est 
ment  mobile  que  la  grue  ;  I 
celle-ci  n'exbte  réellement 
grands  travaux ,  ou  lorsque 
peut  avoir  lieu  dans  une  ] 
tionnaire. 

La  grue,  comme  toutes 
qui  dérivent  du  treuil,  e 
grands  soins  pour  l'entretic 
des  qui  ont  des  tensions  ce 
subir  ;  la  rupture  d'un  câble 
de  trèâ  graves  accidents  :  au 
mécanique  s'est-il  appliqu* 
l'appareil  de  la  grue  des  m 
précaution  qui  consistent 
rouages  et  encliquetages  au 
l'effet  est  d'atténuer  les  inn 
UsecouMc  qu'imprimerait 


GRO 


(205) 


CRU 


Nons  ne  pouTons 
mfMtéa  indicatîoDS  bien  incom- 
i«  ces  movens  de  perfectionne- 
ÈfWÊÊ  MHS  prévenons  qu'il  est  in- 
jBÉIid^  iToîr  égard  dans  la  prati- 
i  J.  B-T. 

Ce  mot  a  deux  accep- 
:  il  signifie  ,  1**  un  droit 
WÊBt  iwBédiate  que  le  roi  de  France 
(■reertiios  bois,  dont  le  fonds  ap- 
WÊàmà  I  des  gens  de  main-morte, 
à  éî  particuliers  ;  2<>  une  juridio- 
pimmamait  eu  première  instance 
Mb  les  contestations  qui  pouvaient 
V  SB  snjet  des  eaux  et  forêts  de 
Mt ,  et  des  délits  et  malversations 
■vaient  y  être  commis.  Quelques 
s  lireot  Tétymologie  de  gruerie  et 
fm  des  grues  [à  gruibus)j  parce, 
liainanx  veillent  la  nuit,  et  qu*un 
devait  veiller  avec  le  même  soin 
KMiquilui  étaient  confiés.  D'autres 
ût  gruerie  du  mot  grec  Zpûçj  qui 
ditee,  et  même  tout  autre  arbre. 
Jkni  dit  que  gruerie  vient  de  gruy 
lifiaii  autrefob  toutes  sortes  de 
I  efict,  ledroîtde  gruerie,  dans  son 
ne  se  levait  pas  seulement  sur  les 
rlffûtniasi  sur  les  terres  laboura- 
'  avait  même  la  gruerie  de  char- 
it  oo  frisait  bail  à  Paris  au  profit 
Hacange  veut  que  gruerie  vienne 
■and  grwi  oagrœn^  qui  signifie 
roùrooa  ùàtTHridarius;  et,  en 
;niyen  étaient  aussi  appelés  ver- 
planeurs  endroits. 

prise  comme  droit  de 


ipaErteoant  an  roi ,  consistait  en 
y  eoofiacatîons  et  autres  profits , 
m  une  portion  qui  se  percevait 
da  roi  sur  le  prix  des  bois  ven- 
Iroit  de  gruerie  différait  de  ce- 
•uîrie  en  ce  que  le  dernier  don- 
CM  la  propriété  d*une  partie  du 
que  le  droit  de  gruerie 
objet  que  les  profits  dont 
ions  de  parler.  Les  bob  tenus 
-ie  étaient  sonmb  à  la  juri- 
des  officiers  du  roi.  Dans  tous 
soiets  aux  droits  de  gruerie, 
!  et  tous  les  profits  qui  en  pro- 
^  tA  que  les  amendes  et  confis- 
appartenaient  an  roi;  ses  offi* 
it  des  délits,  abus  et 


malversations  qui  se  commettaient,  tant 
pour  la  police,  vente  et  conservation  des 
bois,  que  pour  ce  qui  regardait  la  jus- 
tice et  la  chasse.  Les  parts  et  portions 
que  le  roi  prenait  lors  de  la  coupe  et 
usance  des  bois  sujets  aux  droits  de  grue» 
rie  étaient  levées  et  perçues  en  nature 
ou  argent,  suivant  Tancien  usage  de  cba* 
que  maîtrise  où  ils  étaient  situés.  Us  se 
percevaient  différemment  dans  les  diver* 
ses  provinces. 

La  gruerie,  prise  comme  juridiction  sur 
les  eaux  et  forêts,  était  un  attribut  na* 
turel  de  la  haute-justice;  et  on  peut  dire 
que,  dans  les  premiers  temps  de  la  mo<* 
narchie,  les  officiers  ordinaires  connais- 
saient des  matières  d'eaux  et  forêts  et  de 
la  police  des  bois,  ainsi  que  de  toutes  les 
autres  affaires  qui  se  présentaient  dans 
rétendue  de  leur  département.  Il  parait 
même  que  les  seigneurs  qui  avaient  des 
hautes -justices,  soit  à  cause  de  leurs 
aïeux  ou  à  cause  de  leurs  bénéfices  civib, 
avaient  également  le  droit  de  graericy 
c'est-à-dire  qu'ib  exerçaient  la  justice 
sur  les  bob  situés  dans  leur  territoire. 
Mais  lorsque  les  rob  eurent  établi  des 
officiers  particuliers  pour  la  conserva- 
tion des  bois  du  domaine  et  du  gibier« 
qu'ib  leur  eurent  successivement  attribué 
plusieurs  fonctions  de  justice  sur  cet  ob- 
jet, les  grands  vassaux  de  la  couronne 
établirent  aussi,  à  leur  exemple,  des  offi- 
ciers particuliers  pour  la  conservation  de 
leurs  bob,  et  la  gruerie,  c'est-à-dire  la 
juridiction  sur  les  bob,  fut  séparée  de  la 
haute-justice.  Il  arriva  même,  depub 
l'usage  des  inféodations,  que  la  gruerie 
fut  démembrée  de  plusieurs  hautes-jus- 
tices pour  en  former  un  fief  séparé,  ce 
qui  eut  lieu  dans  les  xi^  et  xii*  siècles,  où 
l'on  donnait  en  fief  toutes  sortes  de  choses. 
On  distingua  deux  espèces  de  grueries , 
les  grueries  royales  et  les  grueries  seigneu- 
riales. Fojr,  FoaÊTs  (dr.  admin.)  et  £aux 
KT  Fonirs.  A.  S-r. 

GRUIÉRES  (en  allemand  Gr/^r^), 
vojr,  FaiBOuac  (canton  de)  et  Fromage. 

GRUITUUISEN  (  François  de 
Paulr),  professeur  d'astronomie  à  l'uni- 
versité de  Munich ,  et  connu  surtout 
comme  l'un  des  premiers  sélénographes 
(vojr.  Lune),  naquit  le  19  mars  1774 
au  vieux  château  seigneurial  de  Halten- 


ORtI 


(206) 


OftO 


berg  sur  le  Lech.  Il  était  fib  d*iiii  fau- 
eonaier  de  Télecteur  de  Bavière ,  et  comme 
les  moyens  destinés  à  son  éducation  étaient 
bornés,  il  fut  obligé,  après  avoir  terminé 
l'étude  des  langues  anciennes,  de  se  livrer 
à  celle  de  la  chirurgie.  Désireux  d'acqué- 
rir de  l'expérience  et  de  voir  le  monde, 
il  prit  du  service  comme  chirurgien  dans 
l'armée  autrichienne  qui  fit,  en  1788,  la 
guerre  contre  lesTurcs.  Plus  tard, M.Gruit- 
buisen  eut  le  temps  de  compléter  ses 
études  à  l'université  de  Landshut ,  où  il 
fut  re^  docteur.  Il  avait  fait  des  expé- 
riences diverses  et  des  observations  au 
moyen  d'un  télescope  construit  par  lui* 
même.  Ces  travaux  lui  avaient  valu  la 
confiance  et  les  encouragements  d'un  haut 
personnage,  qui  lui  avait  accordé  une 
pension.  Il  put  donc  se  livrer  à  loisir  aux 
études  philosophiques  et  médicales  qu'il 
affectionnait.  En  1808,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  physique  à  Hoffwyl  (vof,)  et 
s'acquit  une  réputation  qu'il  soutint  dans 
la  chaire  de  physique,  de  chimie ,  d'his- 
toire naturelle,  de  zoonomie  et  d'anthro- 
pologie qu'il  remplit  à  l'école  de  médecine 
pratique  de  Munich  jusqu'en  1824.  Pen- 
dant ce  temps,  des  offres  lui  furent  faites 
par  l'université  de  Fribourg  pour  une 
chaire  de  physique,  de  chimie  et  d'astro* 
nomie,  et  par  celle  de  Breslau  pour  une 
chaire  de  physiologie  ;  mais  il  refusa  con- 
stamment, préférant  rester  dans  sa  pa- 
trie. Quand  l'université  de  Landshut  fut 
transférée  k  Munich,  il  fut,  à  raison  de 
ses  découvertes  en  astronomie,  appelé  à 
y  professer  cette  science. 

M.  Gruithuisen  parait  avoir  eu  la  pre- 
mière idée  d'un  instrument  lithotriteur  ; 
il  re^ut  de  l'Institut  royal  de  France  un 
prix  de  1  ^000  francs  pour  la  découverte 
du  broiement  de  la  pierre  dans  la  vessie. 

On  lui  doit  un  grand  nombre  de  pu- 
blications, toutes  écrites  en  allemand.  Il 
rédigea,  de  1828  à  1831,  un  journal  très 
estimé  ayant  pour  titre  Analectes  pour 
les  sciences  de  la  terre  et  du  ciel^  et  qui 
reparut  en  1883  (jusqu'en  1836)  sous  le 
titre  de  tfoupeaux  Analectes^  puisd'./^i- 
nales  astronomiques  (1838  et  39).  Parmi 
ses  ouvrages  proprement  dits,  on  distin- 
gue les  suivants  :  Recherches  d* histoire 
naturelle  sur  la  différence  rnicroscopi" 
guedupus  et  tiu  mucus  {NLvLnkh,  1809); 


Anthropologie  (ibid,y  1810 
zoonomie  [ibid,^  1811);  5 
des  comètes  (iV^/w);  Essais 
siognosie  et  l'héautognosie  | 
créations  eThistoire  natun 
Propédeutique  de  médecin 
berg,  >823);  Sur  les  cause, 
blements  de  terre (ibid.y  18* 
naturelle  du  ciel  étoile  (Mui 
et  Critique  de  la  plus  récen 
/a /«fTT  (Landshut,  1838).  B 
sen  a  fourni  en  outre  des  mi 
diverses  publications  pério( 
tronomie  et  d'histoire  natur 
celles  de  Bode ,  de  Nasse  et 
Dans  le  nombre,  on  en  cit( 
beaucoup  de  sensation  :  c'est 
Découvertes  de  plusieurs  t 
bitants  de  la  lune,  et  en  pc 
constructions  architecturaU 
eux.  L'auteur  y  donnait  le 
ment  des  idées  déjà  déposées 
les  Actes  de  l'Académie  Léo 
le  titre  de  Fragments  sélén 
(1821).  Un  traité  complet  si 
tière ,  avec  plusieurs  plancb 
phiées,  contenant  en  outre  le 
observations  de  l'auteur  sur 
encore  inédit.  Il  a  égalem 
observations  sur  les  monta, 
astre. 

GRUME.  On  appelle  bo 
le  bois  coupé  qui  a  conservé 
et  que  la  scie  ou  la  cognée  n'i 
pour  le  retrancher  du  troi 
l'acier  lui  ait  enlevé  sa  robe 
rissant.  Profitant  de  la  flexib 
nés  branches  d^arbres  coupé 
vertes,  les  ployant  en  sens 
les  avoir  taillées  avec  la  h 
unissant  ensemble,  et  les 
fois  qu'elles  sont  assujetties , 
venu  à  faire  en  grume  des 
sièges,  fauteuils,  chaises,  1 
qui  conviennent  parfaitemc 
dins  par  la  rusticité  que  lei 
corce  dont  ils  sont  encore  ret 
peut  également  en  faire  de 
berceaux,  des  volières,  en  or 
tes,  fabriques,  etc.  On  accueil 
les  salons  des  corbeilles,  d 
cette  matière,  élevées  sur  des 
gamment  façonnées,  et  dans 
fait  entrer  des  pots  chargea  < 


6RY 


(3d7; 


GUA 


emite  en  ks  recoa?rant 
ondeTerdure.  L.  Lr-r. 

(Gnuuiajf  nom  russe  de 

(tkj»)^  et  qoelquefoU  de  Ten- 

àiprofiooes  géorgienues,  telles 

1,  U  llingréUe ,  le  Gouriti 

tF(ff,ca  noms. 

IWfilBS,  ifojr.  G&uiiRSs. 
.JUMIUS  (Ahoeé).  Greif,  dont  le 
i  iatioiséy  naquit  en  1616  à 
en  Silésie.  Ce  pays  étant 
le  thé&tre  de  U  gaerre  de 
f  il  pasn  d*école  en  école,  de 
iGio|an,  et  de  Glogau  à  Frau- 
tf  à  Dantzig.  U  ne  retourna  dans 
qu'après  avoir  fini  set  études  en 
(1636).  Reçu  comme  précepteur 
lî  aaiioo  du  comte  palatin  George 
y  il  y  fut  couronné  poète 
1117,  et  obtint  pour  lui  et  ses  des- 
des  titres  de  noblesse;  mais  on 
h  ancoB  usage  dans  cette  famille. 
dMripCîons  en  prose  et  en  vers  de 
de  FreisUdt  en   1637  et  la 
M  et  son  protecteur  le  forcèrent  de 
'•  Après  dix  ans  de  voyages  en 
en  Fnnce  et  en  Italie,  il  re- 
làFnnrtndt,  refusa  plusieurs  chaires 
iéBÎ^Bet  qu'on  lui  proposa,  mais  qui 
nientéloigné  de  sa  patrie,  et,  nommé 
fie  pfwindid  de  la  principauté  de 
pn,  en  1660,  il  y  resta  jusqu'à  sa 
t,  ca  1 664.  Il  fut  frappé  d'apoplexie 
d'une  assemblée  des  États  pro- 


Uns  rhirtoîre  de  la  poésie  allemande, 
phina  ■Hérite  la  mention  la  plus  ho- 
Ufl^  cMiMBif  père  du  drame  allemand 
Loncpie  l'Allemagne  ne  possé- 
frit  de  Littérature  dramatique,  que 
et  les  pièces  des  maîtres  chan- 
<  JfirtfirrMriig€r),Gryphius  lui  donna 
tngédifi  qui  se  distinguaient  par  la 
dn  langage,  par  la  disposition 
de  sujets  bien  choisis,  et  par  la 
fidèle  des  caractères.  Ses  mo- 
t  les  Hollandais  et  notamment 
Sa  farct  divertissante  de  Pierre 
■Bplification  de  la  tragédie  bur- 
■e  de  P^rame  etThisbé,  dans  le  Réi^e 
■r  mmi  d'été  de  Shakspeare,  est  écrite 
!  esprit  et  gaité.  Il  y  a  aussi  de  très 
ma  choses  dans  ses  Pensées  sur  un 
dans  ses  épithalames  et  ses 


poésies  funéraires,  ainsi  que  dans  ses  odes^ 
ses  chants  religieux  et  ses  épitres.  Les 
poésies  lyriques  de  Gryphius  sont  pleines 
de  feu  et  de  sentiment,  auxquels  se  mêle 
une  sombre  mélancolie  inspirée  par  les 
peines  qu'il  avait  éprouvées  dans  sa  vie. 
L'édition  la  plus  complète  de  ses  poésies 
(Breslau  et  Leipzig,  1698)  est  due  à  son 
fils  aîné,  Chxétien  Gryphius ,  mort  en 
1 649,  bibliothécaire  et  professeur  à  Bres- 
lau ,  qui  ^se  fit  aussi  connaître  comme 
écrivain,  mais  surtout  en  prose.  Un  choix 
des  meilleures  poésies  de  Gryphius  se 
trouve  dans  le  2*  volume  de  la  Biblio^ 
tfièque  des  poètes  allemands  du  xvu®' 
siècle ,  publiée  par  G.  MûUer  (Leipzig , 
1822).  C.  L. 

GUADALQUIVIR ,  de  l'arabe  Ouad- 
al'Kébiry  le  grand  fleuve,  anciennement 
Betis,  Ce  grand  fleuve  de  l'Espagne  mé- 
ridionale a  près  de  80  lieues,  depuis  son 
origine  jusqu'à  son   embouchure   dans 
l'océan  Atlantique.  C'est  aux  confins  de 
la  Manche  et  de  la  Murcie,  au  revers  des 
montagnes  de  Cazorla,  dépendant  de  la 
Sierra-Sagra,  qu'il  prend  sa  source  ;  il  se 
dirige  au  sud-ouest  et  reçoit  le  Guadali* 
mar,  ou  plutôt  celui-ci  et  plus  considé- 
rable ,  reçoit  le  Guadalquivir.  Ce  fleuve 
passe  à  Andujar,  après  s'être  grossi  des 
eaux  du  Rio  de  Jaen  et  en  arrosant  des 
contrées  extrêmement  fertiles;    il   bai- 
gne l'est  de  la  ville  de  Cordoue,  puis  re- 
çoit le  Xénil,  rivière  presque  aussi  con* 
sidérable  que  le  fleuve  auquel  elle  vient 
se  réunir,  et,  continuant  de  suivre  une 
direction  à  peu  près  parallèle  à  celle  de 
la  Sierra-Morena,  le  Guadalquivir  des- 
cend versSéville,  où  il  reçoit  la  Guadaîra. 
Au-dessous  de  cette  ville,  il  traverse  len- 
tement un  terrain  très  bas,  sujet  aux 
inondations,  et  par  conséquent  maréca- 
geux; il  augmente  de  sinuosités  et  se  divise 
en  trois  branches  qui  renferment  entre 
elles  deux  iles  basses,  couvertes  de  maré- 
cages, qu'on  distingue  par  les  noms  de 
grande  et  de  petite  lie.  Les  trois  bras  du 
fleuve  se  réunissent  ensuite  et  portent 
leurs  eaux  à  l'Océan  auprès  de  la  ville  et 
du  port  de  San-Lucar  de  Barrameda, 
dans  un  grand  golfe    où  la   Guadiana 
verse  aussi  ses  eaux.  Une  barre  gêne  l'en- 
trée des  navires  dans  l'embouchure  du 
fleuve,   qui,  plus  navigable  dans  l'anti<« 


CUA' 


(  208  ) 


GUà 


qttité,  â  oonstammeiit  perdu  depub  sous 
ce  rapport;  les  galioDsd* Amérique  étaient 
obligés,  dans  le  dernier  siècle,  de  s*arré* 
ter  à  San-Lucar  :  autrefois  ils  remon- 
taient le  fleuve  jusqu'à  Séville,  et,  plus 
anciennement,  de  petits  bâtiments  arri- 
vaient jusqu'à  Cordoue.  Déjà  en  1534 
Ferez  de  Oliva  insista,  dans  un  discours 
public,  sur  la  nécessité  de  rendre  le 
Guadalquivir  navigable,  afin  de  rétablir 
Fancienne  splendeur  de  Cordoue.  Une 
compagnie  royale  s'est  formée  pour  y 
travailler  :  un  de  ses  projets  est  de  faire 
creuser,  entre  Cordoue  et  Sévi  lie,  un  ca- 
nal qui  puisse  servir  à  la  navigation  et 
aux  irrigations.  Des  bateaux  à  vapeur 
entretiennent  maintenant  la  communica- 
tion entre  Séviiie  et  le  port  de  San-Lu- 
car. D-G. 

GUADALUPB- VICTORIA,   vof. 
ViCToaiA. 

GUADELOUPE,  une  des  petites  An- 
tilles (vo^O  ou  Iles  duVent,  est  située  entre 
W  59'  et  16«  40'  de  latitude  nord,  et 
entre  63»  20'  et  64®  9'  de  longitude  ouest. 
Elle  est  à  25  lieues  de  la  Martinique  et  à 
1,250  lieues  marines  de  Brest,  d'où  l'on 
se  rend  à  la  colonie  en  un  mon.  Un  dé« 
troit  qui,  sur  2  lieues  de  longueur,  n*a 
guère  plus  de  largeur  que  la  Seine,  et 
qu'on  appelle  la  Rivière  salée^  la  par- 
tage en  deux  lies  dont  la  plus  grande  est 
la  Guadeloupe pmprement  dite;  l'autre 
est  la  Grande^Terre,  Avec  les  Iles  qui 
en  dépendent,  cette  colonie  française  a 
une  superficie  de  1 64,5 1 3  hectares,  sans 
compter  435  hectares  de  superficie  que 
présentent  les   petites  Iles  dites  de  la 
Petite -Terre  situées  auprès  d'une  pointe 
de  la  Grande-Terre.  La  Guadeloupe  seule 
a  82,289  hectares  et  la  Grande-Terre 
55,923.  De  ces  deux  parties  de  l'Ile,  la 
première,  traversée  par  une  chaîne  de 
montagnes  volcaniques  et  boisées,  a  beau- 
coup de  terrain  perdu  pour  la  culture 
à  cause  des  mornes  et  des  ravinas,  tandis 
que  la  Grande -Terre,  peu  élevée,  ayant 
seulement  une  chaîne  de  collines  et  poa« 
sédant  un   terrain  gras  et  fécond,  est 
toute  susceptible  de  culture.  Les  monta- 
gnes de  la  Guadeloupe  ont  nne  élévation 
moyenne  d'un  millier  de  mètres  et  ne  sont 


la  Soufrière,  volcan  de  1,557  oiètf 

haut,  d*où  il  s'échappe  de  bi  fuméi 

la  pointe  et  les  flancs.  Les  pitons  de  I 

lante  et  des  Deux-Mamelles  ont  «i 

exhalaisons  semblables  ;  ils  n'oot  qa 

mètres  de  hauteur.  De  cette  diaii 

montagnes  descendent*  beaucoup  èm 

rents  qui  ont  creusé  profondément  1 

rain,   mais  qui  sont  à  sec  pendfti 

grandes  chaleurs,  et  deux   rivière 

Goyave  et  la  Lézarde,  qui  portent  fa 

et  fournissent  beaucoup  de  poiasoii, 

que  d'autres  rivières  de  l'île.  La  Gn 

'Terre  manque  de  rivières  et  de  boii 

y  est  réduit  à  l'eau  des  pluies  pour  lii 

son  et  pour  l'arrosage  des  jardim. 

l'ancien  volcan  de  Bouillante  sort 

source  d'eau  thermale  qui  lui  a  profai 

ment  donné  son  nom,  ayant  une I 

pérature  d'environ  80<*  (centîgr.);i 

de  la  source  de  Dolé  n'est  que  de  Itl 

tié.  Au  Lamentin ,  où  coule  une  m 

source  d'eau  thermale,  il  existe  ■■ 

blissement  de  bains.  On  remarque  m 

les  sources  d'eau  thermale  du  Gom 

et  de  Mont-de-Noix.  Sur  les  164, 

hectares  de  la  superficie  de  la  colooit 

compte  44,745  hectares  de  terras  ai 

vées  (à  peu  près  le  quart  de  la  snperi 

23,789  de  savanes,  28,838  de  boîs« 

rets  et  71,838  de  terres  încultek  Oi 

trouve  de  forêts  qu'au  haut  des  moi 

gnes;  elles  se  composent  d'aoeda  à 

dur,  d'acajou,  de  campèche,  de  co«i 

ril,  de  figuiers  des  Indes,  de  goana 

fromagers  et  galacs.  Ces  hautea  ré^iea 

téreaaent  aussi  le  botaniste  à  niMO  à 

quantité  d'espèces  de  fongèraeecde  ■ 

set  qui  y  croissent*.  Le  priacipel  « 

de  la  culture  est  le  sucre;  celle  du  a 

beaucoup  diminué;  on  cultive  pei 

coton  et  de  ceca«^  encore  moiiie  detd 

Pour  la  nourritni%on  récolte  beMK 

de  manioc,  de  patates,  de  baouM», 

gnames  et  de  madères.  Le  tableau  8«if 

tiré  de  ceux  que  le  gouvememeai  a 

bliés,  fera  connaître  la  récolte  des  pri 

pales  productions  de  l'Ile  en  1884, 

quantité  de  terrain  et  le  nooibre  d*ei 

ves  employés  à  ces  culturca. 

(*)  Wikfttroem,  daoa  loa  dp^ffm  4t  U/tm 


•Mvj«iuii«;  u  uu  millier ue  mcires ei  ne  sont      •    V     .  ^ :'  T. TT  ""'T't-  -T  — ^-^ 

do™i„*«quep.r  quelques  pito»^  lebque  |  îî  4«' a^'i'ïrJT'"'"  "  ""^  ^  "^ 


6DA 


34,810     44,ftl5 


4,726 

1,249 

146 

12 

104 
21 


4,543 


(  20»  )  Ùtik 

fltOBiriTS 

èf  cttliom^ca  i835. 

Sucre  bnit 36,158^2ftUltr* 

Sucre  terré 176,715 

Siroià  et  mélasses  ....  6,506,1 291!*»^ 

Tifia 2,158,015 

Café 1,004,372"««'. 

Colon «  .  80,464 

Cacaa 28,021 

Girofle 345 

Tabac :  .  .  .  3,777       ,/, 

/Manioc 3,468,905 

1  Fautes 2,976,486 

1  Bananes. 1,594,931      :    c 

<  Ignames 1,479,041 

j  Madères 1,099,575 

[Maïs 510,640 

\  Casse,  malangasy  pois,  cousoousses. 


44,745     55,416 


êiénlK  à  2S  milliont  de  francs  le 
hrat  da  sol,  et  à  14  millions  le 
■et  CertU  canne  d'Ouhiti  qui 
t  cnltÎTée  dans  les  sucre- 
I  ht/tan  de  terre  destiné  à  cette 
pnt  rapporter  S^OGO  kilogr.  de 

Rtt  coftte  environ  400  fr.  en  frais 
EMC  Chacioe  habitation-sucrerie 
(vdinairementy  outre  les  bâti* 
ém  Baitres  et  des  esclaves,  une 
gmldi^rie  pour  la  dtstilla- 

— I  et  du  tafia,  et  une  grugerie 

PV  k  préparation  du  manioc,  qui  est 
PfÛHÎpale  nourriture  des  habitants, 
de  cafitiers  peut  donner  500 
et  café,  coûtant  en  frais  d*eiploi- 
350  fr.  Dans  les  jardins,  on  cultiTc 
dTofope  (mais  ils  y  dégéoè- 
t^  et  des  arbres  fruitiers, 
IWcatier,  l'oranger,  Tananas, 
,  le  manguier,  etc.  Le  prin- 
^'^NRiSe  est  rherbe  de  Guinée^ 

li  (ïaideknipe,  reœrant  presque 
'^b  irrhandiffi  de  la  métropole 
'■AitaélabliaBeaaents  d^industrie  que 
'Ibkmi^  24  cfaanfoumeries  et -une 
P^if;l8SBétiers  sont  exercés  en  grande 
iitft  fÊT  des  hommes  de  couleur.  £n- 
hnJ^fiO  indiridnsaont  employés  à  la 
■■eiocde,  et  on  pèche  sur  les  côtes  à 
IfNs  30,000  kilogr.  de  poisson.  Le 
nement  eommerdal  entre  la  France 
I  Guadeloope  a  varié,  dans  les  dix 
émàt  1835  à  1835,  entre  32  et  47 
■M  de  francs;  en  1835,  il  a  été  de 
t4<,537  fr.,  dont23,738,175  en  im- 

ïmej-eiop,  d.  G,  d.  M.  Tome  XII7. 


portations  de  la  Guadeloupe  en  France  ^ 
et  16,508,352  en  exportations  de  la 
France  à  la  Guadeloupe.  Sur  la  masse  de 
ces  importations,  la  France  a  perçu  plus 
de  14  millions  et  demi  en  droits  de 
douanes,  d*où  l'on  voit  que  la  Guadelou- 
pe est  d'un  bon  rapport  pour  la  France. 
Dans  la  même  année  1835,  il  est  entré 
dans  les  ports  de  la  colonie  1 85  bâtiments 
français  (dont  65  du  Havre)  et  il  en  est 
sorti  161.  La  colonie  possède  un  grand 
nombre  de  rades,  dont  les  principales  sont 
celles  de  la  Basse-Terre  et  de  la  baie 
Mahault  dans  la  Guadeloupe  proprement 
dite,  le  port  de  la  Pointe-à-Pitre  et  celui 
du  Moule  dans  la  Grande-Terre,  et  la 
rade  des  Saintes  dans  les  lies  de  ce  nom. 
On  regarde  le  port  de  la  Pointe-à-Pitre 
comme  un  des  plus  beaux  et  des  plus  sûra 
des  Antilles;  l'entrée  du  port  du  Moule 
est  difficile. 

Ainsi  que  les  autres  Antilles,  la  Gua- 
deloupe est  sujette  à  de  violents  ouragans 
qui  causent  des  ravages  épouvantables  : 
les  plus  forts  ont  presque  toujours  ea 
lieu  dans  lès  mois  de  juillet,  août  et  sep- 
tembre, c'est-à-dire  dans  la  saison  la 
plus  chaude;  ces  mois,  du  moins  depuis 
la  mi-juillet  jusqu'à  la  mi-octobre,  sont 
aussi  ceux  pendant  lesquels  les  fortes  pluies 
se  succèdent  sans  interruption.  U  règne 
une  grande  humidité  dans  l'atmosphère 
de  la  colonie  ;  les  chaleun  y  sont  tem- 
pérées un  peu  par  les  brises;  32  degrés 
du  thermomètre  de  Réaumur  forment  à 
peu  près  la  température  moyenne  de 


GOA.  (  210  ) 

rUe,  mesurée  à  l*ombre  :  elle  varie  de  1 6<* 
à  30.  On  a  raremeat  des  vents  d^ouest, 
et  ils  ne  se  manifestent  guère  que  par  des 
bourrasques;  depuis  novembre  jusqu^en 
avril  y  les  vents  soufllent  du  nord  et  du 
nord-est;  le  reste  de  Tannée,  ils  tournent 
à  la  région  opposée. 

La  colonie  de  la  Guadeloupe  a  qua* 
tre  dépendances,  savoir  :  les  iles  de  Ma- 
rie^Galante^  les  Saintes^  la  Désirade 
{voy.)  et  une  partie  de  Tile  Saint-Martin, 
oont  le  reste  (environ  un  tiers)  appartient 
à   la  Hollande.  Au  commencement  de 
1836,  la  colonie  avait  une  population  de 
127,574  âmes,  savoir:  31,252  individus 
libres  et  96,322  esclaves.  Parmi  les  pre- 
miers, il  y  a  2,000  hommes  de  troupes  et 
environ   440    fonctionnaires   civils;    les 
blancs  ne  sont  qu^au  nombre  de  1 1   à 
12,000,etroncompte  19  à  20,000  hom- 
mes de  couleur  libres.  Il  y  a,  dans  toute 
la  population,  environ  6,000  femmes  de 
plus  qued'hommes.  Depuis  la  Gn  de  juillet 
1830  jusqu'au  !•'  janvier  1837,  il  a  été 
affranchi  8,637  esclaves,  dont  un  dixiè- 
me environ  a  racheté  sa  liberté.  En  1835, 
on  a  compté  une  naissance  sur  28  indivi- 
dus libres  et  sur   50  esclaves,   1  décès 
sur  34  libres  et  sur  44  esclaves ,  et  1  ma- 
riage sur  158  libres  et  sur  6,880  esclaves. 
Le  nombre  des  enfants  naturels  excède 
celui  des  enfants  légitimes,  tant  le  concu- 
binage est  fréquent,  chex  les  blancs  com- 
me chez  les  gens  de  couleur.  Les  habitants 
primitifs  de  la  Guadeloupe  étaient  les 
Caraïbes;  obligés,  au   xvii*  siècle,  de 
(aire  place  aux  colons  français  après  une 
guerre  acharnée,  les  indigènes  restants  se 
retirèrent  à  la  Grande-Terre  et  a  la  Do- 
minique, et  ils  ont  continué  d*y  subsister 
en  petit  nombre  et  dans  un  état  peu  pros- 
père. C'est  en  1 664  que  Louis  XIV  ache- 
ta la  Guadeloupe  au  prix  de   125,000 
livres.  Klle  fut  confiée  d'abord  à  une 
compagnie  marchande,   puis  annexée  à 
la  Martinique;  ce  n'est  qu'après  le  milieu 
du  XVIII*  siècle  (|ue,  régie  séparément, 
elle  a  pu  prospérer.  Klle  a  été  quatre  fois 
occupée  par  les  Anglais  avant  1814. 

La  Guadeloupe  est  régie  par  un  gou- 
verneur et  un  conseil  culonial  de  trente 
membres  nommé»  par  les  collèges  élec- 
toraux. Il  y  a  un  commandant  militaire , 
VU  ordonnateur  y  un  directeur  de  Tinté- 


GOA 

rieur  et  un  procureur  général.  Let 

villes  de  Basse-Terre  et  de  Pointe-à-! 

et  les  trois  bourgs  du  Moule,  du  G 

Bourg  et  du  Marigot  ont  un  consei 

nicipal,  et  à  la  tête  de  chaque  quart 

un  fonctionnaire  public  civil  ayant  I 

de  commissaire-commandant.  La  A 

'lerrcy  chef-lieu  de  la  colonie,  e 

ville  de  5,500  âmes,  avec  une  nu 

la  côte  occidentale  de  la  Guade 

rade  ouverte  à  tous  les  vents  et  e 

aux  ras  de  marée  qui  y  sont  dang 

La  Basse-Terre  est  le  siège  de  l 

royale,  d*une  cour  d'assises,  d'un 

nal  de  première  instance,  du  coum 

vc,  d'une  commission  des  prises  c 

conseil  de  guerre;  la  ville  a  des  écoli 

bibliothèque  et  un  hospice.  La  se 

ville,  ou  même  la  première  pour  l 

pulation,  est  la  Pointe-à-Pitre,  di 

Grande-Terre,  auprès  de  la  rivière! 

Régulièrement  bâtie  et  peuplée  de  12 

âmes,  cette  ville  doit  sa  prospérité  ai 

excellent  qu'elle  a  sur  leitrémili 

rivière  Salée,  et  qui  peut  contenii 

navires  ;  elle  a  une  chambre  de 

merce,  comme  la  Basse-Terre.  Apr 

deux  villes,  les  lieux  les  plus  peuf 

la  colonie  sont  le  Grand-Bourg  ou 

rigot  (  1 ,900  âmes),  le  bourg  de  la  ( 

terre  et  celui  du  vieux  fort  Saint -1 

situés  tous  trois  dans  Pile  Marie-Gi 

les  Saintes  et  la  Désirade  n'ont  ck 

qu'un  petit  bourg.  Dans  la  partie 

^ise  de  l'ile  Saint-Martin,  il  n*y 

le  bourg  de  Marigot,  contenant  un 

taine  de  maisons,  au  fond  d'une 

Pour  l'exercice  de  l'année  1837,  I 

penses  publiques  de  la  colonie  a 

évaluées  à- 4,396,967  francs,  don 

delà  moitié  a  été  fournie  par  les  r 

locales.  Outre  l'imprimerie  du  ^ 

nement,  il  y  a  dans  la  colonie  d 

primeries  particulières;  il  s\  pub 

gazettes. ^-On  peut  consulter  tes  1 

statistiques  sur  Us  colonies  fmm 

imprimées  par  ordre  du  ministn 

marine,  Impart.,  Paris,  1837,  in-8 

GUADET  (MAaourRiTE-Rui 

des  chefs  du  parti  des  Girondins  ; 

naquit  à  Saint-Émilion ,  petite  v 

Bordelau,  le  20  juillet  1775.  A  I 

1 5  ans,  il  quitta  la  maison  paternel 

aller  à  Bordeaux  terminer  son  édt 


CMik 


oà  txMB  ksiraBOx,  en 

vue   régènéntion 

A  BonleMx ,  le  commerce  et 

faïaùuit  UMijoun  deux  puis- 

■paalklei  K  ans  rivales;  le  com- 

V,  Iwt  ptf  tes  richeisei ,  le  bar- 

fv  «M  talent,  oomfireoaieDt  que 

Hait  Teou  pour  eux  de  fi- 

■r  h  «èoe  politique;  mais  en 

ce  comoMrce  et  ses  mille 

qm  sillonnaient  les  mers  ce 

Ant  les  intérêts  étaient  néœs- 

lin  aoi  iotérèts  da  commerce, 

éainr  qae  la  transition  se  fît 

K«ét,iTec  modération,  et  là  peut- 

i«  le  Mcret  de  la  conduite  que  tint, 

ii*cn  de  h  révolution  française,  la 

ttttioo  de  U  Gironde. 

6adci,dèja  connu  aTantageosement 

de  Bordeaux,  obtint,  mal^ 

oaçrand  nombre  de  suffrages 

^h  dépatation  aux  États-Généraux; 

constituante  sVtant  séparée, 

à  des  hommes  nouveaux  le  soin 

aoD  ouvrage,  Bordeaui  pro- 

n  biaease  dépatation  à  TAssem- 

^  ks  ptemîcfs  temps  de  cette  as- 
"B^)  BB  rapport  vint  mettre  à  nu 
■*>ln{Kictlcs  armements  des  puis- 
1  «mi  que  Fexistence  de  crimi- 
ioteliigences  au  dedans.  Guadet 
^-  ^^k^Qs  prompt,  le  plus  cbaleureux 
^.  ^Giroidiiis,  fit  décréter  que  la  nation 
'  ".'w.inirdait  comme  iulâme,  traître 

*  •■P^rie,  coupable  du  crime  de  lèse- 
tOQt  agent  du  pouvoir  exécutif , 

FnnraB  qui  prendrait  part,  direc- 
■t  oa  indirectement,  à  un  congrès 

*  *|rolijetierait  d^obtenir  une  modi- 
^  tende  b  œnstitution  ;  il  fit  décréter 

^  ttOe  déclaration   serait  portée  au 
•>  wec  invitation  d'en  donner  con- 
■■ite  a  tons  les  princes  de  TEurope, 
4  et  Imr  déclarer  qu'il    regarderait 
enoemi    de    la    France    tout 
qm  manifesterait  l'intention   de 
atteinte  à  sa  constitution.    Les 
pnLa  de  Guadet  avaient  électrisé  l'as- 
mtléey  les  applaudissements  avaient 
kft  (oa  interrompu  l'orateur  :  quand 
Ml  fini  de  parler,  tous  les  membres  se 


I 


I 


(211)  GCÀ 

menty  expriment  par  des  aodafltttîoai 
réitérées  l'adhésion  de  toutes  les  volon- 
tés à  la  déclaration  de  Guadet;  les  tri- 
bunes mêlent  leurs  applaudissements  , 
leur  enthousiasme,  leurs  serments,  à  ceux 
de  rassemblée; on  entend  un  grand  nom- 
bre de  voix  :  Oui,  oui ,  la  constitution 
ou  la  mort!  Voilà  mot  à  mot  le  récit  du 
Moniteur. 

La  malheureuse  journée  du  30  juin 
fournît  aux  Girondins  l'occasion  de  dé- 
velopper franchement  leurs  principes. 
Le  général  Lafa  jette  étant  venu  à  la  barre 
demander,  au  nom  de  son  armée ,  ven- 
geance des  insultes  prodiguées  au  mo- 
narque, Guadet  sentit  sans  doute  que 
tout  était  perdu  si  un  général  pouvait 
ainsi  dicter  des  ordres  :  il  rappela  donc 
à  Lafayette  ses  devoirs  et  ceux  de  l'ar- 
mée, et  Ténergie  et  l'éloquence  de  ses 
paroles  firent  sur  l'assemblée  une  vive 
impression.  Mais ,  en  même  temps , 
Guadet  et  ses  amis  comprirent  que,  pla- 
cés entre  un  peuple  en  délire  qui  com- 
promettait les  plus  précieuses  concpiè- 
tes  de  la  Révolution,  et  une  cour  hostile 
sans  doute,  mais  qu'on  pouvait  peut- 
être  ramener  à  d'autres  sentiments  on 
placer  du  moins  dans  une  étroite  dépen- 
dance, l'intérêt  du  pays  leur  commandait 
une  démarche  d'où  pouvaient  sortir  les 
plus  heureux  résultats.  Les  Girondins  se 
rapprochèrent  donc  de  la  cour;yergniaud, 
Guadet,  Gensonné  eurent  plus  d'une  fois 
des  entretiens  secrets  avec  le  roi.Les  dépu« 
tés  demandaient  à  Louis  XVI  d'éloigner 
desfrontières  les  armées  ennemies,  de  rap- 
peler les  minbtres  écartés  du  pouvoir, 
de  donner  au  prince  royal  un  gouverneur 
attaché  aux  principes  constitutionnels,  et 
d'adhérer  lui-même  franchement  à  ces 
principes  ;  à  ces  conditions,  ils  offraient 
leur  concours.  Ces  propositions  furent 
rejetées,  et  le  vaisseau  de  l'état  continua 
de  flotter  entre  deux  écueils  également 
menaçants. 

La  cour  se  disposait  au  combat;  elle 
hâtait  l'entrée  en  France  des  armées 
étrangères  et  resserrait  les  liens  qui  l'at- 
tachaient à  l'émigration.  Le  26  juillet, 
Guadet,organe  de  son  parti,  lut  un  pro- 


jet de  message  au  roi  qui  se  terminait 
par  one  impulsion  subite  et  si-     ainsi  :  «  La  nation  seule  saura  sans  doute 
;  toosy  dans  l'attitade  da  ter-  I  défendre  et  conserver  sa  liberté  ,  mtia 


GUA 


(212) 


GVh. 


•Ile  TOUS  demande ,  Sire ,  une  dernière 
foit|  de  vous  unir  à  elle  pour  défendre 
la  constitution  et  le  trône.  »  Le  roi  per- 
sista dans  sa  conduite  :  les  Girondins,  dés- 
espérant alors  de  fonder  en  France  une 
monarchie  constitutionnelle,  se  décidè- 
rent pour  la  république,  et  concouru- 
rent au  10  août,  qui  livra  la  Commune 
de  Paris  a  tout  ce  qu^il  }  avait  de  plus 
extrême  parmi  les  démagogues.  Dès  le 
30,  les  Girondins  firent  rendre  un  décret 
de  dissolution  contre  cette  Commune; 
mais  la  Commune  resta  à  son  poste  et  ré- 
pondit au  décret  par  les  massacres  de 
septembre,  barrière  de  sang  qui  dessi> 
sera  désormais  les  deux  camps  avec  pré- 
cision. 

L'Assemblée  législative  céda  la  place  a 
la  Convention  nationale.  Le  département 
de  la  Gironde  s>mpressa  de  réélire  ses 
députés  les  plus  marquants,  Vergniaud, 
Guadet,  Gensonné;  Paris,  de  son  côté, 
envoya  à  la  même  assembla  les  membres 
les  plus  ardents  de  sa  Commune,  Danton, 
Robespierre,  Marat,  etc.  La  guerre  fut 
organisée,  maisavec  des  chances  bien  iné- 
gales; car  les  députés  de  Paris  avaient 
derrière  eux  toute  la  populace  de  la  ca- 
pitale, tandis  que  les  députés  des  dépar- 
tements, loin  de  leurs  concitoyens,  n*a- 
▼aient  pour  appui  que  leur  courage  et 
leur  talent. 

L'assemblée  s'ouTrit  le  21  septembre 
1792,  et,  dès  le  28,  Vergniaud  et  quel- 
ques autres  membres  appelèrent  Pindi- 
gnation  publique  sur  les  lâches  auteurs 
descrimes  de  septembre.  Louvet  formula, 
le  29  octobre,  une  attaque  directe  contre 
Robespierre,  et  Guadet  se  chargea  de 
soutenir  la  lutte.  Le  triomphe  des  Gi- 
rondinsfut  complet;  mais  tandis  qu*à  la 
tribune  ils  foudroyaient  leurs  ennemis, 
oeux-ci  soulevaient  contre  eux  les  fau- 
bourgs de  Paris. 

Lors  du  procès  du  roi,  on  fut  d'accord 
sur  la  culpabilité  ;  mais  la  Montagne  vou- 
lait porter  un  jugement  définitif,  tandis 
que  la  Gironde,  refusant  de  prendre  sur 
elle  la  responsabilité  d*un  pareil  acte , 
voulait  l'appel  au  peuple  :  l'appel  fut  re- 
jeté. Sur  l'application  de  la  peine,  Gua- 
det vota  la  mort ,  mais  avec  sursis  :  le 
sursis  mis  aux  voix  fut  rejeté  encore,  et 
i!e  tous  les  bîait  employés  par  les  Giron- 


dins il  ne  sortit  qu'une  seok  dioae , 
preuve  qu'il  leur  répugnait  de  oondhÉl 
Louis  XVl  à  l'échafaud,  mais  qu'ils  tA 
saient  l'avouer  (  vo/.  T.  XII,  p.  491 
Ce  fut  une  faute  ;  on  gagne  toujonra  |l 
en  politique  à  marcher  droit  et  l'eroM^ 
louvoyer  timidement  :  dans  le 
cas,  on  en  impose  à  ses 
le  second,  on  les  encourage. 

Aussi,  le  9  mars  suivant,  Guadet  t 
disposant  à  paraître  à  la  tribune  I 
tout  à  coup  assailli  par  les  plus  vm 
tes  clameurs,  et,  le  jour  même,  lui 
parti  furent  voués  aux  poignards.  Oéi 
la  nuit  du  10  au  11,  des  conjurés  A^ 
mèrent,  et  les  députés  ne  durent  mi 
leur  active  surveillance  d'échapper  il 
mort. 

Cependant  le  combat  était  engafé^( 
au  mois  d'avril,  Robespierre  attaqoil 
Girondins  en  face  à  la  tribune.  \i 
et  Guadet  se  défendirent  en  oratconl 
spires:  Vergniaud  toujours  grand, 
jours  beau,  quand  il  avait  écrit; 
plus  inégal,  mab  aussi  plus  im[ 
plus  entraînant,  parce  qu'il  im| 
toujours  ;  ils  arrachèrent  les  appi 
ments  de  rassemblée.  Du  reste,  Gi 
ne  se  faisait  guère  illusion  sur  Vu 
la  lutte.  Vu  de  ses  amis  lui  demandiild 
jour  pourquoi  les  véritables  dèfenMi 
des  droits  de  la  nation  n'employaU 
pas  les  mêmes  moyens  que  leurs  advfl 
saires  pour  s'attacher  le  peuple  :  «  Ct 
impossible,  lui  dit  (Guadet  ;  nous  ne  pfl 
vons  promettre  que  du  pain  au  peapi 
et  cela  en  échange  de  son  trvnl 
eux,  au  contraire,  lui  offrent, 
vail,  toutes  les  jouissances  de  la 
et  du  pouvoir.  Il  n'est  pas 
prévoir  quel  sera  son  choix.»  Le  Ift  m 
en  effet,  les  députés  de  35  sections  dtl 
ris  se  présentèrent  à  la  Convention  pi 
dénoncer  22  représentants  appartm 
tous  au  parti  de  la  Gironde;  Goaà 
comme  on  pense  bien,  était  du  no^ 
Ce  fut  le  commencement  de  oette  ai 
d'accusations  et  de  violences  dont  f 
sue  fut  la  catastrophe  du  31  mai  (w 
T.  XU,  p.  494). 

Dans  ces  tristes  circoustancct,  Bl 
deaux  tout  entier  éleva  une  voix  iodin 
et,  dans  une  adresse  énergique,  mcfli 
Paris  d'une  éclatante  vengeam»  t*il  É 


GVk 


(m) 


GI]A 


inte  m  la  TÎe  oa  à  Ift  liberté  de 
taures.  Sor  la  demande  de  Gua- 
«e  fat  imprimée ,  affichée  dans 
ivojée  aux  départements.  £x- 
-éûne  par  ce  succès,  Gnadet 
ttôt  à  la  tribune  Tune  des  mo- 
tins  hardies  qui  eussent  encore 
il  proposa  de  casser  les  auto- 
'aiisy  de  remplacer  proTisoire- 
cians  les  34  heures,  sa  Corn- 
L  enfin  de  convoquer  et  de 
■f  soppléanls  de  l'assemblée  à 
laiks  la  crainte  d'une  dissolution 
de  la  CouTcntion  nationale. 
»tion  échoua ,  et  Guadet  fut 
amis  à  toute  la  fureur  du 


e  3 1  mai ,  Guadet  fut  du  nom- 
proscrits  qui  trouvèrent  les 
e  foir  de  Paris  et  qui  se  retiré- 
^  le  Calvadoe  (  vof.  T.  XII ,  p. 
nenu  le  centre  de  Tinsurrection 
entale  qu'entraîna  cette  terrible 
be.  Obligés  de  fuir  de  nouveau, 
I  lies  députés  gagnèrent  le  dé- 
t  <le  la  Gironde,  sur  la  foi  de 
épie  Guadet,  dont  l'âme  con- 
générense  leur  promettait  asile 
é  an  milieu  de  ses  concitoyens, 
nilusion  fut  courte  et  la  réalité 
pour  Guadet  surtout  !  Quand 
rits  mirent  le  pied  dans  le  dé- 
it  de  la  Gironde ,  il  était  déjà , 
e  reste  de  la  France,  au  pou- 
proscripteurs. 

:t  conduisit  secrètement  ses  amis 
«aiot-Émilion ,  séjour  de  sa  fa- 
ie  la  plupart  de  ses  amis  d'en- 
lais  tous  avaient  été  vus  et  re- 
I  leur  arrivée  dans  le  départe- 
i  dès  lors  il  n'était  pas  difficile 
;oniier  le  lieu  de  leur  retraite, 
e  6  octobre  1793 ,  vers  le  soir, 
représentants  en  mission  dans  la 
yTallien ,  arrive  à  Saint-Émilion 
potr  de  les  y  découvrir.  Toute- 
Le  première  perquisition,  peu 
ce  qu'il  parait ,  ne  produbit  au- 
hat,  et  les  députés  proscrits  pu- 
■er  près  de  huit  mois  encore 
■éfse  lien  ou  dans  les  enrirons; 
in  les  recherches  recommencè- 
■ioii  de  juin  1794;  le  15,  au 
i  joar^  loatei  les  carrières  qui 


entourent  la  ville  de  Saint-Émilioo ,  la 
ville  elle-même  et  les  maisons  de  Gua- 
det père  et  de  sa  fiunille,  se  trouvèrent 
entourées.  Guadet  et  Salles  furent  trou- 
vés dans  la  maison  de  Guadet  père,  et 
conduits  à  Bordeaux  devant  une  commis- 
sion militaire  qui  n'eut  qu'à  constater 
leur  identité,  car  les  députés  étaient  hors 
la  loi.  «  Bourreaux,  faites  votre  office, 
dit  Guadet  aux  membres  de  la  commis- 
sion ;  allez ,  ma  tête  à  la  main ,  demander 
votre  salaire  aux  tyrans  de  ma  patrie.  Ils 
ne  la  virent  jamais  sans  pâlir;  en  la 
voyant  abattue  ib  pâliront  encore.  »  Sur 
l'échafaud,  il  voulut  parler;  mais  un  rou- 
lement de  tambour  vint  couvrir  sa  voix  , 
et  il  ne  put  faire  entendre  que  ces  mots  : 
«  Peuple,  voilà  l'unique  ressource  des 
tyrans  :  ils  étouffent  la  voix  des  hommes 
libres  pour  commettre  leurs  attentats.  » 
Guadet  avait  35  ans  ;  il  laissait  après  lui 
une  veuve  et  deux  orphelins.  Le  père  de 
Guadet  et  une  tante ,  arrêtés  en  même 
temps  que  lui,  furent  aussi  mis  à  mort  ; 
un  jeune  frère ,  adjudant  général  à  l'ar- 
mée dç  la  Bioselle,  qui  se  trouvait  aussi 
à  Saint-Émilion  lors  de  l'arrestation  da 
député,  fut  également  entraîné  dans  sa 
perte.  Un  seul  membre  de  la  famille  sur- 
vécut à  ces  temps  affreux  :  il  était  lieu- 
tenant-colonel d'un  régiment  alors  à 
Saint-Domingue  ;  c'est  le  père  de  l'au- 
teur de  cet  article.  J.  €r-T. 

GUADIANA,  autrefois  Anas,  d'où 
vient  le  nom  arabe  èiOuadi-Ana,  Ce 
fleuve  de  la  péninsule  ibérique  prend 
naissance  dans  les  marais  de  Ruidera , 
province  de  la  Manche  espagnole ,  coule 
au  nord-ouest,  et,  étant  entré  dans  la 
province  de  Tolède,  il  reçoit  la  rivière 
de  Zangara ,  avec  laquelle  il  se  perd  sous 
terre  à  3  lieues  du  bourg  d'Alcazar ,  ne 
laissant  que  quelques  mares  d'eau  cou- 
vertes de  jonc.  Les  eaux  qu'on  voit  sortir 
de  terre  à  quelques  lieues  de  là,  entre  Ca- 
latrava  et  Daimiel,  sont  regardées  comme 
étant  celles  de  la  Guadiana.  Quand  la 
2^ngara  est  très  haute ,  au  lieu  de  se  per- 
dre entièrement  avec  la  Guadiana,  elle 
passe  par  le  lit  de  ce  fleuve,  reçoit  la 
Giguela ,  se  dirige  sur  Y illarta ,  et ,  au- 
dessous  de  cet  endroit,  elle  rejoint  le  lit 
de  la  Guadiana.  Arrosant  alors  l'Estra- 
madure,  oe  flea?e  ae  dîri||t  k  VonnX^ 


GUA 


(«♦) 


GUA 


yen  Méridft  et  Badajoz;  pais,  tournant 
au  sud,  il  sert,  sur  un  espace  de  7[lieues, 
de  limite  entre  TEspagne  et  le  Portugal; 
il  pénètre  ensuite  dans  la  province  por* 
tugaise  d*Alentejo  et  de  là  dans  les  AU 
ganres.  Pendant  une  grande  partie  de 
son  cours ,  son  bassin  est  déterminé  par 
la  Sierra -Morena  d'un  coté  et  par  les 
montagnes  d'É¥or%  de  Fautre.  Entre  Serw 
pa  et  Mertola,  sotilit,  resserré  et  barré 
par  les  rocbes,  produit  une  cascade  ap- 
pelée le  Saut  du  Loup;  depuis  Mertola 
jusqu'à  la  mer,  c'est-à-dire  sur  un  es* 
pace  d'une  douzaine  de  lieues  seulement, 
la  Guadiana  est  navigable.  Elle  se  jette 
dans  l'Océan  par  deux  embouchures, 
dont  la  plus  occidentale  et  la  plus  con- 
sidérable est  entre  Yillaréal  de  Santo- 
Antonio  et  l'Ile  Canela;  l'autre  est  au- 
près de  la  Redondela ,  golfe  de  Huelva. 
La  Guadiana  a  un  cours  lent  et  arrose  de 
magnifiques  pâturages.  On  dit  ses  eaux 
peu  propres  aux  irrigations  à  cause  de 
leur  salure.  On  y  pèche,  jusqu'au  Saut 
du  Loup,  beaucoup  de  soles,  d'aloses, 
lamproies ,  barbuts  et  anguilles.  Elle  re» 
çoit  un  grand  nombre  de  rivières.  De 
même  que  la  source  de  la  Guadiana 
n'est  pas  fort  éloignée  de  celle  du  Gua- 
dalquivir ,  de  même  son  embouchure  se 
rapproche  de  celle  du  grand  ileuve  espa- 
gnol. Entre  les  deux  fleuves  se  prolonge 
la  Sierra-Morena.  D-o. 

GUA  RD  A  FUI,  voy.  Gaedafui. 

GUARINI  (J EAïf -Baptiste)  naquit  à 
Ferrare,  le  10  décembre  1537.  Sa  mère 
était  une  Macchiavelli ,  et  son  père  Tar- 
rière-pelit-fils  d*un  des  restaurateurs  des 
lettres  en  Italie.  11  étudia  successivement 
à  Pise,  à  Padoue,  à  Ferrare,  et  fut  même 
pendant  quelques  années  profeueur  de 
belle»  -  lettres  à  cette  université.  Al- 
phonse II,  duc  de  Ferrare,  dont  la  cour 
était  le  rendez-vous  de  tous  les  beaux 
esprits  du  temps ,  sVmprcssa  d'y  attirer 
Guarini,  alors  âgé  de  30  ans,  et  que  déjà 
quelques  sonnets  avaient  fait  connaître. 
Chargé,  en  lô67, de  complimenter  le  nou- 
veau -doge  de  Venise ,  notre  poète  s'en 
acquitta  de  manière  à  accroître  sa  répu- 
tiuii,  et  fut  charge  par  le  prince  de  di- 
verMi  ambAisadei  auprà  du  duc  de  Sa- 
vuie  Emin.inuel- Philibert,  de  Tempe- 

rctifMéMtmitîmktl  (toladièlt  da  PoIo|im^ 


d'abord  pour  appuyer  l'élection  de 
ri  III,  et  une  seconde  fois  pour  tâd 
faire  élire  roi  le  duc  Alphonse  lu i-a 
En  récompense  de  ses  services,  î 
nommé  secrétaire  d'état  en  1585. 
dans  ce  palais  de  Ferrare  où  les  a 
littéraires  se  mêlaient  aux  intrigo 
cour,  Guarini,  comme  le  Tasse,  qi 
avait  connu  et  qu'il  avait  défendu  c 
ses  ennemis  avec  tout  le  zèle  d'unt 
néreuse  amitié,  devait  offrir  un  exi 
des  dangers  attachés  au  rôle  de 
courtisan.  Toujours  mécontent  du  pi 
mais  toujours  prêt  à  reprendre  sa  c 
sur  la  foi  d'un  sourire,  à  Ferrare,  à 
toue,  à  Urbin,  il  promena  son  îi 
stance  d'esclavage  en  esclavage.  La 
tifs  et  les  dates  de  ces  divers  change 
ne  sont  pas  parfaitement  éclaire» 
pendant  la  cause  de  sa  querelle  ai 
grand-duc  de  Toscane  serait  toute  l 
rable  s'il  est  vrai,  comme  on  l'assun 
le  prince  fit  épouser  une  de  ses  anct 
maîtresses  au  fils  de  Guarini,  à 
du  père.  Celui-ci,  indigné,  sortit  de 
rence  à  la  nouvelle  de  cet  affront , 
réfugia  à  la  cour  de  la  duchesse  dT 
sa  nouvelle  protectrice.  11  rentra 
dans  sa  patrie ,  en  1 G05 ,  et  fut  i 
chargé  d^une  dernière  mission  polit 
celle  de  complimenter  le  pape  Pa 
sur  son  exaltation.  Mab  de  non 
chagrins  domestiques  vinrent  attri»! 
derniers  jours  du  poète.  Veufd*une  f( 
qu'il  adorait ,  il  eut  encore  à  pieu 
mort  tragique  de  sa  fille  Anna,  tué« 
un  accès  de  jalousie  par  son  mai 
comte  Krcole  Erotti.  Pour  comb 
chagrins,  ses  trois  fils  lui  sus^citèrei 
querelles  à  Toccasion  du  partage 
fortune  épuisée.  11  se  trouvait  à  ^ 
pour  un  procès,  lorsque  la  mort  Vy 
pa,  le  4  octobre  1012. 

Guarini  a  publié  des  sonnets,  dt 
médies,  des  satires,  des  traicH  pi»lil 
réunb  dans  Téditinn  de  ses  œuvres 
née  à  Ferrare,  1737,  4  vol.  in-4^ 
le  plus  célèbre  de  ses  ouvrages  est  le 
inr  Fitloy  tragi-comédie  pastorale 
présentée  à  Turin,  en  15H5,  lors  di 
riage  du  duc  de  Savoie  avec  Catl 
d'Autriche.  Elle  eut  40  éditions  du  ' 
de  l'auteur  et  fut  traduite  à  peu  pré 
tOtttM  ki  laogift».  BUKfré  ém 


GI3A  (21 

éam  le  même  genre,  Guarini, 
l^rédM  qu'il  sot  lui  donner,  mérite  le 
Itoi  liCTettteur,  on  du  moins  partage 
■KfMmr  de  VAminta ,  jouée  à  Fer- 
iMéi  Iâ74,  le  sceptre  de  la  comédie 
La  fable  de  VAminta  est  plus 
,  celle  du  Pastor  Fido  plus 
le  strie  de  la  première  est  plus 
■  du  second  plus  coloré,  mais  on 
reprocher  Tabus  des  conceiii. 
représentée  dans  toutes  les  cours 
d  même  devant  les  papes,  la  pas- 
le  Gaarini  fut  mise  à  l'index,  à 
es  imagesToluptueuses  qui  s\  ren- 
ée de  certains  passages  d*un  épi- 
un  peu  trop  hardi,  circonstance 
■d  plos  plaisante  encore  la  mê- 
le ce  naif  agiographe  (Aubert-le- 
qoi,  trompé  par  le  titre,  a  mis  le 
Fido  au  nombre  des  ouvrages  de 
Parmi  les  œuvres  inédites  de 
on  cite  un  Traita  de  la  liberté 
y  mie  Apologie  de  sa  conduite 
querelles  avec  le  duc  de  Ferrare, 
nombre  de  lettres  précieuses 
rhistoire  littéraire  du  temps  et  con- 
les  archives  de  Guastalla. 
tm  ionmauz  italiens  du  commencement 
fcranée   1 839  contenaient  la  nouvelle 
:  Quand  Alphonse  II,  duc  de 
>«  coa6a  à  Guarini  le  soin  d'exa- 
les  lettres  interceptées  au  Tasse  et 
ire  d'Esté  ;  voy.  pour  y  trouver  la 
torts  du  grand  porte,  le  gé- 
prit  au  contraire  la  dé- 
de  son  malheureux  émule  en  poésie 
«  £t  disparaître  les  pièces  qui  auraient 
fa  mmproœttre  le  Tasse  et  lui-même. 
Im  lettres  que  Guarini  se  proposait  de 
ntficaer  an  Tasse,  et  qne  celui-ci  le  pria 
h  pràtr  comme  un  don,  furent,  après 
nor  passe  par  diverses  mains,  acquises, 
a  1^23.  par  le  comte  Mariano  Alberti. 
^■anasrrits,  consistant  en  lettres,  poé- 
an  et  autres  papiers  du   Tasse ,  et  en 
éa  doc  Alphonse,  de  sa  soeur  Eléo- 
du  doc  et  de  la  duchesse  de  Man- 
de J.-B.  Çuarini,  etc.,  et  presque 
ta«  apn^tillès  et  annotés  de  la  main  de 
9  âRxàer.  leur  ancien  possesseur,  doi- 
^H  être  publies  par  le^  soins  d'une  so- 
toc,  avec  les  cooimentaircs  de  M.  Al- 

R-T. 

6CAU3IO  ,  vof.  FâToanrcs. 


5)  GUA 

GUARNERITS  ou  Guarkebi  * , 
nom  d^une  famille  de  luthiers  célèbres, 
établie  à  Crémone,  pendant  plusieurs 
générations.  Malgré  la  haute  réputation 
qu^ils  acquirent  par  les  belles  qualités 
de  leurs  instruments,  on  manque  de  ren- 
seignements biographiques  sur  ces  ar- 
tistes, et  il  est  même  impossible  d'indi- 
quer les  dates  de  leur  naissance  et  de 
leur  mort.  Ce  n'est  qu'en  constatant  les 
millésimes  inscrits  sur  les  étiquettes  de 
leurs  instruments  qu'on  a  pu  déterminer 
à  peu  près  l'époque  où  chacun  d'eux 
a  exercé  son  art. 

Le  plus  ancien  luthier  de  cette  famille 
est  AifDRÉ  Guarnerius,  contemporain  de 
Stradivarius  fv^/.),  et,  comme  lui,  élè\'e 
du  second  Nicolas  Amati  (vojr.).  Ses 
meilleurs  violons  portent  la  date  de  1662 
à  1680  ;  ils  sont  généralement  d'un  grand 
patron  ;  cependant  on  en  trouve  quel- 
ques-uns plus  petits  qui  sont  d'un  timbre 
argentin  et  pénétrant,  mais  qui  manquent 
de  rondeur.  Ses  basses  sont  particulière* 
ment  estimées.  Il  eut  pour  successeur  Jo«* 
SRPH  Guarnerius,  qui  signa  /f/f  d'André^ 
et  qui  égala  Thahileté  de  son  père,  dont 
il  était  l'élève.  Il  ne  faut  pas  confondre 
cet  artiste  avec  un  autre  Joseph  Guarne- 
rius, le  plus  célèbre  des  luthiers  de  ce 
nom,  qui  fut  le  neveu  d'André  et  l'élève 
de  Stradivarius.  Cet  autre  Joseph  Guar- 
nerius mourut  à  la  fleur  de  son  âge,  après 
une  existence  très  agitée  qui  hâta  la  fin 
de  ses  jours.  Jeté  fort  jeune  en  prison, 
on  ne  sait  pour  quel  motif,  il  y  fut  retenu 
pendant  de  longues  années.  Sa  misère 
était  telle  qu'il  ne  pouvait  qu'à  grand* 
peine  se  procurer  quelques  méchants  ou- 
tils pour  se  livrer  à  la  fabrication  de  ses 
violons.  Ceux  qu'il  exécuta  durant  le 
temps  de  sa  captivité  sont  connus  sous  le 
nom  de  violons  de  la  servante.  On  ex- 
plique Torisine  de  cette  désignation  par 
une  anecdote  que  nous  rapportons  ici 
sans  la  garantir.  Joseph  Guarnerius  avait 
inspiré  des  sentiments  d'amour  à  la  fille 

(*)  Oo  oe  peut  dire  ao  juite  qurlle  eit  la  vé- 
rî'aLie  ortl.ograf  be  du  oora  d«rpouillé  de  la  ter- 
mÎD  lUon  liïtioe.  Le«  aotrort  Tari«ct  \ttàuiftn\t  à 
le  %u\ti  :  l«i  uns  eirivcot  Guam^ri,  W%  aotrcf 
G^^r^erio ,  d'autrn  «tïïCd  Guarni^n  O  qu'il  y 
a  de  i-ertain  ,  c*nt  que.  «or  toutes  lei  étiquetlet 
d^  iDitrnroeiils  Ufrti*  de  l'aielier  de  cc«  arti*- 
tn.  oa  ne  troBvc  qac  i« 


GUA 


(216) 


GUA 


de  son  ge61ier ,  et  celle-d  fouminait  en 
cachette  au  malheureux  luthier  les  ma- 
tériaux nécessaires  à  son  travail.  Elle  al- 
lait quêter  comme  par  charité,  auprès  des 
luthiers  de  la  rille,  les  restes  de  leur 
iremis.  C'est  avec  cet  amalgame  de  plu- 
sieurs sortes  de  ¥emb  que  les  riolons  dits 
de  la  servante  furent  peints  par  leur  au- 
teur :  aussi  les  reoonnatt-on  facilement 
aux  couches  granuleuses  de  leur  Ternis- 
sure. La  maltresse  de  Guamerius  allait 
ensuite  vendre  à  vil  prix  ces  mêmes  vio- 
lons qui,  plus  tard,  furent  payés  au  poids 
de  l'or. 

Joseph  Guamerius  travailla  de  1715 
à  1 740.  Ses  violons  ont  un  éclat  de  son 
qui  les  fait  rechercher  des  joueurs  de 
solo.  La  chanterelle  surtout  est  très  bril- 
lante; mais  on  reproche  à  la  quatrième 
corde  une  sécheresse  excessive,  suite  iné- 
vitable du  principe  de  construction  que 
cet  artiste  avait  adopté;  car,  bien  qu'élève 
de  Stradivarius,  qui  n^a  jamais  été  sur- 
passé comme  luthier,  Guamerius,  au  lieu 
de  s'en  tenir  à  l'imitation  de  son  maître, 
voulut  être  original  et  fit  quelques  chan- 
gements aux  principes  fixés  par  ce  der- 
nier, en  aplatissant  les  vo&tes],  en  for- 
tifiant les  épaisseurs  et  en  diminuant  les 
modèles.  Voy.  VioLOir. 

Il  nous  reste  à  parler  de  Pixeab  Guar- 
nerius,  également  natif  de  Crémone,  mais 
qui  alla  s'établir  à  Mantoue,  où  il  tra- 
vailla ,  suivant  les  uns  de  1 660  à  1 690, 
suivant  d'autres  de  1700  à  1717.  On  le 
dit  élève  du  second  Nicolas  Amati  ;  quel- 
ques-uns le  font  élève  d'André  Guame- 
rius, dont  il  aurait  été  le  fils.  Quoi  qu'il 
en  soit  de  ces  assertions  contradictoires, 
ses  instruments,  remarquables  pour  la 
pureté  et  le  fini  de  l'exécution,  sont  ce- 
pendant moins  bons  que  ceux  des  autres 
Ijuamenus.  o.  c*.  A. 

GUASPRB  (le),  ou  GASPms-Ponssiif , 

VOf,  DUGBBT.         * 

GUASTALLA  (nucHi  db),  voy. 

PaEME  et  GOHZAGUE. 

GUATÉHALA%  ou  la  confédération 
de  L'AMiaiQUS  cnrrmALB,  république 
fédérale  récemment  dissoute.  Cet  eut, 


(*)  0«  écrit  •oBvtBt  GmmtimmU,  aioti  qa« 
font  let  Aaglalt  ;  asit  noas  réuUiMoat  la  véri- 
table orth^rapbe.  S. 


situé  enlre  8  et  17o  de  latitui 
entre  84  et  95<*  de  longitude 
bomé  par  la  mer  des  Antilles,  I 
Océan,  le  Mexique  et  l'isthme  de 
par  lequel  le  Guatemala  touchail 
rique  méridionale,  tandis  qu'i 
lui-même,  de  ce  côté,  la  série 
de  l'Amérique  du  Nord.  Son  t 
resserré  entre  les  deux  océans  ei 
par  la  chaîne  de  montagnes  qui 
vers  le  nord  de  l'Amérique  le 
1ères  du  Chili  et  du  Pérou.  Quel 
ves  en  descendent  vers  les  deux  i 
tout  vers  la  mer  des  Antilles  : 
Rio -Grande,  qui,  après  avoir  t 
lac  Izaval,  se  jette  dans  le  golfe 
duras,  où  débouchent  aussi  le 
et  rUIua;  le  Yare  et  le  San-J 
sort  du  lac  Nicaragua,  et  forme 
cours  plusieurs  cascades.  Sur  le 
la  même  chaîne,  les  ririères 
cause  du  voisinage  de  la  côte  d 
Océan,  qu'un  cours  peu  étendi 
tingue  dans  le  nombre  la  T< 
GuacalaL  On  a  proposé  de  li< 
mier  par  un  canal  au  lac  Mani 
d'établir  la  communication  enti 
mers  à  travers  cette  partie  si 
l'Amérique.  Quelques-unes  àk 
gnes  du  Guatemala,  surtout  da 
vince  de  2^catépèque ,  sont  de 
L'ancienne  capitale ,  à  cause  d< 
tion  entre  deux  volcans  dont  1 
des  matières  enflammées  et  Faut 
rents  d'eau  chaude ,  a  été  plui 
ravagée  par  leurs  éruptions ,  sv 
celles  du  volcan  d'eau,  qui  est  la 
montagne  du  pays.  Au  basdu  vol 
jaillit  une  source  thermale  très 
I<es  Espagnob  ont  appelé  enfe 
saya  un  volcan  de  la  provioo 
ragua,  qui  autrefob  ne  cessait  de 
feu  ;  il  sort  des  flammes  accom] 
tourbillons  de  fumée  du  vole 
Ometep ,  dans  le  lac  Nicaragi 
citer  encore  les  volcans  de  Pac 
diri,  Tajumulco  et  Izalco,  cède 
la  province  de  Zonzonate. 

Le  climat  et  les  productions 
rique  centrale  ressemblent  à 
Mexique,  dont  elle  est  en  quelq 
continuation;  elle  en  a  la  f« 
beaux  sites  et  la  variété  de  vég< 
les.  Des  bois  précieQXy  des  arbi 


GUA 


(217) 


GUA 


icmpUasent  let  forêts.  La 
y  k  cocotier  et  le  thé  même 

dans  cette  contrée.  La  neige 
s  pics  lies  montagnes,  tandis  qa'à 
>  la  chaleor  fait  édore  les  fleurs 
a.  On  exporte  Tindigo,  la  coche- 
lois  de  campéchcy  le  cacao,  le  co- 
ifaac,  etc.  U  y  a  des  mines  de  mé- 
sbcuxy  et  ToiféTrerie  est  là,  com- 
ieûqne,  un  art  pratiqué  depuis 
Me  antiquité.  Tous  les  Indiens  se 
Cde  toiles  de  coton  de  leur  façon. 
lis  le  débarquement  de  Christo- 
loak,  en  1503,  les  Espagnob  ont 
KT  sff  la  population  indigène  leur 
ioaûnition;  ib  ont  bâti  quelques 
ibeanconp  d'églises  et  de  couvents. 
Il  a'oDt  su  tirer  quVn  faible  parti 
e  colonie,  qui,  par  son  sol  et  sa  po- 
Icor  oflrait  pourtant  des  ressources 
■a.  An  moment  de  la  conquête , 
i  était  très  peuplé  et  contenait  un 
MDbre  de  petits  royaumes:  Utat- 
ipitale  du  royaume  de  Quiche, 
le  Tille  grande  et  riche  ;  dans  le 
fOfaame,  on  trouvait  Xélabuh, 
y  dit-on,  de  300,000  âmes.  Dans 
me  de  Kachiquel  étaient  les  viU 
teînamit,  sur  le  mont  Tecpan, 
[ixco,  place  très  forte,  sur  un 
scarpé  dans  la  vallée  de  Xilolé- 
Ltitlan,  entre  les  rochers,  sur  le 
s  lac,  était  la  capitale  du  royau- 
itugil ,  et  Mayapan  celle  du  Yu- 
iont  plusieurs  caciques  étaient 
es.  D  y  avait  un  nombre  infini 
s  ,  parmi  lesqueb  dominaient  le 

parlé  par  la  race  des  Suchilté- 
lê  chorti,  le  sinca,  le  mam  (  dans 
)  et  le  pipile,  qui  n'est  qu'un 
icain  introduit  par  les  colons 
nation  qui  se  sont  établis  sur  les 
Grand-Océan.  Par  les  ruines  de 
le  ville  de  Palenqué,  on  peut 
I  progrès  que  les  arts  avaient  faits 
ndigènes  de  Guatemala  ;  la  seul- 
rtoat  y  a  laissé  des  monuments 
ables.  Les  ruines  de  la  ville  de 
Ml  se  voit  un  cirque  entouré  de 
es,  avec  des  statues  colossales,  et 
le  souterrain  orné  de  colonnes, 
;  à  l'appui  de  cette  remarque. 
■peieuis  du  Mcsiqne  n'avaient 
m  k  sonncttr»  kt  Indiens  do 


Guatemala,  divisés  cependant  à  riofini. 
Grâces  à  leurs  armes  à  feu  et  à  leur  tac- 
tique, les  Espagnob  furent  plus  heu- 
reux ;  encore  leur  fallut-il  plus  d'un  de- 
mi-siècle pour  se  rendre  maîtres  de  tout 
le  pays.  Ib  convertirent  les  Indiens  de 
force,  établirent  des  missions,  fondèrent 
plusieurs  villes  et  un  archevêché,  avec 
trob  évêques  sufTragants.  Une  université 
et  une  société  d'économie  furent  établies 
dans  la  capitale.  Une  audience  royale  pré- 
sidée par  le  capitaine  général  gouvernait 
le  pays,  qui ,  ayant  le  titre  de  royaume , 
comprenait  quinze  provinces.  Lorsque, 
dans  le  siècle  actuel,  les  colonies  es- 
pagnoles s'affranchirent  du  joug  de  la 
métropole,  Guatemala  suivit  lentement 
l'exemple  donné  par  les  royaumes  voi- 
sins ;  et  ce  ne  fut  qu'en  septembre  1831 
qu'il  se  constitua  d'abord  en  provinces- 
unies,  pub  en  république  fédérale.  Cette 
république,  ayant  3  millions  d'âmes ,  se 
composait  de  cinq  états,  savoir:  Guatéma» 
la^  San^Salvador^  Honduras^  Nicaragua 
et  Costa-Rica.  Chacun  avait  son  assemblée 
adminbtrative,et  envoyait  un  certain  nom- 
bre de  députés  au  congrès  fédéral.  Le 
ci-devant  chef-lieu  a  le  surnom  de  ville 
neuve  ^  ayant  été  fondé  en   1770,  trob 
ans  après  que  le  vieux  Guatemala  eut  été 
en  grande  partie  détruit  par  l'éruption 
du  volcan  voinn.  Nouveau- Guatemala 
est  une  ville    de   31,000    âmes,    bâtie 
avec  beaucoup  de  régularité  sur  un  pla- 
teau qui,  élevé  de  5,000  pieds  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer,  jouit  d'un  cli- 
mat délicieux.  Les  maisons,  solidement 
construites,  n'ont  qu'un  étage,  à  cause 
des   tremblements  de   terre;   elles  sont 
pourvues  de  terrasses  et  de  jardins;  des 
ruisseaux  d'eau  vive  amenée  par  un  aque- 
duc nettoient  les  rues.  Sur  les  côtés  de 
la  grande  place,  entourée  de  portiques, 
s'élèvent  la  cathédrale,  avec  le  palab  de 
l'évéque  et  le  séminaire ,  le  palais  de  la 
régence  et  celui  de  la  justice.  La  %ille  pos- 
sède une  université,  deux  collèges,  une 
quarantaine  d'églises,  pour  la  plupart  or* 
nées  avec  profusion,  des  couvents,  un  ar- 
chevêché et  un  cirque  pour  les  combats 
de  taureaux.  De  l'hôtel  des  monnaies  sont 
sorties  en  1824,  pour  la  première  fois,  de 
belles  monnaies  en  or  et  en  argent  au  type 
de  U  nouvelle  répobliqiie.  CeKanni  dans 


GUA 


(218) 


GUD 


TéUt  de  GuatémaU,  peuplé  de  610,000 
âmes  et  composé  <|e  7  départements, 
qu'est  située  l'ancienne  capitale  appelée 
du  même  nom ,  comme  nous  Tavons  dit, 
et  renfermant  9,000  âmes.  Les  autres 
villes  de  cet  état  sont  Jalapa ,  Amatitlan, 
Solola  et  Osuncalco. 

San^Saipador^  auprès  d*un  volcan,  est 
le  cbef-lieu  de  Tétat  de  ce  nom,  dans  le- 
quel on  exploite  les  mines  de  fer  de  Ma- 
tapan. 

Honduras,  état  situé  sur  la  mer  des 
Antilles,  a  pour  chef»lieu  Comayaguay 
siège  d'un  évéché;  le  port  d'Omoa,  dans 
cet  état,  fait  un  grand  commerce;  à  Cor- 
pus, il  y  a  une  mine  d'or.  Les  Anglab  ont 
formé,  vers  la  fin  du  dernier  siècle,  un 
établissement  sur  la  côte  de  Honduras,  et, 
en  1839,  ils  se  sont  établis  dans  l'île  de 
Roatan,  située  dans  la  baie. 

L'état  de  Nicaragua  renferme  la  belle 
ville  de  Lénn^  siège  d'un  évéché,  le  port 
magnifique  de  Réalejo,  avec  des  chantiers 
de  construction,  et  les  lacs  de  Nicaragua 
et  Masaya. 

Malgré  son  nom  brillant,  l'état  de  Cos- 
ta-Rica  (côte  riche)  n'a  que  des  villes  sans 
importance  et  peu  de  commerce. 

L*ancienne  république  «le  Guatemala, 
en  proie,  comme  toutes  les  anciennes  co- 
lonies espagnoles ,  aux  dissensions  in- 
tei^tines,  n'avait  pu  parvenir  à  quelque 
stabilité.  En  18:)9,  une  insurrection  a 
d*al>ord  séparé  Tétat  d'Honduras  de  la 
confédération  ;  les  quatre  autres  états  ont 
suivi  cet  eiemple,  en  rompant  le  lien 
fédéral  et  en  se  déclarant  indépendants, 
de  sorte  que  de  la  république  fédérale 
constituée  en  1821  sont  nées  cinq  rt'pu- 
bliques  séparées,  f|ui  peut-être  se  frac- 
tionneront encore  davantage ,  à  moins 
que  la  force  de  quelque  parti  puissant  ne 
parvienne  à  les  subjuguer. 

Un  prêtre  du  pays,  Domingo  Juarros, 
a  publié  l'histoire  du  Guatemala  sous  le 
titre  de  Compendin  de  la  hixtoria  dr  la 
ciudad  de  Guatemala ,  1809-1818,3 
vol.  en  6  parties  :  Bail  y  en  a  publié  en 
anglais  une  traduction  abrégée,  Ix)n- 
dres,  1833.  On  peut  voir  aussi,  pour  Phis- 
toire  de  Guatemala,  la  (Ihronologie  de 
M.Warden,  dans  le  tome  I\  delà  3e  partie 
étVArtdevérifirrlesdateSy^,Z\4'4\b\ 
H  pour  la  description  du  pays,  G.-A« 


Thompson,  Narrathe  ofan  offic 
sit  io  Guatimala  y  from  Mexirc 
dres,  1839,  ouvrage  dont  on  troi 
extraits  dans  le  G/o/>tf  ,t.yn,p.  37  3 
FoirwMx  la  Revue  britannique^  t 
p.  48-69. 

GUATIMOZIM,  voy.  Mex 

COETEZ. 

GUDIN  (jEAN-AirroiirE-TinU) 
peintre  de  paysage  et  de  marine,  i 
Paris  le  15  août  1803.  Ses  pan 
destinant  à  la  marine,  dirigèrent  se 
cation  vers  ce  but;  mab  des  dess 
plume,  fruit  de  ses  loisirs,  qui  déc 
en  lui  un  goût  décidé  pour  les  i 
firent  placer  chez  Girodet,  où  se 
aîné,  Jean-Louis,  plus  âgé  que  1 
an  (mort  en  1838), étudiait  déjà  1; 
ture.  Par  amitié  pour  ce  frère , 
ne  voulait  pas  contrebalancer  les 
Théodore  Gudin  abandonna  la  p 
historique  à  laquelle  Jean-Louis  u 
pour  s^adonner  exclusivement  à  < 
pa}'sage  et  des  marines.  Dès  ce  moi 
n'eut  plus  d'autre  maître  que  la  m 
débuta  avec  éclat,  au  Salon  de  1 8 
un  Brick  en  détresse  eiune  Vue  « 
bouc  hure  de  la  Seine  ;  en  1 834,  i 
sa  réputation  naissante  par  un  Sai 
et  une  f'ue  du  jort  Chaputj  pr^s 
d*()lrron'y  réputation  à  laquelle 
le  sceau,  en  1 837,  par  un  tableau 
rine  qu'il  avait  exécuté  dès  1833 
à-dire  quand  il  avait  à  peine  30  ai 
son  auguste  protecteur,  le  duc  d*C 
aujourd'hui  roi  des  Français.  1 
de  ce  tableau  était  la  flsite  de 
rien  y  vaisseau  marchand  sur  le 
prince  émigrait  en  Amérique,/7Ar 
saire  français ytn  1 7  96.  Au  même  î 
guraient  V  Incendie  du  A>/if,vaissi 
chand  de  la  compagnie  des  Indes 
teau  il  vapeur  débarquant  les  pti 
devant  Douvres  y  et  une  f'ue  de 
bley  admirables  ouvrages  qui  ré 
tous  les  suffrages  et  firent  proclan 
auteur  un  digne  successeur  desCl.  \ 
et  des  J.  Vernet.  I^  décoration  de 
gion -d'Honneur  récompensa  ce 
que  partagea,  au  Salon  suivant,  le 
port  de  réquipa^e  du  Colombas 
daii  sur  la  Julia,  de  Bordeaux 
juillet  1833,  au  milieu  d'une  tcn 
iir«us0.  On  trouve  dans  las  pRMi 


GDD  (219) 

tuUii  le  sentiment  du  peintre  co- 
ni  an  savoir  du  peintre  d^histoire. 
iple  de  J.  Yernet,  les  personnages 
t  en  scène  sont  bien  dessinés,  spi- 
pleins  d'expression,  groupés  avec 
nce,  et  de  manière  à  former  près- 
ijours  des  épisodes  intéressants, 
lui,  M.  Gudin  saisit  admirable- 
I  effets  de  la  mer  dans  ses  mo* 
le  calme  et  de  tourmente  aussi 
t  dans  ses  plus  terribles  déchai- 
»,  et  il  rend  ces  effets  avec  une 
[ui  tient  du  prodige;  mais  il  ne 
t  pas  comme  lui  à  donner  exacte- 
Ks  bâtiments ,  selon  leur  rang , 
bn,  leur  position  ou  leur  marche, 
OQ  le  gréement  qui  leur  convient, 
tes  louent  ta  richesse  de  sa  palette, 
de  son  pinceau,  la  beauté  de  ses 
s  marins  ont  trop  souvent  Toc- 
5  blâmer  ses  négligences  de  cos- 
l  les  savants  sa  perspective  aé- 
:  linéaire.  C'est  dan»  Fintérét  da 
le  plutôt  que  dans  celui  de  sa 
artiste  qu'il  a  peint  cette  foule 
es  faciles,  brillants  de  verve  et 
fort  souvent  d'heureuses  rémi- 
\  de  lui-même,  qui,  depuis  1 834, 
1  successivement  au  Salon  du 
Ainsi  sa  Vue  de  Venise^  son 
tprtlttain^  son  Sauvetage  sur  les 
Gènes  y  bien  qu'encore  des  pro- 
d*un  ordre  supérieur,  ont  signa- 
ips  d*arrét  de  son  talent ,  et  son 
•  vent  €iu  7  janvier  1831  dans 
d* Alger ^  sa  Vue  du  Havre ,  sa 
•e  à  NapleSj  et  beaucoup  d'autres 
capitaux  fort  remarquables  des 
I  expositions,  ont  confirmé  cette 
ien  connue  qu'un  talent  qui  ne 
ts  décroit. 

nis  du  beau  talent  de  M.  Gudin 

;  à  déplorer  cette  prodigieuse  fé- 

qui  lui  permet  d'exécuter  dans 

d*UDe  année  jusqu'à  1 2  ou   1  ô 

de  la  dimension  et  de  l'impor- 

10,  destinés  au  Musée  historique 

[les,qu'on  a  vus  auSalon  de  1 839; 

pour  l'exécution  desquels,  il  est 

eu  recours  en  partie  au  pinceau 

ïvcs ,  MM.  Morel  Fatio,  Couve- 

lel  Bouquet,  de  Régny.  Dans  ce 

M.  Gudin  est  à  Alexandrie  ainsi 

M.  Horace  Vernet.  GombieQ 


GUE 


de  beaux  ouTrages  oe  voyage  ne  nous  pro- 
met-il pis  I  L.  G.  S. 

GUK,  emplacement  dans  le  lit  d'un 
fleuve,  d'une  rivière,  d'un  cours  d'eau,  où 
le  fond  est  assez  ferme  et  où  il  y  a  assez 
peu  d'eau  pour  qu'on  puisse  le  traverser 
sans  danger  dans  toute  sa  largeur  j  soit 
à  pied,  soit  à  cheval,  soit  avec  des  voitu- 
res. La  profondeur  d'un  gué  pour  le 
passage  des  gens  à  pied  ne  doit  pas  ex- 
céder un  mètre  et  pour  les  hommes  à 
cheval  1"^.30:  au-delà,  les  hommes  pour- 
raient perdre  pied  et  être  entrainéâ  par 
le  courant,  et  les  chevaux  seraient  obli- 
gés de  passer  à  la  nage.  On  peut  engager 
les  voitures  dans  un  gué  de  ]"^.30de 
profondeur,  s'il  n'y  a  point  d'inconvé- 
nient à  ce  que  leur  chargement  soit 
mouillé;  dans  le  cas  contraire,  il  ne  faut 
pas  que  le  gué  ait  plus  de  6  à  7  décimè- 
tres d'eau. 

Les  meilleurs  gués  sont  ceux  dont  les 
abords  et  les  débouchés  sont  d'un  accès 
facile,  dont  le  fond  est  égal,  d'une  nature 
ferme  et  tenace,  peu  susceptible  d'être 
creusé  sous  les  pieds,  où  l'eau  atteint  sa 
plus  grande  profondeur  par  une  pente 
douce,  et  où  la  vitesse  du  courant  est  mo- 
dérée. Les  gués,  dans  les  pays  de  monta- 
gnes, sont  souvent  embarrassés  de  grosses 
pierres  (|ui  les  rendent  incommodes  pour 
les  chevaux  et  quehfuefois  impraticables 
pour  les  voitures;  dnns  les  pays  de  sable 
et  de  bruyère ,  le  fond  des  gués  est  ordi- 
nairement un  sable  mouvant  ou  un  gra- 
vier fin  qui  se  délaye  sous  les  pieds.  Il 
résulte  d'observations  faites  sur  le  cours 
des  rivières,  que  les  gués  se  trouvent  de 
préférence  dans  les  endroits  où  leurs 
lits  viennent  à  s'élargir  beaucoup;  qu'il 
s'en  présente  davantage  dans  les  rivières 
qui  coulent  dans  les  pays  montagneux; 
qu'il  y  a  des  rivières  guéables  seule- 
ment pendant  les  grandes  chaleurs  ; 
que  d'autres  cessent  de  l'être  après  quel- 
ques jours  de  pluie,  ou  lors  de  la  fonta 
des  neiges,  et  qu'un  grand  nombre  d« 
petits  fleuves  deviennent  gi  p 

de  leur  embouchure  à  la       ree  aes<      - 
dan  te.  La  direction  <       gin        pai 
toujours  perpendiculaire  au  co        oe 
rivière  :  les  attérissements  qui  le  loi 
dans  les  parties   sinueuses   d'     .  oi 
d'eauy  venant  à  se  joindre 


GUE  (  230  ) 

coudes  oa  saillants ,  formeront  un  gné 
dont  Ift  direction  sera  très  oblique  par 
rapport  à  la  largeur  de  la  rivière. 

Presque  toutes  les  armées  ont  franchi 
des  rivières  h  gué*  L'on  sait  que  César  ne 
put  passer  la  Sègre  qu'après  avoir  détour- 
né une  partie  de  ses  eaux.  Les  Cosaques 
emploient  pour  découvrir  les  gués  le 
moyen  suivant  :  ib  s'étendent  le  long  de 
la  rive,  descendent  dans  la  rivière  en  la 
sondant  avec  leurs  piques,  et  ne  pous- 
sent leurs  chevaux  qu'autant  qu'ils  ont 
fond  ;  il  est  rare  que  de  cette  manière  un 
gué  leur  échappe. 

Aux  armées,  on  détruit  les  gués  d'une 
rivière  en  creusant  un  fossé  ou  des  trous 
en  quinconce  dans  la  largeur  du  gué,  en 
le  barrant  par  des  pieux  assez  serrés  et  à 
fleur  d'eau,  en  l'embarrassant  de  herses 
de  laboureurs  dont  on  place  les  chevilles 
en  dessus,  en  y  jetant  des  chausses- 
trappes  et  des  arbres,  avec  toutes  leurs 
branches,  la  tète  de  l'arbre  tournée  vers 
l'ennemi,  ou  enfin  en  faisant  jouer  des 
fougasses  dont  l'explosion  forme  dans  le 
gué  des  entonnoirs  profonds.    C.  A.  H.^ 

GUÈBRES,  voy.  Ghèbees. 

GUÉBRIANT  (Jrâx- Baptiste  Bu- 
DF-S,  comte  de),  maréchal  de  France,  na- 
quit le  2  février  1G02,  au  château  de 
Plessis-Budes,  dans  le  diocèse  de  Saint- 
Brieuc,  de  parents  issus  tous  deux  d'une 
maison  très  ancienne  de  la  Bretagne. 
Après  avoir  reru  de  sa  mère  un  bon  com- 
mencement d'éducation,  Guébriant  fut 
envoyé  au  collège  de  La  Flèche ,  où  il  se 
distingua  par  ses  progrès  et  ses  heureuses 
dispositions.  Il  fit  ses  exercices  d'académie 
à  Paris  et  ses  premières  armes  en  Hol- 
lande. Présenté  ensuite  au  roi  au  camp 
d'Alet,  il  rechercha  les  occasions  de  se 
signaler.  Cependant  un  duel  qu'il  eut 
en  1626,  le  força  de  sortir  du  royau- 
me; ses  amis  ayant  apaisé  la  colère  de 
Louis  XIII,  il  revint  d'Italie,  et,  en  1630, 
il  fut  pourvu  d'une  compagnie  dans  le 
régiment  de  Piémont.  Guébriant  repar- 
tit donc  pour  l'Italie,  et,  après  deux  ans  de 

(*)  L*aut««r  d«  cet  article  ■  pahlié  »  soai  le 
titre  d*Esni  d'uit9  ùtstnÊCtiom  tur  U  pmis^t  det 
Tifièru  H  /•  eei»«rriicfioii  dêt  ponti  mditairtt 
(  Parit,  i835  ,  io-S^  )  t  un  ouvrage  qai  jouit  eo 
France  de  Petliaie  det  militaires  et  qai  a  déjà 
9té  tradait  à  rétraaftr.  S. 


GUE 

service,  le  roi  le  nomma  capi 
compagnie  du  régiment  de  sei 
même  année  (1632),  Guébria 
avec  Renée  du  Bec-Crespin , 
pas  moins  célèbre  que  son  i 
la  mort  de  ce  dernier,  elle  < 
Pologne  la  princesse  Marie- 
Gonzague,  fiancée  de  VUdislai 
du  titre,  rarement  accordé  à  i 
d'ambassadrice  extraordinain 

Le  jeune  guerrier ,  son  é( 
le  roi  dans  tous  ses  voyagea 
et  de  Lorraine;  en  1635 ,  il  \ 
le  cardinal  de  la  Valette  qui 
commander  l'armée  d'Allemaj 
fit  quinze  régiments  impéria 
la  retraite  que  l'armée  fran 
obligée  d'opérer. 

A  son  retour,  le  roi  le  reçi 
les  témoignages  de  satisfactioi 
vices,  et  il  le  chargea  aussitôt 
fendre  Guise  contre  les  Ëspa^ 
mé  maréchal-de-camp,  il  fut 
la  Valteline,  à  l'armée  du  dui 
en  1637.  Après  le  traité  co 
duc,  le  26  mars,  Guébriant  r 
mée  dans  la  Franche-Comt 
rendit  maître  de  plusieurs  pi 

Il  fut  alors  envoyé  en  Allei 
cours  du  duc  Bernard  de  Sas 
Ce  prince  commandait  une 
troupes  suédoises  que  la  me 
tave- Adolphe  avait  laissées 
que  la  |>oli(iquede  Richelieu  j 
au  cœur  de  rAllemagne.  Bei 
la  coopération  du  général  fi 
sieurs  sui*cî*s  importants,  mai 
ne  survécut  pas  longtemps.  I 
à  Guébriant  des  gages  de  so 
lui  remit  en  mourant  son  ép€ 
val  et  ses  pistolets.  Guébria 
service  du  roi  l'armée  du  d 
mar,  prit  plusieurs  places  dar 
latinat,  mit  garnison  françaif 
sach,  et,  le  28  décembre  16 
Bacharach ,  ce  fameux  passai 
qui  le  couvrit  de  gloire  et  le 
de  se  joindre  à  Erfurt  au  mai 
(  '*^X*  )  >  commandant  des  t 
doises. 

Nommé  par  le  roi  gouver 
xonne,  Guébriant  répondit  \ 
que  d'estime  par  la  victoire 
porU,  le  18  mai  1641,  àW 


(»1) 


6DB 


où  a  défit,  le 
Fardiiduc 


le  igndede  Imtenuit 
I  Tordre  éa.  Sûnt-EsprîL  Après 
■è  le  Rlûn  à  Wesel  et  défait  les 
f  ée  Venloo  et  de  Gaeldre,  il  ga- 
mlk  àt  Kespen  près  de  Crevelt 
er  IM3,  dont  il  fut  récompensé 
oité  de  maréchal  de  France, 
■algré  ses  TÎctoireSy  Guébriant 
lit  dans  one  situation  difficile; 
oéranx  ont  eu  aussi  constamment 
nmonter  tant  d'obstacles,  soit 
t  de  ses  propres  troupes,  soit  de 
fies  alliés,  ou  même  de  son  gou- 
it,  qui  ne  secondait  pas  toujours 
es  efforts.  Après  avoir  secouru 
aï  suédois  Torstenson,  qui  fai- 
,T  de  Leipzig,  il  alla,  en  opérant 
ile  glorieuse,  favoriser  celui  de 
i  entrepris  par  le  duc  d*£n* 
y,  Co5DÉ);  ce  prince  lui  amena 
i-méme  un  renfort  avec  lequel 
iége  devant  Rotbweil  en  Souabe 
te  place.  Mais  ce  fut  le  dernier 
Guébriant  :  il  y  fut  blessé  par  un 
u  et  mourut  sept  jours  après 
e,  le  34  novembre  1G43,  vive- 
etté  de  ses  troupes,  estimé  des 
t  singulièrement  honoré  de  son  • 
lent. 

lalités  brillantes  du  général  le 
Guébriant  joignait  Thabileté  et 
*iin  négociateur,  l'éloquence  de 
militaire,  la  modestie  d*un 
vertu  et  l'humanité  d*un  vrai 

Th.D. 
DRE.  Cet  ancien  duché  forme 
ni  une  province  du  royaume 
Sas,  ayant  une  superficie  de  94 
nrés  géogr.  et  315,000  habi- 
I  sol  plat  et  sablonneux,  mais 
réf  est  entrecoupé  de  marécages 
bières.  L^ile  de  Betuwe,  formée 
io  et  le  Waal,  offre  seule  un 
oéralement  fertile.  Les  princi- 
laits  de  ce  pays  sont  le  colza,  le 
le  tabac  et  les  fruits.  On  n'y 
i  peu  de  fabriques;  cependant  il 
ocMnmeroe  de  transit  assez  con-> 
La  province ,  divisée  en  quatre 
Ambeim,  ?^imègue,  Zutphen 
a  pour  capitale  Jmfieirn.  In- 


dépendamment des  chcfr-Uenz  qui  por*^ 
tcnt  les  mêmes  noms  qne  les  dbiricta, 
il  faat  mentionner  la  TiÛe  de  Nienwkcrk 
avec  un  port  sur  le  Zuydenée,  Wagenin» 
gen  sur  le  Rhin ,  Bommel  sur  le  \Vaal , 
Kuilenbourg  sur  le  Leck,  le  fort  de  Doëa- 
bourg  sur  TYssel,  llarderwyk  avec  un 
fort  sur  le  Zuyderzée,  et  le  beau  château 
de  plaisance  de  Loo.  L'ancienne  capitale 
du  duché  était  Gueidre  (Gelder),  actuel- 
lement ville  de  cercle  dans  la  régence  do 
Dusseldorf  (  province  prussienne  de  Jn* 
liers,  Clèves  et  Berg^;  elle  a  3,500  habi- 
tants, plusieurs  fabriques,  et  fait  un 
commerce  de  blé  important. 

La  principauté  de  Gueidre,  gouver* 
née  au  x*  siècle  par  des  princes  indé- 
pendants, apportée  en  dot  par  leur  der- 
nière héritière  au  prince  Otlion  de  Nas- 
sau en  lOGl,  fut  érigée  l'an  1079  en 
comté,  et  l'an  1339  en  duché.  En  1405,1e 
duché  passa  par  mariage  au  comte  d'Kg* 
mont  [voy,)^  qui  le  vendit,  en  1471,  au 
duc  de  Bourgogne  Cliarles-le-Téniéraire. 
Cela  donna  lieu  à  de  vives  contestations, 
mais  Charles-Quint  n'en  resta  pas  moins 
maître  du  duché.  Lors  de  la  révolution 
des  Pays-Bas,  le  pays  au  nord  du  Rhin 
et  Zutphen  se  séparèrent  des  autres  dis- 
tricts de  la  Gueidre;  les  premiers  accé- 
dèrent à  l'union  batave,  ceux-ci  de- 
meurèrent sous  la  domination  de  l'Kspa- 
gne.  Par  la  paix  d'Utrecht,  la  capitale 
Gueidre,  avec  une  portion  du  duché, 
tomba  au  pouvoir  de  la  Prusse  (voy,  Fkf- 
DÉRic  P**};  la  paix  de  Lunévillc  donna 
tout  le  duché  à  la  France;  mais  en  1814 
il  fut  restitué  aux  Pays-Bas  et  à  la  PrusHe. 
Foir  Bondam,  Charterbovk  der  litrtzn» 
gen  van  Gelderland  en  Graven  van 
Zutphen)  Spaen,  Historié  van  CrUer» 
land(7  vol.);  et  du  même,  OordeUun^ 
dige  Inleiding  tôt  de  Historic  van  Gi'i» 
deriand  (2  vol.);  enfin Nyhoff,  Odt'nk^ 
waardigheden  ait  de  Gescliiedfni*  van 
Gelderland  [x..  I,Arnlieim,  1830,  jU'-4'', 
avec  gravures).  CL, 

GUELFES  fjiAisosr  jJK»),en  all«?fiiand 
fVelfen,  On  désigne  par  <:et  drus  noius 
une  célèbre  famille  prin^ière,  éuiigréa, 
dans  le  xi*  siècle,  d'Italie  *f:i\  AlUiii;«iSiia, 
et  qui,  au  dire  d'Othon  de  FM^uîn^fii^ 
s*étab!it  d^abord  entre  h;  Br«;fiti«fr  v\  \m 
Saint-Oothard)  famille  «|ui  régrui  qu4rl<|ua 


GtJE 


(222) 


GOB 


temps  rar  pliuieun  det  plos  belks  pro« 
rinces  de  rAlIcmagoe  et  qui  fleurit  en- 
core aujourd'hui  dans  les  deux  branches 
(rune  royale  et  l'autre  ducalej  de  la  mai- 
son de  Bninswic  (  vny,  ce  mot  et  Ua- 
HOTEE  ).  Par  l'institution  de  Tordre  des 
Guelfes  dans  le  royaume  de  ilanovre  {voy, 
l'art  suivant),  on  a  fait  revivre  cet  ancien 
nomdont  tout  le  moyen-âgea  retenti,  ainsi 
qu'on  le  verra ,  un  peu  plus  loin  ,  dans 
l'article  Guelfes  et  Gibeuns,  dû  à  la 
plume  d'un  de  nos  plus  grands  historiens. 
Selon  Eichhorn  (  Ur^eschichte  des 
Hauses  tUr  IVtljeny  c'est-à-dire  Histoire 
originaire  de  la  maison  des  Guell'es),  ce 
n'est  qu'au  ix* siècle,  dans  la  dernière  pé- 
riode du  règne  de  Charlemagne,  que  les 
Guelfes  commencent  à  figurer  dans  This- 
toire.  Au  xi*,  cette  maison  était  di- 
visée en  deux  branches  et  possédait  des 
biens  considérables  dans  l'Allemagne  mé- 
ridionale. Azzo  ou  lùzelin,  de  la  maison 
d'Kste  \yoy,)  en  Italie,  maître  de  Milan, 
de  Géues  et  d'autres  villes  de  la  Lombar- 
die,  et  qui  mourut  en  1097,  acquit  une 
partie  de  ces  possessions  par  son  alliant^e 
avec  Cunégonde,  héritière  des  premiers 
Guelfes.  Sou  liU  W  elT,  ou  Guelfe  1"  ^de  la 
branche  cadette,  autrement  Guelfe  IV^, 

v^X'  ^  •  ^>  P'  ^  ^  j  I  ■""'■^  *"  1101,  de- 
vint duc  de  Bavière  et  hérita  des  biens 
de  Tautre  branche  des  (Àuelfes.  llenri- 
le-Moir,   duc  de   Bavière,  fils  aiiié  de 
Guelfe  1*',  en  épousant  Wulfhilde,  fille 
du  duc  Magnus  de  Saxe,  re^*ut  en  dot  les 
domaines  des  Billungen  (i»r>x'.)qui  lui  ap- 
partenaient dans  la  Saie.  Ilenri-le- Su- 
perbe, fils  de  Henri  -  le- >oir,  duc  de  Ba- 
vière, fut  un  des  souverains  les  plus  riches 
et  les  plus  puissants  de  l'Allemagne  ,  et 
re^*ut  encore,  en  1 137,  le  duché  de  Saxe 
de  son  beau-père,  l'empereur  Lothaire. 
Après  la  mort  de  Lothaire,  Henri  voulut 
disputer  la  couronne  à  Conrad  HI,  de  la 
maison  de  Uohenstaulfen  {yiiy,\  que  les 
États  avaient  élu  roi  ;  mais  il  échoua,  fut 
mis  au  ban  de  l'empire  et  perdit  la  plus 
grande  partie  de  ses  posse:aions.  Après 
sa  mort  (  1 1S9  j ,  son  fils  Henri-le-Lion 
(v)^.)  n'obtint  que  le  duché  de  Saxe  et 
les  domaines  héréditaires  <iu'il  y  possé- 
dait;  quant  aux    fiefs    héréditaires   de 
Bavière,  ils  furent  donnés  à  sou  oncle 
Guelfe  VI.  Indépendamment  de  la  Ba- 


vière, oelui-ci  poasédait  la  Toeei 
lète,  la  Sardaigne  et  les  biens  de  II 
comtesse  Mathilde  (dont  11  re^i 
titure  en  1158).  Après  sa  mort 
mingen  ,  le  11  décembre  119 
pour  héritier  l'empereur  Henri 
La  lutte  si  célèbre  entre  le  ] 
Guelfes  et  le  parti  des  Gibelins  s 
duisit  quelquefois  sous  d'autre 
comme  ceux  des  Blancs  et  d 
{Blanchi  e  Neri)  à  Florence,  d 
avons  fait  la  matière  d'un  petit  i 
dont  aussi  il  a  été  beaucoup  quesl 
celui  du  Dânte.  Aucune  époque 
toire  n'a  offert  des  actes  de  crua: 
barbarie  semblables  à  ceux  aui 
livrèrent  ces  deux  factions.  / W.  ] 
l'article  ci-après,  de  M.  de  Sismc 
consultera  en  outre,  pour  la  gran 
V Histoire  des  républiques  ita 
du  même  auteur;  et,  |N>ur  les 
spécialement  dans  leurs  rappo 
l'Allemaf^ne,  Behrens,  Herz'*^  h 
etc.,  c'e>t-à-dire  Le  dur  Cm 
souche  du  dernier  rameau  guei 
V  Allemagne  mériditmale  ri  ses  ^ 
portai ns^  Brunswic,  1829. 

Gt  ELFES  ou  GuF.LPHES^oEn 
I^  nlai^on  de  Brunswic,  en  ret 
s(*s  possessions  de  Hanovre  qu' 
sait  ériger  en  royaume,  voulut 
nouvelle  couronne  d'un  des 
attributs  de  la  souveraineté  :  le 
régent  d'Angleterre  institua  don 
mois  d'août  18 1 6 ,  un  ordre  de  < 
rie  dont  le  nom  même  est  un  h 
à  la  mémoire  des  glorieux  fonda 
rillustre  lignage  des  Guelfes  ai 
appartenait.  Cet  ordre,  civil  et  a 
est  composé  de  trois  clauses  :  les 
croix ,  <|ui  doivent  avoir  le  rang 
tenant  général  ;  les  commande» 
doivent  avoir  crlui  de  général 
quant  à  la  troisième,  le  mérite 
militaire ,  ou  une  action  d'éclat,  t 
pour  y  faire  admettre,  et  par  le  sei 
cette  admiseiion  la  noblesse  pen 
est  acquise. 

L'insigne  de  l'ordre  est  une  fc 
croix ,  toute  d'or,  à  huit  pointes  f 
tées,  anglée  de  léopards;  au  ce 
un  médaillon  de  gueule  chaq 
cheval  d*argent,  lancé  sur  un  t< 
sinople,  avec  cette  légends  :  iVec 


GUE 


(2Ϋ) 


GUÉ 


i,  Um  oomonna  d6  chêne  ou  de 
reetourint  le  médailloo  sert  à  dis- 
■ks  che¥alîen  omis  oa  militaires; 
■■n  ajoateot  en  outre  deux  épées 
te  mtre  la  croix  et  la  couronue 
bfB  la  surmoDte.  Le  grand  cordon 
ëkrte  moiré  et  Fétoile  au  coté 
Il  Mot  attribués  à  la  1"  classe;  la 
vie  la  crobi  pectorale  et  l'étoile , 
■■  rayons  ;  et  la  3*  classe  fixe  le  ru- 
a  U  croix  à  la  boutonnière  de  Tha- 
iBoyen  d^une  boucle  d'or.  C  '  de  G. 
."ELFES  ET  GIBELINS.  Ce  sont 
qu^adoptèrent  deux  partis  nés 
e  et  qui  luttèrent  Fun  contre 
iCD  Italie  pendant  toute  la  seconde 
i  du  moyen-âge,  entraînant  jusqu'à 
fftain  point  dans  leurs  combats  la 
rt  des  autres  peuples  de  l'Europe, 
idant  la  première  moitié  du  moyen- 
le  Pan  476  à  l'an  1000,  les  Barba- 
'aioqueurs  des  Romains,  s'étaient 
es  à  plusieurs  reprises  de  relever  un 
empire  qui  pût  réfléchir  l'image 
ni  de  Rome.  Les  Goths  de  Théodo- 
es  Francs  Mérovingiens,  puis  les 
riogiens,  étendirent,  en  effet,  leur 
Mtioo  sur  des  contrées  si  vastes  qu'il 
mbiait  facile  de  conquérir  le  reste 
iorope.  Leur  grandeur  cependant 
"vait  qu'à  montrer  leur  faiblesse  : 
empire  était  étendu,  plus  le  gou- 
seot  central  était  incapable  d'en 
tre  les  frontières.  Chaque  petit  peu- 
rbare  se  montrait  plus  fort  pour  l'at- 
]aeleoolosse  ne  l'était  pour  la  défen- 
Ds  le  X*  siècle,  l'empire,  renouvelé 
miema^e,  était  envahi  et  dévasté 
OQi  les  aens  par  les  Normands ,  les 
"oia  et  les  Sarrazins.  Le  désespoir 
lîaa  enfin  les  peuples  à  retirer  aux 
eors  la   charge  de  les  défendre; 
I  alarma  et  fortifia  sa   demeure, 
attendre  les  ordres  du  monarque. 
réUts,  les  propriétaires  de  terres 
tdaves  et  les  cités  entreprirent  à 
rua  de  l'autre  de  repousser  le  bri- 
ge;  ils  s'attribuèrent  individuelle- 
le  droit  de  paix  et  de  guerre,  droit 
létaientattachés  nécessairement  l'in- 
dance   et   les  autres  attributs  du 
mement.  Sous  les  derniers  Cario- 
ns, l'empire  ne  présentait  qu'une 
miildraie  et  inerte ,  partout  trem- 


blante et  obéissante  ;  dès  le  xi*  siècle ,  ati 
contraire,  les  cités,  les  châteaux  et  les 
couvents  étaient  entourés  de  fortes  mu- 
railles; toute  la  population  était  associée 
à  la  défeuse  de  quelqu'un  de  ces  lieux  for- 
tifiés; chaque  homme  se  trouvait,  avec 
son  travail,  sous  la  garantie  de  la  force 
locale  dont  il  fabait  partie  ;  chacun  com- 
battait pour  soi ,  chacun  refusait  d'obéir 
à  tout  ordre  venu  de  loin;  une  liberté 
un  peu  sauvage  avait  succédé  au  plus 
avilissant  despotisme. 

Nous  jouissons  encore  aujourd'hui  des 
bienfaits  de  cette  révolution ,  qui  donna 
aux  serfs  le  désir  de  cultiver  en  même 
temps  que  le  droit  de  défendre  la  terre, 
qui  fit  multiplier  la  population  aussi 
rapidement  qu'on  l'avait  vu  décroître 
dans  les  siècles  précédents ,  qui  rendit  à 
l'homme,  avec  sa  liberté,  sa  dignité  et 
son  énergie.  Mais  au  moment  où  elle  s'o- 
pérait, quoique  chacun  en  ressentit  les 
avantages,  personne  ne  voulait  y  voir  au- 
tre chose  qu'un  état  de  transition,  ou  ne 
se  résignait  à  ce  que  l'état  social  fût  dé- 
sormais fondé  sur  l'usage  universel  de  la 
guerre  privée.  Tout  Tempire,  qui  venait 
de  tomber  en  dissolution,  aspirait  à  for- 
mer de  nouveau  un  grand  corps,  à  re- 
trouver un  ordre  protecteur  qui  dispen- 
sât chacun  des  débris  de  la  société  dis- 
soute du  soin  de  se  protéger  lui-même. 
L^imagination  de  tous  rêvait  une  grande 
unité  sociale  qui  rejoignit  tous  ces  mem- 
bres épars ,  inquiets ,  sinon  souffrants , 
d'être  séparésdu  tronc  auquel  ilscroyaient 
devoir  la  vie. 

Pour  réorganiser  la  société  et  lui  ren- 
dre cette  unité  qu'elle  regrettait,  deux 
systèmes  se  présentèrent  aux  esprits  :  l'un 
s'appuyait  sur  la  force  militaire,  l'autre 
sur  la  force  morale  ;  l'un  se  proposait  de 
relever  l'autorité  des  empereurs,  l'autre 
d'associer  les  peuples  au  nom  et  sous  l'au- 
torité de  l'Église.  La  lutte  entre  ces  deux 
systèmes  commença  avant  le  milieu  du  xi* 
siècle  ;  les  noms  par  lesquels  on  les  dé- 
signa se  firent  entendre  pour  la  première 
fois  dans  le  xii*.  Les  Gibelins  se  dévouè- 
rent à  maintenir  l'autorité  des  empereurs, 
les  Guelfes  celle  de  l'Église. 

La  nation  s'est  régénérée,  disaient  les 
partisans  des  empereurs;  en  fortifiant 
ses  châteaux,  elle  a  retrouvé  sa  bravoure 


GUB 


(2M) 


Gt)fi 


cmniiie  Aa  liberté;  elle  élit  eUe^mème 
l'EmpereuTy  son  chef,  et  elle  la  choisit 
permi  les  plus  sages  et  les  plas  brares  ; 
elle  s'anocie  à  lui  pour  la  législation  aux 
diètes  de  Rense  près  de  Francfort  en  AU 
lenuigne,  aux  diètes  de  Roncaglia  près 
de  Plaisance  en  Italie;  elle  s'associe  de 
même  à  ses  capitaines  pour  Tadministra- 
tion  de  la  justice  :  chacun  n'est  jugé  que 
par  ses  pairs.  Cependant  c'est  l'Empereur 
qui|  à  son  tour,  départit  le  pouvoir  avec 
la  terre  ;  c'est  lui  qui  donne  les  bénéfi- 
ces ou  fiefsy  et  qui  lie  à  lui,  par  la  foi  et 
l'hommage,  tous  les  dépositaires  de  la 
puissance  militaire,  politique  et  judiciaire. 
Ainsi  l'état  demeure  un  seul  tout  et  la 
subordination  est  maintenue.  Tel  était  le 
système  féodal  de  l'empire  dans  sa  pureté, 
comme  le  développa  G>nrad-le-SaIique 
par  la  loi  des  fieis  (1036);  tel  éuit  le 
système  gibelin. 

La  nation  est  régénérée,  répondaient 
les  prêtres;  mais  c'est  parce  que  le  Christ 
Ta  rachetée.  La  puissance  de  la  chair  est 
toujours  corrompue;  la  puissance  de  l'es- 
prit vient  seule  de  Dieu  :  elle  doit  être 
laissée  à  Dieu  et  au  pape,  son  représen- 
tant sur  la  terre.  Le  pape  seul  conser- 
vera la  liberté ,  parce  qu'il  règne  par  la 
justice  et  non  par  la  violence;  il  préser- 
vera les  bourgeois  des  villes  des  outrages 
des  grandi,  car  tous  les  hommes  sont 
égaux  à  ses  yeux;  lui-même  s'est  sou- 
vent élevé  d'entre  les  plus  petits.  Si  les 
empereurs  et  les  rois  veulent  être  quel- 
que chose ,  qu'ils  soient  les  lieutenants 
du  lieutenant  de  Dieu ,  dont  le  trône  est 
à  Rome  ;  tout  le  reste  ne  leur  viendrait 
que  de  Satan.  Tel  était  le  système  de  la 
monarchie  de  l'Église,  que  Grégoire  VII 
(voy,)  exposa  dans  ses  Dictatus  Papœ 
(1076);  tel  était  le  système  guelfe. 

Les  empereurs  commencèrent  la  réor- 
ganisation de  la  société  au  moment  où 
l'Eglise  de  Rome  était  le  plus  cor- 
rompue. D'abord  les  trois  Othon  de 
Saxe  et  Henri  II,  puis  Conrad  II  et 
Henri  III  de  Franconie,  forts  de  leurs 
talents  et  de  leurs  vertus,  et  s'appuyant 
sur  les  opinions  gibelines,  soumirent  l'É- 
glise à  l'eut  (961-1004).  Mais  lorsque 
Henri  IV,  à  l'âge  de  cinq  ans,  succéda 
à  son  père  Henri  III;  lorsque,  plus  tard, 
il  s'abandonna  à  des  passions  déiÎ6gléei|  les 


pontet  de  ftone  iroolarent  M 
qu*ib  nommaient  le  jong  de  k  se 
L'Empereur  avait  distribué  les  1 
d'Églûe  comme  oeuxd'épée:  àaei 
unsetlesautresétaientdesfiel5;ill 
mettait  par  l'investiture,  il  obteoa 
tour  la  foi  et  l'hommage  :  c'était 
lien  de  la  société.  Hildebrand,  qa 
puis  Grégoire  VU,  nomma  simoi 
concession  par  un  laïc  des  fiefs  de 
auxquels  étaient  attachés  les  i 
Saint-Esprit;  il  prétendit  d'aboi 
dépendance  de  l'Église,  puis  à  la 
sion  de  l'eut  à  l'Église.  Ce  fut 
relie  des  investitures  {voy.)  qa 
da  de  sang  l'Iulie  et  l'Allemagne 
la  paix  de  Worms,  en  1123; 
réglait  le  cérémonial  de  l'investiti 
même,  et,  à  la  mort  de  Henr 
enfanU  (1125),  chacun  des  dei 
nomma  un  empereur. 

Le  représentant  des  opinions 
voraliles  à  l'Église  fut  Lothaire, 
Saxe,  qui  maria  sa  fille  unique  a 
Welf  ouGuelfo,duc  deBavière.L 
Welf  avait  été  porté  par  plusieun 
de  cette  maison,  de  celle  de  C 
et  surtout  decelle  d'Esté.  Welf  H' 
Bavière,  fils  d'un  marquis  d'Es 
qu'on  Ta  dit  dans  le  l***  article  Gi 
avait  été  TanUgoniste  le  plus  ai 
de  Tempereur  Henri  IV.  Lerepr 
des  opinions  favorables  à  Teoi 
Conrad  III,  duc  de  Souabe,  de  h 
de  Hohenstauffen  ;  il  éuit  né  à  1 
gen,  petite  ville  a  dix  lieues  de  S 
Conrad,  contraint  d'abdiquer  « 
fut  rappelé  au  tràne  en  1138,  à 
de  Lothaire,  malgré  l'opposition  < 
ri-le-Superbe,  duc  de  Saxe.  Dan 
Uille  de  Weiosberg  entre  ces  c 
vaux,  le  21  décembre  1140,  H 
Superbe  donna  le  nom  de  Welf 
de  guerre  à  ses  chevaliers,  Conr 
de  Waiblingen.  La  guerre  embra 
lie  comme  l'Allemagne,  et  ces  dei 
en  Iulie,  se  changèrent  en  ceux  d 
et  GfUbelUni. 

Ces  noms  parurent  beaucoup  p 
venables  pour  désigner  les  pai 
ceux  de  l'Empire  et  de  l'Église.  I 
il  y  avait  alors  deux  empereurs 
présenuient  les  deux  opinions  o| 
bientôt  après,  il  y  eut  aussi  deui 


GUE 

cfaaqae  parti.  La  première  di- 
tt  fhm  rEnpire  et  dans  l*Églîse 
istivc^  et  la  oonséqueoce  de  la 
■  ôrik  oo  a  cause  était  presque 

Pâeclion  contestée  de  Tun  ou  de 

'.  Un  principe  est  difficilement 

00  nom  de  parti,  parce  qo^il 

^*an  parti  demeure  fidèle  à  son 

:  ks  Doms  de  Guelfes  et  de  Gi- 
I ai  itpi limitaient  que  la  race;  ils 


quelque    chose    d'antique, 
choK  d'héréditaire  :  c'est  juste- 
ce  motif  qu'ib  détinrent  plus 
^■làrorpieil  des  âunilles. 

Im  prioœs  les  plus  puissants,  ceux 
yioiiat  le  plus  de  chances  d'être 
ftéîrEmpire,  étaient  les  rivaux  na- 
(empereurs;  ils  étaient  les  chefs 
Ifoligoelfe  on  bien  ib  s'y  rangeaient. 
âJkngne,  c'étaient  les  ducs  de  Ba- 
F,  de  Saxe,  de  Brunswic;  en  Italie, 
pnents,  les  nu^quis  d'Esté,  comme 
■  kl  souverains  normands  des  Deux- 
Robert  Guiscard,  les  deux  Ro- 
r,  ks  deux  Guillaume,  la  comtesse 
^,  en  Toscane,  et  Guelfe  II  {de  la 
cadette,  autrement  GuelfeV),  son 
,  le  même  qui  était  duc  de  Bavière. 
lagnod  fief  du  duché  de  Toscane  s'é- 
l%iil  avec  Mathilde,  et  les  autres  duchés 
Uns  s'étaient  éteints  plus  tôt  encore. 
IfRs  ces  grands  seigneurs,  le  parti  guelfe 
I  eooBposait  surtout  des  habitants  des 
■■lies  villes;  plus  ces  villes  étaient  puis- 
■iBs,  plus  leur  gouvernement  appro- 
bkde  celai  d'une  république,  et  plus 
s  opinions  guelfes  y  dominaient;  le  pou- 
■r  de  IIÊglise  leur  paraissait  se  conci- 
r  Bieax  que  celui  de  TEmpereur,  avec 
■B  notions  d'égalité,  de  garantie  mu- 
rile,  de  règne  des  lois.  Toutefois,  dans 
■eue  de  ces  ville8,une  partie  des  fa- 
illes éuit  demeurée  attachée  aux  opi- 
OH  gibelines  :  aussi  les  voyait-on  tour 
%amr  obtenir  la  victoire  et  faire  passer 
m  patrie  d'an  parti  à  l'autre.  Ces  opi- 
OM  gibelines  dominaient  dans  les  trois 
ûmnles  républiques  maritimes  de  Ve- 
01^  Gènes  et  Pise;  elles  dominaient  aussi 
■s  les  villes  de  second  ordre,  qui  les 
loptaieat  par  jalousie  contre  les  plus 
■■antes.  Ainsi,  dans  le  temps  où  Milan 
tait  tout  guelfe,  Pavie,  Lodi,  Crémone 
i  Comc  étaient  gibelines;  Vérone  et  Vi- 

Encytlop.  d.  G,  d.  M.  Tome'XIU. 


(  326  )  GUE 

cence  l'étaient  aussi  quand  Padouc  était 
guelfe  ;  Bologne ,  guelfe  ,  avait  en  face 
d'elle  Modène,  Faênza  et  Forli,  gibelines  ; 
Florence ,  guelfe  de  même,  voyait  les  Gi- 
belins dominer  dansPistoiaetdansArezzo. 
Toutefois  la  force  du  parti  gibelin  se  trou- 
vait dans  la  noblesse  du  second  ordre,  la 
noblesse  non  titrée;  celle-ci  mettait  sa 
gloire  et  sa  vertu  dans  le  dévouement  hé- 
réditaire du  vassal  à  son  seigneur.  C'était 
en  raison  de  ce  lien  féodal  que  le  gentil- 
homme régnait  dans  son  château  et  qu'il 
obéissait  à  la  cour  ;  une  même  règle  suf- 
fisait à  tous  les  devoirs  mutuels  et  éta- 
blissait entre  tous  les  rangs  une  assurance 
réciproque.  Un  assez  grand  nombre  de 
prélats,  qui  sentaient  le  poids  du  joug  de 
Rome  et  qui  lui  préféraient  la  faveur  des 
empereurs,  s'étaient  joints  aussi  au  parti 
gibelin. 

L'opposition  entre  les  opinions,  les 
principes  de  gouvernement  ou  les  alTec- 
tions,  ne  faisait  pas  toujours  éclater  les 
guerres  civiles.  A  Florence,  les  Guelfes  et 
les  Gibelins  continuèrent  à  vivre  en  paix 
dans  l'enceinte  des  mêmes  murs  jusqu'en 
1215  que  s'alluma  la  querelle  entre  deux 
maisons  nobles,  les  Buondelmonti  guel- 
fes, et  les  Uberti  gibelins.  Après  une  lutte 
acharnée,  après  quelques  alternatives  de 


succès  et  de  revers,  les  Gibelins  furent 
enfin  exilés.  Les  deux  partis  avaient  re- 
couru aux  armes  beaucoup  plus  tôt  en 
Lombardie,  et  là  l'Empereur  s'était  pres- 
que toujours  empressé  d'accorder  le  vi- 
cariat de  l'Empire  aux  capitaines  gibelins 
qui  réussissaient  à  se  rendre  maîtres  d'une 
ville.  La  noblesse  gibeline  fut  en  quel- 
que sorte  la  pépinière  d'où  sortirent  toui 
les  tyrans  des  villes  libres  pendant  la 
longue  durée  des  guerres  civiles. 

Aucun  empereur  ne  fut  attaqué  avec 
plus  d'acharnement  que  Frédéric  II,  mais 
aussi  aucun  ne  trouva  plus  d'ardeur  à  le 
servir  dans  la  noblesse  châtelaine.  Les  re- 
vers qu'il  éprouva  quelquefois ,  les  ana- 
thèmes  dont  il  était  frappé,  les  conspira- 
tions auxquelles  il  éuit  en  butte,  rien  ne 
pouvait  décourager  ses  fidèles  Gibelins  ; 
dès  qu'ils  le  voyaient  paraître,  ib  accou- 
raient de  toutes  parts  en  armes  et  lui 
formaient  bientôt  une  armée.  Après  sa 
mort,  en  1 250,  un  longinterrègneébranla 
le  parti  de  l'Empire.  Deux  factions,  en  Al- 


GUË 


lemagne,  ayaieot  offert  la  couronne  impé- 
riale, l'une  à  Alphonse  X  de  Castille,  et 
Fautre  à  Richard  de  Cornonailles  :  ni  Tun 
ni  Tautre  ne  rappelait  aux  Gibelins  des 
affections  héréditaires,  ou,  en  d'autres  ter- 
mes, ne  parlait  à  leur  imagination.  Aussi 
ce  fut  l'époque  où  ils  oublièrent  le  plus 
leur  parti  pour  ne  s'occuper  que  d'eux- 
mêmes;  l'époque  où  tous  ces  capitaines  si 
renommés  ne  songèrent  plus  qu'à  se  faire 
une  principauté  de  la  ville  dont  ils  avaient 
le  commandement  au  nom  de  l'Empe- 
reur. Le  féroce  Ezzelino  de  Romano  fut 
le  tyran  de  Padoue ,  Vérone  et  Trévise  ; 
après  lui,  les  Délia  Scala  fondèrent  leur 
souveraineté  à  Vérone ,  les  Visconti  à  Mi- 
lan; Satinguerra  était  déjà  maître  de  Fer- 
rare,  Palavicino  de  Crémone;  presque 
toute  la  Lombardie  était  divisée,  avant  la 
fin  (lu  XIII*  siècle,  en  petites  principautés 
où  commandaient  des  capitaines  gibelins. 
Pour  faire  triompher  leur  parti,  leurs 
concitoyens  avaient  joyeusement  remis 
entre  leurs  mains  tous  les  droits  de  leur 
patrie;  les  chefs  en  avaient  profité  pour 
substituer  le  pouvoir  d'un  seul  à  celui  de 
tous. 

Au  midi,  le  principal  point  d'appui  des 
Gibelins  était  auprès  de  Manfred,  fils  na- 
turel de  Frédéric  II ,  qui  avait  mis  sur  sa 
tête  la  couronne  des  Deux  -  Siciles.  Les 
papes  ne  pouvaient  souffrir  que  le  chef 
du  parti  ennemi  dominât  si  près  de  Rome  : 
ils  soulevèrent  tous  les  Guelfes  d'Italie 
contre  lui,  et,  comme  leurs  forces  ne  suf- 
fisaient point  pour  l'abattre,  ib  offrirent 
tour  à  tour  sa  couronne  à  un  prince  ou 
anglais  ou  français,  qui  ferait  preuve  de 
dévouement  à  l'Église  et  qui  se  dirait 
Guelfe.  Après  Edmond,  fils  de  Henri  IQ 
d'Angleterre,  ce  fut  Charles  d'Anjou, 
frère  de  saint  Louis,  qui  fut  appelé.  Man- 
fred fut  défait  et  tué  à  la  bataille  de 
Grandella  (1366)  ;  Charles  fut  roi  des 
Deux-Siciles,  et  dès  lors  non-seulement 
les  rois  de  Naples  de  la  première  maison 
d'Anjou  furent  les  champions  du  parti 
guelfe ,  mab  la  maison  de  France  fut  re* 
connue  comme  protectrice  des  Guelfes; 
une  moitié  de  l'Italie  lui  voua  toutes  ses 
affections  pour  Tamour  d'un  )>arti  dont 
les  roÎH  de  France  connaissaient  à  peine 
le  nom. 

il  jr  avait^  aux  veux  des  Italiens  du  xiii* 


(  226  >  GXJJt 

siècle,  quelque  chose  de  sacré  dft 
vouement  au  parti  soit  guelfe ,  « 
lin  ;  c'était  le  principe  de  la  réc 
tion  de  leur  patrie,  le  princi] 
unité  qu'ils  rêvaient  toujours,  ei 
et  par-delà  leurs  affections  mui 
La  vraie  patrie  du  citoyen  llor 
pisan  était  moins  Florence  ou 
la  cause  guelfe  ou  la  cause  gibelii 
cette  cause,  il  était  beau  de  sacril 
seulement  sa  propre  vie,  mais 
comme  une  ville  frontière  se  dé\'4 
le  salut  de  l'empire.  Personne  ne 
à  se  faire  un  reproche  d'appeler  i 
ger  sur  le  sol  de  l'Italie;  le  Guell 
que  langue  qu'il  parlât ,  était  un 
triote  pour  le  Guelfe ,  le  Gibelii 
Gibelin.  Cet  enthousiasme  patri* 
manifesta  lorsque  Conradin  (r>oy 
fils  de  Frédéric  II ,  parut  avec  n 
armée  allemande  sur  les  front ièi 
lie.  Tous  les  capitaines  gibelins,  qi 
paru  seulement  occupés  de  fond 
tites  souverainetés  dans  la  Blarc 
naise  et  la  Lombardie ,  oublièn 
intérêts  égoïstes  pour  venir  si 
sous  le  drapeau  du  parti  que  rele 
ritier  de  la  grande  race  gibeline,  l 
bli(|ue  de  Pise  oublia  tout  soin  d 
pre  sûreté  pour  mettre  à  la  di 
de  Conradin  tous  ses  hommes  ' 
toutes  ses  galères  et  ses  trésors.  L 
de  Tagliacozzo  (t2G8;,où  Coni 
défait,  parut  abattre  encore  un 
parti  ;  mais  les  Gibelins,  sans  se 
gcr,  re|>ortèrent  leurs  affectior 
stance,  fille  de  Manfred ,  qui  ava 
le  roi  d'Aragon  ;  ils  lui  livrèrent 
(  1 282)  par  les  Vêpres  sicilienne 
et  dès  lors  ils  commencèrent  à  c( 
les  Aragonais  comme  étroitemei 
parti  gibelin. 

Au  xi\'*  siècle,  le  rèle  des  fan 
réditair^ment  attachées  au  parti  | 
gibelin  était  toujours  le  m^me, 
chefs  sous  les  étendards  desi|uel 
rangeaient,  les  monan|ues  auxq 
demandaient  une  direction ,  éti 
venus  indifférents  à  la  cause.  I 
cipes  pour  la  défense  des(|uels 
formés  les  partis  étaient ,  il  est  vi 
jours  plus  oubliés.  \a*s  villes  d*i 


dans  leur  indépendance  j  la  ( 


6t)E 


(Î21) 


GtË 


t  républiques^  les  seconds 
le  titre  de  princes  à  celui  de 
m  aipériaQx  ;  on  avait  perdu  Tes- 
cil  désir  de  fonder  de  nouveau  Tu- 
é  FEmpire  ou  celle  de  la  société 
fcMe:  le  système  féodal  tombait  déjà 
halitiuu,  et  les  Gibelins  n^en  vou- 
tfks;  le  sacerdoce  avait  montré  que 
M  Aiit  toat  autre  chose  que  la  di^é- 
ia  de  la  foi  chrétienne,  et  les  Gucl- 
^ardentsn^étaient  plus  disposés  à 
Mr  conduire  aveuglément  ni  par  le 
dptr  les  prêtres.  Mais  les  opinions 
(cfciiigé  ^ans  que  les  sentiments  on 
MBS  eussent  rien  perdu  de  leur 
i;  trop  de  sang  avait  été  versé  de 
{d'antre,  trop  d^alliances  intimes 
;  été  contractées,  trop  de  secours 
t  rendus,  dans  le  cours  de  deux 
e  de  trob  siècles,  pour  que  le  nom 
im  parti  guelfe,  de  Tancien  parti 
ne  Ht  pas  battre  le  cœur  de  qui- 
pouTait   rappeler  les  hauts  faits 
père  ou   de  ses  aïeux.  Chacun 
bire  preuve  de  noblesse  en  réveil* 
lentiments  passionnés  de  ses  an- 
diacun  se  glorifiait  de  ces  haines 
es  aflections  qui  lui  avaient  été 
Kt  sms  mélange.*  C'est  dans  mon 
laient-ib,  c^est  dans  ma  nature 
les  Guelfes ,  de  haïr  les  Gibelins, 
■uusacré  mes  ancêtres,   ils  ont 
irs  chiteanx  ;  tant  que  je  vivrai, 
utxrai  de  leur  ravir  leurs  for- 
et d^égorger  leurs  enfants.  » 
les   républiques,    aux  anciens 
fr  du  parti  guelfe  on  avait  sub- 
nz  de  la  liberté;  ce  n'était  plus 
xtùe  de  TÉglise  qu'on  invoquait, 
souveraineté  du  peuple;  c'était 
du  peuple  [popolo  I  popolo  !)  et 
lui  de  saint  Pierre  ou  de  son  suc- 
que  Ton  prenait  les  armes.  Les 
communes  guelfes  de  Toscane, 
,  Perugia,  et  Bologne,  leur  alliée, 
les   portaient  la  croix  guelfe  à 
,  à  Sienne  et  même  à  Pise,  enga- 
es  cités  à  s'unir  à  elles  pour  la 
le  U  liberté.  Toutefois  celles  -là 
!  renonçaient  point  à  ce  qu'il  y 
léréditaire   dans  les  sentiments 
1  Fîorence,  outre  les  magistrats 
oblique,  il  y  avait  ceux  du  parti, 
fai«  M  i^am  guel/Uf  chargés 


d'écarter  des  emplois,  d'ainmonirey  qui* 
conque  était  soupçonné  d'être  issu  de  race 
gibeline. 

Mais  tandis  que  ce  zèle  antique  bouil- 
lonnait encore  dans  les  cœurs  de  la  no- 
blesse et  du  peuple ,  les  représentants  de 
l'Empire  et  de  l'Église  ne  le  comprenaient 
plus  et  n'y  prenaient  plus  aucun  inté- 
rêt. La  noble  race  de  Hohenstaufîen  s'é- 
tait éteinte;  lorsque  Henri  VII  de  Luxem- 
bourg fut  élevé  sur  le  trône  impérial 
(1308),  il  crut  que  sa  plus  belle  mission 
était  de  réconcilier   les  partis  et  de  se 
montrer  impartial  entre  les  Guelfes  et 
les  Gibelins;  néanmoins  le  zèle  des  derniers 
pour  sa  gloire  finit  par  gagner  son  cœur 
et  le  lier  intimement  à  eux.  Sa  mort  et 
l'interrègne  qui  la  suivit  empêchèrent  le 
parti  de  se  reconstituer  autour  du  dra» 
peau  impérial.  Louis  IV  de  Bavière,  qui 
vint  ensuite,  recherché  par  les  Guelfes 
comme  étant  de  race  guelfe,  par  les  Gi- 
belins comme  étant  excommunié  par  le 
pape,  se  montra  impartial  à  sa  manière  , 
en  trahissant  également  les  uns  et  les 
autres.  Il  précipita  la  ruine  des  deux  plus 
grands  chefs  gibelins  de  son  temps ,  Ga- 
leaz  Visconti  à  Milan   et  Castruccio  à 
Lucques.  Les  empereurs  de  la  maison  de 
Luxembourg  qui  lui  succédèrent,  et  qui 
n'eurent  jamais  un  grand  pouvoir  en  Ita- 
lie ,  ne  se  donnèrent  point  la  peine  de 
comprendre  ce  que  c'était  que  les  Guelfes 
et  les  Gibelins;  la  papauté  avait  perdu 
de  vue  ces  deux  partis  plus  complète- 
ment encore.  Par  une  indigne  violence, 
Philippe  IV  avait  transporté  le  Saint- 
Siège  à  Avignon.  Des  papes  français,  re- 
tenus dans  la  dépendance,  pauvres  et  cor- 
rompus, se  succédèrent  de  1304  à  1377, 
et  l'année  suivante  commença  le  grand 
schisme  d'Occident.  Aucun  de  ces  pontifes 
français  ne  comprit  jamais  l'idée  reli- 
gieuse et  patriotique  à  laquelle  s'était  rat- 
taché le  parti  guelfe  ;  l'Italie  n'était  pour 
eux  qu'une  province  où  pouvaient  s'en- 
richir les  proconsuls  du  Saint-Siège ,  les 
légats.  Après  la  mort  de  Robert,  roi  de 
Naples  (  1343),  ses  successeurs  ne  son- 
gèrent point  à  conserver  la  direction  du 
parti  guelfe  qu'il  avait  exercée  avec  vi« 
gueur.  Sa  petite-fille,  Jeanne  I^,  écoutait 
d'autres  passions  que  les  passions  poli- 
tiques, et,  après  elle ,  les  çuerce&  d^  »a!C^ 


GtJË 


(228) 


GUE 


ctition  entre  les  mftisotis  de  Duraz  et 
d* Anjou  n'ftvaient  plus  de  rapport  tux 
vieilles  querelles. 

Cependant  rien  ne  pouvtit  déraciner 
des  cœurs  ces  sentiments  héréditaires; 
plus  les  gentibhommes  exilés  des  villes  et 
retranchés  dans  les  montagnes  se  rappro- 
chaient de  la  vie  des  anciens  chevaliers , 
et  plus  les  haines  transmises  de  généra- 
tion en  génération  avaient  de  pouvoir  sur 
eux.  Les  républiques  de  Florence  et  de 
Gènes  étaient  toujours  prêtes  à  se  livrer 
a  leur  entraînement  pour  la  France,  par 
amour  pour  la  vieille  cause  guelfe.  A  la 
fin  du  XV*  siècle ,  Charles  VIII,  au  com- 
mencement du  xvi%  Louis  XII  et  Fran- 
çois P'  furent  étonnés  de  voir  accourir 
à  eux  des  partisans  qu*ils  n^avaient  rien 
fait  pour  gagner,  teb  que  le  grand  homme 
de  guerre  Jean-Jacques  Trivulzio  en  Lom- 
bardie  et  les  San-Severino  à  Naples.  Ce- 
laient des  Guelfes  qui  venaient  combattre 
pour  le  vieux  parti  guelfe.  Il  est  vrai  que 
les  Fran<^ais  ne  comprenaient  point  ce 
qu^on  voulait  dire  en  les  appelant  eux- 
mêmes  de  ce  nom  ;  les  places  fortes  qu'on 
leur  ouvrait  pour  l'avantage  du  parti 
guelfe,  ils  les  occupaient  pour  le  profit 
du  roi ,  et  ce  malentendu,  qui  renaissait 
chaque  jour,  donnait  lieu  plus  tard  à  des 
accusations  réciproques  de  perfidie.  Les 
Français  renoncèrent  enfin  à  lltalie 
(1559);  ni  le  pape,  ni  l'Empereur  ne  vou- 
laient plus  avoir  de  partisans,  mais  seu- 
lement des  sujets  obéissants  ;  la  discorde 
civile  qui  avait  régné  cinq  siècles  entiers 
n*avait  plus  de  sens;  toutefois  le  despo- 
tisme ne  réussit  point  de  sitôt  à  éteindre 
l'antique  haine  entre  les  Guelfes  et  les 
Gibelins,  surtout  dans  las  lieux  où  la  ci- 
vilisation avait  le  moins  pénétré;  et,  jus- 
qu'au fin  du  XVI* siècle,  la  province  nom- 
mée Montagne  de  Pbtoia  fut  ensanglan- 
tée par  leurs  combats.       J.  C.  L.  S-i. 

GUEMENÉ  (pEiHcis  de),  voy.  Ro- 

HAH. 

GUE  NON,  vulgairement  sin^s  à 
qiuut.  Ces  animaux  constituent  parmi 
les  singes  proprement  dits,  ou  singes  de 
Panden  continent,  un  genre  dont  les  es- 
pèces nombreuses  offrent  beaucoup  de 
variétés  de  grandeur  et  de  couleur,  ray. 
à  l'article  Sixge.  C  S-tk. 

CVÈPE  (vespn).  Jju  naturalistes 


donnent  collectivement  ce  dob  à  i 

tribu  d'insectes  de  l'ordre  des  hyaita 

ptères(voj'.),  section  des  [ 

mais  les  espèces  les  plut  répandiMii 

nos  contrées,  et  que  nous  avons  I9J 

d'intérêt  a  connaître,  sont  :  la  guépet 

mune  ^  longue  de  huit  lignca 

noire,  ayant  le  devant  de  la  tète  ji 

un  point  noir  au  milieu;  ploaiennl 

jaunes  sur  le  corselet,  et  chaque 

l'abdomen  marqué  d'une  biande  JMi| 

son  bord  postérieur.  \jk  guêpe  fr^oÊA 

gue  d'un  pouce  environ,  a  le  thonmii^ 

tacheté  de  fauve;  la  tète  fauve 

le  devant  jaune  ;  les  anneaux  de  Pi 

men  d'un  brun  noir&tre,  avec  noe 

jaune.  Les  femelles  et  les  neatraii 

armées,  dans  les  diverses  espècea, 

guillon  très  fort,  crénelé,  caché 

dernier  anneau  du  ventre,  et 

conduit  excréteur  au  venin  reoferaéi 

une  vésicule  qui  est  à  sa  base.  j 

Les  guêpes,  qui  ne  sont  guère  cod 

au  plus  grand  nombre  que  par  la  dcJ 

cuisante   qu'occasionne  leur  piqAM 

par  les  dégâts  qu'elles  font  dans  nos  il 

gers,  méritent  cependant  de  fixer  II 

notre  attention  par  leurs  mœurs  ilj 

leur  industrieux  instinct,  qui  ne  peatj 

comparé  qu'à  celui  des  abeillô.  là 

sociétés,  très  nombreuses  dans  qaeit 

espèces,  sont  composées  de  muties^  éêM 

très  de  plus  petite  Uille,  el  de/emâà 

car  elles  ne  vivent  pas,  coeune  l'aU 

sous  les  lois  d'une  seule  reine.  An  «î 

mencement  de  l'automne,  on  ne  lid 

dans  les  guêpiers  que  ces  deux  derM 

sortes  d'individus;  mab  bientôt  paraH 

les  jeunes  miles  et  les  jeunes  femellflj 

doivent  perpétuer  l'espèce.  Celles  Al 

mclles  qui  survivent  au  retour  de  la  fl 

vaise  saison  (qui   emporte  les   arflg 

les  neutres)  sortent  au  printemps dt'l 

engourdissement  et  deviennent  les  1 

datrices   d'une   nouvelle  colonie.  ( 

alors  qu'elles  commencent  la  consCrod 

de  leurs  gâteaux,  destinés  à  loger  les  é 

les  larves  et  les  nymphes.  Elles  soolll 

tôt  aidées  dans  ce  travail  par  les  Mirt 

qui  éclosent  les  premières.  Cest  avM 

parcelles  de  vieux  bob  ou  d'écoroe  qA 

ont  délayées,  et  réduites,  en  les  bray 

en  une  sorte  de  pâte  semblable  k  I 

dont  on  fait  le  papier,  qae  ces  hll 


GUE 


(229) 


GUE 


èfcsocMistniiaent  leurs  rayons,  corn- 
iiodlaks  hexagonales,  suspendues 

■  pédicnk,  et  ordinsirement  en- 
te Aine  sorte  de  mur  extérieur 
h*lu|ipii  concentriques  disposées 
■iIb  péudes  d'une  rose,  soit  qu'elles 
■ÉBt  leurs  gâteaux  aux  branches 
ijdkn,  soit  qu'elles  le  construisent 
n^  M  dans  on  vieux  tronc.  La  for- 
ifi^âer  varie,  chaque  espèce  ayant 
Mse  de  bâtir.  Le  frelon  attache  le 
pr  im  pédicule  et  le  recouvre  d'une 
tfft  formant  comme  une  calotte 

■  loàte  au-dessus  des  cellules  peu 
La  guêpe  commune  fait  or- 

t  en  terre  son  nid,  composé 
jpid  nombre  de  rayons  horizon- 
fc  entre  eux  par  des  espèces  de  pi- 
C  «iveloppés  par  plusieurs  cou- 
t  papier  se  recouvrant  les  unes  les 
ci  ne  laissant  qu'un  seul  trou  pour 
se.  Un  seul  de  ces  guêpiers  peut, 
éanmor,  contenir  jusqu'à  15  ou 
I  individus.  Celui  delà  guêpe  car- 
ie est  lait  d*un  carton  qui  pourrait 
r  avec  les  meilleurs  produits  de 
■ifiMtnres;  l'insecte  semble  savoir 
et  ce  que  dos  fabricants  ont  été  des 
I  apprendre,  c'est  que  l'adhésion 
Sdité  du  papier  dépendent  de  la 
ir  do  fibres  qui  se  conservent  dans 
:  c'est  pourquoi  il  taille  longitu- 
MBBt  avec  ses  vigoureuses  mandi- 
m  fibres  ligneuses,  dont  il  fait  une 
t  charpie.  Aussi  le  bec  des  oiseaux 
■paissant  à  percer  ce  guêpier,  et 
t  ^îae-t-elle,  sans  le  détruire,  sur 
hoe  pénétrée  de  sucs  glutineux. 
iait,chez  nos  espèces  indigènes,  la 
Me  qui  compose  les  guêpiers  est 
îranent  très  friable.  Le  nombre 
kaex  s'étend  au  fur  et  à  mesure 
de  la  population.  Il  y  en  a 
plusieurs,  placés  les  uns 
■M  des  autres  comme  autant  d'é- 
ctriuiis  entre  eux  par  des  espèces 
icn.  L'ouverture  en  est  dirigée  en 
•  Mie  que  l'animal  s'y  tient  la  tête 
nie. 

■■elci  goêpes  ne  font  pas  de  miel, 
Mes  ne  servent  qu'à  abriter  les 
>}  mxqueiles  elles  donnent  la  bec- 
>*K  les  sucs  extraits  des  insectes 
BîaaoleDt,  de  la  viande  ou  des 


fruits  dont  elles  se  nourrissent;  ou  du 
miel  que  certaines  espèces  dérobent  aux 
abeilles. 

Ce  sont  les  neutres  qui  sont  chargées 
d'aller  à  la  provision.  Lorsque  les  larves, 
qui  ont  la  forme  d'un  petit  ver  sans  pattes 
et  sans  poils,  sont  au  moment  de  subir 
leur  transformation  en  nymphes^  elles  se 
filent  une  coque  pour  boucher  leur  cel- 
lule; et  quand  arrive  la  mauvaise  saison, 
si  elles  n'ont  pas  subi  leur  dernière  trans- 
formation, elles  sont  arrachées  de  leur 
retraite  par  les  neutres,  qui  les  mettent 
impitoyablement  à  mort ,  jugeant  sans 
doute  qu'ils  ne  pourront  plus  suffire  à 
leur  conservation. 

Les  piqûres  faites  par  l'aiguillon  des 
guêpes  sont  plus  douloureuses  et  plus 
dangereuses  que  celles  des  abeilles  ;  celle 
du  frelon  notamment  est  la  plus  à  re- 
douter. Multipliées  sur  le  même  indivi- 
du ,  ces  piqûres  peuvent  développer  des 
symptômes  très  graves.  Le  traitement 
le  plus  efficace  consbte  à  retirer  immé- 
diatement l'aiguillon  enfoncé  dans  les 
chairs,  à  laver  ensuite  la  partie  piquée 
avec  de  l'eau  salée  ou  vinaigrée.  Si  elle 
est  très  douloureuse,  on  la  bassine  avec 
un  mélange  d'huile  d'amandes  douces  et 
de  laudanum.  Dans  les  cas  plus  graves, 
on  instille  dans  les  piqûres  quelques  gout- 
tes d'alcali  volatil  pur  ou  mêlé  avec  la 
même  huile;  on  applique  des  compresses 
imbibées  d'eau  de  Goulard,  des  topiques 
narcotico-émollients,  et  l'on  prescrit  des 
bains,  etc. 

Une  espèce  de  guêpe  de  l'Amérique 
du  Sud,  que  l'on  nomme  dans  le  pays 
lecheguana  et  que  les  naturalistes  rap- 
portent au  genre  pollste,  compose  un 
miel  très  vénéneux ,  dont  M.  Auguste  de 
Saint-Hilaire  ressentit  sur  lui-même  des 
accidents  très  graves,  propriété  qu'il  at- 
tribue au  suc  des  plantes  sur  lesquelles 
l'insecte  récolte  ses  matériaux. 

Le  moyen  le  plus  efficace  pour  détruire 
les  guêpien  sous  terre  est  d'y  porter  une 
mèche  soufrée  enflammée.       C.  S-tb.. 

GUERCHIN  (le).  Frakçois  Bar- 
BiERi,  surnommé  il  Guercino^  parce  qu'il 
était  louche ,  naquit  à  Cento,  bourg  près 
de  Bologne,  en  1590.  Ce  peintre  n'est 
pas  moins  recommandable  par  ses  ouvra- 
ges que  par  ses  vertus  et  sa  piété.  Élève 


GUE 


(2S0) 


Glib 


e  P.  Zagnoni ,  de  Cremoninî  de  Bolo- 
ne  et  de  B.  Gennari ,  il  abandonna  ces 
naltrea,  peu  connus^ et  assez  médiocres, 
pour  nebuivre  d'autre  impukion  que  celle 
de  son  génie.  Les  ouvrages  de  Louis  Car- 
rache,  dont  il  étudia  le  grandiose,  et  ceux 
du  fier  Gu^vage,  si  énergique  de  couleur, 
qu^il  vit  à  Bologne ,  achevèrent  son  édu- 
cation artistique.  Comme  le  Caravage, 
il  tira  son  jour  du  haut,  afin  d'obtenir  des 
lumières  vives  et  franches  et  des  ombres 
fortement  prononcées.  Ce  système,  bon 
dans  les  sujets  de  lieux  fermés,  l'égara 
quand  il  l'employa  pour  la  représenta- 
tion d'actions  se  passant  en  plein  air  ou 
dans  les  salles  spacieuses  d'un  palais,  oik 
l'éclat  de  la  lumière  ^oute  à  la  pompe 
des  richesses  ;  ces  tons  noirs ,  tirant  sur 
le  violet,  à  l'aide  desquels  il  a  donné  à 
ses  ouvrages  un  magique  relief,  ces  masses 
graves  et  fières,  cette  fermeté  de  lumière 
et  d'ombre  qui  les  caractérisent ,  perdent 
tout  leur  mérite  lorsqu'ils  laissent  indé- 
cis, comme  dans  son  plus  bel  et  capi- 
tal ouvrage,  la  sainte  Pétronille  du  pa- 
lais Quirinal,  si  l'action  se  passe  de  jour 
ou  de  nuit ,  sous  un  ciel  ouvert  ou  dans 
l'intérieur  d'une  cave.  LeGuerchin,  quoi- 
que généralement  harmonieux,  entendait 
mieux  le  clair-obscur  simple  que  le  clair- 
obscur  composé;  en  d'autres  termes,  il 
combinait  mieux  l'effet  des  parties  que 
celui  de  l'ensemble,  témoin  ce  même  ta- 
bleau de  sainte  Pétronille  qui,  vu  de  près, 
étonne  par  la  vérité,  la  perfection  des 
détails,  la  chaleur  et  la  fermeté  de  l'exé- 
cation,  et,  de  loin,  n'offre  qu'un  mélange 
incohérent  de  tons  lumineux  et  de  masses 
brunes.  Son  saint  Pierre  martyr^  de  la 
galerie  de  Modène,  tableau  plein  de  cha- 
leur et  d'enthousiasme,  peint  à  Rome, 
comme  le  précédent,  vers  1623,  est  éga- 
lement traité  dans  la  manière  anoblie  du 
Caravage,  son  ami.  Le  Gucrchin  est  moins 
fort  dessinateur  qu'habile  coloriste;  ce- 
pendant sa  manière  est  large,  grande,  fa- 
cile et  naturelle  ;  s*attachaut  moius  à  Té- 
tude  de  l'antiquité  qu'il  l'exacte  imitation 
des  objets  qui  l'entouraient,  il  manqua 
souvent  d'élévation  de  style  et  connut  peu 
la  noblesse  de  l'expression  ;  mais  s'il  em- 
l>ellit  rarement  son  modèle,  jamais  il  ne 
le  dégrade,  et  toujours  il  le  rend  avec 
•eqtimeot.  Il  oe  faut  chercher  dans  ses 


compoaitioiit  ni  s 
tume  qui  reporte  le  p^cta 
et  au  lieu  où  la  scène  s^est 
expositions  poétiques,  ni  < 
fortes  au  moyen  desquclle 
l'attention  en  même  tempi 
l'âme.  Il  s'occupa  trop  di 
son  art  pour  ne  pas  en  n^ 
ce  qui  tient  à  l'idéal.  Cèpe 
ductions  sont  loin  d*étre  tri 
quincs;  et  si  elles  ne  sont  p 
marquées  au  coin  du  géi 
thousiasme,  on  y  trouve  ai 
ment  un  grandiose  de  db 
clair-obscur  qui  donnent 
ce  qu'elles  laissent  à  désin 
port  du  pathétique  et  de  1 

Parmi  les  beaux  ouvragi 
on  doit  compter  les  fresq 
son  plafond  de  C Aurore^ 
dovisi,  et  surtout  son  dùm 
qui  sont  des  œuvres  unie 
gueur  de  leur  coloris  et 
magique  ;  ils  ont  une  foro 
une  fraîcheur,  une  vari 
que  la  peinture  à  Thuile  i 
passer. 

Comme  la  plupart    d 
maître  eut  plusieurs  ma 
mière  se  distingue  par  ui 
bleuâtre,  la  seconde  par 
tre;  quand  il  tient  le 
deux,  ce  ton  est  gris;  « 
de  sa  carrière,  il  eiét-ut; 
ges  dans  le  goût  du  i 
dont  il  regretta  si  Ion 
s'abstint  d'imiter  la 
vécut,  pour  ne  pas  m 

Sincère,  civil,  modf 
gieuK,  employant  sor 
ses  à  obliger  ceux  q 
lui,  le  Guerchin  a  j< 
considération  mérir 
des  grands  qu'il  i-h 
de  sa  con\er»atior 
savait  conserver  ur 
vent  il  aida  de  sa 
sonnes  d'une  nais 
|)cii<a  de  granih's 
chapelles  et  fond; 
|)cinturedcCent 
et  avtïc  chasteté, 
laissa  de  gi-anJ 
mourut  an  166 


15DE 


(Î81) 


GUE 


ijii  dSitiD^iia  sm  TÎe.  Les  rois  de 

et  d'Anjileterre  le  demaDdèrent 

ptBMT  peiotrci  et  le  duc  de  Mo- 

k  loges  kMigtemps  dans  son  palais 

■lami  à  qai  il  voulait  faire  ou- 

Vskaort  d*an  frère  chéri.  Quand 

iÊâÉm  de  Soède  l'honora  de  sa  visite, 

MpritUnain,  oette  main  qui,  di- 

pradaisait  tant  de  merveilles.  Au 

objets  prédeox  de  toute  nature 

soooMsîon  fîit  le  recueil  de 

étma  invention^  formant  10  gros 

èmi  Pinmesi  et  Bartolozzi  ont 

ks  principales  pièces;  lui- 

tfiafé  à  la  manière  des  peintres 

njeli  de  son  invention.  Peu 

OBI  plus  travaillé  que  le  Guer- 

«1  oravre  ne  se  compose  pas  de 

é  100  tableaux  d'autel  et  de  150 

4i  Moyenne  dimension;  et  dans  ce 

oesont  pas  compris  les  coupoles, 

fh^nds,  les  peintures  exécutées  sur 

■ndesdiapelles,  ni  ses  petits  ta- 

de  chevalet.  Malgré  sa  fécondité, 

de  ses  ouvrages  n'est  resté  impar- 

ee  qoi  faisait  dire  au  peintre  Tia- 

E'  '  '  :  c  ^^^infinr  Guerchin,  vous  faites  ce 
«OM  voolcsy  et  nous,  ce  que  nous 
DMb  >  L.  C  s. 

CrAULLA  on  plutôt  Gueeriixa, 
MflipogDol  qui  signifie  petite  guerre  et 
hM  on  fit  le  nom  des  bandes  qui  se  for- 
imt  an- delà  des  Pyrénées,  dans  la 
mnt  de  1S08  à  1814,  pour  agir  con- 
I  ks  armées  firan^ûses. 
HipolécHi  voulant ,  en  1808 ,  imposer 
dyiestie  à  l'Espagne,  ne  prévoyait  que 
i  de  réaistance.  En  effet,  quels  obsta- 

■  pouvait  opposer  à   la  volonté  du 
iesHiC  empereur  des  Français  une  na- 

■  siBa  dMe&,  sans  armée,  sans  points 
nlUcinent,  et  dont  la  capitale  et  les 
em  fartes  de  la  frontière  du  nord 
iest  occapées  par  les  armées  enne- 
mfMÛB  ht  fière  nation  espagnole,  in- 
^ée  de  n'être  comptée  pour  rien  dans 
calcul  dea  dynasties,  se  souleva  tout 
tièie  contre  l'envahisseur ,  et ,  d'une 
kémité  à  l'antre  de  la  Péninsule,  il  n'y 
t  pins  qu'un  seul  cri  de  vengeance  : 
•rt  aujc  Français!  Le  clergé  et  les 
ornes  ae  mirent  à  la  tête  du  mouve- 
«t  :  dès  lors  la  résistance  fut  sancti- 


Français  considéré  comme  tme  œuvre 
méritoire  et  expiatoire. 

Le  peuple  comprit  que  les  armées  es- 
pagnoles, mal  organisées,  plus  mal  com^ 
mudées  encore ,  ne  pouvaient  lutter  en 
rase  campagne  contre  les  légions  impéria- 
les, et,  saisissant  avec  une  merveilleuse 
intelligence  tout  le  parti  qu'il  pourrait  ti- 
rer d'un  pays  coupé  de  montagnes,  il 
s'organisa  en  guérillas  et  fit  aux  Français 
ime  guerre  de  détail ,  une  guerre  cruelle 
et  de  tous  les  moments.  Ces  bandes  de 
guérillas  sans  discipline,  sans  frein ,  pres- 
que toujours  indépendantes  des  juntes  de 
provinces,  n'agissant  que  d'après  leur 
propre  impulsion  et  chobissant  le  plus 
brave  pour  chef,  se  composaient  de  con- 
trebandiers, d'hommes  actifs,  hardis, 
entreprenants,  bons  tireurs,  excellents 
marcheurs,  et  ayant  une  connaissance 
parfaite  des  localités  et  des  moindres  sen- 
tiers. Les  guérillas  se  formaient  à  l'im- 
proviste  sur  les  derrières  et  sur  les  flancs 
des  armées  ennemies  qu'ils  harcelaient 
et  décimaient  sans  cesse  ;  ils  attaquaient 
de  préférence  les  convois  peu  escortés , 
les  postes  et  détachement  bolés  et  les 
courriers  ;  ils  interceptaient  les  communi- 
cations et  isolaient  entre  eux  les  diffé- 
rents corps  de  l'armée  française.  Mal- 
heur aux  traînards  et  à  tous  ceux  qui  s'é- 
cartaient de  la  colonne!  ils  étaient 
impitoyablement  massacrés;  heureux  en- 
core quand  une  mort  prompte  mettait 
fin  à  leurs  jours  et  les  faisait  échapper 
aux  supplices  infernaux  que  les  guérillas 
inventaient  dans  leur  rage  I 

Les  Français,  de  leur  côté,  firent  une 
guerre  à  mort ,  et  malheureusement  de 
représailles  épouvantables,  aux  guérillas, 
toutes  les  fois  qu'ils  pouvaient  les  attein- 
dre; mais  comment  saisir  un  ennemi 
souvent  invisible,  que  rien  ne  distingue 
du  reste  de  la  population ,  qui  choisit 
pour  théâtre  de  ses  exploits  un  roc  es- 
carpé, inabordable,  et  qui  a  pour  re- 
fuge une  caverne  inaccessible? 

Les  bandes  de  guérillas  les  plus  re- 
doutées, celles  qui  firent  le  plus  de  mal 
aux  Français,  étaient  celles  de  Renova- 
lès,  d'Espozy  Mina  {voy.)  et  de  son  ne- 
veu ,  dans  les  montagnes  de  la  Navarre  et 
de  l'Aragon  ;  de  Juan  Martin,  surnommé 


VEmptcinado  (voy,)^  dans  les  enviroui 


GUE  (  232  ) 

de  Madrid  ;  de  Jiilian  Sanchez ,  daos  le 
pap  de  Salamanque  ;  da  docteur  Rovera, 
eo  Catalogne;  de  Juan  Paladea  oa  el 
MetUcOy  entre  la  Sierra-Morena  et  To* 
lède  ;  du  curé  Mérino,  el  Principe^  ènn 
la  Castille  ;  du  frère  Sapia,  dans  les  mon- 
tagnes de  Soria;  de  Juan  Abril^  près  de 
Ségovie  ;  et  de  Porlier,  el  MarquisettOy 
dans  les  Asturies  et  la  Biscaye.  Plus  de 
50,000  hommes  obéissaient  à  ces  chefs 
ou  agissaient  pour  leur  compte  personnel. 

La  tactique  des  guérillas ,  leur  persi- 
stance au  milieu  des  armées  françaises,  les 
échecs  inopinés  qu'îb  firent  subir  à  nos 
colonnes,  eurent  un  grand  retentissement 
en  Europe;  et  Ton  sembla  dire  aux  peu- 
ples subjugués  par  la  France  qu*ib  n*a* 
yaient  qu'à  se  transformer  en  guérillas 
pour  expulser  les  oppresseurs  de  leur  ter- 
ritoire et  reconquérir  leur  liberté.  Mais 
Ton  confondait  à  dessein  les  effets  et  les 
causes  déterminantes  du  succès.  Il  est 
avéré  que  les  Français,  sans  les  événe- 
ments qui  firent  sortir  leurs  meilleures 
troupes  de  la  Péninsule,  seraient  parve- 
nus à  purger  toute  TEspagne  de  ces  ban- 
des impures ,  comme  déjà  on  l'avait  fait 
dans  certaines  provinces  bien  adminis- 
trées. En  efTet,  un  pays  qui  n'aurait  pour 
échapper  à  la  domination  étrangère  qu'une 
population  organisée  en  guérillas  serait 
bientôt  dompté.  Mais  les  guérillas,  ab- 
straction faite  de  leurs  crimes  inutiles, 
ont  donné  un  exemple  énergique  de  ce 
que  peut  le  patriotisme  ;  ils  étaient  la  ter- 
reur de  l'ennemi  et  d'un  secours  puissant 
pour  l'armée  anglo-espagnole.  C.  A.  H. 

GUÉRIFI  (  PiEREE -Narcisse),  pein- 
tre d'histoire,  naquit  à  Paris,  le  18  mai 
1774,  de  parents  aisés  qui  occupaient 
une  position  honorable  dans  le  com- 
merce. Le  plus  jeune  de' quatre  enfants, 
il  ne  fut  pas  envoyé  au  collège;  sa  pre- 
mière éducation  fut  même  fort  négligée. 
Comme  il  montrait  des  dispositions  pour 
Je  dessin,  il  fut  placé  chez  Brennet,  pein- 
tre et  professeur  estimable.  Une  particu- 
larité singulière,  c'est  qu'il  se  fit  renvoyer 
de  l'atelier  pour  sa  paresse.  Il  y  rentra 
lorsque  Regnault  en  eut  pris  la  direction, 
après  la  mort  de  Brennet.  Il  continua 
d'étudier  assez  mollement  pendant  plu- 
sieurs années.  Bfab  si  son  talent  n'ac- 
quérait paa  loate  la  consittaQoe  qu'une 


GCE 

application  soutenue  peut  seule  pcoc 
son  esprit  se  faisait  remarquer  ym 
finesse  et  une  sagacité  extraordifli 
Il  peignit  quelques  tableaux  de  cIm 
qui ,  quoique  faibles  d'exécution  it 
grès  de  style,  annonçaient  un  |Éi 
facile,  de  la  pensée  et  du  goût. 

La  première  réquisition  vint  raM 
pre  ses  études  artistiques.  Il  partir] 
l'armée  dans  une  compagnie  deSl 
frère  aine  était  le  capitaine.  Il  a^ 
que  quatre  mois.  Le  Comité  dt" 
public  ayant  accordé  des  cod^Im 
jeunes  gens  qui  avaient  fait  preaft^ 
lent  dans  les  arts,  Guérin  fat 
dans  la  liste  exceptionnelle.  Il 
ordre  de  retour  la  veille  d'une 
menaçait  d'être  sanglante.  A  la 
tion  de  son  frère ,  il  se  mit  en 
le -champ.  Le  lendemain,  l*aflafa!i 
lieu ,  et  le  malheureux  capitaine  y  ] 
avec  presque  toute  sa  compagnie. 

Revenu  à  Paris,  il  comprit  la  bM 
d'un  travail  réfléchi  et  persévérant  !l 
livra  avec  toute  la  force  de  sa  veM 
faisant  marcher  de  front  les  étndal 
raires  et  historiques  avec  celles  qÉI 
geait  la  pratique  de  son  art.  Il  fut  M 
en  état  de  tenter  le  grand  concouHL  ' 

Les  événements  politiques  avaMrtl 
pendu  la  pension  pour  l'Acadéail 
France  à  Rome;  cette  noble  insllM 
de  Loub  XIV  avait  elle-même  anol 
bé  dans  la  tourmente  révolutionM 
avec  tout  ce  qui  portait  le  nom  d^M 
mie.  Mais  les  études  du  modèle  Ml  • 
concours  d'émulation  s'étaient  eonNI 
En  1796,Guérin  entra  en  loge,eCîld 
la  seconde  palme  ;  le  sujet  de  la  co^ 
tion  était  le  Corps  de  Brutus  rmfff 
à  Rome,  Il  concourut  de  nouveau  1 
née  suivante,  sur  le  sujet  de  CofM  i 
tique  déchirant  ses  entratlles,  A  II 
de  1796,  4rois  grands  prix  étaiol 
riérés  :  ib  furent  décernés  toos  II 
à  la  suite  du  même  concours,  en  égi 
sa  force.  Guérin  en  remporta  on;  B« 
Ion  et  Bouchet  eurent  les  de«x  wm 
Mab  comme  l'école  de  Rome  ne  liitf 
levée  que  longtemps  après,  le  hfl 
s'imposa  volontairement  à  Pans  la  % 
qu'il  aurait  dû  remplir  en  Italie,  à 
de  pensionnaire.  Son  talent  grandis 
fortifia  par  ces  travaux  sévères;  il  fVS 


GUE 


(283) 


GUE 


puâsiiit  et  décisif  dans  le 
ètMûrcms  Sextns, 
Wwjiaiifion  primitive  était  le  Rr» 
dans  sa  Jamilley  sujet 
snes  récentes  sTaîent  mb 
;  die  consistait  en  cinq  Bgnres. 
éyiye,  bcanconp  d*émigrés  pro- 
lyiMarègpe  de  tyrannie  pour 
knl  mal,  on  des  amis  dn  pein- 
y  I— îlii  de  changer  sa  scène.  Il 
an  principal  personnage 
«ofé  des  proscriptions  et 
i  mm  retoor  dans  ses  foyers, 
■ofte  et  sa  fiUe  dans  la  don« 
Cariria  cUfim  les  deux  figures  ao- 
oavrit  les  yeox  de  l*aveugle, 
n  le  nom  de  Marcus  Seztus. 
ftl  créée  cette  oeuvre  pathétique 
à -propos  saisissant.   Reoom- 
par  des  beautés  d^un  ordre 
elle  dat  surtout  à  l'allusion 
pitKligienx  succès.  Peu  de 
ont  été  pins  rifii  et  plus  una- 
Al  Salon,  le  tableau  fut  couronné 
et,  pendant  tonte  la  durée  de 
il  ne  se  passa  guère  de  jour 
^im  y  attachât  des  vers  :  c'était 
dn  sentiment  public.  Ce  fut 
à  ^  filcnit  le  peintre.  Les  grands 
lai  donnèrent  solennellement  ses 
Un  banqneC  lui  fut  offert  par 
:  Q  y  prit  place  entre  Regnault, 
,  ci  Vien ,  le  maître  de  Re- 
la  liArtion  nntreraelle  éclata 
kl  Isarts  les  plus  énergiques,  dans 
les  pins  flattenn,  et  les  cou- 
se séparèrent  qu'après  avoir  si- 
■m  pétitkMi  tendant  à  ce  que  le  ta- 
fit  acheté  par  le  gouvemement. 
fWqûitîon  n'en  put  être  laite  ponr 
fderics  nationales  qu'en  1830.  U 
■jomdTiui  le  mosée  du  Louvre. 
ifSilM  de   1803,  Guérin  exposa 
<f  Wppofyte,  L^OQvrage  eut  aossi 
^lade  vogue  et  accrut  la  réputa- 
^  «m  anteor;  on  lui  sut  gré  d'à- 
>W  dans  le  même  cadre  les  deux 
Uks  «mations  dn  chef-d'oenTre 
rertant  fidèle  à  l'unité.  La 
Pnrheinois  ^vor.)  venait  de  dé- 
lans  le  r6le  de  Phèdre  : 
t  fit  édore  des  milliers 
1^   --.«•  K^jjam  nt 

■NiedaTliéto -r      * 


dit  avec  enthousiasme  ceux  que  le  poète 
Roger  ajouta  pour  la  circonstance  à  sa 
pièce  de  Caroline  ou  le  Tableau^  alors 
au  courant  du  répertoire.  Mais  ici  les 
critiques  se  mêlèrent  aux  éloges  :  la  com- 
position, les  expressions,  le  style,  donnè- 
rent lieu  à  beaucoup  de  controverses  ;  on 
remarqua  que  l'artiste  avait  de  la  ten- 
dance à  chercher  ses  inspirations  à  la 
scène.  Le  jury  des  prix  décennaux,  en 
lui  accordant  une  mention  honorable,  le 
fit  avec  trop  de  restrictions.  Il  faut  rap- 
porter au  même  temps  Orpliée  au  tom- 
beau d'Eurydice  et  l'Offrande  à  Escu-^ 
lape ,  sujet  touchant  qui ,  reproduit  par 
la  gravure ,  fut  souvent  offert  par  la  re- 
connaissance au  médecin  désintéressé,  en 
retour  de  ses  soins. 

Toutes  ces  peintures,  où  domine  l'ex- 
pression, classèrent  Guérin,  bien  jeune 
encore,  parmi  les  peintres  qui  se  recom- 
mandent par  cette  hante  partie  de  l'art. 

Litalie,  si  longtemps  désolée  par  la 
guerre,  était  enfin  pacifiée;  TÉcole  de 
France  à  Rome  fut  réorganisée;  le  gou- 
vernement français  avait  acqub  la  Filla 
Afedici^pouT  l'affecter  à  celte  destination. 
Suvée ,  qui  en  avait  été  nommé  directeur 
dès  1 792,  mais  qui  n'avait  pu  se  rendre  k 
son  poste  qu'en  1801,  avait  restauré  et 
agrandi  l'institution.  Guérin  demanda  a 
jouir  des  avantages  auxqueb  le  prix  qu'il 
avait  remporté  lui  donnait  droit  :  il  par- 
tit pour  la  terre  classique  avec  la  pen- 
sion. Mais  un  talent  déjà  si  formé  devait 
avoir  pris  son  pli,  et  ne  pouvait  guère 
s'accommoder  des  travaux  imposés  aux 
pensionnaires;  sa  santé  en  souffrit,  et  il 
fut  obligé,  après  six  mois  de  séjour  à 
Rome,  d'aller  la  rétablir  à  Naplo;  il  y 
peignit  les  Bergers  au  tombrau  (CA^ 
mynias.  Il  paroonrut  ensuite  les  princi- 
pales villes  de  llulie  et  revint  à  Paris 
après  une  absence  de  deux  anné^. 

Les  commandes  impériales  ne  laissaient 
pas  plus  de  reliche  à  Tart  que  le%  actesde 
l'empereur  à  la  renommée  :  Guérin  fut 
chargé,  en  arri%^nt,  de  repréienter  Bo^ 
naparte  pardonnant  atuc  révoltés  dts 
Caire.  Cette  page,  honorablement  pla* 
cée  dans  les  galerie»  historiques  de  \  er- 
saiUes,  montre  beaneoop  de  jugeaient 
le  parti  pris,  et  fait  approuver, 
cîfet  poétiife,  le  léfcr  voile  de 


/ 


GUE 


(J84) 


GUE 


d«ni*teiiite  répandu  sur  tout  Touvra^. 
Elle  parut  au  Saloo  de  1810,  avec  Vjàu- 
rare  enUfHtnt  Céphale  et  Andromaque 
implorant  pour  son  fils  la  protection  de 
Pyrrhus.  Trois  œuvres  d'un  genre  si  dif- 
férent manifestaient  tout  ce  qu*il  y  avait 
de  fécondité  dans  le  génie  du  peintre. 
Mab  la  dernière  rendit  visikle  pour  tous 
les  yeux  l'influence  exercée  sur  son  style 
par  la  fréquentation  du  théâtre.  La  criti- 
que fut  dure;  le  public  se  montra  froid , 
ce  qui  n'empêchait  pas  qu'il  n'y  eût  de 
grandes  beautés  dans  le  tableau,  et  un 
progrès  sensible  quant  au  dessin.  Les 
louanges  que  lui  donna  David,  en  pré- 
sence de  l'auteur,  durent  être  pour  celui- 
ci  un  dédommagement.  Sur  l'observation 
réitérée  du  premier  peintre  que  cette 
production,  comme  résultat  classique, 
faisait  beaucoup  d'honneur  à  l'école  de 
Regnault  :  «  Monsieur  David,  répliqua 
«  Guérin,  quiconque  tient  un  crayon  ou 
«c  un  pinceau  vous  reconnaît  pour  son 
«  maître.  » 

C'est  vers  ce  temps  qu'il  ouvrit  un  ate- 
lier d'élèves;  plusieurs  sujets  distingués 
en  sont  sortis^  mais  on  compte  aussi  par- 
mi eux  les  novateurs  qui  ont  donné  le 
signal  d'une  émancipation  funeste. 

Admirateur  des  anciens,  Guérin  ne 
connaissait  que  de  reflet  leurs  œuvres 
littéraires;  étranger  aux  langues  grecque 
et  latine,  il  n'avait  lu  V Enéide  que  dans 
la  traduction  de  Delille.  Sa  Didon^  si 
tendre,  si  passionnée,  si  charmante,  se 
ressent  de  cette  origine;  sa  Cl/temnestre 
est  plus  caractérisée.  Ca  deux  beaux  ou- 
vrages, les  derniers  qu'il  ait  terminés, 
furent  exposés  au  Salon  de  1817,  et  ik 
eurent  un  succès  de  vogue. 

L'année  précédenU,  Guérin ,  nommé 
directeur  de  l'École  de  Franœ  à  Rome, 
avait  refusé  la  place,  comme  incompati- 
ble avec  son  état  valétudinaire.  Appelé 
de  nouveau  au  même  poste  en  1822 ,  il 
accepta.  Voici  comment  s'explique  cette 
contradiction  apparente.  Il  avait  conçu, 
dbposé  et  ébauché  dans  rintervalle,  avec 
le  plus  grand  soin,  une  vaste  composition 
qui  devait  réunir  tous  les  caractères  de 
Texpression  portée  au  plus  haut  degré 
possible  :  c'éuit  iaMori  de  Priam  et  la 
dernière  nuit  de  Troie.  Mais  pour  l'exé- 
mvm  à  Pferia,  il  était  trop  exposé  box 


distractions  du  monde ,  pour  1 
il  avait  un  faible.  Il  y  échappai! 
éloignement ,  et  il  se  flattait  de 
dans  le  séjour  tranquille  de  Ri 
ouvrage  qui  devait  mettre  le  se 
réputation.  Il  emporta  avec  lui 
ébauchée.  Les  choses  tournèrent 
trement.  Le  directorat,  devenu 
tueux,  exigea  tous  ses  soins  ;  il  y 
une  fermeté  d'action  qui  put  au: 
dans  un  être  aussi  frêle;  mais 
extérieur  doux  et  timide  il  rt 
une  ardeur  extraordinaire  et  un 
énergie  de  volonté.  Son  admis 
fut  utile  à  l'établissement ,  qui  i 
soin  d'être  relevé  ;  mais  ses  effor 
casionnèrent  une  maladie  grave 
tion  même  dont  il  mourut ,  et  • 
six  années  perdues  pour  l'art. 

De  retour  à  Paris,  Guérin  se 
tableau  qu'il  rapportait  à  l'état 
che.  Il  y  travailla  autant  que  ses 
lui  permirent  et  l'avança  beauco 
pouvoir  l'achever.  Il  n'acheva 
plus  un  tableau  représentant  la 
maréchal  Lannes^  ni  un  autre 
saint  Louis  rendant  la  justice 
chêne ^  fort  avancé  aussi,  et  don 
lui  plaisait.  Les  viciasitudes  \ 
furent  en  partie  cause  de  ces  i 
tions;  mais  il  n'aimait  pas  les 
commandés,  et  le  travail  de  œi 
pages  le  fatiguait.  Il  dut  lui  e 
davantage  d'abandonner  sa  Psy 
sentèe  par  l'Amour  à  Jupiter^  i 
poétique  et  tout-à-fait  dans  m 
dont  il  s'occupait  depuis  longte 
il  se  contentait  difficilement  el 
rigeait  sans  cesse.  Il  fit  encore 
portraits  historiques,  entre  autrei 
chef  vendéen  Henri  de  La  Rocl 
lein,  en  pied.  U  peignit  aussi  ui 
Geneviève^  qui,  exécutée  en  tapi 
Gobelins ,  est  aujourd'hui  une 
d'église. 

Ses  forces  étant  tout-4-fait  i| 
s'imagina  que  le  climat  de  lltal 
tremperait.  M.  Horace  Vemel, 
ceaseur  dans  le  directorat ,  ayan 
apparition  à  Paris,  Guérin  prit 
tion  de  l'accompagner  dans  son 
Rome.  Il  concerta  avec  lui,  du 
grand  mystère,  les  préparatifs  d 
et  partit  sana  rieo  dira  à  pcr 


GUE 


(2S5) 


GUE 


d*ibordun  peu  de  mieux;  mais 

bout  deqoelqiMS  mois,  les  symptômes 

èr  MB  Bul  K  renoavelèreiit  avec  plus  de 

pvk,  cl  0  Dounit  le  16  juillet  1833. 

naonUdfiuiéniUes  lui  furent  faites; 

•  ifouille  Bortelle  fut  inhumée  dans 

r%k  de  h  Trinité-du-Mont. 

€Hria  mit  obtenu  toutes  les  distinc- 
àm  hoMrifiqnes  qu^un  artiste  peut  am- 
.  Li  décoration  de  la  Légion - 
lui  fut  donnée  lorsqu'il  était 
îlMtCB  qualité  d'élève-pensionnaire  ; 
■M  il  trait  déjà  illustré  son  nom  par 
^OfRsde  maître.  En  18 lo,  le  nom- 
kl  ds  nembres  de  la  section  de  pein- 
l^  dua  la  classe  des  beaux  -  arts  de 
/XmbI,  avant  été  porté  de  8  à  14,  il 
'  AcaomBéà  Tune  des  nouvelles  places. 
^eAfiie  temps  après,  il  re^ut  le  cordon 
et  Sdot-3lichel  et  le  titre  de  baron. 
£iiD,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  il 
fat  Bommé  officier  de  la  Légion-d'Hon- 

Quelle  que  fût  la  nature  de  son  sujet, 
Tait  toujours  être  noble  :  il  Ta- 
prouvé  dans  deux  jolies  composi- 
de  sa  jeunesse,  ia  Brouille  et  le  RaC" 
immodementf  devenues  populaires;  ces 
heureux,  qui  font  de  Tamour  le 
et  letourmentde  la  vie, ne  sauraient 
re  rendus  arec  plus  de  grâce.  Il  le  prouva 
icore  mieux  à  l'occasion  de  la  fête  don- 
«  à  Louise  Contât,  dans  le  parc  dlvry, 
ir  les  artistes  de  la  capitale.  Une  toile  à 
«partioients  se  déroula,  où  chaque 
lie  de  la  célèbre  actrice  était  retracé. 
I  démonstration  de  ce  tableau  était  faite 
r  Garmty  déguisé  en  chanteur  des  rues. 
e  tableau  avait  été  peint  par  Guérin 
ce  antAOt  de  délicatesse  que  d'esprit. 
Voilà  recueil  contre  lequel  nous  avons 
jà  fait  entrevoir  que  le  peintre  ne  fut 
s  amez  en  garde.  Poli ,  spirituel ,  en- 
oé  ,  causant  bien ,  connaisseur  en  mu- 
lœ,  chantant  avec  goût  et  s'accom* 
ignant  facilement  sur  le  piano  ou  la 
lilare ,  il  portait  dans  le  monde  un 
qui  le  faisait  rechercher.  Obser- 
il  T  pouvait  recueillir  des  données 
Aes  à  son  art,  mais  qui  ne  compensaient 
B  le»  grandes  pertes  de  temps.  La  vie 
i  société  nuisait  donc  à  ses  travaux  ;  elle 
■iaait  aussi  à  sa  santé,  qui  fut  toujours 
lancelanta.   Sa   taille  était  petite,  sa 


constitution  plus  que  délicate..  Sa  phy- 
sionomie ,  d'une  extrême  finesse ,  a  été 
bien  reproduite  dans  le  portrait  en  pied 
peint  par  Robert  Lefèvre,  et  dans  le  buste 
en  marbre  sculpté  par  Dumont. 

Le  talent  de  Guérin  se  ressentit  de  son 
organisation  ph)'sique,  qui  lui  faisait  pré- 
férer les  scènes  passives  aux  actions  pas- 
sionnées et  aux  mouvements  expansifs.  La 
pureté  dans  le  contour,  la  mesure  dans 
l'expression,  le  goût  dans  l'ajustement, 
rharmonie  dans  la  couleur,  tels  sont  ses 
caractères.  Dans  le  choix  de  ses  sujets,  il 
a  toujours  eu  soin  de  s'appuyer  sur  des 
poètes  qui  sont  dans  la  mémoire  de  tous 
les  hommes,  et  dont  les  pensées  sont  pres- 
que devenues  les  nôtres. 

Au  milieu  cles  succès  les  plus  enivrants, 
Guérin  fut  le  plus  modeste  des  hommes. 
Peu  démonstratif ,  mais  sentant  profon- 
dément, il  fut  sûr  et  solide  ami. 

Nous  avons  vu  quMI  avait  été  lui-même 
Tartisan  de  son  instruction.  Il  lisait  beau- 
coup ;  il  était  parvenu  à  très  bien  écrire. 
Sa  correspondance  était  pleine  de  naturel 
et  d^agrément.  Plusieurs  morceaux  sortis 
de  sa  plume,  et  où  il  traite  de  l'art ,  sont 
des  modèles  d'élégance.  Un  de  ces  écrits, 
intitulé  Du  Gé/iiCf  va  jus<iu'à  la  profon- 
deur. 

Tel  fut  Guérin.  Chez  lui,  Thomme  va- 
lait le  peintre.  Peu  d'arti:»tes  ont  laissé 
après  eux  d'aussi  vifs  souvenirs  et  d'aussi 
sincères  regrets.  M-l. 

GUÉRIN  ;'J.-B.  Pauun),  peintre 
d'histoire  et  de  portrait,  né  à  Toulouse 
en  1783,  occupe  un  rang  distingué  dans 
Técole     française    moderne.   Son   Catn 

m 

après  la  mari  d*Ahel^  exposé  au  Salon 
de  1812,  tableau  plein  d'àme  et  d'éner- 
gie, est  resté  peut-être  son  plus  bel  ou- 
vrage. Il  est,  du  moins  sous  le  rapport  des 
effets  de  lumière  et  d'ombre,  du  style  et 
du  coloris,  et  même  de  la  touche,  le  type 
caractéristique  des  autres  productions  de 
l'artiste.  Dans  toutes,  Teffet  est  plus  soi- 
gné, plus  cherché  que  le  style,  le  dessin 
et  l'expression  ;  et  cet  effet  est  assez  gé- 
néralement une  opposition  de  la  lumière 
tirée  du  fond  du  tableau  avec  les  tons 
sombres  ou  les  demi- teintes  du  premier 
plan  ;  partie  qui  nécessite  l'emploi  des  re- 
flets empruntés  à  certains  tons  dominants 
pour  éclairer  les  objets  placés  en  avaqt 


GUE 


(238) 


GUE 


et  colorer  les  figures  de  la  composition. 
C'est  dans  ce  système,  qu'ont  été  exécutés 
le  Christ  mort  sur  les  genoux  de  la 
Fierge^  du  Salon  de  1819^  qu'il  peifpoit 
pour  Téglise  des  chrétiens  catholiques  de 
Baltimore;  son  Anchise  et  Vénus  y  de 
Texposition  de  1833 ,  qui  lui  yalut  la 
décoration  de  la  Légion -d'Honneur  ;  le 
bizarre  tableau  de  Jésus  crucifié  (Salon 
de  1884),  espèce  d'allégorie  biblique  où 
la  mort  du  Christ  fait  rentrer  Satan  dans 
le  gouffre  et  promet  aux  élus  les  douces 
joies  du  ciel.  La  science  affectée  du  clair- 
obscur  qui  signale  ces  tableaux  d'histoire, 
aussi  bien  que  la  plupart  des  portraits 
sortis  des  pinceaux  de  l'artiste  est  plus 
fictive  que  réelle,  car  elle  pèche  souvent 
du  côté  de  l'harmonie  ;  la  prédilection 
qu'il  lui  accorde  sur  des  parties  de  l'art 
plus  nobles  que  celle-là ,  nuit  au  déve- 
loppement de  son  beau  talent. 

Après  ces  notices  sur  les  deux  princi- 
paux Guérin,  et  pour  éviter  qu'on  ne 
confonde  entre  eux  les  nombreux  artistes 
de  ce  nom,  nous  devons  faire  mention 
encore  de  quatre  autres  que  la  ville  de 
Strasbourg  se  glorifie  d'avoir  vu  naître 
ou  fleurir  dans  son  sein.  Ce  sont  :  Chais- 
TOPHS,  graveur  au  burin,  né  en  1758  et 
mort  en  1880,  à  qui  Ton  doit  les  belles 
estampes  de  Vénus  désarmant  V Amour ^ 
d'après  le  Corrège,  l'Ange  conduisant 
TobiCy  d'après  Raphaël,  la  Danse  des 
MuseSy  d'après  Jules  Romain,  ouvrages 
qui  font  honneur  à  l'école  de  F.  Mû  lier, 
dont  il  est  sorti;  Jeak^  né  en  1760  et 
mort  en  1886,  frère  du  précédent,  qui 
peignit  la  miniature  et  l'aquarelle  avec 
distinction;  Gabeibl-Cheistophe,  pein- 
tre d'hUtoire,  né  à  Kehl  en  1790,  fib 
de  Christophe  le  graveur,  qu'il  a  rem- 
placé auprès  de  l'école  gratuite  de  dessin 
de  Strasbourg  comme  professeur,  et 
dont  le  musée  de  la  ville  possède  un 
beau  et  grand  tableau  (13  pieds  sur  15), 
ayant  pour  sujet  la  Mort  de  Polyniee^ 
qui  valut  à  son  auteur  une  médaille  d'or 
au  Salon  du  Louvre,  en  1817;  enfin 
jEA!f-BArriSTE,  né  en  1798,  frère  du 
précédent,  qui,  comme  lui,  fit  ses  études 
pittoresques  chex  Regnault  et  honore  le 
nom  qu'il  porte.  L.  C.  S. 

OUÉRISON.  But  définitif  de  la  mé- 
deciDe  (de  tnedere^  guérir),  la  guérison 


est  le  retour  à  la  santé;  retour  i 
ou  résultant  d'une  manière  plus  o 
évidente  des  efforts  de  l'art.  On  d 
distinguer  la  guérison  d'avec  la 
traitement  qui  l'amène  quelque 
bien  caractérisées  l'une  et  l'autn 
mot  de  notre  Ambroise  Paré  :  Je 
saiy  Dieu  le  guarit*.  Pour  le  v 
le  médecin  est  celui  qui  guéri 
teur  ou  non  ;  et  le  mot  de  guéris 
employé  dans  les  campagnes  poi 
gner  I  Esculape  non  patenté  g 
comme  Sganarelle. 

Dans  les  maladies  qui  affectent  1 
et  les  animaux  qui  se  rapprochen 
on  observe  que  les  désordres  susci 
l'économie  offrent  tantôt  une  ti 
manifeste  à  se  calmer,  tantôt  i 
traire  continuent  et  s'aggravent 
en  plus.  De  la  est  résultée  cette  p 
plus  générale  qu'on  ne  croit,  d*al 
ner  à  la  nature  seule  ou  aidée  d 
ques  faibles  secours  les  affections  c 
râbles,  et  de  se  borner  aux  moven 
tifs  pour  les  autres.  Quant  au  mé 
intime  de  la  guérison ,  si  l'on  pc 
dire,  il  échappera  sans  doute  i 
aux  investigations  de  la  science 
que  les  explications  n'aient  pas  n 
En  effet,  on  a  regardé  la  cause  d< 
ladie  (miasme,  virus,  vice ,  etc.) 
luttant  avec  Téconomie,  qui,  à 
d'un  combat  (la  maladie),  parvien 
puiser  ou  à  Panéantir.  Les  iatro 
tes  ont  vu  dans  ce  fait  des  acides 
bases  en  excès  d'abord ,  puis  se  n 
saut;  les  physiciens  ont  invoque 
sauteur,  la  perméabilité,  l'électr 
magnétisme,  la  chaleur,  pour  s'en 
compte.  Les  vitalistes  et  les  hni 
ont  admis,  les  uns  le  rétablissen 
l'équilibre  des  forces  vitales,  et  le 
Tévacuation  des  fluides  sécrétés, 
surabondance  nuisait  au  libre  < 
des  fonctions  ;  d'autres  ont  supp 
l'irritation  se  calmait  et  rentrait  d 
tat  normal. 

La  diversité  des  explications,  de 

(*)  GmmHr,  pùrir,  noat  parait  aTotr 
étymologia  tcatoniqae  qae  la  mot  i 
g^kr,  acbevé,  cait  a  |>oiot,  et  doot  on 
river  auui^Arta,ferineoter,  %x  on  ■'•ii 
regarder  ce  verbe  romme  rorro«p«  d* 
doot  la  racia*  t»t  Jahr,  asMC 


m  ^  GUE 

9«r«ie«s  |»«r  Mil  <^xkW«  »«v^r  :  qMt»  Im  mmUi^ 

Uies  curmbi»  oui  «u  giNiwiil  un»  HMivWt 

et  une  durée  t|tte  TaH  iie  i^eul  itH^ 

y  tes  depmjntstcMS  êits  /£■/-  \  cban(ger;  que  U  meUtcine  fieul  «ider  U* 

éb  joutitr.  CttStf  prDviUemce  >  efforts  de  U  u«ture«  et  qu*elle  ne  tkU 

|>as  autre  chose  «  m^m»  d«u»  le*  ^^M  oU 
aa  puisttuce  »emble  U  |Uu«  <l^vidente« 
/  or.  ExfKtrrATioN, 

* 

L^obsenratiou  et  rex|iérienre  uiit  MX 
counaitre  quelque»  inétlîcameiit»»  eu  bleu 
petit  nombre  |Nir  malbeur»  qui  atla(|ueut 
certaines  maladies  tnirpa  à  i?or|ui  »  $i  \\\%\ 
peut  ainsi  dire,  et  qui  en  triomphent  nre«« 
que  à  coup  Si\r ,  dans  quelque  tHUulItlou 
qu*elles  se  pràientent  :  cm»  sont  les  sp^eill- 
ques  (voy,  vt  mot).  l«eur  atUion  est  auiMl 
rapide  qu*énergi(|ue.  'leU  sont  le  <|ulu<* 
qutna,  le  mercure»  etc.  Mais,  en  K^n^^ral, 
il  faut»  pour  guérir  une  maladie,  un  teni|»s 
et  des  moyens  proportionnés  à  son  Inten- 
sité et  à  sa  durée. 

ï.,eê  moyen»  de  guérison  employés  par 
les  anciens  et  le  degré  de  confiance  (prils 
leur  accordaient  sont  exprimés  dans  cet 
aphorisme  bien  connu  :  QftoU  itiftHctê' 
inttnta  non  snnftnt^frrrum  Manat  ;  «junU 
ferrum  non  mnat,  ii;nlM  âtinais  fjféoti 
i(;nis  non  sanni ,  ra  inàftntihiUa  tfjfi'jiN» 
mare  oportfi.  Nous  n*avons  pas  fait  de 
grandi  progrès  depuis  llippocrale. 

Marquer  \r%  limites  où  s^arn'te  actn*^!* 
lement  la  pnîiMince  de  la  méde^ini*,  ce 
D*e»t  point  nier  ni  renverser  vm  qui  «^siMe, 
(Jne  part  asi«%  riobU;  et  tt%%e/  belle  reste 
encTire  au  mé^Win  pbiloviphe  et  an  sin  • 
cêre  ami  de  rhuroanité  dans  Thygi^ni? 
vtty, j  qui  prévient  les  maladies,  qui  en 
anu^rtit  les  attet nti«s,  et  qui  tnhnm  adotii.tt 
encore  les  maux  qu'on  rie  |*eut  gu^re 
espérer  guérir. 

Si  U  ^fàktmm  est  le  ftA$s%%t  a  la  s«i»t^ , 

on  ne  peut  appeler  de  ijt  tufm  la  AU^/^ù" 

iu»n  d'une  léu/zo  l/^ale  a  laqfielle  mi/  - 

cède  une  maladie  fur/M  tel  le  pljite  grave 

ecM»re,  Aiosi  «iC  réKJiM  dW  mtA  ^A$Ut 

terut  nr^i^Ue,  préten*  j  qoeatîoo  sr^veot  agiUe  dae»  U  mittmAét  ; 

— '-at  dans  r«oMi#>aMe  |  D*y  a-uit  pfts  de»  m%Mm  q<si'»l  «sC  dMM 

a  <eûxâ  loi  existe,      g'-^eiss  d^  ^r*hht  ^ 


■£rr  ûbse  fsr  iSr^  ijîr  ifi taies  ^ 
ttentmomséckmppe. 
iéomc  se  résoudre  à  ignorer  le 
se  de  la  guèrîsoo,  et ,  observant 
I  les  pbéoooièDes  qui  laccom- 
se  borner  à  imiter,  autant  que 
h  marche  que  suit  la  nature 
as  &varables,  dans  ceux  où  elle 
patf  suffire  à  la  restitution  de  la 

vensdont  la  médecine  se  sert 

m 

:irooDstances  sont  toujours  in- 
Q  effet,  même  dans  les  maladies 
leSyOÙ  le  vulgaire  prétend  recon- 
i  influence  plus  positive  et  toute 
;,  l'amputation  d'un  membre» 
m  d'une  fracture  ou  d'une  luxa- 
nt encore  que  remettre  les  par- 
les conditions  plus  favorables  à 
1  ;  de  même  que ,  dans  les  af- 
iternesy  on  prépare  les  voies  à 
en  modifiant  l'état  de  l'orga- 
des  médicaments  divers.  C'est 
heu  qui  le  guarii, 
irsy  dans  l'emploi  des  moyens 
>o  apt  plus  ou  moins  près  de 
oofrranty  lequel  est  quelque- 
easible  à  toute  impression  ap* 
et  certaine.  Alors  on  est  réduit 
réconomie  tout  entière  dans  le 
peot  Tenir  Tamélioration  ,  es- 
e  Porgane  malade  sera  lui-même 
dans  cette  direction,  laf|uelle 
aBt  la  théorie  que  s'est  faite  le 
En  ellef ,  les  nns,  et  c'est  U  ma- 
prDfvoscnt  d'a^  en  sens  inverse 
mt  nHirhifique,  de  relicber  ce 
■da  ,  de  raflienBir  ce  qui  mao' 
m*i\tXm0M  ^  de  uibstitoer  le  froid 
.  fe  fee  a  fTwidr,  etr.,;  le»  au- 


GUË 

OUERNESETy    voy.    Jbkset    et 

GvEUfESET. 

€HJERNON'RA!VVILLE(Mârtial. 

CoMB  -AniriBâL-  Perpétue -Magloire, 
comte  de),  Pun  des  derniers  miobtres  de 
Charles  X,  naquit  à  Caen,  le  3  mai 
1787,  dans  une  famille  noble  et  ancîenue 
de  la  Normandie.  Son  père,  mort  en  1829 
à  Fâ^  de  80  ans,  avait  été  chef  d^esca- 
dron  et  mousquetaire  noir;  lui-méma 
servit  quelque  temps  dans  les  vélites  de  la 
garde  impériale,  puis  fréquenta  pendant 
plusieurs  années  le  barreau  de  sa  ville 
natale,  et  passa  à  Gand  pendant  les  Ceut- 
Jourt  à  la  tête  d'une  compagnie  de  volon- 
taires royaux,  i^iais  il  revint  à  Caen 
avant  la  chute  du  gouvernement  impé- 
rial et  formula  un  vote  énergique  contre 
l'acte  additionnel  et  contre  le  pouvoir 
dont  il  émanait.  En  1880,  sur  i'mitiative 
prise  à  son  égard  par  les  chefs  et  la  cour 
royale  du  ressort,  M.  de  Guemon-Ran- 
ville,  qui  s'était  fait  remarquer  avanta- 
geusement comme  publîciste  et  comme 
avocat,  fut  nommé  président  au  tribunal 
de  Hayeui  et  déploya  dans  ces  fonctions 
la  plus  fructueuse  activité.  Ses  services 
furent  récompensés,  deux  ans  après,  par 
la  place  de  procureur  général  à  la  cour 
royale  de  Limoges,  d'où  il  passa  succes- 
sivement en  la  même  qualité  à  Greno- 
ble (1836)  et  à  Lyon  (1839).  M.  deGuer- 
non-Ranville  fit  preuve,  dans  cette  impor- 
tante magistrature,  d'une  inilexible  équité 
et  de  talents  incontestables. 

Les  circonstances  politiques  devenaient 
difficiles,  et  le  gouvernement  royal  [voy, 
Charles  X)  se  pénétrait  du  besoin  de 
s'entourer  d'hommes  habiles  et  énergi- 
ques pour  faire  tête  aux  orages  que  l'im- 
prévoyance avait  amassés  autour  de  lui. 
Quelques  phrases  du  discours  d'instal- 
lation de  M.  de  Ranville,  comme  chef  du 
parquet  de  Lyon,  fixèrent  ^ur  lui  l'atten- 
tion des  conseillers  de  Charles  X  :  ce  ma- 
gistrat s'y  déclarait  franchement  contre- 
révolutionnaire;  il  est  juste  d'ajouter 
qu'il  n'attachait  à  cette  qualification  au- 
cun sens  rétrograde  et  que,  d'ailleurs ,  il 
professait  une  inviolable  fidélité  aux  insti- 
tutîuuA  dont  le  roi  législateur  avait  doté  la 
France.  Le  prince  de  Polignac  (  vuy.  ) , 
chef  du  cabinet  du  8  août  1 839,  fit,  par 
ordoaoMOce  du  18  novembre  de  la 


(  2S8  )  GOE 

même  année,  appeler  M.  de  Ranv 
ministère  de  l'instruction  publique 
affaires  ecclésiastiques  en  remplac 
de  M.  de  Montbel,  qui  succédait  k 
la  Bourdonnaye  au  département  d 
térieur.  La  conduite  politique  de 
Ranville  ne  démentit  point  l'ati 
ment  qu'il  avait  toujours  professé 
une  sage  liberté.  Un  des  premien 
de  son  administration  fut  d'offrir  a 
de  10,000  fr.  au  meilleur  ouvrag 
mentaire  applicable  à  l'instructioi 
maire.  Le  14  février  1830,  il  fit  i 
une  ordonnance  royale  qui  assurai 
ralement  la  diffusion  de  l'instructic 
maire  dans  toutes  les  communes  du  i 
me  et  pourvoyait  au  sort  des  imtit 
obligés  à  la  retraite.  Le  l*'  avril  u 
il  fit  instituer  des  pensions  au  prc 
veuves  des  membres  de  l'Universil 
ries  depuis  cinq  ans  au  moins  à  Vé 
de  leur  déeès. 

Comme  membre  du  cabinet,  il 
battit  avec  vigueur  la  fameuse  i 
des  331  (vojr.)y  qui,  exprimant  ui 
probation  anticipée  contre  un  mi 
dont  le  système  politique  ne  s'éU 
encore  manifesté  par  des  actes,  li 
raissait  excéder  les  droits  de  la  Ch 
des  députés  et  répugner  aux  e 
les  plus  élémentaires  de  la  justice 
il  repoussa  avec  la  même  énergie,  i 
du  con!ieil,  le  parti  extrême  de  la 
lution  de  cette  Chambre.  Il  fit  ol 
que  la  fraction  de  l'assemblée  c|ui  a 
au  renversement  du  troue  n*entra 
pour  une  faible  proportion  dans  l 
jorité  qui  avait  voté  radres.se,  et 
sur  le  danger  ciue  l'épreuve  d'éli 
nouvelles  ferait  courir  à  la  mon 
elle-même.  Mais  ces  ol>servations  n 
valurent  point.  I^  Restauration,  c 
insurmontable  fatalité  semblait  poi 
sa  perte,  se  vit  acculer  dans  ses  dei 
positions  pur  le  retour  des  331  < 
avait  si  solennellement  répudiés. 

Dès  lors  s'agita  au  conseil  la  cono 
désespérée  des  ordonnances  de  j 
M.  de  Guernon-Ranville,  qui  pro 
pour  la  Charte  un  respect  pres(|ue 
griifjufy  8*oppoÀa  avec  force  à  l'adc 
de  ces  mesures  extra-Iégal«(,  et  dèa 
que  rien,  dans  l'état  des  choics,  u>i 
ti fiait  l'emploi.  Il  insiitta  pour  que 


GUE 


(M9) 


GUE 


biChaïkni UpihtiTM^  mii teoir    y  demeon  jusqu'au  38  novembre  1 836 , 


^Mmw;  îl  soulint  qu'une 
flt  aôurée  de  U  part  du 
I,  joime  à  U  présentation  de 
cl  libénlei,  ôterait  au  parti 
tout  piéteste  d*ho8tUité, 
tffilmîgipMrait  ainsi  le  temps  né- 
pv  préparer  une  transaction 
,08,  sll  le  fallait,  une  lutte  dé- 
li psrtî  démocratique.  Mais, 
norsy  ses  efforts  demeurèrent 
i:  hs  finales  ordonnances  fu- 


ItaWedeM.  de  Guenion-RanyiUe, 
9fkh  éèbkt  de  la  canse  royale,  ne 
I  ai  de  dignité  ni  d'énergie.  Ad- 
des  ordonnances  de  juillet  tant 
[pèpsevoir  de  Charles  X  arait  été  de- 
idéeln  qu*il  regarderait  leurro- 
nne  honteuse  capitulation, 
d'antre  effet  que  de  reculer 
Af■B^■ea  moîi,  pour  la  rendre  plus 
lataME^  la  chute  de  la  monarchie.  Lors- 
irtpm  la  âfnature  des  ordonnances  de 
mÊmÊmm^  M.  de  Sémonville  régla  avec 
I  «ar  les  conditions  de  la  eapitulation, 
L  dr  Banville  s'informa  si  les  ministres 
été  eompris ,  et  sur  la  réponse 
d'Hausse!,  l'un  d'eux,  qui 
\  à  la  transaction  :  «Tant  mieux  ! 
t-il,  car  il  n'est  aucun  de  nous 
à  aVit  désavoué  une  telle  faveur.  » 
de  la  famille  royale  pour 
M.  de  Guemon-Ranville 
ide  songer  à  sa  sûreté  per- 
,  et  prit  à  pied,  avec  M.  de  Chan- 
(vof.)y  Van  de  ses  collègues,  la 
itode  Toof^  où  il  supposait  que  le  roi 
■I  finlantîon  de  se  rendre  pour  y  éla- 
r  an  mitre  de  gouvernement.  Arrêté 
rdas  gardes  nationaux  à  quelque  dis* 
■a  de  celte  ville,  il  ne  put,  malgré  la 
d'un  passeport  régulier,  ob- 
en  liberté.  Reconnu  bientôt, 
,  de  ses  dénégations,  il  fut  transféré 
cÛL  dIePeyronnet  et  deChantelauze, 
■  la  ■oit  da  35  au  36  août,  au  don- 
t da  Vusoennes»  d*oii  il  comparut  de- 
ift  la  Cour  des  pairs,  assisté  die  M.  Cré- 
avocat  qu'il  avait  choisi  dans  les 
dn  libéralisme  avancé.  Son  système 
êfane  fat  simple  et  siocère.  Cou- 
é  par  la  cour  à  U  prison  perpé- 
(,à  fitt  oondoiC  au  fort  de  Ilam,  et 


époque  où  il  lui  fut  permis  de  se  rendre 
d'abord  à  Paris,  et  ensuite  à  son  domaine 
de  RanviUe;  le  bienfait  d'une  amnistie 
royale  mit  bientôt  fin  à  la  surveillance  a 
laquelle  il  était  cependant  resté  soumis. 
M.  de  Guernon-Ranville  employa  ses 
loisirs  forcés  à  des  travaux  multipliés  dans 
l'histoire,  réconomie  politique  et  les  arts, 
et  trouva  ainsi  le  secret  d'abréger  les  lon- 
gues heures  de  la  captivité.  U  faut  ajouter 
que  son  isolement  fut  souvent  adouci  par 
les  soins  d'une  intéressante  compagne, 
la  veuve  du  général  Montmarie,  mort  à 
la  suite  de  la  bataille  de  Leipzig,  qu'il 
avait  épousée  en  1817.  Depuis  son  re- 
tour à  la  liberté,  M.  de  Guernon-Ran- 
ville  n'a  cessé  d'habiter  la  même  terre 
patrimoniale  qu'il  possède  aux  environs 
de  Caen.  A.  B-b. 

GUERRE  (art  db  la)  ,  vcy.  I^Lli- 
TAïaE  (art) y  Tactique,  Stratégie,  Ba- 
taille, etc. 

yova  consacrerons  des  articles  spé- 
ciaux à  quelques-unes  des  guerres  les 
plus  célèbres,  de  même  que  toutes  les 
batailles  particulièrement  mémorables 
sont  l'objet  d'un  récit  détaillé,  f^oy.  Al- 
liés,Gkoisades,  Egypte  (ej:/>e^i//V7/i  r/'). 
Esclaves  (guerre  (ies)y  Méjdiql'es,  Pu- 
niques, Succession  o' Autriche  et  d'ës- 
PAGNE,  Trente- Ans,  Sept-Ans,  etc.,  etc. 

Pour  la  guerre  maritime ,  nous  ren- 
voyons aux  mots  Marine  et  Combat  na- 
val. 

Parmi  toutes  les  guerres,  il  n'en  est 
pas  de  plus  affreuses  que  les  guerres  ci' 
viles  y  si  ce  n'est  peut-être  les  guerres  tie 
religion  y  qui,  la  plupart  du  temps,  sont 
aussi  des  guerres  civiles.  Guerre  de  re- 
ligion! dans  celte  dénomination  sont  ac- 
couplés deux  mots  qui  se  repoussent;  car 
la  religion  c'est  Tamour,  tandis  que  la 
guerre,  c'est  la  haine ,  le  ravage ,  la  des- 
truction. Chez  les  anciens,  les  guerres 
sacrées  {voy.  plus  loin) ,  au  moyen-âge 
les  croisades,  et  dans  l'histoire  moderne 
la  guerre  de  Trente  -  Ans ,  étaient  des 
guerres  de  religion.  Indépendamment  de 
leurs  articles ,  nous  renvoyons  aux  mots 
Albigeois,  Hussites,  Smalkalde,  Li- 
gue, etc.  Les  guerres  civiles  peuvent 
être  des  guerres  entre  princes,  compéti^ 
teurs  k  une  même  couronnai  ou  se  oom- 


GUE 


(240) 


GUK 


bfttunt  pour  d'âatres  motifii  :  telle  était 
la  guerre  entre  les  deux  Roses  {vojr») 
d*Angleterre,  c'est-À-dire  entre  les  mai- 
sons d^York  et  de  Lancastre,  et  la  guerre 
du  bien  public  en  France;  la  plupart 
des  pays  en  ont  d^ailleurs  offert  des  exem- 
ples. Ou  elles  ont  lieu  entre  des  per- 
sonnages puissants  qui  se  disputent  l'em- 
pire {vojr.  Maeius  et  Stlla,  C^sar, 
Pompée  et  Geassus,  AirroiifE  et  Octa- 
ve) ou  le  premier  rang  dans  un  petit 
état  y  ainsi  que  cela  arriva  si  souvent 
dans  les  villes  dltaUe(vo/.  Gheeaedesca, 
YisGoim  ,  Bon ACOSSI ,  Gohzague  ,  Do- 
EiAy  Fiesque  ,  etc.  ),  ou  seulement  Tin- 
fluence  et  le  pouvoir  (  vojr.  Feonde  ). 
D'autres  guerres  civiles  ont  lieu  entre 
diverses  fractions  d'un  même  peuple, 
comme  dans  la  guerre  du  Péloponnèse, 
dans  la  guerre  anglo-française  du  xv*  siè- 
cle, dans  celle  de  la  Vendée  à  la  fin 
du  xviii*,  et  aujourd'hui  même  entre 
deux  fractions  du  Valais  qui  suivent 
l'exemple  donné  par  Bâle-campagne  et 
Bâie- ville  ;  ou  entre  certaines  classes  de  ce 
peuple  {voy,  Jagqueeie,  guerre  des 
Paysans  ,  etc.). 

Les  guerres  privées ^  usage  barbare  du 
moyen-age,  feront  l'objet,  un  peu  plus 
loin ,  d'un  article  spécial. 

Selon  que  la  guerre  a  pour  but  d'atta- 
quer un  voisin  ou  seulement  de  repous- 
ser son  agression  et  de  se  maintenir  dans 
la  possession  du  sol  que  l'on  occupe,  des 
droits  qu'on  exerce,  elle  est  appelée  ^imt/t^ 
offensive  ou  guerre  dcjensive.  Lorsqu'elle 
se  fait  entre  deux  armées  manœuvrant 
l'une  contre  l'autre,  on  l'appelle  guerre 
de  campagne  y  par  opposition  à  la  guerre 
de  siégCy  qui  consiste  dans  l'attaque  et 
dans  la  défense  des  places  {yoy.  ces  mots). 

Nous  parlerons  ailleurs  des  guerres 
d invasion  :  celles  d^ extennination  n'ap- 
partiennent plus,  heureusement,  qu'à 
l'histoire,  qui,  elle-même,  n'en  ofire 
pas  de  nombreux  exemples.  Celles  tie 
conquêtes  sont  encore  fréquentes  au 
contraire,  bien  que  notre  civilisation 
actuelle  les  réprouve.  La  guerre  tle  Vindé^ 
pendance  n'encourt  pas  la  même  condam- 
nation :  dans  l'antiquité,  celles  des  Sam- 
nites,  des  Gaulois,  des  BaUves  et  des  Ger- 
mains sont  devenues  célèbres  ;  au  moyen- 
^ge,  lesSaxoiu  {voy.  Witixiwo)  ont  tenu 


en  échec  toutes  les  forces  de< 
et,  plus  Urd,  les  braves  ooiirédéféij 
ses  se  sont  battus  en  désespérés 
pousser  le  joug  de  la  maison  d^ 
bourg  et  celui  des  ducs  de 
dans  les  temps  modernes,  l'îj 
des  Provinces-Unies  hollandaiiM 
l'Espagne  a  marqué  dans  le  xn* 

comme  celle  des  Anglo-Américaiofti 

leur  métropole  dans  le  xviu*.  Ea  CJ^ 
la  France  s'est  levée  en 
battre  l'Europe  coalisée  contrâ 
absorbée  perses  propres  dangers^ 
pu  venir  au  secours  des  PokNuii 
débattaient    déjà  contre  lenn 
seurs,  comme  ils  le  firent  àm 
en  1831.  L'Espagne  et  le  Tyiol 
rent  une  résistance  héroïque  ans 
hissements  de  Napoléon  ;  et  les  I 
renfermés  dans  Parga,  aimèrent 
tourner  le  dos  à  leur  patrie  que  da , 
la  paix  avec  les  Othomans; 
parurent  et  se  couvrirent  de  floirt; 
la  nouvelle  guerre  de  l'j 
la  Grèce  leva  l'étendard  en  1831, 
rendit  son  nom  et  une  #t^Utmct 
nale  à  cette  terre  classique. 

Les  guerres  remplissent  et 
glantent  l'histoire  :  elle  en  oonnatt 
tous  les  noms,  et  la  série  en  ot 
longue  pour  que  nous  cherckiona 
consigner  ici  la  triste  nomendatm^l 
peuples  et  les  rois  n'ont  pat 
qualification  de  guerre  sainte^ 
sacrée  :  malheureusement  il  en  «i 
coup  qui  mériteraient  bien  plnlôc 
de  guerre  impie  y  guerre  infâme  ^ 
l'histoire  ne  stigmatise  du  nom  de  nS 
folle  que  celle  dont  le  duc  dX>rlénHÉ 
l'âme  sous  Louis  XI,  il  ne  &nl  pnaeil 
qu'elle  fût  la  seule  à  laquelle  il  y  m 
justice  de  l'attacher. 

Nous  avons  parlé  jusqu'ici  de  le  frf 
véritable  :  la  petite  guerre  n*app«EÉ 
pas  à  cette  rubrique;  c'est  une 
simulée  par  Uquelle  on  s'exerce  à  le| 
sérieuse  ou  grande  guerre.  Vity. 
TB-GuEmmE  et  l'art,  suivant.     J.  &1 

GUERRE  (droit  intemationiQ. 
guerre  est  une  voie  de  contrainte 
par  une  nation  contre  une  autre, 
résultai  est  de  faire  décider  par  le  Éî 
le  diflérend  qui  divise  les  dràx  pcnfl 

Lorsqu'on  état  est  dent  le  caa  de  pei 


GUE  (3 

Dire  on  antre  Pexéculion  d'une 
B  OB  11  réparmtion  d'un  tort,  il 
tint  la  circonstances,  recourir 
i  de  ooocilialion  ou  aux  voies  de 
e.  llible  plus  simple  sentîmeut 
b  loas  fait  reconnaître  qu'il 
■à  d'employer  la  con  train  te  que 
a  tentatives  de  conciliation  se 
nées  infructueuses ,  ou  lorsque 
ittioo  ne  peut  évidemment  plus 
rée.  Ptr  suite  du  même  principe, 
Ms  ne  doivent  être  exercées  que 
Cl iont nécessaires,  et, entre  plu- 
es de  contrainte,  il  faut,  autant 
ble,  choisir  les  moins  rigou- 
I  guerre  étant  celle  qui  entraine 
inds  maux,  les  nations  ne  doi- 
xter  qu'à  défaut  de  tout  autre 
Dsi  l'a-t-on  appelée  ultima 
tr,  dénomination  dont  au  sur- 
>ien  souvent  abusé. 

faire,  en  théorie,  de  longues 
s  sur  la  justice  ou  l'injustice 
e;  mais,  en  fait,  il  est  presque 
possible  de  déterminer  de  quel 
ive  le  bon  droiL  Les  conve- 
goeil  blessé,  de  mauvaises  rai- 
iait  valoir  avec  art,  décident 
i  moindre  prétexte  ;  souvent 
nx  partis  sont  dans  leur  tort. 

là  que,  les  nations  ne  recon- 
jit  de  juge  supérieur,  il  est 
asaire,  dans  le  droit  des  gens 
mettre  comme  une  règle  in- 
t  la  guerre  en  forme,  quant 
,  doit  être  regardée  comme 
t  et  d'autre.  Ainsi  les  droits 
'état  de  guerre,  et  toutes  les 
9  qui  en  dérivent,  sont  infi- 
\  légitimes  par  la  régularité 

employés  que  par  la  justice 

n  importe  donc  de  recher- 
ment  les  lob  d'après  lesquel- 
«  doit  être  faite. 
xration  de  la  guerre.  Jusque 
iea  du  XVII*  siècle,  on  avait 
âge  emprunté  aux  anciens  de 
enncllement  la  guerre  par  des 
rmes  :  aujourd'hui,  on  se  con- 

mesure  beaucoup  plus  sim- 
instste  à  proclamer  Tétat  de 

des  manifestes  rendus  pu- 
ifiés  aux  gouvernements  étran- 
cette  sorte  de  documents,  on 

!op.  d,G.d,  M.  Tome  XIII 


il)  Gt]E 

s'attache  à  démontrer  la  justice  des  mo« 
tifs  par  lesquels  on  a  été  déterminé  à 
prendre  les  armes.  Cette  formalité  est 
considérée  comme  tellement  nécessaire, 
que  l'on  conteste  généralement  la  légiti- 
mité de  toutes  les  opérations  militaires 
qui  l'auraient  précédée.  U  est  d'usage  au 
surplus  que  la  nation  contre  laquelle  la 
guerre  est  déclarée  publie  de  son  côté  un 
manifeste  contraire.  En  même  temps,  les 
deux  puissances  ont  soin  de  rappeler  tous 
ceux  de  leurs  sujets  qui  sont  au  service 
militaire  ou  civil  de  l'ennemi,  même  ceux 
qui  se  trouveraient  sans  fonctions  sur  le 
territoire  ennemi,  sous  des  peines  plus  ou 
moins  graves.  On  interdit  également  à 
tous  les  sujets  d'entretenir  avec  l'ennemi 
des  relations  de  commerce  ou  toute  autre 
correspondance.  Cependant  il  arrive  quel- 
quefois que,  dans  un  intérêt  facile  à  com- 
prendre, les  belligérants  laissent  subsis- 
ter au  moins  partiellement  le  service  des 
postes,  et  qu'ils  tolèrent  la  continuation 
d'un  commerce  restreint  entre  leurs  su- 
jets. 

La  déclaration  de  guerre,  surtout  quand 
elle  est  faite  par  une  puissance  maritime, 
est  presque  toujours  immédiatement  sui- 
vie d'un  embargo  (vo/.)  ou  séquestre  mis 
sur  les  biens  et  créances  que  l'ennemi  peut 
avoir  sur  le  territoire,  et  particulière* 
ment  sur  les  vaisseaux  de  l'ennemi  qui  se 
trouvent  dans  les  ports.  Dans  le  cours  de 
cet  article  ,  nous  serons  dans  le  cas  de 
faire  remarquer  que  la  guerre  maritime 
est  infiniment  plus  rigoureuse  que  la 
guerre  continentale  :  c'est  ce  qui  nous  ex- 
plique l'habitude  qu'ont  tous  lez  gouver- 
nements de  faire  saisir ,  dès  le  moment 
où  la  guerre  éclate,  les  navires  apparte- 
nant aux  sujets  ennemis.  Quelles  que 
soient  les  causes  qui  autorisent  une  na* 
tion  à  prendre  les  armes,  quel  que  soit  le 
fondement  sur  lequel  on  s'appuie  pour 
justifier  les  représailles,  il  y  a  toujours  une 
surprise,  et  même  une  certaine  perfidie, 
à  retenir  les  navires  entrés  dans  un  port 
à  la  faveur  de  la  paix.  Aussi  est-il  gé- 
néralement d'uâage  de  stipuler,  dans  les 
traités  de  paix  et  de  commerce,  que,  si 
une  guerre  venait  à  éclater  entre  le^  deux 
puissances,  les  sujeis  des  pavs  respectifs 
auront  un  délai  d#:Icrm>né  d'avanci;  p/>ar 
quitter  le  territoire  et  emmener  leurs 


GUÉ 


(242) 


6t}t 


Tâiaseaux,  biens  et  marchandises.  Mal- 
heoreusementon  est  forcé  d'avouer  qu'une 
pareille  convention  n'est  pas  toujours 
fidèlement  exécutée. 

n.  Règles  générales  sur  la  manière 
défaire  la  guerre.  Il  ne  faut  pas  croire 
que  le  droit  de  la  guerre  soit  illimité  et 
que  tous  les  moyens  qui  peuvent  assurer 
la  victoire  soient  licites.  Il  n'y  a  réelle- 
ment de  permis  dans  la  guerre  que  ce  qui 
a  une  liaison  nécessaire  avec  la  fin  qu'on 
se  propose  en  l'entreprenant.  Or,  cette 
fin,  ce  ne  doit  pas  être  la  vengeance, 
car  Dieu  se  l'est  réservée  ;  ce  ne  peut  être 
non  plus  la  destruction  totale  de  la  na- 
tion ennemie,  car  ce  serait  de  la  barba- 
rie... Une  nation,  en  faisant  la  guerre,  ne 
doit  avoir  en  vue  que  la  réparation  d'une 
injure  et  la  garantie  de  sa  sûreté  ou  de 
ses  droits  ;  tout  ce  qu'elle  ferait  au-<lelà 
serait  injuste  et  contraire  au  droit.  Aussi 
l'usage  a-l-il  établi  depuis  longtemps  une 
grande  quantité  de  règles  non  contestées, 
dont  l'observation  a  pour  but  d'empê- 
cher des  maux  inutiles  et  de  rendre  un 
rapprochement  possible;  ces  règles  con- 
stituent ce  qu'on  appelle  la  loi  de  la 
guerre.  Mais  dans  ce  terrible  débat  qui 
ne  peut  être  terminé  que  par  la  supério- 
rité de  force  de  l'un  des  adversaires,  il  y  a 
bien  des  circonstances  qui  obligent,  dans 
l'intérêt  de  la  conservation  ou  de  la  dé- 
fense, à  s'écarter  momentanément  de  cette 
loi.  Quand  une  armée  croit  devoir  faire 
quelque  acte  qui  ne  serait  pas  conforme 
à  la  loi  de  la  guerre,  les  motifs  qui  la 
déterminent  font  naître  pour  elle  une  rè- 
gle particulière ,  qu'on  appelle  la  raison 
de  guerre.  Nous  aurons  l'occasion  d'en 
indiquer  plusieurs  applicationl  assez  firé- 
quentes. 

Le  premier  principe  de  la  loi  de  la 
guerre,  celui  sur  lequel  s'appuient  tous 
les  autres,  c'est  que  la  guerre  doit  être 
faite  loyalement  et  avec  des  armes  loyales. 
Ainsi  les  nations  doivent  s'abstenir  d'ar- 
mes ou  de  machines  dont  l'effet  serait  par 
trop  meurtrier  et  pourrait  faire  périr  à  la 
fois  un  grand  nombre  de  combattants  et 
de  personnes  paisibles.  Ainsi  l'incendie  et 
la  dévastation  ne  peuvent  être  tolérés  que 
dans  des  cas  extrêmes;  ainsi  on  ne  pour- 
rait comprendre  qu'on  cherchât  à  dé- 
truire i'ennemi  en  empoisonnant  les  fon- 


taines où  il  doit  puiser  de  I 
vivres  qu'on  laisserait  à  sa  dis] 
plus  forte  raison  doit-on  dire  < 
répugnerait  plus  et  à  la  loyau 
et  aux  sentiments  de  l'hun 
l'emploi  de  l'assassinat  vis-i 
souverain  ou  d'un  général  eni 
Mais  le  droit  de  la  guerre 
aucunement  de  recourir  à  la 
se  ménager  plus  facilement  1 
La  ruse  a  même  cet  avantage  s 
que  bien  souvent  elle  prévient 
très  et  l'efTusion  du  sang.  T< 
nations  doivent  encore  coni 
certaine  loyauté  dans  la  ruse, 
pie,  on  excuse  le  capitaine  d'i 
qui  prend  un  faux  pavillon  f 
la  poursuite  de  son  ennemi;  i 
lui  permettrait  pas  de  combati 
borer  son  pavillon  national,  f 

TAGEMV. 

Voyons  maintenant  rapidei 
sont  les  droits  que  la  guerre  p* 
gle  générale,  donner  sur  la 
ou  sur  les  biens  de  l'ennemi. 

La  guerre  donne  aux  belli 
droit  de  rendre  l'ennemi  in< 
lui  résister,  de  lui  ôter  la  v 
forte  raison  de  le  priver  de 
Toutefois  ce  droit  ne  peut  A 
qu'avec  un  certain  nombre  de  i 
et  de  modifications  que  la  coo 
l'humanité  a  fait  sucoessivem 
duire. 

Dans  les  temps  anciens,  la  i 
la  guerre  contre  les  personne 
naissait  pas  de  limites.  Tous  V 
valides  combattaient  ou  étaien 
combattre  ;  tous  les  membres 
tion  ennemie  étaient  considéi 
ennemb ,  sans  distinction  d'âg 
de  position  sociale.  Les  femm 
fants,  les  vieillards  étaient 
tués  ou  réduits  en  esclavage  e 
vite.  Aujourd'hui  les  hostilités 
ce  caractère  de  violence ,  et  to 
en  fait-on  encore  une  applicatio 
dans  les  guerres  dirigées  contr 
pies  d'une  civilisation  très  t 
qui  continuent  à  faire  la  guei 
la  faisaient  autrefois  les  Barl» 
ce  cas  même,  les  nations  ei 
évitent  généralement  les  cm 
tilr«,  et  \t\in>  efforts  tendent  i 


GUE 


(24S) 


GOE 


r  oiapk  à  leurs  eoDemis  les 
m  droit  mieiuL  eatenduu 
Ib  guerres  contineotales,  spécia- 
«■  dbdogue  avec  soin  les  com- 
éa  noo-Gombattants.  Dans  la 
î  dme  OD  range  ceux  qui  com-  . 
b  nées  proprement  dites ,  sa-  I 
I  tnwpes  ré^lières  d^abord ,  et 
on  composant  la  marine  mili- 
Hile  les  milices  et  les  gardes  na- 
,  qnnd  elles  sont  appelées  par 
■Maeot  à  seconder  Tamiée  ac- 
k  prtisaBS  et  corps  francs  munis 
■■00,  el  les  vaisseaux  particn- 
i«it  re^  des  lettres  de  marque 
UATEuay  Coaps  frahcs,  Corn- 
CocisB,  LEirmES  de  xaeque, 
B,  etc.).  Toutes  les  autres  per- 
■■poseiit  la  classe  des  non-com- 
,  et  aième  ordinairement  on  re- 
tels  ceux  qui  sont  simple- 
aux  services  civils  de 
les  aumôniers,  les  mé- 
t  les  employés  de  Tadministra- 


■a-conbattants  sont  affranchis, 
iéth  guerre ,  de  la  plupart  des 
fu  tout  dirigées  contre  les  com- 
;  ik  ne  doivent  ni  être  mis  à 
i  être  réduits  en  captivité ,  si  ce 
■  certaines  opérations  militaires 
MfiOBBe  est  inévitablement  com- 


Quoique  la  raison  de  guerre  ait  queU 
quefois  déterminé  le  vainqueur  à  mettre 
à  mort  des  prisonniers  qu'il  ne  croyait 
pas  pouvoir  conserver  sans  danger,  il  est 
de  règle  constante  que  la  personne  du 
prisonnier  est  inviolable ,  lors  même  qn*il 
s'est  rendu  à  discrétion.  S'il  est  malade 
ou  blessé,  on  lui  doit  les  mêmes  soins  qu'à 
ses  propres  soldats.  Ses  armes  deviennent 
la  propriété  du  vainqueur;  ce  qui  se  trouTe 
sur  lui ,  sauf  les  vêtements  nécessaires , 
tombe  en  partage  à  celui  qui  l'a  pris. 

Autrefois  le  prisonnier  de  guerre  ap- 
partenait à  celui  qui  s'était  rendu  maître 
de  sa  personne  et  constituait  à  son  pro- 
fit une  espèce  de  propriété.  Le  capteur 
était  obligé  de  faire  tous  les  frais  néces- 
saires  à  sa  conservation  et  à  son  entre- 
tien; mais  il  avait  le  droit  de  le  retenir 
jusqu'au  paiement  d'une  rançon ,  ou  de 
le  vendre  à  un  autre  aux  mêmes  condi- 
tions. Depuis  longtemps,  les  peuples  eu- 
ropéens ont  sagement  renoncé  à  cet  usage. 
Le»  prisonniers  sont  les  prisonniers  de  la 
nation,  et  non  du  capteur. 

Le  vainqueur  doit  donc  les  entretenir, 
sans  être  tenu  cependant  de  leur  fournir 
aucun  objet  de  luxe  ou  de  commodité. 
Quant  aux  mesures  de  précaution  qu'il 
est  dans  le  cas  de  prendre  à  leur  égard , 
elles  varient  suivant  les  circonstances  : 
s'ils  ne  se  sont  rendus  cpi'à  de  certaines 


,  oa  bien  lorsque  la  raison  de  1  conditions ,  elles  doivent  être  fidèlement 

i-     observées;  s'ib  se  sont  rendus  à  discré- 


lUip  une  armée  à  prendre  acci 
■est des  mesures  extraordinaires. 
ekttge,  les  habitants  paisibles, 
oà  pénètre  Fennemi,  doivent 
y  de  toute  espèce  d'hostilités; 
V  MUorité  privée,  ils  se  présen- 
s  lits  à  la  main  devant  l'en- 
i  loî  de  la  guerre  autorise  à  les 
■OB  comme  des  soldats,  mais 
ieiongands. 

ipoonstamaMntsuivi,  c'est  qu'on 
frippcr  avec  préméditation  le  roi 
riaees  qu'on  rencontrerait  dans 
ée  ennemie.  Quant  aux  autres 
■t^  il  n'est  permis  de  les  tuer  que 
il  attaquent  on  résistent.  Toutes 
a'm  ennemi  met  bas  les  armes , 
û  donner  quartier  et  se  borner  à 
risonnier.  Lorsqu'on  assiège  une 
m  Ênt  jamais  refuser  la  vie  sauve 
■M  <|iii  offre  de  capituler. 


tien ,  on  peut  les  tenir  enfermés  dans  des 
villes  ou  des  forteresses,  afin  de  prévenir 
leur  évasion  ;  mab  on  ne  les  incarcère 
cpie  lorsque  la  sûreté  Tezige,  lorsqu'ils 
se  sont  rendus  coupables  de  quelque  dé- 
lit ou  contravention ,  ou  lorsqu'ils  ont 
tenté  de  s'échapper.  Les  officiers,  surtout 
ceux  qui  sont  pourvus  d'un  grade  supé- 
rieur, et  à  plus  forte  raison  les  princes, 
sont  généralement  traités  avec  une  cour- 
tobie  particulière.  On  leur  laisse  une  plus 
grande  liberté,  et  souvent  on  leur  permet 
de  retourner  dans  leur  pays  sur  leur  pa- 
role d'honneur  de  ne  pas  servir  jusqu'à 
ce  qu'ib  cessent  légitimement  d'être  pri- 
sonniers de  guerre.  La  riolation  d'une 
pareille  promesse  est  justement  considé- 
rée  comme  une  grave  infraction  an  droit 
des  gens,  et  celui  qui ,  au  méprit  de  h 
foi  jurée,  serait  r^rit  kt  mm  klft  Wh^ 


GUE 


(?44) 


GOE 


tdttit  eipoté  aux  peines  ks  plus  sévères, 
eC  même  à  celle  de  la  mort. 

Le  prisonnier  de  guerre  recouvre  sa 
liberté  lortqu^il  est  repris  par  les  siens, 
oa  lorsqu'il  est  parvenu  à  tromper  la 
Tigilaoce  de  ses  gardiens,  et  qu'il  s'est 
échappé  sans  promettre  de  ne  plus  por- 
ter les  armes.  Mais  le  moyen  le  plus  ordi- 
naire de  faire  cesser  la  captivité,  c'est 
l'échange.  Très  souvent,  en  pleine  guer- 
re,  les  prisonniers  sont  échangés,  soit 
séparément,  soit  en  masse.  Les  échanges  se 
font  communément  homme  pour  homme 
et  grade  pour  grade.  A  la  paix,  tous  les 
prisonniers  sont  rendus  de  part  et  d'autre. 

Il  est  inutile  de  dire  que  les  non-com- 
battants ne  doivent  jamau  être  faits  pri- 
sonniers. Cependant  il  arrive  fréquem- 
ment que  la  raison  de  guerre  engage  un 
général  à  s'emparer  de  quelque  fonction- 
naire civil ,  de  quelques  personnes  atta- 
chées à  la  suite  des  troupes  oa  de  tout 
autre  individu  dont  la  détention  loi  pa- 
rait nécessaire  à  la  sûreté  de  son  armée. 
Dans  ce  cas,  ce  ne  sont  pas  de  véritables 
prisonniers,  mais  des  otages;  on  ne  doit 
pas  les  retenir  plus  longtemps  que  le  be- 
soin ne  l'exige ,  et  ils  doivent  être  ren- 
voyés sans  échange. 

Quand  il  s'agit  d'établir  les  droits  que 
la  guerre  peut  attribuer  sur  les  biens 
de  l'ennemi,  il  faut  distinguer  entre  les 
biens  immeubles  et  les  biens  meubles,  et, 
quant  à  ceux-ci,  entre  la  guerre  conti- 
nentale et  la  guerre  maritime. 

Ne  confondons  pas  ici,  comme  l'ont 
fait  beaucoup  de  publicistes,  l'acquisition 
de  la  propriété  des  immeubles  avec  la 
conquête.  La  conquête,  dont  nous  par- 
lerons plus  loin,  opère  au  profit  du  con- 
({uérant  la  translation  de  la  souveraineté 
sur  le  pays  conquis;  mais  ce  changement 
de  souveraineté  ne  comporte  aucunement 
la  mutation  des  propriétés  privées.  Il  est 
aujourd'hui  reconnu  en  principe  que  les 
immeubles  n  échangent  pas  de  proprié- 
taire par  l'invasion  ou  la  conquête  du 
pays.  Un  vainqueur  a  pu  quelquefois 
abuser  de  la  force  pour  ûdre  une  con- 
fiscation ,  nuis  ce  n'a  jamais  été  qu'une 
voie  de  fait  dont  les  effets  ont  cessé  à  la 
paix,  et  à  plus  forte  raison  lorsque  le 
pays  conqui:i  a  secoué  le  joug. 

il  n'en  est  pas  de  même  des  choses 


mobilières  :  elles  sont  suteeptib 
acquises,  soit  snr  terre,  soit  sur  i 
les  règles  de  la  guerre  continent 
rent  beaucoup  de  celles  de  la  gi 
ritime. 

Dans  les  guerres  continentale 
biens  meubles  appartenant  à  <i 
bres  de  la  nation  ne  peuvent  f 
tinctement  être  pris  et  converti 
tin.  Ce  qui  est  propriété  pubi 
caisses  militaires  et  civiles,  les  i 
de  guerre,  les  dépôts  d'armes, 
très  valablement  saisis  et  conC 
profit  de  la  nation  victorieuse.  Ç 
effets  des  particuliers,  ils  ne  pei 
légitimement  acquis  que  lorsqu' 
tiennent  à  des  corobattsnts  et  q 
saisis  sur  eux.  Un  soldat  qui  sVi 
des  biens  mobiliers  d*un  habitj 
ble  se  rendrait  coupable  du 
maraudage  y  crime  prévu  par  I 
tous  les  peuples.  Le  butin  légi 
fait  sur  des  particuliers  combi 
acquis  au  soldat  qui  l'a  fait;  s'il 
levé  dans  une  expédition  à  laqi 
courait  tout  un  détachement  on 
de  troupes,  il  est  partagé  propo 
lement  au  nombre  des  hommes 
grades. 

Dans  les  guerres  maritimes, 
nous  l'avons  déjà  fait  observer,  I 
guerre  permet  une  beaucoup  pi 
rigueur.  La  guerre  maritime  est 
vent  dirigée  contre  le  commcrc 
nemi  que  contre  ses  flottes,  et 
nombre  de  corsaires  se  livrent  s 
tilités  souvent  aussi  actives  que 
la  marine  de  l'état.  De  tout  < 
résulté  :  \^  que  tout  ce  qui  ap] 
l'ennemi  est  de  bonne  pri^e^  les 
marchands  et  leurs  cargaisons  c 
bâtiments  de  guerre;  3^  que 
valablement  faites  appartienne 
qui  les  font,  et  que  les  gouvenM 
s'en  réservent  qu'une  très  fait 
D'un  autre  cAté,  afin  d'évii< 
guerre  ne  puisse  donner  prétexl 

raterie  ('VOX'*)»  *'  *  ^^  ^^S^  ^^ 
des  gens  qu'aucune  prise  n'est 
valable  qu'autant  qu'elle  a  été  j 
par  les  tribunaux  du  capteur,  l 

SXS  MAaiTlMES. 

III.  Opérations  miliiaires, 
générales  qui  viennent  d'être  i 


GUE 


(245) 


GUE 


phnietin  modificalions 
opérations  aux- 
lioiiDe  liea  :  il  est  donc 
pédalement  les 
portutes  de  «s  opérations, 
■rre  GoaanieDce  toajoors  par  /'//»- 
la  territoire  d'une  des  parties  par 
ées  de  Tantre.  D'après  les  prin- 
m  wms  avons  exposés,  les  habi- 
■■■hin  doivent  être  respectés  et 
,  *araiée  d'inTasMn,  a  la 
par  en  de  rester  soumis  an  vain- 
de  rompre  leors  oommonications 
I  portions  de  leur  patrie  non  en* 
nhîn,  et  de  ne  se  permettre  con- 
ainqueor  aucune  hostilité  directe 
«cle.  L^excrcioe  de  la  souYerai- 
it  momentanément  transféré  à 
Ht  :  il  peut  donc  suspendre  on 
r  les  lois,  exiger  le  serment  de  fi- 
les fcahitants,  changer  les  fonc- 
les,  percevoir  des  impôts.  Le  pins 
ronent  le  pajs  enrahi  est  gou- 
par  les  dbefr  militaires;  Tadminis- 
st  laissée  à  ceux  qui  en 
à  moins  qu'on  n'ait  cou- 
de défiance;  la  justice 
le  à  être  rendue  par  les  tribunaux 
f  sauf  les  mesures  que  l'état  de 
rmd  îndispettsables;  les  milices  et 
bis  de  police  oonserrent  presque 
s  leurs  armes  et  leur  senrioe. 
«fiiB  les  gucjres  d'invasion  en- 
9t  tonjoors  avec  dles  le  pillage 
et  la  dévastation,  mais  depuis  long- 
es  hostilités  ont  pris  un  carac- 
Booup  moins  inhumain.  Le  vain- 
«  lait  parer  par  les  habitants  des 
\Ltiomj^  soit  en  argent,  soit  en  naz- 
ies firappe  de  rêquisitionSy  en  eii- 
m  les  services  dont  il  a  besoin,  en 
guides,  des  ouvriers,  des  cbe- 
'voitures,  etc.  Mais,  en  se  sou- 
EX  dcmindgi  de  l'armée  d'in- 
habitants  s'assurent  en  échange 
de  leurs  personnes  et  de 
■MMmments  des 
ic  riadostrie  doivent  être  spéda- 
rtjpenéi,  à  plus  forte  raison  les 
m  égiiaes  et  les  objets 

.  Le  pillage  est  tr p 

me  en  cas  de  n  n 

îCfuiicB  «Iroil^ 
as  iJÊOf.  ce  mot). 


Par  suite  de  ce  qui  vient  d'être  dit,  la 
loi  de  la  guerre  interdit  le  dég^.  Ce- 
pendant on  ne  peut  s'empêcher  de  rBoon» 
naître  qu'une  armée,  en  quittant  un  pajs 
que  l'ennemi  va  occuper,  est  autorisée, 
par  la  raison  de  guerre,  à  détruire  les 
munitions,  approvisionnements,  fortifi- 
cations et  ressources  de  toute  nature; 
mais  c'est  un  de  ces  moyens  d'une  vio- 
lence extrême  que  la  plus  grande  néces- 
sité peut  seule  faire  excuser  quand  les 
non -combattants  en  sont  les  victimes;  ce 
serait  une  monstruosité  que  d'y  recourir 
par  un  simple  motif  de  colère  ou  de  ven- 
geance. 

Lorsque  l'invasion  se  prolonge  et  que 
le  vainqueur,  après  avoir  établi  son  au- 
torité, manifeste  llntention  de  conserver 
sons  sa  domination  les  provinces  dont  il 
s'est  rendu  maître,  son  occupation  prend 
le  nom  de  conquête.  La  conquête  n'at- 
tribue par  elle-même  aucun  droit  an  con- 
quérant :  pour  que  la  translation  de  la 
souveraineté  soit  légitimement  opérée,  il 
fiuit  qu'un  traité  (vof .)  vienne  sanction- 
ner le  nouvel  état  de  choses.  Si  donc  le 
sort  des  armes  vient  à  changer  et  que  le 
souverain  dépossédé  reprenne  ce  qui  lui 
avait  été  enlevé,  il  ne  sera  pas  tenu,  en 
thèse  générale ,  de  reconnaître  les  actes 
du  gouvernement  du  vainqueur.  Cepen- 
dant si  le  conquérant  n'avait  fait  que  ce 
qu'aurait  £ut  le  souverain  légitime  lui- 
même,  si  ses  actes  se  trouvaient  confor- 
mes à  la  constitution  du  pays ,  s'ils  por- 
taient un  caractère  de  nécessité  on  d'uti- 
lité réelle ,  si  Fétat  en  avait  profité ,  il 
serait  aussi  contraire  à  la  raison  qu'au 
droit  de  renverser  ce  qui  aurait  été  lait. 

La  propriété  des  immeubles  ne  devant 
recevoir  aucune  atteinte  par  le  lait  de  la 
guerre,  on  a  dû  se  demander  quel  devait 
être,  après  la  reprise  d'un  pays  conquis, 
le  sort  des  aliénations  des  domaines  pu- 
blics  £utes  par  le  conquérant?  L'équité  a 
fait  admettre  que  les  aliénations  (àkUm  k 
titre  onéreux  doivent  être  mainffoiiw^ 
l'eut  étant  censé  avoir  profité  du  prit 
par  Fachetear.  Quant  anx  bjums 
le  donataire  est  tcm  de  las  rm$m 
de  Ihuts;  mak  iï  M 
ntiUaat  dat 


dre 


GUE 


(246) 


GUE 


mUitàires  sont  les  combats  et  les  batailles, 
la  petite  guerre,  les  blocus  et  les  sièges. 
yof.  tous  ces  mots  et  Militaiee  {art). 

Relativement  à  la  conduite  que  doivent 
tenir  les  armées  dans  an  combat  ou  une 
grande  bataille  en  rase  campagne,  il  y  a 
peu  de  choses  à  ajouter  aux  règles  géné- 
rales développées  plus  haut.  Les  hostilités 
doivent  être  loyales,  sans  qu'on  puisse  faire 
aucun  reproche  au  général  qui  saurait  ha- 
bilement se  servir  de  la  ruse.  Si ,  dans  le 
Toisinage  du  champ  de  bataille,  il  se  trou- 
vait un  établissement  religieux,  un  hô- 
pital, une  maison  d'éducation,  un  édifice 
consacré  aux  arts  ou  à  l'industrie,  on  de» 
vrait  éviter  de  les  atteindre  et  même  leur 
donner  des  sauvegardes.  L'action  com- 
mencée près  d'une  ville  ou  d'un  village 
peut  être  continuée  dans  son  enceinte,  et 
les  habitants  paisibles  sont  souvent  vic- 
times d'un  pareil  malheur;  mais  les  chefs 
doivent  faire  tous  leurs  efforts  pour  em- 
pêcher les  maux  inutiles.  Pendant  le  com- 
bat, il  est  naturel  de  diriger  particulière» 
ment  les  coups  sur  les  officiers ,  afin  de 
désorganiser  les  corps  ennemis,  mais  on 
ne  doit  pas  chercher  à  mettre  à  mort 
sciemment  une  personne  déterminée  :  ce 
serait  un  véritable  assassinat.  L'affaire 
finie,  le  premier  devoir  du  vainqueur  est 
de  prodiguer  des  soins  à  tous  les  blessés 
qu'il  trouve  sur  le  champ  de  bataille,  sans 
distinction;  dès  lors,  on  ne  voit  dans  ses 
ennemis  malheureux  que  des  compagnons 
à  qui  l'on  doit  les  secours  de  l'humanité. 

La  petite  guerre  est  faite  par  des  dé- 
tacheinents  de  troupes  légères,  régulières 
ou  irrégulières,  que  l'on  envoie  pour  har^ 
celer  l'ennemi,  l'inquiéter  dans  sa  re- 
traite, surprendre  et  attaquer  ses  con- 
vois, intercepter  ses  correspondances.  Ces 
détachements,  qu'on  désigne  sous  le  nom 
de  partisy  doivent  se  borner  à  l'objet  de 
leur  mission  ;  tous  les  actes  de  ces  corps 
qui  dégénéreraient  en  maraudage  seraient 
des  crimes,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà 
fait  observer. 

Les  sièges  et  blocus  sont  les  opérations 
spécialement  dirigées  contre  les  villes 
fermées  ou  les  forteresses  dont  on  a  le 
besoin  de  s'emparer.  On  n'assiège  pas 
une  ville  sans  la  bloquer^  c'est-à-dire  sans 
l'investir  et  la  cerner,  autant  que  possible, 
d»  tiMilat  paits;  oa  impécti»  Um\m  oom- 


munication  entre  le  point  i 
dehors,  on  le  prive  de  tout 
on  interdit  l'entrée  des  secou 
nitions  et  des  vivres.  Le  blo< 
est  spécialement  assujetti  à  de 
ticulières  qui  sont  traitées  e 
mots  Blocus,  Nkutealit^. 
simple  est  la  moins  rigourei 
les  hostilités  ;  c'est  une  voie  ( 
que  l'on  exerce  même  fréqui 
être  en  état  de  guerre  décli 
Ton  pratique  parfois  à  Tégan 
entière  de  cotes  ou  de  fron 
nentales.  Foy,  Continenta] 
système). 

Les  sièges  sont ,  au  contra 
rations  qui  entraînent  les  n 
terribles  et  dans  lesquelles  h 
la  guerre  se  déploie  avec  la 
extension;  le  dégât  et  la  d 
sont  presque  toujours  néces 
habitants  paisibles  ne  peuvei 
per  à  leurs  funestes  consèqu 

Le  général  qui  assiège  ui 
commencer  par  la  sommer  d 
et,  sur  sa  réponse  négative, 
les  hostilités.  Les  faubourgs . 
brûlés,  si  cette  mesure  est  j 
saire  pour  l'attaque  ou  pou; 
des  mines  sont  pratiquées,  p 
lants,  pour  renverser  1rs  for 
la  place,  et,  par  les  défensec 
truire  les  ouvrages  de  l'armée 
on  attire  l'ennemi,  par  de  fau 
sur  le  point  où  est  plarée  la 
faire  périr  des  bataillons  en 
explosion.  Enfin,  quand  les  < 
paraissent  l'ex  iger ,  on  va  j  usq 
der  la  ville  assiégée;  on  y  lan< 
rouges  et  tous  le<i  projectiles 
faciliter  l'incendie.  Dan»  ces 
trêmes,  on  ne  ménage  pas  le 
particulières  ;  mais  on  doit 
possible,  éviter  de  porter  la 
cendie  dans  les  établisseme 
ou  charitables,  comme  dan 
destinés  à  Tèducation  de  la 
moins  que  l'ennemi  ne  s'y  » 
retranché. 

Quand  la  place  assiégée  e 
saut ,  la  loi  de  la  guerre  per 
queur  de  passer  le  vaincu  a 
pée ,  mais  cette  rigueur  bar 
puis  longtemps  tombée  en  d 


GUB 


(247) 


G13E 


IpwtàBortqiie  cea\  qui  s'obstioent  à 

pte;  kl  antres  sont  faits  prisonniers. 

Mi  mifeat  difficile  d'empêcher    le 

fÊ^àt  m  lifrer  au  pillage  ;  mais  les  of~ 

^frat  toajours  leurs  efforts  pour 

Ipwy^cbfr  et  pour  maintenir  Tor- 

^«bdiidpliDe.  For>  SiiGX. 

jub  eoabats  maritimes  (vof.  Combat 

K  font  avec  une  rigueur  à  peu 

wiMible  à  celle  des  #iéges  ;  on  y 

kl  boulets  rouges  et  les  boulets 

cirtbordage  (voy.)  d'un  vaisseau 

beaucoup  à  l'assaut  d'une  place. 

est  en  effet  une  espèce  de  ci- 

iMi  iottante ,  dont  on  ne  peut  se 

arimhre  qu'en  usant  de  moyens  pa- 

[fliceiii  qui  assurent  la  reddition 

^  place  forte. 

%  W,  CoRpentions  militaires.  Le  général 
iprffoaaconfié  le  commandement  d'une 
mit,  eebi  qui  se  trouve  à  la  tête  d'un 
hiE&eBeiit  séparé  de  ses  chefs  supé- 
■i,  œiiii  qui  est  chargé  de  la  défense 
■t  pbee  assiégée  ou  bloquée,  ont  re- 
,pv  cela  même,  les  pouvoirs  suffisants 
rfrîre  avec  l'ennemi  toutes  les  cod- 
lÎBiis  relatives  au  corps  dont  ils  ont 
ftvccion.  Ainsi  deux  commandants 
mn  peuvent  convenir  qu'une  cer- 
(portion  du  territoire  sera  neutrali^ 
c'est-à-dire  mise  en  dehors  des 
filés;  ils  peuvent  consentir  à  un 
,  traiter  de  l'échange  des  pri- 
de  la  reddition  d'une  place. 
onamunications  entre  les  armées  en- 
et  ae  font  par  l'intermédiaire  d'of- 
i  qu^on  désigne  sous  le  nom  de  par- 
mtaires,  et  quelquefois  simplement 
les  oorrespondances  dont  on  charge 
■boors  ou  les  trompettes.  Les  par- 
itaires y  les  tambours  ou  trompettes 
|éi  de  missions  sont  réputés  inviola- 
KWff^  des  ambassadeurs,  et  les  na- 
respectives  sont  tenues  d'observer 
Inventions  militaires  aussi  bien  que 
vtés  publics.  Foy,  Capitulation, 

EVSIOll    d'à  AMES,    PARLEMENTAIRES. 

Courtoisie  dans  la  guerre,  Indé- 
tamment  de  la  loyauté  et  de  la  bon- 
M  que  les  armées  ennemies  doivent 
er  entre  elles,  l'usage  a  introduit 
unes  habitudes  d'égards  et  de  poli- 
(  <lont  quelques-unes  même  ont  ac- 

la  fince  et  l'autorité  d'una  loi  re* 


connue.  Nous  avons  déjà  fait  remarquai* 
qu'on  s'abstient  des  hostilités  qui  paraî- 
traient dirigées  contre  la  personne  même 
du  souverain  ennemi;  nous  avons  indi- 
qué les  faveurs  particulières  qu'on  accor- 
de à  certains  prisonniers  d'un  rang  élevé. 
Nous  devons  nous  rappeler  en  outre 
que  l'état  de  guerre  n'entraîne  aucune 
inimitié  personnelle  entre  les  combat- 
tants :  aussi,  malgré  l'acharnement  que 
chacun  apporte  dans  l'action,  les  militai- 
res des  deux  nations  ae  considèrent,  dans 
leurs  relations  privées ,  comme  des  frères 
d'armes.  Pendant  les  suspensions  des  hos- 
tilités, on  voit  les  ofBciers  et  les  soldats 
se  visiter  amicalement  et  fraterniser  en- 
semble. Un  général  qui  manque  de  se- 
cours médicaux  ne  craint  pas  de  deman- 
der à  son  ennemi  des  médecins ,  des  re- 
mèdes, desobjetsnécessaires  au  pansement 
des  blessés  ;  et  cette  demande  n'est  jamais 
refusée ,  à  moins  d'impossibilité.  Souvent 
même  il  est  arrivé  que  le  commandant 
d'une  armée  envoyât  à  son  ennemi,  sur- 
tout en  cas  de  siège,  des  rafraîchisse- 
ments, du  gibier,  ou  quelques  autres 
mets  délicats  qu'il  supposait  devoir  lui 
être  agréables.  Dans  une  guerre  d'inva- 
sion, on  protège  presque  toujours  par 
des  sauvegardes  les  habitations  et  les 
châteaux  des  généraux  ennemis.  Après 
avoir  énuméré  toutes  les  rigueurs  que  la 
guerre  entraine  à  sa  suite,  on  aime  à  re» 
poser  son  esprit  sur  ces  petites  compen- 
sations; nous  sommes  heureux  de  pen- 
ser que,  même  au  milieu  des  plus  grandes 
violences,  le  sentiment  de  l'humanité  ne 
peut  pas  s'éteindre,  et  cpie  l'homme  n'ou- 
blie jamais  le  lien  qui  l'unit  à  ses  sem-> 
blables.  P.  R.  C. 

GCERRE(DlÊp6TGiN^RALDELA).Une 

des  institutions  les  plus  curieuses  qui  dé- 
pendent du  ministère  de  la  guerre ,  en 
France,  est  le  dépôt  général  de  la  guerre^ 
à  Paris.  Peu  d'institutions  publiques  ont 
éprouvé  autant  de  vicissitudes.  Successi- 
vement créé,  abandonné,  négligé  et  enfin 
relevé,  ce  dépôt  doit  aux  services  qu'il  a 
rendus  au  pays  pendant  les  dernières 
guerres,  ainsi  qu'aux  nombreux  ouvrages 
qu'il  a  publiés  et  qu'il  prépare  encore  en 
ce  moment,  la  brillante  réputation  dont 
il  jouit  même  au  dehors  et  la  haute  im- 
portance qu'il  a  acquise  ^  surtout  depuii| 


GUE 

quelques  années,  qn^il  a  passé  sons  la  di- 
ration  active  et  éclairée  de  M.  le  lieu- 
tenant général  Pelet. 

L^objet  principal  du  dépôt  général  de 
la  guerre  est  de  recueillir  les  cartes,  mé- 
moires militaires  et  tous  les  documents 
historiques,  statistiques  et  géographiques 
relatifs  aux  guerres  que  la  France  a  sou- 
tenues dans  toutes  les  parties  du  monde. 
Les  nombreuses  archives  qu^il  renferme 
remontent  jusqu^au  règne  de  Henri  IV. 

Le  directeur  du  dépôt  est  en  même 
temps  le  chef  du  corps  royal  des  officiers 
d^état-major,  qui  sont  employés  sous  ses 
ordres  à  divers  travaux  militaires  de  ré- 
daction et  de  topographie,  et  notamment 
à  la  confection,  sur  une  grande  échelle,  de 
la  carte  générale  de  la  France  :  ouvrage 
monumental  dont  il  sera  question  plus 
bas. 

Cet  établissement  occupe  en  outre  un 
assez  grand  nombre  de  dessinateurs ,  de 
peintres,  d'imprimeurs  et  de  graveurs 
tant  sur  cuivre  que  sur  pierre  :  il  possède 
dans  son  intérieur  tous  les  instruments , 
presses  et  ateliers  dont  il  a  besoin  pour 
Texécution  des  travaux  qu^il  publie.  En 
temps  de  guerre,  il  fournit  aux  généraux 
qui  commandent  les  corps  de  l'armée 
française  tous  les  renseignements,  manus- 
crits ,  gravés  ou  imprimés ,  qui  peuvent 
leur  être  utiles  dans  le  cours  de  leurs 
campagnes. 

Fondé  en  1 688  sous  le  ministère  de 
Louvois,  il  fut  administré  sans  ordre 
jusqu'en  1738.  On  s'occupa  seulement 
alors  du  classement  des  archives ,  que  le 
maréchal  de  Maillebois ,  premier  direc- 
teur du  dépôt,  entreprit  avec  beaucoup 
de  méthode. 

Le  dépôt  des  cartes  et  plans  fut  séparé 
de  celui  de  la  guerre  en  1 744,  pour  être 
réuni  au  dépôt  des  fortifications  (vojr,  ce 
dernier  mot),  puis  confié,  en  1760,  à  la 
direction  de  Berthier,  père  du  prince  de 
>Vagram,qui  éuit  en  même  temps  chef  des 
ingénieurs-géographes.  Après  lui, la  direc- 
tion du  dépôt  de  la  guerre  passa,  avec  le 
commandement  des  ingénieurs -géogra- 
phes, sous  les  ordres  du  lieutenant  général 
de  Vault,  qui  mourut  en  1 7  90,  après  avoir 
été  directeur  pendant  près  de  trente  ans. 
Cet  officier  général  a  lai»é  nianiiscriti,an 
dépôt ,  dm  travaux  coosidérablet.  Il  eut 


(  248  )  GUE 

pour  successeur  le  général  Mathîec 

mas  (vnr,),  qui  trouva  le  dépôt  des 

ficatlons  réuni  à  celui  de  la  guen 

loi  du  10  juillet  1791  sépara  ces 

établissements,  et  plaça  le  premier  i 

du  comité  des  fortifications.  ]>epiiiii 

époque  jusqu'à  celle  de  la  Restaon 

le  dépôt  de  la  guerre ,  placé  socei 

ment  sous  la  direction  du  Comité  < 

lut  public,  des  généraux  Dupont,  C 

Andréossi,  Samson  et  Bâcler  d'AJbc 

ces  noms),  eut  à  subir  de  nombreoa 

ganisatious.  Pour  propager  l'otili 

nombreux  matériaux  réunis  et  < 

dans  l'établissement  confié  à  sea 

le  général  Andréossi  fonda,  en 

sous  le  titre  de  Mémorial  du  dêpôi 

rai  de  la  guerre^  un  recueil  précii 

mémoires  et  de  cartes  relatifs  à  l'ar 

guerre,  qui  fut  rédigé  par  le  générs 

longue  et  dont  il  devait  paraître  c 

année  un  volume  iu-8<*.  Le  prem: 

publié  en  septembre  1802  :  il  en 

successivement  sept,  dont  le  dem 

1810.  L'ouvrage  fut  repris  après  1 

dé  suspension ,  et  le  8^  volume  é 

collection   fut  imprimé   en   1826 

décision  ministérielle,  du  12  aoâl 

même  année,  en  ordonna  une  m 

édition,  dans  le  format  in-4«,  <i 

l*'  vol.  a  paru  en  1829  *. 

En  181.5,  le  dépôt  fut  confié  i 
marquis  d'Ecquevilly.  C'est  sous  la 
tion  de  cet  officier  général  qu'une  < 
nance,  du  6  août  1817,  prescrivit  Y 
tion  d'une  nouvelle  carte  topogra] 
de  France ,  destinée  à  remplacer  c 
Cassini  (voy,\  reconnue  en  gêné 
complète  et  quelquefois  même  io 
Cette  opération  importante  fa 
fiée  aux  soins  du  général  Drossier  qi 
plissait  les  fonctions  de  sous-dir 
Les  premiers  travaux  furent  exécn 
le  corps  des  ingénieurs- géograpi 
sont  actuellement  continués  par  V 
royal  des  officiers  d'état-roajor , 
ils  ont  été  réunis.  Ce  grand  trav 
à  souffrir  de  la  suppression,  penda 
de  cinq  ans,  de  la  place  de  directe 
néral.  Réublie  par  ordonnance 
janvier  1822 ,  la  direction  du  dé 


(*)  On  •  rêaiii  !••  S  vol.  ém  Téditio 
daas  Iflt  4«os  preaicrs  da  cdU  i»-4^ 


GUE 


(549) 


GUE 


te  domtée  à  M.  le  lieutenant 

G«ilkBÎBOl(vor.)qaÎ9^  1830, 
par  M.  le  lieatenant  général 
itt.  0CS  lan,  les  divers  travaux  entre- 
ibiboa  ce  vaatc  établissement  reçurent 


it  du  dassement  et  de 
historuiaes  françaises, 
géoéral  actuel  lait  traduire 
étrangers  qui  pa- 
sur  Part  de  la 
.Le  <lêp6c,  an  oKiyen  de  nouveaux 
de  oonoert  entre  les  ingé- 
ais  et  les  ingé- 
opagools,  a  dressé  une  nouvelle 
f/mtË ili  d^Espagne  en  16  feuilles. 
de  Psaris  a  été  relevé  dans  tous 
le  canevas  de  Vemiquet, 
laélè  aivclé  en  entier  et  forme  un  plan 
hMl  couipogé  de  j»4  feuilles.  L'Atlas 
lÂBliBtif des  places  fortes  delà  France, 
iê  «DlnaKS,  contenant  167  cartes  et 
|h%  a  été  aeiievé. 

-Gfendant  le  dépôt  de  la  guerre  a 
■HHivi  SBBs  interniption  Pavancement 
pMBsrable  monument  qu'il  élève, 
lS17y  aux  sciences  géodésiques 
:  la  nouvelle  carte  de 
■jourd'hui  tellement  avancée 
fUssa  achèvement  ne  peut  plus  être  ré- 


learionte  de  cette  carte  est  construite 
iftiMfe  du<inarante-millième  (xt73t); 
%m  rfdtlinn  au  quatre -vingt- mil- 
l*»  iilirs)  «*  rapportée  sur  cuivre, 
iMfcn  <le  la  gravure,  par  les  plus  ha- 


,  d'une  exactitude  admira- 
b^aeooanpoaera  de  259  feuilles,  dont 
I  am  d^  teraûnées  et  publiées.  La 
Me  de  12  antres  est  presque  achevée: 
lide  20  autres  est  en  train  d'exécution. 
^feiangBialicMi  de  premier  ordre  se  di- 
re» dcBX  parties  :  1<*  celle  des  chai- 
I  piim,i|nln  qui  sont  mesurées  dans 
Béridiens  et  dans  le  sens  des 
fiorment  des  quadrilatères  de 
i^MO  aaètres  de  côté  ;  2»  celle  qu'on 
|irfle  ÙÊtenmedùure  et  qui  a  pour  ob- 
da  rea^dir  œs  quadrilatères.  La  pre- 
de  ce  travail  est  terminée 
;  et  il  ne  reste  à  exécu- 
la  aecoade  qœ  quelques  espaces 
de  cet  quadrilatères.  La  trian- 


gulation de  second  ordre  s'exécute  dans 
chaque  feuille  de  la  carte,  et  au  31  dé* 
cembre  1839,  elle  était  complètement 
exécutée  dans  120  feuilles.  La  topo- 
graphie est  faite  dans  une  centaine  de 
feuilles. 

La  superficie  totale  de  la  France  est 
de  5,340  myriamètres  carrés,  ou  de 
27,000  lieues  de  25  au  degré  :  chacune 
des  feuilles  de  gravure,  dont  la  carte  sera 
composée,  représente  un  rectangle  de  8 
décimètres  de  base  sur  5  décimètres  de 
haut.  Ainsi  l'étendue  superficielle  du  ter- 
rain représenté  à  l'échelle  de 


)to  ou  u 


sur 

une  feuille  pleine,  est  de  256,000  hec- 
tares, ou  25.6  myriamètres  carrés,  ou, 
très  approximativement,  130  lieues.  La 
figure  et  les  accidents  du  terrain  y  sont 
exprimés  avec  une  vérité  et  une  précision 
bien  supérieures  à  celles  que  l'on  trouve 
dans  la  carte  de  Cassini. 

Une  des  propriétés  les  plus  remarqua- 
bles de  ce  chef-d'œuvre  de  topographie 
est  de  donner  les  hauteurs  d'une  multi- 
tude de  points  du  sol  au-dessus  de  la  mer. 
La  triangulation,  étendue  sur  toute  la 
surface  du  royaume,  doune  lieu  à  un  ni- 
vellement général  de  la  France  tel  qu'il 
n'en  existe  pas  de  semblable  en  Europe. 
Ainsi  tous  les  points  trigonométriques , 
au  nombre  de  40,000,  seront  exactement 
connus  par  leur  latitude,  leur  longitude 
et  leur  altitude  ou  hauteur  au-dessus  de 
la  mer. 

Les  opérations  topographiques  ajou- 
tent un  grand  nombre  de  différences  de 
niveau  à  celles  qui  sont  le  produit  de  la 
géodésie.  Ces  déterminations  obtenues 
par  la  topographie  seront  au  nombre  de 
416,000  au  moins,  qui,  ajoutées  aux 
40,000  données  par  la  géodésie,  forme- 
ront un  total  de  456,000  cotes  de  hau- 
teur. De  cette  manière  se  trouvera  résolu 
le  problème  d'un  nivellement  général  de 
la  France,  sollicité  vivement  depuis  long- 
temps par  tous  les  savants  et  par  les  in- 
génieurs civils  et  militaires. 

Les  feuilles  de  la  nouvelle  carte  de 
France  tirées  de  la  gravure  sur  cuivre  ont 
été  mises  dans  le  commerce  au  prix  de 
7  francs  chacune.  Bien  qu'il  n'y  eut  rien 
d'exagéré  dans  ce  prix,  eu  égard  à  l'im- 
mensité du  travail  et  à  la  beauté  de  son 
exécution,  néanmoins  la   réunion  de% 


GUE 


(250) 


GOB 


faoHIes  néœasairei  pour  former  un  dé- 
liartement  ou  même  un  arrondissement 
devenait  assez  coûteuse.  Il  fallait  d^aiU 
leurs  concilier  Tobligation  de  satisfaire, 
en  cas  de  besoin,  à  la  demande  d'un  grand 
nombre  d'exemplaires  et  la  nécessité  im- 
périeuse de  ménager  des  cuin'es  gravés  à 
grands  frau  avec  une  perfection  et  une 
finesse  de  détails  qui  ne  pourraient  ré- 
sbter  à  un  nombreux  tirage.  On  a  donc  eu 
recours  au  procédé  de  V autographie  ou 
contre<^preuve  lithographique,  qui  con- 
siste à  transporter  sur  pierre  une  épreore  ' 
tirée  du  cuivre ,  et  à  faire  rendre  à  'b  ' 
pierre  les  exemplaires  qu'on  ne  tirait  au- 
paravant que  de  la  planche  originale.  On 
obtient  ainsi  trois  grands  avantages  :  1® 
de  ménager  le  cuivre,  puisqu'il  devient 
matrice  ;  T*  de  permettre  de  réunir  sur 
une  seule  feuille  les  firagments  de  plu- 
sieurs, de  manière  à  former  une  carte  ré- 
gulière d'où  l'on  retranche  ce  que  l'on 
veut,  où  l'on  ajoute  des  plans  topogra- 
phiques, des  notices  statistiques  et  tout 
autre  renseignement  jugé  nécessaire;  8<*  de 
pouvoir  être  donné  k  un  prix  extrême- 
ment réduit,  puisque  la  planche  originale 
reste  intacte. 

Déjà  la  publication  d'une  carte  des  en- 
virons de  Paris  a  justifié  le  mérite  du  nou- 
veau procédé.  Cette  carte,  actuellement 
livrée  au  commerce,  se  compose  des  frag- 
ments de  deux  feuilles  différentes,  réu- 
nies dans  une  seule  feuille  et  raccordées 
de  manière  k  former  une  feuille  unique 
dont  Paris  occupe  le  centre.  Le  succès 
complet  obtenu  dans  l'autographie  de 
cette  belle  carte  des  environs  de  Pans  a 
déterminé  M.  le  directeur  du  dépôt  de  la 
guerre  à  user  du  même  procédé  pour  l'au- 
tographie des  cartes  départementales.  Il 
a  fiiit  d'abord  entreprendre  celles  des  dé- 
partements du  Bas-Rhin,  de  la  Moselle, 
de  la  Meuse ,  de  la  Somme ,  du  Pas-de- 
Calais,  de  la  Marne,  de  la  Meurthe  et  de 
l'Oise.  La  première ,  celle  du  Bas-Rhin , 
est  d'une  exécution  si  parfaite,  qu'on 
a  peine  à  croire  que  les  épreuves  n'ont 
pas  été  tirées  immédiatement  du  cuivre. 
Elle  se  compose  de  six  feuilles,  dont  le 
prix  total  est  de  6  francs.  On  y  a  ajouté 
un  plan  détaillé  de  la  ville  de  Strasbourg 
gravé  tout  exprès,  et  les  blancs  de  la  carie 
sont  reaipUt  avec  mam  iKHice  tutistique  j 


composée  en  caractères  d'impi 
transportée  sur  la  pierre.  Les 
trois  départements  suivants  qi 
voie  d'exécution  sont  terminée 
point  de  l'être.  Avant  six  moi 
cartes  départementales  seront  i 
ce  procédé  d'exécution. 

Les  opérations  astronomique 
siques  et  topographiques,  au: 
donné  lieu  la  grande  carte  di 
ont  produit  d'immenses  résultat 
ques  dont  les  plus  importants  i 
de  recevoir  de  la  publicité.  A  c 
a  été  rédigé  par  les  soins  sp 
M.  le  colonel  Puissant,  chef  d 
mièra  section  du  dépôt  de  la 
membre  de  l'Académie  des  Sci 
Nouvelle  description  géométn 
France^  où  sont  exposés,  non- 
les  méthodes  d'observation  et 
les  plus  exactes  qui  ont  été  c 
mais  en  outre  les  procédés  les  pi 
dont  on  puisse  faire  usage  pou! 
parti  avantageux  de  tous  les  réi 
tenus.  La  première  et  la  seooi 
de  ce  savant  ouvrage  sont  p 
forment  les  tomes  VI  et  VII  de  I 
édition  du  Mémorial  du  déj 
guerre. 

La  seconde  section  du  àk 
guerre  a  publié,  dans  le  coun 
1837  et  1838,  diven  ouvrage 
phiques,  et  notamment  une  c 
raie  de  l'Algérie,  en  trois  feu 
l'une  donne  la  province  d'On 
conde,  celle  d'Alger,  et  la  troi 
de  Constantine.  Cette  belle  car 
soins  particuliers  de  M.  le  coK 
a  été  reproduite  sur  pierre  ave 
succès,  d'après  le  procédé  < 
avons  donné  plus  haut  la  des 

Enfin  nous  ne  terminerons 
notice  sur  le  dépôt  de  la  guem 
mention  de  la  publication  des 
militaires  relatifs  à  la  succès; 
pagnCy  sous  Louis  Xlf^y  tiré« 
moires  militaires  du  lieutenant 
Vanlt.  Dans  ces  Mémoires,  la  g 
Succession  comprend  41  volu 
général  Pelet  a  fait  de  ce  v 
travail  un  extrait,  éclairct  et  \ 
lui-même,  précédé  d'une  in 
écrite  d'un  style  brillant  et  ra| 
richi  par  set  soins  des  cwtis  f 


6UB 

k  riBtdligeiioe  du  teite,  qui 
it  «lix  Annales  rédigées  par  le 
s  Vanh.  C-TE. 

RE  PRIVÉE  (en  allemand 
*  la  buse-latinité/âfVia).  C*é- 
▼cfHâge,  une  manière  de  se  faire 
oi-même  eC  de  satisfaire  une 
penaonelle.  Lorsque  la  loi  pu- 
■t>téçe  pas  suffisamment  Thon- 
ie  eC  la  fortune  de  Tbomme, 

puissance  souveraine  qui  doit 
lier  la  loi  manque  d*autorilé , 
his  ponrsniTent  eux-mêmes  le 
nt  des  torts  dont  ils  se  plai- 
ciierclient  k  laver  dans  le  sang 
noemb  Tinjure  qu*ib  en  ont 
amille  considère  comme  sienne 
ite  à  Ihin  de  ses  membres  et 

et  cause  pour  lui.  De  là ,  ces 
camées  qui,  au  moyen-âge,  en* 
ent  la  France,  et  particulière- 
emagne  {voy.  BEEUCHniCEif), 

temps  de  Finterrègne  qai  pré> 
!tion  de  Rodolphe  de  Habs- 
$0*73}.  La  composition  et  le 
9oy.  ces  mots)  furent  les  pre- 
lèdes  imaginés  pour  arrêter  ce 
I  les  familles  importantes,  ne 

pas  une  réparation  pécuniaire 
le  satisfaction  suffisante  pour  la 
I  de  leurs  membres ,  avaient  ré- 
armes et  exerçaient  la  loi  du 
ea  résultait  une  série  de  meur- 
■eb  et  de  combats  entre  les  fa- 
le  fomentaient  souvent  la  jalou- 
kitioii  on  la  soif  du  butin. 
Bi  •  régné  longtemps  en  France, 
imia  sous  nos  rob  de  la  secon- 

la  troisième  race*,  sans  cpi'il 
Me  de  le  faire  cesser.  Charle- 
<  le  premier  des  rois  de  France 
«  loi  générale  contre  les  guerres 
apirolaire  de  Tan  802,  ch.  32). 
t  loi  D^était  pas  assez  rigoureuse 
Mriiner  un   abus   si   ancien ,  et 

rorale  ayant  été  comme  éclip- 
kl  derniers  rois  de  la  seconde 
m  les  premiers  de  la  trobième , 
Bn  tant  ecclésiastiques  que  tem- 
nogèrent  si  bien  le  pouvoir  de 
guerre  qu'ib  érigèrent  en  droit 


t  Sifoadi  {Hiuoirê  dt$  Frumfais,  t. 
neoote  an  mécsorable  exemple  à% 
I,  à  U  «bu  d«  r«n  99a. 


(  351  )  Gm 

public  oe  qui  était  à  peine  anpantnnt 
un  usage  toléré.  (Test  alors  qu'on  vit  bs 
seigneurs  enrôler  leurs  serfs  et  leurs  vas* 
saux  pour  combattre  les  uns  contre  let 
autres ,  mettre  le  siège  devant  les  châ* 
teaux,  s'en  emparer,  les  démanteler  et 
ruiner  les  fiefs  de  leurs  ennemis. 

L'Église,  pour  arrêter  l'effusion  du 
sang  et  adoucir  la  barbarie  des  mœurs , 
prêcha  hi  paix  de  Dieu  (vers  1035),  qui 
fut  d'abord  accueillie  favorablement,  pub 
repoussée  par  les  nobles;  plus  heureuse 
quelque  temps  après ,  elle  parvint  à  leur 
imposer  ce  qu'on  appela  la  trêve  de  Dieu 
{voy.).  La  royauté  vint  en  aide  à  ses  ef- 
forts :  une  ordonnance  de  saint  Loub 
établit  qnOy  depub  les  meurtres  ou  les 
injures  hSdm  jusqu'à  40  jours  accom- 
plis, il  y  aurait  trêve  de  par  le  roi,  pen- 
dant laquelle  cependant  le  meurtrier  ou 
l'agresseur  serait  arrêté  et  puni  ;  que  si, 
dans  les  40  jours  marqués,  quelqu'un  des 
parents  se  trouvait  tué,  l'autear  du  crime 
serait  réputé  traître  et  puni  de  mort. 
C'est  ce  qu'on  nomma  la  quarantaine  le 
roi.  Philippe-le-Bel  profiu  de  ses  propres 
guerres  pour  empêcher  celles  de  ses  vas- 
saux. Plusieurs  fob  il  eut  à  interdire  les 
guerres  privées  tant  que  durèrent  les  sien- 
nes. Le  roi  Jean,  en  1353,  mit  presque 
fin  à  ce  mal  invétéré  en  ordonnant  que  la 
quarantaine  le  roi  serait  ponctuellement 
exécutée,  et  que  l'on  poursuivrait  extraor- 
dinairement  ceux  qui,  par  leurs  crimes, 
auraient  donné  occasion  à  ces  querelles 
ou  à  ces  guerres.  Mab  aux  guerres  pri- 
vées survécurent  ces  bandes  de  brigands 
connues  sous  le  nom  de  grandes  compa- 
gnies {voX')^  toujours  prêtes  à  louer  leurs 
services  à  qui  payait  le  mieux  pour  faire 
rançonner  son  ennemi.  La  destruction  de 
ces  bandes  fit  disparaître  en  France  les 
dernières  traces  de  cette  institution  bar- 
bare. L.  L-T. 

GUERRE  SACREE,  nom  commun 
dans  l'antiquité  à  trob  expéditions  bel- 
liqueuses dont  la  défense  du  temple  d'A- 
pollon, situé  à  Delphes  (voj.)y  fut  le 
prétexte  ou  l'objet. 

La  première  fut  entreprise ,  l'an  600 
av.  J.-C.,  contre  les  Crisséens,  peuple 
qui  habitait  l'extrémité  de  la  Phocide  la 
plus  rapprochée  du  golfe  de  Corinthe,  et 
dont  la  capiule,  Crbsa,  n'éuit  éloignée 


GUE 


de  i>elphes  qae  de  trois  lieues  environ. 
Tj» Crisséens,  enrichis  par  le  commerce, 
]ie  tardèrent  pas  à  rendre  victimes  de 
Jenr  cupidité  tous  les  étrangers  qu'atti- 
rait à  llelphes  le  culte  d'Apollon.  Leurs 
exactions  étant  demeurées  impunies,  ils 
portèrent  l'audace  jusqu'à  s'emparer  du 
temple ,  qu'ib  pillèrent  de  fond  en  com- 
ble après  avoir  dépouillé  plusieurs  pèle- 
rins qui  se  trouvaient  sur  les  lieux.  Des 
Amphictyons  (vajr,),  s'étant  permis  quel- 
ques représentations  sur  l'atrocité  de  cette 
conduite  y  furent  indignement  maltraités. 
Consulté  sur  ces  attentats  par  le  sénat 
amphictyonique ,  l'oracle  de  Delphes  or- 
donna de  porter  la  guerre  chez  les  Cris- 
séens ,  de  les  réduire  en  esclavage,  et  de 
ruiner  leur  pays  pour  le  consacrer  aux 
dieux.  Les  troupes  du  sénat  entrèrent 
dans  cette  contrée  sous  la  conduite  d'Eu- 
riloque ,  général  thessalien ,  défirent  les 
Crisséens,  ravagèrent  leurs  campagnes, 
et  mirent  le  siège  devant  les  deux  plus 
importantes  de  leurs  villes,  Crissa  et  Cir- 
rha.  Toutes  deux  se  défendirent  avec  une 
vigueur  inattendue;  huit  ans  écoulés  sans 
résultat  avaient  fait  perdre  l'espoir  de 
réduire  la  première;  déjà  la  peste  com- 
mençait à  décimer  l'armée  amphictyoni- 
que, lorsque  l'oracle,  consulté  de  nou- 
veau, promit  un  plein  succès  si  les  assié- 
geants se  hâtaient  de  faire  venir  de  l'Ile 
de  Cos  un  faon  avec  tle  l'or.  On  dépé- 
cha à  Cos.  Un  nommé  Nébrus ,  mot  qui 
signifie  en  grec  le  faon  d'une  biche ,  ré- 
pondit que  cet  oracle  le  regardait,  et  il 
équipa  aussitôt  une  galère  de  50  rames , 
chargée  de  médicaments,  d'armes  et  d'é- 
quipages. Ce  secours  rendit  la  santé  à 
l'armée  assiégeante.  Nébrus,  ayant  dé- 
couvert une  source  qui  aboutissait  dans 
la  ville ,  l'empoisonna ,  et  causa  ainsi  des 
ravages  affreux  parmi  les  Crisséens.  Sur 
ces  entrefaites ,  le  fib  de  Nébrus ,  appelé 
Chryssus  (en  grec  ;^vaôCy  or\  donna  l'as- 
saut à  la  ville  qui  succomba  et  fut  en- 
tièrement saccagée.  Cependant  le  siège 
de  Cirrha,  seconde  capitale  des  Crisséens, 
durait  encore.  L'oracle  consulté  répon- 
dit qu'on  ne  s'en  rendrait  maître  que 
lorsque  la  mer  baignerait  la  terre  sacrée. 
Cette  réponse  embarrassa  les  Amphic- 
tyons, à  raison  de  la  distance  qui  sépa- 
rait dé  la  mer  le  temple  d*ApolloD  et  le 


(  262  )  GUE 

I  territoire  sur  lequel  il  était 
Selon ,  depuis  législateur  d'^ 
pliqua  en  disant  qu'il  fallait 
Apollon  la  ville  et  la  provîn 
ce  qui  rendrait  la  mer  voisij 
sacrée.  Les  formalités  néo 
cette  consécration  furent  a 
plies ,  et  Cirrha ,  prise  d'ass 
même  sort  que  Crissa,  vers 
J.-C.  Ce  double  événement 
première  guerre  sacrée. 

La  seconde,  qui  fut  moi 
moins  importante ,  se  rappoi 
avant  l'ère  chrétienne;  el 
cause  le  pillage  du  tempi 
par  les  Phocéens.  Ce  peup 
cependant  que  comme  aux 
lutte  s'établit  principaleme 
républiques  d'Athènes  et  de 
observaient  avec  une  envie 
leurs  progrès  respectifs.  Toi 
rai  athénien ,  guerrier  habil 
somptueux ,  leva  une  armée 
pour  passer  en  Béotie ,  c 
mille  jeunes  Athéniens  à  ( 
lui  les  hasards  de  cette  expé 
clés  essaya  vainement  de  le  < 
ce  projet.  «  Si  tu  ne  veux 
ajouter  foi  à  mes  avis,  laisse  fa 
qui  est  le  meilleur  conseiller 
avoir.  >  Néanmoins  Tolmidc 
vra,  l'an  447,  une  bataille  a 
auxiliaires  des  Spartiates,  pi 
de  Chéronée.  Il  la  perdit  et 
l'action.  Ce  revers  tennini 
guerre  sacrée,  et  fui  suivi  d 
trente  ans  c^ui  ne  précéda  qu* 
la  fameuse  guerre  du  Pélop 

La  troisième  guerre  sac 
l'an  356,  ou,  selon  Diodoi 
Tan  355  av.  J.-C  ;  elle  eu 
l'usurpation  par  les  Phocéens 
terres  qui  dépendaient  du 
poUon.  Les  Amphictyons  pr 
stigation  des  Thessaliens  et  c 
connaissance  de  ce  délit,  < 
aux  coupables  une  forte  a 
partie  de  la  population  étai 
soumettre  à  celte  sentence, 
mêle ,  citoyen  riche  et  puisa 
valoir  la  résolution  cootrair 
dit ,  sur  la  foi  d'un  vers  d*] 
la  surveillance  du  temple 
n'appartenait  qu'au  gouv«n 


Uize. 


1^- 


,..., 


•««  'Wk  ••  *.>•  . 


GUE 


(244) 


ODB 


hameaux;  et  les  habîtaDts,  Tendus 
à  reocan,  furent  jetés  dans  les  fers,  ou, 
proscrits  et  fugitifs,  ne  trouvèrent  d'asi- 
le dans  aucune  contrée  de  la  Grèce,  tant 
j  avait  grandi  déjà  Tinfluence  macédonien- 
ne. Ëschine  (vojr,)  affirme  au  contraire, 
dans  sa  harangue  Sur  la  jausse  ambaS" 
sade ,  que  Philippe  exécuta  le  décret  des 
Amphictyons  avec  plus  de  modération  et 
d'humanité  que  les  Thébains  et  les  Thés- 
•allens  n'en  avaient  mis  à  le  provoquer. 
Quoi  qu'il  en  soit,  cette  décision  fut  le 
dernier  acte  de  la  troisième  guerre  sacrée, 
qui  avait  duré  environ  dix  ans,  collision 
meurtrière  dont  les  résultats  les  plus  im- 
portants sont  demeurés,  aux  yeux  de 
l'histoire',  l'afiaiblissement  des  républi- 
ques qui  s'y  engagèrent  et  l'accroissement 
de  la  puissance  de  Philippe,  à  qui  elle 
ibomit  le  dangereux  avantage  de  prendre 
pour  la  première  fois  un  rôle  actif  et  di- 
rect dans  les  affaires  de  la  Grèce.  A.  B-s. 

GUESCLIN,  voy.  Du  Guesclin. 

GUET*,  troupe  chargée,  avant  la 
révolution  de  1789,  de  la  police  de  sû- 
reté et  particulièrement  de  la  police  de 
nuit  dans  Paris  et  dans  les  grandes  villes 
de  France.  On  distinguait  à  Paris  le  guet 
royal,  composé  d'un  certain  nombre 
d'hommes  à  pied  et  a  cheval ,  soldés  par 
la  couronne  {voy.  Gaede  municipalb), 
et  \e  guet  assis  ou  le  guet  des  métiers, 
formé  de  bourgeois  et  d'artisans  postés 
dans  les  différents  quartiers  de  Paris,  de 
manière  à  pouvoir  se  porter  mutuelle- 
ment assistance  et  venir  en  aide  et  se» 
cours  aux  rondes  et  patrouilles  de  nuit  du 
guet  royal.  Sous  divers  noms ,  l'institu- 
tion du  guet  royal  remonte  à  l'origine 
de  la  monarchie;  le  guet  assis  ne  date  que 
de  1254,  époque  à  laquelle  il  fut  autorisé 
par  saint  Louis ,  sur  les  instances  réité- 
rées des  bourgeois  et  corps  de  métiers  de 
Paris,  journellement  victimes  des  ban- 
des de  voleurs  et  de  malfaiteurs  qui  in- 


festaient la  ville  et  ses  environs ,  et 


qui, 


en  dépit  du  guet  royal ,  se  livraient  pen- 
dant la  nuit  aux  plus  déplorables  excès. 
Le  guet  assis  »e  faisait  à  tour  de  rôle  par 
les  citoyens  de  Paris,  chacun  dans  son 
quartier.  Il  y  avait  à  la  tète  des  deux 

(*)   L*étjrrao1ugi«  de  ce  mot  est  iocrrUine; 
«•/.  cependant  ce  qa'oo  en  dit  daof  l'artirle 

SttiVftBt.  9. 


guets  un  chef  qui  prenait  le  titre  de  ( 
palier  du  guet;   de  grands   ai 
étaient  attachés  à  cette  charge  q«| 
supprimée  vers   1733.   Quant  au 
lui-même,  il  disparut  dans  la  R^ 
et  l'on  peut  dire  qu'actuellemeQilej 
royal  est  remplacé  par  la  garde 
pale ,  et  le  guet  assis  par  la  garda 
nale. 

Avant  1789,  l'on  appelait  le  fMfîj 
roi  le  service  de  nuit  que  fa 
gardes-du- corps  près  de  la 
roi  et  dans  les  appartemeola  du 
qu'il  habitait. 

Depuis  la  suppression  du  guet, 
férentes  acceptions  de  ce  mot, 
sens  naturel  comme  au  figuré ,  cmt 
li  :  on  a  bien  encore  l'œil  et  W 
guet,  mais  on  ne  fait  plus  le  gm 
ne  crie  plus  au  guet,  on  ne  donne 
mot  du  guet,  et  Ton  ne  désigne  plot  | 
par  le  nom  de  chevalier  du  guet  cet 
vres  amoureux  qui  vont  se  roorfc 
sous  les  croisées  de  leurs  belles.  C  A«' 

GUET  -  A  PENS ,  du   verbe 
ou  de  la  basse  latinité  guatare, 
guetter ,  et  de  appensus ,  participe 
du  verbe  appendere;  apems,  abi 
de  appendu,  suspendu,  présente  à  V\ 
l'idée  de  appenso  pede,  le  pied 
ou  levé,  c'est-à-dire  dans  l'attitude 
homme  prêt  à  s'élancer  sur  on  autre» 

L«  guet-apens  consiste  -à  eti 
plus  ou  moins  longtemps,  dans  un  oi 
vers  lieux,  un  individu,  soit  pour  lai 
ner  la  mort ,  soit  pour  exercer  eavcff 
des  actes  de  violence.  Il  emporte 
avec  lui  l'idée  de  prémédiutkm ,  f 
forme  une  circonstance  aggravante 
crimes  auxqueb  il  se  ratUcbe.  AiiMi^ll 
meurtre  commu  de  guet^  apems  peM 
le  caractère  d'assassinat ,  et  celui  qirf  % 
commis  est  puni  de  mort.  Les  ooaptil 
les  blessures  qui,  ayant  occaaionaé 
maladie  ou  une  incapacité  de  travail  | 
sonnel  pendant  plus  de  vingt  jours, 
oïdinairemenl  punis  des  travaux 
ou  de  la  réclusion ,  selon  qu'ils  ont  M 
ou  non  suivis  de  la  mort  de  celui  qui  kl 
a  reçus,  entraînent,  contre  l'individu  qÉl 
s'est  rendu  coupable  de  ces  violences  avei 
guet-apens,  la  peine  des  travaux  furcéi 
à  perpétuité  dans  le  premier  cas,  et  cdto 
dêi  travaux  forcés  à  tempe  dans  le  iec«wii| 


J 


GUE 

itoDt  ponîet  d'un  empriaonnemeiit 
IBS  à  5  ai»9  el  d^ane  ameode  de 
à  600  fr.,  lonqu'elles  n'ont  été 
(  m  de  wffy !*<*»*»  ni  dUncapadté  de 
l  penonnel,  tandis  qae,  dsuQs  lescas 
ira ,  la  peine  n'est  que  d'un  em- 
f  imt  de  6  jours  à  S  ans,  et  d'une 
b  de  16  fir.  à  300  fr.,  ou  de  l'une 
deux  peines  seulement.  J.  L.  G. 
EU1*E.  En  terme  de  blason ,  c'est 
BB  employé  dans  les  armoiries.  On 
aatrcfois  gueules  :  c'est  ainsi  qu'on 
i  et  mot  dUns  le  traité  du  P.  Mé- 
9,  dans  Ducangd^  etc.  On  a  voulu  le 
r  de  lliâMreny  et  surtout  de  l'arabe 
;  A  semble  toutefois  plus  naturel  de 
V  du  latin  guUtj  puisqu'il  exprime, 
bt,  la  cxMileur  de  la  gueule  ouverte 

,  gueule  était  la  plus  honorable  de 
s  ks  conlenrs  qu'employait  le  bia- 
A  n'était  porté  que  par  les  princes 
ifcnins,  ou  par  ceux  qui  en  obte- 
K  d'eu  la  permission,  he  rouge  avait 
te  les  RÔm^'n*  la  couleur  impé- 
;  ks  cardinanx  le  portèrent  depuis, 
M  princes  de  l'Église  ;  les  actes  des 
■nages  les  plus  élevés  étaient  con- 
■nt  sœUés  en  cire  rouge. 
maat  les  traités  de  blason ,  le  gueule 
JÊmà  la  justice,  l'amour  de  Dieu  et 
ledbain,  et  aussi  la  valeur  et  la  ma- 
L  Chi  sait  que,  sur  les  figures  non 
il  est  lepiiaenté  par  des  hachu- 
Eraciées  sur  le  fond  de  l'écu. 
les  armes  des  maisons  d'Al- 
(qoi  portait  de  gueule  plein),  de 
la^  de  Rohan,  de  Coligny ,  de  Ro- 
lOMurty  etc.  C.  N.  A. 

JHJSS  ,  voy.    FoHTE ,   Foege  , 


JHJX9  GUEUSE.  On  donne  cette 
featîonà  desgens  d'une  grande  pau- 
.  MUtout  quand  leur  position  dans 
âété  est  au-dessus  de  leur  fortune. 
ait  comment  les  présente  Béranger 
sa  cbanaon  intiôdée  les  Gueux, 
■éant  le  mot  parait  avoir  eu  une 
maW  acception  au  temps  de  Scar* 
qtûf  invoquant  les  Muses ,  s'écrie  : 

O  docte*  gmemsfM  do  Parnasse, 
Tieillcs  fiUe»  de  bonne  race! 

qni  ont  cherché  à  le  réhabiliter 
n  manqué  de  citer  cette  épitaphe 


(  265  )  Gt)I 

d'un  homme  peintre,  poète,  chimistt  et 
philosophe,  qu'on  lisait  autrefois  da^s 
l'église   Saint- Germain -l'Auxerrois,   V 

Paris  : 

Cy-gist  qoi  en  ton  temps  faisoit 
Quatre  métiers  de  gueusene  t 
Il  peignoit,  rimoit  et  soaffloit. 
Et  cnltiroit  philosophie. 

Dans  l'h'istoire  des  Pays-Bas ,  le  nom 
de  gueux  est  d'un  fréquent  usage  au  xvi* 
siècle;  cette  histoire  parle  tour  à  tour  des 
gueux  de  terre  et  des  gueux  de  mer.  X. 

Philippe    n    ayant  envoyé  dans  les 
Pays-Bas,  en  1564,  neuf  inquisiteurs 
pour  faire  exécuter  les  décrets  du  con- 
cile de  Trente,  toute  la  population ,  sans 
distinction  de  religion ,  Ait  exaspérée  par 
cette  mesure.  La  noblesse  déclara ,  dans 
ce  qu'on  appelle  le   compromis  y    que 
jamais  elle  ne  se  laisserait  traîner  devant 
le  tribunal  de  ces  inquisiteurs,  et  fit  par- 
venir cet  acte,  en  1566,  à  Marguerite  de 
Parme,  gouvernante  des  Pays-Bas.  Mais 
au  lieu  d'avoir  égard  à  cette  démarche 
énergique ,  on  traita  les  confédérés  avec 
mépris ,  et  la  princesse  ayant  laissé  voir 
quelque    embarras    pendant    l'audience 
qu'elle  leur  avait  accordée,  le  comte  de 
Barlaimont,   président  du  conseil    des 
finances ,  lui  dit  à  voix  basse  de  ne  pas 
s'effrayer  de  ce  tas  de  gueux.  Ces  paro- 
les furent  entendues ,  et,  dès  le  soir,  les 
confédérés  adoptèrent  ce  nom  de  Gueux 
à  un  repas  donné  pour  resserrer  les  liens 
qui  les  unissaient.  Il  devint  le  mot  d'or- 
dre d'une  révolution.  Les  Espagnols  ap- 
pliquèrent ce  nom  même  aux  émigrés  qui 
avaient  cherché  un  refuge  sur  la  mer  et 
avaient  armé  contre  eux  des  corsaires; 
ils  les  appelaient  les  gueux  de  mer.  C  L, 
GUI,  espèce  du  genre  viscum^  lequel 
appartient  à  la  famille  des  loranthacées , 
et  offre  les  caractères   suivants:    fleurs 
dioîques,  dépourvues  de  pétales;  les  mâ- 
les ayant  un  calice  partagé  presque  jus- 
qu'à sa  base  en  quatre  lobes,  dont  chacun 
porte,  au  milieu  de  sa  face  interne ,  une 
anthère  adnée  et  de  forme  oblongue;  les 
fleurs  femelles  ayant  un  calice  semblable 
à  celui  des  fleurs  mâles,  mais  couronnant 
l'ovaire  et  sans  trace  d'anthères.  L'ovaire, 
nniloculaire  et  ne  renfermant  qu'un  seul 
ovule,  est  surmonté  d'un  style  court,  le- 
quel se  termine  par  un  stigmate  arrondi. 
Le  fruit  est  un  petit  drupe  semblable  9^ 


GUI  (  256  ) 

une  Laie  pulpeuse  y  et  oontenaot  un  leal 
voyau;  ceiui«-ci  est  en  forme  de  cœur 
comprimé,  et  il  renferme  une  seule  graine. 

Les  viscum  sont  des  végétaux  essen- 
tiellement parasites,  c'est-à-dire  que  leurs 
graines  ne  peuvent  germer  qu'étant  en 
contact  avec  la  jeune  écorce  d'un  autre 
végétal  ligneux ,  sur  lequel  ils  s^implan- 
tent  et  dont  la  sève  les  nourrit.  Les  tiges 
sont  dichotomes  et  plus  ou  moins  ligneu- 
ses; les  feuilles  coriaces,  persistantes,  op- 
posées, très  entières;  les  fleurs,  petites  et 
sessiles,  disposées  en  épis  axillaires,  ou 
agrégées  à  l'extrémité  des  jeunes  pousses. 
Ce  genre,  assez  riche  en  espèces  exotiques, 
n'oilre  pourtant  que  deux  espèces  euro- 
péennes. 

L'espèce  connue  sous  le  nom  vulgaire 
de  gui  y  ou  gui  blanc  y  est  le  viscuin  al^ 
bum  de  Linné,  qu'on  rencontre  fréquem- 
ment sur  les  branches  des  pommiers,  des 
poiriers,  des  tilleuls,  des  peupliers  et  au- 
tres arbres,  ou  quelquefois  aussi  sur  les 
pins,  les  sapins  et  les  chênes.  C'est  un  ar- 
buste très  rameux  dès  sa  base,  formant 
de  grosses  touffes  arrondies  et  hautes  de 
un  à  quatre  pieds.  Les  rameaux  sont  me- 


nus, verts,  lisses,  articulés  et  régulière» 
ment  dichotomes.  Les  feuilles,  longues 
d'environ  deux  pouces,  sont  persistantes, 
sessiles,  lancéolées -oblongues,  obtuses, 
d'un  jaune  verdàtre.  Les  fleurs,  petites  et 
de  même  couleur  que  les  feuilles,  sont 
iigrégées  aux  extrémités  ainsi  qu'aux  bi- 
furcations des  jeunes  ramules;  elles  pa- 
raissent en  février  el  en  mars.  Le  fruit , 
de  couleur  blanche  et  rempli  d'une  pulpe 
visqueuse  presque  diaphane,  a  la  forme 
et  le  volume  d'un  grain  de  groseille.  La 
graine  contient  souvent  deux^  trois  ou 
même  jusqu'à  quatre  embryons. 

Les  auteurs  anciens  et  modernes,  les 
historiens  et  les  poètes,  ont  parlé  du  res- 
pect religieux  c|ue  les  anciens  Gaulob  pro- 
fessaient pour  le  gui.  Au  renouvellement 
de  leur  année,  c'est-à-dire  au  sobtice 
d'hiver,  les  druides,  accompagnés  du 
peuple,  se  rendaient  dans  une  forêt,  au- 
près de  quelque  chènc  antique  chargé  de 
gui.  Au  pied  de  cet  arbre  vénérable  s'éle- 
vait rapidement  un  autel  triangulaire  de 
gazon;  puis  on  hâtait  les  préparatifs  pour 
le  sacrifice  et  le  festin  solennel  qui  devaient 
suivre  la  cérémonie.  Sur  le  tronc  de  farbre 


GDI 

et  sur  d  l  de  set  brandMi  ki  p 
se  gra'  ut  i  noms  des  dieu 
pu  îs  qu'on  druide,  T 

blanche  tunique,  monté  nur  le  d 
me,  coupait  avec  une  serpe  d^oi 
te  sacrée  du  gui ,  que  deux  aut 
des,  placés  au  picMcl,  recueiUai 
soin  dans  une  toile  blanche.  A] 
récolte ,  ils  immolaient  les  vm 
priaient  les  dieux  de  faire  jouir 
des  vertus  vivifiantes  du  gui  ;  pu 
tri  huait  une  espèce  d'eau  béniu 
quelle  le  gui  avait  été  trempé; 
eau,  d'après  leur  dKre,  possédait 
térieuses  influences  :  c'était  à  ï 
préservatif  contre  les  sortilèges  c 


sons,  un  remède  qui  donnait 
dite ,  une  eau  lustrale ,  en  un  i 
espèce  de  panacée  (  vojr.  DEuinii 
T.  Xn,  p.  198  et  201,  et  Agui 
Et,  chose  bizarre,  cette  traditioi 
serva  longtemps  après  que  la  re 
druides  eut  fait  place  à  d'autn 
le  gui,  le  croirait-on,  a  joui  d'ui 
réputation  dans  la  médecine  :  I 
vrai  que  les  superstitions  primiti 
ce  qu'elles  sont  le  produit  du  sol 
cinent  difficilement. 

La  pulpe  visqueuse  du  fruit, 
l'écorce  du  gui,  peuvent  servir  i 
la  glu;  mais  l'écorce  du  houx 
de  préférence  à  cet  usage.  La  pi 
oiseaux  frugivores  sont  friands 
du  gui ,  dont  ils  rendent  les  gn 
les  digérer  :   aussi    est-ce    là 
moyens  mis  en  œuvre  par  la  nal 
la  dissémination  de  la  plante. 

Le  gui  se  nourrissant  uniqu« 
la  sève  des  arbres  sur  lesquels 
on  conçoit  facilement  qu'il  de 
parasite  très  nuisible  aux  arbres 
par  cette  raison,  les  cultivateurs 
ne  manquent  pas  de  l'extirper 
vergers. 

GUI,  vpx»  LuSIC!fA9. 

GUI  d'A&ezzo,  vof.  Aucnii 

OUI  ANE,  voy.  Gutaks. 

GUIBERT  (Jacqobs-Ajtio 
POLTTI,  comte  oe),  né  à  Mon  tau 
novembre  1 743,  était  fils  du  coa 
les-Benolt  de  Ginbert,  lieute 
néral  des  armées  du  roi,  mort  à 
1786,  gouverneur  des  Invalides 

Guibert^  autajit  par  position 


GDI 


(Ul) 


Clil 


fon  à  k  cairigre  militaire.  A 
blexeot,  il  accompagna  son  père, 
,  â  rarmée  d'Allemagne  comman- 
lemarédial  de  Broglie,  et  il  ser- 
dbtînction  dans  le  cours  des  six 
I  campagnes  de  la  malheureuse 
eSept-Ans,  d'abord  comme  aide- 
»  de  son  père,  puis  en  qualité  de 
•  dans  le  régiment  d* Auvergne  ; 
i  toos  ceux  qui  l'entouraient  par 
me,  la  nouveauté  et  la  sagacité 
iHlexiotts  sur  la  conduite  de  la 
)oiié  d*un  esprit  obsenrateur  au- 
t  ton  âge,  il  comprit,  en  voyant 
rer  Frédéric  II,  ce  que  devait 
Krre,  la  guerre  comme  plus  tard 
il  Napoléon,  et ,  aussitôt  la  paix 
,  il  écrivit  son  Essai  général 
jae  '1772).  Son  discours  préli- 
profbodément  pensé,  écrit  avec 
conviction,  et  que  l'on  prit  pour 
ru  jeune  homme,  développait 
■t  an  avenir  qui  ne  larda  pas  à 
cr.  Sa  tactique,  heurtant  des 
€Bradnés  dans  l'armée,  fit  écla- 
R  lui  toutes  les  susceptibilités 
s  et  donna  naissance  à  ces  dis- 
vires  et  animées  sur  l'ordre  mince 
Pordre  profond  {vojr.  Folaed) 
édèrent  aux  querelles  des  Gluc- 
t  des  Picciobtes.  Cet  Essai  de 
t  crt  du  petit  nombre  des  livres 
âderic  conseille  la  lecture  à  un 
,  et  Tïapoléoo  lui-même  le  com- 
•oavent. 

itée  le  publier,  Gnibert  avait  été 
m  Corse,  où  il  se  distingua  an 
àt  PbDte-Nuovo  qui  assura  la 
an  ^  cette  île  aux  Francs.  >om- 
mé  en  1773,  il  fut  chargé  de 
miioB  de  la  légion  corse.  En  1 7  75, 
le  de  Saint-Germain,  ministre  de 
R^ippelaprcsde  lui  Guibert,  qui 
Bt  akn  en  Allemagne  pour  étn- 
r  lo  lieux  le  svstème  militaire  de 
■e.  Guibert,  sans  les  approuver 
ooatribua  fortement  à  la  plupart 
^fBcs  a  nécessaires  introduites 
■■6e  pir  ce  ministre:  il  prit  sur- 
^  part  tr»  active  à  b  rédacrîon 
«fle  onlrmoance  de  1776  wr  les  ' 
'W  d*  rinr*nTcrî<r,  reproduite,  ' 
lc|èrei  modifications,  dans  les  | 
de  1791  et  de  1831  sur  le  i 


f€kp.  d.  C.  d.  M.  TomeTQL 


même  objet.  En  1779,  deux  ans  apritU 
tenue  du  camp  de  Vaussîeux,  près  Bayeux 
en  Piorroandie,  où  l'on  fit  manoeu- 
vrer 44  bataillons,  24  escadrons  et  une 
nombreuse  artillerie,  d'après  les  princi- 
pes de  l'ordre  profond  qu'on  appelait  le 
système  français  ^  Guibert  fit  paraître  la 
Défense  du  système  de  guerre  moderne» 
Cet  ouvrage  n'eut  pas  la  vogue  de  V Essai 
de  tactique^  mais,  dans  la  pensée  de 
beaucoup  de  militaires,  il  lui  est  supé- 
rieur et  se  ressent  de  la  maturité  de  l'au- 
teur. 

En  1782,  Guibert  fiit  nommé  briga- 
dier, en  1787,  membre  et  rapporteur  du 
conseil  de  laguerre,et  en  1 788,  maréchal- 
de-camp.  Les  préventions  qui  s'étaient 
élevées  contre  Guibert,  qu'on  accusait 
d'être  le  promoteur  des  mesures  de  dis» 
cîpline  humiliantes  adoptéesdans  l'armée, 
firent  échouer  son  élection  aux  États-Gé- 
néraux; il  publia  à  cette  occasion  un 
Mémoire  au  public  et  à  l'armée  sur  les 
opérations  du  conseil  de  la  guerre^  dans 
lequel  il  développe  toutes  les  améliora- 
tions introduites  dans  l'armée  ou  pro- 
posées par  ce  conseil. 

Les  palmes  obtenues  par  l'écrivain 
militaire  ne  pouvaient  suffire  à  l'imagi- 
nation ardente  de  Guibert ,  qui,  comme 
le  dit  de  lui  Frédéric  II,  vouUit  aller  a  U 
gloire  par  tous  les  chemins  :  il  s'esaaja 
dans  Tart  dramatique.  Sa  tragédie  du 
Connétable  de  Bourbon  (1775),  qui  ex- 
cita un  si  vif  enthousiasme  à  la  lecture, 
n'eut  aucun  succès  à  la  représentation 
sur  le  théâtre  de  la  cour,  â  Versailles; 
deux  autres  de  ses  tragédies,  la  Mort 
des  Graeques  et  Anne  de  Boulen^  ne 
furent  jamais  jouées  et  n'ont  été  impri- 
mées qu'après  sa  mort.  On  a  encore  de 
Guibert  ks  Éloges  de  Catinatj  de  Mi^- 
ehel  de  L'Hoipital^  du  roi  de  Prusse^ 
et  de  mademoiselle  de  VEspinasse.  Le 
Traité  de  la  force  publique  fut  le  der- 
nier ouvrage  qu*il  publia  ;  se  veuve  a  fait 
paraître  de  lui  un  Foyage  en  Allemagne 
et  le  Voyage  de  Guibert  en  diçerses 
partira  de  ùi  France  et  en  Suisse. 

En  1786,  l'Académie-Fran^ise  ouvrit 
«^  portes  a  Guibert,  qui  succéda  à  Tho- 
m?^;  «on  dncour^  de  réception  lui  valut 
un  véritable  triomphe  dans  les  salons  de 
Paris,  nais  il  o'alb  pas  aa-del à. 

17 


GUI  (  258  )  GDI 

Fulbert  eut  de  brillants  succès  près  des  ;  rendre  la  justice,  exacte  éqi 


femmes.  Nous  avons  parlé  ailleurs  de  ses 
.'elatious  avec  M^^*  de  TËspinasse,  qui  lui 
adressa  un  jour  ce  billet  si  coocis,  si  pas- 
sionné, si  brûlant:  «  Mon  ami,  je  souffre, 
a  je  vous  aime;  je  vous  attends;  »  et  Ton 
sait  que  M"**  de  Staël  nous  a  laissé  de  lui 
un  éloge  qui  tient  du  panégyrique. 

Guibert  mourut  à  Paris  le  6  mai  1 790 , 
à  Tàge  de  47  ans.  Il  s^écriait  dans  le 
délire  de  la  fièvre  qui  précéda  sa  mort  : 
tt  Us  me  rendront  justice;  ma  conscient- 
est  pure;   ils   me   rendront  j'us^ 


«  ce 


«  tirel^  C.  A.  U. 

GriBRAY  (foire  de),  voy.  Falaise. 

GUICHARDIM  (Frakcesco  Guic- 
ciARUiNi  ).  Cet  illustre  écrivain ,  que  la 
voix  de  la   postérité  a  placé   parmi  les 
grands  prosateurs  et  les  grands  histo- 
riens de   ritalie,  immédiatement  après 
Machiavel ,  naquit  à  Florence  le  6  mars 
1482.  Sa   famille,  qui  subsiste  encore 
aujourd'hui,  était  une  des  plus  distin- 
guées  de  Florence,   et  son   père  et  son 
grand-père  avaient  rempli  successivement 
des  postes  importants   dans  leur   répu- 
bli(|ue.  Le  jeune  Guichardin  fut  d^abord 
destiné  au  barreau,  et  profita  tellement 
de  ses  études  que,  dans  cette  époque  fé- 
conde en  habiles  jurisconsultes,  à  vingt- 
trois  ans  il  était  professeur  de  jurispru- 
dence. Cependant  il  quitta  promptement 
cette  carrière  |»our  la  carrière  diploma- 
tique, qui  convenait  encore  mieuii  à  ses 
talents.  Envoyé  comme  ambassadeur  au- 
près  de  Ferdinand-le-Catholique,  il  sut 
se  concilier  la  faveur  d*un  prince  que  sa 
profonde  politique  et  sa  grande  habitude 
des  affairei  avaient  du  rendre  diilicile  eu 
hommes.  De  là,  il  pasaa  à  la  cour  de 
Léon  X,  qui  le  combla  de  distinctions  et 
de  marques  de  confiance  ;  il  fut  nommé 
par  le  pontife  gouverneur  de  Alodène  et 
de  Reggio  avec  des  pouvoirs  illinaités.  \jt 
successeur  de  Léon,  Adrien  VI,  le  conti- 
nua dans  des  fonctions  qu*il  avait  con- 
stamment exercées  de  manière  à  mériter 
Ja  satisfaction  du  souverain  et  à  se  con- 
cilier i*atfvction  des  peuples.  Plus  tard. 
Clément  Vil  Tenvoya  daus  la  Roouigiie , 
qù  les  factions  des  Guelfes  et  des  Gibe- 
lins ;  v^rf,:  s'agitaient  encore.  Guichardin 
y  déployant  toujours  les  mêmes  qualités, 
fermeté,  |urudeoi:ç,  grandf  attention  a 


arrêts,  rendit  à  cette  provi 

quiilité.  Elle  lui  dut  aussi  d 

lions,   des   embellissements 

percées,   des  édifices  consti 

du  titre  de  lieutenant  génén 

dans  la  ville  de   Parme  ui 

rieux   contie  les  Fran<^ais, 

une  grande  réputation  cornu 

taire.  Les  dispositions  à  la 

se  manifestaient  dans  B<»1g 

rent  Clément  VII  à  Ty  en 

chardin  réussit  dans  cette  vil 

que  dans  la  Romagne,  à  fai 

trer  sous  Tobéissaiice.  Ce  fi 

service  qu^il  rendit  au  Saint- 

tourna  ensuite  dans  sa  pair 

goûter  le  repos,  à  se  livrer 

s'occuper  surtout  de  son  hisi 

commencée  vers  la  fin  de  16  3' 

en  se  faisant  historien  il  ni 

tout  de  suile  d'être  homme 

de  prendre  une  part  active 

mciits  de  son  temps.  Alexa 

dicis,  ce  duc  de  Florence  bà 

ment   VII  et   époux   d*un< 

Charles-Quint,  le  compta  p 

seillers.  A  la  conférence  qi 

Maples,  et  où  les  cardinaux 

viati,  liip|X)lyte  de  Médici 

Alexandre  devant  l'Empen 

trop  avérés,  ce  fut  Guicli 

chargea  de  le  justifier.  Il  fai 

dire  qu'il  a\ait  sou>uni  blau 

en  s'adressa nt  à  Alexandre, 

il  cherchait  à  détourner  n 

punition.   Après  l'assassinai 

parla  presque  seul  en  faveu 

nement  monarchique,  et  so 

lui  qui  rem|K)rta  ;  il  fut  au» 

leurs  de  l'élévation  de  Côi 

Médicis.  Ce  prince  une  fois 

trône,  Guichardin  renon^^a  « 

aux  alTaires,  et  se  renferm 

traite  où  il  acheva  son  hi»t4 

rut  au  bout  de  quatre  ans, 

Suivant  la  recommandation 

fermée  dans  son  testaoïeot 

point  d^oraison  funèbre ,  c 

sans  pompe  auprès  de  ses  a 

l'église  de   Sainte -Felicitii 

avait  épousé,  en  1  SOS,  une 

avait  eu  sept  filles,  dont  1 

aux  plu«  illnstrns  insisous 


GVI 


(259) 


GUI 


«ff  pour  Tétode  éuit  tel  qu'il 
idquefois  passer  deux  ou  trois 
lormir  ai  iDaD{;er  ;  du  reste,  il 
s  le  bonheur  de  voir  rendre  à 
entSy  et  comme  homme  poli* 
mue  homme  <le  lettres,  la  jus- 
r  était  due.  Tous  les  souverains 
M  qui  eurent  des  rapports  avec 
lièrent  de  marques  d'estime  et 
[lance;  Charles-Quint,  entre 
it  pour  lui  de  telles  attentions 
ods  de  sa  cour  en  étaient  ja- 
gae  ils  se  plaignaient  un  jour  : 
liant,  leur  dit  TËmpereur ,  je 
on  grand  d^Espagne,  mais  en 
ne  saurau  faire  un  Guichar- 

>n  fidèle  du  pouvoir ,  on  re- 
tout  à  Guîchardin  le  dernier 
rie,  par  lequel  il  fit  pencher  la 
i  Florence  du  côté  de  la  servi- 
[u'il  semble  qu'il  lui  était  aussi 
incliner  du  côté  de  la  liberté, 
èrenoe  entre  Guichardin  con- 
Alexandre  et  ensuite  Côme  de 
courber  Florence  sous  un  joug 
Machiavel  se  dévouant  dans 
!  et  le  silence,  en  lace  des  évé- 
pii  précipitent  sa  patrie  dans 

âlîon  entre  le  caractère  de  ces 
■esse  fait  aussi  sentir  dans  leurs 
Tons  deux  affectent,  dans  leur 
Uc  belle  période  cicéronienne 
criiains  italiens  du  xvi'  siècle 
à  faire  passer  du  latin  dans 
^.  Mais  tandis  que,  daas  Ma- 
die  joint  Ténergie  à  l'ampleur, 
îdiirdia,  elle  est  souvent  un 
I  cl  traînante.  Cependant  c'est 
■  bien  beau  style  que  celui  de 

4iB. 

fna^/Ui//V7  se  compose  en  tout  de 
^  <ioBt  1 6  seuk,  publiés  en  1 56 1 , 
>vici  par  Guichardin  à  leur  point 
■>>sa.  les  quatre  derniers  ne  sont 
cte.  L  édition  de  1561,  faite  à 
tfÎB-fol.,  est  très  recherchée, 
'^QNnpIète.  Les  quatre  derniers 
KBt  publiés  dans  celle  de  Venise, 
^1  pir  Giolito,  in>4^.  Une  autre 
H>liée  àVenise  en  1738, 3  vol. 
■(■ferme  La  vie  de  l'auteur  par 
*i  ■•.fragment  de  douze  pages 


où  se  trouvent  quelques  ptasaget  inédiii^ 
Les  meilleures  édîlions  sont  celle  de  Fri- 
bourg  en  Brisgau  (Florence),  1775-76, 
4  %ol.  in-4**,  laite  sur  le  manuscrit  au- 
tographe de  la  bibliothèque  de  Alaglia- 
becchi,  par  les  soins  du  chanoine  Bonso- 
Pio  Bonsi,  et  celle  de  Pise,  due  aux  soins 
de  Rosini,  1810, 10  vol.  in->8®.  Guichar- 
din a  été  traduit  en  français  par  Favre, 
en  1738,  3  vol.  in-4**,  revus  par  Geor- 
geon,  avocat  au  parlement.  Cette  his- 
toire commence  en  1400  et  finit  au  mois 
d'octobre  1534.  De  nos  jours,  le  savant 
Italien  Botta  (voy.)  l'a  continuée  jusqu'à 
ces  temps-ci,  en  imitant  le  style  de  Gui- 
chardin avec  une  exactitude  qui  fait  par- 
fois ressembler  son  œuvre  à  une  pas- 
tiche. 

Guichardin  a  encore  laissé  les  Conseils 
en  matière  d'état ,  publiés  à  Anvers  en 
1525,  1  vol.  in -8**,  traduits  à  Paris 
en  1577.  L.  L.  O. 

GUICHE  (famille  de),  i>.  Gramovt. 
Il  ne  faut  pas  confondre  la  famille  de 
Guiche,  branche  de  celle  de  Gramont, 
avec  la  famille  du  maréchal  de  La  Gui- 
che. X. 

GUIDE,  nom  donné,  dans  les  pays  de 
montagnes,  aux  habitants  qui  se  chargent 
de  conduire  l'étranger  que  ses  affaires  on 
que  la  curiosité  attirent  dans  leurs  pa- 
rages. Le  dévouement  et  la  probité  des 
guides  sont  passés  en  proverbe,  et  dès  que 
l'un  d'eux  consent  à  vous  servir,  on  peut 
avec  confiance  s'abandonner  à  ses  soins. 
Mais,  dès  qu'on  a  fait  choix  d'un  guide, 
on  devient  en  quelque  sorte  sa  propriété; 
de  maître ,  on  descend  au  rang  de  sujet, 
car  la  sûreté  du  voyageur  dépend  de  son 
obéissance.  C'est  le  guide  qui  l'armera 
du  grand  bâton  ferré  si  nécessaire,  si  in- 
dispensable pour  gravir  les  sentiers  es- 
carpés; c'est  lui  qui  prescrira  son  costume, 
qui  réglera  ses  repas,  cpii  marchera  le 
premier,  qui  lui  indiquera  l'endroit  où 
il  faut  poser  le  pied.  Malheur  à  lui  s'il 
dédaigne  ses  conseils  et  ses  avis!  Qu'un 
ouragan  on  une  avalanche,  si  communs, 
si  terribles  dans  ces  hautes  régions,  vienne 
l'assaillir  dans  sa  route,  le  guide,  cet 
homme  à  ses  gages,  grandira  à  ses  yeux 
comme  les  éléments  contre  lesquels  il 
doit  le  protéger  ;  son  dévouement  sera 
sublime  :  le  guide  disparait,  tous  avei^ 


GUI 


(200) 


eut 


puis  de  TOUS  un  ami  auqml  toos  devez 
|â  vie. 

A  laguerre,on  emploie  aussi  les  guides. 
Quelque  exactes,  quelque  détaillées  que 
soient  les  cartes  qui  ont  seni  à  dre»er  le 
plan  des  opéraiionsdes  divers  corps  d'uno 
armée,  elles  ne  sauraient  suffire  pour 
guider  avec  certitude  et  sans  hésitation, 
de  jour  comme  de  nuit,  les  colonnes  dans 
le  dédale  des  chemins  et  sentiers  tracés 
pour  les  communications  et  les  besoins 
du  pays.  On  est  donc  obligé  d^avoir  re- 
cours à  des  personnes   qui  connaissent 
parfaitement  les  localités  et  de  les  pren- 
dre pour  guides.  Tant  que  Farmée  opcre 
sur  les  frontières ,  elle  trouve  des  guides 
sûrs  et  ayant  une  connaissance  exacte  des 
moindres  sentiers,  dans  les  douaniers  et 
leurs  antagonistes  les  contrebandiers,  ou 
dans  la  gendarmerie  locale  ;  en  avançant 
dans  le  pays  ennemi,  on  prend  pour  gui- 
des, dans  rintérieur  des  communes  rura- 
les, les  maires,  les  curés,  les  notaires,  les 
gardes -cliampt^tres,   les   bergers,    etc.; 
d^uue  commune  à  Tautre,  les  médecins 
de  campagne,   les  messagers,  les  voitu- 
riers,  les  colporteurs  et  les  marchands 
ambulants;  dans  les  bois  et  forêts,  les 
gardes  forestiers,  les  braconniers,  les  bû- 
cherons, les  charbonniers;  dans  les  mon* 
tagnes,  les  guides  de  profession;  sur  les 
bords  des  rivièm,  les  pilotes,  les  bate- 
liers, les  pécheurs,  etc.  Parmi  ces  guida», 
il  en  est  quelquefois  qui  sont  dévoués  à 
Tarmée;  mais  la  plupart  d'entre  eux,  soit 
par  crainte,  soit  par  patriotisme,  ne  con- 
sentent que  contraints  par  la  force  à  faire 
ce  qu'on  leur  demande  :  il  faut  alors  ne 
se  fier  que  médiocrement  à  eux,  prendre 
des  précautions  pour  qu'ils  ne  puissent 
•^échapper,  et  retenir  en  otage,  jusqu'à  ce 
que  leur  tâche  soit  accomplie,  des  per- 
sonnes qui  leur  sont  chères.  Le  mauvab 
vouloir  des  guides  n'est  que  trop  connu 
aux  armées,  et  Ton  a  souvent  eu  lieu  de 
se  repentir  de  s'être  abandonné  trop  aveu- 
glément à  leurs  indications.  On  peut  en- 
core tirer  des  guides,  surtout  lorsqu'on 
les  choisit  parmi  les  personnes  qui  ont  de 
Tintelligence,  de  l'instruction  ou  l'habi- 
tude  des  aftaires,    des    renseignements 
utiles  sur  les   localités,    l'industrie,   le 
commerce  et  les  ressources  de  toute  na- 
ture qu^olTre  le  pays. 


DanH  la  théorie  militaire ,  on 
guideiXt^  hommes  sur  letqueb  les 
doivent  régler  leurs  mouvements  et 
alignements  dans  les  évolutions. 
Pkloton,  Ligne,  Manobuves, 

Corps  des  guides.  Napoléon,  0% 
mieux  dire,  le  général  Bonaparte, 
failli  être  enlevé,  le  80  mai  179$^ 
des  coureurs  ennemis  qui 
dans  le  bourg  de  Valeggio  au 
le  quartier-général  venait  de  s*y  t 
sentit  la  nécessité  d'avoir  um  g| 
d'hommes  à  cheval  chargés  de  veilkrd 
dalement  à  la  sûreté  de  sa  penooM  1 
corps,  auquel,  par  déférence  poorU 
rectoire,  il  donna  le  nom  de  gmi^ltt^ 
immédiatement  organisé  par  BcmB 
(voy,) ,  alors  chef  d'escadron ,  et  éâ 
plus  tard  le  noyau  des  chaaseora  à  cH 
de  la  garde  impériale. 

Un  arrêté  des  consuls,  du  1 S  VM| 
miaire  an  XTI,  prescrivit  la  fonÉÉ 
d'une  compagnie  de  guifies^interpd 
pour  être  employés  près  de  Parinée  dRi 
gleterre;  il  fallait,  pour  en  faire  fd 
quelle  que  fût  la  nationalité  été  f^ 
lants,  être  bien  constitué,  savoir  f^ 
et  traduire  l'anglais,  avoir  habité  fl 
gleterre  et  en  connaître  la  topognfl 
La  formation  de  celte  compagnie 
flatter  l'orgueil  des  Anglais  :  il  sedl 
que  Napoléon,  appréciant  le  patfM 
des  enfants  de  la  vieille  Angletene,  é 
lit  de  pouvoir  trouver  parmi  cnx 
gens  assez  lâches  pour  conduire  wm 
lonnes.  C.  A. 

GUIDE  (i.e)  ou  Gi  ido  Reiti,  tm 
à  Calvenzano,  près  de  Bologne,  en  11 
Son  père,  l>on  musicien,  lui  fit  de  hn 
heure  apprendre  à  jouer  du  claf  edn| 
Guido  montrant  plus  de  goût  poor  ta 
sin  que  pour  la  musique,  on  le  mit  M 
direction  de  D.Calvart  (iv>r.),petntf^ 
mand  établi  à  Bologne.  Le  jeune  hos 
quitta  bientôt  ce  maître  pour  entror 
l'école  des  Carrache.  Son  amabiliM 
beauté  remarquable  et  ses  manitiip 
tinguées,  jointes  à  des  talents  réels,  90 
dèrent  pas  à  lui  acquérir  l'estime  et 
fection  de  ses  nouveaux  maîtres, 
lièrement  de  I^uis  ;  car  on  dit  qu*Ai 
devint  jaloux  de  ses  succès,  et  tenta  * 
détourner  de  ses  études  en  Ini  dirsant 
en  savait  trop  pour  avoir  btaeia  de  le^ 


GUJ 

,  ce  Ibt  Aonibal  qui  donna  au 
conseil  de  substituer  à  la  ma- 
oreose  du  Caravane,  qu'il  avait 
doptée,  cette  manière  tendre  et 
pi  lui  valut  sa  grande  célébrité, 
quitta  Técole  des  Carrache  pour 
i  Romcy  en  compagnie  de  PAl- 
i  émule  el  son  ami.  Là  il  fut 
ivec  joie  par  le  Joaépin,  qui, 
ont  en  lui  un  talent  capable  de 
selai  du  Caravage,  préconisa  sa 
onvelle,  qui  (aisait  si  bien  voir 
I  de  la  manière  de  son  antago- 
i^araTage,  irrité  à  l'excès  contre 
eux  rival  y  se  serait  porté  en« 
le  fâcheuses  extrémité  s'il  n'a- 
ésarmé  par  la  modération  et  la 
lu  Guide.  Mais  quand ,  sur  la 
do  cardinal  Borghèse  et  à  la  re- 
ition  du  Josépin,  ce  dernier 
dans  le  goût  du  Garavage  (parce 
voulait  ainsi)  y  ce  martyre  de 
rre*j  où  brille  une  élévation 
I  go&t  de  dessin  et  une  noblesse 
iBce  que  Ton  eût  cherchés  en 
les  meilleurs  ouvrages  du  mai- 
tee,  il  dut  fuir  précipitamment 
e  poor  ne  point  être  la  victime 
■entiment.  Deux  fois  le  Guide 
U  k  Rome  par  Paul  Y ,  qui  le 
le  ses  largesses  et  lui  fit  rendre 
(raids  honneurs.  Alors  TAlbanA 
nmxMAK  dÂUi.«iés  et  les  grands 
■r  lesquels  il  avait  des  vues  ac- 
1  Guide,  et  l'émulation  qui  avait 
I  deox  amis  dégénéra  en  rivalité 
ib  se  séparèrent  pour  ne  plus  se 
toajoiirs  opposé  par  circonstan- 
■eillears  peintres  de  son  temps, 
keai  entra  en  concurrence  avec 
MquiD  pour  peindre,  à  l'église 
«rtfoire ,  le  martyre  de  saint 
Après  avoir  achevé  les  travaux 
li^lle  Sainte  -  Marie  -Majeure , 
^tâ  de  compagnie  avec  José- 
'^j  il  retourna  à  Bologne,  ré- 
'  foàter  enfin  cette  douce  tran- 
■près  laquelle  il  soupirait  depuis 
■|H.  ChériVt  aimé  de  toutes  les 
B  distinguées  par  leur  naissance, 
^  et  leurs  richesses,  il  s'y  vit 
de  tnvaux.  Ne  pouvant  accep- 

dMvf  actnelleiqfat  «Q  Vatican.   S, 


(  261  )  GUI 

ter  les  offres  qne  lui  firent  de  granls 
princes  de  venir  auprès  de  leur  personne, 
il  leur  témoigna  sa  reconnaissance  en  leur 
faisant  parvenir  d'excellents  tableaux.  On 
réussit  encore  une  fois  à  le  tirer  de  sa  re- 
traite, en  l'appehint  à  Naples,  pour  pren- 
dre part  aux  magnifiques  travaux  de  la 
chapelle  du  trésor  de  saint  Janvier;  mais 
quand  il  se  vit  menacé  par  l'envie  des 
peintres  napolitains,  il  craignit  d'être  em- 
poisonné, et  quitta  brusquement  cette  ville 
pour  aller  une  troisième  fois  à  Rome.  Ce 
fut  le  terme  de  sa  prospérité.  Ayant.perdu 
au  jeu  500  écus  qu'il  avait  reçus  d'arrhes 
sur  l'histoire  d'Attila ,  qu'il  devait  pein- 
dre à  Saint-Pierre,  il  emprunta  la  somme 
avancée,  la  rendit  à  la  fabrique,  mais  ef- 
faça en  même  temps  un  groupe  d'anges 
déjà  commencé,  et  s'enfuit  dans  la  crainte 
d'être  poursuivi.  De  ce  n^oment,  sa  pas- 
sion pour  le  jeu  n'eut  plus  de  bornes  :  il 
perdit  des  sommes  considérables,  et  avec 
elles  l'estime  et  l'affection  de  ses  amis. 
Délaissé  de  tous,  obligé  de  travailler  à 
vil  prix  pour  satisfaire  ses  créanciers 
et  subvenir  à  ses  besoins,  on  le  vit,  lui 
qui  naguère,  par  respect  pour  son  art,  se 
couvrait  pour  travailler  même  en  pré- 
sence du  pape ,  prostituer  ce  même  art  et 
se  précipiter  du  faite  des  honneurs  et  de 
la  fortune  dans  la  misère  et  l'abjection. 
Le  Guide  mourut  oublié  en  1643,  à 
Tâge  de  67  ans. 

Son  œuvre  est  immense  :  il  se  compose 
de  plus  de  cent  tableaux  d'autel ,  d'un 
nombre  considérable  de  tableaux  de  pié- 
té, d'histoire  et  de  mythologie  de  moyenne 
dimension  *  ;  d'une  quantité  de  figures  à 
mi-corps,  parmi  lesquelles  on  admire  tou- 
jours celles  où  il  a  représenté  des  femmes 
levant  la  tête  et  les  yeux  vers  le  ciel ,  soit 
qu'elles  expriment  la  douleur,  l'adoration, 
l'extase,  l'admiration,  ou  tout  autre  sen- 
timent de  l'âme.  Ces  figures  sont  autant 
de  modèles  de  grâce,  de  beauté  et  d'expres- 
sion. On  ne  compte  pas  moins  de  300 
gravures  d'après  ses  ouvrages  ;  lui-même 
a  gravé  à  l'eau-forte,  avec  talent,  un  grand 


(*)  Noas  citerons  entre  aatre«  la  Fie  de  taini 
Benoit,  au  cooTent  Saiot-Michel  de  Bouro,  PÀt' 
tomption ,  qui  est  à  Gènes ,  les  Scènes  de  ta  vie 
d' Hercule,  quatre  tableaux  qu'on  voit  au  Loo- 
Tre,  le  Christ  couronné  d'épines,  de  la  galerie  de 
Drwde ,  «t  ta  Fortamt,  du  CapitoU.  ^ 


GUI  (  262  ) 

fombre  d'estampes,  tant  d'après  ses  pro- 
pres iospirations  que  d'après  les  Carra- 
che ,  le  Parmesan ,  Luc  Cambiasi  et  au- 
tres. Là»  Ci.  D« 

GUIDON  (de  ritalien  ^iffW^ ,  qui  se 
prenait  dans  le  sens  d'enseigne) ,  petit 
drapeau  qui  parut  dans  les  armées  lors  de 
l'abolition  des  bannières  (  vojr.  )  et  du 
triomphe  des  troupes  royales  à  cadre 
permanent  sur  la  féodalité.  Il  n'y  eut 
d'abord  que  de  la  cavalerie  ainsi  organi- 
sée :  c'est  pourquoi  jamais  en.seigne  d*in- 
fanterie  ne  s'est  appelée  guidon.  Au 
XVIII*  siècle,  on  ne  donnait  plus  ce  nom 
qu'à  une  sorte  dVtendard  plus  long  que 
large  et  fendu  par  le  bout,  les  deux 
pointes  arrondies,  et  particulier  à  la 
gendarmerie  fran<;ai9e. 

Aujourd'hui,  on  appelle  guidon  des 
petits  drapeaux  carrés  dont  le  manche  en- 
tre dans  le  canon  du  fusil  du  sous-officier 
qui  le  porte ,  et  qui  sert  aux  alignements 
{7>ojr.  GiiiDFS^.  Dans  la  marine,  le  guidon 
est  une  banderole  (voy.)  plus  courte  et 
plus  large  que  la  flamme ,  aussi  fendue  à 
son  extrémité ,  et  qui  sert  à  faire  des  si- 
gnaux. L.  L-T. 

GITIENNR.  Ce  nom,  donné  à  une  an- 
cienne province  de  France,  dont  Bor- 
deaux (ïv/j.^étaîl  lacapiiale,  a  exercé  plu- 
sieurs fois  la  sagacité  des  étymologi^tes. 
L'opinion  qui  le  fait  dériver  du  gtti  des 
druides  n'a  jamai:»  clé  soutenue  «érit^se- 
ment,  pas  plus  que  celle  donl  parle  Michel 
Montaigne  au  chap.  xlvi  de  ses  Essais  : 
n  De*  Guilhaume,  am-iens  ducs  d'Aqui- 
taine, dit- il,  l'on  veut  que  le  nom  de 
Guienne  soit  venu  par  un  fn>id  rencontre  ; 
s'il  V  en  avait  d'aussi  cruds  dans  Platon 
mesme.  »  Le  nom  de  Guienne  n  est  que  la 


Gl)I 


corruption,  l'abréviation,  du  nom  l>eau- 
coup  plus  ancien  d'Aquitaine  ^ivjv.},  qui 
se  prononça  Ç«//rm',  puis  Guyènr,  se- 
lon la  vieille  orthographe*.  D'après  Lon- 
guerue,  ce  changement  d'appellation  date 
du  commencement  du  xiv' siècle.  Guyart, 
qui  écrivait,  vers  1 306,  une  histoire  de 
Franceintitulée:  Zri  Bmnrhrtmx  rèauix 
Itgnaif^csy  ne  se  sert  que  du  mot  A<iuitaine. 

(*)  QadDt  a  rêlymologia  du  mut  Ai|uitaiii«. 
les  UII4  !•■  tiouvrnl  tijni  «^iia.  Ciiu,  rt  tania,  fuot 
grirc  f|ui  ^ij-iiififrail  |»J)  •»/>«»'  /♦»  «•"'  ;  '**  ^»»- 
Xtr^,  irli  qu'HipillT.  U  *oirnt  dm*  \t%  druu 
mvU  «eltîtium  «c'iMf  cl  ana  «  duut  lu  tCB»  m* 


Après  la  Coutume  de  Bordeaux, 
en  gascon  vers  1310  ou  1 330 ,  c 
laquelle  on  lit  (luf;uat  dé  Cuyajri 
pièces  les  plus  anciennes  qui  pari 
duché  de  Guycne  sont  l'acte  d'ha 
d'Edouard  à  Philippe  de  Valob,  en 
un  acte  du  même  genre ,  de  131 
fin  un  autre  acte  du  1 6  septembre 
Edouard  III,  dans  ses  lettres  dont 
1360  pour  la  paix  entre  l'AnglH 
la  France,  se  sert  indifleremment  à 
Guyène  et  Aquitaine. 

Tout  ce  qui  est  relatif  à  llibtoii 
Guienne,  considérée  comme  ancia 
vision  de  la  France,  comme  ducU 
Fift),  a  été  suffisamment  établi  i 
ticics  AyriTAijrr.  et  Gascooxk.  Ici 
nous  reste  à  parler  de  la  contrée  d 
sous  ce  nom  que  comme  ayant  co 
un  des  trente- deux  gouvernemen 
se  composait  l'ancien  royaume  de  1 

Avant  la  Révolution,  la  Guieni 
tout  à  la  fois  te  plus  grand  gouvcn 
et  la  plus  grande  province  du  ro; 
Comme  gouvernement  général,  ell 
prenait  deux  provinces  :  la  Gascogi 
Guienne  proprement  dite.  Cette  d 
se  divisait  en  /fr/r//c-fVii/r/iiir',  < 
Montauban,  et  eri  Bnsu^^CuirniH 
taie  Bordeaux.  Ij*%  sous-d!%bioa 
Haute  -  Guienne  étaient  le  Que 
Bnuergue,  l'Armagnac,  les  Quati 
lées,  le  Conserans  ou  Ctiusenins ,  li 
minges  ;iv»j.^ ,  le  ^cbouxan,  le  \ 
ivny,''  et  le  pa>s  de  Rivière- Verd 
Basse-Guienne  comprenait  le  Bo 
le  Périgord,  l'Agenai?,  IvCondooM 
le  Ba/adais ,  la  Gas<Y)gne  ^  i*or. 
pre,  le  Méd<M',  la  Chalasse,  la  Soi 
pays  des  Ijindes. 

Comme  province,  la  Guienne 
fermait,  Il  est  vrai,  dans  d<-s  limite 
coup  plus  étroites;  toutefois,  ÎD 
dammcnt  du  pa\^  au  centre  duqi 
Bordeaux  ^Guienne  proprement 
Bordelais'  et  ({ue  bornaient  au 
Saintonge,  à  l'e^l  le  Périgord,  ac 
Bazadais  et  les  landes,  à  l'ouest  l 
de  rOrêan  dite  golfe  de  Gan^ 
comptait  enctire  din^  cette  divi» 
ministrutive    le  Baladais,    le   Vt 
rA{;cnai*,  le  Qiiercy  et  le  Rouerj; 

Ce  frartioiinriiicnt  de  la  Guic 
deux  parties  datxit  de  1 010,  du  r 


GUI 


(268) 


GLI 


Jetait  ce  roi  qui  a^ait  donné 
i  du  ressort  du  parlement 
a  dèuominatioii  de  Haute- 
trouTait  ud  parlement  dans 
lue,  celui  de  Bordeaux,  éta- 
XI.  On  y  comptait  un  ar- 
li  de  Bordeaux,  et  sept  éTè- 
Bazas,  Périgueux ,  Sarlat, 
,  Rodez  et  Vabres. 
at  de  la  Guienne  jusqu*au 
TAssemblée  nationale,  par 
9  15  janTier  et  26  février 
it  enUe  huit  départements 
ledu  territoire  que  compre- 
a^iement  général.  Ces  dé- 
int  PATcvron,  la  Dordogne, 
ironde,  les  Landes,  le  Lot, 
ironne,  et  les  Hautcs-Pyré- 
ors  articles. 

•utret  parcelles  du  gouTer- 
oienne  ont  été  réunies  à  des 
(  limitrophes  :  la  Soûle  et  le 
nés  au  Béam,  font  partie 
rénées;  le  Comminges,le5é- 
iTs  de  Rivière- Verdun,  ap- 
I  la  Haute- Garonne;  enfin 
,  annexé  an  pavs  de  Foix,  est 
'Ariége.  '     A.  P.  L. 

S  Joseph  dk^  ,  né  à  Pon- 
octobre  1721,  s^est  acquis 
réputation  comme  orienta - 
at  comme  sinologue,  «  «me 
UnpM  diinoise  était  encore 
île  accès.  De  Guignes  eut  le 
nnonter  les  grandes  difBcul- 
nde  de  cette  langue  offrait 
laropéens  qui  ti^avaient  pas, 
ûsyonnaires  catholiques,  Ta- 

recevoir  des  leçons  orales  de 

• 

es  Chinois  eux-méme».  Di»- 
ormont,  qui  fit  de  Tétude  de 
inotie  la  gloire  et  le  tourment 
>o  a  dit  avec  raison  que  De 
rec  Des  Hauteraies .  était  son 
vrage.  Le  maître,  aidé  des 
les  secours  des  missionnaires, 
fé  toutes  lesfcrces  de  son  in- 
D  peu  nébuleuse  à  donner  an 
ot  les  moyens  d'apprendre  b 
>i«e  par  des  grammaires  et  des 
s  de  sa  £içon,  saiH  penser  a 
parti  de  la  connarwance  qu'il 
mgiie  ;  De  Guignes,  an  ctn)-> 
vail  avoir  co  m  vue  que  de 


faire  servir  sa  connaissance  assez  étenoie 
de  cette  même  langue  à  Tintérét  de  Thij^ 
toire.  Après  la  mort  de  Fourmont,  en 
1745,  il  le  remplaça,  près  de  la  Biblio- 
thèque du  Roi ,  en  qualité  de  secrétaire 
interprète  pour  les  langues  orientales. 
L^Académie  des  Belles-Lettres  le  nomma 
son  associé  en  1753,  et,  dans  la  même 
année,  il  devint  encore  censeur  royal  et 
fut  attaché  au  Journal  des  Savants.  Il  ne 
conserva  pas  longtemps  la  chaire  de  sy- 
riaque qui  lui  avait  été  offerte  au  Collège 
royal;  mais  appelé,  en  1769,  à  la  garde 
des  antiques  du  Louvre,  il  remplit  ces 
fonctions  jusqu'à  la  Révolution,  qui  le 
laissa  sans  traitement.  De  Guignes  mourut 
à  Paris,  le  19  mars  1800,  an  milieu  des 
travaux  auxquels  il  se  livrait  avec  plus  d'ar* 
deur  que  jamais  pour  échapper  au  besoin. 
Son   Histoire  générale    des  Huns  ^ 
Turcs  y  3îogols  et  autres  Tartares  occi" 
dentaux  y  aidant  et  depuis  J.^C,  Jusqu'à 
présent  (Paris ,  1756-58,  4  tomes  en  5 
vol.  in-4**),  tirée  de  sources  jusqu'alors 
inconnues,  est  uu  de  ces  monuments  qui 
suffisent  à  la  gloire  d'un  savant  et  dont 
une  nation  doit  justement  s'enorgueillir, 
n  est  vTai  de  dire  que  quelques  mission- 
naires françaben  Chine,  entre  antres  le  P. 
Visdelou ,  avaient  déjà  frayé  le  chemin  à 
De  Guignes,  dans  cette  utile  direction  de 
la  science  philologique,  par  son  Histoire 
de  la  Tartariey  qui  ne  parut  que  2 1  ans 
après  le    l*'  Tolume  de  V Histoire  des 
HunSy  dans  Téiiition  nouvelle  de  la  Bi- 
bliothèque orientale  de  d*Herbelot  '1777 
et  1*79),  à  laquelle  elle  sert  en  partie  de 
supplémenL  «  On  a  tootefob  des  raiv^iHi 
de  penser,  a  dit  M.  A  bel  RémoMt,  qa« 
le  manuscrit  de  Visdelon,  envr^é  krfjr- 
temps  avant  en  Europe,  ne  fui  pa%  in- 
connu à  De  Guignes,  auquel  il  put  «^^{f 
de  premier  guide  pour  déchiffra  U^  An» 
nalês  de  b  Chine,  et  sn/{0«l  *tt»  tstêtSt^ 
il  put  sufférer  Fidée  à»%  t^\tm*St^  *\uï 
donnent  un  fi  çraiïd  pris  4  ^m  Hittoèftt 
de*  Hum.  ht  w/rt  4^  d^ti»  '^t/^tkf^^  «t 
le  mimit   en   bmo^y/tip   ^rtt4f*At*\   1*4 
mêmes  <Kriv»iiM  't<c«^x;(  f/f$%  é^.  ma   k 
cr>ntjibot>^.  *t/..  *  «  Mik'jr/é  'aU,  tfft'féih- 
prend aver.  ûè'.hffulU:^  àli  sniUtsn  U  iv*âm«« 
MTt^jii.  v^»n^»f ,  mtsm  d«  m  fÀt»  4*  »«- 
'x*ïr*.  H  a  utJt  •:y^\*m  '/*•  b  O^^iii*  Ak 


GUI 


(264) 


OUI 


d*ipplicatîoDS  judicieuses,  il  avait  pu  par- 
vnir  à  entendre  et  à  inteq>réter  les  chro- 
niques chinoises,  pour  en  tirer  toute  la 
substance  et  reconstruire,  en  quelque  fa- 
çon, les  annales  des  peuples  de  la  Haute- 
Asie,  dont  les  monuments  orignaux  ont 
disparu.  Les  tables  chronologiques  qu^il 
a  rédigées  avec  Tassistance  des  écrivains 
chinois,  et  toute  la  partie  de  son  grand 
ouvrage  qui  repose  sur  le  même  genre  de 
recherches,  sont  le  firuit  d^une  vaste  lec- 
ture et  d'un  labeur  infiniment  pénible. 
On  y  voit  même  une  sorte  de  phénomène; 
car  on  aurait  peine  à  faire  mieux,  et  même 
aussi  bien ,  à  présent  qu'on  a  recueilli 
tant  de  faits  nouveaux  sur  les  antiquités 
de  rOrient,  sur  les  rapports  et  les  diffé- 
rences  des  races  humaines  qui  y  ont  ha- 
bité, sur  la  marche  et  le  progrès  des  idées 
qui  en  ont  constitué  la  civilisation.  »  * 

De  Guignes  a  enrichi  les  Mémoires  de 
TAcadémie  des  Inscriptions  et  Belles-Let- 
tres, dont  il  était  membre,  d'un  grand 
nombre  de  mémoires  importants  sur  les 
sujets  qui  faisaient  Tobjet  principal  de 
aes  études,  et  sur  trois  desquels  on  peut 
consulter  les  Observations  critiques  de 
M.  Abel  Rémusat,  insérées  dans  le  Nou" 
peau  Journal  asiatique  (ti\ri\  1831).  Il  a 
été  enfin  l'éditeur  de  plusieurs  traduc- 
tions des  missionnaires  français,  entre 
autres  de  V Éloge  de  la  ville  tUMoukden^ 
traduit  par  le  P.  Amiot  (Paris,  1770J,  mt 
du  CÂou^King  traduit  par  !•  P.  Gaubil. 
De  Guignes  revendique  pour  lui  une 
partie  de  l'honneur  qui  appartient  à  ce 
dernier  ;  cependant ,  après  avoir  soi- 
gneusement comparé  la  traduction,  telle 
qu'elle  a  été  corrigée  et  éditée  par  De 
Guignes ,  avec  le  manuscrit  de  Gaubil 
que  possède  la  Bibliothèque  royale,  nous 
devons  dire  que  De  Guignes  s'était  pres- 
que constamment  borné  à  varier  les  ex- 
pressions du  missionnaire ,  pour  rendre 
la  traduction  plus  élégante;  et  il  lui  est 
arrivé  de  faire  de  véritables  contre-sens 
en  corrigeant  le  traducteur ,  et  de  para- 
phraser sa  traduction  eu  voulant  la  ren- 

(*)  M.  le  profetsear  Seokowtki  a  pablir  na 
Smppiêment  à  rStstoin  dts  ituits,  des  Tmres  et  dêt 
Momgoti,  fomummmi  mm  mbrégi  </•  /«  dùmiimmtiom  d*t 
tJtb^ks  «bm  te  grmmdt  Bmkhmnê  9î  ••«  co»/iiUi«- 
tUm  et  ihisiêirt  4$  MM^rwtm,  St-Pétsrtbourg , 

I»a4,ia-C  »• 


drc  plus  littérale.  Nous  en  di 
preuve  dans  l'édition  revue, 
avons  préparée  nous*méme,  de 
duction. 

Dans  les  dernières  années  de 
Guignes  parut  répudier  Templ 
solide  qu'il  avait  fait  de  ses  coni 
dans  la  langue  chinoise  pour  m 
système  bizarre  qui  consistait  à 
le:i  Chinois  une  colonie  cg>ptie 
«  nouvelles  recherches,  »  dit>il 
note  qui  se  lit  à  la  fin  de  soi 
des  Hun  s  y  «  m'obligent  à  chang 
«  timent,  et  à  prier  le  lecteur  d 
«  aucune  attention  à  ce  qui  se  t 
«  ce  sujet  dans  les  deux  ou  trois  ] 
«  pages.  Les  Chinois  ne  sont  qi 
«  lonie  égyptienne  assez  moden 
«  prouvé  dans  un  mémoire  qo* 
«  l'Académie.  Les  caractères  d 
«  sont  qu'une  espèce  de  monc 
«  formés  de  lettres  égyptiennes 
«  ciennes ,  et  les  premiers  emp 
«  la  Chine  sont  les  anciens  rois 
«  bes,  » 

Cet  énoncé  suffit  seul  pour  ù 
du  contenu  du  mémoire  annoi 
un  extrait  fut  publié  et  réfuta 
temps  par  Des  Hauteraies.  La 
qu'ont  faits  depuis  les  études  f 
ques  ont  encore  mis  dans  une  pi 
évidence  toute  la  bizarrerie  c 
l'extravagance  du  système  il^  De 

Ce  savant  a  laissé  un  fils,  di{ 
tier  de  son  nom  et  qu'il  ne  faut 
fondre  avec  lui,  GHaÉTiEii-Loui 
de  Guignes,  né  à  Paris  te  20  ao 
et  qui  fut,  en  1784,  chargé  de 
de  France  en  Chine  et  consul  a 
On  a  de  lui  un  f'ojrage  à  Pékin^ 
et  Vlle-de^France  (Paris,  1 808 
8»,  avec  atlas),  et  il  a  «-dite  le  Die 
chinois  français  et  latin  du  P.  ] 
Glémona  (Paris,  1813,  gr.  in« 
ordre  de  l'empereur  Napoléon*. 

GUILD,  mot  anglais  qui  sigi 
bord  corporation  et  ensuite  taji 
est  aussi  fort  usité  en  Russie  po 
gnerles  trois  classes  denégociani 
sur  la  quotité  de  la  conlrîbutic 
ont  à  payer  au  fisc.  On  dit  que 

(*)  Uo  impptémfi  m  C9  dictioBBMi 
par  ordre  du  roi  de  PraiM ,  fat  comi 
KUprolh,  ir«  partie,  Parii,  iSiy,  i«< 


GUI 


(26&) 


GUI 


ddela  troisième  guildy  oa  un 
t  joQÎaant  de  toutes  les  préro- 
lâchées  à  la  première  guild.  En 
Tj  ce  nom  étilt  donné  jadis  à 
nation  formée  pour  rexercice 
merœ  on  d*one  industrie  quel- 
Dans  ce  pnys,  les  corporations 
néticrs  ont  une  grande  impor- 
-aison  de  leur  liaison  avecTélé- 
■ocratîque  de  la  constitution. 
;és  prirent  naissance,  en  Angle- 
MM  sur  le  continent,  à  Fépo- 
es  communes  s'émancipèrent 
cités,  où  elles  existent  toujours, 
ane  grande  influence  dans  Té- 
s  représentants,  ainsi  que  dans 
tntîon  municipale.  Les  droits 
■geois  [freeman  ),  auxquels  est 
TÎlége  de  Toter  dans  les  villes  et 
Mt  souvent  restreints  aux  mem- 
»  sociétés,  dans  lesquelles  on 
par  apprentissage  ou  par  achat. 
e  principal  pririlége  dJe  ces  cor* 
»amsiste  dans  le  droit  de  voter, 
^oemment  que,  pour  jouir  de 
ige,  des  individus  qui  n^exercent 
■iticr  se  font  admettre  comme 
^^  ces  corporations.  Ces  guilds, 
itere,  n'ont  pas  le  droit  d'inter- 
pi  que  œ  soit  l'exercice  d'une 
•  <pKlconque;  la  seule  restric- 
Me  à  œt  exercio*  résulta  d'un 
l^unWh  qui  exige  sept  ans 
»»i««e. 

»-Haix  est  le  nom  de  l'hôtel- 
^ Londres,  qui  a  été  construit 
pranicre  fob  en  1411;  mais, 
'■tioeiiientdétruit  par  un  grand 

>  il  aété  rebâti  en  1669.  La  fa- 

>  été  achevée  qu'en  1789.  La 
plu  remarquable  de  cet  édifice 
?«Mle  salle  d'assemblée,  qui  a 
^  de  bng,  48  de  large,  55  de 
fû  «t  capable  de  contenir  6  à 
''■oooes;  on  en  fait  usage  pour 
^  b Tille,  l'élection  des  mem- 
P^lcaieut  et  des  officiers  muni- 
**■■  que  pour  les  banquets  que  la 
teiréqnemment  au  souverain,  au 
^  ooovellement  élu ,  à  ses  re- 
^^  et  pour  toutes  sortes  de  réu- 
''ovseois  et  autres.  Cette  salle 
^  •onnaents  érigés  aux  Irais 
V«  It  mémoûne  de  lord  Nelson, 


de  William  Pitt,  comte  de  Chatham,  It 
William  Pitt,  son  fils,  de  Beckford,  lord> 
maire  en  1763  et  1770,  et  dont  la  célè- 
bre réponse  au  roi  George  m  est  gravée 
an-dessous  de  son  monument.  Dans  une 
autre  salle ,  celle  du  conseil  commun,  se 
trouve  une  collection  de  tableaux  dont 
quelques-uns  sont  d'un  grand  mérite,entre 
autres  celui  qui  représente  la  destruction 
de  la  flottille  espagnole  et  française  devant 
Gibraltar,  et  plusieurs  portraits  de  per- 
sonnages distingués  (  voy,  aussi  GoG  et 
Magoc).  Le  dîner  qu'y  donna,  en  1815, 
la  cité  de  Londres  à  l'empereur  de  Russie 
et  à  d'autres  monarques  coûta  20,000 
liv.  sterl.  G. 

GUILLAUME,  nom  propre  traduit 
de  la  langue  tudesque,  où  il  s'est  conservé 
sous  la  forme  allemande  de  f^ilheim 
(mot  qui  parait  composé  de  Heim^  cas- 
que, protecteur  et  de  ^illcy  volonté)  et 
sous  la  forme  anglaise  de  iViUiam.  Ce 
nom  est  fort  commun  parmi  les  peuples 
d'origine  germanique.  Il  était  sans  doute 
connu  en  Angleterre  avant  la  conquête 
des  Normands  ;  mais  ce  fut  le  conquérant 
lui-même  qui  le  fit  entrer  dans  la  série 
des  souverains  de  ce  royaume,  dont  qua- 
tre l'ont  porté,  de  1066 à  1837.       S. 

Guillaume-lk-Bataed  ou  le  Coif- 
QuiEANT  est,  comme  on  vient  de  voir,  le 
premier  roi  d'Angleterre  de  ce  nom,  au- 
quel, par  lui,  se  rattache  un  des  plus 
grands  événements  du  moyen-âge  :  un 
descendant  de  ces  fameux  rois  de  mer 
(vikings)  si  longtemps  redoutables  à  l'Eu- 
rope, un  vassal  de  la  couronne  de  Fran- 
ce ,  devient  roi  d'une  puissante  monar- 
chie. Les  rapports  des  deux  nations  se 
compliquent  au  milieu  des  lois  incertain 
nés  de  la  féodalité  ;  de  longues  et  san- 
glantes guerres  remplissent  tout  le  xiv« 
et  la  moitié  du  xv*  siècle,  et  peu  s'en 
faut  qu'un  rejeton  du  bàurd  normand 
ne  s'empare  du  trône  de  son  suzerain  : 
tant  il  est  vrai  ,  comme  l'a  dit  M.  de 
Chateaubriand,  que  cette  race  de  pirates 
renfermait  en  elle  quelque  chose  de  vital 
et  de  créateur  propre  à  former  d'autres 
peuples. 

Guillaume  naquit  en  1027  ;  son  père, 
Robert  II,  6^  duc  de  Normandie,  à  qui 
la  violence  de  son  caractère  avait  mérité 
le  surnom  de  Robert-le-Diable|  ayant 


Gtll 


(266) 


GOI 


rAicontré  un  jour, au  retour  détachasse, 
Jne  jeune  fille  de  Falaise  d*UDe  merveil- 
leuse beauté ,  eo  devint  éperdument 
amoureux.  La  jeune  Normande  s*appelait 
Arlete  ou  Hericve;  elle  était  fille  d^un 
conroyeur  de  Falaise ,  et  le  duc  n*eut 
(MIS  grande  peine  à  triompher  de  sa  ver- 
tu. Robert  Paima  beaucoup,  dit  le  vieux 
chroniqueur  Benoit  de  Sainte -Maure, 
et  Tenfant  qu'il  eut  d'elle  fut  élevé  avec 
autant  de  soin  que  s'il  fût  issu  d'un  ma- 
riage légitime.  Le  jeune  bâtard  prouva 
de  bonne  heure  par  son  caractère  intré- 
pide et  ambitieux  que  c'était  bien  le  sang 
de  Rollon  qui  coulait  dans  ses  veines.  U 
n'avait  encore  que  sept  ans  lorsque  son 
père,  poursuivi  par  le  soupçon,  peut- être 
par  le  remords  ^,  d'avoir  fait  périr  son 
frère  Richard  m,  se  mit  en  tète  d*aller 
en  pèlerinage  à  pied  jusqu'à  Jérusalem 
pour  la  rémission  de  ses  péchés.  Avant 
son  départ,  il  réunit  ses  barons  à  Fécamp 
et  leur  présenta  le  jeune  Guillaume 
comme  son  légitime  successeur  au  duché 
de  Normandie,  et  exigea  d'eux  qu'ils  lui 
prétassent  serment  de  fidélité.  Robert 
mourut  des  fatigues  de  son  voyage  à  Ni- 
céeen  Bithynie,  le  !<' juillet  1035. 

Le  duc  Alain  de  Bretagne  avait  été 
chobi  pour  tuteur  du  jeune  Guillaume  ; 
maû  le  tuteur  ne  tarda  pas  à  mourir,  et 
les  intérêts  du  pupille  se  trouvèrent  atta- 
qués par  une  multitude  de  compétiteurs, 
jusqu'à  ce  que  lui-même,  •  l*Age  de  1 9  ans, 
prit  les  armes  pour  défendre  ses  droiu. 
Comme  il  n'existait  pas  alors  en  Norman- 
die de  lob  de  succession,  Guy,  comte  de 
Bourgogne,  se  prétendait  héritier  de  Ro- 
bert en  vertu  des  droits  que  lui  avait 
transmis  sa  mère  Alix,  sœur  de  ce  der- 
nier. Le  jeune  bâtard,  avec  le  secours  du 
roi  de  France ,  Henri  I'',  le  vainquit  au 
Val-des-Dunes;  et  bien  que  plus  tard  son 
puissant  allié,  effrayé  de  Thabileté  du 
jeune  duc,  lui  suscitât  lui-même  de  nou- 
veaux ennemis,  Guillaume  triompha  de 
tous  les  obstacles,  se  ménagea  l'appui  de 
Baudouin,  comte  de  Flandres,  dont  il 
épousa  la  fille,  affermit  sa  domination 
par  la  force  des  armes,  et  sut  faire  oublier 
par  sa  bravoure  et  son  audace  la  tache  de 

(*)  Sitmondi,  t.  III,  Bitioin  dët  Frmmfmis. 
FarmI  toat  le»  «otean  qoi  ont  tnitt  ce  sujet,  U 
âati  ital  cattt  opiaioa. 


sa  naissance.  C'est  vert  cette  < 
1051,  dans  un  voyage  de  Ou 
Angleterre,  que  fut  probablei 
le  grand  projet  de  conquête 
mortalisé  son  nom.  Le  jeune 
alors  34  ans;  des  liens  de  par 
mitié  l'unissaient  à  Edouard- 
seur ,  qui  régnait  à  cette  époqui 
glais  :  Emma,  mère  d^Ëdouar 
princesse  normande,  sœur  de 
aTeul  de  Guillaume.  Ce  dert 
dait  sur  cette  parenté  pour  u 
pelé  au  trÀne  d'Angleterre,  le  r 
n'ayant  point  d'enfant.  Un  se 
quiétait  le  Normand  :  ce  ri 
Harold,  jeune  chef  saxon,  : 
Godwin,  adoré  des  Anglais  e 
douard,  dont  il  avait  épousé 

Guillaume  était  de  retour  < 
die ,  lorsqu'une  circonstance 
favorisa  ses  vues  ambitieuses, 
formidable  compétiteur, vint  d 
se  livrer  entre  ses  mains.  Su 
ques  auteurs,  le  chef  saxo 
rendu  en  Normandie  pour 
Guillaume  le  vœu  d'Edouard 
lait ,  lui  Harold,  au  trône  d\ 
suivant  quelques  autres^,  Hi 
une  excursion  le  long  des  côti 
jeté  par  un  naufrage  sur  U 
comte  de  Ponthieu  ;  enfin  I 
plu»  «ccrêdltée  est  que  le  fils 
se  rendait  à  la  cuur  de  Guil 
solliciter  la  liberté  de  son  frè 
neveu,  donnés  autrefois  en  o 
normand  par  Edouard. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Tastucic 
me  accueillit  son  rival  avec 
démonstrations    d'amitié.    C 
sollicité  par  lui,  et  se  voyant  < 
son  pouvoir,  le  chef  saxon  s'c 
bord  verbalement  à  lui  livre 
mort  d'Edouard,  la  forterea 
vres,  à  épouser  sa  sœur  Adèh 
riser  de  tout  son  pouvoir  ses 
au  trône  d'Angleterre.  Par 
supercherie  de  Guillaume  ** 
promesse  se  trouva  métamorp 
serment  solennel  qu'Elarold 

{*)  Malme^bory,  59,  et  Slâtitiea 
ler«  iitf. 

(*-)^«.rla.dM«M  Thierry,  J 
•omqm0tm  à'ÂMfittêtrt  fr  Ut  iVer 
pag .  a85. 


GUI  (  2«7  ) 

cuTe  pleine  de  reliques; 
le  duc  lui  permit  de  rc- 
BD  Angleterre. 

ne  temps  après  (5  janvier  1 066':, 

mourut;    le    fVittenagemot ^ 

memblée  nationale  des  Saxons 

Xlly  p.  750),  se  prononça  à 
ilé  pour  Harold,  qui,  cédant  au 
peuple  et  ne  se  regardant  point 
eB|:aigé  par  un  serment  extorqué 
brce  et  Tastuce,  accepta  la  cou- 
l'on  lui  offrait, 
te  Douvelle ,  Guillaume  crie  au 

se  déclare  légitime  successeur 
rd,  eten  appelle  au  pape  Alexan- 
L'af Taire  est  portée  devant  Pas- 
des  cardinaux,  gagnée  par  Guil- 

dominée  par  Hildebrand,  qui 
î»  Grégoire  VII.  Harold  est  ex- 
iê;  une  bannière  consacrée  est 

a  Guillaume,  qui  convoque  les 
•  Normandie,  soumet  les  oppo- 
r  la  menace  et  Fadresse,  et  ap- 
a  conquête  d*Angleterre  tous  les 
ers  de  TEurope. 

mdeK-vons  général  fut  6xé  à 
rhure  de  la  Dive,  petite  rivière 
tte  dans  TOcéan  entre  la  Seine 
e.  Suivant  quelques-uns,  1 ,000 
1,  et  sui^-ant  d*autres  3,000  de 
mensionfsV  trouvèrent  réunis  au 
3Ùt.  L'armée  normande  est  «va. 
la  pinpait  dos  auteurs  à  60,000 
;  M.  de  Sismondi  pense  qu^il  y 
igération  et  la  réduit  à  20  ou 
;  toujours  est-il  que  le  nombre 
'aliers  inscrits  sur  les  tables  du 

élevé  sur  le  champ  de  bataille 
gss'élève  à402  ,ce  qui  annoncerait 
quantité  considérable  d'hommes 
et  d*archers.  La  Hotte  fut  pous- 

les  vents  jusqu*à  Saint- Valer\-, 
\  une  tempête  qui  fracassa  plu- 
ktiments,  Guillaume  parvint  en- 
!ttre  le  pied  sur  le  sol  anglais  à 
r,  près  Hastings,  le  27  septembre 
a  moment  on  Harold  venait  d'a- 

»ous  les  murs  d*York,  une  ar- 
a^ahisseurs  norvégiens  conduite 
propre  frère  Tostig. 
nouvelle  du  débanfuement  des 

normandes,   Harold  accourt  à 

forcées  avec  son  armée  victo- 
Les  deux  armées  se  trouvèrent 


GUI 

bientôt  en  présence.  Guillaume  env>yt 
le  moine  Hugues  Aubriot  proposer  à  s^if 
rival  de  s'en  rapporter  au  jugement  di 
pape  ou  de  vider  la  querelle  par  un  com- 
bat singulier:  Tune  et  Tautre  de  ces  pro- 
positions furent  refusées,  et  le  combat 
s'engagea,  dans  la  matinée  du  14  octobre, 
à  peu  de  distance  de  Hastings,  en  un  lieu 
qu'on  a  depuis  appelé  Baitlr  (la  bataille). 
La  victoire  fut  longtemps  disputée. 
Retranchés  dans  leur  camp,  les  Saxons 
repoussaient  à  grands  coups  de  hache  les 
efforts  de  la  cavalerie  normande.  Il  y  eut 
un  moment  de  confusion  pendant  lequel 
Guillaume,  renversé  de  son  cheval,  pas- 
sa pour  mort.  Diéjà  les  Normands  com- 
mençaient k  plier,  lorsque  le  duc,  remis 
en  selle,  se  jeta  lui-même  au-devant  des 
fuyards  et  les  ramena  au  combat.  Enfin, 
une  déroute  simulée  avant  attiré  les 
Saxons  hors  de  leurs  retranchements,  les 
troupes  de  Guillaume  prirent  le  dessus; 
le  roi  Harold  et  ses  deux  frères,  après 
avoir  vaillamment  combattu,  tombèrent 
au  pied  de  leur  étendard.  La  bataille 


ne  se  termina  qu'à  la  nuit  ;  Guillau- 
me eut  trois  chevaux  tués  sous  lui,  et  à 
peine  quelques  débris  de  l'armée  natio- 
nale parvinrent  à  se  retirer  en  désordre 
du  côté  de  Londres. 

A  la  nouvelle  de  la  mort  d'Harold,  le 
fFitttnngt'mot  avait  appelé  au  trône  le 
Jeune  Edgar  Etheling,  neveu  d'Edouard 
et  dernier  r«j«ton  de  la  race  royale;  mais 
ce  prince  était  faible  et  sans  capacité. 
Dominé  par  l'archevêque  Stigand,  il 
vint  lui-même  faire  sa  soumission  à  Guil- 
laume, qui  entra  a  Londres  et  fut  cou- 
ronné à  Westminster  par  EKlred,  arche- 
vêque d'York,  avec  le  cérémonial  usité 
pour  les  rois  anglo-saxons. 

Alors  commença  cette  dépossession 
méthodique  de  la  conquête,  cette  oppres- 
sion du  vainqueur  sur  le  vaincu,  qui  a 
inspiré  à  M.  Thierry  de  si  l>elles  pages. 
Les  barons  normands,  venus  à  la  suite  du 
nouveau  roi,  réclamèrent  l'accomplisse- 
ment des  brillantes  promesses  qui  les 
avaient  décidés  à  passer  le  détroit  :  le 
Saxon,  dépouillé  de  son  héritage,  le  vit 
passer  aux  mains  d'étrangers  qui  ne  lui 
rendirentenéchangequedu  mépris. Toute 
la  suite  du  règne  du  conquérant  ne  pré- 
sente guère  qu'une  longue  série  de  veia- 


GUI 


(268) 


GUI 


lîoi^cm^ïtocontre  lesindigciics,  cl  d*ac- 
tcfde  rédûtancc  de  U  part  de  ceux-ci. 

Rappelons  toutefois  qu'il  existe  dans 
fes  témoignages  contemporains,  aussi  bien 
que  parmi  les  écrivains  plus  modernes, 
une  grande  divergence  d*opinions  sur  les 
commenccuicnts  du  règne  du  conquérant 
A  côté  de  la  narration  si  animée,  si  dra- 
matique, de  M.  Thierry,  toujours  suspect 
d^un  noble  enthousiasme  pour  la  cause  du 
vaincu,  et  qui  déplore  les  misères  de  Top* 
pression  comme  Faurait  pu  faire  quelque 
Larde  saxon  du  xi' siècle,  nous  placerons 
Fopinion  du  docteur  Lingard,  qui,  dans 
son  llistoire  d*Angleterre  (t.  II,  p.  15), 
dit,  en  parlant  des  donationt  faites  aux 
barons  normands  :  «  On  ignore  lî  oea  do- 
«  nations  furent  prises  sur  les  domaines 
«  royaux  ou  sur  les  biens  de  ceux  qui 
<t  avaient  péri  à  la  bataille  de  Hastings  ; 
n  mais  on  assure  que  Parrangement  fut 
«  conduit  selon  les  plus  strictes  règles  de 
«  la  justice,  et  qu'aucun  Anglais  ne  put 
1  raisonnablement  se  plaindre  d'avoir  été 
<(  dépouillé  pour  enrichir  un  Normand.  » 
Hume  (llistoire  d'Angleterre,  t.  I'%pag. 
374^  parait  être  du  même  avis. 

Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'administration 
de  Guillaume  fut  juste  et  modérée  dans 
la  première  période  de  son  règne,  il  n'en 
est  pas  de  même  pour  les  années  qui  sui- 
virent son  retour  de  Normandie,  oii  il  était 
allé  faire  un  voyage  triomphal,  traînant 
après  lui  le  roi  dépossédé,  Kdear,  «i  plu- 
sieurs   autres  chefs  «iiglo-sa\ons,  après 
avoir  confié  la  lieutenaticc  générale  du 
royaume  à  son  frère   Kudi*s,  é^rque  de 
Bayeux.  Ccst  à  cette  épo(]ue  qu'eut  lieu  la 
révolte  de  la  province  de  Kent.  Dès  (|u'il 
en  eut  re^u  la  nouvelle,  Guillaume  se  hàtc 
de  repasser  le  détroit,  marche  vers  l'ouest, 
assiège  et  prend  Exeter,  et  ravage  toutes 
les  provinces  de  cette  partie  de  l'Angle- 
terre. Plusieurs  autres  révoltes  ne  Urdè- 
rent  pas  à  éclater  dans  le  nord.  Guil- 
laume s'empara  successivement  d'Oxford, 
de  Warwick,  de  Leicester  ,  de  Notling- 
ham,  de  Linraln    et  d'York.  I^  Nor- 
thumberland  est  entièrement  dévasté;  hs 
vaincus  sont  cruellement  maMacréset  Tad- 
minîstration  du  cuiii|uérant  se  métamor- 
phose ouvertement  en  un  sj  sterne  rcj;u- 
lier  de  confiscation  et  de  tyraimie.  «  Alors, 
t  dit  .M.  Lingard  (t.  I,  p.  63) ,  le  mépris 


(I  et  l'oppression  devinrent  le  parta^ 
«I  indigènes,  dont  les  fermes  furent  pi 
«  les  fenimeset  les  filles  > iolées,  et  le:> 
n  sonnes  emprisonnées  suivant  le  ca 
«  de  tous  ces  petits  tyrans.  ^  Ainsi 
parurent  la  plupart  des  grandes  fai 
saxonnes,  au  milieu  des  révoltes  qw 
saient  naître  la  persécution  et  des  en 
vengeances  exercées  par  les  >ainqii 
Quelques-uns  allèrent  mendier  le 
de  l'exil,  et  Byzance  vit  arriver  en 
des  hommes  de  l'île  de  Bretagne  qi 
naient  s'enrôler  dans  le  corp&  des 
ringi  ou  Varangiens,  milice  germa 
qui  formait  la  garde  des  empereurs. 

C'est  alors,  en  1080,  que  comi 
cette  grande  enquête  territoriale  à  h 
de  laquelle  fut  établi  un  registre  un 
sel  de  toutes  les  mutations  de  pro] 
oiH'rées  par  la  conquête,  livre  prt 
parvenu  jusqu'à  nous,  et  que  les 
mands  appelèrent  le  Grand  Hôir^  U 
de  rinrhvstcry  tandis  que  les  Saxo 
donnèrt*nt  le  nom  de  Dninesdar- 
(v/)V.  Tailiclf  \  livre  du  dernier  juge 
parce  (|ue,  dit  M.  Thierry,  il  renfe 
leur  sentence  d'expropriation  irrévot 

C'est  vers  la  même  époque  que  * 
laume  fit  contre  les  driits  de  ihas 
lois  atroces  qui  contribuèrent  à  r 
son  nom  odieux.  Après  a>oir  de%aftl 
étendu**  d«  30  tnill«rsdans  la  pm\ii 
Uamp^bire,  prè«  «le  ViB«4ic9tcr,  lin 
maisons  et  chassé  les  habitante  pour  I 
former  le  terrain  eu  forêts,  il  stati 
outre  (|ue  (fuiconque  tuerait  un  cer 
biche  ou  un  sanglier,  dans  les  68 
royales  qui  couvraient  le  sol  de  TA 
terre,  aurait  les  yeux  crevés  ;  et  ce] 
Hume,  dans  le  temps  où  le  meurtn 
homme  n'était  puni  que  par  une  ai 
très  modérée.  Ces  lois  eurent  un  c 
motif  politique,  en  ce  sens  que  le» 
étaient  devenues  le  rt^fuge  de  toi 
Otitititi'x  ou  Saxons  rebelles*. 

Aprî'S  avoir  ainsi  organisé  sur  di 
ses  tixes  Tcruvre  de  la  cuni]ut*te  et  i 
aux  prétentions  de  Grcgoirc  \  Il 
demandait  que  le  roi  d'Angleterre 
connût  vassal  de  ^l^^lise,  Guillau 
détermina  à  faire  en  Normandie  ui 
siî'me  \oya}:c  pour  mettre  lin  à  uni 

(*)  y^ftr  le  roDH  d7r«iiA Jt  |»«r  NValui 


r«r 


Gin 

qu'il  avait  avec  Philippe  I'~,  roi 

4e  Fnnee,  aa  sujet  du  comté  de  Vexin 

autrefois  an  Normaiid  pendant  sa 

ilé.  EiccsHveinent  replet,  Guillaa- 

i  livrait  à  Rouen  à  un  régime  de 

ce  de  repos,  lorsque  Philippe  1^*^ 

«  pu  mit  de  dire  à  ses  courtisans  :  i  Sur 

•  ■a  foi!  le  roi  d'Angleterre  est  long  à 

couches.  ^  Cette  mauvaise  plai* 

rapportêe  à  Tirascible  Normand, 

bmit  en  foreur;  il  jura  qu*il  irait  faire 

■  relevailles  à  >'otre->Dame  de  Paris 

Mc  dis  mille  lances  en  guiie  de  cierges. 

^  Et  ai  effet,  aussitôt  qu'il  fut  en  état  de 

à  chenal,  il  entra  sur  le  territoire 

arec  toutes  ses  troupes,  pillant, 

et  saccageant  tout  sur  son  passa- 

fL  Arriré  à  Mantes-sur- Seine,  il  fit  in- 

la  TÎHe,  et,  comme  il  galopait  au 

des  décombres,  animant  ses  soldats 

ée  la  voix  et  du  geste,  son  che%-a1,  met- 

taat  le  pied  sur  un  tison  ardent,  fit  un 

rt;  le  roi  fut  jeté  sur  le  pom- 

de  sa  selle  et  reçut  au  bas-ven- 

çrave  contusion.   Transporté  à 

il  languit  environ  six  semaines  et 

t  le  9  scrptembre  1087.11  venait  à 

d'expirer  que  ses  deux  plus  jeunes 

Guillaume  et  Henri   Robert,  Tainé, 

t  «  ainsi  que  ses  barons,  Taban- 

t  pour  aller  en  toute  hâte  veiller 

întérvts;  les  gens  de  service 

■u  b««w>  «ur  tout  le  mobilier,  et 

k  corps  du  roi  demeura  pendant  plu- 

flean  heures  e\po^é  nu  sur  le  plancher. 

Ea&n  an  simple  chevalier,  nommé  Her- 

Inu,   le  fit  tran5]K>rter  k  ses  frais  dans 

r^i*e  de  Saint -Etienne  de  Caen,  bâtie 

par  le  Conquérant.  Il  était  âgé  de  60  ans, 

avait  régné  ô3  ans  sur  la  Normandie  et 

31  flor  TAngleterre.  L.  de  L. 

GnLX.%iniE  II,  dit  le  Roux  y  né  en 
1«^.  était  fils  du  précédent.  Son  règne, 
de  1087  à  1 100,  n*o(fre  rien  de  remar- 
•fable.  Il  continua  le  régime  despotique 
de  soa  père ,  eut  de  longs  démêlés  avec 
vm  frrre  Robert  Courte-Heuse  qui  avait 
kéritê  de  la  Normandie  {voy,) ,  fit  la  guerre 
i  Philippe  I*'  pour  le  Vexin ,  et  fut  tué 
pr  accident  à  la  chasse. 

Grnj-%L'XB  in,  roi  d'Angleterre  de 
lM9a  1703. 

Les  Pays-Bas ,  affranchis  du  joug  de 
rF>parne  dam  la  première  moitié  du  xvt< 


(  26«  )  GUI 

siècle,  s'étaient  organisés  en  républirm 
sous  le  nom  de  Provinces-Unies.  Mfis 
les  princes  d^Orange  {vny,^^  qui  ayaien 
contribué  à  leur  affranchissement,  avaient 
été  successivement  investis  des  plus  im- 
portantes attributions  du  pouvoir  exé^ 
cutif,  avec  le  titre  de  stathouder,  que 
Guillaume  II  avait  tenté  de  rendre  héré- 
ditaire dans  sa  famille.  Un  parti  démo- 
cratique s'était  formé ,  ayant  à  sa  tête  le 
grand-pensionnaire  Jean  de  Witt  {voy,)^ 
et  avait  exclu  du  stathoudérat  la  maison 
d^Orange ,  représentée  par  un  jeune  fib 
de  Guillaume  II.  Cet  enfant,  né  le  14 
octobre  1650  et  huit  jours  après  la  mort 
de  son  père ,  était  Guillaume  m.  Yena 
au  monde  à  7  mois,  faible  et  maladif,  ses 
yeux  s'ouvrirent  au  jour  dans  un  appar- 


tement tendu  de  noir,  en  mémoire  de 
Texécution  de  Charles  P%  dont  il  était  le 
petit-fils  par  sa  mère,  Henriette-Marie. 
Celle-ci  mourut  lorsqu'il  avait  10  ans  à 
peine ,  et  tout  semblait  conspirer  contre 
Torphelin.  Dans  sa  patrie,  on  lui  fermait 
la  carrière  des  honneurs  prorois  à  sa  nais- 
sance; au  dehors,  Cromwell  poursuivait 
en  lui  le  rejeton  desStuarts,  et  Louis  XIV 
confisquait  sa  petite  principauté  d'Orange. 
Ainsi  se  formait  à  Técole  du  malheur  ce 
caractère  destiné  à  l'appeler  celui  de  son 
aïeul  te  Taciturne  \  voy\  Nassau)  ;  ainsi 
couvait,  sous  le  flegme  hollandais  et  l'aus- 
térité calviniste,  cette  ambition  patiente 
qui  devait  conquérir  la  fortune. 

Les  Ktats,  ma1gr«  leurs  défiances,  n'a- 
vaient pu  rester  indifférents  au  sort  du 
jeune  prince,  et  avaient  pour%*u  à  son 
éducation  avec  une  sollicitude  soupçon- 
neuse ,  mais  éclairée.  Ils  avaient  choisi, 
pour  la  diriger,  sa  grand'mère  paternelle, 
Emilie  de  Solms,  n  femme  d'une  vertu 
austère,  unissant  an  goût  de  l'étude  l'ac- 
tivité de  Tesprit  politique,  et  singulière- 
ment versée  dans  la  connaissance  du  droit 
public  et  des  intérêts  de  TEurope.  Guil- 
laume profita  de  ses  le^'ons,  et,  dès  l'dge 
de  17  ans,  son  instruction  étendue,  la 
gravité  de  son  caractère,  la  fermeté  et  la 
précision  de  ses  paroles,  étaient  admirées 
sans  flatterie;  car  il  n'avait  pas  de  cour."^» 

(*)  Ce  patMge,  et  quelques  aaU«s  que  nooi 
iacJiqueioiis  pjr  des  guillemets,  sont  emptuntés 
à  ua  article  de  M.  \  illeiuaiu ,  ioséré  d.iiis  le 
J^-i.rtn}t  Jfi  SjfQntt,  mars  x33S, 


GUI 


(270) 


cm 


En  ^70,  il  était  éleyé  à  la  dignité  de  pre- 
m^r  Doble  de  la  Zélande,  puis  admis  dan» 
]f  conseil  d^état.  Le  parti  démocratique  y 
itarmé  de  sa  popularité  naissante,  redou- 
olait  les  restrictions  du  pouvoir  :  une 
nouvelle  loi  venait  d^interdire  la  réunion 
de  la  dignité  de  btathouder  à  celle  de  ca- 
pitaine général  j  mais  Finvasion  soudaine 
des  Provinces-Unies  par  Louis  XIV  iit 
taire  les  jalousies  républicaines  dans  le 
péril  commun.  «  Il  fallait  un  grand  nom 
pour  réunir  et  sauver  la  Hollande  :  on  se 
tourna  vers  Guillaume ,  et,  dans  rassem- 
blée de  1672,  il  fut  nommé,  à  Tunani- 
mité,  capitaine  général  et  amiral  en  chef, 
à  Tage  de  22  ans.  » 

Jamais  préparatif:»  plus  formidables  n*a- 
valent  menacé  un  si  petit  état.  Louis  XIV, 
grâce  à  Talliance  de  Charles  II,  son  pen- 
sionnaire ,  et  des  princes  ecclésiastiques 
de  Cologne  et  de  Munster,  avait  réuni 
130  vaisseaux  et  130,000  hommes,  sans 
compter  le  brillant  essaim  de  gentils- 
hommes qui  se  pressaient  à  sa  suite.  Ses 
généraux  étaient  Condé ,  Turenne  et 
Luxembourg;  Vauban  dirigeait  les  sièges; 
Louvois  était  partout  avec  sa  vigilance 
ordinaire.  La  Hollande,  alfaiblie  par 
Tadministration  trop  économe  des  frères 
de  Witt,  n^avait  guère  que  2ô,000  mau- 
vais soldats  à  opposer  au  vainqueur  déjà 
maître  de  toutes  les  places  sur  les  deux 
bords  du  Rhin.  Les  deux  frères,  qui  sem- 
blaient craindre  Télévation  du  prin<»  dtl- 
rangeplusque  lesprogrè*tle  fennemi,  vou- 
laient demander  la  paix.  Déjà  les  Frant^ais 
menaçaient  A  msterdam,lorsquelesde\Vitt 
furent  massacrés  par  la  populace  dans  une 
émeute,  et  Guillaume,  en  dépit  des  pro- 
hibitions contraires,  investi  le  f  juillet 
de  la  dignité  de  stathouder.  Il  avait  juré 
de  défendre  la  Hollande  ou  de  mourir 
dans  son  dernier  fossé  :  il  fit  percer  les 
digues  qui  retiennent  les  eaux  de  la  mer 
et  inonder  les  passages  par  où  Tennemi 
pouvait  pénétrer  dans  le  reste  du  pay». 
Pendant  ce  temps,  ses  négociations  habiles 
et  secrètes  soulevaient  contre  Louis  XIV 
TEmpereur,  le  conseil  d'Espagne,  le  gou- 
verneur de  Flandres.  L^Angletcrre  elle- 
même  se  montrait  dis|)OM^  à  la  paix.  Kn- 
fin,  dit  Voltaire,  le  roi  était  entré  au  mois 
de  mai  en  Hollande,  et,  dès  le  mois  de 
juillet,  TEurope  commençait  à  être  con- 


jurée contre  loi.  Les  annéet  miSti 
Guillaume  soutint  b  guerre  avec  dcs< 
ces  diverses,  mais  avec  une  conktance 
branlable,  contre  Condé,  LoxemtNN 
Louis  XIV  en  personne.  Battu  par  la 
mier  à  Senef ,  il  en  obtint  cet  borna 
«  quM  s^était  conduit  en  vieux  capil 
tout  en  exposant  &a  vie  comme  un  j 
soldat.  » 

Général  plus  habile  qu'heureux,  i 
laume  était  surtout  grand  politique, 
supériorité  à  cet  égard  parut  dès  la 
de  ^'imègue  (1G78J.  L'iudépendanc 
Provinces-ljnies  assurée,  Touvrage  d* 
riette  d'Orléans  détruit ,  Talliance  i 
relie  de  T Angleterre  et  de  la  Holi 
contre  la  France  rétablie  et  cimenté 
le  mariage  du  prince  d'Orange  avec 
rie,  fille  de  Jacques  II ,  tels  furent  V 
sultals  obtenus  par  Guillaume,  qui 
à  26  ans  le  libérateur  de  son  pays, 
bli  par  le  vœu  de  ses  concitoyens  di 
dignité  du  stathoudérat,  et  devenu  la 
dre  d'un  roi  d^ Angleterre  qui  n*avai 
de  fils. 

Lu  rôle  encore  plus  beau  s*ofli 
son  ambition.  Le  protestantisme,  c 
de  France  par  Louis  XIV,  compron 
Angleterre  par  l'insouciance  de  Cl 
et  par  le  papisme  de  Jacques,  mettaîl 
tes  ses  espérances  dans  Theureux  n% 
Louis  XIV,  dans  le  chef  de  la  Holk 
«c  vieux  boulevard  des  proti^suiis.  i 
ces  titres  au  rôle  de  champion  de  la  li 
civile  et  religieuse  en  Europe ,  sa  q 
d'époux  de  T héritière  prêâomptii 
la  couronne  d'Angleterre  l'appelai 
turellcment  à  intervenir  entre  les  ] 
qui  divisaient  ce  royaume  ^  voy, 
Qt'ES  II  ).  Était-il  question  d'un  poi 
discipline  religieuse,  les  evêques  enfi 
à  la  Tour  écrivaient  au  prince  d'O 
comme  au  protecteur  naturel  de 
droits;  s'agiiisait -  il  de  rillêgîtinûl 
prince  de  Galles,  les  lords  le  soma 
de  %enir  procéder  à  une  enquête  a 
nelle.  «  Depuis  longtemps  la  prai 
sagacité  et  la  longue  vue  de  Guillaai 
montraient  rencbaioement  fatal  de  1 
et  de  violences  où  fut  entraîné  Jaci|ii 
et,  sans  hàtar  les  événements,  sans  a 
ricr  à  des  entreprise»  tcmcraires  » 
celles  de  Montmouth ,  il  se  tenait  | 
profiter  de  tout,  donnant  protoclicM 


GD 


«  aax  unlMtKiiXy  et,  dans  un  calme 
ible,  montaDt  à  FAngleteiTe  le 
cor  dén|Dé  dn  roi  qui  la  troabUit. 
ma  «in*a|iffès  les  cnuotés  de  Jefîe- 
o^r-.  ^  àt  Eirkcsy  après  Tempri- 
■eot  des  éréqnes  et  là  dernières  et 
râbles  £uites de  Jacques  II,  quand 
it  mur  enfin,  Gnillanme  descendît 
4,000  hooune»  snr  les  o6tes  de  TAn- 
ne,  qui  se  donnait  légalement  à  lui.» 
I»  ne  pouvons  qu'indiquer  ici  le 
iprmrnt  du  prince  à  Torbay  ;d  no- 
»  1688  M,  sa  marcbe  sans  combats 


(211  )  GUI 

tée  de  ces  éTénements,  et  s»  politique  ^q. 
tint  que  sa  générosité  lui  6t  épouser  ^a 
cause  de  son  hôte  de  Saint-Germain. 

L*£cos6e  avait  suivi ,  sans  grande  ré« 
sistance ,  Texemple  de  TAngleterre  ;  mab 
rirlande  catholique  offrait  un  champ  de 
bataille  où  la  question  jugée  à  Londres 
contre  Jacques  pouvait  être  agitée  de  nou- 
veau. La  France  fournit  des  vaisseaux,  de 
l'argent,  des  officiers,  et,  en  mars  1690, 
les  deux  compétiteurs  se  trouvèrent  en 
présence  à  Talfaire  de  la  Boyne  (  voy,  ce 


';» 


■S  les  popwlationt,  froides  d^abord, 
ibnnlées  par  ces  mots    magiques 
h  snr  SCS  drapeaux  :  Religion  pro- 
Wtj  ParlememU  libres ,  Je  main" 
ror  ;  la  désertion  générale,  qui  sui* 
Eicmple  une  fois  donné,  lorsque 
0,  selon  les  paroles  d^un  historien 
s,  est  pris  le  courage  de  son  vobin 
eâen,  et  la  fuite  du  malheureux  roi 
CMuic  par  ses  sujets ,  par  sa  fille, 
nrtoot  par  lui-même.  Guillaume 
bal,  lûr  do  besoin  qu'on  a  de  lui, 
e  devant  ce  trône  abandonné,  jus- 
ï  que  la  Convention  assemblée  par 
donné  à  la  déchéance  de  Jacques 
propre  élévation  toute  la  sanction 
ût  l^gal  et  contradictoire.  Pendant 
ip  débats,  il  ne  sort  de  son  impas- 
t  ordinaire  que  quand  il  e»i  «|«miu. 
t  le  nommer  regeot,  en  déférant  la 
ma  à  sa  femme.  Cest  alors  qu'il  lui 
«  de  dire  «  qu'il  n^était  pas  homme 
die  les  ordres  d'une  coiffe,  ni  à  te- 
la  couronne  par  les  cordons  d'un 
.»  Enfin  La  Convention  déclara, 
rma  1689,  «  que,  Jacques  ayant 
e  contrat  originel  entre  lui  et  son 
>,  et  laimé  le  trône  vacant,  la  cou- 
étaîl  déftrée  au  prince  et  à  la  prin- 
d^Orang»,  et  l'administration    au 
aenl.  •  Elle  y  joignit  la  fameuse 
fttion  dite  bill  des  droits ,  où  tous 
lînU  contestés  dans  ces  derniers 
entre  le  roi  et  le  peuple  étaient  dé- 
la  prérogative  royale  définie  et  ré- 
à  de  justes  bornes,  enfin  où  se 
iîent  formulés  les  principaux  ré- 
k  de  la  révolution  qui  venait  de 
er. 
lis  XIV  ne  se  méprit  pas  sur  la  poi^ 


nom).  Guillaume  fut  blessé  dans  une  re- 
connaissance,  le  10  juillet,  veille  de  la 
bataille ,  et ,  sur  le  bruit  de  sa  mort  ré- 
pandu à  Paris,  on  s*y  livra  à  des  démons- 
trations de  joie  qui,  dit  le  président  Ué- 
nault,  font  grand  honneur  k  ce  prince. 
U  n>n  était  rien,  comme  on  sait,  et  Guil- 
laume, vainqueur,  vécut  assez  longtemps 
pour  voir  ses  flottes  triomphantes  arrêter 
à  la  Hogue  une  seconde  tentative  du  roi 
Jacques,  ses  armées,  souvent  battues,  mais 
jamais  découragées,  à  Steinkerque,  à 
?keerwinde,  sous  les  remparts  de  Mous  et 
de  Namur,  lasser  les  brillants  généraux 
de  Louis  XIV,  et  enfin ,  des  deux  rois 
ses  adversaires,  l'un  mourir  découragé  à 
Saint -Germain,  l'autre ,  abandonnant  la 
plus  grande  partie  de  ses  conquêtes,  le 
reconnaître  comme  roi  d'Angleterre  par 
le  traité  de  Rvswick  (1697). 

En  1702,  Guillaume,  qui  régnait  seul 
d«:p«&u  la  mort  de  Marie  (1694) ,  allait 
entrer  dans  uo*  nouvelle  coalition  con- 
tre Louis  XIV ,  à  l'occasion  des  affaires 
de  la  succession  d'Espagne,  lorsqu'il  mou- 
rut subitement,  le  8  mars,  des  suites  d*une 
chute  de  cheval.  Son  règne  n'avait  pas 
été  exempt  d'amertumes  et  de  mécomp- 
tes. Quelque  soin  qu'il  prit  de  tenir  la 
balance  entre  les  divers  partis  politiques 
et  religieux,  sa  froide  impartialité  parlait 
plus  à  U  raison  qu'aux  sympathies  po- 
pulaires. Ses  fréquents  voyages  sur  le 
continent  le  faisaient  accuser ,  non  sans 
quelque  raison,  de  préférer  ses  anciens 
à  ses  nouveaux  sujets.  On  disait  qu'il  était 
roi  de  Hollande  et  stathouder  d'Angle- 
terre. On  le  forçait  (décembre  1698)  à 
renvoyer  ses  gardes  hollandaises,  et  le 
discours  préparé  dans  cette  circonstance 
par  Guillaume  à  l'effet  d'annoncer  son 
abdication,  existe  encore  au  Musée  britaiw 


GUt 


(î«) 


ùm 


Hifié  pùùt  attester  •  quel  prix  les  peu- 
pès  Tendent  les  trônes  qu'ib  semblent 
«onner. 

Ce  règne ,  qui  consacra  en  Angleterre 
la  liberté  religieuse  et  politique ,  Tindé- 
pendance  des  parlements  et  des  tribu- 
naux ,  eut  aussi  une  heureuse  influence 
sur  la  morale  publique.  On  a  remarqué 
qu'il  n*y  eut  qu'un  seul  procès  d'adultère 
sous  Guillaume  m ,  fait  curieux  après  la 
corruption  des  deux  derniers  règnes,  et 
dont  il  faut  rapporter  en  partie  Thon- 
nenr  à  la  régularité  de  mœurs  du  souve- 
rain *.  Du  reste,  il  avait  peu  de  goût  pour 
les  lettres  et  les  arts.  N'étant  encore  que 
statbouder,  dit  Duclos,  il  se  trouva  à  la 
représentation  d'un  drame  dont  le  pro- 
logue était  à  sa  louange  :  «  Qu'on  chasse 
ce  coquin!  s'écria-t«il  en  interrompant 
l'acteur  ;  est-ce  qu'il  me  prend  pour  le 
roi  de  France?  »  Les  pamphlets  politi- 
ques composent  à  peu  près  toute  la  lit- 
térature de  son  règne.  De  Foë  (vojr,) , 
l'auteur  de  Robinson^  qui  servit  puis- 
samment de  sa  plume  incisive  la  cause  de 
la  révolution  de  1688  et  du  roi  qu'elle 
s'était  donné,  est  peut-être  le  seul  hom- 
me de  lettres  qu'il  ait  protégé.  Cepen- 
dant, un  fait  peu  connu  et  qui  semble 
une  anomalie  dans  ce  caractère  sec  et 
sombre,  c'est  qu'il  aimait  la  musique. 
On  lit  dans  un  auteur^  qu'en  1688,  se 
trouvant  à  La  Haye,  plon^  dans  de  pro- 
fondes réflexions  sur  le  coup  ha*^  4U'il 
allait  tenter ,  il  avait  p^^  de  sa  personne 
trois  muAÎricos  d'élite ,  chargés  de  le  dis- 
traire, par  leurs  accords,  des  préoccu- 
pations de  la  politique  et  des  soucb  de 
l'ambition. 

Simon,  Lamigue,  Harris,  et  quelques 
autres  écrivains  peu  connus,  ont  écrit  la 
vie  de  Guillaume  IIL  Sur  la  révolution 
de  1688  et  set  suites,  il  faut  consulter 
las  ouvrages  spéciaux  de  sir  James  Mac- 
intosh, de  M.  Bfaxure,  de  Carrel,  et 
las  nombreux  mémoires  du  temps,  Bfac- 
pherson,  Dalrymple,  Bnmet,  etc.  Il  a 
paru  il  Londres,  en  1885,  un  ouvrage 
intitulé  :  La  vie  ei  le  temps  de  Guil- 
laume lllf  rot  d'Angleterre  et  stathou» 

(*)  Oa  iMare  cefieadaat  qaa  GaillaiOM  est 
»ae  oMltreMC,  Udy  Orkncy. 

'**)  Boonrt  Bottiddot,  UiH»in  d^  Im  mmtiqmt 


der  de  BoUande^  par  Artkdr  t 
vol.  in-8*. 

GuiLLAum  IV,  roi  d*Aiigk 
de  Hanovre,  de  1830  à  1887. 

Guillaume-Henri,  S«  fib  de 
m,  naquit  le  31  août  1765.  Soi 
tion  classique  avait  été  confiée  a 
du  docteur  Bfajendie,  évéque  de 
mais  bientôt  la  vigueur  die  aa  c 
tion,  la  franchise  un  peu  brusqa 
caractère  firent  penser  qu^tioe 
active  lui  conviendrait  mieux, 
l'âge  de  14  ans,  le  futur  sonvert 
Grande-Bretagne  entra  dans  la  ■ 
qualité  de  simple  midshipman  à 
vaisseau  de  guerre  le  Prince 
Pour  son  début,  il  prit  part  à  la 
d'un  convoi  espagnol  dans  la 
Biscaye,  puis  au  combat  livré,  hi 
après,  à  l'escadre  ennemie.  L'am 
Juan  de  Langara  y  fut  fait  pri 
Un  des  bâtiments  capturés  dans* 
casion  reçut ,  aussitôt  après  la  ^ 
le  nom  de  Prince  f^iiliam.  La 
affaire  où  se  trouva  le  jeune  pr 
la  prise  du  Protée^  navire  françi 
canons.  £n  1781 ,  son  vaiaaeau  1 
ché  à  l'escadre  chargée  de  la  dai 
mission  de  ravitailler  Gibraltar, 
nées  suivantes,  il  visita  la  Havai» 
Français,  le  Canada,  etc.  Ce  ne  f 
près  le  nombre  d'années  de  scnri 
ptts  les  règlements,  et  aprf»  «f 
l'examen  de  rigueur,  qu'il  pami 
nant  snr  la  (ré^ie  rHébé  (17Si 
ensuite  son  avancement  fut  plus 
un  an  ne  s'était  pas  encore  éeoa 
lui  fit  franchir  le  grade  interaéi 
commander^  et  qu'avec  le  titre  i 
taine  on  lui  confia  le  commandei 
Pégase,  frégate  qui  fiûsait  parti 
station  des  Iles  Sous-le-Vent,  o 
dée  par  Nelson.  Là  se  forma  • 
jeune  prince  et  l'illustre  marin  a 
son  également  honorable  pour 
deux. 

Guillaume,  de  retour  en  Aji| 
fut  créé,  le  19  mai  1788,  diicd«l 
et  de  Saint-André,  et  comte  de  i 
en  Irlande.  L'année  suivante,  I 
par  suite  des  événements  de  ! 
Sound ,  une  guerre  avec  TEspagi 
blait  imminente ,  il  reçut  le  cona 
méat  du  /  aillant^  vaiaaeau  de  74 


601 


(27S) 


Gf)l 


il  fut 
Mail,  depuis  lors, 
cth»eDt,el, 
4e  la  Révolu- 
du  roi  la  permis- 
les  périls  et  la  gloire  de 
n  n*en  parooomt  pas 
rapidité  toole  récfaelle  des 
y  ooaqMÎs  odai  «Tami- 
liolle  quTû  obtint,  en  1811,  à 
de  âr  Peter  Puker.  Ce  culte  dn 
rondenr  ennemie  de  Téti- 


iait  le  type 
la  car- 
duc.  n  ent  même  ooca- 
an  principe  de  l'égalité 
dont  rhistoire  de 
I  affine  plus  dHin  exemple.  Pen- 
ipagne,  il  se  prit  de 
imé  Stnrt,  mïdship- 
■■e  kû.  «  Si  Toos  n'étiez  pas  le 
n,  dit  cehû-ci,  je  toos  donnerais 
■w— Qn^à  odb  ne  tienne  !  »  ré- 
e  prinœ  ;  et  il  loi  offrit  de  ter- 
i  diflcrcnd  par  nn  combat  à  la 
des  marins.  L*antre  craignit  d'a- 
la  sapériorité  qoe  lai  donnaient 
cl  sa  force,  et  les  deoz  officiers 

c  de  Clarenoe  avait  déjà  eu  oc- 
e  ^mailcster  ces  tendances  libé- 

^evaicnt  le  saivre  snr  le  trône, 
e,  aBqœl  ses  opinions  déplai- 
d^abord,  dit  Wrazall,  de  le 
majorité.  Cependant  il 
m.  qnand  il  rit  le  duc  résola  ii  se 
c  à  la  diambre  des  Communes  ; 

rapporte  qu'en  signant  les  let- 
M  couleraient  ce  titre,  George 
Mi^i  ces  paroles  :  «  Je  sab  que 
wn  Tote  de  plus  à  l'Opposition.  » 
I  1790  que  commença  l'intimité 
œ  a[vec  mistress  Jordans.  Cette 
Pme  des  plus  séduisantes  de  son 
Bt,  par  sa  conduite,  irréprocha- 
gstSy  donner  une  espèce  de  sanc- 
Blie  liaison  irrégulière  qui  dura 
cl  pendant  laquelle  naquirent 
Ma  doof  neuf  riraient  encore  en 
■  dit  même  que  le  fruit  des  ta- 
Tactrice  ne  laîsa  pas  de  former 
;  aoCable  de  la  communauté,  et 
■BDces  rerenus  du  prince  n'an- 
1  aiffire  à  leur  existence,  malgré 

ipc/op.  €LG^d,M.  Tome  XIU. 


la  TÎe  simple  et  retirée  qu'ib  menaient  k 
Boshy-ParlL  Guillaume  rompit  cette 
union  par  suite  des  rives  sollidtatioos  de 
la  famille  royale,  et  en  considération 
d'un  mariage  qui  devait  mettre  fin  à  des 
embarras  pécuniaires  sans  ceise  renais- 
sants. Il  parait  néanmoins  que  les  projets 
formés  alors  ne  réussirent  point ,  puisque 
le  duc  de  Clarence  ne  se  maria  que  plu- 
sieurs années  après.  Mistress  Jordans , 
le  coeur  navré  de  douleur ,  se  retira  sur  le 
continent ,  et  mourut  k  Saint-Cloud  en 
juillet  1816.  En  1814,  le  prince  escorta 
Louis  XVin  en  France,  et ,  le  1 1  juillet 
1818,  il  épousa  Adéla!de-Louise-Tbé- 
rèse-Caroline- Amélie,  fille  du  duc  de 
Saxe-Meiningen.  Le  pariement  vota,  à 
cette  occasion,  une  addition  de  6,000  liv. 
sterl.  aux  revenus  du  duc;  mais  cette 
somme  n'ayant  point  pam  suffisante  aux 
deux  époux  pour  soutenir  leur  rang  en 
Angleterre,  ils  allèrent  habiter  le  Hano- 
vre. L'année  suivante,  U  princesse  Adé- 
laïde, mue  par  un  sentiment  qui  la  rendit 
chère  aux  Anglais,  revint  en  Angleterre 
pour  donner  le  jour  à  l'enfant  qu'elle 
portait  dans  son  sein  :  elle  accoucha  à  7 
mois  d'une  fille  qui  re^t  le  nom  popu^ 
laire  d'Elisabeth,  et  qui  mourut  en  bas 
âge.  Trois  antres  fois,  en  1819  et  en 
1821,  la  duchesse  eut  le  malheur  d'ac- 
coucher avant  terme,  et  bientôt  le  prince 
dut  renoncer  à  l'espoir  d'avoir  une  pos- 
térité légitime. 

A  la  mort  dn  duc  dTori^  son  frère ,  le 
duc  de  Clarence  étant  devenu  héritier 
présomptif  de  la  couronne,  le  parlement 
éleva  son  revenu  à  40,000  liv.  sterl.,  et 
il  vint  occuper  son  poste  à  la  cour.  Sous 
le  ministère  Canning,  il  fut  investi  de  la 
haute  dignité  de  lord-grand-amiral  d'An- 
gleterre, fonction  qu'il  remplit  avec  le 
zèle  et  l'expérience  qu'on  pouvait  at- 
tendre de  ses  précédents  ;  mais  sous  Fad- 
ministration  dont  lord  Wellington  devînt 
le  chef  au  commencement  de  1828,  quel- 
ques observations  ayant  été  faites  sur  les 
dépenses  des  tournées  du  grand-anciral 
pour  inspecter  les  ports  et  les  stations  na- 
vales, le  prince ,  qui  les  trouva  inconve- 
nantes, donna  sa  démission. 

Pendant  l'intervalle  entre  sof  mariage 
et  son  avènement  au  trône,  le  duc  de 
Clarence  qui ,  sauf  quelque»  occasions , 


GUI 


(274) 


GUI 


celles  surtout  où  il  s'agissait  de  la  Corn- 
nflgDÎe  des  lodesy  des  colonies  et  de  la  ma- 
rine ,  son  objet  ^e  prédilection ,  s'était 
jusque-là  peu  mêlé  aux  discussions  par- 
lementaires, y  prit  une  part  assez  active. 
Dans  le  procès  de  la  reine  Caroline,  il 
vota  contre  elle.  On  remarqua  cette  dé- 
claration de  principes  faite  par  lui  dans 
la  Chambre  haute  :  «  Les  opinions  poli- 
tiques ne  doivent  exclure  personne  de  la 
jouissance  des  droits  civils.  •  Lors  de  la 
grande  question  de  l'émancipation  des 
catholiques ,  on  était  impatient  de  savoir 
dans  quel  sens  se  prononcerait  Théritier 
présomptif.  Le  bruit  courait  qu'il  était 
défavorable  aux  catholiques;  mais  il  dis- 
sipa tous  les  doutes  en  prononçant,  le  23 
février  1829,  ii  la  chambre  des  lords,  un 
discours  en  faveur  de  l'émancipation. 

Ainsi  le  trùne  trouvait  en  lui  un  prince 
heureusement  affranchi,  par  ses  habitudes 
premières ,  du  faste  et  de  la  mollesse  des 
cours;  qui,  dans  la  vie  active  de  marin , 
avait  pu  vbiter  son  vaste  empire  sur  plus 
de  points  qu'aucun  autre  monarque  de  la 
Grande-Bretagne  ;  mûri  par  l'expérience 
des  règnes  de  son  père  et  de  son  frère 
aîné,  tous  deux  souverains  pendant  une 
grande  partie  de  sa  vie  ;  en  un  mot,  dis- 
posé par  tous  ses  antécédents  à  jouer  son 
rôle  dans  l'ère  des  rois  bourgeois  et  ci- 
toyens. Aussi ,  à  la  mort  de  George  IV 
(26  juin  1880),  l'Angleterre  salua  de  ses 
acclamations  l'avènement  de  Guillaume, 
quatrième  du  nom  ,  mab  le  premier  qui 
fût  né  en  Angleterre  *.  Il  était  alors  âgé 
de  66  ans. 

En  ce  moment,  les  deux  partb  depuis 
longtemps  en  possession  de  l'arène  poli- 
tique en  étaient  venus  à  un  état  de  rap- 
prochement qui  semblait  rendre  facile  la 
tâche  du  nouveau  règne;  les  tories,  re- 
préMntés  au  pouvoir  par  sir  R.  Peel  et 
lord  Wellington,  avaient  fait  des  conces- 
sions telles  que  l'émancipation  des  catho- 
liques et  des  dissidents;  la  majorité  des 
whîgs  ne  portait  pas  ses  vœux  de  réforme 
au-4elà  de  la  concession  du  droit  de  re- 
présentation à  un  certain  nombre  de 
grandes  villes;  les  radicaux  ne  comptaient 
pas  enore  dans  la  statistique  parlemen- 
taire. Màb  tout  à  coup ,  un  mois  après 

(*';GuilUii«nf>  l*'et  Goillaame  II  étaient  ?lor. 
MMBâ*^  et  OvilUanc  III  éuît  UulUnUait. 


l'avénement  de  Guillaume  IV,  la 
tion  opérée  en  France  el  les  évéi 
qui  en  furent  la  suite  sur  le  ce 
vinrent  briser  le  lien  fragile  qui 
en  Angleterre  les  deux  premien 
déchaîner  le  troisième,  et  susciter  i 
naissant  les  plus  graves  dangers.  1 
clamations  incendiaires,  des  meeii 
naçants,  des  attentats  à  la  proprû 
quelques  provinces,  révélèrent  u 
imminente.  Le  roi,  qui  avait  ouver 
lement,  le  2  novembre,  par  un  dis4 
il  mentionnait  asaex  sèchement  le 
ments  du  continent  et  parlait  des 
de  calmer  l'agitation  des  esprits,  s 
cepté  pour  le  9  un  grand  dîner  à 
Hall  {voy.).  Mais,  dans  Tinteni 
déclaration  faite  par  le  minbtère, 
la  discussion  de  l'adresse ,  quUl  i 
sentirait  à  aucune  réforme  dans  le 
de  représentation  établi,avait  telles 
cru  l'effervescence,  que  le  lord-ma 
cru  devoir  conseiller  au  duc  de  V 
ton  de  ne  point  paraître  dans  la  < 
conséquence,  le  diner  royal  futoon 
dé.  Aussitôt  rOpposition  s'arme  ce 
ministres  de  l'impopularité  qu^ibi 
rejaillir  sur  le  souverain;  le  débs 
à  la  liste  civile  achève  leur  ruine 
n'essaie  pas  de  lutter  contre  T 
publique;  et  lord  Grey,  invité  à 
un  nouveau  ministère,  accepte,  à 
tion  que  la  réforme  parlemenli 
proposée  comme  question  de  i 
Aux  articles  Geet  et  Geakob-Bi 
(T.  XII,  p.  735),  on  peut  lire  le  d 
travaux  de  ce  ministère  et  de  la  gra 
sure  à  laquelle  il  attacha  son  oc 
vembre  1830,  juin  1834):  do 
bornerons  ici  à  constater  la  p«i 
royauté  dans  cette  œuvre  de  pro( 
ne  fut  pas  sans  hésitation  qu'elli 
socia.  A  la  vérité,  lors  du  rejet 
(9  avril  1831),  le  roi  conseoti 
soudre  le  parlement;  mab  pb 
quand ,  pour  triompher  de  U  H 
prolongée  de  la  Chambre  de»  li 
ministère  lui  proposa  «le  wteonHr^ 
sure  décisive  d'une  créatîoo  àm  j 
s'y  refusa  d'abord  et  se  toorna  wm 
de  Wellington  et  les  tories  («vfO 
auxqueb  il  revenait  qatod  il  m 
pi  érogative  anger.  Oïïfmiém 
inontasesi       j|iiaiicai|  «1  «tlj 


GDI 


(275) 


GUt 


écrite  par  ion  ordre  à  TOp- 
Chambre  hante  que  le  bill 
nent  adopté  (4  juin), 
ot  du  ministère  Melbourne 
Il  1834,  après  la  retraite  de 
lit  loin  d*anDoncer  une  dé- 
les  principes  libéraux  de 
.  Cependant  il  ne  tarda  pas 
iii-ménie  de  son  œuvre  et  à 
lain  aurait  la  force  de  con- 
ement  dont  il  avait  préci- 
on.  Bientôt  aux  méticulosi- 

se  joignirent  les  scrupules 
plutôt  ces  deux  sentiments 
un  seul ,  quand  le  nouveau 
t  attaquer  en  Irlande  les  re- 
gliie  anglicane.  Guillaume 
t  la  vieille  maxime  de  la 
inovre ,  que,  toucher  à  Te- 
lle, c^était  toucher  au  trône 
e  mourrai  plutôt  !  »  s*écria- 
onarque,  qui  avait  adopté 
rme ,  qui ,  dans  cette  occa* 
rendu  chez  plusieurs  lords 
stes  pour  les  détacher  de 
qui  avait  semblé  prendre 
endre  décerner  le  titre  de 
fonne. ,  Guillaume  déserta 
la  cause  dont  il  s*était  mon- 
un  des  plus  chauds  parti- 
I  aux  tories.  Lorsque  lord 
li  proposa  de  nommer  un 
icelier  à  la  place  de  lord 
.)  qui  entrait  à  la  chambre 
ipondit  avec  une  brusque- 
çait  un  parti  pris  :  «i  Pas  de 
!  je  veux  faire  maison  nette 
a  new  set  ).  »  C^était  un 
Des  ;  lord  Melbourne  et  ses 
lace  à  sir  Robert  Peel  et  au 
ington  (novembre  1834). 
Thabileté  avec  laquelle  le 
>osa  son  administration ,  il 
r  aux  violentes  manifesta- 
nt public  et  à  Topposition 

des  whigs  et  des  radicaux 
qui  avait  assez  de  bon  sens 
tenter  qui  ne  f6t  dans  la 
intérêts  bien  entendus,  ne 
ir  lutter  contre  le  torrent. 
ne  fut  rappelé  (avril  1835), 
ai  le  ramenait  au  pouvoir, 
exigeante  par  les  obstacles 
nté  de  lai  opposer,  fendit 


cher  ton  appai  incenstant,  et  entoura 
la  fin  du  règne  de  GuiUaume  IV  de  diffi- 
cultés qui  ne  sont  pas  toutes  aplanies. 
M.  O^Connel,  moyennant  une  forte  part 
dans  le  gouvernement  de  TIi lande  [voy,)j 
soutenait  les  ministres  en  les  injuriant  et 
suspendait  sur  leurs  télés  Vagitatiofiy 
comme  le  glaive  de  Damoclès.  Les  tories, 
de  leur  côté,  n'abandonnèrent  aucune  de 
leurs  prétentions;  le  rejet  trois  fois  réi- 
téré du  bill  de  réforme  des  corporations 
irlandaises,  et  Télection  de  sir  Francis 
Burdett  à  Westminster,  prouvaient  à  la 
fois  leur  force  et  leur  obstination.  A  voir 
le  gouvernement  ballotté  entre  les  deux 
partis,  il  était  dilTicile  de  dire  sll  était 
mieux  traité  par  ses  amis  que  par  ses  ad- 
versaires. Cependant  le  roi  persista  jus- 
qu'à la  fin  à  repousser  avec  une  extrême 
énergie  toutes  les  nouvelles  promotions 
à  la  pairie  qu'on  lui  proposait. 

Au  dehors,  le  gouvernement  de  Guil- 
laume IV  n'avait  pas  rencontré  moins 
d'embarras.  L'alliance  avec  la  France,  et 
par  suite  avec  l'Espagne  et  le  Portugal, 
avait  dominé  toutes  ses  relations  conti- 
nentales. Il  avait,  de  concert  avec  la  pre- 
mière de  ces  puissances ,  tenté  de  régler 
par  des  protocoles  le  nouvel  ordre  de 
choses  enfanté  par  la  révolution  de  Bel- 
gique. L'amiral  Napier  et  lord  Howard 
de  Walden  avaient  maintenu  en  Portugal 
l'influence  anglaise  au  milieu  des  crises 
dont  ce  pays  était  le  théâtre.  Les  secours 
prêtés  à  l'Espagne  et  ceux  qu'on  avait 
refusés  à  la  Pologne  avaient  été  l'objet 
de  nombreuses  attaques;  cependant  sur 
ces  diverses  questions  des  bills  d'indem- 
nité avaient  été  accordés  au  ministère,  et 
les  traités  de  commerce  avec  l'Allemagne 
avaient  obtenu  l'approbation  des  cham- 
bres. Les  affaires  du  Canada  recelaient 
des  orages  plus  imminents.  Les  griefs  de 
cette  colonie,  formulés  dans  une  pétition 
au  roi,  et  l'adresse  de  l'assemblée  du  Bas- 
Canada  à  lord  Gosford  [septembre  1836), 
annonçaient  dès  lors  la  crise  qui  a  éclaté 
depuis  et  qui  n'est  pas  encore  à  son  terne. 

Ici  se  termine  l'histoire  politique  du 
règne  de  Guillaume  IV.  Les  événejnents 
domestiques,  dans  la  dernière  partie  de  la 
vie  du  feu  roi,  furent  peu  importants  ;  le 
plus  triste  pour  lui  fut  la  mort  de  l'dnée 
et  la  plu  àMm  i»  m  fHtei)\i&^  «i^ 


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(576) 


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Ulale  Dadley,  à  laipielle  on  attribuait , 
ainsi  qu*à  la  reiod  (qae  les  tories  con- 
tinuent dVntourer  de  leurs  hommages), 
une  influence  aati-libérale  sur  l'esprit  du 
roi ,  dans  les  dernières  années  de  sa  vie. 
En  1831  y  Gaillaume  avait  accordé  divers 
titres  et  prérogatives  à  ses  enfants  natu- 
rels, et  il  avait  transmis  à  son  aine  (Fitz- 
Glarenee)  le  titre  de  comte  de  Munster 
qu'il  avait  longtemps  porté  lui-même  *, 
Guillaume  était  depuis  plusieurs  années 
atteint  d'un  asthme  dont  les  accès  reve- 
naient périodiquement  :  depuis  quelque 
temps  ils  étaient  devenus  plus  fréquents  ; 
à  la  suite  du  dernier  se  déclara  une  hy- 
dropisie  de  poitrine  à  laquelle  il  suc- 
comba dansla  nuit  du  19  au  20  juin  1837. 

Ce  règne  de  sept  ans  aura  une  part 
glorieuse  dans  l'histoire  de  la  civilisation  et 
du  progrès.  Sans  parler  des  améliorations 
matérielles  et  locales  qu'il  lui  fut  donné 
de  réaliser  au  milieu  des  embarras  qui 
entravaient  sa  marche,  et  parmi  lesquelles 
l'ouverture  du  raii-tvay^  de  Manchester  à 
Liverpool  (septembre  1830)  marque  une 
ère  importante  pour  l'industrie,  c'est  à 
lui  que  l'Angleterre  doit  la  révision  de 
son  code  criminel,  plusieurs  lois  interna- 
tionales pleines  de  sagesse,  une  réduction 
équitable  de  la  liste  civile,  une  loi  nou- 
velle et  toute  philanthropique  en  faveur 
des  esclaves  des  Antilles,  le  bill  de  com- 
mutation des  dîmes  et,  par-dessus  tout,  ce- 
lui qui  réalisa  enfin  la  réforme  parlemen- 
taire vainement  réclamée  depub  plus 
d'un  demi-siècle.  R-y. 

GUILLAUME (FaÉD#.aic)I«%  roi  des 
Pays-Bas,  grand-duc  de  Luxembourg, 
prince  d'Orange,duc  deNassau,en  naissant 
à  La  Haye  le  24  août  1773,  re^ut  le  ti- 
tre de  prince  héréditaire  des  Provinces- 
Unies  de  Hollande.  Son  père,  Guillau- 
me V,  prince  d'Orange  et  de  Nassau,  stat- 
houder  héréditaire,  descendait  du  prince 
Jean,  le  plus  jeune  frère  du  grand  Guil- 
laume I"  d'Orange  (auquel  nous  consa- 
crerons une  notice  à  l'article  Ma&sau],  et 

(*)  C«  titr«,  «mpranté  i  an  eomté  (TlrUnde* 
B*a  rici  de  comman  avec  celai  de  l*aBtiqae  fa- 
mille tatonoe  od  hann^neane  doat  le  chef  ae- 
tnel,  Er9#«t-Fr^dérte-Hcrl>crt  •  comte  (d'Ero- 
pire)  de  31  ao«l«r ,  a  été  longlemp*  à  la  léte  du 
mini^trre  d..n«  le  Hanovre  et  m  présidé  U  ré* 
|{tfni-e  dant  U  darhé  de  Bmatwîi'  (vo/.)  pen- 
dsmi  h  minorité  du  dar  Charica.         I.  H.  S. 


mourut  à  Bmnswic,  le  9  a^ril  18< 
verra  dans  l'article  cité  que  son  j 
pcre,  Guillaume  IV,  premier  suti 
héréditaire  des  Provinces-Unies,  en 
et  mort  en  1751,  avait  réuni  de  no 
sous  l'autorité  de  la  maison  de  fi 
Dietz,  à  laquelle  il  appartenait,  les 
rameaux  divers  sortis  de  la  soucfa 
Othon  de  Nassau  éuit  le  chef,  ra 
qui  étaient  ceux  de  Hadamar,  de  S 
de  Dillenbourg,  et  enfin  de  Dietx  i 

Le  jeune  prince  héréditaire  fut  i 
redevable  de  son  instruction  à  m 
Frédérique-Sophie-Wilhelmine,  1 
prince  Auguste-Guillaume  de  Prosa 
pour  précepteur  Tollius,  auteiu-  h 
dais  estimé,  et  pour  gouverneur  le  | 
de  Stamford  ,  bon  tacticicm  et  pc 
exercé.  Envoyé  en  Allemagne  wm 
il  demeura  quelque  temps  à  Berli 
cour  de  son  oncle  le  roi  Frédéric* 
laume  II;  puis,  en  1790,  il  alla  coi 
ses  études  à  l'université  nation 
Leyde.  Bientôt  après,  on. le  mai 
épousa,  le  f  octobre  1791,  sa  < 
Frédérique-Louise-Wilhelmine,  1 
même  roi  de  Prusse ,  celle  qui,  je 
1837,  fut  la  fidèle  compagne  de  s 

Exercé  dans  Part  de  la  guerre  < 
tous  ses  ancêtres,  Guillaume  travai 
son  frère  Frédéric,  qui  se  fit  plusti 
réputation  comme  général,  à  la  r 
des  troupes  de  terre  de  la  Hollandi 
ses  projets  furent  entravés  par  I 
sensions  intestines  qui  éclatèrent 
époque  si  féconde  en  révolutioi 
patriotes,  ramenés  à  l'ordre  en  17 
la  force  des  armes  prussiennes,  ag 
secrètement  contre  la  maison  dX 
Une  partie  d'entre  eux  s'étaient  i 
en  France,  et  la  Convention  nal 
voulant  avec  letir  aide  s'empare 
Hollande ,  déclara  la  guerre  au  al 
der,  le  1*' février  1793.  Dumoui 
cupa  le  Brabant,  ma»  sans  pou 
maintenir.  A  la  suite  de  la  vîctoii 
portée  sur  Dumouriez  à  Ncmsrti 
1 8  mars,  par  le  prince  de  Cobour| 
maréchal  impérial ,  cette  provii 
délivrée  par  le  prince  héréditaire 
rai  en  chef  des  troupes  bataves 
quelles  s'était  joint  un  corps  i 
de  la  coalition.  Le  prince  hérédita 
pécha  ensuite  l'armée  francise  di 


GUI 


(277) 


GUI 


léirer  dans  la  FUiulre  occidentale, 
ttaqoé,  le  1 3  septembre,  dans  sa  po- 
,  entre  Meninet  Werwick,  par  Ten- 
HipcMÎcur  en  forces,  il  fut  obligé, 
une  courageose  résistance,  dans  la- 
I  son  frère  Frédéric,  qui  comman- 
aile  droite,  fut  blessé,  de  battre  en 
te  et  de  repasser  l'Escaut.  Bientôt 
le  prÎDoe  héréditaire  prit  Landre- 
t,  à  la  tête  d*ane  armée  coalisée  de 
idais  et  d'Aotrichiens,  refoula  au- 
a  la  Sasbre  l'armée  républicaine. 
les  Françab  ayant  pris  Charleroi 
tt  et  fattttD,  dans  la  grande  bataille 
Mi  (26  juin  1794),  l'aile  gauche 
■ie  coalisée,  Guillaume  reçut  aussi 
■eede  Cobourg  l'ordre  de  se  retirer. 
Aatricbiens,  pressés  par  Pichegru 
replièrent  jusque  derrière 
et  le  prince  héréditaire,  affai- 
potea,  dut  se  borner,  de  cou- 
le dnc  dToriL,  a  couvrir  les 
de  la  république  batave.  Mais 
fut  vaine  :  les  forteresses 
pent  «n  pouvoir  des  Français,  et, 
I  ayant  fiiit  geler  le  Wahal,  Piche- 
aoD  entrée  à  Utrecht  le  17  janvier 
liC»  Français  trouvèrent  un  appui 
m  pairioteSy  en  sorte  que  le  stat- 
rie  vit  dans  l'impossibilité  de  sau- 
république  batave  abandonnée  de 
iék  Ses  deux  fils  avaient  déposé 
«■mandements  le  16  janvier,  et 

■■M  Vf  VOy.HoLLAHDBetPAYS-BAs) 

v«|iia,  le  18  et  le  19,  avec  sa  famille 
qnes  serviteurs  dévoués,  à  Scheve- 
ï  pour  l'Angleterre,  où  on  lui  of- 
m  iiésidcBoe  à  Hamptoncourt. 
cadant  les  deux  princes  ses  fils  ne 
nt  pas  à  repasser  sur  le  continent 
iraier,  aux  frais  de  l'Angleterre, 
lafîonanx  émigrés  et  qui  avaient 
va  corps  de  troupes;  mais  ce 
•e  débanda  après  la  paix  de  Bàle 
.  Alors  le  prince  Frédéric  entra  au 
!  de  l'Antriche,  et  il  mourut  à  Pa- 
a  6  janvier  1799.  Le  prince  héré- 
ae  rendit  avec  sa  famille  à  Berlin, 
'  attendra  un  changement  £avora- 
M  son  sort,  changement  qu'on  pou- 
pffoaaettre  alors  des  relations  ami* 
faî  régnaient  entre  la  France  et  la 
t.  n  acquit  quelques  biens  seigneu- 
Ica  environs  de  Poznan  et  en 


Silésie,  et  son  père  loi  ayant  cédé,  le  29 
août  1802,  l'indemnké  territoriale  qui 
lui  était  accordée  en  Allemagne  par  le 
décret  de  la  députation  d'Empire,  et  qui 
se  composait  de  Fulde ,  de  Corbie ,  de 
Dortmiind,  de  Weingarlen  et  autres  lieux, 
Guillaume  résida  depuis  ordinairement  à 
Fulde,  ville  dont  il  remplaça  l'aniversité 
improductive  par  un  bon  lycée,  et  où  il 
employa  les  fonds  de  deux  couvents  sécu-» 
larisés  à  l'établissement  d'un  hôpital  civil. 

Après  la  mort  du  stathouder  son  père, 
arrivée  en  1806,  comme  nous  l'avons 
dit  en  commençant ,  Guillaume  prit  le 
gouvernement  de  ses  domaines  hérédi- 
taires de  I^assau  ;  mais  ayant  refusé  d'ac- 
céder a  la  Confédération  du  Rhin,  il 
perdit  la  souveraineté  sur  les  pays  com- 
posant le  patrimoine  de  la  maison  de 
Nassau-Orange,  lesqueb  furent  donnés  à 
ses  cousins  de  Nassau-Usingen  et  de  Weil* 
bourg,  et  au  prince  Murât,  grand-duc  de 
Berg,  tandis  que  Weingarten  échut  au 
Wurtemberg. 

Guillaume  se  rendit  à  Berlin  au  mois 
d'août  1806,  et  aida  la  Prusse  dans  sa 
guerre  contre  Napoléon.  Il  avait  déjà  le 
grade  de  lieutenant-général  dans  l'armée 
prussienne,  et  un  régiment  dont  il  était 
le  chef  portait  son  nom.  Au  bout  d'un 
mois,  il  fut  nommé  au  commandement 
d'une  division  de  l'aile  droite  de  l'armée 
prussienne,  entre  Magdebourg  et  Erfurt. 
Après  la  bataille  d'Iéna,  si  désastreuse 
pour  la  Prusse,  il  dut  suivre  le  feldma- 
réchal  Mœllendorf  ii  Erfurt,  et,  à  la  suite 
de  la  capitulation  conclue  par  ce  dernier, 
il  devint  prisonnier  de  guerre;  cepen- 
dant on  lui  permit  de  demeurer  auprès 
de  sa  femme  en  Prusse.  Napoléon  le  dé- 
clara ,  ainsi  que  l'électeur  de  Hesse  et  le 
duc  de  Brunswic,  déchu  de  ses  posses- 
sions. Fulde  prêta  hommage  à  l'empe- 
reur des  Français  dès  le  27  octobre;  et 
quant  à  Corbie,  à  Dortmund  et  au  comté 
de  Spiegelberg ,  ils  furent  incorporés,  en 
1807,  au  royaume  deWestphalie  et  au 
grand-duché  de  Berg.  Ce  grand-ducbé  et 
le  Wurtemberg  confisquèrent  à  leur  pro- 
fit même  les  domaines  réservés  au  prince 
Guillaume  par  l'acte  de  la  Conféd^tion. 
La  Bavière  seule  ne  suivit  pas  cet  eiem- 
ple;  tous  les  autres  princes  de  la  Confé- 
dération du  Rhin  bornèrent  leurs  bons 


GUI 


(278) 


GUI 


office»  à  promettre  de  loi  faire  payer  le 
revenu  net  de  ceidomaioes. 

Guillaume ,  pendant  ce  temps,  s^était 
retiré  avec  sa  iimille  à  Dantzîg.  Quand  le 
théâtre  de  U  guerre  se  rapprocha  de  la 
Vistule,  il  voulut  retourner  à  Berlin, 
mais  &on  épouse  malade  fut  seule  auto- 
risée à  J  demeurer.  Forcé  de  repasser 
roder,  le  prince  se  rendit  à  Pillau.  Dans 
la  paix  de  Tilsitt,  on  ne  fit  même  pas 
mention  de  lui.  Réduit  à  ses  biens  du 
grand-duché  de  Varsovie,  il  vécut  fort 
modestement  à  Berlin,  ne  s'occupent  que 
de  sciences  et  se  renfermant  dans  Tinté- 
rieur  de  sa  famille. 

En  déposant  les  armes,  il  avait  cédé  à 
la  force  des  choses  :  il  les  reprit  à  la  pre- 
mière occasion.  Lorsqu'éclata  U  guerre 
de  1809,  entre  la  France  et  TAutriche, 
Guillaume ,  avec  son  fidèle  ami  et  corn* 
pagnon  le  baron  H.  Fagel  {vojr,)^  alla 
joindre  Tarmée  de  Tarchiduc  Charles  et 
prit  part  à  la  bataille  de  Wagram,  où  il 
servit  en  qualité  de  volontaire.  Mais  la 
fortune  lui  fut  encore  contraire  :  il  revint 
à  Berlin  sans  avoir  rien  fait  pour  amélio- 
rer sa  position.  En  1814,  TAutriche  lui 
déféra  le  grade  de  feldmaréchal. 

Cependant,  depuis  la  bataille  de  Leip- 
zig, des  patriotes  hollandais,  appuyés  par 
des  hommes  iniluents,  travaillaient  à 
Amsterdam,  à  La  Haye,  à  Rotterdam,  a 
ZwoU  et  ailleurs,  à  la  restauration  de  la 
maison  d'Orange;  Guillaume  s'était  rendu 
en  Angleterre  pour  concerter  avec  le  gou- 
vernement britannique  des  mesures  pro*^ 
près  à  soutenir  Tinsurrection  des  Néer- 
landais, laquelle  éclata  aussitôt  que  les 
vainqueurs  de  Leipzig  s'approchèrent  des 
frontières  de  la  Hollande.  Le  15  et  le  16 
novembre,  un  soulèvement  eut  lieu  à 
Amsterdam,  et  le  1 7 ,  le  peuple  de  La  Haye 
se  déclara  aus»i  en  faveur  du  prince.  Guil* 
laume«  que  ses  amis  tenaient  au  courant 
«le  xe  qui  se  passait,  &  embarqua  et  mit 
pied  à  terre  à  Schevcniiigue,  le  39  no- 
vembre. Il  fut  rei^u  avec  allégresse  à  La 
Haye  le  30,  et  le  3  décembre  à  Am- 
sterdam, où  les  commissaires  du  gouve r- 
nemtnt  provisoire,  Remper  et  Sc'holtrn, 
avaient  publié  la  veille  une  proclamation 
c|ui  commentait  par  ces  mots:  m  Les  Pays- 
•  Bas  ont  secoué  le  joug,  et  Guillaume 
«  est  l«  prince  touveraio  de  ee  pays  libre.  • 


Le  prince  exprima  m  reeomMîw 
fidèles  Batavcs,  et  déclara  qu*oi 
titution  assurerait  et  garaDiirai 
toute  attaque  les  privilèges  dlet 
ses  de  la  nation. 

Vingt-trois  places  fortes  se  tr 
encore  au  pouvoir  des  Français,  d 
mée  était  campée  à  Utrecht  ;  mais 
pcs  de  la  coalition  et  une  levée  < 
volontaire  en  délivrèrent  bientôi 
Guillaume  hita  rarmement  du 
et  chargea  une  commission  d«réc 
constitution  qui  fut  acceptée,  la 
1814,  par  des  députés  libremeai 
ensuite  jurée  par  le  prince,  lin 
sèment  de  territoire  fut  en  méi 
prorois  à  la  Hollande. 

Le  congrès  de  Vienne  décréU 
nion  de  la  Belgique  et  de  Tancic 
de  Liège  avec  les  anciennes  Pi 
Lnies  de  Hollande,  qui  prend 
titre  de  royaume.  Sous  le  nom  i 
laume  1",  le  prince  fut  proelaa 
mars  1815,  à  La  Haye,  roi  des  J 
et  grand- duc  de  Luxembourg, 
échange  de  ce  dernier  pays,  don 
fait  un  grand-duché  et  qui,  dep 
juillet  1816,  appartenait  à  la  Co 
tion  germanique,  il  dut  céder  à  1 
ses  propres  états  hérédiuircs 
magne,  dont  II  avait  repris  posic 
avant  la  fin  de  1813.  Un  projet 
lation  générale,  qui  fut  soumis  pi 
1 8 1 6,  à  une  commission  mixte 
sée  de  Hollandab  et  de  Belges  fi 
en  1819 ,  et  présenté  par  parti* 
semblée  des  Etats- Généraux.  U 
en  1815,  Tordre  du  Mérite  nili 
Pays-Bas  [V»r.  p.  28âi,  Tordn 
rite  civil  du  Lion  belge,  et  le 
18 16,  il  accéda  à  la  Sainte- Allû 

Le  nouveau  roi  dvû  Pdi%*s-Bas  i 
ternalivement  à  La  Hâve  et  à  B 
Son  royaume  gouverné  avec 
quoique  avec  des  formes  moins 
que  celles  de  Tsncien  gouveroet 
tsve,  se  remit  de  ses  longues  sec 
semblait  destiné  à  une  grande  pi 
Une  administration  éclairée  veill, 
les  intérêts  et  satisfaisait  à  lou«  lei 
Ce|>endant,  deux  éléments  d 
avaient  été  accouplés  par  la  dip 
populaire  en  Hollande,  Guillau- 
lsstaBt«  simple  et  t^pâm^ 


cm 

8  sjHpftlhie  parmt  les  Belges  dont 
potîés  iDX  ÉtaU-GéDéraax  formé- 
■e  opposîlioD  formidable.  Alarmés 
mn  an  sajet  de  leors  croyances  re- 
K^  Ws  Belges  entretinrent  une  agi- 
I  continoelle  et  proToquërent  les 
ras  acerbes  tt  impolitiques  dont  on 
tt  dans  Tarticle  Belgique  (T.  III , 
18).  La  substitution,  dans  les  actes 
«s,  de  la  langue  flamande  à  la  langue 
ûe,  et  la  création  du  collège  phi- 
4iqiie  de  LouTain,  dont  la  fréquen- 
I  était  derenue  obligatoire  pour  les 
Kléalinaristes,  avaient  surtout  froissé 
■liaeiits  de  la  population  belge.  Il 
1*1  énorme  alliance  entre  le  phi- 
ittae  républicain    représenté  par 
IrfMter  (wj^.),  et  le  parti  prêtre, 
it  temps  si  puissant  en  Belgique , 
HL  de  Mérode,  de  Gerlache  (i>o/.), 
tiieot  les  chefs,  et  que  Tarchevéque 
iRoes  appuyait  de  toute  son  in- 
e.  La  réTolution  éclata  à  Bruxelles 
ao&t  1830,  et  resta  triomphante 
i  les  efforts  de  Tarmée  hollandaise 
tndée  par  le  prince  Frédéric (vo^.), 
fib  du  roi.  Le  récit  de  ces  événe- 
m  trouve  ailleurs  (T.  III,  p.  269  et 
et  noos  avons  aussi  fait  connaître 
7jr.  CoHFiEEHCEs  DX  LoiroExs)  les 
itioDS  qui  amenèrent  la  séparation 
fîre  des  deux  grandes  sections  du 
te  néerlandais.  Après  une  longue 
igeose  résbtanoe  de  la  part  du  roi 
«-Bas,  son  acceptation,  en  1838, 
ooole  du  1 5  novembre  1831,  ren- 
e  séparation  définitive  et  conserva 
européenne. 

le  à  aa  devise  :  Je  maintiendrai  I 
:me  1^  avait  défendu  ses  droits 
rsévérance  et  résisté  aux  proto* 
i  la  conférence  ;  il  en  avait  même 

à  Tépée,  et  sa  fidèle  armée 
nporté  à  Hasselt  un  avantage  si- 
or  les  Belges ,  que  l'inexpérience 
liicipline  exposaient  aux  plus 
dangers  si  la  conférence  n'était 
irvenue  d'une  manière  énergique. 

n»  céda  que  devant  la  force; 
3sa  les  plus  grands  sacrifices  à 
lande  et  à  son  propre  trésor,  et 
lia  point  les  sollicitations  auprès 
■ances  qu'il  espérait  pouvoir  con- 
:  âm  son  bon  droit  et  de  l'injusUce 


(  279  )  GUI 

des  prétentions  qu'on  élevait  contre  litf. 
Il  alla  jusqu'à  la  limita  du  possible  ;  mais 
il  se  soumit,  non  sans  protester  encore,  à 
la  force  des  choses,  lorsqu^il  vit  son  pays 
hors  d'état  de  supporter  plus  longtemps 
le  fardeau  des  impôts  et  d'un  état  mili« 
taire  ruineux ,  lorsqu'il  comprit  à  la  fin 
que  l'opinion  publique  demandait  qu'on 
transigeât ,  et  qu'il  eut  le  consentement 
de  ses  agnats  et  de  la  Confédération  ger- 
manique pour  le  partage  du  Luxembourg 
(^vojr,),  au  moyen  d'une  indemnité. 

Ce  ne  fut  pas  la  fin  de  ses  tribulations  : 
la  mort  lui  enleva  bientôt  sa  fidèle  com- 
pagne, et  la  solitude  qu'il  trouva  dès 
lors  dans  son  intérieur  lui  fit  songer  à  for- 
mer une  nouvelle  union.  Son  choix,  qui 
était  tombé  sur  une  dame  respectable, 
mais  belge  et  catholique,  dut  froisser  le 
sentiment  national  et  religieux  des  Hol* 
landais.  De  grands  désordres  s'étaient 
d'ailleurs  introduits  dans  les  finances  du 
royaume  à  la  suite  des  malheurs  du  temps; 
et  le  dissentiment  entre  les  États-Géné- 
raux et  le  roi  sur  la  manière  d'y  remé- 
dier, amena,  dans  les  derniers  jours  de 
l'année  1 839,  le  rejet  du  budget  et  la  re- 
traite d'un  des  meilleurs  ministres  du  roi, 
le  général  Van  den  Bosch  (voy.  Bosch). 

Nous  ne  faisons  qu'indiquer  ici  ces 
faits,  qui  entretinrent  l'agitation  dans  un 
pays  où,  aprèsquinze  ans  d'un  règne  pai- 
sible et  digne  des  lumières  du  peuple  ba- 
tave,  une  prospérité  réelle  fit  place  à  dix 
ans  de  cruelles  épreuves.  Elles  ne  las- 
sèrent pas  le  courage  du  roi  et  donnè- 
rent la  mesure  de  sa  fermeté;  mais  il  fau- 
dra y  revenir  ailleurs  {voy.  Pats-Bas)  , 
et  cette  simple  narration  suffit  pour  le 
moment. 

Ajoutons  seulement  que  Guillaume  I*', 
un  des  grands  capitalistes  de  son  royaume, 
en  est  aussi  un  des  meilleurs  financiers , 
et  que  sous  ce  rapport  encore  il  se  montre 
le  digne  roi  d'un  peuple  essentiellement 
commerçant. 

Comme  particulier,  ses  ennemis  s'ac- 
cordent avec  ses  partisans  à  lui  reconnaî- 
tre la  plus  haute  moralité  et  la  loyauté 
la  plus  parfaite.  Sans  faste  et  sans  orgueil, 
il  vit  comme  un  simple  bourgeois ,  très 
accessible  à  tous  ses  sujets  :  aussi  est- il 
généralement  estimé  par  la  nation ,  quoi- 
que la  plus  grande  partie  des  Hollandais 


GUI 


(280) 


GUI 


soient  eocoi^e  attachés  aux  priocipes  de 
raocieDDe  république  batave,  cootraireau 
pouYoir  monarchique.  Protecteur  gêné* 
reux  des  arts  et  des  sciences,  il  a  formé 
lui*mèmedc80ollections  d'un  grand  prix, 
n  a  deux  fiU,  les  princes  Guillaume  {vqy, 
Oxaitck)  ft  Frédéric  (voj^.),  et  une  fille, 
Marianne,  née  en  1 8 1 0  ,et  qui  a  épousé,  le 
14  septembre  1880,  le  prince  Albert,  fils 
du  roi  de  Prusse.  C  Z.  m. 

GUILLAUME  V,  roi  de  Wurtem- 
berg,  est  né  le  37  septembre  1781  à 
Lûben,  petite  ville  de  la  Silésie,  où  son 
père,  depuis  Frédéric  I*',  roi  de  Wurtem- 
l)erg,  était  en  garnison  en  qualité  de  gé- 
néral-major prussien  et  de  chef  d'un 
régiment  de  dragons.  Sa  mère  fut  la 
princesse  Auguste-Caroline-Frédérique- 
Louise  de  Brunswic-Wolfenbuttel.  La 
jeunesse  du  jeune  Guillaume  fut  orageuse 
et  semée  de  peines.  Dans  un  âge  encore 
tendre,  ses  relations  de  famille  le  conduisi- 
rent, de  la  Silésie,  tour  à  tour  en  Russie, 
en  Suisse,  en  Allemagne,  sur  le  Rhin, 
jusqu'à  ce  qu'en  1790,  de  retour  dans  le 
duché,  il  y  trouva  une  résidence  défini- 
tive. Il  perdit  sa  mère  le  septième  anni- 
versaire de  sa  naissance,  et  ce  ne  fut  pas 
d'une  manière  favorable  que  son  père  in- 
flua sur  son  éducation.  Le  prince  Fré- 
déric aimait  pourtant  sincèrement  ses  en- 
fants; il  les  remit  en  de  bonnes  mains 
et  leur  donna  d'excellents  précepteurs; 
mais  il  prit  pour  règle  de  conduite  cette 
sévérité  outrée  dans  laquelle  l'ancienne 
méthode  d'éducation  plaçait  toute  la 
science.  Fort  irritable,  même  dans  le  sein 
de  sa  famille,  il  lui  manquait  le  calme 
nécessaire  à  l'éducation  ;  et  le  respect  fi- 
lial dut  soufinr  de  son  despotisme  do- 
mestique inouï.  Les  études  de  Guillau- 
me furent  interrompues  deux  fois  par 
les  invasions  des  Fran<^ais  dans  le  duché 
de  Wurtemberg,  gouverné  depuis  1795 
par  son  grand-père  Frédéric-Eugène, 
auquel  succéda,  en  1 797 ,  le  duc  Frédéric, 
père  de  Guillaume.  Toute  la  famille  se 
vit  forcée  de  s'expatrier  en  1796  et  en 
1 799,  et,  dans  l'année  suivante,  le  prince 

rendit  comme  volontaire  à  l'armée 


se 


d'Autriche,  commandée  par  l'archiduc 
Charles,  et  se  distingua  à  la  bataille  de 
Hohcnlinden.  Comme  son  père  voulait 
néanmoins  le  maintenir  toujours  dans 


la  même  dépendance,  GuiiUi 
connut  que  le  meilleur  parti  à 
pour  lui  était  de  s'éloigner  de 
Il  entreprit  donc,  en  1803,  un  n 
France  et  en  Italie,  qui  tourna 
fit  de  son  instruction.  U  ne  revinl 
gart  qu'en  1806,  après  que  so 
électeur  depuis  1803,  eut  pris,  d 
de  I^apoléon,  le  titre  de  roi.  L 
royal  y  resta  jusqu'en  1813,  viv 
une  paisible  retraite  et  entouré  d 
nombre  d'amis.L'alliance  qu'il  a 
en  1808,  avec  la  princesse  Carolj 
guste  de  Barière  (  actuellement  ^ 
l'empereur  François  I*^)  n'appoi 
de  changement  dans  sa  manière 
et  ne  fut  pas  heureuse;  d'un  < 
accord,  les  deux  époux  rompit 
union  en  1814. 

A  celte  époque,  le  gouverne 
roi  Frédéric  pesait  fortement  sur 
temberg,  qui,  dans  sa  détresse,  pli 
sa  confiance  dans  le  prince  roy 
loin  de  s'immiscer  dans  les  afiai 
tiques,  celui-ci  se  bornait  à  les  é 
à  compatir  au  triste  état  de  ehc 
il  était  témoin. 

Lorsqu'en  1813  Napoléon  fil 
vasion  en  Russie,  15,000  Wui 
geois  formèrent  le  contingent 
Frédéric,  et  le  prince  royal,  co 
ment  au  désir  de  son  père,  se 
tète  de  ces  troupes.  A  peine  enl 
territoire  russe,  il  tomba  dangen 
malade  ;  forcé  de  s'arrêter  a  Vil 
tourna  dans  sa  patrie  dès  qu'il  1 
bli.  Il  reprit  les  armes ,  après  11 
de  Leiprig,  dans  un  camp  p 
quel  il  se  sentait  plus  de  sympal 
père,  à  l'exemple  des  autres  et 
mands,  venait  d'accéder  à  la  ce 
le  prince  royal  fut  chargé  du  c 
dément  d'un  corps  d'armée  cob 
troupes  wurtembergeoises  et  de  | 
régiments  russes  et  autrichiens.  U 
un  grand  talent  stratégique,  ei 
puissamment  aux  succès  rempo 
les  alliés  à  Épinay,  Brienne  et  i 
couvrant  leur  retraite  dans  les 
stances  les  plus  dangereuses,  il 
Montereau  tout  un  jour  l'armée  I 
plus  forte  que  U  sienne  et  cood 
Napoléon  en  personne.  Dans  la  a 
de  1815,  il  commandait  auMi  i 


GUI 


(281) 


GUI 


tmcootidénbk.OD  compte  par- 
cdoiis  d^édat  de  cette  époque  la 
«  dont  il  fit  pftnre  refoulant 
rai  Bnpp  derri^  ks  murailles  de 
ar^j  ma%ré  des  obstacles  impré* 
3  rencuitra  à  Suffelweiersheim. 
I  drames,  en  Tassociant  à  la  dé* 
f  de  r AUemagnCy  accrurent  encore 
larité  du  prince. 

ré  à  Farisy  il  y  fit  la  connaissance 
ande-dndiesse  de  Russie  Cathe- 
Homa,  princesse  douairière  de 
i-Oldenbonrgy  avec  laquelle  il  se 
a  1816y  mais  qui  mourut  le  9 
1819,  après  lui  aroir  donné  deux 
larie  et  Sophie^^La  dernière  Tient 
cr  le  fib  aine  dn  prince  d'Orange, 
tôt  après  la  conclusion  de  son  se- 
ariagey  la  mort  inattendue  de  son 
rrirée  le  30  décembre  1816,  ap- 
liHanme  an  trône.  D  marqua  son 
eot  par  la  volonté  prononcée  de 
les  plaies  saignantes  de  son  pays  et 
ailûer  activement  à  la  prospérité 
■ieCs.  Une  amnbtie  générale  fiit 
I  premiers  actes  de  son  règne.  H 
lô  fardeaux  du  peuple,  restrei- 
i-mème  ses  dépenses,  et  mit  sa 
sur  on  pied  aussi  éloigné  d'une 
Miîe  déplacée  que  du  faste  dont 
e  lui  avait  légué  le  pesant  héritage, 
rt  avait  empêché  ce  dernier  de 
an  pap  une  constitution  appro- 
i  ses  besoins;  il  avait  eu  de  vives 
ioas  avec  les  États  du  royaume, 
oposaient  pour  base  de  cet  acte 
I  droit  wnrtembergeois  si  souvent 
pour  son  libéralisme.  Les  discus- 
rirent  sons  le  nouveau  règne  un 
Bfere  caractère  :  le  roi  s'entendit 
tpays,  et  il  en  résulta  un  véritable 
t  social  consenti  et  adopté  par  les 
•rties.  On  verra  à  l'article  Wua- 
Bc  combien  cette  constitution,  du 
lembre  181 9,est  supérieure  à  celles 
tras  étals  germaniques.  Sous  le  rè- 
!  ce  roi  législateur,  le  Wurtemberg 
iHiasent  suivi  une  marche  progres- 
i  Ton  y  trouve  encore  quelques  abus, 
smme  ailleurs,  il  £sut  constamment 
contre  un  parti  rétrograde,  enfin 
influences  extérieures  et  des  obli- 
■  fédérales  contrarient,  dérangent 
leibis  les  améliorations  intérieures. 


il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  roi  veut 
sérieusement  le  bonheur  de  son  pays  et 
de  son  peuple. 

Veuf  en  secondes  nocesjl  s'est  remarié 
de  nouveau,  le  15  avril  1820,  avec  Pau- 
line, fille  de  son  oncle  décédé,  le  duc 
Louis  de  Wurtemberg,  dont  il  a  eu  éga- 
lement deux  filles,  Catherine  et  Auguste, 
et  un  fils,  le  prince  royal  Charles-Frédé- 
ric, qui  est  né  le  6  mars  1823.      C  L. 

GUILLAUME  l*'  et  II,  électeurs  de 
Hesse,  l'un  de  1803  a  1821  (après avoir  ré- 
gné déjà,  depuis  1 785,  sous  le  titre  de  land- 
grave),  l'autre  de  1831  à  1831.  Ce  der- 
nier, dont  il  a  déjà  été  question  dans  la 
notice  sur  son  fils  (i^o^.  FRiDiRic-Guiii- 
laumb),  est  encore  en  vie,  et  continue 
d'exercer  quelques-unes  des  prérogatives 
de  la  couronne  dont  il  porta  le  titre;  mais 
il  a  renoncé  au  gouvernement  et  au  sé- 
jour de  Cassel,  et  réside  habituellement  en 
hiver  à  Hanau,  en  été  à  Bade,  où  il  s'est 
fait  bâtir  une  charmante  demeure.  Il  est 
né  le  28  juillet  1777  et  s'est  marié  en  1 797 
avec  une  sœur  du  roi  de  Prusse.  On  sait 
que  cette  union  fut  malheureuse  ;  la  dis- 
corde régna  entre  le  père  et  le  fib  comme 
entre  les  deux  époux,  et  l'électrice  finit 
par  se  retirer  à  Bonn,  pub  à  Fulde;  elle 
ne  revint  à  Cassel  qu'après  la  révolu- 
tion de  1830.  Foy,  Hessx-Cassel,  C. 

GUILLAUME  I-V,  comtes  et  ducs 
de  Nassau,  princes  d'Orange,  stathouders 
de  Hollande.  Ce  sont  les  prédécesseurs 
de  Guillaume  P',  roi  des  Pays-Bas  et  fib 
de  Guillaume  Y,  stathouder  héréditaire 
des  Provinces-Unies.  Nous  avons  consacré 
plus  haut  une  notice  à  ce  roi,  ainsi  qu'à 
Guillaume  m,  époux  de  Marie,  fille  de 
Jacques  II,  et  qui  devint  roi  de  la  Gran- 
de-Bretagne; nous  parlerons  du  grand 
Guillaume  P',  chef  de  cet  illustre  lignage, 
et  de  ses  autres  successeurs,  à  l'article 
Nassau.  X. 

GUILLAUME  (  Auguste  -  Louis  - 
MAXiMiLiKN-FaKDiRic),  duc  régnant  de 
Brunswic-Wolfenbuttel ,  né  le  25  avril 
1806,  est  le  second  fib  du  duc  Frédéric- 
Guillaume,  tué  à  la  bataille  des  Quatre- 
Bras(18juin  1815),  et  de  Marie-Élba- 
beth -Wilhelmine ,  princesse  de  Bade. 
Après  la  bataille  d'Auerstaedt ,  où  son 
aïeul,  Charles-Guillaume-Ferdinand,  fut 
blessé  mortellement,  sa  mère  s'enfuit 


GUI  (  282  ) 

(octobre  1806)  atec  ses  deux  enfants, 
Charles  et  Guiltaume,  de  Branswîc  à 
Straisund,  puis  en  Suède,  en  Danemark, 
et  de  là  à  CarUnihe  et  à  Bruchsal  oii  son 
mari,  qui  notait  encore  que  duc  d^OEIs, 
vînt  la  rejoindre  en  août  1807,  et  où  elle 
mourut  ufi  an  après.  Prévoyant  une  rup- 
ture entre  la  France  et  rAutriche,  le  duc 
fit  venir  ses  deui  fib  à  OËls,  en  Silésie,  le 
21  mars  1809.  Ils  suivirent  ensuite  leur 
père  en  Bohême;  mab  celui-ci  ayant  pris 
luî-méme  part  à  la  guerre,  il  les  fit  partir 
pour  la  Poméranie,  pub  pour  la  Suède, 
d*où  ib  se  rendirent  en  Angleterre.  Le 
duc  de  Brunswic*OËls  trouva  une  mort 
glorieuse  à  la  bataille  de  Waterloo  ;  alors 
le  prince-régent  d'Angleterre  devint  tu- 
teur des  jeunes  princes  qui,  en  1830, 
se  rendirent  en  Suisse,  d^où  Fatné,  le 
duc  Charles  (vojr.  T.  V,  p.  S82),  par- 
tit pour  Vienne  en  1832;  un  an  après, 
le  prince  Guillaume  prit  la  route  de  Ber- 
lin pour  entrer  au  service  de  la  Prusse, 
où  il  parvint  an  grade  de  major. 

En  1833,  le  duc  Charles  prit  les  rênes 
du  gouvernement,  et  bientôt  après (  1 836) 
il  céda  à  son  frère  la  principauté  d*OEIs. 
On  connaît  les  dissensions  du  duc  de 
Brunswic  avec  le  roi  d* Angleterre,  son 
tuteur,  et  Tinsurrection  qui  éclata  dans 
sa  capitale  où  Tincendie  de  son  château 
le  força  de  prendre  la  fuite  le  7  septem- 
bre 1880.  Leduc  Guillaume  accourut 
aussitôt  de  Berlin,  et,  cédant  aux  instan- 
ces des  États,  il  prit  provisoirement  les 
rênes  du  gouvernement.  Ce  fut  de  sa  part 
un  acte  de  dévouement  plus  méritoire 
encore  à  une  époque  si  orageuse;  mais 
la  restauration  du  duc  Charles  fut  bien- 
tôt reconnue  im)M>ssible,  et  Guillaume  fut 
maintenu  sur  le  trône  ducal  en  vertu  d^une 
résolution  de  la  diète  fédérale  du  1 3  dé- 
cembre 1830.  Un  acte  de  famille,  con- 
certé entre  toutes  les  branches  de  la  mai- 
son de  Brunswic  en  février  1831,  dé- 
clara Charles  incapable  de  gouverner,  et, 
le  trône  se  trouvant  ainsi  vacant,  le  30 
avril  de  la  même  année,  le  duc  Guillau- 
me y  fut  installé  définitivement.  Il  quitta 
alors  If  service  de  Prusse,  fit  un  voyage 
a  Londres,  et,  à  son  retour,  il  ouvrit,  le 
30  septembre,  rassemblée  des  États  de- 
vant lesqueb  il  avait  déjà  juré  de  main- 
têmir  la  ooottitution  du  duché.  De  cod* 


GDI 

cert  avec  cette  aaieiiiblé«y  Q  p 
nouvelle  organisation  provincial 
octobre  1832.  Une  liste  civile  < 
venu  annuel  de  337,000  thalen 
accordée,  et  Ton  arrêta  d^abord  i 
veau  règlement  pour  toute  l*ada 
tion,  et  puis  un  état  normal  des  c 
du  duché  dans  toutes  les  brand 
même  temps ,  le  palab  ducal  fut 
Les  principales  mesures  du  goavei 
de  Guillaume  sont,  jusqu'à  ce  j 
traité  d*association  de  douanes  et  < 
merce  avec  le  royaume  de  Hai 
Tin  traduction  du  système  mooél 
Prusse  ;  cette  dernière  mesure,  q 
prochai t  le  duché  de  Tassociatioi 
sienne,  satbfit  plus  que  la  prei 
population  du  duché  de  Bmnsw 

Cependant  on  ne  put  obtenir 
de  renonciation  du  duc  Charies.G 
publia  à  Paris,  en  1 836,  les  Ikfémt 
comte  Charles  rTRste^  qu*on  te 
prohiber  dans  le  duché.  Cette  wk 
née,  Guillaume  fit  un  nouveau  vc 
Angleterre.  La  loi  de  famille  au  i 
royaume  de  Hanovre ,  qui  fut  pv 
34  décembre  1836,  régla  la  sa 
dans  les  deux  branches  de  la  ma 
Brunswic  de  telle  sorte  qu'à  défai 
ritier  de  la  ligne  légitime  dans  Poi 
tre  sera  appelée  à  recueillir  sa 
sion  ,  et  qu'en  cas  de  réunion  d 
états  il  ne  pourra  plus  y  avoir  lie 
disjonction  nouvelle  ou  à  un  i 
partage.  Après  l'extinction  de  la 
masculine  de  la  ligne  royale  exUti 
jourd'hui,  le  trône  revient  à  la 
masculine  de  la  ligne  ducale  acti 
Brunswic -Wolfenbuttel  et  par 
queni  au  duc  régnant  :  ainsi  le  dm 
les  et  ses  enfants  miles  nés  ou  \ 
sont  également  exclus  de  la  succe 
rovaume  de  Hanovre  et  de  celle  ai 
de  Brunswic. 

GriLLAUME  (oaoaK  m 
dr).  Dès  le  mois  d*avril  1815,  apri 
prince  souverain  des  Pays-Bas  e 
son  front  de  la  couronne  royale  ^p. 
sVm pressa  de  reconnaître  par  des 
penses  honorifiques  les  services  r 
l*état,  et  il  créa  un  ordre  dechevale 
tant  son  nom,  et  dont  il  se  déclara 
maître.  Cette  institution  est  comp 
^randVcroiXy  de  connandean  «1 


GUI 


'(  288  ) 


GUI 


Mlien  de  I'*et  de  3*  cIiim;  It  dernière 
M|iirnil  les  soas-ofBcien  et  soldats,  les- 
^tk^  lors  de  leur  admission,  revivent 
■s  haste-paiey  et  qui,  s'ils  passent  dans 
hdsMe  sapérienre,  obtiennent  une  dou- 
Mi  solde.  La  décoration  est  une  croix 
Ara  huit  pointes,  émaillée  de  blanc; 
m  ki  branches  on  lit  ces  mots  hollan- 
àii  :  f^oor  moed^  beieidy  tmuw  (pour 
h  bravoure,  le  talent,  la  fidélité);  cette 
Ml,  larmoDtée  d^une  couronne  royale, 
Manspendue  à  un  ruban  orange  liséré  de 
La  décoration  est  enrichie  de  dia- 
its  pour  les  grand*s-croix  et  les  corn- 
,  qui  portent  en  outre  Tétoile 
■r  le  côlé  gauche.  La  croix  est  seule- 
■■■t  eu  argent  pour  les  cheyaliers  de  la 
2-daM.  C'^deG. 

GCIIXAUJIB  DE  TTR.    On  ne 
de   positif  sur  Torigine  et  la 
de  ce   principal   historien   des 
Suivant  les  uns  il  était  Fran- 
suivant  d^autres  Allemand  ;  mais  la 
de  son  histoire  atteste  qu^il  était 
I  Syrie.  Etienne  de  Lusignan ,  qui  a 
fhisloîre  de  Chypre ,  dit  qu^il  te- 
per  le  aang  aux  princes  de  Jérusa- 
GoilUnnie  fréquentait  les  écoles  en 
11C3|  «loand  le  divorce  entre  le  roi 
et  Agnès  d*Édesse  fut  prononcé, 
talents  et  ton  savoir  le  rendirent  re- 
ble  à  ce  prince,  qui  le  chargea 
lard  de  Téducation  de  son  fils  Bau- 
Eo  1 167,  Guillaume  fut  nommé 
de  Tyr,  et,  peu  après,  ambas- 
aaprèsde  Tempereur  de  Constan- 
II  a*acquitta  heureusement  de  la 
dont  il  était  chargé.  Ayant  en- 
sans  la  mériter,  la  défaveur  de  son 
,  il  se  réfugia  à  Rome.  Mais 
â Mm  retour  en  Palestine,  il  fut  fait  chan- 
•lier  du  palais.  Au  mois  de  mai  1 174,  il 
fat  Dominé  archevêque  de  Tyr,  et  sacré 
réglîae  du  Saint-Sépulcre  par  le  pa- 
de  Jérusalem;  en  1177,  il  re- 
â  Rome  pour  assister  au  concile 
éi  Latran,  dont  il  écrivit  Thistoire.  Il  re- 
liai par  la  roule  de  Constant! nople  où 
1  lerta  deux  mois  auprès  de  Pempereur 
Maaael;  et  ce  séjour  fut,  comme  il  le 
éit,  utile  à  son  église  et  à  lui-même.  On 
■c  mît  rien  des  derniers  événements  de 
li  vie  du  prélat.  Nous  apprenons  seule- 
du  laeoiid  contlniuteur  de  son 


histoire  des  guerres  saintes ,  que,  lort- 
qu^Héraclius  fut  nommé  patriarche  de 
Jérusalem,  Guillaume  ne  voulut  pas  le 
reconnaître ,  et  alla  auprès  du  pape  qui 
le  reçut  bien.  Mais  ce  qu'ajoute  ce  conti- 
nuateur, qu'Héraclius  envoya  après  lui 
un  médecin  chargé  de  Tempoisonner, 
n'e»t  confirmé  ni  par  aucun  autre  histo- 
rien, ni  par  aucune  pièce  historique  di- 
gne de  foi.  Ce  qui  est  certain,  cW  que 
Télection  d'Uéraclius  eut  lieu  vers  1 184, 
époque  où  s'arrête  Touvrage  de  GuiU 
laume  de  Tyr.  Des  historiens  anglais, 
confondant  l'archevêque  de  Tyr  avec  un 
autre  Guillaume,  ont  dit  qu'il  avait  été 
envoyé  en  Europe  en  11 87,  après  la  prise 
de  Jérusalem  par  Saladin ,  pour  prêcher 
la  croisade  ;  mais,  a  cette  époque,  la  mé- 
tropole de  Tyr  avait  un  archevêque  d'un 
autre  nom. 

Tous  les  auteurs  qui  ont  parlé  de  Guil- 
laume de  Tyr  s'accordent  à  le  représen* 
ter  comme  un  homme  supérieur  k  son 
siècle  par  son  savoir  et  par  la  variété 
de  ses  connaissances.  Comme  historien,  il 
est,  sans  contredit ,  un  des  écrivains  les 
plus  distingués  de  son  temps,  bien  que 
son  histoire  du  rovaume  de  Jérusalem 

» 

(écrite  en  latin,  en  32  livres)  ne  soit  pas 
sans  défauts.  Il  a  mieux  réussi  à  peindre 
les  progrès  des  colonies  chrétiennes  qu'à 
dévelop|»er  les  causes  de  leur  décadence. 
II  montre ,  en  général ,  beaucoup  d'im- 
partialité et  de  justesse  d'esprit;  mais  il  fait 
voir  trop  de  prévention  pour  ce  qui  con* 
cerne  la  juridiction  des  patriarches.  Il 
tenait  aux  princi|ies  du  droit  des  gens  et 
à  la  foi  des  traités  :  aussi  n'approuve-t-il 
jamais  une  guerre  injuste  et  juge-t-il 
avec  beaucoup  de  sévérité  les  entreprises 
des  princes  chrétiens.  Il  a  peint  tous  les 
rois  de  Jérusalem  et  quelques  autres  per- 
sonnages historiques,  et  n'a  oublié  dans 
ses  peintures  ni  les  qualités  du  corps,  ni 
les  traits  caractéristiques  de  la  vie  privée. 
L'histoire  de  Guillaume  de  Tyr  parut, 
pour  la  première  fois,  à  Bàle,  chez  Opo- 
rin,  en  1549,  sous  ce  titre  :  Hhtoria 
helli  sarri  h  principibus  christianis  in 
Palœstinâ  et  m  Oriente  f^esti  ^  în-fol. 
Elle  a  été  traduite  deux  fois  en  italien  et 
plusieurs  fois  en  français.  La  version  de 
Gabriel  du  Préau  ,  connue  sous  le  titre 
à^  Histoire  de  Ui  guerre  dite  la  Francit^ 


GUI  (  282  ) 

(octobre  1806)  atec  ses  deux  enfants, 
Charies  et  Guiltaume,  de  Brunswic  à 
Straisund,  puis  en  Suède,  en  Danemark, 
et  de  là  à  CarUnihe  et  à  Brnchsal  où  son 
mari,  qui  n*Mait  encore  que  duc  d*OEIs, 
▼int  la  rejoindre  en  août  1807,  et  où  elle 
mourut  ufi  an  après.  Prévoyant  une  rup- 
ture entre  la  France  et  rAutriche,  le  duc 
fit  venir  ses  deui  fib  à  OËls,  en  Silésie,  le 
SI  mars  1809.  Ils  suivirent  ensuite  leur 
père  en  Bohême;  mais  celui-ci  ayant  pris 
lui-même  part  à  la  guerre,  il  les  fit  partir 
pour  la  Poméranie,  pub  pour  la  Suède, 
d*où  ils  se  rendirent  en  Angleterre.  Le 
duc  de  Brunswic-OËb  trouva  une  mort 
glorieuse  à  la  bataille  de  Waterloo  ;  alors 
le  prince-régent  d^Angleterre  devint  tu- 
teur des  jeunes  princes  qui,  en  1830, 
se  rendirent  en  Suisse,  d*où  Talné,  le 
duc  Charles  (vojr.  T.  V,  p.  S82),  par* 
tit  pour  Vienne  en  1832;  un  an  après, 
le  firince  Guillaume  prit  la  route  de  Ber- 
lin pour  entrer  au  service  de  la  Prusse, 
où  il  parvint  au  grade  de  major. 

En  1823,  le  duc  Charles  prit  les  rênes 
du  gouvernement,  et  bientôt  après  (  1 826) 
il  céda  à  son  frère  la  principauté  d'ORts. 
On  connaît  les  dissensions  du  duc  de 
Brunswic  avec  le  roi  d* Angleterre,  son 
tuteur,  et  Tinsurrection  qui  éclata  dans 
sa  capitale  où  Tincendie  de  son  château 
le  força  de  prendre  la  fuite  le  7  septem- 
bre 1880.  Leduc  Guillaume  accourut 
aussitôt  de  Berlin,  et,  cédant  aux  instan- 
ces des  États,  il  prit  provisoirement  les 
rênes  du  gouvernement.  Ce  fut  de  sa  part 
un  acte  de  dévouement  plus  méritoire 
encore  à  une  époque  si  orageuse;  mais 
la  restauration  du  duc  Charles  fut  bien- 
tôt reconnue  im)M>ssible,  et  Guillaume  fut 
maintenu  sur  le  trône  ducal  en  vertu  d^u  ne 
résolution  de  la  diète  fédérale  du  12  dé- 
cembre 1830.  Un  acte  de  famille,  con- 
certé entre  toutes  les  branches  de  la  mai- 
son de  Brunswic  en  février  1831,  dé- 
clara Charles  incapable  de  gouverner,  et, 
le  trône  se  trouvant  ainsi  vacant,  le  20 
a%Til  de  la  même  année,  le  duc  Guillau- 
me y  fut  installé  définitivement.  Il  quitta 
alors  If  service  de  Prusse,  fit  un  voyage 
à  Londres,  et,  à  son  retour,  il  ouvrit,  le 
30  septembre,  rassemblée  des  États  de- 
vant lesqueb  il  avait  déjà  juré  de  main- 
temir  Im  constitution  du  duché.  De  cob- 


GDI 


cert  avec  cette  aasembléa,  Q 
nouvelle  organisation  proViocJ 
octobre  1832.  Une  liste  dvik 
venu  annuel  de  237,000  thali 
accordée,  et  Ton  arrêta  d*abon 
veau  règlement  pour  toute  l*ac 
tion,  et  puis  un  état  normal  de 
du  duché  dans  toutes  les  brat 
même  temps ,  le  palab  ducal  i 
Les  principales  mesures  du  goo^ 
de  Guillaume  sont,  jusqu'à  oc 
traité  d'association  de  douanes  c 
merce  avec  le  royaume  de  H 
Tintroduction  du  système  moc 
Prusse  ;  cette  dernière  mesure, 
prochait  le  duché  de  l'associât 
sienne,  satisfit  plus  que  la  pi 
population  du  duché  de  Bmm 

Cependant  on  ne  put  obteo 
de  renonciation  du  duc  Charles, 
publia  à  Paris,  en  1 836,  les  Met 
comte  Charies  rPEste^  qu'on  : 
prohiber  dans  le  duché.  Cette  i 
née,  Guillaume  fit  un  nouveau 
Angleterre.  La  loi  de  famille  ai 
royaume  de  Hanovre,  qui  fut  ] 
24  décembre  1836,  réifçla  la  i 
dans  les  deux  branches  de  la  i 
Brunswic  de  telle  sorte  qu'à  dé 
ritier  de  la  ligne  légitime  dans  !' 
tre  sera  appelée  à  recueillir  s 
sion ,  et  qu'en  cas  de  réunion 
états  il  ne  pourra  plus  y  avoir  1 
disjonction  nouvelle  on  à  un 
partage.  Après  l'extinction  de 
masculine  de  la  ligne  royale  ex» 
jourd'hui,  le  trône  revient  à 
mavniline  de  la  ligne  ducale  a 
Brunswic -Wolfenbuttel  et  ps 
quent  au  duc  régnant  :  ainsi  le  ci 
les  et  ses  enfants  miles  nés  ou 
sont  également  exclus  de  la  suo 
rovaunie  de  Hanovre  et  de  celle 
de  Brunnwic. 

GriLLAUME  (oaoac  i 
dr).  Dès  le  mois  d'avril  f  8 1 5,  a| 
prince  souverain  des  Pays-Bas 
son  front  de  la  couronne  rovale  ' 
sVmpressa  de  reconnaître  par  d 
penses  honorifiques  les  ser>ices 
Tétât ,  et  il  créa  un  ordre  de  cheva 
tant  son  nom,  et  dont  il  se  décla 
maître.  Cette  institution  est  cof 
^nd's-croixy  de  connandeor» 


GUI 


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GUI 


de  1**  et  de  3*  claMe  ;  U  dernière 
Ws  sous-officiers  et  soldats,  lés- 
ion de  leur  admission,  reçoivent 
tkaatc-paicy  et  qui,  s*ils  passent  dans 
Mpérirure,  obtiennent  une  dou- 
[HiioUe.  La  décoration  est  une  croix 
à  boit  pointes,  émaillée  de  blanc; 
la  fanoclics  on  lit  ces  mots  hollan- 
:  Poormoedy  beieidy  tmuw  (pour 
hmoarcy  le  talent,  la  fidélité);  cette 
jinDODtée  d*une  couronne  royale, 
lus  à  un  ruban  orange  liséré  de 
La  décoration  est  enrichie  de  dia- 
I  pour  les  grandes-croix  et  les  com- 
I,  qui  portent  en  outre  Fétoile 
Mbflîlé  gauche.  La  croix  est  seule- 
■■la  argent  pour  les  chevaliers  de  la 
^ctea  C'*"  m  G. 

CTILLAUMB  DE  TTR.  On  ne 
[•i  lies  de  positif  sur  Torigine  et  la 
de  ce  principal  historien  des 
Suivant  les  uns  il  était  Fran- 
saivant  d*autres  Allemand;  mais  la 
de  son  histoire  atteste  qu'il  était 
r>iàwm  Svrie.  Etienne  de  Lustgnan ,  qui  a 
fbistoire  de  Chypre ,  dit  qu'il  te- 
par  le  aang  aux  princes  de  Jérusa- 
Gaillaume  fréquentait  les  écoles  en 
1IC3|  <|iMBd  le  divorce  entre  le  roi 
et  Agnès  d'Édesse  fut  prononcé. 
talents  et  son  savoir  le  rendirent  re- 
ible  à  ce  prince,  qui  le  chargea 
Urd  de  réducation  de  son  fib  Bau- 
Eo  1  167,  Guillaume  fut  nommé 
de  Tyr,  et,  peu  après,  ambns- 
auprès  de  Tempereur  de  Constan- 
Il  a^acquitta  heureusement  de  la 
m  dont  il  était  chargé.  Avant  en- 
ins  la  mériter,  la  défaveur  de  son 
■thcvéquc,  il  se  réfugia  à  Rome.  Mais 
à  son  retour  en  Palestine,  il  fut  fait  chan- 
«lîcr  da  palais.  Au  mois  de  mai  1 174,  il 
ht  Dominé  archevêque  de  Tyr,  et  sacré 
daas  TègUse  du  Saint-Sépulcre  par  le  pa- 
Irivcbe  de  Jérusalem;  en  1177,  il  re- 
loama  à  Rome  pour  assister  au  concile 
dt  LatrsD,  dont  il  écrivit  Thutoire.  Il  re- 
viat  par  la  roule  de  Constantinopie  où 
il  resta  deux  mois  auprès  de  Tempereur 
Vaanel  ;  et  ce  séjour  fut,  comme  il  le 
dit,  utile  à  son  église  et  à  lui-même.  On 
ne  sait  rien  des  derniers  événements  de 
le  vie  da  prélat.  ?îous  apprenons  seule- 
aMBt«   da  Meond  oontiniuteur  de  son 


histoire  des  guerres  saintes ,   que,   lors- 
qu'Héraclius  fut  nommé  patriarche  de 
Jérusalem,  Guillaume  ne  voulut  pas  le 
reconnaître ,  et  alla  auprès  du  pape  qui 
le  reçut  bien.  Mais  ce  qu^ajoute  ce  conti- 
nuateur, qu*Héraclius  envoya  après  lui 
un  médecin  chargé  de  Tempoisonner, 
n^e^t  confirmé  ni  par  aucun  autre  histo- 
rien ,  ni  par  aucune  pièce  historique  di- 
gne de  foi.  Ce  qui  est  certain,  c^est  que 
Téiection  dlléraclius  eut  lieu  vers  1 184, 
époque  où  s^arréte  Touvrage  de  Guil* 
laume  de  Tyr.   Des  historiens  anglais, 
confondant  Tarchevêque  de  Tyr  avec  un 
autre  Guillaume,  ont  dit  qu^il  avait  été 
envoyé  en  Europe  en  1187,  après  la  prise 
de  Jérusalem  par  Saladin ,  pour  prêcher 
la  croisade  ;  mais,  à  cette  époque,  la  mé- 
tropole de  Tyr  avait  un  archevêque  d*un 
autre  nom. 

Tous  les  auteurs  qui  ont  parlé  de  Guil- 
laume de  Tyr  s*accordent  à  le  représen« 
ter  comme  un  homme  supérieur  k  son 
siècle  par  son  savoir  et  par  la  variété 
de  ses  connaissances.  Comme  historien,  il 
est,  sans  contredit,  un  des  écrivains  les 
plus  distingués  de  son  temps,  bien  que 
son  histoire  du  royaume  de  Jérusalem 
(écrite  en  latin,  en  32  livres)  ne  soit  pas 
sans  défauts.  Il  a  mieux  réussi  à  peindre 
les  progrès  des  colonies  chrétiennes  qu'à 
dévelop|>er  les  causes  de  leur  décadence. 
Il  montre ,  en  général ,  beaucoup  d'im- 
partialité et  de  justesse  d'esprit;  mais  il  fait 
voir  trop  de  prévention  pour  ce  qui  con- 
cerne la  juridiction  des  patriarches.  Il 
tenait  aux  princifie:}  du  droit  des  gens  et 
à  la  foi  des  traités:  aussi  n'approuve- 1- il 
jamais  une  guerre  injuste  et  juge-t-il 
avec  beaucoup  de  sévérité  les  entreprises 
des  princes  chrétiens.  Il  a  peint  tous  les 
rois  de  Jérusalem  et  quelques  autres  per- 
sonnages historiques,  et  n'a  oublié  dans 
ses  peintures  ni  les  qualités  du  corps,  ni 
les  traits  caractéristiques  de  la  vie  privée. 

L'histoire  de  Guillaume  de  Tyr  parut, 
pour  la  première  fois ,  à  Bàle,  chez  Opo- 
rin,  en  1549,  sous  ce  titre  :  HîstoHa 
helli  sarri  à  prinvipibus  christianis  in 
Palœstinâ  et  in  Orîmte  f^esti^  în-fol. 
Elle  a  été  traduite  deux  fois  en  italien  et 
plusieurs  fois  en  français.  La  version  de 
Gabriel  du  Préau ,  connue  sous  le  titre 
à^Hisioim  de  la  guerre  dite  la  Francin^ 


GUI  (  284  ) 

de^  fut  publiée  eo  1567.  M.  Guîxol  en  a 
doDné  une  traduction  nouvelle  dans  sa 
Collection  des  chroniques  françaises 
{voY.  T.  XI,  p.  646). 

Outre  cette  histoire,  Guillaume  de 
Tvr  avait  encore  composé  Thistoire  des 
princes  d^Orient,  depuis  Tan  614  jus- 
qu'en 1 184,  ouvragée  qui  ne  nous  est  point 
parvenu,  non  plus  que  le  recueil  des  ac- 
tes du  concile  de  Latran.  Tu.  D. 

GUILLELMITES ,  religieux  d'une 
congrégation  fondée,  dans  le  xii*  siècle, 
par  saint  Guillaume  de  Rlalavalle  ou  Ma- 
ïeval.  On  rapporte  qu'après  avoir  em- 
brassé le  parti  des  armes  et  vécu  dans  la 
dissipation,  Guillaume  résolut  de  changer 
de  vie  ;  il  entreprit  le  voyage  de  Rome  et 
ensuite  celui  de  Jérusalein.  Après  être 
resté  huit  ans  dans  la  Terre-Sainte,  il 
vint  se  fixer,  en  1 153  ,  au  territoire  de 
Sienne,  dans  une  vallée  déserte  qu'on 
appelait  alors  Élable  de  Rhodes^  où  il 
mourut,  en  1157,  dans  les  bras  d'Albert, 
qui  partageait  sa  solitude  et  ses  péni- 
tences. Plusieurs  personnes  s'étant  réu- 
nies à  Albert,  ib  bÂtirent  le  monastère  de 
Maleval.  Ce  fut  le  berceau  de  l'ordre  des 
Guillelmites  ou  Guillemins ,  qui  se  ré- 
pandit en  Allemagne,  en  Flandre  et  en 
France.  Ce»  religieux  s'opposèrent  à  leur 
réunion  à  l'oi-dro  des  Augustins  (voy,). 
Ils  obtinrent  du  pape  Alexandre  IV,  en 
1 256,  une  bulle  qui  leur  permit  de  con- 
server leur  habit,  assez  semblable  à  celui 
des  Bernardins,  et  de  suivre  la  règle  de 
saint  Benoit,  avec  les  instructions  parti- 
culières de  leur  fondateur.  Ce  fut  de  leur 
maison  des  Machabées  de  Montrouge 
qu'ils  vinrent,  à  la  fin  du  xiii**  siècle,  s'é- 
tablir à  Paris  dans  l'ancienne  maison  des 
Servites,  nommés  Blancs-Manteaux  [voy\\ 
où  ils  eurent  des  Bénédictins,  d'abord  de 
Saint- Vannes  et  ensuite  de  Saint-Maur, 
pour  succresseurs,  au  commencement  du 
XVII*  siècle.  Les  Guillelmites  n'avaient 
plus  de  maisons  en  France  longtemps 
avant  la  Révolution;  mais  coûtait  dans 
leur  maison  de  Bourges  qu'a\ait  pris 
naissance  la  réforme  des  Pet its- Augus- 
tins ,  o|iérée  vers  Tannée  lô94  ,  par 
Etienne  Rabâche,  docteur  de  Paris,  pre- 
mier religieux  de  la  congrégation  de  saint 
Guillaume,  et,  suivant  Germain  Brice 
(J>escriptîon  de  Paris\  prétiicateur  fa- 


GUI 

meux  et  fort  considéré  à 

zèle  et  de  sa  piété.  L. 

GUILLEMINOT  (Aexaxd-C 
LES,  comte  ),  lieutenant  général  et  ptir 
France,  né  àDunkerque  le  3  mai  I7T 
servit  d'abord  en  Belgique,  dans  le 
pes  qui  favorisaient  l'insurrection 
la  maison  d'Autriche,  et  se  réfugit 
France  en  1790,  après  la  ruine  ék 
parti.  Nommé  sous-lieutenant  ieSSj 
let  1792,  il  éuit  à  l'armée  dn 
quand  eut  lieu  la  défection  du 
Dumouriez,  fut  arrêté  comme 
la  suite  de  cet  événement,  ainsi  que 
coup  d'autres  officiers,  et  réintégré 
tôt  après,  avec  le  grade  d'adjoint  à 
major-général  de  l'armée  du  Koitl| 
venait  de  passer  sous  lecommand 
chef  de  Pichegru.  Promu  capitaine, 
ventôse  an  VI ,  il  fut  envoyé  à 
d'Italie  où  il  devint  chef  de  bataîllov 
aide-de-camp  du  général  MorcaU| 
suivit  en  cette  qualité  à  l'armée  dn 
pendant  les  campagnes  des  années 
\lll  et  IX.  Après  le  traité  de  paii 
miens,  il  fut  attaché  au  dépôt  de  la 
pour  la  mise  au  net  de  la  carte  de  SohA 
be,  pays  qu*il  avait  parcouru  dans 
nées  précédentes  ;  et  ces  travaux  l'i 
paient  encore,  lorsqu'on  découvrit 
spiration  de  Georges'  Cadoudal  , 
laquelle  se  trouvaient  impliqué»  Ici 
raux  Pichegru  et  Moreau.  Les  lî 
qu'il  avait  conservées  avec  ces  dcvs  ffta/ 
néraux  donnèrent  de  l'ombrage  an 
mier  consul ,  qui  le  fit  mettre  en 
ment  de  réforme  pendant  près  d^une 
née.  A  la  reprise  des  hostilîtét 
l'Autriche,  en  1 805,  il  dut  à 
sances  topographiques  d'être  employé  an 
grand  quartier^néral  de  l'armée  d*. 
magne;  les  services  qu*il  y  rendit  le 
nommer  bientôt  adjudant  comniandnal| 
au  commencement  de  l'année  1 808,il  pi^ 
sa  de  l'état-major  du  prince  de  NeofcU- 
tel  à  celui  du  maréchal  Be&sièrea,  qui  com- 
mandait un  des  corps  destinés  à  agir  M 
Kspagne  sous  les  ordres  immédiats  de  Pc^ 
pereur.Sa  valeur  et  son  activité  au  combH 
de  Medina-del-Rio-Secco  (  Hjuil.  1868} 
attirèrent  sur  lui  l'attention  de  Napoléoa» 
qui  le  créa,  cinq  jours  après,  général  êm 
brigade  et  officier  de  la  Légion- d'Ho»* 
neur.  Il  servit,  l'année  suivante,  k  1' 


GUI 


(285) 


GUI 


icTÎnt  en  1810  à  l'armée  de  Ca~ 
.  et  qnitu  l'Espagne  en  18 13, 
re  attaché  à  réut-major-général 
mde-Année.  Le  général  ae  trou- 
I  bataille  de  la  Moskva ,  combat- 
«c  le  4*  corps  sous  les  ordres  du 
li;  el,  lors  de  la  retraite ,  il  rem- 
:  auprès  de  œ  prince  les  fonctions 
f  d*éUt-iiiajor. 

■ié  géDéral  de  division ,  le  28 
ISll,  an  13*,  puis  au  4*  corps  de 
nde-Ârmée,  il  se  distingua  dans 
■10  occasions,  entre  autres  le  5 
ifaR^  à  Zahna,  d'où  il  chassa  la  di« 
^piiiimie  du  général  Dobschûtz, 
llàDeasan,  qu'il  fit  évacuer  par  les 
kf  apns  leur  avoir  (ait  un  assez 
iosbre  de  prisonniers.  Attaqué  le 
ike,an  pont  de  Lamboi,  par  deux 
■  ennemies  qui  voulaient  prendre 
(90X')  à  revers,  il  culbuta  à  la 
fte  1,300  Bavarob  lancés  im- 
■ent  sur  lui,  en  précipita  300 
•mère,  et  leur  fit  300  prisonniers. 
Boostration  hardie  rétablît  les 
icatJODs  du  4*  corps  avec  le  reste 
6e  et  lui  permit  de  continuer  sa 
-  FrancforL  Lorsque  Tarmée,  en 
traite,  repassa  le  Rhin,  le  4*  corps 
I  sur  la  rive  droite,  et  le  général 
Dot  occupa  Hochheim;  ce  ne  fut 
rivée  de  la  grande  armée  alliée 
contraint  d'abandonner  ce  poste 
bien  supérieur  du  général  G}!!- 
ni  se  replia  sur  Cassel.  Enfin,  à 
le  ipvasion  étrangère,  en  juillet 

général  Guilleminot  était  chef 
ajor  du  maréchal  prince  d*E)ck- 
.  ce  fut  lui  qu^on  chargea  de  la 
■ion  d'aller  traiter  avec  le  ma- 
lûcher,  qui  venait  d'établir  son 
^oéral  à  Saint-Cloud.  Arrêté 
oollegoes  aux  avant-postes,  sans 
or  le  droit  des  gens,  il  fut  retenu 
er  pendant  toute  la  durée  des 
ions. 

aes  profondes  connaissances,  le 
[joilleminot  ne  devait  pas  rester 
endant  la  paix  :  aussi  le  chargea- 

mob  de  mai  1816,  d^établir  la 
lion  des  frontières  de  Test,  du 

Bade  au  Piémont,  d'après  les 
B  1814  et  1815.  Après  son  re- 
fkit  nommé  directeur  général  du 


dépôt  de  la  guerre  (ok^'.  p.  349).  Il  eut 
une  grande  part  à  U  réorganisation  de 
ce  dépôt ,  le  plus  riche  établissement  de 
l'Europe  en  cartes  manuscrites  et  en  do- 
cuments hbtoriques  sur  toutes  les  guerres. 
Lorsque  le  gouvernement  français  con» 
çut  ridée  d'envoyer  une  armée  en  Es- 
pagne (  1833  ) ,  le  général  Guilleminot , 
consulté  par  le  roi  Louis  XVIII,  lui  pré-> 
aenta  un  plan  de  campagne  d'une  exé- 
cution facile,  qui  le  fit  choisir  pour  en 
diriger  l'exécution  sous  les  ordres  du  duc 
d'Angoulème  (vojr.).  Son  caractère  ferme 
et  loyal,  ses  idées  libérales  surtout,  dé- 
plurent aux  hommes  du  parti  ultra-roya- 
liste ;  de  toutes  parts  on  entendit  s'éle- 
ver des  récriminations,  et,  comme  le  roi 
persistait  dans  son  choix,  on  eut  recours, 
pour  le  faire  changer  d'avis,  aux  moyens 
les  plus  ridicules.  Des  caisses  remplies 
d'uniformes,  de  cocardes  et  de  drapeaux 
tricolores,  furent  expédiées  à  Bordeaux  et 
saisies  à  l'adresse  d'un  aide-de-camp  du  gé- 
néral :  on  voulut  y  voir  une  conspiration  ; 
et,  malgré  les  observations  judicieuses 
émises  en  conseil  par  M.  de  Villèle,  une  or- 
donnance royale  remplaça  le  général  Guil- 
leminot par  M.  le  maréchal  duc  de  Bel- 
lune  (vojr,\ icrroRJy  ministre  de  la  guerre. 
Dans  cette  circonstance  délicate,  le  duc 
d'Angoulème  sut  montrer  de  la  ferme- 
té :  non -seulement  il  ordonna  au  major 
général  de  ne  remettre  ses  pouvoirs  qu'au 
général  en  chef  et  de  continuer  ses  fonc- 
tions jusqu'à  son  arrivée,  mais  il  ajouta 
que  si  on  lui  enlevait  son  lieutenant  il 
quitterait  Tarmée  avec  lui.  Celte  persb- 
tance  du  prince  eut  le  succès  qu'il  en 
avait  espéré  :  la  nomination  du  duc  de 
Bellune  fut  révoquée,  et  le  général  Guil- 
leminot, tout  en  conduisant  Tarmée  vic- 
torieuse à  Cadix,  sut  en  même  temps  ac- 
corder une  protection  généreuse  au  parti 
libéral  et  s'opposer  aux  vengeances  des 
soldats  de  la  foi.  La  proclamation  d'An- 
dujar  {vox.\  noble  inspiration  à  laquelle 
le  général  Guilleminot  eut  une  grande 
part ,  fit  naître  contre  lui  de  nouvelles 
défiances*  :  on  résolut  de  l'éloigner  de 

(*)  Le  général,  en  botte  h  d*iojastei  attaqoet  dana 

le  procès OoTrard,  pablia,  poarles  repoaa«er,  an 

mémoire  infitnié:  Campagne  de  iH^'i^ 9xposê sont' 

maire  des  mesures  adminiitrativet  adaptées  pour 

I  V exécution  de  cette  campagne,  Paris,  iSsfi,  in>S",  S, 


Gtil  (3 

rannée,  et,  pour  que  cet  éloignement 
n'e&t  poiot  le  caractère  d^uoe  disgrâce, 
oo  lui  donna  Tambatsade  de  Turquie.  11 
▼enait  aussi  d*étre  élevé  à  la  pairie  (9  oc- 
tobre 1823)  et  avait  re<^u  le  grand-cor- 
don de  la  Légion-d'Uonneur. 

A  son  arrivée  à  Constantioople  (  1 824), 
le  général  trouva  le  sullhan  préoccupé  de 
la  réforme  de  son  empire;  Thorrible  mas- 
sacre des  janissaires  commençait  une  ère 
nouvelle  pour  la  Turquie,  ^ambassadeur 
irançab  sut  profiter  de  ce  changement 
pourélablir  la  prépondérance  de  la  France 
auprès  de  la  Sublime- Porte;  Mahmoud  II, 
occupé  à  former  et  discipliner  une  armée 
à  Teuropéenne,  consultait  pour  cela  le  gé- 
néral et  ne  faisait  rien  sans  prendre  son 
avis.  Malgré  Timpolitique  bataille  de  Na- 
varin, Tetpédition  de  Morée  et  la  con- 
quête d'Alger,  la  France  resta  le  conseil 
et  Palliée  de  la  Turquie.  Le  général  Guil- 
leminot,  il  est  vrai,  avait  dû  quitter 
Constantinople  par  suite  du  refus  de  la 
Porte  de  souscrire  aux  stipulations  du 
traité  de  Londres  du  6  juillet  1827,  mais 
il  y  retourna  en  juillet  1829  et  amena 
un  arrangement  à  Tamiable,  de  concert 
avec  les  ambaisadeurs  d'Angleterre  et  de 
Russie. 

A  la  nouvelle  de  la  révolution  de  1 830, 
la  Russie,  qui  voyait  avec  regret  et  dépit 
s'établir  en  France  le  gouvernement  nou- 
veau et  la  nouvelle  dynastie,  semblait  vou- 
loir se  mettre  en  état  d'hostilité  contre 
elle  ;  l'ambassadeur  français  prit  ses  pré- 
cautions pour  le  cas  d'une  rupture  éven- 
tuelle, et  usa  de  toute  son  inlluence  au- 
près de  la  Sublime- Porte  pour  la  mettre 
dans  les  intérêts  de  son  pays  ;  oo  assure 
même  que  sa  prévoyance  s'étendit  sur  la 
Perse  et  sur  d'autres  états  voisins  de  la 
Rtissie.  Il  préparait  ainsi  une  diversion 
d'autant  plus  formidable  qu'en  peu  de 
jours  une  grande  partie  de  ces  populations 
pouvait  donner  la  main  aux  Pol  mats , 
dont  l'insurrection  ne  urda  pas  à  éclater. 
Le  19  mars  1 83 1 ,  il  remit  au  reiss-effendi 
une  note  confidentielle  pour  lui  annoncer 
une  conflagration  imminente  et  exhorter 
la  Porte  à  se  tenir  prête  à  entrer  en  cam- 
pagne; cette  note,  à  laquelle  aucune  in- 
struction positive  n'autorisait  l'ambas- 
sadeur,  parvint  à  la  oonoaissance  du 
oabfiief  de  Saiot-Pétenboarg  qui ,  ef- 


)  6tH 

frayé  de  ces  prt^efp,  s*en  plaignil 
vernement  (Irançais,  qu*îl  avait  : 
exigeant  le  rappel  de  son  repr 
Appuyé  par  les  ambassadeurs  d 
grandes  puissances,  celui  de  Roi 
tint,  et  le  général  Guillemim 
avoir  si  noblement  défendu  la 
la  France  à  l'étranger,  fut  sacrifi 
tème  de  paix  dout  le  goavernemi 
çais  avait  résolu  de  ne  pas  se 
Rappelé  en  juin  1831,  il  prit  pi 
la  chambre  des  Pairs  le  2  i 
suivant,  et,  dès  cette  première  ] 
demanda  à  donner  des  explica 
des  accusations  portées  contre  It 
ministres  dans  le  conseil  et  d< 
Chambres.  Il  le  fit  avec  noble» 
crétion,  mais  de  manière  à  piqt 
ment  la  curiosité  publique,  et  il  s 
même  prêt  à  prouver,  par  les  di 
officiels,  qu'à  la  fin  de  février 
était  en  droit  de  regarder  la  gue 
me  imminente,  malgré  Tabsence^ 
tions  dont  il  avait  à  se  plaindre  ^ 
de  son  gouvernement.  Le  génén 
tiani  (voy,) ,  minbtre  des  affain 
gères,  se  leva  aussitôt  pour  prote 
tre  toute  communication  de  eett 
et  l'on  eut  à  regretter  de  ne  p 
éclaircir  une  question  historiqu* 
haut  intérêt,  sur  laquelle,  au 
temps  ne  manquera  pas  de  répai 
de  clartés.  Le  ministre  rendit  I 
aux  talents  de  l'ambassadeur  c 
expressément  que  son  rappel  n' 
une  destitution.  L'historien 
avec  soin  les  discours  qui  ont 
nonces  dans  cette  mémorable  s 
la  chambre  des  Pairs.  Depuis  a 
que ,  le  général  Gutlleminot  est 
disponibilité,  et  l'on  assure  qu'i 
cre  à  des  travaux  historiques  U 
que  la  paix  lui  a  ménagés.  C 

GUILLON  (abbé  ,  évêque  < 
in  parti hus  InfidvUum.  M^aiB-! 
Sylvestre  Guillon, qu'il  ne  faut 
fondre  avec  son  homonyme,  Tab 
Guillon  de  Montléon  *,  est  né  à 

(*)  Aotear  Je  rarticle  ârriL^ifTs, 
Eai'yrlopêJir,  de  VBiHoirt  dm  iièg%  4» 
ville  o4Ula  (il  y  vit  le  jour  «a  i*S4) 
a  parlé  a  l'artict*  Foocai.  T.  XI,  paf 
licaacoup  d'aatres  ouTraget.  L'ffutM 
à»  Ljm  a  été  refoodae  par  Tam^ar  di 


Gd 


(î»n 


Gtl 


V 1760.  S»  étodeiy  eoflunoMées 
p  éa  PleMy  M  terminèrent  à 
Loûs-le-Gnnd,  oà  il  eut  pour 
|ki  denx  hoaiincs  oélèbret  à  des 
en  différents  :  Robespierre  et  le 
le  Ckevcms,  mort  il  y  a  deax  ans 
fK  de  Bordeaux  et  cardinal, 
de  rUniTersité  poor  ia  rhélori- 
adam  dans  les  ordres  sacrés  sous 
lita  de  l^archevéque  de  Paris  de 
,  Tibbé  Guillony  à  25  ans ,  se  fai- 
i  iaain|oer  par  retendue  et  ia 
de  les  oonaansances.  Étude  des 
i  littérature  sacrée  et  profane , 
iBBlarelles  et  exactes,  rien  n^avait 
ftiioo  ardeur.  Des  1788,  il  avait 
ktMéioMges  de  Utiérature  orien- 
diés  à  fauteur  du  Foyage  d'A» 
ù.  Déjà  quelques  UraTauz  sur 
Favaient  si^alé  à  Tattention  de 
■mais,  ancien  évéque  de  Senez, 
■pait  de  recherches  semblables. 
Muné  par  Farcbevèque  premier 
fétabUsseascnt  fondé  par  lui  en 
I  apurants  à  la  chaire,  il  s*était  li- 
■eoès  à  ia  prédication.  La  prin- 
mdballe  youI  ut  s'attacher  le  jeune 
une  lecteur,  titre  auquel  elle 
mlôi  ceux  de  bibliothécaire  et 
er,  qall  conserva  jusqu'à  la  sao- 
■strophe  du  3i  septembre  1 792. 
ititotion  civile  du  clergé  [voy.) 
aa  Fabbé  Guillon  un  constant 
u  Eo  1791,  il  avait  annoncé, 
■yim  de  Fabbé  Barruel,  une 
I  ecclésiastique  y  ou  Bibliolhè- 
Boée  des  écrits  publiés  pour  ou 
ne  aaesare.  Chargé  seul  de  ce 
le  fit  parvenir  jusqu'au  1 2*  vol. 
sst  clan»  le  4*  que  se  trouve  le 
des  révolutions  y  ouvrage  qui 
iTÎre  sensation  et  fut  réimprimé 
Le  même  esprit  présida  à  la 
I  des  brefs  du  pape  Pie  VI  sur 
^iom  francaitCy  qu'il  publia  en 
t»l.  is*8^,  avec  traduction,  dis- 
liminaire  et  notes.  Forcé  de  se 
■aant  ia  Terreur,  Fabbé  Guil- 
profit  des  étmict  antérieures, 
;  nom  de  Pastel,  qui  était  celui 
e,  exerça  la  médecine  avec  suc- 


smrwir  i  i'kistairt  de  Ljcm  ptmdmmt  ia 
^mria  «  i8»4a  3  toI.  iii<S*.  Voir  Biogr^ 


ces  dans  les  environs  de  Paris,  sobsdtnant 
ainsi,  pour  nous  servir  de  ses  propres 
paroles,  un  autre  genre  de  sacerdoce  à 
celui  dont  l'exercice  public  était  devenu 
impossible,  parfois  même  faisant  de  l'un 
le  passeport  de  l'autre.  Un  Mémoire  sur 
les  maladies  nerpeuses^  inséré  dans  le 
Journal  Encyclopédique ^  atteste  les  tra* 
vaux  sérieux  auxquels  il  s'était  livré  dans 
cette  nouvelle  carrière.  En  1801,  il  fit 
paraître  ses  Recherches  sur  le  Concordaij 
la  Pragmatique  et  les  élections  popw 
laireSy  qui  lui  valurent  de  la  part  de  Fou- 
ché  une  détention  de  4  mob  au  Temple; 
mais  bientôt  le  rétablissement  du  culte 
lui  permit  de  reprendre  le  ministère  ec* 
clésiastique;  il  fut  nommé  chanoine  de 
Paris,  bibliothécaire  de  Farchevèché,  et, 
peu  après,  désigné  par  le  premier  consul 
pour  accompagner  à  Rome  le  cardinal 
Fesch ,  en  qualité  d'auditeur  théologien 
de  la  légation  française.  De  retour  en 
France  au  bout  d'un  an ,  il  reprit  le  dou- 
ble exercice  de  la  prédication  et  de  l'in- 
struction publique.  Funtanes,  devenu 
grand-maitre  de  l'Université,  le  nomma 
professeur  de  rhétorique  au  ly.cée  Bona- 
parte; et  lorsqu'il  s'agit,  quelque  temps 
après,  de  rétablir  la  faculté  de  théologie, 
il  l'appela  à  la  chaire  d'éloquence  sacrée, 
en  y  joignant  les  fonctions  d'aumônier  au 
collège  Loub- le- Grand.  Depub  lors,  il 
n'y  a  pas  eu  d'année  où  le  savant  profes- 
seur n'ait  marqué  son  enseignement  par 
des  discours  publics,  imprimés  pour  la 
plupart,  sur  les  caractères  de  C éloquence 
sacrée ,  sur  l'éloquence  des  saints  PèreSy 
sur  celle  des  sermonaires  protestants 
comparés  avec  nos  prédicateurs  catho^ 
liquesj  sur  le  rétablissement  des  études 
ecclésiastiqueSy  sur  la  prédication  mo^ 
dernCy  sur  la  comparaison  entre  les 
grands  prédicateurs  du  ly^  siècle  et  ceux 
du  siècle  de  Louis  XIV^  etc.,  etc. 

A  travers  les  vicissitudes  de  cette  vie 
agitée,  au  milieu  de  tant  d'occupations 
diverses,  l'abbé  Guillon  poursuivait  en 
silence,  depuis  40  ans,  la  pensée  du  grand 
monument  littéraire  auquel  son  nom 
doit  rester  attaché  :  nous  voulons  parler 
de  la  Bibliothèque  choisie  des  Pères 
grecs  et  latinSyP^rïSy  1 8  2  2  et  années  sui v. , 
26  vol.  in-8®,  ouvrage  qui  compte  6  réim- 
pressions, 2  traductions  étrangères  y  c( 


GUI 


dont  Ttntenr  préfwre  en  œ  moment  une 
seconde  édition  beaucoup  plut  étendue. 
Ce  livre  eut  Thonneur  d^ouvrir  aux  étu- 
des aérieuaes  une  voie  nouvelle  *f  et  con- 
tribua puissamment  à  ce  mouvement  lit- 
téraire et  social  qui,  depuis  plusieurs 
années,  a  ramené  l'attention  sur  les  sour- 
ces du  christianisme. 

L*abbé  Guillon  était  depuis  4  ans  au- 
mônier de  M™^  Ja  duchesse  d'Orléans  et 
chargé  de  Téducation  religieuse  de  ses 
enfants,  lorsque  la  révolution  de  Juillet 
éclata.  Son  adhésion  sincère  au  nouvel 
ordre  de  choses  eut  peu  d'imitateurs  dans 
le  clergé.  De  là  des  inimitiés  qui  rendi- 
rent inutile  sa  promotion  par  le  roi  à 
ré\éché  de  Cambrai,  puis  à  celui  de 
Beauvais ,  et  qui  éclatèrent  surtout  à  Toc- 
casion  de  la  mort  de  l'abbé  Grégoire 
{vay.  ce  nom  et  V Exposé  que  Tabbé  Guil- 
lon publia  de  sa  conduite  en  cette  circon- 
stance), mai  1831.  Certes  l'auteur  du 
Parallèle  des  révolutions  et  de  la  Collée^ 
tion  des  brefs  du  pape  Pie  FI  n'était 
pas  suspect  de  partialité  pour  les  doc- 
trines qui  avaient  enfanté  la  constitution 
civile  du  clergé  ;  mais  appelé  près  du  lit 
de  mort  du  savant  évéque  dont  les  er- 
reurs politiques  n'avaient  jamab  altéré  la 
haute  piété,  l'abbé  Guillon  osa  donner 
les  secours  spirituels  à  celui  qui  voulait 
mourir  au  sein  de  l'Église  et  que  l'É- 
glise abandonnait.  L'archevêque  de  Paris 
(M.  li.  de  Quélcn,  mort  le  31  décembre 
1839)  crut  devoir  frapper  de  censure  une 
conduite  plus  conforme  aux  maximes  de 
la  charité  qu'aux  règles  de  la  discipline. 
L'abbé  Guillon  se  soumit,  et,  sans  avoir 
un  Bossuet  pour  adversaire,  montra  toute 
l'humilité  de  Fénélon. 

En  1833,  il  reçut  les  bulles  du  Saint- 
Siège  qui  l'instituaient  évéque  de  Maroc 
inpartihusy  et  fut  sacré  le  7  juillet.  Ou- 
tre ce  titre  et  celui  d^aumônier  de  la 
reine,  l'abbé  Guillon  est  olBcicr  de  la 
Légîon-d'Ilonneur ,  inspecteur  général 
honoraire  de  ITniversité,  doyen  de  la  fa- 
culté de  théologie  à  l'Académie  de  Pa- 
ris,  et  professeur  d'éloquence  sacrée. 

Aux  ouvrages  déjà  cités  il  faut  ajouter 
les  suivants  :  Promenade  savante  aujar» 


(•)  ymir  l«t  trartax  wr  lef  Vtrt%  de  MM.  Vil- 
fMMSt  Charpmtiflr,  Géoin,  PUorbc  et  aotret. 


(  388  )  GDI 

ilin  des  DulerieSf  ou  DeseripUt 

monumeniSyt799yiD'tl^  io-a^ 

pect  dû  aux  tombeauxeide  tin 

€ies  inhumations aeiueiles^muW 

La  Fontaine  et  tous  iesfabuli 

Commentaire  critique^    histoi 

littéraire^  1803,  3  vol.  în.8«:i 

nin ,  ancien  élève  de  l'abbé  Gi 

donné,  en  1835,  une  nouvelle  éc 

cet  ouvrage  plein  de  goût  et  d'ér 

Histoire  de  la  nouvelle  hérésie 

siècle^  ou  Jié/utation  complète 

vrages  de  Ai,  de  La  Mennais^ 

vol.  in-8«;  Histoire  générale  dt 

losophie  ancienne  et  moderne 

2  vol.   in.8»;  Modèles  de  Véi 

chrétienne  en  France  depuis  Lu 

jusqu'à  nos  jours^  ou  Choix  de 

cateurs  du  second  ordre^  rédi 

l'ordre  de  l'année  apostolique 

céfJé  de  Phistoire  de  la  Pré* 

1837,  2  vol.  gr.  in-8«;   OEuvf 

plètes  de  saint    Cyprien^    tn 

nouvelle  avec  notes  y  1837,  2  v< 

Oraison  Junèbre  de  la  prince ss 

1839,  in-8».  V Encyclopédie  t 

du  Momie  doit  au  pieux  é\'équ< 

roc  de  nombreux  articles  dont 

cipaux  sont  les  suivants  :  Apos* 

[PèrcSj  constitutions  et  canom 

NisME,    Balk   (concile  de\  C 

Dieu,  Éloquerck  sacrée,  £vsj 

LiCANE  {Église  ),  etc. ,  etc.  Para 

vrages  inédits,  nous  citerons  une 

universelle  de  V Apologue^  resti 

scrite. 

GUILLOTINE.  Cet  instm 
mort,  auquel  un  médecin  célèbr 


son  nom,  en  1792,  parce  qu'4 
attribua  faussement  l'invention, 
nu  eu  Italie  dès  les  premiers  i 
XVI*  siècle.  On  trouve  dans  les 
ques  de  Jean  d* Anton ^  publiée 
première  fois  en  entier  (18S&)] 
bliophile  Jacob  (Paul  Lacroix^ 
taik  curieux  d*une  exécutioo  fi 
nés,  le  13  mai  1607,  avec  qm 
dont  la  guillotine  n'olTre  qu^B 
tionnement.  Louis  XII,  vaîi» 
Gènes,  était  alors  dans  cette  v 
de  Jean  d'Auton,  qui  s'intitnl 
et  chroniqueur  du  roy.  Or  oi 
un  des  chapitres  de  ses  Chronift 
p.  64  et  »uiv.)  :  »  Dedans  le»  p 


GUI 

HHiiéspfaBpoi        peuple  gras  de 
IliBidiGéMi,  I  avait  ma  le 

■■fb  à  iédîtkNi.  »  Suiveot  cfiielqQes 
pHnr  le  fmm  et  la  condamnation  à 
I/ldHfrnd  fat  dre«é  dedans  une 
fhct  pns  dm  mdie  de  Gènes;  le 
le  condamné,  qai,  voyant 
«  jeltaon  grand  soupir  à  mer- 
ce  letant  les  jeux  a  mont  (en 
kine  toote  pâlie  et  blesme,  les 
CBcroiiéi...  Puis  estendit  le  cou 
k  cbppos  ;  le  bourreau  print  une 
àtoqueUe  tenoti  attaché  un  gros 
à  tm  une  douiouere  tranc/ian^ 
iâMlée  dedans^  venant  iPamont 
iî  itëx  poleaux  ;  et  tira  ladite 
M  manière  que  le  bloc  tran» 
kceUU  Géne9ois  tomba  entre  la 
etksépauleSy  si  que  la  teste  s'en 
im  côté  et  le  corps  tomba  de 
k  Le  chroniqueur  Jean  d'Auton 
i 1528. 
baïaat  italien  de  Bologne,  Achille 
fit  iaprimer  dans  cette  yille,  en 
lolaoïe  in-4<*  (devenu  rare,  et 
poor  les  figures  de  Giulio  Bo- 
qni  ont  été  retouchées  par  Aug. 
4iu  une  seconde  édition  pu- 
1S74)  ;  ce  livre  a  pour  titre  : 
nun  quœstionum  de  uniçerso 
libri  V.  Une  des  figures  qu*il 
représente  la  fatale  machine  et 
•■fplice  d'an  condamné. 
Ia  déci|Htation  du  duc  de  Montmo- 
■CTtCB  1632,  à  Toulouse,  dans  la  cour 
k€i|iitole(U6tel-de.Ville),  est  décrite 
B  en  ternes  dans  les  Mémoires  de 
^^P^S'^'y  publiés  par  Duchesne  en 
MN(p.  107)  :  «  Il  se  fit  jeter  une  corde 
^^  kl  bntt  et  s'en  alla  à  son  écha- 
'^4»  »r  lequel  il  entra  par  une  fené- 
^^^.  £b  ce  pays-La  on  se  sert  d'une 
qui  est  entre  deux  morceaux  de 
et  <piand  on  a  la  tête  posée  sur  le 
'^^r  ^  lâche  la  corde,  et  cela  descend 
^^'pre  la  tète  du  corps,  etc.  »  Le  nom 
^"*  ^  cette  machine  est  mannaia  ;  on 
IWioir  ce  qa'en  dit  le  père  Labat  dans 
■  ^oye^  en  Italie. 

^  cilàire  chirurgien  Antoine  Louis, 
•*•■«  perpétuel  de  l'Académie  de  Chi- 
^K,  dit,  dans  une  consultation  qui  lui 
**«iiiJ(t,  en  1792,  par  le  Comité  de 

intychp.  d.  G,  d.  M.  Tome  Xm, 


(  28»  )  Gtll 

législation  de  l'Assemblée  nationale,  que 
l'Angleterre  avait  adopté  ce  mode  de  dé- 
capitation :  «  Le  corps  du  criminel,  fixé 
«  entre  deux  poteaux ,  est  couché  sur  le 
«  veutre;  du  haut  d'une  traverse  qui  unit 
«  les  deux  poteaux  on  fait,  au  moyen  d'une 
«  déclique,  tomber  la  hache  convexe,  etc.» 

Ce  qui  précède  suffit  pour  démontrer, 
contre  l'opinion  généralement  reçue,  que 
l'invention  de  l'instrument  de  mort  ap* 
pelé  guillotine  ne  peut  être  attribuée  ni 
au  docteur  Guillotin,  ni  à  la  révolution 
française,  et  que  ce  mode  de  supplice  re- 
monte, au  moins,  aux  premiers  jours  du 
XVI*  siècle. 

Parmi  les  préjugés  que  la  Révolution 
devait  abattre  était  celui  des  peines  in- 
famantes attaché,  pour  les  familles  des 
condamnés,  à  tout  supplice  autre  que 
celui  de  la  décapitation.  Guillotin,  dé- 
puté de  Paris  à  l'Assemblée  constituante, 
proposa  (10  octobre  1789),  pour  fiiire 
tomber  ce  préjugé,  de  réduire  toute  exé- 
cution à  mort  à  un  seul  et  même  genre 
de  supplice,  celui  qui  n'emportait  pas 
l'infamie;  et,  non  moins  philanthrope 
qu'excellent  citoyen,  il  exprima  le  vœu 
qu'on  pût  substituer  au  bourreau  .une 
machine  dont  l'action  serait  plus  sûre  et 
plus  rapide,  mais  dont  il  ne  donna  ni 
alors,  ni  depuis,  aucun  projet,  aucune 
description.  La  demande  de  Guillotin  fut 
ajournée  jusqu'à  la  discussion  du  Code 
pénal,  qui  allait  bientôt  s'ouvrir;  et  le 
1*'  décembre  (1789),  le  docteur  fit  adop- 
ter, sur  son  rapport,  l'égalité  des  peines^ 
sans  distinction  du  rang  ni  de  l'état  du 
coupable.  Ainsi  il  n'eût  dû  rester  à  Guil- 
lotin que  l'honneur  d'avoir  le  premier 
demandé  l'égalité  des  peines,  et,  pour  tons 
les  condamnés,  la  peine  de  mort  qu'il 
croyait  la  moins  cruelle. 

Vers  le  milieu  de  1791,  la  discussion 
fut  reprise  sur  le  Code  pénal.  Jusque-là 
l'assemblée  n'avait  fait  que  décréter  l'é- 
galité des  peines.  La  décapitation  pour  la 
peioedemort  fut  demandée,  le  3  juin,  par 
JFélix  Le  Pelletier,  afin  d'amener  plus  faci- 
lement l'opinion  publique  à  ne  point  faire 
rejaillir  la  tache  de  l'exécution  sur  la  fa- 
mille du  condamné.  Chabroud  s'opposait 
à  ce  qu'on  fit  couler  le  sang  aux  yeux  du 
peuple.  Leduc  deLaRochefoucauld-Lian- 
court  appuya  la  proscription  du  supplice 


GUI 


(J*0) 


GK 


de  la  corde  comme  ayant  aCtrensement 
tenri  aux  vengeances  populaires,  et  TAs- 
semblée  adopta  la  proposition  de  Le  Pel- 
letier, qui  n'était  qu^une  reproduction  de 
celle  de  Guiilotin. 

A  FAssembiée  constituante  avait  suc- 
cédé r Assemblée  législative.  Le  mode  de 
décapitation  n'était  pas  encore  adopté,  et 
les  condamnés  attendaient  dans  les  pri« 
sons,  lorsqu'enBn  le  Comité  de  législation 
s'adressa  au  docteur  Louis ,  pour  lui  de- 
mander son  avis  motivé  sur  le  moule  de 
décollation.  Cet  avis,  sous  la  date  du  7 
mars  1792,  fut  transmis  au  comité ,  et, 
le  20 ,  sur  le  rapport  de  Carlier ,  député 
de  TAisne,  TAsserobiée  législative  rendit 
un  décret,  sanctionné  le  25  par  le  roi, 
et  portant  que  l'article  S ,  titre  l*' ,  du 
Code  pénal,  statuant  que  tout  condamné 
à  la  peine  de  mort  aurait  la  tête  tran^ 
chéCy  serait  exécuté  «  suivant  la  manière 
«  indiquée  et  le  mode  adopté  par  la  con- 
«  sultation  signée  du  secrétaire  perpé- 
«  tuel  de  l'Académie  de  Chirurgie.  »  La 
consultation  fut  annexée  au  décret,  et  le 
pouvoir  exécutif*  autorisé  à  faire  lesdé- 
«  penses  nécessaires  pour  parvenir  à  ce 
«  mode  d'exécution  de  manière  à  ce  qu'il 
«  fût  uniforme  dans  tout  le  royaume.  » 
Dans  cette  consultation  curieuse,  de- 
venue partie  intégrante  d'une  loi,  l'auteur 
dit  que  les  instruments  tranchants  n'ont 
que  peu  ou  point  d'efTet  lorsqu'ils  frap- 
pent perpendiculairement;  il  cite  l'exem- 
ple de  la  décapitation  de  Lally,  qu'il  fallut 
achever/Mir/r.i///iif  quatre  coups  de  sa^ 
bre;  il  rappelle  que  le  public  vit  avec 
horreur  cette  hacherie ,  et,  après  avoir 
cité  les  modes  de  décapitation  usités  en 
Allemagne,  en  Danemark  et  dans  les  lies 
Britanniques,  il  donne  la  préférence  au 
mode  anglais,  et  dit  en  terminant  :  •<  Il 
«  est  aisé  de  faire  construire  une  pareille 
«  machine  dont  l'effet  est  immanquable  ; 
«  la  décapitation -sera  faite  en  un  instant, 
«  suivant  l'esprit  et  le  voeu  de  la  nou- 
«  vellc  loi.  Il  sera  facile  d'en  faire  l'épreuve 
m  sur  des  cadavres  et  même  sur  un  mou- 
«  ton  vivant.  » 

Mais  la  machine  de  mort  restait  en- 
core à  être  construite  et  perfectionnée.  A 
cette  époque  se  trouvait  a  Paris  un  mé- 
canicien allemand,  nommé  Schmitt,  (ac- 


etLoois  l'adressa  au  ministra  B 
mars  1792).  Schmitt  prit  unef 
aux  travaux  qui  furent  laits;  L 
rc^u,  comme  il  l'écrit  lui-mèm< 
sion  de  tout  conduire  et  de  toi 
On  voit  par  ses  lettres  et  ses  i« 
ministre,  dont  les  originaux, 
écrits  de  sa  main,  sont,  aiu 
instructions^  entre  les  mains  d 
de  cet  article,  que  la  machim 
struite  par  le  charpentier  du  do 
quel  re^ut  à  cet  effet  des  lettn 
vision,  et  fut  chargé  de  la  foui 
ce  que  ces  lettres  appellent  bc 
tice, 

EnGn  cette  machine  se  troav 
le  docteur  écrivit  au  ministi 
avril  :  «  Les  expériences  de  la  m 
«  sieur  Schmitt  ont  été  faites 
«  Bicétre,  sur  trou  cadavres  qu 
«  capités  si  nettement  qu'on  a 
«  de  la  force  et  de  la  célérité  < 
«  tion.  »  On  voit  par  cette  I 
l'exécuteur  (  Sanson  ),  ses  deui 
son  61s,  étaient  présents,  ainsi 
greffiers  du  tribunal  criminel. 
Ainsi  se  trouve  maintenant  < 
fait  historique  resté  jusqu'à  ce  j< 
et  incertain.  Le  docteur  Guillc 
pour  rien  dans  le  plan  et  da 
struction  de  l'instrument  de 
porta  son  nom  ;  la  triste  misi 
faire  construire  fut  donnée  t 
chirurgien  Antoine  Louis,  de 
bliographe  (Née,  de  La  Rocbell 
naître  6 1  ouvrages.  Louis  mil 
le  facteur  de  pianos,  Schmitt, 
struit  le  modèle  adopté  de  la 
et  que  Louisappelle  son  ingéni 
teur, 

La  première  exécution  avec 
tine  eut  lieu  à  Paris  le  2&  a 
diverses  épreuves  précédèrent, 
sieurs  villes,  son  élablissemea 
Les  deux  docteurs  Joseph-lj 
lotin  (  né  à  Saintes  en  1 738,  i 
ris  en  1814)  et  Antoine  Louis 
en  1723,  mort  à  Paris  en  179: 
courage  difficile  de  lenr  phtbo 
premier  ne  chercha  point  à 
nom  ;  le  second  ne  cnit  point  I 
(  on  avait  déjà  appelé  Tioscnn 
sette  ou  petite  Loftison)\  W 


leor  4t  cU 


il  alla  Uro«v«r  Lmus^  l  avaient  touIu  servir  rhawinh 


Gtll 

m  Uê  férobitioiiiiaîres, 
■Ht  de  œ  rapide  instroBient  de 
It  iiVBt  scnrir  à  de  vastes  masMcres. 
■Mipcn  cette  sÎDgalerité  déplo- 
IkLswsXVI,  qui  «^n**  le  25  oo- 
1792,  le  décret  da  20  pour  la 
iBdioB  àt  la  làlale  machine,  tomba 
a  kacke;  la  iemme  da  ministre  qui 
«Min-aigné  le  décret  en  fut  égale- 
lieliae,  H  Roland,  proscrit,  en  se 
Ht  k  sort  laî»a  écrits  ces  mots  : 
■Bf  ^  coule  par  torrents  dans  ma 
ÛÊf^  CCS  massacres  ne  peuTcnt  être 
jkh  fMt  par  les  plus  cmek  enne- 
lè  h  France.  » 

ftfRstion  importante  a  été  contro- 
tflire  les  médecins  :  un  des  plus 
vmsloaustes  de  TEurope,  le  pro- 
r  SamaBering ,  a  soutenu  que  le 
née  la  guillotine  était  horrible, 
pt,  dans  la  tête  séparée  du  corps, 
ÙKitf,  U  personnaiité^  le  moi\ 
^pelqoe  temps  avec  Vam'ère^ 
ràomi  le  cou  est  aflecté,  et,  par- 
pind  nombre  d^exemples,  il  cite 
»  Charlotte  Corday  dont  le  Tisage 
IMîgnation  lorsque  Texécuteur, 
lus  m  main  cette  tête  si  calme 
Ae,  osa  la  firapper  d^un  soufflet, 
lant  développer  id  Topinion  du 
alleound,  nous  nous  bornerons 
avec  m  lettre  insérée  dans  le  Afo^ 
la  9  novembre  1795,  les  Obser^ 
tar  cette  lettre,  par  Geoiiges 
■d,  médecin  de  rb6pital  miliuire 
hoai%{Monit,  du  1 1  ic/.); la  lettre 
cvLe  Pelletier  (ilfoiiir.  du  15  id); 
bredu  docteur  Sédillot  le  jeune, 
e:  Rt/Uxions  historiques  et  phy- 
f«ef  sur  ie  supplice  de  la  guiUo- 
hm,  an  IV  (1795),  in>8«,  et  les 
tcn  suries  décapités^  Paris,  an  V 

»-«•.  V-VB. 

IAAO(MAaiE-MAn£LSiifB),  qui 
I  tard  M^^  Dbspezaux  ,  célèbre 
tderOpéra,  naquit  à  Paris,  le 
hre  174S.  Dès  Tâge  de  16  ans, 
«a  dans  les  ballets  que  donnait 
h  Comédie-Française,  et  ses  suo- 
lat  bientôt  arriver  à  TAcadémie 
le  Musique  et  de  Danse,  où  elle 
1 1762,  pour  doubler  M"«  Allard, 
hre  alofi,  mais  qu'elle  ne  tarda 


( 2*1  )  GtU 

EUe  fut  elMunnante,dit  No  verre  (yoy,) 
dans  le  genre  mixte  que  ce  chorégraphe 
avait  créé  pour  elle,  et  inimitable  dans  les 
ballets  anacréontiques.  On  doit  ajouter 
quelle  possédait  aussi  Texpression  du 
sentiment  et  des  passions.  Charmante 
dans  la  Chercheuse  d esprit  et  les  Ca^ 
priées  de  Galatécy  elle  sut  être  touchan- 
te et  pathétique  dans  Creuse  du  ballet 
héroïque  de  Médée^  dans  Louise  jdu  Z)e- 
serteur^  et  dans  plusieurs  antres  rôles. 

Le  prince  de  Soubise,  le  financier  La- 
borde,  Tun  des  moins  édifiants  pré- 
lats de  ce  temps ,  Tévêque  d'Orléans  Ja- 
rente,  frisaient  une  pension  à  M^'*  Gui- 
mard,  qui  n*avait  encore  que  600  francs 
d^appointements.  Cette  triple  source  de 
fortune  permit  à  la  danseuse  d'acquérir 
une  des  plus  belles  maisons  du  quartier 
de  la  Chaussée-d*Antin,  que  les  beaux- 
esprits  de  Pépoque  nommèrent  le  temple 
de  Terpsychore;  elle  y  fit  construire,  de 
plus,  une  fort  jolie  salle  de  spectacle  où 
les  pièces  grivoises  de  Collé  ne  formaient 
pas  la  partie  la  plus  libre  du  répertoire. 
Disons  toutefois  que  des  pièces  plus  dé- 
centes parurent  aussi  sur  cette  scène. 
C'est  pour  elle  que  Carmontelle  composa 
les  premiers  de  ses  agréables  Proverbes^ 
et  ce  fut  là  qu'on  représenta  la  Partie  de 
chasse  d'Henri  /f^pour  la  première  fois. 

Cependant  l'opulence  de  M*'*  Guiuuuxl 
ne  fut  que  momentanée;  en  quittant 
rOpéra  peu  avant  la  Révolution,  avec  une 
pension  de 6,000  francs,  elle  se  fit  con- 
struire une  habitation  plus  modeste,  et  s'y 
retire  avec  le  chorégraphe  Despréaux 
(Jean-Etienne),  auteur  de  plusieurs  jo- 
lies pièces,  qui  venaitde  l'épouser  (l  789). 

Beaucoup  de  grandes  dames  de  l'é- 
poque directoriale,  particulièrement  M"^ 
Bonaparte  et  sa  fille,  suivirent  assidûment, 
en  1798,  les  réunions  dansantes  qui 
avaient  lieu  dans  la  maison  Despréaux. 
Il  est  vrai  qu'un  auguste  exemple  pou- 
vait les  y  autoriser;  car  M''*  Guimard 
avait  partagé  avec  M^  MonUnsier  l'hon- 
neur d'être  souvent  appelée  au  conseil 
de  toilette  de  la  raine  Marie- Antoinette, 
qui  avait  beaucoup  de  confiance  dans  son 
goût  en  fait  de  parures. 

Cette  danseuse  célébra,  dont  le  nom 
sera  conservé  dans  l'histoira  de  l'art  et 
des' scandales  du  xnii*  sièclei  mourut  à 


GUI  (  J9i  ) 

Parisy  le  4  mai  1816,  âgéedeTS  tns.  M.O. 
GUIMAUVE,  voy.  Malvacees. 
GUIMBARDE.  Tout  le  monde  sait 
ce  que  c*e8t  que  la  guimbarde;  mais  fort 
peu  de  personnes  connaissent  la  nature 
et  les  facultés  de  cet  instrument;  Framery, 
le  seul  auteur  qui  en  ait  parlé  musicale- 
ment {Encyclopédie  m*^tho(U(fuCy  Mu- 
sique, t.  I,  p.  768),  parait  ne  s^étre  nul- 
lement rendu  compte  de  son  système.  La 
guimbarde  est  fort  commune  en  Europe, 
particulièrement  dans  les  Pays-Bas  et 
le  Tyrol,  où  elle  fait  le  charme  des  villa- 
geois et  de  leurs  familles;  elle  est  aussi 
connue  en  Asie,  et  les  Grecs  deSmyrne 
rappellent ,  par  onomatopée,  fittiaiitcû» 
Son  origine  est  incertaine,  mais  elle  pa- 
rait remontera  une  haute  antiquité;  le 
nom  que  lui  donnent  les  Anglais,  yctci- 
harp^  harpe  juive,  justifierait  déjà  cette 
assertion. 

Ce  petit   instrument  se  compose  de 
deux  parties  bien  distinctes:  T/?//?^,  qui 
consiste  dans  une  petite  lame  d'acier  scel- 
lée à  la  partie  supérieure  du  corps  de  Tîn- 
strumentet  recourbée,  à  son  extrémité,  de 
manière  à  ce  que  les  doigts  puissent  facile- 
ment l'accrocher  ;  le  corps  a  la  forme  de  ces 
tire-bouchons  dont  le  manche  se  replie  sur 
lui-même  et  formeau  point  de  rapproche- 
ment le  ressort  où  se  trouve  pressée  la  mè- 
che; dans  la  guimbarde,  cette  partie  reste 
libre  et  sert  de  pointd'appui .  Les  sons  de  la 
gui  m  barde  s'obtiennent  en  la  plaçant  con- 
tre les  dents;  l'attraction  et  la  répulsion 
de  l'air,  dont  la  colonne  se  trouve  inter- 
ceptée par  l'àme  de  l'instrument,  sert, 
avec  la  pression  des  lèvres,  à  déterminer 
le  degré  de  gravité  et  d'acuité.  On  con- 
I  oit  dès  lors  que  la  guimbarde  est  très 
pernicieuse  pour  la  poitrine  et  pour  les 
dents,  son  apposition,  lors(|ue  l'âme  est 
mise  en  mouvement,  produisant  à  peu  près 
l'eflet  des  vibrations  d'un  diapason. 

Au  reste,  l'on  n'apprendra  pas  sans 
surprise  qu'un  instrument  si  insignifiant 
en  apparence  possède  toutes  les  qualités 
des  corps  sonores  parfaits.  Une  guim- 
barde prise  isolément  donne  un  ton  grave 
quelconque,  portant  avec  lui  ses  aliquotcs, 
sa  septième  et  plusieurs  notes  diatoniques 
dans  la  troisième  octave.  Lorsque  la  to- 
nit}ue  grave  ne  s'entend  pas  bien,  surtout 
dans  les  guimbardes  baseeS;  ce  n*est  pas 


Gbt 


qu'elle  manque,  ci'est  que  Tii 

ne  peut  licher  suffisamment  les 

il   en  est  de  même,  en  sens  ioi 

pour  les  sons  aigus.  Mab  aoe 

tout-à-fait  remarquable  cUds  la 

barde,  c'est  qu'elle  a  trois  tiabRtdB 

rents  dont  la  nature  semble  fort 

de  celle  de  l'instrument  qui  les 

en  effet,  les  sons  de  la  première 

du  rapport  avec  ceux  du  chalui 

la  clarinette;  ceux  du  médium  ctda 

avec  la  voix  humaine  ilecertaioes^ 

enfin  les  sons  harmoniques  sont 

semblables  à  ceux  de  rbarroonica.    J 

exécuter  des  airs,  on  doit  avoir  as  tm 

deux  guimbardes,  afin  de  tenir  àiB  t 

position  toutes  les  notes  de  récbeiW;fl 

si  l'on    veut  jouer  des    morcctsi  J 

compliqués,  ou  bien  jouer  à  deux  pflfl 

en  faisant  résonner  à  la  fois  Wi4i 

guimbardes,  il  faut  en  avoir  a«  wM, 

une  douzaine  :  l'exécutant  peut  alon| 

tiquer  tous  les  intervalles  diat< 

chromatiques,  et  passer  ainsi  daM  i 

tons  en  changeant  de  guimbardt. 

que  ces  mutations  n'interrompcali 

mesure,  on  doit  toujours  tenir  umj 

barde  en  avance,  de  même  qu'i 

lecteur  a  les  yeux,  non  sur  la 

exécute,  mais  sur  celle  qui  la  sait. 

accorder  les  guimbardes  entre  éHmi 

se  sert  de  cire  à  cacheter  que  l'on 

quantité  plus  ou  moins  grande  à 

trémité  de  l'Âme. 

Plusieurs  Allemands,  Koch,  CkErf 
stein,  Deichmûller  et  Runert,  ont  ÈÊJi 
tendre  la  guimbarde  dansdepetiiscoad 
où  leur  Ulent  a  été  fort  goûté;  mais iW 
tous  été  surpassés  par  Scheibler,  Il 
patriote.  C'est  lui  qui  a  fait  de  la  [ 
un  instrument  complet  auquel  il  a  dtf 
le  nom  poétique  d'aum:  il  en  jouaill 
une  grande  perfection.  L'aura 
dans  la  réunion  d'une  douzaine 
bardes  fixées  à  un  anneau  qoe  Vmtâ 
tant  applique  à  sa  bouche  et  doat  ■ 
rige  le  mouvement  rotatotre  dans  «ai 
ou  dans  l'autre  selon  les  tons  qnli  ^ 
obtenir.  Les  recherches  sur  la  gnimll 
auxquelles  Scheiblers^est  livré  toMtM 
l'ont  conduit  à  des  décoavertes  aooi 
ques  de  la  plu§  haute  importance.  la 
zeite  musicale  de  Leipaîg  contictfl 
article  de  lui,  qui  est  un  véril^bln  ■ 


GUI 


(29S) 


GUI 


accompagné  d'exemples  notés 

lispoiés  poar  son  instrument. 

otre  connaissance,  la  seule  tné^ 

ait  été  publiée  pour  la  guim- 

J.  A*    DE  L. 

05D    DE    LA    TOUCHE 

,  aé,  en  1729,  à  Châteauroux 
irri,  fat  élevé  par  les  Jésuites.  II 
«ne  heure  Thabit  de  cet  ordre, 
iflK  Gressety  il  ne  tarda  pas  à  le 
X  ne  fut  pas  toutefois,  ^n  leur 
\  Adieux  aussi  flatteurs  que  ceux 
r  de  /a  Chartreuse.  Au  con- 
fQoeGuimond  exhala,  dans  un 
e  intitulé  les  Soupirs  du  cloùre 
été  publié  qu'après  sa  mort, 
ipathie  que  le  jésuitisme  vu  de 
ai  avait  inspirée, 
int  de  projets  et  de  carrière,  il 
Paris  pour  faire  son  droit  :  ce 
igédie  qu'il  y  fit.  Jphigénie  en 
«présentée  en  1757,  obtint  le 
l  succès  que  Ton  eût  vu  au 
ançaisdepuis  Zai'r^  txMérope. 
es  nombreuses  incorrections  et 
qnente  faiblesse  du  style,  cet 
iritait  à  tous  éfards  Thonneur 
isait.C'cst,  sans  contredit,  l'une 
es  modernes  qui  reproduisent 
I  noble  simplicité  du  théâtre 
it  conduite  avec  art,  offre  des 
tieines  d'intérêt,  etsnrtoutune 
aent  sublime  entre  Oreste  et 

à  juste  titre  copime  un  des 
(sur  lesquels  la  scène  française 
ider  le  plus  d'espoir,  Guimoud 
icncé  une  tragédie  de  RàguluSy 
SQstère  lui  eût  sans  doute  four- 
elles  inspirations.  Il  en  avait 
atre  actes,  lorsqu'en  1 760,  au 
rrier,  une  maladie  aiguë  l'en* 
I  de  jours. 

d  de  la  Touche  avait  laissé ,  à 
Bure,  un  assez  grand  nombre 
■anuscrites.  Deux  de  ces  mor- 
»ent  ont  paru  après  sa  mort  : 
;  à  l'amitié j  beaucoup  trop 
se  trouvent  néanmoins  quel- 
sureux,  et  les  Soupirs  du  cluU 
homphe  dujanatisme^  dont 

parlé  plus  haut.  Après  avoir 
den  r^ime  plusieurs  éditions 
,  ce  dernier  poème  aété réim- 


primé à  Paris  en  1795,  précédé  d'une 
notice  de  Mercier  de  Compiègne  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  l'auteur.     M.  O. 

GUINÉE.  C'est  une  de  ces  dénomina- 
tions vagues  dont  la  valeur  indécise  flotte 
entre  des  applications  très  diversessuivant 
les  temps,  au  gré  de  l'ignorance  ou  du  ca- 
price des  écrivains.  Ouvrez  nos  modernes 
géographies,  jetez  les  yeux  sur  nos  plus  ré- 
centes cartes  d'Afrique  :  vous  y  verrez  ce 
nom  de  Guinée  étendre  son  immense  em- 
pire depuis  les  parages  voisins  de  la  Gambie 
jusqu'aux  extrémités  des  terres  de  3cn- 
guéia,  sur  une  zone  dont  la  largeur  est 
aussi  incertaine  que  les  notions  acquises 
jusqu'à  ce  jour  touchant  les  pays  dé  Tin- 
térieur,  et  formant  un  arc  dont  la  vaste 
courbure  embrasse,  entre. le  cap.Houge 
au  nord  et  le  cap  Nègre  au  sud,  toute  une 
mer  à  laquelle  est  imposé  encore  ce  même 
nom  de  Guinée. 

C'est  de  proche  en  proche  que  cette 
dénomination  s'est  aiusi  étendue.  Son  ap- 
plication fut  d'abord  très  restreinte  dans 
le  premier  emploi  qu'en  firent  les  Euro- 
péens pour  désigner  une  portion  de  la 
côte  occidentale  d'Afrique;  et  c'était  d^à 
une  erreur. 

Dans  le  xiv^  sièi^le,  au  plus  tard,  avaient 
commencé  à  se  répandre  en  Europe  quel- 
ques notions,  recueillies  sans  doute  de  la 
bouche  des  l^laures^  sur  le  commerce  que 
les  marchands  de  l'empire  de  Maroc  fai- 
saient, par  la  voie  des  caravanes,  avec  un 
riche  pays  de  l'Afrique  centrale  appelé 
Ginyia  ou  Gineuaj  habité  par  un  peuple 
nègre  et  produisant  de  l'or.  La  curieuse 
carte  catalane  conservée  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Paris,  et  qui  porte  la  date  de 
1 375,marque  expressément  dans  le  Ouédy 
Dara'h  le  passage  par  lequel  ces  expédi- 
tions mercantiles  prenaient  leur  route 
pour  la  Guinée;  et  si  Ton  veut  savoir  quel 
était  ce  pays  dans  les  relations  géogra- 
phiques des  Arabes,  on  pourra  vérifier 
que,  indiqué  à  peine  vers  1445  par 
Ahmed  eUMakkary,  il  est  décrit  par 
Léon  Africain,  ainsi  que  par  son  para- 
phraste  Marmol,  avec  assez  de  précision 
pour  qu'on  ne  puisse  douter  de  son  iden- 
tité avec  la  contrée  intérieure  dont  la 
capitale  Gény  ou  Jenné  est  aujourd'hui 
assez  bien  connue  par  les  récits  de  divers 
voyageurs,  surtout  par  ceux  de  notre  oom- 


GUI 


(2M) 


GUI 


|Nitriote  René  Ctillé.  «  Ce  royaume,  dit 
«  Léon  y  tppelé  Gheneoa  par  les  mar» 
«  chands  arabes,  Genni  par  ses  propres 
<«  habitants ,  et  Gimea  par  les  Portugais 
«  et  antres  peuples  de  l'Europe  qui  en 
«  ont  eu  connaissance ,  est  situé  entre 
«  GoalaU  à  Poccident,  Tombutto  à  l'o-- 
«  rient,  et  Melli  au  sud.  » 

Tel  eit  le  pays  dont  Tinfant  Henri  (vo^.) 
de  Portugal  entendit  parler  après  la 
prise  de  Sebthah  (Ceuta  des  Espagnols), 
en  1415,  dans  ses  conversations  avec  les 
Maures  instruits  qu'il  interrogeait  sur  les 
contrées  lointainesderAfrique  intérieure. 
Lorsque,  plus  tard,  les  capitaines  portu> 
gais  que  Tinfant  envoyait  à  la  découverte 
des  pitges  africaines,  captaraient,  sur  les 
cètes  mauresques,  des  Arabes  qu'ils  relâ- 
chaient ensuite  moyennant  rançon,  plus 
d*une  fois  on  leur  donna  en  paiement  des 
nègres  et  de  Ter  de  Guinée;  et  soit  que 
les  Gjotofs  fussent  réellement  tributaires 
de  l'empire  de  Gény,  soit  qu'il  y  eût  à  cet 
égard  quelque  méprise ,  les  découvreurs 
s'habituèrent  à  regarder  d'avance  les  Gjo- 
lofs  comme  des  nègres  de  Guinée,  et,  par 
suite,  à  donner  au  nom  de  Guinée  une 
application  littorale  qui  avait  pour  point 
de  départ  la  rive  gauche  du  Sénégal.  Ce 
fleove,  au  surplus,  était  censé  avoir  sur 
ses  bords,  ainsi  que  nous  le  raconte  Joâo 
de  Barros,  les  villes  de  Tungubutu  et  de 
Gftinéoa  Genni;  ou  du  moins  un  de  ses 
bras  était- il  réputé  venir  précisément  de 
la  contrée  que  les  Arabes  appelaient  (^r//- 
mauha^  et  les  nègres  Gennd^  Janny  ou 
Genny.  Les  navigateurs  portugais  avaient 
donc  la  persuasion  qu'ib  marchaient  à  la 
découverte  de  la  Guinée,  et  ce  mot  devint 
pour  eux  comme  un  cri  de  ralliement. 

Ce  fut  Diniz  Fernandei  qui  le  premier, 
en  1 446,  atteignitet  dépassa  l'embouchure 
du  Sénégal,  poussant  ses  reconnaissances 
ju-vqu'au  cap  Vert;  NunoTri»tio  s'avança, 
l'année  suivante,  jusqu'au  fleuve  où  il 
laissa  son  nom  avec  la  vie;  quelques  mois 
après,  Alvaro  Fernandez  arriva  jusqu'au- 
près des  tirs  des  Idoles;  Pero  de  Cintra 
et  Soeiro  da  Costa  allèrent  ensuite  jusqu'à 
Sierra-Leona,  et  ce  dernier  porta  plus 
tard  son  nom  jusqu'à  la  rivière  d'Issiny, 
taudis  que  Joâo  de  Santarem  et  Pero  Rs- 
rovsr  découvraient ,  en  1471  ,  le  marché 
th  l'Or,  appelé  depuis  cette  époque  le 


comptoir  de  la  Mine ,  et  s' 
qu'au  cap  de  Sainte -Ca 
Diogo  Cam  vit  le  Congo  d 
voyage  exécuté  en  1 484  ; 
vante,  il  atteignit,  dans  u 
pédition,  jusqu'au  cap  Nè| 
plus  grande  extension  qu 
au  sud,  le  nom  de  Guinée 

Le  roi  Jean  II  de  Porti 
de  temps  après,  ajouté  à  s< 
celui  de  seigneur  de  Gu 
côtes  jusqu'alors  reconni 
jets ,  ainsi  que  la  mer  silU 
caravelles,  semblèrent  dé 
un  seul  domaine,  dont  un 
session  solennelle  était  ati 

Cependant  Livio  Sam 
dans  sa  Géographie  détaill 
composée,  dan:»  la  seconde 
siècle,  diaprés  les  descrij 
et  les  relations  des  Porto 
l'application  du  nom  de 
côte  africaine,  aux  plages  < 
la  Gambie  au  nord  et  le 
au  midi  ;  plus  loin,  à  Test, 
Malaguette,  ensuite  le  royi 
et  enfin,  au  sud,  les  états  d 
tandis  qu'au  nord  se  trouv 
des  Gjolofs,  comprenant  I 
régions  de  Sanaga  et  de  ( 
très  nations  européennes 
les  Portugais  dans  la  \\om 
partie  septentrionale  des 
la  côte,  on  s^accoutunia  • 
à  ne  plus  la  comprendre  *. 
nation  commune  de  Guin 
naissance  plus  exacte  du 
habitants  permit  de  recc 
nom  n'avait  jamais  app 
moins  avait  cessé  d'appari 
gion.  Les  géographes  la  d( 
de  la  Guinée  pour  la  reu 
ap|>elaient  plus  spccialem* 
les  modernes,  à  leur  toui 
de  la  Nigritie  pour  en  fi 
indépendante  à  laquelle 
commode  et  convenable  à 
sacrer  le  nom  de  Senégan 
ment  adopté  aujourd'hui, 
quant  au  sol  d*une  manièt 
plus  suliordonné  aux  virl 
qiies  ou  aux  convenances 

Toutefois,  la  curieuse  h 
Aro'ir.    de   Mohammed 


GOf  (  295  )  GDI 

db  SakHih,  ose  lonpie  |  de  Congo  oa  Rongo  (  vof .  )  lonqnll  s*a« 
en  on  seul  !  çit  de  Tensemble  de  la  contrée.  Samson, 
de  risle  et  d^Anvilleont  prêté  à  cet  usage 
tout  le  poids  de  leur  antorité  géographi- 
qoe,  dont  on  peut  regretter  que  leurs 
successeurs  se  soient  écartés. 

Le  nom  de  Guinée  ne  restait  donc  plus, 
sur  les  cartes  de  ces  géographes  célèbres, 
qu'aux  plages  comprises  entre  Sierra- 
Leona  et  le  fond  du  golfe  de  Biafnu  Sous 
un  point  de  vue  eiclnsif  de  pratique  ma- 
ri lime  et  commerciale,  la  consenration  de 
cette  dénomioalion  de  cèles  de  Guimée 
semblerait  une  concession  de  toute  con- 
▼enance,  si  les  naTÏgateurs  eux-mêmes 
ne  semblaient  y  attacher  de  jour  en  jour 
moins  de  valeur.  IJJ/ncan  PUot  des 
marins  anglan  répète,  il  est  Trai,  dans 
une  carte  générale  de  Pocéan  Atlantique, 
les  mots  de  Genowa  or  Guinea;  mais 
dans  la  carte  consacrée  «pécialement  à  la 
Guinée,  on  ne  trouTc  plus  cette  dénomi- 
nation elle-même;  on  Toit  seulement  à 
la  place  les  légendes  de  Wintiwartl  Coast 
(  la  côte  du  Yent\  et  Go/tf  Coast  (la  c6t€ 
d*or).  Quoi  qu*il  en  soit  des  destinées  ul- 
térieures du  nom  de  Guinée  dans  son 
application  à  ces  côtes ,  il  nous  reste  à 
constater  qu^l  offre  une  commode  dé« 
signation  d'ensemble,  qui  se  fractionno 
ainsi  : 


A  les  bovds  du  Nil  jusqu'à 
kntîqoe;  puis  cette  aone  se 
en  trots  groupes  de  provinces 
■r  de  trois  centres  de  domi- 
Inflnfurr,  Bomou,  Haonsâ 
focnip— t  h  région  de  l'ouest 
ban.  Dans  cette  division  eth- 
àle  nos  de  llêlj  a  préiralu, 
Êay  eut  jadis  sa  période  de 
e,  et  cette  dernière  dénomi- 
f  les  Portugab  prononçaient 

être  ailoptée  avec  quelque 
le  justesse  pour  désigner  la 
cntale  des  terres  que  l'opn- 

englobait  dans  la  sphère  de 
e;  mais  il  j  eut  presque  aus- 
onisoie,  en  ce  que  la  prédo- 
sagère  de  Gény,  dont  la  date 
t  pas  jusqu'au  milieu  <hi  xiv* 

déià  remplacée,  à  la  6n  du 
ede  Xen-Boktoue,  qui  devait 
•tôt  à  son  tour  pour  laisser 
MB  de  Mêhr,  comme  an  temps 
Mthah. 

tion  de  cdie  fie  Guimée  avait 
K  application  qodqoe  peu 
is  ttfdjve,  au  littoral  de  la 
:  elle  en  fut  ravée  avec  juste 
es  géographes  du  xti*  siècle; 
le  il  arrive  souvent  dans  les 
res  géographiques,  ce  nom, 
lé  étendu  outre  mesure  aux 
oês,  resu  précisément  aflecté 
où  nulle  rai^n  valable  n'en 
i6cr  Padoption. 
tte  acception  moderne ,  la 
ind,en  deux  zones  successives, 
Duest  en  est  depub  Sierra- 
râ  rextrême  limite  do  Bénin, 
nord  an  sud  depub  cette  bri- 
mx  derniers  cooâns  de  Ben- 
on  a  dénommé  Tune  Haute ^ 
Guinée  septentrionale,  tandb 
De  l'autre  Guinée  méridionale 
Gminêe.  Mab  cette  demièTe , 
pKlque  sorte  en  un  seul  corps 
mandement  d^un  gouverneur 
comme  autrefob  peut-être 
itre  d'un  seul  monarque  indi- 
\  pins  souvent  désignée  par  le 
^  d'Angola  quand  il  n'est 
■t  db  littoral,  et  par  le  nom 


A.  Côte  du  Vent,  partagée  en 

a.  Côte  des  Graines,  de  la  Mala* 
guette,  ou  du  Poivre; 

b.  Côte  des  Dents  ou  de  l'Ivoire, 
sobdivée  en 

a.  Côte  des  Maies  Gens, 

b.  Côte  des  Bonnes  Gens. 

B.  Côte  d^Or; 

C.  Côte  des  Esclaves  ; 

D.  Côte  de  Bénin  ; 
£.  Côte  de  Calabar. 

La  mer  qui  déferle  en  grondant  sur  ce 
long  rivage  s'appelle  dans  son  ensemble 
gotfe  ou  nter  tie  Guinée  ;  mab  dans  le 
double  enfoncement  que  partage  le  cap 
Formose,  elle  prend,  à  gauche,  le  nom  de 
baie  ou  golfe  de  Bénin,  à  droite  celui  de 
baie  ou  golfe  de  Biafra. 

Quant  à  rintérieur  des  terres,  le  nom 
de  Guinée  n'y  trouve  plus  de  place  à  me- 
sure que  les  incursions  des  voyageurs  en 
font  mieux  connaître  les  états  et  les  po« 


GUI  (  2«6  ) 

pulatioDS  :  les  ooms  de  Dahomey  et  d*A- 
chanty  ont  mauHenant  acquis  une  noto- 
riété suffisante,  et,  réunis  à  celui  de  Bénin 
(rfoy,  ces  noms),  ik  désignent  pour  nous 
une  grande  division  géographique,  vague- 
ment connue  autrefois  des  Arabes,  et  que 
les  docteurs  indigènes,  suivant  le  témoi- 
gnage du  consul  anglab  Dupuis ,  appel- 
lent encore  aujourd'hui  du  nom  de  Oiui/i- 
Âdrahf  fameux  par  les  hypothèses  aux- 
quelles avait  donné  lieu,  parmi  les  érudits 
d'Europe,  l'incertitude  de  sa  véritable 
application. 

Il  reste  à  l'ouest ,  il  est  vrai ,  une  por- 
tion, inconnue  à  l'intérieur,  de  l'ancienne 
Guinée  des  navigateurs  portugais ,  celte 
portion  précisément  où  les  Dieppois  as- 
surant que  leurs  établissements  du  Petit- 
Dieppe  et  du  Petit-Paris  avaient  précédé 
d^un  siècle  la  venue  des  Portugais,  cette 
côte  de  Malaguette,  où  des  vestiges  de  la 
langue  française  avaient  sur\'écu  à  une 
longue  interruption  des  expéditions  diep- 
poises.  Mab  là  aussi  précisément  se  sont 
établis  des  Américains,  dont  la  philan- 
thropie a  imposé  à  tout  le  littoral  compris 
entre  la  rivière  des  Galhinas  et  leur 
comptoir  du  cap  des  Palmes  la  dénomi- 
nation de  Libéria  ;  or  les  établissements 
de  Libéria  sont  fondés  sur  le  modèle  de 
la  Frcc-town  que  les  Anglais  avaient 
élevée  a  Sierra-Leona,  et  qui  est  le  chel- 
licu  des  pomssions  anglaises  dans  la  Sé- 
négambie  :  une  liaison  intime  rattache 
donc  la  terre  de  Libéria  à  la  Sénégambie. 

Au  nom  de  GuinéCy  qui  n'avait,  dès  le 
commencement  du  xvi*  siècle,  aucune 
application  raisonnablement  possible  au 
littoral  africain,  le  géographe  instruit 
substituera  désormais  les  dénominations 
de  Sénégambie,  de  Ouankarah  et  de  Con- 
go, désignant  respectivement  trois  di\i- 
sions  territoriales  bien rarac(ériM>c^.  ^A... 

GUINÉR,  monnaie  d*or  anglaise  ainsi 
nommée  parce  que  Tor  des  premières 
pièees  de  ce  genre,  c|ui  furent  frappées  eu 
Angleterre  sous  le  règne  de  Charles  II, 
avait  été  apporté  en  poudre  de  la  côte  de 
Guinée.  Cette  monnaie  vaut  21  shelings 
ou  une  livre  steriing  et  un  sheling.  On  a 
aussi  frappé  des  demi-guinées,  valant  1 0 
shelings  6  pences,  ainsi  que  des  tiers  et 
des  quarts  de  guinées.  Depub  1816,  on 
«  iofrodall  hi  nouvelle  monnaie  d*or  dite 


Gl 

souverain ,  dont  la  val 
de  20  shelings ,  répon 
tion  jusqu'alors  fictive  i 
Aussi  a-t-on  cessé  dès  1 
guinées. 

GUINÉE  (NouTSix 
la  mer  du  Sud,  située 
ques  et  au  nord  de  la  IS 
qui  en  est  séparée  par  I 
res,  entre  l'équateur  et 
et  entre  129  et  145«di 
en  connaît  si  peu  l'intéi 
même  si  c'est  une  seule 
de  Dourga  n'est  pas  un  d 
en  deux  ;  on  en  a  évalu 
ment  la  superficie  à  38 
carrées.  Des  récifs  dan 
Nouvelle-Guinée  du  eut* 
les  marécages  des  côtes  p 
danger  aux  Européens 
ces  parages.  La  tempén 
paraissent  être  celles  de 
gré  la  chaleur  du  jour,  i 
cheur  et  même  du  froic 
Des  régions  élevées,  et 
salubres,  existent  dans  U 
tagnes,  qui  doivent  rc 
cans,  à  en  juger  par 
l'obsidienne  charriées 
Dourga.  Les  flancs  de 
tent  des  forêts  dans  1 
du  bob  de  fer,  de  Té 
bres  précieux  ;  dans 
le  cocotier,  l'arbre  à 
et  une  espèce  de  lau 
un  objet  d'exportat 
ram.  On  v  a  vu  d« 
superbes,  des  |>err( 
babirousse  habite  1 
qui  sont  très  poi»< 
perles. 

Ce  qui  a  cnipiV 
Européens  dVla! 
la  Xoiivrlle-Ouii 
sauvage:»  de  Kilc; 
rocité  n*est  pas 
dais  ont  jeté  en 
fondements  d*u' 
ton,  à  la  ri>tesef 
churedelariviè 
des  côtes  .soDt  e 
pous*,  qui  dif 


(•)  On  1m  ap|v 
le  aoai  de  t*ap 


GDI 


(29 


Wnr  teint  noir  lire  sur  le  jaune,  et 
ff  cherelure  épaisse  n^est  guère  Ui- 
CtUe  race  ]Murait  être  venue  du 
kytnidis  que  les  Haraforas  ou  Al- 
B,  qui  ont  un  teint  plus  foncé  et  une 
bnc étalement  épaisse,  maisnideet 
lyWDt  la  indignes;  ceux-ci  me- 
CMore  une  vie  sauvage,  tandis  que 
ïfOQi,  ayant  des  relations  avec  les 
Éim  dei  archipels  voisins  et  ayant 
léleBihométisaie,  montrent  un  ca- 
R  pbs  lociable.  Une  troisième  race, 
iAb  Malais,  s'est  établie  dans  l'Ile, 
I  «sleoient  sur  quelques  cotes.  Ce 
llshpoos  qui  vendent  aux  insnlai- 
fcCiraai  des  oiseaux  de  paradis,  des 
^àiferles,de  Pécaille  de  tortue,  etc. 
Wfâes  petites  îles  a  voisinent  la  Nou^ 
4moét  et  ressemblent  à  la  grande 
ar  h  constitution  du  sol,  par  les 
Ktioos  et  par  les  habitants;  les  lies 
I,  très  voisines  des  Moluques,  sont 
ealéei  par  les  habitants  de  cet  ar- 
L  Uo  détroit,  celui  de  Dampierre, 
I  ia  Nouvelle-Guinée  de  la  Nou- 
Brefagne.  D-c. 

lilEG  ATTE  (batailles  DE),rune 
le  7  août  1479  (vay,  Louis  XI  et 
•AacHEa),  l'autre  le  1 6  août  1513, 
IKBONS  (journée  des). 
[PUZCOA,  vojr.  Basques  (  pro" 

L 

SGiRD  (Robert),  ou  Wisca&d, 
ier  né  du  second  lit,  le  sixième  des 
ib  de  Tancrède  de  Hauteville*,  et 
glorieux  des  dix  frères  qui  sorti- 
ccessivement  de  l'obscur  manoir 
I,  pour  naturaliser  en  Italie,  par  la 
,  leur  famille  de  héros.  Il  n'y 
ift  longtemps  qu'il  était  venu  se 
ux  drapeaux  de  ses  aines  lorsque 
la  fameuse  bataille  de  Civitella 
,  lea  précédentes  avaient  fait  de 
au  aventuriers  des  conquérants  : 
décâda  que  lesconquérantsseraient 
nrs  de  royaumes  et  chefs  de  dynas- 
s  guerriers  d'Allemagne,  avec  leur 
leiiiaiid(Léon  IX),  menaient  d'être 

)  et,  à  MMi  exemple,  par  M.  Baibi,  à  la 
»-Cai»cc.  Sou»  la  forme  de  Pupum ,  le 
uiB  *%  troarc  déjà  dans  Tatla»  d'Ar- 
ia <|«  est  de  1794*  joint  à  l'aatre  nom 
e«  qecation.  S. 

■rtcville*  boarg  6m  Nonandie,  près  de 


ï)  GUI 

vaincus  comme  l'avaient  été  les  troupes 
des  Grecs.  Robert  servaitalorssous  les  or- 
dres de  Humfroi,  et  il  alla,  comme  son  lieu- 
tenant, porter  la  guerre  en  Calabre,  Peut- 
être  se  montra- t-il  trop  brave  et  trop 
fier  aussi:  il  irrita  son  frère  et  son  général, 
qui,  dans  une  rixe,  au  milieu  d'un  repas, 
se  précipita  sur  lui,  l'épée  à  la  main,  et 
l'aurait  tué,  si  l'on  ne  se  fût  jeté  entre  eux 
deux.  Robert  languit  en  prison  durant 
sept  mob,  et  recouvra  ensuite  sa  liberté 
par  une  réconciliation  qui  laissait  a  l'of- 
fensé si  peu  de  ressentiment,  à  l'offenseur 
si  peu  de  défiance,  que  le  premier  reçut 
en  don  tout  ce  qu'il  avait  soumis  dans  la 
Calabre  (1054).  Humfroi  mourut  trois 
ans  après;  son  fils,  dans  des  circonstancea 
ordinaires,  aurait  pu  hériter  de  son  titre 
de  comte  de  la  Fouille  ;  mais  les  Nor- 
mands avaient  besoin  de  conquérir  encore 
pour  conserver  ;  il  leur  fallait  un  grand 
capitaine,  un  prince  habile.  Robert  avait 
fait  ses  preuves  de   vaillance.  Le  sur- 
nommait-on déjà  du  nom  ô^ avisé  {fF'is* 
rar£^)*  qu'il  mérita  si  bien  ?  Il  prit  le  rang 
et  les  honneurs  de  son  frère,  le  poste 
d'aîné  delà  famille  (1057). 

Des  avantages  et  des  inconvénients  de 
sa  position,  aucun  n'échappa  tout  d'abord 
à  sa  sagacité.  Les  Normands  étaient  des 
nouveaux  venus,  des  barbares,  des  intrus, 
dans  l'opinion  des  indigènes,  et  ne  pos- 
sédaient, à  l'exception  d'A versa,  que  ce 
qu'ils  avaient  pris  de  vive  force.  Robert 
avait  de  plus  contre  lui  toujours  un  parti 
grec  dans  les  villes,   souvent  l'humeur 
ambitieuse  et  rétive  de  ses  principaux 
compagnons  dans  les  camps  et  dans  lea 
citadelles  ;  mais  il  avait  pour  lui  de  dé- 
pouiller les  Grecs,  souveraineté  en  déca- 
dence, lointaine,  odieuse  à  cause  du  schis- 
me; il  avait  pour  lui  sa  supériorité  in- 
contestable et  avouée,  avec  l'épée  de  son 
jeune  frère  Roger,  l'Achille  de  cette  Iliade 
Scandinave,  comme  il  en  était  lui-même 
l'Agamemnon.  Ne  laissons  point  passer 
sans  l'observer  ce  trait  de  mœurs  si  re- 
marquable,   cette  déférence    constante 
pour  le  droit  d'ainesse  de  la  part  de  guer- 
riers si  braves  et  si  entreprenants,  pen- 
dant la  succession   de   ces   Hauteville^ 

(*)  Wi$e,  eo  vieil  allemand,  signifie  tagt,  et 
non  pas  mje'#  atgaificalioB  qa*on  allrib«e  coni* 
■MaéoMBt  an  wom  de  Gaiscard  oa  Wiscard. 


Gin 


(298) 


GDI 


GuiUaama  Bras-de-fer,  Drogon,  Ham- 
froi,  Guiscard,  Roger  ;  mtis  le  droit  d'aî- 
nesse était  constammeot  soutenu  par  une 
rare  valeur.  Les  Grecs  tenaient  encore 
presque  toutes  les  côtes ,  Bari ,  Brindes , 
Ourante,  Gallipoli,  Tarente,  Squillace, 
Reggio,  toute  rextrémilé  méridionale  de 
la  Péninsule.  Guiscard  comprit  qu'il  était 
nécessaire  d'appuyer  la  force  des  armes 
sur  une  puissance  morale,  et,  pour  cela, 
de  cesser  d'être  un  étranger  sur  la  terre 
d'Italie  et  de  faire  légitimer  sa  seigneurie 
de  fortune  par  la  grande  autorité  de  ces 
temps- là.  Les  prétextes  ne  lui  manquent 
pas  pour  répudier  la  Normande  Albé- 
ralde  (1068),  et  il  épouse  la  fille  du 
princedeSalerneetd'Amalfi ,  GaymarlV, 
précisément  l'héritier  de  ceux  auxqueb 
les  Normands  avaient  enleré  la  suzerai- 
neté de  la  Fouille.  La  Calabre  tout  en- 
tière tombe  sous  son  obéissance,  après 
la  prise  de  Reggio  et  de  Cosenza  (  1 060)  : 
alora  il  se  nomme  duc,  va  faire  hommage 
à  Nicolas  II,  qui  le  proclame  et  l'institue 
duc  de  Fouille,  de  Calabra  et  de  Sicile. 
Il  n'en  coûtait  rien  à  Nicolas  de  lui  don- 
ner ce  qui  appartenait  encore  aux  Grecs 
et  aux  Sarrazins;  mais  il  donnait  beau- 
coup à  Guiscard,  aidé  de  Roger,  capables 
l'un  et  l'antre  de  passer  en  Sicile  et  de 
prendre  des  villes  (Messine,  Falerme),  et 
d'exterminer,  non  pas  des  bataillons,  mais 
des  armées  nombreuses ,  avec  moins  de 
200  soldats.  Fendant  30  ans,  les  deux 
frères,  tantôt  séparés,  tantôt  réunis,  pas- 
sant d'Italieen  Sicile,  de  Sicile  en  Italie,  ne 
cessèrent  point  de  combattre  et  Grecs  et 
Sarrasins,  taillant  en  pièces  leurs  troupes, 
chassant  leurs  garnisons,  dispersant  leun 
flottes,  presque  toujours  un  contre  cent« 
Cependant  les  prospérités  de  Guis- 
card ne  furent  passans  cesse  exemptes  d'a- 
larmes :  Roger  leva  une  fois  l'étendard  de 
la  révolte  et  mit  son  suzerain  en  grand 
péril  (  lOOa  ).  Au  milieu  de  ces  épreu- 
ves ,  Guiscard  demeurait  intrépide ,   et 
même  quelquefois  la  sagesse  du  prince 
se   laissait  emporter  aux  élans    de  té- 
mérité de  l'aventurier  qui  se  réveillait 
tout  à  coup.  La  discorde  éclata  entre 
les  deux  frères  au  sujet  de  la  Calabre , 
dont  la    moitié    était   promise    à    Ro- 
ger ;  tandis  que  Guiscard  Tassiége  dans 
M^iio,  Gîarafe  prend  parti  pour  le 


belle  :   Guiscard  Tole  poor  cb 

mutins,  mais  on  lui  ferme  les  pc 

se  défend.  Impatient  d'une  atta* 

tile,  il  entre,  sous  un  dégaiseoM 

la  ville  où  il  cherchait  à  se  néi 

intelligences;  mais  il  est  reoon 

le  jette  dans  les  fera  ;  on  vent  le 

mort.  Roger,  à  cette  nouvelle,  i 

Gierace,  et  il  use  de  son  influena 

prit  des  habitants  pour  rendre  I 

à  son  frère.  Guiscard  lui  acconk 

juste  retour,  cette  moitié  de  la  ( 

laquelle  Roger  ne  tiendra  plus 

quand  il  sera  devenu  maître  au 

détroit.  Désormais  rien  ne  troabl 

par  laquelle  ils  étaient  invincîb 

1072,  Guiscard  eut  encore  à 

les  complots  de  plusieun  oom 

mands  et  lombards  qui  s'étaie 

avec  Abagilard,  son  neveu.  Sa 

autant  que  son  cdùrage,  désam 

nemis,  et  réduisit  à  la  fuite  et  en 

action,  dans  un  exil  obscur,  A 

le  plus  acharné  de  tous.  Il  en 

rivé  à  ce  point  de  grandeur  qu'î 

donner  à  son  frère  l'investiture 

cile  en  se  réservant  Messine  et 

intervenir  comme  arbitre  et  cof 

lecteur  du  peuple,  puis  comme  rt 

dans  les  démêlés  des  citoyens 

avec  leur  seigneur,  le  prince  dt 

et  braver  les  excommunications 

ble  Grégoire  VII,  qui  s'efTorçmi 

d'obtenir  de  lui  l'hommage  de 

de  l'arracher  du  siège  de  Bénévi 

Guiscard  régnait  sans  contestât» 

partage  sur  Tltalie  méridionale 

nait   médiatement  sur  la  Sîci 

fl077-80Wn  empereur d'Oriei 

Ducas,  lui  demandait  une  de  se 

mariage   pour  un    prince    im| 

ses  deux  autres  filles  entraient,  1 

la  maison  des  marquis  dn^te.  Ta 

celle  des  comtes  de  Barcelone,  j 

un  de  ces  changements  si  fréqv 

les  intérêts  et  les  relations  des  | 

se  déclarait  l'asile  et  le  rempart 

contre  l'empereur  d'Allemagne; 

seulement  s'étaient  écoulés  dep 

où  Conrad  avait  confirmé  Tii 

d'Aversa  au  premier  comte   i 

33  depuis  que  Drogon  avait 

mage  à  Henri  III  pour  quelque 

la  Fouille.   Guiscard  ef  GÎré| 


GDI 

B  ÎDCODcilimbles,  forent  tmenés 
ire,  Tan  par  la  peur  de  Tantî* 
iberf,  qae  soutenaient  les  Alle- 
Pantre  par  sa  politique  ambi* 
ni  se  trouvait  à  Tétroil  dans  les 
fan  duché.  Guîscard  fit  hom- 
pipe,  avec  promesse  d*un  tribut 
nien par  charrue;  Grégoire,  di- 
flattait  le  duc  de  le  couronner 
lUe.  Quelle  que  (et  cette  es- 
jGniscard  obtenait  dès  à  pré* 
eoofinnation  entière  de  tous  les 
kii  concédés  par  Nicolas  II  et 
icll,  et  même  de  ses  usurpations 
,  Saleme,  Amalfi  et  partie  de  la 
deFermo;  il  voyait  de  plus  dans 
aoce  une  caution  sacrée  pour  ses 
B  futures;  car  il  convoitait  plu- 
rovioces  de  Teropire  d^Orient, 
ait?  peut-être  l'empire  même,  à 
'  des  déchirements  et  des  scan- 
la  cour  de  Constantinople.  Un 
r  qui  se  donnait  pour  Michel, 
]r  détrôné,  fut  reçu  par  lui  avec 
ipressement  et  d*éclat  pour  qu^on 
DODit  pas  qu'il  l'avait  lui-même 
part  k  la  tête  d'un  puissant  ar- 
déclarant  son  fils  Roger  prince 
e  et  de  Calabre  et  son  héritier; 
cl,néd*Alberade,  l'accompagne 
i  expédition,  où  il  se  knontrera 
commander  sous  lui  et  pour 
n  absence.  Corfou ,  Butronto 
!y  passent  en  son  pouvoir;  il 
ge  devant  Durazzo,  et  Alexis 
,  dans  l'espace  de  deux  ans,  est 
Toîs  grandes  batailles,  d'abord 
snsuite  par  Bohémond,  tandis 
urne  en  Italie  pour  dompter  et 
rebelles  (108I-8S).  Mais  les 
tresse  de  Grégoire  VU  l'appel- 
ne  (  1084):  l'Empereur  y  tenait 
ssiégé  dans  le  chiteau  Saint- 
dcien  vassal  des  Césars  annonce 
V  qu*n  marche  au  secours  du 
is  jours  avant  qu'il  parût,  les 
i  s'étaient  retirés.  L'auteur  con- 
fait  remarquer  que,  presque 
ême  jour,  l'empereur  d'Occi- 
mis  en  fuite  par  le  père  et 
r  d'Orient  taillé  en  pièces  par 
is  les  libérateurs  du  pontife, 
mnemb  par  le  peuple,  se  con- 
I  «Qoeais  :  Rome  est  incendiée 


(  299  )  GUI 

depuis  le  palab  de  Latran  jusqu*au  ch4<* 
teau  Saint- Ange,  et  la  population  livrée 
aux  horreurs  du  massacre  et  du  pillage. 
Grégoire,  pour  se  dérober  à  la  vengeance 
des  Romains,  suit  ses  terribles  auxiliaires, 
qui  l'emmènent,  avec  leur  immense  bu- 
tin et  une  multitude  de  citoyens  réduits 
en  esclavage,  d'abord  au  mont  Cassin, 
puis  à  Saleme,  où  il  meurt  moins  d'une 
année  après  (1085).  L'exilé  précéda  de 
peu  de  mois  le  vainqueur.  Guîscard  avait 
traversé  de  nouveau  l'Adriatif]ue  avec 
des  forces  imposantes;  il  avait  battu  les 
flottes  combinées  des  Vénitiens  et  des 
Grecs,  et  il  envahissait  l'ile  de  Céphalo- 
nie,  lorsqu'une  maladie  mit  fin  subitement 
à  ses  vastes  projets  (17  juillet  1085). 
Telle  était  la  croyance  et  la  foi  des  sol- 
dats en  son  génie,  qu'au  premier  bruit  de 
sa  mort  l'armée  se  rembarqua  en  tumulte  ; 
il  y  eut  on  sauve-qui-peut  instantané, 
comme  si  les  armes  et  le  cœur  leur  man- 
quaientavecGuiscard.  Cependant  le  corps 
de  ce  puissant  maître  faillit  être  privé  de 
sépulture  :  le  vaisseau  qui  le  portait  fit  nau- 
frage sur  les  côtes  de  la  Fouille;  il  fut  re- 
trouvé à  grande  peine  et  inhumé  à  Ve- 
nouse.  Guiscard  laissait  deux  fils  :  il  avait 
préféré  le  jeune  Roger,  né  de  son  mariage 
italien  et  princier,  à  Bohémond  {vojr.)j 
l'atné,  le  plus  brave,  mais  fils  du  simple 
gentilhomme  normand;  et  Roger  lui  suc- 
céda dans  le  duché  de  Fouille  ^t  de  Cala- 
bre, ainsi  qu'il  l'avait  ordonné.  -—  Il  faut 
lire,  au  sujet  des  faits  rappelés  dans  cette 
notice ,  VYstoire  de  it  Normant  avec  ia 
Chronique  de  Robert  Fiscarty  1  vol. 
in-8<>,  publication  très  intéressante  de 
M.  Champollion-Figeac.  N-t. 

GUISCHARDT  (Charles-Théophi- 
le), né  à  Magdebourgy  en  1724  ou  1725, 
d'une  famille  française  réfugiée,  avait  d'a- 
bord été  destiné  au  ministère  évangélique 
et  il  prêcha  même  dans  les  temples  luthé- 
riens ;  mais  manquant  de  fortune ,  il  fut 
réduit  à  corriger  les  épreuves  de  livres 
anciens  pour  des  libraires  de  la  Hollande 
où  il  s'était  rendu.  Après  la  publication 
d'un  petit  poème  latin,  il  embrassa  l'état 
militaire  et  devint  porte  -  drapeau  dans 
un  régiment  d'infanterie  hollandaise.  La 
paix  d'Aix-la-Chapelle  amena  des  ré- 
formes qui  lui  firent  perdre  cet  emploi. 
Dans  ses  loisirs ,  il  publia  ses  Mémoires 


GUI 


(SOO) 


GUI 


militaires  sur  les  Grecs  et  les  Romains 
(La  Haye,   1758,   2   tom.  en    1   vol. 
iii-4°;  puis  Lyon,  1768,  in-4^  et  2  vol. 
in-8<*),  qui  firent  assez  de  bruil  pour 
être  remarqués  du  grand  Frédéric ,  alors 
en  Silésie.  Avant  fait  venir  Tauteur  à 
Breslau,  le  roi  lui  demanda  quel  avait 
été  le  meilleur  aide-dc-camp  de  César? 
Guiacbardt  répondit  que  c^élait  Quin- 
tus  Icilius.  —  «  Eh  bien  !  reprit  Fré- 
déric, vous  serez  mon  Quintus  Icilius.» 
Guischardt  fit  la  guerre  en  Saxe  à  la  tête 
d'uu  bataillon  franc  prussien  ,  se  livrant 
au  pillage  et  à  d^horribles  exactions.  Ce 
bataillon  avant  été  réformé  en  1763,  le 
roi  de  Prusse  retint  auprès  de  lui,  avec  le 
grade  de  colonel,  son  meilleur  aide^de^ 
campy  qui  lui  dédia  son  ouvrage  intitulé 
Mémoires  critiques  et  historiques  sur 
plusieurs  points   tl'antiquité  militaire 
(Berlin,  1773,  2  vol.  în-4»;  Paris,  1773, 
et  Strasb.,  1774,  4  vol.  in-S»).  Cet  ou- 
vrage très  instructif,  et  qui  se  place  k  côté 
de  celui  du  chevalier  Folard (voy.)  ,  fut 
vivement  attaqué;  Ton  prétendit  même 
que  Tauteur  avait  dénaturé  les  textes  aussi 
bien  que  Folard,  qu^il  en  accusait.  Gui- 
schardt mourut  à  Berlin  le  15  mai  1 775; 
malgré  ses  rapines,  il  ne  laissa  à  ses  en- 
fiints  qu*un  bon  choix  de  livres,  que  le 
roi  acheta,  pour  la  bibliothèque  publique 
de  Berlin,  environ  30,000  fr.    L.  L-T. 

GUISE  (ducs  UF.].  Cette  illustre  mai* 
son  française,  branche  de  celle  de  Lor- 
raine (voy,\  a  tiré  .nou  nom  de  la  petite 
ville  de  Guise  (Ai<nc^,  située  sur  TOise, 
et  qui,  après  avoir  longtemps  formé  uu 
comté,  devint  le  siège  d*un  duché-pairie 
érigé.  Tan  1528,  par  François  1*%  en  fa- 
veur de  Claude  de  lorraine,  dont  il  va 
être  question.  I^  père  de  ce  prince,  Re- 
né II,  duc  de  Lorraine,  avait  fait  (1506) 
un  testament  par  lequel  il  laissait  sa  suc- 
cession à  son  fils  atné,  Antoine  :  Claude, 
cinquième  fils  de  René,  ne  voulut  pas 
d'abord  5c  soumettre  à  une  disposition 
qui  sacrifiait  à  Tun  de  ses  frères  les  droits 
de  tous  les  autres;  mais  à  la  fin  il  v  adhé- 
ra  et  reçut  le  comté  de  Guise,  Ir  comté 
d*Aumale,  les  baronnifs  de  Joinville  et 
d*Ëll>euf,  M>us  la  réserve  du  droit  de  sou- 
veraineté, d*hommage  et  de  ressort  qu'il 
devrait  au  duc  de  Lorraine  et  de  Bar. 
Ciaode  alla  s'éublir  en  France,  el  réunit 


bientôt  à  tous  ses  titres  orax  èm 
veneur ,  de  marquis  de  Mayenna,  é 
gouverneur  de  la  Champagne,  de  H 
et  de  Bourgogne.  Il  fut  le  chef  de  ci|| 
maison  de  Guise  que  taut  de  graa^ig 
et  de  gloire  attendait  sous  set  dcmm 
dants.  foy.  Eu.  £ 

Claude  oELoaaAiirK,l*''ducdc( 

naquit  en  1490  et  porta  d'abord 

de  duc  d'Aumale.  Par  sa  valeuret  la  I 

part  qu*il  eut  dans  les  guerres  de  i|| 

temps,  il  commença  la  renommée  du| 

maison.  A  Marignan,  où  il  commaadil 

les  lansquenets ,  y  tenant  à  Tàge  de  ■ 

ans   la    place   de  son    oncle  le   duc  m 

Gueldre  {voy*\  il  se  comporta  avec  «■ 

bravoure    éclatante,    et  resta    umsj^ 

sous  un  monceau  de  morts.  Un  écifV 

Ten  retira  à  grande  peine,  couvert 4| 

vingt-deux  blessures  dont  il  fut  loM 

temps  à  guérir.  A  quelques  années  da^ 

Antoine,  duc  de  Lorraine,  son  irèreali| 

rappela  à  son  aide  contre  les  bandes  4 

paysans    qui  s'étaient  soulevés    sur  li 

deux  rives  du  Rhin,  exaltés  par  les  doOf 

Urines  de  la  réforme  dont  ils  exagéraNHf 

le  principe  et  portaient  à  Textrêoie  lu 

conséquences.   \jt  duc  de  Gubc  o} 

à  cette  Jacquerie  religieuse  une  rej 

sion  toute  léodale  :  il  tailla  en  pièces 

malheureux,  avec  Taide  dequelques 

pes,en  divers  lieux  de  TAlsace;  et  la  jaa* 

tice  prompte  et  rigoureuse  qu'il  en  II 

arrêta  d'autres  bandes  insurgées  qui  ■ 

disposaient  à  passer  le  Rhin  (1525).  Gl 

premier  service  rendu  à  la  cause  catlM* 

lique,  d(*s  la  première  collision  amciii 

par  la  réforme,   lut  comme  un  gage  dt 

cette  alliance  que  TÉglise  romaine 

contracter  avec  sa  maison. 

Le  duc  de  Guise  commandait 
lieutenant  général,  dans  la  campagne  dl 
1542,  le  corps  d'armée  chargé  d*occnp« 
le  Luxembourg.  Les  premières opératioH 
eurent  uu  plein  succès  :  le  duché  fat 
conquis  en  quelques  semaines,  et  perdi 
presque  aussitôt  |tar  la  fougue  incomidé* 
n*e  du  duc  d'Orléans,  fils  du  mi.  Le  dae 
lie  Guise,  dont  rexp<Tience  rt  les  wci 
n'avaient  pan  prévalu,  défendit  pieil  à  pied 
les  places  fortes  que  les  troupes  françaisai 
désorganisées  étaient  impuissantes  à  con- 
server; il  en  reprit  quelques*anes ,  d 
contribua.  Tannée  snivanle,  à 


GCI 


(SOI) 


GtJl 


^  lapcMU  déjà  Bftitrei  d*iiiM  ptrUe 
éÊ  b  France. 

Ckade  de  Lomioe  mourat  à  JoiovîUe 
«  lUO.  U  avait  épousé,  en  1518,  An- 
de  Bouriwn,  qui  loi  donna  plu- 
enfants  ;  les  plus  célèbres  sont  : 
Frinqoii,  qui  devint  duc  de  Guise  après 
hi [wor, ci-aprcsj;  Chables,  cardinal  de 
i,  Louis  de  Lorraine,  cardinal 


Fba2içoi5  DELoaaAiiCE,  2*  duc  de  Gui- 
■^ibdn  précédent,  naquit  en  1519. 
Llnvaaion  que  tenta  Charles-Quint 
Fcrt  de  la  France,  en  1542,  fournit 
duc  d*Aumale  (c*est  le  titre  que 
François  de  Lorraine  du  vivant 
et  mm  père)  Toccasion  de  déployer  une 
«inr,  ane  intelli|;ence  militaires  qui  fi- 
wm  de  lui,  dès  Tâge  de  2 1  ans,  Tun 
dn  hcfOft  de  cette  pierre  nationale.  11 
flÉBaindait   la  garnison  de  Steuay,  et 
initiait  par  des  sorties  vigoureuses  Tar- 
■■  iapériale,  dont  il  enlevait  les  con- 
«HL 11  se  fit,  dans  ces  rencontres,  une  ré- 
si  prompte  d^habilelé  et  de  va- 
que, Charles-Quint  ayant  envahi 
éiBaaveau  le  territoire,  en  1552,  ce  fut 
îFraoçob  de  Lorraine,  alors  devenu  duc 
éeOn^,  qu*échut  le  premier  rôle  dans 
■tional.  Il  fut  chargé  de  la  dé- 
de  Metz,  la  plus  forte   place  et  le 
twkiard  du  rovaume.  I<e  duc  de  Guise 

m 

4tploya,  dans  ce  poste,  des  moyens  de  dé- 
fcûe  nouveaux,  des  inventions  de  Part , 
4i  rcMOurces  de  génie  militaire  jusqu^a- 
hffs  Inconnues  dans  la  pratique  des  sié- 
fB.  Il  en  avait  comme  pressenti  et  de- 
îiné  la  science  avant  le  temps.  «Tout  ce 
^  la  prévoyance,  Factiviié,  la  vigilance 
àm  com mandement,   dit   un   historien, 
riatrépidilé  et  la  conGance  de  ceux  qui 
isaent,  tout  ce  que  Fart  peut  inven- 
ter «le  stratagèmes  et   de  ralBnements 
pour  la  défense  d^une  place,  pour  dis- 
puter le  terrain  aux  ennemis,  pour  re- 
larder lears  approches,  les  tenir  toujours 
en  alerte,  font  de  la  défense  de  Metz  Pun 
des  grands  laits  d*armesdu  xvi"  siècle.  » 
L*Einpereur avait  réuni  plus  de  cent  mille 
hommes  au  pied  de  cette  forteresse;  il 
s'en  éloigna  au  bout  de  deux  mois  de 
fîége  qui  lui  avaient  coûté  un  tiers  de 
son  armée.  La  gloire  militaire  du  duc  de 
Guîie  fut  encore  relevée  par  tout  ce  qu'il 


apporta  d'humanité  dans  cette  guerre,  et 
de  générosité  chevaleresque,  même  à  Té* 
gard  des  ennemis;  il  prit  soin  de  leurs 
blessés  comme  de  ses  propres  soldats. 
Brantôme  rapporte  qu'il  répondit  à  un 
officier  espagnol  qui  réclamait  un  jeune 
esclave  échappé  de  sa  tente  et  réfugié  dans 
Metz,  que  tout  homme  de\'enait  libre  en 
mettant  le  pied  sur  la  terre  de  France. 
Le  combat  de  Renti  fut,  peu  de  temps 
après,  pour  le  princelorrain  une  nouvelle 
occasion  de  montrer  que  son  intrépidité 
était  au  niveau  de  sa  prudence  et  de  ses 
talents.  11  répara,  à  la  tête  de  sa  cavale- 
rie, un  échec  que  les  Français  venaient 
d'essuyer,  et  fixa  la  victoire  par  unechar^ 
ge  impétueuse  où  il  passa  sur  le  ventre 
auxreitres  et  aux  lansquenets  impériaux. 
Le  duc  de  Guise  devint  bientôt  l'idole 
du  peuple  et  des  armées.  La  sérénité  de 
ses  traits,  la  bonne  grâce  de  son  main- 
tien, ses  habitudes  de  courtoisie  ajoutées 
à  des  qualités  héroïques  achevèrent  sa 
popularité.  Les  Montmorency  (vox-)  pri- 
rent ombrage  de  cette  grande  et  rapide 
fortune,  et  réussirent  à  éloigner  le  duc  de 
Guise.  Il  eut  le  commandement  d'une 
armée  envoyée  en  Italie  pour  tenter  en- 
core une  fois  la  conquête  de  Na pies (  1 557); 
mab  tandis  qu'il  sVn fonçait ,  avec  une 
poignée  de  soldats,  dans  cette  désastreuse 
Italie,    au    milieu    d'alliés  perfides   et 
d^ennemis  qui  pouvaient    lui  barrer  le 
passage  au   retour,  la  France  souffrait 
cruellement  de  son  absence.  La  maison 
d'Autriche  en  avait  profité  pour  tenter 
une  invasion  nouvelle,  et  la  perte  de  la 
bataille  de  Saint-Quentin  {vojr.)  mettait 
l'ennemi  au  cœur  du  rovaume.  Le  duc  de 
Guise  fut  rappelé:  il  accourut,  ramenant, 
pour  la  première  fois,  une  armée  intacte 
(le  cette  Italie  qu*on  nommait  alors   le 
tombeau  des  Francab.  11  avait  poursuivi 
vainement  le  duc  d\'Vlbe,  sans  pouvoir 
lui  faire  accepter  la  bataille.  Guise  sem- 
blait ramener  avec  lui  b  fortune  de  la 
France  ;  il  fut  investi  d'une  sorte  de  dic- 
tature militaire,  sous  le  nom  de  lieute- 
nant général  des  armées.  LVnnemi  rega- 
gna la  frontière  à  son  approche,  et  Guise, 
au  lieu  de  marcher  à  la  poursuite  des 
Kspagnols,se  porta  tout  à  coup  sur  Calais 
;  V(jy,  ce  mot .  Après  huit  jours  d^un  siège 
entrepris  au  cœur  de  Thiver,  au  milieu 


Gt» 


(lOJ) 


GtX 


dt  BMuratt  inondés,  il  emporta  Mtto  pbco 
que  l'Aogleterre  ft¥ak  fortifiée  depuis 
deux  siècles  qu'elle  en  était  maitresse,  et 
qu'on  jugeait  imprenable.  Guines,  Ham 
tombèrent  rapidement  en  son  pouvoir, 
et  les  Anglais  furent  chassés  du  territoire 
français.  Tbionville  fut  conquis  sur  les 
Espagnols;  le  duc  faillit  y  périr  :  le  ma- 
réchal Strozzi  y  fut  tué  pendant  que  le 
prince  s'appuyait  sur  son  épaule.  La 
guerre  avait  porté  si  haut  le  nom  de  Guise 
que  la  cour  s'alarma  de  tant  de  gloire  ;  la 
peur  et  l'envie  conseillèrent  la  paix  :  le 
honteux  traité  de  Cateau  -  Cambrésis 
(vojr.)  mit  fin  à  ses  conquêtes. 

Cependant  le  crédit  des  princes  de 
Lorraine  fut  relevé  par  d'autres  événe- 
ments. Leur  nièce,  la  jeune  reine  d'E- 
cosse Marie  {vof,)y  épousa  le  Dauphin, 
et  bientôt  la  mort  du  roi  Henri  11  la  fit 
monter  sur  le  trône.  Dès  lors ,  rien  ne  fit 
plus  obsUde  à  l'élévalion  de  cette  fa- 
mille, qu'entourait  tant  de  popularité. 

La  maL»on  de  Lorraine  travaillait  à 
réunir  depuis  longtemps ,  comme  par  le 
pressentiment  de  ses  grandes  destinées , 
les  moyens  d'influence  les  plus  décisifs 
alors ,  la  gloire  militaire  et  Tautorité  des 
hautes  dignités  de  TËglise.  Le  héros  de 
Metz  et  de  Calais  avait  près  de  lui ,  dans 
le  cardinal  de  Lorraine  (Charles  de  Guise), 
son  frère,  un  auxiliaire  puissant.  Les 
deux  frères  concentrèrent  le  gouverne- 
ment entier  dans  leurs  mains.  Ils  usè- 
rent du  pouvoir  avec  excès,  on  peut  le 
dire,  et  y  portèrent  un  faste  et  une  hau- 
teur que  la  politique  pourrait  condam- 
ner. Telle  était ,  au  dire  des  contempo- 
rains ,  la  superbe  de  ces  princes  vis-à-vis 
de  Ions  les  grands,  que  le  duc  de  Guise 
recevait  assis  et  couvert  Antoine ,  roi  de 
Navarre,  qui  se  tenait  debout  et  tète  nue, 
et  que  le  connétable  de  Montmorency 
ie  traitait  de  monseigneur,  tandis  que  lui 
n'appelait  le  connétable  que  monsieur. 
Ce  de%poti»me  et  ces  hauteurs  provoquè- 
rent une  tentative,  la  conjuration  d'Am- 
boise  {voy,  ),  qui  échoua  devant  leurs 
prévisions  et  la  solidité  de  leur  pouvoir, 
ils  semblaient  décidés  à  frapper  juM|u'aux 
princes  du  sang  compromis  dans  cette 
conjuration,  quand  un  événement  im- 
prévu bouleversa  leurs  plans  et  interron« 
ml  laur  fbrtwM* 


Le  jeune  roi  via!  à  moi 
Guise,  plus  violemment  attaq 
rèrenL  Mab  les  intérêts  s 
rent  en  leur  absence,  ei  le  d 
bientôt  par  Antoine,  roi  de  ? 
venu  lieutenant  général  du  ro; 
rata,  chemin  faisant,  à  Vaasy 
pagne,  dans  rinteution  d'y  < 
messe.  Sa  suite,  durant  l'offio 
querelle  avec  les  huguenots 
un  prêche  voisin  :  le  duc  se  pi 
faire  cesser  le  bruit;  mais  i 
pierre  qu'il  reçut  au  visage  m 
mes  d'armes  en  fureur,  et  ce  I 
d'une  cruelle  boucherie.  Le  < 
Brantôme,  s'est  souvent  en  : 
défendu  de  l'avoir  ou  provoq 
méditée.  Le  massacre  de  Va 
on  sait,  fit  éclater  la  guerre,  < 
dait  plus  qu'un  signal. 

Le  duc  de  Guise  y  porta  » 
et  sa  supériorité  accoutumées 
emporté  d'assaut  en  quatre  joi 
et  Guise  faillit  y  périr  sous  I 
d'un  fanatique  protestant.  L 
repris  dans  la  guerre  sa  génc 
clémence.  Il  fit  grâce  à  son  n 
lui  tenant  ce  discours,  suivant 
contemporaio:«*  Je  veux  vous  m 
bien  la  religion  que  je  tiens  es 
que  celle  de  quoi  voo»  faites  pr 
vostre  vous  a  conseillé  de  ni« 
m'ouîr,  n'ayant  reçu  de  moi 
fense,  et  la  mienne  comma 
vous  pardonne,  tout  convainc 
estes  de  m'avoir  voulu  tuer  sa 
Bientôt  les  deux  armées  en 
campagne  et  se  rencontrèren 
Les  réformés  se  crurent  vict 
bord  :  le  connétable  était  prî 
maréchal  de  Saint- André  vei 
rir,  quand  le  duc  de  Guise  ao 
quelques  troupes  d'arrière-gi 
tablit  le  combat.  L'n  des  cheù 
dit  en  le  voyant  paraître:  « 
queue  que  nous  aurons  de 
ècorcher.  »  Après  un  choc  saa 
niée  protestante  fit  retraite. 
Gui»e  avait  déclaré  d'abord  <|i 
battrait  que  comme  capitaine 
darmes  ;  car ,  ainsi  que  Ta  n 
président  liénault,  «  Françoi 
général  de  plusieurs  armées  e 
lieutenant  §énénd  du  m^m 


Gtl 

NÎI  le  toeuPMidanent  nir  le 
lie  ■ême),  n*aTait  cTautre  grade 
(  qw  odai  de  capitaine  de  gen- 
,  et  était  obligé  d^obéir  lui- 
m  maréchanx-de-camp.  Il  est 
penonne  n'entreprit  jamais  de 
Mrdes  ordres,  et  quMI  fut  tou- 
ariioû  dire  le  général  de  ses  gé- 
i.Le  prioœ  de  Condé,  resté  pri- 
k  Dreux ,  trouva  dans  le  duc  de 
ienoios  généreux  et  des  témoi- 
di'oDe  confiance  rraiment  héroî- 
■M  partagea  son  lit  avec  son  pri* 
et  dormit  d*un  sommeil  profond, 
tks  tuteurs  de  mémoires,  tandis 
compagnon  ne  put  fermer  l'œil, 
■é  pour  la  troisième  fois  lieute-> 
léral  du  royaume  l'année  d'après, 
k  mettre  le  siège  devant  Orléans, 
noir  à  bout  aisément  des  forces 
itcs  ([uand  il  aurait  détruit  leur 
t  leur  boulevard.  «  Le  terrier 
s  ou  les  renards  se  retirent,  di- 
m  les  conrroit  à  force  par  toute 
e.  >  Mais  là  il  ne  put  éviter  le 
a  second  meurtrier.  Un  gentil - 
protestant,  poussé  par  un  dé- 
t  fanatique  aux  intérêts  de  son 
itteignit  par-derrière  d*un  coup 
[net,  comme  il  retournait  sur  le 
B  quartier.  Il  mourut  au  mois 
*  1563,  à  l'âge  de  44  ans. 
m  admettre,  comme  le  veut 
(,  que  François  de  Gnise  n'ait 
rticipé  aux  projets  ambitieux 
Deux  de  sa  maison  ont  nourris? 
tés  chevaleresques  dont  il  eut 
l'apparence,  sa  loyauté,  le  dés- 
lent  dont  il  a  fait  preuve  en  tant 
m,  peuvent  autoriser  le  doute 


ae  fbst  saisi  de  la  personne  du 
le  vieil  auteur  que  nous  venons 
er,  et  eussions  vu,  possible,  la 
lus  heureuse  qu'elle  n'a  été  et 
SBt.  Ainsi  que  j'en  ai  vu  plusieurs 
I  et  depuis  alors  force  grands 
,  grands  capitaines  et  personnes 
et  qualités,  mesme  monsieur  le 
ton  frère,  l'y  poussoient  fort; 
f  voulut  jamais  entendre,  disant 
Ml  de  Dieu  ni  de  raison  d'u-  i 

droit  el  l'authorité  d'autmy.  ; 
itisl  pour  choM  dt  telle  im*  j 


(  SOS  )  AUt 

portance  cela  se  pouvoit  faire  assuré- 
ment. Ainsi  étoit  trop  consciencieux  ce 
coup-là  ce  bon  et  brave  prince.  » 

François  de  Guise  était  de  haute  taille, 
avait  les  yeux  grands,  le  teint  olivâtre, 
la  barbe  et  les  cheveux  ras  et  châtains. 
Il  portait  près  de  l'œil  la  cicatrice  d'un 
coup  de  lance  qu'il  avait  reçu  au  siège 
de  Boulogne,  en  lô4ô. 

François  de  Guise  n'essuya  jamais  de 
défaite.  L'histoire  militaire  de  la  France 
n'a  pas  un  nom  à  inscrire  plus  haut  que 
le  sien,  un  nom  qui  rappelle  plus  de  ta- 
lents, plus  de  qualités  héroïques  et  de 
plus  grands  services  nationaux. 

Henri  de  Lorraine,  3*  duc  de  Guise, 
fils  aine  de  François,  naquit  le  31  dé- 
cembre 1650,  et  fut  élevé  à  la  cour  de 
Henri  II  sous  le  nom  de  prince  de  Join- 
ville.  Sa  vie  continue  dignement  ces  tra- 
ditions de  puissance  et  de  gloire  ■  qui 
semblaient  attachées  désormais  à  la  for- 
tune de  sa  maison.  A  douze  ans ,  il  ser- 
vait au  siège  d^Orléans  sous  les  ordres  de 
son  père  ;  à  seize,  il  allait  combattre  en 
Hongrie  contre  les  Turcs.  Mais  des  faits 
d'armes  plus  éclatants,  à  Jarnac,  à  Mon- 
contour,  à  la  rencontre  de  Dormans,  où 
il  reçut  le  coup  de  feu  qui  lui  valut  le 
surnom  de  Balafré,  et  surtout  la  défense 
de  Poitiers,  dont  il  força  Colijgny  de  lever 
le  siège,  le  signalèrent  à  l'admiration  des 
catholiques,  dont  il  était  déjà  le  chef  et 
représentant  par  droit  héréditaire.  Henri 
de  Guise  toutefois  n'avait  pas  les  qualités 
héroïques  de  son  père,  sa  grandeur  d^àme 
et  la  libéralité  de  son  génie.  L'ambition 
politique  plus  que  tout  autre  mobile  di> 
rigeait  sa  conduite.  Plus  d'orgueil  que  de 
grandeur  morale,  plus  de  présomption 
que  de  génie,  plus  de  mépris  pour  le  roi 
que  d'ardeur  pour  la  royauté,  c'est  là,  dans 
ses  traits  les  plus  marqués,  le  caractère 


du  duc  Henri  de  Guise.  Du  reste,  il 
réunissait,  au  même  degré  que  son  père, 
tous  les  dons  naturels  qui  assurent  à  un 
chef  de  parti  le  zèle,  la  faveur  du  peuple 
et  le  dévouement  de  ses  amitiés  turbu- 
lentes. Il  savait  l'art  d'imposer  et  de  sé- 
duire. Une  taille  haute,  une  figure  régu- 
lière et  douce .  un  air  de  franchise  qui 
entraînait  la  confiance  et  persuadait  d'a-« 
bord,  une  générosité  fastueuse,  nous  ex«« 
plic|U90t  Tenthoosiasme  de  an  partinna. 


GUI 


(804) 


Gin 


ou  plnt6t  de  la  Franœ,  JoUe  de  im, 
suivaDt  rezpretaioii  d*un  écrivain  de  ce 
temps. 

Dès  le  règne  de  Charles  IX9  il  avait 
marqué  ses  hautes  préteotions  eo  aspi- 
rant à  la  main  de  Marguerite  de  Valois 
(vay.)  f  qui  fut  mariée  depuis  au  roi  de 
Kavarre;  mais  elles  faillirent  lui  coûter  la 
rie.  Charles  IX  eut  un  instant  Tidée  de  le 
faire  périr.  Ce  prince,  par  bonheur,  n^a- 
▼ait  pas  de  longues  colères,  et  le  jour  de 
la  Saint-Barthélémy  (vojr.)  il  retrouva 
dans  le  duc  de  Guise  un  trop  fidèle  in- 
strument de  ses  capricieuses  fureurs.  L'a- 
miral de  Coligny  était  resté  chargé  dans 
Topinion  des  catholiques  du  soupçon  d'a- 
voir provoqué  Fassassinat  de  François  de 
Guise.  Le  Balafré  épia  longtemps  Tocca- 
aion  de  frapper  Famiral  ;  mais  cette  ven- 
geance une  fois  satisfaite,  il  eut  peu  de 
part,  comme  on  Ta  reconnu,  aux  autres 
meurtres  de  cette  journée  néfaste.  Les 
rois  de  France  redoutaient  la  popula- 
rité des  princes  lorrains ,  et  s'efforçaient 
de  se  mettre  en  garde  contre  les  entre- 
prises de  leur  ambition,  qui  se  montrait 
de  jour  en  jour  plus  activé  et  plus  mena- 
çante. Les  courtisans  obéirent  aux  secrets 
sentiments  du  roi,  et  les  vexations,  les 
insultes,  les  quolibets  railleurs  éloignè- 
rent de  la  cour  le  duc  de  Guise,  qui  cher- 
cha sa  foix;e  dans  le  peuple  et  le  clergé. 
Le  roi  avait  dédaigné  son  alliance  ou  son 
amitié  protectrice  :  il  se  créa  un  parti,  pré- 
cisa mieux  sa  propre  cause  et  se  posa  enfin 
en  ennemi.  La  mort  du  duc  d'Anjou,  qui 
déléguait  l'hérédité  du  trône  au  roi  pro- 
testant  Henri   de  Navarre,  fournit  un 
prétexte  à  ses  manœuvres,   qu'il  cacha 
sous  le  couvert  d'intérêts  religieux,  me- 
nacés, dtsait-on,  par  le  futur  avènement 
d'un  prince  calviniste  à  la  couronne  de 
France.  Il  s'agissait  au  fond  de  déposer 
Henri  UI  et  de  se  faire  porter  au  trène 
par  les  passions  religieuses.  La  Ligue 
{vojr,)  ou  sainte  Union  devint  un  cen- 
tre d'opérations  dont  Guise  fut  le  chef 
et  l'âme.  Il  s'affilia  dans  toutes  les  provin- 
ces des  agents  fidèles,  esprits  fanatiques  et 
influents  qui  reçurent  |K>ur  mission  de 
prêcher  la  révolte  contre  l'autorité  royale. 
A  Paris,  des  prédicateurs  et  des  écrivains 
à  ses  gages,  la  Sorbonne  et  le  Parlement 
travaillaient  selon  ses  vwux  en  soulevant 


la  haine  et  le  Mépris  dn  pe 
Henri  El.  La  Sorbonne  dée 
un  arrêt  solennel,  qu'il  était  | 
ter  le  gouvernement  à  un  prii 
comme  on  6te  Padmimisimti^ 
teur  qu'on  tient  pour  suspec, 
eût  rempli  le  seul  but  qu'en 
les  Guise,  la  révolution  se  ser 
un  changement  de  race  et  d 
mais  ses  conséquences  allèn 
On  peut  dire  qu'elle  a  sanvi 
la  suprématie  de  k  religion 
qui  eût  fléchi  et  succombé  ns 
sous  l'influence  prépondérai 
calviniste.  Tout  contribuait 
ment  à  la  fortune  de  Guise.  T 
comité  des  Seize  manoeuvrait 
duc  repoussait  les  Allemands 
pénétré  dans  le  royaume  et  « 
joindre  à  l'armée  de  Henri  d 
Les  Seize  l'appelaient  à  Pari 
complot  s'y  était  organisé,  et  I 
dait  que  sa  présence  pour  « 
le  roi,  qui  devait  être  con£ 
couvent,  selon  les  traditions 
mérovingienne.  Mais  Henri 
struit  des  secrets  de  TUnioi 
au  Balafré  défense  d'apprc 
capitale.  L'ordre  est  mal  de 
exécuté,  et  Guise,  bravant  1 
parait  aux  portes  de  Paris, 
fut  un  triomphe  ;  le  peuple 
Guise!  vive  le  pilier  de  CÉ^ 
ses  habits  et  lui  faisait  touci 
pelets  comme  à  un  saint,  liée 
au  Louvre,  pendant  ce  tem| 
mit  assassiner;  mais  il  n'osa, 
tre,  conduit  par  la  reine-n 
cabinet  du  roi,  qui  lui  repn 
enfreint  ses  ordres  :  Guise  Ix 
ques  excuses  et  se  retira  préc 

Mais  les  passions  dont  le 
animé  éclatèrent  à  quelques 
Les  troupes  royales  se  vire 
et  forcées  jusqu*aux  guicheli 
on  dépava  les  rues,  on  y  tend 
au  cri  de  Vive  le  duc  de  G 
beau  crier  :  «  Mes  amis,  c*esl 
«  Vive  le  roi!  »  Henri  UI, 
temps,  montait  à  cheval  el 
Chartres,  roj,  BABaicxon 

Guise,  dans  cette  jounM 
porta  en  fanfaron  plus  qt 
parti^  il  fit  un  coop  de  têf« 


GDI 


(  30£  ) 


GUI 


Bt  iléôsif  de  sa  loHaiie.  Après 
Bt  osé,  ce  nVuît  plus  Theure  de 
batkn  et  des  scrupales;  la  cou- 
liit  à  loi,  l'il  a^ait  eu  Taudaoe  de 
are.  Sixte-Qninty  en  apprenant 
nt  entré  à  Paris  contre  Tordre  da 
fil  :  «  Oh!  rimpmdent!  »  puis , 
Bite  joarnée  des  Barricades,  il  dit  : 
t  panure  homme  !  »  La  querelle 
s  deux  rivanz  derait  se  dénouer 
H  de  Blois  (vof.).  Le  plan  du 
éliit  de  sW  faire  nommer  conné- 
v  le  concoors  des  trois  ordres, 
I  dépatéSy  pour  la  plupart,  étaient 
kacanse;  maître  alors  de  toutes 
■  dn  royaume,  il  eût  aisément 
■é  a  grande  entreprise;  mais 
pBiaéà  bout,  avait  cette  fois  bien 
i  Bort.  Guise  en  receraît  de  tou- 
ti  des  aris  secrets;  mais  il  se  fia 
k  iaiblesse  de  son  ennemi  :  «  Il 
!iit,  dit-il;  il  est  trop  poltron, 
cor^ajoutait^il,  mes  affaires  sont 
la  ea  de  tels  termes  que,  quand 
nii  la  mort  entrer  par  la  fenêtre, 
voodrais  pas  sortir  par  la  porte 
U  lîur.  »  Cependant  le  cardinal 
M,  ton  frère,  le  pressait  de  s*é* 
:  «  5oD,  non,  dit-il  ;  les  États  ces- 
tat  de  me  servir  s^ils  voyaient  en 
a  sentiment  de  crainte.  »  La  veille 
èaaent.  Guise  reçut  onze  lettres 
i  doDDtieni  Féveil  sur  les  desseins 
i:  iln^en  tint  pas  compte.  Le  3d 
iae  U88,  Henri  III  le  fait  mander 
ia:  «  il  M  lève,  s'habille  d^un  habit 
n  gril  et  se  rend  dans  la  chambre 
■bL..  Sa  Majesté  lui  fait  dire  que 
ledeauide  dans  son  vieux  cabinet: 
entre,  aine  ceux  qui  sont  dans  la 
**  et  ([ui  le  suivent  comme  par 
t;  Bais  ainsi  qu*il  est  à  deux  pas 
It  la  porte  du  vieux  cabinet,  prend 
^afec  la  main  droite  et  tourne  le 
et  la  face  à  demi  pour  regarder, 
i  OMp  les  genlikhommes  et  les 
'  ^  frappent  à  coups  d^épées  et  de 
*^  Leduc  crie  :  t  £h!  mes  amis! 
■ei  amis,  miséricorde  !  »  El,  bien 
fcam  épée  engagée  dans  son  man- 
t  les  jambes  saisies ,  il  ne  laissa 
■t  de  les  entailler,  tant  il  était 
t,  d^  bout  de  la  chambre  à  l'an- 
B  des  gentibhommes   lui    dit  : 

jdop,  d»  G,  d.  M%  TomeXIIL 


«  Monseigneur,  pendant  que  vous  vSvei! 
«  encore,  demandez  pardon  à  Dieu  et  au 
«roi.  »  Alors  le  prince  de  Lorraine, 
sans  pouvoir  parler,  jetant  un  grand  et 
profond  soupir,  comme  d'une  voix  en- 
rouée, rendit  Tàme.  Fut  couvert  d*un 
grand  manteau  gris  et  au-dessus  mis  une 
croix  de  paille.  »  On  lit  encore  que  Hen- 
ri ni  s'approcha  du  cadavre  avec  ter- 
reur, et,  le  frappant  d'un  coup  de  pied 
au  visage ,  dit  :  «  Mon  Dieu ,  qu'il  est 
«  grand  !  il  parait  encore  plus  grand  mort 
«  que  vivant.  » 

Louis  It  DE  LoaRAiifE ,  cardinal  de 
Guise,  2*  fils  de  Francis  de  Guise  et 
frère  du  précédent,  né  en  1556,  fut  pro- 
mu à  l'archevêché  de  Reims  après  la 
mort  de  son  oncle.  Mais  les  projets  am- 
bitieux de  sa  famille  l'occupaient  plus 
que  le  soin  de  son  diocèse;  il  était  l'a- 
gent le  plus  zélé  de  la  grande  intrigue 
que  dirigeait  son  frère.  Aux  États  de 
Blois,  il  porta  la  hardiesse  jusqu'à  exiger 
des  retranchements  dans  la  harangue 
d'ouverture  que  le  roi  y  prononça,  disant , 
«  qu'il  la  trouvait  trop  hardie  pour  un 
(T  roi.  »  Mais  cette  exigence  insolente  lui 
devînt  funeste  :  le  roi,  maître  de  sa  vie 
après  le  meurtre  du  Balafré,  ne  la  lui 
pardonna  pas.  H  était  assis  au  conseil, 
dans  la  saÛe  voisine  du  lieu  où  le  duc 
fut  frappé,  n  entendit  ses  cris  et  voulut 
se  lever  pour  sortir.  «  Voilà  mon  frère 
ff  que  l'on  tue  !  »  dit-il  ;  mais  le  maréchal 
d'Aumont  l'arrêta  :  «  Mort-Dieu  !  ne  bou- 
«  gez,  monsieur  ;  le  roi  a  affaire  de  vous,  » 
lui  dit-il  en  portant  la  main  sur  son 
épée.  En  effet,  le  roi  envoya,  dès  le  len- 
demain, un  capitaine  des  gardes  pour  le 
mettre  à  mort,  après  décision  de  son 
conseil. 

Charles  de  Lorraine,  3*  doc  de  Gui- 
se, fils  de  Henri  et  de  Catherine  de  Clèves, 
fille  du  duc  de  Nevers,  naquit  en  1 57 1 .  Il 
fut  arrêté  après  le  meurtre  de  son  père  et 
détenu  trois  ans  au  château  de  Tours. 
Il  parvint  à  en  sortir  en  1591,  et  se  ré- 
fugia à  Bourges.  La  nouvelle  de  son  éva- 
sion ne  parut  pas  contrarier  Henri  IV, 
qui  se  contenta  de  dire  :  <t  Plus  j'aurai 
d'ennemb,  plus  j'aurai  d'honneur  à  les 
battre.  ^  Il  pressentait  sans  doute  les  di- 
visions que  ce  nouveau  prétendant  jette- 
rait parmi  les  ligueurs.  En  effet,  son  ar- 

!1Q 


GUI  (  S0«  )  GUI 

rivée  fut  un  sujet  d*oinbn^  pour  son  ,  ces  places  ;  il  s*empani  de  Mi 


oncle,  le  duc  de  Mayenne^.  Le  fili  du 
Balafré  de\'iot,  comme  son  père,  le  héros 
de  la  multitude;  la  politique  espagnole 
appuya  sa  cause  et  travailla  à  le  porter 
au  trône,  en  Punissant  à  Finfante ,  fille 
de  Philippe  II.  Mais  le  crédit  de  Mayenne 
au  sein  des  États  fit  échouer  ce  projet  : 
il  sut  persuader  à  son  neveu  ,  dont 
Tambition  était  facile  à  satisfaire,  que 
leurs  discordes  finiraient  par  ruiner  leur 
cause,  et  le  jeune  duc  de  Guise  se  sou- 
mit aux  vuei  de  son  oncle;  on  dit  même 
qu'il  voulut  tuer  celui  qui  lui  porta  le 
premier  la  nouvelle  qu'on  fallait  procla- 
mer roi  dans  les  États.  Au  siège  de  Rouen, 
où  Charles  de  Lorraine  commandait  Ta- 
vant-garde  sous  le  duc  de  Parme ,  son 
quartier  faillit  être  enlevé  par  Henri  IV, 
qui  lui  tua  deux  cents  hommes  et  se  ren- 
dit maître  de  ses  bagages. 

Le  fils  du  Balafré  était  loin ,  s*il  faut 
en  croire  les  satires  du  temps,  d*avoir 
la  haute  mine  et  les  dehors  heureux  de 
son  père  :  aussi  ses  prétentions  à  la  cou- 
ronne donnèrent  lieu  à  de  nombreuses 
épigrammes  tant  en  prose  qu*cn  vers. 

Le  duc  de  Guise  avait  le  gouvernement 
de  la  Champagne;  il  avait  là  pour  lieu- 
tenant le  maréchal  de  Saint-Pol ,  vieux 
ligueur,  qui  méditait  de  livrer  la  place 
de  Reims  aux  Espagnols.  Le  duc  de  Guise, 
désireux  de  reprendre  son  commande- 
ment, fit  au  maréchal  des  représenta- 
tions sur  sa  conduite.  Saint-Pot  brava  le 
prince  dans  sa  réponse  et  osa  lui  dire 
qu'il  démentait  son  |ièrc.  Le  fils  du  Ba- 
lafré, à  ce  mot,  tira  s<in  épée  et  Ten- 
fon^a  dans  la  poitrine  du  vieux  maré- 
chal. Peu  de  jours  après,  il  fit  sa  soumis- 
sion à  Henri  IV,  qui  le  traita  avec  sa 
clémence  et  sa  libéralité  accroutumées,  et 
ne  fit  pas  difficulté  de  lui  remettre  le 
gouvernement  de  Provence,  où  plusieurs 
places  étaient  encore  aux  mains  de  la 
Ligue  et  des  Espagnols.  Le  duc  de  Guise 
justifia  la  confiance  du  roi  en  attaquant 

O  Cmarli*  uk  LuRRAiiiK  ,  1*  fiU  de  Frao- 
roii,  dur  de  Gui^.  oé  eu  tSj\,  mort  à  Suit- 
!M»B«  es  l6l  I ,  iMftMBl  oo  fiU  ooique  qui  lui- 
même  se  Uïma  ft  de  |»u>téhtc.  O  dernier 
duc  de  MajeoDe«  Krand-cbwiiabellaB  di*  France 
i*t  gituveruriii  d<*  («uirnne,  élint  etitri*  djii^Irt 
firlioni  dont  fut  «gîté  le  eommencement  du 
rrgmm  de  Imm  M! .  périt  ea  «iége  ém  Moatan- 
Ému,  9a  i6ai  I  H  S. 


il  parcourut  les  rues  en  rri 
Français,  bons  catholiques 
le  roi  !  C'est  le  duc  de  Gui 
parle.  Voyez  par  mon  exen 
sait  pardonner.  »  La  fidélitc 
Guise  ne  se  démentit  |>as  s 
suivant.  Il  commanda  contr* 
révoltés  Tarmée  de  Cham|>a: 
sur  eux  des  succès.  Il  condu 
tinction  une  Hotte  envovée 
contre  les  Rochelois.  Mais  < 
dévouement  et  ces  services  n 
pas  Tombrage  que  le  nom  d* 
tait  encore  à  Richelieu.  Les 
tabilités  aristocratiques  lui 
sus|Mrctes  pour  qu*il  laissât  c 
son  gouvernement  de  Provei 
de  i*e  grand  nom  qui  n'ava 
son  prestige  aux  yeux  des 
Richelieu  le  rapi>ela  cnmr 
demander  compte  de  son  adi 
le  suspectant  (rintelligenre 
pagnols  :  le  duc  de  Gui>e , 
tant  d'exempks  des  justices 
cardinal,  ic  sauva  en  Italie,  • 
obscurément  à  Luna,  eu  16 
Hkxm  de  LoaaAfXF,  -l'd 
fils  du  précédent,  nai|uit  en 
che%(Vhé  de  Reims  et  l«s  ri<-) 
ecclé:»iusliques  dont  sa  familh 
échurent  d'al>ord;  mais  l'hu 
lente  et  guerrière  du  jeune  | 
obstarle  à  celte  di»stiiiulion  : 
avant  d'avoir  reru  définitive 
dres.  Il  prétendit  à  la  main 
Gon/ague,  qu*il  avait  captif 
mérité  brillante  de  son  ca 
chelieu  supposa  à  cette  alli: 
traignit  le  duc  à  sortir  du  ' 
besoin  dHntrîgue  (*t  daveii 
était  tourmenté  lui  fit  rlion* 
trat-liuns  à  cett(>  passion  tn 
forma  à  Hruxrtli>>  de  iiouvca 
cette  foii,  allèrent  jn^ju' 
Mais  rhumeur  du  tluc  n 
changé  avec  sa  nouvelle  exist 
rentré  en  France,  la  cour  ol 
talions  irrésistibles  à  la  m( 
passions,  et  ses  regrets  du  li< 
contrarié  devinrent  >i  vifs 
pour  Rome  dan»  rintenltoii 
rompre.  Mais  Tabsem-e  et 
événements  lui  firent  perdu 


GOt 


(âot) 


6t]f 


I  bal  de  soo  Toja^.  t!ne  rérolu- 
oait  iTédater  à  Naples  :  il  y  cou- 
fit  no  iBstaDt  Tiilole  da  peuple 
et  cette  cxMurte  et  brillante 


I  ne  peol,  dit-il  dans  ses  Mémoi- 
sprÎBer  la  joie  de  tout  ce  peuple, 
iBut  josqu^à  Padoration  et  Tido- 
tyfciiaot  brûler  de  Tencens  au  nez 
BB  cberal. ..  Je  me  rendis  chez  Gen- 
,  fénéral  des  Napolitains....  Je  lui 
■lai  b  lettre  que  M.  de  Fontenaj 
■Mwlfnr  de  France  à  Rome)  m'a- 
chargé  de  lui  remettre.  Il  TouTrit, 
■eourot  toute  de  la  Tue,  et,  après 
■iBwuée  de  tons  les  quatre  côtés, 
I  b  rejeta,  disant  qu'il  ne  savait 
ine^..  Le  peuple  demanda  à  ma 
:  je  ne  mis  à  une  fenêtre  et  je  je- 
B  ne  de  sequins  et  un  autre  de 
■aie  blanche,  etc.,  etc.  • 
I  les  caprices  de  son  orageuse  ad- 
atiofi,  rinsouciance  de  son  hu- 
tt  le  scandale  occasionné  par  ses 
■  Mrmt  promptement  sa  popu> 
Ut  Espagnob  rentrèrent  à  Naples, 
■e  de  Guise,  obligé  de  fuir,  sou- 
mcment,  à  travers  des  périb  de 
leve,  son  r6le  d'aventurier  bril- 
onel  il  était  plus  propre  qu'à  con- 
WÊft  couronne.  A  la  fin,  ayant 
Bonté  dans  une  rencontre ,  il  dit 
i  et  son  escorte  :  «  Vous  voyez, 
■ours,  que  nous  ne  pouvons  plus 
imirer;  mettons-nous  en  escadron 
raourir  de  bonne  grâce  et  vendre 
jovn  le  plus  cher  que  nous  pour- 
k»ll  tomba  aux  mains  des  Espa- 
'ttbt  conduit  au  fort  de  Gaêle;  le 

>4eGondé  obtint  sa  délivrance  en 
L 

**i  4e  Lorraine  reprit  en  France  sa 
be «Tiiitrigues  et  de  succès  galants; 
H.^Ks  aventures  hardies  lui  prétait 
"^  ({ni  fit  de  lui  le  héros  de  la  mo- 
tâpittioQ  qui  Pavait  conduit  à  Rome 
^  bi  était  revenue  en  mémoire 
<ra;  mus  ayant  appris  que  celle  qui 
^Tobjet  ne  s'était  point  piquée  de 
^constance  que  lui-même,  il  la 
^9  ^-il ,  fort  indignement  ;  il  lui 
'^  on  procès  dans  lequel  il  récla- 
'^JttUce  des  pendants  d'oreille  es- 
■50,000  écus. 


Le  duc  de  Guise  vit  ses  bonnes  fortu« 
nés  diverses  traversées  par  des  rivalités, 
n  eut  des  rencontres  où  sa  bravoure  le 
servit  heureusement  :  il  blessa  et  désar- 
ma un  jour  le  comte  de  Coligny.  Son 
adresse,  sa  bonne  grâce,  l'éclat  de  ses  ar- 
mures le  firent  remarquer  dans  les  car- 
rousels. Dans  une  occasion  où  il  figurait 
à  côté  du  prince  de  Condé,  on  dit,  en  les 
voyant  paraître  :  <<  Voici  les  héros  dt 
<T  rhistoire  et  de  la  fable.  » 

Tel  fut  le  dernier  rejeton  de  cetta 
grande  race  des  Guise,  dont  l'éclat  histo- 
rique s'effaça  par  degrés  et  alla  s'éteindre 
dans  des  exploits  de  théâtre,  au  brait 
des  applaudissements. 

n  mourut  à  Paris,  en  1664,  et  na 
laissa  point  d'héritiers.  As.  R-e. 

GUITARE  ou  GnrrTARE.  Cet  in- 
strument, appelé  en  italien  chiiarraj  tire 
évidemment  son  nom  du  mot  grec  xt- 
Oâoa,  qui  désignait  un  instrument  sem> 
blable  à  la  lyre  selon  les  uns,  ou  qui,  selon 
d'autres,  en  différait  quant  à  la  forme  ;  en 
France,  on  l'a  longtemps  appelé  guiterne^ 
et  ce  n'est  que  depuis  le  xvii*  siècle  qu'il 
a  cessé  de  porter  ce  nom,  dont  l'usage 
datait  du  xi*.  Il  est  le  seul  débris  con- 
servé de  la  nombreuse  famille  du  luth,  à 
laquelle  se  rattachaient  le  théorbe,  le  cis- 
tre,  l'angélique,  la  pandoure,  la  mando- 
line (qui  se  rencontre  encore),  etc.  La 
guitare  parait  avoir  été  introduite  en  Es« 
pagne  par  les  Maures  ;  elle  a  de  tout  temps 
été  connue  en  Arabie,  et  peut-être  tire- 
t-elle  son  origine  de  l'Inde.  Dans  cette 
hypothèse,  elle  ne  serait  qu'une  dérivation 
du  vina ,  instrument  particulier  aux  In- 
dous.  Une  fois  adoptée  en  Europe ,  elle 
reçut  des  perfectionnements  qui  l'ont 
amenée  au  point  où  nous  b  voyons  au- 
jourd'hui. 

Une  bonne  guitare  est  maintenant 
montée  de  six  cordes;  longtemps  l'instru- 
ment n'en  a  eu  que  cinq.  Les  trois  plus 
graves  sont  en  soie  revêtue  de  laiton  et 
se  nomment  les  bourdons;  les  trois  autres 
sont  de  boyau.  Ainsi  montée,  on  l'appelle 
encore  en  beaucoup  d'endroits  gu-tare 
Jrançaise. 

Au  premier  aspect,  la  guitare  semble 
différer  beaucoup  du  violon  dans  sa  for- 
me; mab  en  la  con^tidérant  avec  quelque 
attention,  l'on  s'aperçoit  que  ce  n'est  auk. 


OUI 


(  308  ) 


GUI 


fond  qu^un  violon  dont  on  a  coupé  les 
coins ,  apbti  la  table  y  et  sur  lequel  la 
rosette  placée  précisément  sous  les  cordes 
remplace  lesj^  Le  plane,  le  sapin  et  l'é- 
bène  sont,  comme  pour  le  violon,  les 
principaux  bois  que  Ton  emploie  pour  la 
confection  de  la  guitare.  On  se  sert  en* 
core  pour  les  instruments  de  prix  du  pa- 
lissandre et  du  citronnier  ou  plane  d'A- 
mérique, tt  de  rivoire  pour  les  bords  et 
les  filets. 

Les  six  cordct  de  la  guitare  s'accordent 
entre  elles  par  quartes,  k  l'exception  de 
la  seconde  qui  ne  forme  qu'une  tierce 
par  rapport  à  la  corde  inférieure.  Ainsi 
les  cordes  à  Tide  donnent,  du  grave  à  l'ai- 
gu, mi  y  la  y  ré  y  sol^  si  y  mi»  Ces  cordes 
fournissent  une  étendue  de  trois  octaves, 
et  l'on  peut  obtenir  encore  plusieurs  tons 
au-delà;  mais  ces  tons  aigus  sont  dé- 
pourvus de  sonorité,  par  suite  du  trop 
grand  raccourcissement  du  corps  qui  les 
produit.  La  musique  de  guitare  se  note 
sur  la  clef  de  sol ,  une  octave  plus  baut 
que  sa  véritable  position. 

Pendant  fort  longtemps,  la  guitare, 
ainsi  que  le  luth  et  les  instruments  ana- 
logues, a  possédé  une  notation  particu- 
lière qui  se  nommait  tablature.  Voici  en 
quoi  elle  consistait  :  on  traçait  autant  de 
lignes  que  l'instrument  avait  de  cordes, 
et  Ton  marquait  par  des  lettres  ou  chil- 
fres  placés  sur  ces  lignes  les  positions 
que  devait  prendre  le  doigt  sur  la  tou- 
che ;  la  durée  des  notes  était  indiquée  au- 
dessus  de  la  portée  par  les  blanches, 
noires,  croches,  etc.,  rangées  horizontale- 
ment comme  les  chiffres  d'une  basse 
continue.  Ce  procédé  a  tout-à-fait  cessé 
d'être  en  usage  au  commencement  de  ce 
siècle. 

La  disposition  du  manche  de  la  guitare, 
sur  lequel  les  demi-tons  sont  indiqués, 
en  fait  l'un  des  instruments  qu'il  est  le 
plus  aisé  de  jouer  sans  principes  et  sans 
connaître  la  musique.  En  effet,  il  suffit  que 
la  guitare  soitaccordée  régulièrement  pour 
que  les  doigts  viennent  se  poser  à  l'en- 
droit convenable  ;  la  précision,  si  diffi- 
cile à  obtenir  sur  le  violon  ou  le  violon- 
celle, se  trouve  ici  tout  naturellement  ac- 
quise par  l'existence  des  petites  barres 
placées  en  travers  sur  la  touche  pour 
luji'ijuer  la  succession  chromatique  des 


sons,  et  qu'en  terme  de  Intkcrie 
pelle  les  tons  de  l'instrument. 

Comme  tous  les  modct  ne  se 
également  faciles  sur  la  gnitarey  oi 
vie  à  cet  inconvénient  an  mo^ 
petit  mécanisme  qui,  s'adaptantai 
che,  produit  l'efTet  du  barrememt{ 
lien  capo^tasto) ,  que  l'on  obtiei 
dinaire  en  posant  le  pouce  en  timi 
toutes  les  cordes,  ce  qui  les  rac 
toutes  à  la  fois  et  change  mooM 
ment  le  système  de  l'instrument,  i 
barrant  le  manche  à  la  troiaÎM 
tion,  l'on  exécutera  en  ic/ ,  et  P< 
par  le  fait  en  mi  bémol;  en  sol^ 
sera  en  si  bémol  ^  etc. ,  etc.  On 
aussi  pour  l'exécution  du  désact 
(en  italien  scordatura)  :  ainsi,  po« 
en  mi  majeur^  on  monte  les  cordi 
ré  au  sol  dièse  et  au  ré  dièse ^  œ  q 
lite  beaucoup  l'exécution. 

Les  moyens  de  la  guitare  sont 
mités  :  ses  arpèges  uniformes ,  a 
voilés ,  son  impuissance  à  tenir  el 
longer  les  notes,  ne  lui  permetten 
que  l'accompagnement  des  noe 
romances  et  autres  pièces  de  pd 
mension  chantées  par  une  ou  dm 
Elle  fait  une  assez  triste  figure  loi 
l'associe  à  d'autres  instruments  d 
morceau  de  quelque  importance, 
aux  professeurs  de  guitare  qui  | 
dent  en  faire  usage  pour  jouer  • 
nates  et  des  concertos,  il  fkut  Ici 
dire;  et,  sans  pour  cela  déprécier  b 
des  guitaristes  justement  oélèbrei^  < 
affirmer  hardiment  qu'en  pareil 
meilleure  guitare  arrive  tout  au 
donner  l'idée  d'une  très  maavaàw 

On  a  publié  un  nombre  prodîgj 
Méthodes  de  guitare;  les  plus  anc 
dues  à  Louis  de  Milan,  Henri  de  ^ 
rabano,  Sixte  Karfel  et  Adrien  L 
sont  de  1584, 1547, 1569  et  1571 
mi  Ict  ouvrages  de  même  genre  c 
paru  depuis  le  commencement  da 
on  peut  consulter  avec  fruit  a 
Doisy-Lintant,  Gatayes,  I^mani 
litor  et  Klinger ,  Molino ,  VLtwm 
Carulli,  Blum,  Giuliani,  Sor,  A 
Carcassi,  etc.  J.  A.  i 

OUIZOT  (Faioroois-PiXEmB- 
LAUMx) ,  l'un  des  orateurs  les  pi» 
bles  de  nos  Chambres  légisUtiTes^ 


Glil 


(809) 


GLÎ 


Kiaes  le  4  octobre  1787.  Comme  U 
ipart  des  protestants  du  Bfidi,  si  long- 
nps  privés  de  Umt  état  dvil  et  constam^ 
BC  en  batte  anx  relations ,  son  p^ , 
lAré-FnuDçois,  STOcat  distingaé  du  bar- 
■  de  If  Imes,  applaudit  à  la  RéTolution, 
■I  cependant  il  devint  victime  ;  car  la 
lebe  sauvante  fit  tomber  sa  tète  le  8 
li  f  794.  n  bûsn  deux  fils  à  sa  veuve , 
■Ébecb-Sopbie-Bonicely  femme  pieuse 
ractère  noble  et  ferme,  qui,  de 
it,  se  consacra  tout  entière,  avec 
I  dfiomimcint  sans  bornes,  k  leur  édu- 
tfon.  L'ainé,  François,  est  celui  qui 
ril  nons  occuper  ici  ;  mais  Jean- Jac- 
■By  k  cndet ,  qui ,  apnrès  avoir  été  em- 
li^ai  ministère  de  Pintérienr,  est  mort 
des  requêtes ,  a  aussi  laissé  quel- 
lirs  bonorables,  et  s'est  associé 
publications  de  son  frère, 
fev  s*eatourer  de  moyens  qui  lui  man- 


NI 


leur  mère  alla  s'établir 


Ciniie,  cette  métropole  du  calvinbme 
■çaîs.  Le  jeune  François,  qu'elle  y 
k{i  m  GoUége  (1799),  répondit  a 
■li  sni  attente.  Ses  succès  furent  ra- 
Un;  il  fit  des  études  fortes,  auxquel- 
lyrérfdaient  les  idées  religieuses,  et 
I  nmeimin  dès  lors  son  esprit  sérieux 
naperturbable  attention  qu'il  prétait 
I  leçons  des  maîtres.  Quatre  années 
■firent  poor  acquérir,  indépendam- 
■C  de  Im  connaissance  de  sa  langue 
iunelle,  celle  des  langues  latine,  grec- 
^  anglaise,  italienne  et  allemande,  con- 
■nMe  incomplète  sans  doute,  mais 
I  ne  tsrda  pas  à  perfectionner.  En 
ISy  fl  commença  son  cours  de  philo- 
hie,  et  l'effort  qu'il  dut  faire  alors 
r  ee  tendre  compte  de  ses  idées  et  de 
■ntiaients,  en  lui  révélant  une  des  fa- 
és  les  plus  précieuses  de  l'homme,  lui 
guniei  un  grand  charme  dans  cette 
ledle  étude.  Il  la  termina  en  1805,  et, 
lin  lin  de  la  même  année,  M"^  Guizot 
int  se  fixer  dans  sa  ville  natale,  au  sein 
m  famille.  Bientôt  après,  elle  se  sépara 
■en  fib,  qui  alla  faire  son  droit  à  Paris. 
Le  aéjoar  de  cette  capitale,  où  la  plus 
îcence  dans  les  mceurs  avait  sur- 
an  règne  éphémère  du  Directoire, 
nit  à  de  graves  dangers  un  jeune 
nme  sans  expérience.  Mais  l'étudiant 
Genève  avait  rapporté  de  cette  école 


une  rigidité  de  principes  qui  le  fit  résis- 
ter plus  facilement  a  toutes  les  séductions. 
D'ailleurs  ses  relations  intimes  avec  un 
homme  savant,  à  la  fois  religieux  et  phi- 
losophe, le  vénérable  M.  Stapfer,  ancien 
ministre  de  la  confédération  helvétique  à 
Paris,  le  dédommagèrent  de  l'esprit  frivole 
des  sociétés;  et  insensiblement  il  s'habitua 
au  fracas  de  cette  vie  dévorante  dont  il 
devait  connaître  de  plus  en  plus  l'irré- 
sistible attrait  et  les  dégoûts  sans  nombre. 
Pour  fortifier  sa  santé,  M.  Guizot  passa 
chez  M.  Stapfer ,  è  la  campagne ,  une 
grande  partie  des  années  1807  et  1808, 
intervalle  qu'il  mit  à  profit  pour  refaire 
ses  études  classiques  prématurément  ter- 
minées. Partageant  ses  heures  entre  les 
grands  modèles  de  l'antiquité  et  la  théo- 
logie, l'histoire ,  la  littérature  allemande 
et  la  philosophie  de  Rant,  dirigé  par  l'ex- 
périence philosophique  de  son   hôte  et 
ami ,  il  raffermissait  ses  convictions ,  un 
instant  ébranlées  peut-être  par  le  scepti- 
cisme d'un  monde  adonné  aux  jouissan- 
ces matérielles  et  où   la  dissipation  ne 
permettait  pas  le  retour  de  l'homme  sur 
lui-même.  Il  dut  amsi  à  M.  Stapfer  d'ê- 
tre introduit  dans  les  salons  les  plus  re- 
nommés de  cette  époque;  Suard ,  auquel 
il  l'avait  présenté ,  se  plut  à  encourager 
l'amour  profond  de  la  science  dont  le 
jeune  homme  se  montrait  animé.  Parmi 
les  personnes  qui  brillaient  dans  la  so- 
ciété de  cet  académicien,  M*'«  de  Meulan, 
que  nous  ferons  connaître  au  lecteur  dans 
l'article  suivant,  se  faisait  particulière- 
ment remarquer.  Elle  concourait  active- 
ment à  la  rédaction  des  feuilletons  du 
Publiciste^  journal  dirigé  par  Suard, 
lorsqu'une  maladie  vint  arrêter  ses  tra- 
vaux. M.  Guizot  lui  envoya  sous  le  voile 
de  l'anonyme  une  série  d'articles  comme 
elle  les  faisait  elle-même  et  destinés  à  lui 
épargner  toute  contention  d^esprit  aussi 
longtemps  que  sa  santé  ne  serait  pas  ré- 
tablie. Elle  accepta  avec  plaisir,  et  cette 
généreuse  assistance ,  qui  ne  tarda  pas  à 
être  récompensée  par  15  ans  de  bonheur 
domestique,  fut  aussi  l'origine  des  essais 
littéraires  de  M.  Guizot,  poursuivis  avec 
un  succès  croissant  et  encouragés  par  les 
jugements  des  hommes  célèbres  qu'il  ren- 
contrait chez  Suard. 

Dans  le  cours  de  l'année  1 809,  M.  Gui- 


GUI 


(312) 


GVl 


terne  que  ce  parti  avait  embrassé  ;  nous 
n*aurions  rien  à  ajouter  à  ce  qui  en  a  été 
dît  dans  Tart.  DocmiNAiREs.  Plus  qu*à 
tout  autre,  cette  dénomination  resta  de- 
puis attachée  à  M.  Guizot ,  même  après 
que  M.  Royer-Collard,  Xepêre  de  la  doc'^ 
irine^  eut  ouvertement  rompu  avec  lui. 

Lorsque  M.  I>ecazes  fut  passé  au  mi- 
nistère de  rintérieur,  il  fit  créer  pour 
M.  Guizot  la  direction  ^érale  de  l*ad- 
minbtration  communale  et  départemen- 
tale (6  janvier  1 8 1 9)  ;  on  sait  que  le  même 
ministre  influent  fut  appelé,  quelque  temps 
après  (19  no^'embre),  à  la  présidence  du 
conseil  et  que  les  royalistes  étaient  en 
guerre  ouverte  avec  lui.  En  revanche,  il 
eut  l'appui  des  doctrinaires;  et  ce  fut 
alors  que  leur  nom  revint  presque  jour- 
nellement dans  la  polémique  des  jour- 
naux 9  notamment  dans  celle  du  /ournai 
des  Débais  f  leur  adversaire  déclaré  à 
cette  époque^.  On  sait  aussi  que  Tassassi- 
nat  du  duc  de  Berry  servit  la  haine  du 
parti  royaliste  ou  ultra  y  et  qu'il  profita 
de  ce  malheur  pour  renverser  le  ministère 
Decazes.  On  raya  de  la  Ibte  des  conseillers 
d'état  Camille  Jordan,  M.  Royer-€ollard 
et  M.  deBarante,  en  leur  offrant  toutefois 
des  dédommagements  qu'ib  n'acceptè- 
rent point  ;  M.  Guizot,  qui  avait  été  pro- 
mu au  même  titre,  en  1818,  fut  enve* 
loppé  dans  la  disgrâce  de  ses  amb  politi- 
ques et  refusa ,  de  son  côté ,  la  pension 
que  le  gouvernement  lui  offrit. 

De  ce  moment,  M.  Guizot  fut  de  TOp- 
position,  mais  sagement,  sans  rompre  avec 
le  pouvoir  royal ,  et  sans  s^associer  à  la 
comédie  de  quinze  ans  que  certains  de 
ses  membres  se  sont  vantés  d'avoir  joué.  A 
cette  époque  de  sa  vie  (  1 830  à  1833)  ap* 
partiennent  ses  cHTits  politiques  les  plus  re- 
marquables, tels  que  :  Du  f^uvemement 
de  la  France  depuis  la  Restauration  et 
du  ministère  actuel  {1S20 ,  in-8<*),  nou- 
velle édition  de  la  bro(*hure  intitulée 
Du  gouvernement  représentatif;  Des 
conspiration»  et  de  lu  justice  politique 
^1831,  brochure  in-8*»);  Des  moyens 
fie  f^upcmement  et  d'opposition  dans 
Véiat  actuel  de  Im  France  (1831 ,  in* 

(*)  Le  priBciiMl  organe  des  dociriiMiret  étAÏt 
U  Coumtr,  qui  B*«at  qae  8  mois  dVviftence  et 
«loDt  nou9  avMii  parlé  à  rart.'^CouRiizta  FftA?r- 


rats. 

0 


b. 


8*»};  De  1(1  pfirtc  tic  mnrtcn  matiè 
iiiique  ^1832,  in-8«).Toas  ces  écr 
rent  plusieurs  éditions  et  sont  eoo 
niveau  des  questions  sociales. 

Le  publiciste  ne  dénonça  pas  \m 
ment  à  la  France  la  marche  anll«i 
nale  de  son  gouvernement  :  le  pi 
s'en  émut,  et,  voyant  les  audilai 
M.  Guizot  honorer  en.'lui  l'indépa 
du  citoyen  par  des  applaudisaemaa 
thousiastcs ,  il  ferma  la  chaire  d^ 
moderne,  en  1833.  Loin  de  ooofii 
plume  le  soin  de  se  venger,  le  pni^ 
s'interdit  alors,  au  contraire,  k  pi 
que  sur  les  affaires  du  jour  ;  oaaii, 
lant  faire  entendre  encore  les  pp 
enseignements  de  l*histoire ,  il  ae  p 
dans  l'étude  et  publia  une  série  i\ 
ges  d'un  mérite  reconnu  et  qui  11 
gnèrent  son  rang  parmi  les  premâi 
toriens  fran^ab  de  notre  époque. 

D'abord  parurent ,  sous  an  dive 
la  Collection  des  Mémoifes  rtU 
l'histoire  de  la  répolution  d'jimgi 
(1833  et  ann.  suiv.,  36  vol.  in-l 
la  Collection  des  Mémoires  reim 
l'histoire  de  France^  depuis  la  / 
tion  de  la  monarchie  française /m 
XIII"  siècle  (mêmes  années,  S 1  voL 
la  traduction  des  textes  y  était  aoei 
gnée  d'introductions,  de  notes  et  d 
ploments.  Il  publia  en  méoie  tmm 
Essai  sur  l'histoire  de  France ,  • 
servir  de  complément  aux  Oàsen 
sur  l'histoire  de  France  de  Mablj 
il  donnait  k  la  fob  une  nouvelle  é 
Cet  excellent  ouvrage  ;  1 834  >,  où  la 
s'associait  à  une  érudition  profond 
pandit  de  vives  lumières  sur  Vk 
nationale  pendant  les  deux  pea 
dynasties  et  dissipa  les  trnèbëea 
ses  origines  étaient  encore  envele 
Il  fut  suivi  d*un  livre  du  plus  hai 
rite ,  V Histoire  tic  la  rvvoiuiiom  > 
gleterre  depuis  Vavénetnent  de 
les  1^  jusqu'à  Li  restaurtittom  tic 
les  II j  mal  beureuvroent  encore  nu 
car  il  ne  parut,  en  1837,  que  le 
premiers  volume»  de  la  première  pa 
la  seconde  n'est  pas  oommeooée.  M 
zot  donna  en  outre  une  nouvelle  i 
des  Œupres  de  Siêakspeare^  dana 
duction  de  Letoumeur,  entirrruM 
vue  et  corrigée  (1831  et  tuiv.,  1 


CLI 


(313) 


GH 


a*-  >   .  d  prcoétlée  d^uii  E^nai.  Insto rique 
•rv  porte.  Dans  le  t\2usée  des  protes^ 
cr.èlrts  yL  II,  2*  parL) ,  un  autre 
Lsisi:.  l\it  consacré  à  Calvin ,  etc.  Tout  en 
■■liTiliTiinT  an  génie  de  Shakspeare , 
s^-^teme  pins  vaste  et  plus  complet 
celui  d'Aristote,  l'auteur  est  loin  de 
L  apprimirr  dans  ce  poète ,  objet  de 
MJniration;  dans  31.  Guizot,  Téclec- 
K  tcspêre  constamment  les  systèmes 
y  et  s'il  se  pose  en  novateur,  c^est 
en  novateur  sage  et  circonspect. 
Cfitc  Induction  du  grand  tragique 
BOUS  rappelle  que,  dès   1812, 
Gwot  avait  publié  et  accompagné 
et  Mlcs  critiques  et  historiques  la  tra- 
da  cheif-d*ceuTre  de  Gibbon  en- 
par  une  tête  couronnée,  publiée 
■■  on  nom  emprunté,  et  revue  par 
Ji*'Gni20t*'. 

En  1826,  il  accepta  la  direction  gêné- 
■k  de  ïEncrclopédie  progressive^  et 
llpov  cette  entreprise,  qui  n'a  en  que 
livraisons ,  Tarticle  Abrégé  et 
VMril€ie£ncyciopédiey  dont  Fau- 
fev  ém  même  article  dans  le  présent  ou- 
ct  du  Discours  préliminaire  qui  est 
léle  do  1*'  volume  a  non-seulement 
plusieurs  passages,  mais  auquel  il 
«^pranlè  aussi  quelques  idées  directri- 
«**.Aacommencementde  1828,M.Gui- 
U  Revue  française^  dont  la  ré- 
de  Juillet  interrompit  la  publi- 
,  mais  qui,  reprise  en  1836  et  con- 
jusqu'en  1839,  s'enrichit  de  nom- 
articles  fort  importants  dus  à  la 
de  M.  Guizot ,  entre  autres  de  ce 
Du  CaiAo/icùme  f  du  protestant 
et  du  philosophisme  en  France^ 
^  flijct  duquel  M.  le  pasteur  A.  Coque- 
Ri,  dans  une  lettre  imprimée,  contesta  à 
rastenr   le  droit   de    parler  au  nom  et 


~*^  9oBt  aTODS  donne  I*hiAtoHqae  de  cett^ 
adactkm  a  la  fin  de  l'article  Gibbost.  S. 
***;  Ces  «âlatioBS  ont  fait  soppoter  dans  le 
»»p*  a  qofflqnes  critiquer,  un  peu  trop  pret- 
w%  de  donner  leur»  eoDJertnre»  pour  dci  Ten- 
tes. q«e  VEm€jchptdû  du  Gens  du  Mùndé  parais- 
md  ■•««  l*iaflacncede  M.  (fuixol,  alor^  miniiitre 
ée  i'.^kCrarfioB  publique.  M.  Guizot  n*a  jamais 
«■  jj  Moindre  part  à  cette  pub1iration,quî  in^me 
w>  lai  a  dA  aumne  cipèce  dVncourngement,  pas 
f|«i  qa'a  aucan  de  set  sncee^sears  dans  le  mi- 
MiTiia  Apres  cette  déclaration,  nous  serons 
p  ••  à  l'aise  «is-à-ris  de  ceux  qui  trouveraient 
t?Qo  flatté  le  portrait  qa^on  fait  de  M.  Gnizot 


«t«r 


J.  U.  S. 


comuic  orj;anc  des  protestants.  Enfin, 
dans  la  même  année  1 828  parut  V Histoire 
constitutionnelle  d* Angleterre  de  Hallam 
(voy»  y  revue  et  accompagnée  d'une  pré- 
face par  M.  Guizot. 

On  le  voit  :  assez  de  travaux  remplis- 
saient le  temps  de  sa  retraite  des  affaires 
politiques  pour  en  attester  le  calme  et 
pour  éloigner  Tidée  d^une  participation 
active  à  la  sourde  guerre  que  TOpposition 
faisait  incessamment  à  la  Restauration. 
Cependant,  en  182  7,  M.  Guizot,  rompant 
ouvertement  avec  celle-ci,  entra  dans  la 
société  Aide^toi ,  le  ciel  f  aidera,  «  Elle 
n'avait  d'autre  but,  dit  le  bienveillant 
biographe  déjà  cité ,  que  de  défendra 
hautement,  contre  les  menées  souterrai- 
nes du  pouvoir,  l'indépendance  des  élec- 
tions. Ce  but  était  légal,  avoué,  public.  » 
Toutefois  y  aurait-il  de  l'injustice  à  soup- 
çonner que  le  prochain  accomplissement 
de  la  40*  année  de  M.  Guizot,  sans  le- 
quel on  n*était  pas  éligiblc  alors,  y  entrait 
pour  quelque  chose  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  une  lueur  d'espé- 
rance ne  tarda  pas  à  se  montrer  à  Tbo- 
rizon  politique  :  un  ministère  nouveau, 
auquel  restera  lionurablement  attaché  le 
nom  de  M.  de  Martignac  (roj^.),  essaya 
de  ramener  le  gouvernement  dans  de 
meilleures  voies,  et  M.  de  Vatimesnil  si- 
gnala son  avènement  au  ministère  de  l'in- 
struction publique  par  l'autorisation  qu'il 
donna  de  reprendre  leurs  cours  à  la  Sor> 
bonne  au\  professeurs  qu'on  avait  obligés 
de  les  suspendre.  AI.  Guizot  rouvrit  le 
sien,  le  9  avril  1828,  par  un  discours 
grave  et  digne,  à  Tesprit  duquel  répon- 
dirent toutes  les  lettons  suivantes.  Im- 
primé sous  le  titre  '^Histoire  générale 
de  la  civilisation  en  Europe  (i  vol.)  et 
d'Histoire  de  la  civilisatinn  en  France 
(4  vol.  in-8°),  il  resta  libre  de  toute  pré- 
occupation politique;  aucun  ap|)el  aux 
passions  ne  s'y  glissa.  Rien  n'appelait  ces 
applaudissements  de  mauvais  aloi  dont 
trop  de  professeurs  se  montrent  avides; 
la  parole  du  maître,  écoutée  dans  le  re- 
cueillement par  plus  de  douze  cents  au- 
diteurs, fut  constamment  mesurée,  sé- 
vère, positive  et  pleine  d'autorilé.  Si  un 
regret  nous  reste,  c'est  celui  qu'un  Irl  pm. 
fesseur  ait  sitôt  jugé  une  tellr  lui  lir  nii- 
desfious  de  sa  vocation  ou  dr  sa  IVirtiinii. 


G13I 


(S16) 


GUI 


sentir  toiKe  rimpoitance  aux  instituteurs 
par  une  lettre  qu'il  adressa  à  tous  Domi- 
nalement,  de  mani^  à  relerer  eu  eux  l'i- 
dée de  leur  di|;mté  ;  cette  loi»  disous-Dous, 
les  eocouragements  prodigués  aux  lettres, 
malheureusement  avec  peu  de  discerne- 
ment quelquefois,  ses  réformes  financières 
dans  l'Université,  des  chaires  nouvelles 
créées  dans  les  facultés,  les  améliorations 
des  règlements  de  la  Bibliothèque  du 
roi,  le  rétablissement  de  l'Académie  des 
Sciences  morales  et  politiques,  d'immen- 
ses travaux  et  voyages  ordonnés  et  com- 
mencés sous  ce  ministère,  sont  autant  de 
titres  acquis  à  la  gloire  de  M.  GuizoL 
Sauf  la  courte  apparition  du  ministère 
des  trois  jours  {\0  novembre  1884),  ce* 
lui  du  1 1  octobre  1889  dura  jusqu'au  33 
février  1886,  époque  où  une  manœuvre 
du  tiers-parti  le  renversa.  Alors  M.  Gui- 
zot  se  retrancha  dans  le  silence  et  dans 
une  méditation  studieuse ,  d'où  il  fut  tiré 
vers  le  6  septembre  1836,  lorsqu'il  forma 
un  nouveau  cabinet,  de  concert  avec 
M.  Mole,  qui  devint  président  du  con- 
seil. Dès  lors,  M.  Guizot  prétendait  au 
portefeuille  de  l'intérieur,  l'un  des  deux 
ministères  qu'on  est  convenu  de  regarder 
comme  donnant  le  plus  d'influence  ;  mais, 
rencontrant  des  obitacles ,  il  se  contenta 
encore  cette  fois  du  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  où  il  put  veiller  lui- 
Miéme  à  la  mise  en  application  de  la  loi 
fondamentale  de  l'instruction  primaire  et 
préparer  celle  qui  régla  de  même  l'instruo* 
tion  intermédiaire.  Cependant  le  nouveau 
cabinet  dura  moins  encore  que  celui  du  23 
février  :  les  débats  de  l'adresse  donnèrent 
à  penser  qu'il  était  mieux  constitué  pour 
l'administration  que  pour  la  discussion, 
et  M.  de  Gasparin  {voy^)  crut  alors  de- 
voir offrir  sa  démission. 

Dans  la  crainte  que  le  ministère  de 
l'intérieur,  qui,  dès  le  6  septembre,  avait 
été  compris  duis  sa  part  d'influence,  ne 
renforçât  celle  du  président  du  conseil , 
M.  Guizot  le  demanda  aussitôt  pour  lui. 
Cependant  il  le  cédait  à  M.  Thiers  (à  qui, 
dans  cette  circonstance ,  il  fit  une  visite 
dont  on  a  beaucoup  parié),  à  la  condition 
que  l'autre  ministère  influent,  celui  des 
ankires  étrangères,  fût  donné  à  M.  le  duc 
de  Broglie,  l'ami  de  M.  Guisot  et,  comme 
ïiû,  l'on  d— prîadpaix  doclrinaire8.ToQt 


ses  efforts  échouèrent,  et  M.  Moli 
forma,  le  15  avril  1887,  un  m 
dans  lequel  le  parti  doctrinaire 
pas  de  représentant.  Peu  de  joon 
le  8  mai ,  M.  Guizot,  répondani 
spirituelle  attaque  de  M.  de  Sadi 
nonça  le  discours  dont  nous  aw 
cité  quelques  passages  et  où  il  pu 
éloquence  des  négociations  minia 
auxquelles  il  avait  prit  part,  assun 
pour  son  compte,  il  était  proiba 
indifférent  è  toutes  les  vicissitadi 
fortune  politique. 

Pour  se  soutenir  contre  un  tel 
saire,  M.  Mole  sentit  le  besoin  di 
fier  la  politique  intérieure.  Ak 
ère  nouvelle  commença  pour  la  1 
au  système  d'intimidation  luooéi 
de  la  réconciliation.  Le  mérite 
moins  aux  hommes  qu'aux  ten 
venus  meilleurs.  Le  pays  était  pin 
les  mauvaises  passions  s'agitaient  1 
core  dans  l'ombre,  mais  ne  trc 
plus  de  sympathie  ni  d'écho.  Un 
du  mérite  en  rerient  toutefois  waoL 
res,  mab  efficaces,  du  9  septembr 
que  l'autorité  de  MM.  Guizot  c 
avait  fait  accepter  à  une  Chambre 
des  convulsions  auxquelles  alon 
était  en  proie.  En  interdisant  è  1 
de  mettre  journellement  en  qm 
principe  même  de  notre  gouverm 
en  la  plaçant  sous  la  menace  d^ 
pression  sévère,  ces  lois  l'avaient 
bituée  de  la  violence  de  iangaf 
quelle  se  livraient  les  journaux  ;  ^ 
qui,  agissant  sur  les  tètes  exaltées  c 
mécontents  toujours  nombreux 
partout  des  brandons  de  discordi 
avait  fallu  se  plier  à  un  langage  f 
déré ,  et  cette  modération  entrai 
do  public.  Mab  la  nation  rcstaK  ] 
en  deux  camps,  et  la  division  pi 
ses  forces  :  il  était  temps  de  porter 
è  un  mal  si  funeste.  En  proclaaaai 
nbtie,  en  rouvrant  les  temples  dévi 
l'émeute,  en  rendant  le  roi  à  la  gi 
tionale  de  Paris  qu'il  n'avait  dep 
temps  passée  en  revue,  le  ministè 
rejeta  sur  les  minbtères  précédea 
l'impopularité  des  mesures  aecs 
leur  avaient  été  commandées 
circonstances.  Il  blessa  ainsi  pr 
ment  M.  Giaiiol  et  set  amit  :  m 


i    l 


pas  a  ft  ensnivrc. 
•  1^  loaUît  fiu  de  nous  de»  ultras  da 
et  JniUeC,  dit-a  dans  la 
da  7  jaBTÎer  1839.  Nous  étions 
à  fiûre  dans  cette  Chambre  une 
t;  3  y  rnnât  wat  gaoche  :  les  réro- 
d'ian  côté,  les  nitns  de  Tan- 
fel^  la  JMtc  mïlirn  an  profit  du  cabinet. 
ifbîft  ce  qaH  poavail  y  aToir  d^mpopa- 
lim^  de  coBtraire  à  certains  sentiments, 
habhndes  du  peys,  citait  à 
!;  c^était  nous  qui  derions 
le  poids.  Tout  ce  qui  pouvait 
apparence,  quelque  ten- 
— iliiqiic,  révolutionnaire,  c*é- 
de  Tancienne  Opposition, 
nous  n^avons  pas  voulu  ac- 
situation;  nous  ne  sommes 
d'aucun  régime,  pss  plus  de  la 
de  Juillet  que  de  la  Restaura- 
avoQS  été  dans  tous  les  temps 
d'une  politique  modérée,  de 
ipj'oB  a  appelé  depuis  la  politique  du 


(  SU  )  GLl 

le  vote,  par  de  nouveaux  22 1 ,  de  Tadrèsse 
rédigée  par  les  commissaires  de  la  coali-^ 
tion,  mais  refondue  par  la  Chambre,  la 
dissolution  de  celle-ci  en  janvier  1839, 
les  comités  dVlection  et  les  circulaires  ré* 
digées  par  chacun  d^euz,  la  faible  majo* 
rite  qui  sortît  pour  le  ministère  des  élec- 
tions du  3  mars,  la  chute  du  cabinet  et 
Timpuissance  de  la  coalition  d^en  former 
un  autre  {vojr.  GASPAaiK;.  Disons  seule- 
ment que  M.  Guizot,  pour  assurer  sa  ré- 
élection à  Lisieuz,  avait  lait  imprimer 
une  lettre  très  remarquable  à  ses  com« 


Ce  te  alors  que  les  doctrinaires  ten- 
hM  la  ■min  au  tiers-parti ,  lui-même 
I M  k  roppositîon  de  gauche.  Les  par- 
^ftlm  pfas  eatrémetf,  celui  des  légiti- 
\f  dont  M.  Berrjer  est  le  chef, 
riii  des  radicani,  qui  re^it  son 
tordre  de  M.  Gamier-Pagès,  en- 
cette  coalition  devenue  la- 
i  dont  il  serait  trop  long  de 
ici  Finstructive  histoire.  Sans 
antécédents  et  mettant  en 
gouvernementales , 
à  la  tribune  de  la  Chambre, 
il  Félage  de  TOppotition  tant  combattue 
par  W,  cft  reçut,  a  dit  M.  de  Montalivet, 
ht  èt^téme  de  M.  Odillon-Barrot,  jus- 
^hmA  soo  adversaire,  moins  éloigné  de 
Û^il  Cit  vrai,  que  M.  Garnier-Pagès,  qui 
pnasBçay  dans  la  séance  de  la  Chambre 
àm  9  JBMTÎer  1839,  ces  mémorables  pa- 
«  J*ai  lait  des  efforts,  pour  ma  part, 
de  Inire  nommer  pour  commissaires 
de  la  commission  de  Tadrease) 
des  anciens  cabinets.  Pai  voulu 
le  plaisir  de  voir  des  hommes  qui 
:  dirigé  la  politique  que  j*avais  com- 
avec  tant  d'ardeur,  venir  la  blâmer 


réservons  pour  les  articles  Molé 
•f  Tncms  le  récit  succinct  des  événements. 


mettants,  et  quUl  les  remercia  ensuite^ 
par  un  discours  qui  mérite  aussi  d'être  lu, 
de  lui  avoir  continué  son  mandat. 

Mais  en  même  temps  un  discours  électo- 
ral prononcé  surun  autre  point  delà  Fran- 
ce condamnait  hautement  la  coalition. 
M.  Rover-Collard ,  qui  n^avait  pas  voté 
les  lois  de  septembre  et  s'était  sépairé,  dans 
cette  occasion  (séance  du  25  août  1835 1, 
de  ses  anciens  amis,  fit  entendre  le  3 
mars  1839,  aux  électeurs  de  Vitry  qui 
venaient  de  le  réélire,  ces  graves  paroles  : 
<(  L'agitation  produite  par  la  révolution 
de  Juillet,  chassée  des  rues  où  elle  a  été  ré- 
primée, s^est  réfugiée,  s'est  retranchée,  au 
cœur  de  l'état.  Là,  comme  dans  un  lieu 
de  sûreté,  elle  trouble  le  gouvernement, 
elle  t'avilit,  elle  le  frappe  d'impuissance, 
et  en  quelque  sorte  d'impossibilité.  » 

L'ancienne  majorité  de  la  Chambre 
des  députés  et  celle  de  la  Chambre  des 
pairs  partageaient  Tavis  de  M.  Royer-Col<- 
lard  ;  tous  les  vrais  amis  de  M.  Guizot , 
admirateurs  de  son  beau  talent  et  de  sa 
carrière  si  honorable,  le  virent  avec  peine 
engagé  dans  cette  route  nouvelle.  La  pu- 
reté de  ses  mœurs,  la  rigidité  de  ses  prin- 
cipes, son  caractère  ferme  et  résolu  sem- 
blaient lui  avoir  imposé  Tune  des  plus 
hautes  missions  qu'il  y  ait  actuellement  à 
ramplîr  en  France,  celle  que  le  député 
de  la  Marne  a  si  bien  désignée  par  ces 
mots  :  a  Pratiquons  la  franchise,  la  droi- 
ture, la  justice  exactement  observée,  la 
miséricorde judicieusementappliquée.  Si 
c'esl  une  révolution^  le  pays  nous  en 
saura  gré,  et  la  Providence  aidera  nos 
efforts  ;  V  la  mission  de  moraliser  le  gou« 
vernement,  de  le  tirer  de  la  vieille  or^ 
nière  des  intérêts  personnels,  où  les  plus 
hautes  questions  sont  rapetissées  aux  nies* 


CCI 


(Jl8) 


GDI 


qniiMt   proportions  d*iine   iotrigne  de  i 
couloir  ou  d'une  guerre  aux  places,  et  où 
les  personnes  et  les  moyens  équivoques 
ne  sont  pas  ceux  devant  lesquels  on  re- 
cule le  plus. 

Les  intérêts  matériels  envahissent  tout 
dans  les  pays  rebelles  à  Tempire  de  la  re- 
ligion,  et  les  caractères  les  plus  élevés  n'y 
semblent  point  à  Fépreuve  des  grandes 
tentations.  Mais  M.  Guizot  est  du  nombre 
de  ceux  qui  aiment  et  exaltent  l'heureuse 
influence  de  ce  lien  entre  le  fini  et  l'infini, 
entre  ce  monde  périssable  et  l'éternité  à 
laquelle  il  nous  prépare,  a  Les  croyan* 
ces  religieuses,  a-t-il  écrit  récemment  *^ 
sont  d'un  inappréciable  secours  au  bon 
gouvernement  des  affaires  humaines.  Pour 
se  bien  acquitter  de  sa  tâche  en  ce  monde, 
l'homme  a  besoin  de  la  regarder  d'en 
haut;  si  son  âme  n'est  qu'au  niveau  de 
ce  qu'il  fait,  il  tombe  bientôt  au-dessous 
et  devient  incapable  de  l'accomplir  di- 
gnement. »  Les  mêmes  sentiments  se  re- 
trouvent dans  divers  ouvrages  ou  petits 
écrits  de  M.  Guixot,  notamment  dans  son 
article  déjà  cité  Du  catholicisme  ^  du 
protestantismeyeiCj  auquel  on  pourrait 
néanmoins  reprocher  son  point  de  vue 
plus  gouvernemental  que  spirituel  et  un 
syncrétisme  difficile  à  concilier  avec  une 
foi  vivace.  Enfin  ces  sentiments  ont  ani- 
mé quelques-uns  de  ses  discours,  si- 
non politiques,  au  moins  de  ceux  qu'il  a 
prononcés  en  sa  qualité  de  membre  du 
conseil  ou  de  vice- président  de  la  Société 
de  la  Morale  chrétienne,  de  la  Société 
protestante  de  Prévoyance  et  de  Secours 
mutuels  de  Paris,  et  avant  tout  de  la  So- 
ciété Biblique  protestante.  Nous  rappel- 
lerons particulièrement  son  allocution  à 
l'assemblée  générale  de  cette  dernière  so- 
ciété, le  30  avril  1886,  où  il  exciu  les 
plus  salutaires  émotions  en  traitant  cette 
thèse  admirable  :  «  C'est  la  gloire  du  chris- 
tianisme d'avoir  iait  de  l'intérêt  éternel 
de  l'âme  humaine ,  de  la  sainteté  et  du 
salut  des  âmes,  sa  pensée  dominante.  » 
Il  est  rare,  mais  il  est  consolant,  à  l'é- 
poque où  nous  vivons,  de  voir  sortir  de 
lellca  paroles  de  la  bouche  d'un  homme 
d'éut. 

Au  reste,  chez  M.  Guizot  Thom  me  d*é- 

(*)   Fis  d»  Wmtkimgfm,  lotrodactioa,  t.  I» 

p.  XWIIl. 


tat  n'a  jamais  fini  ni  an  penseur 
ni  à  l'écrivain  riche  d'idées  et 
dans  l'expression  des  sentiments.  Il  i 
pris  sa  plume  habile  dans  toutet 
termittences  de  sa  vie  publique,  et 
ques-uns  de  ses  écrits  ont  même  été] 
parés  au  milieu  des  orages  polltiquea.1 
s'applique  entre  autres  à  sa  demièrt{ 
blication,  f7r,  correspondance  eti 
ele  ff^ashingtnn  ,  Paris,  1840 ,  t. 
C'est  un  abrégé  du  grand  ouvrage  i 
de  M.  Sparks,  publié  aux  Éut»-Uniil 
les  auspices  du  congrès.  M.  Guizot, 
les  autorités  américaines  ont  fait 
naître  leur  désir  d'associer  la  Pranetl 
monument  élevé  à  un  homme 
monde  entier,  a  enrichi  d'une  inl 
tion  très  remarquable  les  extraits 
suivant  ses  vues  et  traduits  sous  m 
veillance.  Cette  publication  clôn 
nous  la  liste  des  ouvrages  de  M. 
que  nous  n'avons  pas  toutefois 
complète.  Beaucoup  d'articles  de  la 
vue  Française  entre  autres,  ^par< 
celui  sur  la  Démocratie) ,  mérii 
d'y  figurer. 

Tant  de  travaux  ont  dû  accumutcrl 
honneurs  sur  la  tête  de  M.  Guîzot.  ■ 
l'un  des  premiers  f 8  déc.  1 839)  meall 
de  l'Académie  des  Sciences  moral«l 
politiques,  restituée  par  lui  à  llttslM| 
de  France,  il  le  fut  bientôt  après  par  < 
des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  et, 
28  avril  1836,  il  devint  en  outre  TuBi 
quarante  de  l'Académie  -  Française , 
remplacement  de  Destutt  de  Tracy. 
pronon^  son  discours  de  réception* 
33  décembre  suivant.  Depuis  le  4 
1835,  il  est  grand -officier  de  la 
d'Honneur;  il  a  reru  difTérentes 
rations  de  .souverains  étrangers,  «tlj 
été  l'objet,  au  dehors  aussi,  de 
de  nominations  académiques. 

Une  haute  distinction,  qui  sans 
ne  sera  pas  la  dernière,  vient  encore 4 
lui  tomber  eu  partage.  Après  s*être  dfal 
depuis  l'avènement  du  ministère  da  I 
mai  (uA/.  SouLT^i ,  pour  laisser  se  perA 
les  souvenirs  de  la  coalition ,  M.  Gm 
zot,  par  ordonnance  royale  du  9  fèviii 
dernier,  a  été  appelé  à  Tambassade  i 
Londres ,  où  la  question  capitale  àê 
politique  du  jour  attend  sa  solati« 
Dtns  les  affaires  d*Orient,  le  plut  b« 


cm 


(S19) 


GUi 


I  ctt  détola  à  U  Fruee  :  ne  deman- 
H  rien  pour  elle ,  ne  8*attmchant  qu^à 
■Blonir  U  paix  ei  l'équilibre ,  défen* 

II  U  cause  de  rEorope  entière,  elle  te 
pie  en  oppoiition  avec  rAogleterre 
■ibien  q[a*avec  la  Rimie,  el  obligée  de 
liH'  muL  antipalhiet  de  Tune  comme 
^convoitiae  de  raatre  de  ces  deux  na- 
^  rivalea.  Ce  oonilit  a  renda  dilEcile  la 
pt  du  cabinet  français  :  il  a  demandé 

le  tribut  de  ton  expérieoœ 

i  lie  ton  aniorité.  Dans  cette  po- 

▼elley  ou  rEnrope,  plus  que  ja- 

les  jeux  sur  lui,  le  diplomate 

•*était  formé  à  Téoole  de  Tbistoire, 

d'oB  renoontrcrune  plus  rude  dans 

émrdes  civiles,  ne  manquera  pas  à 

pjs  et  ne  restera  pas  au-dessous  de 

renommée*.  E.  P-c-t. 
WIZOT  (madame).  Élisabbth- 
-  Pauunb  liK  MxuLAiff  est 
ne  sous  son  nom  de  famille 
«ws  cebii  de  son  mari  (vojr,  l'article 
t),  qu'elle  porta  dignemenL 
M"*  de  Meolan ,  née  le  2  novembre 
I,  était  fille  d'un  receveur  général 
k  généralité  de  Paris,  ville  où  elle  re- 
ie  jonr.  Dana  la  nuiison  de  son  père, 
énit  le  rendei-vous  des  économistes 
'ia  Bonvelle  école,  des  encyclopédistes 
Cun  grand  nombre  d'esprits  éclairés , 
k  indinait  aux  idées  qui  préparaient 
i#volatioD.  L'éducatioo  de  la  jeune 
dIîbc,  €»bjct  de  la  prédilection  mar- 
ée de  ta  mère,  fut  soignée.  Dans 
le  jcniie  fille  triste  et  toujours  souf- 
Muae,  oo  remarqua  de  bonne  beure 
e  vive  eensibilité  et  une  facilité  éton- 
ne pour  apprendre  et  saisir,  une  rai- 
I  ditiîle,  un  cœur  excellent,  une  mé- 
tré pea  commune;  et  pourtant  son 
rit  restait  comme  endormi.  A  14  ans, 
!  faisait  des  vers,  composait  des  oon- 
ct  dea  fables,  écrivait  de  petits  dra* 
»;  aaîa  elle  fiùsaît  tout  cela  sans  y 
m  bien  vif  plaisir.  Toujours 
y  tonjoon  silencieuse,  l'origina- 
f  ai  ftctive  de  son  esprit  semblait  ne 

^  Ob  wt  qae  M.  CaUmata  TÎnit  de  graver* 
■éi  W  tabûaa  de  M.  P.  DeUroehe,  uo  beaa 
vaic  de  IL  Gaiiot.  Ua  portrait  «  U  plumé, 
iai  beaa,  aiaia  fort  piquaat,  %e  trouTc  dans 
Etmtiea  mr  U$  ormUmn  purltmentairtt^  par  Ti- 


de  Cormvirfa). 


5. 


pouvoir  se  manifester;  rien  qoi  fit  près* 
sentir  qu'un  jour  elle  dût  se  distinguer. 
Elle  allait  accomplir  sa  seizième  année, 
lorsque  la  révolution  éclata  :  ce  fut  com- 
me la  provocation  dont  elle  avait  besoin 
pour  se  développer. 

Biais  cette  même  révolution  renversa 
la  fortune  de  M.  de  Meulan,  qui  ne  put 
survivre  à  ce  coup,  et  mourut  en  1790, 
laissant  sa  famille  dans  la  gène.  Ainsi  au 
spectacle  des  malheurs  publics  se  joigni- 
rent  les  malheurs  particuliers  pour  la 
jeune  Pauline,  désolée,  inquiète  pour  l'a- 
venir de  ses  trois  frères ,  de  sa  mère  et 
de  sa  sœur.  En  1794,  une  loi  générale 
exila  ^de  Paris  la  famille  de  Meulan,  qui 
se  retira  à  Passy.  Dans  son  isolement, 
la  jeune  fille  apprit  enfin  à  penser,  et  sa 
nature  intime  lui  fut  dès  lors  révélée. 
Un  matin,  en  dessinant,  elle  s'aperçut  tout 
à  coup  de  l'abondance  de  ses  idées,  de 
l'énergie  de  ses  facultés,  et  elle  songea, 
poiu*  la  première  fois,  qu'elle  pourrait 
bien  avoir  de  l'esprit.  «  Dès  que  ce  doute 
«  se  fut  élevé  en  moi ,  écrivait-elle  dans 
«  la  suite,  il  me  sembla  être  moins  seule 
n  en  ce  monde  ;  je  crus  y  avoir  rencontré 
«  un  ami  qui  ne  m'abandonnerait  pas.  » 
«  Je  me  fixai  pour  toujours  cette  idée, 
dit -elle  encore   dans  une  lettre  datée 
de  1822 ,  «  que  la  seule  patience  qui  ne 
«  vienne  pas  de  la  faiblesse  est  celle  qui 
«  ne  se  soumet  qu'après  avoir  épuisé  la 
«  résistance,  et  c'est  cette  énergie  obsli- 
«  née  qui  a  été  l'appui  de  ma  jeunesse. 
«  Rien  de  beau,  selon  moi,  comme  l'acti- 
«  vite  persévérante  aux  prises  avec  les 
«  difficultés  de  la  vie.  » 

La  situation  de  sa  famille  était  diffi- 
cile, pénible;  Pauline  de  Meulan  réso- 
lut d'utiliser  son  talent  en  faveur  des 
siens ,  et,  encouragée  dans  cet  honorable 
projet  par  d'anciens  amis  de  sa  famille, 
Suard  et  De  Vaines,  elle  se  décida  à  écrire 
pour  le  public.  Son  premier  roman ,  Les 
Contradictions^  ou  ce  qui  peut  arri%*ery 
un  vol.  in-12,  parut  en  1799.  Cet  ou- 
vrage, qui  révélait  un  esprit  piquant  et 
original ,  une  grande  facilité  de  style,  eut 
du  succès;  toutefois  il  n'était  pas  sans 
de  nombreux  défauts;  mais  presque  tous 
disparurent  dans  un  second  roman ,  La 
Chapelle  d'AfUm^  ou  Emma  Cour- 
tenny^  publié  sous  le  titre  modeste  dq 


GDI 


(820) 


GUI 


ti^dctîon  de  Tanglais^  qnoiqu^il  fût 
même  plus  qa*une  imitation.  Le  titre , 
ridée  générale  et  quelques  sitoations, 
voilà  tout  ce  que  M^*  de  Meulan  avait 
emprunté  à  Marie  Hay«  ;  les  événements, 
Ja  conduite  du  drame ,  les  formes  du  ré* 
dt,  les  caractères,  les  sentiments,  Fez- 
pression  ,  tout  était  dVlle,  et  tout  était 
neuf,  fin,  touchant. 

En  180 1,  Suard  ayant  fondé  ie  Pu- 
blicîste  y  journal  modéré  et  indépendant, 
ami  de  Tordre  et  de  la  vérité,  elle  en 
partagea  la  rédaction  et  cessa  dès  lors 
d*écrire  des  romans.  Bientôt  ie  Publia 
ciste  dut  à  cette  plume  de  femme  une 
grande  partie  de  son  succès;  ses  articles 
(formant  5  à  600  feuilletons  signés  P.) 
sur  les  théâtres,  les  mœurs ,  la  société , 
les  livres ,  faisaient  le  sujet  de  toutes  les 
conversations  du  monde  élégant  ;  et,  en 
imprimant  à  la  critique  littéraire  un  ca- 
ractère nouveau  d*indépendance,  ib  assi- 
gnaient à  leur  auteur  un  rang  parmi  les 
écrivains  distingués  de  Tépoque.  Plu- 
sieurs de  ces  articles  ont  été  réunis  sous 
le  titre  à^ Essais  de  iiitérature  et  de  mo^ 
raie  y  1802. 

Tandis  que  la  réputation  de  M*^*  de 
Meulan  grandissait ,  que,  recherchée  par 
le  monde  à  cause  de  son  esprit  et  de  Taf- 
fabilité  de  ses  manières,  elle  y  allait  ob- 
server et  réfléchir ,  ses  nombreux  travaux 
de  chaque  jour  minaient  sa  santé,  et 
bientôt  le  repos  lui  fut  ordonné.  Cétait 
au  mois  de  mars  1807,  alors  que  sa 
sœur,  quVlle  avait  mariée,  en  1 803,  avec 
M.  Dillon,  et  à  laquelle  elle  avait  généreu- 
sement abandonné  sa  part  du  patrimoine 
commun ,  venait  de  perdre  son  mari. 
£He  souffrit  de  sa  douleur,  et  Taltération 
de  sa  santé  s*étant  encore  angoientée,  il 
lui  fallut  renoncer  entièrement  au  tra- 
vail. Cependant  le  produit  de  sa  plume 
était  tout  pour  elle  et  les  siens  ;  elle  s*iii- 
cpiiélait  donc  en  pensant  aux  embarras 
domestiques  qui  allaient  être  la  consé- 
(jnenoe  de  son  repos  forcé.  Dans  ces  cir- 
constances, elle  re^t  un  matin  une  let- 
tre anonyme  par  laquelle  on  lui  offrait 
d*érrire  pour  elle  dans  le  PtUdieiste. 
Aussi  surprise  que  touchée  de  cette  pro- 
position ,  elle  refusa  d*abord  ;  mais  Ta- 
nonyme  renouvela  sa  prière  :  alors  elle 
jÊCctpîêy  et  dès  œ  jour  elle  re^t,  par  une 


voie  secrète,  des  articles  qu'ellt  M 
vait  regretter  de  publier  au  lien  des  i 
Cette  mystérieuse  correspondaiioe  i 
tinuait  sans  que  M"«  de  Meulan  péli 
couvrir  celui  qui  en  était  l*ai 
membres  du  cercle  de  Suard  s*éi 
de  leur  côté  en  conjectures ,  i 
ne  songeait  au  jeune  et  grave 
qui,  au  milieu  d*eux,  écoutait 
ment  toutes  les  suppositions.  Eoia,' 
un  mois  de  recherches  inutiles, 
Meulan  écrivit  elle-méa»,  pur  la 
Pubiicistey  à  son  discret 
pour  le  sommer  de  se  fiûre 
le  menaçant  de  rompre  avec  lui  A; 
sistait  à  rester  ignoré.  Le 
dans  Tarticle  précédent  quel 
anonyme  et  queb  rapports  sV 
bientôt  entre  lui  et  celle  qu'il 
gée  avec  tant  de  délicatesse.  ÇkÊt% 
après,  le  9  avril  1813,  c«tte 
devint  madame  Guizot,  et  ce  joar^ 
men^  pour  les  deux  écri^ 
tendre  et  douce  de  quinte 
«  remercie  Dieu  de  mon  ^uhwir  , 
«  vait*elleen  1821  à  une  de  i 
«  je  suis  du  petit  nombre  de  een  fj 
«  la  vie  n'a  point  trompés.  »  Les  dl 
époux  gagnèrent  à  leur  union  :  îliMl 
blaient  se  compléter  Tua  Taotn.  ^ 
contact  de  Fesprit  ^«(Bnit  antaai  m 
clairvoyant  de  sa  femme,  M.  Gtiiaol«i 
tit  son  ambition  s'accroître,  et  M"* fi 
xot,  de  son  côté,  puisa  dans  la  haalta 
son  de  son  mari  la  fora  qu'elle  nta 
pu  trouver  en  elle-même  ;  avec  lii 
refit  toutes  ses  opinions  rfiliginnim^gp 
tiques,  morales  et  littéraires;  car  il  ^ 
que-là  les  idées  ne  lui  avaient  fm  nm 
que,  les  principes  souvent  lui  a^ 
défaut. 

M.  Guizot  avait  entrepris  la 
tion  des  Atutalesàe  VÉdUtuadok . 
périodique  destiné  à  en  propagv  et 
ganser  les  vrais  principes  :  sa 
plaça  plusieurs  articles,  entre 
Jourmai  d'une  mère.  Dans  la 
née  (fin  de  1812),  elle  publia 
mes  de  contes  intitulés  :  Les  Enf^ 
ouvrage  dans  lequel  elle  sut  unir  la  tf 
se  à  la  naïveté,  l'intérêt  à  la 
et  où  règne  une  morale  pure, 
pourtant  familière.  Ces  contes  sont  ( 
aujourd'hui  un  modèle  du  genre. 


Gm 


(821) 


GUL 


i ,  l'cotrée  de  m  i 


î  dans 
-Gui- 

Dl         plus 


publiques  permii 
iiller  à  son  gré, 
té  :  elle  écrivit  alors  plusieurs 
es  sujets  de  morale  et  de  po- 
B^ont  pas  été  publiés ,  et  elle 
ft  rédaction  des  Archives  phi- 
Sy  politiques   et   littéraires 
)«,  del817  à  1818).  La  po- 
i  occupait  une  si  grande  place 
de  M.  Guizot  pendant  les  six 
1  resta  aux  affaires,  la  préoc- 
lent  dans  cet  intervalle;  elle 
une  part  active,  en  1819,  à 
Q  politique  du  Courrier  (vojr. 
note  )  ;  mais  lorsqu'il  fut  ren- 
Ures,    elle   les    cultiva    avec 
1821,  elle  publia  l'Écolier, 
ft  Victor  (4  vol.  in- 12),  ro- 
cation  que  l'Académie-Fran- 
»nna  comme  Touvrage  le  plus 
mœurs,  et  dont  chaque  page 
effet ,  une  élévation  peu  com- 
pensée et  une  grande  sévé* 
on ,  au  milieu  d'un  récit  tou- 
aé,   toujours  varié,    toujours 
ts  Enfants  et  le  Journal  d'une 
ressaient  directement  à  l'en- 
Êcolier  fut  une  œuvre  desti- 
bien  aux  hommes  qu'aux  en- 
ayant  surtout  pour  but  d'ini- 
lôniers  à  la  connaissance  des 
e  rhomme ,  en  leur  montrant 
I  qu'ib  doivent  pratiquer  dans 
Écolier  fut  suivi  des  Nouveaux 
tvol.  in-12),  qui  parurent  en 
doi  btitulé  Nadir  est  surtout 
ible  :  l'auteur  y  prête  aux  le- 
la  raison  tout  Tattrait  d'une  fie- 
hble  et  naturelle.  Dans  un  au- 
*p  de  M"^  Guizot,  mais  qui  est 
dieré,  Une  Famille,  elle  donne 
■tOQtàla  fois  aux  enfants  et  aux 
c'ert  toujours,  du  reste,  la  même 
esentiment,  la  même  morale  in- 
c^  pourtant  indulgente.  Toutes 
^îcttions  semblaient  n'être  que 
■eats  d'un  grand  ouvrage ,  d'une 
|i>Bplèude  Téducation:  M°»Gui- 
^tToeuvre ,  et  donna,  en  1826, 
lotion  domestique,  ou  Lettres 
ksurréducaUon  (2  vol.  in-8»). 
9oe  de  cet  ouvrage  se  trouve 
boi  runion  d'une  grande  sévé- 

fek^.  d.G.d.M.  Tome  X11T|^ 


rite  de  principes  avec  une  entière  liberté 
d'esprit;  tout  entier  fondé  sur  le  vrai, 
rien  n'y  est  accordé  aux  caprices  de  la 
faiblesse  et  de  l'imagination.  Il  y  a  là 
trois  enfants  qui  grandissent  et  deux 
mères  toujours  inquiètes,  toujours  at- 
tentives, qui  se  communiquent  leurs  ob- 
servations et  s'aident  mutuellement  de 
leur  expérience. 

Cet  ouvrage,  le  dernier  qu'ait  écrit 
M™*  Guizot,  est  comme  le  résumé  de  ses 
réflexions;  elle  se  hâta  de  le  finir,  car  elle 
sentait  la  vie  lui  échapper.  En  vain,  pen- 
dant une  année,  elle  lutta  contre  la  ma- 
ladie, faisant  ses  efforts  pour  retenir  une 
vie  qui  lui  paraissait  douce  et  qui  faisait 
le  bonheur  d'êtres  chéris  :  elle  était  près 
du  terme,  et  quand  elle  l'eut  compris, 
elle  ne  songea  plus  qu'à  mourir  comme 
elle  avait  vécu.  Le  80  juillet  1827,  elle 
fit  à  son  mari,  à  son  fib,  à  sa  famil- 
le, de  tranquilles  et  touchants  adieux; 
le  surlendemain,  1*'  août,  elle  pria  M. 
Guizot  de  lui  faire  quelque  lecture.  H 
lut  d^abord  une  lettre  de  Fénélon  pour 
une  personne  malade,  puis  il  commença 
le  sermon  de  Bossuet  sur  l'immortalité 
de  l'âme  :  comme  il  finissait,  elle  expira. 
Bien  que  catholique,  elle  avait  prié  son 
mari  de  la  faire  enterrer  selon  le  rit  pro- 
testant ;  elle  avait  besoin  de  mourir  avec 
l'espoir  consolant  de  se  réunir  un  jour 
au-delà  du  tombeau  à  celui  qu'elle  ai- 
mait. 

«  Sa  vie,  »  dit  M.  Ch.  de  Rémusat,  dans 
l'intéressante  notice  qu'il  a  consacrée  à 
l^me  Guizot ,  «  peut  se  résumer  ainsi  : 
«  immuable  harmonie  de  la  raison  et  du 
«  cœur.  »  «  Partout ,  ajoute-t-il ,  cette 
(t  qualité  mérite  admiration  et  affection  ^ 
«  mais  elle  est  digne  d'amour  surtout 
«  alors  qu'elle  unit  la  raison  d'un  sage  et 
a  le  cœur  d'une  femme.  »       E.  P-g-t. 

GULISTAN  (pays  de  roses)  ,est  le  nom 
de  l'un  des  ouvrages  les  plus  connus  et  les 
plus  piquants  de  Saadi  [voy,),  célèbre 
poète  et  philosophe  persan;  c*est  aussi 
le  nom  d'un  village  devenu  fameux  pour 
avoir  été  le  théâtre  des  négociations  et 
du  traité  qui  ont  sanctionné  le  premier 
démembrement  de  la  Perse  en  faveur  de 
la  Russie.  Gulistan  est  situé  dans  le  Ra- 
ra-Bakh  (jardin  noir),  province  monta- 
gneuse et  boisée,  au  confluent  du  ILotir 

1\ 


43t»  (  ta  ) 

et  de  l'Araxe  (voy.  cet  articles).  Ce  lot  à 
Gnlittaii  qaes'aboachèrent,  en  septembre 
1818,  sous  le  médiation  de  rAngleterre, 
les  plénipotentiaires  des  deux  puissances, 
le  général  Rtischtchef,  gouTemeur  géné- 
fal  de  la  Géorgie,  et  Mirza-AbouUHa- 
çan-Rhan,  ci -devant  ambassadeur  de 
Perse  en  Angleterre.  Après  deux  mois  de 
négociations,  ils  signèrent,  le  12  octobre, 
un  traité  préliminaire  qu*Aboul-Haçan 
fut  chargé  de  porter  à  la  cour  de  Téhé- 
ran pour  en  obtenir  la  ratification  ;  celle 
qu'il  alla  ensuite  demander  solennelle- 
ment à  Fempereur  Alexandre  fut  retardée 
jusqu'au  mois  de  janvier  1816,  à  cause 
des  deux  expéditions  que  ce  monarque 
iTait  faites  en  France.  Cet  Aboul-Haçan 
est  le  bel  ambassadeur  de  Perse  qu'on  a 
iru  à  Parisien  1819,  avant  son  départ 
pour  une  seconde  mission  en  Angleterre, 
et  à  son  retour,  en  1820. 

Le  traité  de  GuUstan  porta  les  fron- 
tîèref  de  l'empire  russe  jusqu'à  travers  les 
•teppes  du  Moghan,  au  cours  inférieur 
de  l'Araxe,  à  la  rive  droite  du  Rapanek- 
Chai  et  à  la  rive  gauche  de  l'Arpa-Chaî 
qui  se  jettent  dans  ce  fleuve;  il  fit  perdre 
au  roi  de  Perse  les  khanats  de  Rouba,  de 
Chemakha,  de  Bakou,  de  Salliàn ,  for- 
mant la  totalité  de  la  province  de  Chirvan 
(vox.)j  ceux  de  Karabagh,  de  Talychine  et 
de  Gandja  (vo/.  Ajuiéhie),  et  l'obligea 
de  renoncer  à  toutes  prétentions  sur  le 
Daghestan,  l'Abazie  et  les  diverses  pro- 
^nœs  qui  composaient  la  Géorgie  turque 
et  la  Gîtorgie  persane.  La  Russie  obtint 
de  grands  privilèges  pour  son  commerce 
dans  les  états  du  chah ,  ainsi  que  le  droit 
exclusif  d'avoir  des  vaisseaux  de  guerre 
sur  la  mer  Caspienne.  Ce  traité,  avant- 
coureur  des  nouveaux  avantages  que  de- 
vait lui  procurer  celui  de  1827  (voy. 
TouaxMAifTCHAi),  a  réalisé  les  plans  d'a- 
grandissement que  Pierre-le-Grand  avait 
commencé  d'exécuter  el  que  Nadir>Chah 
força  ses  premiers  succeMeurs  de  révoquer 
on  d'ajourner.  H.  A-d-t. 

GUSTAVE.  Quatre  rob  de  ce  nom. 


ûm 


de  diffêrentes  maisons,  ont  régné  en 
Suède,  sans  compter  Charles-Gustave  qui 
figura  parmi  les  Charles,  dans  la  série  des- 
queb  il  est  le  dixième;  les  deux  derniers 
GusUve  seulement  sont  désignés  par  leur 
^îflre;  les  deux  premiers  sont  plus  con* 


DOS  idis  les  iioBis  de  Guitif*  Wtia 

Gustave- Adolphe. 

Gustave  I*',  on  Gustavi  Wa14 
en  1496,  éuil  fils  du  conseiller 
Erik  Wase,  de  Grypsholm,  issu  d« 
cienne  famille  royale.  Il  était 
corps,  d'une  éloquence  entraînante^  i 
témérité  presque  toujours  heumMi 
branlable  dans  ses  convictions  et 
douceur  dans  un  temps  qui,  po«r  hl 
de ,  était  encore  un  âge  de  mdesN 
barbarie.  Lorsqu'en  vertu  de  1' 
Ralmar,  Christiem  II  {voy,)  voolati 
parer  de  ce  pays,  Gustave  forma  la 
jet  de  l'aflranchir  du  joug  de  ce 
mais  pendant  qu'il  se  préparait  in 
ter  cette  résolution,  Christiem  lalli 
sir  el  conduire  à  Copenhague, 
otage,  avec  six  Suédois  des  meîll 
milles.  En  1 5 1 9,  ayant  appris  que  < 
tiem  avait  presque  entièrement 
la  soumission  de  la  Suède,  Gustave ^i 
de  sa  prison  sous  des  habits  de 
premier  jour  de  son  évasion,  il 
malgré  les  plus  grands  périls, 
à  12  milles  de  Copenhague,  s*y 
service  des  marchands  de  bcHifr  da. 
land,  et,  avec  eux,  parvint  sans  étvi 
couvert  jusqu'à  Lubeck.  Lii  il  fut  i 
mais  le  sénat  le  prit  sous 
et  lui  promit  même  de  l'aider 
projets  que  désormais  il  ne 
la  peine  de  cacher.  Peu  après,  il 
Lubeck  et  débarqua  à  Kalmar  ;  i 
garnison,  dont  il  se  fit  reconnaltr*,  i 
de  prendre  le  parti  d'un  I 
par  Christiem ,  qui  mit  sa  téla  à 
poursuivi  par  ses  soldats,  repoiMté  pri 
parents  et  ses  amis,  il  se  dirigea 
vers  la  Dalécarlie,  où,  abandonné  p 
guide  infidèle  qui  le  dépouilla  de  so«l 
gent,  il  fut  obligé  d'abord,  poor  vhnr%( 
s'engager  comme  ouvrier 
tard,  dénoncé  par  un  seigneur 
s'était  confié,  il  trouva  un  asile 
prêtre  qui  Tappuya  de  son  argcat 
ses  conseils,  el  qui,  pour  le  dérober  i 
poursuites  de  ses  ennemis,  fat  nhllgil 
le  renfermer  sous  clef  dans  une  partfal 

n  On  «tt  p«a  d*Mrora  «or  PoriglM  «t  HU^:^ 
•M  U  fost  dériver  d«  U  torr«  •df^rials  d|\ 


%^ 


WaM,  «Itnée  das«  U  proTiii<*«  d^plaMl,  d*B 
reiiiliiurot  |Mr  U  rcMBpOMtifM  drt  a 


ÎK.  Après  «Toir  habUement  pré- 
I  esprits,  il  profita  d^ane  fête  qui 
lit  les  paysans  des  cantons  pour  les 
à  b  cause  du  foçitif.  Son  air  no- 
coafiant,  ses  malheurs,  sa  haine 
bristiem,  qui  avait  préludé  par 
acre  à  son  entrée  à  Stockholm, 
ent  à  ses  paroles  une  force  entrai- 
Les  braves  Dalécarliens  coururent 
nés;  Gustave,  à  la  tête  de  400 
1^  s'empara  du  château  et  du  gou- 
de  la  province,  enleva  sur  son 
iox  Danois  les  villes  qui  étaient 
possession,  s'empara  d'Upsal  en 
iSl,  et  eût  été  même  plus  loin  , 
Jéfection  de  ses  soldats  et  Tarri- 
'archevêque  Trolle ,  qui  avançait 
\  forces  considérables.  Enfin  peu 
I  sot  se  rendre  maître  de  Stock- 
^  ce  moment,  Gustave  Wasa  eut 
ée ,  et  ses  entreprises  furent  une 
triomphes. 

>21 ,  les  États  lui  donnèrent  le 
régent,  et  en  1523,  il  fut  procla- 
S'il  ne  prit  pas  de  suite  la  cou- 
s'il  se  contenta  d'un  titre  pro- 
«  fut  pour  ne  pas  jurer  le  main- 
I  religion  catholique  et  des  pré- 
du  clergé  :  il  sentait  que  l'inté- 
sople  exigeait  une  amélioration 
t  de  l'Église ,  et  il  désirait  que 
e  fût  complète.  D'après  les  con- 
on  chancelier ,  Lars  Anderson , 
résolution  de  rendre  la  doctrine 
'  dominante  en  Suède  :  il  y  réus- 
;  œ  résultat  plutôt  encore  à  sa 
qu'à  sa  puissance.  Pendaot  qu'en 
Ëivorisait  les  progrès  de  la  ré- 
donnait à  ses  favoris  les  bénéfi- 
ti,  et,  sous  le  prétexte  de  dimi- 
Ittrges  qui  pesaient  sur  le  peu- 
ipoaait  au  clergé  celle  de  l'eu- 
es troupes  et  lui  enlevait  les 
I  et  châteaux-forts  dont  il  était 
resté  en  possession.  Les  prêtres, 
ils,  voulurent  faire  soulever  les 
sns,  mais  cette  révolte  fut  apai- 
>tement  et  sans  effusion  de  saog. 
\  il  se  hasarda  à  demander  aux 
btint  d'eux  l'abolition  du  privi- 
rèques.  Les  doctrines  luthérien - 
Modirent  avec  tant  de  rapidité 
tO  le  roi  assembla  uo  concile  na- 

MMltl*  Ubiean  de  M.Her»«nt  (vo/.)' 


(  m  )  <it]s 

tional ,  et  y  fit  adopter  comme  règle  de  foi 
la  confession  d'Augsbourg  ;  il  avait  lui- 
méme,depuis  quelque  temps,  abjuré  le  ca- 
tholicisme. Après  avoir  de  cette  manière, 
et  comme  il  le  disait  lui-même,  conquis 
son  royaume  pour  la  seconde  fois,  il  lui 
restait  à  en  assurer  la  succession  à  ses 
enfants.  Les  États  secondèrent  encore  une 
fois  ses  vues,  et,  en  1540  et  1544,  ils 
sanctionnèrent  la  loi  de  succession.  Bien 
que  la  Suède  fût  une  monarchie  limitée, 
Gustave  y  exerçait  presque  un  pouvoir 
absolu;  du  reste,  il  ne  s'en  servit  que  pour 
la  rendre  heureuse  \  l'intérieur  et  au  de- 
hors redoutable  à  ses  ennemb;  il  com- 
pléta la  législation,  adoucit  les  mœurs, 
encouragea  l'industrie  et  les  sciences,  dé- 
veloppa le  commerce.  Il  mourut  en  1560, 
laissant  pour  successeur  son  fils  du  pre- 
mier lit,  qui  prit  le  nom  d'Éric  XIV;  à 
ses  fils  du  second  mariage,  Jean,  Magnus 
et  Charles,  il  avait  donné,  mais  sans  sou- 
veraineté, l'administration  des  différentes 
provinces  du  royaume. 

GusTAVS  n,  ou  le  grand  Gustave - 
Adolphe  ,  était  fils  de  Charles  IX,  qui 
monta  sur  le  trône  après  la  déposition  de 
Sigismond  {voy.  Suède).  Né  à  Stockholm 
le  9  décembre  1594,  il  fut  élevé  avec  le 
plus  grand  soin  et  entra  aussitôt  dans 
l'armée.  En  161 1  (8  nov.),  à  la  mort  de 
Charles  IX ,  les  États,  persuadés  qu'une 
régence  perdrait  le  royaume,  et  qu'il  n'y 
avait  que  les  mesures  les  plus  énergiques 
qui  fussent  capables  de  le  sauver,  mirent 
le  sceptre  à  la  main  de  Gustave,  bien  qu'il 
n'eût  pas  encore  atteint  sa  majorité.  Sa 
sagacité  reconnut  dans  Axel  Oxenstiema 
(voy.)  y  le  plus  jeune  de  ses  conseillers 
d'alors,  le  grand  homme  d'état  dont  il 
devait  suivre  les  conseils  dans  les  posi- 
tions difficiles,  et  il  s'unit  à  lui  d'une 
étroite  amitié.  Le  Danemark,, la  Russie 
et  la  Pologoe  étaient  en  guerre  contre  la 
Suède.  Gustave,  incapable  de  résister  à 
la  fois  à  ces  trois  puissants  ennemis,  fit 
d'abord,  en  1613 ,  la  paix  avec  le  Dane- 
mark à  Knserœd,  lui  donna  un  million  de 
thalers,  mais  garda  toutes  ses  conquêtes  ; 
il  exclut  ensuite  la  Russie  de  la  Balti- 
que ,  et  enleva  au  tsar  Michel  Romauof 
l'Ingrie ,  la  Carélie  et  une  partie  de  la 
Livonie,  à  la  suite  d'une  campagne  glo- 
rieuse où  il  se  forma  à  l'arl  de  la  ^uerr^ 


ioiu  Jacquet  de  La  Gardie  (vojr,).  Cette 
campagne  eut  pour  résultat  la  paix  de 
Stolbova,  en  1617.  Quant  à  la  Pologne, 
quoîqu*elle  n'eût  pas  été  plus  heureuse 
contre  lui,  mais  que  ses  armées  eussent  été 
défaites  à  plusieurs  reprises  dans  les  an- 
nées 1626  et  1628,  Gusuve  lui  accorda 
une  trêve  de  six  ans,  avantageuse  en  elle- 
même,  et  qui  lui  donnait  la  facilité  d>n- 
treprendre  quelque  chose  de  décisif  contre 
rAutrichedont  lesouverain,Ferdinand  II, 
d'ailleurs  ennemi  irréconciliable  des  pro- 
testants, cherchait  à  augmenter  sa  puis- 
sance par  tous  les  moyens  possibles.  Il 
convoitait  surtout  la  succession  du  duc  de 
Poméranie,  pour  s*assurer  de  la  Baltique, 
et  en  même  temps  il  méditait  une  atta- 
que contre  la  Suède.  Mais  Gustave  trou- 
va le  plus  puissant  motif  pour  s'oppo- 
ser aux  progrès  de  ses  armes  dans  les 
dangers  que  couraient  à  la  fois  en  Alle- 
magne le  parti  protestant  et  la  liberté 
du  corps  germanique  (vox.  guerre  de 
TaENTE-Aivs).  Il  confia  son  royaume  à 
Dieu  et  à  la  sagesse  du  sénat  de  Stock- 
holm ,  présenta  à  cette  assemblée  sa  fille 
comme  son  légitime  successeur  en  cas 
d'événemeut ,  partit  pour  l'Allemagne  le 
34  juin  1680,  et,  avec  13,000  hommes, 
débarqua  sur  les  côtes  de  la  Poméranie. 
On  connaît  ses  glorieux  faits  d'armes  et 
le  cachet  particulier  (|ue  la  piété  du  roi 
imprimait  à  ses  opérations;  on  en  par- 
lera d'ailleurs  à  l'article  de  la  guerre  de 
Trente-Ans.  Ainsi  pour  éviter  les  répéti- 
tions, nous  ne  dirons  rien  ici  de  sa  ra- 
pide conquête  de  la  Poméranie,  de  la 
Marche,  de  la  Silésie,  de  ses  brillantes 
victoires  sur  Tilly  et  même  sur  Wallen- 
stein;  nous  ajouterons  seulement  qu'ou- 
tre ses  ennemis  il  eut  à  vaincre  des 
difficultés  de  toutes  sortes,  suscitées  en 
partie  par  les  princes  mêmes  pour  la 
cause  desqueb  il  était  venu  combattre. 
Sa  prudence ,  son  courage  et  sa  persévé- 
rance surmontèrent  les  obstacles  que  lui 
opposaient  les  irrésolutions,  la  méfiance 
et  la  faiblesse.  Après  les  plus  brillantes 
victoires  et  les  actions  les  plus  héroïques, 
il  mourut  à  la  bataille  de  Lntzen  (voy.)^ 
en  Saxe,oii  il  était  accouru  au  secours  de 
l'électeur  Jean-Georges,  le  6  novembre 
1632,  non  loin  de  la  pierre  nommée 
Schiyetienstein  (pierre  des  Suédois) ,  qui 


Gt» 

s'élevait  près  de  la  grande  route  de  I 
fort  à  Leipzig,  et  que  remplace,  dq 
6  novembre  1 887,  un  monument  eoi 
à  sa  mémoire.  Autrefois  la  pierre  éii 
tourée  de  peupliers  qui  viennent 
vendus  un  prix  très  élevé  à  an  mar 
de  Leipzig.  On  a  accusé  le  duc  Frai 
Albert  de  Saxe-Lauenbourg  d'avoir 
sine  Gustave- Adolphe  ;  mais  la  pa 
tion  des  lettres  du  page  Auguste  de 
belfing ,  qui  fut  blessé  à  ses  côlés, 
blerait  prouver  que  le  roi  est  tomb 
les  balles  des  cuirassiers  impériaux 
Herchenhahn,  Uist.  de  H^aUemtt 
vol.  in  fine  y  Altenbourg,  1 790).  So 
let  de  buflle  ensanglanté  fut  pc 
Vienne,  où  on  le  conserve  encore.  Bc 
de  Weimar  conduisit  son  corps  à  ' 
senfek  pour  l'y  remettre  aux  mains 
reine.  Son  cœur  fut  extrait  dans  la  \ 
bre  de  l'école  de  Meucben,  et  ci 
dans  l'église  de  ce  village.  Sa  filli 
neure,  Christine  {voy,\  lui  succéd 

Quoique  l'histoire  de  ce  prince 
eut  la  gloire  de  changer  l'art  de  la  gi 
soit  pour  ainsi  dire  toute  militaire, 
faut  pas  croire  qu'il  ne  s'occupa  poâ 
affaires  intérieures  du  pays  :  ce  fi 
qui,  le  6  juin  1626,  régla  la  m 
dont  la  noblesse  devait  se  partager 
l'assemblée  des  Éuts.  Il  la  divisa  et 
classes  :  dans  la  première  entrèrent 
ceux  qui  étaient  comtes  ou  barons, 
la  seconde  ceux  qui  pouvaient  pr 
que  parmi  leurs  ancêtres  ils  comp 
des  sénateurs  ou  des  conseillers;  la 
sième  comprenait  le  reste  des  nobles 
Suède).  Il  protégea  le  commerce,  i 
l'industrie ,  et  dota  le  premier  soi 
d'une  armée  permanente  et  d*ua  ood 
liuire.  La  vie  de  ce  roi  a  été  écrit 
Mauvillon  en  français,  par  Uarle  c 
glais,  et  par  de  Rango  en  allenand 

GviTAVS  m,  fib  aine  et  sooa 
d'Adolphe- Frédéric,  duc  de  Uol 
Gottorp,  et  de  Louise- Ulriquc, 
grand  Frédéric,  naquitle34  janvî 
Son  éducation  fut  confiée  aux  soi 
comte  de  Tessin,  puis  du  comte  Sdi 
qui  s'appliquèrent  à  lui  former  F 
et  le  caractère,  et  surtout  à  apaiser  I 
tation  de  cette  àme  de  feu  dans  lai 
bouillonoaieut  déjà  l'ambition.  Ta 
de  la  domination  et  du  luie.  Toot 


GDS 


(325) 


GUS 


lors  assez  d^habileté  pour  db- 
I  Térîtables  sentiments  sous  un 
le  bonhomie  et  d'aimable  so- 
Les  exercices  chevaleresques , 
s,  les  arts,  avaient  pour  lui  de 
tSy  parce  quMl  pouvait  y  dé- 
on  aise  son  goût  pour  le  faste, 
était  alors  divisée  en  deux  fac- 
3on/ieU  et  YesChapeaux  {voy.)^ 
nt.  Tune  pour  la  Russie,  Pau- 
a  France.  Malgré  leurs  dissen- 
es  partis  s'étaient  unis  pour  ti- 
nt que  possible  le  pouvoir  royal. 
!  Gustave  n'avait  pas  eu  la  force 
l'avait  su  que  se  plaindre  ;  son 
lé  visiter  la  France,  sous  le  nom 
de  Haga,  dans  le  but  secret  de 
avec  le  cabinet  de  Versailles;  il 
é  en  Suède  par  la  mort  de  son 
^vrier  1 7  7 1  ),  et  dès  ce  moment 
»  plus  qu'à  briser  le  joug  que 
Lie  faisait  peser  sur  la  royauté, 
indation  de  l'ordre  de  Wasa,  il 
Iques  militaires  entreprenants; 
forma  une  association  qui  eut 
;nts  et  des  émissaires  dans  les 
et  dans  les  provinces.  Gustave 
yé  en  secret  par  l'ambassadeur 
!  Yergennes  ;  dans  la  capitale, 
Sprengporten  lui  était  dévoué, 
l'importants  personnages,  tels 
oQtes  Hermansson  et  Scheffer. 
s  la  constitution  nouvelle  était 
^les  partagés  ;  les  frères  du  roi 
îconder  la  révolution  dans  les 
tandis  que  lui-même  la  con- 
dans  la  capitale.  Hellichius, 
lus  fidèles  partisans  du  roi ,  et 
mt  de  Christianstadt  donna  le 
orsque  le  prince  Charles  parut 
brteresse,  il  fit  une  défense  si- 
roi  affecta  une  si  profonde 
re  que  les  soupçons  des  États  se 
bientôt.  Cependant,  le  19  août 
ques  conseillers  du  royaume  lui 
ndre  des  paroles  sévères;  à  son 
bateau,  le  roi  rassembla  ses  offi- 
leur  donner  ses  instructions  et 
r  la  révolution.  Excepté  trois, 
1  fit  demander  leur  épée,  tous 
ent  d'obéir.  Le  roi  leur  donna 
fit  occuper  par  les  soldats  la 
inces,  et  alla  ensuite  à  l'arsenal 
irer  dea  régiments  d'artillerie. 


Les  habitants  de  Stockholm  avaient  été 
avertis  de  se  tenir  tranquilles  et  de  n'obéir 
qu'aux  ordres  du  roi  ;  les  canons  furent 
amenés,  les  postes  distribués,  et  l'on  fit 
plusieurs  arrestations.  Tout  réussit.  La 
révolution  s'accomplit  donc  sans  effusion 
de  sang,  et  le  lendemain  les  magistrats 
de  la  ville  prêtèrent  serment  de  fidélité. 
Les  États,  convoqués  au  château  pour  re- 
connaître la  nouvelle  constitution,  l'a- 
doptèrent et  la  signèrent  aussitôt.  Pres- 
que tous  les  fonctionnaires  restèrent  en 
place,  les  personnes  arrêtées  furent  re- 
mises en  liberté,  car  tout  était  fini,  et 
Gustave  III ,  au  comble  de  ses  vœux, 
s'occupa  sérieusement  du  bonheur  de  la 
nation. 

Mais  il  rencontra  toutes  sortes  d'obs- 
tacles. Les  États  lui  gardèrent  rancune,  et, 
en  1786,  ils  rejetèrent  presque  tous  ses 
projets  et  le  contraignirent  à  de  durs  sa- 
crifices. Quand,  en  1788,  Gustave,  fidèle 
aux  stipulations  de  son  traité  d'alliance 
avec  la  Porte,  déclara  la  guerre  à  la  Rus- 
sie et  voulut  commencer  les  opérations 
par  le  siège  de  Frédérikshamm,  en  Fin- 
lande ,  une  révolte  éclata  parmi  ses  of- 
ficiers qui  le  forcèrent  à  se  retirer.  Le 
roi  rassembla  en  Dalécarlie  une  nou- 
velle armée  avec  laquelle  il  sauva  Go- 
thenbourg  pressée  par  les  Danois ,  pen- 
dant que  l'armée  rebelle  de  Finlande  fai- 
sait une  trêve  avec  la  Russie.  Dans  ces 
circonstances,  il  fallut  de  nouveau  con- 
voquer les  États.  Pour  vaincre  l'opposi- 
tion de  la  nob]esse,Gustave  III  fit  nommer 
un  comité  secret  dans  lequel  la  noblesse 
élut  douze  membres,  et  chacun  des  au- 
tres ordres  six.  La  noblesse  continuant 
toujours  ses  hostilités,  le  roi  fit  arrêter 
ses  chefs  et  les  força  à  accepter  un  nouvel 
acte  d'union  et  (fe  sûreté  qui  l'investis- 
sait exclusivement  du  droit  de  paix  et  de 
guerre.  La  guerre  se  prolongea  mal^ 
tout,  mais  le  congrès  de  Reichenbach  ame- 
na la  paix  qui  fut  faite  dans  la  plaine  de 
Werels,  le  14  août  1790. 

Gustave  m,  pour  qui  les  événements 
de  son  règne  n'avaient  pas  été,  à  ce  qu'il 
parait,  des  enseignements  assez  forts, 
voulut  arrêter  la  révolution  française  et 
rétablir  la  puissance  de  Louis  XVI.  Dans 
ce  but ,  il  méditait  une  alliance  entre  la 
Suède^  la  Russie,  la  Prusse  et  l'Autriche^ 


eus 


(326) 


GÙS 


espérant  se  mettre  à  la  tête  de  cette  coa- 
lition. Au  printemps  de  1791,  il  se  ren- 
dit à  Spaa  et  à  Aix-la-Chapelle ,  fit  avec 
Catherine  II  un  traité  d'amitié  et  d'al- 
liance, et  convoqua  les  États  à  Gefle,  en 
janvier  1 792.  La  session  ne  dura  que  qua- 
tre semaines,  et  se  termina,  suivant  toutes 
les  apparences  extérieures ,  à  la  satisfac- 
tion du  roi;  mais  dès  lors  un  complot 
s'était  formé  entre  les  comtes  de  Hom  et 
de  Ribbing,  les  barons  Bielke  et  Pechlin, 
et  le  lieutenant-colonel  Liliehorn ,  pour 
tuer  le  roi  et  rétablir  l'ancienne  aristo- 
cratie. On  fit  d'abord  à  Gefle  une  tenta- 
tive inutile.  Ankarstrœm  (vo^.),  qui  avait 
contre  Gustave  des  motifs  personnels  de 
haine,  offrit  alors  son  bras.  La  nuit  d'un 
bal  qui  devait  avoir  lieu  à  Stockholm  du 
15  au  16  mars  fut  désignée  pour  le  mo- 
ment de  l'exécution.  Le  roi,  bien  qu'a- 
verti ,  y  alla,  vers  les  1 1  heures,  avec  le 
comte  d'Essen ,  et  entra  dans  une  loge  ; 
puis,  voyant  que  tout  était  tranquille,  il 
se  hasarda  à  descendre  dans  la  salle.  Aus- 
sitôt il  fut  entouré  de  masques,  et  au 
moment  où  l'un  d'eux,  le  comte  deHorn, 
lui   dit  en  lui    frappant  sur  l'épaule   : 
Bonne   nuit ,  masque  !  Ankarstrœm    le 
blessa  à  mort  d'un  coup  de  pistolet.Gustave 
n'expira  cependant  que  le  29  mars  1 792. 
Pendant  cette  lente  agonie,  il  mit  ordre 
aux  affaires  les  plus  importantes,  et  fit 
appeler  à  la  régence  son  frère,  le  duc  de 
Sudermanie  iyoy.  Charles  XIII),  jusqu'à 
la  majorité  de  son  fils  Gustave- Adolphe. 
Il  ordonna  aussi  de  renfermer  tous  ses 
papiers  dans  une  caisse  qui  devait  être 
transportée  à  Upsal ,  et  n'être  ouverte 
que  50  ans  après  sa  mort.  Le  règne  de 
ce  prince  n'avait  pas  été  sans  influence 
sur  la  littérature  nationale.  Bien  qu'é- 
pris, comme  son  oncle  Frédéric  II  de 
Prusse,  des  productions  du  génie  fran- 
çais, il  avait  à  cœur  de  relever  la  littéra- 
ture suédoise.  Lui-même  écrivit  dans  sa 
langue  maternelle  des  éloges,  des  drames, 
dont  ses  compatriotes  louent,  à  défaut 
d'originalité,   la  pureté  de  langage.  Son 
éloge  funèbre  de  Torstenson,  qu'il  pré- 
senta à  l'Académie  sous  le  voile  de  l'a- 
nonyme, y  remporta  le    premier  prix. 
Ses  œuvres  politiques,  littéraires  et  dra- 
matiques ,  ont  été  publiées  à  Paris ,  en 
tSO$^  par  Dechaax,  en  S  vo\.  \n-%^\ 


et,  de  1 805  à  1 808,  Rûhs,  à  Berlin, 
une  édition  abrégée  en  trob  vi 
M.  Scribe  a  transporté  sur  la 
çaise  la  mort  de  Gustave  III,  et  en  a 
opéra  qui  a  été  mis  en  muaiqne  par^ 
Gustave  IY  Adolphe  ,  fib  dn 
dent,  naquit  le  l*'  novembre  1779.^ 
pelé  à  la  royauté  dès  le  29  mars  I' 
après  la  mort  tragique  de  son  père,  i 
quatre  ans  et  demi  'Sous  la  tutdk 
oncle,  et  prit  les  rênes  du  gouvi 
le  1^  novembre  1796.  Gustave  m  I 
fait  élever  d'après  les  idées  de 
et,  tout  jeune  encore,  lui  faisait 
des  bains  d'eau  glacée.  Le  jeune 
avait  reçu  en  héritage  de  son  père  < 
chevaleresques  et  une  incroyabb 
niàtreté.  Nourri  des  écrits  de  Jung,] 
coup  de  ses  actes,  qui  passent 
compréhensibles ,  furent  l'effet  dt 
perstition.  Dès  sa  dix-huitième 
fut  fiancé  à  une  princesse  de  M« 
bourg;  en  1796,  Catherine  II, 
but  de  l'unir  à  sa  petite-fille  Al 
Pavlovna,  l'invita  à  se  rendre  à 
Pétersbourg.  Tout  était  déjà  pi 
le  mariage;  mais  au  moment  de  lat 
tion ,  le  roi  s'y  refusa  et  se  renlei 
sa  chambre,ne  voulant  pas,  disail-ily ( 
ser  une  princesse  de  la  religion 
Rien  ne  put  vaincre  son  ol 
31  octobre  1797,  il  épousa  la 
Frédérique-Dorothée  de  Bade,] 
de  l'empereur  Alexandre  et  du  roi! 
milieu  V*  de  Bavière.  Fidèle  à  son  i 
ment ,  il  fut  sur  le  poiut  de  faire  la  \ 
re  à  la  Russie  parce  qu'il  exigea 
la  rampe  d'un  pont-frontière  Ât 
aux  couleurs  suédoises.  Lorsque  lct{ 
sances  du  Nord  voulurent  rei 
traité  de  neutralité  armée  qui  avaft' 
que-là  existé  entre  elles  et  qui  était  i 
tout  dirigé  contre  l'Angleterre, 
retourna,  en  1801,  à  Saint-] 
pour  activer  les  négociations.  Eo  11 
il  se  rendit  avec  la  reine  à 
la  cour  de  son  beau-père,  pour  i 
là  l'Empereur  et  TEmpire  en  fat 
Bourbons.  Peu  après,  lorsque,  le  IS 
1 804,  le  duc  d'Enghien  fut,  par 
Napoléon ,  enlevé  du  territoire 
Gustave  envoya  aussitôt  à  1 

de-camp  pour  sau^  jr  le  prince; 

^  4uU  trop  tard.  A      itiabouMi  AIHIrI 


en 

le  seul  p       B  qui  protestât 
contre  od  odieux.  Toa« 

riolliMDoe  oc le  contre 

il  roiipit  avec  la  France  y  s*a- 
k  BiiMi  et  U  Grande-Bretagne, 
an  loi  de  RrusBe  Tordre  de 
*Roir  4oBt  Napoléon  menait  amsi 
éktaté,  tm  loi  reprochant  ion  al- 
■Jt  assassin.  Un  oisif  avait 
le  nom  de  Napoléon 
btNrrait  le  nombre  666  : 
crajait  y  reconnaître  la  Béte  de 
dont  le  règne  serait  conrt, 
ik  cfcate  duquel  il  devait  concourir. 
iCile  de  Batisbonne,  son  amb» 
de  prendre  part  aux  déli  - 
tant  qn'dles  auraient  lien  sous 
idernsnrpalionetdel'égoisnii  . 
itody  pour  faire  obtenir  à  la  Prusi 
conditions ,  Gustave  rejeta 
de  paix  que  lui  faisait 
peu  avant  le  traité  de  Tilsitt. 
fl  jafllct  1807y  il  rompit  la  trêve  avec 
)j  et',  toujours  avec  une  égale 
,  il  refusa,  après  la  paix  de 
la  uirfdiation  de  la  Russie.  Alors 
le  dépouillèrent  de  toute  la 
médoise,  y  compris  Plie  de 
1808,  SCS  'sympathies  pour 
pvédpilèrent  Gustave  dans 
contre  la  Russie  on  il  perdit 
(«OT*.),  puis  dans  une  autre 
uiemark ,  dont  le  roi ,  son 
malemd ,  prétendait  qu*en 
Anghb  le  passage  du  Sund  il 
au  bombardement  de 
En  même  temps,  Gustave 
de  la  Prusse.  Sourd  à 
•  les  représentations,  il  ne  voulut  ja- 
la  paix ,  excita  contre  lui  la 
etParînée,  et  s*aliéoa  jusqu'à  son 
des  gardes.  Quand  enfin  rAn- 
)Êmt€  voulut  le  ramener  à  des  idées  plus 
■iMes,  il  fit  mettre  Tembargo  sur  tous 
iaavites  de  commerce  appartenant  à 
■laîets  britanniques  qui  se  trouvaient 
Im  les  ports  suédois. 
1  était  évident  que  le  roi  sacrifiait  tout 
Mspiioni,  et  qu'à  tout  moment  le  bon- 
■r,  Tcxisleoce  même  de  la  Suède  pou- 
îilitu  oompromi  lt.'         e  derOuest, 

I        les  Danois  ne 

ndère,  se  mit 

IMRhe  sur  Siocfcl         Gustave,  qui  ae 


tm  tnntiibiié 


Vi 


(  8  J7  J  GDS 

trouvait  àHaga  avec  sa  famille,  fut  averti 
de  son  approche  quand  elle  n'était  plus 
qu'à  1 5  milles  de  la  capitale.  Son  premier 
mouvement  fut  de  t^  rendre  pour  s'y 
défendre  contre  les  rebelles;  ensuite  il 
changea  de  plan ,  et  Toulut  aller  à  Lia* 
kœping  ;  mais  avant  tout  il  demanda  à  la 
banque  3  millions  de  thalers,  ou  la  plus 
grande  sonune  possible.  Les  commissai- 
res la  lui  refusèrent ,  et  quand  Gustavn 
annonça  l'intention  d'user  de  son  auto- 
rité royale,  on  résolut  d'opposer  la  force  à 
la  force.  Tel  éuit  l'éUt  des  choses  le  soir 
du  13  mars  1809.  Le  roi  travailla  toute 
la  nuit;  le  lendemain  matin  tout  était 
prêt  pour  son  départ;  il  ne  lui  restait 
plus  qu'à  recevoir  l'argent  de  la  banque. 
Trob  des  portes  du  château  étaient  déjà 
fermées,  et  comme  c'était  jour  de  parade, 
tous  les  officiers  étaient  rassemblés  au- 
tour de  lui.  Le  vieux  feldmaréchal 
Kiingsporr  Toulut  essayer  encore  une 
fois  la  voie  des  représentations  amicales, 
et  appela  à  son  aide  le  général  Adier- 
creutz  et  l'aide-de-camp  général  Silf- 
versparre.  Gustave  IV,  irrité,  les  mena* 
ça.  Ce  fut  alon  que  le  général  Adler- 
creutz  demanda  au  roi  son  épée  et  le 
déclara  prisonnier  au  nom  de  la  nation, 
n  fut  conduit  dans  une  chambre  et  gardé 
à  vue.  Dans  l'après-midi,  une  prodama* 
tion  du  duc  Charies  de  Sudermanie  ap- 
prenait aux  Suédois  qu'il  avait  pris  la 
régence.  L'épouse  de  Gustave  et  ses  en- 
fiuits  étaient  restés  à  Haga.  Quant  à  lui , 
à  une  heure  de  la  nuit  il  fut  emmené  à 
Drottningholm,  pub  à  Grypsholm,  où  il 
se  mit  à  étudier  avec  ardeur  la  Révélation 
de  saint  Jean.  La  diète  était  assemblée  : 
le  39  mars,  Gustave  lui  envoya  son  abdi- 
cation rédigée  dans  les  termes  les  plus 
nobles.Le  10  mai  suivant,  on  se  délia  so- 
lennellement du  serment  de  fidélité  et 
d'obéissance  qu'on  lui  avait  prêté,  et  on 
le  déclara  déchu  du  trône  de  Suède,  lui 
et  sa  postérité,  à  jamais.  Il  fut  dressé 
un  acte  formel  de  cette  déclaration.  Sur 
la  proposition  du  nouveau  roi  Charles 
XIII  {vof.y,  on  lui  assura  pour  lui  et  sa 
famille  un  revenu  annuel  de  66,666  j 
thaï.  ;  son  patrimoine  particulier,  celui 
de  sa  femme  et  de  ses  enfants,  devaient 
leur  être  conservés.  En  1 834 ,  par  suite 
d'arrangements  nouveaux ,  on  se  libén 


GUS 


(328) 


GDT 


^tièrement  envers  lui  en  lui  payant  la 
somme  de  721,419  thalers. 

Gustave  ne  se  rendit  pas  à  la  résidence 
qu'on  lui  avait  assignée  dans  File  de  Wi- 
aings-OE;mais,  le  6  décembre  1809,  il 
quitta  la  Suède,  passa  en  Allemagne,  où 
il  séjourna  à  Hambourg  età  Altona,  puis 
en  Suisse,  où  il  vécut  à  Bâie  sous  le 
nom  de  comte  de  Gottorp.  Il  se  mit 
ensuite  à  voyager  sans  but  et  à  parcourir 
l'Europe.  Nous  le  trouvons  en  1810  à 
Saint-Pétersbourg,  en  1811  à  Londres. 
Cette  même  année,  il  se  sépara  de  sa  fem- 
me, et,  en  1813,  il  demanda  à  être  admis 
dans  la  communauté  des  frères  Moraves. 
£n  1814,  il  partit  de  Bâle  pour  faire,  à 
ce  qu'il  assurait,  un  voyage  à  Jérusalem, 
mais  il  n'alla  pas  plus  loin  que  la  Morée. 
£n  novembre  1 8 14,  il  fit  parvenir  au  con- 
grès de  Vienne  une  note  par  laquelle  il 
réclamait  la  reconnaissance,  par  cette  as- 
semblée, des  droits  de  son  fils  au  tr6nede 
Suède.  Depuis  ce  moment,  il  se  fit  appeler 
colonel  Gustafsson^  et  en  1818,  il  se  fit 
recevoir  bourgeois  de  Bâle.  De  1827  à 
1829,  on  le  retrouve  à  Leipzig,  où  il  ré- 
digea un  Ménwrial  pour  réfuter  l'article 
Gustave- Adolphe  de  la  Biographie  des 
Contemporains^  ainsi  que  quelques  as- 
sertions de  M.  le  comte  de  Ségur  dans 
V Histoire  de  Napoléon  et  de  la  Grande^ 
Armée,  Il  quitta  la  Saxe  pour  se  rendre 
en  Hollande ,  puis  alla  vivre  comme 
bomme  privé  à  Aix-la-Cbapelle.  Depuis 
lors,  le  colonel  GnstafiMon,  a  traîné  [une 
obscure  existence,  sans  que  l'Europe  se 
soit  occupée  de  lui.  Il  mourut  en  Suisse, 
le  7  février  1887,  et  fut  inhumé  au  châ- 
teau d'Eicbam,  près  de  Brunn,  apparte- 
nant à  son  fils. 

Gustave  avait  en  trois  filles,  toutes 
trois  parfaitement  élevées  par  leur  mère, 
qui  mourut  à  Lausanne  le  25  septembre 
1826.  L'aînée,  Sophie-Wilhelmine ,  a 
épousé  Léopold  (im>/.),  grand -duc  ré- 
gnant de  Bade. 

Son  fils,  Gustave,  prince  de  Wasa,  né 
le  9  octobre  1799,  étudia  à  Lausanne  et 
à  Edimbourg.  Il  se  rendit  successivement 
à  Vienne  et  à  Vérone  pour  appuyer  au- 
près des  diplomates,  réunb  en  congrès 
dans  ces  villes,  ses  prétentions  au  tniSne 
de  Suède.  En  1825,  il  entra  comme  lieu- 
feiMoC-colonel  eo  service  de  l'Autriche 


où  il  avanra  au  grade  de  général 
Il  est  chef  d'uo  régiment  d'infanti 
porte  son  nom.  Lors  de  ses  fian^ 
Loo,  le  13  juin  1828,  avec  la  pi 
Mariane  des  Pays-Bas,  qui  depuii 
sa  le  prince  Albert  de  Prusse,  il 
titre  d'altesse  royale  et  voulut  sel 
peler  prince  de  Suède.  Le  roi  dt 
Charles- Jean,  s'y  opposa,  et  cooui 
triche,  la  France,  la  Prusse  et  la 
refusèrent  de  lui  reconnaître  le  til 
s'était  donné,  ce  mariage,  différé  d 
finit  par  n'avoir  pas  lieu.  Le  19  • 
1 830,  Gustave  épousa  Louise-Amtf 
phanie,  fille  ainée  dn  grand-doc 
de  Bade,  et  prit  définitivement  le 
prince  de  Wasa,  que  les  puissaoef 
connurent ,  ainsi  que  la  qualité  < 
royale.  C.  Z.  et 

GUTENBERG  (  Jeàit  ou  H 
dont  le  nom  s'écrit  aussi  impro| 
Guttemberg^  généralement  regan 
me  l'inventeur  de  l'art  de  la  t3rpo| 
naquit  à  Mayence  vers  l'an  1400. 
père,  il  appartenait  à  une  famill 
cienne  qui ,  dans  ce  temps  on  I 
de  famille  n'étaient  pas  encore  dHi 
général ,  avait  pris,  d'une  tem 
possédait ,  le  nom  de  Gens/leisti 
de  G utenber g  éiêït  emprunté  à  m 
son  qui  provenait  peut-être  de 
de  Jean,  dont  la  famille  était  ana 
cienne.  Jean  Gutenberg  signait  II 
lement  Henné  Gensfleiseb,  dit 
genloch  ou  Sulgelocb.  Des  diaoo 
viles  l'ayant  fait  fuir  de  sa  vilk 
dont  plusieurs  nobles  familles  ^ 
d'être  expulsées,  il  se  retira  i 
bourg,  où  il  vivait  depuis  1423  0 
lorsqu'en  1436  il  forma  une  sod 
André  Dryzehn  ou  Dritxeben,  J 
et  André  Heilmann ,  bourgecis 
ville,  alors  libre  et  impériale,  em 
géant  à  leur  découvrir  des  see 
portants  qui  devaient  assurer  II 
tune.  La  mort  d'André  Dryaek 
lequel  était  établi  le  laboratoire  o 
et  le  procès  qui  s'ensuivit  fireat  ' 
l'entreprise.  Nicolas  Dryaehn, 
succéder  à  son  frère  André  dans 
prise  et  dans  la  connaissance  dsi 
de  son  associe ,  intenta  un  procil 
tenberg  en  14  39,  procès  dont  Sd 
le  célèbre  historiographe  y  a  nfp 


GOT 


(S29) 


Gl)T 


en  1745,  les  aclcâ.  «  Les  témoins 
iptmrcDt  alors,  dit  Lambioet, 
;  de  l'imprimerie^  1 1,  p.  1 1 1,  at- 
le  génie  inventif  de  Gatenberg. 
^parleuis  dépositions,  qu'il  s'oc» 
iupoii  des  pierres j  des  glaces^  et 
tara  et  secrets  tenant  du  mer» 
r.  Pur  le  document  qui  comprend 
le  ordonnée  par  le  sénat  de  Stras- 
il  parait  que  le  principal  de  ces 
Je  CCS  secrets  menreilienx  était  la 
phie,  la  mobilité  des  caractères  qui 
senoe.  »  En  effet,  les  témoins  in- 
ont  parlé  de  presses^  de  pièces  j 
ts  et  autres  objets  tenant  à  l'im- 
•:  les  presses  elles-mêmes,  depuis 
ps  employées  dans  la  xylographie 
le  pouvaient  être  un  secret  ;  c'est 
lionnes  composées  de  lettres  mo- 
lar  conséquent  décomposableS^ 
lit  se  rapporter  l'invention  nou- 
%  juges  décidèrent  que,  la  mort 
Dryzehn  l'ayant  empêché  de  re- 
cette  association  des  avantages 
innés  aux  dépenses  qu'il  avait 
s,  Jean  Gutenberg  devait  resti- 
héritiers  une  partie  de  la  somme 
rait  été  avancée, 
oveusement  les  actes  de  la  jus- 
•Craabourg,  par  la  raison  toute 
le  les  témoins  n'étaient  pas  du 
ne  voulaient  pas  le  trahir,  jettent 
le  lumière  sur  la  véritable  nature 
liions  qui  faisaient  la  part  prin- 
Gutenberg  dans  le  contrat  de  so- 
is an  moins  attestent-ils  que  les 
essais  tentés  par  le  Mayençais 
sa  dans  cette  ville,  qui,  d'après 
le  justement  pour  l'un  des  pre- 
rœaaz  de  l'art  typographique, 
ercherons  à  préciser  ailleurs  en 
sistait  alors  cet  art  et  ce  qui  en 
ovention  {yoy.  XTiiOCEAPHis  et 
raix);  il  suŒt  de  dire  ici  que 
\»of,)jDe  octo  partibus  oratio' 
i  souvent  multiplié  en  Hollande 
recédés  xylographiques  et  peut- 
lepar  de  grossiers  essais  en  typo- 
,  servit  de  modèle  à  Gutenberg, 
asmre  positivement  la  Chronique 
inte  ville  de  Cologncy  imprimée 
^  allemand  dans  cette  ville,  chez 

MC  iktmpoiêr  f  e  troarc  dam  les aetet. 


J.  KœlhofT,  1499,  In-fol.,  laquelle  ajouttf 
que  l'invention  de  Gutenberg  était  infi- 
niment plus  avancée  (  mejrslerlicher)  et 
plus  subtile  (suùtilîc/ier). 

Il  parait  que  c'est  en  1443  que  Guten- 
berg quitta  Strasbourg  ;  la  même  année, 
il  loua  une  maison  à  Mayence  ;  et  quoique 
son  nom  figure  encore,  en  1444,  sur  le 
rôle  des  contributions  de  sa  ville  d'adop- 
tion, peut-être  néanmoins  était-il  déjà  de 
retour  dans  celle  qui  l'avait  vu  naitre.  Il  y 
conclut,  en  1450,  avec  Jean  Fust  (vo/. 
Faust)  ,  riche  orfèvre  de  cette  ville ,  un 
traité  par  lequel ^Fust  s'engageait  à  fournir 
l'argent  nécessaire  pour  établir  un  grand 
atelier  typographique  où  l'on  commença 
bientôt  à  imprimer  la  fameuse  Bible  latine 
dite  aux  42  lignes  y  sans  date  (1462)  ni 
nom  de  lieu  ni  d'imprimeur,  mais  dont 
on  sait  qu'il  mit  cinq  ans  à  terminer  les 
2  vol.  in-folio  composés  de  près  de  650 
feuillets.  Dans  un  acte  notarié,  encore 
existant,  de  1555,  il  est  fait  mention  de 
ce  traité,  dont  il  résulte  que  Gutenberg 
possédait  un  art  bien  plus  avancé  que 
celui  qu'on  pratiquait  déjà  depuis  long- 
temps et  qui  avait  servi  à  différentes  im- 
pressions de  livres  latins,  hollandais  et 
autres^  puisque  autrement  Fust  n'aurait 
pas  consacré  à  son  exploitation  les  capi- 
taux qu'il  y  risqua.  Le  6  novembre  de 
la  même  année,  cette  société  était  dis- 
soute; Fust  réclama  les  avances  qu'il 
avait  faites ,  porta  l'affaire  en  justice ,  et 
resta  possesseur  de  l'imprimerie,  qu'il 
exploita  alors  avec  Pierre  Schœfler  de 
Gemsheim.  Ce  dernier,  son  gendre, 
perfectionna  la  fonte  des  caractères  (voy.) 
au  point  qu'on  peut  l'en  regarder  comme 
l'inventeur. 

Dépouillé  de  sa  presse,  J.  Gutenberg, 
avec  l'aide  de  Conrad  Hummer,  syndic 
de  Mayence,  ne  tarda  pas  à  en  remonter 
une  autre,  de  laquelle  est  sorti  vraisem- 
blablement Touvrage  intitulé  Hermanni 
de  Saldis  spéculum  sacerdotum^  în-4", 
sans  date,  ni  nom  de  lieu  ni  d'impri- 
meur. Quelques  auteurs  attribuent  aussi 
à  cette  imprimerie  quatre  éditions  de  l'a- 
brégé de  grammaire  de  Donat,  que  d'au- 
tres attribuent  à  Fust  et  Schœffer,  de 
même  que  le  Psautier  de  1457,  véritable 
chef-d'œuvre  typographique  ;  le  Ratio» 
nale  diçinor.  Officiorum  de  Durand^oti 


GUT 


(810) 


Ginr 


Dnranti,  en  petit- teste,  H 59,  et  le  Ca^ 
ihoù'eon  de  Jaoua,  io-fol./1460;  mais 
M.  Fiicher  (Essai  sur  les  Mon.  iypogr,) 
revendique  expressémeDt  pour  Guten* 
berg  deux  des  DoDat  et  le  CathoUcon, 
SoQ  imprimerie  subsista  jusqu*en  1465. 
En  vertu  d'un  diplôme  d'Alphonse  II , 
électeur  de  Mayence,  daté  du  18  janvier 
de  cette  année,  Gutenberg  fut  reçu  au 
nombre  des  gentilshommes  de  la  maison 
de  ce  prince  et  gratifié  d'une  pension.  H 
est  probable  qu'il  abandonna  dès  lors 
Texercice  de  son  art  devenu  incompatible 
avec  sa  nouvelle  dignité;  peut-être  le 
céda-t-il  à  ses  derniers  collaborateurs. 

Gutenberg  mourut  en  février  1468, 
et  fut  enterré  à  l'église  des  Récollets 
(  franciscains),  où  Adam  Gelth  érigea  à 
sa  mémoire  une  pierre  sépulcrale  en 
marbre. 

Ce  n'est  point  id  le  lieu  d'eiaminer 
les  prétentions  des  diverses  yilles  (Har- 
lem, Strasbourg,  Mayence,  Bamberg)  à 
l'honneur  de  l'invention  de  l'imprimerie  ; 
à  l'article  CosTKm  nous  avons  déjà  exa- 
miné les  titres  de  l'un  des  concurrents  de 
Gutenberg,  et  nous  reviendrons  sur  les 
autres  au  mot  TTPOoaAPHix ,  où  nous 
rappellerons  les  opinions  émises  par  tant 
de  savants  qui,  depuis  Schaspflin  jusqu'à 
Koning  ,  Schaab  et  Wetter,  semblent 
avoir  épuisé  la  matière;  nous  citerons 
alors  leurs  principaux  écrits.  Nous  ne 
repoussons  les  titres  d'aucune  des  villes 
en  ^veur  desquelles  ils  ont  plaidé  ;  plu- 
sieurs peuvent  en  avoir  été  le  berceau: 
des  tentatives  différentes  paraissent  avoir 
été  faites  simultanément.  Nous  sommes 
de  l'avb  et  nous  répéterons  les  paroles  du 
vénérable  M.  Daunou  :  «  Dites,  si  vous 
voulez,  que  Strasbourg  est  le  berceau  de 
la  véritable  typographie,  pourvu  que 
vous  ne  prétendiez  point  que  cette  ville 
soit  celle  où  parurent  les  premières  pro- 
ductions de  cet  art.  Dites  aussi  qu'elle 
n'en  est  pas  le  berceau,  pourvu  que  vous 
accordiez  que  c'est  là  pourtant  que  Gu- 
tenberg parait  d'abord  en  avoir  essayé 
infructueusement  les  procédés.  » 

Depuis  1723,  Laurent  Coster  a  son 
monument  dans  la  ville  de  Harlem,  et 
même  Gernsheim,  petite  ville  de  3,200 
âmes,  dans  le  grand-duché  de  Hesse,  a 
ékHf  l«9jaio  1886,  nnettataeàSchoBf- 


fer,  à  qui  elle  se  glorifie  d'avoir  \ 
jour.  Gutenberg  était  privé  de  i 
neur,quoiqu'aucun  nom  ne  soit  pi 
tifié  que  le  sien  avec  la  grande  îi 
qui  a  révolutionné  le  monde,  cTai 
l'impression  des  Bibles,  et  enml 
presse  périodique,  ce  puissant  k 
remue  nos  sodéti^  modemet.  I 
d'un  si  injuste  oubli  ne  pèsera 
la  génération  actuelle.  Le  14  ao 
Mayence  inaugura  par  la  léte  la 
lennelle,  et  en  pr^ence  d'un  i 
concours  d'hommes  de  tous  les 
statue  en  bronze  de  son  illustn 
toyen,  monument  dont  Thorwd 
grand  sculpteur  danois,  avait  { 
ment  fourni  le  modèle.  Une  IHe 
ble  se  prépare  à  Strasbourg,  et  I 
entière  voudra  s'y  associer.  la 
désintéressement  de  son  coiifi 
Nord,  le  célèbre  David,  d'Ange 
hommage  à  la  ville  du  modèle  de  ] 
qu'elle  vient  de  faire  couler  en  b 
des  bas-reliefs  qui  en  orneront  k 
tal.  Le  monument  s'élèvera  au  c 
cette  anticpie  cité  qui,  longtemps 
découverte,  a  encore  joué  un  si  gi 
dans  les  annales  de  la  typographi 
née  1840  est  heureusement  clmi 
cette  grande  solennité  :  depuis  ! 
fête  séculaire  de  l'invention  a  \ 
brée  tous  les  siècles,  le  jour  de  1 
Jean  (  fôte  patronale  de  GvU 
par  les  libraires  d'Allemagne.  Di 
née  1640,  U  ville  de  Strasboa 
une  lettre  des  imprimeurs  de  Le 
lui  annonçait  leur  intention  di 
grand  homme  :  aussitôt  elle  àéàà 
suivrait  leur  exemple.  Elle  rtm 
fête  en  1740;  SchoepOin  y  invita 
savant  par  un  programme,  et  ect 
France  s'y  associa,  comme  Patl 
médaille  frappée  en  cette  occmsioi 
mais  aucun  monument  ne  fut  éri 
qui  signalera  l'année  1840  sera 
Strasbourg  et  de  la  France.       J 

GUTTIER.  Ce  nom  est  a 
plusieurs  espèces  appartenant  à  1 
des  guttileres  {voy»  Fart.  suiv.)cl 
la  matière  à  la  fois  colorante  et  < 
qu'on  appelle  gnrnme^gutte  (w 

Les  guttiers  font  partie  du  fi 
lagmitiSf  dont  les 
sont  les  suivants  ; 


GOT 


(8»1) 


GOT 


màXn^  de  mtoe  qae 
ont  an  calice  de  4 
les  *n*gMuw  et  une  corolle  de  4 
les.  Les  fleurs  mâks  of&eDt  un 
il  iitsîrr  et  an  grand  nombre 
s  ^cn  partie  abortÎYes)  sondées, 
■  seal  fiJxeaa,  soit  en  4  à  8 
étalés;  les  fleurs  femelles  sont 
>  d^eariron  30  étamines  stériles, 
B  3  à  8  faisceanz.  L'oraire  est 
oces,  dont  chacune  renferme  un 
i  fruit  est  nne  baie  ayant  3  à  8 


u 


renfcme  enTÎron  douze  es- 
toutes  contiennent  un  suc 
néanmoins  il  parait  que 
e-gatte  du  commerce  ne  pro- 
i  des  deux  espèces  dont  nous 
re  mention. 

lagnuiis  eambogtoides^  Murr., 
an  Siam  et  k  Ceylan.  C*est  un 
I  élevé,  dont  le  tronc  acquiert 
wt  du  corps  d*un  homme;  la 
xMiiqae  et  beaucoup  plus  haute 
Dc.  Les  feuilles,  longues  de  2  à 
,   sont  OYales  ou   obovates,  et 
Les  fleun,  petites  et  d*un  jaune 
^f^^gym^^^  en  cyme  sur  des  pé- 
sntôt  axillaires,  tantôt  latéraux. 
do  folnme  d'une  grosse  cerise, 
iCBse,  blanchâtre,  lavée  de  rose 
;  ce  fruit  est  mangeable. 
tdagmitis  pictoria^    Cambess. 
hfmuj  pictorius^  Roxb.j,  croit 
itagnes  voisines  de  la   côte 
C^est  un    grand   arbre  à 
;  ses  feuilles,  longues  de 
sur  3  à  4  pouces  de  large, 
dques,  lancéolées  et  pointues. 
^  blandies  et  larges  d'un  pouce, 
les  ombelles  simples  et  sessiles, 
«es,  soit  latérales.  Le  firuit,  de 
range,  est  de  la  forme  et  du  vo- 
ie pomme;  ce  fruit,  selon  Roz- 
A  dHin  goût  exquis,  mais  avant 
tté  il  est  rempli ,  de  même  que 
parties  non  ligneuses  de  Far- 
ne  jaune  qui,  en  se  concrétant, 
e  la  gomme -gutte.        Ed.  Sp. 
nFËUSS,  famille  de  plantes 
OBcSy  d'ailleurs  à  peine  distincte 
ncacées ,  et  renfermant  environ 
(toutes  arbres  ou  arbris- 
t  propret  à  la  zone 


équatoriale.  Ce  groupe  doit  ton  nom  t 
ce  que  les  végétaux  qui  le  composent 
contiennent  un  suc  propre  soit  gommo* 
résineux,  soit  purement  résineux,  deoou« 
leur  jaune,  et  plus  ou  moins  analogue  à 
la  gomme-gutte,  substance  provenant 
elle-même  de  quelques  espèces  de  gutti« 
feres. 

Les  caractères  habitueb  de  la  famille 
sont  les  suivants  :  calice  inadhérent,  per- 
sbtant,  à  3,  4,  6  ou  8  sépales,  soit  libres, 
soit  soudés  par  leur  base,  imbriqués,  op- 
posés, croisés;  corolle  non  persistante, 
insérée  au  réceptacle  au-dessous  de  Po- 
vaire  ;  pétales  alternes  avec  les  sépales,  et  en 
même  nombre  que  ceux-ci  ;  étamines  en 
nombre  indéterminé,  ayant  même  inser- 
tion que  les  pétales;  filets  libres  ou  soudés, 
soit  en  un  seul  faisceau ,  soit  en  5  fiûs- 
ceaux  distincts;  anthères  immobiles,  à 
deux  bourses  s'ouvrant  chacune  par  une 
fente  longitudinale;  ovaire  à  une  ou  plu- 
sieurs loges ,  contenant  chacune  une  ou 
deux  ovules  ;  style  nul  ou  très  court  et  in- 
divisé ;  stigmate  terminal ,  en  forme  de 
disque  pelté.  Le  fruit  est  une  baie,  ou  un 
drupe,  ou  une  capsule.  Les  graines,  tou- 
jours privées  de  périsperme ,  offrent  un 
tégument,  et  en  outre,  dans  beaucoup 
d'espèces,  une  enveloppe  pulpeuse  ;  l'em- 
bryon est  rectiligne ,  à  radicule  très 
courte,  et  à  cotylédons  gros,  charnus, 
souvent  entregrefTés. 

A  côté  d'arbres  de  taille  très  élevée, 
les  guttiferes  renferment  des  arbustes 
parasites  à  la  manière  du  lierre.  Les  ra- 
meaux et  les  ramules,  articulés  par  la 
base,  sont  opposés- croisés  de  même  que 
les  feuilles.  Celles-ci  sont  simples,  dé- 
pourvues de  stipules ,  coriaces ,  persis- 
tantes ,  très  entières  on  légèrement  den- 
tées ,  d'ordinaire  striées  d'une  multitude 
de  fines  nervures  parallèlement  transver- 
sales; le  pétiole  s'articule  au  ramule  qui 
le  porte.  Les  fleurs ,  hermaphrodites  ou 
polygames,  sont  terminales,  ou  axillaires, 
ou  latérales  ;  suivant  les  divers  genres  ou 
espèces,  elles  offrent  des  dispositions  va- 
riées ;  les  pédoncules,  ainsi  que  les  pédi- 
celles,  sont  articulés  et  souvent  garnis  de 
bractées. 

Beaucoup  de  guttiferes  se  parent  de 
larges  fleurs  semblables  à  la  rose  et  ré- 
pandent les  odeurs  les  plus  suaves  ;  uU«^ 


GUY 


(3S2) 


Gur 


•ont,  entre  antres,  les  clusia^  les  mam" 
mea  et  plusieurs  garcinia  ;  les  fleurs  des 
mœsica  se  Teodent  en  guise  de  parfum 
dans  tous  les  bazars  de  Tlnde.  Le  feuiU 
lage  de  la  plupart  des  espèces  se  fait  aussi 
remarquer  par  une  élégance  peu  com- 
muoe.  Mais  c^est  surtout  par  les  végétaux 
usuels  qu'elle  renferme  que  cette  famille 
mérite  de  fixer  Taltention.  Les  arbres  qui 
fournissent  la gomroe-gutte  {voy,  Gut- 
Tismj  peuvent  servir  d'exemples  no- 
tables; du  reste,  le  suc  propre  contenu 
dans  l'écoroe  des  guttiferes  en  général 
jouit  de  propriétés  soit  drastiques,  soit 
toniques  ;  celui  du  maméi  s'emploie  aux 
Antilles  à  l'extirpation  du  pernicieux  in- 
secte connu  sous  le  nom  de  chique.  Les 
calophjriium  y  arbres  non  moins  inté- 
ressants par  l'extrême  dureté  de  leur 
bois  que  par  l'iocomparable  beauté  de 
leur  feuillage,  donnent  la  résine  odorante 
et  aromatique  appelée  en  pharmaceu- 
tique tacainahaca;  l'écorce  stimulante 
coooue  sous  le  nom  de  cannelle  blanche 
ou  fausse  ccorce  de  feinter  provient  du 
IVinteranea  canella ,  guttifêre  indigène 
aux  Antilles.  La  partie  charnue  du  fruit, 
ou  bien  la  pulpe  qui  enveloppe  les  graines 
de  certaines  guttiferes ,  est  mangeable  et 
d'une  saveur  exquise  :  le  mangoustan^ 
qui  est  de  ce  nombre,  produit  le  fruit  le 
plus  délicieux  que  l'on  connaisse  ;  le  //i/z- 
méiy  ou  abricotier  des  Antilles,  en  est  un 
autre  exemple  digne  d'intérêt;  le  fruit 
d'une  guttifêre  appelée  arbre  à  beurre 
(  pentadesma  butyraceum^  Don.)  est 
rempli  d'un  jus  gras  dont  les  nègres  des 
environs  de  Sierra -Leona  ont  coutume 
d'assaisonner  leurs  aliments.  Enfin,  les 
graines  des  guttiferes  renferment  en  gé- 
néral beaucoup  d'huile  grasse,  et  celles 
de  plasienrs  espèces  ont  la  saveur  des 
amandes.  Éd.  Sp. 

GUY,  vojr.  Gui. 

GUYANE,  vaste  région  de  l'Améri- 
que méridionale,  dont  les  limites  sont  ou 
pourraient  être  l'océan  Atlantique  à  l'est 
et  au  nord,  le  fleuve  des  Amazones  et  le 
Rio-Negro  au  sud,  l'Orénoque  a  l'ouest. 
Située  sous  l'équateur,  elle  s'étend  de  4<*  de 
latit.  sud  à  8»  de  latit.  nord,  et  de  52»  à 
74<*  de  longii.  ouest.  On  peut  en  évaluer  la 
superficie  à  plus  de  80,000  lieues  carrées. 

Depuis  sa  déooaverte,  faite  par  les  Es- 


pagnols, en  1498,  les  principal 
sances  maritimes  de  l'Europe  ont 
à  former  des  établissements  c 
dans  cette  région,  d'abord  bal 
des  peuples  sauvages  de  la  race 
qui,  profitant  peu  de  la  richesse 
vivaient  principalement  de  la  cb 
la  pèche,  tuaient  et  mangeaient 
nemis,  et  avaient  assez  d'énei 
se  défendre  vigoureusement  a 
blancs.  Du  reste,  un  grand  ne 
peuplades  diverses  étaient  répai 
cet  immense  pays.  L'or  que  l^  E 
virent  entre  les  mains  des  indig 
fit  supposer  l'exbtence  de  mi» 
dan  tes  en  métaux  précieux ,  et 
pira  l'envie  de  s'en  emparer.  L 
les  plus  exagérés  et  les  plus 
s'étant  accrédités  au  sujet  de 
sors ,  une  foule  d'aventuriers  al 
tenter  la  conquête.  C'est  à  ti 
Guyane  qu'on  marchait  à  la  d^ 
du  fameux  El  dorado  (voj-.). 
Ortez  ne  put  trouver  une  monti 
meraudes qu'il  cherchait*,  ses  suc 
parmi  lesquels  fut  le  fameux  B 
son  compatriote  Keymis  n'eurei 
meilleur  sort.  Las  de  chercher  d 
imaginaires,  on  s'occupa  enfin  d 
des  trésors  réels  que  la  nature  a 
à  cette  belle  contrée,  et  c'est  a 
se  firent  les  conquêtes  et  les  pi 
colonisation  dont  nous  aurons 
de  parler.  Quant  aux  indigènes, 
tie  considérable  en  a  été  extermi 
par  les  aventuriers  qui  n'étaie 
que  pour  chercher  de  l'or,  soi 
puissances  européennes  qui  ont  ( 
colonies  dans  la  Guyane,  soit  < 
suite  des  maladies  contagieuses 
conquérants  y  acclimatèrent. 

La  Guyane  d'aujourd'hui  se  • 
parties  hollandaise,  anglaise  et  f 
Le  Portugal  et  l'Espagne  ont  f 
colonies  qu'ils  avaient  dans  ce  | 
loniesqui  font  maintenant  partie 
auxquels  elles  touchaient. 

Entrons  dans  quelques  détaîb 
cune  de  ces  divisions. 

GuYANR  ci-devant  espacicoi 
partie  de  la  Guyane  s'étend  le  li 
cote,  depuis  la  rive  droite  ou  ori 
l'embouchure  de  l'Orénoque  jaai 
Nassau;  dans  l'intérieur  elle  §• 


GOT 

i-dalà  de  réquatcnr. 
de  pays,  dont  Im  sa- 
à  phis  de  18,000 
et  à  1,000  lieues  de  dr- 
De  Tirent  <|iie  40  à  4S,000 
aillions  d^habitADU  pour- 
F  Iroavcr  lenr  sobsistanoe,  malgré 
■Ugnes  de  la  Sierra-Parime  qui 
ntnoe  grande  partie  de  Fintériear, 
^plaines  et  les  saTanes  coupent  en 
■d  nombre  dégroupes  et  que  d*é- 
iKéisreooaTrenten  grande  partie, 
tkaine  soit  le  cours  de  la  rivière  de 
■^  qui  se  jette  dans  le  vaste  lac  de 
n,  dont  lontefob  l'existence  est 
i  longtemps  contestée.  Une  autre 
(se  prolonge  entre  les  cours  du  Pa- 
t  dn  Caroni,  qui  se  jette  dans  l'O- 
ie. Parmi  les  indigènes,  on  remar- 
B  Caraïbes,  peuple  vigoureux  et 
[B,  feroce  autnefoisyoccupait  tout  le 
I  et  qui  a  longtemps  guerroyé  à 
i  contre  les  colons  européens  et 
les  sauvages  de  Tintérieur;  les 
MiH,  WaraonsouGuaraunas,  dans 
et  ilols  de  l'embouchure  de  FO- 
B,  inondes  pendant  les  six  mois 
eaux,  ce  qui  force  ce  peu- 
une  vie  en  quelque  sorte 
|Be  en  demeurant  entre  les  man- 
t  les  palmiers  des  terrains  inondés, 
m  nourrissant  de  poissons  et  des 
des  palmiers  aquatiques  appelés 
^VOn  remarque  ensuite  les  Salivas, 
■es  avoir  montré  un  caractère  très 
lenx,  avaient  fini  par  être  subjugués 
lîbes,  ainsi  que  les  Guayquinis, 
itagnard  de  iX^yapi.  On  con- 
leoffe  les  Guayvas,  peuple  nomade 
es  rivières  de  Meta  et  Ariari;  les 
B,  ennemis  des  Caraïbes,  et  beau- 
Cantres.  On  a  compté  280  tribus 
ea  seulement  le  long  de  l'Oréno- 
Bs  moines  espagnob  avaient  réussi 
b  des  fiunilles  de  plusieurs  tribus 
■ODS  chrétiennes.  La  population  de 
les  missions,  situées  pour  la  plu- 
itre  le  Rio-Itamaca  et  la  ville  d'An- 
I,  était  d'environ  24,000  âmes.  Les 
panx  idiomes  de  ces  peuples  indi- 
mtle  caraïbe,  le  pariagote,  qu'on 
btts  plusieurs  missions,  l'aturi,  le 
le  BMypuri,  etc.  Le  maïs,  les  igna- 


(  SIS  )  Ctfi 

cîtnNiilleS|  voilà  les  principaux  végélidfc 
qui  servent  à  la  nourriture  des  habitants  ; 
l'indigo,  le  coton,  la  vanille,  les  gommes, 
les  baumes  abondent;  on  a  introduit 
l'arbre  à  pain,  la  canne  à  sucre  ;  on  cul- 
tive le  tabac,  le  gingembre,  le  cacao,  etc.  ; 
il  y  a  aussi  des  cacaoyers  et  des  cannelliers 
sauvages.  L'Orénoque  et  les  autres  riviè* 
res  sont  riches  en  poissons,  parmi  lesqueb 
ou  remarque  les  bagres,  de  50  à  75  livres, 
et  les  caraïbes;  dans  TOrénuque,  il  y  a 
des  caïmans,  des  lamentins  et  des  tortues. 
Le  pays  est  infesté  de  moustiques,  de  vam- 
pires, de  boas,  de  jaguars;  on  fait  la 
chasse  aux  tapirs,  aux  pécaris  ou  cochons 
sauvages,  aux  daims,  et  à  un  amphibie 
nommé  chiguire. 

Le  cours  de  l'Orénoque  et  de  ses  af- 
fluents, et  le  Cassiquiare,  qui  unit  le  pre- 
mier au  Rio-Negro,  un  des  affluents  du 
fleuve  des  Amazones,  fournissent  de  gran- 
des facilités  pour  la  navigation  et  les  com- 
munications fluviales  de  l'intérieur  avec 
la  mer.  Saini^Thomas^  appelé  mainte- 
nant AngnsturOy  à  cause  du  rétrécisse- 
ment du  fleuve,  chef- lieu  de  l'ancienne 
colonie,  a  été  construit  en  1764  sur  l'O- 
rénoque, à  90  lieues  de  la  mer.  Cette  ville, 
agréablement  située  au  pied  d'un  rocher 
et  bien  bâtie,  pourrait  parvenir  à  un  haut 
degré  de  prospérité  si  le  pays  se  peuplait 
de  colons  industrieux,  et  si  le  commerce 
prenait  son  essor  dans  cette  partie  de  la 
Guyane.  Il  est  vrai  que  la  navigation  en 
amont  du  fleuve  depuis  la  mer  est  pénible 
et  exige  15  à  30  jours. 

GuTAiTE  ANGLAISE.  C'est  Seulement  de- 
pub  le  commencement  de  ce  siècle  que  les 
Anglab,  s'étant  emparés,  dans  leur  guerre 
contre  Napoléon,  de  l'ancienne  colonie 
hollandaise,  possèdent  Essequebo^  De-- 
merary  et  Berbice^  ou  la  partie  de  l'an- 
cienne Guyane  hollandaise  qui  s'étend 
le  long  de  la  côte  entre  la  petite  rivière 
de  Sarameca,  qui  la  sépare  de  la  ci-de- 
vant Guyane  espagnole,  et  le  fleuve 
Corentin,  limite  de  Surinam.  Déjà  vers 
la  fin  du  dernier  siècle,  les  Anglais  s'é- 
taient emparés  de  ce  pays,  mais  ib  l'a- 
vaient rendu  lors  de  la  paix;  en  1814, 
un  autre  traité  le  leur  abandonna.  La 
plupart  des  colons  sont  d'origine  hollan- 
daise ;  c'est  cette  nation  qui  a  fondé  les 


apatalesylescaeaves^les  melons^  les  \  villes  du  pays  et  qui  a  établi  les  bellci 


0OY 


(tU) 


omr 


^lantalîoBi  de  café,  de  sucre,  de  coton  qui 
foot  la  richesse  oommerdale  des  habi- 
tants bUncs.  Le  pays,  arrosé  par  FEase- 
qnebo ,  le  Demerary ,  le  Massaroni ,  le 
Pomaroun,  et  traversé  par  des  collines 
de  sable,  a  des  vallées  très  fertiles;  les 
Hollandais  ont  su  chan^^  en  terres  de 
bon  rapport  les  terrains  jadis  inondés  par 
les  eaux  et  devenus  malsains  par  leurs 
émanations;  malheureusement  ils  ne  sont 
parvenus  à  ce  résultat  que  par  le  travail 
pénible  et  opiniâtre  de  leurs  esclaves,  que 
la  dureté  de  ces  maîtres  a  plus  d'une  fois 
contraints  à  se  révolter.  On  dit  qu'il  existe 
environ  70,000  nègres  marrons  qui  in- 
festent les  plantations  et  entretiennent  un 
danger  constant  dans  la  colonie.  Les  tri- 
bus indiennes  ont  été  en  partie  soumises 
ou  détruites,  ou  se  font  la  guerre  entre 
elles.  Depuis  longtemps,  les  Hollandais 
avaient  pris  le  parti  de  donner  à  six  plan- 
teurs considérables  de  la  colonie  le  titre 
de  protecteurs  des  Indiens  :  c'étaient  des 
aurvei liants  autorisés,  en  cas  d'entreprises 
hostiles  de  la  part  des  sauvages,  à  faire 
agir  les  chefs  des  postes  hollandais,  qui 
étaient  aussi  an  nombre  de  six.  Comme 
dans  toute  la  Guyane,  l'intérieur  de  la 
partie  anglaise,  couverte  de  forêts  et  de 
montagnes,  est  peu  connu. 

La  colonie  se  compose  des  trois  dis- 
tricts d'Essequebo,  Demerary  etBerbice. 
Le  premier,  nommé  d'après  le  fleuve  qui 
le  sépare  de  la  Colombie,  et  qui,  après 
un  cours  de  110  lieues,  entrecoupé  par 
des  chutes,  se  jette  dans  une  crique  dan- 
gereuse par  ses  bancs  de  sable,  a  une 
population  coloniale  de  30,000  âmes 
dont  les  neuf  dixièmes  sont  de  la  race 
noire.  Le  fort  Island,  sur  l'Essequebo, 
était  le  siège  des  autorités  hollandaises. 
Trois  Iles  de  l'embouchure  du  fleuve  sont 
habitées  par  les  planteurs.  C'est  à  Sta- 
broek,  une  des  principales  villes  de  la 
colonie,  que  siège  la  cour  de  police  pour 
Eosequebo  et  Demerary;  c'est  une  jolie 
ville  de  10,000  âmes,  entrecoupée  de  ca- 
naux. 

Demerary,  district  situé  sur  la  rivière 
de  oe  nom,  dont  le  cours  est  presque 
parallèle  à  l'Essequebo,  a  58,000  habi- 
tants et  fournit,  comme  Essequebo,  une 
quantité  très  considérable  de  sucre  et  de 
laÉlaite  (environ  44  millions  de  livres), 


,  r  coton  et  plantai 

X  a   tricts  ont  prodn 

liions  de  livres  de  sucre, 
millions  de  livres  de  café.  S 
Demerary,  les  exhalaisou 
causent  des  fièvres,  et  quelqv 
jaune  a  atteint  les  habitant 
rocheose  de  l'intérieur  jouil 
plus  salubre. 

Le  district  de  Berbice  en 
par  la  rivière  de  ce  nom,  d 
sont  couverts  de  plantations 
sucre,de  café,coton,tabac,  n 
La  population  est  de  40, 0< 
exporte  près  de  8  millions 
coton  par  an.  A  l'embouchti 
bice  est  l'ile  des  Crabes,  et 
André  domine  ce  fleuve. 

GUTAICB   HOLLAKDAISE,   < 

Surinam  f  le  seul  qui  ail 
aux  Hollandais  par  le  trait 
1 8 1 4.  La  Sarameca  le  sépare 
anglaise,  et  le  Maroni  de  la  ( 
çaise;  il  est  traversé  dans  t 
gueur  par  la  rivière  de  Surii 
cend  des  Cordillères  du  nor 
tière  de  la  Guyane  portugi 
navires  peuvent  le  remonter  j 
lieues  de  la  cùte  ;  quinze  oi 
plus  loin,  les  cataractes  et  le 
pèchent  mènie  les  bateaux  «i 
courant.  A  l'embouchure  d 
située  Paramaribo^  jolie  vi 
hollandaise  et  habitée  par  ! 
Cette  population  offre  un 
gulier  de  nations  et  de  cuit 
communauté  de  frères  mor 
nagogue  de  Juifs  allemands, 
Juifs  portugais,  une  église  cai 
luthérienne,unesnglicane,  el 
environ  1 1 ,000  noirs  et  4,0 
Le  fort  de  Zélandia  protégi 
siègent  le  gouverneur,  la  o 
de  justice  et  d'autres  corp 
Paramaribo  se  livre  à  un  co 
portant  des  denrées  fournies 
plantations  qui  couvrent  li 
bords  des  rivières,  ainsi  que 
et  forêts  de  l'intérieur,  où 
bois  de  fer,  celui  de  palissaa 
baril,  plusieurs  espèces  de 
beaucoup  d'autres  arbres  et  a 
nissent  d'eicellents  bois  d'^ 
de  oonstructioni  ainsi  qae 


«ut 


(i%6) 


ùm 


sroma&et»  La  ooloDÎe  a  des 
Ser  et  det  agates.  Les  Hollan- 
\t  à  Sarinam,  comme  dans  le 
knr   ancienne  colonie,    des 
mirables  poor  tirer  parti  des 
»  submergées  pendant  la  sai- 
andes  pluies;  ils  y  ont  mis  à 
âence  acquise  dans  leurs  tra- 
ittliques  en  Europe  :  aussi  leurs 
ly  dont  plusieurs  sont  possédées 
iiifs,  fournissent  au  commerce 
ine  quantité  très  considérable 
café,  coton  et  cacao,  et,  à  la 
tion  de  Tintérieur,  du  riz,  de 
des  bananes,  des  yanes,  etc. 
du  sucre  est  évaluée  à  plus  de  1 5 
î  livres  par  an;  environ  58,000 
mt  employés  dans  ces  planta- 
une  cinquantaine  de  navires 
transportent  les  denrées  co- 
1  Europe.  Quelques  peuplades 
trafiquent  avec  les  colons;  les 
rendent  aux  Hollandais  des  es- 
s  canots,  de  la  cire  des  forêts, 
iwas  des  baumes,  du  bois  d'é- 
la  muscade  et  de  la  cannelle 
ies  perroquets  et  des  singes. 
B  FaAHÇAiSE.  La  partie  de  la 
omprise  entre  le  Maroni  et  la 
Vincent-Pinson  des  Amazones 
ta  la  France.  Au  sud  et  au  sud- 
te  partie  touche  au  Brésil  ;  mais 
I  entre  cet  empire  et  la  colonie 
B^ont  pas  encore  été  réglées.  En 
1,1a  France,  en  vertu  d'une  con- 
de  1817,  doit  provisoirement 
lX)japok  comme  sa  frontière , 
li  enlève  son  littoral  du  coté  de 
Guyane  française  s'étend  du  2* 
Sréde  latitude  nord,  et  du  52^ 
le  longitude  ouest  de  Paris.  C'est 
^fiâe d'environ  18,000  1.  carr., 
k  lieoas  de  côtes  (depuis  le  Maroni 
^ririèrc  de  Vincent-Pinson);  co- 
"^CQte,  comme  on  voit,  qui  pour- 
voir des  millions  d'habitans ,  et 
^t  on  est  parvenu  avec  les  plus 
<^ficttltés  à  faire  vivre  23,861 
^re  plus  des  deux  tiers  de  cette 
1^  se   composent-ils  d'esclaves 
T  Oo  ne  comprend  pas  dans  cette 
^  les  peuplades  indigènes  de 
^i  qui  vivent  pour  la  plupart 
^  i^^dépeadance  primitive. 


Le  premier  essai  de  colonisation  sur  la 
rivière  deSinnamary  a  été  Eut,  en  1626| 
par  26  Français,  qui  furent  suivis,  quel-^ 
quès  années  après,  par  une  centaine  d'au* 
très  ;  ceux  -  ci  allèrent  s'établir  près  de 
la  rivière  de  Gonanama  et  dans  111e  de 
Cayenne.    Quelques   compagnies    mar- 
chandes, surtout   la  Compagnie  de  ia 
France  équinoxialey  y  transportèrent  des 
colons;  mais  elles  commirent  tant  d'excès 
envers  les  indigènes  et  envers  leurs  pro» 
près  colons  qu'elles  perdirent  les  hommes 
et  l'argent.  Louis  XTV  révoqua  les  pri- 
vilèges accordés  aux  compagnies  parti- 
culières pour  les  donner  à  la  Compagnie 
des  Indes-Occidentales.  Celle-ci  procéda 
avec  plus  de  justice  et  d'intelligence  ;  elle 
compta  dans  la  Guyane  un  millier  de  co- 
lons, qui  eurent  pourtant  à  souffrir  delà 
jalousie  des  Hollandais,  leurs  vobins.  En 
1674,  la  colonie  rentra  sous  le  gouver- 
nement direct  du  roi.  On  cultiva  du  su- 
cre ,  du  coton ,  de  l'indigo  ;  les  mission- 
naires  pénétrèrent  dans  l'intérieur    et 
essayèrent  de  former  des  villages  de  sau- 
vages convertis.  En  1763,  on  transporta 
2,000  colons ,  pour  la  plupart  Alsaciens 
et  Lorrains ,  aux  îles  du  Salut  et  sur.  les 
bords  du   Kourou.   C'est  un  des  plus 
grands  efforts  qu'on  ait  faits  pour  la  colo- 
nisation; malheureusement  l'entreprise, 
exécutée  sans  intelligence ,  échoua  pres- 
que complètement,  et  la  plupart  des  co- 
lons furent  victimes  de  l'imprévoyance  des 
chefs  et  de  leurs  propres  excès.  Le  ba- 
ron de  Bessner,  qui,  en  1766,  établit  70 
soldats  acclimatés  sur  la  rivière  de  Ton- 
negrande,  ne  fut  guère  plus  heureux  ;  et 
en  1775,  quand  Malouet  fut  envoyé  dans 
la  colonie  pour  en  examiner  la  situation, 
la  population  était  réduite  à  1,800  per- 
sonnes libres  et  à  8,000  esclaves;  la  valeur 
des  exportations  n'était  pas  d'un  demi- 
million;  cependant  la  France  en  avait 
sacrifié  60  pour  cette  colonie.  Malouet  et 
l'ingénieur  Guizan ,  qu'il  avait  emmené 
de    Surinam,  donnèrent  une  meilleure 
direction  aux  entreprises  agricoles  des 
colons ,  surtout  en  faisant  dessécher  les 
terres  inondées.  On  introduisit  la  culture 
des  arbustes  à  épices  *.  La  population 
augmenta,  ainsi  que  son  commerce  ;  mais 

(*)  Maloaot ,  Mimoirtt  tur  Us  colonies ,  «1  «R 
particulier  sur  /«  Giyranê  franfaite  »  5  vol.  io-8'^ 


Ot)T  (  S86  ) 

tés  progrit  furent  arrétét  par  suite  de  la 
réTolotion  française  et  par  Inoccupation 
du  pays  par  les  Portugais. 

Lorsque,  sous  la  Restauration,  la  colo- 
mit  de  la  Guyane  eut  été  rendue  à  la 
France,  on  y  transporta  des  colons  chi- 
nois et  malais,  puis  12G  Français  qu'on 
établit  sur  la  rivière  de  Mana,  remar- 
quable par  ses  beaux  sites  et  les  bois  de 
ses  bords  ;  tantôt  c'était  le  choix  des  co- 
lons, tantôt  celui  du  local  qui  était  mau- 
▼ab,  et  aucun  des  efforts  ne  réussir.  En 
1820,  un  nouveau  projet  de  colonisation 
fut  soumis  à  Louis  XVIII*,  mais  les  cir- 
constances ne  permirent  point  alors  d'y 
•donner  suite.  En  1828,  la  supérieure  de 
la  congrégation  des  sœurs  de  Saint- Jo- 
seph ,  M™*'  Javouhéy ,  reprit  Téublisse- 
œent  de  la  Mana  avec  36  sœurs  de  cha- 
rité, une  quarantaine  de  cultivateurs  et 
un  certain  nombre  d'enfants   trouvés; 
pour  cette  classe  d'enfants,  la  colonie  de- 
vait offrir  un  asile  dans  l'avenir.  Les  cul- 
tivateurs u'éUnt  pas  restés,  le  gouverne- 
ment les  a  remplacés,  en  1885,  par  650 
noirs  de  traite  libérés,  et  en  ce  moment 
cet  établissement  donne  lieu  à  de  justes 
espérances**. 

La  colonie  se  compose  de  Tile  de 
Cayenne  ^vo/.),  ayant  environ  12  lieues 
de  circonférence,  des  lies  du  Salut  à 
Tembouchure  du  Kourou,  qui  sont  au 
nombre  de  trois,  savoir,  Tile  Royale,  Tile 
Marchande  et  Tile  au  Diable;  de  File  Ma- 
raca  à  l'embouchure  de  la  rivière  Gara- 
papouri  ou  Vincent-Piuson,  et  enfin  de 
la  partie  continentale  qui  se  prolonge 
dans  l'intérieur  jui(|u'à  36G  lieues  de  la 
côte,  et  qu'on  évalue,  comme  nous  l'avons 
dit,  à  1  G,000  lieues  carrées.  De  toute  cette 
immense  étendue,  il  n'y  a  que  230  lieues 
qui  soient  occupées  et  soumises  à  quel- 
que culture.  Le  terrain  de  la  Guyane  se 
penche  beaucoup  vers  la  mer,  et  les  ri- 
vièies  qui  descendent  de  l'intérieur  ont 
des  cataractes  considérables  formées  par 
les  montagnes  granitiques  qui  traversent 
•  e  haut  pays;  dans  la  région  inférieure, 

(*)  Mtmoiret  sur  V mmiiiormtipm  dm  commercé 
mmritim*  dt  /«  Ffnct  pr  ta.  cWoAiMf  ••«  ^  /« 
GmjaM9frmn^in%  p«r  le  docteur  Wurti,  P«m, 
i8ao,  in -S*. 

('•)  Pricit  iur  U  eolMt^ûtion  iêt  bords  d§  Im 
Manut  imprima  par  ordre  du  mioiftre  dt  U  na- 
riae,  Pjrif,  Mi,  in-^. 


GUY 

les  rÎTièret,  refonléea  par  les 
bordent  et  inondent  d'il 
et,  sur  le  bord  de  la  mer,  ka 
l'Océan  produisent  d'autrea  ii 
sur  des  terrains  fécondés  par  ka 
qu'ils  y  ont  jetés.  Dans  ces  temia 
dés,  infestés  par  les  moustiqiieaet 
ringouins,  s'est  formée  une 
forêts  de  paleturiers  et  antres  boii 
tandis  que  la  région  moyenne^  il 
par  les  eaux  douces,  est  couverte 
seaux  épineux,  de  lianes  et  de 
Des  palmistes,  appelés  pioota, 
les  terres  desséchées  de  j'iotériwtf» 

Plus  de  20  fleuves  desceodanl  < 
térieur,  dans  la  direction  du  sad  aai 
arrosent  les  terres  et  enl 
communications  entre  les  dii 
ties  de  la  colonie;  les  plus 
le  Maroni  et  l'Oyapok;  parmi  la^ 
très,  on  distingue  la  Maoa,  avec 
taracte    du   Sabath,   la 
Sinnamary,  dont  le  cours  a  prisi 
lieues,  le  Kourou,  la  rivière  de 
l'Approuague ,  l'Ouaxari; 
ont  un  grand  nombre  d'embi 
Trois  lacs,  le  Mépocucn,  le 
Mapa,  existent  auprès  du  cap 
Guyane  française  a  8  ou  9  mob  dii 
pluvieuse  et  6  mob  de  séchera 
rée  du  jour  n'y  varie  toute  Vt 
de  11  heures  et  demie  à  12 
demie.  Il  y  règne  habitnellcitl 
24<*  de  chaleur;  les  Européens 
d'autant  plus  difficilement  cette 
qu'elle  est  unie  à  une  hnmidil 
sive  causée  par  les  fortes  ploies  c(  | 
quantité  d'eaux  stagnantes, 
assure  que  le  climat  n'est  paa 
surtout  depuis  les 
dans  les  contrées  cultivées. 

Les  belles  et  grandes  forèla  àm 
hautes  donnent  une  quaranl 
pèoes  de  bois  durs  ou  de 
que  l'acajou,  le  bois  roufe»  le 
tron,  le  cèdre  noir,  le  gaync,  k 
boco,  le  bois  de  feroles,  le  l»aktag 
baril,  le  bois  d'amaranthe,  aimi  qjatl 
coup  d'espèces  d'arbres  à 
me  et  résine,  des  plantes 
aromatiques.  Ces  forêts  sont 
des  richesses  naturelles  àt  k  OwM 
et  leurs  boi4,  très  recherchés  daaa  VU 
nislerie  d'Europe,  peuvcal  dosMrJ 


GUY 

11 


(M7) 


GUY 


làM 


.*Ily  ade 

j      18S6  ,  la 

m  produit  2,4339796 

et  mcre  bi«t,  S83,083 

et  ■HiMin,  389,S36  de 

•00  kilogr.  de  caft,  380,000  de 

,000  de  roeoo,  81,000  degi- 

f9,SSf  de  srififli  de  girofles  35,300 
800  de  poivre,  600  decan- 
mncade,  et  4,943,950  de 
de^dnés  à  la  noiirri<- 
netle  de  cet  productions 
d'cmiron  4  fFtl^M^"*  de  firaocs. 
de  la  Guyane  est  très  bon,  la 
«  le  ubac  sont  de  qualité  infé- 
XBZ  d'antres  pajs.  La  culture 
n'y  a  point  réusû.  Il  y  avait, 
1837,  <lans  toute  la  co- 
11,836  hectares  de  terres  cultiTées, 

,  3,746  en  colon. 


roeoa,  et  1,571  en  cannes  à 
I  aVnrait  que  136  cherauz  et 
es  de  gros  bétail;  les  savanes 
I  nourrir  unequantité  innom- 
l^^^f,âm^^  lacs  etriTières  fournis- 
leur  pobson  une  bonne  partie  de 
îdeshabitants;  les  fruits  déli- 
à  la  xone  torride,  teb  que 
Hpotille,  la  banane,  la  man- 
ille coco,  FaTocat,  leoorossol, 
;  fiKilemenL  Cette  colonie  n*a 
\  dlndnstrîe  que  la  plupart  des 
françaises,  et  la  métropole  four- 
a  près  tout  ce  qu'il  frut  aux  be- 
ses  babitants.  En  1836,  il  s'est 
''ranoe  et  la  Guyane  française 
oonunercial  delà  valeur 
,900  fr.,  sur  lesquels  la  douane 
lasomasede  899,319  fr.  et  dans 
es  importations  de  la  Guyane 
iétaient pour  3,051,555  fr.,  et 
de  France  à  la  Guyane 
3,758,345  fr.  G>roBie  les  navires 
aïs  à  y  frire  le  commerce 
(iestrictions,nousajouterons 
de  la  colonie  avec  la  métropole 
a  eu  une  valeur  totale  de 
13,993  fr.  n  y  est  entré  36  navires 
ci  33  navires  étrangers;  il  en  est 
j43  navires  françab  et  19  étrangers. 
In  colooie  est  divisée  en  deux  can- 
fÊÊ^  CmftMne  et  Sinnamary^  le  premier 

^f)  ^MP  Nofrr,  FmtU  vierfet  de  Im  Gmymm» 

Em^lop.  d.  G.  d.  M.  Tome  XUL 


avec  dix  quartiers  ou  communes  et  une 
population  de  18,795  âmes,  le  second 
ayant  quatre  communes  et  3,853  âmes. 
Cayenne  (THfjr,)  est  laseule  ville  et  le  dief- 
lieu  de  la  colonie;  on  y  compte  5,336 
habitants.  U  y  a  trob  bourgs,  Approua* 
gue,  Sinnamary  et  Kourou. 

A  la  tête  de  la  colonie  sont  le  gouver* 
neur,  les  16  membres  du  conseil  colonial 
élus  par  311  électeurs,  TordonDateur  et 
le  procureur  royaL  Cayenne  a  une  cour 
royale,  une  cour  d'assises  et  un  tribunal 
de  première  instance  ;  il  n*y  a  pas  d'autres 
tribimaux ,  mab  Cayenne  et  Sinnamary 
ontchacuneunejusticede  paix.Legouver-> 
nement  entretient  environ  700  hommes 
de  troupes,  et  les  habitants  libres  sont  en 
outre  organisés  en  milice.  En  1837,  l'ad- 
ministration de  la  colonie  a  exigé  une 
somme  de  1,446,710  fr.,  dont  355,333 
ont  été  couverts  par  les  recettes  loodes. 
n  n'y  a  que  3  églises  paroissiales,  savoir 
à  Cayenne,Approuague  et  Sinnamary  ;  un 
seul  hôpital,  sans  compter  un  établisse- 
ment pour  les  lépreux;  une  école  pour 
les  garçons  et  une  pour  les  filles  :  cette 
dernière  est  tenue  par  les  sœurs  de  la  con- 
grégation de  Saint-Joseph  ;  enfin  la  seule 
imprimerie  qui  existe,  et  qui  est  entrete- 
nue aux  frais  de  la  colonie,  publie  une 
gazette  hebdomadaire,  un  annuaire  et 
un  bulletin  officiel  d'administration. 

La  Guyane  française  ne  peut  être  re- 
gardée encore  que  comme  une  colonie 
naissante;  mais  il  reste  à  savoir  si  le  cli- 
mat et  d'autres  circonstances  ne  l'empê- 
cheront pas  de  recevoir  un  grand  déve- 
loppement (  voir  Noyer ,  Mémoire  sur 
la  Guyane  française ^  Cayenne,  1834, 
in-40,  et  la  3*  partie  des  Notices  staîis" 
tiques  sur  les  colonies  françaises  ^  Pa- 
ris, 1838).  Faute  d'explorations  suffisan- 
tes de  l'intérieur,  on  n'a  pu  dresser  en- 
core une  carte  exacte  et  complète  de  la 
colonie;  celles  que  Ton  a  publiées  depuis 
une  quarantaine  d'années  reproduisent 
plus  ou  moins  fidèlement  la  carte  que  Si- 
mon Mentelle  dressa  pour  le  dépôt  de 
Cayenne,  et  dont  une  réduction  lut  join- 
te à  THistoire  philosophique  du  commer- 
ce, de  Tabbé  Raynal  *.  La  Société  de  géo- 

(*)  Le  même,  Z>«  Vitmi  ecfsW  d*  Im  giogra' 
pkU  «U  U  Gm/'mmê  /rûmcmiê€ ,  dans  les  JmnalH 
Huuitimês,  i83o. 

n 


tiUY  (  340  ) 

veiie.  Voy,  CmiiiB,  T.  V,  p.  71 1  et  suiv. 
Fhifl  jdoaK  d'atiliser  let  découTerlet 
quiB  d*enlanter  da  brillanlet  théories, 
Gaytoo  en  avait  saisi  Toccasion  en  em« 
ployant  contre  le  typhus  régnant  à  Di- 
jon, par  suite  de  Touverture  d*un  des  ca<- 
veaoz  de  la  cathédrale,  les  fumigations 
avec  le  chlore,  connues  longtemps  sous 
le  nom  de  fumigations  guytoniennes.  Plus 
tard,  on  dut  à  ce  même  procédé  perfec- 
tionné Tassainiisement  des  prisons,  des 
hôpitaux,  des  bâtiments  maritimes,  de 
tous  les  endroits  où  Pair  est  Ticié  par 
Taocumulation  des  individus. 

Dans  toutes  les  sciences,  il  est  besoin 
d*une  nomenclature  systématique  qui 
soit  Tezpression  d*une  théorie  complète. 
Guyton  sentit  la  nécessité  d*appliquer  ce 
principe  à  la  chimie  qui ,  jusque-Ûi,  dé- 
signait les  combinaisons  par  des  noms 
biiarres,  n^indiquant  aucun  rapport  en- 
tre elles.  La  nouvelle  nomenclature,  pres- 
que généralement  adoptée  en  1781,  fut 
le  fruit  de  ses  travaux,  soutenus  et  diri- 
gés par  Lavoisier,  Berthollet  et  Four- 
croy.  Si  les  progrès  de  la  science  ont  ap- 
porté à  la  théorie,  et  par  suite  à  la  no- 
menclature créée  par  ces  savants,  des 
modifications  importantes,  elles  sont  le 
résultat  de  Tidée  féconde  qu'ib  conçu- 
rent et  du  principe,  établi  par  eux,  en 
vertu  duquel  la  nomenclature  doit  être 
en  rapport  avec  la  théorie;  et  certes  ils 
comprirent  d^avance  que  celle-ci  ne  pour- 
rait pas  rester  slationnaire. 

Les  écrits  scientifiques  de  Guyton  sont 
nombreux  ;  ils  ne  portent  peut-être  pas 
tons  ^empreinte  de  cette  exactitude  sé- 
vère que  dirige  Tcsprit  d*aBalyse  encore 
peu  familier  alors  à  ses  maîtres  et  à  lui  ; 
mais  le  volume  du  Dictionnaire  de  chi- 
■îe  de  X Encyclopédie  méthodique^  dont 
il  est  Pautenr,  révèle  une  érudition  pro- 
fonde ;  les  savantes  discusiions  et  lea  dé- 
couvertes que  renferme  cet  ouvrage  por- 
tent Tempreinte  d'un  talent  reoMurquable  ; 
il  a  été  traduit  en  allemand,  en  anglais 
et  en  espagnol.  Un  des  principaux  ré- 
dadeart  des  Annales  de  Chimie^  Guy- 
ton  y  a  inséré  les  résultata  de  ses  expé- 
riences sur  la  combustion  du  diamant, 
ses  observations  sur  la  théorie  générale 
de  la  cristallisation ,  et  en  particulier  sur 
of//e  des  imuux^  on  lui  doit  Tinvention  j  monnaies  et 


GUY 

du  pyromètre  {voy.  ce  mot),  insiftiMi 
propre  à  mesurer  let  degrés  trà  iUnU^ 
chaleur. 

Guyton  a  publié  ses  Digrettiotts  ma 
elémiques  (177 7\wtÊDis€tmrïïêi   ' 
(1775),  ses  Plaidoyers  les  plw 
quables,  des  ÉlémenU  de  thùmie 
rique  et  pratique  (1776  et  77,  S 
in- 13),  résumé  de  ses  coure;  dea 
tions  de  divers  ouvrages  de  Schaelti 
Bergman  et  de  Blacke;  enfin 
opuscules  littéraires  et  politiqiiea(lfî| 

Nous  ajouterons  a  oetle  ooorli  hH 
quelques  traits  de  la  vie  politique  de  Am 
ton.  En  1790,  il  fut  élu  procnrearM 
die  de  son  département,  et,  en  17tl^ 
puté  à  FAssemblée  législative  dont  Ij 
président  Tannée  suivante;  rééli  k^ 
Convention,  il  prit  place  sur  lea 
la  Montagne  et  vota  avec  lea 
plus  exaltés  de  ce  terrible  parti, 
procès  de  Louis  XVI,  il  s^oppoeaani 
voi  du  jugement  aux  assemblées 
res,  et  vota,  sur  toutes  les  qu 
avec  la  majorité;  en  1793 ,  il  fit 
des  comités  de  Défense  généraleel  < 
lut  public.  La  tourmente  poMtiqni; 
entndnait  alors  tous  les  esprits 
direction  exclusive  ne  le 
entièrement  de  ses  études  sdenl 
voulant  utiliser  la  découverte  des 
tats,  il  chercha  d'abord  à  lea 
à  l'extraction  des  eaux  des  mi—; 
il  conçut  l'ingénieuse  idée  d'en  frirai 
machine  dont  le  jeu  entrât  dans  k< 
des  combinaisons  qui  déddent  àm 
tailles,  et  qui  devint  un  moyen  paii4| 
de  découverte  et  de  reconneisMca,  fl 
son  rapport,  le  gouvememenl  BoaMMÉ 
troupe  destinée  spécialement  mm  mui 
des  aérosuts;  il  le  chargea  àê  éàâ^ 
les  travaux  préparatoires,  qoi  ae  firail 
Mettdon,  et  l'envoya  près  de  l'aniin  i 
Nord  pour  examiner  et  condubv  Ira  rns 
vements  de  cette  machine,  doat  os 
l'essai  à  U  bataille  de  Fleonm  (17U 

Après  le  9  thermidor,  réélu  ra«d 
du  comité  de  Salut  public,  Gvyintt 
divers  rapports  relatifs  à  l'imliistm,! 
sciences  et  aux  arts.  McodM  éa  «Mi 
des  Cinq-Cents,  il  s'occnpn  dra  Smm 
et  de  la  navigation  intérieure.  En  IM 
il  fut  sommé  administrateur  général  < 

de  rÉopInpd 


6l]Z 


(841) 


GtZ 


à  b  crfalk»  de  laquelle  il 
ne  grande  part  ;  pnis  officier 
m-d'Hooneiir  ;  il  était  depuis 
riive  de  llnstitat,  et  diveraei 
ivanles  de  TEaropey  notam- 
âétérojale  deLoDdrcs,raTaieot 
leur  sein.  SonskRestanratioii, 
tint  plus  à  rinstitot,  et  perdit 
lirecleiirdet  monnaiea  (1814), 
I  oonierva  les  émolaments. 
-Morveaii  moamt  à  Paris  eo 
16,  âgé  de  79  ans.  Bcrthol- 
bre  de  la  classe  des  Sdeoces 
à  llnstitiity  prononça  son  élo* 
*.  L.  D.  C. 

lAT  on  GounnaATy  prorince 
mstan,  située  au  nord-H>iiest 
|B^le  en-deçà  dn  Gange,  entre 
b  latitude  nord.  La  partie  sad- 
le  one  presqu'île  entre  lesgolfcs 
et  de  Canibay.  Cest  un  pays 
est  plat  et  couvert  en  partie  de 
■Mrais  d*cau  saumâtre.La  par- 
le est  pourtant  montueuae,  et 
re  des  campagnes  charmantes, 
raaet  argileux  produit  de  ridies 
le  céréales,  de  plantes  oléagi- 
iBCtoriales.  Le  Âlahy  ou  Myhi, 
la  et  leTaptie  arrosent  et,  dans 
inriense,  inondent  et  raTSgent 
t;  dans  la  même  saison,  les 
s  pendant  le  reste  de  Tannée, 
Mnt  d*eau  et  deriennent  des 
leots  impétueux.  Cette  saison 

annoncée  par  les  moussons  de 
,  dure  depuis  la  mi-juin  jus- 
tembre.  Pendant  notre  hiver, 
I  janvier  et  février,  le  froid  ma- 
IBelquefois  assez  intense  pour 
lie  la  glace  à  Surate;  dans  la 
la  température  se  radoucit  et 
ème  agréable. 

TT  ou  coucheouch ,  espèce  de 
t  la  plante  atteint  une  hauteur 
pieds,  est,  avec  le  riz,  le  prin- 
!sit  des  habitants,  qui  se  nour- 
ai  de  mais  et  de  divers  grains 
m  à  llnde.  On  cultive  du  coton 
sini  du  district  d'Ahmoud  passe 
des  meilleures  espèces  de  iln- 
Itîve  aussi  beaucoup  de  pavots, 
,  dn  ridn  ;  le  sucre,  le  tabac, 

Findigo  viennent  bien;  le  sol 
it  &vorable  à  la  culture  du  lin 


et  du  dianvre;  on  enclôt  les  champs 
avec  le  bambou  ;  le  banian  ou  figuier  de 
llnde,  le  mangoustier  et  le  tamarinier 
ombragent  les  jardins  et  les  campagnes. 
Un  prodige  de  végétation  est  le  banian 
d*une  tie  du  Nerbudda,  dont  Fombrage 
couvra  une  circonférence  de  2,000  pieds. 
Des  lions ,  en  petit  nombre  il  est  vrai, 
infestent  les  fonds;  des  tigres,  des  léo- 
pards, des  hyènes,  des  jakals,  des  san- 
gliers, des  serpents  ont  leur  repaire  dans 
les  juntes.  Les  singes  abondent  même 
dans  les  rilles  et  villages.  On  trouve  aussi 
des  antilopes,  d'énormes  diauve-  souris 
appelées  renards  volants,  des  troupes  de 
pigeons  verts  et  de  beaux  oiseaux  appelés 
sahras  on  floricans.  Les  sauterelles  ra- 
vagent quelquefois  les  champs.  Le  Gn- 
zerat  a  cle  belles  races  de  chevaux  et  de 
bestiaux.  On  voyage  avec  des  attelages  de 
bceufe  blancs  à  cornes  noires;  on  pré- 
pare beaucoup  de  ghi  ou  beurre  clari- 
fié. Pour  être  à  Fabri  des  brigands  et  des 
bêtes  sauvages ,  également  à  craindre  les 
uns  et  les  autres,  les  habitants  sont  obli- 
gés de  demeurer  réunb  dans  les  villes  et 
villages. 

Après  avoir  été  subjugué,  au  x^  siècle, 
par  les  Afghans  et  envahi,  au  xrv*,  par  les 
Mogols,  le  Guzerat  est  devenu  un  royau- 
me gouverné  par  des  princes  Rajepoutes 
{voy,)  mahométans;  pub  il  a  été  soumis, 
dans  le  xvt*  siède,  par  l'empereur  mogol 
Akbar,  au  xvui*  par  lesMahrattes,  et  en- 
fin conquis  en  partie  par  les  troupes  de  la 
G>mpagnie  anglaise  des  Indes.  Par  suite 
de  toutes  ces  vicissitudes,  le  Guzerat  est 
le  séjour  d^n  grand  nombre  de  races  et 
de  sectes.  Les  Grassias,qui  possèdent  des 
terres  considérables  et  exercent  un  pou- 
voir féodal  sur  les  villages  qui  dépendent 
d'eux,  se  disent  issus  de  la  race  noble 
des  Rajepoutes.  Us  composent  aussi  des 
tribus  indépendantes  qui  habitent  les 
bords  de  plusieurs  ririères;  malheureu- 
sement ces  tribus  sont  autant  de  repaires 
de  brigands.  On  signale  surtout  les  Coo- 
lies et  les  Bhils:  les  premiers  occupent  de 
grands  villages  et  cultivent  bien  la  terre; 
les  autres  ne  rivent  guère  que  de  pillage. 
Le  commerce  est  en  grande  partie  dans 
les  mains  des  Banians  {voy,)^  les  Bhauts, 
révérés  par  le  peuple ,  servent  de  mé- 
nestrels, de  jongleurs,  de  généalogistes^ 


GUZ 


(«4Î) 


GOZ' 


Astrologues  et'discun  de  bonne  aventure; 
ils  se  rendent  garants  des  engagements 
pris  par  les  princes  et  les  particuliers. 
Les  paysans  du  Guzerat  appartiennent 
en  grande  partie  à  la  caste  hindoue  des 
Shoudras  {vay-  T.  IV,  p.  126)  qu'on 
nomme  ici  Kunbis»  Autrefois  Tinfanti- 
cido  à  regard  des  filles  était  en  usage 
diez  les  belliqueux  Rajqioutes;  grâce  à 
rintenrention  anglaise,  cet  usage  barbare 
a  été  aboli.  Toute  la  population  est  éva- 
luée à  6  millions  d'âmes,  dont  les  9 
dixièmes  sont  Hindous  et  le  reste  mabo- 
métans. 

Le  pays  se  divisait  autrefois  en  9  dr- 
cars  ou  districts,  savoir  :  Guzerat  propre 
ou  Ahmedabady  Puiiea ,  Nadot^t^  Ba^ 
roda^  Baroehej  Chumpanir^  Kodera  et 
Sorai  ou  Surate,  De  grandes  villes  sont 
bâties  sur  le  bord  de  lacs  diarmants  dont 
les  eaux  réfléchissent  les  pagodes  et  ca- 
ravansérals  qui  en  ornent  les  bords.  Par- 
tout on  voit  d«  gros  villages,  des  villes 
commerçantes  et  de  beaux  monuments. 
Blalheureusement  le  peuple  est  opprimé; 
la  force  dispoie  des  paysans,  et  les  brah- 
mes  sont  la  classe  la  mieux  pourvue  de 
tout.  Le  nombre  des  langues  dans  le 
Guzerat  répond  à  la  multiplicité  des 
peuple»;  cependant  Tidiome  dominant 
est  le  guzerati.  On  a  plusieurs  ouvrages 
écrits  dans  cette  langue;  la  traduction  du 
Noupeau^Testament  en  gur^rati  a  été 
imprimée  à  Serampore  en  1830.  D-o. 

GUZMAN  ( Alpbohsb  •  PEmxz  dx), 
surnommé,  par  quelques  historiens,  le 
Bruttts  espagnol,  et  qui  donna  naissance 
à  Tillustre  maison  des  ducs  de  Médina» 
Sidonia,  laquelle  s'éteignit  vers  1770, 
naquit  à  Valladolid  vers  Tan  13S5.  Sous 
le  règne  d*Alfonse  X,  il  se  couvrit  d'abord 
de  gloire  dans  la  guerre  contre  les  Infi- 
dèles; mais  bientôt  il  entra  lui-même  an 
service  de  l'empereur  de  Maroc,  pen- 
dant la  rébellion  de  don  Sanche,  afin 
d'éviter  de  prendre  parti  entre  le  père  et 
le  fils.  Guzman  se  rendit  surtout  célèbre 
sous  le  roi  Sanche  IV,  qui  l'éleva  au«  plus 
hauts  grades  militaires  et  le  nomma  grand 
de  Caititle  {rico  homhre).  Son  principal 
monument  de  gloire  est  sa  défense  de 
Tariffa  contre  l'infant  don  Juan,  frère 
de  Sanche,  qui  avait  levé  l'étendard  de 
le  révolte  et  i|ui  «iay«  en  vain  de  se 


faire  livrer  cette  forteresse  c 
d'une  mort  cruelle  le  jeune  fili 
qu'une  surprise  avait  Jhit  t4 
SCS  mains.  Fidèle  a  son  roi,  i 
poussa  toutes  les  proposition 
avec  un  courage  stoîque  la  t 
enfant  mis  à  mort  et  mutilé  \ 
cruel  don  Juan.  Lope  de  Vi 
par  de  beaux  vers  cette  actio 
Guzman  fut  surnommé  et  Bt 
fication  que  ses  descendants  i 
toujours.  Après  s'être  signalé 
Alfonse  XI ,  dans  la  guem 
Maures  de  Grenade ,  et  avoi 
à  la  prise  de  Gibraltar ,  il  fi 
mort  le  conseiller  et  le  preroiei 
la  reine«mère  Marie,  qu'il  ai 
ment  à  affermir  son  fils  sur  le 
que  de  toutes  parts,  et  moun 
de  mai  de  l'année  1320. 

Plusieurs  autres  illustres  | 
nom  de  Guzman  sortirent  < 
maison  de  Medina-Sidonia  (i 
culièrement  Henri  ,  petit-fi 
Guzman,  qui  s'immortalisa  di 
de  Grenade  (1484).  ALraoïf 
l'un  de  ses  fiù,  chevalier  de  1' 
cantara,  ne  se  distingua  pas 
les  lettres  que  dans  les  armes 
manceros  espagnols  renfer 
plusieurs  poésies.  On  corop 
autres  poètes  issus  de  la  mal* 
de  Medina-Sidonia,  seîgneu 
man,  notamment  FRaoïNAir 
Guzman ,  qui  jouit  à  la  coui 
d'une  haute  considération  1 
composa  une  foule  de  poésie 
religieuses,  et  fit,  en  64  i 
description  des  quatre  vert» 
On  doit  à  son  frère,  Louis- 1 
Pesez,  deux  ouvrages  en  pr 
transmis  son  nom  à  la  postéi 
mier  est  intitulé  Abrégé  dt 
roi  Jean  11^  et  le  second  P 
mis  et  grands  hommes  de  / 
siècle).  Ces  ouvrages  sont  érri 
plein  de  force  et  de  grandeur 
dans  un  temps  où  la  langu 
sortait  à  peine  de  son  bercea 

Enfin  les  biographies  citei 
sieurs  Guzman  peintres,  di 
du  nom  de  Pieeee  :  le  prem 
ché  au  service  de  Philippe  IIL 
à  la  cour  de  Philippe  V  ;  li 


GCZ 

lés  par  b  comctioD  da  dessin 
■k»  des  figures. 
L  de  Gnnnan  ,  oonnae  sortout 
im  de  U  grande  régente  de  Por- 
lil  fille  ftinée  de  Jean-ÉmanueU 
K  de  Medina-Sidonîa  ;  elle  na- 
I  les  premi^'es  années  da  xyii* 
ien  jeune  encore,  elle  épousa 
Bragance,  qui  avait  des  droits 
(à  la  couronne  du  Portugal  sou- 
I  à  la  domination  espagnole.  Son 
SB  de  confiance  en  elle  et  rendant 
;e  à  son  esprit  supérieur ,  à  son 
e,  B^entreprenait  rien  sans  la  con- 
I  loi  découvrit  en  conséquence  le 
la  Ttste  conspiration  qui  devait 
'sor  le  tr6ne  de  Portugal.  La  du- 
*eialta  à  Pidée  d'une  entreprise 
rdîe,  et  soutint  son  époux  de  son 
iasme  et  de  ses  conseils.  Cette 
nit  toutes  les  qualités  dhine  rei- 
d  Jean  lY ,  en  mourant,  la  nom- 
régente  du  Portugal.  Le  1 6  no- 
1656,  elle  prit  en  main  les  rênes 
,et  rien  n'égale  le  courage  qu'elle 
peadaut  toute  la  minorité  de  son 
Upaix  de  1660,  elle  obtint  la 
ition  de  la  maison  de  Bragance 
possession  du  Brésil,  etc.  Lorsque 
VI  eut  atteint  sa  majorité ,  elle 
itèoi  pouvoir  (1662),  emportant 
&  les  regrets  et  l'amaur  du  peuple, 
fie  de  dégoûts  par  les  indignes  fa- 
(  son  fils ,  cette  illustre  princesse 
idans  un  cloître,  où  elle  mourut 
mer  1666. 

1  ([oestion  au  mot  OiJVAAis  de 
D  de  Gnzman ,  comte  d'Olivaraz 
le  StD-Lucar  ;  osais  avant  de  ter- 
!t article  nous  dirons  un  mot  d'un 
âge  qui  portait  le  même  nom  de 
I,  quoiqu'il  n'appartint  pas  sans 
Qoe  si  noble  famille.  Né  à  Gra- 
s  1772  et  naturalisé  Français  en 
JIbeé-Marie  Guzman  se  montra 
K  partisan  de  notre  révolution, 
membre  du  comité  central  révo- 
ire  de  la  capitale,  il  prit  une 
MTt  à  la  cbute  des  Girondins, 
ton  tour  et  traduit  devant  le  tri- 
^olutionnaire  ,  il  fut  condamné 
le  5  avril  1794, comme  complice 
ppe  d'Orléans  et  de  Dumouriez 
les  pditriotes,  les  comi- 


(  S4S  )  GYG 

tés  de  Salut  public  et  de  Sûreté  générale, 
et  les  jacobins.  >  (Prud'homme).  £.  P-ot. 

GTGÈS ,  dief  de  la  dynastie  des  rois 
lydiens  qui  remplaça  celle  des  HéracU- 
des.  IX  règDA  jusqu'à  l'an  718  avant  J.-G. 
Selon  les  traditions  des  Grecs,  Gyges 
était  l'un  des  principaux  officiers  et  le 
favori  de  Candaule,  dernier  roi  de  Lydie 
de  cette  race.  Pour  le  convaincre  par  ses 
propres  yeux  de  la  beauté  de  sa  femme 
qu'il  lui  avait  souvent  vantée,  Candaule 
la  lui  fit  voir  un  jour  qu'elle  était  couchée 
sans  vêtements.  La  reine,  qui  l'aperçut 
au  moment  où  il  se  retira,  fut  tellement 
indignée  de  l'impudence  de  cette  démar- 
che qu'elle  laissa  à  Gygès  le  choix,  ou  de 
tuer  son  époux  et  de  partager  sa  couche 
en  qualité  de  roi,  ou  de  payer  lui-même 
de  sa  tête  sa  coupable  curiosité.  Gygès 
fit  périr  Candaule,  après  avoir  vainement 
combattu  la  résolution  de  la  reine,  et  il 
fuc  affermi  au  pouvoir  par  l'oracle  de  Del- 
phes. Les  traditions  parlent  aussi  d'un 
anneau  magique  que  Gygès,  étant  berger, 
aurait  trouvé  dans  un  souterrain,  et  qui 
avait  la  vertu  de  rendra  invisible  celui 
qui  le  portait  lorsqu'il  en  tournait  le 
chaton  en  dedans.  D'après  la  version  de 
Platon,  ce  hit  à  l'aide  de  cet  anneau  que 
Gygès  parvint  à  jouir  des  embrassements 
de  la  reine  et  à  se  défaire  de  son  maître. 
Posséder  Panneau  de  Gygès  fut  dit  en- 
suite proverbialement,  tantôt  des  hom- 
mes versatiles ,  tantôt  des  hommes  mal 
intentionnés  et  pleins  de  ruse,  tantôt 
enfin  des  gens  heuraux  qui  obtiennent 
tout  ce  qu'ils  désirent.  C,  Z. 

GTLIPPE,  voy.  STmACusE. 

GYMNASE,  mot  emprunté  à  la 
langue  grecque  et  qui  désignait  primiti* 
vement  l'endroit  où  la  jeunesse  se  livrait 
à  toutes  sortes  d'exercices  corporals,  tels 
que  la  course,  la  saltation,  le  pugilat,  l'art 
de  lancer  le  disque  et  la  javeline,  etc. 
Sous  le  climat  de  la  Grèce ,  les  jeunes 
gens  étaient  nus  (y  v/ivoi)  lorsqu'ils  s'exer- 
çaient ainsi ,  et  de  là  vient  que  la  pra- 
tique elle-même  fut  désignée  par  le  mot 
fM^LuafTia,  dérivé  du  verbe  yuftvâÇ»  (êlra 
nu  pour  s'exercer).  Le  local ,  place  dé- 
couverte ou  bâtiment  où  ces  exercices 
avaient  lieu ,  s'appelait  yv/xvâffiov,  gym- 
nase. 7ÏOUS  reviendrons  sur  ce  mot  à  l'ar« 
ticle  Gtotastiqub. 


GYM 


(S44) 


GYM 


Avjourd*hQi ,  prindpaleiiiait  en  Al<- 
lerotgDe,  le  mot  gymnase  a  nne  tout  au- 
treacception.  On  appelle  ainsi  Técole  qui, 
supposant  déjà  cbcz  les  éleTes  les  pre- 
miers éléments  de  la  scienoe ,  lea  met  en 
état  de  receroirune  instruction  supérieure 
et  d'en  faire  Fapplication  dans  la  Tie.  Le 
gymnase  est  au-dessos  de  l'école  élémen- 
taire, au-dessus  même  de  ce  qu'on  ap- 
pelle en  Hollande  école  latine;  mais  il 
est  au-dessous  de  l'uoiTersité  ou  acadé* 
mie*  Il  est  Téritablement  l'école  savante, 
comme  chez  nous  le  collège  ;  et,  à  ce  ti- 
tre y  il  sera  utile  de  rattacher  à  ce  mot 
quelques  ohsenrations  sur  le  point  de  vue 
sous  lequel  on  considère  en  Allemagne 
l'éducation  qu'on  reçoit  dans  ces  établis- 
sements, ohsenrations  qui  compléteront 
ce  qui  a  été  dit  an  mot  CoixicB. 

C'est  à  la  renaissance  des  lettres  que  se 
rattachent  les  premiers  gymnases.  Ce  nom 
est  païen  et  semhle  avoir  été  pris  par  op- 
position aux  émles  ecclésiastiques  où  l'en- 
seignement de  la  religion  dominait  toutes 
les  autres  disciplines. 

La  religion  n'est  paa  excloe  de  l'en- 
seignement des  gymnases;  on  cherche,  an 
contraire ,  avec  soin  à  y  entretenir  les 
sentiments  pieux.  Cependant  elle  laisse 
toute  leur  indépendance  aux  autres  études 
et  ne  tend  pas  à  contrarier  on  à  fausser 
celle  des  auteurs  anciens  dont  les  idées 
reposent  sur  le  paganisme  et  sur  des  no- 
tions morales  qui  ne  sont  pas  tonjoun 
celles  que  le  christianisme  a  consacrées. 

L'enseignement  des  gymnases  a  pour 
but  de  donner  aux  jeunes  gens  une  in- 
struction scientifique,  sans  acception  de 
leur  vocation  future,  soit  qn'ib  se  des- 
tinent à  la  théologie,  au  droit,  à  la  mé- 
flecine ,  ou  à  toute  autre  profession.  Ici 
ae  présente  cette  grave  questicm  :  par 
quels  moyens  rendra-t-on  l'esprit  humain 
capable  de  poursuivre  heureusement  et 
d^atteindre  le  but  élevé  qui  lui  est  pro- 
posé? 

L'histoire  et  l'expérience  nous  ramè- 
nent aux  premiers  instituteurs  des  peu- 
ples, aux  Grecs  et  aux  Romains,  dont  la 
vie  était  plus  libre  de  cette  contrainte  que 
nous  imposent  des  rapports  étroits,  et 
moins  emprisonnée  que  la  nôtre  dans  les 
distinctions  arbitraires  de  la  société  d- 
W/e.  Chec  eoi,  le  langage,  favorisé  par  la 


plus  belle  organisation  hama 

par  le  climat  et  par  la  poaiiiosi  I 

que,  a  acquis  une  précision  lo( 

souplesse ,  une  richesse  et  une 

formes  admirables  ;  et  leur  vivi 

tuelle  a  su  poser  Isa  bases  et 

règles  de  toute  sdence  et  de  Uw 

gués,  connaissances,  usages,  dû 

les  peuples  modernes  ont  toot 

a  l'antiquité;  ils  n'ont  fait  qnt 

per  et  perfectionner  ce  qu'ils  a? 

d'eux.  C'est  donc  à  juste  Utre  q 

gue  des  Grecs  et  celle  des  Rob 

a  cela  de  particulier  encore  qu' 

base  évidente  du  finançais  et  i 

langues  romanes)  forment  enooi 

d'hui  le  fondement  de  toute 

scientifique;  et  comme  on  ne  pet 

dre  à  connaître  parfaitement 

gués  que  dans  les  meilleurs  écr 

deux  nations,  que  ces  derniers  • 

tour  les  premiers  instituteurs  en 

et  de  lettres,  et  pour  le  fond  < 

forme,  il  s'ensuit  qu'à  la  lectui 

auteurs   se  rattachent   ins^Mi 

l'étude  de  la  langue  en  elie-mém 

première  logique ,  les  règles  de 

et  de  l'éloquence,  les  recherche 

ques  sur  les  commencements  et 

grès  de  l'espèce  humaine,  sur 

loppement  des  idées  religieoM 

opinions  sociales,  ainsi  que  sur 

sèment  et  l'organisation  diver» 

ciétés. 

Ce  n'est  donc  pas  seulement 
maire  dans  sa  lettre  morte,  mais 
dans  sa  vie  pleine  de  sève ,  et  1 
des  antiquités  surtout,  que  nonsa 
dans  ces  beaux  types  de  toutes  le 
qui  doivent  être  enseignées  dans 
nases.  Cette  étude  facilite  et  è 
des  bases  plus  solides  la  connaû 
la  langue  maternelle,  qui  appars 
l'esprit,  non  plus  comme  une  sii 
bitude  qu'on  est  le  maître  de  tr 
gligemment,  mais  comme  un  d 
Providence  qu'on  doit  travaille 
fectionner  en  lui  donnant  cetl 
grâce  de  formes  et  d*exprcssioi 
admire  dans  les  chefs-d^oeuvre  d 
quité. 

Si  la  philol<  îe  est  la  premièn 
trice  de  la  j(  esc  studieuse,  lei 
matiques  sont  la  seconde.  Cette 


*  6YM  (  345  )  GYM 

MidaBX  doux  formes  que  reyéds-  |  Lettres  sur  V éducation  et  l'art  dans  les 

écoles  sapantes  (Leipzig,  1 824);  Bœhme^ 


t»  les  objets  de  k  pensée  humaioey 
et  k  temps,  donne  à  Tesprit  de 
lié  et  de  rassunnce.  AosbI  ceux 
Kétndié  les  kngues  et  les  mathé- 
ndonBeot-Us  k  ce  qu'ils  produi- 
itint  de  prédsîon  et  de  netteté  que 
^feae  et  de  ^rie.  Le  talent  d'un 
imr  halnley  c'est  de  savoir,  par  une 
taéthode,  faire  marcher  de  front 
i^aeiafec  la  poésie,  l'éloquence  et 
ocioei  oratoires;  les  mathématiques 
igèopsphie,  l'histoire  naturdleet 
Hckes  pratiques,  autant  que  le  per- 
■t  les  bornes  de  Tinstraction  et  les 
■m  de  l'école. 

■pat  consalter  sur  cette  matière 
■cky  La  philologie  et  les  mathé^ 
fÊtt  considérées  comme  les  ob^ 
ïr  taueignement  dans  les  gymna^ 
de.  (  Leipzig,  1832),  et  Richter, 
tde  rhétorique  pour  les  classes 
WMres  des  écoles  savantes  (Lapzig, 
!).  Âa  reste,  on  a  immensément  écrit 
a  fMdk»s  en  AUemagne,  et  il  sera 
baie  intéressant,  surtout  pour  des 
nfrio^is,  de  connaître  les  prind- 
savriges  qui  les  ont  traitées  sous 
ftrntspoinls  de  vue.  Nous  signa- 
BpartieuUèrement  lessuivants  :  Wiss, 
^^duhon^ouEncyclopédie  et  métho^ 
^  du  études  dans  les  gymnases^ 
ées  indications  bibliograpliiques 
«0)1830)  ;  Id.,  V Éducation  supé- 
"tians  ses  degrés  principaux  (Rin- 
it39  )-,  YSsfStantstySurV  organisation 
^ttnution  publique  dans  les  écoles 
M»(Slralsnnd,  1821);  Hanhart, 
^n  et  Imités  pédagogiques  (Win- 
»i  1834)  ;  Id.,  Feuilles  pour  l'ins" 
^da jeunes  gens  bien  élepés(Wm-' 
■»  1 814)  ;  Baucfaenstein,i{ema^iie j 
r  Mieur  de  l'étude  fie  P antiquité 
^gjrmnases  et  les  écoles  supé- 
'  (Arau,  1825  )  ;  Gerlach ,  Rap^ 
ie  la  philologie  avec  les  autres 
de  Renseignement  (Bâle,  1825); 
ck,  Sur  les  écoles  savantesy  rela- 
ya la  Bavière  surtout  (Stuttgart, 
et  Hiiv.)  ;  Friedemann ,  Discours 
ts  (Giesien  ,  1829);  Id.,  Paré- 
pour  la  jeunesse  studieuse  des 
ses  et  des  universités  allemandes 
m,  1827);  Banmgarten-Crusius, 


Les  écoles  et  l'esprit  du  lempSy  suppléa 
ment  à  la  pédagogique  des  écoles  sa-- 
vantes  (Neustadt-sur-Orla,  1 824).Les  pe- 
tits livres  scolaires  de  Hamann  (Kœnigs- 
berg,  1814)  et  les  Consilia  scholastica 
de  F.-A.  Wolf  (Wertheim,  1829-30) 
renferment  un  précieux  trésor  d'expé- 
rience et  de  souvenirs.  Nous  devons  men- 
tionner ensuite  les  programmes  des  cours, 
qui,  en  Prusse  surtout,  sont  publiés  ré- 
gulièrement et  rédigés  d'après  ks  données 
fournies  par  chaque  école  ;  et,  parmi  les 
journaux,  k  Gazette  des  Écoles ^  qui  pa- 
rait à  Darmstadt,et  les  Annales  dep/èi^ 
lologie  et  de  pédagogiquCy  rédigées  par 
M.  Jahn,  d'abord  seul ,  et  depuis  1831 
par  lui  et  par  M.  Seebode. 

Mais  les  réalistes  sont  venus  jeter  la 
discorde  dans  k  camp  universitaire.  A  les 
entendre,  on  commence  trop  tôt  l'étude 
du  ktin;  on  force  à  l'étudier  des  jeunes 
gens  qui  se  destinent  au  commerce,  à 
l'industrie,  etc.,  et  qui,  par  conséquent, 
n'en  auront  jamais  besoin,  non  plus  que 
du  grec;  on  ne  voit  de  salut,  d'instruc- 
tion possible,  que  dans  l'antiquité;  on  lui 
sacrifie  des  connaissances  indispensables 
pour  se  diriger  et  se  rendre  utile  dans  la 
vie;  on  tolère,  si  on  ne  la  produit  pas, 
une  ignorance  honteuse  de  la  langue  ma- 
ternelle au  lieu  d'y  donner  une  attention 
toute  particulière;  on  n'occupe  que  la 
mémoire  et  l'inlelligence  des  jeunes  gens  ; 
on  subordonne  enfin  la  piété  chrétienne 
au  génie  du  paganisme.  Cesreproches,  qui 
s'adressent  peut-être  avec  justice  à  quel- 
ques professeurs,  à  quelques  écoles  même, 
sont  trop  peu  fondés  en  général  pour 
justifier  les  attaques  publiques  dont  les 
écoles  savantes  ont  été  l'objet.  Un  Saxon, 
M.  Otto,  s'est  rangé  du  coté  des  réalistes 
dans  son  ouvrage  intitulé  :  Deux  vices 
de  la  plupart  des  écoles  savantes  en  AU 
lemagne  (Jjelpzlgy  1830).  Selon  lui,  la 
langue  maternelle  est  tellement  négligée 
dans  les  gymnases  que  cet  abus  appelle 
une  réforme  complète.  Certes,  après  la 
religion,  la  langue  maternelle  est  ce  qu'il 
y  a  de  plus  important  à  traiter  dans  l'en- 
seignement des  écoles;  mais  quant  à  l'in- 
fluence des  langues  anciennes  sur  k  con- 
qaissance  approfondie  de  cette  languei 


et,  pour  accoutumer  les  acteurs  novioes 
à  créer  des  rôles,  de  petites  comédies  en 
un  acte.  C*cst  dans  ces  étroites  limites 
que  le  Gymnaie  dramatique  fut  d^abord 
renfermé,  aux  termes  de  la  concession 
faite  par  M.  le  duc  Decazes,  alors  ministre 
de  rintérieur,  à  M.  Delaroserie,  qui  la 
céda  bientôt  à  M.  Delestre-Poirson,  au- 
teur dramatique. 

La  salle  du  G3rmnase,  construite  rapi<- 
demcnt,  s'ouvrit  au  public  le  33  déc. 
1820.  Elle  avait  coûté  près  d*un  million 
et  demi, à  cause  de  l'achat  des  terrains  sur 
le  boulevard  Bonne-Nouvelle;  une  so- 
ciété d'actionnaires  en  fit  les  frais. 

L'habile  directeur  vit  bientôt  son  théâ- 
tre en  voie  de  prospérité*  grâce  à  deux 
puissants  appuis.  D'abord  la  protection 
de  la  duchesse  de  Berry  lui  fit  accorder 
un  privilège  pareil  à  celui  des  autres  théâ- 
tres de  vaudeville,  et  plus  tard  (1832), 
en  permettant  que  son  nom  fût  donné 
à  ce  spectacle,  elle  lui  valut  l'avantage 
de  figurer  parmi  les  théâtres  royaux; 
le  second  et  le  principal  élément  de  la 
prospérité  du  Gymnase,  ce  furent  les  jo- 
lisouvrages  dont  l'enrichit  exclusivement, 
pendant  longtemps,  la  muse,  alors  moins 
ambitieuse,  de  M.  Scribe  (vo)^.^.  Ce  spiri- 
tuel marivaudage ,  ces  petites  comédies 
mus(|uéesJouées  avec  un  parfait  ensemble 
par  une  excellente  troupe  dans  laquelle 
brillaient  au  premier  rang  Gontier,  Fer- 
rille,  M^^*  Jenny  Vertpré,  Léontioe  Fay 


GYM  (S4ff) 

même  lorsque  c'est  l'allemand,  l'histoire 
de  Is  littérature  est  là  pour  la  prouver  et 
poar  réfuter  les  reproches  qu'on  adresse 
aux  gymnases;  il  suffit  de  rappeler  par 
quelles  études  se  sont  formés  les  auteurs 
Bationaux  les  plus  célèbres.  Foy,  Écoles 
et  Enseignemkitt.  C.  L,  m. 

GYMNASE  DRAMATIQUE.  La 
fondation  de  ce  théâtre  date  de  l'année 
1819.  Déjà  Paris  possédait  deux  théâtres 
spécialement  consacrés  an  vaudeville,  sans 
compter  ceux  qui  le  jouaient  comme  par 
accessoire  :  il  eût  donc  été  maladroit  de 
demander  le  privilège  d'un  nouveau  théâ- 
tre à  couplets.  On  tourna  la  difficulté  : 
on  sollicita  celui  d'une  sorte  de  théâtre 
qui  serait  destiné  à  compléter  les  éduca- 
tions dramatiques  et  lyriques  du  Con- 
servatoire. On  devait  y  représenter  seu- 
lement des  fragments  de  grands  ouvrages. 


GTM 


[voy,  VoLirrs),  etc.,  attûmat  à  ea'i|M 
Ucie  la  haute  et  la  riche  aocîélé ,  «1 1 
donnèrent  un  vernit  aristocralk|Bi  ^ 
n'en  excluait  pas  la  galté. 

La    révolution  de  1830   obl%a 
Théâtre  de  Madame  de  ftmomom  à 
Utre  et  de  rentrer  dans  U  dame  des  Al 
très  secondaires;  c'eût  été  tooteiMifB 
le  Gymnase  un  léger  écliee  si  1' 
exercée  par  cette  grande 
lui  avait  pas  en  même  tempe  eftlavé 
partie  de  son  brillant  anditoâre,  «I  ^ 
vait  pas  fait  pâlir,  aux  yeux  de 
leurs  plus  avides  d'éaiotiont, 
de  salons  et  de  boudoirsy  ces 
tableaux  dinténear  qa*oii   y 
souvent  applaudis. 

Mais  il  lui  reste  un  grand 
Bouffé,  toujours  si  vrai,  si 
tour  à  tour  si  touchant  et  si  oomiqaa^i 
mena  bientôt  la  foule  au  GymaasCy 
grâce  à  son  talent,  Mickei  Perrim,  Irfi 
min  de  Paris^  Ciermomt,  etc.,  y  «al 
aussi  leur  succès  de  vogue. 

Le  Gymnase  dramatique  a  cm  ilg 
moins  devoir  chercher  dans  U  geai*  4 
drame,  très  en  faveur  aujourd'hui,  ^ 
autre  moyen  d'attraction  :  œt  eamî,  ji 
qu'ici,  n'a  point  produit  de  grands  Ha 
tats.  Accoutumés  à  un  vaste  espncCf'B 
cage  et  M""*  Dorval  (vr^r)  •embleat'i 
à  leur  aise  sur  eette  petite  scène,  de  mi 
que  le  drame  se  maintient  avec  peia 
parait  comprimé  dans  œ  cercle  étroil 
deux  actes  ou  l'on  exige  qu'il 

Le  Gymnase,  dont  la  oomédie-i 
ville  nous  parait  être  la  vraie  spécial 
est  encore ,  malgré  les  pertes  qu*ii  m  I 
tes,  un  des  théâtres  de  la  capitale  dos 
troupe  offre  l'ensemble  le  plus  sntiÉ 
sant.  M.  ( 

GYMNASTIQUE.  C'est  Part 
exercices  du  corps  ;  on  en  a  expli<|« 
nom  au  mot  Gtiutasb.  Cet  art  fvt  1 
porté  de  la  Crète  à  Sparte,  et  bîeotdl 
eut,  dans  toute  la  Grèce,  des  gymnase. 
bâtiments  consacrés  à  ces  études  de  fb 
de  légèreté  et  d'agilité  que  la  jeuoeaaa- 
vait  avec  ardeur.  I4i  gymnastiqua 
trois  branches  principales,  selon  leon 
vers  objets  :  l'une  avait  pour  but  la  g«i 
et  s'appela  gymnastique  militaire  ;  F 
tre,  appelée  médicinale^  devait  cotrti 
la  santé;  une  troisièoM,  dila  olAMi] 


6TI 

kt  boBiD»  qui  ae  Touaient  aux 
èàn  dn  pnbUc  et  se  doDDaieDt  en 
Ktade,  loit  dans  h  cérémonies  de  la 
li^ioD,  aoit  dans  les  pompes  funèbres 
lËbréet  tux  frais  des  particuliers. 
La  eiercioes  de  la  gymnastique  mili- 
inélaîcnt  le  saut,  le  disque,  la  lutte, 
ijimiot,  le  pugilat,  la  course  à  pied  ou 
ft  ckar.  Ce  fat  principalement  la  supé- 
WlédaThébains  pour  la  lutte  qui  leur 
kppa  la  bataille  de  Leuctres.  Pour 
ftafcetionner  ces  avantages  et  exciter 
IHisUe  émulation,  on  célébrait  des  jeux 
pUia  cooDiu  sous  le  nom  de  combats 
jgmHÎfnes,  Les  combattants,  afin  d^étre 
^  libres  de  leurs  mouvements,  étaient 
M  (ée  là  le  nom). 

ÀiOD  dit  que  Tinvcntear  de  la  gym- 
médicinale  fut  Hérodicus  de 
,  contemporain  d^Hippocrate , 
i  ne  manqua  pas  de  la  prescrire  pour 
Hfoes  maladies.  Beaucoup  de  méde* 
ideFantiquité  avaient  écritsur  ce  sujet; 
tout  cela  il  ne  nous  reste  que  ce  qu'en 
il  Galien  :  il  fallait  danser,  sauter, 
rir,  monter  à  cheval,  jouer  à  la  pau- 
lancer  le  javelot,  tirer  Tare,  etc.,  etc. 
œrcices  de  santé  étaient  accompa- 
de  bains,  et  Ton  se  faisait  frictionner 
Imàre  d*huiles  ou  d'essences.  F^oy, 


I  gymnastique  athlétique  se  nommait 
mgonistiquey  à  cause  des  jeux  («yâv) 
ea  étaient  le  but.  Euripide  a  fort 
satta  ce  goût  des  Grecs,  et  plus  tard 
•n  l'a  également  désapprouvé. 
or  se  former  à  l'art  des  athlètes  {voy,)y 
ttmit  point  assez  de  fréquenter  les  gym- 
ly  il  fallait  aller  à  la  palestre  {voy,)^ 
NI  s'imposait  un  genre  de  vie  tout 
cnlier.  P.  G-t. 

ans  ces  derniers  temps,  on  a  fait  ed- 
dans  l'éducation  de  la  jeunesse  une 
e  de  l'ancienne  gymnastique  ;  tout  le 
de,  en  France,  connaît  les  exercices 
ymnase  normal,  civil  et  militaire,  du 
Dcl  Amoros  {voy^  l'article), 
es  nouvelles  méthodes  d'instruction 
'occupent  plus  exclusivement  de  la 
ne  intelligente  de  l'homme ,  sans  se 
ier  du  corps  et  quelquefois  au  pré* 
ce  de  ce  dernier.  Rousseau,  Basedow, 
■ann ,  Campe ,  Guts-Muths  ,  et  en 
M  tooaoes  instituteurs  qu'on  désigne 


(  847  )  GYM 

par  le  nom  de  philanthropes j  ont  puis-) 
samment  contribué  à  faire  rendre  ses  «\roita 
à  la  nature,  en  insistant  pour  qu'on  n^ao* 
cordât  pas  seulement  au  corps  le  mouve* 
ment  nécessaire,  mais  pour  qu'on  fU  une 
partie  essentielle  de  l'éducation  des  exer- 
cices propres  à  en  développer  la  force  et  la 
souplesse.  La  gymnastique  alors  a  été  re« 
mise  en  honneur  et  introduite  dans  noa 
écoles  modernes  ;  en  Allemagne  surtout, 
elle  a  eu  un  moment  de  grande  vogue,  au 
temps  de  la  dernière  guerre  de  l'indé- 
pendance, et,  sous  le  nom  de  Jïimkuntty 
elle  se  glissa  même  dans  l'enseignement 
universitaire.  Là,M.  Jahn('Vo^.)  en  était  le 
principal  apôtre.  Bien  plus,  par  des  motifs 
qui  avaient  leur  source  dans  les  circon- 
stances, elle  alla  pendant  quelque  temps 
au*delà  des  justes  bornes,  et  menaça  un 
instant  de  faire  négliger  le  développe- 
ment bien  plus  essentiel  de  l'esprit,  en 
donnant  aux  forces  physiques  une  im- 
portance exagérée,  et  en  introduisant  dans 
les  écoles  des  pratiques  qui  amenèrent  à 
leur  suite,  en  plusieurs  endroits,  l'arro- 
gance, la  rudesse  et  une  confiance  désor- 
donnée en  soi-même.  Divers  indices  dé- 
favorables excitèrent  les  inquiétudes  des 
gouvernements,  qui  ne  tardèrent  pas  à  se 
montrer  moins  bien  disposés  pour  la 
Turnkunsi,  et  finirent  par  la  défendre  en- 
tièrement. Mais  ce  qui  est  bon  résiste  mê- 
me à  l'abus  qu'on  en  peut  faire.  On  rentra 
peu  à  peu  dans  les  bornes  naturelles,  et  les 
exercices  gymnastiques ,  prisés  d'abord 
outre  mesure ,  puis  défendus  avec  trop 
de  précipitation ,  ont  été  reconnus  vrai- 
ment utiles  et  introduits  partout.  Les  pre^ 
mières  écoles  de  la  Priisse  les  ont  adop- 
tés. Les  écrits  de  Fœhlisch  Sur  la  néces" 
site  de  la  gymnastique  sous  le  point 
de  vue  du  développement  humanitaire 
(Wertheim,  1815  et  1817),  et  Strauss, 
Sur  la  nécessité  des  exercices  corporels 
élans  les  écoles  savantes  (Erfurt,  1829), 
ont  trouvé  l'accueil  dont  ils  étaient  dignes, 
et  le  ministère  prussien  a  accordé  des  élo- 
ges publics  à  l'école  de  gymnastique  de 
Magdebourg.  C,  L,  m, 

GYMNOSOPHISTES.  C'est  le  nom 
que  la  Grèce  donnait  aux  philosophes  de 
rinde,  à  cause  de  leur  nudité  (yv/ivor ,  nu). 
Onésicrite,  qu'Alexandre  avaitenvoyé  vers 
eux,   trouva  Calanus  dans  cet  état  tl 


GYU 


(848) 


GTR 


Quelle  sur  des  pierres  ;  son  véritable  nom 
était  Sphînès;  il  ne  Toulat  pas  répondre 
à  Ûoésicrite  quUl  ne  se  fût  mis  dans  le 
même  état.  Un  autre  philosophe ,  appelé 
Bltndanis  ou  Dandamis,  lai  dit  qae  Py- 
t&agore,  Socrate  et  Diogène  étaient  dans 
ferrear  en  ce  qu'ils  préféraient  la  loi  à 
U  nature  et  niellaient  pas  nus  comme  les 
gymnosophistes.  Saint  Augustin  prétend 
néanmoins  que  ces  derniers  se  couvraient 
autant  que  Pexigeait  la  pudeur.  Enfin 
Philostrate  leur  fait  porter  un  bonnet 
blanc  et  une  robe  de  lin  semblable,  pour 
la  forme ,  à  celle  des  esdaves. 

Les  g3rmnosophistes  se  divisaient  en 
deux  sectes,  celle  des  brahmanes  (wyf,)  et 
celle  des  samanes  (  sarmanes ,  samanéens 
ou  germanes)  :  c'est  Strabon  qui  fait  cette 
dbtinction.  Bardesanès  et  Mégasthène, 
dont  les  ouvrages  sont  perdus,  avaient 
écrit  sur  ces  philosophes,  et  en  général 
les  Grecs  qui  nous  restent  jettent  peu  de 
lumière  sur  l'état  intellectuel  d'un  peu- 
ple chez  lequel  cependant  ils  allaient  s'in- 
struire. Nous  ne  savions  autre  chose,  avant 
les  conquêtes  de  la  science  moderne ,  si- 
non que  les  philosophes  indiens  vivaient 
dans  la  contemplation  et  dans  les  exerci- 
ces les  plus  rigoureux  pour  amortir  les 
sens  et  se  rapprocher  de  la  Divinité  ;  ces 
préceptes  sont  encore  suivis  de  nos  jours. 
Les  brahmanes  demeuraient  dans  des  ca- 
banes et  séparés  les  uns  des  autres;  ils 
passaient  quelquefois  jusqu'à  trois  jours 
sans  manger;  ib  regardaient  comme  la 
dernière  impiété  de  se  nourrir  de  quel- 
que chose  qui  e&C  été  animé ,  et  s'abste- 
naient du  vin.  S'il  en  faut  croire  Mégas- 
thène,  cité  par  Strabon,  ils  s'abstenaient 
aussi  des  femmes  pendant  37  ans,  après 
quoi  ils  en  prenaient  plusieurs  à  la  fois 
pour  avoir  des  enfants.  Les  brahmanes 
formaient  une  caste  close  :  les  samanéens, 
au  contraire,  admettaient  quiconque  vou- 
lait s'enrôler  parmi  eux  ;  mais  l'enquête 
de  vie  et  de  mcBurs  se  faisait  jusque  sur 
les  parents  des  candidats.  On  a  piétendu 


après ,  un  autre  philoeophe  qjui  «vt 
compagne  des  ambassadeors  «bw 
Auguste ,  se  brûla  en  sa  présenci  < 
viUe  d'Athènes;  il  s*appelait  Z» 
chégas.  —  Foirl'ouvragedelilLC 
eC  Guigniaut  sur  les  RtUgioms  de 
iiquitéy  surtout  en  ce  qui  ooDemve 
dha  et  sa  légende. 

n  y  eut  aussi  des  gymnoaophii 
Ethiopie;  on  pense  qu'ils  y  étaie 
nus  de  llnde.  P.  i 

GYNÉCÉE.  Cétait,  chei  les 
la  partie  de  leurs  mais^Mis  habitée 
femmes  (yuvaixqt^  et  yvy«cxt«iv,  tm 
rivés  de  ywii,  femme).  En  effet ,  k 
mes  grecques  menaient  une  vie  i 
et  leur  appartement  était  un  wam 
duquel  les  étrangers  n'avaient  pi 
droit  d'approcher,  et  qui  ne  aV 
que  pour  leur  époux,  à  peu  près  4 
les  harems  (vojr,)  de  l'Orient,  oè 
coutume  s'est  conservée  jusqu'à  noi 
ainsi  qu'à  la  Chine ,  où  elle  subsisl 
lement.  C'est  ce  qui  a  ùâl  dire  à  1 
dide  que  la  meilleure  femme  éld 
dont  on  ne  disait  ni  du  bien,  ni  di 
et  à  Plutarque ,  que  le  nom  d'une  i 
honnête  devait ,  comme  son  corps 
renfermé  dans  sa  maison. 

La  retenue,  la  modestie,  U  r( 
tion  à  la  volonté  du  mari  écaii 
vertus  principales  d'une  matrone 
nienne,  et  la  sévérité  des  matm 
telle  qu'il  y  avait  des  magistrats,  wm  m 
de  vingt,  nommés  gynèconoimeê 
avaient  droit  d'inspection  sur  lea  le 
s'informaient  de  leur  conduite;  j 
posaient  dans  un  lieu  public  k  1 
celles  qui  avaient  manqué  aux  loi 
pudeur,  et  condamnaient  ces  fkra 
une  amende  ou  à  quelque  autre  fm 
'  Dans  les  temps  anciens,  ka  I 
grecques  habitaient  l'étage  snpérii 
la  maison  ;  mais  lorsqu'après  k  sied 
lexandre  le  luxe  eut  fait  des  progrès 
les  Grecs  eurent  donné  plus  de  ^pki 
leurs  habiutions ,  les  maisons  ivre 


que  les  samanéens  étaient  plus  anciens  j  tagécsen  deux  parties:  k  devant  i 

bité  par  ks  hommes,  et  U  partk 
retirée  réservée  aux  femmes,  qu 
ce  moyen,  se  trouvaient  natnrel 
surveillées.  Les  Atbéoieonea  ao 
très  rarement  et  vivaient  pv«M|ni 
jours  séparées  de  k  sodèté  ém  In 


dans  l'Inde  que  les  brahmanes.  Les  uns 
et  les  autres  kisaient  peu  de  cas  de  la 
vie,  et  souvent  iU  se  brûkient  eux-mê- 
mes pour  prévenir  les  infirmités.  Ainsi 
fil  Caknus,  qui  avait  suivi  Alexandre  jus- 
gn'à  Pasargade  en  Perse.  Quelques  siècles 


itspé- 
■ouTent 
leoelap- 


6YP 

■nft  I»  porticn  qui  é 
^(vof.).  Al  11 
. élût  mi  gnnd  salon  {œcus)oh 
kifaaadleiBeQt  k  maîtresse  de  U 
doat  Foecapation  ordinaire  éuit 
oadetiner;  des  deux  c6tés  étaient 
à  ooQclier  {thalamas)  et  une 
M  se  tenaient  les  esclaves  char- 
■  es  h  ferrir  (amphithalamos).  On 
■MdairAilas  du  Voyage  d'Ana- 
fv Barthélémy,  un  pian  d^nne 
Htifoe  d'après  Vitruve ,  on  Ton 
MikiiipQsîtîon  da  gméoée. 
OéiIs  Romains,  le  mot  gynécée 
WÈL  me  aatre  signification  :  on  Tap- 
Épala  logement  destiné  à  garder  les 
riAi^  k  Kb^  et  les  meubles  de  la  garde- 
lliâBesqMrenrs.  Il  y  avait  de  ces  gy- 
phaieors  villes,  dans  celles 
fB  étaient  situées  sur  les  gran- 
iWMs,  afin  que  rien  ne  manquât  au 
ribe  domsitiqne  des  empereurs  lors- 
fcmyayaicnt.  Ceux  qui  avaient  soin 
lélabliMements  étaient  nommés  pro- 
tmrs  des  gynécées  [procuratores  gy» 
imMi).  Us  avaient  sous  leurs  ordres 
ma  gnnd  nombre  d'hommes  et  sur- 
de  femmes ,  pour  travailler  aux  vè- 
m  et  aux  ameublements  des  empe* 
.  Ces  <Hif  tiers  étaient  nommés  gy^ 
Mwes;  quelquefois  on  condamnait 
à  travailler  pour  le  prince 

D.M. 
oiseau  connu  aussi  sous 
de  ifmmiour  des  agneaux  (Lœm- 
)  et  de  THUtiour  des  Alpes^ 


rFAETB 


rPSB.  Cette  substance  minérale, 
aussi  sous  le  nom  de  se» 
l'eQe  est  cristallisée,  est,  sui- 
des chimistes,  un  sulfate 
lequel  Teau  entre  pour  le 
de  ses  parties  constituantes, 
■aty  die  se  compose  ordinairement 
I  à  46  poor  100  d'acide  sulfuriqne, 
làSSdechaBx,etdel8à21  d'eau. 
It  est  très  finale  à  reconnaître,  soit 
de  dureté ,  soit  par  la  forme 
Le  calcaire  ou  carbonate 
raye,  et  "  le  laisse  aussi 
t  attaquer  pi  rot  .Sa  cris- 
la  plus  habit]         est  celle  en 

en  un 


(  349  )  GYP 

double  biseau  aux  deux  extrémités,  qot 
représentent  un  trapèze.  Souvent  ià» 
prend  la  forme  de  deux  lentilles  réunies 
par  le  côté  le  plus  mince ,  de  manicre 
qu'en  se  fendant  parallèlement  aux  lamm 
de  ces  cristaux  lenticulaires,  c'est-à-dire 
dans  le  sens  de  leur  épaisseur,  elles  se 
divisent  en  fragmenta  qui  offrent  asseis 
bien  la  forme  d'un  fer  de  lance.  Cette 
variété  de  cristaux  est  très  commune  à 
Montmartre ,  au  mont  Valérien ,  à  Ar-< 
genteuil  et  dans  d'autres  localités  des  en« 
virons  de  Pai  is. 

Le  gypse  se  présente  encore  en  mas« 
ses  cristallines  formant  des  filons,  et  qui, 
offrant  l'apparence  d'aiguilles,  produi- 
sent la  variété  aciculaire;  souvent  ces 
masses  paraissent  être  une  réunion  de  fi- 
bres soyeuses,  ce  qui  fait  donner  à  cette 
variété  le  nom  de  fibro^soyeuse.  D'au- 
tres fois,il  forme  des  dendriteSyC^eaiirk'^âre 
des  espèces  de  rameaux  à  la  surface  de 
diverses  substances;  ou  bien  il  se  dispose 
en  mamelons  ou  en  stalactites. 

Le  gypse  forme,  dans  certains  terrains 
(voy.  ce  mot),  des  amas  d'une  épais- 
seur et  d'une  étendue  telles  qu'ils  con- 
stituent même  des  collines.  Ces  amas 
présentent  ordinairement  le  gypse  avec 
diverses  sortes  de  texture,  c'est-à-dire 
la  texture  laminaire  ou  en  lames  assez 
grandes,  la  texture  lamellaire  ou  en  très 
petites  lames,  ou  la  texture  subgranulai^ 
rey  c'est-à-dire  compacte  et  un  peu  gre- 
nue :  c'est  ce  qu'on  appelle  Valbdiregyp» 
seux. 

Dans  les  masses  de  gypse,  principale- 
ment lamellaires,  comme  celui  des  envi- 
rons de  Paris,  on  remarque  de  petites 
cavités  remplies  de  gypse  en  poudre  onc- 
tueuse et  très  blanche  que  l'on  nomme 
gypse  niçiforme. 

Si,  après  avoir  considéré  le  gypse  sous 
le  rapport  minéralogique,  nous  l'exami- 
nons sous  le  point  de  vue  géologique , 
nous  dirons  qu'il  parait  être  le  résultat 
d'une  précipitation  chimique  opérée  à 
l'aide  de  l'acide  sulfurique  dans  un  li- 
quide contenant  de  la  chaux.  On  conçoit 
par  exemple  que  des  sources  minérales 
chargées  d'adde  sulfurique  qui,  sortant 
du  sein  de  la  terre,  se  feraient  jour  dans 
un  golfe  où  les  eaux  de  la  mer  dépose- 
raient du  calcaire,  pourraient  transioT'* 


H 


(862) 


R 


H 


H»  ujiii^  qu'lMt  «i^peUe  en  frànçaift  Ao- 
eke  (proDOiieeE  ache)^  eC  dans  d*antret 
langue»  ha  ou  Ité  (aspirez  fortement),  est 
la  huitième  lettre  de  notre  alphabet,  et 
nous  ajoaterions  la  sixième  consonne,  si, 
dans  la  plupart  des  cas,  elle  n*aTait  cela 
de  particulier,  au  contraire,  qu'elle  ne 
Monne  pas  du  tout  et  ne  figure  absolu- 
ment dans  le  mot  qu'à  raison  de  Téty- 
mologîe.  C'est  alors  une  h  mueiie^  comme 
dans  les  noms  d'Hercule,  d'Hirtius,  d'Ho- 
mère, qu'on  prononce  en  français  £rcu^ 
le ,  Irtius ,  Omère ,  ou  comme  dans  les 
mots  V herbe ^  P honneur^  l'histoire^  ties 
histrions f  que  l'on  prononce  Cerbe^  Con^ 
neur^  Vistoire^  des  istrions.  On  dit  aussi 
Vhérouine  (l'éroisme),  l'héroïne  (l'érof- 
ne) ,  mais  on  dit  le  héros ,  par  ime  ano- 
malie singulière  qui  se  retrouve  dans 
i'Iùérophante  tX.  la  hiérarchie  ^  moto  qui 
pourtant  commencent  l'un  comme  l'autre 
par  la  même  racine  grecque.  Dans  le  ké^ 
tfosy  la  hiérarchie^  la  lïyèney  la  haine ^ 
des  fiaricots ,  Vh ,  au  lieu  d'être  muette, 
est  aspirée ,  c'est-à-dire  prononcée  par 
un  souffle  qui  sort  du  fond  du  palais,  la 
bouche  étant  ouverte,  et  sans  toucher  aux 
dento. 

C'est  alors  Xh  véritable,  car  l'aspira- 
tion est  l'essence  de  celte  lettre.  Dans 
l'alphabet  phénicien ,  hébreu ,  etc.,  elle 
est  une  consonne  représentée  par  un  signe 
particulier.  Il  n'en  est  plus  de  même  dans 
l'alphabet  grec,  tel  qu'il  nous  a  été  trans- 
jnis  :  sous  le  nom  d^esprit^  Vh  s'y  trans- 
forme en  une  espèce  d'accent  ou  de  vir- 
;gale  qu'on  place  sur  la  première  voyelle 
d'un  mot  et  aussi  sur  la  consonne  /i*  n  y 
n  dciu  sortes  d'espriu  {voy.)  ou  aspira- 
tions :  Vesprit  rmde(spiritusasper)fqaâ 
seul  mérite  ce  nom,  et  Vesprit  doux  {spi* 
ritus  lenis\  qui  n'est  pas  plus  sensible  à 
notre  oreille  que  l'A  muette  française. 
L'effet  de  l'cspritdouxestdonc  perdu  pour 
nous,  tandu  que  Tesprit  rude  est  une  vé- 
jriuble  consonne.  C'est  ainsi  que  les  Ro- 
Hiains  Font  employé,  mm-seulement  en 
reproduinant  les  mots  grecs  qui  avaient 
J*eiprit  rude  sur  leur  première  voyelle  ou  ' 


sur  la  lettre  p  en  lêie  dSia  mol,  q«i 
double  p  au  milieu  d'an  mot,  mifa 
core  dans  les  moto  propreaàiear  la 
teb  que  homo^  habitare^  vehemmi 
Cependant,  chei  eux,  l'asiûmiioa^ 
tenait  plutôt  au  sermo  rustiems  « 
sermo  urbanus^  qui  néanmoîna  ^M 
plus  tard;  elle  doit  avoir  élé  pn 
nulle  à  une  certaine  époque,  pam 
ont  pu  dire  H  non  est  litterm  (Va 
pas  une  lettre),  et  qu'en  eUst  oa 
tient  pas  compte  dans  la  poésie,  en 
dant  les  vers.  Les  it^maifif  m  lar" 
aussi  de  la  lettre  h  pour  renfoiB 
consonnes  r,  t  (rh^  lA),  ci  ponriH 
le  Pf  de  manière  à  en  faire  oan 
sifflante  qui  remplaçât  le  f  grée,  a 
dans  phiiosophuSf  phœmx ,  etc.,  n 
que  le  ph  a  conservée  dans  les  Im 
romanes  et  germaniques.  Ils  tm^ 
çaient  enfin  par  ch  et  même  qwl 
fois  par  h  (;^ôpToc,  hortas)  la  galU 
grecque  x-  ^  ^^  **«*(  égalramut  ( 
serve  dans  les  langues  modemm^m 
ment,  en  français,  au  lieu  d*être  gatti 
il  est  palatal  et  se  prononce  coma 
dans  Chersonése^  eucharistie^chlmt^ 
quelquefois  même  il  est  dental  el  et 
(par  exemple,  Achéron^  ehiliatm 
se  prononce  comose  dans  les  mon 
dérivés  du  grec,  chien,  cbanvrt,  d 
etc.  Mais  nous  avons  parlé  de  cilli 
leur  de  l'A  à  Tarticle  de  la  lettre  €• 
Dans  les  langues  gennanique^  rij 
qnemment  pUcé  en  tête  des  moli^  i 
peut-être  quelque  chose  de  goltanl 
de  UlothaTy  Lothaire,  oo  a  &it  « 
CA/blar(Kiilolar),etde^nUbav^ 
Chiodtvig  (Rhlodwig);  ricA  (k  â 
guttural),  riche,  s'écrivait  anctesMi 
rikhi.  Dans  beaucoup  de  doum  alkm 
et  slavons,  tels  que  Hrabsuuss^  M 
chine  f  etc.,  l'A  est  placé  devuil  IV,  « 
usage  parait  avoir  été  aasca  oomman 
lea  langues  Scandinaves,  ou  il  piéa 
aussi  le  cr,  comme  dans  Aivf/,  àm 
Anglais  ont  (ait  whise^  bUnc.  On 
que,  dans  leur  kl  pie,  TA  change  sae 
de  valeur  :  Hum^^  par  exemple,  st  j 


H 


(35S) 


HAA 


mme  ;  il  s'y  trouve  aussi  sou- 
>uplé  avec  les  consoDoes,  sur- 
:  le  t  (//j)  qu'il  reod  extrêmc- 
Oiot. 

lettre  peu  sensible,  ou  générale- 
figée  dansritalien  (homo  devient 
abitare,  abUarCy  etc.),  manque 
lit  dans  les  alphabets  lithuanien 
mis  non  dans  les  alphabets  sla- 
géoéral  :  hospod  [ùîvniniiç) , 
r,  devient  en  russe  gospodine; 
ih  liturgie  slavonne  on  prononce 
hospodi  pomiloui  (|kyrié  élei- 
ille  nissienne  de  Halitch  se  pro- 
I  rosse-moscovite  Galitch  :  de  là 
le  Galicie. 

spir  est  une  aspiration;  c'est 
i  il  prend  en  français  la  forme 
y  en  allemand  celle  d'ach^  etc. 
produit  également  les  fortes  as- 
:  de  là  les  mots  de  harOy  holày 
ka-huy  etc. 

Tons  dit  qu'en  français,  comme 
es  les  langues,  Vh  est  tantôt  as- 
Dtôt  muette.  Dans  le  dernier  cas, 
iphe  permet  de  la  négliger;  de 
p'on  écrit  ourrahy  au  lieu  de 
ogiographes  au  lieu  de  hagio^ 
Ephestion  au  lieu  de  Héplies-' 
B,  toutes  les  fois  qu'un  mot  qui 
nent  commençait  par  un  H  ne 
■a  pas  sous  cette  lettre,  le  lecteur 
jiercher  sous  la  voyelle  immé- 
t  suivante. 

t  les  hiatus  ont  quelque  chose 
lot  pour  une  oreille  française , 
î  fréquemment  par  une  h  deux 
ni  se  rencontrent  cote  à  côte  dans 
mot  :  par  exemple ,  on  écrit  le 
ibal,  au  lieu  de  Waal  ;  et  quel- 
1  prononce  Vh  alors  même  qu'on 
pas,  comme  dans  alcool, 
usage  seulement  qui  détermine 
s  mots  Vh  est  aspirée  ou  muette, 
aels  cas  il  faut  la  lier  à  la  con- 
i  précède.  Cette  liaison  mérita 
ervéeséparément,car,quoiqu'on 
uard  et  jamais  Vhasard^  on  ne 
morcela,  au  pluriel,  d^  fanes- 
trdsy  mais  bien  de  f unes  t*  ha- 
étranger  fait  difficilement  ces 
Ds,  le  peuple  les  fait  mal,  et  elles 
I certains  cas,  difficiles  pour  tout 
.  Ainsi,  par  exemple,  on  entend 

clop,  d.  G,  d.  Af,  Tome  XUI. 


dire  assez  généralement  ie  roi  de  Hano^ 
vrCy  mais  on  disait  autrefois  tout  aussi  gé- 
néralement C  électeur  d'Hanovre  y  etc. 

Indépendamment  de  l'aspiration,  h  y 
dans  les  langues  germaniques,  sert  à  for- 
mer les  lettres  composées  et,  de  plus,  à 
allonger  les  syllabes.  Dans  Ahnjrau ,  la 
prononciation  de  la  première  syllabe  est 
plus  longue  que  dans  Antrag\  il  en  est 
de  même  pour  im  et  /7//7i,  pour  la  dernière 
syllabe  des  mots  Ansehn  et  Tanzen, 

Le  signe  H  est  le  même  que  celui 
de  Véta  grec;  peut- être  cette  lettre  se 
prononçait-elle  primitivement  héuiy  à 
l'imitation  du  n  hébreu.  Gomme  majus- 
cule grecque ,  elle  remplace  dans  les  an- 
ciennes inscriptions,  l'espritrude  (HO  A0£ 
pour  ô$ô;),  et  on  la  regarde  même  comme 
formée  par  la  réunion  des  deux  parties  du 
digamma  (yoy^  r  et  T. 

Comme  abréviation  sur  les  monuments, 
H  signifie  quelquefois  hâve  y  forme  an- 
cienne du  mot  ave  ;  H,  L,  signifie  hoc 
loco  ;  /i.  e,y  hoc  est;  h,  a,  y  hujus  an  ni, 
H,  devant  d'autres  majuscules,  veut  aussi 
dii^  souvent  hiCy  ici.  Hos,  est  l'abrévia- 
tion de  Hostis  et  de  Hospes. 

Dans  la  musique  allemande,  H  est  la 
note  si  {voy.  Gamme). 

Sur  les  monnaies  françaises,  H  mar- 
que qu'une  pièce  a  été  frappée  à  La  Ro- 
chelle. J.  H.  S.  , 

HAARLEM,  voy-  Harlem. 

HABACUC,  l'un  des  petits  prophè- 
tes, doué  d'un  talent  poétique  dbtingué. 
Imagination  vive  et  créatrice,  diction 
brillante,  figures  hardies  et  qui  n'ont  rien 
d'exagéré,  tableaux  parfaitement  déve- 
loppés, telles  sont  les  qualités  qui  distin- 
guent les  trois  chapitres  que  nous  avons 
de  lui  et  qui  figurent  avec  honneur  à 
côté  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  dans 
l'Ancien -Testament.  Plusieurs  savants 
ont  par  là  été  induits  à  croire  qu'un  poêle 
aussi  distingué  devait  avoir  vécu  à  l'épo- 
que la  plus  brillante  de  la  littérature 
hébraïque,  vers  Tan  750  av.  J.-C,  ce  qui 
le  rendrait  contemporain  d'Ésaîe;  mais 
comme  les  événements  qui  font  le  sujet 
de  son  poème  n'ont  pas  eu  lieu  à  cette  épo- 
quc-là ,  et  que  cependant  le  poète  nous 
les  retrace  comme  en  ayant  été  lui-mê- 
me témoin ,  d'autres  en  ont  conclu  qu'il 
appartenait  à  une  époque  postérieure, 


ttAB  (  S54  ) 

et  qa'il  était  contemporain  de  Jérémiey 
d^É^échiel  et  de  la  chute  du  royaume  de 
JuJa  (vers  Tan  600  av.  J.-C).  En  effet, 
cVst  à  cette  époque  que  les  Chaldéens 
frent  en  Palestine  cette  terrible  incursion 
dont  Pautenr  parle  avec  une  sorte  de 
terreur  et  d*angoisse  (ch.  III),  en  faisant 
des  vœux  pour  qu*Israél  soit  bientôt  dé- 
livré de  cette  calamité  (ch.  I  et  II).  A  dé- 
faut de  données  positives  sur  la  vie  du 
prophète  dans  les  livres  canoniques  de 
FAncien-Testament,  on  peut  admettre 
cette  dernière  hypothèse  comme  la  plus 
probable;  elle  concorde  assez  d^ailleurs 
avec  la  tradition  conservée  dans  l'une  des 
additions  apocryphes  à  l*Ancien-Testa- 
ment  qui  se  trouvent  dans  les  Septante  et 
dans  la  Vulgate;  tradition  qui  fait  d'Ha- 
bacuc  un  contemporain  de  Daniel,  et 
qui  veut  qu'il  ait  paué  à  ce  dernier,  pour 
le  nourrir  dans  la  fosse  aux  lions,  un  po- 
tage qu'il  portait  à  la  campagne  pour  les 
moissonneurs  (Daniel,  XIV,  32  et  suiv. 
d'après  la  Vulgate  *,  Histoire  de  Bel  et  du 
Dragon,  v.  33  à  39,  d'après  les  versions 
des  pi'otest.).  Quant  au  caractère  moral 
des  poésies  du  prophète,  son  but,  en  pré- 
sentant les  maux  dont  les  Israélites  sont 
accablés,  est  de  montrer  que  le  péché  en- 
traine inévitablement  la  punition  divine, 
et,  envisagés  sous  ce  point  de  vue,  ces  ta- 
bleaux ont  leur  côté  édiGant  aussi  bien 
que  leur  côté  terrible.  Th.  F. 

ll\BB4S-CORPUS.  Il  est  d'usage, 
en  Anj;leterre,  de  désigner  chacun  des 
actes  de  la  procédure  gothique  et  compli- 
quée qu'on  y  suit  encore,  par  les  premiers 
roots  de  la  formule  latine  dins  laquelle  ils 
étaient  conçus  dès  les  premiers  temps  de 
la  monarchie.  On  dit  un  Mandamus^  un 
Commftit'mttfy  un  jé(fifiatfit^  comme  on 
dirait  en  France  une  ordonnance  du  juge, 
un  mandat  de  dépôt,  une  déclaration  sous 
serment.  Les  mots  Httbeas  corptis  sont 
ceux  par  lesquels  commence  généralement 
l'ordre  adressé  par  un  magistrat  à  un  geô- 
lier, ou  par  un  membre  d'une  cour  su|>é-> 
Heure  aux  jugesd*un  tribunal  moinsélevé, 
pour  qu'ils  aient  à  faire  amener  en  la  pré- 
sence de  l'autorité  évocatrice  un  détenu 
dont  la  gardff  leur  est  confiée,  ou  qui  est 
en  prison  par  leur  fait.  Aussi  les  anciens 
jurisconsultes   anglais   di!»tingnent  plu- 
$îeun  espèce* d'Af''''-<7t  ror^vi.f.S'a^ît-il, 


llAB 

par  exemple,  de  faire  comparaître  bp 
sonnier  devant  une  plus  haute  jiirMfici| 
que  celle  qui  est  sie  de  sa  cause»  prij 
que  des  charges  plus  graves  s*éièvcBli| 
tre  lui  ?  on  a  recours  à  VHabeas  corpim 
respondendum.  Faut-il  amener  ledM 
devant  les  juges  du  lieu  où.  le  crioM  m 
commis,  le  produire  comme  Xémoim  • 
une  autre  affaire  que  la  sienne , 
emploie,  suivant  les  cas,  VHabeas  > 
ad  prosequendum^  ad  Ustifieandvm 
satisfaciendum  ^  ad  deliberawlmmm 
ainsi  de  suite.  Mab  le  plus  importas 
tous  ces  actes,  celui  qui  offre  les  a 
tères  d'une  véritable  garantie  poliflc 
c'est  VHabeas  corpus  ad  subjieii 
Ici  l'ordre  de  translation  du 
n'a  plus  seulement  pour  but  de 
à  la  meilleure  administration  de  la  jfli 
pénale  :  c'est  un  moyen  offert  à  tool 
dividu  privé  de  sa  liberté  sans  motif 
gitime  et  légal  de  faire  cesser  la  déteitf 
arbitraire  dont  il  serait  victime,  ou  A 
tenir  sa  mise  en  jugement  dans  un  e^ 
délai,  si  son  emprisonnement  est  MÉ 
sur  la  prévention  d'un  crime  qu'il  ■■ 
commis. 

Lorsqu'un  sujet  anglais,  détenu  dMI 

lieu  quelconque  des  possessions  fariV 

niques,  croit  devoir  recourir  à  la  voil 

VHabeas  corpus  ad  subjiciendmm  pi 

sortir  de  cette  position ,  une  itquiH 

adressée  par  lui,  ou  par  un  tiers  daaii 

intérêt,  au  lord  chancelier,  ou,  à  t(Mi( 

faut,  à  l'un  des  juges  de  la  cour  da  I 

du  roi,  et,  sur  le  vu  de  cette  requin 

writ  d'Habras  corpus  est  délivré.  I 

ni   le  chancelier  ni  la  cour  ne  pcw 

lancer  d'office  cette  sommation,  coê 

ik  le  font  pour  les  autres  Mirtes  ^à 

betts  corpus.  Celui-ci,  en  effet,  est  c 

sidéré  comme   de   haut  pr^^ilége^ 

comme  nous  dirions,  de  iuridicihm 

traonlinaire.  Car  la  cour,  qui  n'a  de  f 

voir  pour    les  cas    habituels  que  \ 

l'intérieur  du    royaume,   peut  adn 

l'ordonnance  ad  subjicicntittm  bon 

ses  limites,  dans  file  de  Jer»ey,  par  a 

pie.    Cette  ordonnance    est    exéc«l 

non-seulement  dans  les  prisons,  oui 

tout  autre  lieu,  sur  les  routes,  sur  Uâ 

timents  mouillés  en   rade.  Aumî  im 

que  le  détenu,  qui  réclame  en  sa  fv 

l'emploi  de  cet  exen^ice  exceplioaod 


IIAB 

tàth  coorame,  repréfeBléc par 
»,  iaafca  lirminilf  sor  une  cUoae 
le;  or  «ne  fois  le  tprit  signé  et 
M  \aja^fs,  le  geôlier  ne  peut  allé- 
'cunK  pour  te  dispenser  de  pro- 
SM  prisonnier,  aux  firais  duquel 
nport  a  d'aiilean  lien.  C*est  dans 
bi  iié  fWTant  les  distances,  mais 
I  peat  «céder  Tingt  jours,  que  le 
■ier  et  le  mandat  par  suite  ducpiel 
letoia  doivent  être  présentés  an 
la  roi.  S'il  est  reconnu  que  Tem- 
aeDent  est  sans  motif,  le  prison- 
C  nb  en  liberté  définitive.  On  lui 
b  h  liberté  sons  caution,  si  le  fait 
Ictf  iocalpé  par  le  mandat  ne  con- 
■  trahison  ni  félonie  ;  dans  le  cas 
ire,  ilest  retenu  par  la  cour,  pourvu 
aoae  soit  indiquée  pour  la  plus 
ioe  session  d^assises  qui  suivra  la 
I  nundat  en  vertu  duquel  il  a  d*a- 
à  arrêté  ;  car  autrement  (  sauf  le 
il  serait  impossible  de  réunir  les 
I  da  crime  lors  de  cette  session  ) 
a  pourrait,  sur  requête  à  la  cour, 
sa  liberté  provisoire, 
faut  pas  croire,  du  reste,  que 
position  ait  pour  résultat  dans  la 
i  de  faire  relâcher  des  hommes 
ax  qui  sont  déjà  sous  la  main  de 
e:  elle  a  été  introduite  pour  re- 
lax détentions  abusives,  qu*il  dé- 
jadis  des  ministres  de  prolonger 
ment,  en  différant  toujours  de 
ettre  en  jugement  des  individus 
aient  fait  emprisonner  sous  pré- 
criminelle.  En  résumé,  liberté 
re,  quand  l'arrestation  n'est  pas 
;  liberté  sous  caution,  quand  elle 
mi  délit;  jugement  dans  un  délai 
itreint,  quand  elle  l'est  sur  un 
eb  sont  les  avantages  que  l'ITa- 
^rpus  assure  à  tout  Anglais, 
îlébrité  qui  s'attache  à  ce  mot  ne 
s  du  fréquent  emploi  de  la  chose  : 
9t  moins  habituel  en  Angleterre 
"«Gours  à  ce  moyen  de  procédure 
'  soustraire  à  des  détentions  illé- 
)aiis  les  temps  tranquilles  et  de- 
rérolntion  de  1688,  elles  y  sont 
irei  qu'elles  l'ont  été  en  France 
s  vingt -cinq  dernières  années, 
s  grandes  crises  politiques,  une 
uxption,  votée  par  le  Parlement, 


(  $55  )  1t\ft 

suspend  cette  garantie  de  la  liberté  indK* 
Ttduelle.  UHabeas-corpêts^  n^aoraitdone 
pas  pour  les  Anglais,  et  en  général  pour 
tous  les  amis  de  la  liberté  constitutloa* 
nelle,  l'importance  qu'ib  lui  accordent  \ 
juste  titre,  si  l'affermissement  de  cette 
forme  protectrice  n'avait  été  à  la  Ibis  l*aa 
des  plus  grands  objets  et  des  plus  grands 
résultats  de  cette  lutte  courageuse,  pa- 
tiente, mesurée,  que  le  peuple  anglais  a 
soutenu  pendant  tant  de  siècles  contre 
les  tendances  despotiques  de  ses  souve- 
rains, pour  en  venir  à  réaliser  une  de  ces 
belles  formes  de  gouvernement  qui  sont, 
pour  le  petit  nombre  de  nations  qui  y 
atteignent,  un  gage  assuré  de  gloire  et  de 
puissance. 

Les  maiimes  de  liberté  sont  yieilles 
dans  ce  pays,  mais  leur  pratique  incon- 
testée n'y  date  que  de  cent  cinquante  ans. 
On  assure  que,  bien  avant  la  grande  charte, 
nul  ne  pouvait  y  être  légalement  détenu 
que  dans  trois  cas  :  comme  accusé  de 
crime,  comme  convaincu  de  crime,  com- 
me débiteur  insolvable,  et  que  VHabeas^ 
corpus  était  déjà  la  sanction  de  ce  prin- 
cipe. La  29*  section  de  la  grande  charte 
déclarait  «  qu'aucun  homme  ne  pouvait 
être  saisi  ni  emprisonné  que  par  un  ju- 
gement légal  de  ses  pairs  ou  par  la  loi  du 
pays;  »  et  cependant  l'histoire  anglaise 
du  moyen-âge  offre  mille  exemples  d'ar- 
restations arbitraires.  Le  conseil  privé  den 
rob  ne  s'en  faisait  pas  faute,  et  l'on  em- 
prisonna plus  d'une  fois  par  son  ordre 
des  membres  des  Communes  qui  se  plai- 
gnaient trop  haut  de  la  violation  des  fran- 
chises nationales  destinées  à  les  défen- 
dre. Sous  les  règties  antérieurs  à  Eli- 
sabeth, et  sous  le  sien  même,  la  liberté 
individuelle  ne  fut  rien  moins  que  res- 
pectée ;  sous  Charles  I**",  elle  fut  violée 
d'une  manière  systématique;  mais  de 
l'excès  de  l'abus  résulta  le  commence- 
ment du  remède.  Cinq  chevaliers,  mis  eu 
prison  pour  refus  d'impôt  illégal  (parmi 
eux  était  le  fameux  Hampden),  se  pour- 
vurent près  du  Banc  du  roi  pour  obtenir 
un  Habeas '-corpus:  le  writ  fut  accordé, 
mab  le  geôlier  répondit  à  cette  significa- 
tion par  une  autre  d'où  il  résultait  que 
les  prisonniers  étaient  détenus  sur  un 
mandat  émané  du  conseil  privé,  n'énon- 
çant pas  la  cause  de  \a  d4l&ikV\QU)  t&a[\% 


H\B  (  196  ) 

exprimaiit  qu'elle  avait  Uea  par  ordre 
exprès  du  roi.  Cette  dèclaratiou  était- 
dû  suffisante  eo  droit  pour  autoriser  la 
ocur  à  maintenir  Temprisonnement?  La 
servilité  des  juges  du  temps  leur  fit  re- 
^nnaitre  Paffirmative  ;  mais  le  Parle- 
ment protesta  par  cet  acte  si  connu 
sous  le  nom  de  Pétition  des  droits  y  qui 
consacrait  formellement  la  doctrine  con- 
traire et  que  le  roi  fut  forcé  de  sanc- 
tionner. 

Cette  victoire  ne  fut  pas  décbive  :  la 
magistrature  ne  secondait  pas  le  Parle- 
ment, et  cependant  y  sous  Elisabeth,  les 
juges  avaient  été  contraints  eux-mêmes 
de  réclamer  contre  les  arrestations  illé- 
gales, parce  que  souvent  leurs  huissiers 
étaient  mis  en  charte  privée,  par  ordre 
des  ministres  ou  des  favoris,  lorsqu'ils 
tentaient  d'exécuter  des   sentences  qui 
contrariaient  ces  hommes  puissants.  L'es- 
prit de  subtilité  si  général  chez  les  an- 
ciens légistes  anglais  fournissait  au  chan- 
celier ou  aux  juges  une  foule  de  prétextes 
pour  éluder  la  garantie  de  VHabeas^or' 
pus,  La  cour  du  Banc  du  roi  n'ayant  que 
quatre  sessions  par  an,  dont  la  durée  to- 
tale n'excédait  guère  trois  mob,  les  ma- 
gistrats prétendaient  ne  pouvoir  faire  droit 
aux  requêtes  lorsqu'elles  étaient  présen- 
tées pendant  les  vacations;  le  conseil  privé 
étant  considéré  par  eux  comme  une  cour 
et  comme  la  plus  élevée  de  toutes ,  ils 
repoussaient  les  demandes  en  obtention 
à^Habea s  "Corpus   lorsque    l'arrestation 
avait  eu  lieu  par  ordre  du  conseil  privé , 
tribunal  supérieur  au  leur.  L'affaire  d'an 
nommé  Jenkes,   arrêté  en  1676   pour 
discours  séditieux,  le  despotisme  du  cé- 
lèbre Clarendon,  ministre  de  Charles  II, 
et  surtout  les  progrès  des  lumières  pu- 
bliques amenèrent  enfin,  après  plusieurs 
essais  manques,  le  bill  de  la  31* année 
du  règne  de  Charles  II.  Il  fit  époque,  car 
depuis  lors,  en  matière  de  détention  ar- 
bitraire,  le    fait  devint  définitivement 
conforme  au  droit,  grAce  à  ses  précau- 
tions efficaces.  Un  statut  de  la  56*  année 
de  George  III  est  venu  plus  tard,  mais 
dans  un  temps  où  la  liberté  civile  ne 
courait  plus  de  risques  sérieux  chez  les 
Anglais,  perfectionner  leur  législation  à 
cet  égard. 


C'est  le  statut  de  Charles  II  c^ul  établit 


HAB 

une  pénalité  sévère  contre  le  geulîerq 
dispenserait  d'obtempérer  an  tmtà 
beas'corpus  dans  le  délai  fixé;  il  b  | 
d'une  amende  de  100  livres  slerliof  | 
la  première  fob,  d'une  amende  dodb 
de  destitution  en  cas  de  récidive.  L 
emprisonnement,  pour  le  méoM  U 
détenu  libéré  par  ordre  du  juge,  a 
celui  qui  le  prescrit  à  une  ai 
500  livres,  qui  peut  être  ainsi 
contre  le  juge  qui  refuserait  de  d4 
le  (vrit  d'HabeaS'Corpus  soUidlé  d 
dans  les  cas  prévus  par  la  loi.  C*cfli 
core  ce  statut  qui  ordonne  la  délin 
du  (vrii  pendant  les  vacanoet  aosii 
que  pendant  les  sessions,  et  qui  sa 
défend  sous  les  peines  les  plus  grau 
mort  exceptée)  d'envoyer  un  détcM^ 
habitait  l'Angleterre ,  la  princtpaii 
Galles  ou  Berwick-sor-la-Twêed,! 
une  prison  située  en  Ecosse,  en  Irli 
à  Jersey,  à  Tanger,  ou  dans  toole  « 
nie  actuelle  ou  future  de  la  GrandaJ 
tagne.  Cette  clause  pénale  était  «a  | 
servatif  contre  les  caprices  despoll 
des  ministres  de  Charles  II. 

Les  suspensions  de  VHabeas^t^ 
votées  par  le  Parlement  sur  la  pc«| 
tion  des  conseillers  de  la  ooaroaal| 
été  assez  multipliées  depub  16SS. 
tentatives  jacobites  du  commenccai 
du  milieu  du  xviii*  siècle,  les  troubli 
furent  lecontre-coup  de  la  révolutiotti 
çaise,  ceux  qui  suivirent  en  Angh 
la  victoire  de  Waterloo  et  le  rétaU 
ment  de  la  paix  européenne,  doM 
lieu  a  ces  mesures.  Pitt,  pendant  m 
gueadminbtration,  les  provoqua  el  11 
tint  plusieurs  fob,  mais  pour  un  < 
espace  de  temps.  Lorsque,  dans  aa 
ment  difficile,  la  nation  anglaise  crd 
voir  consentir  au  sacrifice  moawi 
d'une  portion  de  ses  franchises,  c^ 
liberté  individuelle  qu'elle  abandoa 
la  liberté  de  la  presse  qu'elle  ae  téi 
Au  reste,  les  détentions  non  sotvii 
mise  en  jugement  n'ont  jamab  été  ■ 
nombreuses,  ni  très  prolongées.  Oat 
inexcusable  de  recourir  fréquemM 
l'arbitraire  dans  un  pays  où  le  jor] 
nétré  de  ses  devoirs,  a  donné  rarafl 
des  attentats  flagrants  contre  Uooai 
tion  de  Téut  la  sanction  cTune  soi 
leuse  impunité.  O.  L 


HâB 


(S67) 


HikB 


M3i,  voT^.  Abtssihie,  Gon- 
us,  etc. 

[jBTÉ  (do  latin  habilis  ^  qai  va 
penoone  ou  à  la  chose ,  qui  est 
s),  désigne  une  facilité ,  une 
Q  à  bien  faire  certaines  choses , 
■ilité  qni  rend  propre  à  réns- 
certaines  actions.  C*est  nn  de 
4a  langa^  common  dont  les 
ires  syndiquent  jamais  la  signi- 
rédse  et  qu'ils  se  contentent  de 
ir  des  termes  synonymes,  sauf 
ensuite,  par  un  manifeste  cer- 
X,  pour  définitions  à  ces  der- 
■ots  mêmes  qu*ib  serrent  à  dé- 

eiêj  comme  la  capacité  {yoy:)^ 
Vadresse  en  ce  qu'elle  a  rap- 
mgues  séries  d'actes,  tandis  que 
(  dit  de  quelque  acte  particulier; 
res  concernent  la  conduite  de 
affaire  compliquée  ou  de  tout 
;  l'adresse  n*est  qu'un 
ou  de  capacité,  et  c'est 
dit  pas  :  Un  tour  d'habi- 
I  capacité,  comme  on  dit  :  Un 
«SK.  «  Les  finesses  (ou,  ce  qui 
ne  choae ,  les  tours  d'adresse) 
it  que  de  manque  d'habileté,  » 
rhefoocauld.  Un  général  habile 
Xe  est  en  état  de  pratiquer  le 
I  armes  dans  toutes  ses  parties, 
lontre  dans  l'occasion  plus  ou 
rait.  On  n'est  jamais  habile  ou 
foe  dans  tout  un  art ,  et  adroit 
le  détail  et  relativement  à  cer- 
ooostances  données  ;  c'est  pour- 
nme,  étant  de  tous  les  animaux 
né  de  raison ,  le  seul  qui  puisse 
'  toute  une  suite  d'actes  com- 
t  par  conséquent  posséder  des 
.  seul  obtenir  le  titre  d'habile  et 
lie.  Mais  il  y  a  des  animaux 
NI  dit  :  Adroit  comme  mn  singe. 
lotre  côté ,  l'habileté  et  la  capa- 
irtittguent  entre  elles  par  deux 
s  principaux.  On  est  capable  en 
K,  habile  actuellement.  La  capa- 
ledisposition  naturelle  ou  acquise 
ochainequi  s'estime  à  priori;  de 
i  rhomme  capable  ressemble  à  un 
e^  ne  eontient  pas,  mais  qui  est 
leeouicnir  {cupax).  Le  savant  est 
«rantoirctt  habile.  Un  génénl 


capable  est  naturdlement  apte  à  com- 
mander, ou  bien  il  a  lu  tout  ce  qu'on  a 
écrit  sur  la  guerre ,  assisté  même  à  pki- 
sieurs   combats;   un    général    habile  a 
commandé  plus  d'une  fois  avec  succc&w 
Ensuite ,  et  conformément  à  la  première 
différence ,  le  mot  capable  semble  plus 
vague  et  plus  général  que  l'autre  :  il  se 
dit  d'un  homme  en  qui  l'on  trouve  de 
l'étoffe  pour  quoi  que  ce  soit,  tandis 
qu'habile  a  plutôt  rapport  à  un  art  par- 
ticulier et  déterminé.  L'éducation ,  dans 
l'antiquité,  tendait  à  produire  des  hom- 
mes capables  ;  dans  un  temps  de  spécia« 
lité  comme  le  nôtre,  on  ne  s'applique  guè- 
re qu'à  faire  des  hommes  habiles. 

L'habileté  concerne  plutôt  encore  les 
affaires  et  la  conduite  que  le  simple  sa- 
voir; elle  convient  aux  arts  qui  tiennent 
en  même  temps  de  l'esprit  et  de  la  main, 
comme  la  peinture  et  la  sculpture.  Mais 
ce  mot  n'a  pas  toujours  eu  une  accep- 
tion aussi  restreinte;  au  siècle  de  Louis 
XIY  Pascal  disait  :  Habile  en  mathéma- 
tiques, habile  en  poésie;  et  La  Bruyère, 
parlant  de  Racine  et  de  Boileau,  écri- 
vait :  «  Quelques  habiles  prononcent 
en  faveur  des  anciens  contre  les  moder- 
nes. »  I^F-E. 

HABILLEMENT,  voy.  YirEimrT, 
Costume,  Unifoemk. 

HABIT  ANGÉLIQUE,  w>y.  Ah- 

GKLIQUX. 

HABITATIONS  (hygiène).  Les  lieux 
qu'habitent  les  êtres  vivants,  en  général, 
exercent  sur  leur  santé  une  influence 
incontestable  et  reconnue  dès  la  plus 
haute  antiquité ,  au  moins  pour  ce  qui 
concerne  l'homme.  Alais  ce  n'est  pres- 
que jamais  qu'après  coup  et  quand  les 
mauvab  résultats  se  sont  manifestés  que 
le  médecin  est  appelé  pour  indiquer  le 
remède;  car  les  motifs  qui  déterminent 
la  situation  d'une  ville  sont  politiques 
ou  commerciaux,  ceux  qui  dictent  le 
choix  d'une  habitation  particulière  sont 
des  intérêts  analogues  dans  une  sphère 
plus  étroite,  et  la  salubrité  {voy,)  est 
bien  rarement  prise  en  considération. 
Ainsi  les  exemples  ne  manquent  ni  à 
l'administrateur,  ni  a  l'architecte*,  ni  au 

(*)  Poar  ce  «|b1,  daa«  les  habitation»,  concem* 
oe  dernier,  ve/.  les  art  AacairacTvax  (mile  et 
rarale).  S. 


HAB 


(358) 


HAB 


médecin  pour  montrer  ce  qui  est  nuisi- 
ble ^t  ce  qui  doit  être  évité;  ib  sont 
mt^lieoreusement  plus  rares  et  plus  clair- 
seiiés  lorsqu*il  s^agit  des  choses  confoi^ 
Des  aux  lois  de  Thygiène.  Il  faut  donc 
le  borner  ici  à  indiquer  des  règles  géné- 
rales, et  attendre  du  temps  et  du  pro- 
grès des  connaissances  pratiques  des  amé- 
lionrtions  que  réclament  et  la  situation, 
et  la  construction  y  et  la  distribution  des 
locaux  destinés  à  être  habités.  On  com- 
prendra facilement  que  ces  principes 
s^appliquent  aussi  bien  aux  habitations 
groupées  et  destinées  à  renfermer  un  grand 
nombre  d^individus,  comme  les  caser- 
nes ,  les  manufactures,  les  hôpitaux  et 
les  prisons  (voy,  ces  mots) ,  qu^à  celles 
qui  sont  isoléa  et  bornées  à  une  seule 
famille.  Ik  peuvent  tout  aussi  bien  ser- 
vir de  guide  dans  le  choix  d*une  habita- 
tion parmi  celles  qui  sont  toutes  con- 
struites y  que  de  direction  pour  en  éta- 
blir de  nouvelles  ou  pour  assainir  celles 
qui  pèchent  plus  ou  moins  sous  le  rap- 
port de  la  salubrité. 

Uexpérience  montre  que  toutes  les 
localité  présentent  à  la  vie  de  l'homme, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs,  des  chan- 
ces à  peu  près  pareilles,  ou  plutôt  que 
les  conditions  de  la  longévité  sont  mul- 
tiples et  peuvent  se  faire  équilibre. 
Qu'importe,  en  effet,  d'habiter  un  pays 
humide  et  froid,  si  l'on  contrebalance 
l'influence  nuisible  qu'il  peut  exercer  sur 
la  santé  par  la  chaleur  artificielle ,  une 
nourriture  abondante  et  substantielle  et 
de  bons  vêtements  ?  Que  sert  un  beau 
climat  au  malheureux  sans  pain  et  acca- 
blé de  fatigues?  Ainsi  donc  les  choses  de 
l'hygiène  ne  peuvent  être  considérées 
isolément  que  par  abstraction. 

On  regarde  les  lieux  élevés,  oii  le  re- 
nouvellement de  l'air  est  facile ,  comme 
étant  plus  salubres;  on  est  d'accord  qu'il 
faut  s'éloigner  des  grandes  forêts,  des 
eaux  stagnantes,  des  vallées  étroites  et 
encaissées,  comme  aussi  des  lieux  où  se 
décomposent  de  grandes  quantités  de 
matières  organiques.  U  faut  rechercher 
le  voisinage  des  eaux  courantes  et  pota- 
bles, l'exposition  an  soleil  dans  les  cli- 
mats froids  et  tempérés,  toutefois  en  pre- 
nant des  précautions  contre  les  chaleurs 
êjorêmm  de  Télé.  Eo&o  oo  devra  faîn 


en  sorte  que  ra<  ninistratîoo  poor 
la  salubrité  <  labitations,  pour  ce 
concerne ,  en  n  ant  la  haateur  àb 
fices ,  la  largeur  et  la  directioB  éti 
en  fournissant  de  l'eau  en  aboa 
pour  les  besoins  domestiques,  et  < 
vorisant  l'écoulement  des  eaux  aé 
res,  de  même  qu'en  éloignant  on  ci 
jettissant  à  on  mode  particulier  di 
struction  les  ateliers  et  fabriques  ^ 
pendent  des  émanations  nuisibica. 
D'un  autre  côté ,  les  habitation 
vent  pécher,  soit  par  la  nature  d 
qu'elles  occupent,  soit  par  la  dispc 
et  la  proportion  des  locaux ,  soit 
par  la  nature  des  matériaux. 

Lesol,à  peine  battu  et  toujours  Im 
qui  se  voit  dans  les  maisons  des  pi 
gens  de  la  campagne  est  une  cause  si 
santé  d'insalubrité,  parmi  un  grand 
bre  d'antres ,  qu'il  est  à  peine  néei 
de  la  mentionner;  mais  les  res-<le-< 
sée,  souvent  enfoncés  au-deasous  du 
carrelés ,  leur  sont  à  peine  préféi 
Les  caves  pratiquées  au-dessous  œ 
les  l'avantage  de  les  isoler  suf  fisaoi 
et  les  parquets  complètent  un  sj 
raisonnable.  Les  étages  supéricv 
généralement  sains,  et  mêoie  dans 
rieur  des  villes  on  gagne  à  s'élei 
peu. 

Cela  est  nirtout  nécessaire  di 
maisons  où  la  parcimonie  dans  I 
rain  et  dans  les  matériaux  a  prodi 
telle  exiguïté  pour  les  cours,  les  es 
et  les  appartements ,  que  la  somoi 
départie  à  chaque  habitant  est  é% 
ment  inférieure  à  celle  qui  lui  est 
pensable  pour  vivre  en  santé. 

La  distribution  intérieure  des 
tations  doit  être  également  oo« 
quant  à  l'hygiène  ;  en  effet,  de  ocC 
tribution  dépend  la  circulation  et 
nouvellement  de  l'air,  le  chauffefi 
plet  et  économique,  l'expulsion  fec 
matières  solides,  liquides  et  gaxeoM 
la  présence  est  désagréable  ou  m 

Des  règlements,  sévèrement  ex4 
devraient  empêcher  l'encombrm 
la  population  dans  des  localités  éi 
ment  trop  étroites,  et  prescrire  pm 
que  constmcti  l'emploi  des  bmI 
propres  à  en  rtr  la  salubrité,  t 
pêaiMim  la  sti 


HàB 


(359) 


HAB 


Il  est  la  cause  la  plus  puissante  de 
Biux  qa*on  observe.  Outre  que 
la  de  mortalité ,  dans  les  temps 
rcs,  font  Toir  l'influence  funeste 
aUtioDS  malsaines,  les  épidémies 
it  de  temps  à  autre  la  mettre 
Ince  d'une  manière  encore  plus 
iyCt  appeler  à  grands  cris  des  ré- 
tOQJours  trop  tardives  pour  les 
e  lliamanhé.  Ces  résultats  sont 
loitees  encore  dans  ces  habita* 
électives  où  la  population  est  en 
sorte  parquée ,  comme  les  hô- 
ks  prisons ,  les  casernes,  les  cou- 
b  manufactures  et  autres  éta- 
Bts  dans  lesquels  la  similitude 
K  y  des  occupations  et  des  babi- 
crmet  de  faire  des  observations 
êtes  et  plus  concluantes, 
les  diverses  parties  de  cette  En* 
lie  ont  été  traités  des  sujets  qui 
apport  direct  avec  la  question  si 
Dte  des  habitations  :  nous  rap- 
i  les  mots  Appartemeiit,  Atk- 
lamissEMBirr ,  Aisance,  Fosses 
ES,  Caye,  Cuisine  ,  CnEMiNiE , 
aiE,  CaoïsiE,  etc. 
itatîon  des  animaux  domesti* 
un  point  très  important  d'éco- 
irale,  et  à  l'occasion  duquel  on 
Kot  à  déplorer  de  funestes  èr- 
es épizooties  sont  là  pour  en  té- 
.  An  reste,  pour  les  animaux  do- 
s  comme  pour  l'homme,  même 
h  d'un  volume  d'air  suffisant  pour 
individu  ;  même  besoin  de  le  re- 
r,  d'écarter  tout  ce  qui  peut  en 
la  pureté,  et  enfin  de  trouver 
I  dispositions  locales  ce  qui  peut 
an  certain  degré  de  bien-être. 
rAELE ,  Écurie,  Beecerie,  Bes- 
etc.  F.  R. 

lITUDE,  du  latin  habitas.  La 
m  fréquente  des  mêmes  actes  ou 
MB  situations  imprime  à  nos  fa- 
)hysiques,  intellectuelles  ou  mo~ 
le  direction  spéciale  vers  ces  actes, 
liions ,  et  leur  communique  une 
inde  aptitude  à  les  exercer  ou  à 
Mttre  :  on  en  a  dès  lors  contracté 
ide. 

bitode  est  on  phénomène y^m- 
loas  les  êtres  organisés,  e^  qui  est 
t  fins  marqué  que  l'^^o  descend 


plus  bas  dans  l'échelle;  elle  semble  rap<^ 
procher  de  l'état  inorganique  ce  qui  su* 
bit  son  influence,  en  lui  imprimant,  lois-* 
qu'elle  est  le  seul  mobile  et  qu'on  iy 
abandonne  machinalement  {vojr,  Rou-> 
tine),  un  caractère  d'uniformité  et  d'in* 
variabilité  incompatible  avec  l'intelli- 
gence et  la  raison. 

Nos  organes,  pour  commencer  par  les 
phénomènes   physiques ,  se   soumettent 
d'autant   plus    aisément  aux   habitudes 
qu'on  veut  acquérir,  que  nous  procédons 
avec  plus  de  méthode.  Les  actes  doivent 
être  répétés   fréquemment,   mais  à  des 
périodes  plus  ou  moins  rapprochées,  en 
raison  de  la  nature  des  impressions  aux- 
quelles on  désire  accoutumer  les  organes; 
et,  après  des  gradations  imperceptibles  et 
sagement  calculées,  on  parvient  au  but 
que  l'on  se  proposait  d'atteindre.  L'ex- 
périence nous  apprend  qu'a  mesure  que 
les  organes  ont  été  mis  en  contact  avec 
ces  impressions,  la  sensibilité  est  deve- 
nue moins  vive  ;  il  est  permis  alors  d'aug- 
menter impunément  la  quantité,  l'in- 
tensité des  objets,  la  fréquence  des  actes 
auxquels  on  veut  s'habituer.  Quoique 
notre  organisation  ne  permette  pas  d'ou- 
tre-passer  certaines  limites,  on  ne  peut 
calculer,  dit  Buffon,  ce  que  notre  corps  est 
capable  desou(Trir,d'acquérir  ou  de  perdre 
par  l'habitude.  On  parvient,  en  effet,  a 
détruire  presque  la  sensibilité  de  la  peau, 
à  soustraire  le  goût,  l'odorat,  à  l'action 
des  substances  corrosives,  des  émanations 
les  plus  fétides,  à  rendre  pénétrables  à  la 
vue  les  objets  enveloppés  des  plus  épaisses 
ténèbres  ;  on  acquiert  une  force  muscu- 
laire ,  une  agilité  tellement  surprenantes 
qu'à  une  autre  époque  on  ne  voyait  dans 
ces  phénomènes  que  l'œuvre  des  esprits 
infernaux. 

Certaines  conditions  facilitent  l'ac- 
quisition de  l'habitude.  Des  diverses 
époques  de  la  vie,  celle  où  l'organisation 
est  plus  simple,  l'âge  de  l'enfance,  est  la 
plus  propice.  La  rigidité  de  la  struc- 
ture et  l'empire  des  habitudes  acquises 
interdisent  aux  vieillards  la  faculté  de 
aonner  une  direction  nouvelle  à  l'éco- 
nomie. Les  différences  du  sexe,  du  cli- 
mat, exercent  en  pareil  cas  une  puis- 
sante influence  :  ainsi  la  mobilité,  Tim- 
pressionnabilité  qui  dominent  chez  les 


HAB 


(860) 


HAB 


femives,  cèdent  plus  facilement  à  Pem- 
pirf  de  toutes  les  habitudes  qu'elles 
yetlent  contracter  ou  qu'elles  prennent 
involontairement.  Les  peuples  des  con- 
t^ées  placées  sous  Téquateur  sont  tenaces 
dans  leurs  habitudes  et  peu  aptes  à  en 
prendre  de  nouvelles  ;  on  remarque  une 
disposition  contraire  chez  les  nations  de 
l'Europe  tempérée  ou  de  plusieurs  ré- 
gions septentrionales. 

Bonnes  ou  mauvaises,  les  habitudes 
acquises  n'obéissent  que  difficilement  aux 
efforts  que  l'on  fait  pour  les  détruire. 
Il  est  remarquable  que,  si  pernicieuses 
qu'elles  soient  pour  la  santé,  ce  n'est  sou- 
Tent  qu'au  détriment  de  celle-ci  qu'on 
les  abandonne ,  au  moins  brusquement. 
Ainsi,  ce  n'est  pas  toujours  sans  danger 
que  l'on  a  essayé  de  s'abstenir  absolument 
de  liqueurs  spiritueuses  après  en  avoir 
fait  pendant  longtemps  un  usage  immo- 
déré, etc.,  etc.  Double  motif  pour  ne 
jamais  transgresser  les  préceptes  de  l'hy- 
giène, puisque  cette  infraction  nous  place 
quelquefois  plus  tard  dans  la  presque 
impossibilité  de  les  observer  et  d'échap- 
per conséquemment  aux  dangers  que  les 
excès  entraînent.  A  toute  habitude  mau- 
vaise, lorsqu'elle  est  convertie  en  une 
seconde  nature  %  on  paie  toujours  le 
tribut. 

Il  est  prudent  de  ne  contracter  aucune 
habitude  fixe ,  si  salutaire  qu'elle  puisse 
être.  Si ,  sous  l'empire  de  certaines  dr^ 
constances,  on  se  trouve  dans  l'impossi- 
bilité de  les  satisfaire  ;  si,  surtout,  on  est 
contraint  à  y  renoncer  tout  à  coup,  cette 
abstinence  peut  entraîner  les  plus  grands 
désordres.  Toutefois  il  est  certaineschoses, 
parmi  celles  qui  sont  nécessaires  à  la  con- 
servation  de  la  vie,  dont  il  importe  de 
régler  l'usage  par  Thabitude  :  telles  sont 
les  heures  des  repas,  du  sommeil,  de 
l'exercice ,  ^u  travail ,  etc.  ;  cette  unifor- 
mité est  essentielle  à  la  santé.  Le  genre 
de  vie  que  l'on  mène,  la  nature  des  tra- 
vaux auxquels  on  se  livre,  doivent  déci- 
der des  habitudes  à  contracter.  Ainsi 
l'homme  constamment  occupé  d'études 
abstraites  et  celui  qui  ne  dépense  que  la 
Tie  matérielle  auront  à  suivre  on  régime 
hygiénique  tout  différent  :  le  premier, 

(^  Cm$mHmé0  tH  mltêrm  ■•tar«.     ^; 


•i  sobre  qu'il  soit ,  abusera  là  oi 
cond  pourra  impunément  ae  I 
quelque  excès. 

Si  les  exercices  habitueb  di 
contribuent  au  développement  <k 
physiques,si  ,éUnt  cul  tivé,resprit  1 
plus  de  pénétration  et  d'étendue, 
de  même  de  l'exercice  bien  dirigé 
fections  morales,  dont  l'effet  esld 
ter  la  pratique  du  bien  moral 
vertu.  Nos  premières  déterminal» 
toutes  instinctives;  nous  ne  pa 
que  difficilement  à  soumettre  l'îi 
l'intelligence,  les  passions  à  la 
Longtemps  l'homme  persiste  à 
mal ,  même  après  avoir  compi 
pourrait  mieux  faire;  ce  n'est  qu'i 
des  combats  qu'il  se  livre  à  lui-oM 
la  volonté  triomphe.  Mais  les  pc 
vicieux,  sans  cesse  combattus,  s'a 
sent,  se  détruisent  enfin  ;  la  vert 
pose  plus  de  sacrifices,  elle  est  o 
en  habitude. 

Nous  ne  devenons  donc  des  I 
moraux  qu'en  accoutumant  nos  al 
à  se  régler  sur  les  lumières  de  la 
de  la  vérité ,  de  la  justice.  La  < 
n'est  point  morale  tant  que  les  < 
nations  sont  uniquement  losli 
tant  que  l'homme  n'obéit  qu'aai 
sions  du  besoin,  de  la  passion,  àt 
ments;  car  les  sentiments  les  pli 
faute  d'être  dirigés,  peuvent  m 
traîner  vers  le  mal. 

L'éducation  (vojr,)  est  un  des 
surlesquekon  compte  le  plus  poa 
nos  sentiments,  diriger  nos  déi 
tions,  et  nous  donner  des  habitai 
formes  aux  principes  de  la  saine 
L'enseignement  spéculatif  et  um 
intellectuel  de  la  morale  ne  ai 
pour  la  formation  des  mœurs  :  ei 
cette  matière,  l'esprit  apprend 
prendre  le  bien ,  et  non  pas  à  I 
en  pratique  ;  on  apprend  à  dis 
non  pas  à  vivre  (non  vitœ^  seà 
discimus).  Pour  apprendre  à  vti 
attendons,  dit  Montaigne,  que  b 
passée.  Il  n'y  a  point  une  conoe 
cessaire  entre  la  connaissance  et 
tique  de  la  vei*tu,  et,  selon  la  n 
d'un  ancien  moraliste, /yoxD^Mt 
prodierunt^  boni  désuni,  Qoed* 
iustruiU,  en  effet,  saMêtrt  fi| 


HAB 

■KEun ,  tempéraDts  en  théorie  et 
vés  dans  les  habitudes ,  défenseurs 
bcrtés  publiques  et  despotes  dans 
conduite  priyée!  Les  lumières  de 
it  ne  dirigent  donc  pas  nécessaire- 
ksfiMnltés  du  cœur;  la  connais- 
da  bien  ne  donne  pas  toujours  la 
de  k  faire ,  et,  dans  mille  circon* 
s,  nous  sommes  réduits  à  en  faire, 
aiotPaalyrhumiliant  aveu  :  Video 
raproboquey  détériora  sequor.  Il 
oc  indispensable  de  nous  habituer 
I  long  exercice,  par  des  luttes  cou- 
cset  renouvelées  aussi  souvent  que 
nous  tente,  à  faire  le  bien  que  nous 
■  et  comme  si  nous  n^avions  pas  le 
ie  faire  autrement.  Et  pour  cela 
ren  nous  est  donné;  il  est  une  puis- 
loi  ,  tout  à  la  fois ,  éclaire  Fintel- 
,  réforme  le  coeur,  dirige  et  sou- 
volonté  :  c*est  la  religion.  Elle  a 
nné,  il  est  vrai ,  un  code  de  mo- 
en  plus  sévère  que  celui  de  la 
humaine;  mab  elle  seule  offre 
mpensations  pour  les  sacrifices 
ndés  par  la  vertu.  En  attaquant 
et  jusqu'à  la  pensée  du  mal,  elle 
conscience  de  Thomme  constam- 
I  éveil  ;  en  dégageant,  autant  que 
;,  le  cœur  humain  des  affaires 
lies ,  elle  dessèche  la  source  des 
\j  en  amortit  l'énergie;  elle  ap- 
t  aide  à  les  vaincre.  En  dehors  des 
s  religieux,  toute  éducation  mo- 
It  qu'un  enseignement  stérile,  im- 
t,  et  dont  il  ne  faut  rien  espérer 
réforme  des  mœurs.  L.  d.  C. 
ISBOURG  (maison  de),  nom 
té  au  vieux  castel  dont  il  existe 
qpidques  ruines  sur  une  hauteur 
klpelsberg,  située  sur  la  rive  droite 
r,  canton  d'Arau  ou  Argovie ,  en 
Ce  nom  a  paru  aux  uns  abrégé 
nchtsburgy  castel  des  vautours; 
lutres  croient  le  dériver  avec  plus 
m  de  terra  Aviatica ,  traduction 
anand  Eigen,  nom  que  portait  la 

S. 
ne  Vignier  fait  descendre  la  fa- 
t  Habsbourg  d'Ethico,  duc  d'Aï- 
▼II*  siècle ,  de  race  alémannique , 
rpflin,  des  anciens  Guelfes  (voy,), 
us  Alsaticus^  étant  tombé,  avec 
de  l'Aléipannie  {voy*  ) ,  au  pouvoir 


(361)  HAB 

des  Francs ,  après  la  bataille  de  Tolbiac 
(496),  fit  partie  de  l'Austrasie  et  de  du- 
ché d'Alémannie ,  jusqu'au  vii®  siècle  ;  il 
s'étendit  dans  l'Helvétie  jusque  sur  l'iar. 
Ethico ,  nom  que  les  chroniqueurs  ccti* 
vent  Edith ,  Etich  ,  Édichin ,  Athicus, 
Atticus ,  Adalricus ,  Athelricus ,  Ethicm 
ou  Chadicus,  et  qu'on  dit  être  le  père  de 
sainte  Odile ,  naquit ,  d'après  Schœpflin, 
vers  626,  et  mourut  vers  690.  Jusqu'au 
X*  siècle ,  on  ne  peut  suivre  avec  certi- 
tude la  descendance  de  cette  famille.  Ethi- 
co eut,  dit-on,  trois  fils  :  Adelbertus  ou 
Adalardus,  qui  fut  la  tige  des  comtes  de 
Habsbourg  et  de  Zaehringen  ;  Ethico  U , 
auteur  des  ducs  de  Lorraine;  et  Hu- 
gues P',  qui  mourut  avant  son  père.Adel- 
bert,  du  vivant  de  son  père,  avait  été 
nommé  comte  de  la  Basse-Alsace,  et  à  sa 
mort ,  il  devint  duc  d'Alsace.  Lui-même 
mourut  de  720  à  723,  laissant  trois 
fils  :  Luitfrid  P',  Maso  et  Eberhardus. 
La  chronique  ne  donne  à  chacun  des 
deux  derniers  qu'un  fils  mort  sans  pos- 
térité. Luitfrid  I^**,  qui  succéda  à  son 
père  Adelbert,  mourut  vers  le  milieu  du 
viii*^  siècle ,  et  avec  lui  finit  dans  la  fa* 
mille  la  dignité  ducale.  Luitfrid  P'  eut 
pour  successeur,  comme  comte  d'Alsace, 
son  fils  Luitfrid  H,  qui  mourut  en  800, 
laissant  deux  fils  :  Leutard,  père  du  cé- 
lèbre Gérard  de  Roussi  lion  {yoy.  Ges- 
tes), comte  de  Paris ,  et  Hugues  H  ,  qui 
eut  trois  fils,  dont  l'aîné,  Luitfrid  lU, 
eut  pour  successeur  son  fils  Hugues  UL 
A  celui-ci,  mort  sans  enfants,  l'an  880 , 
succéda  son  frère  puiné  Luitfrid  IV,  qui 
eut  deux  fils,  Hunfrid  et  Hugues  IV, 
dont  le  successeur  fut  Luitfrid  V.  Ce  li- 
gnage s'arrête  à  Luitfrid  VIT ,  vei*s  999  , 
et  dès  lors  c'est  à  Gontram  le  Riche  y 
qu'on  croit  être  fils  puîné  de  Luitfrid  VI, 
que  se  rattache  la  généalogie  de  la  fa- 
mille de  Habsbourg.  Cependant  M.  Rœp- 
pell,  auteur  de  l'ouvrage  allemand  :  Les 
Comtes  de  Habsbourg  (Halle,  1832), 
n'admet  pas  cette  filiation  de  Gontram, 
qu'il  regarde  comme  le  premier  auteur 
de  la  famille  dont  l'existence  offre  quel- 
que certitude  historique. 

Après  avoir  soutenu  Ludolf,  duc  de 
Souabe  et  d'Alsace  ,  dans  sa  rébellion 
contre  son  père  TemperenrOthon  P'(953 
et  954) ,  et  encouru  pour  ce  fait  le  ban^ 


H.VB 


(362) 


HAB 


ttiasemint  et  la  perte  de  te:»  possessions 
dans  l'Alsace  et  le  Brisgau,  Gontram-le- 
Ricbft  et  son  fils  Kanzelinus  ou  Lanzeli* 
nus  (dont  quelques-uns  ont  voulu  faire 
le  nérne  que  Lantoldus,  tige  de  la  bran- 
che de  Zshringen  ),  agrandirent,  autant 
par  la  ruse  que  par  la  force,  les  domaines 
^i  leur  restaient  dans  le  bailliage  d*Ei- 
^n  en  Suisse  ;  Kanzelinus  y  résida  dans 
le  vieux  castel  d*Altenbourg ,  et  mourut 
vers  990.  Il  eut  plusieurs  fils,  dont  le  se- 
cond, Radeboto,  époux  dldda,  sœur  de 
Théoderic ,  duc  de  Lorraine ,  bâtit ,  en 
1030,  le  petit  fort  de  Habsbourg,  non 
loin  du  cbâteau  d*Altenbourg.  Après  sa 
mort,  son  oncle  ou  frère  Wemer  (Wem- 
herus),  évéque  de  Strasbourg,  qui  avait 
donné  de  Targent  pour  le  construire ,  en 
abandonna  la  possession  à  un  plus  jeune 
frère,  Lainzelinus,  avant  d*aller  mourir  à 
Constantinople,  où  Conrad  II  Tavait  en- 
voyé pour  se  débarrasser  de  ce  prélat  hau- 
tain et  avide  de  puissance.  Radeboto, 
outre  une  fille  qui  fut  mariée  au  comte 
Ulrich  de  Lenzbourg ,  avait  eu  trois  fils  : 
Olhon  I",  Adelbert  ou  Albert  I*'  et  Wer- 
ner  II.  Celui-ci  fut  le  premier  qui  prit  le 
titre  de  comte  de  Habsbourg.  Dans  la 
guerre  entre  Henri  IV  et  Tanti-roi  Ro- 
dolphe, Werner  II  prit  parti  pour  ce  der- 
nier. On  ne  sait  si  c^est  à  cela  ou  à  la  fonda- 
tion du  couvent  de  Mûri  qu^il  dut  le  sur- 
nom de  Pieux  que  lui  donnèrent  les  gens 
d'Église.II  eut  deux  fils  :Othon  U,assassiné 
en  1 1 1 1,  et  Adelbert  H,  comte  d* Alsace, 
qui  mourut  en  1140,  sans  qu*on  parle 
de  sa  postérité.  Othon  H  avait  laissé  un 
fils,  Wemer  UI,  qui  mourut  vers  1 163 , 
et  dont  le  fils  fut  vraisemblablement 
Adelbert  UI ,  le  Riche.  De  1 187  à  1 191 
et  de  1196  à  1198,  il  fit  la^erre  en 
Palestine  ;  puis  il  combattit  contre  Berch- 
told  V,  de  Zaehringen,  et  fonda  la  ville  et 
le  château  de  Waldshut.  C'est  le  premier 
de  ces  comtes  qui  s'intitula  landgrave  d'AU 
saoe;  cependant  il  est  à  remarquer  qu'ils 
préférèrent  toujours  le  titre  de  comtes  de 
Habsbourg.  Adelbert  III  mourut  en  1 199, 
et  eut  pour  successeur  son  fils  unique 
Rodolphe  II ,  qui  mit  à  profit  la  lutte  en- 
tre Othon  IV  et  Philippe  de  Souabe, 
ainsi  que  l'extinction  de  la  maison  de 
lienxbourg  (1173),  pour  augmenter  sa 
pukêBOCÊ,  Olboa  IV  le  nooiayi  avoycr  et 


vidame  des  cantons  dIJri,  6m  Sth\ 
d'Unterwalden.  Destitné  de 
par  l'intervention  des  Cantons,  il  m 
grandir  d'un  autre  c6té.  Son  £k 
bert  ou  Albert  IV,  du  teaipa 
son  père,  porta  le  titre  de 
d'Alsace  et  de  comte  de  H4 
tous  deux,  dans  un  docvment  de  Fan  I! 
s'intitulent  par  la  grâce  de  Diem* 
deux  fils  de  Rodolphe  II  (mort  co  12 
Albert  IV  et  Rodolphe  m, 
rent  l'héritage  paternel  :  le 
Habsbourg,  le  comté  d'Argovîe  et 
alleux  d'Alsace  ;  Rodolphe  eut 
bourg,  Waldshut,  Neo-Hababoorg 
lac  des  Quatre-Cantona,  et  les 
du  Klekgau. 

Ici  la  race  masculine  des  Habsbowfl 
partage  en  deux  branches,  dont  Fi 
s'éteignit  en  1740  avec  l'empereur 
les  VI;  la  cadette,  ou  de 
Laufen bourg,  s'éteignit  dès  le 
oement    du   xv®  siècle,  sauf 
ramifications  qui  en  restaient  tons  d^ 
très  noms. 

Branche  aînée,  Albert  IV ,  par 
mariage  avec  Hedwige,  fille  du  comM 
Kyboorg,fonda  la  grandeur  de  sa 
Il  fit,  en  1 239,  un  pèlerinage  en  Pal 
et ,  suivant  toute  probabilité , 
Ascalon,  en  1249.  Il  laissa  deux  ilkarf 
troU  fib  :  Rodolphe  IV,  Albert  V  ffà 
Hartmann.  Les  deux  derniers  n'cMli 
point  de  postérité.  Quant  à  Rodolphe  IP 
qui ,  dans  la  suite ,  devint 


1273,  sous  le  nom  de  Rodolphe  I^(sM!f«J||j 
il  succéda  à  son  pèrea^ns  le  coaalédl 
Habsbourg,  à  l'âge  de  22  ans.  Pir  b  m* 
se,  la  force ,  les  achats ,  les  échanges  ,  § 
accrut  considérablement  ses  bicsM  hélés 
ditaires.  Un  des  premiers,  il  s'unît  à  II 
bourgeoisie  des  villes  et  se  mit  à  sa  tin 
pour  combattre  les  seigneurs.  En  1 2t4^ 
s'empara  du  riche  héritage  du  oomia  Haf^ 
mann  de  Kybourg  ;  peu  aprèa,  Schwyll 
le  choisit  pour  vidame.  En  1271 ,  il  ae* 
quit  le  château  et  le  territoire  de  Lcae* 
bourg ,  sur  lequel  il  prétendait  avoir  ém 
droits  du  chef  de  sa  mère  Hedwige*  De- 
venu empereur  romain ,  il  se  servit  de  M 
position  nouvelle  pour  augmenter  se  peiii 
sance  en  Allemagne  d'une  part,  oo  il  ae* 
quit  le  duché  d'Autriche  (vof.  T.  II| 
p.  MS  ),  et  de  l'aativ  ea  teÎM.  L'ehM 


[ 


HAB 

^SoDl-GaU  lui  Tendit  la  aeigoenrie  de 
ÉMBgeo ,  celai  de  Mnrbach  ses  droits 
iLMeme,  ainsi  que  des  biens  à  Stanz, 
BH^  Kûssnadit;  Eberfaard  deLaufen- 
mtf  In  Tille  de  Fribourg  dans  P  Uecht- 
ri.  Après  sn  mort,  en  1391 ,  son  fib, 
kst  (wojrJ)  y  doc  d* Autriche,  suivit  le 
et,  à  la  chuted'Adolphe  de 
1 S98,  s^agrandit  encore  sous  le 
d*  châtier  les  partisans  de  Tem* 
déchn.  Le  couTent  de  Saint-Gall, 
(Sainte-Marie*aax -Ermites  ), 
le  reconnurent  pour  vidame. 
I  hn  laissa  Glaris  comme  fief  hérédi* 
ht;  il  enleva  aux  comtes  de  Tocken- 
!■!  b  seigneurie  d^Embrach ,  et  une 
tit  de  nobles  jusque-là  indépendants 
it  aes  Tassauz.  Après  avoir  voulu, 
en  Tain,  se  faire  reconnaître  comme 
perpétuel  des  cantons  d'Uri,  de 
et  d'Unterwalden,  Albert  y  plaça 
jifDaTcmears  impériaux  qui  n'étaient 
ftedes  instroments  de  despotisme  et  fit 
i»  naître  la  confédération  suisse.  Uas- 
kBnat  d^ Albert,  en  1 308,  par  les  com> 
Pba  dfl  duc  Jean  de  Souabe,  son  neveu, 
hn  aux  confédérés  le  temps  de  réunir 
m  feroesy  et  la  victoire  de  Morgarten, 
ilIlS,  leur  |»roava  la  possibilité  du 


Li  maâsoii  de  Habsbourg  s^était  épui- 
h  par  ses  conquêtes  même  ;  elle  perdit 
fe  anendant  sur  la  Suisse.  Bien  qu'en 
lit  resnpereur  Louis  de  Bavière  lui 
ppeàt  les  villes  impériales  de  Zurich  , 
■ft-GaH ,  Schaffhouse  et  Rheinfelden , 
e  MB  pat  les  garder,  et  reçut  en  dédom- 
y. tut  Brisach  et  INeuburg  en  Bris- 
B.Ea  1332  Luceme,  en  1351  Zurich, 

13S3  Glaris,  en  1363  Berne,  entré- 
M  dans  la  confédération ,  qui  se  rap- 
•diait  ainsi  du  cceur  des  domaines  de 
.En  1357,  les  ducs  d'Autriche 
trêve  qui  devait  durer  jusqu'en 
kSS  ;  à  cette  époque  la  guerre  recom- 
ança,  et  les  combats  de  Sempach  (1886) 
de  Naefels  (1388),  qui  amenèrent  la 
■X  de  1389,  portèrent  un  coup  fatal 
In  puitunce  autrichienne  en  Helvétie. 
Ue  s'afiaiblit  encore  lorsqu'en  1416 
•  doca,  pour  avoir  pris  le  parti  du 
ipe  Jean  XXIII ,  s'attirèrent  l'excom- 
ion  da  concile  de  Constance.  Par 
àè  1418,  le  doc  Frédéric 


(  S63  )  HAB 

abandonna  toutes  les  villes  et  terres  ie^t^ 
nues  immédiates  de  l'Empire  ou  qu»  les 
confédérés  avaient  conquises  sur  lui.  ?ea 
à  peu  les  ducs  comtes  de  Habsbourg  p«r« 
dirent,  en  1458,  Neu-Rapper8chweil,fa 
1467,  Winterthur;  la  guerre  de  146t 
leur  fut  encore  défavorable.  En  1474,  U 
duc  Sigismond,  sous  la  médiation  de  la 
France,  renonça  à  tout  ce  que  les  confédé- 
rés avaient  acquis  ou  conquis ,  et  il  ne 
resta  plus  dès  lors  à  la  famille  de  Habs- 
bourg, sur  la  rive  suisse  du  Rhin, que  Lau- 
fen bourg  et  Rheinfelden  ou  le  Frickthal  ; 
l'Autriche  le  conserva  jusqu'à  la  paix  de 
Lunéville,  en  1 80 1 ,  où  elle  le  céda  à  la  Ré- 
publique française,  qui  le  laissa  à  la  Suisse. 
C'est  à  l'article  Autkiche  qu'on  trou- 
vera la  série  et  un  précis  de  l'histoire  des 
archiducs  et  empereurs  de  la  maison  de 
Habsbourg,  dont  les  possessions  furent 
apportées  par  Marie- Thérèse  {voy,)^  fille 
et  héritière  de  Charles  YI,  à  la  maison  de 
Lorraine  (voy,)j  actuellement  régnante 
dans  Ift  vaste  monarchie  autrichienne. 

Branche  cadette,  ou  comtes  de  Hahs" 
bourg' Laufenbourg,  Laufenbourg  tomba 
en  la  possession  des  comtes  de  Habsbourg 
au  commencement  du  xiii*  siècle.   En 
1 207,  Rodolphe  II  possédait  le  château  et 
la  ville  des  deux  côtés  du  Rhin.  A  la  mort 
de  l'empereur  Frédéric  H,  les  comtes 
acquirent  le  château  de  Rheinfelden.  Ro- 
dolphe UI,  oncle  de  l'empereur  Rodolphe 
et  F'  de  cette  branche  ,  fut  gouverneur 
de  Schwytz  et  d'Underwalden  supérieur. 
Il  eut  cinq  ou  six  fils  :  Werner,  mort  sans 
postérité   en    1253;  Godefroi  I'*,   qui 
continua  la  famille  de  Laufenbourg  et 
mourut,  à  ce  qu'on  croit,  en  1271;  Ro- 
dolphe, évéque  de  Constance  (m.  1293); 
Othon  ;  Éberhard,  tige  des  seconds  comtes 
de  Kybourgfm.  1284);  enfin  Hartmann. 
La  maison  se  partagea  alors  en   deux 
branches  :  \^  Les  comtes  de  Habsbourg^ 
Laufenbourg;  2*  les  nouveaux  comtes 
de  Kybourg, 

1®  Godefroi  (m.  1 27 1  )  fut  le  continua- 
teur dte  la  branche  de  Habsbourg  -  Lau- 
fenbourg. Son  fib  Rodolphe  H,  en  butte 
aux  prétentions  du  duc  Albert,  ne  fut 
sauvé  que  par  son  oncle  Rodolphe,  évê- 
que  de  Constance ,  qui  fit  alliance  avec 
les  villes  de  Constance  et  de  Zurich,  avec 
Tabbé  de  Saint-Gai  et  Iss  comUA  4^ 


HAB 


SouaVe.  Rodolphe  II  (m.  131 4),  par  son 
marîige  avec  Elisabeth  de  Rapperschweil, 
accyût  1a  ville  et  le  comté  de  ce  nom.  Le 
coAte  Jean  I^,  tué  en  1337  par  les  Zu- 
rbhois,  y  réunit  les  possessions  de  la  fa- 
mille de  Honberg  ou  Hombourg  (can- 
lon  de  Bàle).  Ses  fils,  Jean  II  (m.  1380), 
Rodolphe  III  (m.  1383)  et  Godefroi  II 
(m.  1375),  firent  la  paix  avec  Zurich  par 
la  médiation  de  l'empereur  Louis  et  du 
duc  Albert  d'Autriche.  Mais  pris  par  les 
Zurichois  qui  détruisirent  ses  possessions 
quand  il  eut  voulu  s'emparer  du  pouvoir 
clans  la  ville,  Jean  II  resta  en  captivité 
jusqu'en  1353.  Deux  ans  après,  Jean  II 
partagea  avec  ses   frères   la  succession 
paternelle  :  Rodolphe  eut  Laufenbourg, 
quelques  endroits  sur  l'Aaret  Hombourg; 
Godefroi,  Alt-Rapperscbweil,  la  Marche 
et  le  Waeggithal.  Us  vendirent  successi- 
vement leurs  possessions  à  la  branche  de 
leur  maison  qui  régnait  en  Autriche ,  et 
entrèrent  à  son  service.  Après  Jean  III , 
l'Ancien^  qui  mourut,  en  1 395,  sans  en- 
fants, il  ne  resta  en  Allemagne  qu'un  fils 
de  Rodolphe  III,  Jean  IV.  Sa  branche 
s'éteignit  en  1408,  et  se  fondit  dans  celle 
des  comtes  de  Sulz. 

Godefroi,  frère  de  Rodolphe  P',  qui 
avait  renoncé  à  son  pays,  appauvri  par  les 
violences  exercées  contre  son  père  par 
Rodolphe  de  Habsbourg ,  et  avait  pris 
du  service  sous  Henri  lU ,  roi  d'Angle* 
terre,  devint  dans  ce  royaume,  à  ce  qu'on 
prétend,  la  tige  de  la  famille  desFielding. 
2<»  Cornus  de  Kxbottrg*,  En  1229,  le 
comte  Ulric  de  Kybourg,en  mourant,par- 
tagea  ses  biens  entre  ses  deux  fils,  Hart- 
mann l'Ancien  et  Wemer.  Celui-ci  eut 
l'héritage  de  Zxhringen  dans  l'Helvétie 
bourguignonne  et  ne  laissa  qu'un  fib, 
Hartmann  le  Jeune  (m.  1263),  dont  la 
fille  Anne  donna,  avec  sa  main,  les  biens 
de  Ky  bourg  an  comte  Éberbard  de  Habs- 
bourg, de  la  ligne  de  Laufenbourg.  Il  ven- 
dit à  l'Empereur  ses  droits  sur  Fribourg, 
et  mourut  en  1284,  laissant  deux  fils, 
dont  un  seul  est  connu.  Hartmann  I*', 
mort  en  1801,  eut  deux  enfants,  Hart- 

(•)  y9ir  PipiU,  Z)i«  GraftH  «m  K/btirg,  Leip- 
lig,  1839,  io-S*.  —  Kybourg  e»t  un  vieux  cbâ- 
teaa  du  canton  d«  Zurich,  prêt  duquel  «tt  un 
▼ilUg*  d*«aviron  400  àmf.  La  famille  dca  pr«» 
eomtm  t'étaignit  dam  1m  aâlatm  isi63.  S, 


(  364  )  HàC 

mann  II  et  Éberbard  H.  Après 
gués  querelles  entre  les  deux  fran 
haïssaient ,  Hartmann  fut  tué,  e 
par  les  amis  d'Éberhard.  Celui 
soutint  une  longue  lutte  avec  Ben 
rut  en  1363,  laissant  quatre  fils 
mann  III,  comte  de  Kybourg,  la 
de  Bourgogne;  le  comte  Berchtol 
Kybourg  ;  Éberbard,  prieur  de  So 
Jean,  prieur  de  Strasbourg.  Ib  v< 
à  r  Autriche  W  majeure  partie  de 
possédaient  ;  Rodolphe,  fils  de  Ha 
en  fit  autant.  Ses  frères,  Égon 
mann  IV  et  Berchtold  H,  et  Ici 
Bercbtold  T^  furent,  en  1 384,  pc 
la  paix,  forcés  d'abandonner  à  & 
partie  de  ce  qui  leur  restait.  HarU 
et  Berchtold  U  moururent  chevi 
l'ordre  Teutonique.  Berchtold  I*' 
après  avoir  vendu  à  Berne  les  < 
restes  de  leurs  biens ,  devinrent 
du  canton;  il  ne  leur  resta  plus  qm 
but  et  Neu-Bechbourg.  Quand  ] 
eut  aliénés  de  même,  il  se  retira 
biens  de  sa  femme,  et  avec  lui  s' 
en  1415,  la  branche  de  Kybourg 
HACHE  D'ARMES,  nom  do 
haches  dont  on  se  servait  dans  l 
bats  du  moyen-âge.  La  hache 
outil  précieux  dans  tous  nos  trav) 
mestiques,  dont  l'origine  se  perd 
nuit  des  temps,  qu'on  retrouve 
peuples  les  plus  sauvages  de  la  Pc 
et  dont  le  tranchant  fut  succès» 
en  pierre  dure,  en  airain,  en 


acier,  devint  et  est  encore  entre  k 
des  hommes  un  instrument  de  gi 
de  mort.  Nos  ancêtres  les  Gaulo 
Francs,  les  preux  et  les  gens  d'am 
niaient  la  hache  avec  une  dexiér 
prenante.  Procope,  secrétaire  d 
saire,  nous  apprend  comment  les 
se  servaient  de  leur  hache  :  a  Ai 
«  du  combat,  dit-il,  ils  lancent  k 
«  che  contre  le  bouclier  ennemi, 
«  sent,  sautent  l'épée  à  la  main  f 
A  adversaire  et  le  tuent.  » 

On  sait  que  la  francisque  (vt 
manche  court,  avait  un  fer  à  dei 

(*)  Elirait  de  I*article  de  IL  Eaefacr.é 
cjrlopédie  d*£r«cU  rt  Gruber.  —  (>•  ■ 
•ulter  tur  le  même  tojet  rouTrage  # 
Lichnow»kT  :  Gêtchieht*  an  Heuati  Mi 
Vi^ae»  18*36^,  4  ^ol.  ia>8*. 


HâC 


(SS5) 


HAC 


qm 


à  reitrémité  du 
opposées  rime  à 
La  kadie  «Tannes  n'avut  qo*iin 
avec  on  marteau  à  Fop- 
élut  plus  long  que 
b  firancîsqiie.  Clisson  dut  le  sur- 
homcker  à  la  force  de  sa  hache  et 
■osé  arec  laquelle  il  s'en  senraît 
ks  prisonniers  ang lab.  D 
la  haclie  des  gens  d'armes  des 
dTordonnance  de  Charles  VU 
\t  de  marteau  ;  que  la  douille 
t  proloiigeaii  au-delà  du  taillant 
■»i«»*«t  en  pointe  aiguë,  de  telle 
'arec  cette  hache  on  pouvait  por- 
Doops  d'estoc  et  de  taille.  Dans 
I  bacfaeSy  le  marteau  était  rem- 
r  un  dard  droit  aigu  ou  crochu, 
m  croissant  à  deux  pointes;  du 
formes  de  la  hache  d'armes  et  de 
A  ont  souvent  varié  et  dépen- 
In  caprice  de  l'armurier  ou  de 
i  devait  s'en  servir.  L'on  voit  en- 
Mosée  d'artillerie,  à  Paris,  des 
Tarmes  à  pistolets. 
wcherraa  était  une  petite  hache 
,  eoorte,  légère,  et  sans  marteau 
m  trancfaanL 

icbe  d'armes  s'est  conservée  dans 
le  comme  hache  dC abordage;  son 
a  deux  pieds  de  longueur;  son 
cfamt  d^un  côté,  forme  une  pointe 


die  que  portent  les  sapeurs  [voy.) 
chcnt  à  la  tète  de  nos  régiments 
erie,  la  hachette  de  campement 
it  cavalier  est  muni,  ne  sont  véri- 
■t  cpe  des  outib  plus  ou  moins 
\  et  nnllement  des  haches  d*ar* 

Cl.  A.  H. 
■ETTE  (JsAinfK  FoumQuzr, 
T  on  Lâcvé,  dite },  Tfoy,  JKàinrs 


US<Ifl,  ou  Haschisch.  Voici  la 
n  moven  de  laquelle  on  obtient 
■éparation  enivrante,  dont  nous 
é^  parlé  à  l'article  Assjissixs  , 
pliqocr  ce  nom  dérivé  de  ///?- 
Prenez  :  sommités  do  chanvre,  4 
benrre  firab,  2  livres;  eau  ordi- 
livres;  faites  bouillir  pendant  5 
et  laissez  ensuite  refroidir.  Le 
e  prend  à  la  sorface  de  Teau  et 
m  extrait  de  chanvre  que  l'on 


mélange  aTec  ^  de  sucre  pour  e»  faire 
des  pastilles ,  ou  bien  que  Ton  prépaie  en 
opiat,  dans  les  mêmes  proportions.  Gîtte 
drogue  porte,  en  Egypte,  le  nom  de  Aj. 
chisch^Jfiiù  (herbe  de  l'Inde).  Quand  m 
prend  environ  une  once  de  cette  prépa. 
ration,  on  éprouve  des  vertiges,  des  hal« 
lucinations  extraordinaires ,  qui  ne  res* 
semblent  nullement  à  l'ivresse  alcooli* 
que,  et  qui  méritent  d'être  décrits  d'une 
manière  spéciale. 

Ordinairement  celui  qui  est  sous  l'em« 
pire  du  hachisch  a  un  air  particulier  : 
quelques  muscles  de  la  face  sont  contrac- 
tés et  contournent  comiquement  les  lè-> 
Très,  les  joues  et  même  le  nez;  on  voit 
des  figures  dont  la  moitié  droite  est  plis« 
sée  tandb  que  le  côté  gauche  est  dis- 
tendu outre  mesure.  D'autres  fob,  les 
muscles  postérieurs  du  cou,  spasmodique- 
ment  contractés,  font  lever  la  tête  avec 
riolence;  mab  ces  symptômes  externes 
ne  sont  rien  auprès  des  folies  que  font 
et  débitent  les  personnes  enivrées  par  le 
hachisch. 

En  1837,  à  Rhodes,  plusieurs  passagers 
du  brick  français  l'Hirondelle  prirent  du 
hachisch,  que  l'un  d'eux  rapportait  du 
Caire  :  une  demi-heure  après,  le  moin-> 
dre  geste,  le  mot  le  plus  insignifiant,  pro- 
voquaient des  éclats  de  rire  convubifs  que 
rien  ne  pouvait  arrêter  .L'auteur  de  cet  ar- 
ticle a  éprouvé  comme  les  autres  les  effets 
de  la  préparation  ;  il  est  resté  longtemps 
livré  aux  illusions  les  plus  étranges  et  à 
une  extase  délicieuse  pendant  laquelle 
des  images  fantastiques  captivaient  toute 
son  attention. 

Le  plus  souvent,  Tivresse  du  hachisch 
dure  4  heures  dans  toute  sa  force  ;  elle 
décroit  ensuite,  pour  n^étre  entièrement 
dissipée  que  24  heures  après.  Les  1 2  der- 
nières heures,  on  ne  conserve  qu'une 
extrême  propension  à  la  gaité ,  et ,  même 
au  plus  fort  de  la  crise ,  on  est  toujours 
maître  de  chasser  les  hallucinations  eu 
prenant  une  limonade  ti-ès  acidulée.  Da 
reste,  très  peu  d^accidents  apoplectiques^ 
il  est  rare  de  conserver  la  tète  lourde  et 
l'assoupissement  comateux  qui  suit  assez 
généralement  les  plus  légers  écarts  de  ré» 


gime. 


Pris  à  de  longs  intervalles ,  cpialre  ou 
cinq  fois  par  année  ^  le  hachisch  n'a  pa| 


HÂD 


(Î66  ) 


tli«lt 


de  iUJ^  fâcheuses  ;  mais  si  Ton  fait  un 
nsag»  fréquent  de  cette  substance ,  peu  à 
peu  elle  produit  des  raTages  dans  l'orga* 
iiixne  ;  oo  est  comme  hébété ,  et  la  poU 
tipnna'ie  dégrade  les  personnes  douées 
auparavant  du  plus  noble  caractère. 

Tous  ceux  qui  ont  écrit  sur  le  hachisch 
ont  eu  soin  de  faire  remarquer  que  les 
Arabes  appellent  hachachin  ceux  qui 
ont  rhabitude  de  manger  de  l'eatrait  de 
chanvre.  Le  nom  des  Assassins  est  ce 
même  mot  dont  on  a  altéré  la  pronon- 
ciation arabe.  Le  Vieux  de  la  montagne 
parait  s^étre  entouré  d^hommes  dévoués 
à  ses  caprices  en  les  plongeant  dans  une 
ivresse  qui  leur  donnait  un  avant-go ilt 
des  jouissances  du  paradis  de  Maho- 
met. J.  C-T. 

HADJI.  Nous  écrivons  ainsi  ce  mot, 
et  non  ha^i^  pour  nous  rapprocher  da- 
vantage de  la  prononciation  de  THedjas 
et  de  PYémen.  C'est  un  titre  que  pren- 
nent tous  les  musulmans  qui  ont  accom- 
pli les  pèlerinages  de  la  Mecque,  de  Mé- 
dine  ou  de  Jérusalem.  Ainsi  on  dit 
hadji  Mohammed,  hadji  Moustapha, 
Ismaîl,  c*est-à-dire  le  pèlerin  Moham- 
med, Moustapha,  Ismaîl.  Le  nom  d'Abd- 
el-Kader  est  précédé  des  mots  Sidi  el 
hadf.  Il  est  de  même  permis  aui  chré- 
tiens d^Orient  de  prendre  ce  titre  quand 
ils  se  sont  rendus  à  Jérusalem  pour  y  cé- 
lébrer les  fêtes  de  Pâques,  et  les  musul- 
mans nUiésitent  pas  à  le  leur  donner. 
Mais  plus  généralement  il  n'est  pris  que 
par  ceux  qui,  le  10  du  mois  de  zeUfiadJiy 
viennent  au  pied  du  mont  Arapha,  situé 
à  quelques  lieues  de  la  Mecque,  pour  ac- 
complir un  des  actes  religieux  que  les 
docteurs  recommandent  autant  que  les 
prières  de  chaque  jour.  Les  Anik>es  qui 
demeurent  tout  auprès  de  la  terre  sainte, 
allant  chaque  année  prier  à  TArapha, 
n'ont  pas  Tliabitude  d'ajouter  à  leurs 
noms  le  titre  d'hadji,  tandis  que  les  vrais 
croyants  qui  habitent  les  contrées  les 
plus  éloignées  du  pays  de  Mahomet,  fiers 
d'avoir  bravé  les  fatigues  vraiment  acca- 
blantes d'un  pareil  voyage,  ne  manquent 
pas  de  se  faire  appeler  hadji  et  de  faire 
graver  ce  mot  sur  le  cachet  dont  ils  se  ser- 
vent pour  signer. 

Pour  être  digne  d'entrer  au  paradis,  un 
pofu/man  doit  se  rendre  vers  le  mont 


Arapha  au  moins  une  fois  dans 
s'ensuivrait  que  tous  finiraient  ptR 
riter  le  nom  d'hadji,  si  les 
du  Coran  n'avaient  adouci  ee 
il  est  permis  de  se  faire  rempi 
ce  pieux  voyage  par  une  autre 
pourvu  qu'elle  porte  alors  en  votre 
de  riches  présents  pour  augmenter  b 
sor  et  les  ornements  de  la  Kaaba; 
faut-il  que  votre  ouakil  (rem 
auparavant  accompli  pour  lui- 
pèlerinage  du  10  de  zel -hadji. 
dant  aujourd'hui  ce  devoir  est  loin 
aussi  rigoureusement  accompli  qne 
les  premiers  siècles  de   rislamisaw, 
tout  depuis  que  les  wahabis  (voy.)a 
élevés  contre  cet  usage ,  qu'ils 
comme  une  pratique  superstitieuse 
traire  aux  principes  du  prophète. 
eux,Mahomet  l'auraitseulement 
puisque  l'esprit  mercantile  s'en  est 
pour  créer  un  vaste  marché  auquel  la 
ligion  sert   seulement  de  prétexte, 
n'ont  pas  hésité  à  le  proscrire.  D'ai 
ajoutent-ils ,  toutes  les  cérémonies 
l'on  pratique  autour  de  la  Kaaba,  à  R 
h  ambra  et  dans  la  plaine  Mouna,  oà 
jette  49  pierres  pour  chasser  les 
génies,    sont  dangereuses,    puisque 
peuvent  ramener  le  vulgaire  à  V\ 
grossière  dont  Dieu  l'a  tiré  par  la 
de  son  envoyé.  Malgré  les  wahabis, 
gré  le  refroidissement  sensible  de  la 
veur  des  musulmans ,  chaque  année 
de  50,000  pèlerins  se  pressent  an 
Arapha. 

Le  mot  hadji  est  encore  employé ,  il 
arabe  vulgaire ,  pour  désigner  le  pèlofL 
nage  même  ;  on  dit  :  Faire  son  hadji,  Il 
temps  de  l'hsdji,  etc.  J.  C>r* 

HADRAMAOUTII,  voy.  AaaBti. 

H.CHUS,  voy,  HiLxus.  C'est  anal 
dans  la  série  Hé  qu'il  faut  voir  tons  11 
mots  qui,  dérivés  de  alux,  le  sang,  ooA* 
mencent  en  latin ,  allemand  ,  etc.,  fà 
Hœm. 

H.ETTDEL*  (GBoaGas-PaiDiEic). 
Cet  illustre  compositeur  naquit  à  HaH 
(Haute-Saxe)  le  24  février  1684; 
père,  qui  exerçait  en  cette  ville  la 

(*;  Cm!  aiofti  qn'il  faut  écHrv  le  aoa  ém  graat 
eoini»o«iteor  «llem  lod.  biea  q««  l«h>«^«««  pas 
daot  M>o  •éjoar  eo  Anglet«rr«,  «it  mmëvcaI 
Ummàtl^  Mai  doau  po«r  te  roaforaMr  m  I 
rt  a  II  ^>rnaouoti«lioa  da  p*Jt  t|«ll  lubiUll, 


HaN 


(867) 


ÉiËN 


b  ddnusîe,  le  dcstiomit  à  Fé- 
!  U  jarôpiudenoc  et  chercha  tous 
cos  d'arrêter  le  déreloppemeiit  du 
■sioal  qui  s'était  nanîfînté  dès  les 
adres  années  de  l'enfant.  On  ôta 
vtée  tout  instrument  de  musique  ; 
nmin<^  par  un  instinct  irrésistible 
risé  par  un  domestique  de  sa  fa- 
e  petit  Georges  allait,  pendant  le 
I  d«ses  parents,  étudier  dans  une 
de,  on  a  était  parvenu  à  cacher 
mière  d'épinette  sur  laquelle  il 
le  tout  oGBur ,  mais  sans  règle  ni 
ca.  Le  père  ayant  dà  se  rendre 
m  jeune  fils  à  la  cour  du  duc  de 
FeissenfelSy  le  prince  entendit  par 
reniant, alors  âgé  de  huit  ans,  qui, 
*s  à  l'instt  de  son  père,  s'amusait 
ïTÎscr  sur  l'orgue  de  la  chapelle. 
entions  qui  te  laissaient  deviner  au 
de  rinoorrection  et  de  Finexpé- 
raTirent  le  duc  d'admiration;  il 
r  le  père  et  lui  représenta,  selon 
■ion  de  Suard,  que  c'était  une 
«  et  une  cruauté  de  s'opposer  à 
cation  si  marquée  et  de  vouloir 
r  des  dispositions  si  eitraordinai- 
r  jeter  son  fils  dans  le  dédale  de 
prudence.  Le  bon  chirurgien  pro- 
'airîs,  et,  de  retour  à  Halle,  il  pla- 
fib  sous  la  direction  d'un  habile 
te  nommé  Zlachau,  qui  dirigea  les 
le  Haradel  tant  pour  l'exécution 
lavecin  et  sur  l'orgue  que  pour 
oaiûon.  Il  resta  sous  la  direction 
laitre  jusqu'à  l'âge  de  treize  ans, 
aot  des  contrepoints  et  des  fugues 
1,  et  faisant  chaque  semaine  chan- 

iBOtets  à  l'église  principale  de 
n  n'avait  que  dix  ans  lorsqu'il 
oo  premier  morceau  en  ce  genre. 
698,  la  faoûlle  de  Hendel,  pen- 
e  aa  ville  natale  n'offrait  pas  des 
3es  suffisantes  pour  développer  son 
le  fit  partir  pour  Berlin.  Mal  ac- 
mr  Baononcini,  alors  directeur  du 
lie  cette  capitale,  il  fut  cependant 
né  par  l'électeur,  qui  parla  de  l'en- 
e  perfectionner  en  Italie,  mais  sans 
suite  à  ce  projet.  Hcndel  dut  re* 
r  à  Halle,  où  il  r«  ti  que  vécut 

«.  Celui-ci  étant  n,  il  se  rendit 
bourg,  dont  le  t  e  était  dirigé 
ittlmrt  Ketter;  il       Ta  dans  l'or- 


diestre  en  qualité  de  second  violou;  mais 
bientôt  Keiaer  ayant  dà  se  soustraira  è  la 
poursuite  de  ses  créanciers,  Haendel  ti«t  le 
clavecin  à  sa  place  et  s'acquitta  de  c^te 
tâche  avec  une  grande  habileté.  U  a? ât 
alors  1 9  ans,  et  ses  camarades  de  l'orches- 
tre l'avaient  toujours  regardé  comme  ui 
idiot  :  il  était  cependant  dès  cette  époque 
l'un  des  meilleurs  organistes  de  l'Allema- 
gne, et  ses  fugues,  au  dire  de  Blattheson, 
qui  les  avait  entendues,  étaient  admira- 
bles. 

Ce  dernier  s'était  lié  d'amitié  avec 
Haendel  ;  ils  avaient  concouru  ensemble 
pour  une  place  d'organiste  à  Lubeck  que 
ni  l'un  ni  l'autre  n'accepta.  Un  maUen- 
tendu  amena  entre  eux  une  querelle  qui 
faillit  être  fatale  à  Hseodel.  A  la  première 
représentation  de  Cléopdtre  ^  opéra  de 
Mattheson,  dans  lequel  il  chantait  lui- 
même  le  rôle  d'Antoine,  n'ayant  plus  à  pa- 
raître dans  le  5*  acte,  il  voulut,  selon  l'usage 
d'Italie  suivi  en  plusieurs  villes  d'Alle- 
magne, tenir  le  clavecin  en  place  de  son 
ami  :  celui-ci  croit  que  c'est  un  affront 
qu'on  veut  lui  faire,  il  refuse  de  s^éloi- 
gner;  une  discussion  violente  s'engage. 
L'opéra  terminé,  ils  sortent,  mettent  Té- 
pée  à  la  main,  se  battent  avec  un  indici- 
ble acharnement  au  milieu  de  la  rue , 
entourés  de  spectateurs  pétrifiés.  Par  un 
heureux  hasard,  l'épée  de  Mattheson,  di- 
rigée sur  la  poitrine  de  son  adversaire, 
atteint  un  bouton  de  métal  contre  lequel 
la  lame  se  brise.  On  évita  de  donner  suite 
à  cette  afTaire  et  une  réconciliation  sin- 
cère suivit  immédiatement. 

Pendant  son  séjour  à  Hambonrg,Hien- 
del  fit  jouer  quatre  opéras  allemands  : 
Almira  ou  Almeria^  donné  trente  fois  de 
suite  à  partir  du  8  janvier  1706  ;  Néron  y 
dans  la  même  année,  puis  Florintùi  ei 
Daphnéyen  1708.  U  écrivit  en  outre 
beaucoup  de  musique  pour  l'église  et 
pour  les  instruments.  Il  parait  avoir  fait, 
en  1707,  un  premier  voyage  en  Italie; 
mais  il  n'y  travailla  pour  aucun  théâtre. 
Ce  ne  fut  qu'en  1709  qu'il  sa  rendit  à 
Florence,  sur  l'invitation  du  frère  de  lean 
Gaston  de  Médicis,  grand-duc  de  Tos- 
cane. Ce  prince,  héritier  de  l'amour  des 
arts  qui  a  rendu  immorteb  son  nom  et  sa 
famille,  possédait  une  belle  collection  de 
compositeurs  italiens  :  Haendel  les  lut. 


HJES 


(S68) 


UiEN 


mais  Cit  peu  frappé  des  beautés  qu'ils 
conUQ^^icnt  ;  il  est  juste  de  dire  que  les 
lul^DS  le  lot  reudirent  bien.  Quoique 
Ealrigo  à  Florence  et  Agrippina  à  Vc- 
n^  aient  obtenu  du  succès ,  le  grand 
ipmbre  de  notes  et  la  dureté  de  mélodie 
^es  compositions  de  notre  auteur,  qui 
a*avait  pas  alors  toutes  les  qualités  qui  le 
dbtinguèrent  depub,  choqua  souvent  les 
oreilles  italiennes.  Le  mot  d'un  des  mu- 
siciens les  plus  éminents  de  Fépoque  le 
prouve  assez.  Haendel,  se  trouvant  à  Rome, 
y  écrivit, à  la  prière  du  cardinal  Ottoboni, 
une  cantate  intitulée  //  Trionjo  del  tem-' 
po  ;  pendant  les  répétitions,  Corelli  n'exé- 
cutant pas  sa  partie  dans  le  goût  du  mu- 
sicien allemand,  celui-ci,  avec  cette  bru- 
talité et  cette  hauteur  qui  se  font  remarquer 
trop  souvent  dans  les  circonstances  de  sa 
vie,  se  précipita  sur  le  violonbte,  arra- 
cha rinstrument  de  ses  mains  et  se  mit  à 
jouer  le  passage.  Corelli,  dont  la  douceur 
et  la  modestie  égalaient  les  talents,  se  con- 
tenta de  répondre  :  Que  voulez^vous , 
mon  c/ter  Saxon?  cette  musique  est  dant 
le  style  français^  auquel  ;e  n* entends 
rien, 

Hsendel  resta  six  ans  en  Italie,  et  il  pa- 
raît ne  s'en  être  éloigné  que  faute  d'en- 
gagement. Dans  son  voyage,  il  connut  a 
Florence  une  cantatrice  nommée  Vitto- 
ria,  dont  le  grand-duc  était  épris:  Haen- 
del devint,  dit-on,  le  rival  heureux  du 
prince,  qui  n'en  témoigna  aucun  rcssenli- 
ment  et  continua  de  le  traiter  avec  la 
même  bonté.  A  Rome,  on  voulut  le  faire 
catholique,  mais  on  ne  put  le  déterminer 
à  changer  de  religion  ;  il  ne  fit  toutefois 
aucune  difQculté  d'écrire  des  motets  et 
^es  psaumes  sur  paroles  latines. 

Résolu  de  rentrer  dans  sa  patrie,  Ha^n- 
clel  s'arrêta,  en  passant,  à  Hanovre,  où  il 
trouva  maître  de  chapelle  de  l'électeur 
le  célèbre  Agostino  Steffani ,  qu  il  avait 
connu  à  Venise  ;  il  en  re^ut  l'accueil  le 
plus  gracieux,  et  Steffani,  qui  devait  bien- 
tôt résilier  son  emploi,  présenta  Hxndel 
xx)mme  son  successeur.  Le  prince,  charmé 
tratlacher  à  sa  petite  cour  un  si  beau  ta- 
lent, offrit  à  Hxndel  1,500  écus  d'ap- 
pointements. Le  musicien  hésitait,  car  il 
était  dans  l'intention  de  se  rendre  en  An- 
(jleterre  et  avait  pris  à  cet  égard  quelques 
fiogagemeui»)  l'électeur  de.  Hanovre  lui 


ferma  la  bouche  en  loi  offirut  i 
d'un  an  pendant  lequd  soa  ti 
lui  serait  payé  comme  s'il  eût  n 
fonctions.  Il  était  difBcile  de  ne 
der  à  de  telles  offres  :  Hcod 
pour  Londres,  écrivit  en  quato 
l'opéra  de  Rinaldoy  qui  n'obti 
succès  médiocre,  mais  dont  les  a 
fort  recherchés. 

De  reinur  à  Hanovre,  il  coi 
douze  duos  de  chambre,  qui  fa 
tout  accueillis  avec  un  égal  enthi 
Après  un  séjour  de  deux  ans.  Ha 
tint  un  nouveau  congé ,  repu 
l'Angleterre,  où  il  finit  par  ouh 
était  maître  de  chapelle  de  l'ék 
Hanovre.  Il  écrivit  un  Te  Deik 
Jubilate  à  l'occasion  de  la  p 
trecht  :  ces  deux  morceaux  lui 
une  pension  de  la  reine  Anne  el 
blit  définitivement  à  Londres.  Ce 
la  reine  étant  mbrte  le  20  juilb 
un  acte  du  parlement  appela  Tel 
trône,  et  bientôt  il  régna  sous  h 
George  I*'.  Ha*nde1  n'osa  para 
cour  ;  mais  un  de  ses  anciens  pro 
qui  l'avait  connu  à  Hanovre,  le 
Kielmansegg,  saisit  une  occasioi 
ble  pour  obtenir  son  pardon, 
composer  divers  morceaux  de 
instrumentale  qui  furent  exécul 
fête  donnée  au  roi  sur  la  Tami 
cueillis  plus  tard  sous  le  nom  < 
que  d'eau  [water^musir).  Peu 
après,  le  célèbre  Geminiani  dev: 
un  solo  de  violon,  le  baron  dit  ai 
Haendel  seul  était  capable  de  l'i 
gner  :  George  y  ayant  consenti 
sicien,  après  Texécution,  exp 
monarque  son  regret  de  Tavoir 
sa  grâce  fut  bien  vite  obtenue, 
tement  réglé,  et  il  fut  chargé 
*ner  des  le^ns  aux  princesses 
roi. 

Dès  son  premier  voyage,  Hsi 
été  recherché  de  la  plupart  d 
seigneurs  de  la  cour  :  le  comte 
lington  avait  voulu  l'avoir  dam 
son  ;  il  passa  de  là  chez  le  duc  < 
dos.  Ce  fut  chez  ce  dernier  qu'il 
la  pastorale  anglaise  Âcis  et  i 
Il  envoyait  en  mi'me  temps  à  P 
Hambourg ,  premier  théâtre  di 
ces,  Amadis  et  Theseus  sur  par 


nMsx 


(869) 


HiEN 


elle  PasêorjMo  \  ']  les  iu- 
U  était  eoeore  c  le  duc  de 
y  à  CmnoDS-Caf  ,  lorsque  la 
Memt  imagina  de  former  une 
Ml  poar  fiiire  représenter  à  Hay~ 
ei  opéras  dn  célèbre  Allemand. 
îplion  fîit  remplie  avec  une  celé- 
:  on  ne  trouve  d'exemple  que 
îche  pays  ;  le  roi  voulut  que  son 
ffât  en  tête  pour  une  somme 
dble  et  que  le  nouvel  Opéra  prit 
^Académie  royale  de  Musique, 
rf  partit  aussitôt  pour  Dresde, 
le  troupe  dans  laquelle  se  trou- 
iDcescoBemardi,plus  connu  sous 
n  Senesino,  et  Marguerite  Du- 
Le  nouveau  théâtre  s'ouvrit  sous 
heureux  auspices;  mab,  après 
années  de  succès,  des  querelles 
violences  de  Haendel  et  de  la  du- 
I  apportait  dans  ses  rapports  avec 
rtistes,  firent  éclater  une  division 
igea  en  deux  camps  tout  ce  qui 
laitde  loin  ou  de  près  au  théâtre, 
t  Senesino  qui  leva  Fétendard  de 
e,  traitant  le  directeur  de  tyran 
int  de  se  soumettre  à  des  ordres 
lans  aucune  forme ,  sans  aucun 
■enL  Deson  côté,  Haendel  exigea 
Ida  chanteur;  mais  celui-ci  était 
■é  da  public  pour  ne  pas  être 
par  un  parti  formidable.  Le 
ttear  déclara  qu'il  ne  voulait  à  Ta- 
i  écrire  pour  lui,  ni  avoir  avec  lui 
idre  rapport ,  et  il  engagea  la  fa- 
Fanstioa  Bordoni,  depuis  épouse 
e;  nib  de  nouvelles  divisions  sur- 
ntre  les  partisans  de  cette  canta- 
ceox  de  la  Cuzzoni,  autre  virtuose 
•et  chérie  du  public^.  Ces  guerres 
0  finirent  par  ruiner  le  théâtre, 
famé  en  1728;  Hxndely  avait 
^  opéras. 

1 U  dissolution  de  la  société  for- 
r  la  noblesse,  Hxndel  s'associa  un 
directeur  de  spectacles ,  réunit 
ivdie  troupe  et  rouvrit  le  théâtre 
-Uirket;  mais  il  ne  put  soutenir 
irreiice  de  la  compagnie  formée 
■rtisans  du  Senesino,  qui  engagea 
oe  chanteur,  puis  lui  adjoignit  un 
itrat,  Charles  Broschi ,  si  célèbre 
tom  de  Farinelli  {voy.)y  et  firent 

.  à  VuU  Cajurr,  T.  V,  p.  409,  la  note. 

fchp.  d.  G,  d.  M.  Tome  XUI. 


venir',  pour  dhriger  la  partie  musicale  et 
écrire  desopéras  nouveaux,  le  compositeur 
napolitain  Mcolas  Porpora  {voy,),  H«n- 
del  dut  bientôt  quitter  le  théâtre  de  Hay- 
Market,  où  la  troupe  rivale  alla  s'établir. 
Cependant  le  grand  compositeur  ne  se  lais- 
sa point  abattre  :  il  s'établit  avec  d'autres 
chanteurs  au  théâtre  de  Lincoln's  fields, 
donna  sans  succès  plusieurs  nouveaux  opé- 
ras, et  dut  enfin  renoncer  à  une  entreprise 
dans  laquelle  il  avait  perdu  sa  fortune,  sa 
santé,  et,  ce  qui  était  encore  pire,  une 
partie  de  la  considération  dont  il  jouis- 
sait auparavant.  Comme  ses  maux  allaient 
toujours  croissant,  les  médecins  lui  con- 
seillèrent les  eaux  de  Tunbridge  ;  mais  sa 
maladie  ne  fit  qu'empirer,  ses  facultés 
même  parurent  s'altérer,  et  en  même 
temps  son  bras  droit  fut  frappé  de  para- 
lysie. On  crut  que  les  bains  d'Aix-la- 
Chapelle  lui  seraient  favorables  :  il  s'y  ren- 
dit, et,  en  effet,  au  bout  de  six  semaines, 
ses  souffrances  se  calmèrent  et  il  put  faire 
usage  de  son  bras.  Il  revint  à  Londres  en 
1736,  armé  d'un  nouveau  courage,  et  fit 
représenter  dans  les  quatre  années  qui 
suivirent  plusieurs  opéras  qui  furent  froi. 
dément  accueillis.  Ses  amis,  dans  l'espoir 
de  relever  sa  fortune  et  sa  réputation , 
ouvrirent  une  souscription  pour  une  col- 
lection de  ses  œuvres  et  partagèrent  avec 
lui  la  douleur  d'en  voir  les  frais  à  peine 
couverts. 

Alors  (1740)  il  renonça  complète- 
ment au  théâtre  et  se  mit  à  éa*ire  ces 
admirables  oratorios  qui  ont  survécu  à 
ses  opéras,  même  aux  plus  beaux,  et  l'ont 
placé  à  une  si  grande  hauteur  parmi  les 
compositeurs  de  toutes  les  nations.  Ces 
drames  sacrés,  où  souvent  Hxndel  sem- 
ble se  complaire  dans  le  sublime  et  où 
se  trouvent  unies  les  richesses  de  l'in- 
vention et  de  la  science,  relevèrent  tout 
à  coup  sa  réputation  et  sa  fortune;  t|>ute 
la  capitale  voulut  les  entendre ,  et  l'af- 
fluence  fut  d'autant  plus  grande  qu'ils 
étaient  exécutés  à  une  époque  de  l'année 
pendant  laquelle  tous  les  théâtres  sont 
fermés.  Aussi ,  dans  les  onze  années  qui 
suivirent,  l'auteur  n'interrompit- il  la 
composition  des  oratorios  que  pour  écrire 
quelques  pièces  de  musique  instrumentale. 
Vers  la  fin  de  1750,  la  vue  de  Haendel 
s'affaiblit,  et  la  cécité  fut  complète  à  la 

24 


njEfi 


(170) 


HifiR 


fin  de  1 75 1 .  Le  malade  se  soumît  à  To- 
pératioD  de  la  cataracte,  qui  ne  réussit 
point.  Il  accepta  son  sort  avec  résigna- 
tion ,  mais  tomba  dans  une  grande  tris- 
tesse et  ne  songea  plus  qu'à  former  un 
élève  capable  de  le  remplacer  dans  la  di- 
rection de  ses  oratorios  :  ce  fut  Smith , 
fils  de  son  copiste ,  qui  eut  la  glorieuse 
tâche  de  conserver  les  traditions  du  grand 
musicien.  Hxndel  passa  dans  un  calme 
profond  les  dernières  années  de  sa  vie.  Un 
affaiblissement  général  de  ses  forces  lui 
fit  prévoir,  dès  le  commencement  de  1 758, 
que  sa  fin  était  prochaine  ;  cependant  il 
languit  jusqu'au  14  avril  1759.  Il  fut 
enterré  à  Westminster,  au  milieu  des  rois 
et  des  grands  hommes  de  l'Angleterre. 
De  superbes  funérailles  furent  célébrées 
en  son  honneur,  et  l'anniversaire  en  fut 
renouvelé  à  plusieurs  reprises,  toujours 
avec  une  grande  magnificence.  Le  tom- 
beau en  marbre  blanc,  qui  renferme  sa 
dépouille,  a  été  élevé  aux  frais  du  doc- 
teur Pearœ,  évéque  de  Kochester. 

Hirndel  n'étak  pas  seulement  un  grand 
compositeur ,  il  était  aussi  fort  habile  sur 
plusieurs  instruments,  notamment  sur  la 
harpe,  alors  fort  limitée  et  fort  peu  cul- 
tivée ;  Dominique  Scarlatti  (vux*)  f^ui^it  le 
plus  grand  cas  de  son  talent  en  ce  genre. 
Mais  c'est  surtout  le  clavecin  et  l'orgue 
qu'il  a  pratiqués  avec  un  immense  suc- 
cès; Jean-Sebastien  Bach  (voy.)  était 
sous  ce  rapport  seul  capable  de  lutter 
avec  lui.  Longtemps  il  avait  attiré  une 
société  choisie  en  jouant  des  pièces  d'or- 
gue à  Saint-Paul  de  Londres;  et  plus 
tard,  dans  ses  oratorios,  il  se  plaisait  à 
introduire  un  morceau  d'orgue  avant  les 
dernières  parties  de  l'ouvrage.  Cette  ha- 
bitude s'est  conservée. 

Nous  avons  déjà  dit  que  le  défaut  sail- 
lant du  caractère  de  Ha^ndel  était  une 
habitude  de  violence  et  une  grossièreté 
de  formes  qui  rendaient  désagréables 
les  relations  qu'on  avait  avec  lui;  sa 
grande  confiance  en  son  propre  mérite 
avait  aussi  trop  souvent  Tapparence  de 
Torgueil.  Il  tenait  ces  défauts  de  ses  ha- 
bitudes et  de  ses  goûts  particuliers  :  tou- 
te société  lui  étant  importune,  il  ne  sor- 
tait que  pour  c&crcer  les  emplois  dont  il 
trtait  chargé.  Trois  amis  seulement  avaient 
«cctf  chef  lui  :  son  élève  Smith,  un  |H'iii- 


tre  et  un  teinturier.  A  rexoeptio 
liaison  avec  la  cantatrice  Vittori 
n'est  peut-être  qu'une  anecdote  oo 
vée  ,  il  vécut  dans  le  célibat  le  p 
goureux.  Il  aimait  le  vin  et  la 
chère,  mais  jamais  ce  goût  ne  fit 
sa  fortune  et  ne  le  détourna  de  I 
Chez  lui,  il  ne  cessait  d'écrire  ou  d 
du  clavecin  :  aussi  cette  assiduité . 
vail  peut  -  elle  seule  expliquer  la 
gieuse  fécondité  de  notre  compc 
qui,  obligé  à  plusieurs  reprises  d 
prendre  de  longs  voyages,  a  su  tro 
temps  de  conduire  afin  des  travai 
la  partie  matérielle  seule  étonne  I 
nation. 

Ce  qui  caractérise  surtout  le  ti 
Ila^ndel,  c'est  une  élévation  de  si 
captive  d'abord  l'attention  et  le  se 
un  instant  des  données  vulgair 
con^'oit,  ea  ce  qui  concerne  ses  a 
tions  théâtrales,  qu'il  n'ait  pas  t 
été  goûté  et  que  les  chanteurs 
surtout  se  soient  peu  complu  à  I 
tion  d'une  musique  dont  les  1 
toujours  sévères ,  n'étaient  pas  « 
d'une  certaine  apreté,  et  en  codm 
se  prêtaient  difficilement  à  rex| 
douce  et  pénétrante  d'un  chant  | 
et  accentué.  Du  reste,  c'est  dans  i 
torios  que  liaendel  s'est  montré  i 
ritable  place  :  il  y  déploie  toutrs 
sources  de  son  génie;  la  mélodie  : 
sente  toujours  large  et  grandiose 
quefois  sombre  et  terrible,  elle  e 
d'autres  moments,pleine  d'une  pie 
tion  et  semble  l'ev pression  vraie  d 
de  l'âme  vers  la  Divinité.  I.^es  ac 
gnenentsqui  la  soutiennent  sont  I 
écrits  avec  pureté  et  sagesse;  la 
de  l'auteur  ne  s'y  montre  jamab 
propos  :  il  ne  veut  point  épuiser 
ment  des  forces  dont  il  saura  se  a 
temps  utile  pour  exciter  et  rofli 
l'enthousiasme.  C'est,  en  effet,  < 
inimitables  chœurs  fugues  que,  i 
mais  perdre  un  instant  de  %ue  le 
paroles,  il  étale  toutes  les  ricbcM 
tes  les  variétés  du  c*ontrr point  ;  I 
chauffe  du  feu  de  son  génie  ;  lia 
ble  mine  où  il  pnise  ses  prértev 
riaux  les  lui  fournit  avec  uoei 
profusion.  >'ous  l'entendez  parlb 
tire  un  ton  si  éle%«*  que   «oui 


HJÎN 


(3li) 


HAF 


■e  poom  le  sooleDÎr  ;  mais  il  con- 
m  feree ,  il  sait  qaVUe  lai  suffira 
fovi  conduire  de  surprise  en  sur- 
et TOUS  laisser  à  la  fia  sous  le  charme 
ipreasiou  la  plus  pathétique  et  des 
■blimes  accords.  G^est  surtout  sous 
im  de  Tue  que  Mozart,  autre  {^éoie 
«BÎer  ordre  y  après  aroir  fait  une 
i  approfondie  d»  ouvra^  de  Hsn- 
le  dédara  le  preuiier  des  composi- 


tcaractère  du  talent  de  Haendel  peut 
rapproché  de  celui  de  Michel-Ange. 
:  cax,  même  force  d'invention  et 
c  Béprîs  pour  la  mesquinerie  du 
et  des  formes  y  même  goût  dps  pro- 
hardies  et  grandioses^  même  éloi- 
dn  faux  goàt  et  même  disposi- 
à  s'abandonner  sans  défiance  et  sans 
aétnde  au  génie  qui  les  dominait  et 
Mut  sans  cesse  les  pousser  yers  le  su- 
it; Ce  parallèle,  que  chacun  peut 
R  et  développer,  est ,  avec  l'opinion 
loiart,  le  plus  bel  éloge  qu'on  puisse 
ide  notre  immortel  compositeur. 
iticBvre  de  Hxndel  se  compose  :  1<*  de 
ipéns,  dont  8  allemands,  26  italiens 
Il  anglais;  T*  de  20  oratorios;  3^  de 
Hitè  de  musique  d'église  sur  paroles 
■o^  allemandes  ou  anglaises;  4^  d'un 
i^and  nombre  d'airs  détachés,  ou- 
feide  la  jeunesse  de  l'auteur  ;  5^  d'en- 
H  200  cantates  avec  accompagnement 
isfecin  ;  C*  de  duos  et  trios  avec  basse 
ibae;  7*  de  cantates  avec  orchestre, 
wk  lesquelles  se  trouve  la  grande  pièce 
Iriée  Féie  tt Alexandre  \  8<»  de  pièces 
r  divers  instruments  :  les  plus  impor- 
ta sont  pour  l'orgue  et  le  clavecin. 
I  grande  partie  de  ces  ouvrages  a  été 
léeaéparément  en  Angleterre.  On  en  a 
fié  deux  collections  incomplètes  l'une 
Wire:  la  première  a  été  donnée  par 
lÉ;  Arnold  a  été  l'éditeur  de  la  se- 
lle. Uœ  biographie  de  Hxndel  parut 
«■dresen  1760,  sous  le  titre  de  Me^ 
moflipe  af  thelate  G.  F.  Handety  1 
i*.  Celte  notice,  écrite  sur  les  rensei-  « 
■Knts  fournis  par  Smith,  son  élève,  a 
k  source  à  laquelle  ont  puisé  tous  les 
ta  biographes;  Mattheson  en  fit  une 
allemande  accompagnée   de 
intéressantes  sur  les  débuts  de  son 
dans  la  carrière  musicale; 


Suard  <ionna,  dans  les  Variétés  Uuétaires 
(t.  I",  p.  302,  édît.  de  1804), un  élégant 
abrégé  du  même  ouvrage.  Enfin,  depuis 
1770,  on  compte  douze  ou  quinze  bio- 
graphies de  Hsndel  publiées  séparément 
ou  dans  des  recueils.  Toutes  célèbrent  à 
l'envi  la  gloire  du  grand  musicien  que  les 
Anglab  ont  fini  par  regarder  comme  leur 
compatriote,  et  qui,  de  tous  les  composi- 
teurs étrangers  ou  indigènes  ayant  écrit 
sur  des  paroles  anglaises,  est  assurément 
le  plus  illustre.  J.  A.  de  L. 

HAFF.  Ce  mot  allemand,  dont  il  a 
déjà  été  question  à  l'article  FaiscH-HAFF, 
signifie ,  comme  l'ancien  mot  Scandinave 
haj y  mer  ou  partie  de  la  mer;  et  de  là 
sont  venus  les  mots  havriy  Hafen  et  ha^ 


9re ,  qui ,  en  danois ,  allemand  et  fran- 
çais ,  signifient  un  port  de  mer.  Le  mot 
Haff  s'est  conservé  dans  la  mer  Balti- 
que, particulièrement  sur  les  cotes  de  la 
Prusse.  D-G. 

HAFFNER  (Isaac),  théologien  sa- 
vant et  l'un  des  prédicateurs  protestants 
les  plus  distingua  de  notre  époque.  Né  à 
Strasbourg,  le  4  décembre  1 75 1 ,  il  fut  de 
bonne  heure  envoyé  au  gymnase  de  la 
ville  pour  y  faire  ses  premières  études. 
Malheureusement  cette  espèce  de  collège, 
aujourd'hui  florissant,  était  alors  livré  à 
la  routine,  et  l'état  longtemps  maladif  du 
jeune  élève  ne  lui  eût  pas  permis  de  faire 
beaucoup  de  progrès  quand    même    il 
aurait  reçu  de  professeurs  plus  habilcâ 
une  instruction  moins  négligée.  A  la  dif- 
férence du  gymnase,  l'université  de  Stras- 
bourg possédait  alors  des  professeurs  dis- 
tingués parmi  lesqueb  il  suffit  de  nom« 
mer  Oberlin  et  Schweighaeuser ,  si  célè- 
bres dans  le  monde  savant.  Haiîner  trouva 
dans  leurs  cours  et  dans  ceux  de  MûUcr, 
de  Beykert,  de  Lorenz,  ce  qu'il  fallait 
pour  aider  l'activité  de  son  esprit.  Il  s'ap- 
pliqua surtout  à  l'étude  de  la  morale,  de 
l'éloquence  sacrée  et  de  l'histoire  ecclé- 
siastique, n  existait  alors  à  Strasbourg 
une  société  littéraire  où  les  étudiants  les 
plus  distingués  de  l'université  s'exerçaient 
à  des  compositions  sur  différents  sujets, 
et  à  laquelle  prenaient  part  Gœthe,  Lenz, 
Jung  (Stilling),  et  plusieurs  autres  des 
jeunes  étrangers  qui  faisaient  alors,  eu 
si  grand  nombre,  leurs  études  à  Stras- 
bourg. Ces  réunions  enlreleoaieat.  dSkO^ 


Uaf 


{ 3«  ) 


HA» 


Cf^tte  jeunesse  studieuse  une  noble  ému- 
latîoD ,  et  rechange  d'idées  qu'elles  pro- 
voquaient agissait  puissamment  sur  l'es- 
prit de  HafTner.  Celui-ci,  après  avoir 
terminé  son  cours  de  théologie,  quitta  sa 
ville  natale  pour  faire  un  voyage  littéraire 
en  Allemagne.  Il  passa  quelque  temps  à 
Gœttingue,  où  les  trésors  de  la  bibliothè- 
que de  l'université  contribuèrent  à  éten- 
dre ses  connaissances  et  à  élargir  le  cercle 
de  ses  études.  A  Leipzig,  le  célèbre  Zol- 
likofer  l'intéressa  principalement  :  les  ser- 
mons de  ce  prédicateur  protestant  et  les 
entretiens  que  Haifner  eut  avec  lui  déve- 
loppèrent son  goût  pour  la  prédication,  et 
lui  firentcomprendretoutce  que  l'orateur 
sacré  doit  faire  d*efforts  pour  se  rendre  di- 
gne de  sa  haute  vocation.  Après  avoir  vi- 
sité encore  Weimar,  Dresde,  Halle,  Berlin 
et  d'autres  villes  importantes  de  l'Allema- 
gne, il  alla  rejoindre  son  ami  et  ancien 
condisciple  Blessig  (voy.)  à  Paris,  où  il 
s'attacha  principalement  à  étudier  les 
grands  ouvrages  d'art  et  de  littérature 
qui  font  la  gloire  de  la  France. 

Revenue  Strasbourg,  en  1780,  après 
une  absence  d'environ  trois  ans,  HafTner 
fut  nommé  prédicateur  à  l'église  fran- 
çaise, place  qu^il  échangea  quelques  an- 
nées plus  tard  contre  celle  d^aide-prédi- 
cateur  des  églises  protestantes  [Frriprr- 
diger),  ?îommé  professeur  de  théologie 
en  1788,  il  faisait  depuis  cette  époque 
des  cours  d'exégèse  du  Nouveau-Testa- 
ment et  d'introduction  au  même  livre 
sacré,  des  cours  sur  le  dogme,  sur  Thistoi- 
re  des  dogmes,  etc.,  lorsque  la  révolution 
de  89  et  le  régime  de  la  terreur  qui  la 
suivit  vinrent  interrompre  ces  paisibles 
occupations.  HafTner  avait  eu  le  double 
tort  de  pratiquer  le  ministère  du  culte 
et  de  se  refuser  à  rétracter  les  doctrines 
qu'il  avait  professées.  Il  fut  déclaré  sus- 
pect et  jeté  en  prison.  La  hache  révolu- 
tionnaire menaça  longtemps  sa  tête  :  au 
bout  de  deux  ans  seulement,  il  fut  rendu 
à  sa  femme  et  à  ses  livres.  Tous  les  jours 
il  augmentait  le  nombre  de  ces  derniers, 
jetant  les  bases  de  cette  précieuse  biblio- 
thèque dont  nous  aurons  à  parler  dans 
le  cours  de  cette  notice.  Bientôt  il  reparut 
dans  la  chaire  évangélique,  et  au  bout  de 
quelques  semaines  ;1796)  les  vœux  d*une 
communauté  nombreuse  l'appelèrent  à 


remplir  au  temple  Saint-Nîcola 
tions  de  prédicateur,  dont  il 
toute  sa  vie  avec  une  rare  saper 
concert  avec  son  ami  Blessig,  il 
sir,  vers  cette  époque,  dans  les 
Strasbourg  un  nouveau  livre  de* 

£n  1803,  l'ancienne  unii 
cette  ville  ,  fondation  protesi 
date  du  temps  de  la  réformatio 
constituée  sous  le  nom  d^acadi 
testante  (aujourd'hui  séminair 
tant).  Haffner,  compris  pam 
professeurs  dont  se  compose  a 
sèment  ecclésiastique  (où  les  je 
diants  n'arrivent  aux  cours  de 
qu'apr^  avoir  fortifié  et  tem 
études  en  philologie  et  eo  phil 
prononça  à  cette  occasion  le  disi 
imprimé  sous  ce  titre  :  De, 
que  Vétude  des  langues ^  de  Vfu 
la  philosophie  et  de  la  li itérai» 
à  la  théologie  (Sinsb. y  1804^, 
nombreux  lecteurs.  Lorsqu^ui 
de  théologie  eut  été  créée  i^^  1 8 1  * 
l'académie  de  Strasbourg,  Haffi 
vint  le  premier  professeur  et 
Peu  de  temps  auparavant,  la  m^ 
té  à  Funiversité  de  Halle  lui  ai 
tanément  envoyé  le  diplôme  de 

Depuis  longtemps  (1804)  Ti 
specteurs  ecclésiastiques  des  ég 
testantes  de  l'Alsace,  il  devint, 
membre  du  directoire  (^vor.)^ 
cette  position ,  il  se  trouva 
la  tête  de  tous  les  consistoires  c 
fession  d'Augsbourg  en  Franc 
éclairé  qu'il  développa  dès  lors 
l'influence  la  plus  décisive  dans 
affaires  du  culte  luthérien;  nu 
sidération  générale  dont  il  joui 
pas  à  lui  susciter  des  attaques 
de  quelques  zélateurs  au  gré  d 
foi,  entachée  de  rationalisme,  o 
orthodoxe,  mais  reposait  sur  u 
erreur.  Une  vive  polémique  h 
qu'en  1819  il  fit  paraître,  en 
Bible  publiée  aux  frais  de  la  Soc 
que  de  Strasbourg,  une  introc 
la  fois  savante  et  populaire,  à  I 
vres  de  TAncicn  et  du  >'ouvc 
ment.  HafTner  consentit  à  déU 
préfac*e  de  Tédition  de  la  Soci 
(]ue;  mai»  il  la  maintint  dans  t 
iieur,  et  ne  daigna  répondre  à 


HAF  (373)  HAF 

|H(IActi  qu'on  lançait  contre  lai.  En  |  leyrand  à  PAssemblée  nationale  j  et  jouit 


mi, il fnt nommé  membre  de  la  Légion- 
Anmcor,  justice  tardive  rendue  à  un 
■faite  émiaent  qui  depuis  longtemps  était 
lÉnrédiosPAIlemagne  protestante  aussi 
lin (p^en  Alsace.  Lorsqu'il  célébra,  en 
jttMfion  jubilé  de  prédicateur,  après 
le  ans  d'exercice ,  tous  les  protes- 
te de  France  et  en  particulier  ceux  de 
tâhice  lui  témoignèrent  la  plus  vive  re- 
Mnjjjiuoe  des  services  par  lui  rendus  à 
hn églises;  des  épitres,  des  discours  des 
Mrceuixde  vers  en  toutes  les  langues  fu* 
M  composés  en  l'honneur  de  cette  fête, 
MnK  eo  or  ciselé  par  Rirstein  {voy, 
lTI,p.  106),  et  que  conserve  religieu* 
h  piété  de  sa  fille  unique  (femme 
IL  Martin  de  Strasbourg) ,  fut  pré- 
SQ  digne  vieillard  comme  un  sou- 
de ses  collègues,  de  ses  disciples  et 
m  nombreux  amis.  Sa  mort  suivit  de 
cttte  belle  fête,  à  l'occasion  de  la- 
il  était  monté  encore  une  fois  dans 
ckûre  d'où  sa  puissante  parole  avait 
les  âmes  pendant  toute  une 
:  il  expira  le  27  mai  1831,  et 
fote  (ut  vivement  ressentie  non-seu- 
à  Strasbourg,  où  son  nom  était 
,  mais  dans  toute  la  province, 
U  grande  majorité  des  pasteurs 
sortie  de  son  école. 
*^*Midéré  comme  savant,  Haffner  se 
it  par  une  érudition  aussi  vaste 
|i  profonde.  Sa  ricbe  bibliothèque,  qui 
"Baillait toute  espèce  de  recherches  et 
)  eo  était  pour  ainsi  dire  l'image 
'e>  Les  observations  curieuses  et 
t  piquantes  qu'il  a  ajoutées  au  ca- 
■J'I'*  écrit  de  sa  main  et  qui  a  été  im- 
^  (Strasb.,  1832,  2  vol.  in-8o), 
r*"uit  qa'ii  avait  une  connaissance 
ttf^i^&HMlie  des  ouvrages  qui  la  compo- 
■W,et  qu'il  savait  caractériser  avec 
*jW  de  justesse  que  de  concision  ceux 
privaient  particulièrement  intéressé. 
Codant,  malgré  son  immense  érudi- 
Mi  Haffner  a  fort  peu  écrit  ;  tous  les 
^Miaits  de  sa  plume  peuvent  être  réunis 
ttiii  on  huit  volumes  ordinaires.  Son 
tailé  De  V Éducation  littéraire  (  Stras- 
koig  et  Paris,  1 792  )  est ,  avec  le  dis- 
fiPMs déjà  cité,  le  seul  ouvrage  qu'il  ait 
■biîéen  fran^is.  Il  était  dirigé  en  grande 
mie  contre  le  célèbre  rapport  de  Tal- 


d'une  grande  réputation  en  Allemagne  ; 
en  France,  il  est  malheureusement  peu 
connu  :  on  y  puiserait  cependant  d'ex- 
cellentes idées  sur  l'organisation  des  uni- 
versités et  en  général  des  établissements 
concernant  les  hautes  études.  Mais  c'est 
principalement  sur  ses  Sermons  que  se 
fonde  la  haute  réputation  de  HafTner. 
Presque  tous  sont  écrits  en  allemand  ;  ils 
ont  paru  sous  le  titre  de  Fest'Predigtcn 
(Strasb.,  1801,  2  vol.  in-8«),  et  de  Pre- 
digten  und  Homilien  (ibid. ,  1823  et 
26,  2  vol.  in-8o).  Négligeant  ces  sujets 
rebattus  qui  s'adressent  à  l'imagination 
plutôt  qu'au  raisonnement  solide,  il  s'at- 
tache à  développer  des  questions  d'une 
utilité  pratique  et  qui  intéressent  la  vie 
et  les  mœurs  autant  que  la  foi.  Plusieurs 
de  ces  discours  tracent  d'excellents  ta- 
bleaux psychologiques,  par  exemple, 
lorsqu'il  analyse  le  caractère  de  saint 
Pierre,  d'Hérode,  de  Pilate,  de  Judas,  etc.  : 
il  descend  alors  dans  les  profondeurs  du 
cœur  humain,  y  recherche  jusqu'aux 
mobiles  les  plus  secrets  de  nos  actions , 
les  qualités,  les  défauts  qui  sont  l'essence 
de  la  nature  humaine  ;  il  met  à  nu  les  vi- 
ces les  plus  cachés,  les  plus  rebelles,  et 
indique  les  moyens  de  les  combattre  ;  il 
fait  aimer  et  admirer  la  beauté  d'une 
vertu  pure  et  les  jouissances  de  la  vie 
d'un  vrai  chrétien.  Les  sujets  qu'il  a  trai- 
tés de  préférence  sont  plutôt  du  domaine 
de  la  morale  que  de  celui  du  dogme.  Ce- 
pendant il  a  souvent  abordé  avec  le 
même  talent  des  sujets  dogmatiques,  tels 
que  le  but  de  la  mort  de  Jésus-Christ , 
sa  résurrection  et  son  ascension ,  mais 
toujours  en  appliquant  le  dogme  à  la 
morale  et  en  faisant  voir  l'importance 
d'une  foi  sanctifiée  par  les  œuvres.  Le 
style  des  sermons  de  Haffner,  surtout  de 
ceux  publiés  en  1823  et  1826,  est  clas- 
sique :  aussi  consacrait-il  beaucoup  de 
temps  et  de  soin  à  la  construction  des 
périodes,  à  leur  harmonie,  à  leur  effet 
pour  ainsi  dire  musical;  car,  disait-il, 
une  phrase  bien  construite  trouve  plus 
facilement  le  chemin  de  l'esprit  et  du 
cœur.  En  songeant  que  pendant  de  lon- 
gues années  Haffner  monta  en  chaire 
chaque  dimanche,  que  rarement  il  prê- 
cha un  discours  pour  la  seconde  fou ,  et 


HAF 


(874) 


HAF 


qiril  trait  une  roémoire  ingrate  loas  ce 
rapport,  on  comprendra  quelle  devait  être 
la  fécondité  de  ion  esprit,  qui  trouvait 
pour  chaque  lermon  des  idétt  neuves  et 
vraies,  des  sujets  intéressants  et  variés, 
toujours  traita  avec  un  talent  supérieur. 
Aussi  jamais  prédication  n'a  été  suivie 
comme  la  sienne  et  n'a  excité  au  même 
point  l'intérêt  de  toutes  les  classes  de  la 
société.  Toute  sa  vie,  son  auditoire ,  dont 
il  avait  élevé  à  sa  hauteur  les  moins  in- 
struits ,  lui  resta  fidèle  et  soutint  la  fai- 
blesse de  son  organe  par  une  infatigable 
attention. 

La  conversation  de  Haflner  était  fa- 
cile ,  enjouée  et  spirituelle  ;  des  saillies , 
des  observations  aussi  justes  que  brillan- 
tes et  inattendues,  une  légère  ironie 
quelquefois  poussée  jusqu'au  sarcasme, 
donnaient  à  ses  entretiens  un  charme  inex- 
primable. De  temps  à  autre ,  cette  ironie 
se  glissait  même  dans  ses  sermons  ;  mais 
ce  fut  dans  ses  cours  qu'il  donnait  libre 
carrière  à  son  esprit  caustique;  il  frap- 
pait l'auditeur  par  la  finesse  de  ses  obser- 
vations, après  l'avoir  évnaé  pour  ainsi 
dire  du  poids  de  son  érudition.  Ami  de 
la  vérité ,  HafTner  ne  cachait  jamais  ses 
opinions;  il  ne  voilait  aucune  de  ses  con- 
victions. Religieux  sans  ostentation ,  sans 
hypocrisie ,  il  était  souvent  méconnu  de 
ceux  qui  regardent  surtout  aux  démon- 
strations extérieures.  HafTner  n'a  jamais 
voulu  paraître  ce  c|u*il  n'était  pas  ;  et  si 
tous  ne  lui  ont  pas  rendu  justice,  il  se 
plaisait,  lui,  à  reconnaître  le  mérite  d'au- 
trui,  à  le  tirer  de  l'oubli,  à  lui  ouvrir  une 
carrière  ;  et,  comme  il  l'a  dit  souvent,  il 
savait  se  taire  devant  ceux  qui  disaient 
mieux  que  lui. 

Tel  a  été  le  grand  prédicateur  de  Stras- 
bourg; nous  n'héhitons  pas  à  le  placer 
au  rang  des  auteurs  classiques  de  la  lit- 
térature allemande,  et  à  voir  en  lui  Té- 
mule  le  plus  heureux  des  Znllikoler  et 
des  Reinhard.  Sa  parole  puissante  vibre 
encore  à  notre  oreille  depuis  tant  d'an- 
nées que  la  mort  l'a  glacée,  et  s«n  exem- 
ple est  un  héritage  impérissable  qu'il  a 
légué  à  la  ville  dont  il  était  l'un  desplus 
glorieux  enfants,  et  que  tôt  ou  tard  elle 
saura  remettre  en  valeur.  Te.  F. 

1I.\F1Z  'CKEMA-Eoniv  Modammed), 
réièbre  poète  persan,  naquit  k  Ghirax  au 


commencement  du  viii*  siècle  de  I 
gire.  Il  passa  sa  jeunesse  dans  réinii 
la  jurisprudence,  dont  la  théologî 
presque  inséparable  chex  les  Orica 
et  y  fit  de  tels  progrès  que  la  prof 
connaissance  qu'il  avait  acquise  àm 
ran  lui  valut  le  surnom  par  leqœl  j 
généralement  désigné  aujourd*hni*;  i 
ce  qui  a  contribué  le  plus  à  répandn 
loin  sa  réputation ,  ce  sont  ses  p« 
lyriques.  Il  a  composé  principlici 
des  ghazels  ou  odes  erotiques  qui  npj 
lent  sous  plus  d'un  rapport  les  <Â 
d'Anacréon.  Cependant  Hafix  nesek 
pas  toujours  à  célébrer  les  charmes  i 
beauté,  les  plai^tirs  de  l'amour,  le  pa 
des  fleurs  ou  le  jus  généreux  de  la  fî| 
il  s'élève  quelquefois  à  des  sujcii 
graves,  comme  dans  l'ode  sur  l'inslal 
des  choses  humaines,  dont  M.  Granj 
de  la  Grange  nous  a  donné  la  tradnd 
ou  bien  il  chante  les  bienfaits  de»s«lt 
de  Chiraz  et  de  leurs  visirs.  Le  ton 
tique  de  ses  poésies  Ta  fait  sumoi 
aussi  Lesân  ri  goib^  ou  la  langue  ■ 
rieuse.  Plusieurs,  en  effet,  renlermci 
allégories  qu'un  grand  nombre  de  < 
mentateurs  se  sont  efforcés  d'expl 
avec  plus  ou  moins  de  succès. 

Ia  faveur  dont  llafi/  jouissait  ai 
de  ses  souverains  ne  l'enorgueillit  ja 
et,  s*il  n'e»t  pas  prouvé  qu'il  soit 
dans  sa  jeunesse  dans  un  ordre  relif 
il  est  certain  au  moins  que  son  gei 
vie  se  distingua  toujours  par  une  si 
cité  digne  d'un  déniche.  Le  sullh 
Ragdad  l'ayant  invité  à  venir  à  sa 
Hafiz  refusa,  préférant,  dit  son  bi 
phe  Devlet-chah  ,  un  morceau  de 
sec  dans  sa  patrie  à  tous  les  honneu 
l'attendaient  sur  une  terre  étrangèn 
|>endant  il  crut  devoir  remerrier  da 
ghaxel  le  suUhan  Achmed  des  offres 
lantes  (|u'il  lui  avait  faites. 

Ilafi/.  était  déjà  avancé  en  âge  lo 
Timcmr  conquit  la  Perie  et  renvc 
dvnaslîe  de**  Mf»safféridrs.  Il  ne  sur 

w 

pas  longtemps  à  la  pri<«e  de  Chiraa 
1388  de  J.-C.  \  ville  dans  les  eni 
de  la()uelle  on  voit  encore  le  lofl 
qui   lui  a   été   élevé   par  un  des 

(*)  Uaji%  ugoifit  qui  rtîift,  cl  l'oa  a 
le  méiao  furoom  •  beaacoap  d'craditt  ■ 
■saat 


HAG 


(375) 


H\G 


lAbonl  Kioem  BalioUr  Bcbadour.  Ses 
iMiia,  qui  ont  élé   réuuies  après  sa 
Mrten  on  divan  ^  foDt  encore  les  déli- 
•des  Orientaux.  Quelques  écrivains  le 
^pidfDl  comme  le  meilleur  poète  lyri- 
^de  la  Perse;  mais  le  nombre  des  poê- 
^IfeipenaDS  qui  se  sont  distingués  dans  ce 
tft  si  considérable,  et  plusieurs 
iativ  eux  ont  acquis  tant  de  gloire,  que 
opinion    peut   paraître   hasardée, 
le  rapport  du  choix  des  pensées  et 
^thgnce  de  l'expression,  Enwari,  Cha- 
1,  Saadi,  ne  lui  sont  en  rien  infé* 
Les  meilleurs  manuscrits  et  les 
complets  de  Hafiz  renferment  671 
Cependant  l'édition  de  Calcutta, 
■^,  1791,  n'en  contient  que  .557,  sans 
de  7  cassides  ou  élégies.  Quelques- 
de  MB  odes  étaient  déjà  connues  en 
par  les  traductions  qu'on  en  avait 
ivant  que  M.  de  Hamroer  publiât 
TibingQe,  en   1812,  une  traduction 
■flète  du  Divan,  3  vol.  (nouv.  éd.  en 
IM).  Sa  vie,  par  Devlet-chah,  a  été 
dans  la  Chresiomathia  Persira 
M.  Wilken.  E.  H-g. 

■AGBDORN  (Frédéric  de),  poète 
qui ,  au  dernier  siècle ,  a  joui 
IWKgriDdecélébritéynaquità  H«umbourg 
S)  anil  1708.  Après  s'être  tamilia- 
f  u  gymnase  de  cette  ville,  avec  les 
de  Fantiquité  et  les  littératures 
il  alla  (1 726j  étudier  le  droit 
l^où  il  publia,  en  1729  ,  son  pre- 
iîv  rRoeil  de  poésies ,  dont  quelques- 
■Bifiient  déjà  paru,  en  1725,  dans 
!■  Protitctions  des  poètes  de  la  Bassc^ 
'■^f  de  Wcichmann.  Hagedom  partit 
■■ite  ponr  Londres ,  où  il  devint  se- 
^''^de  la  légation  danoise.  De  retour 
^Huiboarg,  il  y  obtint,  en  1733,  la  place 

*  wrèuire  près  du  comptoir  anglais. 
^MQvel  emploi  lui  laissa  assez  de  loi- 

*  ponr  continuer  à  cultiver  la  littéra- 
^ct  la  poésie,  tout  en  jouissant  des 
P**n  que  lui  offraient  Tamitié  et  le 
9**^  monde.  Il  mourut  dans  sa  ville 
■<*,  le  28  octobre  1754. 

ABJonrd'hui,  les  poésies  de  Hagedom 
**"t  peu  d*intérêt;  mais,  pour  être 
^  i  son  égard,  il  faut  le  juger  d'après 
*P^tet  les  idées  de  son  siècle.  Il  s'est 
'^''céivec  succès  dans  la  fable,  le  conte, 

*  ck«iM)n ,  et  dans  d'autres  genres  de 


poésies  légères  où,  avant  lui,  les  Alle^ 
mands  n'avaient  jamais  brillé  ;  et  il  'a  su 
se  tenir  à  une  égale  distance  du  pathos 
de  l'école  de  Lohenstein  et  de  l'aridité  de 
Neukirch.  Hagedom  manque,  il  est  vrai, 
d'imagination;  mais  il  a  un  talent  parti- 
culier à  s'approprier  les  emprunts  laits 
aux  littératures  étrangères.  Dans  une  ode 
ou  un  conte  un  peu  long,  il   échappait 
difficilement  à  l'ennui;  son  inspiration, 
flamme  passagère,  ne  suffisait  pas  pour 
dominer  quelque  sujet  important.  Mais 
son  humeur  joviale  se  déployait  à  l'aise 
dans  ces  petits  contes  dont  La  Fontaine 
lui  avait  fourni  des  modèles,  et  dans  la 
chanson  où  il  imitait  également  les  Fran- 
çab.  U  n'a  pas  de  rival  parmi  les  poètes  de 
sen  époque  pour  la  pureté  et  la  souplesse 
du  style,  ni  pour  la  facture  des  vers.  La 
meilleure  édition  des  œuvres  poétiques 
de  Hagedom  est  celle  d'Eschenburg  (5 
vol.,  Hambourg,  1 800),  à  laquelle  ont  été 
jointes  sa  biographie  et  une  appréciation 
de  l'écrivain.  La  dernière  édition,  que 
nous  sachions,  est  celle  qui  fut  publiée  à 
Hambourg  en  1825. 

Le  frère  du  poète  Hagedom,  Chris- 
tian-Louis, né  à  Hambourg  le  14  fé-- 
vrier  1713,  fut  nommé,  en  1764,  secré- 
taire de  légation  de  la  Saxe  électorale,  et 
plus  tard  conseiller  privé  de  légation  et 
d  irecteur  général  des  académies  des  arts  de 
Dresde  et  de  Leipzig.  Il  cultivait  les  beaux- 
arts  et  même  les  pratiquait,  ainsi  que 
l'attestent  les  tètes  de  caractère  et  les 
paysages  qu'il  a  gravés  en  cuivre,  en  partie 
d'après  ses  propres  dessins,  en  partie  d'a- 
près d'autres  maîtres.  Mais  ce  qui  a  fait 
surtout  sa  réputation  ,  c'est  son  livre  al- 
lemand :  Considérations  sut  ia  peinture 
(Leipzig,  1762,  2  vol.  in-8**),  ouvrage 
classique  et  véritable  trésor  d'érudition 
critique.  C  L, 

llXGGKl^  voy,  Aggee. 

UAGIOGRAPHES.  Le  mot  ho^io^ 
graphe  ou  agiographe  (de  ayioç,  saint , 
et  ypa^stv,  écrire)  s'emploie  comme  ad- 
jectif et  substantivement  ;  ainsi  Ton  dit  : 
La  partie  hagiographe  de  l'Ancien -Tes- 
tament, un  livre  hagiographe,  pour  dé- 
signer les  Psaumes,  les  Proverbes ,  l'Eo- 
clésiaste,  etc.,  en  un  mot,  ce  qui,  dans  la 
Bible,n'est  ni  deMoîse,ni  des  prophètesjet 
substantivement  on  appelle  haii/ofgnf^ 


HAH 


les  écrivains  sacrés  qui  ont  composé  ces 
tnêmcs ouvrages  avec  TassbUnce  du  Saint- 
Esprit,  mais  en  recevant  une  inspiration 
peut-être  moins  immédiate  que  les  pro- 
phètes et  Moïse,  qui  écrivaient  par  un 
ordre  spécial  de  Dieu  lui-même.  Dans 
le  Nouveau-Testament,  il  n'y  a  pas  de  par- 
tie hagio(j;raphe,  tout  y  étant  plein  de  Tes- 
prit  de  Dieu.  Ce  n'est  pas  vous  quipar^ 
iexj  a  dit  Jésus-Christ  aux  apôtres,  mais 
l'Esprit  de  votre  Père  céleste  qui  parle 
en  vous  (St.  Mathieu,  X,  20). 

Le  nom  d*hagiographe  a  pris  dès  lors  un 
sens  nouveau  et  n'a  plus  été  donné  qu'aux 
auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  vie  et  les 
actions  des  saints.  Les  plus  anciens  ha- 
giographes  sont,  parmi  les  Grecs,  au 
commencement  du  v*  siècle,  Palladius, 
l'auteur  de  la  curieuse  histoire  Lausia- 
que;  Siméon  le  métaphraste,  qui,  par 
l'ordre  de  Constantin  Porphyrogénète , 
irers  950,  entreprit  de  rassembler  les  vies 
des  saints  restées  éparses  dans  les  archives 
des  églises  et  des  monastères;  et,  chez  les 
Latins,  l'auteur  de  la  Lêgcmle  ilorve 
(vojr,  LÉGE^rDK},  Jacques  de  Varage,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Jacques  de  Vora- 
gine,  qui  mourut  archevêque  de  Gênes, 
en  1298.  Parmi  les  ha<;iographes  moder- 
nes, les  plus  célèbres  sont  les  BoUandis- 
tes  (voy.  \  Doni  Ruynart,  le  collecteur  des 
Téritables  Actes  des  martyrs  [r,  Marty- 
AOLOGEJ,  et  l'Anglais  Alban  Butler,  dont 
la  Vie  des  saints  a  été  si  bien  traduite  par 
l'abbé  Godescard  (Paris,  1763,  12  v.  in- 
8®^.  U hagiographie  ou  la  science  des  lé- 
gendes et  des  écrits  qui  traitent  de  la  vie  et 
des  actions  des  saintsest  une  spécialité  que 
doivent  étudier  avec  intelligence  les  criti- 
ques et  tous  ceux  qui  se  livrent  à  Tétude  Je 
l'histoire,  surtout  de  celle  du  moyen-àge, 
époque  où  les  plus  grands  saints  do  l'KgliM; 
ont  non-seulement  édifié  le  monde  par 
leurs  vertus,  mais  en  ont  ré^lé  les  destinées 
politiques ,  préparant  ainsi  les  voies  ù  la 
civilisation  moderne.  Sous  ce  point  de 
vue,  l'hagiographie  est  toute  la  science  du 
moyen-age;  c'est  par  elle  qu'il  se  révèle 
et  se  comprend.  F.  D. 

IIAIIXEMANN  (Samuei^hrktikn- 
FE^nÉaic),  docteur  en  médecine  et  con- 
seiller aulique  d*Anhalt-Rœthen,  est  le 
fondateur  de  la  doctrine  médicale  ho- 
""^PaOïique.  U  «t  Bé  à  Wmw»  (Meis- 


(  376  )  HAH 

sen),  en  Saxe,  le  1 0  avril  1 
peintre  sur  porcelaine  dj 
de  cette  ville,  a  écrit  ur 
sur  la  peinture  à  l'aquare 
sa  plus  tendre  enfance ,  s* 
par  la  gravité  de  son  car 
son  précoce  et  son  esprit 
prenait  rarement  part  ai 
camarades;  pendant  les 
grimpait  au  grenier,  et,  se 
val  sur  une  poutre  (|ui  fa 
dessus  de  la  cour,  il  y  d 
temps  en  de  muettes  coi 
fit  ses  premières  études 
la  ville,  d'où  il  entra,  à  1' 
dans  l'école  provinciale, 
terminé  ses  classes  éléroen 
voulut  le  retirer  de  Técol* 
embrasser  une  profession 
recteur  s'y  opposa  viveme 
pas  sacrifier  les  belles  e 
fondait  sur  l'avenir  de  son 
gea  de  lui  faire  continue 
ses  études. 

A  20  ans,  Hahnemann 
pour  I^ip/ig,  où  il  se  livi 
la  médecine.  Privé  de  toi 
il  y  gagnait  sa  vie  à  tradui 
des  ouvrages  anglais  et  fn 
science;  et  c*est  alors  qu4 
au  double  travail  de  ses  vi 
et  des  traductions  qui  le  ù 
s'accoutuma  à  ne  dormi] 
•ur  deux ,  ce  qu*il  a  cH>r 
plusieurs  années.  Au  bout 
tit  pour  Vienne,  où  les  nio 
tion  étaient  plus  étendus, 
naissance  du  gouverneur 
vanie,  qui  Temmena  à  Ile 
qualité  de  son  médecin  p 
thécaire.  Après  sVtre  m< 
pécule,  il  revint  en  Allem 
le  10  août  177U  qu'il  sou 
ment  à  Erlangeu  sa  thè^e  ii 
le  titre  de  Consideraitttr 
et  t/te'rapt'Utiqut's  sur 
spasmodiqufs.  Nous  ne  s 
jeune  docteur  dans  toute!^ 
auxquelleftdivers  moiîls  lei 
Il  habita  suc(^*s»iveni«*nt  1^ 
sau  ,  où  il  se  livra  à  l'otuc 
et  de  la  minéralogie;  Gon 
Magdebourg,  où  il  se  n 
Dr«de,  où  il  devint  l'am 


HàH 


(  377  )  HAH 

simples  et  infaillibles  de  guérisoa^  et  que 
les  méthodes  d'exploration  seules  avaient 
été  jusqu^ici  défectueuses,  puisquVlles  ne 
nous  les  avaient  pas  encore  fait  décou- 
vrir. Les  propriétés  des  médicaments  sur- 
tout lui  paraissaient  si  mal  étudiées  qu'il 
dirigea  sur  elles  toutes  ses  recherches* 
Alors  il  commença  sur  lui-même  et  suc- 
quelques  amis  dévoués  une  série  d'ezpé^ 
riences  qu'il  continua  pendant  40  années^ 
s'imposant  les  privations  d'un  austère  ré- 
gime et  des  maladies  souvent  assez  graves 
pour  compromettre  sa  vie.  Ce  furent  ces 
expériences  qui,  tout  d'abord,  lut  révé- 
lèrent la  loi  homœopathique  (vojr.  Ho- 
koeopathie),  loi  dont  il  fit  les  premières 
applications  au  traitement  des  maladies 
à  Georgenthal,  dans  un  hospice  d'alié- 
nés, puis  à  Brunswic,  en  1794,  et  ». 
Kœnigslutter.  Les  pharmaciens  de  cetts 
ville  ayant  invoqué  contre  lui  des  règle- 
ments qui  ne  permettent  pas  aux  méde- 
cins de  distribuer  eux-mêmes  des  médi- 
caments, M.  Hahnemann,  qui  s'était  fait 
un   principe  de  n'administrer   que  les 
substances  qu'il  avait  lui-même  prépa- 
rées,  fut  obligé  de  s'éloigner,  et  se  rendit 
successivement  à  Hambourg ,  à  Eilen— 
bourg ,  à  Torgau  ;  mais  la  même  prohi-^ 
bition  l'atteignit  partout  et  le  força  d'in- 
terrompre ses  travaux.  En  18 1 1 ,  il  revint 
à  Leipzig,  où  il  pratiqua  et  professa  Tho- 
mœopathie  jusqu'en  1820.  Pendant  ces 
neuf  années,  il  eut  à  lutter  contre  les  ef- 
forts des  médecins  et  des  pharmaciens  qui, 
il  faut  l'avouer,  ne  rougirent  pas  de  lui 
prodiguer  l'outrage  et  la  calomnie.  Au 
milieu  des  cours  qu'il  faisait  en  public,  il 
était  poursuivi  par  les  huées  et  les  insultes 
d'une  foule  d'élèves  ameutés.  Enfin ,  en 
1820,  ces  persécutions  devinrent  si  vio- 
lentes qu'il  fut  contraint  de  quitter  Leip- 
zig et  d'accepter  l'asile  que  le  duc  Fer- 
dinand lui  offrait  à  Anhalt-Kœthen. 
Cependant  la  haute  protection  du  duc  ne 
put  complètement  le  soustraire  à  la  haine 
des  médecins  et  des  pharmaciens  qui  par- 
tout se  liguaient  contre  lui  ;  ne  pouvant 
lui  faire  interdire  la  pratique  de  la  mé- 
decine, ils  suscitèrent  contre  lui  les  pré- 
jugés et  l'aveugle  colère  de  la  populace. 
M.  Hahnemann  ni  ses  enfants  ne  pou- 
vaient sortir  sans  être  en  butte  à  des  mo^ 


es  distingués,  entre  autres  de  Wag- 
wenier  médecin  de  la  ville ,  qui , 
toabé  malade,  le  chargea  pendant 
des  fonctions  de  médecin  en  chef 
ôpitaox. 

1789,  il  revint  à  Leipzig,  où  ses 
n  loi  valurent,  en  1791 ,  le  titre 
mAm  de  la  Société  économique  de 
TBIe,et  de  l'Académie  des  Sciences 
ivence.  Mais  déjà  depuis  plusieurs 
s  M.  Hahnemann  n'exerçait  plus  la 
âne.  Après  s'être  fait  par  sa  répu- 
I  loe  nombreuse  clientèle,  il  re- 
t  î  la  pratique  d'un  art  qui  ne 
init  qu'incertitude  et  déception, 
dus  sa  lettre  à  Hufeland,  pu- 
m  1808,  qu'il  faut  lire  la  pein- 
Vi^ll  fait  lui-même  des  doutes  et 
■pules  qui  assiégèrent  son  âme,  et 
4oDd  dégoût  que  lui  inspira  l'i- 
de  la  science  médicale  telle  qu'on 
lotit.  Dès  lors,  il  refusa  aux  ma- 
fs  secours,  en  lesquels  lui-même 
plus  foi;  il  renonça  aux  chances 
ne  qui  lui  étaient  assurées,  et  re- 
tMimgeusement  à  son  ancienne 
,  recommençant  le  métier  de  tra- 
pour  nourrir  sa  nombreuse  fa- 
se  plongeant  de  nouveau  dans 
B  la  chimie,  qu'il  enrichit  bîen- 
décou  vertes.  Les  journaux  scien- 
ie  l'Allemagne  en  retentirent 
plusieurs  années  (  telles  furent 
res  les  moyens  de  constater  les 
'alsifications  du  vin ,  de  recon- 
empoisonnements  par  l'arsenic, 
é  pour  la  composition  de  la  terre 
l  qui  était  alors  un  secret,  le 
soluble,  etc.).  Au  milieu  de  ses 
chimiques,  il  réfléchissait  aux 
es  doctrines  médicales ,  et,  à  la 
rar  impuissance  à  produire  une 
érapeutique,  ne  pouvant  croire 
souveraine  et  paternelle  bonté 
qu'aucun  nom  ne  désigne  d'une 
digne  de  lui ,  qui  pourvoit  lar- 
iiax  besoins  même  des  animal- 
ierceptibles,qui  répand  avecpro- 
vie  et  le  bien-être  dans  toute 
Ml ,  eût  £italement  voué  sa  plus 
^tare  aux  tourments  de  la  ma- 
Lettre  à  Hufeland  ) ,  il  se  per- 
de la  nature  avait  dû  placer  bien 
Mi«nnie,fouisamain,des moyens  i  queries  et  à  de  grossières  insultes;  plu- 


haï  ( 

iears  fois  on  aMaillît  sa  demeure  et  ses 
vitres  furent  brisées  :  rautorité  fut  obligée 
d'intervenir.  Le  docteur  avait  pris  le  parti 
de  ne  plus  sortir  de  sa  maison,  et,  pendant 
1 4  années  qu'a  duré  son  séjour  à  Kœthcn, 
à  peine  s'est-il  montré  quelquefois  hors 
de  chez  lui.  Cette  vie  sédentaire  affai- 
blissait sa  santé,  et  Ton  ne  saurait  croire 
a  quel  degré  ces  continuelles  persécutions 
influèrent  sur  le  caractère  de  ses  enfants 
même ,  et  les  rendirent  timides  et  om- 
brageux. Cependant  les  habitants  de  Kœ- 
then  se  relâchèrent  au  bout  de  sept  ans  de 
leur  inconcevable  animosité  :  la  réputa- 
tion de  M.  Hahnemann  faisait  affluer  chez 
eux  de  riches  étrangers  qui  venaient  ré- 
clamer les  soins  du  docteur  ;  le  commerce 
de  leur  petite  ville  en  rei^at  une  remar- 
quable impulsion ,  et  ils  apprécièrent 
mieux  celui  auquel  ils  étaient  redevables 
de  leur  prospérité.  C'est  à  Kœthen ,  en 
1 837,  qu'Hahnemann  perdit  sa  première 
femme  ;  il  en  avait  eu  1 1  enfants  dont  8 
vivent  encore. En  janvier  1835,  il  épousa 
M"«  Mélanie  d'Hervilly,  qui  le  dérida  à 
quitter  l'Allemagne  et  à  venir  habiter 
Paris,  où  le  docteur  Hahnemann  conti- 
nue à  pratiquer  l'homcpopathie,  conser- 
vant malgré  son  grand  âge  (85  ans)  toute 
l'activité  de  son  intelligence  et  une  santé 
robuste  qui  lui  permet  de  se  livrer  encore 
chaque  jour  au  travail  le  plus  assidu. 

Le  1 0  août  1 829,  il  célébra,  à  Kœthen, 
son  jubilé  de  doctorat  au  milieu  de  ses 
disciples,  qui  firent  frapper  en  son  hon- 
neur une  médaille  d'or. 

Les  principaux  éiTits  de  M.  Hahne- 
mann sont  :  1  "  r Or^annn  fie  Vart  de  fiué^ 
rirj  publié  en  1 8 1 0  à  Dresde  (d'abord  sous 
le  titre  à'Organon  de  l'art  rationnel  de 
guérir)^  souvent  réimprimé  depuis,  et 
traduit  dans  toutes  les  langues  de  l'Ku- 
rope  :  la  seconde  traduction  française , 
due  à  M.  Jourdan,  parut  à  Paris  en  1 832  ; 
nous  résenons  l'appréciation  de  ce  livre 
fameux  pour  l'article  Homoropathik  ; 
2'  la  Matière  médicale  pure^  Dresde, 
1811-21,  6  vol.  in-8°,  3«  éd.,  1829  et 
ann.  suiv.  :  une  trad.  latine  de  cet  ouvra- 
ge a  été  mtreprÎM  en  Allemagne,  Dres<l«, 
182()  et  ann.  suiv.;  et  V*  le  traité  Des 
maladies  chroniques^  Dresde,  1R28  et 
ann.  suiv.,  4  vol.  in-8<*.   F.  R.  et  J.  P-t. 

HAIOOURS,  en  allemand //Wr/iic- 


378  )  HAI 

keny  nom  d'une  milice  touj 
qui  occupe  en  partie  quelques 
la  Hongrie,  voisins  de  la  Fron 
est  préposée  à  leur  défense.  1 
mitât  de  Szaboles ,  et  non  loii 
il  y  a  un  district  de  25  milles 
relevant  immédiatement  du 
ment,  se  compose  de  villes  el 
Haîdouks,teb  que  Nanas,  Dor 
Bœszmrmeny ,  etc.  *  I^es  Ha 
cavaliers;  comme  d'autres  n 
groises,  ils  sont  armés  et  c 
hussards ,  et  se  font  remarqu 
grande  taille.  —  A  l'exemple 
hongrois,  qui  ont  des  Haû 
leur  suite,  des  souverains  et  di 
dans  d'autres  pays,  ont  pris  à 
des  domestiques  d'une  grand 
tus  comme  ces  miliciens  hoc 
ont  appelés  de  même.  Cet 
très  répandu ,  s'est  conservé 
jours. 

HAIE.  Sous  ce  nom ,  vra 
ment  dérivé  de  Tallemand  Ht 
même  sens,  on  désigne  une 
enceinte  formée  de  végétaux 
tières  végétales  et  ceignant  u 
terre.  I.ies  haies,  de  même  < 
tures  en  général,  dont  elles  s 
la  plus  répandue,  ont  des  pr 
verses  qui  se  rapportent  lei 
hommes  et  aux  animaux ,  les 
circonstances  et  aux  agents 
Leur  principal  rùle  est  d'êt 
pour  la  propriété  foncière  i 
nettement  distinctive  et  un  m 
fensc  ;  par  là,  elles  contribue 
ment  à  assurer  à  son  possesse 
jouissance  de  ses  produits ,  à 
de  sa  part  des  améliorations 
rite  quVUes  lui  inspirent  à 
leun  résultats.  Le  législateur 
étendu  Taction  qu Viles  exerc 
rapport,  en  déclarant  que  le 
leurétablissement  suffisait  pou 
les  propriétés  à  la  servitude  di 
et,  dans  la  Grande-Bretagne, 
lan  donné  par  ce  mc>%en  à  V\ 
qu'on  compte  pour  ainsi  dire  I 

(*)  A  Tarticle  Dfti.M%Tii,  bobi 
d4*«  H4idi>uL«  dalm^ite».  On  Aft%«rc 
lir^iii  de«rrndantt  dr«  l'troqurt 
fondot  avec  cet  mfkDUgBardt.  '«f. 
U  aoif. 


haï  (  S79  )  HAI 

mclosure's  bills.  Sons  le  rap-     ment  noctnme,  elles  doivent  anssi  mettril 


firt  àt  rtdninistnt  ^n  du  domaine,  les 
ftttva  sMt  encore  un  moyen  d'entre- 
le  boa  ordre  dans  les  travaux  et  les 
de  récoltes;  mais  il  faut  pour 
oh  qtMlci  soient  judicieusement  éta- 
Ho, aai bien  entre  les  différentes  pièces 
et  àmÊm  que  sur  ses  confins.  C'est 
■rtoat  pour  l'entretien  du  bétail  qu'il 
■■nest  d'enfermer  ainsi  la  propriété  et 
h  h  «bdifiscr  en  compartiments  :  en 
iftt,  01  épargne  par  là  les  firab  de  sur- 
<"W"«  et  de  garde  ;  les  animaux  gas- 
pHsMet foulent  moins  l'herbe;  ils  brou* 
iHt  pbi  ns  ;  on  peut  les  séparer  à  vo- 
kMiainnt  leur  sexe ,  leur  âge  et  leur 
ifitt;  enfin  on  a  la  faculté  de  sou- 
■tOre  nccessivement  à  cette  sorte  de 
toutes  les  parties  de  l'exploita- 


&rfa  terres  arables,  non-seulement 
■iciôtQres  ne  sauraient  présenter  au- 
[  9  de  ces  avantages  relatifs  au  bétail, 
%■  encore  elles  entraînent  quelques 
àDonvénients ,  puisqu'elles  gênent  les 
Énoz  de  culture  et  les  communica- 
■i^  c<  forcent  de  laisser  improductives, 
■  compensation  suffisante,  outre  l'es- 
ge  cfD^elles  couvreut  par  elles-mêmes , 
e  bnixle  de  terre  plus  ou  moins  large 
i  c*éleiKl  de  chaque  côté  et  que  la  char- 
f  me  peut  atteindre.  Enfin ,  sous  un 
■t  de  Tue  tout  autre  que  celui  de  l'a- 
caltnre,  elles  peuvent  avoir  des  effets 
iMi  ne  remarque  pas  assez  :  elles  sont, 
tr  le  pays  qui  en  est  couvert  et  qui 
une  population  brave,  un  moyen, 
d'autant  plus  sûr  qu'elles  font 
diaqiie  propriété  une  sorte  de  camp 
ranché  et  qu'elles  rendent  presque 
poanbles  les  manœuvres  des  grandes 
aées  organisées  pour  l'invasion. 
En  œ  qui  concerne  les  circonstances 
,  le  rôle  des  clôtures  est  moins 
t  qu'à  l'égard  des  hommes  et  des 
.  Leur  principal  effet  est  d'in* 
ocpter  plus  ou  moins  l'action  directe 
i  vcots  sur  la  terre,  et  par  là  d'entre- 
■r  une  plus  grande  humidité  en  dimi* 
int  l'évaporation ,  de  s'opposer  avec 
t  ccrtaioe  efficacité  aux  déuistreux  ef- 
i  des  violentes  fluctuations  de  l'atmo- 
et  d'offrir  des  abris  au  bétail.  En 
t  Févaporation  et  le  rayonne- 


obstacle  à  la  déperdition  de  la  chaleur 
que  le  sol  avait  acquise  pendant  la  jour* 
née.  Enfin  ,  un  inconvénient  assez  grave 
deaclôtures  dans  les  paysseptenUîonaux, 
consiste  en  ce  qu'elles  occasionnent  de 
grands  amas  de  neige  qui  peuvent  nuire 
aux  plantes  et  retarder  les  labours  au 
printemps.  On  voit  par  là  qu'en  général 
les  clôtures  doivent  exercer  une  action 
plus  bienfaisante  au  midi  qu'au  nord  ;  et 
sur  les  terres  sèches,  élevées,  légères,  peu 
profondes,  que  sur  les  terrains  humides, 
bas,  argileux  ou  épais. 

Outre  ces  propriétés  générales  que 
nous  venons  de  reconnaître  aux  clôtures, 
les  haies  possèdent  quelques  autres  ca- 
ractères qui  leur  sont  particuliers.  Celles 
qui  sont  composées  de  végétaux  vivants 
épineux ,  et  qu'on  a  soin  de  bien  entre- 
tenir, forment  une  excellente  défense;  et 
elles  sont  supérieures  à  toute  autre  es* 
pèce  d'enceinte  sous  le  rapport  de  l'éco- 
nomie ,  parce  qu'elles  paient  leurs  frais 
d'établissement  par  leurs  produits.  A  l'u- 
tilité elles  joignent  l'agrément,  en  contri- 
buant à  embellir  et  à  égayer  le  pa3rsage 
par  leur  vert  feuillage,  leurs  fleurs,  et  la 
variété  de  leurs  formes,  de  leurs  lignes, 
de  leurs  compositions.  Mais  elles  ont 
deux  inconvénients  :  d'un  côté,  elles  of- 
frent des  retraites  commodes  aux  insectes 
nuisibles  et  sont  comme  des  pépinières 
pour  les  mauvaises  herbes  ;  de  l'autre  , 
elles  occupent  une  place  assez  considé* 
rable  qu'elles  tendent  sans  cesse  à  aug- 
menter par  l'extension  de  leurs  racines 
et  de  leurs  branches. 

Relativement  aux  différentes  sortes  de 
haies,  on  distingue  les  haies  sèches  ou 
maries,  et  les  haies  vives.  Les  premières 
sont,  à  proprement  parler,  des  brancha- 
ges ou  des  fagots  qu'on  fiche  en  terre  et 
qu'on  affermit  par  des  poteaux ,  des 
traverses  et  des  liens  ;  mais  on  comprend 
aussi  sous  ce  nom  des  clôtures  où  il  n'en- 
tre que  des  pieux ,  des  lattes,  des  plan- 
ches ,  ou  même  des  paillassons  arrangés 
de  différentes  manières.  Ces  haies  ne 
sont  guère  usitées  que  pour  clore  les 
jardins,  les  parcs,  les  pépinières,  ou, 
dans  la  culture  des  champs ,  pour  proté- 
ger de  jeunes  haies  vives  ;  elles  ont  sur 
celles-ci   l'avantage  d'occuper  peu  de 


HAÏ  (  380  ) 

place ,  de  donner  peu  d'ombre ,  et  d'ê- 
tre moins  favorables  à  la  propagation  des 
herbes  et  des  animaux  nuisibles;  mais 
elles  leur  sont  bien  inférieures  sous  tous 
les  autres  rapports.  Les  haies  vives  elles- 
mêmes  ont  différents  genres  d'utilité,  sui- 
vant leur  espèce.  Ainsi,  sans  parler  de 
ces  haies  qu'on  établit  dans  Tintérieur 
des  jardins  et  des  parcs  comme  objets 
d'ornement  plutôt  que  comme  moyens 
de  défense  et  d*abri,  on  doit  distinguer 
celles  qui  sont  exclusivement  défensives, 
et  qui  ne  donnent,  pour  ainsi  dire,  qu'un 
produit  accidentel  par  leur  taille ,  de 
celles  qui  peuvent  fournir  en  bois,  en 
fruits  ou  en  feuilles  un  revenu  digne 
d'être  pris  en  considération.  Les  haies 
particulièrement  défensives  sont  essen- 
tiellement composées  de  végétaux  épi- 
neux, entre  les(|uels  se  distinguent  l'aca- 
cia, l'ajonc,  le  houx,  le  paliure,  la  ronce 
des  haies,  la  rose  des  haies,  le  prunellier 
ou  Pépine  noire,  et  surtout  Taubépine, 
qui  seule  satisfait  à  la  fois  aux  principa- 
les conditions  requises  des  végétaux  des- 
tinés à  former  des  haies,  savoir  :  d'avoir 
des  racines  pivotantes  et  non  traçantes , 
de  supporter  facilement  la  taille,  de  ne 
pas  se  déj;ariiir  beaucoup  du  pied,  de 
pouvoir  cruitre  malgré  le  grand  rappro- 
chement des  plantes,  d'être  d'une  lon- 
gue durée  et  peu  propice  à  la  multipli- 
cation des  insectes  et  dos  mauvaises  her- 
bes. Comme  végétaux  propres  à  former 
les  haies  forestières  ou  qui  sont  produc- 
tives en  bois,  on  peut  citer  la  plupart 
des  arbres  de  forets,  les(iuels  sont  en 
même  tem|>s  les  meilleurs  brise- vents. 
La  plupart  de  ces  arbres  peuvent  aussi 
être  exploités  pour  leurs  feuilles ,  qu'on 
fait  servir  à  la  nourriture  des  animaux  ; 
il  en  est  de  même  du  mûrier,  de 
Tajonc,  du  genêt  d'Espagne ,  du  bague- 
naudier,  de  la  luzerne  en  arbre,  etc. 
Quant  aux  haies  à  fruits,  elles  peuvent 
se  composer  de  la  plupart  des  arbres  et 
arbustes  qui  en  produisent  d'utiles.  Tou- 
tes ces  espèces  de  végéliux  peuvent  cire 
employées  ou  chacune  à  part  ou  mélan- 
gées; cependant  lorsciu'il  y  a  mélange,  la 
haie  est  exposée  à  souffrir  de  l'inégalité 
de  leur  développement ,  à  moins  qu'on 
n'ait  habilement  choisi  les  espèces. 
T»D(6t  les  haies  sont  flanquées  de  foa- 


HAI 

ses  avec  lesquels  elles  se  oombiDent  dp 

diverses  manières,  tantôt  elles  sabanlHl 
sans  cet  accompagnement;  ici  elles  ■ 
sont  que  sur  un  rang,  là  elles  en  (ormm 
deux  ou  un  plus  grand  nombre.  On  pci 
choisir  entre  le  semis  sur  place  et  I 
plantation;  et  quand  c'est  TaubépÎM 
qu'on  plante ,  on  peut  ou  aller  arradH 
des  sujets  dans  les  forêts  comme  ob  | 
faisait  généralement  autrefois,  ou  en  éb 
ver  en  pépinière,  ce  qui  est  bien  ph 
convenable  et  bien  plus  pratiqué  actiMl 
lement.  Ce  végétal  se  plante ,  à  deux  • 
trois  ans  d'âge,  dans  une  terre  profoa 
dément  remuée,  après  qu'on  a  oo«| 
les  sommités  de  ses  branches  et  de  « 
racines,  et  à  la  distance  de  deux  à  tra 
décimètres  d*un  pied  à  l'autre.  On  chd 
sit  pour  cette  opération  l'automne  o«  I 
printemps,  suivant  la  nature  du  mI 
Pendant  les  premières  années  de  la 
il  convient  de  donner  quelques 
long  de  ses  cotés.  Lorsqu'elle  a  att«| 
quatre  ans,  on  commence  à  la  tailler,  tHi 
pour  la  contenir  dans  de  justes  liaûM 
que  pour  l'avoir  mieux  garnie;  et  4| 
lors,  on  répète  cette  opération  tout  h 
ans  pendant  l'absence  des  feuilles.  I4 
forme  la  plus  commune  qu'on  donnt  I 
une  haie  par  la  taille,  (|u'on  appelle 
la  tonte  y  est  celle  d'un  mur.  In 
d'en  augmenter  la  solidité ,  ttiut  en  M 
laissant  peu  d'épaisseur,  c'est  d'en  grcfh 
par  approche  les  |)ousses  entre  cUa 
Quand  elle  vieillit,  la  haie  e>t  sujette  •• 
dégarnir  par  le  bas  et  à  lais>er  des  vidi 
qu'on  ne  réus>it  pas  toujours  à  comUi 
en  pratitiuant  le  marcottage,  en  rourbM 
ses  plus  longues  branche»  ou  m  lui  M 
sociant  d'autres  plantes.  On  peut  la  ffl 
jeunir  en  la  recépant.  J.  T. 

IIAILLAX  (  Bf.rxakd  GiX4xn,  wâ 
gneur  nij,  vt»f.  Feaîic-.e  (hist.),  T,  XI 
p.  •'>48. 

HAIXArT  ;en  allemand  Jirnnrgam 
province  de  la  lirlgique  continué  à  I 
Frant^e,  et  Imrnée  bur  les  autres  (\>lés  pi 
les  deux  Flandres,  le  Brabant  méridiom 
et  la  province  de  Namur.  On  y  coropU 
sur  une  su|>crticie  de  37  -^  lieue»  cai 
rées  métriques,  2i).>,t78  hnnniers  À 
terres  cultivées,  2,07  I  de  terres  inculli 
61,833  de  bois.  Au  sud-est  le  sol  • 
montueux  ;  ailleurs  il  est  plat,  niait  bii 


BAI 


(881) 


HAI 


irtoiit  en  blé,  plantes  oléagineu- 
wi.  On  et  duûnrrey  fimîts,  hou- 
onmges.  On  y  entretient  plus 
>00  moutons  dont  la  chair  est 
e;  plus  de  80,000  bêtes  à  cor- 
de 40,000  chevaux  d^uoe  bonne 
eancDup  de  Tolailles.  Le  district 
Fournit  des  chevaux  pour  la  ca- 
^re.  Le  Hainaut  abonde  en  mi- 
out  en  mines  de  houille,  qui 
3t  plus  de  40  millions  de  quin- 
ximbustible  par  an.  Il  y  a  des 
fer  et  de  plomb,  et  des  carrières 
et  de  marbre. 

«lUtion  du  Hainaut,  au  1^  jan- 
\  était  de  631,823  âmes,  dont 
dans  les  communes  rurales  et 
ans  les  villes.  C^est  la  province 
uglée  de  la  Belgique.  Cependant 
mptait  que  9,929  propriétaires 
r^est-à-dire  beaucoup  moins  que 
irovioces  de  Liège  et  d* Anvers  ; 
individus  étaient  secourus  par 
sance,  et  il  y  avait  1,954  men- 
Le  Hainaut  a  plus  de  sourds- 
Taucune  autre  province  de  la 
331  en  1835)  et  715  aveugles. 
'6  ministres  du  culte  catholique, 
te  protestant,  2,476  étudiants; 
écoles  communales,  mixtes  et 
sont  fréquentées  par  environ 
ïlèves.  Une  partie  de  la  popula- 
aille  dans  les  mines,  les  verre- 
rasseries,  les  fabriques  de  faïence, 
,  de  tissus  de  laine,  de  den- 

A  du  Hainaut  est  arrosé  par 
[  vof.  )  ,  qui  y  re^it  la  Dender 
ine  ou  Haine,  navigable  depuis 
*  le  moyen  d*écluses.  La  Sambre 
is  la  partie  orientale  du  Hainaut. 
i  canaux  servent  au  transport  des 
DUS,  surtout  de  la  houille,  dont 
le  passe  en  France, 
évince  est  divisée  en  6  d'istricts, 
kth,  Charleroi,  Mous,  Soignies, 
Toumay ,  et  Ton  y  compte  403 
es  rurales. 

,  chef-lieu,  a  près  de  24,000 
;  Tournay  en  après  de  30,000, 

aments  stmtittiquet  recueillit  et  publiés 
ittre  de  l'imtênemr  du  rejaume  de  Btl- 
blicatioa  officielU,  Bmxeiles,  z838. 


et  Ath  8,850.  Les  4  places  d^Ath,  Tour-» 
nay,  Mons  et  Charleroi,  ont  ensemble 
des  garnisons  d'environ  6,000  hommes. 
Foy.  Charijuloi. 

Anciennement  le  Hainaut  avait  ses 
comtes  particuliers  ;  Baudouin,  comte  de 
Flandre,  réunit,  par  suite  de  son  mariage, 
le  Hainautà  son  comté^  et  depuisoe  temps 
ce  pays  a  partagé  le  sort  de  la  Flan- 
dre [voy.].  Conquis  par  Tarmée  f rançaise^ 
il  fut,  en  1795,  réuni  à  la  République,  et 
forma  le  département  de  Jemmapes;  il 
fit  ensuite,  avec  toute  la  Belgique,  partie 
de  l'empire  français.  D-c 

HAINE,  Passions  haixeuses.Lcs  phi- 
losophes s'accordent  généralement  à  ré- 
duire  les  passions  {voy,)  à  deux,  savoir  : 
VamouTy  quand  la  sensation  a  été  agréa- 
ble ,  et  la  haine ,  quand  elle  a  été  péni- 
ble. Il  en  est  des  passions  comme  des  er- 
reurs [vof.)  :  objets  de  presque  toutes 
les  pensées  depuis  que  l'homme  réfléchit, 
à  cause  du  besoin  perpétuel  qu'on  a  de 
les  connaître  pour  se  bien  conduire,  il  ne 
se  peut  pas  qu'elles  n'aient,  dans  chaque 
langue ,  des  expressions  qui  les  rendent 
avec  leurs  nuances  les  plus  délicates.  On 
ne  saurait  donc  avoir  des  passions  hai- 
neuses, pour  ne  parler  que  de  celles-là, 
d'idée  exacte  et  non  arbitraire ,  à  moins 
de  se  rendre  compte  d'une  manière  pré^ 
cise  du  sens  des  mots  qui ,  avec  celui  de 
haine ,  sont  destinés  à  représenter  cette 
partie  des  phénomènes  sensibles. 

Ces  mots  sont  antipathie^  aversion  ^ 
éloignementj  dégoûty  répugnance;  mal^ 
veillancey  inimitié^  anitnosité^  ressenti^ 
menty  rancune.  Ils  signifient  tous  un  état 
et  un  mouvement  de  l'âme  désagréable- 
ment affectée  et,  par  suite,  mal  disposée 
ou  indisposée  contre  les  choses  et  les  per- 
sonnes. 

Ils  se  divisent  en  deux  classes  bien  dis- 
tinctes. En  effet ,  d'abord  iU  marquent 
des  sentiments  d'indisposition ,  les  cinq 
premiers  à  l'égard  des  choses  et  des  per- 
sonnes indifféremment ,  les  cinq  derniers 
à  regard  des  personnes  seules.  Ensuite, 
considérés  psychologiquement,  ib  expri- 
ment des  phénomènes  essentiellement  di- 
vers, savoir  :  les  cinq  premiers,  des  mou- 
vements de  l'âme  solitaires,  immanents, 
intransitifs,  de  simples  sentiments  en  un 
mot  ^  les  cinq  derniers,  des  mouvement 


liAi 


(isî) 


HAÏ 


répulsifil,  c'est-à-dire  proprement  des 
passions.  Par  les  uns,  notre  âme ,  active 
sans  doute,  mais  d'une  activité  qui  ne 
dépasse  point  les  bornes  de  la  conscience, 
se  contente  de  rentrer,  de  se  replier  en 
elie-méme ,  de  fuir  en  se  concentrant  la 
cause  de  son  mal  :  au  lieu  de  tendre  à  Té- 
carter,  elle  tend  à  s'en  écarter;  les  au- 
tres ,  au  contraire ,  impliquent  l'idée  de 
poursuite  et  d'hostilité  ;  par  eux,  notre 
âme,  irritée,  sort  d'elle-même  et  se  porte 
à  la  rencontre  des  personnes  qui  l'ont 
blessée,  pour  les  repousser,  leur  nuire,  en 
tirer  vengeance  et  les  détruire  même,  s'il 
est  possible.  On  peut  éprouver  pour  une 
personne  de  l'antipathie,  de  l'aversion , 
etc. ,  et  être  fâché  pourtant  qu'il  lui  ar- 
rive aucun  mal.  Ce  caractère ,  du  reste, 
est  en  parfait  accord  avec  le  premier.  Si 
les  mots  de  la  seconde  classe  ne  se  disent 
point  en  parlant  des  dépositions  de  Tàme 
à  l'égard  des  choses,  c*est  qu'ils  expri- 
ment  des  passions,  et  que,  suivant  une 
remarque  de  J.-J.  Rousseau ,  «  On  ne  se 
passionne  pas  pour  lesêtres  insensibles  qui 
ne  suivent  que  l'impulsion  qu'on  leur 
donne.  •  En  troisième  lieu,  les  phénomè- 
nes de  la  seconde  classe,  étant  des  passions 
et  supposant,  comme  telles,  qu'on  passe 
effectivement  à  l'action  pour  repousser  la 
cause  du  mal  et  lui  nuire,  sont  regardés 
comme  dépendant  plus  de  la  volonté  et 
comme  étant  moins  instinctifs.  On  ne  se 
reproche    point    d'éprouver   pour   une 
personne  de  l'antipathie,  de  l'aversion, 
etc.  ;  on  est  coupable  d'avoir  pour  elle 
de  la  malveillance,  de  Tinimitié,  etc., 
car  c'est  lui  désirer  ou  lui  vouloir  du 
mal  et  être  prêt  à  sabir  l'occasion  de  lui 
en  faire. 

Des  distinctions  essentielles  peuvent 
être  établies  dans  la  première  classe  ou 
parmi  les  sentiments:  les  uns,  antipa- 
tkie  et  aversion ,  sont  plus  subjectifs , 
c'est-à-dire  qu'ils  ont  plutôt  leur  source 
dans  le  sujet  ou  dans  Tàme,  dans  l'orga- 
nisation, dans  le  tempérament;  les  au- 
tres, (iégoût  et  répugnance  y  sont  plus 
objectifs,  c'est-à-dire  qu'ils  dépendent 
davantage  des  qualités  des  objets  ou  des 
personnes  qui  les  inspirent.  Pour  que  les 
unscessascient,  il  faudrait  que  Time  qui 
les  éprouve  chsiigeÂt  de  nature  ou  de 
jMOchaolf;  pour  qu'elle  ne  ressentit  pas 


les  autres,  il  ^faudrait  que  le 
les  causent  eussent  des  qualit 
tes.  Ensuite ,  les  uns  sont  pei 
ne  peuvent  guère  se  vaincre 
ne  sont  éprouves  et  ne  se  mani 
propos  des  relations  qu'on  esl 
voir  avec  les  personnes  ou  le 
on  peut  les  surmonter  en  su| 
en  faisant  malgré  eux  ce  qu'i 
traint  et  ce  qu'ils  empêchent 
ter  ou  de  faire.  Nous  avons  < 
article  au  mot  Antipathie 
manque  d'accord,  d'harmoni 
personne  ou  une  chose,  qui  e 
que  sorte,  d'une  autre  natur 
elle  est  aveugle  et  inexplicabl 
puissance  fatale  qui  empêch 
prochement  entre  des  natur 
meurs  ou  des  caractères  qui  n 
nent  pas,  qui  ne  sont  pas  fai 
l'autre.  L'aversion  s*en  distin 
par  plus  de  violence,  elle  est 
de  rhorreur.  «  On  ne  peut  oi 
reur  les  choses  que  je  viens 
dit  un  interlocuteur  dans  les 
lesy  et  vous  n'en  avei^  point  d 
Ensuite  elle  tient  davantag 
chants  et  aux  habitudes  coo 
cédemment ,  aux  mœurs ,  au 
ou  bien  à  certaines  associati 
de  sorte  qu'on  peut  souvent 
compte  et  savoir  précisément 
inclinations  qui  contrarie  la 
la  chose  qui  l'inspire.  On  a 
thie;  on  prend  en  aversion 
nous  porte  elle-même  avruj 
pour  ainsi  dire,  physiologiqu 
point  nous  unir  à  ce  qui  no 
pathique,  à  nous  en  abstenii 
tons,  nous  jugeons  comme 
dangereux  ce  que  nous  avi 
aversion. 

Quant  à  la  synonymie  d 
gt)dl  et  répu^ntmct ,  on  p< 
le  dégoût  est  plus  passif:  il  t 
l'eiHiui  ;  que  la  répugnance 
tive  et  tient  plus  de  la  rébell 
inspire  du  dégoût  est  insupp 
fait  avec  peine  ou  à  contre- 
inspiré  de  la  répugnance.  (1 
goût,  par  eveinple,  pour  u 
dont  les  pro{>o>  déplaisent  t 
et  de  la  rc|iu^nance  pour  ce 
({ui  ou  avec  qui  un  djit  f«iir< 


HAÏ 


(S8$) 


HAÏ 


on  qa^on  dcHt  épouser.  Le  dégoût 
le  aussi  naître  plus  lentement ,  par 
■pie  durée  quelquefois  d'une  chose 
1  avait  goûtée  d'abord  :  «  Il  y  a,  dit 
lochefoncanldy  une  inconstance  qui 
;  du  dégoût  des  choses.  » 
'éloignrmentn^ai  rien  de  bien  carac- 
tîque  ;  il  est  ^ague,  peu  prononcé,  et 
■oses  peurent  être  aussi  bien  sub* 
fes  qu'objectives.  Il  exprime  de  la 
a  la  plus  simple  et  la  plus  faible  Tac- 
I  de  se  tenir  à  Técart  ou  loin  d'une 
Koa  d'une  personne,  à  cause  de  la 
■e  qu'elle  fait  éprouver. 
Lsinots  malveiliancej  inimitié^  ani" 
inHf  ressenti  menty  rancune^  sont  ceux 
h  seconde  daiae.  Les  deux  dernières 
nooi  peuvent  être  opposées  aux  trois 
ta;  elles  sont  beaucoup  plus  déter- 
■ées  et  quant  à  leur  origine  et  quant 
inr objet;  elles  ont  pour  cause  un  fait 
iticalier,  une  offense  personnelle,  et 
bteodentà  un  but  bien  précis,  à  ren- 
t  h  pareille ,  à  tirer  vengeance  de  ce 
ll^t  La  malveillance,  l'inimitié  et 
ûnsité  peuvent  naître  dans  les  cir- 
MiDoes  et  pour  les  raisons  les  plus 
VBKS,  et  elles  portent  à  nuire  de  tou- 
I  kl  £içons  aux  personnes  qu'elles  ont 
ar  objet. 
Dices  trois  passions  indéterminées,  la 

■  indélerminée  est  la  malveillance  : 
m  one  disposition  à  vouloir  du  mal 
plot  particulière  aux  âmes  mal  faites. 
"■Berantipathie,  elle  tient  au  natu- 
';  il  entie  un  grain  de  méchanceté 
■I  cette  passion  honteuse;  l'envie,  la 
■ivne  l'alimentent ,  et  la  calomnie  est 

■  mue  favorite.  C'est  par  des  moyens 
■*™és  et  de  sourdes  menées  qu'elle 
"'^  à  se  satisfaire.  Elle  n'a  jamais  de 
Mifs plausibles  et  qui  puissent  au  moins 

■  «ovir  de  prétexte  :  elle  désire  le  mal 
JJ*  «  mal.  L'inimitié  prend  sa  source 
■^  des  oppositions  d'intérêt  et  naît  à  la 
^  de  démêlés  entre  gens  qui  ont  été 
[■■  <Hi  (jui  devraient  l'être.  Elle  est  ré- 
*^i  et,  comme  ce  ne  sont  pas  les 
^^  personnelles  qui  la  produisent , 

''^péche  pas  de  rendre  justice  à 
■^^i  en  sont  l'objet  et  même  de  les 
^*'''»  tout  en  cherchant  ou  en  saisis- 
*^'  occasion  de  les  combattre  et  de  leur 
^*  L'uiimodté  eat  une  réaction  vio- 


lente mêlée  de  colère  et  d'indiguation  ; 
active  et  opiniâtre,  persévérante  et  te- 
nace, elle  poursuit  sans  relâche  et  avec 
acharnement.  A  la  différence  de  Tinimi- 
tié,  elle  est  aveugle,  injuste  et  capable  de 
dissimulation;  elle  tient  au  cœur,  elle 
est  implacable. 

Restent  les  mots  ressentiment  et  ran- 
cune. Le  ressentiment  est  plus  vif,  plus 
impétueux ,  mais  moins  durable  que  la 
rancune;  il  éclate  davantage;  l'un  dé- 
pend plus  de  la  sensibilité,  l'autre  du 
caractère  :  on  n'est  pas  enclin  au  ressen- 
timent comme  on  est  enclin  à  la  rancu- 
ne. Le  ressentiment  suppose  une  cause 
grave,  un  affront  sensible;  la  rancune 
peut  s'élever  par  suite  d'une  offense  lé- 
gère. Le  ressentiment  agit  à  découvert, 
ce  qui  lui  donne  quelque  chose  de  noble 
et  de  généreux  ;  la  rancune  trame  dans 
Pombre  :  c'est  une  passion  raisonnée , 
mûrie ,  invétérée,  qu'on  nourrit  sourde- 
ment et  sournoisement  au  fond  du  cœur, 
en  se  couvrant  du  voile  de  l'indifférence 
ou  même  de  l'amitié  jusqu'à  ce  qu'on  ait 
trouvé  l'occasion  de  la  satisfaire.  Gomme 
elle  manque  de  franchise,  elle  a  toujours 
quelque  chose  de  bas  ;  elle  ne  sied  pas  à 
une  âme  grande  et  loyale,  à  un  cœur  bien 
né.  Le  ressentiment  doit  être  redouté  ;  il 
faut  se  méfier  de  la  rancune. 

Après  cet  examen  détaillé  de  tout  ce 
qu'on  appelle  passions  haineuses,  l'ana- 
lyse de  la  haine  elle-même  n'offre  plus 
guère  de  difficulté.  D'abord,  on  le  voit 
sans  peine,  la  haine  est  une  passion  vé- 
ritable; elle  implique  l'idée  d'hostilité  à 
l'égard  des  personnes.  Cicéron  la  définit: 
une  colère  invétérée  ;  or,  on  ne  conçoit 
pas  de  colère  contre  les  choses.  On  dit 
bien  cependant  prendre  en  haine  cer- 
taines choses,  comme  le  vice,  l'injustice, 
le  mensonge,  mais  seulement  en  parlant 
de  celles  qui  peuvent  être  personnifiées  ; 
on  ne  conçoit  de  la  haine  ni  contre  la 
faim,  ni  contre  le  froid.  Avoir  de  l'aver- 
sion et  avoir  de  la  haine  pour  une  per- 
sonne ou  une  chose  offrent  deux  sens 
bien  différents  :  la  première  expression 
signifie  éprouver  un  sentiment  qui  fait 
qu'on  s'en  éloigne  ou  qu'on  s'en  abstient; 
la  seconde  indique  qu'on  se  soulève  con- 
tre elle,  qu'on  lui  déclare  la  guerre.  «  Ce 
qui  transforme  l'aversion  en  haine,  dit 


Haï 


(384) 


haï 


J.-J.  Rouaseatt)  c*ett  l'intention  manifes* 
tée  de  nous  nuire.  » 

La  haine  a  plus  d'affinité  avec  l'ani- 
moflité  qu'avec  toute  autre  passion  du 
même  genre  ;  comme  elle,  elle  est  ar* 
dente,  opiniâtre,  aveugle  et  injuste;  elle 
4ient  au  cœur  et  en  veut  à  toute  la  per- 
sonne, dont  elle  noircit  les  vertus  mêmes. 
Mais,  en  premier  lieu,  elle  a  cela  de  par- 
ticulier qu*elle  se  prend  en  bonne  comme 
«n  mauvaise  part  :  la  haine  des  méchants, 
du  vice,  du  péché;  ensuite,  elle  est  gé- 
néralement plus  ouverte,  plus  déclarée, 
moins  près  de  ressemblera  la  ninrunc; 
€n6n  leur  différence  la  plus  essentielle 
consiste  eu  ce  que  la  haine  a  plus  de  rap- 
|iort  à  la  cause  de  la  passion  et  à  Fétat 
«le  rame  qui  la  conçoit ,  tandis  que  Tani- 
mosité  en  a  davantage  à  ses  efTets  hors 
de  Tàme.  La  haine  nait  de  procédés  qui 
nous  blessent  dans  nos  affections,  dans 
les  iMurlies  les  plus  sensibles  de  notre  être  ; 
Tanimosité  peut  avoir  des  causes  plus 
éloignées,  on  peut  Tépouser  par  esprit  de 
parti.  La  haine  a  tout-à-fait  le  caractère 
•de  la  passion  :  elle  émeut  et  tourmente; 
«elle  apporte  dans  Tàme  Tagitation,  le 
trouble  et  la  discorde;  elle  fait  qu'on 
prend  pUisir  au  mal  quVlle  cause  ou  qui 
arrive  à  rulijet  haï.  C'est  à  raison  de  cette 
fon^  et  de  cette  intensité  de  la  haine 
qu'elle  seule  figure  ordinairement  parmi 
les  passions,  et  qu'on  appelle  de  son  nom 
passions  haineuses  les  mouvements  et  les 
sentiments  analogues  de  Tàme.  L-f-k. 

HAÏTI  ou  IIAYTI  (littéralement  le 
pays  montagneux)^  nom  caraïbe  de  Tune 
des  Antilles  {vay,)^  à  laquelle  Christophe 
Colomb  donna  celui  (ÏEspaiiola  [  His» 
^paniola^  Petite- Kspagne;,  mais  que  les 
Français  et  les  Anglais  appellent  commu- 
nément Saint-Domingue^  du  nom  de  sa 
•capitale.  Cette  île  est  située  entre  la  mer 
-Caraïbe  et  Tocéan  Atlantique,  au  sud-est 
•de  Cuba,  dont  elle  est  séparée  par  un 
bras  de  mer  de  1 8  lieues ,  et  à  Test  de  la 
Jamaïque ,  entre  16^  45'  et  20"*  de  lati- 
tude N.,  et  70»  45'  et  76»  53'  de  longi- 
tude O.  Sa  plus  grande  longueur,  de  l'est 
à  Touest,  est  d>n\iron  390  milles  anglais 
(d*un  quart  de  lieue^  ;  sa  largeur  varie  de 
60  à  1 50  milles ,  et  sa  superficie  est  de 
30,000  milles  car.  (l,385m.c.géogr.;\ 

(')  Cel  article  «  été  ronpoïc  tor  des  natr* 


A  l'onesl  sont  deux  pnNBontoiraij 
quablet,  entre  leac  Kb  te  troii?e  le 
de  Gonaîvet.  La  pointe  nord  a'i 
cap  Isabelle,  et  celle  de  VtsUL  cap 
L'ancien  Cap-Français  forme  Vi 
nord-est  de  l'Ile.  En  face  de  la 
tentrionale  d'Haïti  eit  llle  de  la  T( 
qui  en  est  séparée  par  l'étroit 
même  nom.  L'aspect  du  pays  eM,  cnj 
néral,  montagneux  et  coupé  de 
vallées.  Les  monts  Cibao  travcracat 
de  l'est  à  Touest;  leurs  sommets  la 
élevés  le  sont  d'environ  6,000  piedi 
dessus  du  niveau  de  la  mer.  L'i 
chaîne  principale  est  celle  du  Moolv 
Christ,  au  nord-est.  Dans  la  partie  wm 
est,  en  particulier,  sont  d'immenses  pl^ 
nés  et  des  savanes  couvertes  de  nomhiiH 
troupeaux  de  porcs,  de  chevaux  iL  ^ 
bétes  à  cornes  ;  celle  de  Lot  flantm^ 
Test  de  la  ville  de  Saint-Domingue,»! 
milles  de  long  sur  35  et  30  de  larfa»  J 
plaine  de  Vega-Reale  est  presque  An. 
même  étendue  et  plus  fertile.  Haitli 
arrosé  par  de  nombreuses  rivières  ;  \mi 
en  est  excellent  et  produit  des  v^ 
de  toute  espèce,  soit  pour  les 
la  vie,  soit  pour  Tornement  de  la 
A  cause  des  inégalités  que  présente 
face  du  pays  et  de  la  diversité  de 
tion  des  lieux,  le  climat  n\  est  point  i 
forme:  dans  les  plaines,  la  grande 
leur,  jointe  à  Thumidité  naturelle, 
souvent  fatale  aux  Européens,  mais 
duit  une  riche  végétation  ;  sur  la  cte^  M 
brises  de  la  mer  et  de  la  terre,  qui  méI 
lient  régulièrement,  rafraîchissent  Ml 
sur  les  montagnes,  le  froid  est  souvenHq 
piquant.  Comme  dans  tous  les  payssilÉi 
entre  les  tropiques.  Tannée  s^y  (Ûvim  m 
saison  de  sécheresse  et  saison  pluvicuH 
en  mai  et  en  juin,  la  pluie  tombe  pi 
torrents;  mais  les  ouragans  sont  moii 
fréquents  à  Haïti  que  dans  les  autres  Al 
tilles.  La  canne  à  sucre,  le  café,  le  oolm 
le  cacao  y  viennent  en  abondance.  L 
culture  de  Tindigo,  autrefois  considiffa 
ble ,  y  est  peu  en  honneur  aujounnn 
Le  plantain ,  la  vanille ,  la  pomma  i 
terre ,  le  manioc ,  etc.,  »3nt  de»  prodlM 
tions  spontanées  de  ce  riche  terroir.  Il 
montagnes  sont  couvertes  d'arbres  al3i 


riani  ■oglo-Anérictiai.  Oo  Mtts*  U  mi| 
«U  rilt  à  ia,iou  lieaM  carrées  ïraar«iM«.    § 


RAI 


(^85) 

le  bois  de 


s.  Ainnit  PhtMc   i  ropécns^ 

mât  dam  File  qu  !  espèces 

irapèdes:  Fa^ati  {voy.)  en  est  la 
|B  aitaoïTécii. 

principales  Tilles  sont  le  Cap  Haï" 
apkale  de  tonte  TUe,  le  Môle ,  le 
iépnblicain  (Fanden  Poit-an- 
),  etSaînt-Domingne.  L'ile  est  di- 
B  6  départements,  qni  se  sabdivi- 
a  S3  arrondissements.  La  popa- 
était  estimée,  en  1824,  à  953,335 
Bto*,  presque  tons  noirs  on  mala- 
is pins  grand  nombre  occupant  la 
ci-derant  française,  la  plus  floris- 
de  nie,  quoiqu'elle  soit  la  moins 
•;  CD  1789,  elle  était  de  665,000 
b  1824,  on  comptait  40,000  hom- 
I  troupes  régulières  et  1 13,000  de 
;  La  langue  officielle  et  celle  de  la 
le  partie  de  la  population  est  le 
■;  on  parle  aussi  Fespagnol  dans 
ba  de  l'est.  On  s*est  beaucoup  oc* 
le  Hnstruction  publique;  il  existe 
tan  village  considérable  sans  école, 
ip  Haïtien  est  pounru  d'un  collège 
surs  des  études  est  assez  complet, 
le  inférieure  de  la  société  hutienne 
soup  gagné  depuis  qu'elle  a  con- 
Kberté  ;  elle  présente  l'apparence 

»,  de  la  santé  et  du  bonheur.  Le 
est  la  religion  de  l'état,  mais 

sectes  sont  tolérées. 

d'Haïti  a  dû  se  ressentir 
de  son  gouTemement. 
9,  Ifle  éUit  dans  l'éUt  le  plus 
t  ;  mais  son  commerce  et  son  in- 
'orent  interrompus  par  les  guerres 
folutions  sanglantes  qui  sunrin- 
se  n'est  que  récemment  qu'ils  ont 
c6  à  se  relerer.  Les  exportations 

En  1791. 

68,151,180  lifw.. 

163,405,220 

En  1804. 

31,000,000 

u 47,600,000 

i^était  point  un  receotement  digne  de 
■mI  I«  cfaiCTre  est-il  sûrement  exagéré, 
k  pronre  Bf.  Mackenzie,  ci-derant 
ritaBsiqne  près  da  goaTernementhaî- 
\  una  oaTrage  HoU»  on  Baiti  (Lond. , 
tl.  in-8*) .  Le  contnl  général  français* 
■,  B*<stkne  pas  à  beanconp  pins  dt 
mm  In  pop^tion  d*Haïti.  S. 

fciop. d.  G.  d.  M.lfMmXSn. 


HAÏ 

En  1824. 

Café 37,700,000  Uîre». 

Sucre 725,000 

produisant  une  valeur  estimée,  en  1822 
à  9,030,397  doUars (48,944,751  fr),  et 
en  1825,  à  environ  8,000,000  de  dol- 
lars (43,360,000  fr.).  Le  revenu  public, 
en  1825,  s'éleva  seulement  à  environ 
4,400,000  dollars  (22,848,000  fr.),  qui 
ne  couvrirent  pas  les  dépenses. 

Le  gouvernement  d'Haïti  est  républi- 
cain ;  le  premier  magistrat,  qui  a  le  titre 
de  président ,  est  élu  à  vie  par  le  sénat  ; 
il  exerce  le  pouvoir  exécutif,  commande 
les  armées  de  la  république  et  nomme 
tous  les  ofBciers.  Un  sénat  et  une  cham- 
bre de  représentants  de  la  nation  sont 
investis  du  pouvoir  législatif.  Ces  der- 
niers sont  élus  pour  cinq  ans;  chaque 
paroisse  en  envoie  un,  et  chaque  ville  prin- 
cipale deux.  Le  sénat  se  compose  de  24 
membres  choisis  pour  9  ans  par  les  repré- 
sentants, sur  une  liste  de  3  candidats  pré- 
sentée par  le  président.  Un  code,  basé 
sur  celui  des  Français,  et  le  jugement  par 
le  jury  ont  été  adoptés  parles  Haïtiens. 

Histoire.  L'Ile  d'Hispaniola  est  remar- 
quable pour  avoir  été  le  siège  du  premier 
établissement  européen  en  Amérique,  de 
même  qu'elle  devint  plus  Urd  le  théâtre 
de  la  fondation  du  premier  état  indépen- 
dant par  des  esclaves  originaires  de  l'A- 
frique. Elle  fut  découverte  par  Christophe 
Colomb  le  6  décembre  1492,  comme  il 
revenait  de  Cuba.  L'impression  faite  sur 
lui  par  la  beauté  du  pays  le  détermina  à 
s'y  arrêter;  en  conséquence,  il  laissa  38 
Espagnob  à  la  baie  de  Saint-Nicolas.  Tels 
furent  les  premiers  colons  de  l'Amérique. 
A  son  retour,  il  fonda  sur  la  côte  nord 
une  seconde  ville  qu'il  appela  Isabelle, 
le  premier  établissement  ayant  été  à  peu 
près  détruit  par  les  indigènes.  La  con- 
duite licencieuse  et  l'avarice  des  nou- 
veaux colons  provoquèrent  itérativement 
la  vengeance  des  Indiens;  mais  ces  mal- 
heureux furent  écrasés  par  la  supério- 
rité de  la  tactique  européenne ,  et  un 
grand  nombre  d'entre  eux  périrent  par 
la  famine  et  par  les  armes.  En   1496  , 
Colomb  retourna  en  Espagne,  laissant, 
en  qualité  de  lieutenant  gouverneur,  son 
frère  Barthélémy,  qui,  bientôt  après. 


MAI  (  S86  ) 

transféra  la  colonie  au  sud  de  rile,ou 
il  fonda  la  ville  de  Saint-Domingue.  Les 
colons  furent  répartis  en  différents  dis- 
tricts, et  Ton  assigna  un  certain  nom- 
bre de  naturels  à  la  culture  de  chaque 
portion  du  territoire  ainsi  partagé.  Cette 
race  infortunée  décrut  rapidement  sous 
la  double  influence  des  maladies  et  d*une 
espèce  de  travail  auquel  elle  n^était  point 
accoutumée.  Le  nombre  des  indigènes 
était  tellement  réduit  dès  Tannée  1513 
qu*Ovando ,  pour  recruter  des  travail- 
leurs  y  attira  à  Saint-Domingue  40,000 
habitants  des  lies  de  Bahama,  et,  malgré 
ce  supplément,  on  dit  que  vers  le  milieu 
du  même  siècle  il  restait  en  vie  à  peine 
150  Indiens. 

De  leur  c6té,  les  colons  dégénérèrent 
avec  le  temps;  ils  perdirent  Tactivité  et 
Fesprit  entreprenant  de  leurs  ancêtres. 
Leurs  mines  furent  abandonnées ,  Tagri- 
culture  fut  négligée  ;  et,  quoique Ovando 
eût  apporté  des  lies  Canaries  la  canne 
à  sucre ,  telle  était  Findolence  des  habi- 
tants de  Saint-Domingue  qu*il  ne  put 
leur  persuader  de  la  cultiver.  Cet  état 
de  choses  dura  plus  d^un  siècle.  Vers  le 
milieu  du  xvii*,  les  boucaniers  français 
et  anglais  {voy,  Flibustiees)  commencè- 
rent à  faire  parler  d^eux.  Les  Français 
obtinrent  une  portion  de  terrain  à  Vex^ 
trémité  occidentale  de  rile,à  peu  près  dans 
le  temps  que  les  Anglab  prenaient  poase»- 
sion  de  la  Jamaïque.  Ceux-là  s'appliquè- 
rent à  Tagriculture,  et,  en  peu  d'années, 
attirèrent  l'attention  de  leur  gouverne- 
ment. Quelques  esclaves  ayant  été  pris  sur 
les  Anglais  dans  la  guerre  de  1688,  les 
habitants  d*HaIti  te  remirent  à  la  culture 
de  la  canne  à  sucre.  A  partir  de  l'année 
1722,  époque  a  laquelle  la  colonie  fran- 
çaise fut  affranchie  du  joug  des  compa- 
gnies investies  de  droi ts  exclusifs,  elle  s*é- 
leva  rapidement  à  un  haut  degré  de  pros- 
périté, tandis  que  Tétablisseaient  espagnol 
était ,  au  contraire ,  en  décadence.  En 
1691 ,  TKspagne  avait  cédé  à  la  France, 
par  le  traité  de  Rynwick ,  la  moitié  occi- 
dentale de  nie;  en  1|776,  une  nouvelle 
ligne  de  démarmtiou  fut  tracée,  et  de 
nombreuses  relations  s'établirent  entre 
les  deux  portions  du  pays.  L*époque  de 
1776  à  1789  fut,  pour  la  colonie  fran« 
c^ise,  celle  d'un  rommerre  mervein'*»iv»- 


ment  florissant  et  qui  fit  la  pra 
la  ville  de  Bordeaux^. 

a  Les  premiers  Français  qu 
fixés  sur  le  sol  haïtien  étaient  < 
turiers  qui  n'honoraient  guère 
trie  que  par  leur  bravoure.  Lon 
mandèrent  à  la  France  des  époi 
lob,  on  leur  envoya  les  femmei 
mauvaise  conduite  mettait  à  l 
tion  de  la  police,  et  l'on  soumi 
bitants  de  la  nouvelle  colonie 
gueurs  du  monopole  commerci 
régime  administratif  calculé  un 
en  vue  des  intérêts  financiers, 
ger  à  ceux  de  la  civilisation.  On 
longtemps  à  recruter  la  populat 
che  de  Saint-Domingue  en  y  < 
des  sujets  vicieux  ou  criminels  q 
tection  sauvait  des  poursuites  < 
et  qu'elle  envoyait  sur  ce  point 
leur  conduite  coupable  ne  pou 
de  si  loin,  déshonorer  leurs  Ca 
des  hommes  que  leur  conduite  a 
n'avait  point  flétris  passaient  m 
ment  dans  la  colonie,  ils  n'y  v< 
l'exception  d'un  petit  nombre,  < 
résolution  d'y  faire  une  fortui 
et  avec  la  pensée  que ,  voulant 
fallait  consentir  aux  moyens, 
toire  de  Saint-Domingue,  conui 
de  beaucoup  d'autres  colonies, 
rait  volontiers  que  les  Kuropée 
gardaient  pas  la  morale  coma 
applicable  au  Nouveau-Monde, 
des  noirs  prit  une  activité  prop 
à  l'ardeur  générale  de  s'enrichi 
couvrit  d'esclaves  :  la  loi  pré 
protéger;  mais  elle  ne  pouvait  i 
aux  règles  de  la  justice  une  cbc 
en  principe,  dont  elle  consarr 
tence.  La  cruauté  et  le  despotis 
vapint,  contrebalancés  par  Vi 
l'esprit  de  calcul,  ieU  furent  à  S 
mingue  les  vrais  régulateurs  di 
esclaves.  Les  premiers  pf/tnirui 
en  petit  nombre  sur  un  fiays  tri 
avaient  pu  facilement  se  créer 
domaines.  La  traite  des  noirs 
ces  créations;  l'achat  et  Tenln 
atelier  supposaient  les  resMMU 
produits  d*une  grande  propriè 

y)  La  colonie  fraocaisc  ctimptait  l 
taliooi ,  taadts  nm'tX  a^y  ra  arait  ^wm 


tlAI  (38 

co  de  Boyenoes  ou  de  petites  ha- 
ms.  La  ooDceDtratîon  des  proprié- 
bntJi  des  idées  d'orgoeil  et  de  di- 
qaVUe  ne  manque  jamais  de  pro- 

NoD  "  scnlenient  les  blancs,  qui 
sit  ks  noirs  nés  pour  l'esclaTagey 
cnt  ^roir  des  é^ox  dans  le  noir 
Jû  ni  dans  lliomme  de  couleury 
le  cehû-ci,  par  son  origine,  se  rap- 
1  de  la  race  dominante;  mais  dans 
ipcrbe  mépris,  les  grands  blancs^ 
tes  propriétaires,  assimilaient  pres- 
la  net  dégradée  les  petits  blancs j 
-dire  tous  les  marchands,  les  corn- 
s  «Tocats,  les  gens  d^affaires,  etc... 
bistniction,  d^aîlleors,  nulle  cul- 
I  Fesprit,  et,  pour  tous  les  instants 
lérolMÛt  aTec  eflbrt  à  la  chaleur 
Die  du  climat,  nul  autre  emploi 
rec^MTche  du  plaisir  ou  le  soin  de 
kir*.  . 

ro^>érité  d'une  colonie  et  Paccrois- 
,  de  sa  puissance  modifient  néces- 
aitaes  rapports  avec  la  mère-patrie  ; 
\  à  im  âge  riril,  eUe  ne  peut  con- 
i  être  traitée  comme  dans  le  temps 

enfance.  Telle  était  alors  la  posi- 
t  Saint-Domingue  vis-à-Tis  de  la 
t.  n  était  temps  pour  celle-ci  de  ga- 
ies intérêts  en  modifiant  le  système 
d,  en  accordant  aux  habitants  de 
Doningue  le  droit  de  s^adminis- 
eae  taxer  et  de  se  juger  eux-mêmes, 
e  leur  fierté  naturelle  ne  pouvait 

résoudre  à  plier  devant  des  auto- 
li  leur  paraissaient  étrangères  parce 
s  n'étaient  pas  créoles.  On  ne  le  fit 
la  suspicion  remplaça  la  confiance, 
■ts  du  pouvoir  furent  contestés, 
tentions  locales  s'étendirent.  Du 
■t  sortout  où  il  fut  question  en 
i  de  réformes,  l'énergie  des  ressorts 
■vememeot  colonial  fut  impuis- 
i  vaincre  les  résbtances.  Toute  re- 
fat  rompue  à  la  nouvelle  de  la  prise 
Bastille.  Alors  les  fonctionnaires 
jèrent  sur  les  hommes  de  couleur, 
aient  afifecté  de  ne  point  prendre 
IX  réclamations  qu'on  élevait  con- 

anôens  droits  de  l'autorité.  Dès 
sorent  connaissance  de  la  déclara- 
s  droits  de  l'homme,  ils  pensèrent 
ire  participer  sans  restriction  la 

bé  4c  la  Bêmt  Sme/dopidiqu*. 


) 


HAI 


classe  des  sang-roêlés.  Jusque  -  là,  les  af- 
franchis de  Saint-Domingue  n'avaient 
pour  droits  politiques  que  le  droit  de 
propriété  et  de  domicile  :  les  fonction- 
naires s'étudièrent  à  faire  comprendre  en 
France  que  cette  caste,  possédant  le  tiers 
des  fonds  territoriaux,  et  le  quart  des  va- 
leurs mobilières,  d'ailleurs  égale  en  po- 
pulation à  celle  des  blancs,  était  la  meil- 
leure digue  qu'on  pût  opposer  à  l'orgueil 
oligarchique  des  uns,  qui  contrariait  l'ad- 
ministration ,  et  aux  insurrections  de 
l'esclavage,  qui  pouvaient  dans  l'avenir 
menacer  la  colonie.  Les  députés  des 
hommes  de  couleur ,  à  Paris,  appuyaient 
leur  demande  d'admission  aux  drôits  po- 
litiques de  l'offre  d'une  somme  de  six 
millions  et  d'un  cinquième  de  leurs  biens 
pour  hypothéquer  la  dette  nationale.  Us 
trouvèrent  des  sympathies  :  le  4  décem- 
bre 1789,  le  comte  de  Lameth  se  déclara 
pour  l'admission  des  sang-mélés  aux  as- 
semblées administratives  et  pour  la  li- 
berté des  noirs.  L'idée  de  ces  innovations, 
en  effrayant  les  grands  planteurs,  rendit 
plus  vive  la  haine  qu'ils  portaient  aux 
fonctionnaires  dans  la  colonie.  Par  un 
abus  étonnant  des  mots,  qui  prouve  que 
les  passions  peuvent  non-seulement  con- 
fondre, mais  intervertir,  les  notions  les 
plus  simples,  ib  traitaient  d'aristocrate 
quiconque  voulait  à  Saint-Domingue  in- 
voquer l'égalité  des  droits  de  l'homme  eu 
faveur  des  hommes  de  couleur  déjà  libres. 
Us  avaient  bien  le  désir  de  s'affranchir  du 
contrôle  de  la  métropole,  maisib  repous- 
saient avec  violence  la  moindre  conces- 
sion à  l'égard  des  hommes  de  couleur. 
Ainsi  ib  accaparaient  l'indépendance  et 
voulaient  le  maintien  de  leurs  injustes 
privilèges. 

Le  8  mars  1790,  l'Assemblée  natio- 
nale de  France  avait  déclaré  que,  consi- 
dérant les  colonies  comme  une  partie  de 
l'empire  françab,  et  désirant  les  faire 
jouir  des  fruits  de  l'heureuse  régénération 
qui  s'y  était  opérée,  elle  n'avait  cepen- 
dant jamab  entendu  les  comprendre  dans 
la  constitution  qu'elle  avait  décrétée  pour 
le  royaume,  ni  les  assujettir  à  des  lois  qui 
pourraient  être  incompatibles  avec  leurs 
convenances  locales  et  particulières;  que, 
dans  les  colonies  où  il  existait  des  assem- 
blées coloniales  libremeot  élues  par  le^ 


Haï 


(S8d) 


HaI 


citoyens  et  avouces  par  eux,  ces  assem- 
blées  étaieDt  admises  à  exprimer  le  rœu 
de  la  colonie;  que,  dans  celles  où  il  oVxis- 
tait  pas  d'assemblées  semblables,  il  en  se- 
rait incessamment  formé.  Ainsi  le  pouvoir 
était  donné  aux  assemblées  coloniales  de 
présenter  à  la  sanction  de  T  Assemblée  na- 
tionale de  France  les  modifications  qu*il 
serait  à  propos  d'introduire  dans  le  sys- 
tème  qui  régissait  la  colonie,  selon  les 
couTenanoes  locales.  Les  commissaires  des 
bommes  de  couleur  à  Paris,  ne  doutant 
pas  que  ces  assemblées,  diaprés  leur  for- 
mation, ne  dussent  exercer  une  influence 
peu  favorable  à  leur  cause,  réclamèrent 
énergiquement. 

L'article  4  des  fameuses  instructions 
du  28  mars  1790,  causes  de  tant  de  dés- 
ordres, portait  qu'immédiatement  après 
la  proclamation  du  décret  dans  la  colo- 
nie toutes  les  personnes  âgées  de  25  ans 
accomplis,  propriétaires   d'immeubles, 
ou,  à  défaut  d'une  telle  propriété,  do- 
miciliées dans  la  paroisse  depuis  deux  ans 
et  payant  contribution,  se  réuniraient 
pour  former  l'assemblée  provinciale.  Pour 
écarter  le  doute,  l'abbé  Grégoire  deman- 
dait que  les  bommes  de  couleur  fussent 
cités  nommément  clans  le  décret.  Bar- 
nave ,  rapporteur  du  comité  colonial  de 
l'Assemblée  nationale,  répondit  que  l'ad- 
mission des  hommes  de  couleur  était  le  ré- 
sultat nécessaire  du  décret.I>eux  cent  treize 
représentants  de  la  colonie  venaient  de 
se  réunir  à  Saint-Marc,  par  les  ordres  du 
roi  :  cette  assemblée,  en  recevant  le  dé- 
cret du  8  mars,  déclara  que  l'on  mour- 
rait plutôt  que  de  partager  les  droits  po- 
litiques avec  la  race  bâtarde  des  sang- 
mèlés.  Son  premier  acte  fut  de  procla- 
mer que  la  colonie  faisait  bien  partie  de 
la  France,  mab  qu'elle  avait  l'initiative 
de  ses  lois.  Quoique,  par  les  règlements 
de  sa  formation,  ses  «des,  pour  être  exé- 
cutoires, eussent  besoin  d'être  validés  par 
l'autorité  du  gouverneur  général,  l'as- 
semblée, après  s'être  déclarée  seule  repré- 
sentation légale  et  légitime  de  la  colonie, 
porta  ses  prétentions  jusqu'à  vouloir  faire 
dériver  de  son  autorité  tous  les  pouvoirs, 
consentant  seulement  à  soumettre  ses  dé- 
crets à  la  sanction  du  roi.  Les  instruc- 
tions du  28  mars  portaient  qu'une  non- 
re!hÊmemb)ée  colonialeserait  convoquée, 


à  moins  que  celle  qui  existait  m 
firmée  :  le  gouvernement  de  S 
mingue  crut  trouver  dans  cette 
moyen  de  se  débarrasser  sans  se 
cette  assemblée  générale  qui  le  gi 
assemblées  primaires  furent  ooi 
mais,  au  moyen  de  l'exclusion  de 
de  couleur,  à  qui  l'on  contesta 
qui  leur  étaient  dévolus  par  1 
de  l'instruction  du  28  mars, 
des  fonctionnaires  fut  trompée 
semblées  primaires  émirent  k 
maintenir  en  exercice  l'asseï 
Saint-Marc.  Fière  de  ce  sucoèi 
déclara  que  le  pouvoir  législati 
ce  qui  concerne  le  régime  intér 
colonie,résidait  dans  l'assemblée 
présentants,  qui  serait  appelée  i 
générale  de  la  partie  française 
Domingue.  Plusieurs  membre 
dans  cette  déclaration  un  acte 
lion  contre  la  France,  refusi 
souscrire  et  se  retirèrent.  L'i 
n'en  devint  que  plus  fougueuse;  i 
t6t  elle  rencontra  une  opposit 
côté  d'où  elle  ne  l'avait  point 
Elle  venait  de  rendre  un  décj 
l'usure  des  négociants  et  des  g 
dont  se  composait  alors  en  maj< 
semblée  provinciale  du  Nord, 
péra  une  rupture  entre  le  Cap 
Marc.  Sans  avouer  la  véritable 
son  indignation,  l'assemblée  p 
du  Nord  condamna  les  principe 
claration  du  28  mars  1 790,  en  n 
quelle  l'assemblée  de  Saint-Ma 
si  haut  ses  prétentions.  Ainsi  li 
tion  libre  de  la  colonie  était  • 
deux  camp  :  d'un  côté  le  goui 
colonial,  ayant  pour  lui  ses  em 
masse  des  gens  de  couleur,  les 
diciaires  et  la  haine  furibonde 
semblée  du  Nord  contre  celle 
Bfarc;  de  l'autre,  l'assemblée 
Bfarc,  ayant  pour  elle  les  miu 
des  grandes  villes,  la  masse  des 
et  les  comités  provinciaux  de  I 
du  Sud.  Au-dessus  des  rivalit 
rets  de  localité  planait  toujoun 
mité  des  sentiments  créoles  dai 
jugés  de  couleur,  lorsque  Va 
constituante  rendit,  le  IS  mai 
décret  admettant  les  hoeamea  c 
à  siéger  dans  les  aasembléet 


HÂI 


(369) 


HAI 


le,  U  foreur  des  blancs  ne  connaît 
e  bornes  :  on  renie  la  mère-patrie| 
le  de  remettre  la  colonie  au  gou- 
rasglab  de  la  Jamaïque,  qui  refuse, 
«  pas  allumer  la  guerre  entre  les 
lations.  Les  hommes  de  couleur 
mt  en  silence;  quelques-uns  pré- 
qoe  les  noirs  finiront  par  profiter 
dlrisions.  Déjà  des  insurrections 
ress^étaient  déclarées  dans  l'ouest, 
les  avaient  été  facilement  étouffées, 
I  la  lettre  du  mulâtre  Ogé  au  prè- 
le l'assemblée  provinciale  du  Nord, 
uelle  il  réclame  l'exécution  du  dé- 
l'Assemblée  nationale  du  28  mars, 
ire  qu'il  regarde  comme  indigne 
le  faire  soulever  les  ateliers.  Ce- 
it  les  planteurs  se  plaisaient  a  faire 
e  l'insurrection  générale  des  noirs , 
nêprisaient  trop  toutefois  pour  les 
sr  réellement.  Ils  ne  cessaient  de 
re  que  la  reconnaissance  des  droits 
■es  accordés  aux  sang-mélés  par 
eCdu  15  mai  allait  amener  inces- 
Bt  un  soulèvement  général.  Cette 
îon  donnée  à  dessein  aux  craintes 
its-blancs,  qui,  en  qualité  de  gé- 
lliommes  d'affaires,  étaient  sur- 
oontact  avec  la  population  noire, 
irodiguer  à  ceux-ci  la  sévérité  en- 
•  esclaves  et  les  outrages  envers  les 
%  de  couleur  ;  ce  qui  amena  enfin 
Ile. 

t3  août  1791,  une  insurrection 
ie  des  esclaves  eut  lieu  dans  le  nord 
,  sous  la  conduite  du  nègre  Bouck- 
les  noirs  dévastèrent  les  environs 
>  et  commirent  de  grandes  atro- 
ce danger  rapprocha  les  blancs  des 
s  de  couleur,  et  ils  firent  quelque 
cause  commune.  Des  concordats 
lieu,  surtout  dans  l'ouest,  entre 
IX  dasses;  on  allait  former  une 
lée  coloniale  d'après  le  décret  du 
i ,  lorsque  l'Assemblée  nationale, 
ée  parles  séductions  dont  on  avait 
ypé  son  comité  colonial,  rendit,  le 
tembre  1791,  un  décret  dans  le- 
ageant  la  question  tout  autrement 
DS  le  décret  du  1 5  mai,  elle  recon- 
•ssemblée  coloniale  seule  le  droit 
ider  suf  le  régime  intérieur  de  la 
tel  sur  l'état  des  personnes.  On  en- 
quelques  troupes  pour  rétablir 


l'ordre,  et  l'on  devait  au  besoin  fournir 
des  secours  plus  considérables.  L'annonce 
de  ces  secours  illimités  vint  relever  les 
prétentions  de  l'assemblée  coloniale  au 
moment  où  celle-ci,  ayant  perdu  tout  es- 
poir de  secours  étrangers,  allait  transiger 
et  acquiescer  aux  concordats  de  l'ouesL 
Les  préjugés  l'emportèrent;  on  ne  voulut 
plus  entendre  parler  du  rapprochement 
de  tous  les  hommes  libres,  d'où  serait  in- 
failliblementrésultée  la  soumission  des  es- 
claves, et  la  question  relative  à  l'éman- 
cipation entière  des  hommes  libres  de 
couleur  fut  ajournée.  Cependant  l'assem* 
blée  de  France  n'était  point  arrivée  au 
terme  de  ses  revirements  d'opinion.  Le 
4  avril  1792,  cassant  le  déoret  du  34 
septembre,  elle  remit  en  vigueur  celui  du 
15  mai.  Alors  l'assemblée  coloniale,  lasse 
de  sa  résistance ,  parut  se  résigner  et  se 
soumettre  aux  actes  politiques  que  le  gou- 
vernement colonial  allait  tenter  pour  le 
rétablissement  de  Tordre.  Les  autorités 
se  flattaient  que  les  hommes  de  couleur , 
satisfaits,  allaient,  dans  l'explosion  de 
leur  reconnaissance,  s'empresser  de  se- 
conder le  retour  à  l'ordre.  Mais  on  leur 
supposait  plus  de  ressort  pour  refouler 
les  noirs  qu'ils  n'en  avaient  réellement,  ou 
peut-être  avait-on  trop  attendu  à  faire 
un  appel  firanc  à  leurs  forces.  Ainsi  l'or» 
gueil  des  blancs  à  l'égard  des  hommes  de 
couleur,  le  temps  opportun  des  conces- 
sions toujours  manqué,  la  marche  vacil- 
lante et  les  fluctuations  de  l'Assemblée 
nationale  dans  les  affaires  de  la  colonie, 
telles  furent  les  causes  de  la  révolution 
de  Saint-Domingue. 

Des  agents  contre  -  révolutionnaires , 
sortis  de  la  partie  espagnole  de  Saint- 
Domingue,  dirigèrent  les  premiers  ef- 
forts des  noirs  contre  les  blancs,  et  les 
instruisirent  à  justifier  les  excès  de  leurs 
fureurs  par  le  nom  du  roi  de  France,  que 
ces  esclaves  croyaient  ou  prétendaieni 
servir  en  même  temps  que  les  intérêts  de 
leur  indépendance.  En  moins  de  deux 
mois,  plus  de  2,000  blancs  périrent  sous 
leurs  coups,  et  une  grande  étendue  de 
pays,  couverte  de  riches  plantations^  fut 
dévastée. En  1792,  l'Assemblée  nationale 
avait  proclamé  l'égalité  politique  des 
nègres  affranchis  et  des  blancs  :  l'an- 
née suivantCi  elle  nomma  trob  com-* 


/ 


haï 


(390) 


HAI 


tiiissaire*»  qui ,  à  leur  arrivée,  proclamè- 
rent rémancipation  des  esclaves.  Le  21 
juin  1793,  Macaya,  chef  noir,  entra  au 
Cap- Français  à  la  tête  de  3,000  esclaves, 
et  massacra  sans  distinction  les  blancs 
et  les  hommes  de  couleur.  Le  gouverne- 
ment anglais,  appelé  au  secours  des  plan- 
teurs,  envoya  de  la  Jamaïque  un  corps 
de  troupes  qui  s^empara  de  Léogane  et 
du  Port-tu-Prince.  Cependant  la  fièvre 
jaune,  venant  à  se  déclarer,  décima  bien- 
tôt cette  armée,  et  les  noirs,  commandés 
par  Rigaud  et  par  le  fameuxToussaint-Lou- 
verturcy  qui  avait  été  nommé  général  en 
chef  par  le  gouvernement  françab^  repri- 
rent les  places  principales.  Les  Anglais , 
après  des  pertes  énormes,  évacuèrent  fi  na. 
lementnieen  1798.  Avant  cette  époque, 
TEspagne  avait  cédé  à  la  France  la  partie 
orientale.  Toussaint-Louverture  (yojr.^^ 
homme  de  génie  sorti  du  milieu  de  ces 
Africains,  vainqueurs  cruels  et  barbares, 
après  avoir  donné  Texemple  des  dévas- 
tations ,  voulut  sauver  et  édifier.  Plus 
jaloux  de  sa  puissance  personnelle  que 
de  la  liberté  réelle  de  ses  frères,  il  re- 
construisit presque  Tesclavage  sous  la 
forme  d^une  administration  militaire; 
mais  les  noirs  semblaient  se  contenter  du 
mot  indépendance  et  de  la  pensée  qu^ils 
étaient  affranchis  du  joug  odieux  des 
blancs,  et  que,  s^ils  obéissaient,  c*était  à 
un  homme  de  leur  couleur.  Cependant 
le  dictateur  Toussaint  conservait  avec  la 
mère-patrie  les  apparences  de  Tunîon. 
Flatté  des  respects  obséquieux  que  lui 
prodiguaient  les  grands  blancs  échappés 
aux  massacres ,  il  captait  leur  affection  et 
|pur  rendait  La  jouissance  d'une  partie 
de  leurs  propriétés.  Cette  concession  re- 
marquable et  raffermissement  de  son 
système  coactif  pour  Texploitation  des 
terres  faisaient  entrevoir  un  ordre  de 
choses  qui  ne  laisserait  s^opérer  que  len- 
tement Témancipation  complète  des  noirs 
et  surtout  celle  de  la  colonie.  Mais  on 
n^eut  pas  la  patience  d^attendre  l'action 
lente  du  temps  :  par  ordre  du  premier 
consul,  une  expédition  composée  de 
20,000  hommes,  sous  les  ordres  du  gé- 
néral Leclerc,  sVmbarqua  pour  Saint- 
Domingue  en  décembre  1801.  Elle  avait 
pour  but  le  triomphe  absolu  de  la  cou- 
Jeur  blêncbe  et  rantnrtiieiiieiil  mal  dé- 


guisé d^une  population  qu'avaiei 
rée  libre,  depuis»  dix  ans,  une  loi 
et  une  suite  d'épouvantables  ^ 
Pendant  une  trêve ,  au  mépris 
des  gens ,  on  s^empara  de  la  per: 
Toussaint-Louverture,  et,  sans  ji 
sans  accusation ,  on  Temmena  en 
où  il  finit  ses  jours  dans  une  détei 
bitraire,  en  avril  1803.  Les hoati 
mentanément  suspendues  par  le 
l*'  mars  1 802,  recommencèrent  i 
d'acharnement  de  part  et  d'autre 
noirs  se  soulevèrent,  et,  pour  la  ] 
fois ,  partout  avec  eux  fiirent  cav 
mune  leurs  anciens  ennemis,  les  ri 
Toussaint  avait  voulu  anéantir , 
mes  de  couleur.  Le  commandei 
troupes  noires   fut  dévolu  à  D 
(voy,)y  qui  poursuivit  la  guerre 
gueur.  La  fièvre  jaune  vint  en 
nègres  et  dévora  Tarmée   fnu» 
cette  époque  mourut  le  général 
sous  son  successeur,  Rochamb 
Français,  réduits  à  une  poignée 
mes,  furent  refoulés  au  Cap,  o 
rent  obligés  de  se  rendre  à  um 
anglaise,  le  30  novembre  1803. 
grande  partie  de  File  fut  abandc 
ainsi  cessa  toute  opposition  à  VI 
dance  des  noirs.  Le  1^  janvier 
général  et  le^  chefs  de  Tarmée  hi 
dans  une  déclaration  solennelle 
nom  de  la  nation,  abjurèrent  ti 
pendance  à   Tégard   de   la  Fra 
même  temps,  on  nommait  DessalJ 
qui  ne  savait  ni  lire ,  ni  écrire , 
neur  à  vie ,  avec  des  pouvoirs  ti 
dus.  En  septembre  de  la  méoM 
ce  chef,  à  son  retour  d'une  tent 
fructueuse  contre  la  ville  de  Saint 
gue, qui  était  encore  occupée  par  • 
Espagnols  et  Françab,  prit  le 
Jacques  I*',  empereur  d'Haïti, 
gne  fut  court ,  et,  quoique  qud 
ges  mesures  pour  le  gouvememei 
mélioration  de  Tétat  du  peupk 
signalé  son  administration  ,  sa 
le  fit  universellement  délester.  I 
par  suite  d'une  conspiration  mil 
17  octobre  1806.  Christophe,  m 
clave  noir  qui  commandait  en  sec 
mée d'Haïti, prit  aussitôt  le  timoD 
res  sous  le  titre  de  chefdag<m9€r 
Cependant  Péthioo  (vor*)» 


haï 


(39t) 


HaI 


dispatait  le  soaYerain  pouvoir,  et  la  lutte 
CBtreCbrûtophe  et  1  ui  fut  longue  et  achar- 
lèe.  Le  1*'  janvier  1807,  une  bataille 
flUflilante  fut  livrée ,  dans  laquelle  Pé- 
tUon  fut  défait.  Dans  le  cours  de  Pan- 
■ée,  Christophe  fut  nommé  magistrat 
■préme  à  vie,  avec  pouvoir  de  nommer 
no  inccesieur;  eo  1811,  il  changea  son 
Are  en  celai  de  roi,  sous  le  nom  de  Hen- 
lîl"  fwr.)>  *^  cette  fonction  fut  décla- 
ne  héréditaire  dans  sa  famille. 

De  1810  à  1820,  la  partie  d'Haïti  qui 
itaît  appartenu  à  la  France  était  parta- 
ge entre  deux  gouvernements  distincts 
tt  rifaux  :  au  nord  était  le  royaume  de 
Clrstophe,  qui  faisait  peser  sur  les  noirs 
k  sfstème  coactif  d'exploitation  et  ne 
hÎMiit  gaère  d*autre  sens  au  mot  de  1i- 
Wnê  que  celui  d*une  horreur  invincible 
pamr  le  joug  des  blancs  ;  le  sud  formait 
me  république  à  la  tète  de  laquelle  était 
Fécbion ,  c|oi  Thonorait  par  sa  sagesse  et 
■i  vertus.  Nommé  président  à  vie,  en 
1816,  il  conserva  cette  fonction  jusqu'au 
29  BUTS  1818,  époque  à  laquelle  il  mou- 
rat  ani  versellement  regretté  de  ses  conci- 
tovens. Christophe,  despote  avare  et  cruel, 
périt  dans  une  révolution  militaire ,  le  8 
actobre  1 820.  Alors  toute  l'ancienne  co- 
lonie fran^se  se  réunit  sous  la  présidence 
deBoyer(  vo/.),  qui  avait  hérité  des  vertus 
de  son  prédécesseur  Péthion.  La  partie 
it  nie  où,  dans  le  principe ,  les  Espa- 
gBok  avaient  formé  les  premiers  établis- 
soaents,  resta  entre  leurs  mains  jusqu'en 
décembre  1 82 1  ;  à  cette  époque,  elle  sui- 
vit l'exemple  des  habitants  de  la  partie 
Dord-ouesty  et  se  plaça  volontairement 
ioas  le  gouvernement  du  président  Boyer, 
qai  devint  ainsi,  sans  secousse^  maître  de 
la  toulîté  de  l'Ile. 

Eo  1825,  Charles X,  comprenant  rem- 
pile des  faits  accomplis,  voulut  régulari- 
Kr  les  relations  de  la  France  avec  son  an- 
cienne colonie,  faire  cesser  un  provisoire 
qai  laissait  beaucoup  d'intércis  en  souf- 
france, et  secourir  les  colons  dépossédés 
dans  le  naufrage  de  leur  fortune ,  en  tâ- 
diinld*eD  ressaisir  quelques  débris.  Il  dé- 
pécha le  baron  de^Iackau,  capitaine  de 
nisseau ,  avec  une  ordonnance  en  trois 
articles.  Le  premier  portait  que  les  ports 
et  h  partie  française  de  Saint-Domin- 
gae  seraient  ouverts  au  commerce   de 


toutes  les  nations  ^  que  les  droits  perçue 
dans  ces  ports,  soit  sur  les  navires,  soit 
sur  les  marchandises ,  tant  à  l'entrée  qu'à 
la  sortie,  seraient   égaux  et  uniformes 
pour  tous  les  pavillons,  excepte  le  pavil- 
lon français,  en  faveur  duquel  ces  droits 
seraient  réduits  de  moitié.  L'article  2  de* 
mandait  en  faveur  des  anciens  colons  une 
indemnité  de  150  millions  de  fr.  paya- 
ble  par   cinquièmes,  en   cinq  années; 
cette  indemnité  était  censée  représenter 
le  dixième  de  la  valeur  des  propriétés  en- 
vahies; elle  avait  été  basée  sur  le  revenu 
d'une  année,  d'après  la  moyenne  de  ce- 
lui des  trois  dernières  années  qui  avaient 
précédé  la  révolution  de  1789,  lorsque 
Saint-Domingue  était  à  l'a]>ogée  de  sa 
prospérité   commerciale.  L'article  3  de 
l'ordonnance  accordait,  à  ces  conditions, 
l'indépendance  pleine  et  entière  du  gou- 
vernement d'Haïti.   Une  escadre  de    2 
vaisseaux,  8  frégates  et  5  bricks,  sous  les 
ordres  du  contre-amiral  Jiirieu,  était  en 
station  devant  Port-au-Prince,  en  même 
temps  que  M.  de  Mackau  présentait  la 
proposition  de  la  France  à  des  commis- 
saires nommés  à  cet  effet  par  le  gouver- 
nement haïtien.  Après  quelques  confé- 
rences, le  président  évoqua  à  lui  la  né- 
gociation.  Le   traité  fut  signé  avec  la 
réserve  de  quelques  éclaircissements  que 
l'article  f"  semblait  exiger;  l'ordonnance 
royale  (du  17  avril  1825)  fut  entérinée 
avec  solennité,  par  le  sénat  haïtien,  le  1 1 
juillet  de  la  même  année ,  et  le^  mêmes 
commissaires  haïtiens  qui,  l'année  pré- 
cédente, avaient  été  envoyés  en  France , 
furent  chargés  par  leur  gouvernement 
de  s'y  transporter  de  nouveau  pour  né- 
gocier un  traité  de  commerce  et  ouvrir 
un  emprunt  destiné  à  acquitter  le  pre- 
mier cinquième  de  l'indemnité.  Ce  fut  la 
compagnie  à  la  tête  de  laquelle  était  la 
maison  Jacques  Lafitte  qui  se  renriit  ad- 
judicataire de  cet  emprunt  au  taux  de  80 
p.  "/o'  File  versa  24  millions  à  la  caisse 
des  consignations ,  et  cette  somme,  jointe 
à  ce  que  le  gouvernement  haïtien  y  avait 
déjà  versé  directement,  forma,  à  quel- 
ques centaines  de  mille  francs  près ,  les 
30   millions  du   premier  cinquième  de 
l'indemnité    stipulée    par   l'ordonnance 
royale  du  17  avril  1825.  En  échange  de 
ces  24  millions,  les  commissaires  K%\û^ws 


haï 


(  392) 


HAI 


avaient  livré  à  la  compagnie  adjudica- 
Uire  30,000  annuités  de  1,000  fr.  por- 
tant intérêt  sur  le  pied  de  6  p.  ^/o  Tan  , 
à  partir  du  l^*"  janvier  1826,  divisées  en 
35  séries  de  1,200  annuités  chacune, 
remboursables  à  raison  d'une  série  par 
année.  Le  20  février,  la  Chambre  des 
représentants  rendit  une  loi  par  laquelle 
Findemnité  de  150  millions  de  fr.,  con- 
sentie envers  la  France  était  reconnue 
comme  dette  nationale.  Cette  loi  ayant 
été  acceptée  par  le  sénat,  le  25  février, 
pour  donner  au  président  les  moyens  de 
pourvoir  au  paiement  de  la  dette ,  on  dé- 
créta la  vente  des  biens  nationaux  et  un 
impôt  spécial  de  30  millions  de  piastres, 
payable  en  dix  ans,  à  dater  du  1*' jan- 
Tier  1827;  impôt  qui  parut  exorbitant  à 
ceux  qui  devaient  le  payer,  mais  qui  ne 
représentait  pas  une  année  de  Fancien 
revenu  territorial. 

La  session  de  1826  est  remarquable, 
dans  les  fastes  de  la  législature  d'Haïti , 
par  la  mise  en  activité  d'un  code  civil 
pour  lequel  celui  de  France  avait  servi 
de  base,  par  la  rédaction  d'un  code  ru- 
ral qui  assujettit  les  noirs,  cultivateurs 
non-propriétaires,  à  des  journées,  des 
heures  régulières  de  travail,  et  à  la  disci- 
pline la  plus  rigoureuse ,  par  l'organisa- 
tion d'une  garde  nationale ,  d'une  ban* 
que  nationale,  et  par  l'établissement 
d'entrepôts  réels,  à  compter  du  f  août. 

Cependant  la  misère  du  pays  avait 
obligé  le  président  Boyer  de  recourir  au 
ruineux  expédient  d'un  papier  -  mon- 
naie :  le  mécontentement  des  cultivateurs 
exigeaitla  police  la  plus  sévère,et  les  com- 
plots des  anciens  partisans  de  Christophe 
en  faisaient  encore  plus  sentir  le  besoin. 
A  Tépoque  prescrite  pour  le  paiement  du 
second  cinquième  de  l'indemnité  (3 1  dé- 
cembre 1826),  les  fonds  ne  se  trouvèrent 
pas  faits  pour  l'acquitter;  le  gouvernement 
haïtien  s'était  contenté  d'envoyer  une  dé- 
claration ainsi  conçue  :  '<  Nous,  etc.'re- 
r  connaissons  et  déclarons  que  la  républi- 
t  que  d'Haïti  doit  à  la  caisse  des  consigna- 
1  tions  de  France  la  somme  de  30  mil- 
4  lions ,  pour  valeur  du  deuxième  terme 
ft  de  l'indemnité  mentionnée  en  l'ordon- 
•  •<  nance  du  17  avril  1825.  »  Le  minis- 
tre des  finances  français  autorisa  la  caisse 
àeê  coofîgnations  à  recevoir  et  à  garder 


cette  déclaration ,  et  le  paieient 

cond  cinquième  fut  ajourné.  D  < 

rait  été  de  même  du  paiement  de 

rets  et  du  remboursement  des  ié 

l'emprunt  si  la  compagnie  adjodi 

n'eût  été  autorisée,  par  le  même  mi 

à  faire  au  gouvernement  d'Haïti  X 

des  fonds  nécessaires  à  la  contii] 

du  service  de  son  emprunt.  Ces  ai 

faites  sous  la  garantie  du  ministre 

moyen  desquelles  les  intérêts  des  s 

de  l'emprunt  furent  réglés  juMp 

juillet  1828  et   le   remboune» 

deux  séries  de  1,200  annuités  c 

effectué,  s'élevaient  à  4,848,905  1 

le  Trésor,  sur  la  non-remise  de 

de  la  part  d'Haïti ,  compta  à  la  c 

gnie  adjudicataire   de  l'empninl 

dont  il  fut  intégralement  remboin 

tard,  c'est-à-dire  en  février  183j 

la  session  de  1828,  le  président  f 

de  substituer  à  l'impôt  extraord 

dont  la  perception  avait  causé  des 

une  contribution   d'une  autre   i 

Chaque  citoyen  dut  payer  5  p.  ®/» 

nimum  présumé  de  ses  revenus 

produits  de  son  industrie.  Il  s'agkss 

de  faire  cesser ,  après  1 830 ,  le  pi 

du  demi-droit,  à  l'entrée  et  à  11 

des  navires,  stipulé  pour  le  coi 

français.  Des  négociations  entamé 

la  France  sur  ces  questions  étaîc 

tées  sans  résultat ,  lorsqu'arriva  h 

lution  de  1830.  A  cette  occasion, 

sident  Boyer  refusa  de  ratifier  k 

veaux  arrangements   qu'on    proj 

sous  ce  prétexte  que  «  Ton  avait  i 

torisé  à  penser,  en  Haïti,  que  le  d 

gouvernement  français,  fondé  i 

système  plus  libéral,  aurait  ooi 

les  exigences  du  gouvernement  di 

L'impossibilité  pour   Haïti   de  i 

les  conditions  de  l'ordonnance 

avril  était  à  peu  près  évidente  ;  e 

fet,  si  l'on  considère  la   proporl 

sa  population  avec  celle  delà  Frana 

comme  si  Ton  eût  demandé  a  celle 

indemnité  de  près  de  5  milliards. 

fut  donc  d'entrer  dans  la  voie  de 

cessions.  On  crut  devoir  préfère 

belles  conditions   inexécutées  le 

ment  définitif  d'une  affaire  peoda 

puis  tant  d'années,  et  une  réalité 

cution.  Nous  avons  dit  que  30  i 


haï 


(893  ) 


HAI 


ait  été  payés  en  1 836,  formant 
'  cinquièiDe  des  l&O  millions 
r  rordonnanoe  royale  du  17 
.  Aux  termes  de  cette  ordon- 
taient  encore  130  millions  dus 
e  par  la  répabllqne  haïtienne, 
rnenent  français  consentit  à 
I  moitié  de  ce  qni  restait  de  la 
it-4-Jire  60  millions,  aban- 
dusi  ses  droits  à  des  intérêts; 
tint  des  conditions  nettes  pour 
1  paiement  de  la  partie  con- 
1.  E.  de  Las-Cases  et  Baudin, 
i  cette  dernière  négociation , 
,  à  la  fin  de  Tannée  1837, 
lés  par  une  escadre  imposante, 
sment  de  forces  ne  dut  point 
latile  à  ceux  qui  saraient  de 
lents  se  composait  le  peuple 
1  on  aTait  à  traiter.  La  masse 
cTHaîti,  naguère  population 
arec  son  ignorance,  ses  pré- 
folle présomption,  ne  voyait 
md  acte  de  l'indemnité  qu'un 
s'il  s'imposerait  et  dont  rien 
lui  faire  comprendre  la  né- 
que  la  raison  et  l'équité  du 
cnt  hutien  eussent  été  im- 
à  obtenir ,  il  fallait  l'emporter 
d'un  armement  impo- 


1 ,  deux  traités  furent  con- 
férrier  1838  ,  et  ratifiés  des 
,  à  Paris,  le  28  mai  suivant, 
mier,  le  roi  des  Français  re- 
Mir  lui  et  ses  successeurs,  la 

d'Haïti  comme  état  libre, 
t  indépendant.  Il  est  convenu 
sois,  les  citoyens ,  les  navires 
iiandises  ou  produits  de  clia- 
IX  pays  jouiront  à  tous  égards 
e  du  traitement  accordé  ou 

être  accordé  à  la  nation  la 
sée.  Par  le  second  traité,  le 
idemnité  due  à  la  France  par 
|iie  d'Haïti  demeure  fixé  i  la 
4)  millions  de  fr.  payables  en  six 
iqu'en  1867.  A  l'époque  où 
«is,  le  paiement  des  deux  pre- 
es  a  été  effectué. 
le  terminer  cet  article,  nous 
ques  mots  sur  la  civilisation 
si  sur  les  premiers  essais  de 
{u'elle  a  enfantés. 
oorces  sont  encore  bornées. 


Il  n'exbte  qu'un  commencement  de  bî« 
bliotbèque  publique,  que  deux  imprime- 
ries et  deux  ou  trois  journaux  assez  insi- 
gnifiants, dont  le  Télégraphe  est  l'organe 
du  gouvernement.  Cependant  si  l'on  con^ 
sidère  le  point  de  départ  des  Haïtiens, 
c'est-à-dire  l'abrutissement  de  l'escla-^ 
vage ,  et  si  l'on  observe  la  longue  éduca- 
lion  des  peuples ,  laquelle,  indépendam-* 
ment  d'un  heureux  concours  de  circon- 
stances, n'exige  rien  moins  que  des 
siècles ,  on  trouvera  que  les  commence- 
ments de  la  littératmre  d'Haïti,  bien  fai- 
bles jusqu'à  ce  jour,  ne  sont  pourtant  pas 
tout-à-fait  indignes  d'attention. 

On  remarque ,  dans  les  compositions 
des  Haïtiens,  quelque  chose  de  cette  en- 
flure que  l'on  rencontre  dans  les  essais 
des  jeunes  gens.  Mais  la  nation  die- 
même  est  jeune  à  la  liberté,  et  cette  exu- 
bérance de  sentiment  qui  fait  tomber  le» 
écrivains  dans  l'exagération  n'a  rien  qui 
doive  surprendre.  Comme  la  passion  do- 
minante des  Haïtiens  est  l'amour  de  l'in- 
dépendance, leur  littérature  prend,  jus- 
qu'à présent,  sa  principale  source  dans 
ce  sentiment,  qui  leur  inspire  quelque- 
fois des  pensées  et  des  expressions  em- 
preintes de  la  plus  mâle  énergie.  Dans 
un  discours  de  Dessalines  à  ses  soldats  y 
le  génie  de  la  patrie  se  présente  à  l'ima- 
gination de  l'orateur  dans  l'instant  où  il 
suppose  qu'une  flotte  ennemie  vient  l'at- 
taquer. «  Déjà,  à  l'approche  de  l'en- 
nemi ,  le  génie  irrité  d'Haïti,  sortant  du 
sein  des  mers,  apparaît;  son  front  me- 
naçant soulève  les  flots ,  excite  les  tem- 
pêtes; sa  main  puissante  brise  ou  dis- 
perse les  vaisseaux.  A  sa  voix  redoutable 
les  lob  de  la  nature  obéissent;  les  mala- 
dies ,  la  peste,  la  faim  dévorante,  le  poi- 
son volent  à  sa  suite...  Mais  pourquoi 
compter  sur  les  secours  du  climat  et  des 
éléments?  Ai-je  donc  oublié  que  je  com- 
mande à  desâmes  peucommunes,  nourries 
dans   l'adversité,  dont  l'audace  s'irrite 
des  obstacles,  s'accroit  par  les  dangers? 
Qu'elles  viennent  donc,  ces  cohortes  ho- 
micides; je  les  attends  de  pied  ferme, 
d'un  œil  fixe.  Je  leur  abandonne  sans 
peine  le  rivage  et  la  place  où  les  villes 
ont  exbté;  mab  malheur  à  celui  qui 
s'approchera  trop  près  des  montagnes! 
Il  vaudrait  mieux  pour  lui  que  la  mer 


H  AI 


(394) 


HAK 


IVût  englouti  dans  ses  profonds  abîmes 
que  d^élre  dévoré  par  la  colère  des  en- 
fants d'Haïti.  »  (Almanach  de  1818,  du 
Port-au-Prince,  par  Chaulatte,  p.  39  et 
suiv.).Les  diverses  proclamations  de  Henri 
Christophe  renferment  des  beautés  ori- 
ginales. Dans  celle  du  2  janvier  1813,  il 
trace  ainsi  les  devoirs  des  habitants  des 
campagnes  :  a  Considérez  le  sort  heu- 
reux qui  est  votre  partage.  Fuyez  l'oisi- 
veté comme  le  plus  dangereux  des  fléaux, 
car  elle  énerve  Tâme,  fesprit  et  le  corp. 
Le  travail  honore  l'homme;  c'est  pour 
vous-mêmes  que  vous  travaillez,  pour 
vos  enfants,  pour  votre  famille,  pour 
votre  pays.  Vous  trouverez  toujours  dans 
le  travail ,  joie ,  santé ,  force ,  richesse , 
contentement  et  paix.  »  Aux  magistrats 
il  dit  :  n  C'est  à  vous  qu'il  appartient 
d'échauffer,  par  votre  exemple,  le  zèle  re- 
ligieux et  l'amour  des  bonnes  mœurs; 
sans  mœurs,  un  état,  quelque  bien  con- 
stitué qu'il  soit,  ne  peut  subsister.  Soyez 
les  organes  de  la  loi  ;  soyez  justes ,  soyez 
impassibles  comme  elle;  défendez  tou- 
jours les  droits  du  faible  opprimé  contre 
les  attaques  injustes  du  fort.  »  Ce  même 
chef,  qui,  d'esclave  dans  une  hôtellerie 
du  Cap,  parvint  à  la  royauté,  fait  écla- 
ter son  indignation  contre  un  ennemi 
puissant  qui  menace  l'indépendance  de 
ses  états,  a  Qu*Haîti,  dès  cet  instant,  s'é- 
rrie-t-il,  ne  soit  qu'un  vaste  camp!  Don- 
nons à  la  postérité  un  grand  exemple  de 
courage;  combattons  avec  gloire;  soyons 
effacés  du  rang  des  peuples  plutôt  que 
de  renoncer  à  la  liberté.  Roi ,  nous  sau- 
rons vivre  et  mourir  en  roi  ;  vous  nous 
verrez  toujours  à  votre  tête  partager  vm 
)>érils.  S'il  arrivait  que  nous  cessassions 
d'exister  avant  d'avoir  consolidé  vos 
droits,  ressouvenez-vous  de  vos  actions, 
et  si  nos  ennemis  parvenaient  à  mettre 
en  danger  votre  indépendance,  exhumez 
mes  os,  ils  vous  guideront  encore  à  la 
victoire.  «  (Procès-verbal  du  conseil  gé- 
néral du  21  octobre  1814,  p.  19).  L'o- 
raison funèbre  de  Pélhion,  prononcée  par 
le  président  Rover,  son  ami  et  son  suc- 
cesseur, est  pleine  d'élévation  dans  les 
sentiments  et  d'un  rare  l)onheur  dVx- 
pression.  Enfin  les  di^^ours  d'ouverture 
et  de  clôture  des  sessions  législatives 
3oat  empreiots  d'une  noble  sîmpUctté  et 


d'une  convenance  d'expreanom  qui  ta 
raient  honneur  à  des  peuples  d'une  n^ 
stitution  beaucoup  plus  ancienne.  Ij|| 
dresse  au  peuple,  par  laquelle  la  GWl 
bre  des  représentants,  arrÎTée,  le  !•  fl 
1 826,  à  la  fin  des  travaux  iépÛKtih  èm 
session,  annonce  sa  dissolution 
est  un  morceau  tr^  renuurquabley 
l'on  pouvait  supposer  le  peu|^  caÉ| 
néral  capable  de  goûter  IVIm|niimi||| 
lemen taire  qui  y  règne,  la  di 
d'Haïti  serait  arrivée  à  un  point 
fort  avancé.  Quant  à  la  poésie, 
soutient  pas  jusqu'à  présent  le 
de  la  prose  ;  elle  n'a  pas  encore  de 
leur  bien  saillante,  et  n'est  goèrt 
pâle  reflet  de  celle  de  la  Franee. 
cette  grande  et  belle  nature 
sans  doute  quelque  âme  de  poète 
accents  doux  et  harmonieux  agiroot  i 
ces  âmes  encore  incultes,  et  y 
jaillir  les  premières  étincelles  du  U 
cré.  L. 

HAKEMetHAKIM,motS( 
et  l'antre  du  verbe  arabe  huAm, 
ordonner  y  prescrire,  et  qu'on  a  pu 
tant  plus  facilement  confondre  l'un 
l'autre  que  les  Orientaux  ont 
de  supprimer  les  voyelles  en  écrivant  fli 
pendant  les  deux  mots  sont  loin  tfll 
synonymes,  puisque  hakim  signifie  aét 
cin,et  hakem  magistrat,  sage,  ligiilmi 
Hakim  toutefois  est  souvent  eaplll 
dans  un  sens  plus  étendu ,  pour  éki^ 
les  savants  en  général ,  et  même  Dm^ 
savant  par  excellence.  On  appelle  enei 
hakim  ceux  qui  prévoient  l'avenir,  ■ 
non  pas  les  prophètes  proprement  dilB,€ 
ce  dernier  nom  n'est  donné  qu'à  Maki 
met.  Les  deux  mots  se  distinguent  cal 
eux  par  une  légère  nuance. 

Il  y  a  en  Turquie  deux  pouTcnrs  dl 
tincts  :  le  pouvoir  exécutif  et  le  powi 
judiciaire.  Le  grand-visir  et  rarmée  f 
présentent  le  premier  de  ces  deux  po 
voirs;  le  mufti  et  les  autres  magîilr 
constituent  le  second.  Le  sulthan  seul  ré 
nit  en  sa  personne  la  plus  absolue 
toutes  les  autocraties  :  lui  seul  est  à  la  I 
visir  et  mufti.  Si  l'abus  n'exerrait  pasi 
empire  sur  les  Orientaux  coBune  i 
d'autres  populations,  pas  un  ransola 
(les  militaires  exceptés^  ne  subirait 
peine  la  plus  légère  sans  airoir  été  ji 


HAK  (  3 

iftot  par  ao  magistrat  (  hakf.m  j 
epoavotr  exécatif  n*est  que  Tin- 
9L  n  faudrait  même  que  tous  les 
mt»  fussent  précédés  de  cette  for- 
Ainsi  que  le  veut  la  loi  y  les  ma" 
s  réunis  dans  telle  chambre ,  ont 
If  ce  qui  suit  *.  Ainsi,  dans  toutes 
Btés,  la  puissance  du  grand-seigneur 
lésentée  par  deux  chefs  principaux  : 
cmeuTy  auquel  est  délégué  le  pou- 
katif,  et  lekadi,  chef  des  hakems 
\  de  loi.  Le  mot  kadi  ou  kazi  si- 
irecteur  de  la  kaza  (département, 
i) ,  directeur  et  non  gouverneur , 
le  kadi  ne  gouverne  pas,  mais  se 
eulement  à  dicter  au  gouverneur 
ences  qu'il  doit  appliquer  pour 
a  loi.  ^oy.  Kadi. 
mœurs  des  hakems  y  à  Favarice 
i  les  rend  souvent  d'une  vénalité 
te,  sont  plus  sévères  que  celles  des 
ausulmans.  Ils  parlent  par  sen- 
citent  à  tout  propos  les  paroles 
onnages  révérés ,  observent  scru- 
nent  les  pratiques  religieuses, 
l  le  Koran  et  ses  commentateurs; 
s  a*adonnent  même  à  la  poésie, 
chent  à  gagner  la  confiance  de 
lis  subordonnés  en  n'employant 
té  que  dans  les  cas  extrêmes  et  en 
i  avec  adresse  comme  arbitres  tou- 
>is  qu'il  s'élève  des  contestations. 
rai,  l'autorité  des  kadb  est  toute 
le,  c'est  pour  cela  sans  doute 
is  les  révolutions,  les  vengeances, 
t  ordinairement  sur  le  gouver- 
très  rarement  sur  ces  magistrats , 
t  pour  ainsi  dire  les  protecteurs 
lie  contre  les  abus  du  pouvoir  mi- 
lequel,  depuis  la  réforme,  a  une 
e  marquée  à  tout  envahir. 
\akinu ,  avons-nous  dit ,  sont  les 
is.  L'art  de  guérir  a  de  tout 
rté  fort  honoré  des  Orientaux, 
iplique  pourquoi  le  mot  qui  dé- 
I  médecins  a  la  même  racine  que 
'ib  donnent  à  leurs  sages,  à  leurs 
its.  D'ailleurs,  comme  les  juges, 
)lent  disposer  de  la  vie  et  de  la 

Tares  se  serrent,  comme  noos,  da  mot 
{^muAkimi)  poor  désigner  les  magis- 
ils  en  conseil  poor  jnger.  Ils  disent  de 
■  td  a  été  condamné  par  la  première, 
edMsabrt. 


(15  )  HâK 

mort,  ils  ordonnent  et  prescrivent  :  c'en 
est  assez  pour  justifier  cette  analogie  chez 
un  peuple  dont  les  idées  viennent  prin* 
cipalement  du  monde  extérieur.  Ensuite 
ils  ne  peuvent  penser  qu'un  homme  mé- 
rite le  nom  de  savant  s'il  ne  sait  guérir 
ses  semblables  quand  il  les  voit  souffrir. 
Cela  est  si  vrai  qu'actuellement  qu'ils  re- 
connaissent la  supériorité  scientifique  des 
Européens,  ils  ne  peuvent  croire  que  tous 
ne  sont  pas  familiers  avec  les  secrets  de 
la  médecine.  Tous  les  voyageurs  peuvent 
FafBrmer  :  des  que  les  Orientaux  voient 
un  Franc,  ils  l'accablent  du  récit  de  leurs 
maux.  En  vain  protesteriez  vous  de  votre 
ignorance ,  il  vous  faut  visiter  des  mala- 
des. Ceux  qui  savent  tant  de  choses,  di- 
sent-ils, ne  peuvent  être  étrangers  à  l'art 
de  guérir.  Eux-mêmes ,  depuis  le  règne 
des  khalifes,  où  florissait  l'école  arabe, 
n'ont  personne  qui  mérite  le  titre  de  mé- 
decin. Toute  la  pratique  médicale  se  borne 
chez  eux  à  appliquer  sans  raison  quelques 
recettes  bizarres,  dangereuses  et  empiri- 
ques, transmises  par  tradition.  Ils  ont 
aussi  recours  à  des  prières,  à  des  amulet- 
tes, à  des  exorcismes,  qui,  du  moins,  n'ag- 
gravent jamais  le  mal.  Ce  sont  les  cheiks, 
les  savants,  les  kadis,  que  l'on  consulte 
quand  les  médicaments  sont  sans  résul- 
tats :  c'est  une  raison  de  plus  qui  justifie 
la  parenté  des  mots  hakem  et  hakim,  qui 
se  ressemblent  tant.  Les  barbiers ,  il  est 
vrai,  saignent,  appliquent  des  ventouses  , 
pansent  les  plaies  et  font  certaines  opé- 
rations chirurgicales;  mais  ces  hommes 
ne  méritent  pas  mieux  le  nom  de  chirur- 
giens que  le  nom  de  médecins  ne  revient 
aux  premiers. 

Aussitôt  que  le  sulthan  Mahmoud  et 
le  pacha  d'Egypte  eurent  senti  la  néces- 
sité d'avoir  une  armée  organisée  comme 
les  nôtres,  il  a  bien  fallu  fonder  des  hô** 
pitaux  militaires  et  donner  à  chaque  ré- 
giment un  ou  plusieurs  officiers  de  santé. 
D'abord  on  les  a  fait  venir  d'Europe ,  en 
même  temps  que  les  officiers  instruc- 
teurs ;  plus  tard,  on  a  pensé  à  créer  des 
écoles  de  médecine,  lorsque  le  besoin  d'é- 
coles militaires  a  été  reconnu.  De  même, 
dès  qu'on  eut  envoyé  des  jeunes  gens  à 
Paris  ou  à  Londres  pour  y  recevoir  une 
éducation  européenne,  les  élèves  des  hô- 
pitaux demandèrent  à  jouir  d'une  sem- 


HAL 


(396) 


HAL 


blable  faveur.  C'est  alors  que  nous  avons 
TU  à  Paris  et  à  Montpellier  des  musulmans 
passer  des  examens  et  obtenir  le  diplôme 
de  docteur.  La  réforme  militaire  a  tendu 
à  ramener  les  Orientaux  et  particulière- 
ment les  Arabes  vers  Fétude  des  sciences 
médicales;  mais,  par  malheur,  le  génie 
des  Avioenne,  des  Averrhoês  et  des  Ram- 
zhès,  semble  les  avoir  quittés  pour  jamais. 
Malgré  les  élèves  envoyés  en  France  et 
en  Angleterre,  malgré  les  écoles  de  Tur- 
quie et  d^gypte ,  les  musulmans  ne 
comptent  point  encore,  non-seulement 
un  bon  médecin,  mais  même  un  médecin 
passable;  c*est  à  peine  si  l'on  ose  confier 
à  ceux  qui  ont  le  mieux  profité  de  leurs 
études  des  pansements  délicats  et  des 
saignées  difficiles.  J.  C-t. 

H  AL  AGE,  action  de  haler,  tirer  à 
soi  un  bateau ,  lui  imprimer  un  mouve- 
ment de  translation  à  l'aide  de  moteurs 
agissant  sur  les  bords  d'un  canal  ou  d'une 
rivière.  On  obtient  le  même  résultat  par 
l'emploi  de  machines  placées  sur  les  ba- 
teaux ou  fixées  au  rivage  (voy,  Ramks, 
VoiLKs,  Vapeur,  Cabestait,  etc.)  :  dans 
le  premier  cas,  l'action  s'appelle  louage, 
dans  le  second,  remorquage.  Les  mo- 
teurs animés  dont  l'usage  est  le  plus  fré- 
quent sont  les  hommes  et  les  chevaux; 
les  Anglais  ont  tenté  d'y  substituer  les 
machines  locomotives  ;  mais  leur  emploi 
exige  un  chemin  de  halage  tel  qu'il  est 
déjà  lui-même  une  voie  de  communica- 
tion. 

Les  moteurs  marchant  sur  la  rive  et 
le  bateau  suivant  dans  l'eau  une  direc- 
tion parallèle ,  leur  action  ne  lui  est  pas 
transmise  dans  le  sens  du  mouvement , 
ce  qui  décompose  leur  force  d'action. 
Or,  cette  décomposition  étant  d'autant 
plus  grande  que  l'angle  qu'elle  fait  avec 
la  direction  du  mouvement  est  plus 
grand,  on  cherche  à  diminuer  cet  angle , 
soit  en  rapprochant  le  bateau  de  la  rive, 
soit  en  prolongeant  très  loin  la  corde  de 
traction.  Cette  inclinaison  de  la  force 
qui  agit  avec  Ta^ie  du  mouvement  ayant 
le  même  effet,  qu'elle  ait  lieu  dans  le 
plan  horizontal  ou  dans  le  plan  vertical, 
il  faut  établir ,  autant  que  possible  , 
les  chemins  de  halage  à  la  hauteur 
même  des  bateaux.  Cette  inclinaison  iné- 
rifablea  d'ailleurs  pour  effet  défaire  ten- 


dre incessamment  le  batcauàserapp 
de  la  rive;  et ,  pour  le  maintenir  < 
direction  qu'il  doit  suivre,  on  empl 
hommes  qui,  dans  le  bateau,  agisaa 
des  perches  contre  le  fond  de  la  ri 
ou  contre  l'eau  elle-même,  à  1^ 
rames  ou  d'un  gouvernail.  Dai 
les  cas,  le  choix  du  point  <Catk 
c'est-à-dire  de  la  cheville  ou  di 
après  lequel  se  fixe  la  corde  de  ti 
que  tirent  les  moteurs,  est  d'une  oi 
importance. 

L'emploi  de  moteurs  animés  wà 
tant  un  chemin  pour  leur  pasM^e, 
oblige  tout  propriétaire  riverain  àb 
long  des  bords  7™.79  du  c6léoa  f 
les  haleurs ,  et  3*^.24  de  l'autre  à! 
sol  sur  lequel  est  pratiqué  ce  cba 
cesse  pas  d'appartenir  aux  propriA 
mais  il  est  grevé  d'une  serritude  d 
sage  et  reste  soumis  aux  lob  d'atli 
ment. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps ,  la 
théraaticiens  admettaient  que  la 
tance  opposée  par  l'eau  à  la  mare 
corps  flottants  croissait,  suivia 
progression  rapide ,  à  mesure  que 
iesse  augmentait;  qu'elle  était  qoa 
pour  une  ritesse  double,  neuf  ou 
cinq  fois  plus  grande  pour  one 
triple  et  quintuple,  etc.,  ce  qu'ils 
maient  en  disant  que  la  résistance 
sait  comme  le  carré  de  la  vitesse.  1 
sais  faits  sur  des  corps  flottants 
d'une  vitesse  très  modérée  et  p 
complètement  immergés  avaient  • 
mé  celte  loi ,  qui  néanmoins  se 
inexacte  quand  on  l'applique  an 
flottants  apimés  d'une  grande  vîlei 
tenant  sur  la  surface  de  Teau.     L. 

De  toutes  les  opérations  qui,  d 
ports,  revivent  le  nom  de  haiage 
des  plus  intéressantes  est  celle  qui 
but  de  monter  sur  une  cale  de  cm 
tion  un  vaisseau  de  ligne  qu'on  yn 
parer.  On  conçoit  que  prendre  à  I 
où  il  flotte,  le  vaisseau  tout-à-fait 
mé  et  réduit  à  l'état  d'une  simple 
pour  le  tirer  sur  le  plan  incliné, 
devra  redescendre  quand  il  sera  i 
bé,  soit  une  manœuvre  difficile 
nible.  Les  appareils  qui  servirent  d 
à  cette  opération  étaient  conaàdè 
ib  se  sont  aujounThni  beaucoup  i 


HAL 

B  àê  fûre  oonnaitre  les  moyens 
s  poor  haler  sur  U  cale  de  grands 
nous  présenterons  les  résultats 
pour  le  balas^  du  yaisseaa  à 
■ts  le  Majesiueuxj  qu'on  fit  mon- 
me  des  cales  du  port  de  Toulon 
1S19.  Ce  vaisseau,  muni  du  ber- 
B  devait  le  maintenir  dans  une 
I  verticale  pendant  son  trajet ,  de 
nr  la  cale,  pesait  environ  2,460 
s  oa  3y460y000  kilo^.  La  cale 
vait  gravir  avait  une  inclinaison 
i8â  par  mètre.  Ueffort  à  produire 
piaoer  ce  corps  immense  et  le  faire 
ir  le  diemin  à  parcourir  était  donc 
■dérable.  Quatorze  cabestans,  de 
Kqiieb  M.  ^Irbotin,  officier  de  ma- 
I  distingué,  a  donné  son  nom,  suf- 
cet  effort  :  608  hommes 
cabesUns.Lediemin  à  par- 
Br  le  vaisseau  était  de  1 1 5  mètres  ; 
km  verticale  quHl  devait  faire  était 
r7.  D'abord ,  sollicité  par  huit 
i|iiand  il  était  encore  dans  l'eau, 
kit  53  mètres  en  45  minutes;  sor- 
Feaa,  il  fut  halé  par  14  chaînes 
t  toute  la  force  de  Tappareil.  A 
sent,  la  vitesse  était  de  70  à  75 
ïtres  par  minute.  En  une  heure  et 
rtes,  le  Majestueux  fit  la  longueur 
■êtres,  c'est-à-dire  que  sa  mar- 
d'un  centimètre  par  seconde.  Ce 
L  est  tout-à-Êiit  semblable  à  celui 
obtenait  en  se  servant  de  cordes 
de  diaines;  mais  il  a  cela  d'avan- 
qu'il  est  plus  économique,  les 
\  n'éprouvant  pas  d'avaries  sensi- 
pand  l'énorme  quantité  de  cor- 
lii'on  employait  pour  les  palans 
on  nécessaires  au  halage  d'un 
aavire  était  fortement  endomma- 
•  la  traction.  Nous  renvoyons  aux 
cr  mariâmes  (dont  le  n®  VI,  24« 
3*  série,  juin  1839,  contient 
ipports  de  BfM.  Lévesque  et  Joffre, 
BUTS  de  la  marine)  les  lecteurs  qui 
t  bien  aises  de  connaître,  touchant 
édé  dont  nous  venons  de  donner 
aant  résultat ,  les  détails  technî- 
t  les  calcub  sur  lesqneb  la  com- 
B  de  Fappareil  fut  fondée.  A.  J-l. 
UBBR8TADT,  ancienne  prind- 
fù^  à  la  paix  de  Westphalie,  échut 
ftevr  de  Brandebourg,  pays  riche 


(  397  )  HAL 

en  graini  et  en  lin,  et  où  Ton  élève  benk 
coup  de  brebis  et  de  bêtes  à  cornes.  Là 
capitale  du  même  nom  de  cette  princi- 
pauté est  aujourd'hui  chef-lieu  d'un  cer- 
cle de  la  régence  de  Magdebourg,  dans  la 
Saxe  prussienne,  sur  la  petite  rivière 
d'Holzemme  ;  et  le  siège  d'un  tribunal 
provincial.  La  ville,  d'environ  17,000 
âmes,  fait  un  important  commerce  avec 
les  produits  de  son  industrie  et  de  son 
agriculture.  Ses  fabriques  livrent  de  bons 
drap  de  moyenne  qualité  et  d'autres  lai- 
nages, du  cuir,  de  la  colle,  du  savon  et 
des  gants.  Ses  raffineries  d'huile  sont  aussi 
fort  considérables.  Parmi  ses  dix  églises^ 
on  cite  surtout  celle  de  Notre- Dame  ^ 
achevée  en  1005,  et  la  cathédhale,  édi- 
fice du  plus  noble  style,  du  xve  siècle,  oik 
l'on  voit ,  indépendamment  de  quelque» 
bons  tableaux,  de  beaux  vitraux  en  cou* 
leur  et  des  antiquités  intéressantes.  Hal- 
berstadt  a  un  gymnase ,  une  école  bour- 
geoise supérieure,  une  école  supérieure  de 
filles,  un  séminaire  pour  les  instituteurs, 
deux  bibliothèques  considérables,  plu- 
sieurs collections  de  tableaux,  de  mé- 
dailles et  d'antiques  appartenant  à  des 
particuliers.  On  ne  doit  pas  passer  sous 
silence  le  Temple  de  l'Amitié  de  Gleim 
(vo/.),  avec  les  130  portraits  à  l'huile  de 
savants  du  xvni®  siècle. 

On  ignore  l'époque  de  la  fondation  de 
cette  ville  :  en  804 ,  elle  devint  le  siège 
d'un  évêché.  Détruite  en  grande  partie^ 
en  1179,  par  le  duc  Henri-le-Lioa 
(i^ox*.),  elle  se  releva  de  ses  ruines  vers 
1203  et  fut  érigée  en  place  forte.  Elle  fit 
une  brillante  résistance  dans  la  guerre  de 
Trente- Ans;  mais  dans  celle  de  Sept- 
Ans,  les  Français  s'en  emparèrent.  Ea 
1809,  elle  fut  emportée  d'assaut  par  le 
duc  Guillaume  de  Brunswic ,  et  toute  la 
garnison  westphalienne  fut  fiîite  prison- 
nière. En  1813,1e  général  Tchernichef 
attaqua  sous  les  murs  d'Halberstadt  le 
général  Ochs,  qui  y  était  posté  avec 
30,000  hommes  de  la  même  nation  et 
14  canons;  il  le  défit  et  le  fit  prisonnier 
avec  un  grand  nombre  de  ses  officiers  et 
un  millier  d'honmies.  C  L. 

HALEINE,  voy.  Respieation. 

UALEP,  'ooy,  Alep. 

HA  LES  (ALsxAirn&EDE),  en  latin  AL 
Alesiusy  fut  un  célèbre  scolastlque  que 


UAL 


(898) 


BAL 


le  moyen-âge  honora  du  surnom  de  doC' 
tor  irrefragabilis.  Né  en  Angleterre,  îl 
fut  élevé  au  couvent  de  ËLales  (Gloucester), 
se  fit  moine  (ranciacain,  étudia  la  science 
des  Arabes  en  même, temps  que  la  philo- 
sophie d*Aristote,  et  devint  Tauteur  du 
premier  système  de  morale  religieuse, 
connu  sous  ce  titre  :  Summa  Theologiœ 
ou  Summa  de  Firtutibus ,  et  qui,  peu 
avant  la  Somme  de  saint  Thomas  d'A- 
quin ,  fit  donner  le  nom  de  Summistes  à 
tes  disciples.  Après  avoir  enseigné  la 
théologie  et  la  scolastique  {voy,)  à  Paris, 
il  mourut  Tan  1245.  Outre  la  Somme, 
on  lui  doit  un  Commentaire  latin  sur  les 
Sentences  de  Pierre  Lombard.  Les  œu- 
Très  complètes  d^Alesius  parurent  à  Ve- 
nise, 1576,  en  4  vol.  tn-îol.  S. 

HA  LES  (Stephen  ou  Étisniie),  phy- 
sicien anglais,  né  à  Beckebourn,  dans  le 
comté  de  Kent,  le  7  septembre  1677,  et 
qui  mourut  à  Teddington  le  4  janvier 
1761.  Il  étudia  à  Cambridge,  où  il  se  fit 
distinguer  par  la  construction  de  difTé- 
rentes  machines,  entra  dans  les  ordres, 
obtint  quelques  petits  bénéfices,  fut  nom- 
mé régent  de  Teddington  (Middlesex), 
puis  aumônier  de  la  princesse  douairière 
de  Galles,  et  enfin  chanoine  de  Windsor. 

Sa  Tie  entière  fut  partagée  entre  les 
occupations  de  son  état  et  des  expériences 
sur  Téconomie  végétale  :  aussi  deux  gran- 
des inventions  signalèrent  son  passage 
dans  le  monde,  son  ventilateur  et  sa  sta- 
tique des  végétaux.  Cette  dernière  est 
un  ouvrage  immortel  qui  a  puissamment 
contribué  à  la  découverte  des  gaz  {voy. 
Chimie,  T.  V,  p.  706).  Le  premier  a  paru 
en  même  temps  que  deux  inventions  sem- 
blables :  Tune  est  due  à  un  Suédois,  Mai^ 
tiuTriewal ,  Tautre  à  un  Anglais,  Sutton. 
Le  ventilateur  {\*oy,)  de  ce  dernier,  quoi- 
que plus  avantageux  que  celui  de  Uales, 
eut  moius  de  succès,  parce  que  Sutton 
n*eut  pas  assez  de  crédit  pour  le  faire 
adopter  dans  la  pratique. 

Haies  fit  appliquer  son  ventilateur  aux 
priions  et  aux  vaisseaux  avec  un  grand 
succès.  On  rapporte  qu^un  de  ces  appa- 
reils ayant  été  établi,  en  1747,  dans 
une  des  prisons  de  Londres,  il  fut  con- 
staté qu^au  lieu  de  150  personnes  qui, 
avant  cette  innovation,  y  mouraient  an- 
nuel lemeot  de  la  fièvre  des  prisons ,  4 


personnes  seulement  y  raoumreiil 
l'espace  de  deux  ans. 

Ce  savant  fut  admis  an  nombif 
membres  de  la  Société  royale  de 
dres  en  1717,  et  nommé  associé 
ger  de  TAcadémie  des  Sciences  de 
en   1753.  Retiré  dans  sa  moài 
de  Teddington,  il  y  recevait  les 
nages  les  plus  considérables  de  la 
dont  plusieurs  se  plaisaient  à  le 
dre  dans  son  laboratoire* 

On  distingue  parmi  ses  oui 
!•  VArt  de  rendre  potable  l'eam 
mer;  !h*un  Mémoire  sur  les  moyensi 
soudre  la  pierre  dans  la  vessie  et  < 
reins,  et  de  conserver  la  viande 
voyages  de  long  cours;  3<*  la 
lies  végétaux  y  publiée  en  1727, 
Essais  statiques ^  en  1733.  Ces 
vrages  ont  été  tnidaits  en  différeoUÎ 
gués.  On  troQve  en  outre  dans  les  1 
sactions  philosophiques  plusieurs  { 
de  Haies  sur  des  sujets  d'histoire  natal 
d^agriculture,  de  physique,  de  méé 
et  d^économie  domestique.       A.  M 

UALIARTUS  (bataille  de),  1 
Tan  394  av.  J.-C. ,  et  mémorabla  | 
que  Lysandre  {voy.)  y  périt.  HaU 
était  une  ville  fort  ancienne  de  la  Bi 

UAUCAJiNASSB,  voy.  Cau 

DOEIEIfS. 

UALICZ,  voy.  Gaucix. 

HALL,  Halleih,  Halle,  Hali4 
Plusieurs  villes  du  nom  de  Hall  oa 
existent  en  Allemagne;  toutes  soi 
lieux  de  salines,  et  leur  nom,  comoi 
lui  de  Halicz,  est  dérivé  du  grec 
sel,  dont  s^est  formé  le  mot  allai 
Salz. 

Dans  le  Tyrol,  Hall  sur  llna 
y  devient  navigable,  ville  de  4,300 1 
est  le  siège  d^une  directioo  de 
nés  ;  à  2  lieues  de  la  ville ,  la  mom 
de  Tauem-Alpe,  haute  de  5,088  p 
renferme  des  mines  de  sel  de  rocht 
le  minéral,  après  avoir  été  déCach 
dissous  dans  des  fosses  et  ooodytC  i 
par  le  moyen  de  tuyaux  en  bois  d 
dans  de  vastes  chaudières.  On  prép 
Hall  environ  380,000  quintanx  i 
par  an.  «-Dans  le  Salzboarg ,  à 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom,  H^?t*n"^ 
sur  la  rivière  de  Salia»  est 
la  pratique  de  la 


HAL 


(S99) 


HAL 


nt  Dûrrenberg  ,  au  pied  du- 
ji  est  situé  y  qui  fournit  le  sel 
Les  curieux  descendent  dans 
et ,  revêtus  du  tablier  de  mi- 
sent d'étage  en  étage  jusque 
ofondeurs,  où  tantôt  ils  navi- 
>atelets  et  tantôt  sont  traînés 
u^  rapides.  La  vue  est  frappée 
s  de  la  roche  de  sel,  et  Ton 
les  grandes  fosses  souterraines 
telles  on  dissout  ce  minéral, 
urnit  environ  300,000  quin- 
*l  par  an ,  dont  plus  des  cinq 
164,000  quintaux),  sont  livrés 
re  à  un  taux  fixé  par  les  trai- 
ville,  d'environ  5,000  âmes, 
iissi  une  quantité  considérable 
et  de  tissus  de  coton, 
en  Souabe  (royaume  de  Wur- 
ville  de  6,6f|^  âmes,  dans  une 
î  arrosée  parle  Kocher ,  a  des 
ées  qui  jaillissent  dans  la  ville 
|ui  fournissent  environ  80,000 
Je  sel  par  an.  Cette  ville,  au- 
re  et  impériale,  a  une  belle 
bique  ,  située  sur  une  émi- 
D5  la  place  du  marché,  vis-à- 
tel- de- ville,  qui  est  également 
t>le.  C'est  de  cette  ville  que  les 
nands  ont  pris  le  nom  de  Hei" 
fr,  pièces  de  Halle). 
s  toutes  les  villes  qui  portent 
e  Haii  ou  Halley  la  plus  im- 
est  Halle  sur  la  Saale,  dans 
de  Mersebourg  et  la  partie  de 
itituée  à  la  Prusse  en  1 8 1 5.  Elle 
importance  d'une  part ,  à  son 
,  dont  il  sera  parlé  dans  un  ar- 
"é,  et  à  ses  autres  établissements 
>n  et  d'instruction, etd'une  autre 
salines.  Celles-ci,  comptées  au 
esplusanciennesetdes  plusabon- 
le  possède  l'Allemagne,  fournis- 
ellement  près  de  300,000  quin- 
sel.  On  distingue  les  salines 
int  à  une  compagnie  particu- 
ss  salines  royales,  qui  sont  plus 
ibles  que  les  précédentes  et  dont 
lents  sont  situés  sur  l'autre  ri- 
i  Saale.  Halle  a  été  ancienne- 
bitée  par  les  Wendes  ou  Véné- 
iple  slavon  contre  lequel  Char- 
fit  construire  en  cet  endroit  un 
fort;  les  ouvriers  employés  aux 


salines,  et  appelés  Hallores^  passent  pour 
être  les  descendants  de  ces  Slaves.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain ,  c'est  qu'ils  se  distinguent 
des  habitants  allemands  de  Halle  par 
leur  langage,  leurs  usages  et  leur  cos- 
tume. Us  se  signalent  non-seulement  par 
leur  habileté  dans  l'art  de  préparer  le  sel, 
mais  aussi  comme  nageurs,  comme  pé- 
cheurs et  oiseleurs.  Autrefois  leur  cor- 
poration jouissait  de  privilèges  considé- 
rables qu'on  a  supprimés  lors  de  l'or- 
ganisation du  royaume  éphémère  de 
Westphalie;  quelques-unes  de  ces  pré- 
rogatives leur  ont  pourtant  été  rendues 
après  l'incorporation  de  Halle  dans  les 
états  prussiens.  La  compagnie  des  sali- 
nes jouissait  aussi  de  quelcpies  privilèges 
et  avait  sa  juridiction  particulière. 

Les  états  prussiens  renferment  une  au- 
tre ville  de  Halle  située  dans  le  district  de 
Minden,  en  Westphalie.  Autrefois  celle-ci 
possédait  également  des  salines;  mais  elles 
sont  tombées,  et  la  ville  ne  renferme  que 
1,600  âmes.  Foy»  ËLalurgie  et  Sali- 
nes. D-G. 

H ALLAN  (Henri)  ,  historien  et  pu- 
bliciste  anglais,  est  né  à  Windsor,  en 
1777.  Sa  première  éducation  fut  dirigée 
par  son  père,  chanoine  de  cette  résidence 
et  doyen  du  chapitre  de  Bristol,  qui 
était  lui-même  un  homme  instruit  et 
versé  surtout  dans  la  littérature  classi- 
que. A  l'âge  de  1 1  ans,  le  jeune  Hallam 
entra  au  collège  d'Ëton,  où  il  se  distin- 
gua particulièrement  dans  la  poésie  la- 
tine; quelques-unes  de  ses  compositions 
ont  été  publiées  dans  le  recueil  intitulé 
Musœ  Etonenses^  1795.  Au  sortir  d'Ë- 
ton ,  M.  Hallam  alla  compléter  ses  élu- 
des à  l'université  d'Oxford ,  où  il  passa 
plusieurs  années.  La  carrière  du  barreau 
ayant  alors  fixé  son  choix,  il  se  livra  avec 
ardeur  à  l'étude  du  droit;  mais  les  lettres 
occupaient  toujours  ses  loisirs,  et  il  four- 
nissait des  articles  remarquables  à  la  Re- 
vue d'Édinbourg,  dont  il  fut,  jusqu'en 
1808,  l'un  des  rédacteurs.  Nommé,  en 
1806,  commissaire-directeur  du  timbre, 
M.  Hallam  exerça  ces  fonctions  jusqu'en 
1826 ,  époque  où  il  prit  sa  retraite  pour 
se  livrer  tout  entier  à  ses  travaux  litté» 
raires.  Il  avait  déjà  publié,  en  1818,  son 
Tableau  de  V Europe  au  moyen-â^e^  4 
vol.  in-8° ,  ouvrage  qui  a  obtenu  en  An-% 


DAL 


(400) 


Aht 


^iélUtté  \Xùé  popularité  attatlée  par  de 
nombfeiises  éditions,  et  dans  lequel  l'au- 
teur s*e»t  attaché  plus  particulièremeot  à 
rexamea  des  origines  constitutionnelles 
éa  différents  peuples  *.  Entre  autres  su- 
jets tiaités  avec  une  grande  supériorité 
4àe  savoir  et  de  raison ,  on  y  a  remarqué 
on  exposé  lumineux  du  système  féodal , 
et  la  partie  consacrée  au  développement 
historique  des  institutions  politiques  de 
PAngleterre.  Ce  beau  travail  n*était  en 
quelque   sorte    qu*une    introduction    à 
V Histoire  constitutionneiie  d'Angleter^ 
rty  depuis  Henri  F  II  jusqu'à  George  11  y 
2  vol.  in-4<>,  ou  4  vol.  in-8<»,  que  M.  Hal- 
lam  fit  paraître  en  1837  *\  Ce  nouvel 
ouvrage ,  fruit  de  fortes  études  et  d'im- 
menses recherches ,  a  laissé  bien  en  ar- 
rière tous  les  travaux  de  ses  devanciers  ; 
mais  il  est ,  par  la  nature  même  du  sujet, 
«d'un  intérêt  surtout  local  et  d'une  appré- 
ciation qui  exige  certaines  connaissances 
spéciales.  Il  en  a  été  donné  une  traduc- 
tion française,  faite  sous  la  direction  de 
M.  Guizot  (1828-29,  5  vol.  in-8«).  On 
doit  encore  à  M.  Hallam  V Introduction 
à  la  littérature  de  l'Europe  pendant 
les  XV*,  XVI*  et  x\i\* siècles  (4  vol.  in-S») 

(*  )  La  traductioa  française  de  eet  oarrage 
(i  8)0-13,  4  Tol.  ia*8*),  citée  par  non»  à  Tartine 
VÉODALiTB  (T.  X,  p.  643  el  65 1, note*),  est  dae 
à  Taetrur  de  la  préaeate  notice.  Elle  a  été  faite 
anr  la  6*  édition.  S. 

(**)  Nous  en  avons  parlé  a  Tarticle  Ghahdb* 
BsBTAOïrB,  T.  XII,  p.  739  et  744;  et  à  l'article 
GtnxoT,  p.  ii3 ,  la  tradaction  a  également  été 


Ce  dernier  ouvrage,  qtti  Tiesl 

ment  de  paraître*,  ne  peut  que 

et  consolider  une  répatatîon  ji 

acquise.  En  général ,  écrivain  d*ui  flj 

prit  philosophique  et  d'une  parole  gna 

M.  Hallam,  tout  en  ne  se  bûant  q«aa 

des  données  positives,  n'émet  ordiaikii 

ment  ses  idées  personnelles  qn'avee  ig 

réserve  pleine  de  modestie.  Son  i/tM 

quelquefois  empreint  d'une  haute  Éit 

quenoe ,  se  distingue  toujours  par  fêà 

gance  et  la  précision  ;  une  érudition  MJ 

solide  que  variée,  un  jugement  ffaii| 

une  noble  indépendance  d'opinioM,  U 

assurent  un  rang  éminent  dans  la  Gai 

rature  contemporaine.  Libre  de  ses  «é 

cupations  officielles ,  en 

brilUnte  fortune  patriaioiiiale,  M. 

lam  se  livrait  à  l'étude  avnc  toolt 

de  ses  jeunes  anaéea  lonqon  dt 

afflictions  domestiquas,   la  parti 

1883 ,  d'un  fila  âgé  de  23  ans,  m 

reposaient  les  plus  belles 

en  1837 ,  celle  d*une  fille  chérit, 

rent  mêler  leur  amertume  à  œlta 

reuse  existence.  M.  Hallam  est  «1 

directeurs  du  Musée  britannique, 

netir  presque  exclusivement  réserves 

membres  de  la  haute 

glaise.  Nommé,  en  1833, 

de  l'Académie  des  Sciences 

litiques  de  l'Institut  de  France,  M. 

lam  a  été  élu,  en  1838,  l'un  des 

étrangers  de  cette  académie.         ▲• 


(*)  Traduction  fraaçusc  de  11.  Betghsra»] 
et  1840, 4  Tol.  ia-8*. 


FM  OB  LA  pasmimB  paetib  du  tomi  TamniiMB. 


: 


4 
4 


ENCYCLOPÉDIE 


DES 


GEHS  DU  MONDE 


H  {sotte  de  ta  leitre). 


L  Par  ce  aiot,  cl*iiiic  ét3nAo- 
ocrtmÎDe ,  on  entend  ordioû- 
eaplaoement  fermé  et  couvert, 
■ts  <lans  lesqoeb  se  dépotent 
narehandiscs  destinées  à  être 
■  vente  à  des  jours  fixes  île  la 
L  Paris,  on  confond  |iresc{ue 
s  mots  haile  et  marché;  ce- 
T  a  entre  eux  une  difficrence 
e  partout  ailleurs.  Le  marché 
.  Grecs,  Forum  des  Romains) 
loe  paHois  découverte ,  mais, 
io  importantes,  ordinairement 
portiques,  d^édioppes,  où  se 
s  objets  de  bouche , .  de  con* 
I  journalière ,  comme  beurre , 
ses,  poisson,  Tiandes,etc.  (vor. 
Une  halle,  au  contraire,  est 
Temmaçasinement  et  à  la  vente 
me  utilité  première,  mais  d*une 
Lion  leole ,  qui  s^y  vendent  en 
es,  presque  toujours  pour  Fap- 
ement  des  magasins.  Ainsi  il 
balles  aux  cuirs ,  aux  toiles , 
'Jéj  au  blé,  qui  ne  sont  ouver* 
iide  qu*un  seul  jour  de  la  se- 
lisposition  d^une  halle  est  donc 
des  variantes  amenées  par  les 
tes  qu*elle  doit  renfermer. 
es,  vers  le  milieu  du  moyen- 
icnt  cpi^un  amas  de  construc- 
,  dont  les  alentours 
de  maisons,  demeu- 
ires  du  bas  peuple.  Philippe- 
it  un  des  premiers  qui  réunit 
«s  à  la  même  place.  Cepen* 
la  fin  du  xu*  et  le  commence* 
m^  .siède ,  les  halles  étaient 

•icy».  d.  G,  d.  M.  lome  XllL^ 


parfois  des  édifices  d'une  certaine  impor* 
tance.  Henri  n,  roi  d'Angleterre,  qui 
aimait  i'arcfaiteetnre,  avait  bâti  des  hal^ 
les  dans  plusieurs  villes.  On  trouve  dans 
Joinville  la  relation  d*nn  banquet  royal 
donné,  en  1241,  pendant  le  léfonr  de 
saint  Louis  à  Saumur ,  banquet  qui  se  fit 
sous  les  balles.  «  Le  roy,  dit  le  chroni- 
queur, tint  celé  feste  es  halles  de  SauU 
meur,    et   disoit   Ten   (  l'on  disait  ) 
que  le  grant  roy  Henry  d'Angleterre 
les  avoit  faictes  pour  les  grans  festes  te- 
nir; et  les  haies  sont  faictes  à  la  guise 
des  cloistres  de  ces  moines  blancs  (moi- 
nes de  Citeaux;.  Mes  je  crois  que  de 
trop  loing  il  ne  soit  nuls  cloistres  si 
grans.  £t  vous  diray  ponrquoy  il  le 
semble;  car  à  la  paroy  du  doistre  où 
le  roy  mengeoit,  qui  estoit  environné 
de  chevalliers  et  de  serjans  qui  lenoient 
graut  espace,  mengeoint  à  une  table 
vingt  que  évesques,  que  arcevesques.  » 
Vienne,  en  Dauphiné,  possédait  dea 
halles  auxquelles  on  attachait  de  l'impor- 
tance; car  les  troupes  envoyées  par  le 
dauphin  Humbert,  en    1338,   contre 
rarchevêque  Bertrand  de  la  Chapelle, 
ayant  brûlé  la  halle  de  Vienne ,  Benoit 
XU  et  Clément  VI  lancèrent  des  bulles 
contre  lui  pour  l'obliger  à  la  reconstruis 
re,  ce  qn^il  fiL 

Les  halles  de  Rouen ,  si  célèbres  par 
l'activité  commerciale  cpii  y  règne  et  la 
masse  imposante  de  set  construcrtions , 
ont  été  construites  vers  la  seconde  moi- 
tié du  xui*  siècle  ;  elles  soot  sans  doute  , 
dans  leur  genre,  les  plus  importantes  de 
France.  Ia  plu»  andenne ,  celte  qui  est 

1^ 


HAL 


(402) 


BAL 


destinée  à  la  vente  des  toiles,  a  373  pieds 
de  loog  sur  50  de  large;  le  pkncheresl 
supporté  au  milieu  par  deux  rangs  de 
colonnes  en  pierre.  La  halle  aux  drape- 
ries et  celle  au  coton  ont  chacune  200 
pieds  de  long. 

L'établissement  des  halles  et  marchés 
se  rattache  naturellement  à  Thistoire  des 
communes  (voy*)  9  qui  ont  obtenu  Pau* 
torisation  d^en  établir  au  fur  et  à  mesure 
que  leurs  privilèges  se  sont  étendus. 

De  nos  jours,  on  déploie  dans  la  con- 
struction des  halles  et  entrepôts  un  cer- 
tain luxe  architectonique.  Les  règles  de 
construction  pour  ces  édi6ces  peuvent  se 
résumer  en  ce  peu  de  mots  :  conserva- 
tion et  sûreté  des  marchandises ,  abords 
spacieux  el  commodes,  situation  cen- 
trale dans  la  ville.  Un  objet  important 
dans  la  construction  d'une  halle  est  de 
penser  à  Tavcnir  et  d*eo  disposer  le  plan 
de  manière  à  pouvoir  agrandir  Tédifice 
sans  tout  retourner  lorsqu'il  sera  néces- 
saire de  suivre  la  progression  croissante 
de  la  ville  ;  car  l'expérience  prouve  que , 
changer  Remplacement  d'une  halle ,  c'est 
porter  un  coup  funeste  au  commerce 
d'une  ville. 

Paris  qui,  en  général,  se  distingue  par 
tant  d'édifices  d'utilité  publique,  compte 
plusieurs  halles.  La  plus  ancienne  est  la 
imlle  au  blé  y  commencée,  en  1763,  par 
Camus  de  Mézières  sur  l'emplacement  de 
l'ancien  hôtel  de  Soissons,  dont  il  n'est 
resté  que  la  colonne  qui  servait  d'obser- 
vatoire astrologique  à  Catherine  de  Mé- 
dias. Elle  fut  terminée  en  trob  ans,  avec 
les  maisons  qui  l'entourent.  Cette  balle, 
circulaire  dans  son  ensemble,  a  an  centre 
un  vaste  espace  rond  entouré  d'un  por- 
tique divisé  par  un  rang  de  colonnes  por- 
tant la  retombée  d'une  voûte  annulaire. 
L'espace  circulaire  du  milieu ,  découvert 
dans  Porigine ,  fut  couvert  en  charpente 
à  la  Philibert-Delorme  par  MM.  Legrand 
«t  Molinos.  Ce  comble,  ayant  été  incen- 
dié, fut  reconstruit  en  fer  par  l'archi- 
tecte Bélanger.  Un  autre  édifice  encore 
plus  célèbre  est  la  halle  au  vin  récem- 
ment édifiée.  Klle  consiste  en  de  vastes 
celliers  rectangulaires  où  s'emmagasinent 
les  vins  et  les  f»piritueux.  Rien  n'y  man- 
que pour  en  faire  une  conftmction  somp» 
Ior0«t  :  limi,  on  y  trouve  de  vastes  dé-> 


bouchés,  des  plantations  d*ai 
fonuines,  des  grflles  de  clôtni 

Toutes  les  halles  de  P^ris, 
tion  de  celle  au  vin ,  étaient  i 
dans  celui  des  20  quartiers  de 
que  l'on  appelait  le  quartier  i 
entre  les  rues  Saint- Denis,  M 
Comtesse-d'Artois,  de  la  Toni 
la  Ferronnerie,  Saint-Uonor 
Chausseterie.  Elles  étaient  ou  ce 
découvertes;  la  halle  aux  drap 
aux  toiles  étaient  les  plus  coi 
des  premières,  foy.  Halle  {jn 

On  sait  que  la  populace  de  1 
nommé  roi  des  halles  le  duc  ai 
Voy,  Vendôhk. 

On  appelle  aussi  halle  les  va: 
des  fonderies,  forges,  verrcr 
trouvent  les  fourneaux. 

HALLE  !  FoxTs  DE  la\  Ce 
sion  emporte  avec  elle  sa  détîi 
désigne  le  corps  des  hommes 
employés  au  chargement ,  au 
ment ,  au  placement ,  au  dépl 
au  transport  des  marchandi»« 
ou  vendues  dans  les  difTérenti 
marchés  de  Paris ,  sous  la  dii 
facteurs  et  sous  la  surveillant 
dics.  Avant  la  révolution,  40  ( 
employés  à  l'entrée  et  à  la 
grains  et  des  farines  à  la  hi 
{voy.  l'art,  précédent);  et  4 
appelées  Jaleuses ,  étaient  c 
mesurer  les  grains  et  farines  ^ 
forts  étaient  chargés  du  ser 
halle  aux  cuirs  ;  ils  étaient  à  I 
tion  du  régisseur  général.  A 
benrre  et  aux  ceufii,  le  servie 
pour  la  partie  des  beurres  et 
par  une  bande  de  33  forts, 
partie  des  pois  et  haricots,  p 
tre  bande  de  103  hommes,  qi 
par  moitié,  de  deux  jours  l'n 
sachions  pas  qu*anjourd'hni 
des  forts  aux  diverses  halleid 
limité  par  aucune  ordonnanc 
bien  qu'il  le  soit  à  peu  prèa  | 
Les  forts  continuent  à  se  a 
corporation  ;  mais  ils  ont  pcr 
blement  certains  privilèges  di 
portance  dont  ib  jouissaient  s 
ont  un  costume  particulier  e( 
dire  uniforme  :  un  large  pu 
ceinture  de  drap,  «ne  vesie 


BAL 


(m) 


HAL 


à  très  Itrsct  bords,  joinU  à  U 
a'ilidoiveotprendreaa  bureau  de 
:  toujours  porter  en  éf  ideuce,  les 
nent  reconnaître.  Ils  sont  esli- 
r  lear  sévère  probité,  et,  en  gé- 
mr  U  restante  de  leurs  mœurs 
us  habitudes.  A  la  halle  au  vin, 
iselait  perdes  tonneliers.  Il  n'y  a 
D  plus  de  forts  à  la  halle  aux  veaux; 
Mopte  quelques-uns  à  U  balle  au 
et  à  la  balle  aux  huîtres.  A.  S-a. 
LE  (uKivEmsiTB  de).  Halle,  dite 
', ville  située  sur  la  Saale,  dans  le 
de  Mersebourg  de  la  régence 
M  de  Saxe,  et  dont  nous  avons 
é  à  propos  de  ses  salines  (vojr. 
Iallx),  se  compose  de  la  ville 
eot  dite,  avec  ses  cinq  faubourgs, 
les  de  Glaucha  et  de  Neumarkt. 
I  monuments  publics,  nous  de- 
■tionner  Tégiise  gothique  de 
[arie ,  reconstruite  au  milieu  du 
le;  Téglise  de  Saint-Maurice, 
m*,  et  la  cathédrale  ou  le  d6me, 
S30  à  1635;  pub  Phùtel-de-vil- 
lane,  le  château  de  Saint-Mau- 
i  en  1400,  et  qui  servit  souvent 
née  aux  archevêques  de  Magde- 
a  bâtiments  consacrés  aux  fou- 
le Francke,  ce  bienfaiteur  des 
auquel  nous  avons  consacré  une 
:  dont  la  sutue,  coulée  en  bron- 
érigée ,  en  1 829,  en  vue  de  sa 
i;l^tdl  de  Tuniversité,  non  en- 
své,  et  rhôpital,  bâti  en  1825. 
grande  institution  de  bienfai* 
Pédocatîon,  la  ville  renferme  une 
e  fous  et  une  caisse  d'épargnes  ; 
Rége  d'une  société  de  naturalistes 
société  thuringo-saxonne  livrée 
itigations  sur  Thistoire  et  les  an- 
Mtionales.  Sans  compter  les  étu* 
Puniversité  et  les  élèves  des  éco- 
incke,  la  ville  comprend  aujour- 
pîroo  24,800  habiUnts.  Quant 
iques,  il  n'y  a  de  remarquables 
s  «Tamidon. 

*  origine,  les  fondations  philan- 
«i ,  dites  fie  Francke ,  se  rap- 
t  exclusivement  à  l'éducation  et 
letioQ  des  orphelins.  Elles  pri* 
s  h  suite  plus  de  développement; 
iprit  une  pharmacie  et  une  im-> 
!•  Lln^ice  des  orphelins  reçoit 


•ctuelltment  100  enfants  :  4,500  y  oa| 
déjà  passé.  On  y  joignit,  en  1696,  le  pe*^ 
dngngium  royal ,  pensionnat  pour  les 
jeunes  gens  des  classes  moyennes  et  éle- 
vées; Tannée  suivante,  Vécole  latine^  d'es* 
tinée  à  donner ,  sans  beaucoup  de  frais  , 
Tiostruction  supérieure;  puis  les  écoles 
allemandes  ou  bourgeoises  pour  les  gar- 
çons et  les  filles,  dont  deux  sont  gratui- 
tes, etc.  Ces  écoles,  de  même  que  Thos- 
pice  (quoiqu'il  ne  soit  pas  le  premier  pour 
le  nombre  des  élèves  qu'il  reçoit  ) ,  sont 
aujourd'hui  placées  à  la  tète  des  établis- 
sements de  ce  genre.  La  Société  biblique 
fondée  par  Canstein  {voy,) ,  ainsi  que  la 
Société  des  missionnaires  de  Halle  pour 
les  Indes-Orientales,  se  lient  en  quelque 
sorte  à  ces  fondations  et  les  complèlenf  • 
Ceux  qui  voudraient  avoir  plus  de  détails 
sur  cet  intéressant  sujet ,  les  trouveront 
dans  le  journal  périodique  Francke^ t 
Siiftungen  (Fondations  de  Francke) ,  S 
vol..  Halle,  1792-1797,  et  dans  l'ou- 
vrage intitulé  Beschreibung  des  Halle'» 
schen  fFatsenhauseSy  etc.  (Description 
de  la  maison  des  orphelins  de  Halle,  etc.). 
Halle,  1799. 

Mab  il  est  temps  de  parler  de  l'univer- 
sité. Le  jurisconsulte  Thomasius  ayant 
déserté  Leipzig  et  entraîné  avec  lui  un 
grand  nombre  d'étudiants ,  le  souverain 
de  la  Prusse ,  Frédéric  P%  profita  de 
cette  circonstance  pour  élever,  en  1694, 
au  rang  d'université  l'académie  militaire 
de  Halle,  fondée  en  1688.  Par  l'influence 
que  les  amb  de  Thomasius,  Spener  et  de 
Seckendorf  (voy,),  exerçaient  sur  la  no- 
mination des  professeurs,  cette  nouvelle 
université  devint  le  siège  d'un  parti  de 
théologiens  piétistes,  qui,  malgré  certains 
torts  qu'on  lui  a  vivement  reprochés, 
agit  très  favorablement  sur  l'esprit  reli- 
gieux de  cette  époque.  Dès  le  principe , 
l'université  prit  ainsi  un  caractère  tran- 
ché, que  le  célèbre  Chrétien  de  Wolf 
(voy.)  eut  à  combattre,  lorsqu'il  s'efforça 
d'attacher  les  esprits  à  l'étude  des  scien- 
ces exactes ,  des  mathématiques  et  de  la 
philosophie.  Après  lui,  Semler  (vo^.) 
parvint  à  introduire  le  flambeau  de  la 
philologie,  de  l'hbtoire  et  de  la  critique 
dans  l'étude  de  la  théologie,  et  l'édit  du 
gouvernement  prussien  sur  la  religion 
lutta  vainement  contre  cette  nonveU^ 


(405) 


HAL 


Pea  d'années  après , 
51  a  CorYÎsart  comme  professeur 
^-e  de  France ,  et  là  il  dut  envi- 
^  médecine  sons  un  autre  point 
ce  qu*il  fit  avec  un  égal  succès. 
«int,  dont  il  fut  membre  dès 
itioBy  il  te  montra ,  comme  par- 
'  tif  et  laborieux,  et  ses  nombreux 
'  a,  ior  des  sujets  très  divers,  sont 
lins  les  archives  de  ce  corps  sa- 
Uae  paisible  et  honorable  carrière 
léeoliBpeoae  d*un  cœur  et  d*une 
mm  toojoors  purs.  Halle ,  jouis- 
belle  fortune,  avait  prodigué  à 
les  conseils  de  son 
de  tout  genre  ;  Tétude 
I  s'étaient,  avec  la  bienfaîsan- 
loale  sa  vie.  Son  enseigne- 
|Ht  l'objet  des  travaux  les  plus 
MBMOZ  •  et  la  richesse  du  fond 
ykBt6t  oublier  ce  que  son  élocu- 
A  de  pénible  et  même  de  fali- 
iir  rauditoire.  D'ailleurs,  dans 
m  il  reprend  bien  tous  les  avan* 
|B  devaient  lui  assurer  une  in- 
ii  daviqne  des  plus  complètes, 
IBK  plas  vastes  connaissances  scien- 
l«t  à  one  attention  minutieuse 
Imvmx,  qu'il  recopiait  plusieurs 
pwMiH,  poor  en  faire  disparaître 
jffL  Moindres  incorrections. 
l-aî'W  point  publié  de  grand  ou* 
■MB  qall  ait  beaucoup  écrit  ;  mais 
^  *  s  sohstantiels  et  les  articles 
à  V Encyclopédie  méthodi» 
»«M  Dictiomnaire  des  Sciences 
fUs  Cannent  assurément  un  ex- 
^ — ^*  d'hygiène.  Les  principaux 
,  en  suivant  Tordre  chro- 
eont  :  Recherches  sur  la  na- 
in effets  du  méphitisme  des 
WMsmncej  1785,  publiées  par 
h  goavemement;  Rapport  sur 
itégkt  Btêffrcy  1789  ;  Rapport 
heMe»  de  la  méthode  de  preser- 
mjpeiiie  vérole  par  l'inoculation 
iÊBcime^  1804  ;  Rapport  sur  l'ej* 
tétt  ta  gélatine  dans  le  traite- 
kfJSêvres  intermittentes ,  1804; 
mttoMS  d'mne  maladie  qu'on  peut 
fmnéutJL'f  etCf  observée  chez  les 
wde  lamine  de  charbon  de  terre 
il,  «le. ,  1802.  F.  R. 

EUSIAUDB,  mot  dérivé  de  Tal- 


gfi 


lemand ,  et  composé  de  bard  ou  harthe^ 
vieux  mot  teutonique  qui  signifie  hacJie 
ou  lance,  et  peut-être  de  hell ,  claire  ou 
brillante  ;  car  on  dit  en  allemand  He*lle^ 
barde.  Cette  arme  d'hast  (vojr,)  est  d'in- 
vention danoise;  les  Allemands  et  les  Suis- 
ses l'adoptèrent  comme  arme  offensive,  et 
ce  sont  ces  derniers  qui,  vers  1460,  fi- 
rent connaître  la  hallebarde  en  France. 
La  hallebarde  se  compose  d*une  hampe 
ou  d'un  manche  de  6  pieds  au  plus  de 
longueur  et  d'un  fer  d'une  forme  parti- 
culière, adapté  par  une  douille  à  l'extré- 
mité de  la  hampe.  Ce  fer  forme,  au-des- 
sus de  la  douille,  d'un  côté,  tantôt  une 
hache,  tantôt  un  croissant  tranchant  à 
pointes  aiguës,  et  de  l'autre  un  dard  droit 
ou  crochu  ;  il  se  continue ,  dans  le  pro- 
longement de  la  hampe ,  en  une  lame  à 
deux  tranchants,  large  à  sa  base  et  se  ter- 
minant en  pointe  aiguë.  La  hallebarde 
était  susceptible  de  recevoir  divers  orne- 
ments :  le  manche  se  garnbsait  de  drap, 
de  velours  de  couleur  vive;  la  douille  se 
cachait  sous  une  houppe  ou  gland  à  fran- 
ges d'or ,  d'argent  ou  de  soie  ;  le  fer,  dé* 
coupé  à  jours,  se  ciselait  avec  beaucoup 
d'art ,  et,  afin  de  rendre  cette  arme  plus 
meurtrière,  on  avait,  dans  les  derniers 
temps,  adapté  sur  la  douille  deux  canons 
de  pistolet. 

La  hallebarde,  entre  les  mains  d'un 
homme  adroit  et  exercé ,  était  une  arme 
redoutable  ;  les  Suisses  particulièrement 
excellaient  dans  l'art  de  la  manier,  et  ib 
donnaient  des  leçons  de  hallebarde  com- 
me de  nos  jours  on  donne  des  leçons 
d'escrime.  Cependant  le  duel  à  la  halle- 
barde était  sévèrement  défendu,  sans 
doute  à  cause  de  la  gravité  des  blessu- 
res qu'on  devait  se  porter  avec  cette 
arme.  La  hallebarde,  par  la  forme  de  son 
fer,  était  à  la  fois  une  arme  d'estoc  et  de 
taille;  c'est  ce  que  nous  confirme  l'état 
dans  lequel  on  trouva  le  corps  de  Char- 
les-le-Téméraire ,  api*ès  la  bataille  de 
Nancy  :  «  Ledict  corps  tout  nudy  gisant 
mort  avec  troys  playes^  l'une  en  teste^ 
du  taillant  de  la  hallebarde^  depuis  l'o^ 
reille  jusques  aux  dents;  les  deux  aul- 
tresy  de  la  pointe  de  ladite  hallebarde^ 
en  la  cuisse  et  au  fondement  »  (Wasse- 
bourg). 

D  parait  que  c'est  vers  le  milieu  diL 


BAt.  (  404  ) 

ttndaDce.  Au  commencement  da  xix* 
siècle,  l'nnÎTenité  de  Halle,  traitée  avec 
faveur  par  le  souverain ,  était  arrivée  au 
point  culminant  de  sa  splendeur ,  lors- 
qu'après  la  bataille  d'Iéna ,  Napoléon  la 
sup|trima  et  £t  conduire  en  France  Nie- 
meyer  (vof .),  Tun  de  ses  plus  dignes  pro- 
fesseurs. Rétablie  après  la  paix  de  TiUilt 
par  le  gouvernement  westphalien ,  Funi- 
versilé  fut  de  nouveau  su  pprimée,en  1813, 
par  Napoléon.  Mais  la  bataille  de  Leipzig 
changea  la  face  des  choses  :  le  roi  de  Prusse 
s*empressa  alors  de  relever  runi%'ersité  de 
Halle  qu*il  fondit  avec  celle  de  Witten* 
berg,  ville  saxonne  dont  il  venait  de  faire 
Facqubition.  Le  nombre  des  étudiants 
monU,  en  1 839,  jusqu'à  1 ,800,  parmi  les- 
quels on  comptait  944  théologiens.  C'est 
en  effet  par  sa  faculté  de  théologie,  dont 
MM.  Wegscheider,  Gesenius  et  Tholuck 
(vnjr.)  sont  les  principaux  ornements, 
que  cette  haute  école  se  distingue  le  plus. 
Depuis  cette  époque,  le  total  des  étudiants 
flotte  entre  8  et  900.  L'université  pos- 
sède une  bibliothèque  d'environ  60,000 
volumes,  un  cabinet  de  médailles,  une 
collection  d^estampes,  etc.  A  elle  se  rat- 
tachent le  séminaire  théologique  et  pé- 
dagogique, la  Société  orientale,  le  sémi- 
naire philosophique,  Técole  de  médecine, 
les  deux  cliniques  chirurgicales  et  l'insti- 
tut d'accouchement.  —  Foir  Bulmann , 
Denkwùnlige  Zeiiperioden  fier  Univers 
siiœt  Halle  ^von  iàrtrSiffiungan{PértO' 
des  remarquables  de  Tuniversité  de  Halle 
depuis  sa  fondation).  Halle,  1838. 

C'est  en  l'année  806  que  le  nom  de 
Halle  flgure  pour  la  première  fois  dans 
l'histoire.  En  965,  l'empereur  Othon  I** 
fit  donation  du  bourg  à  l'évéché  de  Mag- 
debourg,ety  en  981,  Othon  U  l'éleva  au 
rang  de  ville.  Depuis  le  xiii*  siècle,  elle 
fut  si  puissante  qu'elle  soutint  de  longues 
guerres  contre  les  évéques  de  Magdebourg 
et  qu'elle  se  délendit,  en  1486,  contre 
l'armée  de  l'électeur  de  Saxe,  forte  de 
30,000  hommes.  La  réformation  s'em- 
para de  Halle,  quoique  l'archevêque  de 
Magdebourg,  Albert  V,  devenu  aussi  ar- 
chevêque-électeur de  Mayenoe,  a'opposAt 
de  tout  son  pouvoir  à  ses  progrès.  Dans  la 
guerre  de  Smalkalde,la  ville  de  Halle  fut 
témoin  de  rhuinilialion  que  l'empei-eur 
ClurJes-Quiot  lit  subir  au  landgrave  Phi-  ] 


HkI. 


lippe  de  Hesse.qui  avait  été  £ut  prison 
à  la  bataille  de  Muhlberg.  Pendant  b  | 
re  de  Trente- Ans,  le  cfaâteaa  de  Sa 
Maurice  fut  pris  et  saccagé  à  diflért 
reprises,  et  la  prospérité  de  la  viN 
trouva  détruite  pour  longtemps.  Fi 
paix  de  Westphalie,  Halle  passa  so« 
domination  de  la  maison  de  Btii 
bourg,  mais  ne  lui  rendit  hommage  q 
1 68 1 ,  après  la  mort  de  son  ^ffttA 
teur,  le  duc  Auguste  de  Saxe.  La  c« 
de  Sept-Ans  acheva  d'appauvrir  U. 
de  Halle.  Dans  la  guerre  contre  la  Fri 
elle  fut  prise  d'assaut,  le  1 7  octobre  1< 
et  incorporée  au  nouveau  royaux 
Westphalie.  Ce  ne  fut  qu'après  la  dl 
lution  de  ce  royaume  qu'elle  retoa 
à  la  Prusse.  —  Dans  les  envira» 
Halle,  on  remarque  particulièreaMrt 
village  et  le  château  de  GiebichsMll 
— f^oir  Dreyhaupt,  £esrkretbtutg  é 
Saalkreises  (  Description  du  ccitii  êl 
Saale),  3  vol.,  Halle,  1773-1773, 
Hesekiel ,  Blickt  auf  Halle  mnd  m 
Umgrbungen  (Coup  d'œil  sur  Hall 
ses  environs),  Halle,  1824.  CJ 

HALLE  (JsiLN-NoEL),  né  à  PmI 
6  janvier  1764  ,  et  mort  dans  la  ■! 
ville,  le  11  février  1822,  à  la  snli 
l'opération  de  la  taille,  est  célèbre  pa 
les  médecins  qui  ont  cultivé  d^une  i 
nière  particulière  Thygiène  publiqM 
privée.  Il  jouit  également  d'une  gni 
réputation  comme  médedn  pratîdfl 
Paris,  et  ce  fut  ain^i  qu'il  devint  BBédn 
consultant  de  l'empereur  Napoléo«| 
plus  tard  médecin  de  la  ducbessedeBU 

Fils  d'un  peintre  distingué.  Halle  «l 
acquis  déjà  lui-même  un  certaia  I 
lent  en  peinture,  lonque  l'exemple  il 
conseils  de  Lorry,  son  oncle,  ît  dM 
minèrent  à  suivre  la  carrière  de  la  mii 
cioe,  à  laquelle  le  genre  de  son  «| 
exact  et  judicieux  le  rendait  plus  pil| 
qu'à  toute  autre.  Dès  le  début,  U  m 
remarquer  par  des  recherches  et  dmd 
servations  sur  des  sujets  d'une  ulilîlé| 
nérale  :  aussi  fut- il  appelé,  mèmm  mk 
d'avoir  pris  le  grade  die  docteur,  à  lai 
ciété  royale  de  médecine.  En  179l| 
fut  nommé  à  la  chaire  d'hygiène  il 
physique  médicale,  quUI  remplit  juiq 
sa  mort,  et  dans  laquelle  il  mît  aujoM 
résultats  d'une  longue  cxpérieact  il  4 


H4L 


(405) 


HAL 


iflffofamlics.  Pea  d'années  après , 
plâçi  Conrisart  comme  professeur 
Uéfe  de  France ,  et  là  il  dat  envi- 
b  oiédecîiie  sons  un  antre  point 
e;  et  qii*îl  fit  avec  un  égal  succès, 
tttitat,  dont  il  fut  membre  dès 
riatioo,  il  te  montra ,  comme  par- 
actif  et  laborieux ,  et  ses  nombreux 
m,  »r  des  sujets  très  divers,  sont 
I  dm  les  arcbives  de  ce  corps  sa- 
Uie  paisible  et  booorable  carrière 
d*un  cœur  et  d*une 
tnajours  purs.  Halle  y  jouis- 
fW  belle  fortune,  avait  prodigué  à 
I  Is  infortunes  les  conseib  de  son 
tki  secours  de  tout  genre  ;  Tétude 
bttUes^étaient,  avec  la  bienfaisan- 
■tagé  toute  sa  vie.  Son  enseigne- 
était  Tobjet  des  travaux  les  plus 
BKÎenXy  et  la  ricbesse  du  fond 
Ueatôt  oublier  ce  que  son  élocu- 
latt  de  pénible  et  même  de  fati- 
oor  Taudiloire.  D'ailleurs,  dans 
ils,  il  reprend  bien  tous  les  avan- 
ie devaient  lui  assurer  une  in* 
M  daasique  des  plus  complètes, 
■DL  plus  vastes  connaissances  scien- 
tet  à  une  attention  minutieuse 
i  travaux,  qu'il  recopiait  plusieurs 
B  main,  pour  en  faire  disparaître 
n  moindres  incorrections. 
^B*a  point  publié  de  grand  ou- 
lîen  qu*il  ait  beaucoup  écrit  ;  mais 
■Dires  substantiels  et  les  articles 
amit  à  V Encyclopédie  méthodi'^ 
«a  Dictionnaire  des  Sciences 
Err,  forment  assurément  un  ex- 
traite d^hvgiène.  Les  principaux 
ravanx ,  en  suivant  l'ordre  chro- 
le,  sont  :  Recherches  sur  la  na- 
les  effets  tlu  méphitisme  des 
f  aisance  y  1785,  publiées  par 
■  gouvernement;  Rapport  sur 
r  de  la  Biêvre,  1789;  Rapport 
asmen  de  la  méthode  de  préser^ 
t  petite  vérole  par  l'inoculation 
tecime,  1 804  ;  Rapport  sur  l'ej» 
de  la  gélatine  dans  le  traite- 
s  fièvres  intermittentes  ^  1804; 
tUons  d'une  maladie  qu'on  peut 
anémie^  etc, ,  observée  chez  les 
de  ta  mine  de  charbon  de  terre 
,  1802.  F.  R. 


UnARDB,  mot  dérivé  de  l'al- 


lemand ,  et  composé  de  Lard  ou  barthe, 
vieux  mot  teutonique  qui  signifie  hache 
ou  lance,  et  peut-être  de  hell ,  claire  ou 
brillante  ;  car  on  dît  en  allemand  Rflle^ 
barde.  Cette  arme  d'bast  (vojr.)  est  d'in- 
vention danois^  les  Allemands  et  les  Suis- 
ses Tadoptèrent  comme  arme  offensive,  et 
ce  sont  ces  derniers  qui,  vers  1460,  fi- 
rent connaître  la  hallebarde  en  France. 
La  hallebarde  se  compose  d*une  hampe 
ou  d*un  manche  de  6  pieds  au  plus  de 
longueur  et  d^un  fer  d'une  forme  parti- 
culière, adapté  par  une  douille  a  l'extré- 
mité de  la  hampe.  Ce  fer  forme,  au-des- 
sus de  la  douille,  d*un  côté,  tantôt  une 
hache,  tantôt  un  croissant  tranchant  à 
pointes  aiguës,  et  de  l'autre  un  dard  droit 
ou  crochu  ;  il  se  continue ,  dans  le  pro- 
longement de  la  hampe ,  en  une  lame  à 
deux  tranchants,  large  à  sa  base  et  se  ter- 
minant en  pointe  aigué.  La  hallebarde 
était  susceptible  de  recevoir  divers  orne- 
ments :  le  manche  se  garnissait  de  drap, 
de  velours  de  couleur  vive  ;  la  douille  se 
cachait  sous  une  houppe  ou  gland  à  fran- 
ges d*or ,  d^argent  ou  de  soie  ;  le  fer,  dé- 
coupé à  jours,  se  ciselait  avec  beaucoup 
d*art ,  et,  afin  de  rendre  cette  arme  plus 
meurtrière,  on  avait,  dans  les  derniers 
temps,  adapté  sur  la  douille  deux  canons 
de  pistolet. 

La  hallebarde,  entre  les  mains  d'un 
homme  adroit  et  exercé ,  était  une  arme 
redoutable  ;  les  Suisses  particulièrement 
excellaient  dans  Tart  de  la  manier,  et  ib 
donnaient  des  leçons  de  hallebarde  com- 
me de  nos  jours  on  donne  des  leçons 
d^escrime.  Cependant  le  duel  à  la  halle- 
barde était  sévèrement  défendu,  sans 
doute  à  cause  de  la  gravité  des  blessu- 
res qu'on  devait  se  porter  avec  cette 
arme.  La  hallebarde,  par  la  forme  de  son 
fer,  était  à  la  fois  une  arme  d*esloc  et  de 
taille;  c'est  ce  que  nous  confirme  Tétat 
dans  lequel  on  trouva  le  corps  de  Char- 
les-le-Téméraire ,  après  la  bataille  de 
Nancy  :  «  Ledict  corps  tout  nud^  gisant 
mort  avec  troys  playesy  l'une  en  teste^ 
du  taillant  de  la  hallebarde^  depuis  l'o^ 
reille  jusques  aux  dents;  les  deux  aul- 
tresj  de  la  pointe  de  ladite  hallebarde^ 
en  la  cuisse  et  au  fondement  «  (AVaase- 
bourg). 

D  parait  que  c'est  vers  le  milieu  dn 


HAL 


XVIII*  siècle  seulement  qu^on  supprima 
définitivement  la  hallebarde  dans  Tarrnée 
française;  mais  les  Cent-Suisses,  gardes 
à  pied  ordinaires  de  nos  rois,  conservè- 
rent la  hallebarde  jusqu*à  Pépoque  de  la 
révolution  de  1789.  Maintenant  encore, 
dans  la  plupart  de  nos  cathédrales,  les 
suisses  d'église  marchent  fièrement  en  te- 
nant d'une  main  une  hallebarde  et  de 
Faulre  une  canne  de  tambour- major. 

II  ne  faut  pas  confondre  la  hallebarde 
avec  la  pertuisane.  Voy,  ce  mot. 

Hallebaediee,  soldat  portant  la  hal- 
lebarde. Il  n'y  eut  point  en  France  de 
corps  particulier  nommé  hallebardiers* 
Louis  XI  arma  de  la  hallebarde  les  Suis- 
ses qu'il  prit  à  son  service  ;  une  partie  des 
soldats  des  légions  que  François  I*'  orga- 
nisa à  l'instar  des  Romains  portaient  la 
hallebarde ,  tandis  que  les  autres  étaient 
armés  de  piques  et  d'arquebuses ,  et  l'on 
désignait  ces  soldats  du  nom  de  l'arme 
dont  ils  se  servaient  :  ainsi  la  légion  était 
composée  de  hallebardiers ,  de  piquiers 
et  d'arquebusiers ,  et,  tant  que  la  halle- 
barde fut  en  usage  dans  l'armée,  il  y  eut 
des  hallebardiers. 

Dans  tous  les  pays  soumis  à  la  domina- 
tion de  la  maison  de  Bourbon  ,  la  garde 
des  châteaux  royaux  était,  a%*ant  la  Révo- 
lution, confiée  à  des  Suisses  hallebardiers. 
Pe  nos  jours,  le  Saint-Père  a  conservé, 
pour  la  garde  de  sa  personne  et  des  pa- 
lais qu'il  habite,  une  compagnie  de  halle- 
bardiers suisses  qui  ont  encore  le  même 
costume  qu'au  xv*  siècle  :  «  Ils  sont  armés 
de  hallebardes  M  ont  des  vêtements  de 
bandes  en  drap  jaune ,  rouge  et  bleu;  ils 
portent,  dans  les  grandes  cérémonies ,  le 
casque  et  la  cuirasse»  (gén.  Oudinot, 
De  ritalie),  C.  A.  H. 

n ALLER  (Albeet  dr),  médecin  et 
naturaliste  célèbre  auquel  le  surnom  de 
grand  a  été  décerné  par  ses  contempo- 
rains, naquit  à  Berne  le  1 6  octobre  1 708. 
L'universalité  de  ses  connaissances,  et  le 
grand  nombre  de  ses  ouvragess'expliquent 
par  la  prodigieuse activitéet  surtout  par  la 
rare  précocité  de  son  esprit,  qui  s'alliait 
d^ailteurs  avec  une  extrême  faiblesse  de 
corps ,  au  moins  dans  son  enfance.  Issu 
d'une  famille  patricienne  très  estimée, 
fils  d'un  avocat  dont  le  talent  avait  pro- 
fiU  à$%  fortune ,  il  re^ai  une  édocalioD 


(  406  )  HAL 

soignée,  et  il  la  devança,  ponr  i 

par  son  aptitude  et  son  emprcs 

s'instruire.  Ces  qualités  furent  t 

Tâge  de  cinq  ans,  s'il  faut  en  en 

mermann,  son  biographe,  il  exp 

Bible  ;  qu'à  neuf  ou  dix  ans,  il  avi 

de  Moreri  et  de  Bayle  les  biogn 

hommes  célèbres  dans  les  scieu 

quinze  ans,  il  se  distinguait  pai 

struclion  peu  commune,  mémei 

mûr,  et  qu'indépendamment  de  | 

res  et  de  vocabulaires  chaldéens 

et  grecs  ébauchés  par  lui,  il  avait 

un  grand  nombre  d'ouvrages  at 

fécondité.  Disposé  à  toutes  les  étt 

plication,  parses  travaux  antérie 

après  avoir  terminé  ses  études  an 

de  Berne,  dirigé  vers  la  médecin 

circonstance  fortuite.  Après  qu< 

çons  suivies  à  Bienne  et  à  Toi 

se  rendit  à  Leyde  (1725)  ou  il  c 

lève  du  fameux  Boerhaave,  de  1 

d'Albinus.  Là ,  toutes  les  scien 

relies  se  disputèrent  ses  instai 

l'anatomie  et  la  botanique  eut 

lui  un  attrait  particulier.  Lors<| 

pris  le  grade  de  docteur,  des  v 

Angleterre  et  en  France  le  roirei 

de  compléter  son  instruction  en  I 

par  la  fréquentation  des  homm^ 

distingués  de  son  temps.  En  q 

France,  il  se  rendit  à  Bàle,  où  J 

noulli  l'initia  aux  parties  les  | 

ciles  de  l'algèbre;  puis  il  revin 

dans  sa  ville  natale.  Quoiqu*il  j* 

tôt  d'une  grande  réputation,  il 

pas  qu'il  ait  eu  beaucoup  de  sua 

médecin  praticien,  soit  que  sa  i 

Tait  éloigné  du  spectacle  des  so< 

soit,  comme  on  le  dit,  que  son 

la  poésie  ait  écarté  de  lui  la 

du  public,  qui  défend  à  un  h 

sortir  de  la  spécialité.  Aussi  se 

tout  entier  à  son  goût  pour  les  r 

scientifiques  en  tout  genre  et  | 

seîgnement  tant  oral  que  par 

Il  annonça  un  cours  gratuit  d 


qui  eut  du  succès;  il  rethercl 
la  chaire  d'éloquence ,  mais  ub 
fut  préféré  ;  cependant  il  fut  • 
soin  de  la  bibliothèque  (1735^ 
suivante,  la  chaire  d'anatomte, 
et  botanique,  lui  fut  confiée  à  V 
de  Gœttingue,  qui  Tenait  d'être  ( 


■âL 


(407) 


HAL 


fgelL  A  mm  arrivée  dam  cette 
i  k  aalkeurde  perdre  sa  fem- 
il  dwrcba  des  comolatioos  dans 
de  pi»  en  pivs  avidu,  et  Fode 
pcMa  dans  eelte  arcooslaoce  est 
etesplssbelles  poésies.  Onsaità 
oà  coaiaBciioer  pour  donner  une 
•ebîen  inoonplète ,  de  travaux  si 
a*aiican  homme  peot-étre  n'en  a 
et  fortoot  achevé  depareib. 
miqae,  qu'il  cnltiva  et  enseif^a 
!^  saoccsy  doit  à  Haller  d'im- 
ecberchcs.  Les  Alpes,  dont  la 
Bcstsi  riche,furent  explorées  par 
le  année,  de  manière  à  lui  four- 
Mer  considérable  qu'il  décrivit 
Duvrage  intitulé  :  Enmmeratio 
m  ftirpium  Hehetiœ  indigena" 
ftt. ,  1742,  5  Tol.  in-fol.,et 
768,  3  tom.  în-fol.,  û^.  Ces 
bnnérent  également  naissance  à 
le  didactique  les  Alpes ^  qui  est 
l  citimé.  L'anatomie  ne  lui  est 
B  redevable  :  ses  nombreuses 
grarées  (Icônes  aiuUomicœ ^ 
74S,  in-foL),  représentant  les 
otts  qui  avaient  servi  à  ses  1»- 
ibm  lesquelles  se  trouTent  un 
M&bre   de    découvertes,    sont 
-es  recherchées ,  et  avec  raison, 
st  particulièrement  à  la  phj- 
pili  a  élevé  un  monument  par 
i  ouvrage  Etementa  physiolo'" 
foris  /mmiî/ii  (Lausanne,  1757- 
>1.  iii-4*),  où  la  science  la  plus 
s^allie  à  la  plus  immense  érudî- 
i  la  critique  la  plus  judicieuse, 
avaux  de  cabinet  marchaient  de 
avec   les  laborieuses  foDctions 
4e  professorat ,  et  laissaient  en- 
temps  à  l'administrateur  et  au 
it,  et  même  quelques  loisirs  au 
Ikinille  et  au  poète,  dont  la  fé- 
Bagination  s'était  révélée  dès  sa 
par  les  plus  nobles  et  les  plus 
es  compositions.   C'est   que   ce 
lomme  connaissait  à  fond  l'art 
d'employer  le  temps ,  outre  qu'il 
ire  des  collaborateurs  de  ses  élè- 
■ème  de  sa  femme  et  de  ses  en- 
[ail  avait  voués ,  comme  lui ,  au 
!  la  science. 

•ftt  nn  s^onr  de  dix-sept  années 
t,  HâUer^  honoré  de  la  con- 


fiance du  gouvernement,  avait  doté  l\i« 
niversité  de  plusieurs  établissements,  teb 
qu'un  amphithéâtre  d'anatomie ,  un  jar* 
din  botanique  dont  il  eut  la  direction  , 
et  où  il  résida  dans  une  maison  qu'on  y 
fit  construire  pour  lui ,  une  école  de  des- 
sin appliqué  à  l'histoire  naturelle,  un 
cabinet  d'anatomie ,  une  école  de  sages* 
femmes,  enfin  un  collège  de  chirurgie. 
Il  contribua  aussi  de  tontes  ses  forces  à 
la  fondation,  dans  cette  ville,  de  la  Société 
royale  des  sciences,  qui  y  subsiste  encore 
avec  honneur,  et  en  devint  président  per* 
pétuel  en  1751.  Il  eut  de  même  la  plus 
grande  part  à  la  fondation  des  Publica* 
tions  saluantes  de  Gceltinguej  recueil  très 
estimé  (vojr,  Heeeeh)  et  dont  il  fut  un 
des  principaux  collaborateurs  ;  il  lui  four- 
nit plus  de  12,000  articles*. 

Les  honneurs  et  les  récompenses  de 
tout  genre  ne  manquèrent  pas  à  celui 
qui  sut  si  bien  les  mériter  :  S  8  acadé- 
mies le  reçurent  dans  leur  sein  ;  l'empe- 
reur d'Allemagne  lui  conféra  la  noblesse 
d'Empire,  et  d'autres  souverains  le  déco- 
rèrent de  leurs  ordres ,  ou  tâchèrent,  par 
les  offres  les  plus  brillantes ,  de  l'attirer 
dans  leurs  états.  Sa  patrie  lui  décerna  des 
honneurs  extraordinaires  lorsqu'il  rerint 
s'y  établir  définitivement,  en  1758  ;  elle 
l'élut  membre  du  grand  conseil,  et  lui 
conféra,  avec  le  titre  à^amman^  diverses 
fonctions  administratives,  politiques  et 
judiciaires,  dans  lesquelles  il  se  montra 
toujours  supérieur  à  tout  ce  qu'on  pou- 
vait attendre  de  lui.  Haller  proposa  des 
améliorations  et  fit  des  établissements 
utiles  partout  où  il  porta  la  main  ;  et, 
malgré  cet  énorme  surcroît  d'occupa- 
tions, il  n'en  continua  pas  moins  avec 
une  activité  toujours  croissante  ses  tra- 
vaux littéraires  et  scientifiques.  En  1 777, 
il  eut  l'honneur  de  recevoir  la  vbile  de 
l'empereur  Joseph  II;  mais  à  la  fin  de 
la  même  année ,  le  1 2  décembre ,  il  suc- 
comba à  une  maladie  qui  ne  lui  ravit 
qu'au  dernier  moment  l'intégrité  et  le 
libre  exercice  de  ses  facultés   intellec- 
tuelles. Sa  troisième  femme  (car  la  seconde 
ne  vécut  avec  lui  que  quelques  mois)  lui 
donna  onze  enfants,  dont  quatre  fils. 

(•)  Ce%t  le  C  L.  qoi  le  dit:  mais  ce  nombre 
noDs  parait  éoorme.  Ifoot  trooToat  ailleofi 
l|500t 


HAL 


(4 


qui  est  la  même  pour  tous  les  hommes, 
et  qui  est  accompagnée ,  pour  ceux  qui 
exercent  Tempire^des  moyens  nécessaires 
pour  la  faire  respecter.  —  Les  droits  des 
princes  sont  fondés,  comme  ceux  des  au- 
tres hommes,  sur  leur  liberté  ou  leur />n>- 
priété^  ainsi  que  sur  leurs  obligations  na- 
turelles. Ces  droits  sont  sacrés ,  nul  ne 
peut  les  attaquer.  Toute  réfolution  qui 
les  renverse,  toute  réforme  qui  les  dimi- 
nue, est  une  spoliation,  une  injustice,  fus- 
sent-elles faites  au  nom  de  la  volonté  gé- 
nérale.— ^Ce  n'est  pas  la  volonté  générale, 
c*est  la  loi  divine  (car  la  loi  naturelle  est 
d'origine  divine)  qui  règle  les  rapports 
des  peuples  avec  leurs  chefs  ou  les  droits 
des  uns  et  des  autres.— Nul  peuple  n'a  le 
droit  de  prendre  une  liberté,  une  indé- 
pendance, en  un  mot  un  état  de  choses 
qu'il  n'a  pas ,  sous  le  prétexte  que ,  dans 
quelque  contrat  primitif,  il  aurait  aliéné 
ce  qu'il  demande;  vu  que  cette  aliénation 
n*a  pas  eu  Heu  ni  ne  peut  avoir  lieu  ja- 
mais.— ^Lcs  nations  n^ont  rien  délégué  aux 
princes,  par  la  raison  t{\x^ elles  n'ont  rien 
à  déléguer.  — Le  pouvoir  qu'exercent  les 
souverains  n'est  pas  national ,  il  est  /?tf  r- 
xo/t/t^/ au  chef  de  l'état;  car  c'est  une  dé- 
légation qui  lui  a  été  faite  de  la  part  de 
Dieu. — La  révélation  et  l'ordre  moral  du 
monde  lui  conGrmentle  mandat  du  prince. 
— Les  mandats  des  peuples  sont  des  men- 
songes historiques. — Au  lieu  de  mandais 
imaginaires  et  de  fonctions  imposées  par 
les  nations,  i4  n'y  a  d'obligatoire  pour 
les  souverains  que  les  devoirs  àe  justice  et 
d'amour  qui  lient  tous  les  hommes. — Le 
père  est  avant  les  enfants,  le  prince  avant 
les  sujets  ;  il  gouverne  les  peuples  en  vertu 
du  même  ordre  et  du  même  droit  divin 
que  le  père  gouverne  ses  enfants. 

On  le  voit,  ce  n'est  pas  seulement  une 
antithèse  contre  le  Contrat  social  q«ie 
présente  M.  L.  de  Haller ,  c'est  la  réfu- 
tation de  tout  le  mouvement  des  der- 
niers siècles  et  des  doctrines  qui  ont  pré- 
valu dans  les  écoles  depuis  le  règue  de 
Henri  IV.  M.  de  Ualler  aurait  pu  remon- 
ter plus  haut ,  car  son  système  est  la 
négation  de  toutes  ces  idées  de  progrès 
et  de  liberté  qui  se  sont  produites  dans 
le  monde  depub  la  grande  révolution 
philosophique  du  x\'*  siècle.  Quoiqu'il  se 
trompe  de  date,  Tauteur  diicote  toatea 


10  )  HAL 

ces  idées  comme  émanéet  dt  b  i 
source,  de  V hypothèse  d'an  droit  ■ 
nal  indépendant  des  droits  du  pr 
idée  dont  il  ne  voit  la  première  api 
tion  que  dans  la  révolutioo  d'Angle 
qui  l'aurait  introduite  dans  la  pol 
moderne,  tandis  qu'elle  est  formnléii 
manière  éclatante,  dès  l'ao  15S1, 
le  manifeste  des  insurgés  de  la  Casti 
dont  il  poursuit  la  funeste  inthm 
Portugal,  en  Russie,  en  Prusw,  en  J 
che,  en  Toscane,  dans  le  reste  défi 
et  de  l'Allemagne ,  et  enfin  en  fn 
Cette  idée,  la  Restauration  de  Utsd 
politique  doit  l'anéantir  à  jamais,  | 
sauver  ensemble  W  Monarchie  tl  Viâ 

En  effet,  l'Église  occupe  M.  de  8 
autant  que  la  monarchie,  et  c^ol 
la  religion,  nous  allions  presque  ëm 
une  révélation  spéciale,  que  rtpM 
système.  «  Me  méfiant  des  doctriM 
çues,  dit-il,  je  laissai  là  tons  les  K 
toutes  les  autorités,  pour  ne  plus  I 
roger  les  hommes,  mab  Dieu  seul, 
la  nature  qui  est  son  œuvre.  Aloi 
porte  fut  ouverte  à  celui  qui  avait  frt 
à  peine  la  vérité  fut-elle  cherchéedcl 
foi,  près  de  sa  source,  qu'elle  fut  troi 
elle  se  présenta  soudain  et  se  it 
même  connaître  à  celui  qui  l'aimait 
de  Haller  parle  avec  une  sorte  de  n 
ment  de  cette  espèce  d'illuminatioa 
ne  fut  pas  considérée  sous  le  mèmm 
de  vue  par  le  public,  mais  qui  ei| 
son  dévouement  pour  cette  théorît. 

Le  public  français,  à  qui  des  boi 
éminents,  MM.  de  Bonald,  de  Mail 
tant  d'autres ,  offraient  alors  les  ■ 
doctrines  revêtues  de  tout  l'éclat  ( 
parole ,  de  toutes  les  séductions  é 
lent,  accueillit  froidement  les  pal 
tlons  d'un  étranger  qui  avait  de  la 
à  traduire  sa  pensée  dans  notre  Im 
l'Allemagne ,  au  contraire ,  leur  ae 
une  grande  attention.  Nous  ne  noi 
rons,  des  nombreuses  réfutatiooa  q 
leur  opposa,  que  celle  de  M.  Trw 
qui  est  savante  et  fort  répandiM 
parmi  les  imitations  modifiées^  qvi 
de  M.  de  Strombeck^,  qui  est  popi 

(*)  L*  primat  H  U  f  «p't  •  iTmprwt  !•  J 
tit  Buehmnmm  (r^jr.  c«  nom),  A»r*tt,  it«l 

(**)  Dm  dr^it  dêt  ■ali«n«  émmM  ht  tmi  m  I 
«•«>  mprimê  mgii  e#»ir»ir—nwi  «•  iaff  êm  ê 
cia^  Broatwic,  4*  édilioo»  ift3d. 


HAL 


(411) 


HÂL 


iteBint  flpi'eile  en  est  à  sa 

Uré&ititkHi  de  H.  de  Haller  est  dans 
Mre,  qa*îl  UiYoqoe  en  sa  farear.  Que 
i^DC  devenns,  an  miUea  des  révolu- 
■^  le  sooccdent  d^âge  en  âge,  les 
ipriélaires  primitifs  des  nations^  et  que 
i-«  admettre  comme  légitime  dans 
ÉIMC  de  Tespèce  humaine,  si  tout  ce 
Uka  iait  de  plus  grand  dans  les  trois 
dideaon  plus  admirable  défeloppe- 
tt  CM  contraire  à  la  loi  naturelle  ou 
Ifc  Qaand  même  la  théorie  de  M.  de 
hricrait  aossi  Traie  qu'elle  nous  pa- 
Ame,  à  qnoi  serait^lle  bonne  ?  Com- 
Kiaroufer  dans  le  passé  Tépoque  ou 
princs  étaient  tous  en  possession  de 
idnin  primilifs,  et  les  peuples,  leur 
friilé,  respectueusement  soumis  à  la 
■Me  déléguée,  dans  le  principe,  par 
ilitenr  suprême  des  destinées  so- 


lda «onde. 


aux  rois  ses 


lieutenants? 


^ celle  époque  trouvée,  quel  moyen 
fe*t*il  d*y  ramener  les  peuples  et  les 
PEafia,  le  retour  opéré,  sérail-  il  pos- 
(de  BOUS  imposer,  avec  nos  mœurs 
inède,  les  instilutions  du  passé? 
i  k  foit  bien ,  œ  système  n*est  Trai 
tfmt  qn*on  fait  abstraction  de  tout 
doL  Mais  ce  qui  est  digne  d*estime, 
>dmms  même  d^admiration  dans  M. 
idkr,  c'est  d'abord  sa  science,  qui  est 
iqaable,  quoique  son  point  de  vue 
faix  et  cpie  nous  ayons  eu  sans  cesse 
eanhattre  dans  V Histoire  des  doc- 
^foUtiques  des  trois  derniers  siè^ 
\  <^cst  ensuite  sa  conviction,  qui  est 
^âevée,  profondément  empreinte  de 
1  et  de  respect  pour  l'ordre  moral  et 
^aa  qui  domine  le  monde.  Celle 
liclioo  est  non-seulement  entière,  elle 
ideMe;  M.  de  Haller  y  est  arrivé, 
i,  en  étudiant  les  pernicieuses  doc- 
■des  libres  penseurs  d'Angleterre, 
•ctdopédistes  de  France ,  des  ///a- 
ii^Allemagne.  Allemand  avant  tout, 
k  Haller  est  lui-même  une  sorte  d*il- 
*é,  non  pas  de  la  philosophie  mo- 
is» nais  de  la  foi  et  de  la  hiérarchie 
■lyen-êge;  mais  il  est  infiniment 
ipRs  de  Stolberg  et  de  M.  Gœrres 
^  MM.  de  Bonald  et  de  BJaistre. 
■  M.  de  Haller  est,  comme  tous  les 
l  dléoriei  absolues,  généreuse- 


ment inoonséquenU  II  accorde  aux  peu* 
pies  des  droits  inviolables  et  reconnaît 
entre  eux  et  leurs  maîtres  des  guerres  lé* 
gilimes;  il  juslifie  les  insurrectiçns  faites 
au  nom  de  Tordre  moral  enfreint  par  le 
despotisme,  et  conçoit  non-seulement  une 
résistance  brusque,  subite ,  mais  des  co/i- 
spirations  préparées  dans  le  silence  {voir 
le  chap.  4 1  du  2"  vol.  de  la  Restauration 
de  la  science  politique^  édîL  allemande). 
C'est  une  inconséquence  vérilable;  car 
c'est  constituer,  non  pas  les  magistrats  et 
les  élus  de  la  nation,  mais  le  peuple  et  les 
conspirateurs,  juges  des  cas  de  violence^ 
d'usurpation  et  de  despotbme.  Mieux 
valait  accorder  ce  droit  aux  hommes  les 
plus  éminents,  aux  représentanis  des  na- 
tions. M-a. 

UALLET  (Eomovd)  ,  physicien  et 
l'un  des  plus  grands  astronomes  de  l'An* 
gleterre,  naquît  à  Londres  le  8  novembre 
1656.  Quoique  sa  grande  facilité  et  son 
ardeur  à  s'instruire  le  portassent  d'abord 
vers  toutes  les  branches  de  connaissances^ 
l'astronomie  fut  celle  pour  laquelle  il  eut 
toujours  le  plus  de  penchant.  Ses  pre* 
miers  pas  dans  la  carrière  lui  firent  goûta* 
des  plaisirs  qui  ne  peuvent  être  conçus , 
comme  il  le  disait  lui-même,  que  par 
ceux  qui  les  ont  éprouvés.  Persuadé  que 
les  progrès  de  l'astronomie  dépendaient 
d'une  connaissance  parfaite  des  étoiles , 
Halley  sollicita  une  mission  pour  aller 
observer  le  ciel  dans  l'autre  hémisphère. 
Charles  TL  la  lui  ayant  accordée ,  il  se 
rendit  à  Sai nte- Hélène ,  en  1676,  et  y 
détermina  la  position  de  350  étoiles.  Il 
observa,  dans  cette  lie,  le  passage  de  Mer- 
cure sur  le  disque  du  soleil ,  et  conçut 
l'heureuse  idée,  qui  a  été  exécutée  depuis, 
en  1761,  de  faire  usage  du  passage  de 
Vénus  sur  le  disque  du  soleil  pour  dé- 
terminer la  parallaxe  de  cet  astre,  de  la* 
quelle  dépendent  toutes  les  dimensions 
du  système  planétaire. 

A  son  retour  de  Sainte-Hélène,  il  prit 
ses  degrés  de  maître  ès-arts ,  et  fut  reçu 
membre  de  la  Société  royale  de  Londres. 
Il  publia  son  catalogue  d'étoiles  australes 
en  1679,  et  voyagea  ensuite  dans  le  nord 
de  l'Allemagne,  en  Italie,  en  France, 
afin  de  visiter  les  savants  de  ces  pays  et 
de  faire  avec  eux  un  échange  de  lumières. 

Revenu  en  Angleterre^  en  168S|  il  si 


HAL  (  41 

maria  et  se  livra  avec  succès  k  plusieurs 
genres  cl*observations ,  |>armi  lesquelles 
nous  distinguerons  celles  des  variations 
de  raiguitle  aimantée.  Persuadé  quVtles 
étaient  soumises  à  une  loi ,  il  recueillit 
toutes  les  observations  faites  jusqu*alors, 
les  coordonna  et  reconnut  qu^elles  dépen- 
daient de  deux  centres  d*action,  dont 
il  détermina  la  position  sur  la  surface 
de  la  terre ,  ainsi  que  les  ligues  courbes 
où  Taiguille  ne  décline  point.  Le  grand 
avantage  que  cette  théorie  devait  pro- 
curer à  la  navigation  détermina  le  roi 
d'Angleterre  à  charger  Halley  de  vériGer 
sa  théorie.  Il  entreprit  pour  cet  effet, 
en  1698»  1699  et  1700,  deux  voyages 
différents ,  qui  le  conduisirent  quatre 
fois  sous  la  ligne  équinoxiale,  et  dans  les- 
quels il  trouva  la  variation  de  la  boussole 
conforme  à  sa  théorie. 

Une  autre  série  d'observations  égale- 
ment utiles  à  la  navigation  est  celle  que 
l'on  trouve  dans  son  Histoire  des  vents 
alises  et  des  moussons ,  qui  régnent  dans 
les  mers  placées  entre  les  tropiques.  A 
cette  histoire  il  a  réuni  un  essai  sur  la 
cause  ph}'sique  qui  les  produit. 

Grand  promoteur  de  la  philosophie  de 
Newton ,  dont  il  était  l'ami ,  c'est  aux 
soins,  au  7^le  et  aux  pressantes  sollicita- 
tions de  Halley  qu'on  doit  la  publication 
du  livre  immortel  ^es  Principes  {voy, 
Nevtton).  Le  mouvement  des  comètes 
semblait  encore  échapper  à  la  belle  théorie 
de  l'attraction  universelle  :  Halley  essaya 
de  le  soumettre  à  la  même  loi.  Il  réunit 
pour  cet  effet  toutes  les  observations 
exactes  faites  sur  le  mouvement  des  co- 
mètes et  les  soumit  à  un  calcul  rigoureux. 
Ayant  fait  ce  calcul  pour  24  comètes,  il 
compara  ensemble  leurs  orbites,  et  re- 
connut que  celles  des  années  1531,1 607 
et  1683  avaient  des  éléments  semblables, 
et  que,  par  conséquent,  c'était  le  même 
astre  qui  avait  paru  à  trois  époqu<^s  sé- 
parées par  des  intervalles  pres(|ue  égaux. 
L'histoire  fortîGa  encore  celte  idée  en 
lui  indiquant  des  apparitions  de  comètes 
qui  avaient  eu  lieu  dans  les  années  1 456, 
1380  et  1305.  Cette  constance  des  re- 
tours ,  cette  égalité  dans  les  intervalles , 
confirmèrent  la  sublime  idée  de  Newton 
qu«  les  comètcsy  comme  les  planètes,  tour- 
jMsl  éênê  dm  «lUptea  aatoar  da  mlcil. 


8) 


H\L 


Halley  éfiblit  donc  que  la  premi 
mète  avait  une  période  de  75  à  76 
publia,  en  1 705,  quVIle  devait 
de  1 758  à  1 759,  ce  que  l'expérienoe 
rifié.  La  comète  fie  fittiiry  a  de  i 
paru  en  1 835.  Foy,  CoMÈTBet  Clmi 

L'astronomie  doit  encore  à  Halley  ii 
perfectionnement  dans  la  théorM 
mouvements  de  la  lune,  dont  U 
sance  est  si  importante  à  U  na^ 
par  la  détermination  des  longitadaa  (i 
ce  mot).  Pénétré  de  cette  im| 
s'occupa ,  depuis  l'année  1710 
1739,  à  observer  le  mouvenent 
lune,  et  il  en  publia  des  table»  à 
desquelles  on  devait  déterminer 
beaucoup  de  facilité  la  longitude, 
cet  astre  est  soumis  à  plusieurs 
séculaires  que  Halley  n'avait  pas 
et  que  La  Place  expliqua  par  la  saila.  ^ 
inégalités  ayant  été  introduites  daat  % 
calculs  du  mouvement  de  la  luoe,  a^ 
obtenu  des  tables  lunaires  plus 
avec  lesquelles  on  peut  prendre 
nant  assez  exactement  la  longitude  en  i 

En  1720,  Halley  rempla^ 
à  l'observatoire  de  Greenwich.  CettaffI 
sition  lui  fournit  les  moyens  de  vériÉi 
par  une  observation  soutenue,  les  i 
dont  son  esprit  était  alors  oocopé;  il 
fectionna  celle  des  étoiles;  attaqua 
prétendue  immobilité,  et  set  hy| 
sur  leur  mouvement,  leur  lumière, 
blent  aujourd*hui  des  vérités  im 
blés. 

Halley  était  doué  d'une  forte 
tution;  sa  mémoire  était  heureuse; 
esprit  vif  et  pénétrant  le  portait  à 
systèmes  hardis.  Les  opinions 
contraires  ii  la  sienne  ne  l'arrétaiest 
dans  sa  course  ;  il  imaginait  et  pcopMf 
des  hypothèses  sans  scrupule  , 
qu'elles  découlaient  toujours  de 
servations  et  de  son  habileté  à  les 
biner.  La  gloire  d*autrui  ne  lui  fit  ji 
ombrage  ;  il  sut  rendre  justice  aux  ai 
géomètres ,  parlait  avec  respect  de  I>« 
cartes  dont  il  suivait  la  méthode  tool 
les  fois  que  Tobservation  lui  paraissait  il 
suffisante  pour  arriver  il  un  résultat  fil 
Il  aimait  la  poésie  et  la  cultivait  «M 
succès.  Nous  pouvons  indiquer,  à  eri 
occasion ,  les  beaux  vers  latins  q«*il  i 
pour  oélébrwr  les  snbUaMt  hàkm  dt  5ff 


■AL 


(411) 


AAt 


de  IHuiiTcn.  La  va* 
de  Halley,  sa 
réponses  judi- 
,  tWci  et  ctroonspectes ,  le  ren- 
ipéable  aux  princes  qo*il  eut  Toc- 
ét  roir,  PieiTe-le*Grand ,  dans 
pfe  eo  Angteterre ,  alla  le  visiter, 
■  cooleot  de  sa  conversation  qu'il 
ra  du  titre  d^ami.  Il  vécut  dans 
idîocrilé  dont  le  choix  libre  justi- 
les  les  qualités  du  cceur  qu'on  lui 
le.  n  fui  atuqué)  à  Tâge  de  82  ou 
s,  d'âne  espèce  de  paralysie  qui , 
iotervalle  de  trois  années,  le  con- 
par  degrés  insensibles  au  terme  de 
|Be  et  brillante  carrière,  le  25  jan- 
742. 

I  principaux  ouvrages  sont  :  Me- 
If  directa  et  geometrica  investi'^ 
lexceniricitates  planetaruniy  Lon- 
1C75-1677,  in-4»,  et  la  Théorie 
Mriaiions  de  l'aiguilie  aimantée 
■giais  dans  les  Trans,  phiL  1683, 
Ittin  dans  les  Actaerud,y  1684).  Il 
Uileor  de  plusieurs  ouvrages  d'A- 
ns de  Perge.  On  lui  doit  aussi  des 
I agronomiques  (en  latin),  1749, 
'.  A.  DE  G. 
kLLIER,  voy,  Filxt. 
U4>RES ,  7}oy,  Baix  ,  Halle. 
iLUJClllATIONS ,  phénomène 
ier,  firéquent  dans  les  maladies  men« 
mab  qui  se  montre  dans  d'autres 
ies  et  quelquefois  même  isolément, 
consiste  dans  une  erreur  complète 
Ml  de  plusieurs  sens.  Ainsi,  par 
Ic^  la  berlue,  la  bévue,  le  tintouin 
les  hallucinations,  puisqu'ils  font 
ea  objets  ou  entendre  des  sons  qui 

pas,  et  dont  le  malade  lui- 
aonvent  à  même  de  reconnaître 
On  peut  dire  que  les  halluci- 
s  aont  nn  délire  partiel. 

II  particulièrement  chez  les  aliénés 
sanifestent  ces  symptômes  bizar- 
«pu,  dan^  les  époques  d'ignorance 
■perstition ,  ont  pu  donner  lieu  à 
lô  hisloires  de  sorcellerie,  de  ma- 
I  latcination  et  de  possession  que 
rieni  divers  auteurs.  Les  sujets  qui, 
re  adectés  de  folie,  sont  cependant 
foables  par  la  singularité  de  leurs 
s(  de  leurs  actes,  sont  souvent  sous 
redes  hallucinations.  On  les  désigne 


ordinairement  par  la  dénomination  dm 
visionnaires^  expression  incomplète,  en 
ce  cp'elle  ne  s'applique  qu'aux  halluci- 
nations de  la  vue. 

Rien  de  plus  varié  d'ailleurs  que  les 
formes  de  ces  erreurs.  Ainsi  un  malade 
entend  parler,  soit  une,  soit  plusieurs  per*- 
sonnes  qui  l'injurient ,  le  menacent ,  ou 
bien  lui  adressent  les  propos  les  plus  agréa- 
bles; il  les  interroge  et  répond.  Un  autre 
voit  le  ciel  ouvert,  ou  bien  au  contraire 
l'enfer  prêt  à  le  saisir;  les  gendarmes  à  sa 
poursuite,  un  tribunal  qui  va  le  condam- 
ner et  le  bourreau  qui  s'apprête  à  exécu- 
ter la  sentence.  L^  odeurs,  les  saveurs 
perçues  par  les  malades,  sans  la  présence 
d'aucun  objet  matériel ,  sont  en  rapport 
avec  la  direction  de  leurs  idées  ordinaires. 

Les  sensations  tactiles  sont  souvent  al- 
térées de  la  même  façon  ,  et  tel  malade 
sent  une  épée  imaginaire  qui  le  perce  de 
part  en  part,  des  coups  de  bâton  qui 
l'accablent,  un  feu  qui  le  brûle,  etc. 

Agréables  ou  pénibles,  ces  sensations 
sont  très  réelles  pour  celui  qui  les  éprou- 
ve ;  car  sa  conviction  à  ce  sujet  est  assez 
intime  et  assez  sincère  pour  entraîner 
toutes  les  déterminations  qui  peuvent  en 
être  la  conséquence,  et  cela  malgré  les 
peines  ou  même  les  souffrances  qui  en 
peuvent  résulter  pour  lui.  L'exemple  de 
Pascal,  qui,  croyant  voir  un  précipice  à 
son  coté,  y  plaçait  toujours  une  chaise 
pour  se  garantir,  prouve,  avec  mille  au- 
tres, que  les  hallucinations  ne  sont  pas  le 
partage  exclusif  des  aliénés  ou  des  esprits 
faibles. 

Les  hallucinations  doivent  être  bien 
distinguées  des  fausses  perceptions  qui 
ont  lieu  quelquefois  dans  les  affections 
mentales,  puisque  non-seulement  il  n'y 
a  pas  de  cause  matérielle,  mais  que  sou- 
vent même  on  les  a  vues  coexister  avec  des 
paralysies  des  organes  des  sens. 

Il  est  probable  que  le  siège  des  hallu- 
cinations est  dans  le  cerceau ,  mais  il  est 
assez  difficile  d^en  déterminer  la  cause 
immédiate.  On  les  voit  le  plus  souvent 
survenir  à  l'occasion  d'impressions  vio- 
lentes que  la  mémoire  reproduit  et  que 
l'imagination  combine. 

Les  hallucinations  précèdent  souvent 
la  folie  et  se  moutreol,  à  son  début,  pas- 
sagère» et  faciles  k  écarter;  mais  plus  tard 


MAL 


(414) 


HAll 


tUflt  deviennent  dominantei  el  tyranni- 
qucs.  Aostî  le  traîlement  doiuil  être  baié 
ior  les  contidénilioni  qui  précèdent ,  et 
présente-t-il  des  chences  de  saceès  très 
variables. 

D*ailleurs  les  hallucinations  en  elles- 
mêmes  ne  présentent  souvent  aucune 
gravité.  Elles  ne  méritent  de  Tatlention 
que  comme  symptôme  précurseur  de  la 
folie  (voy.  ce  mot).  F.  R. 

HALO  ou  CocaoHm.  En  météorolo- 
gie,  on  nomme  ainsi  des  cercles  lumi- 
neux qui  environnent  le  soleil  ou  la  lune 
et  se  produisent  particulièrement  dans 
les  régions  septentrionales.  Lorsqu*on  les 
remarque  autour  de  la  lune,  ces  cercles 
sont  presque  toujours  d^un  éclat  argentin; 
mais  aux  rayons  du  soleil  ils  se  teignent 
des  couleurs  un  peu  affaiblies  de  l'arc-en- 
cîeL  Les  Grecs  ont  donné  à  ce  phénomène 
le  nom  de  âXatir,  aire  (d*où  l*on  a  fait  halo 
en  français),  parce  qu^il  apparaît  toujours 
comme  une  aire  circulaire  autour  dâ  as- 
tres. On  rappelle  en  allemand  Hofy  parce 
que  les  halos  forment ,  pour  ainsi  dire , 
une  cour  autour  de  la  lune  el  du  soleil. 

n  y  en  a  de  grande  et  de  petite  espèce. 
Le  halo  de  petite  espèce  consiste  en  deux 
ou  plusieurs  anneaux  de  diamètres  varia- 
bles, cotttigos  entre  eux  ainsi  qu*au  corps 
lumineux  ;  chaque  anneau  offre  les  cou« 
leurs  de  rarc-en-ciel  ;  le  rouge  est  à  Tex- 
lérieur.  Le  halo  de  grande  espèce  n*a  ja- 
mab  plus  de  deux  anneaux  ayant  pour 
centre  commun  le  centre  du  corps  lu- 
mineux et  lui  servant  de  couronne ,  sans 
tenir  à  lui  ;  ils  sont  blancs,  ou  colorés  de 
telU  manière  que  le  rouge  se  trouve  à 
rintérieur;  les  couleurs  du  deuxième 
anneau  sont  toujours  plus  faibles. 

On  attribue  les  petits  halos  aux  in- 
flexions que  les  rayons  lumineux  éprou- 
vent autour  des  bulles  aqueuses  dont  Pair 
est  parsemé;  les  diamètres  des  anneaux 
dépendent  de  la  grosseur  des  bulles.  Les 
grands  halos  aflectent  souvent,  dans  la  dis- 
position de  leurs  cercles,  des  formes  plus 
compliquées  que  celle  du  double  cercle 
concentrique.  Descartes,lluyghenset  Ma- 
riolte  se  sont  occupés  de  la  théorie  des 
grands  halos;  mais  le  seul  résultat  qu*aît 
pu  atteindre  la  science  pour  Texplication 
de  ce  phénomène ,  c*est  qn*il  est  dA  à  la 
f^frarf Ion  de  la  lumière  dam  Tatmoephè* 


re  9  M.  Arago  ayant 
mière  des  halos  se  oondaisail  < 
rayons  déjà  réfractés.  D*aillc«r 
valions  de  ce  météore  n*ont  été, 
ni  aasex  nombreuses  ni  assea 

Par  analogie,  on  nomme  en 
ces  cercles  simples  qui  entoureu 
ment,  a  quelque  distance,  le  i 
lune.  Ces  halos  rudimen tairas 
seulement  que  des  vapeurs  plo 
abondantes  voilent  Tatmosphci 
ce  rapport,  on  peut  dire  qu*eo 
annoncent  la  pluie. 

HALURGIE,  mot  fora 
(  SXçf  sel,  et  ipyWf  ceuvre)  d*« 
analogue  à  celui  de  métallttt\ 
lequel  on  désigne  Fart  qui  s* 
Textraction  et  de  la  purificatk 
fabrication  du  sel  employé  dai 
ges  domestiques  et  ruraux.  O 
stitue  quelquefob  le  mot  A 
(«Xc,sel,  etri;^,  art).  Le  le^ 
vera  à  Tarticle  Saunes  tout  ce 
latif  à  Texploitation  des  mines 
sources  salées,  etc.  La  littérati 
gique  laisse  encore  beaucoup  i 
Tun  des  ouvrages  les  plus  estii 
aujourd'hui,  est  celui  de  Lan 
langue  allemande,  qui  parut  • 
1796,  en  5  vol.  M.  Kleinschre 
un  coup  d*Œil  sur  tons  ceux  qu*< 
mes  en  Allemsgne  (Munich,  1 8 1 

En  chimie,  on  appelle  Aa/a 
la  partie  qui  traite  des  sels  :  n 
vons  pour  ce  dernier  mot  le  i 
ticle  que  nous  devons  à  M.  la 
Benélius. 

HAMAC ,  morceau  dHine  ti 
et  forte,  long  de  six  pieds  envt 
de  trois,  qu*on  suspend  au  plan* 
chambre,  d*une  batterie,  d*un  < 
au  moyen  de  deux  faisceaux 
lettes  appelées  nraif^rrs^  lesq 
tachent  à  difTérents  points  des  • 
de  ce  rectangle  de  toile.  I^  bat 
lit  ;  on  y  met  quelquefois  un  m 
draps  et  une  couverture.  Avai 
tions  des  Européens  avec  les  n 
TAmérique,  le  Ht  suspendu  d 
s'appelait  branle^  ainsi  qu*on  l*i 
casion  de  ce  mot.  L*auteur  de 
a  établi ,  dans  le  Mémoire  n* 
de  Wérehéologie  na^ale^  qn*a« 
He  lee  lits  dvsi  patsagm,  s«r  It 


ham 


(41«) 


àAii 


kTam-SttOt0,  c  ;  être 

.  nmmt  la  Imi  ss  modernes. 
■■  o«t  ■■i£Îné  dr  lirlefood 
d^oo  gruid  recUo|;le  de  bois 
ar  Icqoel  est  douée  une  toile, 
t  ce  redengle  est  de  laisser  au 
poeition  horîxoDtaley  et  de  doo- 
nome  ooodiée  dans  ce  lit,qu'oD 
udF€  ou  hamac  à  l'anglaise^  au- 
lafort  qu'elle  en  trouTerait  dans 
Belle  ordinaire  (vo^.  CADaK).Le 
iDglaise  esl  un  Ut  fort  agréable, 
I  ne  saurait  comparer  le  hamac, 
lier  est  néanmoins  préféré  pour 
r  des  matelots,  c'est  qu'étendu 
I  il  tient  infiniment  moins  de 
•  le  cadre  à  Panglaise.  A.  J-i^ 
IDETADES,  voy.  Nymphes. 
i&ER  (RKHai-AasHs),  proies* 
inaire  des  lances  orientales  à 
lort  le  10  octobre  1835,  était 
mcccmeur  des  Golius,  des  Sca- 
s  Wamcr,  des  Jean- Jacques  et 
Scboltens,  dont  il  occupait  la 
létait  né  à  Amsterdam,  en  1 789, 
ilé  destiné  au  commerce  par  ses 
■aïs  mal^  leurs  ordres  et  la 
dont  il  triompha  par  son  in- 
actirité,  il  se  mit  à  étudier  le 
b  grec,  juscfu'à  ce  que  Willmet 
ràt  legoût  die  l'arabe.  Alors  il  se 
Franekér,  où  il  s'occupa  prin- 
■Ide  l'étude  d'Aboulféda.  Après 
pesé  environ  deux  ans,  il  fut 
«a  1818,  professeur  eatraordi- 
Le|de,  et  piiblia  son  Oratio  de 
tWÊakammedieOj  magno  virtutis 
aptui  Orientales  incitamento 
181 8,  iB-4*}.  Cependant  il  n'éta- 
ipatitiuM  cpie  par  son  Spécimen 
^cùdicmm  mamucripi.  orienta* 
Wathecœ  academiœ  Lugduno^ 
ÇLajétf  1820,  in.4«),  ourra^ 
•née  vne  f;rande  érudition,  mais 
pes  élé  continué.  Peu  de  temps 
eâr  élé  nommé  professeur  ordi- 
ions  le  titre  de  Tokyod-^ 
Al^MÊakrizii  narratio  de 


Dbtfocftaai,  ab  ann.  C.  708  ad 
■ie^lÊ#(Anisterd.,  1824,  in-4«), 
léqnH  avait  lu  à  llnstilut  royal 
P^ÊÊ^  dont  0  était  meodbre,  et 


l'histoire  des  Croisades.  Plus  d'une  er* 
reur  généralement  admise  jusqu'à  lui  j 
est  relevée  avec  science  et  talent.  Nous 
mentionnerons  ensuite  son  ouvrage  inti- 
tulé Incerti  aucioris  liber  de  expugna* 
lione  Memphitis  et  Alexandriœ^  vulgo 
adscriptiu  Abou  Abdallœ  Mohammedi^ 
Oinari  filio  ,  Wahidœo ,  Medinensi 
(Leyde,  1825,  in-4«),  ainsi  que  les  ex* 
cellents  articles  d'analyses  qu'il  écrivit 
pour  être  insérés  dans  la  Bibliotheca 
critica  nova  de  Leyde.  Mais  si  Hamaker 
s'est  fait  un  grand  nom,  comme  orienta- 
liste et  comme  critique,  par  tous  ces  dif- 
férents travaux,  il  n'a  été  rien  moins 
qu'heureux  dans  ses  tentatives  d'expli- 
quer les  inscriptions  puniques  et  phéni- 
ciennes. On  serait  tenté  de  croire  qu'ou- 
bliant la  dignité  du  savant,  il  n'a  eu  en 
vue  qu'un  vain  jeu  d'esprit  dans  sa  Dii^^ 
tribe  philologico^critica  aliquot  monm* 
mentorum  Punieorum  nuper  in  Africa 
repertorum^  interpretationem  exhibens. 
Acceduni  noçœ^  in  nummos  aliquot 
Phœnicios  lapidemque  Carpe  ntoracten' 
sem ,  conjecturœ ,  etc.  (Leyde ,  1 822  , 
in-4*'),  dans  sa  Lettre  à  M,  RaouURo^ 
chette  (1825),  où  il  explique  une  in- 
scription phénicienne  trouvée  dans  la 
Cyrénaîque,  et  dans  ses  Miscellanea 
PhœnieiOj  sive  commentarii  de  rébus 
PAœnicum  ÇLtydey  1828). 

Comme  professeur,  Hamaker  a  rendu 
de  très  grands  services  ;  ses  conseils  et  sa 
protection  ont  fourni  à  plusieurs  de  ses 
élèves  les  moyens  de  publier  leurs  tra- 
vaux. C'est  à  lui  que  nous  devons,  par 
exemple,  le  Spécimen  critieum^  exki* 
bens  locos  Ibn  Khacanis  de  Ibn  Zeidou  - 
no  (Leyde,  1831,  in-4«),  de  M.  Weyer, 
qui  lui  a  succédé  dans  sa  chaire. 

Outre  l'arabe,  Hamaker  s'occupait 
beaucoup  des  autres  langues  sémitiques, 
même  de  l'éthiopien.  Il  lisait  le  syria- 
que avec  une  grande  facilité ,  et  avait 
préparé  une  édition  d'un  dictionnaire, 
dont  la  Chronique  de  Bar  Hebraeus(vor.) 
devait  être  la  base.  Ses  Miscellanea  «Sa- 
maritana^  attestent  aussi  des  études  pro- 
fondes; mais  il  connaissait  surtout  l'hé- 
breu, et  en  donna  la  preuve  entre  au- 
tres dans  la  Commentatio  in  libelUun 
Epiphanii  de  vitd  et  morte  propheta^ 
ntm^  de  mémo  que  dana  tes  court  e^ 


ÛAus  let  articles  d'analyiA  qu'il 
Il  donnait  une  attention  spéciale  à  la  cri- 
tique de  FAncien-Testament  et  des  an- 
ciennes traductions  de  la  Bible,  à  Phis- 
toire  des  Hébreux,  à  la  chronologie  et  à 
la  géographie  de  la  Palestine.  Ces  études 
n*ekcluaient  pas  celle  du  grec;  il  a  publié 
des  Leclioncs  Philostrateœ  (Leyde  et 
Leipzig,  1816,  in-S®}  qu'il  se  proposait  de 
faire  suivre  d*une  nouvelle  édition  des 
œuvres  de  Philostrate.  Il  avait  entrepris 
aussi ,  pour  Tédilion  de  Bonn  des  auteurs 
byzantins  (vo/.  Niebvhr)  ,  une  révision 
de  la  grammaire  de  Chalcondylas,  et  Ton 
doit  de  justes  éloges  à  ses  observations  sur 
Tédition  des  Chiliades  de  Tzetzès  par 
Kiesling.  Enfin  il  a  écrit  en  hollandais  des 
discours  sur  le  poète  persan  Firdouci,  sur 
Kalidasa,  Fauteur  du  drame  indien  de 
Sakountala,  dans  le  Horreum  literarium 
de  Kampen;  il  embrassait  la  littérature 
et  rhistoire  des  Turcs ,  des  Persans ,  des 
Mongols,  des  Tatars,  et  il  s^oocupait  acti- 
vement d^une  grammaire  générale.  Un  de 
ses  élèves,  M.  Juynboll,  a  élevé  un  digne 
monument  à  la  mémoire  de  son  maître , 
dans  son  Oratio  de  HrnricO'ArfnUo  Ha- 
maker . Grœninp.,'  1837,  in-4®).  C,  L, 

IIAMANN  (Jrjk!f-GEOECE)\  littéra- 
teur allemand,  né  le  27  août  17S0àKœ- 
nig^berg.  On  Tavait  destiné  à  la  théolo- 
gie, mais  le  jeune  homme,  qui  se  défiait 
de  sa  piété  autant  que  de  son  éloquence, 
8*adonna  de  préférence  à  la  critique,  à  la 
poésie,  à  la  philologie.  En  17o2,  nous 
le  trouvons  en  Courlande  comme  pré- 
cepteur; en  1753  à  Riga,  où  il  étudie  les 
sciences  commerciales  et  politiques;  en 
1 756,  il  retourne  à  Kœnigsberg,  et  repart 
de  là  ,  en  qualité  de  commis- voyageur, 
pour  Berlin ,  la  Hollande,  FAngleterre. 
A  Londres ,  désespéré  du  peu  de  succès 
de  ses  opérations  commerciales,  il  se  jette 
dans  une  vie  de  dissipation  et  de  débau- 
che; heureusement  la  lecture  de  la  Bible 
vient  Tarracher  de  cet  abîme.  Vers  1762, 
il  revient  dans  sa  ville  natale  et  s'adonne 
à  Fétude  des  langues  orientales  et  de 
celles  de  Fantiquité  classique;  plus  tard. 
Il  essaie  d*un  emploi  aux  domaines,  mais 
son  esprit  inquiet  se  refuse  à  ce  travail 
mécanique.  11  visite,  \ers  1764,  FAlle- 
magne,  FAlsacr,  la  Suis«e.  Kn  1765,  il 
êliortk  encore  une  ïo»^  dans  la  nUe  de 


HU) 


riAit 


Milau,  la  pénible  carrière  d«  pvéi 
à  laquelle  il  avait  déjà  nmmoê 
reprises  différentes;  deus  «os  api 
corps,  brisé  par  les  chagrins  et  I 
cis,  lui  fait  la  loi  :  il  rentre  cow 
ployé  dans  Fadministnition  des  do 

A  la  fin  pourtant,  cette  existe 
dément  ballottée  devait  arriver  i 
Après  avoir  passé  près  de  20  aM 
dans  une  position  subalterDe,il  sei 
tra  avec  un  homme  généreux  qi 
nit  largement  à  son  entretien.  El 
il  se  rendit  en  Westphalie,  et  véa 
nativement  à  Munster  et  à  Dm 
chez  son  patron  et  chez  Jacobi 
Le  21  juin  1788,  il  nM>urut 
première  de  ces  villes. 

Hamann  est  Fauteur  d*un  grai 
bre  de  fragments  semi-littérairei 
théologiques,  écrits  dans  un  style 
et  parfois  inintelligible.  Nous  cils 
Feuilies  sibyiitfjurs  du  Mage  dm 
trion  (Lei  pz. ,  1 8 1 9  ) .  Hamann  ava 
té  cette  dernière  qualification ,  t 
droit,  ce  nous  semble;  car  son  my 
langage,  son  incroyable  prédilecti 
les  métaphores  et  les  symboles,  se 
de  prophète  et  de  visionnaire ,  li 
naient,  frans  aucun  doute,  Fatlita 
de  ces  sages  de  Fantiquité  ou  <le 
qui  jetaient  dédaigneusement  au 
profane  leurs  pensées  sous  une  ■ 
enveloppe.  Maïs  le  public  modi 
rendit  mépris  pour  mépris  :  Uaa 
peu  goûté  de  ses  contemporainai 
ne  flattait  ni  les  passions  ni  lèses 
Peut-être  même  son  nom  aurait- 
inaperçu  dans  la  république  des  1 
des  hommes  telsque  Herder,  Jaool 
Paul,  Gœthe,  n'avaient  appelé  Vm 
du  peuple  allemand  sur  un  autcuri 
nit  au  sentiment  religieux  le  plut  ] 
la  connaissance  des  hommes  et  des 
Hamann  défend  la  révélation  a 
scepticisme,  le  cœur  contre  VmM^ 
sentiment  et  la  synthèse  contre  V\ 
Cest  dans  ces  dernien  temps  snrti 
a  exercé  en  Allemagne  une  salM 
fluenoe  sur  la  théologie  et  la  philo 
il  a  puissamment  contrebalancé  le 
lisme  qui  menace  de  glacer  les  co 
cette  œuvre  méritoire,rachèle  en  p 
allusions  obscures  qui  remplissent 
ges  de  sea  nombreux  ccrilS|  prctq 


HAJi 


(*n) 


HAM 


ret.  Les  nnaget  dm  ion  si^lt 
un  iUlonoét  par  les  éclairs  de 
édition  des  Œt  es  de  Ha* 
\  donnée  par  Fr.  Roth  (Ber- 
25,  8  vol.  in.8«).  L.  S. 
iA.  Ce  mot  arabe,  qui  signifie 
a  senri  à  désigner  divers  re- 
ûennes  poésies  arabes,  dont  le 
s  reconnaît  pour  auteur  Abou- 
Yoici  comment  les  écrivains 
ntent  Torigine  de  cette  corn- 
i  ne  tarda  pas  à  servir,  aux  dis- 
ahomet  répandus  dans  la  plus 
je  de  Tancien  monde,  de  code 
:  d'archives  de  leurs  origines, 
mam ,  poète  fort  distingué  de 
imie ,  au  ix^  siècle  de  notre 
lé  dans  le  Khoraçan  pour  pré- 
|ues-uns  de  ses  vers  au  gou- 
oette  vaste  province.  A  son 
it  arrêté  par  un  froid  très  vif 
I,  et  logea  dans  cette  ville  chez 
qui  avait  rassemblé  dans  sa  bi- 
les diverses  compositions  poé- 
littérature  arabe.  Abou-Tem- 
lérant  que  ces  compositions  se 
t  à  elles-mêmes  par  leur  nom- 
masse, eut  rheureuse  idée  de 
DIX  parmi  elles,  et  il  réussit  si 
on  plan  qu'il  est  maintenant 
i  par  cette  compilation  que 
ipres  écrits.  Le  nombre  des 
s  à  contribution  par  Abou- 
st  de  plus  de  800  ;  les  plus 
mutent  à  l'origine  de  la  poé- 
c'esl-à-dire  aux  environs  du 
notre  ère.  Le  recueil  est  par- 
livres.  Le  premier,  qui  forme 
a  moitié  de  l'ouvrage  et  qui  a 
nom  an  recueil  entier,  ren- 
ioroeaux  rebtifs  aux  exploits 
ea  antres  contiennent  des  élé* 
haots  amoureux ,  etc.  Aucun 
est  plus  propre  à  nous  faire 
■s  mœurs  des  anciens  Arabes, 
nœs  et  leur  histoire.  Ce  ne 
•savants  de  profession  qui  s'y 
aoeoe  :  ce  sont  en  général  des 
efés  dans  la  rudesse  du  désert 
nmentavec  toute  la  franchise 
■omade.  La  plupart  des  ou- 
lœs  morceaux  sont  extraits  ne 
KMoC  parvenus,  et,  sans  ces  ex- 
a  nne  foule  d'expressions  et 

Cf.  d.  G.  d.  M.  Tome  XJII. 


d*usages  qui  nous  seraient  restés  Incon- 
nus. Du  reste ,  les  idées  qui  y  dominent 
sont  grandes  et  fortes,  et,  sous  ce  rap« 
port,  ces  poésies  sont  bien  préférables 
aux  compositions  postérieures,  composi- 
tions qui  se  font  remarquer  trop  souvent 
par  l'emphase  et  le  mauvais  goût. 

Le  Hamas Oy  retraçant  en  grande  partie 
des  mœurs  particulières  à  la  vie  nomade, 
est  d'un  accès  difGcile  pour  les  Arabes  de 
Syrie,  d^Égypte  et  des  autres  contrées  fa« 
çonnées  à  la  vie  sédentaire.  Un  grand  nom- 
bre de  commentateurs  si  sont  exercés  sur 
les  difficultés  que  présente  cette  compi- 
lation. Tebrizi,  écrivain  du  xi*'  siècle  de 
notre  ère,  a  composé  à  lui  seul  trob  com- 
mentaires, l'un  très  étendu,  l'autre  fort 
concis,  le  troisième  de  grandeur  moyenne. 
Il  existe  un  exemplaire  du  dernier  com- 
mentaire dans  la  bibliothèque  de  Leyde, 
et  cet  exemplaire  a  été  copié  d'après  le 
manuscrit  original.  En  1768,  Albert 
Schuhens ,  professeur  de  langues  orien- 
tales à  l'université  de  Leyde,  publia,  à  la 
suite  d'une  nouvelle  édition  de  la  gram- 
maire arabe  d'Erpenius,  nne  portion  du 
Ramasa^  avec  une  version  latine  et  des 
notes.  Enfin  M.  Freytag  {yoy.)^  profes- 
seur d'arabe  à  l'université  de  Bonn,  a  fait 
imprimer  le  Hamasa  tout  entier  avec  le 
commentaire  de  Tebrizi,  Bonn,  1828,  1 
gros  volume  in-4^.  L'illustre  SUvestre  de 
Sacy  consacra  une  partie  de  ses  leçons, 
pendant  les  dernières  années  de  son  cours 
d'arabe  littéral  à  la  Bibliothèque  royale, 
à  l'explication  du  volume  de  M.  Freytag; 
il  finit  précisément  le  samedi  qui  précéda 
sa  mort.  Suivant  son  usage,  il  avait  fait 
interfolier  son  exemplaire  en  papier 
blanc,  et  il  marquait  successivement  sur 
ce  papier  blanc  les  observations  qu'il  re- 
cueillait de  différents  côtés.  Ces  obser- 
vations ne  seraient  pas  inutiles  à  quicon- 
que voudrait  soumettre  le  texte  et  le  com- 
mentaire publiés  par  M.  Freytag  à  un 
nouvel  examen.  R. 

HAMAUX ,  voy.  Filet. 

HAMAXOBIENSouHamaxobiotes, 

noms  composés  de  ql}L9,\9.  ,  chariot,  et  de 
^tôu ,  je  vis ,  et  qui  désignent,  par  consé- 
quent, des  gens  qui  vivent  sur  des  cha- 
riots au  lieu  d'habiter  des  maisons.  Pom- 
ponius  Mêla  (II ,  1)  et  Ptolémée  appel- 
lent ainsi ,  soit  la  masse  tout  entière  des 


HAlt 


(41S) 


ttAM 


SvmkfiXes'{Sauromaiœ)  et  des  Agathjr- 
ses  y  soit  quelques  tribus  particulières  de 
ces  peuples.  Aujourd'hui  même,  les  Kir- 
ghiseSy  qui  n*ont  d*autre  domicile  que 
leur  kihUka  en  feutre,  sont  hamaxobiens, 
et  cet  usage  a  sans  doute  été  beaucoup 
plus  répaudu,  au  temps  des  anciens,  dans 
les  plaines  de  TEurope  orientale  et  dans 
les  steppes  de  la  Haute-Asie.  S. 

HAMBACH  (fAts  de).  Uambach  est 
un  beau  village  fort  bien  situé  dans  le 
canton  de  Ncustadt   du  cercle   rhénan 
bavarois.  La  fête  démocratique  qui  y  fut 
célébrée  dans  le  but  de  réveiller  et  de 
raviver  Tunité  nationale  des  Allemands , 
le  27  mai  1832,  lui  a  donné  une  certaine 
célébrité  dans  ces  derniers  temps.  Uopi- 
oion  publique  s^était  déjà  prononcée  con- 
tre les  actes  des  États  de  la  Bavière  rhé- 
nane ,  et  deux  journalistes,  M.  Sieben- 
pfeiffer  (dans  la  Bavière  rhénane  et  le 
Messager  de  F  Ouest)  et  M.  Wirth  (dans 
la  Tribune  allemande)^  entretenaient  et 
irritaient  lesanimosités,  lorsque /a  Gazr//tf 
de  Spire ,  dans  son  numéro  du  1 5  avril 
1832 ,  invita  la  nation  à  célébrer  Tanni- 
versaire  de  la  constitution  bavaroise,  le 
2 6 mai,  au  château  de  Uambach ,  près  de 
rifeustadt,  an  der  Haardt,  Cet  appel  fut 
goûté.  Le  20  avril,  M.  SiebenpfeifTer  pu- 
blia un  écrit ,  sous  le  titre  du  Mai  aile- 
mand^  où  il  engageait  toutes  les  popula- 
tions allemandes  à  se  rendre,  le  27  du 
mois  qu*il  désignait,  à  la  grande  réunion 
nationale  ;  les  femmes  elles-mêmes  étaient 
conviées  à  la  fête.  Le  2 1  avril,  M.  Wirth, 
à  Hombourg,  fit  un  appel  Aux  patriotes 
de  l'Allemagne;  il  revendiquait  pour  la 
commune  patrie  Tunité,  la  souveraineté 
nationale,  Tabolition  de  la  noblesse ,  et 
une  nouvelle  constitution  votée  dans  des 
assemblées  générales  du  peuple.  En  même 
temps,  on  distribua  par  milliers,  dans  la 
Bavière  rhénane,  la  déclaration  française 
des  droits  de  Thomme  de  1793.  Ce  fut 
dans  ces  conjonctures  que  le  gouverne- 
ment du  cercle  rhénan  défendit,  le  8  mai, 
la  célébration  de  la  fête  de  Hambach. 
Le  conseil  de  la  ville  de  Neustadt  pro- 
testa contre  cette  défense,  et  en  ren- 
dit  le  gouvernement  responsable.  D*au- 
tres  ville»,  telles  que  Franlenthal,  Spire, 
Landau  et  Deux- Ponts,  firent  entendre 
ift  fDéaMfl  réclamations.  liCt  ordonna- 


teurs de  la  ((Ite ,  après  aroir  6tt  • 
consultation  avec  plusieurs  avoetl% 
clarèrent  qu'ils  continueraient  à  tiMli 
poser  pour  la  solennité ,  noi 
défense.  Enfin ,  le  1 5  mai,  la 
cercle  rhénan  permit  de  célébrer 
la  fête  de  la  Constitution. 

Toutes  ces  discussions  prélimiMB 
avaient  excité  Tattention  publiqat* 
dernier  point.  De  tous  côtés,  le  ~ 
Rhin,  il  se  forma  des  sociétés  qui 
vaient  se  rendre  à  Hambach.  A  Ti 
che  de  la  fête,  on  vit  quel  effet 
cet  événement  produisit  sur  les 
ordinairement  si  calmes  des  Ail 
les  routes  étaient  couvertes  de  vo] 
qui  afQuaient  à  Hambach  dans  des 
tures  ornées  de  feuilles  de  chênes  ctl 
montées  des  couleurs  nationales  (i 
rouge  et  or).  Dès  la  veille  au  soirj 
fête  avait  été  annoncée  au  brait  d»< 
ches  et  des  canons ,  et  les  somi 
Haardt  étinceUient  de  feux  de  joi«»] 
jour  même,  un  cortège  partit 

château  de  Hambach  à  neuf      

matin.  La  marche  était  ouverte  M 
milice  civile  ;  venaient  ensuite  des  fefl 
et  des  jeunes  filles  avec  des  ceintarMf 
trois  couleurs  ;  «u  milieu  d'elles  se  li 
vait  le  porte  -  drapeau  polonab,  1 
d*une  écharpe  blanche  et  rouge.  I 
étaient  suivies  des  ordonnateurs  11 
fête,  au  milieu  desquels  flottait  la  gnî 
bannière  nationale  avec  rinscriplJMl 
la  régénération  de  rAllemagnem 
marche  était  close  par  le  conseil  pniN 
cial  du  cercle  rhénan,  par  les  délégMÉ 
beaucoup  d*autres  pays  allemande ^ 
par  les  étrangers  classés  par  tribus  iil 
des  bannières.  On  porte  à  30,001 
nombre  des  personnes  qui  asaîstèrail 
fête  de  Hambach,  où  Ton  chanta  | 
sieurs  airs  tant  nationaux  que  fraseii 
polonais ,  et  où  plusieurs  discours  Mi 
prononcés.  La  fête  se  termina 
chants  et  des  toasts  portés  à  Têi 
tion  et  a  la  liberté  de  rAltemago»* 
lendemain,  il  y  eut  à  Neustadt  unei^ 
blée  pour  délibérer  sur  les  moyess  d 
teindre  le  but  qu*on  s'était  proposé 
cette  fête.  Elle  avait  eu  un  trop  p 
retentissement  pour  quelaConfédéri 
germanique  ne  cherchAt  pas  à  wmfé 
le  retour  de  pareilles  réuniniH  pop«U 


'tt\îl 


(419) 


MAM 


iutmire  le  procès  de  MM.  Sie- 
r  et  \Vîrth,et  celui  de  quelques 
Dmes  qui  aTsient  pris ,  comme 

une  part  active  à  la  fêle  de 
y  et  le  gouvernement  bavarois 
>ar  des  mesures  énergiques  la 
faite  en  1833,  de  célébrer  Tan- 

de  cette  fête.  X. 

lOURG,  la  plus  importante  des 
tes  libres  d^Allemagne,  tire  son 
rant  toute  apparence,  de  celui 
,  qu^on  a  donné  au  territoire 
rde.  Cette  grande  ville,  qui  est 
re  place  de  commerce  de  PAl- 

est  située  sur  la  rive  droite 
,  à  1 8  milles  géographiques  au- 
Pembouchure  de  ce  fleuve  dans 
u  Nord  et  à  une  demi -lieue 
e  d^Altona  {vojr,^  qui ,  située 
[>1us  bas  sur  TElbe,  est  à  Pex- 
litc  du  duché  de  Holstein.  Ce 
avec  le  duché  de  Lauenbourg 
ssession  du  roi  de  Danemark)  et 
jyaume  de  Hanovre,  entoure  de 
Ils  la  petite  république,  dont  la 
s  totale  ne  dépasse  pas  7  milles 
k>gr. ,   et  qui  compte  environ 

habitants.  La  rivière  TAlster, 
le  TElbe ,  forme  au  nord  et  en 
e  la  ville  un  grand  bassin  (Gros- 
r)  qui  communique  à  un  autre 
oins  considérable  situé  dans  Pin- 
le  la  ville  [Binnen  Alster)\  ces 
iont  liés  à  TElbe  à  Faide  de  ca- 
i'écluses.  Un  bras  du  fleuve  bai- 
nbourg  du  côté  de  Test  et  se  di- 
un  grand  nombre  de  courants 
joignent  au  canal  de  TAlster ,  et 
it,  au  sud  de  la  ville,  un  excel- 
t  communiquant  pai'  le  fleuve 
1  avec  la  mer  du  Nord.  On  a  dis- 
us  ce  port  un  vaste  espace  appelé 
Uhaferif  qui ,  à  Taide  d^un  pilo- 
nite  une  station  sûre  aux  grands 
Les  négociants  de  Hambourg  ont 
ors  magasins  sur  les  bords  des  nom- 
maux  (dits  Flcete)  qui  coupent, 
ites  les  directions,  la  partie  basse 
le.  Dans  ce  quartier  et  dans  celui 
st  de  TAlster,  les  rues  sont  étroites 
eoses;  elles  sont  larges  et  tirées 
eau  dans  la  Neustadt  (nouvelle 
qui  est  la  partie  occidentale  de 
ir(.  Cette  ville  a  115,000  habî- 


tanti,  dont  98,500  luthériens,  4,000 
réformés,  3,000  catholiques,  500  frères 
moraves  et  mennonites,  et  14,000  juifs. 
Il  y  a  cinq  églbes  luthériennes  avec  trois 
succursales,  deux  églises  calvinistes,  une 
catholique,  un  temple  anglican  et  deux 
synagogues;  les  faubourgs  de  Saint-Geor- 
ges et  de  Saint-Paul  ont  chacun  aussi  une 
église  luthérienne.  La  plus   remarqua- 
ble de  toutes  ces  églises  est  celle  de  Saint- 
Michel  ;  elle  fut  achevée  en   1786,  et 
sa  construction  coûta  1,600,000  marcs 
courants.  Elle  a  une  tour  qui  est  la  plus 
haute  qu'on  ait  bâtie  dans  le  xviii*  siè- 
cle (456  pieds  d^élévalion).  L'architecte 
Son n in  Ta  construite  de  manière  que,  du 
point  le  plus  élexéf  auquel  on  puisse  par- 
venir dans  son  înterieûi'  jusqu'au  pav^ 
de  Téglise ,  l'espace  est  entièrement  li- 
bre, de  telle  sorte  que  le  physicien  Ben- 
zenberg  n'a  pu  trouver  une  position  plus 
favorable  pour  y  faire  des  expériences 
sur  le  mouvement  terrestre,  par  la  chute 
de  boules  en   métal,  laquelle  se  faisait 
sans  la  moindre  déviation,  à  l'abri  du 
vent  et  de  tout  autre  obstacle.  Parmi 
les  édifices  remarquables  de  Hambourg 
il  faut  citer  encore  le  nouveau  palais  de 
la  Banque,  Thospice   des  orphelins,  le 
nouvel  Uotel-Dieu,  l'Observatoire,  les 
salles  de  spectacle,  la  Bourse ,  le  Baum- 
haus ,  Thôtel  de  Tamirauté ,  celui  d'Ein- 
beck,  la  Bibliothèque ,  le  musée  de  Rœ- 
ding,  etc.  Cette  ville  a  des  établissements 
d^instruction    publique   justement    re- 
nommés, teb  que  le  gymnase,  appelé 
lohanneum^  qui  remonte  à  plus  de  trois 
siècles,  l'école  de  navigation,  ouverte  de- 
puis 1826,  un  riche  jardin  botanique, 
etc.  L'institution  des  sourds- muets ,  la 
maison  pénitentiaire  pour  les  filles  de 
mauvaise  vie ,  et  les  fondations  faites  en 
faveur  des  indigents,  des  malades,  des 
enfants  pauvres,  établissements  qui  sont 
la  plupart   adminbtrés  par  de  simples 
particuliers  et  soutenus  par  des  dons  gra- 
tuits,, méritent  encore  d'être  mention- 
nés. 

Hambourg  fait  on  grand  commerce. 
En  1828,  il  est  entré  dans  son  port  2,125 
bâtiments,  parmi  lesquels  cinq  étaient 
venus  des  Lides-Orientales  et  742  de  la 
Grande-Bretagn^  il  en  est  sorti  la  mèm^ 
année  2,087  navtres. 


flAM  (  420  ) 

Il  parait  à  Hambourg  trois  journaux 


HAM 


politicpiet  j  dont  le  plui  répandu  est  le 
Correspondant  impartial  {vojr,).  Ham- 
bourg a  donné  le  jour  à  beaucoup  d'hom- 
mes célèbres,  en  tête  desquels  il  faut  nom- 
mer Hagedom  et  RIopstock  ;  ce  Mil  ton 
allemand  est  inhumé  à  Ottensen,  village 
situé  au*delà  d'Altona,  où  un  modeste 
mausolée  couvre  ses  cendres.  La  ville  a  fait 
ériger  aussi  au  savant  géographe  Busching 
un  monument  qui  est  placé  sur  les  rem- 
parts de  la  ville. 

Cette  cité  a  pour  armoiries  un  mur 
d'argent  surmonté  de  trois  tours  avec 
une  porte  ouverte,  le  tout  sur  champ  de 
gueule  ;  deux  lions  soutiennent  l'écusson. 
Le  pavillon  hambourgeob  est  rouge. 

La  petite  république  de  Hambourg  a 
un  gouvernement  démocratique  dans  le- 
quel le  principe  aristocratique  est  habi- 
lement fondu.  Ce  gouvernement,  tel 
qu*il  est  encore  de  nos  jours,  fut  institué 
par  les  actes  organiques  de  1 7 1 0  et  1 7 1 3  ; 
il  n*a  été  suspendu  que  de  1810  à  1814, 
époque  où  Hambourg  était  réuni  à  l'em* 
pire  français.  A  la  tête  de  l'état  se  trouve 
placé  un  sénat  composé  de  4  bonrguemes- 
tres,  et  de  34  conseillers,  qui  se  renou- 
vellent au  moyen  de  l'élection  et  du  sort. 
Trois  bourguemestres  et  11  conseillers 
doivent  être  gradués  en  droit;  les  autres 
membres  de  ce  corps  sont  choisis  par- 
mi les  négociants.  Deux  secrétaires,  un 
pronotaire  et  un  archiviste,  qui  ont  voix 
consultative,  sont  attachés  au  sénst,  le- 
quel exerce  le  pouvoir  exécutif.  La  bour- 
geoisie est  parUgée  en  cinq  paroisses  qui 
choisissent  chacune  86  membres  pour  le 
collège  des  180.  Du  sein  de  ce  conseil  on 
lire  leComitéde360,et  de  celui-ci  le  Con- 
seil des  anciens  (06er-^/r^ii),  qui  sert  de 
médiateur  entre  le  sénat  et  les  citoyens , 
comme  faisaient  à  Rome  les  tribuns  du 
peuple.  Les  sénateurs  et  les  anciens  sont 
seuls  rétribués.  La  justice  est  administrée 
par  divers  tribunaux  qui  rcMortissent  d'u- 
ne cour  d'appel  établie  à  Lnbcck,  et  qui 
est  commune  aux  quatre  villes  libres  d'Al- 
lemagne. Les  bailliages  de  Ritzebuttel  et 
de  Bergedorf  ont  chacun  leur  juridiction 
à  part.  Hambourg  a  des  revenus  consi- 
dérables qui  permettent  d*alléger  pour 
les  habitants  le  fardeau  des  impôu.  La 
dette  publique  est  fort  coaaîclérabley 


surtout  par  suite  <le  Toccspi 
Françab. 

Les  quatre  villes  libres  ont  < 

une  voix  à  l'assemblée  ordinaii 

Confédération  germanique;  mai 

semblée  plénière  (plénum)^  la 

Hambourg  a  une  voix  à  elle  to 

le  :  c'est  la  69*  ou  dernière ,  i 

provient  de  ce  que  celte  dté,  le 

dépendante  du  Holstein  et,  pai 

Danemark ,  devint  après  les  tro 

immédiate  de  l'Empire  ^  Elle  I 

l'armée  fédérale  un  contingent  < 

hommes  soldés  par  elle  ;  et  sa  g 

tiouale,  forte  de  13  à  15,000  I 

se  compose  de  deux  compagnie 

lerie ,  huit  bataillons  d'infanteri 

gne,  un  bataillon  de  chasseun 

compagnie  de  cavalerie  légère.  ' 

toyen  âgé  de  18  à  45  ans  est  a 

faire  le  service  de  la  garde  o 

Hambourg  a  en  outre  une  gar 

1,000  hommes,  une  garde  <le 

500  hommes,  et  un  corps  de 

pompiers.  L'Elbe  sépare  le  terri 

la  république  du  royaume  de  B 

toutefois  quelques  lies  de  ce  lli 

unes  en  totalité  et  les  autres  eu  ] 

le  village  de  Moorbourg,  qui  csti 

la  rive  gauche,  en  font  aussi  p 

ville   de  Hambourg  poisède  ei 

mais  en  communauté  avec  La 

bailliage  de  Bergedorf,  le  cantoi 

Fierlandcy  et  quelques  villages  à 

de  Lauenbourg. 

Histoire,  Ce  fut  l'empereur 
magne  qui  jeta  les  fondements  d 
de  Hambourg ,  en  faisant  consti 
fort  et  une  église  à  l'angle  que  la  r 
che  de  l'Alster  forme  avec  la  rif 
de  l'Elbe  ;  ce  fort  devait  servir  j 
ce  côté  de  l'empire  des  Francs 
des  incursions  des  hordes  paîenoti 
sinage.  Les  rivières  d'Alster  et  d 
qui  baignent  Hambourg,  et  rbeai 
tuation  de  cette  ville  ii  Tendroit  d 
où  ce  fleuve  cesse  d'éprouver  le  fl 
haute  mer,  ont  rendu  cette  cité  é 
ment  propre  au  commerce.  Sa 
et  la  pêche  y  firent  bientôt  affluer  l 

(*)  Voir  sar  c«  poiat,  •••«  q»*  ••? 
de  la  roostitulioB  de  HamiMNirg*  «ra  i 
Smatt't^xikmn  d«  Mil.  ds  |U>US(kil 
t  VUlf  p.  777  ei  •■tv. 


HAM 


(421) 


HAM 


IntiDts.  Les  tribus  ToisiiieSy 
ni  saoTSges,  détruisirent  à 
riscs  U  ville  naissante;  mais 
it  promptement  et  à  chaque 
nde.  Dans  le  xii^  siècle,  elle 
lace  de  oonunerce  si  impor- 
s  Arabes  déjà  la  connurent 
iboorg,  en  société  arec  d'au- 
e  commerce,  fonda,  dans  le 
U  célèbre  li^ue  Anséatique 
;  elle  a  toujours  conservé  le 
solution  de  cette  association, 
unbourg  conscnra  son  indé- 
on  grand  commerce,et  main- 
los  jours  la  ligue  qu'elle  avait 
nément  avec  Lubeck  et  Bré- 
noms).  Jusqu'en  1500,  Fen- 
lambourg  était  restreinte  à 
Mme  TElbe  avec  la  rive  gau- 
!r  ;  la  ville  s'agrandit  ensuite 
t>ite  de  cette  rivière,  agran- 
quel  donna  lieu  le  nombre 
d'habitants  des  Pays-Bas  qui 
t  à  Hambourg.  Telle  fut  Po- 
rtier nommé  Neustadtf  qui, 
lières  années  de  la  guerre  de 
prit  une  si  grande  important 
pstrat  le  fit  enclaver  dans  le 
tifications  de  la  ville,  ce  qui 
B^  rétendue  qu'elle  a  pré- 
é  lut  en  1618  que  l'Empire 
BeUement  Hamlx>urg ,  jus- 
•  aux  ducs  de  Holstein,  pour 
e  el  impériale  ;  toutefois  l'ar- 
Bréme  conserva  les  droits  de 
qu'il  avait  sur  la  cathédrale 
roîts  qui,  à  la  paix  de  West- 
},  échurent  à  la  Suède,  et  qui 
oite  à  l'électeur  de  Hanovre 
oit  le  duché  de  Brème.  La 
ut  encore  longtemps  avant 
iffranchir  de  l'hommage  que 
Celle  les  ducs  de  Holstein,  et 
'à  la  suite  de  la  convention 
'1768)  que  toute  difficulté 
t  représentant  de  Hambourg 
!  14  mars  1770,  au  banc  des 
BS  et  donna  sa  voix  à  la  diète 
i  guerre  de  Trente- Ans  et  les 
récentes  firent  refluer  des 
bordsdu  Rhin  et  de  la  Fran- 
antede  Hambourg,une  foule 
[ai  ^  fi3[èrent.Le  commerce 
(  l^aepmt  vnc  sa  popalation 


et  la  dédommagea  amplement  des  pertes 
que  firent  essuyer  à  ses  fabriques  et  ma- 
nufactures la  concurrence  de  l'étranger 
et  le  système  prohibitif  qu'établirent  les 
puissances  voisines.  Toutefois,  les  raffine- 
ries de  sucre,  les  fabriques  d'huile  de  ba- 
leine, les  chantiers  de  construction  de  na- 
vires ,  les  imprimeries  en  toiles  de  coton, 
continuent  de  prospérer  à  Hambourg.  Le 
commerce  maritime  de  cette  place  prit  un 
grand  essor  quand  elle  put  établir  des  rap  - 
ports  directs  avec  les  Etats-Unis  d'Amé- 
rique. Lorsque  la  guerre  de  la  révolution 
française  sérit  dans  les  Pays-Bas  et  sur 
les  bords  du  Rhin,  une  grande  partie  des 
affaires  commerciales  reflua  de  ces  con- 
trées sur  Hambourg.  Enfin  la  dépntation 
d'Empire,  par  un  décret  qu'elle  rendit  en 
1802  ,  assura  à  cette  cité  la  libre  pos- 
session de  sa  cathédrale  et  dépendances; 
elle  confirma  Hambourg  dana  sa  pleine 
et  entière  souveraineté ,  que  d'ailleurs 
la  ville  avait  toujours  su  faire  respecter 
par  les  autres  états.  —  Grâce  à  ce  con- 
cours d'heureuses  circonstances,  Ham- 
bourg était  devenu ,  au  commencement 
du  XIX*  siècle ,  une  des  républiques  les 
plus  florissantes  de  l'Europe,  liais  ses 
destinées  brillantes  changèrent  quand, 
en  1803,  l'armée  française  occupa  l'élec- 
toral de  Hanovre.  Alors  la  France  s'em- 
para du  port  de  Cuxhaven  et  ferma  l'en- 
trée de  l'Elbe  aux  narires  anglais  ;  la 
Grande-Bretagne,  par  représailles,  blo- 
qua l'embouchure  du  fleuve  et  empêcha 
les  vaisseaux  d'en  sortir.  Dès  lors,  Ham- 
bourg fut  contraint  de  diriger  ses  expé- 
ditions maritimes  sur  les  ports  du  Dane- 
mark, Husum  et  Tœnningue,  et,  à  l'égard 
des  marchandises  que  cette  place  envoyait 
dans  l'intérieur  de  l'Allemagne  en  re- 
montant l'Elbe ,  elle  fut  assujettie  à  les 
munir  de  certificats  constatant  qu'elles  ne 
provenaient  pas  d'origine  anglaise.  Ham- 
bourg fut  obligé  d'avancer  aux  États  du 
Hanovre  une  somme  de  2, 1 25,000  marcs 
banco.  Après  la  bataille  de  Lubeck,  le  1 9 
novembre  1806,  le  maréchal  Mortier  oc- 
cupa militairement  Hambourg;  toutefois 
les  troupes  françaises  évacuèrent  la  ville 
à  la  paix  deTilsitt,  conclue  le  7  juillet 
1809,  et  elle  recouvra  ainsi  son  indépen- 
dance, an  moins  nominalement.  Le  21 
novembre  1806  el  le  27déoeaiVic«  \Wl  ^ 


IIAM 


(422) 


HAM 


Vcmpcreur  Napoléon  promulj^ua  ses  fa- 
meux décrets  de  Berlin  et  de  Milan  ;  les 
îles  Britanniques  furent  déclarées  en  état 
de  blocus,  et  tout  commerce  avec  le  con- 
tinent leur  fut  interdit.  Le  système  con- 
tinental (voy.)  paralysa  le  commerce  de 
Hambourg,  et  ses  négociants  furent  con- 
traints de  se  défaire  sous  main  des  mar- 
chandises anglaisesdont  regorgeaient  leurs 
magasins ,  au  risque  de  les  voir  saisir  et 
brûler.  Le  13  décembre  1810,  la  petite 
république  fut  réunie  à  Tem pire  français 
et  devint  le  chef-lieu  du  vaste  départe- 
ment des  Bouchcs~de-l* Elbe.  Après  la 
désastreuse  retraite  de  Moscou,  le  géné- 
ral russe  Tcttenborn  s^approcha  de   la 
ville  et  força  les  autorités  françaises  à 
Fabandonner  (13  mars  1813).  Aussitôt 
Hambourg  rétablit  son  ancienne  consti- 
tution et   fit  tous  ses  préparatifs   pour 
prendre  part  à  la  lutte  terrible  que  TEu- 
rope  conjurée  allait  entreprendre  contre 
Tempereur  Na|>oléon  ;    7,000    citoyens 
se  firent  spontanément  inscrire  pour  la 
garde  nationale  et  2,000  pour  la  légion 
anséatique,  sans  attendre  même  Tappel 
du  sénat.  Mais  bientôt  Tarméc  française, 
redevenue  victorieuse,  repoussa  les  alliés; 
elle  reprit  la  rive  gauche  de  TKlbe,  occupa 
llarbourg,  s*ero|)ara  de  Tile  deAVilhelm- 
bourg,  et,  dans  la  nuit  du  20  mai,  bom- 
barda la  ville.  Le  lendemain,  deux  batail- 
lons suédois  accoururent  à  son  secours , 
mais  ils  se  retirèrent  dès  le  2ô  du  même 
mois.  La  discorde  se  mit  entre  les  com- 
mandants militaires  et  le  sénat  ;  celui-ci 
implora  la  médiation  du  Danemark.  Le 
général  rus!»e  Tettenborn  fut  forcé  dVva- 
cuer  la  ville  ;  la  garde  nationale  fut  licen- 
ciée, et  le  même  jour  (29  mai  -  les  troupes 
danoises,  qui  appartenaient  à  une  puis- 
baoce  alliée  de  la  France,  occupèrent 
Hambourg,  avant  même  que  cette  mal- 
heureuse cité  pût  conclure  une  capitula- 
lion.  Dans  la  soirée  du  31  ,  le  maréchal 
Davoust  \Vtiy, . ,  prince  d*KcLmûhl,  et  le 
général  Vandamme  y  firent  leur  entrée  et 
y  établirent  leur  quartier- général.  Au  ( 
nioÎA  d'août  suivant,  le  mart^chal  voulut 
s'j  réunir  à  la  Grande-Armée  qui  agii- 
*^ait  contre  la  Prusse;  maii  il  fut  forcé 
de  rentrer  dans  la  place,  où  il  fut  bien- 
tôt asuégc  par  les  armées  enoomies.  Sa 
Mtaic  de  iUoibourg  fut  %claiirable, 


mais  son  administration  despotiqi 

na  lieu  à  des  plaintes  sau»  noii 

frappa  la  >ille  d*une  coutnbutio 

millions  de  francs ,  et  le  5  novi 

tira  des  colfres- forts  de  la  bauqi 

gré  les  protestations  de  ses  aJn 

teurs,  7,480,343  marcs l>anco.|H 

face  aux  dépenses  du  >iége.  \r 

de  Tannée,  le  prince  d'Ëikmûhl 

de  la  %ille  toutes  les  bouches  io) 

48,000  individus  furent  ain&i  al 

nés  à  la  rigueur  de  l'hiver,  sans 

ressource.  A  la  même  époque,  il 

1er  tous  les  édifices  situés  en  deb 

ville  qui  eussent  pu  nuire  à  sa  < 

8,000  indi\ idus  perdirent  ain»i  1 

bitations.  Il  fit  fortifier  admîn 

la  ville,  et  en  83  jours  il  fit  o 

sur  TElbe  un  pont  qui  avait  une 

d'environ  deux   lieues.  H   le  h 

I  etranchements  et  do  canons. 

devint  un   objet  d'admiration 

armées  ennemies  elles-mêmes;  I 

gne  n*avait  pas  vu  un  ouvrage  aui 

tesque  depuis  le  pont  que  Jul 

avait  fait  jeter  sur  le  Rhin.  Lo  m 

dant  toute  la  durée  du  siège ,  U 

suédoise ,  prussienne  et  ru&se ,  q 

mandaientWalmoden  et  ensuite, 

bcn,  s'efforcèrent,  par  des  attaqi 

rées  ou  des  sommations  menaçi 

s'emparer  de  la  place  ou  d  eb 

fermeté  du  prince  d'Hckmûhl  : 

taques,  leurs  menaces  furent  i 

inutiles.  Il  répondit  aux  en%oy< 

néral  Benning^n,  qui  lui  notilîj 

dre  du  gouvernement  pro\  isuire 

ce  d'évacuer  la  ^ille  :  «  L'empc 

1  poléon,  mon  maître,  ne  m'env' 

«  ses  ordres  par  des  officiers  nu 

ne  fut  que  lorsqu'il  connut  olfic 

les  événements  de   1814  qu'il 

à  remettre  la  place ,  non  au  gêi 

nemi,  mais  au  général  Gérard 

des  ordri^s  de  I^ui»  WllI.  C 

(|iic  dans  les  derniers  jours  du 

mai  que  l'armée  française,  enc 

et  formidable,   é\acua  Hambi 

troupes  russes  \  entrèrent  aussit 

jouriièrent  jus(]u'à  la  fin  de  Ta 

France  paya  à  c*ette  rrpublii|u« 

demuité  de  guerre  de  ^ 00,000  U 

S  p.  %  sur  le  graod -livre,  au  < 

10  «iliioiit.  Haoïboarfi  reprit. 


HàM 


(428) 


HÂIf 


cienzie  forme  de  gouverne- 
ida,le8juiDl815,àlaCoD- 
smaDique  comme  TÎUe  libre 
c  Comme  telle ,  cette  répa- 
ra, le  29  septembre  1829, 
ftte  séculaire  de  son  indé- 

coDsulter  sur  cette  ville  les 
ods  suivants  :  Zimmermann, 
'vnUjiiede  Hambourgifi^m' 
))  ;  Dittmar ,  Tableau  géo- 
t  staiisiique  des  possessions 
de  la  ville  libre  ci  anséati^ 
iboarg  (ibid,,  1825,  in-4«>); 
uel  de  la  constitution  pu- 
dminiitrative  de  Hambourg 
()  ;  enfin  les  Topographies  de 
lubliées  par  Hess  et  Nedder- 
a  tes  deux  imprimées  à  Ham* 
832.  C.  Z.  m. 

3N,  Doy.  Licics. 
lAR,  voy.  Amilcae. 
rON  (famille).  Ce  nom,  de- 
bre  dans  Thistoire  d'Ecosse , 
pas  à  une  date  fort  ancienne  : 

pour  la  première  fois  dans 
de  1272.  Les  Fœdera  de 
it  un  William  de  Hamilton 
r  Édouai^d  P%  de  1274  à 
diverses  négociations  impor- 
î  fut  nommé,  à  cette  dernière 
od -chancelier  d^Angleterre. 
généalogistes,  la  souche  de 
aurait  été  un  sir  William  de 
d^une  branche  cadette  de  la 
Leicesler.  On  ajoute  que  son 
ert,  ayant  osé  témoigner  son 
pour  Robert  Bruce  à  la  cour 
II ,  roi  d'Angleterre ,  fut 
Fohn  de  Spencer.  Une  ren- 
nivit,  où  ce  dernier  fut  tué. 

s^enfuit  en  Ecosse  ;  mais 
«asait  dans  une  forêt,  serré 
r  les  gardes  d'Edouard,  il 
abits  avec  un  bûcheron  qu^il 
pé  à  scier  un  chêne ,  et,  pre- 
,  se  mit  à  continuer  le  travail 
Les  soldats  survinrent  et  pas- 
^  Ces  faits  auraient  eu  lieu 
23 ,  et  ce  serait  en  souvenir 
lieuse  délivrance  que  la  mai- 
llon aurait  placé  dans  ses  ar- 
e  engagée  dans  un  chêne. 
Ilcaaoîtyellaiie  tarda  pas  à 


prendre  rang  parmi  les  plus  illustres  dlÊ^ 
cosse.  En  1474,  sir  James  Hpmilton  ds 
Cadyow,  créé  lord ,  épousa  Marie ,  fille 
ainée  du  roi  Jacques  II.  Ces  faveurs  fu- 
rent la  récompense  de  Tappui  qu*il  avait 
prêté  au  roi  contre  les  projets  ambitieux 
des  Douglas  (  voy.  )  dont  il  était  d^abord 
partisan.  De  là,  une  violente  inimitié 
entre  les  deux  maisons.  Toute  TÉcoase 
épousa  leur  querelle  ;  les  deux  partis  fi- 
nirent par  en  venir  aux  mains  dans  la 
grande  rue  d'Edimbourg  :  les  Hamilton 
eurent  le  dessous  ;  mab  un  accommode- 
ment  eut  lieu,  et  le  comte  o^AmaAM  (ci- 
tait un  nouveau  titre  porté,  depub  1503, 
par  le  chef  de  la  famille  Hamilton  )  fut 
un  des  lords  de  la  régence  et  lieutenanl 
général  du  royaume;    il  mourut  iPtn 
1519*. 

A  la  mort  de  Jacques  Y,  James  ,  3* 
comte  d'Arran,  se  trouvait  le  plus  proche 
parent  mâle  de  la  reine  Blarie  Stuart  en- 
core au  berceau  :  il  fut  en  conséquence 
nommé  tuteur  de  la  jeune  princesse ,  ré- 
gent et  gouverneur  pendant  sa  minorité, 
fonctions  qu'il  résigna  plus  tard  en  faveur 
de  la  reine  douairière,  Marie  de  Gube. 
En  1594,  le  roi  de  France,  Henri  II, 
lui  donna  le  duché  de  Chàtellerault  en 
Poitou ,  duché  qui  fut  repris  depub  par 
la  couronne  de  France ,  mais  sur  lequel 
la  maison  d'Hamilton  n'a  jamais  abdiqué 
ses  prétentions. 

James  Hamilton,  3*  comte  d'Arran , 
fut  un  des  prétendants  à  la  main  de  Ma- 
rie Stuart ,  lors  de  son  retour  en  Ecosse  ; 
mab  il  encourut  sa  disgrâce  pour  avoir 
signé  une  protestation  tendant  à  lui  in- 
terdire l'exercice  de  sa  religion.  L'amour 
et  le  désespoir  lui  firent  perdre  la  raison. 
—  Lord  John  Hamilton,  banni  en  1579, 
mab  rentré  en  Ecosse  six  ans  après,  créé 
pair  en  1599,  et  mort  le  12  avril  1604, 
se  signala  par  une  fidélité  à  toute  épreuve 
à  la  cause  de  l'infortunée  Marie;  et  celle- 
ci  de  son  côté  ne  se  montra  pas  insensible 
à  tant  de  dévouement  :  un  de  ses  derniers 
soins  avant  de  mourir  fut  de  lui  faire  re- 
mettre une  bague  que  la  famille  conserve 
encore. — Plus  tard,  deux  gentilshommes 

(*)  Patsicx  Hamiltoo,  Tao  des  réformateurs 
écossais,  et  qui,  à  peine  âgé  de  3^  ans,  confessa 
w  foi  sur  le  bàcber,  en  i597t  était  iaMi  de  la 
néait  wMf%  ftMHf^  %^  * 


HAM 


(424) 


HAM 


du  même  nom  scellèrent  de  leur  sang  ce 
pacte  de  loyauté  qui  unissait  leur  maison 
à  celle  des  Stuarts  :  James  ,  nommé  duc 
d^Hamilton  en  1643,  après  avoir  éfx>usé 
chaudement  et  activement  le  parti  de 
Charles  1^*^,  fut  fait  prisonnier  à  Preston 
et  décapité  le  9  mars  1649;  William  , 
3*  duc  y  reçut  une  blessure  mortelle  en 
combattant  à  Worcester  pour  Charles  II. 
—  James  ,  comte  d^Arran  ,  créé  pair 
d'Angleterre  en  1711 ,  reprit  le  titre  de 
dacd^Hamilton  aboli  par  Cromwell.  Il  est 
eonna  par  son  duel  (1713)  avec  lord 
Biohun,  qui  donna  lieu  à  un  procès  fa- 
■leui.  Il  mourut  en  1730. 

Le  représentant  actuel  de  cette  famille 
eat  Alsxahdee  ,  duc  d*Hamilton ,  fils 
d'AmcmiBALD,  mort  le  16  février  1819. 
n  fut  appelé  au  Parlement  du  vivant  de 
ton  père ,  avec  le  titre  de  baron  de 
Dutton.  Le  docteur  Bumet  a  publié  les 
Mémoires  du  duc  (tHamiUon^  Londres, 
1767,  in-fol.  R-t. 

HAMILTON  (AirroiifE,  comte  d'), 
l*un  des  plus  brillants  écrivains  français, 
naquit  en  Irlande,  vers  Tan  1646,  de 
George  Hamilton ,  4*  fils  du  comte  d*A- 
beroom  ,  et  de  Bfarie ,  fille  de  Thomas , 
comte  d*Ormond.  Ses  parents,  dont  Til- 
lustration  remontait  aux  tempe  les  plus 
glorieux  de  FÉcosse,  leur  patrie  {voy.  Tart. 
firécédent),  avaient  anîri  sur  le  continent 
la  lamille  royale  d'Angleterre  après  la  mort 
de  l'infortuné  Charles  I*^.  Le  jeune  Ha- 
milton fit  ses  études  en  France  avec  ses 
deux  firères  atnés,  Jacques  et  George.  Lors- 
que Charies  II  fut  appelé  an  trône  par  le 
irceu  de  la  nation  anglaise ,  les  Hamilton 
repassèrent  en  Angleterre  avec  ce  prince, 
en  1660.  Bientôt  le  jeune  Antoine  se  fit 
remarquer  par  la  vivacité  et  Toriginalité 
de  son  esprit  à  la  cour  élégante  et  volup* 
tueuse  de  Charles  II,  où  Ton  affectait  d'i- 
■ilter  le  ton ,  les  manières  et  jusqnes  au 
langage  de  celle  de  France.  En  1 662 ,  le 
chevalier,  depuis  comte  de  Gramont, 
exilé  pour  avoir  osé  disputer  à  Loub  XIV 
le  cœur  de  M***  de  La  Mol  te-Houdancourt, 
se  rendit  à  Londres;  il  se  lia  facilement 
avec  les  Hamilton ,  et ,  pour  la  première 
fols  de  sa  vie,  sérieux  et  constant  en 
amour,  il  offrit  à  leur  sœur.  M***  d'Ha- 
milton,  des  hommages  qui,  plus  tard,  fu- 
nai  SUIVIS  d'tto  nariagt.  G'tat  dans  Tio* 


timité  qui  s'établit  alors  entre  le 
de  Gramont  et  la  fiuniile  iTUamilloa  i 
le  jeune  Antoine  adieva  de 
son  esprit.  Tant  que  vécut  Charles 
Antoine  Hamilton ,  quoique  aimé  éè\ 
prince,  n'eut  aucun  em[ 
Jacques  Q  il  obtint  un  régii 
gouvernement  de  Limci 
La  révolution  de  1688,  qui  reoi 
ques  n ,  trouva  Hamilton  fidèle  •• 
heur  :  il  quitta  une  seconde  fois 
pour  suivre  son  maître  sor  la 
l'exil.  Il  se  montra  assidu  à  hi  pdila 
de  Saint-Germain ,  et  prit  part  à 
projets  de  restanratioB  qn^ 
xèle  des  partisans  de  Jacques  II. 
lobirs,  il  composa  ces  charoMBl 
ges  qui  lui  ont  acquis  ui^  céléhriléi 
le  temps  n'a  fait  qu'augmenter.  La 
remarquable  de  tous  est  œloi  q«*il  a~ 
titulé  :  Mémoires  du  ehentUer  ée 
mont.  Ce  livre,  que  ChamTort 
le  bréviaire  de  la  jeune 
sous  la  dictée,  ou  plutôt 
de  son  héros,  est  un  chefMTcesvra 
que  dans  son  genre  ;  il  n'avait 
modèle,  et  il  est  resté  sans  imitaliiM»] 
racontant  les  aventures  du  cbevvlîa 
Gramont,  l'auteur  se  OMMStre  à  la 
hbtorien,  observateur,  et  sortovt 
admirable.  Il  a  tracé  un  tablcna 
où  paraissent  dans  toute  leiir  irérilii 
personnages  les  plus  illustres ,  ks 
aimables  et  les  plus  ridicules  de 
Tour  à  tour  vif,  sérieux,  léger, 
ELamilton  passe  rapidement  la 
hommes  les  plus  difKreniSy 
aventures  les  plus  piquantes,  et , 
avoir  enchanté  son  lecteur  par  le 
inexprimable  de  se  narration,  il  It 
dans  une  sorte  d'enivrement.  Vt 
Grimm ,  La  Harpe ,  et  tous  les 
du  XVIII*  siècle ,  ont  fait  de  ces 
mémoires  les  éloges  les  plus  pompai  i 
les  mieux  mérités. 

On  a  d'Hamilton  des  Comies 
connus  que  les  Mémoires  du  chevaliers 
Gramont ,  mab  dignes  de  leur 
Bélier^  dont  le  début  en  vers  est  citéi 
admiration  par  Voltaire;  Fleur d^éfimÊ%f 
qui  se  recommande  par  les  agréseals  Mr 
la  narration  et  du  style  ;  Us  quéÊtrt  F^w 
cardins  et  Zéméide^  \  esléa  inenmplatts^ 
enfin  des  CMftfTivfi/w  î€ê^\ 


WM 


NUe  anx  ouTrtges  déjà  cités , 
CMfiielles  on  retroare  sooTent 
1  touche  d*Hami1tOD. 
fjiiùs  ont  rendu  hommage  an 
leur  compatriote  en  rassem- 
DTFtt  en  un  magnifique  \o- 
*  (anglais  et  firançais) ,  enri- 
portraits  et  de  notes  curieuses 
incipaux  personnages  mis  en 
les  Mémoires  de  Gramont. 
s  nombreuses  éditions  des  œu- 
Enilton    publiées  en  France  , 
os  celle  de  M.  Auger,  S  toI. 
3  y  et  celle  de  M.  Renouant , 
ty  3  Tol.  in-8%  avec  une  suite 
Facardins  et  de  Zénéide  par 
de  Lerb.  M.  Champagnac  a 
i  une  suite  de  ces  deux  contes 
^îtion  des  OEurres  chobies 
I,  Paris,  1825  y  2  vol.  in-8«. 
es  éloges  aux  deux  spirituels 
trs  d^Hamilton.     J.  L-t-a. 
•TOH  (ladt).  Cette  femme,  à 
beauté,  son  esprit  et  sa  scan- 
doite  ont  donné  une  triste  ce- 
ît  née  vers  1761,  d'une  pau- 
e,  dans  le  pays  de  Galles.  Son 
e  est  Emma  Lyon  ou  Harte. 
1 3  ans,  elle  était  bonne  d'en- 
BBS  plus  tard,  femme  de  cham- 
^nde  dame,  à  Londres.  Dans 
Ml  subalterne,  elle  eut  occa- 
penter  les  théâtres  :  elle  prit 
amoiement,  étudia  le  jeu  des 
développa  presque  à  son  insu 
ses  taWnts  mîmi(iues,  qui,  par 
i  Talurent  tant  de  succès  et  de 
r  le  moment,  elle  déplut  à  sa 
e  fit  renvoyer,  et  entra  comme 
os  une  ignoble  taverne.  C'est 
|ue  de  sa  rie  que  commence 
Técarts  que  nous  courririons 
i\in   voile  si  l'héroïne  elle- 
lit  pris  grand  soin,  dans  ses 
de  le  déchirer,  et  de  mettre  le 
la  confidence  de  son  incon* 
oosin  de  la  pauvre  Emma  ve- 
presfc  dans  la  marine  :  pour 
la  jeune  fille  se  présente  de- 
taine  John  Willet  Paj-ne,  lui 
tient  le  rachat  de  son  parent 
ne  complaisance  que  nous  ne 
I  juger  trop  aév  ot  Le 

Éjae  combb  de  présent»  sa 


(  425  )  HÀH 

maitreise,  et  lui  fit  donner  une  éducation 
plus  soignée;  mais  à  la  fin,  fatigué  d'elle, 
il  la  céda  au  chevalier  Featherstonhaugh, 
qui ,  à  son  tour,  abandonna  sa  victime 
volontaire  au  sort  qui  attend  toutes  les 
créatures  de  ce  genre.  C'est  alors  en  effet 
que  commença  pour  cette  femme,  qui  un 
jour  devait  prendre  place  dans  le  bou- 
doir d'une  reine,  une  époque  de  misère 
et  d'horrible  dégradation.  Dans  cet  état, 
elle  fut  jugée  digne  par  le  docteur  Gra- 
ham,  inventeur  du  lit  céleste^  de  prendre^ 
dans  ses  parades,  le  rôle  de  la  déesse  Hy- 
giée,  qu'il  montrait  à  ses  adeptes  cou- 
verte d'un  voile  diaphane;  pub  die  senrit  ^ 
de  modèle  au  peintre  Romney. 

Ainsi  Emma  Lyon  avait  parcouru  tous 
les  degrés  de  l'humiliation  ;  mab  au  mi- 
lieu de  cette  fange  sa  beauté  était  demeu- 
rée inaltérable.  Elle  parvint  à  s'attacher 
par  des  liens  plus  durables  un  person- 
nage haut  placé,  sir  Charles  Greville,  de 
la  famille  de  Warwick.  De  cette  liaison 
naquirent  trob  enfants.  Sir  Charies  se  dis- 
posait à  épouser  Emma  Lyon ,  lorsqu'il 
se  ruina  complètement  en  1789.  Cette 
mésaventure  le  décida  à  envoyer  sa  mat- 
tresse  à  son  oncle,  sir  William  Uamilton, 
alors  ambassadeur  à  Naples.  Ce  dernier 
devint  éperdument  amoureux  d'Emma. 
Celle-ci  était  admirable  dans  l'imitation 
des  attitudes  statuaires  ;  elle  ouvrit  la  voie 
à  la  cél^re  Haendel-Schûtz.  Sir  William 
Hamilton ,  l'ambassadeur  de  Sa  Majesté 
Britannique  à  la  cour  de  Naples,  ne  rougit 
point  de  demander  la  cession  d'Emma 
Lyon,  à  son  neveu,  possesseur  semi- lé- 
gitime de  cette  femme  dangereuse,  et  sir 
Charles  Greville  consentit  à  tout  moyen- 
nant paiement  de  ses  dettes. 

En  1791,  cette  aventurière,  tour  à 
tour  bonne  d'enfants,  femme  de  chambre, 
servante  de  taverne,  concubine,  modèle 
et  courtisane,  Emma  Lyon,  la  fille  per- 
due, échangea  son  nom  inconnu ,  vul- 
gaire, contre  celui  de  lady  Hamilton, 
titre  bien  et  dûment  acqub  en  légitime 
mariage  contracté  à  Londres,  et  qui  lui 
valut  d*étre  présentée  à  la  cour  de  Na- 
ples dès  que  son  mari  fut  retourné  à 
son  poste.  La  grande  dame  de  fraîche 
date  se  sentit  fort  à  son  aise  dans  sa  haute 
position  :  elle  ne  fut  point  prise  de  ver- 
tige y  loin  de  là,  cUe  vîs%  |i^  baat 


HAH  (  426  ) 

Gore,  et  s*euipara  habileineot  de  Tesprît 
d^une  reine,  de  Marie-Caroline  d^Au tri- 
che (  vo^.  Caeoline  et  Feedinah d  IV} , 
dont  elle  devint  Tamie  intime  et  insépa- 
rable. Puis  y  pour  couronner  son  passé 
déjà  si  scandaleux,  elle  sut  mettre  à  ses 
pieds  le  premier  marin  de  rAngleterre, 
Nelson,  qui  dans  ce  temps  apparut  à  Pîa- 
ples.  Nelson  semblait  endormi  dans  les 
délices  de  Capoue ,  lorsque  la  prise  de 
Malte  par  les  Français  \int  le  réveiller 
comme  un  coup  de  foudre.  Il  s^élance  à 
la  mer,  déjà  accoutiunée  à  ses  triomphes; 
et  bientôt  le  canon  d*Aboukir  a  porté 
le  nom  de  Nelson  aux  derniers  confins 
du  monde.  Lui  ne  songe  cependant  qu*à 
jeter  ses  nouveaux  lauriers  aux  pieds  de 
la  femme  qu^il  aime;  il  se  montre  en 
triomphateur  à  Naples,  et  lady  Hamilton 
est  aux  côtés  du  héros.  Quand  les  Fran- 
çab  entrent  à  Naples,  Emma  accompagne 
son  amant  en  Sicile.  Sir  William  Hamil- 
tonest  rappelé  de  son  poste  :  alors  Nelson, 
à  son  tour,  accompagne  mari  et  femme  à 
Londres,  où  lady  Hamilton  donna  le  jour 
à  une  fille  reconnue  par  Nelson.  A  ce 
nouvel  et  intolérable  éclat ,  la  réproba- 
tion de  la  société  de  Londres  fut  géné- 
rale. Après  la  mort  de  Hamilton  (1803), 
sa  veuve  fut  obligée  de  se  cacher  à  Mer- 
ton-Place,  Tilla  qu'elle  devait  à  la  mu- 
nificence de  Nelson. 

On  connaît  la  fin  du  vainqueur  d^A- 
boukir:Trafalgar(  1805),  mit  fin  à  ta  car- 
rière. Dès  lors,  lady  Hamilton,  abandon- 
née a  elle-même,  retomba  dans  ses  vieux 
péchés,  et  se  vit  bientôt  réduite  à  une 
petite  pension.  Elle  quitta  TAngleterre 
avec  sa  fille,  et  vécut  retirée  près  de  Ca- 
lais, où  elle  mourut  en  janvier  1815,  après 
avoir  une  fois  encore  amusé  et  scandalisé 
le  monde  par  la  publication  de  sa  corres- 
pondance avec  Nelson.  Elle  devait  finir, 
comme  elle  avait  vécu,  sans  honte,  sans 
peur,  mais,  nous  Tespérons  pour  le  salut 
de  son  àroe ,  non  pas  sans  repentir.  — 
Voir  sa  Correspondance  avec  Nelson , 
Londres,  1815,  3  vol.in-8o,  et  ses^f^*- 
moiresy  Londres,  1 8 1 6.  La  même  année, 
il  en  parut  une  traduction  à  Paris.  L.  S. 

H  A. V  MER  (Joseph  di),  baron  di 
PuiGSTALL,  conseiller  aulique  autrichien 
el  Ton  des  orientalistes  les  plus  distingués 
dbjMtrv ^lOfM^M «é  U  9  loio  1774| à 


HAM 

Graelz,  en  Styrie,  où  son  père  fut 
sivement  administrateur  des  doma 
Tétat  et  conseiller  de  gonveroeoM 
services  le  firent  anoblir  en  1790. 
de  Hammer  montra  de  bonne  hi 
grandes  capacités,  etdès  1 787  il  fut 
au  collège  de  Sainte-Barbe,  à  \ 
d^où  il  sortit,  Tannée  suivante,  pooi 
à  Facadémie  orientale  qu*avait  fo; 
prince  de  Kaunitz.  Il  ne  tarda  pa 
distingué  par  le  ministre  d'éut  bi 
Thugut,  et  fut  chobî  par  le  baron 
nisch,  rapporteur  de  la  section  d 
au  ministère  des  affaires  élrangèn 
collaborateur  dans  la  publication 
tionnaire  arabe,  turc  et  persan , 
sous  le  nom  de  Meninsky.  Dans 
1 796,  il  entra  au  service  de  Tétat  i 
lité  de  secrétaire  de  Jeniscb,  et, 
même  époque,  il  débuta  dans  la  < 
littéraire  par  la  publication  d*ui 
duction  d*un  poème  turc  sur  la 
monde.  Il  composa  également  pi 
morceaux  de  poésie  qui  parurent 
Mercure  allemand  de  Wieland.  I 
le  séjour  de  Jean  de  MûUer  à  Vii 
se  lia  d^amilié  avec  cet  historien  4 
et,  en  1799,  il  alla  rejoindre  à  Coi 
nople,  comme  jeune  de  langue,  k 
intemonce  baron  de  Herbert,  q 
chargé  d*ouvrir  à  TAutriche  la  n 
la  Perse  et  des  Indes.  Après  la  coai 
dTl-Arisch  [voy,)^  qui  stipulait 
traite  des  Françab  de  TÉgypte, 
Hammer  fut  envoyé  dans  ce  pt; 
une  mission  relative  au  consulat  ia 
Il  rapporta  de  ce  voyage  des  mom 
bis ,  une  collection  de  lettres  an 
volumineux  roman  àiAntar^  qui  e 
même  en  Orient,  des  pierres  co 
d*hiéroglyphes,  et  d*autres  curiosit 
il  fit  don  à  la  Bibliothèque  impér 
Vienne.  lorsque  la  convention  fi 
pue,  il  fit,  en  qualité  d'interprétée! 
crétaire,  la  campagne  sous  Ilutd 
Sidney  Smith  et  louasouf* Pacha, 
les  Français  commandés  par  Mei 
partit  ensuite  pour  TAnglelerre.  A 
d*avril  1802,  il  retourna  à  Vienne 
dès  le  mois  d*août  suivant,  il  fut  ei 
Constantinople  en  qualité  de  wti 
de  légation  avec  Tintemonce  bt 
Stùrmer,  poste  auquel  il  préféra 
tliul  mhii  de  atrf étiilft  lit  Mlioi 


HAM 


(427) 


HAM 


énâ»  En  1806,  il  dut  se  rendre  à  lassy, 
ci  a|»rèft  SToir  rempli  pendant  une  année 
1b  fooctioos  d*8^nt  consulaire  dans  la 
VoldaTie,  il  retourna  à  Vienne  et  s*y  fixa 
dcfiaitiTeiiienL  Cependant  il  fit  partie  de 
bnitc  de  Marie-Louise,  lorsquVlle  quit- 
II  celte  capilale  pour  devenir  impératrice 
étM  Francis.  Son  absence  ne  fut  pas 
Iwyje.  En  1815,  il  vint  reprendre  à  la 
bihLoihèque  de  Paris  une  bonne  partie 
4m  manuscrits  orientaux  et  des  autres 
liDéKKS  iilléraircs  que  Denon  avait  enle- 
léi,  en  1809  y  à  la  bibliothèque  impé- 
de  Vienne.  En  récompense,  il  fut 
premier  conser^'ateur  de  celte 
ue,  fonctions  quUl  n^accepta 
Depuis  1811,   il    était   conseiller 
et  interprète  près  de  la  chancel- 
aoliqoe  et  de  la  chancellerie  de  Té- 
£n  1817,  il  obtint  le  titre  de  con- 
anlique. 
FW>filnnt  de  ses  loisirs ,  M.  de  Uam- 
r,  travmilleur  infatigable,  multiplia  ses 
ions  et  se  fit  dans  la  littérature 
un  nom  européen.  Aussi  fut- il 
■▼enent  nommé  membre  étranger 
«i  C0KTCspoD<lant  de  la  plupart  des  prin* 
dfnles  Académies  et  sociétés  savantes; 
fTnrtitnt  cleFfanoe(AcadémiedesInscrip- 
et  Belles-Lettres)  le  re<^ut  dans  son 
élit  fut  un  membre  actif  des  Socié- 
Uqaes  de  Paris  et  de  Londres. 
Dises  ■  ordres  nationaux  et  étrangers  lui 
OBiélé  conférés.  Après  la  publication  de 
MB  Histoire  othomane,  son  souverain  Té- 
leman  titre  de  baron,  et  c*est  alors  (1835) 
^^  ajoata  àson  nom  celui  de  PurgstalL 
En  1839,  il  a  résigné  ses  divers  emplois; 
■ai»  rcmpereur  d^Autriche  lui  a  laissé  la 
jonJMancu  de  tous  ses  traitements  et  lui  a 
■dbcasé  à  cette  occasion  une  lettre  auto- 
graphe très  flatteuse. 

Fanni  les  ouvrages  de  M.  de  Hammer, 
b  plupart  écrits  en  allemand,  on  peut 
dicr  les  suivants  comme  les  plus  remar- 
quables :  Xa  Trompette  de  la  guerre 
Minl»  (Berlin,  1806);  Constitution  et 
admimùtration  de  l'empire  othoman 
Tnbingue,  1816,  2  vol.);  Histoire 
des  belles-lettres  en  Perse  (  Tubing. , 
1818^;  Remarques  faites  pendant  un 
woyage  de  Constantinople  à  Brusse 
et  m  i'Ofympe  en  1804,  et  retour  par 
Nioéf  4êIfi€omêdie  (Tabing.|  1818); 


Histoire  des  Assassins  y  d'après  les  soitr^ 
ces  orientales  (Siuii^wty   tS\%);  Tn- 
jolium  oriental  (Vienne,  1816);  Coii- 
slantinople  et  le  Bosphore^  description 
historique  et   topographique    (  Pesth , 
1822,  2  vol.);  Codices  Arab.y  Pers.^ 
Turcy  bibliothecœ  Cœs.  Vtnd.  (Vienne, 
1 822).  Le  volume  écrit  en  français  Sur  les 
origines  russes ,  extraits  des  manuscrits 
orientaux,  St*Pétersb.,  1825,  se  ressent 
un  peu  trop  de  la  hâte  avec  laquelle  M.  de 
Hammer  a  quclqupfais  procédé  dans  ses 
publications.  Mais  la  plus  importante  de 
toutes,  véritable  monument  d'érudition , 
malgré   des  lacunes  et  des  erreurs  que 
Ilamaker  et  d'autres  ont  signalées ,  c'est 
V Histoire  de  Ccmpire  othoman,  compo- 
sée en  grande  partie  sur  des  manuscrits 
turcs.  Publiée  à  Pesth  de  1827  à  1834, 
elle  forme  10  gros  vol.  in-8°,  et  eut  un 
immense  succès  même  à  Constantinople. 
L'auteur  en  a  déjà  publié  une  seconde 
édition  revue  et  corrigée,  Pesth,  1834 
et  années  suivantes.  En  même  temps,  il 
a  donné  ses  soins  à  la  traduction  fran- 
çaise entreprise  à  Paris  par  M.  Hellert  ; 
16  vol.  déjà  en  ont  paru,  sur  20  environ 
qu'aura  Touvrage,  lequel  est  accompagné 
d'un  atlas.  Depuis  son  Histoire  othomane, 
dont  les  immenses  travaux  n'ont  point 
lassé  le  zèle  de  M.  de  Hammer,  il  a  publié 
un  mémoire  étendu,  et  qui  lui  a  rapporté 
un  prix  de  100  ducats.  Sur  Vadminis^ 
tration  territoriale  sous  le  kalifat^  Ber- 
lin, 1835,  et  un  autre  en  français,  Mi^ 
thriaca  ou  les  Mithriaques  (sur  le  culte 
solaire  de  Mithra),  a  été  mis  au  jour  par 
J.  Spencer  Smith  ,  Caen  et  Paris,  1833, 
avec  atlas.  En  1836,  il  a  commencé  une 
Histoire  de  la  poésie  othomane  jusqu'à 
nos  jours  y  avec  une  anthologie  extraite 
de  2,200  poètes,  Pesth,  t.  I-IV,  et,  en 
1837,une  Galerie  biographique  des  plus 
grands  souverains  musulmans  pendant 
les  7  premiers  siècles  de  f  hégire,  Darm* 
sudt,  t.  I-VI. 

M.  de  Hammer,  à  l'exemple  de  l'illus- 
tre Silvestre  de  Sacy,  a  puissamment  con- 
tribué à  faire  connaître  en  Occident  la 
littérature  de  TOrienL  Outre  ces  ouvrages 
originaux  déjà  si  nombreux ,  on  lui  doit 
encore  difïérenles  traductions  en  alle- 
mand. Il  a  traduit  du  persan  le  Divan 
de  Hafiz  (1819);  de  l'arabe,  ftlotenebbi 


HàM  (  438  ) 

(1833  );  da  turc  le  Baki  (1835  ) ,  et  le 
Gùl  el  Bulbûl  de  FasH  (Leipzig  et  Pesth, 
1834).  On  a  encore  de  loi  un  poème 
intitulé  Triton  [Drejklang)  de  Memnon^ 
une  pastorale  indienne ,  un  opéra  persan 
et  une  comédie  turque.  La  traduction  en 
persan  des  Réflexions  morales  de  Marc- 
Aurèle  (Vienne,  1831)  lui  a  valu  la  dé- 
eoration  du  Soleil  et  du  Lion,  que  lui  a 
enroyée  le  dernier  chah  de  Perse.  Enfin 
c*est  M.  de  Hammer  qui  avait  fondé,  avec 
le  comte  VenceslasRzewuski,  les  Mines  de 
V Orient  (6  vol.,  Vienne,  1810  à  1819), 
recueil  périodique  plein  de  recherches 
intéressantes.  Enc.  autr.  m. 

HAMMON  on  Amouh,  voy.  Ammon. 

HAMPDEN  (Joinr),  né  en  1594, 
était  originaire  du  comté  de  Buckingham, 
où  sa  famille  possédait  de  grandes  pro« 
priétés.  Il  reçut  son  éducation  à  Tuniver- 
sité  d*Oxford ,  et  s*adonna  particulière- 
ment à  Tétude  des  lois.  Mab ,  à  la  mort 
de  son  père,  se  voyant  en  possession  d^une 
fortune  considérable ,  il  renonça  à  Tidée 
de  suivre  la  carrière  du  barreau ,  et  bien- 
tôt (1631)  il  fut  élu  membre  du  parle- 
ment pour  le  bourg  de  Grampound.  Il 
entra  dans  TOpposilion ,  et  lorsque  Char^ 
les  I*' ,  après  son  avènement,  eut  dissous 
le  premier  parlement  de  son  règne,  Hamp- 
den  fut  réélu  pour  le  second.  En  1687 , 
ce  roi  ayant  voulu  établir  arbitrairement, 
sous  le  prétexte  des  besoins  de  la  marine, 
riiBp6t  connu  sous  le  nom  de  ship-mo^ 
ney^  Hampden,  taxé  à  la  modique  somme 
de  30  shelings ,  refusa  de  payer ,  et ,  je- 
tant le  défi  à  la  couronne,  résolut  de 
faire  juger,  à  ses  risques  et  périls,  la  ques- 
tion de  la  légalité  de  cet  impôt.  Les  dé- 
bats de  ce  grand  procès ,  qui  pendant  six 
mob  tint  Topinion  publique  en  haleine , 
eurent  lieu  devant  les  douze  juges  réunb 
dans  la  cour  de  TÉchiquier  :  sept  se  pro- 
noncèrent en  faveur  de  la  couronne. 
Hampden  perdit  sa  cause;  mab  il  avait 
combattu  pour  les  droits  de  tous ,  et  la 
conduite  à  la  fob  énergique  et  modérée 
qu'il  avait  tenue  dans  toute  cette  affaire 
lui  acquit  une  grande  popularité,  ainsi 
que  le  surnom  du  patriote.  A  la  cham- 
bre des  Commiuies,  il  devint  dès  lors  un 
des  membres  les  plus  influents.  Hamp- 
den était  parent  de  Cromwell ,  et  seul  il 
atall  M  deviner  tout  M»  catvloppe  groa- 


HAH 

sière  le  génie  et  peut-être  I 
iuttures  de  cet  homme  remai 
gouvernement  de  Charles  l*' 
jour  en  jour  plus  tyrannique 
Cromwell  (voj.)  et  plusîeursa 
tes  se  déposaient ,  en  1638 ,  i 
Amérique,  lorsqu'un  ordre 
vint  mettre  obstacle  à  leur 
1640,  le  jugement  qui  avai 
Hampden  dans  Taflaire  du  Si 
fut  cassé  par  le  pariement 
Charles ,  décidé  à  frapper  un 
contre  les  Communes,  fit  dn 
d'accusation  de  haute- trah 
Hampden  et  quatre  autres  me 
me  ayant  voulu  renverser  U 
ment  et  la  constitution  dn  i 
osa  se  présenter  lui-même  av 
le  4  janvier  1643,  pour  les  fi 
mais  les  patriotes  avaient  él^ 
temps  et  s'étaient  rob  en  sùn 
d'état  manqué  fut  une  faute 
ne  servit  qu'il  rendre  Haropdi 
sant  et  plus  hardi.  «  Tous  le 
Clarendon ,  étaient  alors  fi 
comme  sur  le  pilote  qui  devi 
vaisseau  de  l'état  à  travers  1 
La  guerre  ayant  enfin  éclaté  < 
lement  et  les  royalbtes,  Hi 
les  armes,  et  fut  grièvemen 
18  juin  1643,  dans  une  e 
contre  le  comte  palatin  Rup 


rut  SIX  jours  après,  en  pro 
mots  :  Dieu ,  saupe  ma  pat 
porta  l'estime  de  ses  ennemi 
mort  fut  une  calamité  poui 
son  courage  et  ses  talents  Pa 
de  hautes  destinées,  et  son  bes 
son  intégrité,  ses  vertus,  i 
tbme,  ont  jeté  sur  son  nom  a 
le  temps  n'a  point  affaibli, 
à  lord  Nugent,  qui,  en  1 838 
vrir  le  cercueil  de  Hampden 
dre  exactement  compte  de  a 
ouvrage  intitulé So/nr/n^mor 
Hampden ,  his  party ,  and 
Londres,  1831,  3  vol.  in-8 
on  peut  joindre  l'ouvrage  i 
Eliot  ^  Hampden  and  Fryi 
1833. 

Jean  Hampden ,  petit-fih 
dent,  impliqué  en  1684,  f 
n ,  dans  la  conspiration  da  ! 
fut  arrêté ,  et ,  à  détot  dt  p 


BAH 


(429) 


HAJf 


e  de  40,000 
A.  B. 
(Nxw-}y  voy.  État»- 


(cricetus) ,  genre  de  U 
èm  MUBinilêres ,  de  Tordre  des 
et  de  h  famille  des  muséides. 
1»  «pieei  de  ce  genre  ont  beaucoup 
aTCc  les  rats;  elles  s*en 
«pendant  par  leur  queue 
ctTebe,  et  par  les  larges  sacs  ou 
♦■iwiiii(iiij.)creosés  dansTépalaseurde 
llBiiiBctétendns  jusqu'à  Tépaule.  Le 
imÎÊer  tommun  l  mus  cri  ce  lus ,  L.)  est 
||hi|nidqiie  le  rat  commun  ;  son  pelage 
!  itmircB  desionsy  gris-roussâtre  en  des- 
:lli;«i|aiie  Toît  rarement,  la  couleur 
Ém  facée  occupant  presque  toujours 
lifirtiei  da  corps  les  plus  exposées  à  la 
Wnc  Da  tadies  blanches  sont  situées 
ffrfakici  et  sous  la  gorge.  Cantonné 
fiRrt  da  Rhin,  entre  le  Danube  et  le 
lUn,  il  a'a  encore  été  trouvé  à  Touest 
plteKfoedans  la  Basse^Alsace ,  peut- 
Étama  en  Italie.  U  recherche  surtout 
binaios  où  croissent  la  réglisse,  dont 
imʧb  les  graines,  et  les  moissons  cul- 
iiB  pir  lliomme;  il  ne  dédaigne  pas 
et  dévore  quelquefois  des  indi- 
aoB  espèce,  même  ses  propres 
Ito.  Il  est  fort  nuisible  à  l'agriculture, 
WÊÊt  de  la  quantité  considérable  de 
m  que  sa  préroyance  lui  fait  amasser 

Celui-ci  est  composé 
cellules  communiquant  en- 
par  des  galeries.  Deux  conduits 
à  Textérieur,  l'un  perpendicu- 
ly  pour  rentrée  et  la  sortie ,  l'autre 
^ae,  propre  à  donner  passage  à  la 
r  ^Be  l'animal  repousse  au  dehors. 
I  des  cellules,  garnie  d'herbes  sèches, 
de  demeure,  les  autres  sont  des 
La  fiemelle  a  la  faculté  de  re- 
trois  ou  quatre  fois  par  an  ;  la 
dore  quatre  semaines  et  est  de 
petits. 

M  Mamsier  des  sables  [mus  arenu'- 
1^  PalL)  a  de  grandes  oreilles  jaunes; 
%  drfpauf  pas  4  pouces  de  longueur; 
■bile  aenlônent  les  vastes  plaines  sa- 
■Moscs  de  ITrtisch  (Sibérie).  Il  est 
■fcrié  en  devus,  blanc  en  dessous. 
M  hamuter  de  Zongarie  [mus  Zon- 
ms  f  Fidl.)  crt  eno    e  plus  petit  que  le 


k 


précédent;  il  habite  les  mêmes  contréeiU 
n  est  gris-cendré  en  dessus,  avec  une 
raie  noire  de  chaque  coté  de  l'échiné  ;  le 
ventre  est  blanc.  Enfin  le  hamster  ano^ 
mal  [mus  anomalus^  Thomson)  appar- 
tient à  l'île  de  la  Trinité.  U  a,  dit-on , 
une  queue  nue  et  écailleuse  comme  celle 
des  rats ,  et  des  épines  lancéolées  comme 
celles  deséchymis.  Ce  mammifère  pourra 
peut-être  bien  constituer  un  genre  à 
part.  C.  L-a. 

HANAKS,  voy,  Mokatiz. 

HANAU  (pRiKciPAUTÉ  de).  Cette  par- 
tie de  laWettéravie,  arrosée  par  la  Kin- 
zig  et  voisine  du  Mein  et  du  Spessart,  est 
aujourd'hui  une  province  de  la  Hease 
électorale.  Elle  a  une  superficie  de  38 
milles  carrés  géographiques  et  une  popu- 
lation de  103,600  habitants,  protestants 
et  réformés ,  réunis  dans  le  même  culte 
depuis  1818.  Partout  le  sol  est  fertile  et 
bien  cultivé.  C'était  autrefois  un  comté  in- 
dépendant qui  avait  été  élevé,  en  1429,  au 
rang  de  comté  de  l'Empire.  Après  la  mort 
du  comte  Reinhard  II,  arrivée  en  1451, 
ses  deux  fib  se  partagèrent  son  héritage, 
et  il  se  forma  ainsi  deux  lignes,  celle  de 
Hanau'  Mùnzenberg  et  celle  de  Ha-* 
nau^Lichtenberg,  La  première  s'étant 
éteinte ,  en  1 642 ,  dans  la  personne  de 
Jean-Ernest ,  ses  possessions  échurent  à 
la  branche  cadette,  qui  subsista  jusqu'en 
1736.  Jean-Reinhard  II  étant  mort  sans 
enfant  mâle,  Hanau-Mûnzenberg  fut 
réuni  à  Hesse-Cassel  et  Hanau-Licbten- 
berg  à  Hesse-Darmstadt.  Cette  division 
cessa  sous  le  landgrave  Guillaume  IX, 
qui  réunit  les  deux  comtés  à  Hesse-Cas- 
sel, et,  en  1803,  la  diète  en  fit  une  prin- 
cipauté. Lorsque  les  Français,  en  1806, 
s'emparèrent  de  l'électorat  de  Hesse,  ils 
prirent  également  possession  de  la  prin- 
cipauté de  Hanau,  qu'ils  donnèrent,  en 
1 809,  presque  tout  entière  au  grand-du- 
ché de  Francfort,  dont  elle  fit  partie  jus- 
qu'en 1813,  époque  où  elle  retourna  à  la 
Hessc  électorale. 

Hanau ^  capitale  de  la  province,  est 
une  ville  de  13,000  habitants,  dont  plu- 
sieurs descendent  de  familles  virallonesoa 
néerlandaises.  Elle  est  située  dans  une 
contrée  sablonneuse,  que  l'activité  de  ses 
habitants  a  su  rendre  si  fertile  qu'on  en 
exporte  une  grande  quantité  de  fruits  et 


nnn 


(480) 


KaM 


àè  légaaiet.  An  nord  et  à  l'onest  de  cette 
▼ille  coule  la  Rinzig,  qui  se  jette  près  de 
\k  dans  le  Meio,  rWière  jointe  elle-même 
à  HaDaii  par  uo  canal  profond.  L^an- 
cieone  ville  n^offre  que  de  vieilles  mai- 
sons bâties  dans  un  vieux  style ,  mais  la 
nouvelle  a  des  rues  tirées  au  cordeau, 
larges  et  propres.  Le  centre  en  est  occupé 
par  la  place  du  marché,  parallélogramme 
régulier,  dont  un  côté  est  formé  par 
rUôtel-de-Ville.  Le  château  de  Télec- 
teur  est  situé  à  Textrémité  de  la  ville,  au 
nord-est.  Uanau  a  beaucoup  gagné  par 
la  démolition  de  ses  fortiGcations.  C'est 
U  ville  la  plus  industrieuse  de  tout  Té- 
lectorat.  Les  plus  importantes  de  ses 
fabriques  sont  celles  de  soie ,  de  came- 
lot, de  cuir,  de  gants,  de  bas,  de  bi- 
joux. Hanau  possède  encore  une  fabrique 
de  voitures,  des  manufactures  de  tabac, 
des  fabriques  de  cartes  à  jouer,  etc.  Ses 
habitants  font  en  outre  un  important 
commerce  de  planches,  de  bois  de  toute 
espèce,  de  boissellerie  et  de  vin.  Les  lieux 
les  plus  remarquables  de  ses  environs 
sont  le  château  de  Philippsruhy  les 
bains  de  ff^ilhrlmsbad  y  où  conduit  une 
chaussée  bordée  d'arbres,  et  Rumpen" 
heinty  qui  est  la  résidence  d'un  landgrave 
de  Hesse.  C.  L, 

Bataille  de  Haitau.  Le  30  octobre 
1813,  Napoléon,  avec  une  partie  des  dé- 
bris qu'il  ramenait  de  Leipzig,  remporta 
près  de  Hanau,  ville  qui  domine  la  route 
de  Francfort  et  de  Mayence,  une  victoire 
sur  l'armée  combinée  des  Bavarois  et  des 
Autrichiens  ^,  qui  s'était  flattée  de  lui 
couper  sa  retraite. 

Cinq  jours  d'une  marche  aussi  rapide 
que  le  permettaient  les  embarras  de  la 
retraite  avaient  conduit  la  tête  de  son 
armée  de  Leipzig  à  Erfurt  (23  octobre). 
Là  il  fit  halte ,  et  les  ennemis  crurent  un 
instant  qu'il  allait  livrer  une  bataille 
nouvelle;  mais  une  telle  audace  ne  lui 
était  plus  permise.  Le  25  octobre.  Na- 
poléon quitta  cette  ville.  De  ses  arsenaux 
il  avait  tiré  ce  qui  était  nécessaire  à  son 
artillerie,  et  pendant  son  court  séjour  il 
avait,  par  une  réorganisation  de  ses  trou- 
pes, cherché  à  relever  leur  esprit  qui, 

(*)  L«  coQTeatioB  d«  Ei«d  aTait  été  conclu* 
catre  les  ikax  peoplet  pco  fl«  joara  aapaxa- 
fiAt,  h  8  octolire  iéi3.^  S, 


depuis  répoutintable  cotnbtt  des 
pies  à  Leipzig  (vojr.),  était  profonde 
abattu  par  une  retraite  précipitée. 

Mais  après  la  deuxième  marche 
liens  de  la  discipline,  à  peine  reooa 
relâchèrent  de  nouveau.  L'armée 
çaise,  entassée  sur  une  seule  ligne  d 
traite,  menacée  de  tous  côtés  para 
nemi  vainqueur  et  beaucoup  plus  i 
breux ,  tomba  dans  une  désorgaoc 
profonde.  La  garde  impériale  et  la 
mière  division  de  cuirassiers,  qui  3 
été  réunie,  présentaient  encore, 
vrai ,  un  aspect  menaçant  ;  mais  dia 
régiments  de  ligne,  où  un  petit  ik 
de  vieux  soldats  éprouvés  gardaieo 
les  rangs,  le  désordre  alla  si  loin  q 
jeunes  soldats,  abandonnant  par  n 
leurs  corps  d'armée,  s'associaiei 
groupes  nombreux,  mélange  infor 
toutes  armes,  se  hâtaient  de  de^ 
l'armée,  et  se  répandaient  coma 
sauterelles  affamées  sur  les  villages 
bourgs ,  y  commettant  tous  les  ex 
l'indiscipline.  Braves  et  lâches  é 
dominés  par  une  idée,  celle  d^attt 
la  rive  du  Rhin,  où  était  leur  salai 

Depuis  les  premières  heures  d 
départ  de  Leipzig,  l'armée  françaè 
tait  trouvée  comme  enveloppée  p 
réseau  de  troupes  légères  qui  mena 
d'arriver  avant  elle  sur  sa  roule  d 
traite  et  s'y  établirent  même  ai 
plus  tard ,  coupant  ses  communie 
avec  la  France.  C'est  ce  qui  ex] 
comment  Napoléon  ne  connut  qœ 
d'une  manière  assurée  que  le  cob 
Wrede  (  voj.)y  avec  l'armée  bavaroii 
nie  aux  Autrichiens,  manœuvrait 
lui  barrer  la  retraite.  Si  AVrede  c4 
cupé  à  l'avance  le  long  défilé  de 
heim,  entre  Geinhauscn  et  Schlûc 
où  bondit  la  Kinzig  entre  les  ro< 
ce  mouvement  eût  été  funeste  aux 
çais.  Aussi ,  dès  ce  moment ,  Tatli 
de  Napoléon  demeura  fixée  sur  celU 
tien.  Les  aidrs-de-cimp  y  couraiei 
après  l'autre.  Enfin  le  général  E\oi 
fit  dire  qu'il  avait  traversé  U  Kinzi 
deWIrlheim,et  que,  poussant  deux 
au-delà,  dans  la  direction  du  Meîn,  i 
occupé  la  petite  ville  de  Gelob 
Alors  Napoléon,  te  touroant  ver 
qui   Pentouraicnt  y  leur  dit  :  «  M 


BA!I 


(«1) 


ttAtt 


tt,  le  chemin. de  la  France  est  rou- 

>  S9,  le  comte  Sébastiaoi ,  qui  cod- 
■it  TaTant-garde  française,  atteignit, 
ielà  de  Gdohaoseo,  la  division  bava- 
eLamotteetlabrigade autrichienne  du 
irai  Volkmann,  qui  s'étaient  promp- 
mt  réonb  au  général  russe  Kaîssarof. 
I S  heures  après  midi  commença  un 
bat  animé  qui  fut  continué  avec  vio- 
e  josqa*aTant  dans  la  soirée.  Alors 
illiés  prirent  position  auprès  du  vil- 
de  Rûckiiogen,  dans  le  voisinage  de 
nrét  de  Lamboy  quUl  fallait  traverser 
r  déboucher  dans  la  plaine  devant 
an,  ou  Wrede  attendait  les  Français, 
mt   la  route  de    Francfort  et  de 


e  SO  octobre ,  Ters  8  heures  du  ma- 
ie général  Lamotte  fut  vigoureuse- 
t  attaqué  par  le  maréchal  Macdonald, 
«▼ait  prb  la  direction  de  toutes  les 
pet  de  TaTant-garde  et  pénétra  dans 
réf.  Deux  de  ses  brigades  s'éparpil- 
it  en  tirailleurs  gagnant  de  plus  en 
da  terrain.  Dès  que  les  arbres  le 
aettaient,  les  cavaliers  du  générai 
latiani  s'engagèrent.  Après  une  longue 
^iâtre  résistance ,  les  généraux  La- 
ie et  Tolkmann  se  retirèrent  sur  la 
lion  générale  prise  par  les  alliés  dans 
bine. 

k  le  comte  de  Wrede  avait  placé  son 
ée  (d'environ  40,000  hommes)  en 
â-cercle  devant  la  sortie  du  bois,  sur 
lenx  côtés  de  la  grande  route  ;  l'aile 
ite  f  composée  de  la  division  Becker 
les  deux  rives  de  la  Kinzig.  A  cette 
iion  touchaient  celles  de  Bach  et  de 
lotte ,  formant  le  centre.  A  quelque 
moe  en  arrière  coulait  la  rivière  qui, 
liant  un  coude,  laissait  ensuite  tout- 
jt  libre  le  terrain  derrière  l'aile  gau- 
oà  la  cavalerie  réunie  prit  position , 
(  le  commandement  du  feldmaréchal- 
tenant  Splenv.  Derrière  le  flanc  droit 
tenait,  comme  réserve  centrale,  la 
;ade  de  grenadiers  du  comte  Klenau  ; 
tre  brigade  de  ces  grenadiers  avait 
I  Tordre  d'occuper  les  places  inté- 
ires  de  Hanau,  derrière  la  Kinzig. 
Lante  pièces  de  canon  dirigeaient  leurs 
ches  contre  la  sortie  du  bois.  L'adju- 
t  général  Tcbernichef ,  avec  ses  nom- 


breux Cosaques,  couvrait  la  route  de 
Friedberg,  sur  les  points  les  plus  écartés 
du  flanc  gauche. 

Il  était  déjà  2  heures  après  midi ,  et 
le  combat  ne  voulait,  d'aucun  côté,  pren- 
dre une  supériorité  décisive.  Quoique  les 
Français  se  fussent  emparés  du  bois ,  ils 
ne  pouvaient  cependant  déboucher  dans 
la  plaine,  car  le  feu  meurtrier  de  la 
grande  batterie  centrale  et  celui  d'autres 
batteries  de  flanc  les  faisaient  reculer.  Il 
parut  qu'on  ne  devait  pas  combattre  au- 
trement que  par  une  vive  canonnade  et 
de  nombreuses  décharges.  Le  comte  de 
Wrede  considérait  chaque  heure  gagnée 
comme  un  succès,  puisqu*il  attendait 
avec  chaque  heure  une  diversion  du  côté 
de  la  grande  armée  alliée,  ou  de  celui  de 
l'armée  de  Silésie ,  sur  les  flancs  de  l'en- 
nemi. 

Pendant  ce  temps,  l'empereur  Napo- 
léon ,  de  la  lisière  du  bois,  avait  attenti- 
vement examiné  la  position  de  l'ennemi. 
Il  appela  à  lui  les  maréchaux  et  les  géné- 
raux, et  donna  en  peu  de  mots  la  dispo- 
sition suivante  pour  le  combat.  «  Nous 
K  ne  pouvons  tarder  plus  longtemps.  Je 
«c  n'attendrai  pas  l'infanterie  :  Raguse  ne 
a  peut  arriver  que  le  soir  ;  Mortier  tient 
«c  la  position  auprès  de  Wirtheim  et  a 
R  encore  deux  marches.  Ce  que  j'ai  sous 
<i  la  main  doit  suffire  pour  repousser 
a  l'ennemi  en  arrière.  Sa  position  n'est 
«  pas  forte;  son  aile  gauche,  composée 
a.  de  cavalerie,  occupe  notre  route  par  le 
a  milieu.  Il  faut  assaillir  cette  aile.  Comte 
a  Nansouty ,  prenez  toute  la  cavalerie  ; 
«  élancez- vous  avec  elle  contre  le  centre 
«c  ennemi ,  et  jetez  tout  à  gauche  dans 
«  l'eau.  Maintenant  commence  seule- 
a  ment  le  combat  qui  doit  surtout  ame- 
«  ner  un  grand  événement.  Drouot  le 
<t  préparera.  L'infanterie  de  ma  garde 
«  ouvrira  le  chemin  hors  du  bois;  elle 
«  sera  le  pivot  du  mouvement.  Le  temps 
«  est  précieux  ;  partez  !  » 

A  ces  paroles,  tout  s'anima  d'une 
vie  nouvelle.  Un  bataillon  de  grenadiers 
et  un  autre  de  chasseurs  de  la  vieille 
garde  sortirent  au  pas  de  charge  de  la 
forêt  et  se  placèrent  en  avant,  à  gauche 
de  la  route.  Après  eux  vinrent  deux  bat- 
teries à  cheval  de  la  garde,  soutenues 
par  un  régiment  de  dragons  et  un  autrt^ 


HAM 


(«2) 


HAir 


Je  lancSert.  Le  général  Drouot  condui- 
sait les  canons  au  galop  le  plus  serré,  et, 
se  portant  le  plus  près  possible  de  Ten- 
nemi ,  ouTrit  son  feu.  D'autres  batteries 
suivirent  avec  rapidité  et  se  déployèrent 
en  une  ligne  de  50  pièces  en  tout,  sur 
les  deux  côtés  de  la  route.  Pendant  ce 
temps,  le  maréchal  Macdonald ,  à  Taile 
gauche,  poussait  en  avant  ses  essaims  de 
tirailleurs  soutenus  par  des  bataillons  de 
la  yieille  garde.  La  cavalerie  rassemblée 
débouchait  hors  du  bois  et  faisait  une 
conversion  à  droite. 

Le  comte  de  Wrede,  général  formé  à 
la  grande  école,  saisit  avec  rapidité  le 
moment  favorable  et  donna  à  sa  cavale- 
rie l'ordre  de  s'emparer  de  la  batterie 
ennemie.  Cette  brave  cavalerie  fournit  la 
charge  avec  un  élan  rapide.  Devançant 
dans  sa  course  les  régiments  de  la  cava- 
lerie française,  elle  se  jeta  sur  les  batte* 
ries  et  toucha  les  canons  de  la  main  ; 
mais  les  artilleurs  se  défendirent  opiniâ- 
trement au  milieu  d'une  mêlée  furieuse, 
et  l'approche  de  la  cavalerie  française 
rassemblée  fit  lâcher  prise  aux  alliés.  Le 
moment  favorable  était  passé  :  ils  tour- 
nèrent le  dos ,  accompagnés  d'une  pluie 
de  mitraille  qui  leur  causa  d'énormes 
pertes. 

Cependant  la  cavalerie  française,  mal- 
gré le  feu  meurtrier  des  canons  dirigés 
contre  elle,  s'était  formée  en  trois  lignes 
avec  une  promptitude  inaccoutumée. 
Aussitôt,  la  première  ligne,  composée  de 
quatre  régiments  de  cuirassiers ,  se  jeta 
vivement  au  milieu  de  cette  sanglante 
arène.  Quatre  régiments  de  cuirassiers , 
de  dragons  et  de  chcvau  -  légers  autri- 
chiens et  bavarois ,  conduits  par  le  géné- 
ral Spleny,  se  portèrent  résolument  à 
leur  rencontre;  mais  ils  reculèrent  de* 
vant  la  charge  de  cette  masse  pesante  et 
serrée  des  cuirassiers  français  que  suivait 
comme  réserve  le  reste  de  la  cavalerie  ; 
puis,  le  comte  Nansouty,  te  souvenant 
de  l'exemple  donné  par  Kellermann  à 
Marengo ,  fit  convener  les  régiments  de 
Taile  gauche  de  sa  ligne  et  les  jeta  sur 
l'infanterie  ennemie. 

La  cavalerie  autrichienne  et  bavaroise, 
revenant  au  secours  de  celle-<i ,  chargea 
les  Français  en  flanc  au  moment  convc* 
nable;  mais  la  seconde  ligne  de  ces  der- 


niers, formée  de  la  gnrde  iapérkle 
courait  bride  abattue.  Le  meèk 
bientôt  décidé,  et,  malgré  uoe  opii 
résistance,  un  grand  nombre  de  c 
d'infanterie  furent  renversés,  fonlé 
pieds  des  chevaux,  et  des  batailloii 
tiers  jetés  dans  les  flots  de  la  Rinzif. 

L«s  batteries  françaises  protéfc 
avec  autant  de  valeur  que  d'habileû 
taque  de  leur  cavalerie;  elles  i^ 
çaient  toujours  successivement  avec 
droite  et  doublaient  leur  feu  dana 
direction. 

Au  milieu  de  cet  circonstanoi 
grande  batterie  des  alliés,  qui,  depvi 
sieurs  heures,  avait  fait  un  feu  lr« 
et  consommé  ses  munitions  plus  vit 
les  Français,  avait  été  obligée  de  ] 
dre  une  position  rétrograde.  Lea  e 
tiers  du  comte  Saint-( 


daient  droit  sur  elle,  gagnaient  toi 
plus  de  terrain  ;  ils  t'en  aéraient  «■ 
et  eussent  pris  en  flanc  les  divitioi 
faiblies  de  Becker  et  de  Lamotte,  ai^ 
ce  moment ,  l'adjudant  général  Td 
chef  ne  les  eût  chargés  en  flanc  mm 
six  régiments  de  Cosaques  d'élile,  1 
qu'en  front  les  cuirastiert  de  Lie 
stein  et  les  dragons  de  Knetevîcfa  li 
saillaient  de  nouveau.  Forcés  à  II 
traite  par  ces  charges  rapides.  Ici 
rassiers  furent  poursuivis  avec  yn{ 
et  perdirent  beaucoup  de  monde; 
la  cavalerie  de  Sébastiani,  qoi  ai 
comme  réserve,  accourant  avec  cm 
sèment,  arrêta  la  poursuite,  et  let 
recommencèrent  leur  retraite. 

Cependant  le  comte  de  Wrede, 
donner  de  la  liberté  aux  mouv« 
son  centre  et  de  son  aile  gauche,  faii 
taquer  les  Français  par  les  grenadici 
périaux.  On  en  vint  à  la  baionnctle; 
ce  jour  devait  éclairer  un  dernier  II 
phe  de  la  vieille  garde  sur  le  sol  da 
ïemagne.  Elle  repoussa  les  alliés  m 
point.  Wrede  retira  son  armée  da  1* 
côté  de  la  Kinxig ,  et  la  nuit  mil  1 
combat. 

Cette  victoire,  qui  coûtait  an] 
rois  1 0,000  hommes  et  à  l'arméo 
çaise  8,000  seulement,  rouvrait  à  < 
ci  la  route  de  Francfort  et  de  liayi 
elle  ramena  en  France  20  drapeai 
4,000  prisonniers. 


iUN 


(4&S) 


BAN 


cîcns  admirent  Temploi  que  fit 
le  son  artillerie  et  de  sa  cavale- 
t  en  grandes  masses.  A  peine 
1 8,000  hommes;  car  Marmont 

0  hommes  était  à  plusieurs 
rrière  ;  les  divbions  Desnouet- 
Ihaad  escortaient  les  bagages 
loin  sur  la  droite  ;  enfin  Mor- 
>rès  de  18,000  hommes  à  Tar- 
e,  contenait  la  poursuite  des 
s  Autrichiens  et  des  Prussiens 

Leipzig.  Le  reste  de  Tarmée 
tait  désorganisé.  Dans  le  Ma-^ 

1  baron  Fain,  les  débris  des 
Ucdonald  et  de  Victor  figu- 
5,000  hommes,  et  Tin  fan  terie 
e  garde,  sous  Gurial  et  Priant, 
»iir  4,000. 

lu  comte  de  Wrede ,  on  lui  a 
le  n'avoir  pas  sabi  à  temps  le 
reinhausen ,  d'avoir  affaibli  ses 
immes  par  Tenvoi  d'une  divi- 
ancfort  et  par  Foccupation  de 
rg.  On  Ta  blâmé  d'avoir  choisi 
>D  de  bataille  où  les  deux  tiers 
née  étaient  adossés  à  la  Kinzig. 
a  russe  du  général  Lachmann, 
alaire ,  que  nous  avons  repro- 
resque  en  entier ,  excuse  le  gé« 
iroîs,  obligé  d'obéir  à  des  or- 
"ieurs  envoyés  de  loin,  et  man- 
illeurs  de  grandes  routes  direc- 
lelnhausen.  Mais  cet  écrivain 
la  première  charge  de  la  cava- 
llièi  eût  été  décisive  si  le  comte 
se  fàt  mis  à  sa  tête  et  l'eût  fait 
ut  entière,  en  exécutant  simul- 
une  attaque  générale  par  son 
,  au  moment  où  une  faible 
lement  de  l'artillerie  et  de  la  ca- 
inçaises  avait  pu  déboucher  du 
général  Vaudoncourt  indique 
on  très  forte  qu'il  eût  pu  pren- 
elà  de  Hanau.  Boutourlin  lui 
le  n'avoir  pas  eu ,  comme  Tchi- 
à  la  Bérésina,  la  prudence  de 
le  rivière  devant  son  front  ;  ni 
Loutousof,  qui,  se  jugeant  trop 
Etussie  pour  barrer  la  retraite  à 
née  française,  laissa  passer  Na- 
mais  arrêta  à  Krasnoî  le  corps 
Eugène,  puis  celui  deNey,  qui 
à  une  marche  de  distance. 
nta  bien  le  lendemain  ,81  oc- 

dop.  d.  G.  d.  M^  Tome  Xm. 


tobre,  do  reprendre  Hanau  sur  l'arrière- 
garde  du  duc  de  Kaguse  ;  mais  il  fut  re- 
poussé et  assez  grièvement  blessé  pour 
quitter  le  commandement.  Son  armée 
eût  pu  être  détruite,  si  Napoléon ,  avec 
ses  troupes  réunies,  avait  poursuivi  à 
fond  son  succès;  mais  l'approche  des 
grandes  armées  russe,  autrichienne  et 
prussienne,  l'obligeait  à  précipiter  ses  pas. 
Mortier,  faisant  un  léger  détour,  le  re- 
joignit sans  perte  avec  l'arrière-garde, 
non  loin  du  Rhin.  D-e. 

HANBALITES,  voy.  Hanifites. 

HANCHES,  voy^  Bassin. 

HANDEL ,  voy.  H^endel. 

HANGŒUD  (combat  d'),  une  de  ces 
journées  décisives  qui  ont  placé  les  Rus- 
ses au  rang  des  grandes  nations  européen- 
nes ,  et  la  première  victoire  navale  qu'ils 
aient  remportée.  Il  en  sera  parlé  à  l'article 
Pierre- le-Ghand;  nous  dirons  seule- 
ment ici  que  ce  combat  naval  fut  livré, 
dans  le  golfe  de  Finlande,  par  le  mo- 
narque en  personne,  le  37  juillet  1714 , 
à  la  flotte  côtière  suédoise,  à  quelque 
distance  des  écueils  ou  skœres  qui,  non 
loin  du  village  de Hangœud,  district  d'Hel- 
singfors ,  forment  la  pointe  méridionale 
de  la  Finlande ,  sous  59<>  48'  35"  de  lat. 
N.  Le  combat  dura  deux  heures  et  finit 
par  la  défaite  des  Suédois,  dont  la  petite 
escadre ,  composée  d'une  frégate  et  de  9 
galères  ou  chaloupes  côtières,  armées  en 
tout  de  116  canons,  tomba  entre  les 
mains  des  Russes,  après  que  l'amiral  £h- 
renskild  se  fût  rendu  au  vainqueur*'.  S. 

HANIFITES  (secte  des)  ,  la  premiè- 
re et  la  plus  ancienne  des  quatre  princi- 
pales sectes  réputées  sunnites  ou  ortho- 
doxes ,  parmi  le  grand  nombre  de  celles 
qui  se  sont  élevées  au  sein  du  mahomé- 
tisroe.  Elle  tire  son  nom  de  son  fonda- 
teur, Abou-Hanifah  al-Nouman  (voy,), 
surnommé  Iinam  Azcm  (l'Imam  illustre), 
que  le  khalife  Abou-Djâfar  Abd'Allah  n 
Al-Mansour'^,  fit  empoisonner  à  Bag- 
dad, l'an  767  de  J.-G.  Cette  secte,  la 
plus  généralement  suivie  par  les  khalifes 

(*)  Hassel,  qui  a'fait  Part.  Bmgœud  dant  TEii. 
cyclopédie  d'Ersch  et  Gruber,  ne  dit  pas  an 
mot  de  ce  combat  naval  ai  important,  qa*il  pa« 
ralt  avoir  ignoré  totalement. 

{**)  Par  mite  d'an  remaniement  typographi- 
que, ces  deux  parties  d'un  même  nom  sont  sé- 
parées Tune  de  Tantre  dan»rart.AB0U-HAif  ipah. 

28 


HAN 


(484) 


HAN 


abbassides,  successeurs  de  ce  prince ,  et 
par  d^autres  dynasties  qui  s*élevèrent  sur 
les  ruines  du  Lhâlifat ,  est  celle  qui  do- 
mine dans  Tempire  othoman ,  du  moins 
quant  à  ce  qui  concerne  Texercice  du 
culte  public;  elle  est  aus!>i  très  répandue 
dans  la  Tatarie  et  dans  THindoustan. 

Les  trois  autres  sectes  musulmanes  ca- 
noniques sont  celles  des  Malekites ,  des 
Chiiféiies  et  des  Hanbaiitrs^  fondées  par 
les  imams  Malek  (  Abou  abd*Allah),Charéi 
(l^loliammedjet  Hanbal  (Ahmed  Ebn-).Le 
premier,  né  à  Médine ,  y  mourut  eo  795. 
Sa  secte  domine  principalement  dans  les 
états  barbaresques  d* Afrique.  Chaféi ,  né 
à  Gaza ,  dans  la  Syrie,  Tan  767,  résida 
longtemps  en  Arabie,  puis  en  Egypte,  où 
il  mourut  eo  819.  Sa  doctrine  fut  spé- 
cialement enseignée  dans  deux  collèges 
fondés,  Tuo  au  Caire,  par  Saladin,  Pautre 
à  Hérat,  par  Gaîath-ed-Dyn,  sulthan  de 
la  dynastie  des  Ghourides  (vo^.);  elle  a 
pénétré  sur  les  côtes  et  dans  les  îles  de 
Plnde.  Hanbal,  né  à  Bagdad  en  750, 
fut  contemporain  des  khalifes  abba^ides 
Abd^Allah  III  al-Mamouu  et  Moham* 
med  III  al-Motasem,  tous  deux  réputés 
hérétiques  parce  qu^ils  soutenaient  que 
le  Koran  notait  pas  la  parole  de  Dieu  , 
éternelle  et  iiicréée.  Hanbal,  |>our  s*étre 
élevé  contre  la  prétendue  hérésie  qui  at- 
tribuait ce  livre  à  la  main  des  hommes, 
fut  cruellement  battu  de  verges  et  em- 
prisonné par  ordre  de  Motasem.  Mis  en 
liberté  et  comblé  de  pré>enls  par  Moia- 
wallel,  second  61a  et  successeur  de  ce 
khalife,  il  mourut  en  odeur  de  sainteté 
à  Bagdad,  en  855.  On  prétend  que  ses 
funérailles    attirèrent   un   concours  de 
800,000  hommes  et  de  60,000  femmes, 
et  quVIIes  provoquèrent  la  conversion  de 
20,000  infidèles  à  Tislamisme.  La  secte 
de  Hanbal  était  la  plus  intolérante  de 
toutes,  surtout  pour  le  maintien  de  la 
prohibition  du  vin. 

Ces  quatre  sectes,  qui  se  sont  de- 
puis subdivisée»  en  une  infinité d^autres, 
fondées  par  divers  disciples  de  ces  quatre 
imams ,  différent  entre  elles  sur  plusieurs 
points  de  la  morale,  du  culte  religieux 
et  de  radmlnîMration  publique;  mais 
comme  clh>5»onl  alisolumrnt  d'accord  sur 
la  partie  dogmatique ,  elles  se  tolèrent  et 
K  respectent  réciproquement.  Il  e>l  dune 


permis  à  tout  Musulman,  k  toot 

trat,  de  faire  les  ablutions  et  d^autrcs  ao* 

tes  religieux  suivant  les  statuts  de  cclii^ 

des  imams  orthodojies  dont  il  m  idnpll 

la  doctrine.  Mais  cette  tolérance  cesse  dii 

qu'il  s'agit  de  Texercice  public  de  la  !•■ 

ligion  et  de  la  justice:  il  faut  alors  se  co«* 

former  rigoureusement  aux  dogmes  éi 

Fimam.dont  le  rit  est  dominant  daoi  li 

pays  où  Ton  réside.  En  Turquie,  les  of|i 

nions  hanifites   sont  seules  admise*  m 

matière  de  jurisprudence  et  dans  les  4èf 

ciiions  judiciaires.  Pour  obvier  aux  Si 

verses  interprétations ,  à  robscurilé,  iM 

contradictions  de«  innombrables  écrili  4 

tant  d^imams,  le  mollah  Khosrcw,  m 

1470,  rassembla  toutes  ces  matièrai  dl 

en  forma  un  code  général.  Ce  travail  A| 

refait  d'une  manière  plus  claire,  pl|| 

précise  et  plus  méthodique,  par  HM} 

Ibrahim,  d'Alep,  mort  en  1 S49.  H.  A-M 

HAN-LIN.C'estlenomquerondo«| 

en  Chine  aux  lettrés  de  premier  ordre ^ 

forment  le  H*tn-li/i»rouan  j  coiirge^ 

académie  tics  Httn^itn.  Ces  mots  ^«Wj 

iin  signifient  en  chinois  fi»f/t  dr  jtiitm 

ceaux^  allusion  au  grand  nombre  if 

lettrés  qui  composent  cette  acadéanitij 

dont  la  principale  occupation  est  de  wêê^ 

nier  le  pinceau,  non  pas,  comn>e  on  poWi 

rait  le  croire ,  pour  couvrir  des  toiles  tk 

leurs  peintures ,  mais  pour  composer  tt 

compiler  des  livres;  car  c'est  a«ec  le 

ceau  qu'on  trace  récrit ure  eu  Chine. 

Cette  académie  politique  et  littéral 

instituée  par  l'empereur  Hiouan- 

delà  dynastie  desThang,  dan^le  com 

cément  du  vu*  siècle  de  notre  cre« 

fut  com|)osée  d'abord  de  quaiar.ie  i 

bres  choisis  parmi  les  plus  habiles 

teurs  ou  lettrés  de  Tempire,  dans  le  hi 

de  présider  k  la  renaissance  et  an  défi 

lop|)ement  des  études  littéraires  et  à  CA 

tretenir  les  saines  doctrines.  C*est  para 

les  membres  de  racadémie  des  Mam^ 

que  sont  choisis  les  historiograpfaca  4 

l'empiro  chargés  de  transmettre  à  la  pal 

térité  tous  les  faits  coutem|Miraioft»  I 

censeurs  impériaux,  dont  b  penonot  fl 

sacrée  et  qui  ont  droit  de  rtmnntruM 

dans  tous  les  temps  et  dans  tons  le»  bec 

aus»i  bien  à  Tegard  de  fempereurquc  d 

dernier  de  ses  sujets.  Tons  le»  inrm 

natîo^iaux  sont  dirigé*  par  les 


ÉAIf 


(485) 


HAN 


ttadénSty  qbi  eieroe  une  £;rtnde 
âaxa  le  gooTeinemeiit  de  Péta  t. 
i  qui  eD  fool  partie  appartien- 
econd  des  neuf  rangs  de  fonc- 
i  qui  existent  en  Chine.  Un  cer- 
jre  d>ntre  eux  habitent  un  hô- 
ifique  à  Péking,  où,  loin  du 
ie  la  dissipation,  ils  travaillent 
rhe  à  la  composition  ou  à  la  ré- 
e  quelques  ouvrages  importants 
ment  mûris,  destinés  aux  presses 
s,  d^où  sortent  les  plus  beaux  li- 
ois.  Chaque  académicien  y  est 
selon  ses  talents  ou  son  génie, 
«ots  ouvrages  dont  ce  corps  sa- 
hargé  par  Tempereur  ;  il  a  sous 
dit  le  P.  Abot ,  tous  les  trésors 
.  de  Tempire,  et  il  est  environné 
les  aisances  et  de  toutes  les  fa- 
i  peuvent  adoucir  le  travail.  Ses 
sont  tous  à  lui  et  on  ne  le  presse 
t  finir.  Un  avantage  encore  bien 
,  les  connaissances  de  ses  colle- 
sont  acquises  de  droit.  Associés 
e  et  responsables  de  ses  mépri- 
os  légères,  ils  sont  aussi  intéres- 
î  communiquer  leurs  lumières 
à  les  réclamer.   Chaque  œuvre 
nbre  de  Tacadémie  des  Han^lin 
une  œuvre  bolée,  c'est  une  œu- 
ctive.  Voilà  pourquoi  ce  qui  sort 
mu  des   Han-Un  a  un   degré 
ode  et  de  perfection  dont  on  ne 
re  d*exemplc  ailleurs.  Les  édi- 
\  anciens  ouvrages,  les  compila- 
s  dictionnaires ,  comme  celui  de 
me  KJbang-hi  [Khang  -  hi-tseu- 
32  vol.  chinois,  in-S'^et  in-12}, 
*  dictionnaire  d'Académie ,  sont 
ec  une  attention  si  scrupuleuse , 
re  si  peu  le  temps  qu'on  y  met , 
lavants  concourent  à  les  perfec- 
qu'il  est  presque  impossible  qu'il 
:  des  fautes  ou  des  méprises.  Ce 
flêbre  ne  tient  à  aucun  système 
Qoe  opinion,  et,  à  moins  que  le 
emeot  n'opprime  sa  liberté,  ce 
rire  jamais  que  dans  des  temps 
l>le  et  d'anarchie ,  il  entre  dans 
s  voies  qui  peuvent  lui  faire  dé- 
la  vérité. 

ae  année,  il  sort  de  ce  corps  savant 
snts  livres ,  et  de  temps  en  temps 
nifiqoes  éditions ,  avec  des  com- 


mentalret  des  livres  anciens.  Il  est  rare 
même  que  Fempereur  régnant  ne  décore 
pas  d'une  préface  de  sa  main  les  grands 
ouvrages  du  collège  et  de  Tacadémie  des 
Htin-lifty  dont  quelques-uns  sont  tou- 
jours commandés  par  lui.  Tel  est  le  dic- 
tionnaire cité  précédemment,  dont  la 
préface  est  de  la  main  même  du  célèbre 
empereur  Khang-hi,  le  contemporain  de 
Loub  XIV,  et  toutes  les  éditions  offrent 
le  fac-simiie  de  cette  préface.  Tous  les 
ouvrages  composés  ou  rédigés  par  ce  corps 
savant  sont,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
imprimés  aux  frab  du  gouvernement  par 
les  presses  impériales  et  avec  magnifi- 
cence. Ils  sont  considérés  comme  du  do- 
maine public  et  distribués  par  l'empereur 
en  présents  aux  ministres,  aux  princes , 
aux  grands  del'empire,  aux  présidents  des 
tribunaux,  aux  gouverneurs  de  provin- 
ces, aux  plus  célèbres  lettrés  de  l'empire. 

Cette  grande  académie  des  Han  -  tin 
a  commencé,  sur  la  fin  du  dernier  siècle, 
et  par  ordre  de  l'empereur  Kien  -  loung 
(1773),  à  compiler  et  à  rédiger  une  Bi^ 
bliothèque  choisie  qui  devait  former  cent 
soixante  mille  volumes  chinois.  On  mit 
en  réquisition  tous  les  écrivains  de  l'em^ 
pire  et  tous  les  savants  pour  coopérer,  sous 
j  la  direction  des  Han- lin,  k  la  confection 
de  cette  immense  collection  qui  n'a  pas 
d'équivalent  en  Europe.  On  continue 
encore  à  l'imprimer,  et  en  18 18,  après  45 
années  de  travaux,  il  en  avait  déjà  paru 
78,731  volumes,  dont  quelques  sections, 
comme  celles  qui  concernent  la  musique, 
rhbtoire  des  caractères  et  des  peuples 
étrangers*^,  sont  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Paris.  G.  P. 

H  ANXETO.V,  genre  d'insectes coléop- 
tères,  famille  des  lamell icônes ,  et,  selon 
quelques  auteurs,  tribu  des  scarabéides. 

Voici  queb  sont  les  caractères  qui 
dblioguent  ce  genre  :  antennes  compo- 
sées de  dix  articles,  dont  les  der* 
niers  forment  une  masse  en  panache, 
s'étalant  comme  des  lames  à  la  volonté 
de  l'animal;  mâchoires  cornées ,  dentées 

(*;  C'est  de  ce  dernier  re(*aeit  qne  Taotror  de 
cet  article  a  traduit  plasieart  i)0eumtmU  histo^ 
rtqutt  sur  tes  peaples  qui  oat  tiabité  les  ctiotrées 
occidentales  de  TÀsie.  eotre  autres  ceoi  qui 
coareraeot  Tlade,  et  qui  oat  été  iosérés  djns  la 
iVeaMMi  jamruml  mtimtiqm*  de  Paris  ,  octobre,  ao% 
1   Tembre,  décembre  i83^. 


haN 


(4.Ù) 


H  AN 


à  leur  extrémité  iDtérîeiire  ;  corps  épais , 
coDTexe,  souTent  couvert  de  poils  et  d*é- 
cailles  imbriquées,  diversement  colorées, 
reflétant  quelquefois  des  nuances  mélal- 
liqucs  très  brillantes  ;  corselet  convexe , 
court  ;  écusson  cordiforme;  abdomen  al- 
longé; élytres  plus  courtes  que  Tabdo- 
men,  recouvrant  deux  ailes  membraneu- 
seSy  repliées,  dont  Tarticulation  est  re- 
marquable sous  le  rapport  de  son  méca- 
nisme; yeux  arrondis,  un  peu  saillants, 
très  nombreux  :  M.  Straus-Durckbeim , 
auteur  d^une  monographie  du  hanneton^ 
en  a  compté  jusqu^à  plusieurs  mille  ;  pat- 
tes moyennes,  jambes  antérieures  dente- 
lées latéralement  ;  les  postérieures  armées 
de  petites  épines  ;  tous  les  tarses  compo- 
sés de  cinq  articles. 

L'accouplement  des  hannetons  dttre24 
heures,  pendant  lesquelles  le  mAle  tombe 
dans  une  espèce  de  somnolence  léthargi- 
que. La  femelle  le  transporte  dans  les 
airs.  L'acte  de  la  fécondation  terminé,  le 
mâle  ne  prend  plus  de  nourriture ,  lan- 
guit quelques  jours  et  périt  d'épuisement. 

La  femelle  fécondée  quitte  les  arbres , 
s'abat  sur  le  sol  dans  lequel ,  avec  ses 
pattes,  elle  creuse  un  trou  où  elle  dépose 
ses  œufs ,  dont  le  nombre  varie  de  50  à 
80.  Cette  fonction  remplie,  elle  quitte 
son  nid  et  meurt  deux  ou  trois  jours  après. 
Quelques  auteurs  croient  qu'elle  périt 
dans  le  trou  où  elle  a  fait  sa  ponte. 

Ces  œufs,  assez  promptement  éclos, 
forment  des  larves  qui  ne  deviennent  pro* 
près  à  perpétuer  l'espèce  qu'au  bout  de 
trois  ou  quatre  années. 

Les  cultivateurs  ont  souvent  à  se  plain- 
dre des  ravages  qu'exercent  les  hannetons, 
soit  k  l'état  de  larve,  soit  k  celui  d'in- 
secte parfait. 

Les  Urves,connues  sont  le  nom  de  vers 
blancs  ou  mans  j  ne  s'attaquent  pas, 
comme  celles  des  espèces  du  genre  scara- 
bée, aux  végétaux  en  étal  de  décompo- 
sition, mais  aux  racines  des  plantes  et  des 
arbres.  Elles  ne  les  rongent  que  pendant 
l'été  et  l'automne ,  et ,  pendant  l'hiver, 
elles  s'enfoncent  dans  le  sol,  où  elles  su- 

(*)  Cmuidèrmtiimt  gimérmlêt  tmr  PûMMtcmiê  ««m- 
pmrre  d«t  mmimmmx  mnicmUt^  muxquêifêt  on  «  joint 
t'mnntomit  tUscnplipf  dm  kmnnetom^  dommée  comme 
êMHitpfedt  l'mmmtûmie  dri  eoféoptirêt,  P«ri«,  i8a8, 
«-4^»  ar«r  «•  atlH  é€  tg  planche*  grav^.  9. 


bissent  un  eng<      i    aanent  ^^^^rpm 
comme  cer         mi      aux  hibcnMots. 

Après  a  e  réf  b  sons  terre,  qw| 
quefois  à  la  profondeur  de  plnsioirs  piiA 
pour  subir  leurs  diverses  métamorpb^i 
elles  se  rapprochent  de  la  suriace  lia  m 
vers  le  mois  d'avril  et  se  montrent ,  f 
mai,  à  l'état  d'insecte  parfait.  C'est 
que  les  hannetons  se  tiennent , 
la  chaleur  du  jour,  cachés  ma  mÛîen  4k 
feuilles  qu'ils  découpent  avec  tant  Al 
et  dont  ils  se  nourrissent  ;  et  tcts  te  tti 
ils  se  lancent  dans  l'espace,  où  ils  ae  fn 
reconnaître  par  leur  vol  lourd  ethmyil 

On  a  eu  recours  à  divers  moyes»  |h| 
obvier  aux  dommages  occasionaés  pv^ 
insectes  :  on  a  employé  ka 
sulfureuses ,  la  suie,  les  cendres,  k 
semés  sur  le  sol  :  on  a  essayé  de 
lir  les  vers  blancs  à  mesure  que  te  aoi 
la  charrue  les  mettait  k  découvert, 
tous  ces  expédients,  celui  dont  on 
le  plus  k  se  louer  a  été  indiqué  par  IL . 
me  Saint-Hilaire,  inventeur  de  l'i 
blanc.  Cette  composition  chimique 
ennemie  de  tous  les  insectes  et 
ment  des  larves  du  hanneton  ;  die  sti 
me  sur  la  terre  comme  la  poaifaetl^j 
faut  de  plus  bêcher  la  terre  pour  y 
fermer  ce  spécifique  et  pour  prévenir  I 
vaporation  des  sels  auxquels  cette 
position  doit  toute  son  énergie. 

Les  oiseaux  domestiques,  qaekpMi( 
seaux  de  nuit,  d'autres  animaux,  Ids  < 
les  rats,  les  fouines,  etc.,  détruiMnl 
grande  quantité  de  hannetons.  L.  *•< 

HANNIBAL,  Tfoy.  Amnaai..         i 

HANNON ,  général  carthaginois,  q| 
fiit  chargé  par  ses  compatriotes  dt  CM 
duire  des  colonies  au-delà  des  ooloM 
d'Hercule,  d'y  fonder  des  villes,  et^ 
fit  un  voyage  de  découvertes  te  tenf  4 
c6tcs  d'Afirique.  A  son  retour,  il  en  téÊ 
gea  une  courte  rdation  sooa  te  fanj 
d'une  longue  inscription  qui  fut  àéfm 
par  lui  dans  te  tempte  de  Sainme.  M 
avons,  sous  te  titre  de  Périp^^  nat  tM 
duction  en  langue  grecque  de  cellt  tel 
cription.  Il  n'existe  aucun  mnnnnwlJ 
l'antiquité  qui  ait  tant  occnpé  tea  crM 
ques  modernes  :  on  en  a  tour  à  tonr  Mi 
testé  et  défendu  l'authenticité  ;  on  ii% 
divisé  sur  le  personnage  qui  en  est  ta 
teor,  sur  te  date  de  œ  voya^,  mr  I 


(  437  )  HAN 

tion  anglaise  I  dea  dissertations  dans  la 
même  langue  et  des  cartes, Londres,  1 797, 
in-S**.  On  trouve  aussi  une  réimpression 
d'Hudson  dans  rédition  deVienne,  1806, 
le  zèle  qne  Térudition  a'dù  1  in-S»,  t.I,p.  259-67.  On  doitàM.  Hug 
laircir  et  à  commenter  la  plus     une  édition  du  texte  avec  des  notes  dans 


RÀN 

»  lieux  qui  s'y  trouvent  men- 
par  conséquent  sur  le  plus  ou 
ndue  des  découvertes  d^Han- 
sur  leur  réalité.  On  conçoit 


station  d'un  voyage  de  décou- 

onnait  qu'un  seul  manuscrit 
THannon  :  c'est  celui  qu'a  dé- 
g ,  qui  a  existé  autrefois  dans 
quePalatine,qui  a  passé  ensuite 
la  Vatican ,  et  appartint  mo- 
«t  à  la  Bibliothèque  impériale 
ù  M.  Bast  l'a  collationné,  et 

servi  pour  indiquer  quelques 
ins  sa  lettre  critique  à  M.  Bois- 
st  d'après  ce  manuscrit  que 
le  premier  publié  ce  voyage , 
i,  l'Epitome  de  Strabon  et  Pou- 
iutarque  sur  les  fleuves  et  les 
,  Bâle,  1, 1533,  in-4<».  Ensuite 
iné  de  nouveau  :  Conrad  Ges- 
ite  de  Léon  l'Africain,  Zurich, 
.8^;  Mûller,  Strasb.,  1661, 
sert,  acad,  ;  Berkelius ,  avec 
nts  de  Stephan. ,  De  Urbib. , 
74,  in-12  ;  Hudson,  dans  les 
graphes  grecs,  t.  I*',  Oxford, 
3^,  p.  1  ;  il  se  trouve  dans  un 
^graphie  écrit  en  grec,  im- 
tnne,  1807, 1. 1,  p.  361  à  267; 
K>manes,  Antiquités  de  la  ré- 
^  Cart/iagey  part.  Il,  p.  1  à  1 2 , 
4*.  Cette  édition  contient  une 

en  langue  espagnole,  comme 
écédentes  contiennent  une  tra- 
ine.  Nous  avons  une  traduction 

avec  le  texte  grec ,  dont  nous 
is  déterminer  la  date,  mais  qui 
ide  7  d'un  recueil  que  nous 
it,  p.  66  à  78.  Conrad- Ar- 
lid  a  publié  une  traduction  al- 
▼ec  le  texte  grec ,  Brunswic  et 
Itel,  1764,  in-8^.  Bredow  en  a 
i  autre,  dans  la  même  langue , 
ins  des  éclaircissements  sur  le 
qu'il  a  publié  dans  ses  Recher- 
aelques  points  de  géographie 

On  trouve  encore  le  Périple 
en  allemand  dans  le  Répertoire 
lue  d'Hager,  part.  Vni,  Chem- 
*,  p.  640.  M.  Thomas  Falconer 
6  une  édition  avec  une  traduc- 


l'index  de  ses  leçons  à  l'université  de  Fri- 
bourg,  1808,  32  pages  in-4<>;  de  même 
à  M.  Guillaume  Manzi ,  avec  des  ramar- 
ques  inédites,  1819,  in-8o.  M.  Gail, 
1826,  in- 8®,  a  donné  une  édition  du 
texte  avec  la  traduction  latine,  accom-* 
pagnée  de  dissertations,  de  commentaires 
et  de  cartes,  dans  le  tome  I^'de  son  édition 
restée  incomplète  des  Petits  Géographes 
grecs.  Un  programme  d'école  sur  le 
Périple  d'Hannon  a  été  publié  à  Bres- 
lau,  1828,  in-40.  Enfin  M.  Fr.-GuiU. 
Kluge  a  donné  une  édition  critique  du 
texte  grec,  accompagnée  de  notes  latines, 
d'une  préface  et  d'une  notice  sur  Hannon 
et  son  voyage,  mais  sans  traduction  ni 
carte,  Leipzig,  1829,  47  pages  in-8<>. 
Dans  le  tome  I*'  de  son  Recueil  des  voya- 
ges, Ramusio  a  publié  sur  le  Périple 
d'Hannon  une  traduction  italienne  avec 
commentaire;  Bougainville  en  a  donné 
une  traduction  française  avec  commen- 
taire et  une  carte,  dans  les  t.  XXVI, 
p.  10,  et  XXVm,  p.  260,  des  Mémoires 
de  l'Académie  des  Inscriptions  ;  enfin 
M.  Gossellin  en  a  publié  une  traduction 
française ,  avec  des  cartes ,  dans  ses  Re^ 
cherches  sur  les  côtes  occidentales  d^A- 
frique ,  traduction  qui  a  été  reproduite 
par  Malte -Brun  dans  le  tome  I*'  de  sa 
Géographie.  M.  de  Chateaubriand  a  aussi 
publié  une  traduction  française  du  Péri- 
ple d'Hannon  dans  le  26*  chapitre  de  Im 
lf«  partie  de  son  Essai  historique ,  po^ 
li tique  et  moral  sur  les  révolutions  ^  p. 
201  à  204  de  l'édit.  originale,  Londra, 
1797,  in-8^ 

Les  anciens  qui  ont  parlé  d'Hannon  et 
de  ses  voyages  sont  :  parmi  les  Grecs,  Aris- 
tote ,  Athénée,  Arrien,  Aristide  et  Mar- 
cien  d'Héraclée  ;  parmi  les  Latins,  Pom- 
ponius  Mêla,  Pline,  Solin,  Martianus  Ca- 
pella.  Parmi  ceux  qui  ont  commenté 
Hannon ,  les  uns,  tels  que  Fabricius  et 
Mélot,  rapprochent  le  temps  où  il  a 
vécu  à  l'an  800  ans  avant  J.-C.  ;  les  au- 
tres ,  tels  quisaac  Yossius  et  M.  Gos- 
telllD,  le  reculent  juiqu'à  l'ao  1000  avant 


H\N  (438) 

I.-C;  les  uns,  tels  que  M.  Gossellin,  res- 
treignent le  terme  de  ses  découvertes  au 
cap  de  Nun,  et  d*autre5 ,  tels  que  Cani* 
pomanesy  le  prolongent  jusqu'à  Tile  Saint- 
Thomas,  au  fond  du  golfe  de  Guinée. 
Parmi  les  modernes,  Saumaise,  Dod- 
well  et  autres  ont  nié  Tauthenticilé  ou 
même  Texistence  d^une  relation  d'Han- 
non;  d'autres,  tels  que  Vossius,  Bougain- 
ville,  Montesquieu,  Robcrtson,  Man- 
nert,  Gossellin,  Gail,  Falconer,  Uckert, 
Kluge,  ont  cherché  à  démontrer  Tune  et 
Fautre.  Parmi  les  anciens ,  Sirabon  traite 
de  fabuleuse  la  relation  d'Hannon ,  qui 
courait  de  son  temps;  Aristide  le  sophiste 
sVo  moquait  comnœ  d'un  conte.  Al  hé* 
née  uous  a  transmis  les  railleries  qu'en 
faisait  un  poêle  comique.  Poinpontus  l^lela 
et  Pline  se  plaignaient  des  fables  ridicules 
que,  selon  eux,  contient  la  relation  des 
voyages  du  navigateur  carthaginois.  Nous 
pensons  que  le  Périple  d^ilannon,  tel  que 
nous  le  possédons,  est  non-seulement 
vrai  et  authentique,  mais  que  c'est  une 
traduction  faite  à  Carthage  de  l'inscrip- 
tion déposée  dans  le  temple  de  Saturne, 
et  peut-être  même  une  copie  de  l'in- 
scription elle-même  qui  aurait  été  faite 
eo  deux  langues.  Nous  plaçons  à  l'an  509 
avant  J.»C.  le  voyage  d'Uannon,  au  mo- 
ment de  la  plus  grande  puissance  de  Car- 
thage. Depuis,  cette  puissance  a  décliné, 
les  colons  qu'elle  avait  envoyés  ont  péri, 
Aucun  navigateur  ne  se  hasarda  dans  les 
parages  qu'l  Un  non  avait  parcourus.  Les 
Grecs  et  les  Romains,  peu  entreprenants 
en  ce  genre,  et  qui  jamais  n'osèrent  dé- 
passer le  cap  de  Nun ,  ne  crurent  pas  à 
la  navigation  d'Hannon ,  et  s'en  moquè- 
rent comme  on  s'est  moqué  de  la  relation 
de  Marco-Polo  avant  que  les  progrès  des 
découvertes  vinssent  en  confirmer  les  dé- 
tails. De  même  les  premiers  modernes  | 
tels  que  Ramusio,  qui  publièrent  les  re- 
lations des  découvertes  des  Portugais  sur 
la  côte  d*Afrique ,  furent  frappés  de  leur 
analogie  avec  la  relation  d'Ilannon,  et 
lui  accordèrent  une  attention  que  l'in- 
crédulité de  Mêla  et  de  Pline  lui  avait  re- 
fusée. Il  est,  en  effet,  imposable,  suivant 
nous,  de  ne  pas  reconnaître  dans  la  re- 
lation d*Hannon  des  détails  qui  prouvent 
évidemment  qu'il  avait  pénétré  jusque  sur 
\m  côtes  de  la  SénéfuitHH  (  voy*  CUt- 


H  AN 

THACE,  T.  V,  p.  20) ,  que  les  G 
les  Romains  ne  connurent  jama 
qui  ont  été  découvertes  de  nouveau 
une  longue  suite  de  siècles,  par  les 
péens.  Nous  ne  croyons  pas  qu'lj 
ait  dépassé  cette  région.  Mais  les  | 
de  toutes  nos  assertions  exigeraie 
di>cussion  sur  Thistoire  de  Gard 
sur  la  géographie  de  ces  temps  r 
qui  nous  est  interdite  |)ar  la  nature 
ouvrage. 

HANOVRE  (eoyavmi  de). 

les  pos>essions  de  la  maison  de  Bn 
Luncbourg,  qui  occupe  au>ai  U 
d'Angleterre,  ont  éic  réunies,  en 
sous  le  nom  de  royaume  de  H< 
Elles  se  composent  du  durhé  de 
avec  le  pays  d'Hadeln,  de  la  prin 
de  Luncbourg,  d*une  portion  du  di 
Lauenbourg ,  du  duché  de  Vcrck 
principautés  de  Kalcnberg  et  de  I 
hcim,  des  comtés  de  Uoya  et  de  D« 
possessions  qui  forment  un  tout  o 
auquel  se  rattachent,  au  sud-est  de 
hoû,  par  une  langue  de  terre  I 
peine  de  deux  milles,  laprincipaul 
nabrûrk,  la  partie  basse  du  cumté< 
gen,  le  comté  de  Deniheim  vor.  , 
clcs  de  Meppen  et  d'EiDsbûhrco, 
partenaient  jadis  à  TévêcUé  de  M 
et,  au  nord,  la  principauté  de  L 
orientale  (voy,  ),  avec  le  pays  d* 
ling.  De  cette  agglomération  de  pt 
séparés,  par  une  bande  étroite  du 
de  Brun^wic,  au  sud  de  liilde»heii 
Ralcnberg,  les  principautés  de  G 
hagen  et  de  Gœttingue,  avec  qi 
districts  détachés  d*Kichsfeld  el 
iicssc,  et,  à  Test,  le  bailliage  d'J 
qui  appartient  au  comté  de  liohi 
I.  Géof^ntphie  et  stntUtufHC, 
composé,  le  Hanovre  t  une  super 
695  milles  carrés  géographiques, 
borné  au  nord  par  la  mer  du  Sord 
Danemark,  le  territoire  de  Uaab 
le  Mecklembourg ;  à  l'est,  par  U 
et  le  Brunsuic  ;  au  sud,  par  U  U 
Prusse  et  les  principautés  de  Lip| 
Waldeck.  Les  provinces  situées  < 
Weser  et  TEms  touchent ,  au  su 
Prusse,  à  l'ouest,  à  la  UolUnde.  C 
hagen  et  Gœllingue  ont  uo  le 
montagneux.  Le  Harx  (vo/.;»  qui  I 
U  pr«oiitrt  d«  cm  priacipAiôéi, 


ipe  la  seconde,  sont  joints 
ine  quantité  de  chaînons 
fui  rendent  très  inégal  le 
rim  et  celui  de  Kalenberg. 
Ideslieim,  Hanovre  et  Os- 
rà  la  mer,  ce  n^est  plus 
nterrompue  çà  et  là  par 
les.  Les  montagnes  sont 
n  et  couvertes  de  forêts  ; 
les  séparent  sont  fertiles , 
endant  que  les  revers  des 
coté  où  elles  s^inclinent 
uant  à  la  large  bande  de 
1 5  milles  qui  s'étend  de 

travers  tout  le  pays ,  elle 
eu  ne  trace  de  culture  et 
;ue  de  bruyères,  au-dessus 

aperçoit  de  temps  eo 
s  bouquets  de  pins.  Cest 
tie  un  plateau  qui  ne  de- 
!ux  qu'au  nord.  Dans  les 
mt  de  grands  marais  ;  mais 
inent  des  ruisseaux  ou  des 
d'excellentes  prairies  aux- 
le  le  nom  de  Marschlœn^ 
taupes  d'eaux).  Les  prin- 
du  Hanovre  sont  l'Elbe , 
,rAIUr,rEmsetlaLeine; 

,  nous  citerons  le  Dollart 
li  les  lacs  celui  dit  mer  de 
issonneux  lac  de  Dûme  et 
Il  de  Jordan, dans  la  Frise 
Il  la  surface  est  couverte 
épaisse  qu'on  peut  la  tra- 
rc. 

on  du  royaume  était,  eo 
3,167  habitants.  Comme, 

ne  s'élevait  encore  qu'à 
ûtants,  elle  s'est  donc  ac- 
61  dans  une  période  de 
k-dire  d'environ  1  \  pour 
nmune.  Cet  accroissement 
l'excédant  des  naissances 
ncédant  qui  a  été,  terme 
I  20,000  dans  ces  derniè- 

nombre  des  mariages  n'a 
cependant  dans  la  même 

est  resté  à  peu  près  le 
»ort  des  naissances  illégiti- 
nces  légitimes  a  été  de  1  à 
et  en  particulier  de  1  à  8 
itagnards  du  Klaustbal  et 
memeots  de  Hanovre  et 
;  4»  1  à  9  daos  \it  Lune* 


(  439  )  H  AN 

bourg;  de  1  à  16  à  Stade;  de  1  à  21  à 
Aurich,  et  de  1  à  28  seulement  dans  le 
pays  d'Osnabrûck. 

Le  Hanovre  étant  un  pays  plutôt  agri- 
cole que  manufacturier,  on  n'y  trouve 
pas  de  grands  centres  de  population.  La 
seule  ville  de  Hanovre  (vo^*  ^9X\,  suiw)  a, 
depuis  1818,  une  population  de  20,000 
habitants.  Six  autres  villes  en  ont  de 
15,000  à  10,000;  sept  de  10,000  à 
5,000,  et  56  moins  de  5,000.  Le  nom- 
bre des  bourgs  est  de  108^  celui  des  vil- 
lages de  4,975. 

Les  1,663,167  habitants  du  Hanovre 
se  divisent,  d'après  la  religion  qu'ils  pro- 
fessent, en  1,342,850  luthériens,  réunis 
dans  924  paroisses,  sous  10  surintendants 
généraux;  105,000  réformés,  avec  114 
paroisses;  2 10,000  catholiques  sous  l'é- 
vêque  de Hildesbeim,  avec  148  paroisses; 
1 ,850  mennonites  et  hermhules  ou  frères 
Moraves,  en  4  communautés,  et  12,300 
juifs. 

Ainsi  que  nous  Tavons  dit,  la  princi- 
pale ressource  des  habitants  est  l'agricul- 
ture, que  favorisent  la  facilité  des  expor- 
tations dans  les  bonnes  années,  le  com- 
merce de  transit  et  la  consommation  des 
grandes  villes  maritimes  voisines.  Les 
provinces  les  plus  fertiles  en  grains  sont 
Hildesheim ,  Gœttingue,  la  partie  méri- 
dionale de  la  principauté  de  Kalenberg, 
le  bas  pays  de  celle  de  Grubenhagen,  les 
Marschlœnder  des  bords  de  l'Elbe,  de 
l'Ieetze,  de  l'Oste,  du  Weser,  de  l'Aller 
et  de  la  Leinei  une  partie  du  pays  d'Os- 
nabrûck et  la  Frise  orientale.  Dans  les 
Marxchlœnder^  Péducation  des  bestiaux 
est  plus  importante  encore  que  l'agricul- 
ture. Certaines  contrées  produisent  de 
fort  bons  chevaux,  et  nulle  part  on  n*é- 
lève  plus  d'abeilles  que  dans  les  bruyères 
de  Lunebourg,  de  Brème  et  de  Verdeo. 
On  ne  manque  ni  de  bois  de  construc- 
tion ni  de  bois  de  chauffage;  les  magni- 
fiques forêts  du  Harz,  du  Solling,  du 
Deister,  etc.,  et  même  de  quelques  par- 
ties de  la  plaine,  en  fournissent  en  aboo- 
dance.  Le  Hanovre  est  pauvre  en  char- 
bon de  terre,  mais  l'abondance  de  la 
tourbe  forme  compensation.  Il  y  a  aussi 
un  grand  nombre  de  sources  salées.  L« 
Harz  renferme  toutes  les  espèces  de  m^ 
Uttx;  si  IVpIqiUUoq  4cf  mé|w^  ^ 


UAN 


(440) 


HAPr 


cieux  ne  donne  que  peu  ou  point  de  pro- 
fit, elle  offre  au  moins  des  moyens  d^exîs- 
tence  à  un  grand  nombre  d'ouvriers.  On 
estime  à  15  ou  20,000  le  nombre  de  ceux 
qui  travaillent  dans  les  mines.  Beaucoup 
d'ouvriers  émigrent  chaque  été,  et  vont 
chercher  du  travail  dans  les  Pays  -  Bas. 
Les  productions  naturelles  du  pays  sont 
mises  en  œuvre  par  les  habitants  mêmes, 
qui  exportent  ane  quantité  assez  consi- 
dérable de  fil  et  de  toile,  quoiqu'il  n'y  ait, 
dans  tout  le  royaume,  que  très  peu  de  fa- 
briques proprement  dites.  En  1834,  par 
exemple,  plus  de  1 1 1 ,0 19  pièces  de  toile 
ont  été  envoyées  à  l'étranger,  sans  parler 
de  celles  qui  se  sont  vendues  dans  le  Ha- 
novre même  ou  dans  les  pays  limitro- 
phes. En  1831,  le  commerce  occupait 
7,987  négociants,  8,339  marchands  de 
bestiaux,  401  marchands  de  bois,  78  mar- 
chandsdetoile,et45  marchands  degrains. 

La  ville  la  plus  commerçante  est  Em- 
den  (voj^.);  il  entre  annuellement  dans  son 
pcrt  850  à  400  navires  hollandais,  da- 
nob,  oldenbourgeois  et  surtout  hano- 
Triens.  En  général,  les  Hanovriens  ne 
font  guère  que  le  commerce  de  transit  et 
d'expédition.  Les  provinces  septentriona- 
les manquent  encore  de  bonnes  routes. 

Nous  parlerons  de  la  constitution  du 
royaume  à  U  suite  de  l'aperçu  historique 
auquel  nous  arriverons  tout  à  l'heure. 
Quant  à  ses  finances,  le  budget  de  1837 
m  fixé  les  dépenses  de  l'eut  à  6,102,600 
thalers,  dont  1,296,400  pour  les  inté- 
rêts, à  S  ^  pour  œnt,  de  la  dette  pu- 
blique, forte  de  19,475,669  thalers,  et 
la  dotation  de  la  caisse  d'amortissement 
établie  en  1825.  Le  budget  particulier 
du  ministère  de  la  guerre  se  monte  à 
1,939,400  thalers;  celui  de  l'intérieur, 
auquel  sont  réunis lescullesetl'instruction 
publique,  à  961,139  thalers;  celui  de  la 
justice,  à  213,000  thalers.  Le  reste  du 
budget  est  absorbé  par  les  frais  d'adminis- 
tration. Les  revenus  de  l'état  se  compo- 
saient, en  1837,  de  2,303,420  thalers 
de  contributions  directes  et  de  1 ,697,48 1 
d'impôts  indirects;  puis,  des  droits  de  na- 
vigation, 477,000  thaler^  des  minci  et  sa- 
lines, 253,000;  despoates,  142,000;  d'im- 
pàtsdivers,S85,000:  total  6,257,900  tha- 
lers. Les  domaines  donnent  un  million  de 
tkêhn,  toaiM  qui  doit  étrt  afieetée  aux 


dépenses  publiques,  mais  sans  que  soi 
ploi  tombe  sous  le  contrôle  des  chaa 
Le  royaume  entretient  une  année  pc 
ncnte  de  20,501  hommes  dlofai 
et  de  2,719  chevaux,  sans  coropCei 
landwchr  de  18,000  hommes.Toall 
me  valide,  de  17  à  50  ans,  eat  i 
pour  former  au  besoin  le  landalum 
puis  1830,  un  collège  supérieur  da 
les  dirige  l'instruction  publique.  Li 
novre  a  une  université ,  celle  de 
tingue  (voy.)^  une  école  militaire  i 
nebourg ,  une  école  d'état-major  ti 
en  1824,  un  pcdagogium  k  IleCd 
gymnases,  20  écoles  moyennes,  5 
naires,  un  institut  des  sourds-mucli 
école  de  chirurgie ,  2  écoles  vétéria 
6  écoles  d'accouchement,  et  3,42€ 
les  de  villes  ou  de  villages ,  dont  l 
évangéliques  et  34 1  catholiques.  La 
sons  de  travail ,  de  détention  et  da 
rection  sont  au  nombre  de  13.  Li 
novre  occupe  la  cinquième  place  di 
diète  germanique  ;  il  a  un  coatio^e 
13,054  hommes  qui,  avec  les  e« 
gents  du  Brunswic,  du  Hobtem 
Mecklembourg ,  d'Oldenbourg ,  de 
pe,  de  Waldeck  et  des  villes  an 
ques,  forme  le  dixième  corps  d'am 
F'oir  Sonne,  Description  dm  rojn 
de  Hanovre  y  Munich,  1829-34, 4 
in-8<*;  Ubbelohde,  Sur  les  finoMCi 
royaume  de  Hanovre  ri  leur  orgm 
tion ,  Hambourg,  1 834  ;  Marcard,  J 
prospérité  nationale  y  le  commen 
l'industrie  du  Hanopre^  Hanovre,  t 
U.  Histoire.  Depuis  le  x*  siccle, 
tre  familles  souveraines,  celles  de  Bi 
wic ,  de  Nordheim ,  des  Billnnfi  • 
Sûplingbonrg  régnaient  sur  ce  qal 
stitua  dans  la  suite  les  anciens  étati  I 
ditaires  du  Hanovre ,  lorsqu'à  la  f 
XI*  siccle  rhéritière  de  la  maison  da 
lungs  épousa  Henri -le- Noir,  de  la 
santé  famille  bavaroise  desGuelfes  (i 
Henri-le-Superbe,  qui  naquit  de  o 
riage,  éponsa,  au  commencement  di 
siècle,  rhéritière  des  maisons  de  Bma 
de  Nordheim  et  de  Sûplingboufg,  c 
fils,  Henri-le-Lion  {voy* \  te  trouva 
le  prince  le  plus  puissant  de  soa  ti 
Mais  la  grandeur  de  sa  famille  ne  lui 
vécut  pas.  Son  petit- fils,Otlioa-rEi 
se  vit  dépouiller  de  set  éUU ,  à  rti 


HAN 


(441) 


HAN 


m  àt  IjMdwurg ,  de  Kalenberg,  de 
,  de  Grabeohagen  et  de  Gœt- 
doDt  il  oblÎDi  riDYestiture  sous 
de  dncfaé  de  Branswic.  Des  par- 
i6  aflkiblireot  encore  cette 
ducale  josqa'an  x^ii*  siècle ,  où 
hétahli  enfin  le  droit  de  primo^iture. 
branches  de  U  famille  de  Bruns- 
octant  éteintes  précisément  vers  la 
époque  y  leurs  possessions  échu- 
■tt  en  partie  aux  descendants  de  Henri, 
M"  de  la  ligne  de  Brunswic- Wolfen- 
bariy  sort  en  1598,  et  en  partie  à  ceux 
I  fîuilmmf  ^  fondateur  de  la  ligne  de 
iMavie-Lnnebonrgy  mort  en  1592 
li^.  lairsiswic,  T.  IV,  p.  289).  Ce  der- 
farai^Bfait  régné  d*abord  que  sur  la  par- 
tBéndiooale  du  Lnnebourg,  la  princi- 
■léde  Otle  (vo)^.);  mais,  en  1572,  il 
■Il  bérité  de  la  majeure  partie  du  comté 
I  Hoya,  et,  en  1 588,  du  comté  de  Diep- 
ik.   Ses  fils  acquirent  successivement 

1817  ,  ELalcnberg  et 
1 634,  la  partie  nord-ouest 
ili  priocipaaté  de  Lnnebourg,  les  bail- 
la de  Harbonrg  et  de  Moisbourg  en 
M8.  Soo  petit-fib  réunit  à  ses  états  le 
mat  da  la  principauté  de  Lunebourg 
1 1C70,  et  le  duché  de  Lauenbourg  en 
L'héritage  de  ce  prioce  fut  divisé 
;  aiais  tous  ks  pays  dont  nous 
parlé  jusqu'ici  se  trouvèrent  fina- 
réimis,  en  1705,  à  la  suite  du 
oODdn,  en  1898,  entre  George, 
h  éa  due  Emcst- Auguste  de  ELalenberg- 
IsHingae,  et  Sophie-Dorothée,  fille  du 
kt  Gcovfe-Guillaume  de  Lunebourg- 
,  la  même  qui  mourut  pri- 
daoi le  château d'Ahlen,enl726. 
:*AagiiMe  avait  obtenu ,  en  1 692 , 
■ifaitf  fil  II  tui  lie,  avec  le  titre  d'électeur 
blhaBiaic-Lnnebonrg.  Son  fils,  Geor- 
||,CB  M  qualité  d'arrière -petit- fils  de 
t^y  succéda  à  la  reine  Anne  au 
d'Aaf^letem,  sous  le  nom  de  Geor- 
Itl*  (vfff.J,  et  depub  ce  moment  jus- 
|éW  tSS7,  le  Hanovre  a  eu  pour  sou- 
Min  les  rois  de  la  Grande-Bretagne, 
■i  leiqiieb  fl  a  continué  de  s'agrandir. 
k  1715,  il  acquit  Brème  et  Verden; 
a  fM2,  Oloabrûck;  en  1814  et  1815, 
el  la  Frise  orientale,  la  ville 
de  Goslar,  une  partie  du  pays 
Tirhiiiri,  kt  districts  de  Meppen  et 


d'Emsbûhren,  la  partie  basse  du  comté 
de  Lingen  et  le  comté  de  Bentheim,  qui 
lui  était  hypothéqué  depuis  1753.  D'un 
autre  côté,  on  en  détacha  la  partie  du 
duché  de  Lauenbourg  située  sur  la  rive 
droite  de  l'Elbe,  qui  fut  donnée  au  Da- 
nemark ,  ainsi  que  le  bailliage  de  Neu- 
haus,  entouré  de  toutes  parts  du  Mecklem- 
bourg  et  du  Lauenbourg;  de  plus,  le 
bailliage  de  Klœtze  et  quelques  autres 
communes  qui  furent  cédés  à  la  Prusse, 
et  une  partie  du  comté  de  Hoya ,  qu'on 
réunit  à  Oldenbourg.  En  même  temps 
le  Hanovre  fut  érigé  en  royaume.  En 
commémoration  de  cet  événement,  le  roi 
George  IV  fonda ,  le  1 2  août  1815,  l'or- 
dre des  Guelfes  (vojr»  )*,  pour  le  mérite 
civil  et  militaire. 

Voilà  ce  qui  concerne  la  famille  ré- 
gnante. Occupons-nous  maintenant  du 
peuple  hanovrien  et  de  son  histoire  gé- 
nérale. 

Les  pays  qui  forment  le  royaume  de 
Hanovre  actuel  étaient  habités  par  des 
peuplades  saxonnes,  lorsque  Chiûrlema- 
gne  y  répandit  les  principes  du  christia- 
nisme et  les  premières  semences  de  la  ci- 
vilisation. A  mesure  que  la  puissance  im- 
périale s'affaiblit,  on  y  vit,  comme  par- 
tout ailleurs,  les  seigneurs  séculiers  ou 
ecclésiastiques  élever  leur  pouvoir  sur  les 
ruines  de  la  liberté  des  communes.  Ce- 
pendant l'industrie  prit  du  développe- 
ment dans  les  villes  ;  les  mines  du  Harz  et 
les  salines  de  Lunebourg  furent  décou- 
vertes ,  et  le  commerce  de  Bardowiek  et 
de  Gandersheim  surtout  atteignit  un  haut 
degré  de  prospérité.  Henri- le-Lion  fa- 
vorisa cette  activité  commerciale,  tout  en 
traitant  durement  les  rilles  rebelles  à  ses 
volontés,  et  notamment  Bardowiek,  qu'il 
fit  raser  en  1189.  H  fit  aussi  venir  des 
Pa^-s-Bas  des  colons  pour  cultiver  les  fer- 
tiles tourbières  du  Weser.  Les  querelles 
qui  éclatèrent  à  sa  mort,  et  qui  durèrent 
près  d'un  siècle ,  étaient  bien  propres  à 
faire  doublement  sentir  aux  habitants  les 
avantages  de  l'association  et  la  sécurité 
que  présentaient  les  lieux  fortifiés  :  aussi 
de  tous  cotés  rit- on  se  former  des  com- 

(*)  A  ce  q«i  a  été  dil  dans  rarticle  aoqoel  nom 
rcBvoyooa  noos  ajouterons  la  citatioa  tBÎTaBtB 
de  roBTram  alleniaod  de  Horo  :  Comstitutiom  H 
kittoirt étr^rdrt  des  Gm^et^  Lei^isig^  i8%V 


HAN 


(442) 


HAN 


panes  et  s^élever  des  bourgs  dont  plu- 
sieurs devinrent  promplement  des  villes 
considérables.  La  ligue  anséatique  {voy.), 
qui  s^étail  établie  dans  le  voisinage,  trouva 
chez  elles  un  accueil  favorable.  Des  85 
villes  qui  étaient  entrées  dans  celte  ligue, 
13  appartenaient  à  la  partie  de  la  Basse- 
Saxe  qui  forme  le  Hanovre  actuel.La  puis- 
sance et  les  richesses  que  ces  dernières 
acquirent  par  la  suite  eurent  une  grande 
influence  sur  les  rapports  politiques.  Jus- 
que -  là  les  diètes  avaient  été  composées 
exclusivement  de  nobles  ecclésiastiques  ou 
laïcs  :  alors  les  souverains  se  virent  forcés 
d*y  admettre  les  députés  des  villes,  et,  dès 
la  fin  du  xiv^  siècle,  les  députés  des  trois 
grandes  villes  avaient  autant  d'autorité 
dans  la  diète  que  tuu^  les  nobles  réunis. 
Mais  la  /innsc  déchut  à  la  suite  de  la  dé- 
couverte de  TAmérique  et  de  la  nouvelle 
route  des  Indes  ;  le  commerce  du  monde 
prit  une  nouvelle  direction ,  et  les  sei- 
gneurs employèrent  tous  les  moyens  ima* 
ginables  pour  Pailirer  dans  les  villes  qui 
leur  étaieutsouDiises,  aux  dépens  des  villes 
libres. 

La  reformation  fut  généralement  bien 
accueillie  dans  les  villes  et  les  campagnes 
de  la  Basse -Saxe;  mais  elle  rencontra 
beaucoup  d'adversaires  parmi  les  magis- 
trats, les  nobles  et  les  princes.  De  là  na- 
quirent des  troubles  qui  amenèrent  à  la 
un  une  cuerre  ouverte.  Cependant  les  ef- 
forts d'hric-le-Confesseur,  duc  de  Lu- 
nebourg,  et  surtout  de  Jules-Charles  de 
BrunswicRalenberg,  fondateur  de  Tu- 
niversilé  dllelmstedt,  finirent  par  faire 
triompher  la  réforme.  Les  nouveaux  rap- 
])orU  qui  s'étaient  établis  peu  à  |>eu  en- 
tre les  princes  souverains,  les  États  et 
le  peuple,  se  consolidèrent  pendant  la 
guerre  de  Trente- Ans,  dont  aucun  pays 
n'eut  plus  à  souflVir  que  le  Hanovre. 

Ce|)endanl  avec  le  xviu*  siècle  corn- 
meuf^a,  pour  le  pays  de  Bru n&wic-Lu ne- 
bourg  ,  une  ère  de  prospérité  encore  in- 
connue. On  ne  >avail  ce  que  c'était  que  ta 
dette  domaniale  ou  dette  privée  du  prince; 
b  plus  grande  partie  des  revenus  dei  ri- 
ches domaines  administrés  par  la  cham- 
bre était  consacrée  à  l'entretien  de  la 
force  armée  ou  de  diverses  institutions 
publiques.  Les  impôts  ne  se  levaient  que 
4q  comeolemeal  des  États,  L*él«cUttr 


consultait  les  États  proviodaax  tu: 
tes  les  affaires  importantes.  Ed  . 
tant  la  réforme,  on  avait  appliqué  I 
grande  partie  des  biens  sécularisés 
mélioration  des  écoles,  et  on  conl 
à  faire  beaucoup  pour  FinstmctHM 
blique;  les  méthodes  d*enscigneiiiei 
rent  perfectionnées;  de  nouvelles 
s'élevèrent,  comme  le  peda^ogtuM 
lefeld  et  l'école  militaire  de  Lunel 
L'université  de  Gœttingue  t*ouvi 
1737,  et  elle  se  plaça  bientôt  à  la  I 
toutes  les  universités  de  l'Allemagne 
ce  qui  eut  une  plus  heureuse  inOuen 
core,  ce  fut  l'amélioration  de<i  école 
maires;  amélioration  à  laquelle  cont 
puissamment  l'établissement  d'une 
normale,  dite  sétftinmrr,  pour  les 
tuteurs ,  laquelle  fut  fondée  à  Han 
en  1750,  par  un  simple  particulier, 
prise  ensuite  sous  la  protection  da 
vernement.  Gœttingue  enfin  vit  aus 
lever  dans  ses  murs,  par  les  soins  deS 
et  de  Wagemann,  la  première  école 
dustn'e  qui  fut  établie  en  Allemagn 
guerre  de  Sept-Ans  devint  une  sooi 
calamités  |K>ur  le  Hanovre ,  mab 
tarda  pas  à  se  relever  après  la  cond 
de  la  paix  dont  l'Allemagne  du  norv 
pendant  trente  ans.  Il  profila  de  Tac 
sèment  prodigieux  du  commerce  de  I 
bourg,  de  Brème  et  d'Allona,  aveci 
rieur  de  TAllcmagne,  commerce  qi 
1792  à  1803,  atteignit  un  degré  de 
périté  inouï  par  la  destruction  du 
merce  de  la  France,  de  la  Hollande 
provinces  rhénanes  ;  et  le  défncbi 
de  plusieurs  contrées  incultes  du  pi 
Lunebourg  et  de  celui  de  Brème»  o 
commença,  en  1760,  à  dessécher  le 
felsmoor,  contribuèrent  à  entrete 
bien-être.  Depuis  le  printemps  de  1 
l'électorat  prit,  il  est  vrai,  une  part 
à  la  guerre  contre  la  France;  maiso 
l'Angleterre  soudoyait  ses  troupes,  il 
point  à  porter  un  bien  lourd  fardeai 
pendant  les  Hanovriens  virent  a^ec 
sir  leur  gouvernement  accéder  a« 
de  neutralité  armée  conclu  par  la  1 
avec  la  France,  le  17  mars  1795.  T 
nord  de  l'Allemagne  gagna  considci 
ment  au  commerce  actif  qui  se  fit  • 
protection  de  la  ligue  de  neutralité, 
qu'an  priolampa  d>^IS01dctco«i«l 


I 


«'dlerèreot  entre  TAngleterre  el  les  puis- 
mce»  tlu  Nord,  la  Prasse  ne  voulut  point 
ncoonailre  U  neutraliié  du  Hanovre  et 
focnipa  militairement  comme  elle  aurait 
bit  d*ua  pays  ennemi.  Ce|)cndant  la  mort 
et  l'empereur  de  Russie,  Paul  I",  et  les 
inliuiinaires  de  la  paix  entre  la  France 
«TAn^leierre  (23  mars  et  1"  octobre 
1101  j  changèrent  la  situation  des  choses: 
blroupes  prussiennes  quittèrent  le  Ha- 
iMre;  mais  les  réclamations  élevées  par 
kpMiTemenient  de  Berlin  au  sujet  des 
iib  «Toccufiatîon  ne  furent  réglées  que 
hlZ  mars  1830,  par  une  convention  en 
tRo  de  laquelle  le  Hanovre  paya  à  la 
^BBW  275,000  thalers. 

La  nouvelle  rupture  entre  PAngleterre 
ig  h  France  fournît  bientôt  à  Bonaparte 
f(Deeuîon  ém  mettre  à  exécution  ses  plans 
^r  k  Hanovre.Uoe  armée  françabe  s*ap- 
de  ce  pa)'ssous  le  commandement 
'•  Trop  faible  pour  résister,  on 
(kla  convention  de  Sublingen,  qui 
,1c  âjaillet,le  traité  d'Artlenbourg- 
TEIbe.  Par  ce  traité,  le  Hanovre  de- 
^ttK  Uoencicr  aon  armée;  livrer  les  forte- 
les  armes,  le  matériel  de  guen*e  et 
raux;  entretenir  à  ses  frais  Tarmée 
ipalîoo;  payer  comme  contribution 
une  somme  dont  le  montant 
■*élaic  pas  stipulé,  etc.  Lue  lueur  d*es- 
pair  se  montra  pour  le  Hanovre  lorsqu^en 
IMS  TAutriche ,  la  Russie  ,  la  Suède  et 
FAngleierre  conclurent  une  alliance  dans 
hunrlle  on  espérait  faire  entrer  la  Prusse; 
Bais  an  lieu  de  se  joindre  à  la  coaliiion, 
cttie  dernière  déclara,  le  l''''a\ril  1806, 
fi*ellc  \enait  d^écliangcr  CIcvcs,  Anspach 
cl  Ncufchàlel  contre  le  Hanovre,  clésor- 
■ab  réuni  à  la  monarchie  prussienne.  A 
jaBaU,disait*on;  mais  dès  Tannée  suivante 
lafBerref|ue  la  Prusse  soutint  à  son  tour, 
tnp  lard  pour  son  salut,  contre  Napoléon, 
fil  retomber  ce  pays  entre  les  mains  des 
Fna^is.  Alors  Tempereur  le  divisa  en 
ém\  parties,  dont  Tune  fut  donnée  au 
Bouvean  royaume  de  Wesiphalie  et  Tau- 
lic  forma  une  province  administrée  par 
la  gouverneur  général.  De  1 803  à  1 808, 
Toccupation  ennemie    grossit   la    dette 
^  â  millions  de  thalers.  On  n'en  con- 
tacta plus  de  nouvelle,  mais  le  pays  fut 
pins  opprimé  que  jamais.  Au  commence* 
it  de  1810,  tout  l'anciea  électoral,  à 


(  443  )  HAN 

Texception  du  pays  de  Lauenboarg ,  fut 
réuni  au  royaume  de  AVcstphalie;  cepen- 
dant, vers  la  fin  de  Tannée,  Napoléon  Ten 
détacha  de  nouveau.  Il  tira  une  ligne  de- 
puis TEIbe,  vis-à-vis  de  Lauenbourg,  à 
travers  toute  laWestphalic,  dans  la  direc- 
tion du  sud-ouest.  Tout  ce  qui  était  au 
nord  de  cette  ligne ,  joint  aux  villes  an- 
séatiques  et  au  pays  d'Oldenbourg,  fut  in- 
corporé à  Tcmpire  fran^*ais  sous  le  nom  de 
département  ^//?5eVi//7r/^  (v.  Hambourg). 
Le  mécontentement  augmenta  des  lors 
de  jour  en  jour,  et  lorsqu*au  prin- 
temps de  1813  les  Russes  parurent  dans 
le  nord  de  TAIIemagne,  tout  le  Hano- 
vre appelait  le  moment  de  sa  délivrance. 
Les  provinces  septentrionales  prirent  mê- 
me les  armes  sur-le-champ;  mais  les 
Français  revinrent  avec  de  nouvelles  for* 
res,  et,  malgré  leur  défaite  à  Lunebourg, 
le  2  avril  1813,  ils  rétablirent  leur  auto- 
rité sur  tout  le  pays ,  jusqu^à  ce  que  le 
combat  livré  sur  la  Gœrdo,  le  16  septem- 
bre, affranchit  le  nord  du  Hanovre,  el  que 
la  marche  deTchernichef  sur  Cassel,  join- 
te à  la  défaite  de  Napoléon  à  Leipzig, 
amena  Tévaciialion  des  provinces  méri- 
dionales. Le  4  novembre  1 8 1 3,  le  minis- 
tcrc  hanovrien  reprit  les  rênes  du  gou- 
vernement. Les  institutions  françaises  fu- 
rent remplacées  par  les  institutions  sur- 
années d'autrefois,  et,  Tannée  suivante, 
toutes  les  possessions  de  la  maison  de 
firunswic-Luncbuurg  furent  réunies  eu 


un  royaume  dont  le  duc  de  Cambridge 
(vny,)  fut  nommé  gouverneur  général,  le 
24  octobre  1816. 

LVIeclorat  de  Hanovre  n^avait  jamais 
eu  d'États-Géncraux  ;  quelipics  provinces 
seulement  avaient  leurs  États  provinciaux, 
composés  ordinairement  de  trois  ordres  : 
les  prélats,  les  député<t  de  la  noblesse  et 
les  députés  des  villes.  Dans  les  duchés  de 
Brème  et  de  Verden ,  ainsi  que  dans  les 
comtés  de  Hoya  et  de  Diepholz,  il  n'y 
avait  plus  d'ordre  du  clergé;  dans  les 
autres  provinces,  les  privilèges  de  cet 
ordre  étaient  exercés  eu  partie  par  des 
nobles.  Les  principautés  de  Kalcnberg, 
de  Grubcnhagen ,  de  Lunebourg,  les  du- 
chés de  Brème  et  de  Verden,  et  le  comté 
de  Diepholz,  comfitaicnt  4o9  terres  no* 
biliaires  donnant  droit  d'assister  à  la  dic- 
te, tandis  qu*il  n*y  avait  en  tout  que  94 


HAIf 


(444) 


HAfr 


Tilles  qui  y  envoyassent  des  députés.  Le 
seul  pays  d'Hadeln  n'avait  ni  prélats, 
ni  noblesse;  d'après  sa  constitution,  les 
droits  politiques  y  étaient  exercés  par  la 
ville  d*Ottemdorf,  par  les  sept  paroisses 
du  haut-pays  et  par  les  cinq  du  bas-pays. 
La  Frise  orientale,  la  principauté  d'Os- 
nabrûck  et  celle  de  Hildesheîm  avaient 
également  leurs  constitutions  particuliè- 
res. Dans  l'ancienne  province  de  Hano- 
vre ,  les  organes  les  plus  importants  des 
vœux  du  pays  étaient  les  Chambres  du 
Trésor,  qui  étaient  composées  en  majeure 
partie  de  nobles  auxquels  on  adjoignait 
un  ou  deux  conseillers  versés  dans  la 
jurisprudence.  Chaque  principauté,  cha- 
que duché,  chaque  comté,  avait  d'ailleurs 
son  système  d'imp6ts,  ses  dettes  parti- 
culières ,  etc. ,  et  toutes  ces  difTérenoes 
opposaient  des  obstacles  presque  insur- 
montables au  gouvernement  central.  A 
la  Restauration,  chaque  pays  reprit  sa 
oonstitution  provinciale;  cependant  une 
diète  générale ,  à  laquelle  furent  convo- 
qués les  députés  des  États  provinciaux , 
Ait  ouverte  à  Hanovre  le  5  décembre 
1814.  Mab,  incapable  de  s'élever  à  la 
hauteur  d'une  assemblée  nationale,  et 
agissant  sans  plan  déterminé,  sans  règle 
fixe,  cette  diète  s'occupa  uniquement  des 
impôts  et  de  la  dette.  ^Néanmoins  le  gou- 
vernement lui  soumit  le  projet  d'une  nou- 
velle constitution  qui,  après  le  rétablis- 
sement des  anciens  États  provinciaux  en 
1818,  fut  définitivement  sanctionnée  par 
le  prince-régent  le  7  décembre  1819. 
(Elle  se  trouve  dans  l'ouvrage  allemand  j 
de  Pœlitz,  Constitutions  européennes , 
!•  éd.,  vol.  I",  p.  268  et  suiv.) 

On  nous  saura  gré  peut-être  d'entrer 
dans  quelques  détaib  au  sujet  de  cette 
constitution,  légalement  abolie  en  1833 
et  remise  en  vigueur  par  la  seule  volonté 
du  roi  actuel. 

La  patente  ou  constitution  de  1819 
divisait  les  États-Généraux  en  deux  cham- 
bres. La  première  se  composait  des  trois 
seigneurs  revêtus  de  la  dignité  de  prin- 
ces (Aremberg,  Loox-Corswaren  et  Ben- 
theim),  du  maréchal  héréditaire,  des  com- 
tes de  Stolberg-Wemigerode  et  de  Stol- 
berg-Stolberg,  du  grand-maître  des  pos- 
tes également  héréditaire ,  de  l'abbé  de 
X^occom  (prélat  protestant),  d;  l'abbé  de 


Saint-Michel  (  titulaire  séculier, 
duché  de  Lunebourg) ,  du  diredear  i 
couvent  de  Neuenwald,  président  de  Kl 
dre  équestre,  de  l'évêque  cathotiqai 
d'un  ecclésiastique  notable  prolertHl 
d'un  nombre  indéterminé  de  nobles  «JM 
des  majorais  dans  leurs  familles,  àa  fÉl 
sident  et  des  quatre  membres  nobki  i 
la  chambre  ou  collège  du  Trésor,  iarfj 
tution  consacrée  par  la  constitolioa  i 
1819.  La  première  chambre  coHfll 
donc  dans  son  sein  environ  15  pairs  H 
réditaires  ou  qui  le  sont  en  vcrtl  A 
leurs  fonctions,  et  35  députés  de  la  V 
blesse ,  dont  8  pour  Kalenberg-Gralili 
hagen,  6  pour  Lunebourg,  t 
bourg,  6  pour  Brème-Verden ,  t 
Hoya-Diepholz ,  5  pour  Osnal 
pour  Hildesheim  et  3  pour  la  Frise  < 
taie.  La  seconde  chambre  était 
des  quatre  membres  non-nobles  du 
lége  du  Trésor,  de  6  députés  des 
très,  joints  à  celui  de  l'université  de  < 
tingue  et  à  3  des  consistoires,  de  34  < 
qu'envoyaient  un  égal  nombre  de 
et  de  3  3  députés  des  fr 
chapitres,  les  consbtoircs,  VxaÀ\ 
les  villes  n'étaient  pas  obligés  de 
les  représentants  dans  leur  aeni.  B 
avait  rien  de  changé  aux  priviléfM 
États ,  qui  conservaient  le  droit  de 
les  impôts,  de  surveiller  l'emploi  desl 
publics  au  moyen  du  collège  du  Ti 
de  discuter  les  lois  d'intérêt  gènénlyV 
faire  des  représentations  au  cbef  deMl 
pour  tout  ce  qui  était  de  leur  oMBpMI 
ce.  Les  deux  chambres  étaient  dNÊÊtà 
parfaitement  égales  en  droits.  Ptoar  M 
apte  à  siéger  dans  l'une  ou  l'kvtre,  il  ti 
lait  appartenir  à  l'une  des  trois  coaÉi 
sions  chrétiennes,  avoir  35  ans  neMi 
plis  et  posséder  un  revenu  de  6,0M  A 
lers  pour  les  possesseurs  de  mm)pmiak^i 
600  pour  les  députés  de  la 
de  300  pour  les  autres. 


La  diète  nommée  en  vertu  de  cantl 
tente  royale  s'assembla  le  3ê  déeadi 
1819  poiu-  la  première  fois,  et  deffl 
tous  les  ans,  mais  sans  exercer  itmdà 
marquée  sur  la  marcbe  des  nlfùrea»  I 
séances  n'éuient  pas  publiqneB,etka|i 
cès-verbaux,  quoique  imprii 
tenus  secrets. 

La  réorgankelion  desÉinla 


(  445  )  Uàif 

des  £uu  provinciaux  particuliers  êmx 
principautés  de  Ralenberi^  de  Gœttingoe 
et  de  Grubenhagen,  à  la  principauté  de 
Lunebourg ,  aux  comtés  de  Hoya  et  de 
Diepholz ,  aux  duchés  de  Brème  et  de 
Verden,  y  compris  le  pays  d'Hadeln,  à  la 
principauté  d^Osnabrûck,  à  la  princi* 
pauté  de  Hildesheim,  avec  la  vOle  de 
Goslar,  à  la  principauté  de  la  Frise  orien- 
taie,  avec  le  pays  dnBbtfling.Les  États-Gé- 
néraux étaient  divisés  en  deux  chambres 
parfaitement  égales  en  droits  et  en  anto* 
rite.  La  première  se  composait  des  princes, 
fils  du  roi  ou  chefs  des  lignes  collatérales 
de  la  famille  royale,  du  duc  d'Aremberg, 
du  duc  de  Looz-Corswaren,  du  prince  de 
Bentheim^  tant  qu^ik  seraient  en  pos* 
session  de  leurs  biens  médiatisés,  du  ma- 
réchal héréditaire  du  royaume,  des 
comtes  deStolberg,  du  grand-maitre  hé- 
réditaire des  postes,  de  Tabbé  de  Loocum 
et  de  celui  de  Saint-Michel,  du  président 
de  la  noblesse  en  sa  qualité  de  directeur 
du  couvent  de  Neuenvrald,  de  Févéque 
catholique,  de  deux  ecclésiastiques  de  la 
confession  évangélique  spécialement  élus 
pour  chaque  session,  clés  titulaires  de 
majorats  à  qui  le  roi  donnait  un  droit  de 
Tote  personnel  ou  héréditaire ,  des  35  dé- 
putés des  sept  ordres  de  la  noblesse  élus 
pour  chaque  session,  et  de  4  membres  à 
la  nomination  du  roi.  La  seconde  cham- 
bre se  composait  de  3  députés  des  chapi- 
tres de  Saint-Bonifiice  à  Hameln,de  Cosme 
et  Damien  à  Wunstorf,  de  Saint- Alexan- 
dre à  Eimbeck,  de  Notre-Dame  dans  la 
même  rille,  pub  des  chapitres  de  Bardo- 
wiek  et  de  Ramelsloh,  lesquels  3  députés 
devaient  être  choisis ,  avec  Papprobatioii 
des  supérieurs  ecclésiastiques ,  parmi  les 
pasteurs  protestants  ou  les  professeurs  des 
écoles  supérieures ,  mais  de  manière  que 
deux  fussent  des  théologiens;  des  S  mem- 
bres nommés  par  le  roi  en  sa  qualité  d'ad- 
ministrateur des  biens  des  monastères; 
du  député  de  Funiversité  de  Gœttin- 
gue ,  des  2  députés  des  consbtoires  pro- 
testants, du  député  du  chapitre  de  Hil- 
desheim,  des  37  dépotés  de  certaines 
villes  et  bourgs  spécialement  mention* 
nés,  et  des  38  députés  des  propriétaires 
fonciers  des  autres  villes  et  bourgs,  franco 
tenancifTs  et  paysans.  Les  députés  de  la 


malgré  lesamé- 
introduites  en 

182Sy  k  gouvernement,  avec  ses 
^hSqff  qui  n'étaient  plus  de  ce 
B^in^irait  pas  la  confiance,  et  le 
i^one  réforme  plus  complète  se 
r  généralement.  Le  5  janvierl831 , 
ibles  éclatèrent  à  Osterode  ;  le  8, 
icmrnT  plus  sérieux  eut  lieu  àGœt^ 
[vof  .),  et  on  libelle  intitulé  Accu- 
:omtre  le  ministère  M  Uns  ter  ^  où 
é  était  mtiée  au  mensonge,  chan- 
■éeootentement  en  une  véritable 
mu  La  force  armée  rétablit  Tordre, 
là,  et  Foa  arrêta  les  auteurs  sup- 
in libelle;  mais  le  gouvernement 
léanmoins  la  nécessité  de  donner 
tioB  à  Topinion  publique.  Le  7 
1  dîèle  fut  ouverte  avec  solennité, 
les  premières  séances,  elle  déploya 
aigie  et  une  prudence  qui  sem- 
promettie  les  plus  heureux  ré- 
Le  cfaïc  de  Cambridge,  qui  venait 
Basé  vice-ioi  (32  février  1831), 
té  à  fiûre  parvenir  aux  pieds  du 
I  doléances  dn  pays,  et  cette  dé- 
eatraina  la  déniission  du  comte 
«er,  qni  était  à  la  tête  de  la  chan- 
■ihmHidf^  à  Londres.  H  fut  rem- 
w  le  baron  d*Ompteda. 
■e  de  Cambridge  avait  recom- 
Ihbs  son  discours  d'ouverture  de 
r  graduellement  aux  réformes; 
ibout  de  quelques  mois,  il  put  se 
ère  de  la  nécessité  de  réviser  la 
tion  et  de  rétablir  sur  de  nou- 
lees.  Le  16  juin  1831,  le  minis- 
Inra  clone  à  la  diète  qu'H  s'occu- 
la  rédaction  d'une  nouvelle  oon- 
i;  vie  commission,  composée  de 
limiin  royaux  et  de  quatorae 
•deladièle,  fut  nommée  pourpré- 

pitjjet  de  loi  fondamentale.  Son 
cbevé,  une  nouvelle  diète,  à  la- 
tvaient  été  adjoints  par  ordon- 
syale  quinze  députés  des  paysans, 
noqaéeà  Hanovre  pour  le  30  mai 
La  nouvelle  constitution ,  sou- 
K  deux  chambres,  fut  adoptée  par 
IS  mars  1S3S;  puis,  sanctionnée, 
elqaescbangemeats,  parGuillau- 
I  Londres,  le  26  septembre  f  833, 
int  la  loi  fondamentale  de  l'état. 
\  iKNivdle  constitution  accordait  I  noblesse  «levaient  «voir  dans  le  pays  un 


HaN 


KTena  net  de  600  thalen,  et  lej  «ulrei , 
M>ii  UD  revenu  idduH  de  300  ihilers, 
snit  une  pcmion  annuplle  Je  800  llialers, 
el  jouir  comme  To n cl ioi maires  puliMt-s 
d'un  Ir^ilcment  de  400  ihjlcrs  ousecrérr 
par  leun  lilenli  el  par  leur  industrie  un 
revenu  >nnui:l  de  1000  thalcri  ,  et 
cela  trois  ans  avant  d'dvoir  entrée  dans 
la  cliambre.  Ils  (levaient  en  outre  (tire 
neinLn^ d'une  des  é^iliies  chrétiennes  et 
■voir  a.>  ans  accomplis.  Le  vole  annuel 
dm  impôts  par  les  Éiats  ne  devail  être  lié 


(446) 


lUlt 


pas  1 


inédial 


ndili 


crnÉI 


t  la 


ploi.  Le  pouvoir  exécutif  était  exerei 

pir 

un  mini 

tère 

dépendant  du  roi  ou  de 

ton  repre 

sent 

ni,ei('hai|ueniinL->ire 

élatl 

tapons 

le   i 

cour 

d-app.l. 

.pé, 

EUi«,  toutes  chambres 

as- 

seioML-n 

et 

il  seule  compétente 

iDOr 

juger  un 

sire,  et  son  ju;;emeol  i 

•ad- 

menait  n 

rc% 

sion,  ni  absolution,  n 

re- 

Crjc 

Le,  I^.  ,1, 

omposés  en  vcrtn  de 

elle 

nouvelle 

COIM 

ilulion  s'a^cmlilm-nl 

ie;> 

dècembit 

1833.  Les  élections  s'ét 

ient 

pas  irhéritier  direct,  la  c 
royaume  allemand,  qui,  k  la  diffi 
celle  d'Anglrlerre,  ne  pouvait  pi 
cil  <jiifnnnilU- ,  revenait  de  dro 
lie  Cumbcriand  {vny.],  prino 
parti     tory     d'AnglcIcrrc     reco 


chef.  . 


"1 


faites  en  générai  dam  le  sens  de  celles  de 
l'année  précédente.  La  principale  ifT^ire 
dont  lu  chambres  eurent  à  s*occuppr,  fut 
le  traité  de  commerce  avec  le  Brun-wïc, 
traité  qui  reposait  moins  sur  des  raiwns 
d'inlérÈl  commercial  queiur des molir^ po- 
litiques. Le  Hanovre,  en  elfet,  qui  n'avait 
pas  oublié  l'occupation  prussienne,  voirait 
avec  crainte  s.!  puissante  voisine  se  pla- 
cer à  la  tétc  de  la  plupart  des  petits  éials 
d'Allemagne  par  l'auaciation  des  douanes 
[  VOY-  ce  mot,  T.  VIII,  p.  459  et  auiv.  ) 
et  s'assurer  ainsi  une  prépondérance  poli- 
tique dont  pourrait  résulter  un  Jour  une 
véritable  domination.  Il  avait  dune  es- 
tajié  des  le  principe  de  traverser  se*  pro- 
jets, et,  en  1828,  il  avait  réussi  à  faire 
entrer  dans  ses  vues  plusieurs  étals  de  U 
Confédéral  ion.  Mai*  ses  asuiciés  l'avaient 
tous  abandonné  *uc(%stivemenl  pour  s'u- 
nir à  la  Prusse.  L'association  des  éuti  de 
la  maison  de  Druninvic  ne  put  se  conclure 
qu'en  1833,  et,  l'année  suivante,  le 
grand-duché  d'Oldenbourg,  qui  est  pre*< 
que  uae  enclave  du  Banovre ,  y  actéda. 
Depuis  lungtcm|>*  an  prévoyait  que  la 
mort  du  roi  Guillautna  amcnenii  da 
fraodicbaBgcmenta.Cciouitraînn'ajanl 


cil-constances,  s'était  haulemenl 
l'advirsaire  des  idées  nouvelles, 
préhensinni  du  parti  libéral .  a 
tifiées  par  toute  la  conduite  du  fi 
verain,  tii[;men tirent  encore  1 
le  vit,  en  I83G,  quitter  llsnovi 
mémrde  l'ouverture  de  la  ïCisioE 
tirer  »  la  maison  de  campagne  i 
de  Munster,  principal  auteur  di 
stilutiun  abolie  ^patente de  tS 

contcnlc  ,  diinl  le  chiT  appareil 
ministre  actuel,  M.  de  S.hete,  h 
talent  et  d'innuenie.  Ini|ulet  h 
de  cette  attitude  du  parti  cnnir 
rcfoinies,  le  gouvernctnenl  s'em] 
présenter  aux  chambres  la  lui  ré 
du senicc  public,  di.nl  il  avait 
éliidèjusi]ue-là  la  présentation  t 
dispiniiiim  h  plus  importante  éU 
litiun  de  la  chambre  d«  domaini 
quelle  l'Iiétitierprésninptlfdutrd 
tait  s'appuyer  darisseï  projet -réli 
Ce  lut  dinscen  l'irLonjlanresi 
lamurt  du  roi  Gudiaume  IV,  le 
1637.  Le  38,  Ernest-Auguste,! 


>tl 


ihcriand  )  Gt  n 
dès  le  lendemain,  le*  chambn 
prorogées.  Elles  élairnl  si  peu  | 
à  <^e  coup  qu'elles  se  séparer 
qu'une  seule  viiii  s'élriàt  pour  { 

songeât  même  à  rédlgrr  le  proci 
de  la  séance. 

Le*  événement*  se  auccédèi 
lors  atec  rapidité.  M.  de  Schdc  I 
mé  minisiie  d'étit  et  de  labinel 
J>  juitlrl   parut  une   proclanulii 

dait  |ias  comme  liélégalemcolpa 
slilution  de  1833,  imposée  ari 
meni  aui  Élalï  |'Ji  Ir  \.  >lj>  tig 
■(ui  rtnfermait  •!<■'!:,:  .liipj 


irjrai 


HAN 


(447) 


MaM 


;  Us  États*.  Cette  démarcbe  au- 
soaleva  ua  mécontentement  si 
ue  le  gouvernement  se  vît  obligé 
une  commission  pour  examiner 

00  quUl  s^était  tant  pressé  de 

Jant  Tagitation  allait  croissant 
ijs.  De  tous  côtés  on  demandait 
en  de  la  constitution  de  1833, 
roir,  inquiet  de  ces  réclamations 
•s,  fit  publier  dans  la  Gazette 
selle  €le  Hanovre  que  le  roi 
uHement  aboli  la  cooslitution, 

1  seulement  exprimé  des  dou- 
rraieot  soumis  aux  États,  ainsi 
Dodifications  qu^il  désirait  voir 
es  dans  la  loi  fondamentale, 
we  commençait  à  renaître  dans 
^  lorsque  parut  la  fameuse  pa~ 
1"  novembre  1837,  qui  abolis- 
ssément  la  constitution  de  1833 
isait  celle  de  1 8 1 9,  en  mainte- 
tefob  en  vigueur  les  lois  votées 
errallc.  Les  fonctionnaires  pu- 
leot  déliés  du  serment  de  fidé- 
<  avaient  prêté  à  la  constitution 

Le  gouvernement  s*engageait  à 
s  le  projet  d*une  nouvelle  con- 
ioz  États  assemblés,  en  vertu  de 
e  1810.  Les  prérogatives  des 
BVÎDciaux  étaient  étendues;  les 
éraux  ne  devaient  se  réunir  que 
iroîs  ans.  Les  impôts  furent  en 
Bps  diminués  de  100,000  tha- 
are  calculée  par  le  pouvoir  pour 
i  masse  du  peuple  de  son  côté 
Ute  où  il  s'engageait. 
np  d^état ,  qui  jeta  le  Hanovre 
Uipeur,  eut  un  grand  retentisse- 
Europe.  La  diète  était  dissoute, 
t  divisé,  sans  organe  légal ,  sans 
le  défense  contre  Tarbitraire; 
e  demandait  ce  qu*il  y  avait  à 
ique  Funiversité  de  Gœttingue 
booorable  initiative.  Le  18  no- 
7  profeaaears,  MM.  Oahlmann, 
,  Isa  de«x  frères  Grimm  (vox.)i 
,  Ewaid  et Weber,  signèrent  une 
'mi  o&  ib  établissaient  qu'une 
MB  n'«Yait  pa  abolir  légale- 
rwiimiioa.  Ib  déclaraient  en 
Ip  qalbae  preodraieot  aucune 


dftfi 


iiL*"*^~ 


iSS^ 


part  à  l'élection  du  député  de  l'université, 
si  elle  devait  se  faire  diaprés  la  consti- 
tution de  1819.  Cette  protestation  fit  une 
sensation  d'autant  plus  vive  que  les  si- 
gnataires étaient  des  hommes  plus  distin- 
gués. lU  portèrent  la  peine  de  leur  cou- 
rage :  les  sept  professeurs  lurent  destitués  ; 
tous  furent  même  exilés,  parce  qu'ils 
avaient  communiqué  leur  prutestation  à 
Ieur5  amis.  Les  fonctionnaires  publics, 
efirayés,  s'cm pressèrent  dès  lors  de  se 
soumettre  à  tout  ce  que  le  gouvernement 
voulait,  et  les  élections  se  firent  d'après 
la  loi  de  1819,  malgré  le  refus  de  voler 
de  quelques  corporations. 

La  session  fut  ouverte,  au  mois  de  fé- 
vrier 1838,  par  un  discours  où  le  roi 
protestait  qu'il  avait  toujours  haï  le  des- 
potisme et  que  sa  ferme  intention  était 
de  gouverner  conformément  aux  lois.  Il 
annonçait,  en  même  temps,  la  présenta- 
tion d'un  projet  de  constitution  qui  ob- 
tiendrait, à  ce  qu'il  espérait,  l'assentiment 
général ,  ajoutant  que  s'il  était  trompé 
dans  son  attente,  il  se  verrait  obligé  de 
s'en  tenir  à  la  constitution  de  1819. 

Voici  les  dispositions  les  plus  remar- 
quables de  ce  projet  de  constitution.  Les 
prérogatives  de  la  couronne  étaient  main- 
tenues telles  que  les  établissait  la  consti- 
tution de  1833  ;  mais  les  précautions  les 
plus  minutieuses  étaient  prises  |K>ur  les 
préserver  de  toute  atteinte  ;  l'élément 
démoiva tique,  au  contraire,  était  i*en- 
fermé  dans  les  bornes  les  plus  étroites 
possibles.  Le  pouvoir  législatif  des  cham- 
bres ne  consistait  plus  (|u'à  émettre  leur 
avis  sur  les  lois  qu'on  leur  soumettait; 
encore  le  roi  restait-il  libre  de  n'en  tenir 
aucun  compte.  A  lui  appartenait  le  droit 
de  fixer  le  budget  des  dépenses  :  les  États 
conservaient  bien  celui  de  voter  les  im- 
pôts, mais  ils  ne  pouvaient  refuser  ceux 
que  le  roi  jugeait  nécessaires  aux  besoins 
de  Tétat.  Les  minbtres  n'étaient  respon- 
sables qu'envers  le  roi.  La  diète,  dont  les 
membres  étaient  élus  pour  six  ans,  ne  de- 
vait s'assembler  que  tous  les  trois  ans;  les 
séances  étaient  secrètes;  les  procès- ver- 
baux ne  devaient  point  être  imprimés;  on 
ne  devait  publier  que  les  résultats  des 
délibérations. 

Grâce  aux  mesures  qu'il  avait  prises, 
le  goufemement  espérait  faire  ado^te^ 


HàN 


(i 


ctiUi  con&tilutlon.  U  arait  eu  soin  d'écar- 
ter de  la  chambre ,  par  les  moyens  les 
plus  arbitraires  et  les  plus  violents ,  tous 
ceux  des  députés  qui  étaient  connus  par 
leur  dévouement  à  la  constitution  de 
1833.  Aussi  rOpposition,  qui  cette  fois  se 
trouva  être  le  parti  conservateur ,  était- 
elle  en  minorité  évidente.  Cependant  la 
majorité  ministérielle  elle-même  montra 
de  rhésitation ,  et  le  gouvernement  pro- 
rogea de  nouveau  les  chambres. 

L'Opposition  changea  alors  de  tacti- 
que :  il  fut  décidé  que  toutes  les  corpo- 
rations qui  avaient  jusque-là  refusé  de 
voter  nommeraient  leurs  députés,  et  cha- 
que élection  nouvelle  contribua  à  rétablir 
Téquilibre  entre  les  deux  partis.  La  com- 
mission nommée  par  la  seconde  chambre 
pour  Texamen  du  projet  de  constitution 
poursuivait  ses  travaux  et  y  introduisait 
des  amendements  qui  en  modi baient  ab- 
solument Tesprit.  Son  travail  achevé,  les 
chambres  furent  assemblées,  et  le  projet 
de  la  commission  fut  voté  sans  opposi- 
tion. Le  parti  libéral  voulait  réserver 
toutes  ses  forces  pour  la  question  d'in- 
compétence, qui  fut  admise  effectivement 
par  34  voix  contre  24.  Il  était  impossi- 
ble des  lors  au  gouvernement  de  marcher 
avec  la  diète  :  elle  fut  prorogée  indéfini- 
ment ;  mais  la  décision  de  la  seconde 
chambre  rendit  Pespoir  aux  électeurs,  qui 
résolurent  d'adresser  des  pétitions  à  la 
diète  germanique  pour  lui  demander  le 
maintien  de  la  constitution  de  1833, 
quoiqu'elle  n'eût  pas  été  garantie  par  elle. 
La  pétition  donna  lieu ,  dans  le  sein  de 
cette  assemblée,  à  une  délibération  lon- 
guement méditée  :  à  la  fin,  elle  fut  rejtlée 
(septembre  1838). 

Cependant  l'instant  approchait  où  la 
question  vitale  des  impôts  allait  exiger  une 
solution  quelconque.  Le  budget  n'ayant 
point  été  voté,  toute  levée  d'impôts  était 
illégale,  et  de  tous  côtés  les  contribuables 
se  préparaient  à  la  résbtance.  Dans  ces 
circonstances  critiques,  le  magistrat  d'Os- 
nabrûck,  qui  ne  savait  à  quoi  se  résoudre, 
prit  le  parti  de  consulter  les  universités 
les  plus  célèbres  de  rAllemagne.  Le  mi- 
nbtère  prussien  fit  défense  à  celle  de 
Berlin  d'émettre  son  avis;  mais  celles  d'Ié- 
na  et  de  Tubingue  n'hésitèrent  pas  à  se 
déclarer  pour  la  constitution  de  1833, 


18  )  HAN 

déclaration  qui  a  motiTé  la  denûj 
solution  de  la  diète  germaniqiie 
les  universités. 

La  fin  de  l'année  1838  fut  il 
par  de  nouvelles  mesures  arbitrair 
les  que  le  rétablissement  de  la  d 
du  domaine  et  le  remplacement  di 
seil  privé  par  un  conseil  d'état  a 
de  15  membres  ordinaires,  dont 
partenant  à  la  noblesse,  et  de  36 
bres  extraordinaires,  pouvant  être 
lés  par  le  roi  à  prendre  part  aux  dél 
tions.  Ces  changements  et  beaucoo] 
très  furent  opérés  sans  le  oooseo 
des  ÉUU  que  la  consUtution  di 
elle-même  obligeait  le  roi  de  oon 

La  session  de  1839  fut  ouvert 
beaucoup  d'éclat  ;  cependant  il  ne 
senta  que  38  députés ,  c'est-à-dii 
moins  que  le  nombre  nécessaîrepo 
dre  valides  les  délibérations ,  et  i 
encore  une  fois  proroger  les  cbaal 
serait  trop  long  de  raconter  tous  leii 
que  le  gouvernement  employa  poo 
pléter  celle  des  députés  ;  ce  fut  ci 
il  ne  parut  que  22  députés  à  la  ré 
ture  des  chambres.  Le  chiffre  léga 
été  atteint  néanmoins  avec  le  tea 
se  hâta  de  prolonger  d'un  an  em 
dernier  budget  voté  sous  Pempir 
constitution  de  1833,  malgré  lesi 
ces  du  gouvernement  pour  en  obM 
nouveau.  On  nomma  ensuite  dea 
missaires  de  chaque  chambre  pos 
ger  un  projet  de  constitution  de  i 
avec  ceux  du  gouvernement ,  cl 
sion  fut  close.  Une  ordonnance  iéi 
rendue  contre  ceux  qui  cootioM 
refuser  l'impôt.  Le  dernier  acte  da 
Hanovre  est  une  nouvelle  ooofi 
(pour  le  mob  de  mars  1840)  àm 
bres  qu'il  espère  retrouver,  dt 
lasse,  plus  soumises  à  set  volonlift 

HANOVRE  ,  capiule  du  n 
qu'on  a  présenté  dans  son  •■*??« Ml 
précédent,  anciennencot  le  cM*- 
la  principauté  de  KalenWrg.  EHi 
tuée  au  milieu  d'une  plaine  blead 
sur  la  Leine,  et  est  partafé*  ta  J 
(vieille  ville),  Ncustadi  (aoutcBtl 
j€i!idien'^Neustadi  (wmwéÊê  i9k 
Gilles).  La  vieille  vine  n^offra  pi 
des  mes  étroites  et  lortaMM»}  t 
autres  sont  bellct  et 


HAN 

publics  les  plus  remarqua- 
hâleaUy  qui  aTait  été  changé 
eodanl  la  domination  fran- 
|ui  senrit  plus  tard  de  rési- 
e-roi  ;  le  palais  du  duc  de 
l*hôtel  de  la  monnaie ,  Tar- 
tîes,  rhôtel-de-ville  avec  une 
ithèque,  et  la  bibliothèque 
les  archives  y  situées  toutes 
splanâde  (place  de  parade) 
m  buste  en  marbre  de  Leib- 
e  coupole  de  forme  antique. 
\)  vécut  longtemps  dans  cette 
unit  en  1716;  son  tombeau 
mple  épitaphe  :  Ossa  Leib'^ 
i  citer  aussi  le  monument  de 
:hevé  en  1882,  colonne  de 
haut,  surmontée  d'une  Vic- 
sde  Hanovre  a  36,300  habi- 
{ siège  du  gouvernement  et  le 
dministration.  Elle  possède 
riques  et  fait  un  commerce 
fon  loin  de  la  ville  sont  situés 
le  plaisance  de  Montbrillant 
tluiusen.  Ce  dernier  est  re- 
ar  son  parc  et  ses  eaux,  ainsi 
ardin  botanique.  Nous  men- 
Qcore  le  jardin,  acheté  par  le 
te  de  Walmoden ,  avec  ses 
ions  d'objets  d'art,  les  jardins 
leim  et  le  château  d'Alten. 
en-âge ,  la  ville  de  Hanovre 
de  la  ligue  anséatique;  au- 
s  doit  sa  prospérité  à  son  titre 
^le  a  vu  naître  W.  Herschel, 
deux  Schlegel. — Voir  l'ou- 
od  de  Spieleker,  Description 
tce  royale  de  Hanovre  y  Ha- 
I.  C.  L, 

KE  (NotrvEAU-),  voy,  Bre- 
^elU"). 
[hansa)y  voy,  Ahseatiques 

ACHS,  vqy,  Sachs. 
lA,  voy,  Soudan  et  Guiiris 
395). 

9ÉE,  voy.  Amble. 
SUE.  La  harangue^  est  une 
lutôt  qu'un  discours  ;  et  soit 

▼oient  rétymologie  de  harangw 
kêmringt  audience;  d*antres,  dans 
K,  ditconrs;  d'tatres  enfin,  dan» 
euU  I,  44  : 
H  tkaUr  dieUtruê  mi  Ara  m. 


(  419  )  HAR 

qu'elle  s'adresse  à  une  assemblée ,  à  des 
troupes,  ou  à  des  personnes  élevées  eii 
dignité,  elle  emprunte  aux  apparences  de 
la  spontanéité  et  de  l'improvisation  ses 
éléments  et  son  caractère.  Pour  conser- 
ver le  mérite  qui  lui  est  propre,  elle  doit 
en  outre  être  vive,  forte  ou  touchante,  et 
moins  longue  que  le  discours  {voy,).  Ce- 
lui-ci s'adressant  à  Tesprit,  se  proposant 
d'expliquer  et  d'instruire,  entre  dans  des 
détails  et  suit  une  méthode  que  ne  com- 
porte pas  la  harangue,  qui  ne  veut  parler 
qu'à  l'imagination  et  au  cœur.  Les  pé* 
riodes  du  discours  se  développent  à  Taise 
dans  l'enceinte  d'un  sénat,  sur  les  bancs 
d'une  académie,  dans  la  chaire  de  l'église. 
Il  faut  plus  d'air  et  d'espace  à  la  haran- 
gue; sa  tribune  est  presque  toujours  à 
ciel  découvert,  au  Pnyx^  au  Forum,  sur 
un  champ  de  bataille.  C'est  là  qu'elle  se 
propose  de  persuader,  d'émouvoir,  ou 
plutôt  d'entrainer,  à  moins  qu'elle  ne  dé- 
roge jusqu'à  devenir  une  félicitation  ba- 
nale, une  formule  de  compliment;  et 
même  alors  elle  n'est  sur  son  véritable 
terrain  qu'aux  portes  d'une  ville,  aux  li- 
mites d'un  département,  sous  un  arc  de 
triomphe  ou  sous  des  berceaux  de  ver- 
dure. 

L'épopée,  mère  de  l'histoire,  a  créé  ce 
genre.  Les  héros  d'Homère  haranguent 
ordinairement  leurs  troupes  avant  de 
combattre;  à  son  exemple,  Hérodote 
anime  et  dramatise  son  histoire  par  des 
harangues.  Cet  usage,  qu'ont  adopté  pres- 
que tous  les  historiens  de  l'antiquité,  a 
ses  censeurs  et  ses  partisans.  Fénélon  re- 
garde les  harangues  comme  peu  dignes 
de  l'austère  simplicité  de  l'histoire  ;  Vol- 
taire les  renvoie  à  l'épopée;  H.  Blair,  qui 
en  reconnaît  tous  les  avantages,  les  croit 
néanmoins  déplacées,  et  blâme  ce  mé- 
lange peu  naturel  de  fiction  et  de  vérité. 
Cicéron  et  Quintilien,  Marmontel  et  La 
Harpe  les  approuvent.  Presque  tous  les 
plus  célèbres  historiens  de  la  Grèce  et  de 
Rome,  Thucydide,  Xénophon,  Salluste, 
Tite-Live,  Tacite,  ont  employé  ce  genre 
d'ornement,  qu'on  retrouve  dans  Bucha- 
nan ,  Davila,  de  Thou,  Mézeray,  Vertot, 
Saint-Réal,  leurs  imitateurs.  D'un  autre 
côté,  les  harangues  ont  été  proscrites  par 
Trogue-Pompée,  par  Gibbon,  Hume  et 
RobertsoP}  iUastres  etîmpo 


ip.  d.  CL  d.  M.  Tome  XIZL 


ItAR 


(462) 


HAR 


dant  I  en  doDDant  par  excelieoce  le  nom 
àtpur  sanff  aux  cheTaox  d*origîne  orieu* 
talcy  nous  l'appliquerons  aussi ,  mais  joîpt 
au  nom  d'une  race ,  pour  indiquer  celte 
même  race  oonsenrée  pure  et  sans  mé- 
lange :  nous  aurons  ainsi  la  race  bretonne 
pur  sangj  et  la  race  boulonnaise  pur 
sang. 

Dans  quelques  conditions,  trop  rares 
malheureusement,  et  dont  la  première  est 
d'avoir  à  soi  on  près  de  soi  un  étalon  de 
pur  sang ,  l'éleTenr  placera  à  la  tète  de 
son  haras  quelques  juments  de  cette  no- 
ble race  ;  ensuite  viendra  un  nombre  plus 
ou  moins  grand  de  mères  de  demi-sang , 
produites  par  le  croisement  du  cheval 
pur  avec  une  béte  qui  ne  possède  pas 
une  goutte  de  sang  arabe;  enfin  tous  les 
animaux  de  trait  de  l'exploitation  seront 
des  juments  chobicsy  ayant  de  bons  mem- 
bres j  un  coffre  vaste  et  point  de  tares 
héréditaires. 

Trob  bonnes  races  s'offrent  en  France 
pour  fournir  ces  dernières  habitantes  du 
haras  :  l'excellente  bretonne^  trop  peu  re- 
cherchée et  qui  devrait  être  partout;  la 
percheronne j  plus  grande,  mais  ayant 
même  origine;  enfin  la  boulonnaise ^ 
masse  énorme,  parfaitement  appropriée 
à  la  traction  au  pas.  Avec  l'étalon  de  pur 
sang,  la  jument  de  même  nature  don- 
nera le  pur  sang;  la  béte  de  demi- sang 
fournira  les  trois- quarts  de  sang,  carros- 
sier léger,  charmant  cheval  de  selle ,  ex- 
cellent chasseur,  vite  au  galop  et  très  ra- 
pide au  trot;  enfin  la  jument  de  trait 
commune  produira  le  demi-sang,  cheval 
de  carosse  grand  et  étoffé ,  bon  pour  le 
voyage  et  la  guerre ,  et  offrant  dans  ses 
femelles  des  moules  excellents  pour  la 
production  du  cheval  de  trois-quarts  de 
sang.  Si  l'éleveur  ne  peut  se  procurer  fa- 
cilement un  mâle  de  sang  pur,  il  se  con- 
tentera de  faire  saillir ,  par  un  étalon  de 
Tune  des  trois  races  communes  désignées 
ci-dessus,  particulièrement  par  le  breton 
et  le  percheron ,  les  juments  de  l'exploi- 
tation choisies  comme  nous  l'avons  indi- 
qué. Nous  ne  pouvons  dire  davantage  sur 
le  choix  à  faire  :   trop  de  circonstances 
doivent  Tinfluencer  pour  qu*ici elles  puis- 
sent être  toutes  appréciées.  >^ous  nous 
bornerons  à  ajouter  que  Téleveur  doit 


basées  sut  l'étendue  de  l'exploilaiic 
sa  nature,  sur  son  sol  et  son  din 
nomme  méthode  de  progression  ce 
consiste  à  faire  saillir  les  juments  p 
étalons  de  la  même  race,  mâles  et  I 
les  étant  chobis  avec  soin  et  pcnév 
et  d'après  un  système  arrêté.  La  m 
par  métissage  est  au  contraire  V^ 
d'un  mile  avec  une  jument  d'an! 
riété  ou  race;  dans  ce  dernier  cas 
contente,  mab  ordinairement  avec 
de  faire  couvrir  les  juments  comoM 
défectueuses  de  la  localité,  par  un 
meilleur.  Le  plan  ou  modèle  de  ha 
nous  allons  tracer,  conviendra  an 
méthodes. 

Après  le  choix  des  races  à  placi 
le  haras ,  une  des  opérations  les  p 
portantes  est  de  dbposer  convenali 
les  lieux  qui  doivent  recevoir  les  an 
Quelquefob  il  faut  créer,  et  alors, 
en  plein  drap,  on  fait  mieux,  mab  s 
frais;  plus  souvent  on  utilise  d'ao 
constructions.  Dans  tous  les  cas, 
doit  dépenser  que  le  moins  poasîbl 
réter  à  l'utile,  ne  jamab  arriver  ji 
luxe.  Mâles  et  femelles  seront 
mes  dans  de  petits  réduits  on  casa 
mes  boxs  par  les  Anglab ,  larges 
sens  et  dans  œuvre  de  10  pieds  ai 
et  beaucoup  mieux  de  13;  on  y 
des  râteliers  et  des  mangeoires, 
animaux  y  seront  ordinairement 
Les  juments  de  travail  pourrom 
qu'elles  n'auront  pas  de  poulab 
mises  dans  des  stalles,  précaution 
tante  prise  pour  éviter  les  coups 
suite  les  avortements.  Si  les  lîk 
boxs  peuvent  être  étabib  le  loi 
corridor,  les  portes  étant  à  daj 
dans  la  partie  supérieure,  la  sonr 
sera  facile.  Nous  recommandons  \ 
râteliers  en  fer  et  les  mangeoires  c 
en  pierre. 

Les  animaux  ont  besoin  d'asf 
air  pur,  par  conséquent  soavent 
vêlé  :  de  là  la  nécessité  d'étabi 
leur  logement  des  baies  faciles  i 
et  à  clore,  et  aussi  de  les  oonduir 
qu'on  le  pourra  au  dehors  de  la 
ries.  Dans  beaucoup  de  haras ,  i 
poulains  sont  lâchés  dans  de  vasi 
ics  ;  mab  Texercice  y  devient  i 


à»  ioBgaw  et  aènwiMfKiflaiai»,  I  foe;  l'herbe  ert fbalée «u  pî« 


HÂR 


(4M) 


HAR 


tles  acrémeDU,  et  U  dépense  s^aug- 
le  de  tout  le  foamge  perda.  Qoel- 
Cgens  habiles ,  prenant  en  considérâ- 
tes diverses  choses ,  ont  pensé  que 
llkéles  d\in  haras  avaient  besoin  d^un 
i|MtiS8ei  restreint,  garni  oa  non  garni 
llffbe,  destiné  non  à  nourrir,  roaisseu- 
Lnt  à  fournir  un  champ  suffisant  pour 
Itodce  à  prendre  et  pour  la  mise  au 
HmI  air  des  animaux.  Alors  ils  ont  dis- 
aéaa  dehors,  comme  ils  Tavaient  fait 
rdedaos,  des  râteliers  et  des  mangeoires, 
ration  sagement  calculée  a  été 
chaque  jour  et  en  plusieurs  repas 
c  bêles  du  haras.  Ces  espaces  ou  petits 
rcs,  nommés  paddocAs  par  les  Anglais, 
t  d*nn  avantage  immense  :  avec  eux  et 
cle  oioded^alimentation  que  nouscon- 
,  et  qui  n'est  qu'une  variation  de 
itnre  à  Fécurie,  les  bénéfices  sont 
n  est  utile  que  ces  parcs  soient 
vleipoisioage  des  écuries,  et  qu'on  les 
Mbse  doubles  pour  chaque  béte,  afin 
I  Tcm  puisse  changer  celle-ci  de  place 
i^ae  ses  pieds,  dans  les  temps  de  pluie 
de  dégel,  auront  creusé  et  labouré  le 
.  Quelques  arbres,  jetant  un  peu  d'om- 
s,  seront  plantés  avec  avantage  dans 
paddocks,  et  nous  conseillerons  aussi 
fure  précéder  ceux-ci  par  une  cour 
fée  oa  macadamisée,  qui,  garnie  de 
ftre,  sera  seule  ouverte  dans  certains 
juments  et  à  leurs  produits.  Les 
ne  doivent  point  être  abandonnés 
SBs.mémes,  mab  promenés  par  d*ha- 
les  cavaliers  ou  astreints  au  travail.  Les 
«laios  accompagneront  leurs  mères 
api'an  sevrage  dans  les  parcs  ;  mais  à 
ne  époque  ik  en  seront  séparés,  et  réu- 
I  par  âge  et  par  sexe  dans  de  petits  lo- 
aents  accompagnés  chacun  d'une  cour 
de  deux  paddocks.  Les  poulains  de 
■d  prix  devront  même  être  complé- 
ment isolés  aussitôt  qu'ils  auront  ac- 
•pli  la  première  année.  Les  jeunes 
evaox  ne  seront  attachés  dans  l'écurie 
le  peu  de  temps  avant  leur  dressage  ou 
■r  mise  en  service. 

La  nourriture ,  cette  nécessité  de  tout 
qui  a  vie ,  mérite  d'être  traitée  avec 
iriqnes  détaib  ;  nous  parlerons  d'abord 
s  ebevanx  et  pur  sang  ^  de  trois-guaris 
*  somg  et  même  de  demi^sang.  Les  ju- 
réduites  an  travail  de  la  gestation 


n'ont  plus  de  qualités  à  acquérir ,  et  re«  ' 
cevront  une  quantité  suffisante  d'aliments 
appropriés.  Ainsi  point  de  grains,  au  moins 
habituellement;  mais  pendant  l'hiver  des 
carottes  et  du  foin  haché ,  mêlé  à  quel- 
ques poignées  de  son  humecté  ;  pendant 
l'été ,  de  la  luzerne  et  du  trèfle  mélangés 
à  un  tiers  de  paille.  Nous  ne  parlons  pas 
du  sainfoin  que  l'on  doit  toujours  réser- 
ver pour  les  poulains  ;  si  cependant  il  en 
restait  après  ce  dernier  emploi,  on  le 
donnerait  d'abord  aux  étalons ,  et  enfin 
aux  juments.  La  mère  suitée  aura  une 
ration  de  même  nature ,  mais  plus  abon- 
dante. Le  directeur  du  haras  évitera  d'en* 
graisser  les  juments  ;  il  se  contentera  de 
les  maintenir  en  bon  état  et  de  les  pous- 
ser à  la  production  du  lait.  Les  étalons 
recevront  une  assez  forte  ration  de  grains, 
au  moins  pendant  la  monte  ;  mais  ils  au- 
ront, en  été  comme  en  hiver,  des  aliments 
verts  mêlés  à  des  fourrages  secs  et  hachés. 
On  présentera  de  l'avoine  aux  poulains 
aussitôt  qu'ib  voudront  en  manger,  et  la 
pitance  s'augmentera  avec  les  besoins  et 
la  croissance  de  la  jeune  béte.  La  nour- 
riture au  grain  est  tout-à-fait  nécessaire 
pour  que  des  poulains  deviennent  de  bons 
chevaux ,  et  les  Anglais  disent  avec  raison 
que  la  bonté  du  cheval  sort  du  coffre  à 
avoine.  Nous  avons  obtenu  de   grands 
avantages  en  broyant  les  grains,  en  ha- 
chant la  paille  et  le  foin,  et  en  coupant  en 
tranches  les  diverses  racines  qui ,  pen- 
dant l'hiver,  entrent  pour  une  part  con- 
sidérable dans  les  moyens  de  nutrition , 
appliqués  à  tous  les  animaux  domesti- 
ques. On  donnera  aux  juments  de  travail 
et  de  service  les  aliments  qui  conviennent 
à  leur  emploi  ;  les  jeunes  bêtes  de  race 
commune  seront  abondamment  nourries , 
mab  elles  ne  recevront  que  peu  de  grain, 
parce  que,  en  agissant  autrement,  la  dé- 
pense excéderait  la  recette.   L'eau  sera 
toujours  pure ,  convenable,  et  distribuée 
abondamment  au  parc  comme  à  l'écurie  ; 
on  améliorera  la  mauvaise  par  tous  les 
moyens  possibles. 

Les  soins  que  réclame  un  haras  sont 
d'une  immense  importance.  Les  bêtes  de 
travail  et  les  étalons  seront  pansés  chaque 
jour,  et  les  autres  deux  fob  par  semaine. 
Les  poulains  exigent  une  attention  con^ 
tinnelle  :  on  les  bronera  tous  les  deux 


HÂR 


(4**) 


lua 


jours  ta  moins  avec  un  bouchon  de  paille 
•n  de  foiOy  ou  mieux  encore  atee  le  gant 
hygiénique  en  crin  ;  on  enlèvera  Targile 
qui  s*attacherail  au  paturon  et  au  boulet; 
on  parera  le  pied  aussi  souvent  quMI  sera 
nécessaire.  Les  palefreniers  devront  trai- 
ter avec  la  plus  grande  douceur  tous  les 
animaux  qui  leur  seront  con6és  :  le  ca- 
ractère d*un  cheval  se  forme  dès  son 
âge  le  plus  tendre,  et  Téducation  pre- 
mière décide  toujours  de  son  avenir. 
Noua  ne  parlerons  pas  de  la  nécessité  de 
tenir  très  propres  les  écuries,  de  les  ven- 
tiler fortement  et  d*empécher  toute  lutte 
et  tout  combat.  L'instant  de  la  mise-bas 
demande  des  soins  particuliers  dont  nous 
parlerons  plus  loin. 

L'étalon  de  race  noble  ne  doit  pas 
saillir  avant  Fige  de  cinq  ans,  ni  le  mâle 
commun  avant  trois.  Les  juments  pré- 
sentées auront  au  moins  atteint  cinq  an- 
nées dans  le  premier  cas,  et  quatre  dans 
le  second  ;  en  agissant  autrement,  on  rui- 
nerait les  producteurs  et  Ton  n'obtien- 
drait que  des  produits  défectueux.  Les 
saillies  ou  montes  demandées  à  l'étalon 
réclament  toute  l'attention  du  chef  du 
haras,  et  le  même  homme  conduira  tou- 
jours le  cheval  à  la  jument.  Celle-ci  aura 
été  préalablement  essayée  par  un  mâle  de 
peu  de  valeur,  que  l'on  nomme  boute  en 
train  ;  ce  dernier,  placé  d'un  c6lé  d'une 
barrière  assez  haute  pour  ne  pas  être 
franchie,  flairera  la  hèle  qui  lui  est  ame- 
née de  l'autre  c6té  de  celte  barrière  :  un 
œil  exercé  jugera  alors  s'iltonvient  d'ap- 
procher de  la  jument  le  cheval  qui  doit 
la  couvrir.  Si  la  saillie  a  lieu,  la  jument 
sera  aussitôt  après  reconduite  doucement 
a  l'écurie,  puis  revêtue  de  sa  couverture 
et  abandonnée  à  elle-même,  au  milieu 
du  plus  grand  silence;  représentée  en- 
core le  soir  même,  elle  sera  de  nouveau 
ramenée  de  neuf  en  neuf  jours  jusqu'à 
ce  qu'elle  soit  présumée  pleine.  L'étalon, 
pendant  tout  le  temps  que  durera  la  mon- 
te, sera  abondamment  nourri  et  souvent 
promené;  il  saillira  sans  danger  deux  fois 
par  jour.  On  pourra  lui  donner  pendant 
la  durée  de  la  station  40  à  60  jumenU; 
seulement,  de  temps  en  temps  il  lui  sera 
imposé  un  jour  de  repos.  Les  jeunes  et 
les  vieux  chevaux  seront  moins  employés  : 
le  dief  du  haras  oo  le  ^prlécaira  jo^eri 


cette  question  après  un  cxamei 
La  gestation  des  juments  dur 
1 3  mois  :  pendant  toute  cette  p^ 
peut  les  employer  pour  leur  ti 
dinaire,  et  cela  jusqu'au  mom 
mise-bas,  mab  en  leur  évitant 
vements  désordonnés ,  les  alli 
viles  et  les  coups  de  collier.  On 
la  jument  pleine  de  manière  à  1 
pour  nous  servir  d'une  eipresai< 
crée,  bien  en  chair\  celles  qo 
vailleront  pas  seront  lâchées 
paddocks  seules,  ou  avec  leurs 
si  elles  sont  suiiées.  Il  est  diffid 
ger  de  la  plénitude  de  la  jument, 
jusqu'aux  deux  derniers  mois  d 
lion,  et  encore  avons-nous  vu  de 
fort  habiles  mis  alors  en  défau 
Ordinairement  la  mise-bas  o 
une  opération  fort  simple.  L 
pouline  presque  toujours  debou 
don  ombilical  se  rompt  ou  la  mè 
avec  ses  dents,  et  aussitôt  après 
et  sèche  ainsi  son  poulain.  Au 
quelque  temps,  on  place  ce  no 
sur  ses  jambes  tremblantes  :  il  s^ 
alors  de  sa  mère  et  la  tète.  Il  es 
fait  nécessaire  que  le  poulain 
premier  lait,  destiné  par  la  nat 
barrasser  ses  intestins  des  matij 
contiennent  au  moment  de  la  i 
La  mère  et  le  produit  seront  ten 
dément  pendant  une  semaine, 
ensuite  progressivement  à  Pair  i 
et  enfin  conduits  ensemble  au 
jument  de  travail  pourra  auss 
époque,  reprendre  son  labeur; 
aurait  danger  à  laisser  le  poul 
compagner.  On  ramènera  la  juo 
talon  neuf  jours  après  la  mise- 
Le  sevrage  a  lieu  au  bout  c 
mois;  il  ne  faut  pas  l'opérer 
ment,  mais  y  arriver  par  diminu 
gressive;  la  nourriture  de  la  i 
alors  graduellement  amoindrie 
du  poulain  accrue.  On  mettra 
heure  au  poulain  un  licou  et  t 
fort  courte  et  toujours  pendant 
facilitera  la  reprise  dans  le  parc 
res  pourront  en  porter  de  sembh 
jeunes  bêtes  de  race  commune  < 
ceront  à  travailler  à  deux  ans  * 
alors  on  les  fat  guera  peu,  mab  è 
et  demi  elles    mwt  eo  plein  In 


k  qualité  moyenne  pourront 
s  ans/cmploy^  avec  utilité  aux 
i  la  campagne,  et  cela  jusqu'au 
e  leur  Tente  ou  de  leur  dressage, 
ox  plus  fins  recevront  encore 
ins;  et  enfin  ceux  de  race  pure 
mb  entre  les  mains  des  jockeys 
mt  de  leur  entrafnement  y  ce 
toujours  trop  tôt. 
imcteur  du  cheral  n^est  pas  ton- 
éUveury  appellation  générique 
arons  cependant ,  et  à  défaut 
ppUquée  à  tous  ceux  qui  s'oc- 
cfaeral  jusqu'au  moment  de  sa 
xmsoDunation.  Elu  efTet,  dans 
de  cas  et  toujours  avec  raison, 
|ni  possède  la  jument  vend  le 
e  celle-ci  après  le  sevrage:  l'a- 
rvient  alors  Téleveur  et  souvent 
ir;  d'autres  fob  celui-ci  est  un 
heteur,  et  le  consommateur  un 
Ainsi,  dans  les  montagnes  de  la 
Domté,  les  pâturages  sont  abon- 
js  le  foin  est  rare  et  l'hiver  fort 
ii  le  propriétaire  d^une  jument 
{Qe  celle-ci,  et  vend  avant  Thi- 
Dalain  à  des  gens  de  la  plaine 
n  abondance  des  fourrages  de 
ce.  A  trois  ans,  le  poulain  passe 
nains  du  cultivateur,  qui  Tem- 
travaux  de  la  campagne  ;  puis, 
i  laits,  il  change  encore  de  mal- 
t  au  halage  des  bateaux  sur  les 
a  Saône ,  ou  retourne  dans  les 
s  comme  étalon  ou  comme  ju- 
ioée  à  la  reproduction, 
elle,  en  France  et  ail  leurs,  haras 
«ax  qui  appartiennent  au  roi 
t;  ils  ne  différent  de  ceux  que 
ms  de  décrire  que  par  de  fai- 
ices  dans  leur  organisation  ou 
i  méthodes.  En  France,  outre 
>  d'étalons,  on  compte  mainte- 
haras  royaux,  qui  sont  ceux 
dour ,  dans  le  Limousin  (  Cor- 
Pin  ,  en  Normandie  (Orne),  et 
xsières,  près  de  Nancy  (Meur- 

3^  DE  M. 

OrKT  (famille  de).  La  fa- 
[arcourt ,  une  des  plus  illustres 
lœ  et  qui  se  trouve  liée  à  une 
lie  des  événements  de  son  his- 
fon  origine  de  Bernard-le- 
itnt  du  fameuxRoUo  ou  Raoul, 


(  455  )  UAR 

qu'il  accompagnadansses  expéditions  con- 
tre les  Anglais  et  les  Neustriens  en  876. 
Après  la  conquête  de  la  Normandie,  le 
prince  Bernard  re^t  la  seigneurie  deHar- 
court  (départ,  du  Calvados)  et  plusieurs 
autres  terres  à  titre  de  récompense.  Jeah 
n,  seigneur  d'Harcourt,  fut  maréchal 
de  France  sous  Philippe-le-Hardi  et  ami- 
ral de  France  sous  Philippe- le- Bel ,  en 
1293.  Jeah  m  rendit  des  services  con- 
sidérables aux  rois  Philippe-le-Bel,  Louis- 
le-Hutin,  Philippe-le-Long  et  Charles- 
le-Bel  ;  il  mourut  en  1326.  Jean  IV  fut 
fait  baron  sous  Philippe  deValob,  qui  éri- 
gea pour  lui  la  baronnie  de  Harcourt;  elle 
comprenait  les  terres  d'Elbeuf  et  de  Lil* 
lebonne.  Jeah  Y  épousa,  en  1340,  Blan-^ 
che  de  Ponthieu ,  comtesse  d'Aumale  et 
princesse  de  Castille;  il  eut  3  enfants 
mâles  qui  ont  formé  autant  de  branches 
différentes. 

L'ainé  fut  Jeait  VI,  comte  d'Harcourt, 
qui  épousa,  en  1 374,  Catherine  de  Bour* 
bon,  sœur  puînée  de  Jeanne  de  Bourbon, 
reine  de  France,  épouse  de  Charles  Y;  et 
les  mâles  de  cette  branche  ont  fini  en 
la  personne  de  Jean  YTI,  qui  épousa  Ala- 
rie  d'Alençon.  Marie  d^Harcourt,  qui 
était  issue  de  leur  mariage ,  épousa ,  en 
1440,  Antoine  de  Lorraine,  comte  de 
Yaudemont,  et  porta  par  cette  alliance 
tous  les  biens  de  cette  branche  dans  la 
maison  de  Lorraine  {yoy,  l'article). 

La  seconde  branche,  qui  commença  en 
la  personne  deJACQUEs  d^Harcourt  puiné, 
marié  à  Jeanne  d'Enghien,  en  1374,  a  fini 
en  la  personne  de  Guillauve  d^Har- 
court,  comte  deTancarville,son  petit-fils; 
et  Marie  d'Harcourt ,  qui  succéda  à  tous 
les  biens  de  cette  branche,  les  porta  dans 
la  maison  de  Longueville  {voy,)  par  son 
mariage  avec  Jean  d^Orléans,  comte  de 
Dunois  et  de  Longueville. 

Philippe  d'Harcourt,  3^  fib  de  Jean  Y, 
a  formé  la  3*  branche.  Ses  descendants  se 
sont  distingués  par  leurs  services  dans  les 
armées,  et  par  les  alliances  qu'ils  ont  con- 
tractées. De  cette  troisième  branche  en 
sont  sorties  deux  autres,  l'une  celle  de 
Harcourt  d'OHonde ,  et  l'autre  celle  de 
Harcourt-^eap/D/î. 

Telle  est  Torigine  et  la  descendance  de 
cette  illustre  famille  qui  donna  à  la  France 
des  hommes  émioents  de  tous  les  ^nres. 


HAB 


(456) 


HAR 


Parmi  ceux  qui  se  dtstinguimit  dans  la 
carrière  ecclésiastique, nous  citerons  Ro- 
iiEET  d*Harcourt,  évéqne  de  Coutances 
en  1292,  mort  en  1316;  Raoul  d'Har- 
court,  son  frère,  chanoine  de  Féglise  de 
Noire-Dame  de  Paris,  archidiacre  des 
églises  de  Rouen  et  de  Coutances,  chan- 
celier de  Téglise  de  Bayeux ,  conseiller 
ordinaire  du  roi  Philippe-le-Bel.  Ce  fut 
ce  prélat  qui,  en  1280,  fonda  le  Col^ 
lége  de  Harcourt  à  Paris,  connu,  depuis 
la  Restauration ,  sous  le  nom  de  Collè- 
ge Saint-Lonis.  Beaucoup  d'autres  mem- 
bres s'illustrèrent  dans  la  carrière  des 
armes.  Ne  pouvant  exposer  ici  Thistoire 
détaillée  de  la  famille  de  Harcourt,  nous 
ffgnalerons  seulement  les  plus  remar- 
quables parmi  ceux  de  ses  membres  qui 
appartiennent  à  un  temps  plus  rappro- 
ché de  nous. 

Henei  d'Harcourt ,  depuis  duc  de  ce 
nom  et  le  premier  de  cette  famille  (bran- 
che de  Beuvron  )  qui  fût  investi  de  ce 
titre,  commença  sa  carrière,  en  1673,  en 
qualité  d'aide-de-camp  de  Turenne,  et 
ayant  continué  à  servir  l'année  suivante 
dans  le  même  emploi ,  il  se  trouva  aux 
combats  de  Scntzheim ,  de  Saint- Fran- 
çois et  de  Turkheim.  En  1675,  le  roi  ho- 
nora sa  valeur  en  lui  conGant  un  régiment 
d'infanterie  ;  en  1677,  il  fut  misa  la  tète 
du  régiment  de  Picardie,  et  servit  en 
cette  qualité  aux  sièges  de  Valenciennes, 
de  Courtrai  et  de  Fribourg.  Il  reçut , 
en  1678,  la  survivance  de  la  charge  de 
son  père,  et  fut  fait  brigadier  d'infan- 
terie en  1683.  La  guerre  ayant  recom- 
mencé en  1688,  il  fut  fait  maréchal-de- 
camp;  en  cette  qualité,  il  se  trouva  au 
siège  de  PhilippslMurg.  En  1697,  il  fut 
nommé  ambassadeur  du  roi  en  Espagne, 
minion  qu'il  remplit  avec  zèle  et  habile- 
té. Pour  le  récompenser  de  ses  services, 
LoubXIV,en  lui  accordant  le  titre  de  duc, 
érigea  en  sa  faveur  le  titre  et  marquisat 
de  Thury,  par  lettres-patentes,  en  novem- 
bre 1 700.  Ce  premier  duc  et  pair  du  nom 
de  Harcourt,  mort  le  19  octobre  1718, 
eut  1 1  enfants ,  dont  7  fiU  et  4  filles. 
Deux  fils  seulement  ont  laissé  une  posté- 
rité actuellement  etislante;  un  seul  a  con- 
tinué la  descendance  masculine.  Ces  deux 
fils,  François  d'Harcourt,  né  au  château 
dû  le  Meillerayc  le  4  octobre  1689,  et 


Anne-Pierre,  né  le  3  avril  1 
l'un  et  l'autre  maréchaux  de  I 
me  leur  père. 

François  d'Harcourt  se 
dans  les  mousquetaires ,  con 
sieurs  régiments,  fut  fait  k 
armées  du  roi  le  1*' octobre 
taine  des  gardes,  lieutenant 
province  de  Franche-  Comté, 
en  qualité  de  duc  et  pair  au 
1 9  janvier  1719.  Chevalier  c 
roi  le  16  mai  1728,  marécl 
en  1729,  lieutenant  génér 
il  se  distingua  à  la  bauille 
le  19  septembre  1734,  fut 
neur  de  Sedan  et  maréchal 
22  octobre  1746.  Il  mourut 
main,  le  10  juillet  1750,  et 
Notre-Dame,  où  il  eut  un  1 
lée;  il  ne  laissa  que  des  filU 

AiviVE- Pierre  d'Harcoui 
pendant  quelque  temps  le  ti 
fie  Beuvron,  frère  du  précéc 
gadier  des  armées  du  roi  en 
chal-de-campen  1743.  Il  fu 
que  son  frère,  à  la  bataille  * 
(le  27  juin  1743).  Gouverm 
après  la  mort  de  ce  frère,  en 
séance  au  parlement  le  1 7  m 
fait  gouverneur  de  Norman^ 
maréchal  de  France  en  177 
à  Paris  le  28  décembre  1 783 
frère  aîné,  il  fut  inhumé  à  ? 
Il  eut  deux  fils,  dont  le  se< 
François  d'Harcourt,  duc  di 
continué  la  descendance  ma: 

L'ainé,  François- H  eh  ri,' 
court,  né  le  tl  janvier  17: 
lieutenant  général  au  gouvi 
la  Normandie  en  1755,  n 
camp  en  1758,  et  lieutenant 
armées  en  1762.  Fidèle  à  h 
Bourbons,  il  la  suivit  dans 
chargé  des  affaires  de  Louis 
dant  l'émigration.  Il  mouni 
terre  en  1801.  Il  n'a  point  I 
térité  masculine  et  n'a  eu  « 
mariée  en  1772  à  Victum 
Morlemart,  dont  elle  eut 
M"**  de  Crov,  de  Beauveauc 

Le  second  fils  du  mare 
court,  Anne-François,  né 
1727,  appelé  d'abord  le  di 
le  marquis  de  Beuvron,  cttl 


flKR 


(457) 


HAR 


na  nom  CD  janTÎer  1748^  et  senrit 
maoièra  brillaate  et  honorable.  Il 
(îilsacoessîvement  maréchal-de-camp 
1761,  lieuteoaot  général  chevalier 
ordres  en  1776.  Il  fat  créé  duc  à  bre* 
co  1783  ou  84,  et  porta  le  titre  de 
de  Beuvron.  Appelé  par  son  service 
ode  Louis  XVI  dans  la  faUle  journée 
10  août  y  il  faillit  y  perdre  la  vie. 
de  quitter  la  capitale ,  il  se  retira 
pcvL  famille  k  Amiens,  où  il  mourut  le 
M  mars  1796. 

&>o  fils,  MA&iE-F&A]fçois,né  en  1 765, 
litd^abord  le  titre  de  comte  d'Harcourt, 
(«Ura  au  service.  Pendant  Témigration, 
CDOimaoda  un  des  corps  de  Farmée  de 
■dé,  dit  des  Chevaliers  de  la  couronne. 
hl  fiiit  gentilhomme  de  la  chambre  du 
c  de  Berry,  et  prit  le  titre  de  duc 
larcourt  à  la  mort  de  son  oncle ,  en 
01.  Il  fut  le  5*  dans  la  série.  Nommé 
ir  de  France  sous  la  Restauration  il 
rdit  ce  titre  en  1830,  faute  de  prêter 
lermeoL  Depuis  1817,  il  vivait  retiré 
ianeille  où  il  mourut  le  2 1  novem- 
1 1839.  n  a  laissé  quatre  enfants,  dont 
lié ,  qui  porte  aujourd'hui  le  titre  de 
e  d'Harcourt ,  n*est  pas  marié.  Le  se- 
ttd,  FAANçois-Eur.KTTE-GABaiEL,  comte 
larcoartl  né  à  Jouy  le  22  avril  178G, 
télu  député  par  le  collège  départemen- 
1  de  Seine-et-Marne,  en  1827,  et  réélu 
PtoTÎDS  après  la  révolution  de  Juillet. 
Et  partie  de  la  majorité  gouvernement 
le  et  se  fit  remarquer  à  la  tribune. 
N^  mvoir  rempli  pendant  quelques  ân- 
es les  fonctions  d'ambassadeur  de  Fran- 
co Espagne,  il  fut  un  moment  appelé 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  Cons- 
itioople;  maison  ne  donna  pas  de  suite 
Dette  nomination.  Il  fut  élevé  à  la  di- 
ité  de  pair  de  France  en  1837.  Marié 
pais  1807,  il  a  plusieurs  enfants  qui 
bisseront  pas  périr  un  nom  qui  a  eu 
ift  d'éclat  dans  les  annales  de  la  monar- 
ie  française. 

On  peut  consulter  pour  plus  de  détails, 
r  Fantique  et  noble  famille  d'Harcourt, 
Dictionnaire  de  la  noblesse  y  de  la 
Msnaye  des  Bois,  V Histoire  des  pairs 
r  France ,  le  Dictionnaire  des  géné'^ 
\ux  Jrançaisy  etc.  C.  d.  C. 

■ARDENBER)  i  (  Chaeles-Aucus- 
ty  prince  ifÊ  ) ,  nomme  d'état  prus- 


sien célèbre,  naquit  à  HanoTre,  le  81 
mai  1750.  A  l'âge  de  20  ans,  il  fut  fait 
conseiller  de  chambre.  La  fortune  dont 
il  était  en  possession  lui  permit  de  dé- 
velopper ses  talents  naturels;  il  voya- 
gea ,  vit  le  grand  monde,  et  s'exerça  de 
bonne  heure  à  manier  les  hommes  par 
les  relations  nombreuses  qu'il  eut  dans  la 
société.  Après  avoir  débuté  au  service  de 
l'électeur  de  Hanovre,  il  entra,  en  1787, 
à  celui  du  duc  de  Brunswic;  en  1790, 
le  margrave  d'Anspach  et  de  Baireuth 
l'appela  près  de  lui,  et,  après  la  réu- 
nion de  ce  margraviat  avec  la  Prusse, 
Hardenberg ,  alors  simple  gentilhomme, 
fut  accueilli  à  bras  ouverts  par  le  nou- 
veau souverain.  C'était  dans  la  destinée 
de  la  maison  de  Hohenzollern  de  comp- 
ter parmi  ses  ministres  une  longue  série 
d'hommes  probes  et  honnêtes.  Le  nom 
de  Hardenberg  brille  parmi  les  premiers, 
dans  cette  liste  honorable.  En  1795,  après 
la  mort  du  comte  de  Golz ,  il  se  rendit  à 
Bâle ,  y  conduisit  les  négociations  avec  la 
république  française ,  et  conclut  la  paix 
le  5  avril.  Lors  de  l'avènement  de  Frédé- 
ric-Guillaume III,  Hardenberg  fut  appelé 
à  Berlin,  et  placé  à  la  tête  des  affaires  de 
Franconie ,  direction  à  laquelle  il  réunit 
successivement  d'autres  attributions  im* 
portantes.  Lorsque  le  ministre  Haugwitz 
se  fut  retiré,  après  l'invasion  de  l'électorat 
de  Hanovre  par  les  Français ,  Harden- 
berg le  remplaça;  il  maintint  le  système 
de  neutralité  jusqu'au  moment  où  les 
Français  le  violèrent  en  passant  sur  le  ter- 
ritoire d'Anspach.  Le  3  novembre  1805, 
la  convention  de  Potsdam,  entre  la  Rus- 
sie et  la  Prusse,  allait  entraîner  cette 
dernière  puissance  dans  la  guerre  avec  la 
France  ;  mais  l'armistice  d'Austerlitz  vint 
à  temps  prévenir  ses  hostilités.  Haug- 
witz négocia  à  Vienne  avec  l'empereur 
des  Français  :  la  neutralité  de  la  Prusse 
continuait  à  être  garantie;  mais,  comme 
le  système  françab  prévalait,  Harden- 
berg dut  se  retirer. 

Les  événements  mémorables  de  1806 
sont  connus  :  la  Prusse  venait  de  pren- 
dre les  armes;  mais  la  bataille  dlénamit 
bien  vite  ce  royaume  à  deux  doigts  de  sa 
perte.  A  ce  moment  fatal,  Hardenberg 
quitta  sa  retraite  de  Tempelhof,  près  di 
Berlin,  se  rendit  auprès  de  son  mal|i«a- 


HAR 


(458) 


HAR 


leux  roi,  doct  il  releva  le  courage,  et 
reprit  le  portefeuille  des  affaires  étran- 
gères. Après  la  paix  de  Tilsitt,  il  quitta 
de  nouveau  les  affaires  un  court  instant; 
mais,  en  1810,  le  roi  le  nomma  chance- 
lier d'état ,  et  c'est  de  cette  nomination 
que  date  la  haute  influence  de  Harden- 
berg  dans  le  cabinet  prussien  et  sur  les 
grands  événements  de  Pépoque. 

Napoléon  avait  écrasé  la  Prusse ,  mais 
Hardenberg  ne  désespéra   point  de  sa 
patrie.  Il  prévoyait  la  chute  du  colosse,  et 
tous  ses  efforts  furent  dirigés  vers  un  but 
unique ,  celui  de  préparer  son  pays  pour 
le  moment  de  cette  grande  et  inévitable 
catastrophe.  Hardenberg  résolut  de  mar* 
cher  avec  le  tiers-état ,  avec  cette  bour- 
geobie  qui  compte  le  plus  dans  les  états 
modernes.  Le  ministre  Stein  (  voy,  )  avait 
admirablement  préparé   le  terrain  sur 
lequel  Hardenberg  allait  construire  mn 
nouvel  édifice.  Dans  l'armée,  le  corps 
des  officiers ,  autrefois  exclusivement  ré- 
servé aux  nobles ,  était  déjà  accessible 
aux  roturiers;  les  punitions  infamantes 
venaient  d'être  abolies.  Dès  1808,  une 
admirable  loi  municipale  avait  été  mise 
en   délibération.  Hardenberg  fit   quel- 
ques grands  pas  de  plus  :  eu    1810,  il 
fit  décréter  que,  dorénavant,  la  noblesse 
serait  soumise  aux  impôts;  il  confisqua 
les  biens  ecclésiastiques  pour  payer  la 
dette  publique,  et  abolit  les  corpora- 
tions. Le  14  septembre  1811,  jour  à  ja- 
mais mémorable  pour  la  Prusse,  le  chan- 
celier d'état  présenta  au  roi  un  projet  de 
loi  en  vertu  duquel  les  paysans  corvéables 
auraient  le  droit  de  se  racheter,  en  res- 
tituant au  seigneur  la  moitié  ou  le  tiers 
des  terres  qu'ils  avaient  forcément  culti- 
vées jusqu'alors  en  serfs;  le  restant  des 
terres  leur  était  réservé  comme  libre  pro- 
priété. La  loi  fut  rendue  et  créa  en  Prusse 
U  classe  des  paysans  libres. 

Les  événements  de  la  guerre  inter- 
rompirent ces  grands  travaux  de  Har- 
denberg. Il  poussa,  en  1813,  au  mouve- 
ment réactionnaire  contre  la  France  ;  il 
signa,  en  1814,  la  paix  de  Par'is,  assista 
au  congrès  de  Vienne ,  et,  en  1815,  aux 
conférences  de  Paris.  Le  4  juin  1814, 
ton  souverain  lui  avait  conféré  le  titre 
it  prince.  Il  assista  successivement  aux 
Migres  d'Aix-la-Chapelle,  de  CarUbad, 


COIMlf 


de  Vienne.  Mais  en  dehors  de 
flucnce  diplomatique,  il  reprit 
vaux  d'organisation  .En  1 8 1 7 ,  le 
d'état  fut  institué  par  lui;  en  181S 
et  1 820,  il  modifia  le  système  des  ittp^ 
égalisa  les  charges ,  abolit  les  droit»  ^ 
douane  perçus  à  l'entrée  des  villes.  ^. 
espérait  qu'il  donnerait  à  la  Prini^ 
système  représentatif  complet  ; 
temps  ne  lui  semblaient  point 
tuns;  il  craignait  de  tout  remettie 
question.  Alors  les  libéraux  le 
rent  comme  une  espèce  d*apostat,cn 
temps  que  la  noblesse  le  traiuit  de 
volutionnaire.  Mais  le  prince, 
sant  les  clameurs  des  partis ,  fort  de 
conscience  et  de  l'appui  du  roi,  de 
mour  de  U  famille  royale ,  de  la 
thie  des  esprits  clairvoyants,  ne  dé«ii 
point  de  la  ligne  qu'il  s'était  traeÉi 
Après  le  congrès  de  Vérone ,  où  il  s*éliil 
rendu  avec  le  comte  de  BemstoHT  {vûf,\ 
il  fît  une  tournée  dans  l'Italie  septentrio- 
nale ,  tomba  malade  à  Pavie,  et  movil 
à  Gènes  le  36  novembre  1833. 

Le  prince  de  Hardenberg  a  laissé  àm 
mémoires  sur  les  événements  aoconpSi 
depuis  1802  jusqu'à  la  paix  de  TiÛtt. 
Le  manuscrit  a  été  déposé  par  ordre  ém 
roi  dans  les  archives  du  royaume,  atic 
défense  de  l'ouvrir  avant  l'année  18S9. 
Les  Mémoires  d'un  homme  efêtûi  W 
ont  été  attribués  à  tort,  —  roir  Wolf, 
Histoire  de  la  famille  de  Hardenberg. 
Gœltingue,  1823,  3  vol.  in-â^  C.  L,  m. 

HARDENBERG,  voy,  Novaus. 

HARDIESSE.  La  plupart  des  étymo- 
logistes  font  venir  ce  mot  de  l'ancien  bmC 
tudesque  /lart ,  qui  signifie  dur^  et  se  re- 
trouve en  allemand  avec  la  même  accep- 
tion. La  hardiesse  est  en  général  une  qua- 
lité de  l'âme  en  vertu  de  laquelle  non» 
osons  tenter,  entreprendre  ou  faire  quel* 
que  chose  qui  est  ou  semble  périllcax , 
extraordinaire  ,  délicat ,  embarrassant. 
Elle  est  toujours  opposée  à  la  timidité. 
Or,  comme  on  peut  être  timide  de  plu- 
sieurs manières,  et  quand  on  a  une  en- 
treprise dangereuse  à  tenter,  et  quand  il 
est  question  de  faire  certaine  contenance 
en  présence  de  certaines  personnes,  et 
quand  il  s*agit  dans  les  sciences  et  les 
arts  de  quitter  les  sentiers  battus  ponr  ha- 
sarder quelaue  chose  de  nouveau,  ta  har« 


1- 


•      HAR 

exeree  également  dans  ces  trois 
Boes  principales. 

U  première  9  c'esl-a-dire  lors- 
ym  porte  à  entreprendre  malgré 
des  et  les  périls,  elle  ressemble 
wrage.  Cependant  elle  en  dif- 
QD  rapport  assez  important  :  au 
b  hardiesse  est  précisément  op- 
idmiditéy  le  courage  Test  plutôt 
la  crainte.  L'homme  hardi  a 
en  lui-même,  il  se  décide  à 
bqoe  d'encourir  quelque  grand 
il  ose  entreprendre  malgré  les 
et  les  dangers  possibles  ;  Thom- 
^ux  voit  des  dangers  réels  et 
i  n*en  est  point  efTrayé  ;  il  les 
ec  trop  de  hardiesse  on  s*ex* 
▼ec  trop  de  courage  on  se  livre 
ment.  Sans  hardiesse  on  hé- 
:  se  hasarde  point,  on  est  ré- 
arfois  pusillanime;  sans  cou- 
cule ,  on  est  lâche.  Louis  XVI 
de  hardiesse,  ce  qui  ne  Tem- 
m  plus  d'une  occasion  de  mon- 
roup  de  courage;  il  est  moins 
ouver  beaucoup  de  hardiesse 
e  courage.  On  connaît  la  fable 
>mpagnons  qui  rendent  la  peau 
ivant  de  Tavoir  tué. 
\  trois  sphères  d^action,  la  har* 
devenir  audace.  S'agit- il  d'un 
router,  elle  n'écoute  plus  les 
la  prudence  ordinaire,  mais, 
toutes  ses  forces  et  en  puisant 
es  dans  la  vue  de  sa  situation 
îUe  tente  la  fortune;  vive  et 
> ,  elle  sYlance ,  se  précipite , 
arrive  parfois  de  payer  cher 
ments  aventureux,  elle  seule 
te  peut  quelquefois  sauver  des 
is  malheurs.  L'audace  elle- 
hange  en  témérité  quand  elle 
!  ou  qu'elle  tente  l'impossible; 
court  au-devant  du  péril  sans 


(uré ,  ou  quoiqu'il  y  ait  entre 
*i  les  obstacles  une  telle  dis- 
I  qu'elle  ne  puisse  plus  raison- 
rien  espérer,  même  de  son  dés- 
surplus,  de  l'audace  à  la  té - 
'y  a  souvent  d'autre  difTérence 
[n  succès. 

I  relations  sociales,  en  fait  de 
:  de  procédés,  l'audace  marque 
%  «icès  condamnable  y  parce 


(  459  )  HAR 

que  là  rien  ne  s^obtient  par  emportement, 
par  fortune,  par  effort  extraordinaire  ou 
par  un  coup  de  main;  c'est  alors  une 
hardiesse  irréfléchie  ou  hautaine  qui  Ta 
jusqu'à  \ effronterie  quand  elle  fait  sup- 
primer toute  pudeur,  quand  elle  fait  vio- 
ler, sans  que  la  rougeur  vienne  au  front, 
le  respect  dû  aux  mœurs  et  aux  devoirs 
de  l'honnêteté.  Or,  si  le  manque  de  bar* 
diesse  est  un  défaut,  en  ce  qu'il  jette  le 
trouble  dans  les  idées  et  répand  de  l'em- 
barras dans  tout  ce  qu'on  dit  et  dans  tout 
ce  qu'on  fait;  s'il  annonce  peu  d'éduca- 
tion et  d'usage ,  l'excès  de  la  hardiesse 
est  un  vice ,  fruit  d'une  éducation  mau- 
vaise ,  et  qu'accompagne  d'ordinaire  une 
insupportable  présomption  ou  une  dé- 
pravation de  mœurs  plus  odieuse  encore. 
Sans  une  sage  hardiesse,  on  peut  demeurer 
ignoré,  passer  même  pour  un  sot  et  n'ar- 
river jamais  à  faire  valoir  les  grandes 
qualités  dont  on  est  doué  ;  car  la  har- 
diesse est  pour  celles-ci  ce  qu'est  le  res- 
sort pour  les  autres  pièces  d'une  montre  : 
elle  les  met  en  mouvement  ;  mais  l'auda- 
cieux et  l'effronté  choquent  si  fortement 
par  leur  suffisance  et  leur  insolence  qu'ils 
éloignent  d'eux  toute  âme  honnête,  et 
font  méconnaître  jusqu'à  leurs  grandes 
qualités,  si  tant  est  qu'ib  soient  capables 
d'en  avoir  de  telles. 

Il  en  est  de  même  dans  les  sciences  et 
les  beaux-arts  :  la  hardiesse  y  est  la  con- 
dition du  progrès  de  l'esprit  humain ,  et 
l'audace  la  cause  de  ses  extravagances. 
«  Les  anciens,  dit  Pascal,  n'étant  pas 
demeurés  dans  la  retenue  de  n'oser  rien 
ajouter  aux  connaissances  qu'ils  avaient 
reçues,  cette  heureuse  hardiesse  leur  a 
ouvert  le  chemin  aux  grandes  choses.  » 
Mais  qu'il  est  difficile  en  tout  de  garder  une 
juste  mesure  !  qu'il  est  difficile  de  s'arrê- 
ter sur  le  chemin  glissant  qui  mène  de  la 
hardiesse  à  l'audace!  Ainsi,  pour  n'en 
citer  qu'un  exemple  qui  nous  touche  de 
près,  à  côté  des  services  incontestables 
rendus  par  le  romantisme  à  notre  litté- 
rature épuisée ,  il  faut  placer  ses  égare- 
ments en  fait  de  goût  et  de  beauté  ,  ses 
théories  audacieuses ,  ses  critiques  témé- 
raires, et  les  outrages  dont  il  n'a  cessé 
d'accabler  notre  belle  langue.     L-f-e. 

HARDOUIN  (Jean),  prodige  d'éru- 
dition^  le  plus  paradoxal  de^  savants  aq^ 


HÂR 


(460) 


HAR 


cîens  et  modernes,  naquit  à  Quimper 
^Finistère)  en  1646.  Filsd^un  libraire  de 
cette  ville,  il  entra  fort  jeune  chez  les  je- 
fuites,dont  il  devait  porter  la  robe  pendant 
67  ans.  Théologien ,  antiquaire ,  chrono- 
logisle,  historien,  littérateur,  philologue, 
naturaliste,  commentateur,  éditeur,  cé- 
lèbre par  de  grands  travaux ,  doué  d*une 
immense  mémoire,  d^une  imagination 
ardente,  mais  emporté  par  un  esprit  de 
système  intarissable,  il  voulut  ouvrir  par- 
tout des  routes  nouvelles,  et  s*y  égara  pro- 
fondément, mais  avec  conviction  et  sans 
jamais  revenir  sur  ses  pas. 

Il  écrivit  dVbord  sur  la  numismatique, 
publia  de  savants  traités  sur  les  médailles 
des  anciens  %  et  se  trouva  bientôt  en  dis- 
sidence et  en  guerre  avec  tous  les  anti- 
quaires et  tous  les  chronologistes  contem- 
porains. Il  soutenait,  dans  sa  Chronolo- 
gie espliquée  par  les  médailles  (1693), 
que  tous  les  ouvrages  classiques  deFanti- 
quité ,  en  prose  et  en  vers ,  à  Texception 
d^Homère  et  d^Hérodote ,  de  Cicéron,  de 
Pline  r  Ancien ,  des  G^r^g'/fiitfj  de  Virgile, 
des  satires  et  des  épitres  d^Horace,  avaient 
été  fabriqués  par  des  moines  du  xiii*  siè- 
cle ,  sous  la  direction  d^un  certain  Severus 
Archontius.  Le  docte  rêveur  prétendait 
prouver  que  V Enéide  de  Virgile ,  ouvra- 
ge d*un  bénédictin ,  était  une  fable  inven- 
tée diaprés  les  événements  qui  avaient 
consommé  le  triomphe  du  christianisme 
sur  la  synagogue  :  Troie  en  cendres  re- 
présentait rincendie  de  Jérusalem  ;  Énée 
emportant  ses  dieux  en  Italie  n^était  que 
la  figure  de  TÉvangile  annoncé  aux  Ro- 
mains, et  le  poème  qu^une  description 
allégorique  du  voyage  de  saint  Pierre  à 
Rome,  où  d^ailleurs  le  P.  Hardouin  a(Br- 
mait  que  I'ap6tre  n^élait  jamais  allé.  Il  dé- 
clarait que  les  odes  d^Horace  étaient  de  la 
même  fabrique,  et  que  la  Lalagé  du  poète 
nVtait  autre  chose  que  la  religion  chré- 
tienne. Boileau  disait  plaisamment  à  ce 
sujet  :  n  Je  ne  sais  ce  qui  en  est  de  ce  sys- 
«  tème;  mais,  quoique  je  n*aime  pas  les 
«  moines,  je  n'aurab  pas  été  fiché  de  vi- 


(*)  Summi  mmli^ui  popuf^rmm  H  mrhimm,  1CS4, 
in-ful.;  —  /)«  NÊummii  mmtiquii  eplomimrmm  et  mu* 
nicipiorum,  1689,  lo-4*;  —De  Nummis  Smm€ri' 
tmmi$ ,  éê  Nmmmit  HtfdUdmm,  1691,  10*4*  <  — 
Cknmoiùgim  «x  nmmmis  mmiiquit  rtilitMt^,  1693, 


h-i*,  9tc. 


«  vre  avec  frère  Horace  et  dom  Virgi 
Oans  son  traité  de  Nummis  Hen 
dumy  Hardouin  avançait  qu*HérodU 
Athénien,  païen  et  platonicien.  Dai 
commentaire  latin  sur  leNouvean-1 
ment,  il  prétendait  que  toutes  les  p 
cations  du  Christ  et  des  ap6tres  avaie 
faites  en  latin  ;  il  croyait,  il  avait  ii 
mé,  que  presque  aucune  médaille  dt 
ciens  n'était  authentique ,  mais  qi 
avaient  été  fabriquées  dans  le  m 
âge  par  les  bénédictins.  Il  soutenait 
sur  ces  médailles,  chaque  lettre  devai 
prise  pour  un  mol  entier.  Choqué  ék 
extravagance,  un  archéologue  lui  4 
jour  :  «Non,  mon  père,  il  n*y  a  ps 
«  médaille  ancienne  qui  n^ait  été  fr 
«  par  les  bénédictins,  et  je  le  pr 
«  Ces  lettres  CON.  OB.,  qu'on  ti 
«  sur  plusieurs  médailles ,  et  que  Ici 
«  quaires  ont  la  simplicité  d>xpl 

«  par  COXSTANTIHOPOLI  ÛBSIClfATO: 

«  gnifient évidemment  Cusi  ÛMints] 

A  MlOrFICINABENEDimifA.aLeP. 

douin  sentit  Tironie,  mais  il  gardi 
opinion.  Il  trouvait  dans  les  ofliâei 
palais  de  Philippe-Auguste  les  troîi 
ducteurs  de  la  Bible,  Aquila,  Syma 
Théodosien;  il  cherchait  dans  la  00 
ce  monarque  la  clef  du  nom  des  évl 
des  papes  et  des  saints  dont  il  crt 
dans  Phistoire  du  xii*  siècle. 

On  rapporte  même  dans  les  biogn 
écrites  par  les  jésuites  Fanecdote  snîi 
Un  des  confrères  du  P.  Hardouin 
voulu  lui  représenter  que  le  publii 
tonnait  de  plus  en  plus  de  la  hardin 
ses  paradoxes  :  n  Eh!  croyez-vo«i 
«  pondit-il  brusquement,  que  je  mfk 
«  levé  toute  ma  vie  à  quatre  beor 
«  matin  pour  ne  dire  que  ce  que  it\ 
n  ont  déjà  dit?  »  Son  ami  répliqua  :  < 
«  il  arrive  quelquefob  qu'en  ar.  Wvi 
«  malin  on  écrit  sans  être  bien  évci 
«  qu'on  peut  débiter,  comme  vértU 
«  montrées,  les  rêveries  d'une  mai 
«  nuit.  » 

Il  fallut  cependant  que  les  chefr  * 
ordre  obligeassent  le  célèbre  visioi 
a  rétracter  ses  erreurs.  Il  se  soiunit(l 

(*)  Le  tavaDt  hm  Croi«  fit  Uapriaiar.ft 
déf«n»«  dm  AartMit,  «oai  c« 


la-ia. 


et  à  nocrédDUté.  «Dieu, 

-il  y  m*a  ôté  la  foi  humaine  pour 

plus  de  force   à  la  foi   di- 


t 


BAR  (461)  HAR 

ooimctioiis.  Ses  para-  t  reproduite  dans  la  collection  de  Deux* 
t  conduire  à  on  pyrrho-  |  Ponts,  1783,  5  Tol.in-S^ 

Ce  fut  en  1715  que  parut  à  Timpri- 
mené  royale,  en  13  vol.  in- fol.,  la  gran- 
de Collection  des  conciles  (  Conciliorum 
collcctio)j  que  rassemblée  générale  du 
clergé  de  France  avait  chargé  le  P.  Har- 
douin  de  publier,  en  lui  faisant  une  pen- 
sion pour  ce  travail.  Cette  collection,  dite 
Alaxima^  et  qui  embrasse  les  conciles  te- 
nus depuis  Tan  34  de  Fère  vulgaire  jus- 
qu^en  1714,  est  moins  estimée  que  celle 
du  P.  Labbe  (1671-72),  18vol.in-fol., 
quoiqu'elle  contienne  plus  de  vingt  con- 
ciles qui  n'avaient  pas  encore  été  publiés. 
Mais  le  P.  Hardouin  fut  accusé  d'avoir 
supprimé  des  pièces  importantes,  de  les 
avoir  remplacées  par  des  pièces  apo- 
cryphes ,  et  d'avoir  avancé  plusieurs  pro- 
positions contraires  aux  maximes  de  l'É- 
glise gallicane.  Le  parlement  de  Paris,  sur 
un  rapport  qui  fut  demandé  à  six  docteurs 
deSorbonne,  arrêta  la  vente  de  l'ouvrage 
jusqu'à  ce  que  de  nombreux  cartons  eus- 
sent été  faits  et  intercalés  dans  les  volu- 
mes de  la  collection ,  dont  les  tables  sur- 
tout sont  très  estimées. 

Ce  qui  paraîtra  très  singulier,  c'est 
que  le  P.  Hardouin  regardait  comme 
chimériques  cous  les  conciles  tenus  avant 
le  concile  de  Trente.  Le  P.  Le  Brun,  de 
l'Oratoire,  connaissant  l'opinion  du  jé- 
suite ,  lui  disait  un  jour  :  a  D'où  vient 
(t  donc  que  vous  avez  donné  une  édition 
<  des  conciles?  »  Hardouin  répondit  :  «  Il 
«  n'y  a  que  Dieu  et  moi  qui  le  sachions.  » 

Ses  autres  ouvrages  sont  encore  nom- 
breux :  nous  citerons  sommairement  sa 
Chronologie  de  l'Ancien  -  Testament 
(1677,  in-40),  sa/>flra/?Arajir  de  VEc- 
clésiaste  (1729,  in- 12),  son  Comment 
taire  sur  le  NoupeaU'-'Testament ^  son 
traité  Ds  la  situation  du  Paradis  ter-^ 
restre^  son  Apologie  d Homère  (1716, 
in- 12),  qui  fut  réfutée,  la  même  année, 
par  un  gros  volume  de  M™^  Dacier;  ses 
Opéra  selecta^  (  1 709 ,  in-fol.),  etc.  Au- 
cun de  ces  ouvrages  n'est  exempt  de  l'es- 
prit de  système. 

Le  P.  Hardouin  mourut  le  3  septembre 
1729,  à  Paris,  au  collège  deLouis-Ie- 
Grand,  à  l'âge  de  83  ans.  Il  avait  confié 
tous  ses  manuscrits  à  l'abbé  d'01i\et, 
qui  en  fil  imprimer  une  partie  sons  le  ti- 


cfoerelles  avec  Basnage,  Le- 
Bajle,  Hœt,  le  cardinal  Noris, 
ity  etc.,  les  injures  manquèrent  ra- 
Le  cardinal  Noris  publia  contre 
un  pamphlet  intitulé  Parce^ 
r,  etc.  Le  jésuite  voyait  de  la  jolie 
Buaage,  et  traitait  le  savant  évéque 
macbea  de  stupide  et  d'insensé. 
hil  reprochait  son  effrénée  etinta^ 
fie  paradoxologie i  il  voyait  en  lui 
ïtritiqtie  aventurier f  un  homme  à  vi- 
r,  dont  l'humeur  était  co/i- 
,  présmnptueuse  et  mutine.  Le 
munisiiiate  Vaillant  reprochait  à 
de  loi  ^yove  filouté  quelques 
ins  sur  les  médailles.  La  polé- 
dea  savants  était  alors  peu  polie. 
Wjle,  dans  sa  République  des  Let- 
y  avait  reproché  au  jésuite  de  nom- 
lerreor^  il  remarquait  qu'en  chau- 
les inscriptions  de  plusieurs  mé- 
il  était  allé,  dans  sa  présomption, 
%  dire  :  Sic  legijubemus  ;  et  que, 
la  préface  de  son  traité  De  Nunvnis 
fquiSj  il  déclarait  n'avoir  lu  les  anti- 
<{ne  pour  les  corriger,  en  sorte 
yToB  pourrait  appeler  son  livre  :  Errata 
Jatàqmariorum. 

Hardooio  avait  débuté  dans  les  lettres 
fVVBe  édition  de  Themistius,  en  grec 
m,  CB  latin,  Paris,  Impr.  royale ,  1 684 , 
il  fol  Le  P.  Petau  n'avait  donné  que 
Wigt  discours  de  Themistius  :  Hardouin 
ai  publia  treize  nouveaux  avec  de  sa- 
VBlea  notes. 
L'année  suivante  (  1 685),  il  fit  paraître, 
la  pimde  collection  des  classiques 
ad  msum  Delphi  ni  y  l'Histoire  Na- 
de  Pline,  en  5  vol.  in-4^.  Huet, 
tonjoars  juste,  disait  que  «  le  P.  Har- 

•  dootn  avait  fait,  en  cinq  ans,  un  ou- 

•  vrage  que  cinq  anciens  des  plus  savants 

•  anraieot  été  cinquante  ans  à  faire.  » 
Cette  édition  de  Pline  est  encore  aujour- 
Aoi  la  plus  estimée.  L'auteur  la  fit 
réÛBprioier  avec  des  changements,  des 
additions,  et.  quelques  paradoxes  de 
Boîns,  eo  1723, 3  toL  in-fol.  Elle  a  été 


t!AR 


(462) 


flAtt 


ire  ^ Opéra  varia ,  et  déposa  le  reste  à 
U  Bibliothèque  du  roi.  On  trouve  dans 
les  Opéra  varia  (Amst.,  1733,  in-fol.) 
des  écrits  singuliers ,  tels  que  Pseudo'» 
Firgilius  j  Pseudo-Horatius;  mais  le 
plus  curieux  est  celui  qui  a  pour  titre 
Athei  detecii.  Or,  quels  étaient  ces 
athées  découverts  par  le  P.  Hardouin  ? 
En  bon  jésuite ,  il  avait  reconnu  et  pro- 
clamé tels  Jansenius,  Arnauld,  Nicole, 
Pascal,  Quesnel,  d'autres  encore,  et  à 
leur  tête  Descartes  ;  car,  à  ses  yeux,  car- 
tésien et  athée  étaient  unum  et  idem. 

En  1766  parut,  en  1  vol.  in->8<*,  un 
écrit  posthume  du  P.  Hardouin ,  sous  ce 
titre  :  Prolegomena  ad  censurant  scrip- 
torum  veterum.  Là  revit,  fortifié,  tout 
le  système  du  jésuite  sur  la  fabrication 
des  classiques  anciens  par  les  moines  du 
moyen-âge. 

Hardouin  fut  donc  à  la  fois  dévot  et 
pyrrhonien ,  adorateur  et  destructeur  de 
Tantiquité.  «  Il  travaille  sans  cesse,  disait 
«  Huet,  à  ruiner  sa  réputation,  sans  pou- 
«  voir  en  venir  à  bout.  »  V-ye. 

HARDY  (  Alexahdee).  L'auteur  le 
plus  fécond  que  la  scène  française  ait 
possédé.  L'époque  de  sa  naissance  n'est 
point  connue,  et  le  lieu  en  serait  égale- 
ment ignoré  si  lui-même  ne  cous  l'a- 
vait appris  en  se  qualifiant  de  Parisien^ 
dans  la  préface  de  ses  œuvres.  On  sait 
seulement  que  ce  fut  en  1 60 1  qu'il  com- 
mença à  travailler  pour  le  théâtre.  De- 
puis ce  moment  jusqu'en  1630 ,  c'est-à- 
dire  dans  un  espace  de  moins  de  trente 
années,  plus  de  700  tragédies,  comédies 
ou  tragi-comédies  coulèrent  de  sa  facile 
plume.  A  la  vérité ,  l'invention  de  ses 
sujets  ne  lui  coûtait  pas  de  grands  frais 
d'imagination  :  l'histoire ,  la  fable ,  les 
it>mans,  les  pièces  espagnoles,  telles  étaient 
les  sources  auxquelles  il  puisait  sans  cesse. 
Ajoutons  que ,  peu  jaloux  de  varier  ses 
intrigues,  celle  d'un  ouvrage  lui  servait 
souvent  pour  beaucoup  d'autres.  On  pense 
bien  que ,  sous  le  rapport  du  style ,  ce 
poète  à  /a  course  ne  se  montrait  pas  plus 
difficile;  heureusement  pour  lui  ses  con- 
temporains n'éuient  pas  exigeants  en  fait 
d'élégance  et  de  correction. 

Hardy  ne  se  fit  pas  non  plus  le  moindre 
iBTupuJe  d'enfreindre  toutes  les  lois  dra- 
Mtf'qiies  d^Arittote,  ei  pniidp%\caml 


celle  des  unités.  Mais,  ce  qa*oo  ava 
tout  droit  de  lui  reprocher,  même 
époque ,  c'était  l'indécence  de  bei 
de  ses  pièces.  Il  n'avait  point  iotrm 
défaut  sur  la  scène,  mais  il  ne  \ 
point  à  le  réformer.  La  morale  tie 
grande  place  dans  ses  ouvrages,  nia 
en  sentences  emphatiques,  en  fastit 
tirades,  tandb  que  l'immoralité  a 
l'intrigue  et  dans  les  situations. 

Cet  auteur  avait  d'abord  été  atl 
une  troupe  d«  comédiens  ambulant 
leiquels  il  fabriquait,  au  besoîi 
pièce  en  cinq  actes  dan»  TexparA  d 
jours,  ou  dans  une  semaine  quaiM 
pressait  moins.  Plus  tard,  il  se  ûmx 
ris,  et,  devenu  le  fournisseur  en  ti 
comédiens  françab,  il  fit  avec  e 
marché  à  forfait  pour  leur  livrer  uj 
tain  nombre  de  pièces  chaque  anm 
voit  que  notre  siècle  ne  peut  pa 
plus  prétendre  à  la  création  de  ce 
d'industrie. 

Le  prii  qu'il  retira  de  ses  pièces 
avoir  été  très  minime ,  car  cet  autei 
eut ,  dit-on,  dans  une  gêne  constat 
le  titre  de  poète  du  roi ,  qui  lui  fi 
cordé  par  Henri  IV,  et  oontinu 
Loub  XIU ,  devint  pour  lui  plus  1 
rifique  que  lucratif. 

Ce  n'était  point  encore  IVpoqi 
œuvres  complètes^  et  Tinépuisable  | 
voulant  faire  imprimer  les  sienoci 
tit  la  nécessité  d'y  (aire  un  cfac 
se  borna  donc  modestement  à  la  i 
cation  de  six  gros  volumes  in-8%  c 
nant  seulement  cinquanie'^uaire 
pièces ,  et  qui  parurent ,  en  1 633, 
Jacques  Quesnel ,  libraire  à  Paris. 

Dans  ce  recueil  encore  bien  vo 
neux,  il  se  trouve  quelques  pièce 
offrent  un  certain  intérêt.  On  peut 
entre  autres,  Marianne,  tragédie 
bien  conduite,  présentant  des  i 
touchantes,  et  qui  n'a  point  été  ioi 
ceux  qui  ont  depuis  traité  le  même  i 
telle  est  aussi  ia  Force  du  naturel^  i 
nie  de  nos  jours  sous  le  titre  de  L^ 
die, 

Alexandre  Hardy  mourut,  à  a 

l'on  présume,  en  1631  ou  1632.  Il 

fait  oublier  Gamier  :  il  fut  à  toa 

oublié  pour  Mairet,  dont  les  pn 

>  «HQcib  de  Corneille  édiptèreot  him 


HSR 

HBtage  le  renom.  Fojr.  GAEiŒ&y  art 
DiAMATiQUE  (T.  vin,  p.  495),  et  littéra" 
F»AHÇAisE(T.XI,p.475).M.O. 
HAREM.  Le  sens  propre  de  cette  ex- 
1  |RBion  arabe  doit  se  rendre  en  français 
j  «rie  mot  défendu  ;  mais  plus  habituel- 
J  mtol  les  OrienUux  désignent  ainsi  Tap- 
fMemeot  des  femmes ,  où  le  mari ,  et 
■iem  encore  le  matire ,  a  seul  le  droit 
Centrer  y  et  qui ,  sous  peine  de  mort,  est 
»  iHerdit  à  tons  les  autres  hommes.  En  Eu- 
^  ,  on  a  rhabitude  de  confondre  sou- 


• 


M  le  sérail  [voj.)  avec  le  harem,  et 

/îttte  erreur  est  si  rommune  que  plusieurs 

dktkmnaires  modernes  font  de  ces  deux 

synonymes  pour  lesquels  ils  ne 

t  qa^nne  seule  et  même  descrip- 

Cependant  les  Turcs  appellent  in- 

ent  x^/wi' tous  les  palais,  qu'ils 

t  oa  non  habités  par  des  femmes;  et 

résenrent,  comme  les  Arabes,  le  nom 

karem  à  l'appartement  exclusivement 

aoz  femmes.  Nous  ne  parlerons 

ici  que  du  harem  proprement  dit , 

yant  les  détails  sur  les  palais  turcs 

4  Fartîcle  SsaAiL. 

Dans  rasage,  le  mot  harem ,  lieu  qui 
les  femmes,  sert  aussi  fréquem- 
à  désigner  les  femmes  elles-mêmes, 
d  remplace  alors  les  mots  mara ,  nes'^ 
somân  (femme,  femmes).  Cet  usage  a  été 
adopté  dans  les  langues  européennes,  où 
Fondit,  d^nnepart  :  Lafemmt  doit  se  reri" 
Jermerdans  le  harem  ^  et  de  Tautre  :  Le 
pacha  était  suivi  de  son  harem. 

La  sosœptibilité  musulmane,  qui  se  ré- 

lèle  si  bien  en  employant ,  dans  le  lan- 

y  le  mot  défendu  pour  nommer  Vé- 

et  la  chambre  nuptiale ,  se  montre 

î  dans  Tarchitecture  qui  préside  à  la 

coostmction  de  leurs  maisons.  On  ne 

RMontre  |iresque  jamais  un  portique  qui 

pM  Mette  à  l'œil  des  passants  de  lancer  un 

Rgtfd  indiscret  sur  le  corps  de   logis 

*  principal;  point  de  façades  découpées 

*  pir  de  larges  fenêtres,  mais  au  contraire 
me  entrée  anguleuse  fermée  par  une  dou- 
Ue  barrière  où  nuit  et  jour  demeure  un 
|vdien  vigilant;  et  si  par  hasard  l'édifice 
reçoit  la  lumière  de  la  rue ,  les  fenêtres 
loot  élevées  et  garnies  d'un  treillage  de 
bois  très  serré,  derrière  lequel  il  est  im- 
possible de  rien  apercevoir.  Ceux-là 
nême  qni  sont  les  plus  chauds  partisans 


(  46*  )  HàJI 

de  la  réforme ,  et  qui  ont  fait  bâtir  des 
palais  se  rapprochant  de  nos  construc- 
tions européennes,  conservent  avec  soin 
ces  rideaux  de  bois  ;  le  plus  souvent  en- 
core leurs  femmes  habitent  une  autre 
maison  disposée  comme  celles  d'autrefob. 
C'est  ordinairement  au  fond  d'une  vaste 
cour  que  se  trouve  l'escalier  qui  conduit 
au  harem.  La  porte  de  cet  escalier  est 
recouverte  d'un  tapis ,  et  l'eunuqjiie ,  qui 
rôde  sans  cesse  à  l'entour,  indique  en 
outre  au  vrai  croyant  qu'il  faut  détour- 
ner ses  regards  de  cet  endroit  mystérieux. 
Dans  les  vestibules  qui  précèdent  les  cham- 
bres où  se  tiennent  les  femmes ,  des  en- 
nuques  et  des  servantes  forment  une  se- 
conde garde,  toujours  prête  à  donner 
l'alarme  si  quelque  téméraire  osait  se 
présenter  dans  ces  lieux  défendus. 

Le  peuple  n'a  pas ,  comme  les  grands 
seigneurs,  des  appartements  séparés,  ni 
des  eunuques,  ni  des  esclaves  pour  gar- 
der ses  femmes;  mais  toujours  une  cham- 
bre ou  un  réduit  obscur  lui  sert  de  ha- 
rem. Dans  sa  hutte  de  terre,  le  paysan 
soustrait,  au  moyen  d'une  natte ,  sa  com- 
pagne à  la  vue  des  étrangers.  D'ailleurs 
le  respect  que  l'on  doit  aux  femmes  des 
autres  est  entré  si  avant  dans  les  mœurs 
musulmanes  que  tous  les  hommes  dé- 
tournent les  yeux  plutôt  que  de  chercher 
à  voir  les  visages  de  celles  qui  ne  sont  pas 
leurs  épouses.  Quand  un  Arabe  va  dans 
une  maison  où  il  y  a  des  femmes,  dès  la 
porte  de  la  rue  il  appelle  à  haute  voix 
et  n'avance  que  lentement  en  faisant  beau- 
coup de  bruit.  Si  personne  ne  lui  répond, 
il  reste  sur  le  seuil  et  crie  cette  formule 
du  Koran  :  Bismillah^  irrahmaniy  irra^ 
himi  f  jusqu'à  ce  qu'on  l'avertisse  qu'il 
peut  entrer.  Les  Espagnols,  qui  ont  gar- 
dé beaucoup  d'habitudes   mauresques, 
disent ,  dans  la  même  circonstance,  Afe^ 
Maria  ! 

Chez  les  riches  et  chez  les  pauvres, 
quand  un  médecin  ou  un  porteur  d'eau,  les 
seuls  individus  qui  pénètrent  quelquefois 
dans  le  harem,  sont  obligés  d'y  entrer, 
l'eunuque  ou  le  mari  les  précède  en  aver- 
tissant les  femmes  de  se  cacher.  Si  quel- 
ques-unes d'entre  elles  sont  surprises 
avant  de  s'être  voilées,  elles  tournent 
alors  la  face  contre  le  mur  et  restent  sans 
bouger  jusqu'à  ce  i^u'eWea  ive  ^uv^'^^tvV 


kkR 


(464) 


HAB 


>liu  être  vues.  tJn  akédecin  n'tpproche 
âne  malade  que  lorsqu'elle  est  soigneu- 
sement enveloppée.  Il  ne  peut  voir  que 
sa  langue  et  toucher  que  le  bras  pour 
constater  Tétat  du  pouls.  L*eunuque  ou 
le  mari  assiste  à  la  consultation  et  fait 
lui-même  les  questions  qui  doivent  éclai- 
rer le  docteur ,  à  qai  il  est  défendu  de 
s'adresser  directement  à  la  femme.  Ce 
n'est  que  dans  les  cas  désespérés  qu'on 
lui  laiôe  regarder  le  visage. 

On  professe  un  si  grand  respect  pour 
le  harem  qu'un  homme  poursuivi,  qui  se 
réfugie  vers  l'appartement  des  femmes 
en  criant  :  Fiardac  el  harem  ^  devient 
inviolable. 

Dans  ces  lieux  retirés,  loin  de  tous  les 
regards  jaloux ,  les  musulmans  accumu- 
lent leurs  richesses ,  les  carreaux  de  satin, 
les  divans  moelleux ,  les  tapis  de  Perse , 
en  un  mot  le  luxe  oriental.  Cependant, 
pour  être  vrai,  nous  devons  dire  que,  de 
nos  jours,  ce  luxe  ne  mérite  plus  son  an- 
tique renommée  :  le  harem  de  Mébémet- 
Ali ,  par  exemple ,  est  moins  somptueux 
que  les  boudoirs  et  les  salons  d'Europe. 
De  blanches  Géorgiennes ,  Grecques  ou 
Circassiennes,  de  noires  Nubiennes,  Gal- 
las  ou  Abyssiniennes  y  sont  enfermées 
pour  servir  aux  plaisirs  du  maître,  et  pas- 
sent le  temps  à  faire  quelques  broderies, 
mab  surtout  à  jouer,  à  rire  et  à  causer  en 
fumant.  Si  le  seigneur  a  plusieurs  fem- 
mes ,  chacune  d'elles  a  son  appartement 
séparé,  des  eunuques ,  des  esclaves  et  des 
domestiques  qui  n*obéissent  qu'à  elle. 
Elles  tiennent  beaucoup  à  l'autorité  qu'el- 
les ont  sur  leurs  serviteurs  et  ne  souf- 
frent pas  que  d'autres  les  commandent. 
En  général,  ces  femmes  sont  très  jalouses, 
non  pas  de  Tamour  de  leur  mari,  mais 
de  posséder  autant  de  bijoux ,  de  perles 
et  de  cachemires  que  leurs  rivales.  Aussi 
la  plupart  des  Turcs  ont- ils  renoncé  à 
avoir  plusieurs  femmes  légitimes,  à  cause 
des  dépenses  nombreuses  qu'il  faut  faire 
pour  les  traiter  toutes  également.  Ils  n'é- 
pousent qu'une  seule  femme  et  ont  des 
esclaves  concubines  qui  ne  sont  point  si 
exigeantes,  et  qui  sont  soumises  à  Tépouse, 
à  la  suUhane^  bien  qu'elles  partagent 
avec  elle  la  couche  du  maître.  Ces  escla- 
ves forment  la  cour,  les  dames  d'atours 
Je  Ja  reine  du  harem,  et  sont  très  empres- 


sées à  satisfaire 
elles  sont  heureoset  si  leur 
gne  se  mêler  à  leurs  jeux  ;  ellaa 
et  chantent  pour  la  distraire ,  t 
veut  dormir,  elles  se  dispotenl  I 
de  tenir  l'éventail  pour  la  ploa^ 
lieu  d'un  air  frais  qui  porte  aa 
Si  b  sulthane  parcourt  la  ville, 
cubines  de  son  époux  lui  servci 
tége;  plus  elles  sont  nombreoici 
seiti  (ce  mot  veut  dire  madame) 
santé  et  respectée.  Ces  esclaves, 
bleraient  devoir  haïr  leur  malli 
sont  pourtant  dévouées  et  adi 
vie  avec  amour.  Elle-m*m^  im 
non  plus  les  matiresses  de  soi 
en  Orient,  la  jalousie  ne  tourm 
les  rivaux.  Une  setii  a  grand  soi 
esclaves  soient  vêtues  richement  : 
fait  des  présents  et  étend  sor 
sollicitude  toute  maternelle.  Si 
dave  devient  mère,  nulle  d 
n'existe  entre  son  enfant  et  celni 
gitime  épouse.  Tous  ne  sont-i 
enfants  du  maître  ?  pourquoi  al 
de  préférence?  VoiÛ  ce  qu'eik 
dent  aux  chrétiens  qui  manifa 
tonnement  que  leur  cause  celle* 
Les  enfants  sont  ainsi  éUvés  s 
jusqu'à  l'Âge  de  9  ans,  où  les  gi 
sortent  pour  n'y  plus  rentrer.  G 
une  mère  n'est  pas  obligée  de  t 
le  visage  devant  son  fils  devenu 

Les  Turcs  se  retirent  dans 
pour  la  sieste  de  midi  à  trois  ] 
pour  passer  la  nuit.  Chaque  U 
maître  se  présente  au  milieu  di 
mes,  la  seiti  lui  lave  les  pieds, 
le  café  et  la  pipe ,  des  confiim 
gâteaux.  C'est  un  devoir  qu'elle 
reuse  de  remplir  el  que  lei  esd 
sent  lui  disputer.  Elle  est  la 
d'honneur,  et  elle  ne  peiuwl 
propres  filles  de  la  remplacer.  ] 
rant  le  repas,  elle  se  place  à  la 
son  époux;  le  service  est  fait 
les  esclaves. 

Les  femmes  d'Orient  seraicol 
nées  à  une  réclusion  continoeUi 
fréquentes  visites  qu'elles  se  rei 
tre  amies  ;  mais  elles  ne  sortent 
loppées  dans  un  voile  épab  (êo 
leur  masque  la  figure  et  ne  lai 
tre  que  les  yeux.  Elles  aoot  éè 


UàR 


(466) 


HAR 


;  habarras  ou  on  mélaye^  lon- 
Me  notre  oa  de  coton  bleue, 
Hiîeu  eu  altaché  nir  le  sommet 
el  dont  les  deui  bouts  son  t  rame- 
laque  bras,  de  telle  sorte  qu'elles 
loppécs  dans  une  espèce  de  do- 
cÛasimule  entièrement  la  taille 
les  du  corps.Les  femmes  appart  3  - 
î  paissants  seigneurs  sont  tou- 
rdllées  par  les  eunuques,  qui  ne 
Dt  jamais.  Leurs  voiles  ne  doi- 
ber  que  cbez  elles  ou  chez  leurs 
aand  aucun  homme  ne  peut  les 
I  (areur  de  ce  costume,  de  cet 
»  communs  à  toutes  les  •ctiis,  el- 
Dt  darder  leur»  regards  sur  les 
nlier«9  c&odis  qu'eux  détour- 
laement  lesyeux,de  peur  d'avoir 
Dvoîter  une  femme  qui  a  un  au- 
\  Elles  passent  souvent  huit  ou 
chez  une  amie;  libres  de  toute 
î,  elles  se  dépouillent  de  leur 
our  danser  et  faire  mille  folies 
i.  Comme   il  pourrait  arriver 
tre,  entrant  sans  prévenir,  aper- 
ge  d*une  femme  qui  ne  lui  ap- 
■s,  pour  qu'il  ne  puisse  déslio- 
k  voyant,  celle  qui  ne  doit  être 
lar  son  époux,  la  visiteuse  a  le 
ÎMer  à  la  porte  ses  pantoufles, 
tir  qu'il  y  a  dans  le  harem  une 
étrangère  :  le  mari  attend  alors 
it  partie ,  ou  bien  fait  appeler 
I  dans  un  autre  lieu.  S'il  n'y  a 
itre  chambre,  on  prie  la  vbi- 
ie  couvrir  de  son  voile ,  parce 
Itre  veut  entrer.  En  Espagne, 
es  du  confesseur  déposées  de- 
-te  d'une  dame  arrêtaient  aussi 
•us  qui  pouvaient  troubler  ses 
iditations. 

unes,  avons-nous  dit,  ne  peu- 
ancun  prétexte,  pénétrer  dans 
étranger  ;  à  leur  tour,  les  settis 
L  pas  non  plus  se  présenter  dans 
'a  où  le  mari  reçoit  ceux  qui 
«rier.  Biais,  dans  le  cas  où  ei- 
«ient  entretenir  leur  époux, 
m  moyen  de  le  prier  de  mon  • 
d'elles.  L'eunuque  ou  la  do- 
prend  les  pantoufles  que  son 
issées  sur  le  tapis  avant  de  s'ac- 
rson  divan,  et  les  lui  présente; 
life  :  Ma  maîtresse  a  besoin  de 

rdop.  d.  G,  d.  M.  Tome  XIU. 


causer  avec  vous  ;  rendez  -vous  de  suit* 
dans  son  appartement. 

Pour  compléter  l'histoire  du  harem , 
nous  devons  encore  parler  des  taouachis 
(eunuques)  qui  y  demeurent  pour  garder 
les  femmes.  L'eunuque  {voy,)  est  le  plus 
cher  de  tous  les  esclaves,  car  oa  tiers  des 
malheureux  que  l'on  soumet  à  h  castra* 
tion  {vox»)  périssent.  C'est  assez  dire  qu'il 
n'y  a  de  taouachis  que  dans  les  giandes 
maisons,  surtout  comme  il  est  d'usage 
qu'on   les  entretienne  magnifiquement. 
Un  eunuque  a  toujoura  de  beaux  habits, 
un  cheval  fringant  et  une  selle  brodée 
d'or.  11  ne  quitte  jamais  celles  qu'il  doit 
surveiller,  il  mange  et  dort  dans  le  ha- 
rem. Quand  elles  sortent,  il  précède  les 
femmes  en  faisant  ranger  les  passants;  car 
tout  le  monde  est  obligé  de  laisser  le  che- 
min libre  au  harem  d'un  grand  seigneur. 
Maintenant  que  les  troupes  ont  adopté 
la  tactique  des  chrétiens,  les  postes  ren- 
dent les  honneurs  militaires  aux  femmes 
des  pachas;  mais,  pour  concilier  l'ordon- 
nance européenne  avec  les  mœun  mu- 
sulmanes, ib  leur  présentent  les  armes 
en  leur  tournant  le  dos.  J.  C-t. 

HARENG.  Le  poisson  de  ce  nom 
forme  le  genre  le  plus  important  de  la  fa- 
mille des  clupes  [yoy.)y  la  cinquième  de 
l'ordre  des  malacoptérygiens  abdominaux. 
On  les  reconnaît  à  leurs  inter-maxillai- 
res  étroits  et  courts,  au  bord  inférieur 
de  leur  corps  comprimé  et  garni  d'écaillés 
disposées  comme  les  dents  d'une  scie  ; 
enfin  leur  lèvre  supérieure  n'est  pas 
échancrée;  leur  bouche  est  de  médiocre 
grandeur. 

Chacun  connaît  le  hareng  commun 
(clupea  harengtis  ylj,)y  et  l'importance  des 
pèches  dont  il  est  l'objet.  Vers  le  milieu 
du  XVII*  siècle,  les  Hollandais  n'y  em- 
ployaient pas  moins  de  2,000  bâtiments, 
et  l'on  a  évalué  à  800,000  le  nombre  de 
personnes  que  cette  branche  d'industrie 
faisait  vi\Te,  seulement  dans  les  deux  pn^ 
vinces  de  la  Hollande  et  de  la  Frise  oc- 
cidentale. Les  Norvégiens,  les  Améri- 
cains, les  Écossais,  les  Anglais  et  même 
nos  pécheurs  des  bords  de  la  Mancàe  s'y 
adonnent  aussi  en  grand  nombre:  et  au- 
jourd'hui, bien  que  cette  pèche  scit  beau- 
coup tombée,  elle  est  encore  une  grande 
source  de  richesses  pour  tout  le  littoral 


âAtt 


{m) 


ttAft 


des  mers  du  Nord.  Dans  nos  ports  situés 
depuis  Dunkerque  jusqu'à  Tembouchure 
de  la  Seine,  on  compte  chaque  année  3 
à  400  bâtiments,  montés  par  environ 
5,000  manos,  quis^occupent  de  la  pèche 
du  hareng,  et  l'on  évalue  à  près  de  4  mil- 
lions les  produits  qu'ils  en  obtiennent. 
Cette  pèche  se  fait  ordinairement  avec  des 
filets  cife  5  à  600  toises  de  long,  dont  le 
bord  inférieur  est  allourdi  par  des  pierres, 
tandis  que  le  bord  supérieur  est  maintenu 
flot  au   moyen  de    barils  vides.  Les 


a 


mailles  de  ces  filets  sont  juste  de  la  gran- 
deur suffisante  pour  qu'un  hareng  puisse 


ouïes  y  dans  une  petite  bagoette  de  hi 
On  les  pend  dans  des  cheminées  U 
exprès,  qu^on  nomme  mussaUes^  di 
les  soumet  à  un  feu  qui  donne 
de  fumée.  Il  faut  24  heures  pour 
poisson  soit  convenablement  séché.  1 
Hollandais  et  les  Grœnlandais  les  c% 
sent  simplement  à  l'air. 

Chaque  année,  au  printemps,  ces  pi 
sons  descendent  du  Nord  par  b^ 
innombrables  ou  bancs^  épais  qnel^ 
fois  de  cent  pieds  et  larges  de  plaM 
lieues.  A  leur  approche,  la  mer  eiC  cflj 
verte  d'une  matière  épaisse  et  visq 


y  engager  la   tète  et  soit  arrêté  par  ses  1  Vers  les  mnîs  de  juin  et  de  juillet, 


ouïes  lorsqu'il  tente  de  rétrograder.  Le 
nombre  des  poissons  prb  de  cette  ma- 
nière est  souvent  si  considérable  qu*en 
quelques  instants  les  filets  sont  garnis  et 
rompent  sous  leur  poids. 

On  prépare  les  harengs  de  diverses 
manières.  On  les  sale  en  pleine  mer,  et , 
lorsqu*ib  sont  le  résultat  de  la  pèche  du 
printemps  ou  de  l'été,  on  les  nomme  /loa- 
veaux  ou  verU  ;  pris  dans  Parrière-sai- 
ton  ou  en  hiver,  ce  sont  les  harengs 
pecs  ou  pekcls ;  fumés,  on  les  appelle 
^/sfir.r  ou  f/i/irr/i*;  dans  la  saumure, /i/Vi^j. 
L'art  de  les  saler,  qui  date  seulement  du 
XV*  siècle,  est  dà  à  un  Hollandais  nommé 
Guillaume  Bœkel  ou  Buckels,  dont  l'em- 
pereur Charles-Quint  voulut  honorer  le 
tombeau  de  sa  visite;  l'art  de  les  saurir 
prit  naissance  à  Dieppe. 

Le  lecteur  sait  déjà,  par  ce  quia  été 
dit  à  l'article  Encaqueue,  que,  lorsque 
les  harengs  sont  hors  de  l'eau,  un  mate- 
lot, nommé  coqueur^  les  habHUy  c'est- 
à-dire  leur  coupe  la  gorge ,  leur  enlève 
les  branchies  et  les  entrailles,  les  lave 
dans  l'eau  et  les  met  dans  la  saumure. 
Nous  ne  reproduirons  pas  ici  ces  détails 
qu'on  pourra  consulter.  Lorsque  les  ha- 
rengs brailles  sont  arrivés  au  port,  on  les 
ôte  de  la  tonne  et  on  les  expose  dans  des 
l>arils  {caques\  ou  on  les  arrange  avec 
soin  par  couches  séparées  par  beaucoup 
de  sel.  Dans  la  manière  qui  doit  fournir 
les  liarengs  saurs,  on  laisse  les  poissons  au 
moins  24  heures  dans  la  saumure;  et  lors- 
qu'on  les  en  retire,  on  les  enfile ,  par  les 


(*)  Stukf  o«,  p«r  «brtTi«iioa,i««r,  «foifi*  jaoac, 
lîraju  Mr  It  bran.  b- 


abondent  dans  les  «aux  des  Iles 
peu  après,  ils  arrivent  sur  l^  cdicf 
cosse  et  d'Angleterre;  enfin,  <lef«Ui] 
mi- octobre  jusqu'à  la  fin  de  Tarn 
se  répandent  dans  la  Manche.  Les 
de  l'Asie  et  de  l'Amérique  sont 
viiitées  par  les  harengs;  mais  dattl 
parties  du  monde,  comme  en  Enrof%i 
ne  franchissent  jamais  le  45*  degré  éA 
titude  nord. 

Leur  multiplication  est  prodigîtd 
on  a  trouvé  plus  de  60,000  auù  Jl 
le  ventre  d'une  seule  femelle  de  nt 
moyenne;  on  assure  que  leur  f>ai  rcd 
vre  quelquefois  la  mer  dans  une  giH 
étendue  et  ressemble  de  loin  à  de  la  idl 
de  bois. 

On  a  cru  pendant  longtemps,  a 
peut-être  sans  fondement  solide,  qM 
harengs  se  retiraient  périodiquemr«t4 
les  régions  polaires,  d^où  ils 
daient  vers  nos  latitudes  au  comi 
ment  du  printemps.  On  a  fgkhm 
sur  la  carie  la  route  de  ces  lég-< 
rantes.  Jamais  cependant  on  ne  ica  â 
remonter  vers  le  Nord  pour  aller  fê 
l'hiver  sous  les  glaces  du  pôle.  0  I 
avouer,  toutefois,  que  l'on  ne  sait  1 
ce  qu'ils  deviennent  s'ils  nVflectocal 
ces  migrations,  et  que  les  bancs  qui  à 
cendent  au  printemps  des  régions  Ni 
les  semblent  militer  en  fa%eur  de  I 
hibernation  polaire.  Il  se  pourrait 
pendant  que  cette  migration  da  !l 
au  Sud  ne  fût  en  partie  qu^appami 
due  à  une  éclosion  successive  des  ««I 
partir  des  régions  polaires  jusque  s«r 
côtes.  I^  pèche  des  harengs  est  9om 
troublée  cl  manc|ue  m^me  pm<|iicca 


ttAÀ 


(46)) 


hâH 


t  tons  rinfluence  de  ctoses  qui  ne 
M  nfBsammeDt  connues.  La  pré- 
de  requins  et  d^autres  poissons  to- 
nr  la  route  que  suivent  les  bancs  de 
p  est  regardée,  avec  juste  raison, 
le  fort  nuisible  et  comme  capable 
anier  leur  direction. 
I  antres  espèces  de  harengs  sont  : 
iety  f  sprat  ou  haranguety  beaucoup 
Ktitque  le  hareng  ordinaire  et  com- 
ians  le  Nord;  la  blanquette^  Breil^ 
les  Allemands,  white^hite  des  An- 

d^one  belle  couleur  d^argent  sur 
e  corps,  avec  une  tache  noire  sur  le 
b  Dttseau  ;  \cpHchord  des  Ànglab, 
'ane  de  no»  eûtes,  à  peu  près  de  la 
do  hareng,  mab  à  caudale  plus 
et  i  écailles  plus  grandes  :  il  se  pè- 
aot  le  hareng.  La  saniine  mérite 
ide  à  part  (vojr,  ce  mot).  C.  L-&. 
RGREAVES  (James),  voy.  Fila- 
XI,  p.  22. 

RICOT.  Ce  nom  se  donne  à  plu- 
plantes  alimentaires  de  la  famille 
;amineoses  ou  papilionacées.  Les 
ts  les  plus  généralement  cultivés 
t>pe  font  partie  du  genre  phaseo^ 
ont  les  caractères  distinctifs  sont 
raots  :  calice  campanule,  à  deux 
dont  la  supérieure  bidentée.  Tin- 
«  tripartie;  corolle  à  carène  con- 
«  en  spirale  de  même  que  les  filets 
fvW;  étamines  diadelphes  ;  légume 
ÛDé  ou  cylindrique ,  bivalve ,  con- 

an  nombre  indéfini  de  graines 
ei  les  unes  des  autres  par  des  dia- 
■es  pelUculaires.  Les  tiges,  en  gé- 
herbacées,  sont  le  plus  souvent 
les;  les  fleurs  sont  disposées  en 
ïwar  des  pédoncules  axillaires;  les 
i  le  composent  d^une  seule  paire 
joles,  accompagnée  d^une  f(«iole 
ne  terminale  ;  chaque  foliole  est 
pagnée  de  deux  petites  stipules. 
ipèce  dont  Temploi  alimentaire  est 
iersel  en  Europe,  et  qu'on  désigne 
pédalement  sous  le  nom  de  haricoty 
phaseolas  vul^rif^  plante  ori* 
e  de  TAsie.  On  en  possède  une  mul- 
de  variétés ,  dilTérant  surtout  dans 
■e,  le  volume  et  la  couleur  des 
s,  mab  pouvant  d^aillcurs  se  rap- 
r  à  deux  races  principales .  s;ivotr  : 
iricots  à  rames  (c'eil-à-dii"e  ceux 


dont  les  tiges  sont  longues  et  volub(les) 
et  les  haricots  nains  (  c'est-à-dire  ceux 
dont  la  tige  reste  basse  et  droite).  A 
l'exemple  de  Linné ,  beaucçup  d'auteurs 
considèrent  ces  derniers  comme  consti- 
tuant une  espèce  dbtincte  (phaseolas 
nanus ,  L.  ). 

L.e  phaseolus  nanus ^  nommé  vulgai* 
rement  fiaricot  d'Espagne  (sans  doute 
parce  que  la  plante ,  d'ailleurs  indigène 
de  l'Amérique  méridionale,  fut  d'abord 
cultivée  en  Espagne  )  ,  n'a  guère  d'usage 
que  pour  Tornement  des  jardins;  toute- 
fois ses  graines  sont  bonnes  à  manger , 
soit  en  vert ,  soit  sèches.  Le  haricot  ca^ 
racolle [phaseolus  Caracalla^'L,)^  origi- 
naire de  l'Inde,  est  recherché,  surtout 
dans  le  midi  de  l'Europe,  comme  plante 
d'agrément;  ses  fleurs,  plus  grandes  que 
celles  du  pob  de  senteur,  répandent  une 
odeur  tr^  suave;  leur  corolle,  remar- 
quable par  une  forme  bizarre ,  est  pana- 
chée de  jaune ,  de  violet  et  de  rose. 

Aux  Antilles  et  dans  l'Europe  méri- 
dionale, il  se  fait  une  forte  consomma- 
tion alimentaire  des  graines  de  plusieurs 
espèces  de  dolic  ou  doUchos ,  nommées 
vulgairement  haricots.  On  cultive  surtout 
\edolichos  melanophihalmuSy  connu  en 
Provence  sous  les  noms  de  mon^ette  ou 
va  net  te  ,  et  en  Italie  sous  celui  de  hari- 
cot à  œil  noir  (  parce  que  la  graine  offre 
une  grande  tache  noire).  Éo.  Sp. 

HARIRI  (A]M>u -Mohammed  Casskm 
BEK  Ali  el)  est  un  célèbre  écrivain  arabe 
du  XI*  siècle  de  notre  ère.  Il  naquit  à 
Bassora,  sur  les  bords  du  Tigre,  en  l'an- 
née 1 054  ,  et  mourut  en  1121.  On  man- 
que de  détails  sur  sa  personne;  on  sait 
seulement  qu'il  possédait  un  grand  nom- 
bre de  palmiers  aux  environs  de  Bassora, 
qu'il  remplissait  à  la  cour  de  Bagdad  des 
fonctions  qui  tenaient  à  la  police ,  et  que 
son  extérieur  disgracieux  était  loin  de 
répondre  à  la  dbtinction  de  son  esprit. 
Hariri  s'est  fait  une  grande  réputation 
par  ses  ouvrages.  Les  principaux  sont  : 
1<*  un  petit  Traité  sur  la  langue  arabe, 
intitulé  Molhat-alirab  y  ou  récréations 
grammaticales.  Ce  traité,  écrit  en  vers, 
était  destiné  à  être  apprb  par  cœur  dans 
les  écoles,  et  l'auteur  avait  pris  la  pré- 
caution de  l'accompagner  d'un  corn  mend- 
iai re  ;  2 '^  un  recueil  de  t^max^iQ^  ^Vv\<(^^ 


U\I\ 


(468) 


HAR 


logiques,  imtliM  Dorral^algaouass':^^ 
auhamHilAhaouass^  ou  la  Perie  du  plon- 
geur y  en  ce  qui  concerne  les  fautes  de 
langage  qui  échappent  aux  gens  bien  nés; 
3*  FouTrage  intitulé  Almakamat ,  ou  les 
Séances  :  c^est  Técrit  le  plus  répandu  de 
Harirî ,  et  un  des  livres  les  plus  popu- 
laires de  la  littérature  arabe.  Ces  Séances, 
au  nombre  de  cinquante,  sont  des  espèces 
de  drames  où  le  même  personnage  est 
consiamment  mis  en  scène,  mais  où  on 
le  fait  passer  par  les  diverses  situations 
de  la  vie.  Le  fond  en  est  assez  souvent 
peu  important;  muis  l'auteur  a  profité 
de  son  cadre  pour  faire  apparaître  tour 
à  tour  les  expressions  les  plus  élégantes 
de  la  langue  arabe,  les  tournures  les  plus 
recherchées,  les  locutions  proverbiales 
les  plus  usitées.  On  peut  dire  que  cet  ou- 
Trage  est  un  inventaire  de  la  langue  de 
Mahomet.  Tantôt  c'est  le  narrateur  qui 
parle ,  tantôt  c'est  le  personnage  en  ques- 
tion ;  le  récit  est  tantôt  en  vers ,  tantôt 
en  prose;  mais,  dans  la  prose,  fauteur 
emploie  un  style  cadencé  où  les  divers 
membres  d'une  même  phrase  se  répon- 
dent pour  ainsi  dire  et  riment  ensemble, 
où  les  mots  qui  ne  différent  que  par 
quelque  lettre  ou  quelque  signe  ortho- 
graphique sont  mis  en  opposition  les  uns 
avec  les  autres.  Les  Arabes,  très  passion- 
nés pour  la  forme,  regardent  les  Séances 
de  Hariri  comme  le  meilleur  sujet  d*é- 
tudes  pour  se  bien  pénétrer  du  génie  de 
leur  langue.  Cet  ouvrage  leur  tient  lieu 
de  Dictionnaire  des  synonymes,  de  Traité 
des  tropes,  etc.  De  plus,  en  bien  des  en- 
droits ,  il  est  d'une  lecture  vraiment  at- 
tachante. 

Le  style  habituel  de  Hariri  et  ses  jeux 
de  mots  ont  rendu  la  lecture  du  livre 
très  pénible,  et  les  Arabes  eux-mêmes 
ont  besoin  de  s'aider  d'un  commentaire. 
11  existe  un  certain  nombre  de  ces  com- 
mentaires dans  les  bibliothèques  d'Eu« 
rope:  c'est  à  leur  aide  qu'on  a  pu  de  bonne 
heure  aborder  en  Europe  le  texte  origi- 
nal. Golius  publia  une  des  séances  de 
Hariri  à  la  suite  de  l'édition  de  la 
Grammaire  arabe  d'Erpenius,  Leyde, 
16S6,  1  vol.  in-4».  En  1731  et  1740, 
Albert  Schultens  publia,  en  Hollande, 
les  six  premières  séances ,  en  arabe  ,  en 
hain,  et  avec  des  notes  qui  peuvent  en- 


core être  consultées  avec  fruit;  d*aa^ 
séances  parurent  saccettivemcnt  dfj| 
fércnts  lieux  ;  enân,  l'illustre  Silvesmii 
Sacy  publia  à  Paru,  en  1832,  le 
entier  avec  un  commentaire 
en  arabe,  un  vol.  in-fol.  Le  but  de 
Sacy  était  de  faire  servir  son  édition 
Orientaux  comme  aux  Européens  : 
pourquoi  il  s'abstint  de  toute 
en  français,  et  se  borna  à  extraits | 
qu'il  avait  trouvé  de  plus  satisfaisant 
les  Traités  des  indigènes.  Quelqoelc 
lement ,  les  scoliastes  arabes  ne 
dant  pas  tout-à-fait  à  sa  pensée,  il 
gea  lui-mèin«  des  notes  en  arabe; 
ainsi  qu'il  le  dit  dans  sa  prélace,  cm 4 
sont  fort  rares.  Du  reste,  le  ^ui 
entier  est  exécuté  avec  beaucoup  dei 
et  quelques  exemplaires ,  suivant 
destination  ,  étant  allés  en  Egypte  cl< 
Syrie ,  les  hommes  les  plus  ii 
pays  se  prosternèrent  devant  le  savoir  j 
l'orientaliste  français.  La  publication.i 
M.  de  Sacy  donna  un  nouveau  oonnt 
Séances  de  Hariri  en  Europe,  soi 
Allemagne.  M.  Rùckert  fit  imprii 
1 826,  une  traduction  allemande  des  i 
quante  séances,  dans  le  rhythme  de 
ginal.  Plus  tard,  M.  Peiper  a 
Hirschberg,  en  Silé&ie,  une  version 
du  même  ouvrage. 

IIARIZI  (Iehouoa  bcn  - 
ben-al-Chaeizi  ou).  Ce  célèbre 
es|)agnol  du  moyen-âge  avtit  trouvé I 
de  charmes  à  la  poésie  arabe  qu*il 
lut  de  faire  passer  toute  la  richesse 
taie  de  la  langue  d'ismaël^fils  d^4 
esclave  de  Sara  y  dans  l'idiome  si 
et  si  sublime  de  la  Bible.  Il  prit 
{voy,)  pour  modèle,  et  commença  ij 
traduire  en  hébreu  ses  Maàttmai  i 
Séances.  Sa  traduction  est  intitule*  Jl 
chaberot  Ithiei,  c'est-à-dire  Coapilj 
tions  d'Ithiel  ;  un  manuscrit  de  la  hÂÊ\ 
thèque  Bodleyenne  cTOxford  conlil 
les  27  premières  Séances.  Harizi  coapl 
sa  ensuite,  en  hébreu,  un  ouvrage  k  p 
près  du  même  genre,  auquel  il  donna 
titre  de  Tahkrmoni  (imprimé  à  Consifl 
tinople,  1 540-78  ou  83,  et  Amst.,  17Sf 
Deux  chapitres  ont  été  traduits  en  fni 
cais  par  Silvestre  de  Sacy,  Tun  dans 
Magasin  enn'ctopétlique  (1808^',  Vm 
tre  dant  le  Nouptau  Joumai  msimttq 


HAR 


(469) 


H\R 


).  «  De  même  que  Hariri  nous  prè- 
le tableau  des  mœurs  musulmanes 
b spbm  intellectuelle  des  Arabes, 
Mank,  de  même  Harizi  nous  initie 
Is  ynt  littéraire  et  religieuse  de  ses 
Dporains  juifs,  b 

poqae  où  vivait  Harizi  est  encore 
•ine;  Wolf  {BihUoth.  hebr,)  dit 
brissait  au  xii*  siècle;  mais  M.  Munk 
ooToir  inférer  de  Texamen  du  Tah^ 
ù  que  Pauteur  vivait  du  temps  d^A- 
a  ben*Maîmonide ,  dont  il  fixe  la 
Iî4a.  L.  L-T. 

ILAY,  nom  d^une  famille  parle- 
re  française,  dont  plusieurs  mem- 
1  acquis  de  la  céUlx'ité. 
iLLE  de  Harlay,  premier  président 
ement  de  Paris,  né  en  1536,  dans 
avilie  ancienne  et  distinguée,  est 
é  célèbre  par  la  fermeté  qu*i1  dé- 
irt  des  troubles  de  la  Ligue.  Hen- 
ait  quitté  le  Louvre  et  la  capitale, 
le  champ  libre  à  ses  ennemis.  Har- 
oavait  dans  son  jardin  le  1 2  mai 
joar  des  barricades  {voy,) ,  lors- 
lue  H.  de  Guise,  Tun  des  chefs  de 
nion,  Faborde,  et,  faisant  adroi- 
valoir  les  bons  offices  qu'il  avait 
I  plusieurs  des  membres  du  parle- 
9Dt  la  personne  était  menacée,  il 
md  de  lui  persuader  de  réunir  ses 
iux  siens  pour  rétablir  Tordre  et 
Harlay  lui  répond  par  ces  paro- 
lorables  qui,  dit  M.  Lacretelle,  ne 
nt  jamab  dans  la  langue  fran- 
t  C^est  grand*  pitié  quand  le  valet 
e  maître.  Au  reste ,  mon  âme  est 
mon  cœur  est  à  mon  roi,  et  mon 
it  entre  les  mains  des  méchants  ; 
o  fas6e  ce  qu^on  voudra!  »  Pressé 
Uer  le  parlement  :  n  Quand  la 
du  prince  est  violée,  répond  Har- 
magistrat  n^a  plus  d*autorité.  » 
eut  les  factieux  le  menacent  du 
supplice  :  «  Je  n*ai  ni  tête,  ni  vie, 
-il ,  que  je  préfère  à  Tamour  que 
k  Dieu,  au  service  que  je  dois  au 
lu  bien  que  je  dois  à  ma  patrie.  » 
)b  après,  un  déterminé  ligueur, 
Leclerc,  procureur  au  parlement 
i  et  gouverneur  de  la  Bastille,  se 
i  au  parlement,  et,  après  s^étre  ex- 
U  mission  pénible  qui  lui  était 
fy  anocoça  qu^il  allait  opérer  Tar- 


rcstation  de  plusieurs  magistrats.  Il  pro- 
nonce le  nom  de  Harlay,  qui  le  suit  sans 
hésiter,  mais  non  sans  protester  contre  la 
violence  dont  il  est  Tobjet.  A  sa  voix, 
cinquante  magistrats  s^clanccnt  sur  les 
pas  des  satellites  des  ligueurs,  en  s'écriant 
qu^ils  se  regardent  tous  comme  portés  sur 
la  liste.  Rendu  à  la  liberté  moyennant 
une  forte  rançon  ,  le  président  de  Har- 
lay rejoignit  Henri  IV  à  Tours ,  et  revint 
avec  lui  à  Paris  lorsque  ce  prince  eut 
noblement  conquis  son  royaume.  Mais  à 
regard  même  du  souverain  légitime,  son 
dévouement,  à  Texemple  de  celui  des  ma- 
gistrats de  cette  époque ,  n'avait  rien  de 
servile.  On  en  jugera  par  le  langage  qu'il 
tint  au  monarque  dans  une  circonstance 
mémorable  :  «  Si  c'est  désobéissance  de 
bien  servir ,  le  parlement  fait  ordinaire- 
ment cette  faute;  et  quand  il  trouve  con- 
flit entre  la  puissance  absolue  du  roi  et 
le  bien  de  son  service,  il  juge  l'un  préfé- 
rable à  l'autre,  non  par  désobéissance, 
mais  par  son  devoir,  à  la  décharge  de  sa 
conscience.  »  Harlay  quitta  en  1610  la 
première  présidence  du  parlement  de  Pa- 
ris, et  mourut  quelques  mois  après. 

Nicolas  Harlay  de  Satîgy,  issu  d'une 
branche  collatérale  de  la  même  famille , 
fut  successivement  conseiller  au  parle- 
ment de  Paris,  ambassadeur  de  France 
en  Allemagne  et  en  Angleterre,  capitai- 
ne des  Cent -Suisses  et  surintendant  des 
finances.  Dans  ce  dernier  emploi,  il  fut 
remplacé  par  le  sage  Sully ,  dont  il  n'a- 
vait cessé  d'être  l'antagoniste,  et  qui,  en 
retour ,  lui  reproche  dans  ses  Mémoires 
des  profusions  très  condamnables.  Sancy, 
né  en  1546,  mourut  le  13  octobre  1629. 
L'inconstance  était  le  trait  dominant  de 
son  caractère.  Il  changea  plusieurs  fois 
de  culte,  mais  ne  cessa  d'être  attaché  à  la 
cause  royale  pour  laquelle  une  invariable 
fidélité  était  en  quelque  sorte  chez  lui 
une  religion  de  famille. 

Achille  de  Harlay,  baron  de  Sancy, 
second  fils  du  précédent,  naquit  à  Paris, 
en  1581  ,  et  partagea  sa  jeunesse  entre 
l'état  ecclésiastique,  le  service  militaire  et 
le  barreau.  Il  se  distingua  dans  chacune 
de  ces  carrières  et  occupa  avec  beaucoup 
d'éclat,  sous  la  régence  de  Marie  de  Mé- 
dicb,  l'ambassade  de  ConsUntinople  dont 
il  se  fit  rappeler  en  1617.  Après  avoir 


u\\\ 


(470) 


HAR 


rempli  pluM'curs  missions  importantes  en 
Angleterre  et  en  Savoie,  Harlay  fut  pour- 
vu, en  1631,  de  révéclié  de  Saint-.Malo. 
Il  présida  en  cette  qualité  les  États  de 
Bretagne,  en  1634,  et  son  nom  se  trou- 
ve lié  à  plusieurs  événements  politiques 
de  cette  époque.  Mais  il  ne  tarda  pas  à 
encourir  la  disgrâce  du  cardinal  de  Ri- 
chelieu, pour  s*étre  opposé,  dans  ras- 
semblée du  clergé  de  1635,  aux  subsides 
extraordinaires  réclamés  par  la  cour.  San- 
cy  se  consacra  dès  lors  exclusivement  à  la 
direction  de  son  diocèse,  et  pourvut  à  ses 
besoins  avec  une  munificence  aussi  ju- 
dicieuse quVclairée.  Ce  savant  prélat 
mourut  en  1646. 

Nicolas  de  Haelat  de  Chanvalon  , 
archevêque  de  Paris,  neveu  de  Feançois 
de  Harlay,  archevêque  de  Rouen,  était 
né  à  Paris  ttt  1625.  Il  succéda,  en  1651, 
à  son  oncle,  qui,  touché  du  rare  mérite 
dont  il  avait  fait  preuve  dans  rassemblée 
du  clergé  de  1650,  avait  consenti  à  se 
démettre  en  sa  faveur.  Nicolas  de  Har- 
lay exerça  avec  une  haute  distinction 
Pimportant  ministère  auquel,  si  jeune  en- 
core ,  il  venait  d*étre  appelé.  Louis  XIV 
le  choisit  pour  présider  Rassemblée  de 
1660,  et  le  chargea  de  la  direction  des 
affaires  du  clergé  régulier ,  mission  à  I9- 
quelle  la  noblesse  engageante  de  ses  ma- 
nières et  la  tournure  conciliante  de  son 
esprit  le  rendaient  éminemment  propre. 
Honoré  pendant  longtemps  par  le  roi 
d'une  faveur  non  équivoque,  ce  fut  lui 
que  le  monarque  désigna  pour  la  célé- 
bration de  son  mariage  secret  avec  M*"* 
de  Maintenon.  Pasteur  plein  de  lumières 
et  de  vigilance ,  Harlay  était  moins  re- 
nommé pour  Taustérité  de  ses  mœurs  pri- 
vées que  pour  la  prudence  et  la  régulari- 
té de  sa  conduite  extérieure.  Nicolas  de 
Harlay  mourut  d^une  attaque  d^apoplexie, 
le  6  août  1 695 ,  et  fut  remplacé  par  le 
vertueux  «ordinal  de  Noailles,  évêque  de 
Châlons.  Il  était  membre  de  TAcadémie- 
Française. 

Achille  de  Harlay,  petit- neveu  du 
premier  de  ceux  dont  nous  avons  retracé 
ici  le  souvenir,  était  né  à  Paris  en  1639. 
Il  occupa  avec  distinction  les  charges  de 
conseiller  et  de  procureur  général  au 
parlement  de  cette  capitale ,  et  succéda  , 
le  1 3  novembre  1 689,  au  premier  prési- 


dent de  Novion.  Ce  magistrat  i*cst 
particulièrement   célèbre    par  ses 
mots,  assez  nombieux  pour  avoir  éléi 
cueillis  ^épa^ément  sous  le  titre  d*i 
lœuna.  Le  pa|)e  Clément  XI  ajant 
damné,  in  gldoy  la  consullaiiuu  de 
(if  cotiMivnce  en  fa\eur   des  Jani 
tes,  Harlay  et  d'Aguesseau,  alors  pi 
reur  général ,  s*opposaient  de  tous 
efforts  à  ce  que  Louis  XIV  reçût  ce 
de  condamnation,  dont  quelques 
blessaient  essentiellement  les  maxii 
rÉglise  gallicane.  Le  roi  ayant  fait 
ver,  dans  Tune  de  ces  conférences, 
ne  pouvait  avoir  trop  dVgard  povj 
papes  :  «  Oui,  Sire,  lui  répondit  Hi 
il  faut  leur  bai>er  Iw  pieds  et  leur  lit 
mains.  »  Il  disait  des  Jésuhw  et  dcsi 
toriens  que  c'était  un   plaisir  dt 
avec  les  premiers  et  un  bonheur  de  1 
rir  avec  les  derniers.  L'architecte 
sard  Tentretenait  un  jour  du  désir 
aurait  de  faire  de  son  fils  uo  prè 
mortier.  «  M.  Mansard,  lui  dit  le 
inier  président,  veuillez  ne  pas  nclcr  < 
tre  mortier  avec  le  nôtre.  >  Des 
diens,  dans  une  requête  au  pari 
avaient  emphatiquement  parlé  de 
compagnie  :  «  Ma  trvupc ,  leur 
dit  Harlay,  délibérera  sur  la  dei 
votre  vompagnir,  •  Ce  magistrat 
également  versé  dans  la  littérature  cli 
la  jurisprudence,  et  la  causticité 
quefois  par  trop  familière  de  son 
ne  lui  faisait  rien  perdre  de  son 
dant  sur  sa  compagnie.  Il  niounit  le 
juillet  17 12,  après  avoir  rempliavec< 
fiendant  18  ans,  le  poste  le  plus  ii 
tant  de  Taucienne  magistrature  fi 

Le  nom  de  Harlay  s'est  éteint,  en  171 
dans  Achille,  quatrième  du  Doa,av^ 
cat  général  au  parlement  de  Paris  et  ci^ 
seiller  d*état.  A.  B*tt 

IIARLRM  ou  Haaelem,  %illec«wâJ 
rable  de  la  province  de  Hollande,  sitd 
sur  le  S|>aren  (ro\aume  des  Pa\»-B0K 
près  de  la  mer  intérieure  à  laquelle  m 
donne  son  nom.  Siège  du  gouverneur  < 
la  province,  d'un  tribunal  de  coaawlP 
et  de  plusieurs  sociétés  savantes,  llaili 
possède  une  population  d>n%  iroo  3 1,7^ 
habitants,  et  communique  par  de»  ' 
naux  avec  Amsterdam  et  Le} de.  Lesrtf 
de  cette  ville,  fort  (iropretneol  tcavi 


HAR 


(47 


técs  «Tarfares  et  coopées  par 
<ie  CUMUL  Depuis  1722,  le 
t  orné  de  la  statue  en  marbre 
t  Coster  (voy,  ) ,  à  qui  les  Hol- 
ribocnt  riovention  de  Timpri- 
ts  la  daCe  de  TanDèe  1424,  ce 
te  la  fète  séculaire  ioslltuée  en 
de  œtCe  io  vent  ion  fut  celé- 
oellement  par  eux  à  Harlem  le 
1 82  4,  et  alors  on  éleva  un  autre 
t  à  Coster,  dans  le  bois  de  Har- 
i  les  élises  des  différentes  con- 
rétiennes,  on  distingue  surtout 
D  t*Baronius,ou  la  grande  église, 
!  par  sa  baute  tour  et  son  orgue 
mille  tujaux  et  soixante  régis- 
ombre  des  curiosités  de  la  ville 
or*  ranger  la  fondation  de  Tey- 
abrasse  un  établissement  pour 
t ,  nue  société  ponr  la  thèolo- 
loire  naturelle ,  de  riches  col- 
t  no  observatoire;  en  outre,  le 
listoire  naturelle  de  la  société 
s  de  Harlem ,  et  rétablissement 
ique,  fonderie,  împrimerie,etc., 
e. 

is,  grâce  à  son  industrie,  Har* 
ans  un  état  florissant,  et  même 
lî  la  ville  possède  de  bonnes 
res  de  rubajM  de  soie,  de  filo- 
oile  et  de  fil.  Cependant,  ses 
ries  de  fil  et  de  toile ,  jadis  si 
Mit  tout-à-fait  tombées.  £n  re* 
I  y  cultive  toujours  beaucoup 
quoique  les  temps  soient  loin 
lie  tulipe  était  payée  jusques 
!  florins  II  y  a  à  Harlem  envi- 
:pt  grands  jardiniers- fleuristes 
st  dans  la  partie  méridionale 
,  et  qui  fournissent  des  ognons 
el  de  jacinthes  aux  contrées  les 
lées  de  TEurope. 
rt  ancienne ,  Harlem  était  déjà 
ers  le  milieu  du  xii*  siècle  ;  elle 
kart  active  aux  guerres  de  la 
xmtre  les  habitants  de  la  Frise 
B.  L'an  1492,  elle  fut  prise 
fsans  insurgés  de  la  Hollande 
sale  ;  mais,  reprise  la  même  an- 
i  gouverneur  impérial ,  le  duc 
Saxe,  elle  fut  dépouillée  de  tous 
$es  et  écnsht  de  contributions, 
iasarrection  des  sept  provinces 
B«ics  ae  langea  du  o6té  des 


i  )  HAR 

confédérés;  mais,  après  un  siège  de  sept 
mois,  où  les  femmes  déployèrent  le  mèm« 
courage  et  la  même  constance  que  les 
hommes,  elle  dut  se  rendre  à  Frédé- 
ric, fils  du  duc  d'Albe,  qui  exerça  une 
vengeance  terrible  sur  les  habitants.  £a 
lâ77,  le  prince  d'Orange  se  rendit  de 
nouveau  maître  de  la  ville,  et  dtçuis  elle 
resta  toujours  aux  Pays-Bas.  Elit  attei- 
gnit sa  plus  grande  splendeur  au  xvu* 
siècle;  mais  insensiblement  elle  oom- 
raença  à  déchoir,  et,  sous  la  domination 
française,  sa  décadence  ne  fit  qu'augmen- 
ter de  jour  en  jour.  Actuellement  elle  a 
commencé  à  se  relever  de  sa  chute. 

Dans  le  bois  de  Harlem,  qui  avoistne 
la  ville,  on  voit  disséminées  les  plus  jolies 
maisons  de  campagne,  entourées  de  su- 
perbes jardins.  Parmi  ces  viiia^  la  maison 
de  plaisance  dite  fF'elgelcgen  (bien  si- 
tuée), du  banquier  Hope,  construite  et 
décorée  avec  une  magnificence  de  sou- 
verain ,  occupe  sans  contredit  le  premier 
rang.  Les  escaliers,  les  portes  et  les  par- 
quets sont  en  bois  d'acajou ,  les  caneaux 
des  croisées  en  glace  de  Venise  rougeàtre, 
les  cheminées  en  verde  giallo  et  en  vert 
antique.  Un  escalier  en  marbre  blanc  de 
Carrare  se  distingue  particulièrement  par 
Télegant  fini  de  son  travail.  C.  L. 

UARMATrAïV.  On  désigne  par  ce 
nom  un  vent  chaud  et  cuisant  qui  souf- 
fle périodiquement  de  l'intérieur  de  l'A- 
frique à  l'océan  Atlantique.  Accompa- 
gné ordinairement  d'une  vapeur  et  d'un 
brouillard  épais  qui  cache  le  soleil  quel- 
quefois des  journées  entières,  ce  vent 
exerce  surtout  son  influence  latale  pen- 
dant les  mois  de  décembre,  de  janvier  et 
de  février.  Son  caractère  est  une  chaleur 
et  une  sécheresse  extrêmes;  il  dessèche  lee 
plantes  et  met  en  danger  la  vie  même 
des  hommes.  Tant  qu'il  souffle,  ils  ont  le 
palais  sec,  et,  s'il  dure  longtemps,  la  peau 
de  la  figure  et  des  mains  se  pèle,  et  on  se 
sent  gêné  dans  la  respiration.  Mais  en 
revanche,  et  pourvu  qu'il  n'ait  pas  passé 
sur  des  fonds  marécageux,  il  guérit  les 
vieux  ulcères  et  les  éruptions  de  la  peau  | 
ainsi  que  les  fièvres  intermittentes  et  le 
dévoiement.  Tant  que  rhamiattan  règne, 
aucune  rosée  ne  rafraîchit  la  terre;  les 
fruits  mûrissent  avant  le  temps;  le  bols  te 
fend ,  et  il  dut  banectflr  «térit urenieol 


UAR 


(472) 


HAR 


les  vaisseaux  qui  renferment  des  corps  li- 
quides. La  fin  de  ce  vent  est  toujours 
marquée  par  un  froid  incisif.        C,  L, 

HARMODIUS  ET  ARISTOGI- 
TON.  La  constitution  républicaine  de 
Solon  était,  depuis  33  ans,  suspendue  en 
partie  ptr  les  Pisistratides ,  lorsque  Fun 
d^eux  ,  flipparque  {voy,) ,  par  le  même 
attentst  qui  détruisit  à  Rome  le  gouver- 
nemeot  royal,  et  presque  à  la  même 
époque,  excita  contre  lui  et  contre  son 
frère  Hippias  la  vindicte  publique  et  ac- 
céléra le  terme  de  leur  usurpation.  La 
jeune  fille  outragée  par  le  fils  de  Pisbtrate 
était  sœur  d'Harmodius,  intime  ami  d'A- 
ristogiton,  et  ces  deux  jeunes  Athéniens, 
pour  venger  Thonneur  de  leur  famille, 
de  concert  avec  quelques  patriotes,  con- 
jurèrent la  perte  des  Pisistratides.  L^exé- 
cution  du  complot  fut  par  eux  fixée  aux 
Panathénées,  dans  Fespoir  que  leurs  con- 
citoyens, qui,  pendant  les  cérémonies  de 
cette  flte,  avaient  la  permission  de  por- 
ter des  armes,  s'associeraient  à  leur  grande 
et  périlleuse  entreprise.  Ayant  couvert 
leurs  poignards  de  branches  de  myrte,  ib 
se  rendent  auprès  du  temple  de  Minerve, 
où  les  princes  devaient  conduire  une 
pompeuse  théorie.  En  arrivant,  ils  voient 
un  des  conjurés  s'entretenir  avec  Hip- 
pias ,  et  se  croient  trahis.  Ils  reviennent 
sur  leurs  pas,  et  c'est  alors  qu^ils  ren- 
contrent Hipparque  escorté  de  ses  satel- 
lites. Harmodius  et  Aristogiton  se  préri- 
pitent  sur  lui  et  le  poignardent;  Har- 
modius est  à  son  tour  percé  de  coups. 
Aristogiton,  que  les  gardes  ont  épargné, 
est  livré  aux  tortures  de  la  question  ;  mais, 
au  lieu  de  nommer  ses  complices,  il  dé- 
nonce les  plus  fidèles  amis  d'Hippias,  qui, 
sur-le-champ,  les  livra  aux  bourreaux. 
Moins  heureux  que  Brutus,  ces  jeunes 
patriotes  ne  virent  pas  le  triomphe  de 
leur  cause*.  Le  joug  dont  Hippias  acca- 
bla de  plus  en  plus  les  Athéniens  ne  fut 
brisé  que  trois  ans  après  (510  ans  avant 
J.-C.)  par  Clisthène,  chef  des  Alcméo- 
nides,  qui  for^  enfin  Hippias  d*abdiquer 
la  tyrannie. 

(*)Oo  peut  voir  Hérod.,  V,  55,  et  îliacyd.,  I, 
su;  VI,  54  et  56.  Thurjrdide  éuit  allié  aux  des* 
cendantt  d«  lliittorieD;  i*ette  parenté  espliqae 
poart|aoi  llûatorica  tient  no  U"g«gc  atsrt  dé- 
ffavonblv  lor  H«raodiat  0f  Arittogiton. 


Les  Athéniens  n*eurent  pas  p 
recouvré  leur  liberté  qu'ils  rendii 
plus  grands  honneurs  à  la  méoMire 
modius  et  d' Aristogiton.  Ils  leur  ék 
des  statues  dans  VJgortt;  ils  décr 
que  leurs  noms  seraient  célébrés  à 
tuité  dans  les  fttes  des  Panathénéc 
seraient  sous  aucun  prétexte  do 
des  esclaves.  L'usage  s'établit  et  s 
serva  de  chanter  dans  les  repas  à 
lies  (vox-)  qui  rappelaient  l^eroîq 
vouement  de  ces  jeunes  citoyens  : 
née,  XV,  15}.  Des  places  d'bi 
furent  attribuées  dans  les  théétra 
fêtes  aux  descendants  de  leurs  U 
qui  continuèrent  à  jouir  des  plus 
râbles  privilèges  et  de  rexempt» 
charges  publiques  (Démosth.,  é/t 


nem^  44). 


HARMONICA.  On  a  dit  aoa 

monique ,  mais  la  terminaison  en 
évite  toute  équivoque,  a  prévalu, 
strument  de  musique  est  ainsi 
parce  que  ses  sons  ont  un  carac 
douceur  et  de  pureté  qui  les  ra| 
des  sons  harmoniques  \voy.  Son 
pourrait  désigner  sous  le  ternie  gè 
d'harmonica  toute  une  famille  d 
ments  dans  laquelle  le  verre  fi 
frappé ,  soit  par  la  main  humait 
par  un  autre  agent ,  devient  le  ce 
nore.  Le  premier  qui  ait  donné  ni 
de  théorie  de  la  sonorité  du  verr 
être  un  certain  George-Philippe 
dœrffer,  qui,  dans  un  li%re  in| 
Nuremberg,  en  1677,  sous  le  i 
Mathematische  und  philosophis\ 
qitickstunden  y  proposa,  comme 
tion  musicale,  de  réunir  huit  vc 
gobelets  de  grandeur  égale,  de 
dans  le  premier  une  cuillerée  i 
deux  dans  le  second,  trois  dans  I 
sième  et  ainsi  de  suite  ;  puis  de  1 
les  doigts  dans  l'eau ,  et  de  les  pr 
légèrement  sur  le  bord  de  chaqia 
de  manière  à  former  des  mélodie 
accords.  Si  Ton  emploie  des  ven 
gau\ ,  ajoute  Tauteiu*  que  nous 
on  peut  régulariser  leurs  rapp 
augmentant  ou  diminuant  la  quai 
liquide  en  raison  du  volume  des 
nants.  Cette  exposition  offre  l'har 
dans  sa  forme  la  plus  élémentain 
cun  comprendra,  en  elîet,  qn'au 


HAI\ 


(^' 


3^, 


HAR 


plideU  on  eu  peut  prendre   un  1 
ffki  gFud  nombre ,  et  étendre  ainsi  la  I 
lirie  des  Mos,  tant  au  grave  qu'à  Taigu, 
^m  loin  que  le  permet  la  nature  des 
Wncs  mis  en  œuvre. 

£■  Angleterre,  Pnckeridge  et  Délavai 
«lercbèrent  à  perfectionner  ces  premiers 
ndîments;  mab  il  était  donné  au  célè* 
Ir  Franklin  (voy.)^  qui  avait  suivi  les 
«périenccs  de  Délavai ,  d^élever  au  rang 
Aistrument  musical  Tharmonica ,  qui , 
■«int  lui ,  ne  pouvait  être  considérée  que 
«■me  an  instrument  joujou.  L*harmo- 
■n  de  Franklin  est  formée  d^un  cylin- 
ÛK  borîtonial  auquel  s'adaptent  en  s'em- 
koUant  Tune  dans  l'autre  des  clochettes 
et  verre  ou  de  cristal  taillées  en  forme 
diioacoupes,  et  accordées  par  demi- 
tan.  On  fait  tomber  le  cvlindre  avec  le 
yiail,  au  moyen  du  mécanbme  connu,  et 
Tmk  porte  les  doigts  de  chaque  main,  lé- 
IBCBcnt  imbibés  d'eau,  sur  le  bord  de 
«riks  des  soucoupes  que  l'on  veut  faire 
itenner;  la  main  droite  exécute  la  mé- 
hAt ,  que  h  gauche  accompagne  en  se 
komant  ordinairement  à  un  petit  noro- 
is de  notes.  Ce  fut  une  demoiselle  Da- 
«B  qui,  en  1765,  fit  entendre,  pour  la 
penière  fois ,  à  Paris ,  Tharmonica  de 
Kiaklin,  dont  la  découverte  est  anté- 
lieiire  â  1760. 

Depuis  cette  époque ,  plusieurs  amé- 
faralHms  ont  été  tentées  à  Paris  par  Re- 
^odio,  et  à  Augsbourg  par  PfeifTer; 
(rim  -  ci  a  donné  le  nom  de  Jungfer" 
Sannonica  (harmonica  virginale)  à  son 
Nouvel  instrument,  dont  les  sons  offrent 
^■elque  ressemblance  avec  la  voix  hu- 
maine. Uarmonica  doppia   de  Fabbé 
Maanochi,  dont  Tinvention  remonte  à 
1776,  n'est  autre  chose  qu'une  double 
série  de  clochettes  ou  soucoupes  de  verre 
et  de  métal  disposées  comme  celles  de 
Franklin ,  et  placées  dans  une  caisse  de 
64  centimètres  de  longueur,  et  d'une 
kaotcar  proportionnée  à  la  dimension  des 
corps   sonores   qu'elle  renferme.   Pour 
yma  de  cet  instrument,  on  ne  se  sert  pas 
des  mains,  mais  d'un  archet  de  violon 
dont  le  crin  doit  être  enduit,  non  de  co- 
Inphane ,  mais  de  poix ,  de  térébenthine , 
decîre  ou  de  savon. Vers  1779,  Mazzuc- 
rki  apporta  quelques  changements  à  sa 
prcnim  idée  ;  le  plus  important  consista 


dans  l'introduction  de  gobelets  de  bois 
dont  le  son  se  tirait  toujours  au  moyen 
de  l'archet.  Les  harmonicas  à  clavier 
de  MM.  Rœilig,  de  Vienne,  et  Klein,  de 
Presbourg,  ont  été  imaginées  pour  évi- 
ter le  contact  immédiat  des  doigts  et  du 
verre;  ce  résultat  est  obtenu  àu  moven 
de  touches  garnies  et  disposées  en  con- 
séquence. JShannonicon  du  professeur 
Mûller,  de  Brème,  n'c6t  qu'une  harmo- 
nica ordinaire  à  laquelle  on  unit  quatre 
jeux  dWgue(i>o^.},  savoir  :  trois  de  flûte 
et  un  de  hautbois,  pour  renforcer  le  son 
du  verre  et  soutenir  les  tenues. 

Dans  tous  les  systèmes  que  nous  ve- 
nons d'exposer,  le  son  est  obtenu  par  le 
frôlement.  M.  Lenormanda  imaginé  une 
autre  combinaison  qui  a  simplifié ,  mais 
dénaturé,  Tancienne  harmonica  :  il  a  com- 
posé son  instrument  de  lames  de  verre 
d'inégales  grandeurs  formant  des  séries 
semi-diatoniques;  ces  lames,  rctenuesenlre 
des  fils,  conservent  toute  liberté  de  vibra- 
tion ,  et  se  frappent  avec  un  marteau  de 
liège.  L'invention  de  M.  Lenormand  a 
obtenu  du  succès,  mais  feulement  comme 
instrument  joujou.  Il  eût  été  convenable 
de  donner  un  nom  spécial  à  cette  nou- 
velle harmonica  :  on  eût  pu ,  par  exem- 
ple ,  la  nommer  typhnrmonica ,  en  rai- 
son de  la  percussion  au  moyen  de  laquelle 
les  sons  s'obtiennent.  Quoi  qu'il  en  soit, 
un  instrument  de  la  même  nature  existe 
en  Chine  dès  la  plus  haute  antiquité: 
c'est  le  A-zV/gf,  formé  d'une  série  de  pierres 
d'agate,  de  marbre ,  ou  enfin  de  cristal , 
amincies,  taillées  en  équerre  et  suspen- 
dues par  des  crochets;  cet  instrument, 
lorsqu'on  le  frappe  avec  un  petit  marteau 
de  bois  dur,  rend  un  son  doux  et  agréa- 
ble. Les  Romains  ont  aussi  connu  les 
pierres  sonores  :  Pline  [H,  iV.,  xxxvii, 
ch.  56)  cite  une  de  ces  pierres  sous  le 
nom  de  chalcop/wnos y  et  Solin  (ch.  37) 
sous  celui  de  chalcophthonoos.  Du  reste, 
il  est  fort  possible  que  l'idée  de  faire  ré- 
sonner le  verre  par  la  percussion  ne  soit 
aucunement  sortie  de  ces  anciennes  dé- 
couvertes. 

Uharmonica  à  cordes ,  inventée  en 
1788  par  Jean  Stein,  organiste  à  Augs- 
bourg, et  Vharmonicorde  de  M.  Rauff- 
mann ,  de  Dresde ,  n'ont  reçu  ces  noms 
qu'en  raison  de  U  qualité  de  leurs  sont  ^ 


HAR 


(474) 


HUA 


qui  offraient  de  Panalogif?  avec  ceux  de 
rharmonica.  Le  premier  de  ces  instru- 
ments consistait  dans  la  combinaison  d*un 
piano  et  dVne  épinette  accordés  à  Tunis- 
son  et  susceptibles  d'être  joués  séparé- 
ment; Teffet  en  était  surtout  heureux 
pour  la  dégradation  et  Textinction  des 
sons.  Quant  à  Tharmonicorde,  c*est  un 
piano  8  queue  posé  verticalement  et  ac- 
compagné d^un  mécanisme  qui  se  meut  au 
moyen  du  pied  ;  Finventeur  s*est  réservé 
jusqa'ici  la  connaissance  des  moyens  qu'il 
met  en  œuvre  pour  obtenir  des  sons  qui 
ont  quelque  rapport  avec  ceux  de  Phar- 
monica.  Les  instruments  connus  sous  les 
noms  de  phys harmonica  {vnjr.^^  éol^^ 
harmonica^  éohdicon  (vo/.),  et  autres, 
.  n'appartiennent  pas  à  la  famille  de  Thar- 
monica,  puique  leur  son  résulte,  non  de 
Tattouchement  ou  de  la  percussion  du 
verre ,  mais  des  vibrations  de  languettes 
métalliques.  Il  en  est  de  même  du  clavi- 
cylindre  {voy.)y  de  Chiadni,  dans  lequel 
le  verre  existe  en  tant  qu'agent,  mais  non 
comme  producteur  du  son. 

La  nature  de  Tharmonica  rend,  en  plu- 
sieurs cas,  son  usage  nuisible  à  la  santé. 
Toute  personne  sujette  aux  affections 
nerveuses  doit  s'absteifir  d'en  jouer;  il 
est  également  bon  de  se  Tinterdire  si  Ton 
est  d'un  tempérament  mélancolique; 
enfin  ,  quand  on  joue  l'harmonica  de 
Franklin ,  il  faut  se  servir  d'eau  tiède , 
autrement  la  peau  des  doigts  éprouverait 
bientôt  un  amollissement  incommode. 
En  toute  hypothèse,  il  est  bon  de  n'en 
pas  jouer  longtemps. 

Le  propre  des  sons  de  l'harmonica  est 
une  douceur  pleine  de  charme,  une  pu- 
reté qui  a  vraiment  quelque  chose  de 
céleste;  mais  outre  que  l'instrument  est 
par  lui-même  fort  limité ,  il  a  l'incon- 
vénient ,  en  raison  de  la  ténuité  de  ses 
sons ,  d'être  absorbé  par  ceux  qu'on  lui 
associe  :  aussi  existe- 1- il  extrêmement  peu 
de  musique  qui  lui  soit  spécialement  desti- 
née; cependant  M.  Berlioz,dans  une  de  ses 
symphonies,  dites  fantastiques,  a  fait  fi- 
gurer et  concerter  l'harmonica  à  mar- 
teau. 

On  trouve  la  description  détaillée  de 
l'harmonica  dans  une  lettre  de  Franklin 
adressée  au  P.  Beccaria  de  Turin,  impri- 
mée pour  la  première  fois  a  Londres,  en 


1779,  avec  un  recueil  de  pièces  di 
auteur,  intitulé  Philosophical^  p 
and  tnlscellaneou s  pièces  ,  in- 4* 
produite  dans  l'édition  des  œuvres 
losophe  américain  (Londres,  180* 
sieurs  écrits  périodiques  indiqués  p 
tenthal  (  Dizionario  e  bibiiograj 
musica,  vol.  4,  p.  217),  cent 
aussi  des  renseignements  à  cet  égat 
Ford  a  publié  à  Londres,  dès  i: 
Instructions  for  playinf^  r^n  tht . 
gîasses^  in-8°,  et  Chr.  MûUer  ■ 
en  1 788,  à  Leipzig,  une  Mrthodt 
monicGy  sous  le  titre  :  jéniritui 
Setbstu(iterricht  auj  der  Hum 
in-8°.  J.  A. 

HARMONICOHDR  ou    EU 

CORDIUM  ,  Voy.  HaEHOU ICA. 

HARMO.ME  ,  quelquefois 
Uermione ,  fille  de  Mars  et  de  V< 
fruitdeleuradultère.Sonnom,en 
/uLoy/ÎK, signifie  accord,  union.  On  I 
pour  épouse  a  Cadmus  [vojr,]^  fo 
de  Thèbes,  que  l'on  dit  avoir  appo 
la  Grèce  l'usage  de  l'écriture  et 
introduit  le  culte  des  dieux  et  h 
sation.Le  nom  d'Harmonie  poum 
rapport  à  ce  mythe,  de  même  qu'o 
posé  qu'il  était  une  allégorie  de  i 
sance,  due  à  l'union  de  l'ardeur  gt 
et  de  la  source  des  grâces  et  de  1 
Selon  quelques  mythologues,  Ci( 
bâtit  que  la  citadelle,  et  ce  fut  A 
qui,  au  son  de  sa  lyre,  éleva  les  i 
Thèbes  :  il  y  a  encore  là  un  rapproc 
entre  Cadmus  et  sa  compagne  Ha 
Tous  les  dieux  assistèrent  aux  n 
Cadmus  et  d'Harmonie  ;  Minerve 
cain,  selon  Hygin,  lui  donnèrent  t 
imprégné  de  tous  les  crimes  et  de 
vices,  ce  qui  causa  les  crimes  de 
térité  ;  Vénus  lui  donna  un  coll 
qui,  ayant  passé  plus  tard  dans  li 
d'Ériphile,  cau^a  la  mort  du  dev 
phiaraûs.  Junon  seule  n'assista  ] 
mariage,  qui  fut  d'abord  très  h 
mais  dont  elle  troubla  la  tranquîl 
les  désastres  qu'elle  versa  sur  la  fa 
Cadmus  et  d'Harmonie.  Les  nom 
mêlé,  de  Pauthée,d*Ino,  de  Laïus  t 
dipe(roj.],  rappellent  tous  les  n 
de  la  fatalité.  Cadmus,  ne  pouvant 
à  sa  douleur,  résolut  de  fuir  sa  p 
erra  longtemps  et  aborda  enfio  d 


HàR 


(475) 


HAR 


iTccioa  épouse  Harmonie,  qui  ne 
idoDDa  jamais.  Croyant  devoir  at- 
T  tant  de  calamités  à  la  vengeance 
Jque divinité  protectrice  du  fameux 
I  qu'il  avait  tué,  il  demanda  aux 
le  le  changer  en  serpent.  Sa  prière 
lacëe,  et  Harmonie  obtint  encore 
lager  le  sort  de  son  époui.  On  ne 
is  voir  une  allégorie  plus  constante 
rmonie  dans  Tunîon  conjugale, 
monuments  qui  représentent  Har- 
sont  très  rares;  c'est  à  tort  que 
elmaon  a  cru  la  voir  accompagnant 
s  sur  on  bas-relief  du  palais  Spada 
m.  i/ieJ.j  n?  83),  représentant 
i  qui  attaque  le  dragon  :  à  cette 
,  Cadmus  n*avait  pas  encore  épousé 


Die. 


miroir  étrusque  de  la  collection 
l.'catal.  par  de  Witte,  n°  1961) 
nte  Harmonie,  debout  et  nue;  elle 
Ivre  et  le  plectrum  ;  ses  pieds  sont 
!S  ;  elle  est  parée  d'un  diadème  et 
ier  que  lui  a  donné  Vénus.  A  gau- 
Mars,  son  père;  à  droite  est  Cad- 
sis  sursachiamyde;  il  est  nu,  im- 
no  pétase  couvre  sa  tête;  il  tient 
lin  droite  un  sceptre.  Une  bordure 
te  entoure  cette  composition  (ex- 
ir  M.  Ch.  Lenormant).  D.  M. 
t3IOXIE(musiquey.0n  a  vu  dans 
précédent  le  sens  général  du  mot 
i^ovta.  En  musique,  il  avait  chez 
ens  un  sens  fort  difTérent  de  celui 
is  donnons  à  ce  mot  dans  les  lan- 
)dernes  :  il  désignait  la  partie  de 
e  qui,  traitant  des  sons,  des  inter- 
des  successions,  en  un  mot  des 
echniques  relatifs  aux  éléments  de 
•  s'arrêtait  qu'à  la  mélopée  ou  art 
ler  les  chants.  Le  sens  que  le  terme 
ue  a  pris  dans  la  suite  date  d'une 
assez  récente  ;  il  représente,  dans 
fption  la  plus  générale,  Tidée  d'un 
âge  de  sons  musicaux  entendus 
Dément.  La  théorie  musicale  a 
it  et  précisé  cette  dernière  défini- 
I  nommant  l'harmonie  la  science 
ords. 

m  abus  du  langage,on  appelle  har^ 
une  pièce  de  musique  composée 
i  réunion  des  seuls  instruments  à 
Ml  même  cette  partie  de  Finstru- 
MHi  dans  an  morceau  ouelconoue} 


dans  les  deux  cas  on  devrait  dire  jr^/i/7ic//> 
(  (T'jvçL'Aia ,  réunion  de  deux  ou  de  plu- 
sieurs flûtes,  de  aO>i;,  flûte,  et  cOv,  avec; 
puis,  en  général,  accord). 

C'est  avec  plus  de  raison  que  Ton  ap* 
pelle  morceau  d'harmonie  une  compo- 
sition à  plusieurs  parties  considérée  sur- 
tout sous  le  point  de  vue  de  la  sncccssion 
des  accords.  C*est  aussi  dans  ce  sens  que 
l'on  emploie  le  mot  harmortiste^  dont  on 
se  sert  pour  qualifier  le  compositeur  qui 
a  fait  une  étude  particulière  et  appro- 
fondie de  la  science  que  nous  allons  es- 
sayer de  faire  connaître  succinctement. 

Considérée  comme  science  des  accords 
(yoy.  ce  mot',  Pharmoniese  diviseen  har- 
monie proprement  dite,  qui  examine  la 
structure  des  accords,  leur  nature  et  leur 
association,  et  en  harmonie  pratique  ou 
appliquée,  laquelle  enseigne  à  mettre  les 
accords  en  œuvre,  c'est-à-dire  à  en  en- 
tourer une  mélodie  préétablie  serrant  de 
règle  et  de  base  à  leur  conduite  et  à  leur 
disposition;  c'est  ce  qu'on  a  longtemps 
appelé ar/r/p  V accompagnement^  comme 
on  peut  le  voir  par  l'inspection  des  traités 
publiés  sous  ce  titre.  Cette  application  de 
l'harmonie  se  fait  d*après  deux  conven- 
tions: celles  du  stvle  libre  et  celles  du 
style  sévère.  On  sait  que  le  style  libre  est 
celui  qui,  de  nos  jours,  s'emploie  dans  la 
musique  de  théâtre,  de  chambre,  et  dans 
la  plus  grande  partie  de  la  musique  in- 
strumentale et  de  la  musique  d'église;  le 
style  sévère  ou  contrepoint,  dans  sa  pureté 
rigoureuse,  n'est  guère  en  usage  que  pour 
l'exercice  des  élèves;  mais  il  peut  s'intro- 
duire momentanémentdans  tous  les  genres 
que  nous  venons  de  désigner,  et  en  outre 
il  ofTre  pour  !e  style  libre  des  ressources 
précieuses  et  continuelles. 

Examinons  d'abord  ce  qui  concerne 
l'emploi  des  accords  et  leur  application 
à  des  mélodies  données,  en  ne  nous  atta- 
chant qu'aux  règles  du  style  libre;  il  nous 
sera  facile  d'indiquer  ensuite  les  particu- 
larités qui  caractérisent  le  style  sévère, 
dont  nous  n'avons  à  parler  ici  que  pour 
compléter  l'article  Contre- point,  où  la 
matière  a  été  simplement  indiquée  par  un 
collaborateur  célèbre,  feu  Reicha. 

On  a  vu  à  Part.  Accoans  que  la  dif- 
férence la  plus  importante  à  établir  entre 
les  accords  était  celle  oui  let  narta^il 


IIAR  (  4 

m  deux  grande*  ctn.^'ej  :  celle  de*  ac- 
cords consin/maU  el  celle  dai  accord* 
ilisioiianls. 

Piirnii  les  premier*,  l'tccord  parfait 
est  celui  qui,  élaal  le  plus  agréable  à 
l'oreille,  doit  se  rencunlrcr  le  plus  tou- 
vent;  c'est  aussi  pourquoi  plusieurs  ac- 
cord* parfait!  s'eDchainent  facilement 
entre  cuiet  fonneni  une  saccettion  har- 
monique de*  plusigrtabletlorsque,  pre- 
toiêrement ,  le*  relation*  de  tonalité  sont 
obterrics,  c'eat-à-dire  *i  l'accord  qui 
en  suit  nn  autre  appartient  à  an  mode 
qui  puisse  convenablement  s'associer  i 
celui  qui  régissait  le  premier  accord;  eo 
■econdiieu,  quand,  dans  lesdeniaccords, 
il  exiite  une  note  commune  qui  lie  l'aa 
■  l'antre.  Ain»  le*  cinq  accords  sulTaoi* 
s'unisaent  parfaitemeot  entre  eux  : 


76  )  HAR 

plu*.  La  seconde  n'est  point  obi 
dans  plusieurs  cas,  des  accord 
peuvent  se  suivre  el  ilre  d'un  i 
effet  sans  la  communauté  de  nt 


Dan*  cette  succesùon,  le*  accords  sont 
présenté*  teloo  leur  position  primitive; 
mais  ils  pourraient  également  être  ren- 
versés (vor.  Rek vBBSEMEirr) ,  «an*  que 
rharmonie  cessât  d'être 
résulieraii  de*  accords  de  sixte. 


trois  accords  intermédiaires  est  changée. 
Dam  ce  cas,  pour  s'assurer  de  la  régu- 
larité de  la  succeuion,  il  faut  remelire 
^l'accord  dans  sa  position  primitive,  en 
replaçant  à  la  baïae  ta  note  principale. 

I.a  première  règle  (celle  du  rapport  de 
tonalité)  doit  toujours  être  observée ,  et 
quand  les  compositeurs  s'en  écartent, 
c'est  pour  obtenir  quelque  effet  particu- 
lier et  inattendu,  en  sorte  que  la  sur- 
prise éprouvée  par  l'oreille  soit  nioli- 
rte  :  l'irrégularité  «st  alors  un  mérite  de 


Tout  iMCord  qui  t'cnchatne  n 
ment  avec  un  autre  dans  sa  po*i 
mitive  peut  également  la  faire 
renveraemenis,  pourvu  que  les  a 
de  tucceasion  tte  s'en  trouvent 

Le*  suites  d'accord*  de  sixti 
l'avantage  particulier  de  laisser 
partie  une  marche  diatonique  p 
vement  semblable; 

mai*  cette  formule,  *i  agréab 
leurs,  n'admet  pa*  le  renveneaa 

Un  de*  plu*  grands  cbarincs  < 
monie  oatt  du  mélange  de*  acco 
jeur  et  mineur.  On  pourrait  faii 
sujet,  surtout  en  ce  qui  tonramc 
mineur,  des  remarques  fort  inléi 
que  le  défiul  d'espace  nou*  fo 
mettre,  mais  que  nous  devons  a 
signaler  à  l'altention  des  lecteui 

Quelle  que  soit  la  forme  de* 
employés,  il<  doivent  toujours  o 
entre  eux  une  analogie  de  posili< 
à-dire  que,  dans  le  paasagedcTu 
ire,  celui  qui  tient  le  dernin 
pi-éscnter  nur  l'érhelle  dans  une 
qui  ne  l'éloigné  pas  de  ion  voisi 
les  accords  de  l'exemple  premiei 
sous  sont  convenablement  poaés; 
gcment  de  IV\emple  second  Nf 
cul*  et  absurde. 


HâR 


Ce  qni,  plus  que  le  reste,  donne  de  la 
{écéà  Penchainemenldes  accords,  c*est 
iiTcrsité  dans  la  marche  des  parties, 
i  eoDStilne  les  trois  mouvements  sem- 
Ueoa  direct,  contraire,  oblique:  sem- 
Ue,  quand  les  parties  se  meuvent  dans 
Bêmeaens;  contraire,  quand  elles  vont 
feus  opp(Ȏ  ;  oblique,  lorsque,  Pune 
I  parties  restant  en  place,  une  ou  plu- 
■ti  autres  agissent  dans  un  sens  quel- 


Mouvement  semblable  ou  direct. 


^jjj^ij^i^^ 


Mouvement  contraire. 


i 


,1  j  jijji^ 


(477)  HAR 

tantôtsimpleet  naturel,  tantôt  inattendu, 
d*un  ton  à  un  autre,viennent  encore  a ppor* 
ter  à  la  musique  un  cbarme  nouveau  en 
variant  sans  cesse  le  point  de  vue  du  ta- 
bleau, en  diminuant  ou  renforçant  gra- 
duellement les  teintes  harmoniques,  en 
ramenant  sans  effort  Tauditeur  au  lieu 
où  il  avait  été  pris,  et  en  lui  faisaat  par- 
courir successivement  tous  les  détours 
du  temple  enchanté  de  Tbarmonie. 

Cependant  toutes  ces  ressources  ont 
encore  paru  insuffisantes;  et  remploi, 
d*abord  timide,  puis  devenu  plus  hardi, 
des  notes  de  passage  a  donné  une  vie 
nouvelle  à  Tharmonie ,  en  laissant  toute 
liberté  au  compositeur  pour  dessiner  ses 
cantilènes  de  la  manière  la  plus  avanta- 
geuse, la  plus  piquante,  et  en  lui  four- 
nissant mille  moyens  de  rajeunir  et  de  ré- 
chauffer les  vieilles  tournures,  les  phrases 
froides  et  usées,  les  formules  trop  sou- 
yen  t  rebattues. 

On  appelle  notes  de  passage  celles 
qui,  malgré  leur  importance  dans  la  mé- 
lodie, dont  elles  sont  partie  intégrante  et 
essentielle,  n'ont  aucune  valeur  harmo- 
nique :  ainsi,  dans  Texemple  suivant,  tou- 
tes les  notes  de  la  portée  supérieure,  au- 
tres que  5o/,  j/,  re,  /a,  n'exercent  aucune 
influence  dans  leur  rapport  avec  l'accord 
de  dominante  frappé  dans  la  portée  in- 
férieure. 


Mouvement  oblique. 


m 


IL 


r 


^ 


TT 


-rr-f 

Due  harmonie  basée  sur  les  règles  que 
0  Tenons  d'établir  pourrait  être  fort 
mcte  et  fort  agréable;  mais  l'unifor- 
lé  des  suites  continuelles  de  conson- 
Kca  finirait  par  fatiguer  l'oreille.  Les 
9ords  dissonants  rompent  cette  mono- 
lie.  Soumb  aux  règles  de  \^  prépara ^ 
«  et  de  la  résolution  {voy.  ces  mots), 
iBooveaux  éléments  forment  un  des  plus 
mds  agréments  d'une  composition. 
Le  changement  de  mode  et  le  passage 


l^-M-^-^-HI 


^ 


Ë 


On  a  donné  à  ces  notes  le  nom  de 
notes  de  passage^  parce  qu'elles  passent 
inaperçues  à  la  suite  des  notes  princi- 
pales. Quand  elles  se  trouvent  avant 
ces  dernières,  elles  s'appellent  petites 
notes  ou  appogiatures  {voy,  ce  mot). 
On  les  a  longtemps  écrites  en  caractères 
plus  petits,  pour  les  distinguer  des  notes 


ttAft 


(478) 


MAtt 


réelles  portant  harmonie;  maia  peu  à 
peu  Ton  s^est  habitué  à  les  représenter 
comme  les  notes  communes,  etPusage  en 
est  devenu,  dans  ces  derniers  temps,  telle- 
ment fréquent  qu'il  n*est  presque  plus 
de  phrase  mélodique,  même  des  moins 
chargées,  qui  n*en  contienne  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable.  Dans  Texem- 
ple  suivant,  qui  fera  concevoir  TefTet  des 
petites  notes,  nous  avons  donné  des  dou- 
bles queues  aux  notes  réelles. 


Les  suspensions  ou  prolongations,  au 
moyen  desquelles  Tune  des  notes  d'un 
accord  se  prolonge  après  qu'un  nouvel 
accord  a  été  frappé  par  la  basse,  offrent 
une  autre  espèce  de  notes  de  passage  dont 
l'emploi  est  fort  utile  pour  relever  et 
renforcer  les  parties  lâches  d'une  com- 
position et  lui  donner  un  intérêt  qu'elle 
ne  pourrait  avoir  sans  cela. 

La  majestueuse  pédale  (  r}oy.  )  four- 
nit au  compositeur  le  moyen  de  faire 
passer  autant  d'accords  qu'il  veut  sur  une 
seule  note  dont  le  prolongement  suffît 
pour  conserver  le  sentiment  de  la  tonalité. 
Il  est  fâcheux  que  cette  formule,  qui, 
mise  en  œuvre  à  propos,  est  du  plus  bel 
effet,  ait  fait  naître  de  nos  jours  ces  basses 
plates  et  misérables  qui  infectent  tant  de 
compositions  modernes. 

Une  autre  ressource  bien  précieuse  est 
celle  du  brisement  des  accords ,  c'est-à- 
dire  la  faculté  de  présenter  des  accords, 
oon  plus  simultanément,  mais  successive- 
ment, et  d'en  former  ces  batteries  ou  ar- 
pèges (voy,)  qui  re|M>sent  l'oreille,  dont 
une  plénitude  continuelle  d'harmonie 
épuiserait  l'attention.  En  faisant  enten- 
dre l'une  après  l'autre  les  notes  des  ac- 
cords, le  compositeur  nuance  et  dégage 
rharmome  sans  l'appauvrir. 

Mais  si  le  compositeur  peut  disfkoser 
de  tant  de  ressources,  il  est  aussi  gêné 
par  quelques  entraves.  La  seule  règle  qui 
défend  deux  quintes  et  deux  octaves  de 
suite  )ar  mouvement  semblable  est  pen- 
daui  ioogtemps  une  j^rtudc  di\\kuîié  à 


vaincre,  et  tant  que  l'élève  oe 
rompu,  par  un  exercice  sans  cesa 
à  se  rendre  bien  maître  de  la  mi 
parties ,  il  se  trouve  arrêté  à  cb 
stant.  La  règle  des  quintes  et  de 
se  formule  d'ordinaire  dans  k 
suivants  :  d'une  consonnanct 
ou  imparfaite  on  ne  peut  pass 
consonnanoe  parfaite  par  bk 
direct.  Cette  règle  est,  du  reste, 
une  foule  d'exceptions  dont  no 
rons  aux  mots  Quiirra  et  Ocrai 

Un  autre  écueil  s'offre  pour 
dans  les  fausses-relations,  nomqi 
ne  à  ceruins  passages  qui,  altéra 
timent  de  la  tonalité,  produise 
de  parties  exécutant  dans  dec 
différents. 

Au  moyen  des  éléments  dont 
nous  de  présenter  un  exposé  fort 
on  peut  former  toute  espèce  d 
sions  d'accords.  Il  s'agit  mainli 
savoir  dans  quelles  circonstance 
les  employer.  C'est  cette  opératîc 
l'objet  de  V harmonie  appliqua 
appelait  autrefois  art  de  l'accoi 
ment ,  parce  que ,  dans  celte  doi 
se  propose  d'accc>m|>agner,  au  m 
accords,  une  mélodiedéterminée 
ce,  que  l'on  nomme  le  snjri. 

Pour  éviter  tonte  confusion 
travailler  d'abord  sur  des  sujets  1 
pies  quant  à  la  modulation,  co 
au  moins  habituellement,  denol 
en  durée,  et  absolument  dégagés 
note  de  passage  ou  d'agrément. 

Un  sujet  peut  être  présenté  dec 
nières:à  la  bas«e  ou  à  l'une  des  pi 
périeures  ;  dans  ce  dernier  cas , 
différent,  par  rapport  à  l'élude 
compagnement,  qu'il  se  trouve  à 
réellement  supérieure  ou  à  l'une 
ties  intermédiaires. 

Comme,  en  harmonie,  tout  m 
sur  la  basse,  le  premier  cas  est  é«id 
plus  simple  que  l'autre;  c'est  a« 
que  nous  examinerons  en  preai 
Le  sujet  sur  lequel  on  doit  i 
d'abord  est  l'échelle  diatonique 
et  mineure.  Il  eU  aisé  de  coai 
que  cette  succession  est  la  prems 
plus  importante  à  étudier  dans 
modes  et  dans  toutes  les  poȔlio 
est  po«iiblede  donner  aux  jiartics 


BAR 


(419) 


ttAft 


le;  cette  opérmtîon  a  été  Tori- 
bnnule  tppelée  règle  de  Voc* 
à  oo  coooait  bien  la  manière 
ner  la  progression  diatonique, 
par  les  progressions  de  tierce, 
nte ,  ascendantes  et  descen- 
ir  les  terminaisons  de  phrases 
dences  et  demi-'cadences. 
exercices  se  font  d*après  cer- 
]ui  n'ont  d'autre  objet  que  la 
ion  des  accords  qui  peuvent 
dans  le  plus  grand  nombre  de 
es  ou  telles  notes  se  succédant 
tel  ordre.  On  doit  d'abord  et 
ngtemps  n'employer  que  des 
'.es;  on  peut  ensuite  ajouter  çà 
les  dissonances ,  briser  les  ac- 
du  ire  des  notes  de  passage,  etc. 
es  doivent  être  faits  à  trois  ou 
ies,  dans  les  mesures  binaire , 
|uatemaire,el  être  souvent  pré- 
des  positions  difTérentes,  sans 
onie  primitive,  considérée  en 
f  subisse  aucun  changement; 
que  l'on  doit,  sans  toucher  à  la 
irser  entre  elles,  selon  les  règles 
is  notes  supérieures  qui  com- 
ord. 

ion  inverse  consiste  à  choisir, 
irmoniques  inférieures  de  cha- 
lotes  du  sujet,  celles  qui  peu- 
rtir  le  plus  convenablement  au 
lodal  et  à  la  marche  de  la  mélo- 
ure.  La  première  chose  à  faire 
st  la  recherche  de  la  partie  la 
,  autrement  de  la  basse;  cette 
ibis  fixée,  il  ne  s'agira  plus,  pour 
l'harmonie,  que  de  savoir  quel 
t  devra  porter,  accord  dont 
jà  nécessairement  l'un  des  ter- 
a  partie  aiguë  ;  les  notes  inter- 
•eront  dès  lors  bien  faciles  à 
p. 

erche  de  la  note  de  basse  ne  se 
it  qu'au  moyen  du  tâtonne- 
les  règles  à  établir  en  cette  cir- 
ont  beaucoup  plus  d'élasticité 
qui  concernent  la  recherche  de 
i  supérieure.  Néanmoins,  l'on 
Leioent  des  formules  pour  éta- 
le aoas  la  gamme  diatonique  et 
iroi^reBions  de  tierces,  quar» 
atœndantes  et  descendantes, 
kifoot  toujours  bonnes  à  con- 


naître et  à  étudier,  parce  que  le  cas  d^en 
tirer  parti  se  repr^nte  fréquemment. 
Or,  bien  que  l'on  soit  libre  de  traiter  l'hai^ 
monie  d'une  autre  manière,  il  est  tou- 
jours avantageux  d'avoir  sous  la  main  une 
ressource  assurée  pour  n'être  pas  pris  au 
dépourvu.  Dans  cet  exercice,  comme  dans 
le  précédent ,  on  doit  longtemps  travail- 
1er  d'après  les  seuls  accords  consonnants , 
puis  ensuite  introduire  quelques  disso- 
nances, et  employer  parfois  des  notes  de 
passage  pour  donner  plus  de  grâce  et  de 
fluidité  à  la  cantilène. 

Quelle  que  soit  la  place  occupée  par  le 
sujet,  on  ne  doit  pas  perdre  un  moment 
de  vue  l'obligation  d'obtenir  toujours,  et 
autant  que  possible  dans  toutes  les  parties, 
un  chant  facile  et  agréable;  il  faut  pour 
cela  faire  marcher  les  parties  diatonique* 
ment  aussi  souvent  qu'on  le  peut ,  éviter 
tous  les  sauts  d'intonation  difficile,  les 
intervalles  altérés ,  les  mauvaises  succes- 
sions, etc.  De  cette  manière,  l'étude  de 
rharmonie  devient  en  même  temps  un 
exercice  mélodique. 

Une  chose  est  ici  à  remarquer  :  c'est 
qu'en  écrivant  à  trois  ou  quatre  parties  on 
doit  en  plusieurs  cas  sacrifier  la  plénitude 
de  l'accord  à  la  bonté  du  chant  et  à  U 
régularité  de  la  marche  des  parties.  On 
fera  donc  bien  de  ne  pas  s'obstiner  dans  la 
recherche  de  moyens  pour  coucher  exac- 
tement et  continuellement  sur  le  papier 
toutes  les  notes  de  l'accord;  il  faut  ap- 
prendre à  doubler  à  propos  telle  ou  telle 
note,  habituellement  la  tierce  ou  l'octave 
(  nous  ne  parlons  ici  que  pour  l'harmonie 
moderne  ).  Il  est  presque  inutile  d^obser- 
ver  que,  dans  tous  les  exercices  dont  noua 
venons  de  traiter,  les  parties  se  règlent  sur 
l'étendue  des  voii  ou  des  instruments  aux- 
quelson  lessupposedestinées.On  fera  bien^ 
en  général,  desupposer  toujours  les  parties 
faites  pour  les  voix ,  parce  que,  l'étendue 
de  ces  dernières  étant  moindre  que  celle 
des  iostrumeots,  on  s'habitue  ainsi  à  rap- 
procher l'harmonie  et  a  éviter  toute  irrégu- 
larité. U  est  bon  aussi  de  ne  passe  borner 
à  écrire  l'harmonie  sur  le  papier,  mais  de 
s'exercer  à  la  trouver  sur-le-champ ,  eo 
exécutant  sur  le  piano  des  partiosents  ou 
basses  aocooapagnés  de  chiffres  indica- 
teurs des  accords  que  doit  iaire  la  maia 
droite. 


HkR  (  460  ) 

Telles  sont  les  règles  principales  de 
rharmooie  libre;  telle  est  la  marche  à 
suirre  pour  Tétude  de  cette  belle  science. 

Si  de  rharmonie  libre  nous  passons  à 
rharmonie  sévère  c*est-à-dire  au  contre- 
point y  nous  trouTons  dVbord  que  Tob- 
jet  'du  contre-point ,  dans  Tacception  la 
plus  généralement  reçue,  est  d*enseigner  à 
disposer  plusieurs  parties  secondaires  au- 
tour d'une  partie  principale  invariable , 
an  ayant  égard  aui  diverses  valeurs  ou 
figures  de  notes  admissibles  dans  ces  par- 
ties. Le  nom  de  contre-point  vient  de  ce 
que,  dans  les  premiers  temps  où  Ton  en 
fit  usage,  on  marquait  au  moyen  de  points 
placés  au-dessus  des  notes  la  partie  qui 
devait  accompagner  le  sujet;  cette  partie 
eiécutait  le  point  placé  contre  la  note 
réelle.  Zarlino  a  observé  avec  raison  que 
Ton  ferait  mieux  de  dire  eontre^^son; 
mais  cette  proposition  n'a  point  été  sanc- 
tionnée par  Tusage. 

Sous  le  rapport  du  style,  le  contre- 
point est  antique  ou  moderne;  le  contre- 
point antique  est  composé  d'après  l'an- 
cienne modalité  conservée  dans  le  plain- 
chant(v«j.  );  le  contre-point  moderne ^ 
dérivé  du  premier,  est  basé  sur  la  tonalité 
moderne,  et  a  continué  d'être  une  partie 
importante  des  hautes  études  musicales 


Considéré  quant  à  sa  conteiture ,  le 
contre-point  se  distingue  en  contre-point 
simple  et  contre-point  double.  Le  con- 
tre-|>oint  simple  n'est  sujet  à  d'autres 
conditions  qu'à  celle  de  former  une  har- 
monie basée  sur  certaines  règles;  une  fois 
cette  harmonie  (iaée ,  le  but  est  atteint. 
Le  contre-point  double  y  appelé  aussi 
contre -point  complexe  y  convertible  ^ 
conditionnel  ou  artificieux^  est  soumis  à 
des  conditions  à  raison  desquelles  il  peut 
remplir  plusieurs  fonctions,  tellel  que  de 
se  transporter  à  divers  intervalles,  de  se 
renverser,  c'est-à-dire  de  passer  du  des- 
sus au  dessous  du  sujet,  et  réciproque- 
ment; de  s'eaécuter  en  divers  sens,  c'est- 
à-dire  par  mouvement  contraire  ou  en 
rétrogradation ,  etc. 

L'étude  du  contre-point  simple  se  fait 
d'après  la  considération  des  inteival- 
les  (voy.  ),  et  non  d'après  celle  des  ac- 
cords :  en  conséquence ,  l'on  s'exerce  d'a- 
lK>rd  à  deux  parties ,  et  l'on  épuise  les 
diverses  combin.nisoos suivantes,  qui  for- 


HAa 

ment  les  cinq  espèces  princîpik 
tre-point  simple.  Étant  pris  m 
notes  d'égale  durée,  on  place ei 
basse  et  l'on  construit  au-dessi 
compagnement  :  1*  en  notes  i 
durée  semblable  à  celles  du  saj« 
deux  notes  pour  une  ;  3**  trois 
notes  pour  une  ;  4®  syncopes  à 
mesures  ;  5^  valeurs  mélangées  < 
point  fleuri.  On  place  ensuit 
dans  le  dessus ,  et  l'on  exécute  I 
opérations  en  mettant  l'accomp 
au  grave.  Puis  on  fait  le  méoM 
à  trois,  quatre,  cinq  ,  sii,  huit  < 
grand  nombre  de  parties ,  en  i 
de  faire  passer  le  sujet  suça 
dans  chacune. 

Dans  toutes  ces  opérations, 
outre  les  lois  de  Tharmonie  rel 
marche  des  accords  par  ra  pport  i 
lesquelles  sont  ici  toutes  appUa 
server  les  règles  suivantes  :  1  * 
point  note  contre  note  n*adiB 
consonnances  ;  2®  la  règle  qui 
quintes  et  les  octaves  par  mouve 
blable  devient  ici  plus  rigourei 


mais;  3**  à  moins  d'absolue  net 
doit  éviter  le  croisement  des  pi 
faut  rejeter  la  fréquence  des  uni 
octaves,  parce  qu'ils  laissent  tr 
dans  l 'harmonie  ;  5^  les  suites  d 
de  tierces  sont  écartées  lorsqu 
tent  sur  plus  de  trois  notes  coi 
parce  qu'il  n'en  résulte  qu^unc 
puérile;  6**  Ton  doit  faire  un 
quent  des  mouvements  contrai 
que;  7°  dans  le  contre-poin 
notes  contre  une,  la  première, 
temps  impair,  doit  toujours  éti 
nante,  la  seconde  est  consonna 
sonante  à  volonté  ;  8^  dans  ! 
point  de  quatre  notes  contr 
deuxième  et  la  quatrième,  aot 
deux  notes  paires,  peuvent  éti 
nantes  ou  dissonantes,  la  prei 
troisième  sont  toujours  conseil 
dans  le  contre-point  syncopé 
mencement  de  la  note  qui  ayi 
toujours  être  consonnant;  la 
tion  forme  consonnance  ou  dii 

(*)  On  remarqae  iri  es  |»MM«t  i 
deux  moU  font  disparate  quaat  I 
phr  :  mais  ee  n*ett  p4«  de  BOtr*  Ctt 
mie  l'a  roolo  siati. 


HAB 


(481) 


RAR 


I  ee  dernier  eu,  la  dûaonance 
uféeen  desoendimtdittoniqae- 
diDt  le  coDtre-point  fleuri,  l'on 
m  usage  continuel  des  liaisons 
I  la  partie  fleurie  la  tournure 
»  à  ce  genre.  Un  de  ses  carac- 
ulîers  est  d'offrir  fréquemment 
icement  de  la  mesure  une  pe- 
;ation  de  layaleur  d'une  noire; 
ère  se  trouve  alors  suivie  de 
les  et  de  deux  noires ,  dont  la 
«t  se  prolonger  encore  dans 
uivante. 

eut  mettre  plus  de  quatre  no- 
ine,  huit  par  exemple ,  la  rè- 
lans  celle  des  quatre  notes.  On 
des  contre-points  en  traitant 
Murtie  une  espèce  différente  : 
^tre  le  travail  le  plus  difficile 
s. 

vient  d'être  dit  a  dû  donner 
acte  de  la  constitution  du  con« 
impie.  Le  contre-point  dou- 
ions avons  donné  plus  haut  la 
prend  le  nom  de  triple  et  de 
lorsque  non-seulement  deux, 
m  quatre  de  ses  parties  peu- 
verser.  Renverser  les  parties , 
Mttser  le  dessus  à  la  basse  et  ré- 
ent;  on  tire  de  cette  opération 
de  varier  les  faces  de  l'harmo- 
changer  le  fond  ;  c'est  sur  ces 
de  parties  que  roulent  tous  les 
I  la  ïugue.  Voy.  ce  mot  et  Imi- 

enement  du  contre-point  peut 
quatre  manières  :  1^  par  mou- 
iblable,  quand  le  sujet,  en  chan- 
irtie,  conserve  son  mouvement 
^  par  mouvement  contraire , 
us  le  renversement,  la  marche 
it  reproduite  dans  le  sens  op- 
-à-dire  que,  là  où  le  sujet  des- 
partie renversée  monte ,  et  là 
lit, elle  descend;  3^  par  mou- 
rograde,  lorsque  la  partie  ren- 
end  le  sujet  à  rebours;  4*  par 
t  rétrograde  contraire,  en  rai- 
fionion  des  deux  circonstances 
I. 

resortes  de  renversements  peu- 
liqoer  aux  intervalles  divers 
Q  veut  transporter  le  sujet  : 
nversements  sont  susceptibles 

ûi>p.  d.  G.  d.  M.  Tome  XIU. 


d'être  fidts  à  la  neuvième,  à  la  tierce  ou 
dixième,  à  la  quarte  ou  onzième ,  à  la 
quinte  ou  douzième,  etc.,  selon  qu'il  con- 
vient au  compositeur. 

Le  procédé  pour  la  composition  des 
contre-points  doubles  consiste  à  prévoir  à 
l'avance  ce  que  deviendra  le  contre-point 
lors  de  sa  transformation,  et  à  choisir  une 
disposition  qui  convienne  à  l'un  et  à  l'au- 
tre cas.  Ainsi,  pour  établir  un  contre* 
point  double  à  la  quinte  ou  douzième, 
par  exemple,  après  avoir  fixé  le  sujet,  on 
lui  donne  un  accompagnement  qui  doit 
être  correct  et  composé  d'après  les  règles 
d'une  bonne  harmonie  et  les  formes  du 
contre-point  fleuri;  mais  cet  accompa- 
gnement doit  être  aussi  composé  de  telle 
sorte  que ,  transporté  à  la  douzième ,  il 
puisse  de  nouveau  s'unir  au  sujet;  l'exenk- 
ple  suivant  fera  comprendre  cette  propo- 
sition : 


Contrept.  double  à  la  12*. 


\hï^H\\{^ 


s 


ZC 


zc 


■m 


É 


Xi. 


-XJl 


-e- 


BenversemeDi. 

Pour  ne  pas  perdre  de  vue  la  transfor- 
mation prochaine  du  contre-point,  on  se 
sert ,  pendant  l'opération ,  de  tables  de 
renversement  en  notes  ou  en  chiffres  dans 
lesquelles  la  transformation  de  chaque 
note  se  trouve  indiquée.  Ainsi,  pour  un 
contre-point  à  la  neuvième,  on  dressera  la 
table  suivante,  dans  laquelle  la  ligne  in- 
férieure offre  les  notes  primitives  et  la 
ligne  supérieure  celles  que  produit  leur 
renversement  à  la  neuvième  : 

!£/,  réy  miffa,  soly  ia,  si,  ut,  ré. 
sif  ut,  réf  mi,  fa,  soi,  Ut,  si,  ut. 


De  cette  manière,  l'u       q  le  • 
neavièmey  la  aeeiMidi       i 


HAR  (  48i } 

qui  te  représente  ea  chifiret  comme  il 
suit  : 

1,2,3,4,5,6,7,8,9. 

9,8,7,6,5,4,8,2,1. 

On  peut  indifféremment  chercher  le  rap- 
port du  chifTre  supérieur  à  Finférieur  ou 
celui  du  chiffre  inférieur  au  supérieur; 
ib  sont  les  mêmes.  On  dresse  des  tables 
pareilles  pour  les  autres  contre-points; 
la  suivante,  par  exemple,  pour  le  contre- 
point à  la  dixième  : 

1,  2,  3,  4,  6,  6,  7,  8,  9,  10. 
10,  9,  8,  7,  6,  5,  4,  3,  2,  1. 

el  de  même  pour  les  autres. 

Lorsque  le  contre-point  est  triple  ou 
quadruple,  c^est-à-dire  à  trois  ou  quatre 
parties  renversables ,  il  peut  être  direct 
(  autrement  renversable  à  un  seul  inter- 
Yalle)  ;  ou  bien  mixte  :  dans  ce  cas,  les  ren- 
versements se  font  de  deux  manières, 
ordinairement  à  Foctare  et  à  la  quinte. 
Ce  dernier  genre  a  beaucoup  d'intérêt  et 
il  est  fort  utile  de  Tétudier. 

Les  contre-points  doubles  par  monye- 
ment  contraire,  rétrograde  et  rétrograde- 
contraire,  se  composentd^après  les  mêmes 
procédés,  sauf  les  lois  particnlières  de 
construction  qui  leur  sont  propres  et  aux- 
quelles ils  demeurent  assujettis. 

L'étude  du  contre-point  double  est  un 
préliminaire  indbpensable  de  celle  de  la 
fugue,  qui,  dans  sa  con texture,  en  fait  un 
«sage  continuel.  Les  élèves  qui  s'y  appli- 
quent avec  soin  acquièrent  une  grande 
habitude  dans  l'élaboration  de  la  matière 
harmonique;  le  contre-point  double  est 
pour  eux  une  source  intarissable  où  ib 
puisent  de  nombreuses  formules  qui  com- 
muniquent a  leurs  compositions  les  plus 
travaillées  l'aisance  et  la  variété,  cette  se- 
conde vie  des  productions  artielles.  Sou- 
vent même  les  ressources  du  conlre-point 
fournissent  les  moyens  de  donner  de  l'in- 
térêt aux  détails  d'un  morceau  dont  le 
fond  en  a  peu  par  lui-même.  Ces  entra- 
ves incommodes  que  présente  à  chaque 
instant  l'étude  du  contre-point  double  ef- 
fraient au  premier  abord,  roab  une  fois 
que  l'élève  n*a  plus  besoin  de  s'y  soumet- 
tre, rien  ne  l'arrête;   les  difficultés  les 


BAR 

de  J.«J.  siii,  que  chei  las 

on  attacnait  des  semelles  de  pk 
pieds  des  athlètes  qui  devaient 
le  prix  de  la  course;  dès  qne  oi 
chement,  avec  lequel  ils  s'étaient 
risés,  cessait  de  gêner  leur  maid 
couraient  plus,  ib  semblaient  ti 

Des  notions  sur  l'histoire  de  ! 
nie  ont  été  données  aux  artidei 
et  AccoM FAGMKmHT  ;  l'on  ea 
quelques  autres  au  mot  MusiQi 
nous  bornerons  à  rappeler,  en  oe 
cerne  le  contre-point  propremen 
les  principales  compositions  dai 
antique,  c'est-à-dire  selon  la  toi 
modes  du  plain-chant,  sont  doei 
très  de  l'école  franco- belge,  qui  < 
le  genre  purement  artificieux,  i 
maîtres  est  venue  la  grande  éoole 
dont  le  chef  a  été  Jean  Perlnî( 
lestrina  (vox,)^  compositeur  im 
a  laissé  bien  loin  derrière  lui  toi 
vanciers,  en  imprimant  à  ses 
une  élévation ,  une  gravité , 
pression  à  laquelle  ses  iroitatei 
jamab  atteint;  il  florissait  an  ■ 
XV*  siècle.  Dans  le  siècle  suivai 
cienne  tonalité  fut  peu  à  peu  aba 
et  une  nouvelle  école,  à  la  têted 
marche  le  Napolitain  Alexand 
latti  (v^.),  établit  les  bases 
moderne,  adopté  bientôt  par 
compositeurs  et  qui  n'a  plus  oe 
en  usage  jusqu'à  nos  jours. 

Outre  les  ouvrages  cités  au 
AcGoao,  AccoMPAGNEMEirr,  Fc 
nous  indiquerons  comme  bons  à  c 

!•  Pour  l'harmonie  propremi 
l'accompagnement  :  Sabbattini 
lo),  Rrgoie  facile  e  brève  per 
sopra  fV  basso  eontimtto  (la  plus 
édition  est  de  1628,  in-4*,  à 
Gasparini ,  VArmonico  pratici 
balo^  !>•  édit.,  1703,  in-4^  • 
1 802  ;  Mattheson,  Grosse  Gem 
schule^  1731,  in-4*;  Geminiatt 
oj  aceompaniment^  publié  à  Loi 
1755  (il  en  existe  une  tradnct 
çatse);  Bach  (  Ch.-Ph.-EaiB 
such  ùher  die  (vahreArt  Kiavie 
len,  Beriin,  1763,  in-4*;  1 
Handburk  bey  dem  Gemermi 
plus  ardues  sont  un  jeu  pour  lui.  C'est  1  der  Composùiom^  Beriis,  171 

lervir  de  la  comparaison  '  in-4*;Kjoch,  Fm 


f  JUS!,  pour  nous  servir 


rermtk  eimtrj 


HAR 


(488) 


HâR 


mpasiiion^  3  toI.  în-8<>,  de  1782 
I;  Azzopardi ,  Jl  Musico  pratico , 
1760,  io-40  (trots  éd.  de  la  trad. 
le  de  Framery,  1786 ,  1824  et 
Bulber,  Partiturregeln  ^  Dooau- 
1 79  3  (la  dernière  éd.  est  de  1 8 1 7); 
,  Traité  de  la  basse  sous  le  e/tant, 
1798,  in-fol.;  Mattei,  Praiiea 
npagnamento  sopra  basse  nume- 
>logne,  1824,  in-fol.;  Reicha, 
complet  et  raisonné  d  harmonie  y 
819,  in-fol.-,  Peme,  Cours  élé^ 
rd harmonie  et  daceompagne" 
Tol.  in-foL,  Paris,  1822  ;  Jelen- 
V Harmonie  aucommencement 
*  siècle^  Paris,  1830,  in-fol.  et 

or  la  composition  antique,  la  f a- 
x>ntre-point,  etc.  :  Glarean,  Do^ 
rdon ,  Bâle,  in-fol. ,  1 547  -,  Zar- 
rtituzioné  armoniche  ,  in-fol. , 
losieurs  antres  éditions,  toutes  de 
;  les  Dimostrazioni  armoniche 
le  auteur,  1571 ,  in-fol. ,  et  ses 
nenti  musicali^  1588,  in-fol., 
(  à  Venise;  Salinas,  De  Musica^ 
Mfoe,  1577,  in-fol.;  2Uicconi, 
I  di  masicay  1**  partie,  1592; 
parL,  1622,  in-fol.,  à  Venise; 
£1  melopeoy  maestro^  Naples, 
i-fol.;  hieTsennCy  Uarmonteorum 
aris,  1635,  in-fol.,  Penna,  Li 
Hbori  musicaliy  Bologne,  1 696 , 
y  avait  déjà  eu  4  éd.);  Bononcini, 
f>rarr/<;o, Bologne,  1688,  in-4<»; 
radus  ad  Parnassum ,  Vienne , 
rad.  en  allemand,  en  français  et 
n;  Paolucci,  Arte  pratica  del 
piciito,  Venise,  1706, 2  vol.  in-4<>; 
,  Saggio  fondamentale  pratico 
vppmnto  sopra  il  canto  jcrmo , 
,  1774  et  1775,  2  vol.  in-fel.; 
egole  di  eontrappunto  pratico , 
1 794,  gr.  in-fol.  ;  Langlé,  Traité 
gue^  Paris,  1805,  in-fol. 
terminerons  cette  liste  par  Tin- 
de  deux  ouvrages  où  ont  été  re- 
tontes les  connaissances  relatives 
position  musicale  :  le  premier  est 
sompilation  publiée,  en  1808  et 
•r  Choron,  sous  le  titre  de  Prin~ 
composition  des  écoles  dltalie^ 
ol.  in-foL  ;  le  second  est  le  - 
mptei  de  mmsiqmef  Q  ^.  in-* 


et  plus  de  500  planches,  1886-1838, 
commencé  par  le  même  écrivain  et  termi- 
né par  Fauteur  de  cet  article.  J.  A,  de  L. 

HARMONIE  (  philosophie  ,  beaux- 
arts).  Si  rharmonie,  dans  la  musique,  est 
une  concordance  de  sons ,  ce  sera  dans 
une  œuvre  quelconque ,  œuvre  d'art  ou 
de  la  nature ,  la  concordance  de  toutes 
les  parties  ;  ce  sera  l'expression  de  Tordre 
le  plus  parfait.  Une  œuvre  d'art  sans  har- 
monie est  un  non-sens;  dans  les  œuvres 
de  la  nature,  le  manque  d'harmonie  n'est 
jamais  autre  chose  qu'un  accident  ;  car 
Dieu ,  l'auteur  de  la  nature  et  du  monde, 
qui  est  l'harmonie  en  grand  (  xoo'fioc  , 
l'ordre,  la  convenance  parfaite),  est  à  la 
fois  l'auteur  et  l'expression  dernière  de 
l'harmonie. 

Prenons  d'abord  les  œuvres  imparfaites 
de  l'homme ,  pour  montrer  comment  il 
aspire  à  réaliser  cette  harmonie  idéale 
dont  le  type  est  définitivement  placé  hors 
de  son  atteinte. 

Un  architecte  est  chargé  de  la  con- 
struction ou  de  la  restauration  d'un  tem- 
ple :  son  premier  soin  se  portera  sur  la 
concordance  de  toutes  les  parties  de  l'é- 
difice sacré;  il  ferait  preuve  d'absurdité 
et  de  mauvais  goût  s'il  s'avisait  de  réu- 
nir deux  systèmes  d'architecture  qui  s'ex- 
cluent ,  si ,  par  exemple ,  il  plaquait  une 
façade  grecque  contre  un  âifice  gothi- 
que ,  ou  s'il  écrasait  un  temple  de  forme 
antique  par  des  clochers  modernes.  Voyez 
les  monuments  qui ,  depuis  des  siècles , 
ont  eu  le  privilège  d'attirer  à  la  fois  l'ad- 
miration des  connaisseurs  d'élite  et  de  la 
foule  qui  ne  juge  que  par  instinct;  pre- 
nez les  palais  et  les  temples  de  Karnac  et 
de  Luxor ,  le  Parthénon ,  le  Colisée , 
quelques  cathédrales  chrétiennes  :  ce  qui 
constitue  invariablement  la  supériorité , 
la  beauté ,  la  perfection  de  ces  divers  édi- 
fices, c'est  leur  symétrie  (voy,) ,  c'est-à- 
dire  leur  harmonie  organique,  l'absence 
de  tout  élément  qui  ne  semblerait  point 
faire  essentiellement  partie  de  ce  bel  en- 
semble. En  peinture,  c'est  l'harmonie  du 
dessin  et  de  la  couleur,  des  couleurs  entre 
elles,  des  ombres  et  de  la  lumière;  en 
tlpture,  c'est  l'harmonie  des  formes 
<       doit  pou       rre  l'artiste.  Dans  les 

dans  les  systèmes  phi- 


llAR  (  484  ) 

tll|iiM  f  c^€st  toujours  la  m^me  teiHlaoce 
à  rharmoDie ,  à  l'ordre.  Un  système  de 
morale  qui  renferme  des  lacunes,  des  con- 
tradictions, croule  de  luî-méme;  une  lit- 
térature qui  pose  comme  premier  article 
de  son  code  le  caprice  individuel  de  l'au- 
teur prononce  dès  l'abord  son  propre  ju- 
gement :  elle  se  suicide. 

L'harmonie  rbythmique  du  langage 
peut  n'être  qu'une  simple  harmonie  dans 
la  disposition  des  périodes  et  des  mots  ; 
elle  est  du  domaine  de  la  prosodie  et  de  la 
rhétorique,  et  il  en  sera  parlé  dans  l'ar- 
ticle suivant.  Souvent  aussi  une  haute 
intelligence  donne  à  son  style  l'empreinte 
de  l'harmonie  dont  elle  est  elle-même 
pénétrée.  Cette  harmonie  n'est  point  fiic- 
tioe  comme  l'harmonie  dans  le  son  des 
mots  :  elle  est  intimement  unie  aux  gran- 
des pensées,  elle  (ait  corps  avec  elles; 
vous  la  trouverez  à  des  degrés  divers , 
et  sous  des  formes  diverses,  dans  le  style 
de  tous  les  grands  écrivains. 


Ainsi ,  dans  toutes  ses  créations  , 
l'homme  aspire  à  l'harmonie ,  à  l'unité , 
sous  peine  de  faire  une  œuvre  inutile  ou 
absurde. 

Jetez  un  coup  d'œil  maintenant  sur  la 
nature,  sur  les  masses  et  les  détails;  par- 
courez l'échelle  entière  des  êtres;  puis 
quittez  un  instant  la  terre  et  perdez-vous 
dans  les  profondeurs  du  ciel  où  roulent 
les  sphères  :  partout  vous  trouverez  cette 
loi  de  l'harmonie,  dont  le  type  est  en 
Dieu.  Si  le  conflit  des  éléments  trouble 
un  instant  l'ordre  général,  ces  oscillations 
passagères  ne  font  que  mieux  ressortir  et 
confirmer  la  loi  universelle  d'harmonie. 
Nous  n'essaierons  point  de  marcher  sur 
les  traces  de  Bernardin  de  Saint-Pierre 
pour  mettre  en  relief  les  harmonies  de 
la  nature;  peut-être,  dans  son  honorable 
désir  de  montrer  partout  l'empreinte  de 
la  loi  primitive  de  la  création,  a-t-il  trop 
souvent  froissé  les  exigences  de  la  science 
analytique  ;  peut-être  aussi  s'est-il  trop 
attaché  à  ces  harmonies  matérielles,  qui 
ne  frappent  que  la  vue;  mais  du  moins 
il  a  su  ramener  beaucoup  d'esprits  su- 
perficiels ou  flottants  à  la  contemplation 
salutaire  du  grand  spectacle  que  Dieu 
oflre  k  l'indigent  comme  au  riche,  au 
pau\re  d'esprit  aussi  bien  qu'à  celui  qui 
ie  tàrput  de  m  icieiic«|  pour  leur  mon- 


HAR 

trer  que  la  loi    énérale  da 
être  aussi  celle  ues  individus. 

En  effet,  quel  but  plus  noble  FI 
peut-il  se  proposer  que  d'établii 
toutes  ses  facultés  un  équilibre,  ni 
monie  constante?  d'empêcher  la  dii 
de  l'une  aux  dépens  des  autres?  di 
lariser  ses  vœux ,  ses  penchants ,  i 
sirs,  ses  affections?  de  suivre,  con 
corps  célestes,  une  orbite  invariai 
tour  d'un  centre  qu'on  nomme  « 
Les  âmes  contemplatives,  que  cba 
elles  lorsque ,  poussées  par  un  irré 
élan  vers  les  cieux ,  elles  se  plonge 
le  sein  de  la  Divinité  ?  Qu'est-ce  q 
intuition ,  si  ce  n'esi  la  réalisatioi 
harmonie  parfaite ,  qui  se  traduit 
calme  parfait?  L'harmonie  univcr 
side  en  Dieu;  il  résume  a  lui  scn 
monie  des  êtres,  l'harmonie  de  Ti 
Eh  bien  !  que  l'homme,  en  se  dép 
de  ses  instincts  grossiers ,  en  bri 
volonté  perverse  et  son  égoîsose 
arrive  par  une  exaltation  sublime 
une  heureuse  illusion  jusqu'à  si 
absorbé  par  l'idée  de  Dieu  :  il  n'ai 
de  désirs  à  former;  l'harmonie 
dans  son  âme  ;  il  sera  devenu  cet 
ment  mélodieux  qu'imagina  PN 
dont  les  cordes  vibrent  à  l'unissoi 
qui  est  grand ,  de  ce  qui  est  bout. 

HARMONIE  iMtTATivE  n  m 
KN  cÉNixAL.  L'harmonie  do  style 
qualité  générale  ou  particulière, 
premier  cas,  elle  résulte  du  choix  t 
et  de  l'agencement  des  phrases.  C 
rée  comme  ornement  spécial ,  dl 
artifice  du  langage,  une  imitatk 
nature  par  les  sons.  Au  moyen 
distinction  nous  aurons  à  cii 
1®  rharmonie  des  mots  et  des  pé 
2*  l'harmonie  imitative. 

Boileau,  ÔMintou  j4rt  poétiqm 
le  précepte  et  l'exemple  de  l*fa 
des  mots: 

Il  Mt  «B  b«ar»«x  choix  ii«  moU  kw 
Fu jes  des  maavais  toot  U  ro»co«n 

Voltaire  oubliait  cette  règle  quaoi 
vait  : 

Non ,  il  D*e«t  rica  qoe  Ifaaioe  m\m 

Au  contraire,    ins  ces  beaux  ven 
cioe,  on  sent  combien  b 


HAR 


(486) 


HAR 


ottte  à  U  graDdeur  des  pensées  : 

I  est  toa  BOB,  le  monde  ett  ion  on« 

I  Ice  aoapin  de  l'humble  qu'on  on- 

I  let  mortelf  arec  d'égales  lois, 
ut  de  ton  trône  interroge  les  rois. 

n  ressemblent  tout-à-fait  à  de 
en  ont  le  poids,  le  titre  et  le 
oids,  c^est  la  pensée;  le  titre  y 
ireté  élégante  du  style;  le  son , 
monie  (V.  LeclerCy  Nouv.Rhé* 
Arec  ces  trob  qualités,  le  style, 
prose ,  ne  peut  manquer  d'être 
L'harmonie  qui  consûte  dans 
,  dans  l'enchaînement  des  phra- 
i  n'est  pas  moins  nécessaire  que 
mots ,  s'obtient  en  ne  laissant 
d'inégalités  entre  les  membres 
ode ,  eu  évitant  les  phrases  trop 
u  trop  courtes,  en  entremêlant 
es  arrondies  et  soutenues  avec 
iii,  l'étant  moins,  servent  comme 
i  l'oreille.  Un  mot  plus  ou  moins 
15  ou  moins  sonore,  une  chute 
s  ou  féminine  produisent  une 
lifTérence  dans  l'harmonie  des 
t  des  périodes*. 

e  harmonie ,  celle  qu'on  appelle 

',  existe  dans  les  rapports  des 

c  les  objets  qu'ils  expriment. 

àlogie  des  sons  avec  les  images  et 

s  se  retrouve  dans  tousles  grands 

:  Homère  rend  avec  un  art  in- 

vit  des  flots  (7ro).v5p^oio'^oto  5oc- 

l'obscurité  subite  de  la  tempête 

'  ou^avôOev  vvS  jy  le  déchirement 

s  (Tôi;^9à  Tt  xat  TjTpa;i^Oâ);  de 

le  Virgile  parvient  à  nous  faire 

le  bruit  d'un  atelier  de  forge- 

•V  rigor  atqut  mrgmia  Umina  strra  , 

ïtonations  de  l'Etna  : 

ts  iuxta  lonai  Mh^m  raimiê, 

op  cadencé  du  cheval  : 

ptJamtê  pMtrtm  somitu  quatU  mgula 


•« 


I  leur  exemple,  a  poussé  aussi  loin 

»naaltera  aree  frait  tnr  cette  matière 
ises  étendu  ffarmomiê  du  st/U  de  TEo- 
e  de  Diderot  S. 

I  a  Iradnit  par  l'hexamètre  taisant  un 
m  iTHomère  où  le  poète  imite  par  l'a* 


que  possible  ces  savantes  combinaiioiit 
de  style  ;  et  ne  Yoit>on  pas  se  dresser  les 
serpents  des  Euménides  quand  il  dit  : 

Pour  qni  sont  eet  serpents  qui  sifflent  sur 
Tos  têtes? 

L'abbé  Delille,  d'après  Pope  (On  cnti'- 
cismy  366),  a  prescrit  les  règles  de  cette 
harmonie  d'imitation  dans  des  \ers  qui 
en  sont  un  parfait  modèle  : 

Peios-moi  légèrement  l'amant  léger  de  Flore) 
Qo'un  dons  ruisseau  mormnre  en  Ters  pins 

doox  encore. 
Entend-on  de  la  mer  les  ondes  boaillonner? 
Le  vers  comme  un  torrent  en  roulant  doit 

tonner. 
Qn'Ajax  soulève  un  roo  et  le  traine  aveo 

peine  : 
Chaque  syllabe  est  lourde  et  chaque  mot  so 

traîne. 
"y  Mais  rois  d'on  pied  léger  Camille  effleurer 

l'eau  : 
Le  vers  vole  et  la  suit  aussi  prompt  que  Toi- 

seau. 

Ajoutons  que  le  goût  prescrit  à  tout  de 
justes  limites,  et  qu'en  exagérant  le  style 
imitatif  on  risque  de  tomber  dans  le  ri- 
dicule, résultat  inévitable  de  toute  exagé- 
ration. Que  le  Tarantatara  d'Ennius 
nous  serve  de  préservatif  et  ^'exemple  ! 

Àt  tuba  Urribili  sonitu  tarantatarm  dixit. 

F.D. 

HARMONIE  DES  SPHÈRES.  L'i- 

dée  de  l'harmonie  des  sphères ,  que  l'on 
regarde  comme  faisant  partie  essentielle 
des  doctrines  pythagoriciennes  (yojr.  Py- 
thagore),  est  une  conception  qui  appar- 
tient à  l'enfance  du  savoir  humain,  à 
cet  âge  de  synthèse  primitive  où  l'esprit 
devine  plus  qu'il  n'observe,  où  toutes  les 
sciences  coexistent  dans  un  amalgame 
confus,  et  où  le  domaine  propre  à  cha- 
cune d'elles  n'est  pas  encore  nettement 
circonscrit. 

Parmi  les  titres  qui  ont  donné  tant  de 
célébrité  au  nom  de  Pythagore,  il  faut 
compter  ses  découyertes  dans  les  sciences 

gencement  des  mots  le  bruit  d'une  pierre  qni 
roule  et  tombe  : 


Bmrlig  Mil  DùmmêTgtp»U«r  «iifr*//(«  é»r  tieUaekê  Van 
rCotts  rappellerons  aussi  ces  Ters  conans  dm 


Tasse: 


Il  r*me«  •••n  d»  la  tart*r»m  tnmkm 


qui  imitent  les  sons  de  la  troraputte  îi 
et  font/îriutiuur  par  l'atttato  d'ais  é 
•iaitfre. 


aU 
it 


HAR  (  486  ) 

mathémtiiquesy  parmi  lesquelles  il  com-  ]  bres  î,  S,  4,  6, 


H4R 


prenait  l*arithaiétique ,  la  géométrie,  la 
musique  et  TastroDomie.  Ce  sont  les  mê- 
mes sciences  dont  plus  tard  Técole  d*A- 
lexandrie  et  les  écoles  du  moyen-âge  ont 
composé  le  Quadrhium,  La  science  des 
nombres,  objet  des  méditations  habituel- 
les de  Pythagore,  lui  parut  la  clef  de  tou- 
tes les  connaissances;  selon  lui,  les  nom- 
bres sont  les  éléments  des  choses,  les  prin- 
cipes des  êtres,  qui  ont  été  faits  à  leur 
image.  Les  nombres  jouent  dans  sa  doc- 
trine le  même  rôle  que  les  idées  dans 
celle  de  Platon  (voir  Aristote,  Méta^ 
phys, ,  1.  I).  Au  fond  de  cette  théorie , 
qui  veut  que  tout  dans  le  monde  soit  dé- 
riré  des  rapports  mathématiques,  il  y  a 
cet  aperçu  vrai  que  tous  les  phénomènes 
doivent  se  rapporter  à  un  ordre  de  lois 
constantes.  Ne  lisons-nous  pas  dans  l'É- 
criture même  que  Dieu  a  tout  fait  avec 
poidsy  nombre  et  mesure  [Sagesse^  XI , 
31)?  Ainsi,  d'après  les  pythagoriciens, 
par  les  rapports  des  nombres  on  peut 
concevoir  la  substance  des  êtres  ;  par  les 
combinaisons  numériques  on  peut  déter- 
miner Torigioe  et  la  formation  des  cho- 
ses. De  là  Tapplication  des  nombres  à  la 
physique,  a  l'astronomie,  à  la  psycholo- 
gie, à  la  morale.  Et  c'est  de  la  confusion 
de  trois  ordres  de  phénomènes,  ceux  de 
l'arithmétique ,  de  la  musique  et  de  l'as- 
tronomie, qu'est  née  la  théorie  de  l'har- 
monie des  sphères. 

D'abord ,  l'application  des  nombres  à 
l'astronomie  était  des  plus  naturelles  :  la 
marche  régulière  des  corps  célestes,  les  lois 
constantes  auxquelles  leurs  mouvements 
se  montrent  assujettis,  ne  peuvent  être  ex- 
primées avec  précision  qu'à  l'aide  de  la 
science  des  nombres. 

Leur  application  à  la  musique  n'était 
pas  moins  facile ,  d'abord  parce  que  les 
intervalles  musicaux  se  mesurent  par  des 
nombres;  d'ailleurs  une  métaphore  des 
plus  usuelles  fut  comme  le  point  de  jonc- 
tion où  se  conclut  cette  alliance.  On  sait 
que,  dans  cette  enfance  de  l'esprit  humain, 
il  suffit  d'une  métaphore,  d'un  mot  à  dou- 
ble acception,  pour  fonder  un  s}-stème, 
et  l'histoire  de  la  philosophie  en  fourni- 
rait plus  d'un  exemple.  Ainsi  le  mot  hiir~ 
monte  e%t  génériqu^ment  employé  par  les 


prthagorickns  pour  déti^ntr  les  nom*  ,  pion,  fraymenl  de  k  RéjHMîqaeétCt 


qu'ils  expriment  des  intervalles  oobk 

nants;  il  existe  en  outre  une  raisoo  p 

l'appliquer  particulîèrenieDt  an  mmi 

2  :  c'est  que  l'intervalle  représeolé 

ce  nombre,  ou  l'octave,  est  Dommé  i( 

cialement  harmonie  par  Pythagore.  C 

ce  que  l'on  voit  par  un  passage  de  PU 

laûs  cité  par  Stobée  {Eclog,^  1. 1,  p.  4< 

et  recueilli  par  Bœckh  dans  les  firagaH 

de  PhiloUûs  (n«  4).  Selon  les  pytli^ 

riciens  donc,  tous  les  rapports  du  ■« 

doivent  être  harmoniques  ou  symétrifi 

ment  ordonnés.  Le  monde  étant  rnap 

d'éléments  contraires,  il  doit  y  avoir 

lien  qui  les  unit  :  ce  lien,  c'est  l'hanMi 

Les  Pythagoriciens  disaient  en  ce  « 

que  le  nombre  ou  l'harmonie  est  le  |ri 

cipe  de  toutes  choses,  et  que  l'univeni 

harmonie  et  nombre.  Eu  conséqueoet 

leur  idée  de  la  perfection  du  nomhcci 

ils  supposaient  qu'il  y  a  dix  planèta^ 

sont  entre  elles  à  une  distance  har«Qij 

que.  Mais  ils  avaient  besoin  d'une  mcH 

pour  apprécier  les  rapports  harmoniqMi 

entraînés  par  leur  amour  pour  la  tÛi 

rie  musicale,  ils  croyaient  avoir  traJ 

cette  unité  de  mesure  particulières 

dans  les  rapports  de  l'octave.  Aniow  4| 

feu  immobile,  qu'ib  plaçaient  au  cnH) 

et  à  la  surface  du  monde ,  circuleal  U 

dix  planètes,  savoir  :  le  ciel  des  fiiei,  h 

cinq  planètes,  le  soleil,  la  lune,  la  t«i 

et  l'antipode.  La  détermination  des  'm 

tervalles  de  c^  corps  est  soumise  à  la  h 

musicale ,  et  de  là  résulte  rharmonic  A 

sphères.  Ils  concevaient  la  vitesse  à 

planètes  dans  un  rapport  proportioii' 

à  leurs  distances  respectives  ;  et  oo^* 

tout  corps  régulier  qui  se  meut  rrgia' 

rement  fait  entendre  un  son  ,  il  réstt^ 

de  l'ensemble  des  mouvements  célestes  * 

harmonie  que  nous  n'entendons  pas, 

la  raison  que  nous  y  sommes 

mes  dès  notre  naissance ,  et  que 

pouvons  distinguer  aucun  son  que 

silence  qui  lui  est  opposé,  ou  bieu*eui^ 

parce  que  l'harmonie  du  tout  ne  p 

être  perçue  par  nos  organes,  à  cauv^ 

la  gravité  des  sons. 

Le  passage  des  anciens  où  ces  M^ 
sont  exposées  de  la  nunièfe  la  plus  tf 
plictte  se  trouve  dans  le  Songe  de  Sd 


HÂR 

m  y  reoToyons  le  lecteur.  A-d. 
DN lES  DES  ÉVANGILES. 

\  ainsi  les  différents  essais  ten- 
mcilier  entre  elles  les  diverses 
ontenoes  dans  les  Éyangiles. 
res  qae  nous  ont  laissés  les  qua- 
istes  sur  la  Tie  de  Jésus-Christ 
souvent  des  circonstances  dif- 
1  quelquefois  même  contradic- 
occasion  du  même  fait  :  très 
ent  déjà  on  a  cherché  à  se  ren- 
de ces  divergences ,  et  à  doo- 
ifance  et  la  vie  publique  de  Je- 
une histoire  qui  mit  exacte- 
nrd  les  quatreévangélistes.Nous 
f  en  passant  de  ces  essais  à  l'arti- 
LB  :  nous  devons  les  caractéri- 
(  positivement. 

atthieu  ayant  été  dbciple  de 
it ,  on  a  cru  «  non  sans  quelque 
,  qu'il  avait  dû  raconter  par 
œnologique  les  événements  de 
eigneur,  tant  ceux  dont  il  avait 
lême  le  témoin  oculaire  que 
ivaient  eu  lieu  pendant  qu*il 
mpagnon  ordinaire  de  Jésus, 
pas  sous  ses  yeux.  Néanmoins 
tardé  k  s'apercevoir  que,  tout 
ant  suivre  un  certain  ordre 
iqne  (comp.  UI,  13  ;  VIII,  1; 
XIX ,  etc.) ,  il  réunit  cepen- 
sonvent  des  faits  qui  se  sont 
es  paroles  qui  ont  été  pronon- 
§poques  différentes,  par  exem- 
XIII.  On  a  vu  alors  que  cet 
pouvait  point  servir  comme 
t  harmonie  des  Évangiles,  et  on 
itné  saint  Luc,  parce  que,  dans 
introduction  qu'il  a  placée  en 
)  évangile,  ce  disciple  des  ap6- 
pressément  (ch.  I,  8)  qu'il  s'est 
e  raconter  avec  ordre  (xaBt^ijç) 
latifs  à  la  vie  de  Jésus-Christ. 
ré,  en  effet,  que  saint  Luc  assi- 
véritable  place  à  bien  des  faits 
s  que  saint  Matthieu  avait  ra- 
is un  autre  ordre;  qu'il  indi- 
soin  les  circonstances  qui  ont 
telle  ou  telle  parole  de  Jésus- 
and  l'autre  évangéliste  les  pas- 
nlence  en  réunissant  à  cer- 
k  certaines  paroles  les  paroles 
I  qni  présentaient  une  cer- 
9gie  ûrte  les  premiers  (ce  qui 


(  487  )  HAR 

se  rapporte  entre  autres  à  une  partie  des 
belles  paroles  réunies  dans  le  Discours 
de  la  montagne).  Biais  saint  Luc  lui- 
même  ne  suit  pas  un  ordre  chronologi* 
que  rigoureux  {voir  ch.  IV,  1.  14.  16. 
3 1 .  88. 40. 42.  etc.);  il  serait  assez  difficile 
de  préciser  d'après  lui  les  époques  de  la 
vie  de  Jésus^^hrist,  bien  qu'il  ne  dbpose 
pas  les  faits  de  préférence,  comme  saint 
Matthieu,  dans  l'ordre  des  matières.  Saint 
Jean  seul  parait  s'être  proposé  de  suivre, 
dans  ses  mémoires  sur  la  vie  publique  de 
Jésus-' Christ,  le  véritable  ordre  chrono- 
logique des  faits.  Ainsi  il  parle  d'abord 
des  fêtes  auxquelles  Jésus-Christ  assista  à 
Jérusalem  (U,  13;  VI,  4;  XIU,  1),  fêtes 
qui  revenaient  à  des  époques  fixes  de 
l'année,  et  qui  peuvent  par  conséquent 
nous  servir  de  jalons  lorsqu'il  s'agit  de 
préciser  les  époques.  C'est  encore  saint 
Jean  qui  dit  à  différentes  reprises  que 
telle  chose  arriva  le  même  jour  on  le 
lendemain^  que  tel  événement  arriva 
avant  ou  après  tel  autre  (I,  86.  44  ;  II , 
1 ,  etc.)  ;  que  lé  miracle  opéré  par  Jésus- 
Christ  aux  noces  de  Cana  (II,  11)  était 
le  premier  de  ceux  qu'il  fit  en  Galilée,  etc. 
A  prendre  les  choses  superficiellement, 
on  peut  donc  s'imaginer  que ,  pour  don- 
ner une  bonne  harmonie  des  évangiles , 
il  faut  prendre  pour  base  l'évangile  de 
saint  Jean  et  faire  entrer  dans  le  cadre 
qu'il  présente  les  faits  racontés  par  les 
autres  évangélistes.  Mais  ici  de  nouvelles 
difficultés  se  présentent.  Saint  Jean,  non 
moins  que  les  autres  apôtres,  écrivait  pour 
des  contemporains,  et  peut-être  pour  lui- 
même,  aimant  à  se  rappeler  ce  qu'il  avait 
vu,  ce  qu'il  avait  entendu.  Lorsqu'il  parle 
donc  des  fêtes  auxquelles  Jésus -Christ 
assista  à  Jérusalem,  il  savait,  lui,  et  sup- 
posait aussi  que  ses  lecteurs  sauraient ,  si 
c'était  la  fête  de  Pâques  ou  celle  des  Ra- 
meaux, ou  enfin  telle  autre;  et  il  jugeait 
inutile  de  s'exprimer  toujours  d'une  ma- 
nière catégorique  sur  des  choses  si  sim- 
ples. De  là  vient  que  saint  Jean  ne  par- 
lant d'une  manière  précise  que  de  trois 
fêtes  de  Pâques  et  nous  laissant  dans  l'in- 
certitude quant  aux  autres ,  on  n'est  pas 
même  d'accord  sur  le  nombre  de  Pâques 
célébrées  à  Jérusalem  par  Jésus-Christ, 
quoiqu'on  en  admette  assez  généralement 
tro».Uiie  tutre  difficttllé  non  moiliB  fmiH 


HAR 


(488) 


HAR 


de,  c^csl  que  saint  Jean  ne  parle  pour 
ainsi  dire  qae  d^événements  dont  les  an- 
tres évangélistes  ne  font  presque  pas  men- 
tion; en  sorte  qu'on  est  fort  embarrassé 
pour  classer  parmi  les  événements  que  lui- 
même  rapporte  ceux  qu'on  trouve  dans 
saint  Matthieu,  dans  saint  Marc  et  saint 
Luc.  Ainsi,  pour  citer  un  exemple  impor- 
tant, passant  sous  silence  Finstitution  de 
la  sainte  Gène,  il  parle  d'un  autre  fait  ar- 
rivé probablement  le  même  soir  et  dont 
les  autres  évangélistes  ne  disent  rien,  sa- 
voir :  que  Jésus -Christ  lava  les  pieds 
à  ses  apôtres  pour  leur  recommander 
la  plus  profonde  humilité.  On  ne  sait 
donc  pas  si  la  sainte  Cène  a  été  instituée 
avant,  ou,  comme  il  est  plus  probable, 
après  le  lavement  des  pieds.  Enfin,  lors- 
qu'ils racontent  les  mêmes  événements, 
les  quatre  évangélbtes  diffèrent  encore 
tellement  sur  les  détaib  qu'il  est  ordi- 
nairement impossible  de  dire  au  juste 
comment  les  choses  se  sont  passées.  Pour 
s*en  convaincre,  il  suffit  de  comparer  entre 
elles  les  quatre  relations  de  la  mort  et  de 
la  résurrection  de  Jésus-Christ. 

Toutes  ces  difficultés  qui  ont  étrange- 
ment tourmenté  les  savants,  et  dont  se 
sont  prévalus  tant  d'ennemis  du  christia- 
nisme ,  n'arrêteront  cependant  pas  celui 
qui  lit  les  livres  saints  avec  simplicité  de 
cœur  et  avec  un  amour  sincère  des  vé- 
rités religieuses.  Sans  rechercher  ces  lé- 
gères différences  pour  en  faire  un  repro- 
che à  la  Bible ,  il  ne  les  niera  pas ,  car 
l'évidence  est  U  ;  mais  il  se  dira  que  ce 
ne  sont  pas  des  détaib  minutieux  qui 
font  la  base  de  la  religion  chrétienne  ; 
que  les  faits  essentieb  sont  partout  pré- 
sentés identiquement;  qu'il  est  indif- 
férent de  savoir  si  les  circonstances  ac- 
cessoires se  sont  passées  de  telle  ou  telle 
manière,  et  que  toutes  ces  divergences 
ne  font  rien  contre  le  fait  de  la  venue 
de  Jésus-Christ  au  monde ,  acte  provi- 
dentiel de  la  plus  haute  importance,  au- 
quel des  milliers  d'hommes  ont  d&  et  de- 
vront  encore  leur  salut. 

Les  essab  qu'on  a  faits  pour  présenter 
des  harmonies  des  Évangiles  remontent 
au  II*  siècle  après  J.-C.  Tatien ,  Théo- 
phile d'Antiocbe  furent  les  premiers  qui 
eotreprireot ,  à  œ  qu'il  parait ,  de  fon- 
dre eostnblt  ]m  récits  des  quatre  évan- 


géUstes;  leiurt  ouvrages  sont  perdn 
IV*  siècle ,  Eusèbe  de  Césarée  6mm 
tableau  synoptique  on  il  avait  hk 
trer  les  narrations  contenues  dans  ^ 
évangiles ,  ou  dans  trob,  ou  dani4 
ou  enfin  dans  un  seul.  Saint  A^ 
tin ,  de  son  o&té  (dans  son  ouviifi 
consensu  EvangeÙorum ,  surtoot  lit 
rV)  chercha  à  concilier  les  difién 
tant  apparentes  que  réelles  qui  su 
entre  les  récits  des  évangélistes.  I 
les  savants  qui  se  sont  occupés  dt  : 
blables  travaux  pendant  le  aso]f«» 
nous  citerons  Pierre  Lombard,  Tl 
d'Aquin  et  Gerson.  L'idée  que  ks  i 
gélbtes  n'avaient  pas  voulu  donm 
tableau  chronologique  de  la  vie  4 
sus  avait  prévalu  jusqu'alors  ;  on  o 
qu'ib  avaient  raconté  les  faits  è 
près  comme  ib  s'étaient  présentés  i 
mémoire,  et  plutôt  d'après  un  otà 
matières.  Du  temps  de  la  réfora», 
ques  théologiens  établirent,  au  oom 
que  chaque  évangélbte  avait  sahi 
dre  chronologique  le  plus  rifM 
que  les  faits  qui  paraissaient  être  it 
tés  par  ces  divers  auteurs  à  des  ép 
difTérentes  avaient  eu  lien  à  plosîei 
prises,  et  que  toutes  les  circonsti 
même  celles  qui  se  contredisent,  de 
être  maintenues.  Cette  dernière  0| 
a  été  développée  dans  les  ouvrage 
siander  (  Harmonica  evamgtUcm^ 
1537),  de  Jean  Buisson  (  Histot 
harmonia  evangeiicay  1S7I),  et 
d'antres  encore.  A  la  même  époqw 
vin  admettait  au  contraire  coasme 
cipe  de  son  ouvrage  Harmonia  ex  M 
Âfarcoy  Lueà  (Genève,  1S53;,  qM 
dre  des  matières  est  celui  que  les  « 
gélbtes  se  sont  proposé  de  suivre, 
tôt  qu'un  ordre  chronologique  rigM 
et  son  hypothèse  a  été  admise  par  G 
(  Concord,  quatuor  evttngelicor,  u 
Halberstadt,  1624),  Bengel  (Bk 
Harmonie  fier  vier  Epongelistem 
bingue,  1766),  etc.  De  nos  joursi  ( 
bach  {Synopsis  evangel.  MattÂ.^à 
etLucœ^  un4  cum  iis  Johannis  p^ 
pis  quœ  omnino  cum  ceteronum  < 
gelisiarum  narrationiims  confer 
suntj  Halle,  1809) ,  de  Wette  al  1 
{SynoptiSy  Berlin,  1818)  oal  s 
de»  éditionf  synoptiqMi  dtt  tarte. 


HikR 


(489) 


HAR 


liiik  (Bntwurf  einer  neuen  syn^ 
t  Zusamïïnenstellttng  der  drei 
fomgg.y  GœU.y  1809),  Kaiser 
'\e  sjnoptische  Zusammenstel^ 
pier  canonischen  Evangg.yJivt^ 
1 8S8),Paaliis  {Dos  Leben  JesUy 
diage  eimer  reinen  Geschiehte 
istenlAumSy  Heidelberg,  1 82  8), 
Quatuor  EvangeLTabuiœ  syn-" 
cDh.y  1829),  et  d*autres  en- 
hcfaé  de  concilier  ces  difTérentes 
mtre  elles.  Enfia ,  toat  récem- 
>tnias8{2>âi  Leben  Jesuy  3*  éd. , 
S8,  tradocL  fr.  par  M.  Ullré, 
}9  et  40, 4  vol.  io-8<')  a  recher- 
tcs  Évan^es,  avec  beaucoup  de 

quelquefois  avec  peu  de  bonne 
intradictions  véritables  ou  ap* 
pour  faire  de  Jésus*Christ  un 
ique,  et  pour  ébranler,  en  insîs- 
es  difTérences ,  la  foi  dont  les 
des  évangélistes  sont  dignes, 
elques  difficultés  de  détail  dont 
t  Timportance.  Th.  F. 

IONIQUES  (sons),  -voy.  Son. 
[Aïs,  HARNACHEMENT, 
r  de  ces  mots  désigne  les  di- 
rais que  Ton  adapte  sur  le 
•nimaux  domestiques,  dans  le 
ipal  de  les  gouverner  et  de  leur 
Bter  le  déplacement  de  la  ré- 
ioit  par  le  tirage,  soit  par  le 
à  dos.  Quelques-unes  de  leurs 
xessoires  servent  à  préserver 
es  portent  des  effets  de  la  tem- 
et  de  la  piqûre  des  insectes.  Le 
ot  indique  Faction  de  dbposer 
eils  et  de  les  placer  sur  les  ani- 
Indt  ou  de  somme, 
arnais,  est-il  dit  dans  un  excel- 
ige,  peuvent  être  considérés 
s  agents  essentieb  de  relation 
Boteors  animés  et  les  masses 
vent  déplacer,  on,  en  d'autres 
'■une  les  moyens  d'application 
\  Botrices  animées  à  la  résis- 

leur  est  opposée.  Aussi  leur 
I  raisonnée  et  leur  adaptation 
ps  des  animaux  est-elle  d'une 
ortance,  puisqu'elle  entre  corn- 
ie  essentielle  dans  la  solution 
|iortant  problème  de  mécani- 
I  donnée  lajorce  d'un  moteur 
}  faire  exécuter^avec  le  moins 


de  perte  possible  f  le  déplaeememi  d'une 
résistance,  » 

Les  appareib  sont  divers,  suivant  l'ac- 
tion qui  leur  est  demandée.  On  peut,  au 
reste,  les  placer  dans  deux  catégories  :  la 
première  renfermera  ceux  qui  servent  à 
maintenir,  à  dompter  et  à  gouverner  ou 
diriger  les  animaux  domestiques,  et  dans 
la  seconde  se  trouveront  ceux  qui  sont 
les  agents  nécessaires  entre  l'objet  à  dé- 
placer et  les  moteurs  animés. 

L'appareil  de  gouverne  est  pour  les 
chevaux ,  ânes  et  mulets,  la  bride^  avec 
toutes  ses  pièces  ;  pour  le  buffle,  et  quel- 
quefob  pour  le  bœuf.  Vanneau  placé  dana 
la  cloison  nasale  et  mu  par  une  longue 
corde  ;  pour  le  chameau,  le  licou,  etc. 

La  bride  a  trois  parties  principales  :  le 
morSylsL  monture  et  les  guides  ou  rênes  ^ 
Le  mors  est  en  fer  ou  en  bob  ;  par  sa 
pression  sur  les  barres,  portions  dégar- 
nies de  la  mâchoire,  il  dompte  ou  gou- 
verne l'animal.  La  monture  supporte  le 
mors,  le  maintient  ;  et  les  rênes  ou  guides 
lui  impriment  le  mouvement  et  en  ob- 
tiennent l'effet  demandé.  Plus  ou  moins 
d'élégance  dans  les  hamab  confectionnés 
ne  change  rien  à  leur  objet  ni  au  résul- 
tat obtenu,  et  dès  lors  nous  n'avons  pat 
à  nous  occuper  de  ces  différences. 

Entre  le  moteur  et  le  corps  à  déplacer, 
il  faut  dbposer  un  intermédiaire  :  c'est 
cet  intermédiaire  que  nous  nommerons 
appareil  de  déplacement.  Cette  partie 
importante  du  harnab  est  différente  sui- 
vant qu'on  l'emploie  au  transport  à  dos 
ou  à  la  traction. 

Dans  le  premier  cas,  ce  n'est  guère 
qu'un  coussin ,  établi  suivant  certaines 
règles,  destiné  à  préserver  le  dos  de  l'a- 
nimal du  contact  de  l'objet  à  transporter 
et  tout  au  plus  à  maintenir  celui  -  ci 
loin  du  sol.  S'il  sert  à  l'homme,  on  le 
nomme  selle  (vo^*)»  ^>9  ^^  contraire,  il 
supporte  tout  autre  corps  ou  objet,  il  est 
appelé  bât  {voy,).  Ces  parties  du  hamab 
subissent  de  nombreuses  variations  de 
forme,  mab  toutes  peuvent  se  classer 
ainsi  que  nous  venons  de  l'indiquer. 

Le  déplacement  par  la  traction  s'ob- 
tient au  moyen  de  deux  appareib  pou- 
vant agir  en  sens  contraire  ;  et,  en  effet, 
si  le  sens  du  mouvement  est  fréqneoM» 
ment  eo  a^ant,  il  ctl  iaMÎ  tonfim  oi  «^ 


HAR 


(490) 


HAR 


rière.  Noas  les  dénommerons  appareil  de 
tirage  et  appareil  de  recul.  Le  premier, 
prenant  son  point  d^appui,  au  moyen  du 
coiiiery  sur  la  partie  postérieure  de  l'en- 
coture,  en  avant  du  poitrail ,  des  épaules 
et  du  garrot,  se  rattache  à  l'objet  à  mou- 
voir par  les  iraiis  faits  en  chaînes,  en 
cordes  ou  en  cuir.  Quelquefois  on  rem- 
place le  collier  par  une  pièce  de  cuir, 
longue  et  étroite,  qui  se  nomme  poitrail 
et  appuie  sur  la  partie  du  corps  dont  elle 
porte  le  nom.  Le  second  appareil  consiste 
dans  une  large  bande  de  peau  tannée, 
doublée  et  très  forte,  qui  vient  entourer 
le  haut  des  cuisses  et  qui  offre  ainsi  un 
nouveau  point  d*appui  par  lequel  s'opère 
le  recul.  Cette  lanière,  supportée  par 
quelques  courroies,  unie  aussi  an  collier, 
soit  directement  au  moyen  du  surdos^ 
soit  par  l'intermédiaire  d'une  pièce  que 
noua  décrirons  tout  à  l'heure,  se  nomme 
apoloire.  Des  traits  de  diverses  matières 
s'adaptent  à  cette  partie  du  hamab,  afin 
qu'elle  ait  tout  son  effet ,  et  souvent,  de 
même  qu'au  surdos,  on  y  joint  une  crow 
pi  ère. 

Les  chevaux,  ânes  ou  mulets  attelés 
seuls  dans  le  brancard  ou  par  couple  au 
timon  d'une  voiture  è  quatre  roues,  re- 
vêtent ordinairement  l'appareil  de  gou- 
verne ou  bride  et  l'appareil  de  déplace- 
ment, composé  du  collier,  des  traits  et 
de  l'avaloire.  Les  animaux  placés  en 
avant  de  ceux-ci,  non  plus  que  ceux  qui 
sont  attachés  à  un  manège ,  ne  portent 
pas  cette  dernière  pièce  du  harnais. 

Lorsque  la  voiture  est  à  deux  roues, 
il  faut  maintenir  les  brancards  et  les 
empêcher  de  descendre  ou  de  remonter. 
Alors  on  place  sur  le  dot  des  animaux 
de  trait  une  sorte  de  bât  nommée  sel^ 
lette^  qui  porte  une  dossièrej  large  et 
forte  bande  de  cuir  ou  de  fer  et  de  cuir 
destinée  à  recevoir,  à  droite  et  à  gauche, 
chacun  des  brancards,  et  à  les  fixer  à  la 
hauteur  désirée.  Une  ventrière^  opérant 
dans  un  sens  opposé,  les  empêche  de  s'é- 
lever au-delà  d'une  certaine  limite.  Des 
courroies  rattachent  cette  sellette  au  col- 
lier, à  l'avaloire,  et  une  d'elles,  passant 
sous  le  ventre,  lui  donne  toute  la  fixité 
nécessaire.  Le  cheval  chargé  de  la  sellette 
s'appelle  limonnierj  et  celui  ou  ceux  qui 
le  précèdent  o'ool  ordinaireBail  qoe  la 


bride,  le  collier  et  les  traits,  f^  An 

Les  chevaux  de  rivière  on  de 
(voy,)  portent  une  bride,  un  colli 
traits  fort  courts  et  réunis  en  anri 
une  barre  de  bois.  Une  longue  oo 
rattache  au  bateau  ou  au  traio  flot 
sur  un  d'eux  est  dbposé  un  ooost 
reçoit  le  conducteur;  à  c6té  du ool 
porteur  est  une  gaine  renfermant  i 
teau  bien  affilé  destiné  à  couper  h 
ou  le  câble,  si  les  animaux  étaient 
nés  dans  l'eau. 

Il  est  encore  quelques  harnais 
soires,  teb  que  licous  pour  attac 
animaux  à  l'écurie,  etu^çons  p 
dompter  au  manège*  eompertmre 
les  abriter  du  froid,  de  la  poussîè 
l'humidité,  et  caparaçons  pour  I 
server  de  la  piqàre  des  insectes, 
sert  aussi  de  harnais  pour  les  boen 
vaches.  F'oy,  Joug. 

Les  harnais  de  travail  doivent  i 
gers,  solides  et  fort  simples.  Nous 
lerons  comme  bien  conçus  ceux  c 
saœ,  de  la  Suisse  et  de  l'Angleterr 
de  luxe,  pour  lesqueb  excellent  i 
vriers,  seront  établis  suivant  les 
adoptées  par  la  naode.  Cependai 
faudra  jamais  sacrifier  la  solidiu 
grément  et  mettre  ainsi  en  danga 
des  hommes.  Les  parties  remboon 
mandent  une  attention  toute  part» 
et  de  toutes  les  pièces  le  collier  est 
difficile  à  bien  faire  et  surtoat 
ajuster. 

Les  ouvriers  qui  oonfectionn 
harnais  de  travail  se  nomment  i 
lien;  ceux  des  hamab  de  luxe,  ; 
(voy,  ces  mots).  Avant  le  retoa 
paix,  en  1816,  le  oomaeroe  fran 
sellerie  était  fort  restreint  :  il  se  ! 
à  satbfaire  les  besoins  de  l'intéi 
ne  fournissait  pas  à  l'exportatioi 
aujourd'hui  une  grande  quantité  < 
fabriqués  sa  Tsnd  au  dehors;  il  so 
que  année  pour  environ  700,001 
ces  produits.  J^ 

HAR?fOIS,  voy.  Aunms. 

HARO,  voy,  GLâmuE. 

H  AROLDy  voy,  GmxAvmH 
QUÉRAirr. 

HAROUlf  AL  Rascb»  (c*«ft 
le  Justicier  ),  34*  khalife ,  et  W I 
dynastie  des  AlMMkki(«0f  .)^  tal 


HAR 


(491) 


HAR 


et  plus  renommés  de  sa  race,  tant 
lat  et  la  ma^ifioencedeson  règne 
\T  les  hautes  qualités  qui  le  dis- 
Qt  personnellement.  U  fit  pour  la 
e  de  Fislamisme  ce  que,  à  la 
jioque ,  Charlemagne  faisait  pour 
^igieuse  et  politique  de  TOcci- 
:11e  fut  retendue  et  le  nombre  des 
a  que  la  conquête  réunit  à  son 
que,  comptant  pour  peu  de  chose 
e  chrétien  d'alors ,  les  beaux-es- 
i  peuplaient  la  cour  d^Haroun 
lé  d^avoir  soumis  à  ses  lois  ia  plus 
partie  de  l'univers. 
lei,  en  Médie,  Tan  1 48  de  rhég.(de 
»d-6  ),  Haroun  signala  sa  jeunesse 
iccès  de  deux  expéditions  dont  le 
iohammed-Mahdi,  son  père,  lui 
£é  la  direction  ;  dans  la  première, 
63  de  rbégire,  il  prit  aux  Grecs  la 
Mimalek  ouSamalica,  dans  la  pro- 
Pont ,  et  y  fit  un  vaste  bu  tin  ;  dans 
de ,  en  1 65 ,  il  traversa  la  Bithy- 
téte  de  95,000  hommes,  envahit 
tore  et  vint  menacer  Constanti* 
«'impératrice  Irène  ne  crut  pas 
trop  cher  la  paix  en  s'engageant 
aa  khalife  un  tribut  annuel  de 
pièces  d'or,  c'est-à-dire  environ 

00  de  notre  monnaie. 

•tour  de  cette  deuxième  expédi- 
iroon,  qui  avait  si  bien  mérité  de 
it  proclamé  à  Bagdad  successeur 

1  de  son  frère  aine,  Mousa-al* 
dnformément  à  la  loi  dès  lors  en 
qui  déférait  l'autorité  souveraine 
X  le  plus  âgé  de  sa  race ,  pour 
Deptre  ne  pût  tomber  en  tutelle 
biement  d'un  enfant.  Bientôt  la 
rprit  Mohammed-Mahdi  sous  la 
IBS  le  Djordjan,  où  il  comman- 
«rsonne  une  armée  (  1 68  de  l'hé- 
ttdis  que  Moosa-al-Hady,  qui  y 
le  lieutenant  à  son  père,  poursui- 
pédition  commencée.  Haroun,  à 
Ile  de  cet  événement,  s'empressa 
^connaître  l'autorité  du  nouveau 
i  Bagdad ,  et  reçut  au  nom  de  son 
serment  des  principaux  chefs  de 

musulman. 

le  règne  de  Hady  fut  de  courte 
almu  a  l'excès  de  la  considéra- 
it la  juste  influence  qu'Haroun 
ofoiiet,!  il  avait  secrèttsient  or- 


donné sa  mort,  quand,  réduite  à  n'avoir 
plus  qu'un  fils,  la  mère  des  deux  princet 
se  résolut  à  délivrer  le  second  et  empoi- 
sonna le  khalife  (an  de  l'hégire  170).  La 
joie  publique  éclata  dans  cet  événement, 
qui  promettait  au  peuple  une  ère  de  pros> 
périté  et  de  grandeur  par  l'avènement 
d'Haroun  à  l'autorité  suprême. 

Celui-ci  commença  par  acquitter  une 
dette  de  reconnaissance  en  investissant 
du  second  rang  dans  l'empire  Giafar  ou 
Djafar  ben  Yahia  le  Barmécide  {voy,  ce 
mot  ),  aux  soins  duquel  avait  été  confiée 
son  enfance,  et  à  qui  il  était  redevable  de 
ses  connaissances  aussi  étendues  que  va- 
riées. Là  ne  s'arrêta  point  la  faveur  du 
khalife  :  il  sembla  vouloir  resserrer  plus 
étroitement  les  liens  de  son  amitié  et  de  sa 
confiance  en  faisant  épouser  à  ce  sage  et 
digne  ministre  sa  sœur  chérie  Abbassa , 
digne  elle-même  d'un  trône  par  ses  ta- 
lents et  ses  vertus. 

Mais  une  faveur  si  grande  devait  avoir 
les  plus  cruels  retours,  toute  justifiée 
qu'elle  fût  par  l'éclat  des  services  que  ren- 
dit à  l'état  la  famille  des  Barmeki ,  tirée  de 
l'obscurité  par  la  haute  fortune  de  son 
chef. 

Au  milieu  des  fables  puériles  à  l'aide 
desquelles  les  historiens  arabes  ont  ex- 
pliqué le  changement  subit  des  disposi- 
tions du  maître  envers  l'austère  Djafar  et 
la  belle  Abbassa ,  il  est  impossible aujouiv 
d'hui  de  démêler  la  cause  de  leur  disgrâce. 
Ce  fut  sans  doute  le  résultat  d'une  de  ces 
machinations  de  cour  dont  le  secret  ar- 
rive rarement  au  tribunal  de  l'histoire  ^. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  la  cause,  le  fait  n'en 
est  pas  moins  resté  comme  une  tache  à  la 
mémoire  d'Haroun  al  Raschid ,  et  il  pa- 
rait qu'une  clameur  d'improbation,  en 
franchissant  le  seuil  du  palais,  vint  "ven- 
ger  les  malheureux  proscrits. 

Avant  de  souiller  sa  gloire  par  l'ingra- 
titude dont  il  a  payé  le  dévouement  et  les 
services  des  Barméddes,  deux  traits  d'une 
indigne  perfidie  avaient  déshonoré  déjà 
la  politique  d'Haroun  al  Raschid.  Par  sa 
date,  le  premier  ne  laisse  malheureuse- 

(*)  A  rarricU  Barmicidis,  on  a  cherché  à 
donner  l'cxplicatioD  de  b  diftgrâce  de  Djafar  et 
de  ta  famille;  on  a  aoiai  rapporté  l*nne  de»  ver- 
siona  roiBaDeM|aet  qne  les  aislorient  arabes  ont 
4eaaétasaitt|iil.  A. 


HAR 


(492) 


HAR 


ment  pas  intacte  la  responsabilité  de  son 
grave  précepteur  :  ce  fut  le  stratagème 
dont  usa  le  jeune  prince  pour  maîtriser 
les  déterminations  de  l'impératrice  Irène, 
en  retenant  captifs  les  trob  principaux 
conseillers  qu'elle  avait  envoyés  près  de 
lui  pour  négocier  la  paix  (an  de  Thégire 
166,  de  J.-C.  783).  Ce  fut  en  vue  de 
garantir  l'intégralité  de  sa  puissance  reli- 
gieuse et  politique,  et  en  même  temps 
pour  mettre  sa  dynastie  à  l'abri  des  entre- 
prises de  la  famille  des  Alides ,  qu'il  com- 
mit l'autre  acte  de  déloyauté  qu'on  lui 
reproche.  Ce  fait  se  rapporte  à  la  sixième 
année  de  son  règne. 

A  cette  époque ,  il  est  vrai ,  la  faction 
dévouée  aux  Alides,  cette  vieille  dynastie 
déchue  pour  ainsi  dire  avant  d'avoir  régné, 
se  trouvait  réduiteà  l'impuissanced'agiter 
l'intérieur  de  l'empire,  où  la  bonne  admi- 
nistration et  le  succès  des  armes  d'Haroun 
faisaient  fleurir  la  prospérité  publique. 
Mais  au  loin  se  préparaient  les  ferments 
d'une  nouvelle  et  plus  dangereuse  révolte. 
Yahia,  alors  le  chef  des  Alides,  que  plus 
d*un  siècle  de  proscription  n'avait  point 
découragés,  s'était  fait  reconnaître  comme 
imam  dans  la  province  de  Deîlem  (Daila- 
mah) ,  dans  le  Djordjan  ;  de  toutes  parts  ses 
adhérents  tournaient  vers  ce  point  leurs 
espérances  et  leurs  vœux  (  an  de  l'hégire 
196,  de  J.-C.  772).  Pour  s'en  rendre 
maître  et  l'attirer  sous  sa  main ,  Haroun 
lui  fait  porter  des  paroles  de  paix  par  l'un 
de  ses  officiers  les  plus  considérables ,  l'in- 
trépide Fadhly  fils  du  barmécide  Djafar 
ben  Yahia.  Par  l'entremise  de  ce  négo- 
ciateur ,  un  sauf-conduit,  écrit  de  la  main 
du  khalife  et  visé  par  ses  principaux  mi- 
nistres, est  remisa  l'imprudeut  Yahia ,  et 
à  peine  a-t-il  été  reçu  au  palais  du  kha- 
life, que  celui-ci  le  fait  incarcérer  et  le 
livre  à  des  bourreaux. 

Les  sévices  qu' Haroun  exerça  contre 
la  ville  révoltée  de  Mossoul ,  dont  il  fit 
abattre  les  murs  et  raser  les  fortifications, 
achevèrent  de  comprimer  les  insurrec- 
tions qui  éclataient  sans  fin  sur  les  divers 
points  d'un  aussi  vaste  empire.  Mais,  du 
reste,  Haroun  se  montra  appliqué  sans  j  809). 
relâche  à  y  répandre  de  plus  en  plus  les 
bienfaits  d'une  civilisation  alors  fort  su- 
périeure à  celle  du  reste  du  monde. 
Le  goût  des  études  philosopbiquesy  H 


surtout  de  la  poésie,  était  dit  1 
répandu  dans  l'empire  de  Bagdi 
roun  lui-même  cultivait  les 


succès,  et  l'on  assure  qu'il  avait  < 

naissances  très  étendues  en  hisi 

littérature  arabes'enrichit  de  trad 

faites  par  son  ordre,  des  che&- 

des  anciens  Grecs  ;  et  de  graves 

affirment  que  c'est  soos  son  règn 

inventée  l'algèbre,  opinion  peu  ' 

blable  toutefois ,  et  que  l'article 

Encyclopédie  (T.  I*'»  p.  417)  | 

vir  à  rectifier.  Voulant  payer  a 

d'honneur  à  la  grande   renom 

principal  fondateur  de  la  mooai 

Francs,  il  lui  envoya  une  ambai 

fait  époque  dans  nos  annales  dK] 

et  parmi  les  présents  qu'il  cbargi 

ficiers  d'offrir  au  monarque  figi 

clepsydre  (vo)^.)  d'un  travail  men 

ainsi  que  des  plants  de  fruits  et 

mes  d'Orient ,  dont  l'importatîofl 

bienfait  que  lui  dut-notre  agricul 

core  dans  l'enfance  (  an  de  Théf 

de  J.-C.  793).  For-  CBAauMJ 

Brave  et  fier  autant  qu'il  étai 

fique,  Haroun  tint  à  honneur 

tier  l'arrogante  provocation  qu' 

lui  adresser  l'empereur  grec  Nioéj 

à  peine  parvenu  au  trône  et  ava 

en  mesure  de  parer  ses  premie 

Quatre  invasions  successives,  d 

desquelles  il  contraignit  Tempci 

payer  rançon  pour  sa  tête  dan 

pre  capitale,  furent  le  résultat 

fanteries  et  du  manque  de  foi 

phore ,  auquel  finalement  Har 

juré  de  ne  plus  accorder  nitrèv 

Il  aurait  mis  sans  peine  à  esé 

projet,  qui  eût  fait  tomber  Coa 

pie  six  siècles  plus  tôt  en  la  paii 

musulmans ,  s'il  n'en  eût  été  dél 

l'insurrection  d'un  de  ses  lieulci 

le  Khoraçan.  Haroun ,  qui  «   i 

mauvais  état  de  sa  santé,  s*éti 

marche  à  la  tête  d'une  armée  p 

primer  cette  révolte,  moamt 

dans  la  47*  année  de  soo  âft 

de  son  règne,  l'an  de  l'hégire  1 


(*)  On  peel  ra  voir  ■• 
dans  VÀrt  4ê  Wrt/Ur  fef  4afM,  à1 


kkmiiféi»  é4it  i»4*»  a*  fai^  t.  T» 


HAR  (  498  ) 

Mttra  en  plot  gnnd  honneur  les 
de  risUmisme  y  ce  prince  s*était 
,  loi  de  faire  chaque  année  le  pè- 
ie  la  Mecque,  lorsqu'il  n'en  était 
èché  par  de  lointaines  expédi- 
en  effet,  il  reflectua  huit  ou  neuf 
rapport  des  historiens  arabes, 
ent  que ,  lorsqu'il  ne  le  pouvait 
odre,  il  y  enroyait  à  sa  place  300 
qu'il  habillait  et  défrayait  de 
t-méme  déployait  toujours  la  plus 
la^ificence  pendant  ces  voyages, 
I  desqueb  il  fit  suspendre  son  tes- 
I  la  Kaaba.  Il  y  réglait  ainsi  sa 
neutre  ses  trois  fils :Amyn,  l'ainé, 
kré  son  successeur  au  khalifat , 
•or  empire  la  S}Tie  et  l'Irak;  l'a- 
le  Blamoun ,  le  second  et  le  suc- 
trésomptif  d'Amyn,  se  composait 
la  partie  orientale  de  ses  états;  en- 
ribuait à  Motamen ,  le  troisième, 
Teh,  les  Tsaghour,  TAwassim  et 
ie. 

>m  d'Haroun  conserve  encore  en 
ne  célébrité  populaire  ;  il  n'en  est 
1  se  représente  plus  fréquemment 
contes  arabes,  et  notamment  dans 
•  ei  une  Nuits,  P.  C. 

PAGOX,  personnage  célèbre 
les  chefs-d'œuvre  du  théâtre  mo- 
t  qui  est  devenu  la  personnifica- 
Tavarice.  On  dit  :  C'est  un  vrai 
on;  ce  vieux  Harpagon  meurt 
au  milieu  de  son  or.  Ce  nom , 
ement  choisi ,  fut  suggéré  à  Mo- 
T  un  passage  de  la  comédie  de 
otitulée  jéuluiaria  :  Hei  misero 
dit  Tavare  ;  aurum  mihi  intus 
ifum  est  (Malheureux  que  je  suis  ! 
;ent  m'a  été  volé)  !  Il  était  d'ail- 
al  simple  de  le  former  d'après  le 
irocyoc  ou  ôé/atraÇ,  rapace,  voleur; 
tôt  avare  désigne  aussi  bien  celui 
tcmel  tourmentest  le  désir  effré- 
gmenter  son  bien  que  cet  autre 
«uédant  uniquement  pour  possé- 
garde  avec  inquiétude ,  et  ne  fer- 
\  Vϕl  de  toute  la  nuit  de  peur 
le  vienne  le  voler.  L'un  ne  songe 
rquérir,  l'autre  est  toujours  en 
i  la  crainte  de  perdre  ce  qu'il  a  ; 
l'autre  partagent  ce  sentiment  ah- 
'irtus /fost  nummos,  S. 

IPALCS,  vajr.  DixosTBÉRX*j 


HAR 

HARPE  ,  instrument  de  musique 
monté  avec  des  cordes  de  boyau  que  l'on 
fait  résonner  en  les  pinçant,  ou  plutôt  en 
les  accrochant  avec  le  bout  du  doigt  et 
les  lâchant  immédiatement. 

L'origine  de  la  harpe  se  perd  dans  l'ob- 
scurité des  temps;  mais  il  est  certain  que 
parmi  les  instruments  à  cordes  en  usage 
aujourd'hui  c'est  un  des  plus  anciens.  On 
la  voit  figurer  sur  plusieurs  monumenU 
de  rÉgypte ,  qui  remontent  à  une  haute 
antiquité;  et  sa  construction,  de  même 
que  ses  ornements,  prouve  qu'elle  a  dà 
être  inventée  longtemps  avant  l'époque 
où  ces  peintures  et  ces  bas-reliefs  ont  été 
faits.  Le  corps  de  l'instrument,  sa  base 
et  sa  partie  supérieure  ou  console ,  ont 
une  grande  ressemblance  avec  ces  mêmes 
parties  de  nos  harpes;  mais  une  singula- 
rité s'y  fait  remarquer,  c'est  l'absence  du 
montant  qui  lie  la  tête  à  la  base.  On  a 
peine  à  comprendre  comment  un  instru- 
ment ainsi  construit  pouvait  résister  à  la 
traction  des  cordes  et  tenir  l'accord. 

La  harpe  a-t-elle  été  transmise  de  l'E- 
gypte à  la  Grèce?  De  là  a-t-elle  passé 
chez  les  Romains  pour  s'introduire  chez 
les  peuples  du  Nord ,  où  elle  était  très 
répandue  plus  tard?  Ces  peuples  au  con- 
traire l'auraient-ils  eux-mêmes  inventée 
et  propagée  dans  leurs  invasions  en  pays 
étrangers  ?  Voilà  des  questions  importan- 
tes, sans  doute,  mais  qui,  pour  être  trai- 
tées à  fond,  nous  entraîneraient  hors  des 
limites  imposées  à  cet  article.  Il  suffira 
de  dire  que  les  Grecs  n'ont  pas  de  mot 
particulier  pour  désigner  la  harpe,  et  que 
cet  instrument,  tel  qu'on  le  voit  chez  les 
Égyptiens,  ne  se  trouve  sur  aucun  des 
monuments  qui  nous  restent  de  la  Grèce. 
Chez  les  Romains,  le  mot  harpa  ne  se 
rencontre  que  dans  un  auteur  du  vi^  siè- 
cle, Venanlius  Fortunatus  (lib.  vii, 
c.  87),  et  qui ,  en  nommant  cet  instru- 
ment ,  l'attribue  aux  nations  barbares. 

Romanutque  Ifià»  pltutdêt  tibi  Barbarus  harpa. 

En  effet,  chez  les  peuples  septentrionaux 
la  harpe  exbtait  à  une  époque  fort  recu- 
lée; plusieurs  auteurs  ont  avancé  qu'elle 
était  indigène  de  ces  pays,  assertion  plus 
probable  que  celle  de  Papias,  qui  en  attri- 
bue l'invcolion  à  un  ancien  peuple  d'I- 
talie nommé  Arpes ,  pour  expliquer  Té- 


HAR 


(494) 


HAR 


tjmologie  du  mot  har^  e.— -  Qaoi  qu^îl  en 
•oit  de  Torigine  douteuse  de  rinstrument, 
son  usage  se  répandit  peu  à  peu  dans 
toute  FEurope ,  et  au  moyen*êge  il  était 
devenu  général.  Depuis  le  x^  siècle  jus- 
qu'au XV*,  la  harpe  fut  Tinstrument  le 
plus  estimé.  Les  rois ,  les  princes  et  les 
personnages  les  plus  distingués  se  faisaient 
un  honneur  d'apprendre  à  jouer  de  cet 
instrument.  Les  ménestrels,  les  trouba- 
dours en  accompagnaient  leur  chant;  il 
était  entre  ks  mains  des  dames,  qui  le  fai- 
saient également  retentir  aux  accents  de 
leurs  Toix.  Un  grand  nombre  de  passages 
des  poètes  de  l'époque  indiquée  font  men- 
tion de  la  harpe,  et  les  miniatures  des 
manuscrits  nous  en  retracent  la  forme. 
Elle  était  de  dimension  plus  petite  que 
les  nôtres  ;  le  nombre  des  cordes  variait 
suivant  la  grandeur  de  l'instrument.  Il 
parait  qu'au  xiu*  siècle  les  cordes  se  mon- 
taient au  nombre  de  17,  comme  on  le 
voit  dans  une  pièce  de  vers  de  Guillaume 
de  BAackau  ou  Mackault,  intitulée  leDici 
de  la  harpe ,  où  il  compare  sa  mal  tresse 
à  cet  instrument  et  fait  une  allusion  ga- 
lante des  vertus  et  des  qualités  de  sa  dame 
aux  cordes  de  la  harpe.  Le  même  poète 
nous  apprend  la  préférence  qu'on  don- 
nait à  la  harpe  sur  tons  les  autres  instru- 
ments, en  disant  : 

Mais  la  harp«,  qai  toat  ioatrameat  piMe, 
Qaand  Mgement  bien  en  jooe  et  compauef 
▲  la  harpe  partout  telle  renommée 
Qu*aalre  doacear  à  li  n*ett  comparée. 

Lirlande,  l'Écoase  et  le  pays  de  Galles 
ont  toujours  joui  d'une  grande  célébrité 
pour  leurs  joueurs  de  harpe;  l'institution 
des  bardes  (vojr.)  favorisait  beaucoup  la 
culture  de  cet  instrument ,  en  usage  dans 
ces  pays  depuis  un  temps  immémorial. 
Chez  eux  aussi  b  harpe  tenait  le  premier 
rang  ;  les  Irlandais  en  avaient  de  quatre 
espèces,  de  construction  et  de  grandeur 
différentes.  Celle  qu'on  nomme  commu- 
nément harpe  irlandaise  est  le  clar^ 
sechf  qui  remonte  à  une  antiquité  si  re- 
culée qu'on  la  croit  née  dans  le  pays. 
D'autres,  au  contraire,  prétendent  qu'elle 
leur  fut  apportée,  vers  le  iv*  siècle,  par  les 
Saxons,  venus  des  bords  de  la  Baltique  et 
qui  ravagèrent  les  côtes  des  iles  Britan- 
niques et  de  la  GauIc.  On  possède  en- 
core «iijounrhui  ua  monument  curieux 


et  authentique  de  sa  fomie  :  c*c«t  li 
d'O'Brien,  roi  dirlande,  mort  en 
ApGès  avoir  passé  par  on  grand  a 
de  mains ,  elle  tomba  dans  celles  dH 
triote  irlandais  nommé  William  G 
bam,  qui  la  déposa,  en  178t,  a« 
de  la  Trinité  à  Dublin.  Une  dcaa 
en  a  été  donnée  par  Vallancey,  d 
Collectanea  de  rébus  Hibemieis 
^  La  harpe  irlandaise,  restéedansk 
état  pendant  plusieurs  siècles,  rei 
XV*  des  améliorations  noubles  d^ 
suite  nommé  If ugent ,  qui  résida 
temps  en  Irlande. 

On  sait  que  la  pièce  principale  d 
armoiries  de  lirlande  est  une  har 
fut  Henri  VIII,  qui ,  proclamé  roi 
pays,  adopta  ces  armoiries. 

La  harpe,  telle  qu'elle  était  an 

ques  que  nous  venons  de  voir,  p 

suffire  aux  besoins  de  ceux  qui  s'c 

valent.  Mais  lorsque,  dans   les 

suivants,  la  musique  fit  dlmmeose 

grès,  cet  instrument  devenait  nu 

l'exécution,  et  il  serait  peut-être 

dans  l'oubli  s'il  n'avait  subi  une  n 

complète.  C'est  en  Allemagne  qu'c 

tra  dans  la  voie  des  progrès  qa 

poursuivie  jusqu'à  nos  jours.  Ea 

un  harpiste  allemand  nommé  Ho< 

cker,  à  Donauwœrth,  inventa  la  pé 

donna  ainsi  à  la  harpe  un  avantaf 

elle  avait  complètement  manqué  j 

là,  nous  voulons  dire  la  faculté  di 

voir  moduler  convenablement.  L 

précieuse  invention  de  cet  artiste.  Il 

était  très  bornée  dans  ses  ressonra 

cordée  diatoniquement  dans  le  I 

morceau  que  l'on  voulait  jouer,  elk 

fusait  aux  dièses  et  aux  bémob, 

pouvaient  être  produits  qu'au  iBOi 

pouce  que  l'on  pressait  contre  Pext 

supérieure  de  la  corde  pour  la  hm 

cir,  ou  au  moyen  de  petits  crociic 

respoodant  aux  cordes  et  que  Ton 

nait  vers  celles-ci  avec  la  main, 

était  fort  gênant  dans  l'exécutioi 

morceau.  L'invention  de  Hochb 

remédia  à  cet  inconvénient.  Sa  ] 

consistait  en  cinq  leviers  placés  ék 

le  corps  de  Tinstrument  et  que  Te 

tant  comprimait  à  l'aide  de  ses  pied 

leviers,  par  un  certain  mécanisme 

saient  tourner  les  crochets  doot 


HAE 


(495) 


fiAA 


ft  let  eotda  correspondantes.  Ce 
r  cfltt ,  bien  qu'imparfait  encore, 
1  pat  î— ■»*■*■*  ^ers  le  perfection- 
de  la  liarpe;  on  y  apporta  ensaite 
liîqntwpf,  et  la  harpe  ainsi  con- 
prit  le  nom  de  harpe  à  pédale 
I  '^'t'TFff^  de  la  harpe  simple  ou 
haniipir.  En  1730,  un  artiste  de 
ber^  noQkméVetter,  porta  le  nom- 
I  levîen  à  sept. 

e  nouYelle  harpe  enl  du  saocis  en 
gne.  Elle  fiit  introduite  en  France 
f40;  mais  les  harpistes  français, 
it  detanl  les  difficultés  de  l'usa^ 
blés ,  continuèrent  à  se  sorrir  de 
c  simple.  Ce  ne  fut  que  trente  ans 
ni  que  le  neveu  de  Hochbrucker, 
«nu  se  fixer  à  Paris,  en  1770, 
■aitre  de  harpe,  fit  valoir  l'aTan- 
i  nouveau  mécanjsme  et  opéra  une 
t  eomplèla  dans  le  jeu  de  cet  in« 
itL  Hoc^brockcr  eut  de  nomlNreux 
et  le  goàt  de  la  harpe  s'éUnt  ré- 
lans  toute  la  capitale,  les  artistes 
\  se  mirent  à  leur  tour  à  la  re- 
I  d'améliorations  nouvelles.  Con- 
Bl  Kaderman  surtout  y  Touèrent 
n  particuliers.  Ce  dernier  donna 
mîsme  des  crochets  toute  la  per- 
dasrt  il  était  susceptible.  Mais  le 
était  défcctuem  :  d'ahord  il  avait 
(inient  de  tirer  les  cordes  hors  de 
ÎDo  perpendiculaire  lorsque  les 
i  agissaient  sur  elles  pour  les  éle- 
n  deasi-lon ,  ce  qui  devait  être 
à  raccord;  puis,  comme  les  cro- 
npéraient  que  l'élévation  d'un  de- 
p  la  harpe  ne  pouvait  se  prêter  à 
9  nmdulations  et  restait  toujours 
sous  ce  rapport.  Pour  arriver  à 
lat  plus  satiifaisani,  il  fallait  ahan- 
ce  mécanisme  et  y  substituer  un 
âpe  de  construction  ;  c'est  ce 
Consioeau  :  il  inventa  le 
^Mt  à  béquilles, 

vpe  de  Coosineau ,  fabriquée  en 
ivait  un  double  rva%  de  pédales, 
s  pédiiri  qui  correspondaient  à 
■e  corde  étaient  posées  l'une  sur 
et  Ton  obtenait  d'une  corde  le 
Bel,  le  bémol  et  le  dièse.  Mais  ces 
,  ootie  nnoonvénient  d'exiger  des 
aé|;ales  pour  la  pression ,  préseo- 
tn>p  compliqué  et  de- 


venaient embanrasBantes  pour  Texécutant. 
Après  trois  années  de  recherches,  Con- 
sineau  construisit  une  harpe  avec  une 
mécanique  plus  simple ,  qui ,  au  moyen 
de  sept  pédales ,  produisait  le  même  ef« 
fet.  Mous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  tous 
les  détails  de  ce  mécanisme  ;  il  suffira  de 
dire  que  ce  qu'on  appelait  béquilles  était 
deux  dievalets  mobiles ,  dont  les  mon- 
tants se  présentaient  dans  la  situation 
verticale,  l'un  tourné  vers  le  haut,  l'au- 
tre vers  le  bas,  lorsque  la  pédale  était 
levée,  et  dont  les  traverses,  qui  devaient 
appuyer  sur  la  corde  par  le  mouvement 
de  la  pédale,  étaient  à  angle  droit  à  la  fob 
par  rapport  à  la  console  et  par  rapport 
à  \eua%  montants.  Quand  on  baissait  la 
pédale,  on  faisait  faire  à  chaque  béquille 
environ  un  quart  de  tour;  alors  les  tra- 
verses rencontraient  toutes  deux  la  corde 
et  la  pressaient  l'une  par-dessus,  l'autre 
par-dessous,  d'avant  en  arrière,  sans  l'é- 
carter sensiblement  de  la  ligne  verticale. 

On  conçoit  que  la  harpe  ainsi  con- 
struite devait  avoir  des  avantages  sur  la 
harpe  à  crochets.  Malheureusement  elle 
avait  le  défaut  de  manquer  de  solidité. 
Cousineau  tenta  plus  tard  d'autres  essais; 
il  adopta  l'idée  singulière  d'un  aouteur , 
M.  Ruelle,  qui  avait  imaginé  d'opérer  le 
changement  des  notes  par  des  chevilles 
mobiles,  dont  le  mouvement  se  réglait 
par  le  jeu  des  pédales.  Cette  harpe  à  che- 
villes mécaniques  tournantes  figura  à 
l'exposition  de  1806,  ou  Cousineau  ob- 
tint la  médaille  d'argent.  Elle  fut  encore 
exposée  en  1819;  mais  bien  que  la  même 
récompense  fût  décernée  à  Fauteur,  l'in- 
strument trouva  peu  de  partisans. 

Tandis  qu'en  France  on  s*occupait  à 
perfectionner  le  mécanisme  des  pédales, 
on  essaya  en  Allemagne  de  construire  des 
harpes  qui  pussent  s'en  passer  entière- 
ment, sans  le  céder  en  rien  aux  autres 
pour  les  ressources  des  modulations.  Déjà 
en  1787  un  luthier  de  Berlin,  nommé 
Botbe,  inventa  une  harpe  chromatique  ; 
elle  était  de  plus  grande  dimension  que 
les  harpes  ordinaires ,  et  les  cordes  pro- 
cédaient par  demi -ton  comme  dans  le 
piano,  se  distinguant  par  la  couleur 
comme  les  touches  du  clavier.  La  multi- 
plicité des  cordes,  d'ailleurs  trop  serrées, 
et  la  nécessité  d'adopter  un  autre  doigté 


HKA 


(49B) 


lUtt 


«mpéchèreot  le  succès  de  oettè  inventioD. 
Elle  fut  reproduitey  en  1 804 ,  par  un  doc- 
teur allemand ,  nommé  Pfranger ,  qui  ne 
fut  pas  plus  heureux.  La  harpe  à  pédale 
conserva  la  préférence,  et  c'est  vers  elle 
que  se  tournaient  les  nourelles  tentatÎTes 
de  perfectionnement.  Toutes  furent  éclip- 
sées par  l'invention  d'un  homme  dont 
le  génie  brille  d'un  vif  éclat  dans  l'his- 
toire des  instruments. 

Sébastien  Érard  (vox.)  s'était  depuis 
longtemps  occupé  de  la  harpe.  En  1787, 
il  avait  déjà  substitué  au  mécanisme  dé- 
fectueux des  crochets  celui  qu'on  appelle 
mécanisme  à  fourchettes^  fonctionnant 
au  moyen  d'un  disque  armé  de  deux  bou- 
tons qui,  par  un  mouvement  de  rotation, 
saisit  la  corde  dans  la  position  naturelle 
et  la  raccourcit  de  la  quantité  nécessaire 
pour  l'élever  d'un  demi-ton.  BAais  ce  ne 
fut  qu'en  1794  que  sa  première  harpe 
ainsi  construite  parut  à  Londres,  où  il 
avait  établi  une  maison.  En  1798,  il  l'in- 
troduisit en  France  et  y  obtint  un  bre- 
vet de  quinze  ans.  Après  l'expiration  de 
ce  brevet ,  le  mécanbme  à  fourchettes  fut 
imité  par  tous  les  facteurs  de  harpes, 
dont  plusieurs  Tavaient  combattu  dans 
l'origine.  Érard  augmenta  le  mérite  de 
ses  harpes  en  perfectionnant  la  courbe  de 
la  console  de  manière  à  donner  une  meil- 
leure proportion  au  diapason ,  et  il  amé- 
liora une  foule  de  détails  que  nous  pas- 
sons ici  sous  silence.  Tous  ces  travaux  ne 
furent  que  l'avant- coureur  de  la  harpe  à 
double  fnouvetnent  ^  découverte  ingé- 
nieuse qui  fit  arriver  rinstroment  à  la 
perfection. 

Dans  cette  harpe,  chaque  pédale  fait 
une  double  fonction  pour  élever  à  vo- 
lonté chaque  corde  d'un  demi- ton  ou 
d'un  ton.  Il  y  a  deux  fourcheUes  sem- 
blables à  celles  qu'Érard  avait  employées 
dans  ses  harpes  précédentes.  Au  premier 
mouvement  de  la  pédale,  la  première 
fourchette  saisit  la  corde  et  l'élève  d'un 
demi'ton;  au  second  mouvement,  la  se- 
conde fourchette  agit  et  porte  l'élévation 
à  un  ton.  Le  relâchement  de  la  corde 
peut  s'opérer  ou  successivement,  ou  d'un 
seul  coup. 

La  première  harpe  de  ce  genre  fut 
vendue  à  Londres  en  1 8 1 1  ;  elle  eut  uc 
succès  prodigieux.  Importée  en  France 


par  l'intentcur,  elle  j  «btmt  It 
accueil.  En  1 81  &,  elle  fiil  soumîwè  r«i 
men  de  l'Académie  des  Scienoet  «I  ^ 
l'Académie  des  Beaux-Arts  remuer  ^ 
firent  sur  elle  un  rapport  très  élaaii 
auquel  nous  renvoyons  ceux  de  nos  l« 
teurs  qui  voudraient  avoir  de  plus  aap| 
renseignements  sur  ce  oiécaiiisaM  i^ 
nieux. 

Après  la  mort  de  Sébasdeo  Éf»| 

en  1831,  M.  Pierre  Érard  a  Ijm» 

fabriquer  des  harpes  sur  le  mèaie  fà^ 
cipe.  Il  y  a  apporté  plusieurs 
nements  de  détails  que  nous  avons 
lés  dans  la  Gazette  musicale  de  Pt 
1839,  n»  32. 

La  harpe  se  trouve  au 
un  état  de  perfection  qu'il  serait 
de  dépasser.  Cependant  les  amai 
ce  bel  instrument  diminuent 
menty  et  il  semble  être  menacé  d'un 
don  complet.  Avant  que  le  piano 
porté  au  degré  de  perfection  qu'il  a 
teint  de  nos  jours  ,  la  harpe  luttait 
tageusement  contre  un  rival  qu'elle 
passait  pour  la  richesse  de  la 
mais  peu  à  peu  le  piano  a  envahi  It 
rain  et  a  fini  par  occuper  presque 
place  que  la  harpe  devrait  partager 
lui.  Car  la  harpe,  qui,  par  ses  nnana 
sensibles,  peut  passer  du  son  le  plus 
tant  au  plus  léger  murmure,  ptuduJI 
effets  magiques  que  les  toudies  du 
ne  sauraient  rendre;  et  si 
devait  dbparaltre  du  nombre  de  nos  M 
struments ,  il  y  aurait  une  lacuat  f 
rien  ne  pourrait  remplir.  Cboae  élnMl 
un  instrument  qui,  dans  un  état  dépj 
rable  d'imperfection,  a  joui  de  la  v«fl 
tomberait  en  désuétude  an  momciit  ■■ 
où  son  mécanisme  rendu  le  pins  pal 
possible  ne  laisse  plus  rien  à 
Espérons  que  cet  abandon 
et  que  la  harpe ,  remise  en  foveor»  K 
prendra  le  rang  qu'elle  est  appsiéa  à  ^ 
cuper  dans  nos  concerts. 

Quant  aux  Méthodes  qui  ont  été  fi 
bliées  pour  cet  instrument,  il  serait  iâ 
tile  de  citer  les  anciennes ,  devcMMS  II 
suffisantes  aujourd'hui.  On  en  trowi»! 
surplus  la  nomenclature  dans  LkkMf 
thaï,  Diztonarîo  e  Biblio/^rnfia  dtf 
musica^  t.  IV).  Nous  nous  borneront  I 
à  indiquer  le  Traité  complet  et  raésmâ 


prodnili 


HàR 


(497) 


HAR 


fêté  pomr  VemeigRememi  des  har- 
m  simple  ei  à  double  mouçementy 
DenrgQS,  et  la  Méthode  de  harpe  à 
\^le  mtomwcmemt^  pur  Bocfasa,  oa- 
pk  q«*il  ne  Tant  pas  confoodre  avec 
F  «aires  métbodes  des  mêmes  au- 
^  G.  £.  A. 

EKPB  ÉOLIENNE,  ou  Harpe 
u  On  a  donné  ce  nom  à  un  înstru- 
kloa  plotot  appareil  musical  destiné 
Maire  des  sons  harmonieux,  sans  le 
fÊmn  d^iin  artiste,  par  la  seule  action 
NiBt.  C'eal  Éole  {vny,)  qui  est  le  vir- 
il :  de  là  Pépithete  jointe  au  nom  de 
ikiHncnly  dont  la  forme,  du  reste,  ne 
imkie  nullement  à  celle  de  la  harpe. 
ilout  simplement  une  boite  de  bois 
ijpa,  longue  dVnviron  trois  pieds, 
i€tiiaole  de  6  à  8  pouces,  munie, 
I  la  partie  inférieure,  d^une  table 
lie,  sur  laquelle  passent  8  ou  10 
boyau  fixées  aux  extrémités  de 
cl  reposant  sur  deux  chevalets. 
liamMT  accordé  toutes  les  cordes  à  Tu- 
IB,  oa  fixe  rinsimment  contre  une 
|w  cslr^ouTerte  ou  ailleurs,  de  ma- 
p%B^Dll  courant  d'air  assez  intense 
■e  à  frapper  les  cordes.  Alors  se  pro- 
\r  wa  phénomène  des  plus  curieux. 
kapd  les  cordes  commencent  à  réson- 
kraaâsson  ;  mab  à  mesure  que  le  vent 
|MBle,elles  Cbnt  entendre  un  charmant 
\ét  tous  les  sons  de  la  gamme  dia- 
iceodants  et  descendants,  de 
ia  ^ne  des  accords  harmonieux ,  et 
peeeemdo  et  decrescendo  inimitables. 
jjhamtion  de  la  harpe  éolienne  a  été 
Ppie  aa  P.  Kircber,  qui  en  traite  dans 
Kk^sutrgéa ,  à  la  page  148.  Mais  long- 
piavaat  ce  savant  jésuite,  on  avait  re» 
||Bé  reflet  du  vent  sur  les  cordes  so~ 
H^  Sans  parler  des  Talmudbtes ,  qui 
Itodnil  que  la  harpe  de  David,  frap- 
\k  amiaît  par  le  vent  du  nord,  ré- 
Hi  d^dle-méme,  on  peut  citer  Eusta- 
^qai,  dans  son  commentaire  sur  Ho- 
P_p  Ciil  mention  du  phénomène  dont 
QH^  Ces!  en  lisant  ce  p&ssage  que  le 
fei  aagliii  Pope  fit  revivre  Tidée  de 
■kVf  depuis  longtemps  tombée  dans 
PUL  n  la  communiqua  à  un  musicien 
Ipiis  nommé  Oswald  :  celui-ci ,  après 
BBOup  d'emais  infructueux,  la  réalisa 
kWhear.  On  apporta  ensuite  quel- 

Eêejehp.  d.  G.  d.  M.  TomaXIII. 


ques  modifications  à  rinstroment,  et 
Koch,  auteur  d'un  dictionnaire  allemand 
de  musique,  imagina  une  harpe  éolienne 
double,  dont  il  donna  la  description  dans 
cet  ouvrage. 

Nous  devons  ajouter  que  la  harpe  éo- 
lienne a  fourni  à  Tacoustique  des  expé» 
riences  curieuses  et  importantes  sur  les 
vibrations  des  cordes.  On  a  vu  avec  éton* 
nement  qu'une  même  corde  rend  non» 
seulement  plusieurs  sons  successivement, 
mais  qu'elle  produit  à  elle  seule  des  ac- 
cord:» composés  ordinairement  de  la  tierce 
majeure ,  de  la  quinte  juste  et  de  l'oc* 
tave ,  auxquelles  vient  se  joindre  quel* 
quefois  la  septième  mineure.  C'est  poiur 
cette  raison  que  toutes  les  cordes  doivent 
être  accordée»  à  l'unisson,  parce  que  sans 
cela  le  mélange  des  accords  de  chaque 
corde  produirait  des  dissonances  et  une 
confusion  très  désagréables. 

L'idée  toute  naturelle  d'appliquer'  le 
principe  de  la  harpe  éolienne  à  de  non- 
veaux  instruments  et  d'en  construire  où  le 
vent  ferait  résonner  des  cordes  au  gré  d'un 
artiste  est  venue  à  plusieurs  facteurs.  L'es- 
sai le  plus  remarquable  de  ce  genre  fut  ce- 
lui de  J.-J.  Schnell, qui  fabriqua,  en  1 789, 
un  grand  piano  dans  lequel  les  cordes 
étaient  mises  en  vibration  au  moyen  d'un 
soufQet  artificiel.  Cet  instrument,  qu'il 
nomma  anémocorde  (âtufioç ,  le  vent  )  , 
eut  du  succès  pendant  plusieurs  années, 
mais  on  ignore  ce  qu'il  est  devenu.  Nous 
en  avons  parlé  avec  détails  dans  la  Ga- 
zette musicale  de  Paris,  1836,  n®  15. 
Tout  récemment,  un  luthier  de  Paris, 
M.  Isoard ,  s'est  livré  à  des  recherches 
analogues  sur  lesquelles  il  présenta,  en 
1836,  un  mémoire  à  l'Académie,  annon- 
çant en  même  temps  la  construction  d'un 
violon  éoUquCy  c'est-à-dire  dans  lequel 
l'action  de  Tarchet  devait  être  remplacée 
par  celle  du  vent  {voir  la  Gaz,  mus.  de 
la  même  année,  n^  10).  Ce  violon  n'a 
pas  encore  été  achevé  ;  mab  en  atten- 
dant ,  M.  Isoard  nous  a  donné  un  autre 
instrument  basé  sur  le  même  principe, 
et  qu'il  appelle  éolicorde.  On  en  a  même 
publié  une  méthode  qui,  du  reste,  ne 
semble  pas  avoir  servi  à  répandre  cette 
nouveauté.  G.  E.  A. 

HARPEGGIO,  vof.  AarioE. 

HARPOCRATE.  C'est  le  nom  que 


HAR 


(498) 


BAft 


les  (jrrecs  ont  donné  à  un  dîea  é^ptien. 
Il  était  fiU  d*Oiiris  et  d'Lis;  celle-ci  le 
mit  au  monde  après  la  mort  de  son  mari, 
à  Fépoque  de  Tannée  où  fleurit  le  lotus. 
Il  était  d*uoe  complexion  délicate ,  souf- 
freteux et  paralysé  des  membres.  On  le 
représente  assis  sur  un  lotus  en  fleurs , 
tenant  un  doigt  sur  sa  bouche  :  c^est  pour- 
quoi on  en  fit,  dans  la  suite  des  temps,  le 
dieu  du  Silence.  On  lui  offrait  en  sacri- 
fices les  pèches  et  les  prémices  des  légu- 
mes; à  Bouto,  en  Égrpte,  les  Weillards 
lui  offraient  du  lait  lorsqu^on  célébrait  sa 
fête  anniversaire;  ensuite  on  promenait 
processionnellement  son  effigie  ridicule 
et  hideuse.  A  cette  occasion,  les  prêtres  se 
peignaient  le  visage  d*une  sorte  de  fard 
qu'ils  regrattaient  après  la  cérémonie, 
pour  le  vendre  comme  médicament.  Har- 
pocrate  a  dû  être  le  même  Dieu  que  Bo- 
nis (vof,).  On  est  d'accord  pour  le  re- 
garder comme  le  symbole  du  soleil  levant 
ou  printanier;  c'est  ce  qu'indique  sa 
naissance,  qui  eut  lieu  au  jour  le  plus 
court  de  l'année. 

A  Rome,  ainsi  qu'en  Grèce,  on  l'adora 
comme  le  dieu  du  Silence  ;  son  culte , 
défendu  plusieurs  fois ,  y  fut  toujours  ré- 
tabli. La  figure  d'Harpocrate,  que  Ton 
portait  gravée  sur  une  pierre  précieuse , 
dans  les  colliers  et  dans  les  anneaux,  pas- 
sait pour  un  talisman.  Ce  dieu  a  pour 
attributs  des  crocodiles,  des  serpents,  des 
scorpions ,  des  cerfs  et  des  lions,  comme 
représentant  la  force  vitale  ;  on  lui  con- 
sacrait aussi  les  sphinx  et  les  faucons.  On 
le  représente  debout  dans  un  vaisseau  en 
bois,  la  tète  surmontée  d'un  soleil  et  de 
deux  étoiles,  et  parfois  tenant  dans  sa 
main  une  branche  de  lotus  et  une  corne 
d'abondance,  qui  sont  tous  des  symboles 
du  réveil  de  la  nature,  opéré  par  le  soleil 
du  printemps  ou  du  matin.  On  a  des  mé- 
dailles de  Trajan  et  d'autres  empereurs , 
et  des  camées  (voir  le  recueil  de  Stosch  ) 
qui  représentent  ce  dieu  avec  divers  at- 
tributs. R.  Z. 

HARPOCRATION  (VAiEaius)  a 
vécu ,  suivant  les  uns ,  sous  l'empereur 
Verus  (160  après  J.-C);  suivant  les  au- 
tres, il  était  contemporain  de  Libanius 
le  sophiste  (3âO  après  J.-C).  Aucune 
particularité  de  sa  vie  n'est  connue  ;  on 
Mît  teolemeot  que  c'était  un  rhéteur 


d'Alexandrie,  un  habile  giimiMi 
qu'il  est  l'auteur  du  lexique  gi 
mots  employés  particulièrement 
dix  grands  orateurs  d' Aihèoes  (O 
Auici),  La  première  édition  de  e 
dictionnaire  est  sortie  des  presscsi 
en  1503,  avec  les  scholies  d'Ulpi 
Démosthène.  Maussac  en  a  pobi 
1614,  une  édition  fort  estimée,  i 
bonnes  notes,  une  dissertation  i 
sur  les  lexiques  grecs,  etc.  Toup  a 
beaucoup  de  passages  d'Harpo 
dans  ses  Emendationes  in  Suidam 
Oxford,  1790.  Ces  travaux  et  d 
ont  rendu  plus  faciles  les  édit» 
1834  et  de  1833 ,  l'une  et  l'autn 
lentes  :  Harpocrationis  Lexètm 
annotationibus  inierpretum,  etc., 
fort,  1824,  t  vol.  in-8*;  Harpot 
et  Mœrit ,  ex  rec,  /.  Bekkeri^  1 
1833,  1  vol.  in-8*.  F 

HARPOX.  Le  grappin  d'ab 
{voy,)  fut  longtemps  appelé  harpi 
harpon^  nom  qui  lui  venait  du  grec, 
tenant  le  harpon  est  un  grand  javi 
fer,  emmsnché  à  une  hampe  de  I 
6  pieds  environ,  à  laquelle  est  al 
une  corde  fort  longue.  Ce  javck 
pointe  triangulaire,  acérée,  traoe 
comme  celle  d'une  flèche.  Les  p4 
se  servent  de  cet  instrument  dai 
chasses  contre  les  gros  poissons.  1 
me  du  harpon,  tel  qu'il  est  aujooi 
se  remarque  dans  le  sceau  de  la  y 
Fontarabie  (  1333),  repréientant  ■ 
leinière  harponnant  un  cétacé.  I 
gue  corde  du  harpon  qge  le  Aa/JM 
file  quand  il  a  blessé  la  baleine,  c 
nie  à  son  extrémité  d'une  bonle  < 
d'indice  aux  pécheurs.  Foj»  B 
[pèche  tie  la). 

Au  bout  des  vergues,  on  metti 
core  au  commencement  du  xvii* 
des  harpons  tranchants  en  fbn 
pour  couper  les  haubans  et  les  ■ 
vres  de  l'ennemi  au  moment  de  I 
dage.  Ces  harpons  ou  serpes  sont  i 
rouroni  par  les  documents  génois 
nitiensdes  xiit*et  xiv'sièries.  A 

HARPYE8  (du  grec  A6iricc, 
de  à  cTrat  C^,  ravir\  monstres  fabulci 
le  nombre  est  inconnu.  Leurs  po 
rient  dans  les  différents  auteur»  < 
ont  parlé.  Hésiode,  qui  leur  douM 


BAR 


(499) 


HAR 


(Tkéof^.y  ▼.  366)»  et  pour 
cctre,  fiUe  de  TOcéan ,  ne  les  tp* 
1  «ûxôftouc  (eux  beaux  cheveux  ). 
y.)  e>t  leur  lœur,  et  le  poète  let 
A5A>.«i  (U  tempête)  et  OxirTrcrv  (au 
de).  Tout  ce  qu^ilendit,  c'est  que 
I  et  les  oiseaux  n'ont  pas  plus  de 
|tie  leurs  ailes,  et  que  Tair  est  leur 
e.  Le  grand  peintre  Homère  ne 
MS  donné  un  coup  de  pinceau. 
is,  si  Podarge,  Tune  d'elles,  est 
du  plus  aimable  des  vents,  de 
t  {I/iade,  XVI,  150),  elles  n'en 
t  pas  moins  l'épithète  de  chien^ 
^mpiler  qu'on  leur  a  donnée  plus 
i  fonction  qui  leur  est  reconnue 
Jjasée  est  d'enlever  ceux  que  les 
oient  faire  disparaître.  Téléma- 
r$$, ,  I,  34 1)  et  Eumée  {Odyss.^ 
J)  disent  d'Uljrsse,  dans  un  vers 
inte  :  Mais  aujourd'hui  iesHar^ 
U  enleoé  honteusement,  Péné- 
^dfss,^  XX,  77)  fait  enlever  par 
fesles  filles  de  Pandore.  Hésiode, 
^trabon  (liv.  VU),  avait  avancé 
Barpyes  ont  transporté  Phinée 
mj%  des  Galactophages.  C'est  à 
e  que  se  rapporte  le  principal 
le  Thutoire  fabuleuse  des  Har> 
tsef  épisode  a  des  versions  bien 
es. 

ts  intéressante  et  la  mieux  suivie 
d'Apollonius  de  Rhodes,  au  3* 
l'Expédition  des  Argonautes.  Les 
ordent  sur  les  côtes  de  la  Bithy- 
demeurait  Phinée,  qui  tenait 

0  le  don  de  prévoir  l'avenir.  Ju« 
rite  contre  le  devin  qui  révélait 
!ts,  le  rendit  aveugle,  le  con* 

une  éternelle  vieillesse,  et  dé- 
sontre  lui  les  Harpyes,  qui  lui 
Ht  tous  ses  mets,  ou  qui  les  ren~ 
■mondes.  A  l'arrivée  des  Argo* 
Phinée  les  conjure  de  le  secou- 
if  et  Zéthès,  fils  de  Borée ,  veu- 
traire  le  vieillard  à  ce  supplice. 

1  lui  est  servi  :  les  Harpyes  le  dé- 
t  sont  poursuivies  par  les  ven- 
t  Phinée;  ceux-ci  allaient  les 
«r  près  des  Iles  Plotées ,  lorsque 
Ji  kûr  bras,  et  jura  qu'elles  n'ap- 
ieot  plus  de  Phinée.  Calais  et 
ïtoomèrent  alors  vers  le  vaisseau 

aux  Iles  Plotées 


le  nom  à^tles  du  Retour  ou  Sitopkades» 
Les  Harpyes  durent  se  réfugier  alors  dans 
une  caverne  de  la  Crète. 

Apollodore,  qui  a  principalement  suivi 
Apollonius  dans  ce  quMl  dit  de  Phinée 
et  des  Harpyes,  donne  une  autre  fin  à  ces 
monstres  ailés.  L^une  d'elles,  selon  cet  au- 
teur, tomba  dans  le  Tigrés,  fleuve  du  Pé-> 
loponnèse,  qui  prit  de  là  le  nom  de  Har* 
pys;  l'autre  s'enfuît  à  travers  la  Propon* 
tide  jusqu'aux  lies  Échinades,  nommées 
àe^VM  Strophades* y  parce  que,  arrivée 
là,  elle  se  retourna^  et  tomba  de  lassitude 
sur  le  rivage  avec  celui  qui  la  poursuivait. 
Virgile,  fréquent  imiuteur  d'Apollo- 
nius, ayant  conduit  la  flotte  d'Énée  aux 
Strophades,  fait  de  ces  Iles  la  demeure 
des  Harpyes,  auxquelles  il  donne  les  traiu 
d'une  vierge  ail^,  un  flux  de  matières 
fétides,  des  mains  crochues  et  le  front 
toujours  pâle  de  la  faim  [Mneid,^  Œ, 
315).  Elles  ravissent  ou  infectent  les  mets 
desTroyens,  et  Céléno,  l'une  d'elles,  fait 
entendre  du  haut  d'un  rocher  de  sinis- 
tres prédictions. 

Il  serait  inutile  de  s'arrêter  sur  les  au« 
très  descriptions  des  Harpyes  par  les  poè- 
tes. Les  oreilles  d'ours,  les  corps  de  vau- 
tour et  autres  traits  d'imagination  n'ont 
pas  plus  de  valeur  que  les  explications 
ingénieuses  qu'ont  données  de  cette  fable 
les  principaux  mythographes.  Leclercs'é- 
tant  efforcé  de  faire  prendre  les  Harpyes 
pour  des  sauterelles ,  l'abbé  Banier  (  La 
Mythologie  et  les  Fablet  expliquées  par 
V histoire,  t.  VI,  p.  404-410)  a  réfuté 
cet  avis;  pour  lui,  les  Harpyes  sont  des 
corsaires  qui  désolaient  les  états  de  Phi- 
née. Quant  à  nous,  nous  adopterions  le 
plus  volontiers  la  conjecture  d'après  la« 
quelle  ces  monstres  ailés  auraient  été  pour 
les  anciens,  au  moins  primitivement,  une 
personnification  de  la  violence  de  certains 
vents;  leur  origine,  leur  parenté  avec 
Iris,  le  sens  des  noms  divers  qu'on  leur 
a  donnés ,  confirment  cette  explication , 
qui,  pour  n'être  pas  la  plus  nouvelle,  n'est 
cependant  pas  la  moins  vraisemblable. 
Harpye  se  dit  figurément  de  tout  ra- 
visseur du  bien  d'autrui.  et  plus  souvent 
encore,  familièrement,  d'une  femme  aca- 
riâtre et  criarde  :  c'est  une  harpye.  On 

(*)  Cependant  les  Strophades  et  les  Échiasd^a 
(iH>/.)  étaient  des  groupes  d'Hfi  fort  différents,  9^ 


HAR 


(500) 


ItAll 


donne  enfin  ce  nom|  dans  l*hiitoire  na- 
turelle,  à  un  genre  d*oiseaux  de  l'ordre 
des  acdpilres.  J.  T-v-s. 

IIARRACH  (comtes  de).  Cette  fa- 
mille, possessionnée  en  Bohême  et  en  Au- 
triche y  est  une  des  plus  anciennes  de 
la  monarchie  autrichienne.  On  regarde 
comme  ion  berceau  Tantique  château , 
depuis  longtemps  détruit ,  de  Ruben  ou 
Rumby  dans  le  cercle  de  Budweis  (Bo- 
hême), et  ils  figurent  dans  les  documents 
authentiques,  sous  le  nom  de  Horach^  à 
partir  de  1373.  On  peut  voir  les  mem- 
bres les  plus  anciens  de  cette  famille  dans 
V Encyclopédie  auirichienne  ;  il  parait 
quVlle  n'eut  vraiment  de  TécUt  que  de- 
puis le  XVI*  siècle.  Charles  de  Harrach, 
né  en  1570,  mort  en  1638,  fut  le  favori 
de  l'empereur  Ferdinand  II,  qui  lui  con- 
féra le  titre  de  comte.  EaifEST- Albert, 
son  fils  aîné,  né  en  1 598,  mort  en  1 667, 
ca4*dinalet  successivement  archevêque  de 
Prague  et  de  Trente,  se  fit  connaître  dans 
l'histoire  des  troubles  de  la  Bohême. 
FEaDiHAND-BoKAYERTUEE,  né  en  1637, 
mort  à  Vienne  en  1706,  fit,  comme  am- 
bassadeur impérial  à  la  cour  d'Espagne, 
de  vains  eflbrts  pour  faire  assurer  la  suc- 
cession de  la  ligne  autrichienne,  et  laissa 
un  ouvrage  intitulé  Mémoires  et  négo^ 
dations  secrètes  (La  Haye,  1730,  3  vol.) 
renfermant  des  détails  curieux  sur  les 
événements  du  règne  de  Charles  II,  de- 
pub  1695.  Le  oomleALOTS-Locis-THO- 
mas-Ratmond,  fils  de  ce  dernier,  prit  la 
place  de  son  père  dans  l'ambassade  d'Es- 
pagne ;  mais  ayant  réussi  encore  moins 
que  lui ,  il  protesta  au  nom  de  Léo- 
pold  I*'  contre  le  testament  de  Charles  II, 
et^quitta  Madrid  en  1701,  au  mois  de 
janvier.  Nommé,  en  1738,  vice- roi  de 
Maples ,  et,  en  1 7  33,  ministre  des  confé- 
rences, il  mourut  à  Vienne  en  1743.  don 

fils,  FaiDiEIC-AUG17STE-GBaVAlS-PEO- 

TAis,  avança  de  dignité  en  dignité  jusqu'à 
celle  de  gouverneur  général  des  Pays-Bas  ; 
eomme  minbtre  desconférencesimpériales 
il  conclut  la  pais  de  Breslau,  en  1743, 
et  mourut  en  1749.  Jeak-Josefh-Pki- 
LIPPE,  frère  cadet  de  ce  dernier,  fut  nom- 
mé, en  1738,  feldroaréchal  général,  plus 
tard  président  du  conseil  aulique  de 
guerre,  et  mourut  en  1764.  D'autres 
nembrét,  hauts  dignitaires ,  chevalien 


de  la  ToisoB-d'Or,  etc. ,  ont 
jusqu'à  nos  jours  cette  famille,  doalli 
principaux  majoraUsont  Staoil,  AscW 
et  Bruck  sur  la  Leitha. 

La  ligne  cadette  de  Bruck  a  doué| 
jour  à  un  bienfaiteur  de  rhomamté^  ^ 
renonça  à  la  carrière  brillante  où  sa  «h 
sance  l'appelait  pour  se  livrer  wêm,  éim^ 
par  amour  de  la  science  et  dans  le  hi 
de  venir  au  secours  de  ceux  qui 
ce  fut  CHAELEs^BoamoMix, 
Harrach.  Né  à  Vienne,  le  11  mai  lll 
il  étudia  d'abord  le  droit  el  Tadi 
tion,  puis  la  médecine.  Par  la  vi 
son  esprit,  il  fixa  de  bonne  heure  T 
tion  de  Joseph  II  et  des  hommes  ki 
écUirés  de  son  époque.  Après  la  Mit 
l'empereur,  Ch.-Borromée  se  déoût 
place  de  conseiller  de  la  régence  & 
gue  pour  voyager  et  pour  se  livitr 
tièrement  à  la  médecine,  sa  sdeoes 
rite.  Il  exécuta  ce  projet  avec  nas 
persévérance,  et  acquit  une  eon 
étendue  de  toutes  les  découvertes 
nés  faites  dans  la  mé<lecioe  et  dtm 
sciences  naturelles.  Reçu  docteur,  il 
ça  35  ans  gratuitement  la  médedaai 
offrit  à  tous  les  affligés  de  corps  et  d* 
sesconseib  et  les  consolations  de 
Jouissant  d'un  revenu  qui  n'excédiil 
6,000  florins  d'argent,  il  renonça  à 
les  plaisirs  pour  être  en  état  d' 
pauvres  malades.  Les  services  qu*il 
à  rhumanité  souffrante  pendant  ks 
nées  désastreuses  de  1805  et  180§9 
Vienne  et  ses  environs  étaient 
de  malades  et  de  blessés,  appela  sor 
bienveillance  de  Napoléon, 
les  progrès  de  la  médecine  ,  le 
Harrach  ne  resta  pas  étranger  ponr 
aux  productions  des  arts  et<ie  la  6Mli| 
ture.  Sa  maison  était  le  reodcx-vwm  J 
hommes  les  plus  éminents  de  Vîean%  J 
étrangers  et  des  savants  de  tous  les  fÀ 
attirés  par  ses  vastes  oonnaissanoBSyj 
idées  libérales,  son  esprit  séaMllaal»j 
mourut  dans  cette  capitale  le  1**  sitdÉ 
1839.  Son  portrait,  peint,  en  1S31»|I 
AgricoU ,  a  été  gravé  par  Rabl. 

C'est  le  frère  cadet  <ie  os  vrai  aall 
FEEDiKAUD-JosErn,  comte  de  Hamd 
né  le  17  rs  1 763,  qui  est  le 
prini  oe  Liei  iz,  fem 
no* 


HAR 


(601) 


HAR 


frédéric-GuilUame  m  (voy.), 
xmclosioii  de  cette  haute  al- 
re^t  de  &on  royal  gendre \  en 
itre  de  conseiller  privé  actuel 
ré  de  la  grande  croix  de  TAigle- 
it  à  Dresde  depuis  cette  époque, 
à  de  Harrach  est  née  à  Vienne 
1800,  d'une  mère  protestante 
-Christine-Sophie  de  Rayski , 
resde  en  1830),  et  cette  cir- 
fut  cause  qu'elle  fut  élevée 
uvent  à  Presbourg.  Le  roi  de 
li  est  un  habitué  des  eaux  de 
t,  dans  cette  ville,  la  connaia- 
1  jeune  et  aimable  comtesse. 
ises  qualités  que  rehaussait  en- 
;rande  modestie,  il  la  choisit 
agne  de  sa  vieillesse  et  Tépousa 
voir  conféré  le  titre  de  prin- 
legnitz.  Ce  mariage  eut  lieu  à 
bourg  le  9  novembre  1824,  et 
K ,  mais  sans  qu  il  en  résultât 
Le  25  mai  1826,  la  princesse 
oir,  de  sa  pleine  et  libre  vo- 
ein  de  TÉglise  évangélique  de 

C.  L,  et  £nc.  autr, 
[NGTON  (comte  de),  voy. 

et  FOOTE. 

INGTON  (James).  Ce  célèbre 
saquit ,  en  16 1 1  ,  à  Upton  , 
nté  de  Northampton ,  et  fit 
à  Oxford.  Il  visita  ensuite  les 
pays  de  TEurope ,  et,  à  son 
.ngleterre,  il  embrassa  le  parti 
•nt  contre  le  roi  Charles  I^. 
mpagné  à  Newcastle  les  dépu- 
à  ce  dernier  en  1 64  6,  Charles, 
comroandation,  nomma  Har- 
:ntil homme  de  sa  chambre, 
position  ,  on  ne  le  vit  jamais 
principes  républicains,  mais 
travailler  à  une  réconciliation 
i  et  le  parlement.  Cela  ne  suf- 
cour,  et  il  tomba  en  disgrâce. 
1  domination  de  Cromwell ,  il 
"é ,  et  composa  son  célèbre 
ceana  (Londres,  1650).  Dans 
K>litique,  dédié  au  protecteur, 
e  grande  sensation  et  dont  il 
re  une  traduction  française 
Paru,  3  vol.  in-8°  ),  il  influa 
Dt  sur  Fopinion  publique  des 
larrington  exposa  sous  une 
p>rique  Tidéal  de  sa  répubU« 


que,  dont  la  durée  el  la  perfection  dé- 
pendaient, selon  lui,  de  l'équilibre  dans 
les  biens  de  tous  les  citoyens;  nuds  ses 
principes  ne  furent  pas  tous  goûtés  par 
Cromwell  et  ses  partisans;  ib  lui  suscitè- 
rent beaucoup  de  critiques  et  de  que- 
relles. Pour  les  faire  mieux  apprécier  et  les 
répandre  ,  Harrington  fonda  un  club  ou 
une  société  de  disputation,  nommée  Rota^ 
qui  fut  dissoute  après  la  restauration  des 
Stuarts.  Les  écrits  qu'il  publia  dans  la 
suite,  sous  le  règne  de  CharlesP',  le  firent 
enfermer  à  la  Tour  en  1661 ,  et,  quoiqu'il 
fût  renvoyé  absous  du  crime  de  haute- 
trahison  dont  on  l'accusait ,  il  n'en  resta 
pas  moins  longtemps  prisonnier  dans  l'Ile 
de  Saint -Nicolas  .près  de  Plymouth ,  où 
on  l'avait  envoyé  pour  éviter  qu'il  n'in« 
voquât  Tacte  de  Vhabeas  corpus  [voy. 
l'article).  Étant  tombé  malade  à  la  suite 
de  ces  mauvais  traitements ,  il  fut  remis 
en  liberté,  grâce  à  l'intercession  de  ses 
parents  ,  et  mourut  en  1677.        C  X* 

Outre  VOceana,  on  possède  en  frau» 
çais  de  James  Harrington  les  OEuvres 
politiques ,  avec  sa  vie  par  Tolland , 
trad.  fr.  de  Henry,  Paris,  1789,  3  vol. 
în-8**;  et  Jphorismes  politiques  ^  trad. 
fr.  (par  Aubin)  précédée  d'une  Notice 
sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  l'auteur, 
an  lU,  1  vol.  in-12. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ce  publiciste 
avec  le  poète  sir  John  Harrington  ,  pre* 
mier  traducteur  anglais  de  ï  Orlando 
Furioso ,  et  auteur  des  Nugas  antiquœ , 
néenl561,  morten  1612.  S. 

HARRIS  (James),  neveu  de  lord 
Shaftesbury,  se  rendit  célèbre  par  ses 
travaux  philologiques  ou  linguistiques. 
Né  en  1709  à  Close,  dans  le  comté  de 
Salisbury,  il  commença  ses  études  a  Ox- 
ford et  fit  son  droit  à  Lincoln-Inn,  dans 
la  ville  de  Londres.  La  mort  de  son  père 
l'ayant  mis  en  possession  d'une  fortune 
considérable ,  il  abandonna  la  jurbpru* 
dence  et  retourna  dans  sa  province  pour 
s'adonner  entièrement  à  la  littérature 
classique.  Il  débuta  dans  la  carrière  des 
lettres  par  un  ouvrage  didactique  dialo- 
gué, intitulé  Three  treatises^  the  first 
concerning  art ,  the  second  concerning 
music ,  painting  and  poetry^  the  third 
concerning  happiness  (Trois  traités,  l'un 
concernant  l'art  en  général  ^  l'autre  U 


HAR  '  502  ) 

musique,  la  peinture  et  la  poésie ,  et  le 
troisième  le  bonheur  j,  Londres,  1744. 
Il  publia  ensuite  une  grammaire  philoso- 
phique sous  ce  titre  :  Hermès^  ora  phi^ 
hsnphical  inquity  conceming  universal 
gtammar(Htrmt5,  ou  Recherches  phi- 
losophiques sur  la  grammaire  générale) , 
Londres,  1781,  4*édit.,  1786  (traduct. 
franc.,  parThurot,  Paris,  an  IV,  in-8*). 
Harris  avoue  lui*méme  que  c^était  la 
Minerva  de  Sanctius  qui ,  la  première, 
l'avait  conduit  à  Tétude  approfondie  des 
principes  de  la  grammaire  générale.  Il 
fixe  les  éléments  du  langage  d*après  les 
lois  de  la  logique  et  de  la  métaphysi- 
que, et  établit  des  comparaisons  entre  les 
langues  anciennes  et  modernes;  mais 
malheureusement  il  ignorait  les  anciens 
dialectes  des  peuples  du  Nord.  Indépen- 
damment des  sciences  exactes ,  il  s'occu- 
pait particulièrement  de  musique.  En 
1 76 1 ,  le  bourg  de  Christ -Church  envoya 
James  Harris  an  parlement ,  où  il  siégea 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  33  décembre 
1780.  Nommé,  en  1763,  lord  de  l'ami- 
rauté, et,  en  1763,  lord  trésorier,  il  dé- 
posa, en  1765,  cette  dernière  charge  et 
vécut  sans  fonctions  publiques  jusqu'en 
1774,  où  il  accepta  la  place  de  secrétaire 
et  de  contrôleur  de  la  reine.  Ses  Philo- 
sophical  Inquiries  (  Recherches  philo- 
sophiques, en  3  vol.,  Londres,  1781) 
ne  parurent  qu'après  sa  mort,  et  ren- 
ferment une  histoire  de  la  critique  et  des 
réflexions  sur  le  goût  de  la  littérature 
ancienne  et  moderne,  surtout  dans  le 
moyen-ige  (trad.  fr.,  Histoire  littéraire 
du  mnyen-éfge^  Paris,  1785,  in- 13). 

Son  fils,  sir  James  Harris,  le  célèbre 
diplomate,  qui  fut  créé,  en  1788,  baron, 
et,  en  1800,  comte  de  Malmesbury  et  vi- 
comte Fitz-Harris  {vny,  Malmesbuet), 
donna  une  édition  complète  de  ses  Œu- 
vrer, Londres,  1801,  3  vol.  in -8^.  CL, 

Un  autre  Anglais  du  même  nom,  Mo- 
sis  Harris ,  était  un  entomologiste  di;*- 
tingué.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  ri- 
chcment  ornés  de  planches  et  presque 
toujours  publiés  à  la  fois  en  anglais  et  en 
français ,  nous  citerons  rAurélien  ,  ou 
Histoire  naturelle  des  chenilles^  chry» 
salfdfs ,  phalènes  et  papillons  anglais^ 
avec  les  plantes  thnt  ils  se  nourrissent , 
^ic,  Londret|  1794^  1  toI.  grand  in-fol. 


MAR 

avec  44  pi.  coloriées.  La   l" 
l^Jurélien  avait  paru  l'an  1766 
glais  seulement. 

HARRISON(JoHir),  inwo 
chronomètres  (voy,)  ou  mooti 
rines  exactes  et  portatives  dont  o 
pour  déterminer  les  longitudes  (v» 
quit,  en  1693,  à  Foulby,  dansl 
d'York,  où  il  apprit  de  son  père 
charpentier.  La  grande  imperfec 
montres  porta  Harrison ,  qui  av 
le  génie  de  la  mécanique ,  à  inve 
1736,  un  nouveau  balancier.  A] 
voir  adapté  avec  succès  à  deux 
faites  presque  entièrement  en 
travailla  depuis  sans  relâche  & 
tionner  son  invention  {voy,  H< 
eie);  enfin,  en  1736,  il  tem 
montre  marine,  dont  il  fit  Thenn 
dans  un  voyage  à  Lisbonne.  En 
la  Société  royale  accorda  a  Har 
médaille  de  Copley,  comme  prix 
vention  la  plus  utile.  Une  autre 
marine  confectionnée  avec  plus 
titude  encore,  terminée  en  17( 
laquelle  il  donna  le  nom  de  timt 
(garde- temps),  fut  emportée  < 
voyage  à  la  Jamaïque,  et  marcbi 
que  HarrisoD  put  prétendre  aa 
30,000  liv.  sterl. ,  fixé  pour  Hi 
d'une  montre  marine.  Il  ne  put 
la  seconde  moitié  du  prix  qu'c 
John  Harrison  mourut  en  1776; 
vrage  :  Description  conceming  s 
chanism  as  tvill  afford  a  niet 
mensuration  oj  time^  Londm 
(dont  il  parut  une  traduction  i 
sous  ce  titre  :  Principe  de  la  uk 
Harrisfin^  avec  les  planches  relat 
le  P.  Pézenas  ,  Avignon  [Paris] 
in-4®),  laisse  a  désirer  par  rap] 
forme;  mais  il  ne  faut  pas  oubli 
jugeant  qu'Harrison  a%ait  été  | 
toute  éducation  littéraire. 

Quant  à  Thomas  Harrison,  I 
juges  de  Charles  I***,  et  qui  fut 
général  major  par  le  lon^  Parlefl 
sait  qu'il  fut  condamné  à  mort 
restauration  de  Charles  II,  et 
publiquement  en  1660. 

HARTLRY  (Davi d>  ,  naquit  i 
worth  ,  le  30  août  1705.  Il  se  < 
d'abord  à  Tétat  ecclésiastique,  i 
rété  par  des  scrupules  sur  les  tf 


HàR 


(503) 


HAR 


ituent  la  profession  de  foi  de 
nglkane,  il   tourna   désormais 
fforts  Ters  Tétude  de  la  méde- 
n*avajt  été  qu^un  médecin  lia- 
>gre  et  charitable ,  tel  quMl  se 
mr  à  toar  à  Newark,  à  Londres 
y  ion  nom  serait  probablement 
lais,  doué  d'un  prodigieux  savoir 
assait  toutes  les  branches  de  la 
lie  naturelle  et  spéculative,  mé- 
m  profond  quoique  bizarre,  son 
nr  l'origine  des  phénomènes  in- 
s  suffira  ]>our  le  sauver  de  Tou- 
curs  brochures  et  articles  insé- 
les  recueils  scientifiques  de  1738 
m  faveur  de  l'inoculation  ,  d'un 
i»olvantde  la  pierre  imaginé  par 
>iselle  Stephens,  etc.,  n'avaient 
on  intérêt  de  circonstance.  Ce- 
c^est  à  la  suite  d'un  de  ces  pam- 
5r  Uthontriptico  à  /.  Stephens 
tvento ,  Leyde ,  1 74 1 ,  et  Bath , 
le  l'on  trouve  sous  forme  d'ap- 
et  sous  ce  titre  :  Conjecturœ 
de  sensu  y    motu  et  idearum 
one ,  la  première  exposition  de 
e  psychologique  qu'il  développa 
ans  son  grand  ouvrage.  Ce  der- 
tnlé  Observations  sur  Vhomme^ 
misation^  ses  devoirs  et  ses  es- 
r,  1749,  3  vol.  in-8«,  fut  réim- 

0  1791,  par  les  soins  de  son  fils, 
notes  et  des  additions  traduites 

sur  allemand  Pistorius,  et  un 
r  la  vie  de  l'auteur.  Ce  livre  a 
lit  en  français ,  longtemps  après 
i  autres ,  avec  des  notes  expli- 
eSicard  (Paris,  1802,  2  vol. 
Hartley  prétend  y  expliquer 
lomènes  des  idées,  du  raison- 
,  de  la  mémoire  et  de  l'ima- 
,  par  une  certaine  faculté   de 

1  qu'il  attribue  aux  nerfs  et  au 
Cette  théorie  réfutée  par  Ilaller, 
t  par  Priestley,  adoptée  en  par- 
ris  jours  par  le  poète- métaphyal- 
eridge  [voy,  ces  noms),  n'est  pas 
ilogie  avec  les  doctrines  moder- 
ont  cherché  dans  l'encéphale  et 
tystème  nerveux,  le  siège  des  fa- 
tel  lectuel  les.  David  Hartley  mou- 
ith  le  28  août  1757. 

ils  y  David  Hartley,  membre  du 
ot^  fut  ravteor  de  la  première 


motion  pour  l'abolition  du  commerce  des 
esclaves.  Il  se  fit  aussi  remarquer  par  son 
opposition  vigoureuse  à  la  guerre  entre 
l'Angleterre  et  les  colonies  d'Amérique  y 
et  fut  l'un  des  plénipotentiaires  chargés 
de  négocier  la  paix  avec  Franklin,  à  Paris. 
Il  est  mort  le  19  décembre  1813.  R-t. 

HARTillANN   VON   DER   AUE , 
voy,  AuK, 

HARUSPICES,  voy-  Aeuspiczs. 
HAR VEY  (William)  ,  médecin  an- 
glais,  célèbre  par  la  découverte  de  la  cir- 
culation du  sang,  phénomène  ignoré  od 
du  moins  incomplètement  connu  avant 
lui,  naquit,  le  2  avril  1578^,  à  Folkstone, 
dans  le  comté  de  Kent,  et  mourut,  le  8 
juin  1658,  à  Hempstead ,  dans  le  comté 
d'Essex,  où  il  fut  inhumé  et  où  on  lui 
éleva  un  monument.  Ses  études  médica- 
les eurent  lieu  d'abord  dans  sa  patrie , 
puis  en  Italie,  où  il  se  rendit  après  avoir 
visité  la  France  et  l'Allemagne  ;  ce  fut  à 
Padoue  qu'il  les  termina,  sous  les  auspices 
du  célèbre  Fabrizio  d'Acquapendente,  et 
qu'il  prit  le  titre  de  docteur  à  l'âge  de  24 
ans;  après  quoi,  il  revint  s'établir  à  Lon- 
dres ,  et ,  s'étant  fait  recevoir  au  collège 
des  médecins  de  cette  ville,  il  fut  nommé 
médecin  de  l'hôpital  de  Saint -Barthé- 
lémy.  Ce  fut  à  la  fois  un  observateur 
plein  de  sagacité  et  un  praticien  remar- 
quable. Il  fut  attaché  à  la  personne  de 
Jacques  I^'^  et  de  son  successeur  Char- 
les V^  ^  qui  tous  deux  l'honorèrent  de 
leur  estime  et  de  leur  confiance,  et  aux- 
quels il  fut  fidèlement  dévoué.  Il  se  livra 
aussi  à  l'enseignement,  et  ce  fut  dans  le 
cours  de  ses  leçons,  en  1619,  qu'il  fit 
CQnnattrepourla  première  fois  sa  décou- 
verte de  la  circulation  du  sang,  qui  ne 
fut  publiée  par  la  voie  de  l'impression 
que  neuf  années  plus  tard  [Exercitatio 
anatomica  de  motu  cordis  et  sanguin 
nis  in  animalibus^  Francf.-sur-le-BI. , 
1628,  in-4<*).  On  sait  quelles  contro- 
verses souleva  cette  nouvelle  scientifique, 
et  combien  Harvey  eut  à  souffrir.  A  ces 
tribulations  vinrent  se  joindre  les  mal- 
heurs plus  graves  encore  de  la  guerre  ci* 

(*)  Ifoos  troQTODS ,  dans  VEncjrdopadia  Bri- 
tanniea,  iSôg  pour  Tannée  de  la  naissance,  et 
1657  gour  Tanuée  de  la  mort.  Dana  le  C.  L. , 
même  date  pour  la  mort,  mais  rS^S  pour  la 
aaisiavco.  8.  . 


HAR  (  504  ) 

▼île.  La  maison  du  médecin  favori  du  roi 
fut  pillée  pendant  qu*il  accompagnait  son 
maître  infortuné.  Il  supporta  le  tout  avec 
fermeté  y  se  réfugiant  dans  la  retraite  et 
daus  Tétude.  Cependant  justice  lui  fut 
rendue  même  de  son  vivant:  en  1651,  le 
collège  des  médecins  de  Londres  lui  éri- 
gea une  statue  dans  la  salle  des  Actes. 
Uarvey  refusa  la  présidence  du  collège, 
et  se  démit  même  de  ses  fonctions  de 
professeur,  après  avoir  fait  don  à  l'éta* 
blissement  qu^il  avait  illustré  d*une  salle 
d*as8emblée,  d^une  collection  de  livres  ra- 
res et  d^instruments  de  chirurgie.  Il  avait 
été  quelque  temps  président  du  collège 
de  Mer  ton. 

Avant  Harvey,  les  éléments  de  sa  dé- 
couverte, s*il  est  permis  de  s'exprimer  ain- 
si ,  avaient  été  déjà  rassemblés  :  il  eut  la 
gloire  de  les  coordonner  et  de  les  démon- 
trer  d'une  manière  irrécusable.  Michel 
Servet,  quelques  années  avant  lui,  avait 
presque  trouvé  la  même  vérité,  et  Tavait 
signalée  dans  un  ouvrage  étranger  à  la 
médecine,  il  est  vrai. 

Les  travaux  d'Hanrey  ne  se  bornèrent 
point  à  cette  découverte  :  la  physiologie 
tout  entière  fut  Fobjet  de  ses  recher- 
ches. Il  s'occupa  particulièrement  de  la 
génération  des  animaux ,  et  le  roi  Char* 
les,  qui  s'intéressait  à  ses  travaux,  fit  met- 
tre à  sa  disposition  un  certain  nombre 
de  biches  pleines  pour  qu'il  pût  les  dis- 
séquer. L'ouvrage  très  remarquable  qu'il 
publia  sur  celle  matière  est  intitulé 
Extrvikuiones  de  generaiione  anima» 
Uumy  quitus  accédant  g  uœdam  departu^ 
de  membntnis  ti  humoribus  uteri  et  de 
eonceptione^  Londres,  1651,  in-4<*.  Ces 
deux  écrits,  auxquels  il  n'y  aurait  plus  à 
ajouter  qu'un  très  petit  nombre  d'autres, 
ont  eu  de  nombreuses  éditions  et  ont  été 
traduits  en  plusieurs  langues.  Les  œuvres 
complètes  d'Harvey  ont  été  publiées  à 
Londres  en  1766,  2  vol.  in-4«.    F.  R. 

HARZou  FoaÈT  HKacviiiEifiiE  [Her^ 
cjrniajtjrUti).Sou%  et  uom^  on  désigne  une 
chaîne  de  montagnes  isolée  qui  ne  com- 
munique que  par  le  pays  élevé  d'Eichs- 
feld  avec  la  forêt  deThuringe  (t^/-)>  ®^ 
qui,  s'étendantdu  nord-ouest  au  sud-est, 
ou  de  Seesen  jusqu'à  Mansfeld,  a,  sur  une 
largeur  moyenne  de  4  milles  géogr., envi- 
ron IS  milles  àt  longueur.  Son  étendue 


HAR 

est  fixée  par  une  ligne  tirée  à  In 
feld,  Ermsleben,  Gemrode, 
bourg,  Altenrode,  Seesen, 
Appenrode  et  Herigsdorf.  i 
Harz  antérieur  les  hanleon 
l'ouest  et  au  sud  en  dehors  de 
La  petite  partie  nord-ouest  de 
tagnes ,  et  en  même  temps  la  p 
est  appelée  Harz  supérîrur^ 
la  partie  méridionale  s'appelle 
férieur.  L'une  est  couverte  de 
l'autre,  au  contraire,  de  bob  i 
quoique  moins  élevée ,  elle  est 
et  plus  rocailleuse.  La  prioci| 
mités  du  Harz  sont  :  le  Br 
Blocksberg  (vo^.),  qui  a  S,49< 
Heinrichshœhe  {  hauteur  de  1 
3, 168  pieds;  le  Bruchherg^  S,i 
la  Àchtermannshœhe ^  3,706 
petit/f'//i/ffr^/îl^(la  petite  Mon 
ver),  3,682  pieds  ;  les  Feuersi 
res  à  feu),  3,680  pieds;  le  /f 
3,667  pieds  ;  le  KaltUnher\ 
pieds;  et  le  RammeUberg^  1,! 
Le  pays  montagneux  et  boisé 
plus  de  64  milles  carrés  geogr.  * 
et  56,000  habitants,  établis  dan 
plusieurs  bourgs  et  villages,  di 
novre  possède  la  plus  grande 
y  trouve  en  abondance  des  bi 
tières,  des  truffes,  des  planU 
les  et  de  la  mousse  d'Islande;  < 
excellents  pâturages  servent  à  i 
troupeaux  considérables.  Oo  i 
que  peu  de  blé ,  et  presque  «i 
de  l'avoine  ;  cependant  dans  le 
rieur,  on  a  commencé  à  se  Uvn 
culture.  On  n'y  manque  pna 
de  toutes  espèces;  mais  ce  a 
culièrement  les  minéraux  qu 
la  richesse  de  ce  pays.  Aussi 
ci  pale  branche  d^industrie  des 
du  Ilarz  consiste- t-el le  dans  1 
lion  des  mines  d'argent,  di 
plomb,  de  cuivre,  de  xinc, 
de  manganèse ,  de  vitriol ,  de 
marbre,  d*albâtre ,  etc.  Quant 
n'est  que  dans  le  Rammeûberf 
a  découvert  un  peu.  A  cause  di 
on  y  frappait  autrefois  des  di 
l'inscription  :  £jc  aura  Herej 
On  peut  consulter  sur  !•  Û 
ses  diverses  curiosités,  IcUea  q» 
ken  y  la  Roastrappe ,  la  grntU 


HAS 

(vof.),  la  vallée  romtntiqae  de 
le  bain  <rAleiîs,  etc.,  l'ouvrage  de 
Taschenbuch  fiir  Reisende 
^iulf il  ITars  (Manuel  des  Voyageurs  dans 
rBan),  3«  édit.,  Magdebourg,  1827,  et 
inn,  das  H'trzgfbirge^  etc.  (les 
da  Harz),  2  yol.,  Darmstadt , 

C.  £. 

■ASARD,  mot  sans  doute  dérivé  de 

r;  mot  vague,  qui  n*ei prime  rien  de 

liné  y  rien  de  clair,  mais  qui ,  jus- 

it  à  cause  de  cela,  est  volontiers 

ijé  par  rhomme  pour  désigner  ce 

S'il  necoinprend  pas,  et  pour  s'éviter 
pane  d*en  rechercher  les  causes  secrè- 
,  les  mystérieuses  combinaisons. 
^*  La  vie  est  si  courte ,  si  éphémère,  en 
iHqparaison  de  Téterniléy  que  la  plu- 
fat  des  événements  et  des  phénomènes 
Edle  présente  ne  sont  à  nos  yeux  que 
icîrooastances  isolées,  sans  suite,  sans 
Csxioo  apparente  :  aussi  trouvons- 
fort  commode  de  les  expliquer  par 
||i  aenl  mot,  le  hasard.  Il  est  vrai  que 
pria  n'explique  rien  du  tout  et  qu'une 
iBralledéfinition  tombe  devant  le  moin- 
pe  raisonnement;  mais  il  est  si  pénible 
liraiaooner  et  si  agréable  d'avoir  recours 
\(tm  mou  élastiques  qui  nous  en  évitent 


Le  hasard  a  eu  des  autels,  il  en  a 
encore.  On  s'est  imaginé  d'é- 
'  ainsi  à  la  nécessité  de  reconnaître 
pk  Diea  créateur,  qu'il  faut  adorer  sans 

evoir  comprendre  son  essence,  et  l'on 
pat  va  qu'on  ne  faisait  que  substituer 
■laom  à  un  autre  nom,  une  force  aveu- 
li, fatale,  à  une  puissance  intelligente; 
jH  ^i,  en  présence  des  découvertes  de 
kecienoe  ,  des  merveilles  de  Torganisa- 
|l»et  du  développement  de  l'esprit  hu- 
Mb ,  était  une  flagrante  absurdité.  Mais 
b  adence  elle-même  a  plus  d'une  fois 
iSert  l'exemple  de  cette  étrange  aberra- 
fai,  et  prétendu  attribuer  à  la  seule  ac> 
im  du  hasard  les  admirables  combinai- 
taa  des  substances  élémentaires.  Cepen- 
hMy  comme  pour  donner  un  démenti  à 
'tions  présomptueuses,  elle  avait 
temps  bien  soin  de  ne  procé- 
br  qu^avec  ordre  et  méthode  dans  ses 
Bckcârches  sur  les  lois  qui  régissent  l'u- 
hcrs,  et  de  signaler  comme  des  inlelli- 
sopérieures  tous  les  hommes  dont 


(  505  )  HAS 

le  génie  parvenait  à  surprendre  le  moin« 
dre  secret  de  ce  prétendu  hasard.  Singu- 
lière contradiction,  qui  prouve  combien 
est  violent  Tamour-proprc  de  l'homme  ! 
Il  s^irrile  de  ne  pouvoir  percer  des  mys- 
tères au-dessus  de  sa  portée,  et  préfère 
les  nier  quoiqu'ils  le  cernent  et  le  pres- 
sent de  toutes  parts.  Plutôt  que  de  re- 
connaître un  Père  sage  et  bon ,  auquel 
il  doit  amour  et  reconnai5sance  {yoy. 
Dieu),  il  consent  à  se  proclamer  Tesclave 
d^une  tyrannie  aveugle  ,  d*uue  fatalité 
brutale  %  quMI  peut  maudire  et  accu- 
ser de  tous  ses  maux,  dont  il  est  souvent 
lui-même  l'auteur.  Notre  intelligence 
bornée  refuse  obstinément  de  s'humilier 
devant  la  supériorité  d'une  intelligence 
sans  limites. 

Heureusement  les  sectateurs  du  hasard 
ne  sont  plus  nombreux  ;  ses  autels  ont  été 
renversés,  et  sa  domination,  devant  la- 
quelle s'inclinaient  tous  les  dieux  du 
vieil  Olympe,  ne  s'étend  plus  guère  que 
sur  les  détails  de  Texistence  terrestre. 

Dans  la  vie  commune,  on  appelle  ha- 
sard tout  événement  imprévu ,  résultat 
de  circonstances  diverses  dont  la  combi- 
naison échappe  à  notre  esprit  et  s'est 
faite  sans  la  participation  directe  de  notre 
volonté.  F€)y,  Destin  ,  Fatalité. 

Quelquefois  il  arrive  que  ces  combi- 
naisons se  renouvellent  à  certaines  épo- 
ques ,  ou  font  concorder  certains  évé- 
nements entre  lesquels  il  nous  est  im- 
possible de  découvrir  aucune  relation 
quelconque.  C'est  ce  qu'on  appelle  les 
jeux  du  hasard;  la  superstition  s'en  est 
souvent  servie  pour  renforcer  son  em- 
pire sur  les  esprits  faibles.  Ces  concor- 
dances bizarresont  probablement  enfanté 
plus  d'un  préjugé ,  espèce  de  culte  gros- 
sier rendu  au  hasard  par  l'ignorance. 

Sans  dissiper  entièrement  l'obscurité  de 
ces  mystérieuses  combinaisons,  les  hautes 
mathématiques  ont  essayé  d^en  peser  les 
chances  diverses ,  et  le  calcul  des  proba- 
bilités {voy,)  est  arrivé  à  des  résultats  fort 
curieux;  mais  il  n'a  guère  réussi  qu'à 
nombrer  et  classer  les  effets ,  sans  pou- 
voir remonter  aux  causes,  dans  le  dédale 


(*)  Fors  ou  Son,  De  là  le  mot  latin  easmt 
/ottuilut ,  et  rexpreuioa  française  évéoemeot, 
cas /orim'O  chose  arrivée /;rf«iir«iRenl,  qaW  ne 
poarait  pas  préroir,  lî, 


ilAS 


(ÔU6) 


HAS 


desquelles  Pespritse  perd  trop  facilement. 

On  dit  aussi  le  hasardde  ta  naissance^ 
pour  exprimer  les  circonstances  incon- 
nues qui  ont  fait  naître  un  homme  dans 
telle  ou  telle  classe  de  la  société.  Ici ,  en- 
core, la  souplesse  et  ^insignifiance  du 
mot  hasard  ont  paru  commodes  pour 
remplacer  Pexplication  d'un  phénomène 
mystérieux  et  impénétrable.        J.  Ch. 

Jeux  de  hasard,  voy.  Jeux. 

HASCHISCH,  voy.  Hachisch  et  As- 
sassins. 

HASE  (Charles -Benoit)  ,  Tun  des 
meilleurs  hellénistes  de  cette  époque, 
naquit,  le  1 1  mai  1 780,  à  Suiza,  près  de 
NaumbourgfOÙson  père  était  premier  pas- 
teur. Il  fit  ses  premières  études  au  gym- 
nase de  Weimaroù  il  eutBœttîger  [voy,) 
pour  professeur.  Ce  fut  pendant  son  sé- 
jour aux  universités  dléna  et  de  Helm- 
fttedt  que ,  d'après  le  conseil  de  son 
parent  ,  le  théologien  Henke  (  voy,  ) , 
il  se  décida  à  suivre  la  carrière  des 
études  philologiques.  En  1801  ,  il  ar- 
riva à  Paris,  spécialement  recommandé  à 
Millin  et  à  d'Ansse  de  Villoison.  Ce  der- 
nier, qui  conservait  d'agréables  souvenirs 
d^un  séjour  momentané  à  Weimar,  ac- 
cueillit le  jeune  homme  avec  une  bien- 
veillance toute  paternelle,  et  le  présenta 
au  comte  de  Chuiseul-Gouffier  qui  venait 
de  terminer  son  ambassade  de  Constan- 
tinople  et  son  voyage  en  Grèce.  L^ancien 
ambassadeur  le  chargea  de  la  publication 
des  Œuvres  inédiles  de  Jean  Lydus,  dont 
le  manuscrit  unique  lui  avait  été  donné 
en  Grèce  par  le  prince  I^forousi.  Ce  pre- 
mier travail,  plutôt  ébauché  alors  que 
vraiment  commencé,  décida  de  Tavenir 
du  jeune  helléniste.  Nommé,  en  1805,  à 
la  place  modeste  d'employé  au  départe- 
ment des  manuscrits  grecs  de  la  Biblio- 
thèque impériale,  il  devint  le  collabora- 
teur des  hommes  savants  chargés  de  la 
publication  des  Notices  et  Extraits;  et, 
en  1816,  il  fut  appelé  à  l'École  royale  et 
spéciale  des  langues  orientales  vivantes 
comme  professeur  de  paléographie  grec- 
que et  de  langue  grecque  moderne.  Re^u 
membre  de  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles- Lettres  en  1824,  à  la  place  de 
Bernardi,  il  fut  nommé  en  1828  cheva- 
lier de  la  Légion-d'Uonneur,  en  1830 
frofeneur  de  laD^ae  et  de  UtléraUire  al- 


leiàaudes  à  PÉcole  Polytechnique,  d  i 
succéda  en  1833  à  M.  Gail,  comme  hai 
des  conservateurs-administrateurs  dt  I 
Bibliothèque  royale,  ao  département  li 
manuscrits.  En  1837,  il  entreprit  m 
voyage  littéraire  en  Grèce,  et ,  peadiÉ 
son  séjour  à  Athènes ,  le  roi  Othoa  lit 
conféra  la  croix  de  Tordre  du  Saavffli 
En  1839,  il  fut  chargé  avec  MM.  IUmI* 
Rochette,  Jomard ,  Jaubert,  WalckeMi 
et  Dureau  de  Lamalle,  de  rédiger  un  rip 
port  sur  les  recherches  géographîqMf| 
historiques  et  archéologiques  il  entrepraÉ 
dre  dans  PAfrique  septentrionmle.Celi 
pour  lui  roccasiond*un  voyage  en  AlgM 
où  il  visita  Alger,  Bougie,  Philipperfl^ 
Bone,  Blidah  et  une  partie  de  TAtlii» 

Les  hautes  études  philologiques  pm 
qnes  doivent  à  BI.  Hase  une  très  gnal 
partie  du  progrès  quVlles  ont  (ait  i 
France  depuis  40  ans.  Comme  éditeor^ 
plusieurs  ouvrages  importants  sauvés  fi 
lui  de  ToubLi  et  de  la  poussière  des  H 
bliothèques,  ce  fut  dans  les  Noiietti 
Extraits  qu*il  commen^  ses  tavaiN 
publications,  à  partir  de  Tannée  I8tt 
Le  t.  VIII  de  cette  collection  contîest^ 
lui  les  trois  articles  suivants  :  1*  ?loll 
sur  Dracon  de  Stratonicée,  auteur  4t% 
traité  sur  les  différentes  sortes  de  fi 
[Wtpl  fiirptav;  Touvrage  complet  de  Dh 
con  fut  publié  plus  tard  par  M.  Hl 
mann,  Leipzig,  1813);  3*  Notietfl 
Thistoire  de  Léon  Diacre,  avec  le  M 
grec  et  la  traduction  latine  du  G*  litfi 
8®  Notice  d*un  ouvrage  de  TempAV 
Manuel  Paléologue  intitulé  EntrtùÊ^ 
avec  un  professeur  mahométam.  € 
trois  notices  fqrent  publiées  à  part  M 
le  titre  de  Recueil  de  mémoires  sar  é 
jérents  manuscrits  grecs  de  la  BibU 
thèqne  impériale  de  France^  l"*  |«ll 
Paris,  Impr.  imp. ,  1810,  in-4*. 

Dans  le  t.  IX  des  Notices  et  Extnà 
(Paris,  1813,  il  fit  paraître  une  ood 
de  trois  pièces  satiriques  imitées  à» 
Néi  yomantie  de  Lucien  ;  le  Timttrim 
dialogua  satirique,  s*y  trouve  impril 
tout  entier  pour  la  première  fois,  accM 
pagné  d*une  traduction  latine  et  defl 
vantes  notes  écrites  aussi  en  btia.  1 
Dialogue  des  morts  ou  le  Séjour  i 
Afazari  aux  enfers^  dont  M.  Hasei\ 
Tait  donné  qu^nne  i  nalyte ,  fol  tapria 


BAS 


(507) 


HAS 


I  par  M.  Boissonade  dans  le  t.  MI 
fêedoia  Grœca,  En  1 827,  enfin, 
dans  le  t.  XI  des  Notices 


uts  une  analyse  suivie  de  tous  les 
portants  de  Thistoire  inédite  de 
ivie,  composée  en  moldave  par 
MÊliu  y  et  traduite  en  grec  mo- 
r  Alexandre  Amiras. 
I  ces  notices  de  M.  Hase  se  dis- 
é^lement  par  une  fine  appré- 
ittéraire,  par  une  connaissance 
phique  très  étendue,  par  un  sa- 
ologique  et  historique  aussi  varié 
ood  ;  mais  ces  premiers  travaux, 
t  si  remarquables,  ne  sont  pas 
«su  titre  de  M.  Hase  à  Testime 
énbtes.  Aidé  par  la  générosité 
d  -  chancelier  de   Tempire  de 
le   comte  Nicolas  Romanzof, 
fé  par  les  souscriptions  du  gou- 
nt  français  et  du  gouvernement 
,  M.   Hase  a  pu  faire  paraître, 
y  à  Timprimerie  royale  de  Paris, 
applément  à  la  collection  Byzan- 
r.  j  du  Louvre,  ThUtoire  jusqu'a- 
lite  de  Léon  Diacre,  dont  il  avait 
JD  livre  seulement  dans  les  No^ 
Extraits  cités  ci*dessus.  Ce  ma- 
volume  in-fol.,  qui  contient  en 
usienrs  auteurs  inédits  du  même 
ut  reçu ,  à  son  apparition ,  avec 
honneurs  quMl  méritait  ;  mais  les 
ires  destina  pour  la  Russie  péri- 
»  un  naufrage  sur  la  mer  Balti- 
roonstance  fatale  qui  rendit  ce 
très  rare  dans  la  librairie  :  aussi 
re  historien  Niebuhr  s'empressa- 
rétmprimer  Touvrage  enrichi  de 
(pr  de  notes  inédites  de  M.  Hase , 
comprendre  dans  sa   nouvelle 
m  des  auteurs  de  Thistoire  By* 
,  publiée  à  Bonn;  Léon  Diacre 
iujourd*hui    le   t.    IX    (1828) 
collection.  Ce  qui  rend  cet  ou* 
marquable ,  c^est  moins  son  im- 
e    historique .  que  le  relief  que 
»  a  su  donner  au  texte  en  Téclair- 
de  tontes   les  lumières  que  lui 
aient  une  immense  érudition  bis- 
et une  connaissance  complète  de 
tje  grecque,  depuis  Homère  jus- 
chute  de  Fempire  de  Constanti- 

]Mm  n'aTiit  pas  otiblié  le  legs  phi- 


lologique que  lui  avaient  fait  d'Anase  d« 
Yilloison  et  le  comte  de  Choiseul-Gonf- 
fier;  il  y  revint  vers  Tannée  1820.  Dès 
1 8 1 2,  M.  J.-D.  Fuss  avait  publié  de  Jean 
Lydus,  d'après  le  même  manuscrit  inédit, 
Touvrage  I)e  ma^istratibus  reipuhticœ 
Romattœ  lihri  III  ^  accompagné  d*une 
traduction  latine  et  de  notes  critiques  , 
dont  M.  Hase  fit  la  préface,  intitulée 
Commentarius  de  J,  L,  Philatlelphcno 
Lydo  cjusque  scriptis;  morceau  égale- 
ment remarquable  pour  son  importance 
littéraire  et  par  la  pureté  de  la  diction 
latine.  Il  faut  joindre  à  cette  publication 
les  notes  que  Reuvens  a  insérées  dans  ses 
Coilectanea  litterarùt,  Leyde,  1815, 
et  YEpistotû  eritica  publiée  par  M.  J.- 
D.  Fuss  à  Bonn  ,  1821.  Ce  fut  en 
1823  que  sortit  des  presses  de  Flmpri» 
merie  royale  de  Paris  le  Lydus  de  Os^ 
tends ,  avec  un  fragment  du  livre  de 
Mensibus.  La  restitution  du  texte  grec 
de  Lydus  devait  être  d'autant  plus  dilB» 
cile  pour  1^1.  Hase  que  le  manuscrit  rap- 
porté de  Grèce  avait  séjourné  pendant 
de  longues  années  dans  un  tonneau  de 
vin  rouge ,  placé  dans  la  cave  d'un  mo- 
nastère habité  par  des  cénobites  peu  sou- 
cieux de  conserver  intacte  leur  biblio- 
thèque. Dans  ce  séjour  insolite,  le  pré- 
cieux manuscrit  s'était  complètement  al- 
téré au  commencement  et  à  la  fin.  Aussi 
ne  connaissons -nous  rien  qui,  dans  la 
philologie  actuelle ,  soit  comparable  à  la 
restitution  totale  de  ces  pages  si  lacérées 
et  si  pleines  de  lacunes. 

Depuis  cette  époque,  M.  Hase  participa 
pendant  plusieurs  années  à  la  rédaction 
du  Journal  des  Savants,  En  1832,  lors 
de  la  mort  de  M.  A  bel  Rémusat ,  il  y  fut 
associé  en  qualité  de  collaborateur.  La 
part  active  qu'il  prend ,  conjointement 
avec  MM.  Guillaume  et  Louis  Dindorf , 
à  la  nouvelle  édition  du  Thésaurus  lin^ 
guce  Grœcœ  de  Henri  Estienne,  publiée 
par  MM.  Didot  {yoy^j^  à  Paris ,  la  em- 
pêché jusqu'à  présent  de  faire  paraître, 
comme  suite  de  Léon  le  Diacre,  l'histoire 
inédite  de  Michel  Psellus,  et  la  chroni- 
que, également  inédite,  de  George  Ha- 
martolus. 

Comme  professeur  de  paléographie 
grecque  et  de  grec  moderne,  M.  Hase 
iut|  par  un  enseignement  aussi  varié  ipie 


BAS 


(508) 


BAS 


profond, sVntourer  d*an  auditoire  choisi. 
Il  est  sorti  de  son  école  plus  d^un  jeune 
helléniste  assis  aujourd'hui  sur  les  bancs 
de  riustitut  ou  au  Paiais-Bourbon.  En 
même  temps  il  s^efforçait ,  en  sa  qualité 
de  conservateur  des  manuscrits  grecs  de 
la  Bibliothèque  royale,  d*aider  dans  leurs 
recherches  et  de  diriger  par  d'utiles  con- 
aeils  les  Françab  ou  étrangers  studieux 
que  ces  inépuisables  trésors  ne  ces- 
sent d'attirer.  Il  serait  trop  long  d*énu* 
mérer  ici  les  ouvrages  de  haute  érudition 
dédiés  à  M.  Hase  par  la  reconnaissance 
des  étrangers  ou  des  nationaux  aux  suc- 
cès desquek  il  avait  ainsi  contribué. 

Avec  tant  d'admirateurs ,  il  n'a  pas  eu 
un  seul  ennemi  :  ce  fait  honore  trop  la 
modestie  de  M.  Hase  pour  qu'il  ne  soit  pas 
juste  de  le  consigner  ici  comme  un  exem- 
ple rare  dans  les  circonstances  au  milieu 
desquelles  nous  vivons.         L.  de  S-r. 

HASLI  (  viULuLs  DE  ) ,  dans  le  canton 
de  Berne,  en  Suisse.  C'est  une  des  parties 
les  plus  pittoresques  de  ce  pays  monta- 
gneux et,  par  cette  raison,  très  fréquenté 
des  voyageurs.  En  descendant  des  gla- 
ciers des  Alpes  bernoises,  la  rivière  d'Aar 
traverse ,  jusqu'au  lac  de  Brienz ,  une 
haute  vallée  couverte  de  beaux  pâturages 
et  dominée  par  les  glaciers  :  cette  vallée, 
c'est  celle  de  UasU.  Elle  est  habitée  par 
une  belle  race  d'hommes  adonnés  à  la  vie 
pastorale  et  conservant  encore  quelques 
coutumes  simples  et  frugales  des  anciens 
Helvétiens.  Ils  se  nourrissent  principale- 
ment de  laitage,  de  pommes  de  terre  et  de 
fromages  de  leur  façon.  Tout  le  Hasli- 
Thal  renferme  environ  5,500  âmes.  Il  n'y 
a  point  de  villes,  point  d'industrie  dans 
cette  vallée;  un  simple  village,  celui  de 
Meyringeny  en  est  le  chef-lieu  :  situé  sur 
le  montScheideck,  il  peut  être  aperçu  des 
diverses  parties  de  la  vallée.  Des  chalets 
dispersés  dans  les  pâturages  des  monta- 
gnes servent  de  demeure  à  la  plupart  des 
habitants ,  qui  vivent  avec  leur  bétail  au 
milieu  d'une  nature  agreste,  éprouvant 
à  peine  le  besoin  de  communiquer  avec 
le  reste  du  monde.  Il  y  a  des  Uasliens 
qui  ne  connaissent  de  la  terre  que  la  val- 
lée où  ils  ont  reçu  le  jour,  et  où  ils  se 
trouvent  heureux.  Des  luttes  et  d'autres 
jeux  gymnastiques  leur  servent  de  diver- 
tissements extraordinaires  à  certains  jours 


deTété;  et,  pour  cet  fîtes.  Ici  ka 
des  diverses  parti*^  de  la  vallée  • 
nissenl  dans  de  grandes  prairies  a 
montagnes. 

Une  des  beautés  naturelles  de  1 
lée  de  Hasli  consiste  dans  les  en 
formées  par  les  torrents  des  gUdc 
viennent  grossir  le  cours  de  l'Aar. 
est  surtout  celle  deReichenbach,  qi 
mentée  par  le  glacier  de  Rokenlawi 
cend  de  roche  en  roche  et  se  préd 
deux  reprises  dans  des  ravins  pra 
L'Alpbach  fait  une  chute  moins  on 
rable.  La  rivière  d'Aar  elle-même 
une  belle  cataracte  auprès  du  viUi 
Handeck.  C'est  en  approchant  des 
ces  de  l'Aar  que  la  vallée  haute  dt 
prend  un  aspect  sauvage  et  cerne 
peuplée.  En  hiver ,  des  ouragans  < 
vantables ,  accompagnés  de  la  chut 
normes  avalanches,  troublent  quelq 
les  solitudes  du  Uasli.  j 

HASSEL  (  Jeak-Geoece-Hs 
l'un  des  plus  savants  géographes  et  i 
ticiens  contemporains ,  naquit,  le  \ 
cembre  1770,  a  Wolfenbûttel,  c 
père  était  conseiller  consîstoriaL 
avoir  fait  ses  humanités  an  gjum 
cette  ville,  il  se  rendit,  en  1789,  à 
versité  de  Helmstedt ,  où,  indèpci 
ment  du  chroit,  il  étudia  avec  bes 
de  zèle  l'histoire  et  la  géographie, 
buta  par  la  Descripiion  geograpkk 
statistique  des  duchés  de  f^oi/en 
et  de  ÉlanÂenbourg  (  3  vol.«  Birvi 
1 802  ) ,  qu'il  publia  en  société  a 
bailli  Bege,  et  par  son  Esquàse  sa 
que  de  tous  ies  états  de  l'Europe  (2 
Brunswic,  1805,  in*fol.)«  Haâsel  s 
cilia  les  bonnes'grâces  du  duc  de  1 
wic,  qui  lui  accorda  une  petite  pc 
Après  un  court  séjour  à  Nuremba 
Gœttingue,  il  se  rendit,  sur  Tinvitaf 
Bertuch  {vor,\  à  Weimar,  pour  om 
aux  travaux  littéraires  du  Comploî 
dustrie.  L'ancien  ministre  de  Bnsi 
comte  de  Wolfradt,  ayant  été  noau 
nistre  de  l'intérieur  dans  le  rovas 
Westphalic,  conGa  à  Hassel,eo  ; 
la  direction  du  bureau  statistique, 
plaça  plus  tard  au  ministère  de  Tin 
lion  et  du  culte.  Après  la  disi&olttli 
royaume  de  Westphalie,  le  gouvtm 
de  Brunswic  le  nomma  pléuipola 


tIAà 

U  ooncîlialîoii  des  affaires  centrales 

Wcstphalie,  etTenvoya,  en  1815,  à 

[kn  pour  réclamer  les  trésors  littéraires 

d'art   du  duché  qui  y   avaient  élé 

n  s'attendait  à  recueillir  les 

de  la  fiiTeur  du  duc  Frédéric- 

lorsqu*iI   fut  signalé   à   ce 

loe,  par  la  malTeillance,  comme  Pau* 

d*iin  mémoire,  dans  le  Moniteur 

^halien  (1809),  sur  la  retraite  du 

Alors  Hassel  se  décida  à  retourner 

Wcinar  (1815);  il  y  travailla  pour 

:h,  eiy  après  la  mort  de  ce  dernier, 

lUnna  à  publier  les  excellentes  Ëphé' 

géographiques.  Déjà  avant  cette 

collaborateur  actif  de  TEncyclo- 

E«rEr9ch  et  Gruber,  il  se  chargea  avec 
iniiie  MûUer  de  la  seconde  section 
.  ouvrage,  qu'on  a  j ugé  nécessaire  de 
trois  sections  afin  d'en  acti* 
Ib  publication.  Après  la  mort  de  Mûl- 
(  en  1 827  ) ,  Hassel  s'adjoignit  le  cou- 
eedésiastique  Hoffmann  à  léna, 
Il  poursuivait  avec  ardeur  sa  tâche , 
i*il  mourut,  le  18  janvier  1829,  à 

Pkmi  le  grand  nombre  de  ses  onvra- 
lona  écrits  en  allemand,  nous  devons 
«uer  particulièrement  les  suivants  : 
statistique  de  l'empire  tVAu-^ 
(Nuremberg,  1807);  Aperçu  sta- 
tue de  f  empire  de  Russie  (  Nurem- 
ilvg,  1S07  )i  Aperçu  géographique  et 
Êkisàque  du  royaume  de  ff^estphalie 
fWcimar,  1 809);  Manuel  de  lastatistîque 
étt  états  de  l'Europe  (Weimar,  1812), 
lièi bon  livre,  quia  eu  plusieurs  éditions 
Hfû  est  peut-être  le  plus  substantiel  de 
m  ouvrages  ;  Manuel  général  des  états 
ittEmrope  pour  1 8 1 6  (  '4  vol.,  Weimar, 
1I17«18),  et  Dictionnaire  général  de 
^ognsphie  et  de  statistique  (2  vol . ,  Wei- 
■»,  1817-18  ).  Hassel  eut  aussi  la  part 
b  plus  importante  au  Manuel  complet  de 
kgéngraphie  moderne  (  W  ei  mar,  1 8 1 9), 
fifû  publia  en  société  de  Gaspari,  de 
GiBuabich  et  de  Gutsmuths  ;  nous  ne  ré* 
yéicroos  pas  ce  qui  en  a  été  dit  à  l'article 
CansBiCB.  Depuis  1824  et  jusqu'à  sa 
,  il  publia  en  outre,  en  société  de 
amis,  VA/manach  généalogie 
J  far,  historique  et  statisque ,  dont  il  pa- 
lait  encore  maintenant  tous  les  ans  un 
froa  vol.  in- 16.  C  L, 


(  50*  )  llAà 

DASSIDES ,  voy,  Almorades. 

HAST  (AaMESD'),  du  latin  hasta^ 
lance ,  pique.  C'est  ainsi  qu'au  moyen- 
âge,  et  jusqu'à  ce  que  l'usage  des  armes  à 
feu  eût  prévalu  dans  les  armées ,  on  dé- 
signait toute  une  variété  d'armes  offensi- 
ves. En  général,  on  comprenait  sous  la  dé- 
nomination d'armes  d'hast  toute  arme 
composée  d'un  fer  tranchant  ou  aigu, 
monté  à  Textrémité  d'un  bois  léger  sou- 
vent très  long,  nommé  hampe.  Ainsi ,  la 
pique,  la  lance,  la  sarisse,  l'épieu,  le  ja- 
velot, la  falarique  des  anciens,  la  lance- 
guaye  ou  archegaye ,  Tangon  des  Francs, 
la  zagaye  du  Maure  africain ,  Tespontoo  , 
le  fauchard ,  la  guisarme ,  la  hallebarde, 
la  pertuisane,  etc. ,  du  moyen-âge,  étaient 
des  armes  d'hast.  La  lance  pour  la  cava- 
lerie ,  la  baïonnette  au  bout  du  fusil  pour 
l'infanterie,  la  faux  ou  fauchard  des  pay- 
sans insurgés,  sont  les  seules  armes  d'hast 
dont  lesmodemes  fassent  usage.  C.A.H. 
HAST£NB£CK.Cebourgdelaprin- 
cipauté  de  Kalenberg ,  dans  le  Hanovre, 
est  devenu  célèbre  par  la  bataille  qui  y  fut, 
livrée  le  26  juillet  1757  et  qui  fut  sui- 
vie de  la  convention  signée  au  couvent 
de  Seven.  A  l'approche  des  Français  oom* 
mandés  par  d*Estrées  {voy.) ,  le  duc  de 
Cumberland  {voy,)y  chef  de  l'armée  an- 
glo-hanovrienne,  avait  passé  le  Weser 
pour  se  porter  près  d'Afferde,  où  son  camp 
se  trouva  faire  front  à  Hastenbeck  et  à  la 
Lanke.  Les  Français  traversèrent  à  leur 
tour  le  Weser ,  et,  après  avoir  délogé  les 
avant -postes  anglais  de  Tllseberg,  ils 
campèrent  sur  les  hauteurs  voisines,  près 
de  Grohnde.  De  cette  manière,  l'aile  gau- 
che des  alliés  se  trouvait  appuyée  contre 
les  hauteurs  peu  escarpées  de  Vorenberg, 
occupées  par  des  chasseurs  et  par  sept 
bataillons  de  grenadiers,  et  encore  dé- 
fendues par  une  batterie.  Une  seconde 
batterie  de  18  canons  avait  été  élevée  en- 
tre ces  troupes  et  l'aile  gauche  de  l'infante- 
rie brunswickoise.  Six  canons  avaient  été 
placés  plus  à  droite,  près  de  Hastenbeck, 
et  quatre  pièces  de  douze  devant  l'aile 
droite,  sur  le  Siedelberg.  Wisperode,  der- 
rière l'aile  gauche,  était  occupé  par  300 
hommes,  et  la  cavalerie  était  rangée  en 
seconde  ligne  derrière  l'aile  droite.  Le 
25  juillet,  les  Français  avancèrent  en  plu- 
sieurs colonnes,  non  pas  pour  attaquer , 


HàS 


C«io) 


BAS 


nuis  pour  reconnaître  les  positions  en- 
nemies. Cependant  le  duc  de  Cumber- 
land  fit  occuper  Diersen ,  derrière  Taile 
gauche,  par  trois  bataillons  et  deux  esca- 
drons auxquels  se  joignit  encore,  dans  la 
nuit,  le  détachement  de  W isperode.  Uas* 
tenheck  était  occupé  par  les  piquets  de 
Farmée.  A  minuit,  le  maréchal  d'£>lrées 
envoya  quatre  brigades  et  Tinfanterie  lé* 
gère  attaquer  Taile  gauche  des  alliés, 
pourfaciliter  à  Tarmée  les  moyens  de  dé* 
boucher  dans  la  pUine.  Elles  réussirent  à 
prendre  à  revers  les  chasseurs  ennemis , 
et  menaçaient  déjà  les  bataillons  de  gre- 
nadiers, lorsque,  attaquées  par  les  trob 
bataillons  postés  à  Diersen,  elles  furent 
culbutées  et  repoussées  avec  une  perte  de 
33  canons.  Sur  ces  entrefaites,  Taile  droite 
de  Tarmée  française  avait  avancé  et  s*é- 
tait  emparée  de  la  batterie  sur  Taile  gau* 
che  des  alliés,  tandis  que  les  grenadiers 
de  la  garde  française,  entrés  dans  le  vil- 
lage de  Uastenbeck  en  flammes,  mar- 
chaient contre  les  troupes  postées  der- 
rière ce  village.  La  perte  de  la  batterie , 
le  feu  ardent  à  Textrémité  de  Taile  gau- 
che dont  la  véritable  cause  était  ignorée, 
engagèrent  le  duc  de  Cumberland  à  com- 
mander la  retraite,  quoique  le  prince  hé- 
réditaire de  Brunswic  eût  repris  aux  Fran- 
çab  la  batterie  perdue.  Au  même  instant, 
le  maréchal  d'Ëstrées  apprit  qu*une  colon- 
ne ennemie  forte  d'environ  9,000  hom- 
mes marchait  sur  sa  droite  et  le  prenait 
en  flanc  :  il  donna  aussitôt  Tordre  à  Tar- 
mée  de  ne  pas  avancer  et  de  faire  ren- 
trer Tartillerie  dans  les  mêmes  positions. 
Les  alliés  purent  donc  sans  obstacle  pas- 
ser de  Tautre  côté  de  la  rivière  de  Uamel 
et  effectuer  leur  retraite  vers  Oldendorf 
et  Minden  ;  ils  perdirent  environ  3,000 
hommes ,  tant  en  morts  qu^en  blessés  et 
prisonniers,  tandis  que  la  perte  des  Fran- 
çais ne  s^éleva  qu*à  la  moitié  de  ce  nom- 
bre.  C,  L, 

HASTINGS  (bataills  de)  ,  livrée  le 
14  octobre  1066,  par  les  Normands, 
après  leur  descente  sur  la  côte  d'Angle- 
terre, au  roi  saxon  Uarold.  f^of,  Guil- 

IiAUMB-LB-CoifQUéaAZIT. 

UASTL\GS  iWabbbn),  fameux  par 
ion  ruineux  procès,  et  qu'il  ne  faut 
point  confondre  avec  son  homonyme,  le 


était  le  fils  d*an  pasteur  de 
à  Churchill,  comté  de  Woroeslcr, i| 
1732,  élevé  à  Westminster  aux  6|| 
d'un  oncle,  il  fit  ses  études  à  Oxlbrd,g 
partit,  en  1749,  |iour  leslodcs-Ori^ 
talei,  où  il  fut  employé  parla  oo 
Au  Bengale,  il  étudia  le  persan ,  et  se 
au  fait  des  intéi-éts  anglats  dans  ce 
11  servit  dans  l'aé-mée  du  colonel 
(vox.}y  qui  faisait  la  conquête  da 
gale.  En  1761,  il  eut  une  place  dans Ti 
ministration  à  Calcntta;  mais  quatre 
plus  tard,  il  retourna  en  Angleterre 
se  livrer  tout  entieraux  sciences.!! 
de  solliciter  une  chaire  de  persan  à 
ford ,  lorsque  le  gouvememeot 
informé  de  ses  talents  d*adaiin 
le  renvoya  aux  Indes,  en  qualité  de 
missaire  à  Madras.  En  1771,  il  fat 
mé  gouverneur  du  Bengale,  et,  dc«B 
plus  tard,  gouverneur  général  des 
sessions  anglaises  dans  Tlnde.  F 
les  treize  ans  qu*il  occupa  ce  posie  i 
porunt ,  il  étendit  la  domination  dt 
Compagnie  aux  dépens  des  prioces 
diens,  commettant  plus  d'une  fois  et 
actions  criantes  et  violant  sans 
les  lois  éternelles  de  la  justice.  D'un 
côté ,  les  résultats  heureux  de  son 
nistration  frappèrent  tous  les  yeax;U 
arts  et  les  sciences  trouvaient  en  Ini  iM 
protecteur  éclairé.  Grâce  à  lui,  les 
geurs  Boyle  et  Tumer  purent  es 
l'intérieur  du  pays.  Les  revenus  dt  Ij 
Compagnie  montèrent  de  9  millionaA 
livres  sterling  à  5  millions;  et  aussi  loi|| 
temps  que  le  ministère  de  lord  NodÉj 
protecteur  de  Warren,  fut  debout ,  I 
proconiul  de  l'Inde  semblait  avoir 
le  brevet  d'impunité  et  d'inlatllibilitè! 

Mais  après  la  chute  du 
North ,  U  face  des  affaires  changea 
tement  pour  lui  :  Warren  Uastings  Al 
rappelé  (  1 7  8  S)  et  accusé  de  coi 
malversation,  de  mesures  oppressives 
l'exercice  de  sa  charge,  par  les 
orateurs  du  parlement ,  par  Fob  , 
dan  ,  Burke.  Ce  dernier  présenU,  le  11 
février  1786,  à  la  chambre  des  Coommi 
nés,  un  acte  d'accusation  ;  en  osai  1 7tl 
Warren  fut  renvoyé  devant  U 
des  Pairs;  enfin  le  13  février  1788 
mencèrent  k  VVestaûnsterhall  les 


Biarquisde  Uai^tings  (vo;".  l'art,  suivant),  |  d'un  des  plus  célèbres  procès  dont  It 


ttAS 


(611) 


ttAS 


ci  politiques  aient 
é  le  toaTCoir.  Warrea  n*écbappa 
nsofiBeaient  que  moyenDant  une 
latioo  préiiminaire.  Attaqué  par 
lœs  de  la  tribune ,  il  semblait  de- 
Dcomber;  mais  fort  heureusement 
i  le  procès  traîna  en  longueur.  Il 
point  oublier,  d*ailleur&,  que  les 
ntes  attaques  de  l^Opposiiion  con- 
nren  Uastiogi  avaient  pour  prin- 
otif  le  rejet  de  Vlndia^BUl  (vo/. 
90t  les  amis  du  gouverneur  général 
signalé  les  inconvénients.  Warren 
^  De  désespéra  nullement  de  sa 
par  un  discours  qui  occupa  trob 
,  il  panriot  à  faire  rejeter  plu- 
jiiels  de  ses  accusateurs.  Déjà  ses 
I»  chantaient  victoire ,  lorsque  le 
s  Pitt  lui-même  descendit  dans 
ci  soutint  un  des  points  de  Tacte 
itionqui  imputait  à  Warren  Has- 
es cruautés  esercées  sur  le  rajah 
ares.  Au  point  de  vue  de  la  pô- 
les procédés  du  gouverneur  con- 
ite-Singh  (c*était  le  nom  du  rajah) 
st  facilement  se  justifier:  ce  prin- 
Htieuz  et  cruel  n*avait  point  exé- 
élément  les  conventions  contrac- 
c  la  compagnie  desIndes;  soutenu 

bégums  ou  princesses  d^Oude 
\  il  avaitébranlé  momentanément 
té  du  gouvernement  anglais;  Bas- 
ait dUns  son  droit  en  Fécrasant. 
icridan ,  avec  cet  immense  talent 

reconnaît  Fh'istoire  parlemen- 
sttaasa  sophismes  sur  sophismes. 
lit  fait  de  Warren ,  si  Taltention 
«y  fatiguée  à  la  longue  par  d'in- 
I4es  séances  y  n*eîît  été  distraite 
i  par  des  événements  politiques 
vcs.  On  touchait  à  1 789,  car  Tau- 
les témoins,  qu^il  fallait  chercher 
de  rinde ,  avait  reculé  constam- 
ooodusion  de  ces  débats.  Le  par- 
absorbé  par  les  affaires  couran* 
pouvait  s*astreindre  à  siéger  tous 
teo  cour  de  justice;  le  15  avril 
oo  en  était  à  la  120*  séance, 
icfaer  à  la  fin.  Dans  ce  long  inter- 
•pinion  publique  avait  eu  le  temps 
odifier;  après  le  retour  de  lord 
UiSy  gouverneur  de  Tlnde,  elle 
me  par  se  déclarer  pour  Warren, 
ir  doquel  semblaient  militer  de 


puissantes  eonsidérations.  «  Warren  Has* 
tings ,  disait  lord  Comwallis ,  qui  s*était 
constitué  son  défenseur  officieux  en  face 
du  public,  nous  a  conservé  nos  possessions 
dans  les  Indes- Orientales  dans  un  mo- 
ment critique ,  où  la  défection  de  TAmé- 
rique  semblait  encourager  toutes  nos  co- 
lonies à  suivre  leur  exemple.  »  Le  témoi- 
gnage impartial  et  généreux  d^un  officier 
français,  nommé  Gentil,  que  Hastings 
avait  banni  de  Tlnde,  et  qui  se  prononça 
néanmoinsen  sa  faveur,  contribua  encore 
à  ramener  Topinion.  Les  choses  en  étaient 
à  ce  point  au  commencement  de  1795, 
lorsque  lord  Thurlow  fit  la  proposition 
d'en  venir  à  un  appel  nominal  dans  la 
chambre  haute.  Le  13  avril  1795,  Bas* 
tings  fut  absous  à  la  majorité  des  voix; 
toutefois  les  frab  du  procès ,  qui  se  mon- 
Uientà  71,080  liv.sterl.(l,777,075(r.), 
restèrent  à  sa  charge.  Le  gouvernement 
avait  dépensé,  en  outre ,  100,000  livres. 
Lacompagnie  des  Indes  sVmpressa  de  ti- 
rer d^embarras  Warren  Hastings  en  lui 
faisant  une  pension  de  4,000  liv.  sterl.; 
elle  paya  sur-le-champ  42,000  liv.  à  l'a- 
vance, et  lui  fit  un  prêt  de  50,000  livres. 
Après  ce  procès,  Warren  Hastings  s'é- 
clipsa de  la  scène  politique,  et  il  mourut 
presque  oublié  le  22  septembre  1818. 
On  croyait  trouver  de  grandes  richesses 
dans  son  héritage;  Timagination  popu- 
laire était  encore  frappée  du  souvenir  des 
choses  précieuses  qu'il  avait  jadis  rappor- 
tées de  rinde ,  de  ces  fauteuils  et  de  ces 
lits  en  ivoire,  de  ce  trône  tout  couvert 
de  diamants,  digne  siège  d'un  nabab; 
mais  l'attente  du   public  fut  trompée: 
Warren  mourut  pauvre. 

Quelque  jugement  qu'on  porte  sur  sa 
moralité,  on  ne  saurait  nier  que  ce  fut 
un  homme  heureusement  doué.  Il  réu- 
nissait des  qualités  qui  semblent  in- 
compatibles, celles  de  l'homme  de  cabi- 
net et  de  rhomme  d'action.  Ingénieur , 
architecte,  poète,  adminbtrateur,  guer- 
rier, Warren  occupe  une  place  éminente 
dans  la  série  des  hommes  d'état  anglais 
qui  ont  étendu  et  affermi  l'empiredeleur 
métropole  sur  les  bords  du  Gange. 

On  a  de  lui  dirférents  ouvrages  dont 
nous  citerons  les  suivants  :  Narrative  oj 
tlie  laie  transaction  at  BenareSy  Cal- 
cutta, 1782;  Keptew  of  ihe  staie  oi 


HÀS 


(«12) 


HAT 


BènareSy  Calcutta ,  1786;  The  présent 
State  of  the East^India^  Calcutta,  1786; 
Speech  in  the  high  court  of  justice  in 
^estminsterhatly  Lond.,  1 79 1 .  C  £.  m. 

HASTINGS  (FrakcisRawdoh-Has- 
TiNCS,  marquis  de  ),  homme  d*élat,  issu 
d^une  fjimille  anglaise  établie  en  Irlande  et 
qui  remonte  jusqu*à  Guillaume-le*Con- 
quérant,  naquit  le  7  décembre  1754. 
Très  jeune  encore,  il  se  distingua  dans  la 
guerre  d'Amérique,  sous  le  général  Clin- 
ton ,  dont  il  était  Tadjudant  général.  En 
1782,  il  retourna  en  Angleterre,  où  il 
fut  successivement  élevé  à  la  dignité  de 
pair  du  royaume  et  d*aide-de-camp  du 
roi.  Héritier  du  comte  de  Uuntingdon , 
son  oncle ,  il  en  prit  le  nom  ;  puis ,  à  la 
mort  de  son  père  (en  1793),  il  devint 
comte  DE  MoiEA,  et  plus  tard  (7  décem- 
bre 1816),  marquis  de  Hastings.  Il  fit 
partie  de  plusieurs  expéditions  entrepri- 
ses par  les  émigrés  français.  En  1799,  il 
sV)pposa  vivement*  la  réunion  de  Plrlande 
avec  TAngleterre.  Quoique  ami  du  prince 
de  Galles  (George  IV),  il  joua  un  rôle  dans 
le  parti  whig  ;  il  vota  en  faveur  de  Tabo- 
lition  de  la  traite  (1807)  et  de  l'émanci- 
pation catholique. 

Mais  le  rôle  marquant  du  marquis 
de  Hastings  ne  commença  qu>n  1812. 
Nommé  à  cette  époque  gouverneur  géné- 
ral de  l'Inde,  il  illustra  son  administra- 
tion par  la  guerre  contre  les  Pindarees, 
contre  Scindiah ,  prince  des  Mahrattes , 
enfin  par  la  soumission  du  Nepaul.  Con- 
stamment en  opposition  avec  la  politique 
étroite  de  la  Compagnie  anglaise  des  In- 
des, il  fut  rappelé  en  Angleterre  en 
1 822 ,  et  une  grande  discussion  s'engagea 
entre  ses  partisans  et  ses  adversaires.  Le 
principal  grief  de  ces  derniers  roulait 
sur  la  permission  accordée  par  le  gou- 
verneur général  à  quelques  agents  subal- 
ternes de  faire  des  affaires  de  banque 
avec  les  princes  indiens  :  aui  termes  des 
règlements  de  la  Compagnie  des  Indes, 
le  marquis  de  Hastings  n'aurait  point  dû 
tolérer  un  semblable  négoce.  Il  parvint 
toutefois  à  se  justifier  pleinement  devant 
l'opinion  publique,  et  fut  nommé  gou- 
verneur de  Malte  eu  1824.  Il  mourut  à 
l'ancre  devant  Bajes,  le  28  novembre 
1826.  C.  L.  m. 

Le  chef  actuel  de  l'ancienne  et  illustre 


famille  de  RawdoD-Ebitmgi, 
peut  voir  la  généalogie  daoa  le  Po 
anglais,  est  GEOECE-AuGusTB-Fiâi 
marquis  de  Hastings ,  comte  de  Ran 
vicomte  Loudoun,  baron  de  H«l 
Hungerford,  etc.,  etc. ,  oé  eo  1 80S,e 
a  depuis  1882  un  héritier  mâle. 

HATTI-CneRIP,  ou  plutôt  1 
thi'Cherif^  est  une  déDominatîoa  a 
qui  signifie  écriture  nnhle.  A  Comli 
nople  et  dans  tout  l'empire  Othoi 
on  entend  par  là  noo-seulemeot  la 
très  et  billets  écrits  de  la  main  ds 
than  et  envoyés  par  lui  à  ses  mÎMi 
mais  encore  tout  commandement  dn 
minute  ou  la  principale  copie,  ra 
dans  les  bureaux,  porte  au  haut  qad 
mots  de  son  écriture,  comme,  par  ci 
pie  :  QuHl  soit  fait  en  conséquence*  ] 
le  corps  de  ces  commandements,  il  n 
pour  l'ordinaire  :  «  Ma  volonté 
étant  que  telle  affaire  soit  ainsi 
mon  présent  commandement,  anni 
solu  que  le  destin,  a  émané  et  a  été 
coré  de  mon  écriture  sublime  impéri 
afin  qu'il  soit  fait  de  la  manière  a 
quée.  »  Au  lieu  de  khatihi^ckerij^ 
emploie  quelquefois  les  mois  iêm 
homayoun ,  c'est-à-dire  écrit uraaai 
te^  L'une  et  l'autre  dénomioatiom 
vent  également  à  désigner,  chez  IcsO 
mans,  une  espèce  de  paraphe  conteaa 
nom  et  les  titres  du  sulthan  et  quel 


r*)  Cett  ce  oom  qa*oa  a  fi«Mi»é,  •« 
i  1  «p^ce  de  àitfmn  àm  irérn^ 


àt 

•ioa  du  prenirr  j«»ar  de  V*m  (de  l*brgM 
le  tttltliaii  Altdoul-Medjid  au  g read  cnnej 
ronrt  auqael  les  mioitlre*  oat  téptamém  k 
qaet  juurt  de  dutaare.  Après  avoir  mrm 
lectore  de  crtte  rfpoate,  le  graa«l-«ei§««« 
dit  :  ■  Dorroavaut  notre  inlralMMi  Mipérii 
de  noa«  rendre  tolenBelIroie*»,  aa  rooia 
méat  de  fl»«qae  anaée,  au  aiiliev  d«  «««a 
le  grand  <*on»etl  («e/.DiVAii),  po«r  «««Bal 
goer  notre  M>ttveiainc  aali*factMMi  dn  Im 
aura  été  f«it,  et  vont  aign^lrr  Ira  »eaaf« 
je  jngrrai  ««onvenable  de  vont  propaaw 
Cette  iinitati«»a  d*nn  naage  efaMi  daiia  In 
rontlilnlicmneU  a  »ttivi  de  prèa  U  peMa 
du  li«tti-4-bénf  le  pin»  rraian|nal*le  de«  ' 
modernea,  crlui  da  3  novraibce  iSl^  aaAi 
lemeot  pnblié  daua  la  pUiae  ém  CaMwa 
préaenre  de  lont  lea  prineipaea  I» 
de  la  Porte  •OiltoMane  et  da  rtM 
qMr;liatti«(hénf  qii*«in  |»eMt  regarder < 
e»|Mrrr  de  rharle  •  •  le  Ini  foadairatala  «1 
Bont  feront  i-on»  ni  re  les  dkpetHiwi  à  Ta 
Otbomas  (ea^Nirr).  J.  | 


BàT 


e<|BÎaepbeeàlal 


Pacte.  Ob 


(SIS)  lUT 

a  prciiia  part  à  kncloM  %W  D«iiUii^^« 
A  k  bataille  é»  JanUii  Ml  BoMne»  U  M 
kit  prisoraicr  par  TontMnafeuEi.  Après  U 
paix  «le  Wcstphalie^  MekèUor  coaaHMu»^ 
de  rinnée  i»péffkle  qui  était  emxovée  «ii 
secours  de  k  Pi>lof;iie  contre  CbaHe»« 
Gostare;  il  termine  sa  glaneuse  carri^ 
par  la  prise  ck  Cracovie,  et  il  meurt  k  ta 
janTÎer  16S8  à  Powitsko«  A  dékutd^eu* 
knts  màk&y  son  frère  FaiiMUic  fut  tcmi 
héritier.  L'  d  de  ses  desceodaols,  FaANçoi&« 
PHiLirFK-AjDaïKN,  né  k  :i  mai^  1707, 
fut  élevé  par  k  roi  Frédéric  II  de  Prusse 
au  rang  de  prince  ^en  1741).  Plus  tard 
(1748),  Tempereur  François  lui  conféra 
la  même  di|(liité.  Fendant  la  guerre  de 
Sept*AnS|  le  prince  deHatxfeld  fut  en  but« 
te  à  de  cruelles  exactions;  sa  belle  priuci« 
pauté  de  Trachenberg  en  Silésie  fut  pillée 
à  diverses  reprises,  et  lui-même,  en  17â8, 
fut  emmené  prisonnier  par  les  Russes; 
un  bombardement  détruisit  son  palais  i 
BresUu.  Il  mourut  le  6  novembre  1779. 

Le  prince  de  Hatzfeld,  qui  a  obtenu 
quelque  renom  dans  Phistoire  contempo- 
raine, est  Feançois-Louis.  Il  naquit  le 
23  novembre  175G.  11  appartenait  k  la 
branche  de  Wildenberg-Werther  et  por- 
tait d*abord  le  titre  de  comte.  Il  succéda, 
en  1802,  à  son  frère  Clkmknt-Auguiitk, 
et  hériu  aussi,  en  1 80 3 ,  de  la  principauté 
de  Trachenberg,  qui  a  160,000  habi- 
tants sur  une  superficie  de  6  milles  carrés 
géographiques  et  à  laquelle  est  attaclié  le 
titre  de  prince.  I/autre  grand  majorât  de 
k  famille,  appartenant  à  la  seconde  bran- 
che de  cette  maison,Wildenberg»Schastt- 
stein ,  dans  k  régence  de  CoblenC/ ,  n*a 
que  1,640  habitants  sur  trois  quarts  de 
m.  c.  géogr. 

En  1806,  k  prince  de  Hatzfeld- Wil- 
denberg-Werther se  trouvait  gouverneur 
de  Berlin  au  moment  où  cette  capitale 
était  évacuée  par  les  troupes  prussiennes^ 
après  la  bataille  d'Iéoa«  Son  beau-père^ 
k  comte  de  SchulenlK>urg,  lui  avait  remis 
en  ce  moment  latal  k  direction  des  af- 
iaires,  avec  Tordre  de  rendre  compte 
au  roi  chaque  matin  des  événements  du 
jour;  oetle  obligation  devait  touteCois  res- 
ter subordonnée  aux  circonstances  éven- 
tuelles. Le  24  octobre,  k  cinq  lieures  du 


(  àFacte  BBêaae,  liieB  ipill  n^ soit 
mrqné  de  k  mmm  âm  prince.  Le 
le  est  appdé  en  arabe  èiamtéf  en 
^ogra  et  en  persan  misckoM  ;  ces 
nttoas  les  trob  k  signification  de 
Ea  Perse,  sons  k  domination  des 
le  psnpbe  renfermait  les  noms  de 
■et,  de  son  gendre  Ali  et  de  quel- 
ans  des  descendants  du  prophète, 
Isit  en  conséquence  k  nom  de  signe 
Il  est  kit  allusion  à  œ  signe  dans 
dooDSDces  émanées  de  ces  princes, 
le  commencement  d^une  de  ces  or- 
Dcei;  c'est  une  espèce  de  passeport 
lé  sa  célèbre  voyageur  Chardin  : 
que  cette  patente  aura  été  parée, 
née,  ennoblie  et  animée  du  sceau 
delesoleil  en  dignité,  et  qui  révèle 
des  commandements  du  maître  du 
'y  dès  que  le  signe  adorable,  saint, 
Bt  et  sans  égal,  y  aura  été  apposé, 
ni,  etc.  »  On  ne  sera  plus  étonné 
œk  que  certaines  ordonnances 
uurques  persans  aient  porté  le  nom 
auquel  le  monde  doit  obéir,  R. 
"ZFfiLD  (FiUtILLEKT  paurcKDE). 

!ean  auquel  se  rattache  Forigine 
famille  allemande  est  situé  sur  les 
s  TEdder,  dans  le  grand- duché 
e.  Au  moyen-âge,  il  s'appelait 
*Jdy  Hatsiveli;  il  en  est  fait  men- 
s  un  bon  nombre  de  documents 
qoes.  Au  milieu  du  xrv*  siècle,  les 
firent  k  guerre  au  comte  Jean 
B-Hadamar  et  aux  Luxembour- 
lis  an  kndgrave  de  Hesse,  et  sou- 
:  aacoès.  En  1 388,  Jean  de  Hatz- 
laa  Jultade  Wildenberg,  et  réunit 
lariage  une  vaste  seigneurie  à  la 
tedant  k  guerre  de  Trente- Ans, 
BTons  un  FaAKçois  de  Hatzfeld 
i  k  siège  épiscopal  de  Bamberg; 
m.  de  Hatzfeld  commande  un 
00,  se  kit  battre  par  le  Suédois 
Wittstock  (1636),  mais  prend 
rke  près  de  Lemgo,  où  il  met  en 
k  comte  paktin  Charks-Louis 
Hekhior  allait  s'emparer  de  k 
Ik  au  moment  où  les  suooès  de 
fiBroent  de  couvrir  k  Saie.  £0     matin,  c'est-à-dire,  6ept  heures  avant 
est  of^KMé  à  Guébriant  {vor,);     l'eatrée  de  Tai-fliée  l^aja^aîse  à  Bedin^  k 

fckp.  d.  G.  d,  M.  Tome  XUL  ^^ 


tut} 


(« 


prince  écrivit  au  major  de  Kneienbeck  : 
«  Je  ne  sais  rien  d^officiel  sur  Farmée 
française;  je  viens  de  lire  une  réquisition 
adressée  au  magbtrat  de  Potsdam  :  diaprés 
ce  document,  les  Françab  évaluent  leurs 
forces  à  80,000  hommes;  d^autres  rap- 
ports ne  portent  ce  corps  qu^à  50,000 
hommes.  Les  chevaux  de  la  cavalerie  sont 
très  fatigués.  »  Cette  lettre  tomba  entre 
les  mains  de  Napoléon  :  le  28  octobre,  le 
prince  de  Hatzfeld  est  arrêté  et  traité  d*es- 
pion.Sa  femme  se  rend  en  hâte  au  château; 
elle  obtient  une  audience  de  Tempereur. 
«Je  vous  établis  juge  vous-même,  mada- 
me, lui  dit  le  monarque  irrité  ou  affectant 
de  Tétre;  si  cette  lettre  est  de  votre  mari, 
il  est  justiciable  d*un  conseil  de  guerre.  » 
La  princesse  de  UaUfeld,  hors  d'elle-mê- 
me, se  jette  aux  pieds  de  Tempereur.  Alors 
Napoléon  lui  remet  la  lettre.  «  Je  n*ai 
plus  de  preuves  en  main  contre  votre 
mari,  lui  dit-il  ;  ramenez-le  chez  lui  ;  il 
est  libre.  »  Les  Ûatteurs  de  Napoléon  ont 
fait  de  cette  entrevue  fort  simple  une 
scène  mélodramatique,  et  ont  élevé  jus- 
qu'aux nues  rincomparable  clémence  de 
Fempereur.  Mais  le  pardon  qu'il  accor- 
da n'était-il  pas  un  acte  de  justice?  Le 
prince  de  Hatzfeld  n'avait  fait  qu'exécu- 
ter à  la  lettre  les  ordres  de  son  gou- 
vernement, et  aussi  longtemps  que  les 
Français  n'occupaient  point  la  capitale 
de  la  Prusse,  le  gouverneur  de  la  ville 
n'avait  do  devoirs  qu'envers  son  maître 
et  ne  relevait  que  du  quartier-général.  Il 
est  fort  douteux  qu'un  conseil  de  guerre 
qui  n'eût  point  été  servile  eût  qualifié 
d'espionnage  cet  acte  d'obéissance. 

Le  prince  de  Hatzfeld  prit  son  congé, 
en  1807,  avec  le  grade  de  lieutenant- 
général.  Plus  tard,  il  fut  employé  dans 
plusieurs  missions  diplomatiques  ;  en 
181 3,  il  porta  à  Paris  une  lettre  d'excuse 
sur  la  capitulation  du  général  d'Yorck. 
Il  fut  successivement  ministre  de  Prusse 
dans  les  Pays-Bas  et  à  Vienne ,  ville  où 
il  mourut  le  3  février  1827.        L.  S. 

IIAUBA!V ,  mot  qu'on  trouve  souvent 
écrit  auban^  haut-ban  et  même  haut- 
banc  ,  et  qui  devrait  s'écrire  hoban ,  est 
IVlai  de  côté  du  mât ,  la  corde  forte  et 
puissante  (]ui  assure  ce  mât  contre  les  se- 
cousses que  lui  donue  le  roulis  du  navire. 
Ceae  corde  lie  la  tète  du  mât,  l'entoure, 


u)  tau 

lui  fait  un  bandeaa ,  et  cVtt  de  là  4 
vient  son  nom ,  qu'on  trouve  di 
poètes  français  des  xu*  et  xiu*  aièi 
notamment  dans  lu  fort  curieux  | 
maritime  d'iu  des  poèmes  de  Ti 
Normand  Waœ,  expliqué  par  imni 
le  Mémoire  n<>  3  de  V  Archéologie  m 
U  y  a  des  haubans  simples,  et  oeux- 
gamis  à  leur  extrémité  inférieure  d 
lies  ou  de  caps  de  nnouton  dans  h 
passent ,  sous  forme  de  palans ,  i 
qu'on  appelle  la  rifie  du  hauban.  Il 
haubans  composés  d'un  système 
gués  et  de  palans ,  et  qu'on  appelh 
bans  à  bastaque;  ceux-là  sont  €■ 
dans  un  grand  nombre  de  petits  ■ 
ils  étaient  fort  en  usage  dans  la  i 
de  la  Méditerranée ,  au  moyen -âg 
Vénitiens  les  nommaient  chinali  a 
siècle;  un  siècle  auparavant,  les 
leur  donnaient  le  même  nom,  qu'il 
valent  quinali^  comme  on  le  voî 
les  Documenté  d^amore  de  Fra 
Barberino.  A  Gênes,  au  xiu*  sièi 
haubans  à  élagues  étaient  nommé 
dtle^  ainsi  que  le  montrent  les  ■ 
passés  entre  saint  Loub  et  les  ( 
pour  la  croisade  de  1270.  Les  F 
çaux  ont  retenu  ce  nom ,  et  ils  dii 
candclas.  Les  haubans  des  galères  ' 
nommés  sartiSy  en  italien  tarte  e 
chie.  Les  petites  corde»  qu'on  mal 
zontalement  d'un  hauban  à  Tautn 
y  faire  des  échelons,  se  noaameat 
chures. 

Garnir  un  mât  de  baubaaa 
le  /uiubaner;  mais  ce  mot  est  pm 
Les  haubans  prennent  le  nom  à 
qu'ils  appuient  :  grands  hauhat 
bans  de  grand  mât),  haubans  de  ■ 
haubans  d'artimon ,  etc.  A 

HAUBERT,  voy,  Corrx  os  m 
HAUBOLD  (CnaÉTicif-TBioi 
jurisconsulte  célèbre  par  ses  elfbfl 
rattacher  le  droit  moderne  aux  i 
dont  il  était  découlé ,  naquit  à  Oi 
4  novembre  1766;  son  père  ayi 
nommé  professeur  de  physique  à  I 
ce  fut  dans  cette  ville  qu*il  &t  si 
mières  études.  Depuis  1781,  il  y 
droit,  et  en  1 788  il  fut  re^u  dodM 
cessivement  nommé  professeur  m 
dinaire  des  antiquités  de  droit  à 
versité  de  Uipzig  (1739^ 


fiAO 


(515) 


HAU 


ruBO  de  Saxe  (1791),  et 
même  coor  (1916),  pro- 
re  du  droil  saion  (l797), 
i  faculté  de  jurisprudence 
[uième  professeur  de  l^an- 
on  (1809),  il  améliora  de 
.  position,  mais  en  conser- 
la  chaire  de  professeur  du 
mourut  le  14  mars  1834, 
excès  de  travail, 
î  érudition  de  Uaubold  et 
icité  lui  ont  assuré,  comme 
t  comme  écrivain,  un  nom 
i  ses  ouvrages,  écrits  en 
1  latin ,  nous  devons  sur- 
ler  les  suivants  :  Linea^ 
ionum  historicarum  juris 
me  priifotiy  Leipzig,  1 805, 
ne  nouvelle  édition  fut  pu- 
,  après  la  mort  de  Fauteur, 
rits,  Leipzig,  1825;  //i* 
ris  Romani  Uterariœ , 
Institutionum  jurh  Rom. 
7gmat.  epitome ,  Leipzig, 
,  par  Otto,  1825);  Ma^ 
r£(/7t,Leipzig,  1 8 1 9 ,  in  •  4^*; 
oit  saxon  y  Leipzig,  1820 
Gûnther,  1829); /)or/r/- 
'uin  Uneamenta  cum  lacis 
cig,  1820;  puis  les  éditions 
Bénévent ,  De  dissension 
rum  ,  Leipzig,  182 1  ;  de 
liiquiiaium  Roman,  sjrn^ 
'ort,  1822.  Dans  ses  nom* 
ations,  il  se  montre  aussi 
insultes  les  plus  profonds; 
lU  à  cette  vaste  érudition 
'.hes  les  plus  soutenues,  par 
inuel ,  par  une  exactitude 
par  la  bibliothèque  choisie 
mée  à  force  de  sacrifices. 
tscula  academica  furent 
Wenck  (Leipzig ,  1825). 
»eur ,  Haubold  captivait 
ss  auditeurs;  comme  hom- 
5  dbtingua  par  le  patrio- 
)ur  et  par  Paccomplisse- 
K  de  ses  devoirs.  Doué  d*un 
,  toute  sa  conduite  portait 
e  rare  modestie  et  d'une 
ropie.  L'ordre  et  l'assi- 
ortait  au  travail  lui  per- 
lufBre  à  ses  occupations 


Sa  bibliodlèqme  était  oomposée  d^envi- 
ron  1 0,000  volumes  presque  tous  relatifs 
à  la  science  du  droit;  Fempereur  Alezan* 
dre  Tacheta  pour  Tuniversité  d'Abo,  en 
Finlande,  où  elle  devint  la  proie  des  flam* 
mes  (1827).  Il  n'existe  plus  aujourd'hui 
de  cette  riche  collection  de  droit  que 
quelques  manuscrits  de  Haubold  et  1 16 
ouvrages  annotés  de  sa  main  qui  avaient 
été  achetés  par  l'université  de  Dor- 
pat.  C.  L. 

H AUOWITZ  (  CHaiÎTiCN  -  Hehki- 
Charlbs  ,  comte  db  ),  minbtre  prussien , 
né  le  1 1  juin  1758 ,  en  Silésie.  On  comp- 
tait parmi  ses  ancêtres  plus  d'un  nom  iU 
lustre  :  Jban  de  Haugwitz  avait  combattu 
àLiegnitz,  sous  la  bannière  de  Henri- le- 
Pieux,  contre  les  Tatars;  un  autre  Jean 
de  Haugwitz  avait  défendu,  en  1529,  la 
ville  de  Vienne  contre  les  Turcs;  Faïoié- 
aiG-GoiLLAUXK  de  Haugwitz,  le  chance- 
lier de  Bohême,  rendit,  vers  le  milieu  du 
siècle  dernier,  l'Autriche  indépendante 
du  tribut  qu'elle  avait  payé  jusqu'alors 
aux  puissances  maritimes. 

Le  comte  Chrétien-Henri,  après  avoir 
terminé  ses  études ,  se  maria  avec  une  fille 
du  général  Tauenzien ,  et  fit  avec  elle  un 
voyage  en  Italie ,  pendant  lequel  il  se  lia 
avec  l'archiduc  de  Toscane,  plus  tard  em* 
pereursous  le  nom  de  Léopold  U.  Sur  la 
demande  de  ce  souverain ,  Haugwitz  fut 
envoyé,enl  790,  ministreplénipotentiaire 
de  Prusse  à  Vienne.  Il  avait  d'abord  dé- 
cliné cet  honneur,  en  opposant  son  inap- 
titude, son  peu  d'expérience  des  affaires; 
mais  son  gouvernement  ne  tint  aucun 
compte  de  ces  objections.  Il  est  certain, 
toutefois ,  que  Haugwitz  ne  défendit  pas 
toujours  les  intérêts  de  la  Prusse  comme 
l'aurait  fait  un  diplomate  plus  habile  :  il 
suffit  de  rappeler  la  convention  de  Rei- 
chenbach  (  1790)  et  le  traité  de  Pillnitz 
(1792),  qui  amenèrent  la  lutte  sur  les 
Dords  du  Rhin  et  en  Pologne. 

Après  la  retraite  du  comte  de  Hertz* 
berg  {voy.)y  Frédéric-Guillaume  H  ap- 
pela le  comte  de  Haugwitz  au  poste  de 
ministre  des  affaires  étrangères  qu'avait 
occupé  le  comte  de  Schulenbourg,  et  lui 
conféra  la  présidence  du  cabinet.C'està  ce 
moment  (1794)  que  commence  la  carrière 
brillante  de  Haugwitz;  il  fait  de  la  Prusse 
le  centre  de  toutes  les  négociations  poli* 


HAD 


(5I«) 


HAD 


tiques.  Sons  Frédério-Gnillauine  m,  il 
rapproche  de  plus  en  plus  la  Prusse  de  la 
France,  et,  par  là,  procure  à  sa  patrie  des 
avantages  considérables.  Mais  en  1803,  au 
moment  où  les  Français ,  par  Toccupa- 
tlon  du  Hanovre,  portaient  atteinte  à  la 
neutralité  du  nord  de  l'Allemagne,  le 
comte  de  Haugwitz  se  retira  des  affaires 
et  céda  la  place  à  Hardenberg  (  voy.  l'ar- 
ticle). En  1 805,  les  Français  violèrent  la 
neutralité  du  territoire  d'Anspach  ap- 
partenant à  la  Prusse  :  la  guerre  entre 
elle  et  la  France  semblait  alors  inévita- 
ble ;  mais  la  campagne  heureuse  de  Na- 
poléon sur  le  Danube  arrêta  l'explosion. 
Le  roi  de  Prusse  se  remit  à  traiter.  Na- 
poléon demanda  avant  tout  d'être  mis  en 
rapport  avec  un  homme  qui  put  le  com- 
prendre. Alors  on  songea  à  Haugwita , 
qui   rentra  aux  affaires  et  se  rendit  à 
Vienne  peu  de  temps  avant  la  bataille 
d'Austerlitx.  Après  cette  mémorable  jour- 
née ,  il  parvint  à  conclure ,  au  nom  du 
roi ,  une  convention  en  vertu  de  laquelle 
le  Hanovre  fut  cédé  par  la  France  à  la 
Prusse;  le  même  traité  reconnaissait  la 
neutralité  du  nord  de  TAllemagne.  Après 
cette  habile  négociation ,  le  portefeuille 
des  affaires  étrangères  passa  de  droit  des 
mains  de  Hardenberg  dans  celles  de  Haug- 
witz; mais  son  système  politique  n'ob- 
tint pas  l'assentiment  du  peuple  prussien. 

En  effet ,  la  prise  de  possession  amena 
pour  ce  royaume  une  rupture  avec  TAn- 
gleterre ,  sans  que  les  relations  avec  la 
France  en  devinssent  beaucoup  meil- 
leures. Haugwitx  se  rendit  comme  média- 
teur à  Paris;  mais  cette  tentative  échoua  : 
des  deux  côtés  on  voulait  la  guerre. 
Après  la  bataille  d'Iéna,  Haugwitz  se  re- 
tira en  Silésie  ;  son  rôle  politique  était 
décidément  fini.  Il  vécut  alternativement 
à  Vienne  et  en  Italie  ;  il  est  mort  à  Ve- 
nise le  9  février  1832.  C.  L.  m. 

HAUSER  (  GASFAaD  ).  Aujourd'hui 
même,  l'origine,  la  vie  et  la  mort  de  otten» 
font  trouvé  de  Nurenîberg  présentent  une 
énigme  insoluble.  Placée  dans  un  roman , 
une  existence  semblable  à  celle  de  Hauser 
semblerait  presque  en  dehors  des  limites 
de  la  vraisemblance  :  dans  le  domaine  des 
laits  positifs ,  c'est  un  ineiplicable  mys- 
tère. 

Le  36  mai  1838,  entre  quatre  tt  cinq 


heures  du  soir,  un  boorfwisa  dt  Na 
beiig  aperçut,  non  loin  de 
jeune  paysan  dont  l'i 
maladroite  le  frappa.  Ce  jeune  ho 
semblait  ignorer  Ica  plus  simples  la 
la  sutique  et  de  la  démarche,  ac  ei 
dant  sa  figure  ne  portait  aucune  i 
d'ivrognerie.  U  tenait  entre  i 
lettre  adressée  à  un  officier  d'i 
ment  de  cavalerie  alors 
Nuremberg.  Le  bourgeob,  charitah 
curieux,  essaya  d^eotamer  une  convt 
tion  avec  le  jeune  homme.  «  D*oii  te 
vous?  —  DeRatisboone.  «Tout  estait 
tamer  une  conversation  plus  loafi 
plus  suivie  échoua.  Il  le  conduisit  à  i 
dresse  de  sa  lettre.  En  entrant  ém 
maison  de  cet  officier ,  le  jeune  hm 
dit  à  un  domestique  :  «  Je  veui  sm  I 
cavalier  comme  mon  père.  »  A  toalti 
tre  question  il  répondit  en  dialedthi 
rois  :  «  Je  ne  sais  pas.  » 

L'officier  en  question  rentre  à  I 
heures  du  soir  ;  mais  il  n'cat  pas  pkili 
reux  dans  ses  investigations;  il  as  il 
naît  ni  l'individu  qu'on  lui  adreMt,! 
main  qui  a  tracé  la  lettre  conçue  en 
termes  :  «  De  la  frontière  de  Bavièn^lt 
Je  suis  un  panvre  journalier,  pèftêi 
enfants.  Ce  garçon  a  été  jeté  sur  Isa 
de  ma  porte  le  7  octobre  1812;  je: 
point  fait  de  déclaration  aux  aniari 
Cet  enfant  n'a  jaouûs  quitté  ma  mi 
il  ignore  le  nom  de  mon  doasidle,  l 
que  le  mien.  Je  l'ai  fait  élever  en  \ 
chrétien;  il  sait  lire  et  écrire;  il  Mt 
cile ,  et  veut  devenir  un  cavalier  eti 
son  père;  je  l'ai  conduit  hors  de  ma  i 
son ,  de  nuit ,  jusqu'à  Neumark.  »  1 
la  lettre  se  trouvait  un  billet  trad 
caractères  latins,  et  qu^on  devait  a 
écrit  de  la  main  de  la  mère  supposé 
y  était  dit  que  cet  enfant ,  né  le  30  i 
1 8 1 3,  et  baptisé  sous  le  nom  de  Gaïf 
était  fils  d*une  pauvre  créature  al  < 
père  de  son  vivant  enrôlé  daa 
sixième  régiment  des  cheveu  -légers  à 
remberg. 

A  la  salle  de  police  où  Ton  tiomà 
provisoirement  le  pauvre  orphelôi 
essaya  vainement  de  le  faire  canoer; 
quand  on  lui  remit  une  plume,  il  éi 
lisiblement  ces  mots  :  Guspard  Um 
Du  reste,  il  plevmichail  < 


HAl] 


(517) 


HAU 


Inimear,  et  prononçait  quel- 
inîoteUi^bles. 
la  donc  à  son  signalement,  à 
»las  attentif  de  sa  personne, 
fait,  il  aTait  les  épaules  lar- 
e  bien  prise;  on  lai  trouva 
s  blanche ,  des  mains  et  des 
délicatesse  remarquable.  11 
iToir  jamais  porté  de  chaus- 
sante de  ses  pieds  était  molle 
urne  de  ses  mains.  Ses  deux 
Dt  les  traces  de  la  vaccine  ; 
dt  clair,  son  sourire  gra- 
tin; en  pleurant,  il  faisait  des 
lésagréables.  On  lui  présenta 
irriture  :  il  refusa  tout,  ex- 
n  sec  et  de  Peau.  On  essaya  de 
er  un  peu  de  vin  et  des  vian- 

vomit  tout ,  eut  des  coli- 
I  le  vit  couvert  de  sueur  et 
§té. 

je  les  mains  du  magistrat , 
nfermé  dans  une  chambre  de 
Huremberg  ;  mais  le  geôlier 
i  de  le  traiter  avec  le  plus 
lauser,  dès  ce  moment,  passa 
nsis  par  terre ,  à  jouer  avec 
'enfant.  Quelques  personnes 
vinrent  le  voir;  dans  leur 
il  apprit  à  parler  passable* 
urguemestre  Binder  s'occupa 
ement  de  lui,  cherchant  à 
oile  qui  couvrait  la  vie  anté- 
étre  singulier.  Au  bout  de  six 
xMnmuoiqua  le  résultat  de  ses 
is  :  Hauser  avait  été  élevé 
terrain ,  au  pain  et  à  Teau , 
ne  qui  jamais  ne  se  montrait 
qui  changeait  ses  yètements 
sa  noiuriture  pendant  qu*il 
pauvre  enfant  ne  pouvait  pas 
dre  commodément  dans  son 
o;  jamais  il  ne  vit  le  soleil  ou 
rer  jusqu^à  lui.  Son  unique 
:»nsisUit  à  jouer  avec  deux 
nx  de  bois.  Quelque  temps 
ilivrance  ,  Thomme  qui  lui 

soins  (si  Ton  peut  appeler 
vices  d*an  bourreau) ,  s'était 
souvent  dans  la  geôle  étroite; 
lé  quelques  leçons  d'écriture 
lui  avait  enseigné  à  marcher, 
le  chargea  sur  ses  épaules  et 
Ble  avec  loi  ;  mais  quant  à  la 


direction  suivie  par  les  deux  voyageurs , 
Hauser  était  absolument  incapable  de 
donner  aucun  renseignement  précb.  Il 
n'avait  point  vu  la  figure  de  son  geôlier, 
quoique  celui-ci  ne  fût  point  masqué; 
mais ,  habitué  à  une  soumission  servile, 
il  n'avait  point  osé  regarder  en  face  son 
conducteur. 

Quel  était  donc  cet  enfant  bizarre, 
à  demi  sauvage,  à  demi  idiot?  le  fils  de 
quelque  noble  dame,  d'un  prince  ou  d'un 
prêtre?  peut-être  la  victime  d'une  infâme 
captation  d'héritage?  Ou  bien  n'était-ce 
qu'un  aventurier  d'une  espèce  nouvelle, 
un  fourbe  accompli ,  un  chevalier  d'in- 
dustrie en  herbe?...  A  toutes  ces  quer- 
tions  point  de  réponse  satisfaisante  ;  les 
données  manquaient  pour  les  éclaircir. 
En  attendant,  la  charité  des  habitants  de 
Nuremberg  s'intéressa  vivement  en  faveur 
de  Hauser,  et,  le  18  juillet  1828,  on  le 
confia  à  un  professeur  de  cette  ville. 

Dans  les  commencements,  le  pension- 
naire montra  une  excessive  envie  de  s'in- 
struire. Son  application  était  constante, 
sa  mémoire  prodigieuse,  ses  sens  d'une 
finesse  remarquable;  mais  toutes  ces  fa- 
cultés et  ces  qualités  allèrent  en  dimi- 
nuant à  mesure  que  s'étendait  le  cercle 
de  ses  connaissances.  Il  montrait  beau- 
coup d'aptitude  pour  la  calligraphie  et  le 
dessin;  le  manège  lui  fit  grand  plaisir. 
Quant  à  l'instruction  religieuse ,  il  n'y 
comprenait  mot,  malgré  quelques  bro- 
chures religieuses  qu'on  avait  trouvées 
sur  lui  en  le  fouillant  lors  de  sa  pre- 
mière apparition  à  Nuremberg.  Son  aver- 
sion pour  les  prêtres,  auxquels  il  faut  ad- 
joindre les  médecins,  ne  se  démentit  pas 
un  instant  :  dans  les  églises,  il  se  seutait 
mal  à  son  aise.  Peut-être  le  mystérieux 
crépuscule  qui  règne  dans  les  temples 
gothiques  lui  rappelait-il  le  demi-jour 
dans  lequel  il  avait  vécu  plongé  pendant 
de  longues  années. 

A  tout  prendre,  ses  progrès  n'étaient 
nullement  remarquables.  Il  devint  mala- 
dif,  et  bientôt  un  nouvel  incident  vint 
interrompre  le  cours  de  ses  études  et  ra- 
nimer la  curiosité  du  public,  déjà  blasé 
sur  son  compte.  Le  17  octobre  1829,  on 
trouva  le  pauvre  Gaspard  Hauser  étendu 
dans  la  cave  et  baigné  du  sang  qui  dé- 
coulait d'une  forte  blessure  pratiquée  sur 


HAU  (  518  ) 

le  front  avec  un  coutetu.  Cette  blessure 
n*était  point  mortelle;  mais  àm  paroxys- 
mes nerveux  furent  la  suite  de  cette  in- 
fime tentative  de  meurtre.  Après  que 
Hauser  fut  revenu  à  lui,  il  raconta  qu^un 
homme  noir,  semblable  à  un  ramoneur, 
lui  avait  donné,  au  moment  ou  lui,  Hau- 
ser, passait  la  tête  hors  d*un  cabinet,  un 
coup  violent  sur  le  front;  que  ce  coup 
l'avait  étendu  par  terre  ;  que,  revenu  à 
lui,  il  avait  voulu  se  rendre  cbex  la  mère 
de  son  professeur;  mais  que,  saisi  d'une 
inexprimable  frayeur,  il  s'était  caché  dans 


la  cave,  où  il  avait  de  nouveau  perdu 
connaissance. 

La  police  se  mit  en  mouvement ,  sans 
rien  découvrir  de  positif  sur  l'auteur  de 
cet  attentat.  On  transféra  Hauser  chex 
le  conseiller  Biberach ,  où  deux  agents 
de  police  le  surveillèrent  constamment. 
Après  quelques  mois  de  séjour  dans  cette 
maison,  il  se  blessa  lui-même  par  mala- 
dresse en  détachant  du  mur  un  pistolet 
qui  partit  dans  ce  moment  même.  Plus 
tard,  le  lieutenant  prussien  de  Pirch,  qui 
revenait  de  Hongrie,  s'entretint  avec  lui 
et  crut  découvrir  en  lui  la  connaissance 
de  quelques  phrases  ma^jares.  Ces  cir- 
constances firent  renaître  dans  quelques 
esprits  des  soupçons  sur  la  véracité  de 
Hauser,  lorsque  sa  mort  tragique  vint  au 
moins  sauver  l'honneur  de  cet  être  pré* 
destiné  à  l'infortune.  Dans  les  derniers 
temps ,  lord  Stanhope  s'était  intéressé  à 
lui  et  l'avait  fait  placer  à  Anspach  dans 
les  bureaux  d'un  tribunal.  Le  H  décem- 
bre 1 833,  un  étranger  vint  à  la  rencontre 
de  Hauser,  dans  les  rues  d'Anspach ,  et 
lui  dit  :  «  Je  vous  apporte  des  nouvelles 
de  lord  Stanhope,  et  de  plus  des  détails 
sur   votre    origine.    »    Hauser   lui  ré- 
pond :  1  Je  n'ai  pas  le  temps  de  vous 
écouter  dans  ce  moment,  mais  je  vous 
attendrai  ce  soir  à  trois  heures  dans  le 
Schlosfgttrten,  •»  L'étranger  se  rend  à  la 
place  convenue  et  présente  quelques  pa- 
piers à  Hauser;  en  même  temps,  il  lui 
donne  un  coup  de  poignard  dans  le  côté 
gauche.  \jl  pauvre  victime  trouve  encore 
des  forces  pour  se  traînera  son  domicile, 
et  suc(*ombe  à  sa  blessure  quelques  jours 
plus  tard.  Le  meurtrier  de  Hauser  n'est 
pas  encore  connu;  l'énigme  de  cette  vie 
êiitnd  eocore  une  folullon. 


MAU 

Le  lecteur  pense  bîeo  qu'a 
singulier  a  donné  lien  k  bac 
blicatîons  dans  cette  Allemaj 
écrit  sur  toutes  choses  et  où 
prime;  on  peut  consulter  la 
Gaspard  Hauser^  exempk 
tentât  à  l'existence  intei/ec, 
être  humain ,  par  Fenerbacfa 
1839  (cet  ouvrage  renferme  t< 
ainsi  que  leur  critique  impart 
pard Hauser^  un  aventurier^  \ 
(Berlin,  1880).  Ce  second  o« 
d'après  une  opinion  préconç 
valeur  qu'autant  que  cette  o 
raltra  admissible. 

HAUSSE  ET  BAISSE,  i 
PUBLICS,  Couas  et  Borasa. 

HAUSSE-COL  ou  HAC! 
On  appelait  ainsi,  dans  les  au 
mures,  la  partie  supérieure  de 
qui  entourait  le  cou  et  que  rc 
gorgerin  [voy,).  Lorsque  le  c 
vait  point  de  gorgerin ,  on  e 
gorge  d'un  col  ou  collet  en  1 
aussi  hausse-cou.  PlusUrd,  lel 
se  chargeant  d'ornements,  s'étt 
devant  de  la  poitrine  et  devint  \ 
la  marque  distinctive  de  diffère 

Le  hausse-col,  qui  de  noi 
partie  de  la  tenue  des  officiel 
terie,  est  un  petit  croissant  do 
dans  son  milieu  les  armes  de  1 
selées  en  argent.  On  porte  le 
suspendu  au-dessous  du  cou, 
de  la  poitrine;  il  est  retenu 
cordonnets  en  or  qui  s'atta 
boutons  des  épaulettes. 

Le  hausse-ccI,  dans  l'infanl 
marque  distincti  vedes  officien 
Les  officiers  mettent  encore  le 
toutes  les  fob  qu'ib  ont  ordre  < 
leur  grande  tenue. 

HAUSSEZ  ;  N.  LFXEacv 
d'),  Tun  des  derniers  ministres 
les  X ,  naquit  en  1778,  à  Net 
Normandie,  dans  une  familli 
parlementaire.  Il  prit  part  ai 
ments  royalistes  qui  succêdi 
guerre  de  la  Vendée,  et  fut  coi 
les  poursuites  dirigées  contn 
des  insurgés.  Il  figura  ensuite 
personnes  compromises  dans  i 
ration  de  Georges  Cadoudal  et 
gni,  mais  ne  fut  point  tradait  < 


HAtJ 


(61») 


HAU 


nonnit  ae  borna  l  exercer  sur 
nrmikiiee  qui  fit  place  à  un 
1^  de  confiance  assez  remarqua- 
h  position  ou  il  se  trouvait  pla- 
t  appelé  aux  fonctions  de  maire 
le  natale.  A  la  seconde  ResUura- 
.(THanssex  fuf.élu  député  de  la 
iférieure  et  vota  constamment 
ûoorité  de  la  chambre  de  1815. 
,1e  roi  le  nomma  à  la  préfecture 
irtement  des  Landes,  d'où  il 
ccessivement  à  celles  du  Gard 
de  llsère  (1820)  et  de  la  Gi- 
I8JS  .  Les  électeurs  du  pre- 
ces  départements  le  choisirent , 
j  pour  le  représenter  à  la  cham* 
députés.  Au  mois  d'août  1829, 
(,  qui,  en  1826,  Tarait  nommé 
r  d'éut  en  senrice  extraordi- 
li  confia  le  ministère  de  la  ma- 
r  le  refus  de  Tamiral  de  Rîgny, 
lit  pas  Touln  s'associer  au  cabi- 
I.  de  Polignac.  M.  d'Haussez, 
t  suivi  avec  modération,  mais 
invariable  constance,  la  ligne 
kpie,  signala  son  entrée  au  con- 
ia  vigueur  pleine  d'intelligence 
lelle,  contre  les  prévisions  du 
tîer  de  la  marine,  il  organisa 
uses  préparatifs  de  Texpédition 
vof.  DcpERxi).  L'habileté  de 
Btions  excita  l'admiration  des 
ïux-mémes,  circonstance  d'au- 
i  digne  de  remarque  que  per- 
ignore  combien  ils  étaient  op- 
cae  expédition.  M.  d'Haussez 
aime  membre  du  dernier  cabi- 
harles  X ,  les  ordonnances  du 
:,  dont  il  approuvait  le  principe, 
le  28  dans  les  rangs  des  troupes 
Juand  la  victoire  se  fut  décidée 
du  peuple,  il  se  rendit  à  Saint- 
ne  s'éloigna  de  Charles  X  que 
s  conseils  cessèrent  d'être  utiles 
ce.  Griee  an  dévouement  d'un 
dens  amis,  il  réussit,  non  sans 
à  arriver  à  Dieppe,  d^où,  après 
heures  d^une  pénible  et  péril- 
renée,  il  gagna  les  côtes  d'An- 
k  la  suite  cTun  assez  long  séjour 
yaoBe-uni,  M.  d^Haussez  par- 
eeesivenient  lltalie,  le  royaume 
S  bSoisse,  rAllemagne,  et  cou- 
énhn  de  ses  obsemtioBS  dans 


les  ouvrages  suivants,  dont  les  deux  pre« 
miers  ont  été  plusieurs  fois  réimprimés 
et  traduits  en  angUis,  en  allemand  et 
en  italien  :  1^  La  Grande '^Bretagne  en 
1833,  2e  édit., Paris,  1834, 2  vol.  in-8«; 
2«  Voyage  dîun  exilé ,  de  Londres  à 
Napies  et  en  Sicile^  etc.,  Paris,  1835 , 
2  vol.  in-8®;  V*  Alpes  et  Danube^  ou 
Suite  du  voyage  d^un  exilé  y  etc.,  Pa- 
ris, 1837,  2  vol.  in-8^.  Les  autres  pu- 
blications de  M.  d'Haussez  appartien- 
nent au  temps  de  ses  emplois  adminis- 
tratifs ,  qu'ils  rappellent  par  leurs  sujets. 
M.  d'Haussez,  contumace  dans  le  procès 
des  ministres ,  et  condamné  par  arrêt  de 
la  cour  des  pairs  du  11  avril  1831,  à  une 
détention  perpétuelle,  attend  aujour- 
d'hui à  Genève  la  fin  d'un  exil  qui  ne 
se  prolonge,  après  l'amnistie,  que  par 
suite  de  considérations  personnelles  à 
M.  d'Haussez  et  dont  l'appréciation  n'en- 
tre pas  dans  notre  objet.  A.  B-e. 

HAUTBOIS,  instrument  èvent  ainsi 
nommé  parce  que  dans  l'ancien  système 
d'orchestration  sa  partie  était  habituelle- 
ment écrite  plus  lïaut  que  celle  des  vio- 
lons ,  ou  parce  qu'il  servait  à  renforcer 
leurs  tons  aigus.  Le  son  du  hautbois 
s'obtient  au  moyen  d'une  anche  dans  la- 
quelle souffle  l'exécutant.  Cette  anche 
se  forme  de  deux  lames  de  roseau ,  du 
grain  le  plus  fin,  convenablement  amin- 
cies; à  l'extrémité  supérieure,  elles  sont 
appliquées  l'une  contre  l'autre ,  et ,  du 
c6té  opposé,  fortement  liées  sur  un  fût  de 
cuivre  qui  s'implante  dans  le  premier 
corps  de  l'instrument.  Le  son  de  l'anche 
est  produit  par  la  ligne  d'air  qui,  sortant 
de  la  bouche  de  l'exécutant,  vient  ra- 
ser la  surface  du  roseau  et  le  fait  vibrer 
comme  une  corde  dont  le  poids  de  l'at- 
mosphère serait  le  poids  tendant  et  qui 
aurait  la  longueur  du  tuyau.  Le  haut- 
bois ,  séparé  de  son  anche,  est  formé  de 
trob  pièces  appelées  corpSy  qui  s'ajustent 
bout  à  bout  de  manière  à  former  un  ca- 
nal continu  en  forme  de  tube  graduelle- 
ment évasé  et  terminé  par  une  sorte  d'en- 
tonnoir, lequel  laisse  une  libre  issue  aux 
vibrations  de  l'air  et  prend  dans  les  in- 
struments à  vent  le  nom  de  papillon. 
Pour  la  fabrication  du  hautbob ,  on  em- 
ploie Tébène,  le  grenadiUe  et  phis  com- 
munément le  boîs}  anz  exiréaitéf  des 


HAU 

corps  sont  adaptées  des  viroles  de  métal^ 
d'ivoire  ou  de  coroe,  pour  donner  plus 
de  solidité  à  rinstniment.  Sur  la  longueur 
du  tube,  formé  comme  il  vient  d^étre 
dît ,  sont  percés,  perpendiculairement  à 
Taxe  du  tube,  les  trous  nécessaires  pour 
obtenir  Téchelle  semi- diatonique,  la  co- 
lonne d'air  se  trouvant  modifiée  selon 
que  les  trous  sont  ouverts  ou  fermés.  Pen- 
dant longtemps  le  hautbois  n*a  donné  Té- 
chelle  chromatique  que  d'une  manière 
fort  imparfaite  ;  mais  les  clefs,  ajoutées  à 
l'instrument,  et  devenues  d'un  usage  gé- 
néral depuis  une  trentaine  d'années ,  ne 
lui  ont  plus  rien  laissé  à  désirer  sous  le 
rapport  de  la  justesse  et  lui  ont  procuré 
la  précieuse  faculté  d'exécuter  dans  tous 
les  modes;  néanmoins,  les  tons  moins 
chargés  d'accidents  ont  continué  d'être 
plus  avantageux.  Le  nombre  des  clefs  des 
hautbois  modemess'estsuccessivementac- 
cru  jusqu'à  douze.  Quelquefois  on  adapte 
au  corps  supérieur  un  mécanisme,  appelé 
pompe  ^  formé  de  deux  tubes  de  cuivre 
roulant  l'un  sur  l'autre ,  au  moyen  du- 
quel la  longueur  du  canal  peut  être  aug- 
mentée de  20  millimètres,  et  l'instrument 
baissé  au-dessous  de  son  diapason  habi- 
tuel :  il  y  a  des  hautboïstes  qui  préfèrent 
avoir  des  corps  de  rechange.  Dans  sa 
situation  ordinaire,  la  longueur  totale 
de  l'instrument  est  de  6  décimètres. 

Le  hautbois  n'a  pas  toujours  existé 
tel  que  nous  venons  de  le  décrire  :  il  y 
a  un  siècle  et  demi ,  on  donnait  ce  nom 
à  toute  une  famille  d'instruments  formée 
du  hautbois  '  dessus  ^    qui    avait   huit 
trous  sans  aucune  clef;  sa  longueur  était 
de  66  centimètres;  du  tututbois-ténor y 
qui  avait  1 1  centimètres  de  plus,  et  du 
hautbois  •  basse  y  qui  avait  onze  trous, 
dont  quatre  s'ouvraient  au  moyen   de 
clefs,  et  une  longueur  d'un  mètre  66 
centimètres.  On  faisait  une  dbtinction 
pour  le»  hautbois  de  Poitou  ,  qui  re- 
présentaient tout  ce  système ,  mais  qui , 
se  trouvant  plus  courts  que  les  précé- 
dents ,  fournissaient  des  tons  plus  aigus. 
Il  y  avait  en  outre  le  hautbois  de  jorét 
(en  italien  oboe  piccolo),  qui  se  retrouve 
encore  aujourd'hui ,  mais  n'est  plus  ad- 
mis dans  l'orchestre  :  il  sonnait  l'octave 
du  hautbois  moderne  ;  le  hautbois  d'a^ 
mour  descendait,  au  contraire,  une  tierce 


(520)  HAU 

plus  bas.  Enfin,  un  autre  instnuMBtfi 
par  la  nature  de  ses  sons ,  se  rattadi^ 
la  famille  des  hautbois,  était  le 
dont  le  tube,  par  suite  d*ttiie  dii 
particulière  des  trous,  représemailt| 
développement  d'un  mètre  164  wH^ 
très,  bien  qu'il  n'eût  en  apparence  qMj 
longueur  de  137  milUmètrea.  D  ià 
formé  en  barillet  et  se  jouait  avec  usMÉj 
che  semblable  à  celle  du  hautbois.  I^ 
vention  du  basson  (voj.)  a  fait  f^ 
l'usage  du  haut  bois- basse  et  du  ccnilt 
mais  dans  l'orchestre  moderne  oo  a  cM 
serve  le  hautbois-ténor  sous  le  Boa^ 
cor  anglais  j  on  voce  umana^  iMMiM 
lien  de  l'instrument  qui  ne  doH  fmi 
faire  confondre  avec  la  voix  humaiiti^ 
l'orgue  [voy.  Oacn£).  Le  cor  anglaîsi 
la  quinte  au-dessous  du  hautbobi 
pour  obtenir  des  tons  plus  graves,  ii 
fit  d'allonger  convenablement  le 
celui-ci  et  de  disposer  la  perce  et  lasINl 
conformément  à  cette  nouvelle  loofMll 
Dans  la  vue  de  le  rendre  plus  couMil 
on  le  courbe  en  arc  de  cercle.  Le  p>«H 
est  de  forme  ovoïde  ;  et  le  tube,  cofli|| 
de  petites  rondelles  d'érable  que  It  ft 
teur  ajuste  avec  de  la  colle  forte  >  va  Al 
quant  peu  à  peu,  sans  aspérités  îmériÉI 


res  ;  le  tout  est  ensuite  recouvert  M 
enveloppe  de  cuir  noird. 

De  nos  jours ,  un  de  nos  banthiii 
les  plus  distingués ,  Henri  Brod  *  »  a  f 
sayé  l'usage  d'un  hautbois  b€uytùm;% 
aussi  fait  de  notables  amélioratMMi  I 
cor  anglais  ;  enfin,  dans  le  bat  d'àur  a 
tons  graves  du  hautbob  l'àpreté  désafpl 
ble  qu'on  leur  reproche ,  il  a,  cTapiM 
règles  de  l'acoustique,  jugé  utile  d'util 
ger  l'instrument,  en  établissant  sa 
une  tierce  plus  bas  et  en  le  faii 
cendre  jusqu'au  Ut  comme  les 
hautbois  d'amour.  De  cette  manicfttll 
notes  II/,  rê^  tni  ne  se  prennent  plwl 
près  du  pavillon  et  acquièrent  bcsasH) 
de  douceur  sans  rien  perdre  de  leur  fM 
le  même  artbte  a  ausai  changé  la  podÉl 
de  quelques-unes  des  defr  de  Vwêêbi^ 
ment. 

L'étendue  du  hautbob  est  de  dcuxac 
taves  et  cinq  demi-tons,  depub  le  piUM 


(*)  Ifé  à  Parit  U  i3  ima  1799.  tl 
la  mkw  ville  le  6  •▼ni  tt3^ 


HAU 


(521) 


HAU 


▼Mon  josquVu  fa  sur-aifu;  on 
Déme  obtenir  k  10/9  mais,  dans  l'or- 
e,  et  même  dans  Tusage  habituel, 
t  fait  pas  monter  Tinstrument  au- 
la  mi.  \jt  cor  anglais  représente  le 
ois  à  la  quinte  inférieure.  La  musi- 
\  hautbois  siéent  sur  la  clef  de  sol^  et 
«  ceux  qui  jouent  le  cor  anglais  sont 
oaire  hautboïstes ,  on  se  sert  de  la 

clef  pour  ce  dernier;  mais,  dans  la 
ion,  le  compositeur  dbpose  la  partie 
-  anglais  sur  la  clef  d*i/r,  seconde  H- 
L4>o^emp6  on  fit  usage  du  hautbois 
es  orchestres,  sans  paraître  en  com- 
Ire  la  nature  et  les  facultés  :  ainsi 
nblage  des  hautbois  anciens,  que 
i¥ODs  décrits  plus  haut,  ne  se  faisait 
entendre  que  pour  doubler  et  ren- 
r  les  parties  d^instruments  à  cordes 
es  sons  rauques  et  grossiers.  Ce  fut 
aille  parmesane  des  Besozzi  qui  fit 
*  <»  f^ujE  système.  Gaetano  Besozzi 
ilit  à  Paris  Ters  le  milieu  du  siècle 
,  et  fut  bientôt  égalé  et  surpassé  en 
De  par  Sallentin,  Gamier,  Vogt, 
,  en  Angleterre  par  Fischer ,  et  par 
er  en  Allemagne.  Ces  virtuoses  ont 
ocablement  fixé  la  route  dout,  à 
lir,  tous  les  hautboïstes  qui  aspire- 
aax  applaudissements  du  public  ne 
»nt  ploss^écarter. 

I  hautbois  peuts^associer  avantageu- 
Bt  avec  tous  les  instruments  et  cou- 
r  avec  eux  ;  tantôt  il  porte  avec  lui 
\  d*aoe  aimable  et  naïve  gaité,  tantôt 
pire  une  douce  mélancolie.  Eu  gé- 
,  les  chants  posés  et  peu  chargés  de 
\  lui  conviennent  mieux  que  les 
\  :  cependant  il  peut  encore  pro- 
\  de  Teffet  dans  ce  dernier  cas;  mais 
MUe  occasion ,  pour  être  goûté ,  il 

être  joué  ,  sinon  avec  une  per- 
»  absolue ,  au  moins  avec  un  talent 

remarquable.  Le  doigté  du  haut- 
n'est  pas  fort  difficile  :  ce  qui  est 
iaé,  c^est  de  tirer  de  Tinstrument 
belle  qualité  de  sons  ;  c'est  d'éviter, 
e  jouant,  tout  grincement,  toute 
sse.  D  faut  que  les  sons  soient  pleins 
len  nourris  et  en  même  temps  doux, 
D  quelque  sorte  veloutés;  ils  doivent, 
los,  être  égaux  entre  eux,  et  rien  n^ett 
difficile  pour  Texécutant  que  de  gou- 
er  l'anche  de  manière  à  conserver 


l'expression  convenable  à  la  cantilène, 
sans  que  l'égalité  des  sons  en  soit  troublée. 
Le  répertoire  musical  du  hautbois  est 
assez  borné  comparativement  à  celui  de 
la  flûte  et  de  la  clarinette;  toutefois,  l'on 
possède,  pour  l'étude  de  cet  instrument, 
plusieurs  méthodes  justement  estimées. 
La  plus  ancienne,  due  à  Jean -Chrétien 
Schickart,  parut  à  Amsterdam  en  1730  ; 
Amand  Yanderhagen,  en  1798,  et  Fran- 
çois Gamier,  en  1800,  en  publièrent  de 
nouvelles  à  Paris;  depub,  Joseph  Sellner 
donna,  en  182  4,  à  Vienne,  sa  Theoretisch' 
praktische  Hoboëschule^  traduiteen  fran- 
çais par  Foucquier;  Frédéric  Chàlon, 
qui,  en  1816,  avait  fait  graver  à  Paris 
une  Méthode  pour  le  cor  anglais^  en  pu- 
blia une ,  en  1826 ,  pour  le  hautbois  à 
neuf  clefs;  enfin,  en  1828,  Henri  Brod, 
déjà  cité  plus  haut,  donna,  dans  la  même 
ville,  sa  Grande  méthode  complète  pour 
le  liautbois ,  la  meilleure  qui  ait  paru. 

Tous  ces  travaux,  quelque  recomman- 
dables  qu'ils  soient,  ne  paraissent  pas 
avoir  inspiré  aux  amateurs  le  courage  né- 
cessaire pour  surmonter  les  difficultés  in- 
hérentes à  l'étude  du  hautbois.  £n  con- 
séquence ,  il  s'est  trouvé  des  personnes 
qui  ont  pensé  qu'il  valait  mieux  tourner 
la  question  et  modifier  l'instrument  de 
manière  à  le  rendre  plus  accessible.  C'est 
dans  ce  but  qu'a  été  inventé  Vharmoni- 
phon  de  M.  Paris,  espèce  de  physharmo- 
nica  {voy,)  dont  les  lames  sont  mises  en 
vibration  par  le  souffle  de  l'exécutant  au 
moyen  d'un  porte-vent  qui  conduit  Tair 
au  sommier.  Déjà  15  ans  auparavant, 
M.  Mieg  avait  inven^é  à  Madrid  un  ins- 
trument à  peu  près  semblable.  Plusrécem* 
ment,  on  a  imaginé  d'adapter  au  sommet 
du  hautbois  ordinaire  un  appareil  qui 
évite  à  l'exécutant  le  soin  si  difficile  de 
gouverner  l'anche  avec  les  lèvres  ;  il  lui 
suffit  alors  de  souffler  dans  un  tube  qui 
contient  une  lame  soumise  aux  vibrations 
de  l'air.  On  conçoit  que  de  telles  inven- 
tions ne  sont  à  employer  qu'à  défaut  de 
musiciens  capables  de  jouer  le  hautbois 
ordinaire.  J.  A.  de  L. 

HAUT-BORD,  voy.  Boan  et  Vais- 
seau. 

HAUTE-CONTRE,  vor.  Voix. 

HAUTE- ÉGLISE,  vo/,  Auglicah 
et  Église  épisgopale. 


HAU 


(i22) 


HAUTE-GAROlIflE,  voy.  Gaeoxt- 
9R,  et  de  même  Haute-Loiez  ,  Haute* 
Maeve,  Haute -Saône,  Haute-Vienne, 
voy,  LoiEE,  Maene,  Saône  et  Vienne. 

HAUTE-LISSE ,  voy.  Lisse  et  Go- 

BELINS. 

HAUTEROCHE  (Noël  leBeeton, 
sieur  de),  né  à  Paris ,  eo  1617,  était  fils 
d*un  huissier  au  parlement  de  cette  Tille; 
son  père,  qui  avait  de  la  fortune,  lui  fit 
donner  une  éducation  soignée.  Il  voulut 
ensuite  le  marier  et  lui  acheter  une  char- 
ge de  conseiller  au  Châtelet;  nuûs,  épris 
de  l'indépendance  et  du  métier  des  armes, 
le  jeune  homme  se  sauva  de  la  maison 
paternelle  et  alla  chercher  du  service  mi- 
litaire en  Espagne. 

Une  troupe  de  comédiens  français,  qui 
était  venue  donner  des  représentations 
dans  la  péninsule ,  se  trouvait  alors  à  Va- 
lence: il  s'y  engagea,  obtint  du  succès, 
et  bientôt  devint  lui-même  le  directeur 
d*une  autre  troupe  ambulante,  avec  la- 
quelle il  alla  faire  connaître  à  l'Allema- 
gne les  productions  de  notre  littérature 
dramatique  naissante.  Rentré  dans  sa  pa- 
trie ,  Hauteroche  fut  engagé  d'abord  au 
théâtre  du  Marais,  ensuite  à  celui  de 
l'hôtel  de  Bourgogne,  où  il  remplit  les 
rôles  de  confidents  tragiques  et  ceux  dits 
à  manteau  dans  la  comédie. 

Mabson  talent  d'auteur  dramatique , 
qu'il  avait  ignoré  jusqu'alors,  vint  bien- 
tôt éclipser  ceux  qu'il  avait  montrés  com- 
me acteur;  une  douzaine  de  comédies, 
presque  toutes  accueillies  avec  une  jusbe 
faveur,  fondèrent  sa  réputation  littéraire. 
Sans  doute  on  y  chercherait  en  vain  ces 
peintures  de  mœurs  et  de  caractères ,  ces 
leçons  morales  ressortant  des  sujets  qui 
brillent  chez  nos  auteurs  du  premier  rang  ; 
mais,  en  revanche,  on  y  remarque  une 
grande  entente  de  la  scène,  un  dialogue 
plein  de  gatté  et  de  naturel ,  une  action 
conduite  avec  art  et  bien  dénouée.  Ces 
divers  genres  de  méritese  trouvent  surtout 
dans  t  Esprit  fnllft^  le  Deuil  ^  Cri  s  pin 
m^drrin ,  et  //•  Cocher  supf}osé.  Ces  qua- 
tre pièces  étaient  encore  au  courant  du 
répertoire  du  Théâtre- Français  à  la  fin 
du  dernier  siècle;  et  tant  qu*on  ne  de- 
manda à  la  comédie  que  d'être  comique, 
elles  furent  mises  au  nombre  de  celles  où 
ce  but  était  le  mieux  atteint. 


HAU 


Estimé  pour  sa  probité  et  n 
autant  qu'aimé  pour  son  doabl 
Hauteroche  fut  un  de  ces  acteur 
auxquels  le  fierLoub  XlVaccorc 
seulement  sa  protection ,  mab 
si  enviée  de  sa  familiarité  ;  il  lui  l 
permis  d'en  faire  confidence  au 
et,  dans/<a  Comédie  sans  Coméù 
où  il  jouait  sous  son  nom  propr 
bitait  ces  deux  vers  au  sujet  < 
monarque  : 

n  m*écoale  parfob  miMR  q««  •••  c 
Et  riiabit  que  je  porte  eit  un  de  le 

Hauteroche  avait  passé  sa  6< 
lorsqu'il  se  retira  du  théâtre ,  c 
longea  sa  longue  carrière  jusqu'c 
époque  où  il  mourut  âgé  de  90 1 
théâtre,  qui  forme  3  volumes  in- 
plusieurs  éditions;  celle  de  177: 
gardée  comme  la  meilleure. 

HAUTES-ALPES   (o^pai 

des)*.  Situé  dans  la  région  sod- 

France  et  limitrophe  des  états 

formé  de  parties  des  anciennes  p 

de  Dauphiné  et  de  Provence ,  il 

limites  :  au  nord,  le  département  < 

et  la  Savoie;  à  Test,  encore  la  Sai 

sud,  le  département  des  Basses-i 

l'ouest,  ceux  de  la  Drôme  et  de  V 

tire  soA  nom  de  sa  situation  dans 

tion  la  plus  élevée  des  Alpes  (voy 

çaises  dont  les  sommets  le  hérii 

toutes  parts.  Parmi  ceux  qui  y  atl 

la  plus  grande  hauteur  doivent  éti 

lés  le  pic  des  Écrinsou  Arsines  qui 

mètres  d'élévation  au-dessus  da 

de  la  mer,  et  qu'on  regarde  om 

plus  haute  montagne  que  présent 

territoire.   Viennent  ensuite  la  1 

3,986  m.;  le  mont  Vbo,  3,838 

Rochebrune,    3,335     m.  ;    le    ' 

3,180  m.  et  le  Chabetron  ,  3,1 

La  pente  générale  des  terres  est  a 

ouest,  vers  le  Rhône ,  où  vont  se 

les  eaux  courantes  du  départemea 

tagéesen  deux  bassins  principaux, 

de  la  Durance  et  de  l'Isère ,  que 


(*)  Aa  mut  Ai.pit,  on  ■  drja  doaaé  i 
■rtii-le  ftttr  re  (Irparteineat  ;  m  ôt  m»«  iat 
ce,  tartoat  quand  on  le  roaipare  •«« 
coo<aerêe4  a  toa«  let  antret  départSMaMS 
a  détermiaéa  a  le  repreadr*  ici  es  toa» 
romme  aoat  TaToiie  aaooacé,  à  Ttri  Dai 
T.  VII,  p.  5; 3,  daai  la  aofit.  J 


H\n 


(«28) 


H\U 


(  qoA  le  traTene.  Les  bas- 
s  déteiminent  un  grand 
lées  qo'arrosent  le  Drac, 
les,  le  Guil  et  autres  cours 
insidérables  ;  la  Durance , 
;  département  dans  une 
ron  132  kilom.,  y  cause 
plus  grands  ravages  par  ses 
Le  département  ne  pos- 
tes sans  importance,  mais 
uns  présentent  des  parti- 
quables  :  tel  est  par  exem- 
marais  de  Pelbautier,  à  Ja 
lotte  la  moite  tremblante^ 
!  ronde  d^environ  dix  mè- 
e  et  d'épaisseur, 
ure  des  Hautes-Alpes  est 
'hiver  est  long  et  rigou- 
couvre  le  sol  de  plusieurs 
:  les  deux  tiers  de  Tannée; 
cessive  règne  souvent  en 
[ui  soufflent  du  nord  sont 
ds  ravages  ;  le  vent  d'ouest, 

dans  toute  cette  partie 
mène  les  pluies.  Les  af fec- 
ire3  sont  assez  communes 
ation  ;  le  goitre  se  mani- 
[uemment  dans  certaines 
te,  rhabitant  de  ces  con- 
énéral  fort  et  vigoureux, 
ite  taille. 

les  du  département  recè- 
es  minérales  variées  :  on  y 
rgent,  le  cuivre,  le  fer  et 

exploite  le  crbtal  de  ro- 
,  le  porphyre,  le  granit,  la 
iphique,  etc.  Ces  divers 
lentent  un  grand  nombre 
ources  minérales  se  trou- 
urs  points.  Les  flancs  des 
t  couverts  de  vastes  forêts 
B  sapins  qu'habitent  l'ours, 
L  et  le  grand  aigle,  parmi 
>ces-y  le  chamois,  la  chèvre 
e  lièvre  blanc,  etc.,  parmi 
es.  Des  pâturages  se  trou- 
grande  hauteur  parmi  ces 
;  là  paissent  d'innombra<« 
transhumants, 
otale  du  département  est 
:tares;  sur  ce  nombre,  en- 
sont  en  culture,  83,000 
)0  en  forêts;  le  reste  est 
landes  et  des  rochers.  On 


évalue  à  6,000  le  nombre  de  cfaevam  et 
mulets  ;  on  compte,  de  plus,  1 0,000  ànet, 
30,000  bêtes  à  cornes,  18,000  chèvres, 
10,000  porcs  et  140,000  moutons,  non 
compris  les  animaux  transhumants.  Le 
produit  annuel  des  terres  labourables  est 
d'environ  600,000  hectolitres  en  céréales 
et  produits  divers  analogues;  de  75,000  h. 
en  vins,  et  de  350,000  kilogr.  de  laines. 
Le  revenu  territorial  est  porté  à  environ 
5,500,000  fr.  Le  nombre  des  foires  où 
s'échangent  les  produits  du  sol  est  de  1 85, 
occupant  283  jours.  Le  département  est 
traversé  par  4  routes  royales  et  l'on  y 
compte  19  routes  départementales;  ces 
routes  y  présentent,  avec  les  chemins  yî- 
cinaux,  un  développement  de  2,517  ki- 
lomètres. 

La  population  s'élevait,  d'après  le  der- 
nier recensement  officiel  de  1836  ,  à 
131,162  individus,  chiffre  le  plus  fai- 
ble que  présentent  nos  départements; 
c'est  460  habitants  par  lieue  carrée. 
La  population  a  gagné  18,662  habi- 
tants depuis  1801.  Le  mouvement  de 
cette  population  a  présenté,  en  1835,  les 
résultats  suivants  :  naissances,  4,413, 
dont  2,227  masculines  et  2,186  fémini- 
nes :  sur  ce  nombre,  188  illégitimes; 
décès,  3,475,  dont  1,721  masculins  et 
1,754  féminins;  mariages,  1,050.  Le 
contingent  annuel  pour  l'armée  est  de 
325  jeunes  soldats  ;  le  nombre  des  indi- 
vidus inscrits  sur  les  contrôles  de  la  garde 
nationale  est  de  2  7 , 2  52 ,  dont  2 1 , 1 4 1  sur 
les  contrôles  du  service  ordinaire.  Parmi 
toute  la  population,  412  citoyens  seu- 
lement jouissaient,  en  1837,  du  droit 
électoral  et  envoyaient  deux  députés  à  la 
chambre.  Remarquons  que  les  Hautes- 
Alpes  sont  celui  de  nos  départements 
qui  compte  le  moins  d'électeurs  après  la 
Corse.  Le  nombre  des  cotes  de  contribu- 
tion foncière  était,  en  1835,  de  39,079; 
en  1831  ,  le  département  a  produit  à 
l'état ,  en  impôts  divers,  une  somme  de 
2,307,152  fr.  31  cent.,  et  il  en  a  reçu 
4,647,628  fr.  79  c.  Le  département  des 
Hautes- Alpes  est  un  de  ceux  où  l'instruc- 
tion élémentaire  a  fait,  dans  les  dernières 
années ,  les  progrès  les  plus  marqués  ;  en 
1836,  il  n'y  avait  plus  qu^une  commune 
ou  réunion  de  communes  qui  n'eût  pas 
d'école  primaire  municipale;  10,699  élè« 


H4U 


(524) 


HAU 


YC9,  on  1  sur  13  habitants ,  fréquentaient 
les  é€oles  existantes.  A  la  même  époque, 
on  comptait  dans  le  département  1  ac- 
cusé sur  10,080  habitants,  1  suicide  sur 
18,737habiUnto,et  1  aliénésur  14,573. 
L'institution  des  caisses  d'épargnes  n'y 
avait  pas  encore  pénétré  en  1837. 

Le  département  est  divisé,  sous  le  rap- 
port adminbtratif ,  en  trois  arrondisse- 
ments de  sons- préfecture ,  qui  ont  pour 
chef-lieu  :  1®  Gap^  qui  est  aussi  le  chef- 
lieu  du  département,  ville  très  ancienne, 
aituéeau  milieu  des  montagnes,  à760  mè- 
tres an-dessus  du  niveau  de  la  mer,  avec 
environ  7,500  habitants;  3®  Briançon, 
ville  très  forte  et  Tune  des  ciels  de  la 
France  sur  cette  frontière ,  située  sur  la 
rive  droite  du  Clairet,  et  peuplée  d'envi- 
ron 3,000  habitants;  3**  Embrun,  l'an- 
cienne Ebrodanum^  ville  située  sur  la 
rive  droite  de  la  Durance,  avec  une  po- 
pulation d'environ  3,000  individus.  Le 
département  forme  un  diocèse  épiscopal , 
dont  le  siège  esta  Gap;  il  appartient  à  la 
7*  division  militaire,  ayant  son  quartier- 
général  à  Lyon  ;  les  tribunaux  sont  du 
ressort  de  la  cour  royale  de  Grenoble,  et 
les  établissements  scolaires  de  celui  de 
l'académie  de  Nîmes.  P.  A.  D. 

HAUTES-PYRÉNÉES,  voy.  Py- 

HAUTESSE ,  titre  très  différent  de 
celui  d^ altesse  [voy,\  et  qu'on  donne  ex- 
clusivement au  padichah  ou  grand-sei- 
gneur des  Othomans.  Après  tout,  ces 
nuances  ne  sont  pas  justifiées  suffisam- 
ment ;  car  on  ne  dit  pas  sa  grandeur  de 
l'empereur  de  Russie ,  à  qui  ses  sujets , 
dans  la  langue  du  pays ,  donnent  pour- 
tant cette  qualification  (iévovéUtchesivo), 
Aussi  bien  que  lui ,  et  certes  à  plus  juste 
titre  que  le  roi  de  Ul  Grèce ,  l'empereur 
turc  peut  être  qualifié  Sa  Majesté,    X. 

HAUTE  -  TRAHISON,  voy.  Tra- 
hison. 

HAUTEUR,  étendue  d'un  corps  en 
tant  qu'il  est  haut  ou  élevé.  En  géométrie, 
c'est  la  distance  la  plus  courte  du  sommet 
ou  d'un  point  supérieur  d'une  figure  ou 
d'un  corps  quelconque  à  la  ligne  hori- 
zontale; et  conséquemment  c'est  une  li- 
gne perpendiculaire  tirée  du  sommet 
d'une  figure  ou  d'un  corps  sur  la  ligne 
horizontale  ou  lor  la  b«e  de  la  figure  ou 


du  corps.  Ainsi,  la  hantenr  é 
d'une  montagne,  etc.,  est  la 
pendiculaire  abaissée  du  soa 
tour  ou  de  la  montagne  sur  h 
rizontale.  On  appelle  hauteur 
gle  la  perpendiculaire  menée 
angles  du  triangle  au  c6té  op 
teur  d'un  parallélogramme,  b 
pendiculaire  menée  d'un  poin 
que  de  l'un  des  cotés  du  parall 
sur  le  c6té  opposé. 

En  optique,  la  hauteur  est 
par  l'angle  compris  entre  une 
par  le  centre  de  l'œil,  parallèi 
zon ,  et  un  rayon  viiuel  qui 
partie  supérieure  à  l'œil. 

En  astronomie ,  la  hauteur 
sure  point  par  des  lignes  droiu 
des  arcs  de  cercle;  d'où  il  suit  < 
teur  ou  Vélévation  d'un  astre  < 
bre  de  degrés,  de  minutes  et  d 
compris  entre  l'astre  et  l'horiz 
sure  des  hauteurs  est  le  fon 
toute  l'astronomie.  On  distinf 
teur  des  astres  en  hauteurs  ap 
en  hauteurs  vraies  :  la  /miti 
d'un  astre  est  sa  distance  de  l'I 
du  centre  de  la  terre,  et  la  ht 
parente  est  sa  distance  de  Tli 
de  la  surface  de  la  terre  ;  celle 
de  l'autre  en  raison  de  la  réfn 
la  rend  plus  grande,  et  de  la 
qui  la  fait  paraître  plus  petit 

L'arc  compris  entre  l'hori 
astre  se  mesure  par  l'angle  que 
l'horizon  la  droite  menée  de  1' 
servateur  à  l'astre.  Ainsi ,  loc 
est  au  zénith ,  il  est  à  la  plus  gi 
teur;  l'arc  ou  l'angle  qui  II 
90  degrés. 

Hauteur  de  l'équateur^  a 
entre  l'équateur  et  le  point  a 
Tobservateur.  Cette  hauteur  se 
trouver  la  déclinaison  {■voy,)  | 
teur  du  méridien  ;  elle  peut  : 
directement  en  observant  la  | 
et  la  plus  petite  hauteur  du  u 
et  en  hiver.  La  moitié  de  la 
entre  ces  deux  observations  c 
gle  que  l'écliptique  forme  ai 
teur. 

Hauteur  méridienne^  haut 
très  au  moment  où  ib  pasaeot 
ridien.  C*cst  l'arc  du  néridk 


HAO 


(525) 


HAU 


tn  «C  rhoriaon.  Cette  hauteur 
m  fraude  de  tontes;  elle  sert  à 
a  dédinaîsoii  de  l'astre.  On  Tob- 
jomnThni  avec  nn  quart  de  cercle 
90f.)  dont  il  faut  connaître  Fer- 
les Térifications  nécessaires, 
aune  hauteurs  correspondantes 
moyen  desquelles  on  connaît  le 
da  midi  vrai,  ainsi  que  l'heure  du 
hm  astre  an  méridien.  Ces  astres 
emeot  élevés  deux  ou  trois  heures 
ir  passage  an  méridien  et  deux 
btôres  après.  Ainsi,  pour  avoir 
Kment  le  moment  où  un  astre  a 
méridien,  il  suffit  d'observer, 
lojen  d'une  horloge  à  pendule, 
où  il  s'est  trouvé  à  une  certaine 
m  montant,  et  avant  son  passa- 
ridien ,  et  d'observer  ensuite  le 
il  se  trouve  à  une  hauteur  éga- 
nendant,  après  son  passage  au 
:  le  milieu  entre  ces  deux  in- 
liorloge,  sera  l'heure  que  Thor- 
|uait  au  moment  où  l'astre  a  été 
léridien. 

r  que  forme  la  direction  de  la 
rhorizon  de  l'observateur  se 
iuieur  de  la  lune.  Cette  hau- 
mt  nécessaire  pour  prendre  la 
en  mer  et  pour  diverses  autres 
ms.  M.  Etienne  Séguin  a  ima- 
ostrument  avec  lequel  on  peut 
icilement  la  hauteur  de  la  lune 
(  astres,  et  par  suite  la  longitude 

rr  du  pâle ,  arc  compris  entre 
'éqnateur.  S'il  existait  une  étoile 
pôle,  il  serait  extrêmement  fa- 
mdre  la  hauteur  du  pôle  ;  mais 
»  qui  est  l'étoile  la  plus  rappro- 
»ôle,  dans  ce  moment,  en  est 
l'environ  1®  40'.  Ainsi,  pour 
a  hauteur  du  pôle ,  il  faut  ob- 
nouvement  de  l'étoile  polaire , 
lelle  nuit,  et  prendre  la  hauteur 
Dt  où  elle  passe  dans  le  méri- 
nrsqu'elle  est  au-dessus  du  pôle, 
elle  est  au-dessous.  La  moitié 
ne  de  ces  angles  donne  la  hau- 
61e  au-dessus  de  l'horizon ,  et 
lément  est  la  distance  à  l'équa- 
;  hauteur  du  pôle, 
r  hauteur^  c'est  mesurer  le  de- 
évation  du  soleil  sur  l'horizon, 


pour  en  déduire  la  latitude  {vcy.)  du  lien* 
Cette  observation  se  fait  ordinairement  à 
midi ,  lorsque  le  soleil  est  dans  le  méri- 
dien du  lieu  de  l'observation.  On  se  sert 
en  mer,  pour  prendre  hauteur,  de  plu- 
sieurs instruments  dont  les  principaux 
sont  V octant  j  le  sextant  j  un  quart  de 
réduction ,  etc. 

Ayant  la  hauteur  du  soleil  au-dessus 
de  l'horizon ,  daus  son  passage  au  méri* 
dien  ;  connaissant  d'ailleurs,  par  des  ta- 
bles, sa  distance  de  l'équateur,  le  jour 
de  l'observation,  on  en  déduit  la  distance 
du  lieu  de  l'observation  à  l'équateur,  et  par 
conséquent  la  latitude  du  lieu. 

On  nomme  hauteur  atmosphérique  la 
hauteur  présumée  de  la  limite  supérieure 
de  l'atmosphère  qui  environne  la  terre. 
Toutes  les  fois  qu'un  corps  se  meut  dans 
un  milieu,  quelque  peu  résistant  qu'il 
soit,  son  mouvement  en  est  altéré.  L'ex- 
périence a  prouvé  que  le  mouvement  des 
corps  planétaires  n'éprouve  pas  de  dimi* 
nution  appréciable  :  donc  le  milieu  dans 
lequel  ils  se  meuvent  ne  leur  oppose  pas 
de  résbtance  sensible.  L'air  atmosphéri- 
que opposant  une  résistance  au  mouve- 
ment des  corps,  il  s'ensuit  que  l'atmo- 
sphère terrestre  ne  s'étend  pas  jusqu'aux 
corps  du  système  planétaire  et  qu'elle  ne 
s'élève  même  pas  jusqu'à  la  lune.  On  fait 
usage  de  différentes  méthodes  pour  dé- 
terminer la  hauteur  de  l'atmosphère  :  \^ 
par  la  distance  de  la  terre  à  laquelle  se 
trouvent  quelques-unes  des  aurores  bo- 
réales que  l'on  aperçoit  ;  ^^  par  la  pres- 
sion que  l'air  exerce  sur  la  surface  de  la 
terre  estimée  par  la  hauteur  du  mercure 
dans  le  baromètre;  3<*  par  la  forme  appa- 
rente de  la  voûte  céleste  ;  4®  par  la  du- 
rée du  crépuscule. 

En  supposant  que  la  courbure  appa- 
rente de  la  voûte  céleste  (vo/.  Ciel)  soit 
concentrique  à  celle  de  la  surface  de  la 
terre ,  il  en  résulterait  que  la  hauteur  de 
l'atmosphère  serait  le  cinquième  environ 
du  rayon  de  la  terre.  Par  la  méthode  du 
crépuscule,  la  hauteur  de  l'atmosphère 
n'est  que  le  dixième  du  rayon  de  la 
terre  :  cette  méthode  donne  donc  une 
hauteur  moitié  de  la  première.  La  diffé- 
rence entre  ces  deux  rapports  provient  de 
ce  que  nous  ne  jugeons,  par  le  crépuscu- 
le,  que  la  hauteur  de  l'atmosphère  qui 


HAtJ 


(&26) 


HâO 


flom  réflé^tlflsniyoïis  cb  lomi^  avez 
ibrts  pour  être  disUngnés;  nom  jugeons 
cette  hauteor  betaooop  trop  baise.  Par 
la  courbure  de  la  voûte  céleste,  nous  ju- 
geons cette  hauteur  diaprés  Paction  que 
produisent  les  rayons  de  la  lumière  pro- 
venant de  Tensemble  de  toutes  les  molé- 
cules qui  se  trouvent  dans  chaque  direc- 
tion, et  nous  déduisons  de  la  courbure 
apparente  une  hauteur  trop  grande.  Il 
est  probable  que  la  hauteur  vraie  de  l'at- 
mosphère se  trouve  entre  ces  deux  limi- 
tes; on  la  porte  de  15  à  SO  lieues  envi- 
ron. Foy,  ÀTMosPHias. 

La  hauteur  de  la  végétation  est  la 
hauteur  à  laquelle  les  végétaux  cessent  de 
croître.  A  partir  d'une  certaine  hauteur, 
on  voit  les  arbres  et  les  grandes  plantes 
diminuer  de  force  et  de  croissance,  jus- 
qu'à 3,400  ou  S,500  mètres  au-de»us 
du  niveau  de  la  mer,  ce  qui  répond  au 
climat  de  70^  de  lat.  :  plus  haut  ils  cessent 
de  croître  et  disparaissent.  A  partir  de  la 
base  des  montagnes,  l'ordre  de  croissance 
des  arbres  est  d'abord  le  chêne ,  puis  le 
hêtre,  le  frêne;  ensuite  le  sapin,  l'if;  en- 
fin le  pin,  le  mélèze.  Cet  ordre  est  exacte- 
ment celui  de  ,la  décroissance  des  arbres 
en  avançant  vers  le  pôle,  où  les  derniers 
arbres  qui  croissent  sont  les  pins. 

Les  arbrisseaux  succèdent  aux  arbres; 
parmi  les  premiers  on  distingue  le  gené- 
vrier, que  l'on  voit  successivement  dimi- 
nuer de  grandeur  jusqu'à  3,900  mètres 
d'élévation ,  ou  il  dbparatt.  Les  sous-ar- 
brisseaux suivent  les  arbrisseaux;  enfin 
ceux-ci  cessent  de  croître  à  leur  tour  et 
sont  remplacés  par  des  herbes  à  racines 
vivaces;  la  limite  des  neiges  remplace  alors 
toute  la  verdure.  Toutefois  la  neige  cou- 
vre aussi  des  plantes  que  l'on  aperçoit , 
à  de  plus  grandes  hauteurs,  lorsqu'elle  se 
fond  et  que  la  limite  des  neiges  s'élève; 
on  voit  sur  la  place  que  cette  neige  a  re- 
couverte pendant  plusieurs  années  desuite 
des  plantes  que  l'action  bienfaisante  du 
soleil  fait  développer. 

Hauteur  de  fjuelques  édifices.  Comme 
plusieurs  édifices,  remarquables  par  leur 
hauteur  au-dessus  du  sol,  ont  été  mesu- 
rés avec  soin ,  nous  les  indiquerons  ici , 
afin  qu'on  ait  pour  chacun  des  points  fixes 
de  comparaison. 

Pf  usîeun  de  ces  hauteurs ,  par  exemple 


cellct  dea  pyramide»  d'ÉgypIii 
mesurées  par  des  opératioaa  trig 
triques,  d'autres  directcnent  avec 
sures  étalons  des  différents  paya. 

Ces  hauteurs  sont  : 

La  plus  haute  des  pyrunidcid' 

«ypt« 

La  tour  de  la  cathédrale  de  Sin 

bourg,  au-dessus  du  pavé 
La  tour  de  Saint  -  Étîeoae , 

Vienne • 

La  coupole  de  Saint -Pierre 

Rome 

La  tour  deSaint-Paul,  àLondn 

Le  dôme  de  Milan 

La  flèche  des  Invalides,  à  Pa^ 
Le  sommet  du  Panthéon  •  .  • 
La  balustrade  de  la  tour  Noti 

Dame 

La  colonne  de  la  place  Vendôm 

Hauteur  des  montagnes  ^'  é 
du  sommet  des  montagnes  au-desi 
ou  de  différents  points  donnés  < 
tion.  C'est  habituellement  au  ni 
la  mer  que  l'on  rapporte  la  hani 
montagnes;  cependant  il  est  des 
stances  dans  lesquelles  on  est  ol 
les  rapporter  à  une  base  donnée , 
ce  qu'on  ait  pu  déterminer  exa 
la  hauteur  de  cette  base  au  -  d< 
niveau  de  la  mer.  Alors  U  son 
deux  hauteurs  donne  celle  de  la 
goe  au-dessus  du  niveau  de  la  ■ 

On  peut  prendre  U  hauteur  di 
tagnes  de  diverses  manières  :  d^ali 
un  nivellement  (vo)^.)  continué  d 
de  la  montagne  à  son  sommet.  D 
les  manières  de  prendre  la  haa 
montagnes,  celle  -  ci  est  la  plus 
mais  elle  est  aussi  la  plus  ine&act 
que  la  hauteur  de  la  montagm 
égale  à  la  somme  de  tous  les  nive 
qui  ont  été  pris,  est  néce»aireroei 
tée  de  toutes  les  erreurs  ioévîn 
chaque  opération.  Ou  bien  on 
une  base  avec  beauit>up  d>xa 
et  l'on  prend ,  à  chaque  extrénûl 
gle  formé  par  la  base  et  la  droite 
de  chaque  station,  au  sommet  de 

(*)  ^of,  ce  qne  ooo«  «toim  dit  ■«  r 
<:hcr  ftur  u  pruportioa  ealrc  la  toar 
Éticone  et  c«Ue  d«  U  cathédrale  de  Sn 
Ce$t  priacipalemeal  tar  eea  moti  «•• 
pa9i  qo<*  purtcot  aut  duale». 


■Ail 


(427) 


HktJ 


formé  on 

i  et  deux 

peut  coDflé- 


V  Mite  opéralkn 
iont  on  oonnail  i 
st  dms  lequel  c 
it,  par  une  fonoule  trigonomé^ 
trémement  simple,  oonnaitre  les 
res  côtés,  et  par  conséquent  la 
de  chaque  extrémité  de  la  base 
BU  sommet  de  la  montagne, 
ermine  aussi  la  hauteur  des  mon- 
r  le  baromètre  {vojr.)^  en  obser- 
deux  stations  extrêmes  et  dans 
instant  1^  la  hauteur  du  mercure 
aromètre,  2^  la  température. 
ur  des  neiges  f  voy.  au  mot 

ur  des  nuages  y  voy\  à  l'article 

A.  DE  G. 

TEVILLE  (famiixk  de)  ,  voy. 
>,  BoHSMOVDy  Tahceèdb  et  Sl- 

r-FOURNEAU,  vor.  Foum- 

[*-RELIEF,  voy.  Bas«Rslief. 
r-RHIN,  vor*  Rhixt. 
r  (  Riiii-JusT  ) ,  célèbre  miné- 
naquit ,  le  28  féTrier  1743  ,  à 
ty  bourg  de  la  Picardie  (  dépar- 
B  rOise),  où  son  père  exerçait 
ûon  de  tisserand.  Une  circon- 
ignifianteen  elle-même  prépara 
Haûy  une  tout  autre  destina- 
assiduité  aux  offices  de  Téglise, 
Tattirait  un  goût  dominant  pour 
le ,  le  fit  remarquer  par  le  prieur 
jaye  de  Prémontrés,  Toisine  de 
it.  Quelques  entretiens  avec  le 
ni  découvrit  dans  cet  enfant  une 
âté,  le  déciArent  à  le  confier 
(  de  ses  moines.  Des  progrès  ra- 
srent  Tattention  de  ses  maîtres 
éritèrent  leur  bienveillance.  Ils 
ent  à  sa  mère  de  conduire  son 
-b,  afin  d'y  achever  ses  études, 
ettant  qu'à  Taide  de  leurs  recom- 
»ns  elle  en  trouverait  assuré- 
moyens.  Après  avoir  réuni  ses 
cononûes,  que  devait  épuiser  le 
t  quelques  semaines  dans  la  capi- 
t  suivit  ce  conseil.  Le  résultat  de 
s  démarches  se  borna  d'abord  à 
me  place  d'enfant  de  chœur  dans 
églises  du  faubourg  Sain  t- An - 
ik  plus  tard  les  moines  de  Sain  t- 
Morèrent   à  leur  protégé  une 


boofse  an  eoUé^  de  Navarre.  Son  ardeur 
pour  le  travail  lui  concilia  l'attachement 
de  ses  professeurs.  Ses  études  étant  adie- 
véesyon  l'employa  comme  maître  de  quar* 
tier,  et,  quand  il  eut  pris  ses  degrés,  il 
obtint  la  régence  de  quatrième.  Quelque 
temps  après,  il  entra  au  collège  du  cardinal 
Lemoine  en  qualité  de  régent  de  seconde. 

Sans  avoir  l'intention  de  s'adonner  à 
d'autres  études  que  celles  qui  étaient 
nécessaires  à  son  emploi,  il  s'occupait 
comme  délassement  de  quelques  expé- 
riences de  physique ,  et  spécialement  sur 
l'électricité,  goût  que  lui  avaient  inspiré 
les  leçons  de  Brisson ,  professeur  au  col- 
lège de  Navarre.  Un  des  régents  du  col- 
lège Lemoine,  l'abbé  L'Homond,  devenu 
son  intime  ami ,  s'occupait  de  la  botani- 
que et  l'engagea  à  cultiver  cette  étude. 
Haûy  commença  ses  herborisations  sous 
sa  direction ,  et  les  continua,  pendant  les 
▼acances ,  avec  un  des  moines  de  Saint- 
Just,  qui  s'adonnait  à  cette  partie  de  l'his- 
toire naturelle.  De  retour  à  Paris ,  l'im- 
mense collection  du  Jardin  du  Roi  dé- 
veloppa et  agrandit  ses  idées. 

,  Ses  promenades  habituelles  dans  ce 
jardin  lui  fournirent  l'occasion  de  faire 
un  nouveau  pas  dans  l'étude  de  la  nature. 
La  curiosité  l'entraina  à  la  suite  de  la 
foule  qui  se  rendait  à  l'amphithéâtre  de 
Daubenton(vo/.),  professeur  de  miné- 
ralogie. Dès  la  première  leçon  ,  il  aper- 
çut les  rapports  de  cette  science  avec  son 
inclination  pour  la  physique  ;  il  s'y  livra 
exclusivement,  loin  de  prévoir,  sans 
doute ,  les  développements  dont  il  devait 
l'enrichir. 

Haûy,  ayant  remarqué  la  constance  des 
formes  compliquées  des  fleurs,  des  fruits, 
de  toutes  les  parties  des  corps  organisés, 
soupçonna  que  les  formes  des  minéraux, 
bien  plus  simples  et  presque  toutes  géo- 
métriques ,  devaient  être  déterminées  par 
des  lois  semblables.  Le  hasard  confirma 
ses  prévisions.  Occupé  à  examiner  la  ri- 
che collection  de  minéralogie  du  maître 
des  comptes  De  France,  son  ami,  il  laisse 
tomber  un  énorme  groupe  de  spath  cal- 
caire cristallisé  en  prisme.  En  examinant 
les  faces  des  fragments,  leurs  angles  et 
leurs  inclinaisons,  Haûy  s'aperçoit  qu'ils 
sont  les  mêmes  que  dans  les  spaths  dont 
les  crbtaux  présentent  une  autre  forme; 


UkV 


(m) 


BâO 


U  remarqua  la  confomiité  dm  diTorses 
oouches  avec  le  prisme  qui  leur  sert  de 
DoyaUy  fait  déjà  aperça  par  d'autres  mi- 
néralogistes y  mais  dont  lui  seal  saisit  les 
conséquences;  il  obsenre  que  les  variétés 
qu'offre  l'extérieur  des  cristaux  sont  lepro- 
duitdes  diverses  manièresdontse  groupent 
les  molécules.  Voilà  le  principe  delà  cris- 
tallisation reconnu  ;  oya  doit  le  retrouver 
dans  les  cristaux  de  toutes  les  substances  : 
des  expériences  subséquentes  démontre- 
ront ce  fait.  Malgré  les  plaisanteries  d'en- 
vieux qui  le  qualifient  de  cristalloclaste , 
il  brise  ses  propres  collections,  reconnaît 
partout  une  structure  basée  aur  les  mêmes 
lois  de  cette  fixité  des  formes  géométri- 
quementdéterminables  ;il  déduit  la  possi- 
bilité de  calculer  d'avance  les  angles  et 
les  lignes  de  toutes  les  faces  secondaires , 
du  moment  où  la  molécule  constituante 
serait  déterminée.  L'étude  approfondie 
de  la  géométrie  l'aida  à  prouver  cette  as- 
sertion. 

Désormais  la  classification  rationnelle 
desminérauxy  jusque-là  si  difficile,  si  ar- 
bitraire, s'opérera  en  prenant  la  cristalli- 
sation pour  base  de  la  détermination  djfs 
espèces ,  et  en  ne  s'en  rapportant  qu'avec 
prudence  à  l'analyse  chimique;  propo- 
sition développée  dans  un  tableau  compa- 
ratif des  résultats  de  la  cristallographie  et 
de  l'analyse  chimique ,  relativement  à  la 
classification  des  minéraux,  publié  en 
1809.  Foy,  Cristallisation. 

Les  professeurs  Daubenton  et  La  Place, 
auxquels  Haùy  avait  donné  communica- 
tion de  sa  découverte,  l'engagèrent  à  se 
présenter  à  l'Académie  des  Sciences.  Les 
chaires  de  physique  et  de  minéralogie 
étant  occupées,  Uaûj  fut  nommé  profes- 
seur-adjoint de  botanique  au  Jardin  des 
Plantes  (13  février  1793).  Invité  par  ses 
confrères  à  leur  expliquer  sa  nouvelle 
théorie,  il  leur  ouvrit  un  cours  particulier, 
et  le  modeste  régent  de  seconde  vit  se 
ranger  dans  son  amphithéâtre  les  La- 
grange  ,  les  FourcroY,  toutes  les  sommi- 
tés  académiques. 

Vingt  années  de  professorat  dans  l'Uni- 
versité donnaient  à  l'abbé  Haûy  le  droit 
à  sa  pension  d'émérite;  voulant  consa- 
crer tout  son  temps  aux  sciences ,  il  la 
demanda  et  l'obtint.  Jointe  au  revenu 
d'un  médiocre  bénéfice,  cette  peosioo 


sofiiHÛt  à  pttné  ans  pins  Uridi  I 
Mab  sa  position  devint  enonre  Boii 
reuse  :  toutes  ces  ressoaroeslai  fur 
levées  par  la  Révolution ,  dont  il  i 
tageait  point  les  principes.  Le  re 
serment  alors  exigé  du  clergé  le 
sit  à  la  misère;  il  ne  lui  resta  qui 
lébrité,  qui  le  signala,  oomine  t 
savants  de  l'époque,  à  U  rage  dei 
cuteurs.  Les  sicairet  du  pouvoir  i 
duisirent  dans  son  domicile;  ses 
scrits  furent  sais»,  set  coHections  I 
on  le  traîna  dans  la  prison  du  séi 
Saint-Firmin,  et  il  était  réservé  à 
faud,  si  l'intervention  chaleore 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  (vof.) 
vait  fait  mettre  en  liberté. 

De  ce  moment,  il  cessa  d^étre  c 
aux  vexations.  Le  gouvernement  c 
tionnel  le  nomma  membre  de  la  a 
sion  des  poids  et  mesures  (  1 79S 
professeur  à  l'école  normale  et  c 
vateur  du  cabinet  des  mines  (171 
fut  au  milieu  de  cette  ricbe  ed 
que  Haûy  prépara  le  plus  imporl 
ses  ouvrages,  son  Traité  de  Atiméf 
publié  en  1801.  Malgré  ses  boa 
travaux ,  l'abbé  Haûy  n'occupa  la 
de  minéralogie  (  9  décembre  180! 
la  mort  de  Dolomieu  (  voy. },  qi 
succédé  à  Daubenton;  et  on  lai 
pour  adjoint  M.  Brongniart  (vejr» 
plus  tard ,  remplit  les  mêmes  §am 
Son  premier  soin  fut  d'augmenter  I 
lections  du  Muséum,  d'en  rèfovi 
classification  d'après  les  découv«i 
centes.  Il  s'imposa  le  devoir  dte 
avec  la  même  urbanité  les  savaofe 
simples  élèves  qui  visitaient  le  Muai 
le  trouvaient  toujours  disposé  à  wé 
leurs  questions. 

L'abbé  Haûy  fut  admb  à  riaati 
sa  première  origine.  Après  le  H 
sèment  du  culte,  Bonaparte  le  i 
chanoine  honoraire  de  Sotie- Du 
dès  la  création  de  l'ordre,  du lalà 
Légion-d'Uonneur.  En  1 80S,  le  f 
consul  le  chargea  d'écrire  m  Th 
Physique  à  l'usage  des  coUégea, 
accordant  six  mob  pour  œ  travmfl 
tre  mob  à  peine  étaient  éoouléa, 
présenta  son  ouvrage  à  Bonapar 
sait  que ,  pendant  son  exil  à  Tile  4 
rcmpcreur  occupait  ses  lotaîf»  co  i 


HAU 

^traité ,  et  qa^  son  retour  il  compU- 
r«iteiir  et  le  nomiiui  officier  de  la 
f  Honnciir,  Ikveor  d*aiilaDtmieiix 
cfa^elle  ne  pot  commander  à  sa 
et  ne  Tempécha  pas  d'appo- 
vote  né^tif  à  l'acte  additionnel. 
anz  instances  qui  loi  avaient 
I frites,  Haûj  s'était  borné  à  demander 
tonte  récompense  la  liberté  d'aller 
I  jonrs  auprès  de  sa  famille ,  et 
I  petit  emploi  dans  les  finances  pour  le 
de  sa  nièce*  La  première  Restaura- 
«iprima  cet  emploi  ;  la  seconde  dé- 
Haûy  de  son  ^rade  d'officier  de  la 
-d'Honneur  et  réduisit  sa  pension 
,  Cette  rigueur  non  méritée  frap- 
I  vieillard  déjà  peu  aisé  en  raison  des 
I  lui  imposaitsa  famille,et  entre 
son  frère ,  revenu  de  Russie  sans 
d'eaistenoe  et  infirme  (iM>^.  l'art, 
it).  Heureusement  la  simplicité  de 
kfBÛts  rendit  notre  savant  minéralo- 
sensible  à  ces  coups  qu'on 
parlait.  H  trouva  d'ailleurs  quelque 
dans  les  témoignages  de  vé- 
I  que  lui  donnèrent  les  souverains 
lors  de  leur  entrée  dans  Paris, 
irai  de  Prusse  y  l'empereur  de  Russie, 
Jean,  s'empressèrent  de  le  vi- 
r;  les  grands -ducs  vinrent  entendre 
>y  et  lui  offrirent  600,000  fr. 
i collection  de  minéraux;  mais  Haûy 
^irfKrraît  à  la  France  qui ,  plus  tard , 
peu  digne  de  ce  généreux  pro- 
,«  laissant  à  l'Angleterre  la  gloire 
iVifoir  acquise. 

rlhlyfsa  santé  délabrée  et  un  âge  déjà 
^Haôypouvait  encore  espérer  quel- 
jovs;  mais,  par  l'effet  d*une  chute 
*Qa  appartement,  une  fracture  de  la 
S  nÎYie  d*un  abcès  dans  l'articula- 
»^^cidtde  sa  vie.  En  proie  à  desdou- 
^il  n'interrompit  ni  ses  exer- 
'^  piété,  ni  le  travail  nécessaire  à  une 
^tion  de  son  Traité  tle  Miné- 
*>  H  De  se  montra  inquiet  que  de 
'^'^t  élèves  ses  collaborateurs.  Châ- 
le prince  royal  de  Danemark , 
û  roi,  lui  apportait  les  conso- 
Tamitié.  U  succomba  enfin  le  3 
9  à  l'âge  de  79  ans* 

iment  de  divers  articles  ou 
dont  l'abbé  Haûv  a  enrichi  le 


(  629  )  HAU 

séum  d'histoire  naturelle  ^  le  Journal 
des  Savants ,  V Encyclopédie  méthodi- 
que ,  etc. ,  etc.  (  on  en  trouve  la  liste  dé- 
taillée dans  Qaérard ,  La  France  litté^ 
raire  )  >  il  a  publié  les  ouvrages  suivants  : 
Essai  sur  la  théorie  et  la  structure  des 
cristaux  y  Paris,  1784,  in-8<»;  Exposi^ 
tion  raisonnée  de  la  théorie  de  télectri-^ 
cité  et  du  magnétisme  y  1787,  in-8^; 
De  la  structure  considérée  comme  ca» 
ractère  distinctif  des  minéraux^  1793, 
in-8**;  Exposition  abrégée  de  la  théorie 
de  la  structure  des  cristaux ^  1793, 
in-8<*;  Traité  de  minéralogie  j  1801, 
4  vol.  in-8^  et  atlas  in-4**  (î«  édit., 
1822-23);  Tableau  comparatif  des  ré- 
sultats de  la  cristallographie  etdeVana'^ 
fyse  chimique  y  relativement  à  la  classiji'* 
cation  des  cristauxy  1802,  in-8*';  Traité 
élémentaire  de  physique  y  1803,2  vol. 
in.l2;  2«éd.  1806,  2  voL  in-8*;  JYaité 
des  caractères  physiques  des  pierres 
précieuses  y  1817,  1  vol.  în-8°;  Traité 
de  cristallographie  y  1822,  2  vol.  in-8% 
et  atlas  in-4*>.  L.  d.  C. 

HAUT  (VALEimif},  frère  puîné  du 
précédent,  naquit  comme  lui  à  Saint- 
Ju^t,  en  Picardie,  le  13  novembre  1745. 
Très  jeune  encore,  il  vint  à  Paris  pour 
y  faire  son  éducation,  et  s'attacha  de  pré- 
férence à  l'étude  des  langues  et  de  la  cal- 
ligraphie. Cet  art,  qu'il  enseigna  pendant 
plusieurs  années,  lui  ouvrit  une  carrière 
plus  avantageuse  :  Haûy  obtint  un  emploi 
dans  les  bureaux  du  ministère  des  alTai- 
res  étrangères  en  qualité  de  traducteur 
des  pièces  officielles  et  de  la  correspon- 
dance chiffrée. 

Une  idée  lumineuse ,  dont  la  réalisa- 
tion devait  intéresser  l'humanité,  occupa 
toutes  les  pensées  de  Haûy;  elle  lui  fut 
suggérée  par  l'observation  d'un  fait  géné- 
ralement connu,  mais  dont  jusque-là 
on  n'avait  point  aperçu  les  conséquen- 
ces, savoir  :  le  développement  de  la  fa- 
culté du  toucher  au  moyen  de  laquelle 
les  aveugles  se  rendent  un  compte  exact 
des  objets  qu'ils  explorent  par  ce  sens.  Le 
talent  d'une  célèbre  pianiste ,  aveugle , 
M"'  Paradis,  venue  de  Vienne  à  Paris 
en  1 783  ;  la  facilité,  la  promptitude,  avec 
laquelle  cette  artiste  déchiffrait  les  notes 
représentées  par  des  épingles  distribuées 


£n 


^^s  Mines  y\ts  Annales  du  Mu-  \  sur  des  pelotes;  la  justesse  avec  laquelle 
^^^p.  dL  G.  d.  3T,  Tome  XIH*  %\ 


HAU  (  5S0  ) 

elle  expliquait  U  géographie,  à  Taide  de 
cartes  eo  relief,  imaginées  par  le  célèbre 
aveugle  Weissembourg ,  de  Manheim  , 
éTeillèrentrattention  de  Haûy.  Il  rassem- 
ble bientôt  les  renseignements  biographi- 
ques de  quelques  aveugles-nés  connus 
par  les  procédés  ingénieux  dont  ib  s*é- 
talent  servis,  les  compare  aux  moyens 
analogues  qu^il  voyait  journellement  em- 
ployés avec  succès,  et  ces  faits  lui  suffi- 
sent pour  conclure  que ,  ce  qu^avait  fait 
Tabbé  de  UÉpée  (vojr.)  pour  les  sourds- 
muets,  on  pouvait  le  tenter  pour  les  aveu- 
gles ,  et  obtenir  pour  eux  les  bases  d^un 
système  complet  d*éducation. 

Déterminé  à  réaliser  son  projet ,  Va- 
lentin  Haûy  se  procure  des  lettres,  des 
chiffres  en  relief.  Un  aveugle  dont  Pis- 
telligence  pût  seconder  ses  efforts  deve- 
nait indispensable  pour  ses  premiers  es- 
sais :  il  le  rencontra  dans  un  mendiant , 
le  jeune  Lesueur,  qui  se  tenait  habituel- 
lement à  la  porte  de  Téglise  Saint-Ger- 
main-des -Prés.  Six  mois  d^étude  suf- 
firent à  rélève  pour  apprendre  à  lire ,  à 
calculer,  à  connaître  quelques  détails 
géographiques  et  les  principes  élémen- 
taires de  la  musique.  Ce  prompt  succès 
éveilla  Fattention  de  T  Académiedes  Scien- 
ces, devant  laquelle  Haûy  fit  lecture  d^un 
mémoire  spécial.  La  commission  chargée 
de  l'examen  de  cette  méthode  reconnut 
que,  s'il  n'avait  pas  conçu  Tidée  première 
de  ce  genre  d'enseignement ,  il  était  exé- 
cuteur d'un  S3rstème  complet  d'instruc- 
tion. Cédant  à  l'invitation  qui  lui  fut 
faite  de  présenter  son  élève  et  d'expliquer 
sa  méthode,  le  disciple  et  le  maître  par- 
tagèrent l'admiration  de  la  savante  as- 
semblée. Lesueur  fut  aussi  présenté  à  la 
Société  philanthropique  ;  Bailly  et  le  duc 
de  La  Rochefoucault-Liancourt ,  qui  en 
faisaient  partie,  accueillirent  la  pensée  du 
professeur:  on  lui  confia  13  élèves;  les 
fonds  nécessaires  lui  furent  alloués  ;  on 
lui  donna  (1784)  une  maison  située  dans 
lame  Notre-Dame- des- Victoires,  n®  18. 

La  cour  voulut  être  témoin  de  cette 
merveille  :  Haûy,  avec  ses  élèves,  fut  man- 
dé à  Versailles  (1786K  On  les  retint  au 
château  pendant  quinze  jours.  I^urs 
exercices  attirèrent  toutes  les  notabilités 
de  l'époque.  L'admiration  des  courtisans 
ne  fut  fB  stérile  :  le  roi  prit  Tétabli^se- 


fiAtl 

ment  tous  n  protection,  ordomu  de  f 

les  fonds  nécessaires  pour  TédacatMi 

130  élèves,  accorda  au  professeur  kll 

de  secrétaire-interprète  du  roi  et  dt  f 

mirauté  de  France  pour  les  langocsa 

glaise ,  allemande  et  hollandaise ,  H 

nomma  membre  du  bureau  acadéaii 

des  écritures.  Malgré  tant  d'éléaeMi 

prospérité ,  l'institution  des  aveugles  4 

destinée,  comme  tant  d'autres  ctabfi 

ments  utiles ,  à  subir  l'inOueDce  é 

tourmente  révolutionnaire.  En  t7M 

directoire  du  département  de  Paris  d 

da  la  réunion  des  jeunes  aveugles  i 

les  sourds-muets  dans  le  couvent  des 

lestins,  quai  de  l'Arsenal.  Plus  tard 

décret  de  la  Convention  nationale  on 

na  que  l'établissement  serait  entra 

aux  frais  du  gouvernement ,  qu'oD  y 

mettrait  84  élèves ,  un  par  chaque 

partement.  Les  deux  institutions  h 

ensuite  séparées  (1794)  :  Tune  fut  pi 

au  séminaire  Saint-Magloire ,  faub 

Saint-Jacques  ,  l'autre  occupa  la  mê 

de  Sainte-Catherine,  rue  des  Losbi 

A  ces  mutations  déjà  si  nuisibles  vk 

se  joindre  d'autres  circonstances  qui 

parèrent  la  désorganisation  presque  < 

plète  d'une  si  précieuse  institutioa 

mésintelligence  entre  les  directeurs, 

capacité  de  Haûy  comme  administrai 

compromirent  bientôt  Tin^tructioa 

élèves.  Alors,  en  vertu  d'un  arrlIÉ 

consuls  (an  IX),  les  aveugles  éîoà 

furent   transférés    dans   la   maires 

Quinze-Vingts,  où   étaient  les  avfi 

mendiants.   Cette   réunion   et  les 

qu'elle  entraîna  durèrent  jusqu'en  1  < 

Foy,  Aveugles. 

Pour  reconnaître  les  services  de  G 
on  lui  accorda ,  à  titre  d*indemnite 
pension  de  3,000  fr.  sur  les  fonds  A 
tablissement.  Il  créa,  à  cette  époi|ii«i 
institution  rue  Sainte- A vo\e,  sous  1^ 
de  Muséum  des  aveugles.  Son  zèle 
ré(*om pensé  par  aucun  surci.'s;  le  &. 
ragement,  quelques  chagrins  do« 
ques,  le  déterminèrent  à  quitter  la  P* 
(1806).  Accompagné  d*un  de  ses  c= 
Fournier,  il  |>artit  pour  la  Ru^^^ie.  ^ 


plan  qu'il  tra<^a,  un  établi 
créé  à  Berlin;  et,  confie  aux  «oiatf 
directeur  habile ,  il  n'a  cessé  de  pr" 
rer.  Irlande  depuis  longtemps  à  S 


HAV 

bsboorg  pir  Pimpéntrice-mère  pour 
bner  une  école  sur  le  modèle  de 
edeFraooe,  Haûy  se  rendît  dans  cette 
laie.  Sous  sa  direction,  l'élève  Four- 
fat  chargé  de  renseignement;  les  re- 
ts oe  répondirent  point  à  son  attente; 
idant  sa  bonne  volonté  et  son  zèle 
it  appréciés  par  l'empereur  Alexan- 
qui  le  décora  de  Tordre  de  Saint- 
mir.  Fatigué  par  le  travail  y  accablé 
rmitésy  Haûy  revint  en  France  dans 
he  1817  ,  se  retira  chez  son  frère, 
lorat  à  Paris  le  18  mars  1822,  âgé 
r  ans.  A  ses  obsèques,  célébrées  à 
•Médard,  on  exécuta  une  messe 
osée  par  un  de  ses  anciens  élèves, 
lentin  Haûy  a  publié  un  Essai  sur 
cation  des  aveugles ^  dédié  au  Roi, 
,  1786,  in-4®;  cet  ouvrage,  impri- 
n  relief,  fut  vendu  au  profit  des 
res  aveugles.  H  fut  traduit  en  1795 
aveugle  Blakok.  En  1800  parut  le 
eau  Syllabaire,  1  vol.  in-12.  Durant 
éjour  en  Russie,  il  écrivit  un  opus- 
iii-8^  d'environ  100  pages  d'impres- 
,  intitulé  Méinoire  historique  abré^ 
tr  les  télégraphes ,  etc. ,  Saint-Pé- 
toorg,  1810,  in-8®,  ouvrage  peu 
m  et  assez  rare.  L.  d.  C. 

lAVAGE  (deoit  de),  voy,  Exica- 

lAVANNE  (la)  ,  vojr,  Cuba. 
IAVERCAMP(Sigebert),  un  des 

blogues  les  plus  célèbres  du  XYiii*siè- 
,  nqait  en  1683  à  Utrecht ,  et  passa 
Pitode  de  la  théologie  à  celle  des  lan- 
B.  Après  avoir  été  plusieurs  années 
ûstre  de  l'Évangile ,  il  fut  appelé  en 
)1)  Àla  place  de  Gronove,  à  la  chaire 
»  Uogue  grecque  à  Leyde,  et  fut  plus 
™  •ossi  chargé  d'enseigner  l'histoire  et 
lûquencc.  Un  voyage  en  Italie  lui  in- 
^  du  goût  pour  la  science  numismati- 
•>  qu'il  enrichit  en  publiant  le  7%^- 
"^  àtorellianus  (Amsterdam ,  1734, 
^^'  in-fol.),  continué  par  Wesseling 
,  •»  1752,  3  vol.  in-fol.)  ,  ainsi  que 
T^  autres  ouvrages  et  catalogues  de 
"■"les.  Parmi  le  grand  nombre  de  ses 
°^  philologiques,  nous  ne  citerons 
*?  éditions  de  VApolo^eticus  de 
ttilieo  (Leyde,  1718);  de  Lucrèce 
•^^725^  2  vol.  in.4»);deFlave 
f^  (4mst.,  1726,  2  vol.  în-fol.); 


(  5âl  >  ÏIAV 

d'Entrope  (Leyde,  1729);  de  Paul  Orose 
{ibid,,  1738,  in-40);  de  Salluste  (Amst., 
1742,  2  vol.  in-40),  et  de  Censorin 
(Leyde,  1743),  éditions  encore  fort  esti- 
mée à  cause  de  la  correction  des  textes 
et  des  traités  ajoutés.  Un  ouvrage  qui  ne 
jouit  pas  d'une  moindre  réputation  est 
son  Sylloge  scriptorum  de  linguœ  grcP" 
cœ  pronunciatione  (Leyde,  1736-1 740, 
2  vol.),  in-8».  X. 

HAVRE,  du  mot  germanique  Haffon 
HavenyHaferiy  qui  entre  par  exemple  dans 
la  composition  de  Kiobnhavn^  nom  da- 
nois de  Copenhague,  et  qui  signifie  port 
de  mer.  Foy,  Haff,  Avarie  [havarie). 

HAVRE  (le)  ,  autrefois  Havre- de^ 
Grâce j  le  plus  grand  port  de  commerce  de 
France  sur  rOcéan,sous-préfecture,chef- 
lieu  d'arrondissement  du  département  de 
la  Seine-Inférieure  (vo/.);  place  forte 
de  trobième  ordre  ;  préfecture  maritime, 
avec  un  tribunal  de  première  instance  et 
de  commerce;  chambre  et  bourse  de  com- 
merce; école  d'hydrographie  de  première 
classe  ;  arsenal  maritime,  etc.  Cette  ville, 
à  22  1.  à  O.  de  Rouen  et  52  ï  O.-N.-O. 
de  Paris,  est  située  sous  49<>  29'  16"  lat. 
N.  et  2»  13'  45"  long.  O.  Sa  population 
ûxe  est  de  25,618  habitants,  auxquels  il 
faut  ajouter  une  population  flottante  d'en- 
viron 5,000  personnes. 

Le  Havre  est  une  ville  toute  moderne. 
Sur  l'emplacement  qu'elle  occupe  au- 
jourd'hui, il  n'existait,  vers  le  milieu  du 
xv^  siècle,  que  deux  tours,  dont  les  Anglais 
s'emparèrent  sous  Charles  VU.  Louis  XII 
fit  augmenter  ses  fortifications  vers  1509. 
François  I'',  à  qui  elle  dut  les  premiers 
développements  de  sa  grandeur  maritime, 
voulut  lui  donner  le  nom  de  Franciscopo- 
lis,  que  fit  bientôt  oublier  l'antique  cha- 
pelle^ dédiée  à  Notre-Dame -de-Grâce, 
objet  des  vœux  et  des  hommages  des  ma- 
rins. L'enceinte  de  la  ville  s'agrandit  sous 
Henri  H.  La  trahison  l'ayant  livrée  à  l'An- 
gleterre, on  sentit  toute  l'importance  de  sa 
position  à  l'embouchure  de  la  Seine;  les 
Français  la  reprirent  9  mois  après  (1563) 
et  augmentèrent  encore  ses  fortifications. 
Sous  Louis  XIV,  la  Compagnie  des  Indes 
y  établit  le  siège  de  son  commerce  et  con- 
tribua pour  beaucoup  à  l'agrandissement 
du  Havre.  Les  Anglais  le  bombardèrent 
en  1694,  sans  y  faire  de  dommages  no^-t 


HAV 


(582) 


H4V 


tab1es.Ce  fat  tons  LoubXVI  que  les  grands 
travaax  à  peu  près  acheTés,  mais  iosaffi- 
sants  aujourd'hui ,  furent  entrepris. 

Le  Havre  est  dans  une  situation  très 
agréable  y  sur  la  rive  droite  de  la  Seine, 
au  bord  de  TOcéan.  Sa  position  est  des 
plus  pittoresques  :  la  ville  est  dominée  par 
le  cap  de  la  Uève  et  le  coteau  dlngou- 
ville,  qui  s'élève  en  amphithéâtre^  couvert 
d'habitations,  et  d'où  l'on  admire  le  ta- 
bleau imposant  de  la  ville  entière,  la  rade 
et  la  large  embouchure  de  la  Seine.  Son 
importance  commerciale  et  maritime,  l'a- 
nimation incessante  de  son  port,  l'aspect 
varié  de  ses  bassins  où  flottent  les  pavil- 
lons de  toutes  les  nations,  lui  assignent 
l'un  des  premiers  rangs  parmi  les  places 
intéressantes  du  royaume.  Dans  ses  envi- 
rons se  trouvent  les  belles  vallées  deGour- 
nay,  d'Écures  et  de  Montivilliers,  la  ter- 
rasse et  le  château  d'Orchez,  les  falaises 
d'Étretat;  ils  offrent  de  plus  aux  savants 
et  aux  artistes  les  ruines  d'Uarflenr ,  de 
Tancarville ,  de  Lillebonne  et  de  Jumiè- 
ges.  Les  maisons  du  Havre  sont  réguliè- 
rement bâties,  mais  n'ont  rien  qui  les  dis- 
tingue. La  ville ,  ornée  de  fontaines  pu- 
bliques, est  traversée  du  nord  au  midi 
par  la  belle  rue  de  Paris ,  la  plus  riche 
et  la  plus  commerçante  ;  elle  aboutit  aux 
quais ,  d'où  Ton  aperçoit  la  mer  au  loin. 

Ingouville  n'est  à  proprement  parler 
qu'un  faubourg  du  Havre,  qu'il  domine 
et  dont  il  n'est  séparé  que  par  les  fortiB- 
cations  et  une  petite  chaussée,  rendez- 
vous  des  promeneurs.  Ce  beau  faubourg , 
qui  s'agrandit  tous  les  jours,  possède 
l'hospice  du  Havre,  établissement  fondé 
par  Henri  U,en  1554,  et  qui  fut  trans- 
porté à  Ingouville  vers  1 669  ;  il  renferme 
annuellement  one  population  moyenne 
de  133  malades  et  513  vieillards,  enfants 
ou  infirmes.  Le  Havre  offre  peu  de  mo- 
numents remarquables  ;  nous  citerons 
cependant  l'église  Notre-Dame,  ache- 
vée vers  la  fin  du  xvi*  siècle;  l'église 
Saint-François,  commencée  en  1553  et 
terminée  en  1 68 1  ;  la  salle  de  spectacle, 
située  vit-à-vis  du  bassin  duCommerce,  sur 
un  des  côtés  de  la  belle  place  Louis  XVI, 
quadrilatère  planté  d'arbres  et  de  gazon  ; 
enfin  la  tour  de  Françob  I*^,  d'un  dia- 
mètre de  2  G  mètres  et  d'une  hauteur  de 
il  :  cUe  est  surmontée  d'un  télégraphe 


marin  qui  correspond  avec  odni  i 
Hève  et  qui  transmet  aux  bâtimenu 
rade  les  signaux  du  port  dont  elle  dé 
l'entrée.  On  remarque  encore  an  E 
l'ancienne  citadelle ,  aujourd'hui  f 
tier  militaire,  renfermant  ranenil( 
peut  contenir  25,000  fusils),  le  Io(h 
du  gouverneur,  des  magasins  et  huitc 
de  caserne ,  tous  bâtis  sur  un  plaa  i 
forme,  entourant  la  place  d'armes; 
senal  de  la  marine ,  construit  en  1< 
l'entrepôt  général;  U  bibliothèqae 
blique,  contenant  15,000  voluae 
maison  où  naquit  Bernardin  de  S 
Pierre;  enfin  la  jetée  du  nord,  bonUe 
parapet  et  à  l'extrémité  de  laqucUe 
élevé  un  petit  phare  en  granit. 

Le  port  du  Havre  consi^e  en 
bassins,  séparés  les  uns  des  autres 
l'avant-  port  par  quatre  écluses.  Si 
jetée  du  sud  est  sitnée  une  grande è 
dite  la  Floride,  qui  retient  les  eaa 
hautes  mers  et  sert  à  débUyer  lentr 
port.  Outre  les  bassins,  il  exbte  on 
tite  et  une  grande  rade  :  la  premièn 
éloignée  que  d'une  portée  de  cam 
rivage ,  l'autre  est  a  plus  de  deux  I 
en  mer.  I/e  cap  de  la  Hève ,  situé  i 
lieue  de  la  ville,  s'élève  de  350  piec 
viron  an-dessus  du  niveau  de  la 
Deux  nouveaux  phares  y  sont  ^le>-és 
vipon  50  pieds,  et  de  leur  plale^l 
l'œil  plonge  à  plus  de  20  lieues  ci 
et  découvre  toute  l'étendue  de  la  oàl 
^ridionale  du  golfe  que  forme  à  Toa 
pointe  de  Barfleur.  IJoe  chaîne  de  n 
produite  par  des  récifs  à  peu  près  < 
(;us,  connue  sous  les  noms  de  TUé 
l'Éclat  et  de  Hauts-de- la-Rade,  t 
du  N.-E.  au  S.-O.  sur  une  longue 
1,500  nu'tres  et  une  largeur  de  M 
pied  du  promontoire  de  U  Hève,  do 
faisait  autrefois  partie,  et  sépare  U  | 
et  la  petite  rade.  La  passe  lituéi 
ce  banc  et  la  terre  est  fréquenli 
tous  les  bâtiments  qui  viennent  «kl 
et  elle  a  plus  d*une  fob  favorisé  Ti 
che  des  bâtiments  ennemis. 

Le  port  du  Havre  assèche  à  ton 
marées,  ou  deux  fois  par  jonr.  Se 
trée,  qui  n'a  guère  plus  que  la  I 
de  quatre  navires  ordinaires,  est  I 
par  doux  lonç^ues  jetées.  I^  hanti 
l'caU|  à  la  pleine  mer,  virit  dans  I 


n\Y 


(5SS) 


HAV 


sladiaqiie  marée.  Dans  les  plus  hau- 
iiairées»  elle  est  de  30  pieds,  et  de  10 
kl  io  petites  mortea-eaax.  Ce  chenal 
iMèitîr«Tant-porty  qui  assèche  comme 
I^Biis,  par  une  droonsUDce  toute  par- 
,  cet  avant- port  garde  son  plein 
trois  heures  y  tandis  que  sur  les 
Ml  eorironnants  la  mer  commence  à 
lÉBoeadre  dès  qu'elle  a  atteint  son  ma- 
■>■  d'élévation.  C'est  dans  le  bassin 
r  h  Barre  que  s'ouvrent  les  portes  de 
■Mt-port.  Ce  bassin  a  la  figure  d'un 
flagone  allongé  du  S.-O.  au  N.-E.,  et 
émte  la  forme  d'une  raquette  dont 
■nche  se  terminerait  au  pont  For- 
ï.  Sa  superficie  est  de  59,540  mètres 
im.  A  l'ouest  est  le  pont  d'Angou- 
K,  placé  sur  l'embranchement  du  bas- 
lée  la  Sarre  avec  celui  d'Ingouville  ou 
iCoamieroe,  qui  court  de  Testa  l'ouest, 
■iôe  l'Ile  Saint-François ,  jusque  sur 
Mue  de  la  Comédie.  La  superficie  de 
ItMÎn  est  de  56,000  mètres  carrés 
Il  de  longueur  et  100  de  largeur).  Ces 
tt  bassins  lurent  terminés  en  1 8 1 8.  Le 
landen  bassin,  creusé  il  y  a  plus  d'un 
le  et  réparé  à  diverses  époques,  est  le 
îu  du  Roi,  ou  Vieux  bas^,  séparé  du 
■i  da  Commerce  par  une  écluse  et 
loot  appelé  le  Pont-4-Bascule.  Sa  su- 
icie  n'est  que  de  13,800  mètres.  Il 
m  du  ?î.-0.  au  S.-E.  un  triangle  al- 
è  dont  le  sommet  aboutit  à  l'avant- 
.  Ces  trois  bassins  pourraient  rece- 
ensemble  environ  400  navires  au 
cours,  et  cependant  les  150  ou  200 
a  contiennent  le  plus  ordinairement 
mat  pcHir  produire  un  encombrement 
pleC.  Au  fond  du  bassin  de  la  Barre , 
it,  commence  le  canal  Vauban,  tracé 
à-tnuros  parallèlement  au  cours  de 
sue,  mab  en  partie  comblé  ;  ce  canal 
être  déblayé  pour  offrir  une  place 
petits  navires. 

.%ec  one  aussi  étroite  entrée ,  le  port 
lavre,  ne  suifit  plus  aujourd'hui  aux 
Ans  de  la  navigation  à  la  vapeur,  qui 
id  de  jour  en  jour  plus  de  dévelop- 
cot.  Les  grandi  steamers  sont  forcés 
'échouer  dans  l'avant-port,  qui  ne  les 
pas  assez  à  l'abri  des  gros  vents.  Dans 
rojet  de  loi  sur  les  ports  présenté  aux 
sbres  en  1839,  le  gouvernement  a 
moiàt  C  millions  pour  le  Havre.  Us 


seront  consacrés  à  l'élargissement  du  bas- 
sin Vauban ,  dans  lequel  les  navires  ne 
pénétraient  pas  encore,  et  à  la  reconstruc- 
tion d'un  bassin  à  flot ,  dans  la  retenue 
de  la  Floride,  réservé  particulièrement 
aux  bateaux  à  vapeur.  Les  portes  de  ce 
bassin  auront  2 1  mètres  d'ouverture  et 
seront  ainsi  assez  larges  pour  que  les  plus 
grands  navires  à  vapeur  puissent  aisé- 
ment y  passer. 

Des  services  réguliers  de  bateaux  à 
vrfpeur  mettent  le  Havre  en  rapport 
continuel  avec  l'Angleterre ,  l'Ecosse , 
l'Irlande ,  la  Hollande,  Lisbonne ,  Ham- 
bourg, Rotterdam,  Elseneur ,  Copenha- 
gue, Sûnt-Pétersbourg,  etc.  D'autres  pa- 
quebots entretiennent  une  communica- 
tion régulière  avec  des  points  plus  éloignés, 
tels  que  New-York,  Bahia,  la  Vera-Cruz 
et  la  nouvelle-Orléans. 

Le  mouvement  du  port  du  Havre ,  le 
plus  considérable  après  celui  de  Marseille, 
a  été,  en  moyenne,  pour  les  années  1 827- 
1836,  de  330,000  tonneaux  (de  1,000 
kilogr.),  ainsi  qu'il  résulte  d'un  tableau 
publié  par  le  gouvernement.  Ce  tableau 
offre  un  accroissement  bien  remarqua- 
ble dans  le  mouvement  de  ce  port  qui , 
en  1827,  était  de  50,000  tonneaux  au- 
dessous  de  la  movenne  décennale,  et 
s'est  élevé,  en  1836,  à  110,000  ton- 
neaux au-dessus  de  cette  même  moyenne, 
c'est-à-dire  à  160,000  tonneaux  de  plus 
qu'en  1827.  Cet  accroissement  de  57  p.*^o 
est  proportionnellement  le  plus  grand  de 
nos  ports  pendant  cette  période  :  celui 
de  Marseille  n'est  que  de  54  p.  y^o- 

La  proportion  des  navires  français  et 
étrangers  a  été  pendant  cette  période 
décennale  de  44  navires  français  contre 
56  étrangers.  Enfin  sur  le  tonnage  géné- 
ral de  la  France,  dont  la  moyenne  est  de 
1,807,000  tonneaux,  le  Havre  en  a  eu 
330,000  ou  18  p.  yo9  c'est-à-dire  un 
peu  plus  de  ^.  Le  nombre  des  bâtiments 
du  commerce  extérieur  entrés  au  Havre 
a  été,  en  1832,  de  1,035,  et  celui  des 
bâtiments  sortis  (avec  chargement)  de 
504.  Les  renseignements  nous  manquent 
sur  les  autres  années,  les  tableaux  officiels 
ne  faisant  connaître  que  le  toni 

Les  principaux  articles  d'ex] 
sont  :  les  soieries,  les  indiei         lea  u        ^ 
la  quincaillerie^  l'a  ,  i 


HAV 


(614) 


HAX 


les  «rticlet  de  modesy  les  gUoet,  les  mea- 
blesy  les  papiers  de  tenture ,  les  instru- 
ments  d^art  et  de  labour,  les  comestibles, 
les  vins,  les  liqueurs ,  les  farioes,  les  sa- 
laisons, les  briques,  les  tuiles  et  quelques 
objets  de  charpente  ;  ceux  d'importation 
sont  :  les  cotons,  les  sucres,  le  café,  le 
riz ,  les  drogueries,  les  épices,  les  indigos 
et  autres  produits  coloniaux ,  le  thé ,  les 
bois,  etc.  En  1833,  ce  commerce  procura 
à  la  douane  une  recette  de  24,87  3, 1 3  6fr.; 
à  partir  de  1834,  rétablissement  des  en- 
trepôts de  Paris  principalement ,  et  de 
ceux  de  Metz,  de  Mulhouse ,  d'Orléans, 
mais  dans  une  faible  proportion ,  amena 
une  diminution  marquée  dans  les  pro- 
duits de  la  douane  du  Havre,  qui  n'é- 
taient plus  que  de  16,086,770  fr.  en 
1836;ilssontremontésà  18,123,993  fr. 
en  1837,  ce  qui  les  laisse  encore  au-des- 
sous de  la  moyenne  décennale.  Le  Havre 
sert  d'entrepôt  aux  marchandises  que  la 
France  échange  avec  ses  colonies.  C'est 
en  grande  partie  par  ce  port  que  s'écou- 
lent les  denrées  coloniales  dans  la  métro- 
pole et  à  l'étranger  ;  c'est  aussi  principa- 
lement par  le  Havre  que  les  colonies  re- 
çoivent les  produits  nationaux  et  étran- 
gers. La  pèche  de  la  baleine  a  pris  une 
certaine  importance  depuis  l'ordonnance 
de  1 829,  accordant  des  primes  aux  équi- 
pages français.  En  1838 ,  la  marine  na- 
tionale comptait  an  Havre,  pour  ce  ser- 
vice, 48  navires  de  400  à  600  tonneaux 
chacun,  montés  collectivement  par  envi- 
ron 1,500  marins  d'élite,  et  important 
annuellement  50,000  barils  d'huile  et  une 
quantité  proportionnelle  de  fanons,  équi- 
valant à  une  somme  de  plus  de  4  mil- 
lions de  fr.  ;  à  la  même  époque,  3  bâti- 
ments étaient  occupés  à  la  pèche  de  la 
morue. 

Le  Havre  a  des  fabriques  de  produits 
chimiques,  de  chaises  pour  les  colonies, 
de  faïence,  d'amidon,  d'huiles,  etc.  :  la 
confection  des  dentelles  fait  la  principale 
occupation  des  femmes  de  cette  ville,  qui 
possède ,  en  outre ,  une  manufacture  de 
tabacs,  des  ralBneries  de  sucre,  des  tail- 
landeries, tuileries  et  briqueteries,  bras- 
series et  corderies,  etc.  Ses  chantiers  de 
construction  sont  renommés  ;  mab  la 
main-d'œuvre  élevé  beaucoup  le  prix  des 
na  rires  qui  eo  lorltat.  L.  L«t. 


HAVRE  (ducs  d'),  var.  Cmit. 

HAVRESAC,  de  l'allemand  B 

sacAy  sac  à  l'avoine^  vojr.  Équiii 

MILITAIRE. 

HAXO  (FaANçois-NicoLas-Bi 
baron),lieutenantgénéral,  patrdeF 
inspecteur  général  des  fortification 
seiller  d'éut,  etc.,  naquit  à  Loi 
(Meurthe)  le  24  juin  1774.  Ayant 
son  père  à  l'âge  de  huit  ans,  il  f 
voyé  par  sa  mère,  femme  d*un  esp 
périeur,  à  Paris,  où  il  fit  ses  étod 
dbtinction  au  collège  de  Navarre, 
mé,  le  1*'  septembre  1792,  élèw 
lieutenant  à  l*école  dVtillerie  li 
lons-sur-lklame ,  il  en  sortit ,  le  1 
suivant,  lieutenant  dans  une  ton 
de  mineurs;  et  lorsqu'en  1794  li 
du  génie  parvint  à  enlever  les  mû 
l'artillerie,  le  jeune  Haxo  cooi 
quitter  son  arme  et  en  fut  dédo 
par  le  grade  de  capitaine  au  co 
génie.  Il  fit  en  cette  qualité  les  caa 
du  Rhin,  de  1794  et  1795.  En  1 
franchit  avec  l'armée  de  réserve  I 
Saint  -  Bernard ,  et  on  le  charf 
travaux  du  siège  de  ce  fort  de  B 
faillit  faire  échouer  raudacteuae 
prise  du  moderne  Annibal.  Haxo, 
en  1801,  après  les  combats  de  M 
bano  et  de  Caldiero,  au  grade  de  « 
bataillon,  séjourna  pendant  pi 
années  en  Italie,  s'occupant  des  fo 
tions  de  la  Rocca  d'Anfo,  de  Mi 
de  Venise  et  surtout  de  Feschiera, 
sidence  habituelle.  Les  plans  et  ■ 
res  qu'il  présenta  sur  cette  pUoe 
le  pouvoir  de  modifier  une  décii 
l'empereur  qui,  approuvant  les  tdè 
ses  par  Haxo,  fit  commencer  des  I 
considérables  autour  de  Peschiei 
voulait  d'abord    faire 


ne 

d'une  manière  secondaire. 

Haxo,  envoyé  en  1807  en  1^ 
améliora  la  défense  de  Constaolia 
des  Dardanelles.  Rappelé,  à  la  fin  < 
née,  en  Italie,  en  qualité  desous-d 
tat-major,  près  du  général  du  |céos 
selon p,  on  le  trouve  en  1 809  en  Ei 
chargé,  au  siège  de  Sarago^se,  de  I 
ci  pale  attaque  :  il  s'y  fit  remarque 
tous  par  Sun  intrépidité,  ton  sang 
et  la  fécondité  des  ressources  de  i 
prit.  C'est  à  ce  siège,  dont  Ti 


BKL 


(5S5) 


HAY 


le  de  eolooel,  qo'îl  jeta  les  pre- 
ioMDts  de  sa  réputation  d*ha- 
lienr.  En  1810,  il  dirigea  avec 
nccès,  sons  les  ordres  de  Sucbet, 
K  des  siéfes  de  Lérida  et  de  Me- 

où  il  acquit  le  grade  de  gêné- 
igade. 

1 1 ,  le  général  Haxo,  nommé 
ant  du  génie  de  Tarmée  d* Ai- 
se rendit  à  Hambourg  ;  mais  il 
ire  d* inspecter  toutes  les  places 
la  Prusse  et  de  la  Pologne,  où 
1  des  travaux  considérables  dV 
»n.  En  décembre  1812,  après  la 

désastreuse  de   Russie,  il  fut 
lénéral  de  division  (lieutenant 
£n  1813,  Tempereur  le  nomma 
ir  de  Magdebourg;  mais  en  juin 
ela  près  de  lui  et  lui  confia  le 
ement  du  génie  de  la  garde  im- 
près  la  bataille  de  Dresde,  Haxo, 
ir  Napoléon  près  de  Vandamme, 
or  assister  à  la  malheureuse  af- 
i.ulm  ;iH>/.);  blessé,  il  tomba  au 
c  Tennemi  et  ne  rentra  en  Fran- 
es  la  paix  de  1814. 
léral  Haxo,  après  avoir  accom- 
I  1 8 1 5,  le  duc  de  Berry  jusqn^à 
•re,  se  hâta  d'aller  offrir  ses  ser- 
»mpereur.  «  Comment  donc,  gé- 
LO,  lui  dit  Napoléon  en  le  voyant, 
Tmis  des  ordres  signés  de  vous 
lifier  des  positions  contre  moi  et 
ter  des  ponts  a  mon  approche, 
liiez  donc  m'empéchcr  d'arriver 
— Sire,  répondit  simplement  le 
je  ne  pouvais  être  à  deux  armées 

«  Après  cette  entrevue ,  Haxo 
commandement  du  génie  de  la 
périale  et  ne  quitta  pas  Tempe- 
dan  t  tonte  la  durée  de  la  funeste 
le  Waterloo. 

aérai  Haxo,  mis  en  non  activité 
[>nt'Jours,fut  nommé,en  1816, 
ir  général  et  membre  du  comité 
Bcations.  La  tâche  de  ce  comité 
nense  :  la  plupart  de  nos  an- 
>laces,  peu  utiles  sous  l'empire 
le  l'extension  du  territoire  fran- 
ient  été  négligées  et  tombaient 
s;  nos  frontières,  mises  à  décou- 
les traités  de  1814  et  1815,  ré- 
it  impérieusement  un  nouveau 
défeosif.  Haxoy  passionné  pour 


son  art,  te  livra,  iTtc  tout  le  défonement 
que  lui  inspirait  son  patriotisme ,  à  cet 
utiles  travaux;  les  fortifications  de  Bel- 
fort,  de  Grenoble,  de  Besançon,  de  Dun- 
kerque,  de  Saint-Omer  et  du  fort  l'É— 
cluse,  toutes  érigées  d'après  les  plans  qu'il 
présenta,  sont  là  pour  témoigner  qu'Haxo 
sut  marcher  avec  gloire  sur  les  traces  de 
Vauban  et  de  Cormontaingne ,  et  qu'il 
fit  faire  de  nouveaux  progrès  à  l'art  de 
l'ingénieur.  Le  siège  de  la  citadelle  d'An- 
vers (1833),  malgré  quelques  critiques 
peut-être  fondées,  rendit  sa  réputation 
européenne. 

Lorsque  le  comité  des  fortifications  fut 
chargé  de  présenter  un  plan  pour  forti- 
fier Paris,  le  général  Haxo  combattit  vi* 
vement  le  système  des  forts  détachés  :  il 
voulait  entourer  la  capitale  d'une  en- 
ceinte continue;  mais  son  avis  ne  pot 
prévaloir. 

Le  général  Haxo  a  écrit  plusieurs  mé- 
moires très  remarquables  sur  les  fron- 
tières de  la  France,  sur  la  topographie 
militaire,  etc.,  etc.,  et  il  a  laissé  en  por- 
tefeuille, sous  le  titre  ê^ Études j  un  nou- 
veau système  de  fortifications,  fruit  de 
ses  longues  méditations  et  de  sa  grande 
expérience.  Ce  beau  travail  n'est  point 
destiné  à  la  publicité.  Le  général  Haxo 
est  mort  à  Paris,  le  25  juin  1838,  à  la 
suite  d'une  longue  et  douloureuse  mala- 
die. C.  A.  H. 

HATDll  (François- Joseph)  naquit  à 
Rohrau,  petit  village  des  confins  de  l'Au- 
triche et  de  la  Hongrie ,  à  1 5  lieues  de 
Vienne, le  31  mars  1733.  l\  futl'ainédes 
vingt  enfants  de  Mathias  Haydn,  qui  exer^ 
çait  l'état  de  charron,  et  de  plus  était  sa- 
cristain et  organiste;  sa  mère  avait  été 
cuisinière  chez  le  seigneur  du  lieu.  Les 
dbpositions  musicales  du  fils  s'annoncè- 
rent de  bonne  heure  :  les  dimanches  et 
les  jours  de  fête,  Mathias  se  délassait  des 
travaux  quotidiens  en  faisant  de  la  mu- 
sique avec  sa  femme  qui  avait  quelque 
talent  pour  le  chant;  il  possédait  lui- 
même  un  assez  beau  ténor  et  savait  pin- 
cer de  la  harpe.  Le  petit  Joseph ,  âgé  de 
cinq  ans,  voulut  aussi  faire  sa  partie, 
et,  ramassant  du  bob  dans  l'atelier,  il  en 
figura  un  violon  ;  une  baguette  lui  servit 
d'archet.  Un  certain  Franck,  cousin  de 
la  famille  et  maître  d'école  à  Hainboorg, 


HAY 


(£S6) 


HAT 


M  trouvant  un  jour  présent  à  ce  concert 
de  famille  y  remarqua  Fexactîtude  arec 
laquelle  Tenfant  indiquait  le  rhythme  par 
Je  mouvement  de  son  archet;  il  oflrit  de 
se  charger  de  son  éducation,  ce  qui  fut 
accepté,  et  emmena  Joseph,  qui,  pendant 
les  trois  années  qu'il  passa  chez  ce  maître, 
apprit,  outre  la  lecture  et  Técriture,  les 
éléments  de  la  langue  latine   et   de  la 
musique,  et  ne  tarda  pas  à  chanter  et  à 
jouer  de  plusieurs  instruments.  Dans  la 
musique  à  orchestre  qui  se  faisait  quel- 
quefois dans  Fendroit,  les  jours  de  gran- 
des fétts  et  lors  de  Farrivée  du  seigneur, 
c'était  lui  qui  blousait  les  timbales,  et 
dans  la  suite  il  se  plaisait  à  le  rappeler. 
«  Mais,  ajoutait-il ,  j'étais  encore  plus 
battu  queje  ne  battais  mon  instrument,  et 
à  l'école  c'était  presque  tous  les  jours  absti- 
nence pour  mes  camarades  et  pour  moi.  » 
Telle  était  la  position  de  celui  qui  de- 
vait rendre  le  nom  de  Haydn  si  célèbre, 
lorsque  Reuter,  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Vienne,  faisant  une  tour- 
née dans  l'intention  de  recruter  des  voix 
pour  son  église,  passa  par  Uainbourg  et 
entendit  Joseph  qui  déchiflra  un  mor- 
ceau en  sa  présence  avec  une  assurance 
dont  Reuter  demeura  pleinement  satis- 
fait. Il  emmena  à  Vienne  le  petit  écolier, 
igé  alors  de  huit  ans.  Celui-ci  resta  pen- 
dant huit  années  enfant  de  chœur  à  Saint- 
Étienne,  et,  comme  le  service  de  l'église 
lui  laissait  beaucoup  de  temps,  il  l'em- 
ployait à  se  rendre  partout  où  l'on  faisait 
de  la  musique,  ne  se  figurant  pas  de  plus 
grand  plaisir  que  d'entendre  chanter  ou 
jouer  de  quelque  instrument.  A  treize  ans, 
ayant  déjà  fait  quelques  bagatelles,  il 
prétendit  s'élever  plus  haut  et  composa 
une  messe  :  Reuter,  à  qui  elle  fut  montrée, 
ne  daigna  pas  même  y  jeter  les  yeux  et 
dit  à  l'auteur  qu'avant  de  songer  à  com- 
poser il  fallait  apprendre  à  écrire.   Ce 
jugement  sévère  chagrina  le  jeune  Haydn, 
mais  il  en  sentit  la  justesse.  «  Dans  ce 
temps-là,  disait-il  depuis  en  riant,  je 
croyais  que  plus  le  papier  était  noir,  plus 
la  musique  était  belle.  »  Il  aurait  bien  vou- 
lu prendre  des  le^ns;  mais  aucuu  maître 
n'eu  donnait  sans  être  payé,  et  sa  famille 
était  trop  pauvre  pour  subvenir  aux  frais 
de  ce  genre.  Il  prit  une  autre  route  et 
demanda  quelque  argent  à  son  père  pour 


fiure  faire  à  set  babils  des  léper 
dispensables:  le  pauvre  dûrr 
pressa  d'envoyer  ce  qu'il  pot  à 
mais  celui-ci,  au  lieu  d'employc 
pour  l'usage  annoncé ,  acheta  i 
ad  Parnassum  de  Fux  et  U 
Maure  de  chapelle  de  Mattb 
furent  les  premiers  traités  don 
lecture. 

Cependant  l'époque  de  la  i 

arrivée,  et  la  belle  voix  de  so| 

pendant  huit  ans  avait  fait  les 

la  cathédrale  de  Vienne  n'exisU 

fallut  quitter  la  maîtrise,  et  cei 

qui ,  dans  les  cas  ordinaires 

nonoée  et  convenue  à  l'avancx 

pour  Haydn  de  la  manière  la 

lente  et  la  plus  fâcheuse,  par  si 

espièglerie  qui  ne  méritait  pai 

ment  un  traitement  si  rigoureux 

musicien  avait  essayé  une  paû 

seaux  neufs  sur  la  queue  d'un  c 

marades  qu'il  avait  coupée  en  i 

derrière  lui  :  pour  expier  ce  i 

dut  sortir  de  la  maîtrise  au  mo 

vembre,  à  sept  heures  du  soir,  si 

et  presque  sans  vêtements.  Il  pi 

erra  toute  la  nuit  en  cet  état. 

demain,  le  hasard  lui  fit  rena 

pauvre  perruquier  nommé  KeU 

à  l'église,  avait  souvent  admin 

voix.  Ce  brave  homme  n'avait  | 

sa  femme  et  ses  enfants,  qu'une 

au  cinquième  étage  et  une  mao 

sixième  :  il  offrit  celle-ci  à  Haj 

que  la  table  frugale  de  la  famil 

proposition  fut  acceptée  avec  ja 

au  moins  de  ne  pas  mourir  de 

chanteur  en  congé  de  réforme  | 

vrer  tout  entier  à  son  goût  poai 

Outre  les  deux  traités  de  Fax  et 

theson,  il  se  mit  à  jouer  les  sonai 

Bach,  auxquelles  il  prit  un  plaii 

»  Assis  à  mon  clavecin  vermoul 

il  depuis,  tremblant  de  froid  et 

de  sommeil,  je  n'enviais  pas  le 

monarques.  » 

Le  talent  d'Haydn  ne  tarda 
procurer  quelques  occupations  : 
le  violon  dans  une  église,  touchs 
de  la  chapelle  d'un  seigneur  au 
chantait  quelque  temps  après  U 
ténor  à  Saint  -  ï.tienne ,  enfia 
quelques  leçons  de  clavecin  et  « 


HAY 

elH|it  aprasi  il  fit  la  connaissance 
(■tue^ifai  doDeoiait  dans  la  mai- 
HK  où  était  le  galetas  du  perm- 
le  poète  italien  choisit  Haydn  pour 
àa  leçons  à  une  jeune  personne 
ait  avec  lui ,  et  le  présenta  bien- 
labassadenr  de  la  république  de 
qui  avait  une  maîtresse  folle  de 
e  et  cbez  laquelle  s'était  retiré  le 
t  célèbre  Porpora  (wr.)*  L'am- 
■r  étant  allé,  à  ceUe  époque,  aux 
i  3Aannersdor(^  alors  à  la  mode, 
lot  cpie  le  maître  napolitain  et  le 
[ajdn  fussent  Tun  et  Tautre  du 
Celui-ci  saisit  cette  occasion  pour 
nelques  leçons  de  Porpora,  et, 
poir  d'obtenir  ses  bonnes  grâces, 
n  quelque  sorte  son  laquais.  Dès 
,  il  se  levait  pour  battre  ses  habits, 
souliers  et  accommoder  sa  perro- 
bord  il  ne  reçut  que  des  bourra- 
prix  de  sa  complaisance,  car  des 
pnrticulierset  une  vie  fort  agitée 
ai^  le  caractère  de  Porpora; 
«a  quelques  jours  de  patience,  il 
ir  le  chant  et  Faccompagnement 
etls  tels  que  pouvait  les  lui  don- 
des  pères  de  cette  sublime  école 
iae  aujourd'hui  si  dégradée.  Les 
ie  Porpora  furent,  à  vrai  dire,  les 
içons  de  composition  que  prit 
et  c*est  à  tort  que  l'on  a  prétendu 
ivait  reçu  de  J .-Séb.  Bach  (vo^.), 
17S0,  et  avec  lequel  il  n'a  pu  se 
cr;  de  Wemer,  qu'il  n'a  connu 
|iie  son  talent  était  déjà  formé,  et 
loore  de  Reuter,  qui,  par  une  (ai- 
sot  il  n'y  a  que  trop  d'exemples, 
lit  avoir  conçu  de  bonne  heure 
iflients  de  jalousie  contre  lui  et 
r  brutalement  expulsé  de  la  mai- 
i  par  cette  cause. 
:  aknrs  que  Ton  grava  les  premiè* 
Inctions  du  jeune  compositeur  : 
de  petites  pièces  et  des  sonates 
an  qui  ne  lui  procurèrent  d  au- 
tage  que  de  voir  son  nom  écrit 
>ntispice  de  Tœuvre  ;  on  y  recon- 
léjà  le  cachet  d*un  talent  dbtin* 
s  la  position  de  Haydn  ne  s'en 
MO  améliorée.  Enfin  une  com- 
Than,  charmée  de  ces  petites 
ions,  voulut  en  connaître  Tau- 


(  587  )  HIY 

sa  protectrice,  et  bientôt  fut  imitée  par 
plusieurs  dames  de  la  coiur.  Haydn  put 
enfin  tenir  un  rang  convenable  ;  lesman» 
vais  jours  de  TarUste  étaient  passés. 

C'est  de  l'époque  de  l'amélioration  du 
sort  de  Haydn  que  date  son  premier  oeu- 
vre de  quatuors  dédiés  au  baron  de  Fûrn- 
berg,  pour  lequel  il  les  avait  écrits,  ainsi 
que  son  premier  œuvre  de  trios.  Vers  le 
même  temps,  il  composa  une  sérénade  à 
trois  instruments  qu'il  alla  exécuter  sous 
les  fenêtres  de  l'arlequin  Kiurtz  ou  Ciur- 
zio,  plus  connu  sous  le  nom  de  Bemar- 
donc,  directeur  du  théâtre  delà  Porte  de 
Carinthie.  L'originalité  de  la  composition 
le  frappa  :  il  fit  monter  Haydn,  qui  re- 
descendit avec  un  poème  d'opéra-comi- 
que, intitulé  ie  Diable  boiteux^  dont  la 
musique  fut  faite  en  quelques  jours  et 
obtint  du  succès.  Pendant  les  années  qui 
suivirent,  les  productions  instrumentales 
de  Haydn  se  succédèrent  avec  rapidité  : 
les  principales  sont  des  sonates  de  clave- 
cin et  de  petites  pièces  à  plusieurs  in- 
struments, musique  alors  connue  sous  les 
noms  de  Partfùen  ou  casationes^  et  fort 
à  la  mode  en  ce  temps.  Cependant  le 
compositeur  désirait  trouver  une  posi- 
tion stable,  et,  en  1759,  il  entra,  en  qua- 
lité de  second  maître  de  chapelle,  chez  le 
comte  de  Morzin.  Ce  fut  pour  l'orchestre 
de  ce  seigneur  qu'il  écrivit  ses  premières 
symphonies.  Un  jour  que  le  prince  Nico- 
las Esterhazy,  amateur  passionné  de  mu- 
sique, assistait  au  concert,  il  fut  si  frappé 
de  la  beauté  originale  d'une  de  ces  sym- 
phonies qu'il  pria  le  comte  de  lui  céder 
Haydn,qui  devint  son  musicien  de  chant^ 
bre^  et  plus  tard  fut  le  successeur  de  Wer^ 
ner,  maître  de  chapelle  du  prince.  Haydn 
passa  trente  années  au  service  du  prince 
Nicolas  et  de  son  fils  du  même  nom 
{voy.  Estekhazt).  Ce  fut  pour  le  pre- 
mier, bon  exécutant  sur  le  baryton  ou 
violoncelle  d'amour  {voy,  Yioloncsixe), 
que  notre  compositeur  écrivit  beaucoup 
de  musique  destinée  à  cet  instrument 
aujourd'hui  hors  d'usage.  C'est  aussi  pour 
l'orchestre  du  château  d'Esterbazy  qu'il 
composa  la  plus  grande  partie  de  ses  ou- 
vrages; car  ce  ne  fut  qu'en  1784  que  la 
Loge  olympique  de  Paris  lui  fit  deman- 


der des  symphonies.  Dans  la  petite  ville 


jons,  Touii»  eu  cQuoaiire  i  au-      aer  aes  sympoonies.  i/aos  i«  pcuie  viue 
NÎt  pour  maître  de  chant,  se  fit  |  d'Eisenstadt^  à  Esterhazy,  et  enfin  à  Vien- 


HAY 


(&38) 


HAT 


ne,  où  le  prince  condui»il  plusienrt  fois 
Haydoy  rien  ne  changeait  les  habitudes 
régulières  qu'il  s*était  imposées  :  il  se  le- 
vait de  bonne  heure  et  travaillait  jusqu'à 
midi,  heure  de  son  dîner  ;  le  reste  de  la 
journée  était  employé  au  service  du 
prince  ou  en  conversations  avec  quelques 
amb.  Cette  assiduité  quotidienne  eipli* 
que  la  quantité  prodigieuse  d'ouvrages 
sortis  de  sa  plume.  Il  jouissait  d'un  trai- 
tement modique ,  mais  suffisant  pour  ses 
besoins.  Entièrement  dévoué  à  l'art,  qu'il 
aimait  pour  lui-même,  il  pouvait  se  li- 
vrer sans  inquiétude  à  un  travail  qu'il 
chérissait  :  aussi  dans  sa  vieillesse  ne  par- 
lait -  il  jamais  sans  attendrissement  du 
temps  qu'il  avait  passé  chez  le  prince  Ni- 
colas. 

Toutefois  son  existence  n'arait  pas  été 
exempte  d'amertume.  Lors  de  son  séjour 
chez  le  perruquier  Keller,  il  s'était  épris 
d'une  de  ses  filles  et  lui  avait  promis  de 
l'épouser  lorsqu'il  aurait  une  position  :  il 
tint  religieusement  parole;  mais  cette  fem- 
me acariâtre  fit  le  tourment  de  sa  vie.  Il 
chercha  des  consolations  auprès  d'une 
cantatrice,  qui  était  comme  lui,  au  service 
du  prince  Esterha/y.  Cette  liaison  n'était 
pas  faite  pour  apporter  la  paix  dans  son 
ménage  :  il  dut  se  séparer  de  sa  femme, 
avec  laquelle,  en  cette  occasion,  il  agit  fort 
généreusement. 

Cependant  la  réputation  de  Haydn  s'é- 
tait depuis  longtemps  répandue  en  Eu- 
rope, sans  que  lui-même  s'en  doutât.  Dès 
1766,  ses  premières  symphonies  avaient 
été  gravées  à  Paris  et  exécutées  avec  un 
immense  succès.  En  1784,  les  directeurs 
des  concerts  de  la  Loge  olympique  lui  fi- 
rent demander  six  symphonies  écrites  ex- 
pressément pour  leur  usage.  Cette  de- 
mande, la  première  qui  lui  vint  du  de- 
hors, fut  reçue  avec  joie,  et  Haydn  com- 
posa les  six  symphonies  dites  de  la  Ln^ 
olympi/jtte,  les  plus  belles  qu^il  ait  faites 
jusqu'alors.  L'année  suivante,  il  écrivit 
pour  un  chanoine  de  Cadix  l'excellent 
œuvre  connu  sous  le  nom  des  Srpt  pa'^ 
rtilvs  de  Jêsus^l^hrist  sur  la  croix.  \jbl 
mort  de  la  cantatrice  qu'il  aimait  lui  fit 
accepter  les  offres  qu'on  lui  faisait  de- 
puis quelque  temps  pour  se  rendre  à  Lon- 
dres. Il  arriva  dans  cette  ville  en  1791  et 
dirigea  les  vingt  concerts  dont  le  violo- 


niste Salomon  aTait  fait  Ti 
dant  le  cours  d'une  année  qu'il  re 
cette  capitale,  il  écrivit  set  six 
symphonies,  des  sonates  de  pian 
verses  autres  compositions.  Un 
voyage  qu'il  fit  en  1793  produis 
dernièressymphonies,de  la  mosiq 
piano  et  les  accompagnements  < 
recueils  d*airs  écossais.  Haydn 
plus  commencé  à  écrire  un  opéi 
phée  :  onze  morceaux  de  la  | 
étaient  terminés,  mais  des  diffia 
tant  élevées  relativement  au  prii 
théâtre  où  cette  pièce  devait  éti 
le  compositeur  ne  voulut  pas  en 
la  solution,  impatient  qu'il  étai 
tourner  en  Allemagne.  Dans  son 
il  donna  plusieurs  concerts,  et  il 
Eisenstadt  en  1794.  Il  ne  tarda  | 
mander  sa  retraite  au  prince  Ei 
et,  ayant  acheté  une  petite  mai 
jardin  dans  un  des  faubourgs  an 
il  s'y  retira.  Ce  fut  dans  ce  séj< 
composa  ses  derniers  ouvrages,  ei 
ticulier  les  deux  oratorios  ou 
cantates  dont  le  baron  Van  Sfv 
avait  fourni  les  paroles.  Haydn 
ans,  lorsqu'il  commença  la  Cré 
monde^  qui  lui  coûta  deux  u 
travail.  Cette  belle  com|K>sition,< 
aux  dépens  de  la  société  des  a 
sous  la  direction  du  compotiii 
même,  obtint  le  plus  grand  sim 
quatre  Saisons  parurent  un  pc 
de  trois  ans  après  (  1 80 1  ),  et ,  1 
rempli  d'une  infinité  de  beautés  < 
cet  ouvrage  parut  inférieur  au  prt 
l'on  s'y  aperçoit  en  efTet  que  Ica  I 
l'auteur  ont  diminué  en  ce  qui  i 
l'invention  des  mélodies.  Il  n'éc 
puis  que  son  dernier  œuvre,  coi 
trois  quatuors;le  troisième  n*est  pc 
vc,  et,  au  lieu  du  final,  on  lit  un 
musicale  au-dessous  de  laquelle  i 
cées  des  paroles  allemandes  qui  si 
Mrs  forces  rn^oni  abandon/^} 
vieux  et  faible.  Il  lui  arrivait 
d'écrire  cette  phrase  sur  les  cari 
site  qu*il  envoyait  à  ses  amis,  m 
plus  du  tout  de  chez  lui.  Quelq 
siciens  se  persuadèrent  que  ea 
mesures  contenaient  un  canoa 
tique  et  essayèrent  d'en  donner  < 
lions. 


HAT 


(5S9) 


HAT 


les  dernières  années  de  sa  vie, 
intes  tourmentaient  Haydn,  celle 
er  malade  et  celle  de  manquer 
:  audsi  acceptait-il  avec  joie  les 
ésents  qui  pouvaient  contribuer 
;er  sa  dépense;  il  était  pourtant 
lu  besoin ,  possédant  un  capiui 
3  80,000  fr., outre  la  pension  que 
t  la  famille  Esterhazy.  Mais  ce 
ra  des  alarmes  bien  plus  vives  au 
fut  Tinvasion  de  Tempire  d^Au- 
ir  Parmée  française,  en  1809. 
e  cessait  de  s^informer  de  ce  qui 
t,   puis  courait  à  son  piano  et 
d^une  voix  éteinte  :  Dieu  sauve 
urFrançoiilhe  10  mai,  Tarmée 
était  à  une  demi- lieue  du  jar- 
Saydn,   et  bientôt  quatre  obus 
tomber  près  de  sa  maison;  les 
Destiques  qui  le  servaient  accou- 
"es  de  lui ,  la  terreur  peinte  sur  le 
'^ue  craignez-vous  ?  s'écria  le 
leur,  se  ranimant  tout  à  coup  et 
n  elTort  pour  se  lever  de  son 
,   que   craignez-vous?  Aucun 
'   ne  peut   arriver   là   ou  est 
A  peine  eut-il  proféré  ces  pa* 
'il  fut  saisi  d'une  agitation  con- 
et  transporté  dans   son    lit.  Il 
t  de  plus  en  plus  jusqu'au  26 
t  cependant   voulut    encore    se 
irter  à   son   piano,  où   par  un 
effort  il  chanta  trois  fois  avec 
:  Dieu  sauve  V empereur  Fran» 
lis  il  tomba  dans  un  assoupisse- 
li  dura  jusqu'au  3 1 .  Il  s'éteignit 
matin  de  ce  jour  et  fut  inhumé 
npe  dans  le  cimetière  de  Gum- 
;  il  était  âgé  de  77  ans  et  2  mois. 
\  temps  après,  on  célébra  un  ser- 
nnel  pour  le  repos  de  son  âme  à 
et  dans  plusieurs  autres  villes,  et 
ervatoire  de  Paris  exécuta  une 
mtate  funèbre  sur  la  mort  de 
composée  par  Cherubini  (vo/.), 
.  d'années  auparavant,  avait  été 
le  remettre  entre  ses  mains  la 
t  que  cet  établissement  avait  fait 
m  son  honneur. 

rre  de  Haydn,  d'après  une  liste 
Iressée  lui-même  de  la  musique 
souvenait  d'avoir  composée  de- 
e  de  18  ans  jusqu'à  celui  de  73, 
B  let  pièces  suivantes  :  V*  118 


symphonies  pour  orchestre;  3^  1 6S  pièoei 
poiur  le  baryton;  8^  50  divertissements  à 
5,  6,  7,  8  et  9  parties,  pour  divers  in^ 
struments;  4^  13  concertos  pour  violon, 
violoncelle,  contre-basse,  cor,  flûte  et 
clarinette;  5®  59  pièces  poiur  le  clavecin 
ou  le  piano,  seul  ou  avec  d'autres  instru- 
ments; 6^83  quatuors;  7°  une  quantité 
de  pièces  de  différents  genres,  teb  que  ca* 
nons^  allemandes^  contredanses^  etc.; 
8®  366  mélodies  écossaises  arrangées  pour 
piano;  9^  1 9  messes  et  1 2  grands  morceaux 
d'église  ;  1 0<>  5  opéras  allemands  et  1 4  opé« 
ras  iuliens;  1 1^  4  oratorios;  12<>  1 3 can* 
tates  à  3  et  à  4,  et  plusieurs  airs  écrits  en 
diverses  circonstances.  Plusieurs  de  ces 
ouvrages  ont  été  publiés  un  grand  nom- 
bre de  fois,  tant  en  parties  séparées  qu'en 
partition.  La  collection  la  plus  complète 
de  quatuors  est  celle  de  Pleyel,  gravée  à 
Paris  il  y  a  vingt  ans. 

11  faudrait  entrer  dans  de  longs  détails 
pour  indiquer,  même  sommairement, tout 
ce  que  ces  compositions  si  nombreuses  et 
si  variées  renferment  de  beautés  en  tout 
genre.  Bornons-nous  à  faire  connaître  le 
mérite  vraiment  caractéristique  qui  les 
domine  toutes  :  c*est  une  admirable  net- 
teté de  pensée  et  de  conduite,  une  déli- 
cieuse naïveté  d'expression,  qui  rend  le 
style  de  Haydn  accessible  à  tous  les  audi- 
teurs. Ses  idées  sont  si  claires  et  il  les  ex- 
prime en  termes  si  bien  chobis  que  son 
discours  ne  laisse  aucune  obscurité  dans 
l'esprit  ;  s'il  ramène  ces  mêmes  idées  en 
les  embellissant  de  toutes  les  ressources 
de  la  science,  en  les  développant  avec 
une  éloquence  abondante  et  facile,  le  su- 
jet principal  a  été  si  bien  compris  dès  le 
commencement  que  l'on  ne  trouve  pas  la 
moindre  difficulté  à  en  saisir  de  même 
les  accessoires  et  à  en  embrasser  l'en- 
semble. Il  semble  que  la  sérénité  d'âme 
du  compositeur  se  reflète  dans  ses  ou- 
vrages; l'existence  douce  et  uniforme  qu'il 
a  menée  pendant  trente  ans  a  jeté  sur 
toutes  ses  compositions  une  aimable  et 
tranquille  gaîlé.  A  l'exception  des  Sept 
paroles^  il  n'a  écrit  presque  aucun  mor- 
ceau qui  porte  l'empreinte  d'une  tristesse 
profonde  ;  il  lui  vient  bien  par  moments 
quelque  impression  fâcheuse  dans  l'es- 
prit, mais  elle  s'efface  immédiatement 
pour  faire  place  aux  images  hantes  qu'il 


HAY 


(540) 


HA.T 


est  habitué  à  envisager.  La  musique  que 
Uaydo  a  écrite  ;>our  Tégliae  n^oITre  à  cet 
égard  aucune  différence  :  comme  on  lui 
en  faiiait  le  reproche,  il  répondait  que 
ridée  qu^il  se  faisait  de  Dieu  le  portait 
par-dessus  tout  à  la  confiance,  et  que,  le 
regardant  comme  le  meilleur  des  pères, 
il  ne  pouvait  sVmpécher  de  se  livrer  à  la 
joie  que  lui  inspirait  le  plaisir  d^appro- 
cher  en  quelque  sorte  ce  Dieu  si  bon  et 
de  converser  avec  lui.  Uavdn  était  en 
effet  pénétré  de  la  plus  tendre  piété;  sur 
ses  manuscrits  on  voit  souvent  en  tète  les 
lettres!.  M.  J.  (Jésus,  Marie,  Joseph)  ou 
ces  paroles  :  In  nomine  Domini  ou  SoU 
Deo  gloria ,  et  à  la  fin  de  tous  les  mor^ 
ceaux,Zii«i/)^o.  Quand  les  idées  lui  man- 
quaient, il  récitait  un  Jve  Maria^  puisse 
remettaitau  travail;  il  disait  que  ce  moyen 
lui  avait  toujours  réussi.  Haydn,  en  pré- 
sence des  grands,  était  retenu  et  silen- 
cieux ;  mais,  dans  la  société  de  ses  amis,  il 
parlait  volontiers,  et  sa  galté  allait  parfois 
jusqu*à  la  bouffonnerie.  Sa  sensibilité 
était  extrême  :  lorsqu^il  fut  nommé  cor- 
respondant de  rinstitut  de  France,  il  re- 
çut cette  nouvelle  en  fondant  en  larmes. 
Une  grande  représentation  de  la  Créa" 
iio/i^  à  laquelle  il  assbta  et  qu^il  termina  en 
donnant  sa  bénédiction  aux  musiciens  de 
Torchestre ,  termina  glorieusement  sa 
carrière  musicale. 

Beaucoup  d*anecdotes  controuvéessur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  Uavdn  ont  été 
répandues  au  moment  de  sa  mort,  et  on 
est  étonné  quelles  aient  été  adoptées  par 
des  écrivains  éclairés  tels  que  Framery 
et  Lebreton,  qui,  dans  leurs  iVol/Vr/  sur 
Joseph  Ilafflfif  publiées  Tune  et  Tautre 
à  Paris  en  1810,  et  dont  Ignace  Pleyel 
avait  fourni  le  principal  fonds,  en  ont 
recueilli  un  grand  nombre  de  ce  genre. 
Dans  la  même  année,  A.-C.  Dies,  paysa- 
giste distingué  et  ami  de  Haydn,  et  C.-A. 
Griosinger  avaient  publié,  le  premier, 
Haydn* s  Bingraphie^  Vienne,  in- H",  et 
le  second  Bto^raphtxche  NtUizen  nbcr 
Joseph  liaydn^  I^ipzig,  in-8**.  Os  deux 
pstiiuables  opusi*ules  ont  été  surpassés 
dans  Touvrage  de  Carpani  intitulé  :  Le 
Hardi  ne^Oi  vrro  leiirre  s  alla  vita  e  le  ope* 
re  fiel  célèbre  maestro  Ctusep//e  Htirdn^ 
Milan,  1812,  in-8'';  2*  édition,  Pacîoue, 
iH:i$f  io-8^y  traduites  en  français  et 


données  comme  ooTrage  original 
pseudonyme  César  Bombet  es 
sous  celui  de  Stendhal  en  1817. 
On  en  possède  une  autre  tradod 
M.Dominique  Mondo,  Paris,  1 83? 
On  peut  accorder  toute  confiai 
récits  de  Carpani ,  puisque  Tau 
avaient  recueillis  de  la  bouche  de 
lui-même. 

Jeau-Mjchu.  Haydn,  frère  de 
né  à  Rohrau  le  14  septembre  17: 
dia  d^abord  chez  son  père  les  c 
de  la  musique,  la  harpe  et  le  « 
entra  comme  enfant  de  chœur  . 
thédrale  de  Vienne,  apprit  la  c 
tion  sous  Reuter,  et  s'instruisit,  j 
core  dans  les  ouvrages  de  Fux,  de  1 
de  Bach  et  de  Graun.  11  fut  d'abc 
tre  de  chapelle  de  Tévêque  de  Gi 
dein,  en  Hongrie,  puis  de  la  ca 
deSaUbourg,  qu*il  ne  quitta  plu 
sa  mort,  arrivée  le  10  août  18< 
composé  de  la  musique  ioslrui 
des  opéras,  des  oratoiins,  et  so 
la  musique  d'église.  Sous  i^  dem 
port,  Joseph  Ha\dn  con^idi^rail  s 
comme  le  plus  grand  «omposiu 
y  eût  de  son  temps  eu  Allemagi 
qui  ont  examiné  les  composition 
scrites  de  Michel  ne  sont  pas  élo 
souscrire  %  ce  jugement.  On  nV 
blié  (|u'un  fort  petit  nombre,  c 
ment  depuis  sa  mort;  car  de  son 
s'était  constamment  refusé  à  lai: 
ver  ses  ouvrages.  J.  A 

HAYE  (lai  ^en  hollandais  H 
mand  Haa^^  abréviation  de  ê* 
h  âge  y  en  latin  Haga  comitmsn 
résidence  du  stathouder  hérédil 
Provinces-Unies,  aujourd'hui  œ 
des  Pays-Bas,  est  située  dan»  U 
de  Sud- Hollande,  à  une  lieue  c 
du  Nord,  et  compte  plus  de  53,0 
tants,  dont  le  plus  grand  nombr 
tient  à  l'Église  ri-forniéc.  I^  \  ille 
dans  une  position  plus  élevée  et 
séquent  plus  saine  que  la  plu|Mi 
très  villes  de  la  Hollande.  £11 
portes  ni  muratlles;  ses  ru»  sont 
l>ordces  d'arbres.  On  regarde  le 
berf^  et  le  /  'oorhnut  ct)mme  ses  pi 
quartiers.  Parmi  le»  raouumfiili 
on  range  le  château  roval,  doi 
rieur  toutefois  n'a  rien  d^agrèd 


lUkT 


r 

cour  do  sUlhooders,  qu^habita 
ii  ph»  tard  le  roi  Loiiis*Napo- 
lis  oà  liéftCBt  actœlleiDeDt  les 
iMbfes  do  Élats-GéDéraox  et 
iTCDt  en  outre  beaocoop  de  ba- 
I  palais  da  prince  d^Orange  et 
e  Frédéric;  le  Buitenhojj  où 

la  galerie  do  tableaaxy  et  le 
ms  (  maison  de  Maurice) ,  qui 

le  cabinet  ethnographique; 
-Tille,  où  Ton  conserre  d'eicel- 
la  fonderie  de  canons, 
1668;  le  théâtre  et  la  pri- 


es bâtiments  consacrés  an  cnlte, 
égliso  hollandaiso  réforméo 
Fétre  citéo  :  celle  qni  est  appe- 
^mde  est  surmontée  d*une  haute 
gooe;  puis  Tancienne  église  ré- 
aoçaîse,  aujounThui  consacrée 
atboliqne.  Lo  juifs  portugais  et 
»  ont  à  La  Haye  de  grando  sy- 
;  lo  luthériens  y  lo  prtsbyté- 
reaKMitrants  et  lo  jansénbto 
s  oratoires.  Bordée  d*un  côté 
liarge  canal  toujours  couTcrt 
SX,  de  Tautre  par  un  bois  oon- 
,  la  Tille  est  entourée  de  super- 
icsy  de  rîanto  maisons  de  cam> 
de  beaux  jardins. 
Bple  maison  de  chasse  do  com- 
ollande,  bâtie  an  milieu  d*un 
se  transformant  dès  Tan  1250 
lais  autour  duquel  Tinrent  bien- 
er  d*autro  maisons,  donna  ori- 
▼ille  de  La  HaTe.  Au  xti*  siè- 
derint  la  résidence  do  Etats- 
I,  do  Etats  de  Hollande,  du 
er  et  do  ambassadeurs;  elle  s*a- 
nsensiblement  dans  le  cours  du 
de ,  et  fut ,  jusqu^an  oommen- 
in  xnii*,  le  centre  do  négocia- 
ilomatiqno  lo  plus  importan- 
■ospérité  de  La  Haye  souffrit 
■eut  par  la  révolution  de  1 795  et 
;ne  du  roi  Louis-Napoléon ,  qui 


(  541  )  hea; 

sanœ  royal  nommé  la  Maison  dans  lé 
Bois,  qui  renferme  plusieurs  tableaux 
de  prix.  C  Z. 

HATTf ,  w>r-  Haïti. 

HAZARD,  voy.  Hasabd. 

HEAR!  Cette  exclamation  signiBe 
écoutez  !  Elle  est  d*usage  en  Angleterre 
pour  exprimer  l'approbation  qu'on  donne 
aux  parolo  d'un  orateur.  C'est  un  mot 
de  la  langue.  En  France,  quand  on  Teot 
applaudir  à  un  discours,  on  se  sert  d'un 
mot  italien,  et  l'on  crie  bravo!  L'expres- 
sion anglaise  a  quelque  chose  de  plus 
rationnel  :  elle  approuve  la  chose  qu'on 
dit;  l'exprosion  italienne  semble  ap~ 
prouver  celui  qui  parle.  Mab  il  serait 
puéril  de  chercher  do  nuanco  entre 
do  mots  qni ,  par  le  fait,  se  traduisent 
exactement  l'un  par  l'autre.  Lo  cris  de 
hearl  hearî  interrompent  fréquemment 
lo  discours  do  orateurs  parlementaires 
quand  ib  sont  l'exprosion  fidèle  et  éner* 
gique  do  opinions  de  leur  parti.  Pins 
rarement  qu'en  France,  lo  murmura  du 
côté  opposé  viennent  protoler  contre 
cette  approbation.  En  général ,  chaque 
parti  se  contente  de  soutenir  lo  siens 
par  so  applaudissements,  sans  chercher 
à  troubler  so  anfagonisto  par  do  inter- 
pellations Tiolento;  mab  û  ne  faut  pas 
croire  qu'il  en  soit  toujours  ainsi.  La 
règle,  dans  lo  deux  psys,  est  qu\>n  ne 
doit  donner  aucun  signe  d'approbation 
ni  d'improbation.  Cette  règle  n'ot  point 
observée  :  c'est  le  sort  de  touto  les  lob 
qui  ne  tiennent  point  compte  do  passions 
humaines,  et  qui,  exigeant  trop,  n'ob- 
tiennent rien.  G.  L.  L. 

HEATHFIELD  (u>ao),  -voy.  El- 

LIOTT. 

H  BAUME  on  HEAUijnL  (en  allemand 
Uelm'^  T9ny.  Casque. 

H  ÉBÉ  était  une  do  ancienno  diri- 
nités  grecquo,  car  Homère  en  parle 
dans  son  Odyssée^  XI,  602.  Fille  de  Ju- 
piter et  de  Junoo,  comme  Mars  et  Ili- 
tbye,  elle  servait  d'ccbanson  à  son  père. 


la  lo  graocb  collégo  à  Utrecht  j  le  maître  do  dieux.  On  a  dit  «Xoèl  le 


Icrdam,  jusqu'à  ce  que  le  retour 
ed'Orange,en  1813,rendità  la 
ancien  édaL 

it  dans  le  voisinage  de  La  Haye 
lie  Seheveningen^  renommé  par 
de  WKXy  et  un  château  de  pûi- 


Comte,  Natalis  Oimes,  H,  ô]  que  Ju- 
non,  ayant  été  invitée  par  Apollon  à  un 
repas,  y  mangea  do  laitno  sauvages,  et 
qu'elle  con^t  Hébé.  On  a  dît  aussi,  et 
Bayle  Ta  répété  dans  son  article  Ganj- 
mèdcy  qu'Uébéy  s'étant  laissé  tomber  en 


fiËB  (  542  ) 

venant  à  boire  aux  dieux ,  laissa  voir  ce 
que  la  pudeur  veut  qu^oo  cache;  qu*elle 
en  eut  tant  de  honte  qu^elle  renonça  à 
ses  fonctions,  et  fut  dès  lors  remplacée  par 
Ganymède.Ces  deux  aventures,  trop  facé- 
tieuses pour  être  d^origine  grecque  ou  la- 
tine, ont  été  puisées  dans  l'ouvrage  de 
Boccace ,  Geneahgiœ  Deorum,  Pindare 
{^Nétn,lL^  etc.),  Apollodore  (II,  7),  nous 
apprennent  qu*iiercule,  du  milieu  des 
flammes  de  son  bûcher,  fut  transporté 
dans  le  ciel ,  qu'il  s'y  réconcilia  avec  Ju- 
non,  et  qu'il  en  obtint  en  mariage  Hébé, 
sa  fille,  mythe  ingénieux  qui  nous  montre 
l'alliance  de  la  jeunesse  et  de  la  force.  Ils 
eurent  deux  fils,  Aleiiaris  (le  secoureur) 
et  Anikitos  (rinvinciblej.  Hébé  avait  à 
Phliunte  un  temple  avec  droit  d'asile,  où 
elle  était  adorée  sous  le  nom  de  Dia  et 
de  Ga/i/z/iff^/r,  suivant  Pausanias  (II,  1 3), 
ce  qui  a  fait  croire  à  des  mythologues 
qu'Ûébé  et  Ganymède  [voy,)  n'étaient 
qu'une  seule  et  même  personnification  de 
la  jeunesse  et  de  la  beauté  dans  l'éphèbe 
et  la  jeune  femme.  A  Rome,  cette  même 
déesse,  qui  s'appelait  Juventas,  avait  au 
Capitole  un  temple  où  ceux  qui  dépo- 
saient la  robe  prétexte  [voy,  Tooxj  ve- 
naient l'invoquer.  Le  célèbre  Canova 
(vo/.)  a  exécuté  une  statue  d'Hébé  en 
marbre  blanc,  sous  la  figure  d'une  jeune 
et  belle  fille,  tenant  une  coupe  qui  rap- 
pelle ses  fonctions  dans  rOlympe.  F.  D. 

HKBEL  (jEAN-PiEaax),  l'un  des  plus 
admirables  poètes  populaires.  Il  naquit, 
le  1 1  mai  1 700,  dans  un  village  du  grand - 
duché  de  Bade,  voisin  de  la  ville  de 
Schopfheim  sur  la  Wiese  (  cercle  du 
Haut-Rhin).  Fils  de  parents  pauvres,  il 
reçut  cependant  une  instruction  solide  à 
Lœrrach  près  de  Bàle,  puis  au  gymnase 
de  Carisruhe.  Après  avoir  fait  ses  études 
à  Ërlangen,  il  devint  successivement  ré- 
gent dans  la  première  de  ces  deux  villes, 
puis  professeur  au  gymnase  de  la  se- 
conde, pasteur,  conseiller  ecclésiastique 
(1805S  directeur  du  lycée  (1808),  et, 
en  1 8 1 8,membre  de  la  première  chambre 
des  États  de  Bade,  en  vertu  de  son  titre 
de  prélat.  Il  mourut,  à  Carbruhe,  le  1 3 
septembre  1826. 

Par  sa  naissance,  Hebel,  dès  sa  jeu- 
nene,  avait  été  mêlé  à  la  vie  du  peuple;  il 
CODOttt  les  cbacrins  Ves  touCTranoes  et  lea 


HRB 


plaisirs  du  peuple,  et  il  s*eBp 
joies  et  de  ses  tourmenta,  soav« 
res,  pour  en  faire  de  la  belle 
poésie.  Mais  pour  chanter,  Hi 
servit  point  du  haut  allemand 
le  naïf  dialecte  allémanique  (; 
parle  encore  de  nos  jours  on 
population  répandue  sur  les  c 
la  Forêt-Noire  (vo/.),  dans  cet 
mé  par  le  Rhin ,  lorsqu'à  Bile 
brusquement  de  direction  et  si 
vers  le  nord;  heureux  coin  ai 
semble  créé  tout  exprès  pou 
naissance  à  la  poésie  idyllique 
gage  sonore  de  ses  habitants 
diphthongues  multipliées  et  u 
finales  si  retentissantes,  convie 
beaucoup  mieux  à  des  chanK 
laires  que  le  dialecte  saxon,  élr 
ther  au  rang  du  langage  écriL 
fallu  d'ailleurs  de  bien  peu  q 
lecte  allémanique,  répandu  avei 
breuses  variations  en  Alsace 
Brisgau,  en  Suisse  et  en  Sk)uafa 
vint  lui-même  la  langue  domti 
on  se  rappelle  que  les  Minnesio 
ont  jeté  dans  ce  moule  leurs  in 
poétiques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Hebel  n'i 
déroger  en  adoptant  cet  allei 
tard  comme  fils  légitime,  et  l 
son  adoption  l'a  bien  servi.  N 
sitons  pas  à  proclamer  qu*il  se 
cile  de  trouver  dans  les  littéra 
dernes  des  vers  populaires  e 
avec  une  simplicité  aussi  toi 
aussi  pittoresque,  la  vie  intim 
tisan  et  du  laboureur;  des  ve 
pandent  dans  les  cabanes  un 
paix  et  de  charité,  Tamour  du 
la  tempérance  et  de  Tordre,  les  i 
vrais  et  profonds  d'amitié  et  d*i 
ne  dépassent  jamais  la  ligne  i 
du  devoir,  enfin,  aprt>s  une  vie 
bien  et  de  mal,  respérance  d'i 
meilleur.  Les  p<iésiesallémaniq 
mannische  Gtdichtf^^  ont  pat 
première  fois  en  1808  à  Cari 
depuis,  elles  ont  eu  sept  ii  hui 
sans  compter  les  traductions  (a: 
lemand  correct  par  SchafTnef 
rardet ,  par  Adrian  ,  etc.  Quo 
ne  soyons  pas  partisans  d'un  t 
meut  de  ce  genre,  nota  le  cilo 


BBB 


(543) 


HËft 


1^  da  retentiflsemeiit  que  Hebel  a 
leoillemagoe*. 

fl/adtns  les  poésies  allémaniques  deux 
■es  bien  distincts ,  quoique  Tauleur 
il  pas  fait  cette  dbtinction  et  qu'il  ait 
f  ses  vers  dans  le  public  sans  aucun 
d  sur  la  destinée  qai  les  attendait, 
ne  part  ce  sont  des  récits ,  des  con- 
empruntés  ordinairement  à  quelque 
ition  populaire,  et  quelques  mor- 
izallégoriques;  d'autre  part,descbants 
nnvement  lyriques  qui  idéalisent  quel- 
incident  de  la  yie  rustique  ou  jour- 
ère.  Noos  rangeons  dans  la  première 
(  le  poème  en  vers  hexamètres  inti- 
die  ff^iese.  Wiese  est  le  nom  d'un 
nr  affluent  du  Rhin  que  le  poêle,  par 
allégorie  ingénieuse  et  pleine  de  vie,  a 
aibnné  en  jeune  fille  qui  se  jette  amou- 
iement  dans  les  bras  du  géant  sorti  des 
es  ^.  Ce  poème  est  plein  de  fraîcheur 
le  poésie.  Le  sentiment  de  la  belle 
nre  y  réjouit  le  cœur  du  lecteur ,  et 
baque  vers  les  images  les  plus  vraies , 
comparaisons  les  plus  naïves,  le  sur- 
aiBent  et  l'attachent.  Pour  bien  ca- 
elériser  la  tendance  morale  des  poésies 
t  Hebel,  citons  un  autre  morceau  in- 
itié Die  Vergœnglichkeit  (la  fragilité 
bdioses  humaines).  Nous  assistons  à  un 
■lo^e  entre  un  paysan  et  son  fils.  Les 
ha  interlocuteurs  sont  attardés  sur  la 
iMcaupied  du  vieux  château  deRœtteln. 
*¥^  notre  maison  sera-t-elle  un  jour 
ce  château?  demande  l'enfant. — 
)  notre  maison  sera  un  jour  comme 
*«»ite«a.  Bâle,  que  tu  connais  si  grande 
*•  Me,  Bâle  où  habitent  tant  de  ri- 
•^ seigneurs,  sera  de  même  un  jour;  il 
*"^tera  qu'un  tas  de  pierres...  El  un 
"arrivera,  lorsque  sonnera  la  trom- 
•  **  jugement  dernier,  où  le  monde 
^***«  ne  sera  qu'un  amas  de  décom- 
f^  d'ossements.  Ne  pleure  point, 
^*,  et  marche  droit  devant  le  Sei- 
•  V'ois-tu  ces  étoiles?  Ce  sont  les 

^^    a  fait  qaelqaes  esMÎs  de  tradoctioo  en 
*   -fStscarhottele,  le  Cimetière  de  village  et 
^     ^  autres  morceaux  ont  été  très  bien  tra- 
"  ra»se  par  M.  Jouk.of»k.u  (vo/.  ).  Une 

^^artie  de  ces  poésies  ont  inéioe  été  tr<i- 
^  ^^  bogue  lettonne,  par  un  pasteur  cour- 
^.^L  H ngen berger.  S. 

^M A4n(t'i  frosser  ^ii«6,le  grand  gara  du 


villages  du  ciel.  Si  tu  es  bon ,  tu  auras  tt 
demeiu^  étemelle  dans  un  de  ces  villages, 
où  tu  retrouveras  ton  grand-père  et  ta 
mère,  et,  par  la  Voie  Lactée,  tu  t'élèveras 
vers  une  ville  cachée  à  nos  yeux,  vers  la 
cité  de  Dieu!  »Le  dialogue  tout  entier 
est  écrit  dans  un  style  où  la  naïveté  tou- 
che de  bien  près  au  sublime  ;  c'est  peut* 
être  le  chef-d'œuvre  de  Hebel.  Le  Maire 
de  Schopfheim  est  un  petit  roman  idyl- 
lique,  et  la  Fille  de  Riedliger  en  forme 
la  contre-partie.  On  y  retrouve  cette  in- 
génieuse allégorisalion  de  Hebel,  qui  n'a 
rien  de  commun  avec  les  froides  person- 
nifications des  qualités,  des  vices,  semées 
dans  plus  d'un  poème  épique. 

Parmi  les  morceaux  lyriques,  nous  si- 
gnalerons la  Forge,  Quel  admirable  ta- 
bleau du  travail  et  des  heures  fériées  de  ces 
braves  forgerons!  Ailleurs,  c'est  une  mère 
préparant ,  la  veille  de  Noèl ,  auprès  du 
berceau  de  son  fils,  la  branche  de  sapin 
transformée  en  arbre  de  Christ  [Christ- 
baum)f  couronnée  d'anges  et  de  sucre- 
ries, sans  oublier  la  verge,  symbole  de 
la  loi  ;  ou  bien,  c'est  encore  une  mère  de 
famille  qui  donne  la  portion  de  bouillie 
d'avoine  à  chacun  des  enfants  avant  qu'ils 
aillent  à  l'école,  et  qui  leur  dit  en  style 
biblique  le  développement  du  grain  dé- 
posé dans  un  terrain  fertile.  Tantôt  ce 
sont  des  Paysannes  au  marché  qui  com- 
parent leur  position  précaire,  mais  heu- 
reuse, à  celle  des  dames  de  la  ville  ;  tan- 
tôt des  moissonneurs  qui  saluent  P Étoile 
du  matin  ;  tantôt  un  paysan  qui  compare 
son  existence  calme  à  celle  du  guerrier 
avide  de  gloire ,  et  à  celle  du  banquier 
qui  porte  la  table  de  Pythagore  écrite  sur 
son  front ,  ou,  pour  nous  servir  de  l'ex- 
pression pittoresque,  maisinlradubiblede 
l'auteur  :  Et  le  livret ,  quelle  horreur  ! 
vous  regarde  à  travers  ses  yeux. 

Hebel  est  aussi  inimitable  dans  la  par- 
tie descriptive  de  ses  œuvres,  parce  qu'il 
sait  y  répandre  le  même  souffle  de  vie  qui 
anime  ses  paysans.  Ainsi  sa  Matinée  da 
dimanche  renferme  la  description  d'une 
belle  matinée  de  printemps  toute  embellie 
de  rosée.  Dans  le  Mois  de  Janvier^  Jan- 
vier, comme  un  véritable  Gascon,  chante 
lui-même  les  louanges  de  Thlver  en  regar- 
dant à  travers  la  lucarne  d'une  cabane. 
Mais  Hebel,  noi|s  aimons  à  le  répéter^ 


HBB 


(544) 


est  snrtout  grand  poéta  kmqu^il  parle  à 
tes  paysans  de  leurs  deroirs,  de  Dieu  et 
d*imniorta1ité.C*e8t  làcequi  constitae  Pin- 
contestable  supériorité  du  poète  allemand 
lorsqu'on  le  compare  à  un  poêle  que 
la  France  contemporaine  a  proclamé  le 
chansonnier  populaire  et  national.  Ce 
dernier,  dans  un  langage  admirablement 
précis  et  énergique  y  ne  prêche  que  trop 
souvent  la  haine  des  supériorités  sociales; 
il  n*a  que  des  railleries  pour  le  culte  éta- 
bli y  que  des  sarcasmes  pour  les  princes  ; 
ses  amours  touchent  quelquefois  de  très 
prés  à  la  débauche.  Hebel,  sans  être  pu- 
ritain et  rigoriste   inflexible,  demeure 
constamment  pur  et  chaste;  il  calme  les 
mauTaises  passions,  tout  en  ae  portant  le 
défenseur  des  sentiments  de  fraternité 
qui  devraient  animer  tous  les  hommes; 
en  le  lisant,  les  riches  doivent  aimer  à 
descendre ,  et  les  pauvres  se  croire  moins 
malheureux.  Hcbel  est  plus  qu'un  poète 
populaire,  c'est  un  niveleur  chrétien. 

Indépendamment  des  poésies  alléroa- 
niques ,  Hebel  est  Tauteur  d'un  excellent 
almanach  populaire  Vami  domestique  ou 
le  noupeau  Calenilrier  Rhénan  (  Caris- 
ruhe,  1808-18, 1 1  V.  in-4<»;  3*  éd.,  Stutt- 
gart ,  1827);  du  PetU  trésor  de  Pami 
rhénan  (Scltatzkœstlein  des  rlteinlœn^ 
dischen  Hausfreundes)^}ûï\nfga^  1 8 1 1  ; 
3*  éd.,  Stuttgart,  1837;  et  des  Histoires 
bibliques j  Stuttgart,  2  vol.,  1824,  mo- 
dèles d'un  récit  simple,  coloré  et  atta- 
chant. 

Les  amis  de  la  muse  de  Uebel  ont  élevé 
à  ce  poète  de  la  nature  un  modeste  mo- 
nument dans  le  parc  du  château  grand- 
ducal.  Quelques  vers  bien  choisis  parmi 
ceux  de  son  recueil  en  disent  plus  à  sa 
louange  que  ne  feraient  les  plus  fastueuses 
épitaphes.  L.  S. 

HEBERT ftHÉBERTISTES  fac- 
TiOTf  DES  ).  —  Jacques  -  Réké  Hébert , 
dit  le  Père  Duchesne^  né  à  Alençon,  en 
1755,  dans  la  condition  la  plus  obscure, 
vint  fort  jeune  à  Paris  pour  j  chercher 
fortune.  Dépourvu  de  tous  principes  de 
morale ,  il  unissait  à  la  bassesse  des  incli- 
nations un  certain  génie  pour  Tintrigue. 
D^abord  oontnVletir  de  billets  à  la  porte 
du  théâtre  des  Variétés,  chassé  pour  cause 
d*infidélité  dans  sa  gestion,  il  devint  en- 
suite laquais,  ne  se  conduisit  pas  mieux. 


fut  traité  de  la  ménae 
vivre  d'escroqueries  sur  le 
jusqu'à  l'époque  de  la  Révi 
ques  pamphlets ,  dits  patri 
rent  alors  son  nom  de  l'oh 
d'un  extérieur  agréable  et 
d'élocution  assez  correcte, 
quelques  succès  de  tribune  « 
et  eut  accès  à  celui  des  Jao 
tain  Lemaire,  employé  aux 
dans  l'intérêt  de  la  royauté 
nelle,  fondé  un  petit  jour 
Père  Duchesne,  Les  forme 
laires  de  cet  écrit  lui  avaie 
vogue  prononcée,  et,  pour 
l'effet  sur  le  peuple ,  les  ja 
nèrent  de  lui  opposer,  sous 
une  publication  inspirée  p 
plus  révolutionnaire.  Hébe 
gne  de  servir  d'organe  à  ce  i 
Duchesne,  On  sait   quel  I 
prêta ,  et  quelle  hideuse  cél 
cha  bientôt  au  titre  de  oett« 
nom  de  son  rédacteur.  Pai 
violence  des  opinions  et  \ 
langage  étaient,  à  cette  époqi 
les  plus  actifs  d'influence  i 
tude.  Répandu  à  profusion 
pagnes  et  aux  années,  le  Pi 
y  porta  la  démoralisation 
surtout  la  chute  du  trèoe 
royauté  à  la  haine  et  aux  i 
laires.  Aussi,  au   10  août, 
ra-t-il  au  premier  rang  pai 
bres  de  la  Commune  insum 
y  remplit  bientôt  les  fonctk 
tut  du  procureur  en  titre 
l'un  des  principaux  agents  < 
du  2  septembre;  on   le  vit 
tous    les  mouvements  anai 
marquèrent  le  début  de  Test 
nelle  (  voy,  Dastfoii  ,  Gieo 
arrestation,  dans  les  premi 
mai  1793,  devint  l'une  de 
du  moins  fournit  un  prêta 
rection  du  3 1 .  Cependant  il 
tellement  déconsidéré,  qui 
même,  en  réclaount  dans  la 
la  mise  en  liberté  d'Hébert, 
sa  feuille  n'était  pas  du  m 
Personne  ne  contestera  que  1' 
pie  ne  fiit  un  juge  compél 
Durhrsne, 

Remis  en  liberté  le  28 


HEB 


(646  y 


HE6 


nniiie  eut  tous  les  caractères  de 

•  une  couronne  civique  lui  fut 
■lis  il  refusa  de  U  placer  sur  sa 
le  alla  orner  le  buste  de  Brutus. 
loore  que,  le  4  juin,  après  la  vic- 

•  Commune  sur  la  Convention , 
u  avec  force  plusieurs  proposi- 
goinaires  et  fit  prendre  un  ar- 
déclarait  mauvais  citoyen  qui- 
vovoquerait  à  Tassassinat  pour 
idqne.  Quelques  jours  plus  tard, 
DO  réqubitoire  plein  de  force 
D  attroupement  de  femmes  cpii 
lillé  une  voiture  de  savon ,  et 

respect  des  propriétés.  Voilà 
ttres  qui  eussent  pu  recoroman- 
moire,  mais  il  ne  tarda  pas  à 
'.  Le  scandale  des  déclarations 
I  dont  il  remplissait  son  jour- 
à  loin  que,  vers  la  fin  d^oc- 
comité  de  surveillance  du  dé- 
,  de  Paris  crut  devoir  suspen- 
nlation  des  numéros  du  Père 

et  les  fit  consigner  à  la  poste  ; 
la  dénonciation  d^Hébert,  les 
»rirent  un  arrêté  pour  faire  le- 
:erdit,  et  le  département  obéit 
ins.  Quand  l'assassinat  juridi- 
reuve  de  Louis  XVI  eut  été  ré- 
euz,  la  Commune  envoya  au 
nsieurs  de  ses  membres,  pour  y 

le  jeune  prince  royal  avec  la 
presse  de  tirer  de  ses  réponses 
'accusation  contre  la  malbeu- 
e.  Hébert  fut  l'un  de  ces  com- 
interrogateurs,  et  l'histoire  a 
ivec  horreur  le  souvenir  des 
|Q'il  adressa  au  pauvre  enfant; 

l'histoire  a  recueilli  avec  ad- 
ft  réponse  par  laquelle  l'héroî- 
ie  repoussa  ces  odieuses  impu* 
jy.  Marie- AiCTOiirETTE  ).  Un 
connu,  c'est  que  Robespierre, 

scène  fut  racontée  par  Vi latte 
iner  où  se  trouvaient  avec  eux 
Saint-Just,  fut  tellement  irrité 
ratesse  maladroite  du  Père  Du" 
te  ,  brisant  son  assiette  d'un 
Hurchette,  il  s'écria  :  a  Cet  im- 
'Hébert  !  ce  n'est  pas  assez 
>it  une  Messaline,  il  faut  qu'il 
moore  une  Agrippine  et  qu'il 
isse  à  son  dernier  moment  un 
x  d'intérêt  public!  >  (  Vilatte, 

xlop.  d,  G.  d.  M.  Tome  XIIL 


Causes  secrètes  de  la  répoluiion  du  9 
thennidor.) 

Au  procès  de  la  reine  succéda  celui 
des  Girondins.  Hébert  se  montra,  devant 
le  tribunal,  l'un  de  leurs  plus  éhontés  ac- 
cusateurs ;  bien  plus,  à  la  suite  de  sa  dé- 
position ,  il  se  rendit  aux  Jacobins ,  et 
les  décida  à  se  porter  en  masse  à  la  Con^ 
vention,  pour  y  demander  le  supplice 
des  illustres  proscrits  dans  les  24  heures. 
Passant,  bientôt  après,  des  saturnales  du 
meurtre  aux  orgies  de  l'impiété,  Hé- 
bert se  montra,  au  10  brumaire  (an  H), 
le  digne  émule  de  Chaumette ,  dans  les 
profanations  dont  la  cathédrale  de  Paris, 
transformée  en  temple  de  la  Raison,  de- 
vint le  théâtre.  Ces  deux  forcenés,  se- 
condés par  Anacharsis  Clootz  (  vojr,)  , 
firent  alors  de  la  tribune  du  club  des 
Cordeliers  une  chaire  permanente  d'a- 
théisme ;  mais  cette  J^te  de  laRaisoriy  qui 
marqua  l'apogée  de  leur  puissance  et  de 
leurs  succès ,  devint  en  même  temps  le 
principe  de  leur  chute.  «  La  Commune 
«  et  la  Montagne  avaient  opéré  la  révo- 
«  lution  du  31  mai  contre  la  Gironde, 
«  et  la  Commune  seule  en  avait  profité. 
«  Le  combat  se  trouvant  en  quelque  sorte 
«  fini ,  la  Commune  aspira  à  dominer  le 
«  comité ,  et  la  Montagne  à  ne  pas  l'être 
«  par  lui.  La  faction  municipale  était  le 
«  dernier  terme  de  la  révolution  :  oppo- 
«  sée  de  but  au  Comité  de  salut  public, 
«t  elle  voulait  au  lieu  de  la  dictature  con- 
«  ventionnelle  la  plus  extrême  démocra- 
te tie  locale ,  et  au  lieu  de  culte  la  con- 
«  sécration  du  matérialisme.  L'anarchie 
«  politique  et  l'athéisme  religieux,  tels 
«  étaient  les  symboles  de  ce  parti  et  le 
«c  moyen  par  lequel  il  prétendait  établir 
«  sa  propre  domination.  »  (Mignet,  His^ 
toire  de  la  Réttolution  française^  t.  H.  ) 
Telle  était  donc,  à  la  fin  de  l'année 
1793,  la  situation  des  partis  :  d'un  côté, 
les  Montagnards  de  la  Convention  et  les 
Jacobins  ;  dans  le  camp  opposé,  la  Com- 
mune de  Paris  et  les  Cordeliers  {voy. 
tous  ces  mots),  et,  dans  ce  dernier  club, 
une  scission  ouverte  entre  ses  anciens 
chefs,  Danton,  Camille  Desmoulins,  Fa- 
bre  d'Églantine,  Bazire,  Legendre ,  etc. , 
et  la  faction  des  Hébertistes  j  qualifiés 
â^ ultrà^révolutionnaires  par  leurs  anta- 
gonistesy  qu'ib  poursuivaient  à  leur  tour 


HËfi 


{«4«) 


mm 


tous  le  nom  de  modérés  on  d^inJulgenùt. 
Eu  prenant  les  choses  à  ce  point ,  This- 
toire  d*Hébert  cesse  d*étre  distincte  de 
celle  de  son  parti ,  et  les  faits  qui  lui  sont 
personneb  trouyeront  leur  place  dans  le 
récit  qui  nous  reste  à  tracer  des  derniers 
excès  de  ce  parti  et  de  sa  chute. 

Un  fait  à  remarquer,  c'est  que,  à  Fex- 
ception  d*Anacharsis  Clootz  y  pas  un  seul 
député  ne  s'était  rallié  à  cette  faction. 
Après  le  procureur  de  la  Commune 
Chaumette  et  son  substitut  Hébert,  dont 
le  nom,  comme  le  plus  indigne,  servait 
d'enseigne  au  parti,  les  hommes  qui  y 
figuraient  en  première  ligne  étaient  Ron- 
siu ,  Vincent  et  Momoro. 

Ronsin  (Charles-Philippe  )  ,  avant  la 
Révolution  poète  dramatique,  n'avait 
jamais  pu  obtenir  pour  ses  ouvrages  les 
honneurs  de  la  représentation  ;  mais  lors- 
que rivresse  révolutionnaire  eut  trans- 
formé les  Muses  en  Furies ,  l'auteur  jus- 
que •  là  dédaigné  envahit  à  son  tour  la 
scène  aux  bravos  frénétiques  d'un  audi- 
toire digne  de  lui  *.  Du  théâtre,  il  trans- 
porta la  tragédie  dans  la  société.  Pour 
premier  exploit  en  ce  genre,  il  avait,  en 
septembre  1792,  répété  àMeaux  les  mas- 
sacres dans  les  prisons  qui  venaient  d'en- 
sanglanter Paru.  Au  mois  d'avril  1793, 
nommé  adjoint  du  ministre  de  la  guerre 
Bouchotte,  il  fut  bient6t  après  promu  au 
commandement  de  l'armée  révolution- 
naire. A  ce  titre ,  envoyé  dans  la  Vendée, 
il  s'y  montra  le  digne  successeur  de  San- 
terre  et  de  Rossignol ,  et  le  digne  précur- 
seur de  Carrier  (voy.).  Après  avoir  ra- 
vagé la  Vendée,  il  passa  à  Lyon  avec  son 
armée,  pour  achever,  de  concert  avec 
CoUot  d'Herbois  (voy,)  et  autres  pro- 
consuls ,  la  dévastation  de  cette  malheu- 

(*)  Il  faat  cooTeoir  qaMl  y  a  qaeloae  talent 
<l«  «tyle  et  aoe  certaioe  eatente  dea  elfeta  de  la 
tcèoe  daut  let  deux  tragédies  de  Rooaia  loti- 
tolcet  La  Ligmê det/anatiqufiêt  des  tjrranê(f^t^i), 
et  Ârètaphiie,  ou  la  rr^ofmtioH  dêCjrrinê  (i7()i>. 
L'etprit  démagogique  qoi  y  règne  n'eageodre 
da  aoÎQ»  jamais  la  bassesse  d'expression*  et  la 
rigueur  avec  laquelle  Roa^io,en  tant  qu'écrÎTaîu, 
a  été  jugé  par  les  biographes  modernes  ,  appro> 
che  de  rinja«tiee.  Son  théâtre,  publié  en  1786, 
I  vol.  in- la,  contient  :  Séd«ein«,  Bétmk*  et  Vplj» 
Mèmf,  habellede  f 'a/ois ,  tragrdies,  et  le  F  Ut  erm 
ingrat,  drame  m  (  acte  rt  eu  vert  libres,  picres 
non  représentées.  On  a  encore  de  lui:  Vomit  JTI/, 
pH-ê  du  peuple,  irmgedù  éédiêÊ  i  k  GmnU  nmtio* 


reuse  ciii.  De  retour  à  Piris,  1 
avec  acclamations  aux  Cordelieni 
à  la  Convention  ,  Ronsin,  à  la  tel 
troupe  de  coupe -jarrets  et  d*! 
mercenaires,  se  crut  sérieusemcul 
à  jouer  le  rôle  d'un  Cromwell, 
affecta  les  airs. 

Vincent,  jeune  homme  de  37 1 
passions  fougueuses ,  au  langage 
procédés  violents,  était  secrétiir 
rai  du  ministère  de  la  guerre,  00 
çait  une  omnipotence  complète. 

L'imprimeur  Momoro  futenvo] 
le  1 0  août ,  en  qiulité  de  comnii 
pouvoir  exécutif  dan»  les  dépari 
pour  y  activer  la  levée  en  masse, 
tulait  lui-même  premier  imprioM 
République*.  Sa  femme,  digne  d* 
leur  sort ,  et  douée  d*une  rare 
contrainte  par  lui,  jouait,  dans 
de  l'athébmei  le  rôle  de  la  déesse 
et  recevait  sur  l'autel  de  Notre 
l'encens  et  les  baisers  lubriques  d 
mette  et  consorts. 

Deux  hommes  encore,  émin 
leur  position,  se  rattachaient  à  II 
hébertiste ,  mab  d'une  manièn 
apparente  et  surtout  moins  ad 
ceux  que  nous  venons  de  nomn 
taient  Piche  et  Bouchotte.  Le 
maire  de  Paris,  espèce  de  purita 
lutionnaire  dont  le  renom  de 
figurait  d'une  manière  dérisoir 
bannière  d'un  parti  décrié  pour 
moralité  cynique;  Bouchotte ,  Il 
seur  de  Piche  au  minbtère  de  II 
n'était  qu'un  docile  manneqc 
Ronsin  ,  et  surtout  Vincent ,  fi 
volonté  mouvoir  les  ressorts.  ! 
comédien  Grammont,  qui  s'ètai 
Théâtre- Fran^*ais,  une  sorte  de 
tion  dans  le  rôle  de  Pierre  -  L 
avant  de  jouer  celui  de  général  « 
dans  l'armée  révolutionnaire;  so 
de  19  ans,  et  qui  avait  gagné  I 
lettes  de  lieutenant  dans  le 


C)  On  a  de  Mosoro  :  Trmué  àm  fm 
1 787 ,  in-8*  a? ec  56  planches  | 
tiùont   t/pofrmpkiqmet  t  178^,  i 
planches  I  RHlêtiotu  d'mm  rÙÊfm 
dêt  cmhêt  rt/ifienjr,  peur  têreét 
fe/iMien  dt  M.  Cmkke  Sujets  I7«*<»  ■ 
iet  Cmrdêlien  ,  dont  il  a  para  dix  : 
18  jnin  an  4  noAt  1791  ;  llnMuat 
■lenf 1 4ê  Im  fnarrv  de  &  PViiif  »  el 
•a  ll.io.l*. 


tIEB 


(547) 


IIEB 


1  pied  (le  Téchafaud,  la 
voiture  qui  avait  amené 
supplice  ;  Mazuel ,  adju- 
:  rhomme  d^exécution  par 
mesures  acerbe»  de  Ron- 
comme  chefs  subalternes 
lontChaumetteet  Hébert 
;fs  politiques,  Ronsin  le 
icharsis  Clootz  l'apôtre. 
Montagne  et  la  Commu- 
des  Jacobins  et  des  Cor- 
^levé  rapidement  un  nou- 
destiné  à  remplacer  tous 
bsorbant  leur   influence, 
r  en  lui  seul  toute  la  force 
ipe  révolutionnaire  et  du 
qui  en  était  issu  après  le 
iveau  pouvoir  était  le  Co- 
ublic  (vo/.),  et  le  Comité 
c'était  en  réalité  Robes- 
ont  l'esprit  en  réglait  tous 
j.  Avant  de  se  mettre  ou- 
at  d'hostilité  avec  les  deux 
qu'il  voulait  abattre,  ce 
et  rusé  s'appliqua  à  fé- 
rir les  germes  de  division 
ntre  eux;  et  lorsque  leur 
éclater,  elle  le  trouva  prêt 
r  ruine  réciproque.  Voici 
»re  l'affaire  s'engagea, 
des  commissaires  que  la 
it  envoyés  dans  les  dépar  - 
lest  pour  essayer  de  ter- 
!  de  la  Vendée,  se  trou- 
de  la  Sarthe.  Ce  député, 
'avait  joué  à  la  Conven- 
insignifiantet  équivoque, 
tasi- Girondin   et  quasi- 
ransporté  sur  le  théâtre 
rivile,  développa  tout   à 
gîe  et  des  moyens  qu'on 
pas  en  lui.  Témoin  de 
atrocité  que  les  soi-disant 
rre ,  Rossignol  et  Ronsin 
la  conduite  de  cette  guer- 
pas  à  contrarier  toutes 
et  à  les  dénoncer  à    la 
lu  comité.  Malhcureusc- 
,  auprès  duquel  il  avait 
1  de  cause ,  trouva  eu  lui 
ion  à  ses  vues,  et  il  fut 
té  de   cette    disgrâce  et 
lotions,  Philipeaux,  à  son 
publia  sur  les  circonstan- 


ces de  sa  mission  dans  la  Vendée  cinc) 
lettres  où  il  foudroya  le  système  jusque- 
là  mis  à  exécution  dans  ce  malheureux 
pays  par  les  députés  commissaires  et  par 
la  plupart  des  généraux. 

Entre  autres  faits  révélés  par  lui ,  fi- 
gurait contre  Ronsin  l'accusation  d'avoir 
laissé  écraser  43,000  républicains  par 
3,000  insurgés.  La  publication  des  lettres 
de  Philipeaux  concourut  aTec  l'appari- 
tion des  derniers  numéros  du  Vieux  Cor^ 
délier.  Fortifiés  l'un  par  l'autre,  ces 
deux  documents  eurent  dans  l'opinion  un 
retentissement  prodigieux ,  et ,  à  l'égard 
de  tous  les  partis,  mirent  le  feu  aux  pou- 
dres. Alors  Hébert,  redoublant  de  vio- 
lence, attaqua  chaque  jour  dans  sa  feuille, 
à  la  tribune  des  Cordeliers  et  à  celle  des 
Jacobins,  Philipeaux,  Camille  Desmou- 
lins, Fabre  d'Églantine,  Bazire,  Thuriot, 
Bourdon  de  l'Oise  et  même  Fréron  (vo)^.), 
qu'il  qualifiait,  aux  Jacobins,  d'ansio» 
crate  et  de  muscadin.  Aussi,  dès  les  der- 
niers jours  de  novembre  1793,  l'impru- 
dence de  ces  provocations  donna  lieu  au 
bruit  de  l'arrestation  d'Hébert,  qui,  s'a- 
busant  sur  sa  force,  demandait  en  riant 
s'il  existait  encore  une  commission  des 
douze  *  ? 

La  réponse  à  cette  question  était  dans 
l'existence  du  Comité  de  salut  public, 
composé  aussi  de  douze  membres,  dont 
le  chef,  Robespierre,  préludait,  dès  le  1 5 
frimaire  (5  décembre  1793),  à  l'arresta- 
tion d'Hébert  et  de  ses  principaux  adhé- 
rents, en  les  qualifiant  de <t  agents  des  puis- 
sances étrangères,  attaquant  ouvertement 
tous  les  cultes  et  encourageant  secrète- 
ment le  fanatisme ,  tandis  que ,  sans  au- 
cun intérêt,  ils  faisaient  retentir  la  France 
entière  de  leurs  déclamations  insensées , 
et  osaient  abuser  du  nom  de  la  Conven- 
tion nationale  pour  justifier  les  extrava- 
gances réfléchies  de  l'aristocratie,  dégui- 
sée sous  le  manteau  de  la  folie.  » 

Cette  déclaration  de  guerre,  loin  d'in- 
timider la  faction  hébertiste  ne  fit  que  sti- 
muler son  audace.  Les  satellites  de  l'armée 
révolutionnaire,  les  meneurs  du  club  des 
Cordeliers  affectaient  de  se  montrer  par- 
tout, traînant  avec  fracas  de  grands  sabres, 

r*)  Il  a  été  quatUon  de  la  coniiainâoB  iêi  ibasf 
i  Tart.  GcROVoiirt. 


HEB 


(548) 


HEB 


et  non  moins  effrayants  par  leurs  propos 
incendiaires  c|ue  par  leur  aspect  sinistre. 
Tandbque  le  Père  Duchesne  redoublait 
d'invectives  et  de  menaces,  des  placards, 
injurieux  pour  la  Convention,  pour  les 
comités,  provoquaient  à  la  révolte  contre 
leur  autorité.  Les  symptômes  d'une  crise 
prochaine  se  manifestaient  enfin  de  toutes 
parts.  Ronsin  ,  Vincent  et  Maillard,  di- 
recteur des  massacres  en  septembre  1 792, 
et  en  dernier  lieu  commissaire  à  Lyon, 
ayant  été  signalés  à  la  Convention  na« 
tionale  comme  les  principaux  fauteurs 
de  ces  excès,  un  décret  d'arrestation  fut 
porté  contre  eux  dans  la  séance  du 
27  frimaire  (17  décembre).  Quelques 
jours  après,  pour  contrebalancer  Tel f et 
de  cette  mesure,  Hébert  renouvela  aux 
Jacobins  ses  accusations  contre  la  faction 
des  ine/u/gcniSf  et  il  demanda  qu'une 
commission  fût  chargée  de  faire  un  rap- 
port, après  examen,  sur  les  tîeux  derniers 
Dumm>s  du  f'iriix  Corfiflier,  Dans  la 
séance  du  1(>  nivÔM  io  janvier  1794', 
Camille  Desmoulins (r'*y.\  pour  faire  ap- 
précier la  moralité  de  son  accusateur, 
produisit  des  pièces  authentiques  des- 
quelles il  résultait  que,  dans  le  cou- 
rant  de  Tannée  1793,  Hébert  avait  reçu 
de  Boni  hotte  ,  sur  1rs  fonds  de  l'rtat , 
183,000  fr.  |H»ur  r>00,000  exemplaires  de 
sonjourual, qui  ncre%enaienl qu'il!  7,000 
fr.Malprécelte  aliénât  ion  démontrée  vraie, 
l'expulsion  hors  la soiiété,  qui  procédait 
alors  à  Tépuration  de  ses  membres,  fut 
prononct'o  contre  Camille  Desmoulins  et 
Fabrc  d'Églantine;  et,  toujours  fidèle  à 
son  système  de  proscription  alternative 
des  partis  contraires,  le  surlendemain, 
Roliespierre,  à  la  tribune  des  Jacobins, 
revenant  sur  les  pricfs  allégiM-s  par  Phi- 
lipeaux  contre  Ronsin  et  consorts,  griefs 
riui  implif{uaient  la  responMbîlité  du  Co- 
mité de  salut  public,  dénonça  l'existence 
d'une  faction  de  nouveaux  Brissotins, 

Cependant  les  Conleliers,  émus  do 
l'arrestation  de  leun  chefs,  s'agitaient 
pour  obtenir  leur  mise  en  liberté.  Après 
qu'ils  eurent  échoué  dans  plusieurs  ten- 
tatives auprès  de  la  Convention,  un  dé- 
cret du  1 4  pluviôse  (2  féracr)  rapporU 
enGn  celui  du  27  frimaire  ;  un  mouve- 
ment de  générosité  de  Danton  à  l'é  d 
d'hommet  (fnî  déjà  a*é(«iail  d        ■  i 


ennemis,  amena  la  décision  qui  nui  î 
leur  captivité.  Ils  n'en  pro&lcrvat  i 
pour  travailler  à  leur  \ engeance, 
grands  ferments  de  divisions  eutû 
entre  les  Jacobins  et  les  Cordelien  :  i 
circonstance  assez  futile  vint  leurdoia 
une  nouvelle  activité.  Vincent,  qui,  ji 
qu'à  son  arrestation ,  n*avait  poiat  f 
partie  de  la  société  des  Jacobini,  rboi 
à  s'y  faire  admettre  aussitôt  qu  il  coti 
couvre  la  liberté;  mais  il  y  troati  i 
difficultés  qui  excitèrent  au  hîb  i 
Cordeliers  une  irritation  bientôt  pQi 
jusqu'à  la  fureur.  Le  24  venttVse,  «1 
tribune,  Hébert,  dans  le  di>coun  Icf 
virulent,  renouvela  ses  attai|ucs  t-oalr 
faction  des  modérés  ;  Vincent  riTali»] 
lui  de  frénésie,  et  CarriiT,  qui  \t 
dVfTrayer  >antes  de  ses  crimes,  appl 
dit  aux  exagérations  de  ces  furit^i.  ! 
moro  reprocha  à  Hébert  de  n*«iscr,  Jr 
deux  mois,  dire  la  mérité.  Roulaitirrr 
cria  :  Parle ^  Itère  Duche^ntl  Pur\ 
ne  crains  rien!  y  nus  stront^  n^u» 
f?ères  Duchés  nés  qui  frapiienint!  I 
Hi'bert  fit,  du  haut  de  la  tribune,  oi 
pel  à  l'insurnvtion,  et,  sur  sa  motio 
fut  décidé  que,  jusqu'à  ce  i|ue  la  f» 
des  nouveaux  ]iri«sotin««*iit  t-ti*  anei 
la  déclaration  des  Dnûts  de  ThumM 
terait  couverte  d'un  voile  noir. 

Trois  jours  après  cette  explonloo, 
lot  d'Uerboisy  en  tête  d'une  d«-pul. 
dos  Jacobins,  se  rendit  aux  Cc»nle 
auxi{nels  il  %int  offrir  une  sf>rif  d'ai 
tie,  sous  forme  dr  récom  ilialioB. 
Hébert istes  na\ant  trouvé,  iii  da 
population,  ni  nn'nie  dan^  la  Cornu 
lessympalhie^  résolut  ion  nain'!»  •|a*il 
taieot  flattés  d'exciter  ,  inmnirnrai 
s'int|uiétcr  de  leur  situation  :  au» 
avances  simulres  de  Collnt  furent 
aiH'Ucillit^s  avec  transport.  I.c  so 
d'une  éternelle  alliance  entre  li«s 
scN'iétés  fut  S4*ellé  du  baÎM'rdt*  Judi 
baiser  fraternel  ;  le  voile  qui  couvi 
déclaration  des  Droits  fut  dêrhb 
bruit  des  acclamations,  et  U»  laml 
en  furent  remis  à  la  dépulaiiDo,  q 
emporta  aux  Jacobins,  comme  ■■ 
phée  de  leur  victoire  sur  1rs  CorA 
Cette  journée  fat  ponr  ceux«ri 
née  de  du]       ]    ur  proaple 


HEB  (  549  ) 

relation  derail  bientôt  lor- 

enr  mine. 

•s  attendre.  Six  jours  après 

scène,  le  23  yentôse  (t3 
fnst(vo/.),  orateur  du  Co- 
public,  lut  à  la  tribune  de 
I  un  long  rapport,  rempli 
séologie  mystique  et  révo- 
ont  il  avait  le  secret  et 
formes  nébuleuses,  laissant 
t  ce  qu^on  voulait  sans  rien 
précision,  dissimulait  mer- 
le vague  et  le  creux  des  ac- 
les  de  Saint-Just,  dirigées 
oDtre  les  uUrà-révolution- 
lient  de  loin  les  indulgents j 
larer  la  perte  de  ceux  >  ci 
,  il  disait  des  uns  et  des  au~ 
'étraoger  qui  attise  ces  fac- 
fait  se  déchirer  par  un  jeu 
;.  u  Aucun  nom  propre  ne 
ce  rapport  ;  mab  Hébert  y 
de  manière  à  ne  pouvoir 
I.  «  Quoi!  s^écriait  Saint- 

gouvernement  serait  hu- 
oint  d^étre  la  proie  d^un 
i  a  fait  marchandise  de  sa 
!  sa  conscience,  et  qui  va- 
iprit  et  le  danger  ses  cou- 
le  UD  reptile  qui  rampe  au 
)n,  allez  aux  ateliers,  allez 
-es,  allez  labourer  la  terre  ! 
oyen,  à  qui  la  tâche  impo- 
ranger  est  de  troubler  la 
le  et  de  corrompre  tous  les 
\  dans  les  combats;  vil  ar- 
imités,  allez  vous  instruire 
,  parmi  les  défenseurs  de  la 
is  non  !  vous  nuirez  pas  ;  Fé- 
is  attend.  »  Dans  la  nuit 
e  philippique,  Chaumette, 
nt,  Momoro  et  Mazuel  in- 
stance, arrêtés  à  leur  do- 
lotiver  Taccusation  de  corn- 
tranger  portée  contre  eux, 
même  temps  le  Prussien 
!X>tz  et  le  banquier  hollan- 
oly,  Belge,  diplomate,  fib 
Me  de  Kaunitz,  et  Pereira, 
•i  deux  derniers,  anciens 
bi  pcNnroir  exéc  'TàT  - 
lOnadjoip  i  j^ 
C0tte  et 


HEB 


et  Fun  des  ennemw  les  plus  acharnés  des 
Girondins. 

Au  peu  de  sensation  que  produisit  oe 
conp  d^état,  on  pnt  juger  combien  les 
temps  étaient  cfaiangèi  depuis  les  jours 
qui  avaient  précédé  le  3 1  mai.  Alors  il 
avait  suffi  de  Parrestation  d^Hébert  pour 
soulever  toutes  les  passions  anarchiques. 
La  proscription  de  vingt-deux  membres 
de  la  représentation  nationale  avait  para 
à  peine  suffisante  aux  Jacobins  et  à  la 
Commune  pour  expier  un  pareil  atten- 
tat. Au  mois  de  mars  1794,  la  même  me» 
sure,  prise  à  Tégard  du  même  magistrat 
et  étendue  à  une  foule  de  ses  complices, 
ne  trouvait  que  de  dociles  approbateurs 
dans  les  membres  de  cette  Commune  qui 
avait  vaincu  la  Convention  au  31  mai. 
Le  1 9  mars,  elle  vint  protester,  par  l'or- 
gane de  Pâche,  de  sa  soumission  et  de 
son  dévouement  à  Pautorité  représenta- 
tive; et,  pour  prix  de  cet  acte  d'humi- 
liante abnégation ,  le  maire  et  ses  collè- 
gues furent  gourmandes  par  Rûhl ,  qui 
présidait  rassemblée,  sur  la  lenteur  qu'ils 
avaient  apportée  à  remplir  un  devoir  aussi 
sacré. 

Dès  la  veille,  les  Cordeliers,  non  moins 
compromis  et  non  moins  découragés  que 
la  Commune,  s'étaient  présentés  aux  Ja- 
cobins pour  jurer  de  nouveau  le  pacte 
d'union  arrêté  entre  eux  quinze  jours 
auparavant.  Mats  Legendre  et  Tallien , 
dont  les  ultra-révolutionnaires  avaient 
fait  des  modérés,  s'élevèrent  avec  hau- 
teur contre  la  prétention  des  Cordeliers. 
Robespierre  s'y  opposa  au!«i  avec  force, 
et,  sur  ses  propositions,  les  Jacobins  pri* 
rent  un  arrêté  par  lequel  ils  déclaraient 
tout  commerce  rompu  entre  eux  et  les 
Cordeliers  jusqu'à  ce  que  ceux-ci  eussent 
chassé  de  leur  sein  tous  les  complices 
d'Hébert.  C'était  un  coup  mortel  porté 
à  cette  société  rivale,  et  elle  ne  s'en  re- 
leva pas. 

Le  2  germinal  an  II  (22  mars  1794) 
commença,  devant  le  tribunal  révolu- 
tionnaire, le  procès  des  Hébertisles,  an 
nombre  de  vingt.  Aux  grieû  énoncés 
dans  le  rapport  de  Saint-Just,  l'acte  d'au* 
cosation  ajoutait  celui  d'avoir  voulu  in-- 
troduvre  lajamine  dansParis^  reproche 
banal  que  se  renvoyaient  les  partis  op- 
poséiy  asab  d'une  immaise  portée  sur 


IIËD 


( 


rcspi'il  de  la  multilude.  On  leur  impu- 
tait surtout  le  projet  de  substituer  à  Tau- 
torité  conveutionnelle  celle  d^un  trium- 
virat composé  d^UD  g/and'juge,  d*UD  gé^ 
nériilissime  et  d*UD  censeur.  Ce  projet 
de  subyersioD  acquérait  au  moi  os  une 
grande  vraisemblance  d*un  passage  du 
Père  Duchesney  vP  269.  Les  moyens 
d'exécution  devaient  être  Tinvasion  des 
prisons  par  Tarmée  révolutionnaire ,  un 
nouveau  massacre  des  détenus  suspects, 
et  Farmement  des  détenus  patriotes,  qui, 
par  forme  de  représailles,  seraient  char- 
gés d'égorger  la  Convention  \  la  saisie  des 
caisses  publiques,  Toccupation  de  la  Com- 
mune et  de  tous  les  po&les  militaires. 

Devant  le  tribunal,  Hébert,  Vincent 
et  Momoro  perdirent  toute  Taudace  qui 
avait  fait  leur  fortune  révolutionnaire. 
Ronsin,  au  contraire,  conserva  toute  la 
sienne,  et  Anacharsis  Clootz  montra  une 
assurance  qui  ne  se  démentit  pas.  Traité 
plutôt  comme  un  fripon  que  comme  un 
conspirateur,  Hébert  se  vit  reprocher  ses 
escroqueries  et  toutes  les  turpitudes  de 
ses  premières  années.  Écrasé  sous  le  poids 
de  tant  d^infamie,  il  courbait  la  tête  et 
balbutiait  des  réponses  insignifiantes.  I^ 
troisième  jour  des  débats,  4  germinal,  un 
arrêt  de  mort  fut  prononcé  contre  dix- 
neuf  accusés,  et  ces  malheureux  périrent 
le  jour  de  leur  condamnation.  Rousin  et 
Cloot/  soutinrent  jusqu'au  bout  leur  rôle 
d'intrépidité.  Conduit  à   l'échafaud    au 
milieu  des  insultes  et  des  imprécations 
d*une  |K>puIace  dont  il  avait  corrompu 
Tesprit  et  dépravé  les  mœurs,  Hébert,  à 
demi  mort,  tombait  à  chaque  instant  en 
détaillante.  Pendant  tout  le  trajet,  on 

criait  autour  de  lui  :  Il  est  h en  co" 

Irre  tiujnurd'hui^  ie  />ère  Duc/tesne!  fa, 
cof/uînf  va  êternuer  au  sac!  etc. 

La  proscription  du  parti  des  enragés 
fit  d'alxjrd  espérer  que  les  rigueurs  du 
svsiriiie  révolutionnaire  allaient  être  sus- 
pendues  et  remplacées  par  des  mesures 
avouées  par  la  justice  et  la  modération. 
Cette  erreur  fut  de  peu  de  durée  :  dès  le 
20  mars,  Robespierre  la  fit  évanouir  par 
ces  paroles  adressées  à  la  Convention  : 
«  Il  est  vrai  que  nous  sommes, comme  on 
«  Ta  dit  ^Saint- Just,  dans  son  rapport), 

•  pressés  entre  deux  crimes;  il  est  vrai 

•  qu*uiie  faction  qui  voulait  décliîrer  b 


&0  )  HEB 

«  patrie  est  près  d'expirer; 
«  n^est  point  abattue  :  elle 
«  dans  la  chute  de  la  premi 
«  pèce  de  triomphe.  **  C'éta 
la  ruine  prochaine  du  part 
gents.  En  effet,  Danton  et  se 
Dahton)  montèrent  sur  l'écl] 
germinal,  quatorze  jours  seul 
les  Hébertistes.  Enfin ,  pour 
stater  l'intention  de  conibn 
même  sort  les  deux  factions  ri' 
mette,  Gramroont  père  et  fi! 
autres,  i>érirent  huit  jours 
ton.  Par  une  combinaison 
dérisoire,  dans  cette  iroisièi 
la  proscription  accola  au  i 
veuve  d'Hébert,  ei-religieu 
l'intéressante  Lurile  Duplos» 
Camille  Desmoulins*. 

IIÉBR.UQUES  •  LAKcn 
kature).  Nous  consacrons  pk 
tîcle  au  peuple  appelé  tantôt . 
tôt  Hébreuxinous  v  donnons  I 
de  ces  deux  noms.  Nous  ne 
donc  pa&  ici  ce  que  le  lecteui 
ver  à  cet  art.  HhsaF.ix. 

l**  Langue  hêbraïqur.  Ces 
che  du  tronc  des  langues  séuiit 
qui  était  la  langue  maternelle 
des  Juifs  acineb;  langue  di 
sont  écrits  leurs  monuments 
appelés  TAncien  -  Testament 
mination  de  /an^ue  fn-hrat 
rencontn*  pas  dans  les  fcrits 
sacré  ;  même  dans  les  li\  rt*s  hi 
ne  s'est  pas  trouvé  d*ocrasion 
ployer.  Mais  on  n*e>t  pas  foi 
dure  de  là  qu'elle  fût  alors eni 
fait  inconnue.  Il  e5t  probable 
lireux  ne  s'en  servaient  (|ui'  pi 
avw  d\'uitres  langue^.  Si  V 
dansisaîe  \l\,18  l'express 
gtte  de  Cfin/tan^  ce  nom  l'st  ei 
pays  et  non  au  peuple.  Dans  qi 
droits,  on  emploie  Texpresuoc 

(*)  Outre  h  Pir^  Dmcktmt ,  toa 
infAini*  rrlpbnté,  Hébert  «««il  pal 
ra\$^i,  ftur  U  xtritmhU pwrn  Dmtktm 
Èiati-Grmrraux^  l-8ij.  3  éd.  (  U  4« 
ia-4«,  3;  p.,  tunii  d«  L'jtmi  黧  mI 
Irg»  &...  pmtnatiamui  ^i»pnf99  éâi 
I :(J<>.  in  -  r*  (  PhU  CmtimM  df  tmk 
Stimam»  prtekét  dmmt  fiii—jlttf  <  ~ 
■«nérasia-ê*!  " 


(tquinediMpiaptspréâtémeDt  ' 
H  de  Im  tribu  de  Jud»,  mais  kU 
ctUadn  rojanmede  Juda",  d'a- 
I  «sage  que  tout  le  peuple  hébren 
H  plu  lard.  On  IrouTe  bien  dans 
mn-Testament  iSpalatl  (S.  Jean, 
K,13;XVII,20i^por.,IX,ll; 
e;Prolog.  à  Sirich)  et  sS/mU  iii- 
>iw,XXI,40;XXn,aiXXVI, 
■nili'agit  li,  comme  chez  les  Pi- 
'Églbe,  de  la  langue  qui  élait  de- 
'idiome  vulgaire  dans  la  Palestine, 
amèenne  ou  syro  -  chaldéenne. 
«èphe*"  cependant,  iîfoX-tàt  Teut 
Kien  htbreu;  le  nom  de  langue 
M  employé  pour  la  première  fois 
I  traductions  chaldéennes  de  la 
t  d^gne.l'ancien  hébren  par  op- 
i  la  lingne  vulgaire.  Enfin,  c'est 
sent  que  tes  Juifs  ont  appliqué  la 
ution  de  langue  assyrienne  à  la 
lébralque  dont  l'écriture  (carrée) 
t  assyrienne. 

bcile  d'établir  le  rapport  de  pa- 
1  ae  trouve  la  langue  hébraïque 
\  autres  branches  du  tronc  des 
sémitiques  :  ce  sont  des  langues 
ta  désigne  ordinairement  l'hé- 
mme  étant  l'un  des  dialectes  de  la 
sémitique,  et  les  autres  langues 
I  de  la  dernière,  comme  -des  dis- 
lis  à  l'hébreu  par  une  étroile'pa- 
I*b  en  y  ri^ardant  de  près,  on  re- 
qn'une  telle  classification  est  loin 
rréprochable;  car  elle  peut  faire 
[ue  les  langues  sémitiques  ne  dif' 
■as  essentiellement  entre  elles,  ce 
erait  pas  eiacl.  On  doit  admettre 
H  langues  une  afEnité  du  genre 
qui  existe  entre  les  langues  issues 
a  :  le  fran^is,  l'italien,  l'espa- 


la  patrie  de  l'hébreu.  Cette  lan- 

Bs,  mais  Icnr  était  commune  avec 

■«s  habitants  du  pays,  les  races 

ma,  les  Phéniciens  et  à  leurs 

Ints,  WCartbaginoU.  U  Genèse 

t0).(<«tR«l>.CD 

•Mplul  1«  d<yx 

S«Bt»l).XTIIl. 
kXVI.  II.  13. 
■ir  Ëvsld,  Gtodu 

■0lIlih.XIII.34 

.«.dabbafas 

(Wl)  HEB 

(XXXI,  47  }  représente  comme  parlant 
araméen  les  bmilles  parentes  des  patriar- 
ches du  peuple  hébren  qui  étaient  restées 
dans  r^am  ou  Aramée  :  il  deviendrait 
dors  probable  que  les  Hébreux  ont  em- 
prunté BOX  Cananéens,  après  leur  en- 
trée en  Palestine,  un  langage  qui  avait 
bien  du  rapport  avec  le  leur,  sans  être 
tont-4-faitle  même.  Mais,  dans  la  Genèse, 
on  rapporte  souvent  à  des  temps  anté- 
rieurs des  institutions  postérieures,  «t  il 
pourrait  en  être  de  même  dans  ce  pas- 
sage. L'auteur,  frappé  de  la  difTérence 
de  la  langue  araméenne  avec  sa  langue 
maternelle,  a  pu  s'imaginer  que  cette  dif- 
férence avait  toujours  existé.  On  ne  peut 
méconnaître  cependant  la  concordance 
dupbénicien  avec  l'hébreu;  et  cette  con- 
cordance s'explique,  selon  nous,  par  ce 
fait  que  les  Hébreux  et  les  Cananéens  s« 
sont  avancés  de  l'Âramée  vers  l'ouest,  les 
uns  plus  tôt,  les  autres  plus  tard.  Du 
siège  originaire  des  peuples  sémitiques, 
ils  ont  apporté  le  fond  de  leur  langua, 
qu'ils  ont  développée  et  perfectionnée 
ensuite  dans  leur  nouvelle  patrie.  U.  Ge- 
senius  a  prouvé,  avec  son  érudition  ordi- 
naire, que  le  cananéen  ne  difTère  pas  es- 
sentiellement de  l'hébreu.  Les  noms 
propres  cananéens  mentionnés  dans  la 
Bible  sont  évidemment  hébreux ,  et 
■."2 


ne  peut  pas  soutenir  que  les  éaî^ 
vains  bibliques  les  aient  transformés  et 
hébraïsés,  comme  ils  ont  fait  pour  les 
noms  propres  phéniciens  que  nous  con- 
naissons par  d'autres  voies.  Les  mots 
phéniciens  qu'on  trouva  sur  tes  inscrip- 
tions DU  chez  les  classiques  anciens  con- 
duisent au  même  résultat  :  ils  sont  iden- 
tiques avec  les  mots  hébreux  par  la  forme 
et  la  signification,  ou  laissent  voir  au 
moins  un  rapport  d'afBnité  très  étroit. 
Nulle  part,  dans  l'Ancien -Testament,  il 
D''est  question  d'une  différence  entre  le 
langage  des  Hébreux  et  celui  des  Phé- 
niciens, tandis  que  saint  Augustin  et 
saint  Jérôme  en  reconnaissent  l'identité 
dans  les  points  les  plus  essentieb.  La 
signification  de  quelques  mots  indique 
que  la  langue  ne  s'est  complètement  for- 
mée qu'en  Palestine  :  tel  est  le  mot  D*i 
mer,  qu'on  prend  pour  dire  ouest,  (h 
c'est  en  Palatine  seulement  que  ks  Hé- 
breux iv«ieiit  la  iper  à  I'oikm. 


HEB 


(552) 


HEB 


Autrefob  on  regardait  l'hébreu  comme 
la  première  et  la  plus  andeuDe  langue  du 
genre  humain,  et  les  Juifs  croyaient  qu'a- 
vant la  construction  de  la  tour  de  Babel  il 
n^y  en  avait  pas  d^autre.  Quiconque  n*a~ 
doptaitpas  cette  opinion  faisait  au  moins 
remonter  l'origine  de  l'hébreu  à  la  confu- 
sion des  langues.  On  pouvait  d'autant  plus 
naturellement  admettre  ces  suppositions 
que  rhistoire garde  lesilence  sur  ce  point. 
En  comparant  entre  eux  les  documents 
écrits  qui  nous  restent  dans  toutes  les 
langues  sémitiques  connues,  on  ne  peut 
douter  que  ce  ne  soit  la  langue  hébraïque 
qui  nous  a  transmis  les  documents  les 
plusanciens;  et,  dans  les  productions  litté- 
raires même  les  plus  anciennes,  Thébreu 
se  montre  déjà  comme  une  langue  très 
perfectionnée,  qui  devait  avoir  parcouru 
différentes  phases  avant  d'avoir  pu  servir 
à  ces  productions.  Les  plus  anciens  livres 
écrits  en  hébreu  ne  peuvent,  il  est  vrai, 
diaprés  les  recherches  des  critiques  con- 
temporains ,  remonter  au-delà  de  la  pé- 
riode de  David  et  de  Salomon  ;  car  on  re- 
nonce généralement  à  croire  que  Moïse  ait 
rédigé  le  Pentateuqne  et  que  Torigine  du 
livre  de  Job  soit  antérieure  à  Moïse. 

En  dernière  analyse,  le  caractère  pro- 
pre à  rhébreu ,  comparé  aux  autres  lan- 
gues sémitiques,  consiste  en  ce  que,  sous 
le  rapport  lexicographique  et  gramma- 
tical, il  tient  le  milieu  entre  ces  différen- 
tes langues.  Uhébreu  a  de  la  force  et  de 
Fharmonie  unies  à  une  grande  simplicité; 
par  un  heureux  mélange  des  voyelles  et 
des  consonnes,  sa  prononciation  est  une 
alternative  de  douceur  et  de  force;  la  for- 
mation des  mots  suit  des  règles  fixes. 
Quant  à  la  nature  des  racines,  nous 
sommes  réduits  à  de  pures  hypothèses. 
Au  premier  coup  d*œil,  les  racines  pa- 
raissent être  de  trois  lettres,  c'est-à-dire 
de  trois  consonnes  (i;rr6a  trilittera).  Ce- 
pendant cela  ne  parait  pas  rigoureuse- 
ment nécessaire  et  n^avoir  pas  toujours 
eu  lieu;  car  les  mots  les  plus  simples  et 
les  plus  ordinaires  sont  des  monosyllables, 
comme  dans  Taraméen,  dialecte  qui  pa- 
rait avoir  conservé  le  plus  fidèlement  la 
forme  originaire  du  caractère  sémitique. 
Ensuite,  il  est  certain  que  plusieurs  mots  à 
trois  consonnes  n^étaient  originairement 
Ibrinés  que  de  deu&  consonnei  essen- 


tielles à  la  signification  du  moi; 
sième  ne  s'y  trouve  ajoutée  qu'ai 
tellement.  On  voit  là  une  régulant 
ne  s'attendait  pas  à  rencontrer  dai 
fance  d^une  langue.  Il  est  renai 
que  plusieurs  de  ces  monosyllabl 
ment  des  onomatopées  (voy*),  œ 
dénote  Tantiquité. 

Dans  les  livres  poétiques  de  la 
et  même  dans  les  parties  poétiques 
nues  dans  les  livres  historiques,  la 
prend  une  forme  particulière,  et  li 
fication  des  mots  n'est  pas  UnM 
la  même,  pas  plus  que  la  consti 
des  phrases,  etc.  La  plupart  des  p 
larités  de  la  diction  poétique  se  tn 
comme  forme  ordinaire,  dans  les  1 
qui  ont  de  Taffinité  avec  rhéhm 
tout  dans  le  syriaque  ;  ce  qui  provî 
l'époque  où  les  dUlTérentes  brand 
langues  sémitiques  n'étaient  pas  < 
si  fortement  tranchées.  La  poésie 
tionne  les  mots  qui  ont  cessé  cTè 
usage  dans  le  langage  ordinaire. 
Abchaïsmk. 

La  langue  hébraïque  a  eu  son  i| 
et  son  âge  d'argent.  Le  premier  i 
qu'à  Tépoque  de  Texil  et  offre  da 
ductions  littéraires  dans  un  lanfi( 
de  tout  mélange;  le  second  va  jus(|ti^ 
tinclion  de  la  langue.  Le  classeaci 
âges  des  divers  livres  hébreui  est  dil 
un  écrivain  du  premier  âge  peut  ai 
une  manière  et  un  style  qui  lui  ^ 
propres,  et  qui  pouvaient  le  rapp 
d'un  écrivain  de  l'âge  suivant ,  coa 
écrivain  du  second  âge  pouvait,  p 
tude  soutenue  des  classiques,  les 
imités  avec  bonheur.  Une  œrtaÎM 
diessejointeà  la  pesanteur  et  un  styl 
sont  généralement  le  caractère  do 
ductions  du  premier  âge;  la  factbl 
style  coulant,distinguent  celles  du  « 

Le  Pentateu(|ue,  le  livre  des  Jq( 
livres  de  Samuel  et  des  Rois  .  q« 
confond  ordinairement  sous  le  til 
quatre  li\res des  Rois), parmi  lesou 
historiques,  appartiennent,  à  qu 
morceaux  près,  au  premier  âge.  L 
de  Josué  parait  appartenir  à  une  é 
rapprochée  de  l'exil,  sinon  à  Teatl  i 
C'est  à  cette  époque  qu*il  faut  rap 
indubitablement  plusieurs  psauna 
(|ue  les  Proverbes  et  Job.  Obadii 


HEB 


anîe  et  Jérémie  sont  contem- 
m  destmctioD  de  Tétat  hébreu 
lodonosor  ;  Ezéchiel,  à  rima- 
tlente  et  souvent  bizarre  ou 
est  du  temps  de  Texil. 
est  pas  resté  sans  influence  sur 
es  Hébreux  ;  peu  à  peu,  ceux- 
pproprié  des  expressions  chal- 
r  leurs  rapports  avec  les  peu- 
en  desquels  ils  étaient  retenus. 
i  retenus  de  Texil  parlaient  le 
ien,  qui  éuit  devenu  leur  lan- 
lelle.  L'hébreu  devint  la  lan- 
|ue  et  celle  des  savants;  mais  il 
T  lui-même  quelques  formes 
s.  Aussi  les  productions  de  cette 
rient  une  empreinte  de  chai" 
iosi  l'hébreu  du  second  à^  se 
le  celui  du  premier  âge  par  la 
de  sa  nature  et  par  sa  source 
L*hébreo  du  premier  âge  est 
nélange;  celui  du  second  a  fait 
nx  emprunts  à  Tétranger.  Il 
i  dans  notre  plan  de  citer  des 
Tappoi  de  notre  proposition; 
s  seulement  que  le  second  âge 
qui  ne  sont  pas  usités  dans  le 
aflectionne  certaines  formes, 
irsde  phrase,  une  orthographe 
cC  une  srntULe  empruntée  à 


(  558  )  HEB 

les  protestants  ontd'abordété  rédigés  en 
hébreu;  mab  quand  Tusage  de  la  langue 
grecque  s'est  étendu,  ib  ont  été  traduits. 
Les  Hébreux  ayant  habité  un  pays  peu 
étendu,  leur  langue  n'a  pas  eu,  comme 
d'autres,  différents  dialectes.  Des  éru- 
dits,  tels  que  Eichhom,  Dereser  et  Sa- 


t  hébreu  qui  a  donné  naiaaDce 

talmndiqueet  rabbiniqne. Là 

est  eBCore  phs  oorrompa, 

hâqoe.  D  est  plos  coolant  dans 

L,  qui  est  te  thcoK  du  Talmod. 


te  Doovel  hébreu 


frîu 


le  livre  dT*- 


«  a  fiçe  <r; 


àftk  lûaMCedcft 


netius,  ont  bien  cru  en  trouver,  mais 
sans  citer  des  preuves  à  l'appui  de  cette 
assertion.  Ce  qu'on  a  pris  pour  un  dia- 
lecte pourrait  bien  n'être  qu'une  expres- 
sion du  langage  vulgaire  ou  familier  et  qui 
n'était  pas  admise  ordinairement  dans  le 
style  littéraire.  Par  la  ponctuation  ajou- 
tée au  texte,  ces  différences  même  ont 
disparu.  On  voit  par  la  Bible  (  Juges f 
Xn,  6)  que  les  Éphraîmites  ne  pronon- 
çaientpasle  ch  :  ainsi  ibdisaieotiS/^^/r//! 
pour  ChiboUth.  Selon  Néhémie  (XID , 
23.  24  ) ,  la  prononciation  à  Jérusalem 
était  ceUe  d'Asdod;  mab  œ  sont  là  moim 
des  dialectes  que  des  pronondatioiis  di-> 


Pour  décider  si  l'hébreu  est  riche  ou 
pauvre,  il  ne  faut  pas  oublier  que  toute 
la  langue  n'est  pas  dans  l'Anden-Tctta- 
ment,  quoique  œ  qui  est  perdu  ue  pa- 
raisse pas  très  considérable.  Dans  le  ûût, 
le  cercle  d'idée»  était  borné  chez  le»  Hé- 
breux ;  la  philosophie  et  la  culture  sdeo- 
tifique  leur  restêreot  toujours  étrangère». 
Par  les  uoois  propre»,  origîoaireiBeDt  de» 
noms  appellatifr,  oo  peut  découvrir  plu» 
cTune  fonue  gnusmaticale  de»  verbe»  et 
de»  nom»,  et  c'est  aonveot  la  foruM  primi- 
tive de»  dérivés  dont  oo  œ  coonall  plu» 
la  racine.  Le  Cheîib  wamà  est  digne  «Tat- 
teution  :  il  donne  pin»  d'une  forme  que 
le  Arn'aCûtdisparaitre*.  Les  variante» 
offirent  peu  de  rcauMiras  :  eOcs  ont  moin» 
pour  obiet  de  oomervcr  eC  de  pcrpétncr 
le  texte  que  d'en  Cure  diipaniire  ce  qni 
est  insolite  et  difficile.  Les  monnaie»  jni- 
vesL  Trflranf  de»  légende»  peu  élcndnc»^ 
ne  renferment  àpen  prés  rien  de  ncnC 
Dans  les  apocnphc»  grcci  de  TAneim- 
il  V  a  qntiqncs  mol»  hékmmtf 

lettres  AJtmuncjy  ce  qui  le» 

a  exobffiÊitïï'* 

'iKfr,  f  et  fartknl»»fHf<iM'<i4 
Il  Miwffcna,  oflEne  de»  retMinme»  Mhmi^ 
fnnr  b  cemnanmo^  do  ^MuMë 


.f*- 


HEB  (  554  ) 

Iiébrea  ;  mais  œ  véritable  ou  aocien  hé- 
breu, il  est  difficile  de  toujours  le  dis- 
tinguer du  nouveau.  Peu  de  chose  a  passé 
des  langues  non  sémitiques  dans  Phébreu  ; 
ce  sont  des  mots  égyptiens,  persans  et  as* 
syriens  de  Babylone;  il  est  douteux  qu*il 
en  ait  aussi  reçu  du  grec. 

Le  dé&ut  de  renseignements  ne  per- 
met pas  de  déterminer  quand  Textinction 
de  Tanden  hébreu  a  eu  lieu.  Voici  le  peu 
de  dates  que  nous  avons  sur  cet  objet. 
Du  tempe  de  Néhémie  on  pariait  encore 
la  langue  (Néh.,  XŒ,  3S)  ;  du  temps  des 
Macchabées  on  Vécrivait  encore  :  c*est  ce 
qu^indiquent  les  monnaies  et  le  livre  de 
Daniel,  qui  est  de  cette  période;  mais  in- 
sensiblement elle  disparut  de  la  vie  pu- 
blique. 

De  là  vient  que  le  rédacteur  des  Pa^ 
raiipomènet^  qui  n*écrivait  pas  avant  le 
tempe  d*Alexandre-le-Grand ,  a  souvent 
mal  compris  des  passages  des  livres  histo- 
riques, quoiqu*il  flt  partie  du  corps  des 
savants.  Quand  la  domination  s)'rienne 
s*étendit  sur  la  Palestine  et  que  Taraméen 
acquit  une  plus  grande  influence,  la  lan- 
gue sainte  périt  tout-à-fait.  Une  fausse 
explication  du  passage  de  Néhémie  (VIII, 
8)  a  donné  lieu  à  Terreur  de  croire  que 
rhébreu  est  devenu  une  langue  morte 
depuis  Fexil ,  opinion  contredite  par  la 
langue  elle-même  et  par  le  témoignage 
de  Néhémie  (XUI ,  34  ). 

Disons  encore  un  mot  de  Thistoire  des 
études  hébraïques.  La  connaissance  de  la 
langue  s*est  d*abord  transmise  par  tra- 
dition ;  on  s'en  occupa  ensuite  dans  les 
écoles.  La  philologie  ne  fut  qu'un  acces- 
soire. Les  Talmudistes  et  les  Massoretes 
(vor*  TaLMUDet  Massoeah)  s'en  occupè- 
rent davantage,  probablement  pour  avoir 
appris  à  connaître  par  l'expérience  l'uti- 
lité qu'elle  peut  offrir.  Les  Juifs  hellénistes 
{voy,  ce  dernier  mot)  furent  inférieurs 
sous  ce  rapport  à  ceux  dont  la  langue  ma- 
ternelle était  l'araméen,  comme  le  prouve 
clairement  la  traduction  des  LXX.  Par 
le  fait  de  l'existence  de  celle-ci,  l'étude 
de  l'original  cessa,  et,  avec  elle,  la  con- 
naissance de  rhébreu.  Josèphe  et  Philon 
furent  dresses  faibles  hébraîsants.  Les  pre- 
miers écrivains  chrétiens  avouent  eux- 
mêmes  leur  ignorance  dans  cette  langue. 
Origcoe  lui-même  était  très  tu 


HEB 

sous  ce  rapport;  saint  Jértea 
traire  s'est  beaucoup  occupé  \ 
de  la  langue  hébraïque. 

Au  X*  siècle  commença 
brillante  pour  l'hébreu.  A  H 
Arabes,  les  Juifs  s'occnpère&t 
langue  grammaticalement.  Le 
lurent  lents.  Les  premieis  gras 
de  quelque  importance  foret 
Gaon  (943),  Juda  Chiug  ri04< 
Ben  Gannach,  dans  le  xir  stèd 
lèbres  commentateurs  de  la  Bîl 
et  Aben  Ezra  (tw^.)  furent  < 
grammairiens.  Meis  les  grama 
lexicographes  les  plus  Importa] 
les  deux  Kimchi.  Abulwalid  < 
d'un  ouvrage  arabe  sur  les  n 
braîques. 

Dans  le  xvi*  siècle,  les 
commencèrent  à  s'occuper  de 
gie  hébraïque ,  progrès  anqn 
forme  a  puissamment  oontribw 
mière  grammaire  hébraïque  pi 
un  chrétien  fut  celle  de  Reuclil 
sous  le  titre  de  Rudimenta  iim^ 
braïcœ  (Tûb.,  1 506,  in-fol.).  M 
lui ,  Conrad  Pélican  avait  pubi 
1 503)  un  ouvrage  grammatical 
iegendi  et  inteiUgemii  Hebna 
Reuchlin  vint  Sébastien  Mûnsti 
puis  Jean  Buxtorf  (1609).  N 
consacré  un  article  à  ce  dcn 
l'ouvrage  pour  lequel  nous  le 
nous  ici,  c'est  son  Thésaurus  ^ 
ticus  iinguœ  sanctœ^  Bàle,  16< 
En  Italie,  Sanctes  Pagninos 
grammaire  hébraïque  :  ses  Imst 
Hebraïcarum  L,  IV  parureal 
1536,  in-40.  Mais  c'est  seules 
le  XVII*  siècle  qu'on  commeaçi 
per  de  l'étude  des  langues  qi 
rapport  avec  l'hébreu,  et  la 
hébraïque  a  tiré  un  parti  conm 
cette  étude  comparative  des  la 
premier  qui  s'en  occupa  fiât 
Casile  ou  Castell  {voy\  le  c4 
teur  de  V Heptagiottun ,  œ  n 
magni6que  à  la  polyglotte  de 
puis  Pococke  et  Samuel  Bocha 
ce  diemier  est  immortel  par  ac 
znicnn.  Dans  le  xviii*  siècle,  T 
landaise  se  forma  sous  Albert 
(y*o/.).  Si  d'une  part  cette  éc 
tort  de  l'occuper  trop 


HEB 


(566) 


HEB 


e,  d^one  aatre^  elle  tira  dans  Té- 
lé rhébreu  toutes  les  autres  bran- 
lu  tronc  sémitique.  Les  Allemands 
trent  de  cette  école  dont  ils  évi- 
tes fautes  :  nous  nommerons  An- 
anzy  au  commencement  du  xviii* 
,     les  Michaêlis  (voy.),  N. -G. 
sder,  G.-Fr.  Hezel,  Hartmann,  et 
it  Vater  (voj.).Mais  ce  fut  M.Guil- 
Gesenius  (vox-)  qui  marqua  tout 
ulièrement;  il  est  le  lexicographe  le 
refond,  le  pluséruditetleplus  clair, 
é  de  lui  se  distingue  M.   Georges- 
-Auguste  Ewald,  Tun  des  sept  pro- 
n  destitués  deGœttingue  {vojr.  Ha- 
:),  et,  depuis  1838,  professeur  des 
es  orientales  à  Tubingue.  Sa  Gram- 
»  critique  de  la  langue  héhraïqucy 
en  allemand  comme  celle  du  doc- 
[jesenius,  parut  pour  la  première 
D  1827  (Leipzig,  in-80),  et  en  1838 
tait  déjà  à  sa  3*  édition, 
premier  dictionnaire  hébreu  pu- 
»ar  un  chrétien  fut  celui  de  Reuch- 
ans  les  Rudimenta  Hebraïca,  Hot- 
r  a  publié  (Francf .,  1661)  son  Ety- 
pciun  orientale;  Castellus  a  donné 
lOD  Lexiron  heptaglotton  (Londres, 
)  le  parallèle  des  mots  hébreux  avec 
ots  correspondants  dans  les  langues 
nt  de  Taffinité  avec  Thébreu.  J.-D. 
•élis  en  a  fait  imprimer  séparément 
(lie  hébraïque.  Christ.  Nolde  a  pu- 
in  dictionnaire  spécial  sur  les  par- 
is. Les  travaux  lexicographiques  les 
importants  sont  ensuite  le  Lexicon 
noie  Hebr,  et  Chald.  de  Jean  Si- 
s  (Halle,  1752,  in-8»);  lesSupple- 
Ut  ad lexica  Hebraïca  de  J.-D.  Mi- 
lia  (GoeU.,  1792),  et  surtout  les  di- 
dictionnaines  de  M.  Gesenius,  hé- 
I  et  allemands  ou  hébreux  et  latins. 
810etlSl2  parut  la  première  édi- 
de  son  dictionnaire  hébreu  -  alle- 
1,  et  la  troisième  en  1828.  Les  tra- 
linguistiques  ont  fait  faire  dem- 
ies progrès  à  cette  étude.  Son  The- 
us  lifiguœ  Hebraïcœj  commencé  en 
)  (Leipzig,  in-4®),  et  qui  nW  pas 
re  terminé,  réunit  les  divers  avan- 
>  qu'offrent  ses  précédents  travaux, 
développe  et  complète, 
a  le  voit,  ce  sont  les  Allemands  qui 
0  pins  £dt  pour  l'étude  de  la  langue 


hébraïque.  Les  Juifs,  dont  le  savoir,  mê- 
me lorsqu'il  est  réel,  pèche  par  l'absence 
de  la  base  scientifique,  sans  laquelle  il  n'y  a 
pas  de  solidité  pour  l'édifice ,  ont  peu  con- 
tribué à  l'avancement  de  cette  étude  dans 
les  temps  modernes.  Après  lesAbenEzra, 
les  Kimchi ,  le  malheur  des  temps ,  l'a 
même  tellement  fait  décliner  parmi  eux 
en  France,  en  Allemagne  et  surtout  en 
Pologne ,  qu'à  la  fin  du  xvui"  siècle  un 
Israélite  sachant  l'hébreu  par  principes 
passait  pour  un  homme  rare.  C'est  l'école 
du  célèbre  Mendelsohn  qui  a  réveillé  à 
Berlin  l'étude  de  cette  langue.  Wesely , 
Satnaw,    Eichel  et  Bensew   ont  excité 
partout  une  ardeur  louable  pour  l'étude 
de  la  langue  hébraïque.  Les  commentai- 
res ,  connus  sous  les  noms  de  Biour^  qui 
accompagnent  les  traductions  allemandes 
(en  caractères  hébreux)  de  la  Bible;  le  re- 
cueil intitulé  le  Collecteur^  et  les  livres 
hébreux  de  Bensew  et  de  Satnaw,  ont 
puissamment  contribué  à  remettre   en 
honneur  l'étude  de  leur  langue  sainte.  Ce 
mouvement  s'est  continué  à  Vienne,  et 
les  presses  de  M.  Ant.  Schmidt  ont  pro- 
duit de  bons  ouvrages  en  un  hébreu  très 
pur.  En  France,  les  notes  de  la  traduc- 
tion de  la  Bible  de  M.  Cahen  et  son  Cours 
de  lecture  hébraïque  ont  également  fa- 
vorisé cette  étude;  mais  la   philologie 
orientale   comparée    n'entre   pas    pour 
beaucoup  dans  les  travaux  des  hébraï- 
sants  français. 

Nous  n*avons  pas  besoin  d'expliquer  ce 
terme  d^hébraïsantàoïïiikou%  nous  som- 
mes déjà  servis  ;  on  le  comprend  par  lui- 
même  et  par  son  analogie  avec  les  mots 
helléniste,  latiniste,  etc.  Mais  en  termi- 
nant ce  travail  sur  la  langue  hébraïque, 
nous  ajouterons  quelques  mots  sur  l'ecn- 
ture  hébraïque  ou  sur  le  genre  de  carac- 
tères communs  à  cette  langue  et  au  chal- 
déen  {voy,).  S^il  est  vrai,  comme  on  le 
suppose  généralement ,  que  ce  soient  les 
Araméens  qui  ont  inventé  les  caractères 
d'écriture,  il  est  évident  que  les  Hébreux, 
colonie  partie  de  cette  souche,  ont  dÀ  re- 
cevoir d'eux  l'écriture.  Si  les  Égyptiens 
l'avaient  inventée,  ce  qui  est  encore  pro- 
blématique, les  Hébreux  pourraient  Ta- 
voir  reçue  d'eux  :  ils  étaient  leurs  voi- 
sins. Cependant,  à  Tépoque  des  patriar- 
cheS|  nous  ne  trouvons  pas  encore  de  tra- 


HEB  (  556  ) 

ces  de  récriture;  on  se  servait  d'autres 
moyens  pour  conserver  le  souvenir  des 
événements  importants  :  c'étaient  des  au- 
tels, des  monceaux  de  pierres  et  même 
des  arbres.  On  a  cru  voir  les  premiers  in- 
dices de  récriture  chez  les  Ilébreux  pen- 
dant leur  séjour  en  Egypte. 

Les  Septante  rendent  par  ypaiiiiarsU 
le  mot  hébreu  0^1^  qu'on  a  employé 
pour  certains  fonctionnaires.  J.-D.  Mi- 
chaélis  croit  que  ce  sont  des  généalogistes, 
mais  peut-être  étaient-ce  plutôt  des  in- 
specteurs :  aussi  la  Vulgaie  a  traduit  ce 
mot  par  magistri.  LePentateuque  ne  dit 
rien  de  l'invention  de  l'écriture,  mab  il  la 
suppose,  ainsi  qu'on  le  voit  clairement 
par  l'histoire  de  la  législation  mosaïque. 
Les  tables  de  la  loi  n'ont  de  sens  que  par 
l'écriture.  Quand  on  dit  qu'elles  étaient 
écrites  par  le  doigt  de  Dieu,  c'est  peut- 
être  une  indication  que  l'écriture  n'était 
pas  alors  encore  très  répandue.  On  a  d'a- 
bord mis  par  écrit  les  lob;  le  Décalogue, 
gravé  sur  des  tables  de  pierre,  est,  sinon 
le  premier ,  du  moins  un  des  premiers 
monuments  de  cet  art  chez  les  Hébreux.  I 

Les  matériaux  dont  ib  se  servaient 
pour  écrire  étaient  de  diverses  espèces  : 
des  tables  de  pierre ,  pub  les  métaux,  le 
bois  ;  pour  former  les  lettres,  on  se  ser- 
vait d'un  burin  en  fer.  Ils  avaient  aussi 
des  matières  plus  molles  pouvant  se  rou- 
ler et  qui  étaient  combustibles  (Jérém. 
XXXVI ,  23  ).  Josèphe  croit  que ,  pour 
écrire  la  version  des  Septante,  on  a  en- 
voyé des  rouleaux  de  parchemin  à  Pto- 
lémée.  Jérémie  (ioco  citato)  parle  d'un 
couteau  ou  canif,  et  dans  un  autre  en- 

droit  (VI,  18)  il  nomme  l'encre  (in)* 


Il  y  a  quatre  sortes  d'écriture  en  hé- 
breu :  Vécriture  carrée^  Vérriture  juive 
des  monnaies,  la  samaritaine  et  la  rab^ 
binique,  La  première  est  tantôt  avec, 
tantôt  sans  points-voyelles.  On  pourrait 
indiquer  unecin(|uième,  celle  qui  est  or- 
dinairement employée  par  les  Israélites 
dans  les  lettres  :  c^est  une  cursive  plus 
expédiée.  On  est  fondé  à  croire  que  ces 
différentes  espèces  dVcritures  n^ont  pas 
existé  simultanément,  maÏA  que  Tune  s*est 
formée  de  l'autre.  On  ne  sait  rien  de 
positif  sur  Tépoque  où  s'est  formée  celle 
<|ue  nous  employons;  il  est  probable 


HES 

qu'elle  n*a  pas  eu,  dans  le  principe,: 
forme  qu'elle  a  adoptée  succcsni 
pour  s'embellir.  L'alphabet  des  Hc 
ne  se  compose  que  de  consonnei; 
voyelles  sont  placées,  comme  on  fût  ^ 
les  accents,  au-dessus  ou  au-desioui( 
lettres,  et  les  Orientaux,  en  génénl, 
négligent;  mab  les  chrétiens  en  oal! 
prévaloir  l'usage  dans  les  écoles.  CcHi 
particularité  des  langues  sémitiqnei;  1« 
est  de  même  de  la  direction  de  droilii 
gauche,  qui  se  retrouve  ausù  dans 
les  autres  langues  sémitiques. 

2«  Littérature  hébraïque.  Un 
de  vue  spécial  recommaudr  «vite  lit 
ture  à  notre  attention  :  elle  se 
des  documents  de  la  religion  et  de  lî 
toire  d'un  peuple  devenu  très  inl 
sur  la  marche  de  la  civilisation  p«i 
monothéisme  (vof.  )  qu'il  a  profcsaé.  < 
littérature  a  d'ailleurs  une  noble 
cité;  elle  se  dbtingue  d'une  manière i 
avanUgeuse  par  une  poésie  forte  et  iihj 
ginale,  elle  offre  une  grande  richcHil| 
renseignemenU  historiques  ;  et,  indépMi 
damment  de  toutes  cet  considératîoos,  dk 
captive  notre  attention  à  un  très  haut^M 
gré ,  parce  que  son  commenoeoient  Htf 
monte  jusqu'aux  premiers  âges  de 
toire.  Aucune  littérature  n'empnnlti 
sujets  à  une  époque  aussi  reculée;  < 
que  les  recherches  modernes  aient 
descendre  de  quelques  siècles  œ 
mencement.  Fautériorité 


n*en 


est  ffl 


moins  restée  à  cette  littérature  sur 
les  autres  de  l'antiquité.  Quand 
sans  prévention  les  plus  anciens 
des  compositions  hébraïques,  on  i 
y  méconnaître  une  certaine  frakhenr  É 
jeunesse  dont  ils  portent  une  imfiii> 
profonde  et  ineffaçable.  On  attribôe  him 
généralement  une  antiquité  presque  uêêÉ 
haute  à  la  littérature  indienne  ;  on  lui  M 
corde  même  quelquefob  le  pas«  to«i€i 
rapport,  sur  la  littérature  hébraïque;  «ri 
cette  opinion,  mise  en  vogue  par  qoelqH 
critiques  et  hbtoriens  anglais  dans  !•■ 
engouement  pour  le  monde  indico«  lofl 
qu'à  peine  il  était  devenu  acccsâbli 
commence  à  baisser  par  suite  des  travsB 
consciencieux  des  Allemands,  édaircs  pi 
une  critique  tout-à-fait  désintéressée,  fi 
effet ,  s'il  est  certain  que  les  f'ed*u  Mfl 
proportionnellement  plot 


HEB 


(557) 


HHB 


juyriges  sanscrits,  par  exemple, 
Is  poèmes  épiqaes  de  Ramayana 
habhorata^  on  ne  saurait  cepen- 
r  avec  certitude  l'époque  où  ces 
t  été  recueillis  et  celle  où  ib  ont 
es.  Cela  éUnt,  il  serait  difficile 
er  que  la  littérature  hébraïque 
jeune  que  les  plus  anciens  mo' 
de  la  littérature  indienne.  Celle 
ois  ne  peut  pas  non  plus  dis- 
ndenneté  à  la  littérature  hé- 
quand  même  certaines  inscrip- 
aoises  remonteraient  au-delà  du 
le  arant  Jésus-Cbrist.  On  ne  peut 
re  iiMlIquer  de  résultat  certain 
la  littérature  égyptienne,  puis- 
ue  jour  on  fait  des  progrès  dans 
issance  de  cette  littérature.  Ce 
I  sait  ne  permet  pas  néanmoins 
re  que  les  écrits  classiques  de 
remontent  à  plusieurs  milliers 

mTant  Jésus -Christ  (on  avait 
bord  de  20,000  ans!}.  Bien  ne 
|ae  la  littérature  égyptienne  soit 
de  rivaliser  sous  ce  rapport  avec 
I  Hébreux.    Parmi  les  langues 

rhébreu,  il  n'y  en  a  pas  davan- 
puissent  lui  disputer  Tantério- 
în  tout  le  monde  est  d'accord 
tnt  que  l'antiquité  classique  des 

des  Romains  est  de  beaucoup 
u«  à  la  littérature  hébraïque. 
«  qui  nous  rend  les  monuments 
s  Hébreux  si  respectables,  ce 
\  seulement  leur  âge,  c'est  plus 
eur  contenu,  leur  destination  et 
e  utilité  dont  ils  sont,  depuis  un 
>mbre  de  siècles,  comme  moyen 
ion  religieuse.  C'est  là  un  avan- 
[]ue  et  qu'ils  ne  partagent  avec 
lire  genre  de  compositions ,  pas 
rec  celles  de  l'antiquité  classique, 
térature  hébraïque  ou  l'Ancien- 
Dt  (car  elle  est  concentrée  en  lui) 
imit  les  documents  les  plus  an- 
ir  l'hbtoire  et  la  géographie,  non- 
it  du  peuple  qu'elle  a  surtout  en 
Is  de  tous  les  peuples  qui  étaient 
IS  ou  en  rapport  quelconque  avec 
ilgré  les  lacunes  et  le  caractère 

peot  Toir  qoel  parti  la  géographie  tire 
nble  dea  doooées  bibliqne?,  daDS  Tex- 
tTrage  de  Rosenmûller,  Handbueh  der 


souvent  mythique  de  cette  géographie* 
elle  a  pourtant  un  immense  mérite,  quand 
on  songe  à  quel  point  l'ethnographie, 
l'histoire  et  la  géographie  les  plus  ancien- 
nes sont  obscures  et  confuses;  et  l'impor- 
tance des  documents  hébreux  se  mani- 
feste surtout  quand  on  compare  la  pein- 
ture qu'ils  offrent  du  siècle  auquel  ils  se 
rapportent  avec  les  documents  contem- 
porains dus  à  d'autres  peuples. 

Les  documents  hébreux  nous  offrent 
le  tableau  de  la  vie  publique  et  privée 
d'une  nation  peu  considérable  à  la  vérité, 
mais  très  originale,  et  qui  a  conservé  son 
originalité  même  après  avoir  perdu  son 
exbtence  nationale.  Rien  de  plus  poétique 
que  le  commencement  de  la  littérature 
hébraïque  :  c'est  véritablement  une  idyl- 
le, ce  sont  d'excellents  tableaux  de  famille. 
Quelle  charmante  peinture  de  la  vie  heu- 
reuse du  pasteur  dans  le  Cantique  des 
cantiques  I  Le  livre  des  Juges  et  une 
partie  du  livre  de  Samuel  offrent  le 
mouvement  de  la  vie  populaire  d'un  état 
libre,  mab  encore  dans  l'enfance.  Dans 
toutes  les  parties  de  la  Bible ,  Tinstnic- 
tien  se  trouve  liée  aune  lecture  attachante. 
L'époque  postérieure  à  l'exil  nous  émeut 
par  de  crueb  malheurs  et  excite  toute 
notre  compassion.  Pour  celui  qui  suit  le 
développement  de  l'humanité,  les  ouvra- 
ges qui  appartiennent  à  cette  époque  (Es« 
dras  et  Néhémie)  ont  le  plus  vif  intérêt. 

La  loi  mosaïque  présente  l'idéal  de  la 
constitution  hébraïque  ;  c'est  une  théo- 
cratie complète,  modèle  de  la  hiérarchie 
chrétienne.  J^es  chefs  du  peuple,  connus 
sous  le  nom  de  prophètes  {voy.)^  sont 
pour  les  politiques  et  les  psychologues  des 
figures  du  plus  haut  intérêt.  Même  dans 
les  compositions  où  l'écrivain  n'a  en  vue 
que  l'hbtoire  nationale,  il  fournit  encore 
d'excellents  aperçus  sur  l'hbtoire,  les 
mœurs,  les  usages  et  les  institutions  des 
principaux  peuples  de  l'Asie,  tels  que  les 
Phéniciens  (Cananéens),  les  Égyptiens,  les 
Assyriens,  les  Chaldéens  et  les  Perses.  Les 
livres  prophétiques  méritent  une  atten- 
tion toute  particulière  relativement  à  l'ar- 
chéologie, rhbtoire  et  Tethnographie. 

La  littérature  hébraïque  nous  fait  con- 
naître aussi  la  philosophie  orientale.  Un 
des  principaux  problèmes  qu'elle  s'oc- 


Aktrthmmkund^,ht\^.,  i8a3,  t.  MU.  I  cupe  à  résoudre  ^  c'est  la  justification  de 


HËn 


(558) 


itBb 


Dieu  et  la  conciliation  du  libre  arbitre 
avec  la  nécessité  absolue.  L'homme  d'O- 
rient, dépourvu  de  la  faculté  d'obsenra- 
tion  qui  caractérise  les  Occidentaux,  n'a 
pas  été  bien  loin  dans  les  sciences  natu- 
relles, et  toutefois  T  Ancien -Testament 
offre  des  renseignements  utiles  sur  les 
commencements  et  les  progrès  de  cette 
science '^.  Mais  il  offre  avant  tout  un  fond 
très  riche  d'idées  religieuses  et  morales  et 
d'excellents  préceptes  pour  la  vie.  Le 
point  de  vue  de  l'Âncien-Testament  n'a 
pas  encore  la  pureté  du  christianisme;  il 
n'est  pas  non  plus  exempt  de  supersti- 
tion ;  le  bonheur  extérieur  est  souvent 
présenté  comme  un  motif  pour  être  sin> 
cère,  vertueux,  pieux  ;  il  y  a  souvent  de 
la  partialité,  et  un  mépris  trop  visible  de 
ce  qui  n'est  pas  hébreu  se  fait  partout 
sentir.  Mais  aussi  ces  documents  ensei- 
gnent le  monothéisme  à  une  époque  où 
le  polythéisme  voilait  la  vérité  presque 
partout.  Les  poètes  les  plus  distingués  de 
nos  jours  ne  sont  pas  en  état  d'égaler  le 
sublime  des  Psaumes.  Quel  plus  beau  mo- 
dèle de  piété  et  de  résignation  pourrait- 
on  trouver  qu'Abraham ,  le  patriarche? 
et  David  même,  dont  souvent  la  conduite 
a  mérité  des  reproches,  est  un  bel  exem- 
ple de  piété,  de  soumission  à  la  volonté 
de  Dieu. 

Le  rapport  qui  lie  les  documents  chré- 
tiens à  ceux  des  Hébreux  donnent  d'ail- 
leurs à  ces  derniers  une  importance  ex- 
trême. Le  fondateur  du  christianisme 
était  Hébreu;  il  a  reçu  son  éducation  sous 
l'influence  de  la  littérature  et  de  la  reli- 
gion hébraïques,  et  sa  grande  œuvre,  l'a- 
mélioration des  hommes,  a  pu  s'appuyer 
sur  la  base  qu'elles  lui  offraient. 

On  ne  peut  refuser  à  la  littérature  hé- 
braïque une  haute  originalité,  bien  qu'elle 
ne  soit  pas  exempte  de  toute  influence 
étrangère  ;  la  littérature  d'aucun  peuple 
ne  saurait  re\'endiqucr  au  même  degré 
ce  caractère.  Nulle  part  il  n'y  a  imi- 
tation servile;  THébreu  a  eu  son  type 
particulier  auquel  il  est  resté  fidèle.  Ce 
qu'il  a  emprunté,  il  l'a  rendu  sien  en  le 
fondant  habilement  avec  ses  propres  pro- 
ductions, ou  bien  il  l'a  tellement  changé 


(*^  Foir  encore  Tonvragc  déjà  cité  de  Bosen- 
pol fer,  t  IV  (H i st oire  n •»<  utrUt  \«\\'.\tyu«^    S 


que  l'emprunt  a  totalement  pcrdn  sa 
leur  étrangère.  Ceci  est  égaleroenl 
de  la  langue,  des  moran  et  de  Te 
Toutes  les  productions  intellectneU 
plupart  pourtant  d'un  caractère  pri 
rapportent  à  l'institution  mosaîqi 
même  sont  engendrées  par  elle;  cUi 
moignent  partout  d'un  entbousiasM 
pour  les  choses  divines ,  et  Tinspir 
des  poètes,  comme  celle  des  propbHi 
un  effort  continuel  à  s'élever  vcn 
fini.  Nous  trouvons  là  un  cercle  d* 
tout -à -fait  nouveau  pour  noas, 
cartant  entièrement  de  ce  que 
voyons  à  Tentour  de  nous.  Enfin,  U 
simple  des  livres  historiques,  Télai 
blime  des  compositions  lyriques,  a 
de  l'exagération  des  Orientaux  en  | 
rai,  cette  poésie  religieuse  et  sainte, 
pareille,  les  discours  nerveux  des 
phctes,  ont  un  charme  entraînant  i 
sous  le  rapport  asthétique. 

On  ne  peut  déterminer  le  point  4 
part  des  lettres  hébraïques,  car  la  al 
moderne ,  appuyée  sur  une  étude 
fonde  de  la  langue  et  de  tout  ledél 
contenu  de  chaque  livre,  n*adaict 
avec  les  anciens  théologiens,  que  U 
rature  ait  commencé  avec  Moïse  oa 
avantMoïse.  Cependant,  comme  ro| 
actuelle  trouve  encore  des  contradk 
il  serait  à  désirer  qu*on  soumit  à  um 
vel  examen  cette  question  de  To 
mosaïque  ou  non  mosaïque  du  Pea 
que.  Au  reste,  en  supposant  pnHn 
le  livre  d^  Job  n'est  pas,  comme  < 
cru,  antérieur  au  temps  de  Moïse,  < 
les  livres  qui  portent  le  nom  de  ced 
ne  sont  pas  son  ouvrage,  ce  ne  serai 
jours  qu'un  résultat  négatif  qui  a 
terait  aucune  lumière  sur  la  qucsci 
savoir  quand  et  par  quoi  la  lîtltf 
hébraïque  a  commencé.  On  a  sans 
mis  par  écrit  des  lois  et  de»  ordooi 
/c'est  d'abord  à  cet  objet  et  à  des  a 
qu'on  emploie  Part  d*êiTirv  ;  pi 
venue  la  rédaction  des  gt^nèalugîea 
quelles  se  rattachent  in9en>îbleaM 
notices  historiques.  Il  est  probable 
a  mb  autsi  de  bonne  heure  par  éc 
chants  populaires  destiné»  à  ivlcbi 
événements  remarquables  et  hoac 
pour  la  nation ,  et  telle  a  peQt*él 
l'origine  de  Phtstoriographie. 


tÎËfi 


(&À9) 


HEâ 


ttératore  hébnîqae,  si  Ton  envi- 
nadère  qu'elle  traite ,  se  renferme 
s  limites  étroites  ;  la  toi  mosaïque 
me  et  les  principes  sur  lesquels  la 
itk>n  hébraïque  est  fondée  étaient 
bstacle.  Les  relations  avec  Tétran- 
ent  interdites  au  peuple  juif;  les 

et  les  arts  ne  pouvaient  donc , 
I  conditions  les  plus  favorables , 
e  une  certaine  hauteur  ;  les  idées 
ultipliaient  et  ne  s'étendaient  pas 
r  échange;  les  connaissances  et 
ntions  étrangères  étaîeut  perdues 
I  Hébreux.  Une  autre  cause  se 
dUns  la  situation  particulière  du 
lébreu  et  dans  ses  destinées  :  la  vie 
nomade ,  puis  agricole ,  les  voya- 
is des  déserts  arides,  la  situation 
e  sous  les  juges  y  n'offraient  quel- 
oarce  qu'à  l'histoire  et  à  la  poésie, 
s  et  les  sciences  étaient  trop  peu 

même  sous  les  rob;  toute  la  ci- 
n  juive  était  trop  bornée  pour 
pût  produire  et  développer  une 
ire  savante  ;  et  an  moment  où  les 
K  auraient  été  en  état  de  se  livrer 
encesy  ils  avaient  déjà  cessé  de 
DU  corps  de  nation. 
Sératnre  hébraïque  est  donc  poé~ 
L  historique;  mais  dans  l'une  et 
atre  cat^;orie,  ce  sont  la  religion 
ées  morales  qui  dominent, 
^t  maintenant  de  caractériser  plus 
ièrement  les  deux  classes  d'où- 
ZotDMoej  dans  le  corps  de  la  Bible 
telle  que  nous  la  possédons ,  la 
isiorique  précède  en  général  la 
oétique,  nous  commencerons  par 

B  n'a  égard  qu'à  la  critique  bis- 
et à  l'exposition,  on  ne  regardera 
Drientaux  en  général,  ni  les  Hé- 
I  particulier,  pour  de  bons  histo- 
,  fiint  convenir  néanmoins  que  les 
n  historiens  hébreux  ont  certains 
ss  sur  ceux  des  autres  peuples 
ent.  En  général ,  ils  évitent  de 
dans  l'extrême  y  tandis  que  les 
?j  abandonnent  fréquemment. 
breox  n'ont  ni  le  ton  sec  des 
neors enregistrant  les  événements 
9ÎX  et  sans  ordre  ,  ni  le  style 
flé  du  rhéteur  qui  sacrifie  le  fond 
es  à  la  forme  sous  laquelle  il  veut 


les  présenter,  tls  se  recommandent  or- 
dinairement par  une  exposition  simple , 
noble,  libre  de  tout  embarras  inutile, 
en  un  mot,  par  une  exposition  antique; 
seulement,  pas  plus  que  tous  les  autres 
écrivains  orientaux ,  ils  n'ont  pu  se  dé- 
gager d'une  croyance  excessive  aux  mi- 
racles qui  s'évertue  à  mêler  la  Divinité 
aux  choses  les  plus  simples  et  les  plus 
ordinaires  de  la  vie.  Dans  la  plus  grande 
partie  de  ces  ouvrages,  nous  n'avons  pas 
devant  nous  l'histoire  pure  :  dans  pln« 
sieurs ,  et  surtout  dans  les  plus  anciens , 
ce  sont  des  légendes  populaires,  des  tra- 
ditions qui  ont  passé  de  bouche  en  bou- 
che avant  d'avoir  été  fixées  par  l'écri- 
ture, laquelle  seule  pouvait  empêcher 
une  plus  grande  transformation  ou  mê- 
me un  obscurcissement ,  un  oubli  com- 
plet. Dans  ces  derniers  temps,  où  l'on  a 
fait  faire  des  progrès  si  remarquables  à 
cette  étude,  on  a  donné  avec  assez  de 
raison  le  nom  de  mythes  à  de  semblables 
relations.  On  ne  veut  nullement  dire  par 
là  que  les  faits  historiques  aient  été  sciem- 
ment falsifiés:  on  veut  seulement  désigner 
par  ce  mot ,  autant  qu'il  est  possible,  une 
espèce  de  récit,  dont  le  rapporteur  n'a 
pas  été  témoin  oculaire,  où  un  fond  de 
vérité  a  reçu  de  la  tradition  orale  toutes 
sortes  d'ornements ,  et  avait  déjà  un  ca- 
ractère miraculeux  et  extraordinaire  au 
moment  où  l'historien  l'a  recueilli  et  in- 
séré dans  sa  composition.  Les  relations 
d'événements  anciens  sont  généralement 
dénuées  de  critique  et  offrent  le  miroir 
du  temps  dans  lequel  ils  ont  eu  lieu  et 
des  opinions  qui  avaient  com's  à  cette 
époque.  Plus  un  peuple  ou  un  temps 
manque  de  culture,  moins  on  connaît 
l'art  d'arranger  l'exposition  des  faits;  on 
ne  s'est  pas  donné  la  peine  de  l'apprendre, 
n'ayant  à  cela  aucun  intérêt  :  or  il  serait 
injuste  d'exiger  d'un  auteur  et  de  sou 
temps  des  conditions  qu'il  ne  lui  était 
pas  donné  de  remplir. 

Les  hbtoriens  ont  une  manière  de 
voir  particulière  qu'on  peut  appeler 
théocratique  ;  tous  les  événements  his- 
toriques sont  ramenés  immédiatement  à 
Dieu,  a  Nous  voyons,  dit  M.  deWette,  un 
plan  net  et  ferme,  réglant  le  gouverne- 
ment de  Dieu;  plan  auquel  les  événe- 
ments sont  subordonnés  d'une  maxxvbtv 


HÉB 


(560) 


REft 


plas  ou  moins  conséquente.  Nous,  nous 
recherchons  les  causes  intermédiaires  ; 
là,  on  va  droit  à  la  cause  finale  des 
choses  :  Jéhova  est  législateur ,  guide  et 
directeur.  »  Un  peuple  qui  avait  une  na- 
tionalité particulière,  et  dont  la  consti- 
tution était  une  parfaite  théocratie,  devait 
produire  des  historiens  écrivant  dans  cet 
esprit.  D'après  leur  éducation,  ces  histo- 
riens, qui  faisaient  partie  intégrante  de 
la  théocratie,  soit  comme  prêtres,  soit 
comme  prophètes,  ne  pouvaient  avoir 
d*autre  point  de  vue;  le  peuple  dont  ils 
racontaient  les  destinées ,  les  héros  dont 
ils  transmettaient  les  actions,  n'en  avaient 
pas  d'autre  non  plus. 

Il  est  inutile  de  dire  que  cette  ten- 
dance, en  écrivant  l'histoire  intérieure 
du  peuple  ou  son  hbtoire  extérieure, 
devait  faire  représenter  les  événements 
sous  une  face  particulière  qui  n'est  pas 
toujours  favorable  à  la  connaissance  exacte 
des  faits.  Dès  lors,  il  doit  nous  être  permis 
dereroplir  une  tâche  que  les  historiens  hé- 
breux ont  négligée,  celle  de  présenter  les 
faits  dans  leurs  relations  naturelles,  d'en 
déduire  les  causes,  soit  physiques,  soit 
psychologiques,  sans  pourtant  perdre  de 
vue  les  traces  de  la  providence  divine, 
qui ,  comme  partout  dans  l'histoire ,  se 
montre  particulièrement  dans  celle  des 
Hébreux.  Quand  le  lien  de  la  théocra- 
tie se  relâche  par  la  dissolution  de  la 
nation ,  ce  point  de  vue  s'affaiblit  et  se 
perd  peu  à  peu;  la  narration  devient 
plus  historique,  comme  nous  le  voyons 
dans  Esdras  et  dans  Néhémie.  Toutefois 
ceux  d'entre  les  livres  que  nous  appelons 
apocryphes  (vojr,)  dont  le  contenu  est 
historique  ne  persévèrent  pas  dans  cette 
voie  :  il  y  a  un  pas  rétrograde  ;  le  point 
de  vue  religieux  et  le  point  de  vue  histo- 
rique se  confondent  de  nouveau.  «  Si 
Dieu,  dit  Bcrtholdt*,  ne  parle  et  ne  com- 
mande plus  lui-même  dans  ces  livres 
comme  dans  les  anciens  ouvrages  hbto- 
riques,  écrits  avant  l'exil  ou  composés 
sur  d'anciens  documents  écrits  ou  sur 
des  traditions,  les  événements  sont  au 
moins  généralement  présentés  comme  ar- 
rivant sous  rintluence  et  la  direction  de 


(*)  Introdattion  liûtorico-rrilique  h  rAncicn 
rC  au  >uuveatt-TestaiDeut,  t.  111,  p.  75a. 


Dieu.  »Le  livre  des  Juges  (11,1^-1 
que  le  point  de  vue  théocratiqued 
ques  réflexions  générales.  Si  d'an 
vrages  n'en  font  pas  une  meoti 
expresse,  il  est  certain  que  leur  I 
était  la  même  et  qu'ils  rendaia 
mage  au  même  principe.  Les  ïh 
toriques  du  canon  (vojr,)  de  V 
Testament  forment  un  tout ,  ob 
de  cycle  hbtorique  de  l'histoire  i 
non  pas  que  toutes  les  destinées  < 
lion  hébraïque,  à  travers  les  dîft 
riodes  de  »on  existence,  y  soieot 
tées  scrupuleuseswtnt  ;  non  que 
de  la  constitution,  de  U  r^\\f^ 
sciences,  en  général  de  toute  l'é 
intellectuelle,  religieuse  et  politîi 
peuple,  ses  rapports  avec  les  autn 
soient  consignées  en  déuil  :  tout 
traire,  elle  offre  des  lacunes  cousit 
en  plusieurs  endroits  les  annales 
complètes;  mais  cependant  chai 
prépare  à  la  lecture  du  suivant, 
son  tour  suppose  le  précédent;  ei 
pas  de  citations,  des  répétitions  1 
en  tiennent  lieu.  Le  livre  des  Cb 
(Paralipomènes)  seul  fait  exccf 
livre  ne  continue  pas  l'histoire 
pète  les  livres  de  Samuel  et  des  1 
si  l'on  aime  mieux ,  les  quatre  I 
Rois),  mais  dans  un  autre  but  et 
plan  différent.  Partout  c'est  la  m 
tion,  un  langage  presque  le  mAi 
bablement  parce  que  les  autetn 
de  la  même  école  historique,  s*i 
mis  d'employer  cette  expression 
en  parlant  de  l'antiquité. 

Voici  la  liste  des  livres  histoi 
l'Ancicn-Testament  déjà  caractéi 
cet  ouvrage  k  l'art.  Bible  :  le 
teuque  ou  les  cinq  livres  dits  di 
le  livre  lie  Josué^  le  livre  desJk 
continue  l'histoire  depuis  la  mo 
sué  jusqu'à  celle  de  Samson,  le 
Ruthy  les  livres  de  Samuel  \ïm 
Hébreux  depuis  le  grand-prétre 
qu'à  la  mort  de  David)  et  tUs  A 
toire  du  peuple  jusqu'à  l'exil) 
par  ceux  qui  les  réunissent  te 
livres  des  Rois;  pub  les  Chrom 
Paralipomènv%  répétition  de 
depuis  la  mort  de  Saûl  ju»qii*m 
Texil  ,  Esdras  et  Nrhcmie  (his 
destinées  de  la  nation  ioméd 


IIEB 


(361) 


HEft 


êikmû  retour  dans  sa  patrie),  et  le  livre 
iÊUkr^  eofin,  inférieur  à  tous  les  pré- 
Hais  et  oontenant  un  événement  du 
1^  de' la  domination  persane.  D'au- 
B  fifres  encore  de  l'Ancien-Testament 
ViamenC  des  morceaux  historiques, 
tout  parmi  ceux  des  propltètes ,  et  ce 
I  Boos  avons  dit  des  livres  historiques 
en  général  s'applique  à  ces  raor- 


7n  fidt  singulier,  c'est  que  tous  les 
is  historiques  de  l'Ancien-Testamenty 
L  i{iie  les  protestants  regardent  com- 
Mals  canoniques,  aussi  bien  que  ceux 
b  rangent  parmi  lesapocryphes,soient 
y  à  l'exception  d'Êsdras  et  de 
car  la  plus  simple  inspection 
de  Samuel^  des  Rois  et  des 
t9  fait  assez  voir  qu'ils  n'ont  pas  été 
^  par  ceux  dont  ils  portent  le  nom, 
lêoM  les  autres,  tels  que  le  Pentateu^ 
ci  le  livre  de  Josuéy  ne  paraissent 
«voir  Moïse  et  Josué  pour  auteurs  ; 
nm  placé  en  tête  du  livre  indique 
IMMDt  la  personne  principale  dont  il 
t  parlé.  La  crédibilité  historique  ou 
liîcoticité  des  faits  ne  dépend  donc 
ici  de  l'autorité  d'un  homme.  Gepen* 
i  les  documents  historiques  parais- 
,  avoir  été  mis  en  œuvre  sous  la  sur- 
JMoe  d'hommes  instruits.  Les  pro> 
IM  se  sont  particulièrement  occupés 
Monographie,  comme  on  le  voit  dans 
historiques  et  par  les  rapports 

qui  existent  entre  ces  livres  et 

mêmes.  Les  ouvrages  d'histoire 
Mot'- ils  par  hasard  pris  naissance 
I  les  écoles  des  prophètes?  Le  dé- 
àm  renseignements  ne  permet  ni  de 

ni  de  le  nier,  mais  il  est  proba- 
,  dans  ces  écoles,  on  entretenait 
ÉJefaisait  le  goût  pour  l'histoire  na- 
rie;  Il  est  probable  aussi  qu'à  l'ins- 
rane  académie  de  sciences  histori- 
ii  œa  écoles  approuvaient  et  adop- 
H  les  ouvrages  historiques  et  les  re- 
■ondaient,  ou  au  moins  que  tout  se 
il  dans  l'esprit  propre  à  ces  assem* 
I. Ce  n'est  qu'après  l'exil  que  les  pré- 
le  sont  aussi  occupés  d'histoire;  mais 
;  eux  il  y  avait  une  certaine  partialité 
rlesacerdoce,  et  l'amour  du  mcrveil- 
se  montre  trop  clairement  dans  leurs 

On  se  convaincra  de  la  vérité  de 


Eneyclop,  d.  G.  d.  M,  Tome  X m. 


cette  assertion  en  comparant  le  livre  deà 
Chroniques  avec  les  livres  de  Samuel  et 
des  Rois.  Les  ouvrages  historiques  étant 
anonymes,  il  ne  peut  être  question,  com- 
me nous  l'avons  dit,  d'établir  leur  authen- 
ticité par  rapport  à  tel  ou  tel  autre  au- 
teur :  dès  lors,  tout  ce  qu'il  importe  le 
plus  de  connaître,  c'est  l'époque  de  leur 
rédaction,  leur  âge  plus  ou  moins  reculé. 
Les  plus  anciens,  c'est-à-dire  le  Penta^ 
teuque  et  les  suivants  jusqu'au  livre  dei^ 
Rois  y  paraissent  avoir  été  rédigés  dans  la 
période  qui  s'est  écoulée  depuis  David 
jusqu'à  l'exil,  et  les  faits  qui  s'y  trouvent 
relatés  ont  été  puisés  en  partie  dans  la 
tradition  et  en  partie  dans  des  monuments 
écrits;  toutefois  il  y  a  des  passages  qui 
peuvent  avoir  été  retouchés  plus  tard.  £s- 
dras  et  Néhémie  sont  d'une  époque  pos- 
térieure à  l'exil;  XesXvrreAàtA Chroniques 
et  d*£sther  sont  des  pi*oductions  encore 
plus  récentes;  quant  aux  apocryphes, 
nous  leur  avons  consacré  un  article  sé- 
paré. 

Mais  ce  sont  les  écrits  poétiques  qui 
forment  la  partie  la  plus  brillante  de  la 
littérature  hébraïque  :  aussi  ont-ils  tou- 
jours attiré  l'attention,  quoique  ce  soit  à 
l'époque  actuelle  surtout  qu'il  était  ré- 
servé de  les  apprécier  à  toute  leur  valeur. 
D'abord  ce  fut  le  docteur  Rob.  Lowth 
qui,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Prœlco- 
tiones  academicœ  de  sacra  poesi  He~ 
hrœorum  (Oxford,  1753,  in-4»*),  ren- 
dit sensible  ce  que  cette  poésie  a  de  re- 
marquable. Après  Tévéque  anglican,  le 
savant  Suédois  Ch.  Aurivillius ,  traita 
cette  même  question,  mais  un  peu  briè- 
vement, dans  une  excellente  dissertation 
académique  {^De  Poesi  hihlicd^  Upsal, 
1758).  Vint  ensuite  (1782)  l'ouvrage 
de  Herder  (vqf.  ),  Esprit  de  la  poésie 
hébraïque  y  et  celui-ci  a  fait  époque. 
Poète  lui-même,  l'auteur  a  pénétré  inti- 
mement dans  la  poésie  hébraïque;  il  a 
dissipé  les  préventions  qui  s'étaient  éle- 
vées contre  la  littérature  des  Juifs  et  a  su 
inspirer  un  véritable  enthousiasme  poul- 
ies productions  lyriques  de  cette  antique 
littérature.  Le  livre  de  William  Jones  : 

(*)  Il  en  existe  différentes  éditions  angluises 
et  allemandes  :  la  dernière,  depuis  celles  de  J^ 
D.  Michaelis,  a  été  donnée  par  Roseuinùller  , 
Leipx.,  iSi5»  ia-8**. 


HEB 


(562) 


UEB 


Poeseos  Asiaiicœ  commentariurum  ti- 
bri  f7  (Londres,  1774,  in-8*),  quoique 
consacré  à  It  poésie  asiatique  eo  générai, 
renferme  aussi  beaucoup  de  choses  qui 
s^appliquent  parfaitement  à  la  poésie  hé- 
braîque  et  peuvent  servir  à  en  donner 
une  idée  juste.  Un  Allemand,  Ch.-Benj. 
Schmidt,  a  fait  un  bon  extrait  de  ces  tra- 
vaux étendus.  G.-W.  Meyer  et  de  Wette 
ont  répandu -l>eaucoup  de  jour  sur  la 
même  matière.  Le  dernier  ouvrage  est 
celui  de  M.  Saalschûtz  (  Fon  der  Form 
der  hebrœiscUtn  Poésie  ,  nebst  einer 
Jbfumdlung  iiàer  die  Masik  der  Ue-' 
brœer^  Kjoenigsb.,  18:26,  in-8®);  cet  au- 
teur traite  principalement  de  la  forme  de 
la  poé&ie  hébraïque,  objet  dont  Tévéque 
Lowth  et  Herder  ne  se  sont  pas  assez  oc- 
cupés. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  le  mètre  em- 
ployé dans  la   poésie    hébraïque.    Se- 
lon Philon ,  Moïse  aurait  déjà  connu  le 
rbythme  poétique.  Selon  Flave  Josèphe, 
les  cantiques  de  Moïse  (Exode ^  XV,  et 
Deui,^  XXXII)  seraient  en  hesuunètres; 
certaines  hymnes  de  David  en  trîmètres 
et  en  pentamètres.  Eusèbe  de  Césarée  et 
saint  Jérôme  s*étendent  aussi  sur  cet  ob- 
jet ,  et  en  général  les  plus  anciens  écri- 
vains juifs  ou  chrétiens  ont  attribué  une 
métrique  à  la  poésie  des  Hébreux;  ils 
nomment  différentes  espèœs  de  mètres, 
et  parlent  de  la  quantité  et  de  ce  qui  la 
constitue.  Les  plus  savants  rabbins,  teU 
que  Abarbanel  (  voy,  ),  Tauteur  du  Sepher 
Cosri ,  Aben  Tybbon   et  Mendelssohn 
pensent  au  contraire  que  la  poésie  hé- 
braïque n^a  pas  de  mètre  et  que  c*est 
un  avantage  pour  elle  de  ne  pas  être  en- 
chaînée par  les  lois  de  la  prosodie.  Le  fait 
e»t  qu^on  n*en  signale  positivement  au- 
cun qu^il  soit  facile  de  reconnaître.  Mais 
pour  cela  elle  ne  manque  pas  de  rhytb- 
me,  c*est-à-dire   d'une  coupe  harmo- 
nieuse; une  certaine  régularité  dans  la 
cadence  ou  le  nombre  se  retrouve  dans 
les  plus  beaux  morceaux  poétiques  de  la 
bible.  La  forme  extérieure  n'était  pas  ce 
qui  occupait  le  plus  les  Hébreux  :  graves 
comiae  les  Sémites  en  général,  c'eit  la 
|>ensée  qui  les  intéressait.  De  là  ce  pa- 
rallélisme qu'on    ne  peut  méconnaître 
dans  la  |x>é»ie  hébraïque,  ce  retour  de  la 
même  pensée  sous  une  autre  forme  et 


dans  des  expressions  diffiêreolM 
rallélisme  hébreu,  c'est  une  sym 
membres  du  vers  ou  verset;  œ 
sons,  des  images  qui  revienoent 
autre  forme  pour  se  faire  penda 
eux,  et  qui  fortifient,  relèvent  1 
lui  donnent  tantôt  plus  d'êner| 
tôt  une  plus  touchante  exprtssi 

Les  livres  poétiques  qui  nou 
des  Hébreux,  et  sur  lesquels  oi 
donné  quelques  détails  à  Tartici 
se  bornent,  en  ne  comptant  ni 
prophétiques,  ni  les  apocryphe 
nant  des  passages  poétiques,  au 
mes^  au  livre  de  Job^  aux  Pn^ 
V Ecclésiaste  y  au  Cantique  da 
ques  et  aux  LameniaUans  de 
Le  livre  de  Job  elVEcciésiaste  (  i 
ment  seuls  un  ensemble  :  le»  au 
des  anthologies;  le  livre  des  i 
(voy,)  en  particulier  est  un  n 
poésies  lyriques  de  toutes  espèces 
verbes  sont  un  recueil  de  gnome 
tences  {iHjy.  Gicomiqucs);  U  ( 
des  Cantiques  se  compo&e  d*id] 
tiques,  et  les  Ldiinentations  ec 
ferment  cinq  élégies  qui  peigoci 
sort  des  Hébreux  du  temps  de 

La  poésie  lyrique  s'est  toujoun 
pée  avant  les  autres  espèces  de  po 
pendant  de  l'époque  antérieur! 
il  ne  reste  que  peu  de  morceaux 
pour  ainsi  dire  de  la  bouche  d 
et  incorporés  aux  livres  historiqi 
tiquité  juive  nous  présente  dâi 
inspirées  qui  chantent  le  bonh 
nation  :  c'est  Mirjam  ou  Maria 
XV),c'esl  Déborahv/i/^r#,\  ),c' 
de  Jephté  (tbid,^  XI,  34; ,  etc. 
morceaux  très  remarquables  ne 
core  rien  en  comparaison  de  U  r 
la  période  suivante.  Si  Ton  &*eQ  r 
aux  suscripiions  des  psaumes,  1 
d'entre  eux  seraient  de  Davi 
moins  de  son  temps.  Quoiqu*oo 
guère  admettre  l'exactitude  d^ 
scriptions  ^vo^.  Psalmcs},  il  n\ 
pas  moins  ce  lait  que  David 
poêle  très  fécond  et  que  de  soo 
poésie  était  florissaute.  Si  immi 
quelque  chose  de  positif  sur  Va 
poésie  avant  son  temps  ou  ai 
son  règne ,  si  les  siècles  uous  • 
c'uiicrvc  au  moiiu  des  di'lM-is, , 


HBB 


^463) 


HEB 


loête  et  poète  si  fécond,  ne  serait 
r  nous  im  sujet  d'étoni^emeDt.  Il 
aérait  d'ailleurs  par  la  grande  in- 
de  i*école  des  prophètes,  laquelle 
«  n*a  été  appréciée  que  de  nos 
ftalheureusement  nous  savons  peu 
ie  sur  cette  école,  et  peut-être 
I  •  t  -  on  trouvé  dans  les  passages 
X,  5,  et  XIX,  19,  20,  plus  qu'ils 
Qt  réellement.  Il  en  résulte  que 
es  de  Técole  des  prophètes  s'oc- 
it  de  musique;  à  cet  art,  ib  joi- 

sans  doute  le  chant  et  la  danse, 
e  cette  circonstance  ne  soit  pas 
ent  mentionnée  dans  les  passages 
■aïs  U  est  évident  que  ces  écoles 

pour  but  de  former  des  prophè* 
tôt  que  des  poètes.  Ce  que  nous 
lies  rapports  de  David  avec  Sa- 
Tant  qu'il  fût  sacré  et  après,  n'au* 
•s  à  croire  que  David  ait  reçu  son 
on  dans  l'école  des  prophètes  on 
qu'il  s'y  soit  perfectionné.  Il  est 
iê  que  ce  prince,  frappé,  pen- 
l'il  ^tait  berger,  do  spectacle  mag- 

de  la  nature,  sentit  alors  se  ré* 
en  lui  le  génie  poétique  dont  il 
oé  en  naissant.  Sescontemporairs 

déjà  fait  des  progrès  dans  la  poé- 
que  ;  l'époque  des  Juges  avait  été 
de  à  la  poésie  en  général,  et  le  sa- 
chhorn  observe  avec  raison  que  de 
poques  sont  poétiques  sous  tous  les 
.  Insensiblement  la  poésie  éten* 

domaine,  et  si  d'abord  elle  s'é- 
iparée  des  événements  guerriers , 
lit  bientôt  de  ces  limites  étroites 
bra  également  des  impressions 
y  des  sensations  internes ,  comme 
urnes  en  offrent  des  exemples  si 
siUL  et  si  beaux.  L'ingénieux  apo- 
le  Jotbam ,  l'énigme  de  Samson, 
out  le  chant  de  Déborah  (vo/.), 
sot  non-seulement  de  grandes  dis- 
is  poétiques ,  mais  permettent  de 
que  la  poésie  avait  déjà  fait  de 

progrès  chez  le  peuple  hébreu 
t  règne  de  David.  Ce  grand  psaU 
'est  donc  pas  en  quelque  sorte  un 
e  inattendu,  il  est  comme  la  ûeur 
te  d'un  arbre  depuis  longtemps 
nx.  Par  son  exemple  il  stimula  ses 
iporains  et  inspira  les  générations 
es.  D'après  le  livre  des  Chnwi- 


queSy  il  se  servit  de  la  poésie  et  de  la  mti«* 
sique  pour  vivifier  et  orner  le  culte;  il 
fut  le  fondateur  d'un  chœur  réglé  de 
chanteurs  d'où  sortit  dans  U  suite  plus 
d'un  virtuose. 

Après  David  et  jusqu'à  l'exil ,  ce  fut 
la  poésie  prophétique  qui  se  fit  particu* 
lièrement  remarquer  {voy.  Prophètes)  ; 
mais  la  poésie  lyrique  fut  aussi  très  flo- 
rissante. Si  le  fils  et  successeur  du  roi- 
psalmiste,  Salomon,  se  distingua  surtout 
dans  le  genre  didactique ,  on  voit  cepen- 
dant par  un  passage  de  la  Bible  (1  Rois^ 
y,  12)  qu'il  ne  brilla  pas  moins  dans  la 
poésie  lyrique.  Cependant  nous  n'avons 
pas  de  lui  des  psaumes;  il  y  en  a  bien 
deux  qui  portent  son  nom,  mais  ib  ap- 
partiennent évidemment  à  une  autre  épo- 
que.Les  suscriptions  des  psaumes  ne  rap- 
portent aucune  de  ces  productions  lyri- 
ques au  temps  postérieur  et  jusqu'à  l'exil; 
mais  plusieurs  psaumes  anonymes  et  mê- 
me plusieurs  de  ceux  qui  portent  des 
noms  d'auteurs  paraissent  néanmoins  ap- 
partenir à  cette  époque,  et  il  ne  faut  pas 
oublier  d'ailleurs  la  prière  d'Ézéchias 
{haie,  XXXVm,  10),  celle  d'Habacuc 
(Hab.y  III),  et  divers  morceaux  lyriques 
dans  les  prophètes,  qui  prouveraient  au 
besoin  que  la  poésie  lyrique  n'a  pas  été 
négligée  dans  cet  intervalle.  Même  dans 
l'exil,  loin  du  sol  de  la  patrie,  l'inspira- 
tion lyrique  s'est  conservée;  le  talent  des 
Hébreux  pour  le  chant  a  même  été  re- 
marqué par  les  Babyloniens  (Psaumes 
CXXXVII,d).  Avec  les  Hébreux  réinté- 
grés dans  leur  patrie  la  poésie  rentra  dans 
U  Terre-Sainte  et  servit  à  consoler  les  pau- 
vres colons.  Plusieurs  des  plus  beaux  psau- 
mes sont  de  cette  époque.  On  en  a  même 
voulu  attribuer  plusieurs  à  la  période  des 
Macchabées  (vo/.);  mais  cela  est  inad- 
missible. La  poésie  lyrique  tomba  de  sa 
hauteur  comme  la  prophétie ,  et  se  plaça 
presque  au  niveau  de  la  prose,  ainsi  que 
nous  le  voyons  dans  les  passages  lyriques 
intercalés  dans  le  livre  de  Daniel  (par 
exemple,  IX,  4). 

Quoique  géo^lement  ce  soit  la  reli- 
gion qui  domine  dans  la  poésie  hébraï- 
que, celle-ci  néanmoins  n'excluait  pas 
les  poésies  erotiques,  témoin  le  Cantique 
des  Cantiques  [Koheleth) ,  et,  comme 
de  nos  jours,  les  repns  s'animaient  par 


(ici) 


«àboir«(A.,T,19;XXIV, 

10  ;  AmoÉ,  V,  5-6)  ;  mais  quand  le  sen- 
lîment  éner^qne  et  pirai  de  la  nation 
mit  fait  place  à  ud  esprit  sombre  et  pro~ 
Hiqne,  quand  le*  Hébreux  se  furent  ha- 
bitui»  ■  se  coDcentrer  et  se  renfermer 
dans  un  certain  cercle  d'idée*,  alors  dis- 
parurent auni  le*  compo*ition»  fraîche* 
et  animée*  que  l'amour  avait  inspirée*, 
et  avec  les  chants  anacréontiques  la  poé- 
sie elle-même  expira  dan*  Israël. 

Comme  nous  l'avons  dit,  la  princi- 
pale* ricbeaei  lillérairea  des  Juifs  sont 
renfermée*  dans  l'Ancien  -Testament. 
Toutefbit  ce  recueil  sacré  ne  nous  tes  a 
pas  toute*  transmise*  ;  car  plusieurs  écrit*, 
riiia  dan*  l'Ancien  -Teatament  mênie, 
nous  manquent ,  et  plus  d'un  ouvrage 
peut  en  outre  avoir  péri  dan*  le*  mal- 
heurs des  temps.  La  grande  ferveur  qui, 
dans  celui  des  Macchabées,  s'est  manifes- 
tée pour  tout  ce  qui  est  ancien,  permet 
de  croire  néanmoins  qu'on  n'aura  rien 
néflifé  de  ce  qui  alon  existait  encore.  Ce 
qui  s'est  perdu  sa  rapporte  en  partie  aux 
Uvrca  historiques  et  en  partie  aux  livres 
poéliques.On  cite  d'abord  dan*  l'Ancien- 
Te*tament  trois  ouvrages  poétique*  :  1*  le 
Uare  des  gurrrts  de  Jehovah ,  c'est-à- 
dire  celles  qui  ont  eu  lieu  dans  le  désert 
d'Arabie  (N-imb.,  XXI,  141;  3°  le  LtPie 
dft  lierai,  contenant  de*  chants  héroï- 
ques a  l'instar  de  VHamasa  {voy.)  des 
Arabes;  enfin  3°  VÊtêgie  de  Jrrémie  sur 
la  mort  du  roi  Josias,  dont  il  est  question 
3  f7j/Ttn.,XXXV,  35.  Les  ouvrages  hts- 
loriques  qui,  cita  dans  l'Ancien -Testa- 
ment, ne  nous  sont  pas  parvenus,sont  ru 
nombre  de  ouïe;  ce  sont  en  général  de* 
annales,  dont  pluaieuf»  compoiée*  par  de* 
prophètes  *. 

La  littérature  hébraïque,  *i  élevée,  A 
remarquable,  a  dû,  dan*  *i>n  ensemble  et 
dan*  ses  parties,  être  étudiée  avec  soin. 
Tou*  le*  jour*  on  voit  paraître  de  nou- 
Tdles  traductions  de»  difl^reats  livre*  bi- 
blique* onde  nouveauicommentaircs  sur 
leur  texte.  Noui  avons  parlé  des  princi- 
paux travaux  de  ce  genre  aux  aots  Biit.K, 
Ex^CKSE,  et  dans  les  notices  sur  an  grand 


nombre  d'énjdil*;i>o 
corc  aai  mots  luTiikraiH'ATio!!  et  Tmim 
I.OCIB.  Tout  le  monde  sait  ceqve  la  MMMi 
biblique  doit  aux  dnm  Calnel,  wax  U- 
chard  Simon ,  aux  Bochart,  ans  Grali^ 
IX  Michaëlis,  aux  Eichborn,  ans  Ro*^ 
lùller,  aux  De  Wette  (wor-  ceanow]^ 
etc.,  et  nous  renvoi^otu  aux  oavnge*  dâ 
trois  dernier*  ceo<  qui  ae  sauraient  f**l 
quel  haut  degré  est  arrivée  en  Alleaùpt 
la  critique  biblique.  Tune  dci  b«a»cta 
le*  plus  remarquable*  de  l'éraditiM  gi^ 

HKBRECX,  nom  de  ca  peupb  i^ 

mlttque  auquel  l'axcelleDoe  <fa  te*  livHi 
saints  et  la  protection  touM  spéciali  A 
Dieu,  dont  il  se  proclamait  le  peupb^ 
■  donné  une  si  grande  célébrité;  pe^ 
dont  les  premiers  ancêtres,  originaôw A 
la  Mésopotsmie,  s'établirent  CDsnitc  dia 
le  paj's  de  Canaan  ou  de  la  Palealiaa  tf 
qui,  lui-même,  s'y  fixa  solidement  aprii 
quelque*  migration*.  Les  uns  1 1  ^«silsil 
le  nom  d'Hébreux  comme  patronjai^l^ 
se  fondant  sur  ce  qoe  parmi  les  aacéM 
d'Abraham  se  trouve  un  homme  ap^ 
itber  ou  Héber.  D'autres,  avec  ptà*  A 
raison  peut-être,  lui  donnent  poor  éQi 
Bologie  le  mol  ISy,  au-delà,  ca  CaiMl 

observer  que  le*  Hébreux  étaient  veaB 
d'au-delà  de  l'Euphrate.  Ce  qu'il  v  a  é 
certain,  c'est  que  le*  dtacendanta  flp 
braham  sont  appelé*  Uéhreax  par  h 
peuples  principalement  qui  habitasN 
eu'deçà  de  l'Euphrate,  tcb  qoe  la  FU 
nicicns  et  les  Égyptiens,  et  qu'ils  aa  ■ 
donnent  ce  nom  à  eux-mêmes  qne  |i 
opposition  aux  nations  étranger**.  Bm 
de  là,  ils  s'appellent  les  enfitmi  d'brmH 
les  liraélitet.  Le  ttom  de  Juils,  CTVtl 

XiAolIox,  qui  désigna  d'abord  le*  »ad 
enlant*  de  Juda,  et  plu*  tard,  aptâa  I 
révolte  de  Jéroboam,  les  habitaM*  dl 
royanme  dont  Jérusalem  resta  la  <af( 
taie,  ne  fut  appliqué  à  la  nation  cMiii 
qu'après  l'exil.et  il  est  facile  desenn^ 
raison  de  cette  généniiat  ion,  si  l'on  lanf 
que  la  grande  majorité  de*  lH«élitts,  a^ 


ir  M.  S.  tdlMB.  (;>|Hn'nMri 


HEB 


(565) 


HEB 


faeb  Cyms  accorda  la  permission  de  re- 
iMmerdans  leur  patrie^  était  de  la  triba 
irJnda. 

Le  ooap  d*oeîl  que  nous  allons  jeter 
■r  rhîstoire  des  Hébreux  s'arrêtera  au 
■ips  de  Tel  il  ou  de  Tanéantissement 
e  leur  nationalité  ;  c'est  ensuite  au  mot 
*os  qu'on  aonnera  la  suite  de  Fhistoire 

I  peuple  dlsraêl. 

n  n'est  guère  d'histoire  plus  inte- 
state pour  nous  que  la  sienne.  Ce 
est  pas  c{ue  les  Hébreux  se  soient  il- 
Btrés  par  des  conquêtes  comme  les  Ro- 
■ins,  qa'ib  aient  excellé  dans  les  scien- 
m  et  ciains  les  arts  comme  les  Grecs,  qu'ils 
mt  étendu  leur  commerce  jusqu'aux 
naicres  limites  du  monde  connu  comme 
a  Gartliaginoisy  on  enfin  qu'ils  aient  at-> 
leur  nom  à  quelque  grande  et  utile 
comme  celle  de  l'écritiu^, 
iple.  Resserrés  dans  un  petit 
âm  de  T  Asie  (vojT'  Palestike)  ,  méprisés 
a  tons  leurs  iroisina,  presque  constam- 
■■t  courbés  sons  le  joug  de  la  servitude, 

II  anraîent  passé  inaperçus  sur  la  terre 
IMce  précieux  principe  du  monothéisme 
pfik  avaient  en  dépôt  et  qui  faisait  la 
iK  àt  leur  religion.  C*est  ce  principe,  et 
t  principe  seul,  qui  les  arendus  un  peu- 
le  célèlwe,  à  cause  de  l'influence  qu'il  a 
ieroée  sur  les  doctrines  du  christianisme 
1 4a  mabométisme,  et,  par  suite,  sur  la 
irifisation  moderne  tout  entière. 

S  Doos  sommes  les  élèves  des  Grecs  et 
In  Romains  pour  tout  ce  qui  tient  à  la 
inératnre,  aux  sciences  et  aux  arts,  c'est 
■x  Hébreux  que  nous  devons  notre  re- 
l^on  et  nos  institutions  ecclésiastiques, 
haïquoi  donc  jusqu'ici  leur  histoire  a-t- 
le  été  négligée?  On  aurait  lieu  de  s'en 
Ihaner  si  l'on  ne  savait  de  quelles  dif- 
hainés  toutes  particulières  elle  est  héris- 
ie.  Une  des  plus  grandes  et  des  plus  ir- 
anédiables,  c'est  la  pénurie  de  sources 
Mbeatiques;  car,  à  l'exception  des  li- 
Nnde  rÂnden-Testament,  nous  ne  pos- 
iiins  absolument  rien  sur  cette  histoire. 
Riwe  Josèphe  est  plutôt  un  apologiste 
fhm  hislorien  ;  il  présente  le  plus  sou- 
dai les  laits  sous  un  jour  entièrement 
bs.  D  n'a  d*ailleurs  pu  puiser  que  dans 
liarim  -Testament  ou  dans  une  tradi- 
im  fort  incertaine  et  qu'il  était  impos- 
Ue  d'édaircir  sans  une  critique  sévère 


qui  n'était  point  dans  les  habitudes  de  cet 
historien.  L'Ancien-Testament  offre  des 
obstacles  de  plus  d'un  genre  à  quiconque 
veut  essayer  d'en  extraire  une  narration 
d'événements  positifs,  indubitables.  Ce 
précieux  et  vénérable  recueil  est  une  col- 
lection de  traditions,  de  chants  popu* 
laires,  de  lois,  d'inscriptions,  souvent 
pleine  de  lacunes,  toujours  insuffisante. 
U  n'est  pas  rare  d'y  trouver  un  même  fait 
raconté  de  deux  manières  toutes  différen- 
tes. D'autres  fois,  les  documents  man- 
quent entièrement ,  et  cela  précisément 
aux  époques  les  plus  importantes  pour 
l'histoire  de  la  civilisation.  Les  événe- 
ments ne  sont  presque  jamais  rapportés 
par  des  témoins  oculaires  ou  même  con« 
temporains,  s'il  est  vrai ,  comme  l'affir- 
ment les  plus  savants  théologiens  protes» 
tants,  qu'aucun  des  livres  historiques  que 
nous  possédons  encore  ne  remonte  au- 
delà  du  siècle  de  David  (voy,  littérature 
H^beaIque).  La  chronologie  n'est  pas 
moins  inexacte;  le  plus  souvent  les  dates 
sont  données  en  nombres  itinds.  Quel- 
quefois le  mot  génénuion  {voy,)  est  sy- 
nonyme de  siècle.  En  quelques  endroits, 
les  faits  sont  évidemment  intervertis.  En- 
fin l'Ancien -Testament  tout  entier  est 
fortement  empreint  des  traits  principaux 
du  caractère  national,  de  ce  sentiment  re- 
Ugieux  qui  tend  à  tout  rapporter  à  Jého- 
vah,  de  cet  orgueil  immodéré  qui  porte 
les  écrivains  à  glorifier  sans  cesse  leurs 
compatriotes   aux   dépens   des  nations 
étrangères  qu'ils  abhorraient,  et  enfin 
d*un  amour  excessif  du  merveilleux  qui 
leur  fait  adopter  sans  aucun  examen  les 
choses  les  plus  extraordinaires  racontées 
par  la  tradition  populaire.  Si  les  annales 
des  Hébreux  sont  si  incomplètes,  si  ob- 
scures et,  à  certains  égards,  si  suspectes,  y 
a-t-il  lieu  de  s'étonner  que  nous  n'ayons 
pas  encore  une  bonne  histoire  de  ce  peu- 
ple? 

L'histoire  des  Hébreux  se  divise  ordi- 
nairement en  trois  périodes,  d'après  la 
forme  du  gouvernement  : 

1^  Gouvernement  patriarcal,  depuis 
Abraham  jusqu'à  Moïse,  c'est-à-dire  jn»> 
qu'à  l'an  1 500  avant  Jésus-Christ; 

2^  Gouvernement  républicain,  depnb 

MoÎK  jusqu'à  Saûl,  de  Tan  1500  à  1100; 

3    Gouvernement  monarchique ,  de- 


HEh  (  566  ) 

puii  Safil  jusqu  à  Twil ,  de  Tan  1 100  à 

588. 

!»•  Période.  L'hîstoirc  du  peuple  bé- 

brea  commence  à  Abraham  (vor.)*>  ** 
père  des  tribus  Israélites,  qui  quitta  Ur- 
Gasdim  on  Ur  des  Chaldéens  (Mésopo- 
tamie), sa  patrie,  pour  aller  s'établir  à 
Haran,  d*oii  il  partit  encore,  après  la  mort 
de  son  père,  à  la  tête  d*une  horde  assez 
nombreuse.  Ix>t,  son  neveu,  Taccompa- 


HEB 


i;nait;  mais  à  peine  furent-ils  arrîfés 


dans  les  plaines  de  Canaan  quMIs  se  virent 
réduits,  par  le  grand  nombre  de  leurs  trou- 
peaux, à  se  séparer.  Isaac,  fils  d*  Abraham, 
continua  d*errer  dans  la  Palestine,  mais 
sans  rompre  toutefois  les  liens  qui  ratta- 
chaient à  la  patrie  de  ses  aïeux,  où  il  alla 
chercher  une  femme.  Jacob ,  son  second 
fils,  suivit  son  exemple  ;  mais  Ésaû,  moins 
soucieux  de  la  pureté  de  sa  race,  épousa 
une  Cananéenne.  La  Genèse  dit  expres- 
sément que  quelques-uns  des  enfants 
de  Jacob  choisirent  également  leurs  fem- 
mes dans  le  pays  qu*ib  habitaient,  et  rien 
ne  tend  a  faire  croire  que  les  autres  aient 
entrepris  un  voyage  enChaldée  pour  al- 
ler s'y  marier;  ce  qui  semble  prouver  que 
si  les  Hébreux  témoignèrent  par  la  suite 
tant  d'horreur  pour  toute  alliance  avec 
les  étrangers,  ils  avaient  puisé  ce  senti- 
ment parmi  les  Égyptiens  qui  égorgeaient 
sans  pitié  les  malheureux  que  la  tempête 
jetait  sur  leurs  bords. 

Si  l'on  veut  admettre  comme  exacte  la 
chronologie  de  la  Bible,  on  aura  un  es- 
pace de  J 1 5  ans  depuis  l'émigration  d'A- 
braham jusqu'à  rétablissement  de  Jacob 
(vo/.)et  de  sa  famille  en  Egypte;  et  pen- 
dant cette  longue  période,  le  seul  évé- 
nement important  sous  le  rapport  histo- 
rique, c'est  la  vente  de  Joseph  {vojr.)  par 
ses  frères  et  son  élévation  à  la  dignité  de 
premier  ministre  à  la  cour  des  Pharaons. 
Pendant  430  ans ,  les  enfants  dl^raél 
(surnom  de  Jacob  depuis  son  voyage  en 
Mév>potamic)  errèrent  en  nomades  dans 
la  Basse-ftpypte;  mai*  ces  quatre  siècles 
de  leur  histoire  sont  couvert*  d'une  ob- 
scurité complète.  Tout  ec  que  leurs  an- 
nales nous  apprennent,  c'est  l'accroisse- 
ment incroyable  de  la  population,  qui,  de 

V*)  Ce  qui  précêil*  appartieBt  ■  l'âge  mjthi- 
qur.  Tôt.  jq«M  AoAM.  Evi,  Caiv.  B«Mll.,  Nfii^, 


70  individus,  s'éleva  à  3,500,000 

ainsi  que  les  persécutions  auxquelles 

multiplication  prodigieuse  finit  p 

exposer.  Ce  silence  est  d'autant  pi 

grettable  que  le  séjour  des  Hébrr 

Egypte  a  dû  leur  être  avantage» 

plus  d'un  rapport.  A.  cette  époque,  î 

taient  pas  entièrement  étrangers  au: 

comme  le  prouvent  les  mythes  de  11 

de  Babel  et  de  l'Arche  de  fioé;  l 

trine  du  monothéisme,  qu'ils  profe 

et  qu'Abraham  avait  sans  doute  rei 

ses  pères  %  annoncerait  même  un 

haut  degré  de  culture  intellectuel^ 

pendant,  comme  ils  étaient  encor 

en  arrière  des  Égyptiens  pour  tout 

tient  à  la  civilisation ,  ils  ont  d&  é 

en  Egypte  le  cercle  de  leurs  idées,  a] 

dre  à  connaître  une  foule  d*arti 

veaux.  Surtout  ils  s'unirent  entre  c 

des  liens  plus  étroits  pour  résisti 

moins  de  désavantage  à  leurs  oppn 

Mais  si  leur  séjour  dans  ce  pa\s  le 

utile  sous  plusieurs  rapports,  il  lei 

d'un  autre  côté  en  excitant  chex 

penchant  à  Tidolàtrie,  en  leur  in 

le  go&t  du  luxe  et  de  la  bonne  d 

en  faisant  naître  dans  leurs  cœurs  < 

timents  serviles  et  cette  pusillania 

le  temps  n'a  janiab  entièrement  dé 

Dès  qu'ils  commencèrent  à  dev 

doutables  par  leur  nombre,  les  P 

iyoy,  Htxsos)  voulurent,  sui van 

litique  égyptienne ,  les  forcer  à 

dans  des  villes.  N'ayant  pu  y  pan 

eurent  recours  à  des  moyens  plus 

pour  détourner  le  danger  ;  et  le  pe 

breu  était  tombé  dans  un  tel  éta 

thie  qu'il  lais^it  égorger  ses  en£ 

songer  à  se  soustraire  à  cette  od» 

rannie.  Il  fallut  la  puissante  \oix  < 

(iK>7'.)  pour  le  réveiller  et  Teutrai 

de  cette  terre  de  servitude. 

2"*  Période,  Celte  période  a 
pelée  a  bon  droit  l'df^c  h*  nu 
Israélites;  c'est  toute  une  suite  i 


(*)  Prot-^rre,  a  cette  ép<iqar,  le  ao 
de«  patnarrlif*^  nVtail-él  eacorr  .  ■ 
qu'an  partii  ularUmr.  Oo  mïI  qoe  Vm\ 
liéWreii  éloMm,  Dieu,  m  uo  plarirl,  q 
a  eni|inrté  In  idoles  de  L^ban  •  rt  q 
d*Abraham  on  opfioae  M»nTf«l  lv«  a«| 
Mai*  le  pattiarcLa  rr|;arda  tan  Dam 
Trai  Diru,  conina  le  Dien  nnti^nr  tmàm 
doctrine  fut  ensuite  coaMctee  par  H* 


heb 


(567) 


HEB 


ms  Hiermneax.  Les  dix  plaies  d^- 
|te  oootrmignent  le  Pharaon  à  consen- 
iB  déput  des  Hcbreux  ;  les  eaux  de  la 
r  Roa^  se  séparent  pour  leur  livrer 
et  engloutissent  Tannée  égyp- 
qni  les  poarsoiTait;  la  manne  tombe 
pour  les  nourrir  dans  le  désert  ; 
de  Moïse  fait  jaillir  du  roc  une 
qai  les  désaltère  ;  le  serpent  d^ai- 
a  frappe  de  mort  les  rebelles;  Tàne  de 
bAm  (voy.)  parle  ;  le  Jourdain  suspend 

I  ooars  devant  Tarcbe  sainte  ;  les  murs 
Jéricbo  s^écroulent  au  son  des  trom* 

Des  sacrées;  le  soleil  s'arrête  à  Tordre 
Josoé  (voy-)  ;  1^  théophanies  (vojr,^ 
Multiplient;  JéhoTah  combat  pour  son 
■pie  et  loi  suscite  des  libérateurs.  Mais, 
que  Ton  avance,  le  mythe  fait 
à  Fhistoire.  La  conquête  de  la  Pa- 
,  commencée  par  Moïse  et  Josué , 
au  milieu  d'alternatives  de  suc- 
b  et  de  revers.  Les  Hébreux  renoncent 
■I  à  peo  à  la  vie  nomade,  adoptent  des 
■Mures  fixes  et  consentent  à  cultiver  la 
ne.  Le  pays  conquis  est  partagé  entre 
vdome  tribus  (voy,  plus  loin)  ;  la  consti- 
poUtique  se  modifie,  et  au  gouver- 
it  patriarcal  succède  un  gouverne- 
aristocratique. 
QoaBd  nous  parlons  du  gouvernement 
itfriarcal ,  nous  prenons  ce  mot  dans 
iKoepUon  la  plus  large.  Qui  pourrait 
iMteôdre,  en  effet,  à  trouver  une  consti- 
tfioo  politique  régulière  dans  une  horde 
0aade  ?  Les  patriarches  gouvernaient 
•■■le  les  che&  de  famille  ou  de  tribu 
{Hvement  encore  chez  les  Bédouins  et 
m  autres  Arabes.  Leur  pouvoir  était  ab- 
■Ib  :  nous  les  voyons  faire  la  guerre  à 
bvs  vobîns  ou  conclure  avec  eux  des 
iKances  ;  nous  les  voyons  fixer  les  jours 
k  ftte  et  ofDrir  des  sacrifices  ;  nous  les 
«Bjons  exercer  sur  leurs  enfants  le  droit 
le  vie  et  de  mort.  Ils  étaient  donc  à  la 
kii  chefs  militaires,  pontifes  et  juges. 

Cet  état  de  choses  dut  subsbter  tant 
fÊt  la  famille  israélite  ne  compta  qu'un 
pBlit  nombre  d'individus.  Mais  quand 
Aese  fat  considérablement  accrue,  il  dut 
léccMsirement  se  modifier.  En  Tabsence 
il  tout  document  positif,  il  est  donc  per- 
■ii  d*admettre  que  l'organisation  par  tri- 
Insdate  du  séjour  des  Hébreux  en  Egypte; 

II  effectivement  la  légblation  mosaïque 


ne  rétablît  pas,  elle   la  présuppose  et 
fonde  la  théocratie  sur  elle. 

La  base  de  l'organisation  par  tribus 
était  la  famille.  Chaque  famille  était  gou* 
vemée  par  un  patriarche  ou  un  ancien , 
et  plusieurs  familles  réunies  constituaient 
la  tribu  sous  les  ordres  d'un  prince.  H  y 
avait  treize  tribus  qui  portaient  les  noms 
des  onze  fils  de  Jacob  :  Juda,  Ruben,  Si* 
méon,  Lévi ,  Dan,  Nephthali ,  Aser,  Is- 
sachar,  Zabulon,  Benjamin ,  Gad ,  et  des 
deux  fib  de  Joseph,  Éphraîm  etManassé, 
que  leur  grand-père  avait  adoptés.  La  tri- 
bu de  Juda  était  à  la  tête  de  toutes  les  au- 
tres; celle  de  Lévi ,  chargée  spécialement 
de  veiller  sur  le  tabernacle  et  de  faire  les 
sacrifices  prescrits  par  la  loi,  ne  fut  point 
admise  au  partage  du  pays  conquis;  mab 
on  lui  assigna  48  villes,  dont  six  étaient 
des  lieux  de  refuge.  C^était  dans  cette 
tribu  que  devaient  être  chobis  les  grands- 
prêtres  successeurs  d'Aaron  f  i;o/.ce  nom). 

Chaque  tribu,  partie  intégrante  de  l'é- 
tat, était  néanmoins  indépendante  chez 
elle,  eu  sorte  que  les  Hébreux  formaient 
alors  une  république  fédérative  dont  le 
chef  était  Jéhovah  lui-même.  Ce  souve- 
rain invisible  faisait  connaître  sa  volonté 
par  les  lieutenanU  qu'il  se  choisissait.  Le 
premier  fut  Moïse ,  par  l'organe  duquel 
il  donna  aux  Israélites  l'admirable  légis- 
lation du  mont  Sinaï.  Fojr.  ce  nom,  DM- 
CALOGuz  et  Moïse. 

Que  cette  légblation  ait  été  Tœuvre 
du  seul  Moïse  ou  qu'elle  ait  été  complé- 
tée par  la  suite,  elle  a  pour  but  principal 
d'assurer  le  règne  exclusif  du  mono* 
théisme.  De  là  la  défense  faite  aux  Hé- 
breux de  s'allier  aux  peuples  étrangers, 
de  là  la  proscription  des  habitants  de  la 
terre  de  Canaan ,  de  là  encore  toutes  ces 
dispositions  qui  nous  semblent  aujour- 
d'hui attentatoires  à  la  liberté,  à  la  di- 
gnité de  l'homme,  mais  qui  étaient  si 
nécessaires  que  sans  elles  les  Hébreux  se 
seraient  bientôt  perdus  dans  les  autres 
nations.  Le  veau  d'or  élevé  dans  le  dé- 
sert avait  été  un  utile  enseignement  pour 
Moïse;  malgré  toutes  ses  précautions 
néanmoins,  le  lien  religieux,  qui  seul  te- 
nait les  tribus  unies,  se  relâcha  aussitôt 
après  la  mort  de  Josué ,  et  le  culte  des 
faux  dieux  se  releva  triomphant  dans  la 
Palestine.  Jéhovah  irrité  châtia  son  peu* 


HEB 


(568) 


HEB 


pie  rebelle  (  pour  empranter  les  eipres- 
sioDsde  rAncieD>TesUment),etCbusainy 
roi  lie  Mésopolamlc,  le  tint  pencUuit  huit 
ans  sous  le  joug. 

Les  enfants  d*Israêl  crièrent  à  TÉter- 
nel,  dit  la  Bible,  et  FÉtemel  leur  suscita 
un  libérateur  dans  la  personne  d^Otho- 
niel,  le  premier  des  Juges  (ifoy.  ce  mot). 
Après  lui ,  Ahod  {vojr,  Aod)  et  Som- 
gar  commandèrent  avec  gloire.  Déborab 
(vojr.)  et  Barac  défirent  l*armée  de  Jabin, 
roi  des  Cananéens.  Gédéon  {vqy,)  battit 
les  Madianites.  Abimélec  (voy.)  périt  en 
voulant  réprimer  une  révolte.  L* Ancien- 
Testament  est  muet  sur  Tobab  et  Jaîr , 
c|ui  furent  juges  ensuite.  Jepbté  vainquit 
les  Ammonites  et  la  tribu  d'Épbraîm.  Les 
annales  des  Hébreux  ne  nous  disent  rien 
ensuite  d^Abesan,  d'Abialon  et  d'Abdon, 
mais  elles  parlent  avec  d*assez  grands  dé- 
tails de  la  force  prodigieuse  de  Samson , 
des  malbeurs  du  grand- prêtre  Héli  et  des 
réformes  de  Samuel  (vay»  ces  noms), 
rbommequi,  après  MoÊse,  a  exercé  le  plus 
d^influence  sur  le  peuple  bébreu. 

Tels  furent  les  Juges  d'Israël.  Il  serait 
difficile  de  dire  si  tous  ont  gouverné  la 
nation  entière ,  ou  si  l'autorité  de  quel- 
ques-uns d'entre  eux  a  été  reconnue  seu* 
lement  par  une  partie  des  tribus.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain,  c'est  que  plusieurs  vivaient 
dans  le  même  temps. 

Mais  de  qui  tenaient-ils  leur  autorité? 
Ils  étaient  suscités  par  Dieu ,  nous  dit  la 
Bible ,  ce  qui  signifie  sans  doute  que  la 
conscience  de  leur  force  faisait  leur  droit. 
Ce  n'était  pas  le  choix  libre  du  peuple 
qui  créait  les  Juges;  la  vigueur  corporelle, 
le  courage,  la  violence  étaient  les  seuls 
titres  au  pouvoir  et  les  seuls  ressorts  du 
gouvernement.  Et  comment  en  aurait- il 
été  autrement  dans  un  état  de  trouble 
et  d'anarcbie  tel  que  celui  qui  régnait 
alors?  Les  Hébreux  n'avaient  point  encore 
adopté  généralement  des  demeures  fixes; 
uue  partie  menait  toujours  une  vie  no- 
made ,  surtout  dans  les  belles  plaines  de 
la  Pérée  (voy.  Palkstik e)  ,  dont  les  fo- 
ré is  et  les  cavernes  offraient  aussi  un  asile 
assuré  aux  brigands.  Les  tribus,  jalouses 
les  unes  des  autres,  étaient  presque  con- 
stamment en  guerre ,  et  cet  état  d'hosti- 
lité les  rendait  incapables  d'opposer  une 
résistance  énergique  aux  attaques  des 


étrangers.  Aux  discordes 

gnaient  souvent  les  invasions  de 

voisins.  L'incertitude  la  plus  (àc 

gnait  sur  toute  espèce  de  droîl 

sur  le  droit  de  propriété.  Le  i 

même  était  abandonné  au  ha 

théocratie  (vojr.)  avait  dispam. 

stitution  civile  n'avait  pu  s'afiei 

plus  que  la  constitution  polît* 

mœurs  étaient  aussi  dépravées 

vages  et  barbares.  Sous  ce  rappt 

toire  de  Jephté  (vojr.)  est  fort 

tive.  Chef  d'une  bande  de  vole 

pillards,  il  devient  juge  d'Isn 

que  personne  ne  songe  à  lui  opj 

ancien  genre  de  vie  comme  i 

d'exclusion ,  et  il  immole  sa  pr 

pour  accomplir  un  vœu  imprut 

Cette  époque  d'agitation  et 

ble  n'était  guère  favorable  à  la  es 

sciences  et  des  arts  :  aussi  ne 

aucun  progrès,  à  l'exception  en 

sie ,  si  l'on  doit  en  juger  par  le  ' 

de  Déborab  et  par  quelques  aat 

ments  qui  sont  venus  jusqu'à  dc 

que  la  poésie  se  plaît  au  milic« 

ges  et  fleurit  au  souffle  ardent  des 

s"*  Période,  Le  dernier  d« 

Samuel ,  étant  parvenu  à  établir 

vemement  régulier,  le  peuple 

pas  à  en  sentir  tous  les  avantage 

lorsqu'il  vit  les  fils  de  ce  grmiM 

s'éloigner  de  la  justice,  selon  Vei 

biblique,  il  demanda  qu'on  lu 

un  roi,  comme  chez  d'autres  pa 

monarchie  était  contraire  à  la  loi 

se.  Samuel  représenta  vainement 

gcrs  de  cette  forme  de  gouven 

obligé  de  céder  au  vœu  populaii 

saya  au  moins  de  poser  certaÎM 

au  pouvoir  royal.  11  dressa  donc 

pèce  d'acte  constitutionnel«  d*ap 

de  Moïse.  Saûl  ()*''/.;»  de  la 

Benjamin  ,  homme  sans  influent 

que,  et  sur  lequel,  sans  doute  p 

même ,  tomba  le  choix  du  poo 

obligé  d'accepter  les  conditions 

imposa,  et  le  pacte  fut  déposé 

sanctuaire. 

Le  nouveau  roi  affermit  la  o 
sur  sa  tête  par  sa  victoire  sur  h 
lécites,  a  la  suite  de  laquelle  il  fi 
ncllement  reconnu  dans  ane  ai 
du  peuple ,  où  Samuel  déposa  u 


HEB 


(569) 


HEB 


s  la  désuoion  ne  tarda  pas  à 
tre  ces  deux  hommes,  et  dès 
l'aperçut  que  Saûl,  pluséner- 
ae  Pavait  prévu ,  cherchait  à 
de  sa  tutelle ,  il  sacra  David 
Isaî,  de  la  tribu  de  Juda,  qui 
t  un  nom  par  ses  exploits, 
règne  agité ,  Saûl  perdit  la 
combat  contre  les  Philistins, 
seul  de  ses  fib  qui  lui  survé- 
le  trône  à  David  :  celui-ci  ne 
d^abord  que  par  sa  propre  tri- 
lit  son  pouvoir  sur  les  autres 
le  7  ans,  lorsque  son  compé- 
é  assassiné  par  les  siens.  Jé- 
f.\  la  ville  des  Jébusites,  de- 
ale  de  tout  le  royaume.  Da- 
t  considérablement  ses  états 
[uétes  ;  il  en  porta  les  limites 
phrate  et  au  golfe  Arabique  ; 
te  et  la  fin  tragique  de  son  fils 
•o/.  )  remplirent  d^amertume 
jours. 

mort,  le  principe  monarchi- 
;jà  pris  un  tel  développement 
ilement  la  couronne ,  d*élec- 
était,  devint  héréditaire  sans 
mais  que  la  royauté  réunis- 
ous  les  pouvoirs  de  Tétat,  jus- 
lir  religieux.  Au  moins  voyons- 
,  ainsi  que  son  successeur , 
tcrifices  et  conduire  des  pro- 
après  la  loi ,  tout  ce  qui  oon- 
ilte  était  dans  les  attributions 
(vojr,)  ;  mais  ce  ne  fut  que 
lus  tard  que  ces  derniers  par- 
Tacher  à  la  royauté  les  attri- 
dt  elle  s^était  arbitrairement 

(v(yjr,)j  fils  de  David,  lui  suc- 
règne  fut  le  règne  brillant 
«  oriental.  Infidèle  à  la  loi  de 
e  craignit  pas  de  conclure  des 
rec  les  états  voisins,  surtout 
t,  profitant  des  ports  conquis 
îre  sur  la  mer  Rouge ,  il  en- 
dsseaux  dans  Tocéan  Indien 
re  part  au  riche  commerce  qui 
A  cette  époque,  où  les  Hé- 
snt  atteint  à  Tapogée  de  leur 
où  le  gouvernement  était  ré- 
liéi  partout ,  où  le  temple  de 
s'élevait  comme  le  centre  de 
ité  israélite,  il  était  moins  né* 


cessaire,  saos  doute,  que  dans  les  premiers 
temps  de  leur  établissement  en  Palestine, 
d'éviter  tout  contact  avec  les  nations 
étrangères:  on  pourrait  donc  faire  honneur 
à  Salomon  de  ses  vues  élevées  si  le  peu- 
ple avait  réellement  profité  de  ce  com- 
merce lucratif,  qui,  dans  le  fait,  ne  ser- 
vait qu'à  alimenter  le  luxe  de  la  cour.  La 
capitale ,  il  est  vrai ,  s'enrichit  du  séjour 
de  cette  cour  brillante;  mais  les  provin- 
ces, accablées  d'impôts,  allaient  en  s'ap- 
pauvrissant  de  jour  en  jour.  I/introduc- 
tion  du  culte  des  dieux  étrangers  prouve 
que,  si  ce  prince  renonça  au  culte  exclu- 
sif de  Jéhovah,  ce  fut  parce  qu'il  n'appré- 
ciait pas  toute  la  sagesse  des  lois  de  Moïse 
et  qu'il  ne  prévoyait  pas  quelles  suites 
funestes  aurait  leur  abandon.  Son  long 
règne  fut  d'ailleurs  paisible,  à  l'exception 
d'une  tentative  de  révolte  faite  par  un  de 
ses  généraux,  l'Éphraîmite  Jéroboam,  et 
de  la  défection  de  la  Syrie,  qui  se  consti- 
tua en  état  indépendant. 

Le  mécontentement  des  provinces, 
augmenté  encore  par  l'imprudence  de  son 
fils  et  successeur,  Roboam,  éclata  bientôt 
après  sa  mort.  Jéroboam ,  rappelé  d'É* 
gyptc,  où  il  s'était  enfui,  fut  reconnu  pour 
roi  par  dix  tribus  et  fonda  le  royaume 
d'Israël  (975  ans  av.  J.-C).  Les  tribus 
de  Juda  et  de  Benjamin  restèrent  seules 
fidèles  à  la  race  de  David  et  formèrent  le 
royaume  de  Juda. 

Dix  -  neuf  rob  se  succédèrent  sur  le 
trône  d'Israël  par  des  révolutions  violen- 
tes, avant  que  l'anarchie,  la  guerre  civile, 
la  tyrannie  des  usurpateurs,  le  fanatisme 
et  la  cruauté  des  factions  livrassent  le 
royaume  à  l'étranger.  Jéroboam  établit 
sa  résidence  à  Sichem.  Pour  consolider 
la  divbion  des  deux  royaumes  et  empê- 
cher ses  sujets  de  fréquenter  le  temple  de 
Jérusalem,  il  établit  des  sanctuaires  à 
Béthel  et  à  Dan ,  et  institua  des  prêtres 
qui  n'étaient  pas  de  la  tribu  de  Lévi. 
La  guerre  acharnée  que  lui  fit  le  roi  de 
Juda  l'obligea  à  rechercher  l'alliance  du 
roi  d'Egypte  Sésac.  Son  fils  Nadab  fut 
assassiné  après  un  an  de  règne  par  Baasa, 
qui  mit  le  royaume  de  Juda  dans  le  plus 
grand  péril,  et  dont  le  fib  Éla  périt  à  son 
tour  sous  les  coups  de  Sinuî.  L'armée  op- 
posa à  l'usurpateur  son  général  Amri,  qui 
bitit  Samarie  et  en  fit  la  capitale  de  s^ 


HËB  (& 

éUts  [voj.  Samahitaixs).  Arhab  (vo/.), 
son  fib,  lai  succéda.  Il  époiûa  Jésabel 
(voyAf  fille  du  roi  de  Sidon,  à  la  suite  de 
lac[ttelle  le  culte  des  divinités  phénicien- 
nes s^introduisit  dans  le  royaume  d^Israêl. 
Vainqueur  des  Syriens  dans  une  première 
bataille ,  il  succomba  dans  une  seconde 
(Pan  897),  et  eut  pour  successeurs  ses  fils 
Ochosias  et  Joram  qui  maintinrent  avec 
les  rois  de  Juda  Talliance  conclue  par 
leur  père.  Joram  soumit  les  Moabites; 
mats,  moins  heureux  contre  les  Syriens, 
il  se  vit  assiégé  dans  sa  capitale  et  réduit 
par  la  famine  aux  dernières  extrémités. 
Il  périt  (883}  sous  les  flèclies  de  Jéhu , 
son  général ,  qui  extermina  toute  sa  fa- 
mille ,  abolit  le  culte  de  Baal  et  mourut 
après  avoir  perdu  tout  le  pays  au  -  delà 
du  Jourdain.  Le  règne  de  Joachas,  son 
fils,  ne  fut  marqué  que  par  des  revers,  et 
le  roi  de  Syrie  était  sur  le  point  d*ache- 
ver  la  conquête  du  royaume,  lorsque  Joas 
le  défit  et  lui  enleva  toutes  les  villes  dont 
îl  s*était  emparé.  Ce  prince  belliqueux 
vainquit  également  Amasias,  roi  de  Juda, 
pilla  le  temple  de  Jérusalem  et  mourut, 
1*an  835 ,  après  un  règne  signalé  par  de 
brillants  succès.  Son  fils  Jéroboam  II 
poursuivit  le  cours  de  ses  victoires;  mais 
à  sa  mort  (784^  il  y  eut  un  interrègne  de 
douze  ans ,  plein  d*agitations  et  de  trou- 
bles, qui  cessa  par  Tavénement  au  trône 
de  son  tils  Zacharias,  le  dernier  roi  de  la 
dynastie  de  Jéhu.  Sellum  Tassassina  et  fut 
assa»iné  un  mois  après  par  Manahem, 
sous  le  règne  duquel  eut  lieu  la  première 
invasion  des  Assvriens,  dont  il  se  recon- 
nut  tributaire.  Son  fils  Phacéia  i  Fékaîah^ 
fut  tué  par  Phacée  (Fekah\  qui  périt  à 
son  tour  sous  les  coups  d*Osée  ;  mais  ce 
dernier  ne  parvint  à  sVmparer  du  trône 
(748*^  qu*après  une  anarchie  de  huit  ans. 
JPour  s^afTranchir  du  tribut  qu^il  devait 
payer  aux  Assyriens,  il  s^allia  avec  TÉ- 
g}'pte.  Salmanavr,  irrité,  marcha  contre 
lui,  sVmpara  de  Samarie,  et  mit  fin  au 
royaume  d^Israêl  en  en  transportant  le« 
habitants  dans  les  montagnes  de  la  Mé- 
dic    722  ans  av.  J.-C). 

I /histoire  du  rovaume  de  Juda  offre 
moins  de  révolutions  soudaines  et  vio- 
lentes. Vingt  rois  ,^tous  de  la  maison  de 
David ,  ormpèrent  successivement  le 
lr«>oe ,  H  lliérédilé  n*eat  à  souffrir  que 


;0)  HEB 

trois  atteintes,  Tune  pw  VwÊm 
d'Athalie,  les  deux  autres  pw  Vhm 
tion  de  princes  étrangers. 

Après  la  division  du  royatiMg 
boam  continua  de  résider  à  Jén 
Sous  son  règne  déjà,  le  culte  de  J 
fut  presque  abandonné  pour  ecJ 
divinités  étrangères.  La  guerre  < 
à  Jéroboam  ne  fut  pas  heureuse 
vit  forcé  dans  sa  capitale  par  Ta 
roi  dlsraél ,  Sésac ,  qui  pilla  les 
du  temple.  La  fortune  fut  plus  fr 
à  son  fils  Abiam  ou  plutôt  Abia,  qi 
quit  Jéroboam  dans  une  sanglû 
taille  et  mourut  après  un  règne  d 
ans  (Pan  965).  Pendant  la  minorti 
sa,  Tadoration  des  faux  dieux  se  n 
de  plus  en  plus  par  les  soins  de  H 
mère  d*Asa  et  r^nte  du  royauai 
dès  qu*il  eut  pris  en  main  les  ri 
gouvernement,  Asa  sVmprosa  é 
verser  les  idoles.  Attaqué  par  I 
d*Israél  et  de  Syrie ,  il  aurait  wm 
sans  doute  sous  leurs  efforts  réf 
n*avait  réussi  a  rompre  leur  alliaa 
saphat ,  son  fik ,  renon^  enfin  t 
espoir  de  remettre  les  dix  tribus  m 
autorité  :  il  comprit  qu^une  étroiti 
serait  plusutile  aux  deux  royauna 
guerre  qui  ne  servait  qu*à  les  afTi 
qui  devait  finir  par  les  livrer  à  VM 
Il  offrit  donc  la  paix  au  roi  d*fai 
lui  demanda  pour  son  fik  la  mai 
princesse  Athalie  (voy.).  Sous  le  r 
Joram ,  Tldumée  se  rendit  indépe 
Son  fils,  Ochosias,  fut  assassiné  pa 
-roi  d'Israël,  et  toute  la  famille 
massacrée  par  Athalie,  qui  s*en| 
la  couronne.  Joas,  le  seul  des  fi 
chosias  qui  eftt  échappé  à  la  mort, 
placé  sur  le  trône  (877^  par  le 
pi^re  Joîada,  et  périt  assassiné 
après  s*étre  reconnu  tributaire  di 
Syrie.  Amasias  (Yy>r.  AvAriàl  \en 
père.  Il  défit  les  l\domites;  mais  bi 
le  roi  dlsraêl,  il  fut  tué  dans  «ne 
par  ses  propres  sujets.  8  11  \  Osias< 
rias,  son  fils,  vainquit  les  Arabes  I 
monites  et  les  Pliîli^tins,  et  mouml 
de  la  lèpre.  Joathan  ou  Jotham 
avait  associé  au  trône ,  vit  reros 
sous  son  règne  les  guerres  avec  les 
Syrie  et  dlsraél ,  dont  les  sucrèa 
rent  Achas  (voy.),  son 


ItEtt  (  57 

secours  de  Tégfat-Phalasar  (ou 
ilésar),  roi  d'Assyrie.  Ce  prince 
fer  ses  senrîces  en  lui  iinpof>ant 

dont  Ezéchias  (Hiskias)  parvint 
Mr.  La  destruction  du  royaume 
yant  mis  celui  de  Juda  en  con- 
édiat  avec  les  terribles  conque- 
rrieos,  Jérusalem  les  vit  bientôt 
ous  ses  murs  ;  mais  le  désastre  de 
l«  Sennacbérib  la  sauva,  et  Ézé- 
init  en  paix.  Moins  heureux  que 
assès,  sous  le  long  règne  duquel 
I)  le  culte  de  Jéhovah  disparut 
ent  devant  tes  progrès  toujours 
s  de  ndoUtrie,  fut  fait  prison - 
Assarhaddon  et  emmené  captif 
ne.  Rendu  à  la  liberté  quelque 
irès ,  il  s'efforça  de  réparer  les 
*i[  avait  attirés  sursdn  peuple; 

nouvel  orage  ne  tarda  pas  à 
«r.  Holopbeme  entra  dans  le 
à  la  tète  d'une  puissante  armée , 
inçait  déjà  sur  Jérusalem ,  lors- 
litn  (^vojr.)  mit  un  terme  à 
'*»  sous  les  murs  de  Béthutîe. 
fib  de  Manassès,  fut  tué,  après 
t  règne.  Sous  Josias  (642)  on 
le  livre  de  la  loi,  perdu  et  ou- 
ais longtemps ,  et  Ton  voulut 
nite  sa  vigueur  à  la  législation 
i.  Une  réforme  complète  aurdt- 
léché  ou  seulement  retardé  la 
oo  du  royaume  de  Jada?  Placé 

puissantes  monarchies  de  l'As- 
de  l'Egypte  et  sur  le  passage  de 
nées,  il  ne  pouvait  éviter  son 
ievait  devenir  la  proie  de  l'une 
'autre  :  aussi  succomba-t-il  au 
choc.  Néchao  ou  Nécos,  roi  d'É- 
ant  entré  en  Asie,  Josias  s'avança 
eeraent  à  sa  rencontre;  mais  il 
imort  dans  la  plaine  de  Meggid- 
)•  Son  fils  Joachas  fut  détrôné  au 

trois  mois  par  le  vainqueur  de 
y  qui  donna  la  couronne  au  frère 
achim  ou  Éltakim,  et  lui  imposa 
it.  Après  la  défaite  du  roi  d'É- 
e  trilHit  fut  promis  à  celui  d'As- 
chonias  ou  Joachin  fut  transporté 
itérieur  de  l'Asie  avec  les  princi- 

la  nation,  et  Sédécias  mis  à  sa 
nais  le  nouveau  roi  ayant  recher- 
iance  de  l'Egypte,  Nabuchodo- 
Hfx»)  reparut  une  troisième  fois 


1) 


HEB 


devant  Jérusalem  (l'an  588),  prit  la  ville 
et  la  détruisit.  Sédécias  eut  les  yeux  crevés 
après  avoir  vu  massacrer  ses  enfants,  et 
fut  emmené  à  Babylone.  Au  lieu  d'un 
roi,  le  conquérant  établit  un  gouverneur, 
nommé  Gédalja ,  sur  ceux  des  Hébreux 
qu'il  n'avait  pas  jugé  à  propos  de  trans- 
porter dans  l'intérieur  de  l'Asie,  et  qui 
se  hâtèrent  de  s'enfuir  en  Egypte  lors- 
que ce  gouverneur  eut  été  tué  dans  une 
révolte.  C'est  l'époque  de  l'exil  à  laquelle 
cet  article  doit  s'arrêter.  F^oy,  Juirs. 

Les  annales  des  Hébreux  sont  plus 
complètes ,  plus  détaillées ,  pour  cette  pé- 
riode que  pour  les  deux  autres  ;  les  dates 
sont  aussi  données  avec  plus  de  précision 
et  d'exactitude ,  quoiqu'il  soit  encore  dif- 
ficile de  mettre  d'accord  tes  chronologies 
des  deux  royaumes^.  Ce  progrès  doit  être 
attribué  sans  aucun  doute  a  l'usage  qui 
s'introduisit,  vers  la  fin  de  la  période  pré- 
cédente ou  au  commencement  de  celle-ci, 
de  consigner  par  écrit  les  événements 
mémorables;  jusqu'alors,  ils  ne  s'étaient 
transmis  que  par  la  tradition.  Il  ne  paraît 
pas,  en  effet,  que  l'écriture  ait  été  connue 
des  patriarches.  Quand  ils  voulaient  con- 
server le  souvenir  d'un  événement,  ils 
plantaient  un  arbre  ou  plaçaient  une 
pierre  à  l'endroit  où  il  s'était  passé.  Si 
l'on  ne  peut  nier  que  du  temps  de  Moïse 
l'art  d'écrire  n'était  plus  ignoré  des  Hé- 
breux ,  on  est  forcé  de  reconnaître  d'un 
autre  côté  que  le  très  petit  nombre  seu- 
lement le  possédait ,  et  les  matières  lour^ 
des  et  volumineuses,  telles  que  les  tables 
de  pierre  ou  d'airain,  dont  ils  se  ser- 
vaient, n'étaient  pas  propres  à  rendre 
l'écriture  populaire.  Elle  ne  le  devint  pas 
même  dans  cette  période ,  malgré  la  dé- 
couverte ou  l'emprunt  fait  aux  étrangers 
de  substances  plus  flexibles  et  plus  com- 
modes; aunM)ins  ne  possédons- nous  au- 
cun ouvrage  qui  n'ait  été  composé  par  les 
prêtres  et  les  prophètes. 

Tout  en  présentant  moins  de  lacunes, 
moins  d'obscurité,  moins  de  mythes,  les 
annales  du  peuple  hébreu  ne  peuvent 
point  encore  être  considérées  comme  une 
histoire  toujours  certaine.  On  y  cherche- 
rait en  vain  une  juste  appréciation  des 

(*)  Oo  suit  ici  U  ch/boologie  dn  Manuel  de 
Heeren  ,  diffcreote  eu  tous  points  de  «eilc  de 
l'Art  de  vérifier  Us  dates  {i^  partie,  t.  If).     S. 


HEB 


(572) 


HEB 


évéocmeots,  des  causes  qui  les  ont  pro- 
duitSy  des  r^uUats  qu*ils  ont  eus.  Ce  sont 
donc  plutôt  de  simples  chroniques.  Telles 
qu*elles  sont ,  cependant ,  elles  peuvent, 
comme  on  Ta  fait  voir  dans  l'article  pré- 
cédent, soutenir  sans  désavantage  la  com- 
paraison avec  ce  que  les  peuples  contem- 
porains nous  ont  laissé  de  mieux. 

Moïse  avait  voulu  faire  des  Israélites 
un  peuple  d'agriculteurs.  Chaque  Hébreu 
devait  posséder  son  champ  et  ne  pouvait 
l'aliéner.  Cette  mesure  pleine  de  sagesse 
avait  eu  les  plus  heureux  résultats,  et  la 
Palestine ,  ce  pays  sablonneux  et  aride 
aujourd'hui,  était  d'une  fertilité  extrême. 
D'un  autre  côté,  en  défendant  toute  rela- 
tion avec  les  étrangers ,  le  législateur 
proscrivait  d'avance  la  navigation  et  le 
commerce.  Ce  fut  en  vain  que  Salomoo 
et  après  lui  Josaphat  équipèrent  des  flot- 
tes; tous  leurs  efforts  échouèrent  contre 
l'aversion  de  leurs  sujets  pour  les  voyages 
lointains.  Ce  manque  de  rapports  avec 
les  nations  voisines  opposait  de  grands 
obstacles  au  perfectionnement  des  arts  : 
aussi  n'en  firent- ils  aucun,  et  lorsqu'on 
construisit  le  temple  de  Jérusalem,  on  fut 
obligé  de  faire  venir  des  ouvriers  phéni- 
ciens. L'art  militaire  même,  si  nécessaire 
à  un  peuple  sans  cesse  en  guerre,  fut  en- 
tièrement négligé.  David  essaya  vaine- 
ment de  faire  de  ses  sujets  une  nation 
guerrière;  Amasias,  Osias  et  Joalhan  vou- 
lurent, mab  sans  succès,  perfectionner 
la  science  des  fortifications  et  la  tactique: 
le  caractère  national  s'opposa  à  toutes 
les  tentatives  de  ces  grands  princes.  Les 
Hébreux  n'étaient  pas  belliqueux  ;  ils  ne 
se  distinguèrent  jamais  par  leur  bravoure. 
Si  quelquefois  l'amour  de  la  patrie  alluma 
dans  leurs  âmes  une  étincelle  d'héroïsme, 
ce  ne  fut  qu'un  feu  brillant  qui  ne  tarda 
pas  à  s^éteindre.  A  leur  répugnance  pour 
le  métier  des  armes  et  à  leur  peu  d'ha- 
bileté dans  l'art  de  la  guerre  ,  il  faut 
d'ailleurs  ajouter  leur  caractère  turbulent, 
factieux,  qui  les  poussait  trop  souvent  aux 
crimes  les  plus  atroces,  et  alors  on  sera 
peu  surpris  qu'ils  aient  été  tant  de  fois  en 
proie  à  la  guerre  civile  ou  opprimés  par 
les  étrangers. 

Une  question  intéressante ,  mais  diffi* 
ci  le  à  résoudre ,  c'^t  celle  de  la  popu- 
lation de  la  Palestine  a  l'époque  dont 


ê 


nous  Tenons  da  parler.  Les 
positifs  nous  manquent  ;  les 
fournies  par  le  Pentateuqoe,  les  Chrpii^ 
ques  et  la  plupart  des  livres 
sont  évidemment  exagérées.  Qui 
par  exemple,  que  David  ait  pu  mettre 
pied  une  armée  de  1,300,000 
Le  livre  de  Josué  et  celui  des  Joçes  ip»' 
prochent  peut-être  de  la  Térité  tm  fm^ 
Unt  l'armée  à  40,000  combattaols,  0^ 
qui  donnerait  une  popnlatioD  d'iuiMf 
200,000  âmes.  9 

L'histoire  des  Hébreux  a  été  écrilc 
grec  par  Josèphe  (vo^-)»  Rot  lin  !9«ft 
Ta  racontée  en  français,  et  elle  fait  h  m 
jet  de  la  première  partie  du  Discoart  tm 
r histoire  universelle  {voy,  Bossncr)^^ 
Elle  a  été  traitée  avec  beaucoop  de  oi^ 
tique  par  plusieurs  historiens  allcaMnA|^ 
tels  que  les  suivants  :  Woltmann  [(Xm^ 
vres  complètes ,  1. 1*')  ;  Bastholm,  HbÀ 
toire  des  Juifs  depuis  la  créatiom  dh| 
monde  jusqu'à  nos  jours  (  Leipd|^ 
1786,  8v.  in-8«);Ditmar, ^fJforfriM 
Israélites  (BerUn,  1788,  in-8«.;  bM 
nocl.  Histoire  du  peuple  juif  depM 
Abraham  jusqu'à  la  destruction  de  3m 
rusalem  (Leipzig,  1791,  in-8«^;SclM 
rer,  Histoire  des  Israélites  avant  Jê$m 
Christ  d'après  leurs  lîprts  sainU(Ltah^ 
iS0Z"^\S04);htOjCourssurthistoindk 
re/af /////(Berlin,  1828,  in-S»^.  E.  H-S. 

HEBRIDES,  lies  a  l'ouest  de  rti 
cosse ,  entre  65  et  59**  de  latitude 
On  en  compte  près  de  300  ;  mais  la 
part  ne  sont  que  des  Ilots  stériles  et  ém 
rochers  recouverts  d'un  peu  de  tcnvs 
aussi  n'ont-elles  guère  d'habitants.  Du 
montagnes,  des  roches  et  des  ■»»«»  en- 
lèvent à  l'agriculture  beaucoup  de  tctni^ 
même  dans  les  lies  principales.  Au  nslii 
la  terre  produit  peu  sous  œ  climat 
buleux,  où  les  pluies  et  les  tempêtes 
fréquentes.  Mais  les  terrains  non  cultiidl 
offrent  au  bétail  nombreux  qu'on  élèst 

une  pAture  assez  abondante.  An fM 

de  produits  de  la  terre  on  supplée  par  II 
pèche  et  par  la  chasse  qu*on  fait  Ml 
oiseaux  aquatiques  ;  ceux-ci  nidirat  «I 
foule  dans  les  rochers,  et  on  les  prcnl 
avec  les  œufs  |M>ur  s*en  nourrir.  CHU 
(*hasse  est  périlleuse  puisqu'elle  se  bit  à 
l'aide  de  cordes  qu'on  suspend  au  kHi 
des  roches  escarpées,  dont  le  pied  ^ 


HÈÈ 


(578) 


HEË 


lar  les  dragues.  Ce  sont  surtout  les 
Uitn  (oa  fous  de  bassan)  et  les 
que  Von  prend  de  cette  manière; 
lâde  la  chair.  Pendant  le  long  bi- 
»  Hébrides  y  une  mer  houleuse  in- 
pt  les  communications  des  Iles  avec 
inent.  Pauvres ,  sans  commerce  et 
idostrie,  les  insulaires  ont  d'ail- 
ca  de  relations  avec  TÉcosse  con- 
Je,  à  laquelle  ils  ne  peuvent  four- 
le  de  la  soude,  du  duvet  et  du 
1.  Les  Ues  appartiennent  en  grande 

à  la  noblesse  écossaise,  qui  fait 
es  propriétés  par  des  fermiers  dont 
ilaires  sont  les  tenanciers.  Ceux-ci 
Qt  des  cabanes  bâties  en  pierres  et 
ttes  de  gazon ,  et  vivent  misérable- 

C'est  une  race  antique,  mais  dé- 
t  opprimée.  Au  moyen-âge,  des  pi- 
iorvégiens  leur  imposèrent  la  loi  ; 
Normands  ont  succédé  les  lairds 
is.  Pour  se  soustraire  à  cette  domi- 
I  beaucoup  d'entre  eux  émigrent  en 
que.  Toute  la  population  des  Hé- 
,y  compris  les  iles  Westeru  ou  oc- 
ales,  peut  se  monter  à  50,000  ha- 
k  Us  parlent  le  gaélique  {voy.)  ;  dans 
M»  Iles  ce  langage  est  entremêlé 
CD  norvégien  ;  des  poésies  ossiani- 
e  transmettent  d'une  génération  à 

u 

plus  grande  des  Hébrides,  Lewis 
ne  ayant  12  lieues  de  long ,  n'a  que 
10  habitants ,  une  petite  ville  appe- 
Hvaway  et  de  pauvres  villages.  L'Ile 
léparéedu  continent  parle  Pas-de- 
et  plus  peuplée ,  dépend  des  Mao- 
descendants  ou  successeurs  des  an- 
diefs  normands,  dont  on  voit  encore 
OUL  château  situé  sur  le  golfe  Follart. 
.  quelques  milliers  de  têtes  de  bétail 
sUe  exporte  annuellement  une  par- 
ky,  entourée  de  falaises ,  est  remar- 
(t  par  des  colonnades  de  trapp  et 
B  vastes  grottes  remplies  de  stalacti- 
zqnelles  on  arrive  en  bateau  à  l'aide 
marée.  Ces  grottes  sont  pourtant 
loélèbres  que  celle  de  Fingal  {vojr,)^ 
nie  de  Stajfay  qu'on  peut  regarder 
le  un  immense  assemblage  de  colon- 
Haltiques  recouvert  d'un  peu  de  ter- 
De  hautes  montagnes  pelées,  parmi 
elles  s'élève  le  Ben -More ,  signalent 
er  nie  basaltique  de  MuU  habitée 


par  des  pécheurs.  U  n'y  a  pas  d'enchroSc 
dans  la  Grande-Bretagne  où  il  y  ait  autant 
de  bateaux  de  pêche  qu'au  village  deTo- 
bermory,  dans  cette  île.  Un  détroit  de  200 
pieds  sépare  Mull  de  la  petite  lie  d'£//pa, 
où  il  y  a  une  colonnade  de  basalte,  lona 
ou  Icobnkill  avait  autrefois  un  évéché 
catholique  fondé  par  saint  Colomban ,  et 
un  couvent  ;  plusieurs  rois  d'Ecosse,  dlr- 
lande  et  de  Norvège,  ont  été  enterrés 
dans  cette  Ile,  qui  passait  pour  un  séjour 
sacré.  La  cathédrale  et  le  couvent  ont  été 
détruits  par  les  premiers  auteurs  de  la  ré- 
forme religieuse.  Plus  considérable,  lia 
ou  Islay,  peuplée  de  1 0,000  âmes,  a  des 
mines  de  cuivre  et  de  fer;  111e  n'en  est 
guère  plus  riche.  C'était  autrefois  la  rési- 
dence des  Mao-Donald,  lords  des  tles ^ 
qui  avaient  un  château-fort  entouré  d'uu 
lac.  Ils  se  faisaient  sacrer  par  les  évéques 
d'Argyll,  recevaient  l'hommage  de  leurs 
hommes  liges  dans  une  petite  Ile  du  lac 
Finlagan,  et  tenaient  leurs  prisonniers 
dans  un  château  affreux  appelé  Fruch- 
lagan. 

Quatre  montagnes  à  cime  arrondie,  ap- 
pelées Paps  ofJura^  dominent  l'Ile  mon- 
tagneuse de  Jura ,  dont  la  c6te  orientale 
seule  est  habitée. 

Knox ,  Johnson ,  Boswell  et  Buchanan 
ont,  dans  le  dernier  siècle,  visité  les  Hé- 
brides et  publié  chacun  une  relation  de 
leur  voyage.  Parmi  les  auteurs  qui,  dans  le 
siècle  actuel,  ont  fait  paraître  des  descrip- 
tions du  même  archipel ,  nous  citerons 
A.-L.  Necker  de  Saussure,  Voyage  en 
Ecosse  et  aux  (les  Hébrides ^  Genève, 
1820,  3  vol.  in-8°;  et  Maccumloch,  Des^ 
cription  oj  the  Western  islandsy  Edim- 
bourg, 1819,  2  vol.  in-4<>,  avec  un  at- 
las. D-G. 

HÉBRON ,  une  des  plus  anciennes 
villes  de  la  Palestine,  résidence  du  roi 
David  avant  qu'il  lui  préférât  Jérusalem , 
et  à  cette  époque  cité  pleine  de  luxe  et  de 
magnificence ,  n'est  plus  aujourd'hui ,  au 
rapport  de  M.  Berggren ,  voyageur  sué- 
dois qui  visita  ces  contrées  en  1820, 
qu'un  misérable  bourg  habité  par  envi- 
ron 4,000  Juifs  et  Turcs  qui  dolent  les 
environs  par  leurs  brigandages.  La  su- 
perbe église  bâtie  par  la  mère  de  Con- 
stantin ,  Hélène ,  sur  la  |)lacc  où  doit  avoir 
été  enseveli  Abraham,  s'est  changée  en 


HEC 

iine  Boaquée  dans  Uqaelle  lea  seuls  mu- 
salmans  ont  accès.  On  montre  encore  le 
tombeau  du  patriarche  et  ceux  de  plu- 
sieurs membres  de  sa  famille ,  tous  ornés 
de  tentures  de  soie  et  de  drap  d'or  que  le 
grand-seigneur  lui-même  fait  renouveler 
de  temps  en  temps.  C,  L. 

HÉCATE.  Au  temps  d'Homère ,  la 
Grèce  ne  connaissait  pas  encore  cette  di- 
vinité. Hésiode  la  mentionne  le  premier 
et  déjà  lui  attribue  un  caractère  mysti- 
que. A  Égine ,  on  Tadorait  secrètement 


dans  la  célébration  des  mystères  qu'Or- 
phée de  Thrace  avait  institués.  U  est  donc 
probable  que  le  mythe  d'Hécate  avait 
une  origine  étrangère.  Cette  déesse  était , 
suivant  les  uns,  fille  du  Titan  Persée  et 
d* Astérie  ou  la  Nuit;  suivant  d'autres,  de 
Jupiter  et  d'Astérie  ou  d'Arbtée ,  du  Tar- 
tare,  de  Jupiter  et  de  Cérès,  de  Héré 
(  Junon)  ou  de  Phérée.  Héré  l'aurait  ap- 
pelée Àngelos  (  ange  messager  ),  après  l'a- 
voir mise  au  monde.  Hécate,ayant  grandi, 
vola  du  fard  à  sa  mère  pour  le  donner  à 
Europe.  Pour  échapper  à  la  punition 
qu'elle  avait  mérité«),  elle  s'enfuit  chez 
une  nouvelle  accouchée  et  se  cacha  en- 
miite  sous  un  linceul,  ce  qui  la  rendit 
impure.  Jupiter  la  purifia  dans  l'Achéron, 
et  de  cette  manière  elle  serait  devenue 
une  déesse  du  Tartare ,  ou  bien  parce 
qu'elle  fut  envoyée  par  Jupiter  dans  les 
enfers,  à  l'effet  d'y  découvrir  Proserpine 
(  Perséphone).  Comme  fille  de  Cérès,  on 
se  la  figurait  très  grande.  Fille  de  Phé- 
rée ,  on  dit  que  sa  mère ,  dès  qu'elle  lui 
eut  donné  le  jour,  l'exposa  dans  un 
carrefour  (de  là  son  nom  de  Trivia)\ 
les  bergers  de  Pérès  l'ayant  trouvée  là , 
ils  rélevèrent.  Elle  fut  la  seule  Titanide 
qui  secourut  Jupiter  :  aussi  ne  fut-elle 
pas  précipitée  dans  le  Tartare.  Comme 
déesse  de  la  magie,  des  enchantements , 
etc. ,  on  lui  attribue  un  grand  pouvoir. 
Elle  procure  aux  pécheurs  une  pèche 
plus  ou  moins  abondante;  elle  élève  qui 
elle  veut ,  procure  la  victoire  ou  la  défaite 
dans  les  combats,  dans  les  procès,  etc. 
Lorsque,  plus  tard,  on  attribua  à  la  lune 
une  grande  influence  sur  la  terre ,  on  la 
confondit  atec  cet  astre  et  on  l'apiiela 
Artémis  infernale.  Ensuite  on  lui  donna 
le  nom  de  Mrné  dans  le  ciel ,  celui  d' Ar- 
lémi-t  !(ur  la  terre,  et  enfin  «'elui  d'Hécate 


(  574  )  âBC 

dans  les  enfers.  Au  détour  d 
on  lui  faisait  des  sacrifices  qui 
préférablement  eo  chiens  wù 
nètes  célébraient  tous  les  ai 
mystérieuses  en  son  honneur, 
on  lui  sacrifiait  des  aliments  ( 
sait  dans  les  carrefours  où  II 
les  ramassaient  pour  s'en  nouj 
est  représentée  à  triple  faœ  ( 
triformis) ,  avec  une  tête  de  < 
tête  de  porc  et  une  tête  de  cl 
donna  plus  tard  trob  tètes  àa 
attributs  furent  des  flambeau 
gnards,  des  chiens,  des  serp 
clefs ,  lesquelles  indiquaient  i 
la  gardienne  des  enfers.  Sessti 
posent  ordinairement  de  trois 
UÉCATÉE  oE  MiLET,  V 


nent  de  ces  conteurs^  looi 
plupart,  qu'on  appelle  les  lo 
et  qui  formèrent  la  lente  trai 
poésie  cyclique  à  l'histoire,  ch 
11  vit  le  jour,  selon  toute  app 
le  milieu  du  vi*  siècle  avant 
que  où  la  grande  école  philo 
sa  ville  natale  avait  déjà  pris 
vivait  peut-être  encore  Thaïe 
saient  Anaximandre ,  Anaxii 
récyde  de  Syros,  où  le  vieux 
Milet,  à  l'exemple  de  ce  des 
men^^ait  à  bégayer  en  prorte  h 
de  l'Ion ie.  Suidas  le  fait  fli 
que  Denys  le  Milésien,  son  < 
et  son  émule ,  dans  la  lxv* 
ce  qui  s'accorde  avec  le  rûle  qi 
Hérodote  au  temps  de  Tinsu 
villes  ioniennes  contre  Dar 
Perse.  Le  fils  d'Hégésaodre, 
généalogie  qu'il  faisait  remonli 
et  l'un  des  principaux  de  sa 
déjà,  à  cette  époque,  acqub  a 
tion  personnelle  par  les  long 
les  vastes  connaiasance»  don 
lent  d'autres  anciens.  Il  figu 
ces  titres,  dan»  le  conseil  ti 
sous  la  présidence  d'Aristagoi 
et  il  V  tenta  vainement  de  d« 
chefs  de  la  révolte  de  leur 
pnijet,  en  leur  énumérant  te 
pies  soumis  au  grand  roi  et  Ica 
tant  l'étendue  de  sa  puis!Jaoc< 
le  point  princi|>al,  il  ticba  d 
faire  prévaloir  le  plan  de  cui 
semblait  pouvoir  lo  mieux  set 


IftBC 


(575) 


HEC 


«ijiBrés»  ca  I»  remknl  Budlres 
.  Ma»  ce  scoond  am  fut  rejeté 
premier,  et  riosuirection  suivit 
«  LoffM|ue  ensuite  Arista^oras, 
l  partout  des  alliés ,  s*en  vint 
1  Sparte ,  et  qu^il  nût  sous  les 
iHéomène  cette  «  table  d*airain 
lUe  était  gravée  la  circonférence 
e  la  terre,  avec  toute  la  mer  et 
knves ,  »  pour  lui  montrer  la 
rionie  à  Suse,  c^était  sans  doute 
)  qu'il  tenait  cette  carte,  per- 
nent  de  celle  que,  le  premier, 
■ée  Anaaimandre.  On  retrouve 
idèle  à  la  cause  commune,  quoi- 
ars  pen  écouté,  dans  le  nouveau 
I,  à  rapproche  de  Tarmée  victo* 
I  Perses,  Aristagoras,  faible  de 
t  en  délibération  s'il  fuirait  avec 
m  Thrace,  ou  même  jusqu*en 
r;  pour  échapper  plus  sûrement 
t  du  grand  roi.  Vainement  en- 
ferme et  judicieux  logographe 
l'il  (allait  courir  jusqu'au  bout 
es  de  la  fortune,  et  se  fortifier 
position  maritime,  an  voisinage 
,  pour  y  rentrer  à  la  première 
Arislagoras  aima  mieux  s'en  aU 
lUement  périr  sur  la  côte  de 
tt  des  lors  l'histoire  se  tait,  avec 
,  sur  les  événements  de  la  vie 
L  Qu'il  ait  suivi  ou  non  Arista- 
parait  avoir  prolongé  son  exis- 
dant  toute  la  durée  de  la  guerre 
et  mêflM  un  peu  au-delà,  si  l'on 
Soldas,  c'est-à-dire  après  les 
de  Platée  et  de  Mycale,  époque 
it  aToir  été  connu  d'Uellanicus 
Lesbos,  né  en  496,  et  de  12 
M  plus  âgé  qu'Hérodote.  Il  est 
qœ,  comme  celui-ci,  Uécatée 
bi  seconde  période  de  sa  vie  à 
résultats  des  voyages  et  des  re- 
cpii  en  avaient  rempli  la  pre- 
t  qui  l'avaient  conduit  depub 
ÉfÔ^pte  jusqu'à  Sose,  selon  toute 
e,  et  des  bords  occidentaux  de  la 
uiée,à  travers  i'IUyrie,  la  Grèce 
race,  jusqu'au  nord  du  Pont- 
v  tontes  les  côtes  et  dans  toutes 
ocopéesouTisitées  par  les  Grecs, 
nombreux  et  divers  matériaux  il 
arts  distinctes,  l'une  pour  la  géo- 
l'aatre  pour  l'histoire,  séparant 


ainsi,  le  premier,  si  déjà  Denys,  son  com-> 
patriote,  ne  loi  en  avait  donné  l'exemplcy 
deux  sciences  qu'Uérodole  rattacha  dn 
nouveau  l'une  à  l'autre.  Son  ouvrage  géo« 
graphique,  qui  ne  cessa  pas  de  jouir  d'un 
grand  crédit  dans  toute  l'antiquité,  était 
intitulé  Tour  de  la  ierre  ou  Pénégèse^ 
c'est-à-dire  Voyages ^  et  divisé  en  deux 
livres,  l'un  comprenant  l'Europe,  l'autre 
l'Asie  avec  l'Egypte  et  la  Libye,  subdivi- 
sés eux-mêmes  en  plusieurs  sections,  qui 
sont  souvent  citées  comme  des  livres  à 
part,  surtout  la  Libye.  Quelques  anciens 
ont  suspecté  Tautheuticité  de  la  Périé^ 
géscy  principalement  sur  la  foi  de  Caili- 
maque,  qui  l'attribuait  à  on  autre  Hé» 
catée  plus  récent;  mais  elle  avait  trouvé 
dans  son  disciple  Ératostbèse  (vo/.)  un 
défenseur  d'une  autorité  bien  supérieure 
à  la  sienne,  et  les  fragments  assez  con- 
sidérables qui  nous  en  restent  viennent, 
aujourd'hui  encore,  à  l'appui  du  senti- 
ment de  ce  dernier,  puisqu'ils  décèlent 
une  époque  de  l'histoire  de  la  géographie 
antérieure  à  Hérodote.  Ératosthène,  d^ail* 
leurs,  fondait  son  opinion  vraiment  cri- 
tique sur  la  comparaison  qu'il  avait  faite 
de  cet  ouvrage  avec  l'autre  écrit  d'Hé- 
catée,  généralement  reconnu  comme  au* 
thentique,  c'est-à-dire  avec  les  Histoires 
ou  les  Généalogies  ;  car,  sous  ce  doubU 
titre,  on  doit  probablement  voir  une  :>eule 
et  même  composition,  ainsi  que  l'indi- 
quent cette  expression  l'autre  écrite  rap- 
portée dans  Strabon,  le  témoignage  con- 
forme de  Suidas,  et  le  caractère  général 
des  ouvrages  historiques  de  ce  temps, 
confirmé  par  le  peu  de  fragments  arrivés 
jusqu'à  nous  de  quatre  livres  au  moins 
que  comprenaient  les  Géméalogies,  il  fout 
toutefois,  à  voir  en  quelle  estime  la  plu- 
part des  anciens  tenaient  les  récits  d'Hé« 
catée,  dont  la  Grèce  formait  le  centre, 
dont  les  générations  des  dieux  et  des  hé* 
ros  donnaient  le  fil,  qu'ib  aient  eu  déjà 
quelque  chose  de  la  véritable  histoire  ;  et 
l'auteur  arait,  certes,  le  sentiment  de  sa 
supériorité  sur  ses  devanciers,  simples 
compilateurs  de  traditions,  lorsqu'il  in* 
scrivait  en  tête  de  son  livre  ces  paroles 
remarquables  que  Démétrius  de  Phaièrn 
nous  a  conservées  :  «  Voici  ce  que  déclare 
Hécatée  de  Milet  :  J'écrb  les  chose»  diiea 
ici  sel9n  qu'elles  me  semblent  vraies;  ca^ 


liEC  (  576  ) 

les  récits  des  Hélices  sont,  à  mon  ayis, 
aussi  ridicules  que  multipliés.  »  Tel  se 
montrait,  en  effet,  Hécatée,  dans  sa  géo- 
graphie comme' dans  son  histoire,  cher- 
chant, ainsi  que  les  autres  sages  de  l'Ion ie, 
ses  contemporains  ou  ses  maîtres,  à  con- 
cilier la  foi  traditionnelle  avec  Texpé- 
rience,  interprétant  les  mythes  par  la 
raison,  et  donnant  à  la  science  la  critique 
pour  moyen,  la  vérité  pour  but.  Déjà  ce- 
pendant le  sévère  Heraclite  {voy.)  croyait 
prouver,  par  l'exemple  d'Hécatée,  que  la 
science  nVnseigne  pas  toujours  le  juge- 
ment, Fassociant,  il  est  vrai,  dans  ce  re- 
proche, à  des  hommes  tels  qu'Hésiode, 
Pythagore  et  Xénophane.  Plus  tard,  Hé- 
rodote, s'élevant,  au  nom  de  l'expérience 
et  de  la  critique,  contre  les  opinions  géo- 
graphiques ou  autres  des  Ioniens ,  sem- 
bla s'attaquer  surtout  à  Hécatée,  dont  il 
rapporte  ailleurs,  avec  une  sorte  de  oom  - 
plaisance,  les  prétentions  généalogiques. 
Il  n'en  était  pas  moins  suspect,  aux  yeux 
de  quelques  anciens,  de  lui  avoir  fait  bon 
nombre  d'emprunts,  et  l'exception  d'hon- 
neur par  laquelle  il  le  nomme  seul  entre 
tous  ses  prédécesseurs,  les  logographes, 
renferme  l'aveu  implicite  du  mérite  su- 
périeur qu'il  lui  reconnaissait.  Le  reste 
s'explique  par  la  différence  des  époques, 
par  le  progrès  naturel  du  temps  et  des 
idées,  par  la  réaction  de  l'esprit  grec, 
s'avançant  à  sa  maturité,  contre  tout  ce 
qui  gardait  l'empreinte  d'un  âge  antérieur 
sur  son  déclin.  Et  puis,  si  Hérodote  a 
reçu  justement  le  titre  de  père  de  Vhis^ 
toire,  peut-  (Hre  est-il  également  juste  de 
déférer  à  Hécatée  celui  de  père  tic*  la 
géographie.  C'est  lui,  en  eflet,  qui,  don- 
nant à  cette  science  son  caractère  et  sa 
forme  propres ,  fraya  la  route  à  tous  ces 
auteurs  àeffériodesy  dtpcriégèsex^  de  />r- 
riplt'Sy  qui,  depuis Damastès  de  Sigéc,  en 
élaborèrent  peu  à  peu  les  matériaux  pour 
Ératosthène  et  ses  successeurs.  Nul  doute 
que,  comme  écrivain,  comme  artisan  de 
style,  de  même  que  comme  observateur  et 
comme  hirttorien,  Hérodote  n'ait  laissé 
bien  loin  dcn-iôre  lui  son  devancier.  Et 
pourtant  les  anciens  rhéteurs,  tout  en 
constatant  l'infériorité  d'ilécatce  sous  le 
rapport  de  la  forme,  vantent  encore  la 
clarté,  In  douceur,  quehiuefois  le  charme 
et  la  vivacité  de  son  langage,  peu  apprêté 


HfiC 

d'aillenn»  et  où  la  aimplîcilé  Mtiit 
dialecte  ionien  n'armît  subi  mmotm  m 
lange. 

Les  fragments  historiqnea  dHéCi 
de  Milet  ont  été  recueillit  |iar  M.  €«•■ 
dana  sa  savante  monographie  istiliél 
Historicorum  GnecorumaniiqmiMÙm 
rum  fragmenta^  etc.,  reaferâmt, 
outre,  ceux  de  Charon  de  I  ■mpMHW 
de  Xanthus  de  Lydie,  Heidelbarg,  IM 
in-8^  Ils  ont  été  reproduitaà  la  mùmi 
fragmenU  géographiques,  beaucoap  pi 
importants,  et  dus  en  grande  pailii 
l'abréviateur  d'Élienoe  de  Byzanoa,  ék 
un  nouveau  recueil  de  M.  Klausea,  \ 
en  a  judicieusement  rapproché  le  pèri| 
venu  jusqu'à  nous  sous  le  nom  de  Scyl 
deCaryaoda,  Berlin,  ]831,in-6*.0B«i 
sultera  encore  avec  fruit  les  Rcchacl 
de  l'abbé  Sévin,  dans  le  tome  VI 
moires  de  l'Académie  des 
et  Belles-Lettres,  et  la  diisarutiâ« 
M.  Ukert  Sur  la  géographie  d'Héttâ 
et  de  Damastèsj  en  allemand,  Waiai 
1814,  ainsi   que  V Histoire  de$  emn 


géographiques  tles  aaeiems^  etc.,  | 
M.  Reinganum,  lena,  1839,  1'*  p«| 
p.  106  et  surtout  139  et  siût. 

Il  est  fait  mention  chex  les  iMcii 
de  plusieurs  autres  écrivaûu  da  ■ 
d'Hécatée  :  !<>  Hkcatke  D'ÉEÉTaLU,c 
par  Plutarque  comme  un  des  hiaioffii 
d'Alexandre,  allégué  en  outre  par  Scfi 
nus  de  Chios,  si  l'on  admet  nac  ia| 
nieuse  restitution  de  son  texte  dueàli 
manu,  et  celui-là  même  à  qui  CallÎMiq 
parait  avoir  rapporté  la  Périégcaedal 
lésien,  puisqu'il  le  quali6ait  d'imâmSÊm 
T*  Hécatée  de  Téos,  hislortcB  di 
parle  Strabon,  beaucoup  plus 
car  c'est  très  probablement  le  méi 
le  nom  de  :  3**  Hfc.atée  n'ÀBDias  n 
nie  de  Téos),  qui  vécut  sous 
et  sous  le  premier  des  PtoléoiécSt  qm  f 
employé  par  ces  princes,  et  qui  a  été  M 
quemment  confondu  avec  le  %ieil  UcHi 
de  Milet.  Comme  lui,  il  parait  avoir  ma 
Thèbes  d'Egypte,  et  il  écrÎMl  m  fia 
Sur  la  philosophie  det  Égyptiens^  piri 
être  même  une  histoire 
principale  de  cette  confusion.  Gi 
rien,  philosophe,  tmtorien  à  la  fbasi 
tant  est  qu'il  ne  taille  pas  distinpirr  m 
core  Ir  gramniairien-philusoplie  pliam 


Abc 


(sn) 


liEC 


r 


l^ktoiien  plus  aiicl61i)|  il  coin- 
aatret  ouvrages,  parmi 
Uion  mythico-géographi- 
Hfperiwréens^  ud  traité  Sur  Ho- 
r  «f  Hésiode^  etc.  Mais  le  plus  im- 
HBt  de  beaucoup  serait  son  Histoire 
Jmifr^  dont  Josèphe  et  Eusèbe,  ainsi 
,  d'après  Diodore  de  Sicile , 
oOBsenré  de  curieux  fragments. 
livrey  dont  l'authenticité  a  été  atta- 
r  lafbi  d'un  passage d'Origène,  par 
Scaliger  et  d'autres  grands  criti- 
■^  défeuda  par  Spencer,  par  Vitsius, 
jours  par  Sainte-Croix,  Hécatée 
mirait,  mieux  qu'aucun  autre, 
L  Grecs  cette  nation  mystérieuse, 
ses  institutions,  ses  traditions 
tontes  choses  dont  ik  eurent  tant 
et  les  Romains  après  eux,  à  se 
juste  idée.  Il  faut  voir  sur  cet 
et  sur  son  auteur  la  monogra- 
:  HecakeiAbd.Eclogœsiwe 
jUOf,,,  cum  notisJ,  Scaligeri  et 
'ario  perpétua  Pétri  Zorniiy 
1730,  in->12;et  la  première  sec- 
km  de  celle  de  M.  Creuzer,  que  nous 
HBi  citée  plus  haut.  G-k-t. 

■ACATOMBE(cxaT0fi6Q,  deexarov, 
■l^ct  poûcyhceuf).  On  appelait  ainsi  un 
IBiifee  de  cent  bœufs,  ou  de  cent  gén  isses, 
ii  ém  cent  moutons ,  etc. ,  immolés  en 
d'une  divinité.  Ensuite  ce  mot, 
de  plus  en  plus  de  son  étymolo- 
||i^a  pris  la  signification  d'un  sacrifice 
,  toujours  du  moins  avec  l'idée 
de  plusieurs  victimes.  Py- 
qui  ne  voulait  pas  qu'on  olTrit 
diouL  des  victimes  égorgées,  et  qui 
i  ■riait  <iue  devant  des  autek  purs  du 
Mg  dea  animaux  (Diog.  Laért.,  YUI, 
IL  olfirit  un  jour  cent  petits  bœufs  de 
lia  pour  hécatombe.  Une  fête  célébrée 
a  nKMiaeur  de  Junon  par  les  Argîens 
là  Éfîne,  colonie  d'Argos,  s'appelait  les 
(rà  cxarôftêota),  parce  que, 
jour  de  cette  fête,  on  offrait  à 
un  sacrifice  de  cent  bœufs,  dont 
était  dbtribuée  aux  citoyens, 
avait  aussi  institué  un  sacri- 
iod  du  même  nom,  pour  la  pros- 
crit/ villes  qui  florissaient  an- 
t  sur  son  territoire  (Strabon, 
nHf  4,  11).  Cest  du  grand  nombre 
ou  sacrifices  offerts  dans 


Eneyclop.  d.  G.  d.  M,  Tome  Xm. 


le  premier  mois  de  l'année  athénienne 
que  ce  mois  tirait  le  nom  d^/técatom" 
bœon.  F.  D. 

HECHUiGEN,  vor.  Hohehzolleric. 
HECLA,  voy,  Hexxa. 
HECTIQUE  (nivEE).  Cet  adjectif 
grec  est  dérivé  de  c';^»,  IÇu,  j'ai,  je  tiens. 
On  appelle  hectique  la  fièvre  lente,  con- 
tinue ,  avec  des  redoublements  le  soir  et 
des  sueurs  nocturnes,  qui  accompagne  les 
maladies  de  langueur  ou  de  consomption; 
la  fièvre  qu'on  désignait  autrefob  sous  le 
nom  d^étisie^  par  corruption  iThectisie. 
Cette  fièvre,  qu'on  regardait  comme  étant 
la  cause  du  dépérissement  plus  o«  moins 
rapide  ou  de  la  consomption  contre  la- 
quelle on  dirigeait  des  moyens  de  traite- 
ment toujours  infructueux,  parait  dé- 
pendre de  rinflammation  chronique  ou 
de  la  dégénération  tuberculeuse  ou  can- 
céreuse d'un  organe  intérieur,  et  souvent 
aussi  de  la  résorption  du  pus  et  de  son 
transport  dans  les  voies  de  la  circulation. 
La  fièvre  hectique  n'est  donc  qu'un 
symptôme  accessoire,  sans  importance 
pour  établir  le  diagnostic  ou  le  prognos- 
tic  de  la  maladie  principale.  En  effet , 
quand  elle  se  manifeste,  la  lésion  de  l'or- 
gane intérieur  est  déjà  assez  avancée  pour 
qu'il  n'y  ait  doute  ni  sur  son  exbtence, 
ni  sur  sa  nature. 

Il  y  a  des  personnes  qui  admettent 
l'existence  d'une  fièvre  hectique  essen- 
tielle (fièvre  lente  nerveuse) ,  laquelle,  sans 
qu'il  y  ait  aucun  dérangement  apprécia- 
ble, mine  et  consume  l'existence  des  per- 
sonnes en  proie  à  un  chagrin  profond  et 
concentré.  L'anatomie  pathologique  mon- 
tre ordinairement,  en  pareil  cas ,  des  af- 
fections de  poitrine  dont  la  marche  a  été 
occulte  ou  méconnue  jusqu'au  moment 
de  leur  fatale  terminaison.  /^o/.Phtuisik 

PULMONAIRE.  F.  R. 

HECTOR,  fils  de  Priam,  roi  de  la 
Troade,  et  d'Hécube,  naquit  vers  l'an 
1300  av.  J.-C*  Il  épousa  Andromaque 
{voy.)f  fille  d'Éétion,  roi  de  Thèbes  en 
Cilicie,  et  en  eut  un  fils  nommé  d'abord 
Scamandrios,  puis  Astyanax.  Il  y  a  peu 
d'accord  entre  Thistoire  et  la  poésie  pour 
tout  ce  qui  concerne  Hector  et  sa  fa- 
mille. Suivant  la  tradition  historique,  que 
Dion  Chrysostôme  (De  liio  non  capto^ 

(*)  Ou  plutôt  laog.  fV-H»ï»"ff»P-^4inote. 


heC 


(618) 


IIBO 


orat.  XI)  prétend  nous  avoir  cooMrvéey 
lorsque  Paris,  frère  d^Htctor,  eut  légi- 
timement épousé  Hélène  (voy,)^  fille  de 
Tyudare,  les  princes  grecs,  ses  rivaux,  unis 
par  la  jalousie  et  la  vengeance,  se  liguè- 
rent sous  le  prétexte  que  la  Grèce  dont 
une  partie,  le  Péloponnèse,  avait  été  pré- 
cédemment conquise  par  le  Lydien  Pé~ 
lops,  était  menacée  de  prochaines  inva* 
sions  par  les  fils  de  Priam.  Une  flotte 
considérable  débarqua  Télite  des  héros 
grecs  sur  les  côtes  de  la  Troade,  et  leurs 
nombreuses  troupes  s*établirent  dans  un 
camp  retranché  en  vue  de  la  ville  de 
Troie.  Généralissime  des  armées  troyen- 
nés  et  alliées,  Hector  se  signala  par  la 
plus  héroïque  bravoure  et  tua  dans 
des  combats  singuliers  Protésilas,  Ajax, 
Achille,  etc.  Hygin  {Fab.  90)  porte  à  31 
le  nombre  des  héros  grecs  qui  tombèrent 
sous  les  coups  d*Hector.  Après  de  san- 
glantes alternatives  de  succès  et  de  revers, 
les  Grecs,  décimés  par  la  peste  et  la  fami- 
ne, désirèrent  enfin  la  paix,  non  moins 
que  lesTroyens,  qui,  de  leur  côté,  déplo- 
raient la  mortdeMemnon  TÉgyptien,  de 
la  reine  des  Amazones  et  de  Paris,  tombé 
sous  les  flèches  de  Philoctète.  Hector  seul 
s^opposait  à  cette  paix  qui  sauvait  Tar» 
mée  et  la  flotte  des  Grecs;  mais  elle  n'en 
fut  pas  moins  conclue,  sous  le  serment  de 
ne  jamais  porter  la  guerre,  les  uns  en 
Grèce,  les  autres  en  Asie.  Après  le  dé- 
part de  Tarmée  grecque,  Hector  fit  épou- 
ser la  veuve  de  Paris,  Hélène,  à  son  frère 
Déiphobe.  Le  vieux  Priam  mourut  bien- 
tôt après.  Hector  lui  succéda,  et,  après  un 
long  règne,  après  avoir  soumis  à  sa  do- 
mination une  grande  partie  de  TAsie,  il 
termina  sa  carrière,  laissant  a  son  fils  As- 
tyanax  un  trône  glorieux  et  d'illustres 
exemples. 

Teb  sont  les  souvenirs  historiques  con- 
servés par  Dion  ;  mais  la  poésie  a  su  don- 
ner à  ses  fictions  une  autorité  qui  a  pré- 
valu sur  l'histoire.  Homère  et  les  rhap- 
sodes altérèrent ,  dit-on ,  la  vérité  des 
faits ,  dans  des  vues  toutes  patriotiques. 
Voulant  empêcher  les  Grecs  de  redouter 
les  |>cuples  d'Asie  s'ib  venaient  a  porter 
chez  eux  la  guerre,  comme  on  le  prévoyait 
déjà,  ils  donnent  toujours  aux  Grecs  l'a- 
vantage 'j  et  pour  justifier  leur  agression 
01  leur  victoire I  îU  reprcâ«fiteot  Vh'n 


comme  le  nvisseur  da  Véfon 
nélas  et  le  yiolateur  de  Thosp 
ce  qui  touche  Hector,  llliade  < 
épopées  n'ont  peut-être  élevé 
courage  et  ses  exploits  que  pou 
d'autant  plus  la  gloire  du  hé 
lien.  D'après  Homère  et  les  pc 
ques  (vo/.),  irrité  contre  Afu 
les  Grecs,  Achille  s'était  reti 
tente  ;  mais  Patrode  étant  toa 
coups  d'Hector,  il  reparut  pi 
que  jamais  dans  la  plaine  de 
mola  Hector  aux  mânes  de  soi 
traîna,  attaché  par  les  pieds  i 
autour  de  la  tombe  de  Patrod 
Priam  vint  pendant  la  nuit  j 
pitié  du  vainqueur  et  racheti 
de  sou  fils.  Les  Troyens  lui  fire 
penses  et  touchantes  funérai 
la  prise  de  Troie,  Astyanax  fi 
du  haut  des  murs  de  la  ville, 
d'Hector,  devenue  l'esclave  ( 
chille,  fut  transportée  en  Épi 

La  poésie  et  l'histoire  son 
d'accord  pour  célébrer  les  vcri 
et  guerrières  d'Hector,  sa  fidéli 
sa  piété  filiale.  On  dit  qu'apr 
il  fut  honoré  comme  un  d 
Phrygie  (Lucien,  Deur.  comcmy 
par  une  singulière  destinée ,  i 
à  ses  autels,  à  ses  temples,  c'est 
le  détracteur  de  sa  gloire ,  le 
de  son  rival,  qu'Hector  doit  s 
Ulité. 

UéCCBE,  voy,  Peiam. 

UÉDÉRIC  (Benjamiii  ),  i 
QLE  \^langtâe)y  T.  XIII,  p.  67 

UEDJAZ,  c'est- è- dire 
partage  ou  des  degrés,  une  de 
principales  de  l'Arabie  [vof,] 
au  N.  par  le  désert  de  Syrie,  i 
Nedjed,  au  S.  par  r  Yemen  (  vo) 
à  l'O.  par  la  mer  Rouge  ou  golf 
dont  il  forme  en  majeure  pi 
orientale,  et  au  N.-O.  par  I 
est  situé  entre  les  18*  40'  et 
lat.  N.,  et  les  30o  30'  et  40*  d 
Sa  longueur  est  d'environ  34' 
N.-Ë.  au  S.-E.,  et  sa  largeu 
de  60  I.  de  l'E.  à  l'O.  Son  no 
jaz  vient  de  ce  que  les  plali 
montagnes,  ven  le  Nedjed,  n 
clinant  vers  la  mer.  Jadis  on  ti 
nom  par  pays  d«*  pclerinage. 


BED 


(  si«.) 


HEt) 


.tOÊfnàmMlBÊ  trois  andennes  di* 
im  de  b  péninsule  arabique,  au  N.- 
^M  rAnbîe-PéUée,  au  N.-E.  dans 
unbie-Déserte,  au  S.  dans  FArabie- 
■RiiK,et  la  nature  de  son  sol,  à  quel- 
m  aœptîons  près,  se  ressent  de  ses 
il  pontioBs.  n  est  couvert  de  roches 
■Ùqnesoude  porphyre  dans  la  partie 
^.  oà  sont  les  déserts  de  Sinal  et  de 
•Tyh,  les  montagnes  Haïras,  dont  une 
kU  ?a  rejoindre  le  plateau  du  Ned- 
U^t  Taulre,  FAkabah,  s^étend  vers 
Ane  de  Suez ,  enfin  les  monts  Horeb 
Boti  (vof  .),  si  fameui  dans  la  Bible  et 
UMipir  des  moines  grecs,  etc.  Le  reste 
U^  est  moins  montagneux.  On  y 
khUnrrahyqui^dans  TouestjSe  rat- 
ht  m  montagnes  dTemen ,  TArafat 
Bde  II  Mecque,  l^Uhed  et  l'Aer,  près 
MédÎDe.  Le  Hedjaz  est  moins  fertile 
^PTeaien;  il  est  aussi  moins  cultivé 
■M  peuplé.  Les  rÎTières  et  les  lacs 
IWroseDt  que  pendant  la  saison]  des 
S  et  plusieurs  de  ces  riTÎères  ne  par- 
iMit  pas  jusqu'à  la  mer.  La  disette 
i  est  cruelle  pendant  l'été  :  il  n'y  a 
de  bibles  sources  et  des  puits  dont 
iaecesse  d'être  saumâtre  qu'à  une  cer- 
^jvofondeur.  Sur  la  côte,  la  chaleur 
■fe  est  tempérée  par  le  vent  de  mer. 
^  le  sol  soit  cultivé  jusqu'à  trois 
te  de  la  côte ,  il  produit  peu  de 
1^  et  l^umes  et  même  de  dattes, 
<  de  l'Egypte  que  le  Hedjaz  tire  le 
e  riz  et  la  plupart  des  articles  néces- 
à  la  nourriture  ;  mais  le  baume  de 
Dqne  est  une  de  ses  productions.  Les 
■x  qu'on  y  élève,  ainsi  qoe  dans  le 
àf  sont  les  plus  beaux  de  l'Arabie. 
le  est  bordée  de  corail  couvert  de 
et  la  mer  s'en  éloigne  chaque  jour. 
romre  aussi  un  assez  bon  nombre  de 
le  baies,  de  récib  et  de  petites  Iles. 
Hedjaz  est  la  contrée  la  plus  célè- 
s  TArabie,  et  le  Belad-el-Harem 
nint)  en  est  la  partie  la  plus  im- 
ite, parce  qu'il  contient  ia  Mecque 
dîne  {voy.  ces  deux  noms).  Après 
les,  la  principale  de  l'intérieur  est 
^  an,  pied  du  Kharrah  et  à  1 2  lieues 
la  Mecque,  dont  elle  est  le  jardin, 
'iocipales  places  maritimes,  en  re- 
nt  depuis  la  frontière  du  Yemen, 
SaK  oaEI-liit|  petit  port  avec  une 


baie  «laos  un  pays  montagneux  ;  Gon« 
fonda,  port  de  peu  d'importance,  dont 
les  murs  sont  en  pierre  et  les  maisons  en 
chaume  ;  Djedan  ou  Djezan,  port  et  ile 
avec  une  citadelle,  dans  la  petite  pro- 
vince d'Abou-Arich  et  à  une  journée  de 
la  capitale  de  ce  nom.  On  récolte  dans 
les  environs  beaucoup  de  séné  et  de  café. 
Djiddahy  dont  le  vrai  nom  est  Djoddah, 
port  de  la  Mecque  et  l'une  des  places  les 
plus  importantes  du  Hedjaz,  est  entourée 
de  murs;  elle  était  la  résidence  d'un  pa- 
cha turc  et  aujourd'hui  elle  appartient  à 
Mohammed-Ali,qui  y  tient  un  gouverneur 
et  une  garnison.  Elle  a  des  bazan,  des 
cafés,  et  ses  habitants  ont  perdu  leur  fa* 
natisme  par  la  firéquentation  des  Euro- 
péens,  qui  peuvent  y  circuler  librement. 
Rabagfa  est  la  première  station  des  pè- 
lerins qui  arrivent  dans  le  Belad*el- 
Harem.  Yanbo  est  le  nom  de  deux  villes 
à  une  lieue  l'une  de  l'autre  :  la  première, 
nommée  Yanbo -el-Bahr  (de  la  mer), 
dans  une  grande  plaine,  est  le  port  de 
Médine.  Les  frégates  peuvent  y  mouiller, 
mais  l'entrée  en  est  obstruée  par  des  ro- 
chers; elle  est  entourée  de  murs  flanqués 
de  tours.  Yanbo-el-Bfakhl  (des  palmiers), 
au  milieu  des  montagnes,  abonde  en  eau 
et  en  beaux  jardins.  Tor,  autrefois  port 
célèbre,  à  peu  de  distance  du  mont  Si- 
naî,  n'est  plus  qu'un  rillage  depuis  que 
Suez  est  devenu  le  grand  marché  de  la 
mer  Rouge.  Les  navires  y  relâchent  pour 
y  prendre  de  l'eau,  celle  de  Tor  étant 
la  meilleure  de  la  côte. 

La  population  du  Hedjaz  se  compose 
en  majeure  partie  d'Arabes  nomades  et 
sédentaires;  on  y  trouve  aussi  des  Ba- 
nians, des  Turcs  et  des  Abyssins.  Les  ha- 
bitants des  côtes  vivent  de  la  pèche;  ceux 
de  l'intérieur  subsistent  aux  dépens  des 
pèlerins  qui  rienoent  visiter  les  villes 
saintes  ;  les  autres  sont  des  pâtres  qui  vi- 
vent sous  des  huttes  ou  dans  des  caver- 
nes. Les  Bédouins  [vny.)  qui  habitent  la 
côte  orientale  du  golfe  de  Suez  sont  hu- 
mains,  hospitaliers ,  et  point  brigands  \ 

On  fsit  remonter  l'histoire  du  Hedjaz 
jusque  dans  la  plus  haute  antiquité.  On 

(*)  Oo  p«at  consulter  tor  ce  payt  le  Vojagt 
en  Arabie  par  BL  Maurice  Taœisier,  Paris»  1840, 
la  Géographie  de  Bùschiog,  t.  XIII,  et  la  Ceo- 
fnphi9  bibiiqmê  de  Rosenmâller,  t.  IIT.         S. 


ItED 


(&8Ô) 


WËÙ 


attribue  la  fondation  de  la  Ifeeqne  à 
Djorhan ,  premier  roi  da  Hedjaz  y  dont 
la  fille  épouia  Ismaêl,  fib  d'Abraham  et 
d*A^r.  SiÛTant  les  traditions  arabes , 
Ismaël  aurait  succédé  au  frère  de  sa  femme 
et  aurait  fondé  avec  Abraham  le  fameux 
temple  de  la  Kaabah  à  la  Mecque.  KJ- 
dar,  son  second  fib,  et  Hamal,  son  petit- 
filsy  derinrenty  après  lui,  rob  du  Hedjaz, 
dont  la  partie  septentrionale  et  la  partie 
orientale  furent  ensuite  divisées  en  plu- 
sieurs petits  états  voisins  de  la  Palestine 
et  de  la  Syrie,  possédés  par  les  Amaléci- 
tes,  les  Edomites  ou  Iduméens,  les  Ma- 
dianites  et  les  Nabathéens.  Les  descen- 
dants de  Kidar  formèrent,  dans  les  par- 
ties occidentale  et  méridionale  du  Hed- 
jaz ,  une  oligarchie  qui  fut  spécialement 
chargée  du  gouvernement  de  la  Mecque 
et  de  rintendance  de  la  Kaabah,  pendant 
27  générations,  jusqu'à  Abd'al-Motalleb 
et  Abou-Taleb,  l'aïeul  et  l'onde  de  Ma- 
homet. 

Le  Hedjaz,  déjà  vénéré  à  cause  de  son 
temple,  le  fut  bien  davantage  lonqu'il 
devint  le  berceau  de  la  religion  établie 
par  Mahomet.  La  Mecque,  où  le  pro- 
phète des  musulmans  était  né,  Yatreb, 
qui  lui  avait  donné  asile  et  où  il  établit 
le  siège  de  sa  puissance,  et  qui,  pour  cela, 
reçut  le  nom  de  Medinat^al^Naby  (ville 
du  prophète)  ou  simplement  Médine,  fu- 
rent réputées  villes  saintes.  Le  Hedjaz, 
soumb  à  cinq  khalifes,  successeurs  immé- 
diats de  Mahomet,  et  résidence  des  trob 
premiers,  fut  fréquemment  en  révolte 
contre  la  domination  des  Ommeyades  et 
des  Abbassides,  qui,  successivement  usur- 
pateurs du  khalifat,  en  avaient  transféré 
le  siège  à  Damas ,  en  Syrie ,  pub  à  Bag- 
dad, dans  llrak  ou  Chaldée.  Les  descen- 
dants d'Ali,  cousin  et  gendre  de  Maho- 
met par  ses  fib  Haçan  et  Houœin,  et  les 
ambitieux  qui  s'érigèrent  en  défenseurs 
ou  en  vengeurs  de  cette  illustre  famille, 
trouvèrent  toujours  dans  les  peuples  du 
Hedjaz  des  soldats  dévoués  jusqu'au  Ct- 
natbme,  et  des  flots  de  sang  y  coulèrent 
à  diverMS  époques,  soit  dans  les  combats, 
soit  par  la  main  des  bourreaux.  Enfin, 
lors  de  la  décadence  du  khalifat  et  de 
raffaiblissement  de  la  dynastie  abbasside, 
l'empire  musulman  ayant  été  démembré. 
Je  tiedjaX|  à  Teiemple  de  la  plupart  des 


autres  provinces,  foma  wi  état 

qui  a  toujours  été  possédé  par  das 

(descendants  d'Ali).  Le  preiDcr,] 

ben-Yousouf,  entra  dans  la  Meei 

351  de  l'hégire  (865  de  J.-C.), 

mes  à  la  main,  y  exerça  dliorriblei 

tés  qui  lui  valurent  le  surnom  d*^ 

Jah  (le  Sanguinaire),  y  leva  dV 

contributions,  pilla  le  temple,  i 

Médine  et  Djiddah ,  égorgea  1,S€ 

rins,  et  fonda  la  dynastie  des  Okl 

des,  qui  compta  onze  princes, 

Hadji-Khalfah ,  ou  plutôt  sept, 

Mouradgea-d'Ohsson.  Elle  fat 

en  350  (961),  suivant  cdui-cî, 

Carmathes,  sectaires  fameux  et  a 

avaient  pris  la  Mecque  l'an  3 1 9  ( 

qui  y  établirent  une  autre  braac 

race  d'Ali,  les  Beno-Moosaa,  doi 

et  dernier  prince,  Choukonr»' 

Maaly,  fut  un  savant  dbtingué,  i 

poète,  qui  protégea  les  lettres  et  1 

ces.  Sa  dynastie  finit  en  453  (  10< 

fut  remplacée  par  celle  des  Hac 

on  Folaîiahides,  qui,  après  avoû 

le  trône  pendant  141  ans,  so«s  i 

ces,  en  fut  chassée,  l'an  598  (19 

les  Catadahides,  dont  la  postérili 

encore,  mab  qui  n'a  régné  qa*i 

que.  Une  branche  des  Hache» 

Mahannadcs,  s'emparèrent  de  M 

599  (1303)  et  la  conservèrent 

800  ans.  Les  princes  de  ces  é 

rarement  grands,  n'ont  été  la  ph 

des  tyrans  odieux  on  d^infsmes  1 

fléaux  de  leurs  sujets.  Aussi  k 

ne  conserva-t-il  qu'une  ooifan 

pendance;  il  fut  presque  toajoi 

de  reconnaître  la  suzeraineté  di 

puissants  voisins,  teb  que  les  m 

bowaîdes  et  seldjoukidei,  qui,  si 

ment ,  gouvernèrent  l'empire  ■ 

au  nom  de  plusieurs  khalifes 

de  Bagdad;  les  Fathimides,  r 

ces  derniers,  auxqoeb  ib  eoleiw 

frique,  l'Egypte  et  la  Syrie;  les 

des,  souverains  aussi  ck  l*Égyp 

Syrie,  et  conquérants  du  Yeasen 

thans  mamelouks ,  qui  supplaarf 

descendants  de  Saladin  ;  enfin 

thans  othomans,  qui  conquira 

mamelouks  l'l%gypte  et  la  Syrie»  « 

Les  chérib  du  Hedjaz,  quoi 

d'Ali  par  son  fib  Ha^n ,  nVfi 


(581) 


HEE 


I  le  titre  de  khalifes,  ni  rempli 
îooe  tacrèci  de  rimamet  :  aussi 
t  la  race  des  Catadahides  Tint,  le 
,  nodre  bomma^  au  sulthan  et 
fe  d'Égrpte  en  1464,  et  le  34* 
ion  fils  au  Caire  pour  y  présenter 
[*'les  clefs  de  la  Kaabah  dans  un 
argent.  Sous  la  domination  otho- 
t  Hedjaz  fut  tranquille,  et  les  ré- 
s   derinreot   moins    fréquentes 
Gunille  régnante.  Au  oommence- 
i  XVIII*  siècle,  une  autre  de  ses 
s,  les  Boumenides,  panrint  à  la 
neté  de  la  Mecque;  mais  les  gou* 
I  de  Médine  et  de  Djîddah  étaient 
.  par  le  Grand-Seigneur,  qui  ne 
■t  pas  de  l'administration  inté- 
La  discorde  qui  régnait  entre  le 
baleb  et  son  frère  Abd-el-Mayn, 
icilité  aux  Wahhabis  (vox*)  la 
e  de  la  Mecque  et  du  Hedjaz  en 
[jhaleb,  chassé  par  eux  et  rem- 
ir  son  frère,  fut  rappelé  Tannée 
!  par  les  habitants,  qui  avaient 
la  garnison  des  Wahhabis;  mais 
reprirent  la  Mecque  en  1 806,  et 
y  rentra  après  avoir  fait  la  paix 
K.  Le  vice- roi  d'Egypte,  Moham- 
iy  ayant  déclaré  la  guerre  à  ces 
I  sectaires,  vint  à  la  Mecque  en 
t,  se  défiant  de  Ghaleb  malgré  sa 
ion  apparente,  il  le  fit  arrêter 
as  ses  fils  et  les  embarqua  pour 
l^où  ils  furent  déportés  à  Saloni- 
ils  y  moururent  tous  en  1818. 
neveu  de  Ghaleb,  fut  nommé  ché- 
Mohamroed-Ali ,  qui,  depuis  la 
tion  des  Wahhabis,estaujo«rd^hui 
nble  souverain  du  Hedjaz  et  de 
t  toute  l'Arabie.         H.  A-d-t. 
H>NISME,  voX'  AaisnppK,  Eu- 
[SMX  et  Deohtologix. 
>VIGE,  voy,  Jagellov  et  Louis, 
Hongrie  et  de  Pologne. 
KMSKERK,  voy  Hemsxerx. 
ERE  N    (  Aerold  -  Heexann- 
y  célèbre  professeur  d^histoire  à 
rsité  de  Gœttingue ,  conseiller  au- 
commandeur  de  l'ordre  des  Guel- 
Jbevalier  de  la  Légion-d'Honueur 
I  1837)  et  de  l'ordre  de  l'Étoile- 
s,  membre  ou  associé  étranger  de 
nrt  des  académies  de  l'Europe,  et 
loties  de  celle  des  Inscriptions  et 


Belles-Lettres  (Institut  de  France  ) ,  na- 
quit le  35  octobre  1760  à  Arbcrge&y 
village  près  de  Brème ,  où  son  père  était 
alors  pastenr  avant  de  le  devenir  au  dôme 
de  cette  ville  même.  Heeren  entra  au  col- 
lège en  1775;  au  bout  de  4  ans,  il  alla 
à  l'université  de  Gœttingue  pour  y  étu- 
dier la  théologie,  à  laquelle  on  le  desti- 
nait ;  mais  le  hasard  ou  la  curiosité  Tayant 
conduit  au  cours  d'antiquités  grecques 
du  célèbre  Heyne,  celui-ci  sut  tellement 
captiver  l'attention  du  jeune  étudiant,  qui 
se  sentait  peu  de  goût  pour  la  théologie ,  ' 
qu'il  se  décida  bien  vite  à  abandonner 
l'exégèse  pour  les  langues  anciennes.  En 
suivant  les  leçons  de  Spittler,  il  apprit  à 
voir  l'histoire  en  grand,  et  connut  la 
meilleure  méthode  à  suivre  dans  cette 
étude.  Il  allait  accepter  une  place  de 
précepteur  dans  la  Suisse  italienne,  lors- 
que Heyne,  voulant  fixer  auprès  de  lui 
son  jeune  auditeur,  l'engagea  à  entrer 
dans  la  carrière  académique.  Docile  à 
ces  directions ,  M.  Heeren  se  fit  recevoir 
docteur  le  29  mai  1784,  et,  pour  acqué- 
rir des  titres  qui  lui  permissent  d'aspirer 
à  une  place  de  professeur,  il  publia  une 
édition  corrigée  du  rhéteur  Ménandre» 
sous  ce  titre  :  Menander  rhetor^  de 
Eneomiisj  etc.  (Gœlt.,  1785).  Cepen- 
dant sa  santé,  altérée  par  le  travail,  et 
une  vie  trop  solitaire  portèrent  son  es- 
prit à  la  mélancolie  :  il  sentit  qu'il  avait 
besoin  de  voyager ,  et  un  legs  modique 
qu'il  recueillit  d'un  grand'oncle  lui  en 
offrit  le  moyen.  Th.-Chr.Tych8en,  un  de 
ses  amis,  revenu  depuis  peu  d'Espagne, 
lui  ayant  rapporté  la  collation  d'un  manu^ 
scrit  de  Stobée  conservé  à  l'Escurial ,  il 
se  proposa  de  collationner  les  six  ou  sept 
manuscrits  de  cet  auteur  ancien  dissé- 
minés en  Espagne ,  en  Allemagne ,   en 
Italie ,  et  d'en  donner  une  édition.  Parti 
le  17  juillet  1785  de  Gœttingue,  il  vi- 
sita d'abord  Augsbourg, Munich  et  Vien* 
ne,  puisse  rendit  à  Trieste ,  s'arrêta  aux 
ruines  d'Aquilée ,    et  alla  par  terre   à 
Venise.  Il  passa  par  Padoue,  Vérone  et 
Mantoue,  pour  arriver  à  Florence,  où 
la  galerie  et  la  bibliothèque  de  Médicis 
lui  donnèrent  d'amples  occupations.  Le 
Vatican  possédait  le  manuscrit  le  plus 
important  de  Stobée.  Dans  la  ville  pon- 
tificale, il  se  lia  avec  le  savant  2iOêga,  qui 


HEE 


(682) 


HEE 


Tinitia  aux  tecreU  de  l'archéologie  et 
rîDtroduisit  chez  Borgia ,  doot  le  riche 
musée  et  la  Taste  érudition  contribuèrent 
puissamment  à  IMnstruction  de  M.  Hee- 
ren.  Sous  le  titre  de  Commentatio  in 
opus  cœlatum  Musœi  Pio^Clementini 
(Rome,  1786),  il  publia  un  mémoire  sur 
uu  sarcophage  que  Winckelman  avait 
faussement  annoncé  comme  représentant 
le  meurtre  de  Clytemnestre  par  Oreste. 
Ne  perdant  pas  de  vue  son  principal  but, 
M.  Heeren  collationna  en  même  temps  un 
manuscrit  de  Stobée  qui  lui  fournit  une 
foule  de  variantes  et  de  corrections.  Après 
sept  mois  de  séjour,  il  quitta  Rome  pour 
aller  à  Naples,  où  la  bibliothèque  al 
Capo  di  Monte  lui  offrit  deux  manuscrits 
des  Echgœ,  De  là  revenant  à  Rome ,  il 
rencontra  Gœthe;  puis  il  se  rendit  par 
Florence  et  Livoume  à  Milan  et  à  Gènes, 
et  arriva  en  février  1787  à  Paris,  où  il 
passa  deux  mois  et  collationna  un  manu- 
scrit de  Stobée.  En  quittant  la  France,  il 
traversa  la  Hollande ,  vit  à  Leyde  Ruhn- 
kenius,  et  revint  à  Gœttingue  au  mois  de 
juin ,  après  deux  ans  d'absence.  Il  reçut 
alors  le  diplôme  de  professeur  extraor- 
dinaire de  philosophie. 

Des  cours  sur  l'histoire  des  belles- 
lettres  ,  sur  les  antiquités  romaines  eC  sur 
Tacite  et  Salluste ,  remplirent  ses  deux 
premières  années  académiques  ;  ce  fut  en 
1 790  qu'il  commença  ses  cours  sur  l'his- 
toire ancienne.  A  la  même  époque,  il  en- 
treprit, en  société  avec  Tychsen,  la  Biblio' 
thèque  de  Part  et  de  la  littérature  chez 
tes  anciens.  En  1 793,  il  publia  le  premier 
▼olume  de  son  édition  de  Stobée ,  et  le 
second,  en  1794.  Les  deux  derniers  vo- 
lumes, comprenant  les  Ethica^  parurent 
en  1801.  Abandonnant  depuis  la  criti- 
que philosophique ,  il  réserva  tout  son 
temps  pour  Thistoire.  L'étude  de  Polybe 
et  d^autres  historiens  anciens  lui  mon- 
tra Tantiquité  sous  le  rapport  nouveau 
du  commerce  et  de  la  constitution  des 
anciens  états.  Ce  double  point  de  vue 
donna  naissance  à  son  grand  ouvrage  : 
Idées  sur  la  Politique  et  le  Commerce 
des  principaux  peuples  dr  l'Antiquité  y 
qu^il  commença  par  T Afrique ,  et  dont  la 
première  partie  parut  en  1793.  Deux 
années  d^études  l'ayant  familiarisé  avec 
|Y)rjcof ,  il  donna,  en  1796,  le  premier 


volume  relatif  à  l'Asie,  qui,  dam  les  éâ-  >f 
lions  suivantes,  devint  la  première  palii  * 
de  l'ouvrage.  En  1806,  il  publia  uac»  I 
conde  édition  de  son  travail  entièrcM^  '  - 
refondu,pour  laquelle  il  pro6ta  des  fHuyh  ji 
immenses  que  les  connaïasanoes  géogi»»  =* 
phiques  et  ethnographiques  avaient  6ii^  « 
grâce  à  notre  expédition  d^Éfvpte ,  wm  p 
découvertes  des  voyageurs  en  Afrique,  fe>i 
la  domination  de  l'Angleterre  daâs  li^ 
Indes.  L'histoire  reçut  ainsi  un  agrandb*  '• 
sèment  inattendu,  et,  surtout,  elle  gay^fi 
prodigieusement  en  intérêt.  Le  iniiinihil } 
fait  allégué  par  hasard  dans  un  texte 
conque  de  l'antiquité  devint,  pour 
dire ,  une  révélation  pour  la  sagadié  4i  i 
l'historien  ;  en  rapprochant  eotre  eux  «M  ^ 
ces  faits  épars  auxquels  on  n^avatt  fmr 
pensé  jusque-là,  celui-ci  fit  cooDaltre  TiÊ^Ï 
des  sociétés  anciennes,  leur  civilisatiin 
et  leurs  relations  entre  elles.  Griee  à  M 
méthode  de  comparer  et  de  rapprucfts'l 
entre  eux  les  auteurs  anciens  et  les  animal 
modernes ,  M.  Heeren  parvint  à  écUf»»^^ 
cir  les  questions  les  plus  dif&dles.  Le 
des  explorations  scientifiques  se 
gea  dans  l'université  de  Gœttingue,  cl  la  i 
voyageurs  Seetzen ,  liomeoianD,  Haal»*  | 
ton,  Btu^hardt,  fàrent  ou  des  aaJiifi  ji 
ou  des  amis  du  savant  professeur.  Si  !■  ^ 
Idées  de  celui-ci  furent  l'occasion  «■  h  | 
cause  de  leurs  voyages  et  de  leurs  déeos*  ^ 
vertes,  œs  dernières  à  leur  tour  iaia^  i 
rent  utilement  sur  son  ouvrage,  qui  te  di»  ^ 
veloppa  à  chaque  nouvelle  édition  ;  rék  \ 
de  1815,  où  commencèrent  les  rechcr»  n 
ches  sur  les  Grecs,  forme  plus  du  doukli   ] 
de  la  première.  On  y  trouve  aussi  des  ad»   \ 
ditlons  importantes  sur  llnde.  Dans  la  4*   ■ 
et  dernière  édition,  publiée  en  1 8S6,  ci 
6  volumes,  M.  Heeren  a  consigné  et  aaa» 
l)'sé  les  recherches  de  tous  les  écrivaiai 
modernes,  et  les  renseignements  poiiÉi 
sur  les  lieux  mêmes  par  les  derniers  voya* 
geurs,  comme  Cailliaud ,  Belioni ,  Rsr^ 
Porter,  Niebuhr,  Champollion  et  antrm 
Aussi  ce  bel  ouvrage,  monument  histori» 
que  dont  l'Allemagne  se  glorifie,  a-i-îl 
été  traduit  deux  fois  en  français,  dc«i 
fois  en  anglais ,  ainsi  qu^en  hollandais  d 
en  russe.  Quelques-unes  de  cys  tradnc* 
tionsyà  cause  des  notes  inédites  que  M. Her- 
ren  a  bien  voulu  y  joindre ,  peuvent  étit 
regardées  en  quelque  sorte  otmmtt  drs 


HBE 


(583) 


HEE 


Histoire  de  la  littérature  classique  au 
mojren-égey  réstiiné  plein  d'émditioD,  où 
le  XV*  siècle,  époqae  si  f<koDde  pour  les 
lettres  et  les  arts,  se  déroule  à  nos  yeux , 
comprend  deux  volumes.  Ce  respectable 
doyen  des  historiens  allemands,  arrivé  à 
un  âge  où  l'homme ,  après  tant  de  tra* 
vaux  surtout ,  a  le  droit  de  se  reposer , 
continue  toujours  la  tâche  laborieuse 
qu'il  s'est  imposée.  H  célébra,  le  39  mai 
1834,1e  50*  anniversaire  de  sa  promotion 
au  doctorat,  et,  le  27  août  18S7,  le  ôO« 
anniversaire  de  son  professorat.  Depuis 
le  commencement  de  ce  siècle,  une  mul* 
titude  de  savants  et  d'hommes  d'état  ont 
honoré  leur  maître  par  leurs  talents  dans 
les  postes  les  plus  éminents.  Malgré  ses 
nombreuses  occupations,  le  digne  vieil- 
lard trouve  encore  le  temps  de  diriger 
avec  M.  Uckert,  professeur  a  Gœttingue, 
la  publication  de  V Histoire  des  princi^ 
paux  états  de  l'Europe,  excellente  col- 
lection, fort  volumineuse  déjà,  et  qui 
parait  chez  le  libraire  Perthes  à  Gotha. 
Chargé,  depuis  1827,  de  la  rédaction  des 
Publications  savantes  de  Gœttingue  ^ 
un  des  meilleurs  et  des  plus  anciens  jour- 
naux de  critique  que  possède  l'Allemagne 
depub  1739,  époque  de  sa  fondation 
{voy.  Haixkk)  ,  il  continue  toujours  à  s'ac- 
quitter de  cette  tâche  honorable.  Tant  de 
travaux  accumulés  ont  empêché  M.  Hee- 
ren  de  compléter  ses  Idées  sur  la  poU- 
tique  et  le  commerce  et  de  donner  le  ta« 
bleau  des  relations  commerciales  des  Grecs 
et  des  Romains.  Des  attaques  récentes  et 
peu  mesurées  l'ont  peut-être  découragé 
d^ailleurs.  Il  a  trouvé  des  adversaires  dans 
MM.  Schlesser,  Bercht,  Gervinus,  et  le 
dernier  surtout,  dans  ses  Lettres  histo^ 
riques'j  s'est  montré  peu  juste  à  l'égard 
du  vétéran  de  l'hbtoire  critique,  en  ne 
faisant  pas  la  part  du  temps  où  il  publia 
ses  travaux,  ainsi  que  de  celui  où  lui-même 
a  commencé  les  siens.  Cependant  plu- 
sieurs mémoires  particuliers  sur  le  com- 
merce de  Palmvre,  sur  celui  de  Ceybn , 
sur  l'intérieur  de  l'Himalaya,  publia  de- 
puis 1826  par  M.  Heeren,  prouvent  qu'il 
n'a  jamab  cessé  de  s'occuper  d'une  bran- 


de  son  ouvrage  . 
99,  M.  Heeren  succéda  à  Gat- 
lualilé  de  professeur  d'histoire, 
■ipUssait  déjà  les  fonctions.  Em- 
des  lors  le  domaine  historique 
le  son  étendue ,  il  s'attacha  de 
se  à  Tétnde  des  relations  des  états 
I.  Dédaignant  de  s'arrêter  à  la 
es  événements,  il  s'efforça  d'en 
les  causes,  de  sabir  les  idées  do- 
de  chaque  siècle  et  le  caractère 
1  des  hommes  placés  à  la  tête  des 
D  lut  conduit  à  examiner  l'in- 
kk  commerce  et  des  colonies  sur 
ïljc  de  ITurope ,  et  publia ,  en 
B  Manuel  historique  du  sjrstè" 
fque  des  états  de  l'Europe  et  de 
MÛeSf  depuis  la  découverte  des 
les.  Dix  ans  auparavant  (1799), 
nblié  son  Manuel  sur  l'histoire 
',  q[ui  avait  été  accueilli  avec 
nr  dont  celui  sur  l'hbtoire  mo- 
ût à  son  tour  ;  tous  les  deux  ont 
its  en  françab  et  dans  plusieurs 
ngoes.  Sans  compter  plusieurs 
oos,  le  premier  eut  cinq  édi- 
qu'en  1830.  A  ces  travaux  il 
ifare  on  cours  sur  Fhbtoire  des 
y  dont  M.  Heeren  détacha  un 
qui  remporta,  en  1 808,  un  prix 
it  de  France  '^.  Cest  en  1821 
idémie  des  Inscriptions  et  Bel- 
ss  l'élut  au  nombre  des  asso- 
i^crs,  en  remplacement  de  Wyt- 

nt  regarder  comme  modèles  de 
re  ses  deux  Notices  biographi- 
Jean  de  MûlUr  l^ipzig,  1810) 
fjne  (Gœttingue,  1813).  Heyne 
le  beau-père  de  M.  Heeren  qui, 
y  avait  épousé  la  611e  du  célè- 
ilogne.  La  dernière  édition  de 
es  hbtoriques  (1821  -  1826)  se 
de  18  volumes  :  ses  Idées  en 
■x;  ses  deux  Manuels  trob  ;  ses 
rs  historiques  y  qui  renferment 
§s  fort  intéressants ,  quatre  ;  son 

■Cc«r  de  rct  article  aorait  pa ,  parmi 

Âoaa,  BoauBcr  la  sieaae,  si  sa  modes* 

eét  permis.  Elle  forme  6  toI.  io>8**# 

\o  et  aao.  sqït.  S.       che  de  l'histoire  dont  il  peut  être  regardé 

mmrtm^umtmitM  Ooisadês,tnà.  de  »  ^^^  raison  comme  Ic  créateur.  Étranger 

I  par  CharWsYillers,  Paris,  1808,  cfacs  ;  »    .      ^      1      **, .#_  .•  *        ^ 

«  Wirta.  r^.  k  IVutide  CaouADM.     *  •^^  ^  *^^  systemaUques  qui  ont 
98S  et  nir.  $.    *  séduit  un  grand  nombre  de  ses  oompe^ 


HEG  (  584  ) 

trîotes,  il  n*a  raîflonDé  qae  diaprés  les 
faits,  et  c'est  aux  récits  des  voyageurs  de 
tous  les  temps  qu^il  a  demandé  les  lu- 
mières dont  il  avait  besoin  pour  saisir  ce 
qu'il  y  a  eu  d'original  dans  le  génie  des 
peuples  anciens.  Aujourd'hui  méme,il  est 
encore  Técrivain  qui  a  émis  le  plus  d'i- 
dées neuves  sur  l'antiquité  et  qui  a  su  al- 
lier à  une  grande  vigueur  de  raison  une 
profonde  sagacité  d'esprit.  Les  découver- 
tes des  derniers  voyageurs  qui  ont  décrit 
les  monuments  dont  les  débris  ont  résisté 
aux  outrages  du  temps,  ont  justifié  plei- 
nement ses  conjectures  en  apparence  les 
plus  hardies.  W.  S. 

HEGEL  (Geoaobs-Guillaume-Fki^- 
dérig),  philosophe  de  premier  ordre, 
successeur  de  Kant  et  de  Fichte,  disciple 
et  émule  de  Schelling,  rit  le  jour  à  Stutt- 
gart le  27  août  1770.  Après  avoir  reçu 
une  première  éducation  distinguée,  il  se 
rendit  à  l'université  de  Tubingue  pour  j 
étudier  la  philosophie  et  la  théologie. 
Entré  au  séminaire  protestant,  il  fut  pen- 
dant quelque  temps  le  compagnon  de 
chambre  de  Schelling,  qui,  bien  que  plus 
jeune  que  lui  de  quelques  années,  le  de- 
vança dans  la  carrière  et  s'illustra  long* 
temps  avant  Hegel.  Tous  deux  se  livrè- 
rent avec  ardeur  à  l'étude  des  sciences 
philosophiques,  ranimées  en  Allemagne 
et  élevées  à  une  hauteur  inconnue  jus- 
qu'alors par  Kant  et  par  Fichte. 

Hegel  passa  cinq  années  à  l'université 
de  Tubingue.  Après  avoir  obtenu  le  grade 
de  docteur  en  philosophie,  désireux  de 
Toir  le  monde,  il  accepta  les  fonctions  de 
précepteur,  d'abord  en  Suisse,  puis  à 
Francfort.  Au  commencement  du  xix* 
siècle,  la  mort  de  son  père  l'ayant  mis 
en  possession  d'un  modique  héritage,  il 
put  suivre  son  ami  Schelling  à  l'univer- 
sité d'Iéna,  qui,  depuis  plusieurs  années, 
était  devenue  le  principal  foyer  de  la 
philosophie  allemande,  et  où  cet  ami 
venait  de  succéder  à  Fichte,  qui  lui- 
même  avait  remplacé  Reinhold.  Déjà 
M.  de  Schelling,  après  avoir,  ainsi  que 
Hegel,  suivi  quelque  temps  le  drapeau 
de  Fichte,  avait  arboré  une  bannière  à 
lui.  Pendant  plusieurs  années,  Hegel  s'as- 
socia à  sa  pensée. 

Pour  obtenir  le  droit  de  faire  des  cours 


KBG 

tine  sur  lei  orbitei  dci  plaBèltt(Dlrflb^ 
bitis  planetarum^  1801),  et  bicBlétifÉl| 
il  publia,  en  allemand,  loo  prcMritf^'j 
vrage  philosophique  :  De  la  diffémÊ^ 
du  système  de  Fic/ue  et  de  eeU  A 
Schelling  ÇLéiUL^  1801),  ouvrage  das II» 
quel  il  exaltait,  aux  dépens  de  Kant  iftli 
Fichte,  la  philosophie  de  soa  ami,ais 
lequel  il  s'unit  pour  la  publicatioa  El 
Journal  critique  de  la  PhilasophieÇTi^ 
1802).  Il  y  fit  insérer  entre  aolies  ai 
dissertation  intitulée  :  De  la  foi  «f  4i 
savoir j  écrit  qui  renferme  une  crilipl 
des  systèmes  de  Kant,  de  Jaoobi  si  A 
Fichte ,  présentés  par  Hegel  coohm  M 
tant  tous  ensemble  que  des  fermes  dhtf 
ses  d'une  philosophie  purement  sid^m 
tive ,  c'est-à-dire  qui  porte  UMit  caâi 
sur  la  nature  et  l'état  du  sujet  pcMM 
ou  du  moij  et  qui  ne  considère  leie^M 
que  relativement  à  ce  sujet ,  landis  m 
son  ami  et  lui,  partant  de  l*byp«N 
se  de  l'identité  de  la  pensée  avec  et  fi 
est ,  tendaient  vers  ooe  philoeopkît  il 
jective. 

Pendant  son  séjour  à  léna,  Hegilil 
quelques  rapports  avec  S<:hiller  et  te 
the.  Ce  dernier  entrevit  dès  lors  le  fiil 


du  philosophe,  à  travers  les  fc 
cises  et  grossières  dont  il  était 
veloppé.  En  1806,  le 
Weimar  nomma  Hegel  profc 
pléant  à  la  place  de  M.  de 
il  ne  put  lui  oflrir  qu'un  trèa  faible  MJ 
tement.  A  cette  époque,  Hegel 
çait  à  n'être  plus  satisfait  de  la 
phie  de  ce  dernier,  et  il  songeait 
opposer  un  système  nouveau,  originil,! 
non  pour  le  fond  des  idées,  du  moins  M 
le  rapport  de  la  méthode.  Ce  fet  au  hn 
du  canon  d'Iéna  qu'il  termina  m  fk 
noménologiede  l'es  prit  y  ouvrage  qii  à 
vait  servir  d'introduction  à  sa  wûmâ 
philosophie,  et  qu'il  appelait  son  «o^ 
de  découvertes.  11  parut  à  Banbcff 
1 807,  comme  première  partie  d^in  as 
veau  Système  de  la  seiemce^  titre  m 
prunté  à  Fichte,  et  qui  indique  qut  é 
surtout  la  méthode  qui  Poccupait. 

Le  malheur  du  temps,  joint  an  wêM 
ment  de  Timpossibilité  de  faire  afi^rte 
une  philosophie  qui  ne  se  prodniiaiH 
core  qu'avec  effort,  engage*  Hegel  à  fi 


publics,  Hegel  écrivit  une  disserUtion  la-  |  ter  léna  et  à  accepter  à  Basbvf  11  f 


HEG 


(585) 


HEG 


dVm  joomal  politique.  Mais  il 
bientôt  à  cette  oocapatîon ,  qui 
— iifniîl  pea  à  son  ^nie ,  pour  accepter 
im  Ibnctions  de  directeur  da  gymnase 
il  Norembergy  qu'il  remplit  avec  autant 
ii  talent  que  d'énergie. 
,  0e  1807  à  1813,  il  traTaUla  en  silence 
LiMider  son  système.  La  partie  spécula- 
IIm  en  parut  enfin  sous  le  titre  de  Logi^ 
pÊt  {Logik  des  Seynsj  des  fF'esens  und 
itsBegriffs^  r^uremberg,  1813-1816, 
I  ^%A.  în-8*  )•  L'effet  que  produisit  cet 
lanaf^e  original,  joint  au  souvenir  de  la 
Blâto0séno/o^/>  de  Vesprit^  fit  appeler 
hmenr,  en  1816 ,  à  Tuniversité  de  Hei- 
:,  comme  professeur  de  philoso- 
L'indépendance  nationale  recon- 
avait  rendu  la  vie  à  la  science  et 
pu  fortes  études.  Hegel  se  rendit  avec 
IBpressement  à  cet  appel.  Le  succès  de 
pB  enseignement  à  Heidelberg  et  la  pu-- 
liealion,  dans  cette  ville,  de  VEncjrcla^ 
$idie  des  sciences  philosophiques^  1817, 
fthevèrenC  de  le  rendre  célèbre  dans  toute 
KlUeaiagne.  Le  gouvernement  prussien 
bmtn,  en  18 1 8,  à  venir  occuper  à  Berlin 
I  chaire  illustrée  par  Fichte.  Hegel  put 
hi»  exposer  sa  pbilosophie  sur  un  plus 
WÊm  théâtre;  et  depuis  son  arrivée  à  Ber» 
■  y  ai  Ton  excepte  quelques  voyages  de 
Sciréntion  dans  les  vacances,  sa  vie  n'offre 
Ibs  d'autres  événements  que  le  succès 
■ijoaira  croissant  de  ses  leçons  sur  ton* 
•  IcB  branches  de  la  philosophie  et  la 
■hlicniion  de  plusieurs  ouvrages  impor- 
imls.  n  fit  paraître  successivement  sa 
^kiiosophie  da  droit  [Grundlinien  der 
'kUasoplùe  des  /UrcA//,  Berlin ,  1821), 
■BJL  écUtions  nouvelles  de  VEncyclopé^ 
te  9  le  premier  volume  d'une  seconde 
iition  de  la  Logique^  et  divers  articles 
■BBarqoables  insérés  dans  les  Annales 
Et  ia  critique  scientifique^  fondées  sous 
Bft  suBspices  et  destinées  à  appliquer  sa 
ihilnaophie  à  toutes  les  parties  de  la 
tâence  en  jugeant  tous  les  écrits  de  quel- 
|Me  importance  d*après  ses  principes.  Ses 
foyages  le  conduisirent  en  1 832  dans  les 
?ays-Bas,en  1824  àVienne,  et  en  1827 
I  Paris  par  Weimar.  A  Paris,  M.  Cousin 
9Cy.)  lui  rendit  l'hospitalité  qu'il  avait 
Ptçiie  de  lui  à  Berlin.  A  Weimar,  Gœthe 
fnocneillit  avec  la  distinction  que  le  plus 
irand  poète  de  la  nation  devait  au  plus 


grand  philosophe  de  Tépoque.  Les  lettres 
qu'il  écrivit  à  sa  femme  pendant  ces  loin- 
taines excursions  sont  remplies  de  sim« 
plidté  et  de  tendresse  pour  sa  famille. 
On  est  de  plus  frappé  dans  ces  lettres 
d'une  certaine  universalité  d'apprécia- 
tion des  hommes  et  des  choses,  de  la  na^ 
ture  et  des  ouvrages  de  l'art.  Du  point 
de  vue  élevé  où  il  s'est  placé,  le  voya- 
geur philosophe  voit  partout  l'harmonie 
dans  le  monde  si  varié  qui  passait  sous 
ses  yeux  ;  il  y  trouve  plus  d'analogies  que 
de  dissonances.  Il  était  encore  plein  de 
force  lorsqu'en  1831  le  choléra  le  choisit 
pour  une  de  ses  victimes.  Il  mourut  à 
Berlin  le  14  novembre,  au  116*  anni* 
versaire  de  la  mort  de  Leibnitz.  Sa  dé* 
pouille  mortelle  repose  a  c6té  de  celle  de 
Fichte.  Le  jour  de  ses  funérailles  fut  pour 
lui  un  jour  de  triomphe.  Si  quelques-uns 
de  ses  disciples  le  louèrent  avec  une  exa- 
gération ridicule,  tous  les  parUs  se  réu- 
nirent pour  déplorer  la  grandeur  de  sa 
perte.  Cependant  Hegel,  non  plus  que 
Fichte,  ne  fîit  pas  membre  de  l'Académie 
des  Sciences  de  Berlin. 

De  l'aveu  même  de  ses  admirateurs, 
Hegel  manquait  en  chaire  et  dans  la  con- 
versation de  cette  facilité  et  de  cette  abon- 
dance d'élocution  qui  peuvent  être  unies 
quelquefois  à  un  esprit  médiocre,  mab 
qui  ajoutent  à  l'ascendant  du  génie.  Il  y 
a  d'autant  plus  lieu  de  s'étonner  de  ses 
succès.  Il  fallait  donc  qu'il  y  eût  dans  sa 
philosophie  et  dans  sa  manière  de  la  pré- 
senter quelque  chose  de  bien  puissant 
pour  captiver  les  esprits  à  un  si  haut 
point.  Quiconque,  dit  M.  Gans  {voy.) 
dans  sa  nécrologie  de  Hegel,  avait  une  fois 
pris  goût  à  la  profondeur  et  à  la  solidité 
de  ses  leçons,  était  entraîné  de  plusen  plus 
et  retenu  pour  jamais,  comme  dans  un 
cercle  magique,  par  la  force  de  ses  raison- 
nements et  par  l'originalité  de  ses  inspi- 
rations du  moment.  «  Dans  son  commerce 
intime,  dit  le  même  écrivain ,  la  science 
ne  se  montrait  point;  il  n'aimait  pas  à 
s'en  parer;  elle  ne  franchissait  pas  la  salle 
académique  ou  le  cabinet.  En  le  voyant 
occupé  de  petits  intérêts  humains,  cau- 
sant gaiment  et  sans  prétention,  dans  un 
cercle  d'amis,  des  choses  les  plus  ordi- 
naires de  la  vie,  on  ne  se  serait  guère 
douté  quel  rang  élevé  cet  homme,  en 


HBG 


(  &86) 


HBG 


apparence  si  simple,  occupait  dans  le 
monde  de  la  pensée.  » 

Aussitôt  après  sa  mort  plusieurs  de  ses 
disciples  se  réunirent  pour  ériger  à  leur 
maître  un  monument  solide  et  durable 
par  la  publication  d'une  édition  complète 
de  ses  œuvres  en  17  tomes.  Elle  se  com* 
pose  des  ouvrages  qui  ont  paru  du  vivant 
de  Fauteur  et  de  ses  leçons  publiques  sur 
les  diverses  parties  de  la  philosophie.  Le 
1. 1^*^  renferme  quatre  dissertations  écri« 
tes  dans  les  années  de  son  alliance  avec 
M.  de  Schelling  ;  le  t.  II  reproduit  la 
Phénoménologie  de  l'esprit;  les  t.  III, 
rV  et  V  donnent  la  Logique;  les  t.  VI 
et  VII,  qui  doivent  reproduire  VEncy^ 
clopédie  des  sciences  philosophiques 
d*après  l'édition  de  1830,  sont  les  seub 
qui  n'aient  pas  encore  paru.  Le  t«  VŒ 
contient  la  Philosophie  du  droit  avec 
une  préface  de  M.  Gans.  Les  volumes 
suivants,  jusqu'au  XV%  oflrent  les  le- 
çons sur  la  Philosophie  de  C histoire^  sur 
V Esthétique^  sur  la  Pliilosophie  de  la  re^ 
ligiony  sur  V Histoire  de  la  philosophie. 
Enfin  les  t.  XVI  et  XVII  se  composent 
de  discours,  d'articles  de  critique  insérés 
dans  diverses  feuilles  périodiques^  et  de  la 
correspondance. 

La  philosophie  de  Hegel  est  aujour- 
d'hui dominante  dans  la  patrie  de  Leib- 
nitE  et  de  Rant,en  ce  sens  que' tout  le 
mouvement  de  la  pensée  allemande  ac« 
tuelle  s'y  rapporte,  soit  comme  conti- 
nuation et  développement,  soit  comme 
opposition  ou  comme  modification.  Elle 
relève  immédiatement  de  celle  de  Schel- 
ling, et,  par  celle-ci,  de  la  philosophie  de 
Fichte  et  de  Kant.  De  même  que  Fichte 
n'annonça  d'abord  d'autre  prétention  que 
de  donner  à  la  philosophie  de  Kœuigs- 
berg  une  forme  systématique  plus  rigou- 
reuse, de  même  Hegel  admettait  la  phi- 
losophie de  Schelling  comme  vraie  quant 
au  fond,  mais  comme  défectueuse  quant 
à  la  méthode,  et  se  donna  la  mission  de 
la  perfectionner  sous  ce  rapport;  de  telle 
sorte  que,  selon  lui,  la  philosophie  défini- 
tive et  alMolue  est  résultée  de  la  réunion 
du  fond  tel  qu'il  a  été  reconnu  par  M.  de 
Schelling  et  de  la  forme  telle  qu'elle  a  été 
établie  par  la  dialectique  de  Hegel.  Mais 
on  ne  saurait,  en  matières  philosophi- 
ques, toucher  à  la  forme  sans  en  attein- 


dre le  fond,  et  de  même  cpie  Fickn  m 
put  réduire,  sans  la  modifiîer,  la  tl 
de  Kant  à  un  principe  unique,  à  F; 
vite  libre  et  spontanée  du  jnoi,  de 
aussi  Hegel  n'a  pu,  sans  l'altérer, 
former  le  contenu  de  la  philosoplMa  èê 
Schelling. 

L'intelligenceda  système  de  Hegd  h^ 
pose  la  connaissance  des  révolutions  de  h 
philosophie  allemande  depuis  KanL  b 
grande  question,  la  question  foi 
taie  qui  a  surtout  été  agitée  dans 
niers  temps,  c'est  la  question  de  T 
et  de  la  réalité  de  nos  idées,  du  rapport^ 
peut  exister  entre  la  faculté  de  oonnaibi^ 
ou  la  raison,  et  les  objets  perçus,  ou  la  M 
ture  même  des  choses.  Or,  la  oritîqMJ 
laquelle  Kant  soumit  la  raison  le  eoÔM 
sit  à  ce  qu'on  a  appelé  Vidéalisme  cHë* 
que  ou  transcendentaL  Selon  oe  ep» 
tème  (  voy,  Ravt  ) ,  bien  que  nons  m 
puissions  connaître  que  oe  qui  nons  m 
donné  dans  l'observation ,  les  chota  m 
peuvent  pas  être  connues  de  noiM  irih 
qu'elles  sont  en  soi ,  mais  telles  qn^rih 
nous  apparaissent  selon  les  formes  de  f» 
prit,  selon  les  principes  de  la  raison,  pris 
cipes  qui  sont  en  nous  prinûtivesBC^ 
à  priori  y  et  qui  deviennent  en  même  leap 
les  lois  de  la  nature ,  puisqu'ils  sont  hl 
lois  et  les  conditions  de  toute  expéricaci 
Fichte  (iM>r.)»  Animé  d'un  sentiment  Hè 
vif  de  la  personnalité  et  de  la  liberté,  dl 
plus  loin.  N'admettant  oomnie  réel  ^ 
ce  que  nous  connaissons  im 
savoir,  le  /moi,  il  nia  la  réalité  des 
extérieures,  de  tout  ce  qui  n'est  pas 
du  non-moi  ,  et  arriva  ainsi  à  Vidim 
lisme  subjectif  y  qui  explique  tooles  II 
idées  par  la  seule  action  dn  sujet 
et  ne  rétablit  la  croyance  aux  antres 
tences  que  par  la  certitude  immédiate  é 
la  loi  morale,  et  autant  qu'il  faut  neem 
sairement  les  reconnaître  dans  TintéH 
decette  loi.  M.  de  Schelling  vor.\  qui  «ii 
après,  doué  d*une  imagination  vive  et  pnii 
santé,  très  instruit  d'ailleurs  dans  lessden 
ces  physiques ,  n'adhéra  pas  longtemps! 
cet  idéalisme  étroit,  incapabled'expliqne 
la  beauté  et  la  grandeur  de  la  nature,  la  réi 
lité  du  monde.  Il  lui  opposa  la  philose 
phie  de  Videntité^  système  qui  vent 
cilier  ensemble  l'idéalisme  et  le  réal 
et  qui  repose  sur  lliypolliéM  de  1* 


HBG 


(587) 


HEG 


i  toat,  de  l'absence  de  toute 
entre  le  sujet  et  l'objet ,  entre 
réel  et  le  monde  idéal.  Cette 
e,  appelée  tour  à  tour  idéa^ 
cil f  et  philosophie  de  la  na^ 
qu^elle  tm  des  idées  aux  cbo- 
choses  aux  idées ,  suppose  que 
i  y  que  d'une  part  Pabsolu  ou 
essence  une  et  étemelle  de  ce 
e  manifeste  éternellement  dans 
s  universel  ;  que,  d'un  autre c6- 
jse  de  cela  même ,  la  raison  de 
st  la  conscience  de  Dieu ,  que 
ce  est  une  sorte  de  microcosme 
bentation  de  l'univers ,  que  les 
(  lois  de  l'esprit  sont  les  idées 
s  choses  et  les  lois  du  monde, 
inscience  de  ces  idées  et  de  ces 
ïliquer  par  elles  l'existence  et 
des  choses,  telle  est,  suivant 
tlling,  la  vraie  méthode  philo- 
la  philosophie  étant  la  science 
a  la  connaissance  des  choses 
es.  La  philosophie  de  Hegel  a 
bndement,  le  même  point  de 
e  ne  diffère  essentiellement  de 
helling  que  pour  la  méthode. 
\  également  sur  l'hypothèse  de 
mais  à  la  place  de  l'absolu  di- 
nprend  dans  une  unité  indif- 
germes  de  toutes  choses,  de  la 
de  l'esprit ,  et  d'où  émane  éter- 
l'organisme  de  l'univers,  He- 
idée  y  l'idée  pleine,  concrète , 
>nt  le  mouvement  dans  le  temps 
ion  forme  le  monde.  La  phi« 
B  Hegel  est  Vidéalisme  objec» 
;  sa  méthode  consiste  à  saisir, 
idre,  à  suivre  ce  mouvement 
cette  évolution  de  l'idée  con- 
[  dialectique  y  et  c'est  pour  cela 
pie  est  identique  avec  cette  par^ 
étaphysique  qui ,  sous  le  nom 
{,  traite  de  l'être  et  de  ses  mo« 

• 

:  un,  et  tout  est  pensée  et  rai* 
est  immobile  et  sans  change* 
i  ne  fut  et  rien  ne  sera,  tout 
itles  métaphysiciens  de  l'école 
sant  du  tout  un  et  divin  une 
immuable ,  et  niant  la  réalité 
lènes.  Selon  Parménide,la  pen* 
sont  identiques ,  et  ce  fut  avec 
I  dit  Hegel ,  que  ce  qu'on  ap- 


pelle philosopher  commença  véritable- 
ment. Mais,  ajoute- t-il,  l'idée  philoso- 
phique se  rencontre  pour  la  première  fois 
sous  la  forme  spéculative  chez  Heraclite. 
«  Il  n'y  a  pas  une  seule  proposition  du  phi- 
losophe d'Éphèse ,  dit  Hegel ,  que  je  n'aie 
admise  dans  ma  Logique.  »  Or,  Heraclite 
(vojr.) ,  au  lieu  de  rechercher,  comme  les 
autres  Ioniens,  un  commencement,  un 
premier  principe  réel ,  une  substance  pri- 
mitive et  absolue  dont  les  transformations 
successives  auraient  produit  l'univers,  ne 
voyant  partout  que  vie  et  mouvement, 
regarde  le  mouvement  lui-même  comme 
éternel  et  n'en  recherche  plus  que  le  suIh 
stratum ,  le  principe  fondamental ,  dont 
l'action  constante  produit  le  monde.  Au 
lieu  de  dire  avec  les  Éléates  :  Tout  est , 
ei  rien  ne  fut  ni  ne  sera  y  Heraclite  di- 
sait :  Rien  n'esta  tout  devient,  La  philo- 
sophie d'Heraclite  et  celle  de  Spinoza , 
expliquées  par  Hegel ,  sont  la  meilleure 
introduction  à  l'étude  de  la  philosophie 
de  celui-ci.  Heraclite,  selon  Platon,  com- 
parait les  choses  au  cours  d'un  fleuve  dont 
les  ondes  se  succèdent  et  se  renouvellent 
sans  cesse,  de  sorte  qu'il  n'y  a  de  réel  que 
le  cours  même.  L'essentiel  c'est  \p  mou- 
vement universel  des  choses  et  non  les 
choses  elles-mêmes.  Le  vrai,  dit  Hegel, 
ce  n'est  pas  P être  y  mais  le  devenir  (que 
le  lecteur  français  nous  passe  ces  infini- 
tifs). Dans  ce  système,  toutes  les  différen- 
ces et  toutes  les  oppositions  ne  sont  que 
des  formes  passagères  et  toujours  renais- 
santes d'un  même  principe,  d'un  tout 
unique.  Le  mouvement  qui  produit  ces 
formes  diverses ,  le  déploiement  progres- 
sif de  l'idée  concrète  ou  de  l'absolu ,  son 
évolution,est  ce  que  Hegel  appelle  Xepro^ 
ces.  L'absolu  est  à  la  fois  sujet  et  objet , 
pensée  et  matière ,  substance  et  mouve- 
ment. L'objet  est  le  sujet  développé,  et, 
réciproquement,  le  sujet  est  le  dévelop- 
pement de  l'objet.  L'objet  est  Vautre  (  al- 
terum) du  sujet,  mais  non  un  autre  que 
lui  [aliud).  Il  y  a  une  double  évolution 
de  l'idée,  un  double  procès;  mab  de 
cette  double  évolution  ,  pour  ainsi  dire 
parallèle ,  de  l'absolu  résulte  l'unité  de 
l'esprit  et  de  l'univers. 

On  reproche  à  la  philosophie  de  He- 
gel de  n'être  que  le  panthéisme  de  Spi- 
noza sous  une  autre  forme,  et  il  semble 


HEG 


(588) 


HBG 


en  effet  qu*il  D*y  ait  pas  de  milieu  entre 
Tanité  absolue  et  le  dualisme  (voy.  cet 
mots  ).  Ou  tout  est  un ,  et  cet  un  est  Dieu, 
se  manifestant  sous  des  formes  diverses  qui 
ne  sont  qu'autant  d'attributs  et  de  mo- 
des de  la  substance  unique;  ou  bien,  il  y 
a  deux  principes  primitirement  distincts 
et  opposés,  et  on  retombe  alors  dans  le 
dualisme.  Si  donc  la  philosophie  de  He- 
gel repose  sur  Tidéalisme  et  cherche  à  tout 
expliquer  par  la  double  évolution  de  l'i- 
dée absolue ,  n'est-ce  pas  le  spinozisme 
qu'elle  reproduit ,  le  spinozbme  qui ,  en 
supprimant  l'individualité  et  la  liberté 
de  l'homme ,  détruit  toute  moralité  des 
actions  et  l'espérance  de  l'immortalité 
de  l'âme.  L'école  de  He^l  se  défend  de 
ce  reproche  en  disant  que  l'identité  des 
deux  cotés  opposés  du  développement 
doit  être  comprise  de  telle  sorte  qu'on  ne 
fasse  pas  abstraction  de  la  différence,  qui 
est  réelle  et  qui  doit  être  considérée  com- 
me sortant  éternellement  de  la  substance 
unique,  sans  devenir  jamais  réellement 
dualisme.  «  Les  adversaires  de  Spinoza, 
dit  Hegel  (  dans  ses  Leçons  sur  l'histoire 
de  la  philosophie),  font  semblant  de 
prendre  en  main  la  cause  de  Dieu  ;  mais 
c'est  leur  propre  cause  à  eux  qu'ils  plai- 
dent. Dans  le  système  de  Spinoza,  Dieu 
est  si  bien  qu*il  est  même  seul  ;  il  est  l'u- 
nité, la  substance  absolue  et  unique;  le 
monde ,  la  nature  n'est  rien.  Il  y  a  trois 
systèmes  possibles  quant  à  l'existence  de 
Dieu  dans  ses  rapports  avec  les  choses  fi- 
nies et  avec  nous-mêmes  :  dire  que  le  fini 
est  la  substance,  que  nous  sommes  et  que 
Dieu  n'est  pas,  c'est  l'athéisme;  dire  que 
Dieu  seul  est ,  et  que  le  fini  n*est  qu^une 
vaine  apparence,  c'est  moins  proclamer 
le  panthéisme  qu'un  monothébmc  ab- 
solu. D'autres  enfin,  cherchant  à  conci- 
lier ensemble  le  fini  et  l'infini ,  disent  que 
Dieu  est  et  que  nous  aussi  nous  sommes. 
Mais  la  raison  ne  peut  être  satisfaite  de 
cette  espèce  de  compromis  :  elle  éprouve 
le  besoin  de  reconnaître  l'unité  du  fini  et 
de  l'infini ,  d'échapper  au  dualisme  tout 
en  laissant  subsuter  la  différence, comme 
émanant  éternellement  de  la  substance 
unique.  »  «  Du  reste,  continue  Hegel,  le 
spinozisme  est  le  commencement  essentiel 
de  toute  philosophie.  Il  faut  commencer 
par  être  spinostste  ;  il  faut  que  TAme  se 


baigne  dans  la  région  éthéW 
stance  absolue  y  qui  absorbe  1 
regarde  communément  ooi 
vrai.  La  substance  absolue  a 
elle  n'est  pas  toute  la  réalité 
rite  ;  elle  doit  être  considéré 
tive,  comme  vivante,  et  paj 
comme  esprit.  La  snbstano 
za  est  une  abstraction ,  ce  (j 
dépendamment  de  toutes  I 
contingentes  et  phénoménak 
arrive  que  par  la  destruction 
Elle  est  le  fondement  de  l'esf 
abstraite ,  mab  non  sa  base 
lide ,  sa  source  vivante.  Si  I 
cette  substance,  tout  dév< 
toute  activité,etparconséqn« 
ritualité,  toute  vie  est  impi 
pour  cela  que  l'école  d'Élée  i 
vement.  C'est  un  abîme  où 
s'engloutit,  s'anéantit,  et  < 
rien  du  tout.  »  L'idée  abeol 
au  contraire,  est  une  sour 
jaillit  incessamment  l'existen 
verselle.  Sa  vie,  son  action  e 
son  essence,  la  vérité,  le  tôt 
commun  du  système  des  Élé 
lui  de  Spinoza ,  dit  Hegel  ( 
die ,  §  572  ) ,  c^est  de  ne  s 
que  comme  substance^  et 
déterminer  comme  sujet  el 
prit. 

Hegel  admettait  à  la  fois 
connue  du  sensualisme  :  ilfi 
rintelligence  f/ui  n*nit  été 
dans  les  sens^  et  sa  conversi 
dans  les  sens  qui  n'ait  été 
ilans  r  intelligence.  Il  profea 
ensemble  le  sensualisme  et  1 
mc,ridéalbmeet  le  réalisme. 
losophie  du  droit  ^  il  a  fori 
tri  ne  de  Tidentité  de  cette  ou 
ce  fjui  est  réel  est  rationné 
qui  est  rationnel  est  réel,  D( 
inintelligents  n*ont  voulu  vo 
formule  appliquée  à  Thistoîi 
litique  quHin  principe  favoi 
terne  stationnaire  et  conserv 
se  préoccupait  peu  de  ces 
philosophie,  toute  fondée  i 
développement ,  reconnaiss 
traire  le  progrès  vers  la  lili 
loi  de  rhumanité.  Il  n*enteo 
dans  cette  formule  qu'une  ■ 


ma 


(&89) 


UEO 


m. 


!l  aai 


fpéeoktive.  En  diiaiit  qne  tout  ce 
lutiéel  est  ntioDnel ,  il  n'entend  pas 
îféaUlé  tout  ce  que  d'ordinaire  on  re- 
comme  réel.  Tous  les  esprits  quel- 
ipeacnltÎTéSy  dit-il  en  interprétant 
Wpiroles  mal    comprises,  savent  que 
lOt  l'être  le  plus  réel  y  le  seul  yéri- 
it  réel,  et  qu'en  général  toute 
est  en  partie  phénoménale  et 
lyirtiesealement  réalité.  Le  sentiment 
ipliinilgaire  refuse  d'admettre  comme 
réalités  des  exbtences  contingentes 
[•DBtsealement  possibles  et  qui  pour- 
tout  aussi  bien  n'être  pas.  Ce  qui 
(,  ce  qui  périt ,  dit-il  ailleurs ,  n'est 
réeL  Les  animaux  respectent  si  peu 
de  certaines  choses  qu'ils  les 
it  La  réalité  ne  saurait  être  dévo- 
Miis  alors  les  animaux  eux-mêmes 
d  peu  réels,  puisqu'ils  se  dévo- 
;cMre  eux.  Les  hommes  à  leur  tour, 
leoqM  du  moins,  deviennent  la  proie 
I II  corruption;  les  astres  s'éteignent 
it.  Ainsi ,  tout  ce  qui  est 
1  est  sans   réalité.  Mais   où 
«t  la  réalité ,  puisqu'elle  n'est  ni 
ks  êtres  contingents  pris  séparé- 
9  m  tout  entière  dans  la  substance 
?  La  réalité  est  virtuellement,  ou 
,  dans  l'idée ,  actuellement 
ion  évolution,  et  la  réalité  absolue 
*^lWe développée,  et  devenue  sujet  et 
^Pfit  La  philosophie  est  la  reproduc- 
Ttféchie  du  mouvement  de  l'idée, 
loyoi  de  la  dialectique,  et  son  der- 
taie  est  de  comprendre  la  vérité 
.        "^j  de  donner  à  l'esprit  la  conscience 
r  ^*  ^  lui-même  l'essence  absolue. 
2^  pliibsophie  de  Hegel  est  divisée  en 
^^^^  T^  Punies  :  1**  la  science  de  la  logique^ 
*  science  de  l'idée  pure,  de  l'idée 
dans  l'élément  abstrait  de  la 
fiOe  commence  aux  faits  de  la 
ce  vulgaire,  de  la  conscience  na- 
t  réaliste,  et  va  jusqu'au  mo- 
^^  la  notion  est  reconnue  pour  être 
en  soi  de  Tobjet,  l'unité  vir- 
^U  sujet  et  de  Tobjet.  Elle  se  ter- 
^  l^r  la  définition  de  l'idée  comme 
*^  vrai  en  soi  et  pour  soi^  en  puis- 
^^^^  actuellement,  l'unité  absolue  de 
(Jl^^^n  et  de  l'objet  ;  de  l'idée  qui  peut 
^isie  comme  la  raison  ^  comme  le 


et 


^•3 


t 


v^- 


objet,  comme  l'unité  de  Vidéal  et 


du  réel,  du  Jini  et  de  Vinfini,  de  VdnU 
et  du  corps;  comme  la  possibilité  qui  m 
sa  réalité  en  soi,  comme  ce  dont  la  na-^ 
turc  ne  peut  être  conçue  que  comme 
existant  [Encyclopédie,  §  313  et  31 4). 
On  voit  que  Hegel  applique  à  Vidée  la 
définition  que  Spinoza  donnait  de  la  sub- 
stance :  Cujus  essentia  existentiam  in- 
volvit.  Mais  l'idée,  ajoute  Hegel,  est  es* 
sentiellement  procès,  c'est-à-dire  mou* 
vement,  action,  vie,  évolution.  Elle  est 
essentiellement  différente  de  la  substance 
immuable,  immobile,  identité  abstraite 
et  en  repos;  elle  est  à  la  fois  vie,  connais- 
sance, volonté.  3®  La  philosophie  de  la 
nature ,  ou  la  science  de  l'idée  devenue 
nature,  ou  de  l'idée  dans  son  autre  exis- 
tence, dans  son  existence  extérieure.  La 
nature  est  divine  dans  l'idée ,  mais  non 
en  soi,  car,  telle  qu'elle  est,  elle  ne  répond 
pas  à  l'idée,  elle  est  contingente  et  obéis- 
sant à  des  lois  nécessaires.  Son  caractère 
propre  est  d'être  posée,  négative,  ou, 
comme  disaient  les  anciens,  un  non  sens. 
Elle  est  à  considérer  comme  un  système 
de  degrés,  de  transformations  continues, 
dont  l'une  procède  nécessairement  de 
l'autre;  mais  cette  continuité,  cette  pro- 
gression est  dans  l'idée  qui  est  le  fonde* 
ment  de  la  nature,  et  non  dans  la  nature 
même.  Les  métamorphoses  ne  sont  que 
dans  l'idée  ;  il  n'y  a  de  métamorphose  réelle 
que  dans  l'individu  vivant.  La  nature  est 
tout  organique  et  pleine  de  vie;  l'idée  s'y 
pose  ce  qu'elle  est  en  soi,  afin  de  s'élever 
à  l'état  d'esprit;  l'esprit  est  la  vérité  et  la 
fin  de  la  nature,  et  la  vraie  réalité  de  l'i- 
dée [Encyclop,,  §  247-351).  S»  La;?A/- 
losophie  de  Vesprit,  ou  la  science  de  l'i- 
dée revenue  à  elle-même,  de  l'idée  de- 
venue sujet.  L'esprit,  pour  nous,  suppose 
la  nature;  mais  il  en  est  la  vérité  et  par 
là  même  le  prius  absolu  :  c'est  l'idée  de- 
venue pour  soi,  l'absolu.  Il  se  détermine 
par  sa  manifestation,  et,  en  se  manifes- 
tant, il  pose,  il  crée  la  nature  comme 
sienne ,  comme  son  être ,  son  monde. 
L'absolu  est  l'esprit  :  arriver  à  cette  dé- 
finition supi-ême  et  la  comprendre,  voilà 
quelle  a  été  la  tendance  finale  de  toute 
philosophie,  la  fin  de  toute  l'histoire. 
L'esprit  est  considéré  d'abord  comme 
esprit  subjectif,  puis  comme  esprit  ob^ 
jectif,  enfin  comme  esprit  absolu.  Sous 


ttSG 


(590) 


HBO 


le  premier  titre,  Hegel  traite  de  Vâmey  ob- 
jet de  V anthropologie  ;  de  la  conscience ^ 
objet  de  \dL  phénoménologie  de  l'esprit^  et 
de  Vesprii  comme  sujet-objet  de  U  psjr* 
chologie.  L*âme  est  la  substance  de  l'es- 
prity  sa  yirtualité.  L'âme  géuérale  ne  doit 
pas  être  érigée  en  âme  du  monde,  en  su* 
jet  universel;  elle  n'existe  réellement  que 
comme  individualité,  comme  sujet  indi- 
viduel. Hegel  distingue,  dans  l'anthropo- 
logie, l'âme  naturelle^  l'âme  sensible  et 
l'âme  réelle;  dans  la  phénoménologie,  il 
traite  de  la  conscience,  de  la  conscience 
de  soi,  de  la  raison  ;  dans  la  psychologie, 
de  l'esprit  théorique,  de  l'esprit /^ra/ii^iie 
et  de  l'esprit  libre.  Sous  le  titre  de  1'^ j- 
prit  objectif,  Hegel  traite  du  droit,  de  la 
moralité,  et  des  mœurs  (de  la  famille,  de 
la  société  et  de  l'étet).  Enfin,  sous  la  rubri* 
que  de  Vesprii  absolu,  il  traite  de  Vart , 
de  la  religion  révélée  et  de  la  philosophie. 

Ces  indications  générales  sont  tout  ce 
que  nous  pouvons  donner  ici  sur  une  phi- 
losophie que  l'on  doit  considérer  comme 
l'essai  le  plus  hardi  qui  ait  été  tenté  par 
la  spéculation  moderne  pour  expliquer 
la  grande  énigme  de  l'esprit  et  de  l'uni- 
vers, notre  but  étant  plutôt  d'exciter  la 
curiosité  que  de  la  satisfaire.  Nous  allons 
ajouter  quelques-unes  des  vues  princi- 
pales de  Hegel  sur  la  philosophie  de  l'his- 
toire et  sur  l'histoire  de  la  philosophie  ; 
elles  sont  l'expression  la  plus  claire  de 
son  système. 

L'école  de  Hegel  définit  l'histoire  :  le 
développement  de  l'esprit  universel  dans 
le  temps;  et  cet  esprit  universel,  c'est  la 
raison  de  Dieu  se  manifestant  dans  le 
gouvernement  général  du  monde.  Dire 
qu'une  chose  se  développe,  c'est  dire 
qu'elle  devient  actuellement  ce  qu'elle  est 
en  germe,  en  puissance  ;  dire  que  l'esprit 
se  développe,  se  déploie,  c'est  donc  dire 
qu'il  se  réalise,  qu'il  devient  ce  qu^il  est 
virtuellement  ;  et  comme  l'esprit  est  es- 
sentiellement actif,  son  développement 
est  action  :  il  ne  devient  ce  qu'il  est  que 
par  l'action.  La  philosophie  de  l'histoire, 
dit  Hegel,  est  l'histoire  considérée  avec 
intelligence;  elle  prend  les  laits  tels  qu*ils 
sont,  et  la  seule  pensée  qu'elle  y  apporte, 
c'est  la  pensée  fort  raisonnable  sans  doute 
que  la  raison  gouverne  le  monde.  On 
(rinsporto  dans  l'histoire  la  notion  selon  i 


laquelle  la  raison  est  à  la  fois  h 

(ce  sur  quoi  tout  repose  et  pai 

subsiste) ,  ^t  la  puissance  imj 

matière  infinie  de  toute  vie  i 

spirituelle,  et  la  forme  infime 

phénomènes.  On  y  suppose;,  o 

prouvé  dans  la  philosophie,  qi 

se  manifeste  dans  le  monde,  q 

s'y  manifeste  et  y  règne  en  u 

l'histoire  justifie ,  en  eiiet ,  oc 

sition.  Elle  est  la  marche  imt 

nécessaire  de  l'esprit  univers 

esprit  dont  la  nature  en  soi  ei 

une  et  la  même,  mais  qui  se< 

se  déroule  pour  ainsi  dire,  dam 

du  monde.  La  sagesse  éteme 

théâtre  tout  aussi  bien  Tesprit 

ture.  La  philosophie  de  l'histc 

vériteble  théodicée.  Le  terraii 

toire  est  l'esprit,  et  W 

c'est  la  liberté,  comme  l'( 

tière  c'est  la  pesanteur.  Tontes  I 

tés  de  l'esprit  ne  subsistent 

liberté  et  ne  tendent   qu'à 

L'histoire  est  le  récit  des  vie 

travers  lesquelles  l'esprit  apj 

connaître  lui-même,  à  avoir 

de  sa  liberté  qui  est  son  ca 

Orientaux  ignorent  encore  a 

que  l'homme  est  libre  par  cela  i 

est  homme  :  ib  n'attribuent  lai 

un  seul,  au  despote.  Les  Gri 

et  Aristote  eux-mêmes,  ne  i 

comme  libres  que  quelques-i 

mettaient  la  légitimité  de  Fesc 

sont  les  nations  de  race  germi 

les  premières  durent  au  chrisi 

conscience  que  l'homme  est  lil 

homme,  que  la  liberté  est  la  vÉ 

ture  de  l'esprit;  mais  pour  t 

ce  principe,  admis  en  religion, 

civile,  à  l'éUt,  il  a  fallu  de  lo 

nibles  efforts  dont  la  suocessîoi 

toute  rhistoire.  L*hisU>ire  naii 

le  progrès  dans  la  conscience 

berté  :  le  monde  oriental,  le  ■ 

et  romain,  le  monde  chrétien  • 

phases  successives.  Il  y  a  cette 

entre  la  marche  de  la  nature  < 

développement  humain,  que  I 

rien  de  nouveau,  tandis  qui 

soumis  a  la  loi  de  la  perfeciibi 

progrès.  Mais  tandis  que,  dam 

tout  est  harmonie  et  se  proda 


HE6 


(5§1) 


ttBÛ 


domaine  de  Tesprit  (attaché 
I  conscience  et  à  la  volonté 
ressent  chaque  fois  qu'à  leur 
nelle  et  prennent  pour  dé* 
n'est  que  transitoire),  il  y  a 
irit  contre  lui-même,  et  son 
mt  est  un  travail  pénible  et 
ibats.  Trois  degrés,  trois  pé- 
aent  ce  travail  :  la  première 
mitif  de  Tesprit  plongé  dans 
s  sommeil  et  d'ignorance  de 
lans  la  seconde,  il  s'arrache  à 
atre  dans  la  conscience  de  la 
}  cet  affranchissement  n'est 
(Murtiel,  imparfait  ;  c'est  dans 
période  seulement  que  l'es- 
conscience  de  lui-même  et 
jusqu'à  la  liberté  générale.  A 
correspondent  le  despotisme 
l'enfance  de  l'humanité,  où 
>i,  l'obéissance,  la  confiance; 
nique,  avec  son  aristocratie  et 
ie,  la  jeunesse  du  monde; 
un,  l'âge  viril;  enfin  le  génie 
,  l'âge  mûr,  l'âge  de  la  récon- 
savoir,  de  la  vérité,  de  la  li- 
fselle,  etc.,  etc. 
de  Hegel  sur  l'histoire  de  la 
sont  peut-être  plus  propres 
os  faire  pénétrer  dans  l'esprit 
ime  :  en  voici  la  substance. 
I  général  est  le  développement 
niversel  dans  le  temps;  l'his- 
ne  est  le  progrès  dans  la  con- 
a  liberté,  et  l'histoire  de  la 
est  le  progrès  de  la  pensée 
,  le  progrès  de  l'esprit  dans 
e  qu'il  est  lui-même  l'absolu, 
eloppement  hbtorique  de  la 
st  toujours  la  même  vérité 
idnîte  sous  des  formes  diver- 
lemière  philosophie  n'en  est 
1ère  forme ,  la  forme  la  plus 
us  complète.  «  L'histoire  de  la 
,  dit  Hegel ,  nous  présente  la 
blés  penseurs  qui ,  par  la  rai- 
nétré  dans  l'essence  des  cho- 
iture  et  de  l'esprit ,  dans  l'es- 
eu.  La  conscience  rationnelle 
an  héritage,  fruit  des  labeurs 
om  précédentes.  Ce  que  nous 
ilosophie,  nous  le  devons  à  la 
la  tradition  pleine  de  sève  et 
liUe  à  on  puîssai  it  fleuve  qui 


s'enfle  et  grossit  à  mesure  qu'il  s'éloigne 
de  sa  source.  Cet  héritage  est  le  fond  de 
la  pensée  des  générations  nouvelles,  sa 
richesse  intellectuelle  ;  mais  en  même 
temps  que  cette  succession  est  acceptée , 
elle  est  transformée  et  enrichie  par  l'es- 
prit. »  Chaque  progrès ,  en  ajoutant  aux 
connaissances  déjà  acquises,  a  sur  elles 
un  effet  rétroactif  qui  les  modifie  et  les 
épure.  L'esprit  philosophique  est  un; 
dans  sa  marche  à  travers  les  siècles,  toutes 
ses  directions,  en  apparence  si  diverses , 
tendent  sans  cesse  à  la  même  fin.  Il  s'a- 
vance dans  une  progression  non-inter- 
rompue ,  se  métamorphosant ,  mais  tou- 
jours identique  au  fond.  Les  faits  qui 
constituent  l'histoire  de  la  philosophie  ne 
se  perpétuent  pas  seulement  dans  les  ef- 
fets qui  en  découlent ,  ils  sont  productifs 
d'une  autre  manière  encore  :  ik  ont  une 
valeur  présente,  actuelle.  Ensemble,  ils 
sont  le  déploiement  du  contenu  de  l'es- 
prit ,  le  système  complet  de  la  vérité  ab- 
solue qui  ne  se  produit  que  par  la  pensée. 
C'est  l'évolution  successive  de  l'idée  con- 
crète absolue  ;  et ,  dans  ce  mouvement 
progressif  de  l'esprit  pensant ,  tout  se  lie, 
tout  est  unité.  De  là  résulte  que  la  phi- 
losophie est  identique  à  son  histoire,  qui 
n'est  autre  chose  que  la  pensée  se  dé- 
veloppant dans  sa  totalité ,  le  système  qui 
se  produit  dans  le  temps.  «  L'histoire  de 
la  philosophie,  dit  Hegel,  produit  les  de- 
grés du  développement  sous  la  forme 
d'une  succession  accidentelle,  et  de  la 
diversité  des  principes  et  des  systèmes; 
mais  l'ouvrier  de  ce  travail  est  le  même 
esprit  vivant  que  sa  nature  porte  à  se 
donner  la  conscience  de  ce  qu'il  est,  et 
qui ,  à  mesure  qu'un  degré  de  son  déve- 
loppement est  devenu  l'objet  de  sa  ré- 
flexion ,  est  déjà  parvenu  à  un  degré  plus 
élevé.  L'hbtoire  de  la  philosophie  montre 
dans  les  divers  systèmes  une  seule  et 
même  philosophie  à  différentes  époques 
de  développement.  Le  dernier  système 
est  le  plus  développé ,  le  plus  riche ,  le 
plus  concret.  Ce  même  développement 
de  la  pensée ,  qui  est  l'objet  de  l'histoire, 
est  représenté  dans  la  philosophie  elle- 
même,  mais  délivré  de  la  contingence  his- 
torique.» Diaprés  cela,  Hegel  affirme  que  la 
succession  des  systèmes  dans  l'histoire  est 
la  même  que  la  succession  des  diverM^ 


HEG  (59 

«lanières  dont  Tidét  se  détermine  ;  que 
les  principes  fondamentaux  des  systèmes 
qui  apparaissent  dans  l'histoire  sont  les 
divers  degrés  de  Tidée  logiquement  dé- 
terminée.  Uétude   de  Phistoire  de   la 
philosophie  est  donc  Fétude  de  la  philo- 
sophie elle-même  ;  mais  il  faut  y  appor- 
ter la  connaissance  de  Vidée ,  de  même 
que,  pour  juger  la  moralité  des  actions,  il 
faut  y  appliquer  la  notion  du  juste.  L'es- 
prit pensant  se  développe  nécessairement 
dans  le  temps;  il  ne  se  développe  inté- 
gralement ni  dans  un  individu,  ni  dans 
un  peuple,  ni  dans  une  époque,  mais 
dans  l'humanité  tout  entière.  Son  déve- 
loppement historique  se  fait  avec  une 
nécessité  rationnelle.  Un  individu  qui  au- 
rait vécu  depuis  l'origine  de  la  philoso- 
phie ,  et  qui  aurait  eu  conscience  de  tous 
les  progrès  successifs  de  l'esprit,  sentirait 
parfaitement  cette  nécessité;  il  n'aurait 
abjuré  aucune  de  ses  précédentes  cou* 
viciions  ;  ses  idées  se  seraient  transformées 
et  complétées ,  mais  non  changées ,  et 
elles  offriraient  à  la  fin  une  harmonie 
d'éléments  variés,  sans  dissonance.  Les 
vues  de  Hegel  sur  l'histoire  de  la  philo- 
sophie ont  été  résumées  par  lui-même 
de  la  manière  suivante  :  1®  Tout  l'en- 
semble de  cette  histoire  a  suivi  une  mar- 
che rationnelle ,  nécessaire ,  progressive, 
déterminée  par  la  puissance  de  l'esprit , 
par  la  virtualité  de  l'idée.  Tout  système 
qui  n'est  pas  dans  la  forme  absolument 
identique  au  contenu  de  l'idée  est  tran- 
sitoire; 2<*  Chaque  philosophie  a  été  né- 
cessaire, et  l'est  encore;  nulle  n'a  péri. 
Les  principes  de  toutes  les  philosophicSy 
considérés  comme  autant  de  degrés  ou 
de  moments  du  développement  total, 
sont  affirmativement  conservés  dans  la 
philosophie,  La  philosophie  la  plus  ré- 
cente est  le  résultat  de  tous  les  principes 
antérieurs,  et  c'est  dans  ce  sens  que  nulle 
philosophie  n'a  été  réfutée.  Ce  qui  a  été 
réfuté ,  ce  n'est  pas  le  principe,  mais  seu- 
lement la  prétention  de  ce  principe  d'être 
le   dernier,   la  détermination  absolue. 
3®  C*est  donc  sur  les  principes  surtout 
que  de\Ta  se  porter  l'attention  de  l'his- 
torien de  la  pensée.  Chaque  principe  a 
dominé  un  certain  temps  et  a  déterminé 
la  forme  sous  laquelle  on  a  considéré 
i*univcrS|  ou  ce  qu'on  appelle  un  sys- 


3)  RBO 

tème.  40  Enfin  llûsloîre  de  bpl 
phie ,  quoique  1  stoire ,  n*csl  pat  m 
pour  nous.  Le  contena  de  ses  ai 
ce  sont  les  productions  de  la  pcm 
tionnelle ,  et,  par  cela  mêoM  ,  cUf 
rien  de  périssable.  C'est  un  nite 
gressif  de  l'esprit ,  une  prise  de  pei 
successive  de  l'étemelle  vérité. 

Si  maintenant,  après  noos  être  1 
idée  sommaire  de  la  philosophie  di 
nous  lui  demandons  quelle  solmi 
donne  aux  questionsqui  intéresseï 
vivement  l'humanité,  ce  que  devi 
dans  ce  système ,  l'exîstenoe  d*a 
juste  et  bon,  l'individualité,  la  ] 
nalité  de  l'homme,  la  liberté  et  II 
lité  de  ses  actions ,  son  espéranc 
autre  vie,  d'une  meilleure  destina 
réponse  sera  difficile.  Elle-même  1 
pour  très  religieuse ,  et  prétend  < 
tièrement  d'accord  avec  le  chr 
me  bien  compris  ;  néanmoins  1 
fait  accuser  d'être  anti-chrétienw 
théiste.  Du  sein  même  de  Técole 
élevé  des  voix  qui  déclarent  1 
dogme  de  l'immortalité  de  l'âme 
que  d'autres  disciples  de  Hegel  le 
ment  de  nouveau  comme  repoi 
un  fondement  inébranlable.  Hi 
même  n'a  cessé  de  soutenir  que 
losophte  avait  absolument  le  màk 
tenu  que  la  religion ,  et  qu'elle  ■ 
ferait  que  dans  la  forme  et  le 
Sans  vouloir  décider  ici  jnsqi 
point  et  dans  quel  sens  cette  |w 
est  fondée ,  nous  dirons  qu'il  noi 
difficile  que  la  théorie  de  Fidée 
puisse  échapper  au  reproche  d 
théisme  ;  et  si  ce  reproche  était  h 
personnalité  de  l'homme,  avec 
qui  en  dépend,  serait  en  pérfl 
idée  absolue,  qui  est  l'unité  viril 
toutes  choses,  dont  l'évolution  o 
la  pensée  et  le  monde,  et  qui,  à 
dernier  développement,  dericB 
universel ,  sujet  absolu  et  infini,  < 
à  la  place  de  la  Divinité ,  laqoetti 
terait  ainsi  et  n'aurait  coosdenei 
même  que  dans  les  sujets  fins  il 
duek.  Et  comme,  dans  ce  si 
a  de  substance  t|ue  Tidée,  cle 
son  développement ,  de  réalité  1 
que  l'esprit  qui  en  est  la  fin.  Il 
finis  et  individueb  ne  icnient  # 


tt£G 


V 


(  &dS  ) 


HÊG 


Il  dts 


ijm 


e 
l 


!«t  de  Tes- 
m  sobsUnce. 
MTUlité  de 
ffâ  suppose  en  die  une  snbstan* 
Ile  •  une  penoniuJité 
iapérbable  ?  Ou, 
k  miiircnel  n*étmit  qu'uiie  gêné- 
lo^que  des  esprits  finis, 
et  sans  autre  exi- 
i|iie  celles  qu'il  trouve  dans  les 
H^  alorsoo  n'échapperait  au  pan- 
i|iie  pour  tomber  dans  l'athéisme^ 
e  penonnalité  ne  serait  sauTée 
lépens  de  celle  de  Dieu  lui*méme. 
rme  de  Hegel  semble  ainsi  flotter 
BBZ  abîmes ,  entre  deux  extrêmes, 
ait  inadmissibles.  Dans  tous  les 
■ondité  parait  gravement  compro- 
^  détruisant  au  fond  tontes  les 
,  qu'il  considère,  il  est  vrai, 
reproduisant  sans  cesse  dans  le 
it  uniTcrsel ,  seule  actualité,  He- 
t-il  pas  aussi  la  différence  du 
da  mal  et  l'une  des  plus  sûres  ga- 
d'une  vie  future  ne  se  trouvent- 
I  uienacée.  Si  tout  est  évolution. 
Ml  d'un  contenu  donné,  tout  est 
cient  prédéterminé ,  et  la  liberté, 
l'dle  soit  proclamée  l'essence  même 
vit,  devient  nécessité  pour  les  su- 
ia;  tout  ce  qu*ib  croient  être  leur 
|e,  leur  action  propre ,  est  alors 
■CBt  une  partie  db  l'oeuvre  univer- 
■I  effet  de  l'action  étemelle  de  Tes- 
fiuèral  et  absolu. 

philosophie  de  Hegel  n'est  pas  en- 
linéralement  comprise,  parce  qu'elle 
■t  pu  encore  exprimée  avec  une 
■te  clarté.  Elle  en  est  encore  à  s'é- 
^  et  à  se  présenter  sous  une  forme 
^.  Au  sein  même  de  l'école  qui 
*>BQe  de  lui  il  y  a  division ,  dis- 
'  ^t progrès:  il  faut  donc  attendre, 
i^ticr  sur  cette  philosophie  un  der- 
Sèment,  qu'elle  soit  arrivée  à  son 
On  verra  alors  qu'au  lieu  d'être , 
^  «Ue  le  prétend ,  le  système  corn» 
^haolu ,  elle  n'aura  été  qu'un  ef- 
^  plus  de  l'esprit  philosophique 
^tpliquer  l'univers  par  les  idées, 
^ra  rendu  le  grand  service  d'avoir 
^  Pidéalisme  jusqu'à  ses  dernières  li- 
I  et  son  résultat  sera  de  faire  revenir 
kuon  d'une  voie  dans  laquelle  elle 

)uyelop.  d.  G.  </.  M.  Tome  XHI. 


aura  vainement  cherché  la  vérité.  J.W-iC« 
HÉGÉMONIE  (mot  grec  dérivé  de 
xrfifiù9 ,  conducteur,  chef).  Cest  le  com- 
mandement ou  plutôt  la  direction,  U 
suprématie,  la  conduite  :  ainsi  Mercure, 
conducteur  des  âmes,  est  qualifié  de  iyf» 
fftôvcoc.  Dans  les  fédérationsde  l'antiquité, 
il  y  en  eut  plusieurs  dans  lesquelles  l'hé- 
gémonie alternait  d'une  cité  à  l'autre;  on 
en  trouve  des  exemples  dans  l'Élrurie  , 
dans  le  Latium,  et  jusque  dans  la  Gaule. 
Le  généralissime  ne  jouissait  de  son  au- 
torité que  pour  l'expédition  qu'on  en- 
treprenait, sans  pouvoir  s'immiscer  dans 
l'administration  intérieure  des  états  qui  se 
soumettaient  ainsi  à  sa  direction.  Héro- 
dote emploie  le  mot  hégémon  tantôt  pour 
ra/,  tantôt  pour  général^  tantôt  enfin 
pour  ^^iiiîfr,  qui  montre  le  diemin.  P.  G-T. 
Depub  Thémistocle,  ce  mot  eut,  en 
Grèce ,  une  signification  ^léciale,  toute 
politique,  et  marqua  la  prééminence  d'un 
état  sur  les  autres.  Sparte  et  Athènes  se 
sont  disputé  longtemps  l'hégémonie  en 
Grèce  :  aucune  des  deux  n'a  pu  la  sou- 
tenir à  la  longue.  Thèbes  même  y  pré- 
tendit ,  dans  le  temps  où  elle  eut  deux 
chefs  tek  que  Pélopidas  et  Épaminondas; 
mais  ce  fut  pour  cette  république  un  court 
moment  de  grtfbdeur,  et  bientôt  rhégé- 
monie  de  la  Grèce  devint  le  partage  des 
Macédoniens,  jusque-là  réputés  Bar- 
bares. S. 

HÉGÉSIAS,  voy.  Ctcuqus  {poé^ 
sie).  —  Outre  le  chantre  de  l'épopée  cy- 
prique,  on  distingue  encore  parmi  les 
hommes  de  ce  nom  qui  occupent  une 
place  dans  l'histoire  ancienne,  deux  sta- 
tuaires, sans  compter  l'auteur  du  héroa 
combattant  ou  gladiateur  Borghèse ,  un 
des  chefs-d'œuvre  du  Musée  royal  *  ;  un 
tyran  d'Éphèse,  protégé  et  maintenu  par 
Alexandre-le-Grand,  et  qui  fut  tué  par 
les  patriotes  Anaxagore ,  Codrus  et  Dio- 
dore  (Polyen,  YI,  59);  un  philosophe  de 
Cyrène,  surnommé  Pisitfianate  ou  1'^^- 
vocat  de  la  rnort^  qui  enseignait  que  la 
mort  nous  enlève,  non  pas  des  biens, 
mais  des  maux,  et  le  prouvait  si  éloquem- 
ment  que  plusieurs  de  ses  auditeurs  se 
suicidèrent  (Cicéron,  Tuscul.  I,  34), 
et  que  le  roi  Ptolémée  I*'  fut  obligé  de 

(*)  Aa  mot  Gladiatkur,  il  a  été  dit  qae  ion 
nom  était  Jgaihiat}  il  faot  lire  Jfsias,       S. 


HEG 


(594) 


HBI 


lui  interdire  FeDscignement  de  sa  philo- 
sophie et  de  Texiler;  enfin  ce  fameux  ora- 
teur de  la  ville  de  Magnésie  qui  corrom- 
pit Pélégante  et  simple  diction  des  ora- 
teurs attiques  en  y  introduisant  les  ma- 
nières brillantes  et  pompeuses  du  style 
asiatique  (asiaticum  genus).  Foy,  Élo~ 
QUEircE.  F.  D. 

HÉGÉSIPPE  est  un  nom  qui  figure 
avec  distinction  et  qui  se  reproduit  plu- 
sieurs fois  dans  l'histoire.  —  Hégésippe, 
que  Denys  d'Halicamasse  (Jniiq,  Rom, 
1 ,  49  et  72)  mentionne  comme  un  histo- 
rien digne  de  foi,  avait  écrit  les  antiqui- 
tés de  Pallène ,  péninsule  de  Thrace ,  où 
Énée  se  réfugia  après  la  prise  de  Troie, 
On  pense  qu'il  vécut  antérieurement  au 
siècle  d'Alexandre.  —  Hégésippe,  autre 
historien ,  Juif  converti  de  la  moitié  du 
second  siècle,  devint  évèque  de  Rome 
vers  l'année  177  et  y  mourut,  sous  l'em- 
pereur Commode,  vers  180.  Il  composa 
des  commentaires  en  cinq  livres  sur  les 
jéctes  ecclésiastiques  j  depuis  la  Passion 
de  notre  Seigneur  jusqu'au  temps  où  il 
vivait  :  Eusèbe  et  Photius  nous  en  ont 
conservé  des  fragments  infiniment  pré- 
cieux par  les  citations  du  Nouveau-Tes- 
tament qui  s'y  trouvent  et  qui  en  consta- 
tent l'authenticité.  Son  plan,  qui  n'aura 
pas  été  inutile  à  Eusèbe ,  lui  a  peut-être 
suggéré  l'idée  de  son  Histoire  ecclésiasti- 
que. —  Ilégésippe  de  Tarente ,  surnom- 
mé par  Eschine,  d'après  sa  manière  de 
porter  ses  cheveux,  Crobxlus(U  Toupet)y 
est  un  poète  delà  moyenne  oomédie(iM^.) 
qui  s'est  fait  applaudir  sur  le  théâtre  d'A- 
thènes dans  le  iv*  siècle  avant  notre  ère. 
Les  huit  épigrammes  que  l'Anthologie 
grecque  (  voy.  Authologib  )  nous  a  con- 
servées sous  le  nom  d'Hégésippe  lui  sont 
généralement  attribuées,  ainsi    que    le 
discours  sur  l'ilalonèse  qui  se  trouve  par- 
roi  les  œuvres  de  Démosthène  [Hegesip- 
pi  oratio  de  HalonesOy  ab  Jo,  7%.  Fœ^ 
melioy  Francfort,  1833,  in-12).  Le  pe- 
tit nombre  de  vers  qui  nous  restent  de 
lui  suffisent  pour  le   classer  parmi  les 
poètes  les  plus  spirituels  de  l'antiquité,  et 
le  discours  sur  THalonèse  révèle  un  grand 
citoyen  qui ,  comme  Démosthène ,  avait 
compris  l'intérêt  national  de  la  Grèce,  et 
le  soutenait  avec  une  éloqucnœ  presque 
égale  à  celle  de  ce  prince  des  orateur».  F.  U. 


Wk&aX  {hedjra\ 
signifie  fuite,  et  par  lequel  o 
d'une  manière  spéciale  la  retr. 
homet  à  Médine,  lorsque  U  p 
pouvant  plus  tenir  tête  à  te 
crut  devoir  abandonner  la  1 
ville  natale,  pour  chercher  ui 
leurs.  La  fuite  de  Mahomet  a 
le  cours  de  l'été  de  l'année 
632,  et  elle  a  servi  d'ère  à  to 
tions  musulmanes.  Seulement 
du  prophète,  donnant  un  efb 
à  la  nouvelle  ère,  la  fixèrent  i 
cément  du  mob  de  mohami 
mois  de  l'ère  musulmane,  1 
mencement  correspondait  à 
jeudi  au  vendredi  16  de  ju 
quand  on  veut  mettre  en  rap| 
née  mahométane  avec  une  i 
tienne ,  il  faut  commencer  pi 
la  première  le  nombre  633. 1 
suffit  pas  :  remuée  musulmane 
le  cours  de  la  lune,  et  elle  es 
quent  plus  courte  de  onut  j 
nôtre.  Il  résulte  de  là  que,  t 
l'année  mahométane  comoM 
époque  différente  par  rappoc 
que  trente- trois  années  lun 
sentent  seulement  trente-d 
solaires.  U  existe  des  tableaux 
dance  des  ères  chrétienne  el 
dans  V  Artdevérîfinrlesdak 
1. 1*',  p.  148  et  suiv.,  éd.  in- 
Tahlettes  de  Lenglct-DufresD 
nÉGOt  MÈNE,  voy,  lo 
HEIBERG  ^P»AaB-A«] 
danois  et  publiciste,  né  ea  Vi 
dingborg,  en  Danemark,  de| 
végiens,  avait,  comme  son  \ 
Malte-Brun  (vo^.),  embrassé* 
les  intérêts  politiques  net  de  1 
française,  et  il  écrivait  dans  1 
danois  avec  la  liberté  qu*il  vi 
nir  pour  toute  la  presse.  Il  y 
satire  personnelle,  ce  qui  a 
davantage  l'autorité  publiqoi 
Les  deux  écrivains,  dont  Tefic 
serait  peut-être  calmée  plua 
même,  furent  traités  comoM 
nels  et  bannis  du  royaume  ^  1 C 
d^abandonner  sa  femme  et  i 
Ueiberg,  comme  Malte-Brun, 
France,  espérant  y  trouver  di 
(|ue  la  patrie  lui  rrfiisAÎt.  LNii 


laiiwtre  en  AUemagne,  en  Hollande, 
Mifiie  el  en  Ruaûe,  et  traduisit  pour 
Wfarar  les  nouTelks  et  articles  poli- 
pEid» jonmanx étrangers;  puis,  au 
n,ks  oorrespondances  particulières 
kê  iatmeptait.  Beaucoup  de  ses  ex* 
hàt  gazettes  étrangères  furent  insérés 
mk Mo/tiieuTy  avec  les  notes  qu'on  y 
ptfMtes  dans  le  cabinet  de  Napoléon. 
I  ft  h  retraite  en  1817,  Heibôrgem- 
^iiesloisirs  à  dci  travaux  de  jouma- 
ll,  «  fournit  surtout  à  la  Repue  en  cy- 
Jféiique  uo  grand  nombre  d'articles 
rb  politique  du  Mord  et  sur  la  litté- 
Ike  danoise.  H  publia  aussi  quelques 
labres  politiques^  tdles  qu'un  Précis 
llm^se  et  cnùque  de  la  constitution 
ikwnnoFthie  danoise^  Paris,  1820; 
Uettrex  du»  Norvégien  de  la  -vieille 
)is^  <m  Examen  des  changements  qui 
Imtttta  la  constUution  du  royausne 
\Jknègs^  P^ris,  1823.  Ces  lettres 
NhUiI^  paru  dans  le  journal  anglais 
;  car  Heibcrg  coopérait  aussi 
jnnHnn  étrangers.  En  même  temps, 
de  la  liberté  de  la  presse  in- 
en  Norvège  pour  faire  paraître, 
V  pays  même,  ses  réflexions  sur  les 
^politiques.  C'est  ainsi  qu'il  publia 
^^"■tiaiHand,  1817,  en  danois,  des 
***^miNMu  sur  la  représentation  na- 
''*'*^  Norvège;  anxquelles  succéda, 
22^1,  à  Ckriatiank,  un  écrit  sur,  ou 
'^^^HHve,  la  peine  de  mort,  dont  il 
'^^  l'abolition.  A  Drammen,  dans 
"■■^  pays,  il  fit  imprimer  une  rela- 
^/^t%lée  Trois  ans  à  Bergen  ;  enfin, 
^^>  il  pnbliaà  Cbrislianiases  Erin- 
^^  ^/minpoUtiskej  selshabeligeog 
*^  f^andel  i  Frmnkrige  (Souvenirs 
"^^  politique,  sociale  el  littéraire  en 
'^X  fmvrage  où  l'on  trouve  beaucoup 
^^^Qtcs  sur  le  ministère  des  affaires 
U^  à  l'époque  oà  Heiberg  y  était 
^^  Cet  ouvrage  est  encore  empreint, 
^^  ceux  de  sa  jeunesse,  d'un  esprit 
^  et  quelquefois  partial. 
2^^baf^  a  donné  libre  carrière  à  son 
^  ***--  la  satire  (  nièces   de 


HËt  (  59,5  )  HEI 

■k  et  l'autre  pubUdsIe.  Heiberg,  en  titre  littéraire,  et  qui  lui  ont  valu  un  sufr» 
ri:  fit  se  procurer,  en  1803,  une  place  ces  honorable  dans  la  littérature  de  son 
m&Kieur  au  ministère  des  affaires  pays  (iH>r*^'//*DAHOisE,T.Vn,p.  517*). 
;  il  accompagna,  sous  l'empire,  I  Ses  deux  opéras-comiques,  La  traversée 

en  Chine  et  L'entrée  solennellcy  dont  la 
musique  a  été  composée  par  Schall  et  par 
Schuke,  ont  eu  du  succès;  il  en  est  de 
même  de  sa  comédie  de  HecAingbom, 
Dans  la  poésie  lyrique,  il  fit  paraître  aussi 
quelques  essais,  entre  autres  une  traduc- 
tion de  l'ode  de  Churchill  à  l'indépen- 
dance; essais  qui  prouvent  que  Heiberg 
aurait  pu  se  distinguer  dans  ce  genre  si  la 
politique  ne  l'avait  détourné  de  la  litté- 
rature. Devenu  aveugle,  il  acheva  triste- 
ment sa  vie  dans  une  profonde  retraite  à 
Paris,  en  1838. 

Son  fils  Jkah-Louis,  né  à  Copenhague 
le  14  décembre  1791,  et  élevé  à  l'uni- 
versité de  cette  capitale,  y  est  deve- 
nu directeur  du  théâtre ,  après  avoir  été 
pendant  quelques  années  lecteur  à  Pu- 
niversité  de  Riel  pour  la  langue  da- 
noise. S'étant  familiarisé  en  France  avec 
le  vauderiUe,  il  a  introduit  avec  succès  ce 
genre  étranger  dans  la  littérature  drama- 
tique du  Danemark,  et  il  a  publié  une 
théorie  sur  ce  sujet  **.  Dans  le  grand  nom- 
bre de  pièces  qu'il  a  composées  nous  ci- 
terons :  Le  roi  Salomon  et  George  le 
chapelier^  Le  Censeur  et  Panimal^  L'a^^ 
venture  du  parc  de  Rosenborg,  Lepois^ 
son  iTavril^  Le  vingt-huit  janvier  ^  Les 
inséparables ,  Le  revenant  de  Krœge , 
Pouvoir  et  Ruse^  Le  maître  de  langue. 
Son  drame ,  La  prophétie  de  Tycho'-^ 
Brahéy  joué  en  1819,  était  une  pièce  de 
circonstance.  La  musique  de  Kûhlau  a 
beaucoup  contribué  au  succès  de  son 
drame  lyrique  d^Elverhœi.  Jean -Louis 
Heiberg  avait  débuté  dans  b  littérature 
par  une  dissertation  latine  sur  le  théâtre 
espagnol  et  sur  Calderon^^.  H  a  composé 
au»i  un  roman  :  Un  an  à  Copenhague^ 
des  nouvelles  et  d'autres  morceaux  litté- 
raires insérés  en  grande  partie  dans  une 
feuille  publique  qu'il  a  rédigée  sous  le 

(*)  Il  fant  lire  yordingborf,  a  a  Uea  de  Wi» 
borg,  lor  la  page  citée,  col.  i,  ligne  x3.       S. 

^)  Ce  petit  IiTre  est  intitnié  Om  Wt^de^iOen^ 
Da  YaoderiUe,  eonaidéré  oomme  genre  de  poé<- 
fie  dmaatiqoe,  et  da  rang  qa*il  convient  de  loi 
asùgner  sur  la  scène  danoise,  Copenhague,  i8'i6. 

(***)  Dt  Pùtseos  dramaticâr  gtHMrt  BispanicQ 


^ 


pdmr  la  satire 


pièces 


qui  oonstiti         son 


principal  I  «iÙMnclie,  Copeahagne,  1817,  in-8'. 


HEI 


(«86) 


AËI 


titre  de  la  Poste  volante  de  Copenho'^ 
gue^  1 837  et  années  suivantes.  En  sa  qua- 
lité de  professeur  de  langue  et  de  littéra- 
ture danoises,  il  avait  fait  paraître  en  al- 
lemand, à  Kiel,  1822 ,  un  Thiitc  des 
formes  grammaticales  de  cette  langue, 
traité  dans  lequel  M.  Ileiberg  développe 
tout  un  système  philosophique  sur  la 
grammaire  en  général ,  et  particulière- 
ment sur  le  danois.  Ses  œuvres  poétiques 
ont  été  réunies  en  8  vol.  in*8*,  publiés 
de  1833  à  1836.  D-c. 

HEIDEGGER  (Chaeles-Guillaume 
DE  Heidegk,  dit),  général  grec  qui  s'était 
distingué  comme  artiste  avant  de  se  faire 
un  nom  dans  la  guerre  de  Tindépendance 
hellénique,  naquit,  en  1788,  àSaaralbe, 
dans  la  Lorraine  allemande  (Moselle), 
et  fut  reçu ,  en  1801 ,  à  Tacadémie  mi- 
litaire de  Munich ,  où  il  fit  des  progrès 
rapides  ;  il  acquit  surtout  une  grande  ha« 
biïetédans  le  dessin  architectural  et  dans 
le  paysage.  Nommé  en  1805  lieutenant 
d'artillerie,  il  assbta  en  1806  à  la  cam- 
pagne de  Prusse,  fit  la  guerre  du  Tyrol  en 
1809,  et  joignit,  en  1810, comme  volon- 
taire, l'armée  française  en  Espagne,  d'où 
il  ne  retourna  dans  son  pays  qu'en  1813. 
Élevé  au  rang  de  major,  il  fut  envoyé,  en 
1816,  à  SaUbourg  comme  membre  de  la 
commission  chargée  de  la  délimitation 
des  frontières.  Au  milieu  de  sa  vie  er- 
rante, son  talent  d'artiste  prit  un  déve- 
loppement indépendant  de  l'école,  et 
bientôt  il  apprit  à  saisir  la  nature  d'une 
manière  vraie  et  animée,  avec  une  grande 
originalité.  La  nature  si  grandiose  du 
pays  de  Sakbourg  (  voy,  )  lui  inspira  ses 
meilleures  études  de  paysages,  et,  quoi- 
qu'il ne  se  fût  essayé,  pour  la  première 
fois,  dans  lapeintureà  l'huile  qu'en  1816, 
il  ne  composa  pas  moins  de  67  tableaux 
jusqu'en  1825. 

M.  Heidegger  était  lieutenant-colonel 
au  service  de  la  Bavière,  lorsqu'il  se  sen- 
tit un  désir  irrésistible  d'aller  en  Grèce 
s'associer  à  la  lutte  des  Hellènes  contre 
leurs  oppresseurs;  il  partit  en  1826,  muni 
d'une  permission  spéciale  et  d'un  congé 
extraordinaire  du  roi.  Il  présida,  jusqu'à 
l'arrivée  ducomteKapodistriasàNauplie, 
la  commission  chargée  de  l'administration 
des  secours  envoyés  d'Europe.  Au  mois 
âê  février  1827|  il  prit  part  à  l'expédi- 


tion de  âalamine  qui  tamjm  de  déè 
l'acropole  d'Athènes.  Bientôt  aprà 
nomma  chef  de  l'escadre  qui  se  poi 
tre  Oropus,  dans  le  canal  de  Nègr 
et  détruisit  les  principaux  magai 
Turcs.  Kapodistrias  ayant  reconn 
le  colonel  Heidegger  un  ferme  i 
pour  son  administration,  lui  ooa 
1828,  le  commandement  de  Ni 
auquel  il  joignit  ensuite  le  gouvcn 
militaire  d'Argos  et  la  haute  iiis| 
des  revenus  publics  du  golfe  d 
Après  le  retour  de  M.  Fabvîer  (v 
France,  le  colonel  bavarois  fut  a 
chargé  de  l'organisation  ultériei 
taAiiAoSf  fonction  liée  à  la  haute  di 
de  l'école  militaire  centrale  de  ? 
et  de  tous  les  établissements  qui 
tachent  à  l'armée. 

L'excès  du  travail  et  le  climat  alli 
la  santé  de  M.  de  Heidegger  ;  il 
forcé  d'aller  passer  quelque  temps 
ne.  Au  bout  de  quelques  mois ,  il 
l'organisation  des  troupes  regi 
mais  des  accès  de  fièvre  continueb 
ddèrent,  vers  la  fin  de  Tannée,  à  < 
la  Grèce.  Longtemps  retenu  par  d 
constances  pressantes ,  il  ne  pot 
qu'au  mois  d'août  1 829  ;  il  se  nm 
les  Iles  Ioniennes  en  Italie,  et,  aprc 
séjourné  quelque  temps  à  Rome,  il; 
le  9  juin  18S0,àMunich,où  il  vi 
ses  loisirs  entièrement  à  la 
composa  plusieurs  tableaux  fbrt  il 
sants,  s'esnya  aussi  dans  la  petntm 
que,  et  exécuta  pour  la  Gtfptotkèk 
Munich  {voy.)  l'attelage  de  quatr 
vaux  du  char  de  Hélioa.  Les  émàm 
esquisses  de  M.  de  Heidegger  poi 
cachet  du  génie;  mais  ses  tableaux  à 
peints  depuis  son  retour  de  Grèi 
bien  inférieurs  à  set  premières  coi 
tions.  La  Grèce  en  a  très  soavest 
les  sujets.  Nommé  colonel  d*étatHBi 
1 830,  il  fit  partie  pendant quck|« 
(1832)  de  la  commission  chargée 
riger  les  travaux  de  fortification  a 
stadt;  mais  l'élévation  do  prince  Pp 
Othon  {yoy.)ét  Bavière  au  trônedi 
le  ramena  dans  ce  pays  et  lui  asai| 
sphère  d'activité  plusétendoe.  Défi 
bellan  du  roi  de  Bavière,  il  fut  prc 
grade  de  général  grec ,  et  appelé  \ 
sein  de  la  oowmitsinn  qui  poid 


HEI 


(597) 


HEI 


1  roi  Othon  était  chargée  de 
tu  DouTeaa  royanme.  C.  X. 
LBERG.  La  jolie  ville  de  ce 
be  par  une  population  indus- 
•mmer^nte  de  13,000  habi- 
lusieurs  centaines  d^étudiants 
»  d'étrangers,  est  située  pres- 
mité  septentrionale  du  grand- 
ide  (  cercle  du  Bas-Rhin  ),  sur 
be  du  Nëbkar,  an  point  même 
trarscy  qui  traverse  un  pays 
et  fertile,  vient  aboutir  à  cette 
sud  de  la  ville  s'élève  le  Kœ- 
I  nord ,  sur  la  rive  droite  du 
Heiligenberg,  avec  les  ruines 
it,  borne  l'horizon.  Le Neckar 
Hissage  entre  ces  deux  chaînes 
its  coteaux ,  et  la  ville  elle- 
Duve  encaissée  entre  les  hau- 
ionales  et  la  rivière.  Un  pont 
e  700  pieds  de  long  unit  les 
Au-dessus  des  demeures  mo- 
ent  l'église  du  Saint-Esprit,  où 
autrefois  la  célèbre  bibliothè- 
e,  et  l'église  de  Saint-Pierre, 
lits  visitent  les  tombeaux  de 
Sytburg ,  de  Marquard  Fre- 
mpie  Fulvie  Morata.  Mab  le 
ire  de  tous  les  voyageurs,  c'est 
.  Jusqu'en  1720,  Ueidelberg 
résidence  de  l'électeur  comte 
Rhin  :  le  palais  de  ce  prince 
lud  la  petite  ville  qui  s*est  peu 
6e  à  l'ombre  de  ses  murs  pro- 
ijourd'hui,ce château  électoral 
ble  ;  les  Français  le  dé vastèren  t 
guerre  du  Palatlnat  (depuis 
1764,  un  orage  affreux  et  des 
udre  complétèrent  l'œuvre  de 
.  Mais  les  restes  du  château  de 
forment  les  ruines  les  plus 
,  les  plus  pittoresques,  les  plus 
lent  conservées  de  l'Allema- 
quaire  y  peut  étudier  à  loisir 
ites  phases  qu'a  subies  l'archi- 
Miîs  le  XIV*  jusqu'au  xvii*  siè- 
lique  et  la  renaissance  offrent 
r  à  la  vue  la  forme  ogivale  et 
(  ornements  architectoniques. 
»mbreuses  croisées,  les  tours, 
:  les  créneaux  de  ces  magnifi- 
I  soient  éclairés  par  un  beau 
nai  ou  voilés  par  la  brume 
;  que  les  cours,  les  terrasses 


et  les  jardins  modernes  de  cette  demeure 
autrefois  si  somptueuse  soient  solitaires 
ou  couverts  de  promeneurs  indigènes  et 
étrangers,  d'Anglais  moroses  et  de  joyeux 
étudiants  :  dans  toutes  les  saisons  de  l'an- 
née, à  toutes  les  heures  du  jour,  cet  édi- 
fice unique  présente  un  tableau  à  faire 
tressaillir  le  peintre  et  le  poète.  Bfathis- 
son  (vojr.)y  le  chantre  des  ruines,  y 
crayonna  son  immortelle  élégie  :  Aufden 
Ruinen  eines  BergschlosseSjethxetk  sou- 
vent l'écho  a  murmuré  depuis  ses  stro- 
phes au  pied  de  ces  murs  démantelés; 
des  milliers  de  voyageurs  ont  promené 
leurs  regards  du  château  vers  le  pays  si 
gracieux  et  si  varié  qui  lui  sert  de  cadre. 
En  ces  lieux,  la  beauté  de  la  terre  et  la 
masse  gigantesque  des  débris  s'allient  à  la 
magie  des  souvenirs.  Ce  que  le  Colisée  est 
à  Rome  et  à  lltalie,  le  château  de  Hei- 
delberg  l'est  à  l'Allemagne.  Dans  le  colos- 
sal amphithéâtre  de  Vespasien,  c'est  l'an- 
tiquité avec  ses  plaisirs  barbares  qui  se 
dresse  devant  notre  imagination  :  ici,  c'est 
la  brillante  chevalerie,  c'est  le  moyen- 
âge  poétique  qui  semble  revivre  dans  ces 
salles  d'honneur  et  ces  cours  spacieuses. 
Ébloui  de  cette  merveille,  à  peine  le  voya- 
geur jette-t-il  encore  un  regard  sur  le  fa- 
meux tonneau  de  Heidelberg^  conservé 
religieusement  dans  les  caves  du  château, 
et  dont  se  glorifiaient  les  vieux  princes 
palatins,  buveurs  non  moins  intrépides 
que  braves  guerriers*.  Hélas!  il  est  dépos- 
sédé de  sa  vieille  renommée  :  aujourd'hui, 
la  brasserie  de  Perkins-Barclay,  à  Lon- 
dres, possède  des  tonneaux  d'unecapacité 
plus  grande ,  et  leurs  vastes  réservoirs  se 
remplissent  d'ale  journellement,  tandis 
que  la  tonne  de  Heldelberg  est  une  ruine 
comme  le  château  de  ses  anciens  maîtres. 
La  ville  de  Heidelberg,  située  à  l'em- 
branchement de  plusieurs  grandes  routes, 
fait  un  commerce  considérable  en  huile, 
tabac ,  graines  de  lin  ;  elle  possède  des  fa- 
briques; cependant  elle  est  plus  connue 
dans  le  monde  littéraire  et  scientifique 
que  dans  le  monde  industriel.  Son  uni- 
versité et  sa  bibliothèque  forment ,  avec 

(•)  II  peat  contenir,  dit-on,  aSo  fomirês  d« 
Tin,  et  il  a  longtemps  lopporté  inr  son  bondoa 
une  petite  salle  de  bal.  Il  a  remplacé,  en  1729* 
la  fameuse  tonne  que  les  Français  avaient  vidée 
et  détraite  en  16^. 


HEl 


(i98) 


HEl 


•on  chdteauyses  plus  betax  titres  dt  gloire. 
L'unÎTersité  de  Ueidelberg,  It  plus 
ancienne  d* Allemagne  après  celle  de  Pra- 
gue ,  a  été  fondée,  en  1 386,  par  Télecteur 
Rupert  n.  En  1 62 S, elle  déclina  après  les 
dévastations  de  Tilly  (voy.)^  qui  enleva  sa 
bibliothèque.  Après  la  guerre  de  Trente- 
Ans,  elle  se  releva  sous  Télecteur  Charles- 
Louis,  grâce  à  l'éclat  que  projetaient  sur 
elle  les  noms  de  Spanheim,  de  Freinshe- 
mius,  de  Pufifendorf.  Une  nouvelle  ère 
commença  pour  cette  antique  institution, 
en  1803 ,  lors  de  la  cession  de  Heidel- 
berg  au  grand-duc  de  Bade;  Charles- 
Frédéric  y  affecta  des  fonds  considéra- 
bles ,  et  lui  conféra  le  titre  de  Ruperto- 
CaroUna,  Des  professeurs  éminents  il- 
lustrèrent ses  quatre  fiicultés.  L'Europe 
savante  nomme  avec  distinction  les  théo- 
logiens Schwarz,  Umbreit,  Paulus,  les 
jurisconsultes  Thibaut,  Zacharis,  Mit- 
termsyer,  Rau,  le  médecin  Chelius,  le 
chimiste  Gmelin ,  les  historiens  et  philo- 
logues Schlosser,  Creuzer,  Mohne ,  Bxr, 
sans  compter  d'autres  noms  plus  jeunes 
qui  paraissent  avec  éclat  dans  la  carrière 
de  l'enseignement. 

La  bibliothèque  de  Heidelberg ,  au- 
jourd'hui riche  de  130,000  volumes,  a 
pris  naissance  à  la  fin  du  xiv*  siècle  ;  la 
bibliothèque  du  chancelier  Conrad  de 
Gelynhausen  (  1 390  )  et  un  legs  de  Mar- 
silius  d'Ioghen  (1396),  premier  recteur 
de  l'université ,  vinrent  dès  le  principe 
l'agrandir  considérablement  Elle  s'enri- 
chit encore  dans  la  suite  par  les  legs  que 
lui  firent  des  évéques  de  Heidelberg  et 
plusieurs  électeurs  palatins  ;  Jean  de  Dal« 
berg  et  Rodolphe  Agricola  y  sjoutèrent 
les  riches  collections  qa'ib  avaient  for- 
mées eui-mémes.  Sous  l'électeur  Othon- 
Henri,  les  manuscrits  que  ce  prince  avait 
achetéi  en  Palestine  tombèrent  en  psr- 
tsge  à  ce  fonds  public  déjà  si  considé- 
rable. Sous  Frédéricin,  les  bibliothèques 
des  couvents  du  Palatinat  furent  incor- 
porées dans  celle  de  Heidelberg;  et  elle 
reçut  encore  divers  legs  ou  dons.  En 
1030,  elle  contenait,  outre  un  assez 
grand  nombre  de  livres  imprimés  d'une 
valeur  secondaire,  1,956  manuscrits  la- 
tins, 481  grecs,  389  hébreux,  846  al- 
lemands, en  tout  3,633  manuscrits, 
fans  compter  osox  tu  bn^  (rao^jatie 


dont  le  nombre  est  inconnu.  Il 

tait  la  le  terme  de  sa  prospérité, 

chesses  amoncelées  depuis  des  sic 

rent  déclarées  de  bonne  prise  pti 

néral  Tilly  ;  Maximilieo  de  Bavièv 

la  bibliothèque  de  Heidelberg  a 

Grégoire  XV,  et  Léon  Allatius  fat 

de  la  conduire  a  Rome,  où ,  som 

de  Bibliotheca  Palatiiuty  elle  fbn 

subdivision  de  la  bibliothèque  Yi 

En  1797,  les  Français  enlevèftnt 

dernière ,  en  vertu  du  traité  de 

Tolentino,  500  manuscrits  cboii 

cette  occasion ,  et  la  bibliothèqo 

Une  perdit    ain^    38    manusa 

1 8 1 5 ,  le  pape  ayant  récupéré  par 

de  Paris  ses  biens  perdus,  voulut 

hommage  à  un  principe  qu*il  ii 

pour  lui-même  et  ne  pas  légitii 

exaction  en  jouissant  des  fnii) 

autre  :  il  rétrocéda  donc  à  la  non 

bliothèque  de  Heidelberg,  ave 

manuscrits  qui  avaient  fait  le  vc 

Paris ,  tous  les  manuscrits  en  v 

lemand,  au  nombre  de  809,  qi 

Allatius  avait  transférés  deux  siî 

paravantà  Rome;  il  y  ajouta,  de 

fameux  Codex  Palatinus ,  cool 

paraphrase  poétique  des  quatre  \ 

par  le  moine  Otfried  (  voy,  )  ;  enl 

tre  manuscrits  en  latin  conoenii 

toire  de  l'université  de  Heidelbc 

restitution  partielle  exerra  um 

inflnence  sur  l'étude  de  Pancîaa 

rature  allemande.  A  Rome,  œ 

scrits  étaient  ou  inabordables,  oa 

peu  profitables  à  des  savants  don 

des  ne  suivaient  point  cette  din 

Heidelberg,  où  M.  Wilken  [voj, 

mena ,  ils  se  retrouvèrent  sur  le 

Ces  émigrations  bizarres,  inat 

donnent  le  commentaire  le  pi» 

sant  de  ce  vieux  dicton  :  Hmk 

jata  Uhelli, 

HEIN  (  Pixaaa  ),  célèbre  m 
landais,  naquit,  en  1 578, a  DelA 
près  de  Rotterdam.  Entré  dans  1 
comme  simple  matelot  et  passanl 
les  degrés,  il  s'éleva,  en  1 633,  pi 
voure  à  la  dignité  de  vice-amii 
flotte  des  Indes-Orientales^  doal 

(*)  y^oir  too  Utt*  :  Bûtoùrw  dm  «M 
Ucti4>ms  d»  IUiàMw§.  Uddclk,  ttl 
msad. 


BEI 


(599) 


HEI 


€0  dieftai  fut  confié  en  1 63  7 . 
I  innée,  il  battît  les  Espagnols 
i  da  Brésil,  leur  enleva  plu- 
aux  et  ramena  un  riche  butin 
5.  En  1628 y  il  prit,  presque 
^nty  arec  31  vaisseaux,  toute 
otte  d'argent  des  Espagnob, 
sur  montait  à  12  millions, 
r  les  marchandises  précieuses 
ait  chargée.  En  récompense 
ion  d'éclat,  Hein  fut  nommé 
d  ai  1629;  mais  il  périt  peu 
près  dans  un  combat  contre 
aux  partis  de  Dunkerqne. 
tuer  sa  mémoire,  sa  patrie  lui 
1  monument  de  marbre  dans 
glise  de  Delft.  X. 

^E[£if  &i),  littérateur  allemand 
in ,  est  né  à  Dûsseldorf ,  en 
idia  le  droit  à  Bonn,  à  Berlin 
^e;  puis  il  vécut  altemati- 
imbourg,  à  Berlin,  à  Munich, 
30,  année  où  il  vint  à  Paris  ; 
i  temps,  il  n'a  guère  quitté  la 
la  France.  Le  nom  de  Henri 
-es  connu  dans  ce  pays  ;  Tau- 
Ime  a  eu  soin  de  traduire  une 
i  ouvrages  dans  notre  langue, 
igtemps  il  a  été  un  actif  col- 
le la  Revue  des  DeuxMon^ 
tournure  de  son  esprit,  il  se 
r  beaucoup  de  sympathie  et 
le  points  de  contact  avec  la 
Ai  que  feu  Bœrne  et  M.  Gutz- 
iréché  à  la  Jeune  Allemagne 
le  français. 

contestera  le  rare  talent  de 
Ju'on  lise  ses  Reisebilder  ou 
[>oli  tiques  (il  a  été  coUabora- 

GazeUe  d* Augsbourg)  ^  ses 
*  la  littérature  et  la  philoso- 
Lllemagne  contemporaine  ou 
Ils  artistiques  :  c'est  partout  et 
le  intarissable  verve  d'esprit, 
Dt  persiflage  des  hommes  et 
souvent  une  exquise  sensibi- 
it  d'autant  plus  que  l'auteur  a 
1  cacher,  de  peur  d'être  con~ 

la  race  des  pleureurs  fati- 
M.  Heine  est  coloriste;  son 
sque,  animé,  chaud,est  le  pro- 
imagination ardente.  BI.  Heine 
esprit  rien  de  ce  vague  qu'on 

ibîtaeUemeot  aux  penseur»  et 


aux  écrivains  allemands  :  chez  lui,  les  idées 
sont  claires,  nettes,  précises,  et  cette  clarté 
s'est  communiquée  à  son  langage.  Bien 
de  plus  lucide,  de  plus  dégagé  que  sa 
prose,  et  œ  n*est  point  là  un  mérite  mé- 
diocre dans  la  littérature  allenumde. 

L'ouvrage  capital  de  M.  Heine,  et  qui 
a  produit  un  véritable  enthousiasme  au- 
delà  du  Bhin,  est  celui  qu'il  a  intitulé 
Reisebilder  j  Tableaux  ou  Esquisses  de 
voyage  (Hamb.,  1826-31,  4  vol.  in-8«; 
2*  édit,  18S0-83).  Cet  engouement  se 
conçoit  :  l'auteur  se  montre  auteur  ai- 
mable et  gracieux ,  pétillant  de  galté , 
de  moquerie,  diarmant  dans  ses  bou- 
tades, impertinent,  libertin  tant  soit  peu, 
mais  sans  firanchir  néanmoins  les  bornes 
de  la  décence;  peintre  de  caractères, 
de  mœurs,  de  caricatures,  de  paysa- 
ges ;  homme  du  monde  par  instinct,  étu- 
diant mal  appris  par  habitude.  Il  y  a 
dans  M.  Heine  quelque  chose  de  Sterne, 
de  Jean-Paul  et  de  Voltaire;  il  tient  à 
l'auteur  de  Tristram  Shandy  et  au  créa- 
teur de  Titan  par  cet  indéfinissable  Air- 
mour  qui  ne  rit  que  du  bout  des  lèvres, 
ne  pleure  qu'à  la  dérobée,  et  passe,  avec 
la  mobilité  d'un  enfant ,  des  larmes  au 
rire.  Mab  notons  en  passant  que  chez 
BL  Heine  le  rire,  et  même  le  rire  sardo* 
nique,  prédomine.  Ainsi  que  Sterne  et 
Jean-Paul,  il  se  platt  à  créer  des  person- 
nages buriesques,  étranges,  exception- 
neb,  mab  intéressants  en  raison  même 
de  leur  caractère  bizarre  et  anguleux. 
M.  Heine  a  emprunté  à  Voltaire  le  fouet 
du  ridicule,  cette  arme  irrésbtible,  toute- 
puissante  ,  à  l'aide  de  laquelle  il  firappe 
impitoyablement  à  droite,  à  gauche, 
sur  tous  les  originaux  que  lui  présente 
la  bonne  Allemagne,  où  l'originalité  des 
caractères  n'est  pas  encore  tout -à- (ait 
épuisée.  Gare  surtout  aux  professeurs 
pédants  et  aux  écoliers  niab!  M.  Heine 
a  gardé  rancune  à  la  férule  du  gym- 
nase et  à  l'ennui  des  cours  universitai- 
res. Gare  aux  romantiques,  cerveaux  fê- 
lés ,  admirateurs  outrés  ou  affectés  de  la 
nature  et  du  moyen-âge!  Point  de  pitié 
pour  eux!  Peintre  goguenard,  il  fait  la 
charge,  non  le  portrait  de  ses  pauvres  vic- 
times. Malheur  aussi  aux  hommes  d'ar- 
gent! M.  Heine  n'aime  guère  les  ban- 

(^oiers*  De  bit^  il  n'aime  pas  gnod'cboM  ) 


HEI 


(600) 


BEI 


il  n*aiine  personne,  si  ce  ji*eit  pourtant  la 
jeune  fille  que  le  hasard  place  sur  son 
chemin,  ou  quelques  souvenirs  d^enfance, 
ces  passions  ineffaçables  et  tenaces  qui 
nous  suivent  fort  heureusement,  malgré 
nous,  à  travers  tous  les  naufrages  de  la 
TÎe.  A  tout  prendre,  M.  Heine  n*est  sou- 
vent qu'un  épicurien  aimable,  un  fau- 
ne recouvert  du  frac  moderne.  Voyez, 
par  exemple,  les  esprits  qui  éprouvent 
pour  lui  le  plus  de  sympathie  :  c*est  Gentz 
(vo/.),  Tépicurien  par  excellence;  c'est 
le  prince  Puckter-Muskau  (yojr,)^  cet  ad- 
mirable viveur,  qui  se  hâte,  en  arrivant  à 
Paris,  de  demander  l'adresse  de  M.  Heine. 
Mais  rAUemagne  réservée  et  prude,  mais 
FAllemagne  idéalbte  et  exaltée  ne  veut 
point  reconnaître  la  maîtrise  de  M.  Heine; 
elle  lui  reproche  l'absence  de  cette  convic- 
tion, de  cette  foi  ardente,  qui  fait  le  grand 
poêle;  elle  lui  dit  avec  amertume  :  Vous 
ne  marchez  point  vers  un  but  sérieux  ; 
ni  dans  votre  vie,  ni  dans  vos  écrits,  vous 
n'aspirez  vers  un  idéal  haut  placé.  Vous 
êtes  matérialiste;  vous  n'êtes  point  appelé 
k  devenir  l'instituteur  de  votre  nation, 
qui,  dans  les  plus  mauvais  temps,  a  su 
conserver  de  nobles  tendances,  une  phi- 
losophie pure,  désintéressée,  spiritua- 
liste,  et  la  foi  da  ses  pères.  De  quel  droit 
vous  attaquez-vous  aux  gloires  littéraires 
\le  votre  pays,  gloires  légitimement  ac- 
quises, que  vous  traînez  dans  la  boue 
pour  apprêter  à  rire  à  nos  voisins  d'outre- 
Rhio  ?  et  surtout,  pourquoi  vous  êles- 
vous  fait  frivole,  vous,  le  fib  d'un  pays 
sérieux? 

La  controverse  avec  M.  Heine  serait 
trop  facile;  lui-même  n'a  sans  doute 
point  pris  au  sérieux  ses  éloquentes  bou- 
tades contre  l'ordre  social  et  religieux  ; 
mais  le  mal  qu'il  aura  produit,  en  raison 
même  de  son  talent,  sur  une  génération 
dont  le  cœur  éuit  tout  prêt  à  recevoir 
une  pareille  semence,  est  peut-être  irré- 
parable. 

Mais  si  ces  Uches  défigurent  les  ou- 
Trages  de  M.  Heine ,  il  faut  signaler  d'un 
autre  côté  beaucoup  de  parties  lumi- 
neuses oà  cet  esprit  original  brille  d'un 
pur  éclat ,  du  Voyage  an  Brocken ,  par 
exemple,  selon  nous  son  chef-d'œuvre. 
Sur  cette  montagne  cla«iquc,  chantée 
pw  tous  les  poètes  de  l'Alleniagoe,  mon- 


tagne où  Gœthe  s'est  aws  en  wê 
souverain  y  M.  Heine  a  troavé  so 
cueillir  de  nouveaux  lauriers. 

Dès  1 823,M.  Heines'étaitfaHen 
comme[poéte  par  un  recueil  devcn 
1 83  3,  par  un  intermède  lyriqiie.l}i 
recueil  (Buch  derUeder^  Hamb., 
reproduit,  sauf  quelques  omwsin 
deux  premiers  essais.  Dans  ce  md 
cueil  se  trouvent  les  poésies  ék 
premiers  volumes  des  ReisebikL 
vers  lyriques  de  M.  Heine, 
produit  d'un  enthousiasme  poi 
blent  toujours  inspirés  par  l'air  i 
ou  le  souflle  du  printemps,  tant  i 
délicats  et  frais.  Écrits  à  propos  d'à 
d'un  souvenir  à  demi  eflacé,  d'à 
pression  fugitive,  ils  flottent  deva 
prit  du  lecteur  comme  les  fib  de  i 
ge;  ils  résonnent  à  son  oreille  cm 
son  lointain  d'une  cloche 

A  ToretUe  iocertain*  apporté  par  le 

En  1 833,  il  fit  paraître  deux  tn 
Almansor  et  Radrliff,  Ces  deux 
ges  dramatiques  n'ont  point  eu  ds 
tissement. 

Ses  ouvrages  en  prose  sont,  os 
Reisebilder^  les  suivants  :  Kahià 
Lettres  sur  la  noblesse,  adressées  as 
de  Multke  (Hamb.,  18SO;  Beitm 
Geschichte  der  neuem  schœmem 
ratur  in  Deutschland^  ou  Apei 
la  littérature  allemande  contêni 
(Hamb.,  1833,  3  vol.)  :  U  JIa 
Deux  Mondes  a  reproduit  en  11 
ces  aperçus;  Franzœsisdie  Zmsi 
ou  la  France  de  1881  à  1833  (1 
1833).  Les  articles  de  correspo 
que  M.  Heine  a  envoyés,  de  1831  i 
à  la  Gazette  dAugsbourg^  et  c|a^ 
bliés  plus  Urd  sous  ce  titre  de  Fi 
sische  Zustœnde^  formeront  toujo 
des  lectures  les  plus  intéressantes  si 
mémorable  époque. 

S'il  fallait  résumer  en  peu  de 
caractère  spécial  du  Ulent  de  M. 
nous  dirions  qu'il  appartient  à  cctl 
d'esprits  que  Jean-Paul  a  nommés 
croisés{Grister^Misehiin^r)^  pan 
semblent  issus  de  deux  pays  o«  € 
siècles  différents.  Fram^  par  b 
Allemand  par  le  cœur,  M.  Beii 
constamment  appliqué  à  faire  fé| 


HEl 


(601) 


BEI 


gauloises  sur  sa  sensibilité  ger^ 
,  sans  parvenir  toutefois  à  étouf- 
létement  la  dernière.  Cette  lutte 
i  a  porté  bonheur,  puisqu'elle 
son  originalité.  L.  S. 

ECCIUS  (  Jkan-Thïophils  ) , 
rai  nom  était  Ueiitecke,  juris* 
et  humaniste  9  naquit,  le  11  sep- 
681,  à  Eisenberg  (duché  d'Al- 
) ,  étudia  d'abord  la  théologie  à 
t  à  Leipzig ,  et  puis  le  droit  à 
il  fut  nommé,  en  1 7 1 3,  profes- 
lilosophie  et,  enl  720,  professeur 
En  1723,  il  fut  appelé  à  Frane- 
1727,  il  alla  remplir  la  même 
'"rancfort-sur-FOder.  Étant  re- 
Ualle,  en  1733,  avec  le  titre  de 
'  privé  et  en  qualité  de  profes- 
roit  et  de  philosophie,  il  y  mou- 
août  1741. 

;cius  était  un  homme  profondé- 
é  dans  toutes  les  branches  de  la 
ence ,  surtout  dans  le  droit  ro«- 
bns  le  droit  allemand,  auxquek 
>réparé  par  Fétude  de  la  philo- 
1  y  joignait  une  connaissance 
Dune  des  langues  anciennes,  des 
i  et  de  l'histoire  universelle.  Ses 
qui  se  distinguent  par  leur  or- 
ne, par  un  latin  pur,  et  qui  tous 
!  nombreuses  éditions,  jouirent 
I  d'une  autorité  classique.  De 
e  sont  :  Antiquitatumjiu  Ro-» 
iiustrantium  syntagma^  Halle, 
^ementajuris  civilis  sccundum 
jisututionumy  Amsterd.,  1 7  25  ; 
ijuris  civilis  secundwn  ordi^ 
tdectarum^  Amsterd. ,  1722  ; 
Juris  Romani  et  Germaniciy 
33.— Son  fib,  jEAif-CHEÉTiKir- 
.K  Heineccius ,  éditeur  de  plu- 
its  de  son  père  et  de  quelques 
d'autres  jurisconsultes,  né  en 
aile,  fut  longtemps  professeur  à 
e  noble  de  Liegnitz;  mais  il  se 
la  charge  quelques  années  avant 
qui  eut  lieu  en  1791  à  Sagan 

CL. 
fSE  (  Jean  -  Jacques-Guil- 
ittérateur  allemand ,  né  le  1 6  fé- 
9  à  Langewiesen ,  près  d'Urne- 
udia  le  droit  à  léna  et  fit  en* 
ijour  à  Erfurt  d'où  il  se  rendit  à 
dt.  Gleim  et  Wieland  dirigèrent 


ses  étude»- poétiques  ;  mais,  dans  le  h\i  ,- 
Heinse  appartient  à  cette  classe  d'écrivains 
qui  se  forment  dans  le  monde,  au  contact 
des  hommes,  plutôt  que  par  les  livres. 
Enthousiaste ,  doué  d'une  imagination 
brûlante,  il  se  passionna  surtout  pour 
les  arts.  Les  vues  artistiques  qu'il  dé- 
posa dans  ses  ouvrages  se  développèrent 
d'abord  dans  la  belle  galerie  de  la  ville 
de  Dûsseldorf,  où  Jacobi  (voy-)  l'avait 
appelé,  en  1776,  pour  coopérer  à  la  ré- 
daction d'un  journal  littéraire  intitulé 
PIris.  Un  séjour  de  trois  ans  en  Italie 
(1780-83)  devint  à  la  fois  pour  lui  un 
temps  de  délices  et  une  période  de  tra- 
vail, n  avait  débuté,  en  1774,  dans  le 
monde  littéraire  par  des  Épigrammes, 
bientôt  suivis  (1773)  par  une  traduction 
de  Pétrone,  et  par  Latdion  ou  les  Mys^ 
tères  d'Eleusis  (1773).  Sous  le  beau  ciel 
de  Rome ,  il  prépara  une  traduction  en 
prose  du  Tasse  et  de  l'Arioste,  et  médita 
son  chef-d'œuvre ,  Ardinghello ,  roman 
qui  servit  de  cadre  à  ses  idées  sur  l'art , 
et  qui  reproduit,  dans  des  tableaux  brû- 
lants, l'influence  irrésistible  que  l'Italie  a 
exercée  de  tout  temps  sur  les  esprits  poé- 
tiques. Il  en  publia  la  f^  édition  en  1787 
(Leipz.,  2  vol.  in-8^).  La  lave  des  pas- 
sions qui  dévoraient  le  cœur  et  le  sang  de 
Heinse  est  répandue  sur  ces  pages;  son 
style  est  d'une  admirable  énergie ,  d'un 
coloris  brillant;  mab  les  habitudes  un 
peu  brutales  de  l'artiste  tapageur,  de  l'é- 
tudiant aux  façons  cavalières ,  se  trahis- 
sent malheureusement  à  chaque  ligne. 
Peut-être  pardonnerait-on  ce  défaut  en 
faveur  de  l'espèce  d'originalité  qui  en 
résulte,  si  l'on  ne  respirait  pas  dans  Ar- 
dinghello ^  ainsi  que  dans  les  autres  ou- 
vrages de  Heinse,  l'air  enivrant  et  dan- 
gereux d*une  sensualité  toute  païenne. 
Wieland  lui-même ,  qui  certes  n'était  pas 
rigoriste,  s'effaroucha  de  la  licence  de  son 
élève  et  blâma  cette  débauche  d'esprit. 
Parmi  les  autres  ouvrages  de  Heinse,  nous 
citerons  encore  Hildegard  de  Hohenthal 
(Berlin,  1795-96,  2  vol.;  nouv.  édit., 
en  3  vol.,  1804),  et  ses  Lettres  sur  Vl-- 
talie^  publiées  sous  le  titre  ^Anasta- 
xie  (Francfort,  1803,  3  vol.  in-8«).  Ses 
lettres  particulières,  remplies  d'intérêt 
et  écrites  avec  tout  le  laisser-aller  de  son 
caractère  ^  sont  en  partie  consignées  dans 


HEI 


(602) 


HEI 


la  correspondance  de  Gleiui,  Heinse  et 
Mûller,  publiée  par  Kœrte (Zurich,  1806- 
1808,  2  vol.).  lleinse  est  mort  le  22 
juin  1803,  après  avoir  occupé,  depuis  son 
retour  déliai ie,  la  charge  de  bibliothé- 
caire de  Télecteur  de  Blayence.       L.  S. 

HEINSIUS  (Antoiite)  ,  grand  pen- 
sionnaire de  Hollande  depuis  1689  jus- 
qu'à sa  mort,  anrivée  le  3  août  1720 ,  k 
Tâge  de  79  ans ,  était  un  des  grands 
hommes  d*état  du  siècle  de  Louis  XIV. 
On  sait  quelle  énergie  il  opposa  à  ce  mo- 
narque en  1 709  ;  et  Voltaire,  dans  le  Siè~ 
de  de  Louis  XIV^  le  compare  à  un  Spar- 
tiate humiliant  le  roi  de  Perse.  X. 

HEINSIUS  (Daniel),  célèbre  phi- 
lologue néerlandais,  naquit  à  Gand  au 
mois  de  mai  1580  ou  1582  ,  et  apparte- 
nait à  une  famille  distinguée  de  cette 
ville.  Ses  parents  renvoyèrent  à  Leyde, 
où  il  fit  ses  études  classiques  sous  Sca- 
liger ,  qui  était  alors  professeur  à  cette 
université.  Dès  l'âge  de  18  ans,Heinsius 
occupa  la  chaire  de  langue  grecque  ;  il 
succéda  ensuite  à  son  maître ,  enseigna 
la  politique  et  Phistoire,  et  devint  histo* 
riographe  des  Provinces-Unies.  Enfin, 
après  une  longue  carrière  pabiblement 
consacrée  à  Tétude,  il  mourut  le  25  fé- 
vrier 1 655.  —  En  lui  le  goût  égalait  Téru- 
dition;  on  estime  beaucoup  ses  vers  hol- 
landais, SCS  discours  latins  et  ses  dis- 
sertations historiques.  Les  livres  anciens 
qu*il  a  commentés  et  interprétés  sont 
5iaxime  de  Tyr  ;  la  Poétique  d'Aristote, 
à  laquelle  il  a  ajouté  un  traité  sur  la  tra- 
gédie; Hésiode,  Théocrite,  Moschus, 
Ovide  et  Sénèque  le  tragique.  On  fait 
grand  cas  de  ses  remarques  sur  le  Nou- 
veau-Testament. U  a  publié  aussi  un 
Éloge  de  TAne  et  autres  facéties.  Il  y  a 
plus  d'érudition  que  de  poésie  dans  ses 
vers  grecs  et  latins.  La  république  de 
Venise  le  fit  chevalier  de  Saint-Marc  : 
Gustave- Adolphe  et  Urbain  VIII  lui 
donnèrent  des  manfues  d'estime.  Dans 
les  Mémoires  de  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres ,  l'ablié  Batteux  a 
réfuté  sa  di>sertation  qui  tend  à  prouver 
({ue  le  traité  De  Mun/lo  n'est  pas  d*Aris- 
tote.  U  y  a  un  peu  d'amertume  dans  ce 
morceau,  d'ailleurs  fort  érudit. 

Nicolas  ,  fils  du  précédent ,  aussi  sa- 
vini  que  Heinsiui  le  père,  atquU  à  Leydc 


le  29  juillet  1620 ,  et  moanit  à  La  liai* 
le  7  octobre  1661.  Il  ToyagcA  beanconp 
en  Angleterre,  en  France,  en  Suède.  Liî, 
il  fut  nommé  résident  près  la  rém 
Christine,  qui  l'avait  préoédemmeot  en- 
voyé en  Italie  pour  y  chercher  des  ■»> 
nuscrits  et  des  médailles.  Nicolas  Hcn- 
sius  avait  un  caractère  doiUL  et  indoigtt 
qui  lui  faisait  beaucoup  d'amis;  il  paat 
dans  sa  patrie  les  dix  demièret  années  di 
sa  vie.  Ce  savant  avait  une  telle  inttfli* 
gence  des  poètes  latins  qu'oo  peut  le  m» 
garder  comme  le  restaurateur  d'OvMe, 
de  Silius  Italicus,  de  Valerius  Flacm, 
de  Claudien ,  etc.  Il  a  donné  anaî  wm 
excellente  édition  de  Virgile.  On  adain 
surtout  les  remarques  qui  composent  Toe- 
vrage  intitulé  Adversaria ,  lequel  néM- 
moins  ne  parut  qu'en  1742  dans  IcsédH 
tions  de  Burmann.  Comme  son  père,  ?ii- 
colas  Heinsius  fut  bon  poète  en  bolk^ 
dais  et  en  latin.  P.  G-i. 

HEINSIUS  ( Onioir -  Fainiaic- 
Th^odoeb  ) ,  l'un  des  fcemmairiens  cl 
lexicographes  allemands  les  plus  wtiali, 
naquit  à  Tschernow,  dans  la  N'osTfis» 
Marche  de  Brandebourg.  U  donna  d*t- 
bord  des  lei^ons  an  collège  de  Frédérk* 
Guillaume ,  a  Berlin ,  et  devint  cnnili 
professeur  au  gymnase  dit  de  Beriim^Mi 
(vo)^.  Beelin),  enfin  maître  de  langoecl  4t 
littérature  allemande  au  Collège  fnmrm 
de  la  même  ville ,  fonctions  qu'il  rcapft 
encore  présentement.  M.  Hetnsim  f*ctf 
fait  connaître  par  de  nombreux  onvra^ 
allemands  publiés  à  Berlin ,  et  qui  oal 
été  reproduits  la  plupart  dans  une  HÙir 
d'éditions.  Nous  citerons  nominalcmeat 
les  suivants  :  Grammaire  alUmumée^ 
1798-99,  3  vol.  in-8*;  Exîrtùt  dm 
traité  d*Adelung  sur  le  style  aHemand , 
1800,  et  2*édit.,  1808;  le  Conseil  litt 
Allemands  y  1800,  et  6*  édit. ,  I83S; 
Nouvelle  Grammaire  allemande^  ISQl, 
S  vol.,  et  4« édit.,  1822;  La  Lan^me  al- 
lemande théorique  et  pratique^  1804,  ft 
10«  édit.,  1824  ;  Teui  ou  Élémeati  iie 
toute  l'vlocution  alltmandej  5  vol.,  1 W7- 
1 2  :  la  dernière  édition  de  cet  oo^rafi  â 
paru  de  1824  à  1825;  Le  Bois  sacré  Jet 
Bardes^  1808-10,  3  vol. ,  et  dereicrr 
édit.,  1823-25,  en  4  vol.;  Indicûttv 
de  la  langue  et  des  mœurs  aHemandes^ 
1817}  enfin  TiaiportaDt  Dt€tioMimn 


i 


HEK 


(603) 


hbL 


national  de  la  langue  allemande  j  Ha- 
■OTre,  1818-22,4  gros  toI.  io-8^  X. 

HEKXtA  (mont),  situé  dans  la  partie 
Béridionalc  de  llstande(îK)X.),  à  une  forte 
fieue  de  la  câte ,  est  le  principal  volcan 
de  cette  lie,  qui  en  compte  au  moins  une 
dizaine.  Élevée  d'environ  4,800  pieds , 
€elte  montagne  couverte  de  neige  est 
tttoarée  de  roches  de  lave,  de  bouches 
volcaniques,  et  de  petits  lacs  autour  des- 
qneb  règne,  comme  sur  toutes  les  colli- 
nes, la  plus  grande  stérilité.  De  sombres 
loages  couvrent  ce  paysage,  qui  présebte 
im  aspect  propre  à  inspirer  la  tristesse. 
(Latrefois  le  mont  Hekla  était  sujet  à  des 
imptioDs  formidables  :  on  voit  un  ancien 
torrent  de  lave  à  4  lieues  au  nord-est  du 
rolcan  ;  à  la  fin  du  xvii*  siècle,  il  lança  au 
bin  des  tourbillons  de  cendres;  depuis 
1766  il  est  tranquille,  mais  il  règne  en- 
core de  la  chaleur  dans  son  intérieur. 

A  quelques  lieues  de  là ,  le  mont  Kjia- 
BtA  a  également  répandu  sur  ses  flancs 
M  à  ta  base  des  torrents  de  lave  qui  hé- 
rinent  maintenant  les  bords  du  lac  My- 
vala.  Ses  grandes  éruptions  ont  cessé  de- 
pois  1724;  mais  au  fond  de  son  cratère 
oo  voit  bouillonner  une  masse  de  liquide 
épais  et  noir  qui  est  poussé  quelquefois 
en  Pair,  sous  la  forme  d'un  jet  ou  d'une 
colonne.  D'autres  cavités  au  pied  du 
Krabla  sont  autant  de  chaudières  natu- 
relles où  bout  également  un  liquide  noir. 
L'espace  entre  le  Krabla  et  un  volcan 
voisin  est  tout  imprégné  de  soufre ,  ou 
|rfatût  c'est  du  soufre  pur  couvert  d'ef- 
floresoences  alumineuses.  A  travers  ce 
tas  de  soufre,  la  vapeur  se  fait  jour.  Une 
montagne  du  voisinage  est  toute  compo- 
sée d'obsidienne,  qui  parait  également 
ooe  production  de  ces  volcans. 

L'exemple  d'autres  volcans  de  l'ile 
prouve  que  l'on  ne  peut  compter  sur 
irar  repos;  le  Rattlagiaa,  par  exemple, 
dont  les  éruptions  avaient  cessé  en  1756, 
les  a  recommencées  en  1823,  en  causant 
de  Tiolents  tremblements  de  terre.  Deux 
ans  auparavant ,  le  Johul ,  ou  volcan 
d'Eyafialla ,  tranquille  depuis  un  siècle , 
lan^  des  flammes,  des  tourbillons  de 
funiée  et  de  pierre;  et  Tannée  suivante, 
il  sortit  de  la  lave  du  pied  de  la  monta* 
gne.  Vers  cette  époque,  d'autres  volcans 
de  nie  forent  en  activité.  Des  sources 


d'eau  chaude  jaillissent  aux  environs  du 
Krabla.  D-c. 

UELCOLOGIE  ou  Elcologix.  Ce 
nom  a  quelquefois  été  donné  à  la  théo- 
rie des  plaies  suppurantes,  du  grec  eXxoc, 
plaie,  abcès  fvo/.  ce  dernier  mot). 

HELbENBtJCU,v.HÉEos  {livre  des). 

HÉLÈNE ,  la  plus  belle  femme  d'un 
siècle  où  des  déesses  elles-mêmes  se  dis- 
putaient le  prix  de  la  beauté  et  prenaient 
un  berger  pour  arbitre  (vojr,  Paris),  ap- 
partient moins  à  l'histoire  qu'à  la  fable« 
Issue  du  même  œuf  que  Pollux,  et,  comme 
lui,  fille  de  Jupiter,  Hélène  eut  pour  mère 
Léda ,  reine  de  Sparte  et  femme  de  Tyn- 
dare.  Sa  beauté ,  céleste  comme  son  ori- 
gine, eut  tant  de  renommée ,  dès  son  en- 
fance ,  que  Thésée  l'enleva  avant  qu'elle 
eut  atteint  sa  dixième  année.  Ses  frères , 
Castor  et  Pollux  (vof,  Dioscures),  la 
délivrèrent  par  la  force  des  armes  et  la 
ramenèrent  à  la  cour  de  Tyndare.  Une 
tradition  conservée  par  Pausanias  (1.  Il , 
ch.  22)  nous  apprend  qu'elle  eut  une 
fille  de  son  ravisseur.  Ce  rapt  de  Thésée 
ne  fit  qu'accroître  la  réputation  de  beauté 
dont  jouissait  Hélène,  et  les  princes  de  la 
Grèce  n'en  mirent  que  plus  d'ardeur  à 
briguer  la  main  de  cette  jeune  fille,  l'or- 
nement et  la  gloire  de  Sparte.  Les  plus 
célèbres  de  ses  prétendants  étaient  Ulysse, 
Diomède,  les  deux  Ajax,  Podalire  et  Ma- 
chaon, Patrocle,  Ménélas.  Alarmé  d'un  si 
grand  concours  de  jeunes  princes,  voyant 
bien  qu'il  ne  pourrait  en  préférer  un 
sans  irriter  tous  les  autres,  Tyndare  eut 
recours  à  la  sagacité  d'Ulysse,  qui  lui  con- 
seilla de  lier  par  un  serment  solennel  tous 
les  prétendants,  de  leur  faire  jurer  qu'ib 
approuvei'aient  le  libre  choix  que  ferait 
sa  fille,  et  s'uniraient  au  besoin  pour  dé- 
fendre la  cause  et  les  droits  de  l'époux 
choisi  par  elle.  Après  ce  serment ,  Hé- 
lène déclara  sa  préférence  pour  Ménélas 
(vojr.)  et  l'épousa.  Depuis  trois  ans  elle 
était  unie  à  Ménélas,  dont  elle  eut  une 
fille,  Hermione,  lorsque  Paris  vint  à 
Sparte  pour  y  traiter  du  rachat  d'Hé- 
sione,  sa  sœur.  H  vit  Hélène  et  l'aima. 
Flattée  de  l'hommage  d'un  prince  qui 
avait  été  le  juge  de  la  beauté  des  déesses, 
cette  princesse  quitta  son  époux ,  sa  pa- 
trie, son  royaume,  pour  le  suivre  à  Troie. 
Méoélas  et  les  Grecs  l'ayant  rédamée  en 


HEL  (  604  ) 

vain,  une  formidable  expédition  fut  pré- 


HEL 


parée.  Près  de  dix  ans  s^écoulèrent  dans 
les  apprêts  de  cette  guerre  ;  pendant  dix 
autres  années,  on  combattit  sous  les  murs 
dllion.  Cette  guerre ,  la  plus  grande  et 
la  plus  terrible  qu'on  eût  encore  vue,  est 
devenue  un  des  plus  beaux  attributs  de 
la  gloire  d'Hélène  ;  car  il  semble  qu'elle 
ne  se  faisait  ni  pour  Paris ,  ni  pour  Mé- 
Délas,  mais  pour  décider  une  grande  que- 
relle entre  les  deux  moitiés  du  monde , 
dont  chacune  croyait  triompher  de  l'au- 
tre en  lui  enlevant  Hélène.  Paris  avant 
été  tué  vers  la  neuvième  année  du  siège, 
Hélène  épousa  un  autre  fib  de  Priam , 
Déiphobe ,  qu'elle  livra  aux  Grecs  dans 
la  nuit  fatale  de  la  prise  de  Troie.  Rame- 
née dans  la  tente  de  son  premier  époux, 
Ménélas  la  reprit ,  quoiqu'elle  ne  fût  plui 
jeune  alors ,  penuadé  qu'il  valait  mieux 
être  son  dernier  amant  que  le  premier 
de  toute  autre  femme,  et  l'événement 
prouva  qu'il  ne  s'était  pas  trompe.  Dans 
les  sanglantes  catastrophes  où  périt  la 
race  de  Pélops  (vojr,)y  elle  seule,  en  ef- 
fet, le  préserva  de  la  ruine  de  sa  maison, 
et  la  fable  ajoute  qu'elle  obtint  de  Jupi- 
ter qu'il  serait  avec  elle  admis  dans  l'o- 
lympe. Par  elle  aussi  ses  deux  frères,  Cas- 
tor et  Pollux,  obtinrent  de  former  la 
constellation  des  Gémeaux,  si  propice  aux 
navigateurs.  Sa  patrie  lui  fut  également 
toujours  chère;  elle  ne  cessa  jamais  de 
protéger  Lacédémone,  où  son  culte  fut 
établi,  où  on  lui  éleva  un  temple. 

Les  traditions ,  historiques  ou  fabu- 
leuses, qui  varient  à  l'infini ,  s'accordent 
pour  constater  la  puissance  de  ses  char- 
mes, l'amour  et  l'admiration  qu'à  tout 
âge  inspirait  sa  présence.  Enlevée  à  dix 
ans  par  Thésée ,  elle  en  avait  au  moins 
quinze  lorsque  ses  frères  partirent  pour 
l'expédition  de  la  Toison  d'Or  (1 350  ans 
av.  J.-C);  vers  la  fin  de  la  guerre  de 
Troie  (1270  av.  J.-C.*),  elle  avait  donc 
près  de  80  ans,  lorsque  les  vieillards  s'é- 
criaient encore  en  la  voyant  passer  : 
«  Faut- il  s'étonner  que  les  Grecs  et  les 
Troyens  souffrent  tant  de  maux  pour  une 
femme  d'une  si  parfaite  beauté  !  •  ^Iliade 
UI ,  156.)  Ce  qu'on  ne  peut  trop  admi- 

(*)  Lm  rhroBoIoçtttM  rapportent  d*ailleari 
plut  gcoér^eacot  la  prise  de  Troi«  à  TaDoéc 
/ 18^  ëf,  i.-C.  ^« 


rer,  dit  Isocrate ,  c'est  «{u'ajant  cq 
d'amants  elle  les  conserva  tous;  c*crt 
qu'ayant  été  tant  de  fois  mariée,  eolefée, 
dérobée  à  elle-même  comme  aux  antra, 
çlle  ne  fut  jamais  quittée,  ayant  so  fix« 
tous  ses  adorateurs  sans  se  fixer  jaonis  ; 
véritable  mythe  de  la  beauté  pure ,  mm 
impassible,  et  préoccupée  cle  sa  poM 
harmonieuse  et  de  son  geste,  benrâM 
d'être  vue  et  encensée  sur  son  piédestal, 
et  d'y  recevoir  les  adorations  cle  tous  ks 
âges.  F.  D. 

HÉLÈNE  (sÀiirTB):^out  œ  que  Fea 
sait  de  l'origine  de  sainte  Hélène,  mère  4» 
l'empereur  Constantin  {voy,) ,  c'est  qac^ 
née  dans  une  condition  obscore,  db 
avait  fixé  par  ses  charmes  naturels  les  r^ 
gards  de  Constance  Chlore,  qoî  comasa* 
dait  les  armées  romaines  en  Anglelmt. 
Il  l'épousa  et  en  eut  Constantin.  As»- 
cié  à  l'empire  par  Diodétien ,  il  la  r^ 
pudia,  en  292,  pour  la  fille  de  Maxiaica 
Hercule ,  qui  lui  donna  trob  antres  ik 
Rentrée  dans  la  vie  privée,  Hélène  fit  voir, 
par  sa  modestie  et  sa  constance,  qa'cAi 
avait  usé  sans  orgueil  des  honneurs  qa'dlt 
quittait  sans  f^lesse,  et  ne  voulot  jeair 
de  sa  liberté  que  pour  se  relîticr  k  et 
nouveaux  engagements.  L'exoellenle 
cation  qu'elle  avait  donnée  à 
préparait  le  jeune  prince  an  dessein  de  h 
Providence  qui  allait  en  faire  le 
empereur  chrétien.  Lorsqu'il  fut 
sur  le  tràne,  après  l'éclatante  victoire  qvH 
remporta  sur  Maxence,  il  rappela  Hélcas 
à  la  cour,  la  proclama  Auguste,  et  lui  ft 
rendre  tous  les  honneurs  dus  à  la  asère  èê 
l'empereur.  Non  content  de  la  faire  rs- 
pecter  dans  ses  palais  et  dans  ses  camp»,  i 
voulut  qu'elle  disposât  comme  elle  Pen- 
tendrait  de  l'argent  de  son  épargne.  Elle 
ne  fit  usage  de  son  crédit  que  pour  ré- 
pandre des  bienfaits.  Par  la  sagesse  de  «ci 
vues  et  de  ses  conseils,  elle  prévint  pi» 
d'un  orage  politique  que  l'ambitioa  et 
les  rivalités  des  autres  princes  du  saaf 
royal  auraient  pu  susciter.  Devenu  auW 
tre  de  tout  l'Orient,  Constantin ,  ayant 
fait  assembler,  en  325,  le  concile  général 
de  Nicée ,  écrivit  à  Macaire  de  Jérusaleoi 
au  sujet  de  la  basilique  qu'il  voulait  fair» 
bâtir  sur  le  mont  Calvaire.  Sainte 
se  chargea  de  l'exécution  de  ce  pieux 
vrage.  Son  lèle  fut  réconipeané  par  b 


HEL 


(605) 


UÉt 


dc€oa%erte  de  la  croix  ou  le  Seuveur  ac- 
QMnplit  aon  sacrifice  et  des  instruments 
de  sa  Fission.  Après  avoir  satisfait  à  sa 
déroCîon,  Hélène  quitta  la  Terre-Sainte 
pour  Tenir  rejoindre  Constantin  à  ^^ico- 
aédîe.  Parvenue  à  Tàge  d'environ  80 
as,  avertie 9  dit  Thistorien  Théodoret, 
fK  une  secrète  langueur,  que  sa  fin  était 
procbe ,  elle  recueillit  tout  ce  qui  lui  res- 
tai de  forces  pour  donner  à  l'empereur 
na   fils  des   instructions  dignes  d'une 
•ère  et  d'une  princesse  chrétienne.  £n* 
fin ,  an  milieu  des  consolations  de  la  foi, 

d'espérance  et  de  mérites,  elle  alla 
roir  au  ciel  une  couronne  plus  glo- 

que  celle  que  la  mort  lui  ravissait. 
On  fixe  sa  mort  au  mois  d'août  828.  Son 

fut  rapporté  à  Rome ,  où  ses  obsè- 

lorent  célébrées  avec  une  pompe 
«Ltraordînaire,  et  déposé  dans  le  tom- 
htam  des  empereurs.        M.  N.  S.  G.  t 

MÉI^ÈNE,  princesse  deMecklenbourg- 
Schwerin ,  duchesse  d'Orléans,  voy.  Oa- 
IJÉAVS  (maison  d'), 
MÉLÈNE  (ils  Sainte-),  voy,  Saihte- 


HÉUSRy  mot  qu'on  dérive  de  l'an- 
to  haiej  signifiant  proprement  tirer 
m  soif  et  qui,  eo  conséquence,  a  la  même 
origine  que  haier^  /laiage.  Héler,  c'est 
donc  tirer  à  soi  avec  ta  voix,  appeler.  On 
hcle  nn  bâtiment  qui  arrive  dans  un  port 
fmr  lui  demander  son  nom ,  sa  prove- 
mee  ,  etc.  ;  on  hèle  à  la  mer  un  navire 
qu'on  y  rencontre ,  pour  avoir  des  nou- 
velles, pour  connaître  les  circonstances 
de  sa  navigation  ;  dans  les  deux  cas,  celui 
qui  hèle  fait  ensuite  raisonner^  et  celui 
qui  répond,  raisonne.  F  cure  raisonner  et 
héler  ne  sont  pas  synonymes.  Oh!  du 
navire!  oh!  est  le  cri  de  l'homme  qui 
hèle,  qui  vent  attirer  l'attention  du  bâti- 
ment qu'il  fera  ensuite  raisonner,  f^oy. 
PoaTE-Voix.  A.  J-  L . 

HELGOLAND  (ils  dx).  Ce  nom,  sans 
doute  abrégé  de  HeUgolandy  signifie  pays 
des  saints.  L'Ile  est  située  dans  la  mer  du 
Nord,  à  environ  14  lieues  des  bouches 
de  l'Elbe,  du  Weser  et  de  TEider.  Elle 
a  13,800  pieds  de  circuit,  et  elle  est  en- 
tourée de  quelques  iles  de  sable  ou  du- 
nes, et  de  différents  écueib  et  récifs.  Ce- 
lui qu'on  appelle  le  Moine  ^  le  plus  con* 
ûdérable  de  tous ,  l'environne  immédia- 


tement L^ile  d'Helgoland  est  divisée  ea 
haute  et  basse  terre  :  l'une  a  4,200  pas  de 
circonférence  et  s'élève  de  90  à  1 60  pieds 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  tandis 
que  l'autre  n'a  guère  aujourd'hui  qu'une 
circonférence  de  1,200  pas  que  la  mer 
rétrécit  de  plus  en  plus.  Les  lies  de  sable, 
dont  une  tenait,  il  y  a  cent  ans,  à  l'ile 
même  d'Helgoland ,  n'ont  que  deux  cin- 
quièmes de  l'étendue  de  celle-ci,  qui  se 
compose  tout  entière  d'argile  rouge  durci, 
dans  lequel  entre  beaucoup  d'oxyde  de  fer 
et  d'acide  carbonate.  Elle  a  deux  ports,  la 
ville  haute  et  la  ville  basse,  et  est  habitée 
par  environ  2,500  habitants,  qui  sont  de 
vrais  descendants  des  anciens  Frisons 
{voy.)y  dont  ils  ont  conservé  entièrement 
le  langage  et  les  coutumes.  Leur  prin- 
cipale industrie  consiste  dans  la  pèche,  et 
ib  font  peu  de  commerce. 

L'ile ,  défendue  par  quatre  batteries, 
appartenait  autrefois  aux  Danob  ;  l'ami- 
nd  anglab  Russel  la  leur  ayant  enlevée 
en  1807,  elle  appartient,  depub  la  paix 
deKiel  (1814),  à  l'Angleterre ,  qui  ne 
lui  demande  pas  d'impôts  et  qui  ne  s'in- 
quiète ni  de  sa  constitution  ni  de  son  ad- 
minbtration  intérieure.  Cette  possession 
est  précieuse  pour  le  gouvernement  bri- 
tannique ,  qui ,  établi  ainsi  non  loin  de 
l'embouchure  de  l'Elbe  et  du  Weser,  ob- 
serve de  là  l'Allemagne.  La  justice  et  la 
police  se  font  d'après  les  lob  qui  régissent 
le  Sleswig  et  le  Holstein.  Autrefob  c'é- 
tait le  gouverneur  qui  jugeait  militaire- 
ment en  dernière  instance  les  affaires  li- 
tigieuses portées  devant  lui  ;  mab  la  sta- 
tion militaire  (700  hommes  de  troupes 
anglaises)  ayant  été  retirée  en  1821,  c'est 
actuellement  un  magbtrat  qui  remplit 
cette  fonction.  Depuis  quelques  années, 
les  bains  de  mer  d'Helgoland,  qui  l'em- 
portent sur  tous  les  autres  de  la  mer  du 
Nord  et  de  la  mer  Baltique,  ont  com- 
mencé à  jouir  d'une  grande  réputation, 
ce  qui  leur  a  valu,  surtout  en  1834,  la 
vbite  de  beaucoup  d'étrangers.  —  Foir 
Decken,  Untersuchungen  iiber  die  Insel 
Helgoland  (Recherches  sur  l'ile  d'Hel- 
goland), Hanovre,  1826,  et  Lappenberg, 
Ueber  den  ehmaligen  Umfang  und  die 
alte  Geschic/iteHe/goiands(Sar  l'ancien- 
ne étendue  et  l'ancienne  hbtoire  d'Hel- 
goland) ,  EUunb.  ,1831.  X. 


HEL 


(606) 


HEL 


HÉLI  ou  Éli  y  pontife  isriélite ,  de 
la  race  de  Lévi,  résidant  à  Silo  où  Josué 
avait  établi  le  tabernacle;  il  est  appelé 
souverain  sacrificateur  et  juge  en  Lraêl. 
Son  histoire  se  rapporte  à  celle  de  Samuel 
(voy,)  ;  il  mourut  à%é  de  98  ans,  t'étant 
laissé  tomber  à  la  renverse  en  apprenant 
la  triple  nouvelle  de  la  défaite  de  son 
peuple,  de  la  perte  de  Tarche  sainte 
et  de  la  mort  de  ses  deux  fils,  prêtres  in- 
dignes dont  sa  faiblesse  avait  toléré  les 
débordements.  S. 

IIÉLIADES  {Heliadœ).  Les  Grecs 
appelaient  ainsi,  au  masculin,  les  sept 
fils  du  dieu  Soleil,  Hélioa  [yoy,)^  qui  les 
engendra  pendant  que  ses  rayons  brû- 
lants pompaient  Thumidité  dans  Hle  de 
Rhodes  et  assainissaient  cette  lie.  Les  Ué- 
liades  se  distinguaient  par  leur  esprit  et 
leurs  connaissances,  ils  se  livraient  à  Tas- 
tronomie,  perfectionnèrent  Tarchitecture 
navale  et  divisèrent  les  jours  en  heures. 
L*un  d*eux,  Thenagès,  éclipsa  ses  frères , 
ce  qui  leur  inspira  une  vive  jalousie  et 
leur  fit  prendre  la  résolution  de  le  tuer. 
Le  bruit  de  ce  meurtre  s'étant  répandu, 
les  coupables,  à  Texception  de  deux,s*en« 
fuirent  de  Rhodes  et  se  dispersèrent  dans 
les  lies  voisines.  Leur  sœur  unique,  Éleo- 
tryone,  mourut  vierge  et  fut  adorée  com* 
me  demi-déesse  par  les  Rhodiens. 

Les  Héliades,  toutefois,  sont  plus  con- 
nues au  féminin,  et  alors  on  les  appelle 
en  latin,  non  plus  HeUaila\  mais  Helia^' 
deSy  filles  de  Ûélios  et  de  la  nymphe  Mé- 
rope  ou  Clymène.  Elles  étaient  au  nom- 
bre de  trois  et  s^appelaient  Phaéthuse, 
Lampétie  et  Phabé,  noms  grecs  qui  rap- 
pellent tous  Téclat  des  rayons  du  soleil. 
Ovide  raconte  leur  mort  prématurée: 
nous  en  réservons  le  récit  pour  l'article 
de  leur  frère.  Foy.  PhaiLton.  X. 

HÉLIANTHE.  Ce  genre,  qui  fait  par- 
tie de  la  grande  classe  des  synanthérécs 
ou  composées,  renferme  quelques  espèces 
précieuses  dans  Téconomie  rurale  et ,  de 
plus,  une  foule  de  plantes  d'ornement.  La 
physionomie  originale  qu'offrent  les  ca* 
pitules  fleuris  de  ces  végétaux  leur  a  fait 
donner ,  dans  la  plupart  des  langues  eu- 
ropéennes, les  noms  de  soleil ^  ou  fleur 
de  soleil ,  idée  reproduite  dans  la  dési- 
gnation scientifique  de  hélianthe,  qui  dé- 
rive de  rî^io»  ^soleil)  et  de  «vOo?  (Oeur). 


Les  hélianthes  se  distlognoit  p 
caractères  suivants  :  capitule  radié; 
lucre  composé  de  plusieurs  rmagi 
folioles  imbriquées,  plus  ou  moi 
courbées ,  inégales ,  débordaDt  les 
du  disque;  réceptacle  convexe ,  ga 
paillettes  qui  embrassent  les  fleuri; 
du  disque  très  nombreuses,  régu 
hermaphrodites;  fleurs  de  la  oon 
liguliformes ,  stériles;  ovaires  cxwi] 
latéralement;  aigrette  de  deux  pal 
opposées ,  lancéolées,  caduques.  L 
part  des  hélianthes  sont  des  plante 
bacées ,  en  général  vivaces,  à  feuiil 
posées  ou  alternes,  soit  entières,  soi 
tées;  les  capitules  sont  terminaux, 
solitaires,  tantôt  disposés  eo  panic 
en  corymbe.  Les  fleurs  du  disque 
vent  d'un  pourpre  brunâtre ,  couli 
agréablement  avec  celles  de  la  ooni 
dont  la  couleur  est  d'un  jaune  p 
moins  vif. 

Tout  le  monde  connaît  Vhéii'oMi 
nucl  {helianihus  annuus ^  L.),  ■ 
vulgairement  soleil^  grand  sole 
tournesol  y  parce  que  les  fleurs  se 
nentversle  soleil,  et  aflfectent  une 
tion  déterminée  par  son  cours  je 
lier.  Cette  plante,  originaire  du  J 
est  cultivée  depuis  longtemps  e 
rope,  surtout  pour  l'ornement  des  ji 
Ses  graines  font  une  excellente  ooni 
pour  la  volaille  ;  en  Amérique,  ell 
vent  même  à  celle  de  Thonme,  d 
beaucoup  de  contrées ,  on  extrait 
grasse  (|u'elles  contiennent  :  cctU 
toutefois  a  le  défaut  de  rancir  pn 
ment.  L'écorce  des  tiges  fournit  i 
lasse  grossière;  toute  la  plante  a 
bea*icoup  de  nitrc.  L'espèce  se  dii 
facilement  à  ses  tiges  élaiicèesy  à  s« 
des  feuilles  cordiformes,  ainsi  q 
capitules  solitaires,  inclines  ven  le 
et  atteignant  quelquefois  un  pied  < 
mètre.ÙhrltantJte  mulliflore  :  hriL 
mulii/lorus ,  L/= ,  connu  sous  Ui 
vulgaires  de  petit  solt'ily  ou  suleii  i 
si  fré(|uent  dans  les  parterres,  est  in 
de  rAméri(|ue  M>ptentrionale.  Lf 
namboitr  {yoy,)  est  aussi  une 
d*hélianthe.  Éc 

HÉLIAXTHÈME,  genre  de 
mille  des  cislacées  (iHir.CisTixxn) 
l'on  distingue  aux  raractèm  snivau 


fiÈL 


(607) 


HEL 


Uce  de  daq  tépaks  y  dont  deux  extériean 
tm  petits;  corolle  de  cinq  pétales;  éu- 
■■Ms  aosbrenses;  capsale  à  trois  Talves, 
àiM  seale  lo^ ,  oa  à  trois  loges  iocom* 
ilèieB,  eootenant  od  nombre  indéfini  de 
pwes;  «mbryoD  à  radicale  repliée  sur 
in  cotylédons.  Les  tiges  sont  herbacées 
it  li^— iMiri;  les  flenrsy  éphémères  et  ro- 
■Béas  y  disposées  en  grappes  simples. 
Pinsimrr  hélianthèmes  se  reoomman- 
xwame  plantes  d'ornement,  psr  la 
dorée  de  tenr  floraison,  ainsi  que 
fw  réléfance  de  leur  corolle.  Ces  plan* 
las  praspcrent  dans  les  terrains  les  plus 
«idea;  Icnr  port  touffu  les  rend  propres 
4  faillir  «les  racailles  artificielles  et  des 
on  bien  à  former  des  bordures.  On 
de  préférence  VhéliatUhème 
{keliamihemwn  vulgarCj  L.) , 
indigène  et  assez  fréquente  dans 
tbob  et  les  prairies,  mais  dont  la  culto- 
a  obteaa  quantité  de  Tariétés.  Éd.  Sp. 
■ÉUAQCE.  On  nomme  lever  hélia- 
«Tuii  astre  Tinstant  où  il  sort  des 
da  soleil  (^sc),  dont  Téclat  em- 
de  raperoeroir ,  et  où  il  devient 
le  matin  avant  le  lever  de  cet  as- 
,  La  eoncfaer  hélîa<{ue  s^entend  du  cou- 
drai astre  qni  entre  dans  les  rayons 
dn  soleil  et  devient  invisible  par  la  supé- 
livilé  de  la  lumière  de  ce  dernier.  Par 
eppositioo,  oo  nomme  lever  ou  coucher 
tosmuqme  le  lever  ou  le  coucher  d'un  as- 
tse  qui  arrive  en  même  temps  que  le  le- 
ver o«  le  covdier  du  soleil.  Fojr.  Le- 
flE  R  CoocHxa.  L.  L-T. 

HÉUCB  (du  grec  IXcÇ ,  spirale,  tor- 
tillon ,  Trille  de  la  vigne  ou  du  lierre) ,  est 
le  nom  que  Ton  donne  aux  petites  volu- 
tes q«  semblent  supporter  la  fleur  du 
chepitean  («of .)  corinthien.  Les  hélices 
sont  an  nombre  de  huit  dans  ce  chapi- 
tmn;  elles  sa  trouvent  par  paire  sous 
chaqoe  fleur  placée  à  la  fsce  échancrée 
dn  lailloir  :  aussi  fiiot-il  toujours,  en  sr- 
ifcjjiailiiii  ,  employer  ce  mot  au  plu- 
riel. Les  liéliees  forment  Textrémitié  de 
dena  branches  des  camiieoies  qui  sortent 
des  iiffeties  ;  elles  ne  montent  pas  jus- 
qa'a  Tabaqne,  mais  s'arrêtent  sous  la  lè- 
vre da  vase  du  chapiteau.  On  appelle  hé'^ 
lices  entreiarées  celles  dont  les  enroule- 
nents  se  croisent  ensemble,  ainsi  c|u'on  le 
loit  dans  le  cbapilean  des  trois  colonnes 


du  temple  de  Jupiter  Stator,  au  Gampo* 
Yacdno,  à  Rome;  hélices  évidées^  celles 
qui  sont  à  jour.  On  voit  aussi ,  dans  des 
chapiteaux  très  riches,  les  hélices  ornées 
de  feuilles  légères  en  rinceaux;  elles  sont 
aussi  réunies  quelquefois  par  un  lien  on 
séparées  par  un  petit  fleuron.  Au  singu- 
lier, ce  mot  s'applique  encore  à  une  es- 
pèce d'escalier  en  vis  désigné  sous  le  nom 
d'escalier  en  hélice  ou  hélicoîde.  Foy. 
Escalier.  Art.  D. 

Dans  la  conchyliologie,  l'hélice  est  un 
coquillage  à  spire  conoîde  sppartenant  à 
la  classe  des  univalves.  S. 

UÉLICON.  Celte  montagne,  vulgai- 
rement appelée  Ucona  ou  Zagaroy  est  si- 
tuée dans  la  partie  occidentale  de  la  Béo- 
tie,  à  quatre  lieues  environ  de  l'extré- 
mité du  golfie  de  Corinthe.  C'est  avec  le 
mont  Parnasse  (im/.),  qui  en  est  à 
près  de  dix  lieues  vers  le  nord-ouest ,  et 
le  Cythéron ,  qui  en  est  à  la  même  dis- 
tance vers  le  sud-est,  un  des  points  les 
plus  culminants  de  la  chaîne  méridionale 
des  montagnes  slsvo -helléniques.  Son 
élévation  est  de  1,400  mètres;  la  circon- 
férence de  sa  base  est  a  peu  près  celle  du 
Parnasse  ;  leurs  sommets  sont  souvent 
couverts  de  neige.  L'Hélicon  était  re- 
nommé pour  b  pureté  de  l'air,  l'abon- 
dance des  eaux  et  la  beauté  des  arbres. 
De  toutes  les  montagnes  de  la  Grèce, 
c'était  la  plus  fertile;  elle  ne  produisait 
que  des  plantes  embaumées  et  salutaires. 
Après  s'en  être  nourris,  dit  Pausanias 
(IX,  218) ,  les  serpents  n'avaient  plus  de 
venin.  Hésiode,  né  au  pied  même  de 
l'Hélicon,  dans  le  bourg  d'Ascra,  a  placé 
sur  la  cime  de  cette  montagne  le  chœur 
des  Muses (iM>^.).  «  Là,  dit-il  (Théogon. 
3),  leurs  pieds  infatigables  tracent  les 
gracieuses  figures  d'une  danse  pleine  de 
charmes,  tandis  qu'elles  déploient  l'har- 
monie de  leurs  voix  brillantes.  »  Sur  les 
pentes  de  l'Hélicon  coulaient  l'Hippo- 
crène  (vor*.),  ou  fontaine  du  Cheval,  et  la 
source  Aganippé.  Cette  Aganippé  était 
fille  du  Permesse,  qui  arrose  encore  la 
vallée  de  l'Hélicon  et  se  jette  dans  le  lac 
Copaîs.  Près  de  ces  fontaines  étaient  le 
temple  et  le  bois  consacrés  aux  Muses. 
On  y  voyait  aussi  leurs  statues  et  celles 
des  plus  célèbres  poètes  et  musiciens ,  de 
Tliamyris  tenant  une  lyre  brisée,  d'Arioq 


BEL 


(dOB) 


HKL 


sur  un  dauphin,  d'Orphée,  d'Hésiode,  ttc. 
Des  fêtes  annuelles  s'y  célébraient  en 
l'honneur  d'Apollon  (ycy.)  et  des  Musct, 
et,  dans  ces  fêtes,  on  se  disputait  les  prix 
de  la  musique  et  des  vers.  C'est  ainsi  que 
la  nature  et  les  arts,  les  symboles  de  la 
fable  et  les  luttes  du  génie,  ont  concouru 
par  toutes  leurs  merveilles  à  embellir 
cette  montagne  dont  le  nom  seul  réveille 
encore  les  souvenirs  et  les  enchantements 
de  la  plus  poétique  mythologie.     F.  D. 

HELIGOLAND,  voy,  Helgoland. 

HÉLIO€BNTRIQUE  (de  iq^coc,  to- 
leil,et  xryTpov,oentre).  Pour  éviter  l'incon- 
vénient du  mouvement  diurne  de  la  terre 
dans  les  observations  astronomiques,  on 
avait  eu  l'idée  de  transporter,  en  imagi- 
nation, le  point  d'observation  de  sa  sur- 
face à  son  centre  (vof.  Parallaxe)  ;  mais 
il  restait  encore  une  cause  d'embarras 
dans  la  translation  provenant  du  mou- 
vement de  la  terre  dans  son  orbite.  On  a 
alors  imaginé  de  rapporter,  au  moyen  de 
la  parallaxe  annuelle,  qu'on  peut  aussi 
appeler  héUoceniriquey  toutes  les  obser- 
vations au  centre  du  soleil ,  ou  plutôt  au 
centre  commun  de  gravité  de  cet  astre  et 
des  autres  corps,  liés  à  lui  dans  notre  sys- 
tème. De  la  vient  la  distinction  entre  le 
lieu  géocentrique  (voy.)  et  le  lieu  hél  iocen- 
trique  d'un  corps  céleste  :  la  première  dé- 
nomination rapporte  la  situation  de  ce 
corps  dans  l'espace  à  une  sphère  imagi- 
naire, d'un  rayon  in6ni,  qui  a  son  centre 
à  celui  de  la  terre  ;  la  seconde  a  une  sphère 
semblable,  mab  concentrique  avec  le  so- 
leil. Ainsi,  lorsque  nous  parlons  des  longi- 
tudes et  des  latitudes  héliocentriques  des 
corps  célestes,  nous  supposons  un  specta- 
teur placé  dans  le  soleil ,  les  rapportant, 
par  des  cercles  perpendiculairesau  plan  de 
l'édiptique,  au  grand  cercle  marqué  dans 
les  cieux  par  le  prolongement  indéfini  de 
ce  plan.  Le  point,  dans  la  concavité  ima- 
ginaire d'un  ciel  infini,  auquel  un  spec- 
tateur ainsi  placé  rapporterait  la  terre, 
doit  par  conséquent  être  diamétralement 
opposé  à  celui  dans  lequel  un  spectateur 
sur  notre  globe  rapporte  le  centre  du  so- 
leil. L.  L-T. 

IIÉLIODORE.  En  U26,  un  soldat 
de  l'armée  du  margrave  Casimir  de  Bran- 
debourg ,  se  trou\ant  à  Bude ,  en  llon- 
p*je,  iorsqu^on  pillait  la  bibliothèque  du 


roi  Bfathîas  Corvin  {vcy.\  m 
manuscrit  richement  relié  «t  Fn 
U  le  vendit  ensuite  k  ViiiencO|pa 
qui  le  publia  à  Bâle,  cfaei  Hcm«gp 
in-4<'  de  343  pages,  sooi  k  tim  i 
Uodori  Jùstoriœ  Mthiopieœ  Itèné 
nunquam  antea  in  lucetn  editi. 
ces  circonstances  singulières  qw 
devons  la  première  publicution  da 
grec  d'Héliodore,  rà  ircpc  Btwft 
Xecpixlccav  AcOcoircxeê,  ou,  suivMil  j 
r  Histoire  œthiopiqmed'Héiiodorm 
tant  des  loyales  amours  de  TkA 
Thessalien^  et  eie  CkarieleayjEiki 
ne.  A  la  fin  du  x*  et  dernier  livre,  i 
Hérodote  au  commencement  de  ao 
toire,  l'auteur  des  Êthiopiques  se  i 
et  nous  apprend  qu'il  était  d'Éfliè 
Phénicie ,  fib  de  Théodose ,  et  qui 
pelait  Héliodore.  On  croit  génénl 
qu'il  était  jeune  lorsqu'il  compon 
man,  vers  l'an  390  de  notre  ère;  € 
il  devint  évéque  de  Trîcca,  en  lit 
Nicéphore Calliste (^â/.  mt/.,X1 
rapporte  que,  la  lecture  de  ce  romm 
été  jugée  dangereuse  pour  les  mm 
U  jeunesse ,  on  enjoignit  à  llélio4 
supprimer  son  livre  et  de  le  jeter  a 
ou  de  renoncer  à  ses  fonctions  épâ 
les ,  et  qu'il  préféra  son  roman  à  ao 
ché.  Cette  historiette  de  Nicéplwr 
a  fourni  à  Lamonnoye  cette  jolâ 
gramme  : 

Mttr«,  fardeau  lasMBt,  disait  HcliadM 

raonis  gnad  bctoùi  d*«ll«bor«  » 

Si,  poar  te  conserTcr,  je  brélaia  mmm  • 

Ma  tête,  à  TaTeiiir,  Mrs  plaa  huaaiéi 

Four  avoir  ta  produire  an  livre  û  chi 

Qae  poar  avoir  été  mttrée. 

cette  historiette,  dis- je ,  a  été  coa 
ment  réfutée  par  Vabis,  par  laa 
Vavasseur  et  Petau,  par  Bayle,  ete 
en  effet  supposer  un  rigorÎMAe  i| 
comportaient  pas  les  mœurs  greo^ 
qui  ne  se  comprendrait  que  de  1 
des  jansénbtes  de  Port-Royal  :  là» 
man  d'Héliodore  était  bien  réel 
une  lecture  prohibée.  Le  hasard  fil 
ber  le  roman  grec  de  Theagèoe  al  i 
clée  entre  les  mains  de  Ractae.  O 
vorait,  lorsque  le  sacristain  Clandb 
celot,  qui  le  surprit  dans  oetia  ladn 
arracha  le  livre  et  le  jeta  au  Cbb 
cine  trouva  moven  d*an  avoir  wi 


HBL 

plaira,  qui  eut  le  même  sort,  ce 
à  en  acheter  un  troisième  ; 
n'en  plus  craindre  la  proscrip- 

il  rapprit  par  cœur,  et  le  porta  au 
bdn  en  lui  disant  :  «  Vous  pouvez 
r  encore  celui-ci  comme  les  autres.  » 
u  de  Racine  fils ,  sur  la  vie  de 
ère  y  Lausanne,  1743,  in-12,  p. 
Ex  pourtant  9  austère  Lancelot, 
ien  Héliodore  est  plus  chaste  et  plus 
6  qae  ses  devanciers  et  ses  imita- 

Quelle  gracieuse  modestie  !  quelle 
ir  dans  les  amours  de  Théagène  et 
inridée  I  «  Outre  la  religion  chré- 
'.  dont  l'auteur  faisait  profession , 
Bt,  dit  le  pieux  et  docte  Huet, 
à  propre  vertu  lui  avait  donné  cet 
lonnéteté  qui  éclate  dans  tout  Tou- 
»  (Tmùé  sur  Forig,  des  Romans.) 
être  même  l'auteur  était-il  trop  ver- 
pour  avoir  cette  complète  connais- 
da  cœur  humain ,  cette  science  des 
Da ,  par  laquelle  se  distinguent  les 
Mâers  modernes.  Son  principal  mé- 
it  d'avoir  imaginé  un  plan  étendu , 
itqaé,  de  l'avoir  développé  avec  in- 
noe ,  d'avoir  bien  disposé  ses  épi- 
,  en  un  mot  d'être  parvenu  à  inté« 

par  l'agrément  des  détails ,  par 
évu  des  incidents,  et  au  moyen  d'un 
légant  et  pur,  relevé  par  de  char- 
s  réminiscences  d'Homère  et  des 
ues.  Tout  justiGe  la  prédilection  de 
e  pour  ce  prince  des  romanciers 


traduction  du  roman  d'Héliodore 
premier  ouvrage  de  notre  célèbre 
t  (vo^r.),  Paris,  1 549  et  1 559,  in-fol. 
Blême  traduction,  revue  et  corrigée 
L  Trognon ,  dans  le  système  qu'a- 
Courier  {voy*  )  pour  la  révision 
«igus ,  a  reparu  dans  la  collection 
nanciersgrecset  latins,  Paris,  1 822. 
f  l'édition  de  Vincent  Opsopœus , 
»  six  autres  éditions  du  texte.  L'a^ 
iemière  et  l'une  des  meilleures  est 
m  bipontine  due  aux  soins  de  Mit- 
ick,  Strasb.,  1798.  Celle  que  nous 
■  à  Coray,  Paris,  1814,  2  vol. 
^  est  un  des  chefs  -  d'œuvre  de  la 
9gie  moderne.  F.  D. 

UOOABALE  (Va&ius  Avitus 
iras,  dit),  empere  romain  (218- 
i  J.-C.),  sumomn    le  Sardanapale 

leyelop,  d.  G.  d,  M.  Tome  Xm^ 


(  «09  )  HBL 

de  Romci  éuit  fils  du  sénateur  Variai 
Marcellus  et  deSoaemis,  fillede  JuliaMaesa, 
qui  elle-même  était  sœur  de  l'impératrice 
Julia  Domna  et  fille  de  Bassianus,  Syrien 
et  prêtre  du  Soleil.  Héliogabale  dut  ce 
surnom  à  la  même  dignité;  car  il  en  fut 
revêtu  à  Émèse ,  ou  l'avait  emmené  sa 
mère  quand  il  n'avait  que  onze  ans  et  où 

le  soleil  était  adoré  sous  le  ikom^Élaga^ 
bal.  Lorsqu'il  fut  empereur,  il  voulut  être 
nommé  Marc-Aurèle-Antonin.  Les  cé- 
rémonies   du    temple    d'Émèse    étaient 
magnifiques;  le  jeune  prêtre  joignait  aux 
grâces  de  l'enfance  une    beauté  ravis- 
sante; on  pouvait  le  comparer,  dit  Hé- 
rodien,   aux  plus  belles  représentations 
de  Bacchus.  Les  soldats  campés    près 
d'Émèse    accouraient  en   foule  pour  le 
voir.  L'amour  qu'ib   conservaient  pour 
la  mémoire  de  Caracalla  et  leur  haine 
pour  Macrin ,  entraient  pour  beaucoup 
dans  leur  empressement.  Son  aïeule  ne 
rougit  point  de  semer  le  bruit  que  non- 
seulement  il  était  parent,  mais  fils  de  Ca- 
racalla. Elle  répandit  l'argent  avec  pro- 
fusion et  prodigua  les  promesses.  Hélio- 
gabale, vêtu  comme  s'habillait  Caracalla, 
fut  reçu  dans  le  camp  avec  enthousiasme 
et  salué  empereur.  Macrin  dédaigna  d'a- 
bord ce  mouvement,  et,  ne  voulant  pas 
se  mettre  en  campagne  contre  un  enfant, 
il  envoya  Julius  Ûlpianus,  préfet  du  pré- 
toire, pour  châtier  les  rebelles.  L'expédi- 
tion ne  fut  pas  heureuse  :  les  soldats  dé- 
fendirent leur  camp  avec  vigueur,  puis 
appelèrent  leurs  camarades  à  la  défection 
en  leur  montrant  Héliogabale,  qu'ils  ap- 
pelaient Antonio  ;  enfin  ils  faisaient  bril- 
ler aux  yeux  des  assiégeants  l'argent  qu'ils 
avaient  reçu  de  Maesa.  Héliogabale  parla 
lui-même  et  confirma  les  promesses  faites 
en  son  nom.  Alors  les  soldats  d'Ulpianus 
massacrèrent  leurs  chefs,  à  l'exception  du 
général,  qui  s'enfuit,  et  passèrent  dans  le 
parti  d'Héliogabale,  lequel  s'accrut  de  jour 
en  jour.  Cependant  un  soldat  avait  dé- 
couvert la  retraite  d'Ulpianus  :  il  lui  coupa 
la  tête,  l'enveloppa,  et  cacheta  le  paquet 
du  sceau  d'Ulpianus  lui-même,  puis  l'ap- 
porta à  Macrin,  disant  que  c'était  la  tête 
d'Héliogabale.  Pendant  qu'on  ouvrait  le 
paquet,  il  disparut. 

Ce  fut  ain^i  que  Macrin  connut  la  dé- 
fection de  ses  troupes  :  il  se  retira  à  An- 

30 


HEL 


(ÔIO) 


fitL 


tioche,  où  il  fat  encore  abandooDé  de 
ceux  qui  l*aTaient  fluÎTÎ.  Cependant  il  par- 
vint à  réunir  une  armée.  Sur  les  lettres 
de  cet  empereur,  Héliogabale  fut  déclaré 
ennemi  public  par  le  sénat;  sa  mère  et 
son  aïeule  furent  enveloppées  dans  la 
même  proscription.  Lorsque  Macrin  eut 
rassemblé  toutes  ses  forces,  il  marcha 
contre  Héliogabale  ;  celui-ci,  de  son  c6té, 
s'avança  jusqu'à  dii-huit  milles  d'An- 
tioche.  Il  sut  s'emparer  d'un  poste  im- 
portant, et  rangea  bien  son  armée  ;  mais 
il  avait  affaire  à  de  vieux  soldats,  et  déjà 
les  prétoriens  de  Macrin  avaient  enfoncé 
ses  rangs.  Alors  on  vit  Maesa  et  Soaemis 
descendre  de  leurs  chars  et  retenir  les 
fbyards  par  leurs  exhortations  et  leurs 
larmes.  Héliogabale  combattit  vaillam- 
ment; une  nouvelle  défection  effraya 
Macrin,  qui  eut  la  lâcheté  d'abandonner 
le  champ  de  bataille  ;  les  prétoriens  eux- 
mêmes  finirent  par  se  rendre.  Macrin  pé- 
rit dans  sa  fuite. 

Héliogabale,  en  écrivant  au  sénat,  pro- 
diguait les  plus  magnifiques  promesses; 
mais  il  s'attribua,  sans  décret  du  sénat, 
tous  les  titres  de  la  puissance  impériale. 
Il  substitua  son  nom  à  celui  de  Macrin, 
dans  les  fastes,  pour  le  dernier  consulat. 
A  Nicomédie ,  il  tua  de  sa  main  Gannys, 
instituteur  de  son  enfance  et  l'un  des  ins- 
truments de  sa  fortune;  il  fit  périr,  dans 
l'Orient,  les  principaux  amis  de  Macrin, 
et  fit  exécuter  à  Rome  de  semblables  mas- 
sacres. Plusieurs  conspirations  se  tramè- 
rent alors  contre  Héliogabale.  Cet  em- 
pereur donna  dans  tous  les  excès  du 
luxe;  il  affectait  de  s'habiller  en  prêtre 
du  Soleil  et  célébrait  publiquement  les 
fêtes  de  son  dieu  chéri;  il  se  fit  peindre 
ainsi  et  ordonna  que  ce  portrait  fût  placé 
dans  la  salle  du  sénat  pour  que  chacun, 
en  entrant,  lui  offrit  de  l'encens.  Quand 
il  vint  à  Rome ,  Maesa  entra  avec  lui  au 
sénat  et  vota  comme  un  membre  de  ce 
corps.  Soapmis  eut  un  sénat  de  femmes 
sur  le  mont  Quirinal,  et  cette  grave  com- 
pagnie s^occupa  cl\)bjets  de  toilette,  de  cé- 
rémonial et  de  distinctions  à  établir  entre 
Im  voitures.  Hrliogabale,  cependant, 
confisquait  toii^  l<*s  cultes  et  tous  le^  objets 
révérés  nu  profit  du  dieu  qu^il  servait. 
On  prétfud  iju*il  *e  fit  circoncire,  et  «pril 
€Ui  jnéioe  U  pcMCC  dç  h*  faire  eiuiU(|ue| 


à  la  manière  des  prêtres  de  Cybèk 
gnant  la  cruauté  à  la  saperstitioii 
immoler  des  enfants  pour  scrutar 
nir  dans  leurs  entrailles.  En  ne 
quatre  ans,  il  épousa  quatre  Chbi 
seconde  était  vestale  et  se  nommait 
lia  Severa  :  Payant  quittée  pour  un 
sième  et  plus  tard  une  quatrième,  il 
encore  à  elle.  Ensuite  il  imagini 
marier  comme  femme,  voulut  être 
impératrice  et  fit  des  ouvrages  en 
Hiéroclès,  son  mari,  acquit  un  f 
supérieur  à  celui  de  l'empereur  lui 
et  vendit  toutes  les  places.  Héliogal 
était  tellement  soumis  qu'il  se  lais« 
tre  par  lui.  Il  adopta  son  cousin  A 
le  chargea  des  afiaires  humaines  p 
qu'il  vaquait  au  culte  du  Soleil, 
donna  qu'il  fût  appelé  Alexani 
voulut  ensuite  l'initier  à  ses  dan 
ses  débauches.  Le  rhéteur  Lamprii 
mis  à  mort  pour  s'y  être  opposé  ;  1 
le  jurisconsulte,  fut  disgracié.  Ilélii 
contrarié  chercha  à  se  défaire  de 
adoptif  par  le  poison  ;  puis  il  env 
prétoriens  pour  le  tuer,  ce  qui  oca 
une  grande  sédition.  Une  feinte  r 
liation  fut  suivie  de  nouvelles  eml 
L'empereur  avait  une  si  grande  pi 
le  sénat  ne  proclamât  son  coosii 
ordonna  à  tous  les  sénateurs  de 
Rome  à  l'instant.  Étant  allé  mm 
il  voulut  faire  arrêter  «eux  qui  V 
re<;u  froidement  ou  qui  faisaient 
leur  enthousiasme  pour  le  jeuDC 
Un  combat  s'engagea  :  Héliogmba 
fuit  ;  mais ,  découvert  dans  son  i 
fut  tué  avec  sa  mère ,  après  avoii 
moins  de  quatre  ans,  l'an  222  d 
ère.  P. 

HELIONkTRE,  AsTaoMâi 
MicaoMKTaa  objectif  (de  Cai^ 
dêa"n;p,  astre,  txixpovf  petit,  et  fUrt 
sure),  instrument  d*astronomie  foi 
deux  objectifs  ou  deux  moitiés  < 
tifs  et  un  seul  oculaire  'v*»jr.  Lu 
Il  est  destiné  à  mesurer  plus  e%m 
qu'avec  les micvomètres  [\*<*jr.^  on 
les  diamètres  du  soleil  et  des  pla 
les  petites  distances  apparentes  < 
corps  célestes. 

L'effet  du  roicnimètre  objectif 
à  donner  deux  Iunf*ttrs  dans  i 
tuyau  et  avec  ui|  Kul  oculaire,  L 


1^ 


HEL  (61 

il  k  Imiette  ?i  en  dlmliniaiit  de  Tobjec- 
if  à  rocalftin  y  otk  on  peut  le  rétrécir  à 
nlooté.  D'ayant  pas  besoin  d'un  grand 
ÛÊÊÊp  dans  cet  instrument. 

QÛind  on  vent  mesurer  le  diamètre  du 

ttâ,  on  approche  les  deux  verres  jus- 

11%  œ  que  les  deux  images  du  soleil,  for- 

ftéei  pmr  chaque  objectif,  se  touchent, 

4ms  récftrtement  des  deux  objectifs,  éva- 

kê  en  secondes  comme  dans  les  autres 

I,  donne  la  distance  des  deux 

des  verres,  c'est-à-dire  le  diamè- 

du  soleil;  car  cet  écartement  des  ob- 

st  toujours  égal  au  diamètre  de 

qui  se  forme  à  leur  foyer. 

Li*inTention  de  l'héliomètre,  faite  par 

en  1747 1  fut  appliquée  en  An- 

sax  télescopes  ;  mais  ce  fut  d'une 

on  peu  différente.  Elle  consiste 

on  objectif  en  deux  parties 

que  l'on  fait  mouvoir  en  sens  con- 

et  que  l'on  place  à  l'extrémité  d'un 

Short  et  Dollond  furent  les 

qui  en  firent  construire,  et  ils 

attribuent  l'invention  primitive  à  un 

Anglais  nommé  Savery.  L.  L-t. 
■ÉUOPOLtS  (ville  du  Soleil) .  C'est 
g;rec  d'une  antique  cité  égyptienne 
on  trouve  l'emplacement  au  nord- 
«t  du  grand  Caire.  Il  est  probable  que 
le  noai  primitif  d'Uéliopolis  était  Oa, 
fai  signifie  soleil  dans  l'ancienne  langue 
lUplienne.  C'est  ainsi  qu'elle  est  dési- 
l^ée  dans  le  texte  hébreu  de  la  Bible^.Les 
Arabca  ÎMnomoÈientMedinet'ech'ChamSj 
tt  qui  signifie  encore  ville  du  soleil. 
D'après  cela,  on  ne  peut  guère  douter 
la  ville  d'Héliopolis  n'ait  été  consa- 
au  culte  du  soleil  ;  mais  voilà  à  peu 
tout  œ  que  nous  en  savons.  Héîio- 
polit  est  une  de  ces  villes  mystérieuses 
qai  semblent  avoir  eu  une  existence  à 
part  dans  le  monde  antique ,  une  exis- 
lOMe  toute  de  solitude  et  de  pensée  | 
qai  n'a  laissé  aucune  trace  dans  les  an- 
■dci  de  l'histoire. 

D  sérail  difficile,  d'après  l'inspection 
de  remplacement  où  futHéliopolîs,  de  se 


(*)  DuM  U  Gmhê  (XLI,  45)  et  dans  VExodt 
ri,li}.  DansÉxéchiel  (XXX,  17),  ce  nom  prend 
n  fmnme  d«  Awmt  1  ce  sont ,  en  hébreu ,  avec  les 
■laes  consonoei,  d'antres  Toyelles.  Jérémie 
(lUII,  i3)  appelle  U  méaie  Tilie  Betk  Ckêmis, 
laîsoif  du  Soleil.  S. 


1)  HEL 

faire  une  idée  exacte  de  la  physioilotntê 
et  de  l'aspect  architectural  de  cette  cité. 
Avec  des  ruines,  l'imagination  peut  quel- 
quefois reconstruire  une  ville;  mais  ce 
qui  reste  d'Héliopolis  ne  mérite  pas  mé* 
me  le  nom  de  ruines  :  ce  ne  sont  que  des 
décombres,  des  monticules  de  terreau 
mélangé  de  fragments  de  poteries.  A  l'é- 
poque de  l'expédition  française  enÉgypte, 
l'enceinte  de  l'ancienne  Héliopolb  était 
encore  très  reconnaissable.  MM.  Lancret 
et  Dubois  rapportent  que  cette  enceinte 
était  construite  en  briques  d'une  assez 
grande  dimension;  qu'elle  avait  4  à  5  mè« 
très  de  hauteur  sur  1 8  à  20  d'épaisseur, 
et  que  l'espace  qu'elle  renfermait  était 
d'environ  1,400  mètres  de  long  sur  1,000 
mètres  de  large.  A  en  juger  par  son  épais- 
seur, on  pouvait  présumer  qu'elle  servait 
de  digue  pour  maintenir  les  eaux  de  l'i- 
nondation qui  couvrent  aujourd'hui  une 
grande  partie  de  l'emplacement;  car  cette 
enceinte  n'existe  plus,  et  les  briques  ont 
servi  à  élever  un  mur  de  clôture  aux  jar- 
dins qu'Ibrahim-Pacha  a  fait  planter  non 
loin  de  là. 

Le  seul  monument  qui  existe  en  en- 
tier sur  cet  emplacement  est  un  obélis- 
que. Ce  monolithe  ne  diffère  point  de 
ceux  de  la  Haute-Egypte.  Sa  hauteur  est 
de  20  mètres  27  centimètres;  ses  quatre 
faces  ont  1  mètre  80  centimètres  de  lar- 
geur à  la  base,  et  1  mètre  17  centimètres 
à  l'extrémité  supérieure.  Trois  de  ces  fa- 
ces présentent  les  mêmes  hiéroglyphes, 
et  la  quatrième  n'offre  que  de  légères 
différences.  Ces  hiéroglyphes  sont  par- 
faitement conservés  dans  la  partie  supé- 
rieure de  l'obélisque,  mais  fort  dégradés 
depuis  le  milieu  jusqu'à  la  base.  Lié  mo- 
nolithe porte  les  marques  de  tentative^ 
faites  pour  le  renverser.  Un  des  angles 
de  la  partie  qui  est  enterrée  a  été  brisé 
et  enlevé,  probablement  afin  de  voir  s'il 
n'existait  pas  quelque  trésor  caché  au 
pied  de  l'obélisque. 

n  y  avait  à  Héliopolis  un  temple  oà 
chaque  année  on  célébrait,  en  l'honneur 
du  soleil ,  une  fête  qui  était  la  qua- 
trième dans  l'ordre  des  fêtes  religieuses, 
de  l'Egypte.  On  y  nourrissait  le  bœuf 
Mnévis,  symbole  du  soleil  ;  il  y  était,  com- 
me le  bœuf  Apis  à  Memphis,  l'objet  d'un 
culte  particulier.C'est  «lU^n  dwD«  ^  Vsxn^ 


HËL 


pie  que  le  Phénix  («Ure  symbole  allégo- 
rique du  soleil)  prenant  son  vol  de  TO- 
rient,  après  une  vie  de  1461  ans,  venait 
mourir  sur  un  bûcher  de  myrrhe  et  d*en- 
cens,  et  renaître  de  ses  cendres.  Cette  fa- 
ble ingénieuse  indiquait  le  retour  de  la 
période  astronomique  de  1461  ans,  nom- 
mée année  de  Thot^  au  bout  de  laquelle 
Tannée  vague  des  Égyptiens  de  S  65  jours, 
s*accordant  avec  Tannée  astronomique  de 
365  jours  6  heures,  devait  ramener  le 
même  aspect  du  soleil  dans  sa  course  zo- 
diacale et  le  retour  des  saisons  aux  mêmes 
époques  de  l'année.  Foy.  Aithée,  T.  I*', 
p.  784. 

Dès  Torigine  de  la  monarchie  égyp- 
tienne,  Héliopolb  figure  parmi  les  villes 
les  plus  importantes.  C'est  là  que  Joseph, 
fils  de  Jacob,  épouse  Aseneth,  fille  de 
Potiphérah  *,  nom  qui  signifie,  dansTan- 
cienne  langue  égyptienne ,  grand- prêtre 
du  soleil.  Pendant  leur  séjour  en  Egypte, 
les  Hébreux  sont  employés  à  des  travaux 
de  construction  à  Héliopolis.  Conservant 
leur  nationalité  au    milieu   du   peuple 
égyptien,  ils  avaient  paru  redoutables  au 
gouvernement,  qui  cherchait  à  les  sub- 
juguer par  les  travaux  de  Tindustrie.  Sous 
le  règne  deSésostris,  Héliopolis  était  déjà 
un  des  boulevards  de  TÉgypte.  Ce  roi  fit 
construire  une  muraille  qui  s'étendait  de 
Péluse  à  Héliopolis,  afin  de  s'opposer  aux 
courses  des  Arabes  et  des  Syriens.  Le 
collège  des  prêtres  d'IIéliopolis,  et  ceux 
de  Thèbes  et  de  Memphis,  étaient  les 
seub  qui  envoyassent  des  députés  à  la 
cour  suprême  des  Trente  ,   siégeant    à 
Thèbes.  C'est  surtout  dans  le  collège  des 
prêtres  d'Héliopolis  que  les  étrangers  ve- 
naient étudier  l'astronomie,  la  philoso- 
phie et  l'histoire.  Sous  Auguste,  Stra- 
bon  (XVII,  1),  qui  visita  cette  ville,  rap- 
porte que  le  temps,  qui  élève  et  renversa 
les  empires,  entraînait  Héliopolis  vers  sa 
ruine.  Ses  places   étaient  désertes;    ses 
édifices  présentaient  partout  des  traces 
de  la  fureur  de  Cambyse ,  qui  se  plut  à 
renverser  les  monuments  les  plus  pré- 
cieux et  à  outrager  jusqu'aux  tombeaux. 
Cependant  Tobservatoire  oùEudoxe  avait 
•étudié  les  mouvements  des  corps  célestes 
existait  toujours,  et  l'on  montra  au  voya- 


(*)  Q«*il  B«  Uat  pM  coafoadrc  «Ttc  son  aa- 
ctca  flullrt  Patlphar.  i* 


C612)     ^  HRL 

geur  romain  les  appartaMou  q«  ^ 
astronome  et  son  maître  Platoa  véi^ 
occupés. 

Quelques  géographetoot  pcoié,  dyi> 
un  passage  de  Ptolémée,  qu^  aeikléfli 
autre  ville  du  nom  d'Héliopolit,  et  il»  \ 
placent  dans  le  Delta.  Mais  ce  qu'il  y  «^  V 
certain,  c'est  que  la  cité  célèbre  doat  f*»  L 
lent  la  Bible,  Hérodote,  Dîodoft,Slil«  Y 
bon,  etc.,  était  située  hors  du  Dchi,clHr  'g 
l'emplacement  où  s'élève  FobéliMjiie  ftt»  ^ 
sin  du  village  de  Matarieh.  ^ 

Sur  la  bataille  d'Hélîopolis,  Uvréck» . 
mars  1 800,  voy.  l'art.  KxiaEm.  A.C-i4b  'L 

HÉLIOS  (H^ioc),  dleadu  solea,«^^ 
dans  la  mythologie  grecque,  fib  d^y» 
périon  et  de  Thefa,  frère  d^Éoa  ctdeSé*^ 
léné.  Il  habite,  avec  Éos,  sa  rnapitM 
fidèle,  l'Océan  an-deU  de  U  ColcUk| 
Suivant ,   dans  les  cîeux ,  une  ilimliiii 
oblique,  il  se  rend  des  portes  dn  wtA. 
tin  vers  celles  du  soir,  et,  après 
rafraîchi  ses  coursiers  dans  rC)oéaa,M 
char  d'or  le  ramène  avec  U  rapidiléAi 
vents  le  long   des   rivet  sepieoi 
les,  dans  la  Colchide,  où  il  baigne 
coursiers  dans  l'étang  du  solcO,  cl 
la  nuit  au  sein  de  sa  famille.  Des  anM^ 
plus   modernes  lui  asaigoeot  aoM  s] 
palais  à  l'extrémité  de  IXkctdcnt,  oùlj 
se  nourrit,  ainsi  que  ses  coursiers,  d*aa» 
broisie ,  avant  d'entreprendre  le  v«3«p 
le  long  des  rives  du  Nord.  Il  voit  tout  • 
qui  se  passe  :  aussi  affirmait-oo  qull  cttk  : 
prophète,  ce  qui  a  fait  que  les  poêtfs  r»* 
mains  ont  confondu  Hélios  avec  ApoIlM» 
Descendant  de  U  race  <les  Titans  ;»of.)i 
il  porte  souvent  lui-même  ce  nom.  \m 
culte  d'Hélios  éUit  très  répanda,  «(  I 
avait  beaucoup  de  temples  et  de  tfain% 
à  Corinthe,  à  Argos,  à  TréMie ,  à  Éfii» 
nuis  surtout  à  Rhodes,  où  on  lui  ofinfc 
tous  les  ans  en  sacrifice  un  attel^  di 
quatre  chevaux  que  l'on  précipitait 
la  mer.  En  outre,  on  lui  sacrifiait 
nairement  des  agneaux  blancs.  Parmi  Iv 
animaui,  les  chevaux,  les  loapa,  les  csfi 
et  les  aigles  lai  étaient  consacrés.  Il«l 
représenté  souvent  sous  U  figure  d^ 
jeune  homme  sans  barbe,  la  télc  envi- 
ronnée de  rayons.  Quelquefois  on  le 
assis  sur  son  char,  attelé  de  quatre 
vaui.  foy.  AroLLOsi. 

Les  vUltt  d'Héliopoik  en 


HEL  (C13) 

iàuiKL)  et  CD  É^rpte  {voy.  Fart. 

iem'  loi  fuient  consacrées.  C  X. 

iLIOSCOPB  (de  9>xoc,  soleU,  et 

(ô,  regarder) ,  instrument  dont  on 

ft  pour  obserter  le  soleil  sans  fati- 

h  TOT. 

'  abte  deux  sortes  dliélioscopes  :  avec 
m  on  regarde  directement  le  soleil; 
.*les  antres  on  en  re^it  l'image  dans 
'  diambre  obacore. 

Jims  les  premiers  instruments,  on  se 

.  de  Terres  colorés,  soit  à  rocnlaire, 

:  à  Tobjectif.  A  'défaut  de  Terres  co- 

Ci,  on  peut  faire  usage  de  glaces  que 

ft  enduit  d'une  couche  mince  de  noir 

en  les  passant  au-dessus  de  la 

d*nne  bougie,  d'une  dianddle  ou 


Le  choix  des  Terres  colorés  n'est  pas 

liiflérent  :  le  Tert  et  le  rouge,  qui  ne 

passer  que  des  rayons  de  ces  cou* 

ooC  TsTantage  de  diminuer  la  cou- 

lominense  qui  borde  les  objets  dans 

ordinaires,  à  cause  des  rayons 

cpi'dles  séparent ,  et  l'image  du 

cp  est  mieux  terminée.  Entre  ces 

CDuleon ,   le  Tert  est  préférable , 

jpVBe  <|u'3  fatigue  moins  l'oeil.  Cepen- 

I^Mt  3  est  difficile  de  se  serrir  de  Terres 

«iinrés  en  Tert,  ou  même  autrement,  à 

'■■-•  de  firrégulariié  de  ces  sortes  de 

et  des  nombreuses  stries  qulb 

t  et  qui  produisent  de  l'obscu- 

iSêL  Od  préfère  donc  ordinairement  les 


ont  fait  usage 
béUoscope  aTec  lequel  on  dirigeait 
da  soleil  dans  une  chambre  obs- 
Ky  où  on  la  recerait  sur  du  papier  ou 
on  Terre  dépoli  :  alors  on  pouTsit 
directement  cette  image  à  la 
Miple,  ou  la  regarder  aTec  des  Ter- 
ptMsisBants  pour  mieux  en  distin- 
toos  les  détaib.  Scheiner  a  reçu  H- 
âa  soleil  dans  une  chambre  obs- 
pour  en  obserTer  les  taches ,  et  il  a 
pour  cet  objet,  d'une  lunette 
Herelius,  dans  sa  Seleno^ 
pmpkia  (Prolegom.y  page  98),  décrit 
rhéliosoope  en  forme  de  porte -toîx  ,  dont 

aenri   pour  obsenrer  à 

i  éclipse   de  soleil.  Ces 

d'nei»     jpes  deriennent  précieux 

de  M  objets  que  l'on  Toit,  ta- 


HEL 

dies  du  soleil,  on  antre  chose.  A.  db  G. 
HÉLIOSTATE  (de  li^coc,  soleil,  et 
iQ  orarcxq,  sdl.  ri^^j  la  science  de  la 
balance,  de  l'équilibre),  lunette  astrono- 
mique munie  d'un  mécanisme  d^horloge- 
rie  qui  lui  fait  suiTre  le  mouTcment  du 
solril  et  permet  d'obserrer  les  astres 
comme  si  le  monde  était  immobile.  L.  L-t. 
HÉLIOTROPE.  Ce  nom,  composé 
de  îHko»,  soleil,  et  de  tosWw,  je  tourne, 
et  qui,  chez  les  anciens,  désignait  un  ca- 
dran solaire,  semblerait  indiquer  que  les 
plantes  auxquelles  il  appartient,  ou  du 
moins  quelques  parties  de  ces  plantes, 
affectent  une  direction  déterminée  par 
le  cours  journalier  du  soleil.  En  effet, 
Pline,  Dioscoride,  et  d'autres  naturalis- 
tes grecs  ou  latins,  ont  parlé  d'un  hélio- 
trope, plante  dont  les  fleurs  se  tournent 
constamment  Ters  l'astre  du  jour  (  voy. 
Héuanthe).  Toutefob,  les  botanistes 
modernes  n'ont  pu  deviner  à  quel  genre 
doit  se  rapporter  l'héliotrope  des  anciens  ; 
il  est  certain  seulement  que  ce  ne  sau- 
rait être  à  celui  qui  fait  le  sujet  de  cet 
article,  et  qui  d'ailleurs  n'a  aucun  droit 
au  nom  qu'il  porte. 

Le  genre  héliotrope  appartient  à  la  fa- 
mille des  borraginées,  et  il  offre  les  ca- 
ractères dbtinctifs  suivants  :  calice  quin- 
quéfide;  corolle  en  forme  d'entonnoir, 
ayant  un  limbe  presque  plane  et  divisé  en 
5  lobes  dont  chacun  alterne  avec  une  dent 
ou  un  pli;  firuit  à  nucules  cohérentes  étant 
jeunes.  La  seule  espèce  intéressante  est 
Vhéliotrope  du  Pérou  (heliotropium  Pe^ 
rupianumylj,)  ;  c'est  celle  que  la  délicieuse 
odeur  de  ses  fleurs  fait  si  généralement 
cultiver  comme  plante  d'agrément,  et 
qu'on  désigne  communément  par  le  nom 
d'héliotrope,  sans  autre  épithète. 

La  plante  connue  sous  le  nom  vulgaire 
d^héliotrope  d*hiper  n'appartient  point 
à  ce  genre  :  c'est  le  tassilago  fragrans 
des  botanbtes,  qui  croit  dans  les  mon- 
tagnes de  l'Europe  méridionale.  Ses  fleurs 
exhalent  une  légère  odeur  de  vanille ,  et 
elles  se  développent  dès  la  fin  de  l'hiver, 
ou  même  durant  l'hiver,  lorsque  la  plante 
est  tenue  dans  un  endroit  tempéré.  £o.  Sp. 

HÉLIOTROPE,  instrument  astro- 
nomique,  voy,  Gauss. 

HKLIiADE,  vc^*.  HeliInks,  GaicK 

elLlYADIX. 


liliL  (  6 

UELLAMCUS  de  Lcsbot  est  un  de 
ces  écrivains  qui,  avec  Hécatéa  de  Milet, 
Phérécyde  dt  Lérot,  etc.,  ont  les  premiers 
rédigé  en  prose  les  traditions  et  les  faits 
hbtoriques ,  qu*à  ce  titre  on  appelle  /o- 
^ographes  (  voy»  Hécatéb),  et  qui  ont 
marqué  le  passade  de  Tépopée  à  rhistoi« 
re.  S'é  à  Mitylène  au  commencement  du 
V*  siècle  avant  notre  ère,  il  écrivit  quel- 
ques années  après  Phérécyde  et  Héôttée, 
vers  460  y  et  devança  d*une  quinzaine 
d'années  Hérodote,  le  père  de  Thistoire. 
Son  atné  de  1 3  ans ,  il  mourut  un  peu 
avant  lui ,  dans  sa  8S*  année  (411  ans 
avant  J.-C.).  Nous  n'avons  des  ouvrages 
d'Hellanicus  que  des  fragments  dans  les 
historiens  et  les  mythographes,  daus  les 
scoliastes,  etc.  Us  ont  été  recueillis  par 
Sturxy  Leipzig,  1787  et  1826,  in-8<>. 
C'est  là  tout  ce  qui  reste  de  ses  hbtoi« 
res  particulières  de  chaque  peuple  et  de 
chaque  cité,  intitulées  :  Égyptiaques^ 
JrgoUques^  BéoitaqueSf  Troû/ucsy  etc. 
Hellanicus ,  pour  classer  ses  récits  dans 
un  ordre  chronologique ,  se  servit  du 
catalogue  des  prétresses  de  Junon  à  Ar- 
gos,  déposé  au  temple  de  Sic}'one,  et  l'on 
a  remarqué  que  c*est  la  première  trace 
de  la  chronologie  dans  Thistoire.  Aujour- 
d'hui, et  à  défaut  de  monuments,  la  prin- 
cipale gloire  de  ce  logographe  est  d'avoir 
été  un  des  précurseurs  de  ces  grands  his> 
torieni  qui  ont  illustré  la  Grèce  et  la 
dernière  moitié  du  siède  inauguré  par 
ses  ouvrages.  F.  D. 

HBLLÉ,  voy,  Phrtxus  et  Helles- 

|K)!fT. 

HELLÉBORÉES,  voy.  Elléboeb, 
Aconit,  etc. 

IIBI.LEN,  fils  de  Deucalion  (vor.) , 
père  d'Éolus,  de  Dorus  et  de  Xuthus 
(  voy.  l'art,  suivante 

HELLÈNES,  bans  un  sens  général , 
ce  mot  désigne  tous  les  Grecs;  mais  il  n'en 
était  pas  ainsi  dans  la  haute  antiquité. 
On  a  cité,  à  Tarticle  Doeiens,  le  passage 
dMlérodote  où  il  distingue  bien  entre  les 
Pélasgrs  et  les  Hellènes.  Ceux-ci ,  soos 
Deucalion,  habitaient  la  Phthiotide;Thes- 
salie  ),  etfSous  Dorus,  filsd'IIellen,  l'Hys- 
tiaeotidc,  aux  environs  de  TOssa  et  de 
'  rOlympe.  Hérodote  ajoute  que  les  Hel- 
lènes ont  toujours  conservé  leur  langue. 
Peu  à  peu  les  Pelasges  se  foodirent  «voc 


14)  HEL 

les  Hellènes,  lait  qui  s'éuît  accoapl 
longtemps  avant  la  guerre  de  Troie.  ۥ 
pendant  ce  fut  dans  U  aoîle  aeulwM 
que  tous  les  Grecs  prirent  ce  nom.  Ol 
sait  qu'il  y  eut  trois  princlpalct  fanacki 
helléniques  :  les  Éoliens,  les  Dorica^  Il 
Ioniens,  toutes  ayant  leurs  noms  de  dm 
fiU  et  d'un  petit-fib  d'Uellen,  loi-^a 
fils  de  Deucalion  et  de  PyrriiE.  Dc«a 
lion  est,  en  général,  oouîdéré  oumm 
ayant  civilisé  les  Pélasgcs.  Il  est  évidn 
qu'Hérodote  compte  permi  les  Hdia 
nés  les  peuples  soumis  à  Dcncelioe, 
Hellen  et  à  leurs  successeurs,  et  q«^ 
regarde  comme  ayant  cessé  d'être  baïki 
res  tous  ceux  qui  ont  adopté  leur  la^H 
soit  en  Thrace ,  soit  sur  U  côte  é^KmÊ. 
tandis  que  l'on  qualifie  de  méiamgét  m 
de  semi'barbares  ceux  qui  ont  cuwmi 
l'ancienne  langue  avec  la  nouvelle,  pa 
eiemple  dans  le  nord  de  la  Grèce ,  m 
Épire  et  en  Macédoine.  Cest  rcpindl 
en  Épire  qu'Aristote  fixe  U  patrie  p 
milive  des  Hellènes  proprement  dits,  ë 
notamment  à  Dodone.  La  chroniqoc  4i 
Paros  met  à  la  téu  de  la  race  bells» 
que  Deucalion  et  ses  fils,  Ampbîctyoe  g 
Hellen.  Deucalion  avait  parmi  ses  «jrii 
un  peuple  appelé  Cnvci.  Aristote  ditfH 
les  Hellènes  re^*ureiit  le  nom  de  Gnm 
(  r/}«îxoî  )  quand  ils  balMtaient  lesjse» 
mets  de  TÉpire;  ce  non  était  pêlai^g^M 
et  c'est  ainsi  qu'il  passa  cbei  le»  RcMBaia 
et  chez  les  Occidentaux ,  qui  s'en  scninÉ 
toujours  pour  désigner  tous  les  Grecs.  U 
tradition  dit  que  Deucalion  cooqeil  II 
Thessalie,  où  il  fut  suivi  de  Talae  de  « 
fils,  Hellen,  tandis  que  Araphidi 
régner  sur  l'Attique,  U  Locride^  et 
aux  Tbermopyles  le  tribunal  des  A 
tyons  (vity.).  Le  nom  du  pays,  iMim 
était  alors  celui  d*une  ville  bâtie  celi 
Pharule  et  Mélitée.  Ce  fut  ensoitc  ■ 
petit  canton  de  la  Thessalie  coMpri»  ^ 
tre  le  Pénée  et  rAsi>|ke.  Plus  tard,  U  Le 
cride,  TEubée,  FAttique  y  furent  ^on 
tées.  Enfin ,  dans  Homère ,  les  boms  4 
Hellas  et  d' Argos  réunis  embraaaeat  lotf 
la  Grixe.  Les  colonies  d*l>rieaL,  cdUsd 
Cccrops,de  Cadmus,de  Pélop^^ae  aarlctei 
aux  Pélatges  et  aux  Hellt-nca.  Tout  pn 
nait  peu  à  peu  un  caractère  Mien  if 
puisque  cette  nation  avait,  coowiekaBi 
mainiy  rhalutadede  ootefaaoriivMilii 


HEL 

msÊnX  à  chaqae  peaple  ton 
diTidoeUe.  Les  Éoliens  furent 
dlènes  qui,  les  premiers,  se 
ma  loin.  Eolns ,  le  plus  âgé 
ellen,  régna  après  son  père, 
)on]s  et  Xuthus  furent  obli- 
cher  d*aQtres  souTerainetés. 
ses  descendants  formèrent  de 
tablissementsdont  nous  avons 
irs  (  voj.  plos  haut,  p.  1 8,  art. 
lumération.  H  se  mêla  à  ces 
s  Lélèges,  des  Curetés,  des 
ss  H  jantes,  des  Lapithes;  et, 
les  Éoliens  se  trouYèrent  en 
Dédiât  avec  les  compagnons 
.  On  conçoit  donc  que  de  ces 
t  résulté  un  dialecte  particu- 
nt  de  celui  des  Ioniens  et  de 
»riens.  Au  temps  de  la  guerre 
!S  Hellènes-Éoliens  étaient  la 
nte  de  la  Grèce  centrale,  dans 
t  compris  le  midi  de  la  Tbes- 


le  plus  jeune  des  fib  d'Hellen, 
s  mythes,  Fauteur  de  la  race 
au*  il  eut  pour  fils  Ion  et 
>ii  sont  Tenus  les  Ioniens  et 
.  Xuthus,  chassé  de  sa  patrie 
fonlu  s'emparer  de  tous  les 
DU  père,  fonda  quatre  villes 
œ,  où  il  avait  épousé  Creuse, 

Érechthée  {var-)'  D'autres 
li  font  conquérir  aussi  le  Pé- 
mais  il  parait  que  cette  con- 

lieu  que  quand  les  Ioniens 
6s  de  TAttique  par  les  fils  d'É- 
Mitefois,  Ion  eut  une  grande 
r  l'Attique,  et  les  quatre  tri- 
es eurent  les  noms  de  ses  fils. 

ne  se  mêlèrent  qu'avec  les 

leur  dialecte  accueillit  aussi 
e  mots  étrangers.  On  peut 
■s  divers  établisMments  ce  qui 
article  GaicE  (page  18). 
sns  ou  descendants  d'Acharas, 
II.  Raoul-Rochette  et  à  Cla- 
mplement  en  rapport  d'affi- 
Ioniens.  On  veutqu'Achams, 
los ,  fuyant  l'Attique  à  cause 
e,  soit  venud*abord  en  Laco- 
illèrent  à  Argos,  où  ils  épou- 
filles  de  Danaûset  donnèrent 
I  le  nom  d'Achéens.  Il  y  a 
a  confusion  et  d'anachronis- 


(615)  HEL 

mes  dans  tout  ceci  :  aussi  Gatier  penae-^ 
t-41  qu'il  s'agit,  dans  le  texte  de  Pausanias, 
d'un  Adixus  plus  ancien  et  d'origine  pé-» 
lasgique.  Nation  guerrière,  les  Achèens 
s'étaient  étroitement  unis  aux  Pélopi- 
des,  sous  lesquels,  très  probablement,  ib 
formaient  la  caste  des  guerriers.  Après  U 
conquête  de  la  Laconie  par  les  Doriens, 
les  Achéens  s'établirent  dans  le  pays  qui, 
jusque-la  avait  été  appelé  lonie,  et  qui 
prit  d'eux  le  nom  d'Achaîe.  Hérodote 
parle  de  cette  expulsion  des  Ioniens,  qui 
allèrent  en  Asie  fonder  douze  villes. 

Les  Doriens  furent  toujours  les  enne- 
mis des  autres  Hellènes  *  ;  sous  Horus,  fils 
d'Hellen ,  ils  occupèrent  les  régions  de 
l'Ossa  et  de  l'Olympe  appelées  ^xli^rofix, 
d'où  ib  furent  chassés  par  les  Cadmiens. 
Du  Pinde ,  ib  allèrent  dans  la  Dryopie 
et  enfin  dans  le  Péloponnèse  (iwy .  Do- 
aiEVs,  T.  Vm,  p.  435  ).  L'admbsion 
des  Héraclides  daïis  le  royaume  d'.£gi- 
mius ,  l'adoption  de  Hyllos ,  fib  d'Her- 
cule, par  œ  roi,  voisin  du  mont  OEta^, 
le  partage  de  cette  tribu  dorienne  en 
Dymanes,  Pamphiles  et  Hylléens,  sont  des 
faits  que  l'histoire  voudrait  en  vain  arra- 
cher à  la  mythologie.  De  concert  avec  les 
Doriens,  les  Héraclides  (vqx.)  firent  in- 
vasion dans  le  Péloponnèse  ;  ib  s'en- 
tendirent avec  les  Éoliens ,  et  bientôt  la 
Locride,  l'Eubée,  la  Béotie  prirent  un 
caractère  dorien.  La  conquête  s'affermit 
en  Élide,  en  Laconie,  en  Arcadie,  dans 
l'Argolide ,  à  Corinthe  ;  l'élément  éolien 
et  l'élément  achéen  disparurent.  La  Crète 
aussi  fut  dorienne  au  moyen  d'une  colo- 
nie amenée  par  Teutamus,  fib  de  Dorus. 
Il  y  eut  une  multitude  de  colonies  dans 
l'ouest,  à  Corcyre,  en  Sicile,  etc. 

U  faut  voir,  sur  les  Hellènes,  les  ouvra- 
ges étonnants  d'érudition  et  de  sagacité 
publiés  par  M.  Ottfiried  Mûller ,  l'un  in- 
titulé Orchomène  et  Us  Minyensy  l'au- 
tre Les  Doriens,  On  trouve  dans  ce  der- 
nier une  excellente  table  chronologique 
des  migrations  de  ces  peuples  et  de  leur 
hUtoire;  mab  les  études  sur  ce  sujet  ne  se- 
ront pas  complètes  si  l'on  ne  se  pénètre 
bien  de  U  lecture  du  chapitre  V  de  VHei» 


(*)  Vtj.  rczplieatiofi  qu'on  donne  de  ee  fait 
à  1  art.  DoBXUis.  S. 

(*^  rocr sw ce  point, Mauo, SpmHm^X.  !*% 

^44.  1» 


HEL 


(816) 


IlEL 


las  de  Rroae,  intitulé  Géographie  his" 
torique  et  politique  de  la  Grèce.  P.  G*t  . 

HELLÉNISME.  Ce  mot ,  dériTé  da 
nom  des  Hellènesy  a  été  employé  par  les 
Grecs  eux-mêmes  pour  désigner  la  cul- 
ture intellectuelle  de  cette  brillante  na- 
tion y  Féléganoe  de  ses  mœurs ,  la  pureté 
de  son  langage.  Il  était  opposé  au  mot 
barbarisme  (^ap^apca/ioc)»  consacré  à 
signaler  les  manières  et  les  locutions 
étrangères.  Foy,  Gebcqub  [langue). 

Dans  un  sens  moins  général,  les  héllé- 
nismes sont  des  façons  de  parler  exclusi- 
Tement  propres  à  la  langue  des  Hellènes,et 
qui,  s'éloignant  de  la  syntaxe  générale, 
ne  pourraient  trouTer  de  formes  corres- 
pondantes dans  les  autres  langues.  Ce 
sont  les  idiotbmes  grecs,  comme  les  gal- 
licismes sont  les  idiotbmes  français. 

Les  grammairiens  latins  ont  donné  à 
ce  mot  une  acception  plus  restreinte  en- 
core :  ils  Font  appliqué  spécialement  à 
certains  emprunts  que  les  Romains  ayaient 
faits  à  la  syntaxe  grecque.  Ces  imitations, 
a»ez  fréquentes  dans  quelques  auteurs , 
ont  été  considérées  comme  des  figures  de 
construction.  Cet  emploi  du  mot  heUé" 
nisme  étant  le  plus  habituel,  on  nous  per- 
mettra quelques  détails. 

Les  rapports  d'origine  qui  rattachent 
l'Italie  à  la  Grèce,  les  relations  non  in- 
terrompues qui  s'établirent  entre  les  deux 
pays,  depuis  la  chute  de  la  Macédoine  et 
de  la  ligue  Achéenne,  favorisèrent  les  im- 
portations d'héllénismes  dans  la  langue 
des  vainqueurs.  C'étaient  des  Grecs  qui 
enseignaient  aux  Romains  U  grammaire, 
l'éloquence,  la  philosophie;  les  hautes 
destinées  de  la  république  étaient  racon- 
tées par  les  hbtoriens  grecs,  chantées  par 
des  poètes  grecs;  les  pères  même  de  la 
poésie  latine,  Livius  Andronicus,  Nae- 
Tius,  Ennios,  appartenaient  à  la  Grande- 
Grèce  (voy.).  Dans  tontes  les  bonnes  fa- 
milles, les  esclaves  grecs  jouissaient  d'une 
confiance  entière  comme  médecins,' com- 
me instituteurs,  comme  amis;  enfin  les 
jeunes  Romains  allaient  compléter  leur 
éducation  aux  écoles  d'Athènes;  ils  s'exer- 
çaient dans  la  langue  de  Démosthène  et 
de  Sophocle  avant  de  s'exercer  dans  leur 
langue  maternelle. 

Ces  Grecs  qui  parlaient  latio ,  et  ces 
Latins  qui  pirUîenl  grec,  popularisèrent 


à  Rome,  sans  les  y  natnraliier  tom 
une  multitude  d'idiotiames  hell 
On  en  trouve  dans  tous  lea  écri 
surtout  dans  les  poètes.  U  suffit 
Catulle  et  Horace  pour  renooi 
ces  étrangetés  de  style ,  qui  ooi 
avec  les  allures  habituelles  de  1 
latine,  et  qui  occupent  une  place 
tante  dans  les  bonnes  grammaire 
Il  n'entre  point  dans  notre  cm 
profondir  cette  matière  et  de  ■ 
les  exemples  de  ces  diverses  sort 
lénismes.  Bornons-nous  à  renan 
le  plus  firéquent  est  celui  qn'oo 
sous  le  nom  d^attraction^  et  q« 
à  attirer  un  mot  au  cas  de  aos  o 
En  voici  des  exemples  : 

litam  f  «Ml  ^amris  tgm  $um.     (Fl 
pour  :  iste  quem.... 

Jl^mi  lUêt  iiUi  0i$ê  bMtis.       (■ 

pour  :  se  esse  beatas. 

Smtit  mtdiùs  dcUptot  m  A««<m.   ( 

pour  :  se  delapsum. 

Toutes  les  langues  modemea  ' 
nent  des  héllénismes;  celles  qui 
du  latin  doivent  en  offrir  le  pi 
nombre.  Outre  ceux  que  ooln 
roman  tenait  de  son  origine  ■ 
sait  que  les  Français  en  rapporti 
croisades,  qui  les  mirent  scaveM 
tact  avec  les  Grecs.  On  en  iro 
les  historiens  des  guerres  saûM 
tard,  les  commentateurs  et  vnèm 
XVI*  siècle ,  par  suite  de  leur  o 
habituel  avec  les  auteurs 


locutions  helléniques  ;  Amyot ,  ] 
Ronsard  et  leurs  émules  en  §âm 
Henri  Estienne  a  composé  as  | 
fort  curieux  De  la  confonmiié 
gage  français  açec  le  grec  ;  et 
sujet  d'un  chapitre  qui  numcfiM 
meilleures  grammaires.  D  est,  i 
grands  écrivains,  une  foule  d*«a 
et  de  tours  qui  ne  s'expliquent 
leur  source  grecque.  Ainsi  Rnc 
struit  le  verbe  admirer  avec  la  < 
tion  il,  âayjfiâÇ^  f(  : 

J'admiraU  il  MatbM,  dépovillaaft  I 
ÀTait  po  de  um  drmr  aaraoatcr  F 
Et  ai  de  Uat  de  maas  !•  tomnâm  iv 
De  q««lqot  ombre  de  bits  poeeal 
Uar.  (ÀtkmUt^  adt  lU*  ■ 

L. 


HEL 


(617) 


HEL 


-■EUiÉllISTES.On  a  donné  ce  nom 
K  ooloiisîiii&  qui  te  rendirent  en  Egypte 
la  destruction  dn  royaume  de  Juda, 
Fan  600  avant  J.-C.^  et  dont  le 
s^aocrut  tellement  par  les  non* 
arrÎTanU  qu'Alexandre,  pour  peu- 
k  nouTdle  TÎlle,  attira  dam  Alezan- 
érîe^  Tan  336  avant  J.-G.,  ou  que  Ptolé- 
métj  fib  deLaguSy  y  fit  amener  après  lui, 
CB*aii  temps  d'Auguste  on  comptait  en 
Egypte  près  d'un  million  de  Juifs.  Le  mé- 
dn  caractère  national  juif  et  égyp- 
ÛDsi  que  l'influence  de  la  langue  et  de 
k  philosophie  grecques,  donna  naissance 
à  «B  jaàaSsmc  grécisant  qui  reçut,  de  son 
prédominant ,  le  nom  d'hellé- 
(vof  •  AusxAirDan).  Les  doctrines 
de  Pyùiagore  et  de  Platon  s'y  confon- 
daient de  la  manière  la  plus  étonnante 
avec  l'orientalisme ,  que  l'Egypte  surtout 
avait  réduit  en  système,  et  qui  se  montre 
cocore  dans  les  doctrines  mystiques  dn 
pKMticisme  {voy,  ce  mot).  Le  plus  remar- 
quable des  philosophes  judéo-helléubtes 
te  Philoo  (vo^.),  et  le  monument  le  plus 
important  de  l'autorité  qu'avaient  les  juifs 
#Aleuaidrie  dans  les  lettres,  c'est  la  tra- 
ém  iiiin  grecque  de  l'Ancien-Testament, 
appelée  oïdinîdrement  la  version  des  Sep- 


n  a  été  parlé  à  l'article  de  la  langue 
GmmoQm,  (p.  54,  col.  l''®)  du  dialecte 
particulier  de  cette  langue  dans  lecpiel , 
la  Septante,  a  été  écrit  aussi  le  Nou- 
i-Testament,  et  qu'on  a  par  cette  rai- 
appelé  le  dialecte  ecclésiastique.  X. 
MEULER  ou  plutôt  Djklixe,  petite 
d'Allemagne  et  de  Suisse ,  qui , 
sa  valeur,  correspond,  à  peu  de  chose 
,  à  Tobole  grecque ,  ou  à  la  moitié 
dNin  denier  toumob.  La  première  mon- 
■aie  de  cette  espèce  fut  frappée  en  argent. 
Fan  1334,  k  Hall  (voy.)^  dans  le  pays  de 
Wortemberg ,  et  portait  d'un  c6té  l'em» 
preinte  d'une  main.  Plus  tard,  on  frappa 
aoBH  de  ces  monnaies  en  cuivre,  que  l'on 
appela  des  heller  rouges  pour  les  dbtin- 
gner  des  blancs  qui  étaient  en  argent.  Sept 
livres  des  premiers  valaient  quatre  florins; 
et,  de  mènie  qu'en  Angleterre  on  compte 
par  livres  sterling,  on  comptait  autrefois, 
dans  certaines  parties  de  l'Allemagne,  par 
livres  de  heller.  Maintenant  il  n'y  a  plus 
qne  des  heller  en  cuivre,  qui  valent  un 


demi-denier.  Dans  les  pays  de  Hesse,  13 
heller  font  un  blanc  [albus) ,  1 6  un  gros, 
356  un  florin  de  convention,  384  un  écu 
et  812  un  écu  species.  En  Autriche,  le 
gros  vaut  24,  et  le  florin  de  convention 
480  heller.  En  Suisse,  sa  valeur  varie 
presque  de  canton  à  canton  ;  mab  en  gé- 
néral un  batze  {yoy.)  vaut  82  heller,  un 
franc  320,  et  un  florin  480.  C.  X. 

HELLESPONT,   c'est-à-dire  mer 
(irovroc)  de  Hellé.  Hellé,  comme  on  sait, 
était  la  sœur  de  Phryzus,  fib  d'Athamas 
[voy.)  et  de  Néphélé,  laquelle  préserva 
ses  enfants  de  la  fureur  d'Ino  en  les  con- 
fiant au  bélier  d'or.  Ce  bélier,  pour  les 
porter  en  Colchide  [voy»  AaGOirACTBs), 
traversa  le  détroit  qui  y  conduit  depub 
l'Archipel.  La,  Hellé,  qui  se  soutenait 
mal,  fut  noyée  dans  les  flots,  et  c'est  ainsi 
qu'elle  donna  son  nom  à  ce  détroit  qui 
sépare  l'Europe  de  l'Asie.  Aujourd'hui 
l'Hellespont  porte  le  nom  de  détroit  des 
Dardanelles.  (Nous  en  avons  amplement 
traité  à  ce  dernier  mot.  )  Ses  deux  rives 
étaient  bordées  de  collines^  de  villes  et  de 
villages.  Là  se  trouvait  la  ville  de  Lamp- 
saque  avec  ses  beaux  vignobles  ;  la  viUe 
de  Sestos  en  Europe  et  celle  d'Abydos  en 
Asie ,  toutes  deux  célèbres  par  le  poème 
de  Musée  sur  les  amours  d'Héro  et  de 
Léandre  {voy,)  ;  l'embouchure  de  la  mer 
Egée,  immortalisée  par  la  victoire  de  Ly- 
sandre  sur  la  flotte  athénienne  (  THtf, 
JEgospotamos).  Le  détroit  n'avait  ici 
que  sept  stades  de  largeur,  et  Xerxès 
passa  en  cet  endroit,  par  un  double  pont, 
d'Asie  en  Thrace.  Lord  Byron ,  en  allant 
d'Europe  en  Asie,  traversa  ce  détroit  à  la 
nage,  le  3  juillet  1810,  en  une  heure  et 
dix  minutes.  Le  lieutenant  anglabEcken- 
head  en  fit  autant.  X. 

HELMINTHOLITHE  (mot  à  mot, 
pierre-ver  ou  ver  pétrifié,  du  grec  l/9oc» 
la  pierre,  et  nfi(vc>-v^oc,lever),  pétrifi- 
cation dont  nous  avons  parlé  au  mot  Bi- 

LEVIflTE. 

HELMINTHOLOGIE.  Ce  mot,  dé- 
rivé du  grec,  et  dont  la  racine  principale 
iXfinÇy  ver,  est  composée  avec  Jioyoc,  dis- 
cours, traité,  désignait  autrefob  la  science 
qui  traitait  de  l'hbtoire  naturelle  des 
animaux  compris  par  Linné  sous  le  nom 
de  vers  (vojr.  l'article).  Aujourd'hui  que 
cette  grande  division  artificielle  dn  no« 


HEl.  (6 

mencUteur  suédois  a  été  fractionnée  en 
sroopes  naturels ,  le  mot  helmintkologie 
ne  s^applique  plus  qu'à  la  partie  de  la 
zoologie  relative  aux  vers  qui  naissent  ou 
vivent  dans  diverses  parties  du  corps  àt% 
animaux  supérieurs.  Foy,  Vxas  intes- 
tinaux. C.  L-a. 

HBLBIOBÎT,  voy.  Van  Hblmont. 

HBLMSTKDT,  ville  du  district  de 
Scbœning  dans  le  duché  de  Brunswicy 
près  de  la  frontière  prussienne ,  avec  une 
population  de  6,400  habitants  et  un 
conmerce  assez  considérable ,  est  surtout 
célèbre  par  son  ancienne  université.  Fon* 
dée,  en  1575,  par  le  duc  Jules,  cette  uni- 
versité était  une  des  écoles  les  plus  re- 
nommées de  FAllemagne  avant  la  fonda* 
tîon  de  celle  de  Gcettingue.  Elle  reçut 
une  organisation  toute  nouvelle  du  duc 
Charles,  et  prit  alors  le  nom  de  JiUia- 
Carvlina.  Fermée,  le  10  décembre  1809, 
sous  le  règne  de  Jérôme  Napoléon ,  lors- 
que Helmstedt  appartenait  au  royaume 
de  Westphalie,  elle  ne  fut  pas  rouverte  à 
la  paix.  Les  bâtiments  considérables,  dits 
JuUumy  où  se  donnaient  les  cours,  sont 
occupés  actuellement  par  le  tribunal  du 
district  et  par  le  gymnase.  On  peut  voiries 
ouvrages  allemands  de  Kunhard,  Pièces 
relatives  à  l'histoire  de  l'université  de 
Hebnstedt  (Helmstedt,  1 797), et  de  Lud- 
wig ,  Histoire  et  description  de  lu  ville 
de  Helmstedt  (  fW.,  1 82 1  ).        C.  X. 

IIÉLOISB.  Ce  nom  est  du  petit  nom- 
bre de  ceux  dont  le  temps  n'a  point  af- 
faibli la  renommée,  et  déjà  il  a  traversé 
plus  de  huit  siècles ,  conservant  Tempire 
le  plus  durable ,  mais  le  plus  rare,  celui 
des  grands  souvenirs.  Héloîse,  «  cette  no* 
«  ble  créature  qui  aima  comme  sainte 
«  Thérèse,  écrivit  quelquefois  comme  Sé- 
c  nèque ,  et  dont  la  grâce  devait  être  ir- 
«  résntible,  puisqu'elle  charma  saint  Ber- 
«  nard  lui*mcme*,  »  naquit,  selon  toute 
apparence,  à  Paris,  Fan  1 101,  et  mourut 
au  Paraclet,  selon  le  calendrier  ou  nécro- 
loge de  cette  abbaye,  le  1 7  mai  1 1 64 ,  à 
Tâge  de  63  ans.  Etait-elle  nièce  ou  fille 
naturelle  du  chanoine  de  Notre-Dame 
Fulbert,  ou  611e  naturelle  d'un  autre  cha- 
noine nommé  Jean  ?  Tenait-elle,  enfin , 

(*)  Voir  IVloqoeate  et  «■▼aoU  iotrodortion 
de  M.  Victor  Couua  aax  OBarrri  imééHu  é'A* 


18) 


HEL 


par  le  sang  ou  par  lesallinen,  à  b 
son  des  Montmoreocy?  Cet  dii 
nions  ont  été  émisca; 
res  sont  sans  autorité  historique, 
qu'Hélolse  est  dite  mièct  de  FulkeH  fm 
Abélard  dans  le  rédt  qn^il  m  fiûl  deai 
calamitétfifixloWa  cakimitaimm)^  cft  pr 
l'ancien  adendrier  du  Paradet  qui,  iif» 
portant  la  mort  du  chanoîne  Fnifacft,  li 
dit  oncle  d'Héloîse  {HeUusœ  a9msÊcmki\ 
Papire  Maison  rapportiez  dam  ae»  ftnwln 
(I.  m),  qu*Héloise  fut  égaleweat  céli- 
bre  par  sa  science  et  par  m  beauté.  Ah^ 
lard  se  contente  de  dire  qa^cUe  n'écat 
pas  au  dernier  rang  par  tea  altrails  [mtm 
infima)^  mais  qu^ella  n'avait  point  d*é> 
gale  pour  le  savoir;  oe  qui  p'anturkait  ps 
Bayle  à  imprimer  qu^Héloiee  était  ImdL 

Abélard  nous  apprend  qaVUe  fut  él^ 
vée  au  couvent  d^Argenteoil,  où  Ton  en- 
seignait alors  aux  femmea  les  langns 
savantes  et  les  lettrée  divines  cl  hoMÎ 
nés,  comme  nécessaîrea  pour  rinIclligBHi 
des  livres  saints.  Elle  était  bîcnjcMt 
encore  (adoleseentuià)  quand  Abcbrdk 
vit  et  Taima.  Alors  il  avait  hii-slae  M  i 
87  ans.  Et  si,  jusque-b,  il  n'était  pei«l 
descendu  des  hauteurs  de  la  phiinanphii, 
quoique  sa  renommée  Teùl  élevé  ■  haal, 
dit-il,  qu'aucune  femme  n'eût  voola  lai 
résister,  il  faut  reconnaître  rinvinciblt 
ascendant  de  celle  qui  le  fit  sobil 
passer,  des  soins  eadusib  de  sa  gloire  < 
les  écoles,  à  Toubli  de  son  oiguail  H  d» 
ses  triomphes  ;  en  aorte  que  la  nultie  dr 
plusieurs  milliers  de  disciples  devint  lont 
à  coup  l'esdave  d'une  fenine. 

Qui  ne  connaît  les  longncs  infortSMi 
des  deux  amants?  I>ans  cet  omiay,  à 
l'article  AaÉLâao ,  on  a  déià  donné  mr 
elles  des  détails  puisés  aua  sotircca,  c'est- 
à-dire  dans  le  r^it  même  qu'a  fait  Abé- 
lard de  rhistoire  de  ses  calamités.  Nons 
n'en  retracerons  donc  pas  ici  le  tableau, 
nuis  nous  reprendrons  rhistoire  de  la  vie 
d'IIéloîie  à  Tépoque  où  Abélard^  avant 
de  s'enfermer  dans  le  cloître  de  Saint* 
Denis ,  voulut  enlever  aos«  Hëloôe  an 
monde,  en  commandant  et  recevant  ksî- 
méme  ses  vœux  étemeb  dans  le  convent 
d'Argenteuil. 

Après  de  nouvelles  agitaliona  dans  a 
vie  monastique ,  après  sa  oondaMnalioa 
•0  coodle  die  SoÎMons  (11)1),   art* 


HEL 


(619) 


HKL 


«a  FwMict,  et  aoo  électk»  d'abbé 
Ae  Sftmt-GUibi,  Abéhrd  apprend,  au 
food  de  la  Bretasoey  que  Suger,  abbé 
et  Sûot-Denift,  revendiquant  d'anciens 
droit»  «le  aon  monastère  sur  celui  d'Ar* 
dont  Héloîse  était  derenue 
eapolsé  les  religieuses  qui  se 
tamt  dispersées.  Il  accourt,  recueille  dans 
k  Finraciet  Héloîse  et  ses  compagnes; 
1^  dcHUtion  qu'il  leur  &it  de  ce  monas- 
approuTée  par  le  pape  ;  il  repart 
pour  son  affreux  désert. 
Le  Pnndet  érigé  en  abbaye,  Héloîse 
m  csl  la  piemicre  abbesse  (  1 1 30}.Le  cou- 
émit  pauvre,  sans  revenus  :  Héloîse 
laide  pas  à  obitnir ,  par  l'intérêt  gé- 
qn^elle  inspire,  dâ  terres  données  et 
atet  considérables.  Lesévéques,  dit 
Abélaid,  Tappekient  leur  fille,  les  abbés 
>,  les  laïques  leur  mère;  et  «  dans 
d^one  année,  ajoute-t41,  les  biens 
■  4m  nsonaitère  reçurent  plus  d^aocroisse» 
t  i^BDt  que  je  n'eusse  pu  lui  en  procurer 
•  s  j*j  étais  resté  un  siècle  tout  entier.  > 
DÎK  ans  s'étaient  écoulés  depuis  la 
il—iiafinn  des  deux  amants ,  lorsqu'A- 
Ubnl  écrivit  dans  une  lettre  à  un  ami, 
qaH  ne  m>!iiPM*  pas,  l'histoire  de  ses  ca- 
iftéa.  Une  copie  de  cette  lettre  tomba 
les  mains  d'Héloîse  et  fit  éclater, 
sepfcmière  énergie,  une  passion  que 
I^BSlérité  du  cloître  et  le  temps  avaient 
M  fiûre  croire,  sinon  éteinte ,  du  moins 
^■■KiU^  eC  qui  n'était  que  comprimée. 
EUe  écrivit  à  Abélard  deux  lettres  où 
romltatkm  de  cet  amour,  surtout  dans  la 
secomie,  va  jusqu'à  Fégarement,  et  dont 
^ipe  et  Cobrdeau  n'ont  donné  qu'une 
bien  pAle  et  infidèle  imitation.  Ces  deux 
loegoea  lettres ,  celle  d'Abélard  à  un 
ami,  et  ses  réponses  glaciales  à  l'épouse 
du  Christ  [spomsœ  ChrisU) ,  contenant, 
sartoot  les  cleux  dernières,  d'amples  dis- 
scrtatkMH  sur  l'origine  et  les  règles  de  la 
vie  monastique,  sont  les  seuls  monuments 
qui  aient  été  conservés  des 
d'Héloîse  et  d'Abélard;  tout  le 
resteesl  perdu.  Nousn''avons,  ni  les  lettres 
savantes  cpie  les  deux  amants  s'écrivaient 
avant  leur  liaison  et  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  l'Histoire  des  calamités;  ni  les 
lettres  qu'ils  durent  s'écrire  pendant  leur 
iéparation,  lorsque  Héloîse  alla  cacher 
sa  grossesse  et  aire  ses  couches  dam  le 


boof  dn  Pilais  en  Bretagne;  ni  edlat 
des  <leax  amants,  quand,  devenus  secret 
tement  époux,  ils  convinrent,  pour  em- 
pédicr  la  divulgation  d'un  mariage  qui , 
dit  M™^  Guixot,  «  était  une  dégrâidatioa 
inouïe  pour  un  dere,  un  chanoine,  bril- 
lant de  toutes  les  gloires  théologiques,  en 
route  pour  arriver  à  toutes  les  dignités  de 
rÉglise,  »  de  ne  plus  se  voir  ;  ce  qui  eut 
lieu  jusqu'à  la  catastrophe.  U  ne  resta 
également  aucune  des  nombreuses  chan- 
sons, sans  doute  en  langue  vulgaire,  dans 
lesquelles  Abélard  exaltait  ses  amours  au 
temps  rapide  de  leur  bonheur,  et  dont 
Héloîse  dit  que,  chantées  dans  les  car* 
refours  de  Paris  et  dans  toute  la  France, 
elles  a\-aient  rendu  son  nom  célèbre  dans 
l'univers  ;  et  l'on  doit  encore  regretter  la 
perte  de  toutes  les  poésies  latines  com- 
posées par  Héloîse,  et  qui  lui  avaient  as- 
signé la  première  place  parmi  les  poètes 
du  XII*  siècle  \ 

Abélard  venait  souvent ,  du  fond  de 
son  désert  sauvage,  visiter  le  Paraclet , 
où  il  avait  aussi  recueilli  et  où  moururent 
sa  mère  Lucie,  et  ses  deux  nièces,  Agathe 
et  Agnès.  On  trouve  dans  le  recueil  de 
ses  œuvres,  33  sermons  prêches,  la  plu- 
part du  moins,  devant  Héloîse  et  ses  com- 
pagnes; les  constitutions  qu'il  rédigea 
pour  le  Paraclet,  et  qui  sont  la  premièra 
et  plus  ancienne  règle  fiûte  pour  des  com- 
munautés de  femmes;  plusieurs  savantes 
lettres  adressées  aux  compagnes  d^Hé- 
loîse ,  et  dans  lesquelles  il  les  exhorte  à 
suivre  l'exemple  àt  leur  abbesse  dans  le 
culture  des  langues  hébraïque  et  grec- 
que. Quant  aux  écrits  qui  nous  sont 
restés  d'Héloîse,  outre  les  trois  lettres  à 
Abélard,  dont  la  dernière  est  un  traité 
remarquable  sur  la  vie  monastique ,  on 
a  des  règlements  pour  le  Paraclet,  41 
problèmes  philosophico  -  théologiques 
adressés  à  Abélard ,  qui  intitula  ses  ré- 
ponses Solutions;  mais  ces  Solutions  ne 
sont  pas  toujours  satisfaisantes  ;  enfin  on 
a  encore  d'Héloîse  deux  lettres  écrites  à 
Pierre- le- Vénérable. 

Ce  fut  par  une  longue  lettre  que  ce  bon 
et  paternel  abbé  deCluny  voulut  appren- 
dre à  Héloîse  la  mort  d'Abélard  (2 1  avril 

(*)  S«lon  le  témoigiiagc  de  Hognet  M étel ,  de 
ToBl,  auteur  coBtemporain,  cilé  par  Mabilloe 
dsat  toB  édilioo  des  Ofia^vfs  de  i|iat  Bcniarfl, 


HEL 


(620) 


HEL 


1 142)  au  monastère  de  Saint-Marcel,  où 
il  Tavait  eovoyé  pour  rétablir ,  dans  uo 
air  plus  pur  et  plus  doux,  une  vie  bri- 
sée par  tant  d'orages.  Il  lui  envoyait, 
dans  cette  lettre,  une  magnifique  épitaphe 
qu'il  venait  de  composer  pour  son  mari, 
et  lui  donnait  à  elle-même  des  éloges 
qu'elle  eût  mieux  sentis  dans  un  autre 
moment.  «  Vous  avez,  écrivait-il,  non- 
«  seulement  vaincu  et  surpassé  en  savoir 
«  toutes  les  femmes,  mais  vous  avez  aussi 
«  surpassé  presque  tous  les  hommes  (pêne 
«  viros  universos  superasti) ,  »  et  il  l'ap- 
pelle «  femme  vraiment  philosophe  {verè 
«  philosophica  muiier),  » 

Hélolse  répondit  au  vénérable  abbé , 
et  le  pria  de  lui  envoyer  le  corps  de  son 
époux;  mab  les  moines  de  Saint-Marcel 
voulaient  le  conserver.  Six  ou  sept  mois 
s'écoulèrent,  et  enfin  l'abbé  de  Cluny, 
s'étant  rendu  dans  ce  monastère  soumis 
à  sa  juridiction,  profita  du  sommeil  des 
religieux  pour  enlever  furtivement  (/tf r- 
lî/if),  comme  il  l'écrit  lui-même,  le  corps 
d'Abélard,  qu'il  fit  sur-le-champ  trans- 
porter au  Paraclet.  Il  y  vint  lui-même 
célébrer  l'office  des  morts,  et,  à  la  prière 
d'Héloise,  il  donna,  écrivit  et  signa,  pour 
être  suspendue  au  tombeau  d'Abélard, 
suivant  l'usage  alors  introduit,  une  abso- 
lution générale  de  tous  ses  péchés.  Ce 
tombeau,  HéloTse  le  fit  élever  dans  une 
chapelle  appelée  le  petit  Moustier^  qui 
éuit  dans  le  cloître;  et  U,  toutes  les  nuits, 
pendant  21  ans  qu'elle  vécut  encore,  elle 
alla  s'agenouiller,  gémir  et  prier,  avec  une 
constance  qui  étonne  et  qu'on  ne  peut 
qu'admirer. 

Hélofse  mourut  le  17  mai  1164 ,  au 
même  âge  qu'avait  atteint  Abélard ,  63 
ans  ;  elle  est  inscrite  dans  un  vieux  calen- 
drier français  du  Paraclet,  en  ces  termes  : 
HiLOÎssE,  mère  et  première  abbesse 
de  céans  ^  eie  doctrine  et  de  religion 
très  resplendissante.  On  lit  dans  de 
vieilles  chroniques  qu'Héloîse,  sentant 
sa  fin  approcher,  ordonna  que  son  corps 
fût  enseveli  avec  celui  de  son  époux  ; 
qu'en  conséquence  le  cercueil  d'Abélard 
fut  ouvert,  et  que  le  mort,  élevant  ses  bras, 
rc^t  la  morte ,  l'embrassa  et  la  serra  sur 
son  sein.  On  doit  remarquer  qu'un  char- 
treux ,  historien  d'Abélard  et  d'Héloise, 
dom  Genraiaei  aocten  abbé  de  la  Trappe, 


loin  de  révoquer  en  doate  ce  pradift, 
cite ,  comme  en  ayant  rapporté  de  p^ 
reils,  Tertullien  et  Grégoire  de  Tovs,  cl 
ajoute  :  «  AbéUrd  fit  connaître  qoe  H" 
«  mour  est  plus  fort  que  la  mort ,  pu» 
«  que,  dans  leurs  personnes,  il  ne  liîtps 
«  éteint  par  la  mort  même.  » 

Pendant  sa  vie,  Hélolse  n'avait  point 
perdu  de  vue  son  fils  AstraUbe  (Abéiwi 
l'appelle  Jstrolabe) ,  qui  avnit  embcMsi 
l'état  ecclésiastique,  et  qui  lorvécnt  a  mm 
père,  comme  on  le  voit  par  le 
nécrologique  du  Paracitt  et  par  b 
respondance  d'Héloise  avec  l'abbé  d» 
Cluny.  «  Souvenez  -  vous ,  lui  écrivail- 
«  elle ,  de  votre  Astralabe  (  jâstrmtmki 
«  vestri  )  et  obtenez-lai  quelqM  pré» 
«  bende.  »  Et  l'abbé  répondait  :  •  Ji 
«  m'emploierai  volontiers  pour  piuci» 
«  un  bénéfice  dans  quelque  granide  églin 
«  k  votre  Astralabe,  qui ,  per  mon  at- 
«  tachement  pour  vous,  est  ansai  le  mim 
«  [vestrtque  causd  nostro  ^  ).  • 

Saint  Bernard  (vojx,)^  qui  avait  po«> 
suivi  Abélard  comme  héréliqiie,  énll 
venu  admirer  Héloîm  dans  son  ParadtC 
Le  pape  Innocent  II,  qui  avait  conds— é 
Abélard,  adressa  deux  brels  à  HéloiN. 
Elle  reçut  des  lettres  ou  des  boUes^  dt 
cinq  autres  papes  (Lace,  Eogène,  Anas- 
tase,  Adrien  et  Alexandtre).  Elle  était  m 
correspondance  avec  des  évêqocs  et  ém 
abbés.  Elle  lisait  les  livres  mints  en  gmc 
et  en  hébreu  ;  et,  pendant  plusieurs  sieda^ 
les  religieuses  du   Paraclet  bonorèreal 
dignement  la  mémoire  de  leur  premièfs 
et  savante  abbesse   en  célébrant,  lom 
les  ans ,  le  jour  de  U  Penteo&le ,  Votêm 
divin  dans  la  langue  grecque ,  dont  die 
avait  donné  le  goût  à  ses  andenaes  com- 
pagnes qui  en  conservèrent  renseigne- 
ment. Cet  exemple  n'eût  pa  être  imité 
dans  aucun  des  nombreux  monaslèrmqm 
couvraient  la  France,  si  ce  n'est  à  Seint- 
Denis. 

Les  tombes  célèbres  ont 
révolutions.  En  1497,  le 


(*)  On  îgaor*  Tépoqve  ém  la  mort  ila  ftli 
<l*HèloiM ,  «C  voiU  toet  c«  q«*oe  «ait  d«  w  vw. 

(**)  Une  de  C9%  balles  Ini.accor^Mi  U  pn«ii«c« 
qoVUe  avait  •ollicité,  et  qoe  d*«utrevinooAM(* 
re«  avaient  pen  loagé  à  demander,  d'eoterrer 
frmtuittmmt  les  paavrot  dans  le  daniiiie  éa 
Paraclet 


HEL 

oHermait  kd  cendres  des  deux  amants 
t  trmosféi^  du  petit  Moustier  dans  la 
■■■mA*  église  de  Tabbaye;  mais  alors 
ne  piété  sévère  Toulut  séparer  ce  que  la 
lort  «Tmit  réuni.  Les  ossements  d^Abé- 
crd  et  ceux  d*Héloîse  furent  mis  dans 
eux  tombes  placées  aux  deux  côtés  du 
bcear.  Eln  1 630,  Marie  de  La  Rochefou- 
■nid,  23*abbesse,  fit  transporter  les 
r— ^  tombes  dans  la  chapelle  de  la  Tri- 

ihé. 

En  1792,  leParaclet  allait  être  Tén- 
ia*; les  restes  d*Abélard  et  d'Héloîse 
mvDt  transférés  dans  Téglise  de  Nogent- 
nr-Seîne.  Sept  ans  s'étaient  écoulés,  lors- 
ine,  le  16  février  1800,  le  ministre  de 
nntérienr  (Lucien  Bonaparte)  ordonna 
leur  translation  au  Musée  des  monuments 
français  (aujourd'hui  Fécole  des  Beaux- 
Arts).  Les  deux  corps  reposaient  alors 
Aans  un  cercueil  de  plomb ,  mais  séparés 
par  une  lame  de  même  métal.  Le  direc- 
teur du  Musée  (Alexandre  Lenoir)  alla 
hiî-mème  à  Nogent  chercher  ce  cercueil. 
n  reçut  aussi  en  don  la  première  tombe 
en  pierre  dans  laquelle  A bélard  avait  été 
iDhnmé  au  monastère  de  Saint-Marcel. 
Pendant  les  premières  années  de  la  Révo- 
lution ,  cette  tombe  avait  servi  d'auge  dans 
mie  ferme.  Cet  antique  monument  et  le 
cercueil  en  plomb  renfermant  les  cendres 
des  deux  amants  furent  seuls  portés  à  Pa- 
ris, et  Alexandre  Lenoir  les  plaça  dans  le 
jardin  de  son  musée,  sous  le  couvert  d'une 
petite  chapelle  qu'il  fit  construire,  dans  le 
style  du  xii^  siècle ,  avec  des  débris  de 
pierres  architecturales  trouvées  à  Saint- 
Denis,  au  Paraclet  et  ailleurs.  Cette  cha- 
pelle n*est  donc  point  l'ancien  tombeau 
du  Paraclet.  Les  figures  couchées  d'Abé- 
lard  et  d'Héloîse  ne  sont  pas  plus  authen- 
tiques :  Lenoir  nous  apprend  que,  n'ayant 
pu  se  procurer  des  types  sûrs  de  ces 


(  621  )  HEË 

le  masque  d'Héloîse;  mais  ce  qui  est  ao^ 
thentique  dans  cette  chapelle  monumen- 
tale, qui,  après  la  destruction  du  Musée, 
a  été  transportée  au  cimetière  du  père 
La  Chaise,  c'est  la  pierre  creusée  de  Saint- 
Marcel,  premier  tombeau  d'Abélard,  re^* 
té  longtemps  orphelin  ,  et  dans  lequel , 
dit  encore  Alexandre  Lenoir  ,  «  j'ai  dé- 
posé moi-même  les  ossements  des  célè- 
bres amants  du  xii^  siècle.  »  Et  cela 
suffit  pour  justifier  l'intérêt  mémorable , 
unique  dans  l'histoire,  qui  se  rattache  à 
un  tombeau ,  les  couronnes  et  les  fleurs 
dont  il  est  toujours  couvert,  et  l'espèce  de 
culte  que  les  âmes  tendres  rendent,  de- 
puis tant  de  siècles,  à  l'immortel  souve- 
nir des  deux  amants*^.  Y-ve. 

HÉLOTES,  voy.  Ilotes. 

HELSINGFORS,  chef- lieu  de  la 
grande-principauté  de  Finlande  {voy,)  et 
siège  de  son  sénat  particulier  ;  ville  qui , 
en  1810,  n'avait  encore  que  3,534  hab.» 
et  qui  en  compte  maintenant  environ 
10,000.  Fondée  par  Gustave  Wasa,  en 
1550,  elle  est  remarquable  surtout  par 
Tuniversité  finlandaise  que  le  gouverne- 
ment russe  y  a  fait  transférer  en  1828  , 
après  l'incendie  d*Abo  [voy.)  qui  con- 
suma les  bâtiments  où  longtemps  elle 
avait  été  établie.  Cette  université  réunis- 
sait, en  1835,  455  étudiants. 

Helsingforsest  situé  sur  une  langue  de 
terre  assez  large  qui  porte  le  nom  d'Est- 
naes  Skaten,  et  dont  la  saillie  vers  le  golfe 
de  Finlande  forme  deux  petits  ports  assez 
commodes.  La  vieille  ville,  bâtie  en  bois, 
n'a  que  des  rues  étroites  ;  mais  près  d'elle 
s'élève  maintenant  une  ville  nouvelle  sur 
un  terrain  qu*on  obtient  en  comblant  des 


personnages 


il  fit  mouler  leur  tête  de 


mort;  que,  d'après  ces  moules,  le  sta- 
tuaire de  Seine  composa  les  deux  figures. 
La  statue  de  femme  qu'on  voit  couchée  à 
côté  d'Abélard  est ,  dit  encore  Alexandre 
Lenoir,  une  figure  de  femme  sculptée  de 
ce  temps-là^  à  laquelle  J'ai  Jait  mettre 

(*)  Il  fat  acheté  par  le  célèbre  artiste  drama- 
tique Monrel  et  derint  ensaice  la  propriété  do 
géaéral  Pajol.  Le  Paraclet  est  maiateoant  ime 
manafacture  de  taillanderie. 


(*)  ypir  la  Dêseriplion  du  Musit  dês  monumentt 
frunçais ,  par  Alexandre  Lenoir,  6'  édit,  i8oi« 
in-8^  S  la  Notice  historiqut  (du  même)  surim  «ê- 
pulturê  d'Hêloîst  et  d'Abélard^  x8x5,  in-8*;  les 
ooTraget  de  dom  Gervaise  et  de  Fr.-C.  Turlot* 
indiqués  à  la  fin  de  l'art.  Abélard  ;  un  volume 
de  Tautanr  de  cette  notice,  intitulé  :  Abèlmrd  ei 
HèloUe^leurs amours,  leurs  malheurs  et  leurs  ouvra» 
ges,  1 834,  in-8^;  la  larante  notice  de  MuxQnizot, 
terminée  par  M.  Guizot  et  qui  précède  la  der* 
nière  traduction  des  Lettrés  d'Abélard  et  d'Hiloî" 
se,  par  M.  Oddoul,  1839,  a  vol.  gr.  in-8*';  enfin 
la  très  remarquable  Introduction  dont  M.  Victor 
Cousin  a  fait  précéder  la  publication  des  (Xu' 
vres  inédites  d'Abélard,  comprenant,  avec  le  fa- 
meux traité  intitulé  Sic  et  Non,  des  gloses  sur 
Porphyre,  Aristote,  Bocice,  etc.,  Paris,  Impr. 
roy.,  x836,  in-4?  d'environ  goo  pages. 


ËËL 


(602) 


ItËL 


f  fbfondeurs  et  en  faisant  sauter  des  ro- 
chers. 

Cette  Tille  n*est  pas  la  seule  qui  perpé- 
tue le  nom  des  Helsiii es ,  vieux  peuple 
gothique  dont  les  descendants  parlent  un 
dialecte  Scandinave  qui  se  rapproche  bien 
moins  du  suédois  que  du  norvégien  et  de 
VvAKadà\»(Sch\aszeTyNordischeGeschich' 
te  y  p.  471).  Le  Helsingland  (Heisin^ 
gia  )  d*où  sont  partis  les  colons  qui  ont 
porté  la  civilisation  en  Finlande,  est  une 
province  fort  pittoresque  de  la  Suède 
septentrionale  qui  baigne  à  Test  le  golfe 
Bothnique  {voy,\  ;  mais,  quoique  très  an- 
ciennement suédoise ,  cette  province  ap- 
partenait d^abord  à  la  Norvège,  et  fit 
longtemps  cause  commune  avec  les  Nor- 
végiens. La  ville  suédoise  de  Helsingborg^ 
en  Scanie,  sur  le  Sund,  et  la  ville  da- 
noise à^Helsingœr  {voy,  Elsenf.ue)  qui 
est  située  vis-à-vis ,  dans  Hle  de  Seeland, 
rappellent  également  le  nom  des  HeU 
sings.  J.  II.  S. 

HELVÉTtE,  HELVÉTIENS,  voy. 
Suisse  et  Gaulois.  Un  travail  bon  à  con- 
sulter sur  les  premiers  habitants  de  cette 
contrée  est  celui  de  M.  Escher,  inséré,  au 
mot  Helvetiiy  dan»  PEncyclopédie  alle- 
mande d*Ersch  et  Gruber. 

HELVÉTIQUE  (  confedéeation  ) , 
voy,  Suisse. 

HELVÉTIQUE  (confessioit).  C'est 
le  nom  qu'on  donne  à  la  seconde  expo- 
sition de  leur  foi  que  firent  les  églises 
réformées  de  la  Suisse,  en  1566  ;  exposi- 
tion qui  reçut  Tapprobation  formelle  de 
la  plupart  des  autres  églises  réformées , 
et  que  quelques-unes  d'entre  elles  adop- 
tèrent même  comme  livre  symbolique, 
/'o/.  ce  dernier  mot. 

La  réformation,  ayant  été  l'œuvre  du 
libre  examen,  devait  naturellement  se 
modifier  selon  certaines  circonstances  lo- 
cales, résultant  du  caractère  propre  à 
chacune  des  nations  qui  Tembrassaient 
ou  des  opinions  particulières  des  hommes 
qui  en  furent  les  promoteurs  {voy.  Con- 
fessions). Aussi  prit-elle  une  physionomie 
différente  en  Allemagne  et  en  Suisse,  où 
les  premiers  mouvements  de  la  réforme 
eurent  lieu  simultanément.Quoiquc  d'ac- 
cord sur  presque  tous  les  points,  Luther 
et  Zwingle  se  divisèrent  sur  Tarticle  de  la 
uiait  Ccue,  et  tous  les  eCl'on»  «\ui  Cmvua 


tentés  pour  les  concilier  écIiouèrent.T<Ni» 
tefois,  l'inflexibilité  avec  laquelle  ces  deux 
réformateursptrsévérèrent  dans  leursopi» 
nions  respectives  ne  fut  probablemôik 
pas  la  seule  cause  qui  empédia  les  deiE 
nations  de  se  réunir  complètement  daH 
une  foi  commune.  On  peut  croire  que  b 
susceptibilité  des  Suisses  pour  tout  ce  qm 
pouvait  compromettre  la  conservation  de 
leur  indépendance  politique,  Donvellt- 
ment  reconquise,  contribua  pour  quel- 
que chose  à  la  séparation.  C*ea  le  senti- 
ment qui  perce  dans  la  réponse  qulh 
firent  au  sénat  et  à  la  ville  libre  de  Stna- 
bourg.  Ceux-ci  les  ayant  engagés  à  en- 
voyer des  députés  à  la  dicte  d^Aug^MMVg 
de  1530  ,  les  Suisses,  fidèles  à  leur  »yw 
tème  de  ne  reconnaître  à  l'Empereur  ni  i 
l'f)mpire  aucun  droit  sur  eux,  s^y  refuse* 
rent.  Zwingle  se  contenta  d'envoyer  en 
son  privé  nom  à  l'empereur  Charles-QuiiC 
une  profession  de  foi.  Cet  écrit,  qui  n*cit 
jamais  une  autorité  publique ,  mais  qv 
fait  connaître  la  foi  des  églises  suiaio,  à 
cette  époque,  avait  été  précédé  et  fut  sain 
de  diverses  publications  où  sont  exposées 
les  doctrines  professées  dans  les  églises dt 
THelvétie.  C'est  dans  ces  écrits  qu*il  fiai 
étudier  les  progrès  et  le  développcaMnC 
des  doctrines  religieuses  au  sein  de  ces 
églises,  jusqu*à  ce  qu'elles  vinrent  se  for- 
muler dans  l'exposé  complet  arrête  ca 
1 566.  Le  premier  de  tous  fut  une  insirac» 
tion  rédigée  en  allemand  par  Zwingle,  d 
adressée  par  le  magistrat  aux  ecclésiasti- 
ques du  canton  pour  les  diriger  dans  ren- 
seignement et  la  prédication  de  la  «enté 
évangélique  (26  novembre  1523  >  Une 
députation  de  1 1  cantons,  qui  vint  à  Za* 
rich  pour  faire  des  représentations  sur  les 
nouveautés  qui  se  prêchaient  dans  ccUe 
ville,  provoqua  un  second  écrit  ^auau  en 
allemand),  qui  peut  être  envisage  comme 
une  véritable  profession  de  foi.  Il  avait 
pour  titre  :  Réponse  des  ifuigtsirnts  de 
Zurich  aux  11  cantons  sur  qmeUjme* 
articles  de  foi  ^21  man  1524;.  Il  con- 
tribua puissamment  aux  progrès  de  la  rv'- 
forme  dans  le  canton,  et  la  messe  fat 
définitivement  abolie.  Dans  la  senuinc 
sainte  de  1525,  la  Cène  fut  pour  la  pre- 
mière fois  célébrée  selon  le  nouveau  rit. 
Au  nombre  de  ces  professions  de  foi  ou  us 
rati^vn>ii%  cQi*vrf  Ivt  du  IIhmS  rédigées 


HKL 


{6ii) 


ÉbL 


m  oottféinnice  |>abUqae  qui  eut  Uea 
fte  eH  1638,  et  dont  renseignement 
eacrit  dans  ce  canton  par  le  magis- 

tous  les  ecclésiastiques.  L'une  de 
àèaes  traite  particulièrement  de  la 
lee  réelle,  qui  y  est  positivement 
e.  A  Pannée  1 580  appartient  la  con- 
n  de  foi  que  le  réformateur  adressa 
opereor  et  dont  nous  avons  parlé. 
531  y  peu  de  temps  avant  sa  mort, 

aidnnsa  une  autre  à  François  1^ , 
le  France.  Comme  ce  prince  par 
k|iie  se  montrait  alors  favorable  aux 
mes  de  la  Suisse,  Zwingle  Toulut 
ter  de  cette  circonstance  pour  com- 
e  les  doctrines  de  TÉglise  romaine 
•tifier  la  réformation  des  calomnies 
elle  était  Tobjet.  Cet  ouvrage,  pu- 
en  1636,  en  latin '^,  avec  une  tra- 
ioti  allemande  par  Bullinger  et  Léon 
i  y  obtint  une  grande  autorité  dans 
ise  de  Zurich.  C'est  dans  cet  ouvrage 
■e  trouve  ce  célèbre  passage,  qui  at- 
à  Zwingle  de  si  amers  reproches,  et 
t  aocwser  de  naturalisme  :  «  Là  (au- 
ès  de  Dieu)  tu  verras  Hercule,  Thé- 
Sy  Socrate,  Aristide,  Antigone,  Numa, 
mille,  les  Catons,  les  Scipions;  là  lu 
yUTeras  tes  ancêtres  qui  ont  marché 
-bas  dans  la  foi.  En  un  mot,  tous 
I  hommes  vertueux ,  toutes  les  âmes 
intes,  tous  les  cœurs  croyants,  qui  ont 
6  et  qui  seront  dans  le  monde  depuis 
n  origine  jusqu'à  sa  destruction ,  tu 
I  Terras  un  jour  auprès  de  Dieu.  » 
ies  disputes  sur  l'article  de  la  sainte 
e,  la  crainte  qu'il  n'y  eût  encore  dans 
onseil  de  secrets  partisans  du  pape , 
i  besoin  de  repousser  certaines  accu- 
ms,  firent  prendre  aux  réformés  de 
)  la  résolution  de  proclamer  une  con- 
on  de  foi  qui  fût  obligatoire  pour 
I  les  citoyens  du  canton.  Cet  exposé 
eor  doctrine ,  après  avoir  été  adopté 

les  ecclésiastiques  et  juré  par  les 
libres  du  conseil  et  par  les  citoyens 
ôutes  les  corporations,  fut  proaamé 
1  janvier  1534  :  c'est  ce  qù^on  ap- 
t  la  première  confession  de  Bâle, 
B  confession  et  les  thèses  de  la  dis- 
ition  de  Berne,  ainsi  que  l'instruction 

I  Jd  CtoUuh  R,  Imp,  Gtrmanim,  eomitia 
uUt  c^tbrantem, /idêi  Buldrjrchi  ZuihgUi  ra- 
:ari«;h,36p.  iii-4^  S. 


du  magfetrht  dé  2urich  de  1 533^  sont  les 
seules  professions  de  foi  qui,  dans  les 
églises  réformées  de  la  Suisse,  aient  été 
publiées  par  lés  gouvernements  comme 
lois  de  l'état  ;  celles  qui  suivirent  ne  pa- 
rurent qu'au  nom  des  églises. 

Cependant ,  après  avoir  été  pendant 
longtemps  sans  confession  de  foi  commU« 
ne,  et  la  guerre  de  1531  (voy.  ZwiwcLk) 
ayant  presque  entièrement  rompii  les  fki- 
bles  liens  qui  les  unissaient ,  les  églises 
réformées  de  la  Suisse  sentirent  le  besoiu 
de  se  rapprocher  et  de  rédiger  en  com- 
mun une  confession  de  foi.  Ce  fut  à  l'oc- 
casion des  tentatives  de  Bucer  pour  réu- 
nir les  Suisses  avec  Luther.  Bucer  {voy,) 
leur  paraissant  disposé  à  trop  céder,  elles 
jugèrent  nécessaire  de  faire  connaître 
leurs  vrais  principes.  Quelque  utile  que 
leur  eût  été  une  liaison  plus  intime  avec 
les  protestants  d'Allemagne  après  l'issue 
malheureuse  de  la  guerre  de  1 53 1  avec  les 
cantons  catholiques,  ces  églises  ne  songè- 
rent cependant  jamais  à  acheter  cet  avan- 
tage par  le  sacrifice  de  leurs  opinions. 
Elles  voulurent  en  même  temps  tenir 
prête  une  confession  de  foi  pour  un  con- 
cile libre  qu'on  se  flattait  alors  de  voir 
convoquer.  Telle  fut  l'origine  de  la  pre- 
mière confession  helvétique  y  ou  deuxiè- 
me de  Bdle^  rédigée  par  Bullinger,  Gry- 
nseus  et  Myconius ,  et  qui  fut  signée  à 
Bâle  ,  en  1536  ,  par  les  envoyés  des 
villes  de  Zurich ,  de  Bâle,  de  Berne ,  de 
Schaffhouse  ,  de  Saint-Gall,  de  Bienne 
et  de  Mulhausen.  Cette  confession  con- 
stitua ainsi  une  église  réformée  helvé- 
tique. 

Cependant  les  églises  de  l'Allemagne 
et  de  la  Suisse  avaient  cessé  de  disputer 
sur  la  sainte  Cène,  et,  sans  être  précisé- 
ment tombées  d'accord,  elles  vivaient 
dans  une  harmonie  fraternelle,  lorsque 
Luther,  en  1544 ,  ralluma  la  dispute  par 
la  publication  de  sa  Brève  confession  de 
foi  sur  l'article  de  la  sainte  Cène,  Quoi- 
que Luther  n'eût  pu  entraîner  de  nou- 
veau les  théologiens  de  son  église  dans 
cette  polémique,  le  clergé  de  Zurich  crut 
devoir  répondre  à  cet  écrit ,  et,  l'année 
suivante,  il  publia  un  exposé  de  sa  doc- 
trine sur  la  sainte  Cène ,  dans  lequel  il 
soutenait  les  opinions  de  Zwingle  et  d'C£- 
colampade  {voy.y  Cet  exposé,  quire^ut 


BEL 


(024) 


r«pprobatk>n  da  conseil  «t  da  clergé  de 
Berne,  eat,  jusqu'à  la  confession  de  1 566, 
une  certaine  autorité  dans  les  églises  de 
Zurich  y  de  Berne  et  de  Schaffhouse. 
Enfin  les  rapports  dans  lesqueb  Calvin 
(voy,)  entra  avec  les  églises  réformées 
allemandes  de  la  Suisse,  amenèrent  la 
publication  d*un  autre  écrit,  également 
important  pour  la  connaissance  des  doc- 
trines religieuses  de  ces  églises.  Ce  fut 
œlui  qui  parut  à  Zurich,  sans  date,  mais 
probablement  en  1549,  sous  ce  titre: 
Consensio  mutua  in  re  sacramentariâ 
minittrorum  Tigurinœ  ecclesiœ  et  />. 
Jo,  Calvini  y  c'est-à-dire  Accord  €Us 
ministres  de  Véglise  de  Zurich  avec 
Jean  Calvin  sur  l'article  de  la  sainte 
Cène*  Cet  écrit  s*aocorde  au  fond  avec 
la  déclaration  de  foi  de  1545 ,  sans  ce- 
pendant s'exprimer  en  termes  aussi  clairs 
et  aussi  positifs. 

Cependant,  avec  toutes  ces  confessions 
de  foi ,  les  églises  réformées  de  la  Suisse, 
au  milieu  du  xvi*  siècle ,  n'avaient  point 
encore  de  système  complet,  qui  embrassât 
toutes  les  parties  de  la  doctrine  religieu- 
se. La  confession  de  1 536  était  peu  à  peu 
tombée  en  oubli;  celle  de  Zurich,  de  1545, 
avait  conservé  une  plus  grande  autorité , 
maii  elle  n'était  point  reconnue  comme 
livre  symbolique.  Zurich, dirigée  par  Bul- 
linger ,  Genève  et  U  Suisse  française  do- 
minées par  Calvin,  Berne,  sous  l'influence 
de  Bucer  et  de  ses  ministres  vaudois ,  ja- 
louse de  l'autorité  des  théologiens  des  au- 
tres villes.  Bile  surtout,  où  Sulzer,  qui 
inclinait  vers  le  luthéranisme  et  exerçait 
un  grand  ascendant,  marchaient  chacune 
sous  sa  propre  bannière.  Ce  n'est  pas  qu'au 
milieu  des  disputes  sur  le  dogme  de  la 
présence  réelle,  le  vœu  de  voir  établir  en- 
tre les  églises  réformées  un  lien  commun 
ne  se  fût  de  plus  en  plus  manifesté  dans 
les  diverses  contrées  de  la  Suisse.  Néan- 
moins, Bullinger,  malgré  la  considération 
générale  dont  il  était  environné,  n'eût  pas 
réussi  à  réaliser  ce  vœu ,  si  une  circon- 
stance favorable  ne  fût  venue  aplanir 
inopinément  les  obstacles  et  faciliter  l'ac- 
complissement de  cette  œuvre.  L'empe- 
reur Mazimilien  II  avait  convoqué  à  Augs- 
bourg  une  diète  qui  s'assembU  le  2 S 
mars  1 566,  et  dans  laquelle  on  devait  ré- 
gler les  affaires  de  religion.  Une  partie 


des  luthériens,  poassés  par  Wk  sàk 
gle  et  imitant  Tintoléffaiioe  de  Bc 
voulaient  pas  Iqu'on  admit  des  c| 
contraires  aux  leurs,  et  travaiUaîti 
faire  condamner  dans  un  syBodt| 
des  luthériens  d'Allemagne.  Oa  c 
que  la  haine  dont  ce  parti  se  m 
animé  ne  portât  les  princes  proHi 
exclure  de  la  paix  de  religîos  Fé 
paUtin,  Frédéric  m,  qui  s'était ( 
pour  la  doctrine  des  réformatewi 
sur  l'article  de  la  sainte  Cène.  A 
de  novembre  1565,  ce  prince  c 
Bullinger  sur  la  conduite  qu'il  de 
nir  à  la  diète,  à  l'égard  de  TEmpe 
l'engagea  à  rédiger  une  profrssioi 
pour  réfuter  les  calomnies  qu'oo 
dait  contre  les  protestants  et  moot 
cord  qui  existait  entre  un  si  grui 
bre  d'églises  de  l'Allemagne,  de  1 
et  de  la  France.  Pendant  nne  p 
exerça  de  grands  ravages,  en  1 50 
linger  avait  écrit  une  eonfessioa 
assez  développée,  qu'il  avait  joial 
testament,  dans  l'intention  qu'dk 
mise  en  même  tempe  aux  "^^grtti 
succombait  à  ce  fléau.  Il  Tenvoj 
lecteur.  Théodore  de  Bèxc  {itay 
posa  alors  à  ceux  de  Zurich  de  pi 
une  confession  de  (bi  en  rtria 
accueillirent  cette  ouverture  et  < 
dèrent  qu'on  prit  pour  base  Icor 
sion  de  foi  de  1 545,  en  expriasea 
sir  qu'on  tint  à  Berne  une  coa 
où  l'on  conviendrait  des  modifie 
y  apporter.  Mais  les  magistrata  A 
et  de  Zurich  refusèrent  segcmc» t 
ner  leur  approbation  à  œ  projet 
férence.  Pendant  que  les  théotof 
Zurich,  de  Berne  et  de  Genève 
nuaient  à  correspondre  entre  ci 
terminer  cette  affaire,  l'éledeor 
répondit  qu'il  était  si  content  di 
de  Bullinger,  que,  si  l'auteur  y  ooa 
il  le  ferait  traduire  et  imprimer  i 
mand.  Ceux  de  Berne  et  de  Zori 
posèrent  alors  qu'on  adoptât  oifl 
fession  de  foi,  qu'on  l'adreasâty  i 
à  l'Empereur,  comme  l'électeur  It 
mais  à  tous  les  fidèles,  et 
nom  des  théologiens  et  des 
annonçant  que  c'était  avec  la  pcn 
nuis  non  pas  au  nom  du  gonven 
parce  qu'on  voulait  sii 


iBL  (  en  ) 

'^^trine  Kfne  (lans  le  églisa  d  e 
|*^IMB  impeser  une  règle  de  foi. 
"»  (OM  k  vœn  que  Bèze,  au  nom 
lc(lc6etiè*e,etlejég1uesdeFrui. 
^*a(ol  de  leur  càté  une  confession 
lu,  le  1 6  féTTier,  Bèze  accourut  à 
où  l'on  coiucDtit  facilemeot  à  ce 
laiDÛtres  de  Geucve  souscrivis- 
nufiasioD  de  Bulliu^er.  Quant 
es  de  France,  on  jagea  plus  sage 
édigcassent  séparément  une  cou- 
e  foi,  où  elles  fervent  connaitrp 
laient  d'accord  arec  les  ^liscâ 
Me.  Berne  ayant  donné  son  ts- 
I,  Gnalter,  gendre  de  Zwingle. 
a  Schanbouse  ,  à  Bâie  et  k 
«  pour  solliciter  leur  accession. 
«int-Gall  et  d'autres  églises  fu- 
tée* par  lettres.  Il  j  eut  un 
■Mot  général  à  accéder  à  cette 
xeplé  il  Bile,  où  l'inQuence  de 
'  opposa.  Néanmoins,  après  ss 
ix  de  Bâie  se  réunirenl  aux  an- 
9,  et  le  nom  de  cette  ville  se 
■Bs  l'édition  de  la  Confession 
e  de  1644.  On  n'avait  point 
ministres  de  Nearcfajitel,  parce 
ùgnait  de  mettre  la  mésintejli- 
re  eux  et  leur  souverain,  le  duc 
erille.  Comme  Ils  s'en  plaigni- 
lard,  en  alléguant  leurs  fran- 
i  De  permettaient  point  au  prince 
En  prescrire  en  matière  de  re- 
in noms  furent  ajoutés  a  ta  se- 
tion  de  la  Confession  de  foi  hel- 
lî  parut  en  liiCS.  Pendant  ces 
ins,  on  travailla  activement  à 
m  de  cette  confession  ,  dont 
s  le  13  mars  1566,  envoyer  des 
ta  à  l'électeur  palatin  et  au 
deHesse*.  Bu Ilinger  avait  lui> 
luit  en  alleound  l'original  la- 
sn  fit  une  traduction  frao^abe, 


>  U  tnaa  do  ijrDode  de  Donlm 
■  cspril  étroil  cl  d'aicluioa,  cl  dt 
lS;S,  rat  J.-H.  fltiddcncr,  profi 
•lo^  à  ZDri<:b:  elle  l^t  Imprim 
1714,  et  Ggnn  li>agl(ni|ii  parioi  I 

•1  c»  tilrc  :  Farmmiairt  Ju  caui 


USL 

qui  fut  imprimée  ■  Genève  en  16M*. 
Dès  le  mois  de  septembre  de  la  même 
année,  41  ministres  d'Ecosse,  an  nom- 
bre desquels  était  Jean  Knox  (vvj-.), 
écrivirent  à  Bèze  une  lettre  où  ils  don- 
naient leur  entière  approbation  à  la  con- 
fession helvétique.  Les  églises  de  France 
firent,  à  diverses  reprises,  la  mCme  décla- 
ration, et  notamment  au  synode  de  La 
Rochelle,  eu  1  &7 1 .  Ceteiemple  fut  imité 
par  un  grand  nombre  d'ecclésiastiques 
aaglais.  Déjà,  en  1567,  une  partie  des 
églises  de  Pologne  avaient  signé  cette  con- 
fenioQ  de  foi.  Un  grand  oombre  d'antre* 
les  imitèrent  ensuite,  cl  toutes  ensemble 
la  présentèrent  solennellement  an  roi  Si- 
gismond  II,  en  1673,  et  à  Etienne  Ba- 
thori,  en  1578.  Le  clergé  réformé  de 
Hongrie  la  signa  dans  un  synode  tenu  a 
DeLreczin,  en  1567. 

La  Confession  helvétique  a  été  jnsqn'a 
nos  jours  le  livre  symbolique  des  églises 
réformées  de  la  Suisse.  Elle  vient  d'éir« 
abolie  dans  le  canton  de  Vaud,  où  le 
grand  conseil,  en  volant ,  dan*  sa  séance 
du  1 1  décembre  1839,  une  nouvelle  loi 
ecclésiastique,  a  retranché  de  la  lormule 
du  serment  de  consécration  le  pavage  qui 
mentionnait  cette  confession. 

La  Confcsion  de  foi  helvétique  s'at^- 
corde  sur  la  plupart  des  points  avec  celle 
d'Augsbourg  {vqjr.]  et  avec  la  doctrine  de 
C«lvin{»or.  .  Elle  ne  reconnaît  pourjuge 
en  matière  de  foi  que  la  parole  de  Dieu,  et 
pose  pour  principe  d'inlerpréution  que 
l'Ecriture  sainte  soit  expliquée  par  elle- 
même.  Tout  en  enseignant  que  le  péché, 
par  l'obscurcissement  de  l'inlelligence 
restreint  la  liberté  de  l'bomme  pour  lé 
bien,  elle  ne  va  pas  ausi  loin  que  Luther, 
(jui  ôte  à  peu  près  entièrement  le  libre 
arbitre  à  la  volonté  humaine  en  ce  qui 
concerne  l'accomplissement  des  comman- 
dements de  Dieu.  Elle  proscrit  toute  es- 
pèce de  représcnutîon  de  Dieu,  de  Jé- 
ais-Christ  et  des  saints,  tandis  que  les 
lulhériens  ne  condamnent  pas  1^  images 
de  Jésus-Christ  et  des  personnages  de 
l'histoire  sainte.  Elle  eosugne  la  prédes- 
tination (yor.  ce  mot  et  Gbacm),  que  U 
confession  d'Augsbourgn'admet  pas,  mais 
ea  termes  moins  absolus  que  Calvin,  et  en 

•  pablié  na*  non- 


etop.  4.  G.  d.   M.  Tome  XUL 


SEL 


(636) 


HML 


nUénuant  la  rigaear  de  ce  dogme  par  des 
propositions  qui  écartent  les  conséquen- 
ces impossibles  à  admettre  auxquelles  con- 
duit cependant  le  calvinisme.  Comme  Lu- 
ther et  Calvin,  elle  ne  reconnaît  que  deux 
sacrements,  le  baptême  et  la  sainte  Cène; 
mais  elle  ne  voit  dans  cette  dernière 
qu'une  cérémonie  commémorative  du 
sacrifice  de  Jésus-Christ,  et  dans  le  pain 
et  le  vin  que  de  simples  symboles  de 
son  corps  et  de  son  sang.  Elle  s^écarte  en 
ce  point  de  la  confession  d'Augsbourg, 
qui  enseigne  la  présence  réelle,  et  de  la 
doctrine  de  Calvin,  qui,  tout  en  recon- 
naissant que  le  pain  et  le  vin  ne  changent 
point ,  admet  une  opération  surnaturelle 
de  TEsprit-Saint  dans  la  sainte  Cène.  En- 
fin, elle  reçoit ,  sur  Tincamation  de  Je- 
sus-Chrbt,  ce  qui  est  enseigné  dans  les 
symboles  de  Nicée ,  de  Constantinople , 
d*Éphèse  et  de  Chalcédoine.        R.  C. 

HËLTÉTIUS  (Claude-Adeien)  na- 
quit à  Parb,  en  1715,  d'une  famille  ori- 
ginaire du  Palatinat%  et  qui  se  réfugia 
en  Hollande  à  la  suite  des  persécutions 
qu'elle  essuya  au  temps  de  la  réforme.  Le 
père  d'Helvétius,  auteur  de  plusieurs  ou- 
Trages,était1e  premier  médecin  de  la  reine 
Marie  Lesczinska  et  un  des  membres  les 
plus  distingués  de  TAcadémie  des  Scien- 
ces de  Paris.  Son  fib  avait  à  peine  atteint 
sa  cinquième  année  qu'on  lui  donna  un 
précepteur,  qui,  prudemment,  borna  ses 
soins  à  entretenir  le  goût  inné  chez  son 
élève  pour  le  travail.  Plus  tard ,  il  entra 
chez  les  Jésuitesau  collège  Louis-le-Grand; 
mais ,  soit  que  le  pédantisme  et  la  sé- 
vérité de  ses  régents  l'irritassent,  soit  que 
le  genre  d'études  auxquelles  on  l'appli- 
quait lui  déplût,  il  prit  le  travail  en  dé- 
goût et  manifesta  le  désir  d'embrasser  la 
carrière  des  armes.  De  ce  moment,  il  ne 
donna  plus  que  des  preuves  de  médio- 
crité et  ne  laissa  pres(|ue  aucune  espé- 
rance. Ce  ne  fut  (|u*en  rhétorique  qu'il 
commença  à  se  distinguer.  Le  P.  Porce, 
régent  de  cette  clause,  (|ui  avait  acqub  le 

(*)  A  regard  de  f«tt«>  origiar,  qae  le  nom 
d«  \jk  fiimille,  »ant  dout«  latinité  de  rallrmind 
SiAiMi/s«r,t«*mMera|*p«»rt(>raU  Sau«a,oDtr«MiTe 
deux  T«rfioDi  fort  diffrrfDtefd.ini  drnx  ntitiri*! 
•uriir«aa<*étrr«  do  ffrrairr-|>éoêraKqiii,  djiit  la 
Biographie  uniter\t'l*,se  %uivi*at  cepr'iJjnt  sur 
la  niéfB#  page,  mait  proTienotBl  d«  deux  a  a- 
leurf  différtnlt.  S. 


tact  de  connattre  la  mesure  d*e9| 
caractère  des  élèves,  mit  cette 
stance  à  profit.  Il  s'attacha  soi 
par  ses  complaisances,  Taida 
études  en  lisant  avec  lui  les  aul 
ciens  et  modernes,  en  lui  en  dév 
les  beautés  ou  en  lui  en  signalai 
fauts.  Les  éloges,  les  encouragei 
ses  maîtres,  ses  succès,  l'émul 
soutinrent,  l'animèrent,  et  bieot 
et  conserva  jusqu'à  la  fin  de  si 
un  rang  distingué  parmi  ses  ca 

La  nature  lui  avait  prodigué 
tages  physiques  :  îl  crut  devob 
tiver.  Il  s'adonna  à  tous  les  cxerc 
près  à  développer  les  forces  et  le 
spécialement  aux  armes  et  à  la  < 
acquit,  dans  ce  dernier  art,  un  s 
talent  que ,  sous  le  nom  et  le  m 
Javillier,  danseur  de  l'Opéra, 
dans  un  ballet  et  fut  couvert  d 
dissements.  Recherché  dans  li 
et  libre  d'en  goûter  tous  les  pli 
femmes  se  chargiTent  de  pcrfi 
son  éducation  ;  une  duchesae  p 
certaine  comtesse  qui  s'était  fiii 
firent  bientôt  de  lui  un  hoa 
mode. 

Mais  Helvétius  n'avait  poiol 
tune  à  espérer  de  sa  famille.  So 
destinait  aux  finances,  voie  la 
pour  parvenir  à  l'opulence  et  p 
son  fils  le  moyen  de  satisfaire 
elTréné  pour  les  plaisirs.  Il  Tear 
chez  M.  d'Armancourt,  son  ooc 
nel,  directeur  des  fermes  à  Cati 
tius  acquit  bientôt  ce  que  doit  i 
financier,  quoiqu'il  s'occupât  pi 
tératiuv  et  de  philosofiliie  qm 
culs,  et  plus  encore  des  femoH 
philosophie. 

Depuis  longtemps  le  roi  di 
pour  lui  au  cardinal  de  Fleunr  i 
de  fermier  général  ;  mais  le  cardi 
le  père  du  candidat  a\att  en 
disgrâce,  s'y  refusa,  sous  le  pr« 
le  prott^  de  S.  M.  était  tm 
jeune.  Il  obtint  cependant  e 
n'ayant  effectivement  encore  qa 

Naturellement  généreux  et  c 
Helvétius  emplfiya  une  partie  < 
mes  revenus  de  sa  place,  non  | 
ment  à  la  dissipation  et  aux  plai 
à  faire  des  heureux.  A  peine  sod 


ttEL 


(621) 


HËL 


1  9t9al  recherché  1»  société  des 
(  les  plus  distiDf;iiés  dmns  les  let«> 
»  que  Baffbn,  Montesquieu,  Fon- 

IHIftnTaux  et  Saurin.  Ces  deux 
i  étaient  dans  une  position  très 
e  :  à  Ton  il  fit  une  pension  de 
r.,  et  à  Tautre  une  de  3,000  fr. 
nnaissance  d^un  grand  nombre 
enreux  a  déroilé  plus  d^une  fois 
bits  qu^il  arait  eu  soin  de  cacher 
roile  du  ni}3tère. 
ilieu  de  sa  carrière  dissipée,  Hel- 
it  subitement  assailli  par  l'idée  de 
m  nom  et  de  marcher  de  pair  avec 
s  du  siècle.  Maupertuis  venait  de 
k  la  mode  Tétude  de  la  géomé- 
iongtemps  il  fut  de  bon  ton  pour 
nés  d^admettre  des  géomètres  à 
tits  soupers.  Dans  Tespoir  d^ob- 
i  entrées  chez  les  grandes  dames 
or,  Helvétius  aborde  une  science 
;  mab  bientôt  le  courage  Taban- 
Ébloui  par  la  renommée  de  Vol- 
forme  le  projet  d^essayer  de  la 
telle  fut  Toriginedeson  poème  sur 
rar.  Mais,  quoique  encouragé  par 
ly  auquel  il  soumit  son  œuvre,  il 
avis  d*amis  moins  complaisants,  se 
■stice  et  condamna  son  poème  à 
roir  le  jour.  Cet  ouvrage,  publié 
res  après  la  mort  de  son  auteur 

n'obtint  aucun  succès.  Pourra- 
Boius  partager  la  renommée  de 
de  L'Esprit  des  lois?  Dans  l'cs- 

parvenir,  Helvétius  compose  un 
iHé  de  philosophie  (1749),  qui 
nsn  publié  qu'en  179S,  avec  ses 
osthumes,  sous  le  titre  de  Juge^ 
r  r  Esprit  des  lois.  Sous  la  forme 
pelle  il  a  été  extrait  de  ses  ma- 
,  il  offre  1 60  réflexions  morales 
iques,  fragments  ou  Ton  ne  re* 
point  ce  cachet  paradoxal  dont 
prânts  les  autres  ouvrages  d'Hel- 
ft  qui  se  recommandent  par  Télé- 
les  pensées,  la  finesse  des  obser- 
,  la  grandeur  des  vues,  la  pru- 
.  la  modération  dans  Tapplication 
rincipes. 
levoirs  de  sa  place  lui  imposaient 

des  mesures  rigoureuses  qui  ré- 
nt  à  la  bonté  de  son  coeur.  La 
é  d'obtenir  justice  et  les  égards 
K  mlbeoreux  le  dégoâta  de  cet 


office,  n  oon^ut  te  projet  de  donner  sa 
démission  et  de  se  retirer  dans  une  d^ 
terres  qu'il  avait  achetées.  Pour  ne  pas 
contrarier  son  père,  il  acheta  la  charge 
de  maltre-d'hôtel  de  la  reine;  mids  il 
comprit  que  la  cour  ne  lui  convenait  pas 
plus  que  les  finances,  quoiqu'il  n'eût  ^k 
se  louer  des  bontés  de  Marie  Lesczinska. 
Cette  place,  n'exigeant  pas  de  lui  un  sé- 
jour habituel  à  Par»,  ne  changea  en  rien 
sa  détermination.  Avant  de  la  mettre  à 
exécution,  il  épousa  M^^*  de  Ugneville, 
nièce  de  M™^  de  Graffigny  (vo)^.),  jeune 
femme  assez  jolie,  sans  fortune,  sans  in- 
struction, mais  douée  de  beaucoup  d'es- 
prit naturel.  Anssitôt  après,  il  partit  pour 
sa  terre  de  Yoré,  dans  le  Perche  (1751). 

Son  séjour  dans  ce  domaine  mit  un 
terme  à  bien  des  misères.  On  a  dit  qu'en 
cela  il  ne  disait  qu'obéir  à  la  soif  de  la 
célébrité  ;  mais  il  y  aurait  plus  de  justice 
à  lui  tenir  compte  du  bien  qu'il  a  fiiit. 

Sept  années  après  son  départ  (au  mois 
d'août  1758)  parut,  sous  le  voile  de  l'a- 
nonyme, son  premier  ouvrage  philoso- 
phique ,  le  fameux  livre  De  l'Esprit  (  1 
vol.  în-4<*,  réimprimé  en  3  vol.  in-8^ 
et  en  3  vol.  in- 13  ) ,  livre  qui ,  après  le 
Système  de  la  nature^  du  baron  d'Hol- 
bach, a  fait  le  plus  de  bruit ,  occasionné 
le  plus  de  scandale. 

Rien,  dans  Helvétius,  n'avait  semblé 
promettre  à  la  philosophie  du  xvm*  siè- 
cle un  de  ses  plus  ardents  défenseurs; 
mais,  jaloux  de  se  faire  remarquer  à  tout 
prix,  il  lui  fallait  suivre  le  torrent  et 
marcher  en  aveugle  sur  la  route  tracée. 
Une  fois  engagé  dans  la  voie ,  rétrogra- 
der fut  impossible  ;  il  fit  plus  qu'il  ne  s'é- 
tait pronus. 

Son  livre  est  l'exposé  de  toutes  les 
opinions  recueillies  par  lui  dans  les  con- 
versations des  hommes  du  jour  et  rédui- 
tes alors  en  système*.  Rien  n'y  retrace 
le  caractère  d'un  génie  créateur  ;  il  n'y 
a  de  neuf  et  de  piquant,  dans  ce  vaste 
tableau,  que  son  ordonnance  et  son  co- 
loris harmonieux.  Aussi  le  livre  De  l'Es^ 
prit  ne  dut- il  sa  célébrité  qu'aux  persé- 
cutions qu'il  souleva  contre  Helvétius, 
qui,  dans  l'intérêt  bien  entendu  de  sa 

(*)  M"*  de  Graffigny  dkait  qve  le  livre  />e 
V  Esprit  n'^uit  composé  ^ae  des  baUjoresde  son 
ulon. 


HEL 


(628) 


HEL 


gloire,  eût  dû,  comme  l'a  dit  BufTon, 
«  faire  un  bail  de  plus  dans  les  fermes  et 
«  un  livre  de  moins.  » 

Dans  ce  livre  sont  soulevées  de  nou- 
veau toutes  les  questions  de  morale,  de 
psychologie  et  de  politique.  Les  deux 
théories  les  plus  saillantes  de  Touvrage 
sont  Tégalité  des  organisations  et  le  prin- 
cipe d^intérét  personnel  donné  pour  base 
à  la  morale.  Afin  de  développer  ces  deux 
paradoxes,  mis  en  discussion  bien  avant 
lui,  Tauteur  définit  les  noms  donnés  à 
Tesprit  depuis  le  génie  jusqu^au  bon  sens, 
espèce  de  métaphysique  littéraire  dans 
laquelle  il  montre  une  rare  sagacité.  Puis, 
après  avoir  signalé  la  différence  entre 
l'âme  et  Fesprit,  il  conclut  de  cette  spé- 
cieuse distinction  que  tous  les  hommes 
communément  bien  organisés  tiennent 
de  la  nature  une  aptitude  égale  ;  que  Tin- 
égalité  actuelle,  apparente,  entre  tous  les 
sujets,  ne  prouve  pas  leur  inégale  apti- 
tude à  avoir  de  Tesprit  ;  que  l'organisation 
physique,  la  finesse  ou  la  grossièreté  des 
sens,  le  climat  et  autres  causes  de  ce  genre 
ne  sont  pour  rien  dans  les  dispositions  et 
les  qualités  de  l'esprit  ;  que  partout,  dans 
toutes  les  conditions,  l'homme  est  doué 
de  la  puissance  physique  de  s'élever  aux 
plus  hautes  idées  par  la  seule  puissance 
des  passions;  qu'en  un  mot,  la  nature  a 
fait  les  hommes  égaux  :  l'éducation  seule 
les  distingue. 

Jusque-là,  ce  nous  semble,  Helvétius 
ne  pouvait  être  accusé  que  de  soutenir 
une  proposition  démentie  par  les  faits 
que  constate  une  expérience  journalière. 
Il  y  a  plus  :  en  niant,  et  à  tort,  l'influence 
de  l'organisation  physique  sur  les  facul- 
tés intellectuelles,  il  ne  pouvait  encourir 
le  reproche  de  défendre  le  matérialisme 
enseigné  par  son  école;  il  était  stricte- 
ment à  l'abri  de  toute  censure.  Mais, 
bientôt  entraîné  par  les  conséquences  de 
ses  principes,  il  assigna  l'intérêt  person- 
nel comme  l'unique  mobile  des  jugements 
et  des  actions  des  hommes,  comme  le  seul 
fondement  de  la  politique,  des  lois  et  des 
mœurs.  Le  vice  et  la  vertu  ne  sont  plus 
que  des  termes  de  convention  ;  tous  les 
actes  humains  sont  moraux,  du  moment 
où  ils  satisfont  à  l'intérêt  de  chacun.  L'a- 
nalyse qu'il  donne  des  vertus,  des  préju- 
gés, des  passions,  est  riche  en  vérités  de 


détail  remarquables  par  leur  ii 
ce,  en  observations  que  la  dartrf 
cision  du  style,  rendent  eoo 
piquantes;  mais  partout  et  toajc 
térêt  privé  vient  se  placer  coaui 
verain  et  unique  mobile. 

En  résumé,  nous  sommes  ai 
reprocher  à  l'auteur  de  mettre 
tualité  de  l'âme  au  nombre  à 
thèses,  d'insinuer  partout  le  mal 
en  réduisant  les  facultés  de  l'âiw 
sibilité  physique ,  de  saper  la  n 
sa  base  en  ne  définissant  pas 
telle  qu'elle  doit  l'être  pour  b 
des  actions ,  et  en  ne  considérai 
bité,  la  justice  et  autres  vertus  q 
de  purs  effets  de  la  sensibilité 
et  de  l'égoîsme. 

Helvétius  n'attacha  pas  son  i 
livre  ;  mais,  ne  voulant  pas  ih 
publier  furtivement,  il  demanc 
vilégeau  chancelier , qui  chargea 
sure  Tercier,  membre  de  TAca 
Inscriptions.  Ce  savant  auteoi 
moires  politiques  employés  à 
tion  du  Dauphin  était  loin  ôt 
les  opinions  du  philo*K>phe.  To 
ne  vit  dans  son  œuvre  qu*un  jei 
et,  dans  la  persuasion  qu>n  raû 
format  le  livre  ne  serait  lu  qo 
certaine  classe  d*hommes  as« 
pour  le  juger ,  il  donna  une  ap 
pure  et  simple. 

Une  fois  rois  au  jour,  le  livn 
prit  reçut  un  accueil  sévère,  n 
part  des  amis  de  l'auteur.  Tur 
fon  et  d^autres  reculèrent  devai 
positions  paradoxales.  ••  Ce  lifi 
«  d'esprit,  disait  le  roi  de  Pnis 
n  me  persuader  ni  me  convainc 
taire  le  combattit,  mais  sans  o 
les  bornes  de  la  modération;  J. 
seau  Tattaqua  avec  Tarme  da 
La  Harpe  en  voulut  faire  ud« 
sérieuse  et  détaillée. 

Soit  4]u'il  n'eût  cherché  m 
que  la  gloire  de  soutenir  des 
avec  esprit,  sans  donner  son  adi 
maximes  énoncées  dans  son  1 
qu'il  n*en  eût  pas  apprécié  les  o 
ces,  Helvétius  avait,  sans  méi 
cuiie,  fait  hommage  de  son  c 
famille  royale  et  aux  courtisan 
en  faveur.  On  l'accueillit 


HEL 


(639) 


HEL 


^  Vorage  ^laU.  Le  Dauphin 
^ti);  la  lutte  dut  s'engager.  La 
ii<lQe  de  Fauteur  eût  pu  peut- 
^er  grâce  auprès  du  pouvoir;  sa 
KMiTiit  encore  ne  pas  blesser  la 
i*ao  grand  nombre  de  courti- 
s  ses  maximes  politiques  porte- 
p.  Erronées,  dangereuses  sous 
rapports,  d*nn  autre  côté  elles 
jent  d*énormes  abus;  elles  dé- 
les  droits  des  peuples,  les  inté- 

liberté;  elles  appelaient  enfin 
nés  sociales  pour  lesquelles  les 
iaient  pas  encore  mûrs.  Il  fal- 
mer  tant  de  franchise  et  d*au- 
ons  ajoutons  à  cela  les  circon- 
>litiques,  les  haines  de  parti; 
ons  rappelons  qu'oubliant  leur 
réciproque  ,  les  disciples  de 
de  Jansénius  se  réunirent  pour 
ce  livre  comme  une  œuvre  sa- 
Dous  comprendrons  les  pour- 
t  Tauteur  fut  Pobjet. 
instances  de  sa  mère  et  du  chan- 
Ivétins  signe  une  rétractation  : 
tve  insuffisante;  il  en  souscrit 
es  :  elles  ne  sont  point  admises, 
une  censure  le  livre;  un  arrêt 

révoque  le  privilège;  la  cour 
lance  ses  anathèmes;  enfin  le 

termine  le  procès  :  le  livre  est 
février  1759).  Helvétius  se  dé- 
charge de  maitre-d'hôtel  de  la 
cier  perdit  sa  place  au  dépar- 
es affaires  étrangères  ;  néan- 
roi  le  nomma  directeur  de  sa 
dance  secrète. 

ces  rigueurs  firent  la  réputation 
'e  V Esprit,  II  fut  traduit  en  An- 
n  Allemagne,  même  en  Italie  ; 

en  Russie,  il  fut  prôné  et  re- 
rec  enthousiasme.  Voltaire,  qui 
tiqué,  invita  Tauteur  à  se  réfu- 
de  lui  si  sa  sûreté  était  mè- 
re inquiété  davantage,  Helvé- 
dans  sa  terre  de  Voré,  parta- 
lemps  entre  Tétude  et  les  plai- 

chasse.  Il  voyagea  en  Angle- 
4),  en  Prusse  (1765);  partout 
eiili  avec  distinction  et  trouva 
prêts  à  lui  donner  Thospiulité 
poursuites, 
préparé^  depuis  la  oondamiia- 


tion  du  livre  De  P Esprit  ^  on  second  oa- 
▼rage,  De  r Hommes  de  ses  facultés  in- 
tellectuelles et  de  son  éducation.  Afin 
de  ne  pas  compromettre  sa  tranquillité , 
il  imagina,  assure-t-on,  de  faire  publier  à 
Nuremberg  une  traduction  allemande  de 
son  œuvre,  comme  composition  origina- 
le; cependant  elle  n'a  jamais  été  impri- 
mée; il  se  proposait  aussi  de  le  cacher 
sous  le  masque  d'une  traduction  anglaise. 
L'ouvrage  ne  paruten  français  qu'en  1772 
(Londres^,  2  vol.  in-8^),  après  la  mort 
de  l'auteur.  Ce  traité  n'est  que  la  suite  du 
livre  De  V Esprit;  ce  sont  les  mêmes  idées 
plus  largement  développées  et  avec  tou- 
tes leurs  conséquences.  Partout  éclate 
l'orgueil  froissé  de  l'auteur;  il  essaie  de 
justifier  ses  opinions  premières,  les  étend 
à  l'éducation  de  l'homme  et  à  la  police 
des  gouvememoits.  Cet  ouvrage  fit  moins 
de  bruit  que  le  premier,  quoique  plus 
hardi  et  plus  hostile.  En  effet,  Helvétius 
ne  craignait  pas  de  soutenir  que  l'esprit 
religieux  est  destructif  de  tout  esprit  lé- 
gislatif; qu'une  religion  universelle  ne 
devait  être  autre  chose  que  la  meilleure 
législation  possible;  que  tonte  religion 
est  nécessairement  r^icide  et  intolé- 
rante, parce  qu'elle  veut  toujours  régner 
sur  les  rois  et  sur  les  peuples;  que  jamab 
l'homme  n'agit  d'après  ses  croyances  re- 
ligieuses, mais  conformément  à  son  avan- 
tage personnel.  Sur  l'éducation  morale 
de  l'homme,  Helvétius  présente  quelques 
vues  qui  méritent  un  mûr  examen  ;  mais 
en  général  l'esprit  irréligieux  qui  entache 
cet  ouvrage,  les  conséquences  pratiques 
qui  en  découlent,  le  rangent  au  nombre 
des  écrits  les  plus  pernicieux. 

Nous  ne  parlerons  pas  du  Vrai  sens 
du  Système  de  la  nature  y  production 
publiée  comme  œuvre  posthume  d'Hel- 
vétius  (Londres,  1774).  Dans  l'intérêt  de 
sa  réputation ,  il  est  à  désirer  qu'il  soit 
permis  de  croire,  avec  quelques  bibliogra- 
phes ,  que  ce  monstrueux  ouvrage  n'ap- 
partient pas  à  cet  écrivain. 

Helvétius    mourut   le    26  décembre 
1771,  laissant  deux  filles,  dont  l'une 

P  p*apris  M.  Qoérard  (La  Frajict  Uttênûrê)^ 
il  fat  imprimé  en  Hollande  p^  les  soins  d'an 
prince  (Dmitri?)  Galitsyne;  Téditton  de  Lon- 
dres de  1773  et  X776  fat  aiiisi  imprimée  à  La 
Haye.  S. 


HEM 


(«10) 


HEM 


épousa  le  comte  de  Meao  el  rentre  le 
comie  d'Andlao. 

Ses  œuvres  complètes  parurent  k  Lîége 
en  1774,  4  roi.  in-8®;  puis  à  Londres, 
1777y  2  vol.  in-4o;  enfin  à  Paris,  1794, 
6  vol.  in-8»;  1796,  14  vol.  in-18,  etc. 
On  doit  à  Saint- Lambert  un  Essai  sur 
la  vie  et  les  ouvrages  d'Hehéiius^  que 
Ton  avait  d^abord  attribué  à  Duclos. 

M"*  Helvétius,  dont  nous  avons  déjà 
fait  mention,  était  née,  en  17 19,  au  cbâ* 
teau  de  Ligneville  en  Lorraine,  et  avait 
eu  vingt  et  um  frères  ou  sœurs.  Cette 
femme  eicellente ,  et  qui  avait  passion* 
nément  aimé  son  mari ,  lui  survécut.  Sa 
maison  devint  un  point  de  réunion  pour 
les  hommes  et  les  femmes  les  plus  distin» 
gués  de  Tépoque.  Elle  mourut  le  12  août 
1800.  L.  D.  C. 

liBMANS(Fiucni-DomoTHiB),  fem- 
me  poète  d*un  talent  éminent,  naquit  à 
Liverpool  le  35  septembre  1794.  Son 
père,  M.  Browne,  était  Irlandais  et  tenait 
à  une  femille  noble  ;  sa  mère,  née  Alle- 
mande, passait  pour  une  descendante  de 
la  noble  famille  vénitienne  des  Veniero. 
M^^  Browne  avait  déjà  fait  résonner  les 
cordes  de  sa  lyre,  lorsqu'elle  épousa 
M.  Hemans,  capitaine  dans  Tarmée  an- 
glaise. Sa  vie  s*écoula  tranquillement  au- 
près du  foyer  domestique;  elle  joub- 
sait  de  Tamitié  de  W.  Scott,  de  lord  By- 
ron,  et  elle  entretenait  des  relations  avec 
toutes  les  célébrités  de  TAngleterre.  Bel- 
fe,  spirituelle,  aimable,  pleine  de  ta- 
lents et  de  vertus,  sa  vie  ne  fut  qu^un  long 
jour  couronné  de  bonheur  et  d^amîtié. 
Rlle  mourut  en  Irlande  le  16  mai  1835. 
On  lui  doit  une  foule  de  poésies  fugitives 
dont  le  premier  recueil  parut  en  1 808 
et  le  second  en  1812,  sous  le  titre  de 
Domestic  a/frctions;  pub  deux  poèmes, 
The  Sceptic  (  1820'  et  Thefortst  Sanc* 
tuary  (1825);  de  belles  ballades,  des 
hymnes  religieux ,  pleins  de  foi  (  Hymns 
on  te  Works  of  nature  ^  1833;  St-enes 
and  hymns  of  Itfe  and  other  religtous 
pnems  ^  1834;  Hymns  for  childhord^ 
1834  <  ;  un  poème  dramatique,  The  Ves^ 
pers  of  Palerme^  dont  le  succès  fut  fort 
contesté ,  et  un  grand  nombre  d*autres 
inspirations  d*une  muse  facile  et  d*un 
caractère  élevé.  Des  sentiments  pleins  de 
iMCurd,  une  piété  sincm,  une 


tion  harmonieoM  et  det  imagm  Wî 
et  gracieuses ,  font  le  mérite  de  c^ 
vrages,  que  la  sœur  de  l^uteor  fil 
réunir  en  une  édition  complèle 
and  fForks  ofF.  />.  Hemans^  io 
1839,  7  vol.  in.l2.  Avant  cette  \ 
en  fait  partie,  on  avait  de  H. -T. Cl 
Memorials  qfnùstress  Hemuuu^  « 
lustrations  oj  ker  literarycharaen 
her  private  corrtspondemce ,  Lo 
1836,  2  vol.  inS*.  1 

HÉMATÉMÈSB,  voy.  Hii 

OIE. 

HÉMATITB,  nom  tiré  do  gi 
ftaririif  )  et  qui  a  été  donné  par  les 
minéralogbtes  à  un  minerai  de  Ce 
tat  d'oxyde,  à  cause  de  sa  coulc« 
q«i  rappelle  celle  du  sang.  PUi 
servi  du  même  mot  pour  désîg 
oxyde.  Au  moyeo-ige  ,  ce  mlnéi 
employé  dans  la  médecine  :  lea  pi 
lui  supposaient  la  vertu  d*anrêli 
morragie.  Dans  des  ouvrages  q«i 
point  anciens,  tek  que  le  Traité 
néralogie  d'Haûy,  la  dénominal 
fer  ojydé  hématite  est  donnée  i 
oxydé  concrétionné. 

On  distingue  deux  sortes  d*liéa 
rhématite  rtmge  et  Théniatite 
Toutes  les  deux  sont  des  subslaw 
melonnécs.  La  première  est  un  fer 
rouge,  connu  aussi  sous  le  nom  i 
guime  :  on  en  feit  des  brumssok 
donner  le  brillant  à  Por  dont  on 
la  porcelaine  [vqy,  Bai'?ris«Eua^ 
crayons  rouges  pour  dessiner;  la  i 
est  un  oxyde  de  fer  brun  appelé  i 
montée^  et  dont  certaines  variéi 
après  des  préparations  diverws,  ^ 
sous  les  noms  de  terre  ff  Italie^  t 
d'Omhre  et  de  rouge  de  Pfums€* 

HÉMATOSE  (du  grec  k'm  , 
nitif  -«ro»  ,  saog^  est  la  convcr 
sang  artériel  des  liquides  connus 
noms  de  chyle,  de  hmphe  et  < 
veineux  {vny,  ces  mots\  Elle  a  po 
le  parenchyme  pulmonaire.  Klle 
parée  par  le  mélange  des  trob  I 
pKis  haut  indiqués  dans  la  «en» 
davière  gauche,  la  veine  cave  sup 
le  côté  droit  du  cwur ,  Partère 
naire  et  ses  divbions.  Le  princip 
de  ce  travail  préparatoire  est  èvîdi 
le  vaotricttle  droit  àa  coNur.  G*  i 


(6»i) 


HEM 


te  el  les  nombmues  ooloones 

girninant  ses  parois  qui  for- 
Uk;  Teiocux,  le  chyle  et  U  iym- 
t  pénétrer  réctproquement,  de 
I  former,  arant  leur  arrivée  aux 
,  un  liquide  à  peu  près  homo- 
int  au  rôle  du  foie ,  considéré 
ne  annexe  des  organes  respira- 
*n  a  été  suffisamment  parlé  aux 
f,  et  FccTt's.  L*air  est  nécessaire 
action  de  Thématose  :  on  peut 
t  s^en   convaincre  en  ouvrant 
i  sur  un  animal  vivant,  et  en 
mt  de  temps  en  tcBps  son  cou, 
re  à  empêcher  et  il  permettre  al- 
nent  Tentrée  de  Tair  dans  ses 
.  Dans  le  premier  cas,  on  verra 
ette  artère  du  sang  veineux  sem- 
elui  qui,  de  toutes  les  parties  du 
ient  se  faire  vivifier  dans  les  or- 
»iratoires;  dans  le  second,  ce  sera 
artériel,  c^est-à-dire  propre  à 
r  la  nutrition  des  organes.  Les 
aquatiques,  aussi  bien  que  les 
terrestres,  ne  peuvent  se  passer 
s  poissons  sont  asphyxiés  dans 
rée  d^air  par  rébullition,  abso- 
>mme  un  mammifère  ou  un  oi- 
gé  dans  le  vide  ou  dans  une  at- 
!  autre  que  celle  qui  environne 

terrestre.  En  effet,  le  prot- 
izote ,  seul  parmi  tous  les  autres 
eux ,  parait  susceptible  d'ope- 
inguification  pendant  quelque 
aant  à  Toxygène  pur,  bien  qu'il 
•ntré  que  lui  seul  est  actif  dans  la 
«1  et  que  Tazote  n'y  concourt 

mitiger  son  action,  il  n'est  nul- 
ropre  à  l'accomplissement  de  la 
dont  il  est  ici  question,  en  rai- 
K  de  sa  trop  grande  énergie, 
itose  parait  essentiellement  con- 
ine  combinaison  chimique  opé* 

l'oxygèoe  de  l'air  et  le  carbone 
eineux  ;  peut-être  aussi  en  une 
son  de  ce  même  oxygène  avec 
ogène  fourni  par  le  sang  vei- 
>ù  résulterait  de  l'eau;  enfin  en 
rption  d^azote.  La  première  ac- 
e  qui  a  lieu  entre  Toxygène  de 

carbone  du  sang  veineux  ,  est 
«  :  1®  par  la  quantité  de  carbone, 
ande  dans  le  sang  artériel  que 
lo^  veineux^  3®  par  la  dispari- 


tion d'ttiM  oerlaine  quantité  d'oxygène 
dans  l'air  qui  a  déjà  servi  à  la  respiration; 
3<>  par  la  présence  d'acide  carbonique 
dans  œ  même  air  chassé  des  poumons; 
4^  par  l'élévation  de  température  que 
!  prend  le  sang  veineux  en  traversant  les 
I  poumons,  phénomène  qui  demeure  inex* 
I  plicable,  si  on  ne  peut  l'attribuer  au  déve* 
loppement  de  calorique  que  fournirait  la 
réaction  chimique  dont  il  est  ici  question  ; 
6®  par  la  couleur  rutilante ,  caractéristi- 
que du  sang  hématose,  que  prend  du  sang 
veineux  agité  dans  un  flacon  avec  de  Tair, 
ou  mieux  encore  de  l'oxygène  pur;  6**  en- 
fin par  le  développement  d'acide  carbo- 
nique, qui ,  dans  cette  expérience ,  rem- 
place à  peu  près  le  volume  d'oxygène  dis- 
paru. 

On  ignore  malheareuaenient  l'endroit 
précis  où  se  forme  l'acide  carbonique. 
Les  uns  disent  que  c'est  uniquement  dans 
les  poumons,  les  autres  dans  le  oerde 
circulatoire;  la  plupart  pensent  que  cette 
production  a  lieu  à  la  fois  dans  les  pou* 
mous  et  dans  les  vaisseaux  sanguins. 

Le  changement  de  couleur  du  sang, 
qui  est  le  signe  de  l'hématose ,  est  aussi 
un  mystère.  On  a  bien  dit  qu'il  dépen- 
dait de  l'oxydation  du  fer  contenu  dans 
le  sang ,  mais  cette  hypothèse  a  été  ren- 
versée par  M.  Berzélius ,  qui  a  démontré 
que  les  combinaisons  supposées  d'albu- 
mine et  de  fer  ne  sauraient  donner  nais* 
sance  à  la  couleur  rouge  du  sang. 

La  quantité  d'oxygène  employée  à  vi- 
vifier le  sang  veineux  serait  de  1 3  par- 
ties sur  18,  suivant  Meniiès;  de  trois  à 
quatre  centièmes,  suivant  MM.  Gay- 
Lussac  et  Davy.  Godwin  l'évalue  à  onze 
centièmes  ;  MM.  Desprez  et  Dulong  le  ré- 
duisent a  environ  deux  ou  trois  centiè- 
mes :  ces  derniers  résultats  paraissent  les 
plus  exacts. 

La  grande  quantité  de  vapeur  d'eau 
chassée  dans  l'expiration  avait  donné  à 
penser  qu'elle  résultait  d'une  combinai- 
son chimique,  opérée  dans  les  poumons, 
entre  l'oxygène  de  l'air  et  de  l'hydrogène 
fourni  par  le  sang  veineux.  Cette  hypo- 
thèse ingénieuse  rendait  raison  du  sur- 
plus de  chaleur  du  sang  que  n'explique 
pas  la  formation  de  l'acide  carbonique. 
Mais  l'expérience  démontre  que  la  trans- 
piration pulmonaire  continue  lors  même 


HfiM  (  <S2  )  HEM 

qnePair  respiré  ne  contient  pasd*o%ygène;  I  semi-circulaire,  tel  qa*il 


et  on  peut  augmenter  à  Tolonté  la  quantité 
de  vapeur  ainsi  exhalée ,  en  injectant  de 
Teau  dans  les  veines  d'un  animal  vivant. 
Enfin  y  pour  ce  qui  est  de  la  disparition 
d'une  certaine  quantité  d'azote  dans  Pair 
expiré,  elle  varie  beaucoup  et  suivant 
une  multitude  de  circonstances.  Les  phy- 
siologistes ont  admis ,  les  uns,  que  ce  gaz 
ne  faisait  qu'entrer  et  sortir  du  corps  en 
quantités  toujours  égales,  et  que  les  dif- 
férences entre  l'absorption  et  l'exhalation 
n'étaient  qu'apparentes  et  momentanées, 
et  finissaient  par  se  compenser;  d'autres 
croient  que  l'azote  fournit  des  éléments 
de  nutrition  an  sang.  Ces  derniers  s'ap- 
puient sur  l'impossibilité  où  sont  les  ani- 
maux exclusivement  herbivores  de  pro- 
curer autrement  à  leur  sang  les  principes 
azotés  qui  en  font  la  base.  Voy,  Saitg, 
CiEcuLATioif,  Respiration.     G.  L-r. 

HÉMATURIE,  voy.  Hémorragie. 

IIÉMÉROCALLIS,  genre  de  la  fa- 
mille  des  liliacées,  que  caractérisent  un 
périanthe  en  forme  d'entonnoir,  à  limbe 
divisé  en  6  segments  plus  ou  moins  iné- 
gaux; 6  étamines  déchirées,  redressées 
au  sommet;  un  style  filiforme  terminé 
par  un  stigmate  tronqué  ou  à  3  lobes; 
une  capsule  à  3  loges  renfermant  cha- 
cune plusieurs  graines  globuleuses.  Les 
hémérocallb  sont  des  plantes  vivaces,  à 
racines  tubéreuses,  à  tiges  nues,  à  feuilles 
seasiles  et  pliées  en  forme  de  gouttière 
carénée.  Les  fleurs,  odorantes  et  assez 
semblables  à  celles  des  Ib,  sont  disposées 
en  panicule  terminale.  Le  nom  du  genre 
(dérivé  de  lôpc/sa,  jour,  et  xâX>of,  beau) 
fait  allusion  à  la  durée  éphémère  de  ces 
fleurs. 

L'hémérocallbjaune(/i^m«ror/i///i;/2(i- 
vQy  L.)  et  l'hémérocallb  fauve  (  hemero- 
callisjulva^  L.),  connus  sous  les  noms  de 
lis  asphodèle^  Us  jonquille  et  belle^de^ 
/our^  se  cultivent  fréquemment  dans  les 
parterres.  Foy,  Convolvulacées.  Ed.  Sp. 

HÉMÉRODROME,  mot  grec  com- 
posé de  r,fiip9Lf  le  jour,  et  o/sauccv,  cou- 
rir, Soô/Ao;,  la  course.  Foj.  Coureur. 

IIEMICRANIE,  mot  par  lequel  on 
remplace  celui  de  migraine ,  également 
formé  { maU  d'une  manière  irrégulière  } 
de  mi^^semi;  et  crâne.  Fojr,  Céphalalgie. 

•I  demi-cerclei  espace 


tro 
le  chœur  d'une  église  ou  entre 
bnne  et  un  amphithéâtre.  Le 
dont  on  a  fait  un  mot  firmnçai 
principal  élément  le  mot  xOxXac 
cercle,  composé  avec  ifit^  mbféi 
-nfiwrjy  semi  (à  demi,  à  moitié). 

HÉMIPTÈRES,  mot  formé 
irrrpov,  plume,  aile,  et  de  ifUf 
été  parlé  dans  l'article  précédei 
s'est  servi  de  ce  mot  pour  dés 
ordre  d'insectes  dont  Fabridna  ; 
pub  les  rhyngotes^  et  qued'autv 
trement  dissous  ou  scindé,  pa 
renfermait  des  genres  difEcilâa 
ensemble.  Latreille  a  (ait  des  Im 
le  6*  ordre  dans  sa  classificatioi 
sectes.  Voy,  ce  mot. 

HÉMISPHÈRE,  mot  dont 
logie  s'explique  par  ce  qui  a  été 
l'article  Hémicycle,  est,  en  géoi 
moitié  d'une  sphère  coupée  par 
qui  passe  par  son  centre  {iHfy,  ! 
En  astronomie,  c'est  la  moitié  de 
re.  Tous  les  grands  cercles,  ayaot 
centre  que  le  globe,  le  partagent 
hémbphères  :  l'horizon  {voy,)  p 
globe  en  deux  hémbphères,  W 
rieur,  qui  est  éclairé,  lautre  l 
qui  est  dans  l'ombre  ;  le  méridic 
le  partage  en  hémbphère  oricii 
hcmbphère  occidental  ;  eufio  1* 
le  coupe  en  hémbphère  austral  < 
dional,versle  pôle  antarctique,! 
misphère  boréal  ou  septentriooa 
pôle  arctique.  Foy.  Globe. 

Hémisphère  de  Magdeboui 
Pneumatique  (machine).  ] 

HÉMISTICHE,  mot  empr 
grec  et  formé  de  ari;irof ,  ligne,  n 
q/Aco'v  (adjectif  qu'on  a  expliqué 
cle  Hémicycle),  signifie  un  de 
un  vers  scindé  en  deux  par  le 
et  par  ce  qu'on  appelle  la  césm 
ce  mot  et  Alex^ndrix. 

OlMerres  VkimiUtek*  et  rrdoaCcs  !*< 
Qu*un  repo»  noiforme  attocbc  ■■pf 
Que  votre  phrate  heoieose  et  clàit 

rendue. 
Soit  taotôt  lemiuée  et  tantôt  •■ap< 
Ceftt  le  secret  de  Tart ....        (BocLi 

HEMLING  ou  Hemmusci 

ouJka»),  peintre  d'histoire 
nous  manquons  de  tous 
biographiques.  Est-il  né  à  Daai 


HEM 

s^Rm^es,  comme  on  le  croît  assez  géné- 
Jeineiit,  oa  à  G>nstancey  selon  le  dire 
s  «{uelques  savants  modernes?  son  nom 
Mr4ï  Térîtablement  Memlingy   comme 
affirme  M.  le  dcKrtearWaagen,  directeur 
t  \êl  ^lerîe  royale  de  Berlin  ?  Ce  sont  des 
qa*îl  n'est  guère  possible  de  déter- 
positirement^  On  ignore  égale- 
nt TaDiiée  de  la  naissance  et  de  la 
lie  cet  artiste;  on  sait  seulement 
s'il  florissait  au  temps  de  la  bataille  de 
taocy  (1477) y  que  Roger  de  Bruges  fut 
m  Battre,  et  qu'il  ne  donna  pas  la  pré- 
SpCDoe,  oomme  cet  élève  de  Jean  Van 
tycky  à  la  pratique  de  la   peinture  à 
hoile.  M.  Sulpice  Boisserée,  ce  collée- 
air  éclairé  des  productions  des  écoles 
rimitîveSy  acconle  à  Hemling  la  pre- 
aière  place  après  Van  Eyck,  à  qui  même 
t  ne  donne  la  préférence  que  par  res- 
nct  pour  le  chef  de  l'école  néerlandaise. 
I     J.  Sdiopenhauer,  dans  son  livre  sur 
.  Van  Eyck  et  ses  élèves,  reconnaît  à 
iemling  on  dessin  moins  byzantin,  c'est- 
i^dire  plus  correct,  plus  noble  que  celui 
le  Van  Eyck;  et  aux  deux  artistes  une 
iéaM  force,  une  même  richesse  d'in- 
«ntion,  une  même  naïveté  d'expression 
t  ime  beauté  originale  dans  les  airs  de 
êle  qui  n'a  rien  de  l'antique  ni  d'aucune 
■Ire  école.  Les  principaux  ouvrages  de 
ieading  se  voient  à  Thôpiul  de  Saint- 
|nB  de  Bruges,  où  ses  dérèglements  le 
Mtxrent  de  se  réfugier.  Dans  celui  qui 
eprësente  la  Nativité^  il  s'est  peint  lui- 
■éoie  passant  la  tête  à  travers  une  fené- 
ne.  Ce  tableau  est  signé  de  sa  main  et 
bté  de  1479.  La  galerie  de  Berlin  pos- 
èdede  lui  deux  tableaux  capiUux  zI^'m/i 
I&Wi/  en  croiXyUux  pieds  duquel  sont  la 
icrge,  saint  Jean,  les  saintes  femmes,  le 
ipitaine  converti  et  deux  soldats  :  le  fond 
ffinc  un  riche paysageoù  l'onvoit  le  retour 
D  Calvaire  à  Jérusalem  ;  2<>  un  tableau 
HDposé  de  deux  parties,  dont  l'une  recou- 
rait l'autre,  ayant  pour  sujets  l'Jnnon* 
dation  et  la  Sibylle  de  Tibur  montrant 
l'empereur  romain  Auguste  la  Vierge 
larie  sur  un  trône,  tenant  l'enfant  Jésus, 
iqaels  s'aperçoivent  à  travers  une  croi- 

(*)  M.  Salpice  Boisserée,  dans  on  article  flcm- 
»/,  dont  il  ett  Taoteor,  contredit  formelIemeDt 
mx  qai  Ycalrat  diaager  le  oom  do  peintre,  et  I 
pliqM  rorigiae  de  leur  crrear.  5.    ' 


(  63S  )  HEM 

sée  :  l'empereor  encense  Marie  ;  à  ses  c6lés 
sont  trob  personnages  de  sa  suite.  Un  des 
beaux  tableaux  d'Hemling,  de  la  galerie 
Boisserée,  est  le  Saint  Jean^Bapiiste  ac~ 
compagne  de  saint  Christophe  et  des  trob 
rois  mages.  Au  Musée  du  Louvre  est  un 
tableau  d'autel  divisé  ai  trois  comparti- 
ments :  celui  du  milieu  représente  Saint 
Christophe  portant  l'enfant  Jésus  et 
ayant  à  ses  côtés  saint  Benoit  et  saint  Gil- 
les ;  les  deux  autres,  qui  lui  servaient  de 
volets,  montrent  l'un  sainte  Barbe^  de- 
bout, avec  une  femme  et  ses  filles  à  ge- 
noux ;  l'autre  saint  Guillaume^  avec  un 
homme  aussi  à  genoux,  accompagné  de 
ses  deux  fils.  Comme  on  voit,  c'est  une 
espèce  de  tableau  votif,  bien  symétrique- 
ment composé,  où  le  donateur  et  la  do- 
natrice et  leurs  enfants  des  deux  sexes 
sont  placés  sous  la  protection  de  leurs 
saints  patrons.  L.  C.  S. 

On  a  encore  de  Hemling  d'admirables 
miniatures  dans  des  missels  et  autres  livres 
liturgiques,  entre  autres  celui  qui  se  con- 
serve à  Venise ,  dans  la  bibliothèque  de 
Saint-Marc,  et  le  missel  dit  de  Marie  de 
Médicis,  que  nous  avons  vu  à  Saint-Pé- 
tersbourg, mais  qui  peut-être  n'y  est  pas 
resté.  S. 

HEMOMANCIB,  Doy,  DivnrATioir. 
HÉMOPTYSIE,  voy.  l'art,  suivant. 
HÉMORRAGIE  (çLifioàpayCa,  de 
atfia,  sang,  et  piîyvu/xc,  je  romps),  nom 
général  par  lequel  on  désigne  l'écoule- 
ment du  sang,  soit  par  la  division  acci- 
dentelle des  vaisseaux  qui  le  contiennent, 
soit  par  leur  érosion  spontanée  ;  ou  bien 
encore  par  une  simple  exhalation  qui  s'o- 
père à  leurs  extrémités  ou  même  au  tra- 
vers de  leurs  parois.  Le  sang  peut  ainsi 
s'échapper  de  toutes  les  parties  du  corps; 
néanmoins,  c'est  principalement  des  mem- 
branes nuiqueuses  qu*il  a  plus  commu- 
nément coutume  de  sortir,  dans  le  sai- 
gnement du  nez,  le  crachement,  le  vo- 
missement de  sang,  etc.  On  nomme  hé- 
moiragie  traumatique  (de  rpavuM,  , 
plaie)  celle  qui  succède  à  la  blessure  de 
quelque  gros  vaisseau  artériel  ou  veineux, 
et  hémorragie  spontanée,  celle  dont  les 
causes  ne  se  présentent  pas  d'elles-mêmes 
à  l'observateur. 

L'histoire  des  hémorragies  tranmati- 
qoes  se  peut  ûûre  en  quelques  mots.  Si 


liEH 


(684) 


HEM 


c'est  une  artère  qui  est  blessée,  on  sait 
quVile  ne  peut  point  se  cicatriser,  à  rai- 
son (le  la  nature  de  son  tissu;  qu^il  faut 
en  provoquer  Fobl itération,  ce  qu^on  ob- 
tient au  moyen  de  la  ligature  ou  de  la 
torsion,  moyens  dont  le  résultat  est  i^adhé- 
rence  des  parois  artérielles  entre  elles  et  la 
suspension  du  couredu  sang  dans  le  point 
de  la  ligature.  Les  détaib  de  ces  phéno- 
mènes et  de  ces  opérations  se  trouvent 
aux  articles  Aetsees,  AiiÉvaisME,  Li- 
GATUEE.  Si  c'est  par  une  veine  que  le 
sang  s'écoule  d'une  manière  inquiétante, 
la  compression  suffit  toujours  pour  s'en 
rendre  maître. 

Les  hémorragies  spontanées  ou  par  ex- 
halation constituent  une  classe  de  maladies 
nombreuse  et  qui  a  plusieurs  analogies 
frappantes  avec  1  inâammation  (voy,).  En 
effet,  des  deux  côtés  se  prétentent  des  phé« 
nomènes  de  congestion  sanguine;  mais  la 
cause  intime  a  également  échappé  aux 
investigations  des  observateurs,  qui  ont  été 
obligés  de  se  borner  à  des  théories  plus 
ou  moins  plausibles. 

Les  causes  prédisposantes  sont  toutes 
celles  de  l'inflammation,  tant  en  général 
qu'en  particulier;  car,  de  même  que  l'in- 
flammation, l'hémorragie  peut  être  le 
résultat  d'un  état  général  d^  l'économie 
ou  d'un  mouvement  particulier  qui  porte 
le  sang  vers  tel  ou  tel  organe.  Certaines 
prédispositions  sont  spéciales  pour  cer- 
taines hémorragies,  ainsi  t|u'on  le  verra 
dans  les  parties  de  cet  article  qui  traite- 
ront en  détail  de  chacune  d'elles.  D'ail- 
leurs rhémorragie  peut  être  atffuè  ou 
r/ironît/ue,  continue  ou  bien  intermU^ 
tente  y  enfin  active  ou  passive,  comme  on 
le  dit  vulgairement,  c'est-à-dire  plus  ou 
moins  ainximpagnée  de  signes  de  réac- 
tinn.  Dans  certains  cas  d'hémorragies  pas- 
sives, il  semble  mi^me  que  le  saKg,  ayant 
perdu  sa  consîistanre  normale,  s'échappe 
des  e&trémités  vasculaires  inhabiles  à  le 
retenir. 

Les  symptômes  sont  des  plus  évidents, 
au  moins  dans  la  majorité  des  cas,  puis- 
que le  sang  est  rejeté  au  <lchors  ;  et  il  ne 
peut  guère  y  avoir  de  doute  que  sur  le 
point  précis  d\)ii  il  part.  Quelquefois  ce- 
pendant le  sang  reste  enfermé, soit  dans 
la  cavité  d*un  \isi-ere,  soit  même  dans  les 
iolersticcs  ck  son  liMU^  et  peut  s*y  accu- 


muler sans  qu'un  médeda  peu  caipérî- 
mente  s'aperçoive  de  aa  préiëiice;  nuisi 
y  a  des  symptômes  généraux  qui  ne  per- 
mettent guère  de  se  tromper. 

En  général  y  les  hémorragies  aâ|M 
sont  précédées  par  des  tymptôoKs  di 
congestion  dans  les  parties  qui  voat  et     ^ 
être  le  siège,  et  qui  consistent  dans  « 
sentiment  de  chaleur  plus  ou  moins  doa- 
loureuse,  avec  gonflement  et  pulsatioa. 
En  même  temps  existent  d*oniinaire  da    . 
signes  généraux  de  plénitude  sangoiM. 
Enfin  le  sang  s'écoule  avec  plus  ou  moias 
d'abondance  et  d'activité;  une  dêtcMi 
s'opère,  et  un  soulagement  notable  en  ot 
presque  toujours  la  conséquence.  Mais 
quelquefois  aussi  les  choses  vont  au-dck 
d'une  juste  mesure,  et  alors  on  ^oit  sor» 
venir  la  pâleur,  rafiaiblissement  et  la 
syncope,  suites  d'une  évacuation  sangoias 
trop  abondante,  dont  la  mort  même  a  dé 
plus  d'une  fois  le  résultai  définitif. 

Les  hémorragies  soot  quelquefois  in» 
termittentes;  elles  oui  d'ailleurs  une  gran- 
de tendance  à  affecter  la  forme  périodi- 
que et  à  se  perpétuer  ainsi,  de  manière  à 
constituer  dans  l'économie  une  sorte  ds 
fonction  nouvelle,  dont  le  dérangemcal 
ou  l'interruption  sont ,  avec  raison ,  aïs 
au  nombre  des  causes  les  plus  fréquenisi 
des  maladies  inflammatoires.  C*est  par  k 
voie  des  hémorragies  que  s'opèrent  fr^ 
quemment  les  crises  (vox*)»  pbéoooKM 
si  important  dans  la  solution  des  mab- 
die». 

On  peut  presque  toujours  considefer 
ces  pertes  de  sang  comme  mériiant  de 
l'attention;  souvent  même  on  doit  ea 
porter  un  fâcheux  pronostic;  mais  c'est 
une  chose  rare  néanmoins  que  de  «oir 
succomber  les  malades  aux  bémorrsfin 
elles-mêmes,  si  ce  n'est  à  celles  qui  suc- 
cèdent à  l'accouchement. 

Pres(]ue  toutes  les  parties  du  corp 
peuvent  de\enir  le  siège  d'efïusiuRs  san- 
guines ;  cependant  il  en  est  où  ces  acn« 
dents  sont  extrêmement  rares  ,  la  peso , 
par  exemple  ) ,  et  ceux-ci ,  alors ,  ne  »- 
runt  point  décrits  ici  ;  elles  sont  m  (rr- 
néral  supplémentaires  du  flux  mentriiel 
,  iHfY,  Mft.NNTEi'ATio5).  Ijn  rapport»  qui 
exiiktent  entre  Théinorragie  et  TinlUni* 
mation  sont  trop  évidents  pour  qu'il  n« 
soit  pas  luturel  de  penser  que  le  traite- 


HBH 


(6S5) 


HEM 


■est  doit  aToir  au  moins  beaucoup  d^a- 
mId^.  En  «ffety  dan»  rbémorragie,  U 
£ût  primitif  et  essentiel,  c'est  la  pléthore 
nnçuine  et  la  congestion  locale  (vay, 
CosGBsnov  et  PL^THoas),  et  c'est  à  mo- 
difier ce  (ait  que  doivent  tendre  tous  les 
rfbrta.  Nous  reviendrons  sur  ce  point  en 
parlant  d'une  manière  spéciale  des  diffé- 
reates  hémorragies  en  particulier. 

ÉnsTAXis*  ou  EUMoaaAGis  nasale, 
Migmarunt  de  nez,  la  plus  commune,  com- 
me la  plus  bénigne  des  hémorragies.  Elle 
oty  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas, 
■oins  une  maladie  qu'un  effort  salutaire 
de  la  nature,  qui,  par  une  évacuation  sus- 
dlée  à  propos,  met  fia  à  une  surabon- 
dance die  sang,  et  rétablit  l'équilibre  dans 
récooomie.  Quelquefob  aussi,  cependant, 
on  la  voit,  par  sa  durée  et  par  la  quan- 
filé  de  sang  qu'elle  jette  hors  des  vais- 
mraa,  compromettre  gravement  la  vie 
des  malades  et  réclamer  les  secours  les 
pins  prompts  et  les  plus  énergiques. 

La  jeunesse,  le  tempérament  sanguin 
d  la  pléthore,  quelle  qu'en  soit  la  cause, 
t  à  cette  hémorragie,  dont  les 
occasionnelles  ou  déterminantes 

t  l'impression  du  soleil  sur  la  tête,  ou 
chaleur  considérable,  les  veilles,  les 
étndes  prolongées,  les  exercices  violents, 
les  stimulants  internes,  enfin  tout  ce  qui 
cicile  directement  la  membrane  du  nez, 
comme  les  vapeurs  Acres,  le  tabac,  les 
eoops,  les  chutes,  etc. 

L'éruption  du  sang  est  précédée  des 
srmplômesd'unecoogestion sanguine  vers 
la  tète,  laquelle  devient  lourde,  chaude , 
tendue  et  douloureuse.  Le  malade  éprouve 
des  vertiges  et  des  éblouissemenis;  ses  yeux 
sont  sensibles  à  la  lumière,  injectés  et 
larmovants;  il  survient  de  la  chaleur,  du 
pmBemeut  et  de  la  tension  dans  les  na- 
rines (plus  ordinairement  dans  l'une  des 
deux);  enfin  un  sang  rouge-verroeil ,  et 
qui  se  coagule  fiicilement,  s'écoule  goutte 
à  goutte  avec  plus  ou  moins  d'abondance 
ci  de  rapidité.  Un  soulagement  marqué 
accompagne  cette  évacuation,  qui ,  dans 
le  plus  grand  nombre  des  cas,  s'arrête 
«Telle-même.  Quelquefob  aussi  l'hémor- 
ragie nasale  survient  chez  des  sujets  épui- 
aés  et  aflaiblis  :  elle  n*est  point  alors  pré- 

(*)  Ce  Bot  grec  est  le  soUtantif  de  cirtoro- 
(fcvy  tomber  goattft  à  gooUcsar^Mlqac  rhotc* 


cédée  des  symptômes  en  quelque  sorte  in* 
flammatoires  que  nous  venons  de  décrire  ; 
le  sang  qu'elle  fournit  est  peu  consistant  et 
d'une  couleur  foncée.  Loin  de  soulager  le 
malade,  elle  l'aflaiblit  encore  davantage; 
enfin  elle  ne  s'arrête  guère  que  par  les 
secours  de  l'art.  C'est  en  pareil  cas  que 
les  hémorragies  sont  qatAiûée» passives. 

Cette  affection,  ordinairement,  est  peu 
grave  et  de  courte  durée  ;  néanmoins  on 
la  voit  durer  quelquefois  assez  long- 
temps ,  non  pas  de  suite ,  mab  en  se  re- 
nouvelant à  des  intervalles  plus  ou  moins 
rapprochés.  Quelquefob  elle  peut  avoir 
des  retours  périodiques,  surtout  chez  les 
personnes  du  sexe ,  et  suppléer  chez  elles 
le  fiux  menstruel  auquel  elles  sont  assujet- 
ties. Il  est  fréquent  de  la  voir  constituer 
la  crise  des  înfiammations  aiguës  avec 
pléthore ,  et  les  terminer  d'une  manière 
favorable  et  spontanée.  Au  contraire,  dans 
les  cas  où  les  forces  sont  en  défaut ,  elle 
peut  avoir  des  conséquences  fâcheuses, 
et  même  lorsqu'une  évacuation  sangnine 
serait  indiquée,  l'hémorragie  excessive 
peut  avoir  des  dangers. 

Le  traitement  de  l'épistaxb  est  nul  dans 
le  plus  grand  nombre  des  cas,  puisque 
cette  hémorragie,  utile  à  l'économie, 
s'arrête  quand  le  but  d'évacuation  est  at- 
teint. Mais  lorsqu'on  juge  convenable  de 
la  supprimer ,  il  faut  exposer  le  malade  à 
l'air  frab  et  le  faire  tenir  dans  une  po- 
sition verticale,  pour  éviter  l'abord  trop 
considérable  du  sang  vers  la  tête;  en 
même  temps,  on  appliquera  des  linges 
trempés  dans  l'eau  fraîche ,  pure  ou  vi- 
naigrée, sur  le  front,  sur  les  tempes,  au- 
tour du  nez ,  et  même  sur  les  cuisses ,  et 
on  ne  négligera  pas  les  boissons  fraîches 
et  même  glacées.  L'usage  populaire  de 
placer  une  clef  entre  les  deux  épaules  n'est 
qu'une  manière  extrêmement  incomplète 
et  insuf^nte  de  faire  agir  le  froid.  A 
ces  moyens  on  pourra  joindre  l'immer- 
sion des  pieds  et  des  mains  dans  l'eàu 
chaude  animée  avec  de  la  moutarde ,  du 
sel  ou  du  savon  noir.  Il  est  bien  rare  que 
l'hémorragie  résbte  à  ces  moyens,  et, 
quand  il  en  est  ainsi ,  on  &it  renifler  au 
malade  une  solution  d'alun.  Enfin  on  aura 
recours  au  tamponnemtniy  opération  as- 
sez difficile,  et  qui  consiste  à  faire  péné- 
trer par  l'arrière- bouche  un  tampon  de 


HEM 


(6S6) 


HEM 


cliarpie  attaché  à  un  fil  qui  sort  par  la 
narine,  et  avec  lequel  on  lie  fortement 
un  autre  tampon.  De  celte  manière,  l'ou- 
▼erture  antérieure  et  postérieure  des  fos- 
ses nasales  se  trouvant  bouchée ,  le  sang 
qui  s*y  accumule  est  bientôt  solidifié ,  et 
l'hémorragie  est  maîtrisée.  Quant  à  la 
saignée,  conseillée  cependant  par  les  au* 
teurs ,  il  est  bien  rare  qu'elle  soit  utile. 
£n  effet ,  si  le  sujet  a  une  surabondance 
de  sang,  autant  vaut  qu'elle  s'échappe 
par  cette  voie  que  par  une  autre  ;  l'hé- 
morragie s'arrêtera  spontanément  quand 
l'équilibre  sera  rétabli,  sans  qu'on  ait  be- 
soin de  la  saignée.  Si,  au  contraire,  la  perte 
du  sang  est  immodérée,  il  y  a  plus  de 
danger  que  d'avantage  à  en  soustraire  une 
nouvelle  quantité.  L'épistaxis  habituelle 
indiquant  une  disposition  à  la  pléthore , 
on  y  remédiera  par  quelques  évacuations 
sanguines,  mais  surtout  par  un  régime 
propre  à  diminuer  et  la  quantité  du  sang 
et  ses  qualités  irritantes,  ainsi  que  par  les 
pratiques  propres  à  en  déterminer  une 
répartition  plus  régulière. 

H£moptysie  ou  Hémoeragie  pulmo* 
KAiEE ,  plus  connue  sous  le  nom  de  cra- 
chement de  sang  (en  grec  ac/xa ,  composé 
avec  le  verbe  irrvccv ,  cracher).  C'est  Té* 
ooulement  de  sang  qui  a  lieu  par  la  mem- 
brane muqueuse  qui  revêt  l'intérieur  des 
bronches,  et  qui  est  rendu  par  l'expec- 
toration {vojr,  ce  mot).  Nous  n'avons  pas 
à  nous  occuper  ici  de  l'hémorragie  fort 
grave  qui  résulte  de  la  lésion  mécanique 
du  poumon,  ni  de  celle  que  produisent 
les  obstacles  à  la  circula tioq,  et  qui  peut 
être  assimilée  à  la  première  :  ce  sont  des 
hémorragies  de  cause  externe. 

Comme  la  plupart  des  flux  sanguins 
des  membranes  muqueuses,  l'hémoptysie 
reconnaît  pour  causes  tout  ce  qui  déter- 
mine une  fluxion  inflammatoire  dans  ces 
membranes.  Il  en  est  cependant  qui  sem- 
blent lui  être  plus  spécialement  affectées, 
et,  sans  parler  d'une  prédisposition  signa- 
lée  par  ï'étroitesse  de  la  poitrine ,  on  ob- 
serve que  l'adolescence  et  la  jeunesse ,  la 
coïncidence  d'une  maladie  du  cœur,  le 
sexe  féminin  et  l'état  de  grossesse  sont 
les  conditions  les  plus  favorables  à  son 
développement.  Les  causes  occa:»ionnelles 
sont  :  toutes  les  violences  extérieures 
riefx:éet  sur  U  poitrine;  TiDspiration  de 


vapeurs  acres  et  caostiques ,  les  efloiti 
soutenus  ou  violents  des  organes  de  h 
respiration  et  de  la  voix  ;  la  pléthore  ac- 
cidentelle produite  par  le  retrancbemnl 
d'un  membre  principal ,  ou  la  sapprcs» 
sion  d'une  hémorragie  habituelle,  telle 
que  les  règles,  les  hémorroïdes,  ou  mrae 
l'hémorragie  nasale. 

L'hémoptysie  est  quelquefois  précédée 
de  symptômes  qui  en  signalent  l'appro- 
che :  ceux  d'abord  qui  appartiennent  à 
la  pléthore  en  général ,  puis  ceux ,  phs 
caractéristiques,  qui  se  manifestent  vcn 
le  cœur  et  le  poumon.  Telles  sont  les  pal- 
pitations, la  toux,  une  gêne  plus  ou  moim 
marquée  de  la  respiration ,  des  douWsrs 
entre  les  épaules ,  un  sentiment  de  cha- 
leur ,  de  bouillonnement  et  de  pesanicv 
dans  la  poitrine ,  en  même  temps  qu'on 
chatouillement  dans  le  larynx  et  <lam  les 
bronches ,  avec  un  goût  de  sang  dan*  la 
bouche.  Après  quelques  efTorts  de  toux, 
le  malade  crache  un  sang  rouge  et  ver- 
meil, mêlé  de  quelques  mucosités  ;  quel- 
quefois il  croit  vomir,  tant  le  sang  afllue 
avec  violence.  Souvent  aussi  le  crache- 
ment du  sang  survient  d'une  manière  iDo> 
pinée  et  sans  être  accompagné  de  sym- 
ptômes généraux.  L'hémorragie,  après 
avoir  duré  quelques  minutes,  s'anêle 
spontanément  ou  par  les  secours  de  Fart; 
mais  il  n'est  pas  rare  de  la  voir  rccoa- 
mencer  une  ou  plusieurs  fois  ;  elle  pcat 
même  se  prolonger  beaucoup  par  des  ré- 
cidives réitérées. 

Bien  rarement  l'hémoptysie  est  aari 
grave  pour  entraîner  immédiatement  la 
perte  des  malades;  mais  ce  nVn  est  pas 
moins  une  maladie  sérieuse,  et  dont  le 
danger  réside  dans  Tirritation   perma- 
nente qui  lui  succède  et  qui,  trop  sou- 
vent, se  lie  avec  le  développement  plusoa 
moins  obscur  de  la  phthisie  pulmonaire. 
Elle  est  généralement  moins  sérieuse  rhei 
les  femmes ,  chez  lesquelles  elle  se  pré- 
sente  comme    hémorragie   supplémen- 
taire, chez  les  sujets  robustes  et  dont  U 
poitrine  est  bien  conformée,  et  lonqu*rllr 
dépend  de  causes  chimiques  ou  mécani- 
ques bien  évidentes.  Mais  dans  tous  les 
cas ,  à  raison  de  la  délicatesse  du  pou- 
mon et  de  l'importance  de  la  fonction 
qu'il  doit  remplir ,  cette  maladie  mchtt 
une  attention  toute  particulière. 


HEM 


(687) 


HEH 


Le  traitODent  de  l'hémoptysie  aiguë 
it  être  énergique  et  prompt  :  on  corn- 
noerm  par  pratiquer,  suivant  le  besoin, 
e  ou  plusieurs  saignées  générales.  La 
pée  locale  est  trop  lente  dans  ses  ef- 
i;  elle  n*est  applicable  qu'aux  cas  où , 
émorragie  étant  chronique  et  peu  con- 
érable,  on  a  tout  le  loisir  nécessaire 
or  y  remédier  :  alors  on  applique  avec 
mtage  des  sangsues  ou  des  ventouses 
rifiées  à  la  poitrine,  aux  parties  sexuel- 
ou  à  Tanus.  La  diète  la  plus  absolue , 
repos  parfait  du  corps  et  de  Tesprit , 
lituation  verticale  du  tronc,  une  tem- 
rature  plutôt  fraîche  que  chaude ,  des 
issons  adoucissantes  données  froides  et 
fme  à  la  glace,  quand  Thémorragie  a 
âsté  aux  évacuations  sanguines  conve- 
blement  employées,  tels  sont  les  agents 
.  traitement  rationnel.  Dans  des  cas 
ives,  on  a  tenté  avec  succès  les  applica- 
4»  froides  sur  la  poitrine,  moyen  chan- 
iz,  et  qui  peut  avoir  de  grands  incon- 
nients  s*il  était  mis  en  œuvre  sans 
écaution.  Les  irritants  appliqués  aux 
trémitét  sont  plus  avantageux  y  mais  ils 
it  besoin,  pour  être  complètement  effi- 
œs,  d'être  précédés  de  saignées  suf fi- 
lles ;  ou  bien,  il  faut  que  Thémorragie 
.  été  assez  considérable  pour  qu'on  n'ait 
craindre  de  réaction.  Les  astrin- 


s  a 


Dis  donnés  à  l'intérieur  demandent  à 
ne  adminbtrés  avec  beaucoup  de  pru* 
nce  par  les  motifs  que  nous  avons  allé- 
lés  en  parlant  des  applications  froides. 

Comme  la  plupart  des  hémorragies , 
He  qui  nous  occupe  est  fort  sujette  aux 
cidives ,  et  les  personnes  qui  en  auront 
le  fo»  éprouvé  les  atteintes  devront, 
mr  t'en  préserver,  prendre  les  précau- 
H»  et  suivre  exactement  le  régime  qui 
oviennent  aux  inflammations  chroni- 
les  des  organes  de  la  respiration. 

H£MAT£]fisE^,  vomissement  de  sang. 
eue  maladie,  que  plusieurs  auteurs  ont 
;alement  décrite  sous  le  nom  de  meia^ 
M  y  parce  que  le  sang  vomi  avait  une 
»aleur  noire ,  est  beaucoup  moins  com- 
nne  que  les  précédentes.  £n  effet ,  on 
i  doit  pas  confondre  les  divers  vomisse- 

(^  C«t  too jours  It  mot  grec  ai/** ,  «ang , 
apoM  ici  arec  fysaicL,  envie  de  Tomir,  mot 
nné  <le  tuitt,  vomo ,  aiiui  qa*oo  V»  dit  aa 
9t  Emétiqubs.  s. 


ments  de  sang  dont  la  matière  peut  être 
du  sang  provenant  du  nez  ou  du  pou- 
mon ,  et  qui  aurait  été  avalé,  avec  la  vé- 
ritable hématémèse  ou  hémorragie  de  la 
membrane  muqueuse  de  l'estomac. 

Outre  les  causes  générales  des  hémor- 
ragies, les  impressions  irritantes  por- 
tées sur  l'estomac,  les  coups,  les  chutes 
sur  la  région  épigastrique ,  les  substances 
vénéneuses,  l'immersion  brusque  des  pieds 
et  des  mains  dans  l'eau  froide,  la  suppres- 
sion d'une  hémorragie  habituelle  ou  de 
la  transpiration,  peuvent  amener  un  vo- 
missement de  sang. 

Aux  symptômes  généraux  qui  précè- 
dent ou  accompagnent  les  hémorragies  se 
joignent,  dans  l'espèce,  une  douleur  pro- 
fonde, un  sentiment  d'oppression  dans  la 
région  de  l'estomac,  avec  chaleur  et  sen- 
sibilité à  la  pression,  goût  de  sang  à  la  bou- 
che; quelquefois  des  syncopes,  deséblouis- 
sements,  des  vertiges,  des  tintements  d'o- 
reilles et  la  décoloration  de  la  face.  Bien- 
tôt après,  le  sang  est  vomi  seul  ou  mêlé  à 
des  substances  alimentaires  plus  ou  moins 
digérées,  tantôt  liquide,  tantôt  coagulé, 
mais  d'une  couleur  généralement  foncée. 
Le  plus  souvent  il  arrive  qu'une  certaine 
quantité  de  sang,  plus  ou  moins  altéré, 
passe  dans  le  canal  intestinal  et  finit  par 
être  ex  puisée  avec  les  selles,  dans  lesquelles 
il  est  plus  ou  moins  reconnaissable. 

Quelquefois  l'hémorragie  peut  avoir 
lieu  sans  avoir  été  annoncée  par  aucun 
signe  précurseur  :  alors  elle  est  ordinaire- 
ment peu  considérable.  Il  est  d'ailleurs  as- 
sez facile  de  distinguer  cette  maladie  d'avec 
le  vomissement  du  sang  qui  aurait  été 
avalé,  venant  du  nez  ou  de  la  gorge,  et 
qui  aurait  ensuite  été  rejeté  au  dehors. 

La  durée  de  l'hématémèse  est  très  va- 
riable ,  de  même  que  la  quantité  du  sang 
versé  est  très  difficile  à  apprécier.  Au 
reste ,  il  est  bien  rare  que  cette  maladie 
prenne  des  formes  très  graves  et  soit  im- 
médiatement suivie  de  la  mort.  On  a 
moins  à  la  craindre  quand  elle  se  montre 
sous  la  forme  aiguë  que  quand  elle  est 
chronique  et  fréquemment  renouvelée, 
quoique  chaque  fois  en  petite  quantité. 
Dans  ce  cas,  en  effet,  elle  est  presque  tou- 
jours symptoroatique  d'une  ulcération 
occupant  l'estomac,  et  ayant  détruit  quel- 
ques vaisseaux  d'un  certain  volume. 


asM 


(6S8) 


BBM 


Le  traitement  diffh^  peu  de  celui  des 
autres  hémorragies  :  il  coosiste  dans  l^em- 
ploi  des  saignées,  tant  générales  que  loca* 
les,  des  boissons  tempérantes,  acidulées, 
fraîches  et  même  glacées ,  de  quelques 
astringents  administrés  avec  prudence, 
et  de  révulsifs  plus  ou  moins  énergiques 
placés  aux  extrémités.  Quand  l'hémor- 
ragie dépend  de  Tingestion  de  substances 
vénéneuses  ou  de  corps  susceptibles  de 
blesser  les  parois  de  Testomac,  on  se 
conduira  comme  dans  rempoisonnement 
ou  dans  la  gastrite  chronique.  Knfin , 
quand  le  sang  vomi  provient  d'ailleurs 
que  de  Testomac,  il  est  pre8(]ue  superflu 
de  dire  quMl  faudra  en  rechercher  et  en 
tarir  la  source. 

Hémokroîdks  ,  Flux  nKBfoaaoînAL 
(a^Ojio'otCi  au  plur.  aé^op&oi^cf ,  à  sous- 
entendre  ^/.cCsç,  veines;  de  a7pa ,  sang 
et  ûîmj  je  coule) ,  nom  vulgaire  de  Tlic- 
morragie  qui  a  lieu  à  la  partie  tout  -  à- 
fait  inférieure  du  canal  digestif  et  qui 
présente  certaines  particularités  impor- 
tantes à  étudier.  Il  e^t  rare  que  les  intes- 
tins grêles  et  les  gros  intestins  exhalent 
du  sang  lorsque  leur  membrane  muqueuse 
est  intacte;  cela  n*a  guère  lieu  que  par 
les  ulcérations  qui  se  manifestent  dans  la 
fièvre  typhoïde ,  laquelle  est  fort  grave. 

Le-llux  hémorroîdal  consiste  dans  une 
exhalation  sanguine  s^opcrant  par  la 
membrane  muqueuse  du  rectum ,  qui 
présente  quelquefois  aux  environs  de  Ta- 
nus,  en  dedans  ou  en  dehors ,  de  pe- 
tites tumeurs  formées  par  des  vaisseaux 
sanguins  dilatés.  Ces  tumeurs  ,  appelées 
hémomudalrs  ou,  par  abréviation ,  /i^- 
morroïdesy  sont  distinguées  en  externes 
et  en  internes^  en  sèches  et  en  flnentesy 
etc.  Cette  définition  suffît  pour  distinguer 
le  flux  hémorroîdal  de  toute  évacuation 
par  les  voies  inférieures  d'un  sang  venu 
d'ailleurs.  Ajoutons  que  c^tsX.  une  maladie 
seulement  dans  le  ras  où  ce  flux  devient 
excessif;  dans  la  plupart  des  cas,  c'est  un 
phénomène  salutain*,  et  qui,  dans  lei  ma- 
ladies, constitue  souvent  une  crise  favo- 
rable. Plus  souvent  qu'aucune  autn;  hé- 
morragie, on  voit  celle-ci  affecter  des 
retours  périodiques  plus  ou  moins  régu- 
liers. 

Assez  rare  dans  la  première  période 
de  h  vie,  le  llui  hémorroîdal  semble  être 


raptntge  de  Tige  adulte;  il  s'allie  d'or* 
dinaire  à  un  tempérament  sanguin  et  « 
une  constitution  robuste,  et  ses  caosn  In 
plus  fréquentes  sont  :  une  noarritaiv  \TVf 
abondante  et  trop  excitante,  jointe  an  dé- 
faut d^exercice;  Thabitude  de  rester  aiù, 
surtout  sur  des  sièges  mous  et  chiné; 
Tabus  du  cidre,  du  vin,  des  liqneun  spi- 
ritueuses ,  du  café  et  des  stimulants  àt 
tout  genre.  La  constipation  habituelle,  U 
grossesse ,  la  suppression  accidentelle  oa 
la  cessation  complète  du  flux  menstrorl, 
les  purgatifs  acres,  et  spécialement  Talon, 
qui  semble  exercer  une  action  partirulim 
sur  les  vaisseaux  sanguins  du  bassin ,  In 
secousses  de  l'équitatiôn ,  la  marche  for- 
cée, sont  les  circonstances  qui  en  favori- 
sent l'apparition.  Cependant  cette  mala- 
die est  souvent  commune  chez  les  eem 
de  cabinet  ou  chez  ceux  qui  exercent  ooe 
profession  sédentaire. 

Dans  les  hémorroïdes,  les  prélimi* 
naires  de  l'hémorragie  peuvent  être  re- 
gardés comme  la  maladie,  à  bien  plus  jottf 
titre  que  l'hémorragie  elle-même.  Fjb 
effet,  elle  est  toujours  précédée,  surtout 
chez  ceux  qui  ont  un  flux  abondant ,  par 
des  symptômes  de  pléthore  et  de  confe«. 
tion  locale.  Tels  sont  une  pesanteur  dam 
le  dos ,  dans  les  reins ,  dans  les  cuisses  ; 
des  urines  rares,  des  envies  fréquente» 
d'aller  à  la  garde-robe,  de  la  déman|:rai- 
son ,  de  la  chaleur  au  fondement ,  et 
queltjuefois  même  Texcrétion ,  par  cette 
voie,  de  quelques  mucosités  hlanchilrr«. 
La  bouche  est  sèche,  le  ventre  est  trnda 
et  un  peu  douloureux  ;  il  se  dé^vloppe 
aussi,  dans  quelques  circonstances,  un  lé- 
ger mouvement  de  fièvre.  Enfin  rêcoule- 
ment  du  sang  a  lieu  ;  il  peut  être  plm 
ou  moins  abondant ,  et  même  sr  borner 
à  quelques  gouttes  de  sang  qui  envelop- 
pent les  matières  fécales,  l  n  soulagemoi 
immédiat  et  très  marqué  suci'ède  à  cetir 
hémorragie,  si  mince  qu'elle  soit,  t\ 
d'ailleurs  elle  s'arrête  presque  lonjnsn 
d'elle-même  quand  le  trop  plein,  p^^ar 
ainsi  dire,  est  évacué.  On  ne  s*est  jama» 
]M>iit-être  trouvé  dans  l'obligation  d'ar- 
rêter directement  un  flux  bémorroîdil 
devenu  exce>sif  et  compromettant  la  «le 
du  malade,  comme  cela  s*est  %u  iHrn  fie- 
quemment  pour  les  autres  hémorragie*. 

I^e  flux  hémorroîdal  peol  ne  st  mon* 


HfiM 


(689) 


HEM 


er  qu'une  fois  ou  qu'an  petit  nombre  de 
B  dans  le  cours  de  la  yie  ;  mais  plus 
dinairement  il  a  lieu  d'une  manière 
iriodiquey  et  l'on  Toît  quelques  hommes 
présenter  presque  régulièrement  cha- 
le  mois,  comme  les  règles  chez  les  fem- 
es.  Cette  dernière  excrétion  même, 
ant  cessé  chez  celles-ci,  est,  dans  quel- 
les cas,  remplacée  par  les  hémorroïdes. 
Ainsi  qu^il  a  été  dit  précédemment ,  il 
t  rare  qu'elles  constituent  une  maladie, 
au  contraire  elles  semblent  exercer  sur 
iconomîe  une  influence  salutaire  :  aussi 
vr  suppression  est  la  cause  d'un  assez 
and  nombre  de  maladies  pour  que  les 
dividus  ayant  un  flux  hémorroîdal  pé- 
odique  s'observent,  sous  ce  rapport, 
'ec  autant  de  soin  que  le  font  les  per- 
unes  du  sexe  à  l'égard  de  l'éTacuation 
enstruelle. 

Cette  opinion  est  heureusement  ré- 
mdue  dans  le  monde  ;  les  personnes  af- 
ctées  d'hémorroïdes  les  considèrent 
oins  comme  une  maladie  que  comme 
ne  incommodité  légère  qui  les  met  à 
ibri  de  lésions  plus  graves  et  qu'il  serait 
mgereux  de  guérir.  Aussi  tes  médecins 
»nt-ils  plus  souvent  consultés  pour  re- 
lédier  aux  accidents  résultant  de  leur 
ippresaion  qu'à  leur  flux  immodéré.  Dans 
i  dernier  cas,  toutefois,  quels  sont  les 
loyens  qu'il  conviendrait  de  mettre  en 
sage  ?  Les  lavements  froids ,  faits  avec 
ne  décoction  d'écorce  de  grenade  ,  de 
bêne,  avec  une  solution  d'extrait  desa- 
nme ,  quelques  bains  locaux  du  même 
sore,  suffiraient  pour  arrêter  le  flux  san- 
lin  s'il  venait  à  sortir  des  limites  conve- 
ables. 

Si  l'on  voulait  guérir  sans  inconvénient 
s  hémorroïdes  (car  toute  maladie,  lors- 
a'elle  n'est  pas  essentiellement  incura- 
le,  peut  être  guérie  sans  danger,  moyen- 
ant  certaines  précautions) ,  il  faudrait, 
ans  la  plupart  des  cas,  changer  de  régime 
t  employer  quelques  saignées  générales, 
aer  de  boissons  rafraîchissantes,  et  ap- 
orter  un  soin  extrême  à  éviter  la  consti- 
ation;  mais  beaucoup  de  gens  aiment 
lieux  garder  une  incommodité  générale- 
lent  supportable  que  de  se  soumettre 
ox  lob  de  rhygiènc.  Voilà  pourquoi  le 
oz  hémorroîdal  est  presque  toujours  in- 
nrable. 


Pins  sonvent  peut-être  on  a  besoin  de 
rappeler  cette  hémorragie ,  surtout  lors- 
qu'avec  sa  suppression  a  coïncidé  le  dé- 
veloppement de  quelque  maladie  plus  ou 
moins  grave.  Le  moyen  le  plus  sûr  alors, 
celui  par  lequel  on  imite  le  mieux  le  pro- 
cédé de  la  nature ,  consiste  dans  l'appo- 
sition de  quelques  sangsues  à  l'anus;  après 
quoi,  l'on  fera  prendre  aux  malades  quel- 
ques fumigations  et  des  bains  de  siège  les 
plus  chauds  qu'on  pourra  les  supporter; 
on  les  fera  avec  des  liquides  un  peu  ex- 
citants ,  tels  qu'une  infusion  de  fleurs  de 
sureau  animée  de  vinaigre;  on  pourra 
également  administrer  quelques  lavements 
excitants ,  et  l'on  se  trouvera  bien  de  l'u- 
sage intérieur  des  préparations  d'aloès. 

Quant  aux  petites  tumeurs ,  globuleu- 
ses ou  pédiculées,  qui  se  forment  à  la 
marge  de  l'anus  ou  à  la  partie  intérieure 
au-dessus  même  du  sphincter,  et  que  les 
gens  du  monde  désignent  plus  particu- 
lièrement sous  le  nom  d'hémorroïdes , 
on  les  observe  souvent ,  il  est  vrai ,  mais 
non  d'une  manière  constante ,  chez  les 
personnes  atteintes  de  flux  hémorroîdal. 
Elles  consistent  dans  une  masse  de  petits 
vaisseaux  sanguins  dilatés,  enveloppés  par 
un  repli  de  la  membrane  muqueuse.  A 
l'époque  où  l'hémorragie  est  imminente, 
ces  tumeurs  se  gonflent,  et,  devenant  dou- 
loureuses ,  occasionnent  beaucoup  d'in- 
commodité aux  malades.  Celles  qui  sont 
internes ,  poussées  au  dehors  dans  les  ef- 
forts de  la  défécation ,  ont  souvent  beau- 
coup de  peine  à  rentrer,  et  deviennent 
alors  le  siège  d'une  inflammation  aiguë , 
suite  de  l'étranglement,  laquelle  peut 
amener  des  abcès  et  même  des  gangrènes. 
Beaucoup  de  fistules  à  l'anus  (voy.)  ne 
reconnaissent  pas  d'autre  cause. 

Dans  l'intervalle  des  mouvements  hé- 
morragiques ou  après  la  guérison ,  ces 
tumeurs  se  flétrissent  et  même  disparais- 
sent complètement  ;  mais  quelquefois  on 
les  voit  persister  et  devenir  incommodes 
par  leur  volume,  ou  même  durcir  et 
prendre  un  aspect  squirrheux.  Dans  ce 
cas,  il  faut  s'en  débarrasser,  au  moyen 
d'une  opération  chirurgicale  peu  doulou- 
reuse et  sans  danger. 

Hématurie,  hémorragie  des  voies  uri- 
naires  ou  pissement  de  sang  (oùpéta ,  pis- 
ser). Cette  hémorragie,  beaucoup  pins 


(«40) 


rtre  qae  les  précédentes^  est  signalée  par 
l'expulsion,  à  travers  le  canal  de  rurètre, 
d'une  certaine  quantité  de  sang  liquide 
plus  ou  moins  coagulé.  Le  sang  peut 
venir,  soit  des  reins,  soit  de  la  vessie,  soit 
du  canal  de  l'urètre  lui-même.  Le  trai- 
tement étant  semblable  dans  les  trois 
cas ,  il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  les 
rassembler  ici. 

Toute  lésion  mécanique  des  voies  uri* 
naires  peut  produire  l'héouturie;  mais, 
dans  ce  cas,  c'est  une  hémorragie  trau- 
matique  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  oc- 
cuper. L'hématurie  par  exhalation  suc- 
cède à  l'abus  des  diurétiques  trop  actifs, 
des  cantharides,  de  la  térébenthine,  des 
purgatifs  acres,  à  la  suppression  de  quel- 
que autre  flux  sanguin  naturel  ou  acci- 
dentel. Elle  est  plus  commune  chez  les 
hommes  que  chez  les  femmes,  dans  l'âge 
adulte  et  dans  la  vieillesse  qu'aux  autres 
époques  de  la  vie. 

Le  piflsement  de  sang  peut  être  précédé 
de  signes  tant  généraux  que  locaux  de 
congestion  et  de  pléthore;  quelquefois 
aussi  l'émission  du  sang  en  est  le  premier 
et  presque  le  seul  symptôme.  Néanmoins, 
dans  bien  des  cas,  on  peut  distinguer  la 
source  d'où  provient  le  sang  versé  au  de- 
hors: s'il  vient  du  rein,  le  malade  éprouve, 
dans  la  région  occupée  par  cet  organe, 
un  sentiment  de  chaleur  qui  se  prolonge 
dans  le  bas  ventre,  et  qui,  ordinairement 
borné  à  un  seul  côté,  s'accompagne,  chez 
l'homme,  de  la  rétraction  du  testicule 
correspondant.  Quand  le  sang  est  versé 
dans  la  vessie  elle-même,  il  sort,  comme 
dans  le  cas  précédent,  plus  ou  moins  mêlé 
à  l'urine ,  et  il  y  a  des  douleurs  dans  cet 
organe  ainsi  que  dans  son  canal  excréteur, 
avec  un  sentiment  d*ardeur  dans  ce  canal 
et  dans  l'anus,  et  des  épreintcs  au  col  de 
la  veisie  et  au  fondement.  EnGn ,  quand 
rhémorragie  vient  seulement  des  parois 
de  Turètre,  le  sang  est  rejeté  au  dehors  sans 
mélange  d'urine,  et  sans  même  qu'il  y  ait 
de  besoin  d*uriner;  une  douleur  plus  ou 
moins  intense  dans  un  des  points  du  ca- 
nal indique  le  point  par  où  se  fait  l'hé- 
morragie. 

I /hématurie  est  en  général  une  mala- 
die passagère  ;  on  Tavue  cependant  quel- 
(|iift'(ii4  étiv  |HTit)ili(|ue,  mais  rarement 


les  jours  du  malade,  à  moina  qa*3 
joigne  quelque  complîcatkMU  Ce! 
résulte  d'une  lésion  mécankioe  i 
grave  et  guérit  facilement,  à  moi 
la  blessure^n'ait  entraîné  de  grand 
ordres. 

Le  traitement  doit  être  actif, 
qu'il  y  a  de  l'inconvénient  à  Uli 
journer  dans  la  vessie  un  liquide  m 
tible  de  former  des  caillots  dUE 
expulser  et  pouvant  devenir  le  no 
calculs  urinaires  :  aussi  devra-C-fl 
des  saignées  générales  et  locales,  p 
bains  et  des  applications  réfrigéi 
tâcher  de  suspendre  l'écoulemenl  di 
Quand  l'hémorragie  se  présente  i 
forme  chronique,  on  lui  applique  i 
tement  de  l'inflammation  chronî« 
la  vessie.  Quant  aux  médicamenti 
seillés  comme  spécifiques,  et  qui  se 
astringents  connus  d'ailleurs,  Icw 
priétés  nesont  rien  moins  que  oonsi 
aussi  n'y  a-t-on  souvent  reconi 
comme  à  des  moyens  propres  à  §m 
gner  du  temps,  lorsque  le  traiteoM 
diqué  plus  haut  n'est  pas  assez  imi 
tement  suivi  de  succès. 

HÉMoaaACiE  uTKaiif  b,  MsrmoAi 
MÉNOEaAGiE  des  auteurs  (de  pnyw 
romps,composé,  dans  le  premier  tmo 
[inrpaf  matrice,  et  dans  le 
firivtÇf  les  règles),  \ulgai 
ou  perte  de  sang.  C'est  ainsi  <|tt*c 
signe  tout  écoulement  du  sang  aya 
par  l'utérus,  soit  aux  époques 
truelles,  mais  dans  une  mesure  eai 
la  quantité  normale  de  cette  évaci 
soit  dans  toute  autre  ciroonstanc 
effet,  cette  différence  dans  Têpoq 
l'apparition  ne  saurait  être  une  i 
suffisante  pour  multiplier  les  espèo 
Les  causes  prédisposantes  sont  II 
pérament  sanguin  et  nerveux,  Vm 
cence,  une  trop  grande  irritabili 
l'utérus,  une  nourriture  trop  a 
lente,  la  chaleur,  le  printemps,  V 
vescence  de  ce  qu'on  nomme  \m  U 
rament,  surtout  alors  qu'elle  eat 
primée.  Pour  causes  déterminathi 
reconnaît  toutes  celles  qui  agînai 
rectemeut  sur  Tapparcil  génital  : 
par  exemple ,  rinlUmmation  chra 
île  la  matrice,  l'état  de  g 


,     .  --  -  —    I —  — j — , ,  ,, 

e/fe  cit  asjf/  grave  pour  compromettre  I  couches,  l'abus  du  café,  du  ihé  i 


HEM 


(64i) 


HEM 


rakals  en  général,  les  excès  énenranU 
ttmt  genre,  les  médicaments  appelé» 
■116,  lesemmenagogues(iM>x.  ces  mots) 
sloyés  sans  mesure,  l'usage  intempestif 
injections  chaudes,  un  exercice  violent 
ied ,  les  secousses  d'une  voiture  mal 
pendue  et  plus  encore  celles  que  pro* 
e  l'équitation,  enfin  les  accès  de  colère 
de  toute  autre  passion  fougueuse,  etc. 
!ies  symptômes  précurseurs  de  Thé- 
rragie  utérine  différent  à   peine   de 
I  qui  précèdent  chaque  époque  mens- 
ellê,  et  qui  signalent  une  congestion 
lie  ;  ils  dbparaissent  dès  que  le  sang  a 
meocé  à  couler.  Ce  flux,  d'ailleurs, 
it  se  manifester  tout  d'un  coup  et  sans 
ir  été  annoncé  par  rien. 
>tte  hémorragie  montre  une  grande 
waition  a  se  renouveler  et  à  se  per- 
■er  soos  forme  périodique  ;  dans  quel- 
t  cas  même,  elle  a  présenté  des  inter- 
lenees  assez  bien  déterminées  pour 
DO  ait  pu  employer  avec  succès  le 
■qaina.  Elle  devient  rarement  assez 
ndante,  hors  le  temps  des  couches, 
ir  occasionner  immédiatement  la  mort; 
s,  en  se  prolongeant  et  en  se  renou- 
ât, elle  peut  amener  un  épuisement 
I  oa  moins  rapide.  D'ailleurs  on  sait 
œs  perles  de  sang  fréquentes  sont 
iCDi  le  symptôme  d'une  affection  or- 
iqœ  de  l'utérus  ;  comme  elles  précè- 
t  ordinairement  cette  maladie,  on  a 
croire  qu'elles  en  étaient  la  cause  ; 
i  il  est  bien  démontré  qu'elles  n'en 
:  qa*une  conséquence ,  et  qu'elles  se 
itrent  surtout  à  l'époque  où  des  ulcé* 
tMWTiennent  mettre  à  découvert  et  per- 
T  des  vaisseaux  sanguins  volumineux. 
L'hémorragie  des  nouvelles  accou» 
et  {voy.  Accouchements)  provient  de 
qu'après  le  décollement  partiel  ou 
iplei  du  placenta,  au  moyen  de  l'ac- 
cfaement  à  terme  ou  prématuré,  Tu- 
■^  oe  revenant  pas  sur  lui-même,  laisse 
Bta  les  orifices  vasculaires  qui  com- 
BÎqiiaient  avec  les  cotylédons  placeo- 
ea.  Alors  le  sang  s'échappe  avec  abon- 
lœ  et  rapidité  comme  d'artères  ou- 
tes,  et  on  voit  les  malades  s^éteindre 
linéiques  minutes,  si  Ton  n*est  pas  as- 
heureux  pour  retenir  la  vie  qui  ste- 
ppe avec  le  sang,  dans  toute  la  force 
rexpression.  Souvent  le  danger  est 

Mnryrlop,  d,  G.  d,  M.  Tomf  XIIÎ. 


d'autant  plus  grave  que"  l'hémorragie 
peut  avoir  lieu  dans  la  cavité  même  de 
l'utérus ,  son  orifice  se  trouvant  fermé  et 
rien  ne  s'écoulant  au  dehors.  C'est  oe 
qu'on  connaît  sous  le  nom  de  perte  in^ 
terne.  Dans  ce  cas,  la  malade  peut  expi- 
rer sans  que  les  personnes  qui  l'assbtent 
s'en  doutent. 

Cette  espèce  d'hémorragie  présente 
un  des  cas  les  plus  graves  et  les  plus  dif- 
ficiles de  la  pratique  des  accouchements 
qui  demande  tant  de  prudence,  de  sang- 
froid  et  d'énergie.  Solliciter  les  contrac- 
tions utérines,  après  avoir  débarrassé  l'u- 
térus des  corps  étrangers  qui  peuvent 
empêcher  son  retour  sur  lui-même  (cail- 
lots, fragments  de  placenta),  comprimer 
l'aorte  ventrale  sur  la  saillie  sacro-verté- 
brale pour  empêcher  le  sang  d'afQuer  au 
bassin  ,  telles  sont  les  indications  que  le 
chirurgien  doit  s'empresser  de  remplir  au 
plus  tôt.  C'est  aussi  dans  des  cas  de  ce 
genre  qu'on  a  eu  recours,  avec  un  plein 
succès,  à  la  pratique  de  la  transfusion  du 
sang  humain. 

Dans  les  pertes  ordinaires,  le  traite- 
ment doit  commencer  par  l'étoignement 
des  causes  tant  prédisposantes  que  dé- 
terminantes. Le  moyen  le  plus  sûr  est  la 
saignée  du  bras ,  qui  réussit  surtout  chez 
les   femmes  robustes  et  pléthoriques, 
quand  l'hémorragie  est  active  et  qu'elle 
s'accompagne  de  symptômes  généraux  et 
locaux  très  prononcés.  En  même  temps, 
on  doit  se  conduire  de  manière  à  ralen- 
tir autant  que  possible  la  circulation. 
Pour  cela,  il  convient  de  tenir  la  malade 
dans  une  atmosphère  fraîche,  couchée 
sur  un  matelas  de  crin ,  et  à  peine  cou- 
verte ;  de  lui  donner  des  boissons  froides 
acidulées ,  et  de  ta  tenir  à  une  diète  sé- 
vère. Quand,  malgré  cela,  l'écoulement 
sanguin  continue,  on  a  recours  à  l'appli- 
cation de  compresses  imbibéesd^eau  froide 
ou  de  vinaigre  sur  te  ventre  et  sur  les 
cuisses,  à  l'immersion  des  mains  dans  l'eau 
froide,  à  des  lavements  avec  ce  même  li- 
quide, enfin  à  Tapposition  de  ventouses 
sèches  ou  scarifiées  sur  les  mamelles ,  sur 
les  bras  et  entre  les  deux  épaules. 

Dans  tes  pertes  chroniques  liées  aux 
inflammations  chroniques  ou  aux  désor- 
ganisations profondes  de  la  matrice ,  les 
narcotiques  en  cataplasmes  et  en  injec- 


HEM  (  643  ) 

lions  sont  d^an  grand  avantage,  de  même 
que  Tapplication  directe  des  astringents 
sur  les  surfaces  qui  laissent  écouler  le 
sang,  et  le  tamponnemeat  dans  les  cas  où 
il  y  a  un  danger  imminent.  Il  est  bien  en- 
tendu qu'il  y  a  lieu  de  remédier  ensuite 
aux  accidents  inflammatoires  qui  peuvent 
succéder  à  Femploi  de  ces  moyens. 

On  doit,  après  avoir  pourvu  aux  indi- 
cations suscitées  par  un  danger  pressant , 
tâcher  de  prévenir  le  retour  ultérieur 
des  pertes ,  ce  à  quoi  Ton  parvient  par  le 
repos  complet ,  par  un  régime  doux  et 
tempérant  et  par  l'emploi  de  quelque 
évacuation  sanguine  artificielle,  quand 
des  symptômes  de  pléthore  ou  de  con- 
gestion locale  viennent  à  se  manifester. 
L'abstinence  de  tout  excitant  et  l'usage 
habituel  des  émollientset  des  narcotiques, 
sous  toutes  les  formes,  complètent  ce  trai- 
tement préservatif.  le  médecin  aura  sur- 
tout à  constater  Tétat  local  des  organes,  et 
à  tenir  compte  de  Tâge ,  des  antécédente 
et  des  dispositions  individuelles,  pour 
établir  sur  des  bases  certaines  un  traite- 
ment tant  préservatif  que  curatif.  F.  R. 
HÉMORROÏDES,  voy.  Tart.  pré- 
cédent. 

HEMSRBRR  ou  Heevskeik  (Mae- 
TiN  Van  Vken,  ditl,  peintre  hollandab, 
né  en  1 498,  à  Hemskerk,  dont  le  nom  lui 
est  resté,  et  mort  à  Harlem  en  1574,  s'est 
fait,  dans  sa  patrie,  une  réputation  que  le 
temps  a  respectée.  Elève  de  Schoor^,  il 
imita  si  bien  la  manière  de  son  maître 
que  celui-ci,  par  jalousie,  le  chassa  de 
ton  école.  Martin  alors  partit  pour  Rome, 
où  il  médita  les  ouvrages  de  Michel-Ange 
et  exécuta  cette  suite  précieuse  de  dessins 
d'après  les  statues,  les  basHreliefs  antiques, 
les  vues  des  monuments  de  Rome,  dont 
Mariette  avait  recueilli  tout  un  volume.  Il 
en  rapporta  une  exécution  plus  savante, 
mais  plus  sèche  et  plus  tranchée  que  celle 
de  son  maître  Schooreel ,  et  conséquem- 
ment  moins  attrayante.  Selon  Lairesse , 
son  goût  de  dessin ,  facile  et  raisonné , 
mérite  d'être  étudié  à  cause  de  la  fermeté 
et  de  la  pureté  des  contour».  Vasari  vante 
beaucoup  une  suite  de  {teintures  en  gri* 
saille  dans  laquelle  Van  Veen,  qu*il  nom- 
me Martin  7V/^rjrc»»,  a  représenté  l'entrée 
de  Tcmpcreur  Charles -Quint  a  Rome. 
hn  ouvrages  les  plus  renommés  de  Hems* 


REM 

kerk  loiit  :  un  Saint  Lue  rnssis^  peig 

In  Vierge^  qui  le  fit  recevoir,  es  1 

dans  la  confrérie  des  peintres  de  Har 

wfi  Ciuist  au  maître-autel  de  la  gr 

église  d'Alcmaer;   la  Satire  de  M* 

contre  les  dieuXy  et  Mars  et  f^é/ms 

pris  par  Fulcain.  Son  chef-d^CMii 

une  Bacchanale  qui  a  été  graver. 

sieurs  anciens  graveurs  ont  travailb 

près  Van  Veen  ;  son  œuvre  dépassi 

pièces.  Lui-même  a  gravé  à  Teau-I 

mais  ses  estampes  sont  plus  rei-ha 

à  cause  de  leur  rareté  que  pour  len 

rite.  Les  douze  pièces  reprede«lai 

batailles  et  faits  mémorables  de  Ch 

Quint,  qu'on  lui  attribue  assec  géa 

ment,  ont  été  exécutées,  d'après  sa: 

sins,  par  Théodore  Coonnhaert,  m 

celle  où  François  l"  est  fait  prito 

qui  estdela  main  de  Corn.  Bos.  L.' 

HEMSTBRHUYS  (TiBàEE ,  r 

plus  grands  critiques  du  wiiii  i 

naquit  à  Groningue,  dans  la  pr 

de  ce  nom,  le  l*'  février  1683.  SIn 

François  HemUerhuya,  médecin  c 

gué  et  ami  éclairé  des  lettres,  culth 

soin  les  heureuses  dispositions  qw 

lustre  savant  annonça  de  bonne 

Dès  l'âge  de  1 4  ans,  le  jeune  Ua 

huvs  était  entré  à  l'aniversité  et 

ningue.  Jean  Bemoulli,  dont  il  s«r 

leçons,  et  qui  n'eut  pas  de  peine  i 

ner  tout  ce  qu'il  serait  un  jour,  s*i 

particulièrement  à  lui  :  sous  cet 

maître,  Hemsterhu^p  fit  des  progrèi 

pides  dans  les  mathématiques  et  I 

losophie  qu'il  se  plaça  bient«>t  au  pi 

rang  de  ses  élèves.  Après  avoir 

que  temps  ii  l'univemité  de  G 

il  se  rendit  à  Levde,  où  Tattirait  11 

tation  de  Perixonlus,  qui  v  enieîgi 

belles  -  lettres  et  surtout    Phiuoii 

cienne  avec  un  succès  inconnu  juK] 

A  Levde,  llenisterhuvs  eut  bienl 

l'attention  des  curateurs  de  Tacai 

qui  le  charg(-rent  du  soin  de  mci 

ordre  les  manuscrits  de  la  biblîot 

Après  ce  choix ,  trt*s  flatteur   pe 

si  jeune  homme,  personne  ne  don 

que  Hemsterhuys  ne  succédât  à  J 

novius  dans  la  chaire  de  litiératun 

que  qu'il  occupait;  roaisGronoviv 

des  intrigues  tinrent  mettre obsl* 

bonnes  dispositions  des  cnralears 


HEM 


(848) 


Hem 


t  b  diftire  fàt  donnée  k  Haver- 
»  nom).  En  1704,  à  peine  â|;é 
,  HeiBslerfauys  fut  appelé  à  Am~ 
oar  y  professer  les  mathémati- 
philosophie;  mais  ii  ne  se  laissa 
mer  par  ces  nouvelles  occupa- 
i  culture  des  lettres  anciennes.  U 
jBsterdam  J.  Broekhuys,  Berg- 
er, avec  lesqueb  il  se  lia  d^une 
litié.  Ce  fut  peu  après  son  arrî- 
ette  Tille  que,  sur  rinWtation  de 
vqjr.},  il  se  chargea  de  terminer 
in  lexique  de  Pollux,  que  Le- 
lit  commencée,  sans  aroir  pu  la 
an-delii  du  VIU«  lirre.  L'édi- 
t  en  1 706  et  mérita  au  jeune 
s  suffrages  des  savants.  Biais  des 
'il  rc^t  de  Bentley  {voy,)^  et 
telles  ce  grand  critique  corrigeait 
passages  des  poètes  comiques  ci- 
'ollux ,  passages  que  n^avait  pas 
Dent  corrigés  Hemsterhuys,  vin- 
itôt  troubler  la  satisfaction  que 
causée  ce  premier  succès.  Un 
découragement  sVmpara  de  lui  ; 
moment  de  renoncer  à  ses  études 
f  et,  pendant  deux  mois  entiers, 
«s  ouvrir  un  auteur  grec  U  finit 
Il  par  reprendre  courage,  et  com- 
il  n^était  pas  raisonnable  de  se 
omparer,  lui  noriœ,  à  un  criti- 
i  exercé,  aussi  consommé  que 
D  résolut  donc  de  refaire  son 
n  philologique.  Bentley  fut  le 
[a*il  se  proposa.  Il  se  mit  à  relire 
écrivains  grecs  en  commençant 
us  ancien,  pour  arriver,  en  sui* 
Ire  des  temps,  jusqu^au  plus  mo- 
lisait  toujours  la  plume  à  la  main, 
(Mit  ce  qui  pouvait  servir  a  éclair- 
ngue,  rbistoire,  la  philosophie, 
rs,  les  usages  de  Tantiquité.  Cet 
lui  fit  anuisser  les  trésors  d'éru- 
i*il  répandit  plus  tard  avec  tant 
inee  dans  ses  différentes  prodnc- 
loi  donna  de  la  langue  grecque 
nnaissaDce  intime  et  profonde 
l  surpassa  tous  ceux  qui  Tavaient 
D  ne  se  borna  pas,  comme  le  fai- 
nesque  tous  les  savants  de  son 
lire  les  poètes,  les  orateurs,  les 
s,  les  grammairiens;  mais,  imi- 
smple  des  savants  qui  avaient  il- 
ipoqne  de  la  renaissance,  il  fit 


entrer  dans  le  cercle  de  ses  lecHires  ki 
phikMophes,  les  mathématicieDS  et  les  as- 
tronomes. U  joignit  à  toutes  ces  études 
celle  des  monuments  de  l'art  antique, 
qu'il  regardait  comme  nécemaire  non-seu- 
lement pour  arriver  à  une  intelligence 
plus  parfaite  des  anciens  auteurs,  mais 
encore  pour  se  former  au  sentiment  du 
beau.  Toutefob,  il  considéra  constam- 
ment la  connaissance  approfondie  de  la 
langue  comme  le  fondenîent  nécessaire  de 
toutes  les  autres  connaissances.  11  intro- 
duisit dans  l'étude  de  la  langue  grecque 
une  méthode  fondée  sur  l'analogie,  et  qui 
consbtait  à  ramener  chaque  mot  à  ses 
éléments  primitifs  et  à  partir  de  là  pour 
en  observer  les  modifications,  les  trans- 
formations successives.  Cette  méthode. 


qui  fut  développée  encore  par  son  élève, 
Valckenaer,  et  par  Lennep,  n'a  pas  été  ac- 
cueillie par  le  reste  de  l'Europe  savante 
avec  la  fiiveur  qu'elle  avait  obtenue  en 
Hollande,  ou  même  aujourd'hui  elle  a 
beaucoup  perdu  de  son  crédit.  Mais  le 
grand,  le  durable  senrice  que  rendit 
Hemsterhuys  aux  écoles  de  son  pays,  ce 
fut  d'y  remettre  en  honneur  l'^de  du 
grec,  trop  négligée  avant  lui.  Juste  Lipse 
(vox.\  qui  avait  professé  les  belles-lettres 
à  Leyde  peu  après  la  fondation  de  l'uni- 
versité, n'avait  pas  craint  de  dire  que  la 
connaissance  du  grec  pouvait  faire  hon- 
neur à  un  savant,  mais  qu'elle  ne  lui  était 
pas  nécessaire  ;  et  peut-être  cette  doc- 
trine aurait-elle  prévalu,  si  Joseph  Sca- 
liger,  qui  lui  succéda,  n'était  venu  fonder 
en  Hollande,  par  son  exemple  autant  que 
par  ses  leçons,  l'étroite  alliance  des  lettres 
grecques  et  latines.  Les  Grotius,  les  Hein- 
sius,  les  Gronovius,  les  Gnevius  {iff^jr, 
tous  ces  noms),  marchèrent  dans  la  même 
voie;  mais  après  ces  habiles  critiques, 
l'étude  du  grec  fut,  sinon  entièrement 
abandonnée,  du  moins  fort  négligée,  et, 
pour  retenir  les  muses  grecques  près  de 
s'enfuir,  comme  dit  Ruhnkeniua,  élève  eC 
panégyriste  d'Hemsterhuys ,  il  ne  fallait 
rien  moins  qu'un  autre  Scaliger.  La  EU>I- 
lande  le  trouva  dans  Heauterhuys;  et  œ 
fiit  sans  doute  grâce  à  l'heureuse  révolution 
qu'il  opéra  dans  les  études,  que  ce  pays 
dut  de  ressaisir  le  sceptre  de  la  critique 
classique,  qu'il  conserva  pendant  tout  le 
dernier  sièda. 


HEM  (  644  ) 

En  1717,  lleroilerhuys  avait  été  ap- 
pelé d* Amsterdam  à  Franeker  comme 
professeur  de  grec  et  d'histoire  natio- 
nale; en  1740,  il  passa  avec  la  même 
qualité  à  l'université  de  Leyde.  Il  mou- 
rut dans  cette  dernière  ville,  le  7  avril 
1766.  Il  était  parvenu  à  sa  82*  année, 
conservant  jusqu'au  dernier  moment  toute 
la  vigueur  de  son  esprit.  Sa  mémoire  seule 
s'était  afTaiblie  vers  la  fin  de  sa  vie. 

On  a  d'Hemsterhuvs  :  1<*  la  continua- 
lion  de  l'édition  de  Pollux,  commencée 
par  Lederlin,  et  dont  il  a  soigné  les  trois 
derniers  livres  seulement;  2<*  un  choix  de 
dialogues  de  Lucien,  avec  des  notes  excel- 
lentes, qui  ont  été  souvent  réimprimées 
et  dont  la  première  édition  est  de  1708; 
8^  une  édition  des  œuvres  complètes  de 
Lucien,  dont  il  n'a  soigné  que  le  tiers  à 
peu  près,  la  lenteur  qu'il  mettait  dans  son 
travail  avant  forcé  les  Wetstein  à  s'adres-p 
ser  à  Reitzius,  qui  termina  l'édition  d'une 
manière  peu  digne  d'un  commencement 
dû  à  Hemsterhuys;  4^  le  Piutus  d'Aris- 
tophane (1744)  avec  les  scholies  et  des 
notes  ;  5^  des  notes  sur  Xénophon  d'É- 
phèse  dans  les  Miscellaneœ  OùserpaH'o- 
nés;  6<*  six  harangues  pour  des  solennités 
académiques,  publiées  par  Valckenaer  en 
1 7  84 .  Le  cadre,  admettant  là  plus  de  con- 
tinuilé  dans  les  développements  du  style, 
fait  mieux  apprécier  l'élégance  de  l'ex- 
pression latine  sous  la  plume  d'Htm - 
sterhu)'s;  7^  de  savantes  notes  dans  le 
Thomas  Magister  de  Bernard,  dans  THe* 
sychius  d'Alberti,  dans  le  Callimaque 
d'Emestî ,  dans  le  Properce  de  Bur- 
mann. 

Son  fils,  FRANÇOIS  Hemsterhuys,  lui- 
même  philologue  et  archéologue  distin- 
gué, né  à  Groningue  en  1 720,  et  mort  à 
La  Haye  en  1790,  après  avoir  publié  en 
langue  francise  de  nombreui  écrits,  se 
proposait  de  léguer  à  la  bibliothèque  pu- 
blique de  Leyde  ses  |>apiers  et  ses  recueils, 
et  il  avait  autorisé  Ruhnkenius  à  l'an- 
noncer publiquement  dans  l'éloge  que  ce- 
lui-ci a  consacré  à  son  illustre  maître*; 
mais,  soit  que  ces  papiers  aient  été  détruits 
ou  qu*ils  aient  été  dispersés,  il  n'a  pas  été 
possible  de  les  retrouver,  etlabibliothè- 


HBN 


(•)  Il  t^r.i  qimt'on  de  ce  rh^'f-ircr-itre  de 
êtt!e,frêi  modèle  da  geare ,  t  Ttrt  Ht-  m  re  t  a  i  rt. 


que  de  Leyde  s'est  vue  privée  de  ce  prr^ 
cieux  trésor.  E.  n.  S. 

HÉMUS  [Hœmus)y  haote  montapr 
de  la  Thrace,  qui  fiiît  partie  de  lacbaiar 
du  Balkan  (voy\)y  et  que  ron  coafeié 
quelquefois  avec  elle.  L'Hémus  est,  à  fvo- 
prement  parler,  le  Grand- Balkan  on  PÊ* 
mineh-Dagh.  Parmi  les  anciens,  Poa- 
ponius  Mêla  (II,  3,  1,)  en  a  donné  ow 
description  intéressante.  S. 

HKNAULT  (  CHAELSs-JsiLir.FaàS- 
çois).  Il  serait  difficile  de  troa^er  un  se- 
cond exemple  d'une  carrière  aii»i  con- 
stamment heureuse  que  celle  de  ce  ■■- 
gistrat-auteur.  Né  à  Pans  en  168S,  avec 
une  constitution  délicate  qui  ne  Peapè- 
cha  pas  de  devenir  plus  qu'octogénairrv 
Hénault  était  fils  d'un  riche  fermier  ^ 
néral.  Il  passa  quelques  années  dans  b 
congrégation  de  TOratoire,  où  son  fsoAl 
et  ses  dispositions  pour  les  lettres  fnrcnt^ 
dit-on,  encouragés  par  le  célèbre  !!»• 
sillon.  Rentré  dans  le  monde  pour 
per  une  place  de  président  an 
de  Paris,  que  lui  avait  achetée  son  pcn^ 
et  quoiqu'il  eût  plus  étudié  la  Htlératnm 
que  les  lois,  un  sens  droit,  bcaocoop  ér 
jugement  et  de  tact  suppléèrent,  daas  ces 
graves  fonctions,  à  ce  qui  pouvait  \m 
manquer  sous  ce  dernier  rapport. 

Couronné,  à  22  ans,  par  T Académie- 
Française  pour  son  poème  de  L'Homme 
inutile^  le  jeune  prisiiient  était  nn  dei 
hommes  à  la  mode  de  la  grande  sociélé, 
l'un  des  ornements  de  la  cour  qœ  tfoaii 
à  Sceaux  la  ducheme  du  Maine.  Ce  fal 
là  qu'il  se  lia  avec  Voltaire,  dont  les  ia- 
génieuses  flatteries  lui  créèrent  une  re- 
nommée littéraire  bien  au-dessus  de  ton 
mérite;  là  aussi  il  connut  M"^*  Doëef- 
fand  (voy,)y  dont  il  fut  d*abord  Famaat 
et  dont  il  resta  ensuite  l'ami. 

A  la  même  époque,  le  président  Hé- 
nault avait  adopté  comme  protège  pnblâr. 
comme  collaborateur  secret,  Tanteur  dr»- 
matique  Fuzelier.  Ils  composèrent  en- 
semble, pour  leThéâtre-Franrab,  nw 
Cornélie  vestaU  ^  tragédie  fort  menr- 
trière,  où  tous  les  personnages  pcr»- 
saient,  à  Teiception  de  l>omitien,  rt 
quelques  petits  actes,  entre  autres  /'Oni- 
cle  de  Delphes.  Suivant  Tusage  de  rr» 
associations,  les  chutes  restait  nt  pour  \t 
compte  de  Fuielier,  el  les  suc««^  l^r- 


IlEN 


(64S) 


HËN 


aieni,  dans  ropioion  publique,  le  lot  de 
ipnient  protecteur.  Il  en  recueillît  le 
oit  lorsqu'eo  1723  il  obtint  le  fauteuil 
adémique  vacant  par  la  mort  du  car- 
mal  Dubois. 

Quoique  homme  de  plaisirs,  auteur  de 
ieœs  de  théâtre  et  même  de  chansons 
otiqnes  et  épicuriennes ,  Uénault  cap- 

lellement  la  faveur  de  la  dévote  et  aus- 
re  Marie  Lesczinska  qu'il  fut  nommé, 
BS  rien  débourser,  surintendant  de  la 
aison  de  lareioe,  charge  qui,  avant  lui, 
lait  été  payée  300,000  livres.  Comblé 
ïs  dons  de  la  fortune,  il  sut  en  jouir  en 
otroDome  spirituel  :  ce  fut  alors  que 
NBmencèrent  chez  lui  ces  soupers  celé- 
rés  par  Voltaire,  réunion  de  gens  du 
oode,  de  littérateurs  et  de  femmes  ai- 
ables,  à  laquelle  il  ne  cessa  de  présider 
squ^à  sa  mort. 

Toutefob ,  ces  voluptés  pabibles,  qui 
raient  succédé  à  des  plaisirs  plus  vifs, 
endormirent  point  son  ambition  litté* 
«e.  Déjà,  dansson  essai  dramatico-his- 
cîqoe  intitulé  François  11^  qui  n'est 
n  sans  quelque  mérite,  mais  qui  eût 
saaandé  une  plume  plus  ferme  que  la 
Booe,  Hénault  avait  pris  nos  annales 
Nir  sujet  de  ses  travaux.  L*abbé  Boudot 
i  donna,  dit-on,  Tidée  de  Futile  etsub- 
intiel  ouvrage  qui  estson  meilleur  titre 
no  de  la  postérité.  Au  milieu  d'erreurs 

d*anadironismes  fréquents,  et  malgré 
ae  partialité  condamnable  qui  tait  ou 
icose  toutes  les  fautes  du  pouvoir,  le 
^ompel  Abrégé  chronologique  de  i'/tiS" 
\ire  de  France^  publié  pour  la  première 
ik  en  1 744,  1  vol.  in-4%  renferme  des 
artraits  bien  tracés,  des  observations 
«urquables,  de  fines  et  judicieuses  ap- 
réciations. 

La  vogue  de  cet  Abrégé  fut  prodi* 
ieuse^  il  est  vrai  que  Tauteur  en  soigna  la 
^nssite  et  en  multiplia  les  éditions  de 
ns  les  formats  avec  un  savoir-faire  tout- 
-lait  digne  de  notre  siècle  d'industrie. 
i  nVn  publia  pas  moins  de  huit,  de  1 744 

1768,  sans  rectifier  dans  aucune  des 
lexactitudes  qui,  pour  la  plupart,  étaient 
olontaires*. 


(*)  De  oot  jours  même,  VAhrigi  da  président 
léâaalt  a  été  souvent  reproduit  :  les  dernières 
dîtioM  sont  celle  de  M.  1«  baron  Walckenaèr  et 
lette  d«  BL  Miduad.  S. 


Le  président  Hénault  avait  eu,  dans  sa 
cinquantième  année,  quelque  velléité  de 
se  livrer  à  la  dévotion  ;  ce  fut  alors  que, 
préparant  une  confession  générale,  il  dit 
ce  mot  ingénieux  :  «  On  ne  se  trouve  JO'^ 
«  mais  si  riche  que  quand  on  démé^ 
«  nage.  «D'autre  part,  d'Argenson,  à  qui 
l'on  annonçait  que  le  président  voulait  se 
mettre  bien  avec  Dieu,  avait  répondu,  fi- 
dèle à  sa  causticité  :  ^Jele  crois;  Dieu 
«  est  en  assez  bonne  place  pour  cela,  » 
Il  parait,  du  reste,  que  cette  conversion  eut 
peu  de  suite,  ou  du  moins  qu'elle  changea 
peu  de  chose  aux  habitudes  du  converti. 

Membre  de  deux  Académies  (car  celle 
des  Inscriptions  l'avait ,  plus  justement 
que  l'autre,  accueilli  dans  son  sein);  nom- 
mé, après  la  mort  de  la  reine,  surinten- 
dant de  la  maison  de  la  Dauphine  ;  cu- 
mulant la  richesse  et  les  honneurs,  les 
agréments  de  la  vie  et  la  considération, 
le  président  Hénault  jouit  de  cette  con- 
stante félicité  jusqu'à  son  décès,qui  eutlieu 
en  1770;  il  était  âgé  de  85  ans.    M.  G. 

HENDÉCAGONE  (de  fyosxa,  onze, 
et  yuytflc,  angle),  que  l'on  écrit  aussi  im- 
proprement <?/i£^c/7^o/ié',est  te  nom  qu'on 
donne,  en  géométrie,  au  polygone  de  onze 
côtés  ou  de  onze  angles,  f^oy,  Figuhe  et 

POLYGOICB.  L.   L-T. 

HENDÉCASYLLABE,  de  Mtx9L, 
onze ,  et  vMXkoL^n  »  syllabe ,  est  un  terme 
de  prosodie  qui  désigne  un  vers  dans  le- 
quel onze  syllabes  se  combinent  et  for- 
ment un  trochée ,  un  spondée ,  un  dac- 
tyle et  deux  trochées,  comme  dans  le  vers 
saphique  : 

Jâm  si  I  tîs  ter  |  ris  ni?ïs  |  âtquê  |  dîrlê 

ou  un  spondée ,  un  dactyle  et  trob  tro- 
chées ,  comme  dans  le  vers  phaleuce  : 

Itûiiqùain  |  dîvltl  |  âsdë  |  ôs  r5  |  gâvif. 

Le  premier  emploi  du  vers  saphique  est 
attribué  à  Sapho  (iio/.),  et  Phalèque 
passe  pour  l'inventeur  du  vers  dit  pha- 
leuce [phalœcium  et  phaleuciutn).  Le 
vers  saphique  est  plus  spécialement  con* 
sacré  à  l'ode  ;  il  s'arrange  en  strophes  for- 
mées de  trois  vers  semblables  que  termine 
un  petit  vers  adonique  d'un  dactyle  et 
d'un  spondée.  Le  vers  phaleuce  ne  se 
combine  pas  avec  d'autres  vers  :  il  mar- 
che seul,  et  d'une  allure  vive,  élégante , 
qui  convient  très  bien  à  h  poésie  légjère^ 


(MO) 


rare  que  les  précédeotes,  est  signalée  par 
l'expoUion,  à  travers  le  canal  de  Furètrey 
d'une  certaine  quantité  de  sang  liquide 
plus  ou  moins  coagulé.  Le  sang  peut 
venir,  soit  des  reins,  soit  de  la  vessity  soit 
du  canal  de  l'urètre  lui-même.  Le  trai> 
tement  étant  semblable  dans  les  trois 
cas ,  il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  les 
rassembler  ici. 

Toute  lésion  mécanique  des  voies  uri- 
naires  peut  produire  rhématurie;  mais, 
dans  ce  cas,  c'est  une  hémorragie  trau- 
matique  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  oc- 
cuper. L'hématurie  par  exhalation  suc- 
cède k  l'abus  des  diurétiques  trop  actifs, 
des  cantharides,  de  la  térébenthine,  des 
purgatif  Acres,  à  la  suppression  de  quel- 
que autre  flux  sanguin  naturel  ou  acci- 
dentel. Elle  est  plus  commune  chez  les 
hommes  que  chez  les  femmes,  dans  l'âge 
adulte  et  dans  la  vieillesse  qu'aux  autres 
époques  de  la  vie. 

Le  pissement  de  sang  peut  être  précédé 
de  signes  tant  généraux  que  locaux  de 
congestion  et  de  pléthore;  quelquefois 
aussi  l'émission  du  sang  en  est  le  premier 
et  presque  le  seul  symptôme.  Néanmoins, 
dans  bien  des  cas,  on  peut  distinguer  la 
source  d'où  provient  le  sang  verse  au  de- 
hors: s'il  vient  du  rein,  le  malade  éprouve, 
dans  la  région  occupée  par  cet  organe, 
un  sentiment  de  chalenr  qui  se  prolonge 
dans  le  bas  ventre,  et  qui,  ordinairement 
borné  à  un  seul  cùté,  s'accompagne,  chez 
l'homme,  de  la  rétraction  du  testicule 
correspondant.  Quand  le  sang  est  versé 
dans  la  vessie  elle-même,  il  sort,  comme 
dans  le  cas  précédent,  plus  ou  moins  mêlé 
à  l'urine ,  et  il  y  a  des  douleurs  dans  cet 
organe  ainsi  que  dans  son  canal  excréteur, 
avec  un  sentiment  d*ardeur  dans  ce  canal 
et  dans  l'anus,  et  des  épreintes  au  col  de 
la  vessie  et  au  fondement.  Enfin ,  quand 
Thémorragie  vient  seulement  des  parois 
de  Turètre,  le  sang  est  rejeté  au  dehors  sans 
mélange  d'urine,  et  ban»  même  qu*it  y  ait 
de  besoin  d'uriner;  une  douleur  plus  ou 
moins  intense  dans  un  des  points  du  ca- 
nal indique  le  point  par  où  se  fait  Thé- 
morra^sie. 

L^liématurie  est  en  général  une  mala- 
die paungi're  ;  on  Ta  vue  cependant  queU 
c|ii«*toi«  êtit*  p4*rio(lii|uo,  mais  rarement 


les  jours  du  malade,  à  moint  i 
joigne  quelque  oompUcatioa. 
résulte  d'une  lésion  mécanîqi 
grave  et  guérit  facilement,  à  i 
la  blessure^n'ait  entraîné  de  fi 
ordres. 

Le  traitement  doit  être  ac 
qu'il  y  a  de  l'inconvénient  à 
joumer  dans  la  vessie  un  liqok 
tible  de  former  des  caillots  < 
expulser  et  pou  vaut  devenir  li 
calculs  urinaires  :  aussi  devr» 
des  saignées  générales  et  locak 
bains  et  des  applications  réfi 
tâcher  de  suspendre  l'écoulemei 
Quand  l'hémorragie  se  prêta 
forme  chronique,  on  lui  applii 
tement  de  l'inflammation  chr 
la  vessie.  Quant  aux  médicaoi 
seillés  comme  spécifiques,  et  qi 
astringents  connus  d'ailleurs,  i 
priétés  nesont  rien  moins  quec 
aussi  n'y  a-t-on  souvent  re 
comme  à  des  moyens  propret  ) 
gncr  du  temps,  lorsque  le  trait 
diqué  plus  haut  n'est  pas  assez 
tement  suivi  de  succès. 

HfiMoaaAGiK  UTt'aiif  B,  Mni 
Mknoaaacie  des  auteun  (de  ^ 
rompsycomposé,  dans  le  premîtr 
pirpa,  matrice,  et  dans  le  sea 
^nvcc,  les  règles),  vulgaireaa 
ou  perte  de  sang.  C'est  ainiî  q 
signe  tout  écoulement  du  sang  i 
par  l'utérus,  soit  aux  époqm 
truelles,  mais  dans  une  meson* 
la  quantité  normale  de  cette  ém 
soit  dans  toute  autre  cirooMli 
efTet,  cette  différence  dans  T^ 
l'apparition  ne  saurait  être  m 
suifisante  pour  multiplier  les  fli| 

Les  causes  prédisposantes soM 
pérament  sanguin  et  nervesi,! 
cence,  une  trop  grande  iiritdl 
Tutérus,  une  nourriture  trtf 
lente,  la  chaleur,  le  prinleapi^ 
vescence  de  ce  (|u'on  nomma  II 
rament,  surtout  alors  qu'clk  i 
primée.  Pour  causes  détenaÎMl 
reconnaît  toutes  celles  qui  ifH 
ret'temciit  sur  Tappareil  génîiri 
par  exemple,  riiillammatiood 
lie  la  matriiT,  Tetat  de  p 


I     —  --.-  I — I — , ,  fc- 

tilt  4'it  av»e/.  graxc  ^mr  compromettre  I  couches,  Tabus  du  café,  du  m 


HEM 


(6*1) 


HEM 


m  général,  les  excès  énenranU 
ire,  les  médicaments  appelé» 
emmenagogues(iK>x.  ces  mots) 
Ds  mesure,  l'usage  intempestif 
is  chaudes,  un  exercice  violent 
secousses  d^une  voiture  mal 
\i  plus  encore  celles  que  pro- 
ition,  enfin  les  accès  de  colère 
autre  passion  fougueuse,  etc. 
)tômes  précurseurs  de  Thé- 
térine  diffèrent  à   peine   de 
ïcèdent  chaque  époque  mens- 
|ui  signalent  une  congestion 
isparaissent  dès  que  le  sang  a 
I  couler.  Ce  flux,  d'ailleurs, 
lifester  tout  d'un  coup  et  sans 
nonce  par  rien, 
norragie  montre  une  grande 
i  se  renoureler  et  à  se  per- 
forme  périodique  ;  dans  quel- 
ne,  elle  a  présenté  des  inter- 
Bsez  bien  déterminées  pour 
»u  employer  avec  succès  le 
Elle  devient  rarement  assez 
hors  le  temps  des  couches, 
nner  immédiatement  la  mort; 
prolongeant  et  en  se  renou- 
peut  amener  un  épuisement 
ns  rapide.  D'ailleurs  on  sait 
*tes  de  sang  fréquentes  sont 
rmptome  d'une  affection  or- 
l'utérus  ;  comme  elles  précè- 
irement  cette  maladie,  on  a 
uVUes  en  étaient  la  cause  ; 
bien  démontré  qu'elles  n'en 

conséquence ,  et  qu'elles  se 
rtout  à  Tépoque  où  des  ulcé- 
lent  mettre  à  découvert  et  per- 
aeaux  sanguins  volumineux, 
ragie  des  nouvelles  accou* 
IccoucHEMEiTTs)  provicut  de 

le  décollement  partiel  ou 
placenta,  au  moyen  de  l'ac- 
à  terme  ou  prématuré,  Tu- 
enant  pas  sur  lui-même,  laisse 
rifices  vasculaires  qui  com- 
L  avec  les  cotylédons  placeo- 
le  sang  s'échappe  avec  abon- 
pidité  comme  d'artères  ou- 
1  voit  les  malades  s'éteindre 
minutes,  si  Ton  n*est  pas  as- 

pour  retenir  la  vie  qui  s*é- 

le  sang,  dans  toute  la  force 
on.   Souvent  le  danger  est 

p.  d.  G,  d,  M.  Tnmf  XIIÎ. 


d'autant  plus  grave  que**  l'hémorragie 
peut  avoir  lieu  dans  la  cavité  même  de 
l'utérus  y  son  orifice  se  trouvant  fermé  et 
rien  ne  s'écoulant  au  dehors.  C'est  ce 
qu'on  connaît  sous  le  nom  de  perte  in^ 
terne.  Dans  ce  cas,  la  malade  peut  expi- 
rer sans  que  les  personnes  qui  l'atostent 
s'en  doutent. 

Cette  espèce  d'hémorragie  présente 
un  des  cas  les  plus  graves  et  les  plus  dif- 
ficiles de  la  pratique  des  accouchements 
qui  demande  tant  de  prudence,  de  sang- 
froid  et  d'énergie.  Solliciter  les  contrac- 
tions utérines,  après  avoir  débarrassé  l'u- 
térus des  corps  étrangers  qui  peuvent 
empêcher  son  retour  sur  lui-même  (cail- 
lots, fragments  de  placenta),  comprimer 
l'aorte  ventrale  sur  la  saillie  sacro-verté- 
brale pour  empêcher  le  sang  d'afBuer  au 
bassin ,  telles  sont  les  indications  que  le 
chirurgien  doit  s'empresser  de  remplir  au 
plus  tôt.  C'est  aussi  dans  des  cas  de  ce 
genre  qu'on  a  eu  recours,  avec  on  plein 
succès,  à  la  pratique  de  la  transfusion  da 
sang  humain. 

Dans  les  pertes  ordinaires,  le  traite- 
ment doit  oommeneer  par  l'éloignement 
des  causes  tant  prédisposantes  que  dé- 
terminantes. Le  moyen  le  plus  sûr  est  la 
saignée  du  bras ,  qui  réussit  surtout  chez 
les   femmes  robustes  et  pléthoriques, 
quand  l'hémorragie  est  active  et  qu'elle 
s'accompagne  de  symptômes  généraux  et 
locaux  très  prononcés.  En  même  temps, 
on  doit  se  conduire  de  manière  à  ralen- 
tir autant  que  possible  la  circulation. 
Pour  cela,  il  convient  de  tenir  la  malade 
dans  une  atmosphère  fraîche,  couchée 
sur  un  matelas  de  crin ,  et  à  peine  cou- 
verte ;  de  lui  donner  des  boissons  froides 
acidulées ,  et  de  la  tenir  à  une  diète  sé- 
vère. Quand,  malgré  cela,  l'écoulement 
sanguin  continue,  on  a  recours  à  l'appli- 
cation de  compresses  i  mbi  béesd'eau  froide 
ou  de  vinaigre  sur  le  ventre  et  sur  les 
cuisses,  à  l'immersion  des  mains  dans  l'eau 
froide,  à  des  lavements  avec  ce  même  li- 
quide, enfin  à  l'apposition  de  ventouses 
sèches  ou  scarifiées  sur  les  mamelles ,  sur 
les  bras  et  entre  les  deux  épaules. 

Dans  les  pertes  chroniques  liées  aux 
inflammations  chroniques  ou  aux  désor- 
ganisations profondes  de  la  matrice ,  les 
narcotiques  en  cataplasmes  et  en  injec- 


HEM 


(642) 


REM 


lions  sont  d'an  grand  avantage,  de  même 
que  Fapplication  directe  des  astringents 
•ur  les  surfaces  qui  laissent  écouler  le 
sang,  et  le  tamponnement  dans  les  cas  où 
il  y  a  uo  danger  imminent.  Il  est  bien  en- 
tendu qu'il  y  a  lieu  de  remédier  ensuite 
aux  accidents  inflammatoires  qui  peuvent 
succéder  à  Pemploi  de  ces  moyens. 

On  doit,  après  avoir  pourvu  aux  indi- 
cations suscitées  par  un  danger  pressant , 
tâcher  de  prévenir  le  retour  ultérieur 
des  pertes ,  ce  à  quoi  Ton  parvient  par  le 
repos  complet ,  par  un  régime  doux  et 
tempérant  et  par  IVmploi  de  quelque 
évacuation  sanguine  artificielle,  quand 
des  symptômes  de  pléthore  ou  de  con- 
gestion locale  viennent  à  se  manifester. 
L'abstinence  de  tout  excitant  et  l'usage 
habituel  desémollientsetdes  narcotiques, 
sous  toutes  les  formes,  complètent  ce  trai- 
tement préservatif.  le  médecin  aura  sur- 
tout à  constater  Tétat  local  des  organes,  et 
à  tenir  compte  de  Tàge ,  des  antécédents 
et  des  dispositions  individuelles,  pour 
établir  sur  des  bases  certaines  un  traite- 
ment tant  préservatif  que  curatif.  F.  R. 
HÉMORROÏDES,  vof-  l'ut,  pré- 
cédent. 

HEMSKBRR  ou  Hekvskeik  (Mae- 
TIN  Van  Vken,  dit^,  peintre  hoilandab, 
né  en  1498,  à  Hemskerk,  dont  le  nom  lui 
est  resté,  et  mort  à  Harlem  en  1574,  s*est 
fait,  dans  sa  patrie,  une  réputation  que  le 
temps  a  respectée.  Élève  de  Schoor^,  il 
imita  si  bien  la  manière  de  son  maître 
que  celui-ci,  par  jalousie,  le  chassa  de 
son  école.  Martin  alors  partit  pour  Rome, 
où  il  médita  les  ouvrage»  de  Michel-Ange 
et  exécuta  cette  suite  précieuse  de  dessins 
diaprés  les  statues,  les  bas-reliefs  antiques, 
les  vues  des  monuments  de  Rome,  dont 
Mariette  avait  recueilli  tout  un  volume.  Il 
en  rapporta  une  exécution  plus  savante, 
mais  plus  sèche  et  plus  tranchée  que  celle 
de  son  maître  Schooreel ,  et  conséquem- 
ment  moins  attrayante.  Selon  Lairesse , 
son  goût  de  dessin ,  facile  et  raisonné , 
mérit«*  «rétre  étudié  à  cause  de  la  fermeté 
et  de  la  pureté  des  contours.  Vasari  vante 
lM*auf*oup  une  suite  de  |)eintures  en  gri* 
saille  dans  laquelle  Van  Veen,  qu*il  iioin- 
nie  Martin  Tetfrsci*^  a  représenté  rentrée 
de  Tcmpereur  (iharUi- Quint  à  Rome. 
Les  ouvrages  les  plusTWioiiiméi  de  Hems- 


kerk aont  :  un  Saint  Lue  mssis^  f 

tn  Vierge^  qui  le  fit  recevoir,  e 

dans  la  confrérie  des  peintres  de  I 

wt  Christ  au  maître -autel  de  la 

église  d'Alcmaer;   la  Satirr  de 

contre  les  dieuXy  et  Mars  et  #V- 

pris  par  Fulcain.  Son  chef-d^o 

une  Bacchanale  qui  a  été  gra« 

sieurs  anciens  graveurs  ont  travi 

près  Van  Veen  ;  son  œuvre  dép 

pièces.  Lui-même  a  gravé  à  Tel 

mail  ses  estampes  sont  plus  rei 

à  cause  de  leur  rareté  que  pour 

rite.  Les  douze  pièces  représeï 

batailles  et  faits  mémorables  de 

Quint,  qu^on  lui  attribue  assca  | 

ment,  ont  été  exécutées,  d*aprà 

sins,  par  Théodore  Coomhacrt 

celle  où  François  I^  est  fait  pi 

qui  est  de  la  main  de  Corn.  Bos. 

HEMSTBRHUYSrTiBiEB 

plus  grands  critiques  du  xvii 

naquit  à  Groningue,  dans  U 

de  ce  nom,  le  V  février  168 S.  I 

FrançoM  Hemsterhuys,  médeci 

gué  et  ami  éclairé  des  lettres,  en 

soin  les  heureuses  dispositions  t 

lustre  savant  annonça  de  bon 

Dès  Page  de  1 4  ans,  le  jeune 

huvs  était  entré  à  Taniversité 

w 

ningue.  Jean  Berooulli,  dont  il 

leçons,  et  qui  n*eut  pas  de  pcii 

ner  tout  ce  qu*il  serait  un  jour, 

particulièrement  à  lui  :   sous  i 

maître,  Hemsterhu^p  fit  des  pro 

pides  dans  les  mathématiques  « 

losophie  qu'il  se  plaça  bientttC  • 

rang  de  ses  élèves.  Après  avoir  p 

que  temps  à  Tunivenité  de  G 

il  se  rendit  ii  Leyde,  où  Tattirmi 

tation  de  Perizonius,  qui  y  eus 

belles  -  lettres  et  surtciut   lliis 

cicnnc  a\ec  un  succès  inconnu 

A  Levilc,  llcni^terhuvs  eut  bi 

Tattention  Ats  curateurs  de  T 

qui  le  chargèrent  du  s«)in  de 

ordre  les  manuscrits  de  la  bib 

Apre*  ce  choix ,  trî-s  flatteur 

si  jeune  homme,  personne  ne  < 

que  Hemsterhu\s  ne  succedit 

noviu^  dan»  la  chaire  dr  littéra 

que  (|u*il  occupait;  maisGroac 

des  intrigiio  \inrent  mettre  ol 

bonnes  dispositions  des  curale 


HEM 


(843) 


ttEM 


aMiémîe  et  la  chaire  fat  donnée  à  Haver- 
camp  (v.  ce  nom).  En  1704,  à  peine  â|;é 
Ae  19  ans,  Hemsterhuys  fut  appelé  à  Am» 
rtcrdam  pour  y  professer  les  mathémati- 
fBca  et  la  philosophie;  mais  il  ne  se  laissa 
pas  détourner  par  ces  nouvelles  occupa- 
tions de  la  culture  des  lettres  anciennes.  Il 
tiooTa  à  Amsterdam  J.  Broekhuys,  Berg- 
br,  Kûster,  avec  lesqueb  il  se  lia  d^une 
ficroite  amitié.  Ce  fut  peu  après  son  arri- 
iée  dans  cette  ville  que,  sur  l'invitation  de 
Stamus  (vof  .)y  il  se  chargea  de  terminer 
Tédition  du  lexique  de  Potlux,  que  Le- 
dvUn  avait  commencée,  sans  avoir  pu  la 
Bowlnire  au-delà  du  VIU«  livre.  Uédi- 
Im  parut  en  1706  et  mérita  au  jeune 
édîteur  les  suffrages  dessavants.  Biais  des 
lettres  qu'il  reçut  de  Bentley  (voj.),  et 
dios  lesquelles  ce  grand  critique  corrigeait 
phwieors  passages  des  poètes  comiques  ci- 
lés  par  Pollux ,  passages  que  n'avait  pas 
ktareasement  corrigés  Hemsterhuys,  vin- 
not  bientàt  troubler  la  satisfaction  que 
ki  avait  causée  ce  premier  succès.  Un 
frofbnd  découragement  s'empara  de  lui  ; 
fl  fat  au  moment  de  renoncer  à  ses  études 
llvorilea,  et,  pendant  deux  mois  entiers, 
i  n'oM  pas  ouvrir  un  auteur  grec.  Il  finit 
eqiendant  par  reprendre  courage,  et  com- 
prit qu'il  n'était  pas  raisonnable  de  se 

loir  comparer,  lui  novice,  à  un  criti- 

anssi  exercé,  aussi  consommé  que 
Bentley.  Il  résolut  donc  de  refaire  son 
Éducation  philologique.  Bentley  fut  le 
qu'il  se  proposa.  Il  se  mit  à  relire 
les  écrivains  grecs  en  commençant 

le  plus  ancien,  pour  arriver,  en  sui- 
it  l'ordre  des  temps,  jusqu'au  plus  mo- 
u  11  lisait  toujours  la  plume  à  la  main, 
tout  ce  qui  pouvait  servir  à  éclair- 
eir  la  langue,  l'histoire,  la  philosophie, 
les  moeurs,  les  usages  de  l'antiquité.  Cet 
iBCrcîoe  lui  fit  amasser  les  trésors  d'éru- 
fitioo  qu'il  répandit  plus  tard  avec  tant 
Abondance  dans  ses  différentes  produc- 
et  lui  donna  de  la  langue  grecque 
connaissance  intime  et  profonde 

oh  il  surpassa  tous  ceux  qui  l'avaient 
précédé.  Il  ne  se  borna  pas,  comme  le  fai- 
■dent  presque  tous  les  savants  de  son 
ieaips,  à  lire  les  poètes,  les  orateurs,  les 
Iteoriens,  les  grammairiens;  mais,  imi<- 
luit  l'evemple  des  savants  qui  avaient  il- 
hilré  l'époque  de  la  renaissance ,  il  fit 


entrer  dans  le  cercle  de  ses  lectures  les 
philosophes,  les  mathématiciens  et  les  as- 
tronomes. Il  joignit  à  toutes  ces  études 
celle  des  monuments  de  l'art  antique, 
qu'il  regardait  comme  nécessaire  non-seu- 
lement pour  arriver  à  une  intelligence 
plus  parfaite  des  anciens  auteurs,  mais 
encore  pour  se  former  au  sentiment  du 
beau.  Toutefob,  il  considéra  constam- 
ment la  connaissance  approfondie  de  la 
langue  comme  le  fondement  nécessaire  de 
toutes  les  autres  connaissances.  Il  intro- 
duisit dans  l'étude  de  la  langue  grecque 
une  méthode  fondée  sur  l'analogie,  et  qui 
consistait  à  ramener  chaque  mot  à  ses 
éléments  primitifs  et  à  partir  de  là  pour 
en  observer  les  modifications,  les  trans- 
formations successives.  Cette  méthode, 
qui  fut  développée  encore  par  son  élève, 
Vaickenaer,  et  par  Lennep,  n'a  pas  été  ac- 
cueillie par  le  reste  de  l'Europe  savante 
avec  la  faveur  qu'elle  avait  obtenue  en 
Hollande,  où  même  aujourd'hui  elle  a 
beaucoup  perdu  de  son  crédit.  Mais  le 
grand,  le  durable  service  que  rendit 
Hemsterhuys  aux  écoles  de  son  pays,  ce 
fut  d'y  remettre  en  honneur  l'étude  du 
grec,  trop  négligée  avant  lui.  Juste  Lipse 
(v^/0'  ^"'  ^^^'^  professé  les  belles-lettres 
à  Leyde  peu  après  la  fondation  de  l'uni- 
versité, n'avait  pas  craint  de  dire  que  la 
connaissance  du  grec  pouvait  faire  hon- 
neur à  un  savant,  mab  qu'elle  ne  lui  était 
pas  nécessaire  ;  et  peut-être  cette  doc- 
trine aurait-elle  prévalu,  si  Joseph  Sca- 
liger,  qui  lui  succéda,  n'était  venu  fonder 
en  Hollande,  par  son  exemple  autant  que 
par  ses  leçons,  l'étroite  alliance  des  lettres 
grecques  et  latines.  Les Grotius,  les  Hein- 
sius,  les  Gronovius,  les  Grsevius  (voy» 
tons  ces  noms),  marchèrent  dans  la  même 
voie;  mais  après  ces  habiles  critiques, 
l'étude  du  grec  fut,  sinon  entièrement 
abandonnée,  du  moins  fort  négligée,  et, 
pour  retenir  les  muses  grecques  près  de 
s'enfuir,  comme  dit  Ruhnkenius,  élève  et 
panégyriste  d'Hemsterhuys ,  il  ne  fallait 
rien  moins  qu'un  autre  Scaliger.  La  Hol- 
lande le  trouva  dans  Hemsterhuys  ;  et  ce 
futsans  doute grâceà  l'heureuse  révolution 
qu'il  opéra  dans  les  études,  que  ce  pays 
dut  de  ressaisir  le  sceptre  de  la  critique 
classique,  qu'il  conserva  pendant  tout  le 
dernier  siècle. 


HEM  (  644  ) 

En  17l7y  lleroilerhuys  avait  été  ap- 
pelé d^Amsterdam  à  Franeker  comme 
profeaseur  de  grec  et  d'histoire  natio* 
nale;  en  1740,  il  passa  avec  la  même 
qualité  à  TuniTersité  de  Leyde.  Il  mou- 
rut dans  cette  dernière  ville,  le  7  avril 
1766.  Il  était  parvenu  à  sa  82*  année, 
conservant  jusqu'au  dernier  moment  toute 
la  vigueur  de  son  esprit.  Sa  mémoire  seule 
s'était  afPaiblie  vers  la  fin  de  sa  vie. 

On  a  d'Hemsterhuvs  :  P  la  continua- 
lion  de  l'édition  de  Pollux,  commencée 
par  Lederlin,  et  dont  il  a  soigné  les  trois 
derniers  livres  seulement;  2"  un  choix  de 
dialogues  de  Lucien,  avec  des  notes  excel- 
lentes, qui  ont  été  souvent  réimprimées 
et  dont  la  première  édition  est  de  1708; 
8^  une  édition  des  œuvres  complètes  de 
Lucien,  dont  il  n'a  soigné  que  le  tiers  à 
peu  près,  la  lenteur  qu'il  mettait  dans  son 
travail  avant  forcé  les  Wetstein  à  s'adres-p 
ser  a  Reitzius,  qui  termina  l'édition  d'une 
manière  peu  digne  d'un  commencement 
dû  à  Hemsterhuys;  4^  le  Piuius  d'Aris- 
tophane (1744)  avec  les  scholies  et  des 
notes  ;  5"  des  notes  sur  Xénophon  d'É- 
phèse  dans  les  Miscellaneœ  Oùserpatio- 
nés;  6^  six  harangues  pour  des  solennités 
académiques,  publiées  par  Valckenaer  en 
1 7  84 .  Le  cadre,  admettant  là  plus  de  con- 
tinuilé  dans  les  développements  du  style, 
fait  mieux  apprécier  l'élégance  de  l'ex- 
pression latine  sous  la  plume  d'Htm - 
sterhuys;  7<*  de  savantes  notes  dans  le 
Thomas  Bfagister  de  Bernard,  dans  THe* 
sychius  d'Alberti,  dans  le  Callimaque 
d'Emesti ,  dans  le  Properce  de  Bur- 
mann. 

Son  fils,  François  Hemsterhuys,  lui- 
même  philologue  et  archéologue  distin- 
gué, né  il  Groningue  en  1 720,  et  mort  à 
La  Haye  en  1790,  après  avoir  publié  en 
langue  française  de  nombreui  écrits,  se 
proposait  de  léguer  à  la  bibliothèque  pu- 
blique de  Leyde  ses  papiers  et  ses  recueils, 
et  il  avait  autorisé  Ruhnkenius  à  l'an- 
noncer publiquement  dans  l'éloge  f|ue  ce- 
lui-ci a  consacré  à  son  illustre  maître*; 
mais,  soit  que  ces  papiers  aient  été  détruits 
ou  qu'ils  aient  été  dispersés,  il  n'a  pas  été 
possible  de  les  retrouver,  etlabibliothè- 


HBN 


(*)  Il  i^ra  qimiion  de  re  rhff-trœ'iTre  d« 
êty  f  r^rrai  modèle  da  geare »  t  Ttrt  Hi:  s  if  s  ta  i  v». 


que  de  Leyde  s*esl  vue  privée  de  ce  prr« 
cieux  trésor.  E.  n.  S. 

HÉMUS  [Hœmms)^  haote  montagae 
de  la  Thrace,  qui  fait  partie  de  la  chaiae 
du  Balkan  (voy.)^  et  que  Ton  confoeé 
quelquefois  avec  elle.  L'Hémus  est,  a  pro- 
prement parler,  leGrand-Balkan  on  FÊ- 
mineh-Dagh.  Parmi  les  anciens,  Po»- 
ponius  Mêla  (H,  3,  1 ,)  en  a  donaê  ow 
description  intéressante.  S. 

HKNAULT  (  CHAaLEs-JKaN-FaAV- 
çois).  Il  serait  difficile  de  trouver  oo  se- 
cond exemple  d'une  carrière  ami  con- 
stamment heureuse  que  celle  de  ce  ■■• 
gistrat-auteur.  Né  à  Paris  en  168S,  avtc 
une  constitution  délicate  qui  be  l'enpé- 
cha  pas  de  devenir  plus  qu'octogénaire, 
Hénault  était  fils  d'un  riche  fermier  ^ 
néral.  Il  passa  quelques  années  dan»  b 
congrégation  de  rOrstoire,  où  ton  fsoAl 
et  ses  dispositions  pour  les  lettres  fwcnt, 
dit-on,  encouragés  par  le  célèbre 
sillon.  Rentré  dans  le  monde  pour 
per  une  place  de  président  an 
de  Paris,  que  lui  avait  achetée  son 
et  quoiqu'il  eût  plus  étudié  la  littérîtvt 
que  les  lois,  un  sens  droit,  beaoconp  dr 
jugement  et  de  tact  suppléèrent,  danses 
graves  fonctions,  à  ce  qui  pouvait  y 
manquer  sous  ce  dernier  rapport. 

Couronné,  à  33  ans,  par  TAcadéM- 
Française  pour  son  poème  de  L'Homm 
inutile^  le  jeune  président  était  no  dn 
hommes  a  la  mode  de  la  grande 
l'un  des  ornements  de  la  coar  qne 
à  Sceaux  la  duchesse  du  Maine.  Ce  ta 
là  qu'il  se  lia  avec  Voltaire,  dont  les  ia- 
génieuses  flatteries  lui  créèrent  uneit* 
nommée  littéraire  bien  au-deasni  de  wm 
mérite  ;  là  aussi  il  connut  M' 
fand  {voy,\  dont  il  fut  d'abord  l'i 
et  dont  il  resta  ensuite  l'ami. 

A  la  même  époque,  le  président  Hé- 
nault avait  adopté  comme  protégé  poMit, 
comme  collaborateur  secret,  Tautenr  en* 
matique  Fuzelier.  Ils  composèrent  ca- 
semble,  pour  le  Théâtre-Francab,  «t 
Cornélie  vestale  ^  tragédie  fort  mfar* 
trière,  où  tous  les  personnages  pcfii- 
saient,  à  l'exception  de  Domitiea,  rt 
quelques  petits  actes,  entre  autres  /'Om* 
de  de  Delphes.  Suivant  Tubage  de  c» 
associations,  les  chuti^s  restait  nt  poor  It 
compte  de  Fuielier,  et  les  su«.«rf  l«r* 


I 


UEN 


(64S) 


HËN 


biient,  dans  ropioion  publique,  le  lot  de 
'opulent  protecteur.  U  en  recueillît  le 
mit  lorsqu*en  1723  il  obtint  le  fauteuil 
leadémique  vacant  par  la  mort  du  car- 
linal  Dubois. 

Quoique  homme  de  plaisirs,  auteur  de 
pièces  de  théâtre  et  même  de  chansons 
erotiques  et  épicuriennes ,  Uénault  cap- 
a  tellement  la  ûiTeur  de  la  dérote  et  aus- 
ère  Marie  Lesczinska'  qu*il  fut  nommé , 
ans  rien  débourser,  surintendant  de  la 
■aison  de  la  reine,  charge  qui,  avant  lui, 
liait  été  payée  300,000  livres.  Comblé 
les  dons  de  la  fortune,  il  sut  en  jouir  en 
pstroDome  spirituel  :  ce  fut  alors  que 
commencèrent  chez  lui  ces  soupers  célé- 
brés par  Voltaire,  réunion  de  gens  du 
■onde,  de  littérateurs  et  de  femmes  ai- 
■ables,  à  laquelle  il  ne  cessa  de  présider 
jvqa'à  sa  mort. 

Toutefois ,  ces  voluptés  pabibles,  qui 
iraient  succédé  à  des  plaisirs  plus  vifs, 
i*eodormirent  point  son  ambition  litté- 
lire.  Déjà,  dans  son  essai  dramatico-his- 
iirii|iie  intitulé  François  lly  qui  n*est 
■a  aaas  quelque  mérite,  mais  qui  eût 
ndé  une  plume  plus  ferme  que  la 
Hénault  avait  pris  nos  annales 
our  sujet  de  ses  travaux.  L*abbé  Boudot 
li  donna,  dit-on,  Tidée  de  Futile  etsub- 
antiel  ouvrage  qui  est  son  meilleur  titre 
m  de  la  postérité.  Au  milieu  d'erreurs 
L  d*aoachroniames  fréquents,  et  malgré 
■e  partialité  condamnable  qui  tait  ou 
■cnse  toutes  les  fautes  du  pouvoir,  le 
fompel  Abrégé  chronologique  de  VhiS" 
vre  de  France^  publié  pour  la  première 
nia  en  1744,  1  vol.  in-4%  renferme  des 
«Htraits  bien  tracés,  des  observations 
aBiarquables,  de  unes  et  judicieuses  ap* 
véciations. 

La  vogue  de  cet  Abrégé  fut  prodi- 
gieuse) il  est  vrai  que  Tauteur  en  soigna  la 
teisite  et  en  multiplia  les  éditions  de 
0BS  les  formats  avec  un  savoir-faire  tout- 
i-4ait  digne  de  notre  siècle  dMndustrie. 
1  nVn  publia  pas  moins  de  huit,  de  1 744 
I  1768,  sans  rectifier  dans  aucune  des 
inexactitudes  qui,  pour  la  plupart,  étaient 
volontaires  \ 


(*)  De  oot  jours  même,  VAhrigi  da  président 
léàsalt  a  été  «oiiTeiit  reproduit  :  les  dernières 
Uàùumà  soat  eelle  de  M.  1«  baron  Walckenaër  et 
celle  d«  Bf.  Miduad.  S. 


Le  président  Hénault  avait  eu,  dans  sa 
cinquantième  année,  quelque  velléité  de 
se  livrer  à  la  dévotion  ;  ce  fut  alors  que, 
préparant  une  confession  générale,  il  dit 
ce  mot  ingénieux  :  a  On  ne  se  trouve  ja'^ 
«  mais  si  riche  que  quand  on  démé" 
«  nage,  »  D*autre  part,  d*Argenson,  à  qui 
Ton  annonçait  que  le  président  voulait  se 
mettre  bien  avec  Dieu,  avait  répondu,  fi- 
dèle à  sa  causticité  :  tiJe  le  crois;  Dieu 
«  est  en  assez  bonne  place  pour  cela,  » 
Il  parait,  du  reste,  que  cette  conversion  eut 
peu  de  suite,  ou  du  moins  qu'elle  changea 
peu  de  chose  aux  habitudes  du  converti. 

Membre  de  deux  Académies  (car  celle 
des  Inscriptions  l'avait,  plus  justement 
que  l'autre,  accueilli  dans  son  sein)  ;  nom- 
mé, après  la  mort  de  la  reine,  surinten- 
dant de  la  maison  de  la  Dauphine  ;  cu- 
mulant la  richesse  et  les  honneurs,  les 
agréments  de  la  vie  et  la  considération, 
le  président  Hénault  jouit  de  cette  con- 
stante félicité  jusqu'à  son  décès,qui  eut  lieu 
en  1770;  il  était  âgé  de  85  ans.    M.  O. 

HENDÉCAGONE  (de  fyosxa,  onze, 
et  yuytflc,  angle),  que  l'on  écrit  aussi  \m^ 
propremeniendécagonejest  le  nom  qu'on 
donne,  en  géométrie,  au  polygone  de  onze 
côtés  ou  de  onze  angles.  F'oy,  Figuhe  et 

POLYGOICB.  L.   L-T. 

DENDÉCASYLLABE,  de  hhxa, 
onze ,  et  aiùla^n  »  syllabe ,  est  un  terme 
de  prosodie  qui  désigne  un  vers  dans  le- 
quel onze  syllabes  se  combinent  et  for- 
ment un  trochée ,  un  spondée ,  un  dac- 
tyle et  deux  trochées,  comme  dans  le  vers 
saphique  : 

Jim  si  I  tîs  ter  |  rîs  nivïs  |  âtquê  |  dîrlê 

ou  un  spondée ,  un  dactyle  et  trois  tro- 
chées ,  comme  dans  le  vers  phaleuce  : 

nûiiqûam  |  dîvltl  |  âsdë  |  ôs  r6  |  giv^. 

Le  premier  emploi  du  vers  saphique  est 
attribué  à  Sapho  (iio/.),  et  Phalèque 
passe  pour  l'inventeur  du  vers  dit  pha- 
leuce [phalœcium  et  phaleuciutn).  Le 
vers  saphique  est  plus  spécialement  con* 
sacré  à  l'ode  ;  il  s'arrange  en  strophes  for- 
mées de  trois  vers  semblables  que  termine 
un  petit  vers  adonique  d'un  dactyle  et 
d'un  spondée.  Le  vers  phaleuce  ne  se 
combine  pas  avec  d'autres  vers  :  il  mar- 
che seul,  et  d'une  allure  vive,  élégante, 
qui  convient  très  bien  à  la  poésie  légèrei 


HëN  (  646  ) 

à  répigramme  ;  son  rhythme  unit  la  sim- 
plicité ,  la  grâce,  au  seo liment.  Martial , 
Catulle  ont  fait  un  délicieux  usage  de  cette 
sorte  de  vers  que,  par  excellence,  on  ap- 
pelle hendécasyllabe.  F.  D. 

IIENGIST  ET  UORSA ,  deux  frè- 
res saxons,    jadis  célèbres  parmi  leurs 
compatriotes  de  la  Germanie  et  de  Pile 
Britannique  par  leur  force  corporelle  et 
Tancienneté  de  leur  race ,  dont  Torigine 
se  rattachait  directement  à  Odin.  Ce  fut 
en  449  que  les  Bretons  (voy,)  appelèrent 
pour  la  première  fois  les  Saxons  à  leur 
secours  contre  les  attaques  des  Scots  et 
des  Pietés.  C'était  une  occasion  trop  fa- 
vorable de  mettre  à  exécution  les  projets 
que  les  Saxons  nourrissaient  depuis  long- 
temps sur  cette  belle  ile,  pour  qu'ils  n'ac- 
ceptassent pas  avec  empressement  cette 
invitation.  Hengist  et  Horsa  se  mirent  à 
la  tète  des  guerriers,  débarquèrent  à  Tem- 
bouchure  de  la  Tamise,  attaquèrent  les 
ennemis  des  Bretons,  et  les  battirent  près 
de  Stamford.  Comme  la  victoire  ne  leur 
avait  pas  coûté  de  grands  efforts ,  ils  s'i- 
maginèrent qu'ils  soumettraient  avec  plus 
de  facilité  encore  une  nation  qui  n'avait 
pas  su  résister  à  d'aussi  faibles  ennemis. 
Ils  envoyèrent  donc  des  messagers  aux  au- 
tres Saxons  pour  leur  vanter  la  fertilité 
du  pays  et  pour  leur  promettre  une  vic- 
toire aussi  aisée  que  certaine  (voy,  An- 
glo-Saxons).  Dès  qu'ils  eurent  re^i  des 
renforts,   ils  cherchèrent  querelle  aux 
Bretons,  sous  le  prétexte  qu'ils  ne  leur 
donnaient  pas  la  récompense  promise  et 
qu'ils  ne  pourvoyaient  pas  à  leur  entre- 
tien comme  ils  s'y  étaient  engagés;  puis 
ils  jetèrent  le  masque ,  s'allièrent  avec  les 
Pietés  et  les  Scots,  et  attaquèrent  ceux 
qui  avaient  eu  l'imprudence  de  les  appe- 
ler dans  leur  pays.  Les  Bretons  prirent 
les  armes ,  déposèrent  leur  roi  Vortiger, 
que  ses  vices  et  le  pernicieux  conseil  qu'il 
leur  avait  donné  avaient  rendu  odieux 
à  tous ,  et  placèrent  sur  le  trône  son  fils 
Vortimer.  La  guerre  fut  faite  de  part  et 
d'autre  avec  acharnement.  Les  Anglo- 
Saxons  pénétrèrent  en  vainqueurs  dans 
l'intérieur  de  l'ile,  exercèrent  toutes  sor- 
tes de  cruautés ,  et  réduisirent  enfin  les 
Bretons  à  courber  la  tète  sous  le  joug. 

Hengist,  quiavaitperduaon  frère  Uorsa 
i  /«  bataille  d'E^Usaford,  ixijQurd'bui 


HËN 

Ailaford,  fonda  le  royaume  de  Reni,  qiî 
comprenait  les  comti'^s  actueb  de  Reul, 
Middiesex,  Essex  et  Surrey.  Il  étahlii« 
résidence  à  Cantorbéry ,  et  mourut  ««it 
488.  Son  frère  Octa  et  son  neveu  Ebiai, 
qu'il  avait  fait  venir  auprès  de  lui,  s'eia» 
blirent  dans  le  Northuniberland.  Pis- 
sieurs  chefs  saxons  les  suivirent  par  h 
suite,  et  fondèrent  les  sept  royaumes  dt 
l'Heptarchie  (vnr.  ce  mot).     '     C.  L 

UENKE  (HEifai.PHiuppE.Co5aAii>, 
savant  théologien  protestant,  naquit  à 
Hehien,  dans  le  duché  de  Bmnswic,  le  S 
juillet  1752.  Il  perdit  de  bonne  heure  m 
père ,  qui  était  pasteur  ;  mais  son  appli* 
cation  et  ses  talents  lui  firent  bientôt  troo* 
ver  de  puissants  protecteurs.  Il  débat» 
dans  la  carrière  littéraire  par  une  tra- 
duction de  Quintilien,  et  il  allait  accep- 
ter une  place  de  professeur  au  gymsait 
de  Saint-Martin,  à  Bmnswic,  lôrsqall 
fut  nommé,  en  1778,  professeur  extraor- 
dinaire de  théologie  à  l'université  d'Hels- 
stedt  (voy,) ,  aujourd'hui  supprimée.  Sa 
parole  vive,  libre,  énergique,  lui  attira 
bientôt  un  nombreux  auditoire.  Il  poa 
la  base  de  sa  réputation  par  la  publica* 
tîon  de  son  Histoire  de  i'Égiise    t.  I*, 
Bmnswic,  1788),  qui  a  été  terminée  p« 
Vater,  à  Kœnigsberg  (5«  édît.,  9  vol.  ia- 
8»,   1818-33 '.  Cet  ouvrage,  véntable 
trésor  d'émdition  et  de  critique ,  est  me 
preuve  irréfragable  des  vastes  connais* 
sances  et  du  libéralisme  des  opinions  di 
son  auteur  ;  mais  il  est  trop  systémati- 
que, les  faits  y  sont  dbpos  dans  un  or- 
dre trop  artificiel,  et,  quoique  écrit  poor 
les  académies  et  les  écoles,  il  nW  nnlle* 
ment  propre  à  être  mb  entre  les  mains  dr 
la  jeunesse.  Ce  livre  manque  d*ailleun  dr 
proportion,  les  deux  premiers  voluna 
arrivant  jusqu'à  la  réforme  du  x\*sircl( 
et  sept  autres  volumes  ayant  été  nem* 
saires  pour  les  trois  siècles  suivants.  Cx* 
sept  volumes ,  Vater ,  pour  rétablir  ont 
juste  proportion,  les  a  réunis  en  un  seul, 
publié  en  1823. 

Henke  était  ennemi  de  ce  dogmatisne 
qui  impose  la  foi  et  défend  tout  eianm. 
Lorsque  parut  Tédit  de  religion  en  Pru«ie, 
il  se  chargera  d'apprécier  dans  la  Btblry- 
ihrque  allemande  tous  les  ouvrages  qw 
furent  publiés  k  cette  cKxasion ,  et  n*kbr* 
alu  pas  à  se  déclarer  hiytiiit  Twii 


HEN 


(647) 


HEN 


de  ces  aiticlet.  Dans  sa  patrie  même ,  le 
|itojet  qae  l^on  avait  d^introduire  une 
iMNiTekle  liturgie,  et  qu^on  abandonoa  eo- 
soile,  Tentraina,  comme  rédacteur  de 
VEusebÈOy  dans  de  vives  et  pénibles  dis- 


La  dogmatique  de  Henke  [Lineamenta 
imttitutionum  fidei  christ.  hisL  crii, , 
1793)  est  écrite  dmns  un  latin  classique,  et 
fenrnit  une  nouvelle  preuve  de  son  éru- 
ditioo  historique  et  théologique.  Dans  les 
dernières  années  de  sa  vie,  il  a  rendu  des 
acwiees  réels  à  Texégèse  par  la  publica- 
tion du  Magasin  de  philosophie  religieuse 
et  du  Musée  de  Thistoire  de  PÉglise,  Tun 
et  Tautre  en  allemand.  Comme  prédica- 
il  se  distinguait  par  Ténergie.  Ses 
ions  avaient  souvent  quelque  chose 
ds  roide ,  car  il  avait  le  travail  difficile  ; 
■ais  ils  étaient  pleins  de  science ,  de  lo- 
gique et  de  raison.  Son  discours  sur  le 
eooroDDement  de  Napoléon  (1807),  qui 
lété  traduit  par  Ch.  de  Villers,  a  fait  du 
Ivoit  dans  le  temps  par  sa  franchise. 

Heoke  fut  successivement  premier  pro- 
toÊcar  de  théologie,  directeur  du  sémi« 
aaire  des  prédicateurs,  abbé  de  Kœ- 
ftigsliitter  (c'est  de  là  qu'il  est  toujours 
désigiié  j^bt  Henke),  surintendant  géné- 
ral et  vice -président  du  consistoire  de 
Wolfenbuttel.  En  1807,  il  fut  envoyé  en 
dépatation  à  Paris  pour  prêter  serment 
de  fidélité  au  roi  de  Westphalie  et  aux 
États  assemblés  à  Gassel  en  1808.  Il  re- 
tooms  malade  chez  lui ,  et  mourut  le  2 
Bai  1809.  CL.  m. 

HENNEBERG  (comté  d*).  Ce  com- 
té, qui  depub  1810  avait  rang  de  prin- 
dpsuté  et  qui  a  été  partagé  en  1815, 
fusait  autrefois  partie  du  cercle  de  Fran- 
conie  ;  il  confinait  avec  la  Hesse,  la  Thu- 
ringe,  les  territoires  de  Fulde,  et  de 
Wurzbourg,  et  comprenait,  sur  34  milles 
carr.  géogr.,  plus  de  105,000  habitants. 
En  1583,  la  famille  des  comtes  de  Hen- 
iieberg,  qui  descendaient  vraisemblable- 
ment des  anciens  comtes  [Graufp^averî) 
de  Grabfelde,  étant  venue  à  s'éteindre, 
ses  possessions  passèrent  aux  diverses  li- 
gnes de  Saxe  qui  les  possédèrent  d'abord 
en  commun,  mais  qui,  en  1 660,  les  parta- 
gèrent entre  elles,  après  en  avoir  cédé  une 
partie  à  Hesse-Caasel;  et  la  part  échue  à 
rékdoratde  Stxe^  les  bailliages  de  Schleu- 


singen,  de  Suhla,  etc. ,  tombèrent  en  1 8 1 5 
au  pouvoir  de  la  Prusse.  Weimar  en  pos- 
sède les  trois  bailliages  d'Ilmenau,  d'Ost- 
heim  et  de  Kaltennordheim  ;  le  reste 
appartient  à  la  maison  saxonne  de  Mei- 
ningen  -  Hildburghausen.  On  voit  en- 
core près  du  village  de  Massfeld  les 
ruines  de  l'ancien  château  d'Henneberg, 
qui,  détruit  en  1515  dans  la  guerre  des 
paysans,  ne  fut  pas  relevé  depuis.  C.  L . 

UBNNEQUIN  (AirToiirE-Louis-MA- 
rie),  avocat  célèbre  de  la  Cour  royale 
de  Paris  et  membre  de  la  Chambre  des 
députés ,  naquit  à  Monceau,  tout  près  de 
Paris,  le  22  avril  1786.  Sa  famille  éuit 
originaire  de  la  Lorraine,  que  son  père 
avait  quittée  pour  s'établir  dans  la  capi- 
tale et  y  exercer  la  profession  de  notaire. 
Lui-même  y  commença  son  cours  de 
droit,  dans  ce  qu'on  appelait  alors  /'£/- 
niversité  de  jurisprudence.  Ses  progrès 
ne  furent  pas  moins  rapides  qu'ils  ne  l'a- 
vaient été  dans  les  langues  anciennes. 
Mais  à  cette  époque-là,  le  mérite  et  la  va- 
leur s'étaient  donné  rendez-vous  sous  la 
tente  :  le  jeune  Hennequin  y  fut  poussé 
comme  Unt  d'autres.  «  Il  s'en  allait,  dit 
M.  Nettement,  de  champ  de  bataille  en 
champ  de  bataille,  rêvant  au  milieu  de 
la  gloire  militaire  la  gloire  du  barreau... 
Le  voyez-vous,  le  futur  avocat,  parta- 
geant son  temps  entre  l'étude  et  la  guerre, 
ne  pillant  en  Allemagne  que  la  sagesse 
des  jurisconsultes?..  Le  voyez- vous  lisant 
Montesquieu ,  et ,  tandis  que  Bonaparte 
arrêtait  le  sinet  à  la  page  de  la  grandeur, 
tournant  déjà  celle  de  la  décadence?...  » 
A  l'époque  de  la  paix  de  Tilsitt,  conclue 
le  7  juillet  1807,  Hennequin  était  sous- 
lieutenant  au  8^  régiment  d'artillerie.  Il 
quitta  l'armée  quelque  temps  après,  et^ 
fidèle  à  sa  vocation,  il  vint  reprendre 
(1813)  sa  place  sur  les  bancs  de  l'école 
de  droit.  Bientôt  il  fut  reçu  avocat. 

Son  goût  de  l'ordre,  ses  principes  gra- 
ves, ses  convictions  positives  et  réfléchies, 
une  grande  rectitude  de  sens  et  une  logi- 
que parfaite,  joints  à  une  élocution  facile 
le  menèrent  rapidement  à  la  réputation^ 

Après  la  restauration  des  Bourbons 
les  lois  relatives  aux  émigrés,  en  donnan| 
lieu  à  de  nombreux  procès ,  fournirent 
aux  avocats  en  renom  de  belles  occasion^ 
de  faire  briller  leur  éloquence.  En  1817 


HEN 


(648) 


HEN 


M.   Hennfquîn  plaida  avec  éclat  dans 
plusieurs  causes  de  ce  genre,  surtout  dans 
les  affaires  Mirepoix  et  Dudaux,  qui  eu- 
rent   beaucoup    de   retentissement.   I^ 
mêine  année,  il  fut  Tun  des  signataires  de 
la  consultation  en  faveur  de  MM.  Comtt 
et  Dunoyer,  ayant  pour  objet  de  légiti- 
mer la  censure  exercée  par  eux  sur  les 
actes  du  gouvernement.  En  1 81 8,  il  plai- 
da  son  premier  procès  politique,  dans  la 
cause  de  M.  Fiévée  (vo/.),  qui  avait  été 
traduit  en  police  correctionnelle  pour 
quelques  passages  de  sa  Correspondance 
politique  et  administrative.  Les  efTorts 
de  Favocat  ne  furent  point  couronnés  de 
succès  :  son  client  fut  condamné  ;  mais 
voici  quel  jugement  ce  dernier,  qui  ne 
prodiguait  pas  les  éloges,  porta  lui-même 
sur  son  défenseur  :  «  M.  Henuequin,  écri- 
vait-il, a  plaidé  la  cause  de  la  liberté  de  la 
presse  et  la  mienne  avec  un  talent  qui  a  fixé 
tous  les  suffrages...  J*étais  dans  une  admi- 
ration que  je  ne  puis  vous  exprimer...  » 

Nous  passerons  sous  silence  plusieurs 
autres  de  ses  plaidoyers,  celui  contre  la 
Tontine,  ceux  en  faveur  du  commandant 
Bérard,  de  la  ville  de  Liège,  réclamant  le 
coeur  de  Grétry  (vo/.),  etc.,  qui  se  trou- 
vent tous  dans  les  Annales  du  barreau 
français.  M.  Hennequin,  catholique  et 
royaliste,  écrivit,  en  1834,  des  mémoires 
contre  l'Anglais  Douglas-Loveday,  dont 
une  institutrice  avait  porté  la  fille,  qu'elle 
refusait  aux  embrassements  de  son  père, 
à  abjurer  sa  foi.  Il  défendit,  en  1836,  le 
journal  PÉtoile,  plaida  contre  les  héri- 
tiers La  Chalotais,  et  en  1831,  pour  la 
maison  de  Rohan,  dans  le  célèbre  procès 
au  sujet  de  la  succession  du  prince  de 
Condé  contre  le  jeune  duc  d'Aumale,  lé- 
gataire universel. 

Cependant,  à  Pexception  de  quelques 
procès  politiques,  M.  Hennequin,  sous  la 
Restauration,  était  resté  étranger  à  la  lutte 
des  partis;  mais,  voué  depuis  longtemps 
à  la  cause  de  la  légitimité,  il  lui  resu  fi- 
dèle dans  l'adversité  lorsque  la  révolution 
des  trois  jours  eut  détruit  Tœuvre  del  8 1 5. 
Il  la  défendit  à  la  fois  au  barreau  et  à  la 
tribune  législative.  Sans  parler  de  ses  nom- 
breux plaidoyers  pour  la  défense  des  jour- 
naux royalistes,  on  sait  que  ce  fut  lui  qui 
défendit  M.  de  Peyronnet  {voy,)  devant 
/«  Chambre  des  pairs,  lortdu  fameux  pro- 


cès des  ministres  (décembre  1830*:.  Ea 
1 832 , les  tentatives  dlnsurrcctioiifla  prin 
d'armes  de  la  Vendée,  les  projets  da  as- 
vire  sarde  le  Carlo^Alberto{voy,%W9Ai\ 
le  complot  de  la  rue  des  Pronvaira  à 
Paris,  etc.,  multiplièrent  les  travaux  yam 
M.  Hennequin.  Il  défendit  MM.  deKcr* 
gorlay  et  de  Saint-Priest,  et  M"«de  G«î- 
gny,  rhôtesse  courageuse  de  M"**  b  de* 
chesse  de  Berry;  celle-ci  elle-inèBe  rap- 
pela auprès  d'elle  à  Blaye  pour  être  sœ 
conseil  et  son  défenseur,  et  on  le  vit  Umrk 
tour  à  Rennes,  à  Chartres,  à  Bloia,  à  Paris 
à  Montbrison,  etc.,  combattre  et  sou^cat 
triompher.  Bientôt  Tavocat  se  translbraa 
en  homme  politique  :  élu  député,  en 
1834,  dans  le  3*  collège  de  LUIeNord , 
M.  Hennequin  vint  prendre  place  an  pa- 
lais Bourbon  près  des  Fitz-Jaoïes  et  des 
Berryer  (vo^.  ces  noms).  A  la  chambre, 
cependant,  il  resta  encore  avocat,  en» 
déclarant  surtout  le  défenseur  du  droit 
commun  et  de  la  légalité  contre  IV 
tion  et  le  droit  passager.  Il  monta 
ment  à  la  tribune  ;  mais  lon(]u*îl  y  pa» 
raissait,  il  y  était  écouté  avec  attentioe. 
«  M.  Hennequin,  a  dit  Timon  (vujr.  Coa* 
«  mevin),  est  quelquefois  vésitablcmol 
«  orateur,  orateur  de  cette  éloquence  <|Bi 
«  parle  à  la  conscience,  oniteor  plein  et 
«  substance,  de  science  et  de  fbree^  sor- 
«  tout  lorsqu'il  s'exerce  sor  des  malicrs 
«  purement  législatives.  » 

En  1 839,  M.  Hennequin  entra, comw 
M.  Berryer  et  les  autres  députes  légiti- 
mistes, dans  la  fameuse  coalition  qui  laitt 
en  faveur  du  gouvernement  parlcmca- 
taire.  Il  fut  réélu  à  Lille  le  4  oun  h 
cette  année,  comme  il  l'avait  été  le  S  no- 
vembre 1837;  mais  les  orages  suscite»! 
cette  époque  par  l'ambition  penonorUr 
de  quelques  membres  de  la  Chambre  det 
députés  ne  permirent  pas  à  cette  anen* 
blée  de  s'occuper  des  affaires  dn  pa}v 
L'avènement  du  ministère  du  13  ati 
1839  {voy,  Soult)  prépara  la  foMcm  «in 
partis  que  devait  consommer  celai  tiu 
l'^mars,  comme  lui  sorti  du  centre  pu* 
che.  M.  Henne(|uin  ne  \\%  pas  ra«rae« 
ment  de  ce  dernier,  contre  lequel  il  »e 
serait  sans  doute  tourné  avec  tout  \r  paru 
légitimiste  ,  malgré  les  rapports  d^anti:? 
que  la  coalition  avait  fonnés  entre  mv 
IJne  cruelle  maUdie  TéloignA  de  la  cham* 


H£N 


(C49) 


UEN 


««,  et  il  BMNinityviTement  regretté  de  ses 
•Uc^iies,  le  10  février  1840 ,  à  uo  âge 
!■!  permeitait  encore  d^attendre  de  lui 
le  loD^  aenrioes. 

Les  opinions  politiques  de  M.  Henne- 
fÊÊn  ne  doirent  pas  nous  empêcher  de 
noKlre  hommage  à  son  honorable  carac- 
km.  Ses  adversaires  aiment  à  reconnai- 
bre  que ,  si  nul  ne  défendit  la  légitimité 
■fcc  un  désintéressement  plus  loyal  et 
plos  consciencieux ,  nul  aussi  n*a  jamais 
■oins  que  lui  rarié  dans  son  amour  de 
b  patrie;  toujours  Tillégalité  trouva  en 
hn  on  énergique  antagoniste ,  et  la  cause 
le  la  loi  un  défenseur  intelligent  autant 
qne  coorageux. 

II.  Hennequin,  élu  membre  de  la 
chambre  de  discipline  de  l'ordre  des  avo- 
cats en  1817  et  en  1821,  n'a  pas  cessé 
depuis  lors  d'en  faire  partie.  En  1825,  il 
commença,  à  la  Société  des  bonnes  lettres, 
■■  cours  de  droit  civil  qui  réunit  toutes 
les  notabilités  du  barreau  et  de  la  presse. 
Ostre  ses  mémoires,  M.  Uennequin  a  pu- 
Uié  une  savante  dissertation  sur  le  Ré'^ 
^me  des  hypothèques  (  1 822,  in-8°) ,  une 
brochure  sur  le  DiporcCj  un  Choix  de 
Ki  Plaidoyers  y  précédé  d^une  notice  par 
ILTaUlandier (1 824,  in-8<»),et  son  Traité 
4e  tégislation^  ouvrage  remarquable  qui 
■alheoreusement  reste  inachevé. 

A  la  suite  de  cette  notice  sur  l'un  des 
bres  les  plus  distingués  du  barreau 
,  nous  devons  une  mention  à  son 
n  germain ,  M.  Joseph-Framçois- 
SaBaimi.  Hennequin,  né  à  GerbéviUiers, 
CD  Lorraine (Meurthe),  en  1775,  et  fib 
l'on  avocat  distingué  du  parlement  de 
Elancy,  qui,  en  1778,  vint  se  fixer  à  Pa- 
riii  entra,  lors  de  la  première  réquisition 
[1 793},  dans  le  corps  de  la  marine,  y  ren- 
fie  iTutilcs  services,  et  fut  successivement 
iide-commissaire  et  commissaire  en  chef 
iTeMaidre.  U  assista  à  plusieurs  combats  et 
pnrconrat  les  deux  hémisphères  sur  les 
faiiseaax  de  l'état.  Appelé  dans  les  bu- 
reaux du  ministère  de  la  marine  !  en 
1809,  il  y  arriva  au  poste  de  chef  de  bu- 
reau et  prit  sa  retraite  en  1838.  —  Les 
fonctions  administratives  de  M.  Hen- 
nequin ne  lont  pas  empêché  de  cultiver 
les  lettres  avec  am<  ur.  On  lui  doit  divers 
iMvrages,  dont  nov  itérons  les  suivants  : 
I*  Esprit  de  f  Encyclopédie  ou  Recueil 


des  articles  les  plus  intéressants  de  VEn* 
cyclopédie  en  ce  qui  concerne  l'iûstoirey 
la  morale  y  la  littérature  et  la  plUloso^ 
phie^  etc.  (Paris,  1822-23,  15  vol.  in* 
goj .  2o  Essai  sur  la  vie  et  les  campa^ 
gnes  du  bailli  de  Sujfren  (  1 824 ,  in- 
8")  ;  3<*  une  Nouvelle  traduction  ilu  Mi^ 
nistrede  ^ûA<:/f<r/4l825,in.8*');  4»un 
Dictionnaire  de  maximes  (1 828,  in-8®). 
La  marine  et  ses  principaux  héros  l'ont 
particulièrement  occupé  :  il  a  consacré 
des  notices  à  ces  derniers  dans  la  Galerie 
des  Contemporains  y  dans  la  Galerie jran^ 
çaiscy  dans  V Encyclopédie  des  Gens  du 
Monde  y  etc.  Parmi  celles  qui  figurent 
dans  le  dernier  de  ces  ouvrages,  nous  ci- 
terons surtout  Degrés,  Duguay-Trouih, 
DuQnxsHE,  DuPERiiÉ,  Flibustiers,  etc. 

Beaucoup  d'autres  hommes  notables, 
de  diverses  familles  ont  honoré  le  nom 
d'Hennequin  à  diverses  époques  :  Ay- 
mar, évéque  de  Rennes,  dévoué  à  la  Li- 
gue, mort  en  1596;  Jacques,  chanoine 
de  Troyes,  savant  docteur  en  Sorbonne, 
mort  en  1660;  Claude,  chanoine  de  Pa- 
ris, auteur  de  plusieurs  ouvrages  de  théo- 
logie, et  frère  du  précédent,  etc.  A  l'épo- 
que contemporaine  apfiprtiennent  le  lieu- 
tenant général  baron  Hennequin,  mort 
en  1832,  et  le  peintre  d'histoire  qui,  en 
1802,  concourut  avec  Gros  (voy.)  pour 
le  Combat  de  Nazareth^  et,  en  Tan  VUI, 
exposa  un  autre  tableau ,  Oreste  tour^ 
mente  par  les  Furies,  Depuis  la  Restau- 
ration ,  ce  peintre  a  vécu  dans  la  Belgi- 
que. E.  P-C-T. 

HÉNOCH.  Les  livres  de  l'Ancien- 
Testament  font  mention  de  quatre  diffé- 
rents personnages  portant  le  nom  d'H^ 
noch  ou  plutôt  Chanoch;  ce  sont  :  1^  le 
fils  aîné  de  Caîn  {Genèse^  IV,  17);  2<*  un 
fils  de  Madian  (G<;/i.,XXV,4);  3'' le  fib 
aîné  de  Ruben  (Gen.y  XLVI)  ;  4^  enfin 
le  fils  de  Jared  et  père  de  Mathusala.  Ce 
dernier  Hénoch  est  important  à  cause  des 
traditions  que  l'antiquité  a  rattachées  à 
son  nom.  U  est  dit  dans  la  Genèse  (V,  24), 
qu'après  avoir  vécu  dans  la  crainte  de 
Dieu  il  fut  enlevé,  et  qu'i7  ne  fut  plus 
(sur  la  terre).  En  ne  se  servant  pas  de 
l'expression  il  mourut^  comme  pour  les 
autres  patriarches,  l'auteur  semble  dire 
qu'Hénoch  ne  mourut  pas  comme  les  au- 
tres hommes  (^  Hebr.flU^  5),  mais  qu'il 


HEN  (6 

passa  immédiatement  dans  une  meilleure 
vie,  comme  Élie  (2  HotSj  II,  3,  suiv.). 

Un  homme  qui  avait  vécu  dans  Tinti- 
mité  de  Dieu,  comme  Hénoch,  devait 
posséder  de  vastes  connaissances  et  avoir 
fait  toute  espèce  de  découvertes.  Voilà 
pourquoi  l'ancienne  tradition  juive  lui 
attribuait  Tinvention  de  Talphabet,  de 
Tarithmétique  et  de  Tastronomie;  voilà 
pourquoi  elle  le  considérait  comme  le 
premier  auteur  et  lui  attribuait  plusieurs 
ouvrages.  Parmi  ceux-ci,  le  fameux  /iV/v 
d* Hénoch  mérite  de  fixer  un  instant  no- 
tre attention. 

Après  avoir  développé  Thistoire  des 
Juifs  jusqu'au  temps  des  Macchabée», 
peut-être  même  jusqu'à  une  époque  plus 
éloignée ,  Pauteur  termine  ce  travail  par 
la  naissance  de  Noé  ;  puis  il  parle  de  la 
mine  des  impies  dans  une  dizaine  de 
chapitres,  et  du  déluge  dans  plusieurs  en- 
droits. On  voit  quel  désordre  règne  dans 
son  livre.  La  confusion  est  telle  que  quel* 
ques  savants  ont  pensé  qu'il  fallait  attri- 
buer ce  désordre,  non  à  l'auteur ,  mais  à 
celui  qui  aurait  rassemblé  pèle-méle  des 
fragments  épars,  attribués  à  Uénoch, 
pour  en  faire  un  ensemble. 

D'après  le  titre  de  l'ouvrage,  les  visions 
cfu'il  renferme  étaient  dues  aux  anges, 
parce  que  le  patriarche  était  un  homme 
juste  et  marchant  dans  la  crainte  de  Dieu. 
Il  est  envoyé  auprès  des  anges  déchus, 
qui  ont  séduit  les  filles  des  hommes  et 
amené  le  mallieur  sur  la  terre,  afin  de 
leur  annoncer  leur  punition.  En  songe,  il 
se  voit  transporté  dans  le  ciel,  où  il  arrive 
auprès  d'un  mur  de  cristal  qui  entoure 
un  palais  également  en  cristal.  Les  parois 
et  le  plancher  sont  de  même  nature  ;  le 
toit  ressemble  à  des  étoiles  en  mouve- 
ment ,  et  des  chérubins  de  feu  se  mêlent 
aux  éclairs.  A  cette  vue ,  Hénoch,  sai&i, 
tombe  sur  son  visage  tremblant  et  hors 
de  lui-même  ^ch.  XIV,  lO-IS).  Bientôt 
il  voit  le  trône  de  Dieu  :  un  être  grand 
et  majestueux  y  e^t  assis;  ses  vêtements 
•ont  plus  brillants  que  le  soleil  et  plus 
blancs  que  la  neige;  aucun  ange  ne  sau- 
rait pénétrer  juivqu'à  lui  pour  voir  sa 
face;  nul  mortel  ne  saurait  le  regar- 
der; un  feu  l'enveloppe,  et  personne  d'en- 
tre toutes  lesmyriad<*sf|ui  l'entourent  ne 
/leut  9*ij>prochcr  d«  lui.  Il  o'a  jamais  be- 


50  )  HEN 

soin  de  délibérer  avec  qui  que  ce  toit; 
cependant  il  est  entouré  de  m  illien  et 
saints  qui  ne  le  quittent  ni  jour  ni  mvA 
(V,  17-24).  Ces  passages  et  bien  d'aaUfi 
encore  rappellent  les  visionade  Daniel  et 
plusieurs  chapitres  de  TApocalypse.  Col 
de  la  ressemblance  avec  ces  livres,  nr» 
tout  avec  le  premier^  que  ptuaieiir»  »- 
vants  ont  cm  pouvoir  coDclore  que  aociv 
auteur  leur  a  dû,  sinoo  tonte  Tidée  ds 
son  poème,  du  moins  la  majeure  partit 
des  images  dont  il  l'a  chargé. 

Uénoch  (XVII,  5  et  suiv.)  parvicatcu* 
suite  auprès  des  sombres  montagnes  qai 
produisent  l'hiver,  auprès  des  sourrcs  da 
fleuves,  des  cavernes  qui  renferment  les 
vents,  et  jusqu'aux  extrémités  delà  tcne, 
à  l'endroit  où  le  firmament  s^abaisw  mr 
elle.  Il  voit  sept  étoiles  semblables  à  d*ia- 
menses  montagnes  de  feu  :  ce  sont  des  es- 
prits déchus  qui  s'étaient  révoltés  ronirt 
Dieu;  près  de  là,  il  trouve  les  anges  qv 
ont  séduit  les  fillesdes  hommes  et  qui  at- 
tendent leur  jugement;  plus  loin,  il  ca- 
tend  la  voix  d'Abel  qui  crie  encore  ta 
ciel  et  qui  accusera  son  meurtrier  jnsqal 
ce  qu'il  n'y  ait  plus  de  descendants  di 
Caîn  sur  la  terre  ;  puis  il  arrive  aapni 
de  l'arbre  de  la  sagesse,  dont  le  firnit  t 
tenté  le  premier  couple,  contrairencaC 
à  la  volonté  de  Dieu.  Viennent  ensuite  ck 
XXXVII,  suiv.)  trois  paraboles,  ~n«f 
l'auteur  les  appelle ,  et  qu'on  appelIcTait 
mieux  discours  poétiques,  mais  dontnoai 
ne  pouvons  donner  ici  l'analyse. 

La  seconde  partie  du  livre  n*eat  ym 
moins  riche  en  idées  poétiques ,  dégagrei 
de  cette  enflure  qu'on  ne  trouve  que  trof 
souvent  chez  le»  poètes  orientaux.  Les  ta> 
bleaux  sont  tracés  à  grands  traits,  les  ac^ 
cemoires  sont  négligés;  les  transitions  «oal 
brusques,  inattendues,  quelquefob  dans. 
Certains  passages  nous  rappellent  les  plu» 
beaux  morceaux  de  la  poésie  romantique: 
aussi  ne  pouvons-  nous  souscrire  an  ;•• 
gement  qu'un  savant  illustre,  M.  de  Sarv, 
a  porté  sur  ce  livre  en  disant  qu'il  oC 
difficile  de  rien  trouver  de  plus  ridirak 
et  de  plus  ennuyeux ,  si  Ton  excepte  I0 
livres  des  Sabéens. 

Ce  livre  apocryphe  (car  il  n*a  jamais 
été  admis  dans  le  canon  de  TAncsea- 
Teitamenl,  si  ce  n'est  par  les  rkrHie» 
d'Ethiopie),  était  connu  et  fort  «stime  d« 


HEN 

ps  de  Jésus-Christ,  comme  le  proaTe 
«■  pssBi^  de  saint  Jade  (Ép.yyers»  14 
et  IS),  où  Tautear  de  cette  épitre  sV 
k  des  personnes  qui  en  admettaient 
riospitation  divine.  Plusieors  pè- 
de  l'Église  font  mention  de  cet  écrit, 
et  Tertollien,  qui  en  parle  dans  différents 
punies  de  sesonvrages,  attribue  an  Saint- 
Esprit  les  prophéties  qui  y  sont  conte* 
■■es;  saint  Jéràme  le  compte  parmi  les 
sûtes  ÉGritures,quoiqu'il  le  nomme  apo- 
cryphe; saintAosustin,  au  contraire,  tout 
mattrilioant  à  Hénoch  de  Téri  tables  pro- 
pbéties,  parce  que  Vépttre  de  saint  Jade 
k  dit,  nie  cependant  formellement  Tau- 
AcDticité  de  ce  livre  (ZV  civ.Dei^  XV,  24; 
XVUI,  38).  Avant  lui,  Origène,  en  répon- 
4uit  aox  objections  de  Celse,  s*était  pro- 
aoocé  dans  le  même  sens.  L'opinion  de 
ttiat  Aogastin,probablement  admise  dans 
depuis  ce  père,  parait  avoir  été  la 
de  la  perte  du  texte  original  et  de 
oe  qo''oD  oVn  a  retrouvé  une  traduction 
plète   qu*en  1773  (le   fragment  le 
étendu  qui  ait  été  conservé  par  les 
se  trouve  dans  différents  passa- 
de la  chronographie  du  S3mcelle).  A 
époque ,  le  voyageur  anglab  Bruce 
apporta  en  Europe  trois  exemplaires  de 
la  version  éthiopienne  du  livre  d'Hénoch, 
et  de  DOS  jours  un  de  ses  compatriotes, 
Bicfa.  Laurence,  en  a  publié  la  première 
traduction  complète  (Oxford,  1 82 1  ),  dont 
la  première  partie  a  été  traduite  en  alle- 
par  Hoffman  (léna,  1833);  la  se- 
Ta  été  sur  un  manuscrit  éthiopien 
rapporté  tout  réceamieot  de  TAfrique 
par  le  voyageur  Rûppell.  Avant  Bruce,  on 
n'avait  que  les  fragments  réunis  par  Fa- 
lirîcîtts  dans  le  Codex  pseudepigr.  Fet*  - 
TeMi.  (Hambourg,  1722,  p.  160,  suiv.). 
s  recJierches  modernes  ont  établi 
beaucoup  de  vraisemblance  que  Tau- 
,  qui  se  sert  de  préférence  du  feu 
symbole,  parait  avoir  vécu  au  mi- 
fieu  de  Sabéens  ou  de  Ghèbres,  peut-être 
dans  les  environs  du  Pont-Euxin.  Son 
bot  était  probablement  de  relever  Tes- 
prît  abattu  de  ses  compatriotes  par  des 
peintures  brillantes  du  bonheur  des  jus- 
tes et  de  la  ruine  des  impies;  peut-être 
aussi  n*a-t-il  cherché,  dans  son  poème, 
qu\Em  champ  pour  donner  un  libre  essor 
ans  rêves  de  son  imagination.  Ce  qui  pa- 


(  est )  HEN 

ralt  eertain,  c'est  qu'il  n'était  pas  chré- 
tien comme  l'ont  cru  certains  savants; 
car,  dans  ce  cas,  on  trouverait  chez  lui 
bien  plus  d*allusions  à  la  religion  chré- 
tienne et  à  l'histoire  de  Jésus-Christ,  sur- 
tout dans  les  passages  où  il  est  question 
du  Messie  (XL VI,  1,  suiv.;  LI,  4;  LXI, 
1,  suiv.,  etc.).  Presque  toutes  ses  idées 
religieuses  paraissent  au  contraire  pui- 
sées dans  l'Ancien-Testament ,  ou  dans 
les  autres  religions  de  l'Orient.  Tous  les 
noms  qu'il  donne  aux  anges  sont  aussi 
d'origine  hébraïque  et  attestent  que  l'au- 
teur était  Juif.  Cependant  le  texte  grec  , 
tel  que  les  anciens  Tout  conservé,  peut 
très  bien  être  le  texte  original  du  livre  :  il 
est  plus  pur  que  celui  d'une  grande  par- 
tie des  livres  du  Nouveau -Testament. 
Quant  à  l'époque  où  le  livre  d'Hénoch 
fut  écrit,  elle  est  très  incertaine ,  mab  à 
coup  sûr  très  ancienne.  Sur  l'intégrité  du 
texte  et  sur  tout  ce  qui  se  rapporte  à  cette 
question,  on   peut  consulter  l'ouvrage 
Enoch  resitiuiui  jOran  attempt  to  se^ 
paraiefrom  the  bocks  of  Enoch  the  book 
quoted  bf  S.Judey  Londres,  1836-38. 
Quant  à  la  version  éthiopienne,  nous 
croyons  que  c'est  effectivement  une  tra- 
duction de  l'ancien  livre  d'Hénoch  :  tous 
les  passages  cités  par  les  pères  de  l'Église 
et  par  le  Syncelle  s'y  retrouvent,  et  les 
différents  manuscrits  rapportés  en  Eu- 
rope avant  ou  après  Bruce,  et  par  œ 
voyageur  lui-même,  sont  conformes  en- 
tre eux  pour  le  texte,  quoiqu'ib  diffèrent 
pour  la  division  en  chapitres.  La  biblio- 
thèque du  Vatican  possède,  à  ce  qu'il  pa- 
rait, le  plus  ancien  de  ces  manuscrits. 

Le  livre  dont  nous  venons  de  parier  ne 
doit  pas  être  confondu  avec  le  Itpre  d'Hé- 
noch sur  ramitiéy  traduit  de  l'hébreu 
par  M.  Pichard  (Paris,  1838),  ouvrage 
rabbinique  qui  n'est  pas  attribué  à  Hé- 
noch comme  auteur,  mais  où  le  nom 
d'Hénoch  est  cité  en  tête  de  ceux  de  plu- 
sieurs autres  philosophes.  L'auteur  pa- 
rait être  Rabbi  Moïse  Séfardy  ou  Pierre 
Alphonse,  mort  en  1110;  il  l'a  composé 
d'après  les  proverbes,  les  allégories  et  les 
fables  des  philosophes  arabes  les  plus  es- 
timés. U  en  existe  trois  versions  en  lan- 
gue romane,  dont  Tune,  en  vers,  a  été  im- 
primée en  1760  par  Barbazan  et  en  1808 
par  Méon  ^  une  autre,  également  en  vers,  a 


HEN 


(652) 


HEir 


été  publiée  par  la  société  des  bibliophiles 
en  1824,  et  la  troisième,  en  prose,  aux 
frais  de  la  même  société,  en  1834  (p.  50 
et  5 1  de  Tintroduction  de  l'ouTrage  du 
jeune  savant  cité  plus  haut  et  qui  récem- 
mentri839]aétéenlevéauxlettres).TH.F. 
IIÈNOTIQUE  ou  ÉifOTiQUE,  Evûrc- 
xov^,  Èdtt  d'union  publié  Tan  482  de  Tère 
chrétienne  par  Tempereur  Zenon,  à  la 
sollicitation  de  Pierre  Monge ,  patriar- 
che d'Aleiandrie ,  et  d'Acace ,  patriar- 
che de  Constantinople.  L'empereur  com- 
mence par  exposer  les  suites  déplorables 
de  la  division  au  sujet  du  concile  de  Chai- 
cédoine  [voy.)y  et  la  nécessité  d'y  mettre 
un  terme  par  la  réunion  des  églises.  Arri- 
vant ensuite  aux  moyens  de  faire  cesser 
la  division,  il  manifeste  ainsi  sa  doctrine  : 
a  Nous  ne  recevons  d'autre  symbole  que 
celui  de  Nicée ,  confirmé  à  Constantino- 
ple  et  suivi  à   Éphèse.  Nous  recevons 
aussi  les  douze  chapitres  de  Cyrille ,  et 
nous  confessons  que  Notre  Seigneur  Je- 
sus-Chrbt,  Dieu,  fils  unique  de  Dieu, 
qui  s'est  incarné  en  vérité ,  consubstan- 
tiel  au  Père  selon  sa  divinité,  et  consub- 
stantiel  à  nous  selon  son  humanité,  le 
même  qui  est  descendu  et  s'est  incarné 
du  Saint-Esprit  et  de  la  vierge  Marie, 
mère  de  Dieu,  est  un  seul  fils  et  non 
deux.  Nous  disons  que  c'est  le  même  fils 
de  Dieu  qui  a  fait  des  miracles  et  qui  a 
souffert  volontairement  en  sa  chair.  Nous 
ne  recevrons  aucunement  ceux  qui  divi- 
sent ou  confondent  les  natures  ou  admet- 
tent une  simple  apparence  d'incarnation; 
mais    nous    anathématisons    quiconque 
croit  ou  a  cru  autre  chose,  à  Chalcédoi- 
ne  ou  en  quelque  concile  que  ce  soit, 
principalement  Nestorius  et  Eutychès. 
Réunissez  -  vous  donc  à  TÉglise   notre 
mère  spirituelle ,  étant  dans  les  mêmes 
sentiments  que  nous.  » 

L'Énoticon ,  non-seulement  n'admet- 
tait pas  le  concile  de  Chalcédoine  au  même 
rang  que  ceux  de  Nicée,  de  Constanti- 
nople et  d'Éphèse  (vor.  Coîi<:ilrs\  mais 
il  semblait  même  lui  attribuer  des  erreurs  : 
aussi  fut -il  rejeté  |>ar  le  pa|>e  Simpliciuset 
par  un  grand  nombre  de  prélats.  Au  lieu 
de  rapprocher  les  esprits,  il  augmenta  la 
division.  Les  uns  le  blâmèrent  parce  qu'il 

[*)  Ut  tvsM,  faois  verbe  fufmv  <i«  i',  un. 


allait  trop  loin ,  les  autres  lui 
rent  de  ne  pas  aller  assez  loin.  Les  a» 
tholiques  ne  pouvaient  se  départir  de  la 
souscription  aux  décisions  du  concile  ia 
Chalcédoine,  les  eutychiens  aaraieat  %oa- 
lu  que  la  doctrine  de  leur  maître  fût  épar- 
gnée :  il  se  trouva  donc  trois  partis  ^ 
se  haïssaient  mortellement.  Zenon  finit  pv 
protéger  ouvertement  les  eutychiens,  son 
successeur  Anastase  en  fit  de  même;  mi 
Justin  qui  succéda  à  Anastase,  et  Jnrtî* 
nien  qui  vint  après  oelni-ci,  protégerai 
les  catholiques  partisans  du  rondkii 
Chalcédoine.  Ainsi  s'anéantit  le  souvcm 
de  l'Énoticon,  qui  n^avait  produit  pfm 
du  mal.  J.  L. 

HENRI  ou  HE!raT  I-VII,  rob on  em- 
pereurs d'Allemagne ,  appartenant  an 
maisons  de  Saxe,  de  Franoonie  on  »- 
lique ,  de  Souabe  et  de  Luxembonrg,  €l 
dont  le  dernier  mourut  en  131  S. 

Henei  I*'  r  Oiseleur^  en  allemand  d^ 
rogler  ou  der  Finkler  (en  lalin  amceps^ 
ainsi  surnommé  parce  que  les  envojéi 
des  princes  allemands  qui  venaient  hi 
annoncer  son  élection  l'avaient  tromi 
dans  une  aire  d'oiseleur,  régna  de  919  à 
936,  et  fut  le  premier  roi  d'Àllcai^ 
de  la  maison  de  Saxe.  Fils  d^Otbon  ni> 
lustre,  duc  de  Saxe ,  à  qui  déjà  la  digaili 
royale  avait  été  ofTerte,  en  913  ,  et  ^ 
l'avait  refusée,  il  naquit  en  876 ,  et  de- 
vint ,  après  la  mort  de  son  père ,  naltii 
des  duchés  de  Saxe  et  de  Thuringe.  Li 
roi  Conrad  I*"'  lui  en  dbputa  la 
sion  ,  et  lui  fit  la  guerre;  mais  il 
dans  son  entreprise.  Voyant  approchera 
fin ,  Conrad  recommanda  lui-nêmc  Mt 
rival  aux  princes  allemands,  coamc  h 
plus  digne  de  le  remplacer  et  comm 
rhomme  le  plus  capable  de  rétablir  Tof^ 
dre  dans  le  royaume.  En  con^rqueact, 
Henri  fut  élu  à  Friular,  Tan  919. 

Dès  son  avènement,  il  eut  à  combann 
des  troubles  au  dedans  et  des  cnocai 
au  dehors;  mais  il  étoufTa  les  unseï  trio» 
pha  des  autres  par  son  ascendant,  m 
sages  mesures  et  par  sa  bravoure.  Le 
ducs  de  Souabe  et  de  Bavière  durent  s 
soumettre.  Quant  à  la  Ix>rraine,  deu 
chée  de  TAllemagne  par  les  Franc» orô 
dentaux,  il  la  réunit  de  nou^ean  à  TEai 
pire  (923),  et  lui  donna  un  duc  pua 
gouverneur.  Pirndant  les  troubles  qui  dl 


HEN 


(653) 


HEN 


«olaîmt    rAIIemagney   les  Hodgrois  y 
it  soaTent  fkit  des  iovasions ,  sans 
beaiiGoap  de  résisUnce,  et  lui 
imposé  an  tribat  annuel.  Depuis, 
«o  chef  bon^b  ayant  été  fait  prisonnier, 
Knrî  lui  rendit  la  liberté  sans  rançon,  et 
obdnl  par  là,  en  924,  un  armistice  de  neuf 
«■s  y  sans  payer  de  tribut.  Dan3  cet  in> 
«erralle ,  il  réforma  la  tactique  militaire 
de  sa  nation ,  eierça  las  troupes,  et  donna 
aartoat  une  autre  or(;anisation  à  la  cava- 
lerie ,  qui ,  chargée  d*armures  pesantes , 
■iWait  pu  tenir  contre  la  cavalerie  légère 
èm  Hongrob;  il  fit  aussi  mieux  fortifier  les 
filles  iléjà  existantes  et  entourer  de  murs 
Itt  places  ouvertes.  Sur  neuf  seigneurs  et 
IcMnines  libres  qui  habitaient  la  campagne, 
^  fat  tenu  de  venir  demeurer  dans  ces 
vffleSy  et  d^y  avoir  pour  ceux  qui  restaient 
QD  diehors  des  logements  tout  prêts  en 
cas  cToDe  attaque  ennemie ,  et  de  garder 
les  provisions  et  vivres  apportées  desalen- 
Ésaûrs.  Henri  transféra  aussi  dans  les  villes 
loaiies  les  assemblées  du  peuple  où  Ton 
iélibérait  sur  les  affaires  publiques.  De 
Dette  manière,  il  se  forma  peu  à  peu  un 
:,  à  qui  TAllemagne,  ainsi  que 
pays,  dut  principalement  sa  ci- 
^isation  ;  car  les  villes  donnèrent  asile» 
JKK  métiers,  et  bientôt  les  fabriques,  les 
manafactures  et  le  commerce  concouru- 
ffeot  pour  les  enrichir. 

£o  s^occupant  ainsi  de  l'organisation 
de  ^Allemagne ,  Henri  TOise- 
ne  négligea  pas  d'assurer  les  (ron- 
de son  royaume  sur  d'autres  points. 
Four  empêcher  les  incursions  des  Nor- 
ou  des  Danois,  il  alla  porter  la 
chez  eux ,  et  il  étendit  par  là  les 
limites  de  l'Allemagne  au-delà  de  l'Ei- 
der  jusqu'au  Sleswic,  où,  après  avoir 
ibndé  une  colonie  saxonne,  il  établit, 
en  931 ,  un  margrave.  Il  soumit  en- 
suite les  Hévelles  dont  le  Havel  porte 
le  nom,  et  d'autres  tribus  sla- 
du  pays  de  Brandebourg  (926- 
^),  ainsi  que  les  Daleminzes  du  pays 
de  Misnie,  alliés  constants  des  Hongrois 
(727),  les  Milziens  dans  la  Lusace  (928), 
ainsi  que  les  Bohèmes;  institua  les  mar- 
graviats de  Misnie  et  de  la  Saxe  sep- 
tentrionale, qui  formèrent  plus  tard  le 
Brandebourg.  Lorsque  l'armbtice  de  9 


ré,  il  refusa  le  tribut  réclamé  :  alors  lés 
Hongrois  entrèrent  avec  deux  années  en 
Allemagne  par  la  Thuringe  et  la  Saxe. 
Henri  les  défit  totalement  en  934,  près 
de  Merscbourg  qu'ils  assiégeaient.  Cette 
victoire  célèbre  qui  6ta  pendant  long- 
temps aux  Hongrois  toute  idée  de  faire 
de  nouvelles  invasions  en  Allemagne,  fut 
le  fruit  de  ses  réformes  dans  la  tactique 
militaire  et  de  l'autorité  qu'il  exerçait  sur 
les  Allemands  jaloux  de  prêter  aide  et 
assistance  à  un  prince  dont  ils  reconnais- 
saient toutes  les  brillantes  qualités.  Henri 
était  sur  le  point  d'aller  en  Italie  pour  se 
faire  couronner  empereur  à  Rome ,  lors- 
que la  mort  vint  déjouer  ce  projet.  Il 
mourut,  en  936,  à  Memleben,  et  fut  en- 
terré à  Qaediinbourg  dans  la  cathédrale 
fondée  par  lui. 

Son  fils  et  successeur  Othon  I*'  (voy.) 
marcha  sur  ses  traces  et  continua  l'œu- 
vre qu'il  avait  commencée. 

Hekei  h  ,  dit  ie  Boiteux  et  aussi  le 
Saint  y  régna  de  1002  à  1024,  d'abord 
sous  le  titre  de  roi,  et  sous  celui  d*em- 
pereur  depuis  1014,  année  dans  laquelle 
Benoit  VIU  le  couronna  à  Rome.  Il  était 
né  en  972  et  succéda  à  son  père,  en  995, 
dans  le  duché  de  Bavière.  A  la  mort  de 
l'empereur  Othon  III ,  de  la  maison  de 
Saxe ,  il  se  trouva  être  son  plus  proche 
agnat ,  et  il  réussit  à  se  faire  élire,  mais 
sous  certaines  conditions.  Son  règne  fut 
glorieux  :  il  battit  les  Polonais,  donna 
un  duc  à  la  Bohême,  soutint  le  pape 
contre  les  Byzantins ,  fit  la  conquête  de 
la  Fouille  et  céda  une  portion  du  terri- 
toire aux  Normands,  ses  auxiliaires  dans 
cette  guerre.  Très  dévaué  au  pape,  il  lui 
fit  de  grandes  concessions,  et  comme  il 
fonda  aussi  des  évêchés  et  des  chapitres, 
comme  il  contribua  à  la  conversion  des 
Hongrois  en  donnant  sa  sœur  Gbèle  pour 
femme  au  roi  Etienne  {voy.  ),  qui  se  fit 
baptiser,  il  fut  canonisé,  et  l'Église  célèbre 
sa  fête  le  12  juillet.  Henri  II  mourut, 
sans  laisser  d'enfants,  en  1024.  S. 

Henri  IU,  dit  le  Noir  y  le  Barbu  et 
aussi  le  PieuXy  fils  de  l'empereur  Con- 
rad II,  de  la  maison  salique  ou  de  Fran- 
conie  {yoyj)^  régna,  après  lui,  de  1039  à 
1056.11  était  né,  l'an  1 0 1 7 ,  à  Osterbeck 
dans  le  pays  de  Gucldre.  Du  vivant  de 


ans  conclu  avec  les  Hongrois  fut  cxpi-  |  son  père,  en  t027,  il  avait  déjà  reçu  le 


tIEN  (  654  ) 

titre  de  roi  d'Allemagne.  La  natare  et 
réducation  lui  avaient  donné  les  talents 
et  le  caractère  nécessaires  pour  régner  en 
souverain  absolu,  et  il  sut  toujours  tenir 
rÉglise  sous  sa  dépendance.  LÀ  première 
fois  qu'il  passa  les  Alpes,  en  1046,  il 
destitua  trois  papes,  et  en  intronisa  un 
nouveau  dans  la  personne  de  Clément  II  ; 
ce  fut  des  mains  de  ce  dernier  qu*il  re- 
çut la  couronne  impériale.  Henri  III 
consolida  tellement  son  influence  sur  l'é- 
lection de  l'évéque  de  Rome ,  que,  tant 
qu'il  vécut,  les  Romains  se  conformè- 
rent sons  ce  rapport  entièrement  à  ses 
volontés.  Son  ascendant  n'était  pas  moins 
assuré  sur  tout  le  clergé  de  son  em- 
pire.  Sans  son   consentement,  aucune 


charge  ecclésiastique  supérieure  ne  pou- 
vait être  conférée,  et  personne  n^aurait  osé 
disposer  des  biens  de  l'Église.  Quant  à 
tes  barons  et  à  ses  vassaux,  il  leur  faisait 
sentir  son  bras  de  fer  en  les  tenant  sous 
le  joug  le  plus  absolu.  Pour  maintenir 
■on  autorité  dans  les  duchés  et  les  comtés, 
ou  il  en  investissait  quelques  seigneurs, 
ou  bien  il  les  laissait  vacants  selon  son 
bon  plaisir,  voulant  peu  à  peu  détruire 
dans  les  esprits  cette  idée  que  les  ducs 
étaient  nécessaires  pour  gouverner  le  peu- 
ple allemand,  et  rendre  celui-ci  favora- 
ble à  son  projet  de  transformer  TAl- 
lemagne  en  une  monarchie  dépendante 
seulement  du  roi.  Il  régna  tout-à-fait  ar- 
bitrairement, mais  il  montra  dans  toutes 
ses  entreprises  du  courage  et  de  la  fer- 
meté. Henri  III  finit  par  s^aliéner  tous  les 
États  de  son  empire;  toutefois  le  clergé 
lui  donna  le  surnom  de  Pieux ,  à  cause 
Ai  sou  attachement  presque  superstitieux 
aux  prati(iues  religieuses,  ({ui  n*était  peut- 
être  qu*une  fausse  dévotion.  Il  mourut , 
en  1056,  à  Botfeld,  près  de  Blanken- 
bourg,  après  avoir  fait  élire,  trois  ans  au- 
paravant, son  fils  pour  son  successeur. 

Ce  fut  Hknri  IV,  dont  le  nom  devint 
si  fameux  dans  l'histoire  de  la  lutte  en- 
tre Tempire  et  le  sacerdoce,  et  qui  régna 
de  lOôGà  1106.  >éle  11  nov.  1050,  il 
n'avait  «|ue  cinq  ans  à  la  mort  de  son  |>ère 
Henri  IH.  Placé  d'abord  sous  la  tutelle  de 
•a  mère  Açnw,  le  jeune  prince  y  fut  bien- 
tôt soustrait  par  la  ruse  de  rarchevéque  de 
Cologne  Hannon  ,  tpii ,  sous  prétexte  de 
lui  faire  faire  une  promenade  en  bateau 


HEN 

sur  le  Rhin,  l'emmena  à  Cologae.  Hi»  . 

non,  de  concert  avec  les  archevéqaa  4i  r 

Mayence  et  de  Brème,  s'empara  aion  ék  f 

gouvernement  de  l'Empire.  A  Tige  dr  U  ^ 

ans,  Henri  prit,  à  la  diète  de  Gotkr,  la  I 

rênes  de  TéUt;  mais  rinfloenoe  que  Tv-  ^ 


A 


chevêque  de  Brème  {voy.  AnaLBiaT) 
exer^it  sur  lui,  et  les  princtpct  foncMi 
qu'il  lui  incalquait,  excitèrent  bieolic 
un  vif  mécontentemeot.  Ce  mécootmi» 
ment  éclata  surtout  en  Saxe,  où  Hem 
s'était  livré  à  beaucoup  d^actei  de 
lence,   en   retirant  un  grand 
de  franchises  accordées  par  aes  prédéns» 
seurs,  et  où,  pour  dompter  les  Saieai, 
il  élevait  partout  des  châtcnnx  dont  b 
garnisons  écrasaient  le  pays.  Les  Saxos 
se  réunirent  aux  habitants  de  la  Thonafi 
opprimés  comme  eax,  et  leors 
trances  sérieuses  avant   été 
avec  mépris,  ils  prirent  les  ai 
sèrent  Henri  de  la  Saxe,  détmisireat  mm  \^ 
grande  partie  des  cbâlenux  qv*il  avife  \ 
construits,  et  le  forcèrent  de  soicriw  i  f 
un  accommodement,  où  Ton  conviai  è  fi- 


la  démolition  des  châteaux,  entre 
de  la  Harzbourg.  Mais  les  édifices 
tigus  à  ce  fort,  ainsi  que  Tèglbe,  ilevaMl 
être  respectés.  Cependant  cette  dcraicK 
ayant  aussi  été  saccagée  par  «ne  treap  I 
de  séditieux,  Henri  IV  dénon^  les  Satoai 
comme  sacrilèges  auprès  du  pape,  à  ^   '. 
il  fournit  de  cette  manière  roccnsioe  du* 
tervenir  en  qualité  de  juge.  Les  Saïaai 
offrirent  toute  espèce  de  répara tioas,  ■« 
Henri  vint  les  surprendre  à  rimpro«iflk 
avec  une  armée  considérable,  et  les  iits- 
qua.  Tan  1075,  près  de  LangensaUaar 
rUnstrutt,  où  ils  essuyèrent  nne  grsair 
défaite.  Henri  fit  prisonniers  toas  Iran 
princes  et  leurs  nobles,  les  envoya  iato 
d*aulres  pays,  et  traita  le  peuple  en  vain- 
queur irrité.  Les  Saxon«,  réduits  à  l'ft* 
trémité,  en  appelèrent  à  leur  tour  au  paft, 
et  op|KMèrent  aux  plaintes  de  Henri  l««n 
propres  griefs  contre  ce  prince.  Leunr^ 
clamations  étaient  appuyrcH  par  celle»  ir 
différentes  ctmtrées  de  l'Empire. 

Grégoire  VII  (iir»r.^,  qui  remarpMii 
depuis  longtemps  les  dëportemenls  «hi 
jeune  roi  d* Allemagne ,  crut  que  le  wk*^ 
ment  d*agir  était  arrivé,  et  pmfiu  K«- 
bilement  des  circonstance»  poar  au^niMv- 
1er  Tautorité  du  Saint-Siège.  Il 


HËN 


(655) 


ItEN 


peine  d^excommimicfttion,  de 

ipamitre  à  Rome  devant  un  concile 

justifier  (1076).  Henri  IV  fit  si 

attention  aox  menaces  du  pape  qu*il 
an  contraire  les  évéqnes  assem- 
yés  par  son  ordre  à  Wonns  à  se  sous- 
baire  à  Fobéissance  qu^ik  devaient  au 
ckef  de  TÉglise.  Alors  Grégoire  excom- 
Mmia  {vof.  p.  101)  le  roi,  qui,  ayant 
par  sa  conduite  amassé  les  haines  contre 
lu ,  se  vit  bientôt  atMindonné  de  tout 
le  monde  et  en  danger  de  perdre  la  cou- 
Dttus  cet  embarras,  il  dut  se  déci- 
à  aller  en  Italie  pour  prier  le  pape  de 

Texcommunication  fulminée  contre 
in.  U  rencontra  Grégoire  à  Canosse  dans 
b  pu  js  de  Modène,  près  de  Reggio,  dans 
■B  cliàtean-fort  de  la  comtesse  Mathilde 
le  Toscane,  amie  de  Grégoire  VII,  et  chez 
M|aelle  celui-ci  s'était  retiré  pour  sa  pro- 
ire  sûreté.  Pendant  trois  jours  consécu- 
ifc,  Henri  parut  en  costume  de  pénitent 

la  oour  du  château,  sans  réussir  à  se 

admettre  en  présence  du  pontife  ;  et 
fiit  que  sous  les  conditions  les  plus 
qu'il  obtint  enfin  son  pardon.  La 
oondiiite  arrogante  du  pape  produbit 
■i  effet  contraire  à  ce  qu'il  s'en  était  pro- 
■iib  Les  grands  d'Italie,  depuis  longtemps 
■èeontents  de  Grégoire  VU,  vinrent  of- 
frir leur  assistance  au  roi  déchu. 

Cependant  les  princes  allemands  avaient, 
àrinstigationdupape,  éluroi  (en  1077), 
àForchheim,  le  duc  Rodolphe  de  Souabe. 

-i  retourna  en  Allemagne,  et  fut  assez 
pour  vaincre  son  rival,  qui  perdit 
la  vie  dans  la  mêlée  (en  1 080).  Les  autres 
compétiteurs  que  le  pouvoir  sacerdotal 
•t  hâta  d'opposer  à  Henri,  Hermann 
de  Luxembourg,  et  Eckbert,  margrave 
de  Thuringe,  réussirent  encore  moins  à 
le  détrôner.  Grégoire  Vil,  poussant  plus 
loin  ses  prétentions,  enleva  aux  rois  d'AI- 

;oe  le  droit  de  donner  l'investiture 

évèques,  et  lan^  de  nouveau  les 
Ibndres  de  l'Église  contre  Henri;  mais 
celol-ci  le  fit  lui-même  destituer  comme 
hérétique  et  sorcier  au  concile  de  Brixen 
(Tyrol),  en  1080,  par  les  évèqoes  alle- 
aundset  italiens.  L'année  suivante,  Henri 
alla  en  Italie  à  la  tête  d'une  armée  pour 
se  venger  de  Grégoire,  qui  s'enferma  dans 
le  fort  Saint-Ange  et  qui,  après  s'être 
réfugié  chez  les  Normands  de  la  Calabre 


(voy.  GuiscAmn),  mourut  à  Saleme , 
en  108^.  Henri  IV,  maître  de  Rome  , 
se  fit  couronner  empereur  par  le  pape 
Clément  UI  nommé  par  son  crédit. 

Cependant,  en  Allemagne,  Conrad, 
fib  aine  de  Henri ,  s'étant  joint  aux  mé- 
contents ,  marcha  contre  son  père  ;  mab 
il  ne  put  se  maintenir,  et,  abandonné  de 
ses  partisans,  il  mourut  en  1 101  à  Flo- 
rence. A  la  demande  pressante  de  Hen- 
ri IV,  les  princes  d'Allemagne  désignèrent 
pour  lui  succéder  son  second  fib  Henri. 
Mab  fib  non  moins  dénaturé  que  l'antre, 
celui-ci  se  révolta  à  son  tour  contre  son 
père,  le  fit  prisonnier  en  1 1  OS,  et  le  força 
ensuite  à  Ingelheim  de  déposer  son  anto- 
rité.  Henri  IV  fit  une  dernière  tentative 
pour  reparaître  sur  la  scène;  mab  aban- 
donné de  tous,  il  passa  le  Rhin  et  se  réfu- 
gia à  Liège.  Le  peuple  était  prêt  à  prendre 
sa  défense,  lorsqu'il  apprit  sa  mort  arrivée 
le  7  août  1106.  Henri  termina  ses  jours 
dans  une  grande  indigence,  et,  comme  il 
était  encore  sous  le  poids  de  l'excommu- 
nication, il  ne  fut  enterré  solennellement 
à  Spire  que  cinq  ans  après. 

Ce  prince  fougueux ,  bien  doué  de  la 
nature,  mab  perverti  dans  sa  jeunesse 
par  la  mauvaise  éducation  que  lui  donna 
un  prêtre  indigne,  causa  lui-même  ses 
malheurs  par  son  caractère  opiniâtre  et 
inflexible.  Capitaine dbtingué,  aussi  brave 
qu'audacieux,  Henri  IV,  vainqueur  en 
6i  batailles,  aurait  exercé  sur  l' Alle- 
magne une  grande  influence  s'il  n'avait 
pas  eu  pour  adversaire  un  homme  vive- 
ment épris  de  sa  mission  et  dont  rien  ne 
pouvait  faire  fléchir  la  ferme  et  puissante 
volonté. 

Henri  V,  fils  de  Henri  IV,  régna  de 
1106  à  1125. Il élaitnéen  1081.  Malgré 
sa  conduite  dénaturée  envers  son  père,  il 
dut  aux  menées  du  pape  Pascal  II  d'être 
proclamé  roi  d'Allemagne  à  Mayence  en 
1 1 06,  du  vivant  même  de  ce  prince  ;  mab 
à  peine  fut-il  monté  sur  le  trône  qu'il 
s'éleva  contre  les  prétentions  de  la  cour 
de  Rome,  et  cela  précisément  au  sujet  de 
l'investiture  des  évêques  d'Allemagne  : 
aussi  la  lutte  recommença-t-elle  aussitôt. 
En  1111,  Henri  épousa  Mathilde,  fille  du 
roi  d'Angleterre  Henri  I«%  et  la  riche  dot 
de  cette  princesse  lui  procura  les  moyens 
de  traverser  les  Alpes  pour  se  faire  cou- 


HEN 


(656) 


HBII 


ronnér  empereur  à  Rome.  Cependant  Pas- 
cal n'ayant  voulu  sacrer  Henri  V  qu'à  la 
oondition  qu'il  lui  concéderait  formelle* 
ment  les  droits  déjà  réclamés  par  Gré- 
goire VU,  et  les  évèques  ne  songeant  qu'à 
envenimer  la  querelle,  Henri  résolut  d'en 
finir  par  un  coup  d'éclat.  Il  fit  enlever  le 
pape  sur  les  marches  de  l'autel  pendant 
qu'il  disait  la  messe,  et  massacrer  dans  les 
rues  de  Rome  tous  ceux  qui  lui  résbtaient 
ainsi  qu'à  ses  troupes.  Après  une  captivité 
de  deux  mois,  Pascal  céda.  Henri  Y  fut 
couronné  empereur  sans  conditions,  et 
obtint  la  permission  de  faire  ensevelir  les 
ossements  de  son  père  en  terre  consacrée. 
Mais  des  troubles  en  Allemagne  ayant 
rappelé  Henri  d'Italie,  et  l'ayant  obligé 
de  combattre,  avec  le  duc  dU  Soiube,  con- 
tre Lothaire,  duc  de  Saxe,  le  pontife  pro- 
voqua de  nouveau  contre  lui  la  révolte 
dans  la  péninsule  et  parmi  les  princes  al- 
lemands de  l'Empire,  déclarant  n'avoir 
cédé  qu'à  la  violence  dans  la  paix  qu'il 
avaitconclueavecl'Empereur.  Cette  lutte, 
entretenue  particulièrement  par  l'arche- 
vêque de  Mayence  et  par  l'évéque  de 
Wurzbourg,  désola  l'Allemagne  pendant 
deux  ans.  Henri  V  retourna  en  Italie,  et 
força  Pascal  à  se  réfugier  dans  la  Pouille. 
Après  la  mort  de  ce  ^ape,  arrivée  bien- 
tôt après,  les  cardinaux  élurent  Gélase  H. 
Henri,  mécontent  de  ce  choix,  fit  élire  de 
■on  côté  l'archevêque  de  Braga,  Bourdin, 
sous  le  nom  de  Grégoire  VUI  (voy.),  Gé- 
lase alla  à  Vienne,  y  réunit  un  concile,  et 
excommunia  Henri.  Son  successeur,  Ca- 
lixte  II,  renouvela  cette  excommunication 
au  concile  de  Reims.  Ces  circonstances, 
jointes  aux  révoltes  fréquentes  des  grands 
de  l'Empire,  forcèrent  enfin  Henri  de  cé- 
der. Il  signa,  en  1122,  le  concordat  de 
Worms,  par  lequel  il  renonçait  au  droit 
d'investir  les  évéques  de  l'anneau  et  de  la 
crosse,  et  abandonna  à  toutes  les  églises 
le  choix  de  leurs  prélats;  mais  les  élec- 
tions des  évéques  et  des  abbés  de  Tem- 
pire  allemand  devaient  se  faire  en  pré- 
sence de  TFlinpereur ,  et  ces  prélats  de- 
vaient recevoir  de  lui  l'investiture  de  leurs 
possessions  et  de  leur  autorité  séculière. 
Pour  occuper  au  dehors  seâ  vassaux  tur- 
bulents, llriiri  rliorriia  un  prétexte  pour 
faire  In  guerre  ii  la  France  ;  ni«-ii.H  avant 
qu'il  put  mettre  ce  Y»to'^K-d  c\éculion,  la 


mort  le  surprit  àUtrecht  le  If  M 
Henri  V,  après  s'être  moalrt  i 
vais  fils,  fut  un  roi  sans  éMigi 
foi  et  sans  religion.  Sous  soa  wi{ 
vassaux  et  feudauires  de  la  ce 
se  rendirent  indépendants,  et,  pe 
blesse,  le  fractionnement  politiqa 
tional  de  l'Allemagne  se  trouva  po 
dire  sanctionné  pour  tous  les  I 
venir.  Henri  V  fut  le  dernier  n 
race  des  empereurs  de  la  maison  d 
conie  (voy,).  Il  eut  pour  Miecew 
thaire  de  la  maison  de  Saxe,  ^ 
de  1125  à  1137,  et  la  conrou 
ensuite  sur  la  tête  de  Conrad  III  (d 
à  1152)  et  de  Frédéric  I*'  B«è 
tous  deux  de  la  maison  de  Sooifc 

HOHENSTAITFFEH   et  FaKU^EIC. 

Henei  VI,  qui  régna  de  1  iMi 
appartenait  à  la  même  maison,éli 
Barberousse  et  de  Béatrice  de  Bn 
Il  naquit  en  1165,  fut  courowii 
Romains  dès  1 169,  et  fut  chaifèi 
vemement  de  l'Empire  pendaatf 
de  son  père  qui,  comme  on  sait, 
la  Croisade.  Célestin  IH  poaa  la  ei 
impériale  sur  la  tête  de  Henri  VI,« 
une  tentative  que  l'Emperear  É 
époque  contre  Naples  et  la  Sicili< 
mais  réussit  trois  ans  après  et  U 
ce  royaume.  Ce  fut  lui  qui  reliHl 
nier  Richard  Cœur-de*Lioo  (t 
lui  manqua  de  parole,  mêaM  i| 
avoir  extorqué  une  forte  rançoa.i 
ma  duc  de  Souabe  son  ttin  1 
(1192);  et  celui-ci  étantmort,illi 
pour  successeur  son  autre  firèm,  Il 
auquel  il  céda  aussi  la  T 
l'héritage  de  la  comtesse 
il  prit  la  croix  et  mena  une 
mande  en  Sicile,  où  il  devait  s^ 
pour  la  Palestine;  mais  son 
plutôt  d'assurer  la  soumi»aoo  été 
et  il  mourut  à  Messine  en  1 197. 

Hf.nei  VII,  qui  régna  de  IMIi 
était  fils  de  Henri  II ,  comte  dtl 
l>ourg ,  et  fut  appelé  au  trône Itl 
vembre  1 308 ,  après  la  OKirt  £Êi 
et  un  interrègne  de  7  mois.  Ctfl 
rite  d'être  remarqué,  c*est  qnsti 
verain  fut  le  premier  empMftf  ■ 
par  le  collège  seul  des  priDcotfM 
sans  le  concours  des  autres  CiaftAI 

pire.  Ce  fut  surtout  par  la 


HEU 


(657) 


H£N 


dément  V  que  Henri  l'emporta 
coDcurrenty  Charles  de  Valois, 
lîtôl  après  son  ayénement,  Henri  re- 
la  eomme  un  deToir  de  poursuivre  les 
rtriers  d'Albert  V  :  Jean  de  Souabe, 
Mmmé  le  Parricide  y  fut  mis  au  ban 
ITmpire  et  périt  bientôt  après;  les 
«I  furent  exécutés.  En  mariant  son 
letn  avec  l'héritière  de  Bohême,  Hen- 
H  assura  ce  royaume  à  sa  famille,  au 
inent  du  duc  Henri  de  Carinthie , 
ritier  le  plus  proche.  Il  fit  ensuite  une 
kdilion  en  Italie ,  soumit  le  Milanais 
Wf^  le  1 1  janvier  1311,  l'archevêque 
lacer  sur  sa  tête  la  couronne  de  fer 
ii  Lombardic.  Une  révolution  ayant 
té  dans  la  Haute-Italie,  il  l'étoufla  par 
«te  des  armes,  prit  Crémone,  Lodi  et 
cia,  marcha  contre  Rome,occupée  par 
loupes  de  Naples,  et  où  les  Orsini  et 
lolonne  étaient  en  guerre  ouverte. 
i  s*empara  de  force  de  la  ville,  et  y 
toronné,  le  2  9  juin  1313,  empereur 
m  par  trois  cardinaux  dans  l'église 
dnt-Jean  de  Latran,  tandis  qu'on  se 
it  el  qu'on  pillait  encore  dans  quel- 
quartiers  de  la  ville  pontificale.  Il 
Dsaite  au  ban  de  l'Empire  le  roi  Ro- 
de  Naples,  se  porta  contre  Florence 
loques,  et  menaça  leurs  habitants  de 
Wt  s'ils  ne  se  soumettaient  pas  de 
is  ils  se  défendirent  avec  courage, 
i  VU,  qui  marcha  alors  contre 
M  y  mourut  subitement  à  Buoncon- 
I,  le  24  août  1313,  empoisonné 
•être ,  comme  on  l'a  prétendu ,  au 
u  d'une  hostie  que  lui  présenta  un 
ncain.  Cependant  le  fils  de  Hen- 
I,  le  roi  Jean  de  Bohême ,  déclara, 
us  après,  par  un  document  formel 
m  dominicains  ne  s'étaient  pas  ren- 
mipables  de  ce  crime.  Immédiate- 

après  la  mort  de  Henri  VH ,  son 
i  fut  excommunié  par  Clément  Y, 
proscription  prononcée  contre  Rô- 
le Naples  fut  levée.  Après  un  in- 
pe  de  14  mois ,  Louis  IV  ou  le  Ba- 

anooéda  à  Henri  VH,  le  dernier 
mur   d'Allemagne    qui    porta    ce 

CL. 
'MWLl ,  rois  de  France.  Il  y  en  a  eu 
idans  l'intervalle  de  1031  à  1610. 
qu'on  a  qualifié  de  Henri  Y  n'a 

comme  roi 


par  une  fraction  peu  nombreuse  du  parti 
ïégitimbte  ,  qui  n'est  lui-,  même  qu'une 
faible  minorité  au  sein  de  k  nation  fran- 
çaise. Nous  nous  sommes  expliqués  sur 
ce  point  à  l'art.  Bordeaux  (duc  de), 

Henri  I^',  fils  de  Robert  tt  petit-fils 
de  Hugues  Capct,  régna  de  1031  à  1060. 
Il  en  a  été  suffisamment  parlé  à  Tart. 
Capétiens  (T.  lY,  p.  679).  Foj.  aussi 
Anne  de  Russie  (femme  de  Henri  I^).  S. 
Henri  U  naquit  à  Saint-Germain-en- 
Laye,  le  31  mars  1518.  Il  était  fils  de 
Françob  V^  et  de  Claude  de  France.  Son 
avènement  à  la  couronne  (1547)  eut 
pour  résultat  immédiat  un  brusque  chan- 
gement dans  la  direction  et  le  personnel 
des  ministères.  Dans  les  dernières  années 
du  règne  de  Françob  I^'',  tout  s'était  fait 
par  les  ordres  et  sous  Tinfluence  d'une 
favorite,  la  duchesse  d'Etampes.  Celle- 
ci  et  ses  ministres  furent  congédiés  et 
firent  place  à  Diane  de  Poitiers  (voy,)^ 
duchesse  de  Yalentinob,  et  à  ses  créatures; 
les  affaires  furent  alors  conduites  avec 
plus  de  promptitude  et  de  fermeté. 

Le  premier  soin  de  Henri  H  fut  de 
risiter  ses  provinces  et  de  connaître  par 
ses  yeux  le  véritable  état  du  royaume. 
Henri  possédait  quelque  chose  des  bril- 
lantes qualités  de  son  père,  sa  bravoure 
chevaleresque  et  jusqu'à  ses  faiblesses  *  : 
aussi  cette  tournée  en  son  royaume  de 
France  lui  acquit  une  grande  popularité. 
U  en  avait  besoin,  si  l'on  songe  qu'il  avait 
à  lutter  à  la  fois  contre  l'ascendant  encore 
si  redoutable  de  Charles-Quint,et  à  com- 
primer des  ambitions  toujours  remuantes 
autour  de  lui.  En  1549,  la  guerre  est  dé- 
clarée à  l'Angleterre  qui  refusait  de  livrer 
Boulogne,  dont  elle  avai  t  consenti  la  remise 
dans  un  traité  signé  sous  François  I*';  et, 
après  quelques  actes  d'hostilité ,  Boulo- 
gne est  rendue  à  la  France.  Mais, en  1551, 
une   guerre  plus   sérieuse  s'engage  en 
Italie.  Henri  U  réclamait  et  voulait  ar- 
racher au  pape  les  duchés  de  Parme  et 
de  Plaisance.  Le  pape  invoque  le  seoouis 
de  Charles-Quint ,  et  Henri  II  fait  avai- 
cer  simultanément ,  dans  le  Piémont  d  le 
Parmesan ,  ses  armées  conduites  par  «eux 
habiles  généraux ,  le  duc  de  Brissar  et  le 
maréchal  de  Termes.  Malgré  leurs  bril- 

(*)  Il   avait   surtout  les  défaotf  de 


^été  reconnu  comme  roi,  smon  |  çoi't'l»'.  fo/.  Frahce,T.  XI,p.54o. 
Ençjrchp.  d.  G.  d.  M,  TomeXHI.  4^ 


Fran- 
S. 


uen 


(658) 


tau 


lanto  succès,  comme  la  guerre  n'ayait 
pas  encore  été  déclarée  eutre  le  pape  et 
TEmpereur ,  ils  s'arrêtent  et  consentent 
à  une  suspension  d'armes.  Mais  la  ligue 
des  princes  protestants,  menacés  par 
Charles-Quint  dans  leurs  croyances  reli- 
gieuses, donne  aussitôt  à  cette  guerre  un 
nouvel  intérêt ,  un  champ  plus  étendu. 
Henri  se  déclare  le  protecteur  de  la  ligue, 
marche  au-devant  des  princes,  prend 
(1552)  Toul,  Metz  et  Verdun,  chefs-lieux 
des  évêchés  de  ce  nom ,  et  s'empare  du 
duché  de  Luxembourg  ,  conquête  qui 
fut  bientôt  compromise  et  perdue  par 
les  fautes  de  son  fils ,  le  duc  d'Orléans. 
Abandonné  tout4-fait  par  ses  alliés  qui 
traitent  séparément  avec  TEmpereur, 
Henri  est  réduit  à  lutter  seul  contre  toutes 
les  forces  de  Charles- Quint.  A  la  tête  de 
son  armée ,  Charles  met  le  siège  devant 
Metz,place  mal  fortifiéealors,maisqui  était 
défend  «le  par  François  de  Guise  {vojr») 
avec  l'élite  de  la  noblesse  française.  Grâce 
à  sa  bravoure,  à  son  habileté,  l'Empereur 
est  forcé  de  lever  le  siège,  et,  de  dépit, 
va  piller  la  Picardie  et  détruire  de  fond 
en  comble  la  ville  de  Térouanne.  En  re- 
présailles de  ces  cruautés,  les  Français 
mettent  à  feu  et  à  sang  le  Brabant ,  le 
Hainaut  et  le  Cambrésis.  Une  rencontre 
a  lieu  sous  les  murs  de  Renti ,  où  les 
Impériaux  sont  de  nouveau  battus.  £n 
Italie ,  l'armée  française  était  moins  heu- 
reuse. MaIgH  les  efforts  de  Montluc  et  son 
habile  défense  de  Sienne,  elle  avait  perdu 
la  Toscane,  et  ses  communications  étaient 
interceptées  :  toutefois  les  deux  partis 
étaient  tellement  épuisés,  qu'à  défaut 
d'une  paix  dont  le^  prétentions  du  pape 
entravaient  la  conclusion  ,  une  trêve  de 
5  ans  fut  signée  à  Bruxelles,  le  5  février 
1556.  Mabdéjà  vers  Tannée  1557,  après 
l'abdication  et  la  retraite  de  Charles- 
Quint  ,  la  guerre  recommençait  contre 
Philippe  II ,  allié  aux  Farnèse  et  au  duc 
de  Toscane  et  à  la  reine  d* Angleterre 
Marie ,  qu'il  avait  épousée.  François  de 
Guise  commandait  en  Italie,  mais  Tin- 
sufi^nce  de  ses  ressources  ne  lui  permet- 
tait^^ d*agir  efRoacement.  En  Picardie, 
le  vieux  connétable  de  Montmorenry 
sVtaitbvanré  et  de>ait  faire  lever  le  siège 
de  Saini- Quentin ,  que  pressait  vive- 
ment le  duc  de  Savoie,  Emmanuel-Phi- 


libert. Sous  les  mors  de  octtt  vil 
bataille  fut  livrée  dont  Tissoe  fi 
plétement  désastreuse  à  la  France 
Elle  fit  des  perles  considérabi 
gentilshommes  les  plus  illustres 
d'Enghien,  le  comte  de  Montpi 
le  maréchal  de  Saint-André,  ] 
blessés  ou  faits  prisonniers.  Les 
n'avaient  pas  perdu  cent  hoB 
Charles-Quint,  à  la  nouvelle 
victoire ,  demanda  &i  les  Espagi 
talent  pas  à  Paris.  Aussitôt  oe 
d'Italie,  pour  réparer  les  fautes  < 
connétable,  François  de  Guise, 
remet  le  commandement  des  am 
le  titre  de  lieutenant  général  da  i 
Le  duc  de  Guise  marche  en  Pia 
siège  Calais  et  s'en  empare  en 
prend  Guines  et  la  fortere»^  d 
et,  en  moins  d*un  mob,  au  ■ 
l'hiver  le  plus  rigoureux ,  il  ex| 
tièrement  l'armée  anglaise  ;  tand 
leurs,  en  Piémont,  en  Lorraine, 
Brissac,  le  duc  de  Nevers  et  le  : 
de  Termes  se  maintenaient  avi 
tage.  Mais  peu  après  la  prise  é 
kerque,  celui-ci  perd  la  ba 
Gravelines  (13  juillet  1558i.  Ce 
ment  détermine  Henri  H  et  PI 
à  la  paix  qui ,  après  de  longues 
lions,  fut  signée  à  Cateau-C 
(vof.),  le  3  avril  1559.  CalM 
Metz  et  Verdun,  restaient  à  la 
Deux  mariages  durent  cimeni 
paix,  Tun  entre  Philippe  II  et  Ê 
fille  du  roi,  Tautre  entre  Ma 
sa  sœur,  et  le  duc  de  Savoie, 
milieu  des  fêtes  qu*occasionna  la 
tion  de  ces  deux  mariages,  qu^Ua 
blessé  à  mort,  dans  un  tournoi  d 
Saint-Antoine,  par  la  lance  do  i 
Montgommeri,  capitaine  de  la  gai 
saise.  Ce  prince  mourut  des  soi 
blessure,  le  10  juillet  1559:  il 
de  4 1  ans  et  en  avait  réi^nè  très 
Hknri  III,  duc  d'Anjou,  le  I 
fils  de  Henri  II  et  de  Catherine 
dicis  (  voy.  ) ,  roi  de  Pologne  et  di 
naquit  à  Fontainebleau,  le  19 
bre  lôôl .  Le  duc  d*\iijou  était 
de  sa  mère  dont  Tinlluence  avi 
plus  complètement  sur  lui  qtt 
frères.  Elevé,  comme  eux,  à  i 
école,  dans  toute  la  licence 


HEN 


(659) 


fiËft 


fait  de  mœurs  et  de  gouver- 
ista  peu,  par  sa  nature,  à  cette 
l'annonçait  pourtant  avec  des 
antes  :  il  avait  le  propos  pi- 
ive  conception,  que  sa  mère 
à  rintrigue,  et  un  goût  fort 
la  guerre.  Il  était  plein  de 
esse;  Catherine  aimait  à  Top- 
le  roi  Charles  IX,  pour  con- 
ener  par  la  crainte  un  carac- 
IX  qui  lui  échappait  souvent, 
mrt  du  connétable  de  Mont- 
atherine,  pour  éviter  que 
elque  autre  chef  influent  ne 
Tarmée,  mit  à  sa  tète  le  duc 
ravait  que  seize  ans.  Sa  pre- 
igne  fut  marquée  par  deux 
oplètes.  Les  batailles  jusque 
restées  à  peu  près  indécises 
iioliques  et  les  protestants, 
et  Montcontour  (1569),  as- 
premiers  un  avantage  écla* 
aut  assurément  renvoyer  le 
meuraux  maréchaux  de  Cos- 
innes,  qui  dirigèrent  le  duc 
ipitaines  consommés;  mab  le 
emporta  du  moins  avec  une 
i  lui  valut  une  grande  po- 
int son  cheval  tué  sous  lui  à 
*;  il  fallut  le  retenir  pour 
le  s'élancer  à  la  poursuite  de 
:ue,  et  ce  fut  peut-être  une 
issa  aux  ennemis  le  temfis  de 
leurs  débris  et  de  réparei* 
La  gloire  du  duc  d'Anjou  dut 
ige  au  roi,  son  frère,  et  lui- 
ix  faite  avec  les  protestants 
de  son  côté,  avec  jalousie, 
la  faveur  passer  du  c6té  de 
mit  vaincus.  Il  continua  de 
nspirations  de  sa  mère.  Il  as- 
i  de  la  Saint-Barthélémy,  au 
t  décidé  le  massacre  des  chefs 
[Catherine  dirigea  sa  conduite 
énement.  S'il  faut  en  croire 
ses  à  son  médecin  Thiron,  ils 
é  dans  l'hésitation  cette  nuit 
tri  ne  s'y  vante  pas  du  moics 
I  main  à  l'œuvre<x>mme  son 
1  accuse  cependant.  Le  pre- 
e  mousquet  les  fit  presque 
Is  envoyèrent  Tordre  au  duc 
tout  suspendre.  Mais  Coli- 
mort;  et  la  grande  entre- 


prise à  laquelle^  dit- il ,  «  nont  n'avioiié 
jusqu'alors  guère  bien  pensé,  »  commen- 
çait sur  tous  les  points.  «  Ainsi  retour- 
nâmes, ajoute-t-il,  à  notre  première  dé- 
libération ,  et  peu  après  nota  laissâmes 
suivre  le  fil  et  le  ooun  de  l'entreprise  et 
de  l'exécution.  » 

Catherine  négocia,  l'année  suivante, 
pour  faire  élire  son  fils  au  trône  de  Polo- 
gne ;  elle  y  travailla  avec  ardeur  et  réus- 
sit (1573).  Quand  la  nouvelle  en  vint  à 
la  cour  de  France,  le  prince  assiégeait  La 
Rochelle  où  le  protestantisme  s'était  con- 
centré. Il  eut  hâte  d'en  finir,  donna 
brusquement  plusieurs  attaques  inutiles , 
y  perdit  34,000  hommes ,  et  faillit  être 
tué  d'un  coup  de  mousquet  qui  traversa 
sa  fraise.  Pressé  de  partir,  il  aima  mieux 
traiter  avec  désavantage  que  de  laisser  à 
un  autre  le  commandement. 

Le  nouveau  roi  de  Pologne  fut  vite 
désenchanté  de  cette  couronne  qu'il  avait 
été  si  impatient  de  saisir.  L'humeur  in- 
dépendante et  rude  de  la  noblesse  polo- 
naise trouvait  à  redire  à  toutes  ses  habi« 
tudes.  La  vue  du  vainqueur  de  Montcon- 
tour y  avait  un  peu  surpris  sans  doute  : 
sa  paresse ,  ses  langueurs,  ses  caresses  de 
femme  à  ses  favoris,  scandalisèrent  une 
cour  qui  n'était  pour  lut  qu'un  camp 
de  barbares.  Il  eût  mieux  aimé ,  disait-il, 
vivre  prisonnier  en  France  que  maître 
en  Pologne  :  aussi  la  mort  de  son  frère 
Charles  IX  survint  à  point  pour  le  ren- 
dre à  ce  pays  et  à  cette  cour  qu'il  lui  fal- 
lait. A  peine  en  eut-il  reçu  la  nouvelle, 
qu'il  s'évada  au  milieu  de  la  nuit  pour 
s'épargner  les  retards  et  les  formalités 
d*un  arrangement  ;  et,  sans  prendre  nul 
souci  de  l'état  où  Éon  départ  laissait  la 
Pologne ,  qui  se  trouvait  à  la  veille  d'une 
gueire  avec  les  Turcs,  il  gagna  à  bride 
abattue  les  terres  de  l'Empereur,  serré  de 
fort  près  par  un  gros  de  cavaliers  en- 
voyés à  sa  poursuite.  Il  gagna  Vienne  et 
Venise  où  il  s'arrêta  trois  mois  dans  les 
plaisirs ,  malgré  les  instances  de  sa  mère. 

Le  premier  acte  du  gouvernement  de 
Henri  IQ  fut  de  faire  de  nouveau  la 
guerre  aux  protestants  et  de  retourner  à 
la  politique,  un  instant  vacillante,  qui 
avait  frappé  le  coup  de  la  Saint-Birthé« 
lemy.  Le  parti  ne  s'était  pas  complète^ 
ment  relevé  depuis  :  ses  grtnéei  notabU 


HËpr 


(6«0) 


HËif 


Utés  avaient  disparu.  Le  roi  cle  Navarre, 
dont  le  oom  e6t  pu  rallier  les  restes  du 
parti  f  était  toujours  prisonoier  à  la 
cour  ;  mais  an  événement  subit  changea 
la  situatioa  des  protestants.  Il  y  avait 
dans  le  catholicisme  un  parti  modéré, 
plus  porté  à  considérer  le  côté  politique 
des  af&ires  qu'à  faire  triompher  exclu- 
sivement Tintérêt  religieux.  Ce  parti 
qu'on  désigne  du  nom  de  politique  ^  et 
qui  obéissait  à  l'influence  de  quelques 
hautes  ambitions  mécontentes,  se  déta- 
cha de  la  cour  et  porta  son  alliance  aux 
protestants. 

Henri  III ,  en  mettant  le  pied  dans  le 
royaume  et  au  sortir  des  (Heê  vénitiennes, 
se  persuada  qu'il  n'y  avait  qu'à  déployer 
an  luxeexagâré  de  dehors  religieux,  qu'à 
donner  dans  le  rafBnement  de  dévotion 
des  confréries,  pour  compenser  le  scan* 
dale  de  ses  orgies  et  balancer  la  popula- 
rité de  Guise.  Il  ne  s'y  épargna  pas;  mais 
ce  double  excès  ne  lui  rapporta  que  haine 
et  mépris  de  tous  côtés.  Les  processions  de 
Saint-Germain -l'Auxerrob  où  il  se  mon- 
trait couvert  d^un  sac ,  le  chapelet  et  le 
cilice  à  la  main  ,  ne  lui  firent  pas  par- 
donner par  la  foule  les  mascarades  et  les 
profanes  mystères  du  Louvre.  Il  perdait 
ses  peines  «  à  aller  à  pied ,  dit  le  Journal 
de  l'Étoile ,  par  les  églises  de  Paris ,  te- 
nant en  sa  main  de  grosses  patenôtres , 
ks  disant  et  marmottant  par  les  rues  ;  on 
disoit  que  ce  faisoit-il  par  le  conseil  de  sa 
mère,  afin  de  faire  croire  au  peuple  qu'il 
étoit  fort  dévot  et  catholique.  »  On  cria 
à  l'hypocrisie.  Trahis  par  les  politiques , 
dégoûtés  du  roi ,  les  catholiques  ardents 
prirent  en  main  la  défense  de  leur  cause, 
et  formèrent  la  Ligue.  Voy.  ce  mot. 

Dans  cette  situation,  Henri  UI  recou- 
rut aux  États -Généraux  qu'il  convoqua  à 
Blois  (1 576),  espérant  y  faire  réussir  une 
politique  plus  traitable  et  y  retremper 
l'autorité  royale  qu'il  avait  compromise. 
Mais  les  États  nommés  sous  l'influence 
de  la  Ligue  ne  se  laiisèrent  séduire  ni  par 
(es  manières  ni  par  son  langage;   il  se 
trouva  en  face  de  toutes  les  défiances  de 
la  «ation  catholique  :  la  plupart  de  ses 
denuDdes  y  furent  rtpoussées,  il  se  vit 
réduit,  pour  retenir  l'apparence  du  pou- 
voir qui  échappait  de  ses  mains,  à  se 
daciirer  lai-mème  chef  de  la  Ligue.  Dans 


l'impossibilité  de  poonaiiTe  la  gocntf 
il  fallut  traiter  encore  une  fob  avec  }m 
huguenots.  On  leur  fit ,  par  la  paix  i» 
Bergerac,  les  plus  larges  conœaaioiis  qAi 
eussent  obtenues  jusqu'alors.  Ce  a^élak 
point  là  le  vœu  des  États-Généraux  éoÊt 
les  cahiers  portaient  :  umejtjy  eiuRckf 
dans  ie  royaume. 

Ainsi  Henri  HI  se  trouvait  preMé  cM» 
deux  factions  puissantes  et  pasajonnéa  ; 
la  royauté,  placée  en  dehors,  tentait  wm 
conciliation  qui  devenait  plus  imponUt 
que  jamais;  il  pensa  les  aflaiblir  et  altf* 
rer  à  lui  les  plus  ambitieux  en  créiil 
l'ordre  du  Saint-Esprit  (  1&78)  :  il  n*avrir  ' 
guère  de  son  côté  que  des  annes  de  er  ■ 
genre,  les  dons,  les  faveurs  dont  0  ê^  '■ 
posait.  Biais  ceux  dont  il  triomphait  yv  ' 
ces  moyens  n'étaient  pas  toujours  let  fin  ^ 
redoutables ,  et  toutes  ces  oonquétei  aV  \ 
taient  pas  des  plus  sûres.  Sa  politiqntv  * 
trouva  plus  d'une  foisen  «léfant.  IléBoa*  ^ 
(1575)  Louise  de  Vaudemont,  la 
sine  des  Guise  qu'il  rapprocha  du  tïïkm 
sans  les  gagner  davantage  au  roi.  Henri  Jt 
Guise  {voy.)y  l'àme  de  la  Ligne, 
chaque  jour  plus  popnlaire  ef  plu 
saut.  La  cour  en  était  à  craindre  la 
complète  des  protestants  qni 
les  forces  de  l'autre  parti  :  aussi  de«x  frf* 
ses  d'armes  qui  suivirent  celle  de  ISTl 
et  la  guerre  des   Amoureux  en  IM 
se   terminèrent    par  des    arrangcmali 
(paix  de  Fleix,  1580).  Henri  UI  néeodi 
de  nouveau  pour  faire  épouser  à  ÉGi^ 
beth  d'Angleterre  son  frère  le  duc  d*ân* 
jou  (d'Alen^n),  et  se  débarrasser  dt  M 
intrigues  qui  compliquaient 
embarras.  Il  n'osa  accepter 
les  Pays-Bas  qui  s'offraient  à  lui,  de 
de  fournir  à  l'Espagne  un  prétexte  dt 
l'attaquer  ;  mais  il  donna  les  nains  à  h 
tentative  qu'y  fit  son  frère,  dont  renne* 
prise  avorta.  Entraîné  par  la  Ligne,  1 
accéda  au  traité  de  NeoKmrs  qu'elle  U 
imposa  :  c'était  la  guerre  encore  ;  il 
prendre  de  nouveau  les  armes  1 1585 

Le  duc  d'Anjou  venait  de 
(1584)  :  Henri  lU  n'ayant  pas  d'enfi 
le  roi  de  Navarre  devenait  Phériticr  et  \k 
couronne,  et  la  Ligue  s*agita  plus  fbrtqw 
jamais.  Henri  mit  sur  pied  quatre  tagf^ 
d'armée  (  1 586\  espérant  lasser  I1i 
guerroyante  de  la  Ligue  ca  T 


HEN 


(661) 


H£N 


^ds  de  U  guerre.  Les  taxes  te  multi- 

yfièrent  k  rinfini.  Joyeuse ,  Tun  des  mi- 

pÊoms  du  roi,  attaqua  le  roi  de  Navarre  à 

GoQtras  (vay,)  et  y  perdit  la  bataille  et 

k  TÎe  (1S87).  La  Ligue  s'en  prenait  au 

ni  de  tons  ses  revers;  on  cria  de  toutes 

fttls  qu^il  trahissait  la  cause  ;  ce  fut  contre 

kd  un  redoublement  de  prédications  fu- 

likiodes  et  de  pamphlets  sanglants.  La 

I^œ  appela  à  grands  cris  le  duc  de  Guise 

fû  s^élait  éloigné  :  il  revint  à  Paris  en 

kivuit  lea  défenses  du  roi.  Henri  s'alar- 

iMi  et  fit  entrer  des  troupes.  Mais  le  peu* 

ife  ooorat  aux  armes,  tendit  les  cbaines 

«traTers  les  rues(ii.  BAaaiCADEs)  et  Henri 

i«ot  <iue  le  temps  de  monter  à  cheval 

«  de  fuir  (1588).  U  gagna  Chartres,  tan- 

fia  ^pae  sa  mère  endormait  le  duc  de  Guise 

une  conférence  qu'elle  traînait  en 

'•  Cette  fuite  dérangeait  les  pro- 

du  duc  qui  espérait  se  saisir  à  la  fois 

le  la  personne  du  roi  et  de  toutes  les 

da  gouvernement.  Sa  sœur,  la  du- 

de  Montpensier,  montrait  les  ci- 

d'or  qui  devaient  faire  à  Valois  sa 

couronne,  celle  de  moine.  Mais 

tirant  de  leurs  mains ,  Henri  rede- 

jt  pins  redoutable  :  aussi  le  duc  de 

SmiiÊty  bien  que  fortifiant  la  Ligue  et  pro- 

it  de  tons  cotés  le  mouvement  de 

crut  devoir  compter  avec  lui  pour 

la  Moment.  H  protesta  de  sa  soumission 

it  loi  envoya  proposer  un  accord.  Henri 

ynma  ses  projets  de  vengeance  (il  avait 

6it  serment,  en  se  retournant  vers  Paris, 

den*y  rentrer  que  par  la  brè<:he)  ;  il  con- 

k  tout  et  Mgna  Védit  tP  Union.  U 

kptait  sur  les  Etats-Généraux  que  la 

exigeait  sans  délai.  Il  les  réunit  à 

mais  la  faction, comme  lui,attendait 

tovt  de  cette  assemblée,  et  avec  plus  de 

le  royaume  n'envoya  que  des  li- 

Le  roi,  contrecarré  dans  toutes 

demandes,  admonesté,  rudoyé  par  les 

ordres  comme  à  Penvi,  imputait 

font  an  duc  de  Guise.  Il  avait  quitté  sa 

vie  firivole;   il  était  devenu  sérieux  et 

Sa  haine  pour  le  duc  s'irritait 

par  l'impuissance  où  il  était  d'en 

fcire    liante  et    bonne  justice.    Il   n'y 

await  qu'une  manière  de  le  frapper ,  et  la 

lémlation  seule  lui  avait  manqué  en  plus 

ision.  U  lui  parut  enfin  que 

haine  pooMée  à  bout  servirait  bî^ 


sa  politique,  et  il  fit  massacrer  le  duc 
(voy.  Guise)  par  ses  gardes,  à  la  porte 
de  son  cabinet.  Mais  l^événement  trom- 
pa ses  espérances ,  s'il  avait  cru  tuer  la 
Ligue  avec  son  chef  :  Paris  lai  répondit 
par  un  acte  de  déchéance ,  et  la  Fran- 
ce catholique  le  rejeta.  Les  protestants 
alors  s'offrirent  à  lui  :  il  hésita  long- 
temps avant  d'accepter  leurs  secours  :  les 
ligueurs  déjà  rappelaient  hérétique  ;  c'é- 
tait donner  gain  de  cause  à  leur  révolte. 
Enfin  il  vit  le  roi  de  Navarre,  s'entendit 
avec  lui ,  appela  des  Suisses,  et  les  deux 
rois  marchèrent  sur  Paris.  Ib  avaient 
40,000  hommes;  l'attaque  était  formi- 
dable et  prompte.  La  Ligue  allait  inévi* 
tablement  succomber,  quand  elle  eut  re- 
cours à  l'expédient  tragique  que  Valois 
lui-même  lui  avait  enseigné.  Le  domini- 
cain Jacques  Clément  (vojr,)  Talla  poi- 
gnarder à  son  quartier  de  Saint-Cloud  , 
en  lui  remettant  des  lettres  ;  il  expira  le 
l*'  mai  1589.  Ce  fut  comme  le  contre . 
coup  du  meurtre  de  Blois. 

La  maison  de  Valois  s'éteignît  avec  ce 
prince.  N'espérant  pas  d'héritiers,  il  eut 
peu  de  souci  de  ce  que  deviendraient 
après  lui  la  royauté  et  l'état.  U  avait  grand 
goût,  dit  sa  sœur  Marguerite,  à  la  lec- 
ture de  Machiavel.  On  peut  le  croire ,  et 
sa  mère  était  en  état  d'y  joindre  un  com- 
mentaire à  son  usage.  Mais  si  sa  vie  eut 
un  plan  tracé,  si  ses  mœurs  furent  le  ré- 
sultat de  sa  politique,  si  sa  honteuse  mol- 
lesse ne  fut  qu'un  voile  jeté  sur  des  des- 
seins sérieux,  il  prit  une  voie  assurément 
peu  sûre,  la  plus  propre  à  le  perdre  dans 
l'opinion  qui  était  une  puissance  alors,  à 
déshonorer  la  fin  d'une  dynastie  et  à  rui- 
ner la  royauté. 

Hehei  FV,  roi  de  Navarre,  en  montant 
sur  le  trône  de  France,  l'an  1589,  derint 
le  chef  d'une  nouvelle  dynastie,  dont  il  a 
été  longuement  parié  à  l'art.  BouaaoHS. 

Henri ,  fils  d'Antoine  de  Bourbon  et 
de  Jeanne  d'Albret  {vojr.) ,  naquit  k  Pau 
le  13  décembre  1553,  et  fut  élevé 
dans  le  château  de  Coarasse,  au  milieu 
des  montagnes  du  Béam ,  dans  toute  la 
rudesse  et  la  liberté  des  autres  enfants. 
Son  grand-père,  Henri  d'Albret  (mort 
en  1555),  l'avait  recommandé  ainsi;  on 
dit  même  qu'il  avait  voulu  que  la  fille 
aooouchftt  en  chantant  |  afin  qu'elle  ne 


HEN 


{m) 


HEIf 


lui  fit  pu  un  enfant  pleureur  et  rechi" 
gné»  Le  jeune  prince  fut  amené  à  Pa- 
ris dans  Tannée  1561  ;  mais  sa  mère  re- 
prit le  chemin  de  son  petit  royaume  à  la 
mort  de  son  mari  (1562).  C'était  nn  en- 
fant d'une  vive  intelligence ,  mab  que  sa 
pétulance  naturelleetractivité  vagabonde 
à  laquelle  on  Tavait  livré,  rendaient  inca- 
pable d'étude  et  d'application.  Sa  mère, 
calviniste  austère ,  comprit  sa  vocation , 
et  le  condubit,  dès  1669,  au  milieu  de 
Farmée  protestante.  La  troisième  guerre 
religieuse  commençait  :  il  fut  témoin  des 
batailles  de  Jamac  et  de  Montcontour»  et 
y  signala,  selon  quelques  écrits,  avec  une 
précoce  intelligence  de  la  guerre,  les  fautes 
du  prince  de  Condé,son  oncle, et  du  vieux 
Coligny;  il  avait  alors  15  ans.  Le  parti, 
épuisé  par  ses  défaites,  gagna  le  Midi  et 
s'y  releva  par  une  petite  guerre  active. 
Le  jeune  prince  fit  avec  succès  cette  guerre 
de  détail ,  de  petits  sièges  et  de  coups 
de  main.  Sa  bravoure,  sa  pénétration 
prompte,  promirent  un  chef  plus  capable  1 
de  ramener  la  fortune.  La  paix  de  Saint- 
Germain  finit  la  campagne  en  1570.  Le 
prince  se  retira  dans  le  Béarn.  La  réconci- 
liation apparente  des  partb  amena  bientôt 
son  mariage  avec  Marguerite  de  Valob, 
soeur  de Charies  IX.  Les  protestants,  après 
plusieurs  paix  aussitôt  défaites  que  con- 
clues, se  livrèrent  en  aveugles  aux  illusions 
de  toute  sorte  que  cette  alliance  leur  per- 
mettait. Coligny  (voy,)  se  croyait  maître 
de  l'esprit  de  Charles  IX.  Appelés  à  Paris 
par  les  fttes  nuptiales  du  prince  de  Béarn, 
ib  pensaient  y  prendre  aux  affaires  une 
grande  part  d'influence.  La  Saint-Bar- 
thélémy (vny,)  les  surprit;  la  fête  à  peine 
terminée,  Henri,  enfermé  dans  le  Lou- 
vre, entendit  les  cris  des  siens  qu'on  égor- 
geait autour  de  lui.  On  délibérait  dans 
la  chambre  du  roi ,  son  beau- frère ,  si 
on  le   livrerait,  comme  eux  tous,  aux 
bourreaux.  Charles  IX  se  le  fit  amener  au 
|>oint  du  jour  avec  son  cousin  ,  le  jeune 
llenri  de  Condé  {voy.).  •  La  mort  ou  la 
messe  !  »  leur  cria-t-il  en  fureur,  et  leur 
montrant  un  monceau  de  corps.  Ils  choi- 
sirent le  dernier  parti ,  et ,  pour  sauver 
leur  vie,  sacrifièrent  leur  religion  ;  mais , 
en  face  de  ce  péril  imminent,  on  dit  que  ce 
ne  fut  pas  le  roi  de  Navarre  qui  fit  la 
plut  longue  et  la  plus  viv«  résisUnce. 


Retenu  captif  et  surveillé  de  fort 

il  réussit,  grâce  à  son  esprit  délié, 

humeur  sociable  et  enjouée,  à  viv 

grande  intimité  avec  tous  ces  prinoM 

nant  volontiers  sa  part  dans  lem 

et  dans  leurs  intrigues.  Il  se  lia  pins  i 

tement  surtout  avec  les  Guise,  au  | 

dit  d'Aubigné,  «  qn'ib  couchoient 

voient  et  mangeoient  ensemble  ;  C 

de  même  leurs  mascarades,  ballets  c 

rouseb.  »  Catherine  de  Médicb^voy 

son  parti  ordinaire  des  défauts  do 

ce  :  elle  attaqua  par  ses  côtés  fiûii 

corruptibles  ce  naturel  généreux  ;  d 

toura  le  mari  de  sa  fille  de  tous  ces  ] 

corrupteurs  qu'on  dressait  aux  p 

ses  fils,  et  le  roi  de  Navarre  n'y  ré 

guère:  il  s'abandonna k  tous  les  cm 

de  cette  atmosphère  viciée  et  y  laisi 

soudre  jusqu'à  ses  sentiments  dlioi 

tolérant  que  les  désordres  de  sa  f 

répondissent    assez    publiquemeal 

siens.  C'est  à  cette  triste  école  qu* 

rapporter  ces  incurables  goûts  de  ) 

terie,  cette  sensualité  effrénée  qui  1 

séda  toujours  et  qui  troubla  bon 

ment  cette  haute  exbtence. 

Henri  suivit  à  contre-coeur  le  âm 

jou  (voy.  Henei  III)  au  siège  de  l 

chelle,  où    on    voulait  le   faire 

dTinstrument  à  la  ruinede  son  andc 

(157  3).Les  protestants  reprirent  le 

en  1576,  et  le  prince,  las  de  sa  vie 

poussé  par  son  courage  et  par  Tarn 

s'évada  de  la  cour  et  rentra  dans  i 

cien  parti,  dont  il  pouvait  craindn 

autre  ne  saisit  le  commandement,  l 

rement  de  politique  de  la  reine 

qui  souhaitait  la  guerre  p«)ur  r 

son  influence,  avait  favorisé  sa  fa 

roi  de  Navarre  alla  tenir  sa  petite 

Nérac,  selon  les  traditions  du  Loi 

avait  d'abord  résidé  ii  Agen ,  ville 

licence  de  ses  («Ites  lui  fil  perdn 

guerre  de  1577  cAt  écrasa.*  le  par 

lestant;  mais  Catherine,  qui  ne 

la  guerre  que  i  pour  avoir  des  afTa 

non  pour  en  sortir,  >  selon  le  • 

historien ,  Tarréta  a  tem|H,  fit  a 

une  nouvelle  paix  et  alla  v  tsiier  se 

drc  à  Nérac,  avec  sa  fille  Marguer 

deux  reines  nouèrent  mille  inlrîgi 

tour  de  lui.  Catherine  détachait, 

sous  ses  yeux,  les  chefs  inflocnls 


HEN 

ftrti;  elle  employait  à  cela  refsaîm  de 

faMncs  dont  elle  était  entourée.  Au  mi- 

iea  d^on  bal  que  lai  doonait  Calherine, 

liBéamab  apprit  la  perte  d'une  ville  dont 

Im  îotrignes  de  la  vieille  reine  avaient  ga<- 

pé  le  foavemeur  :  il  quitta  le  bal  sans 

Irait,  réunît  ses  gentilshommes  et  alla 

i^parer  d^une  autre  place  dans  la  nuit. 

li  guerre  qui  suivit  (  1 580)  y  et  que  Ton 

4éiigne  du  nom  de  guerre  ties  JmoureuXy 

ait  le  parti  huguenot  à  deui  doigts  de  sa 

^crte.  LHofatigable  bravoure,  l'activité , 

Avlinct  militaire  que  Henri  de  Navarre  y 

iéplo3ra,  le  sauvèrent  encore  une  fois.  Par- 

^  les' faits  d'armes  les  plus  audacieux  de 

BB temps,  on  citera  surtout  la  prise  de  Ca- 

Ueori  se  précipita  dans  la  ville,  lui 

:  assailli  de  toutes  parts,  sous  une 

Uréle  de  pierres  et  de  tuiles,  il  combattait, 

tioaaé  à  une  boutique,  les  pieds  en  sang 

et  ooavert  de  contusions.  Les  siens  le 

Mppliaîent  de  faire  retraite;  la  garnison 

■cnait  de  recevoir  des  renforts  :  a  Non, 

ito4l,  une  retraite  hors  de  cette  ville  sera 

bbIIb  de  mon  âme  hors  de  mon  corps.  »  Il 

■•  fut  maître  de  la  ville  qu'après  cinq 

joars  de  pareils  combats,  où  il  eut  à  faire 

li  siège  de  chaque  maison. 

Après  quelques  années  de  lassitude,  la 
recommença  en  1584.  Henri,  in- 
  dans  Nérac  par  toutes  les  forces  de 
Hsyeoiie,  enfonce  les  lignes  ennemies, 
Rprend  en  courant  les  villes  qu'il  avait 
perdues,  et  se  dirige  sur  La  Rochelle  avec 
M  petite  armée  de  3,000  hommes  enri- 
loo.  D  se  porte  au-devant  des  troupes  que 
FAIIemagne  lui  envoie;  mais  Tune  des  ar- 
royales ,  commandée  par  Joyeuse , 

jette  à  sa  rencontre  et  Tarréte  à  Cou- 
Ivfrf»  ce  nom).  Une  victoire  com- 
plète, dont  il  fut  redevable  à  ses  bonnes 
disposîtions,  fit  sa  réputation  comme  gé* 
Béral;  il  avait  fait  d'ailleurs,  et  comme 
loajoors,  son  métier  de  soldat.  Au  mo- 
it  d'engager  l'action  il  dit,  s'adressait t 
princes  ses  cousins  :  «Vous  êtes  Bour- 
bons; mais,  vive  Dieu!  je  vous  montrerai 
que  je  suis  votre  aîné.  »  Quelques-uns 
voulant  le  couvrir,  il  s'écria  :  «  A  quar- 
tier, je  vous  prie,  ne  m'offusquez  pas  !  » 
liais  la  victoire  de  Coutras  ne  fut  pas 
chaudement  poursuivie;  cette  armée  de 
bognenots  se  débanda.  Henri  avait  hâte 
de  revoir  le  filidi|  où  l'attirait  le  plaisir^ 


(  €63  )  HEN 

et  d'utiliser  sa  gloire  récente  pour  des 
conquêtes  d'une  autre  sorte.  Les  gentils- 
hommes, sans  paie  le  plus  souvent,  haras- 
sés de  fatigue  et  de  besoin ,  regagnaient 
leurs  châteaux  au  plus  vite  :  à  peine  en 
obtenait-on  une  campagne;  toul«  opéra- 
tion sérieuse  était  interrompue.  Bourbon, 
de  son  c6té,  n'osait  pousser  à  bout  Hen- 
ri lU,  qui  bientôt,  forcé  par  la  Ligue, 
s'enfuit  de  Paris  (  voy.  BAaaiCADEs  et 
Guise),  et  n'eut  plus  pour  ressource  que 
d'aller  se  joindre  à  son  beau-frère.  Les 
souvenirs  de  la  Saint-Barthélémy  s'effa- 
cèrent devant  une  situation  où  l'intérêt 
présent  rapprochait  les  deux  rois  :  ils  réu- 
nirent leurs  forces  et  marchèrent  sur  Pa- 
ris. La  mort  du  duc  d'Anjou  (Alençon), 
frère  de  Henri  UI,  venait  d'ouvrir  au  roi 
de  Navarre  la  perspective  du  trône  de 
France  :  en  se  faisant  le  vengeur  de  la 
majesté  royale ,  en  prenant  en  main  le 
droit  du  trône,  en  s'installant  ainsi  au 
cœur  du  royaume,  il  allait  se  trouver  plus 
à  même  de  recueillir  ce  grand  héritage , 
qui  ne  tarda  pas  à  lui  échoir.  Henri  de 
Valois,  quand  il  fut  près  d'expirer,  dési- 
gna Henri  de  Bourbon  comme  son  suc- 
cesseur et  exhorta  les  siens  à  le  reconnaî- 
tre. Mab  le  pape  l'avait  excommunié.  La 
Ligue  se  fortifiait  de  jour  en  jour  et  cou- 
vrait le  royaume;  elle  avait  ses  chefs,  son 
gouvernement  organisé;  sa  confiance  s'é- 
tait relevée,  l'exaltation  était  portée  jus- 
qu'à l'ivresse  par  le  succès  du  coup  qu'elle 
avait  frappé.  Des  divisions  de  toutes  sor- 
tes éclatèrent  autour  du  Béarnab;  les  chefs 
de  l'armée  royale  refusaient  pour  la  plu- 
part de  reconnaître  un  prince  hérétique. 
«  On  les  voyoit,  dit  d'Aubigné,  comme 
gens  forcenés,  enfonçant  leurs  chapeaux, 
se  jetant  par  terre,  fermant  les  poings, 
complotant,  se  touchant  la  main,  for- 
mant des  vœux ,  des  promesses  dont  on 
oyoit  pour  conclusion  :  «  Plutôt  mourir 
de  mille  morts  I  »  Ils  déclarèrent  enfin 
au  roi  de  Navarre  qu'ils  ne  le  reconnaî- 
traient roi  de  France  qu'après  sa  conver- 
sion. On  pourrait  attribuer  moins  peut- 
être  à  sa  conscience  religieuse  qu'à  sa 
fierté  naturelle  et  à  son  honneur  blessé  la 
noble  résbtance  qu'il  opposa:  «  Me  pren- 
dre à  la  gorge,  leur  dit-il,  sur  le  premier 
pas  de  mon  avènement  et  à  une  heure  si 
dangereuse!  Auriez- vous  donc  plus  agréa- 


UEN 


(664) 


HBN 


ble  un  roi  sans  Dieu?  Tappelle  de  yos  ju- 
gements àTOUs-mémeSy  messieurs;  et  ceux 
qui  ne  pourront  prendre  une  plus  mûre 
délibération,  je  leur  baille  congé  libre- 
ment pour  aller  chercher  leur  salaire  sous 
des  maîtres  insolents.  J*anrai  parmi  les  ca- 
tholiqves  ceux  qui  aiment  la  France  et 
l'honneur.  »  Il  s'engagea  cependant  à  se 
faire  instruire  dans  la  religion  romaine, 
à  la  maintenir  dans  tout  le  royaume,  etc. 
Cette  déclaration,  aidée  de  concessions 
ou  de  magnifiques  promesses  dont  il  ache- 
ta la  plupart  de  ces  chefs  ambitieux,  lui 
gagna  une  partie  de  Tarmée  catholique; 
mais  les  protestants  conçurent  des  crain- 
tes; neuf  bataillons  se  détachèrent  de  lui. 
Il  était  aisé  de  prédire,  en  effet,  où  con- 
duirait ce  premier  engagement. 

L'autorité  royale,  après  de  si  lentes  et 
si  laborieuses  conquêtes,  était  exposée  à 
tout  perdre  en  un  instant  :  ce  qu'elle 
arait  gagné  sous  les  Valois  ne  semblait 
pas  devoir  leur  surrivre.  Ce  grand  travail 
de  l'unité  de  la  France  se  trouTait  exposé 
à  périr  dans  la  crise.  Comme  la  <Jiute  des 
Carlovingiens ,  celle  des  Valois  pouvait 
livrer  la  France  morcelée  à  une  nouvelle 
féodalité.  C'est  là  ce  que  rêvaient  sans 
doute  ces  gentilshommes  protestants  ou 
catholiques,  chacun  tirant  à  soi  rilles  ou 
provinces,  avec  l'espoir  de  s'y  fiure  indé« 
pendants  sous  un  roi  qui  courait  la  for- 
tune au  milieu  d'eux.  Henri  lui-même 
délibéra  de  se  retirer  au-delà  de  la  Loire, 
de  s'en  tenir  au  midi,  abandonnant  à  la 
Lign«  la  France  du  nord.  Des  40,000 
hommes  qui  assiégeaient  Paris,  10,000  à 
peine  étaient  à  lui  :  il  attendait  cependant 
un  secours  d'Angleterra,  et,  pour  le  join- 
dre, il  descendit  en  Normandie.  Mayenne 
l'y  poursuivit  avec  30,000  hommes,  se 
fiîisant  fort  de  l'investir  et  de  ne  lui  lais- 
ser pour  ressource ,  disait-  il ,  que  de  se 
rendre  ou  de  sauter  dans  la  mer.  Henri, 
sûrement  retranché  et  occupant  le  châ- 
teau d'Arqués  (wt^,) ,  repoussa  ses  atta- 
ques et  lui  fit  essuyer  des  pertes  qui  le 
décidèrent  à  s'éloigner.  Avec  un  corps  an- 
gkis  de  4,000  hommes  qui  venait  de  dé- 
barquer, Henri  osa  reprendre  Toffensive 
et  marcha  sur  Paris  ;  il  espérait,  grâce  à 
quelques  intelligences,qu'un  coup  de  main 
suffirait  pour  l'en  rendre  maître;  mais  il 
ne  f^émsît  qu'à  pccndre  les  (aubourfs;  il 


lui  fallut  se  retirer  à  l'approchede  1 
ne.  Le  cours  de  aes  opérations  éli 
cesse  arrêté  par  le  manque  d'arg 
qui  le  réduisait  à  un  système  de 
qui  menaçait  de  ne  pas  avancer  be 
ses  affaires.  Comme  aes  genlibli 
faisaient  la  guerre  à  peu  près  à  la 
pens,  ils  ne  restaient  à  l'armée  qoeq 
mois,  prenant  congé  sitôt  que  lei 
sources  étaient  épuisées  pour  aile 
cher  dans  leun  maisons  de  quoi  1 
à  une  nouvelle  campagne. 

Henri ,  en  s*éloignant  de  Paris, 

porté  de  nouveau  sur  la  Nom 

40  places  tombèrent  en  son  pam 

poussait  avec  vigueur  le  siège  de  ] 

quand  Mayenne  se  mit  en  marche 

teignit  au  bord  de  l'Eure,  auprès  di 

dlvry  (vor-)'  CeUe  baUille  ^  Ui 

l'ceuvre  capiule  de  la  YÎe  militaiie  < 

ri  IV,  celle  où  il  apporta  le  plus  i 

Yoyance  et  de  sang-froid,  sans  s'é| 

au  fort  de  l'action,  gardant  le  oam 

du   commandement   au    miliea 

prouesses  de  chevalier.  L'alloctitk 

fit  à  ses  troupes  est  assez  oélèfara  : 

compagnons ,  si  vous  courez  aujoi 

ma  fortune,  je  coun  aussi  la  vô 

veux  vaincre  ou  mourir  avec  >o« 

dez  bien  vos  rangs,  je  voua  prie;  ai  1 

leur  du  combat  vous  les  fait  quilla 

sez  aussitôt  au  ralliement  :  c'est  k  { 

la  bataille  ;  tous  le  ferea  entre  ci 

arbres  que  tous  voyea  là-haut  à 

droite.  Et  si  vous  perdes  vos  «mi 

cornettes  et  guidons ,  ne  perdex  |h 

vue  mon  panache  blanc  :  voas  le  ti 

rea  toujoun  au  chemin  de  ITio— 

de  la  victoire.  >  Ayant  péDétré  lea  d 

de  l'ennemi  au  oioment  de  la  baia 

changea  en  uu  quart  d*heure  lea 

sitions  de  son  armée.  La  journée  fi 

pillée  chaudement;  Mayenne  et  It 

d'Egmont  s'y  comportèrent  avec  % 

et  le  roi,  enveloppé  par  un 

avait  traversé ,  &illit  y  périr. 

Cette  victoire  lui  livrait  Fuw, 
portant  par  une  marebe  rapide.  Iji  ] 
dit  rÉtoile,  effrayée  et  déniooté*  4 
points,  lui  en  eût  ouvert  les  portai 
l'indiscipline  de  sa  petite  armée  ^ 
dait  après  chaque  victoire ,  oc  la  1 
plus  maître  du  lendemato;  il  jufa 
pradeot  de  t'usurer  dea  ptooat  ^ 


HEM 


œpter  routes  et  rivières  pourmettre 
us  derant  Paris.  On  conuait  assez 
ticularités  principales  de  ce  siège  et 
errible  famine  qui  Faccompagna. 
itqua  tre  iiiois,rexaltation  religieuse 
cette  population  exténuée,  ré- 
brouter l'herbe  des  fossés,  à  dé- 
es  animaux  immondes  et  à  faire 
Q  avec  les  os  des  morts.  La  ville 
de  vivres  que  pour  cinq  semaines; 
!  jour  on  voyait  de  ces  spectres  af* 
s^élancer  du  haut  des  murailles, 
une  résistance  inattendue.  Henri 
pas  au  spectacle  de  tant  de  maux  : 
a  passer ,  contre  Favis  de  son 
y  ceux  qui  demandaient  à  sortir, 
ra-t-il  donc,  disait-il,  que  ce  soit 
i  les  nourrisse?  U  ne  faut  point  que 
3it  un  cimetière  ;  je  ue  veux  point 
sur  des  morts.  »  La  compassion 
les  troupes,  qui  firent  passer  des 
par*dessus  les  murailles.  Ce  gêné- 
ibli  des  lois  de  la  guerre  et  de  Fin- 
lu  siège  devait  plus  tard  porter 
tsen  lui  ramenant  bien  des  cœurs; 
alimenta  la  résistance  qui  touchait 
erme  et  fit  échouer  Tentreprise  en 
at  au  duc  de  Parme  et  à  Mayenne 
•  d^arriver .  A  leur  approche,  Henri 
la,  de  peur  d'être  pris  entre  deux 
A  ville  une  fois  délivrée  et  pour- 
vivres  pour  longtemps,  le  duc  de 
refusa  la  bataille  et  se  retira.  Henri 
icba  encore  de  la  capitale  et  tenta 
elle  deux  coupsde  main  sans  succès. 
û  tout  le  fruit  de  cette  laborieuse 
lui  échappait  en  un  moment.  L'is- 
lon  entreprise  redevenait  plusdou- 
u'au  premier  jour.  Les  divisions  se 
liaient  autour  de  lui,  le  découra- 
t  Tatteignit  lui-même  :  il  se  trouva 
dit  Sully,  «  en  de  grandes  fâche- 
perplexités,  à  cause  du  grand  éslat 
ireox  succès  de  ses  ennemis.  »  Jus- 
,  il  n'avait  pas  fallu  moins  que  ses 
*ces  d'esprit,  la  franche  gaité  de  son 
r,  l'impulsion  de  sa  bravoure  et  sa 
lœ  sereine  dans  sa  fortune  au  mi- 
I  ses  détresses,  pour  arrêter  k  cha- 
s  la  dissolution  de  son  parti.  Il  lui 
joomer  encore  les  grandes  opéra- 
t  les  coups  décisifs  ;  il  recommença 
re  de  sièges  et  de  petits  combats  à 
reofbrts  de  prouesses  et  d'avent«- 


(  665  )  H£N 

res.  Mais  que  faire  avec  une  telle  pénurie 
de  moyens  devant  la  Ligue  ranimée?  Le 
pape  faisait  marcher  une  armée  contre 
lui.  Il  s'adressa  alors  avec  de  plus  vives 
instances  aux  étrangers  et  négocia  près 
de  tous  les  protestants  d'Europe  (quelques 
états  catholiques  l'avaient  même  recon- 
nu). Ce  qu'il  lui  fallait  avant  tout,  c'était 
une  armée  permanente  et  docile.  H  ob- 
tint des  renforts  et  investit  Rouen  avec 
40,000  hommes.  Mais  l'habile  et  valeu- 
reuse défense  du  gouverneur  Villars,  et 
le  retour  des  Espagnols  de  Flandre,  firent 
manquer  l'entreprise.  Vainement  le  roi 
s'élança,  avec  une  poignée  de  gentils- 
hommes, à  la  rencontre  de  toute  une  ar- 
mée; il  faillit  payer  cher  cet  audacieux 
coup  de  tète  :  il  fut  blessé  près  d'Au- 
maie  et  ne  sortit  de  la  mêlée  qu'à  grand' 
peine.  Cette  faute,  dont  il  convenait  du 
reste  et  qu'il  appelait  l'erreur  d'AumalCy 
lui  valut  un  mot  sévère  du  duc  de  Parme  : 
«  Je  croyais,  dit  le  grand  tacticien,  trou- 
ver un  général,  et  je  n'ai  vu  qu'un  ca- 
pitaine de  chevau- légers.  »  Henri  s'en 
vengea  cependant,  et  manœuvra  si  bien 
qu'il  enferma  l'Espagnol  au  bord  de  la 
Seine;  mais  Alexandre  Farnèse  {voy,)  j 
répondit  par  une  retraite  savante  et  se 
tira,  comme  par  enchantement,  des  mains 
de  Henri,  qui  déclara  cette  fuite  plus  glo- 
rieuse que  le  gain  de  deux  batailles.  ' 

Paris,  au  milieu  de  ces  événements,  se 
déchirait  en  factions.  Le  fractionnement 
anarchique  qui  travaillait  la  Ligue  tendait 
à  la  dissoudre  et  avançait  les  affaires  du 
roi  plus  que  les  succès  balancés  de  ses 
armes.  Mayenne  avait  été  obligé  de  frap- 
per la  faction  violente  et  radicale  des 
Seize.  Al.  Farnèse  était  allé  mourir  dans 
les  Pays-Bas  d'une  blessure  qu'il  avait 
reçue  en  France.  Les  catholiques  modé- 
rés aspiraient  de  plus  en  plus  vers  l'ordre 
et  la  réconciliation.  Mais  la  conversion 
de  Henri  IV  en  était  la  condition  inévita- 
ble :  il  l'avait  compris  d'abord,  et  n'atten- 
dait que  l'heure  de  consommer  l'acte  avec 
sûreté  comme  avec  honneur.  On  peut 
assurément,  sans  méconnaître  en  lui  fout 
sentiment  religieux,  comme  on  l'a  fait, 
admettre  que  son  esprit  ouvert,  sympa- 
thique, incliné  aux  sentiments  populai- 
res, sa  nature  ardente  et  pleine  d'effu- 
sion,  convenaient  mal  à  l'austérité  pro* 


HEN 


(666) 


HEN 


t»UDte.D*aillears  l'exemple  de  ses  parents 
qu^il  avait  tu  changer  de  culte,  ses  rap- 
ports continuels  avec  des  gens  de  toute 
secte  avaient  dû  le  rendre  accommodant 
quant  aux  formes  et  aux  particularités 
religieuses.  Il  se  décida  donc  à  faire , 
comme  il  disait  assez  lestement,  le  saut 
périlleux.  Il  fit  une  trêve  avec  Mayenne, 
se  rendit  k  Saint-Denb ,  entendit  quel- 
ques conférences  au  préalable  ^  et  abjura. 
C'était  là  un  coup  mortel  porté  à  la  Li- 
gue; il  enlevait  tout  prétexte  à  la  rébel- 
lion des  masses.  Restaient  les  ambitions , 
et  il  fallut  bon  gré  mal  gré  capituler  avec 
chacune;  Henri  eut  à  subir,  dans  plus  d'un 
cas,  de  dures  conditions,  non  moins  oné- 
reuses à  ses  coffres  vides  que  préjudi* 
ciables  au  pouvoir  royal.  Le  comte  de 
Brissac,  à  qui  Mayenne  avait  confié  Pa- 
ris, songea  à  traiter  pendant  qu'il  en  était 
temps  encore  :  il  endormit  la  garnison 
espagnole  et  ce  qui  restait  de  ligueurs 
intraitables,  et,  de  concert  avec  le  prévôt 
et  les  écbevins,  livra  une  des  portes  pen- 
dant la  nuit.  L'occupation  de  la  Tille  se 
fit  sans  bruit  et  presque  sans  résistance; 
le  temps  était  noir  et  pluvieux,  et  ce  ne 
fut  qu'au  jour  que  les  habitants  surent  l'é- 
vénement de  la  nuit  (S3  mars  1593).  En 
entrant  au  Louvre,  qu'il  n'avait  pas  revu 
depuis  vingt  ans,  Henri  s'écriait  dans 
son  transport  :  «  Je  suis  si  enivré  d'aise 
de  me  voir  où  je  suis,  que  je  ne  sais  ni  ce 
qu'on  me  dit,  ni  ce  que  je  dis.  Il  n'y  a 
rien  de  l'homme  en  ceci  ;  c'est  une  œu- 
vre de  Dieu.  »  La  réussite  tenait  du  mi- 
racle en  effet ,  car  la  tentative  était  pé- 
rilleuse ;  la  Ligue  avait  sur  pied  de  quoi 
opposer  une  résistance  terrible  et  faire 
tourner  la  partie  contre  ce  joueur  si 
hardi.  Les  Espagnols  firent  leurs  condi- 
tions; on  les  laissa  sortir.  Le  roi  les  alla 
voir  défiler  de  la  porte  Saint-Denb,  et 
leur  dît  en  leur  rendant  le  salut  :  «  Adieu, 
messieurs,  recommandez-moi  bien  à  votre 
maître;  allez-vous-en,  à  la  bonne  heure, 
mais  n'y  revenez  plus!  »  Le  soir,  il  fit  sa 
partie  de  cartes  au  Louvre  avec  la  du- 
chesse de  Montpensicr,  celte  swur  des 
Guise,  l'héroïne  de  tous  les  grands  coups 
de  la  Ligue,  qui  avait  peut- être  cherché 
pour  le  Béarnais  un  autre  Jacques  Clé- 
ment. C'était,  comme  on  voit ,  la  politi- 
que condliitrice  pnidi|iièQ  mis  T«Mric- 


tion.  Cependant  Mayenne  tenût  «.«^^ , 
les  Espagnob  s'étaient  réunb  à  lai;  h 
Champagne  et  la  Picardie  restaient  dais 
leurs  mains.  L'Espagne  ne  aeoablait  pM 
tendre  à  la  paix.  Il  fallat  de  nouvcaa  m 
mettre  en  campagne.  Le  jenne  dac  deGoin 
{voy,)  livra  Reims  et  se  soumît.  La  PicH^ 
die  fut  rapidement  enlevée.  Prenant  et 
vive  force  d'un  c6té,  négociant  d'an  antie 
tout  à  la  fob,  Henri  fit  recnler  Majpcnae 
jusque  dans  son  goavnrneient  de  Boor- 
gogne,  où  il  ne  se  maintenait  qne  par  li 
terreur.  «  Il  avait  résola,  dit  Sally,  de  k 
réduire  dans  son  gouvernement  de  Boor- 
gogne,  d'en  obtenir  la   cession  da  roi 
d'Espagne,  et  de  la  faire  ériger  en  rovm- 
me.  »  C'était  l'Espagne  qui  sons  son  non 
continuait  la  guerre. Le  connétable  de  Ci^ 
tille  descendit  du  Piémont  pour  se  joindre 
à  lui  :  ie  roi  de  France  se  jeta  à  sa  ren- 
contre avec  1 ,500  hommes,  et  recommen- 
ça à  Fontaine-Françoise  terremr  ttAm- 
maie;  il  donnait  volontiers  dans  ces  ^ 
rieuses  rechutes.  Il  entraîna  eent  cavalien 
sur  d'épab  escadrons  qu'il  enfonça.  L'Es- 
pagnol, étourdi  du  choc,  se  retira  et  laim 
la  Bourgogne  au  roi.  Mab  Undb  qa*i] 
acquérait  une  province,  une  antre  échip> 
pait  de  ses  mains.  Le  goovernem  des 
Pays-Bays,  passant  la  frontière,  avait 
fondu  à  l'improvbte  sur  la  Picardie.  Ham, 
Doullens  et  d'autres  plaees  forent  em- 
portées après  des  combats  meurtriers^  Ls 
Bretagne  et  le  Languedoc  restaient  cncorv 
à  soumettre.  La  Ligue  pouvait  se  réveiller, 
car  le  Saint-Siège  n'avait  pas  pardonoe. 
C'était  une  rigueur  impolitiqoe  et  qui, 
trop  prolongée,  pouvait  enlever  la  France, 
comme  l'Angleterre,  à  la  conuminion  rrn 
maine.  L'Italie  avait  besoin  que  la  France 
balançât  la  puissance  espagnole  :  c*ert  la 
ce  que  Rome  finit  par  comprendre ,  et 
l'absolution   fut  accordée.  Mavenne,  ta 
plus  mal  avec  les  Espagnob  et  ne  tarhant 
plus  vers  quel  appui  se  tourner,  fol  trop 
heureux  de  vendre  assez  cher  encore  ce 
qui  s'échappait  de  ses  mains.  Mab  U 
guerre  déclarée  à  TEspagne  donnait  de 
vives  inquiétudes;  ses  succès  continoaient 
en  Picardie;  La  Fère,  Cala»  venaient  de 
succomber.  Le  royaume  était  épuise;  rV 
tait  partout  un  désordre  Inouï;  le  peu- 
ple écrasé  ne  payait  plus,  tous  les  rev«DO» 
poblics  étaient  grevés  de  poMioas.  La 


HEN 


(667) 


HEN 


mpttdlé  des  ligneim  ftTait  absorbé  37 
Billions;  on  en  devait  le  double  aux 
étrangen.  Le  roi  lui-même  manquait  sou- 
lent  du  nécessaire,  et  la  guerre  était  arrê- 
tée fiiute  d'argent.  Henri  écrivait  à  Suily, 
pendant  le  siège  de  La  Fère  :  «  Je  n'ai 
pas  quasi  un  cbev«l  sur  lequel  je  puisse 
combattre,  ni  un  bamois  complet  que  je 
puisse  endosser  ;  mes  chemises  sont  toutes 
décbirécs,  mes  pourpoints  troués  au  cou- 
de ;  ma  marmite  est  souvent  renversée,  et 
depuis  deux  jours  je  dtne  et  soupe  ches 
les  uns  et  chez  les  autres.  »  Henri,  dans  sa 
détresse,  recourut  au  remède  ordinaire 
des  cas  désespérés  :  il  réunit  à  Rouen  une 
assemblée  d'États. C'était  de  nouveaux  im- 
pôts qa'ils*agissait.Le  roi  y  parla,en  termes 
pleins  de  franchise  et  d'effusion ,  de  son 
grand  désir  de  rendre  la  paix  à  l'état,  in- 
irita  rassemblée  k  délibérer  en  toute  li- 
berté 9  «  la  priant  seulement  d'avoir  pour 
principal  but  le  rétablissement  du  royau- 
me et  de  la  dignité  royale  en  son  entier, 
la  paix  et  le  repos  public ,  la  décharge 
et  soulagement  du  peuple.  »  Des  mesures 
d*ordre  et  d'administration  furent  arrêtées 
sons  l'inspiration  de  Sully  (vo^.)  qui  prit 
b  haute  main  sur  les  affaires  de  Tinté* 
rieur.  Après  une  dernière  campagne  du 
roi  en  Picardie,  marquée  surtout  par  la 
reprise  d'Amiens,  la  paix  fut  signée  avec 
rEspagne,  et  le  traité  de  Vervins  (1598) 
▼int  clore  cette  longue  période  de  guerres 
religieuses  qui  laissait  à  sa  suite  tant  de 
mines  à  relever. 

Mais  le  brave  et  spirituel  prince,  avec 
les  habitudes  que  la  guerre  et  le  plaisir 
lui  avaient  faites,  avait-il  de  quoi  faire 
face  à  cette  œuvre  de  patience  et  d'ap- 
plication? Non,  peut-être;  mais  son  heu- 
reux instinct  le  servit  bien.  Il  sut  mettre 
la  main  sur  l'homme  le  mieux  approprié 
cpii  fiit  jamais  à  de  telles  situations;  il 
chercha  dans  Sully  ce  qui  lui  manquait 
encore  à  lui-même,  et  ce  fut  la  plus 
merveilleuse  des  chances  de  sa  vie,  celle 
qui  fit  l'étonnante  prospérité  de  son  rè- 
gne et  sa  vraie  gloire  à  lui.  C'était  une 
guerre  d'une  nouvelle  sorte  qui  restait  à 
fiiire,  guerre  infatigable  à  tant  d'abus 
ruineux,  aux  rapines,  au  désordre  uni- 
versel; c'était  un  terrain  nouveau  où  le 
vainqueur  divry  eût  trébuché  à  chaque 
pas.  Il  j  fidlait  les  hautes  lumières^  l'or- 


dre, la  probité  inexorable  de  son  ami. 
Sully  raviva  tout,  commerce,  agriculture, 
finances,  toutes  les  sources  des  revenus, 
taries  ou  détournées  des  coffres  de  l'état. 
Sans  vouloir  prédire  de  point  en  point  ce 
que  fût  devenu  Henri  IV  sans  le  secoura 
d'un  tel  homme,  on  peut  pressentir  une 
partie  des  fautes  où  le  devaient  conduire 
ses  faiblesses  galantes,  ce  besoin  incura- 
ble de  plaisir  qui  le  poursuivait  à  travera 
les  perplexités  de  sa  vie  militaire.  Maisl'in- 
fluence  de  Sully  balança  toujours  ses  pen- 
chants; il  les  modéra  du  moins,  sauva  le 
roi  de  plus  d'une  chute,  et  peut-être  de  cet 
affaissement  total  où  tomba  son  prédéces- 
seur, qui  avait  été  brave  et  spirituel  aussi. 
Henri  IV  se  forma  aux  affsires  à  l'école 
de  ce  grand  travailleur.  On  aime  à  lire 
dans  les  Économies  royales  ce  que  Sully 
rapporte  de  leurs  fréquentescontroverses, 
de  ces  tête-à-tête  prolongés  où  ces  deux 
hommes,  si  préoccupés  du  bonheur  et  de 
l'accrobsement  de  l'état ,  disputaient  de 
tout  ce  qui  tient  à  la  fortune  publique, 
commerce,  finances,  manufactures,  cré« 
dit,  et  arrêtaient  les  bases  de  la  véritable 
administration.  Le  débat  le  plus  curieux 
qui  s'y  rencontre  roule  sur  la  question  des 
manufactures,  sur  .l'introduction  des  fa- 
briques de  soie  et  des  objets  de  luxe.  Le 
prince,  avec  ses  goûts  de  magnificence, 
de  cour  brillante  et  de  fêtes,  était  fort  en- 
clin à  favoriser  ce  genre  de  production, 
dont  l'austère  Sully  voyait  avant  tout  l'in- 
fluence funeste  sur  les  mœurs.  L'indu- 
strie agricole  avait  ses  préférences  :  il  en 
défendait  la  cause  avec  une  conviction 
opiniâtre  et  embarrassante;  il  fallut  ce- 
pendant transiger,  comme  dans  d'autres 
occasions ,  avec  les  penchants  du  roi.  La 
culture  du  mûrier,  des  fabriques  d'étoffes 
d'or  et  d'argent,  de  tapisseries,  de  gisces 
dans  le  goût  de  Venise,  s'introduisirent 
dans  le  royaume;  un  canal  joignit  la  Loire 
k  la  Seine;  des  ponts,  des  places,  des  tra- 
vaux de  tout  genre ,  métamorphosèrent 
Paris  en  quelques  années.Uo  ambassadeur 
d'Espagne,  qui  avait  vu  cette  ville  pendant 
la  Ligue ,  s'émerveillait  du  changement  : 
«  C'est  qu'alors  le  père  de  famille  n'y  était 
pas,  répondit  le  roi,  et  aujourd'hui  qu'il 
a  soin  de  ses  enfants,  ils  prospèrent.  » 

Les  relations  de  la  France  au  dehors 
seressentirentpromptementdeoette  pros- 


HEN 


(668) 


HËIf 


pérîté.  Son  influence  redevint  souveraine 
en  Europe  ;  son  intervention  mit  fin  à  la 
guerre  des  Pays-Bas  et  de  I^Espagne.  La 
France,  si  longtemps  et  si  complètement 
annulée  au  dehors,  y  retrouva  Fautorité 
morale  qu^elle  avait  perdue  depuis  saint 
Louis. 

Une  rapide  et  courte  campagne  contre 
le  duc  de  Savoie,  que  le  roi  fiten  personne, 
avait  valu  à  la  France  la  Bresse  et  le  Bu- 
gey  (1600);  son  union  avec  Marie  de 
Médicis  {vnjr,J  ranima  Tinfluence  fran- 
çaise en  Italie  :  il  n^avait  pas  eu  d'enfants 
de  Marguerite  de  Valois  et  vivait  séparé 
d'elle  depuis  15  ans. 

Cependant  toutes  les  résistances  n'é- 
taient pas  vaincues;  l'ordre  moral  n'était 
pas  si  prompt  à  rétablir  que  la  paix  exté- 
rieure ;  un  vieux  levain  de  la  Ligue  fer- 
mentait encore  dans  une  partie  du  peuple 
et  du  clergé.  Ce  que  le  roi  avait  accordé  aux 
protestants  par  Fédit  de  Nantes  (1598), 
liberté  de  conscience,  égalité  de  charges 
et  d'honneurs,  des  places  de  sûreté,  etc., 
entretenait  une  opposition  haineuse  par- 
mi les  catholiques  ardents;  ils  élevaient 
des  doutes  sur  sa  sincérité  religieuse  ;  ils 
lui  prêtaient  des  arrière-pensées  et  l'in- 
tention de  rétablir  le  culte  protestant.  Des 
attentats  répétés  menaçaient  sa  vie  {voy. 
Jean  Chastel);  des  complots,  suscités  par 
d'autres  passions,  se  formaient  autour  de 
lui  ;  plusieurs  de  ses  anciens  compagnons 
d'armes  rêvaient  encore  aux  petites  sou- 
verainetés qu'ils  avaient  cru  saisir  un  in- 
stant. Pour  obtenir  un  lambeau  dans  le 
démembrement  du  royaume,  Biron(i>o)^.) 
traita  avec  l'étranger.  Henri  ne  voulait 
qu'un  repentir  pour  faire  grâce,  mais 
l'orgueil  du  coupable  le  révolta  :  il  céda 
à  la  nécessité  de  faire  un  exemple ,  et  il 
ordonna  d'exécuter  l'arrêt  (1602). 

Cependant,  au  travers  de  ces  embar- 
ras cuisants,  Henri  poursuivait  l'œuvre 
capitale  de  son  règne;  il  avait  dans  sa 
lète  le  plus  vaste  des  projets.  Il  en  faut 
croire  Sully  à  cet  égard,  te  dépositaire  de 
sa  pensée,  et  qui  seul  en  devait  faire  con- 
fidence à  l'avenir*.  Ce  n'était  pas  moins 
qu'une  refonte  complète  du  système  po- 
litique de  l'Europe,  la  tentative  d'un  équi- 
libre nouveau.  Les  dangers  que  la  maison 
d'Autriche  avait  fait  courir  à  deux  reprises 
(*)£coMomi4S  rv/aUi,  éd.  PctiioC,  t.  lX«p.  iS. 


à  l'existence  de  tous  les  états  cbrélicas  ft*é> 
taient  point  oubliés;  on  l'avait  vue  arri- 
ver bien  près  de  la  monarchie  europée»* 
ne.  Henri  lY  opposait  an  partage  niieex 
pondéré  de  l'Europe,  unie  en  gouverne- 
ment fédéral,  sous  le  nom  de  rrpmiM" 
que  chrétienne  y  aux  progrès  de  la  Tur- 
quie conquérante  non  moins  qu'aux  eoia* 
hissements  possibles  de  la  maison  d'Autri- 
che. Son  système  divisait  l'Europe  en  U 
grands  états  ou  dominations^  dont  ciaq 
monarchies  héréditaires,  six  électives  et 
quatre  républiques.  Un  conseil  suprême, 
sénat  de  la  république  chrétienne^  omh 
posé  de  quatre  mandataires  par  état,  de- 
vait connaître  de  tous  les  grieis,  de  toe- 
tes  les  atteintes  portées  au  droit  des  gem, 
prononcer  entre  les  parties  el  pcéventr 
toute  rupture.  Cette  vaste  et  neave  ooa- 
ception,  dont  il  nous  faut  abandonner  le» 
détails,  en  remarquant  toutefois  que  lla- 
venteur  s'y  montre  fort  désântérôsé  poor 
sa  pjirt,  faut^il  la  reléguer  an  rang  do 
utopies,  en  compagnie  de  la  paix  pcr^ 
péiuelle?  Peut-on  hasarder  de  diie  ce 
qu'elle  avait  de  réalisable  en  ce  temps, 
et  ce  qui  serait  advenu  de  l^Eorope,  si 
profondément  modifiée?  C'est  là  un  pro- 
blème que  l'événement  seul  était  apte  k 
résoudre.  Notons  en  pavant,  à  Thon- 
neur  de  ce  gigantesque  projet,  que  Sulh, 
rhomme  des  affaires  ,  le  sévère  prati- 
cien, l'esprit  le  moins  rêveur,  le  moins 
aventureux  qui  fût  jamais,  le  prend  an 
sérieux,  en  le  rapportant,  et  dut  y  apport 
ter  sa  part  d'invention  et  de  travail.  Henri 
l'avait  fait  goûter  en  secret  à  ses  allies, 
Venise,  le  pape,  plusieurs  princes  d* Al- 
lemagne, qui  tous  bénéficiaient  à  cette 
croisade  contre  l'Autriche.Tout  était  pré- 
paré pour  cette  grande  enl  reprise;  40,000 
hommes  étaient  sur  pied  prêts  à  partir  K 
soldés  pour  trois  mob;  50  millions  étaient 
en  réserve,  toutes  les  pUces  garnies.  In 
prétexte  s'offrait  pour  commencer  U  guer- 
re. L'Autriche  fut  servie  à  point  et  sauve* 
pcut-éire  par  le  coup  tragique  qui  finit 
les  jours  du  roi. 

Les  moindres  détails  de  cette  catastro- 
phe intéressent  profondément.  Voici  com- 
me rÉtoile  le  rapporte  dans  son  Jomrmal: 
«  Le  vendredi,  1 4  du  moisde  bmI  1610, 
jour  triste  et  fatal  pour  la  Francse,  le  roy, 
sur  les  dix  heures  du  matin  ,  lut 


HEN 


(669) 


HËN 


toUmeMeaaxFeaîllaiits:  âuretoar,  il 

e  retira  dans  son  cabinet ,  où  le  duc  de 

reodôme ,  son  fils  naturel ,  qu'il  aimoit 

wty   Tint  lui  dire  qu'un  nommé  La 

trosse,  qui  fiusoit  profession  d'astrolo- 

ie,  lui  aToit  dit  que  la  constellation  sous 

ftcpelle  S.  M.  étoit  née  le  menaçoit  d'un 

rand  danger  ce  jour-là  :  ainsi,  qu'il 

'«▼ertit  de  se  bien  garder.  A  quoi  le  roy 

époodit  en  riant  à  M.  de  Vendôme  : 

La  Brosse  est  un  Tieil  matois  qui  a  envie 

d'avoir  de  votre  argent,  et  vous  un  jeune 

fol  de  le  croire.  Nos  jours  sont  comptés 

devant  Dieu.  »  Et  sur  ce,  le  duc  deVen- 

lôme  fut  avertir  la  reine,  qui  pria  le  roy 

le  ne  pas  sortir  du  Louvre  le  reste  du 

oor.  A  quoi  il  fit  la  même  réponse. 

«  Après  le  diné,  le  roy  s'est  mis  sur  son  lit 
KHir  dormir;  mais  ne  pouvant  recevoir 
le  sommeil ,  il  s'est  levé  triste ,  inquiet 
si  rêveur,  et  a  promené  dans  sa  chambre 
loclque  temps ,  et  s'est  jeté  derechef  sur 
e  lit.  Biais ,  ne  pouvant  dormir  encore , 
1  s'est  levé  ,  et  a  demandé  à  l'exempt  des 
pBides  quelle  heure  il  étoit  !  L'exempt  lui 
1  répondu  qu'il  étoit  quatre  heures,  et  a 
lit  :  «  Sire ,  je  vois  Y.  M.  triste  et  toute 
pensive;  il  vandroit  mieux  prendre  un 
peu  l'air  :  cela  la  réjouiroit.  » — «  C'est 
bien  diL  £h  bien,  faites  apprêter  mon 
carrosse  :  j'irai  à  l'Arsenal  voir  le  duc 
de  Sully ,  qui  est  indisposé ,  et  qui  se 
baigne  aujourd'hui.  » 
«  Le  carrosse  étant  prêt,  il  est  sorti  du 
Louvre  accompagné  du  duc  de  Blontba- 
ton ,  du  duc  d'Espemon ,  du  maréchal 
le  Lavardin,  Roquelaure,  La  Force, 
Hardieau ,  et  Liancourt  premier  écuyer. 
Ko  même  temps ,  il  chargea  le  sieur  de 
VHrjj  capitaine  de  ses  gardes,  d'aller  au 
pnlais  faire  diligenter  les  apprêts  qui  s'y 
Gûsoient  pour  l'entrée  de  la  reine,  et  fit 
iemenrer  ses  gardes  au  Louvre.  De  façon 
({ne  le  roy  ne  fut  suivi  que  d'un  petit 
nombre  de  gentilshommes  à  cheval  et 
quelques  valets  de  pied.  Le  carrosse  étoit 
malheureusement  ouvert  de  chaque  por- 
tière ,  parce  qu'il  faisoit  beau  temps,  et 
tfÊte  le  roy  vouloit  voir  en  passant  les  pré- 
paratib  qu'on  faisoit  dans  la  ville.  Son 
carroa»  entnnt  de  la  rue  Saint-Honoré 
ians  celle  de  la  Ferronnerie,  trouva  d'un 
D&lé  on  chariot  chargé  de  vin,  et  de  l'au* 
Ire  côté  on  autre  chargé  de  foin,  lesquek 


faisoient  embarras  :  il  fut  contraint  de s'ar«* 
rêter,  à  cause  que  la  rue  est  fort  étroite,  par 
les  boutiques  qui  sont  bâties  contre  la  mu- 
raille du  cimetière  des  Saints-Innocents. 

«  Dans  cet  embarras,  une  grande  partie 
des  valets  de  pied  passa  dans  le  cimetière 
pour  courir  plus  à  l'aise  et  devancer  le 
carrosse  du  roy  au  bout  de  ladite  rue. 
Des  deux  seuls  valets  de  pied  qui  avoient 
suivi  le  carrosse ,  l'un  s'avança  pour  dé- 
tourner cet  embarras ,  et  l'autre  s'abaissa 
pour  renouer  sa  jarretière,  lorsqu'un 
scélérat  sorti  des  enfers ,  appelé  Françob 
Ravaillac ,  natif  d'Angoulêmc ,  qui  avoit 
eu  le  temps ,  pendant  cet  embuxas ,  de 
remarquer  le  côté  où  étoit  le  roy,  monte 
sur  la  roue  dudit  carrosse,  et,  d'un  cou- 
teau tranchant  des  deux  côtés,  lui  porte 
un  coup  entre  la  seconde  et  la  troisième 
côte ,  un  peu  au-dessus  du  cœur ,  qui  a 
fait  que  le  roy  s'est  écrié  :  «  Je  sub  blés- 
«  se  I  »  Mais  le  scélérat,  sans  s'effrayer,  a 
redoublé,  et  l'a  frappé  d'un  second  coup 
dans  le  cœur ,  dont  le  roy  est  mort  sans 
avoir  pu  jeter  qu'un  grand  soupir.  Ce 
second  a  été  suivi  d'un  troisième,  tant  le 
parricide  était  animé  contre  son  roy,  mais 
qui  n'a  porté  que  dans  la  manche  du  duc 
de  Montbazon. 

«  Chose  surprenante  !  nul  des  seigneurs 
qui  étoient  dans  le  carrosse  n'a  vu  frap- 
per le  roy,  et  si  ce  monstre  d'enfer  eût 
jeté  son  couteau,  on  n'eût  scu  à  qui  s'en 
prendre.  Mais  il  s'est  tenu  là  comme  pour 
se  faire  voir  et  pour  se  glorifier  du  plus 
grand  des  assassinats  !  » 

La  mort  de  Henri  IV  consterna  la 
France  et  l'Europe;  la  douleur,  dans 
Paris ,  alla  jusqu'au  délire  ;  plusieurs  en 
moururent  ou  en  perdirent  la  raison.  Ou 
commença  à  le  connaître  alors,  comme  il 
l'avait  prédit.  Il  faut  en  rabattre,  sûre- 
ment, des  reproches  faits  par  les  protes- 
tants à  Henri  de  s'être  montré  ingrat, 
égoïste  et  gascon.  Il  y  eut  sans  doute  des 
promesses  oubliées,  des  ruptures  indivi- 
duelles où  le  prince  ne  fut  pas  sans  torts, 
d'inévitables  refroidissements;  mais  la 
masse  du  parti ,  l'édit  de  Nantes  (vay,) 
en  fait  foi,  eut  affaire  à  un  vieil  ami,  li- 
béral et  reconnaissant,  aux  dépens  même 
de  sa  popularité. 

Une  contradiction  assez  tranchante  s'at- 
tache en  ce  temps-ci  à  la  plupart  des  idées 


HËfC 


qoe  U  tradition  historique  a  coDtacréeSi 
et  il  nous  semble  quVUe  est  allée  jusqu'à 
l'iDJustioe  à  Fégard  de  Eieori  IV  et  deSulty . 
Laissons  du  moins  au  premier,  à  côté  de 
ses  défauts^  les  magnifiques  vertus  que 
le  sévère  d*Aubigoé  leur  oppose.  Ses  glo- 
rieuses batailles  le  placent  au  moins  à  la 
tète  des  chevaliers  ;  son  amour  du  peu- 
ple, ses  travaux  utiles ,  ses  grandes  vues 
politiques  le  maintiennent  au  premier 
rang  des  rois.  Am.  R-b. 

HENRI ,  rois  d'Angleterre.  Il  y  en  a 
eu  huit  de  ce  nom,  depuis  le  Normand 
Henri  I'' jusqu'à  Henri  VUI,  le  farouche 
réformateur ,  de  la  maison  de  Tudor. 

Hkhei  l*',  dit  Beauclerc  [ciericus) , 
3"^  fils  de  Guillaume  •  le  -  Conquérant 
{yoy.)j  naquit  en  1068.  Guillaume- le- 
Roux,  son  frère  et  son  prédécesseur,  ayant 
été  tué  par  accident  à  la  chasse  (1 100)  , 
Henri  profita  de  l'absence  de  Robert, 
duc  de  Normandie,  son  frère  aine,  qui 
était  alors  à  la  croisade ,  pour  s'emparer 
de  la  couronne.  Cette  usurpation  ne  ren- 
contra point  d'obstacles;  et  pour  la  faire 
accepter,  Henri  affecta,  dans  les  com* 
menoements  de  son  règne ,  une  conduite 
populaire.  Il  mit  le  clergé  dans  ses  inté- 
rêts ,  en  renonçant  au  droit  de  régale , 
c'est-à-dire  à  l'usufruit  des  bénéfices  va- 
cants ;  le  peuple,  en  abolissant  la  loi  ty- 
rannique  du  couvre^feu  {voy,),  11  donna 
une  charte,  qui  ne  contient  guère  qu'une 
remise  de  certaines  charges  féodales,  mab 
qui  n'en  est  pas  moins  considérée  comme 
un  des  premiers  monuments  des  libertés 
anglaises.  Henri  voulut  encore,  en  épou- 
sant solennellement  la  princesse  Mathilde, 
nièce  d'Edgar  Atheling,  se  créer  un  non* 
veau  titre  aux  yeux  de  la  nation ,  à  qui 
le  souvenir  des  monarques  saxons  était 
toujours  cher. 

Sur  ces  entrefaites,  Robert,  étant  re- 
venu de  la  croisade,  réclama  le  trône  qui 
lui  appartenait  par  droit  de  naissance. 
Nais  il  transigea  facilement,  moyennant 
une  pension  qui  lui  fut  assurée,  et  se  re- 
tira dans  son  duché  de  Normandie.  Le 
gouvernement  de  cette  province  éuit  en- 
core au-dessus  des  forces  de  ce  prince 
incapable.  Henri ,  habile  à  profiter  des 
circonstances,  se  rendit  bientôt  maître 
de  la  Normandie  et  de  la  personne  de 
•00  frhn.  Cette  nouvelle  uiur^iion  l'en- 


(  m  )  itBIf 

traîna  dana  des  goerrea  av«c  le  roi  dt 
France  et  les  comtes  d'Anjou  ci  de  Fla»> 
dre,  guerres  qui,  après  des  succès  divai, 
se  terminèrent  par  des  aooouimodeaMsIk 
Henri  était  enfin  en  posseiMon  tranqniUi  , 
de  l'Angleterre  et  de  la  Normandie,  lors-  ' 
qu'un  malheur  domestique  vînt  travcncr 
tout  à  coup  ses  prospérités  :  son  fils,  égé 
de  1 8  ans,  périt  dans  un  naufrage.  Henri 
fut  tellement  affecté  de  œtle  perte,  qa'i 
partir  de  ce  moment  on  ne  vit  j 
dit-on,  un  sourire  sur  ses  lèvres.  Il 
rut  quelque  temps  après ,  en  1 1 34,  à 
Saint-Denis-le-Formenty  dans  la  Nor^ 
mandie  ;  il  était  âgé  da  67  ans,  et  en  avait 
régné  86. 

En  protégeant  les  sciences ,  Henri  I* 
mérita  le  surnom  de  beamclerc.  On  lai 
doit  l'établissement  de  l'uniformité  im 
poids  et  mesures  en  Angleterre.  Quant 
au  code  publié  sous  le  titre  de  l^fts 
Henrici  /,  il  n'a  évidemment  été  rédigé 
qu'après  sa  mort.  Henri  aimait 


nément  la  chasse  et  les  femmes ,  et  cot 
beaucoup  d'enfanis  illégitimes.  Il 
fait  reconnaître  comme  héritière  de 
étals  sa  fille  Mathilde,  mariée  en 
des  noces  à  Geoffroi  Plantagenet , 
d'Anjou  {voy.  T.  I«»,  p.  770^. 

HBKai  H,  qui  régna  de  1 1S4  à  1 189, 
était  isAi  de  ce  mariage  et  né  an  Mans  en 
1 133.  Après  la  mort  de  Henri  I*,  son 
neveu  Etienne  de  Rlois  (fib  d'une  fille 
de  Guillanme-le-Conquérant)  s'était  éu- 
bli  sur  le  trône  d'Angleterre  au  M^^pris 
des  droits  de  la  prinoeaae  Mathilde.  Ap* 
pelé  par  les  voeux  de  la  nalioo  »  le  jcunt 
Henri  passa  en  Angleterre  et  for^  ÉUcnnt 
de  souscrire  un  traité  par  lequel  la  ré- 
version de  la  couronne  lui  fut  assurée. 
Etienne  mourut  environ  un  an  aprèa»  eu 
1 1S4,  f€  Henri  monta  sur  le  trône. 

Son  premier  soin  fut  d'opérer  des  ré- 
formes et  de  ressaisir  les  priviléfcs  arra- 
chés par  les  barons  et  le  clergé  à  la  fai- 
blesse et  aux  besoins  de  ses 
seurs.  Des  chartes  accordées ,  ou 
vendues  à  plusieurs  villes,  fondaient,  dans 
le  même  temps,  des  libertés  populaires 
qui  s'élevaient  en  oppoaitîon  à  la  puis- 
sance de  l'aristocratie. 

Henri  II  possédait  la  Normandie  couune 
héritage  de  sa  mère;  il  tenait,  du  chef  de 
son  p^9  rAnjoUy  le  Ifnîan,  b  T 


QEN 


(671) 


âEN 


niliie  ;  sa  femmeÉléonore  ('Vox.),divorcée 
de  Loub  YII,  roi  de  France,  lui  avait 
apporté  la  Guienne,  le  Poitou,  la  Sain- 
toD^y  TAuvergoe  et  leurs  dépendances  : 
c'était  environ  le  tiers  de  la  France  ;  et 
ficnriyjoignitencore  la  Bretagne,  comme 
tnteur  de  son  3°^*  fils  qu'il  avait  marié  à 
rhéritière  de  ce  duché.  Le  voisinage  d'un 
iel  Tassai  devait  nécessairement  éveiller 
la  jalousie  de  Louis  VU  :  il  en  résulta 
cntr«  ces  deux  monarques  des  hostilités 
qui  n'étaient  que  le  prélude  des  guerres 
dont  la  France  fut  si  longtemps  le  théâ- 
tre. Cependant,  en  Angleterre  même, 
on  nouvel  ennemi  bravait  la  puissance 
de  Henri.  A  peine  devenu  archevêque  de 
Canlorbéry  par  la  faveur  du  roi,  Thomas 
Becketse  constitua  le  champion  des  pri- 
vilèges du  clergé  et  de  la  suprématie  pon- 
tificale. Une  assemblée  des  nobles  et  des 
prélats,  réunie  à  Clarendon  en  1 1 64,  con- 
firma les  prétentions  de  la  couronne  et 
arrêta  en  outre  une  série  de  résolutions 
auxquelles  Becket  lui-même  souscrivit.  Le 
pape  ayant  cassé  ces  décisions,  Becket 
s'empressa  de  se  rétracter,  et  poussa  Tin- 
aolence  jusqu'à  braver  le  monarque  dans 
ion  propre  palais.  On  connaît  la  fin  tra- 
gique de  œ  prêtre  intrigant  (yoy.  Bec* 
xxt).  Henri  fut  consterné  en  apprenant 
la  catastrophe  :  Becket  était  désormais 
an  martyr.  Des  ambassadeurs  furent  en- 
voyés au  pape  pour  justifier  le  roi  de 
toute  participation  à  ce  crime  ;  et ,  afin 
de  donner  le  diange  à  l'attention  publi- 
que, il  entreprit  une  expédition  contre 
rirlande,  ou  plutôt  il  alla  prendre  pos- 
KMion  de  cette  belle  lie  qui  venait  d'être 
soumise  par  une  poignée  d'aventuriers 
anglais,  et  qui,  depuis,  est  demeurée  une 
dépendance  de  la  couronne  d'Angleterre. 
Henri,  jusqu'alors  heureux  dans  ses 
entreprises,  se  vit  tout  à  coup  assailli  par 
des  troubles  domestiques.  De  nombreu- 
ses galanteries,  en  bannissant  la  paix  de 
ton  intérieur ,  avaient  énervé  son  auto- 
rité paternelle.  Ses  enfants ,  excités  par 
leur  mère  Éléonore,  soutenus  par  les  ba- 
rons mécontents,  prirent  les  armes.  Dans 
ces  circonstances ,  le  monarque  crut  de- 
iroir  donner  à  l'opinion,  et  peut-être 
aussi  à  sa  conscience,  une  satbfaction 
pour  le  meurtre  de  Becket,  qui  avait  déjà 
re^  les  honueurs  de  la  canonisation.  Il 


entra  pieds  nus  dans  la  ville  de  Gantor* 
béry,  jeûna,  fit  pénitence  devant  la  châsse 
du  nouveau  saint,  et  reçut  le  fouet  de  la 
main  des  chanoines.  Cette  expiation  lui 
ramena  les  esprits  ;  sa  prudence  et  ses  ta- 
lents achevèrent  la  soumission  des  rebel- 
les. Mab  d'autres  chagrins  attendaient 
ses  vieux  jours.  Richard  (Cœur- de-Lion), 
devenu ,  par  la  mort  de  son  frère  aine , 
héritier  présomptif  de  la  couronne,  se  li- 
gua contre  son  père  avec  le  roi  de  France; 
et  Henri,  moins  heureux  cette  fois,  se 
vit  forcé  de  souscrire  à  un  traité  qui 
lui  imposait  de  dures  conditions.  Les 
revers  n'avaient  point  abattu  sa  con- 
stance ;  mab  en  lisant  sur  la  Ibte  des  ba- 
rons qui  avaient  conspiré  contre  lui  le 
nom  de  Jean  (Sans-Terre),  son  fils  chéri, 
Henri  H  sentit  son  cœur  se  briser.  Il 
maudit  ses  enfants  dénaturés;  et  bientôt, 
en  proie  à  une  fièvre  violente,  il  mourut 
en  1 1 89  au  château  de  C binon  (Indre-et- 
Loire),  âgé  de  56  ans,  dont  il  avait  ré- 
gné 35. 

Henri  H,  chef  de  la  maison  royale  des 
Plantagenets,  fut  sous  tous  les  rapports  le 
monarque  le  plus  dbtingué  de  son  temps. 
C'est  à  lui  que  l'Angleterre  est  redeva- 
ble de  l'excellente  institution  des  assises 
ambulantes.  Les  amours  de  Henri  avec 
la  belle  Rosemonde  Clifford,  qui  périt  au 
château  deWoodstock,  victime,dit-on,  des 
fureurs  jalouses  de  la  reine  outragée  (vojr» 
Éléghoee),  forment  le  sujet  d'une  vieille 
tradition  populaire  qui  a  été  exploitée  au 
théâtre  *  et  dans  le  roman  historique. 

Henri  HI,  fib  de  Jean-Sans-Terre 
et  petit -fib  de  Henri  II,  n'avait  que 
neuf  ans  lorsqu'il  succéda  à  son  père  en 
1216  (iléUit  né  le  l^**  octobre  1206). 
Le  comte  de  Pembroke,  chargé  de  la  ré- 
gence pendant  sa  minorité ,  sut,  au  mi- 
lieu de  circonstances  difficiles,  mainte- 
nir l'autorité  du  jeune  roi  ;  mab  il  mourut 
trop  tôt.  Les  Anglais  perdirent  une  par- 
tie de  leurs  possessions  en  France  :  Henri, 
défait  par  saint  Louis  au  pont  de  Taille- 
bourg  (1242),  se  vit  contraint  de  repas- 
ser en  Angleterre.  Ces  guerres  désastreu- 
ses épuisaient   les  ressources  du  pays; 

{*)  En  Angleterre ,  Paii»soo  et  Adisson  ont 
traité  ce  sujet.  On  conoatt  la  tragédie  française 
Roiemondê  de  M.  Brifaot  et  U  tragédie  allc« 
mande  de  Théod.  Kœrner. 


liEH 


(672) 


HfiH 


Henri  lai-même,  à  une  cerUîiie  époqae, 
se  vit  obligé  de  vendre  josqa^à  son  ar- 
genterie et  ses  bijoux  ;  il  ne  sVn  jeta  pas 
moins  dans  une  folle  expédition  contre  la 
Sicile,  où  il  voulait  établir  son  second  fîk. 
Dans  ce  but,  il  fit  un  emprunt  au  pape, 
lui  hypothéqua  son  royaume,  et  s*en ga- 
gea ainsi  dans  d^inextricahles  embarras. 
Les  nobles,  indignés  de  Tineptie  de  ce 
prince  qui  livrait  PAngleterre  aux  étran- 
gers, se  coalisèrent  sous  la  conduite  de 
son  beau-frère,  Simon  de  Montfort, comte 
de  Leicester;  et  Ilcnri  dut,  à  Fouverture 
du  parlement  d^Oxford  (1260),  accepter 
la  nomination  d^une  commission  de  24 
barons,  chargés  de  faire  les  réformes  né* 
cessaires  dans  le  gouvernement.  Mais  il 
n^avait  cédé  qu'à  la  nécessité ,  se  réser- 
vant d'en  appeler  aux  armes.  Sept  an- 
nées de  révolutions  et  de  guerre  civile 
suivirent,  dont  les  événements  sont  assez 
confus.  Henri  fut  vaincu  et  fait  prison- 
nier à  la  bataille  de  Lewes.  Leicester 
changea  la  forme  du  gouvernement,  et , 
voulant  s'appuyer  sur  un  nouveau  pou- 
voir, convoqua  au  parlement  de  1264 
les  députés  des  bourgs  et  cités  :  c'est  là 
Torigine  de  la  véritable  représentation 
du  peuple  en  Angleterre.  La  victoire  d'E- 
ve:iham,  remportée  par  leprince  Edouard, 
remit  le  roi  en  possession  de  son  autorité. 
Henri  HI  mourut  à  Westminster  en 
1272,  après  un  ri'gne  de  56  ans,  Tun  des 
plus  longs  de  l'histoire  d* Angleterre.  Ce 
fut  un  prince  sans  talents  et  sans  vertus. 
Il  confirma  la  (grande  charte  et  donna  en 
outre  celle  r/^x/)rt'V  S' niaisses  serments  fu- 
rent toujours  subordonnés  à  son  intérêt. 
Il  avait  épousé,  en  1236,  Éléonore  de 
Provence,  et  eut  pour  successeur  son  fils 
aine ,  Edouard  I''.  for.  Tarticle. 

Hruri  I\\  né  en  1367,  et  d'abord 
comte  de  Derbv ,  était  fils  de  Jean-de- 
Gand ,  duc  de  Lancaster,  trobièmc  fils 
dT.douard  III  (voy,  son  article \  Après 
avoir  pris  part  aux  troubles  qui  signa- 
lèrent les  premières  années  du  règne 
de  Richard  II  {voy.) ,  il  alla  combattre 
les  Infidèlt^s  en  Lithuanie.  Crôé  à  son  re- 
tour dur  de  llercford,  il  se  distingua  par 
un  /èUr  M.*r\ilp,  et  ne  rougit  point  de  dé- 
noncer en  plein  parlement  le  duc  de  Nor- 
folk |K)ur  certains  pnipos  S('*ditieux  te- 
niM  (l.ins  ri'punchement  d*un  entretien 


confidentiel.  Un  démenti  ayant  proi»* 
que  un  défi,  le  roi  Richard  «ila  la  don 
champions ,  et ,  en  l'ahaenoe  dn  dnc  h 
Hereford,  an  mépris  de  la  prnmfM ,  8 
confisqua  les  biens  dévolus  à  et 
par  la  mort  de  son  père.  Indigné  de 
déloyauté,  et  voulant  mettre  à  profit  le 
contentement  de  la  nation,  U 
que  dans  le  Yorkshire  avce  une  Mil»4i 
60  personnes  seulement.  Le  coale  è^ 
Northumberland  se  joint  à  Ini,  et  cnpa 
de  jours  il  est  à  la  tête  d^une  année.  Bî» 
chard  II ,  abandonné  des  siens,  se 
entre  les  mains  de  son  rival,  qni  le 
enfermer  à  la  Tour,  et  l'oblige  à 
son  abdication.  Le  parlement  dépow  fi^ 
digne  Richard ,  et  proclame  le  dnc  è^ 
Hereford  sous  le  nom  de  Henri  IV .  1 391)^ 
Les  titres  que  faisait  Taloir  le  iiimw 
roi  étaient  au  moins  contestables;  wm 
la  révolution  qui  le  porta  au  trâne  IM 
un  acte  national  qui  légitima  ms  droîik 

Ce  fut  Forigine  de  la  grande  IntI»  «■ 
tre  les  maisons  d*York  et  de 
entre  la  Rose  blanche  et  la  Rose 
lutte  qui  devait,  pendant  un  siècle,  i 
der  l'Angleterre  de  sang. 

La  mort  de  Richard  II , 
sa  prison ,  fut  un  signal  de  troubles  il 
de  conspirations.  Le  comte  de  N 
berland,  qui  avait  puissamment 
hué  à  mettre  la  couronne  sur  la  télr  et 
Henri,  se  révolte;  son  fils  Henri 
cy  (  llotspur)  s'avance  sur 
à  la  tête  d'une  armée.  Henri  vole  à 
rencontre  :  après  un  engagement 
trier,  son  étoile  l'emporte  «  et  la  mort  éi 
Hotspur  lui  livre  la  victoire  ^  1 4  0S\  Henri 
pardonna  au  comte  de  Northnmbcriaai; 
et,  après  avoir  rétabli  U  tranqnîlliil, 
chercha,  mais  vainement,  à  refagncruM 
popularité  compromise  pnr  des  actes  dk 
rigueur  commis  dans  U  premièfv  partit 
de  son  ri-gne.  Il  voulut  auMÎ ,  dans  «■ 
intérêt,  fomenter  les  troubles  de  U  Fi 
et  entretenir  la  division  entre  les  î\ 
d'Orléans  et  de  Bourgogne  (  voy. 
1.1»  VI)  qui  s'y  disputaient  le 
mais  il  ne  recueillit  aucun  fruit 
intrigues.  Il  était  sujet  à  des  attaqua  dV 
pilepsie,  |)endant  lesquelles  il  perdrii 
connaissance  :  c^  fut  une  de  cesattafMi 
qui  l'emporta  le  20  mars  f  4 1 3 ,  à  Pàp 
de  46  ans. 


HEU 

rmi  V,  fib  atné  de  Henri  IV,  suc- 
•on  père  en  1 4 1 3.  Ce  prince,  qae 
penre  nous  (ait  sî  bien  connaître , 
1S88»  et  élevé  à  l'université  d'Os- 
■▼mit  manifesté  de  bonne  heure  les 
fis  brillantes  qui  le  distinguèrent 
vtL  Blessé  à  Shrewsbury,  d'un  coup 
be  an  visage,  il  n'en  avait  pas  moins 
iné  à  faire  des  prodiges  de  valeur  : 
sus  après,  il  soumettait  les  Gallois 
6s.  Cependant  ce  jeune  prince,  à 
B  père  avait  confié  la  présidence  du 
Jy  se  jeta  tout  à  coup  dans  d'étran- 
arts,  que,  du  reste,  la  tradition  a 
Itre  eiagérés.  Plongé  dans  une  at- 
lère  crapuleuse ,  entouré  de  quel- 
misérables  associés  à  ses  ignobles 
(vojr.  Falstaff)  ,  ses  passe-temps 
taient  à  détrousser  les  voyageurs  et 
mettre  toute  sorte  d'actes  illégaux, 
ima  cet  oubli  de  lui-même  jusqu'à 
*r  en  pleine  cour  le  chief- justice 
igné  :  il  est  vrai  qu'il  fut  immédia* 
t  arrêté  sur  l'ordre  de  ce  courageux 
trat.  Une  pareille  conduite  n'était 
on  heureux  augure.  Mais  à  peine 
V  fut- il  monté  sur  le  trône,  qu'un 
ement  aussi  complet  que  subit  s'o* 
m  lai.  Il  réunit  ses  anciens  compa- 
cte débauche ,  leur  fit  part  de  ses 
■ODS  de  réforme  personnelle,  les  ex- 
à  rîmiter,  pub  les  exclut  de  sa  pré- 
en  leur  laissant  des  marques  de  sa 
isité.  En  même  temps,  il  donnait  sa 
Dce  à  des  minbtres  qui  la  méritaient; 
>f- justice  Gascoigne  recevait  des  té- 
lages  publics  de  sa  satbfaction. 
r  ces  entrelaites,  une  émeute  reli- 
ty  conduite  par  lord  Cobham,  me- 
a  tranquillité  de  la  capitale  :  Henri 
d  dt  nuit  dans  les  champs  de  Saint- 
y  où  les  conjurés  s'étaient  donné 
»-voos  ;  il  fond  sur  eux  à  la  tête  de 
rdes,  s'empare  des  meneurs,  et  fait 
tter  les  plus  coupables.  Cependant 
ait  un  plus  vaste  théâtre  à  l'ambi- 
In  jeune  monarque.  Il  fait  deman- 
I  main  de  la  princesse  Catherine  de 
De  ;  mab  cette  demande  est  accom* 
ht  de  prétentions  telles,  que  la  Fran- 
Mite  affaiblie  qu'elle  était,  ne  put  y 
1er.  Henri  débarque  sur  la  plage  du 
e,  à  la  tête  d'environ  50,000  com- 
nts,  et  met  le  siège  devant  Harfleur. 

\ticyclop,  d,  G.  d,  M.  Tome  XIII. 


(  678  )  BEII 

Une  dystenterie,  occasionnée  par  les  fati- 
gues et  la  chaleur,  enlève  les  deux  tiers 
de  son  armée  :  c'est  alors  qu'il  commence 
sa  retraite  sur  Calais.  Tout  à  coup ,  des 
hauteurs  de  Blangy,  il  découvre  l'armée 
française,  trob  fob  plus  nombreuse  que 
la  sienne,  rangée  en  bataille  dans  la  plaine 
d'Axincourt  {voy.)y  et  lui  barrant  entiè- 
rement le  passage.  La  position  était  criti- 
que; mab  le  courage  de  Henri  V  fut  à  la 
hauteur  des  droonstances.  D'habiles  dis- 
positions lui  donnèrent  l'avantage  du  ter- 
rain :  les  archers  anglab  mirent  le  désor- 
dre dans  la  cavalerie  firançaise,  et  celle-ci 
se  renversa  sur  la  seconde  ligne.  U  s'en- 
suivit une  confusion  qui  ne  permit  pas  de 
rétablir  le  combat.  Le  carnage  fut  affreux; 
l'éUte  de  la  noblesse  firançaise  se  fit  tuer 
dans  cette  fatale  journée,  où  le  monarque 
anglab  déploya  personnellement  une  rare 
intrépidité  (35  octobre  1415).  La  bataille 
était  gagnée,  lorsque  Henri,  inquiet  d'une 
alerte  donnée  sur  ses  derrières,  envoya 
l'ordre  de  massacrer  les  prisonniers,  or- 
dre barbare  et  qui  fut  trop  tardivement 
révoqué.  Cependant,  épuisé  par  sa  vic- 
toire même ,  il  se  hâte  de  gagner  Calab 
et  de  repasser  en  Angleterre  pour  y  cher- 
cher de  l'argent  et  une  armée.  Il  négo- 
cie en  même  temps  avec  les  Bourgui- 
gnons {vcf.)  ;  et,  à  la  faveur  de  ces  intelli- 
gences, il  achève,  dans  une  seconde  inva- 
sion (1418),  la  conquête  de  la  Norman- 
die. Bientôt  il  conclut  avec  l'infUme  Isa- 
beau  de  Barière  le  traité  de  Troyes ,  qui 
lui  donne  la  main  de  Catherine,  fille  de 
Charlesyi,avec  laFrancepourdot(1420^. 
Maître  du  gouvernement,  il  établit  sa  cour 
au  Louvre ,  et  y  déploie  une  arrogance 
et  un  faste  qui  insultaient  aux  misères  du 
vieux  roi.  Le  Dauphin,  déshérité,  avait 
soulevé  la  noblesse  :  Henri  court  cher- 
cher des  renforts  en  Angleterre,  et  con- 
traint son  adversaire  à  se  retirer  derrière 
la  Loire.  Il  était  alors  au  comble  de  la 
fortune  et  dans  toute  la  vigueur  de  l'âge, 
lorsqu'il  fut  atUqué  d'une  fistule,  qui, 
par  l'igoorauce  des  médecins,  devint  la 
cause  de  sa  mort.  Il  expira  au  château  de 
Vincennes  en  1422,  à  l'âge  de  34  ans. 
L'éclat  de  ses  succès,  ton  caractère  franc, 
intrépide,  généreux,  lui  conquirent  l'a- 
mour des  Anglais;  mab  son  ambition  leur 
préparait  bien  des  revers. 


HEN  (  674  ) 

Hcif  ai  VI,  né  ea  1 4S 1 ,  n'âYtit  pas  en- 
core un  an  lorsqu'il  succéda  à  son  père 
Heori  V,  et  fut  proclamé  roi  de  France 
et  d'Angleterre,  sous  la  tutelle  du  duc  de 
Bedford  (voy.) ,  son  oncle.  La  puissance 
anglaise  semblait  se  consolider  en  Fran- 
ce ,  lorsque  l'apparition  de  Jeanne  d'Arc 
(voy.  PuGELLB  D'OauUifs)  changea  tout 
à  coup  la  face  des  choses.  Charles  VII 
reconquit  une  partie  de  son  royaume,  et 
se  fit  sacrer  à  Reims.  C'est  en  vain  que  le 
duc  de  Bedford  {voy.)  fit  venir  et  sacrer  le 
jeune  Heori  à  Notre-Dame  (1430).  Le 
charme  était  rompu  ;  et,  au  bout  de  quel- 
ques années,  la  ville  de  Calais  restait  seule 
aux  Anglais.  Une  trêve  fut  alors  conclue, 
et  Henri  VI  épousa  (1440)  ftlarguerite 
d'Anjou ,  fille  de  René ,  roi  nominal  de 
Sicile. 

Cependant  Richard,  duc  d^fork,  qui 
appartenait  à  une  branche  de  la  descen- 
dance d'Edouard  HI,  plus  rapprochée 
d'un  degré  de  la  souche  commune  que 
la  branche  alors  régnante,  profite  de  l'in- 
capacité et  de  la  faiblesse  naturelle  du  roi 
pour  faire  valoir  ses  titres.  Cette  faiblesse 
était  dégénérée  en  une  sorte  d'imbécillité: 
le  duc  d'York,  après  avoir  excité  secrète- 
ment l'insurrection  de  Jean  Cade,  se  fait 
déclarer  protecteur  du  royaume  (1454). 
Henri ,  se  réveillant  de  cette  espèce  de 
léthargie  intellectuelle ,  fut  surpris  de  se 
trouver  dépouillé  de  son  autorité.  Le  duc 
d'York,  expulsé  du  conseil,  lève  des  trou* 
pes.  Marguerite  arme  de  son  côté  et  traîne 
son  pusillanime  époux  en  campagne.  Hen- 
ri, défait  à  Saint- Albans  (1455),  tombe 
entre  Ict  mains  de  son  rival.  Marguerite 
lève  de  nouvelles  troupes  ;  Henri,  enlevé 
de  Londres,  assiste  à  la  bataille  de  Nor- 
thampton(  1 460),oili  il  est  fait  de  nouveau 
prisonnier.  La  reine  rassemble  une  troi- 
sième armée  ;  et  la  bataille  de  Wakefield 
(31  décembre  1 460),  dans  laquelle  le  duc 
d'York  est  tué,  semble  enfin  fixer  la  for- 
tune en  sa  faveur.  Mais  Edouard,  fils  aîné 
de  Richard ,  succède  aux  prétentions  de 
son  père.  Warwick,  l'âme  de  ce  parti, 
était  encore  à  la  tète  d'une  armée,  et  rete- 
nait à  sa  suite  le  roi  captif.  Marguerite 
lui  livre  la  deuxième  bataille  de  Saint- 
Albans  (1461  \  remporte  la  victoire,  et 
rend  à  Henri  la  liberté  et  son  autorité. 
Cependant  Warwick,  maître  de  Londres, 


REN 

y  fait  prodamer  le  jeane  doc  dTork, 
sous  le  nom  d'Edouard  IV  (vo^.  .  Mar- 
guerite a  levé  dans  le  nord  une  Dou^dlt 
armée  :  défaite  dans  la  sanglante  jouraéi 
de  Towton ,  elle  s'enfuit  en  Fxosse  inc 
son  époux.  C'est  en  vain  qu'elle  veut  tn- 
ter  encore  le  sort  des  arme»  :  la  baïailk 
d'Hexham  achève  de  dbperser  les  roim 
de  son  parti.  Le  malheureux  Henri,  Cûl 
prisonnier,  est  traîné  igoominieuscmeil 
à  Londres  et  enfermé  à  la  Toar.  Il  y  Ua- 
gnissait  dans  l'oubli,  lorsque,  au  bout  dr 
quelques  années,Édouard  se  brouille av« 
Warwick.  Celui-ci  tire  Henri  VI  de  a 
prison  et  le  fait  remonter  sur  ce  trte 
glissant  (1 470).  Edouard  eaC  déclaré  tr^ 
tre  et  usurpateur.  Mmu  il  reparaît  après 
quelques  mois  d'absence  ;  Londres  y 
ouvre  ses  portes;  et  Henri ,  joaef  pMitf 
de  la  fortune ,  est  encore  une  fob  am« 
ché  du  trône  pour  retomber  dans  sa  pri- 
son. L'intrépide  Marguerite  livre  la  ha- 
Uille  de  Tewkesbury  (1471^  et  toahc 
avec  son  fils  entre  les  mains  d*Édoiiârl 
Alors  on  jugea  sans  doute  qu'il  était  XtmfÊ   ' 
de  se  débarrasser  de  ce  fantôme  de  roi  qai 
s'appelait  Henri.  Il  est  certain  du  moim 
qu'il  ne  survécut  que  peu  de  joan  à  ^ 
cette  dernière  défaite,  et  Topinion  pa- 
blique  accusa  le  duc  de  Glocester    r^r. 
RiCHAED  III)  de  l'avoir  assassiné.  Aima  (- 
nit  Henri  VI,  à  l'âge  de  50  ans.  Son  rr^Mi 
marqué  par  toutes  les  calamités  de  h 
guerre  civile ,  n'avait  été  qu'une  longm 
minorité.  Quant  à  son  énergique  épome, 
qui  avait  vu  massacrer  son  fils  som  is 
yeux,  Louis  XI  la  racheta  de  la  captivité 
moyennant  50,000  couronnes,  et  Marp»- 
rite  d'Anjou  mourut  en  France  Tan  1 4(iS. 
Hsif  ai  VII,  qui  régna  de  1 485  à  1 509, 
était  fils  d'Edmond  Tudor   r^r.  ,  coait 
de  Richmond,  et  de  Marguerite  Beaufort. 
Il  naquit  en  1458.  Représentant,  para 
mère,  d'une  branche  bâtarde  de  la  nui- 
son  de  Lancaster,  il  avait  dA,  aprc»  la 
fatale  journée  de  Tewkesbury,  c  herrkfr 
un  asile  en  France.  Une  première  tent^ 
tive  faite  par  lui,  en  1483,  ê«*boua,  eC  3 
se  vit  contraint  de  regagner  la  Bretagne. 
Mais ,  environ  deux  ans  aprr» ,  imtimîc 
des  haines  qu'avait  soulevées  Richard  II! 
{vof,  )  et  soutenu  par  la  cour  de  Fraaoi, 
qui  lui  donna  3,000  hommes,  il  **rm* 
barque  à  Ronfleur  et  aborde  à  Milfbrrf^ 


1 

« 


flËfl 

i  y  dau  le  pays  de  Galles,  d'où  il 
BTÎgiiiaire.  Sâ  amb  preDoent  les 
et  loi  amènent  bientôt  6,000  hom- 
>pendant  Rickard  III  marche  à  sa 
lire  :  les  denx  rivaux  se  trouvent 
bence  à  Bosworth,  et  la  grande 
les  deux  Roses  est  terminée  par  la 
i  et  la  nKNt  de  Richard,  le  33  août 
L*armée  victorieuse  proclama  Hen- 
sar  le  champ  de  bataille.  C'était  là 
âlleur  titre.  La  lassitude,  Tépuise* 
Textinction  des  grandes  familles , 
weol  d'aplanir  les  obstacles  :  le  par- 
I  reconnut  les  droits  de  Henri  ou 
sanctionna  sa  possession  ;  et ,  à  sa 
ation,le  nouveau  monarque  épousa 
5tb,  fille  d'Edouard  IV,  union  qui 
idit  pour  toujours  les  intérêts  des 
is  d'York  et  de  Lancaster. 
iri  Vil  connaissait  toute  la  puissance 

*  ;  les  embarras  financiers  avaient 
Mié  plus  que  toute  autre  cause  aux 
es  de  ses  prédécesseurs:  il  s'appli- 
irtont  à  remédier  à  ce  mal ,  et  la 
mlion  des  biens  des  partisans  de 
d  lui  offrit  une  première  ressource 

s'empara  avec  avidité.  Cependant 
isnmulait  pas  assez  son  antipathie 
s  partisans  de  la  maison  d'York; 
t  porté  sur  le  trône  les  passions 
b(£  de  parti.  D^un  autre  côté ,  le 
(  haines  politiques  n'était  pas  en- 
teint;  le  préjugé  populaire  était 
en  faveur  de  la  maison  d'York.  Il 
Ita  des  troubles.  Henri  avait  à  peine 
hé  d'une  rébellion  dans  l'ouest , 
Imposteur,  nommé  Lambert  Sim* 
b  d'un  boulanger,  cbessé  par  un 
dX>xford,  se  fit  passer  pour  le 
ie  Warwick,  neveu  d'Edouard  FV. 
eo  vain  que  le  roi  fit  voir  publi- 
ât le  véritable  Warwick,  qui  était 
é  à  la  Tour  :  les  mécontents  se 
ot  à  œ  drapeau,  les  Irlandabcru- 
ccasion  favorable  pour  secouer  le 
t  il  fallut  en  venir  aux  mains.  Les 
I  lurent  dbpersés  après  un  enga- 
menrtrier  à  Stoke,  dans  le  comté 
tûigham.  Simnel,  fait  prisonnier, 
né  au  roi,  qui,  ne  voyant  en  lui 
bjet  de  mépris,se  contenta  de  l'en- 
aos  ses  caiisines  remplir  les  fonc- 

*  marmiton.  Des  i      ndes  le  ven- 
ph»  eIScaoenient      i  coupables  ; 


(  6t5  )  REK 

œ  système  de  rapines  fiscales  coBuneii* 
çait  à  se  développer.  Henri  n'ayant  pas 
su  empêcher  le  mariage  de  Charles  VU! 
avec  Anne  de  Bretagne,  mariage  qui  don- 
nait cette  province  à  la  maison  de  Fran- 
ce, l'esprit  national  le  for^  à  (aire  la 
guerre.  Biais,  aux  yeux  de  Henri  VU,  la 
question  se  résolvait  en  argent.  Ce  fut 
pour  lui  une  occasion  de  renouveler  l'a- 
bus de  ces  contributions  forcées,  dérisoi- 
rementappeléesfteAapo/eACtfi,  quiavaient 
été  abolies  sous  son  prédécesseur  :  la  per- 
ception de  cet  impôt  serrit  de  prétexte  à 
d'odieuses  extorsions.   Henri  débarqua 
enfin  à  Calab;  mab,  ayant  conclu  un 
traité  qui  lui  assurait  de»  avantages  pé- 
cuniaires, il  se  retira.  Le  mécontentement 
s'en  accrut,  et,  dans  ce  même  temps ,  un 
nouvel  appât  fut  jeté  à  la  crédulité  publi- 
que. PerkinsWarbeck,  fikd'un  juif  d'An- 
vers, avait  quelque  ressemblance  avec 
Edouard  IV.La  vieille  duchesse  douairière 
de  Bourgogne,  sœur  de  ce  monarque,  qui 
ne  cherchait  qu'à  susciter  des  embarras 
à  Henri,  instruisit  ce  jeune  homme  à 
jouer  le  rôle  du  duc  d'York,  assassiné  à 
la  Tour  avec  son  frère  Edouard  V  (vo^.), 
et  le  reconnut  publiquemenL  Ce  nouvel 
imposteur  avait  de  l'intelligence,  de  l'es- 
prit, des  manières  dbtinguées,  tout  ce 
qu'il  fallait  pour  séduire.  Beaucoup  de 
seigneurs  mécontents  se  mirent  secrète- 
ment en  rapport  avec  lui;  une  corres- 
pondance active  s'établit  entre  l'Angle- 
terre et  la  Flandre ,  où  éuit  le  quartier- 
général  du  prétendant.  Cependant  Henri 
VU  suivait  de  l'œil  tous  les  mouvements 
de  ses  ennemb  :  ses  émissaires  parvinrent 
à  se  rendre  maîtres  de  leurs  secrets  ;  et 
lorsqu'il  eut  en  mains  tous  les  fib  du  com- 
plot, il  fit  tout  à  coup  arrêter  et  condam- 
ner les  principaux  meneurs  :  plusieurs 
furent  exécutés,  et  les  confiscations  vin- 
rent encore  grossir  le  trésor  royal.  Per- 
kins,  ayant  échoué  en  Angleterre,  se  jeta 
en  Ecosse,  pub  en  Irlande,  d'où  il  osa 
faire  une  descente  dans  le  comté  de  Cor- 
nouailles,  où  il  prit  le  titre  de  Richard  IV. 
Il  était  déjà  à  la  tête  de  7,000  hommes, 
lorsqu'à  la   nouvelle  de  l'approche  de 
Henri,  ses  partisans  l'abandonnèrent.  Ré- 
duit à  se  livrer  à  la  merd  du  roi ,  Per- 
kins  fut  conduit  à  Londres,  promené  par 
les  rues,  an  milieu  des  huées  de  la  ço\^ii^ 


HEN 

lace,  puii  enfermé  k  la  Tour.  On  lui  fit 
signer  une  relation  détaillée  de  ta  vie ,  à 
laquelle  on  donna  toute  la  publicité  pos- 
sible :  toutefois,  cette  prétendue  confes- 
sion n*éclaircit  point  tous  les  doutes,  et  il 
y  a  encore  aujourd'hui  des  personnes  dont 
Fopinion  n'est  pas  bien  arrêtée  sur  le 
fond  de  cette  affaire.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Perkins,  s'étant  évadé  de  sa  prison,  fut 
repris,  puis  pendu,  sur  une  accusation  de 
complot ,  dans  laquelle  on  enveloppa  le 
comte  de  Warwick,  qui  fut  décapité. 
Cette  double  exécution,  motivée  jusqu'à 
un  certain  point  par  le  succès  facile  et  les 
graves  conséquences  de  ces  impostures, 
débarrassa  Henri  de  tout  concurrent, 
et  le  résultat  de  deux  conspirations  fut 
de  l'affermir  sur  son  trône;  on  n'osa  plus 
remuer  contre  un  prince  vigilant,  ferme 
et  sévère. 

Arrivé  au  plus  haut  degré  de  puis- 
sance, Henri  Vil,  qu'on  avait  pu  croire 
jusque-là  économe  par  goût  et  par  néces- 
sité, donna  libre  carrière  à  son  avarice  j 
qui  s'était  accrue  avec  l'âge.  Les  amendes, 
la  vente  des  charges,  le  trafic  des  grâces, 
les  expédients  fiscaux  les  plus  honteux , 
furent  mis  en  usage  avec  une  sordide  ini* 
quité  :  Henri  tenait,  dit-on,  un  registre 
secret  du  produit  des  confiscations,  et 
laissa  à  son  successeur  un  trésor  de  près 
de  2  millions  sterling.Cependant  le  déclin 
graduel  de  sa  santé  annonçait  sa  fin  pro- 
chaine :  il  mourut  au  château  de  Rich- 
mond,  d'une  goutte  dégénérée  en  phthi- 
sie,  le  22  avril  1509;  il  était  âgé  de  53 
ans,  et  en  avait  régné  24. 

Henri  VH,  malgré  cette  avarice  qui 
ternit  ses  belles  qualités,  sut  gouverner 
avec  habileté  et  sagesse.  Élevé  au  trù- 
ne  dans  des  circonstances  difficiles,  il 
rétablit  l'ordre  et  consolida  l'autorité 
royale  :  vers  la  fin  de  son  règne,  les  lois 
avaient  repris  la  force  qu'elles  avaient 
perdue  au  milieu  des  troubles  civils,  la 
condition  politique  du  peuple  s'était  amé- 
liorée, le  commerce  et  ta  civilisation  com* 
nien«;aient  à  se  développer;  en  un  mot, 
Henri  VU  laissa  l'Angleterre  tranquille, 
puissante  et  respectée. 

Hknri  VIII,  second  fils  de  Henri  VII, 
succéda  à  son  père  le  22  avril  1509.  Il 
était  né  le  28  juin  1 49 1 ,  cl  avait  rrru  le 
titre  de  prince  deGaUe&en  1^02,  ay^ros 


(  676  )  HER 

la  mort  de  ton  frère  Arthur.  La  Dttiot} 
fatiguée  du  despotisme  fiscal  de  Hean  VH, 
accneillit  avec  joie   raTénemeat  dW 
prince  de  1 8  am  plein  d^cspéraoce. 
Henri  se  trouvait  à  la  tète  d'une 
formidable,  et  la  guerre  contre  la  Fi 
était  toujours  populaireenAngletcrTe.  Ea- 
cité  d'abord  par  Ferdinand-le-Catkoli- 
que,  qui  voulait  reconquérir  la  Nawie, 
puis  par  le  pape,  qui  avait  à  cœorde  se  dé- 
barrasser des  Français  en  Iulie,  le  jcan 
monarque  réclame  de  Louis  XII  les  pr^ 
vinces  qui  avaient  jadis  apparteiui  à  TAb* 
gleterre.  Bientôt  il  paMe  sur  le  coati* 
nent  avec  50,000  hommes,  remporte  m 
stérile  avantage  dans  la  journée  de  Gai* 
negate  ou  des  Éperons  (  1 5 1 3;,  et 
ses  conquêtes  à  la  prise  de  T 
de  Toumay.  Il  s'aperçoit  alors  qa'3  a 
été  joué  par  ses  alliés ,  qui  ont  fait 
paix  séparée,  et  il  conclut  an  traité 
le  roi  de  France.  De  retour  en  Angle» 


t 
u 

i 


1^ 


î 


terre,  Henri  donne  sa  ixMifiaiice  et  bna 


toute  l'administration  des 
mas  Wolsey  (voy,) ,  qui,  à  force  de 
plesse,  avait  su  gagner  ses  bonnes  grkcs  : 
le  favori  prend  un  empire  absolu  sur  saa 
maître,  et  en  fait  l'instrument  doctkde 
son  ambition  personnelle.  Il  eidte  d'a- 
bord son  amour- propre  contre  Frsa* 
çois  I*',  vainqueur  à  lîarignan.  BmIôC, 
gagné  par  des  présents,  il  entame  avfc  m 
même  Fran^b  I*'  des  négodatîom  ^jâ 
amènent  entre  les  deux  monarqncs  aat 
entrevue  prêt  de  Guines ,  célèbre  som  Ir 
nom  de  Camp  du  drap  d'ttr  (v«^/.'.  l'at 
magnificence  inouïe  fut  déplov< 
tournobet  des  fôtesqui  durèrent  1 
et  les  deux  princes  ne  se  séparèrent  qa'i 
près  des  protestations  d'amitié  qoi  dr- 
vaient  être  bientôt  onbliéea. 

Cependant  la  réformatioo  avait  édur 
en  Allemagne.  Henri ,  qui ,  stiivaat  b 
mode  du  temps,  avait  été  élevé  dam  la 
subtilités  de  l'école,  et  qui  se  piqaMl 
d'être  un  grand  théologien,  vonhit  fnk» 
ter  de  cette  occasion  pour  faire  connsltit 
au  monde  ses  talents.  Il  daigna  doae 
descendre  dans  la  lice ,  et  fit  publier  Ir 
traité  De  septem  Sitrramemiis ,  cx^f^ 
Martinum  iMthrrum  ,  herrsiarck'* % 
pfr  iliuxtrùstmHtn  pnncipem  H^mn» 
cum  VUly  1521.  On  suppose  qoe  l> 
cardinal  Wolsey  eut  (|iMlqiwr  part  à  c«t 


kl 

1 

t 
\ 
\ 
\ 


HËN 


(677) 


HEN 


«QTrage  * ,  âuquf  ther  (voy.  )  répli* 
4|iM.  très  Tertemeni.  ^uoi  qu'il  en  soit , 
le  lÎTre  envoyé  à  Rome  excita  l'admira. 
tion  du  pape  et  de  tout  le  sacré  collège  : 
liéon  Xy  à  qui  il  était  dédié,  s'empressa 
de  décerner  au  royal  auteur  le  titre  de 
Défenseur  de  la  foi.  Henri,  flatté  de  ces 
èlot^es,  entra  dans  la  ligue  formée  entre 
le  pepe  et  l'Empereur  contre  le  roi  de 
Frmnce.  Biais  les  trésors  légués  par  son 
père  étaient  déjà  dissipés;  il  fallut  arra- 
cher des  subsides  aux  communes,  renou- 
ireler  l'abus  des  bénévolences ,  avoir  re- 
cours à  des  exactions  inouïes  jusqu'alors. 
Wolsej,  chargé  de  diriger  toutes  ces  me- 
tares ,  empêchait  les  murmures  du  peu- 
ple d'arriver  jusqu'à  son  maître ,  endor- 
si  dans  les  plaisirs.  Mécontent  de  TEm- 
pereur ,  qui  n'avait  pas  tenu  certains 
engagements  secrets  pris  à  son  égard ,  il 
darma  Henri  sur  les  suites  de  la  victoire 
de  PaTÎe  et  sur  la  prépondérance  mena- 
fttite  qu'elle  donnait  à  ce  prince.  Henri 
ne  crut  donc  pouvoir  mieux  faire  que 
de  se  réconcilier  avec  François  P%  et  il 
at  désista  même  de  toutes  prétentions  sur 
h  France. 

Henri  VllI,  selon  le  tœu  de  son  père, 
ivait  épousé  Catherine  d'Aragon ,  veuve 
àm  son  frère  aine  et  tante  de  Charles- 
(^oint.  Cette  union  avec  une  princesse 
lirtingaée  par  ses  vertus  durait  depuis 
lÎK-haît  ans ,  lorsque  tout  à  coup  le  roi 
'éprit  d'une  passion  violente  pour  Anne 
loleyn  {voy,  Booleh),  l'une  des  filles 
ITlioiinear  de  la  reine.  Mais  Anne  Boleyn 
Bt  résister ,  et  Henri  vit  bientôt  que  le 
seul  pourrait  le  mettre  en  pos- 
>o  de  l'objet  de  ses  désirs.  Alors  d'é- 
scrupules  s'élevèrent  dans  son  es- 
oit.  U  écrivit  au  pape  Clément  VH,  qui 
ni  avait  de  grandes  obligations ,  lui  ex- 
loaa  que  sa  conscience  lui  reprochait  d'a- 
mr  vécu  si  longtemps  en  état  d'inceste 
tvec  la  veuve  de  son  frère ,  et  le  pria  de 
^évoquer  la  bulle  de  son  prédécesseur , 
pii  lui  avait  permis  d'épouser  Catherine. 
Le  pape ,  qui  voulait  ménager  à  la  fois 
3enri  et  Charles-Quint ,  fut  fort  embar- 

(*)  D*aotret,  comme  par  exemple  Dnpin, 
wt  regardé  Jean  Fi«her,  évéque  de  Rocbester, 
Wflune  en  éUnt  TaDtenr.  Ce  yénérable  prélat 
fat  créé  cardioal  ea  x535;  mais  la  même  «onée 
Baeri  YIU  It  fit  eondanuisr  à  mort.  $. 


rassé,  et  cherchait  à  gagner  du  temps; 
tandis  que  le  roi,  appelant  la  théologie  à 
l'aide  de  sa  passion ,  composait  des  mé- 
moires ,  invoquait  l'autorité  du  Lévi ti- 
que ,  consultait  les  docteurs  et  les  uni- 
versités. Enfin  le  pape ,  réconcilié  avec 
l'£mpereur,évoque  l'affaire  à  Rome.  Hen- 
ri ,  furieux,  fait  tomber  sa  colère  sur  son 
ministre,  qui,  embarrassé  lui-même  en- 
tre le  roi  et  le  pape ,  avait  affecté  de  res- 
ter neutre  :  le  cardinal  Wolsey ,  soudai- 
nement disgracié,  est  remplacé  dans  la  fa- 
veur royale  par  Thomas  Cranmer  {voy,). 
Pressé  par  sa  maîtresse,  soutenu  par  le 
clergé ,  et  maître  du  parlement ,  Henri 
veut  mettre  un  terme  à  cette  honteuse 
comédie  :  il  épouse  secrètement  Anne  Bo- 
leyn. Bientôt  Cranmer,  promu  à  l'arche- 
vêché de  Cantorbéry,  prononce  l'annula- 
tion  de  son  mariage   avec  Catherine; 
Anne  Boleyn ,  déjà  enceinte ,  est  solen- 
nellement reconnue.  La  rupture   avec 
Rome  était  ainsi  consommée,  et  la  nation, 
impatiente  du  joug  papal,  avait  applaudi. 
Mais  un  joug  plus  rude  allait  s'ape- 
santir  sur  elle.  Henri,  qui  s'était  déjà  fait 
donner  le  titre  de  protecteur  et  chef  su- 
prême de  l'église  d'Angleterre,  se  pose  à 
son  tour  en  souverain  pontife,  et  prétend 
dominer  toutes  les  consciences.  Un  des- 
potisme sans  exemple  se  déploie  :  le  chan- 
celier Thomas  Morus  {voy.)  et  le  vénérable 
évêque  Fisher  sont  décapités  pour  avoir 
refusé  de  reconnaître  lasuprématieroyale. 
Cette  suprématie  ne  suffisait  déjà  pas  :  les 
biens  du  clergé  tentaient  la  cupidité  du 
monarque ,  qui  en  voulait  d'ailleurs  aux 
moines.  Sous  le  vain  prétexte  d'abus  qui 
furent  exagérés ,  il  s'empara  de  tous  les 
revenus  des  monastères,  et  leurs  dépouil- 
les enrichirent  ceux  dont  il  voulait  payer 
les  bassesses  ou  acheter  le  silence.  Enfin, 
enivré  par  la  flatterie  et  par  l'incroyable 
servilité  des  parlements,  Henri  crut  pou- 
voir faire  une  religion  à  sa  fantaisie.  Une 
nouvelle  profession  de  foi  fut  imposée  au 
clergé  ;  et  la  loi  des  six  articles,  plus  con- 
nue sous  le  nom  du  Statut  de  sang, 
prononça  la  peine  de  mort  contre  tous 
ceux  qui  tiendraient  à  certains  dogmes. 
Malheureusement    l'orthodoxie     royale 
était  aussi   capricieuse  que  l'esprit  du 
maître  :  on  ne  sut  bientôt  plus  ce  qu'on 
devait,  ce  qu'oa  pouvait  croire;  car  telle 


I1£N 


(«78) 


HEN 


était  la  latitude  de  ces  lois  d'intolérance, 
que  toutes  les  opinions  se  trouvaient 
compromises.  Les  prisons  se  remplirent, 
les  bûchers  s^aliumèrent;  papistes  et  pro- 
testants, accouplés  sur  la  claie,  furent 
Irainés  ensemble  au  supplice. 

Cependant  Henri  s'était  lassé  d'Anne 
Bolejn  :  accusée  d'adultère ,  privée  de 
défenseur ,  cette  infortunée ,  qui  n'aviit 
eu  que  les  faiblesses  d'une  femme  vaine, 
fut  condamnée  k  être  brûlée  vive  ou  dé* 
capitée,  selon  le  bon  plaisir  du  roi.  Il  eut 
Toidieuse  précaution  de  faire  prononcer 
ie  divorce  avant  l'exécution,  afin  de  ren- 
dre sa  fille  Elisabeth  {vojr.)  bâtarde  :  la 
tète  de  la  reine  tomba  alors  sous  la  ha- 
che du  bourreau;  et  le  lendemain,  Jeanne 
Seymour,  une  de  ses  demoiselles  d'hon- 
neur, entrait  dans  la  couche  royale. 
Cette  nouvelle  reine  mourut  au  bout  de 
17  mois.  Henri,  sur  la  foi  d'un  portrait 
d*Holbein,  prend  pour  quatrième  femme 
la  princesse  Anne  de  C  lèves.  Il  s'en  dé- 
goûte bientôt,  et  la  répudie  sans  façon 
pour  épouser  Catherine  Howard,  nièce 
du  duc  de  Norfolk,  comme  Anne  Boleyn. 
Ce  fut  à  cette  occasion  qu'il  osa  dire  à 
son  clergé  qu'il  n'avait  pas  donné  son 
consentement  intérieur  à  son  mariage 
avec  Anne  de  Clèves  :  les  bornes  de  la 
honte  étaient  franchies  depub  longtemps. 
Le  ministre  et  favori  Thomas  Cromwell, 
négociateur  de  cette  malencontreuse  al- 
liance, fut  déclaré  coupable  d'hérésie  et 
de  trahison,  et  exécuté.  Cependant  le 
bonheur  que  Henri  se  promettait  de  son 
cinquième  hymen  fut  de  courte  durée  : 
Catherine,  accusée  tout  à  coup  d'avoir 
eu  certaines  intrigues  avant  son  nuriage, 
fut  condamnée  à  mort  et  livrée  au  bour- 
reau. Une  sixième  femme  osa  cependant 
accepter  le  périlleux  honneur  de  parta- 
ger la  couche  du  monarque  :  ce  fut  Cathe  - 
ri  ne  Parr,  veuve  de  lord  Latimer.  Elle  sut 
gouverner  assez  bien  ce  tyran  ombra- 
geux ;  mais  il  lui  fallut  une  adresse  plus 
que  commune  pour  se  mettre  à  Tabri  de 
ses  sanglants  caprices. 

La  politique  extérieure  des  dernières 
années  de  Henri  VIfl  fut  aussi  variable 
que  celle  des  premières  années  de  son 
règne.  Il  se  rapprocha  de  François  I**^ , 
parce  qu'il  voulait  entreprendre  la  guerre 
contre  TÉcoite  :  ptût,  ^SSxns  de  ce  qoe 


œ  prince  n'avait  point  rooipa  avec  h  *= 
pape,  il  s'allia  avec  Charles-Quint, dehs^  ka 
qua  en  France  (1544),  et  s'arrèua^ 
avoir  pris  Boulogne  et  aMiégé  vaineant 
Montreuil.  Il  avait  compris  qg'il  tiataJ 
lait  dans  l'intérêt  de  son  allié.  Les  Frai^  M 
çais,  dans  la  campagne  suivante,  envil^  «r 
rent  a  leur  tour  l'ADgleterre ,  et  b  ^  u 
termina  cette  guerre  Inutile.  Henri  nV  ^i 
vait  pas  ralenti  pour  cdn  aou  eeuvrs  è  m 
persécution,  ni  oeiBéd*eacroer sur  lesesa»  ic 
sciences  une  tyrannie  d'autant  ph»  ial»-  'Il 
lérable  qu*il  traitait  la  reKgioB  aussi  es*  p 
valièrement  que  ses  femmes.  Il  défiait  I 
la  lecture  de  la  Bible,  que  lui- même  snit  k 
fait  traduire ,  et  publia  des  traités  nfi-  a 
gieux  pour  l'instmctiott  de  set  snjcta.  Si  ii 
volonté  faisait  les  lois;  il  voulut  |em«t 
que  ses  ordonnances  eumeot  force  de  lé- 
vélation.  En  même  tempa,  il  contiam  m 
exactions,  altéra  les  monnaies  et  dépodh 
les  églises  :  il  avait  déjà  arradié  de  II 
châsse  de  mint  Thoama  m 
qu^il  portait  au  doigt. 

Cependant  des  infirmités 
par  sa  corpulence  et  un  ulcère  à  Vwmh 
ses  jambes  avaient  tellement  augmenléli 
violence  de  son  caractère  ifu'on  a*oMat 
plus  Taborder.  L'âge  Bravait  fiût  d*ifl« 
leurs  qu'irriter  m  soif  de  sauf.  La  final 
ce  règne  est  encore  souillée  pur  te  couda»- 
nation  inique  et  l'exécution  du  romlt  di 
Surrey ,  jeune  bomae  d*un 
compïi,  qui  avait  eu  le  malheur  d* 
lessoupçons  jaloux  du  tyran  .Celui-ci 
bientôt  rendre  compte  de  tant  de 
Tontes  sm  souffrancm  physiques  s 
accrues;  hors  d'état  de  ae  mouiuif,  1 
ressemblait  à  une  béte  féroce  eucbaiuce  : 
de  cruel,  il  était  devenu  fbricui.  Il  aaau- 
rut  enfin  le  38  janvier  f  S47  ;  il  avait  U 
ans,  et  en  avait  régné  98.  Il  laiwa  trou 
enfants,  qui  régnèrent  aprèa  lui,  fidouvd 
VI,  fils  de  Jeanne  Seymour,  Marie ,  VÊê 
de  Catherine  d'Aragon,  et  Itlimbetk,  Oi 
d*Anne  Boleyn.  Fof.  les  trou  aitides. 

Les  Anglais  contemporains  u^oal  fm 
en  général  bien  apprécié  Heori  VIII  :  di 
furent  séduits  par  quelques  qualités  «- 
perficielles  et  populaires,  et  par  le*  prr- 
miers  succès  de  son  règne;  Hcari  «et 
surtout  à  leurs  yeux  rimmeme  meria 
d'avoir  été  l'instrument  fortuit  de  la  r*- 
forme.  La  postérité  1*8  JH*  plai 


HEN 


(67t) 


REN 


[enri  fat  au-dessous  du  rôle  qu'il 
ipelé  à  jouer.  Dans  soo  |;ouTer  - 
,  coBiiiie  dans  sa  famille,  comme 
relifioD,  il  ne  saÎTit  que  Timpul- 
ses  passions  sanguinaires.  En  un 
pour  nous  senrir  des  expressions 
iTant  hbtorien  anglais  (M.  Hal- 

I  placeest  marquée  parmi  ces  mons- 

iénnx  de  f innocence,  que  là  co- 
ciel  a  quelqoefob  suscités,  et  que 

été  des  hommes  a  soufferts  \  A.  B. 

HEI ,  surnommé  le  Nopigateur^ 
portugais,  naquit  à  Porto  le  4 

S94,  et  re^it  le  titre  de  duc  de 

II  était  fibde  Jean  I*»,  roi  dePor- 
et  de  Philippine  de  Lancaster.  Ce 
prince  oommen^i  de  bonne  heure 
kdes  classiques  :  nous  en  avons  U 
i  dans  Taris  qu'il  donna  à  son  pcre 
xpédition  de  Geuta.  Le  discours 
t  à  cette  occasion  est  plein  de  sou- 
dassiques  :  il  rappelle  l'histoire  d'A- 
tre  et  de  Darius  ;  il  parle  du  passage 
pes  par  Annibal,  des  campagnes  de 

et  développe  avec  une  grande  sa- 
Pimportanoe  militaire  que  la  prise 
9oU  aurait  pour  le  Portugal.  U 
toidié  profondément  l'histoire  an- 
i.  n  avait  puisé  dans  les  écrits  des 
igioois,  des  Grecs  et  des  Romains 
ma  nombre  de  notions  géographi- 
«  de  faits  qui  agirent  sur  son  ima- 
Mi  et  préparèrent  les  plans  qu'il 
la  plus  tard.  La  lecture  qu'il  fit  aussi 
oyages  de  Marco  Polo ,  et  la  con- 
Me  <|u'il  eut  par  la  fiimense  carte 
m  frère,  l'infant  don  Pedro,  avait 
tée  de  ses  voyages  et  dans  laquelle 
ivait  déjà  marquée,  à  ce  qu'«n  pré- 
la  o6te  maritime  de  P Afrique  avec 
p  de  Bonne-Espérance*,  n'eurent 
le  influence  moindre  sur  l'esprit  du 
B.  Les  mathématiques,  l'astronomie 
géographie  étaient  les  sciences  qu'il 
le  plus  étudiées  et  approfondies.  Les 
«Ton  des  plus  savants  chroniqueurs 
■iporains^  attestent  que  le  prince 
Mait  rien  de  ce  que  les  hommes  les 


F0ir  R3>eiro  dos  Santos,  Mem.  kùLmhr^ 
t  mmtkÊmmtintt  p9ftuguesê$,  t.  VITl  des 
a*  Litt.  de  TAesd.  R.  des  Scienc.  de  Lîs- 

r,  p.  i4^* 
Asvara,  Ckromiqme  de  teco«f  «^  de  (hm- 

4S3Xi  Us.  iaédit. 


plus  savants  du  moyen-âge  savaient  de 
la  géographie  systématique  des  Hébreux, 
des  Grecs  et  des  Romains.  Nous  devons 
ajouter  an  nombre  des  influences  qui 
agirent  sur  son  imagination  celle  du  my- 
the nestorien  du  fameux  Prêtée can  des 
Indes*, 

Nourri  de  ces  connaissances,  imbu  de 
ces  traditions,  qu'il  augmentait  encore 
chaque  jour ,  le  prince  suivit  le  roi  son 
père  à  la  campagne  de  Ceuta  en  1415. 
Après  le  débarquement,  il  fut  un  des  pre- 
miers à  attaquer  et  à  combattre  les  Maures, 
n  commanda  la  flotte  à  son  retour  et  il 
eut  le  projet  de  prendre  Gibraltar,  pro- 
jet qui  révèle  les  grandes  vues  du  gouver» 
nement  de  cette  époque,  mais  qu'une  tem- 
pête empédia  Henri  de  réaliser  .Comme  les 
Maures  continuaient  d'assiéger  Ceuta,  le 
prince  fut  de  nouveau  envoyé  en  Afirique. 
Fondant  sur  les  ennemb ,  il  les  tailla  en 
pièces  et  délivra  la  place.  H  alla  pour  la 
trobième  fob  en  Afrique  le  33  août  1 437, 
prit  Tétuan  (33  septembre)  et  se  présenta 
avec  l'armée  devantTanger.  H  fit  des  pro- 
diges de  valeur  contre  les  années  réunies 
des  Maures,  fortes  de  plus  de  100,000 
hommes.  Cabrai,  son  capitaine  des  gardes, 
fut  tué  à  ses  o6tés  avec  5,000  hommes. 
Cette  affaire  malheureuse  força  le  prince 
d'accepter  les  conditions  onéreuses  pro- 
posées par  les  Maures.  Quelques  nobles 
et  l'infant  Ferdinand  {voy,)  restèrent  en 
otages.  A  Ceuta,  où  le  prince  Henri  s'é- 
tait rendu  après  avoir  fiût  partir  l'armée 
pour  le  Portugal,  il  reçut  l'ordre  du  roi 
de  revenir  lui-même ,  et  il  alla  habiter 
la  retraite  quil  avait  choiâe  dans  les  Al- 
garves. 

Ce  fut  pendant  son  long  séjour  en 
Afirique  que  le  prince,  mettant  à  profit  ses 
vastes  études ,  prit  des  informations  près 
des  Maures  du  Sahara  et  d'autres,  sur  la 
richesse  et  la  situation  de  ces  régions,  sur 
leur  étendue  et  sur  la  côte  maritime  de 
l'Afrique.  La  sagacité  de  l'infant  lui  fit 
penser  à  la  possibilité  de  trouver  un  pts« 
sage  maritime  de  l'Europe  aux  Indes- 
Orientales.  Dès  lors  il  mit  tout  en  ceuvre 
dans  l'espoir  d'acquérir  au  Portugal  de 
nouvelles  possessions  et  d'étendre  ses  re- 
lations oommerciales.Ponr  mener  à  bonne 

O  léâLi  st  UilaaMa,  llf.  If  csp.  I. 


HEN 


(680) 


HKN 


fin  cetteeiitreprite,îUllAi'établir  à  Sagres, 
ville  qu*il  avait  fondée  sur  le  cap  Saint* 
Vioceot*  et  d*oîi  il  pouvait  surveiller  les 
préparatifs.  Afin  d'avoir  des  pilotes  et  des 
mariniers  instruits,  il  invita,  sous  pro- 
messe de  récompense,  ceux  même  des  pays 
étrangers  à  venir  le  joindre.  En  1438,  il 
fit  venir  en  Portugal  Jacques  de  MaU 
lorque,  qui  était  devenu  célèbre  par  ses 
connaissances  dans  les  sciences  nautiques, 
afin  de  les  enseigner  en  public  àSagres'^^ 
et  même,  avant  Tarrivée  de  ce  savant,  le 
prince  avait  fait  donation  (1481)  à  l'u« 
niversité  de  Lisbonne  du  palais  qu'il 
possédait  dans  cette  capitale  pour  y  faire 
enseigner,  au  profit  de  Fart  nautique, 
raritbmétique ,  la  géométrie  et  d'autres 
scienoes^^.Enméme  temps,Henris'entou- 
rait  de  Persans,  d'Éthiopiens  et  d'Arabes 
qui,  pour  la  plupart,  avaient  traversé  les 
déserts  de  Sahara  avec  les  caravanes^**.  Il 
les  questionnait  sur  l'intérieur  de  l'Afri- 
que et  sur  d'autres  pays.  Il  envoyait  suc- 
cessivement des  expéditions  <x>mmandées 
par  des  marins  habiles  auxqueb  il  don- 
nait des  instructions  écrites  et  des  cartes 
marines.  Les  vaisseaux  portaient  le  dra- 
peau du  prince.  Par  ses  soins,  les  marins 
portugais  reconnurent,  en  1 4 1 9,  les  c6tes 
de  l'Afrique  ,70  lieues  au-delà  du  cap 
Noun,que  jusque-là  personne,dit-on,n'a- 
vait  pu  doubler**^*.  L'année  suivante, 

(*)  Aiorua,  Ckrotùqmt  dt  la  owif  ■•!«  dé  Gai» 

(**)  Atarara  ooot  appread  daot  aa  Chroni- 

3ae  laédita  qoe  le  prince  e«t  eo  vae  d*auirer 
ans  le  port  de  la  ville  qa*il  fondait  tona  les 
▼ais««an«  qoi  venaient  des  Échellea  dn  Levant 
et  de  la  Méditerranée  par  TAtlantiqne,  ou  qoi 
7  allaient,  ce  nuaTcan  point  de  relâche  étant 
plut  favorable  que  Cadix,  en  ce  §ena  que  les  na- 
vires pouvaient  meUre  à  la  voile  avec  tout  lea 
vents,  prendre  des  pilotes  et  faire  des  provi- 
sions, il  noua  apprend  encore  la  particalarité 
curieuse  qoe  la  république  de  Gènes,  considé» 
rant  la  grande  importance  de  cette  fondation, 
offrit  au  prince  une  forte  somme  pour  en  faire 
racquiiition. 

(***)  Barroa^Déead.  I ,  paitim  t  Gawlido  Losi- 
tano,  yidm  do  Infmmê  don  Btnri^ut, 
(****)  Axurara,  Cbron.  inédite. 
(*****}  Chacun  redoutait  les  dangers  dont  la 
tradition  menaçait  feux  qui  le  doubleraient,  ^etr 
Al>raliam  Peritâol,  /imarer.  jr««di,édit.de  Hyde 
{SjntmgwM  ditstrt.,  I,  lai).  Les  historiens  por- 
tugais Galvam ,  Faria  y  Sousa  et  d'autres  affir- 
ment que  les  Portugais  doublèrent  ce  cap  en 
i4f9  ;  mais  Goes  fite  cet  événement  à  Tannée 
J4f 5.  D«p«iSt  oa  •  prouvé q<M  Im  aavifitioas 


Porto-Santo  fut  découvert*.  D 
put  voir  rile  de  Madère,  où  la  pri 
voya  immécUatement  des  ooloi 
fit  planter  des  vignes  de  Grèet, 
tées  de  l'Ile  de  Chypre,  et  des  < 
sucre  qu'il  fit  venir  de  Sidie.  D  ] 
vit  ses  découvertes  en  1 423  ;  G 
nés  doubla  le  cap  Boîador.  Di 
née  suivante,  les  marins  portngi 
sèrent  leur  reconnaissance  ja 
angra  ou  pla^  dos  Rubios.  Eo 
envoya  une  expédition  aux  Cam 
Eannes  et  Baldaya  poussèrent  I 
couvertes  à  70  lieues  au-delà  di 
terme  qu'il  avait  précédemmcsl 
Dans  les  deux  voyages,  on  pénén 
1 20  lieues  au-delà  du  cap  Noun.  1 
les  marins  portugais  arrivèrent  f 
baie  formée  par  la  terre  ferme  ci 
déserts  de  la  Libye**.  Us  impo 
nom  d*angra  dos  Caoalios  à  cet 
Baldaya,  dans  l'année  14S6,  € 
50  lieues  de  cotes  de  plus  jmqi 
qu'il  nomma  du  Galée.  Dans  11 
de  cette  année  à  1438  ,  il  n^  c 
d'expéditions,  à  cause  de  la  c 
de  Tanger,  où  Henri  dut  se  rem 
que  par  suite  des  déM>rdres  son 
la  mort  du  roi  Edouard,  qui  q 
toute  la  sollicitude  du  prince  v« 
faires  de  l'état.  Mais  les  expéd 
les  découvertes  reprirent  leur  €c 
l'année  1441.  AntamGon^lvai 
Tristam  arrivèrent  jusqu'au  por 
valleiro  et  jusqu'au  cap  Blanc* 
années  après  (  1 443),  dans  un  an 
ge,  ib  apportèrent  de  cas  parafM  t 
de  quantité  de  poudre  d*or.  Lt  | 
alors  appeler  cet  endroit  Rio  dû  i 
Dans  ce  voyage,  Tristam  da  C« 

portugaises  au-delà  dn  rapNo«n,  an  K 
mencer  au  temps  dn  priore  Henri,  cm 
croyait  géoéralensmt,  avaient  an  enaS 
raeocé  avant  i336.  (^e*r  les  Mens.  « 
Roj.  des  Sdenc.  de  Lisbonne,  t  Tl.] 

(*)  Les  bittoriens  et  les  géograplM 
pas  d*accord  sur  Tannée  de  oette  du 
Cadamosto  dit  qu'elle  eut  lie«  ea  i4i 
Brun,  en  141 7> 

(**)  Axurara ,  dans  sa  Chroniqan 
donne  des  détails  très  cnrienx  sur  c 
dition. 

(•••)  Barros  Décnd.  I,  liv.  1.  rap.  < 

(****)Les  marin»  portngaia  savaical  4 
delà  dn  iiie  do  Oiro  on  ne  voyait  plan 
moatét  tar  des  cba»eaaa.  #  ecr  ▲; 
Ma. 


HBiN 


(681) 


U£N 


couvrit  les  iles  d'Arguîm»  <^Ue  das  Gar* 
gv»  et  one  autre  de  celles  du  cap  Vert. 
Ce  marin  reconnut  la  c6te  jusqu^à  là 
Sierra  Leona.  Le  prince  voyant  alors  que 
Ma  efforts  étaient  couronnés  de  succès, 
•eœpla  roffre  que  le  corps  municipal  de 
k  ville  de  Lagos  lui  fit  d'équiper  à  ses 
frais  six  caravelles.  Cette  expédition  se 
dirigea  d*abord  sur  File  das  Garças,  en- 
■Bite  vers  celle  de  la  Nar  et  autres  envi- 
■onnanles.  En  1444,  Vicente  de  Lagos 
et  Cadamosto  allèrent  jusqu'à  la  Gambie. 
L'expédition  qui  eut  lieu  l'année  sui- 
Taate  sons  le  commandement  de  GoDçalo 
deSÎBtn  fut  malheureuse.  Ce  navigateur 
fin  tué,  avec  sept  des  siens,  à  7  lieues  au- 
ddà  du  Rio  do  Oiro.  Alors  le  prince  y 
£t  construire  une  forteresse,  et  il  en- 
leva Nuno  Tristam  et  Denu  Femandez 

m 

avec  des  instructions  pour  établir  des  re- 
ktioDS  commerciales  avec  les  naturels.  Ces 
jnrins  reconnurent  le  pays,  le  cap  Vert  et 
niedeTider.  Cadamosto  et  Noie  reconnû- 
tes iles  du  cap  Vert,  passèrent  la  ri* 
Rha,  qu'on  appelle  maioteuant  Cd- 
lansoy  et  poursuivirent  jusqu'au  cap 
Vcnelho.  En  1446,  Nuno  TrisUm  alla 
joiqu'an  Rio  Grande  et  même  à  20  lieues 
m-^T**  de  ce  fleuve,  qui  fut  appelé  de  son 
MMi,  à  cause  de  la  mort  de  ce  mario. 
Vers  la  même  époque,  Alvaro  Feroandez 
découvrit,  dans  divers  voyages,  le  Cabo 
dos  Motos  ^  et  reconnut  plus  de  100 
lieues  au-delà  du  cap  Vert,  ainsi  que 
rcaabouchnre  d'une  ririère  qu'il  appela 
la  Tabitéj  et  situé  à  20  lieues  au-delà  de 
celle  de  Nuno  Tristam. 

Aioai,  jusqu'à  cette  année  (1446),  51 
caravelles  avaient  été  expédiées  par  le 
prince  vers  ces  parages,  et  avaient  décou- 
vert 450  lieues  au-delà  du  capNoun.  Ces 
découvertes  et  les  points  reconnus  étaient 
iosmédialeaient  marqués  dans  les  cartes 
■antiques  par  ordre  de  l'infant. 

eut  le  bonheur  de  voir  réus- 
plans  et  d'en  recueillir  les  fruits. 
Triomphant  de  l'ignorance  et  de  l'envie 
déchaînées  contre  lui,  et  répondant  aux 
déclamations  par  les  faits  les  plus  signifi- 
catifi^  il  choisit,  d'après  les  usages  cheva- 
leresques du  moyen-âge,  la  devise  qu'il 
justifia  si  bien  par  ses  hauts  faits  :  Ta- 
lent de  bien  jaire.  Dans  sa  maison,  il 
■lontra  la  somptuosité  d'un  souverain  et 


étalait  beaucoup  de  luxe  dans  les  grandes 
solennités  nationales.  En  1452,  à  l'oc- 
casion des  fêtes  du  mariage  de  la  prin* 
cesse  Éléonore  avec  l'empereur  Frédé- 
ric m,  Henri  se  présenta  avec  une 
extrême  magnificence  dans  les  tournois 
dont  il  fut  le  directeur.  Il  accompagna 
le  roi  Alphonse  V,  son  neveu,  à  la  prise 
d'Alcacer  Céguer  ;  mais  dans  l'année  1458 
il  était  déjà  de  retour  dans  sa  ville  de 
Sagres. 

Ce  grand  homme  termina  sa  belle  et 
glorieuse  carrière  le  13  novembre  1460, 
dans  sa  résidence  aux  Algarves,  et  ses  restes 
mortels  furent  transportés  au  Panthéon 
royal  du  monastère  da  Batalha,  Sur  son 
tombeau ,  on  voit  la  statue  en  pied  du 
prince,  la  tête  ceinte  delà  couronneroyale. 
En  face  on  lit  sa  devise.  Dans  le  frontis- 
pice on  remarque  en  relief  trois  écus- 
sons  :  le  premier  présente  les  armes  du 
Portugal  unies  à  celles  du  prince,  et  dans 
les  angles  des  fleurs  de  lis;  le  second, 
le  collier  de  l'ordre  de  la  Jarretière  avec 
la  devise  ;  Bon  ni  soit  qui  mal  y  pense; 
et  le  troisième,  la  croix  de  l'ordre,  du 
Christ  dont  il  était  le  huitième  grand- 
maître"^.  L'Europe  lui  dut  la  connais- 
sance d'une  partie  considérable  de  l'A- 
frique occidentale ,  et  le  Portugal  l'im- 
pulsion qu'il  donna  aux  sciences  et  aux 
grandes  découvertes  effectuées  plus  tard 
par  le  génie  des  marins  célèbres  élevés 
d'après  les  principes  de  l'école  qu'il  avait 
fondée.  La  renommée  du  prince  Henri 
était  telle  que  le  pape,  l'empereur  d'Al- 
lemagne, les  rois  de  Castille  et  d'Angle- 
terre l'invitèrent  souvent  à  venir  prendre 
le  commandement  de  leurs  armées *\ 

Plusieurs  écrivains  de  son  temps  ont 
écrit  l'histoire  des  découvertes  effectuées 
par  son  ordre.  Le  savant  bibliographe 
Barboza  prétend  que  le  prince  lui-même 
composa  une  histoire  de  ses  découvertes. 
Quoi  qu'il  en  soit,  toujours  est-il  qu'Al- 
caforado  écrivit  une  relation  de  la  dé- 
couverte de  l'tle  de  Madère^^.  Alphonse 
Cerveira  composa  aussi  une  histoire  de 
ses  découvertes.  Cet  ouvrage  est  perdu  ; 
néanmoins  la  plus  grande  partie  nous  en  a 
été  conservée  dans  la  fameuse  Chronique 

(*)  Voir  les  estampes  de  Vouvrage  de  Mnrpby. 

(**)  yoir  Azurara,  Chron.  Ms. 

(*^  Cet  ouTrage  a  été  trtdiût  en  fnoçaif , 


HEN 

de  la  conquête  de  Guinée ,  par  Azura- 
ra  '^.  Le  lecteur  enfin  qui  voudra  con- 
naître les  détails  de  Thistoire  des  décou- 
vertes de  ce  prince ,  devra  consulter  le 
grand  historien  Barros  et  Candido  Lu- 
•itano  (Fida  do  injante  don  Henrique)^ 
ouvrage  dont  il  existe  une  traduction 
française  par  Fabbé  Coumand  (1781),  2 
vol.  in-H.  V.  DE  S-T-M. 

HENRI  dit  le  Lion ,  duc  de  Saxe  de 
1139  à  1 195,  est  le  prince  allemand  le 
plus  remarquable  du  xii*  siècle.  Né  Tan 
1129,  il  était  fils  de  Henri-le-Superbe 
(vo/.  Guelfes,  p.  222),  et,  par  sa  mère, 
il  était  petit- fils  du  roi  d* Allemagne  Lo« 
thaire.  Son  père  étant  mort  empoison- 
né en  1139,  sa  mère,  Gertrude,  et  sa 
grand^mère,  Richenza,  gouvernèrent  la 
Saxe  pendant  sa  minorité  ;  quant  aux  fiefs 
héréditaires  de  Bavière,  ils  furent  admi- 
nistrés par  Guelfe,  son  oncle  paternel. 

Lorsqu^en  1146  Henri  eut  saisi  lui- 
même  les  rênes  de  Tétat ,  il  réclama  de 
Tempereur  Conrad,  à  la  diète  de  Franc- 
fort, tout  le  duché  de  Bavière  enlevé  k 
son  père.  Cette  réclamation  étant  restée 
infructueuse,  il  prit  les  armes  de  concert 
avec  son  oncle  Guelfe;  mais  les  mesures 
énergiques  de  Conrad  Tempêchèrent  d'en- 
trer en  Bavière.  Après  la  mort  de  cet  em- 
pereur, la  Bavière  lui  fut  rendue  (1 154) 
par  son  cousin,  Tempereur  Frédéric  V, 
Alors  ses  possessions  s'étendaient  de  la 
mer  du  Nord  et  de  la  mer  Baltique  jus- 
qu'à la  mer  Adriatique.  L'Ostphalie  et  la 
Westphalie,  avec  Engern  et  l'ancien  du- 
ché de  Saxe,  du  Rhin  à  l'Elbe,  reconnais- 
saient son  autorité.  La  plus  grande  partie 
de  la  Bavière  lui  appartenait  aussi  comme 
fief  héréditaire,  et,  pour  les  domaines 
guelfes  au-delà  des  monts,  les  vassaux 
d'Italie  lui  prêtèrent  foi  et  hommage  en 
1157.  Henri  chargea  le  comte  palatin 
Othon  de  Witteisbach  du  gouvernement 
de  la  Bavière,  pour  consacrer  tous  ses 
soins  au  duché  de  Saxe. 

Ayant  forcé  les  évêques  dans  les  pays 
conquis  de  se  faire  investir  par  lui  de 
l'anneau  et  de  la  crosse,  il  s'attira  laur 
haine;  mais  ils  durent  se  soumettre.  Ce- 


(*)  Cette  chrooIqQe  contemporaine,  dont  la 
dccuaTerte  e«t  dne  a  M.  F.  Deni«,  te  troofe  aoE 

Mu,  df  la  MbUothè({««  di  roi|  à  Paris. 


(  683  )  HEN 

pendant ,  loos  la  direction  de  rardwvè* 
que  de  Brème,  Hartwig,  il  m  fom 
contre  lui,  en  1 166,  une  ligue  k  laqarii 
prirent  part  les  évêques  de  MagJeboifc 
d'HalbersUdt  et  de  HildesbeÎM ,  b 
margraves  de  Thuringe  et  de  Erwêi 
bourg.  Henri,  qui  marcliut  eoetre  Is 
Yénèdes  révoltÀ,  se  ictoonM  avriltt 
contre  les  alliés;  il  oocape  Bftee,  fril 
Oldenbourg  d^aasauty  et  déjooa  kt  pfa» 
des  prélau  et  princes  coeliaéa  avaat  qe'k 
fussent  en  mesure  de  lee  nettre  à  cié» 
cution.  C'est  vers  cette  époque  qe*il  • 
sépara  de  sa  première  feaoïe,  et  qal 
épousa  en  secondes  noces  Mathîlde,  liBi 
du  roi  Henri  H  d*Angleterre.  BicMét 
après,  il  entreprit  une  ezpéditioo  ei  P^ 
lestine. 

Pendant  son  absence,  ses  ennemba'f- 
Ulent  pas  restés  oisife,  et  Frédéric  BaiW» 
rousse  avait  lui-même  profité  du  brait 
de  sa  mort  pour  s'emperer  des  ptsM 
fortes  de  la  Saxe.  Malgré  ses  justes  soep» 
çons  contre  la  bonne  foi  de  I^Empcftnr, 
Henri  le  suivit,  avec  des  troupes  nea» 
breuses,  dans  sa  cinquième  expédilisB 
au-delà  des  Alpes  ;  mais  il  le  quitta  ai 
siège  d'Alexandrie,  malgré 
stances. 

Cet  abandon  fit  perdre  à  I 
près  de  Legnano,  une  bataille  coôtrs  ki 
villes  d'Italie,  et  le  força  de  condmt 
un  traité  désavantageux .  L'Empereur  té- 
moigna hautement  son  mécontcntemat 
contre  le  duc  de  Saxe  à  la  diète  de  Spirs. 
en  1 178,  et  aussitôt  les  anciens  cnneflii 
de  Henri  se  levèrent  de  tontes  parti,  lur- 
tout  lorsque,  cité  snocessivencnt  an 
diètes  de  Ratisbonne,  de  Magdebowf  tt 
de  Goslar,  il  ne  comparut  à  aucvne.  Alsn 
il  fut  mis  au  ban  de  l'Empire  et  déclaré 
déchu  de  tous  ses  fiefs.  Cette  sentence  te 
ex  écntée;les  ennemb  de  Henri  pertagèrtal 
entre  eux  sa  dépouille.  Otbon  de  l^it- 
telsbach  (voy.)  obtint  le  duché  de  Ba- 
vière, Bernard  d'Ascagne  {vojr.  ce  hriI  et 
Anralt)  la  Saxe,  l'archevêque  de  Csb- 
gne  Engern  et  la  Westphalie  sons  le  titre 
d'un  duché.  Les  autres  archevêqw  et 
évêques  reçurent  quelques  portions  de- 
Uchées.  Quant  à  TOstphalie,  bien  al- 
lodial  de  Henri,  on  ne  pouvait  la  h»  en* 
lever  par  un   décret  d'Empire.  Heari 

prit  de  noottitt  Im  mrmm.  hmâa  Im 


VI 


HEN 


(68S) 


HEN 


ipfli  de  Cologne  prèi  de  Hallerfeldey 
les  agreaseon  de  rOstphaUe,  et 
Ci  prisonnier  Téréque  d'Halberstadt.  Il 
LÎI  fini  par  triompher  de  tous  ses  en- 
ib  s^il  ne  s*éuit  pas  brouillé  avec  le 
Ile  Adolphe  de  Holstein  en  lai  refn- 
Il  lea  prisonniers  faits  à  Hallerfelde. 
Xi^Emperenr  entra  en  Saie  avec  Tannée 
Mpériale,  et  Ton  fixa  au  Tassaux  de 
Henri  on  délai  dans  lequel  ils  auraient  à 
abuidonner  ses  bannières,  sous  peine 
d*étre  mis  eux-mêmes  au  ban  de  TEmpire. 
Henri  fut  forcé  de  se  réfugier  à  Lubeck. 
Bmnswic  seul  lui  resta  attaché  et  fut 
vainement  assiégé  par  Tévèque  de  Colo* 
gne.  A  la  fin  (1182),  pour  ne  pas  tout 
perdre ,  Henri  demanda  grâce  à  l*Em« 
perror  à  Erfurt;  mab  tout  ce  qu'il  put 
obtenir  de  lui,  ce  fut  que  ses  pays  héré- 
ditaires, le  Brunswic  et  le  Lunebourg,  lui 
aéraient  laissés.  Un  exil  de  trois  ans  lui 
fui  imposé  :  il  se  rendit  avec  sa  famille 
en  Angleterre;  mais  Tarchevéque  de  Co- 
logne s*étant  brouillé  avec  TEmpereur, 
rengagea  à  revenir.  Henri  trouva  tout  dans 
b  pins  grande  confusion,  et,  ne  voulant 
pas  V  ajouter  encore,ilvécut,depuis  1 184, 
tranquillement  à  Brunswic;  Frédéric, 
qui  ne  se  fiait  pas  à  lui,  exigea  qu'il  le  sui- 
vit en  Palestine  ou  qu'il  alUt  encore  pas- 
ler  trob  ans  en  Angleterre.  Henri  prit 
ee  dernier  parti  (1188);  mais  après  la 
Bort  de  sa  femme  à  Brunswic ,  on  man- 
qua à  la  promesse  qu'on  lui  avait  faite 
de  ne  pas  toucher  à  ses  biens  allodiaux , 
et  il  se  tînt  alors  pour  dégagé  de  sa  pa- 
role. Il  revint  à  Stade  en  1 189.  Reçu  à 
bras  ouverts  par  son  ancien  ennemi,  l'ar- 
cfaevéque  de  Brème,  qui,  dans  ce  mo- 
ment, avait  besoin  de  lui,  et  rejoint  par 
plusieurs  de  ses  fidèles  vassaux,!!  mitbien- 
tAt  en  déroute  les  Danois  et  les  troupes  de 
Dithmarsen.  Il  s'empara  de  Hambourg,de 
Plœn  etdltzehoe,  prit  d'assaut  Bardewiek 
[vajr.  HâVOvmE),  qui  avait  refusé  de  se 
rendre,  et  qu'il  détruisit  presque  en  en- 
tier, à  Pexception  de  la  cathédrale,  sur 
les  murs  de  laquelle  il  fit  placer  l'image 
en  lîon  vengeur,  avec  cette  inscription  : 
«  FeMtigia  ieonis,  »  Lubeck  et  Lunebourg 
ne  tardèrent  pas  a  se  rendre;  mab  à  la 
bataille  de  Segebourg  contre  Adolphe  de 
Dassel,  gouverneur  du  Hobtein,  Henri 
ij«  une  défidte.  Le  roi  Heari  ;  que 


Frédéric  Barberouase  avait  laissé  en  Al- 
lemagne comme  administrateur  de  l'Em- 
pire, se  joignit  aux  évéques  d'Hildes« 
heim  et  d'Halberstadt  pour  assiéger 
Brunswic  jusqu'à  ce  qu'une  convocation^ 
conclue  en  1 1 90  par  l'influence  des  ar- 
chevêques de  Mavence  et  de  Cologne, 
suspendit  les  hostilités.  Cependant  cette 
paix  ne  fut  pas  de  longue  durée;  elle  ne 
derint  définitive  que  lors  du  mariage  de 
Henri,  fib  aîné  de  Henri- le-Lion ,  avec 
Agnès,  héritière  du  comte  palatin  du 
Rhin,  Conrad,  frère  de  Frédéric  Barbey- 
rousse. 

Henri-le-Lion  mourut  à  Bmnswic  en 
1 195,  et  fut  enterré  dans  la  cathédrale 
de  cette  rille,  oik  l'on  voit  encore  son 
tombeau.  Il  fut  pieux,  brave,  généreux 
et  d'une  activité  infatigable,  mab  en  même 
temps  opiniâtre  et  passionné.  Ce  qui  le 
place  surtout  au-dessus  de  son  siècle, 
c'est  qu'il  s'efforça  de  répandre  dans  ses 
états  le  commerce,  l'industrie  et  l'aisance, 
de  seconder  les  arts  et  de  favoriser  les  étu- 
des. Il  ne  se  laissa  jamab  abattre  par  son 
mauvais  destin  et  chercha  toujours  à  s'en 
rendre  maître.  Il  eut  pour  successeur  son 
fib  Henri-le-Bel.  —  Le  lecteur  consul- 
tera sur  ce  prince  l'ouvrage  de  Bcettiger  : 
Ueinrich  derLœtve^Herzog  der  Saehsen 
und  Baiern;  ein  biographischer  Ver^ 
such  (Henri-le-Lion,  duc  de  Saxe  et  de 
Bavière;  essai  biographique) ,  Hanovre, 
1819.  C.  L. 

HE!VRI  (LEPaiHCE\FaÉoÉaic-HE!f« 
ai-Louis,  frère  du  roi  de  Prusse  Frédé- 
ric H,  naquit  à  Berlin  en  1726,  et  resta, 
comme  son  frère/  presque  sans  éducation 
jusqu'à  la  mort  de  leur  père,  Frédéric- 
Guilbume  I^*".  Queb  que  fussent  les  ta- 
lents qu'il  déploya  dans  la  suite,  il  con- 
sen'a  néanmoins  une  certaine  gaucherie 
et  de  la  difficulté  à  s'exprimer.  Il  fit  sa 
première  campagne  en  1 742, avec  legrade 
de  colonel,  dans  l'armée  qui,  sous  les  or- 
dres du  roi  et  du  maréchal  Schwerin,  en- 
tra en  Moravie ,  et  il  assbta  à  la  bataille 
de  Czasiau.  En  1 7  44,il  défendit  avec  suc- 
cès la  ville  de  Tabor  en  Bohême;  mab  il 
se  signala  surtout,  le 4  juin  1745,  à  la  ba- 
taille de  Hohenfriedberg.  Ap«^  la  paix  de 
Dresde,  il  se  rendit  à  Potsdam ,  où  il  se 
livra  avec  le  plus  grand  zèle  à  des  études 
Bérieuses,  Le  cercle  d'hommes  supérieurs 


HEN 


(684) 


HEN 


que  80Q  frère  avait  réunis  autour  de  lui, 
coDtribua  à  faire  prendre  l'esior  à  son 
esprit,  et  son  caractère  même  se  déve- 
loppa de  la  manière  la  plus  avantageuse. 
En  1 752,  son  frère  le  maria  avec  la  prin- 
cesse Wilheimine  de  Uesse-Cassel,  lui  fit 
construire  un  palais  à  Berlin,  et  lui  donna 
le  domaine  et  le  château  de  Rheinsberg, 
qu'il  avait  lui-même  habité. 

La  guerre  de  Sept- Ans  offrit  au  prince 
Henri  Foccasion  d'appliquer  les  théories 
qu*il   avait  étudiées  avec  soin  pendant 
la  paix.  Son  courage  inébranlable,  son 
coup  d'œil  ferme  et  sûr  décidèrent  la  vic- 
toire à  Prague.  Après  la  bataille  de  Ross» 
bach,  où  il  fut  blessé,  il  obtint  le  com- 
mandement des  troupes  qui  stationnaient 
aux  environs  de  Leipzig;  mais,  placé  bien- 
tôt après  à  la  tête  de  la  seconde  armée,  il 
dirigea  avec  son  frère  les  événements  de 
cette  guerre,  où  il  joua  le  principal  rôle 
après  le  roi.  En  1 758,  ayant,  avec  25,000 
hommes,  à  couvrir  la  Saxe  contre  un  en- 
nemi bien  supérieur,  il  sut  arrêter  les 
progrès  de  ce  dernier  par  des  manœuvres 
habiles  et  par  de  petits  combats,  et  gagner 
assez  de  temps  pour  que  le  roi  pût  venir  à 
son  secours  après  avoir  réalisé  ses  projets. 
Il  ouvrit  la  brillante  campagne  de  1759. 
Il  entra  en  Bohême,  détruisit  les  maga- 
sins des  Autrichiens,  marcha  ensuite  con- 
tre l'armée  impériale  en  Franconie,  où  il 
se  comporta  de  même,  et,  après  la  défaite 
de  Kunnersdorf(vc^.),  il  sut,  par  de  faux 
mouvements,  tenir  les  armées  russe  et  au- 
trichienne en  échec  jusqu'à  ce  que  le  roi, 
son  frère,  eût  réparé  ses  pertes.  En  1 760, 
il  tint  tête  aux  Russes  avec  40,000  hom- 
mes,secourutBreslau  après  plusieurs  mar- 
ches habiles,  et  montra  la  supériorité  de 
son  talent  en  atteignant  son  but  sans  se 
laisser  engager  dans  une  affaire  décisive 
qui  aurait  pu  tourner  contre  lui.  La  cam- 
pagne de  1761  fut  moins  brillante,  car 
le  prince  était  réduit  à  la  défensive  par 
la  faiblesse  de  son  armée.  Celle  de  1762, 
il  l'ouvrit  par  quelques  attaques  bien  com- 
binées où  il  repoussa  lesAutrichiens;  mais, 
ayant  une  ligne  trop  étendue  à  défendre, 
il  eut  des  échecs  à  déplorer.  Néanmoins 
Tattaque,  ainsi  que  la  prise  du  camp  de 
Freiberg  et  la  victoire  qu*il  y  remporta 
le  29  octobre,  contribuèrent  beaucoup  à 
fiDeoer  la  paîi. 


LorM]u*enfin  elle  eat  été  ooBcbaà  B» 
bertsbourg,  le  prince  Henri  traMfaimli 
château  de  Rheinsberg  en  un  véritaUi 
temple  des  muses.  Cependant  sa  tfi| 
grande  confiance  dans  des  personnes  qn 
en  étaient  indignes  détruisît  son  hnnh— 
domestique  en  le  forçant  à  une  séparatin 
d'avec  son  épouse.  La  part  qu'il  prit,  è^ 
rant  son  séjour  à  SuPétersbourg  ^m^), 
aux  négociations  sur  le  partage  de  la  Ma* 
gne  lui  valut  la  réputation  d'un  diploaHs 
habile;  le  grand  acte  de  violence  qui  mk 
entre  elles  les  trois  grandes  puiasanceséi 
Nord  par  le  lien  de  la  complicité  ta  m 
partie  son  ouvrage  (  v.  HEaTzaaao  >.  ïkm 
la  guerre  de  la  succession  de  Bavicre,HMri 
entra  subitement,  à  la  télé  de  90,Mi 
hommes,  en  Saxe,  le  l*' juillet  177i,t^ 
l'électeur  s'étant  joint  à  lui ,  pénclii  m 
Bohême;  mais  le  manque  de  provinm 
le  força  de  battre  en  retraite ,  et  la 
de  Teschen  (1779)  mit  fin  à  la  gncniu 

Frédéric-Guillaume  II,  sncccssevdi 
Frédéric- le*Grand  ,  éloigna  son 
des  affaires,  ce  qui  fit  naître  dans  T 
du  prince  l'idée  de  se  retirer  en  Fnmm\ 
mais  les  troubles  intérieurs  auxqucAsa 
pays  était  alors  livré  le  firent 
à  ce  projet.  Occupé  à  cultiver  les 
ces  et  les  arts,  il  vécut  depuis,  jusqu'à  m 
mort,  à  Rheinsberg,  la  guerre  contn  II 
France  étant  contraire  à  ses  opinions.  Li 
prince  mourut  le  3  août  1802.  Il  ciiMi 
en  français  une  Fie  privée^  pubUqme  êk 
militaire  du  prince  Henri  de  Pnum 
(Paris,  1809),  dont  Fauteur  anonyat 
doit  avoir  joui  de  toute  la  confiance  di 
prince .  C,  L, 

HENRI  f,  roi  d'Haïti,  prit  ce  m« 
en  se  faisant  sacrer  au  Cap,  <lans  Tannés 
1811,  après  avoir  eu  le  titre  de  pién* 
dent  et  de  généralissime  de  TéCat  <f  Hsiî 
sous  celui  deCuaisTOPHE  qu*a% aient  ren- 
du fameux  les  actes  de  brmvonre  et  dt 
cruauté  de  cet  ancien  esclave  noir,  dnml 
la  guerre  d*extermination  qui  ti  inifnf  ■ 
en  un  état  indépendant  la  colonie  firin* 
çaise  de  Saint-Domingue.  Foy.  H  un. 

Christophe  était  né ,  ea  U€7,  éim 
nie  de  la  Grenade,  Tune  dUa^^tot 
et  avait  commencé  par  porter  mHHmi 
comme  simple  soldat,  dans  la  gUOTt  et 
l'indépendance  américaine.  L^adivilèt 
l'intelligeoce  et  Taudioe  i|Q*il  déploya 


(685) 


HER 


riannwtion  cfe  Snat-DoBiDgiie  y 
1790,  bd  valorent  dPabonl  le  com- 
fPmie  Cûble  bande  dlioBi- 
de  WÊ,  couleur.  Cette  bande  l'aocrut 
de  tenps  à  raison  de  U  <x>nfiance 
it  ans  însorgés  l'eipérience 
m/L  le  caractère  résolu  de  Chrîstopbey  de 
SdËe  aorte  que  Toussaint -LouTerture 
(«9f  .)  fit  de  lui  Pun  des  généraux  de  son 


rcD^t  les  plus  grands  senriœs  à  ce 
rinsuifeetion,et  bientôt  il  acquit 
d'iaportance  pour  que  kconunan- 
du  Cap  lui  fût  confié,  lorsqu'il 
!  préparer  à  &ire  tête  à  Fexpédi- 
foraâidable  qu'amenait  de  France  le 
Lederc  (1803).  Christophe  op- 
en  effet,  une  résbtance  très  tî^ou- 
aa  débarquement  des  Français,  et, 
"il  se  TÎt  obligé  de  céder  au  nom- 
ke,  il  incendia  la  Tille  et  alb  rejoindre 
ToumaintF-Loaiferture  avec  les  restes  de 


Pins  tard,  Christophe  réunit  ses  forces 
^crilet  de  Dessalines  (vo^.),  pour  ne  pas 
CMipraniettre  le  salut  <x>mmun  par  des 
dnidons  dont  les  Français  étaient  prêts 
à  profiter;  il  concourut  efficacement  à 
ste  expulsion  de  Tile. 

Sam  tour  Tint  de  régner  quand  Deasa- 
tomba;  procUmé  président  et  gé- 
■talissiaK,  il  parodia  une  couTOcation 
iPÉuUs-Généraux  pour  se  faire  décerner 
Fantorité  absolue,  et  il  y  réussît  après 
ivoir  refoulé  dans  le  Port-au-Prince  le 
Péthion,  chef  du  parti  rcpubli- 
Du  même  temps  date  rétablisse- 
ment du  trône  de  Henri  I**"  et  Térection 
de  la  petite  république  du  Port-au-Prin- 
ce. Celle-ci  ne  put  que  gagner  en  forces 
tont  ce  qu'allait  perdre  suocessiTcment 
de  considération  et  de  popularité  le  nou- 
roi  qui,  par  un  incroyable  vertige, 
autour  de  lui  le  plus  grotesque 
équipage  de  titres  nobiliaires  et  de  hautes 
dignités  Eninéd'unsotorgneil,il  méditait 
une  attaque  décisive  contre  le  petit  état 
indépendant  qui  faisait  ombre  sur  soa 
diadème,  quand  la  nouvelle  des  événe- 
ments de  France,  en  1814,  paralysa  ses 
beiliqncnx  projets.  Cependant,  en  1818, 
après  la  mort  du  prudent  Péthion,  il 
vcmlot  mettre  la  main  sur  cette  partie  de 
nie  qu'il  regardait  comme  un  démem- 


brement de  ai  couronne;  mais  il 

lien  de  Panden  dévoneaaent  de 

soldats,  et  eut  la  honte  d'échouer  con- 
tre les  troupes  républicaines  conunan- 
dées  par  le  nouveau  président  (voy. 
Botul). 

Bientôt  après,  une  insurrection  éclata 
parmi  b  garnison  de  Saint-Marc  et  se  ré- 
pandit avec  rapidité  dans  le  peuple  et 
dans  l'armée;  en  vain  le  roi  Henri,  aban- 
donné à  la  fois  par  tous  les  flatteurs  qu'il 
avait  gorgés  de  richesses  et  d'oripeaux, 
retrouva  toute  son  ancienne  énergie  pour 
lutter  contre  l'écroulement  de  son  trône. 
Résolu  il  ne  pas  lui  survivre,  il  se  donna 
la  mort  (6  octobre  1 820);  et  le  même  jour 
éclaira  le  massacre  du  prince  royal,  son 
fik,  dans  le  fort  Henri,  où  il  s'était  réfu- 
gié avec  de  rares  débris  de  la  cour  qui 
eurent  le  même  sort.  La  veuve  de  Chris* 
tophe  et  ses  deux  filles  furent  endbar- 
quées  pour  l'Europe.  P.  C.  j 

HENRI  (oaDXE  de  Sâiht-),  en  Saxe. 
Fondé  en  1736  par  Auguste  UI,  roi  de 
Pologne  et  électeur  de  Saxe,  cet  ordie 
était  la  récompense  particulièrement  de  - 
tinée  aux  officiers  mxons  cpii  se  distin- 
gueraient par  des  actions  d'éclat.  Renou- 
velé deux  fois,  en  1768  et  en  1796,  il  fut 
définitivement  constitué  en  1829.  Dca 
grand'croix,  des  commandeurs  de  !■*  et 
de  2*  classe,  et  des  chevaliers,  composent 
cet  ordre,  auquel  est  annexée  une  5* 
classe  pour  les  sous-offiders  et  soldats. 

La  décoration  de  l'ordre  de  Saint- 
Henri  est  attachée  à  un  ruban  bleu  moiré, 
liséré  jaune  citrin*,  elle  consiste  en  une 
croix  d'or,  émaillée  sur  les  bords  d'un  filet 
blanc,  anglée  de  rameaux  de  rue  et  sur- 
montée de  la  couronne  royale;  l'écusson 
du  centre  est  chargé  de  l'inuige  de  saint 
Henri,  debout,  cuirassé  et  revêtu  des  ha- 
bits impériaux  [voy,  Henei  H,  d'Alle- 
magne); les  noms  de  Frédéric^ Auçuste 
et  les  mots  Virtuti  in  hello  forment  la 
légende.  Les  grand'croix  et  les  comraan* 
deurs  ajoutent  ii  leur  décoration  l'étoile 
de  l'ordre  sur  le  côté  gauche.  C'^  de  G. 

HENRICIEIVS,  sectaires  ainsi  nom- 
més de  leur  chef  Henri  Hermite,  de  Tou- 
louse, disciple  de  Pierre  de  Bruys.  Voy, 
ce  nom  et  Albigeois. 

HENRIETTE -Maxis  de  France, 
fille  de  Henri  IV,  née  à  Parb  en  1G09, 


HEN 


(686) 


iiE» 


mnée  en  1625  à  Charles  I*',  roi  d*Aii- 
gleterre,  et  morte  à  Chaillot,  après  la  res- 
tauratioQ  de  son  fils,  le  10  septembre 
1669;  prÎDcease  célèbre  par  ses  Terlusy 
par  ses  malheurs  et  par  Toraison  funèbre 
que  Bossuet  prononça  eu  son  honneur. 
Foy.  Chaelis  I*'.  Z. 

HENRIETTE -AvHS  d* Angleterre , 
fille  de  la  précédente  et  de  Charles  I*', 
née  le  1 6  juin  1 644  à  Exeter,  où  sa  mal- 
heureuse mère  s'était  réfugiée,  mariée  en 
1661  à  Philippe  de  France,  duc  d'Or- 
léans, frère  de  Louis  XIV,  et  morte  su- 
bitement, ayant  à  peine  36  ans,  le  29  juin 
1670. 

Elle  était  Tomement  et  Tidole  de  la 
cour,  aimée  et  <x>nsuhée  par  le  roi,  en- 
tourée de  tout  ce  qui  peut  flatter  la  va- 
nité. Bossuet,  dans  son  oraison  funèbre, 
exprime  la  soudaineté  de  la  mort  de 
cette  princesse  par  ces  mois  :  Madame 
se  meurt!  madame  est  morte!  Foy.  Oa* 
Liâiis.  Z. 

HENRION  dbPâhsxt  (PIKaa■-P4U^ 
baron),  premier  président  de  la  Cour  de 
cassation  et  célèbre  jurisconsulte  fran- 
çais, naquit  à  Tréveray,  près  de  Ligoy, 
en  Lorraine  (aujourd'hui  département  de 
la  Meuse),  le  28  mars  1742. Son  père  oc- 
cupait une  charge  de  magistrature  dans 
sa  province.  Après  avoir  terminé  ses  étu- 
des au  collège  de  Ligny,  le  jeune  Uenrion 
fit  son  droit  à  Pont-à-Mousson  et  vint 
ensuite  à  Paiis,  où  il  arriva  au  mois  de 
novembre  1762.  Reçu  avocat  le  10  mars 
1 7  63,  il  fut  inscrit  sur  le  tableau  en  1 767 , 
ayant  accompli  le  stage  de  quatre  années 
qui  était  alors  exigé  par  les  règlements  de 
Tordre  dans  lequel  il  entrait.  Il  prit  le 
nom  de  Pansey  d'une  terre  qui  appar- 
tenait à  sa  iamille,  pour  être  distingué  de 
son  frère  puiné,  HenriondeSaint-Amand, 
qui  fut  avocat  au  conseil  avant  la  Révo- 
lution, et  qui  mourut  à  l'âge  de  85  ans, 
deux  jours  avant  celui  dont  nous  esquis- 
sons la  vie. 

Uenrion  s'adonna  de  préférence  à  l'é- 
tude du  droit  féodal,  qui,  alors,  pouvait 
devenir  une  source  de  fortune  et  de  cé- 
lébrité pour  un  jurisconsulte  laborieux 
et  patient  Dumoulin  (v'/.)  devint  en 
quelque  sorte  le  guide  du  jeune  feu- 
diste  ;  il  en  prononça  l'éloge  dans  la  con- 
féitooe  des  avocats, et  il  publia, en  1 77S, 


une  aiialyM  tris  sob  mtMe  êm  TViM 
des  fiefs  (1  vol.  «•)  de  cet  illain 
jurisconsulte.  Ce  sa  il  oufiay  pli|i 
Henrion  à  la  tète  des  avocats  qui  avaisi 
voué  leur  vie  à  cette  spécîalîlé  diftah^ 
et  il  fut  consulté  dans  les  phv  ymàm 
affaires  où  des  questions  de  drait  fiaàl 
étaient  agitées. 

De  plus,  la  publicatioii  du  TrmÊéém 
fiefs  servit  à  montrer  la  noble  indépsa* 
dance  de  Henrion.  En  effet,  le 
était  alors  exilé  et  reaiplaoé 
commission  connue  sons  le 
que  de  parlement  Mmupeom,  U< 
qui  avait ,  comme  presque  tout  le  hairma,    ■ 
embrassé  la  cause  des  magîstnits  disgn* 
dés  par  la  cour,  refusa,  malgré  de  piCN    ' 
santés  suggestions,  de  dédier  son  euftifi    I 
au  chancelier,  et  il  voulut  an  coutraiit 
le  publier  sous  les  ansptoeto  de  Mole  dt 
Champlàtreux,  fib  du  premier  pfcsîdtl 
du  parlement  exilé.  Dans  son  épèlrs  àk* 
dicatoire  il  lui  disait  :  «  Voua  posséfa, 
monsieur,  les  deux  avantages  que  Fou 
estime  le  plus  aujourd'hui,  la  naissaMe 
et  la  fortune.  Cependant  le  sage  ne  veui 
comptera  pour  quelque  chose  que  lors- 
que vous  aurez  une  grandeur  qui  veui 
sera  personnelle  :  celle  de  vos  aicîui  n*flsl 
point  à  vous...  »  La  censure 
pas  l'impreMÎon  de  cette  dédicace,  et 
croyons  qu'elle  n'existe  impriaaée 
aucun  des  exemplaires  de  roavrage.  Apii 
le  rappel  do  parlement,  en  1774,  Hen- 
rion prononça  Téloge  de  Mathieu  Mole 
dans  la  conférence  des  avocats,  il  avait 
occupé  les  loisirs  que  lui  laiaaa  cet  exil 
par.  la  composition  de  l'éloge  de  Ta^ 
bé  Pluche ,  qui  fut  publié  dans  la  G«» 
lerie  jramçaise. 

Parmi  les  causes  qui  fireol  le  pies 
d'honneur  à  Henrion  de  Pansey  dans  a 
carrière  d'avocat  consultant  (car  il  crt 
douteux  qu'il  ait  jamais  plaide),  il  fsel 
citer  celle  d'un  pauvre  nègre 
Roch,  réclamant  sa  liberté  contre 
ouUtre  qui  l'avait  amené  en  Fruoce;  et  le 
procès  que  le  célèbre  dramaturge  Mer- 
cier soutint  contre  la  Comédie- Français, 
qui  refusait  de  jouer  Tune  de  ses  pièces 
et  d'entendre  la  lecture  d*une  autre.  Le 
mémoire  publié  par  Henrion  dans  cette 
cause  obtint  un  grand  auooès  dans  le 
monde  littéraire  et  lui  vifait  lea  éloges  de 


HEN 


(887) 


HEN 


Harpt  êuu  ton  Coan  de  iHtemiure. 
deux  morceaux  ont  été  réimprimés 
les  Éloges  de  Damoulia  et  de  Ma- 
Mole  dans  le  t.  YI  (2«  partie)  des 
^MMoies  du  biUTtau. 

En  1 789y  Heorion,  qui  avait  déjà  four- 
wk  «a  Répertoire  de  Jurisprudence  les 
principaux  articles  de  droit  féodal,  pu- 
Ua  les  deux  premiers  volumes  d'un  grand 
«avmge  sur  le  même  sujet,  et  quMl  inti- 
tula Dissertations  féodales  (2  vol.  in-4<*) . 
Lea  événements  qui  survinrent  peu  après 
U  ajunt  fait  penser,  ainsi  qu'à  son  li- 
braire,  que  «  livre  perdait  toute  son 
importance  par  Tabolition  de  la  féodali- 
téylci  deux  volumes  furent  mis  au  pilon, 
€C  le  f«te  de  Pouvrage  a  été  perdu.  Le 
pea  d'exemplaires  qui  existent  de  ces  Dis- 
sertations fait  regretter  que  la  publica- 
tion n*cn  ait  pas  été  continuée,  car  la 
partie  biatorique  a  conservé  un  grand 
intérêc. 

Après  que  les  anciennes  institutions 
jodicieires  eurent  été  détruites  par  la 
Bévointion,  Henrion  se  retira  à  Joinville. 
n  s*y  croyait  oublié,  lorsqu'il  fut  nommé 
CB  Tan  rV  (1796),  probablement  sur  la 
désignation  de  ses  anciens  confrères  Mer- 
lin et  Treilbard,  administrateur  du  dé- 
partement de  la  Haute-Marne.  Il  se  fit 
remarquer  dans  cette  place  par  une  im- 
partialité et  une  modération  trop  rares 
en  œs  temps  difficiles.  Au  mois  de  ger- 
ainal  anVIII  (  1 800)>  sénat  Télut  mem- 
bre de  la  Cour  de  cassation,  et  il  en  de- 
vint Tnn  des  présidents  en  février  1809. 
Placé  dans  le  premier  corps  judiciaire 
de  la  France,  Henrion  ne  tarda  pas  à 
■lontrer  toute  la  science  dont  il  était 
doué.  Ce  fut  alors  qu'il  composa  son  traité 
De  la  compétence  des  juges  de  paix 
(1  vol.  in-8^)  qui  obtint  un  si  grand  suc- 
cès et  qui  offre  l'alliance  trop  peu  com- 
mune d'un  style  plein  d'élégance  et  de 
dignité  mêlé  à  la  profonde  doctrine  du 
jurisconsulte.  Cet  ouvrage  est  parvenu  à 
sa  10*  édition;  il  a  été  traduit  en  allemand 
et  en  italien.  Le  traité  de  Henrion  sur 
rjiutonté judiciaire  (S*  édit.,  2  vol. 
in-8*)  accrut  encore  sa  réputation  et  ré- 
pandit de  vives  lumières  sur  l'bistoire  du 
droit  français  et  de  nos  anciennes  insti- 
tutions juridiques.  Napoléon,  si  juste  ap- 
préciateur du  mérite  des  bommes  qui 


poavaieat  jelar  de  l'éclat  snraoo  gmifer* 
nement,  nomma  Henrion  conseiller  d'é- 
tat et  baron  de  l'empire.  Il  n'avait  pour- 
tant acheté  ces  faveurs  par  aucun  acte 
de  complaisance.  L'indépendance  de  son 
caractère,  tempérée  par  une  extrême 
bienveillance,  ne  s'était  jamais  démentie. 
Nous  en  rapporterons  un  exemple  remar- 
quable. Un  jour  l'empereur,  voulant  faire 
adopter  par  la  Cour  de  cassation  une  ju- 
risprudence favorable  à  l'extension  du 
fisc,  envoya  à  Henrion  un  négociateur 
chargé  de  lui  faire  connaître  sa  volonté 
à  cet  égard.  «  Dites  à  Sa  Majesté,  répon- 
dit le  vertueux  magistrat,  qu'il  vaut  mieux 
que  son  fisc  perde  un  million,  que  de  voir 
la  considération  dont  jouit  la  Cour  de  cas- 
sation diminuée  par  une  injustice » 

En  1814,  le  gouvernement  provisoire 
confia  les  sceaux  à  Henrion  de  Pansey , 
qui,  pendant  son  trop  court  ministère , 
répara  quelques  injustices. 

Ce  fut  peu  après  la  ResUuration  que 
Henrion  de  Pansey  publia  deux  courtes 
dissertations  sur  le  Jury  et  sur  la  Pairie 
en  France,  Il  mit  aussi  au  jour  des  ou- 
vrages plus  importants  sur  le  Pouvoir 
municipal [Z*  édit.,  1  vol.  in-8«),  les 
Biens  communaux  (3*  édit. ,  1  vol.  in- 
8»)  et  sur  les  Assemblées  nationales  (l* 
édit. ,  21  vol.  in-8»). 

Lorsque  la  place  de  premier  président 
de  la  Cour  de  cassation  devint  vacante  en 
1828,  par  le  décès  de  M.  de  Sèze  {voy.), 
l'opinion  publique  y  appela  Henrion  de 
Pansey,  et  le  gouvernement  s'empressa  de 
ratifier  un  vœu  si  légitime.  Malgré  son 
grand  âge  et  une  cécité  presque  absolue, 
il  ne  cessa  de  remplir  ses  fonctions  que 
lorsqu'une  longue  maladie  vint  l'atteindre 
et  le  conduire  au  tombaau,  le  23  avril 
1829. 

Henrion  de  Pansey  ne  fut  pas  seule- 
ment un  grand  magbtrat,  un  savant 
jurisconsulte,  un  écrivain  distingué,  il 
peut  être  aussi  compté  parmi  les  hom- 
mes les  plus  spirituels  de  son  temps.  Pour 
quiconque  ne  l'a  pas  connu  particuliè- 
rement, il  serait  impossible  de  se  for- 
mer une  juste  idée  de  la  grâce  et  de  la 
fraîcheur  de  son  esprit ,  de  l'aménité  de 
son  caractère,  de  sa  conversation  vive 
et  enjouée.  Ses  saillies  pleines  de  sel ,  sa 
touchante  boncé ,  cet  air  patriarcal  qo^ 


HEN 


(6B8) 


HBN 


tikspifait  te  Mftpect  y  rendalant  M  société 
on  ne  peut  plus  attriyaote.  Chaque  soir, 
dans  son  salon  »  des  hommes  d'état ,  des 
magistrats  y  des  gens  de  lettres ,  des  avo- 
cats ^  entouraient  le  bon  vieillard  et  ve- 
naient recueillir  avec  empressement  et 
bonheur  Finstruction  et  le  charme  qu*on 
trouvait  toujours  dans  son  entretien.  De 
tels  hommes  sont  trop  rares,  et-  leur  sou- 
venir laisse  des  traces  inelTaçables  dans 
Tesprit  de  ceux  qui  ont  eu  l'avantage  de 
vivre  dans  leur  intimité.  A.  T-a. 

HBNRIOT  (FaAHçois),  un  des  plus 
ardents  <x>ryphées  du  parti  révolution- 
naire, naquit  de  parents  pauvres,  en  1 7  6 1 , 
à  Nanterre  près  Paris.  Il  quitta  de  bonne 
heure  son  village  et  vint  chercher  dans  la 
capitale  des  moyens  d'existence,  sans  se 
montrer  bien  scrupuleux  relativement  à 
la  nature  de  ces  moyens.  Son  éducation 
ne  lui  ofTrant  pas  d'autre  perspective  que 
la  domesticité ,  il  entra  au  service  d'un 
procureur  au  parlement  de  Paris,  qui  le 
chassa  de  sa  maison.  Il  échappa  à  la  pro- 
fonde misère  qui  l'accablait  en  obtenant 
un  emploi  de  commis  aux  barrières  de 
Paris.  Dans  la  nuit  du  12  au  13  juillet 
1789,  il  commença  sa  carrière  politique 
en  donnant  la  main  aux  révolutionnaires 
qui  vinrent  incendier  les  barrières  et  en 
désertant  le  poste  confié  à  sa  surveilUnce. 
Cette  conduite  lui  mérita  son  expulsion. 
I^  police  le  reçut  ensuite  parmi  ses  es- 
pions; il  exerça  son  métier  pendant  quel- 
que temps  et  le  plus  souvent  sous  le  tra- 
vestissement d'un  empirique ,  mais  plu- 
sieurs vols  qu'il  commit  le  conduisirent 
dans  la  prison  de  Bicétre.  Mis  en  liberté 
dans  les  premiers  mois  de  1792,  il  se 
mêla  à  la  foule  des  plus  obscurs  séditieux 
pour  cacher  son  ignoble  existence,  et  ne 
vécut  que  du  salaire  alloué  à  ces  brigands. 

Dans  la  sanglante  journée  du  10  août 
(vojr.) ,  il  reparut  sur  l'horizon.  Les  as- 
sassins des  3  et  S  septembre  le  virent  à 
leur  tête,  dirigeant  les  massacres  commb 
dans  les  prisons  des  Carmes,  de  la  Force, 
du  séminaire  Saint-  Firmin.  La  commune 
de  Paris,  en  reconnaissance  des  services 
d'Henriot ,  le  nomma  chef  de  la  force 
armée  de  la  section  des  Sans-Culottes. 
Le  destinant  à  l'exécution  des  attentats 
prémédités  contre  la  représentation  na- 
Ijonalf ,  elle  le  chargea  auMi  du  com- 


mandement provisoire  de  la  glidi  ■Mit. 
nale  de  Paris,  la  veilte  da  31  mai  1791. 
Il  eut  la  plus  grande  part  anz 
de  cette  journée.  Accompagné  des 
dits  dont  se  imposait  son  état-MÎor,l 
vint,  avant  le  jour,  prendre  position  m 
le  terre-plain  du  Pont-Neof.  Le  caMt 
d'alarme  réunit  sur  la  place  de  Grèit  éi 
nombreux  attroupements  :  il  se  ma  à 
leur  tête  et  fait  cerner  le  lien  des  séaaea 
de  la  Convention.  Dans  l'espoir  d*ea  m* 
poser  aux  insurgés,  les  représentanbprè» 
cédés  de  leur  président ,  Hérault  de  Sé> 
chelles,  s'avancent  vers  le  peuple  :  il  sdh 
d'un  regard  du  chef  des  révoltés  poer  la 
maintenir  immobiles  et  s»*t"»stJ«y  4 1^ 
locution  du  président.  «  Le  people  a'crt 
«  pas  ici,  s'écrie  Henriot,  pour  coloiàt 
«  des  phrases;  ce  sont  des  victimes  qel 
«  lui  faut!  »  En  vain  Hénnilt  de  SéchellB 
donne  aux  soldats  Tordre  de  saisir  le  le* 
belle.  «  Vous  ne  sortirez  pas  d*ici,  >^^p^« 
«  le  commandant,que  vous  n*ayci  livié  Isi 
«  22  députés  proscrits  (vof.GiBoamm]^ 
«  et  que  la  commission  des  Doiiie  ne  soîl 
«  supprimée.  »  Le  commandant  tcrmios 
cette  audacieuse  allocution  en  nrdnnniBl 
aux  canonniers  de  se  ranger  k  Umn  pîèosK 
il  est  obéi.  Aussitôt,  à  la  tète  de  ceaslcmras, 
la  baïonnette  en  avant,  on  se  précipîsemr 
les  députés,  on  les  refoule  «tans  h  salk. 
Henriot,  accompagné  de  Marat  et  d'oK 
centaine  de  forcenés,  pénètre  dans  Fce- 
ceinte,  ordonne  à  rassemblée  de  délibé- 
rer sur-le-champ,  et,  au  nom  du  pcnpir, 
il  arrache  k  la  majorité  de  rassrmhWr  k 
décret  d'arrestation  contre  les  Giroodias 
frappés  de  proscription.  Le  commande- 
ment définitif  de  la  garde  natiooale  fui  b 
récompense  de  ce  succès.  Oo  vit  Hcurioi* 
jusqu'au  9  thermidor,  prêter  nuin-lbrte 
à  l'exécution  des  jugements  rendes  psr 
le  tribunal  révolutionnaire  de  Paris.  Lr 
jour  même  qui  devait  mettre  fin  an  règne 
des  bourreaux ,  il  fit  encore  oondnirr  à 
l'échafand  une  cinquantaine  de  mnilsm 
nés.  Sur  ces  entrefaites,  Robespierre,  doat 
il  avait  servi  le  despotisme  aanguinsin 
depub  le  31  mai,  venait  d'être  enlevé  ée 
la  prison  du  Luxembourg  et  conduit  s 
l'Hôtel-de- Ville.  De  retour  de  soi 
dition,  Henriot,  instruit  de  ce  qui 
sait,  vole  au  secours  de  son  oollcgne  ;  msif 
bientcVt  arrt^té  par  la  gendarmerie ,  il  m 


I 


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il 

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(««») 


UEN 


sondait  gaiTOIté  anoomité  de  laConven- 
ioo.  Au  miliea  du  désordre  qui  aooom- 
ngne  œCle  scène,  le  président  du  tribu- 
■1  révolutionnaire,  Coffinhal,  penrîent  à 
Rwper  les  cordes  avec  lesquelles  on  Ta- 
rait lié,  et  le  fait  évader.  Henriot  se  lance 
■r  un  cheval,  s^enfuit,  rencontre  une 
aoBpagnie  de  canonniers,  la  conduit  au 
iea  des  séances,  ordonne  de  pointer  les 
pièces  sur  rassemblée;  il  eût  commandé 
ie  Icn,  s*il  n*eût  craint  de  n'être  pas 
abéL  Bientôt  s'est  formé  un  parti  formi- 
dable; Henriot  va  se  voir  investi  :  il  s*ef- 
iraie,  se  retire  avec  ses  canonniers  et  se 
dirige  vers  rHètel-de-Yille  où  on  gardait 
Eobespicrre.  L'ivresse  et  la  peur  qu'an- 
■onoe  sa  tenue  sur  son  dieval  irritent 
eoBire  lui  ses  libérateurs;  CofEnhal  lui 
Rproche  d'avoir  tout  perdu  par  son  inep- 
tis,  et,  voyant  qu'on  ne  peut  plus  tirer 
parti  de  cet  homme,  il  le  saisit  et  le  lance 
pir  une  fenêtre  de  la  Maison-Commune, 
d'où  il  tombe  dans  un  égouL  Quelques 
heures  après,  on  le  retira  du  cloaque  où 
il  s'était  blotti,  on  le  transporta  à  la  Con- 
ciergerie, et  le  lendemain,  10  thermidor, 
il  fut  mené  à  l'échaiaud  avec  Robes- 
pierre, Saint- Just,  Dumas,  Coffîuhal  et 
d'antres  collègues.  L.  d.  C. 

BENRIQUEL,  voy-  Dupoht. 
HENRY,  rois  de  France,  d'Angleterre, 
de.,  voy,  Hkhei. 

HEKRY  (Pateicil),  un  des  fonda- 
teurs les  plus  actifs  de  l'indépendance  de 
rAmérique  du  Nord,  naquit  le  29  mai 
1736  dans  le  comté  de  Hanovre,  colonie 
de  Virginie,  et  fut  d'abord  commis  chez 
un  marchand.  Après  avoir  échoué  dans 
diverses  entreprises,  il  se  livra,  à  25  ans, 
à  l'élude  du  droit,  et  débuta  bientôt 
après  comme  avocat,  sans  être  bien  fort 
sur  la  procédure.  Il  eut  pendant  quelques 
Mi"^*«  à  lutter  contre  le  besoin  ;  mais  un 
procès  important  entre  le  clergé  et  l'as- 
flemblée  législative  de  Virginie  sur  le  trai- 
Icment  des  pasteurs  lui  fournit  la  pre- 
occasion  de  déployer  les  facultés  de 
esprit,  et  bientôt  il  passa  pour  l'avo- 
cat le  plus  distingué.  Il  fit  briller  son  élo- 
quence en  1 764,  à  l'occasion  d'une  élec- 
licHi  contestée;  et  en  1 765j  il  futlui-même 
élu  membre  de  la  chambre  des  représen- 
tants, avec  la  mission  expresse  de  former 
une  opposition  contre  l'acte  anglais  du 

Eme^ylop.  d.  G.  d.  M.  Tome  XHI. 


timbre.  Ayantattendu  en  vain  quNin  ri(»« 
port  fût  fait  sur  ce  sujet  par  un  membre 
plus  expérimenté  et  plus  ancien,  et  voyant 
qu'il  ne  restait  plus  que  trois  jours  de  sea- 
sion,  il  présenta  à  l'assemblée,  au  mots  de 
mai,  sa  célèbre  motion  contre  cet  acte.  En 
motivant  sa  demande,  il  s'écria  au  milieu 
des  débats  les  plus  violents  :  a  César  eut 
son  Bnitiis,  Charles  I*'  son  Cromwell,  et 
George  IH...  »  L'orateur  de  la  chambre 
l'interrompit  en  prononçant  les  mots  de 
Haute-trahison  !  trois  fois  répétés,  et  ce  cri 
partit  en  même  temps  de  tous  les  points 
de  la  salle.  Sans  perdre  contenance  et  je- 
tant un  regard  plein  de  feu  sur  l'orateur, 
Henry  reprit  avec  énergie  :  «  Qu'il  pro- 
fite de  leur  exemple  I  Si  c'est  là  de  la 
baute-trahison,  je  m'en  rapporte  à  vous.  » 
De  ce  jour,  Henry  devint  l'idole  du 
peuple;  on  l'honora  comme  un  des  prin- 
cipaux défenseurs  de  la  liberté  des  co- 
lonies. U  resta  membre  de  la  chambre  des 
représentants  jusqu'à  la  fin  de  la  révolu- 
tion, siégea  dans  tous  les  comités  impor- 
tants et  fut  député  au  premier  congrès 
général  qui  s'assembla  à  Philadelphie  le 
4  septembre  1 774.  Lorsqu'il  apprit  qu'on 
se  battait  dans  la  Nouvelle- Angleterre , 
Henry  rassembla  des  volontaires,  et  força 
le  gouverneur  royal  de  Virginie  de  ren- 
dre les  provisions  de  poudre  enlevées  des 
magasins  publics.  Il  prit  part  à  toutes  les 
mesures  propres  à  renverser   l'autorité 
royale,  et  fut  appelé,  en  1775,  au  com- 
mandement de  toutes  les  forces  armées 
pour  la  défense  de  la  Virginie;  mais  il  se 
démit  bientôt  de  cette  charge,  pensant 
qu'il  pourrait  mieux  servir  sa  patrie  dans 
les  conseib  que  dans  les  combats.  Il  fut 
nommé  premier  gouverneur  de  l'état  de 
Virginie ,  et,  en  excitant  l'esprit  natio- 
nal, il  rendit  de  grands  services  pen- 
dant la  guerre  de  l'Indépendance.  Des 
élections  successives  le  maintinrent  dans 
ce  poste  juJS)u'en  1779,  où,  d'après  la 
constitution,  il  n'était  plus  rééligible  im- 
médiatement. Mais  il  servit  la  cause  na- 
tionale comme  membre  de  l'assemblée 
législative,  jusqu'à  ce  qu'il  lût  de  nouveau 
nommé  gouverneur  de  Virginie,  après  la 
fin  de  la  guerre.  Il  déposa  sa  charge  en 
1 786,  et,  à  la  fin  de  la  même  année,  il  fut 
élu  député  de  l'assemblée  convoquée  à 
Philadelphie,  pour  modifier  la  constitu- 


HBP 


(690) 


HBP 


lion  dûê  Éuts-Uois.  Cependant  il  n^ac- 
cepU  pas  cette  mission ,  parce  que  Tin- 
•uffiaance  de  sa  fortune  l'obligeait  de  se 
consacrer  tout  entier  à  son  état  d'avocat, 
qui,  pendant  les  six  années  suivantes,  lui 
procura  un  revenu  considérable.  Enfin  y 
il  reparut  sur  la  scène  publique  comme 
membre  de  l'assemblée  chargée  de  se  pro- 
noncer sur  le  système  fédéral;  et,  quoiqu'il 
combattit  avec  une  éloquence  victorieuse 
quelques  articles  du  projet  de  lot  qui  lui 
paraissaient  attentatoires  à  la  liberté  du 
peuple,  il  n'en  reconnut  pas  moins  les 
avantages  de  ce  système  et  se  rangea  sin- 
cèrement sous  la  bannière  des  fédéralistes. 
En  1794,  P.  Henry  renonça  a  sa  clientèle 
d'avocat  ;  ayant  encore  une  fois  été  nom- 
mé gouverneur,  en  1706 ,  il  déclina  ce 
choix,  et  mourut  le  6  juin  1797,  laissant 
quinze  enfants,  à  qui  il  légua  une  fortune 
considérable.  Né  orateur,  il  tut  tirer  parti 
avec  une  grande  adresse  des  talents  dont 
la  nature  l'avait  richement  doté.  Comme 
homme  politique,  il  se  distingua  par  sa 
perspicacité  et  par  son  audace.  Halgré  sa 
connaissance  incomplète  des  bases  scien- 
tifiques du  droit,  lacune  que  le  génie  ne 
sulBt  pas  à<x>mbler ,  il  se  montra  avocat  ex- 
cellent, et  surtout  défenseur  habile  dans 
les  causes  pénales  plaidées  devant  le  jury. 
Dans  le»  relations  domestiques  et  sociales, 
il  sut  se  concilier  l'affection  et  l'estime, 
quoique  la  gravité  empreinte  sur  ses  traits 
mâles  semblât  repousiter  l'intimité,  yoir 
•ur  lui,  W.  Wirt,  Life  of  Patrick  Henry, 
Philadelphie,  1817.       Enc,  amer,  m, 

HEPATIQUE  (cAN%L,  aaTÈas, 
BILE,  etc.  ),  voy.  Foie,  Bile,  etc.  Ce 
mot  est  dérivé  du  grec  «Trap,  -aroci  foie. 

HÉPATITE,  inflammation  du  foie 
{yoy.  ) ,  d*après  Téty  mologie  i  nd  iquée  dans 
Fart,  précédent.  C'est  une  maladie  plus 
commune  à  l'état  chronique  qu'à  l'état 
aigu,  où  elle  est  aussi  moins  grave  et  plus 
curable. 

L'hépatite  Ai^n^ est  plus  fréquente  chez 
l'homme  que  chez  la  femme,  chez  l'adulte 
que  chez  l'enfant  et  Tadolesuent.  En  effet, 
l'intempérance,  principalement  dans  l'u- 
sage des  boissons  spiritueuses,  de  même 
que  TeKcès  des  travaux  de  cabinet,  pa- 
rainent  y  disposer  d'une  manière  parti- 
culiere.  Il  eu  est  de  même  des  climats 
brûlanlf  ou  dit  taîtoiM  très  chandea,  et 


géoéralement  de  tout  ce  qui  ptat 
les  organes  digestiCi.  On  reconnaît 
cette  maladie  des  causes  directes,  i 
les  chutes  sur  les  pieds,  sur  les  gem 
le  siège ,  les  plaies  de  tète ,  surtat 
fracture  du  crâne,  les  coups  sur  la 
du  foie,  et  à  plus  forte  raison  les 
pénétrantes  de  cet  organe,  de  nèi 
la  présence  de  calcub  biliaires  dan 
sicule  du  fiel  ou  dans  les  canaux  qt 
duisent  la  bile. 

Après  quelques  symptômes  gét 
tek  que  du  malaise,  du  frisson,  il 
nifeste  une  douleur  plus  ou  moia 
dans  le  côté  droit  au-dessous  du 
des  côtes,  douleur  qui  s'étend  jusq 
paule  et  jusqu'au  cou  du  même  ci 
augmente  par  la  pression,  par  la 
vements,  par  les  efforts  de  la  retpi 
Si  l'on  palpe  la  région  du  foie,  on  : 
organe,  qui,  dans  l'état  sain,  oe 
pas  les  côtes,  former  une  saillîi 
souvent  jusqu'à  plusieurs  pooci 
nausées,  des  vomissements  et,  d 
grand  nombre  de  cas,  la  jaunisse 
sont  des  symptômes  qui  se  lient  à 
tite.  Cette  maladie  se  montre  prcec 
jours  accompagnée  de  fièvre  oosi 
d'une  irritation  plus  ou  moins  inti 
parties  de  l'appareil  digestif. 

La  marche  est  assez  générale* 
pide;  elle  se  termine  alors  soit  | 
solution,  soit  par  des  abcès  qui  t 
se  faire  jour  au  dehors,  mais  soaw 
beaucoup  de  difficulté ,  à  rai«OB 
paisseur  des  parties.  Souvent  a« 
inflammation  passe  à  l'état  cbn 
ou  bien  elle  affecte ,  dès  le  délia 
marche  occulte  et  insidieuse,  d*aul 
funeste  qu*on  n'en  soup<^^nne  pasi 
gers.  Dans  toute  circonstance.  Il 
doit  être  considérée  comme  une  t 
sérieux  et  importante;  il  faut  cid 
triompher  d*une manière  prompte 
plète,  faute  de  quoi  il  reste  dans  I 
de  petits  noyaux  partiels  d^iiillani 
chronique,  capables  d'amener  plqi 
dégénération,  c*est-à-dire  une  de 
dies  connues  dans  le  monde  «ous 
A^obstrtutions  et  que  les  meJeo 
pellent  squirrhe  ou  c>incer  tiaf%^ 

Cette  affection ,  qui  tantôt  » 
spontanément  et  tantôt  succède  à 
tite  aigu?,  s'annonce  par  les  tîga 


IIB 


inuBchés 


■tiy  <|iii,  dans  les  p 
■ours,  et  ne  derieni  ii 
le  quand  U  maladie  deja  ancienne 
pave.  D'aillears  on  remarquera  qa*eUe 
t  Tient  en  général  que  chez  des  sujets 
on  certain  âge  et  chez  lesqueb  des  ma- 
dies  diverses  et  iréquentcs  des  diffé- 
ates  portions  de  Tappareil  digestif  lui 
it,  en  quelque  sorte,  préparé  les  voies, 
es  signes  consistent  d^abord  dans  des 
onleurs  plus  ou  moins  vives  et  aiguës , 
lais  passagères,  qui  se  manifestent  dans 
i  région  du  foie,  et  auxquelles  se  joint, 
a  bout  d'un  certain  temps,  un  dépéris- 
sant plus  ou  moins  rapide,  avec  dé- 
lagement  des  fonctions  cÛgestives  et  gon- 
cflient  du  foie,  qui  se  fait  sentir  au- 
SBBos  des  côtes,  inégal,  dur  et  bosselé, 
ine  jaunisse  plus  ou  moins  foncée  se  lie 
oor  Tordinaire  à  la  maladie  qui  nous 
ocape,  ainsi  qu'une  hydropisie  du  Ussu 
cUnlaire  occupant  les  membres  infé- 
,  de  même  qu'un  épanchement  se* 
dans  la  cavité  du  péritoine. 
L'ouverture  des  cadavres  fait  déoou- 
rir  à  la  suite  de  l'hépatite  aiguë  un  gon- 
lonent  plus  ou  moins  considérable  du 
lie,  avec  ramollissement  de  son  tissu,  et 
wvcnt  des  collections  de  pus  dans  di- 
enes  portions  de  l'organe.  Quelques  cas 
nt  montré  le  foie  tout  entier  converti 
Mune  en  un  vaste  foyer  purulent.  On 
vave  aussi  dans  les  parties  voisines  des 
de  l'inflammation  qui  s'y  est  pro- 
de  proche  en  proche.  Après  l'in- 
iBunation  chronique  et  la  dégéoération 
présentent  des  transformations  de  tissu, 
B»  masses  squirrhenses,  tuberculeuses, 
B»  kystes  remplis  de  matière  semblable 
In  gélatine,  à  l'albumine,  à  la  graisse, 
sa  épanchements  de  sang,  des  masses 
etc.  ;  phénomènes  qui  font 


nir  combien  de  lésions  diverses  peut 
rodolre  le  groupe  de  symptômes  dési- 
ttéa  tous  le  nom  d'obstruction  au  foie. 

Le  traitement  de  l'hépatite  aiguë  ne 
îIRre  point  de  celui  des  autres  phlegma- 
ea  des  organes  parenchymateux.  Les  sai- 
Bées  générales  et  locales,  les  cataplas- 
les,  les  bains,  les  boissons  émollientes, 
s  lavements  de  même  nature,  sont  les 
myens  principaux  dont  on  peut  atten- 
de du  succès.  Les  narcotiques  et  autres 
joits  aooetaoires  trouveroot  également 


(  691  )  HEP 

plaoe  dans  les  caa  dÎTcrs  qui  pentent  te 
présenter.  Les  mêmes  ressources,  maia 
dans  d'autres  proportions,  seront  applica- 
bles soit  à  l'hépatite  chronique^  mab  en- 
core curable,  soit  à  la  désorganisation  da 
foie,  dont  la  guérison  ne  peut  plus  être 
espérée.  Mab  même  dans  ce  dernier  cas, 
un  traitement  palliatif  bien  conçu  et  sa- 
gement exécuté  peut  procurer  au  malade 
un  état  supportable  et  prolonger  son 
exbteuce.  F.  R. 

HÉPATOSCOPIB,  iH>r.  DnriHATioH 
(T.  Vm,  p.  331  et  332). 

HÉPHESTION,  voy.  ÉraxsnoN. 

HEPTAGONE  (de  cirrà,  sept,  et  y»- 
via,  angle),  nom  que  l'on  donne,  en  géo- 
métrie, aux  figures  de  sept  côtés  on  de 
sept  angles.  Fojr.  Fiomix  et  Poltgohb. 

HEPTARCHIB  (de  inrà^  sept,  et 
àpx«9  ■^S'^jy  ensemble  de  sept  petits 
états.  C'est  le  nom  adopté  par  les  histo- 
riens anglab  pour  désigner  les  établisse- 
ments  suooessi&  formés  par  les  Saxons , 
les  Angles  et  les  Jutes,  sur  le  sol  de  la 
Grande-Bretagne,  et  la  période  de  373 
ans  qui  s'écoula  entre  la  fondation  du 
premier  de  ces  royaumes,  par  Hengist,  et 
leur  réunion  sous  Egbert.  Le  nom  d'oc* 
tarehie  serait  plus  juste ,  puisqu'il  y  eut 
en  réalité  huit  états  coexbtanis.  Nous  al- 
lons les  énumérer  dans  l'ordre  chronolo- 
gique, en  ne  nous  attachant  qu'aux  prin- 
cipaux ûùts  de  leur  histoire  confitse  et 
sanglante,  «  aussi  peu  digne,  dit  Milton, 
d'être  retracée  en  détail  que  les  combats 
des  milans  et  des  corbeaux.  » 

On  a  vu  au  mot  Ahclo-Saxoits  com* 
ment  ces  peuples  se  répandirent  succes- 
sivement sur  divers  points  du  sol  breton. 
A  mesure  qu'ib  y  arrivaient ,  ib  y  for- 
maient des  établissements  isolés  qu*ib  se 
hâtaient  d'ériger  en  royaumes  ;  mab  le 
plus  souvent  ces  rob  improvisés  tenaient 
le  sceptre  d'une  main  et  le  glaive  de  l'au- 
tre. 

Le  premier  de  ces  royaumes  fut  ce- 
lui de  Kent^  fondé  par  Hengbt  {voy.)  en 
455.  Parmi  ses  descendants,  Éthelbert 
mérite  d'être  nommé ,  moins  pour  avoir 
conqub  le  trône  de  Merde,  qu'il  résigna 
ensuite,  que  comme  l'auteur  des  plus  an- 
ciennes lob  que  l'on  ait  conservées  en 
Angleterre.  La  famille  royale  de  Kent  s'é- 
teignit après  la  mort  d'Alric,  en  794.  Un 


HEP  (  602  ) 

rejeton  îllégitimey  Baldred,  en  fut  le  der- 
nier soBTerain. — Sussex.  iEUa  y  débar- 
qua avec  tes  trois  fils ,  en  477,  et  prit  le 
titre  de  roi  en  491.  Ce  royaume  ne  joua 
qu*un  rôle  secondaire  dans  THeptarchie, 
et  fut  absorbé,  un  siècle  après,  par  celui 
que  nous  allons  nommer.  —  }Vessex,  Ce 
territoire,  plus  étendu  que  les  autres,  of- 
frit aussi  plus  de  résistance  à  la  conquête. 
Cerdic  y  débarqua  en  495;  mais,  forcé 
d'appeler  à  son  aide  d'autres  chefs  saxons, 
et  même  de  tirer  des  secours  de  l'Allema- 
gne, il  ne  fut  couronné  roi  qu'en  519. 
Ce  fut  contre  lui  que  guerroya  le  célèbre 
Arthur  ou  Arthus  (voj.),  ce  champion  à 
demi  fabuleux  de  l'indépendance  bre- 
tonne. Parmi  les  successeurs  de  Cerdic, 
on  remarque  Kynegils,  qui  embrassa  le 
christianbme  à  la  sollicitation  d'Oswald, 
roi  du  Northumberland ,  dont  il  avait 
épousé  la  fille  ;  Ceodwalla,  le  conquérant 
du  royaume  de  Sussex,  qui,  sur  ses  vieux 
jours,  prb  d'un  accès  de  dévotion,  fit  un 
pèlerinage  à  Rome,  où  il  fut  baptisé  par 
Sergius  II  ;  Ina ,  roi  guerrier  et  législa- 
teur, dont  le  règne  de  87  ans  serait  le 
filus  glorieux  de  THeptarchie ,  si  Egbert 
vo/.),  l'un  de  ses  successeurs,  n'avait  sur 
lui  l'avantage  de  l'avoir  rangée  tout  en- 
tière sous  ses  lois. 

Une  bande  composée  de  diverses  peu- 
plades teutoniques  arriva  en  52 7,  et  fonda 
les  trois  royaumes  d^Essex ,  A^Estanglie 
et  de  Mercie  à  des  épociues  qu'il  est  dif- 
ficile de  déterminer  d'une  manière  pré- 
cise. L'histoire  du  premier  ne  présente 
rien  de  particulièrement  renurquable. 
Sigebert,  roi  d'EsUnglie  (G36),  fut  élevé 
en  France,  et  fonda  l'université  de  Cam- 
bridge ,  ou  plutôt  quelques  écoles  en  cet 
endroit.  Ofîa ,  roi  de  Mercie ,  réunit  ce 
royaume  au  sien  en  792.  Le  royaume  de 
Mercie,  fondé  par  Créda  vers  584,  fut  le 
plus  étendu  de  l'ileptarchie.  Penda,  ty- 
ran sanguinaire ,  ayant  été  vaincu  et  tué 
par  Oswy,  frère  d'Oswald,  roi  du  Nor- 
thumberland, son  fib  régna  ensuite  sous 
la  protection  d'Oswy ,  dont  il  épousa  la 
fille.  Après  lui ,  Offa  montra  des  talents 


dignes  du  trône ,  où  la  violence  l'avait 
élevé.  Il  fit  la  guerre  aux  provinces  de 
Wessex,  de  Rent,  et  surtout  aux  Bretons, 
qui,  vainqueui-s  d'abord,  finirent  par  re- 
conoaitre  set  lois.  Ce  v^ince  correspon- 


BBP 

daît  avec  Charlemagne,  et  £l  qaelifMt  ^ 

efforts  pour  civiliser  ses  sujets  grooint.  in 

Le  meurtre  d'Éthelbert,  roi  d'EMMglIr,  P 

est  une  tache  pour  sa  mémoire.  Tooi  mi  U 


descendants  périrent  miaérmbleflMDt. 

Northumberland,  Cette  province  qii*« 
ne  compte  ordinairement  que  pour  la 
royaume,  en  forma  deux  le  plus  sou^cat 
Dès  l'époque  de  la  conquête  (547  ,  \àk 
s'établit  dans  le  nord,  qu'on  appela  Ba» 
nicie^  et  ^Ua,  dans  le  sud,  Doaaè 
Deïrie,  Réunis  sous  Adelfrid ,  qui  avait 
chassé  de  la  Deïrie  son  frère  Edwio,  pds 
sous  ce  dernier,  qui,  avec  l'aide  de  RtA- 
wald,  roi  des  Estangles,  ruMsiiittnr  Add- 
frid  la  province  entière,  les  deoz  ciab 
forent  de  nouveau  divisée  aprà  la 
d'Edwin,  puis  unis  définitivement 
Oswald  (634).  Le  dernier  roi  du  !^- 
thumberiand  fut  Éthelbert,  dont  la  mort 
violente  plongea  dans  ranarchie  ce  pois- 
sant royaume ,  et  lui  fit  partager  le  tort 
des  autres  états  soumis  par  Egbert  en  82$. 
Plusieurs  causes  avaient  contriboé  à 
cette  prédominance  du  roi  de  >Veaei; 
mais  il  faut  mettre  au  premier  rang  It 
défaut  d'héritiers  mâles  dans  to«s  les  an- 
tres royaumes  de  l'Heptardùe.  Le 
tianisme  introduit  dans  la  plupart  de 
états  par  les  femmes  avait  sai 
contribué  à  l'adoucissemeot  des 
mais  la  ferveur  mal  ente^ae  des  prineB 
néophytes  avait  fait  antaut  de  vide  dma 
les  races  royales  que  la  barbarie  qni  bi 
portait  à  s'égorger  les  uns  les  autres^  Db 
rois  et  onie  reines  se  retirèrent  dans  fai 
cloîtres.  Un  grand  nombre  abando— r    ji 
rent  leurs  étals  pour  faire  le  pèlerînagi  I 
de  Rome.  D'autres  s'imposaient,  quoi- 
que mariés,  le  vceu  de  «dinsteté.  Dt  h 
cette  vacance  générale  des  trônes  de  THcy* 
tarchie,   qui  servit  si  bien  les  ptvytO 
d'Egbert-le-Grand. 

La  période  obscure  que  nous  vcnoa 
de  parcourir  a  ûdt  naître  deux  quesiiooi 
graves,  mal  édaircies  par  les  hîoiorim. 
!•  Y  eut-il  un  lien  fédéral  eutiv  la  di- 
vers éuta  de  l'HepUrchie  ?  Il  est  pnMie 
que  chacun  d'eux  avait  son  ivàicmii^ 
mot  (assemblée  des  hommes  libre»*  ir- 
paré;  mab  la  nécessité  de  résister  wa 


(*)  yef.  k  Vêtt  Gaàjioi-BatTAGVa.  T.  ttl. 
p.  7^1.  > 


HEP 


(60S) 


HBR 


Sieioiis,  leurs  ennemis  communs,  dut 
«mener  plus  d*nne  fois  les  peuplades  oon* 
qoérantes  à  délibérer  de  concert  sur  les 
mojeoB  de  <x>nsenrer  leurs  conquêtes ,  et 
les  chefs  de  THepUrchie  à  concentrer  le 
commandement  dans  les  mains  d'un  seul 
d'entre  eux  reconnu  le  plus  capable.  Ainsi 
pot  s'introduire  par  degrés  l'idée  d'un 
i;ou¥emementunique.  Mais,  2^ cette  unité 
de  gouvernement  n'exista-t*elle  pas  en 
effet  avant  Egbert?  Nous  avons  cité  les 
noms  des  rois  qui  obtinrent  sur  les  au- 
tres provinces  l'ascendant  que  donne  la 
victoire  ou  le  génie  ;  mais  nous  repous- 
sons le  système  adopté  par  quelques  his- 
toriens anglais  modernes ,  et  qui  fait  de 
eet  ascendant  purement  moral  ou  mo- 
mentané une  souveraineté  positive ,  dé- 
signée par  le  titre  saxon  de  breitpalda. 
Ces  auteurs  comptent  avant  Egbert  sept 
hretfvaidas ,  dont  ils  font  de  véritables 
monarques  de  la  Grande-Bretagne ,  de 
même  que  nos  anciens  chroniqueurs  élè- 
vent à  la  dignité  de  rois  de  France  les 
diefs  obscurs  des  Francs  qui  précédè- 
rent Clovis  sur  quelques  points  de  notre 
territoire.  Le  mot  même  de  bretwaldoy 
inconnu  à  Bède,  à  Alfred,  à  tous  les  au* 
leurs  contemporains,  a  été  emprunté  par 
les  écrivains  modernes  à  un  passage  isolé 
d'une  chronique  saxonne,  pour  désigner 
in  état  de  choses  purement  imaginaire. 
Non-seulement  il  n'y  eut  rien  de  sembla- 
ble jusqu'à  Egbert,  mais  encore  ce  prince 
Jai«ménie  établit ,  non  pas  la  monarchie 
d'Angleterre,  mais  seulement  la  prédo* 
aânance  de  son  royaume  héréditaire  sur 
tous  les  autres.  Ni  lui  ni  ses  cinq  succes- 
seurs immédiats  ne  prirent  d'autre  titre 
que  celui  de  rois  de  Wessex.  De  leur 
côté,  les  princes  de  Northomberland  et 
de  Wessex  conservèrent  le  titre  de  rois , 
et,  jusque  sous  le  règne  d'Alfred,  nous  les 
voyons  réclamer  leur  indépendance.  Ainsi 
les  dénominations  politiques  et  les  divi- 
sions territoriales  que  l'invasion  saxonne 
avait  établies  ne  s'effacèrent  complète- 
ment que  devant  l'invasion  danoise. 

On  peut  consulter  sur  cette  époque  la 
Chronique  saxonne ,  publiée  par  Gib- 
son ,  à  Oiford ,  en  1692  ,  in-4*  ;  V His- 
toire des  Anglo- Saxons  y  par  Sharon 
Tumer,  Londres,  1807,  2  vol.  in-4°; 
^fio  les  ouvrages  récents  de  sir  Francis 


Palgrave,  sur  la  période  anglo-saxonne , 
dont  l'un  a  été  traduit  en  français  par 
Al.  Licquet,  Rouen,  1886,  in-S^.  R-Y. 
HÉRACLIDE  de  Pont  ou  le  Ponti- 
QUE,  fils  d'Eutiphron,naquitdans  la  ville 
d'Héraclée  du  royaume  de  Pont  (Asie- 
Mineure).  Il  vint,  vers  l'année  357  avant 
J.-C,  étudier  à  Athènes,  où  il  suivit  les 
leçons  de  Speusippe,  des  pythagoriciens, 
et  en  dernier  lieu  d'Aristote.  Comme  il 
était  riche  et  fastueux,  et  chargé  de  beau- 
coup d'embonpoint,  les  Athéniens,  au  lieu 
de  l'appeler  le  Pontique^  du  nom  de  sa 
patrie,  l'appelaient  plaisamment  le  Pom- 
pique  (de  TroairiQ,  pompe,  faste).  Ses  ou- 
vrages jouissaient  d'une  grande  estime. 
C'étaient  desdialogues  moraux,des  disser* 
tations  de  physique,  des  traités  de  gram- 
maire et  de  rhétorique ,  sur  l'âge  d'Ho<« 
mère  et  d'Hésiode,  du  devoir  de  l'orateur 
ou  Protagoras^  etc.  Tous  ces  ouvrages 
sont  perdus.  Il  ne  reste  quelques  frag- 
ments que  de  son  traité  des  ConsiitiUions 
(nspl  7ro).er((ûv),  qui,  dans  l'état  du  moins 
où  il  se  trouve,  parait,  quant  à  la  portée 
politique,  n'approcher  que  de  bien  loin 
des  ouvrages   du  même   genre  d'Aris- 
tote. Mais,  sous  le  rapport  du  style,  le 
savant  Coray  reconnaît  dans  ces  frag- 
ments la  touche  des  bons  écrivains  de 
la  grande  époque  littéraire  de  la  Grèce. 
Il   parait  qu'Héraclide  ne  fut  pas   un 
homme  politique  en  spéculation  seule- 
ment, mais  qu'il  mit  en  pratique,  avec  une 
grande  énergie ,  les  principes  de  liberté 
qu'il  avait  puis^  dans  l'étude  des  légis- 
lations de  la  Grèce.  On  dit  qu'il  délivra 
sa  patrie  et  tua  lui-même  le  tyran  qui 
l'opprimait.  Malheureusement  la  fin  de  sa 
vie  pourrait  faire  croire  que  ce  fut  plus  par 
ambition  que  par  patriotisme.  Dans  une 
famine,  en  effet,  on  envoya  consulter  l'o- 
racle. Héraclide  corrompit  la  prêtresse, 
qui  répondit  que  le  fléau  cesserait,  dès 
qu'on  aurait  décerné  une  couronne  d'or 
à  Héraclide,  en  s'engageant  à  l'honorer 
comme  un  dieu  après  sa  mort.  Héraclide 
fut  effectivement  couronné  en  plein  théâ- 
tre, mais  il  mourut  au  milieu   de  son 
triomphe  d'une  attaque  d'apoplexie  à  la- 
quelle son  embonpoint  le  prédisposait. 
On  découvrit  ensuite  qu'il  avait  suborné 
l'oracle,  et  sa  mémoire  en  est  restée  a  ja- 
mais flétrie.  Coray,  dans  son  Prodrome 


H£R 


(696) 


HER 


qui  onl  élevé  leur  dîne  par  la  médita'^ 
tion  pussent  seuls  pénétrer  sa  pensée. 
Aristotc,  toutefois,  et,  après  lai,Déinétriiis 
de  Phalère,  ont  attribué  en  partie  cette 
olMcurité  célèbre  des  écrits  d'Heraclite  à 
la  nature  informe  de  la  prose  primitive 
dont  ce  philosophe  fut  un  des  premiers  à 
se  servir,  et  qui  en  rendait  la  ponctuation 
presque  impossible,  tant  la  phrase  en  était 
peu  construite  et  arrêtée.  On  voit  par  là 
que  le  livre  d'Heraclite  était  écrit  en 
prose.  L'auteur  Tavait,  dit-on,  déposé 
dans  le  temple  de  Diane  à  Éphèse  ;  il  en 
fut  tiré  par  Cratès  selon  les  uns,  par  Eu* 
ripide,  le  tragique,  selon  les  autres,  et  il 
fut  mis  en  vers  par  Scy thinus.  Quoique 
toute  l'antiquité  l'ait  connu  et  qu'il  ait 
eu  de  nombreux  commentateurs,  on  ne 
s'accorde  pas  sur  le  titre  qu'il  portait, 
probablement  parce  que  l'auteur  r^e  lui 
en  avait  pas  donné,  et  que  ,  traitant  de 
toutes  choses  selon  l'esprit  de  la  philoso* 
phie  primitive,  chacun  avait  pu  l'intitu- 
ler à  sa  fantaisie.  On  ne  peut  douter  ce- 
pendant  que  la  physique  n'y  dominât, 
comme  l'indique  le  surnom  de  Physicien 
donné  par  les  Grecs  au  philosophe  d'É« 
phèse.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'existence  de  ce 
livre  donne  beaucoup  d'authenticité  aux 
nombreux  témoignages  des  auteurs  an- 
ciens sur  les  idées  d'Heraclite;  et,  en  com- 
mentant et  suppléant  par  ces  témoignages 
les  fragments  de  l'écrit  original  parvenus 
jusqu'à  nous,  on  peut,  avec  quelque  cer- 
titude, reconstruire  le  système  de  ce  phi* 
losophe.  Nous  n'eu  reproduirons  ici  que 
les  traits  principaux. 

Le  feu,  selon  Heraclite,  est  le  premier 
principe  des  choses;  mais  ce  feu  n'est 
point  le  feu  matériel  que  nous  voyons  : 
c'est  un  feu  invisible  et  plus  subtil,  dont 
le  feu  visible  n'est ,  comme  toute  chose, 
qu'une  manifestation  et  tout  au  plus  la 
forme  la  moins  grossière.  Ce  principe 
étant  une  force  ou  une  cause,  son  es* 
sence  est  d'agir  ;  et,  comme  hors  de  lui  il 
n'y  a  rien,  son  action  ne  peut  être  que 
son  propre  développement.  C'est  pour- 
quoi Heraclite  suppose  le  fea  vivant  ani- 
mé d'un  désir  qui  le  pousse  incessam- 
ment à  se  manifester,  c'est-à-dire  à  pren- 
dre une  forme  déterminée  d'existence,  et, 
quand  il  en  a  pris  une,  à  la  quitter  pour 
00  revêtir  ane  autre,  et  ainsi  de  suite 


éternellement  Cette 
repos  et  sans  terme  du  premier 
est  la  création  même,  et  de  là  trais 
séquences  principales  :  le  première,  qm 
la  création  n'a  point  de  but,  ce  qo*Bè- 
raciile  exprimait  en  disent  que  Jmpiltr 
s* amuse  en  créant  le  monde;  la  Hccaéi, 
qu'elle  n'est  qu'un  phéoomèoe,  «ne  as- 
nifestation,  une  apparence,  la  seule  dMm 
réelle  étant  le  principe  invisible  qa'db 
manifeste  ;  la  troisième  enfin,  que  ce  phé- 
nomène se  transformant  sans  ceae  pv 
l'éternelle  activité  du  principe,  to«t  if» 
vient  et  rien  n'ej/  dans  l'uni  ven  qneeom 
voyons;  qu'ainsi,  cemme  le  disent  Ans» 
tote  et  Platon,  tout,  pour  Hérédité,  en  « 
n'est  pas,  tout  passe,  tout  coale,  toet  e'et 
qu'une  jforme  vaine  qui  disparait  d^ 
quand  nous  commençons  à  la  misir,  wkm 
qu'Heraclite  a  rendu  lui-même  éocrfî- 
quement  dans  ces  sentences  célèbres,  qm 
personne  ne  peut  descendre  demxjok 
dans  le  même  fleuve  ;  que  noms  j  des» 
cendons  et  rCy  tlescendons  pas^  que  m*mi 
y  sommes  et  n^y  sommes  pas. 

Cette  conception  du  monde  pence,! 
restait  à  déterminer  le  mode  sekm  Icqeri 
s'opèrent,  et  la  loi  selon  laquelle  se  mr» 
cèdent ,  ces  transformationa  du  yumim 
principe  qui  le  constituent.  Void  àctf 
égard  ce  qu'on  peut  entreroir  des  hàm 
très  obscures  d'Heraclite.  Selon  loi,  le  îm^ 
à  son  état  de  pureté,  occupe  la  régiae  b 
plus  élevée  de  l'mpaoe,  et  tend,  pv  m 
nature,  à  y  rester  ;  mats  le  besoin  de  cbm* 
gement  le  détermine  à  descencfac,  et  t 
mesure  qu'il  le  fait,  son  mouvement,d'eBi 
part,  derient  de  plus  en  plus  lent,  et  m 
nature,  de  l'autre,  perd  de  pins  en  plm  h 
sa  pureté,  eo  sorte  qu'il 


tour  à  tour  en  feu,  en  eau,  en  terre,  h 


moins  en  moins  mobile  sous  ce»  U 
de  plus  en  plus  grossières.  Arrivé  au 
de  cette  voie  descendante,  le  monv< 
en  sens  opposé  commence  :  le  feu 
et  repasse  en  sens  inverse  par  les  fc 
et  les  degrés  de  vitesse  qu'il  a  parcom» 
pour  y  repasser  de  nouveeu  cm  dcscoh 
dant,  et  ainsi  de  suite.  Toute  réfkm,  lœK 
point  même  de  l'espace  est  <iooc  le  tbcé* 
tre  d'un  double  mouvement  et  d*aae  doe- 
ble  transformation  opérés  en  sens  ooe- 
traire  par  le  feu  qui  remonte  et  le  im 
qui  descend.  De  Téquilibre  de 


HËR 


(697) 


HER 


souTements  nait  l'harmonie  universelle; 
el  de  là  les  phrases  célèbres  d'Heraclite  : 
tout  vient  des  contraires;  l'hannonie  est 
ie  résultat  de  l'opposition  ;  le  combat  est 
le  père  rie  tout;  et  ses  reproches  à  Ho- 
mère d'avoir  souhaité  la  fin  des  que- 
relies  des  hommes  et  de  celles  des  dieux  y 
c'est-à-dire  la  paix,  par  laquelle  tout  pé- 
rirait. De  là  aussi  ses  maximes  que  la 
uèême  chose  est  bonne  et  mauvaise^ 
jeune  et  vieille^  vivante  et  mortCy  éveil' 
iée  et  endormicy  toute  existence  phéno- 
ménale enfermant  les  contraires  d'où  elle 


Par  cette  théorie,  Heraclite  expliquait 
grossièrement  quelques-uns  des  phéno- 
mènes qui  semblent  le  plus  inconciliables 
avec  son  hypothèse  d'un  éternel  mouve- 
■ent;  par  exemple,  la  constance  et  l'uni- 
Ibrmité  des  phénomènes  généraux  de  la 
nature  dans  chaque  région  de  l'espace  ; 
les  différents  degrés  de  consistance  et  de 
nobilité  de  la  terre,  de  l'eau,  de  l'air  et 
de  la  lumière,  et  jusqu'à  l'inertie  et  à  la 
mort  apparente  des  corps  inorganisés. 
Ces  lois,  du  reste,  el  l'ordre  de  choses  qui 
co  résulte  et  qui  est  le  monde ,  n'étaient 
eux-mêmes  à  ses  yeux  qu'un  phénomène 
passager.  En  eflet,  le  même  désir  de  chan- 
gement, qui  pousse  le  feu  à  parcourir  in- 
cemamment  les  innombrables  formes  de 
bi  voie  descendante  et  ascendante  y  doit 
le  pousser  à  échapper  un  jour  à  ce  sys- 
tème de  métamorphoses,  qui  n'est,  lui 
nssi,  qu'une  forme.  L'ordre  de  choses 
ictuel  aboutira  donc  nécessairement  à  on 
neftour  complet  de  la  force  à  son  principe, 
c*est-à-dire  au  degré  le  plus  élevé  et  le 
plus  pur  de  la  vie,  c'est-à-dire  au  feu. 
Le  jour  ou  cette  conversion  du  tout  en 
fea  s'opérera,  sera  le  dernier  du  monde 
•ctael,  qui  périra  ainsi  dans  un  embrU" 
rement  général.  Mais  ce  retour  de  la 
force  à  son  principe  sera  lui-même  pas- 
Kger.  Une  nouvelle  création,  soumise  à 
de  nouvelles  lob,  lui  succédera  pour  pé- 
rir à  son  tour  et  faire  place  à  une  autre, 
et  ainsi  de  suite. 

Quoique  cette  doctrine  de  Vembrase^ 
ment  de  Vunivers  ait  été  contestée  par 
Schleiermacher,  il  semble  d'autant  plus 
difficile  de  se  refuser  aux  témoignages  qui 
Tattribuent  à  Heraclite  qu'elle  est  la  con- 
péqueDce  rigoureuse  et  dernière  de  sa 


conception  du  monde,  et  qu'il  y  a  même 
des  traces  qu'Heraclite  aurait  circonscrit 
dans  des  périodes  déterminées  ces  grandes 
révolutions. 

Telle  fut,  dans  ses  traits  les  plus  géné- 
raux, la  physique  du  philosophe  d'É- 
phèse,  singulier  mélange  de  spéculations 
purement  rationnelles  et  tout  éléatiques 
sur  le  principe  des  choses,  et  d'explica- 
tions empiriques  et  tout  ioniennes  des 
phénomènes  de  la  nature  par  ces  spécu- 
lations. C'est  en  effet  là  le  trait  caracté- 
ristique de  la  physique  d'Heraclite.  Avant 
lui,  l'école  ionienne  s'était  partagée  sur  le 
problème  de  l'origine  des  choses,  les  uns 
concevant  le  monde  comme  le  dévelop- 
pement varié  d'un  seul  principe  primitif 
et  vivant,  les  autres  l'expliquant  par  une 
infinité  d'éléments  primitivement  mêlés, 
et  dont  tout  ce  qui  existe  a  été  formé  par 
voie  de  séparation  et  d'agrégation.  Hera- 
clite adopta  la  première  hypothèse,  qui 
avait  été  celle  de  Thaïes  et  d'Anaximène, 
et,  sous  ce  rapport,il  est  l'héritier  légitime 
et  le  continuateur  de  ces  deux  philoso- 
phes; mais  il  s'en  sépara  presque  immé- 
diatement par  une  différence  capitale. 
Thaïes  et  Anaximène  avaient  cherché  le 
premier  principe  parmi  les  éléments  réels 
que  présente  le  monde  visible,  s'attachant 
uniquement  à  démêler  celui  qui  se  prê- 
tait le  mieux  à  l'hypothèse  que  tous  les 
autres  n'en  sont  qu'une  transformation. 
Heraclite,  au  contraire,  nie  que  rien  de 
ce  que  nous  voyons  puisse  être  ce  pre- 
mier principe;  il  le  déclare  étranger  au 
monde  visible  et  le  place  au-delà,  dans 
une  sphère  que  l'observation  n'atteint  pas. 
Par  là,  les  spéculations  d'Heraclite  sur  le 
premier  principe  se  trouvent  tout  à  coup 
dégagées  des  entraves  que  la  nature  con- 
nue de  l'eau  et  de  l'air  avait  imposées  aux 
spéculations  de  Thaïes  et  d' Anaximène. 
L'observation  ne  sait  rien  de  son  prin- 
cipe :  il  peut  donc,  comme  les  éléates,  le 
créer  à  sa  fantaisie  et  tel  que  la  logique 
le  veut  pour  satisfaire  à  l'idée  de  l'être 
unique,  source  de  toute  vie  et  cause  de 
toute  existence.  Heraclite  a  marché  har- 
diment dans  cette  voie,  et  elle  l'a  conduit 
à  quelques-uns  des  résultats  de  la  doc- 
trine éléatique;  mais  il  ne  s'y  est  point 
entièrement  laissé  aller  :  sa  nature  io- 
nienne a  fait  résistance;  il  s'est  «ouvenii 


HBR 


(698) 


HBR 


an  inonde  réel,  et,  en  dépit  de  la  logique, 
il  a  Toulu  le  retrouver  et  l'expliquer. 
Cette  lutte  entre  rélément  éléatique  ou 
à  priori  qui  domine  et  Télément  ionien 
ou  empirique  qui  résjste ,  constitue  l'o- 
riginalité de  la  doctrine  d'Heraclite,  et 
c'est  par  là  qu'elle  occupe  une  place  re- 
marquable et  distincte  dans  le  dévelop- 
pement  de  la  philosophie  grecque  pri- 
mitive. 

Mais  cette  place  lui  est  due  k  un  autre 
titre  encore.  Jusque-là  les  philosophes 
ne  s'étaient  occupés  que  du  problème 
physique.  Heraclite  associa  le  premier  à* 
la  solution  de  ce  problème  une  solution 
conséquente  du  problème  logique  et  du 
problème  moral.  Sa  doctrine  développa 
donc  et  décomposa  la  science  primitive; 
elle  contient  les  premiers  linéameifts d'une 
logique  et  d^lne  morale.  Il  nous  reste  à 
la  faire  connaître  sous  ces  deux  nouveaux 
rapports. 

Le  monde  visible  n'étant  qu'un  phé- 
nomène qui,  dans  son  ensemble  comme 
dans  ses  détails,  devient  et  n'est  pas,  il 
ne  saurait  être  l'objet  de  la  science  ;  car 
il  n'y  a  point  de  science  possible  de  ce 
qui  passe,  de  ce  qui  est  dans  un  écoule- 
ment et  une  transformation  perpétuels. 
La  science  n'a  donc  qu'un  seul  objet 
légitime,  le  principe  invisible  et  ses  lois, 
l'univers  ne  contenant  que  cela  de  perma- 
nent et  de  réel.  Ce  principe,  qui  est  Dieu, 
est  partout,  car  tout  phénomène  est  une 
de  ses  formes;  mais  il  est  partout  caché  à 
nos  sens  qui  n'atteignent  que  le  sensible 
et  dont  les  perceptions,  par  conséquent, 
n'ont  rien  de  scientifique.  Et  toutefois 
sans  nos  sens  nous  ne  le  connaîtrions  pas, 
car  c'est  par  eux  que  notre  âme  est  mise 
en  communication  avec  lui.  En  effet ,  le 
feu  éternel  est  en  même  temps  la  raison 
étemelle;  et,  comme  il  est  la  substance 
commune  de  tout  ce  que  nous  voyons,  la 
raison  éternelle  pénètre  et  existe  partout 
avec  lui.  Mais  les  choses  de  ce  monde, 
étant  de  purs  phénomènes,  y  sont  insen- 
sibles et  ne  peuvent  la  comprendre;  no- 
tre âme  seule  a  ce  privilège,  parce  qu'é- 
tant une  étincelle  échappée  du  feu  vi- 
vant, elle  participe  à  la  fois  à  sa  réalité  et 
à  sa  rationtlité.  Mais  semblable  au  char- 
bon qui  a  beMtin  d'être  en  oommunica- 
tioo  iTcc  l*tir  pour  rtitwr  lUam  el  qai 


s'éteint  quand  on  l'enferme, 
emprisonnée  dans  une  enveloppe  gros- 
sière, ne  peut  comprendre  qu'en  rertHl 
en  communication  avec  la  raison  oa  It 
feu  étemel  qui  remplît  tont.  Cette 
munication  a  lieu  par  lei  leni  qui 
les  canaux  par  lesquels  rame  respire  h 
raison,  comme  elle  respire  la  vie  par  It 
bouche.  Aussi  tont  ce  qui  interoeplecrtli 
communication,  le  sommeil ,  la  snrdilé, 
la  cécité,  suspend  ou  émoosie  la  ratima» 
lité  en  nous.  Il  y  a  aussi  des  âmes  nsta- 
rellement  plus  rationnelles  que  d'antres, 
parce  qu'elles  sont  d'une  essence  phs 
pure  ou  enfermées  dans  une  matière  moim 
grossière,  ce  qui  explique  le  mot  d*Hé- 
raclite    que    les  âmes  les  plus  sèches 
sont  les  meilleures,  La  notion  sensible, 
telle  que  les  sens  la  reçoivent ,  conticaC 
donc  deux  éléments  :  l'un  extéricor  cC 
particulier,  le  seul  que  les  sens  taiMneat 
et  qui,  ne  représentant  qu'une  forme  pas- 
sagère et  sans  réalité,  n'a  aucune  vérité; 
l'antre  caché  et  universel,qui  échappe  an 
sens,  mais  que  l'âme  par  sa  nature  ration* 
nelle  est  capable  de  comprendre,  et  qa 
représente  ce  qui  est  tous  tout  phéno- 
mène ,  le  principe  invisible  et  ses  kk 
Toute  vérité,  toute  science  est 
dernier  élément,  et  les  âmea  sont  d* 
plus  éclairées  qu'elles  le  dégagent  davan- 
tage et  le  sabisseot  plus  nettement.  Or,  • 
l'on  veut  faire  attention  que  la  diose  rt* 
présentée  par  cet  élément  est  une  et  im- 
muable, tandis  que  la  chose  représentée 
par  rélément  sensible  est  in6nimcnt  md- 
tiple  et  changeante,  on  comprendra  v^ 
la  partie  rationnelle  de  la  connaisBanee , 
la  seule  qui  ait  de  la  vérité,  estananla 
seule  qui  puisse  être  commune  à  tom  la 
hommes,  la  partie  sensible  ou  empîriqet 
devant  nécessairement  vartcr  de  Tna  i 
Tautre.  Il  suffit  donc  qu'une  opinion  sait 
commune  à  tous  les  hommes  pour  qu'i 
soit  démontré  qu'elle  est  vraie;  car  ceîk»- 
là  seules  peuvent  devenir  communes  à 
tous  qui  représentent  l'immuable ,  le  ra- 
tionnel, l'universel,  c'est-à-dire  qui 


vraies  ;  les  autres  restent  inévitablement 


particulières  et  variables  d*un  homme  à 
un  autre.  Tel  est  le  critenum  remarquable 
assigné  par  Heraclite  à  la  vérité,  S,}04 
ans  avant  Spinoza.  Nous  avons  prèdsé  et 
dépouillé  de  set  format  gyhnHq—  <C 


HSR 

twm  c&  point  toinent  de  ta  philo* 
;  mais  il  se  révèle  avec  éTidence 
9  formes  mêmes,  et  le  témoignage 
plicite  de  Sextos  le  rend  inoontes* 

qu'on  peat  entrevoir  de  la  morale 
idite  est  beaucoup  moins  considé- 
quoique  tout  aussi  conséquent  à  sa 
[ue  et  par  là  également  caractéris- 
De  même  qu'il  n'y  a  qu'un  prin- 
|ui  est  Dieu,  il  n'y  a  qu'une  loi,  qui 
loi  divine,  celle  selon  laquelle  tout 
duit  et  s'ordonne  dans  ce  monde 
menai.  Cette  loi  est  inflexible 
e  elle  est  une;  la  sagesse  consiste  à 
naître,  le  bonheur  à  s'y  subordon- 
;  k  s'y  soumettre  complètement; 
contentement  est  le  souverain  bien, 
i*y  a  de  contentement  vrai  et  pos- 
our  l'homme  que  dans  la  connais- 
que  tout  arrive  en  vertu  d'une  loi 
"selle  et  dans  la  soumission  à  cette 
*lui  qui  sait  cette  loi  n'ignore  pas 
sut  naissant  des  contraires,  le  mal 
isi  nécessaire  que  le  bien  :  il  ne  s'en 
5  donc  ni  ne  s'en  plaint.  La  pre- 
des  vertus  c'est  la  résignation ,  le 
Murde  des  vices,  l'orgueil  ;  la  science 
Pune  et  guérit  de  l'autre.La  soumis- 
la  loi  politique  suit  naturellement 
te  morale  ;  cette  loi  doit  ressembler 
i  divine  :  elle  est  donc  d'autant  plus 
[qu'elle  concentre  davantage  le  pou- 
^t  ce  qu'il  y  a  de  meilleur  pour  une 
h  c'est  d'obéir  à  un  seul.  —  On  voit 
.  haine  d'Heraclite  pour  la  démo* 
était  conséquente  à  ses  idées  mo- 
comme  ses  idées  morales  l'étaient 
doctrines  logiques  et  physiques, 
conséquence  est  extrêmement  re- 
table ;  mais  ce  qui  Test  davantage 
e  retrouver  dans  une  si  haute  anti- 
et  si  près  du  berceau  de  la  pensée 
die  ébauche  de  la  philosophie  de 
ea. 

trouvera  Xe^ fragments  d'Heraclite 
llb  et  savamment  commentés  par 
trm9ic\itTyà^ïïs\eMusé€(le  la  scien- 
'  anciensy  t.  I",  partie  3*.  T.  J. 
RACLIUS,  empereur  romain  et 
e  dynastie,  né  l'an  575,  mort  en 
^oy,  Btzahtin  (  empire  )  ,  T.  IV, 

RALDIQUE  (aet).  D  y  a  trois  es- 


(  699  )  HER 

pèoei  d'amioiries  {voy.) ,  odlet  d'un  in- 
dividu, celles  d'une  famille  et  celles  d'un 
pays.  On  a  vu ,  à  l'article  Blasoh  ,  que 
ces  signes  dbtinctifii  ne  remontent  pas,  à 
vrai  dire,  au-delà  du  temps  des  croisades. 
Dès  les  temps  les  plus  reculés,  toutefois, 
les  guerriers  peignaient  différentes  ima- 
ges sur  leurs  boucliers  et  sur  leurs  cas- 
ques. Ainsi ,  dans  le  DeutéronomCy  nous 
lisons  qu'il  fut  ordonné  aux  enfants  d'Is» 
raêl  de  camper  chacun  sous  sa  bannière, 
selon  la  maison  de  ses  pères.  Les  poètes 
grecs  et  romains  parlent  de  peintures  et 
de  ciselures  sur  les  boucliers  et  les  cas- 
ques; et  ces  symboles  étaient  même  hé- 
réditaires, comme  Xénophon  nous  l'ap» 
prend  en  disant  que  les  rob  de  Médie 
portaient  un  aigle  d'or  sur  leurs  boucliers. 
Nous  lisons  dans  Suétone  que  Domitien 
avait  pour  armoiries  une  birbe  d'or ,  et 
dans  Tacite,  que  les  anciens  Germains  re- 
connaissaient leurs  boucliers  aux  couleurs 
dont  ils  étaient  peints ,  et  marchaient  au 
combat  sous  des  enseignes. 

Malgré  ces  traces  d'armoiries  dans 
l'antiquité,  la  science  héraldique  ne  com- 
mença véritablement  qu'avec  la  cheval^ 
rie,  comme  il  est  facile  de  le  prouver.  D'a- 
bord on  n'a  encore  trouvé  aucune  pierre 
sépulcrale   ni    aucun    monument    avec 


des  armoiries  antérieur  au  xi*  siècle.  A 
ce  qu'on  a  dit,  au  mot  Blason,  relative- 
ment à  la  France,  nous  ajouterons  qu'en 
Allemagne  le  plus  ancien  tombeau  qui 
en  soit  orné  est  celui  d'un  certain  Wahr- 
mund,  comte  de  Wasserburg,  dans  l'é- 
glise de  Saint'Emmeran ,  à  Ratbbonne, 
avec  cette  inscription  :  Jnno  Domini 
MX.  Le  premier  pape ,  que  l'on  sache 
avoir  porté  des  armoiries,  fut  Boni- 
face  VÛI,  qui  gouverna  l'Église  de  1294 
à  1303.  Les  armes  desjiapes  précédents 
sont  de  pures  inventions  modernes.  Avant 
le  XIII*  siècle,  on  ne  trouve  sur  les  mon- 
naies aucune  espèce  d'armes.  Le  mot 
blason  lui-même  est  une  autre  preuve 
que  les  armoiries  ne  remontent  pas  au- 
delà  de  la  chevalerie ,  pubqu'il  vient  très 
vraisemblablement  de  Tallemand  blasen^ 
sonner  du  cor  ou  de  la  trompette  :  cha- 
que fobqa'nn  nouveau  chevalier  paraissait 
dans  la  lice,  le  hérault(iM>/.)devait  sonner 
de  la  trompette  et  expliquer  les  armoi- 
ries de  son  bouclier,  chacun  se  présent 


HER 


(700) 


HBR 


tant  la  yisière  baissée.  Cet  usage  fit  don- 
ner à  la  connaiisance  que  le  hérault 
(Heroldy  Herald)  devait  posséder  des  dif- 
férentes armoiries ,  le  nom  ^héraldique 
(en  allemand  Heraldiky  en  anglais  heral- 
dry)  ;  et  comme  il  sonnait  ensuite  de  la 
trompette,  les  Allemands  dirent  qu'il 
trompettait  les  armoiries.  Des  Allemands, 
cet  usage  passa  aux  Français;  car  il  est  hors 
de  doute  qu'il  y  a  eu  des  tournois  en  Alle- 
magne bien  avant  qu'il  y  en  eût  en  France. 
Mais  les  Françab  les  perfectionnèrent^ 
ainsi  que  l'art  héraldique;  pour  eux,  le 
mot  blasonnerne  signifiait  pas  seulement 
expliquer  les  armoiries,  mais  aussi  les 
vanter^.  Le  français  étant  devenu  le  lan- 
gage de  la  cour  d'Angleterre,  après  la 
conquête  des  Normands,  le  blason  an- 
glab  conserva  un  grand  nombre  d'expres- 
sions françaises ,  tandis  qu'au  contraire  , 
la  science  héraldique,  en  Allemagne,  n'em- 
ployait que  des  mots  purement  allemands. 
Mais  pour  connaître  exactement  l'ori- 
gine des  armoiries  ;  il  n'y  a  pas  de  meil- 
leur moyen  que  d*en  considérer  les  diffé- 
rentes parties.  C'est  ce  qu'on  a  fait  au  mot 
BLASON,etnousajouteronsseulement  quel- 
ques observations.  Les  couleurs  de  l'écus- 
son  viennent  de  Thabitude  qu'avaient  les 
anciens  Germains  de  peindre  leurs  bou- 
cliers en  différentes  couleurs;  cet  usage 
avait  été  sanctionné,  dans  les  tournois  du 
moyen-âge,  par  l'obligation  où  étaient 
les  chevaliers  de  porter  les  couleurs  de  la 
dame  dont  ils  s'étaient  déclarés  les  cham- 
pions. Peu  à  peu  l'écuason  fut  aussi  di- 
visé en  plusieurs  parties.  Un  chevalier , 
en  effet,  pouvait  servir  à  la  fois  plusieurs 
dames  :  il  fallait  donc  qu'il  portât 
leurs  couleurs ,  et  son  écusson  s'écartela 
en  plusieurs  champs.  A  la  fin  du  xi* 
siècle,  lorsque  la  jeunesse  belliqueuse  de 
l'Kdrope  se  précipita  à  la  conquête  de  la 
Terre-Sainte,  l'usage  des  armoiries  devint 
beaucoup  plus  nécessaire  et  plus  général. 
Afin  de  distinguer  les  nations ,  les  corps 
de  troupes,  les  compagnies  et  les  familles, 
les  souverains  et  les  capitaines  leur  choi- 
sirent des  symboles,  qui  tantôt  rappe- 
laient une  action  d^éclat  ou  les  événe- 
ments de  la  campagne,  tantôt  annon- 
çaient la  dignité  du  chef,  tantôt  n'étaient 

(*)  Eo  t^en  serraot  par  dêritioo,  oo  ■  donne 
i  <■•  mot  le  Mot  dt  bUiacr,  médire. 


qu'on  produit  de  la  fantaisie  oo  c 
prioe.  C'est  ainsi  que  les  mangra 
Brandebourg,  de  la  maison  d'A» 
avaient  sur  l'écusson  on  aigle  roug 
un  champ  d'argent,  écusson  qu* 
l'Ours  portait  déjà  dans  le  xii* 
Les  margraves  de  Bavière ,  et  mêmi 
ques  branches  des  maisons  de  L 
bourg  et  de  Bohême ,  avaient  les 
armes.  Mais  lorsque  le  margrmv 
Brandebourg  échut  à  la  famille  d 
henzollern,  celle-ci  prit  Fécu  cai 
gent  et  noir  (sable)  du  margraviat^ 
1466,  l'électeur  Frédéric  II  y  a] 
sceptre  ,  en  sa  qualité  d*archi  -  chi 
lan.  Le  roi  de  Pologne,  suzerain  t 
ché  de  Prusse,  accorda  TAigle-^ 
ce  duché  aux  deux  princes  de  Bi 
bourg- Anspach  ,  Albert  et  Geor 
1526,  qui  en  furent  les  premiers  i 
ses  vasstfux.  Cet  exemple  prouve 
science  héraldique  est  intimemeni 
l'histoire  et  à  la  généalogie  {vo 
qu'elles  s'expliquent  l'une  par  l'ai 
Beaucoup  d'ouvrages  sur  la  : 
héraldique  portent  le  titre  d'jém 
c'est-à-dire  de  généalogie  des  Cui 
armoiries.  Les  premiers  qui  aia 
(et  c'est  en  France  que  cette  scia 
d'abord  cultivée)  avaient  pour  auti 
héraults  d'armes  :  sousPhilippe-i 
il  est  fait  mention  d'un  li>Te  de  « 
dont  le  roi  accepta  la  dédicace, 
trouve  ensuite  cité  celui  de  Le  Bi 
roi  d'armes  de  Charles  MI.  L'Jri 
Batailles  y  par  Honoré  Bonncr» 
1481,  in- fol.,  est  le  premier  qui 
imprimé;  depuis,  il  y  a  eu  un  gram 
bre  d'auteurs  héraldiques  :  Philibc 
net ,  Gilbert  de  Varennes ,  Loovi 
liol,  Wilson  de  la  Colombière,  J 
Laboureur,  P.  Palliot,  L.  Scfoi 
surtout  le  jésuite  Menestrier,  ■ 
1 7  05,  et  à  qui  Ton  dut  une  foule  Û 
ges  sur  cette  matière,  comme  U  H 
méthode  raisonnée  du  BUisomy  t 
Blason  justifié ,  etc.  Sous  Tempin 
parut  un  Armimal  général ^  pol 
llenriSimon,Paris,l8l2-13,t.Ic 
fol. ,  avec  140  planches.  En  Aile 
Gattercr  publia  une  Esquisse  itk 
que  ^Gtr itiog.,  1 7  G6  et  1 7  7  3  ,  et  i 
raldique  pratique  (Nuremberg  , 
et  Siebmacher,  un  H^appemkm 


Itfiii 


(701) 


HER 


innorial  complet  (nowr.  éd.,  6  toI.  avec 
■pplém. ,  1 772  et  tuiv. ,  iD-fol.).M.Bernd 
it  paraître  un  autre  ouvrage  allemand 
Édtolé  Diplomatique  générale  de  V en- 
semble de  la  science  héraldique  (Bonn, 
1831  ,  3  vol.  m-8»).  C.  X.  et  S. 

HÉRAT,  7>oy.  Khoraçan. 

HÉRAULT'^.  Ce  mot,  pris  dans  un 
KDS  général,  indique  des  attributions 
lont  Torigine  remonte  aux  temps  les  plus 
reculés.  On  en  trouve  des  exemples  chez 
les  anciens  poètes  grecs,  et  particulière- 
nent  dans  Homère.  Les  héraults  étaient 
nssi  employés  à  Rome,  dès  le  temps  des 
rob,  avec  les  mêmes  attributions  que 
dans  les  républiques  de  la  Grèce.  Ils  rem- 
plissaient diverses  fonctions  civiles  et  re- 
ligieuses; ils  avaient  un  rôle  dans  les  fêtes 
et  jeux  publics  ;  ils  étaient  surtout  char- 
gés de  signifier  les  déclarations  de  guerre 
{yoy,  Féciaux);  et,  dans  ces  diverses  fonc- 
tions, leur  personne  était  toujours  re- 
{irdée  comme  inviolable  et  sacrée. 

Chez  les  peuples  modernes,  l'institu- 
tion des  héraults  (plus  habituellement 
ippclés  héraults  d'armes)  y  évidemment 
mitée  des  anciens,  appartient  à  une  épo- 
|ae  fort  éloignée  de  nous.  On  a  prétendu 
a  faire  remonter  jusqu'à  Charlemagne; 
I  est  du  moins  certain  qu'il  y  avait  des 
léraults  sous  saint  Louis,  et  même  un 
lea  avant.  Leur  costume,  qui  a  faible- 
nent  varié  depuis  cette  époque,  était  ca- 
icitérisé  par  une  cotte  sans  manches,  dite 
lepuis  cotte  d'armes  (voy.\  descendant 
i  peine  aux  genoux ,  en  velours  violet , 
chargée  de  fleurs  de  lis  d'or  devant  et 


n  paraît  que,  dès  cette  époque,  les  hé- 
■anlts  étaient  classés,  comme  ils  l'ont  été 
iepuis ,  en  trois  ordres  distincts  :  le  roi 
farmesy  qui  était  le  chef,  jouissait  de 
lombreux  privilèges;  venaient  ensuite  les 
ïéraults  proprement  dits  ;  puis  Xespour^ 
xmvants  d'armes  qui  étaient  de  simples 
mmuméraires.  Sous  les  derniers  Valob, 
le  nombre  de  ces  ofBciers  était  de  trente. 
Le  roi  d'armes  portait  le  nom  de  Mont'-^ 
^oie-Saint- Denys  y  cri  de  guerre  des  rois 


(^  L'étymologi*  de  ce  mot,  d*origtne  germa- 
■kpie  {Htrold)^  est  incertaine  :  il  paratt  ae  com- 
poser de  deax  mots,  dont  le  premier  peot  être 
^•r,  Herr,  aeigoear,  ou  Heer,  armée,  on  Ehr, 
bonneor,  et  Vautre  hold,  eDclio ,  fidèle ,  ou  old, 
tii,  Tîeux.  S.    I  placé  les  abeiilej  par  des  fleurs  da  li»; 


de  France;  les  autres  héraults  recevaient 
des  noms  de  provinces  :  Normandie^ 
Guyenne  y  etc.  [voir  dans  Froissart, 
Monstrelet,  etc.).  Il  en  était  de  même 
dans  la  plupart  des  autres  contrées  de 
l'Europe. 

Les  fonctions  des  héraults  d'armes,  du 
XIV*  siècle  au  xvi* ,  étaient  nombreuses 
et  importantes.  Ils  s'occupaient  de  tout  ce 
qui  avait  rapport  à  l'art  héraldique  {vof.)y 
auquel  ils  ont  donné  leur  nom  ;  ils  assis- 
taient aux  cérémonies  des  mariages,  da 
couronnement  et  de  la  sépulture  des  rois; 
ib  allaient  porter,  comme  chez  les  an- 
ciens, les  déclarations  de  guerre;  ils  ré- 
glaient les  formalités  des  tournois  et  des 
combats  à  outrance,  faisaient  les  som- 
mations aux  commandants  des  villes  assié- 
gées, etc. 

En  Angleterre,  où  cette  institution 
s'est  conservée  telle  qu'elle  était  sous  Éli- 
sabeth,les  héraults  ont  pour  chef  legrand- 
maréchal  du  royaume  (aujourd'hui  le  duc 
de  Suffolk).  Parmi  les  trob  héraults  im- 
médiatement sous  ses  ordres  et  qui  por- 
tent le  titre  de  rois  d'armes  (kings  cf 
arms) ,  il  y  en  a  un  qui  est  appelé  garter 
(jarretière),  parce  qu'il  est  spécialement 
attaché  au  service  de  cet  ordre  de  cheva- 
lerie et  chargé  d'en  porter  les  insignes  aux 
souverains  étrangers.  Ces  officiers ,  qui 
jouissent  d'une  assez  grande  considéra- 
tion, et  dont  le  riche  costume  est  encore 
exactement  celui  du  temps  de  Henri  VIII, 
sont  chargés  de  tout  ce  qui  regarde  les 
preuves  de  noblesse,  les  généalogies,  les 
titres  accordés  par  le  roi;  ib  font  par- 
tie de  tous  les  cortèges  royaux ,  assbtent 
aux  cérémonies  funèbres,  à  l'ouverture 
du  Parlement ,  etc. 

En  France,  cette  institution  n'a  pas 
duré  aussi  longtemps.  On  trouve,  dans 
l'hbtoire  des  guerres  de  Flandre  sous 
Louis  Xni  (année  1634),  que  ce  prince 
fit  signifier  un  cartel  au  cardinal-infant, 
gouverneur  de  cette  province  pour  l'Es- 
pagne, et  qu'il  l'envoya  par  un  hérault  : 
c'est  le  dernier  exemple  d'un  pareil  fait 
dans  nos  annales.  Sous  l'empire,  nous 
avons  encore  revu  des  héraults  d'armes, 
vêtus  de  cottes  de  velours  bleu,  chargées 
d'abeilles  d'or,  et  de  même  sous  la  Res- 


tauration, où  l'on  avait  seulement  rem* 


HER 


(702) 


mail  œ  ii*étiit  plus  qa'ane  Ttine  imitt» 
tion  de  rantiqne  va^f^^  qui  paraît  d'ail- 
lenrt  aToir  été  toat«à-fait  abandonné  de- 
puis 1830.  C.N.  A. 

HÉRAULT    (  DiPAETBMENT  DE    l' ). 

Situé  dans  la  région  du  sud  et  formé  d'une 
partie  de  l'ancien  Languedoc,  il  a  pour 
limites  au  nord  les  départements  de  l'A- 
Teyronet  du  Gard ,  à  l'est  le  département 
du  Gard  et  la  Méditerranée,  au  sud  la 
Méditerranée  et  le  département  de  l'Aude, 
et  à  l'ouest  celui  du  Tarn.  Il  est  ainsi 
l'un  de  nos  départements  maritimes.  Les 
montagnes  principales  du  département 
appartiennent  à  la  chaîne  des  Cévennes 
et  sont  situées  dans  la  partie  occidentale  ; 
celles  de  TËspinousa  et  de  Larsac,  qui 
offrent  les  sommets  les  plus  élevés,  ont  de 
12  à  1300  mètres  de  hauteur;  quelquet- 
unes  présentent  des  traces  volcaniques. 
L'inclinaison  générale  du  sol  est  au  sud  et 
au  sud-est,  c*est-à-dire  à  la  mer,  qui  re- 
çoit directement  les  eaux  de  son  cours 
principal,  THéaauLT,  auquel  il  emprunte 
son  nom.  Cette  rivière  ou  plutôt  ce  petit 
fleuve  a  environ  S 6  lieues  de  développe- 
ment dans  le  département.  Ses  affluents 
sont  nombreux,  mais  peu  considérables, 
l'Orb,  la  Livron,  la  Mosson,  et  d'autres 
encore  de  moindre  importance,  sont  au- 
tant de  cours  d'eau  qui  ont  pour  la  plu- 
part leur  embouchure  dans  les  lagunes 
qui  occupent  la  côte  dans  une  assez  grande 
étendue.  De  la  limite  orientale,  en  effet, 
juM|u*à  Agde,  le  rivage  offre  une  suite 
d'étangs  salés  que  sépare  de  la  mer  une 
plage  étroite,  coupée  çà  et  là  par  des  bras 
appelés  graus.  Les  plus  considérables  de 
ces  étangs  sont  ceui  de  Mauguio,  de  Pé- 
rois,  de  Maguelone,  de  Thau,  etc.  Leur 
longueur  totale  est  de  68,000  mètres; 
leur  largeur  varie  de  1 ,000  à  5,000  mètres, 
et  ils  occupent  une  superficie  totale  d'en- 
viron 14,000  hectares.  D*autres  étangs 
semblables  sont  à  Tettrémité  occiden- 
tale du  rivage,  parmi  lesquels  celui  de 
Vendres  est  le  plus  vaste.  De  bons  ports 
■e  trouvent ,  du  reste ,   sur  cette  côte 
ainsi  découpée  :  dans  le  nombre ,  il  faut 
citer  surtout  Agde  et  Cette  qui  ont  une 
grande  im|>ortance  commerciale. 

La  température  est  génértlement  chau- 
de dans  l'Hérault  ;  la  limite  moyenne  du 
f  fcerroomètre  est  4-  ^  ^**  Réaumur  pour  la 


ploa  grande  dialeor ,  et  «— S*  poor  la  |4« 
grand  froid.  On  évalue  la  quantité  d*«i 
qui  tombe  annuellement  à  3ô  oa  30  ycm- 
ces.  Parmi  les  courants  d^airqni  touffcn 
périodiquement  dans  cea  contrées,  il 
remarquer  le  vent  du  nord  appelé  I»- 
montanay  le  vent  du  nord-ouest  on 
gisiral  qui  rafraîchit  la  températorei  et 
les  vents  marins  qui,  en  général,  ont  ki 
mêmes  propriétés  sur  réoonoanie  aniaik 
que  le  sirocco  de  Naples,  c*cst-ii-diR 
causent  une  sorte  de  langueur  eni 
de  toute  activité  laborieuse.  En 
le  climat  du  département  doit  être 
sidéré  comme  un  des  plus  favorisés,  tf 
ce  n'est  pas  sans  raison  que  les  penonati 
affectées  de  maladies  chroniques  opiniâ- 
tres y  vont  chercher  fréquemment  ■■ 
adoucissement  à  leurs  maux. 

Le  règne  animal  ne  préaeote  annne 
espèce  remarquable.  Le  sanglier  cf  le 
cerf  sont  devenus  fort  rares  dans  les  boif  ; 
le  loup  noir  est  encore  au  contraire  isMi 
commun.  On  prend  sur  la  côte  le  phoqnc, 
le  cachalot ,  et  même  quelquefois  la  ha* 
leine;  les  étangs  alimentent  une  pèck 
abondante ,  dont  on  évalue  le  prodnit  i 
75,000  quintauK,  représentant  une< 
d'environ  545,000  fr.;  les  oiaeeni 
tiques  y  sont  aussi  nombreax  et  variés. 

Le  département  est  assea  riche  en  ai* 
néraux  ;  il  présente  des  indices  de  miûÊm 
dW  et  de  plomb  argentiicre,  et  de  mfr» 
cure;  celles  de  fer,  de  cuivre  et  de  honAt 
y  sont  en  exploitation  ;  des  carricro  di 
beau  marbre,  d'albâtre,  d^argile  à  po* 
tier,  etc.,  y  deviennent  la  source  d'aaf 
richesse  industrielle  qui  mérite  d*être  «• 
gnalée  ;  toutefois  c'est  Pagricnltnre  qii 
est  la  principale  source  de  bien-êtra 
Sur  624,362  hecUres,  étendue  totale, 
on  comptait,  en  1834,  156,566  hert 
en  terres  labourables,  8,537  en  prêt, 
103,682  en  vignes  et  77,644  en  bois;  h 
récolte  annuelle  est,  approximativcacnt, 
en  céréales  et  parmentières  de  1  millioa 
d'hectolitres,  et  en  vins  de  S  millions.  L» 
froment  est  de  bonne  qualité,  asais  le  mI 
n*en  produit  pas  la  quantité  néccHairr  t 
la  consommation  des  habitants;  le»  vim 
sont  très  estimés  ;  on  cite  surtout  dans  le 
nombre  ceux  de  Saint-Georges,  de  Fme- 
tignan  et  de  Lunel.  A  ces  cultures,  il  fant 
ajouter  celle  du  marier  qui  ai 


ttER 


(70^ 


HER 


raml  «t  donne  Heu  àunepcodnclion  d'en- 
iron230,000  kilogr.  detoie.  L'olivier,  le 
renadieT)  le  figuier  croiasent  eiusi  sur 
mqa€  tout  les  poiuU  du  territoire.  Les 
àtnrages  en  prairies  artificielles  sont  très 
tendus,  et  l'on  y  élève  des  moutons 
ont  U  chair  est  exquise  et  dont  la  laine 
»me  un  produit  annuel  d'environ 
^00,000  kilogrammes.  L'éducation  des 
beilles  est  aussi  fort  bien  entendue;  elle 
lonne  lieu  à  une  exportation  en  cire  qui 
ipprocfae  de  la  valeur  de  1  million  de  fr. 
jedépartement  renferme  environ  10,000 
:lievanxet  15,000  bètes  à  cornes  (race 
Mmne);  on  évalue  le  revenu  territorial 
1 31,500,000  fir.  :  un  commerce  impor- 
tant est  alimenté  par  ces  produits  divers. 
Le  nombre  des  foires  est  de  95  remplis* 
lut  308  journées;  outre  les  moyens  de 
RMununication  que  présentent  les  cours 
d*eatt  nalureb,  nous  devons  mentionner 
il  canal  du  Languedoc  qui  traverse  le 
iépertement  dans  une  étendue  de  66,000 
iàrcs  et  Tient  y  aboutir  à  la  mer  par 
tomg  de  Thau.  D'autres  canaux  secon- 
bires  font  participer  la  contrée  aux  avan- 
i§ea  qui  résultent  de  cette  belle  voie. 
•pt  routes  royales  et  dix-sept  routes  dé- 
nrtementales  coupent  le  département 
noa  tous  les  sens.  Ces  routes  présen- 
lient  avec  les  chemins  vicinaux,  en  1 8  3  7, 
A  développement  de  5,817  kilomètres. 
et  chemin  de  fer  de  Cette  à  Montpellier 
9iig  de  37,500  mètres  est  venu,  dans  ces 
lemîères  années,  ajouter  à  tous  ces  nom- 
«eox  moyens  de  communication. 

La  population  totale  du  département 
«ait,  en  1836,  de  357, 846  individus,  pré- 
entant  1,132  habitants  par  lieue  carrée. 
}eCle  population  a  gagné,  del801àl836, 
(3,397  individus  ou  près  d^un  tiers.  On 
i  compté,  en  1835,  1 1 ,240  naissances , 
avoir  :  5,654  masculines  et  5,586  fémi- 
lînes;  sur  le  nombre  total,  581  naissan- 
ses  Ulégitimes;  9,992  décès,  dont  5,047 
nasculins  et  4,945  féminins,  et  8,025 
■nriages.  Le  nombre  des  citoyens  inscrits 
■r  le  registre  de  la  garde  nationale  est 
b  44,956,  dont  19,599  sur  le  contrôle 
ht  service  ordinaire.  Le  contingent  an- 
mel  est  de  922  jeunes  soldats.  Le  nom- 
»ni  des  cotes  foncières  était,  en  1835,  de 
115,048,  présentant  sur  1815  un  excé- 
bot  de  17,785^  sor  le  nombre  total  des 


GonCrihmbkB,  8,609  étaient  «»w..«p, 
1837,  sur  les  listes  électorales.  Le  nom* 
bre  des  députés  du  département  est  de  6. 
En  1831,ila  payé  à  l'eut  12,3 12,8 19  fr. 
95  c,  et  en  a  reçu  9,988,319  fr.  69  c. 
U  est  comprb  dans  la  9®  division  mili* 
taire,  dont  le  chef-lieu  est  à  Montpellier, 
et  fait  partie  du  ressort  d'une  cour  royale 
et  d'une  académie  universitaire  qui  si^ 
gent  dans  la  même  ville;  il  forme  le  dio- 
cèse d'un  évêché  érigé  au  vi^  siècle.  Les 
cultes  protestant  et  israélite  y  ont  plu- 
sieurs églises.  Indépendamment  des  éta- 
blissements scientifiques  que  renferme 
Montpellier,  chaque  chef-lieu  d'arron- 
dissement possède  une  société  d'agricul- 
ture. Sous  le  rapport  de  l'instruction  pri- 
maire, le  département  ne  comptait  plus, 
en  1836,  que  18  communes  ou  réunions 
de  communes  qui  ne  fussent  pas  pourvues 
d'écoles  primaires  municipales.  Le  nom- 
bre des  élèves  qui  fréquentaient  les  écoles 
exbtantes  était  de  81,908,  ou  1  sur  11 
habitants  environ.  Le  nombre  des  accu- 
sés était,  en  la  même  année,  de  74,  ou  1 
sur  4,836  individus;  celui  des  suicides 
de  17,  celui  des  aliénés  de  154.0n  y  comp- 
tait, en  1837,  trois  caisses  d*épargnes. 

Le  département  est,  sous  le  rapport 
administratif,  divisé  en  834  communes, 
dont  35  chefs-lieux  de  canton  et  4  ar- 
rondissements de  sous-préfecture,  qui  ont 
pour  chef-lieu ,  savoir  :  l^  Montpellier 
\voy,)y  chef-lieu  du  département.  Dans 
le  même  arrondissement  se  trouvent  Cette 
[voy,);s\\\efouàée^T\ja%iW^\Vtl^riàe 
mer  important,  le  seul  du  golfe  du  Lion 
où  les  navires  puissent  avoir  en  tout  temps 
un  sûr  abri,  avec  10,600  habitants,  et 
Lunel,  petite  ville  située  sur  le  canal  du 
même  nom,  qu'elle  donne  aussi  à  un  vin 
renommé,  avec  6,000  habitants;  2<*  Bé- 
ziers,  Julia  Biterra^  des  Romains,  ville 
dont  l'histoire  mentionne  les  fréquents  dé- 
sastres dans  les  guerres  civiles  et  religieu- 
ses du  Midi.  Elle  est  admirablement  située* 
sur  la  rive  gauche  de  l'Orb,  à  peu  de 
distance  du  canal  du  Languedoc,  et  peu- 
plée d'environ  17,000  habitants.  Dans  le 
même  arrondissement  se  trouvent  Agde, 
ville  ancienne  et  port  situé  vers  l'embou- 

(*)  On  rappelle  encore  dans  le  Midi  cet  an- 
cien proTorbe  :  Si  Deut  in  terris ,  vtlUt  habitart 
Biturris  (1«  nom  «st  ici  nn  ploriel,  Biiemt'^, 


UËR 


(704) 


HER 


churft  de  rHérault,  avec  8,000  liabiUnts, 
et  Pézénan ,  situé  près  de  la  rive  droite 
du  même  fleuve,  et  oîk  l'on  compte  un 
nombre  à  peu  près  égal  d'habitants; 
3®  Lodève ,  l'ancienne  iMteva^  peuplée 
d'environ  10,000  habitants;  4<>  Saint- 
Pons-de-Tomiers,  petite  ville  agréable- 
ment située  y  où  l'on  compte  environ 
6,500  âmes.  P.  A.  D. 

HÉRAULT  DE  SÉCHELLES  (^U- 
rib-Jean )  naquit  à  Paris,  en  1 760,  d'une 
famille  ancienne  et  honorable,  originaire 
de  la  Normandie.  Son  grand -père  avait 
été  lieutenant  général  de  police,  inten- 
dant de  la  ville  de  Paris  et  conseiller  d'é* 
tat.  Son  père,  colonel  du  régiment  de 
Rouergue,  était  mort  à  la  bataille  de 
Minden  (1759),  avant  la  naissance  de 
l'enfant.  Celui-ci  dut  l'honorable  posi* 
tion  sociale  à  laquelle  il  fut  élevé  dès  son 
début  dans  le  monde,  à  ses  avantages  phy- 
siques, à  sa  fortune  et  aussi  au  genre  d'es- 
prit, en  vogue  à  cette  époque,  dont  la 
nature  l'avait  richement  pourvu.  Encore 
très  jeune,  il  fut  présenté  à  la  cour  et 
recommandé  à  la  duchesse  de  Polignac, 
favorite  de  la  reine.  Dès  l'&ge  de  20 
ans,  nommé  avocat  du  roi  au  Chàte- 
let,  il  justifia  la  bienveillance  de  sa  pro- 
tectrice en  déployant  un  talent  remar* 
quablc.  Quelques  causes  d'un  haut  inté- 
rêt, et  entre  autres  la  défense  d'une 
mère  victime  de  l'ingratitude  de  sa  fille, 
furent  pour  lui  autant  d'occasions  de  faire 
briller  son  éloquence  et  de  montrer  la 
noblesse  de  son  caractère,  la  générosité 
de  son  cœur.  Ses  succès  au  barreau  et  la 
protection  de  la  reine  le  conduisirent  à 
une  des  fonctions  les  plus  honorables  de 
la  magistrature,  celle  d'avocat  général  à 
la  cour  du  pariement  de  Paris,  place  qu'il 
occupait  encore  au  moment  où  éclata  la 
révolution. 

Partisan  d'une  réforme  gouvernemen- 
tale, dont  déjà  il  avait  énergiquement 
soutenu  les  principes  contre  Dambray 
{vity.)^  membre  du  parlement,  Hérault 
de  Séchelles  ne  pouvait  qu'accueillir  avec 
enthousiasme  ra\cnir  que  semblait  pro- 
mettre la  révolution  àceu\  qui  n'en  pu- 
rent prévoir  toutes  les  conséquences.  Il 
se  rangea  sou^  le  drapeau  des  patrio- 
tes, le  14  juillet  I7H9,  et  déploya  au- 
tant décourage  que  de  sang-froid  lors  de 


la  prise  de  la  Bastille.  Ptede  iHiptapèi 
lorsque  l'on  réorganisa  les  trilMUMn ,  I 
fut  nommé  commissaire  da  loî  pièi  I 
tribunal  de  cassation.  Porté  à  l'AsMaMè 
législative  par  le  corpe  éledonl  de  PIm 
(septembre  1 79 1),  il  laîan  ignorar  ^hI 
que  temps  quelle  serait  sa  marche  poi 
tique.  Après  avoir  voté  le  rapport  de  I 
loi  en  vertu  de  laquelle  le 
l'assemblée  nationale,  dans  ata 
nications  avec  le  roi,  ne  devait  plos 
ner  à  ce  prince  le  titre  de  Majesté,  tm  I 
vit  se  ranger  presque  aosaitôc 
des  oppresseurs  de  la  oour  et  des 
très,  voter  la  guerre  contre  V\ 
et,  dans  le  courant  de  la  m 
fit  créer  un  tribunal  spécial,  rcmplaoéy  a 
1793,  par  le  tribunal  révolatMNUuivt. 

Président  de  l'Assemblée  Icgisklivi^j 
iiit  élu  membre  de  la  Convention  par  J 
département  de  la  Loire,  et  arriva  hmm 
tôt  à  la  présidence  de  cette  nonvelia  as 
semblée.  Il  abandonna  tour  k  toor  le  pHl 
des  Feuillants  et  des  Girondins  («er..iv  i 
finit  par  se  ranger  sous  rétendanl  de  1 
fiiction  des  Jacobins.  Il  prit  une  part  dé 
active  aui  événements  du  10  août,  cC^tf 
tribuant  aux  royalistes  les  désordres  et  k 
malheurs  de  cette  journée,  il  demaeé 
qu'ib  fussent  jugés  par  un  tribunal  wf^ 
cial. 

Envoyé  en  mission,  avec  deoi  de  ■ 
collègues,  dans  le  département  dn  Mort 
Blanc  pour  entamer  des  nêgociatioaaé 
paix  avec  les  puissances  étrangères,  I 
procès  de  Louis  XVI  fut  en 
son  alisence.  Hérault  de  SécfaaUes 
son  vote  pour  la  condjunnation,  sansdéi 
terminer  le  genre  de  peine  applieablii 
l'accusé,  ayant  consenti  à  la 
des  mots  à  mort  quVaigea  le 
tant  Grégoire  \yoy.\  membre  de  û  mtai 
commission. 

De  retour  de  sa  mission,  il  na  rsil 
pas  étranger  à  la  Intte  élevée  cnlie  ft 
Montagne  et  la  Gironde.  Ardent 
de  la  faction  des  sectionnaiics,  il  fil 
tituer  la  comminion  des  Donae  (  wor.  fil 
aoNns),  et  occupa  le  fauteuil  dlie  la  prt 
sidence  lors  de  la  proscription  da  3 1  ^ 
En  récompense  de  son  lèle,  Ucnnll  É 
élu  membre  du  Comité  de  salut 

Réélu  président  de  la  Convi 
figura  au  premier  rang  dans  la  fcte 


HER 


1706) 


HBB 


k 9  le  10  août,  sur  la  place  de  la  Bas- 
Ile  y  pour  U  présentation  de  la  consti- 
tMHi  an  peuple  Jûrançais.  Il  avait  prb 
■e  grande  part  à  la  rédaction  de  cet 
ne  e€  «nût  été  rapporteur  de  la  com- 
■MOD  nommée  à  cet  efiet.  Dans  les  séan- 
m  du  Comité  de  salut  public ,  il  pro- 
Bnit  les  mesures  les  plus  tyranniques, 
iUes  que  le  désarmement  des  suspects , 
annulation  de  leurs  passeports  et  autres 
des  arbitraires  de  ce  genre.  Ses  discours 
laient  empreints  d*un  cynisme  bien  peu 
n  barmonie  avec  Téducation  soignée 
11^  avait  reçue  et  dont  ses  écrits  anté- 
iaon  à  la  révolution  avaient  porté  Fem- 
wânte;  c*est  à  cette  occasion  que  Lava- 
»,  son  ancien  ami ,  lui  écrivit  qu'il  ne 
MNivait  s'eipliquer  comment  un  homme 
ibeé  si  baut  par  sa  naissance  et  son  édu- 
itîony  par  ses  talents  et  l'aménité  de 
n  moBfiirSy  se  fût  fait  le  complice  de 
laelqnessnbalternes  grossiers  et  stupides. 
fiénolt  lut  cette  lettre  au  Comité,  et  dit  : 
Ces  gens- là  pe  comprennent  pas  notre 
poeition.»Pen  de  temps  après,  il  parti  t  en 
pour  les  départements  du  Mont- 

et  du  Haut-Rbin.  On  peut  juger 
t  la  conduite  d'un  commissaire  quiécri- 
ik  :  «  J'ai  semé  des  guillotines  sur  ma 
rome ,  et  je  trouve  que  cela  produit  de 
bons  effets.  » 

Malgré  tant  de  preuves  non  équivoques 
I  aon  fanatique  dévouement  à  la  cause 
(«ofaitionnaire,  Hérault  fut  accusé  d'en- 
dmîr  des  relations  avec  les  ennemis  de 
i  lérolation ,  Proly  et  Dubuisson ,  d'à- 
lîr  an  de  concert  avec  Dumouriez,  Phi- 
ppe  Egalité  et  ses  fils.  On  le  signala  en- 
we  comme  complice  du  vol  desdiamants; 
afin  on  l'accusa  de  servir  et  de  trahir  tour 
tour  les  royalistes  et  les  révolutionnaires 
slon  Teiigence  de  ses  propres  intérêts, 
a  «Pleureuse  éloquence  de  Bentabole 
tde  C<mtbon  qui ,  en  son  absence ,  dé- 
mdirent  sa  cause,  le  talent  qu'il  déploya 

'il  se  défendit  lui-même  à  son  re- 
',  le  19  mars  1794,  ne  purent  con- 

Torage.  On  l'arrêta  sous  le  prétexte 
Savoir  donné  asile  à  uu  émigré,  et  il  fut 
ié  dans  la  prison  du  Luxembourg.  Ro- 
qui  craignait  l'insuffisance  du 

de  l'arrestation  de  Hérault ,  et  qui 
rait  à  se  vosger  de  lui ,  à  cause  des  hou- 
onrs  qœ  le  peuple  lui  avait  rendus  le 

Bncyehp.  d.G.d.  M.  Tome  XTII. 


jour  de  la  fête  de  la  Bastille,  le  signait 
comme  complice  de  la  conspiration  our- 
die par  Danton  ,  Camille  Desmoulins  et 
autres ,  et  l'envoya  devant  le  tribunal  ré- 
volutionnaire qui ,  après  des  débats  con- 
tinués pendant  trois  jours,  le  condamna 
à  la  peine  capitale  ainsi  que  ses  collègues. 
L'indifférence  avec  laquelle  il  entendit 
son  arrêt,  la  sérénité  et  le  sang-froid  qu'il 
montra  sur  i'échafaud  décèlent  un  grand 
courage  dont  il  avait  fait  preuve  en  plu- 
sieurs circonstances.  Il  mourut  à  l'âge  de 
34  ans. 

On  a  dit  de  Hérault  de  Séchelles  qu'il 
n'aimait  pas  le  sang  et  qu'à  l'aspect  des 
tombereaux  qui  portaient  les  condamnés 
au  supplice,  il  s'était  écrié  plus  d'une 
fois  qu'il  ne  se  montrait  sur  leur  pas- 
sage, «  que  pour  voir  l'agonie  de  la  Ré- 
«  publique  et  pour  apprendre  à  mourir.» 
Cela  prouve  seulement  qu'il  pouvait  en- 
trevoir les  suites  inévitables  du  despo- 
tisme révolutionnaire.  Peut-être  appré- 
cia-t-ii  plus  tard  les  conséquences  de  ce 
principe  émis  par  lui-même  à  la  tribune  : 
«  La  force  de  la  raison  et  la  force  du  peu- 
«  pie  sont  une  même  chose  !  » 

Hérault  de  Séchelles  a  publié  plusieurs 
ouvrages,  et  entre  autres,  V Eloge  de 
Sugery  abbé  de  Saint'^ Denis ^  Paris, 
1779;  une  Fisite  à  Buffon^  1 785,  réim- 
primée en  1802  sous  le  titre  de  Voyage 
à  Montbar;  un  Rapport  sur  la  Consti^ 
îution  de  1 793;  X^Tfiéorie  de  F  ambition^ 
1802,  publiée  et  annotée  par  M.  de  Sai- 
gnes ;  production  qui  repose  sur  un  maté- 
rialisme absolu,  mais  où  l'auteur  a  dissé- 
miné quelques  aperçus  profonds.  L.  d.  C. 

HÉRAUT,  voy.  Hérault. 

HERBACÉ.  Ce  mot  s'applique  aux 
parties  molles,  vertes  et  flexibles  des  plan- 
tes; parties  qui  sont  riches  en  chromule 
ou  matière  verte,  et  abreuvées  par  une 
grande  quantité  de  sucs  aqueux.  Si  l'on 
dit  d'une  plante  qu'elle  est  herbacée ,  on 
exprime  ainsi  qu'elle  réunit  toutes  les 
qualités  de  l'herbe;  mais  ce  n'est  pas 
sous  ce  point  de  vue  que  nous  allons 
considérer  ce  mot  :  nous  parlerons  plus 
loin  des  plantes  herbacées  [voy.  Herbe). 
Quel  que  soit  le  rang  assigné  à  une  plante, 
herbe  ou  arbre,  on  doit  la  regarder  comme 
essentiellement  formée  de  parties  molles 
et  de  parties  solides;  dans  les  premières 


ttER 


{106) 


REft 


abonde  le  tbsu  cellulaire ,  dans  les  der- 
nières le  tissu  vasculaire.  De  ces  deux  lia* 
sus  combinés  résultent  les  organes,  et  du 
jeu  de  ces  organes  la  Tie. 

Plus  le  rôle  des  organes  est  important) 
et  plus  il  entre  de  tissu  cellulaire  dans 
leur  structure  intime.  C'est  pourquoi  il 
abonde  dans  les  parties  vertes  des  plan- 
tes, ou,  en  d*autres  termes,  dans  les  par- 
ties herbacées  :  là  se  passent  les  princi- 
paux phénomènes  de  la  vie  de  nutrition. 
L'absorption  des  gaz  et  des  fluides  aqueux, 
leur  décomposition ,  Félaboration  de  la 
sève,la  formation  desprincipesimmédiats, 
tous  ces  grands  actes  physiologiques  s'exé- 
cutent dans  les  parties  herbacées  :  d'où 
il  résulte  naturellement  que  plus  une 
plante  en  possède ,  plus  son  développe- 
ment est  rapide. 

On  ne  peut  comprendre  la  vie  végé- 
tale sans  parties  herbacées  :  aussi  n'est- 
il  point  de  plante  phanérogame,  c'est-à- 
dire  à  reproduction  sexuelle  apparente , 
qui  n'en  présente  plus  ou  moins.  Les 
feuilles  ont  ce  caractère  au  plus  haut  de- 
gré; la  tige  des  herbes  et  les  jeunes  pous- 
ses des  arbres  le  revêtent  souvent  d'une 
manière  presque  aussi  marquée.  Le  calice 
et  Tovaire,  les  jeunes  fruits,  surtout  quand 
ils  sont  destinés  à  devenir  déhiscents  à 
leur  maturité,  sont  aussi  de  nature  her- 
bacée. La  racine  placée  hors  de  l'influence 
de  la  lumière  n'est  jamais  verte ,  et  les 
tiges  ligneuses  en  vieillissant  perdent  cette 
couleur  qu'elles  avaient  à  Tépoque  de  leur 
premier  développement. 

Les  parties  herbacées  des  plantes  n'ont 
qu'une  courte  durée.  Si  la  plante  tout 
entière  en  est  formée,  feuilles  et  tiges  dis- 
paraîtront bieniôt  (exemple,  les  herbes); 
si  la  plante  est  ligneuse,  la  tige  penbte, 
mais  les  feuilles  tombent ,  tantôt  annuel- 
lement ,  comme  cela  arrive  à  la  plupart 
des  arbres  européens ,  tantôt  à  des  épo- 
ques indéterminées,  comme  on  sait  qu'il 
advient  aux  arbres  à  feuilles  persistantes 
de  tous  les  climats. 

Toutes  les  parties  actives  du  végétal 
étant  herbacées,  et  toutes  les  parties  nou* 
velles  avant  ce  caractère ,  il  est  naturel 
d'établir  en  théorie  que  chaque  année  le 
résultat  de  la  germination  des  graines,  et 
celui  du  développement  des  bourgeons 
au  dei  ImlbeS)  est  de  donner  naissance  à 


des  plantes  herbittéet,  on,  m 
aime,  à  des  herbes  dont  les  unes  ont  en 
tiges  simples  et  périssables ,  et  les  aotm 
des  tiges  composées  et  vivaœs.  Noi»  di- 
sons composées,  parce  que  tous  les  au  il 
se  forme  dans  les  arbres  noe  tige  qoi  m 
moule,  à  l'intérieur  du  tronc,  sur  les  tifts 
précédentes;  les  feuilles  tombent,  asis 
la  zone  ligneuse  persbte  et  ajoote  à  b 
masse  totale  do  végétal.  Le  fait  est  iicile 
à  constater,  car  si  l'on  examine  la  coupe 
horizontale  d'un  tronc  déjà  vieux,  sa 
s'assure  bientôt  qu'il  est  constitué  dTuiie 
foule  de  cercles  concentriques ,  qui  de- 
viennent de  plus  en  plus  considérables 
quand  on  s'approche  de  la  eirconllémee. 
Chaque  zone  est  le  résultat  de  la  véftéia- 
tion  d'une  année ,  et  Von  pent  ahni  cal- 
culer l'âge  de  l'arbre  qui  a  servi  à  faira 
l'expérience. 

Ainsi,  quand,  au  printemps,  les  ym 
se  portent  sur  un  riant  pajsage,  où  ks 
plantes  semblent  se  plaire  à  varier  lem 
formes,  leurs  dimensions  et  leur  aspect, 
ils  ne  découvrent  que  des  herbes  à  exin 
tence  fugitive  :  les  unes  humbles  dam  Inr 
port  et  en  communication  avec  le  sol  pv 
une  tige  annuelle;  les  autres,  pim  os 
moins  élevées,  se  balançant  avec  grice  m 
sommet  d'unctige  puissante,  mille  fois n* 
mifiée ,  dont  la  durée  doit  lasaer  le  trap 
et  se  compter  souvent  par  des  siècles. 

Plus  on  s'avance  des  pôles  vcn  ki 
tropiques ,  plus  la  nature  a  de  tendaare 
à  remplacer  les  parties  herbacées  nar  an 
parties  ligneuses.  Dans  la  llaute-Rgvptrt 
en  Syrie,  au  Sénégal,  en  Arabie,  an  Cap» 
les  végétaux  n'ont  ordinairement  qatée 
petites  feuilles,  quelquefois  même  ihca 
sont  totalement  privés,  et  il  n'existe  d'au* 
très  surfaces  herbacées  que  la  tige.  Us 
rameaux  avortent  et  se  changent  ea  ep*- 
nés  dures  et  acérées  ;  une  teinte  grisitrr 
remplace  cette  couleur  verte  si  riaote  f( 
qui  plaît  tant  à  l'œil  ;  tout  devint  roidr, 
tortueux,  sans  souplesse.  C'est  que  Tfir* 
ment  ligneux  a  remplacé  les  partie»  bfr- 
bacées.  Mais  que  la  chaleur  soit  awiai 
vive  et  le  sol   plus  favorable,  alon  ^ 
développement   s'opère    avec   une   trr« 
grande  facilité ,  les  parties  molles  et  ks 
parties   solides    s'équilibrent,    et   cette 
harmonie  parfaite  donne  aux  plante»  bdc 
grâce  incomparable.  Telle  est  la  naont 


c 


a 

m 
I 


I- 


HER 


(tôt) 


HER 


«éftele  dant  les  régioiu  tempéréet  de 
rEmope  :  rien  n^est  plus  beau  que  not 
;  et  pourtant,  injustes  que  nous 
y  qui  de  nous  n*a  rêvé  les  terres 
loîouinea  et  ne  s^est  transporté  par  la 
pensée  sous  des  deux  étrangers?  A.  F. 

HBRBAOB ,  voy,  Peaiaics  y  Four- 
MAOB ,  Four.  On  appelle  herbagers  ceux 
^  s^occapent  d'engraisser,  dans  des  prés 
^*on  ne  fiiucbe  pas,  en  Normandie,  dans 
le  BcrrTy  etc.,  des  bestiaux  de  race  bo- 

X. 

HER  B ART  (JEAH-FaiDiéEic),  pro- 
ir  de  philosophie  à  l'université  de 
Goettingue,  occupe  un  des  premiers  rangs 
pvmi  les  penseurs  de  l'Allemagne  ac- 
iMlle.  Né  à  Oldenbourg,  en  1776,  il  ter- 
BÎDa  ses  études  à  l'université  dléna,  oik 
i  s'attacha  d*abord  à  Fichte;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  quitter  ce  maitre  pour  suivre 
avec  indépendance  la  voie  de  sa  propre 
pensée.  Appelé  à  Berne  comme  précep* 
leur,  et  admis  dans  la  familiarité  de  Pes- 
taknzi,  Uerbart  débuta  par  des  écrits  pé- 
dagogiques. Sa  Pédagogique  générale  ^ 
déduite  du  buidel'éducaiion{Gœiiinfaey 
IM6),  révélait  un  esprit  à  la  fois  sage  et 
•rîginal.  Dans  l'introduction,  l'auteur 
apprécie  les  systèmes  d^éducation  si  op- 
posés de  Rousseau  et  de  Locke ,  et  voici 
en  qoi  résulte  pour  lui  de  leur  examen  : 
Pélève  de  la  nature  selon  le  premier  sera 
Malbenreux  dans  le  monde,  et  l'élève  du 
tteood  ne  sera  qu'un  esclave  des  conven- 
tioDs  sociales.  L'éducation  toute  conven- 
timinelle  tend  à  faire  durer  les  maux  du 
présent;  et  vouloir  former  les  hommes 
selon  la  nature,  c'est  rouvrir  pour  eux 
In  série  des  maux  du  passé.  Ce  qu'à  tout 
iastant  de  sa  durée  l'humanité  peut  faire 
de  plus  utile,  c'est  d'offrir  à  la  nouvelle 
géoération  le  résumé  de  tout  ce  qu'elle 
a  senti,  tenté  et  pensé.  C'est  diaprés  ce 
principe  que  M.  Herbart  veut  que  soit 
dirigée  l'éducation  de  la  jeunesse.  Il  borne 
In  tâche  de  l'instituteur  à  interpréter  Fex- 
périence  de  l'humanité  ;  l'éducation  et 
rinstruction  doivent  concourir  au  même 
bot  et  se  rapporter  l'une  à  l'autre. 

Nommé  successivement  professeur  k 
Gcettingue  (  1805  )  et  îi  Kœaigsberg 
(1809),  enfin,  rappelé  à  Gœttingue  en 
1833,  M.  Herbart  ne  publia  qu'à  de  longs 
fatnr  f  ailes  les  divenes  parties  de  son  sys* 


tème,  cC  ne  réussit  que  lentement  à  for« 
mer  une  école  dont  le  siège  est  princi- 
palement à  Gœttingue  et  à  Leipzig. 

Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  nous  re- 
marquons les  suivants,  tous  écrits  en  al- 
lemand, mais  dont  nous  nous  bornons  à 
donner  les  titres  en  français  :  Philoso^ 
phie  pratique  générale  ^  Gœtt.,  1808; 
De  mon  opposition  à  la  philosophie  du 
joury  Kœnigsb.,  1814;  Za  Psychologie^ 
fondée  sur  l'expérience ,  sur  la  méta^ 
physique  et  sur  les  mathématiques  y  ib.y 
1824,  2  vol.;  Métaphysique  générale  y 
avec  les  éléments  de  la  philosophie  de  la 
nature,  ibid.y  1828,  2  vol.  in-8®;  Exa^ 
men  analytique  du  droit  et  de  la  mo" 
raie  y  Gœii. y  1836. 

M.  Herbart  a  surtout  cultivé  la  psycho- 
logie, qu'il  prétend  fonder  sur  le  calcul. 
Il  publia,  en  1 822,  un  écrit  intitulé  :  De 
la  nécessité  d'appliquer  les  mathéma^ 
tiques  à  la  psychologie  y  et  un  autre  :  De 
Attentionis  mensura  causixque  pritna» 
riis  psychologiœ,.,  principia  statica  et 
meclianica  exemple  illustrata;  et  il  vient 
de  faire  paraître  une  première  livraison 
de  ses  Recherches psychologiqueSyGœXX.y 
1839. Enfin,  il  a  exposé  sa  philosophie 
d'une  manière  plus  populaire  dans  une 
Introduction  à  la  philosophie  (Gœtt. , 
1813,  4«  édit. ,  1834)  ,  dans  un  Abrégé 
de  la  psychologie  (  ibid, ,  1^  1 5 ,  2*  éd. , 
1834)  et  dans  un  Précis  encyclopédique 
de  la  philosophie,  considérée  sous  le 
point  de  vue  pratique  (Kœnigsb.,  1831). 

Une  discussion  assez  vive  s'est  récem- 
ment élevée  en  Allemagne  sur  la  place 
qu'il  convient  d'assigner  à  ce  penseur 
dans  le  grand  mouvement  philosophique 
qui  date  de  la  critique  de  Rant.  Tandis 
que  les  organes  de  l'école  de  Hegel  ne 
voient  dans  la  philosophie  de  AL  Herbart 
qu'un  épisode  sans  intérêt,  ou  la  queue 
traînante  d'un  système  vieilli,  d'autres  la 
proclament  indépendante,  originale  et 
digne  de  toute  l'attention  du  monde  phi- 
losophique; d'autres  enfin  y  reconnais- 
sent une  opposition  légitime  et  nécessaire 
à  la  philosophie  dominante.  Fojr.  Hegel 

et  SCHELLINO. 

D^accord  avec  un  des  disciples  de 
M.  Herbart  \  nous  le  considérons  comme 

(*)  M.  Drobi«ch,    Beitreege    sur  Orùntirung 
ûher  Btrbartt  S/sttm ,  Leipz.,  1S34. 


HER 

ayant  continué,  dans  un  autre  aens  que 
Fichte,  les  travaux  de  Rant  ;  comme  le 
principal  représentant  de  cette  direction 
philosophique  qui,  tout  en  reconnaissant 
d^une  part  des  limites  infranchissables  y 
laisse  espérer  d'un  autre  côté  une  exten- 
sion indéfinie  du  savoir.  M.  Uerbart  relève 
historiquement  de  Kant,  sans  être  de  son 
école.  Son  système  forme  opposition  à 
toutes  les  doctrines  philosophiques  qui 
ont  dominé  en  Allemagne  depuis  Pavé- 
nement  de  Fichte.  L'ancien  dogmatisme 
avait  été  vaincu  par  la  critique,  et  le  réa- 
lisme vulgaire  était  devenu  la  proie  facile 
de  la  philosophie  sceptique  et  idéaliste. 
Mais  le  scepticisme  n'est  qu'un  moyen 
pour  arriver  à  la  vérité,  et  l'idéalisme,  en 
s'exagérant  lui-même,  doit  ramener  l'es- 
prit à  un  réalisme  {vojr,  ces  mots)  éclairé. 
Ce  retour  au  réalisme  par  TidéalUme  est  la 
pensée  déterminante  de  la  philosophie  de 
M.  Herbart.  Il  eut  l'ambition  de  revenir 
en  quelque  sorte  sur  l'œuvre  de  Kant  et 
de  la  continuer  dans  un  autre  esprit. 

Dans  son  opposition  à  la  philosophie 
dominante,  M.  Ilerbart  s'en  sépare  d'a- 
bord d'une  manière  tranchée  par  la  mé- 
thode  qui   lui  est   propre.  Ainsi,  d'a- 
près M.  de  Schelling  et  Hegel,  la  vé- 
rité philosophique  se  manifeste  diverse- 
ment selon  la  diversité  des  points  de  vue 
et  des  principes,  et  elle  ne  se  produit 
tout  entière  que  graduellement,  tendant 
sans  cesse  à  un  contenu  plus  complet  et 
à  une  forme  plus  parfaite  :  au  lieu  d'envi- 
sager de  cette  manière  la  vérité,  celle-ci, 
d'après  M.  Herbart,  est  toujours  la  même 
au  fond  et  dans  la  forme.  Pour  toute  ques- 
tion il  n'y  a,  selon  lui,  qu'une  seule  solu- 
tion absolument  juste;  le  savoir  philoso- 
phique est  susceptible  d'un  accroissement 
indéfini,  mais  ce  qui  en  est  une  fois  éta- 
bli est  valable  pour  tous  les  temps  et 
pour  toutes  les  intelligences. 

Par  une  conséquence  naturelle  de  cette 
manière  de  voir,  M.  Herbart,  au  lieu  de 
rattacher  sa  philosophie  à  celle  de  ses 
prédécesseurs,  s'applique  avant  tout  à 
bien  saisir  et  à  formuler  nettement  les 
questions  fondamentales,  et  à  en  pour- 
suivre avec  indépendance  la  solution  ri- 
goureuse, ne  reconnaissant  d'autre  point 
de  départ  que  les  notions  données  na- 
torellemcDt  et  nmeiiéct  à  leur  origine. 


(  708  )  HBR 

Par  là  même  raison,  renoiiçiiitàctlit 
prétention  que,  depuis  Fichte,  la  phikit»» 
phie  allemande  n'a  cessé  d'élever,  la  pr^ 
tention  de  déduire  toute  la  science  d*an 
principe  unique,  M.  Herbart  veut  qet 
chacune  de  ses  parties  soit  traitée  à  part, 
fondée  sur  sa  propre  base.  Il  admet  aae 
pluralité  de  principes  ooordoaoés  enHe 
eux.  Il  laisse  à  chaque  science,  et  Mémt  à 
chaque  question,  sa  sphère  propre,  H 
traite  chacune  selon  sa  nature.  Rien  n'em- 
pêchera après  cela  de  réunir  les  résaltals 
obtenus  en  un  système  unique  :  noirt 
philosophe  se  repose,  quanta  cette nnité^ 
sur  l'unité  naturelle  de  la  raison. 

La  philosophie  n'a  pas,  selon  M.  Her- 
bert, un  objet  exclusif.  Son  fondcscnt 
c'est  Vexpérience,  et  son  objet  est  d'ai- 
der, de  développer  et  de  rectiier  cent 
expérience  par  la  pensée  mécessairtj  d*a 
examiner  et  déterminer  la  valeur  par  b 
réflexion  :  la  philosophie  est  Vélûiora" 
tion  des  notions  données  {die  Bearêft^ 
tung  der  Begrijfe), 

Le  premier  devoir  de  la  réflexion  ctf 
de  rendre  les  notions  claires  et  dîstiociss  : 
ce  travail  est  l'objet  de  la  logique.  Or  fl  f 
a  des  notions  données  dans  rexpéricnct 
qui,  à  mesure  qu'elles  sont  élaborées,  m 
montrent  de  plus  en  plus  pleines  de  etn- 
tradictions.  De  là  pour  la  réflexion  le  é^ 
voir  de  les  rectifier,  de  les  aiodificrci 
les  complétant  par  des  éléments  non- 
veaux  que  fournit  la  pensée  :  tel  est  Tob- 
jet  de  la  métaphysique  ^  qui,  en  taat 
qu'elle  porte  sur  les  notions  les  plus  gé- 
nérales, est  ontologie  y  et  qui,  daa^  ses  ap- 
plications spéciales,  devient  psyckolngte, 
philosophie  de  la  nature  et  théologt. 
Ensemble,  les  sciences  métapbyMqwi  f«r> 
ment  la  philosophie  théorique» 

Reste  une  dernière  classe  de  notions 
qui  se  distinguent  des  idées  aétaplmi* 
ques  en  ce  qu'elles  sont  d'une  éiidinrr 
immédiate  et  accompagnées  dans  Tasprit 
d'un  jugement  d'approbation  cm  dl»- 
probation.  La  science  de  ces  notions  c*crt 
Vesthétique^  qui,  dans  ce  système,  cmi- 
prend  la  morale  et  V esthétique  propre- 
ment dite,  et  constitue  la  philosoph't 
pratique.  Dans  son  application  aux  fûts, 
l'esthétique  donne  lieu  à  une  série  dt 
théories  d'art  qui  enseignent  ce  qu'il  imsl 
faire  pour  produire  œ  qui  plait.  Pw«i 


HER 


(709) 


H£R 


illcsy  il  en  est  une  dont  les  préceptes  ont 
ie  caractère  de  la  nécessité  et  s'imposent 
Bomme  autant  de  devoirs  :  c'est  la  morale. 

Pour  ce  qui  est  de  savoir  comment  le 
ingénient  esthétique  détermine  la  volonté 
Bt  produit  la  conscience  morale,  ainsi 
que  le  goût,  cette  question  est  du  do- 
maine de  la  psychologie,  qui  elle-même 
dépend  de  la  méUphysique. 

La  métaphysique  et  l'esthétique  ne  peu- 
vent s'occuper  que  de  notions  données 
ou  résultant  logiquement  des  données  de 
l'eipérienoe  :  tout  le  reste  est  factice  et 
gratuit.  Les  notions  ou  les  jugements  qui 
peuvent  servir  de  points  de  départ  au 
travail  philosophique  sont  des  principes. 
Les  principes  doivent  avoir  le  double  ca- 
ractère d'être  primitifs  et  de  renfermer 
d'autres  propositions  :  la  manière  d'en 
déduire  ces  propositions  c'est  la  méthode, 
La  méthode  générale  est  donnée  dans  la 
logique.  Les  principes  et  les  méthodes 
spéciales  se  déterminent  et  s'éclairent 
mutuellement,  et  forment  ensemble  les 
conditions  premières  du  savoir  philoso- 
phique. 

Selon  M.  Herbart,  la  psychologie  ne 
peut  servir  ni  de  base,  ni  même  de  pré- 
liminaire à  la  philosophie.  La  psychologie 
expérimentale  a  besoin  d'être  modifiée 
par  la  métaphysique.  Il  rejette  la  plura- 
lité des  facultés  de  l'âme  et  les  compare 
■nx  êtres  fabuleux  de  la  mythologie,  qui 
•e dissipent  comme  des  fantômes  au  grand 
jour  de  la  vérité. 

Le  doute  concernant  l'autorité  du  sens 
oommun  ou  de  l'expérience  est  le  com- 
mencement de  toute  philosophie.  Pour 
s'engager  sans  péril  dans  ce  mouvement 
de  la  pensée  né  du  doute,  il  faut  se  pla- 
cer sur  le  sol  inébranlable  des  idées  mo- 
ndes. La  réflexion  sceptique,  qui  frappe 
d'incertitude  les  croyances  vulgaires,  est 
de  deux  degrés.  Celle  du  degré  inférieur 
doute  que  les  choses  soient  réellement 
telles  qu'elles  nous  apparaissent;  celle  du 
degré  supérieur  met  en  question  l'exis- 
tence même  des  choses.  Ce  doute  menace 
de  frapper  de  nullité  toute  notre  expé- 
rience de  la  nature  et  de  nous-mêmes  :  il 
peut  aller  jusqu'à  s'attaquer  aux  opéra- 
tions de  la  pensée  et  mettre  en  question  la 
légitimité  de  l'induction,  sur  laquelle 
pose  tout  le  syatàme  de  l'expérieDce. 


Tous  ces  doutes  font  comprendre  la  né- 
cessité de  la  philosophie.  Pour  les  vaincre, 
la  métaphysique  devra  rétablir  le  fait  que 
les  formes  de  nos  perceptions  sont  vé^ 
ritablement  données  avec  elles,  £t  puis- 
qu'il se  trouve  que  les  notions  fonda- 
mentales de  l'expérience,  quoique  réelle- 
ment données,  sont  néanmoins  pleines 
de  contradictions,  la  métaphysique,  par 
cela  même  qu'elle  corrige  ces  notions  en 
les  modifiant,  étend  notre  savoir  au-delà 
de  ce  qui  est  donné  dans  l'expérience. 

Pour  être  apte  à  former  un  système , 
il  faut  ou  ignorer  le  doute  on  l'avoir 
vaincu.  On  professe  l'empirisme  dans  le 
premier  cas,  le  rationalisme  dans  le  se- 
cond. Le  premier  s'en  rapporte  aveuglé- 
ment à  l'expérience,  et,  supposant  à  l'âme 
et  à  la  nature  autant  de  forces  qu'on  a 
observé  de  classes  de  phénomènes ,  il  se 
persuade  faussement  que  ces  forces  sont 
données  avec  les  phénomènes.  Ainsi  l'em- 
piriste  est  rationaliste  sans  le  savoir.  Le 
véritable  rationaliste  ne  méprise  pas  l'ex- 
périence ;  mais  il  la  rectifie  et  l'apprécie 
à  sa  juste  valeur. 

Les  doutes  soulevés  par  la  réflexion 
contre  la  certitude  de  l'expérience,  font 
connaître  les  vrais  problèmes  de  la  mé- 
taphysique. Ceux  qui  portent  sur  la  réa- 
lité de  la  connaissance  sensible  sont  con- 
firmés par  la  spéculation,  qui  établit  sans 
peine  que  la  vraie  nature  des  choses  ne 
tombe  passons  lessens.Ceux,  au  contraire, 
qui  concernent  les  formes  de  l'expérience, 
s'évanouissent  à  l'examen  :  ces  formes  sont 
toutes  sauvées ,  parce  qu'elles  sont  toutes 
également  compromises  et  qu'elles  ap- 
paraissent d'une  manière  si  déterminée 
qu'il  ne  dépend  pas  de  la  pensée  d'y  rien 
changer;  mais  il  est  également  impossible 
d'accepter  les  notions  de  ces  formes  telles 
qu'elles  sont  données ,  et  de  les  rejeter  : 
il  faut  donc  les  modifier  par  la  pensée  y 
et  c'est  là  le  problème  général  de  la  mé- 
taphysique. 

La  métaphysique  générale ,  selon 
M.  Herbart  y  insiste  d'abord  sur  l'igno- 
rance où  nous  laissent  les  sens  quant  à  la 
nature  réelle  des  corps ,  sur  l'impossibi- 
lité logique  de  les  concevoir  à  la  fois 
comme  des  unités  réelles  et  comme  occu^ 
pant  une  place  dans  le  temps  et  dans  l'es- 
pace ,  comme  des  grandeurs  finies  corn-* 


UËH  (710) 

posées  d'une  multitude  infinie  de  parties, 
comme  des  réalités  qui ,  par  leur  infinie 
divisibilité ,  se  perdent  dans  Tinfiniment 
petit.  Elle  insiste  ensuite  sur  Tabsurdité 
de  la  notion  du  changement ^  et  enfin 
sur  les  contradictions  que  renferme  la  no- 
tion du  moij  qui  se  présente  également 
comme  à  la  fois  un  et  multiple^  notion 
qui ,  envisagée  de  près ,  est  une  percep- 
tion sans  objet  per^u.  Ce  sont  là  des  con- 
tradictions qui  prouvent  que  cette  notion 
du  moij  loin  de  pouvoir  servir  de  base 
à  tout  savoir,  a  besoin  elle-même  d'être 
modifiée  par  la  pensée. 

La  métaphysique  s'occupe  d'une  ma- 
nière toute  spéciale  de  la  notion  du  chan* 
gement.  Pour  en  démontrer  l'absurdité, 
M.  Herbert  établit  ce  qu'il  appelle  le  /rr- 
lemme  du  mouvement.  Le  changement 
ne  peut  s'expliquer  que  de  trois  manières. 
Il  a  lieu,  ou  par  une  cause  eiterne,  ou  par 
une  cause  interne,  ou  bien  il  est  sans 
cause ,  c'est-à-dire  absolu.  Or  les  trois 
systèmes ,  celui  d'une  causalité  indéfinie, 
celui  de  la  liberté  et  celui  du  mouvement 
absolu ,  présentent  des  difficultés  égale- 
ment inextricables  :  donc  il  n'y  a  pas  de 
changement  réel.  Pour  sortir  de  là ,  il  faut 
admettre  une  autre  espèce  de  causalité 
externe  que  celle  de  l'expérience,  et  cette 
autre  causalité  résultera  de  la  vraie  doc- 
trine de  Tétre  ou  de  l'ontologie,  qui  rec- 
tifie les  notions  de  matière  ,  de  divisibi- 
lité, de  substance,  et  qui  servira  ainsi  de 
fondement  à  la  psyi*hologie  et  à  la  phi- 
losophie de  la  nature. 

L'absurdité  de  la  divisibilité  infinie  de 
la  matière  et  de  la  notion  du  changement 
conduit  nécessairement  à  l'idée  des  étrts 
simples  ,  qu'il  ne  faut  pas  concevoir 
comme  des  atomes ,  lesquels  sont  encore 
de  la  matière ,  mais  comme  des  monades 
d^une  qualité  simple,  sans  opposition  in* 
terne ,  différentes  les  unes  des  autres  et 
indépendantes  des  conditions  de  temps 
et  d*espace.  Ces  êtres  simples  sont  doués 
primitivement  de  forces  qui  leur  sont 
propres  et  agissent  les  uns  sur  les  autres 
selop  leur  nature  diverse.  Ceux  de  même 
nature  se  repoussent  ;  ceux  qui  sont  con- 
traires entre  eux  s'attirent  et  tendent  à 
s'unir  sans  se  confondre.  Troublés  dans 
leur  exbtence  par  la  pression  de  leurs 
conxnkm ,  les  êlrei  timptoi,  «a  ^  léiii- 


H£R 

tant,  font  des  efioru  pour  m 
ce  qu'ils  sont  :  de  là  cette  tbéoriedcspnw 
turbations  et  des  efforts  de  comsenm^ 
tion  des  êtres  simples  qui  oonstitoe  Ton» 
tologie  de  M.  Herbert,  et  qai  s*appliq« 
également  à  la  philosophie  de  la  natopi 
et  à  la  psychologie.  Du  jen  de  leur  près» 
sion  et  de  leur  résistance  résultent  tom 
les  mouvements  et  toute*  les  apparenesi 
qui  constituent  lemonile  phénooiéoal.OiK 
la  même  manière,  da  jea  des  pereeptiom 
simples  dans  la  conseteooe  résultent  Him 
les  mouvements  de  l'âme,  tooa  les  phé- 
nomènes internes. 

La  psychologie  et  la  philosophie  de  la 
nature  ont  chacune  une  partie  syntkéti* 
que  et  une  partie  amaijtiqme.  Dans  la 
première  sont  posés  les  principes,  il 
dans  la  seconde  l'expérience  est  eipli* 
quée  d'après  ces  principes,  de  telle  lofli 
que  les  faits  servent  de  preuve  à  la  spé- 
culation. 

Toutes  nos  idées  sont  unies  dans  um 
même  conscience  :  il  faut  donc  les  rap- 
porter à  un  être  unique ,  qui  est  riac, 
être  simple  parce  qu'il  est  réel,  iamor 
tel  parce  qu'il  est  simple.  C'est  une  ao- 
nade  douée  de  la  qualité  simple  de  ptr» 
cevoir,  ou  de  la  faculté  représentative  II 
vis  représenta tiva  de  Leiboila  ). 

Les  idées,  en  se  pénétrant  les  unes  hi 
autres,  s'entrechoquent  on  se  sospendtsl 
quand  elles  sont  opposées  entre  elles,  si 
se  réunisMut  en  une  seule  et  même  farct 
quand  elles  sont  analogues.  Les  \fàtm 
ainsi  suspendues  ou  empêchées  tendent  à 
se  rétablir  dans  leur  indépendance  :  es 
là  ce  qu'on  appelle  la  faculté  dmppè^ 
tion^  la  volonté,  qui  n'est  pas  une  flKvIté 
particulière ,  mais  une  conséquence  de  h 
suspension  des  idées.  H  y  ■  cette  anaktfit 
entre  la  psychologie  de  M .  Herbert  et  rrlk 
de  Condillac  que  les  deux  philosophes  n- 
pliquent  toute  la  vie  intellectuelle  et  mo- 
raie  par  un  fait  unique  :  celui-ci  par  h 
seule  sensation ,  celui-là  par  le  seul  jm 
des  idées. 

Les  idées  étant  considérées  comme  da 
forces  opposées  qui  se  balancent ,  il  s*eo* 
suit  que  la  partie  métaphysique  de  b 
psychologie  doit  renfermei  une  stutt^m 
et  une  mécanique  de  l'esprit ,  et  qne  b 
calcul  est  nécessaire  pour  etpliqMr  bs 
yhéaomènei  de  h 


HER  (71 

Dans  ce  système,  les  différentes  facul- 
tés de  Tame  ne  sont  que  des  chefs  sous 
lesquels  oo  a  classé  les  phénomènes  in- 
leroes  ;  les  idées  seules  sont  essentielles  , 
«t  de  leur  action  réciproque  résultent  les 
«ntiments  et  les  désirs.  Si  les  sentiments 
cl  les  désirs  sont  si  souvent  contraires 
entre  eux ,  ce  n'est  pas  qu'il  y  ait  dans 
Fâme  deux  principes  ennemis,  l'un  con- 
seillant le  bien ,  l'autre  portant  au  mal  ; 
c'est  parce  que  les  idées,  au  lieu  de  se 
présenter  à  l'esprit  une  à  une  ou  unifor- 
Bément  liées  entre  elles,  s'offrent  par 
masses  diverses ,  et  que  chacune  de  ces 
Basses  porte  avec  elle  ses  désirs  et  ses 
KBtiments  particuliers. 

Une  des  différences  les  plus  générales 
foi  exbtent  entre  ces  diverses  masses  d'i- 
dées provient  de  ce  que  les  unes  sont 
plus  anciennes,  les  autres  plus  récentes, 
tant  pour  l'individu  que  pour  l'espèce. 
Le  progrès  de  l'intelligence  et  de  la  mo- 
valité  a  sa  source  dans  l'action  des  an- 
ciennes masses  de  pensées  sur  les  non- 
irelles.  La  raison  qui  dislingue  l'homme 
de  la  brute  et  de  l'homme  sauvage ,  c'est 
la  réflexion ,  le  discernement  des  motifs. 
Elle  est  tour  à  tour  pensée  logique ,  fa- 
culté de  r absolu  et  raison  pratique, 

Noos  n'insisterons  pas  sur  tout  ce  que 
cette  psychologie  offre  de  prise  à  la  cri- 
tique. Si,  d'un  côté,  elle  est  très  favorable 
an  dogme  de  l'immortalité  de  l'âme,  d'un 
antre,  elle  l'est  fort  peu  à  la  liberté  mo- 
rale. La  raison  n'y  est  qu'un  fait  psycho- 
logique ,  et  la  liberté  est  acquise  comme 
la  raison.  Un  homme  n'est  libre  qu'au- 
tant qu'il  a  du  caractère,  et  il  n'a  du  ca- 
ractère qu'autant  qu'il  y  a  en  lui  des 
massesd'idées  décidément  prédominantes. 

La  philosophie  de  la  nature,  selon 
M.  Herbart,  repose  sur  la  théorie  des 
perturbations elàes  conservations  de  soi. 
En  général,  deux  êtres,  en  se  pénétrant, 
sont  mis  dans  un  état  interne  déterminé. 
Après  s'éfre  pénétrés  en  vertu  de  leur 
mouvement  propre,  ils  se  repoussent  en 
partie,  et  ne  demeurent  en  repos,  c'est-- 
à-dire dans  un  état  déterminé,  que  lors- 
que l'attraction  et  la  répulsion  sont  en 
équilibre.  De  l'action  réciproque  des  élé- 
ments simples  naissent  les  premières  mo- 
lécules. Pour  s'agrandir,  celles-ci  n'ont 
besoio  que  d'être  eiitoiiréet  d'éléments 


l  )  HER 

de  la  première  espèce,  qui  y  pénétreront 
encore  autant  que  le  permettra  l'équilibre 
de  l'action  et  de  la  réaction.  Si,  après  cela, 
on  jette  par  la  pensée  cette  masse  au  mi- 
lieu d'éléments  de  la  seconde  espèce ,  on 
concevra  qu'elle  s'agrandira  encore  de  la 
même  manière.  Telle  est  l'origine  de  la 
matière. 

Qu'on  se  représente  le  nombre  des  êtres 
simples  comme  très  grand,  et,  de  plus,  en- 
tre leurs  qualités  simples  des  oppositions 
très  variée,  les  unes  plus  faibles,  les  autres 
plus  fortes  :  il  en  résultera  que  les  êtres 
qui  se  sont  le  plus  fortement  opposés  se 
condenseront  à  un  haut  degré,  tandb  que 
ceux  qui  ne  forment  avec  tous  les  autres 
que  des  oppositions  faibles  et  inégales 
ne  contracteront  que  des  liaisons  lâches 
et  diffuses.  De  cette  façon,  il  naîtra,  dans 
l'espace,  des  masses  isolées  très  denses  et 
fort  distantes,  et  les  intervalles  seront 
remplis  par  des  matières  plus  subtiles. 

La  place  nous  manque  pour  montrer 
ici  comment  M.  Herbart  explique  par  les 
principes  de  la  métaphysique  les  faits  gé- 
néraux de  la  physique.  Un  exemple  ou 
deux  suffiront  pour  en  donner  au  moins 
une  idée.  Ces  faits  sont  de  deux  classes , 
selon  que,  pour  les  expliquer,  il  faut  re- 
courir ou  non  à  une  matière  subtile.  A 
la  première  classe  appartiennent  tous  les 
effets  qui  paraissent  produits  à  distance, 
et  tous  les  phénomènes  des  corps  fluides, 
de  la  chaleur,  de  la  lumière,  de  l'électri- 
cité; à  la  seconde,  les  phénomènes  de  la 
cohésion,  de  l'élasticité  des  solides,  de  la 
cristallisation.  Lorsque  deux  êtres  simples 
de  même  nature  en  ont  pénétré  un  troi- 
sième d'une  autre  espèce,  ils  forment  une 
ligne  droite  dont  l'être  différent  occu- 
pera le  milieu  ;  car  les  êtres  pareils  évitent 
de  se  pénétrer  et  se  repoussent  dans  des  di- 
rections opposées.  La  combinaison  de  trob 
éléments  différents  produit  un  triangle, 
et  quatre,  pour  se  lier,  ont  besoin  d'un 
espace  matériel.  Il  y  aura  donc  des  corps 
agrégés  par  lignes,  d'autres  par  couches 
superposées,  d'autres  par  petites  masses. 
Rien  de  plus  curieux  que  l'explication 
que  M.  Herbart  donne  de  la  chaleur,  de 
la  lumière,  des  couleurs,  de  l'aimant ,  de 
rélectricité  ;  mais  il  est  impossible  de  la 
présenter  ici,  même  en  abrégé. 
'   M.  Horbart  traite  à  part  des  phénio- 


HËR  (7 

mènes  de  U  vie.  Selon  sa  biologie^  la  vie 
des  corps  organiques  aurait  ponr  prin- 
cipe, outre  la  nature  particulière  des  êtres 
simples  qui  les  composent,  les  suspens 
lions  internes  produites  en  eux  par  des 
mouvements  opposés»  Nous  avons  bien 
peur  que,  même  après  cette  théorie,  la  vie 
nVn  continue  pas  moins  d'être  un  pro- 
fond mystère.  M.  Herk>art  le  reconnaît 
lui-même.  «  A  mesure  qu'on  avance  ici , 
dit-il ,  la  vie  devient  plus  incompréhen- 
sible. La  végétation  en  soi  n'a  rien  de 
merveilleux;  mais  la  rose  et  le  chêne  sont 
pleins  de  merveilles.  On  peut  concevoir 
la  formation  des  infusoireset  des  polypes, 
comme  celle  de  la  moisissure  et  des  li- 
chens ;  mais  avec  les  insectes  le  monde  se 
manifeste  comme  création  ;  l'insecte  s'ex- 
plique encore  mieux  que  le  quadrupède: 
celui-ci  n'est  plus  on  simple  mécanisme 
animé.  Quant  à  l'homme,  la  physiologie, 
impuissante  à  eipliquer  la  vie  morale,  est 
obligée  de  s'humilier  devant  la  religion, 
qui  seule  peut  rendre  compte  de  ces  faits 
merveilleux.  » 

M.  Herbart  ne  traite  pas  spédaleroent 
de  la  religion  :  il  la  rattache  à  tontes  les 
parties  de  la  philosophie;  elle  intervient 
partout  où  la  science  nous  fait  dé&ut.  On 
doit  savoir  gré  à  ce  philosophe  d'avoir 
rétabli  dans  toute  sa  force  la  preuve  phy- 
aîco-théologique,  qui  résulte  du  cours  de 
la  nature  considérée  sons  le  point  de  vue 
de  la  convenance.  Ce  qui  prouve  que  cette 
idée  de  convenance  n'est  pas  une  simple 
loi  de  l'esprit  transportée  dans  le  monde, 
comme  le  suppose  l'idéalisme,  c'est  qu'elle 
ne  trouve  pas  son  application  partout. 
L'idéalisme  vaincu,  la  conviction  qui  voit 
dans  les  causes  finales  le  doigt  de  Dieit  re- 
prend toute  sa  force;  et  cette  foi  en  Dieu 
est  bien  près  du  savoir  :  elle  est  aussi  ceiv 
taine  que  la  croyance  que  nous  avons  que 
les  formes  humaines  qui  nous  entourent 
sont  des  hommes  comme  nous.  La  religion 
est  surtout  sentiment,  humilité,  respect , 
el  il  importe  peu  à  ce  sentiment  que  nous 
ayons  de  Dieu  une  notion  plus  ou  moins 
exacte  :  il  suffit  à  notre  reconnaissance 
de  voir  en  lui  Fauteur  de  notre  nature 
raisonnable,  à  notre  respect  de  le  conce- 
voir Gomine  vu  être  îmmenaKa^ii&bUmA, 

io/ini. 
U  AQiii  r«M(e  i  dîm  ^uà  «Ml  à&  U 


12  )  HER 

raie  et  de  la  potitiqne  de  M.  HcrhtfL  Oa 
a  vu  qu'il  comprend  canabb  sons  It 
même  point  de  vue  l'cstbétiqn»  et  b  ■»- 
raie ,  d'après  une  maniera  de  voir  aaci 
familière  aux  ancieasy  mais  r^fnte  pv 

le  langage  qui  distingue  esMBlîcilamatt  11 
bonté  de  la  beauté,  ce  que  Toa  appron«t 
de  ce  qui  platt.  Du  reste  la  ^crto  nepad 
rien  à  être  revétœ  de  beauté  :  paria  aian, 
elle  paraîtra  plusattrayanla q«t  loffiqn'db 
est  précédée,  ooaune  dans  la  s^rstcam  dt 
Kant,  des  sommationa  «***"^tt  de  Vm^ 
pératif  catégorique.  Les  précspf  dt  Is 
morale  et  de  Tart  sont  fondée  aar  les  idt»» 
modèles  du  beau  et  dn  bon  doat  aal  ai 
saurait  méconnaître  Tantorilé.  Ces  iétn 
sont  fomiées  sur  des  rapporta;  bs  idia 
morales,  en  particnliery  aar  des  rappsra 
de  volonté.  Elles  sont  an  nooibre  de  da% 
savoir  :  l'idée  de  Uberté  irnSême^  on  Tac» 
cord  de  la  volonté  avce  le  jogernsnt,  H- 
dée  dt  perfection  f  l'idée  de  héem^Mumte^ 
l'idée  de  droite  et  celle  àtjmstiee  on  ie- 
çuité.  Tons  ces  prindpaa  aont 
primitif,  égalenwnt 
tituer  la  vraie 

sonnable.  Les  idées  de  periectîon,  it- 
mour,  de  droit  et  d'éqvité  doifcat  i« 
combiner  et  se  pénétrer  :  aasaaible,clB 
fournissent  la  matière  de  fidée  vidi  a 
soi  de  la  liberté. 

La  politique  de  M.  Herbart  ait  sape  «i 
libérale  :  elle  tient  one  aorte  de  milin 
entre  l'aristocratie  et  la  d^f  ■  nii  S 
l'on  applique  à  l'éUt  Tidée  dn  dnat, 
l'eut  doit  être  déasoeratiqne,  car  ér 
cette  idée  se  dédoit  dirrct—wt  b  dof* 
me  de  la  souveraineté  dm  peopla.  Si  ca» 
suite  on  lui  applique  les  idées  de  hisa- 
vaillance  et  de  perlection,  ealoa  laïqnii» 
les  le  bot  de  la  sodélé  ml  b  pina  fiaad 
bien«étre  et  b  plus  grande  cnltnre  ia* 
tellectnelb  possibles,  b  dirertiaa  snprr- 
me  devra  appartenir  anx  phm  babibt  tt 
aux  meilleurs.  «  La  sciesea  ém 
nemeot,  dit  notra  philnaopjw , 
te ,  en  repoussant  avec  fsimati  ba  exi- 
gences violentes  du  jcNur ,  k  aatisbirr  dr 
plus  en  pins  aux  vcettx  nefrah  et  Ifgi- 
times,  nés  des  vrais  besoins  de  b 
humaine,  et  à  offrir  à  cas  voeoi 
régulier  et  permanent  de  sa 

J.  Whi. 


k 
■ 


\ 


HEll  (  7 

sont  pas  ligneuses  y  et  dont  les  tiges  pé- 
rissent chaque  année,  sont  des  lierbes. 
Parmi  elles,  il  en  est  d'annuelles,  de 
biaannuelleset  de  Tivaces;  désignations  qui 
toutefois  ne  sont  pas  rigoureuses,  car  on 
dit  cfu'une  plante  vit  un  an ,  quand  elle 
se  développe,  se  féconde,  et  meurt  en  une 
saison.  Souvent  il  suffit  de  quelques  se- 
maines pour  accomplir  toutes  les  phases 
de  cette  courte  eiistence;  souvent  aussi 
il  laut  plusieurs  mois.  Une  plante  qui 
germe  en  automne,  et  qui  fleurit  au  prin- 
temps y  est  bisannuelle  ;  pourtant  sa  du- 
rée n'a  pas  été  beaucoup  plus  longue  que 
celle  de  certaines  herbes  annuelles.  Les 
cultivateurs,  suivant  qu'ils  varient  l'é- 
poque des  semailles,  font  du  froment 
une  plante  annuelle  ou  une  plante  bisan- 
nuelle, etc. 

Les  plantes  vivaces  herbacées  perdent 
leur  tige  chaque  année,  et  il  se  forme  sur 
le  collet  de  la  racine  un  bourgeon  qui 
devient,  l'année  suivante,  l'origine  de  la 
nouvelle  tige  :  c'est  ce  qu'on  nomme  une 
touche  f  et  cette  souche  est  un  véritable 
tronc  souterrain,  qui  a  reçu  le  nom  de 
rhizome.  Quand  les  plantes  herbacées  vi- 
vaces sont  bulbeuses,  elles  donnent  nais- 
sance à  des  cayeux ,  tantôt  en  haut,  tan- 
tôt en  bas,  et  tantôt  sur  les  côtés  du  bulbe. 
Ces  cayeux  deviennent  l'origine  de  nou- 
velles plantes  en  se  détachant  de  la  plante* 
■ière,  qui  néanmoins  continue  à  vivre 
«près  cette  sorte  de  parturition  ou  d'ac- 
couchement. 

Les  graminées  (voy,  )  sont,  de  toutes  les 
plantes,  celles  auxquelles  le  nom  d^ herbe 
parait  é|re  le  plus  convenablement  ap- 
pliqué. Elles  sont  molles,  flexibles,  et 
M  nombreuses  que  certaines  régions  du 
globe  en  sont  couvertes.  L'homme ,  qui 
décide  de  l'importance  des  productions 
naturelles  par  le  parti  qu'il  en  tire,  a 
donné  le  nom  de  mauvaises  herbes  aux 
végétaux  dont  il  ne  se  sert  point,  ce  qui  ne 
veut  pas  dire  qu'ib  ne  servent  pas  à  une 
Ibule  d'animaux.  C'est  une  mauvaise 
herbe ,  dans  le  sens  vulgaire ,  que  la  lai- 
clie  arénaire  [earex  arenaria ,  L.) ,  qui 
fixe  le  sable  des  dunes  et  qui  soutient  les 
«lignes  hollandaises  :  c'est  au  contraire 
une  herbe  merveilleuse  que  la  nicotiane 
qui  crée  un  plaisir  aux  dépens  de  la  santé! 

Le§  berbiê  eoat  les  noamcci  du  genre 


13)  HER 

humain.  Le  blé,  le  maïs,  le  sorgho,  le 
riz,  les  ignames,  la  patate,  la  solanée  par- 
mentière,  le  pois,  le  haricot,  la  fève,  sont 
des  herbes;  le  lin,  le  chanvre,  le  coton , 
avec  lesquels  on  fabrique  de  merveilleux 
tissus  ;  l'indigo  et  la  garance,  qui  servent 
à  les  revêtir  de  brillantes  couleurs,  la 
canne  à  sucre,  la  betterave,  les  oléifères, 
sont  des  herbes;  le  pavot,  le  plus  puis- 
sant des  remèdes,  puisqu'il  calme  les  dou- 
leurs que  l'art  ne  peut  guérir ,  la  fraise 
d'Europe,  l'ananas  des  terres  tropicales, 
auxquelles  on  doit  les  meilleurs  fruits 
que  l'on  connaisse,  sont  des  herbes.  Mais 
lors  même  que  ces  sortes  de  plantes  n'au- 
raient pas  toutes  une  utilité  réelle,  de 
combien  de  jouissances  ne  sont-elles  pas 
la  source  !  Les  tapis  de  verdure  qui  en- 
cadrent le  lit  de  nos  rivières  et  qui  bor- 
dent le  rivage  des  mers ,  ceux  qui  s'éten- 
dent sur  le  penchant  des  monts  et  qui 
s'élèvent  jusque  vers  la  limite  des  nei- 
ges étemelles,  sont  presque  exclusive- 
ment formés  d'herbes.  Elles  revêtent  par- 
tout la  triste  nudité  du  sol  et  charment 
l'œil,  qui  ne  peut  se  lasser  d^  les  contem- 
pler. Foy,  Pâturage  ,  Pbai&ie  ,  Gazon  , 
Boulingrin  ,  etc. 

Les  herbes  sont  en  Europe  bien  plus 
nombreuses  que  les  arbres  :  aussi  le  nom 
de  botanique  {vojr*)j  donné  à  l'étude  des 
plantes,  est-il  formé  du  mot  grec  jSorovigy 
herbe,  et  du  mot  latin  herba  vient  res 
herbaria.  Le  nom  d^herboriste^  le  verbe 
herboriser j  les  mots  herborisation  et  her^ 
bier(voY,  ces  mots),  ont  la  même  origine. 
Les  plantes  ligneuses  prédominent  dans 
les  pays  tropicaux;  pourtant  les  pampas 
du  Chili,  et  beaucoup  de  parties  du  Bré- 
sil, sont  presque  exclusivement  couvertes 
d'herbes  :  c'est  à  elles  que  les  grands  pâ- 
turages du  nord  de  l'Europe  et  les  step- 
pes (voy.)  de  Tatarie  doivent  leur  dé- 
solante uniformité.  Dans  ces  régions,  le 
règne  animal  se  trouve  presque  en  entier 
représenté  par  dts  herbivores (voy,)  et  par 
des  insectes.  Les  oiseaux  granivores  se  plai- 
sent à  y  vivre  ;  mais  les  carnassiers  et  lei 
rapaces ,  quoiqu'ils  trouvent  une  abon- 
dsinte  nourriture  dans  ces  pâturages  na« 
turels ,  s*en  éloignent  ordinairement,  ou 
n'y  viennent  que  fort  rarement. 

Avant  (\ue\%TioinAii^\>Kc^\^\»sk>s!^^ 

eût  été  dè^BàtmmtaDX  ^afc»  >\»  ^^^»»3«» 


HER  (71 

herbacées  (vojr,  ce  mot)  éUient  désignées 
par  des  ooms  qui  rappelaient  leurs  pro* 
priétés.  C'est  ainsi  que  Ton  connaissait 
Vherbe  au  chantre  y  ainsi  nommée  parce 
qu'elle  calme  la  toux,dit-on,et  rend  la  voix 
plus  nette  ;  Vherbe  au  charpentier ^  répu- 
tée vulnéraire  ;  Vherbe  aux  verrues j  aux 
vers,  à  la  paralysie  yàVesqutnancie^  etc. 
Ces  noms  sont  encore  ceux  que  le  vul- 
gaire adopte ,  et  la  médecine  domestique 
n*en  a  point  d*autres.  C'était  surtout  avec 
des  herbes  que  les  anciens  faisaient  leurs 
couronnes  (vof.);  les  modernea,  moins 
près  de  la  nature ,  ont  des  rubans  et  des 
cordons.  Néanmoins ,  quand  il  s'agit  de 
récompenser  un  naturaliste,  on  immor- 
talise son  nom  en  le  donnant  à  une  plante. 
C*est  ainsi  que  des  herbes ,  humbles  dans 
leur  port,  ont  reçu  et  transmettent  à 
notre  souvenir  des  noms  glorieux.  A.  F. 
HERBELOT  ( Barthélémy  d' ) , 
célèbre  orientaliste,  naquit  à  Paris  le  4 
décembre  1 625,  au  sein  d'une  famille  dis- 
tinguée. A  peine  eut-il  achevé  ses  études 
classiques,  qu'il  s'appliqua  à  celle  de  l'ara- 
be ,  de  l'hébreu  et  des  autres  langues  sé- 
mitiques, ainsi  que  du  persan.  Quelques 
années  après,  il  alla  en  Italie,  dans  l'espoir 
de  s'y  perfectionner  en  conversant  avec 
les  Orientaux  qui  alQuaient  alors  dans  set 
ports.  Il  acquit  à  Rome  l'estime  des  savants 
Hobtenius  et  AUatius  ainsi  que  des  car- 
dinaux Barberini  et  Grimaldi.  Revena 
en  France,  en  1656,  avec  ce  dernier  qui 
était  archevêque  d'Aix,  il  fut  envoyé  par 
lui  à  Marseille,  au-devant  de  la  reine 
Christine  de  Suède,  qui  sut  apprécier 
son  érudition.  De  retour  à  Paris,  il  fut 
admis  chez  le  surintendant  Fouquet,  qui 
lui  assura  une  pension  de  1 ,500  livres. 
Malgré  son  attachement  pour  ce  ministre 
disgracié,  il  obtint  de  Louis  XIV  une 
charge  de  secrétaire  -  interprète  du  roi 
pour  les  langues  orientales.  Dans  un  se- 
cond voyage  qu'il  fit  en  Italie,  il  reçut 
partout  les  témoignages  d'estime  les  plus 
honorables;  et  le  grand-duc  de  Toscane, 
Ferdinand  II,  qu'il  rencontra  à  Livour- 
ne,  fut  si  satisfait  de  ses  entreliens  qu'il 
lui  fit  promettre  de  venir  à  Florence. 
Arrivé  dans  cette  ville,  en  1 666,  d'Her* 
beiot  fut  conduit  dans  uue  imÂsoi^  t\- 
chemeiit  meublée,  que  Vcm  mix  %  «^  ^w* 


4)  HER 

couverts,  délicatement  servie  et 
ture  à  la  livrée  du  prince.  Une  biblio- 
thèque ayant  été  mise  eu  vente  à  Fie» 
rence,  le  grand-duc  le  chargen  d*y  cboîar 
les  meilleurs  manuscrits  oricotanx  il 
d'en  fixer  les  prix  ;  puis  il  les  acheta  ai 
en  fit  présent  à  l'homme  qu'il  croyait 
le  plus  capable  d'en  faire  usofe.  Apti 
une  absence  de  plusieurs  années,  d'il»» 
belot  ne  put  résister  aux  ÎDStaaccs  ds 
Colbert;  mais  le  grand -duc  Côae  m 
ne  consentit  à  le  laisser  partir  qn^apîi 
avoir  vu  les  ordres  du  ministre  qui  le 
rappelaient  en  France.  Le  roi  s'enUe» 
tint  plusieurs  fois  avec  ce  savant,  dosbli 
sa  pension  et  le  nomma  à  la  chair»  dt 
syriaque,  vacante  au  collège  de  Fraaci 
par  la  mort  de  Pierre  d'Auvergne.  D*Hc^ 
belot  termina  à  Paris  son  grand  onvrif^ 
la  Bibliothèque  orientale,  dont  il  s'oc- 
cupait depuis  plusieurs  années.  H  Taiaft 
d'abord  composée  en  arabe,  et  illa  m» 
duisit  ensuite  en  français  ;  mais  il  m^wA 
pas  la  satisfaction  de  la  publier.  Il  aMO- 
rut  à  Paris,  le  8  décembre  1695, 
une  courte  maladie. 

Ce  aavant  n'était  pas  moins 
mandable  par  aa  modestie  et  ses  gnililÉ 
morales  que  par  son  érudition.  La  Ji» 
bliothèque  orientale  on  Déctianmmm 
unipersely  contenant  généralement  êêêê 
ce  qui  regarde  la  connaissante  étt 
peuples  de  f Orient ^  etc.,  ne  panl 
qu'en  1697,  in-fol.,  avec  une  ééékam 
au  roi  par  l'éditeur  Edmond  d'Herbe- 
lot  de  Molainville,  frère  de  l'auteur,  et  m 
long  discours  en  forme  de  préfi 
Antoine  Galland  (vojr,\  qui  avait 
dirigé  cette  édition ,  à  laquelle  il 
un  supplément.  La  Bibliothèque 
taie  de  d'Herbelot  est  un  des  deux 
peux  ouvrages  écrits  en  français  sur 
matière.  On  ne  peut  lui  comparar  qat 
V Histoire  générale  des  Huns^  par  es 
Guignes  (voy»\  qui  l'a  quelquefois 
ou  abrégé,  surtout  à  l'occasion  de 
nés  dynasties  turques  qui  ont  réipé 
l'Asie  occidentale  et  en  Ég3rple.  D 
fâcheux  que  d'Herbelot  n'ait  p« 
la  dernière  main  à  un  ouvrage  qui  ha 
avait  coûté  tant  de  recherches  et  de  tia* 
vail^  et  qui,  malgré  les  erreurs  qu*eu  f 
T«aicmi!ct^^  xDo^^  ws^  T^^tîlioaa,  m 


HER 


(715) 


HER 


le  réputation  méritée.  Go  y 
raduction  abrégée  de  TimiDense 
e  littéraire  turque  de  Hadji- 
it  des  extraits  nombreux  d'une 
iteurs  arabes,  turcs  et  persans 
rit  sur  Thutoire,  la  géographie, 
I,  les  mœurs  et  usages  des  na- 
)rient,  principalement  de  celles 
ïumises  à  Tblamisme.  Les  im- 
s  que  nous  avons  signalées 
été  corrigées  dans  l*édition  de 
:,  1776,  in-fol.,  qui  n*est  guè- 

réimpression  de  la  première , 
édition  donnée  par  Desessarts, 
)2,  6  vol.  in-8o,  n'est  qu'un 
usage  des  gens  du  monde.  L'é- 
'incipalement  supprimé  les  di- 
nenclatures  de  bibliographie 
L'édition  de  La  Haye,  1777- 
ol.  in-4*^,  est  la  meilleure  et  la 
ilète;  mais  on  n'y  trouve  pas 
rectifications  nécessaires,  quoi- 
n  tien  ne  un  assez  grand  nom- 
itions  et  d'améliorations  im- 

par  Schultens  et  Reiske.  Le 
,  entièrement  neuf,  renferme 
potions  sur  la  Chine j  une  His- 
1  TartariCy  par  le  P.  Visdelou; 
ire  sur  le  monument  de  la  re- 
étienncj  trouvé  à  Sigan^FoUy 
ription  de  la  Chine ,  par  le 
de  plus,  un  Recueil  de  paroles 
les  et  de  maximes  des  Orien- 

Galland;  une  Table  générale 
Tes,  et  les  additions  et  correc- 

trois  premiers  volumes.  Ces 

parties  ont  été  réimprimées 
suite  à  l'édition  de  Maêstricht. 
)t  avait  composé  deux  autres 
qui  n'ont  jamais  vu  le  jour  et 
restés  entre  les  mains  de  son 

/inthologie  qui  contenait  tout 

savant  n'avait  pu  faire  entrer 
ibliothèque  orientale;  un  jDic- 

arabe^  persan^  turc  et  latin^ 
formé  trois  vol.  in- fol.  D'Her- 
L  écrit,  à  Florence,  un  catalogue 
des  manuscrits  orientaux  de  la 
|ue  palatine  :  ce  catalogue,  qui 
ient  que  la  quatrième  partie, 
I  latin,  et  augmenté  par  l'abbé 
,  a  été  inaéré  dans  le  tome  III 
mitâtes  litierariœ  de  Schul- 

H.  A-D-T. 


HERBERSTEIN  (SioisMoim,  ba^ 
ron  de),  seigneur  de  Neiperg  et  de  Gue* 
ienbag,  homme  d'état  distingué  et  histo* 
rien,  naquit  en  1486,  au  château  de  Wip- 
pach,  dans  la  Carniole.  Il  étudia  le  droit, 
mab  choisit  ensuite  l'état  militaire,  et  ae 
signala  dans  la  guerre  contre  les  Turcs. 
L'Empereur  le  nomma  commandant  de  la 
cavalerie  de  la  Carniole,  lui  accorda  le  titra 
de  conseiller  auliquc,  et  le  chargea  de  plu- 
sieurs missions  importantes ,  eutre  autrea 
en  Russie.  Dans  la  suite ,  il  fut  nommé 
conseiller  privé  et  président  du  collège 
des  finances;  mais  il  se  retira  des  affaires 
en  1 556,  et  mourut  le  38  mars  1566. 

Herberstein  fit  deux  fois  le  voyage  de 
Moscou,  en  1517  et  en  1526,  et  l'ou- 
vrage qu'il  publia  sur  la  Russie  est  encore 
aujourd'hui  d'une  très  grande  valeur.  Il 
Tintitula  Rerum  Moscoviticarum  com^ 
mentariiy  et  la  fit  imprimer,  vers  1 549,  à 
Vienne.  Cette  première  édition  latine  est 
très  rare;  elle  fut  suivie  de  celle  d'Gporin, 
à  Baie,  en  1551.  L'auteur  traduisit  lui* 
même  sa  relation  en  allemand  (Vienne , 
1557,  petit  in-fol.).  Cet  excellent  ou- 
vrage annonça  dans  Herberstein  un  pro« 
fond  esprit  d'observation.  Il  en  publia 
encore  quelques  autrea  qui  ont  moins 
d'importance.  Son  autobiographie,  qui , 
imprimée  pour  la  première  fois  en  1 805, 
a  Rude,  dans  le  recueil  de  Kovachich, 
ne  va  pas  au-delà  de  1545,  a  été  d'un 
grand  secours  au  savant  M.  F.  d'Ade* 
lung,  à  Saint-Pétersbourg,  pour  son  in- 
téressante biographie  de  Herberstein,  for* 
mant  un  vol.  de  513  pag.  in-8<*  (St.-Pé- 
tersboarg,  1818).  S. 

HERBIER  (herbarium).  Gn  donne 
le  nom  d'herbier  aux  collections  de  plan- 
tes sèches  disposées  d'après  un  ordre  mé- 
thodique, et  destinées  à  l'étude  de  la  bo- 
tanique. Il  n'est  pas  juste,  suivant  nous, 
d'étendre  cette  désignation  aux  ouvrages 
iconographiques  que  quelques  auteurs 
ont  nommés  herbiers  artificiels.  Il  existe 
des  herbiers  spéciaux  et  des  herbiers  gé- 
néraux. Les  herbiers  spécianx  ne  ren« 
ferment  que  des  plantes  d'une  localité 
déterminée;  les  herbiers  généraux 'sont 
formés  de  végétaux  récoltés  sur  tons  les 
points  du  globe. 

Linné  écr\vaAt)N«x%Va;i»ii^VI^<^^a;^ 
Mm  Viei\Àcir  ^Dùx^  iaia  c««\Tt^\v>\»'^ 


HËR 


grand  qu'on  t(ki  vu  :  or  le  nombre  des  es- 
pèces qu'il  possédait  n'excédait  pas  8,000; 
aujourd'hui,  on  compte  en  France  au 
moins  dix  herbiers  de  30,000  espèces,  et 
3  ou  3  collections  de  ce  genre  dépassent 
30,000.  Les  collections  de  M.  Delessert, 
à  Paris,  et  celles  de  M.  deCandolle  {voy,)^ 
à  Genève,  sont  encore  plus  considérables; 
les  herbiers  généraux  des  musées  des  gran- 
des capitales,  et  notamment  ceux  de  Pa- 
ris et  de  Vienne,  renferment  vraisembla- 
blement 50,000  espèces  de  plantes  :  c'est 
presque  la  moitié  des  plantes  connues. 

La  formation  de  ces  sortes  de  collec- 
tions est  facile.  Quand  les  plantes  sont 
convenablement  desséchées  et  que  tou- 
tes leurs  parties  ont  été  suffisamment  éta- 
lées à  l'aide  d'une  médiocre  compression, 
il  ne  s'agit  plus  que  de  les  disposer  sur 
des  feuilles  de  papier  portant  l'indication 
du  nom  et  de  la  patrie.  On  adopte,  pour 
la  nomenclature  y  un  auteur  estimé,  et 
l'on  note  soigneusement  les  particularités 
qui  peuvent  ajouter  à  l'importance  de  la 
plante  récolta,  et  servir  à  l'étude  ;  après 
quoi,  on  la  met  en  son  rang  à  c6té  des  es- 
pèces de  mémegenre;  et  toutce  genre  à  côté 
des  genres  de  même  famille.  Foy.  ce  mot. 
Si  la  formation  d'un  herbier  est  facile, 
la  conservation,  en  revanche,  ne  l'est  pas. 
n  faut  lutter  sans  cesse  contre  les  insectes 
qui  attaquent  les  plantes,  et  qui  sont 
d'autant  plus  dangereux  qu'ils  dévorent 
toujours  les  parties  florales.  Rien  ne  leur 
échappe  :  les  plantes  acres  (les  renonca- 
laoées ,  par  exemple) ,  les  plantes  amères 
telles  que  les  gentianées),  les  aromatiques 
telles  que  les  ombellifères),  leur  plaisent 
également.  On  a  essayé,  pour  écarter  ces 
petits  animaux,  du  camphre ,  du  bois  de 
quassia  amaray  du  mercure  doux  :  rien 
n'a  réussi  complètement,  si  ce  n'est  la 
dissolution  du  sublimé-corrosif  dans  l'al- 
cool. Encore  avons  nous  vu  des  plantes, 
qui  n'en  avaient  pas  été  complètement 
imbibées,  être  partiellement  dévorées. 
IX  semblerait  que  ces  insectes  des- 
tructeurs ont  une  sorte  d*instinct  qui 
leur  fait  éviter  les  matières  nuisibles,  à 
moins  qu'on  ne  veuille  supposer  que 
la  vue  subtile  dont  ib  sont  doués  leur 
montre  les  molécules  du  ^\»ou  ^  et  leur 
permet  de  les  laisser  înUcVes.  Xxk  \Ki' 
eomief  qui  m  ae  aerreni  fi*  tt^^ 


i: 


(716)  HER 

es-  I  ment  de  leur  herbier  peuvent  très 

le  conserver  en  comprimant  les  plates 
et  les  papiers  qui  les  reflfcraeat  cetie 
deux  cartons,  et  en  les  mettant  dans  «m 
boite  à  coulisse ,  qui  ne  laisse  point  pè* 
nétrer  la  lumière.  Mab  les  personnes 
qui  veulent  économiser  le  temps  et  avoir 
sous  la  main  leur  herbier  dans  des  casci^ 
sont  forcées  de  le  conserver  à  l'aide  de 
sublimé-corrosif.  Quand  oo  peet  renfer- 
mer son  herbier  dans  un  lieu  sec,  froid  et 
obscur ,  on  est  plus  sûr  de  le 
intact  que  quand  on  l'expose  à  la  h 
dans  un  lieu  chaud.  La  durée  d'un 
hier,  placé  dans  des  circonstaiiees  lave- 
râbles  à  sa  conservation  est 
née.  L'herbier  de  Toumefort,  qui 
ferme  des  plantes  récoltées  depuis  un  né» 
de  et  demi;  celui  de  Gaspard  Banhia, 
qui  date  de  plus  de  deux  siècles( le  pre- 
mier conservé  au  Musée  de  Paris,  et  k 
second  à  celui  de  Bàle),  sont  encore  dsm 
le  meilleur  état.  Lorsque  les  plasiessoal 
conservées  depuis  longtemps,  ellaa  se  dé- 
colorent, jaunissent,  mais  cooscrvmt 
leurs  formes  :  cette  vieillesse  les  rend  pcai* 
que  inattaquables  aux  insectes. 

L'utilité  des  herbiers  est  iasmenst. 
Linné  a  dit ,  dans  sa  Philosophie  hotm^ 
niqucy  que,  pour  reconnaître  les  plaaiH, 
les  figures  valaient  mieux  que  las  deKrip- 
tions,  mab  que  les  herbiers 
mieux  que  les  figures. 

Peu  de  personnes  savent  qae 
tous  les  grands  ouvrages  botanîqQCs  œt 
été  faits  sur  des  plantes  sècWs.  Ces  d«- 
sins ,  que  reproduit  si  fidflaieint  la  gra- 
vure ,  ont  été  faits  en  gramie  partie  wm 
des  collections  sèches.  Le  génie  da  émà» 
nateur,  aidé  des  notes  du  botaniste,  reW 
souvent  avec  le  plus  rare  bonbciir  la  soe- 
plesse  aux  organes  qui  l'ont  penksa,  et 
donne  aux  végétaux  dessinés  cette  appa- 
rence de  fraîcheur  qu'ib  avaient  étant 
vivants ,  et  que  la  dessiccation  leur  avsst 
enlevée.  C'est  ainsi  que  sont  devesms  cé- 
lèbres les  Redouté,  les  Turpin,  les  Faî- 
teau et  une  foule  d'autres  artistes  fran- 
cs. A.  F. 

HBRBIVOBES,  nom  formé  des  deux 

mots  latins  herba  et  vorare ,  et  servsat 

à  désigner,  non-aettlemeot  les  animant 

q^\\K^raXKtX  tnoAMt  V%  db«val  et  le  bœnl, 

mMakVnoak  ^a»k  «Dicm%  ogn^^nic^tak' 


HER 


(717) 


HER 


et  qui  trouYent  leur  Doorriture 
I  fraiti  ou  les  graines ,  les  raciDes 
iges  y  U  sève  ou  les  sécrétions  des 
.  n  est  ntd  que  quelques  mots 
X  (frugivores  y  granivores ,  etc.) 
créés  pour  désigner  quelques  grou- 
aimaux,  d'après  la  partie  des  plan- 
constitue  leur  alimentatiou  babi- 
Mais ,  outre  que  ce  travail  est  on 
t  plus  incomplet  y  il  serait  encore 
ire  y  fût-il  même  accompli ,  de 
ndre  toutes  ces  dénominations  se- 
■es  sous  un  titre  commun,  qui 
te  au  naturaliste  de  tracer  en  grand 
s  caractéristiques  de  l'organisation 
hage^  par  opposition  à  Torgani- 
%oophage*  En  effet,  les  modifi- 
d'organisation  que  nécessite,  dans 
nal  herbivore,  l'habitude  de  vivre 
s  portion  de  végétaux,  plutôt  que 
e  autre,  ne  constituent  que  de 
I  nuances.  Le  mot  herbivore  n'est 
>mme  on  pourrait  facilement  le 
l'antithèse  de  celui  de  carnassier 
Les  noms  de  carnassiers ,  de  car^ 
r  et  d'insectivores ,  outre  leur  si- 
tion  vulgaire,  désignent  encore  des 
s  zoologiques.  Appliqués  à  la  classe 
immiferes,  ils  indiquent  le  troi- 
irdre  de  ces  animaux  ;  la  troisième 
deuxième  famille  de  cet  ordre 
I  classification  de  Cuvier. 
parties  du  corps  des  animaux  qui 
Dt  le  plus  nettement  le  régime  vé- 
ont  :  le  système  dentaire;  la  con- 
ion  des  mâchoires;  la  longueur 
lionnelle  du  cou  et  des  membres  ; 
cture  des  doigts  et  des  extrémités 
mbres;  enfin,  le  plus  ou  moins  de 
nr,  d'ampleur  et  d'épaisseur  des 
!s  portions  du  canal  alimentaire. 
,  pour  citer  un  exemple ,  les 
molaires  sont  à  couronnes  tout-à- 
fttes ,  dans  les  mammifères  qui  vi- 
le substances  végétales  présentant 
'ésistance;  à  couronnes  tubercu- 
et  mousses,  c'est-à-dire  garnies 
Uies  peu  marquées  (comme  dans 
ne  et  dans  les  quadrumanes) ,  dans 
eux  qui  sont  destinés  à  vivre  de 

Cf  itv,  manger,  est  compote,  daoi  le  pre- 
ot»  avec  9UTCV,  la  plaote,  et  danf  le  te- 
'ec  ^Mcy,  l'être  riwant.    .  S. 


fruits  ;  les  canines  manquent,  ou  sont  pea 
saillantes  (vo^.Dxnts),  dans  tous  ces  ani- 
maux ;  leurs  mâchoires  sont  mues  par  des 
muscles  de  vigueur  ordinaire,  qui  n'élar- 
gissent pas  sensiblement  la  tète  sur  les 
côtés;  leurs  branches  sont  allongées,  et, 
par  conséquent,  offrent  à  la  résistance, 
des  bras  de  levier  étendus;  enfin,  leur 
articulation,  au  lieu  de  ne  permettre 
que  des  mouvements  verticaux ,  en  per- 
met aussi  de  latéraux ,  et  d'avant  en  ar- 
rière, ou  vice  versd.  Dans  ces  mê- 
mes animaux ,  à  l'exception  de  ceux  qui 
ont  des  mains,  les  membres  antérieurs 
sont  juste  de  la  longueur  nécessaire  pour 
que  la  bouche  arrive  commodément  au 
sol.  Les  doigts  sont  enveloppés  d'ongles 
épais  et  gros.  Enfin ,  dans  ceux  qui  ont 
des  mains ,  comme  dans  ceux  qui  en  sont 
dépourvus,  l'intestin  est  fort  long,  et  l'es- 
tomac acquiert  une  grande  amplitude , 
surtout  dans  sa  partie  gauche  :  il  devient 
même  multiple,  comme  dans  les  rumi- 
nants. Ces  modifications  du  canal  ali- 
mentaire tiennent  y  et  à  la  petite  quan- 
tité de  particules  assimilatrices  que  ren- 
ferment les  substances  végétales,  et  à  la 
difficulté  de  les  séparer  de  la  masse  où 
elles  sont  engagées;  conditions  qui  de- 
mandent que  l'aliment  soit  copieux  et 
séjourne  longtemps  dans  le  tube  modifi- 
cateur. C'est  pour  concourir  au  même 
résultat  que  les  fibres  musculaires  y  sont 
plusénergiquesetencouchesplusépaisses. 
Dans  les  oiseaux ,  ce  sont  l'acuité  et  la 
force  du  bec  et  des  ongles,  qui,  avec  l'es- 
tomac, fournissent  les  meilleurs  caractè- 
res. Dans  les  poissons  herbivores,  le  nom-  - 
bre  des  dents  et  la  force  des  mâchoires 
sont  peu  considérables.  Chez  les  insectes, 
le  régime  se  reconnaît  surtout  à  la  bou- 
che, qui,  chez  les  phytophages,  offre,  ou 
bien  une  trompe  pour  la  succion  du 
suc  des  fleurs,  dépourvue  dans  son  inté- 
rieur de  toute  espèce  de  piquants,  ou 
bien  des  mandibules  et  des  mâchoires  de 
force  médiocre;  à  moins  cependant  qu'el- 
les n'aient  d'autres  usages  que  la  préhen- 
sion des  aliments  ou  leur  mastication.  II 
faut  noter  aussi  que  l'inspection  du  canal 
alimentaire  pourrait  ici  souvent  induire 
en  erreur.  En  effet,  il  est  un  grand  nom- 
bre d'insecles  cam^A&x^t^  o^v  qVC\«^vmxw 
canal  aVimenVaÀte  Vi^smoc^u^  \Xm&  V\tv^ 


HER 


(718) 


m» 


que  certains  insectes  phytophages.  Il  est 
Trai  cependant  que  l'on  Toit  aussi  fré- 
quemment le  canal  alimentaire  s'allon- 
ger ou  diminuer,  sous  les  divers  états  que 
présentent  les  insectes  dans  leurs  meta* 
morphoses,  suivant  que  le  régime  est  vé- 
gétal ou  animal.  C.  L-a. 

HERBORISATION. G'estainsiqu'on 
appelle  les  promenades  pendant  lesquelles 
on  se  livre  à  la  recherche  des  plantes.  C'est 
tout  à  la  fob  une  étude  et  un  plaisir,  un 
exercice  salutaire  et  une  savante  occupa- 
tion. Apprendre  la  botanique  dans  les 
livres  et  analyser  les  plantes  dans  un  jar- 
din ,  c'est  se  priver  d'une  grande  jouis- 
sance et  rétrécir  volontairement  le  cercle 
immense  au  milieu  duquel  marchent 
émerveillés  les  vrais  amis  de  la  nature. 
Quand  on  herborise ,  on  étudie  la  phy- 
sionomie des  plantes  dans  leur  lieu  natal, 
et  c'est  alors  seulement  qu'elles  se  parent 
de  tous  leurs  charmes.  Les  harmonies  vé- 
gétales sont  inconnues  aux  personnes  qui 
n'ont  point  herborisé.  Les  rapports  qui 
unissent  les  plantes  aux  animaux,  parti- 
culièrement aux  insectes,  ceux  non  moins 
curieux  qui  les  lient  aux  minéraux  con- 
sidérés dans  leurs  gisements,  ne  peuvent 
firapperles  botanistes  sédentaires;  ils  con- 
naîtront des  plantes,  mais  ils  ne  connaî- 
tront point  le  règne  végétal. 

Quiconque  herborise  pour  se  faire  une 
collection  doit  se  munir  d'une  boite  en 
fer-blanc,  fermant  à  l'aide  d'un  couvercle 
et  présentant  à  l'extrémité  une  petite  ré- 
serve, également  fermée,  pour  y  mettre  les 
plantes  délicates.  Il  faut  que  la  botte  à 
herboriser  ne  soit  pas  peinte ,  ou  qu'elle 
soit  peinte  en  blanc,  afin  que  les  rayons 
lumineux  soient  réfléchis  et  que  la  tem- 
pérature de  la  botte  s'élève  le  moins  pos- 
sible. Une  houlette  pour  arracher  les 
plantes  avec  leur  racine,  une  serpette 
pour  couper  les  branches  des  arbrisseaux 
dont  on  veut  s'emparer ,  une  loupe  pour 
faire  d(.*s  déterminations  sur  lieu,  un  ca- 
nif pour  faciliter  les  analyses ,  un  auteur 
pour  se  servir  de  mémorandum  ou  de 
guide  :  voilà  tout  l'attirail  du  botaniste 
en  herborisation,  dans  le  centre  ou  le 
midi  de  l'Europe.  Mais  s^il  faut  hcrbori- 
jcr  sous  les  tropi<\ues  ou  dn\%  de*  t^%\oTk% 
noo  civilisées,  ou  \nen  Wm  dw  VxWt^^ 


alors  ntile  de  se  nnnir  «Time  boMsole, 
d'une  canne  avec  épieu  et  barotnètre,  éi 
papier  gris^  de  planchettes,  et  même  dn 
petit  appareil  à  dessécher  les  plantes  cC 
qu'on  nomme  une  coquette.  Cet  appani 
consiste  en  deux  planches  percées  d*nK 
grande  quantité  de  irons  et  unies  font 
elles  par  deux  toiles  cbires,  qnoiqis 
fortes ,  qui  peuvent  servir  à  la  eomprf»- 
sion  des  plantes ,  an  moyen  de  cordom 
disposés  comme  le  lacet  d*on  corset  et 
pouvant,  comme  lui,  se  serrer.  Il  faai  « 
munir  d'une  petite  fiole  d'aauBoniaqw, 
afin  de  neutraliser  les  effets  de  la  BMfsart 
des  animaux  venimeux.  En  général,  «• 
doit  beaucoup  récolter  et  pc«  étnditr. 
L'étude  et  la  médiutlon  venlent  le  silns 
du  cabinet;  les  yenx  sont  trop  ocmpâ 
pour  que  l'esprii^  soit  tranquille.  Mail  • 
peine  est-on  rentré  dans  le  calme  que  Is 
souvenirs  arrivent  en  foule  :  peu  de  nota 
sont  alors  nécessaires  pour  reooouneocfr 
par  la  pensée  l'herborisation  avee  loat» 
ses  particularités. 

Ici  devraient  être  indiquées  les  règle  à 
suivre  pour  récolter  les  plantes;  Bib 
nous  ne  parlerons  que  des  principales,  tl 
fiiut  récolter  les  spécimen  on  échantil- 
lons avec  les  fleurs  et  avec  les  firuits;  ks 
cueillir  près  du  collet  de  la  racine  avet  la 
feuilles  radicales,  et  même  avec  les  racina 
si  la  chose  est  praticable.  Il  est  utile  de 
prendre  les  individus  miles  et  femelln«  « 
la  plante  est  dioîque ,  c*est-à-dire  n  le 
fleurs  mâles  et  les  fleurs  femelles  se  troa- 
vent  sur  des  pieds  différents.  On  doit 
noter  la  nature  du  terrain,  et  même,  dim 
les  grandes  herborisations,  Pélévatîott  de 
ce  terrain  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 
Si  les  fruits  sont  caducs,  on  les  recocine 
séparément ,  et  l'on  peut  se  servir  de  pa- 
pier pour  protéger  les  fleurs  délicat», 
même  avant  de  songer  à  les  mettre  le- 
cher.  Aussitôt  que  la  course  e^t  termisep, 
on  procède  à  la  dessiccation  en  se  servant 
des  moyens  que  l'on  trouve  à  sa  dispou- 
tion.  Il  faut  les  comprimer  quand  flirt 
sont  étalées  dans  le  papier  gris  non  colle 
qu'on  doit  renouveler  souvent  ;  mais  cfttf 
compression  doit  être  graduée. 

Lm  herborisations  autour  de  nos  gran- 

desvillesou  dans  leschalnesde  nmalagnrt 

dAYt%.t^c)t^  ^^MÙAMt  ^»^  d'AUemagnr» 


le  bagage  devient  p\tt»  com^W^voLë.  W  «al  \  ioTiV*fk%%iAn^, wl 


HER 


(719) 


HBR 


déUdeoses  ezcursions.  Les  poètes 
i  complu  à  en  parler^  et  leur  douce 
le  n*a  rendu  qu'imparfaitement  en- 
e  qu'on  y  goûte  de  plabir.  Mais  les 
rîsations  faites  sous  les  pôles ,  dans 
ïDtagnes  inhabitées  de  FAltaî  ou 
imalaya ,  au  milieu  des  sables  brû- 
le la  Haute-Egypte,  de  TAbyssinie, 
$yrie  ou  du  Sénégal ,  les  explora- 
entreprises  à  travers  les  marais  mal* 
le  Cayenne  y  celles  qui  s'exécutent 
lieu  des  forêts  vierges  du  Nouveau* 
e  ou  sur  les  rives  de  ses  grands  fleu- 
>nt  toujours  aussi  pénibles  que  pé- 
•es.  Tel  botanbte  à  peine  signalé  à 
innaissance  du  monde  savant,  a  dé- 
dans ses  courses  plus  de  courage  et 
olution  peut-être  que  le  guerrier 
li  dans  vingt  combats.  Toumefort 
né  ont  failli  périr  en  herborisant,  le 
er  dans  les  Pyrénées,  le  second  près 
I  Nord.  Commerson ,  Dombey  et  une 
l'autres  hommes  illustres  sont  morts 
igue  ou  par  suite  d'accidents,  suites 
ftbies  de  courses  entreprises  avec  un 
ge  qui  trop  souvent  surpassait  leurs 
.  On  ne  se  souvient  guère,  en  admi- 
los  serres  ou  en  parcourant  nos  jar- 
i  quels  hommes  leur  plus  riche  pa- 
1  peut-être  coûté  la  vie.  Ainsi ,  une 
rîsation  est  un  doux  passe- temps 
e  entreprise  périlleuse  :  dans  le  pre- 
on  trouve  toujours  du  plaisir,  dans 
9nde,  on  peut  trouver  en  outre  la 

qui  résulte  des  dangers  affrontés 
ourage.  A.  F. 

JiBORISTE.  On  appelle  ainsi  les 
mes  qui  se  livrent  à  la  conservation 
commerce  des  plantes  médicinales, 
dans  les  grandes  villes  seulement 
3n  a  fait  une  spécialité  de  l'herbo- 
e  qui,  ailleurs,  n'est  qu'une  dépen- 
de la  pharmacie.  A  Paris,  les  hèr- 
es sont  assujettis  à  un  examen,  après 

ib  reçoivent  un  diplôme  qui  ga- 
leur  capacité,  et  aux  visites  d'une 
bsion,  composée  de  médecins  et  de 
aciens,  qui  est  chargée  de  consta- 
at  et  la  qualité  de  leurs  marchan- 

srboriste  achète  d'ordinaire  les 
i  à  des  gens  qui  vont  les  recueillir 
s  bob  et  las  champs;  il  y  a  des  jar- 
quise  cooMêcreat  à  cette  culture. 


Une  partie  de  la  grande  HaUe  à  Paris  est 
réservée  à  ce  commerce  qui  est  fort 
considérable.  Ces  plantes  sont  livrées  aux 
herborbtes  fraîches  ou  à  l'état  de  dessic- 
cation. La  connaissance  exacte  des  plan- 
tes leur  est  nécessaire  pour  pouvoir  bien 
distinguer  celles  qui  leur  sont  présentées 
ou  qu'ib  recueillent  eux-mêmes;  des  er- 
reurs funestes  ont  souvent  montré  que 
l'examen  n'était  pas  assez  sévère.  Ils  doi- 
vent savoir  encore  les  moyens  de  dessicca- 
tion et  de  conservation. 

Aux  termes  de  la  loi,  les  herborbtes 
ne  doivent  vendre  que  des  substances  vé- 
gétales indigènes.  Le  débit  de  tout  médi- 
cament exotique  et  de  toute  préparation 
pharmaceutique  leur  est  interdit  :  cela 
n'empêche  pas  qu'ib  ne  préparent  des  tisa- 
nes et  autres  médicaments  d'une  manière 
plus  ou  moins  clandestine,  et  qu'ib  ne  don- 
nent des  consultations  chaque  jour  aux 
pauvres  gens  qui  espèrent  trouver  chez 
eux  meilleur  marché  que  chez  les  phar- 
maciens. F.  R. 

HERGCLAIfUH ,  voy*  Pompai  et 
Fouilles  (T.  XI,  p.  S55). 

HERCULE.  Sous  ce  nom  célèbre  on 
a  tellement  confondu  les  fictions  et  les 
faits  positifs,  la  réalité  et  le  symbole,  qu'il 
est  bien  difficile  de  démêler  ce  qui  vient 
de  la  mythologie  de  ce  qui  appartient  à 
l'hbtoire.  Nous  essaierons  cependant  de 
dégager  la  vie  du  héros  des  traditions 
gréco-orientales  qui  Tenveloppent  et  l'al- 
tèrent; pub,  après  avoir  montré  dans 
Hercule  un  prince  guerrier  et  réforma- 
teur, répandant  au  loin  les  bienfaits  de  la 
civilisation ,  nous  suivrons  le  dieu  Her- 
cule dans  sa  carrière  miraculeuse,  et  nous 
résumerons  les  fables  étrangères  et  indi- 
gènes accumulées  sur  son  compte  ;  enfin 
nous  indiquerons  les  sources  et  le  sens 
général  du  mythe  contenu  dans  cette 
merveilleuse  légende. 

Lesdi  verses  tribus  helléniques,  ces  peu- 
plades rudes  et  guerrières,  commençaient 
à  disputer  l'empire  de  la  Grèce  aux  Pé- 
lasges  et  aux  autres  conquérants  asiati- 
ques, lorsqu'un  enfant  naquit,  prédestiné 
à  soutenir  la  cause  des  colons  orientaux 
contre  les  tentatives  d'indépendance  des 
anciens  habitants,  à  protéger  la  civilisa- 
tion ëlran^è.T«  coii\x«  V^V^«x\^x\&.  t^^^x^- 


(  730  )  UER 

d'iodépeDdaiice  agîuit  le  Pélopoiiaiw  : 
le  retoar  d'Hercnle  calma  pmmpfffU 
cette  fermenUtioD.  Quand  toat  6it  reairè 
dans  Tordre,  il  repana  en  Asie  pour  cké- 
tier  Laomédon  :  Troie  fut  priie,  cl  le  roi 
mis  à  mort.  Ensuite ,  le  héros  aveots- 
reux  parconrut  TAlrique  septentrioaale, 
TEspagne,  la  Gaule,  Flialie,  proiegaat 
les  faibles,  punissant  les  oppresseur^  re- 
dressant les  torts,  abolissant  les  sacrilicf» 
humains,  laissant  partout  d^impcrisiabWs 
monuments  de  sa  force  et  de  sa  géoerosite . 
De  retour  de  ses  longs  voyages,  il  epoua 
Déjanire  (voy.)  ,  et  continua,  jusqu'à  la 


HER 

av-  J.-C.).  n  descendait  deDtnaûs  (vor.) 
dont  on  rapporte  Torigine  à  FÉgypte. 
Le  royal  héritage  de  cette  fiunille  avait 
été  partagé  entre  les  fils  de  Persée  :  Àlcée 
régnait  à  Tirynthe,  Électryon  à  Bildée, 
et  Sthénélus  à  Mycènes.  Amphitryon , 
fib  d'Alcée,  ayant  succédé  à  son  père,  eut 
le  malheur  de  tuer  involontairement  son 
oncle  Électryon,  au  moment  même  où  il 
allait  épouser  Alcmène ,  sa  fille.  Afin  de 
se  purifier  de  ce  meurtre ,  comme  Fexi- 
geait  une  loi  orphique,  il  se  retira  à  Thè- 
bcs  en  Béotie,  avec  Alcmène,  qui  ne 
craignit  point,  en  s'unissant  a  lui,  de 
s^associer  à  une  infortune  non  méritée. 
Sthénélus  profita  lâchement  de  l'absence 
de  son  neveu  pour  usurper  ses  états.  Ce 
fut  pendant  cet  exil  expiatoire  qu'Amphi- 
tryon  eut  d* Alcmène  un  fib,  d'abord  nom- 
mé Alcée,  comme  son  aïeul,  et  qui  plus 
tard  reçut  le  surnom  d*Béraciès(dtipa  et 
xkiaçj  gloire  de  Junon,  gloire  de  Tair  ou 
du  ciel;  ou  de  £^  et  x)toc>  gloire  de  la 
terre;  ou  encore  de  ipaxo  x^oc,  il  a 
remporté  de  la  gloire),  dont  les  Romains 
ont  fait  Hercles  ou  Hercules. 

De  bonne  heure ,  le  jeune  Alcide  dé« 
ploya  ses  qualités  héroïques.  De  concert 
avec  son  père,  il  rendit  de  grands  services 
aux  Thébains,  et  leur  paya  glorieusement 
le  prix  de  leur  hospiulité.  Après  la  mort 
d'Amphitryon,  il  se  fit  restituer  ses  éuts 
par  Eurysthée,  fib  et  successeur  de  Sthé* 
nélus.  Cependant,  il  resu  dans  une  sorte 
de  vassclage  ,  bien  qu'il  appartint  à  la 
branche  ainée  de  la  famille  régnante  : 
aussi  la  plupart  de  ses  expéditions  furent- 
elles  entreprises  par  l'ordre  et  pour  le 
compte  d'Ëuryslhée,  qui  fut  pour  lui 
comme  une  espèce  de  suzerain.  Ses  nom- 
breux exploits  acquirent  une  telle  renom- 
mée à  Hercule,  que,  selon  une  tradition, 
les  Argonautes  le  chobirent  pour  chef. 
Mab ,  pendant  la  traversée ,  ses  compa- 
gnons d'armes ,  séduiu  par  les  intrigues 
de  Jason,  l'abandonnèrent  sur  les  cotes  de 
la  Mysie.  Le  héros  profita  de  sa  présence 
dans  l'Asie-Mineure  pour  y  réprimer  des 
violences  et  rafTermir  des  trônes  ébranlés. 
Pour  prix  de  se$  bienfaits  n'ayant  recueilli 
que  l'ingratitude  de  Laomédon  (voy.)»  >l 
remit  à  un  autre  temps  sa  vengeance,  et 
rentra  cîans  la  Grèce  pat  UlVirace,  ^vi'\\ 
purgea  de  tes  tyrans-  Vn  besom  fjbutoX  \  ^^wrat  ^>)AVa^\xx  vtiax^^mù^X^mvK^t. 


mort,  à  soutenir  la  domination  chaacr- 
lante  de  la  fomille  de  Danaûs.  Après  s«oir 
rendu  d'immenses  services  à  la  cÎTiliu- 
tion,  par  la  destruction  des  animaux  nui- 
sibles, le  dessèchement  des  maran ,  l'ei- 
tension  du  commerce,  la  fondation  <k 
plusieurs  cérémonies  religieuses  et  pol»- 
tiques,  il  finit  malheureusement  sa  labo- 
rieuse carrière ,  victime  de  la  jalousie  ^ 
sa  femme. 

Voilà  le  fond  sur  lequel  les  poèto 
grecs  de  tous  les  âges,  depub  Hésiode  et 
Homère  jusqu'aux  Alexandrins,  ont  ibraie 
l'interminable    tissu    des    aventures  dt 
l'Hercule  thébain ,  fib  de  Jupiter.  Ik  Iv 
ont  attribué  tant  de  voyages,  de  conquê- 
tes et  de  faits  prodigieux ,  que ,  sans  te- 
nir compte  de  l'invraisemblance  des  évé- 
nements, dix  vies  comme  la  sienne  n'y 
auraient  pu  suffire.  Nous  n'entreprea- 
drons  pas  de  mettre  de  l'ordre  dans  cet 
amas  de  récits  incohérents,  empruntes 
aux  compositions  épiques,  cycliques,  ly- 
riques et  dramatiques  de  dix  siècles,  el 
aux  traditions  religieuses  de  vingt  peu- 
ples. S'efforce  qui  voudra  de  trouver  nae 
succession  chronologique  et  des  itioermi* 
res  bien  suivb  au  sein  d*un  tel  chaos  : 
pour  nous,  nous  croyons  devoir  nous 
borner  a  résumer  succinctement  cette  mi- 
raculeuse histoire. 

Par  une  ruse,  que  les  poètes  oomiquci 
ont  renduecélèbre  ^Plaute,  Ampktirytm\ 
Jupiter  derint  père  du  jeune  Alcide.  Ja- 
mab  la  jalousie  de  Junoo  ne  se  mani- 
festa avec  autant  de  violence  que  contre 
cet  enfant  :  elle  le  persécuta,  mrmc  a^ant 
qu'il  eût  vu  le  jour,  en  retardant  sa  nats- 
wxicA^«.V^u accélérant  celle  d'Earvflhev, 


x 


ENCYCLOPÉDIE 


DBS 


GENS  DU  MONDE. 


TOME  TREIZIÈME. 


IPmfihiw  purtjkv 


MM. 


flU&« 


TAlLLAHDIEa.    .    .    . 

Traye&s  (à  Cicd)  . 

ViEILLABD 


A.  T-a. 
J.T-v-s. 
P.  A.  V. 


VlLLSHATB 

Walc&shabe  (le  bftrdb) 
WiLLM  (à  Strasboorg) . 


J.W 


:i 


•t 


A: 


Les  lettres  C  L,  indiqueot  qu*uo  article  est  traduit  dn  ConversaUoms^Lexieom  m  ^ 
de  son  supplément  intitulé  Conpersaiions-Lexicon  der  Gegenwart^  W  plas  s«-  ki 
vent  avec  des  modifications  ijn,),  Ene.  amer,  signifie  Encfciopédie  wmérinim,  ^ 
Enfin  la  signature  Enc,  autr.  se  rapporte  à  V  EneyelopédU  natiomaie  aainektam.  ^ 


16 


!- 

l 
[ 


HEH 


(721) 


HEll 


criai  dfis  è0ÊK  qui  naltrtit  le  premier. 
Hcrcole  était  encore  au  bcmaa,  lors- 
^'il  étooffa  dcQX  serpents  y  que  Timpi- 
tojable  déesse  enroyait  poor  le  faire  pé- 
.  n  ne  tarda  pas  à  se  distinguer  par  sa 
y  sa  force  et  son  intelligence.  Les 
les  plus  habiles,  Antolycos,  Eu- 
Tjtmy  Enmolpasy  Castor,  PoUux,  Chiron, 
Hlubdamante,  lui  enseignèrent  le  manie- 
iMnt  des  armes,  les  sciences,  les  beaox- 
aota^  la  sagesse.La  yie  active  s*oaTrait  de- 
it  loi,  quand  deox  divinités  se  présen- 
poor  lui  servir  de  guides;  le  demi- 
nliésita  pas  longtemps  :  aux  séduc- 
de  la  Volupté  il  piéféra  les  rudes 
de  la  Vertu.  Dès  lors,  Eurysthée 
et  Jimoa  ne  lui  laissent  plus  de  trêve,  et 
aèsMent  de  périb  la  route  qui  doit  le  con- 
dnire  an  ciel.  D  tue  le  lion  de  Némée,  Thy- 
dre  de  Leme,  la  biche  aux  pieds  d'airain 
et  les  monstrueux  oiseaux  du  lac  Stym- 
phale  ;  il  prend  vivants  le  sanglier  d*É- 
rymanthe  et  le  taureau  de  Crète.  Busiris, 
roi  d*Égypte,  et  Diomède,  roi  de  Thrace, 
reçoivent  la  juste  punition  de  leurs  cri- 
mes. Pour  nettoyer  les  étables  d'Augias*, 
le  héros  détourne  le  cours  de  l'Alphée  et 
du  Pénée.  Il  triomphe  d*Érix,  du  fleuve 
▲chéloâs,  des  géants  Albion,  Bergion, 
Antée;  enlève  les  pommes  d*or  du  jar- 
din des  Hespéricles  (vcy.)  ;  soutient  le  ciel 
sur  ses  épaules,  pour  soubger  Atla^  défai  t 
les  Amazones;  parcourt  l'Inde  en  con- 
quérant; brise  les  chaînes  de  diamant  de 
Prométhée,  après  avoir  tué  le  vautour 
qui  dévorait  ses  entrailles  renaissantes; 
eochaine  Cerbère,  le  traîne  à  la  lumière, 
et  ramène,  des  demeures  infomales,  Al- 
œste  et  Thésée  ;  s'empare  de  Troie  et  la 
détruit;  institue   les  jeux  olympiques; 
dompte  les  Centaures,  taille  en  pièces  les 
Lapithet,  immole  le  triple  Géryon  (iHfjr, 

(*)  Aagias,  oa  Asgéat,  roi  cTÉliile,  avait  Xooo 

à  coraca  daas  M»  établet  et  avait  négligé 

de  les  ftf  ira  nettoyer  qae  cette  ea- 

panit  alora  aa  -  desaos  dea  forces  ha* 

De  là  cette  locatioa  :  C«  Maf  Wrt  faM^ 

bt  itmUet  â'Jugims,  appUqaée  à  an  lien 

aMlpropreté  on  eneoadiré  d*or* 

de  ponaaîèra.  Harcole  te  chargea  de 

•  et  nettoya  les  établet  en  y  faisant 

Ica  caax  réaniea  de  PAIphée  et  dn  Pé- 

Àngtas  lai  a jaat  ensnite  refnté  la  pm 

il  ravagea  rÉUde,  prit  la  ville,  tna  la 

rai  et  la  pinpart  de  tct  fik,  à  Pexceptloa  de  Phi» 

léa  nnTiart  aie  nf ara  anr  I0  trônai.  S. 


£ne/c/op.  d.  G.  ri.  M.  Tome  XIÎI. 


ce  nom  et  tous  les  précédents),  êii  Em 
pagne,  Tinlame  Cacus* ,  en  lulle;  fonde 
des  villes  en  Asie ,  en  Europe ,  en  Afri- 
que. Véritable  chevalier  errant  du  monda 
primitif,  arrivé  au  terme  de  ses  courses 
héroïques,  il  joint  la  Méditerranée  à  TO- 
céan,  en  séparant  les  montagnes  de  Calpé 
et  d'Abyla ,  qui  conserveront  à  jamab  le 
nom  de  Colonnes  d'Hercule. 

Contre  une  puissance  qui  commandait 
ainsi  à  la  nature ,  les  dieux  mêmes  n'é- 
taient pas  en  sûreté.  Hercule  menaça 
Apollon  de  ses  flèches  redoutables  qu'il 
avait  plongées  dans  le  venin  de  Thydre  ;  il 
en  blessa  Junon  et  Pluton  ;  il  lutta  sans 
désavantage,  aux  jeux  olympiques ,  con- 
tre Jupiter  en  personne.  Pu*  une  sorte 
de  compensation ,  il  vint  an  secours  de 
rOlympe  assiégé  par  les  Géants,  écrasa 
leur  sacrilège  audace,  et  ramena  dans  le 
céleste  séjour  les  immorteb  que  l'épou- 
vante en  avait  chassés.** 

Une  si  haute  vertu  fut  souillée  par  bien 
des  faiblesses  :  le  nombre  des  exploits 
amoureux  d'Aldde  égale  au  moins  celui 
de  ses  faits  héroïques.  Sa  céldbrité ,  à  cet 
égard,  fot  telle  que  le  nœud  de  la  cein- 
ture virginale  a  été  nommé  nœud  ttHer^ 
cule*^.  Le  nouvel  époux ,  en  dénouant , 
la  premièro  nuit  de  ses  noces,  ce  nœud 
qu'Hercule  avait  tant  de  fois  délié,  priait 

(*)  Ce  géant,  fils  de  Y aleain,  qni  habitait  ane 
carême  da  aMmt  ÀTcatia  «  exerçait  en  Italie 
dliorriblea  brigandages.  Pendant  le  toninieil 
d*Hereale,  il  lai  vola  qttelqnea*nna  dea  bœafa 
de  Gérjoo  qa'il  raaenait  en  Grèce  {  et»  poar 
troaaper  le  béroa,  il  les  fit  aurefaer  à  rccalona 
jnaqne  dans  mmi  antre,  en  les  tiraat  par  la  qneoe. 
Maia  les  MagÎMeaients  dea  bcenft  Toléa  firent 
décoaTrir  cet  antre  à  Hercale,  qni  en  fendit  la 
confertora,  y  pénétra,  et  tna  le  aM>nstre  d*nji 
coap  de  auMna ,  après  ana  Intt»  éponvanta- 
We.  S. 

(**)  Harenle  ent  songent  affaira  ana  géanta. 
L'an  des  plas  forU  était  Alcyonée,  fils  de  U 
Terre.  Celni-d  ayant  enlevé  les  Ineafs  sacrée 
d*Ér7tlne,  Hercale  le  poarsaiTit  et  le  terrassa; 
Mais  en  touchant  la  sol  aMtemel,  le  géant  reprit 
des  forces  à  chaque  fois ,  si  bien  qa*il  fallnt  le 
transporter  hors  de  soa  pays  natal,  la  Pallêne, 
ponr  en  Tenir  à  boat^-^a  a  déjà  parlé  d'Antée, 
antre  géaat,  également  fils  de  la  Terre  (Gca) 
et  de  If  eptane.  Il  régnait  en  Libye ,  et  for^t 
tons  les  Yoyagears  qui  a  bordaient  dana  son  paya 
à  latter  avec  lai,  puis  les  égorgeait.  Hercnle  an 
pat  se  rendre  Battre  de  Ini  qn*an  raalavantloia 
de  terre  et  en  Tétonfiant  ainaL  S. 

(***)  À  l'art.  CamuBB  db  viaomn,  nn  ea« 
pUqne  diCfttMaaMalt  VonfgcMa  4a  «Mua  \m^« 
tina.  ^« 


HER 

Jupiter  de  rendre  son  mariage  aussi  fé- 
cond que  l*avaient  été  ceux  du  héros  thé- 
halo.  Il  serait  difficile,  en  effet,  de  nom- 
brer  ses  femmes,  ses  maîtresses  et  ses  en* 
fants.  Nous  rappellerons  seulement  les 
cinquante  filles  de  Thespius ,  qu'il  rendit 
toutes  mères  en  cinquante  nuits,  suivant 
les  uns,  en  une  seule,  suivant  les  autres; 
Omphale,  reine  de  Lydie,  qui   lui   fit 
prendre  le  costume  et  les  molles  habitu- 
des des  femmes  de  sa  cour  voluptueuse  ; 
Mégare,  qu'il  tua  avec  ses  enfants  dans 
un  accès  de  frénésie,  dont  il  fut  frappé 
par  Junon  ;  enfin ,  la  jeune  lole ,  cause 
innocente  de  sa  mort.  Déjanire ,  jalouse 
de  la  passion  qu'il  avait  conçue  pour  cette 
aimable  enfant ,  voulant  ramener  l'infi- 
dèle, eut  recours  à  une  tunique,  que 
le  perfide  Nessus,  en  expiant  son  inconti- 
nence, lui  avait  donnée  comme  un  moyen 
infaillible  de  faire  naître  ou  renaître  l'a- 
mour. Blessé  à  mort  par  une  flèche  d'Her- 
cule, le  centaure  avait  trempé  cette  robe 
fatale  dans  son  sang ,  déjii  tout  pénétré 
du  poi^n  de  l'hydre  leméen.  La  prin- 
œàse  l'envoie  à  son  époux  prêt  à  faire 
un  sacrifice  sur  le  promontoire  de  Gê- 
née ;  il  s'en  revêt  :  aussitôt  set  entrail- 
les sont  en  proie  à  un  feu  dévorant.  Vaincu 
par  SCS  atroces  douleurs ,  il  se  livre  d'a- 
bord à  d'effroyables  emportements;  mais 
bientôt  sa  force  d'âme  prend  le  dessus  : 
il  sent  que  sa  mission  terrestre  est  ac- 
complie, et  se  fait  transporter  an  som- 
met de  rOËta.  Là ,  montant  avec  séré- 
nité sur  le  bûcher  qu'il  a  préparé  lui- 
même,  il  ordonne  à  son  ami  Philoctète 
(voy.)  d'y  mettre  le  feu.  La  flamme  ne 
consume  que  sa  dé|x>uille  mortelle  :  cette 
substance  pure,  éthérée,  incorruptible, 
((u'il  avait  re<^*ue  de  son  divin  père,  s'é- 
lève aux  célestes  demeures,  ou  les  dieux 
s'empressent  de  la  recevoir.  Junon  même 
dépose  sa  haine,  et  donne  en  mariage  au 
nouvel  olympien  sa  fille  Hebé  {vajr,)^ 
dont  il  partagera  l'éternelle  jeunesse. 

Les  plus  judicieux  critiques  de  l'anti- 
quité, chotiués  des  invraisemblances  de 
cette  interminable  légende  (nous  l'avons 
réduite  de  moitié),  es»ayèrent  de  l'expli  - 
qiuT  on  admettant  plusieurs  Hercules. 
L'ï  diH'te  Varrou  en  compte  ju!i<|u'a  44. 
Diudore  en  reconnaît  trob  :  le  premier, 
égyptien  ;  le  second,  crétots;  le  troisièmei 


(  m  )  BEft 

thébain.  CicéroncD  diatiogiieûfiV  Nàk 
Dcor.j  m,  16)  :  1»  le  fils  du  pkuaaàci 
Jupiter  et  de  U  nymphe  Lysithoè,  qâ 
combattit  contre  Apollon  ;  S*  rUafoli 
égyptien,  fib  du  Nil,  à  qui  Ton  attribas  la 
caractères  phrygiens;  S<*  le  crélob,  ^ 
fut  un  des  Dactyles  (voy,)  îdécos;  4*k 
tyrien ,  fils  d'un  second  Jupiter  et  dt  b 
nymphe  Astéria  :  il  fut ,  dit-oa ,  pcft  h 
Carthage;  6«  l'indien,  nommé  Wm\ 
&*  l'Hercule  vulgaire,  né  d'AlcmcMtt 
d'un  troUième  Jupiter. 

Arrien  et  Diodk>re  parlent  d*nne  divi- 
nité indienne  qui  avait  presque  tons  I» 
attributs  de  l'Alcide  grec  ,  au  point  ^ 
les  soldats  d'Alexandre  crurent  fwmm 
leur  dieu  national,  le  céleste  aïeul  de  Ion 
rois.  Quinte -Curce  et  Joalin  font  •■■ 
mention  decet  Hercule,  qui,  au  rapporta 
Mégasthène,  avait  régné  sur  les  bordtéi 
Gange  après  Bacchus.  Son  vériubb  «m, 
selon  Hésychius,  était  Donamtê,  ll.Cn^ 
zer  croit  le  reconnaître  dans  Bamui^  bfil- 
lante  incarnation  de  Vischnou.  Quant  ai 
Bei  de  Cicéron,  il  appartient  à  la  Syrit, 
et  non  ii  l'Inde,  foy.  Bu.  et  Baal. 

Les  hbtoriens  d'Alexandre  retroavan 
encore  le  même  dieu  chez  les  PhcniciMSi 
Hérodote  avait  déjà  va  sea  temples  à  Tvt 
et  à  Thasoa  :  il  affirme  que  son 
était  antérieur  de  bien  dâ  siècles 
naissance  d'Alcmène.  Les  Ty riens  le 
maient  Melkarth  (vo;*.; ,  ou  roi 
Le  mot  Héraclès  est  peut-être  lui- 
phénicien  et  signifie  vojrageur  «m 
merçantf  symbole  de  ce  peuple  aavi|a* 
leur  qui  jetait  sur  tous  les  rivagH  wm 
idées ,  ses  marchandises,  aea  dicnx. 

Néanmoins,  si  l'on  en  croit  Uctodoli^ 
ce  nescrait  pas  aux  Ty  riens,  maiaaux  Égyp- 
tiens, que  les  Grecs  auraient  e«pnnlt  b 
nom  et  le  culte  d'Uéraclèa.  Le  vieil  his- 
torien fait  ob>erver  que,  |>ar  son  pcrt  ri 
par  sa  mère ,  le  héro*  tîiêbaio  est  don- 
blement  originaire  des  bords  du  Nil 
Plutarque  nous  apprend  (|u'une  i 
tion  trouvée  sur  le  tombeau  d'Ak 
à  Haliarte,  ne  put  être  dérhifliree  qw 
par  un  prêtre  égyptien ,  ce  qui  confinM 
l'observation  d'Hérodote.  .M.  Cmua 
n'élève  aucun  doute  sur  l'origine  qt«f" 
tienne  du  mythe  d'Hercule.  AWide  «àq, 
force)  serait,  d'après  ce  savant,  b  fiii 
d*Ammon  (imi.);  celui  que  le»  mythol» 


HER 


nomment  Sem^  Som  ou  Djom^ 
*cfttȈ-dire  une  personnification  du  so- 
nt prinlanier,  et  Pun  des  douze  grands 
lieux  du  second  ordre,  comme  l'atteste 
acore  le  père  de  Thistoire.  En  général, 
M  Hercules  de  tous  les  pays  offrent  des 
«pports  frappants  avec  Tastre  du  jour , 
A  la  légende  grecque,  en  particulier, 
B^est,  dans  presque  toute  son  étendue, 
pi'un  symbole  astronomique.    Le   fils 
Ï^Alcmène  ressemble,  en  plus  d*un  point, 
k  ses  frères  Apollon  et  Bacchus  :  il  porte 
partout  la  fécondité  et  la  civiliàation  ;  il 
dessèche  les  marais,  purge  la  terre  des 
■lîasmes  et  des  monstres,  et  parcourt  sa 
carrière  bienfaisante  en  traversant  douze 
traTaux  allégoriques ,  dans  lesquels  Por- 
phyre Toyait  avec  raison  les  douze  signes 
da  zodiaque.  Fof,  Soleil. 

Il  est  de  fait  que  les  Grecs  ont  cru  re- 
trouTer  leur  Hercule,  dans  tous  les  pays 
qu'ils  ont  parcourus,  soos  les  traits  du 
Candaule  lydien ,  du  Baal  de  Syrie ,  du 
Meikarth  de  Tyr,  du  Djom  égyptien,  du 
Rama  hindou,  de  FOgmios  gaulois,  de 
l'Hercttles  ou  Hercole  italien,  dont  il 
serait  possible  que  le  nom,  dérivé  de  Herr^ 
■laltre,  ou  Heer^  armée,  n'eût  qu'un 
rapport  fortuit  avec  celui  de  l'Héraclès 
théhaiu.  Faut-il  en  conclure  que  les  Grecs 
ont  porté  leur  demi-dieu  chez  tous  ces 
peuples,  ou  qu'ils  ont  emprunté  à  cha- 
cun d'eux  une  partie  des  traits  dont  ik  ont 
formé  cette  grande  figure?   jjfi  l'un ,  ni 
Tautre.  Mous  croyons,  avec  Hérodote, 
qu'on  doit  distinguer  un  Hercule -dieu, 
dont  le  culte  vient  d'Orient ,  et  un  Her- 
cule-héros, issu,  à  Thèbes ,  d'une  bran- 
che de  la  famille  de  Persée.  Seulement 
les  poètes  et  les  mythographes  auront  at- 
tribué à  l'homme  les  merveilles  que  l'on 
laoootait  du  dieu.  Ainsi ,  le  prince  grec 
aura  grandi  en  force,  en  courage,  en  gé- 
nie, au  point  de  devenir  le  type  de  la 
perfection  humaine,  l'idéal  de  l'héroïsme. 
Selon  ses  habitudes,  Tesprit  grec  a  ré- 
duit les  proportions  du  mythe  asiatique. 
IVéaomoinsson  Hercule  n*est  plus  un  être 
réel  :  c'est  un  symbole,  dont  il  est  facile 
de  percer  la  transparence  allégorique; 
oo  y  reconnaît  la  vie  humaine  avec  ses 
peines,  ses  luttes  et  ses  espérances  d'im- 
■KMlalité.   Emblème  de  U  civilisation 
grecque  portant  au  loin  ses  bienfaits,  il 


(  723  )  HëU 

dompte  Une  nature  rebelle ,  réprime  les 
brigandages,  bâtit  des  cités,  multiplie  les 
relations  commerciales,  et,  pour  conser- 
ver le  cachet  de  l'humanité ,  mêle  à  tant 
de  grandeur  de  déplorables  faiblesses. 
Mais  le  fils  de  Jupiter  se  purifie  par  sa 
mort ,  et  son  bâcher  nous  donne  cette 
dernière  leçon ,  que  la  Tertu  est  le  che- 
min du  ciel.  Tels  sont  les  hauts  enseigne- 
ments qui  nous  paraissent  ressortir  des 
monuments  divers  que  l'art  grec  a  con- 
sacrés à  Hercule.  Ce  sont  des  poèmes,  des 
statues ,  des  bas-i*eliefs ,  des  mosaïques , 
des  pierres  gravées,  des  vases  peints*.  Le 
héros  y  est  ordinairement  représenté  sous 
les  traits  d'un  homme  fortement  consti- 
tué, appuyé  sur  une  massue,  et  revêtu  de 
la  peau  d'un  lion.  Parfois  il  est  armé  d'un 
arc  et  d'un  carquois.  On  le  représente 
tantôt  barbu,  tantôt  sans  barbe.  Sa  tête 
est  quelquefob  couronnée  de  peuplier 
blanc.  Nulle  part  sa  grandeur  surhumaine 
n'est  plus  fortement  empreinte  que  dans 
les  TrachinienneSy  de  Sophocle,  et  dans 
V Hercule  Farnèse^  à  Naples,  chef-d'œu- 
vre de  l'Athénien  Glycon.  C'est  bien  là 
le  type  de  la  force  unie  à  l'intelligence  et 
à  la  beauté  !  c'est  bien  là  l'Hercule  que 
Plotin  et  Proclus,  à  l'exemple  de  Platon, 
considéraient  comme  une  personnifica- 
tion de  la  vertu  pratique!     L.  D-c-o. 

HERCULE  (astr.).  C'est  le  nom  d'une 
constellation  boréale  des  anciens,  qui 
renferme  29  étoiles  dans  le  catalogue  de 
Ptolémée,  38  dans  celui  de  Tycho-Bra- 
hé,  et  113  dans  le  Catalogue  britanni- 
que. L. 

HERCULE  (coLONiTES  d')  ,  voy.  le 
premier  art.  Hescule  et  Gissaltas. 

HERCULE  (noeud  o'),  voy.  le  pre- 
mier art.  Heecule,  Bandelettes  et  Cein- 
ture DE  VIRGINITÉ. 

HERCYNIENNE(FORiT),i;oj^.HAaz. 

HERDER  (Jean  Godkfroi  de),  lit- 
térateur  et  théologien  allemand  célèbre, 
naquit,  le  25  août  1744,  à  Mohrungen, 
petite  ville  de  la  Prusse  orientale.  Fils 
d'un  pauvre  maître  d'école,  qui  ne  lui 
permettait  que  la  lecture  de  la  Bible  et 
d'un  volume  de  cantiques,  le  jeune  Her- 
der,  poussé  par  le  besoin  irréiistible  des 
hautes  intelligences,  lisait  et  travaillait  à 

(■)  ^oir  HagtB,  De  HeremHi  laborihut,  Kaniiiib.. 
1827.  ia-a*,  ^^^' 


riEii 


(724) 


HEB 


h  tlërobcc.  Homère  fut  une  de  ses  pi*c- 
inières  lectures;  et  des  larmes  mouillè- 
rent le  YÎsage  de  cet  enfant  précoce,  lors- 
qu'il en  irint  aux  vers  où  le  vieux  poète 
compare  les  générations  des  hommes  aux 
feuilles  de  Tautomne.  De  bonne  heure  il 
fut  prb  d'une  ophthalmie  grave;  mab 
cette  maladie  lui  fit  connaître  le  chirur- 
gien d'un  régiment  de  la  garde  russe  qui, 
après  avoir  pris  part  à  la  guerre  de  Sept- 
Ans,  s'arrêta,  sur  son  retour  en  Russie, 
dans  la  petite  ville  natale  de  Herder. 
Le  chirurgien  s'intéressa  bien  vite  à 
son  jeune  patient,  et  offrit  de  lui  faire 
étudier  la  chirurgie  à  Kœnigsberg  et  à 
Saint-Pétersbourg.  Herder  accepte,  sans 
trop  réfléchir  ;  mais  il  n*e8t  pas  sitôt  ar- 
rivé dans  la  vieille  capitale  de  la  Prusse, 
qu'il  déserte  sa  nouvelle  étude  pour  se 
livrer  à  celle  de  la  théologie,  qui  l'atti- 
rait de  préférence  ;  et,  pour  vivre  à  peu 
de  frais,  il  9e  nourrit  de  pain  sec.  Kant, 
sans  être  arrivé  à  l'apogée  de  son  immense 
renommée  philosophique,  exerçait  déjà 
un  grand  ascendant  sur  les  étudiants  de 
Kœnigsberg  :  Herder  n'y  échappa  point 
complètement,  quoiqu'il  ne  fût  jamais  le 
partisan  des  idées  kantiennes.  Un  autre 
homme  fort  original,  Hamann  {vojr,), 
eut  plus  d'influence  que  le  grand  philo- 
sophe sur  les  études  de  Herder  en  lui 
faisant  connaître  la  littérature  anglaise. 
£n  17G4,  le  jeune  théologien  se  rendit 
à  Riga  où  il  eut  une  place  d'instituteur 
à  l'école  du  Dôme;  et  comme  il  fut,  peu 
après,  appelé  à  Saint-Pétersbourg  où  on 
désirait  l'attacher  à  l'école  luthérienne  de 
l'église  Saint -Pierre,  le  magistrat  de 
Riga,  pour  le  fixer  dans  sa  ville,  créa 
une  place  de  prédicateur  dans  les  fau- 
bourgs ,  afin  que  Herder  la  réunit  à  celle 
d'instituteur. 

C'est  à  Riga  qu'il  publia  les  premiers 

fruits  de  ses  travaux  littéraires,  les  Frng- 

menti  sur  la   nouvelle  littérature  al^ 

lemande^  1767,  et  les  Fotéts  critiques^ 

1769.  Mais  le  besoin  de  voir  le  monde  et 

d'étudier  l'art  dans  le  Midi  le  décidèrent 

bientôt  à  se  démettre  de  ses  fonctions. 

Il  s'embarque  pour  la  France  (1769); 

son  àme  impressionnable  s'ouvre  au  grand 

•pectac'le  de  la  mer  :  U  compose  en  route 

f^nn  charmant  indvè  sut  Ossiun  et  les 

chants   îles  anciens   j>eMplc«^  t\  ^ 


barque  à  Nantes.  A  Paris ,  il  vît  les 
cyclopédistes,  pour  IcKjaeb  il  n'cal  wm* 
cune  sympathie.  Là  sa  répaUtioD  rvt- 
sante  le  fit  choisir  pooraocooipagBer  daw 
ses  voyages  le  jeune  prince  de  Uoktcni- 
Eutin.  Entre  Anvers  et  Aoiitanlaa  i 
fit  naufrage,  et,  après  cette  éprem, 
il  rejoignit  le  prince  à  Kiel  (1770).  0 
allait  voir  l'Iulie,  lorsqu'à  Strasbourg soa 
ophthalmie  se  montra  avce  plus  de  gra- 
vité. Pendant  le  séjour  forcé  qu'il  fit  éam 
cette  ville,  il  se  lia  avec  Goethe,  et  oom- 
posa  son  ouvrage  Sur  rorigime  des  Uuh 
gués  (Berlin,  1772).  Une  autre  pbot  m 
Urda  pas  à  se  présenter:  en  1771,Hcniar 
fut  appelé  comme  prédicatenr  à  b  pctik 
cour  de  Bûckebonrg ,  cba  le  ooaie  dr 
Schaumbourg-Lippe,  qui  «Tait 
Pombal  en  Portugal.  C'était  on 
distingué,  mais  qui  avait  usé  sa  vie  dam 
le  frottement  avec  les  bomaes  et  aV> 
cordait  aux  meillenres  intentions,  aas 
tendances  les  plus  fénérenaes,  aniaai 
cliance  de  succès.  Herder  ae  sentait  plas 
attiré  vers  la  comtesse,  feaame  pîeost  et 
d'un  caractère  aimant,  qni  apprécint 
pleinement  l'âme  noble  et  génénnse  à» 
Herder.  Celui-ci  composa  dana  la  petite 
ville  de  Bûckebourg  son  ouvrage  ci^îlal, 
les  Idées  sur  ia  philosophie  de  tàismirt 
de  l'humanité f  qui,  souvent 
mées  depuis,  commencèrent  à  paraître 
1784,àRiga.Nousyreviendronsphisloîa. 
Ce  fut  encore  à  Bûckebonrg  qu'il  renaît 
ses  Folkslieder  ou  Stimmem  der  FœUter 
(Voix  des  peuples),  admirable  collectiaa 
de  ces  polies  primitivea  poor  leaqneBv 
il  obtint  un  droit  de  cité  dana  la  répnbfi> 
que  des  lettres.  L'Acadéaue  de  Berlin  M 
décerna,  vers  le  même  tempa,  le  prix  penr 
ses  traités  :  Sur  l'origine  des  iei^sKr 
et  Sur  les  cotises  de  la  ewrmpHom  dm 
goût.  Et,  comme  poor  coorooner  tant 
et  de  si  brillants  succès,  one  onion  avtc 
one  jeune  personne  de  Damstadt  bî  fil 
connaître  à  cette  époqoe  le»  déima  de  la 
vie  domestique,  les  seuls  qoNni  koame 
de  la  trempe  religienae  de  Herder  poo- 
▼ait  ambitionner. 

Après  la  mort  de  la  eooHeasa  dt 
Schaumbourg ,  |lepois  longtemps  aflai- 
blie  par  une  malinlie  de  langoeor,  Hcrdv» 

\c\^\  tC  <&\aÀV^>9i&  t^Kauo  à  Bûrkeboorg  par 


HKR 


(725) 


HER 


î,  occupa  d'abord  (17  75)  une  chaire 
de  tfaéolo^e  à  Goettiogue,  et  ensuite.  Té- 
kcteor  de  HanoTre  ayant  mis  des  condi- 
tioBs  àsa  Dominationy  les  fonctions  d^in- 
ipectefirecclésiastique(5i//7er-£>i/r/ii/<-ii/},  , 
de  conseiller  consbtorial  et  de  prcdica- 
tear  de  la  cotu-  à  Weimar  (1776).  Dès 
lorssoD  nom  brilla  d'un  vif  éclat  dans  le 
cercle  de  littérateurs  que  la  duchesse  Amé- 
lie réunissait  autour  d'elle  {vcy.  à  Part. 
GoETu).  En  1788  et  1789,  il  visiu,  à  la 
snîte  de  cette  spirituelle  princesse,  Rome 
et  l^talie;  mais  il  en  fut  médiocrement 
éniii,  soit  que  son  esprit  n'eût  déjà  plus 
assez  d'élasticité  et  de  jeunesse  pour 
saffire  à  ces  nouTclles  impressions,  soit 
4|Be  le  Tif  amour  qu'il  portait  à  sa  famille 
le  rendit  indifiérent  à  toute  autre  jouis- 


Weimar  se  souviendra  longtemps  en- 
de  l'heureuse  influence  que  Uerder 
y  eier^  comme  inspecteur  des  écoles, 
comme  président  du  consistoire,  comme 
prédicateur  et  comme  fondateur  de  plus 
dî*iin  établissement  utile.  Mais  son  corps 
me  pouvait  snf&re  à  l'activité  dévorante  de 
aoB  esprit  :  il  passa  les  dernières  années 
de  sa  vie  à  lutter  contre  les  mala- 
dies* et  sQooomba  le  18  décembre  1803. 
L'électenr  de  Bavière  lui  avait  conféré 
na  diplôme  de  noblesse  dont  Herder  n'a 
poinC  besoin  aux  yeux  de  la  postérité. 

Voici  queb  sont  ses  titres  de  gloire 
plus  réels  que  des  parchemins. 

Pendant  quarante  ans,  il  a  puissam- 
■WBt  agi  sur  les  lettres  et  la  religion  en 
Allemagne.  Comme  théologien,  il  a  sur- 
tout le  mérite  d'avoir  donné  une  forte 
impulsion  à  l'exégèse.  Comme  philoso- 
phe, sans  être  précisément  l'auteur  d'un 
système,  il  a  cependant  marqué  en  seouuit 
dans  SCS  nombreux  ouvrages  des  trésors 
d'observations  sur  les  hommes  et  la  na- 
tsre  des  choses.  Comme  philologue,  il  a 
recommandé  de  sa  voix  toute- puissante 
les  classiques  grecs,  en  démontrant  com- 
■eat  ib  développaient  à  la  fois  toutes  les 
&cnllés  du  jeune  homme  qui  les  accepte 
pour  guides  et  pour  modèles.  Il  a  purifié 
lego&i  allemand  comme  critique;  il  a  ar- 
rmché  k  l'oubli  plus  d'une  page  de  la 
vieille  littérature  allemande;  il  a  poussé 
tonte  une  génération  dans  l'élude  de  l'art, 
fèw^mé  pios  d'tme  iaspintion  poétique^ 


fait  battre  des  milliers  de  cœurs-  pour  les 
sentiments  nobles  et  généreux.  Certes , 
c'est  là  une  existence  dignement  remplie: 
aussi  le  duc  de  Weimar  a-t-il  fait  in- 
scrire sur  son  tombeau  les  paroles  signi- 
ficatives de  lÀchty  Liebcy  l^ben  (lumière, 
charité,  vie) ,  car  l'âme  de  Uerder  était 
en  effet  un  foyer  de  lumière,  de  charité 
et  de  vie  intellectuelle. 

Les  ouvrages  de  Herder,  dans  l'édition 
complète  publiée  par  les  soins  de  Heyne, 
de  Jean  de  Mûller  et  de  son  frère  Geor- 
ges Mûller  (Tubingue,  1806-1810,  45 
vol.  in-8^,  et  1827,  60  vol.  in- 18),  for- 
ment trois  sériesdistinctes,  savoir:  1^  écrits 
sur  la  philosophie  de  l'histoire,  7?  écrits 
sur  la  religion  et  la  théologie,  3^  écrits 
sur  les  beaux-arts  et  la  littérature. 

A  la  première  série  appartient  son  chef- 
d'œuvre,  les  Idées  sur  la  philosophie  de 
rhisioircy  traduit  en  françab  par  H.  Qui- 
net,  avec  une  pré&ce  remarquable  (Pa- 
ris, 1 826-27, 3  vol.  in-S"*).  Dès  son  jeune 
âge,  un  semblable  travail  avait  formé 
le  rêve  de  ses  jours  et  de  ses  nuits  ;  pres- 
que toutes  ses  études  avaient  pris  cette 
direction;  de  bonne  heure  il  avait  cher- 
ché la  loi  de  l'hbtoire,  non  par  des  in- 
ductions métaphysiques,  mais  par  la  voie 
de  l'étude  des  faits.  Dans  son  ouvrage, 
il  parcourt  toutes  les  branches  de  la  ci- 
vilisation, la  philosophie,  la  religion,  la 
jurisprudence,  le  commerce,  l'industrie, 
la  poésie,  l'art,  sous  toutes  les  zones,  à 
tous  les  âges;  partout  il  montre  sous 
quelles  conditions  les  hommes  se  déve- 
loppent, et  le  résultat  auquel  il  arrive, 
c'est  que  notre  développement,  la  véri- 
table destination  de  l'homme,  est  un  idéal 
intellectuel  et  moral,  qu'il  désigne  par  le 
nom  très  significatif  de  HumaniiœL  Her- 
der est  humanitaire  par  excellence;  son 
ouvrage  est,  selon  l'expression  de  M.  Cou- 
sin, un  ^rand  monument  élevé  h  Vidée 
du  progrès  perpétuel  de  Clmmanité  en 
tout  sens,  L'hbtoire  des  arts  et  de  la  lit- 
térature y  est  admirablement  traitée;  les 
poésies  primitives,  les  chants  populaires 
y  sont  très  bien  expliquées  comme  mo- 
numents aussi  fidèles  que  brillants  de 
l'hbtoire  des  peuples.  Herder  ajoute  une 
grande  importance  au  théâtre  de  Thb- 
toire;  dans  son  1\xt«^  Va%<to^ra^ViVft.^>Q.^- 
sique  Joue  uu  tôXe  mist^^.'^i^^  ^''a^ 


IIëR 


(7Î6) 


HER 


autre  c6té,  son  système  est  peu  favorable 
à  la  liberté  et  à  la  puissance  de  rhomroe, 
qu*il  regarde  comme  Técolier  passif  de 
la  nature;  et,  pour  rendre  compte  de 
certains  développements  de  la  civilisa- 
tion,  il  a  recours  à  des  explications  mys- 
tiques, au  lieu  de  les  rapporter  à  l'éner- 
gie de  Tesprit  humain.  Herder  admet  un 
progrès  continuel  dans  l'humanité  ;  mais 
îl  en  détermine  mal  les  lois  générales  et 
point  du  tout  les  lois  particulières^.  Mal- 
gré ces  défauts,  son  ouvrage  vivra.  Herder 
se  place  à  côté  de  Bossuet  et  de  Vico,  qui 
tous  deux  n'ont  tenu  compte  que  d'un 
seul  élément  de  civilisation,  tandis  que 
Herder  les  a  embrassés  tous. 

Son  ouvrage  sur  les  ruines  de  Perse- 
polis  ne  donne  que  de  brillantes  hypo- 
thèses ,  mais  point  de  résultats  ;  ses  dia- 
logues sur  Spinoza  et  sur  Shafteshury 
renferment  une  appréciation  aussi  saine 
que  large  de  ces  philosophes.  Les  évé^ 
nements  et  les  caractères  du  xviii*  siè* 
de  sont  empruntés  à  VÀdrastèCy  recueil 
périodique,  publié  par  Herder  (Leipz. , 
1801-1804,  6  vol.  in-8«),  et  qu'il 
destinait ,  comme  l'indique  son  titre ,  à 
mesurer  dans  les  balances  de  la  justice 
les  réputations  usurpées  on  les  gloires 
méconnues  ;  les  Lettres  pour  hâter  le  pro- 
grès humanitaire  [Briefe  zitr  Befœrde' 
rungder  HumanitœtyKifgtif  1798-97) 
rentrent  dans  le  grand  programme  que 
Herder  s'appliquait  à  remplir  et  à  expli- 
quer. Le  Sophron  (1810)  consiste  en  un 
recueil  d'admirables  discours  prononcés 
par  Herder  dans  les  écoles,  en  face  de  ces 
enfants  et  de  cette  jeunesse  qu'il  s'eflbr- 
çait  de  lancer  dans  la  voie  du  progrès 
et  de  l'amélioration  morale.  Une  série 
d'ouvrages  philosophiques,  tels  que  la 
Métacritiqne  de  ta  Critffpte  de  la  raison 
pure  (I799\  Caiiigone  et  Sur  le  Su" 
hlime  (  1800  ;,  sont  dirigés  contre  Kant, 
avec  le  système  duquel  Herder  s'était 
complètement  brouillé  sur  la  fin  de  sa 
vie. 

Parmi  ses  ouvrages  théologiques,  celui 
Sur  Cesprit  de  la  poésie  hébraïque  oc- 
cupe sans  contredit  le  premier  rang  (l" 
édition ,  Dessin ,  1 783  ;  S*  éd. ,  avec  des 
additions  de  Jusl\,Le\pt.\%^  \%1S^1^.V 

(•)  »  oir  V.  CoustB«  iMi^iwi*»^  ««fc  Comrt  4a 
pkihfpkit. 


Il  opéra  une  révolution  dam  le 
savant ,  en  jetant  un  nouveau  jour  fv 
les  systèmes  religieux  de  rOrient  II  ci 
a  été  parlé  à  l'article  de  la  littératvt 
hébraïque.  L'ouvrage  de  Herder  sur  la 
Documents  les  plus  anciens  de  la  rœt 
humai  ne  exciUide  même  nne^  iraleatept^ 
lémique.  On  l'accusa  de  goostîdflDe(9.\ 
uniquement  parce  qu'il  présenta  a  ver  i» 
partialité  ce  remarquable  système  qu'a  rc>  : 
construit  de  nosjours  un  de  Dossavantscel- 
laborateurs.  Son  Introduction  à  la  p^   • 
sic  hébraïque f  son  analyse  du  Cantiqoe  des   ' 
cantiques  [Lieder  der  Uebe) ,  son  Traiif    ' 
sur  l'élégie  hébraïque  ^  appartiennent  k 
la  même  catégorie.  Les  Sermons  et  Ib 
Homélies  prononcés  à  Bûckebourg  et  à 
Weimar  n'ont  été  rédigés  qu*après  coop; 
car  Herder  parlait  d'abondance  oo«h 
saint  Chrvsostôme  et  saint  Basile;  il  était 
éloquent  parce  qu'il  était  convaincu,  sis- 
pie  parce  qu'il  parlait  au  peuple,  à  des  ia> 
telligences  qu'il  s'agit  non  pas  d'éblooir, 
roab  d*éclairer.  Son  traité  sur  Ir  Fib  êe 
Dieu^  sauveur  du  monde^  diaprés  fi- 
vangile  de  saint  Jean    (I796\  porte 
l'empreinte  indélébile  de  ta  belle  in»; 
on  peut  dire  que,  sons  plut  d*an  np» 
port,elle  avait  de  la  parenté  avec  celle  da 
disciple  chéri  de  Jésus-Christ. 

Rien  de  plus  riche,  de  plus  varié  qar 
la  série  de  ses  ouvrages  sur  la  littératBit 
et  les  arts.  Cest  ici  que  vienoeot  se  pb- 
cer  en  première  ligne  les  fWx  des  peu- 
pleSf  publiées  d'abord  (Leiptig,  177^' 
sous  le  titre  de  Volkslieder^  et  dont  doo» 
avons  parlé  à  l'article  Cvâ5ts  ron  lu* 
EEs;  les  Romances  du  Cid  ItO}),  tra- 
duites avec  cette  touche  fière  et  \éprt 
qui  ne  laisse  preM{ue  point  retgrellcr  l'o- 
riginal ;  ses  gracieuses  L^endrs^  ses  Pj* 
rabnles^  ses  Paramythies^  suites  de  ses 
inspirations  chrétiennes ,  hébraîqaes  oa 
grecques  ;  ses  pièces  dramatiques ,  teOts 
que  La  maison  tTÀdmète^  .4riane^  Pr^ 
méthécy  etc.,  etc.,  essab  manques  leloa 
nous;  ses  cantates,  ses  hymnes  cbretiras 
ses  poésies  lyriques,  riches  de  nobIf« 
pensées ,  mab  un  peu  flasques  de  (bme  ; 
sa  belle  traduction  des  odes  de  Baldr,  Je 
cet  Horace  chrétien  du  xvii*  siècle;  oae 

\ «nasse  d'articles  littéraires;  ses  Fragments 
SUT  la  UlVèraluTa  aUrman<lr^  qui  rra* 


HER 


(727) 


HER 


l0t  poêles  allemands  et  ceux  de  Tanti* 
^ité  grecque  ou  romaÎDe;  ses  Foféts 
eritiqmes{Kniis€he  H^œldery  1769),  ou 
considérations  sar  Taesthétique ,  ouvrage 
qui  renferme  une  spirituelle  analyse  du 
Laocoon  de  Lessing  et  des  écrits  de  Win- 
kelmann  ;  son  traité  sur  Ossian;  ses  tra- 
ductions d*une  partie   de  rAnthoIogie 
grecque ,  d*une  partie  d'Horace,  de  Pin- 
dare,  de  Perse;  ses  remarques  un  peu 
mordantes  sur  les  littératures  anglaise  et 
française  au  commencement  du  xviii* 
aècle  ;  ses  traités  sur  P Influence  des  bel- 
ies-ietlres   et  des  sciences  y  sur  l* In- 
fluence de  ia  poésie ,  sur  celle  de  Vim- 
primeriey  sur  les  Causes  de  la  corrup^ 
tion  du  goût  y  sans  compter  une  foule 
d'autres  traités   littéraires,  artistiques, 
Ihéologiques,  philologiques,  historiques, 
dont  la  simple  nomenclature  remplirait 
plus  d^nne  colonne  de  ces  pages.  Et  certes, 
il  suffit  de  parcourir  la  liste  incomplète 
que  nous  venons  de  donner,  et  de  songer 
combien  il  a  fallu  d'études  préliminaires, 
de  combinaisons,  de  sagacité,  d'abon- 
dance d'idées,  pour  produire  cette  longue 
•érie  d'ouvrages  qui ,  presque  tous ,  ont 
csercé  une  grande  action  sur  l' Allema- 
gne, et  dont  quelques-uns,  tels  que 
les  Idées  j  ont  pris  place  aujourd'hui 
dans  toutes  les  littératures  européennes, 
pour  ne  plus  s'étonner  que  la  reconnais- 
sance de  ses  compatriotes  ait  placé  son 
nom  immédiatement  après   les  grands 
noms  de  Gœthe,  de  Schiller,  de  Jean  de 
Mûller,  quoique  au  fait,  il  n'ait  point 
été  un  génie  créateur.  Herder  a  plutôt 
fût  l'office  d'une  abeille  littéraire,  qui 
▼a  récoltant  son  miel  partout  où  elle 
trouve  des  fieurs,  jusqu'au  fond  de  l'O- 
rient, dans  les  vallées  du  Cachemyr,  dans 
les  bois  de  rosiers  de  Chiraz,  sur  le  mont 
Hymette  et  sur  les  sept  collines ,  dans  les 
savaijes  et  les  steppes,  et  qui  finit  par 
construire  avec  ce  précieux  butin  une 
mcbe  immense  dans  le  tronc  du  vieux 
chêne  germanique^.  L.  S. 

HÉRÉDITÉ  (du  latin  hœreditas**). 

(*)  Le  lerteor  eonsoltera  aTec  frait  et  intérêt 
les  Sompenirt  de  /«  vitf  de  Herder,  éi*rits  par  sa 
iemmB  M^rie-Caruline,  née  FUchiland,  Statt- 
gart,  iSao,  9  Tol.  in-8^;  et  Dœring,  Fie  de  Ber» 
der,  Weimar,  f8a3;  Tao  et  Taotre  onvrage  en 
allemand. 

(^J  Seloa  qa'oa  éifit  hmrts  of  ktrês,  on  fait 


On  nomme  ainsi  l'ensemble  des  droits, 
tant  actifs  que  passif ,  qu'une  personne 
laisse  au  moment  de^sa  mort;  c'est  ce 
qu'on  désignait  autrefois  par  le  vieux 
mot  français  hoirie  {voyj). 

Lorsque  des  idées  saines  sur  la  pro- 
priété eurent  succédé  à  la  possession  pré- 
caire qui  devait  exister  à  l'origine  des 
sociétés  humaines,  les  lois  civiles  inter- 
vinrent pour  régler  la  transmission  des 
biens  qu'un  père  de  famille  laisserait  au 
moment  de  son  décès.  Par  une  fiction 
fondée  sur  la  nécessité  de  garantir  contre 
toute  attaque  brutale  et  illégitime  la 
masse  des  droits  appartenant  à  un  indi- 
vidu pendant  le  cours  de  sa  vie ,  et  d'en 
assurer  la  possession  à  ses  héritiers  ou 
successeurs ,  il  fut  établi  qu'il  n'y  aurait 
pas  interruption  dans  la  propriété ,  et 
que  ceux  qui  représenteraient  le  défunt 
seraient  saisis  de  l'universalité  de  ses 
droits  à  l'instant  même  de  sa  mort.  C'est 
ce  qu'exprime  avec  une  rare  énergie  la 
vieille  et  célèbre  maxime  :  Le  mort  sai- 
sit le  vif.  Aussi  appel  le- t-on  saisine 
la  possession  instantanée  de  tous  les  droits 
qui  composent  une  hérédité.  Néanmoins, 
comme  il  peut  arriver  que  l'héritier 
ait  intérêt  à  répudier  l'hérédité,  pour 
n'être  pas  tenu  de  ses  dettes  et  charges  ^ 
on  lui  laisse  la  faculté  d'y  renoncer  ;  s'il 
accepte,  il  y  a  ce  qu'on  appelle  en  droit 
adition  ^hérédité.  L'action  par  laquelle 
une  personne  qui  se  prétend  héritière, 
forme  sa  demande  juridique ,  se  nomme 
pétition  d'hérédité.  Nous  renvoyons,  au 
surplus,  au  mot  SuccEssioir,  pour  tout 
ce  qui  concerne  la  pratique  suivie  dans 
cette  importante  matière. 

Les  biens  meubles  et  immeubles  ne 
devinrent  pas  seuls  transmissibles  par 
voie  héréditaire,  mais  encore  certains 
droits  incorporels,  des  privilèges,  et  jus- 
qu'à des  fonctions  publiques. 

Lorsque  les  bénéfices  et  les  fiefs ,  de 
viagers  qu'ils  étaient  d'abord ,  devinrent 
héréditaires  [voy»  FéouALiTÉ) ,  tons  les 
privilèges  qui  y  étaient  attachèi  passèrent 
également  a  leurs  possestseurs.  Toutefob, 
dans  la  vue  de  conserver  ou  d'accroître 
la  puissance  de  ces  possesseurs ,  les  aînés 

dériver  ce  root  latin  de  htereo,  je  sois  attaihé  à, 
je  lien^  à  ^  ou  de  Kiru»  »  mAVt^,  \  vf .  -^^^^xV^â^ 


UER 


(718) 


HER 


leols  succédèrent  «as  fiels.  La  monarchM 
elle-même  qai,  saiveotMézerai,  segou" 
cernait  comme  un  grand  fief  y  fat  aussi 
héréditaire^.  D*abord  partagée  eotre  les 
fils  des  rois ,  elle  ne  tarda  pas  à  dereuir 
le  patrimoine  exclusif  de  leur  plus  proche 
héritier  mâle.  Ufèérédité  de  la  couronne 
est^ruQ  des  plus  anciens  et  des  plus  ioé« 
branlables  principes  de  la  monarchie 
française. 

Dans  Tantiquité ,  les  républiques  n*a- 
▼aient  point  de  fonctions  héréditaires; 
cette  transmissibilité  des  emplois  publics, 
par  droit  de  naissance^mble  de  tout  temps 
avoir  été  le  propre  des  gouTernements 
monarchiques.  On  ne  peut  pas  dire ,  en 
effet,  que  le  patriciat  chez  les  Romains** 
et  la  noblesse  de  caste ,  dans  quelques 
autres  états ,  aient  conféré  à  ceux  qui  se 
trouvaient  dans  cette  position  pririlégiée 
des  attributions  de  la  nature  de  celles 
qui  constituent  les  fonctions  publiques. 

La  pairie  féodale  fut,  au  contraire,  ac- 
compagnée de  certaines  prérogatives  qui 
donnaient  héréditairement  à  ceux  qui  en 
étaient  revêtus  une  véritable  délégation 
de  la  puissance  souveraine.  C'est  ainsi  que 
les  pairs  du  royaume  étaient  législateurs 
et  juges  par  droit  de  naissance,  puisqu'ils 
avaient  leur  entrée  dans  les  assembléâ  des 
États-Généraux  et  dans  les  Pariements. 

Les  grands-officiers  de  la  couronne 
parvinrent  aussi  à  conserver  leurs  pré- 
rogatives par  voie  héréditaire.  Char- 
kmagnc,  il  est  vrai,  fut  assez  puissant 
pour  réduire  les  effets  de  cette  usurpa- 
tion aristocratique;  mais  ses  faibles  suc- 
cesseurs ne  tardèrent  pas  à  laisser  rétablir 
ce  désordre.  Un  capitulaire  de  Charles- 
le-Chauve  de  Tannée  877,  rapporté  par 
Baluze  (t.  II,  p.  269),  prouve  d'une  ma- 
nière incontestable  que  la  dignité  de 
comte,  avec  les  prérogatives  qui  y  étaient 

(*)  Sor  niérédité  drt  rott  de  la  première  nce, 
<>o  peut  ronsoltrr  let  Mcainiret  de  Tabbé  de 
'Verlot  et  de  Poaremagnr,  iouf  ré«  anx  tomea  IV, 
VI  et  VIII  do  Rertteil  de  rAcadémie  dtt  laa- 
criptioD*  et  Bellea-Lettres. 

{**)  «Let  patrieieni  o'avalent  place  dans  le  té- 
»at  et  oe  poAtédaieot  let  chargea  que  par  l*élee- 
tion  da  rc»i  oa  do  peaple;  lenr  priTÎlége  se  ré* 
doitait  donc  à  être  répmlit  hûhilet  à  toccéder  à 
cet  places,  qnand  le  roi  oo  le  \>eaple  let  y  ap- 
pellera jt.  •  Àicoiirt  wr  rktttoira  al  U  çam»tT%a«  \  , 
mtmt  de  /  «nctemic  Beint,  t. U,  v.6t,V;nV»^  ^-;%k% \ 
3  vol.  ia*i3. 


jointes,  se  tranmettait  àm  pcra  an  fils, 
et  que  Tinvestiture  royale  n*ètnît  ph»  dis 
lors  qu'une  formalité  pqrctot  bwi 
nale.  Lorsque  les  rois  tentèrcat  de  dé- 
pouiller les  héritiers  des  officîert 
seurs  de  prérogatives  fôodniea ,  il  y 
résistance  à  main  armée,  et  de  là 
souvent  ces  nombreuses  gaciret  privée 
{voy.)  qui  ensanglantent  let 
pages  de  notre  histoire. 

Des  charges  et  offices 
vib  devinrent  aussi  par  la  anîte  hér^di 
Uires.  FrançoU  T'  créa  la  vénalité  ds 
ces  offices,  et  ses  suoceasears,  tomam  lai 
par  besoin  d'argent,  angnwmèranC  en- 
core ces  abus. 

Nous  avons  dit,  à  l'article  Gmman- 
MSKT,  que,  dans  les  monardiies,  lliérêdîlé 
de  la  couronne,  est  souvent  nne  ^nantis 
contre  les  désordres  qu'entraîne  leié- 
gime  électif.  L'histoire  de  Franee  nom 
montre  cependant  que  lea  nûnorîlis  dn 
rois  ont  presque  toujoors  été  des  occa» 
sions  de  troubles  sérieu  cl  niAae  dt 
guerres  ciriles. 

Noua  croyons  que  le  droit  da  iocesi 
sion,  en  matière  de  fonctions  pnbliqnsi, 
ne  peut  s'étendre  qu'an  trône,  et 
pour  prévenir  les  désaatit 
parables  des  régences,  il 
ble  que  ce  droit  d'bérédké  iost  appn}é 
sur  des  institutions  forteaMnt  organirtM 
Quant  à  la  pairie,  deux  principns  dilft- 
rents  ont  prévalu  à  cet  égaitl  en  Fi 
et  en  Angleterre.  Dana  ce 
l'hérédité  est  encore  regardée 
hérente  à  l'institution.  H  en  est  de 
dans  ceux  qui  adaMttenC  des 
l'ordre  de  la  noblesse  entre  en 
des  principaux  éléments.  Quant  à  i 
nous  ne  pouvons  adaMttre  qne  lea 
tlons  de  législateur  et  de  ju^a 
transmissibles  par  droit  de 


XuTt ,  et  ces  fonctions  iont  encore  le 


ractère  propre  de  la  pairie  dana 
organisation  politique  actuelle.  On  sait, 
du  reste ,  que  cette  grave  question  ÉM 
agitée  avec  une  grande  solennité  dans  la 
Chambres  françaises  en  18S9.  Celle  des 
députés,  après  la  discussion  la  pins  ap- 
profondie, repoussa  l'hérédité  de  la 
à  une  très  forte  majorité  (314  votant 

'^QMNItV  ^nM&  V^f^M»^  ^WH^^M^  \)iar» 


HEK 


(729) 


HER 


:ours  sur  t histoire  ttniperselle  que,  chez 
les  Égyptiens  9  la  loi  assignait  à  chacun 
RDA  emploi^  qui  se  perpétuait  de  père  en 
îis  (vor.  Castes)  ;  et,  comme  il  fait  an 
;nuid  éloge  de  la  législation  de  ce  peuple. 
Ml  est  conduit  à  penser  qu^il  approuTait 
également  cette  partie  de  son  organisa- 
ion  politique.  On  se  demande  alors  com- 
neot  un  aussi  vaste  génie  a  pu  approuver 
m  état  de  choses  qui ,  s'il  eût  réellement 
xisté ,  eût  éteint  toute  espèce  d'émula- 
ion  dans  le  cœur  des  citoyens  et  arrêté 
es  progrès  des  sciences  et  des  arts.  Mous 
tommes  loin,  en  effet,  d'être  toujours  pro- 
ires  à  la  profession  de  nos  aïeux  ;  et  un 
KMnme  d'esprit  et  de  sens  disait,  en  pai^ 
aat  de  cette  approhatioh  donnée  par 
Boasoet  à  la  législation  des  Égyptiens  : 
Soii  père  était-il  donc  évéque  et  prédis 
uttemr  du  roi?  A.  T-m. 

HÉRÉDITÉ  DES  MALADIES, 
Haladiss  HiaioiTAiaxs.  C'est  une  ques- 
JoB  sérieuse  et  qui  se  présente  souvent 
lans  le  monde  que  celle  de  l'hérédité  des 
■aladies.  Lorsqu'une  personne  vient  à 
occomber,  on  cherche  à  découvrir,  par 
l'eaamen  anatomique ,  la  nature  du  mal 
|ai  a  terminé  ses  jours,  afin  d'en  préser- 
rer ses  descendants  ou  même  ses  colleté- 
ans.  On  semble  croire  que  les  maladies, 
onnant  un  désastreux  héritage,  peuvent 
rapper  plusieurs  générations  successives, 
■arquées  comme  d'un  sceau  fatal.  Cette 
ipinioa  est-elle  fondée?  T  a-t-il  des 
leraonnes  prédestinées  en  quelque  sorte 
i  telle  ou  telle  maladie?  L'art  possède- 
-il  les  moyens  de  reconnaître  et  de  chan* 
^  ces  pr^iispositions  qui  datent  du  pre- 
BÎer  instant  de  notre  existence?  Nous 
ssaieroos  d'édairdr  ces  diverses  ques- 
ioos,  ainsi  que  celles  qui  s'y  rattachent. 
Les  auteurs  anciens  et  modernes  s'ac- 
ordeot  sur  ce  point  que,  par  la  voie  de 
i  génération,  se  transmet,  sinon  le  germe 
le  certaines  maladies,  du  moins  une  ap- 
itode  particulière,  une  prédisposition  en 
crtn  de  laquelle  telle  personne  en  sera 
&C  ou  tard  et  inévitablement  affectée. 
lette  manière  de  voir  s'appuie  sur  une 
ouïe  d'observations  de  maladies  et  de 
ibénomènes  physiologiques  relati£i  soit  à 
'homme  soit  aux  animaux.  La  statistique 
ieot  aussi  fournir  son  contingent  en  fa- 
0ar  de  Pbérédilé  des  maJfdieSy  qu'on 


cherche  ensuite  à  expliquer  d'une  manière 
plus  ou  moins  plausible ,  mab  qu'on  ad- 
met généralement  comme  prouvée. 

Il  n'est  douteux  pour  personne  que  les 
dispositions  de  structure  extérieure  ana- 
logues chez  les  différents  membres  d'une 
même  famille,  que  les  traits  de  ressem- 
blance .frappante  qui  exbtent  entre  le^ 
enfants  et  ceux  auxquels  ils  doivent  le  jour 
peuvent,  et  doivent  même,  s*accompagner 
de  dispositions  intérieures  semblables,  et 
par  conséquent  des  mêmes  probabilités,  si 
l'on  peut  ainsi  dire,  de  maladie  on  de 
santé,  n  est  donc  naturel  de  penser  qu'à 
raison  de  son  origine,  telle  personne  est 
plus  particulièrement  exposée  à  tel  genre 
de  maladies  :  aussi  la  phthisie  pulmonaire, 
le  cancer,  l'épilepsie,  l'aliénation  mentale 
sont-elles,  entre  autres,  des  maladies  qu'on 
a  coutume  de  regarder  comme  hérédi- 
taires. 

Laissant  de  c6té  de  stériles  discussions, 
nous  dirons  que ,  l'hérédité  des  maladies 
fût-elle  moins  prouvée,  il  n'y  aurait  aucun 
inconvénient,  bien  plus,  il  y  aurait  même 
de  l'avantage  à  en  admettre  l'hypothèse, 
afin  de  diriger  l'éducation  des  enfants  dans 
un  sens  opposé  à  des  prédispositions  ma- 
ladives, d'autant  plus  puissantes  qu'elles 
seraient  plus  profondes  et  plus  anciennes. 
Cette  considération  fondamentale  devrait 
se  représenter  à  l'esprit  dans  les  circon- 
stances importantes  de  la  vie,  comme  le 
choix  d'une  profession  ou  d'une  résidence, 
et  à  l'époque  encore  plus  grave  où  il  est 
question  d'une  alliance.  On  sait  quelle  est 
l'influence  du  croisement  des  races  dans 
les  espèces  animales;  et  les  hits  ne  man- 
quent pas,  même  dans  l'espèce  humaine, 
pour  prouver  qu'on  pourrait  exercer  une 
puissante  modification  sur  les  générations 
suivantes,  si  l'on  avait  le  bon  esprit  de 
consulter  les  instincts  et  les  penchants 
naturels  plutôt  que  les  calcub  de  l'ava- 
rice ou  de  l'ambition. 

Il  ne  faut  pascependant  que  l'opinion  de 
l'hérédité  suscite,  comme  on  le  voit  trop 
souvent,  de  folles  et  funestes  inquiétudes^ 
soit  chez  les  sujets  atteints  eux-mêmes 
de  prédispositions  héréditaires,  soit  chcx 
les  personnes  chargées  de  leur  éducation. 
Trop  souvent  il  arrive  que  pour  combat- 
tre telle  disposition  (ifibftuae^  o^  «.tl  ^- 
Teloppe  une  d\aintei)Lt.YORSQX  ^y^ka^^^ 


HBR 


(780) 


HER 


m*b  DOn  moins  préjudiciable  k  cet  éqni* 
Ubre  parfait  que  tous  les  efforts  de  la 
médecine  et  de  la  philosophie  doiyent  at- 
teindre et  maintenir.  Medio  tutissimus 
ibis. 

Dans  les  maladies,  la  considération  de 
l'hérédité  sous  le  rapport  des  causes  con- 
duira nécessairement  à  garantir  le  sujet 
de  Paction  des  causes  prédisposantes  et 
déterminantes,  puisqu*on  lui  connaît  une 
aptitude  toute  spéciale  à  en  ressentir  Tim- 
pression. 

Les  maladies  héréditaires  se  dévelop- 
pant avec  rapidité  et  atteignant  promp- 
tement  le  maximum  de  leur  intensité,  on 
doit  être  attentif  à  la  première  apparition 
des  symptômes,  surtout  lorsqu'ils  se  ma- 
nifestent versTépoqueoik  ils  se  sont  mon- 
trés chez  les  ascendants.  Les  moindres 
phénomènes  prennent  alors  de  l'impor- 
tance, et  il  faut  en  quelque  sorte  les  sur- 
prendre dans  leur  germe. 

Toutes  les  fou  qu'une  maladie  aigué 
se  prolongera  au-delà  du  terme  ordinaire 
et  résistera  aux  moyens  de  traitement  con- 
renables,  qu'elle  passera  à  Tétat  chronique 
sans  motif  évident,  l'idée  de  l'hérédité 
devra  toujours  se  présenter  au  médecin. 

Les  maladies  héréditaires  ont  des  ca- 
ractères spéciaux ,  une  marche ,  une  du- 
rée, une  terminaison  particulières,  une 
tendance  notable  aux  rechutes  et  aux  ré- 
cidives. On  doit  tenir  compte  de  tout 
cela,  se  garantissant  néanmoins  des  idées 
exclusives  et  préconçues. 

Il  n'est  pas  douteux  que  les  affections 
héréditaires  sont  tout  à  la  fois  plus  lon- 
gues, plus  opiniâtres  et  plus  difBciles  à 
guérir;  cependant  il  n'y  a  pas  lieu  de  les 
considérer  toujours  comme  incurables  et, 
d'après  cette  idée,  de  les  abandonner  à 
leur  éventualité  naturelle.  Il  faut  tou- 
jours craindre  de  voir  les  maladies  spon- 
tanées prendre  la  forme  de  celles  aux- 
quelles on  est  héréditairement  prédisposé, 
et  d'ailleurs,  dans  le  prognostic,  on  devra 
toujours  tenir  compte  du  degré  de  pa- 
renté des  personnes  affectées  primitive- 
ment dans  la  famille. 

I>es dispositions  héréditaires  peuvent  et 
doivent  être  activement  combattues  dans 


les  familles  etdans\es\nd\V\du&^cax  V%ti%-  ^  ^^  v«  |r«.  .«^«.«^...^ »«.»»,  —  <w« 
ture  ne  fait  pas  loujouts  d'e\U-tiAmt\»\  t^<\wi\it^\«n:\\vi^>i!asoîn 


l'exemple  contribaent  autaiitqae  kti 
semblances  intimes  d'organca  à  pcrpéla9 
les  maladies,  et  tel  n'a  hérité  de  la  goatle 
de  son  père  qu'en  héritant  à  la  Iîm  ée 
ses  richesses  et  de  son  inteaupéraoee. 

Les  moyens  de  prévenir  les  »»«tv>ffi 
héréditaires  sont  pour  la  plopart  dn  rc^ 
sort  de  l'hygiène,  dont  TacUon  est  Irait 
et  sans  résultats  immédiats  très  appa- 
rents. Les  médicaments  an  contraire,  ft 
les  opérations  chirurgicalea  aaxqoelki 
le  public  accorde  nne  grande  importaoct, 
parce  qu'il  croit  par  la  temhicr  an  plai 
vite  et  se  débarrasser  de  aoirn  qw  lai 
pèsent,  ont  bien  pea  d'elBcadlé  coaln 
des  dispositions  organiqoca  priasiliva  d 
profondes. 

Nous  ne  saurions  entrer  id  daas  Pei- 
position  détaillée  des  agents  on  piolet  éa 
traitement  préservatif  de  chaque  mais- 
die,  et  nous  renvoyons  aux  articles  spé- 
ciaux. 

Une  foisdéveloppéea,  les  maladies  hé- 
réditaires demandent  encore  phis  qoc  les 
antres  de  l'activité,  de  la  vigilanœ  et  de 
la  prudence.  Il  faut  les  épier  à  levr  dé- 
but, les  suivre  dans  levrs  progrèa,  ne  lâ- 
cher prise,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  qee 
quand  elles  sont  vaincoet,  et  ae  tenir  en- 
core sur  ses  gardes  après,  de  pcor  qn'aymt 
laissé  quelques  germes  cachet  dbns  nos 
organes ,  ces  maladies  ne  reparaissent  aa 
bout  d'un  temps  pins  on  moins  long. 
Rien  de  particulier  d'ailletirs  dans  la  na- 
ture des  moyens  à  employer  contre  ellrt. 

Au  reste,  l'étude  des  maladies  hérédi- 
taires bien  comprise  amènerait  de  beai 
et  salutaires  résuluti.  En  effet,  Pheat 
peut  et  doit,  telle  est  la  volonté  de  Dîf«, 
lutter  avec  le  mal,  en  dépit  da  sang  hé- 
réditaire qui  brûle  set  veines,  en  dépit 
des  circonstances  ennemies  au  milieu  dt»- 
quelles  il  se  trouve  jeté.  S*il  sncRMabe 
malgré  ses  efforts  sincères,  la  poinaane 
dispensatrice  lui  en  tient  compte  eacpre, 
en  ne  permettant  pas  qu'ib  aoéeal  per* 
dus  pour  l'espèce  humaine.  Aussi,  grâre 
aux  progrès  de  la  science,  voyoui  auui 
partout  où  elle  pénètre  s'aniélic»rer  h 
santé  publique  et  s'accroître  la  darèe 
moyenne  de  la  vie.  Quel  serait  k  lenat 
de  ce  perfectionnement,  si  chaque  géoe- 

t^  ^CTX\k  \UUH>MJL1>  \ 


HBR 


(181) 


HER 


HÉRÉSIE.  Ce  nom  n'artit  rien  d*in- 
jorieiiz  dans  TorigiDe.  Hérésie  (en  grec 
oXpsvtç)  signifie  le  choix ,  puis  ce  qu'on 
«choisi, une  doctrine^une école, un  parti. 
Dans  le  Nouveau-TesUment,  ce  mot  est 
employé  pour  désigner  \aL  secte  des  Pha- 
risiens et  celle  des  Sadducéens,  et  pour  ex- 
primer les  partis  en  général  (1  Cor.,  XI, 
19),  sans  défayeur.  Toutefois,  le  mot 
hérétique^  dans  le  seul  passage  du  Nou- 
Teau> Testament  où  il  se  présente  (Tit. 
ni,  10),  emporte  évidemment  un  blâme  : 
Épite  l'homme  hérétique!  Les  Pères  de 
l*Église  ont  ensuite  opposé  cette  qualifi- 
cation à  celle  di  orthodoxe  et  de  eatholi" 
que^  et  elle  est  devenue  synonyme  de  sec^ 
taire j  s*excluant  ou  exclu  de  TÉglise,  de  la 
communauté  àtajidèles  (voyO^MaisA^M- 
tique  n*est  pas  pour  cela  synonyme  d'</i- 
fidèle.  Dans  Téglise  chrétienne  (à  laquelle 
du  reste  les  autres  cultes  rendent  la  pa- 
reille sous  ce  rapport),  on  appelle  infî'^ 
dèles  ceux  qui  sont  nés  en  dehors  du 
christianbme,  et  apostats  (i;q^.)ceux  qui 
ontreniéla  religion  chrétienne.  Schisma^ 
tique  implique  encore  une  idée  différen- 
te :  on  réserve  cette  dénomination  pour 
ceux  qui,  sans  toujours  différer  par  le 
dogme  de  Féglise  dominante,  s'en  sont 
néanmoins  séparés  {voy.  Schisme).  Dans 
le  principe,  le  christianisme  était  une  hé- 
résie aux  yeux  des  Juifs,  en  tant  qu'il  s'é- 
loignait des  doctrines  et  du  culte  du  ju- 
daïsme; mais  lorsqu'il  se  lut  séparé  for- 
mellement de  ce  dernier,  lorsqu'il  eut 
trouvé  des  sectateurs  même  parmi  les 
païens,  lorsqu'il  eut  posé  des  principes 
essentiellement  différents  de  ceux  du  ju- 
daïsme, et  qu'il  se  fut  constitué  en  église 
indépendante,  les  chrétiens  ne  purent 
pi  us  être  appelés  hérétiques  par  les  Juifs, 
et  réciproquement.  Les  païens  et  les  ma- 
hométans  ne  sont  pas  davantage  des  hé- 
rétiques pour  les  chrétiens. 

Bfab  dans  la  chrétienté  elle-même,  la 
distinction  entre  les  orthodoxes  et  les  hé^ 
rétiques  se  fit ,  dès  que  la  tendance  de 
l'Église  vers  l'unité  de  la  foi  eut  acqub 
partout  un  degré  d'énergie  assez  consi- 
dérable. La  controverse  s'établit  entre  la 
majorité  fidèle  à  certaines  doctrines  trans- 
mises, on  qui  adoptait  celles  qu'on  venait 
d'ériger  en  articles  de  foi  {voy.  Oetho- 
doxie),  et  Im  miaorité  rebeUe  a  ces  déci- 


sioBS  BOinreOes,  on  qui  renonçait  à  dat 
dogmes  anciens.  Le  parti  valnca  fut  dé* 
claré  hérétique  (voy.  NAZAaiKKS,  Ébio- 

KITES  ,  NOTATIENS  ,  GnOSTICISME,  MoH- 
TANISTES,  MaKICHEEHS,  SaBELUAKISME  , 
DONATISTES,  AaiANISXE,  PÉLAGIANISIIE  , 

MoNOPHTSiTBS,  Nestoeiens,  etc.,'etc.). 
Les  hérésiarques  ou  chefs  des  sectes  dissi- 
dentes furent  simplement  frappés  d'ex- 
communication {voy,^  tant  que  le  christia- 
nisme n'était  pas  la  religion  de  l'État  ; 
mais  depuis  Constantin ,  l'autorité  tem* 
porelle  prit  fait  et  cause  pour  l'Église, 
et,  outre  l'excommunication  qui  dépen* 
dait  des  évêques ,  les  hérétiques  encou- 
rurent le  bannissement  et  la  perte  de  leurs 
droits  civils;  pour  empêcher  la  propa* 
gation  de  leurs  doctrines ,  on  condamna 
aussi  leurs  livres  aux  flammes.  La  peine 
de  mort  leur  fut  appliquée  pour  la  pr&- 
'  mière  fois  parle  synode  deTrèves,l'an  385, 
dans  la  personne  de  Priscillien.  Jusqu'à 
l'établissement  de  l'inquisition  (voy,)^ 
les  condamnations  à  mort  prononcées  par 
les  évêques  ne  purent  être  exécutées 
qu'avec  le  concours  du  pouvoir  séculier; 
maisdepub  lecomroencementduxiii'siè» 
cle,  on  établit,  dans  presque  tous  les  pays 
de  la  chrétienté,  des  inquisiteurs  revêtus 
d'une  autorité  absolue  qui  ne  tardèrent 
pas  à  se  rendre  formidables  par  les  excès 
qu'ils  commirent.  Les  croisades,  condui- 
tes par  Simon  deMonifort  contre  les  Al- 
bigeois(  vo/.oe  mot),n'étaientautre  chose, 
évidemment,  qu'une  guerre  civile  entre- 
prise dans  le  but  d'exterminer  les  héré- 
tiques. Depuis,  le  clergé  romain  n'a  cessé 
de  pousser  à  de  telles  guerres  d'extermi- 
nation. Du  XIII*  au  XVI*  siècle,  la  Fran- 
ce, l'Espagne  et  Tltalie  furent  désolées 
parles  persécutions  religieuses.  Encore  au 
xvn*,  le  premier  pays  perdit  ses  habitants 
les  plus  industrieux  par  le  fanatisme  in* 
tolérant  des  confesseurs  de  Louis  XIV. 
Les  inquisiteurs  sévirent  avec  non  moins 
de  fureur  en  Allemagne.  Le  premier 
d'entre  eux,G>nrad  deMarbourg,  répan- 
dit la  terreur  sur  les  bords  du  Rhin,  de 
1914al2SS:  cependant  ils  n'y  firent  ja- 
mais autant  de  victimes  que  dans  l'onest 
et  le  midi  de  l'Europe,  quoiqu'il  y  ait 
aussi  quelques  exemples  d'exécutions 
d'hérétiques  OTdofiiif«&  \!%x  ^«^  "^^Vn 
!  a\\emands« 


HEH 


(782) 


HER 


La  distinction  entre  les  orthodoxes  et 
les  hérétiques,  et  par  conséquent  les  per^ 
•écutions,  ne  demeurèrent  pas  étrangères 
à  Féglise  protestante.  Au  zvi*  siècle,  Ser- 
Yet  (vojr,)  fut  brûlé  à  Genève  pour  crime 
d'hérésie  ;  et  Féglise  anglicane,  sans  dres« 
•er  de  bûchers,  regarda  aussi  comme  hé- 
rétiques les  dissidents  (vcjr,)  et  les  fit 
priver  de  leurs  droits  civils  ou  au  moins 
politiques. 

Hérétique  se  traduit  en  allemand  par 
le  mot  Keizery  exclusivement  propre  à 
cette  langue.  Ce  mot  a  une  origine  his- 
torique :  suivant  les  uns,  il  provient  de 
la  secte  hérétique  des  Cathares  {yoy,); 
suivant  les  autres,  il  se  rapporte  aux 
Khasars  (vc^.),  peuple  qui  domina  sur 
la  côte  septentrionale  de  la  mer  Noire 
aux  XII*  et  XIII*  siècles,  et  qu'on  regarda 
comme  adonné  ou  au  judaïsme  ou  à  quel- 
que hérésie  chrétienne. 

Aujourd'hui,  si  la  civilisation,  en  nous 
apprenant  à  estimer  la  valeur  religieuse 
d'un  homme  d'après  sa  conduite  et  non 
plus  d'après  ses  opinions,  a  semé  partout 
des  principes  de  tolérance  ;  si  les  héréti- 
ques ne  sont  plus  menacés  du  bûcher,  ni 
même  du  bannissement,  on  n'accorde 
pas  encore  cependant  en  tous  lieux  le  li- 
bre exercice  de  leur  culte,  et  ceux  qui , 
plus  ou  moins  ouvertement,  attaquent 
l'imité  de  l'Église  sont  encore  exposés, 
dans  certains  pays ,  à  des  vexations  in- 
tolérables, sinon  à  la  rigueur  même  des 
lois.  J.  H.  S. 

HÉRISSON  (erinaceus).  Ce  petit 
mammifère,  de  l'ordre  des  carnassiers 
{vof.)^  famille  des  insectipores ,  doit  son 
nom  aux  piquants  raides  et  acérés  qui 
hérissent,  comme  autant  d'épines,  la  sur- 
face de  son  dos,  présentant  ainsi  une  ar- 
mure inattaquable  à  l'ennemi  prêt  à  fon- 
dre sur  lui.  Ces  piquants  ne  sont  autre 
chose  qu'une  modification  des  poiU,  qui, 
au  lieu  de  rester  flexibles  et  soyeux, 
comme  chez  les  autres  mammifères,  gros- 
sissent et  prennent  la  dureté  de  la  corne  ; 
défense  précieuse  pour  un  animal  que 
la  nature  n'a  doué  ni  d'asMz  de  force 
pour  la  lutte ,  ni  d'assez  d'agilité  pour  la 


cnlière  de  set  mitcles,  flécfaÔHBt  laiéte 
et  les  pattes  sous  le  ventre,  et  s^envdof- 
pant  de  sa  peau  comme  d'un  -fcyfttfMi^ 
il  ne  présente  à  son  adversaire  qa*aot 
boule  protégée  par  ces  piquants,  qiû  ic 
hérissent  et  s'entrecroisent  dans  tons  les 
sens.  Plus  rusé  que  les  autres  ,  le  reascd, 
embusqué  patiemment,  attend  pour  m 
jeter  sur  sa  proie  le  moment  où  la  fittip» 
la  force  à  se  dérouler,  et  à  livrer  à  son 
ennemi  le  défaut  de  son  armure. 

Le  hérisson  commun  (E.  emropœm\ 
de  8  à  9  pouces  de  longoenr,  à  fbrmss 
épaisses,  bas  sur  jambes,  titin  cinq  doî|b 
armés  d'ongles  fouisseurs  à  tons  les  pieds, 
une  queue  courte,  un  mosean  pointa, 
de  petites  oreilles  arrondies  ;  sa  déamr- 
che  est  lente.  Se  tenant  pendant  le  joar 


dans  les  haies  et  dans  les 


il 


la  nuit  pour  aller  à  la  rechcrcbe  des  in- 
sectes et  des  fruits ,  qui  composent  sa 
nourriture  habituelle,  quoiqu'il  monlrt 
aussi  beaucoup  de  voracité  pour  la  chair. 
En  hiver,  il  s'engourdit  et  ne  qnitle  pas 
son  trou;  sa  portée  est  de  tron  à  scfl 
petits,  sur  lesqueb  on  ne  distingue,  à  la 
naissance,  que  l'extrémité  des  épines.  Une 
autre  espèce,  qui  habite  depuis  le  nocd 
de  la  mer  Caspienne  jusqu'en  Egypte,  m 
distingue  du  hérisson  d*£nrope  par  la 
longueur  de  ses  oreilles  :  c^est  Verinmeems 
auritus. 

On  se  servait  autrefob  de  la  pemidecai 
animaux,  garnie  de  ses  piqoanta,  comme 
d'une  carde,  pour  peigner  le  dbanvie. 
Leur  chair  n'est  pas  employée.  C  S-tx. 

Le  nom  de  hérisson^  étendu  à  d'anties 
mamaûfères ,  tels  que  les  tanrec,  le 
drac,  et  même  le  ccendon ,  a  été 
appliqué  à  divers  poissona,  dont  le  corps 
est  hérissé  de  piquants,  tels  qne  diodens, 
tétrodons  et  balistes,  à  des  coquilles  db 
divers  genres,  particulièrement  à  des  aui- 
rex,  Réaumur  appelle  hérisson  blanc  h 
larve  d'une  coccinelle  qui  se  nourrit  de 
pucerons.  Les  oursins  sont  vulgairemcat 
appelés  fiérissons  de  tner.  Foj.  Ovasor 
et  ÉcHi5oomaxES.  C.  L-a. 

HÉRISTALL  on  HEasTAL(nom  d^n 
gros  bourg ,  sur  la  Meuse ,  non  kmi  db 
Liège  ),  voy,  PÉriir  et  CamuiTnicms. 

HÉRITAGE.  Ordinairement  ce 


fuite ,  et  qui  n'a  pas  non  plus ,  comme 

plusieurs  espèces  voîûues,  riostinct  de  se 

o^er  une  retraite  înaccessMe  «i  *»  «««•  \  ^Wv^^tfc^\x>«at.5îar 

ni*.  Mnia,griceauiiad\s^\wifai>i-\^«^«^^^««^'\^ 


f 


U£R 


(78S) 


UEll 


*  désespères.  Maiiy  dans  lelao- 
roit,  il  s'applique  à  toote  espèce 
>le  réel  constituaDt  une  proprié- 
e  une  maison,  un  fonds  de  terre, 
lomme  héritages  y  parce  qu'ils 
tire  partie  d'unehérédité  (l'or.), 
aurtes  générales  du  Hainaut  ap« 
lériiages  masures  les  biens  ru- 
lesquels  on  avait  élevé  des  bâti- 
labitation.  £.  R. 

TIER.  C'est  celui  qui,  à  la  mort 
"sonne ,  succède  à  tous  ses  droits 
i  toutes  ses  obligations.  Ce  mot 
latin  hères  fait  de  heruSj  mai* 
riétaire  :  Feteres  enim  heredes 
inis  appellabantf  dit  Justinien 
'  heredum  quaiitaie  et  différent 
Quelques-unes  de  nos  ancien- 
imes,  notamment  les  Chartes  gé- 
n  Hainaut  (chap.  117),  se  ser- 
distinctement  des  mots  héritier 
étaire. 

>eUe  héritier  légitime^  ou  ab  in^ 
elui  qui  succède  en  vertu  de  la 
»n  de  la  loi  ;  héritier  institué , 
est  nommé  par  la  volonté  du 
héritier  présomptifs  le  parent 
inve  au  degré  le  plus  proche,  et 
cette  raison,  est  présumé  de* 
héritier;  héritier  apparent^  ce- 
n'étant  pas  héritier  véritable , 
comme  tel  d'une  succession,  et 
m  en  dispose  comme  si  elle  lui 
lit  réellement;  héritier  pur  et 
«lui  qui  a  accepté  purement  et 
!nt  une  succession  ;  enfin,  héri- 
ficiaircy  celui  qui  ne  l'a  accep- 
DUS  bénéfice  d'inventaire, 
tcoessions  s'ouvrent  par  la  mort 
et  par  la  mort  civile.  Tous  les 
t  alors  transmis  immédiatement, 
lie  force  de  la  loi ,  aux  héritiers 
.  Cette  transmission  est  appelée 
Voy.  HiaÉDiTÉ. 
Ure  capable  de  succéder,  il  faut 
1  moment  de  l'ouverture  de  la 
Q ,  car  celui  qui  n'existe  pas  ne 
t  saisi  de  quelque  chose.  L'en- 
n'est  pas  né,  mais  qui  est  conçu 
oque ,  est  capable  de  succéder  ; 
t  cette  capacité  est  éventuelle  et 
i  la  condition  qu'il  naîtra  via- 
habHis)y  celui  qui  ne  naît  point 
ust  r^té  n'être  jamais  né.  Il 


est  en  tmtrë  tiéceasaire ,  pour  fooeédef  / 
d'avoir  la  jouissance  des  droits  civils^ 
ainsi  celui  qui  est  mort  dvilement  est  iiH 
capable  de  recueillir  une  suoœssion.Quant 
à  l'étranger  (vo/.),  il  ne  peut  succéder  ea 
France  que  conformément  aux  règles  qui 
sont  indiquées  à  l'art.  Aubaive.  Enfin,  le 
Code  civil  désigne  (art.  797)  trob  classes 
d'indiridus  qu'il  déclare  indignes  de  suc* 
céder.  Fojr,  ExHiaÉDATioir. 

Il  est  de  principe  général  qu'on  ne  peut 
réunir  les  qualités  d'héritier  et  de  dona- 
taire ou  lé^taire.  Le  Code  a  fait  cesser 
sur  ce  point  la  diversité  que  présentaient 
nos  anciennes  coutumes.  Il  impose  à  tout 
héritier  l'obligation  de  rapporter  ce  qu'il 
a  reçu  dn  défunt,  et  lui  interdit  de  récla- 
mer les  legs  qui  lui  ont  été  faits.  Toute- 
fois, lorsque  la  disposition  est  faite  ex» 
pressément  par  prédput  et  hors  part,  le 
donataire  ou  légataire  est  dispensé  du 
rapport,  mais  seulement  jusqu'à  concur- 
rence de  la  portion  disponible  (art.  843, 
844 j.  Dans  tous  les  cas,  il  peut  d'ail-> 
leurs,  en  renonçant  à  la  succession ,  re- 
tenir ,  toujours  jusqu'à  concurrence  de 
la  portion  disponible,  les  biens  qui  lui  ont 
été  donnés  ou  légués. 

La  saisine,  qui  s'opère  de  plein  droit, 
au  moment  de  l'ouverture  de  la  succes- 
sion ,  est  toujours  subordonnée  à  Tac- 
ceptation  de  l'habile  à  succéder.  En 
France,  on  n'a  jamais  reconnu  d'héri- 
tiers nécessaires  y  et  la  règle  nul  n'est 
héritier  qui  ne  veut  était  observée,  même 
dans  les  provinces  régies  par  la  loi  ro- 
maine. On  n'acquiert  donc  véritablement 
le  titre  et  les  droits  d'héritier  que  par 
l'acceptation  de  la  succession.  Cette  ac- 
ceptation peut  être  pure  et  simple,  ou 
sous  bénéfice  d'inventaire.  Dans  le  pre- 
mier cas,  rhéritier  est  tenu  de  tontes  les 
dettes  et  charges  de  la  succession ,  quelle 
qu'en  soit  l'importance;  dans  le  second, 
il  n'est  obligé  d'acquitter  le  passif  que  jus- 
qu'à concurrence  de  la  valeur  des  biens. 
Foy,  BiNincE  n'iirvEirTAiaB.      E.  R. 

HERMAIf,  voy.  HEaiiAiiir. 

HERMAIfARIC,  ou  Eumio 
(comme  l'appelle  Ammien  Marcellin),  le 
plus  célèbre  des  rois  goths,  né  vers  l'an 
970  de  J.-C.,  au  sein  de  la  noble  famille 
des  Amales  {yoy.  ),  succéda  à  Gébérvc 
dans  un  i^e  dèyi  vivnnb.  K.  vs^.%^xa!- 


B£R 


(TI4) 


mtiit  à  la  oouroDne,  le  rojfiQiiiêdet  Goths 

ivojr.  )  s'étendait  depuis  rembouchure 
u  Danube  jusqu'aux  monts  Karpathes  : 
il  en  recula,  par  ses  conquêtes,  les  limites 
jusqu'au  Don,  à  la  Theiss,  au  Danube  et 
à  la  Baltique.  Après  avoir,  en  effet,  réuni 
sous  son  autorité  plusieurs  peuplades  go- 
thiques indépendantes,  il  tourna  ses  armes 
contre  les  Héniles  (vojr.)  que  leur  agilité 
et  leur  habileté  dans  le  maniement  des 
armes  avaient  rendus  fameux,  et  contre  les 
Vendes  ou  Vénèdes  qui  étaient  plus  re- 
doutables par  leur  nombre  que  par  leur 
courage.  Ces  deux  peuples  soumis,  il  at« 
taqua  les  .£striens  ou  Esthiens  (vojr.)  qui 
habitaient  sur  les  rivages  de  l'Océan  ger* 
nunique  et  les  contraignit  à  subir  le 
même  sort;  puis  se  portant  à  l'autre  ex- 
trémité de  l'Europe,  il  subjuga  les  Roxo- 
lans  et  un  grand  nombre  de  tribus  scy- 
thiques  dont  les  noms  mêmes  sont  igno- 
rés de  nos  jours,  mais  qui  erraient  vrai- 
semblablement entre  le  Don  et  la  mer 
Baltique. 

Il  parait  qu'Hermanaric  se  boraa  à 
forcer  ces  différents  peuples  à  reconnaître 
sa  suieraineté  et  qu'il  leur  laissa  du  reste 
leurs  rois  particuliers  et  leur  forme  de 
gouvernement,  en  sorte  qu'on  ne  peut  le 
regarder  que  comme  le  chef  d*une  con- 
fédération puissante.  Selon  Jomandès, 
toutes  les  peuplades  germaniques  et  scy- 
thiques  reconnaissaient  son  autorité.  Il  y 
a  sans  doute  de  l'exagération  dans  cette 
asMrlion  de  rhistorien  des  Goths ,  mais 
ce  qui  est  incontestable,  c'est  qu'il  éleva 
sa  nation  k  un  degré  de  puiisance  qu'elle 
n'a  plus  atteint  depuis. 

Le  vieux  roi  était  malade  d'une  bles- 
sure que  lui  avaient  faite,  dans  une  ten- 
tative d'assassinat,  deux  frères  indignés 
de  la  mort  cruelle  de  leur  sceur,  écartelée 
par  les  ordres  d'Hermanaric  en  punition 
de  la  trahison  de  son  mari ,  lorsque  Ba- 
lamir  se  présenta  sur  les  frontières  de  son 
empire  à  la  tête  de  ses  hordes  de  Huns. 
Craignant  de  perdre  en  un  instant  la 
gloire  qu'il  avait  acquise  dans  sa  longue 
vie ,  il  te  précipita  sur  son  épée ,  Tan 
S76,  et  prévint  ainsi ,  par  une  mort  vo- 
lontaire, U  honte  d*une  défaite  qu*il  re- 
doutait. Son  successeur  Wilhimer  ouWi- 


mentdans  une  bataille,  tandla  <|a1 
mund,  fils  d'Hermanaric,  se  son 
à  eux  avec  une  partie  des  GotliSL  E 

HRRMANDAD  (la  saihtb) 
institution  ou  confrérie  (grrmamt 
là  le  nom)  date  du  xvi*  siècle.  L*4 
de  sainte  qui  la  fait  distinguer  d 
fréries  plus  anciennes  dont  elle  él 
sorte  dHmitation ,  la  (ait  aosaî  i 
confondre  avec  l^nquisition  on  n 
au  moins  comme  une  de  ses  dépcn 
On  en  a  fait  connaître  le  but  an  ■ 
•OEANCEs  (T.  n,  p.  439).  Elle  ne  t 
tait  jamais  en  mouvement  qm 
qu'un  délit  ou  un  crime  avait  éléc 
Elle  se  composait  d*un  certain  i 
d'officiers  de  police  armés  et  répar 
les  différents  districts  du  roym 
Castille,  qui  devaient  veiller  surU 
sûreté  des  routes  hors  des  vîlk 
était  sous  les  ordres  du  conseil  de  i 
et  il  lui  était  sévèrement  défend 
rêter  personne  dans  Tintérieur  de 
Elle  était  à  résidence  fixe  à  To 
Ciudad-Rodrigo  et  à  TaUverm. 

HERMANN,  en  Utin  Armim 
nom  teutonique,  dont  la  signifies 
homme  de  guerre^  guerrier^  a  été 
dans  la  personne  du  fils  de  Ségi 
Sigmar,  prince  des  Chérusques  (« 
Tan  18  av.  J.-C.  Parmi  les  oioy< 
ployés  par  les  Romains  pour  s^asm 
béissance  des  Germains,  il  fkul  < 
l'usage  de  faire  élever  à  Rome  Ici 
principaux  habitants  de  ce  pays  :  H 
y  passa  ses  premières  années  ;  il  fî 
dans  Tordre  deschevaliers,  et  daaa 
d'Auguste  avec  le  grade  d^officicr  J 
liusVarus  ayant  été  envoyé  daosa 
il  Ty suivit,  feignit  un  grand  dévov 
la  cause  de  Rome,  approuva  en  ap| 
toutes  les  mesures  prises  par  legéâ 

main,  mais  fomenta  en  secret  la séd 
était  facile  d*y  pousser  les  Gcrm 
profitant  du  mécontentement 
causé  par  les  administrations  ■ 
et  par  les  exactions  des  gens  de  k 
publicaios  ;  il  sVntendit  avec  Icsc 
diverses  peuplades,  et  tandis  que 
tien  régnait  dans  la  Pannonie  «| 
Dalmatie,  Hermano,  de  son  côté,  1 
de  petits  soulèvements  partiels  poe 


althar  opposa  aux  Uuna  uuft  HavAaiint  V  Nvt^i  d«iéminer  ses  troupes.  ] 


HER  (  Ïâ5  )  HER 

rn^  da  Ehiiiy  dans  les  régions  de  l^lbe     mondemi  fils  qui  fut  élevéàRAVenncHer- 


et  du  Weser.  Varus,  comptaot  sur  le  cod- 
cours  et  TarrÎTée  des  troupes  auxiliaires^ 
marcha  jusque    Ters  les   sources  de  la 
lippe   et  s'eogagea  dans  les  forêts  de 
Teutobourg.  Arminius  alors  apparut  sur 
les  derrières  de  Tannée,  non  plus  pour  la 
seconder,  mais  en  ennemi  terrible  qui 
Msae  subitement  des  protestations  du  dé- 
Yoaement  à  la  défection.  En  vain  Ségeste, 
prince  des  Cartes,  avait  averti  Varus  : 
rien  n'égalait  Taveuglement  de  ce  chef. 
Pendant  la  nuit  qui  précéda  Fattaque,  Se* 
geste  avait  renouvelé  ses  avertissements. 
U  était  irrité  contre  Hermann,  qui  avait 
colevé  sa  fille  promise  à  un  autre  :  c^é- 
tait,  dit  Tacite,  le  gendre  odieux  d'un 
beau-  père  ennemi.  Au  milieu  des  ténèbres, 
les  Romains  furent  assaillis.  C'était  l'élite 
de  l'armée  ;  ib  résbtèreot  avec  intrépi- 
dité. Une  tempête  horrible  vint  accroître 
les  difficultés  de  leur  situation  ;  ils  furent 
obligés  d'abandonner  leur  camp  et  de  se 
retirer  sur  une  hauteur  où  ils  furent  at- 
taqués   avec  une   nouvelle  furie.  Pen- 
dant trois  jours  entiers,  les  Romains  sou- 
tinrent l'effort  du  nombre  ;  enfin  Varus, 
blessé  et  sans  espoir  d'échapper  à  ses  vain- 
queurs, se  perça  de  son  épée,  comme  s'é- 
tait tué  son  père  à  la  bataille  de  Philippes; 
beaucoup  de  Romains  l'imitèrent,  d'au- 
tres aimèrent  mieux  chercher  la  mort  dans 
le  combat;  il  survécut  fort  peu  de  pri- 
•onniers.  Non  content  du  massacre  de 
trou  légions,  Hermann  les  fit  sacrifier 
comme  victimes  humaines  ou  périr  par 
les  supplices.  Les  plus  grandes  cruautés 
furent  exercées  sur  les  jurisconsultes  :  aux 
uns  on  arracha  la  langue,  aux  autres  on 
coupa  les  mains. 

Les  données  géographiques  sur  le  lieu 
de  U  bataille  ont  fait  penser  aux  savants 
qu'elle  avait  eu  lieu  près  de  Detmold  :  on 
a  beaucoup  disserté  sur  ce  sujet. 

Hermann,  vainqueur,  détruisit  tous  les 
forts  des  Romains.  Les  discussions  entre 
S^^te  et  lui  continuèrent.  Assiégé  par 
ton  gendre,  Ségeste  appela  Germani- 
cns  (vojr,)  à  son  secours  ;  celui-ci  le  dé- 
§agem  et  fit  beaucoup  de  prisonniers,  en- 
tre autres  Thusnelda,  femme  de  Hermann, 
fiUe  de  Ségeste.  Tacite  fait  un  magnifique 
tableau  de  la  noble  attitude  de  cette 
femme;  elle  était  enceinte  et  eUe  mit  au 


mann  n'en  fut  que  plus  animé  à  la  guerre; 
il  appelait  tout  le  peuple  aux  armes  par 
ses  énergiques  discours.  Germanicus  alors 
marcha  vers  le  lieu  où  avait  été  massacrée 
l'armée  romaine  et  rendit  les  derniers  de- 
voirs aux  ossements  blanchis  des  guer- 
riers. Cette  campagne  fut  brillante  pour 
les  Romains.  Dans  la  suivante,  Inguioma- 
rus,  l'onde  de  Hermann,  se  joignit  à  lui  : 
c'était  un  guerrier  célèbre;  mais  ils  furent 
vaincus  après  avoir  remporté  quelques 
avantages.  Une  autre  attaque  du  camp  ne 
fut  pas  plus  heureuse  :  Inguiomarus  y 
fut  grièvement  blessé  et  ses  troupes  tail- 
lées en  pièces.  Plus  tard,  les  Germains  et 
les  Romains  étant  en  présence  sur  les 
bords  du  Weser ,  Hermann  demanda  un 
entretien  avec  son  frère  Flavius,  qui, 
comme  lui ,  avait  été  élevé  à  Rome.  Cet 
entretien  eut  lieu  d'une  rive  à  l'autre  en 
langue  latine,  mais  les  efforts  du  Germain 
ne  purent  ébranler  la  foi  de  son  frère. 
Il  s'en  fallut  de  peu  qu'ils  n'en  vinssent 
aux  mains,  malgré  le  fleuve  qui  les  sépa- 
rait. U  fallut  retenir  Flavius.  L'armée 
passa  le  Weser  ;  le  lieu  de  la  bataille  est 
appelé  Idistavisus  par  Tacite  :  on  croit 
que  c'est  Vegesack ,  à  quatre  lieues  au- 
dessous  de  Brème.  Elle  fut  terrible,  et  il 
ne  manqua  rien  à  la  déroute  des  Ger- 
maius(ran  16de  J.-C). 

Mais,  à  peine  délivrés  de  Germanicus 
par  la  haine  de  Tibère,  ils  se  divisèrent 
entre  eux.  Inguiomarus ,  ne  voulant  pas 
obéir  à  son  neveu,  prit  parti  pour  Maro- 
boduus,  roi  des  Marcomans  ,  et  antago- 
niste de  celui-ci.  Hermann  vainquit  (Pan 
17),  dans  une  sanglante  bataille,Marobo- 
duus,  qui  fut  obligé  de  fuir  d'abord  dans 
l'intérieur  de  ses  états,  puis  en  Italie.  Ta- 
cite nous  dit  [AnnaL^  U ,  88)  que  Her- 
mann, le  libérateur  de  sa  patrie ,  vou- 
lut s'emparer  du  pouvoir  suprême,  qu'il 
combattit  avec  des  chances  diverses,  et 
qu'il  fut  tué  par  les  siens  à  l'âge  de  37 
ans.  L'historien  ajoute  :  On  le  chante  en- 
core chez  les  peuples  barbares,  mab  il  est 
ignoré  des  Grecs  qui  n'admirent  qu'eux- 
mêmes.  KIopstock  lui  a  consacré  sa  belle 
composition  intitulée  Hermanssc/ilacht, 
Il  exbte  aussi  une  tragédie  italienne  d'Ar- 
minius,  par  Hipp.  Pindemonte.  P.  G-y. 


(ÎEtt 


(7je) 


M£A 


iW  1  lOS  à  1915,  et  oomte'palatlndeSaze 
i  la  place  de  Henri-^le-Lion  (voy,)  mis 
au  ban  de  TEmpire.  Ce  prince  qui  con- 
tribua à  faire  proclamer  empereur  Fré- 
déric II  (  vof,  )  figure  parmi  les  minnc'^ 
singer  {vojr,)^  et  exerça  une  grande  in- 
fluence sur  les  premiers  développements 
de  la  poésie  en  Allemagne.  C'est  sous  son 
règne  et  dans  sa  résidence  qu'eut  lieu , 
l'an  1 207,  le  concours  poétique  fameux 
sous  le  nom  de  guerre  de  la  fF'artbourg 
{yoy,  ce  nom).  S. 

HERMANN  (Jean-Jacques-Godb- 
PEOi),  célèbre  belléniste  allemand,  naquit 
à  Leipzig,  le  28  novembre  1772.  Son 
père  occupait  dans  cette  ville  une  place 
importante  dans  la  magistrature.  Ses  pro- 
fesseurs ,  Ilgen ,  Reiz ,  Emesti  et  Beck 
(vo^.),  développèrent  de  bonne  heure  en 
lui  le  penchant  pour  les  études  de  Tan- 
tiquité  classique.  Cependant  il  était  des- 
tiné à  la  jurisprudence.  Après  avoir  étu- 
dié à  Leipzig,  il  alla  soutenir  à  léna ,  en 
1793,  sa  thèse  de  droit.  En  1794,  il  fut 
autorisé  à  ouvrir  des  cours  de  littérature 
ancienne  à  l'université  de  sa  ville  natale, 
où,  en  1798,  il  fut  nommé  professeur 
extraordinaire.  En  1803,  il  obtint  la 
chaire  d'éloquence,  qu'il  quitta,  en  1 809, 
pour  celle  de  poétique.  M.  Hermann  est 
membre  correspondant  de  l'Institut  de 
France  (Académie  des  Inscriptions  et 
Belles -Lettres),  et  membre  assodé  de 
presque  toutes  les  sociétés  savantes  de 
l'Europe. 

Comme  helléniste,  il  a  été  simultané- 
ment le  réformateur  de  la  métrique  et  de 
la  grammaire  grecque,  éditeur  habile 
d'une  suite  importante  de  poètes  grecs, 
sur  le  texte  desquels  il  a  exercé  sa  critique 
conjecturale ,  en  même  temps  qu'il  leur 
appliquait  ses  principes  de  métrique. 

U  exposa  ces  derniers  d'abord  dans 
l'ouvrage  intitulé  De  metris  poetarum 
grœcorum  et  romanorum^  publié  en 
1796,  et  qui  fut  suivi,  en  1798,  d*un 
Manuel  de  métrique  écrit  en  allemand. 
En  1816,  il  compléta  ces  deux  travaux 
préliminaires  par  la  publication  de  ses 
Elementa  doctrinœ  meîricœ^  dont  il 
publia,  en  1818,  un  abrégé  intitulé  £/?/- 
iome  doctrinœ  inetriccr.  Ces  doctrines 
métriques  de  M.  lUrmann  ^  c^o\c\v^^^ 
fttiaent  dans  Vorîfîne  so\ifiù«es  %  Ac^  coiw 


tesUtSoilt  ptirtielles,  otti  pri'ndh^  i 
minent  aujourd'hui  dans  toos  les 
des  poètes  grecs. 

Comme  grammairien,  M. 
publia,  en  1801,  son  ouvrage  iV 
dandd  ratione  grofcw  grmmumÊtiem^ 
dont  le  premier  Uvre  oonticBt  VwÊÊkjm 
des  lettres  et  de  raoceotaatMMi  frecqae, 
et  dont  le  second  traita  dca  parties  di 
discours  envisagées  sous  la  poist  de  vas 
élémentaire  et  analytique  :  la  sacosd  va» 
lume,  qui  n'a  pas  paru,  «ferait  nniHiair 
la  syntaxe.  A  la  fin  du  1  "'vol«Hie(pi^.2$l 
et  suiv.)  se  trouvent  quatre  fi  agt  ali  et 
grammairiens  grecs  inédits,  qai  oot  tacwn 
aujourd'hui  une  grande  Talînv.  Ca  livit 
de  M.  Hermann  réforma  dam  tmtfa  TEo- 
rope  les  principes  de  la  gramanire  pic» 
que,  et,  en  France  spéciaiemaot,  il  eicrça 
la  plus  heureuse  influciioa  sor  la  MÊé* 
thoiie  grecque  de  M.  Bumoaf  (vo«r  m 
préface  de  la  1^  édition). 

Ses  nombreuses  occupations  ayaat  wm» 
péché  M.  Hermann  de  pcd>liar  «ne  sya- 
taxe  grecque,  il  fit  paraître,  an  I8#2, 
une  nouvelle  édition  du  traité  da  Vigiv 
De  prœcipuis  grœcœ  dieiiamis  idùiù» 
misy  avec  les  notes  de  Hoogevaea^deZeaaa 
et  les  siennes.  Il  réimpriaM 
en  I823j^avec  des  additioa 
blés,  et  le  fit  imprimer  uoa 
fois,  e»  1834.  Les  notes  de  M. 
sur  Vigier  sont  devenues  des  lors  «a  àm 
plus  importants  ouvrages  sur  la  syata» 
grecque,  et  le  livra  étant  écrit  aa  Istia 
s'est  répandu  partout,  a  été  impriaépla* 
sieurs  fois  en  Angleterre,  eC  sa  tnwveaa* 
jourd'hui  dans  les  mains  àt  %/omek  ccai 
qui  s'occupent  sérieuseaMnt  de  grac  «a 
France. 

Comme  éditeur  des  poiCct  giaei, 
M.  Hermann  préluda  à  âne  éditiaa  eo»* 
plète  d'Eschyle  et  d'Euripide  par  des  Ob- 
servations critiques,  écrites  en  latia  et  pa- 
bliées  en  1798.  Son  édition  dca  Emmt^ 
nides  d'Eschyle,  texte  grec  seni,  cacrifi 
d'après  les  lob  de  la  métrique,  saivil  dt 
près  et  parut  en  1799.  La  ■«!■»  année,! 
fit  paraître  les  Nuées  rl^AristnpUni.  mit 
grec,  commentaire  latin,  suivi  des  i 
anciennes,  et  précédé  d'une  iul 
Cet  ouvrage,  refait  en  totalité,  lut 
Yrvi&i^«ci\%\<\.Eu  ISOO,  il  publia 

cube  èTVj^^^vtv^^MkwsMANk^nS&iikéa 


.\ 


HER 


(7S7) 


HËR 


^iraott  et  de  Wakc6eld.  La  ménie  aonée, 
I  donna,  à  Tnnge  de  les  élèves,  le  Tn- 
uummiu  de  PUate,  texte  latin  accentué. 
En  1809,  il  donna  nue  re- 
nonrelle  de  la  Poétique  d'Ans- 
loie  avec  nne  tradnction  latine,  un  corn- 
\  et  de  nombreaz  excursus  théo- 
etbistoricpies.  En  180S,  partirent 
ta»  Orphiea^  qoi  loi  valorent  une  violente 
BriUqne  de  J.-H.  Yoss  {'wnr  ses  Kii* 
lùehe  Blœîmr^  1. 1,  pag.  954  à  364).  Les 
Wysmmes  homériques  parurent  en  1806. 
Aptèa  cette  dernière  publication,  M.  Her- 
— nn  a'oocnpa d'Euripide,  et  fit  paraître, 
an  t StO  ^VBereule  Juriemx;  en  1811, 
lea  Siippùéintes ;  en  1 829,  la  Médée  avec 
lea  noiei  «PEImsley;  en  1893,  les  Bac» 
B  1824,  VAlceste  avec  les 
de  Monk;  en  1827,  VIon;  et  de- 
il  a  commencé  une  édition  complète 
dTEnripide  qui  n'est  pas  encore  achevée, 
mais  dont  chaque  pièce  se  vend  séparé* 


Erfnidt  étant  mort  avant  d'avoir  ter- 
la  petite   édition    de   Sophocle, 

in  U  continua,etSophoclecom- 
plec,  en  7  volumes,  parut  de  1823  à  182S. 
Is^Miigone  est  aujourd'hui  à  sa  3«  édi- 
tion, VOBdipe  roi  et  le  Pfàloctèîe  sont  à 
lai*.  Depuis  1827,  M.  Hermanp  a  réuni 
dans  nne  collection  très  volumineuse,  in- 
tîmléa  Opuscukty  ses  dissertations  acadé- 
■i^loei  et  les  grands  morceaux  de  critique 
pkHoiofiqne  insérés  dans  les  divers  re- 

itifiques  et  littéraires  de  l'Ai- 


La  tendance  de  M.  Hermann  est  beau- 
eonp  moins  esthétique  que  grammaticale 
et  crîtique.  Fondateur  des  études  gram^ 
maliralfs  en  Allemagne,  il  s'est  mb  à  la 
tète  d'une  nombreuse  école  è  laquelle  on 
a  souvent  reproché  de  négliger  les  con- 
archéologiques  et  historiques 
pour  l'intelligence  complète 
des  testes  grecs.  Comme  appréciateur 
de  rart  dms  les  compositions  antiques, 
^palqncs-uns  de  ses  adversaires  ne  lui 
ont  paa  trouvé  cette  finesse  de  goût  et 
de  tact  nécessaire  pour  bien  apprécier  et 
amaljBer  les  chefs-d'œuvre  des  anciens. 
¥if  et  emporté  <f  critiques  qu'il 

faimit  des  travaui        les  o  ora 

M.  Herasann  s'es         :ité  <       qi 
6k  Yoa  mpportMit  ae^       et 

£^ejrc/op.  d,  G.  fl  AI,  Tome  XIIÎ. 


l'âpreté  de  la  polémique.  Néanmoins  la 
gloire  de  M.  Hermann  reste  intacte,  et 
nous  faisons  des  vœux,  dans  l'intérêt  des 
hautes  études,  pour  qu'il  puisse  conti- 
nuer encore  longtemps  ses  utiles  travaux 
et  ajouter  de  nouveaux  titres  à  ceux  qu'il 
s'est  créés  par  la  liste  déjà  nombreuse  de 
ses  excellentes  publications.  L.  db  S-a. 
HERMANNSTAPT,  vof-  Trahstl- 

VAHIX. 

HERMAPHRODISME,  réunion 
des  deux  sexes  (personnifiés  par  les  noms 
d'Hermès  et  d'Aphrodite)  sur  un  même 
indiridu.  Cette  disposition  plus  ou  moins 
réelle,  plus  ou  moins  complète,  se  ren- 
contre dans  une  certaine  classe  d'ani- 
maux; elle  est  encore  l'attribut  d'un 
grand  nombre  de  plantes.  Chex  l'hoaune 
et  les  autres  êtres  qui  se  rapprochent  le 
plus  de  la  perfection  de  l'organisme,  cette 
disposition  est  toujours  anormale,  et 
n'ofire  jamab  un  caractère  assex  tranché 
pour  qu'il  soit  permis  de  reconnaître 
l'hermaphrodisme,  dans  la  stricte  accep- 
tion de  ce  mot. 

n  en  est  de  l'hermaphrodisme  oonraie 
de  toutes  les  autres  monstruosités,  qui  ne 
sont  souvent  que  la  persistance  de  l'une 
des  phases  transitoires  de  l'organisation 
foetale.  L'appareil  géoiul  se  composant 
d'un  nombre  déterminé  de  parties,  qui 
est  le  même  chei  le  mâle  et  la  femelle,  et 
qui  se  correspondent,  il  existe  entre  ces 
organes  un  rapport  en  vertu  duquel  cha- 
cune des  parties  sexuelles  du  mâle  a  son 
analogue  dans  une  des  parties  sexuelles 
de  la  femelle.  Il  peut  donc  s'opérer  un 
changement,  ou  simplement  une  modifi- 
cation, dans  le  développement  de  ces  par- 
ties :  de  là  l'hermaphrodisme  avec  on 
sans  excès;  sans  excès ^  si  le  développe- 
ment n'est  que  modifié,  ou  difiGÎrênt 
dans  le  sexe  auquel  ces  parties  appartien- 
nent; avec  excès  y  s'il  y  a  augmentation 
du  nombre  normal  des  parties ,  par  ad- 
dition d'organes  mâles  aux  organes  fe- 
melles correspondants,  ou  réciproque- 
ment. L'examen  exact  des  cas  d'herma- 
phrodisme qui  se  présentent  de  nos  jours 
a  fait  constamment  reconnaître  des  vices 
de  conformation,  dont  l'apparence  a  pa 
tromper  des  observateurs  superficiels  on 
prévenus.  Les  sujets  en  c^iMSJdKMi  ^^^^^c- 
j  tenûenl  exc\na^v«iiiien\.  \  V^xi  ^«^  ^«kl 


HER 


(««) 


fiœa 


•exes;  quelques-uns  même  n'offraient, 
sous  le  rapport  de  Tappareil  génital , 
qu*une  organisation  incomplète. 

Dans  les  animaux,  on  distingue  deux 
aortes  d'hermaphrodisme.  Nous  recon- 
naissons la  première  dans  ceux  qui  réu- 
nissent les  deux  sexes,  mab  sans  pouvoir 
se  féconder  eux-mêmes;  la  seconde  se 
.  présente  chez  ceux  qui,  réunissant  aussi 
le  double  appareil  génital,  n'ont  pas  be- 
soin de  rinlermédiaire  d'un  autre  indi- 
vidu pour  être  fécondés.  A  ces  derniers 
appartiennent  les  coquilles  bivalves,  les 
buitres,  les  moules,  etc.;  les  multivalves, 
les  oursins,  les  asidies ,  etc.  Leur  repro- 
duction se  fait  par  des  œu&,  sans  le  con- 
cours de  plusieurs  individus  :  mâles  et 
femelles  en  même  temps ,  ils  se  fécondent 
eux-mêmes  à  Tépoque  du  frai.  Les  co- 
quilles univalves,  telles  que  les  limaçons, 
les  limaces,  etc.,  réunissent  aussi  les 
deux  sexes  sur  un  même  individu  ;  mais 
la  disposition  des  organes  mâles  et  fe- 
melles est  telle  que  ces  animaux  ne  peu- 
vent se  féconder  seuls.  Ainsi  les  organes 
mâles  sont  placés  sur  une  moitié  latérale 
du  corps,  et  les  organes  femelles  sur  Tau- 
tre  :  deux  individus  s'approchent  et,  ré- 
ciproquement, fécondent  et  sont  fécon* 
dés.  Cette  organisation  se  rencontre 
également  chez  quelques  insectes  lépi- 
doptères et  chez  quelques  poissons. 

Parmi  les  insectes,  les  sexes  sont  géné- 
ralement séparés.  Quelques  femelles  peu- 
vent cependant  produire  sans  Tinterven- 
tion  du  mâle  :  tels  sont  les  pucerons  fe- 
melles qui  n'ont  qu'un  aexe,  et  qui ,  en 
certains  temps  de  Tannée,  poudrât  sans 
accouplement  plusieurs  générations  d'in- 
dividus féconds;  phénomène  qui  autorise- 
rait à  croire  que  le  mâle  féconde  non-seu- 
lement sa  femelle,  mais  encore  les  indi* 
vidus  qui  en  doivent  naître. 

La  complète  séparation  des  sexes  sur 
des  individus  mâles  et  femelles  est  une 
loi  générale  dont  la  nature  s'écarte  d'au- 
tant moins  qu'on  s'élève  plus  haut  dans 
l'échelle  progressive  des  organisations  les 
plus  parfaites,  jusqu'à  l'homme.  Chez  les 
êtres  soumis  à  cette  loi,  l'hermaphrodisme 
bi- sexuel  ne  peut  jamais  être  parfait  :  cer- 
taines dispositions  or^niques  s'y  oppo- 
sent. L'tp|MureU  mà\«  nt  v«^v  %cxv>^^^t 


k*> 


•on  déve&oppMM»!  içià'eft  t^M^MMA  ^jw*-  \  W^«o. 


que  entièrement  l'appareil  àa 
posé,  et  vice  versd.  Si  Ton  d  I 
existent,  il  y  a  toi\joun  developp 
incomplet  de  l'un  des  deux.  U  se 
ici  que  des  organes  intérieura  di 
coexistence  est  possible;  car  Tcû 
simultanée  des  organes  externes  esl 
impossibilité  absolue.  Ainû  ne  om 
rons  pas  comme  hermaphrodites  qn 
individus  de  l'espèce  humaine  qui  pi 
tent  un  développement  aocrmal  di 
taines  parties  de  l'appareil  génital 
prétendus  hermaphrodites  ne  pcnv 
féconder  ni  être  fécondés  ;  s*ib  m 
pas  absolument  inaptes  à  l'une  i 
fonctions,  ils  ne  rempliront  que  1 
en  rapport  avec  le  sexe  vraiment  • 
loppéet  nornuilement  conformé  cki 
Ne  croyons  donc  pas  à  ce  que  dit 
d'un  peuple  amdntgyne  qui  caisl 
Afrique,  au-delà  du  désert  de  Sa 
déplorons  l'ignorance  des  légistes  m 
qui  condamnaient  les  hermaphrod 
la  peine  de  mort ,  et  la  cruauté  dn 
qui,  sous  le  consulat  de  Claudiua  l 
fit  noyer  en  pleine  mer  un  herma) 
dite  pour  conjurer  la  colère  des  < 
N'a-t-on  pas  vu,  dans  l'Europe  moi 
la  loi  condamner  au  fouet,  an  fen, 
qui,  n'ayant  pas  fait  choix  d'un 
jouissaient  des  privilèges  des  dcm 
Ecosse,  on  les  enterrait  %iCi. 

Le  parlement  de  Paru  a  rends  à 
rets  aussi  ridicules  et  non  moins  k 
res  :  témoin ,  sous  Louis  XI ,  ie  | 
d'un  moine  convaincu  d*avoir  fait  | 
de  maternité  %  celui  de  la  supêriei 
monastère  des  Filles -Dieu  de  Cki 
condamnée  au  feu  pour  avoir  rcnp 
près  de  ses  soeura  un  rôle  qui  m 
prouver  une  double  puissance. 

Si,  mathématiquement  parlant,  I 
maphrodisme  pariait  est  impossibb 
l'homme  et  chez  tous  les  vertebn 
s'accouplent,  rhermaphrodisme  pi 
logique ,  la  faculté  de  féconder  et 
fécondé ,  peut  être  départi  aux  ver 
qui  ne  s'accouplent  pas  :  tels  an 
poissons  ;  il  en  est  de  même  des  anm 

L'hermaphrodisme  est,  comme 
l'avons  dit,  un  attribut  du  règne  vi 
A  l'exception  des  plantes  dioiqna 
VQ&xtikw^^VxM^voîques  :  elles  rém 


UÈ 


(789) 


HËR 


,  les  plantes  powinies  d*aii  senl 
'jdf  sur  le  même  iodividn,  reprenoeot 
organes  da  sexe  qui  leur  manque  :  le 
lil  reparaît  chez  les  fleurs  mâles ,  les 
mines  dans  les  fleurs  femelles  ;  l'ab* 
ice  de  ces  organes  est  souvent  due  à 
rortement. 

U  est  bon  de  remarquer  que  les  ani- 
nx  hermaphrodites  se  rapprochent 
inooup  des  Tégétaui:  :  ainsi  les  zoo- 
ftes  9  les  polypes  se  reproduisent  par 
irgeons.  A  mesure  que  nous  remontons 
lielle  des  étrss ,  nous  finissons  par  ne 
s  rencontrer  Thermaphrodisme ,  sauf 
dques  exceptions  monstrueuses, 
routefois,  œ  qui  de  prime  abord 
la  parait  une  monstruosité  annonee , 
is  eertains  cas,  la  sage  prévoyance  de 
nature.  Elle  réunit  en  effet  les  deux 
es  dans  des  êtres  privés  de  la  faculté 
omotive,  privés  de  sens,  ou  réduits 
r  leur  peu  de  sensibilité  à  la  vie  vé- 
atîve  :  tels  sont  les  êtres  organisés  dont 
forme  est  circulaire ,  les  mollusques 
"bines  et  généralement  tous  ceux  dont 
organes  ne  sont  pas  symétriques.  Il 
lit  donc  nécessaire  que  ces  êtres  fussent 
nés  de  la  faculté  de  se  reproduire  eux- 
loies.  JL.  D.  vj» 

Depuis  Polyclèsy  de  nombreux  si  - 
aires  grecs ,  pour  flatter  le  sensualis 
I  leur  nation,  ont  consacré  leur  d»  n 
«présenter  des  hermaphrodites ^  le  plus 
uvent  mollement  étendus  sur  une  cou- 
le.  Il  nous  en  reste  plusieurs,  dont  les 
os  célèbres  sont  ceux  de  la  villa  Bor- 
lèae ,  de  la  galerie  royale  de  Florence 
deVelletri.  Le  Musée  du  Louvre  pos- 
de  un  Hermaphrodite  couché  de  U  villa 
irgbèse,  véritable  chef-d'œuvre  de 
Aoe,  et  un  autre  qui  en  parait  être  une 
ûtation.  S. 

HERMAS.  Un  des  plus  anciens  mo- 
naents  de  notre  Église  chrétienne  est 
livre  connu  sous  le  nom  de  Pasteur 
Hermas.  Quel  en  est  fauteur  et  Tori- 
tte?  quel  en  est  objet  et  le  caractère? 
BB  questions  n'ont  pas  cessé  d'exercer  la 
itique.  On  conjecture,  sans  trop  de  cer- 
nde,  que  l'Hermas,  dont  ce  livre  porte 
nom,  est  le  même  dont  saint  Paul  fait 
ention  dans  son  épttre  aux  Romains 
CVI,  1 4);  il  fut,dit-on,élevé  au  sacerdoce. 


glise  de  Roaé  tous  le  pontifical  de  iatht 
Clément,  vers  l'an  97  de  J.-€.  Cette  opi* 
nion,  qui  recule  l'antiquité  du  Pasteur 
jusqu'à  la  fin  du  i*'  siècle,  est  combattue 
par  les  preuves  nombreuses  qui  ne  la  por- 
tent pas  au-delà  du  ii*  siècle.  Il  est  évident 
que  son  objet  est  la  réfiitation  du  mon* 
tanisme;  qu'il  ne  saurait  <ionc  remonter 
plus  haut  que  la  5«  ou  6*  année  du  règne 
d'Antonin-le-Pieux ,  correspondante  à 
l'an  149  ou  148  de  l'ère  chrétienne.  On 
s'est  également  partagé  sur  l'autorité  de 
ce  livre.  Le  plus  ancien  auteur  qui  en  ait 
parlé  est  saint  Irénée  :  œ  père  n'en  cite 
qu'un  seul  passage,  sans  se  prononcer  sur 
la  confiance  qu'il  donne  à  l'ouvrage.  Après 
ce  témoignage,  on  allègue  ceux  de  saint 
Clément  d'Alexandrie,  d'Origène,  de  saint 
Atbanase  et  d'Eusèbe,  qui  tous  se  rédui- 
sent à  le  recommander  comme  utile,  mais 
ne  l'admettent  point  au  nombre  des  li- 
vres canoniques.  Bien  que  les  Latins  sem- 
blent lui  être  plus  favorables  que  les 
Grecs ,  il  serait  difficile  de  tirer  aucun 
argument  des  éloges  qu'ils  lui  accordent. 
Tertullien,  d'abord  plus  modéré  dans  son 
opinion  à  cet  égard,  finit  par  un  juge- 
ment sévère  qui  le  met  en  contradic- 
tion avec  lui-même,  et  dont  l'expression 
manifestée  avec  l'énergie  qui  lui  est  or- 
dinaire, laisse  croire  à  de  l'emportement. 
Le  Pasteur  d'Hermas  se  divise  en  trois 
Kvres,  dont  le  premier  contient  des  vi- 
sions ou  apologues  au  nombre  de  quatre 
composant  autant  de  chapitres,  le  second 
des  préceptes,  le  troisième  des  similitudes 
ou  emblèmes.  U  n'y  a  rien  de  remarqua- 
ble dans  le  premier,  que  la  comparaison 
de  l'Église  avec  une  tour  dont  la  struc- 
ture ne  sera  achevée  qu'à  la  fin  des  siècles, 
et  dontles  élus  forment  les  véritables  pier- 
res; longue  allégorie  qui  elle-même  n'offre 
rien  d'intéressant.  Après  l'avoir,  ce  sem- 
ble, épuisée,  dans  ce  livre,  l'auteur  y  re- 
vient encore  dans  le  troisième  avec  une 
égale  diffusion.  Le  second  s'ouvre  par  un 
prologue  qui  raconte  l'occasion  et  expose 
le  sujet  de  l'ouvrage,  «t  Un  jour,  y  est-il  dit, 
«  que  j'étais  dans  ma  maison,  à  la  suite 
«  de  la  prière,  j'y  vis  entrer  un  homme 
«  d'un  visage  vénérable,  en  habit  de  pas- 
«  teur.  n  s'assit  près  de  moi  en  me  di- 
«  sant  :  Je  msVe  i^«aaj»ix  ^^VvDkSg^^^Xv 


ikft  no  ^/Hifoci/Niaz  rangs  dans  l'É-  y  «  pèiùtieaoe^iq^V^wA^^^^i^V':^*)^*^^ 


HER 


(740) 


«  â  été  conûé.  Écris  les  préceptes  que  je 
•  vab  te  dicter,  et  sois-y  fidèle.  » 

Ces  préceptes  sont  au  nombre  de  douze, 
et  portent  sur  les  principaux  devoirs  de 
la  morale.  Cest  là  que  le  montanisme 
est  démasqué.  Le  trobième  livre  est  beau- 
coup plus  important.  Uange  y  exborte 
Hermas  au  mépris  du  monde,  au  désir  du 
ciel,  à  la  prière,  aux  bonnes  œuvres,  sur- 
tout a  Faumône,  au  jeûne,  à  la  pureté  du 
corps  et  à  la  pénitence;  mais  il  y  mêle  en- 
core des  inexactitudes  palpables  sur  le 
dogme.  Le  pieux  et  savant  abbé  Dnguet  y 
a  découvert  les  germes  des  hérésies  qui 
ont  agité  rÉglise  durant  les  siècles  subsé- 
quents. «  L'auteur  parait,  dit-il,  n*en> 
«  tendre  ni  la  trinité   ni  Tincamation. 
«  Il  favorise  Terreur  qui  fut  depuis  celle 
«  d'Apollinaire,  celle  des  Nestoriens,  celle 
«  des  Axiens,  en  mettant  Jésus-Christ  au 
«  nombre  des  créatures,  et  un  très  grand 
«  nombre  d'autres  erreurs  qui  suivent  de 
«  ses  paroles,  sans  peut-être  qu'il  y  ait 
«  pensé ,  ne  paraissant  en  rien  théolo- 
«  gien.  »  Ces  reproches,  auxquels  on  n'a 
répondu  que  faiblement,   n'empêchent 
pas  que  le  livre  du  Pasteur  ne  doive  être 
regardé  comme  un  monument  précieux, 
tant  pour  son  ancienneté  que  pour  l'es- 
prit évangélique  dont  il  est  empreint. 
On  a  perdu  l'original  grec  ;  il  n'en  reste 
qu'une  version  latine  traduite  en  français 
par  Le  Gras,  prêtre  de  l'Oratoire,  et  in- 
sérée, dans  le  t.  IV  de  la  Bible  in-fol.  de 
Sacy,  parmi  les  apocryphes.  M.  N.  S.  G.t 
HEBMÉNEUTIQUE.  C'est  l'art  de 
l'interprétation  et  le  développement  des 
principes  qui  doivent  la  diriger.  Le  mot 
est  dérivé  d'un  verbe  grec  qui  se  ren- 
contre souvent  dans  le  texte  original  du 
Nouveau  -  Testament ,  i^pgvcvccv,  tra- 
duire, interpréter,  et  qui  est  dérivé  lui- 
même  du  nom  d'Hermès ,  dieu  des  scien- 
ces et  interprète  universel.  L'herméneu- 
tique, qui  se  borne  à  établir  le  vrai  sens 
des  textes,  surtout  sacrés,  qui  apprend  a 
les  traduire  exactement  d'une  langue  dans 
uneautre,  est  une  branche  derexégèse(v.) 
dont  l'acception  est  plus  vaste,  puisqu'elle 
cherche  à  expliquer  le  fond  des  choses 
aussi  bien  que  les  mots  qui  servent  à  les 
exprimer.  Les  d«uiL  mots  ne  sont  guère 


tcm^mn^ 


féreooe  de  celai 
nous  renvoyons  le  lecteur, 
jurisprudence,  le  mot  kermémemUqmi 
également  employé,  pour  désiRBcr  Fin- 


terprélation  des  sources  du  droit 

HERMÈS,  vor.  Mxmcumx. 
grec  du  dieu  se  dionne  aussi  à  des 
statues  ou  des  gaines  sarmontécs  du 
de  Mercure.  Aidbiade,  oomhw  oo  Ta  la 
dans  son  article,  fut  aocnaé  cTavoîr  mu- 
tilé ou  fait  mutiler,  dans  aoe  mbc  ,  lom 
les  Hermès  des  mes  d'AtbèDcs.  Lm  Tew 
mes  des  Romains  reasemMeBt  ixaaceif 
a  ces  Hermès  des  Grecs.  S. 

Hkehks  TmiSMiGiSTB.  C'csl  le  Thoik 
ou  Mercure  égyptien,  pqrionpay  Ua- 
leux  qu'on  regardait  conuBe  l'iavenltar 
de  toutes  les  scieocea.  On  lui  attrihusit 
l'invention  du  langage,  de  l'alphabet  et 
de  l'écriture;  il  passait  pour  avoir  traeé 
sur  des  colonnes  des  ioscriptioas  < 
gue  sacrée,  traduites  plus  tard  «t 
gnées  dans  des  livres  qui  furent  dépesis 
dans  le  sanctuaire  des  tonplea.  M.  J»- 
mard  [Descript.  de  l'Egypte^  L  I;  Am» 
tiq.<f  ch.  V,  p.  34),  eo  décrivant  on  hss- 
relief  du  temple  d'Edibo,  VJpoUtimpù' 
Us  Magna  des  anciens,  parle  d'une  re- 
préientation  d'Hermès  traçant  des  Infie 
glyphes;  sa  main  a  achevé  la  43*  eoloane. 
On  lui  rapportait  aussi  l'invention  de  h 
géométrie,  de  l'arithasétique,  de  Tasbo- 
nomie,  de  la  médecine,  l*institntioo  de  h 
religion  et  des  pompes  sacrées,  i 
nastique,  de  la  danse  et  de  In 
enfin  de  l'architecture,  de  la  scnlpcnved 
de  la  peinture.  On  le  regardait  coaime  k 
législateur  de  l'Egypte  et  aon  hieefci- 
teur  par  Tintroduction  de  la  onlmie  et 
l'olirier.  On  lui  faisait  honnew  de  dé- 
couvertes  fort  postérieuraa  À  l'épe^ac 
supposée  de  son  apparition  sur  la  imc; 
on  lui  attribuait  tous  les 
ments  successifs  de  l'astrooo«îe, 
autres  l'établissemeot  de  l'année 
de  866  jours,  substituée  à  l'i 
née  lunaire.  Dans  le  systi 
mique  de  l'Egypte,  le  nom  de  Tbolli  dé- 
signait le  premier  okms  de  Tannée. 

En  Egypte,  tous  les  onvinges  laiatifis 
la  religion  et  aux  sdenoes  portaient  k 
nom  de  Thoth  ou  d*Uennca.  Cca  limi 


en  usage  que  dan»  U  ihèoVo^vt  \  \otv\^W  \  tn?i^*txN»ix^  ^^AMiaires  du  savoir,  «on- 


HER 


(741) 


HER 


Cieos,  restaient  éternellement  fennés  à  la 
moltitade;  on  les  lui  montrait  en  grande 
pompe  dans  les  cérémonies  religieuseSy 
mais  ils  ne  s'ovTraient  jamais  pour  elle. 

D'après  un  passage  de  Clément  d'A- 
lexandrie (Strom.^  1.  VI),  deux  des  livres 
i'Hermès  renfermaient  les  hymnes  des 
dieux  et  les  règles  pour  la  conduite  du 
roi  ;  quatre  autres  étaient  relatifs  à  Tas- 
trologie  :  l'un  traitait  de  Tordonnance 
des  étoiles  fixes,  un  second  des  conjonc- 
tions et  des  illuminations  du  soleil  et  de 
la  lune,  les  deux  autres  du  lever  des  as* 
tres;  enfin  dix  livres  sacerdotaux,  pro- 
prement dits,  traitaient  des  lois,  des  dieux 
et  de  toute  la  discipline  du  sacerdoce.  Les 
termes  mêmes  de  Clément  d'Alexandrie 
supposent  qu'il  y  avait  un  bien  plus  grand 
nombre  de  livres  hermétiques ^  et,  en  ef- 
let,  on  en  trouve  bien  d'autres  cités  dans 
les  auteurs;  il  en  est  qui  en  comptent 
jusqu'à  20,000.  Quant  aux  36,525  dont 
parle  Jamblique  (De  Mysi,  jEgypt,)^ 
nombre  analogue  à  celui  des  années  de 
Ja  grande  période  sacrée  de  l'Egypte, 
M.  Gœrres  suppose  que  ce  devaient  être 
des  vers  ou  des  distiques. 

Tout  ce  qui  précède  nous  autorise  suf- 
fisamment à  conclure  que  l'Hermès  Tris- 
aiégiste  était  une  personnification  du  sa- 
cerdoce égyptien.  L'ordre  des  prêtres, 
dans  lequel  s'effaçait  toute  individualité, 
se  plaisait  à  confondre  les  travaux  de  tous 
sous  un  nom  unique,  symbole  de  la  puis- 
sance sacerdotale. C'est  en  ce  sens  qu'Her- 
était  le  confident  des  dieux,  leur 
r,  l'interprète  de  leurs  décrets,  le 
conducteur  des  âmes,  etc. 

Selon  Champèllion  jeune,  dans  son 
Panthéon  Égyptien^  Hermès  Trismé- 
gîste  est  représenté  avec  une  tête  d*é- 
pervier  comme  Horus.  L'ibis  lui  était 
oonsacré,  ainsi  qu'à  la  lune.  On  en  donne 
des  raisons  différentes  :  d'après  les  uns, 
c^est  parce  qu'Hermès  a  mesuré  la  crue 
du  Nil,  et  que  l'ibis,  à  l'époque  de  l'inon- 
dation, dévore  les  serpents  et  les  insectes 
qui  infestent  les  bords  du  fleuve;  selon 
d'autres,  l'ibis  était  consacré  à  Hermès, 
dieu  de  la  raison,  parce  qu'on  trouvait 
une  ressemblance  entre  sa  conformation 
et  celle  du  cœur,  organe  dans  lequel 
ks  Égyptiens  plaçaient  le  siège  de  la 


Quant  au  turnom  de  Trismégrsfe^  ou 
trou  fob  très  grand,  il  parait  lui  avoir 
été  donné  en  vue  des  découvertes  nom* 
breusesqui  lui  étaient  attribuées.  Cepen* 
dant,  dans  l'édition  des  livres  d^Hermès 
Trismégiste,  donnée  par  François  de 
Foix,  comte  de  Caudale,  assisté  du  jeune 
Scaliger,  ce  nom  est  interprété  comme 
désignant  à  la  fois  la  triple  qualité  de 
philosophe,  de  prêtre  et  de  roi. 

Sous  un  autre  point  de  vue,  dans  le 
sens  mystique,  Thoth  ou  l'Hermès  égyp- 
tien était  le  symbole  de  l'intelligence  di- 
vine ;  c'était  la  pensée  incarnée,  le  Verbe 
vivant  :  c'est  le  type  primitif  du  Logos  de 
Platon,  et  du  Ferbe  chrétien.  Cette  pre- 
mière ébauche  d'une  conception  qui  joua 
ensuite  un  si  grand  rôle  dans  l'histoire 
des  doctrines  religieuses,  fut  développée 
surtout  par  les  Alexandrins.  Sans  doute 
quand  les  hommes  se  mirent  pour  la  pre- 
mière fob  à  réfléchir  sur  l'origine  du 
langage,  ils  furent  saisis  d'admiration  ;  la 
parole,  identifiée  avec  la  pensée^  ne  fut 
plus  seulement  la  manifestation  de  l'in- 
telligence humaine ,  elle  devint  une  ma- 
nifestation de  l'intelligence  divine,  qui 
créa  le  monde  par  la  parole  :  le  Verbe  fut 
l'agent  de  la  création,  l'incarnation  même 
de  la  Divinité. 

Pour  revenir  aux  livres  d'Hermès,  il 
arriva  une  époque  où  le  besoin  se  fit 
sentir  parmi  les  Grecs  de  connaître  les 
productions  originales  de  la  littérature 
égyptienne  :  ce  besoin  coïncide  avec  les 
emprunts  que  les  néoplatoniciens  d'A- 
lexandrie firent  aux  doctrines  de  l'Orient. 
C'est  sous  les  Ptolémées  que  l'on  com- 
mença à  traduire  en  grec  un  certain  nom- 
bre de  productions  des  nations  étran- 
gères, ce  qui  se  continua  pendant  les 
premiers  siècles  du  christianisme.  La 
même  curiosité  qui  avait  fait  traduire  en 
grec  les  livres  sacrés  des  Hébreux,  dut  se 
porter  aussi  vers  les  livres  mystérieux  de 
l'Egypte.  On  peut  donc  regarder  comme 
suffisamment  établi  ce  fait,  qu'un  certain 
nombre  des  livres  qui  portaient  le  nom 
d'Hermès  Trismégiste,  passèrent  alors 
dans  la  langue  grecque. 

Quant  à  l'authenticité  des  fragments 
qui  nous  restent  de  ces  traductions,  c'est 
un  point  plua  do\x\ft\nL.  Oxv^  %^ws^<^  «sx 
I  la  in(in«  o^  totii\\iiiûtv(Vfiib»>w^^ 


HER 


(742) 


HER 


tindus  écrits  dX)rphéey  âm  Zoroastre,  de 
Pythagore,  etc.  Plus  le  nom  d^Hermès 
Trismégbte  était  en  yénération,  plus  la 
tentation  dut  être  grande  de  le  soumet* 
tre  aux  mêmes  travestissements.  Et  il  est 
vrai  de  dire  que  les  fragments  qui  nous 
restent  sous  son  nom  offrent  beaucoup  de 
ressemblance  et  d'analogie  avec  les  écrits 
de  ce  tempsy  soit  des  gnostiques,  soit  des 
néoplatoniciens  d'Alexandrie;  on  y  re- 
trouve les  mêmes  dogmes,  les  mêmes  sym- 
boksy  les  mêmes  aberrations  mystiques. 
Toutefois,  en  admettant  les  altérations  de 
plus  d*un  genre  que  durent  subir  les  li- 
vres hermétiques,  il  y  a  lieu  de  croire  que 
tout  n*y  est  pas  complètement  suppcûé. 
S'il  fallait  citer  des  autorités  compétentes 
en  cette,  matière,  sans  parler  de  saint  Au- 
gusUn  (até  de  Dieu,  1.  VIII,  c.  36),  qui 
ne  balance  pas  à  en  reconnaître  Pauthen- 
ticité,  nous  avons  entendu  Champollion 
jeune  émettre  l'opinion  formelle  que  les 
livres  d'Hermès  Trismégiste  renfermaient 
réellement  la  vieille  doctrine  égyptienne, 
dont  on  peut  retrouver  quelques  traces 
sur  les  hiéroglyphes  qui  couvrent  les  mo- 
numents de  rÉgypte.  Déplus, si  l'on  exa- 
mine ces  fragments  eux-mêmes,  on  y  dé- 
couvre une  théologie  assez  en  accord  avec 
les  doctrines  exposées  par  Platon  dans 
son  Ttmée,  doctrines  qui  tranchent  tout- 
à-fait  avec  celles  des  autres  écoles  de  la 
Grèce,  et  que  Ton  supposait  pour  cela 
avoir  été  puisées  par  lui  dans  les  temples 
de  TEgypte,  lorsqu'il  alla  consulter  ses 
prêtres.  Quant  a  la  forme,  ces  fragments 
sont  écrits  dans  un  grec  barbare,  assujetti 
continuellement  à  une  marche  étrangère, 
où  on  sent  Tefiort  du  traducteur  qui  suit 
les  mots  plutôt  que  le  sens. 

Voici  rindication  des  livres  d'Hermès 
qui  nous  sont  parvenus  :  1*  le  plus  célè- 
bre est  le  Pœmander ,  ou  De  la  nature 
des  choses  et  de  la  création  du  monde, 
en  forme  de  dialogues;  il  est  aussi  cité 
tous  ce  titre.  De  la  puissance  et  de  la 
sagesse  divine  ;  3®  Âsdépius,  dialogue 
entre  Hermès  et  son  disciple,  sur  Dieu, 
l'homme  et  l'univers  :  il  n'existe  plus  que 
dans  une  traduction  latine  attribuée  à 
Apulée;  3®  latromathematica,  art  de 
pff^êsager  IHssoe  des  miUdies  ^t  V«&  m%- 


tre;  4^  I>e  repoluiionihms  maiépttaùim, 
sur  la  manière  de  tirer  lea  horoscope  : 
il  n'existe  qu'en  latin;  6*  Jphorumet 
d^ Hermès,  propositions  aatroiogiqnes,  ca 
latin,  traduites  de  l'arabe,  du  tcaps  éc 
Mainfroi,  roi  de  Sicile. 
•  Outre  le  Pœmander  que  nous  avom 
en  grec,  Stobée  a  conserré  des  fiagtli 
des  cinq  ouvrages  soivaBtB  d^Hermèi: 
!•  J  son  fils,  ou  à  Tat^  on  à  JsdépsMs; 
3*  A  Amman ,  sur  téeonomie  untper^ 
selle;  8*  La  Vierge  du  ifBOjid^(lib),  db- 
logue  entre  Isis  et  son  fib  Homs  s«r  Ton- 
gine  du  monde;  4*  Aphrodite  ou  Véav: 
il  parait  que  cet  ouvrage  traitait  de  b  gé» 
nération ;  G*  Du  Destin,  en  Kf'^wwff"^ 

Le  traité  intitulé  Pœmander  parak 
avoir  été  apporté  en  Occident  |>ar  on  aoi* 
ne,  Léonard  de  Pbtoie,  qui  Hutitab  1k 
la  puissance  et  de  la  sagesse  de  Dieu  ;  1 
l'apporta  le  premier  de  Macédoine  à  FW>* 
rence,  et  le  remit  a  Côme  de  Médicb  qâ 
le  fit  traduire  par  Plein.  La  premicrréd»> 
tion  du  texte  grec  est  due  à  Adrien  Tov^ 
neboeuf  (Tumebus) ,  qui  le  pabtia  avec 
la  traduction  |de  Marsile  Ficin  ,  Parii, 
1554,in-4«.  A-d. 

On  en  possède  une  tradoction  fraa- 
çaise  presque  aussi  ancienne  :  Deux  ù^ 
près  de  Mercure  TVisrnégtste,  tun  de  k 
puissance  et  sapience  de  Dieu,  tautn 
de  la  ifolonté  de  Dieu ,  trad.  par  G.  tb 
Preau,  Paris ,  1557,  ou  mène  154f,  ia* 
8^.  Plus  tard ,  parurent  Le  Pymmmder^ 
trad,  et  eomm,,  par  Fr.  de  Foyx  de  Caa- 
dale,  Bordeaux,  1574,  m-8^,  et  1579, 
in-fol. ,  et  Trois  anciens  traités  de  la 
philosophie  naturelle:  1°  Les  septrhur 
pitres  dorés,  etc.,  par  Hermès  Tnsme^ 
giste ,  etc. ,  trad.  par  G.  Joly  et  F.  Hab«i, 
Paris ,  1636,  tn-8^  D'autres  tradnctîoei 
sont  en  latin  et  en  anglais.  S. 

HERMÈS  (GEoacKs),  fbndatcar,  as 
sein  du  catholicbme  allemand,  d'est 
école  nouvelle  qui  compte  de  nomhmci 
partisans  dans  tout  leclergé  dcaétats  pnsi- 
siens,  naquit  le  33  avril  1775,  à  Drcycr» 
walde ,  peth  village  situé  dans  les  bndci 
de  l'ancienne  principauté  de  Mnmier ,  à 
S  lienes  du  Rhin.  Sei  parents,  paavrei, 
mab  honnêtes  paysans,  n'avaient  d'antiv 
ambition  pour  leur  fib  que  de  le  voàr  um 


thématiques,  c'esl-a-dite  ^t  V^V%V  AfA\Vs«*«s^îà.'n!t\ft^«».^ts5^^^  hû 

planète».  U  tfw  !•«•  ^^  ^^  ^  >À-\Niû«t^^wûk>fcOtt^^\taDte^^Vîi*. 


HER 


(748.) 


HEa 


({iié  en  lui  du  tal«iil,  les  décida  à 
ni  fiûre  embrasser  la  carrière  des  études, 
!t  il  se  chargea  lui-même  de  lui  donner 
"iBStraclion  nécessaire  pour  qu^il  put  en- 
aa  gymnase  de  la  vÛle  voisine.  Là,  le 
Hermès  montra  un  grand  penchant 
MMur  la  dialectique  et  pour  les  mathéma- 
kfiies.  La  vie  monotone  d*un  pays  de 
nndes  contribua  sans  doute  à  faire  pren- 
Ire  cette  direction  à  son  esprit ,  en  agis- 
mnt  peu  sur  son  imagination.  En  1793, 
il  passa  à  Facadémie  de  Munster  pour 
temûoer  ses  études  préparatoires.  Son 
BSprit  raisonneur  et  philosophique  s'exer* 
{uîl  dès  lors  perpétuellement  sur  les  idées 
de  I>iea,  de  révélation,  d^immortalité  ;  la 
■mple  foi  n*était  plus  pour  lui  une  suf- 
finote  base  de  ces  vérités.  Le  vif  intérêt 
qae  ces  questions  lui  inspiraient  le  dé- 
Icrmina  a  embrasser  la  théologie;  car 
c'csl  d'elle  qu'il  devait  attendre  la  s  • 
tÎDO  de  ses  doutes.  D  espérait  tro 
cette  solution  dans  les  le^ns  de  ses  ]  >• 
fe8sean;maisqueb  furent  son  étonnei  t 
et  sa  douleur  lorsqu'il  entendit  oeux<  , 
pas  entrer  dans  Fexamen  des  pr 
de  l'existenoe  de  Dieu,  mais  condam- 
la  seule  idée  de  demander  des  preu- 
de  csette  existence  !  Les  livres  de  théo- 
logie qu'il  put  se  procurer  ne  lui  offrirent 
pas  davantage  de  quoi  satisfaire  les  be- 
soins de  son  esprit.  Dès  lors,  réduit  à  ses 
propres  moyens,  il  n'en  mit  que  plus 
d'ardeur  à  recherdier  cette  certitude  dont 
tait  le  besoin  ,  et  qui ,  en  matière 


il 

leligieuse,  est  le  premier  des  biens  pour 
tous  les  hommes.  U  résolut  de  ne  rien 
admettre  comme  certain  que  ce  qu'il 
aurait  trouvé  tel  avec  l'unique  secours 
de  sa  raison,  et  de  manière  qu'il  ne  pour- 
rait plus  le  révoquer  en  doute.  C'était 
£ûre  abstraction  de  tout  ce  qu'il  avait 
appris,  de  tout  ce  qu'il  croyait  ou  devait 
croire,  et  se  mettre  à  la  recherche  d'un 
premier  principe  qui  lui  servit  de  point 
de  départ  pour  arriver ,  par  l'enchaine- 
ment  successif  des  &its  et  des  idées,  à 
quelque  résultat  cer^tain  sur  l'existence 
de  Dieu  et  sur  toutes  les  vérités  religieu- 
aes  qui  s'y  rattachent.  Il  s'agissait  donc 
de  se  créer  un  système  è  lai  :  l'étude  de 
la  philosophie,  surtout  celle  des  systè- 
mes de  Kant  et  de  Fichte,  y  avait  pré- 
pmrésoa  esprii,  U  y  tnrêÙb^  Afec  iw 


zèle  et  une  application  qui  surmontaient 
tout  obstacle,  tant  que  dura  le  cours  de 
ses  études  théologiques ,  et  il  ne  diioon- 
tinua  point  de  s'occuper  du  problème 
auquel  sa  vie  était  consacrée ,  lorsque , 
après  avoir  reçu  les  ordres,  il  fut  nommé 
professeur  au  gymnase  de  Munster  (en 
1798). 

Le  premier  fruit  de  ses  travaux  fut  un 
écrit  où  il  essaya  de  rendre  compte  de  ses 
Btcherckes  sur  la  vérité  intérieure  du 
ckristiauisme  (1805) ,  et  oà  il  ébaucha 
les  premiers  traits  de  son  système.  Deux 
années  après  (1807),  Hermès  fut  appelé 
a  la  chaire  dogmatique,  à  la  faculté  de 
théologie  de  Munster.  Ses  leçons  enlevè- 
rent les  suffrages  de  tous  ses  auditeurs, 
qu'entraînait  son  élocution  claire  et  pré- 
cise et  la  force  de  raisonnement  avec  la- 
quelle, en  partant  de  la  première  et  de 
la  plus  simple  notion  que  fournit  l'esprit 
humain ,  il  procédait  de  vérité  en  vérité 
à  travers  tous  les  labyrinthes  du  doute, 
pour  construire,  uniquement  avec  le  se- 
cours de  la  raison,  l'édifice  complet  de  la 
doctrine  de  l'église  catholique.  Cette  mé- 
thode anal3rtique  lui  paraissait  seule  pro- 
pre a  conduire  au  but.  Rien  en  théologie, 
dit-il,  n'est  plus  contraire  aux  besoins  de 
la  science  que  de  vouloir  imposer  par  au- 
torité et  traiter  comme  une  simple  af- 
faire de  mémoire  les  vérités  qu'il  6iut 
au  contraire  faire  trouver  à  l'esprit  lui- 
même,  si  elles  doivent  lui  paraiire  évi- 
dentes. 

Tel  était  le  bat  de  son  enseignement, 
et  c'était  aussi  celui  de  l'ouvrage  dont  il 
fit  paraître  le  premier  volume  en  1819, 
sous  le  titre  à^IntroduetioR  philosophie 
que  à  la  théologie  chrétienne  catholique. 
La  même  année  encore,  il  fut  appelé  à 
l'université  de  Bonn,  récemment  fondée, 
pour  y  occuper  la  même  chaire  qu'à 
Munster.  Un  égal  succès  y  couronna  son 
enseignement.  Cependant  Hermès  s'oc- 
cupait sans  relâche  de  la  suite  de  son  ou- 
vrage, qui  devait  embrasser  tout  l'en- 
semble de  la  théologie  systématique.  Mais 
bientôt  des  maladies  vinrent  interrompre 
un  travail  qui  épuisait  ses  forces  par  les 
longues  veilles  qu'il  lui  imposait.  Le  se- 
eond  volume ,  ou  la  première  partie  de 
Vlntroduclian  poiiCcvc^^T^VtA  V%M\ 

ce  Cul  «aiUKuttNpwi^»\\À^dQctw  «  b^^ax 


HËR 


(744) 


HER 


qa^il  eàt  terminé  roantge,  Hermès  mou* 
mt  9  le  36  mai  1881.  Uo  de  ses  disciples, 
M*  Achlerfeldty  professeurs  Bonn,  com- 
mença en  1834  la  publication  delà  Dog* 
matique  chrétienne  catholique  d*Uer- 
mè^  mais  les  événements  qui  survinrent 
Tinterrompirent  avant  qu^elle  fût  ache- 
vée :  il  n'en  parut  que  deux  volumes  et 
une  partie  du  troisième. 

Le  problème  qu'Hermès  s'est  posé 
dans  ces  différents  ouvrages,  était  d'exa- 
miner s'il  est  possible  de  démontrer  d'une 
manière  sûre  la  vérité  du  christianisme 
comme  révélation  divine.  Mais  pour  ar- 
river à  ce  but,  il  fallait  avant  tout  se  ren- 
<lre  compte  si,  en  général,  on  pouvait  dé- 
montrer avec  certitude  la  vérité  et  la 
réalité  d'une  chose  quelconque.  A  cet 
effet,  il  fixe  d'abord  l'idée  de  la  vérité,  et 
il  recherche  ensuite  les  différentes  voies 
qui  peuvent  conduire  à  déterminer  avec 
certitude  la  vérité  de  nos  jugements  et  de 
nos  connaissances;  il  trouve  finalement 
qu'il  n'y  en  a  que  deux  :  1*  la  raison 
théorique,  en  tant  qu'elle  nous  force 
à  tenir  pour  vrai  un  jugement  qujB  nous 
portons,  et  3®  la  raison  pratique,  qui 
nous  conduit,  avec  nécessité,  à  admet- 
tre la  vérité  de  ce  jugement.  Ces  princi- 
pes posés,  il  s'agissait  d'en  6iire  l'ap- 
plication pour  voir  si,  par  ces  deux  che- 
mins, la  raison  peut  nous  donner  la  cer- 
titude de  l'existence  et  des  attributions 
de  Dieu,  et  celle  de  la  réalité  ,  de  la  vé- 
rité, d'une  révélation  divine  et  surnatu- 
relle. Après  avoir  résolu  ces  questions , 
qui  font  le  sujet  de  V introduction  phito^ 
4ophiquey  Hermès  passe  è  Vintroduction 
positîpe  qui  a  pour  but  de  prouver  que 
nous  possédons  cette  révélation  divine 
dans  la  doctrine  chrétienne  catholique. 
C'est  ce  qu'il  se  proposait  de  faire  en  éta- 
blissant, par  des  preuves  tant  hbtoriques 
que  théoriques,  la  vérité  extérieure  et  la 
vérité  intérieure  des  sources  de  cette  doc- 
trine, de  la  Bible,  de  la  tradition,  et  du 
ministère  infaillible  de  l'Église.  Mais  il 
ne  put  achever  qu'une  petite  partie  de 
cette  tâche  qui  devait  aboutir  a  prouver 
finalement ,  d'une  manière  irrécusable , 
la  vérité  exclusive  du  christianisme  ca- 
tholique. Le  bat,  eu&a,  deUDognuil/qntf 


ilytiqne,  à  TexaiMo  de  1»  trente  ci- 
térieure  et  intérieure  des  dogmes  dt  Vt» 
glise  romaine. 

Arriver  à  la  foi  par  le  moyen  delarv- 
son ,  tel  est  donc  le  principe  fondamcaïaj 
du  système  d'Hermèa.  Son  point  étàtfm 
c'est  le  doute  :  faire  abstraction  de  teel, 
pour  parvenir  à  n'admettre  et  À  ne  kair 
pour  vrai  que  ce  qu'il  peut  pitmvcr  aw 
une  certitude  fondée  sur  lea  lois 
de  l'esprit  humain,  voilà  le 
lequel  il  a  voulu  arrivera  In 
de  la  doctrine  catholique.  In  aeni  qai 
lui  parût  praticable.  Mais  oatte  miihoili 
du  professeur  de  Bonn  n'est  point  eâk 
de  l'Église,  qui,  partant  de  rantnrilé  é- 
vine  et  se  fondant  sur  elle«  impose  la  foi, 
une  foi  aveugle  et  absolue  ;  elle  n'neoorét 
pas  a  la  raison  le  droit  on  le  pouvoir  ds 
sanctionner  ses  dogmes  *•  Dana  le  catho- 
licisme il  n'y  a  de  science  qne  par  la  foi**; 
et  cette  foi  ne  repose  qne  snr  Tanioriie 
de  l'Église^.  Hermès,  il  est  vrai,  ne  in- 
fuse pas  de  se  soumettra  à  cette  aniarilé, 
mais  il  veut  préalablement  In  prouver  s 
ses  propres  yeux  ;  et,  pour  lelnira,  il  choi- 
sit, comme  point  de  départ,  nnseeptia»- 
meahsolu.L'ÉglisepouvaitHelle  permettre 
que^  sous  le  prétexte  de  coneoiider  loa 
autorité,  on  commençât  par  la  réiogatr 
en  doute,  par  la  récuser,  poor  ne  lecoe- 
naître  d'abord  d'antra  aniorité  qne  edic 
de  la  raison? 

Cependant  la  lutte  ne  devint  vive  qeV 
près  la  mort  du  fondateur  de  Téoslr, 
et  encore  n'obtint-elle  nne  impottaa» 
réelle  que  lorsque  les  enncmêa  de  tàer* 
mésiamisme  eurent  réussi  à  y  mâler  !• 
Saint-Siège  lui-même.  Ce  lui  en  ISli 
qu'un  bref  du  pape  rini  condamner  le 
principes  d'Hermès  et  mettra  sm  se- 
vrages à  V index,  La  bulle  reproche  so 
professeur  allemand  de  s*élre  laie»  ca- 
traloer  dans  la  voie  ténèbre  née  de  Fcr^ 


d'Hermès  était  de  |Hrocèd«r,\ou^crai%%>i\  ^^uJ«rà»i 
moyen  de  U  rMwm»  «fc  î«tVi^«*^^«^\^»^«*^^ 


(*)  Dnu ,  cMi  jmuà  bm  irtrfjyg,  mm  dÎMM  /•• 
ilicMi  êcnUmmém,  wr— f—  ffiia—  «t  «aaMa  pr> 
^uirtmdmm  mohis  ^rof  «Mil,  êêd  immmÊtmèétm/étm. 
(CatocbiMB.  roMan.  P.  II,  c  ii ,  fmmêL  1.) 

(**)  Mxiterim  f  •«  im  MactJ  Ott  Mtthtm  mat 
•en'....  émimrmUim  €ii*^,  mtmg  JUê 
iilmUrmtm»  mm  uUà  rtiêÊukmi  cm 
g§r€  poitL  (Ibid.  c.  X,  f .  tS). 

(^^  Cfo  vfTw  Mvmtgttim  mm 


HER 


(746) 


HER 


leur,  eo  fiÛMnl  da  doute  U  btae  de  toute 
Diéditation  théolof;ique,  et  en  érigeant  en 
principe  que  U  raison  est  la  règle  suprè- 
ne.  Tunique  moyen  par  lequel  Thonime 
poiase  acquérir  la  connaissance  des  vérités 
■imaturelles.  Le  bref  énumère  ensuite 
BDOore  une  série  d'erreurs  de  détail  con« 
lenues  dans  les  écrits  d'Hermès,  sans  du 
reste  déterminer  explicitement  en  quoi 
eoDsistaient  cet  erreurs  qu^il  se  borne  à 
signaler  et  à  condamner*. 

Cette  bulle  était  comme  un  coup  de 
ibu<ire  qui  brille  dans  un  ciel  serein.  Les 
Hermésiens  qui ,  à  l'exemple  de  leur  maî- 
tre, «Taient  cruserrir  l'Église  en  la  défen- 
dant avec  les  armes  de  la  raison,  n'avaient 
pas  même  songé  a  la  possibilité  d'une  tdle 
condanmation.  Ils  avaient  soutenu  leur 
système  avec  force  et  courage;  le  nombre 
de  ses  partisans  parmi  tout  le  clergé  de 
la  Prusse  croissait  de  jour  en  jour;  des 
disciples  sortis  de  la  nouvelle  école  occu- 
paient la  plupart  des  chaires  dans  les  fa* 
cultes  et  les  séminaires  catholiques  du 
royaume;  plusieurs  évèques  étaient  favo- 
rables au  parti  :  il  ne  lui  manquait  plus 
que  de  répandre  encore  ses  principes  dans 
ks  autres  états  de  l'Allemagne,  où  jus- 
qu'alors ib  avaient  trouvé  peu  de  reten- 
tissement. 

Les  Hermésiens,  représentés  par  les 
c:befs  de  l'école ,  prirent  le  parti  de  se 
soumettre  au  bref  et  promirent  de  renon- 
<3er  à  l'usage  des  livres  condamnés.  Mais 
en  même  temps  ib  crurent  pouvoir  de- 
mander au  Saint-Siège  des  éclaircisse- 
ments sur  les  doctrines  qu'il  réprouvait, 
puisque  d'un  côté ,  dans  la  bulle ,  l'on 
avait  attribué  à  leur  maître  des  doctrines 
qu'aucun  de  ses  disciples  ne  lui  avait  en- 
core connues,  et  que,  par  conséquent,  il 
fallait  que  ses  livres  eussent  été  mal  com- 
pris à  Rome  ;  et  puisque,  de  l'autre,  il  leur 
paraissait  impossible  que  la  condamna- 
tion s'étendît  sur  tout  ce  que  contenaient 
lesouvnges  d'Hermès,  qui  renfermaient 
tous  ka  dogmes  mêmes  de  l'Église.  Il  fallait 

(*)!!•  para  depoit  no  vol  a  me  intitiilé  :  DU 
Hêrmetitehm  Lthnm  in  Bnug  aufdU  pœptdiehê 
TêrurÛuilMHg  dênelbên  urhu»dlieh  dargtsUUt , 
x837,  daiu  lequel ,  poor  cheqoe  erreor  qne  le 
bref  reprodie  à  Hernèt,  on  donne  det  patMget 
tirée  de  tes  oovragee.  Mais  Ponrrage  étant  ano- 


donc,  disaient-ils,  qu'on  signalât  expres- 
sément ce  qu'on  en  repoussait,  afin  qvfil 
n'y  eût  aucune  incertitude  à  cet  é^urd 
parmi  ceux  qui  avaient  adhéré  à  ces  doc- 
trines. En  d'autres  termes,  on  voulait  ob- 
tenir la  révision  du  procès  d'Hermès,  ou 
du  moins  une  déclaration  explicite  de 
toutes  les  erreurs  que  la  cour  de  Rome 
lui  reprochait. 

Sur  ces  entrefaites,  un  nouvel  arche- 
vêque, M.  Droste  de  Vischering ,  monta 
sur  le  siège  de  Cologne,  et  prit  aussitôt 
des  mesures  énergiques  pour  combattre 
et  étouffer  l'hermésianisme  dans  son  dio- 
cèse. Il  adressa  au  clergé  de  la rille  de  Bonn 
une  instruction  pour  agir  en  ce  sens  par 
la  voie  du  confessionnal;  il  publia  dix- 
huit  thèses  dirigées  contre  la  doctrine  ré- 
prouvée, et  exigea  que  tous  les  prêtres 
de  son  ressort  y  souscrivissent;  enfin  il 
refusa  de  donner ,  pour  le  semestre  aca- 
démique qui  allait  commencer  (Pâques 
1887),  son  approbation  à  aucun  cours 
annoncé  par  les  professeurs  hermésiens 
de  la  faculté  de  théologie  de  Bonn ,  et  il 
défendit  en  même  temps  aux  étudiants 
logés  dans  le  pensionnat  théologique  at- 
taché à  cette  faculté  de  firéquenter  ces 
cours.  Mais  ces  rigueurs  ne  firent  que 
compliquer  l'état  des  affaires;  le  gouver- 
nement prussien  jugea  que  l'archevêque 
avait  outrepassé  ses  droits  et  riolé  ceux 
de  l'état  :  il  annula  ces  mesures,  et,  d'au- 
tres griefs  encore  étant  tenus  se  joindre 
à  celui-ci,  le  roi  crut  devoir  s'assurer  de 
la  personne  de  M.  de  Droste  et  l'écarter 
de  l'administration  de  son  diocèse.  Fojr. 
YiSGHEaiHG  et  GaiGOiax  XVI. 

Les  Hermésiens,  de  leur  côté,  ne  res- 
tèrent pas  inactifs.  Deux  d'entre  eux,  les 
professeurs  Braun  et  Elvenich,  allèrent  à 
Rome  pour  chercher  à  obtenir  un  nouvel 
examen  des  ouvrages  d'Hermès;  mais  ils 
trouvèrent  le  Saint-Siège  inexorable.  Ib 
demandèrent  qu'on  leur  donnât  du  moins 
les  moyens  de  se  purger  eux-mêmes  des 
soupçons  qui  s'étaient  élevés  contre  leur 
orthodoxie  en  leur  proposant  une  pro- 
fession de  foi  qui  énonçât  la  doctrine  de 
l'Église  sur  les  points  condamnés ,  pour 
qu'ib  pussent  y  souscrire  :  on  refusa.  Us 
essayèrent  un  dernier  moyen,  et  rédigè- 
rent eiix.-mêiD!ttunA  \iâ\<^  y^^*"^^'^'SF^^^^ 


■vaM,noDf  ne  pooron*  dire  loiqo  a  qoel  degré  I  ,  •        s     ^  *  x^«.  ^.^ 

HttiVmprmmam  dmidé^  de  la  coor  de  Rome.  \  q?»  ^  P«Ç^  «)^  xaf^^w»  WkVwt  t*«* 


HER 


(746) 


HER 


pondît  que  raflaire  était  jugée,  et  que 
pour  être  justifiés,  ils  n^avaient  qu'à  se 
•oumettre  purement  et  simplement  à  ce 
jugement.  C'était  trop  exiger.  Les  Her* 
mésiens,  tout  en  déclarant  condamner 
les  doctrines  que  le  pape  avait  condam* 
nées,  nièrent  obstinément  que  ces  doc* 
trines  appartinssent  à  leur  maître,  et  voilà 
où  en  est  maintenant  la  question  touchant 
rhermésUnisme. 

U  existe  un  grand  nombre  d'écrits  sur 
ce  débat  théologique  fort  curieux,  et  qui 
en  rappelle  un  autre  entre  l'évéque  ac- 
tuel dis  Strasbourg  et  l'un  des  prêtres  de 
Sun  diocèse,  avec  cette  différence  toute* 
Ibis  que  là  c'était  l'évéque  qui  revendi- 
quait les  droits  de  la  raison,  et  l'homme 
à  système  qui  refusait  de  les  reconnaître. 
Outre  les  ouvrages  qu'on  a  cités  dans  le 
cours  de  cet  article,  nous  signalerons  lea 
suivants  comme  les  plus  importants  dans 
cette  affaire  :  la  biographie  d'Hermès,  par 
le  prof.  Esser,  intitulée  :  Dcmkschrijt 
au/ G,  Hermès j  1883;  plusieurs  articles 
dans  le  journal  herm^ien  Zeitschrift 
fur  Phiiosophie  und  kathoUsehe  Theo^ 
logiCy  publié  par  cinq  professeurs  de 
l'université  de  Bonn;  EÏvenich,  Aeta 
Uermesiana^  1886;  Braun  et  EÏvenich  ; 
Acia  Romanay  1888;  enfin  un  article 
très  intéressant  et  fait  en  connaissance 
de  cause,  VHermésiamsmey  a  paru  dans 
le  Semeur  y  journal  religieux,  t.  Vil, 
ï^  14.  En.  C-z. 

HERMÉSIAlllSME,i>or.  l'art,  pré. 
cèdent. 

HERMÉTIQUE  (scishcb).  C'était 
un  des  noms  de  l'alchimie  (voy.)  qui 
avait  pour  principal  objet  la  recherche 
de  la  pierre  philosophale,  ou  le  secret  de 
la  transmutation  des  métaux  en  or.  L'al- 
chimie a  été  appelée  science  hermétique, 
parce  qu'on  la  supposait  originaire  d'E- 
gypte, et  l'on  prétendait  que  les  pré- 
ceptes en  étaient  tracés  sur  les  oolounes 
d'Hermès.  Hermès  Trismégiste  (voy.) 
passa  donc  pour  l'auteur  de  cette  science, 
comme  de  tant  d'autres  dont  on  lui  fai- 
sait hooneur.  On  lui  attribuait  un  grand 
nombre  d'ouvrages  d'alchimie  et  de  ma- 
gie, et  il  nous  est  parvenu  sous  son  nom 
quelques  traités  relatifs  à  ces  matières.  En 
voici  les  titres  :  Les  sept  sceaux  itHer^ 
met  TrùméguHj  en  UUn  >  La  Tubk  d'é- 


meraudey  recette  d^Herièa  poof  kiiedt 
l'or,  trouvée  par  Sara,  femme  cTAbra^a 
dans  le  tombeau  d'Hermès,  mr  k  ment 
Hébron;  Teintures  ckimiqmes;  on  traité 
sur  les  vertus  magiques  et  -*^r^tff  ém 
pierres  précieuses,  des  phuitea  et  desani» 
maux.  Quelques-uns  de  ces  livres  parais- 
sent avoir  été  traduits  de  Parabe^  dans  Is 
cours  du  moyen-âge. 

Nous  croyons  superAa  de 
dre  davantage  ici;  b 
ouvrages  de  Conring  (De  henmeL 
cin.  libr.  if^,  Helmstedt,  1 669,  Ui-4*)  cC 
de  Lenglet  du  Fresnoy  (  Histoire  de  k 
phiiosophie  hentiétiqueJLa  Haye,  1 743\ 
ainsi  qu'aux  mots  Mâon ,  sciences  Oc> 

GULTBS  et  ÀLCHIMIB  ,  CtC  A-D. 

HERMINE  (musêela  herminem^  \^\ 
mammifère  du  genre  putois  (voy.X,  r^ 
marqnable  par  la  beauté,  la  finesse  et  b 
douceur  de  son  pelage  d'hiter  qui  est  en- 
tièrement blanc,  à  l'exeepcion  de  Textré» 
mité  de  la  queue  qui  reste  ooir  en  toels 
saison.  C'est  un  exemple  à  ajouter  à  quel- 
ques autres,  du  peu  d'influence  qn'excrte 
le  froid  sur  cette  dernière  conlëttr  ches 
les  animaux.  L'hermine,  eo  été,  se  mmmm 
roselet;  on  dirait  une  autre  espèce.  Ea 
effet,  le  corps  est  alors  brun,  sauf  le  vca- 
tre  qui  est  jaune  clair  et  la  mâdwwrs  in* 
férieure  qui  est  blanche.  L'hennioe  hs- 
bite  les  parties  septentrionales  du  ooe- 
veau,  mais  surtout  de  l'ancien  continent, 
qui  la  possè<le  aussi  dans  ses  régions  tem- 
pérées. Son  corpsest  long  de  neof  ponces 
six  lignes,  non  compris  la  q«>eue,  qai 
peut  en  avoir  trois  et  demi.  Ses  BMcun 
sont  fort  sanguinaires.  Elle  vit  ordinst* 
rement  de  souris,  de  rats,  de  mnlo(^  ds 
taupes  et  d'oeufs  qu*elle  va  dénicher  «ar 
les  arbres.  Elle  approche  rareoMnt,  dit* 
on,  des  maisons,  et  s*attaqne  alors  aux  ba- 
bitanlB  des  basses-cours  et  des  coloaihîcr». 
Elle  ne  tombe  pas  l'hiver  en  léthargie. 
On  sait  que  son  pelage,  très  recherché 
comme  fourrure,  est  un 
meroe  important  et  fort  cher.  Il  est  d* 
tant  plus  blanc  qu'il  vient  d'un  pays  plus 
froid.  C.  L-a. 

On  sait  que  l'hermine  sert  ponr  les 
manteaux  royaux,  pour  ceux  des  princes 
et  des  grands  dignitaires  dans  divers  pays; 
les  pain  de  France  portaient ,  a%aat  la 
révobuîoadeiaSO^k 


UER 


(747) 


HER 


dans  let  grandes  oocasiont.  L'hermine  fi- 
gure aussi  dans  les  armoiries,  et  spéciale- 
ment dans  oelle  de  l'ancienne  proYince 
de  Bretagne ,  comme  dans  celles  de  ses 
smciens  dacs.  S. 

HERMIONE ,  fille  de  Mars  et  d'A- 
plirodite  et  femme  de  Cadmos,  comme  il  a 
été  dit  à  1'art.HAaMoifix;  car  lesdeux  noms 
désignent  la  même  personne.  Si  nous  en 
parlons  id,  c'est  pour  dire  un  mot  du  col- 
lier d'Hermione ,  funeste  présent  de  noces 
àt  la  déesse  à  sa  fille,  ou,  suivant  d'autres 
auteurs,  de  Vulcain,  mari  outragé  qui 
▼oulut  se  senrir  de  ce  don  fatal  pour 
▼ouer  à  d'étemeb  malheurs  le  fruit  adul- 
tère des  amours  de  son  épouse  et  de  Mars. 

Le  sort  infortuné  qui  poursuivit  Her* 
mione  s'attacha  aussi  aux  autres  posses- 
seurs de  ce  magnifique  collier  tant  envié, 
et  pour  lesqueb  il  était  comme  un  gage 
assuré  de  malheurs.  Sémélé  et  Argée  res- 
sentirent les  effets  de  sa  pernicieuse  vertu  ; 
il  séduisit  ensuite  Ériphyle  à  laquelle  Po- 
l3mice  l'avait  offert,  et  causa  la  mort  du 
devin  Amphiaraûs,  et,  par  suite,  le  par- 
ricide d'Alcméon  (110^.  ces  noms)  qui  tua 
Ériphjfle.  Suspendu,  plus  tard,  au  temple 
de  Minerve  à  Delphes,  il  n'avait  rien  per- 
du de  sa  dangereuse  puissance  :  le  tyran 
Pbayllus,  voulant  séduire  la  femme  d'A- 
riston,  général  des  Thessaliens  de  l'OEta, 
s'empara  de  ce  joyau  pour  en  faire  pré- 

li  à  son  amante,  qui  avait  mis  ses  fa* 
à  ce  prix;  mais  bientôt  son  fib, 
tombé  en  démence,  mit  le  feu  à  la  mai- 
aoo  où  elle  se  trouvait  et  avec  laquelle 
elle  fut  réduite  en  cendres.  X. 

HERMIONE,  iH>r.  HsLiNE  et  Mii« 


HERMIONS   et  HERMONDOU* 

IWS.  Pline  et  Tacite  ont  appelé  du  nom 
de  Hermiofu  ou  Herminans  les  peuples 
de  la  Germanie  centrale,  doUt,  suivant  le 
premier  de  ces  auteurs ,  les  Suèves ,  les 
Hermondoures,  les  Celtes  et  les  Chérus- 
ques  faisaient  partie.  Les  Hermondoures 
en  particulier  necommencèrent  à  être  con- 
nus des  Romains  que  peu  d'années  seule- 
ment avant  J.-C.  L'histoire  fait  ensuite 
mention  d'eux  à  différentes  époques  : 
l'an  19  de  J.-G. ,  où  ils  chassèrent  le 
prince  des  Goths,  Catualda,  qui  s'était 
imposé  comme  maître  aux  Marcomans  en 
Bohémcy  l'an  ôl  ^  où  ils  combattirent 


▼icioriensement  le  roi  des  Quades,  Van«* 
nius,  qui,  d'accord  avec  les  Romaiasy 
voulait  fonder  un  royaume  indépendaat 
des  Suèves,  entre  les  fleuves  de  March  ci 
de  Waag;  l'an  68,  lorsqu'ils  eurent  des 
contestations  à  cause  des  salines  sur  la 
Saale  de  Franconie;  enfin  l'an  1 53,  lors- 
qu'ib  combattirent  les  Romains  dans  la 
guerre  des  Maroomans.  Depuis  ce  temps, 
leur  nom  disparait.  Cependant  M.  Man- 
nert  a  rendu  probable  l'opinion,  qu'à 
partir  de  cette  époque  ils  abandonnèrent 
les  deux  premières  syllabes  de  leur  nom, 
pour  s'appeler  Doutes  [Thurones)  ou 
Thuringiens.  C  L, 

HERMITE,  HERMITA6E,  voy. 
EaMrrB,  Ermitagb. 

HERMOQËNE,  nom  d'un  architecte 
ancien  célèbre  qui  perfectionna  l'ordre 
ionique  et  rédigea  des  ouvrages  sur  cet 
objet.  C'est  aussi  le  nom  d'un  philosophe 
africain  du  second  siècle  de  J.-C.  dont 
Tertullien  a  réfuté  Vhérésie  qui  fut  adop- 
tée par  les  Hermogéniens,  et  suivant  U* 
quelle  la  matière  serait,  comme  Dieu,  éter- 
nelle. Enfin,  l'auteur  du  Codex  Hermo^ 
genianus^  et  de  plusieurs  autres  ouvrages 
de  droit  dont  le  Digeste  nous  a  conservé 
des  fragments,  s'appelait  également  Her- 
mogène  et  vécut  vers  l'an  336  de  J.-C.  X. 

HERNIE.  La  hernie  consiste  dans  le 
déplacement  d'un  viscère  ou  organe  in- 
térieur qui,  sortant  de  la  cavité  qu'il 
occupe ,  par  une  ouverture  naturelle  ou 
accidentelle,  vient  faire  saillie  au  dehors. 
Ainsi ,  à  la  suite  d'une  plaie  de  la  tête  ou 
d'une  carie  des  os  du  crâne ,  une  por- 
tion du  cerveau  se  montre  à  l'extérieur  ; 
de  même,  l'œil  peut  être  poussé  en  avant 
par  une  tumeur  développée  au  fond  de 
l'orbite;  de  même  aussi,  Tutérus  peut 
descendre  et  former  une  saillie  visible 
au  dehors,  et  le  poumon,  dans  quel- 
ques circonstances,  sort,  partiellement  au 
moins ,  de  la  cavité  qui  le  contient.  Bfais 
le  nom  de  hernie^  que,  dans  le  mon- 
de, on  remplace  presque  toujours  par 
celui  de  descente  ^  et  plus  exactement 
peut-être  par  le  mot  à^ effort ^  s'applique 
plus  spécialement  à  des  tumeurs  formées 
par  le  déplacement  des  viscères  contenus 
dans  l'abdomen,  et  à  leur  sortie,  soit 
par  des  canaux  qui  donnent  passage  à  des 
Taisaeauz  ou  à  des  oerlsy  soit  par  dei 


HËK 


(748) 


HER 


écartementi ,  des  éraillements,  et  même 
dei  déchirures  des  muscles  qui  forment 
lii  parou  du  bas-Tentre ,  mais  toujours 
sDUsIapeau. 

Les  hernies  sont  infiniment  plus  com- 
munes chez  les  hommes  que  chez  les 
femmes  y  qui  sont  §;énéralement  soustrai- 
tes aux  traraux  pénibles  et  entraînant 
de  grandes  contractions  musculaires. 
Bien  quelles  puissent  paraître  à  tontes 
les  époques  de  la  yie ,  on  est  plus  par- 
ticulièrement exposé  aux  hernies  dans 
Fenfance ,  dans  la  jeunesse,  et  vers  la  fin 
de  l'âge  adulte.  Les  personnes  qui  se  li- 
Trent  à  des  professions  fatigantes,  ou  qui, 
par  de  vaines  bravades,  font  de  grands 
efforts,  y  sont  plus  particulièrement  ex- 
posées. On  obsô^ve  fréquemment  des  her- 
nies chez  les  nouveau- nés,  sans  qu'on 
puisse  s'expliquer  l'origine  de  ces  affec- 
tions congéniales;  mais  le  plus  souvent 
elles  sont  acquises  et  succèdent  à  des 
pressions,  à  des  coups ,  des  chutes ,  des 
efforts  violents  qui ,  poussant  les  viscères 
dans  les  ouvertures  susceptibles  de  leur 
donner  passage ,  les  dilatent  d'une  ma- 
nière plus  ou  moins  complète  et  rapide. 

Tous  les  points  du  bas-ventre ,  même 
sa  paroi  supérieure,  peuvent  donner  pas- 
sage à  des  tumeurs  de  ce  genre.  On  cite 
des  cas,  rares  à  la  vérité,  dans  lesquels 
la  plus  grande  partie  des  viscères  ab- 
dominaux a  fait  en  quelque  sorte  ir- 
ruption dans  la  poitrine,  à  travers  le 
diaphragme.  Plus  ordinairement  les  her- 
nies se  manifestent  à  la  partie  anté- 
rieure et  inférieure  de  l'abdomen ,  région 
ou  les  parois  minces  et  fibreuses  sont 
percées  d'ouvertures  par  lesquelles  pas- 
sent des  vaisseaux ,  des  nerfs ,  des  liga- 
ments, et  qui  présentent  moins  de  résis- 
tance que  les  autres  points  de  la  cavité. 
Les  points  où  se  montrent  le  plus  souvent 
les  hernies  sont  l'aine,  le  pli  de  la  cuisse, 
le  nombril ,  la  ligne  blanche ,  la  partie 
interne  et  supérieure  de  la  cuisse,  sa  par- 
tie supérieure  et  postérieure,  le  vagin 
chez  la  femme,  et  le  péri  née  chez  l'homme. 

]>es  noms  bizarres  et  trop  variés  pour 
être  vraiment  signiBcatifs  ont  été  don- 
nés anx  honies  suivant  les  régions  qu'elles 
occupent,  la  forme  q^'eV\<ft  affectent  et 


nom  de  hubonocèU  donné  à  ce  qu'on  ap> 
pelle  aujourd'hui  hernie  imguimale;  cefan 
à^omphaiocèle  ou  exomphaie^  par  le- 
quel on  désigne  la  hernie  qaî  sort  par 
l'ouverture  du  nombril  ;  ceux  é^emêFrfy- 
cèle  et  ^épiphcèie  qui  font  connaître 
la  présence  de  l'intestin  on  de  l'épiplooa 
dans  la  tumeur*.  On  appelait  ém  non 
pittoresque  et  d'ailleurs  exact  cT^penim- 
tion  l'écartement  des  fibres  de  k  ligac 
blanche,  sorte  de  couture  nponévrociqnt 
s'étendant  du  crenx  de  l'estomac  jnsqnlni 
bas-ventre,  écartement  par  lequel  tons  In 
intestins  ont  pu  s'échapper  ipielqnclbis. 

Tous  les  viscères  contenus  dans  TalH 
domen,  excepté  le  dnodênnin,  le  pan- 
créas et  les  reins ,  peuvent  oontrifancr  a 
la  formation  des  hernies;  mais  tons  ne  st 
déplacent  pas  avec  la  même  iacîUté.  Les 
intestins  grêles  et  l'épiploon ,  espèce  ds 
prolongement  graisseux  et  membrancm, 
sont  les  parties  qui ,  dans  la  grande  an- 
jorité  des  cas,  forment  lea  tnmenrs  hcr^ 
niaires. 

Voici  comment  se  fait  nne  hernie.  A 
la  suite  d'un  effort  violent,  et  dans  Icqad 
tous  les  viscères  se  trouvent  coaspriaés 
en  tous  sens  par  la  contraction  ainmlta* 
née  des  muscles  qui  forment  les  peroîi 
abdominales,  une  portion  d'intestin  oa 
d'épiploon  s'engage  dans  une  onvcrton 
qu'elle  commence  à  dilater  un  pea;  àt 
nouveaux  efforts  agrandissent  l'orifice 
et  y  poussent  une  plus  grande  masK  et 
parties  molles;  et  si  l'acddent  a  lica, 
comme  cela  se  voit  trop  souvent,  dna 
des  gens  peu  soigneux  de  leur  santé ,  oa 
ne  peut  dire  à  quel  point  s*arrêtera  le 
désordre.  D'abord  les  parties  mobiles  sor> 
tent  et  rentrent  librement;  nuùs,  pfan 


tard ,  elles  contractent  des  adhérencm 
soit  entre  elles,  soit  avec  les  parois  de 
sac  :  la  hernie  derient  alors  Irrédnctible, 
c'est-a-dire  qu'elle  ne  peut  plus  rentrer; 
et  lorsqu'à  cela  viennent  se  joindre  des 
obstacles  à  la  circulation  des  matières , 
des  accidents  graves  se  manifestent. 

Le  plus  ordinairement,  les  hernies  st 
développent  lentement  et  par  degrés, 


(')  Le  pr«mi«r  de  cm  den  bmm  mI 
lequel  le»  Grert  détigmaieat  raffecûsa  qse  !«• 
^Qm»\«ft  «^i^lèrvat  AeniM.  U  ••  coapeif  éc 


lei  parties  qu'elles penvenl  conVenÀt  àua  \  ^4^t^^«B,^^x%,  vf«KM»«fiL^^ 4%  f^^»^»  «"«^ 
Jeur  catilé.  Noua  dicrm  tau%  w.\m\%  \  x>*^^  '^ 


HER 


(749) 


HER 


sans  mémo  que  les  malades  en  aient  la 
conscience  ;  quelquefois  cependant  on  les 
Yoit  survenir  tout  d^un  coup,  et  attein- 
dre de  suite  un  assez  haut  degré  de  dé- 
Ycloppement.  On  reconnaît  un  commen- 
cement de  hernie,  lorsqu^en  plaçant  les 
doigts  sur  l'un  des  points  où  elles  ont 
coutume  de  se  former,  et  en  faisant  tous- 
ser les  malades,  on  sent  une  impulsion 
plus  ou  moins  manifeste  et  une  tumeur 
qui  sort  et  rentre  suivant  la  position. 
D'abord  la  hernie  a  peu  de  volume;  mais 
lorsqu'elle  n'est  pas  réduite  et  contenue, 
elles'accroit  rapidement  et  finit  par  ame- 
ner des  coliques  et  des  douleurs.  De  la 
grosseur  d'une  noisette,  ces  tumeurs  peu- 
vent aller  (tant  est  grande  l'ignorance  et 
l'incurie  de  quelques  personnes  !)  jusqu'à 
celle  des  deux  poings  et  même  de  la  tête 
d'un  adulte.  On  a  vu  des  hernies  de  la 
ligne  blanche   (  éventrations  )    contenir 
dans  leur  cavité  la  totalité  des  organes 
abdominaux,  et  former  une  sorte  de  sac 
tombant  jusque  sur  les  genoux. 

Une  fois  développée,  la  hernie  pré- 
sente une  tumeur  plus  ou  moins  volu- 
mineuse, sur  la  nature  de  laquelle  le 
nége  qu'elle  occupe  fournit  déjà  un  do- 
cument utile,  mais  non  suffisant  pour 
faire  éviter  de  la  confondre  avec  des  ané- 
vrysmes  ou  des  abcès  développés  dans 
les  mêmes  localités.  Elle  est  indolente, 
sans  changement  de  couleur  à  la  peau , 
qui  conserve  sa  mobilité  et  la  faculté 
d'être  soulevée;  elle  est  d'ailleurs  immo- 
bile à  sa  base,  mais  elle  rentre  d'elle- 
même  ou  sous  la  plus  légère  pression 
quand  le  malade  est  couché ,  pour  repa- 
nitre  quand  il  se  lève  de  nouveau.  Quand 
la  hernie  est  formée  par  l'intestin ,  la  tu- 
meur est  arrondie,  molle,  globuleuse, 
tendue,  élastique;  elle  se  réduit  facile- 
ment et  fait  entendre  eu  rentrant  une 
sorte  de  gargouillement  :  lorsqu'au  con- 
traire elle  est  formée  par  l'épiploon  ,  elle 
est  molle ,  pâteuse,  inégale;  elle  rentre 
lentement  et  sans  bruit.  Il  importe,  dans 
la  pratique,  de  bien  distinguer  les  hernies 
entre  elles,  et  surtout  de  les  isoler  des 
affections  avec  lesquelles  elles  peuvent 
être  confondues. 

L'anatomie  pathologique  montre  que 
les  parties  hemiées  contractent  souvent 
des  adhérences  entre  elles  ou  avec  les 


parois  du  sac ,  à  la  suite  d'inflammation» 
(voy.)  auxquelles  succèdent  quelquelwa 
des  épanchemenU.  Elle  fait  voir  aussi  qae 
le  sac  est  formé  par  le  péritoine  qui  form» 
un  rétrécissement  appelé  collet ,  et  qui 
est  recouvert  d'une  couche  de  tissu  cel- 
lulaire ;  la  peau  en  forme  la  dernière  en- 
veloppe. 

Une  hernie,  considérée  en  elle-même, 
n'est  pas  une  maladie  grave ,  et  l'on  voit 
des  personnes  qui  en  sont  affectées,  pous» 
ser  très  loin  leur  carrière.  Lorsque ,  dès 
son  apparition,  elle  est  réduite  et  main- 
tenue au  moyen  d'un  bandage  {voy»)  ap- 
proprié ,  elle  constitue  à  peine  une  in- 
commodité ;  seulement  il  faut  s'assujettir 
à  porter  toujours  l'appareil  contentif,sous 
peine  de  voir  survenir  de  graves  acci- 
dents. Chez  les  jeunes  sujets,  on  peut 
espérer  d'obtenir  une  guérison  complète 
par  ce  moyen  ,  mais  les  adultes  ne  peu- 
vent guère  y  compter.  Dans  ces  derniers 
temps,  on  a  proposé  pour  la  cure  radi- 
cale des  hernies  une  opération  qui  con- 
siste à  provoquer  dans  les  parois  du  canal 
ou  dans  les  bords  de  l'ouverture  par  où 
sortent  les  parties  ,  une  inflammation 
adhésive  suivie  de  l'oblitération  :  ces  ten- 
tatives ont  été  suivies  de  succès.  En  gé- 
néral, plus  une  hernie  est  ancienne,  vo- 
lumineuse et  difficile  à  réduire,  plus 
elle  doit  inspirer  d'inquiétude  et  récla- 
mer de  précaution. 

Le  danger  des  hernies  de  toute  espèce 
consiste  dans  leur  étranglement^  accident 
grave  et  qui,  négligé,  peut  devenir  mor^ 
tel.  Le  premier  degré  de  l'étranglement 
est  Vengouenient,  On  peut  le  définir  un 
état  dans  lequel  les  parties  comprises 
dans  la  hernie  sont  comprimées  au  point 
qu'elles  ne  peuvent  plus  être  remises  à 
leur  place  et  que  le  cours  des  matières 
y  est  suspendu.  Les  causes  de  l'étrangle- 
ment sont  en  général  des  efforts  analogues 
à  ceux  qui  ont  déterminé  la  hernie  elle- 
gpême  :  les  symptômes  sont  faciles  à  re- 
connaître. Lorsque,  chez  un  individu 
ayant  une  hernie,  on  observe  une  douleur 
plus  ou  moins  vive,  et  se  rapportant  à 
l'ouverture  par  laquelle  les  parties  sont 
sorties  de  la  cavité  abdominale,  quand 
la  tumeur  est  dure,  teudue  et  doulou- 
reuse ,  quand  la  ^eau  doutelU  «s1\«k»v^- 
verle  rou^vl,  «X^^AaiTkdL^XvaxHvtT^v^KSk'OM»:- 


itBn 


(TM) 


lIKft 


iCmM  des  Tomissements  fr^mt!i,  on  | 
dot  tant  d'abord  pemer  qa'il  v\htc  un  i 
énn^ement.  Cette  préMinption  bientôt  | 
«  change  en  certitude  m  le  milaiU'  %otiiit 
les  matièrts  fécales,  «'Il  sunieDi  du  ht* 
qoet,  une  douleur  très  ijve  dani  t<iul  le 
vratra,  avec  dureté  du  pouls,  lolf  ii)f\- 
linguible,  vomisiementa  dod  inlrrmm- 
pw  et  altération  profonde  des  tr.-iiC'.  A 
cet  état  oragenz  niccMe  ud  calnir  pailjit 
lorsque  la  hernie  est  réduite.  Blnl''qiinnd 
le  malade  n'iat  paa  secouni,  on  i<ili  am-'i 
venir  un  soulagement  complet  aii>iu«l  ne 
croit  pas  l'homme  eipérimenté,  (;ir  cV^t 
leprtaaged'une  fin  prochaine.  Ai  i!--!  jh'IiiI 
de  retard  dans  l'emploi  deï  miivrii--  it'^ 
traitement!  car  quelques  heures  ■.uIIÎm'iiI 
pour  amener  la  mort.  QuelquefLli  i  i-pm- 
daot  le  malade  échappe  à  cetic-  (uiifv:if' 
terminaison.  La  gangrène  qni  Irappc  Iri 
tumeur  oDTre  une  roîeaua  maliiM"  cK-n- 
tenaes  et  fait  cesser  l'étranglemi'nt  ;  iii:mj 
c'est  au  prii  d'une  infirmité  déiiDilIsntr, 
à  laquelle  cependant  l'art  a  irouv<^  le 
noyen  de   remédier  quelqnefals.   l'oy. 

Alto»  C01TT«E  ItÀTUBB. 

L«  trailemenl  des  hernies  irni!«i!ili;  n 
les  nfduire  tout  d'abord,  c'est->i-(lire  à 
faire  rentrerdatwIeTentrelesparlips  qol 
en  sont  sorties,  et  à  maintenir  iNxichi^p, 
•Q  mojen  d'un  bandage,  l'ouvrrlure  qui 
leur  a  donné  passage.  Quand  I»  hernie 
est  récente,  il  est  presque  toujours  licile 
d'opérer  la  réduction.  Pour  cela,  il  ttiilii 
de  faire  coucher  le  malade  sur  un  phm 
horizontal,  la  tête  soutenue  pat  uti  «rriU 
1er,  les  cuisses  et  les  jsmba  IpRiTCMirni 
fléchies,  pour  mettre  les  muscles  du  vi'ti  tir 
dans  le  plus  grand  reliihemeni  |"wiW.\ 
et  d'embrasser  la  tumeur  a*ec  la  p.iinnr 
de  Ib  main,  en  même  temps  que,  swcc  1rs 
doigta,  on  repousse  peu  à  peu  Im  psrlies 
hemiéesdans  lica»it*dnhBs-ieriLri\  llii 


éviter  intanl  que  poauble  tout  cflôtt  tw> 
Iciit. 

Dans  l'étrang)enwnt,la  Téditctîaa,qini- 
que  difficile ,  est  possible  encore ,  et  des 
succès  vraiment  inattendus  ont  eoBro— I 
lu  persévérance  Intelligenle.  Les  baias 
prolongés  pendant  plusieurs  benro,  ■!•• 
rciat  lesquelles  on  exerçml  dea  lentatïvss 
de  réduction, la  aaignée.leaémollient*,  la 
Ifliatifs ,  sont  Ica  moven*  qu'on  emploi*^ 
jtiuju'lccqa'uneévtdenteni 


LV 


dage  provisoire  que  l'on  doit  j-eiupl: 
au  plus  t&t  par  un  bandage  bien  con<ir 
qui  doit  être  porté  sans  interru|>ti'>n.  ■ 
peine  d'accidents  sérieui.  On  a  dli  > 
raison  qu'une  personne  affectée  df  I; 
nie  devait  s«  passer  de  chemin  pi' 
que  de  bandage. 

Vtt  personnes  »R»c\t»  4e  tttve 
ÊTBiil*  doivent,  p»t  »ou»  \«»  »«^««  ¥*- 
•Ibto,  «Hr««BW  U  libertt  *»  "««^ 


]ii^ration ,  que  nous  ne  décrîroDs  pas  a 
ililall  et  qui  présente  qnriqnes  dïfEcnl- 
UM,  consiste  i  inciser  le  sac  herniaire  H 
.>  débrider,  c'esl-i-dire  à  élargir,  axe 
lin  bistouri  boalonné,  l'anncan,  c'est-â- 
djre  l'orifice  fibreux  qui  serrait  les  par- 
II».  Il  devient  alors  eiti4men>ent  fadk 
'le  replacer  les  intestins  et  tous  les  or- 
f.ines  qui  peuvent  être  sortis;  après  qooi, 
l'un  panse  la  plaie  qui,  dans  Ica  coadî- 
lions  ordinaires  ,  fuéril  aisii  facile- 
ment. F.  R. 
ni^RO  n-LÉAICDBE.  Héro,  >Nar 
et  belle  prétrcase  de  Vénus,  habitait  Set- 
I:is,  Bui  bords  de  l'Bellespout ,  du  rùU 
<t<i  l'Europe.  Léandre  vivait  dans  Aby- 
dns,  sur  II  cAle  d'Aùe.  Il  voit  Hén  s  b 
fi'le  d'Adonis,  s'enBamme  1  soa  aimiti. 


El  nnl  U«lAl  goAlv,  H  (ood  d'aatast 
La  lupréB*  bonbcar  ds  pliin  M  d'fllv  M^. 

Or ,  pour  aller  voir  sa  «NlUvase .  U 
nuit  il  paNailàla  nage  TUdleapont,  m- 
ji  t  de  87Â  pas.  Un  flambeau  que  la  pré- 
liesse  tenait  allumé  sur  U  tour  dirifiail 
'  ilte  course  aventureuse.  Le*  tcnis  et  l« 
l'mpéle  arrêtèrent  CCS  rendea~vouiamoa- 
I  i:ax,  et,  après  sept  jours  d'attente.  L'an- 
dre  impatient  se  jette  daiu  le*  Ilots,  bcaw 
Jeur  menace,  et  nage  vers  >oa  amante. 
Mais  le  flambeau,  messager  de  \cnn), 
''éteint  sous  la  colère  d'iùtle,  et  Léandir, 
t-;;aré  dans  l'orage  qui  anuuac  le»  icnr- 
lires  et  brise  se  forces,  va  périr  sur  la 
I  ive  de  Sestos.  Héro  ne  peut  survivre  à 
tu  perte,  et,  se  précipitant  du  hant  de  U 


Sar  la  xi*  i*  Uiadrv  t\\u  «Wai  npinr . 
\ni^«k  ttc  V*ai  la*  «vpant. 
^  fa»mfc'w**'"Jsaa  t.tn-wtei.  <'m«tBaa> 


I       Sar 


HER 


(tSl) 


HElt 


la  mémoire  et  dans  le  cœur  des  écrÎTains  : 
âtraboDy  Martial,  Lucain ,  Silius,  Stace , 
Pompooius  Mêla,  Servius,  Antipater  de 
Macédoine ,  rappellent  dans  lenrs  oavra« 
ges  cette  doable  mort  si  pathétique. 

Des  médailles  ont  aussi  conservé  cette 
histoire  touchante  :  celles  de  Caracalla 
et  d* Alexandre  Sévère  représentent  Léan- 
dre  précédé  d'un  Amour ,  dont  le  flam* 
beau  diri^  le  périlleux  voyage.  D'autres 
médailles  et  camées  montrent  Léandre 
sous  les  traits  d'un  beau  jeune  homme  y 
dont  les  floti  amers  mouillent  la  longue 
chevelure. 

Ce  sujet  gracieux  devait  encore  de* 
mander  à  la  lyre  des  vers  inspirés  et  de 
douces  larmes  :  plusieurs  poètes  Font 
traité.  Musée  le  Grammairien  l'emporte 
sur  ses  rivaux ,  bien  que  son  poème,  écrit 
sur  la  fin  du  iv*  siècle,  se  ressente  un  peu 
de  la  décadence  des  lettres  ;  mais  si  quel- 
quefois sa  pensée  ou  son  expression  man- 
que de  naturel,  le  poème,  en  général,  a, 
dans  le  plan ,  de  l'intérêt  et  de  l'unité  ; 
dans  la  pensée  de  la  grâce  jointe  à  l'éner- 
gie, dans  le  style  de  l'harmonie  et  la  cou- 
leur locale.  Citons,  pour  seul  exemple, 
ce  passage  où  la  prétresse  arrive  dans  le 
temple  de  Vénus  : 

Aa  sein  da  temple,  Héro  marche  arec  ma- 
jesté, 
La  p  odeur  adoocit  réeUt  de  m  beenté  : 
Telle  Phébé  s'arance,  et,  timide  conrrière. 
Sons  Targent  de  ton  roile  embellit  sa  carrière. 
De  toa  Mia  la  rongear  colore  le  satin  : 
Cest  la  roaeqal  s^oo^re  aoz  baisers  da  matin  ; 
Mais  on  peindra  les  lis  et  la  pourpre  de  Flore, 
Sans  peindre  Tincarnat  dont  Héro  se  colore. 
Vénos,  ne  vante  pins  tes  orgoeilleax  appas! 
5à  trois  Grâces  aaas  cesse  accompagnent  tea 

Chaque  soaris  d*Héro  fait  éclore  une  grice 

Et  tons  les  coeurs  charmés  snirent  sa  noble 
traça. 

A  de  plut  bellea  maint,  non,  jamait  lea  mor- 
tels 

I9e  donnèrent  le  soin  d^encenter  tet  autelt. 

Mitsée  inspira  le  gentil  Bernard  dans 
les  plus  heureux  détaib  qui  parent  son 
poème  de  Phrosine  et  Mélidor^  etLe- 
franc  de  Pompignan  lui  doit  le  sujet 
d'une  tragédie  lyrique  en  cinq  actes.  Les 
savants  La  Porte  du  Tbeil  et  Gail  Font 
traduit  en  prose  ;  l'abbé  de  Coumand  et 
M.  Denne- Baron  l'ont  imité  en  vers  :  le 
travail  de  ce  dernier  l'emporte  par  l'été- 
IPivee  </a  sff le  et  i'Iotérét  des  notes.  Mail 


il  faut  loajonrs  en  revenir  à  Musée  loI* 
même,  parce  qu'il  a  souvent  conservé  dioa 
son  poème  un  doux  reflet  de  cette  anti- 
que lumière  des  arts,  dont  le  flambeat 
sacré,  allumé  par  le  dieu  du  goût,  de<* 
vrait  brûler  à  jamais  sur  l'autel  des  Mu- 
ses  •  M— LL— T. 

HÉRODE,  nom  patronymique  d'une 
famille  iduméenne  qui  enleva  à  celle  des 
Macchabées  le  gouvernement  de  la  Pales- 
tine, et  dont  plusieurs  membres  ont  ac- 
quis de  la  célébrité  dans  les  temps  qui 
ont  précédé  ou  suivi  immédiatement  la 
naissance  de  Jésus-Christ. 

Le  premier  et  le  plus  illustre  de  tous 
fut  Héeodb  le  Grande  second  fils  de  cet 
Antipater  qui  sut  s'emparer  d'une  auto- 
rité absolue  sous  le  faible  Hyrcan  II.  Ses 
talents  précoces  et  son  audacieux  courage 
lui  firent  obtenir  de  son  père ,  à  l'âge  de 
16  ans,  le  gouvernement  de  la  Galilée; 
et  il  ne  tarda  pas  à  se  montrer  digne  de 
ce  choix  par  la  destruction  d'une  bande 
formidable  de  brigands  qui  désol&it  tous 
les  environs.  Ce  senrice  ne  put  lui  faire 
pardonner  par  les  Jui&  son  origine  étran- 
gère. Jaloux  de  sa  gloire,  ib  osèrent  l'ac- 
cuser d'avoir  soustrait  au  jugement  du 
sanhédrin  les  brigands  qu'il  avait  vain- 
cus; mais  leurs  plaintes  ne  purent  lui 
nuire  :  il  obtint,  au  contraire,  la  Célésy- 
rie  et  le  pays  de  Samarie  à  la  suite  d'une 
entrevue  qu'il  eut  à  Damas  avec  Sextus 
César.  La  faveur  de  Cassius  lui  valut  la 
Syrie  et  le  commandement  supérieur  de 
l'armée  et  de  la  flotte.  Quelque  temps 
après ,  un  parti  de  mécontents  ayant  ap- 
pelé Antîgone,  neveu  d'Uyrcan,  et  l'ayant 
mis  à  sa  tète ,  Ilérode  marcha  contre  ce 
compétiteur,  le  défit,  et  entra  triomphant 
dans  Jérusalem ,  oà  il  fut  re^u  avec  en- 
thousiasme. Cependant,  Cassius  ayant 
succombé  et  Marc-Antoine  étant  arrivé 
en  Bithynie,  le  sanhédrin  crut  le  moment 
favorable  pourrenouvelerses  accusation^ 
mais  l'or  et  les  caresses  d'ilérode  rendi- 
rent le  triumvir  sottrd  à  toutes  les  plain- 
tes. Une  seconde  teutative  du  parti  pa- 
trioteéchotia  également  contre  la  déclara- 
tion formelle  du  faible  Hyrcan  lui-même, 
que  les  princes  iduméens  étaient  seuls  ca- 
pables de  gouverner  les  J  uils.  Antoine  ac* 


HEU 


(752) 


HER 


oôrÀ  doQC  à  Hérode  et  à  son  frère  elné 

PbiMél  U  dignité  de  tétrarques^  et  donna 

ai  premier  la  Jadée  proprement  dite. 
Hérode  I*'  ne  jouit  pas  longtemps  du 

.'epos  que  sa  valeur  et  son  habileté  lui 

avaient  procuré.  Antigone  reparut  sur  la 

scène  et  s*empara  de  Jérusalem  avec  le 

secours  des  Parthes.  Obligé  de  fuir,  Hé- 
rode se  retira  en  Idumée,  pub  en  Egypte, 

d*où  il  partit  pour  Rome.  Antoine  l*y 

reçut  avec  distinction  et  lui  fit  décerner 

par  le  sénat  le  titre  de  roi.  Il  débarqua  à 

Ptolémais;  un  secours  de  deux  légions , 

que  lui  accorda  Antoine ,  lui  permit  de 

réduire  lei  Galiléens  révoltés ,  de  battre 

PappuSy  lieutenant  d' Antigone,  et  de  re- 
paraître devant  les  murs  de  Jérusalem , 

dont  la  reddition  mit  fin  au  pouvoir  des 

Asmonéens  (yoy.  BIâcchabées).  Lorsque 

la  guerre  éclata  entre  Octave  et  Antoine, 

le  roi  de  Judée  resta  fidèle  à  son  protec- 
teur; mais,  après  la  bataille  d*Actium, 

il  alla  trouver  le  vainqueur,  a  Rhodes,  et 

lui  avoua  franchement  ses  rapports  avec 

son  euneoii.  Cette  noble  conduite  lui  va- 
lut Tamitié  d^Octave ,  qui  lyouta  à  ses 

états  la  Trachonite,  FAuranite  et  la  Ba- 
tanée  {voy,  Palkstiice). 

Libre  alors  de  suivre  son  goût  pour  la 
magnificence,  il  s^appliqua  à  donner  à 
son  règne  tout  Féclat  possible.  Il  récom- 
pensa ses  amis  et  ses  partisans  avec  une 
libéralité  vraiment  royale.  Il  fonda  les 
villes  d*Hérodion ,  de  Sébaste ,  de  Césa- 
rée,  de  Gabala ,  etc.  ;  il  en  ceignit  d*au- 
tres  de  murs;  il  les  orna  de  temples,  de 
statues,  de  portiques,  de  théâtres.  Si 
ces  embellissements  portaient  un  cachet 
étranger  trop  fortement  empreint  pour 
plaire  aux  Juifs ,  Tédification  d*un  tem- 
ple magnifique  à  Jérusalem  était  bien 
propre  à  exciter  leur  enthousiasme,  et 
Tadmirable  conduite  d' Hérode ,  dans  un 
moment  où  la  Judée  était  en  proie  à  tou- 
tes les  horreurs  de  la  famine  et  de  la  peste, 
aurait  dû  les  porter  à  lui  savoir  au  moins 
quelque  gré  de  ses  efforts  pour  gagner 
leur  affection. 

Cependant  les  historiens  de  cette  na- 
tion peignent  ce  roi  sous  les  couleurs 
les  plus  sombres,  et  FÉvangile  lui  impute 
Je  massacre  des  Innocents.  On  ne  peut 
nier  qu'il  nVu  commis  desacX»  At  Vj- 

fiiume,  qu'il  ne  te  soU  soui\\4  mèm^  à*  \  xo^H  %  KxwvÀt».. 


plnsknrt  crimes;  doué  de  grandi  la] 

plein  d'une  ambition  dévorante, 

marché  toujours  droit  à  son  but ,  u 

laisser  arrêter  par  des  scrupules  <l« 

science.  Mais  la  nature  lui  eût-elle  d 

un  cœur  plus  tendre,  les  rudes  expë 

cet  de  sa  jeunesse,  les  trahisons  et  la 

ingraUtttde  dont  il  vit  payer  ses  biei 

auraient  seub  suffi  pour  Tendon 

pour  remplir  son  âme  de  soupçon 

qui  prouve  d'ailleurs  qn^Hérode  i 

pas  un  monstre,  comme  on  Ta  trop 

té ,  c'est  Tamitié  qui  le  liait  à  Kp 

à  Octave  et  à  tant  d'autres  Romai 

lustres  ;  car  on  ne  peut  admettre  qo 

térét  seul  ou  la  politique  en  aient 

les  ncMids.  On  ne  doit  pas  oubliai 

que  le  roi  iduméen  ne  nous  est  guèr 

nu  que  par  les  rédts  des  historîcH 

En  montant  sur  le  trône ,  il  ri 

Doris,  sa  première  femme ,  qui  hi 

donné  un  fib  nommé  Antipater, 

épouser  Mariamne,  petite-fille  di 

can  U,  dont  la  beauté  raviaaanli 

ternie  par  un  caractère  ambitieux, 

deux  et  jaloux .  Il  en  eut  trois  fils,  A 

dre,  Aristobule  et  Hérode  :  ced 

mourut  jeune  encore  à  Rome.  Ma 

avait  un  frère,  Aristobule,  à  qui 

gnité  de  grand-prétre  revenait  de 

mais  Hérode,  se  souciant  peu  de  i 

Asmonéen  revêtu  d'une  charge  wm 

portante,  la  donna  à  un  hooMM 

naissance  obscure.  Irritée  de  csttn 

re  commandée  par  la  politique,  A 

dra ,  mère  de  Mariamne  et  d'AÎriil 

envoya  à  Marc-Antoine  les  portE 

ses  deux  enfants,  en  le  priant  de  k 

corder  sa  protection.  Hérode  am 

dent  de  céder.  Cepen<lant  les  ia 

de  la  mère  et  la  popularité  du  tt 

bientôt  excité  ses  craintes,  il  fit  pi 

crètement  son  beau- frère.  Alexaodi 

lut  intéresser  Cléopàtre  à  sa  venf 

mais  les  caresses  de  la  reine  d*ÉcS 

qui  la  possession  de  la  Judée  ooi 

beaucoup,  furent  impuissanf 

rhabileté  d*Hérode ,  dont  Ti 

sa  femme  était  toujours  au 

en  dépit  de  sa  froideur  envers  M 

heureusement  C ypris,  mère  d'Biv 

Salomé,  sa  sa*ur,  réussirent  à  nih 

\i\^ya&\^  eu  Wv  yarUnt  des  portra 


X 


(768) 


HBR 


Hérôde  donna  ordre,  toriqu'il  par- 
pour  Rhodes  y  de  mettre  à  mort  Ma- 
nne s^il  perdait  la  vie  ;  il  ne  voulait 
qu'elle  passât  dans  les  bras  d'un  au- 
époux.  Son  confident  trahit  son  se- 
Convaincu  que  des  relations  coupa- 
avec  sa  femme  lui  avaient  seules 
cette  audace,  il  les  fit  mourir  tous 
mais  il  en  eut  de  si  violents  re- 
mords qu'il  en  devint  frénétique.  Alexan- 
^  étt  et  Aristobule,  tous  deux  à  la  flear 
^  de  Pige ,  tous  deux  pleins  de  force  et 
^  ^orgueil ,  osèrent  blâmer  hautement  la 
^  conduite  de  leur  père,  qui  crut  sage 
*•  tion  de  rappeler  Duris  et  Antipater,  afin 
'^    d^oir  on  rival  à  leur  opposer.  Circon- 

*  non  par  Antipater,  il  donna  même, 
'  après  de  longues  hésitations ,  l'ordre  de 
'  liire  périr  les  fils  de  Mariamne,  et,  du 
"^  eooientement  d'Auguste,  déclara  Anti- 

*  {«ter  héritier  du  trône  de  Judée.  Ce  n'é- 

*  Utt  pas  assez  pour  satisfaire  l'ambition 

*  «iéfflenirée  de  ce  jeune  monstre,  qui  our- 
^  dit  une  conspiration  contre  son  père; 
^  tmia  elle  fut  découverte.  Antipater  fut 
^  iecé  dans  les  fers  et  mis  à  mort  à  la  suite 

d'une  vaine  tentative  de  fuite.  Hérode  ne 
iui  survécut  que  de  cinq  jours.  U  avait 
régné  37  ans. 

Après  la  mort  de  Mariamne ,  il  avait 
^poiué  une  autre  femme  de  même  nom, 
^  «gcoeasivement  cinq  autres,  qui  lui 
avaient  donné  six  fils,  dont  trois  régnè- 
iient  :  Archélaûs,  roi  de  Judée,  Hérode 
Antipas,  tétrarque  de  la  Pérée  et  de  la 
Galilée,  et  Hérode  Philippe,  tétrarque 
de  la  Gaulonite ,  de  la  Trachonite  et  de 
laBatanée. 

HiaoDE  A&CHiLÀi7s  montra  d'abord 
les  dispositions  les  plus  favorables  pour 
la  nation  juive  ;  mais  une  révolte  l'obli- 
gea à  recourir  aux  moyens  de  rigueur , 
et  la  rébellion  fut  noyée  dans  des  flots 
de  sang.  Les  Juifs  portèrent  leurs  plain- 
tes aux  pieds  de  l'empereur  Auguste, 
qui  dépouilla  Archélaûs  du  titre  de  roi, 
et  loi  donna  celui  à^ethnarque.  Plein  de  1 
ressentiment  contre  ses  sujets,  Archélaûs 
ae  permit  différents  actes  arbitraires  et 
tyranniques  qui  motivèrent  de  nouvelles 
plaintes.  Auguste  l'exhoru  à  revenir  à  la 
justice,  et,  irrité  de  la  réponse  qu'il  en 
reçut,  il  l'exila  dans  les  Gaules,  à  Vienne, 
où  il  termloM  sa  vie. 

J^fcjrclop.  d.  G.  d.  M,  Tome  XHT. 


Mécontent  du  testament  de  i6ft  pèf«^ 
Héaonx  Ahtipas  se  rendit  à  Rome,  par 
les  conseils  de  sa  tante  Salomé,  pour 
faire  valoir  ses  droits  à  la  couronne.  Mais 
tout  ce  qu'il  obtint  ce  fut  qu'Auguste  ne 
donnât  à  Archélaûs  que  le  titre  d'ethnar- 
que  au  lieu  de  celui  de  roi ,  sans  dimi- 
nuer en  rien,  du  reste,  Fétendue  de  ses 
possessions.  Le  sort  d'Hérode  Antipas  ne 
fut  pas  plus  heureux  que  celui  de  son 
frère  aine.  Mécontent  de  voir  son  neveu 
Agrippa  I*' revêtu  par  Caligula  de  ce  titre 
de  roi  qu'il  ambitionnait  sans  pouvoir 
l'obtenir,  il  s'embarqua  pour  Rome,  à 
l'instigation  d'Hérodias,  sa  femme,   si 
connue  pour  avoir  été  cause  de  la  mort 
de  saint  Jean-BapUste;  mais  une  accusa- 
tion de  son  neveu  le  fit  condamner  à  un 
exil  perpétuel ,  à  Lyon.  Il  parvint  à  s'é- 
chapper dans  la  suite,  et  alla  mourir  de 
chagrin  en  Espagne.  Sa  femme  avait  cou- 
rageusement partagé  sa  mauvaise  fortune. 
Antipas  aimait  la  magnificence  autant 
que  son  père.  Il  bâtit  Tibérias,  entoura 
de  mursSepphoris  et  Béthavamphta,  qu'il 
appela  Livias  en  l'honneur  de  la  femme 
d'Auguste.  Les  évangélistes,  Josèphe  et  les 
rabbins  le  peignent  comme  un  débau- 
ché, un  tyran  et  un  hypocrite,  sans  ta- 
lent et  sans  énergie.  C'est  à  son  tribunal 
que  Ponce-Pilate,  voulant  se  réconcilier 
avec  lui,  crut  devoir  renvoyer  Jésus. 

HÉaoDE  Philippe,  le  meilleur  et  le 
plus  modeste  des  fib  d'Hérode,  suivit 
les  exemples  de  son  père  et  de  ses  frères  en 
embellissant  les  villes  de  son  territoire  , 
entre  autres Bethzaîda,  qu'il  éleva  au  rang 
de  ville,  en  l'appelant  Julias,  et  Panéas, 
qu'il  nomma  Césarée.  Il  rendit  surtout 
des  services  par  l'établissement  d'une 
cour  de  justice  ambulante.  Il  mourut 
après  un  règne  paisible  de  37  ans,  sans 
laisser  de  postérité.  Sa  tétrarchie,  réunie 
d'abord  à  la  Syrie ,  passa  plus  tard  sous 
la  domination  d' Agrippa  I^''. 

Cet  AcaiPPA ,  qui  portait  aussi  le  nom 
d'Hérode^  était  fils  d'Aristobule,  qu'Hé- 
rode-le-Grand  avait  eu  de  Mariamne.  Il 
avait  été  élevé  à  Rome  avec  Claude ,  qui 
fut  empereur ,  et  avec  Drusus,  fib  de  Ti- 
bère. Les  dettes  considérables  qu'il  con- 
tracta pour  se  maintenir  en  faveur  à  la 
cour  l'obligèrent  à  se  sauver  en  Idumée. 
Il  étaU  &ar  \e  i^uil  di^  i&ft,v\x^>s3k\Kc\&.^^x 


HER 


ilU) 


le  suicide  à  sa  misérable  existence ,  lors- 
que sa  femme  lui  obliat  d^Hérode  Antipas 
le  titre  d^édile  et  des  secours  pécuniaires. 
MaisAntipas,  dans  un  moment  d'ivresse, 
lui  ayant  reproché  ses  bienfaits,  Agrippa 
se  retira  en  Syrie,  d'où  le   chassèrent 
bientôt  les  calomnies  de  son  propre  frère. 
Il  retourna  à  Rome,  et  gagna  la  faveur  de 
Tibère,  qui  le  nomma  gouverneur  du 
jeune  Caligiila.  L'étroite  amitié  qui  s'é- 
tablit entre  le  disciple  et  le  maître  jointe 
à  une  imprudence  de  ce  dernier  le  fit 
jeter  dans  un  cachot,  d*oii  Caligula  le 
tira  six  mois  après.  Le  nouvel  empereur 
lui  ceignit  la  tête  du  diadème,  lui  donna 
les  tétrarchies  de  Philippe  et  de  Lysa- 
nias,  et  lui  fit  don  d*une  chaîne  d'or 
d'un  poids  égal  à  celui  des  fers  qu'il  avait 
portés.    Agrippa   la  suspendit  dans   le 
temple  de  Jérusalem,  en  souvenir  de  son 
ancienne  misère.  Ses  états  s'agrandirent 
plus  tard  de  ceux  d'Antipas.  Claude,  son 
ami  d'enfance,  l'accabla  d'honneun,  et 
réunît  sous  son  sceptre  tout  le  royaume 
du  premier  Hérode.  D'un  caractère  doux 
et  aimable.  Agrippa  fit  beaucoup,  pen- 
dant un  règne  trop  court ,  pour  la  pros- 
périté de  ses  états.  On  pourrait  lui  repro- 
cher seulement  sa  condescendance  exces- 
sive pour  les  Juifs,  qui  le  chérissaient 
d'ailleurs.  Fidèle  aux  traditions  de  sa  fa- 
mille ,  il  orna  Béryte  d'un  théâtre ,  d'un 
amphithéâtre,  de  bains  et  de  portiques. 
Il  se  proposait  aussi  d'entourer  Jérusa- 
lem d'une  enceinte  de  murailles  plus  for- 
tes; mais  Claude  s'y  opposa.  Il  mourut 
à  Césarée,  44  ans  après  J.-€. 

Il  avait  fait  obtenir,  par  son  crédit  au- 
près de  l'empereur  Claude,  la  principauté 
de  Chalets,  dans  le  Liban,  à  son  frère  aîné 
Héroor,  qui,  après  sa  mort,  fut  revêtu 
de  la  dignité  de  grand-prêtre.  Cet  Hé- 
rode avait  épousé  sa  nièce  Bérénice,  que 
notre  tragique  Racine  a  mise  sur  la  scène. 
Lorsque  Agrippa  I*'  mourut ,  son  fils 
Hr.aoDB  AoaiPPA  II  n'avait  que  17  ans. 
Claude  l'aurait  néanmoins  nommé  suc- 
cesseur de  son  père ,  si  ses  conseillers  ne 
lui  avaient  représenté  qu'il  fallait  un 
homme  et  non  un  enfant  pour  gouverner 
un  peuple  aussi  turbulent  que  les  Juifii. 
La  Judée  Tede\\nl  donc  ^twvfvce  ro- 


de Chalcii,  \  Uqadie  Claade  ajouta,  qicU 
que  temps  apr^  l'ancienne  télrarchie  4b 
Philippe.  Néron  augmenta  eocoie  m 
possessions  de  troia  villes  «t  de  quatont 
villages. 

Le  reste  de  la  Judée,  mainteaiie  comm 
province  romaine,  était  en  proie  à  iioei|î- 
tation  extrême  qu'entretesaicot  les  eIa^- 
tions  desgouvemears.Toot  bîsailprénfv 
une  catastrophe  prochaiiie.  En  vaûi  Agrîp> 
p«  essaya- t-il  de  détouracr  l'orale;  m 
vain  voulut-il  se  porter  médiatciir  :  sacoe- 
duite  souvent  scandaleuse  cl  aea  actes  ty- 
ranniques  n*6uient  pas  propret  à  lui  pp 
gner  la  confiance  de»  Jaifr.  Aoan  se  vit- 
il  insulté  publiquement  y  et  obligé  cefia 
de  se  jeter  dans  les  bras  des  RoasaÎML  U 
assista  au  siège  et  à  la  prÎM  de  Jérvsakei. 
La  guerre  terminée,  il  fut  revêtu  de  b 
dignité  de  préteur,  et  dès  lors  il  gou- 
verna ses  petit!  états  an  aein  d*OBe  paix 
profonde.  Il  mourut  dans  do  égr  trn 
avancé ,  la  troisième  année  du  règne  de 
Trajan.  Ce  fut  le  dernier  prince  de  la  b- 
miile  d'Hérode.  Son  souvenir  loi  sone- 
eut  dans  les  beaux  édifices  dont  il  ne- 
bellit  entre  autres  la  Césarée  de  Pbilippef 
ville  è  laquelle  il  donna,  par  ednlatioa , 
le  nom  de  Néronias.  £.  H-c 

HÉRODIEN ,  né  à  Alexandrie  es 
Egypte,  remplit  des  fonctions  pnbUqns 
au  commencement  du  m*  tiède  de  ne- 
tre  ère,  et ,  selon  toutes  les  eppamns, 
séjourna  longtemps  à  Rome  et  dam  \n 
différentes  provinces  de  l*f  pin 
des  afTaires  et  parvenu  à  un  Age 
il  composa  en  grec  une  bistoire  des  em- 
pereurs romains  en  huit  livres,  depeb  k 
mort  de  Marc-Aurèle,  arrivée  le  17  min 
180,  jusqu'à  l'an  3S8,  on  le  jennr  Cter- 
dien  fut  proclamé  Auguste  par  le  prêt 
prétorienne.  Ainsi  son  ouvrage  eon- 
prend  tout  l'espace  de  tenip  pendwr 
lequel  régnèrent  Commode,  Pertinat, 
Didius  Julîanus,  Septime  Sévère,  Can* 
calla,  Macrin,  Êlagabale,  Alexandre  $«• 
vère,  Maximin,  les  deux  Gordien,  Isl- 
bin  et  Maxime.  De  tons  les  wstenrs 
et  grecs  qui  ont  retraoé 
détail  les  événen^nls  de 
de  près  de  60  ans ,  Uérodien,  les  éeh- 
vains  de  l'hbtoire  Auguste  et  Dion  Ca»» 


inaine.  Cinq  «n»  pVu»  UiA  c«^w*»aV  ,\ft\  *»  «kx'W  wàik  <!^ 


HER 


(755) 


HEt\ 


Xiphnin  et  souvent  incomplets,  ne  con- 
duisent-ils que  jusqu'au  consulat  de  Dion 
toi-même,  aous  Alexandre  Sévère,  Tan 
339.  L'ouvrage  d'Hérodien,  contempo- 
rain et  quelquefois  témoin  oculaire ,  est 
donc  pour  nous  d'une  grande  impor- 
tance, malgré  les  défauts  de  Tauteur  qui 
•ont  ceux  des  rhéteurs  grecs  de  son  siècle  : 
peu  d'étendue  dans  let  idées,  peu  d'é- 
nergie dans  les  sentiments,  une  tendance 
constante  à  lacriâer  tout  aux  formes  du 
style.  Souvent,  au  lieu  de  faits  précis,  cet 
ouvrage  n'offre  que  des  idées  générales  sur 
les  révolutions  des  empire»,  sur  les  vertus 
et  les  vices,  idées  que  l'auteur,  à  la  manière 
des  anciens,  place  et  développe  dans  des 
discours  qui  n'ont  jamais  été  prononcés, 
et  même  quelquefois  dans  des  lettres  qui 
n'ont  point  été  écrites.  En  plus  d'un  en- 
droit, Hérodien  semble  manquer  d'ordre 
et  d'exactitude,  surtout  quant  aux  dates; 
il  néglige  entièrement  les  détails  géogra- 
phiques, d'où  il  résulte  que  ses  récits 
des  expéditions  àailitaires  des  Romains 
près  des  limites  de  l'empire  ou  en  dehors 
sont  incomplets  et  obscurs.  Sa  véracité 
comme  historien  a  été  jugée  fort  diflé- 
remment.  Tandis  que  beaucoup  de  cri- 
tiques modernes  vantent  sa  candeur  et 
son  impartialité,  quelques  autres,  se  ran- 
geant de  l'avis  de  Jules  Capitolin,  dans 
lliîstoire  d'Auguste,  l'accusent  demalveii- 
envers  l'empereur  Alexandre  Se- 
mais tous   sont   d'accord  sur  la 
fMivalé  classique  de  son  langage  qui  est 
clair,  d'une  élégante  simplicité,  et  où 
l'oD   reconnaît    souvent  une  imitation 
heureuse  de  Thucydide.  Aussi  Photius 
qui  y  dans  sa  Bibliothèque,  est  pour  la 
plupart  des  auteurs  un  juge  fort  sévère, 
lone-t-il  sans  réserve  la  diction  d^Uéro- 
dieo,  les  formes  attachantes  de  son  style, 
•t  il  lui  accorde,  sous  ce  rapport,  un 
rang  très  honorable  parmi  les  historiens. 
L'ouvrage  d'Hérodien   a  été  publié 
pour  la  première  fois,  en  grec,  par  Aide 
l'ancien,  à  Venise,  1503,  in- fol.,  avec 
les  Helléniques  de  Xénophon.  Parmi  le 
g;rand  nombre  d'éditions  qui  ont  paru 
depuis,  on  regarde  comme  la  plus  com- 
plète celle  d'Irmisch,  Leipzig,  1789- 
1805,  5  vol.  in-8<>;  les  éditions  les  plus 
correctes  sont  celles  de  F.-A.  Wolf,  Halle, 
i79i,  m^%  et  de  tf.  Imm.  fiekkeri 


Berlin,  1836,  in-8<>.  Il  existe  de  l'histoire 
d'Hérodien  une  version  latine  faite  par 
Ange  PoHtien,  d'après  les  ordres  d'In- 
nocent Vin ,  publiée  pour  la  première 
fois  à  Rome,  en  1493;  elle  est  remar- 
quable par  l'élégance  du  style  ;  toutefois 
on  lui  préfère  celle  d'Etienne  Bergler 
comme  plus  conforme  au  texte  grec.  La 
traduction  française  de  l'abbé  Mongault 
fut  publiée  en  1700,  1  vol.  in>8o,  et 
réimprimée  en  1745,  in- 12*.         H. 

HÉRODOTE,  surnommé  le  Père  de 
rhistoircy  naquit  à   Halicarnasse ,  ville 
originairement  dorienne,  de  Carie,  au 
temps  de  la  guerre  des  Grecs  contre  les 
Perses ,  dont  il  devait ,  mieux  qu'aucun 
autre  écrivain ,  immortaliser  le  souvenir. 
Il  put  connaître  quelques-uns  des  acteurs 
de  cette  grande  lutte ,  comme  on  le  voit 
par  le  récit  plein  d'intérêt  que  lui  fit 
Thersandre  d'Orchomène,  et  qu'il  rap- 
porte au  neuvième  livre  de  ses  Histoires. 
Sa  naissance  est  fixée  d'une  manière  pré- 
cise sur  l'autorité  de  Pamphila ,  contem- 
poraine de  Néron ,  à  la  première  année 
de  la  Lxxiv*  olympiade ,  qui  répond  à 
l'an  484  avant  J.-G.  On  cite  les  noms  de 
son  père  et  de  sa  mère ,  Lyxès  ou  Lyxas, 
et  Dryo  ou  Rhoio ,  son  frère  Théodore , 
et  parmi  ses  parents  le  célèbre  poète  épi- 
que  Panyasis,  qui,   plus  âgé  que  lui, 
eut  peut-être  quelque  influence  sur  son 
éducation.  Rien  du  reste  n'est  parvenu 
jusqu'à  nous  ni  sur  sa  famille,  appar* 
tenant  aux  plus  notables  d'Halicamasse , 
ni  sur  les  études  qui  occupèrent  ses  pre- 
mières années,  ni  sur  les  circonstances 
qui  favorisèrent  le  développement  de  son 
génie.  Nourri    des  poésies  d'Homère  , 
comme  tous  les  Grecs  bien  élevés,  il  est 
à  croire  que  la  lecture  des  ouvrages  des  lo- 
gographes  ioniens,  et  particulièrement  de 
ceux  d'Hécatée  de  Milet(vo/.),  qu'il  cite 
plus  d'une  fois,  contribua  à  lui  révéler 
sa  vocation  hbtorique.  Mais  les  ensei- 
gnements les  plus  féconds  lui  vinrent  de 
l'expérience,  des  voyages  qu'à  l'exemple 
de  son  prédécesseur  il  entreprit  dès  sa 
jeunesse  pour  s'enquérir  des  hommes  et 
des  choses ,  du  présent  et  du  passé  ;  ils 
lui  vinrent  de  l'impression  des  grands 

(*)'$ar  HÉsoDiBir  le  Grammairien ,  fils  d*A* 
T.  XIW,  p.  4s,  ^ 


HER 


{1M) 


DBR 


événements  acoomplii  de  ion  temps , 
presque  sous  ses  yeux  y  et  qui  donnèrent 
à  Tesprit  grec  un  essor  nouveau  dans 
toutes  les  directions.  Déjà,  sans  doute,  il 
avait  visité  une  partie  de  TAsie  y  s'il  est 
▼rai  quMl  commença  à  écrire  à  Samos  , 
quand  la  tyrannie  de  Lygdamis ,  oppres- 
seur de  sa  patrie  et  de  sa  famille,  l'eut  for- 
cé, selon  Suidas,  à  y  chercher  un  asile.  Il 
se  naturalisa  en  quelque  sorte  dans  cette 
ville  ionienne  pour  laquelle  il  témoigne 
une  prédilection  marquée,  et  il  en  fit 
peut-être  le  centre  des  excursions  et  des 
recherches  qui  furent  le  prélude  de  ses 
premiers  essais.  Suivant  le  même  biogra* 
phe ,  il  revint  au  bout  d'un  certain  temps 
à  Halicamaase  et  y  prit  une  part  active 
à  l'expulsion  de  Lygdamis;  mais,  tombé 
pour  cette  cause  ou  pour  une  autre  dans 
la  disgrâce  de  ses  concitoyens ,  il  émigra 
de  nouveau,  et  probablement  ne  revit 
jamab  sa  ville  natale.  Après  une  deuxiè- 
me ou  une  troisième  période  de  voyages, 
on  le  trouve  dans  la  Grèce  propre ,  qu'il 
semble  même  ne  plus  avoir  quittée  que 
passagèrement,  si  ce  n'est  pour  la  Grande- 
Grèce,  embrassant  ainsi ,  dans  ses  domi- 
ciles successifs,  les  trob  parties  de  la 
Hellade,  comme  dans  ses  explorations 
lointaines  les  trois  régions  du  monde 
alors  connu.  Il  fit,  selon  toute  apparence, 
un  séjour  assez  prolongé  à  Athènes,  et 
ce  fut  là ,  tout  nous  l'atteste,  son  second 
établissement  hors  de  sa  patrie,  son  se- 
cond centre  d'activité  et  de  recherches , 
la  seconde  phase  de  ses  travaux  hbtori- 
ques,  et,  si  nous  l'osons  dire,  la  trans- 
formation définitive  de  son  génie.  Devenu 
Ionien  à  Samos,  au  moins  par  le  langage, 
à  Athènes  il  devint  Athénien  par  l'es- 


prit. 


sans 


d'appartenir  par  l'âme 


et  les  sentiments  à  la  Grèce  entière  dont 
il  fut  l'organe  le  plus  impartial,  com- 
me le  miroir  le  plus  fidèle  et  le  plus 
complet  pour  son  époque.  Tel  est,  selon 
nous,  le  sens  général,  et  peut-être  le 
seul  vrai  de  ces  traditions  ou  de  ces  anec- 
dotes, accréditées  principalement  dans 
la  basse  antiquité,  sur  les  lectures  pu- 
bliques qu'Hérodote  aurait  faites  de  ses 
Histoires  à  Olympie,  à  Athènes ,  à  Co- 
rinthe,  peut-être  aussi  à  Thèbes.  De  ces 
récits,  le  plus  expressif  et  le  plus  invrai- 
sraiblable  à  U  fois ,  tu  moins  dans  ses 


circonstances,  est  celui  que  nous  d* 
à  Lucien ,  et  qui  nous  représente  FI 
rien  venu  d'Haï icamasse ,  son  oovr 
U  main ,  cherchant  le  meilleur  m 
de  le  produire  ,  et  saisissant  l'oec 
des  jenx  olympiques  pour  le  chi 
comme  un  rhapsode  devant  la  Grec 
semblée,  et  conquérir  ainsi  d'on 
coup  la  renomma  universelle  à 
à  ses  neuf  Muses  y  décorées  de  ce 
sur  place.  D'autres,  pour  rendre  la 
encore  plus  dramatique ,  y  font  û 
le  jeune  Thucydide,  dont  les  lame 
néreuses  auraient  révélé  à  Hérodol 
futur  émule.  Mais  cette circonstanoc 
velle,  en  donnant  une  date  au  récit 
fait  que  mieux  ressortir  l'invraisembl 
Si  Thucydide  avait  alors  1 S  ans ,  I 
dote  en  aurait  eu  moins  de  trente,  « 
ne  saurait  admettre  qu'à  cet  âge  i 
composé  un  livre  dont  les  matérîai 
pouvaient  être  encore  à  beaocoa|i 
recueillis.  D'ailleurs  ce  livre  porte  < 
les  preuves  d'une  rédaction  infioi 
plus  récente  et  postérieure  même  i 
poque  assignée  par  Eusèbe  à  une 
lecture  que  l'auteur  en  aurait  faite  d 
les  Athéniens,  445  ans  avant  noCn 
et  pour  laquelle  il  aurait  re^u  oa 
compense  de  1 0  talents.  Si  cette  lec 
la  plus  probable  du  reste  et  la 
torisée,  eut  lieu,  elle  ne  put, 
que  les  autres,  porter  sur  les  Hii 
dans  leur  ensemble  et  telles  que  ao 
avons,  mais  seulement  sur  une  éb 
ou  sur  une  des  portions  déjà  exéi 
de  ce  grand  monument  littéraire.  I 
dote,  sans  parler  de  l'Asie- Mincw 
lui  est  familière,  et  d'une  portion 
Haute-Asie,  qu'il  reconnut  au  nola 
qu'à  Babylone  vers  le  sud ,  au  nof^ 
qu'à  laGolchide,devait  avoir  visité  dj 
tout  le  théâtre  de  la  guerre  médiqi 
Grèce ,  en  Macédoine ,  en  Thrace , 
les  Iles;  il  avait  étudié  sur  le  tem 
marches  de  Xenès',  celles  même  di 
rius,  dont  il  avait  pu ,  grâce  au  rnmi 
et  aux  souvenirs  des  Grecs  du  I 
Euxin,  suivre  la  trace  jusque  éêê 
déserts  de  la  Scythie.  On  conjectnr 
core,  avec  une  certaine  apparence  d 
rite,  qu'il  voyagea  dans  celte  mvstéi 
Egypte,  sur  laquelle  il  répandit  ta 
lumièresy  et  dans  les  partie» 


HER 


(757) 


HËR 


Libye  et  de  TAnbie  durant  Tin  tenralle  des 
dix  années  écoulées  de  454  à  444,  et  qu'il 
wrint  à  Athènes  en  parcourant  les  càtes 
àt  la  Palestine,  de  la  Phénicie  et  de  la  Sy- 
rie. Ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'est  qu'il  se  trou- 
vait dans  cette  ville  lorsque  les  Athéniens 
résolurent  de  fonder  la  colonie  de  Thu- 
rium  près  des  ruines  de  l'infortunée  Sy- 
karis  y  la  première  année  de  la  Lxxxrv* 
olympiade  (444  avant  J.-C).  Hérodote, 
({ai  avait  alors  40  ans,  s'associa,  ainsi  que 
Lysias,  depuis  le  célèbre  orateur,  à  cette 
expédition,  déterminé  sans  doute  par  le 
désir  de  connaître  les  villes  grecques  de 
ritalie  encore  si  florissantes,  et  d'obtenir 
sur  cette  contrée  et  sur  les  pays  et  les  peu- 
ples de  rOcddent  des  lumières  qui  lui 
manquaient.Thurium  devint  pour  lui  une 
seconde  patrie,  si  bien  qu'il  est  assez  sou* 
vent  appelé  ic  Thunân.  Tout  porte  à 
croire  qu'il  passa  dans  la  paix  de  cette 
jeooe  cité ,  loin  des  orages  politiques  qui 
Ibodirent  bientôt  sur  la  Grèce,  le  reste 
de  ses  jours,  se  permettant  seulement 
de  courtes  excursions  dans  les  villes  voi- 
sises,  peut-être  en  Sicile,  et  très  proba- 
Uement  à  Athènes,  qu'il  dut  revoir  au 
iBoins  une  fois  après  la  défection  des 
Thuriens  en  4 1 3  ,  qui  ramena  également 
Lysias.  Ce  fut  à  Thurium ,  et  depuis  son 
établissement  dans  la  Grande  -  Grèce , 
qu'il  rédigea  réellement,  lentement,  ses 
Histoires,  comme  Pline  le  savait,  et  com- 
me le  prouve  la  mention  assez  fréquente 
qu'il  y  fait  d'événements  postérieurs  à 
cette  époque  y  et  dont  quelques-uns  por- 
tent jusqu'à  l'année  408  avant  J.-C. 
D'autres  indices  montrent  que  l'historien 
écrivait  en  Italie;  d'autres  qu'il  fut  té- 
moin ,  mais  témoin  éloigné,  des  malheurs 
et  des  désastres  de  la  guerre  du  Pélopon- 
nèse. U  parait  donc  avoir  employé  la  se- 
conde moitié  de  sa  vie,  prolongée  vrai- 
semblablement jusque  vers  la  fin  de  cette 
guerre,  et  pendant  30  à  40  ans,  à  éla- 
borer les  matériaux  qu'il  avait  amassés 
dans  la  première,  qu'il  ne  cessa  pas 
d'augmenter  depuis;  à  revoir,  à  lier,  à 
refondre  dans  un  grand  ensemble  les  ré- 
cits plus  ou  moins  détachés,  plus  ou 
moins  imparfaits,  par  lesquels  il  avait 
dès  longtemps  préludé  à  son  œuvre  dé- 
finitive :  encore  toutes  les  parties  n'en 
ûirent-ellcs  pas  également  terminées^  et 


la  mort  paratt-elle  l'avoir  surpris  avant 
qu'il  y  eût  mis  la  dernière  main ,  qu'il 
eût  pu  tenir  toutes  les  promesses  que  l'on 
y  trouve.  C'était  au  surplus  une  tradition 
d'accord  avec  ces  idées,  que  l'ouvrage 
d'Hérodote,  composé  ainsi  successivement 
durant  use  longue  suite  d'années ,  et 
sans  cesse  remanié,  était  demeuré  in- 
complet; qu'il  l'avait  légué  comme  son 
plus  précieux  trésor  à  un  jeune  Thessa- 
lien ,  son  ami ,  en  le  chargeant  de  le  pu- 
blier. Suidas  dit  qu'il  mourut  à  Thurium, 
et  qu'il  fut  enseveli  sur  la  place  publique 
de  cette  ville  dont  il  s'était  fait  citoyen. 
Etienne  de  Byzance  ou  son  abréviateur, 
et  le  scoliaste  d'Aristophane,  nous  ont 
conservé  une  inscription  en  deux  disti- 
ques ,  qui  aurait  été  gravée  sur  son  tom- 
beau ,  et  qui ,  en  rappelant  le  nom  de 
son  père  et  celui  de  sa  seconde  patrie , 
avec  la  simple  mention  de  son  origine 
dorienne ,  semble  constater  le  fait  capi- 
tal de  sa  métamorphose  ionienne  et  at- 
tique.  D'autres  voulaient  qu'il  fût  mort 
à  Pella  en  Macédoine,  sans  doute  dans 
une  visite  à  la  cour  polie  d'Archélaûs,  ce 
qui  paraît  provenir  d'une  confusion  ; 
d'autres,  le  rapprochant  ici  encore  de 
Thucydide,  parlent  d'un  tombeau  que 
lui  auraient  élevé  les  Athéniens  parmi 
les  Monuments  de  Cimon ,  et  qui ,  s'il 
exista,  ne  put  être  qu'un  cénotaphe, 
témoignage  de  leur  reconnaissance  aussi 
bien  que  de  leur  admiration. 

Voilà  tout  ce  que  l'antiquité  nous  ap- 
prend sur  la  vie  et  la  mort  d'Hérodote , 
tout  ce  que  nous  fournissent  de  plus  po- 
sitif et  de  plus  vraisemblable  à  cet  égard 
les  inductions  tirées  de  ce  livre  qui  fut  la 
pensée  ,  l'occupation  directe  ou  indi- 
recte de  son  existence  entière,  qui  fait 
aujourd'hui  encore  la  gloire  de  son  nom. 
Disciple  des  vieux  conteurs  d'Ionie,  mais 
disciple  supérieur  à  ses  maîtres,  et  par 
son  génie  propre  et  par  l'époque  où  il 
Tint,  par  ce  développement  nouveau  de 
l'esprit  grec  qui  résulta  des  guerres  mé- 
diques  et  qu'il  représente  un  des  pre- 
miers, de  bonne  heure  il  s'aperçut  de  ce 
qui  manquait  à  ses  devanciers ,  pour  le 
fond  comme  pour  la  forme,  pour  la  cri- 
tique comme  pour  le  récit  des  faits,  pour 
les  idées  comme  pour  l'ordonnance  et  le 
style  de  la  composition.  Sa  Tocatîoiiy 


UËR 


(758) 


HfiR 


vraiment  hiatorique,  grandit  et  se  déter*» 
mina  dans  le  cours  de  ces  longs  voyages 
qu*il  entreprit  pour  tn  satisfaire  le  pre* 
mier  besoin,  surtout  dans  ces  temps^là , 
celui  de  voir  et  de  s*enc|aénr  par  soi- 
même,  de  puiser  aux  sources  de  toute 
sorte ,  observations  et  recherches  immé- 
diates, communications  des  lettrés,  entre* 
tiens  avec  les  témoins  ou  les  acteurs  des 
événements,  les  dépositaires  des  traditions 
et  des  dires  quelconques.  Son  jugement 
si  pénétrant,  si  sûr,  si  élevé,  se  fortifia, 
s'étendit,  non-seulement  par  les  compa- 
raisons multipliées  que  lui  fournirent  ses 
excursions  lointaines,  par  le  spectacle 
de  tant  de  scènes  et  de  mœurs  diver- 
ses, par  réchange  de  tant  d'idées,  mais 
plus    encore   peut-être  par  le  séjour 
prolongé  qu'il  fit  dans  la  Grèce  d'Eu- 
rope,   principalement  à  Athènes,   qui 
devenait  à  cette  époque    le  foyer  com- 
mun des  arts  et  des  lumières.  La ,  celui 
qui ,  sous  d*autres  influences,  ou  quel- 
ques années  plus  tôt,  n'aurait  été,  selon 
toute  apparence,  qu'un  successeur  émi- 
nent  d'Hécatée  deMilet,un  rival  heureux 
d'Hellanicusde  Lesbos  (vojr,  ces  noms),  et 
le  premier  des  logograplies,devint  un  his- 
torien. La,  dut  lui  apparaître,  dans  son 
unité  et  dans  sa  grandeur  à  la  fois,  l'œu- 
vre d'art  à  laquelle  il  n'avait  fait  encore 
que  préluder,  et  qu'il    lui  fut  donné 
d'exécuter  à  loisir  pendant  sa  longue  re- 
traite de  Thurium.   Les  anciens  histo- 
riens grecs,  remarque  justement  Denys 
d'iialicamasse,  s'étaient  bornés  à  racon- 
ter les  événements  de  leur  pays  ou  des 
pays  étrangers,  peuple  par  peuple  et  ville 
par  ville,  sans  aucune  liaison  :  Hérodote 
fit  faire  un  grand  pas  à  l'histoire,  en  for- 
mant un  tout  d'une  multitude  de  faits  di- 
vers qui  s'étaient  passés  tant  en  Europe 
qu'en  Asie.  Et  le  lien  de  ce  tout,  pou- 
vons-nous ajouter,il  le  chercha,  non  pas 
comme  les  plus  avancés  des  logographes, 
non  pas  comme  Hécatée,  digne  à  d'autres 
égards  d'être  nommé  son  précurseur,  dans 
le  fil  traditionnel  des  généalogies;  il  le 
chercha  dans  une  idée,  dans  l'idée  aussi 
profonde  que  vraie,  aussi  dramatique  que 
fiopulaire,  de  la  vieille  querelle  de  l'O- 
rîetit  et  de  TOccidenl.  Par  là^  tandis  que 


ter  l'épopée  héroïque  et  fabuleuse, 
avec  Us  cycliques,  il  créa,  lui, 
de  son  temps,  avec  un  plein  soccès,  aat 
épopée  nouvelle,  réelle  et  vivante;  1 
éleva  le  récit  en  proee  à  la  haatcor  de  la 
poésie.  Il  fut  aux  logograpbca,  tes  pré- 
décesseurs, quelques-uns  oiéiDe  eacoit 
ses  contemporains,  ce  qu'Hooière  avait 
été  aux  antiques  aèdet,  ce  qu'il  hi  a 
Hésiode. 

Les  anciens  et  les  modernes  ont  été 
frappés  sous  divers  points  de  vue  et 
cette  analogie  entre  rcenvre  d*HoBcvi 
et  celle  d'Hérodote  :  elle  est  dans  le  fond 
de  l'idée,  elle  est  dans  la  forme  génêrak 
de  la  composition,  elle  est  dans  lié  cane> 
tère  même  du  sujet,  et  jusque  dam  la 
combinaison  aussi  neuve  que  aevanle 
du  langage.  Il  y  a,  du  reste,  entre  INui 
et  l'autre  toute  la  distance  de  Timagina» 
tlon  qui  se  plait  dans  un  monde  id^l,  s 
la  réflexion  qui  s*empare  de  la  réalité; 
tout  l'intervalle  qui  sépare  la  jeunesK 
enthousiaste  et  pleine  de  foi  de  la  as- 
turité  naïve  encore,  mab  déjà  riche  d'o^ 
servation  et  d'expérience.  Homèrechants, 
Hérodote  écrivit;  tousdenx  animés d^oae 
même  inspiration ,  d'une  méow  pensée 
à  la  fois  nationale  et  poétique,  tons  dnit 
s'adressant  à  la  Grèce  entière  pour  la  f^ 
rifier  dans  son  passé,  pour  lui  plaire  H 
pour  l'instruire;  mais  tous  deux  plarh 
en  quelque  sorte  aux  extrémités  oppoam 
de  cette  grande  carrière  de  dvilisatioo 
spontanée  et  d'art  créateur,  que  la  Grèrr 
parcourut  depuis  la  guerre  de  Troie  jot- 
qu'au  siècle  de  Péridès.  Aussi  Unt^- 
dote,  tout  en  donnant  au  récit  en  piriee 
la  forme  la  plus  large  et  la  plus  belle , 
cette  forme  qui  Ta  fait  qualifier  dlmme- 
rique  par  les  anciens  eux-mêmes,  cmi- 
somme-t-il,  au  fond,  le  divorre  de  llii»- 
toire  avec  la  poésie,  tranche-t-il  le  ncrwl 
qui  jusque-là  avait  plus  ou  moins  tma 
les  logographes  dans  la  dépendance  det 
poètes  cycliques.  S'il  s'enfonce 
dans  l'antiquité  demi-fabuleuse;  s'il 
à  recueillir,  à  rappeler  les  traditions,  les 
oracles,  les  légendes  sacerdotales  <Ni  po- 
pulaires ;  s'il  mêle  à  ses  récits  la  descrip- 
tion des  lieux,  la  recherche  des  orici> 
nés;  s'il  ne  se  refuse  aucune  dipreasiMn  ; 


ton  oncle  Panyasis,  se  Irom^isA  ^fe^o-  \  i^^  «ii  ^^i^>\\vv\  «mqm^  oeuvre  de  logo- 
<IU0,  avait  Uulè  viànsiauiX  ^  ttmwÀ-  \ 


^^^cy&^^iwi^^t^yiiMityMaL^^- 


HER 


(759) 


HER 


il  est  aa  élément  qui,  chei  lai ,  domine 
tous  les  autres,  l'enquête  raisonnée  sur  le 
f  ou  Vhistoirey  au  sens  primitif  du 
Cherchant  toajoors  et  partout  la 
irérité,  distinguant  soigneusement  ce  qu'il 
m  y/Uj  ce  qu'il  sait  par  luinnème  et  ce 
qu'il  doit  à  des  informations  étrangè- 
res,  n'affirmant  que  ce  qu'il  croit, 
et  laissant  le  reste  au  jugement  de  ses 
lecteurs,  il  fait  aussi  œuTre  de  criti- 
que, et  il  demeure  historien  alors  même 
que  le  terrain  de  l'histoire  semble  lui 
Manquer.  Ce  terrain  d'ailleurs  est  beau- 
enup  plus  solide  pour  lui  que  pour  la 
plupart  de  ses  devanciers,  de  ceux  du 
■oins  qui,  comme  Hécatée,  avaient  pré- 
tendu traiter  l'histoire  générale.  Au  lieu 
de  prendre  son  point  de  départ  dans  un 
passé  reculé,  dans  la  tradition,  pour  des- 
cendre de  là  au  présent,  c'est  au  voisi- 
nage du  présent  qu'Hérodote  s'établit 
pour  y  rattacher  de  proche  en  proche, 
et  en  remontant,  comme  nous  dirions, 
du  connu  à  l'inconnu,  tout  ce  qui,  dans 
les  temps  anciens,  dans  les  vieux  souve- 
nirs, lui  parait  important  et  digne  d'in- 
térêt. Et  cela  encore,  il  le  doit  à  son  siècle 
autant  peut-être, qu'à  son  propre  géuie; 
à  ce  siècle  qui  fût  celui  de  Socrate  et 
qui,  en  toutes  choses,  commençait  à  sub- 
stituer l'expérience  à  la  foi  et  l'observa- 
tion à  l'hypothèse.  Pénétré  de  cet  esprit 
nouveau ,  de  cet  esprit  pratique  et  posi- 
tif, qui  déjà  perce  en  lui,  qui  dominera 
bientôt  chez  Thucydide,  Hérodote  envi- 
sagea le  passé  dans  sa  relation  avec  le  pré- 
sent, les  peuples  étrangers,  les  Barbares, 
dans  leur  contact  avec  les  Grecs,  la  terre 
elle-même  dans  ses  rapports  avec  les  hom- 
mes, n  est  loin,  toutefois,  d'être,  comme 
Thucydide,  un  historien  déjà  purement 
politique ,  uniquement  préoccupé  des 
choses  de  son  temps,  des  intérêts  de  son 
pays,  et  appliquant  toute  sa  science  des 
affaires,  toute  la  profondeur  de  son  ju- 
gement, toute  la  vigueur  de  son  éloquence 
un  peu  sophistique,  à  la  narration  déve- 
loppée et  raisonnée  d'un  seul  et  même 
grand  fait.  Si  la  méthode  d'Hérodote  est 
moins  sévère,  moins  rigoureusement  his- 
torique, on  peut  dire  aussi  que  sa  sphère 
est  plus  large  et  sa  portée  plus  haute. 
Venu  entre  les  guerres  médiques,  où  la 


Péloponnèse,  où  elle  commença  à  se  dé- 
chirer de  ses  propres  mains,  il  n'eut  pas 
à  hésiter  sur  le  choix  de  son  sujet;  mais 
tout  grand,  tout  varié  qu'était  en  soi  ce 
sujet,  il  l'étendit,  il  l'agrandit  encore,  en 
l'élevant  jusqu'à  cette  conception,  qui, 
nous  le  répétons ,  donne  à  ses  Histoires 
leur  unité  véritable,  d'une  lutte  immémo- 
riale et  fatale  de  l'Orient  et  de  l'Occident, 
des  Grecs  et  des  Barbares.  Par  là,  il  fit 
entrer  dans  son  cadre  tout  ce  qu'il  savait 
des  uns  et  des  autres,  tout  ce  qu'il  avait 
appris,  dans  ses  voyages  et  dans  ses  ex- 
plorations de  tout  genre ,  sur  les  peuples 
et  sur  les  pays  qui,  de  près  ou  de  loin,  par- 
ticipèrent à  cette  lutte,  et  sur  ceux  même 
qui  n'y  forent  pas  mêlés.  Ne  s'arrêtant 
point  aux  causes  prochaines  des  événe- 
ments, mais  doué  d'une  rare  intelligence 
des  causes  éloignées,  et  pressentant  cet 
enchaînement  «upérieur  des  choses  hu- 
maines qui,  comme  dit  Bossuet,  de  toutes 
les  histoires  forme  une  seule  histoire,  il 
trouva  dans  l'étendue  de  son  esprit  autant 
que  dans  sa  vaste  érudition,  autant  que 
dans  son  inspiration  d'artiste  et  d'écri- 
vain de  génie,  les  moyens  de  réaliser  cette 
sorte  d'épopée  historique  qui,  si  elle  n'est 
pas  l'histoire  universelle,  en  est  au  moins 
un  magnifique  prélude. 

Il  nous  serait  facile,  si  c'était  ici  le  lien,  de 
justifier  cette  manière  de  considérer  l'ceu- 
vre  d'Hérodote,  dans  son  double  r^tpport 
avec  oe  qui  la  précède  et  ce  qui  la  suit, 
et  dans  la  pensée  même  qui  a  présidé  à 
son  exécution,  par  une  analyse  détaillée 
des  neuf  livres  dans  lesquels  elle  se  divise, 
et  auxquels  le  sentiment  si  sûr  des  Grecs, 
s'emparant  de  cette  division ,  plus  ou 
moins  récente,  a  imposé  les  noms  des 
neuf  Muses.  On  y  verrait  que  si  la  guerre 
des  Hellènes  avec  les  Perses,  dominateurs 
de  l'Orient,  vainqueurs  des  Lydiens,  des 
Babyloniens,  des  Mèdes,  de  l'Egypte,  de 
la  Thrace  et  de  la  Macédoine,  mais  s'en 
allant  échouer  dans  les  sables  brûlants 
de  la  Libye  et  dans  les  déserts  glacés  des 
Scythes,  avant  de  se  briser  contre  la  Grèce 
pauvre  et  libre;  on  y  verrait  que  si  ce 
grand  débat  est  bien,  quoi  qu'on  en  ait 
dit,  le  sujet  principal  et  comme  le  pivot 
de  toute  la  composition,  autour  de  ce 
pivot  tourne,  en  c^uelc^ue  faqon^le  moude^ 


• -       fj  '  t  f  I         »  % V — h 1 1 

Grèce  êrait  Yêiacu  VAsie^,  et  la  ^erre  du  \  t«l  (|ue  VauVcocVe  ^ft\^iwim\V|VSw  ^"^ 


HER 


(7«0) 


HER 


voulait  le  raconter  et  le  décrire  à  ses  com- 
patriotes. De  là  cette  large  place  donnée 
par  lui  à  la  géographie  et  à  Tethnogra- 
phie  à  côté  de  Thistoire  proprement  dite; 
de  laces  digi*essions  mal  à  propos quali6èea 
d'épisodes,  qu'il  se  reproche  quelquefois, 
et  qui ,  en  effet ,  ne  semblent  avoir  pour 
but  que  d'étaler  des  connaissances  nouvel- 
les ou  de  charmer  par  des  détails  curieux. 
Les  quatre  premiers  livres  ne  sont,  à  bien 
des  égards,  qu'une  vaste  introduction  aux 
cinq  derniers,  qui  contiennent  le  récit  de 
la  guerre  dlonie  et  des  expéditions  diri- 
gées successivement  contre  les  Grecs  par 
Darius  et  Xerxès.  C'est  dans  ceux-là  que 
le  logographe  parait  souvent  vouloir  pren- 
dre le  pas  sur  l'historien,  tellement  que 
Ton  est  fondé  à  en  supposer  la  rédaction 
antérieure  à  celle  des  autres.  Mais  le  lien 
qui  les  unit  à  ceux-ci,  dans  une  élabo- 
ration définitive,  n'en  est  pas  moins  pres- 
que toujours  manifeste;  et  si  quelque 
chose  nous  frappe  dans  l'ouvrage  d'Hé- 
rodote, entre  toutes  ses  éminentes  qua* 
lités,  c'est  précisément  ce  besoin  d'unité 
en  même  temps  que  de  variété,  qui  lui 
fait  rattacher  au  hkit  hbtorique  des  des- 
criptions de  pays  ou  de  mœurs,  et  même 
des  dissertations  scientifiques  et  philoso- 
phiques, que  l'on  serait  tenté,  partout 
ailleurs,  de  regarder  comme  des  hors« 
d'œuvre.  Voilà  pourquoi,  loin  de  suivre 
l'exemple  de  son  prédécesseur  Hécatée 
de  Milet,  qui  avait  séparé  la  géographie 
de  rhistoire  et  les  avait  traitées  chacune 
à  part,  il  les  réunit  de  nouveau  l'une  à 
Tautre,  rétrogradant  ainsi  peut -être  au 
point  de  vue  de  la  méthode  et  de  la  ri- 
gueur logique,  mais,  au  point  de  vue  de 
Part ,  rendant  à  l'hUtoire  l'universalité 
du  récit  épique,  et  donnant  du  reste  à  la 
géographie  de  précieuses  compensations  : 
car,  non-seulement  il  agrandit  en  Europe, 
en  Asie,  en  Libye  surtout,  le  champ  des 
connaissances  positives,  maisen  renversant 
les  barrières  qu'avaient  élevées  autour  de 
la  science  naissante  les  préjugés  popu- 
laires ou  systématiques,  en  substituant 
aux  vaines  théories  des  Ioniens  l'esprit 
d'observation  et  d'expérience,  il  ouvrit 
une  voie  plus  sûre  aux  découvertes  nou- 
velies. 
Sios  nous  étendre  davanla^  vox  Na 


d'en  canctériser  brièveiBCBt  Tcxécatioa, 
et  de  faire  ressortir  ks  aiérilea  de  ce  itf  k 

• 

qui,  non  moins  que  l'ordoosaBee  de  k 
composition,  a  valu  à  Héroclote  le  Mir- 
nom  d'homérique.  Si  nous  avons  pu  dirt 
que,  sous  ce  dernier  rapport,  ea  orgsoi- 
sant  la  logographie,  en  ranimant  4*08 
souille  d'art,  il  a  formé  entre  l'épopée  d 
l'histoire  une  alliance  nicrveîlicQse , 
pouvons  ajouter  que  sa  manière, 
qu'elle  tienne  encore,  à  quelques  égar^ 
de  celle  des  logograpbes,  fait  la  trami- 
tion  du  récit  épique  au  récit  hîitoriqne, 
et  de  la  poésie  à  la  prose.  On  y 
presque  partout,  imhi  pas  Timitation,  i 
l'inspiration  d'Homère.  Même  cûne, 
même  simplicité,  même  abondance,  aa 
peu  diffuse  quelquefois,  mais  taajoan 
pleine  de  naturel  et  d'harmonie;  mèmt 
grâce  naïve, -même  vivacité  pitloresqur 
dans  les  descriptions  comme  dans  les  nar- 
rations. Quoique  le  but  de  Thistoire  soit 
encore  et  par-dessus  tout,  chez  Hérodoicv 
de  raconter  et  de  peindre;  qQoiqn*il  ju^e 
rarement  et  se  livre  peu  aux  réAeiîoM 
générales,  pourtant  la  vie  înléricav  éo 
honunes  qu'il  met  en  scène,  leurs  oKAifr, 
les  causes  des  événements,  se  révèlent  par 
le  mouvement  même  et  par  la  vérité  di 
récit.  Il  y  sème,  dans  ce  dessein,  des  dii- 
oours,  plus  souvent  encore  des  dialogua; 
mais  ses  discours  ne  resseasblent  poiat 
aux  harangues  étudiées  de  Thucydide  : 
comme  ses  dialogues,  ils  sont  la  stmpk 
exposition  des  faits,  avec  leurs  princifMi 
et  leurs  conséquences;  ib  en  contienarfit 
la  moralité  et  quelquefois  la  philosophie 
C'est  ce  qu'il  faut  dire  aussi  des  seolco- 
ces,  qui  se  rencontrent  çà  et  là,  tantôt  pa- 
rement morales  et  pratiques,  tantôt  ea* 
preintes  de  cette  teinte  religiettse«  nun 
mélancolique,  où  les  idées  de  la  &tslitf 
et  de  la  providence  se  font  en  quelque 
sorte  équilibre,  et  qui  est,  diepub  HooRn- 
jusqu'à  Sophocle,  un  dei  traits  les  plu* 
saillants  des  premiers  génies  de  la  G  m  «. 
Le  mélange  de  tous  ces  éléments  donne  a 
la  narration  d'Hérodote  uo  caractère  a  U 
fois  épique  et  dramatique.  Tout  vit  dsns 
ses  tableaux,  tout  y  est  en  action,  tout  > 
reproduit  la  nature  avec  fidélité  et  a«fi 
énergie.  Pour  tout  dire  en  an  omiC,  c'ra 
X^SiiWTDAx&itvdftuiifié  avec  la  pensée  de 


HER  (76 

tioD>  et  fitr  le  double  seDtiment  de  Tidéal 
€t  da  réel  9  principe  de  la  vraie  beauté 
dans  les  arts. 

La  diction  d^Hérodote  est  tout- à- fait 
en  rapport  avec  les  qualités  générales  de 
son  exposition.  Elle  n'a  plus  la  sécheresse 
et  l'indigence,  le  défaut  d'harmonie  et  d'é- 
clat, reprochés  à  celle  de  la  plupart  des 
logographes,  serviles  imitateurs  des  cycli- 
ques (voy.)',  elle  en  garde  la  naïveté  et 
la  couleur  antique.  Elle  s'est  renouvelée, 
du  reste,  à  la  source  homérique,  ou  plu- 
tôt Hérodote,  tout  en  s'inspirant  d'Ho- 
mère, ici  comme  ailleurs,  a  été,  comme 
lui,  le  créateur  de  sa  propre  langue.  Par 
une  combinaison  savante  du  dialecte  épi- 
que ou  de  Tancien  ionien  avec  le  dialecte 
attique,  tel  que  les  poètes  athéniens  et 
surtout  les  auteurs  dramatiques  avaient 
commencé  à  le  fixer,  il  donna  au  récit 
historique  un  organe  plus  riche ,  plus 
souple  et  plus  ferme.  C'est  là  ce  que  veut 
dire   le  rhéteur  Hermogène  ,  quand  il 
oppose  le  dialecte  mixte  d'Hérodote  à 
l'ionisme   pur  d'Hécatée.   D'ailleurs  il 
ne  (aut  pas  beaucoup  plus  demander  à 
l'on  qu'à  l'autre,  soit  la  structure  logi* 
que  du  discours,  soit  la  symétrie  des  pé- 
riodes; la  prose  n'en  est  point  encore  là. 
fiée  depuis  un  siècle  seulement,  sous  l'in- 
fluence de  la  poésie,  écrite  dans  le  lan* 
gage  de  l'épopée,  elle  en  a  conservé  l'al- 
lure; elle  suit  encore  la  phrase  et  le 
rhythme  poétiques.    Toutefois ,  Denys 
d'Halicarnasse  vante    l'art    d'Hérodote 
dans  l'enchaînement  comme  dans  le  choix 
des  mots,  et  trouve  dans  son  style  la  force 
unie  à  la  grâce;  une  foule  d'autres  an- 
ciens en  célèbrent  à  l'envi  la  douceur,  la 
mélodie,  la  majestueuse  simplicité.  Quand 
Winckelmann  l'a   comparé  à    l'ancien 
style  de  la  sculpture  grecque,  qui  manque 
de  rondeur,  peut-être  n'a-t-il  pas  assez 
tenu  compte  de  tous  ces  caractères,  en 
se  préoccupant    trop  d'un  seul.   Nous 
sommes  plutôt  tenté  de  voir  dans  ce  dé- 
veloppement calme,  grave,  harmonieux 
de  la  prose  d'Hérodote,  aussi  bien  que  de 
son  récit,  le  pendant  des  bas-reliefs  con- 
temporains du  Parthénon. 

Les  anciens  qui  ont  exalté  de  concert 
la  forme  de  l'ouvrage  d'Hérodote,  ne 
sont  pas  à  beaucoup  près  aussi  unanimes 
^r  Je  foad;  l'auteur  a  été^  k  cet  égard , 


1) 


HER 


l'objet  d'autant  de  critiques  que  d'éloges, 
tour  à  tour  taxé  de  partialité  et  d'igno- 
rance ,  d'imposture  et  de  crédulité.  La 
gloire  de  ce  grand  observateur,  de  ce 
grand  peintre  de  la  nature  et  des  hom- 
mes, qui  fut,  au  contraire,  un  des  plus 
nobles  caractères,  des  esprits  les  plus 
éclairés,  les  plus  fermes  de  son  temps, 
est  d'avoir  soulevé  contre  lui ,  même  de 
son  vivant,  les  traits  de  la  médiocrité  et 
de  l'envie,  de  s'être  vu,  à  toutes  les  épo- 
ques, en  butte  à  des  attaques  passionnées 
ou  superficielles.  Sa  gloire  non  moins 
réelle  est    d'avoir  été    toujours  mieux 
compris,  mieux  apprécié,  à  mesure  que 
s'est  étendue  la  sphère  de  l'expérience  en 
géographie,  en  physique,  en  histoire  na- 
turelle, à  mesure  que  la  critique  des  faits 
ou  des  idées  a  fait  un  pas  en  avant  dans  la 
science  de  l'histoire.  Tout  au  plus  pour- 
rait-on lui  reprocher  aujourd'hui  une 
foi  trop  implicite  dans  la  tradition,  sur- 
tout quand  elle  lui  vient  de  l'Egypte , 
une  sorte  de  parti  pris  de  rapporter  à 
cette  contrée  dont  les  merveilles  l'avaient 
séduit,  l'origine  de  presque  toutes  les  in- 
stitutions civiles  et  religieuses  de  la  Grèce. 
Encore  ces  reproches  sont-ils  purement 
relatifs,  tellement  que  les  idées  systéma- 
tiques d'Hérodote,  sous  ce  rapport,  ont 
longtemps  compté  parmi  ses  découvertes. 
Les  apologistes,  du  reste,  ne  lui  ont  pas 
plus  manqué  que  les  détracteurs,  depuis 
la  renaissance  des  lettres,  à  commencer, 
quant  aux  premiers,  par  Joseph  Scaliger  et 
par  notre  Henri  Estienne  {Traité prépa^ 
ratif  à  l'apologie pourHérodote jGenèyef 
1566),  à  finir  par  les  auteurs  de  la  grande 
Description  française  de  l'Egypte,  et  par 
la  plupart  des  voyageurs  modernes  en 
Orient.  Leséruditsqui  ont  jugéleplussai- 
nement  Hérodote,  qui  ont  disserté  le  plus 
savamment  sur  sa  vie  et  ses  œUvres,  sans 
parler  du  président  Bouhier,  de  Wesse- 
ling,  de  Larcher,  son  traducteur,  da 
baron  de  Sainte- Croix,  à  la  tête  de  son 
Examen  critique  des  historiens  d'A» 
lexandrey  et  de  quelques  écrivains  fran- 
çab  plus  récents,  sont  :  Creuzer,  Die  his'^ 
torische  Kunst  der  Griechen ,  Leipzig , 
1803;  Dahlmann,  Herodot;  aus  seinem 
Bûche  sein  Leben^  Altona^  1823;  Heyae, 
De  Herodoti  vitd  et  itineribus^  Berlin^ 
t  W6-,  3ae||er,  Duput^tiones  HerodoV^^ 


HER 


(762) 


HER 


eluœ^  Gœtting.  y  1 828  ;  Hand ,  dans  la 
grande  EDcyclopédie  allemaDde  d'Ersch 
et  Gruber;  Baehr,  qui  a  profité  de. tous 
les  travaux  antérieurs,  à  la  fia  de  son 
édition  d'Hérodote ,  terminée  à  Leipzig, 
en  1835,  4  gros  toI  urnes  in-8®.  Dans 
cette  édition,  la  plus  riche  surtout  en  an- 
notations historiques  (dont  beaucoup  sont 
dues  aux  communications  de  M.  Greuzer, 
ou  empruntées  à  ses  Commentationes  He» 
rodoteœ^  part.  I, Leipzig,  1819),  le  texte 
est  celui  de  Gaisford,  publié  à  Oxford 
et  à  Leipzig,  en  1 834,  avec  une  ample  col- 
lection de  variantes  et  un  choix  de  notes 
deWesselingydeValckeoaer  et  de Schweig- 
haeuser,  auxquels  sont  dues  les  deux  édi- 
tions antérieures  les  plus  importantes, 
celle  de  Schweighseuser  (1816  et  années 
auiv.,  6  tomes  en  13  vol.  in-8***),  accom- 
pagnéed*uni>x/co/i  Herodoteum  (  1 834, 
3  vol.  in-8**j  qui  est  à  lui  seul  un  excel- 
lent ouvrage.  La  première  place  à  càté 
de  ces  grands  travaux  philologiques  sur 
Hérodote  appartient  à  la  traduction  fran- 
çaise de  Larcher,  non  pas  tant  par  elle- 
même  que  pour  les  remarques  historiques 
et  critiques,  Tessai  sur  la  chronologie 
d'Hérodote  et  la  table  géographique  qui 
raccompagnent  (1786;  nouvelle  édit., 
Paris,  1803  etsuiv.,  9  tom.  in-8<').  Une 
seconde  version  française  est  celle  de 
M.  le  général  Miot,  membre  de  l'Aca- 
démie des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
(Paris,  1833,  3  vol.  in-8o),  qui  se  dis- 
tingue par  un  plus  grand  caractère  de 
fidélité  et  par  d'utiles  éclaircissements 
sur  les  faits  et  sur  les  choses.  Nous  ne 
saurions  nous  dispenser,  en  terminant, 
de  mentionner  et  la  tentative  hardie  de 
Courier,  pour  reproduire,  dans  ce  style 
dont  il  avait  le  secret,  mais  qui  n'est  rien 
moins  que  naïf,  la  naïveté  de  celui  d'Hé- 
rodote, et  les  recherches  de  Rennell,  de 
Heeren,  de  Bredow,  de  Volney,  de  Nie- 
buhr  {voy,  ces  noms) ,  d'autres  encore , 
qui  ont  jeté  tant  de  jour  sur  la  géogra- 
phie et  la  chronologie  d'Hérodote. 

Indépendamment  du  père  de  Phistoire, 
on  trouve  cités  dans  l'antiquité  dix  per- 
sonnages au  moins  du  nom  d'IlKaoDOTE, 
en  comptant  celui  dont  il  parle  dans  son 


livre  Vin,  et  que  l'on  a  eonjecCnré,  bm 
sans  preuves,  devoir  être  on  de  tes  pa- 
rents. Nous  nous  bornerons  à  rappcltr 
le  frère  de  Démocrita  «t  le  aaitra  de 
Sextus  Empiricus,  que  quelquca-nnaoei 
confondu  avec  le  médecin  Hénxiotedoat 
parle  Galien.  Faut-il  y  ajouter  le  com- 
pilateur de  la  Fie  d'Eomère^  écrite  en 
dialecte  ionique,  el  aouvent  jointe  au 
éditions  d'Homère  et  de  lliislorien  Hé- 
rodote, sous  le  nom  de  œ  dernier?  Oa 
bien  ce  biographe  n'eal-il  qu'on  pteodcH 
nyme,  qui  aura  cherché  à  faire  petr  ton 
œuvre,  curieuse  d'ailleora,  à  Tabri  de  et 
grand  nom?  Cest  la  seole  qocstion  ter 
laquelle  on  paisse  être  diviaé  aojoord*hei, 
quoique  des  andena  aient  avancé,  et  qae 
plusieurs  modernes  n*aient  pas  oraial 
d'admettre  que  ce  pastiche  cpii,  dans 
le  fond  et  dans  la  forme ,  fait  dbparalc 
avec  les  Histoires  y  est  l'ouvrage  du  méae 
auteur.  G-k-t. 

HÉROIDE,  épitre  en  vers,  composée 
tous  le  nom  de  quelque  héroa  oo  per- 
sonnage fameux.  Gette  définition,  que 
nous  empruntons  au  Dictionnaire  de 
l'Académie,  n'est  peut-être  pas  tool-à- 
fait  exacte.  Il  n'est,  en  effet,  point  abso- 
lument nécessaire  que  l'béroîde  soit  com- 
posée sous  le  nom  d'an  personnage  6- 
meux,  et  il  ne  suffit  pas  non  pins  qu'ona 
épitre  le  soit  pour  mériter  ce  titre.  Ce 
qui  constitue  l'hérolde,  c'est  plot^  la 
nature  du  sujet  qui  doit  être  grave,  triste, 
tenir  à  la  fois  du  genre  de  l'épopée  ce 
de  l'élégie.  L'béroTde  eslen  qoelque  sorte 
une  tragédie  soos  forme  d^épltre.  L'action 
dramatique  est  dans  la  pensée  ;  le  redt 
remplace  le  dialogue,  et  l'imagination  da 
lecteur  doit  être  asseï  vivement  frappée 
pour  reconstruire  en  elle-oiêaie  le  draine 
dont  on  ne  lui  offre  qu'une  iouge,  pour 
suppléer  à  l'évidence  du  spectacle  et  se 
représenter  les  divers  personnages  d Câ- 
pres les  impressions  d'un  seul.  Ainsi  que 
le  dit  Marmontel  :  «  Le  poète  est  lui-mê- 
me le  décorateur  et  le  machiniste  ;  non- 
seulement  il  doit  retracer  <lans  sca  vcn 
le  lieu  de  la  scène,  mais  le  tableau,  le 
mouvement,  la  pantomime  de  Taction, 
en  un  mot,  tout  ce  qui  tomberait 
les  sens  si  le  poème  était  dramatique. 


roMu  ooti. e  que  ao«»  ^oavavTetot^ %u  ct\^\.T^\^;^^  %^^x.X«^ ^    (kisanl  parler  I  un 


HER  (  763  ) 

T  celui  qui  joue  le  rôle  le  plus  im- 
Dt,  et  lui  faire  exprimer  tous  les 
nents  qui  s^y  rattachent,  résumer 
i  tout  Tintérét  ainsi  que  toutes  les 
quences  de  Faction. 
!St  un  genre  de  composition  s4vère 
(ige  un  beau  talent  de  poète  et  une 
e  puissance  de  style.  Il  demande  à 
Taité  avec  une  supériorité  réelle; 
oe  supporte  pas  la  médiocrité.  Aussi 
nbre  des  héroîdes  que  notre  litté- 
s  a  conservées  est-il  fort  restreint, 
ettres  d'Héloîse  et  d'Abeilard  ont 
i  a  Beauchamps,  Golardeau  et  Do- 
sujet  de  plusieurs  héroîdes ,  dont 
ues-unes  sont  très  remarquables, 
e  en  a  laissé  une  fort  belle  dans 
ttTTe  de  l'abbé  de  Rancé.  L*épitre 
Idon  à  Énée  par  Gilbert  peut  en- 
être  citée  avec  éloge.  Mais  c'est  à 
irès  là  tout  ce  que  ce  genre  de  poé- 
produit  dans  la  littérature  fran- 
y  qui  Ta  plus  particulièrement 
é.  Depuis  longtemps  il  est  aban- 
è.  Nos  écrivains  modernes,  en  s'af- 
bissant  des  règles  que  Tancienne 
|ue  avait  cru  devoir  imposer  au  gé- 
ont  en  même  temps  renoncé  à  la 
Il  des  modes  didactiques  employés 
fois.  Ode ,  élégie ,  héroîde ,  dithy- 


HER 


e,  stances,  tout  cela  s'est  mêlé, 
i  ensemble  dans  la  méditation  ou 
inte,  seule  forme  sous  laquelle  le 

semble  pouvoir  aujourd'hui  ex- 
ir  ses  pensées.  Aussi,  sauf  quelques 
exceptions ,  en  est- il  résulté  une 
t  monotone,  qui,  si  l'on  n'y  prend 
,  deviendra  fatale  à  la  poésie.  J.  Gh. 
faOIQUE  (âge),  voy-  Hiaos. 
iROISMfi,  qualité  de  l'âme,  dont 
nifestation  suppose  toujours  l'exi- 
s  d'un  fait  éclatant  et  mémorable  , 
l'on  appelle  un  trait  dliéroïsme* 
,  quoique  le  principe  de  cette  vertu 
lans  le  caractère,  pour  se  faire  re- 
litre,  elle  a  besoin  d'être  développée 
action.  Un  autre  sens  peut  être  at- 
§  au  mot  héroïsmey'Q^x  exprime  alors 
ertu  portée  au  plus  haut  degré  au- 
elle  puisse  atteindre;  mais,  pris 
ses  diverses  acceptions,  ce  mot  fait 
ors  naître  l'idée  de  l'accomplisse- 

d'un  fait  ou  d'une  suite  de  faits, 
Ulmki  Ja  f^ruadeur  d^àmCf  la  fermeté 


de  caractère,  le  mépris  du  danger  et  l'en- 
thousiasme du  devoir. 

Quoique  le  nom  de  héros  (voj.)  soit, 
assez  abusivement  peut-être,  donné  de 
préférence  aux  hommes  qui  illustrent 
leur  nom  par  de  grands  exploits ,  la  va- 
leur militaire  n'est  pas ,  selon  nous ,  l'é- 
lément essentiel  de  l'héroïsme  véritable, 
et  la  confiance  sublime  d'Alexandre  en- 
vers le  médecin  Philippe  mérite  encore 
plus  d'être  ainsi  qualifiée  que  le  courage 
guerrier  du  vainqueur  d'Issus  et  d'Ar- 
bêles.  Si  Auguste  a  jamais  mérité  le  titre 
de  héros,  c'est  moins  aussi  par  sa  victoire 
d'Actium  que  par  sa  clémence  envers 
Cinna. 

Quelques  exemples  reddront  plus  sen- 
sible l'autre  acception  que  nous  avons 
attachée  au  mot  d'héroïsme,  comme  ex- 
primant une  vertu  quelconque  portée  à 
son  comble.  Ainsi,  dans  l'antiquité  fabu- 
leuse et  historique,  Antigone,  Comélie, 
Éponine;  de  nos  jours,  M^  de  Sombreuil, 
Loizerolles^et  M"**deLa  vergne^nous  sem- 
blent  offrir  des  modèles  héroïques  d'à* 
mour  filial,  paternel  ou  conjugal.  Zopyre 
chez  les  anciens,  Strafford  et  Malesherbes 
chez  les  modernes  (v,  ces  noms),  ne  sont- 
ils  pas  des  exemples  de  fidélité  et  de  dé- 
vouement élevés  jusqu'à  Théroïsme  le  plus 
sublime?  Le  devoir  civique  n'a-t-il  pas 
ses  héros  et  ses  martyrs  dans  Régulus, 
Thomas  Morus  (voy.)  et  dans  Duranti*^, 
comme  le  devoir  militaire  dans  d'Assas 
(vo^r.)  et  dans  Desilles^**?  Qui  pourrait 

(*)  Cest  ce  noble  père  qni  répondit  poor  ton 
fils  dormant  à  Tappel  de  lliaissier  du  tribunal 
révo1ationnaire,et  le  saura  en  montant  lni*méme 
tar  réchafaud,  le  8  thermidor  an  II.  Jean-Simon- 
ÀTed  de  Loixerollet  était  nn  ancien  conseiller 
do  roi  et  lieutenant  général  du  bailliage  de  l*ar- 
tillerie  à  TArsenal  de  Paris.  S. 

(**)  Femme  du  commandant  de  Longwj,  lors 
de  la  prise  de  cette  place  par  les  Prussiens  en 
1799.  LsTergne  ajant  été,  pour  ce  fait,  con- 
damné à  mort,  par  le  tribunal  réTolotionnaire 
le  ICC  arril  1794*  m  femme  âgée  de  a6  ans,  pour 
ne  point  lui  surrirre,  s'écria  :  Fir«  le  roil  dan» 
Tenceinte  même  du  tribunal.  Elle  fut,  le  même 
jour,  conduite  à  réchafaud  avec  son  mari. 

(***j  Premier  président  du  parlement  de  Tou- 
louse sons  Henri  III,  fidèle  à  son  «ourerain ,  et 
qni  résista  aux  instances  des  ligueurs.  Il  fat 
tué  d'un  coup  d'arquebuse  le  lofeVrier  xSSg.  S. 

(****)  Gentilhomme  breton  qui,  le  3i  aoàt 
1790,  fut  massacré  à  Nancj,  assis  sur  la  lumière 
d'an  canon  oà  il  s'élait  éVmuc  ^nx  «vEwi^ÀKbftx  Vk» 


HEK 


(764) 


UER 


méconnaître  dans  Charles  Borromée, 
Belsunce  et  Viocent  de  Paul  (voy.  ces 
noms) ,  rhéroîsme  de  Vhumanité  et  de  la 
charité  chrétienne?  Enfin ,  la  vie  et  la 
mort  de  Jeanne  d'Arc  (voy"'  Puckllk 
d'Oeléans)  ne  noos  offrent-elles  pas  le 
tableau  de  tous  les  genres  d'héroïsme,  éle- 
vés au  plus  haut  degré?  P.  A.  V. 

H  ÉROLD  (  Louis  -  Joseph  -Fehoi- 
vakd)  naquit  à  Paris  le  28  janvier  1791. 
Son  pcre,  bon  professeur  de  piano  et  au- 
teur de  quelques  œuvres  de  musique  in- 
strumentale ,  ne  destinait  point  son  fib  à 
suivre  la  même  carrière.  La  première 
éducation  de  celui-ci  fut  toute  littéraire, 
et  il  n'apprit  d'abord  la  musique  que  com- 
me on  l'apprend  dans  les  pensions  ;  tou* 
tefois  ses  progrès  dans  la  lecture  musicale 
et  sur  le  piano  furent  plus  rapides  que 
ceux  de  tous  ses  camarades.  Ces  heureu- 
ses dispositions  purent  bientôt  se  déve- 
lopper librement  par  suite  de  la  mort 
priématurée  de  son  père ,  qui  lui  permit 
de  s'adonner  tout  entier  à  l'art  pour  le- 
quel la  suite  montra  qu'il  était  réelle- 
ment né.  Reçu  au  conservatoire  de  Paris, 
dans  la  classe  de  piano  de  M.  Adam  ,  il 
remporta  le  prix  en  1810;  une  singula- 
rité de  ce  succès,  c'est  qu'il  avait  lui- 
même  composé  la  sonate  de  concours. 
Après  avoir  étudié  l'harmonie  sous  Ca- 
tel,  il  entra,  en  1811,  dans  la  classe  de 
Méhul ,  et  au  bout  d'un  an  et  demi  de 
travail ,  il  fut  en  état  de  concourir  pour 
le  grand  prix  qu'il  remporta  dVmblée, 
quoiqu'il  n*eùt  employé  à  terminer  sa 
composition  qu'un  tiers  du  tempsaccordé. 
lie  voyage  de  Rome  et  l'existence  assurée 
que  procure,  pour  quatre  années,aux  lau- 
réats l'honneur  d'avoir  été  couronné ,  ne 
sont  trop  souvent  pour  les  artistes  qu'un 
motif  de  contracter  des  habitudes  de  pa- 
resse et  de  dissipation  :  il  n'en  fut  pas  ainsi 
pour  Hérold.  Déjà  il  avait  composé  à  Pa- 
ris plusieurs  pièces  pour  le  piano  ;  outre 
diverses  scènes  lyriques,  il  écrivit  à  Rome 
des  quatuors  et  des  symphonies,  et  enfin, 
dans  une  excursion  qu^il  fit  à  Naples ,  il 
arrangea  lui-même  en  opéra  la  jolie  co- 

qot  cUient  re«tét  dant  robêUtaoce  et  qae  le 
narqoit  de  Bouille  faitait  marcber  coutre  les 
premièret.  Un  moment  aaparavant,  Detillet  t*é 
tait  jeté  au-devant  de  U  l>oncbe  d*noe  grotte 
pièce  d'artillerie  chargée  à  nitraille,  et  en  avait 
été  arraché.  i> 


médie  d*Alez.  Daval ,  La  JewÊ€S9e  4e 
Henri  F  y  la  fit  mettre  eo  vers  italicm , 
et  en  composa  la  musique  qui  obtint  an 
grand  succès.  C'était  le  premier  exemple 
d'un  opéra  écrit  à  tapies  par  on  mu»i- 
cien  français. 

Cependant  la  quantité  considérable  de 
musique  de  piano  qui  lui  était  passée  loa» 
les  yeux  lui  avait  inspiré  un  vif  désir  de 
voyager  en  Allemagne  ;  il  voalait  aussi  en- 
tendre les  compositions  des  grands  nai- 
tres  de  ce  pays  exécutées  consciencieiKe- 
ment  et  diaprés  la  véritable  tradition.^Ial- 
heureusement  l'état  politique  de  TEn- 
rope  s'opposait  à  l'exécution  de  ce  projet; 
mais  Hérold  ne  put  résister  à  Tidée  qui 
le  tourmentait  :  il  le  rendit  de  Veiiîie  à 
Vienne ,  seul,  sans  passeport,  voyagesat 
la  nuit  et  se  cachant  le  jour  y  évitant  les 
grandes  routes  couvertes  de  troupes 
étrangères,  le  perdant  en  des  chemin» 
détournés  et  coiurant  à  chaifiie  instsnt 
le  risque  d'être  pris  pour  un  espion  d 
traité  comme  tel.  Il  ne  pot  rester  en  Al- 
lemagne autant  qu'il  l'eût  désiré  ;  mab 
son  but  était  à  peu  près  atteint ,  et  de 
plus  il  avait  été  accueilli,  encouragé  par 
Salieri  et  par  Hummel.  Il  revint  à  Paris, 
plein  de  jeunesse  et  d'activité ,  et  tour» 
mente  par  un  besoin  de  produire  qui  ne 
trouva  d'abord  à  se  faire  jour  que  dans 
des  productions  itistrumentalesqu^il  ooai- 
posait  avec  une  étonnante  facilité.  Il  joua 
plusieurs  fois  en  public  ses  conoertos  de 
piano  qui  furent  fort  goûtés  ;  mais  son 
intention  était  surtout  de  travailler  pour 
le  théâtre  dont  on  sait  combien  les  abords 
sont  difficiles  :  ce  fut  Texcelleat  Boiel- 
dieu  qui  se  chargea  de  les  aplanir  en  pro- 
posant à  Hérold  de  composer  <le  moitié 
avec  lui  un  opéra  de  circonstance  dont 
il  avait  été  chargé.  Les  morceaux  que  fit 
pour  cet  ouvrage  le  jeune  compositeur, 
ayant  fait  connaître  et  apprécier  son  ta- 
lent, il  obtint  un  poème  en  3  actes,  H 
1rs  Rosières  furent  repi^ésentées  an  coa^ 
mencement  de  1817.  Daiu  la  même  an- 
née paitit  la  Clochette  y  qui  obtint  ua 
grand  succès.  Il  n'en  dut  pas  moins  at- 
tendre 18  mois  avant  de  retrouver  on 
nouveau  poôme  qui,  nVtant  en  rien  fa- 
vorable à  la  musique,  ne  réussit  point; 
il  en  fut  de  même  de  plusieurs  autres 
pièces  qu'il  écrivit  jusqu'en    1830,  cl 


HER 


(765) 


HER 


«hns  lesquelles  on  trouve  d*exceUeiiles  par- 
ties que  la  froideur  des  libretti  empêcha 
de  remarquer.  Découragé  par  le  mauvais 
accueil  fait  à  ses  compositions  dramati- 
ques, Hérold  resta  trou  ans  dans  une  sorte 
de  silence ,  n'écrivant  que  des  pièces  de 
piano  ordinairement  en  forme  de  /an- 
taisies  sur  des  thèmes  de  Rossini  ;  il  trou- 
vait avec  raison  un  tel  travail  au-des- 
sous de  lui  y  et  ne  pouvait  parler  sans 
rire  de  la  vogue  de  ces  morceaux  qu'il 
nommait  sa  monnaie  courante, 

A  cette  époque,  il  était  entré,  en  qua- 
lité de  pianbte  accompagnateur,  au  Théâ- 
tre-Italien ,  et  chaque  soir  il  accompa- 
gnait les  beaux  ouvrages  de  Rossini  dont 
il  admirait  et  appréciait  la  brillante  ima- 
gination. Il  pensa  que,  pour  obtenir  des 
succès,  il  fallait,  dans  Fétat  de  l'opinion, 
imiter   d'une   manière    plus    ou   moins 
exacte  les  formes  rossiniennes,  et  ce  fut 
dans  cet  esprit  qu'il  écrivit  plusieurs  ou- 
vrages de  1823  à  1826.  En  cette  dernière 
année,  il  reprit  son  propre  genre,  épuré 
et  embelli  par  l'expérience  et  par  les 
tentatives  qu'il  avait  faites  jusqu'alors. 
Marie  oflrit  à  l'exquise  sensibilité  d'Hé- 
rold  l'occasion  de  s'épancher  avec  abon* 
dance.  Le  prodigieux  succès   qu'obtint 
cette  pièce  fixa  son  véritable  genre,  dont 
il  perfectionna  de  plus  en  plus  les  parties 
accessoires  dans  les  années  qui  suivirent, 
jusqu'à  ce  qu'il  donnât  Zampa  (1831) 
et  le  Pré  aux  Clercs  (1832),  ouvrages 
dans  lesquels  sa  musique  offrit  la  réunion 
des  qualités  les  plus  solides  et  les  plus 
brillantes.  Quelque  temps  avant  la  re- 
présentation  de  Marie ,    Hérold  avait 
échangé  sa  place  d'accompagnateur  con- 
tre celle  de  chef  des  chœurs  à  l'Opéra  ;  il 
écrivit  pour  cette  scène  la  musique  de 
plusieurs  ballets  :  c'est  au  théâtre  même, 
dans  ses  moments  perdus,  qu'il  faisait  ce 
travail. 

Les  derniers  ouvrages  d'Hérold  qui  se 
succédèrent  avec  une  grande  rapidité, 
joints  aux  travaux  qu'exigeait  son  em- 
ploi ,  épuisèrent  sa  santé  qui  avait  tou- 
jours été  délicate.  Une  maladie  de  poi- 
trine se  déclara  et  fit  des  progrès  ef- 
frayants ;  il  se  mourait  pendant  la  pre- 
mière représentation  du  Pre'aox  Clercs ^ 
et  l'immense  succès  de  cet  ouvrage  ne 


Il  allait  être  nommé  membre  de  llnstitoly 
lorsqu'il  mourut,  le  19  janvier  18SSy 
aux  Thèmes ,  près  Paris. 

Hérold  avait  beaucoup  d'amis  qa*il 
conserva  toujours  :  sa  conversation  était 
vive  et  spirituelle;  plein  de  modestie  et 
de  simplicité  dans  ses  relations,  il  sut, 
dans  l'emploi  assez  difficile  de  chef  des 
chœurs,  se  faire  chérir  de  tous  par  sa 
bonté  et  son  impartialité.  H  composait 
avec  une  prodigieuse  facilité,  le  plus  sou- 
vent en  se  promenant,  écrivant  quelque- 
fois ses  idées  sur  de  petits  morceaux  de 
papier;  puis,  avec  le  produit  des  pro- 
menades du  jour,  il  faisait  pendant  la 
nuit  plusieurs  morceaux  avec  accompa- 
gnement d'orchestre.  Ses  manuscrits  of- 
frent peu  de  ratures,  souvent  aucune. 
Quand  ses  amis  lui  témoignaient  la  crainte 
que  son  extrême  fécondité  et  l'application 
qu'il  en  faisait  à  des  ballets  ou  à  des  œu- 
vres de  piano  ne  nuisit  au  succès  de  ses 
ouvrages  futurs  :  Au  contraire j  disait-il, 
plus  j'écris  et  plus  les  idées  me  vien-^ 
nent.  La  courte  carrière  d'Hérold  n'a 
pas  cessé  d'être  progressive;  l'existence 
de  l'homme  fut  tranchée  au  moment  où 
le  talent  de  l'artiste  semblait  avoir  acquis 
tout  son  développement,  et  ne  plus  de- 
voir, pendant  longtemps,  enfanter  que 
des  chefs-d'œuvre. 

Hérold  a  donné,  de  1816  a  1832,  au 
théâtre  de  l'Opéra-Comique,  sept  pièces 
en  3  actes,  et  huit  en  1  acte;  au  grand 
Opéra  le  petit  acte  de  VAsthénie^  et  cinq 
ballets  dont  trois  en  3  actes;  il  avait 
donné,  en  1815,  un  opéra  en  2  actes,  à 
IN'aples,  au  théâtre  del Fonda.  Il  a,  en 
outre ,  contribué  pour  une  part  plus  ou 
moins  considérable  à  5  autres  opéras,  et 
commencé  Ludovic^  terminé  par  M.  Ha- 
levy,  et  représenté  avec  succès  après  la 
mort  du  premier  auteur.  Ses  productions 
instrumentales  se  composent  de  2  svm- 
phonies,  de  3  quatuors  et  de  57  œuvres 
de  musique  pour  le  piano.  J.  A.  de  L. 

HERON  (ardea)  y  genre  nombreux 
d'oiseaux  qui  appartiennent,  parleur  con- 
formation et  par  leurs  mœurs,  à  l'ordre 
des  échassiers  (vo/.],  et  par  un  bec  long, 
comprimé,  fendu  jusqu'aux  yeux,  à  la 
famille  des  eultrirostres.  Un  long  cou,  des 
tarses  grêles,  élevés,  terminés  par  des 


pat  malbeoreusement  lui  rejudre  la  vie.  I  doigts  allongés  et  armés  d'ongles  acérés, 


RER 


(î««) 


HER 


•chèrent  de  caractériser  ce  genre  de  bi  - 
pèdea.  Ils  perchent  sur  des  arbres  élevés, 
à  peu  de  distance  des  rivières  ou  des  lacs, 
où  ils  détruisent  beaucoup  de  poisson. 
On  les  voit,  soutenus  sur  leurs  longues 
jambes ,  comme  sur  des  échasses,  passer 
des  heures  entières  le  cou  replié  sur  la 
poitrine,  et  la  tête  entre  les  épaules,  dans 
une  immobilité  apathique  qui  ressemble 
à  de  la  stupidité;  ils  n'en  sortent  que  pour 
saisir  leur  proie,  sur  laquelle  ils  lancent 
avec  rapidité  leur  long  bec  pointu.  Pen- 
dant leur  vol,  plus  élevé  que  rapide ,  ils 
renversent  la  tête  sur  le  dos ,  et  étendent 
les  jambes  en  arrière.  Ils  vivent  solitaires, 
rarement  par  couples,  dans  les  deux  con- 
tinents. On  les  divise  en  plusieurs  sec- 
tions :  les  hérons  proprement  dits ,  les 
butors  y  les  bihoreaux  et  les  erabiers; 
mab  il  règne  beaucoup  d'incertitude, 
parmi  les  ornithologistes,  sur  le  classement 
de  ces  différents  groupes.  Nous  nous  con- 
tenterons donc  de  mentionner  ici  les  hé- 
rons proprement  dits,  qui  ont  le  cou 
grêle  et  garni  inférieurement  de  longues 
plumes  pendantes. 

C'est  d'abord  le  héron  commun  ,  ou 
héron  huppé  de  Buffon  [ardea  major)  ^ 
qui  se  rencontre  en  France  et  dans  plu- 
sieurs autres  contrées  de  l'Europe  et  de 
l'Asie.  Il  a  2  pieds  1 0  pouces  de  longueur 
de  l'extrémité  du  bec  à  celle  de  la  queue; 
il  est  gris  bleuâtre,  avec  le  devant  du 
cou  blanc,  et  porte  une  huppe  noire  a 
l'occiput.  Jadis  les  grands  prenaient  plai- 
sir à  le  faire  chasser  par  le  faucon ,  quoi- 
que sa  chair  n'ait  rien  d'agréable.  C'est 
ensuite  le  héron  aigrette  [ardea  egretta)^ 
entièrement  blanc  en  Europe,  où  l'on 
en  rencontre  deux  variétés,  le  grand  et 
le  petit,  moindre  de  moitié;  il  a  sur  le  bas 
du  dos  des  plumes  longues  et  effilées  qui 
servent  à  la  parure  des  femmes.  Enfin  le 
héron  pourpré  [ardea  purpurea)  a  le  cou 
orné,  à  sa  partie  inférieure,  de  plumes 
flottantes  d'un  beau  blanc  pourpré.  On 
a  consacré  un  article  particulier  au  butor 
(voy,  ce  mot).  C.  S-tk. 

IIÉRON  (fontaiite  et  bullb  de), 

VOy,  FoîfTAlIfK  DE  COMPRESSION. 

UÉROPIllLE  de  Chalcédoine,  dont 
le  nom  est  resté  k  une  ^parXÀ^  Olw  cetNtiM  \  t> 
(torctUar  HeropkiU)^  loadii^  ^fit%Vu^\ 
90$  avmnl  J.-C.,  une  *ico\«  «iniWwBà»  %  V 


Alexandrie.  Foy.  Ahatomtk,   T.   F», 
p.  680.  s. 

HÉROS,  Age  ■ÏRoÎQirs.  Hésiode, 
dans  son  poème  des  Œuvres  et  Joun 
(vers  156-172),  nous  apprend  qu*ain 
âges  d'or  et  d'argent  succéda  l'âge  d'ai- 
rain ,  et  qu'ensuite  la  terre  fut  babiiét 
par  une  autre  race,  plus  juste  et  plot 
vaillante,  celle  des  héros,  demi-dieQx  qii 
ont  précédé  dans  la  carrière  de  la  tic 
la  race  actuelle  des  hommes ,  cinquièse 
âge  du  monde  on  siède  de  far.  Ces  hé- 
ros, ajoute  le  poète  d'Ascm,  périrent, 
les  uns  sous  les  murs  de  Thèbes,  en  se 
dUpuUnt  l'héritage  d'OEdipe,  les  an- 
tres ,  sous  les  murs  de  Troie ,  en  coei* 
battant  pour  la  belle  Hélène.  Mais  ti» 
ne  descendirent  pas  chez  les  morts ,  dit 
encore  Hésiode  :  quelqnes*ans  fiuvM 
transportés  au-delà  de  l'Océan,  dans  da 
lies  où  ils  jouissaient  d*an  bonheur  mm 
mélange;  d'autres  furent  m^me  adiab  au 
honneurs  de  l'Olympe,  parmi  les  immor- 
tels. Voy,  Ages. 

L'âge  héroïque  s'étend  depub  Inachus 
jusqu'au  retour  des  Héraclides  (iv>^.\  dr 
l'an  1800  à  l'an  1 190  av.  J.-C.  Pendant 
ces  six  siècles,  l'œuvre  de  la  civilisatioB 
grecque  s'élabora  peu  à  peu  :  Inachos  f( 
Phoronée,  rois  pasteurs,  enseignèrent  wax 
peuplades  de  l'Argolide  l'art  d'élever  de 
troupeaux;  Cécrops  importa  dans  PAt- 
tique  la  culture  de  l'olivier  et  quelqocs 
principes  de  légblation  ;  Cadmos  intro- 
dubit ,  dit-on ,  les  lettres  phénicieooe 
dans  la  Béotie;  Hercule,  Thésée,  détnii- 
sirent  les  brigands  qui  infestaient  les  dé- 
filés et  les  bob  de  la  Grèce;  Linns,  Or- 
phée, Amphion  {^voy,  tous  ces  nnmi  . 
adoucirent,  par  la  musiqne  et  les  arts,  \t% 
mœurs  sauvages  de  leurs  compatriotes; 
Jason  et  les  Argonautes  ouvrirent  de  noo- 
velles  voies  au  commerce  et  à  la  naviga- 
tion ;  Théras,  Nélée,  Évandre,  chefs  d*a- 
ventureuses  colonies,  étendirent  les  rria- 
tions  et  la  puissance   des    méfmpol»; 
Agamemnon,  Achille,  Nestor,  L'Ivite, 
apprirent  à  la  Grèce  à  ne  point  redouter 
les  forces  de  l'Asie.  L'œnvre  de  tons  ces 
héros  concourut  à  la  prospérité  Intnre  de 
la  Grèce ,  et  ib  furent  comme  les  prè> 
oit^urs  de  sa  civilisation  et  de  sa  gloîre. 


HBR 


(Ul) 


HER 


leur  soiiTeiûr  qu'elle  hbnora  tonjoura 
avec  une  véDération  profonde:  témoio  le 
temple  magnifique  que  les  Athéniens  éle» 
▼èrent  à  Thésée  et  qui  est  encore  debout  ; 
à  Érechthée ,  un  de  leurs  anciens  rob  ; 
aux  héros  éponymes^  c'est-à-dire  qui 
donnèrent  leurs  noms  aux  dix  tribus  d'A- 
thènes :  ils  eurent  tous  des  autels  et  des 
panégyries. 

Les  Marathoniens  donnèrent  encore  le 
nom  de  héros  aux  Grecs  qui  périrent  dans 
leurs  plaines  en  défendant  leur  patrie 
contre  les  Perses  (490  ans  avant  J.-C.)» 
et  les  honorèrent  du  même  culte  que  Ma- 
rathon, le  héros  éponyme  de  leur  bour* 
gade  (PansanîaSy  Âttique,  32). 

Par  la  suite,  surtout  au  siècle  d'Auguste 
et  plus  tard ,  le  mot  héros  (  iqpuc)  9  dé- 
pouillé en  partie  de  sa  signification  ho- 
mérique, s'employa  fréquemment  conune 
synonyme  de  fiaxapinoç^  défunt,  trépassé, 
principalement  dans  les  inscriptions  fu- 
néraires. De  là,  le  mot  inp&otf  en  latin  he^ 
rounty  n'a  plus  signifié  qu'un  tombeau*. 

Suivant  Vico,  le  célèbre  auteur  de  la 
Science  nouvelle^  il  y  a  trois  sortes  de  na- 
ture :  1®  une  nature  divine,  poétique  ou 
créatrice;  2® une  nature  héroïque  ;  3<* une 
nature  humaine  et  intelligente  ;  et  à  ces  na* 
tures  correspondent  le  droit  divin,  le  droit 
héroïque,  le  droit  humain ,  ou  les  gou- 
Yemements  théocratique,  aristocratique, 
démocratique  ou  monarchique;  et  les 
nations,  malgré  la  variété  infinie  de  leurs 
DMBurs ,  tournent ,  sans  en  sortir  jamais , 
dans  ce  cercle  des  trois  âges,  divin ,  hé- 
roïque et  humain.  Maîtrisée  par  les  illu- 
sions de  l'imagination,  la  première  na- 
ture, en  effet,  anima,  divinisa  les  êtres 
mal6riels  selon  l'idée  qu'elle  se  formait 
des  dieux.  Cet  âge  fut  celui  des  poètes 
théologiens,  les  plus  anciens  sages  du  pa- 
ganisme, qui,  inspirant  une  terreur  pro- 
fonde des  dieux ,  parvinrent  à  dompter 
la  fanmche  indépendance  des  premiers 
hommes  ;  ce  fut  aussi  l'âge  des  oracles  et 
des  théocraties.  La  seconde  nature  fut 
héroïque  :  les  héros  se  l'attribuaient  eux- 
mêmes,  comme  un  privilège  de  leur  di- 
vine origine.  Rapportant  tout  à  l'action 
des  dieux,  ils  se  tenaient  pour  fils  de  Ju- 
piter, et,  par  cette  noblesse  naturelle,  ils 


a 


inspiraient  une  religieuse  confiance 
ceux  qui ,  pour  échapper  à  l'anarchie  et 
au  brigandage ,  se  réfugiaient  dans  leurs 
asiles  et  se  plaçaient  sous  le  patronage  de 
leur  force  et  de  leur  courage.  Les  mœurs 
de  cette  seconde  époque  furent  celles 
d'hommes  irritables  et  susceptibles  sur 
le  point  d'honneur,  tel  qu'on  nous  re- 
présente Achille.  Le  droit  héroïque  est 
celui  de  la  force,  mais  de  la  force  maîtri- 
sée d'avance  par  la  religion  qui  seule  peut 
la  contenir  dans  le  devoir,  lorsque  les 
lois  humaines  n'exbtent  pas  encore.  La 
Providence  voulut  que  les  premiers  peu- 
ples, naturellement  fiers  et  féroces,  trou- 
vassent dans  leur  croyance  religieuse  un 
motif  de  se  soumettre  à  la  force,  et 
qu'incapables  encore  de  raison ,  ils  ju- 
geassent du  droit  par  le  succès,  de  la  rai- 
son par  la  fortune.  Ce  droit  fut  la  base 
des  gouvernements  héroïques  ou  aristo- 
cratiques, c'est-à-dire  des  plus  forts,  des 
optimales  en  Italie,  des  Héracltdes  en 
Grèce,  des  Curetés  en  Crète,  en  Asie,  etc. 
L'âge  de  la  chevalerie  (vo/.),  chez  nous, 
répond  à  l'âge  héroïque  de  la  Grèce  : 
mêmes  fraternités  d'armes,  comme  celles 
d'Achille  et  de  Patrocle,  de  Thésée  et  de 
Pyrithoûs,  d'Oreste  et  de  Pylade;  même 
culte  de  la  beauté,  Ariane,  Hélène,  An- 
dromède ;  dans  les  gouvernements,  mêmes 
institutions  féodales,  etc.  [voir  la  Phi- 
losophie de  V  histoire  de  Vico,  liv.  IV).  Le 
troisième  âge  fut  celui  de  la  nature  hu- 
maine ,  intelligente ,  et,  par  cela  même, 
modérée,  bienveillante  :  elle  reconnaît 
pour  lois  la  conscience,  la  raison,  le  de- 
voir. 

C'est  à  la  poésie,  en  général,  et  parti- 
culièrement aux  poètes  cycliques  et  aux 
homérides  que  les  héros  de  la  Grèce  ont 
dû  leur  impérissable  illustration.  Par  elle, 
leur  gloire  s'est  perpétuée  d'âge  en  âge  et 
a  grandi  avec  les  siècles  (  major  è  Ion  - 
ginquo  reverentia\  de  telle  sorte  que  les 
Achille,  les  Hector,  sont  devenus  les  hé- 
ros par  excellence,  qu'on  leur  a  comparé 
les  grands  hommes  de  toutes  les  époques, 
et  que  le  plusinsigne  honneur qu^on  ait  pu 
leur  décerner,  le  titre  le  plus  glorieux  que 
l'admiration  et  la  flatterie  aient  pu  trou- 


ver pour  les  Alexandre,  les  César,  les  Na- 
r?  Po-rl.  .^«ficrioo  .od«e  d.  mot.  1  ï«^^5»*^t^*^***^^^«,^'^^*'^S::^ 


HER 


(768) 


HER 


Hfldenhuch.  C'est  le  nom  d'une  colleo 
tionde  poèmes  allemands,  composés  dans 
le  xiii^ou  le  xiY*  siècle,  dont  le  sujet,  se- 
mi-fabuleux, semi-historique,  est  placé 
dans  les  temps  d'Attila  et  de  Théodoric 
[Dietrich),  La  plus  (;rande  partie  de  ces 
poésies  ont  été  retravaillées  et  surtout 
tronquées  au  xv*  siècle,  dans  le  texte  de 
Gaspard  de  Roan  (^n  1472),  texte  qui 
a  servi  de  fondement  à  toutes  les  ancien- 
nes éditions*  du  Heltlenbuch,  De  nos 
jours,  Tinfatigable  M.  Von  der  Hagen,  qui 
a  fouillé  dans  tous  les  sens  les  origines 
de  la  littérature  allemande,  a  donné,  de 
concert  avec  M.  Primisser,  une  édition 
complète  du  Heldenbuch  dans  sa  forme 
primitive  **. 

Si  les  Nibelungen  {voy,)  présentent 
un  magnifique  ensemble  ^  une  véritable 
épopée  formée  avec  les  fragments  de 
poèmes  plus  anciens,  le  Heldenbuchy  an 
contraire,  n'offre  que  le  triste  spectacle 
de  la  décomposition  du  cycle  germani- 
que, qui,  après  avoir  un  court  instant 
produit  de  beaux  fruits,  retombe  dans 
sa  rudesse  primitive  et  se  laisse  presque 
étouffer  par  Tinvasion  des  cycles  étran- 
gers (carlovingien  et  breton). 

En  abordant  la  série  des  poèmes  qui 
forment  le  contenu  du  HeUlenbuchj 
nous  rencontrons  d'abord  celui  sur  les 
Aïeux  de  Théodoric  et  $a  Julie  chez  les 
Huns***'.  M.  Gervinus croit  devoir  placer 
ce  poème  dans  le  xiv*  siècle  ;  mais  il  en 
recherche  Torigine  au  moins  dans  le  xiii*: 
sous  sa  forme  actuelle ,  ce  serait  donc 
un  travail  de  seconde  main.  L'auteur 
parait  avoir  adopté  pour  modèle  le  cé- 
lèbre Godefroi  de  Strasbourg  {vox,)\ 
mais  il  y  a  entre  eux  toute  la  distance 
qui  sépare  un  lourd  et  ennuyeux  imita- 
teur d'un  talent  éminent. 

La  Bataille  deRai»enne  [Die  Raben» 
schlarht),  dans  sa  forme  actuelle,  appar- 
tient aussi  au  xiv*  siècle;  mais  les  plaintes 

(*)  La  i**  a  para  en  1490;  la  a*  à  Aogtbourg 
•n  1 491;  la  3*  à  Hagoeoaa  en  iSog. 

(**)  Das  HêldenhucH  m  dêr  Unprachê,  Berlin , 
1830-34,  a  vol.  iu'^",  M.  Von  <Jrr  Hngen  avait 
rotameacé  parla  palilication  de  quelques  frag- 
nentt  du  Utldtnbuck  ,  dont  il  avait  modernisé 
le  langage. 

(***)  L*;tuteur»e  nomme  lui«méme  Henri  POi- 
fteleur.  foir  la  colle>-tion  de  Von  der  Hagen  et 
iViinis«er. 


du  poète  for  les  mœurs  de  son  tattps  in- 
diquent assez  que  la  forme  primitif*  re* 
monte  au  ziii*.  La  manière  du  pote 
est  prétentieuse,  rintérèl  à  pcA  prci 
nul.  La  Mort  d' A  If  art  peat  être  ran- 
gée sur  la  même  ligne  que  les  deux  pfé- 
cédents  poèmes;  c'est,  d'après  M.  Gu3- 
lanme  Grimm,  une  imitatioo  de  la  Ivtl» 
du  fib  d'Attila  avec  Vitigès  dans  b  ba- 
taille de  Ravenne.  Dans  Otmit  (dont  Po- 
rigine  remonte  à  la  fin  du  xm*  siècle'^  la 
figure  du  nain  Albéric  captive  ibiteacBC 
Inattention  du  lecteur;  on  a  troavé  quel- 
que analogie  entre  ce  poème  et  VObértm 
de  Wieland.  Dans  le  fVolfdieînck  àt 
la  même  époque  qu*0£/i//),on  trouve  n 
caractère  éminemment  germaoiqœ  :  le 
fond  du  poème  c'est  la  fidélité  des  vas- 
saux envers  leur  suzerain  et  l'attacëe- 
ment  du  suzerain  à  ses  vassaux,  ca  va 
mot  la  religion  puissante  du  lieo  léodaL 

X^  gnome  Laurin^  faussement  attri- 
bué à  Henri  d'Ofterdingen(iM>;r.);  Sigt' 
not,  Eckcy  la  Cour  d'Attila  à  fForms^ 
appartiennent  à  une  époque  où  le  goàt 
se  corrompait  de  plus  en  plus  (  xv«  siècle  : 
rien  n'égale  souvent  la  trivialité,  les  finti- 
dieuses  redites  de  ces  poèoses,  qui  tom 
retiennent  le  lecteur  dans  le  mcôde  do 
géants  et  des  nains. 

Le  Jardin  des  Roses  ne  doit  potot  être 
confondu  avec  ces  productions  informes. 
Son  origine  remonte  évideouBcot  pim 
baut,  et  il  n*a  point  admis,  ocMBme  les 
précédents  poèmes,  des  éléments  étran- 
gers. Il  vise  surtout  à  un  effet  oomiquc, 
et  se  trouve  avoir  par  là  quelque  analo- 
gie avec  certains  poèmes  du  cycle  carlo- 
vingien. 

Dans  tous  les  poèmes  du  ffeidem^ 
buck,  on  reconnaît,  comme  nous  Tavons 
déjà  remarqué,  la  décomposition  <le  Fé- 
popée  allensande  ;  au  lieu  que,  dans  To- 
ngine,  les  rhapsodies  populaires  êtairot 
coordonnées  et  avaient  formé  on  tonC 
(Nibelungen^  Gudrun)^  ce  ne  sont  plus^ 
ici,  que  des  rhapsodies  détachées,  tristai 
fragments  d'un  vaste  ensemble.  Le  J7W^ 
denbuch  de  Gaspard  Von  der  Roen  en 
Van  Roan  forme  l'un  des  points  cxtrl- 
mes  de  cette  décomposition  matérielle. 
Gaspard  tire  gloire  des  réductions  qn*il 
fait  subir  aux  vieux  poèmes  :  c*cst  chei  fau 
un  parti  pris;  il  7  met  quelque adrcme,cC 


HER 

Ton  est  autoriaé  à  croire  que,  dans  les 
siècles  précédents  déjà,  on  avait  traité  les 
anciens  récits  poétiques  d'une  façon  non 
nx>ins  caTalière.  Le  Jardin  des  Roses 
et  ie  Géant  Sigenot  ont  été  peu  altérés 
par  Gaspard;  mais  dans  son  fVolfdie-» 
trich  il  ne  reste  que  333  strophes  des  700 
strophes  primitives;  dans  Théodoric  et 
tes  Compagnons*^  408  strophes  quUl 
tvait  sous  la  main  ont  été  réduites  au 
nombre  de  130;  un  manuscrit  plus  an- 
cien en  contient  au-delà  de  mille.  L.  S. 

HÉROSTRATEy  nom  fameux  de 
cet  Éphésien  qui,  pour  faire  parvenir 
soD  nom  à  la  postérité,  conçut  et  exé- 
cuta rborrible  forfait  d'incendier  le  su- 
perbe temple  de  Diane,  situé  entre  la 
▼ille  et  le  port,  et  qui  faisait  la  gloire 
d*Épbèse  [voy,).  Il  expia  son  crime  par 
le  supplice  le  plus  affreux;  et,  pour 
▼ouer  Hérostrate  à  un  oubli  éternel ,  les 
Ioniens  décrétèrent  la  mort  contre  qui- 
conque prononcerait  jamais  son  nom. 
Ce  fut  précisément  ce  décret  qui  con- 
serva son  nom  à  l'histoire.  Depuis,  on 
stigmatise  un  dévastateur,  un  incendiaire, 
en  l'appelant  un  Hérostrate. 

La  nuit  même  de  l'incendie  du  temple 
d*Éphèse  vit  naître  Alexandre-le-Grand. 
yoj.  l'article.  X. 

HERPÉTOLOGIE,  voy.  £&piTo- 

LOGIK. 

HERRERA  (HKRNAimo  de)  ,  poète 
e^Hignol  du  xvi^  siècle,  surnommé  par 
ses  contemporains  el  Divine  ^  naquit  à 
Séville  vers  l'an  1516.  Il  savait  très  bien 
le  grec,  le  Utin ,  l'italien ,  le  français ,  et 
passait  pour  un  profond  théologien;  mais 
il  cultiva  de  préférence  la  poésie,  et  fut 
un  des  premiers   poètes  de  sa  nation. 
Quoiqu'il  eût  reçu  les  ordres  à  l'âge  de 
30  ans,  tous  ses  vers  sont  adressés  à  une 
noble  dame  de  l'Andalousie,  qu'il  célé- 
bra sous  divers  noms;  mais  son  amour 
fut  aussi  pur  que  celui  de  Pétrarque , 
qu'il  cherchait  à  imiter  en  suivant  les 
traces  de  Boscan  et  de  Garcilaso.  Her- 
rera  mourut  au  lieu  de  sa  naissance,  vers 
1 595.  La  collection  de  ses  poésies,  inti- 
tulée Obras  en  verso  de  Hemando  de 
Herrera^  publiée  par  Fr.  Pacheco,  un 
de  ses  admirateurs,  parut  à  Séville,  en 

(*)  Ce  noëme  portait,  dans  sa  forme  primitive,  1 
le  titre  de  Conifral  ercc  le»  dragons,  l 


f  t 


dragOHt 

L      G.  d,M.  TomeXni. 


(769)  HER 

1582,  in-4'^;  une  autre  édition  donnée 
par  Gabr.  Ramos  Vejerano,  dans  la  même 
ville,  en  1619,  in-4<*,  devenue  rare,  con- 
tient des  sonnets,  des  odes  et  des  élégies 
pleins  de  feu,  d'esprit,  de  grâce  et  d'ex- 
pression ;  mab  son  style  manque  de  cor- 
rection. Herrera  est  encore  auteur  de  la 
Relacion  de  la  guerra  de  Chipre  y  ba^ 
talia  de  Lepanto^  Séville,  1572;  Fida 
y  muerte  de  Tomas  Moroy  ib.y  1592, 
traduit  du  latin  de  Stapleton;  enfin  il 
donna  une  édition  des  poèmes  de  Garci- 
laso de  la  Vega,  avec  d'intéressantes  notes, 
Séville,  1580,  in-8**.  Foy,  Espagnole 
(//«.),  T.  X,  p.  82.  L.  L-T. 

HERRERA  (François),  surnommé 
le  FieuXf  célèbre  peintre  espagnol,  né 
en  1576,  mort  à  Madrid  en  1650.  Fojr. 
EsPAcnpLE  (école). 

HERRERA  t  Tordesiixas  (Anto- 
nio de)  ,  historien  espagnol ,  fils  de  Ro- 
drigo de  Tordesillas  et  d'Agnès  de  Her- 
rera, naquit  à  Guellar  de  Ségovie,  en  1 559 
(d'autres  disent  1549,  et  d'autres  1565). 
Suivant  une  coutume  de  son  pays,  il  prit 
le  nom  de  sa  mère.  Après  avoir  achevé 
ses  études,  il  partit  pour  l'Italie  encore 
adolescent,  et  devint  secrétaire  de  Vespa* 
sien  de  Gonzague,  frère  du  duc  de  Man- 
toue,  avec  lequel  il  revint  en  Espagne 
lorsque  Gonzague  obtint  la  vice-royauté 
de  Navarre  et  de  Valence.  Ce  dernier 
l'ayant  recommandé  à  Philippe  II  dans 
son  testament,  le  roi  d'Espagne  nomma 
Herrera  coronista  mayor  de  las  Indias 
et  lui  accorda  une  pension  considérable. 
Il  fut  maintenu  dans  ce  titre  par  Phi- 
lippe ni  et  par  Philippe  lY,  et  mourut  à 
Madrid,  le  29  mars  1625,  peu  de  temps 
après  avoir  été  appelé  à  faire  partie  du 
conseil  du  roi.  Tous  ses  livres  sont  écrits 
en  espagnol.  Son  principal  ouvrage  est  in- 
titulé :  Historia  gênerai  de  las  Hechos 
de  los  Castellanos  en  las  islas  y  tierra 
jenne  delmar  Oceano  (1"  éd.,  Madrid 
1601-1615,  4  vol.  in-fol.;  la  meilleure 
est  celle  de  A.  Gonz.  de  Barda,  avec 
des  continuations,  Madrid,    1728-30, 
4  vol.  in-fol.).  Cette  histoire,  divisée  en 
huit  décades  et  dédiée  à  Philippe  III , 
comprend  l'époque  de   1472  à    1553. 
«  De  tous  les  auteurs  espagnols,  dit  Ro- 
bertson,  Herrera  est  celui  qui  nous  a 
donné  le  récit  le  plus  exact  et  le  plut 


HER 

drconsUncié  de  la  conquête  du  Mexique 
et  des  autres  événemeots  d'Amérique.  » 
Nie.  de  La  Coste  avait  entrepris  de  tra- 
duire Herrera  en  français;  mais  la  mort 
ne  lui  a  permis  d'achever  que  les  deux 
premières  décades  (Paris,  1660-1671, 
S  vol.  in-4<*).  Parmi  les  autres  ouvrages 
de  Herrera  nous  citerons  :  Historia  del 
mundoy  en  el  reynado  del  rey  D.  Phe^ 
lipe  11  y  1554-98  (Valladolid,  1606, 
3  vol.  in-fol.);  Commentarios  de  los  he^ 
chos  EspaiioUs ,  Franceses  y  Fenecia" 
nos  en  Italia,  1381-1559  (Madrid, 
1634,  in-fol.); et  Historia  de  Portugal 
y  conquista  de  las  islas  de  los  Jçores^ 
1583  r  1583  (Madrid,  1591,  in-4«),  etc. 
Le  style  de  Herrera  est  assex  pur;  quel- 
ques-uns de  ses  ooTrages  sont  devenus 
rares.  L.  L-t. 

HBRRBROS  (don  Maitosl  Bebt^n 
DS  LOS  ),  le  poète  espa^ol  le  plus  popu- 
laire peut-être,  est  né  à  Quel ,  dans  la 
province  de  Logrono,  au  mois  de  décem- 
bre 1 800.  U  reçut  sa  première  éducation 
à  Madrid,  et  servit,  de  1814  à  1823  ,  en 
qualité  de  volontario  distinguido.  Il  ob- 
tint ensuite  une  place  dans  le  département 
des  finances ,  et  fut  nommé  successive- 
ment secrétaire  de  Tintendanoe  de  Xativa 
et  de  celle  de  Valence  ;  mab  dans  quelque 
position  qu*il  se  trouvât,  il  ne  cessa  jamab 
de  défendre  la  cause  de  la  liberté  à  la  tri- 
bune ou  sur  le  champ  de  bataille.  Lors 
du  rétablissement  du  pouvoir  absolu,  il 
dut  naturellement  se  retirer  des  afTairet 
publiques,  et,  pendant  onxe  ans,  il  s'oc- 
cupa exclusivement  dVtudes  littéraires 
et  de  travaux   dramatiques.  Ce  ne  fut 
qu*en  1834  que  le  gouvernement  lui  ren- 
dit, sans  qu*il  le  demandât,  une  place 
dans  Tadministration  civile  de  la  province 
de  Madrid. 

U  n'avait  que  17  ans,  lorsqu'il  écrivit 
A  la  vejez  virurlas ,  comédie  en  trois 
actes,  qui  fut  représentée,  en  1824,  avec 
un  tel  succès,  malgré  les  défauts  insépa- 
rables de  toute  première  œuvre  drama- 
tique, que  dès  lors  il  se  consacra  avec  un 
redoublement  d'ardeur  à  la  carrière  du 
théâtre.  Sa  longue  inaction  involontaire 
lui  permit  de  se  livrer  tout  entier  à  son 
fenîil  ;  et  i\  en  proftu  %\  ViVtiv  <\u^  ^  daas 


(  770  )  HER 

130  pièces,  dont  la  plupart  mt  été  k^^ 
rablement  accueillies,  ooD-seale«eatflv 
les  théâtres  de  Madrid,  nab  jusque  «ar 
les  tréteaux  des  villages  :  ausai  lot  Hc^ 
reros  est-il  Tauteur  favori  du  p«biic 
Parmi  ses  pièees  origioalei,  preMfae  looia 
écrites  en  vers,  nous  citerons  las  cemédia 
Los  dos  SobrinoSySl  ImgeMoOfjé  Madnà 
me  vuehoy  La  falsa  iltutradom^  Mof^ 
cela  o  à  eual  de  los  tresT  Um  Tertem 
en  discordia ,  Un  nopîo  paru  Im  ninm  • 
la  casa  de  Huespedes^  El  komhre  fd», 
Todo  es  farsa  en  esta  uusntèù ,  Arka- 
ques  à  los  vicios^  La  redaccion  de  êê 
periodicoy  El  poeêa  y  la  bene/Scimdm; 
le  drame  Elena  et  la  tragédie  MÊéwope,  B 
a  publié  en  outre  an  petit  Tolamtdi 
Poesias  smelias  (Madrid,  1 8S 1  ),  et  pla- 
sieurs  satires  :  Contra  el  fnror  JiUfms 
nicoy  o  mas  bien  contra  los  qme  êtsprt» 
cion  el  teatro  espahol  (1818)  ;  Contre 
los  hombros  en  defensa  de  ios  mmgeret 
(1839);  JS:/  Carnaval {i%t%)\  Conem  k 
mania  contagiosa  de  eseribir  pam  d 
publico{iSZZ);LaHypoerrsia{tS%4'\ 
Contra  los  abmsos  y  despropossêos  ta- 
troducidos  en  el  arte  de  la  deeUumaàm 
teatral  (1894)  ;  Recuerdos  de  nn  batte 
de  mascaras  y  cmento  en  verso  (1894  , 
sans  parler  d'un  nombre  considérable 
d'articles  de  joumaax  sur  la  litlératare 
et  les  mœurs ,  de  pièces  de  vers  insérés 
dans  des  écrits  périodiqaeai  de  ■Mrceaai 
de  circonstance,  etc. 

Toutca  les  poésies  de  Braloa  en  las 
Herreros  se  dbtingnent  par  une  dîciiea 
pleine  de  grâce  et  d'énergie  à  la  fois,  et  fte 
une  versification  si  harnMoieQse  cl  aorteal 
si  facile,  qu'on  serait  tenté  de  croire  que 
les  vers  ne  lui  coûtent  pas  plus  <le  peine 
que  la  prose.  Si  son  habileté  IccMqatf 
annonce  déjà  qu'il  est  né  poète ,  le  co- 
mique des  situations ,  la  peiotnre  fidèle 
des  caractères  qui  dégénèrent  rarenwnt 
en  caricatures,  la  vivacité  du  dialogne et 
l'esprit  qui  y  brille,  la  fine  ironie  et  k 
sel  vraiment  espagnol  de  tes  satires  qoi 
rappellent  plutôt  l'élégance  dn  coortnan 
Horace  que  la  verve  acérée ,  rindigna- 
tion  amère  et  brAlante  de  Juvénal ,  loat 
tend  à  confirmer  sa  vocation  poétiqne. 
Ses  LetrillaSy  moins  acerbes  qoe  relies  dr 


rintervtUe,  U  com^oia,  T«voutWo\i\x%-\  ^^j8«H%à«i^^^«^5«vj»Cbntre«ufqner 
duîsit  du  fVtncmV»  el  d«  V\U\Vfti^  ^\w^\  v"  '^^^  ^p«cii«»^T*î^iiri^  ^^^^!«^ 


ouTnerSy  les  fabricants  et  les  artistes  de 
Herrohut  exportent  au  loin  une  foule 
d'objets  confectionnés  avec  le  plus  grand 
soin,  oomme  des  toiles,  du  papier,  des  ou- 
vrages vernissés,  du  cuir  et  des  chan- 
delles. C.  L, 

HERSCHEL  (Wiluav  ouGvillau- 
■s),  illustre  astronome  qui  ouvrit  une 
route  nouvelle  dans  la  science  des  astres, 
eo  découvrit  plusieurs  Ignorés  jusqu'à 
lui,  et  recula  toutes  les  limites  du  spec- 
tacle des  cieux. 

n  naquit  le  15  novembre  f  738,  à  Hano- 
vre, k  Pd§e  de  19  nos,  doué  d'une  tmagî- 


HER  (  71 

bonhomie  w  alideuse  qui  rendent  ce  genre 
de  poésies  légères  si  cher  aux  Espagnols. 
Cependant  son  élément  est,  avant  tout, 
la  comédie  et  la  satire  :  il  s'y  meut  avec 
liberté ,  avec  originalité ,  avec  indépen- 
dance, tandis  que  dans  la  tragédie,  dans 
le  genre  sentimental,  il  ne  s'élève  pas  au- 
dcams  du  médiocre.  En  tout  cas,  il  est 
de  beaucoup  supérieur,  dans  la  comédie, 
i  Moratin  (vo^.),  celui  de  ses  prédéces- 
seurs immédiats  qui  s'est  acquis  le  plus 
de  réputation,  aiéme  à  l'étranger.  Un 
ami  d'Herreroe,  don  Eugène  de  Ochoa,  a 
pabbé  un  choix  de  ses  comédies  dans 
son  7}ssoro  dei  teatro  espanoi  [Paris, 
1 8S0),  et  P.- J.  Wolff  a  donné  des  mor- 
eennx  de  ses  poésies  lyriques  et  satiriques 
dans  la  Fhresêa  de  rimas  modemas  cas^ 
téiiéutosy  L  n.  X. 

HEERHAim,  vajr.  Heamahh. 

■EERliHUT,  premier  et  principal 
établissement  des  frères  Moraves  (voy,) , 
aat  un  village  de  900  habitants,  situé 
entre  Lœbaa  et  Zittau,  dans  la  Haute- 
Losace  saxonne,  sur  le  revers  méridio> 
Bal  du  Hutberg,  qui  lui  a  donné  son 
noBB.  Ce  (ut  le  17  juin  t7)3  que  Chris- 
tian David  abattit  le  premier  arbre  qui 
servit  à  la  construction  de  ses  maisons , 
sur  le  terrain  que  le  comte  de  Zinzendorf 
(vo)^.)  aTait  cédé  à  ses  coreligionnaires. 
La  position  deHerrnhut  est  charmante;  on 
ne  pouvait  choisir  une  retraite  plus  conve- 
nable pour  des  gens  pieux  et  tranquilles. 
Les  habitations ,  parmi  lesquelles  se  dis- 
tinguent la  maison  des  frères  et  celle  des 
Meurs,  sont  propres  et  agréables,  ceux 
ipi'elles  abritent  sont  pleins  de  droiture 
et  d'innocence;  chec  les  plus  pauvres 
régnent  l'ordre  et  la  propreté.  Les 


n 


HER 


nation  rive  et  d'un  esprit  élevé,  il  n'é^ 
tait  encore  que  simple  musicien  dans  les 
gardes  hanovriennes.  Son  père,  habile 
maître  de  musique,  avait  donné  sa  pro- 
fession à  cinq  de  ses  fils.  Le  second, 
Guillaume,  ayant  montré  le  plus  de  dé- 
positions, re^ut  aussi  une  éducation  plus 
soignée;  mais  la  nécessité  de  se  créer  des 
moyens  d'existence  et  de  contribuer  à 
ceux  d'une  famille  chargée  de  sept  en- 
fants, lui  avait  fait  interrompre  trop  tôt 
ses  études  commencées.  Il  quitta  Hanovre 
vers  la  fin  de  1757,  et  se  rendit  en  An- 
gleterre où  les  arts  lui  offraient  un  meil- 
leur sort. 

n  résida  successivement  à  Durham,  à 
Halifax  et  à  Bath.  Ayant  été  nommé  di- 
recteur de  la  musique  de  la  chapelle ,  il 
se  trouva  dans  une  position  assez  avanta- 
geuse ,  et  du  c6té  de  la  fortune  tous  ses 
vœux  étaient  satbfaits.  Mais  une  force 
intérieure  l'entraînait  à  de  plus  hautes 
destinées  :  il  devait  un  jour  étendre  le 
domaine  des  sciences. 

L'étude  approfondie  de  son  art  le  con- 
duisit par  degrés  à  celle  de  la  géométrie, 
puis  à  la  connaifisance  de  Tastronomie 
théorique.  Sabi  d'admiration  et  comme 
transporté  dans  un  monde  nouveau,  il 
désira  vivement  de  contempler  ces  phé- 
nomènes célestes  dont  l'intelligence  hu- 
maine avait  pu  découvrir  les  lois.  C'est 
alors  qu'il  entreprit  de  construire  des 
télescopes  et  d'en  perfectionner  l'usage. 
Ses  premières  découvertes  astronomiques, 
qui  datent  de  1776,  furent  suivies  d'une 
découverte  mémorable,  celle  de  la  pla- 
nète qui  porta  longtemps  son  nom  et  qui 
fut  ensuite  nommée  Uranus.  Herschel 
l'avait  appelée  Georgium  sidus;  les  An- 
glais lui  ont  conservé  ce  nom.  rof.  Pla- 
nâtes. 

La  grande  réputation  du  musicien 
étranger,  ses  travaux  astronomiques,  la 
perfection  de  ses  instruments  inspirèrent 
au  roi  George  HI  une  admiration  telle 
qu'il  voulut  l'avoir  auprès  de  lui.  Ce  fut 
dans  la  belle  retraite  que  ce  prince 
lui  donna  à  Slough ,  près  de  Windsor , 
qu'Herschel  s'éublit  avec  sa  famille; 
c'est  là  qu'un  si  grand  nombre  de  voya- 
geurs allèrent  le  visiter,  et  qu'il  termina 
sa  longue  et  \\\\m\t^  caTT\«.t^.\jtx«v^\\i- 
téressaU  Ve\\em<cn\\  V^\i\fts  ^i»  t^5^«çâa^ 


HER 


(77J) 


tiEtI 


qu'il  voulut  souvent  augmenter  les  dé- 
penses proposées,  a6n  que  rien  ne  bor- 
nât la  perfection  et  les  dimensions  des 
instruments. 

Herschel  avait  appelé  auprès  de  lui  un 
de  ses  frères,  très  exercé  dans  la  mécani- 
que théorique  et  pratique,  pour  diriger 
les  ateliers.  Sasœur,Caroline,  acquit  aussi 
des  connaissances  fort  étendues  dans  les 
mathématiques  et  dans  l'astronomie.  Elle 
aidait  son  frère  dans  ses  calcub  et  rédi- 
geait ses  observations  ;  on  lui  doit  la  dé- 
couverte de  plusieurs  comètes  :  aucun 
astronome  n'a  eu  pour  le  seconder  de 
coopérateur  plus  intelligent  et  plus  fidèle. 
Herschel    reconnut    qu'en   exerçant 
l'œil  par  degrés  on  le  rend  beaucoup  plus 
sensible  à  l'impression  d'une  lumière  fai- 
ble, et,  par  là,  il  put  amplifier  les  ima- 
ges des  objets  fort  au-delà  des  limites  où 
les  autres  observateurs  s'étaient  arrêtés. 
Voulant  agrandir  le  pouvoir  des  instru- 
ments  astronomiques,   et    considérant 
moins  les  conditions  propres  à  faciliter 
leur  usage  que  celles  qui  devaient  aug- 
menter la  force  optique,  il  construisit  un 
télescope  (vo^.)  d'une  dimension  extraor- 
dinaire. Il  faut  se  représenter  un  tube  de 
fer,  long  de  13  mètres,  ayant  1™.3  de 
diamètre ,  suspendu  au-dessous  d'un  as- 
semblage de  mâts  inclinés  et  que  plu- 
sieurs machines  font  mouvoir  dans  tous 
les  sens.  Le  système  entier  est  mobile  au- 
tour d'un  axe  vertical,  et  décrit  une  cir- 
conférence d'un  diamètre  égal  à  la  lon- 
gueur de  l'instrument.  Un  miroir  métal- 
lique, très  poli,  pesant  environ   deux 
milliers  de  livres,  est  introduit  dans  le 
tube,  et,  lorsque  l'instrument  est  tourné 
vers  le  ciel,  ce  miroir  réfléchit  l'image 
éclatante  des  astres.  L'observateur  est 
lui-même  transporté  avec  le  tube  selon 
toutes  les  directions,  car  il  se  place  dans 
un  siège  attaché  à  l'extrémité  supérieure  ; 
les  objets  qu'il  observe  sont  derrière  lui, 
il  en  considère  les  images  réfléchies. 

Ce  fut  à  l'aide  de  cet  instrument  gi- 
gantesque qu'Herscbel  découvrit  deux 
nouveauxsatellîtes  de  Saturne(i>o^.).Au- 
cun  astronome  n'avait  pu  encoreacquérir 
une  connaissance  aussi  complète  et  aussi 
distincte  des  phénomènes  du  ciel.  Par 
exemple,  on  cessait  toujours  d'apercevoir 
i*anneâu  dt  Saturne  au  moiu«ul  où  sou 


plan  était  dirigé  yen  la  terre;  maïs  \â 
faible  lumière  que  le  «sontoor  étroit  de 
l'anneau  nous  réfléchit  encore  et  qui  pa- 
rait comme  une  ligne  droite  laminense, 
suffisait  à  Herschel.  Une  observatioo  en- 
tièrement nouvelle  et  très  importante  fat 
celle  des  points  remarqoablâ  de  la  sur- 
face de  l'anneau  de  Satome  :  Hersckel  eu 
conclut  que  ce  satellite,  d'une  forme  sîn» 
gulière,  tourne  sur  lui-même  autour  d*na 
axe  perpendiculaire  à  son  plan;  et  il  bs^ 
sura  la  durée  de  ce  mouvement  de  rota- 
tion qui  est  de  dix  lieues  enviroo. 

Herschel  concluait  d'une  longue  soile 
d'observations  attentives  faites  avec  des 
télescopes  puissants,  que  la  iomière  n'é- 
mane pas  du  corps  même  du  soleil,  mm 
des  nuages  brillants  et  pboapborcsccals 
qui  naissent  et  se  développent  dans  l'atmo- 
sphère de  cet  astre.  Il  pensa  que  cet  un- 
mense  océan  de  lumière  est  agité  violesi- 
ment  dans  toute  sa  profondeur  ;  que  locv 
qu'il  s'entr'ouvre,  nous  apercevons  ou  b 
masse  solide ,  moins  lomiDeuse  et  peut- 
être  même  opaque,  ou  ses  cavités  volca- 
niques, et  que  telle  est  l'origiae  de  cts 
taches  noires  et  variables  qui  se  nsontmt 
sur  le  disque  du  soleil,  f^ojr,  Soucn.. 

En  étudiant  la  nature  de  cet  astre,  qm 
était  devenu  pour  lui  un  objet  habitâd 
de  méditations,  Herschel,  employait  dss 
verres  diversement  colorés  pour  afibiblir 
l'éclat  de  la  lumière.  U  eut  ainsi  dss 
occasions  multipliées  d'obaenrcr  jusqu'à 
quel  point  l'interposition  de  œa  verres 
modifiait  la  lumière  ou  la  chaleur.  H  nV 
tait  pas  dans  la  nature  de  son  esprit  da 
s'arrêter  à  des  remarques  supcrficiellcB» 
Il  entreprit  donc  une  suite  dV 
variées,  et  la  physique  géoérale  fut 
chie  de  bits  nouveaux  et  importauts  que 
les  observations  ultérieures  ont  pleiiît 
ment  confirmés.  On  avait  entrevu  depuia 
longtemps  que  les  rayons  séparés  par  la 
prisme,  et  qui  forment  le  spectre  solaire 

ivqx*.),  ne  possèdent  pas  au  même  degré  la 
acuité  d'échauffer  les  oorpa  tcrrtires  :  les 
expériences  d'Herschel  sur  le  mémiÊ  sujet, 
non-seulement  donnèrent  une  solntiou 
complète  de  la  question,  mais  ooaduisi* 
rent  à  des  résultats  entièrement  nou* 
veaux.  Il  mesura  avec  précision  les  ef- 
fets tbf  rmoroétriques  des  sept  rayons  iné- 
galement réfrangibles,  et  reconnut  que 


HER 


(773) 


HER 


les  ««yons  ronges  conlienaent  senb  plus 
de  chaleur  que  tous  les  antres.  L'impres- 
sion sur  le  thermomètre  diminue  rapi- 
dement,  depuis  les  rayons  rouges  jus- 
qu'aux rayons  violets  placés  à  l'autre 
extrémité.  Il  vit  ensuite  que  l'effet  ther- 
mométrique subsiste  au-delà  des  rayons 
rouges,  dans  l'espace  obscur  voisin  du 
qpectre;  et  ce  fut  même  dans  cette  partie 
non  éclairée  et  sur  le  prolongement  de 
l'axe  qu'il  trouva  le  point  où  la  chaleur 
«st  la  plus  forte.  Il  se  proposa  encore 
d'examiner  quels  sont  les  rayons  qui  pos- 
sèdent au  plus  haut  degré  la  faculté  d'ë- 
claîrer  les  objets,  et  trouva,  par  un  genre 
particulier  d'expérience,  que  cette  pro- 
{iriété  appartient  aux  rayons  jaunes,  et 
qu'elle  décroit  assez  rapidement  à  partir 
de  ces  rayons  brillants  jusqu'à  l'une  et  à 
l'autre  extrémité  du  spectre. 

Herschel  classa  ensuite  les  étoiles.  Il 
rangea  dans  une  première  classe  celles 
qu'il  nomme  isolées ,  c'est-à-dire  celles 
qui  sont  séparées  des  autres  par  de  grands 
intervalles  et  ne  paraissent  point  sujettes 
à  une  action  mutuelle  dont  l'effet  soit 
appréciable.  Il  considéra  ensuite  les  étoiles 
doubles  on  triples  et  les  assemblages  si- 
déraux plus  composés.  Ce  sont  des  sys- 
tèmes de  corps   lumineux  évidemment 
rapprochés  et  retenus  par  une  cause  sub- 
sistante et  qui  se  meuvent  ensemble  au- 
tour d'un  centre  commun.  De  là,  Her- 
flchel  passa  à  la  description  des  nébuleuses, 
oa  de  ces  taches  lactées  et  confuses  irré- 
gulièrement disséminées  dans  l'étendue 
des  cieux.  Il  a  principalement  observé  la 
voie  lactée,  qu'il  regarde  comme  une  seule 
nébuleuse  formée  de  plusieurs  millions 
d'étoiles.  Il  en  voyait  plus  de  cinquante 
mille  qui  traversaient  en  une  heure  le 
champ  de  son  télescope.  Il  distingua  par- 
mi les  nébuleuses  celles  que  des  télesco- 
pes puissants  résolvent  en  une  multitude 
d'étoiles  séparées,  celles  où  l'on  remarque 
un  ou  plusieurs  centres  brillants,  et  celles 
qu'il  nomma  planétaires  ^  d'une  forme 
sphérique  mieux  terminée  et  d'un  éclat 
plus  homogène.  Ses  catalogues  contien- 
nent pins  de  deux  mille  nébuleuses,  les 
unes  semblables  à  la  voie  lactée,  d'autres 
ouvertes  à  leur  milieu  et  de  figure  annu- 
laire, la  plupart  sous  les  formes  les  plut 
dÎTerses  et  Us  plus  irrégnlières.  Enfin,  il 


fit  une  multitude  d'observations  sur  les 
étoiles  colorées,  rouges,  bleues,  vertes,  on 
qui  offrent  les  nuances  de  ces  couleurs,  et 
principalement  sur  les  étoiles  doubles  et 
multiples.  Voy,  Étoiles  ,  Nébuleu- 
ses, etc. 

Tels  sont  en  abrégé  les  grands  tra- 
vaux d'Herschel  et  ses  principaux  titres 
de  gloire.  Les  beaux-arts  l'introduisirent 
dans  le  sanctuaire  des  sciences,  après  qu'il 
eut  courageusement  lutté  contre  la  for- 
tune. Il  n'a  été  donné  à  aucun  homme 
de  faire  connaître  aux  autres  autant  d'as- 
tres nouveaux  :  aussi  son  nom,  confié  aux 
sciences  reconnaissantes,  est-il  à  jamais 
préservé  de  l'oubli. 

Herschel  légua  à  son  fils  ces  immenses 
registres  écrits  et  conservés  par  son  ad- 
mirable sœur,  où  sont  déposés,  depuis 
1776,  les  observations  et  les  expériences 
de  ce  grand  homme.  Il  mourut,  le  25 
août  1822,  dans  sa  retraite  de  Slough  , 
dans  la  84^  année  de  son  âge,  sans  in- 
firmités et  sans  douleur.  H  était  membre 
de  la  Société  royale  de  Londres  et  de  la 
plupart  des  académies  de  l'Europe.  En 
1786,  l'université  d'Oxford  lui  avait  con- 
féré le  titre  de  docteur  ès-lois,  honneur 
dont  elle  n'a  jamais  été  prodigue.  En 
1816,  il  avait  été  nommé  chevalier  de 
l'ordre  des  Guelphes,  et  en  1820,  élu 
président  de  la  Société  astronomique  de 
Londres.  A.  de  G. 

Toutes  les  observations  et  découvertes 
de  W.  Herschel  sont  consignées  dans  des 
mémoires  Imprimés  en  anglais  dans  les 
Philosophical  Transactions  de  la  Société 
royale  de  Londres.  Nous  nous  bornerons 
à  rappeler  ici  les  principaux  :  Observa- 
tions sur  la  rotation  des  planètes  autour 
de  leurs  axes  y  1781  ;  Mémoire  sur  une 
comète  observée  le  IZ  mars  1781  :  on 
sait  que  cette  comète  était  la  nouvelle 
planète  Uranus,  id,;  Catalogue  d^étoi» 
les  doubles  y  triples^  quadruples  et  muU 
tipleSj  id,  ;  Sur  le  mouvement  propre  du 
soleil  et  du  système  solaire ^  avec  un  exa- 
men  des  divers  changements  sun^enus 
dans  la  position  des  étoiles  fixes  depuis 
Plamsteady  1783  ;  des  Catalogues  de 
nouvelles  nébuleuses  et  groupes  d'étoi^ 
leSf  1786;  Méthode  pour  observer  les 
changements  qui  arrivent  aux  étoiles 
fixes,  avec  quelques  retnarques  sur  ta 


HER 


(776) 


HER 


M.  Henrîquel-Dapont  (iM>y.).Ce  ubieaa, 
où  le  héros  du  Nord  est  représenté  éten- 
dant ses  mains  sur  l'assemblée  des  États 
et  lui  donnant  sa  bénédiction  après  avoir 
fait  donner  lecture  de  son  testament,  est 
peut-être  le  chef-d'œuvre  de  M.  Hersent 
et  lui  valut  la  croix  de  la  Légion-d*Hon» 
neur.  En  1822,  Rulh  et  Booz  et  les 
portraits  de  M™*  la  marquise  de  Cler- 
mont -Tonnerre,  de  M.  le  marquis  de 
Rivière ,  de  MM.  Joseph  et  Casimir  Pé- 
rier  ouvrirent  à  M.  Hersent  les  portes 
de  rinstitut.  Le  charmant  tableau  de 
Rmth  et  Booz  fut  gravé  par  M.  Alexan* 
dre  Tardieu.  En  1824,  les  Religieux 
de  l'hospice  du  Saint  -  Gotliard  don^ 
nant  des  secours  aux  familles  dépouil^ 
lées  parles  brigands^  tableau  acheté  par 
le  roi  pour  le  musée  du  Luxembourg  ;  les 
beaux  portraits  du  prince  de  Carignan , 
du  duc  de  Richelieu  et  du  marquis 
de  Clermont-Tonnerre  le  firent  nommer 
officier  de  la  Légion  -  d'Honneur.  En 
1827,  il  exposa  un  portrait  en  pied  de 
Henri  IV,  et  en  1831 ,  celui  de  Louis- 
Philippe  P'.  Depuis  cette  époque,  on 
n'a  plus  rien  vu  de  M.  Hersentau  Louvre. 
Ce  peintre,  qui  a  aussi  été  nommé  mem- 
bre de  l'Académie  royale  de  Berlin,  est 
professeur  à  l'École  des  Beaux-Aria  de 
Paris. 

M*"*  Hersent  (Lomss  MAuninT),  fem- 
me du  précédent  et  fille  du  géomètre 
Mauduit,  est  née  en  1784;  elle  a  exposé 
au  Musée  plusieurs  bons  tableaux  parmi 
lesquels  on  remarque  Sainte  Fineent  de 
Paul ,  Henriette  de  France ,  Fisite  de 
Sully  à  la  reine  après  la  mort  de 
Henri  /f  ,  et  Louis  XIF  bénissant  son 
arrière^petii'Jils  ;  ces  deux  derniers  ta- 
bleaux sont  au  Musée  du  Luxembourg. 
M*"^  Hersent  est  élève  de  M.  Meynier,  et 
a  obtenu  sous  son  premier  nom  deux  mé- 
dailles d'or  en  1817  et  en  1819.  E.  B-s. 

IIERTHA.  Ce  nom  qui,  ainsi  écrit, 
repose  peut-être  sur  une  fausse  leçon  du 
texte  de  Tacite  (Germania^  40),  a  pré- 
valu dans  la  mythologie  germanique; 
quelques-uns  l'écrivent  Aerthas  ou  Aer^ 
tha^  et  il  correspond  à  VAirtha  des 
Goths ,  à  VEorthe  des  Anglo-Saxons  et 
à  l'ancien  allemand  Erda  (  aujourd'hui 
Jird€y  terre).  Quoi  qu'il  en  soit,  Hertha 
OU  Aertha  était  adorée  commt  créatrice^ 


mère  et  consenratrioe  par  les  iCsticM, 
les  Longobards,  les  Angles  et  beanco^p 
d'autres  tribus  germaniques  éiablies  as- 
delà  de  l'Elbe ,  dans  les  cimroas  de  h 
Warne  et  sur  les  rivages  de  la  Baltiqac. 

Les  peuples    Scandinaves  appelaîat 
cette  déesse  Jord;  suivant  eux,  die  était 
fille  de  la  Nuit  et  d'Anar,  sœur  de  Da- 
gur  ou  du  Jour,  da   o6lé  maternel; 
épouse  d'Odin  et  mère  de  Thor  on  da 
dieu  du  tonnerre;  c'était  probabicmcat 
la  même  personne  que  Frigga  (  voy. 
Fréta).  Son  culte  tenait  à  la  cnj%met 
qu'elle  s'intéressait  au  sort  des  boue, 
qu'elle  les  dirigeait  et  les  TÎaitait  à  cer- 
taines époques.  Au  rapport  de  Tadte, 
c'était  dans  un  bois  sacré  d*OBe  Ne  de 
l'Océan  que  se  trouvait  le  cbar  qoi  bi 
était  consacré  :  il  était  couvert  d'un  ta- 
pis qu'un  prêtre  était  aenl  en  droit  de 
toucher;  lui  seul  amti  savait  quand  k 
déesse  se  plaçait  dans  ce  cbar  :  il  rac- 
compagnait alors  avec  tous  les  signes  da 
respect,  quand,  traînée  par  des  ^éiiiae, 
elle  parcourait  les  pays  soumis  à  sa  kâ. 
Lorsque  cela  avait  lieu ,  les  fêtes 
mençaient,  les  guerres  privées 
on  serrait  les  armes  ;  tous  les  peuples  qsi 
adoraient  Hertha  se  réoonciliaîent  entre 
eux  et  rien  ne  troublait  leur  profaudelra»- 
quillité.  Le  prêtre  attaché  au  service  de 
la  déesse  la  ramenait  dans  le  bois  sacre 
lorsqu'elle  demandait  à  retourver  dam 
sa  patrie  céleste.  Le  cbar ,  avec  le  tafis 
qui  recouvrait  la  déesse,  était  emuile 
plongé  dans  le  lac  du  bob  sacré  pour  v 
être  Uvé  par  des  esclaves  <|ui,  apfès  avoir 
rempli  leur  tâche,  étaient  engloutis  par 
ces  flots  mystérieux. 

Depuis  le  xvii*  siède,  des  savants,  leli 
que  Micrslius,  Cluverus  et  Sclivnirtx  ont 
prétendu  que  ce  sanctuaire  fie  Hertha 
était  établi  dans  Hle  de  Rûgco,  dan» 
le  bois  de  Stubnitz.  On  voit  eu  effct  dam 
ce  lieu  un  rempart  de  terre  circulaire 
[borgwat)  élevé  dans  quelques  endroit* 
de  80  à  100  coudées,  et  4  c6té  de  c« 
rempart  un  lac  (borgsee)  :  de  là  le  nom 
de  kerthabonrg ,  qu'on  lui  donne  sou- 
vent aujourd'hui.  L'opinion  fie  ces  ém- 
dits  est  plausible  ;  mais  les  imlicaes  qui  bu- 
litent  en  sa  faveur  sout  trop  vagues  ce  se 
retrouvent  dans  difS6rentes  Iles,  ce  qai 
fiût  que  d'autrm  érudits  O0i  truumiorti  It 


U£R 


(777) 


HËR 


UBdtoMnàt  Heriha  à  Uelgoland,  ou  en 
ZéUnde,  ou  dans  une  ile  suédoise;  car 
il  est  fort  douteux  que  Tacite,  par  Tex* 
preaaîon  d' Oceoiucj,  ait  voulu  désigner 
la  mer  Baltique.  Quant  au  rempart  de 
Rûgen,  on  en  trouve  beaucoup  de  sem* 
Uables  soit  dans  cette  Ile  même,  soit  en 
Poméranie ,  et  ce  sont  probablement  les 
fortifications  desVénèdes.  roir  Grumbke, 
Darstellung  der  Insel  Riïgen  (Descrip« 
tfoo  de  111e  de  Rûgen),  Berlin,  1829;  et 
Barth,  Uertha,  etc.  (Hertha  et  la  religion 
de  Tantique  Mère  du  monde  dans  l'Al- 
lemagne ancienne) ,  Augsbourg,  1 828. 

Plusieurs  géographes  allemands,  com- 
me par  exemple  MM.  Berghaus  et  Uoff» 
mann ,  ont  donné  Hertha  pour  titre  à 
leurs  publications  géographiques,  pério- 
diques ou  en  corps  d'ouvrage.        C.  L, 

llERTZBERGouHERZBBaG(EwALD- 
Fainxaic,  comte  de),  ministre  de  cabi- 
net prussien,  né  le  2  septembre  1725  à 
Lottin  y  dans  la  Poméranie  ultérieure , 
fut  un  des  plus  grands  diplomates  de  son 
temps.  Déjà,  en  quittant  l'université  de 
Halle,  il  fit  pressentir  quel  Ulent  il  dé« 
pfoirait  dans  cette  carrière  par  une  dis- 
sertation écrite  en  allemand  sur  le  droit 
public  de  Brandebourg,  et  dont  le  cabi- 
net ne  permit  pas  l'impression.  Obligé  de 
choisir  un  autre  sujet,  il  fit  l'hbtoire  des 
réunions  des  princes  électeurs,  et  ce  nou- 
▼eau  travail,  jointau  premier,]e  fit  attacher 
au  département  des  affaires  étrangères  et 
adjoindre,  en  qualité  de  secrétaire,  à  la 
légation  par  laquelle  se  faisait  représen- 
ter l'électeur  de  Brandebourg  à  la  diète 
électorale  qui  devait  donner  un  nouvel 
empereur  à  l'Allemagne.  En  1 742,Frédé- 
ric-le-Grand,  ayant  reconnu  son  talent, 
le  nomma  conseiller  de  légation.  Bientôt 
après,  Hertzberg,  écrivit  un  mémoire  sur 
ia  première  population  de  la  Marche  de 
Brandebourgs  qui,  couronné  par  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Berlin,  le  fit  recevoir 
membre  de  cette  compagnie  et  nommer 
conseiller  privé  de  légation.  Chargé  en- 
suite d'une  partie  des  expéditions  secrè- 
tes au  ministère  des  affaires  étrangères, 
il  assista  aux  séances  ordinaires  de  ce 
collège.  C'est  à  cette  époque  qu'il  écrivit 
son  Histoire  de  l'ancienne  marine  de 
Brandebourgs  de  Sélecteur  Frédéric- 
GuiUaume^k^Grandy  et  de  la  Compa- 


gnie africaine^  comme  aussi  des  pos» 
sessions  du  Brandebourg  sur  la  côte 
d'Afrique  s  vendues  par  le  roi  Frédéric'- 
Guillaume ,  en  1720 ,  aux  Hollandais, 
Les  dépêches  des  cours  d'Autriche  et  de 
Saxe  que  les  Prussiens  surprirent  dans 
les  archives  de  Dresde  fournirent  au  jeune 
diplomate,  en  1756,  les  matériaux  pour 
composer  dans  huit  jours  son  célèbre  Mé- 
moire raisonné^  publié  en  latin,  en  alle- 
mand et  en  français,  et  qui  avait  pour 
but  de  justifier  l'invasion  prussienne  en 
Saxe.  Bientôt  après,  la  charge  de  premier 
conseiller  privé  ou  de  secrétaire  d'état 
aux  affaires  étrangères  lui  fut  confiée. 
Le  traité  de  paix  avec  la  Russie  et  la 
Suède,  en  1762,  fut  son  ouvrage;  et,  l'an- 
née suivante,  la  conclusion  de  la  paix  de 
Hubertsbourg  lui  valut  le  poste  d'un 
second  ministre  d'état  et  de  cabinet,  et 
de  la  bouche  du  roi  cet  éloge  :  «  Vous 
avez  fait  la  paix,  comme  j'ai  fait  la  guerre, 
un  contre  plusieurs.  » 

Le  nom  de  Hertzberg  est  lié  au  pre- 
mier partage  de  la  Pologne,  en  1772. 
Il  est  permis  de  croire  que  cet  acte  de 
violence  se  serait  effectué  sans  la  partici- 
pation de  la  Prusse,  si  cette  puissance  avait 
refusé  d'y  donner  les  mains '^.  Hertzberg 
le  comprit  aussi  bien  que  le  roi  lui-mê- 
me. On  ne  peut  nier  que  la  Prusse  occi- 
dentale ne  îikt  devenue  alors  essentielle- 
ment nécessaire  pour  la  défense  de  la 
Prusse.  Aussi  personne  ne  fut-il  plus  zélé 
que  Hertzberg  pour  prouver  d'une  ma- 
nière irréfutable  les  (  prétendus  )  droits 
de  Frédéric  n  sur  cette  province,  et  pour 
favoriser  la  réussite  de  ses  projets.  Les 
notes  qui  furent  échangées  relativement 
à  la  succession  de  Bavière  et  le  traité  de 

(*)  Ifous  ne  Toyons  pas  sor  quoi  te  fonde 
cette  supposition.  Ce  n*est  pas  l*Aotriefae  qui 
poussait  an  partage,  et  la  Russie  n*eo  avait  pat 
besoin,  puisqu'elle  dominait  en  Pologne.  Ce  fut 
sans  doute  elle  qui  y  donna  lien,  par  les  inquié- 
tudes que  sa  domination  exclusive  inspirait  aux 
deux  antres  puissances;  mais  la  Prusse  était  la 
plus  intéressée  des  trois  au  partage  :  il  devait 
donner  à  son  territoire  la  continuité  qui  lui 
manquait  et  la  fortifier  d*autant  que  la  Russie 
s'agrandissait.  Aussi  ce  fut  elle  qui  fit  les  pre- 
mières ouvertures  :  le  prince  Henri  lâcha  le  mot 
dans  un  de  ses  entretiens  avec  rimpératrice. 
L'occupation  d*nn  district  par  les  Autrichiens 
devint  le  prétexte  dont  on  se  servit  en  inii- 
nnant  ce  projet  au  cabinet  de  Vienne.  Voj,  Po- 
LOGHB  et  Hurai  (priace).  J.  H.  S. 


HER  (  780  ) 

sîque  à  Tâge  de  quatre  ans,  sous  la  direc- 
tion de  ton  père;  et  à  huit  ans,  il  exécutait 
déjà  un  morceau  de  Hummel,  qui  lui  va« 
lut  tous  les  suffrages  des  amateurs  et  des 
artistes.  Une  chose  extraordinaire  c*est 
que  ce  jeune  pianiste,  doué  d*uue  intelli- 
gence précoce  et  d^une  sensibilité  exquise, 
avait  tant  de  faiblesse  dans  la  main  gau- 
che qu'il  ne  pouvait  jamais  faire  marcher 
ensemble  ses  deux  mains  sur  le  clavier. 
Pourtant  il  ne  désespéra  point ,  et  à  force 
d'études  pénibles,  non  sur  le  piano,  mais 
sur  le  violon,  où  la  main  gauche  fonc- 
tionne surtout ,  il  détruisit  son  vice  de 
constitution,  rétablit  l'équilibre,  et  se 
donna  ce  que  la  nature  avait  paru  lui 
refuser.  Quelque  temps  après ,  il  partit 
pour  Coblentz  avec  son  maître  d'harmo- 
nie, le  savant  organbte  Hûnten.  Arrivé 
à  Paris,  en  1817,  il  se  fit  recevoir  au 
Conservatoire ,  entra  en  lice ,  quoique 
souflrant,  et  remporta  le  grand  prix.  La 
même  année ,  il  débuta  an  Théâtre-Ita- 
lien ,  dans  le  concert  de  M™^  Catalani , 
malgré  son  extrême  jeunesse,  et  fut  vive- 
ment applaudi.  Deux  ans  après,  il  s'es- 
saya à  la  composition,  et  produisit  divers 
morceaux  savants  et  d'une  originalité 
telle  qu'ils  firent  une  vive  sensation  dans 
le  monde  musical.  L'arrivée  en  France 
de  M.  Moschélès  donna  une  nouvelle  im- 
pulsion aux  idées  du  jeune  homme.  Au 
départ  de  ce  grand  pianiste,  il  fit  pa- 
raître une  fantaisie  nouvelle  et  devenue 
populaire,  sur  le  motif  de  Ma  Fan^ 
cheite  est  charmante.  M.  Henri  Herz 
s'était  lié  de  bonne  heure  avec  le  célèbre 
violoniste  Lafond  {yoy,)\  leurs  goûts, 
leurs  jugements,  leurs  pensées  sur  l'art 
étaient  les  mêmes.  Aussi  voyagèrent  -  ib 
souvent  ensemble  comme  deux  pèlerins 
nouveaux,  faisant  connaître  au  dehors 


les  progrès  de  l'art  musical  en  France.  En 
1831,  ils  vbitèrent  l'Allemagne,  et  en 
1834,  l'Angleterre,  l'Ecosse  et  l'Irlande. 
Au  mois  de  juillet  1839,  ils  partirent  pour 
l'étranger ,  recevoir  encore  une  fois  des 
applaudissements  et  descouronnes,  quand 
la  diligence  dans  laquelle  ils  étaient  versa. 
M.  Herz  en  fut  quitte  pour  quelques 
contusions;  mais  le  malheureux  Lafond 
eut  le  crâne  brisé.  A  peu  près  à  la  même 
époque ,  M.  Herz  publia  une  excellente 
Méthode  de  piano,  <\ui  fut  acceptée 


HER 

avec  reconnaissance  par  le  public  pov 
l'étude  de  cet  instrument. 

M.  Herz  n'en  est  pas  aeolement  on 
excellent  maître ,  mais  aussi  on  factcor 
habile.  Frappé,  comme  tous  Icsexécu* 
tants,  des  défauts  qui  existaient  dan» 
la  fabrication  des  anciens  pianoa,  il  avaii 
résolu  d'y  mettre  un  terme  ei  s'était  a*- 
socié  pour  cela  avec  on  facteur  imcUi- 
gent,  M.  Klepfer.  Ensemble,  ib  fireat 
de  nombreux  essais,  et,  à  l'exposttioa  dt 
l'industrie  française  de  1839,  la  fi^trifat 
de  M.  Herz  se  fit  remarquer  par  ses  pia- 
nos à  queues,  plus  chantanfa,  plus  pîems 
que  les  autres.  Il  perfectioiina  aussi  k 
clavier  en  adoptant  le  syatèflK  anglais, 
afin  de  rendre  les  attaques  plus  prompt» 
et  plus  sûres.  H  ne  s'en  tint  pat  là,  et  don- 
na de  l'extension  au  clavier  ordinaire  ca 
lui  faisant  comporter  sept  octaves  com- 
plètes. 

M.  Henri  Herz  est  l'inventeur  du  Bat' 
tyliorty  instrument  qui  devait  servir  à 
donner  plus  d'étendue  à  la  main,  à  délier 
et  à  fortifier  les  doigts,  et  à  rendre  le  jca 
plus  égal  et  plus  barman ienx. 

Le  nombre  des  compositîoiis  de  M. 
Henri  Herz  est  décent  vingt-quatre  en- 
viron. Ce  sont  lies  variation^,  dm  rondos, 
des  introductions,  des  fantaisies,  des  di- 
vertissements, des  exerdoea,  des  vabcs, 
des  concertos,  des  nocturnes,  des  dnosct 
trios,  des  marches,  des  galopa  et  des  ain 
variés  pour  divers  instruments. 

On  en  doit  aussi  de  fort  remarquabbs 
à  M.  Jacquss  Herz,  frère  aîné  de  Henri, 
et,  comme  lui,  non  moins  habile  cxécn- 
tant  que  compositeur  distingué,  £.  B-s. 
UERZÉGOVINB.  C'est  la  nom 
d'une  ancienne  province  dn  royanmc  de 
Croatie,  incorporée,  en  1 336,  à  la  Bosnie, 
mais  qui,  élevée  par  l'empereor  Frédé- 
ric in  au  rang  de  duché ,  fut  dostnée  en 
fief  à  la  famille  deCoasac  ou  de  Uianich. 
Dans  d'anciens  documents,  THcrze^ovint 
figure  souvent  comme  duché  de  Sainle- 
Sabe  (  ducatuf  saneiœ  Sabœ  ) ,  d*apr«s 
une  sainte  enterrée ,  à  ce  qu'on  dit ,  dans 
les  limites  de  ce  duché.  Réunie  de  non- 
veau  à  la  Bosnie,  après  la  eonqnète  de 
Mahomet  U ,  par  la  paix  de  Carlovitt 
(1699),  l'Herzégovine,  à  Texoeption  de 
la  ville  de  Castel-Kuovo  et  d^nn  petit 
possédé  dap«b  168S  par  las  \è> 


HBS 


(781) 


H£S 


nitlensy  et  qui  appartient  aujourd'hui  au 
royaume  autrichien  de  Dalmatie ,  devint 
un  sandjak  turc,  aous  le  nom  de  Herse k^ 
et  forma  la  partie  sud-ouest  de  l'eyaleth 
de  Bosnie.  La  capitale  de  THerzégovine, 
M(%star^  sur  la  Narenta,  a  9,000  habi- 
tants, et  est  renommée  par  ses  fabriques 
d'armes  blanches.  C  L, 

HÉSIODE ,  dont  le  nom  doit  être 
pris,  comme  celui   d'Homère  (  voy,  ) , 
dans  un  sens  tantôt  individuel  et  tantôt 
collectif  y  fut  à    la  fois  le    chef  et   le 
représentant   de    la  seconde  des  deux 
grandes  écoles  de  poésie  épique ,  qui  se 
partagèrent  le  domaine  entier  de  l'es- 
prit chez  les  Grecs,  depuis  la  fondation 
des  colonies  éolo  -  ioniennes  en  Asie- 
Mineure  et  la  prédominance  des  Do- 
riens   dans   la  Grèce    d'Europe ,    jus- 
qu'à l'ère  des  olympiades  et  à  l'organi- 
sation définitive  de  la  nation  hellénique. 
Homère,  s'emparant  de  la  meilleure  part 
des  traditions  héroïques,  et  renouvelant, 
sous  le  beau  ciel  de  l'Ionie,  les  chants 
hbtoriques  des  aèdes  achéens,  en  avait 
fait  sortir  la  véritable  épopée.  Hésiode, 
recueillant  les  légendes  d'un  caractère  re- 
ligieux ou  moral,  spéculatif  ou  pratique, 
dèi  longtemps  élaborées  par  les  fils  des 
Muses ,  par  les  vieux  chantres  sacrés  de 
l'Olympe  et  de  l'Hélicon ,  leur  imposa 
«ette  forme  nouvelle  de  l'épopée  ionienne, 
et  en  fit  comme  le  catéchisme  poétique 
et  populaire  des  Hellènes.  Homme  de  ré- 
flexion encore  plus  que  d'inspiration,  et 
préoccupé  du  présent  non  moins  que  du 
passé,  ou  plutôt  mettant  le  passé  au  ser- 
vice du  présent  pour  Tinstruire  et  pour 
l'améliorer,   Hésiode   n'a  pas  négligé, 
comme  Homère,  de  nous  parler  de  sa 
personne,  des  particularités  de  sa  vie  et 
de  son  temps.  Nous  savons  par  lui-même 
(et  non  pas  seulement,  ainsi  qu'on  l'a  pré- 
tendu, par  quelqu'un  de  ses  premiers  dis- 
ciples, interpolateur  de  ses  ouvrages) 
que  son  père  vint  de  Cyme  ou  Cume,  en 
Ëolide ,  chercher  en  Béotie  le  bien-être 
qu'il  n'avait  pu  trouver  dans  sa  patrie 
asiatique.  Il  s'établit  à  Ascra,  sur  le  ter- 
ritoire de  Thespies ,  non  loin  de  THéli- 
eon;  et  ce  fut  là,  selon  toute  apparence, 
que  naquit  Hésiode,  si  souvent  nommé 
le  poète  (P Ascra.  Livré  avec  les  siens 


ton  peu  favorisé  du  ciel ,  l'introduction 
de   la    Théogonie  f   d'accord    avec  bs 
OEuvres  et  JourSj  nous  le  dépeint  pais* 
sant  ses  brebis  au  pied  de  la  montagne  ^ 
lorsqu'il  reçut  des  Muses  la  branche  de 
laurier,  symbole  de  sa  mission  poétique. 
Plus  tard ,  engagé  avec  son  frère  Penès, 
après  la  mort  de  leur  père,  dans  un  pro- 
cès au  sujet  de  leur  commun  héritage,  il 
le  perdit  devant  ces  juges  corrompus  ^ 
devant  ces  «  rois,  mangeurs  de  présents,  » 
dont  il  se   vengea  en  flétrissant  leurs 
voies  tortueuses ,  et  bien  mieux  encore , 
en  faisant  de  ce  débat  de  famille  l'occa- 
sion de  ces  exhortations  au  travail,  à  l'or- 
dre, à  la  justice ,  qui ,  dans  la  personne 
de  son  firère,  s'adressaient  à  tous  ses  con- 
temporains, et  qui  sont  l'objet  principal 
du  poème  des  Œuvres.  On  veut,  mais 
sur  des  indices  peu  sûrs  ou  même  imagi- 
naires, qu'il  ait  composé  ce  poème  i  Or- 
chomène,  où  il  se  serait  retiré ,  ayant 
prb  Ascra  en  dégoût  :  ce  qui  est  certain, 
c'est  que  les  Orchoméniens  montraient 
son  tombeau  dans  leurs  murs ,  mais  en 
avouant  qu'ils  y  avaient  recueilli  ses  os- 
sements apportés  d' Ascra,  ruinée  par  les 
Thespiens ,  ou  qu'ib  les  avaient  fait  ve* 
nir  de  Naupacte  en  Locride,  sur  l'ordre 
de  la  Pythie ,  pour  délivrer  leur  ville  de 
la  peste  par  la  possession  de  ce  dépôt  sa- 
cré. Quoi  qu'il  en  soit,  c'était  un  pro* 
verbe  chez  les  Grecs  que  la  longue  vieil- 
lesse d'Hésiode;  c'était  une  tradition  que 
sa  double  sépulture  ;  et ,  pour  le  monu- 
ment érigé  en  son  honneur  sur  la  place 
publique  d'Orchomène ,  Pindare  avait , 
dit -on,  composé  une  inscription  que 
nous  avons  encore,   où  il   est  célébré 
comme  ayant  joui  d'une  double  jeunesse, 
comme  ayant  obtenu  deux  tombeaux, 
comme  ayant  enseigné  la  mesure  de  la  sa- 
gesse humaine. 

De  cette  espèce  d'auréole  dont  fut  en- 
vironnée de  bonne  heure  la  mémoire 
d'Hésiode,  de  ce  prix  singulier  attaché  à 
ses  restes,  aussi  bien  que  des  détaib  d'une 
légende  mythique  sur  la  mort  violente 
qu'il  aurait  trouvée  dans  les  environs  de 
Naupacte,  on  a  conclu,  non  sans  quelque 
vraisemblance,  quoique  sans  preuve  po- 
sitive, qu'il  aurait  été  vénéré  à  titre  de 
héros  en  Béotie  et  en  Locride,  de  même 


aux  soins  de  l'agriculture ,  dans  ce  can-  |  qu'Homère  l'était  à  Chios.  Il  est  sûr  au 


HBS  (  tl2  ) 

■Kiiiii  qns  les  provÎDces  de  la  Grèce  en* 
i«péenne,  sans  doute  aussi  la  Pboeide  et 
rfiubéa,  furent  le  théâtre  sur  lequel  fleu- 
rît et  se  développa,  dans  toutes  ses  va-o 
riétéSi  le  c;enre  de  poésie  dont  il  passe 
pour  avoir  été  la  créateur  :  lui-même  il 
nous  raconte,  dans  les  Œuvres  et  Jours, 
qu*il  aurait  une  seiila  fob  firanchî  la  mer, 
pour  aller  d'Anlis  à  Chalds  en  Eubée, 
prendre  part  aux  jeux  solenneb ,  tenus 
dans  cette  ville  par  les  fils  d'Amphida* 
aas  à  Tocoasion  des  funérailles  de  leur 
père }  quMl  y  remporta  le  prix  du  chant, 
consistantes  un  trépied,  consacré  par  lui, 
plus  tard,  aux  Muses  héliooniades,  dans  le 
lieu  même  où  elles  l'avaient  visité  de  leur 
première  inspiration.  Ce  récit,  déjà  sus* 
pect  an  soi,  fut  orné,  dans  la  suite,  de 
ciroonstances  de  plus  en  plus  fabuleuses, 
et  devint  à  la  fin  la  petit  roman  de  la 
basse  antiquité,  que  nous  avons  sous  le 
titre  de  Combat  tPHomèK  et  d'Hésiode. 
S'il  y  a  quelque  chose  d'historique  dans 
cette  lutte  supposée  entre  les  deux  illu^ 
très  maîtres  de  l'épopée  grecque,  c'est  le 
contraste,  non  moins  réel  que  l'affinité, 
des  deux  genres  poétiques  qu'ib  repré« 
sentent;  c'est  tout  an  plus,  comme  on 
l'a  conjecturé,  la  rivalité  des  deux  écoles 
qui  procédèrent  de  l'un  et  de  l'autre,  ri- 
valité oà  l'avantage  put  demeuror  parfois 
aux  rhapsodes  hésiodiques.  Que,  du  reste, 
Homère  et  Hésiode  aient  été  contempo* 
rains,  qu'ib  aient  appartenu  à  la  même 
famille,  et  que  leur  commune  généalogie 
remonte  jusqu'à  Orphée  ou  jusqu'à  tel  au- 
tre des  chantres  mythiques  de  la  Thrace, 
c'est  ce  qu'on  ne  peut  admettre  qu'à  titre 
de  rapprochements  plus  ou  moins  hasar* 
dés,  nullement  de  traditions  authentiques. 
L'antiquité  en  était,  comme  nous ,  ré- 
duite à  des  inductions  et  à  des  hypothèses 
sur  Tépoque  où  avaient  paru  les  deux 
premiers  poètes  dont  elle  eût  conservé  les 
ouvrages;  et  le  nombre  de  ces  ouvrages, 
mb  successivement  sur  leur  compte,  les 
dates  évidemment  dilTérentes  qu'ib  por- 
taient en  eux-mêmes,  les  matériaux  non 
moins  divers  qui  s'y  trouvaient  employés, 
ne  laissaient  pas  que  de  compliquer  bâiu- 
coup  la  question.  De  là,  Hésiode  tantôt 
plus  ancien,  tantôt  plus  récent  qu'Ho- 
mère, aussi  bien  que  son  contemporain  ; 
ào  là;  son  exMtence  recuVèe  '^usiq^'au  x\i* 


BUS 

avant  Botfa  ère,  ou 
qu'au  vn*;  de  là,  par  exemple,  ftésirhcm, 
le  poételyriqned'fiimère,  donné  pour  isa 
fib.  Hérodote,  prenant  nna  sone  de  mi- 
lieu, mab  nommant  enonre  Hésiode  afsm 
Homère,  les  phMse  l'un  et  l'aaUre  qnaUt 
cents  années  avant  sa  naissanoe,  c'esl^- 
dire  au  commencement  da  ix*  aiède.  Ln 
critiques  d'Alexandrie  crurant,  aa  con- 
traire, avoir  de  bonnes  raîsoaa  pnnr  mal» 
tre  entre  enx  mn  assex  long  inlcrvaila,  st 
fondant  principalement  sur  In 
son,  dans  le  fond  et  dans  la 
plus  anciens  et  des  pli 
parmi  les  poèmes  qui  leur  étaient  attri- 
bués. Ib  remontèrent  Homère  d*nnsiàds 
ou  davantage,  et  rapprochèrent  Hésiods 
de  l'ère  des  olympiades ,  déclarant 
dates  et  leurs  originea,  oonséqnemm 
lejrs  patries,  aussi  différentes  que  les 
ractèresde  leur  poésie  aux  joox  dmi 
naisseurs. 

Tout  dans  les  ouvreges  qni  no«s  ssnt 
parvenus  sous  le  nom  d'flésîoda,  à  oonh 
mencer  par  les  OEmwree  et  Jomrs^  laphn 
aniorisé,  semble  venir  à  l'appui  de  oetii 
opinion,  bien  qu'elle  puisse  à  la  rîgnenr 
se  concilier  avec  celle  d'Hérodote,  en  os 
sens  qu'Homère  et  Hésiode  rtprémniint, 
dans  ce  qu'ib  ont  de  eonunnn,  on  aed 
et  même  grand  dévelof^pement  delapoé> 
aie  grecque,  encore  exclusivement  épi- 
que, et  dans  leurs  difTémiees,  ImphaMS 
distinctes  et  les  divers  théâtres  de  ce  dé> 
veloppement:  en  lonie,  l'épopée  bépujqns 
on  historique,  en  Béotie  l'épopée 
et  didactique.  Le  chanlre  d*Ascra, 
le  poème  que  nous  venons  de  citar,  b 
seul  que  ses  compatriotes  vouloaseBl 
connaître  pour  aon  œuvra,  se  place 
demment  à  une  plus  grande 
qu'Homère  ne  fait  de  Pige  des  héros, 
devenus  chcs  Hésiode  des  demi  émnx  ; 
il  déplore  la  fatalité  qui  l'a  jeté  au  milira 
du  cinquième  âge  du  asonde,  âge  de  cri- 
mes et  de  misères,  où  l'on  croit  entitinit 
les  symptômes  de  la  crise  politique  qui 
suirit  les  bouleversements  de  l'invasion 
dorienne,  et  qui,  du  x*  au  Tni*  aièrl% 
transforma  en  aristocraties  la*  plupart  des 
petites  nsonarchîes  quasi- f^kidalei  de  la 
Grèce  héroïque.  La  vie  civile  est  ici  beau- 
coup plus  avancée,  et  le  peuple  y  tient 
une  place  déjà  plus  impcntanta;  V  tin^ 


Hfig 


ni) 


HE9 


on- 


X. 


ni\  y  «4  0B  hotmeury  aoitoot  le  traTail 
des  champt,  et  le  bat  principal  da  poêle 
•tl  de  le  £Ure  prévaloir  comme  la  oon- 
ditioa  même  da  Thomme  sur  la  terre. 
Qui  plus  eety  le  secret  de  cette  coaditioa 
est  recherché  jusque  dans  l'origine  du 
mal  cachée  sous  le  voile  transparent  du 
Imeas  mjthe  de  Prométhée  et  de  Pan- 
doc«  ;  et  là  se  montre,  aussi  bien  qi 
la  MKoeisioo  descinq à§cs,  aussi  bi  n  i 
dans  la  doctrine  des  démons  qui  sy 
tache  y  un  degré  d'abstraction  et  de 
aéimlisation  mythologique  encore 
an  à  Homère.  C'est  même  cette  | 
nouvelle  de  la  néœmité  du  travaii, 
dée  sor  ces  dogmes  non  moins  nou 
développés  an  début  du  poêrae,  cpii 
donne  l'espèce  d'unité»  grossière  ] 
être  dans  la  forme,  mais  réelle  quant  aux 
idées,  que  si  souvent  on  lui  a  refusée» 
faute  de  la  comprendre,  fiiule  de  s'être 
mis  an  point  de  vue  du  poète  et  de  son 
époque }   c'est  cette  peniée  dominante, 
partout  reproduite  dûis  les  exhortations 
^'Hésiode  adressa  à  son  frère,  cpii  fait 
le  lien  de  tous  ces  conseils  moraux,  poli-t 
tiques,  économiques,  dont  se  csompose  la 
plus  grande  partie  de  l'ouTrage,  et  où  se 
déronlcy  avec  un  grand  charma  d'énergi- 
que naïveté,  le  tableau  des  moeurs  et 
de  l'esprit  du  temps.  Parmi  ces  Comitils 
«i  cm  Exhortations ,  nom  sous  lequel 
Im  anciens  désignent  fréquemment  le 
poème  entier,  ainsi  que  sous  celui  da 
Sentenemsy  ont  trouvé  place  un  certain 
nombre  de  proverbes,  fruits  vénérables 
de  l'expérience  des  siècles,  qu'Hésiode 
avait  recueillis,  et  dont  quelques -uns 
leasontaieot  jusqu'à  l'âge  héroîqu  .  L'a- 
pologue ,  cette  leçon  figurée  de       m- 
gesse   antique,   n'y  pouvait  pas  man- 
quer :  aussi  en  était-il  considéré  comme 
le  premier  auteur.  A  la  suite  des  OPn- 
prej,  titre  qui  semble  s'appliquer  d'une 
■mnière  plus  spéciale  aux  préceptes  re- 
ktifii  à  l'agriculture  et  à  la  navigation, 
beancoup  moins  prisée  par  le  poète  béo- 
tien, viennent  les  Jours  y  sorte  de  calen- 
drier religieux,  qui  en  était  une  annexe 
naturelle,  et*  où  l'on  a  soupçonné,  sans 
preuves  suffisantes,  une  addition  posté- 
rieure, telle  au  reste  que  la  composition 
primitive  parait  en  avoir  reçu  plusieurs 
«ntraiy  subsistaiilm  ou  non.  De  ce  nom- 


bre est  bien  certainement  le  petit  hymne 
à  Jupiter,  que  nous  y  lisons  encore  et  qui 
lui  sert  de  proème.  U  n'existait  poiat 
dans  le  rieil  exemplaire  gravé  sur  des  la* 
mes  de  plomb  et  à  demi  eiTacé,  qui  fut 
montré  à  Pausanias  par  les  Béotiens  de 
l'Hélicon,  et  les  plus  habiles  critiques  de 
l'antiquité  n'hésitaient  pas  à  le  rejeter. 

Nous  avons  déjà  dit,  d'après  le  même 
Pausanias,  que  les  compatriotm  d'Hé* 
siode  tenaient  le  poème  des  OEupres  et 
Jours  conune  le  seul  des  nombreux  et 
divers  ouvrages  réunis  sous  son  nom  qui 
fût  réellement  de  lui.  Et,  dans  le  fait,  la 
Théogonie^  quoiqu'elle  hû  soit  attribuée 
de  concert  par  tous  les  anciens  philoso* 
phes,  depuis  Xénophane  et  Pythagore 
jusqu'à  Platon  et  Aristote;  quoique  Hé« 
rodote  l'ait  manifmtement  en  vue  quanci 
il  assigne  à  Hésiode  une  date  commune 
avec  Homère;  quoiqua  enfin  les  chefs  de 
l'école  critique  d'Alexandrie,  les  Zéno- 
dote,  les  Aristophane,  les  Aristarqne,  y 
aient  reconnu  un  «  caractère  hèûodi- 
que,  »  ce  qui  déjà  n'est  plus  aussi  positif) 
la  Théogonie,  étudiée  en  ella-méme,  ré« 
vêle  des  indices  de  postériorité,  non- 
seulement  par  rapport  à  Homère,  mais 
encore  par  rapport  à  l'auteur  des  ÛEu<r 
vres  et  Jours.  Sans  doute  la  longue  in- 
vocation aux  Muses,  qui  en  est  le  pré« 
I  lude,  rattache  les  <leux  poèmes  l'un  à 
l'autre  et  semble  indiquer  un  seul  et 
même  auteur;  mais  cette  invocation, 
quand  même  il  faudrait,  malgré  ses  in- 
terpolations évidentes,  malgré  le  désor- 
dre réel  ou  apparent  qui  y  règne,  la  re- 
garder comme  une  introduction  néces- 
saire à  la  Théogonie,  ne  saurait  avoir  plus 
d'autorité  que  cette  dernière.  Or,  celle- 
ci,  qui  est  le  côté  religieux  et  spéculatif 
de  la  poésie  hésiodique  dans  son  ensem- 
ble, tout  comme  les  Œuvres  en  sont  le 
coté  moral  et  pratique,  porte  à  un  bien 
plus  haut  degré  l'etiprit  d'abstraction  et 
da  généralisation  mythologique  que  nons 
y  avons  remarqué.  Elle  réduit  en  un  sys- 
tème poétiquement  ordonné,  mais  déjà 
presque  philosophiquement  élaboré,  les 
généalogies  divines,  jusque-là  plus  on 
moins  éparses,  que  les  prêtres  ou  les  poè- 
tes, y  compris  Homère,  avaient  d'âge  en 
âge  imposées  aux  Grecs  comme  les  ar- 
ticles de  foi  de  leur  religion;  elle  lf« surw 


UËS 


(784) 


HBS 


monte  dSine  cosmogonie  où  les  premiers 
philosophes  de  U  Grèce,  les  physiciens 
d*Ionie  depuis  Thaïes,  allèrent  justement 
chercher  la  base  de  leurs  théories  sur  l'o- 
rigine du  monde;  elle  les  soumet  à  une 
conception  fondamentale  qui  fait  la  vé- 
ritable unité  de  Pouvrage,  qui  en  donne 
le  plan,  qui  en  domine  les  principaux 
développements.  Nous  avons  démontré 
ailleurs  cette  unité  que  Ton  a  vainement 
contestée,  et  la  réalité,  la  grandeur  toute 
épique  de  Tordonnance  de  la  Théogo- 
nie^. «  De  quelques  ténèbres,  avons-nous 
dit,  que  soit  environnée  Forigine  de  ce 
poème,  comme  celle  de  l'épopée  grecque 
en  général;  quelque  nombreuses  altéra- 
tions qu'il  ait  eu  à  souffrir  dans  le  cours 
de  sa  transmission,  si  longue  et  si  diverse,- 
jnsqu'à  nos  jours,  il  nous  semble  qu'une 
analyse  vraiment  critique  peut,  aujour- 
d'hui encore,  faire  ressortir  en  lui  tous 
les  caractères  de  l'unité  primitive  de  con- 
ception et  de  composition;  il  nous  sem- 
ble que  sons  cette  forme,  en  apparence 
incohérente  et  mutilée  en  réalité,  qui 
porte  la  double  trace  des  ravages  du  temps 
et  de  l'inâdélité  des  hommes,  existent  un 
enchainement  intérieur,  une  organisation 
du  fond,  en  un  mot,  une  pensée  créatrice 
qui  domine  l'ensemble ,  rattache  entre 
elles,  par  un  lien  nécessaire,  les  parties  de 
l'ouvrage,  et  y  révèle  la  main  d'un  poète. 
La  Théogonie,  avons-nous  dit  encore, 
était,  au  vi^  siècle,  devant  les  yeux  des 
sages  de  l'Ionie  et  de  la  Grande-Grèce, 
comme  au  \*  devant  ceux  de  Pindare, 
d'Eschyle  et  d'Hérodote;  elle  y  éuit  dans 
son  ensemble,  à  titre  de  corps  de  doctrine 
et  de  symbole  révéré  des  croyances  hé- 
réditaires, à  un  état  en6n  qui  ne  pou- 
vait être  essentiellement  différent  de  ce- 
lui où  les  Alexandrins  la  trouvèrent. 
Ceux-ci  reconnurent  sans  doute,  dans 
les  copies  qu'ils  collationnèrent  pour 
leurs  recensions  nouvelles,  bien  des  dispa- 
rates, des  doubles  emplois,  des  incohé- 
rences de  détail,  résultat  inévitable  d'une 
transmission  orale  prolongée,  de  l'ab- 
sence de  toute  critique  chez  les  premiers 
rédacteurs,  et  de  la  fidélité  même  avec 
laquelle  ib  remplirent  leur  mission.  Les 

(•)  f'otr  la  di^tertatioo  iatitalre  Dt  la  Théo" 
g»nir  Wnettcdt,  Vat\v  iV.îi,  in-H«. 


grammairiens  d'Alexandrie  eurart  It  dé* 
faut  contraire  ;  mab  quelques  cflbsfe 
qu'ils  aient  fiûts  pour  polir  le  lixtc  éê 
la  Théogonie,  rien  ne  prouTe  qn'ib  m 
aient  modifié  la  oontextnre  générale,  pm 
plus  que  ne  l'avaient  inventée  avant  cax 
les  Diascé  vastes  des  Pisistratklea.Tcl  qall 
nous  est  parvenu,  poli  de  noovem  aprà 
le  siècle  d'Auguste,  pnb  oorrompn,  ma- 
tilé,  bouleversé  même  en  c|aelqnes  p«- 
ties,  à  travers  les  tempa  cTifnonnoe  et 
jusqu'au  x*  siècle  de  notre  ère,  U  y  raie 
encore,  dans  le  fond  et  du»  la 
avec  toutes  ces  altérations  pi 
récentes,  d'assex  frappants  indices  d^a- 
tiquité,  une  disposition  aaaes  siaple, 
une  couleur  assez  naive,  poor  qneccs  ca- 
ractères réunis  expli<|nent  à  la  fois  la 
systèmes  modernes  et  ks  contradictiont 
sérieuses  auxquelles  ils 
donner  lieu  de  nos  jonrs.  » 

Nous  avons  reproduit 
dont  on  peut  chercher  lea  développe- 
ments et  les  preuves  dans  la  dimtniiiin 
d'où  elles  sont  tirées,  parce  c|n'eUes  s'ap- 
pliquent également,  du  motna  en  grande 
partie,  aux  Œuvres  ri  Jomn^  et  qn*cUci 
déterminent  le  point  de  vue  aons  Icqari 
nous  avons  été  amenés  pmr  noa  éCndss  à 
envisager  les  monuments  primitif  de  Fè- 
popée  grecque.  Nous  noos  en  cxpliqnc» 
rons  d'une  manière  plus  compléta,  qnand 
nous  aurons  à  traiter  d'Homcre  et  dei 
Homérides  (vo^^.)*  ^  raste,  loat  en  dé- 
clarant que  la  Thé^pmie  ^ 
son  état  actuel,  représasiU  à 
l'essor  le  plus  élevé,  le  Irait  le  pins  lîeaa, 
de  l'école  de  poésie  didactique  à  laqncUe 
elle  appartient,  nous  ne  lui 
qu'une  authenticité 
celle  de  l'Odyaée ,  par  ex< 
vis  de  llliade.  Nous  ne  la 
du  maltra  lui-même ,  mais  du  pins 
nent,  du  mieux  inspiré  de  ses  disctplea. 
Elle  nous  parait  d'une  époqim  plus  ré- 
cente que  le  poème  rapporté  sans  débatà 
Hésiode  ;  et  si  l'on  soutenait,  ainsi  qu*on 
a  pu  le  faira  avec  quelque  scmlilint  de 
v^té,  qu'entra  ce  poèiM  et  ks  grandes 
épopées  homériques,  il  y  a  dilBrence 
d'écoles  plutôt  que  de  dates ,  de  lieux 
plutôt  que  de  temps,  et  qu'après  tout 
Hésiode  peut  bien  être  aussi  ancica 
qu'Homère  ,  nous  répondrions  que  c«t 


HJ 

sîode  ne  smnit  •  me  façon  être 
hd  de  la  Théogoi  ,  à  co  dérer  le 
ogres  des  idées,  aes  ces  de 

Ht  genre  qui  s'y  déconrre ,  notami  ot 
s  connaissances  géographiques;  à  con- 
lérer  la  couleur  du  style  et  l'imitation 
idente ,  tantôt  de  certains  passage  les 
lurrts  et  Jours ,  tels  que  le  myth  de 
indore,  tantôt  et  plus  souvent  des  or- 
es de  la  poésie  homérique.  A  plus  orte 
ison  refuserions-nous  au  vieux  m  itre 
Ascra  ces  continuations  ,  ces  anne: 
le  la  Théogonie  reçut  aussi  bien  que  les 
Sorres,  et  où,  plus  tard  encore ,  Técole 
Il  procéda  de  lui,  se  produisit  sons  un 
sîsième  aspect,  sous  un  aspect  mythique 
historique  à  la  fois,  compilant  de  toute 
irt  les  généalogies,  les  légende  des 
ïTos ,  pour  les  placer  à  la  suite  des  gé- 
ialogies  et  des  légendes  des  dieux.  Nous 
»alons  parler  surtout  de  cette  épopée , 
1  plutôt  de  cette  espèce  de  chronique 
•roîque,  célèbre  dans  l'antiquité ,  mais 
Tdue  aujourd'hui ,  sauf  un  petit  nom- 
-e  de  fragments,  et  qu'on  trouve  citée 
squ'au  V*  siècle  de  notre  ère,  sous  les 
MBS  divers  de  Catalogue  des  jemmes 
s  mères  des  héros),  de  Grandes  Eœées 
i  cause  d'une  formnle  qui  s'y  répétait 
5  récit  en  récit  ) ,  ou  de  Généalogies 
rrotqaes  ;  car  ces  différents  noms  sem~ 
lent  désigner  un  même  corps  d'ouvrage, 
àne  étendue  plus  considérable  qu'au- 
m  des  autres  poèmes  hésiodiques ,  et 
istribué  en  cinq  livres,  qui  furent  peut- 
re  des  chants  originairement  distincts, 
a  tradition  les  attribuait  en  masse  à 
;ésîode;  mais  la  critique  y  reconnut 
ns  peine  des  signes  nombreux  de  pos- 
riorité ,  même  relativement  à  la  Théo- 
mie,  bien  qu'ils  semblent  y  tenir  au- 
«rdlini  encore  par  la  dernière  partie, 
iDs  doute  ajoutée  après  coup,  de  celle-ci. 
e  fragment  le  plus  considérable  lies 
Grandes  Eœées  fut  détaché,  on  ne 
tit  à  quelle  époque,  pour  servir  d'intro- 
BCtion  au  petit  poème  parvenu  jusqu'à 
DOS  avec  le  titre  de  Bouclier  d'Hercule^ 
noiqne  la  description  de  ce  bouclier  ne 
lit  qu'un  accessoire  du  combat  d'Her* 
ile  et  de  Cycnus,  qui  en  est  le  véritable 
ijet.  Ce  petit  poème,  du  moins  avec  cet 
sccasoire  ,  imitation  ingénieuse  ,  mais 
icente,de   la  description  du  bouclier 

Eneyehp,  d,  G.  d.  M,  Tome  XIII. 


(  786  )  HES 

d'Achille  dans  lUiade,  ne  samiut,  mal- 
gré le  sentiment  d'Apollonius  de  Rliodesy 
passer  pour  une  œuvre  hésiodique,  an 
même  titre  que  les  Noces  de  Céyx ,  la 
Descente  de  Thésée  aux  enfers^  VEpi» 
thalame  de  Thétis  et  de  Pélée^  qui  pa- 
raissent avoir  été  autant  d'épisodes  de 
la  Héroogonie.  D'autres  ouvrages  perdus 
également  furent  encore  mis  sur  le 
compte  d'Hésiode ,  mais  avec  moins  d'u- 
nanimité que  les  précédents  :  ce  sont 
VJEgimius^  hbtoire  mythique  de  la  na- 
tion dorienne,  attribuée  aussi  à  Cercops 
de  Bfilet,  la  Mélampodie,  distincte  d'un 
poème  divinatoire  et  d'un  poème  astro» 
nomique  ou  astrologique,  et  souvent 
citée  sans  nom  d'auteur  ;  les  Conseils  de 
Chiron  à  Achille ,  etc. ,  ces  dernières 
productions  tout  au  plus  dans  la  manière 
générale  de  l'école  hésiodique,  et  se  rat- 
tachant plutôt  à  l'école  orphique  qui  la 
continua.  Kay,  Oeph^. 

Les  éditions  les  plus  importantes  des 
poèmes  d'Hésiode,  sans  parler  des  an- 
ciennes, sont  celles  de  Grapvius,  Amster- 
dam, 1667,  in-8*;  de  Th.  Robinson , 
Oxford,  1734  ,  in-4<>,  reproduite  par 
Loesner,  Leipzig,  1778,  in-8<*;  de  Th. 
Gabford  dans  son  recueil  des  Poetœ 
grœci  minores,  tom.  I,  réimprimé  à 
Leipzig,  en  1823,  avec  toutes  les  scho* 
lies  et  de  nombreuses  variantes  ;  de  Bois- 
sonade,  dans  la  Sflloge  poetarum  grœ^ 
corum,  tom.  XI,  Paris,  1834,  io-18; 
deGœttling,  Gotha  et  Erfurt,  1831, 
in-8^.  Il  faut  citer  encore  les  éditions 
spéciales  des  OEuvres  et  Jours,  par 
Lanzi,  Flor. ,  1 808,  et  par  Spohn,  Leipz., 
1819,  in-8'';  de  la  Théogonie,  par  Fr.« 
A.  Wolf,  Halle,  1783,  in-8o;  du  Bou^ 
ciier,  par  Heinrich ,  BresUu,  1803, 
in-8**  ;  et  la  collection  précieuse  des 
Fragments ,  par  Lehmann ,  De  Hesiodi 
Carm.  perd,,  part.  I,  1828.  Quant 
aux  questions  historiques  et  littéraires 
concernant  Hésiode ,  son  époque  et  aes 
ouvrages ,  les  écrits  qui  ont  le  plus  con- 
tribué à  les  éclairer,  et  dont  nous  avons 
fait  notre  profit,  sont  ceux  de  Heyne  et 
de  Yoss,  de  Creuzer  et  de  Hermann ,  de 
Fr.  Thiersch,  de  Twesten,  é^.  Mûller, 
de  Welcker,  de  KJausen,  de  Nitzsch 
(les  quatre  derniers  plus  ou  moins  dans 
notre  point  de  vue ,  auquel  semble  re- 


50 


ttES 


(186) 


tIES 


vena  à  bien  des  égards  Herminn  lui- 
même  ,  avec  sa  grande  autorité ,  dans  le 
60  vol.  de  ses  Opuscules).  Ajoutons  les 
utiles  recherches  critiques  de  Mûttzel 
De  Emendat,  Theogon, ,  t833,  et  de 
Lehrs,  Qtiœst.  Epicœ^  1837.    G-f-t. 

HÉSIONE9  voy,  liAOïiiBON  et  Her- 
cule. 

UESPÉRIDES.   Les   Hespérides 
étaient  de  belles  nymphes  occidentales  ^ 
filles  d'Uespénis  (le  soir  ou  la  nuit),  et 
qu*Apollodore  appelle  Églé  y  Érythie  y 
FestaeiAréthusey  tandis  que  Diodore  les 
confond  avec  les  sept  Atlantides  ou  filles 
d'Atlas  (vo/.).  Elles  étaient  préposées  à 
la  garde  des  pommes  d'or  d'un  jardin 
inaccessible  et  mystérieux,  délicieuse  oasis 
confiée  à  la  garde  d'un  dragon  on  ser- 
pent monstrueux ,  n«mmé  Ladon,  de  la 
race  de  Typhon ,  et  ne  dormant  jamais. 
Un  des  travaux  d'Hercule  {yoy,)  fut  de 
rapporter  à  Eurysthée  des  pommes  d'or 
des  Hespérides.  Étant  parvenu  à  décou- 
vrir la  situation  du  jardin  qui  cachait  ce 
trésor ,  il  tua  le  serpent  aux  cent  têtes,  et 
cueillit  les  fruits  d'or,  témoignage  de  sa 
victoire.  Les  filles  d'Hespérus,  au  déses- 
poir, furent  métamorphosées  en  arbre 
(Apollonius,  Argon, ,  IV,  t.  4000).  Des 
mythologues  prétendent  que  les  Hespéri- 
des étaient  une  peuplade  d'Occident,  qui 
avait  de  grands  troupeaux ,  et  que  c'est 
l'ambiguïté  du  mot  fxn^ov,  signifiant  un 
mouton  et  une  pomme  (Varron ,  de  Re 
/L  ,  n ,  1,6  :  aurea  mala ,  id  est^  ca* 
preas  et  opej)^  qui  avait  donné  lieu  au 
mythe  des  Hespérides.  Pline  et  Solin  veu- 
lent que  le  serpent  signifie  un  bras  de 
mer  dont  les  sinuosités  entouraient  et  pro- 
tégeaient leurs  prairies  ou  jardin.  Hésiode 
place  ce  jardin  au-delà  de  l'Océan;  Apol- 
lodore  près  du  mont  Atlas;  les  uns  dans  la 
Cyrénaîque,  les  autres  dans  l'île  de  Gades 
ou  Gadira  (Cadix),  d'autres  enfin  dans  les 
lies  des  Hespérides  [Hesperidum  insulœ)y 
qu'on  croit  être  les  lies  du  cap  Vert  {yoy, 
FoETUHÉEs).  La  mythologie,  qui  est  re- 
montée de  la  terre  aux  cieux,  nous  mon- 
tre encore ,  au  solstice  d'été ,  la  constel- 
lation d'Hercule  descendant  vers  les  ré- 
gions occidentales  (l'Hespérie),  et  foulant 
à  aei  pieds  le  dragon  polaire  ;  dans  l'une 
de  ses  mains  est  sa  massue ,  et  dans  l'an- 
Cre  an  rtoiMU  chargé  du  fruit  des  Hes- 


pérides, attributs  qui  canctériiCBt  la 
force  du  soleil  solstitîal,  et  qui  préatgeat 
la  fertilité  de  la  terre  et  l'abondance  <ki 
récoltes.  F.  D. 

HESPÉRIE,  pap  du  couchant,  voj. 
EsPAGifE  et  Italie. 

UESPÉRUS,  étoile  du  soir,  voy. 
VÉinjs  (astron.). 

HESS  (Jean- Jacques)  ,  prédicateur 
protestant  non  moins  distingué  par  loa 
caractère  et  ses  mœurs  que  par  ses  la- 
lents,  naquit  en  1741  à  Zoricb,  où  il 
fit  ses  études  sous  la  direction  de  Brci- 
tinger,  Bodmer,  Lavater  et  Ziaamcnnaaa. 
Il  y  fut  nommé  diacre  en  1 7  7  7 ,  et  ea  1 7  9^ 
premier  prédicateur  et  aniistes  on  dovca 
du  clergé  du  canton  de  Zurich  ;  il  y  ona- 
rut  le  34  mai  1828. 

Formé  à  l'école  de  rantiquité  et  de  h 
philosophie  de  Wolf ,  Hess  débuta  dam 
la  carrière  littéraire  par  une  Histoire  da 
trois  dernières  années  de  la  we  de  Jéswt 
(Zurich,!  772,3  vol.). L'évéqueMûnIer  fil 
de  cet  ouvrage  la  base  dea  entreliens  t^ 
gieux  qu'il  eut  avec  Stniensée(vox.)  avaal 
son  exécution,  et  ce  dernier  s'exprima  de  la 
manière  la  plus  avantageuse  sor  l'excel- 
lence du  livre,  auquel  cette  circoostaDce 
donna  une  grande  vogue.  HeM  publia 
ensuite  sucoessiveinent  un  ouvrage  Sur  ie 
royaume  de  Dieu  (1774),  une  HiskHre 
des  apôtres  de  Jésus  et  de  Umrs  éents 
(1775,   13  vol.),  et  une  Histoire  des 
IsraéUtes  (1776  à  178S,  13  voL).  D«a> 
tous  ces  ouvrages,  écrits  en  langue  alle- 
mande, l'auteur  (ait  remarquer,  dans  la 
continuité  des  révélations  divion,  l'edn- 
cation  progressive  du  genre  hunain  par 
Dieu  lui-même  et  le  plan  qu'il  a  anivi 
pour  fonder  et  afièrmir  soo  royaiuae.  Li 
raison  lui  faisant  sentir  la  nécaiMté  d'une 
révélation ,  Hess  l'admit  sans  héàlar.  D 
resta  ferme  dans  cette  conviction,  non 
qu'il  cessât  de  travailler  à  s'instruira,  non 
qu'il  î^l  aveuglé  par  des  pr^ugés ,  mai» 
parce  que  là  et  non  ailleiirs  se  trouvait 
pour  lui  la  vérité.  Aussi  ses  écrits  evrem» 
ils  le  plus  grand  succès  :  m^nwr  aujoni^ 
d*hui,  ib  sont  beaucoup  lus  a 

Hess  ne  fut  pas  moins  goûté 
prédicateur ,  quoiqu'il  nVùt  pas  la  bril- 
lante éloquence  de  Lavater.  De  1781  à 
1 800 ,  il  fit  imprimer  deux  recueils  dt 
•et  fermons,  Tun  en  5  décades,  Pantreca 


HES 


(187) 


HES 


S  ▼olaina.  Hess  s'acquitta  avec  nne  grande 
bal>îleté  des  devoirs  que  lai  imposait  sa 
doable  charge  jusqu'au  jubilé  de  la  ré- 
Ibmiatîoo  en  1819.  Le  jour  même  de 
cette  fête,  il  reçut  le  diplôme  de  docteur 
de  trou  facultés  de  th^logie ,  et  monta 
en  chaire  pour  la  dernière  fois.  Depuis , 
H  ae  renferma  dans  ses  fonctions  d'a/i- 
iistes  y  qu'il  remplit  à  l'aide  de  quelques 
eodésîastiques  moins  âgés  que  Ini^  Tous 
lea  écrits  de  cet  homme  savant  et  pieux 
(MBt  été  imprimés  à  Zurich;  tous  ont  en 
plusieurs  éditions,  et  on  les  a  réunis  en  23 
volumes ,  sous  le  titre  d'OEuvre  biblique 
étBitas{Hess'sehes Bibelwerk),  CL. 

H  ESSE  (maison  de).  Elle  doit  son 
nom  à  cette  partie  de  la  Thuringe  qui 
lai  fut  donn^  en  apanage  au  xiu*  siè- 
cle ,  et  qui  elle-même  devait  le  sien  aux 
Hassii  (Hessois),  dont  nous  avons  vu  l'o- 
rigiae  à  l'article  Cattss.  Dès  le  temps  de 
Charlemagne,l'histoire  fait  mention  d'une 
Hassia;  depuis  ce  temps,  jusque  vers 
1 1 30,  les  Hessois  furent  gouvernés  par 
des  seigneurs  et  des  comtes  presque  tous 
appelés  Wemer  ou  Gison.  La  fille  et  uni- 
que héritière  de  Gison  IV  porta ,  en  se 
■Muriant,  les  possessions  de  sa  maison  dans 
celle  de  Thuringe  {voy,)  ;  mais,  en  1 268, 
la  Heme  fut  séparée  du  landgraviat  de  ce 
■cm ,  et  eut  dès  lors  ses  propres  land- 
graves, dont  la  division  en  deux  lignes  ne 
date  que  de  l'année  1567. 

Ces  deux  lignes  sont  celles  de  Hesse- 
Cassel  et  de  Hesse-Darmstadt;  elles  sont 
encore  aujourd'hui  en  possession  de  deux 
états  souverains  faisant  partie  de  la  Con- 
fedération  germanique  {voj,  l'article)  et 
dont  il  aéra  traité  dans  les  deux  arti- 
cles suivants.  Une  troisième  ligne ,  celle 
de  Hesse-Hombourg  (i^of  .),  se  détacha, 
en  1596,  de  celle  de  Hesse-DarmstadL 
En  1806,  cette  troisième  ligne  perdit  sa 
souveraineté  territoriale  ;  mais  elle  la  re- 
couvra dix  ans  après. 

D'antres  lignes ,  qui  ne  sont  pas  son* 
veraines,  mais  auxquelles  le  titre  de  iand» 
grope-ead  aussi  resté  affecté,  sont  sorties 
de  celle  de  Hesse-Cassel.  Elles  sont  apa- 
■âgées  et  ont  le  droit ,  en  vertu  de  Tart. 
63  de  la  constitution  de  l'électorat,  d'en- 
woyer  chacune  un  prince  de  leur  famille, 
«i  un  représentant  muni  de  leurs  pleins 
fonvoifs,  à  l'assemblée  des  États,  Tious 


devons  dire  un  mot  de  chacune  de  ces 
lignes  cadettes. 

La  première,  celle  de  Hxsse-Roten- 
Bonac ,  est  aujourd'hui  éteinte.  Elle  fut 
fondée,  en  1677,  par  Ernest,  le  dernier 
des  fils  du  landgrave  Maurice  (iK>x.  Hessb- 
Cassbl),  qui  embrassa  la  religion  catho- 
lique que  professèrent  tous  ses  descen- 
dants. Comme  sa  famille  était ,  jusqu'en 
1754,  en  possession  de  la  forteresse  au- 
jourd'hui détruite  de  Rheinfeb  (r^ence 
prussienne  de  Coblentz) ,  elle  portait 
alors  le  nom  de  Hesse-BÀeinfels^Iloeen' 
bourg,  qu'elle  abrégea  depuis  cette  épo- 
que. Son  apanage  se  composait  de  ce 
qu'on  appelle  le  quart  de  Rotenbourg , 
avec  60,000  habitants.  Outre  les  revenus 
de  cette  principauté,  qui  relevait  de  l'é- 
lectorat, et  de  celle  de  Ratibor,  en  Silé- 
sie,  récemment  acquise  et  que  cette 
ligne  possédait,  avec  d'autres  terres,  sous 
la  suzeraineté  de  la  Prusse,  elle  tirait 
de  Hesse-Casael  un  revenu  annuel  de 
83,500  florins,  et  de  la  Prusse  une  rente 
de  30,000  florins,  en  dédommagement 
de  ses  anciennes  possessions  sur  la  rive 
gauche  du  Rhin.  La  nouvelle  constitution 
de  Hesse-Cassel  ayant  été  mise  en  vigueur 
sans  qu*on  eût  consulté  le  dernier  land- 
grave, Victor- Amédée,  né  le  2  septembre 
1779,  mort  le  12  nov.  1834,  quoiqu'il 
prétendit  avoir  un  avis  à  émettre  d'après 
d'anciens  contrats  de  famille,  ce  prince 
repoussa  toutes  les  tentatives  qu*ou  a  fai- 
tes pour  l'engager  à  y  acquiescer.  Sa  mort 
donna  lieu  à  de  graves  discussions,  quant 
à  son  riche  héritage,  d'une  paîrt  entre  l'é- 
lectorat (auquel,  à  défaut  d'héritier  mâle 
de  la  ligne  de  Hesse- Rotenbourg,  le 
quart  de  Rotenbourg  devait  retourner  ) 
et  la  fille  du  dernier  landgrave,  ainsi 
que  la  maison  de  Hesse-Philippsthal  ;  de 
l'autre,  entre  l'électeur  et  la  chambre  des 
États ,  laquelle  revendiqua  pour  le  Tré- 
sor public  des  revenus  que  le  premier  dé- 
sirait réserver  pour  sa  cassette  particu- 
lière et  son  domaine  privé. 

La  seconde  ligne  collatérale  de  celle 
de  Hesse-Cassel  est  la  ligne  de  Hbssb- 
Phuippsthal,  fondée,  en  1 685,  par  Phi- 
lippe ,  6*  fils  du  landgrave  Guillaume  VI 
{vojr,  Hessb-Gassbl).  Les  deui  fils  de  ce 
prince  furent  les  fondateurs  des  lignes  de 
Hesse  PhiUppstkaUx  àMesse- Philippin 


HES 


(788) 


HBS 


thal''Barchfeldy  qui  appartiennent  tou- 
tes deux  à  Téglise  réformée.  La  première 
fait  sa  résidence  dans  le  bourg  de  Kreuz- 
berg  ou  Philîppstbal ,  sur  la  Werra  ;  la 
seconde  à  Barchfeld ,  également  sur  la 
Werra,  dans  la  province  de  Fulde.  Le 
landgrave  actuel  de  Hesse-Philippsthal 
est,  depub  1816,  —  Ernest  Constantin, 
né  le  8  août  1 7  7 1 .  Il  a  deux  fils.  Ses  trois 
frères  se  sont  distingués  sur  le  champ  de 
bataille  :  Tun,  Charles,  fut  tué,  en  1792, 
près  de  Francfort;  l'autre,  Frédéric,  com- 
battit avec  gloire  dans  les  armées  de  Tim- 
pératrice  Catherine  II ,  et  le  troisième , 
Gustave,  qui  mourut  en  1816,  se  rendit 
célèbre  par  la  brillante  défense  de  Gaête. 
Le  landgrave   de  Hesse  -  Philippsthal- 
Barchfeld  est  Charles-Auguste-Philippe- 
Louis,  né  le  27  juin  1784,  et  qui  hérita 
du  titre  en  1803.  Il  a  quatre  fib.  Ses 
frères  aussi  ont  inscrit  leurs  noms  dans 
les  fastes  militaires  :  Tun,  Guillaume,  né 
en  1786,  était  major  général  au  service 
du  Danemark;  l'autre,  Ernest,  né  en 
1789,  était,  jusqu'en  1836,  lieutenant 
général  dans  l'armée  russe;  depuis  1837, 
il  est  au  service  du  Hanovre  avec  le  grade 
de  général  de  la  cavalerie,  qu'il  reçut  de 
l'empereur  de  Russie  en  prenant  sa  re- 
traite. 

Enfin  deux  lignes  collatérales  plus  ré- 
centes, et  d'une  plus  proche  parenté  avec 
la  ligne  électorale  dont  elles  paraissent 
destinées  à  recueillir  Théritage,  sont  celles 
des  deux  landgraves  apanages  Charles  et 
Frédéric  de  Hesse-Cassel ,  frères  putnét 
du  landgrave  Guillaume  IX,  qui  devine 
électeur  sous  le  nom  de  Guillaume  I^*^. 
Le  landgrave  Charles,  mort  en  1836 ,  a 
en  pour  héritier  Frédéric,  feldmaréchal 
au  service  du  Danemark  et  gouverneur 
lies  duchés  de  Sleswig  et  de  Hobtein. 
Ce  landgrave  actuel  est  né  en  1771.  Le 
landgrave  Frédéric  est  mort  en  1837; 
son  fib  Guillaume ,  né  en  1 787 ,  est  gé- 
néral-major danob  et  gouverneur  de 
Copenhague.  Il  est  le  beau- frère,  par  sa 
femme,  du  roi  de  Danemark  actuel,  et 
son  fib,  né  en  1820,  est  regardé  comme 
le  futur  héritier  pr^mptif  de  Félecto- 
rat.  J.  H.  S. 

HESSE-CASSEL  ou  Hesse  ïlbc- 
TOHALE,  en  allemand  Kurhessen^  le  ber- 
ceau et  le  point  de  départ  de  la  famille 


qui  gonveme  let  trob  élati  dont  on  a 
parlé  dans  l'article  précédent. 

\^  Géographie  et  statistiqtte.  L*élcc- 
torat  de   Hesse -Cassel  est   sîtné  cotre 
26»  11'  et  28»  13'  de  longitude cs^  et 
entre  49»  56'  et  52»  26'  de  latitndenord. 
Il  est  borné  au  nord  par  le  Hanovre,  à  Tôt 
par  la  province  prussienne  die  Saxe,  le 
grand-duché  de  Saxe-Weimar  et  b  Ba- 
vière, au  sud  par  le  grand-diiché  de  Heac^ 
Darmstadt  et  la  Bavière ,  enfin  à  Pooett 
encore   par  Hesse -Dannsladt,  par  b 
principauté  de  Waldeck ,  et  la  province 
prussienne  de  Westphalie.  Le  comté  àt 
Schaumbourg  et  le  district  de  Smalkade 
(Schmalkalden),  plus  à  Tert,  sont  senb 
enclavés  entre  des  lerritoirea  étrangen. 
La  position  de  l'électorat  an  centre  de 
r  Allemagne,  entre  le  nord  et  le  sud,  qui 
le  rend  l'intermédiaire  naturel  entre  os 
deux  parties,  lui  a  donné  de  tout  tempi 
sur  les  afîaires  intériearet  de  l'empire  nae 
influence  plus  grande  qu^on  n'eût  dû  le 
supposer  d'après  le  peu  d'étendue  de  ton 
territoire.  Il  a  208  milles  carrés  géogr. 
de  superficie,  et  environ  644,000  habi- 
tants dont  la  grande  majorité  profesc  b 
religion  luthérienne  on  la  réformée   ces 
deux  cultes  sont  fondus,  depuis  1 8 1 8,  en 
un  seul,  VÉgUse  évangélique)^  Cepen- 
dant on  compte  dans  l'électorat  1 10,000 
catholiques,  8,300  juifs  et  260  menno- 

nites.  Son  territoire  est,  en  majeure  partie, 
montagneux  ;  environ  les  deux  tiers  sont 
couverts  de  forêts.  Le  climat  y  est  un  pca 
rude,  moins  toutefob  dans  les  environs 
de  Hanau  et  d'Isenbourg.  La  Fnlda,  b 
Werra,  le  Weser,  le  Mein,  la  Lehn,  IXd- 
der,  le  Diemel,  le  Schwalm  et  le  Wctier 
sont  les  principaux  fleuves  et  rivièm  qni 
baignent  la  Hesse.  On  y  cultive  le  labêc, 
les  céréales,  les  légumes,  surtout  les  fruits 
et  le  lin  qui  y  sont  d'une  excellente  <|aa- 
lilé^  la  vigne  seulement  dans  le  midi. 
Le  pays  produit  en  grande  quantité  d« 
sel,  des  charbons  de  terre  et  du  bois;  oe 
y  trouve  aussi  du  fer,  un  peu  de  cuivre, 
de  l'alun,  du  vitriol,  de  la  terre  à  poterie 
excellente,  du  plâtre,  de  la  chaux  et  da 
grès.  Les  toiles,  les  tuiles  et  la  faience 
en  sont  les  principaux  produits  indns- 
trieb.  Le  commerce  retire  beaucoup  dV 
vantages  du  transit  des  marchandîset  de 
Francfort*tur-le-Meln  vers  le  nord  de 


IlES 


PAllemaçne  et  des  marchandises  expé- 
diées de  Brème  et  des  autres  villes  anséa- 
tiques  dans  les  états  méridioDaux. 

Sous  le  rapport  administratif,  Félec- 
torat  est  divisé  en  quatre  provinces  qui 
portent  le  nom  de  Haute  et  Basse-Hesse^ 
Fulda  et  Hanau.  Chacune  d^elies  a  une 
adminbtration  à  part.  La  plus  haute  cour 
jodiciaire  est  le  tribunal  supérieur  d^ap- 
pel  de  Cassel.  Les  tribunaux  supérieurs  de 
Cas8el,Marbourg,FuldeyHanau  etRinleln 
forment  la  seconde  instance;  les  tribunaux 
cmntonnaux  et  les  bailliages  de  justice  le 
premier  degré  de  juridiction.  Les  affaires 
iMxJésiastiques  sont  dirigées  par  trois  con- 
sistoires et  par  un  évéque  catholique  qui 
réside  à  Fulde.  Les  principaux  établisse- 
ments d^instruction  publique  sont  l'uni- 
▼ersité  de  Marbourg,  Cbndée  en  1527, 
par  Philippe  le  Magnanime  avec  les 
produits  des  couvents  et  des  biens  ecclé- 
siastiques sécularisés,  sept  gymnases,  trou 
écoles  normales  pour  les  instituteurs,  deux 
académies  de  dessin  et  de  peinture,  deux 
écoles  forestières,  une  école  de  cadets  et 
un  grand  nombre  d'écoles  primaires.  Les 
revenus  de  Télectorat  peuvent  s'élever  à 
environ  3,1 70,000  écus;  les  dépenses  or- 
dinaires, à  2,880,000  écus,  auxquelles  il 
£iut  ajouter  environ  365,000  écus  de 
dépenses  extraordinaires.  La  moitié  des 
revenus  de  la  maison  électorale  est  réunie 
aa  Trésor ,  en  vertu  de  la  convention  de 
183 1  ;  Tautre  moitié  est  à  la  libre  disposi- 
tion de  Télecteur.  Lesdomainesappartien- 
nent  à  l'état  qui,  en  retour,  sert  au  prince 
une  liste  civile  annuelle  de  392,000  écus. 
Les  postes  sont,  par  un  traité  passé  le 
1^  juillet  1816  avec  le  prince  de  la  Tour 
et  Taxis,  affermées  pour  la  somme  de 
40,000  écus  par  an.  Tout  homme  en  état 
de  porter  lesarmes  peut  être  jusqu'à  50  ans 
astreint  au  senrice  militaire.  Le  contin- 
gent fédéral  est  de  5,679  hommes  qui 
appartiennent  au  9*  corps  d'armée,  et,  en 
comptant  la  réserve,  de  7,572  hommes. 

Dans  le  petit  conseil  ou  assemblée  or- 
dinaire de  la  diète,  l'électorat  occupe  la 
huitième  place ,  et  il  a  trob  voix  dans 
l'assemblée  générale.  Les  rapports  de  la 
famille  des  princes  de  Hesse  ont  été  fixés 
par  la  loi  (Sioats^und  Hausgesetz)  du 
4  mars  1817.  Il  y  a  dans  le  pays  trois 
ordres  :  rordre/H>tf r  la  Feriu  mUHaire^ 


(  T89  )  HES 

et  celui  du  Lion  d'or,  fondés  par  le  land- 
grave Frédéric  II,  le  premier  en  1769, 
le  deuxième  en  1770,  et  celui  du  Casque 
de  fer,  institué  en  1814  par  Télecteur 
Guillaume  I^'*. 

Un  article  séparé  sera  consacré  à  la 
capitale  de  l'électorat,  au  mot  Kassel  ;  on 
y  joindra  une  courte  description  du  beau 
parc  de  JfUhelmS'-Ilœhe,  Nous  avons 
déjà  fait  mention  de  l'université  de  Mar- 
bourg;  Hanau  et  Fulde  forment  l'objet 
d'articles  particuliers. 

2<*  Histoire.  Dans  l'article  précédent, 
nous  avons  dit  que  la  Hesse  se  sépara  de 
la  Thuringe  (vojr,)  vers  le  milieu  du  xm« 
siècle.  C'est  un  descendant  de  Charle- 
magne  (par  la  ligne  masculine  et  la  ligne 
féminine) ,  le  fils  d'un  duc  de  Brabant  et 
d'une  fille  du  landgrave  de  Thuringe, 
Henri  I**"  l'Enfant  y  qui  a  ouvert  la  série 
de  ses  princes  à  elle  propres.  L'empereur 
Adolphe  de  Nassau ,  en  1292 ,  déclara  le 
landgrave  Henri  prince  d'£mpire ,  lui  et 
ses  successeurs,  et  son  pays  un  fief  immé- 
diat de  la  couronne  impériale.  Henri  éta- 
blit sa  résidence  à  Cassel  et  y  bâtit  un 
château.  Ses  descendants  régnèrent  suc- 
cessivement soit  sur  la  Hesse  entière,  soit 
sur  l'une  de  ses  parties,  la  Hesse-Supé- 
rieure  ou  la  Hesse-Inférieure  :  Cassel  éuit 
le  chef- lieu  de  celle-ci,  Marbourg  de 
celle-là.  Le  comté  de  Katzenellenbogen, 
dans  le  nom  duquel  s'est  conservé  celui 
des  Cattes  (G?///,  Melibocus\  fut  joint  à 
la  Hesse  par  le  mariage  du  landgrave 
Henri  HI,  qui  régna  de  1458  à  1483. 
Philippe  le  Magnanime  y*  à  qui  nous 
consacrerons  une  notice  ,  reçut  de  son 
père  Guillaume  H,  qui  survécut  à  Guil- 
laume ni  et  hérita  de  sa  part,  la  Hesse 
tout  entière,  en  1509,  et  il  la  gouverna 
jusqu'en  1567.  C'est  lui  qui  fonda  l'uni- 
versité de  Marbourg.  Mais  il  divisa  de 
nouveau  ses  états  en  quatre  parts  :  Guil- 
laume IV  eut  Cassel  et  la  moitié  de  tout 
l'héritage  ;  Louis  El  le  Testateur^  qu'on 
appelle  quelquefois  Louis  IV,  eut  un 
quart  du  tout  avec  Marbourg;  et  le  qua- 
trième quart  fut  partagé  entre  Philippe  II 
qui  eut  Rheinfels  et  George  I*'  dont 
Darmstadt  devint  la  résidence.  Mais  Phi- 
lippe H  étant  mort  en  1 58  8,  et  Louis  HI  en 
1604 ,  il  ne  resta  plus  que  deux  lignes  , 
celles  de  Gaasel  et  de  Dannstadt. 


HlilS 


(790) 


HES 


La  branche  de  Gaasel ,  Tainée  de  la 
maison  de  Uesse,  fut  donc  fondée  par 
Guillaume  IV,  ou  le  Sage^  fils  aîné  de 
Philippe  le  Magnanime,  Après  aroir 
régné  de  1567  à  1592,  il  eut  poursuo- 
ce9seur  le  landgrave  Maurice  le  Savant^ 
qui  abdiqua  en  1 627,  et  laissa  le  gou- 
vernement à  son  fils  Guillaume  V  le  Con- 
stant, Ce  prince,  en  1628,  établit  pour 
sa  race  le  droit  de  primogéniture;  il  prit, 
dans  la  guerre  de  Trente- Ans,  parti  pour 
la  Suède,  et  mourut  dans  le  bannisse- 
ment en  1637.  Son  fils  mineur,  Guil- 
laume YI  le  JustCy  resta  jusqu'en  1 650 
tous  la  tutelle  de  sa  mère,  Amélie-Eli- 
sabeth, comtesse  de  Hanau,  qui  obtint 
en  dédommagement  des  malheurs  de  la 
guerre  Tabbaye  de  Hersfeld  et  la  majeure 
partie  ducomtédeSchaumbourgyaTecFu- 
Diversité  de  Rinteln,  fondée  en  1621,  et 
réunie  en  1 809  à  celle  de Marbourg.  Guil- 
laume VI,  mort  en  1 663,  eut  pour  succes- 
seur sou  fils  Guillaume  VII,  qui  mourut  en 
1 67  0,  à  l'âge  de  1 9  ans.  Son  frère  Charles 
lui  succéda  sous  la  tutelle  de  sa  mère,  et 
régna  jusqu'en  1730.  Après  la  guerre  de 
Trente- Ans,  les  troupes  hesfoises,à  la  solde 
d*autres  puissances  continentales,  prirent 
part  à  presque  toutes  les  guerres  d'Eu- 
rope et  de  Turquie.  Cette  traite  des  blancs, 
qui  devint  dès  lors  familière  aux  princes 
de  liesse,  et  fut  la  source  de  leurs  im- 
menses richesses,  améliora,  il  est  vrai,  les 
finances ,  mais  non  le  bien-être  du  pays. 
\a  cour  de  Cassel  ne  tarda  pas  à  devenir 
brillante  ;  le  prince  allia  sa  famille  à  des 
puissances  étrangères,  et  ouvrit,  en  1 7  20, 
les  voies  au  trône  de  Suède  à  son  fils 
Frédéric,  devenu  l'époux  d'Ulrique  Éléo- 
nore,  sccur  de  Charles  XII.  A  la  mort 
de  son  père,  en  1730,  le  roi  Frédéric  I*' 
fit  gouverner  le  landgraviat  par  son  frère, 
et,  comme  il  mourut  sans  enfants  en  1 75 1 , 
le  régent  lui  succéda  sous  le  nom  de 
Guillaume  VIII.  Il  prit  part  comme  allié 
des  Anglais  à  la  guerre  de  Sept-Ans,  qui 
fit  l)eaucoup  d'honneur  aux  soldats  hes- 
sois,  mais  beaucoup  de  mal  au  pays,  et 
mourut  en  1760.  Son  fils  Frédéric  II, 
qui  avait  embrassé  la  foi  catholique,  tint 
une  cour  très  brillante,  augmenta  son 
armée  et  vendit  ses  régiments  aux  An* 
glais  pour  servir  dans  la  guerre  d'Amé- 
r;(jue.  De  1U76  à  \Q&4)  c«  Itafic  rap- 


porta a  la  Heise,  pour  33,000 
mes,  31,276,778  écus.  Frédéric 
en  1785,  et  eut  pour  mccwaenr  le  laad» 
grave  Guillaume  IX  qui,  depuia  1760, 
avait  déjà  été  comte,  puîa  prince  de  Ha- 
nau (iHTX.) ,  nouvelle  acqaiaitioo  de  li 
Hesse.  Ce  landgrave  avait  été  élevé  toosb 
direction  de  sa  mère,  fille  de  Geor^B  H, 
roi  d'Angleterre,  dans  les  prindpei  di 
culte  réformé.  Non  oootent  de  fournir  It 
contingent  qu'il  devait  en  Teitn  des  km  «k 
l'Empire,  Guillaume  prit  part,  vmmt 
allié  de  la  Grande-Bretagne,  à  la  gnon 
de  la  révolution  française;  cependant, 
conjointement  avec  la  Pmsae,  il  sonxri- 
vit  à  la  paix  de  Bâie,  en  1795.  ComM 
indemnité  de  la  perte  de  aei 
transrhénanes  avec  environ  3,500 
tants,  il  obtint  en  1808  plusieurs  vilio 
et  bailliages  qui  avaient  fait  partie  de  IV 
lectorat  de  Mayenoe.  Élevé,  le  3d  nove»* 
bre  de  la  même  année ,  à  la  dignité  d'é- 
lecteur, il  prit  le  nom  de  Guillaume  I**. 
Le  8  octobre  1806,  il  conclut  avec  Na- 
poléon un  traité  qui  reconnut  la  nca* 
tralité  de  son  pays;  mais  elle  ne  fut  poiat 
respectée  lorsque  Napoléon  eut  à  com- 
battre la  Prusse,  puisMmce  avec  laquelle 
l'électeur  était  intimement  lié,  d^une  part 
par  des  liens  de  famille  et  de  l'autre  par 
le  poste  de  feldmaréchal  qu*il  en  aiait 
accepté.  Dès  le  l*'  novembre,  le  minirtiv 
français  à  Caaiel  déclara  que  les  troupes 
de  l'empereur  allaient  prendre  pnsifMiaa 
du  pays.  Le  même  jour.  Casse!  fut  occupé 
et  l'électorat  incorporé  au  royaume  de 
Westpbalie.  Guillaume  I*'  ne  reCouma 
dans  ses  états  qu'après  une  ahernce  de 
six  ans,  le  31  novembre  1818.  A  la  paii 
de  18 14,  il  lui  frllut  céder  plusieurs  en- 
claves; mais  il  s'arrondit  par  l'acquisi- 
tion de  la  majeure  partie  du  duclhé  de 
Fulde  {yoy,\  Il  y  eut  a  son  retour  beau- 
coup de  difficultés  :  ses  habitu<lcs  de  mo- 
narchie absolue ,  son  attachement  pour 
l'ancien  état  de  choses,  son  opiniâtreté  à 
en  défendre  les  restes  ou  à  en  rétablir 
les  usages,  n'étaient  plus  en  rapport  avec 
les  nouveaux  besoins;  et  il  lallut  toute  son 
énergie ,  toute  son  activité ,  aa  sévère  ju^ 
tice  et  l'abord  facile  que  chacun  de 
jets  trouvait  près  de  lui ,  pour  lui 
pardonner  sa  résistance  contre  Teiprit 
du  siècle ,  ainsi  que  ton  catrèflie  duivlé. 


HES 


(7»1) 


HES 


B  ne  Toalut  reconnaître  aucun  des  actes 
da  ^uvemement  intérimaire.  U  aurait 
désiré  rétablir  Tempire  germanique,  et, 
ne  réussissant  pas  à  se  faire  proclamer 
roi  des  Cattes,  il  refusa  de  renoncer  à 
ton  titre  d'électeur  qui  n'avait  plus  de 
aens  et  auquel  il  joignit  cependant  ceux 
de  grand-duc  de  Fulde  et  de  prince  d'I- 
aenbonrg,  ainsi  que  la  qualification  d*al- 
tcase  royale.  L'organisation  d'une  assem- 
blée d'Etats  fut  pour  lui  une  nouvelle 
ooDtrariété  à  laquelle  il  ae  résigna  de  fort 
mauvaise  grâce.  Guillaume  P'  mourut 
le  37  février  1821,  et  eut  pour  succes- 
seur son  fils  Guillaume  II,  dont  la  liai- 
son avec  la  comtesse  de  Lessonitz'*  (d'a- 
bord nommée  comtesse  de  Reichenbacb) 
eut  pour  l'électorat  des  suites  si  impor- 
tantes. 

La  fermentation  produite  par  la  re- 
traite de  l'électrice  et  du  prince  électoral , 
son  fib,  par  les  difficultés  que  rencontrait 
l'établissement  de  la  constitution  d'États, 
par  des  actes  arbitraires  nombreux  et  la 
défiance  que  l'électeur  marquait  à  son 
peuple,  s*accrut  à  un  tel  point  que,  le  9 
septembre  1830,  il  y  eut  un  soulèvement 
qui  nécessita  l'armement  de  la  bourgeoisie 
afin  d'assurer  le  succès  légal  de  la  ré- 
forme contre  l'insurrection  du  peuple. 
Depuis  Henri  l'Enfant,  ce  fut  pour  la  pre- 
mière fois  que  Cassel  fîit  le  théâtre  de 
semblables  événements.  L'électeur  revint 
à  la  hâte,  avec  son  fib,  de  Carbbad,  où  il 
s'était  réconcilié  avec  lui.  Le  15  septem- 
bre, il  accorda  au  conseil  municipal  de 
Cassel  sa  demande,  soutenue  par  une  pé- 
tition de  1 ,400  signatures,  de  faire  publier 
enfin  la  constitution  depub  si  longtemps 
promise.  L'édit    d'organisation  du  39 
juin  1831  n'avait  fait  que  multiplier  les 
rouages  supérieurs  et  les  dépenses  de  l'é- 
tat, qu'à  enlever  toutes  les  garanties ,  et  à 
faire  des  employés  de  tous  grades  des 
instruments  passifs  entre  les  mains  des 
fonctionnaires  plus  élevés.  Par  une  or- 
donnance du  19  septembre  1830,  l'élec- 
teur convoqua  pour  le  16  octobre  les 
anciens  États  hessob  ;  car  la  Hesse  en 
possédait  depub  le  xin®  siècle  qui  se  te- 
naient alternativement  dans  le  landgra- 

(*)  Titre  emprunté  à  on  domaine  qne  l*élec- 
tenr  acheta  pour  elle  en  Morarie.  Avant  d*étre 
la  mattreate  «le  Guillaume ,  elle  avait  porté  le 
pool  de  MO*  Ortlepp.  S. 


viat  de  Uesse- Cassel  et  dans  celui  de 
Hesse-DarmstadL  On  présenta  un  projet 
qui,  après  avoir  été  discuté  tant  dans 
l'assemblée  qu'en  comité  et  en  présence 
des  commissaires  du  prince  fut  signé  le  3 
janvier  1831.  Ce  fut  une  joie  générale 
dans  le  pays  lorsque,  le  9,  fut  promul- 
guée la  constitution  qui  rendait  à  la  Hesse 
son  assemblée  d'États;  mesure  qui,  du 
reste,  n'était  que  l'exécution  d'une  pro- 
messe tardive  faite  par  l'électeur  Guil- 
laume I^'*  à  son  retour  dans  son  pays  en 
1813,  lequel,  dans  le  traité  d'accession  du 
3  décembre,  s'était  engagé  vb-à-vis  des 
puissances  alliées  à  rétablir  les  États  teb 
qu'ib  avaient  exbté  en  1805,  en  suppri- 
mant seulement  les  privilèges  en  matière 
d'impôts.  Ces  anciens  États,  à  la  vérité, 
avaient  été  réunis  le  1^  mars  1815,  et 
encore  une  fob  le  15  février  1816,  et 
l'électeur  avait  chargé  quatre  des  fonc- 
tionnaires les  plus  élevés  de  préparer  un 
projet  de  constitution  cpii  fut  commu- 
niqué aux  États  ;  après  quelques  modi- 
fications, on  avait  même  été  d'accord 
sur  la  rédaction;  mais  l'électeur  avait 
tout  à  coup  changé  d'avis ,  et ,  depub ,  il 
n'avait  plus  été  question  de  constitution. 
Quelque  temps  après,  il  fut  bien  encore 
rendu  une  loi  de  famille  dans  laquelle  on 
inséra  quelques-unes  des  dispositions  du 
projet  du  4  mars  1817;  mais  les  États 
ne  furent  plus  convoqués,  et  des  lob  im- 
portantes, même  financières,  furent  ren- 
dues sans   leur  assentiment  et  sous  la 
forme  de  simples  ordonnances. 

La  promulgation  de  \i  constitution 
du  9  janvier  répandit  d'autant  plus  de 
joie  dans  la  Hesse  électorale  que  le  même 
jour  fut  témoin  d'une  réconciliation  pu- 
blique entre  l'électeur  et  l'électrice  qui 
était  revenue  à  Cassel  après  cinq  ans  d'ab- 
sence. Mab  le  retour  de  la  comtesse  de 
Lessonitz,  le  11,  amena  de  nouveaux 
troubles,  à  la  suite  desqueb  cette  dernière 
quitta  Cassel  en  toute  hâte.  Alors  l'élec- 
teur transporta  sa  résidence  à  Hanau.  Une 
députation  des  États  et  du  conseil  munici- 
pal de  Cassel  ayant  fait  une  démarche, 
le  30  août,  pour  représenter  au  prince  la 
nécessité   de  sa  présence  au  centre  du 
gouvernement ,  il  aima  mieux  renoncer 
à  celui-ci  qu'à  la  femme  dont  il  était  de- 
puis longtemps  dominé  y  il  confia  la  ré- 


UES 


(192) 


HES 


gence  au  prince  électoral  qui  dès  lors 
ajouta  à  sod  titre  celui  de  co-régent  (Kur- 
prinz  untl  Mitregent).  Celte  résolution 
fut,  le  30  septembre  1831,  régularisée 
par  une  loi,  et  le  l*'  octobre  le  prince 
prit  la  régence.  Toutefois  de  nouvelles 
causes  amenèrent  encore  de  la  fermenta- 
tion et  de  nouveaux  troubles,  notamment 
le  7  décembre  1831.  L^accession  de 
l^électorat  au  système  de  douanes  prus- 
siennes (1832  )  ne  s^efTectua  pas  non 
plus  sans  difficultés. 

La  constitution  hessoise ,  si  elle  était 
observée  religieusement,  et  si  les  états  de 
la  Confédération  germanique  n'étaient 
pas  enchaînés  dans  leur  libre  développe- 
ment par  une  puissance  supérieure , 
pourrait  être  regardée  comme  une  des 
meilleures  :  elle  accorde  plus  de  liberté 
que  les  autres  constitutions  allemandes, 
et  les  rapports  des  différents  pouvoirs 
sont  réglés  de  la  manière  la  plus  conve- 
nable. Les  États,  réunis  en  une  chambre 
unique,  se  composent  de  52  membres,  et 
cette  assemblée  doit  être  convoquée  au 
moins  une  fois  dans  chaque  période  trien- 
nale. La  première  diète,  d'après  la  con- 
stitution nouvelle ,  s'ouvrit  le  1 1  avril 
1831.  Malheureusement  l'union  entre  le 
souverain  et  les  États  ne  dura  pas  long- 
temps. La^aison  du  prince  avec  la  femme 
qu'il  créa  comtesse  de  Schaumbourg 
{voy.  FaiDÉBJC-GuiLiAUXB ,  T.  XI, 
p.  661),  la  loi  sur  les  gardes  civiques  et 
sur  le  budget  de  la  guerre  furent  des  cau- 
ses de  dissentiment.  Toutefois,  les  années 
1831  et  1832  ne  s'écoulèrent  pas  sans 
que  les  États  eussent  voté  plusieurs  lois 
importantes  ;  mais  le  prince  ayant  refusé 
sa  sanction  à  quelques  autres ,  l'assemblée 
fut  dissoute  le  26  juillet  1832.  Dans  la  2« 
session  qui  s'ouvrit  le  25  janvier  1833, 
on  vit  reparaître  presque  tous  les  députés 
de  l'Opposition.  Il  y  eut  de  nouveaux  et 
de  violents  débats  entre  le  ministère  et  les 
États,  et  la  résistance  du  ministre  Has- 
senpflug  (de  mai  1832  au  mois  d'août 
1837),  contre  diverses  mesures  constitu- 
tionnelles ,  donna  lieu  à  une  accusation 
formelle  contre  lui.  La  prorogation  des 
États  n'empêcha  pas  qu'elle  ne  fût  repro- 
duite, et  de  nouvelles  discussions  s'élevè- 
rent sur  le  budget  de  la  guerre.  Cette  ses- 
êiouj  dàni  UqueUe  on  rriâl  dkxtx^  V^- 


mancipation  des  jui&,  finit  le  3 1  octobre. 
La  suivante  fut  ouverte  le  30  novembre, 
mais  l'assemblée  ne  commença  réelle- 
ment ses  travaux  que  le  20  février  1834. 
Après  plusieurs  débats,  tonjonurs  à  roc- 
casion  du  budget  de  la  guerre,  qui  fail- 
lirent amener  une  dissolution ,  les  Étab 
adoptèrent  une  loi  sur  l'instmctioo  po- 
pulaire (10  septembre  1834),  et  une  loi 
communale  depuis  longtemps  TxvcflKot 
demandée. 

La  mort  du  landgrave  de  Hc»e-Ko- 
tenbourg  {yoy.)ytn  1834,  donna  lien  à 
de  nouveaux  dissentiments  entre  la  ooo- 
ronne  et  les  États ,  à  cause  des  grandes 
propriétés  foncières  que  laissa  ce  prince, 
et  qui  lui  avaient  été  assignées,  par  le 
pays ,  comme  apanage.  Les  sessions  de  b 
8*  période  financière  (23  nov.    1836, 
10  mars  1888)  furent  orageuses,  et  b 
dissolution  fut  encore  une  fois  pronon- 
cée. De  nouvelles  assemblées  ae  réani* 
rent  le  28  avril  1838  et  le  35  doy.  1839, 
sans  qu'on  vit  beaucoup  plus  cTaccord 
entre  les  représentants  du  peuple  et  le 
gouvernement.  Cependant  les  finances  de 
la  Hesse  se  sont  évidemment  amélioréei, 
et  ce  paysa  fait  de  grands  progrès  dans  ton- 
tes les  branches.  D*après  le  demiei  budget, 
les  recettes  étaient  de  3,490,000  écns,  et 
les  dépenses  seulement  de  8,462,000. 
L'éveil  est  donné  à  l'esprit  poblic ,  et  il 
ne  perdra  jamais  de  vue,  sans  doute,  la 
modération  qui ,  unie  à  la 
finit  toujours  par  assurer  le 
au  bon  droit.  L.  N. 

HESSE -DARMSTAirr  (cmA^n- 
DUCHK  ob),  à  l'ouest  et  au  sod  de  Télec* 
torat,  en-deçà  et  au-delà  du  Metn  et  Ja 
Rhin. 

1  ®  Géographie  et  staiistiqme.  Le  grand- 
duché  de  Hesse- Darmstadt ,  entre  le  25* 
33'  et  le  27»  20'  de  long,  est,  et  le  51* 
20'  et  le  49»  1 5'  de  Ut.  N. ,  est  sêpre 
en  deux  par  le  territoire  de  La  rille  libre 
de  Francfort ,  joint  à  celui  du  conté  de 
Hanau ,  qui  fait  partie  de  la  Hesse  élccio- 
rale.  La  partie  méridionale,  c'est-à-dire 
les  provinces  de  Starkenboarg  et  de  U 
Hesse  rhénane ,  est  bornée  par  la  Basie- 
Franconie,  le  cercle  bavarois  du  Mets- 
Inférieur  ,  le  grand-duché  de  Bade  ,  la 
Bavière  rhénane ,  la  Prusse  rhénane , 
,  KiaMLO,  Francfort  et  U  Heve  électorale. 


HëS 

La  partie  septentrionale,  ou  la  province 
de   Hesse-Supérieure  (  Oberhessen) ,  a 
pour  limites  la  Hesse  électorale,  Franc- 
fort, Hease-Hombourg  et  les  provinces 
prussiennes  da  Bas-Rhin  et  de  Westpha- 
lie.  Quelques  antres  parcelles  sont  encla- 
▼ées  dans  les  frontières  du  Wurtemberg , 
de  Pïassau  et  de  Waldeck.  La  superficie 
du  grand-duché  est  de  177  milles  carr. 
géogr.,   dont   54   pour  Starkenbourg, 
7*4   pour  la  Hesse  -  Supérieure  et   25 
pour  la  Hesse    rhénane.   Le  sol  pré- 
sente dans  sa  configuration  d'assez  gran- 
des variations;  il  est  plat  sur  la  rive, 
droite  du  Rhin,  dans  la  Wetteravie,  qui 
a  1 8  milles  carr.  géogr.  de  superficie,  et 
sur  la  rive  gauche  du  Mein;  mêlé  de 
collines  dans  la  Hesse  rhénane ,  et  en- 
fin, dans  le  reste,  coupé  par  différentes 
chaînes  du  Taunus,  de  l'Odenwald,  du 
Vogekberg,  du  Westerwald  et  du  Mont- 
Tonnerre.  Au  N.-O.  de  Giessen,  le  Hin- 
terland  a  quelques  points  assez   élevés 
entre  le  pied  occidental  de  TOdenwald 
et  la  plaine  du  Rhin.  La  Bergstrassc^  qui 
a  déjà  été  commencée  du  temps  des  Ro- 
mains, conduit  de  Darmstadt  à  Heidel- 
berg.  Le  fleuve  principal  est  le  Rhin,  qui 
divise  le  grand-duché  en  deux  parties 
inégales,  et  reçoit,  aux  frontières,  le  Mein 
et  la  Nahe.  Le  Neckar  touche  la  partie  la 
plus  méridionale  du  pays,  qui  est  en  outre 
baigné  par  la  Lahn,  laFulda,  leSchwalm 
et  FEdder.  Le  climat,  bien  que  différent 
suivant  les  hauteurs,  est  généralement 
agréable,  surtout  dans  les  vallées  du  Rhin 
et  du  Mein.  Les  produits  principaux  sont, 
avec  les  animaux  domestiques  ordinaires, 
le  gibier,  le  poisson  et  les  abeilles,  le  blé, 
surtout  dans  les  contrées  du  Rhin  et  du 
Mein  et  dans  la*  Wetteravie,  les  pommes 
de  terre,  le  vin,  spécialement  dans  la 
Hesse  rhénane  (  le  Nierenstein ,  le  Lau- 
benheim  et  le  Liebfrauenmilch ,  des  en- 
virons de  Worms)  ,  le  lin ,  notamment 
dans  la  Hesse-Supérieure,  le  chanvre,  le 
tabac,  le  millet,  le  maïs  et  le  pavot  dans 
Starkenbourg,  les   graines  oléagineuses 
dans  la  Hesse  rhénane,  les  fruits  dans  les 
trois  provinces.  Il  y  a  des  forêts,  surtout 
dans  les  parties  montagneuses  de  Star- 
kenbourg et  de  la  Hesse-Supérieure,  qui 
offrent  une  étendue  de  1,062,946  arpents 
de  bois;  tandis  que  la  Hesse  rhénane  n'en 


( 793 )  HES 

compte  que  1 1 ,000.  On  y  trouve  encore 
du  fer,  du  cuivre,  du  grès,  de  la  terre  ^ 
poterie,  du  sel,  des  charbons,  de  la  tourbe 
et  quelques  eaux  minérales.  Le  nombre 
des  habitants  est,  diaprés  le  recensement 
de  1831,  de  736,930,  dont  263,660 
pour  Starkenbourg,  276,343  pour  la 
Hesse-Supérieure,  et  196,927  pour  la 
Hesse  rhénane;  ce  qui  fait  en  moyenne^ 
par  mille  carré,  4,816.  Outre  66  villes , 
dont  la  plus  grande  est  Mayence  (31,588 
hab.);  puis  Darmstadt  (25,200),  et  en- 
suite Worms,  Offenbach  et  Giessen  [voy, 
ces  noms),  cette  population  vit  dans  49 
bourgs  et  1,060  villages.  Les  habitants 
sont  tous  d^origine  allemande ,  à  l'excep- 
tion de  2,400  Français  et  Vaudois,  et  de 
23,000  jui&.  La  fusion  des  luthériens  et 
des  réformés,  qui  avait  eu  lieu,  en  1822, 
pour  la  Hesse  rhénane,  s'est  dernièrement 
étendue  aux  deux  autres  provinces^  H  n'y 
a  plus  aujourd'hui  que  VÉglise  évangé'^ 
lique  chrétienne.  On  compte  526,000 
individus  de  cette  confession,  186,000 
catholiques,  1,300  mennonites  et  quel- 
ques illuminés.  Outre  l'agriculture ,  l'é- 
lève des  bestiaux  et  la  culture  de  la  vi- 
gne qui  sont  les  principales  industries  du 
pays ,  on  trouve  encore  des  fabriques  de 
bonneterie,  de  toiles,  de  flanelle  et  de 
drap.  Le  siège  principal  de  l'industrie 
est  Offenbach  ,  qui,  le  5  février  1829, 
obtint  le  droit  de  tenir  deux  foires  an- 
nuelles. Mayence  fait  le  commerce  de 
transit  et  d'expédition.  Il  y  a  aussi  des 
tanneries  importantes,  surtout  dans  l'O- 
denwald.  Le  Rhin,  le  Mein  et  de  bonnes 
l'ouïes  entretiennent  partout  un  com- 
merce assez  actif. 

Pour  les  sciences  et  Tinstruction  du 
peuple  on  a  beaucoup  fait,  surtout  dans 
les  derniers  temps.  Le  premier  institut 
scientifique  est  l'université  de  Giessen 
{voy.).  Toutefois  nous  devons  dire  qu'elle 
a  beaucoup  perdu,  et  que  le  nombre  des 
étudiants  y  est  sensiblement  diminué, 
en  partie  par  suite  des  causes  communes 
à  toutes  les  petites  universités  alleman- 
des, en  partie  par  suite  du  système  po- 
litique suivi  de  1817  4  1834.  Pendant 
l'hiver  de  1 838,  on  n'y  comptait  pas  plus 
de  289  étudiants.  Le  grand-duché  pos- 
sède en  outre  deux  écoles  normales  pri- 
maires ^  l'une  catholique  à  Bensheim, 


HES 


(  794  ) 


HES 


l'autre  évangélique  à  Friedberg ,  à  la- 
quelle on  a  réuoi  un  institut  pour  les 
sourds  -  muets.  Il  y  a  des  gymnases  à 
Darmstadt,  Giessen,  Mayenoe,  Bûdingen, 
Bensbeim  et  Worms  ;  des  écoles  d'arts  et 
métiers  à  Darmstadt,  Michelstadt,  OfTen- 
bach  et  Mayence;  une  école  forestière  et 
une  école  militaire.  1 23,33  i  enfants  fré- 
quentent les  écoles  élémentaires. 

Le  grand-duché  appartient  à  la  Con- 
fédération germanique,  à  laquelle  il  four- 
nit un  contingent  de  6,195  hommes, 
faisant  partie  du  8*  corps  d'armée.  Il  oc- 
cupe dans  rassemblée  fédérale  ordinaire 
la  9*  place,  et  a  3  Toix  dans  rassemblée 
générale.  La  forme  du  gouTemement  est 
celle  d'une  monarchie  constitutionnelle, 
avec  deux  chambres  qui  se  réunissent 
tous  les  trois  ans.  La  première  se  com- 
pose des  princes  de  la  maison  grand- 
ducale,  des  chefs  des  familles  média- 
tisées et  du  chef  de  la  famille  de  Riede- 
sel,  de  l'évéque  catholique,  d'un  prélat 
protestant  nommé  à  vie,  du  chancelier 
de  l'université  de  Giessen,  et  de  dix  ci* 
toyens  au  plus,  que  le  prince  peut  nom- 
mer membres  à  vie.  Six  députés  des  pro- 
priétaires de  biens  nobles,  qui  doivent 
payer  800  florins  d'imp6ts  directs,  10 
des  villes,  8 1  des  districts  électoraux  qui 
doivent  payer  100  florins,  forment  la  se- 
conde chambre.  Les  élections  se  font  a 
trois  degrés.  Le  ministère  d'état  a  trois 
départements^  celui  des  a£Ddres  étran- 


gères et  de  la  maison  grand-dscale,  celai 
de  l'intérieur  et  de  la  justice,  et  odai  des 
finances.  Le  département  de  la  guerre 
est  sous  la  direction  d'an  président;  oa 
conseiller  des  écoles  et  le  consistoire  m- 
périeur  dirigent  l'instruction  publique  cl 
les  cultes.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  dîéfec- 
tuenx,  c'est  la  législation.  Pîon-seok- 
ment  il  n'existe  pas  de  code  féoéral,  mais 
il  est  peu  de  pays,  même  en  AUemagne, 
où  on  rencontre  une  plus  grande  diver- 
sité, un  mélange  plus  confus  de  tous  Ws 
droits  possibles.  Les  tribunaux  de  villes, 
de  cantons  et  de  paix  forment  la  pre- 
mière instance;  les  chancelleries  de  jus- 
tice, les  tribunaux  de  cour  et  le  tribunal 
militaire  de  Mayence  la  seconde  ;  le  tri- 
bunal supérieur  d'appel  la  troiaièflM.  De 
tribunal  supérieur  de   Blayenc* 
pourvoit  devant  la  cour  de 
Dans  la  province  du  Rhin,  la  procédoie 
est  orale  et  publique.  Le  tribunal  et 
Cercle  y  tient  des  assises  trimestrielles. 
La  force  miUtsire  était,  il  n'y  a  pas  long- 
temps, de  9,479  hommes,  maïs  cmi  doit 
la  réduire  aux  proportions  du  contingent 
Le  grand-duc  porte  le  titre  de  grand- 
duc  de  Hesse  et  du  Rhin,  et  reçoit  la 
qualification  d'altesse  royale.  Le  grand- 
duc  héréditaire  a  le  même  titre.  Le  seul 
ordre  du  pays  est  celui  de  Louis,  fondé 
en  180 7,  et  divisé  en  cinq  damna.     L.  N. 

3®  Hisioùre,  Voy.  au  oui 
du  Tome  suivant. 


nu  DB  LA  DBUXIImB  » ABTXB  DU  TOMB  TBBDOiMB^ 


Table 

:S  MATIÈRES  GOITTENDES  DANS  LE  TOHE  TREIZIÈME. 


(Jeinne). 

1 

GroMAte.ivr.lMract 

Grai(moDD.).                i7f 

(Thoma.). 

3 

Da-pfcb*. 

Gr«a  (buoD).                    IIS 

1 

136 

Groi-beo,                          iSs 

liai  (le  latca). 

4 

Gren»iUe(torf), 

111 

1  («ini). 

* 
1 

Gri*. 

Grtillkw,  «y.Fwiofc 

IBS 

GtDH-BwmfbtUilhd*).!  S4 
Groue.                              181 

e'(«fosr.,  >Uti«l., 

OrwMt 

IM 

.loir*). 

1 

GretM-Grte». 

141 

:(.!..  d<). 

41 

Grftrr. 

14) 

nirl. 

4a 

Gnuch. 

GroMÎ.                              IS» 

,ue  (>.^h;i«ct.ie). 

41 

GreoM. 

IBO 

GroMièratf.                      Ifl 

lae  (^|j.e),   «jy. 

Gr*M. 

Grouularito.                      IBl 

■mule. 

Grère  (art  mil.). 

141 

GrolefeDd.                        IH 

[w  (langue). 

■9 

Grej(JiDe),wy.Giiy. 

GroIew{ae«.                       IH 

BT 

Grey  (loid). 

141 

Grelint.                            IH 

11 

Ghbeatinl. 

Groiiei,   et  GTMte  du 

lue>maJ.:rn,.î(lan- 

Gribolédof. 

Chien.                           197 

e«tlitWraluro). 

TS 

Griefi. 

IBB 

.-Uni(,»>r.UiiioD 

Gri». 

IBS 

Groupe.                            aos 

SebÎMM. 

Grie.bacb(e.>id.),Mr. 

Groan,«ij',F»riBe. 

•S 

Forél-Noir». 

Graber.                            t03 

mrich. 

•  S 

Grieibacb  (J.-J.). 

IBO 

Grne  (h.  n.).                   «es 

r«.  Greffier. 

•s 

Griffe,  (..Oo^eeiSerw. 

Gme  (mdc.).                     a04 

r«  (culture). 

Griffoo. 

ISO 

Gnierio.                               BOB 

Fe  iDimile. 

•  T 

Grigdtn.wr.Dràmaet 

eoii,  voj.  Fen  gré- 

S<Tigi>«. 

«  F.t»4>-    ^^ 

>li. 

Grillage. 

iso 

GniithniaM.                    SiB 

oiK  (ulni)  de  H«- 

GrilloD. 

181 

Grume.                             loa 

IBl 

Gnuie.                             «07 

Dii«<>aiDllcJeNj<>t 

tas 

Grajirei,  c.  GniiiiM. 

wre(»iir.i]deToi.n..Bi 

GrinuJdi  (fam.). 

1«4 

GrTpbina.                         ««7 

ûre  [- XVI,  pape. 

SS 

Grrmt 

IBB 

oire«  palrlarcbe  d 

Grimn  (birmi). 

laa 

«■UnliDOpIe. 

14> 

Grimm  ht*  frèMa). 

«BT 

Tictoda. 

oire  ;f.'le  de  uml) 

IIB 

GrimoddeURejiiitn. 

oire  (Henri,. bM). 

IIB 

IBB 

Gn>det.                             Bio 

orien  (cbaal  et  ril) 

ll> 

<ae 

Gnadiina.                         9ii 

fiwald. 

l«l 

ia« 

Gnardarni,.>.Gaid>fni. 

m 

GrimteL 

110 

Gaarini.                            bis 

io.  ~r.  CoTd*g-. 

Grippe. 

ITO 

Gnarino,  p.  FivoriBM. 

•che  {lin  de). 

Gritailla. 

170 

lade  (rojaDiBe  d«). 

I9> 

GrUi  («>*.). 

ITI 

Gu«pr«.  vof.  Dogbtl. 

iade[bol.),.'.  Gre- 

6riioi<*{caDloadei). 

m 

Goa.ulla,™r.  Panne  et 

Mlier. 

GriTe. 

IT4 

GoMgM. 

,ade(.rtmil.). 

191 

GriToi«(|e.N). 

174 

Gaaiteali.                     ais 

lade  (NonTelle-). 

lai 

GraeDiDfD«,c.Pi;^aM 

••dier  (bol.). 

114 

qneetCortei. 

MdMr  (art  mil.)- 

Grog. 

178 

Godin.                           BiB 

GrolMD  (tel). 

Gmt.                             aifl 

lier. 

134 

GraicmOa). 

lis 

GiièbR*,»7.GUI>ro. 

79« 

TABLE  DES  MATIÈRES. 

GuJbmDt. 

l'io 

Guillon  (*T*qM). 

lie 

Habitude. 

GoMn. 

Gullb.ir... 

lis 

Hab.boarg(Mi«Nlde). 

Guelfe  (miiMDdei). 

li„;„..iTà{\V]. 

■  Bl 

H«:he  J'aroi». 

GueirM  (ordre  do}. 

»■ 

GaimanTe,>vr.Maln- 

Macheite,  vor.  Jcmm. 

Guelfci  cl  Gibelin». 

1» 

c^. 

H«:hiKh. 

Guément,  .«r-  Rduui- 

Gnimbarde. 

111 

Hadji. 

GunioD. 

««• 

Guinwnd  de  LaTooche 

Goipe. 

Guin*e  (géogr.). 

19S 

bie. 

Guinée  (moD».). 

116 

II«»a^Mr.lUa.a. 

Goerilb. 

«31 

Guinée  (Nouvelle-). 

•  •B 

Ibcndel. 

Gujri  a(Pierre-M>KisH 

.131 

H.rr. 

Gu^rm  (Paulin). 

ISB 

<Uî,wj-.Lûui.  XI 

HafTaer. 

Guériion. 

t3« 

Franc-Archer  elÊpe 

Hafii. 

'GuemMcf,  «y.  Jonej 

roni  (journée  de). 

Hagedon. 

Guemati'tUn  villa. 

isa 

GuipuicM,™;-.Baique» 

U>ffi>i."!rA«(«. 

G«tm  (en  gteinl). 

(proïintn). 

Goerw  dr.  intern.). 

GoiicinUBoberl). 

GMrre  (Wpùt  géaénl 

Guijcliardl. 

Bsa 

HaldouU. 

d.U). 

GuUe  [rut.de«). 

soo 

Haie. 

Guerr«pri.««. 

Guftare. 

SOT 

U.itl.n(da},.'.FiMC>. 

Gt>en«  Mcic«. 

Gaint  (M.). 

30B 

Hainaol. 

Gonclin.xor.DnGoe»- 

Goiwl{M-'). 

316 

Haine,  PwaioMkaiMB- 

dia. 

Guliita». 

fCt. 

Guet 

1B4 

GuiUTel-lV. 

HaîU. 

BB4 

Gutcnberg. 

Hahrm  el  Hakia. 

Gueule  (binon). 

ISS 

Gnllier. 

330 

Halage. 

GucuM,    wy.    Fonte, 

GullirèrM. 

331 

UlIbertUdU 

Forge.  Fourneto. 

Gujr,  «y.  Go». 

Gueui,  Gutuidemcr. 

ISS 

Gujane. 

Halep.  wr-  Alep. 

Gui  (bol.). 

IBS 

GoTOo(M-). 

Hal.r  v,.,,Z). 

Gd.vor.  U.iBn=n. 

31* 

Hal  ■    ^..|  ;,.:). 

Cuid'Arrt/o.K.Arflio. 

Guieral. 

11. ..  ie),»!r. 

Goiaoe.ivf.  GoTtae. 

Guimao  M. 

341 

L,«ndre.          '^ 

Gniberl. 

■  ■• 

Gjiè.. 

34S 

Halicarnaia>,«>r.  Carie 

Golbn; ,  voy.  Falaiie. 

Gjlippe,  «ir.  Sjraoue. 

et  Doriena. 

Guicherdia. 

Gyainue. 

143 

Halki,  wr.  Calieie. 

Goicbe,  nw.  Gramoal. 

S4e 

Hall.  HaUe,  UaUei>, 

Gnide,   ei   »n«    de* 

S4a 

Hallore*. 

Gnide.. 

•  SS 

HaltaK. 

Gnide  (le). 

IfO 

Gynfcée. 

341 

Goidon. 

t«l 

GTp.*le. 

346 

Gaienne, 

let 

Gn-e. 

>«• 

Halle. 

Guigna,  (de). 

■es 

GTn>a.ancie,>«r.DWi- 

Halledbrudela). 

CullJ.elGuiU-lUII. 

1B4 

naiiMi. 

Halle  (UniMcnilé  de). 

Gyulij  (ceore). 

SBO 

HalW  (dœlew). 

dAogM. 

■  SB 

Iljilt>-l.;.rdc. 

GoiIl*i>ine(Fr«d«rk)l« 

H. 

Hallrr  (Albert  de). 

roi  d»  Faji-B». 

«TS 

H. 

Hallrr[LMitdc). 

Gn>llat.me  l",  roi   d^ 

Hairlem.  ^.  UaHeoi. 

Hallej. 

Wurl^mberg. 

1*0 

Habacuc. 

sas 

Hallitr,  >w.  Filn. 

Gmltiumc    J       II,    de 

Matea.-Co,jm.. 

3S4 

Hallom,    ^.     UaU, 

HetM-Ois^r). 

ISI 

H4l>«cli.«y.   Abiiii- 

Halle. 

Die,tiondar,  GallM 

HalluciuliMU. 

1*1 

Ile. 

Hala. 

G<>ill»>me.deBr<uu»lo 

Habileté. 

W 

Halurtin. 

Wollfnl«ill.-l. 

lit 

Uai>iliemeot,™r-  Vê- 

Hamac. 

Cuil'Jume  (^rdfv  nili- 

lement  ,    Co*ume  , 

Uirt  de). 

it\ 

„^"'"-«, „ 

phe.. 

GoiltauDedeTjT. 

GutUelmitM. 

Cuj 


tt4\BaUAiâM>< 


V 


TASLE  DES  HATliltBS: 


Ibniui,  vcyr.  Filet. 

"► 

UaniK  et  Balwe,  foy. 

moDica. 

Fonda  publie*,  Conra 

«7 

Simouic  (mjlh.). 

4T* 

et  BooTM. 

H4iaU<;b(r«re<]e). 

418 

Harmonie  (mu».). 

Bimbau^. 

«IB 

Harmonie  (pbilos.). 

483 

Haus«i  (baron  d-). 

Himeçon,  voy.  Ligne, 

Harmonie  (rhitor.). 

Haalboii. 

Hamilcar,  f.  Amilcar. 

Harmonie  des  SpU-r«9. 

4fiB 

Haul-boid.f.  Bordel 

Hamilloa  (fimilte). 

M5 

Harmonie)d^sÉvansiIe..4g7 

Vaiueao. 

HamilloD  (cDmle  d*). 

HauIe-tonlre,tf.Voii. 

Hamilloa  (ladj). 

Son. 

lUiiie-t%y<»e.vax.Àa- 

HunmepCJ.di). 

Hanrait,  Hamarbcrnent.  488 

glicaQclÉgli««pûi- 

HuniDoa  oa  Ajnoao,  f. 

Darooi»,  voj.  Armure 

wpale. 

AmmoD. 

Haro,  vor-  Ciamcur. 

IIaule-Gattinne,Haule- 

4)* 

Loire,  Haoïe-Marne. 

le-Cooqnérut. 

IlaulC'SaAae,  llaate- 

Haimm  al  BaMbid. 

480 

Vifnae,  >'.  Garonne, 

Hamiter. 

■«» 

Han>4gOD. 

488 

Loire,  Marne,  SaûDC, 

Haoak* ,  voy.  Moravie 

Barpata»,  ¥or.  DëwM- 

Vienne. 

}l3Dau(principgu1c>,T>l1e 

tbène. 

Hante-line,  ^.  LiiM 

ctUlilUede). 

419 

Harpe. 

403 

eiGobeiin.. 

HirbaniC5..oj-.H»nifi- 

Harpe  Mieooe. 

49T 

Haulerothe. 

Harpeggio,  v.  Arpige 

U3ulïs-Alpe«(-I^p,dei). 

B>DcbM,.'<>r.  B«»in. 

Harpoerale. 

487 

llaule»-Pïrt;née.,.'.Pï. 

Hande),  «r-  Il^Ddel. 

Harpocntlion. 

488 

renée.. 

Hangnnd  (combat  d'). 

413 

Harpon. 

4BS 

Hauteue. 

HaoiBla  (wcle  des). 

Hari^ei. 

408 

Uaale-trahlna ,  ver. 

Hao-lifl. 

Harrach  (ooiDtet  de). 

■00 

Trabiion. 

HaoneloD. 

Hauteur, 

Haoaibal.i^.AiiDibal 

ir.SlaDhopeetFoote 

HautsTille  (fam.  de). .'. 

aannoo. 

436 

HarriDgioo  (Janet). 

SOI 

GDisaird,Babémoad, 

Hanovre  [rojannie  de). 

438 

Harri,. 

801 

Tanerède  et  Sicile. 

Har>o.te  [WUe). 

448 

BOt 

H.icH-fourncuu,     voy. 

Hano,™  (NouT.au-),  ^ 

Haniey. 

EOt 

Fourneau. 

BrelagnelNouTelle-) 

Hartmann,  tm.  Aae. 

Baul-rellef,  v^.  Bat- 

Hante,  vvy.  Anséali- 

Harn>picu,M>r.Ani«- 

relief. 

q««  (Tilles). 

pice». 

Raui-BhiD,»»-.  Rhin. 

H3i.;Sach>..-^^.  Sacbt 

Har«,. 

803 

Haûj  (fWnMual). 

IlûDiusa,  l'nr.  Suudaa  e 

Han. 

S04 

Haùj  (Valentin). 

Gaia««. 

HaunL 

805 

Ha«ge  (droit  de), «r. 

Haacbkb,  «y.  Hacbicb 

Exécuteur. 

HaraDgoe. 

449 

et  Aiuaiina. 

Hûvannc(la;  ^o^.Cuba, 

Harai. 

451 

Haie. 

H.v«cJp.' 

HaTOTori  (f»m.  de). 

4SS 

H*<li  (TalUa  lie). 

508 

Haire,«7.Haff. 

417 

HaMel. 

808 

HaTre  (le). 

HauLdet,   m^.  Alm». 

Ha.ré(dncid'),.'.Cror. 

hadei. 

Haneuc ,  my.  Ëquipe- 

Hardoain. 

Ha.t  (anaia  d^. 

800 

menl  militaire. 

Hardy. 

488 

Hajtenbeck. 

SOS 

Haxo  (général). 

Ba.«m. 

483 

Hailiaga  (bat.  de). 

Hajdo. 

Hareng. 

468 

Haiiiogi  (Wvrea). 

Haje  (la). 

Haifreavc«(Jamc>).vo)> 

HaiiinEt  (maniai)  de). 

819 

Hajti,  vor.  Haïti. 

Filage. 

Halli-cl,erif  el  Hatti- 

Haiard,  «y.  Hasard. 

Haricot. 

487 

■  1) 

tftar/ 

Harirt. 

487 

Haiïfi-M  (fam.  et  prin- 

HealbSeld (lord),  vcy. 

Hariii. 

488 

ce  de). 

813 

EUIott. 

Harlaj  [ram.  de). 

4sg 

Banbn. 

314 

Heanme,  «jr-  Ca«iue. 

Harlen. 

470 

Haubert ,  MT.  C«tt«  <1« 

H*bë. 

Harmattan. 

471 

maille.. 

Hebel. 

Harmodio)  et   ArîM». 

BaoboU. 

818 

gitOD. 

478 

HangwiU. 

»\* 

471 

II>»er(G8.I.l«). 

»« 

198 


Wate. 

HfcaUe  d«  Milet. 

Hfcalomtw. 

Beehiogen.tVf-.Hohen- 

loller. 
Hccla,  vay,  Hckli. 
H«liqae  (Birrc]. 
Hector. 

lUcube ,  uaf,  Priun. 
HédJric ,  voy.  Gnoqiw 

Bedjai. 

Hé^teoLime,  i^.  Ari»- 

lippc,  Endéoioaiian 

ei  EWonialogia. 
Hed*tgc,  avr-  J«E«nan  «t 

Loui*  1"  (d'Anjoa), 
Heemikerk,  vmr.  Haù- 

kerk. 

H^gfiiioDie. 

H^iM. 

H^ipp.. 

Hfgire. 

U^fcmmènc ,  twf .  IgDo- 

Heiberg  (pin  cl  Bl*}. 


Hcintiui  (AdI.), 
Heiiuioi  (Du.  rt  Nie.). 
H«iu*l>u  (O.-F^T.). 
BekU  et  KnbU. 
Haloolosie. 

NeldenÉuch ,  r.  Bint 
(liTre  dci). 

HéMae  (uiole). 
HiMae,  wr-  OrUan*. 
Hétène ,    mf .    Saiole- 

Héleac 
Qéler. 
lletsDUad(Ue<)«]. 

um. 

IVIi»tb«. 
H^liiDilièma. 


■Mitalud.Mir.Hdt»- 


•tSÈtS  t>ËS  HA.TliRKS. 


H^IiodoK,  10  S 

Hrliogibale.  gos 

HJIi<Knèlre,*  <io 

BJIiopolii.  SI) 

Hélioi.  •!■ 

Hjliousope.  eis 

R^liMMte.  ei> 

Hèlioirepe.  ai> 
HrliotroÎM,  tof.  GacNC. 
Hellade,  vpf.  HElIèDM, 

Grèce  «1  Livadie. 

Hdlaaicii*.  614 
Uellé,  vor.  Pbirio*  «l 

nell'^Uc'-cs  ,  fiy.  EIU- 

Hdlen.iw;-.  Hcllrn?!. 

Hellèoei.  tu 

HetréDi>a&  aie 

HrtlAiiitei.  atT 

Helter  (nooD.).  StT 

Hellaponl.  tn 

HelmiDlholithe.  SIT 

Helminlhologîe,  <1T 
Hclmont,  >i^.  VuHd- 

Helmiledl  (oni*.  d").       ait 
Hjloïia.  418 

HttalM ,  vojr.  Itotn. 
Hel*iDfronetB«lNDp,  aai 
Hcliéiie.  tit 

HeMiiqae  (coofMàv- 

IIi'Iti'ii^uc  {maltÊtiao.),  M 


tiiaaxoT'itfVtif.  Hhùof 
ngie. 


lUm^rodroiBa, 


'.Coa- 


Hén  icraiiie,tv}'.Up)ui  - 

lilgie. 

Btaicjdt.  «SI 

Hem  i|i  lire*.  6  SI 

Héoiiiph^.  «SI 

H  Jn  illicite.  a  19 

Hcmling.  asl 
HJmomude,  Mrr-  Di- 

Hànopljiie,  rey,  Bi- 

Hémomgio.  631 

Himomiâet,  vojr.  Qt> 

H«Mkerk,  SSi 


fl^miU  (OMNIl).  Il 

Hi^Diuli  (pr^iil.).  (. 

U'i\-ifttir\\ii-t.  t. 

HcDgût  ei  flom.  • 

Hnike.  « 

HeODcbeif  (oDHtéd^.    • 
HcDacqniB  (l'nocU  cl 

Héaoeb.  • 

Hiootîqae.  a 

Bcari  I- VII,«Dp.  d'An .  • 
Beori   I-IV,   n«b  de 
France.  a 

vni,  Rû 


i  A„. 


Hi    r        ^ .   ^iicnr.  i 

HeqriliLîoa.  a 

Heari  (le  prince}.  a 

Heori  I-,  d'Hiîti.  i 

Henri  (onlre  de  SÛal-).  a 

Hearicinii.  a 

Hearietle  de  Fraaoe.  I 

Henrieiie  d'AaglMene.  ( 

HearioDdePaawf.  I 

Ihnri'juf  l.iiM  .  L>ilpODt. 
H-nrj,.r3-.Hrnn. 

Ucnrj  (Patrjtl).  I 
U^MtiqoF,  i^y,  F<Ne, 

Bile,  elc. 

H^pilile.  a 
B^toKopie,  MIT',  Dt- 

TiaiiioB. 
H  JpheclioD,tV7- .  Éphca  • 

BpptagDD*.  ( 

Heplarehie.  c 

Wnclide  de  Pool.  • 

Uéndidet.  t 

H^racliui.  t 

Uéndiiu.  t 

H^Idiqoe  (tri).  t 
BéT»t,  vor.  ILbortOB. 

Hérmnlt/                ^  y 

B«null  (d*p.  de  r;.  î 

Binait  de  S4cbclle*.  i 
Hfraul,  Kir.  Hénnll. 

HerUrf.  T 

Herluee,  Hertngerf.  i 

Herturt  r 

MerL«.  t 

Herbelol  (d").  i 

Herbenieio.  t 

Betbier.  t 

HerbJToree.  i 

Herboniaiioo.  ? 

Herinriile.  7 
HercalaflDB,  iwc .  ^t». 
péi  ri  l-oaillM, 


TABLE  DES  MATIÈRSS. 


Hercole  (astr.). 

Hercule  (coloonet  d*), 
vof,  Hercole  et  Gi- 
braltar. 

Hercule  (nœud  d'),  voy. 
Hercule,  Bandelettes 
et  Ceinture  de  virgi- 
nité. 

Hercynienne  (forêt),  9. 
Harz. 

Herder. 

Hérédité. 

Hérédité  des  maladies. 

Hérésie. 

Hérisson. 

Hérisull,  vof.  Pépin  et 
Carlovingiens. 

Héritage. 

Héritier. 

Herman^f^.Hermann . 

Hermanaric. 

Hermandad  (la  sainte). 

Hermaon  (^rminius), 

Hermann,  de  Tburinge. 

Hermaon  (J.-J-.G.). 

Hennanostadl,  tf.TrUk- 
sylvaoie. 

Hermaphrodisme,  Her- 
maphrodites. 

Hermas. 


P^ 

P^ 

793 

Herménentiqne. 
Hermès,et  HermèsTris- 

740 

mégiste. 

740 

Hermès  (Gorges). 

749 

Hermésianisme ,     voy. 

Hermès. 

Hermétique  (science) • 

746 

Hermine. 

746 

Hermione  (collier  d*). 

747 

Hermione,  voj,  Hélène 

79S 

et  Ménélas. 

717 

Hermiont  et  Hennon- 

799 

doures. 

747 

731 

Herm  i  te ,    Hermitage , 

739 

y.  Ermite,  Ermitage. 

Hermogène. 

747 

Hernie. 

747 

739 

Héro  et  Léandre. 

750 

733 

Hérode  (las). 

751 

Hérodten. 

754 

733 

Hérodote. 

755 

734 

Héroîde. 

769 

734 

Hérofqne    (âge)  ,  voy. 

733 

Héros. 

736 

Héroïsme, 

763 

Hérold. 

764 

Héron  (h.  n.). 

765 

Héron  (fontaine  et  bulle 

737 

de),  t^.  Fontaine  de 

739 

oompresaion. 

7M 

Hérophile.  766 

Héros ,  Age  héroïque.     766 
Héros  (livre  des).  767 

Hérostrate.  769 

Herpétologie ,  voy.  Er- 
pétologie. 
Herrera  (le.  poète).  760 

Herrora  (le  peiotro).       760 
Herrera  (l'historien).      769 
Herreros  (Breton  delos).770 
Herrraann»!'.  Hermann. 
Hermhut.  771 

Herschel(pèraetfils).     771 
Herse.  775 

Hersent.  775 

Hertha.  776 

Hertzberg  (conte  de).     777 
Hers  (frères).  779 

Heraégovine.  780 

Hésiode.  761 

Hésione,!^.  Laomé- 

don  et  Hercule. 
Hespérides.  786 

Uespérie,  h^oy,  Espagne 

et  lulie. 
Hespérus,  voy.  Vénus. 
Hess.  786 

Hesse  (maison  de)«  787 

Hesse-Gassel.  788 

Hesse-DarmstadU  799 


FIW  DB  &A  TABU  1>IS  MATlÙllS  OU  TOllB  nUlliMI. 


ADDITIONS  Et  ERRATA. 

Toux  XIIL 

Pag.  60,  col.  ft,  ligne  i^  mm  ttnt  de  Tbétyt,  /tMs  Téthyi.  U  ne  font  pat  confondre  cette  àét 

arae  Thétit,  antre  déeste  maritioM. 
p.  106,  col.  f ,  ligne  47,  a«  ii—  de  qn*il  fant  rapporter  Toriglne  dea  Gnelfca ,  lû«>  ^1 

faudrait  rapporter  Vorigine,  sana  donte  bien  pina  andenne,  dea  Gnrifaf. 
p.  aie,  col.  «,  ligne  Sa,  ea  /tta  dt  1775,  Iwta  1758. 
p.  a36,  col.  I,  ligne  8,  mjomin  ans  tableanx  de  H.  Panlin  Gnérin  /«  ff«pe«  m  Egj^  da 

Salon  de  1899. 
p.  a8d,  col.  a,  lyeatoa  à  la  fin  de  Tart  GvnxBMOiOT  qne  ce  général  est  aort  à  Bade,  an 

BMda  de  mars  dernier  (1840). 
p.  3 18,  col.  9,  ligne  xo,  nn  lim  de  t.  I-IT,  Uu»  6  toI.  in-8*  arec  atlas.  Cet  onvrage  TÎtnC 

en  effet  d*étre  terminé, 
p.  319,  col.  X.  M.  Gniaot  était  à  peine  arrivé  en  Angleterre,  où  Tattendait  nn  •ccnctl  kii* 

lant  et  où  il  devait  faire  prenre  de  grande  feraaeté,  qn*il  reçnt  la  Bonrelle  de  sa  lé^ 

leetion  à  Lisienx  (nuuv  x84o). 
p.  370,  col.  ly  ligne  27,  rmfês  e§t  moit  notamment  snr  la  barpe,  alors  fort  lîmitce  et  (srt 

peu  cultiTée. 
p.  47a,  coL  x,  note,  ligne  3,  nn  lien  dt  detcendanta  de  l'historien ,  ffscs  descendants  et 

Pisistrate. 
p.  5o8,  col.  I.  Il  fant  ajouter  à  la  notice  snr  H.  Haae  que,  d«na  VEmejrci0p0di»  det  G^mt  et 

Momdê,  les  articles  Athbitbb,  CnAicon>Ti.K,  CnnrAMua,  CovaTAmH  PonmTao- 

GBiriTE,  DucAa  {MUhêl),  Étxkhvb  db  Btsuicb  ,  Hbrodxbv,  sont  daa  à  c«  êmnmi 

helléniste, 
p.  6ao,  col.  a,  ligne  a5,  au  lieu  de  vttriqua  enaaé,  lises  v^ttriqmê  eeala  (sens  circonfleset 
p.  648 ,  coL  a  ,  ligne  x4,  «a  /«sa  de  combattre  et  souvent  trioaipher ,  /«ara  conshnttre  il 

triompher, 
p.  649,  col.  X,  ligue  3o,  an  /mu  de  qui  mslhenrensement  reste  inachevé,  iitt*  d«nt  le  se- 
cond volume,  qui  le  complète ,  est  sous  presse  et  sera  mis  an  jour  par  l#s  socns  et» 

fils  de  M.  Hennequin,  dont  Tun  est  avocat  et  s*est  fait  connaître  par  diverses  pa- 

blications. 


/ 


THE  NEW  YORK   PUBLIC  LIBRARY 

HBFERENCK    DEPARTMENT 
t-heo  Irom  tb«  BnUdii^ 

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